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Projet de loi no 125
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente élue des affaires municipales se
réunit pour recevoir des mémoires pour l'étude du projet
de loi no 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Les membres de cette commission sont: MM. Brassard (Lac-Saint-Jean),
Caron (Verdun), Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplacé par Goulet
(Bellechasse), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Gratton (Gatineau), Guay
(Taschereau) remplacé par Chevrette (Joliette-Montcalm), Mercier
(Berthier) remplacé par Rancourt (Saint-François), Ouellette
(Beauce-Nord), Shaw (Pointe-Claire), Tardif (Crémazie) remplacé
par Léonard (Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont: MM. Alfred (Papineau), Charbonneau
(Verchères) remplacé par Gendron (Abitibi-Ouest), Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par Cordeau (Saint-Hyacinthe), Goldbloom
(D'Arcy McGee), Lacoste (Sainte-Anne), Léonard (Laurentides-Labelle)
remplacé par Tardif (Crémazie), Samson (Rouyn-Noranda), Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), Vaugeois (Trois-Rivières).
J'aimerais qu'on me propose un rapporteur.
M. Chevrette: Je propose M. Adrien Ouellette.
Le Président (M. Laplante): Adrien Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Chevrette: II fait très bien ça. A
l'unanimité, messieurs?
M. Caron: Au même salaire, oui.
M. Chevrette: Oui, un petit boni peut-être à la
fin.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole au
ministre, j'aimerais faire l'appel des groupements qui seront entendus
aujourd'hui et l'ordre que je donnerai sera l'ordre dans lequel ils se feront
entendre pour aujourd'hui.
La ville de Granby, mémoire no 6. Est-elle ici? L'Ordre des
arpenteurs-géomètres du Québec? Merci. Le Conseil
régional de développement de l'Outaouais? On m'a signalé
qu'il serait en retard de quelques minutes, mais qu'il sera ici. Le Conseil de
comté du Lac-Saint-Jean-Ouest? Merci, monsieur. Les entreprises de
lotissement Philippe Chartrand Inc.? Merci, monsieur. La Société
pour le progrès de la rive sud? Merci, madame. TransCanada PipeLines?
Merci, monsieur.
Il y a une règle qui a été établie avant le
début des travaux; c'est que chaque groupe qui se présentera
à cette table aura environ 20 minutes pour exposer les grandes lignes de
son mémoire; c'est pour cela que je vous demande de vous préparer
et d'essayer de résumer le plus possible votre mémoire. Ce que je
peux vous dire, c'est que, de chaque côté de la table, on a
étudié avec beaucoup d'attention chaque mémoire qui
passera ici et déjà les questions sont prêtes. Il y aura,
selon le mémoire, environ 40 minutes de questions qui seront
formulées par les membres de cette commission.
J'appelle tout de suite les représentants de la ville de Granby.
Si vous voulez vous...
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander...
Le Président (M. Laplante): C'est seulement pour
être conforme. Si vous voulez, M. le maire, vous identifier et identifier
la ville que vous représentez, avant de débuter.
M. Trépanier (Paul-Olivier): Paul-Olivier
Tré-panier, maire de la ville de Granby.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre.
M. Chevrette: C'était pour permettre à
chaque...
Le Président (M. Laplante): C'est ce qui se fait
ordinairement; M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, mesdames et messieurs,
il me fait plaisir de participer aux travaux de la commission des affaires
municipales sur le projet de loi 125 qui porte sur l'aménagement et
l'urbanisme. C'est la première fois qu'une loi sur l'aménagement
et l'urbanisme vient ici devant cette commission. Je rappellerai simplement, en
débutant, toutes les études qui ont été faites sur
le sujet, à partir de la commission LaHaye, suivie de différents
projets, de différents travaux. C'est un dossier qui est là
depuis 17 ans maintenant, qui s'est enrichi au cours des années, je
pense, et nous arrivons maintenant avec un projet de loi. Ce projet de loi a
été étudié, pas comme tel, mais le sujet a
été étudié par un comité conjoint au cours
de l'été précédent, comité conjoint qui
comprenait le ministre des Affaires municipales et moi-même, ainsi que
deux représentants de chacune des unions, l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté du
Québec.
Ce comité conjoint a travaillé durant l'été,
durant l'automne et nous avons finalement déposé le projet de loi
125 juste avant Noël. Pour nous, il était important de le
déposer avant Noël pour permettre aux gens de l'étudier
abondamment, de faire des commentaires abondamment et de le bonifier le plus
possible. Je pense que ça se situe
dans une ouverture que nous faisons par rapport à ce sujet et il
me semble aussi qu'il serait impensable de discuter d'aménagement et
d'urbanisme par un projet de loi qu'on adopterait rapidement. Il faut
absolument qu'un projet de loi comme ça soit largement ouvert à
la discussion publique; c'est ce que nous faisons.
Donc, il a été déposé le 23 décembre,
nous en sommes maintenant au début d'avril; nous commençons, en
commission, à étudier les mémoires qui nous sont parvenus,
une quarantaine environ. J'espère bien que cette commission va servir
à bonifier le projet de loi. Nous nous situons encore une fois dans une
ouverture par rapport à toutes les suggestions qui vont venir. (10 h
15)
Je rappellerai brièvement les principes qui sous-tendent le
projet. Nous considérons, dans ce projet de loi, que
l'aménagement est une responsabilité politique. Ce sont les
élus qui prennent les décisions et c'est ce que vous retrouverez
partout à travers le projet de loi.
Mais, en contrepartie, si les élus prennent les décisions,
il faut aussi que la population ait accès à tous les documents,
à tout le processus décisionnel de l'aménagement. Il faut
une large participation des citoyens, soit par des assemblées, soit par
les documents qu'ils reçoivent, la publicité qui est faite autour
du projet de loi.
En troisième lieu, nous considérons que
l'aménagement n'est pas l'apanage d'un seul palier de décision,
car il y a des décisions qui relèvent très clairement et
surtout du niveau municipal. Il y en a qui relèvent d'une table de
concertation, d'une table commune, que nous appelons dans le projet de loi les
conseils de comté, et d'autres qui vont continuer, évidemment, de
relever du gouvernement.
C'est dans cette perspective que se situe le projet de loi. Après
le dépôt du projet, j'ai effectué une tournée
d'information dans toutes les régions du Québec, tournée
qui s'est poursuivie depuis le début du mois de février jusque
vers la mi-mars, tournée qui a comporté deux grandes
assemblées, l'une faite par l'Union des conseils de comté et
l'autre par l'Union des municipalités du Québec.
Je pense qu'il en est sorti beaucoup de remarques, beaucoup de
commentaires, très positifs, en général, par rapport au
projet de loi. Mais il me semble, concernant les mémoires que nous
allons étudier à partir de maintenant, que c'est un travail qui a
été fait, qui a été très enrichissant.
M. le Président, je vous remercie de m'avoir accordé la
parole pour commencer ces travaux de la commission et je nous souhaite bon
succès dans nos délibérations.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy McGee, voulez-vous répondre au nom de
l'Opposition officielle?
M. Victor C. Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, je vous remercie de
m'accorder la parole. Je ne pense pas que je doive répondre à ce
que le ministre a dit. Une entrée en matière à cette
étape de l'étude de ce projet de loi doit, à mon sens, se
limiter à souligner l'importance que nous attachons à ce projet
de loi. C'est un sujet qui ne peut que toucher la vie quotidienne même de
tous les Québécois.
Le projet de loi que nous avons devant les yeux a une histoire
relativement longue, si l'on y englobe tous ses prédécesseurs:
une étude commanditée pendant les années soixante par le
gouvernement du temps; le rapport reçu par le gouvernement suivant, si
ma mémoire est fidèle, un document de travail
déposé par mon prédécesseur en décembre 1972
et un projet de loi déposé par votre humble serviteur, qui a fait
l'objet de brèves discussions en commission parlementaire mais qui,
ayant fait l'objet de certains commentaires constructifs, aurait dû subir
des modifications importantes avant d'atteindre le stade où nous nous
trouvons aujourd'hui avec le projet de loi déposé par l'actuel
ministre.
Nous devrons, en écoutant ceux qui viendront s'exprimer devant
cette commission parlementaire, chercher à comprendre comment nous
pourrons le mieux concilier les intérêts qui peuvent être
divergents, voire même conflictuels, autour des options qui se
présenteront devant ceux qui devront prendre les décisions.
Notamment c'est un intérêt personnel que j'exprime
on sait fort bien que l'intérêt du milieu urbain peut facilement
se trouver en conflit avec l'intérêt du milieu rural et,
effectivement, avec ce que l'on appelle l'urbanisation; je ne parle pas de
l'urbanisme, mais de l'urbanisation progressive qui peut être
extrêmement dommageable au tissu rural de notre territoire.
M. le Président, nous aurons, de toute évidence, des
questions à poser de façon à faire éclairer notre
lanterne et de façon je le dis en toute simplicité
à pouvoir contribuer, de manière constructive, au débat
qui suivra, le débat entre nous-mêmes à l'Assemblée
nationale et en commission parlementaire, de nouveau, pour l'étude du
projet de loi article par article.
Il est normal que l'Opposition réserve ses commentaires. Sa
position générale est nécessairement différente de
celle du gouvernement. Le gouvernement s'engage, par le dépôt de
son projet de loi, et exprime son point de vue. Il se peut c'est la
raison fondamentale et démocratique pour laquelle on tient des
séances publiques d'une commission parlementaire que des opinants
soient sur une longueur d'onde différente de celle du gouvernement et
que ce point de vue doive trouver son expression ici, à
l'Assemblée nationale. Nous serons donc à l'écoute des
opinants pour identifier les thèmes qui, surtout s'ils ne sont pas les
mêmes que met de l'avant le gouvernement, mériteraient
d'être exposés au cours du débat qui suivra.
M. le Président, je voudrais terminer en remerciant le ministre
d'avoir convoqué cette commission parlementaire parce que je
reviens à mes premiers mots il s'agit d'un sujet parmi les plus
importants que n'importe quel gouvernement, n'importe quel Parlement, peut
être appelé à étudier.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. Vous aviez bien raison. Ce n'était
pas une réponse, mais c'étaient des remarques
préliminaires que vous aviez à faire. M. le député
de Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président, très
brièvement. MM. les ministres, mes collègues, au début des
travaux de cette commission, tout d'abord, je dois, et ce, au nom de l'Union
Nationale, remercier et féliciter le ministre pour l'initiative qu'il a
prise en convoquant cette commission parlementaire. Nous tous ici reconnaissons
l'importance de ces journées d'audiences publiques qui s'inscrivent
à la fin de deux ans de travail ardu du ministre et de son
équipe. En effet, nous sommes tous conscients de l'impact qu'aura la loi
125 pour au moins la moitié des citoyens québécois dans
leur territoire respectif.
Au Québec, on parle depuis longtemps de décentralisation
de pouvoirs vers les diverses régions de la province.
Déjà, en 1968, le rapport LaHaye entrevoyait la
possibilité d'une instance intermédiaire entre les
municipalités et le gouvernement. En 1973, il faut rappeler que mon
prédécesseur du comté de Bellechasse, M. Gabriel Loubier,
notait dans son livre "Pour l'avenir du Québec": "Tous reconnaissent la
nécessité d'un palier intermédiaire entre le niveau
provincial et le niveau municipal".
Le 15 mars 1978 également, le chef de l'Union Nationale a
obligé le ministre d'Etat, M. Léonard, à ouvrir
publiquement le dossier de l'aménagement. Le 21 avril de la même
année, le ministre discute, à la demande de M. Biron, la question
avec débat on se rappelle ici même, au salon rouge,
qui était intitulée "Les intentions du gouvernement en
matière de décentralisation administrative". Je pense que c'est
ainsi que le projet a été lancé sur la place publique,
à la suite d'une question avec débat que le chef de l'Union
Nationale avait eue avec l'honorable ministre.
Depuis 1968, on se dirige donc, d'une façon inévitable,
vers une reformulation de notre territoire québécois. Notre
société est composée d'élus du peuple à
trois différents paliers, soit le palier municipal, le conseil de
comté et le palier provincial. Il est temps, je pense, que l'on
répartisse sur ces trois niveaux le pouvoir d'aménagement. Il est
temps que les élus locaux prennent leurs responsabilités en ce
domaine. Comme tout projet de loi amène des inquiétudes, je me
permettrai ici d'en souligner une au ministre. Evidemment, qui dit pouvoirs dit
responsabilités et qui dit responsabilités dit coûts dit
argent. En effet, les nouveaux frais que devront encourir les
municipalités et les conseils de comté ont éveillé
une certaine appréhension chez les élus concernés. Je
tiens donc pour acquis que, lorsque le temps sera venu de
déléguer les pouvoirs, le ministre se souviendra de ce qu'il a
dit dans un de ses nombreux documents et je le cite: "... la
décentralisation des pouvoirs s'accompagnera inévitablement d'une
décentralisation proportionnelle de la fiscalité".
En outre, le projet de loi no 125, tel qu'explicité par le
ministre, rejette, d'une façon catégorique, toute idée de
fusion. Là-dessus, l'Union Nationale l'appuiera fortement. Cependant, il
m'apparaît opportun d'attirer l'attention du ministre sur
l'éventualité d'une fusion détournée des
municipalités, et je m'explique. Le pouvoir local devant se
réorganiser, nous avons peur qu'une petite bureaucratie municipale voie
le jour. Dans certains cas, il faudra même prévoir un maire
à temps plein et ça, c'est le ministre des Affaires municipales
et le ministre de l'aménagement du territoire qui l'ont dit lors d'un...
Cela a paru dans une revue. On devra défrayer le coût
qu'entraînera cette nouvelle administration par une augmentation de taxe
et de l'impôt foncier. Dans cette perspective, les municipalités
estiment qu'il faudrait hausser les contributions de leurs citoyens de
façon faramineuse pour arriver à boucler leur budget. Enfin,
quand le système sera bien en place, on peut prévoir comme
solution à ce problème une fusion pure et simple des
municipalités numériquement faibles en population et en gros
contribuables, c'est-à-dire en industries. C'est une des très
grandes inquiétudes que nous trouvons à l'approche de
l'étude de ce projet de loi.
A l'aube de ces trois jours d'audiences, j'espère, M. le
Président, que le ministre saura bien choisir tous les bons
éléments nécessaires afin de bonifier le projet de loi no
125, préparant ainsi la voie à la gigantesque opération de
décentralisation qui s'ensuivra.
Voilà, M. le Président. Je vous remercie de m'avoir
accordé ce temps et, quant à moi, je suis prêt à
aborder les mémoires.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, quelques brèves
remarques pour situer cette commission à laquelle, occasionnellement,
deux ministres seront présents. D'abord, je pense qu'il ne faut pas
être surpris que ce soit la commission des Affaires municipales qui
entende les mémoires sur ce projet de loi, projet de loi qui, par
ailleurs, est parrainé par le ministre d'Etat à
l'aménagement. L'essentiel, je crois, c'est qu'il y ait accord entre les
ministres concernés sur un minimum essentiel, à savoir le besoin
urgent de planifier notre aménagement. Deuxièmement, cette
planification, cet aménagement ne doit pas être fait de
façon centralisée, ni par le ministère des Affaires
municipales, ni par le ministère d'Etat à l'aménagement.
Troisièmement, il faut fournir un cadre aussi souple que possible pour
permettre aux dynamismes locaux et régionaux de jouer pleinement;
à cet égard, le projet de loi 125, en ne définissant ni
territoires ni modes de représentation, je pense, ouvre des voies assez
inédites. Quatrièmement, mon collègue et moi sommes
d'accord que cette consultation est une véritable consultation. Nous ne
sommes pas coulés dans le béton comme on dit dans le
langa-
ge et c'est avec le plus vif intérêt que nous
entendrons les mémoires.
Personnellement, je tenterai dans la mesure du possible d'être
présent ici chaque fois qu'une municipalité, une
communauté, une instance municipale ou un regroupement de
municipalités viendra présenter des mémoires. Si je le
puis également pour les autres, je le ferai, mais dans tous les cas il
est bien évident que personnellement, de même que les gens de mon
ministère, je prendrai connaissance de tous les mémoires sur cet
important projet de loi.
Voilà, M. le Président, ces quelques remarques. Le premier
mémoire étant présenté par nulle autre que la ville
de Granby, représentée par son maire, je me ferai un plaisir
d'être présent pour ce premier mémoire devant la
commission. Je souhaite la bienvenue à M. le maire et aux membres de sa
délégation.
Le Président (M. Laplante): Pas d'autres remarques, M. le
ministre?
M. le maire, on peut débuter.
Mémoires
Ville de Granby
M. Trépanier: Merci beaucoup, M. le Président. On
m'a demandé de lire le mémoire. De toute façon, j'aurai un
oeil sur la montre et, s'il faut abréger à la fin, on le fera.
(10 h 30)
Notre municipalité, comme les autres au Québec, celles
régies par la Loi des cités et villes et celles régies par
le Code municipal, existe en vertu du paragraphe 8 de l'article 92 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique.
Les pouvoirs que nous avons nous ont été
délégués par le gouvernement provincial. Nous
rédigeons et adoptons des lois, nous taxons nos citoyens et les
immeubles sis dans chacune de nos villes. Nous avons, pour ainsi dire, une
autonomie de gestion bien encadrée dans les deux lois déjà
citées.
Une constitution, comme les arbres et les fleurs, ça se
renouvelle en accord avec l'évolution de la société. Pour
les villes, la constitution canadienne se résume à peu de choses;
un seul paragraphe d'un seul article.
Depuis deux décennies, nous étouffons dans ce cadre
politique, nous ne sommes plus à l'aise. Les besoins ont changé.
Ensemble, nous essayons de sortir de ce carcan constitutionnel en obtenant une
place bien à nous, égale à celle des deux autres
gouvernements, le provincial et le fédéral.
Les provinces, maîtresses de la constitution canadienne,
n'acceptent pas ce changement radical demandé par les villes. Force nous
est donc de retirer le meilleur parti de notre situation. Au Québec,
depuis la publication du rapport Bélanger, commission dont le
secrétaire est devenu illustre par la suite, les municipalités
attendent la régionalisation et beaucoup d'autres choses encore.
Les administrations qui se sont succédé depuis 1964 n'ont
avancé, dans ce domaine, que sur le bout des pieds. Un ministre, qui
avait dit les bonnes choses au mauvais endroit et devant le mauvais auditoire,
en fut réduit à remettre sa démission avant que se
lève la nouvelle lune.
Voilà donc, aujourd'hui, un gouvernement qui démontre une
grande volonté politique. Après avoir réalisé des
réformes majeures dans beaucoup de domaines, voilà donc
arrivé le tour des municipalités.
Le conseil municipal de Granby a étudié les documents de
référence publiés et distribués par le ministre
Jacques Léonard, ainsi que le projet de loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Voici quelques commentaires sur chacun des fascicules en
commençant par le no 1, intitulé: Une vue d'ensemble. Nous sommes
persuadés qu'un territoire aussi vaste que le Québec ne peut pas
être aménagé et développé selon des plans
conçus par le gouvernement provincial. Il nous semble évident que
seules les instances régionales peuvent agir efficacement dans ce
domaine. Nous sommes donc en faveur de la décentralisation, laquelle
rapproche le centre de décision des citoyens, nécessite un
nouveau partage des pouvoirs et des responsabilités et donne
accès à des sources de revenu additionnelles. "La
décentralisation, lit-on dans le fascicule, en reconnaissant plus de
pouvoirs aux municipalités et aux comtés, peut servir de point
d'appui aux solidarités nouvelles des groupes de pression. "Nous
appuyons le projet gouvernemental visant à reconnaître les
comtés municipaux transformés administrativement et
géographiquement comme la petite région. "Nous soumettons, avec
ce document, une carte de notre région de la ville de Granby que l'on
soumet" il n'est pas à propos de regarder ça, ici, ce
matin.
La ville de Granby appuie le projet gouvernemental car nous croyons que
le regroupement des municipalités, sur une base régionale, doit
être réalisé aussitôt que possible au Québec,
étant donné le retard que nous avons à ce chapitre,
comparativement à d'autres pays industrialisés.
Fascicule no 2: Les expériences étrangères. Ces
exemples montrent que les Etats contemporains cherchent à implanter
depuis de nombreuses années des structures décentralisées
afin de rapprocher l'administration du citoyen.
L'an dernier, je suis allé à Strasbourg voir les
responsables de la Conférence des pouvoirs locaux et j'ai
rencontré M. Ballou, entre autres, qui en est le directeur
général. Comme on le sait, c'est un organisme qui dépend
du Conseil de l'Europe. Ces gens font des travaux absolument extraordinaires
dans le domaine de l'aménagement, la pollution, les communications
routières entre les différents pays. Il se fait là un
travail absolument fantastique et toujours sous le sigle, l'égide, le
concept de la décentralisation.
Nous notons en particulier, dans la réforme ontarienne que nous
connaissons, la volonté de faire disparaître dans la gestion
municipale la tra-
ditionnelle séparation entre les villes et les territoires ruraux
adjacents depuis 1859. C'est la situation qui prévaut au
Québec.
Nous notons aussi dans cette réforme le système
d'administration à deux paliers, le palier supérieur étant
le gouvernement régional dont les représentants au conseil sont
d'abord élus au palier local, la ville, et ensuite, nommés par
chacun des conseils de ville au conseil régional.
Nous favorisons ce système pour le Québec, qui, selon
nous, évite les frictions inévitables entre des
représentants élus aux deux niveaux.
En effet, si le conseil de comté est formé de
représentants nommés par les villes, des maires ou des
conseillers, peu importe, la coordination de l'action régionale sera
meilleure et les décisions plus conformes aux désirs des citoyens
de la région, entre autres au niveau de la taxation. Si on examine un
peu le système de taxation des commissions scolaires, on se rend compte
qu'au Québec, cette taxation foncière par les commissions
scolaires, est impersonnelle. C'est-à-dire que les commissaires
d'écoles sentent beaucoup moins que les maires et que les conseillers du
Québec l'impact de leur décision au niveau de la taxation.
Evidemment, le dollar étant fixé par Québec, ça
favoriserait un peu le désintéressement, mais il y a aussi la
question des taxes dont on n'a pas parlé aujourd'hui, les taxes non
admissibles.
Le commissaire d'écoles n'est pas aussi prêt que le
conseiller ou le maire et sent moins l'impact de cette taxation. Alors, on
craint, à Granby au moins, que s'il y avait un système semblable
d'élection de représentants au niveau régional et qui
serait parallèle et séparé de l'élection des maires
et des conseillers, il pourrait s'installer là où il y aurait
moins d'intérêt, que les personnes qui seraient élues
sentiraient moins ou se rendraient moins compte des décisions au niveau
de la taxation.
Le conseil des villes du comté municipal sera bien informé
des études et des décisions du conseil de comté et sera
à même d'en mesurer l'impact sur ces propres villes. Cela aussi,
ce n'est pas à dédaigner. Il y a un autre argument très
intéressant ici, c'est que les élections dans les villes ayant
lieu à des dates différentes, j'espère que ça
continuera ainsi au Québec, c'est un merveilleux système, la
continuité de l'administration serait assurée. Tandis que si on
avait des élections au niveau régional, en bloc, là, au
bout de quatre ans, cinq ans ou trois ans, je ne sais pas quel sera le mandat,
tout le monde peut débarquer, c'est possible. Si vous avez l'autre
système, en passant par les élus municipaux, vous êtes
certain de votre continuité dans l'administration au niveau
régional.
Quant au partage des responsabilités en Ontario, il serait
valable à peu de choses près pour le Québec. Au fascicule
no 3, qui nous occupe tout particulièrement lors de l'étude de la
loi 125, l'aménagement et l'urbanisme, comme on le sait, l'aspect visuel
des territoires urbanisés de l'Amérique du Nord est
déplorable et dénote une population soumise aux aléas
d'une publicité trompeuse et néfaste au profit des promoteurs
agissant en toute quiétude au sein d'une société
permissive.
Notre environnement est laid, si laid que nos yeux ne le voient plus,
car l'éducation du beau, de la mesure et des proportions harmonieuses
est impossible à faire chez nous. La liberté d'entreprise
résulte en l'esclavage du désordre, du gaspillage et de la
laideur. Le temps est venu depuis longtemps, pourrions-nous ajouter
de réglementer le développement du territoire et l'aspect
visuel des immeubles.
Le temps est venu de freiner la construction des résidences le
long des routes nationales bravo pour la Loi sur le zonage agricole de
M. Garon et dans les projets en pleine campagne. Je dis bien ici que la
Loi sur le zonage agricole et la loi sur l'aménagement et l'urbanisme
sont deux bonnes lois aptes à régulariser cette situation
inacceptable.
L'aménagement ne peut se faire à partir de la capitale.
L'aménagement doit être conçu et appliqué au niveau
de la "petite région", par et pour les citoyens dans leur milieu de vie.
Cependant, les modalités de fonctionnement doivent être mises en
place, de façon à assurer l'efficacité et la
rapidité des décisions, évitant ainsi les délais
onéreux aux citoyens dans l'attente d'un permis de construction.
Quant aux modalités proposées pour la consultation des
citoyens, lesquels seraient consultés avant l'adoption d'un projet
d'amendement par le conseil, la ville de Granby, depuis maintenant trois
années, agit de la sorte, à la grande satisfaction des citoyens.
Chaque fois qu'on a un règlement qui modifie un zonage, chaque citoyen
concerné reçoit une lettre de la ville de Granby et est
invité à une réunion d'information. Cela rend plus
difficile l'administration n'est-ce pas, M. le maire? mais on le
fait et cela fonctionne. Ensuite, il y a un autre point intéressant.
Chez nous, il n'y a pas de caucus. On a prouvé, depuis 1964, à
Granby, qu'il est possible d'administrer une ville sans caucus. Il n'y a ni
comité plénier, ni caucus. Tout se passe en public, le lundi
soir, avec le cadre communautaire, quand il fonctionne, et les citoyens
montrent un très grand intérêt. C'est donc possible
d'administrer publiquement une ville de $14 millions de budget cette
année. Et ce n'est pas utile d'avoir des caucus et des comités
pléniers. A ce moment-là, les citoyens savent exactement de quoi
il retourne de leur administration. Ils ne sont pas là seulement tous
les quatre ans, pour élire un maire et un conseiller, mais ils sont
là tout le temps des quatre ans, à chaque réunion.
Nous souscrivons aussi à la proposition voulant que les
ministères ou organismes gouvernementaux soumettent, le cas
échéant, leurs projets aux comtés municipaux et aux
municipalités afin de respecter les schémas d'aménagement
et les plans d'urbanisme. C'est merveilleux. On vient de le vivre chez nous, il
y a deux ans, avec la construction de l'édifice provincial, avec M.
Lessard et Mme Ouellette. Il y a eu consultation à
partir du début jusqu'au moment de la construction, quant
à l'emplacement. Pour le concept de l'édifice, nous avons
engagé des urbanistes-conseils qui ont travaillé avec le
gouvernement provincial et le résultat est très bien. Cela va
être une très grande amélioration.
Bien que nous soyons d'accord avec la création d'une Commission
nationale de l'aménagement, nous désirons mettre le gouvernement
en garde contre une trop grande centralisation si la réglementation
nécessitait l'approbation de tous les plans d'aménagement et
surtout de toutes les modifications ou les amendements. On a des
problèmes en Ontario actuellement à cet effet. Si cela
était, on peut s'attendre à des délais de plusieurs mois
dans les approbations, ce qui irait évidemment à rencontre des
principes fondamentaux de démocratisation exprimés dans le
document.
Dans le fascicule 4, on parle de l'organisation politique des
comtés renouvelés. La proposition visant à modifier les
comtés municipaux, en repoussant les aiguilles de l'horloge du temps
dans le passé, en y incorporant les cités et villes, est
ingénieuse.
Après réflexion, nous croyons que la
décentralisation, la régionalisation administrative et politique
du territoire québécois doit passer par l'institution plus que
centenaire des comtés municipaux, lesquels seront renouvelés,
évidemment, au fur et à mesure des années,
administrativement, politiquement et géographiquement. Il s'agit d'une
opération très délicate sur le plan politique, mais quand
même réalisable si on y met le doigté, le temps et surtout
la volonté politique.
Il est possible et urgent de faire participer les municipalités
urbaines et rurales d'un même territoire à une même
institution politique et administrative, le comté municipal, en vue
d'une gestion, lit-on dans le mémoire, plus efficace de
l'aménagement du territoire et l'exercice du contrôle et de la
coordination du développement.
Etant donné la grande actualité de ce projet de
réforme et les discussions qu'il a suscitées, nous favorisons la
mise en place immédiate de l'association institutionnelle
complète des comtés municipaux renouvelés.
Au sujet de la représentation au sein du conseil, j'ai bien
expliqué que l'on préfère qu'elle soit faite par les
représentants des villes. Nous admettons aussi, nous sommes d'accord que
dans les cas la situation existe dans plusieurs régions du
Québec où il y a des villes plus populeuses, il y ait
égalité de voix entre la ville la plus populeuse et l'autre
partie du comté. Nous verrions aussi que des gérants administrent
pour que le maire à temps plein ne devienne pas une espèce de
préfet de comté. Nous croyons qu'il faudrait qu'il y ait un
gérant pour assurer la compétence et la continuité, et ne
pas laisser l'incompétence aux aléas d'une élection.
Quant à l'organisme inter-comtés, il y aurait lieu pour
nous de couvrir le territoire de notre région d'influence
économique... cela n'a pas d'importance ici, ce matin.
Concernant ie projet de loi 125 lui-même, les statistiques
démontrent qu'au point de vue de l'urbanisation du territoire, le
Québec est un désert. Vous savez très bien que peu
nombreuses sont les villes au Québec les statistiques sont
effarantes qui ont un plan d'urbanisme. La majorité des
municipalités n'en ont pas. Il s'agit d'une situation qui doit
être corrigée rapidement. Cette loi forcera donc
l'élaboration des schémas d'aménagement. Nous
félicitons le gouvernement pour le courage qu'il a
démontré en présentant ce projet de loi sur
l'aménagement, sur l'urbanisme au Québec. Qu'il fasse bouger les
choses qui existent. Cela, c'est toujours difficile.
Nous laissons aux spécialistes le soin de scruter le projet de
loi. D'après nous, par exemple je reviens sur une idée que
j'ai déjà exprimée il y aurait lieu d'effectuer une
espèce de mise en marche fictive du programme d'aménagement et de
vérifier selon ce modèle le temps nécessaire à
l'obtention de toutes les approbations requises afin d'atteindre les objectifs
de démocratisation décrits dans les cahiers de
références. Ce temps de vérification et d'approbation ne
devrait pas être trop long.
Selon nous, le gouvernement ne devrait pas laisser aux
municipalités le droit de rédiger un règlement de
construction. Je parle ici du Code de construction du Québec. On doit
quand même avoir un code de construction, y compris pour la ville de
Montréal, pour tout le Québec. (10 h 45)
J'ai une petite annexe ici, suite à une rencontre que nous avons
eue il me reste quatre minutes dans la ville de Granby pour voir
un peu ce que les maires voulaient. On a eu cette réunion il y a une
semaine et le maire de Granby a été très surpris. Il a
constaté que les municipalités faisant partie du comté
municipal de Shefford s'étaient déjà réunies,
s'étaient mises d'accord pour se détacher de la région 06.
Les régions 05 et 06 dépendent de la région de
Montréal. La plus grande partie du comté municipal de Shefford
veut se détacher de la région 06 pour faire partie de la
région 05. Les vraies raisons n'ont pas été
exprimées, mais je pense qu'on craint je pense que c'est
intéressant pour messieurs les deux ministres les plus impliqués
de perdre certaines autonomies vis-à-vis de la ville de Granby.
Réellement, cela m'a bien surpris. Tous avaient les petits feuillets que
j'ai ici ce matin, qui avaient été sortis frauduleusement de
certains ministères. J'en ai pris et je les ai fait imprimer moi aussi.
Cela faisait une deuxième fraude pour Granby.
Evidemment, ces petits feuillets décrivent les différentes
options: option 1, option 2, option 3 et c'est pas mal semblable aux
territoires scolaires. Comme ce sont de plus petits territoires, les maires et
les conseillers des régions rurales semblaient mieux s'y
reconnaître et comme on pouvait exclure la ville de Granby, on semblait
être intéressé.
Je pense que l'expérience est pas mal intéressante, parce
qu'on aura beaucoup de réunions pour voir de quelle façon on peut
circonvenir cette crainte qui semble exister. Ils ont dit: On a un
territoire qu'on connaît. On va s'organiser. On sera les voisins
de Granby. On se rencontrera sur des problèmes communs et on va en
parler. Je m'étais habitué à cette idée que Granby
serait un membre à part entière de la petite région, sur
un même pied que les municipalités plus petites. Alors, je suis
retombé sur mes pieds ou autre chose. Voilà maintenant que l'on
nous exclut et que l'on se retrouve seuls. En fin de compte, on aurait la ville
de Granby actuelle et, au mieux, Bromont et Saint-Alphonse qu'on voudrait bien
dans notre région j'en ai déjà parlé
d'ailleurs au ministre Tardif à quelques reprises. Au mieux, ces villes
se joindraient à Granby. Dans les faits, nous ne serons plus une petite
région, mais un territoire urbanisé au sein des autres
régions rurales. Evidemment, j'ai demandé à notre
urbaniste-conseil, M. Claude Lavoie, de venir me donner un coup de main pour
voir comment on pourrait définir notre région.
On s'est mis d'accord sur un critère, le critère du bassin
versant. En effet, les exemples d'aménagement de bassins versants ne
manquent pas à l'étranger. Au Québec, nous avons
évidemment le bassin du Saint-Maurice, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du
Richelieu, de la Yamaska, de la Saint-François, de l'Outaouais et
d'autres encore. Cette définition nous agrée présentement.
Je définis le territoire qui serait compris dans ce bassin versant. Nous
croyons aussi que cette petite région, à partir d'un bassin
versant, répond aux préoccupations citées dans le
fascicule numéro 6, c'est-à-dire l'unicité du territoire,
le respect des limites municipales, taille et capacité suffisantes;
c'est un point très important, messieurs.
Nous croyons que si la ville de Granby n'est pas incluse dans cette
région les commentaires que je fais, je pense bien qu'ils vont
être répétés à travers le Québec
l'objectif poursuivi par le gouvernement, et j'ajoute avec une grande
volonté politique, ne sera pas atteint. En effet, le morcellement de ce
territoire résultera en la création d'unités faibles et
non viables lorsque nous serons en face des défis de l'avenir. Il faut
rationaliser nos régions afin qu'elles correspondent à la
réalité physique et économique, et cela, on ne peut y
échapper. Ensemble, nous sommes plus forts. L'ensemble est plus
important que l'addition des parties, la fameuse synergie. C'est la difficile
projection dans le futur qu'il faut nécessairement atteindre sans subir
le choc fatidique de l'imprévoyance. Il faut se projeter par l'esprit au
siècle prochain, dans vingt ans, et au-delà, dans quarante ans,
et s'imaginer ce que sera chacune de nos régions à ce moment.
Auront-elles en elles-mêmes les ressources essentielles non seulement
à leur survie, mais aussi c'est très important
à leur épanouissement? Qui décidera en fin de compte?
Est-ce que le Québec découpera son territoire à la
manière des Européens du XIXe siècle, se partageant
l'Afrique, ou encore Roosevelt, Churchill et Staline à Yalta,
découpant joyeusement l'Europe?
Je ne crois pas que le gouvernement ait ce projet en tête.
Justement, le problème est là pour le gouvernement. Comment
abouter cette mosaïque et où rattacher les coins perdus? Chez nous,
comme partout ailleurs, l'eau coule toujours du même bord. Les bassins
hydrographiques ne changent pas, à moins que la main de l'homme ou les
tremblements de terre n'interviennent. Le bassin versant de notre
rivière Yamaska comprend la région que nous avons décrite.
Evidemment, l'aménagement du territoire comprend aussi la gestion des
eaux.
En résumé, nous nous sentons orphelins dans notre
région, et même si nous faisons peur aux municipalités plus
petites, nous sommes prêts à nous mettre à leur
écoute à une même table comme partenaires et non pas comme
voisins. Ainsi, nous pourrons entreprendre ensemble la longue marche vers notre
avenir, lequel sera celui que nous aurons préparé.
Je vous remercie, messieurs.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. le
maire.
M. le ministre, on commence?
M. Léonard: Oui. M. le maire, je vous remercie beaucoup,
d'abord, de vous être donné la peine de préparer tout ce
mémoire, de vous être déplacé, de venir le
défendre ici. Je pense que c'est tout à votre honneur, ainsi que
les considérations qui s'y trouvent.
Le mémoire est très positif, je pense, et manifeste la
volonté de la municipalité de Granby de travailler en
collaboration avec les municipalités rurales de votre région, de
votre comté, et l'annexe que vous y avez ajoutée le
démontre aussi abondamment.
Vous avez aussi manifesté le souhait que l'aménagement
devienne une réalité, je pense, pour l'ensemble du Québec.
Cela débordait largement les seules préoccupations de Granby, je
pense qu'on peut étendre vos considérations à l'ensemble
du Québec. Je pense aussi que vous avez manifesté un souci de la
consultation populaire qui a déjà été mise en
pratique dans votre propre municipalité. Je pense que, sur ce plan, vous
donnez l'exemple dans le Québec présentement.
Je pense aussi que votre mémoire va plus loin que le projet de
loi 125 lui-même, il convient de le souligner, sur quelques points, tout
au moins, en particulier lorsque vous mentionnez l'intérêt que
vous avez à l'élection du préfet au suffrage universel. Je
pense que, dans le projet de loi no 125, c'est le mode traditionnel de
nomination qui est prévu et non pas une élection au suffrage
universel. Vous avez aussi manifesté votre intérêt pour
l'association institutionnelle complète telle que décrite dans
l'un des fascicules. Dans le projet de loi no 125, il s'agit d'une association
institutionnelle partielle qui concerne l'aménagement et non pas toute
une série d'autres pouvoirs qui pourraient peut-être un jour se
greffer selon la volonté des citoyens, mais, pour l'instant, il s'agit
d'aménagement.
Il y a une chose qu'il conviendrait peut-être de rectifier par
rapport à la Commission nationale de
l'aménagement, il me semble que vous lui accordez un rôle
d'approbation qu'elle n'a pas, puisque la Commission nationale de
l'aménagement, dans le projet de loi, ne donne que des avis de
conformité, des avis qui sont techniques ou professionnels, et non pas
décisionnels. La décision reste toujours aux élus, dans le
projet de loi, de modifier ou le plan, ou le schéma, ou les
règlements, enfin, de rendre les documents d'aménagement
conformes. Ce que la commission dit, c'est que si les documents sont conformes
et à propos de ce en quoi ils ne sont pas conformes, elle peut
même ajouter comment les rendre conformes, mais ce n'est pas la
commission qui changera les documents d'aménagement. Je pense qu'il est
important de rectifier ce point.
A propos des modes de découpage et de représentation des
municipalités, je pense que nous avons des félicitations à
faire à la ville de Granby, ainsi qu'aux autres municipalités
voisines, d'avoir déjà réfléchi à ces
questions et d'avoir commencé à travailler ensemble pour
éclairer ces points. Je pense bien que tout ce que nous pouvons
souhaiter à ce moment, c'est que vous continuiez et je vois que des
rencontres viennent de se faire, qu'il y a déjà des
négociations entre les municipalités. Je pense bien que ça
va continuer. Pour l'instant, il n'est pas question de fixer des territoires.
Nous les fixerons plus tard, ou les élus, ou les municipalités
les fixeront, feront des suggestions là-dessus. Nous ferons une autre
consultation sur la délimitation des territoires, mais je vois que
ça intéresse les gens tout au moins. C'est un signe de grand
intérêt.
J'aurais peut-être une, deux ou trois questions à vous
poser. Pensez-vous que le projet de loi no 125 devrait apporter des
précisions sur le processus à engager et les mécanismes
pour la mise en place des comtés renouvelés ou, si vous
préférez, si vous pensez que ça doit rester tel que c'est
décrit aux articles 142 et suivants?
M. Trépanier: Voici! C'est une des préoccupations
que j'ai. Malheureusement, j'étais à Vancouver, comme je l'avais
dit, lors de la conférence des maires de Montréal. Je n'ai pu y
assister. C'est une préoccupation que nous avons dans notre
région actuellement, parce que les modalités ne sont pas dans la
loi, ni dans les fascicules.
On parle de consultation, mais vous parlez aussi du fameux mot
"abouter"; alors, comment tout cela va-t-il s'abouter? Quelle est l'intention
du gouvernement? Cela va probablement venir lors de l'audition des
mémoires ou lors de l'étude de la loi par les parlementaires.
Actuellement, nous ne savons pas. Il y a trois projets qui font à peu
près 72, 86, 95 comtés selon 1, 2 et 3 et vous dites: Ce n'est
pas nécessairement un partout, ce peut-être 1 là, 2 ou
3.
Je vais vous parler de la part d'un gars qui est chez lui, qui lit cela
et regarde cela: Qu'est-ce qu'ils ont dans l'idée? Dans ma région
et je pense que c'est la même chose pour tous les maires et les
conseillers du Québec notre région, on la connaît et
on voit un peu... L'idée des comtés me plaisait assez parce que
les comtés sont là. Cela m'a surpris quand j'ai vu les trois
options. J'ai vu que le gouvernement voulait aller plus loin que garder les
comtés. Si on disait: D'accord, les comtés, c'est fini. Les
villes qui ne sont pas dedans seront dedans. A Granby, on aimerait bien mieux
cela que de tomber dans la proposition 3, par exemple, ou accepter ce que nos
collègues de la région veulent avoir en se détachant de
nous. En fin de compte, si leurs représentations étaient
acceptées et qu'à la suite d'un long dialogue, on n'arrive pas
à une entente, c'est clair je l'ai mentionné dans le texte
que le gouvernement n'atteint pas son objectif. On va rester comme on
est là, excepté qu'on va avoir le canton de Granby autour de chez
nous. Si on a Bromont, tant mieux, mais là, c'est assez difficile parce
que les gens du comté voisin veulent garder Bromont, parce que Bromont,
quand même, est important dans l'avenir. La ville de Bromont va devenir
très importante à cause des services qui y sont
déjà, même si la ville a des difficultés
aujourd'hui.
Comment cela va-t-il se placer? Il va falloir que le gouvernement
intervienne, toujours avec cette volonté politique dans certains cas. Je
signale encore le côté délicat M. Goldbloom est
là pour le savoir c'est très délicat à
manoeuvrer, tout cela. On ne le sait pas actuellement; on ne le sait pas.
Disons qu'on va faire la consultation. On va travailler fort pour atteindre
notre objectif, l'objectif qu'on s'est fixé, mais il reste quand
même qu'en pratique, M. le ministre, c'est la ville de Granby qui est
fortement organisée, qui a des urbanistes, des ingénieurs, un
gros budget, qui fait face à des villes qui ne le sont pas, qui ont des
budgets beaucoup plus restreints et dont les préoccupations sont
beaucoup plus immédiates.
Quand on parle de la région 05 à Sherbrooke, on dit: On
fait affaires avec tel ou tel ministère; le gars est à
Sherbrooke; le bureau est là et on est aussi bien de faire partie de
Sherbrooke. Mais ces gens ne voient pas plus loin que cela. Donc, cette
crainte, je crois que vous allez la retrouver à travers tout le
Québec, parce qu'on a peur que, si la ville importante fait partie de
cette petite région éventuellement, elle va nous manger et nous,
que va-t-on faire là-dedans? Il y a peut-être cette crainte. Il y
a sûrement cette crainte.
M. Léonard: Seulement une précision sur le projet
de loi lui-même. Je vous pose la question parce que, dans le projet de
loi, il s'agit de l'aménagement. Comment pensez-vous que des
décisions communes en aménagement doivent être prises?
Est-ce que cela doit se lier plus au territoire, plus à une
représentation proportionnelle de la population ou bien si vous pensez
qu'autour d'une table, même s'il y a des municipalités qui sont
plus importantes en population, elles doivent quand même respecter assez
largement les désirs et les volontés des municipalités qui
ont moins de population aux environs? En d'autres termes, est-ce qu'on doit
viser à avoir une quasi-unanimité autour de la table pour prendre
une
décision d'aménagement ou si on doit, à un moment
donné, décider sur des options fondamentales?
M. Trépanier: Votre organisme régional va sans
doute prendre les décisions. J'aimerais peut-être répondre
à votre question à partir d'un exemple local. Il y a quatre ans,
quand je suis revenu à la mairie de Granby, en 1973 ou 1974, on a
commencé à avoir des difficultés avec le
développement du canton environnant. Vous savez qu'il se
développe de plus en plus. On s'est dit: On va avoir de sérieux
problèmes tantôt. J'ai donc été rencontrer les
membres du conseil municipal du canton. Je leur ai fait une proposition:
Pourquoi ne feriez-vous pas préparer un plan d'urbanisme et Granby va le
payer? J'avais demandé une évaluation, cela coûtait $42
000. On va payer le plan, ai-je dit. On va discuter cela. A la réunion
subséquente, j'ai eu une meilleure idée: J'ai dit: II faudrait
que le ministre en paie un petit peu. Je suis allé le rencontrer: M. le
ministre, on est prêt; notre urbaniste est prêt à
travailler, on va le faire. Pourquoi ne me donneriez-vous pas $10 000 et on
paierait $32 000? Cela a été accepté. Ces gens
étaient pour le plan, mais $42 000, pour eux, c'était bien de
l'argent. A la ville de Granby, nous avions les moyens; on a payé les
$32 000. Ils ont payé $10 000. Ils ont donc été
impliqués. (11 heures)
Vous demandez ceci: Est-ce que ça doit être unanime? Moi,
je ne crois pas que ce soit nécessairement unanime. Vous allez avoir
cette entité régionale qui, elle, aura à prendre la
décision. L'aménagement du territoire que vous proposez de faire,
qui est important, ça va se décider au niveau régional.
Donc, ce sont vos maires et vos conseillers délégués qui
prendront la décision. Cela peut être une décision sur
division, mais le mécanisme dont vous parlez va être
extrêmement difficile; ce n'est pas facile de faire adopter un plan
d'urbanisme, on est passé par là dans notre ville. C'était
sous M. Boivin, ça fait longtemps. On a été une des
premières villes du Québec à engager un urbaniste. J'ai
été élu en 1964, je suis architecte de mon métier,
je m'y connais un peu; il nous a fallu trois ans avant de faire accepter le
projet, et cela a été délicat. C'est très
difficile.
Je crois que, si on veut atteindre l'objectif dans le domaine de
l'urbanisme, nous touchons... Regardez ce qui est arrivé dans le cas du
zonage agricole; c'est une excellente loi, mais elle touche à des
intérêts. C'est pour cela que je parle un peu des
spéculateurs dans mon texte. Dans notre société
permissive, le spéculateur, le gars dynamique, le gars qui a de
l'argent, le gars qui est d'attaque, c'est lui qui mène et qui a
toujours mené. Là, le zonage agricole va lui mettre des freins
pour protéger le public. La loi sur l'urbanisme, ça va être
la même chose.
Donc, vous portez atteinte, non seulement à des gros, mais
à des moyens et aussi à des petits qui ont des petits
intérêts et qui se sentent lésés. Cela va être
difficile pour ces gens et pour le mécanisme démocratique dont
vous parlez, il va y avoir des problèmes. D'après mon
expérience je termine là-dessus il faut, tout en
essayant d'atteindre l'objectif d'avoir un plan d'urbanisme, qu'il y ait quand
même une certaine coercition. Je ne vois pas ça autrement, vous
touchez à trop d'intérêts particuliers.
M. Léonard: Mais, au départ, pensez-vous que les
comtés vont être amenés d'eux-mêmes à
enclencher un schéma d'aménagement ou bien pensez-vous qu'il
faudra rendre ça obligatoire dans la loi?
M. Trépanier: Je n'y ai pas répondu encore. Moi, M.
le ministre, j'insiste sur la volonté politique. Je pense que quand on
gouverne on doit démontrer de la volonté politique,
évidemment, dans l'ordre des choses; il y a quand même l'art du
compromis. Je ne pense pas qu'on réussisse à urbaniser le
Québec en laissant les décisions au niveau local, sauf s'il y a
quelques carottes. S'il y a des carottes intéressantes, il y en a qui
vont aller les manger, mais si c'est laissé... il y aussi le document du
Conseil de planification je l'ai apporté avec moi le
groupe qui conseille le gouvernement. Lui a parlé d'un mécanisme
démocratique. Alors, réellement, ça va être
difficile; je vous le dis franchement, M. le ministre, si c'est laissé
à la seule décision des régions, on va attendre longtemps
dans bien des milieux.
M. Léonard: Vous pensez qu'il faudrait mettre "doit"
à l'article 2, au lieu de "peut"?
M. Trépanier: Je ne suis pas à la place du
gouvernement mais, moi, je vois ça ainsi. J'entrevois des
difficultés énormes, d'une façon ou d'une autre. Il
faudrait que la loi ait quelques dents.
M. Léonard: Si j'ai bien compris votre mémoire, la
consultation des citoyens, vous l'avez déjà pratiquée
abondamment et vous trouvez que...
M. Trépanier: Non, je dis qu'à la ville de Granby,
actuellement, il ne se fait rien, sauf trois choses: nos négociations
syndicales, le domaine industriel c'est bien évident, on est fort
et on garde ça secret et, troisièmement, la question de
l'employé qui a un problème. Pour ces trois choses, c'est caucus
secret, mais il n'y a pas de caucus. Cela, je l'ai commencé en 1964 et
j'ai eu bien de la misère à convaincre mes collègues. On a
débarqué le trône du maire, on a ôté les
trônes des conseillers, on a tout "sacré" ça à
terre, on s'est mis six pouces plus haut parce que les gens ne nous voyaient
pas. Le citoyen de Granby peut même intervenir, évidemment, dans
la mesure du bon sens, mais dans nos débats on ne se formalise pas,
ça fonctionne très bien, on n'a pas de problème à
Granby, on n'est pas une ville à problème. M. Tardif n'entend
jamais parler de nous; à l'époque, M. Goldbloom non plus
n'entendait jamais parler de nous.
On n'a pas de problème, ça fonctionne; il y a moyen
d'administrer les villes au Québec. Et je dis plus que ça
concernant la Loi des cités et villes: Le
maire n'est-ce pas, M. Caron? ce n'est pas le "boss". Que
fait le maire dans la Loi des cités et villes? Le maire surveille
l'administration, c'est ce qu'il fait; le "boss", c'est le conseil municipal;
c'est le conseil municipal qui est patron, c'est le conseil municipal qui
légifère. Une administration municipale, c'est un corps
élu, c'est un corps législatif. Alors, le patron, dans notre
ville, c'est le conseil municipal, ce n'est pas Paul Trépanier, c'est le
conseil municipal, c'est lui le patron. Le mémoire que j'ai
apporté aujourd'hui, c'est celui du conseil de la ville de Granby qui
est d'accord. Cela fonctionne. Ecoutez, on le fait depuis 1964. Evidemment,
j'ai quitté pendant quatre ans, ils ont remis des comités
pléniers, mais quand je suis revenu en 1973, j'ai remis ça
public, il n'y a pas de caucus, ça fonctionne bien.
M. Léonard: Une dernière question que j'aimerais
vous poser. Vous vous prononcez pour une association institutionnelle
complète au sens des fascicules qui ont été
distribués, c'est-à-dire qu'au-delà de
l'aménagement, il y ait beaucoup d'autres pouvoirs attribués aux
conseils de comté. Quels sont les avantages que vous voyez à tout
ça maintenant? Est-ce que vous voyez ça rapidement ou
espacé dans le temps?
M. Trépanier: Cela ne peut pas être rapide, M. le
ministre, parce qu'on aurait trop de problèmes. Je vois qu'en me
projetant dans le siècle prochain, il ne faut pas trop le faire, parce
que ça va donner des difficultés à la loi, mais il faut
quand même penser que, petit à petit, vous allez
déconcentrer. Plus l'administration va devenir complexe, plus on aura
les merveilleux ordinateurs pour nous donner un coup de main, plus vous allez
déconcentrer, plus ça va devenir intéressant de
déconcentrer pour l'Etat et plus on aura des fonctionnaires
habilités à prendre des décisions au niveau local. Cela ne
peut pas se faire rapidement. Il va falloir prendre le temps.
Mais je crois que la première réforme qui est bien
amorcée présentement, il faut l'admettre, parce que ça ne
crée pas trop de remous, il va y en avoir, il y en a, mais il y a quand
même un certain consensus vis-à-vis de la loi qui est
présentée actuellement. Je pense qu'il faut y aller
délicatement pour franchir au moins ce premier pas. Quand le premier pas
sera franchi, quand la loi sera acceptée, le cadre est là, les
individus qui vont être dans le cadre se chargeront bien de le
modifier.
Je suis pour la déconcentration à partir de Québec
et la concentration à partir de la région, au niveau
régional.
M. Léonard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Il est rassurant et
même sécurisant de constater qu'il y a des choses qui ne changent
pas au Québec et M.
Paul-O. Trépanier est un élément du Québec
qui ne change pas. Je suis heureux de vous retrouver, M. le maire, et j'ai
quelques questions que j'aimerais vous poser.
J'aimerais commencer par l'annexe que vous avez soumise aujourd'hui et
dont j'ai dû prendre connaissance aujourd'hui-même.
Il est évident que depuis un peu plus de deux années, je
n'ai plus les contacts avec les dirigeants municipaux que j'avais avant. Mais
le désir de certaines gens, dans la région qui entoure votre
ville, de se détacher de la région 06 et de s'attacher à
la région 05 n'est pas un phénomène nouveau dans mon
expérience. Des dirigeants municipaux comme ceux de Valcourt, par
exemple, étaient venus me voir dans le temps pour me prier d'intervenir
auprès de mes collègues responsables de la structure
administrative du Québec afin de permettre à Valcourt d'avoir une
relation administrative avec Sherbrooke.
La raison, dans le temps et j'aimerais vous demander si vous
croyez qu'il y en a d'autres maintenant, parce que vous avez semblé le
suggérer dans votre présentation était simplement
que souvent, le citoyen, voulant s'adresser physiquement et en personne
à l'un ou l'autre des ministères du gouvernement et devant aller
au bureau régional, se voyait obligé d'aller à Lon-gueuil
et voulait aller à Sherbrooke parce que c'était plus près.
Aussi, vous avez dit, avec raison évidemment, que dans les bassins
hydrographiques, l'eau coule toujours dans le même sens. Mais il n'y a
pas d'obligation pour les êtres humains d'aller dans le sens de l'eau.
Ils peuvent aller à contre-courant également.
Vous avez exprimé une impression et je ne voudrais pas vous citer
incorrectement, mais j'ai compris que vous avez suggéré que les
municipalités environnantes pouvaient avoir une certaine crainte de la
domination possible par la ville de Granby. Il me semble que, dans le contexte
de l'application éventuelle d'une loi comme celle que nous
étudions présentement, les bonnes relations entre les
municipalités seraient indispensables; autrement, on serait toujours en
chicane au sujet de l'aménagement du territoire et au sujet d'autre
chose.
J'aimerais vous demander si, par hasard et c'est une
hypothèse que j'avance, ce n'est pas nécessairement une
recommandation que je fais au gouvernement, je n'oserais pas le faire, je me
sens trop loin de la situation locale en ce moment des bureaux
régionaux de certains ministères étaient établis
à Granby, la crainte que vous invoquez serait toujours présente
à l'esprit des municipalités environnantes.
M. Trépanier: C'est l'évidence même, M.
Goldbloom; je viens de répondre la même chose à M.
Léonard. Je crois que s'il y a déconcentration et, en attendant,
s'il y a déplacement des services au niveau de certaines régions,
cela va changer cela. C'est une question pratique.
Vous avez dit que c'est moins loin d'aller à Sherbrooke. Ce n'est
pas vrai. C'est la même dis-
tance, Sherbrooke-Montréal. Nous dépendons de
Montréal. Je ferais une lutte farouche au gouvernement, si on essayait
de détacher Granby de la zone 06, parce que nous sommes une des sept
régions de la ville de Montréal. D'ailleurs, M. Cas-tonguay,
avant de quitter, nous a rattachés à l'hôpital
Charles-Lemoyne, à Granby. Quand on aura bâti l'hôpital, on
y sera...
Je réponds à votre question maintenant. S'il y avait les
services dans les régions, du moins chez nous, cela enlèverait
une raison qui est pour moi fallacieuse. Ce n'est pas une bonne raison, pour
les maires et les conseillers de notre région, de se détacher, de
ne pas admettre Granby dans leur milieu, sous prétexte qu'ils veulent
aller à Sherbrooke.
Ensuite, vous avez parlé des bassins hydrographiques. Evidemment,
Mao Tsé-Toung, quand il a traversé le fleuve, s'en allait avec le
courant. Il l'a traversé, mais il s'en allait avec le courant, comme les
chevaux et les Indiens le faisaient.
De toute façon, le bassin hydrographique, c'est quand même
un critère qui en vaut un autre. Il n'y en a pas dans le moment. On n'en
retrouve pas. On donne celui-là. Merci.
M. Goldbloom: Je le trouve intéressant comme
critère et utile dans d'autres sens également.
M. le Président, je sais que vous nous demanderez de poser nos
questions aux opinants et de ne pas les adresser présentement au
ministre. Je voudrais cependant poser une question pour que le ministre puisse
nous répondre éventuellement, pas nécessairement
aujourd'hui. Mais il me semble que, quand nous examinerons l'opportunité
d'appuyer le gouvernement sur l'adoption de tel ou tel élément du
projet de loi, il nous sera important de savoir si le gouvernement, dans son
ensemble, a justement l'intention de faire des unités
d'aménagement, si je peux les appeler ainsi, des unités
administratives également. C'est dans le sens de la question que j'ai
posée à M. Trépanier. Est-ce que la définition d'un
territoire qui devra se constituer en instance de responsabilité pour
l'aménagement du territoire voudra dire aussi que le gouvernement
modifiera la structure administrative de la province, avec ses neuf ou dix
régions présentement, pour en faire des régions ou des
sous-régions plus nombreuses avec des services et des bureaux
gouvernementaux, par rapport à ce centre de décision pour
l'aménagement du territoire?
M. le Président, je ne demande pas une réponse
immédiate au ministre, mais j'aimerais que nous puissions examiner cette
question au cours du débat.
Il y a une dernière question que j'aimerais poser à M. le
maire, et j'en ai, en quelque sorte, donné avis, dans mes remarques
préliminaires. Il y a nécessairement certaines divergences de
vues et de perspectives, entre le milieu urbain et le milieu rural. Quand on
parle de l'urbanisation, on parle généralement d'un
développement qui s'étend non seulement avec la croissance de la
population, mais également à cause du phéno- mène
que nous connaissons depuis plusieurs décennies maintenant: la migration
de la population vers les centres urbains. (11 h 15)
II y a le danger que le sol arable, que les espaces verts, que les
forêts mêmes soient grugés par ce développement. Il
faut, de toute évidence, que quelqu'un s'en fasse le défenseur.
Le gouvernement peut et doit le faire dans une certaine mesure, mais la
philosophie du projet de loi est plutôt celle d'une décision
locale, c'est-à-dire l'examen, localement, par le moyen d'audiences
publiques, etc., de l'opportunité de définir une parcelle
donnée de territoire comme ayant une vocation agricole, ou domiciliaire,
ou autre.
Sûrement que ceux qui voudraient se porter à la
défense des espaces verts et du sol arable voudraient amener les
porte-parole du milieu rural à être leur porte-parole localement.
Mais la ville, avec des besoins et avec une perspective de
développement, va se trouver, de temps en temps, en conflit avec le
point de vue des dirigeants municipaux qui représentent le milieu rural.
Comment résoudre cette impasse? Je vous offre les considérations
suivantes:
Généralement, sur un territoire donné, s'il y a une
ville d'une certaine importance, la population urbaine est plus nombreuse que
la population rurale. Par contre, le nombre de municipalités qui
administrent le territoire urbanisé est généralement
inférieur, et de beaucoup, au nombre de municipalités qui
administrent le territoire rural. Donc, si l'on prévoit un vote par
population, on donne généralement un certain avantage à la
ville ou aux villes. Si l'on prévoit un vote suivant le nombre de
municipalités, c'est un avantage du côté rural et la ville
peut dire c'est une impression que je retire de votre mémoire
nous sommes quand même une force motrice dans la région,
dans l'économie de la région; il ne faudrait pas que l'on nous
impose des décisions d'aménagement qui iraient à
l'encontre de nos perspectives de développement, et nos perspectives de
développement devraient être perçues comme étant
dans l'intérêt de la collectivité locale.
M. Trépanier: Deux réponses. J'ai la réponse
en deux parties. Vous aurez des problèmes qui seront globaux. Par
exemple, le ministère des Transports décide de faire passer une
route dans une région donnée. Cette décision va impliquer,
disons, le tiers du territoire. A ce moment-là, vous avez un
problème global qui sera étudié par toute la
région. D'autre part... Vous pouvez même avoir trois conditions.
C'est une condition globale, cela peut regarder d'autre chose aussi. Par
exemple, si vous avez une centrale nucléaire, s'il y a des
problèmes d'évacuation à étudier, cela aussi, c'est
un problème global qui pourrait être étudié à
ce niveau-là. Vous avez une autre question, par exemple la question de
l'alimentation en eau, à partir d'une source unique qui concerne deux,
trois ou quatre municipalités. Vous avez une petite région qui va
se faire. Elles vont étudier leur point ensemble, toujours au niveau
régional, mais ce sera
quelque chose de plus local. C'est la même chose avec les
vidanges, par exemple. C'est une question qui devient de plus en plus
importante. Où, comment et quand? Cela sera étudié par
toute la région ou par des parties. Finalement, vous avez une
troisième possibilité, c'est une des villes de la région
qui veut se faire un plan d'urbanisme. Elle va faire son plan, chez elle, mais
en coordonnant... Cela peut même se faire au niveau régional, qui
sera chargé de faire le plan d'urbanisme de cette petite ville, mais en
coordonnant avec la région. Dans la pratique, je ne vois pas de
difficulté, M. Goldbloom.
M. Goldbloom: M. le maire, j'aimerais quand même vous
demander d'expliciter la recommandation que vous faites à la page 9 de
votre mémoire où vous parlez d'une voix
prépondérante pour Gran by.
M. Trépanier: Voici, j'ai écrit cela dans le
mémoire, c'est un droit de veto, ce n'est pas un droit d'action, c'est
un droit négatif qui est couvert, d'ailleurs, dans les fascicules du
gouvernement. Le "niet" donne le droit aux villes principales d'apposer un veto
aux décisions qui n'ont pas le consensus. C'est très bien fait.
Je pense que c'est une bonne idée. Il pourrait y avoir une
décision qui soit amenée par les villes, mais qui n'ait pas le
consensus de tout le monde, ce qui pourrait être très mauvais pour
la plus importante ville. Donc, elle a le droit de dire non si elle a
l'égalité des voix, 50-50. Seulement, la principale ville n'a pas
le droit contraire, soit d'imposer autre chose. Elle n'a pas de voix
prépondérante je ne sais pas comment l'exprimer
pour agir, pour faire. Elle a une voix prépondérante pour
empêcher. Je trouve que c'est une bonne idée.
M. Goldbloom: Une dernière question, M. le
Président. Comment réagi riez-vous à l'idée d'un
arbitre impartial qui trancherait la question en cas d'impasse?
M. Trépanier: C'est une bonne question. L'arbitre serait
le gouvernement, à ce moment. Cela dépend des
intérêts majeurs de la communauté, de l'Etat. S'il y a un
problème majeur qui est à l'étude et que c'est l'Etat qui
tranche, à ce moment, c'est l'Etat qui prendra les décisions.
L'arbitre serait donc l'Etat, selon moi.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Très
brièvement, M. le maire, dans votre mémoire, vous dites qu'un
regroupement municipal sur une base régionale est urgent. Vous voyez
là une très grande différence d'avec le regroupement
municipal fait par fusion de municipalités. Pour vous, il y a une
très grande différence. Ce n'est pas du tout la même chose.
C'est bien votre...
M. Trépanier: Non, ce n'est pas la fusion des
municipalités.
M. Goulet: Non, mais...
M. Trépanier: Le regroupement municipal, c'est votre
région. La notion de la petite région qui est mise de l'avant
dans les fascicules est excellente. C'est cela que je vois aussi. Ce n'est pas
une fusion.
M. Goulet: Selon votre philosophie, votre pensée, il y a
une très grande différence.
M. Trépanier: Oui, certainement.
M. Goulet: Vous dites à la page 3: "Nous sommes
persuadés qu'un territoire aussi vaste que le Québec ne peut
être aménagé ni développé selon les plans
conçus par un gouvernement provincial." Un peu plus loin, vous
préconisez un code de la construction au niveau de la province. Je sais
qu'il y a une très grande différence.
M. Trépanier: Ce n'est pas la même chose.
M. Goulet: II y a une très grande différence, mais
vous ne pensez pas qu'un ne va pas sans l'autre au niveau d'une
région?
M. Trépanier: Non, ce n'est pas la même chose du
tout. Un code de la construction, ce sont les modalités qui
définissent les questions de sécurité en cas d'incendie
surtout, la qualité des matériaux, le droit au chauffage solaire
prochainement, les questions d'insonorisation, etc. Ce n'est pas la même
chose du tout. Un code de la construction, il ne doit y en avoir qu'un dans la
pratique. Quand vous parlez d'urbanisme, vous n'êtes plus dans un code de
la construction. Ce n'est pas pareil du tout.
M. Goulet: La hauteur des édifices, le genre
d'édifices à construire, et ainsi de suite, vous les voyez dans
un code d'urbanisme et non pas dans un code de la construction.
M. Trépanier: Ce n'est pas la même chose. M.
Goulet: Non, mais où...
M. Trépanier: Pour la hauteur d'un édifice dans une
région donnée...
M. Goulet: Par exemple, dans une région donnée, tel
édifice...
M. Trépanier: ... c'est un question de zonage. Le zonage
découle d'un plan d'urbanisme. Vous avez un plan directeur qui
définit les grandes lignes.
M. Goulet: A ce moment, c'est la région qui
décide.
M. Trépanier: Un instant! Vous avez un plan directeur qui
définit les grandes lignes. Après cela, vous avez un plan
d'urbanisme, des règlements et un plan de zonage. Les plans de zonage et
de
construction, cela peut se compléter dans certains cas, mais ce
n'est pas la même chose du tout. Le plan directeur d'une région,
c'est extrêmement important. D'ailleurs, l'OPDQ envoie
régulièrement des recherchistes, des spécialistes. Entre
autres, il y en a qui sont allés en Normandie, il n'y a pas longtemps,
étudier justement un bassin versant, pour voir un peu ce qui se fait
là-bas et de quelle façon l'appliquer au Québec.
Là, on parle d'urbanisme et de coordination de l'action de la part de
toutes les villes.
M. Goulet: L'urbanisme, c'est essentiellement régional,
quant à vous.
M. Trépanier: Oui, assurément.
M. Goulet: Cela répond à ma question.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
député de Saint-François.
M. Rancourt: M. le maire, à la page 9 de votre
mémoire, vous parlez de la création d'un organisme
inter-comtés. Pourquoi proposez-vous cette formule? Comment voyez-vous
son fonctionnement?
M. Trépanier: Un instant! Je crois que c'est quand on
déborde... Par exemple, pour rester chez nous, si Bromont faisait partie
d'une autre région... Granby et Bromont ont de grandes affinités.
IBM construit encore et on va atteindre 6000 employés un jour;
évidemment, cela va créer des problèmes c'est
à la page 9 II va y avoir des problèmes communs à
certains comtés, à ce moment. Il faut donc voir les
mécanismes... A quel paragraphe?
M. Rancourt: C'est le dernier paragraphe.
M. Trépanier: Oui, c'est cela. On en parle
évidemment...
M. Rancourt: Soit la région...
M. Trépanier: Donc, chez nous, pour rester dans notre
région, c'est clair que la région économique de Granby
part de Eastman, cela s'en va à Rougemont et ça monte à
Acton Vale, jusqu'à la frontière américaine. Vous allez
avoir quatre, cinq, six régions là-dedans, probablement quatre.
Il va y avoir des problèmes communs qui vont nous concerner, par exemple
l'hôpital, qui est à Granby. Là, ça concerne tout le
monde, avec les CLSC qui vont être bâtis un peu partout, ça
dépend de l'hôpital. Il va falloir avoir une façon, une
espèce de mécanisme inter-comtés pour ces questions. Il y
en a d'autres comme la pollution, les vidanges, comme je l'ai mentionné
tantôt, cela peut concerner par exemple Cowansville et Farnham, c'est un
problème d'actualité. Vous avez deux villes qui sont dans deux
régions différentes. Il va falloir qu'il y ait un
mécanisme, tel qu'on en parle dans le fascicule. C'est évident
qu'il va falloir retrouver ce genre de mécanisme dans la pratique pour
avoir le dialogue essentiel pour en arriver à des ententes.
M. Rancourt: D'accord. Une autre question, M. le maire, à
la page 9 aussi. Vous favorisez presque la formule d'un préfet
élu au suffrage universel.
M. Trépanier: Non, pardon! On m'a mal compris.
M. Rancourt: Ah oui?
M. Trépanier: Non, pas du tout!
M. Rancourt: Pas du tout?
M. Trépanier: Non, votre préfet est nommé
par Québec, lui. On va en arriver là un jour. Il y a un
gérant. Supposons qu'on retienne la formule du gérant, j'en ai
parlé un petit peu tout à l'heure. Quant à moi, je suis
persuadé que si le gouvernement décide, comme à la
Communauté urbaine de Montréal, par exemple, qu'il y a
délégation de la part des villes...
M. Rancourt: D'accord.
M. Trépanier:... cela finit par bien fonctionner dans le
moment. Si le gouvernement décide que le palier régional,
ça va se faire par élection, pour ma part, je pense que le
gouvernement va faire une grave erreur pour les raisons que j'ai
expliquées tantôt, pour plusieurs raisons. On est bien mieux, pour
le moment, d'essayer... Essayons ensemble le mécanisme qu'on
connaît actuellement. Vous avez votre maire, vos conseillers élus;
eux délèguent.
M. Rancourt: ... représentation indirecte.
M. Trépanier: Oui, on peut essayer comme ça; si
ça ne marche pas, on pourra le changer. Le danger que je vois, s'il n'y
a pas un gérant appelons-le "gérant" entre nous
j'ai parlé d'accident électoral tout à l'heure... Que vous
ayez un bon maire ou de bons conseillers, un bon conseil, c'est un accident
électoral, n'est-ce pas? Je ne crois pas que le gouvernement
pourrait...
M. Brassard: Des bons députés aussi.
M. Trépanier: J'allais le dire, au niveau... Bien oui,
pour moi, écoutez! Si chacun votait pour un bon député, on
aurait le meilleur gouvernement au monde, dans chaque comté.
M. Rancourt: C'est ce qu'on est.
M. Chevrette: C'est ce qui arrive présentement, vous avez
raison.
M. Trépanier: Pas toujours. Qu'on regarde la campagne
électorale actuelle.
De toute façon, vous m'avez fait perdre le fil de mes
idées, vous autres. Cela va à rencontre du règlement, M.
le Président.
Je crois qu'il doit y avoir une permanence et pour avoir cette
permanence, ça prend un gérant. Ce gérant, lui, va
être compétent. C'est lui qui va travailler avec Québec. On
parle, par exemple, du mécanisme de communication dans une ville. Vous
avez le vertical, horizontal. Ce n'est pas toujours comme ça. Il faut
que ça revienne. Vous avez votre conseil de ville, votre gérant.
Le gérant, lui, à mon avis un bon gérant ne
fait pas seulement ce que la ville lui dit de faire, le conseil. Il
amène des points au conseil. Comme vous autres, s'il y a un bon
ministre, il y a des bons fonctionnaires autour de lui. Autrement, il ne peut
pas être un bon ministre. Les fonctionnaires soumettent de bons projets
au ministre. C'est la même chose à ce niveau-là. Il va
falloir qu'il y ait un petit fonctionnarisme au niveau de la région de
personnes compétentes. Là, il semble qu'il y a assez d'urbanistes
au Québec pour faire face au défi qu'ils vont avoir. Votre
mécanisme administratif au niveau de la petite région doit
être compétent et constant et ça, c'est la petite
région qui va le nommer, avec l'aide du gouvernement et, petit à
petit, quand on va déconcentrer, il y aura autre chose qui va
s'établir de la part du gouvernement, mais c'est ça que je veux
dire. Le préfet n'est pas élu; c'est un gérant
engagé et nommé par la petite région.
M. Rancourt: D'accord, merci, monsieur.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre des Affaires
municipales, dernière intervention.
M. Tardif: M. le Président, je désire remercier M.
le maire Trépanier pour sa présentation à son image, bien
charpentée et bien structurée. J'ai évidemment pris bonne
note de ses commentaires sur le besoin, si vous voulez, de corriger une
certaine esthétique déficiente. Encore là, c'est
peut-être l'architecte qui est ressorti dans le document. Egalement, je
ferai mon profit de ses commentaires sur les réunions du conseil, les
caucus et tout ça, dans un autre projet de loi, qui n'est
évidemment pas devant cette commission présentement, mais qui le
sera un jour, sur la démocratie municipale. (11 h 30)
Je désire également féliciter M. le maire et la
ville de Granby d'avoir, en quelque sorte, pris les devants et d'avoir tenu une
première réunion des gens dans cette petite région
d'appartenance parce que, si je comprends bien par l'annexe que vous nous avez
remise ce matin, c'est un document qui est le fruit de cette consultation que
vous avez, en quelque sorte, tenue avant même que la loi vous y invite,
réunion qui a eu lieu, je pense, le 3 avril dernier.
M. Trépanier: Oui.
M. Tardif: Précisément, est-ce que vous pourriez
nous faire part de cette réunion, comment elle s'est tenue, qui y a
participé, comme tout cela a fonctionné? Je pense que cela
pourrait être inté- ressant pour les membres de cette commission
d'élaborer justement un peu sur cette première prise de contact
d'un ensemble de maires dans une même région.
M. Trépanier: M. le Président, j'ai d'abord
pensé inviter le représentant du comté municipal,
c'est-à-dire le préfet de comté, qui lui, serait venu
parler au nom des villes membres et ensuite, en même temps, inviter les
principales villes, c'est-à-dire tout ce qu'il y avait sur la carte que
j'ai apportée avec moi; il y a une rue, une église, un
hôtel et quelques maisons, ces maires-là ont été
invités. Cela, après que j'eus rencontré M. Léonard
à Montréal, lorsque je suis revenu de l'Ouest; cela doit faire
à peu près deux semaines.
Ensuite, des maires ont téléphoné à
l'hôtel de ville. Ils se sentaient frustrés et ont dit: On veut y
aller. J'ai dit: J'ai invité le conseil de comté. Non, on veut y
aller. On a envoyé une deuxième invitation et tout le monde a
été invité, tous les maires des régions rurales,
même s'il y avait un petit village dans la région autour, tous ont
été invités. Les maires sont venus et, comme je vous le
dis, ils sont intéressés. Ils sont très
intéressés. Il y avait les documents qui ont été
préparés par le gouvernement et qui donnent les trois
régions. On l'avait fait avec nos services techniques à Granby,
mais ce qu'il y a d'intéressant dans ces petits feuillets, je pense que
le gouvernement devrait les distribuer, c'est qu'on voit les régions
autour et là, on peut faire un travail. Donc, il y a un
intérêt évident, c'est certain.
Deuxièmement, ce que j'ai décelé, je l'ai dit
tantôt, c'est la crainte de la ville la plus grande. Il y a des gens de
Saint-Hyacinthe ici aujourd'hui, je ne sais pas s'ils ont décelé
la même chose mais, chez nous, c'est cela. Ensuite, il y a une chose que
j'ai oubliée et que je n'ai pas mentionnée, sur l'urbanisme. Il y
a des commentaires qui ont été exprimés par des maires:
Nous, nous n'avons pas besoin d'un plan d'urbanisme. Ils ne perçoivent
pas actuellement l'importance... J'ai parlé de la route qui peut passer,
une ligne électrique. L'Hy-dro-Québec nous consulte maintenant,
vous savez. Elle est venue rencontrer la ville de Granby avec des gens
très importants de Montréal, des techniciens, des
ingénieurs, qui nous ont montré ce qu'ils veulent faire dans
l'avenir pour leur sous-station; c'est la première fois que cela arrive,
on n'a jamais eu cela. Ils ont dit: On va faire une sous-station à telle
place et on veut passer de telle façon. On était bien contents.
Alors, là, on intervient.
Les maires ne perçoivent pas ces problèmes, eux qui vont
les vivre. Dans son idée, le maire de la petite ville ne conçoit
pas, ne comprend pas ou ne perçoit pas actuellement ce que peut lui
apporter l'urbanisme. Pour lui, c'est bon pour Granby. Actuellement, il y a
seulement Granby, Bromont, et le canton, qui sont urbanisés chez nous.
Ils n'y voient pas d'avantages pour eux. Je pense que vous allez probablement
avoir cela à l'échelle du Québec. Il va falloir
démontrer aux maires et aux conseillers l'avantage de cette loi et,
surtout,
l'élément de vente que le gouvernement a, c'est de dire:
Dorénavant, les sept, huit, neuf ministères impliqués dans
des décisions, vous allez en être au courant. On prendra nos
décisions avec vous; vous allez être impliqués. Vous allez
savoir ce qui va arriver. L'Hydro-Québec n'a plus d'affaire aujourd'hui
à passer une ligne quelque part sans venir nous voir, cela nous
regarde.
Je me souviens du grand Frank Lloyd Wright, quand il avait fait une
lutte en Arizona, à Liaison West, il l'a perdue, mais il avait raison,
parce que, quand on passe une ligne dans une région donnée, on
affecte le coeur, les sentiments et les espoirs des gens et on détruit
des réalisations personnelles qu'ils ont faites. Je crois que, dans
cette réunion, j'ai perçu toutes ces choses et je me suis aussi
rendu compte que c'était le début d'un dialogue qui n'a jamais
existé, si bien que je ne connaissais pas beaucoup de maires de vue et
pas de nom. D'ailleurs, quand vous êtes venu chez nous, ils se sont
déplacés, ils sont venus rencontrer le ministre des Affaires
municipales.
En résumé, c'est à peu près ce qui s'est
passé. J'ai établi dans ma tête différentes
stratégies, maintenant, mais je vois que, d'abord, je vais devoir
consacrer pas mal de temps, j'ai de la "vente" à faire au niveau local.
Je pense que les villes majeures, les villes qui sont les leaders dans les
régions, si elles ont un conseil municipal qui démontre du
leadership, devront prendre leurs responsabilités, prendre l'initiative
des rencontres et aussi entrer en contact avec le gouvernement, quand il y a
besoin d'aide supplémentaire pour apporter l'information que les gens
désirent. Ils ne sont pas contre la loi, bien au contraire, ils sont en
faveur de ça, mais ils voyaient là l'occasion de s'en aller
ailleurs, de laisser Granby dans son coin.
M. Tardif: D'autres étapes sont prévues, M.
Trépanier?
M. Trépanier: Oui, la tête me travaille et je vais
avoir bien des réunions.
M. Tardif: J'ai pris bonne note de votre recommandation, à
savoir que vous optez pour une association institutionnelle complète, au
niveau des comtés, et non pas pour une formule, disons, fonctionnelle
pour des fins d'aménagement.
Evidemment, au colloque de l'Union des municipalités, la tendance
était plutôt vers une formule d'association fonctionnelle, donc
pour des fins d'aménagement. Est-ce que, dans votre esprit, M. le maire
M. le Président, par votre intermédiaire évidemment
vous voyez ça comme une espèce de cheminement par
étapes, c'est-à-dire le passage d'une union fonctionnelle vers
une union plus institutionnalisée dans le temps? Pouvez-vous vous
expliquer davantage là-dessus?
M. Trépanier: C'est qu'au Québec, actuellement,
comme vous savez, nous avons de grands maires à la conférence des
maires de banlieue, je m'en suis rendu compte, des gars très importants,
très valables, très forts et, dans plusieurs régions, ces
hommes se sont taillé des empires, de petits empires, si vous voulez,
mais ce sont quand même des empires. Il est clair que, si on
institutionnalise le tout, ils vont perdre certainement des
éléments de leur empire. C'est Maurice Duverger qui avait dit,
dans un de ses livres, que, quand quelqu'un a quelque chose, il ne le laisse
pas aller tout seul, il faut lui arracher cette chose. Alors, c'est, à
mon point de vue, la préoccupation; si le gouvernement dit: On va faire
des espèces d'ententes pour des projets donnés, je pense qu'on
doit établir aujourd'hui le cadre institutionnel. Quand ce ne serait que
ça, le Québec aurait franchi un pas énorme et un pas qu'on
a trop tardé à faire. On est maintenant douze ou quinze ans en
arrière de l'Ontario dans ce domaine. Regardez en Europe, la tendance
est à la décentralisation, à l'institutionnalisation de la
décentralisation, de la déconcentration; quand même on
ferait juste le cadre, on aura fait le pas. Si vous ne faites pas ça, il
y a un demi-pas de fait et un jour, il faudra qu'on en arrive là,
à l'institutionnalisation de ce cadre et à bien le
définir. Je crois qu'actuellement, comme il v a un consensus,
l'atmosphère est bonne, il y a contact et échange d'idées
entre le gouvernement et les instances locales, je pense qu'on a une occasion
historique d'en arriver là. Quand même il n'y aurait que ça
de fait, ce serait fantastique.
M. Tardif: Dernière courte question, M. le
Président. M. le maire, je ne devrais peut-être pas vous poser
cette question à vous, mais, lorsque quelqu'un de votre région
s'identifie à quelqu'un d'une autre région, est-ce qu'il dit: Je
viens de la région de Shefford ou de la région de Granby?
M. Trépanier: Granby.
M. Tardif: Merci, M. le maire.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre
délégué à l'aménagement, un dernier mot.
M. Léonard: M. le Président, je remercie
particulièrement le maire de Granby de son mémoire, de ses
commentaires. Je pense qu'ils étaient particulièrement judicieux.
Je le remercie aussi de ses dernières remarques quant à
l'évolution du Québec dans les 20 prochaines années, les
40 prochaines années; je pense qu'il a montré qu'il avait le sens
des perspectives.
Je vais aussi, en terminant, simplement vous souhaiter bonne chance dans
la délimitation du territoire. Je pense que c'est un débat qui
doit se faire, qui va se faire et je pense que vous en percevez les premiers
échos. Pour l'instant, il n'est pas question de délimiter le
territoire, ça se fera après l'adoption de la loi et je souhaite
que ce soit fait après un débat chez vous. Merci bien.
M. Trépanier: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le maire, merci au nom des
membres de cette commission.
J'appelle maintenant l'Ordre des arpenteurs-géomètres du
Québec.
Monsieur, si vous voulez identifier l'organisme que vous
représentez, vous identifier vous-même ainsi que les membres qui
vous accompagnent.
Ordre des arpenteurs-géomètres du
Québec
M. Raymond (Gérard): L'Ordre des
arpenteurs-géomètres du Québec, Gérard Raymond,
président. M. Grégoire Girard, arpenteur-géomètre
et M. Roch Létourneau.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez commencer,
monsieur.
M. Raymond: M. le Président, c'est avec un très vif
intérêt que nous avons pris connaissance de l'imposant projet de
loi sur l'aménagement et l'urbanisme, document attendu depuis longtemps
et qui répond aux voeux que nous avions à maintes reprises
formulés, soit qu'on apporte un correctif au manque de planification
dans l'utilisation de la principale richesse naturelle du Québec, le
sol.
Essentiellement, la profession d'arpenteur-géomètre vise
d'abord la connaissance de la dimension du territoire, son morcellement, son
utilisation, sa gestion. A maintes reprises, les
arpenteurs-géomètres ont suggéré aux gouvernants,
aux municipalités et aux organismes intéressés de bien
structurer l'utilisation du territoire. Malheureusement, ils n'ont pas toujours
été entendus, de sorte qu'aujourd'hui il n'est presque pas
possible pour celui qui tente de s'impliquer dans une forme quelconque
d'aménagement et d'utilisation rationnelle du territoire de s'y
retrouver dans cette multitude de lois et de règlements très
divers, parfois contradictoires, régissant l'exercice du droit de
propriété.
Nous saluons donc avec satisfaction l'avènement d'une loi unique
qui va, peut-on l'espérer, regrouper, après en avoir fait un tri
judicieux, toutes les lois et tous les règlements pertinents au
morcellement et à l'aménagement du territoire. Notre contact
quotidien avec le domaine foncier nous fait certes apprécier à sa
juste valeur toute mesure susceptible d'améliorer l'organisation du
développement du territoire et d'en permettre une utilisation rentable
à tous les points de vue.
Nous notons également avec grande satisfaction la décision
du législateur d'insérer dans la loi les articles 14, 23, 86, 91
et 118 par lesquels il entend obliger les conseils de comté et les
municipalités à consulter les contribuables avant l'adoption des
plans préliminaires et des plans définitifs. L'expérience
vécue par certaines municipalités qui utilisent
déjà cette formule a été des plus heureuses. Nul
doute que les citoyens se prévaudront de cette ouverture de la loi pour
participer davantage à l'amélioration de leur milieu de vie.
Nous aimerions maintenant formuler quelques commentaires
spécifiques. Un premier commentaire porte sur le titre de la loi. Le
fait d'intituler le projet de loi 125, Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, nous semble en restreindre la portée, en ce sens qu'il
relie à cette vaste opération, à ce vaste concept de
l'aménagement du territoire un concept beaucoup plus restrictif, celui
du "town planning", de l'urbanisme. En effet, étymologiquement et
traditionnellement, ce dernier concept se limite lui-même aux territoires
urbains. Or, le territoire québécois n'est pas qu'urbain, il est
aussi agricole, forestier, etc. Nous pensons qu'il serait plus approprié
de coiffer cette loi générale sur l'aménagement et
l'utilisation du territoire d'un titre plus vaste, soit celui de la loi sur
l'aménagement du territoire.
Le second commentaire porte sur le règlement de lotissement. Nous
croyons que le titre de cette section devrait plutôt se lire,
"Règlements de lotissement et de subdivision", et voici pourquoi.
D'abord, la définition des termes. Le lotissement, c'est l'action de
partager en parcelles ou de répartir en lots. Dans le contexte des
opérations normales de morcellement du territoire, le plan "projet de
lotissement" constitue la première étape. Il s'agit d'un plan
montrant les diverses parcelles de terrains, rues, lots à bâtir,
parcs, espaces publics, corridors de distribution d'énergie, services
d'utilité publique, etc. Une fois ce plan adopté par les
autorités, il devient le plan de lotissement qui servira de cadre et de
guide pour les subdivisions officielles à venir.
La définition de subdivision. C'est l'action de diviser de
nouveau un tout déjà divisé. C'est l'expression
employée dans les opérations cadastrales effectuées en
vertu de l'article 2175 du Code civil. La division cadastrale, c'est la
numérotation ou la désignation primitive des lots d'un territoire
donné, article 2166 du Code civil. La subdivision cadastrale d'un lot,
c'est la numérotation ou la désignation particulière des
nouvelles parcelles de manière à les distinguer des lots
primitifs. (11 h 45)
II s'agit donc d'une différence fondamentale qui existe
réellement entre le lotissement et la subdivision et dont il importe de
tenir compte dans la rédaction du règlement de lotissement et de
subdivision.
Si cette distinction n'était pas faite, la municipalité,
par son règlement, devrait exiger d'un propriétaire qui doit
identifier, sous un numéro distinct, un emplacement qu'il possède
depuis de nombreuses années une superficie de terrain n'excédant
pas 10% du terrain compris dans le plan ou exiger du propriétaire le
paiement d'une somme n'excédant pas 10% de la valeur inscrite au
rôle d'évaluation, aux termes de l'article 114a, alors qu'on
reconnaît facilement que l'intention du législateur, relativement
à cette exigence, est plutôt de faire supporter par le promoteur
d'un nouveau développement rétablissement des parcs et terrains
de jeux, ce, dans le but d'éviter d'imposer cette charge aux
propriétaires de longue date.
Article 112g. L'article 112g pose comme condition préalable
à l'approbation d'un plan de subdivision on devrait lire "de
lotissement "
la cession de l'assiette des rues montrées sur le plan. A notre
avis, cette dernière ligne de l'article devrait plutôt se lire
comme suit: "l'engagement du propriétaire à céder
l'assiette des rues montrées sur le plan".
En effet, au moment de la présentation du plan de lotissement,
les espaces destinés aux rues sont montrés d'une façon
approximative. Ce n'est qu'après l'adoption du plan par les
autorités et la subdivision cadastrale des rues montrées sur le
plan de lotissement que ces espaces seront suffisamment localisés,
identifiés et décrits pour pouvoir permettre de passer des actes
de cession.
Article 112h. La même remarque s'applique à cet
article.
Article 112L Cet article peut sans doute s'appliquer dans le cas d'un
plan de lotissement mais certes pas dans le cas d'un plan de subdivision. En
effet, les plans de subdivisions cadastrales ne doivent montrer que des
renseignements relatifs à l'identification cadastrale des
emplacements.
Enfin, le permis de lotissement. Nous croyons que le permis de
lotissement devrait plutôt être un permis de subdivision. En effet,
ce permis, au sens de la loi, semble être exigé à
l'occasion de la demande d'approbation de la subdivision cadastrale et c'est
normal. C'est donc dire qu'il ne sera émis que si la subdivision
cadastrale est conforme au plan de lotissement déjà
approuvé par les autorités.
Nous concluons ce bref mémoire en soulignant combien il importe,
pour assurer une application rationnelle et adéquate de cette loi, que
tous les intéressés puissent compter sur une cartographie de base
complétée des données cadastrales disponibles. Cet
équipement fondamental, indispensable à toute saine gestion, fait
défaut dans plusieurs municipalités du Québec.
Déjà, cette carence oblige malheureusement certaines d'entre
elles qui sont soumises à la Loi sur l'évaluation foncière
à dresser, en toute hâte et au petit bonheur, des cartes
approximatives de leur territoire, afin de pouvoir respecter les
échéances imposées pour la préparation de la
matrice graphique. Le problème est tout aussi entier en ce qui concerne
l'application de la loi 90. Les municipalités appelées à
préparer un plan définitif de zonage de leur territoire, avec
illustration des occupations existantes et du développement
envisagé à court terme, devront le faire sur des cartes tout
aussi approximatives et pas du tout appropriées.
Or, les programmes de cartographie de base et de compilation cadastrale
sont déjà prêts. Leur mise en oeuvre ne dépend que
de l'accord des crédits nécessaires. Compte tenu de l'utilisation
intensive qui serait faite de cette cartographie pour l'administration des
trois lois ci-haut mentionnées, nous croyons donc que le gouvernement
devrait, en priorité, donner le feu vert à leur
exécution.
Voilà, en résumé, certains commentaires que nous
avons cru pertinent de faire concernant cet important projet de loi. Nous
serons heureux de répondre à vos questions et de fournir plus de
détails sur ce que nous avons exposé. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
ministre.
M. Léonard: Je vous remercie de nous avoir fait part de
votre mémoire, de vos commentaires sur la loi 125 et de vous être
déplacés aujourd'hui, sur un sujet qui intéresse
évidemment tous les citoyens du Québec et qui vous
intéresse aussi. Je pense qu'il est important de noter, par rapport
à votre mémoire, l'appui que votre organisme professionnel,
très collé à la réalité et qui oeuvre dans
le domaine de l'aménagement à un niveau très pratique,
apporte au projet de loi 125, en particulier sur les points suivants.
Je pense que le présent projet de loi s'avère un correctif
au diagnostic que vous avez établi vous-mêmes quant au manque de
planification du territoire. Il semble que c'est l'objectif que nous visons par
rapport à l'aménagement et les défaillances que nous
constatons sur le territoire.
Je note aussi que vous appuyez le point suivant, soit
l'intégration des différentes lois dans une loi unique qui touche
à l'urbanisme en intégrant dans cette loi les dispositions du
Code municipal et de la Loi des cités et villes quant à
l'urbanisme. Je note aussi la nécessité de la consultation sur
laquelle vous êtes d'accord en vue de permettre aux citoyens de
participer aux décisions quant à l'amélioration de leur
milieu de vie.
Nous allons prendre en considération en tout cas les commentaires
que vous avez formulés sur le règlement de lotissement. Je pense
bien que mes fonctionnaires vont étudier toutes les implications de ce
que vous nous avez dit sur ce plan, notamment sur la distinction entre le
lotissement et la subdivision.
Vous nous avez aussi suggéré certains
éléments, certaines corrections ou des recommandations sur des
opérations cadastrales qu'il s'agit d'intéger. Je voudrais faire
une mise au point, en troisième lieu, sur vos considérations ou
votre recommandation sur les documents cartographiques. Il serait
peut-être intéressant, d'une part, que tous disposent de documents
cartographiques des plus précis, des plus sophistiqués. Je pense
que c'est un objectif qu'on doit avoir et qu'on doit atteindre le plus vite
possible, mais je pense bien aussi, cependant, qu'il ne faut pas se doter
d'instruments ou d'outils disproportionnés aux besoins réels. Ce
qu'on a essayé de faire aussi dans le projet de loi, nous avons
essayé de mettre au minimum les éléments obligatoires du
schéma, les éléments obligatoires du plan d'urbanisme. Je
pense bien qu'il appartient aux municipalités comme aux conseils de
comté d'aller plus loin, s'ils le désirent, mais nous n'avons pas
voulu en faire une obligation sur ce plan.
Il faut aussi comprendre que les ressources du gouvernement ne sont pas
illimitées en ce domaine, mais il reste quand même que, pour les
trois prochaines années, le gouvernement entend mettre $3 millions
uniquement pour la production des cartes cadastrales et de cartes à
grande échelle en plus des besoins particuliers des différents
ministères et de certaines sociétés d'Etat.
Par la suite, il va aussi revenir au gouvernement d'établir des
priorités dans le domaine cartographique pour ce qui concerne
l'aménagement. Voici pour les considérations que je voulais
faire, avant de vous poser une question. Vous avez mentionné, à
la page 1 de votre mémoire, au tout début, qu'il existe un manque
en matière de planification du territoire. Je pense bien que tout le
monde est d'accord sur ce diagnostic depuis des années. C'est la raison
pour laquelle les différents gouvernements ont tenté d'apporter
une législation en ce domaine. Mais, compte tenu de votre champ de
compétence, j'aimerais savoir votre idée, j'aimerais que vous
explicitiez les principales lacunes que vous avez constatées en
matière de planification du territoire. Qu'est-ce qui nous a
amenés à ces lacunes que nous avons et quelles sont, selon vous,
ces principales lacunes?
M. Raymond: Je vais passer la parole à mon collègue
ici pour lui donner une chance de vous faire bénéficier de son
expérience.
M. Girard (Grégoire): Je m'excuse, j'étais un peu
distrait. Si j'ai bien compris votre question, M. le ministre, vous vouliez
savoir ce qui avait amené notre cheminement de pensée.
M. Léonard: Je peux la reprendre, puisque vous
étiez en train de parler avec la demoiselle.
M. Chevrette: D'inscrire les noms. M. Girard: D'inscrire
les noms.
M. Chevrette: II faut bien préciser, pour les fins du
journal des Débats.
M. Léonard: A la page 20 de votre mémoire, vous
dites qu'il y a un manque en matière de planification du territoire, ce
sur quoi tout le monde est d'accord. La question que je posais, c'est, compte
tenu de votre champ de compétence, que je vous demande, selon vous,
quelles sont les principales lacunes que vous avez constatées en
matière de planification. Je pense que ce serait important que vous
explicitiez ce sujet, compte tenu encore une fois de votre champ de
compétence.
M. Girard: On pourrait répondre à cela par les
constatations qu'on a pu faire, qu'on peut faire, dans notre pratique, dans les
régions rurales en particulier. Les villes, depuis quelques
années, je dirais, ont apporté plusieurs correctifs à ces
problèmes, mais, dans les régions rurales, il a fallu faire, je
dirais, à un certain moment, un travail de missionnaire, mais non pas
parce que c'était l'intérêt des
arpenteurs-géomètres. Lorsqu'un spéculateur arrivait pour
acheter une terre de deux arpents sur trente et qu'il nous demandait d'ouvrir
une rue là-dessus et de diviser des lots de chaque côté,
c'était intéressant et payant pour nous mais on voyait le dommage
que cela créait au voisinage, à l'environnement dans le secteur
et les municipalités ne semblaient pas immédiatement contre cela.
Cela pouvait prendre quatre ans, cinq ans, même dix ans avant qu'elles
voient les dommages que cela pouvait causer. Les cultivateurs, par exemple,
dans le voisinage, se plaignaient de voir arriver dans leurs champs des
bouteilles vides, des cassots, tout ce qui pouvait avarier leur machinerie. Les
fossés ne se faisaient plus, cela apportait bien des contraintes au
cultivateur voisin qui était habitué d'avoir un voisin qui
faisait la moitié du fossé et la moitié de la
clôture et il n'y avait jamais de problème.
Cela a apporté, sur le plan municipal également, des
problèmes que vous connaissez probablement: l'augmentation de la
population urbaine par rapport à la population rurale. Ce ne sont plus
les mêmes problèmes. Sur le plan du développement du
village, qui voyait limiter son développement interne ou dans le noyau
urbanisé, pour aller s'étendre quelque part à la campagne,
même dans les boisés et les petits villages qui s'ouvraient un peu
partout... Il y a tous les problèmes que cela causait. Cela s'attache
pas mal à des correctifs qui ont été apportés par
la loi 90. Dans notre milieu, c'est ce qu'on voyait qui se passait. On
recommandait aux municipalités d'adopter des règlements de
zonage, des règlements d'aménagement de leur territoire, de
façon à prévenir ces choses. On a travaillé dans le
passé avec les municipalités à cet effet.
M. Léonard: Je vous remercie. Vous mentionnez aussi dans
votre texte que l'obligation de consulter la population permet davantage aux
citoyens de participer à l'amélioration de leur milieu de vie. Je
pense que cela aussi, c'est un objectif de la loi. Vu votre profession et aussi
à cause du fait que vous avez été maire de la ville de
Saint-Hyacinthe, j'aimerais que vous nous fassiez part des expériences
de consultation que vous avez connues à l'époque.
M. Girard: II faut vous dire, puisque vous avez soulevé la
question de mairie, que, lorsque j'ai été à la mairie de
Saint-Hyacinthe, entre 1971 et 1976, nous avons fait une fusion de quatre
villes sur une base volontaire. Cela a été le début, si on
peut dire, de notre consultation populaire, consultation des organismes locaux,
des corps intermédiaires, et consultation aussi de la population en
général. Nous avions même formé un comité qui
allait dans les quatre municipalités donner les explications sur ce
qu'était un regroupement municipal ou une fusion des villes, quels
pouvaient en être les avantages et quels pouvaient en être aussi
les inconvénients. D'ailleurs, les opposants se chargeaient de nous dire
quels pouvaient être les inconvénients. Cela a pris quatre ans de
consultations et, finalement, après ces quatre ans de consultations, le
1er janvier 1976, on formait une nouvelle ville de Saint-Hyacinthe
composée des quatre anciennes villes qui étaient adjacentes les
unes aux autres. Cela a été une expérience de
consultations avant le fait.
Deuxième expérience qui a été faite à
plusieurs reprises, mais dans le milieu rural. J'ai participé, dans mon
travail personnel, avec plu-
sieurs municipalités, à la rédaction d'un
règlement de zonage, de lotissement en milieu rural. Comme
c'était quelque chose d'absolument nouveau pour les municipalités
rurales, et même aussi pour les élus municipaux, maires et
conseillers, il fallait non seulement l'expliquer aux membres du conseil, mais
aussi à la population. Les conseillers me disaient: Ecoute un peu, je
comprends cela, mais je ne suis pas capable de l'expliquer à mes gens.
Si on peut tenir une assemblée publique pour leur expliquer cela
d'avance, avec des personnes-ressources pour donner des explications, d'accord.
C'est comme cela qu'on a pu faire en 1972 un règlement de zonage
agricole. Remarquez bien que c'était le zonage agricole dans la
municipalité de Sainte-Rosalie; en 1973, à Saint-Thomas-d'Aquin.
On a passé comme cela douze municipalités, toujours avec le
même processus de consultation préliminaire, avant que le conseil
prenne sa propre décision sur le contenu du règlement. Au cours
de ces consultations, bien sûr, on avait ce qu'on appelle le "feedback"
ou les réactions de la population, des personnes directement
intéressées, que ce soit des cultivateurs ou encore des
spéculateurs ou encore des gens qui étaient venus s'acheter un
petit lopin de terre à la campagne. Le conseil était
éclairé lorsqu'il prenait sa décision. Il disait:
D'accord, on est sûr qu'on a à peu près la majorité
des gens qui sont d'accord. On est bon pour dire oui. On va adopter le
règlement. Il adoptait le règlement. Il y avait aussi une
assemblée publique qui suivait, c'est-à-dire une assemblée
d'électeurs qui suivait. Jamais les règlements n'ont
été contestés. Le ministre Garon m'a posé la
question une fois; il a dit: Est-ce que les conseils municipaux sont encore en
place? J'ai dit: Oui, ils sont encore en place. Ils se sont même faits
réélire. Cela a été un peu les conséquences
des consultations préliminaires avant le début des
règlements.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, vous me permettrez d'abord de
m'excuser de mon retard auprès des membres de la commission. Ce sont des
circonstances que le ministre des Affaires municipales connaît
très bien, qui sont complètement fortuites: le transport
aérien. Cela m'a quand même permis, M. Girard, de prendre
connaissance d'un article de journal de ce matin, que vous n'avez
peut-être pas vu, dans lequel on nous annonce votre nomination à
titre de candidat du Parti conservateur dans le comté de
Saint-Hyacinthe. Je ne sais trop s'il doit y avoir convention ou non. De toute
façon, je vous offre mes souhaits de bonne chance à cette
élection. J'en profite pour vous demander...
M. Girard: Je vous remercie.
M. Chevrette: Venant du député de Gatineau, c'est
excellent!
M. Gratton: Pourquoi pas? Ne doit-on pas souhaiter que les gens
compétents soient... D'ailleurs, je souhaiterais au Parti
québécois d'en avoir un peu plus de ce genre qui se fassent
élire... (12 heures)
M. Goulet: Copie du journal des Débats, M. le
Président...
M. Gratton: Ceci étant dit, M. le Président...
M. Chevrette: ... dans le comté de Saint-Hyacinthe.
M. Girard: Sûrement; on en prend bonne note.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Je note, M. le Président, que l'Ordre des
arpenteurs fait une nette distinction, avec laquelle je suis d'accord,
d'ailleurs, entre les mots "lotissement" et "subdivision" et, comme le disait
le ministre tantôt, je suis sûr que les fonctionnaires voudront se
pencher là-dessus, parce que, effectivement, tel que le projet de loi
est présentement rédigé, ça porte à
certaines méprises qui pourraient être très importantes
à l'occasion, par exemple, vis-à-vis des 10% qu'un
développeur doit céder à la ville.
Vous mentionnez, à la dernière page de votre
mémoire, les programmes de cartographie de base et de compilation
cadastrale qui sont déjà prêts. Puis-je vous demander de
préciser de quels programmes il s'agit? S'agit-il de programmes
provinciaux, municipaux ou de l'Ordre des
arpenteurs-géomètres?
M. Létourneau: Si vous permettez que je réponde
à cette question, la cartographie de base, d'après nous, c'est la
cartographie topographique qui est faite par le ministère des Terres et
Forêts, service de photogrammétrie et de cartographie. Le
programme est d'ailleurs arrêté. Il s'agit qu'il soit
élaboré et mis en force le plus tôt possible. La
cartographie de base, c'est ce qu'on veut dire, la cartographie qui sert
à monter les autres plans, c'est-à-dire, par la suite, on
fabrique la compilation cadastrale et, finalement, le plan fiscal.
Dernièrement, avec la nouvelle Loi sur l'évaluation, il faut
ajouter à ça la matrice graphique et, justement, la matrice
graphique est souvent faite à partir de documents inexistants, à
partir de bouts de plans ou de plans inadéquats. Cela fait longtemps
qu'on prêche ça. L'Ordre des arpenteurs l'a souligné
à plusieurs reprises. Dotons-nous d'une cartographie de base
adéquate; ensuite, les autres parties de la cartographie pourront
être couvertes par l'entreprise privée, d'une part, ou par les
municipalités, d'autre part. Mais il faut que le document de base soit
fait par le gouvernement.
M. Gratton: Etes-vous en mesure de nous donner une idée de
l'ampleur des crédits néces-
saires pour faire un travail valable dans ce domaine afin de
réaliser le programme déjà connu?
M. Létourneau: Le ministre nous a parlé d'un budget
de $3 millions...
M. Gratton: Cela, c'est le budget... M. Létourneau:
... qui semble...
M. Gratton: ... que le gouvernement y consacre. Cela ne veut pas
dire que c'est suffisant pour répondre aux besoins.
M. Létourneau: Si on met $3 millions sur notre
cartographie de base au Québec, ce sera déjà un pas de
l'avant considérable.
M. Gratton: Vous avez saisi qu'il s'agit de $3 millions non pas
pour cette année, mais sur un certain nombre d'années.
M. Létourneau: C'est déjà un bon
départ, d'après moi.
M. Gratton: De toute façon, je ne me tromperais pas en
disant qu'en allant faire des représentations au ministère des
Terres et Forêts, dans le but de faire débloquer le plus grand
nombre de crédits possible pour la cartographie de base, ça
représenterait ce que souhaite votre organisation.
M. Létourneau: Exactement, ce sont...
M. Gratton: J'ai pensé que vous ne vous opposeriez pas
à ça.
M. Létourneau: ...
M. Raymond: Non, mais ce qu'on souhaite enfin, si vous permettez,
c'est une connaissance du territoire. Si vous voulez appliquer toutes ces lois,
comme la loi 90, le projet de loi no 125, la Loi sur l'évaluation
foncière, il faut avoir une connaissance du territoire, et cette
connaissance du territoire doit avoir une connotation foncière. On doit
avoir les numéros de lots qui, en fin de compte, reflètent la
propriété. Une carte topographique toute nue, c'est une phase
très importante, mais il faut aussi y coucher une planche cadastrale
pour en faire une carte foncière. Je pense que c'est très
important en fin de compte, si on considère qu'un nombre
considérable de propriétés sont sur des parties de lots et
qu'on ne peut pas, sans des opérations assez compliquées et assez
coûteuses, faire des plans pour des besoins particuliers. En fin de
compte, ce n'est pas une carence de plans, actuellement, ce n'est pas une
carence d'information foncière. C'est un manque d'intégration et
si, d'une part, vous faites l'intégration de certaines lois touchant
l'aménagement du territoire, il faudra, en même temps, si vous
voulez diaioguer avec une connaissance suffisante du territoire, faire aussi de
l'intégration de certains relevés du territoire, parce que, en
fin de compte, vous allez arriver avec des bonshommes qui vont avoir leur petit
bout de pian et qui vont parler de lots ou de parties de lots différents
et ce sera une gestion assez difficile de ces lois. C'est pour ça qu'on
pense que le pendant de cette intégration des lois, c'est aussi une
certaine forme d'intégration de ce que j'appelle, en fin de compte, une
informatin foncière ou, si vous voulez, avoir une couche cartographique
qui doit déboucher sur une carte foncière adéquate.
M. Gratton: Quant à nous, M. le Président, nous
abondons tout à fait dans ce sens. Nous concourons qu'il faille faire de
grandes réformes. Cela en est une, à notre avis, que cette loi
125, peut-être pas au niveau de son champ d'application mais au niveau de
ce qu'elle veut implanter. Effectivement, nous considérons comme vous
qu'il faut avoir les données de base, les équipements de base
nécessaires, et sûrement que la cartographie en est une.
Une dernière question, M. le Président, qui s'adresse
probablement à M. Girard. Lorsqu'on parle de consultation, à quel
niveau situe-t-il l'idéal vers lequel on devrait tendre? Est-ce qu'il
faudrait que la consultation soit à caractère plus
décisionnel selon lui? Dans un deuxième temps, est-ce que la
consultation qui est prévue au projet de loi quant aux décisions
des conseils de comté et des municipalités devrait, selon lui,
s'appliquer également aux décisions du gouvernement par rapport
à ses objectifs de développement pour une région
donnée?
M. Girard: En ce qui concerne les objectifs de
développement pour la municipalité et les conseils de
comté, cela va bien. En ce qui concerne les objectifs que le
gouvernement peut avoir sur la région, sûrement que la population
sera fort intéressée à les connaître.
Peut-être que dans certains cas, étant donné les
problèmes confidentiels, cela ne sera pas judicieux d'éparpiller
les renseignements dès le moment où on en parle. Si on veut, par
exemple, tracer une nouvelle route ou un nouveau corridor d'énergie, il
serait délicat d'aller tout de suite devant la population et de lui
dire: On voudrait passer un corridor d'énergie à tel endroit. Si
on le fait avant même de déposer les plans d'expropriation, on
risque de voir grimper le prix des terrains, surtout s'il s'agit de routes par
exemple. C'est peut-être la partie délicate en ce qui concerne les
programmes du gouvernement.
Mais, en ce qui concerne les structures locales, les plans locaux
d'aménagement, ou, si on veut, les nouvelles structures qui peuvent
être implantées dans une région, je crois qu'il est
important, surtout s'il s'agit de préparer des règlements ou des
plans d'ensemble, que la population soit mise au courant avant que le conseil
ne prenne sa décision sur ces plans.
M. Gratton: On sait, M. le Président, que le projet de loi
prévoit qu'avant même l'adoption du schéma
d'aménagement par le conseil de comté ou du plan d'urbanisme par
la municipalité, il doit
y avoir consultation: d'abord, dissémination d'information, c'est
spécifié dans le projet de loi, et ensuite consultation,
même jusqu'au référendum si un certain nombre de citoyens
le réclament, alors que dans le cas des programmes ou de projets du
gouvernement ce processus de consultation n'est pas prévu dans le projet
de loi. Ma question spécifique est la suivante: Compte tenu des
réserves que vous exprimez quant à la spéculation que peut
engendrer une annonce prématurée quant à une route, par
exemple... je vous ferai remarquer que cela s'applique tout aussi bien à
un projet municipal qu'à un projet de comté dans la mesure
où il y a un aspect spéculatif au projet. Mais, étant
donné que le gouvernement s'engage, de par le projet de loi, à en
aviser le conseil de comté de toute façon... Je pense bien qu'on
doit tenir pour acquis qu'une fois le conseil de comté avisé, la
population à toutes fins utiles devient par le fait même
avisée. Est-ce que vous jugez, à l'Ordre des
arpenteurs-géomètres, qu'il y aurait lieu d'imposer les
mêmes contraintes, le même processus de consultation aux
décisions ou aux orientations du gouvernement en matière
d'aménagement qu'à celles des conseils de comté et des
municipalités?
M. Girard: A mon point de vue c'est mon opinion
personnelle là-dessus je suis d'avis que la population doit
être informée le plus complètement possible, y compris pour
les projets du gouvernement lorsqu'il n'y a pas de problème sur le plan
de la spéculation. S'il s'agit d'ériger, par exemple, un
édifice en hauteur ou une usine d'épuration c'est une
pièce d'équipement qui peut être contestée dans
certains milieux il serait important que la population accepte à
l'avance qu'il va y avoir une usine d'épuration et qu'elle va être
située à tel endroit pour telle et telle raison. Si la population
ne sait pas que c'est parce que c'est le meilleur endroit quant à
l'élévation de terrain ou au coût des tuyaux, elle peut
être portée à critiquer sans raison, sans savoir pourquoi.
Mais si on lui a expliqué d'avance les gens comprennent assez
vite lorsqu'il s'agit d'intérêt général, de
coûts, etc. pourquoi on fait cette implantation à cet
endroit, généralement, une fois le problème connu, il est
à moitié résolu et il est à moitié
accepté aussi.
M. Gratton: M. le Président, quant à moi, je
voudrais dire à M. Girard que ce n'était pas un piège que
je lui tendais, mais le ministre d'Etat à l'aménagement et moi
savons qu'il y a un projet en particulier dans mon comté, dans la
Haute-Gatineau. Il s'agit d'une route de pénétration en
forêt qui doit relier la Haute-Gatineau et le Témiscamingue, que
je voudrais bien voir soumis à l'approbation de la population, soit par
référendum ou autrement. On pourra y revenir au moment opportun;
ici, je pense que ce n'est pas l'endroit.
Je veux vous remercier de votre participation à cette commission,
messieurs.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Nos invités
oeuvrent au niveau de l'aménagement, surtout au niveau pratique, mais il
a été mentionné, tout à l'heure, que nos
invités avaient déjà travaillé à des projets
de lotissement et de zonage pour de petites municipalités. Je veux
savoir si ce sont des municipalités rurales et, avant qu'on connaisse le
projet de loi 125, quel était le pourcentage ou le nombre de petites
municipalités qui avaient recours à vos services pour des projets
de zonage et de lotissement? Est-ce que c'était très minime ou si
ça valait la peine comme clientèle chez vous?
M. Girard: Si on parle de nombre...
M. Goulet: Pourcentage serait peut-être mieux.
M. Girard: II faudrait que je vous dise que, au départ, ce
fut un travail de persuasion auprès des municipalités que j'ai
fait personnellement, parce que je trouvais qu'il y avait des choses aberrantes
qui se passaient sur le plan du développement municipal. On a
peut-être pu convaincre environ 50% des municipalités qui
étaient dans le territoire où je travaillais, le comté de
Saint-Hyacinthe entre autres, c'est-à-dire douze municipalités
sur environ 25 municipalités, dans le secteur où je travaillais
qui ont, entre 1972 et 1979, opté pour un plan de zonage et un plan de
lotissement de leur territoire. Il y avait certaines contraintes qui les ont
poussées dans le dos à certains moments, c'était par
exemple l'installation d'établissements d'élevage comme les
porcheries, qui étaient des contraintes assez graves pour le voisinage.
Les propriétaires décidaient par quel moyen on pourrait
contrôler l'installation sur le territoire de ces établissements,
pour que ça ne vienne pas gêner l'environnement des zones
urbanisées ou encore les habitations dans le secteur. Alors, on
décidait d'opter pour un règlement de zonage et, bien sûr,
en même temps on faisait un règlement de zonage pour tout le
territoire, non pas spécifiquement pour une obligation qui s'en venait
comme l'installation d'une porcherie.
M. Goulet: M. le Président, M. Girard nous a
répondu, en parlant de sa région, Saint-Hyacinthe, où ce
chiffre est d'environ 50%, mais j'aimerais savoir si, pour la province, vous
avez des chiffres. J'imagine que ça doit être de beaucoup
inférieur à 50%, parce que ce chiffre me surprend. Il ne faudrait
pas que le chiffre de la région de Saint-Hyacinthe...
M. Girard: Non, je comprends.
M. Goulet: ...soit au niveau du Québec.
C'est-à-dire que je serais d'accord avec ça, mais je
présume que ce n'est pas le même.
M. Girard: D'ailleurs, j'ai dit au départ j'ai fait
une réserve que c'était grâce à un travail de
persuasion qu'on avait fait dans la région. C'est une région
essentiellement agricole, les gens étaient sensibilisés aux
problèmes qu'on leur
soulevait. Dans le restant du Québec, je n'aurais pas de chiffre
pour vous dire que ça peut représenter, je pense qu'au
ministère des Affaires municipales, on serait mieux équipé
pour répondre à cette question.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président.
On sait que cela a été souligné dans votre
mémoire il y a un manque de planification. Bien sûr, c'est
un des principaux buts visés par le projet de loi 125 pour contrer
ça; mais vous venez de dire que vous avez dû vous servir un peu de
persuasion dans votre région, ça doit être la même
chose dans la province. De quoi cela peut-il dépendre? Est-ce parce que
les municipalités, tel que nous l'a souligné le maire de Granby,
les petites municipalités j'entends par là celles du genre
que l'on retrouve dans le comté de Bellechasse, d'environ 1500 ou 2000
de population n'ont pas, mais vraiment pas les moyens? Est-ce parce
qu'on n'est pas conscient du bien-fondé d'un plan d'aménagement
ou d'urbanisme ou est-ce parce que c'est une hypothèse dans ma
question nos élus municipaux, dans nos petites
municipalités, n'ont pas les connaissances requises pour savoir le
bien-fondé de ça? Vous parlez de persuasion, est-ce que ça
veut dire que c'est parce qu'ils n'avaient pas les moyens ou qu'ils ne voyaient
pas le bien-fondé de ça?
M. Girard: II faut vous dire que, généralement, les
plans de règlement de zonage ou de lotissement qui ont été
préparés pour ces municipalités n'arrivaient pas par
génération spontanée. Il y avait un problème qui se
posait dans la municipalité. Comme j'ai expliqué tantôt, il
y a un problème d'établissement d'élevage, il y a des
problèmes de dépotoir ou encore un petit village qui
commençait à s'ouvrir dans un coin de la municipalité et
où le conseil municipal se sentait un peu mal à l'aise; on
disait: On va être pris avec ça tantôt, qu'est-ce qu'il faut
faire? (12 h 15)
Ces gens venaient nous consulter parce qu'on est assez près
d'eux, on les rencontre assez souvent pour la présentation de nos plans
d'arpentage. Ils nous posaient la question: Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour
régler ce problème? C'est de là que partait la persuasion,
si vous voulez, que je pouvais employer pour les convaincre qu'ils devaient se
doter d'un règlement de zonage et de lotissement et même de
construction, ce qui leur permettrait de régler le problème qui
les confrontait et les autres qui pouvaient venir après ça.
Cela a été la façon de procéder. Ce
n'était pas un problème financier pour les municipalités,
ce n'était pas tellement coûteux. Ce n'était pas non plus
le fait qu'ils ne connaissaient pas l'existence de ce genre de
règlement. Il s'agissait simplement de leur expliquer et de les
convaincre finalement.
M. Goulet: Ce n'était pas une question d'argent.
M. Girard: Pas à mon point de vue, non.
M. Goulet: M. le Président, il me reste à remercier
les représentants de l'Ordre des arpenteurs-géomètres. Si
vous me le permettez, au nom de l'Union Nationale, nous avons été
bons garçons, nous voudrions offrir nos meilleurs voeux à M.
Girard pour sa campagne électorale et lui souhaiter la victoire.
M. Chevrette: ... l'unanimité des partis.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, j'aurais deux courtes
questions à poser aux intervenants après avoir souhaité
bonne chance au candidat dans Saint-Hyacinthe. Je pense que vous pourrez vous
balader, durant votre campagne électorale, fort au moins de l'appui de
trois partis représentés à l'Assemblée
nationale.
M. Gratton: II me semble que le fait d'avoir souhaité
bonne chance à une personne qui nous honore de sa présence ce
matin ne devrait pas représenter un appui officiel de la part d'un parti
comme tel. Je le faisais à titre bien personnel à un bonhomme qui
me semble fort sympathique, quelles que soient les allégeances
politiques qui nous divisent.
M. Ouellette: Je m'excuse, M. le Président.
M. Chevrette: La dernière phrase l'aide davantage.
M. Ouellette: Je croyais avoir parlé des
représentants de formation politique.
M. Goulet: Je parlais au nom du parti.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que cela
tourne au vinaigre. M. le député de Beauce-Nord, si vous voulez
revenir au sujet.
M. de Bellefeuille: Le député de Beauce-Nord
parlait au nom de la Beauce.
M. Ouellette: C'est un cas particulier, en effet. Ma
première question...
M. Goldbloom: Qu'est-ce que les péquistes vont faire quand
les créditistes présenteront un candidat dans
Saint-Hyacinthe?
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Je n'en sais rien. On va voir venir tout
simplement.
Ma première question concerne le titre de la loi que vous
contestez dans votre mémoire. Evidemment, je ne suis pas, comme M.
Girard, exmaire et expert, je suis seulement ex-maire, c'est donc en profane
que je vous pose la question. Il me semble qu'aménagement désigne
des travaux
que l'on effectue au niveau d'une région, ce qui veut dire ici
les régions qui seraient retenues à la suite de discussions des
différents intervenants comme étant le conseil de comté
renouvelé.
Par contre, le mot "urbanisme", pour moi, n'est pas du tout restrictif,
sauf qu'il s'applique au niveau d'une ville comme telle. Le projet de loi 125
me paraît justement un projet de loi qui touche aux deux choses,
c'est-à-dire qu'on confie aux conseils de comté renouvelés
le soin de réaliser un schéma d'aménagement qui touche la
sous-région d'appartenance et on donne également aux
municipalités le pouvoir de réaliser, sur leurs territoires
respectifs, un plan directeur d'urbanisme accompagné, comme on le voit
assez souvent, d'un règlement de zonage.
Je pense, en tant que profane, retrouver ces deux éléments
tout au long de la loi et je m'étonne un peu de vous voir
suggérer le changement du titre de la loi. Je vous demande de
m'éclairer là-dessus.
M. Girard: Si on va à la page 33 de la revue
Municipalités 1979, on voit que le titre qui est donné dans la
revue elle-même est "Loi sur l'aménagement du territoire". Cela a
été la première constatation que nous avons faite. Je
comprends que dans le texte de l'article on parle souvent de la "Loi de
l'aménagement du territoire et de l'urbanisme". Première
constatation.
Deuxième constatation. Tantôt, si vous avez entendu le
maire de Granby lorsqu'il a parlé des petites municipalités, il a
dit que les règlements d'urbanisme ou les plans d'urbanisme leur
faisaient peur un peu. Elles disent: Nous ne sommes pas des villes; des plans
d'urbanisme, cela ne nous intéresse pas, ce n'est pas cela qu'on veut
avoir.
Je crois c'est peut-être une opinion personnelle que
dans l'application de la loi, il serait avantageux de rester dans un sens plus
large. De toute façon, on comprendrait, par le titre "Loi de
l'aménagement du territoire", que lorsqu'il s'agit d'une ville cela va
être un plan détaillé d'urbanisme qui va se
préparer.
On n'en fera pas un cheval de bataille. Ce n'était pas
prioritaire dans notre mémoire. On l'a tout simplement souligné
au passage. Si vous préférez le conserver tel quel, on n'a pas
d'objection, mais on pensait que cela pouvait quand même être plus
général que d'utiliser le terme "aménagement du
territoire", qui, jusqu'ici, avait été utilisé aussi.
M. Ouellette: Je vous remercie. La deuxième question. Vous
proposez qu'on distingue clairement dans le texte de loi "lotissement" et
"subdivision". Les lois municipales actuelles semblent confondre les deux
termes, selon vous. J'aimerais que vous me fassiez part des problèmes
qu'une telle situation vous cause, à vous, professionnels du domaine,
ainsi qu'à vos clients. Comment avez-vous réussi jusqu'à
maintenant à vous accommoder de cette situation ou de cette
ambiguïté qu'on retrouve dans les lois actuelles?
M. Girard: On en vient à bout en passant à
côté de la loi et des règlements comme ceci:
Dans la Loi des cités et villes, de même que dans le Code
municipal, si vous les lisez bien, c'est à peu près le même
texte qu'on retrouve à l'article 112 et à ses sous-paragraphes.
Pour Saint-Hyacinthe, entre autres, on a suggéré, justement au
chapitre des obligations, de céder 5% à cette
époque, c'était 5% On dit: l'engagement du
propriétaire de céder 5%. On l'a mis. On n'a pas dit qu'il
était obligé de céder, on a mis l'engagement.
Ensuite, on a mis les exemptions à l'obligation de fournir 5% du
territoire, soit sous forme de terrain, soit sous forme de paiement. Les
exceptions qu'on a mises dans le règlement sont les suivantes: Exception
à l'exigence des 5%: premièrement, opération cadastrale
visant à identifier, sous un numéro distinct, un terrain
déjà morcelé par voie d'aliénation. Cela pouvait
vouloir dire, par exemple, que dans le règlement municipal on exige que
le terrain soit identifié sous un numéro distinct avant
d'émettre le permis de construction. Quelqu'un a passé au feu,
son terrain n'était pas identifié sous un numéro distinct;
on l'oblige, au moment du permis de construction, à faire identifier son
terrain sous un numéro distinct, par voie de subdivision, en vertu de
l'article 2175 du Code civil.
Pour ne pas pénaliser ces gens-là qui n'exigent aucun
nouveau territoire, si on veut, ni pour les terrains de jeux, ni pour les
parcs, parce qu'ils étaient déjà là sur place, on
les a exemptés de cette obligation-là par rapport à
l'exception.
Deuxième exception, opération cadastrale visant à
identifier sur un numéro distinct une parcelle minime à
l'occasion du déplacement des limites pour accommoder deux voisins. A
l'occasion d'un arpentage, on s'aperçoit qu'un propriétaire a des
vues illégales chez son voisin, que sa maison est placée à
cinq pieds de la ligne. De concert, les deux voisins décident de
déplacer la limite de deux pieds et cela demande, bien sûr, une
opération cadastrale pour identifier les deux pieds sous un
numéro distinct. Il n'était pas question d'obliger le grand
processus de lotissement et d'exiger 10% de deux pieds de terrain sur cent, par
exemple, ou un montant d'argent équivalent pour rencontrer cette
exigence.
La troisième opération cadastrale visant l'annulation d'un
lot ou de certains lots déjà existants pour les remplacer par un
nouveau. Parfois, certains emplacements étaient identifiés,
à cause de différents morcellements, par plusieurs
numéros. On a décidé d'annuler tout cela et d'en faire un
seul. Encore là, c'est une opération cadastrale ajoutée au
cadastre, si on veut, ou subdivision, encore une exception qu'on a
demandée et on a évité, dans le règlement,
d'imposer cette charge. C'est dans le but de mettre un peu d'ordre dans tout
cela qu'on propose dans notre mémoire de faire les distinctions
voulues.
M. Ouellette: Là, vous nous donnez des exemples en
territoire déjà urbanisé. Est-ce que le même
problème se pose dans les périphéries à
urbaniser, dans les villes où on entend étendre le
territoire d'urbanisation?
M. Girard: Peut-être encore plus, parce qu'il faut bien
comprendre dans ces deux expressions, plan de lotissement et plan de
subdivision, qu'il y a un processus légal, d'une part, au niveau du plan
de subdivision; un plan de subdivision, c'est une opération
légale dont on fait mention à l'article 2175 du Code civil. Un
plan de lotissement ne représente pas nécessairement une
opération légale, mais au niveau administratif, pour une
municipalité urbanisée ou pas, il y a un processus qui doit
être suivi, c'est-à-dire qu'au départ, un plan de
lotissement doit être présenté, c'est-à-dire un
projet de lotir un certain territoire. Par la suite, un permis de subdivision
peut être donné, si ce lotissement est jugé conforme et,
finalement, un plan de subdivision est produit par
l'arpenteur-géomètre et déposé officiellement au
service du cadastre et au bureau d'enregistrement local.
Ce processus est bien concret et il faut que la loi 125 le respecte.
C'est un peu cela qu'on veut souligner.
M. Ouellette: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. le
député de Deux-Montagnes. Il reste quatre minutes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, une question
très rapide. Je me demande si les membres de votre corporation sont en
nombre suffisant, au Québec, pour faire face à la charge de
travail découlant de la mise en application des lois 90 et 125?
Une Voix: Bonne question!
M. Raymond: Je pense maintenant qu'avec les techniques modernes
de production de cartes, il n'y a pas tellement de problèmes comme tels.
Je pense que le problème, c'est surtout d'essayer de procéder
à l'intégration des devises. C'est cela qui est vraiment le gros
problème. Des parcelles sont créées lorsque des permis de
construction sont requis par des municipalités. On va demander une
subdivision et la subdivision doit être faite. Il y a beaucoup
d'information foncière qui est créée tous les jours, un
peu partout dans la province. Ce qu'il s'agit de faire maintenant, et notre
ordre est très conscient de ce problème... On pense, par exemple,
à la mise sur pied de bases de données de travaux qui sont faits
par nos membres pour pouvoir corriger sur le plan régional, par
exemple.
Je pense que le problème fondamental est une question
d'intégration, autant de ce qui est fait actuellement que de ce qui se
fera dans les prochaines années et de ne pas tomber dans la même
lacune, par exemple, dans le cas de l'évaluation; on fait des matrices
graphiques, c'est un plan qui est préparé pour des fins
très particulières, et il ne sert pratiquement pas à autre
chose. C'est beau, une matrice graphique en coordonnées et tout
ça, mais ça ne peut jamais servir à une transaction
foncière parce qu'on dit tout simplement dans le Code civil, à
l'article 2168: "II faut décrire la parcelle de terrain par son
numéro cadastral ou par une partie du numéro cadastral". Je pense
que ce régime foncier va être encore là pour quelques
années du moins. Alors, tant et aussi longtemps qu'on aura ce
régime foncier, il nous faut un cadastre et aller investir dans des
plans qui sont faits pour des fins particulières, sans investir sur le
cadastre qui est la base... Même pour l'application du projet de loi 125
ou du projet de loi 90, vous avez affaire à des propriétaires
fonciers et vous identifiez leur droit de propriété à
partir de leur titre de propriété, qui est fondé sur le
cadastre.
Je pense que c'est vraiment là que l'effort doit être fait.
Pour une gestion rationnelle de ces lois, on dit: Maintenant, dans
l'époque où nous vivons, ce n'est pas seulement un cadastre qui
montre simplement des lignes de lots et des numéros de lots, mais il
faudrait peut-être avoir un cadastre qui est assis sur une base
topographique. C'est pour cela qu'on dit également que la cartographie
à grande échelle est vraiment une nécessité
aujourd'hui, et c'est pour cela qu'on encourage également cette
présentation cartographique du territoire.
Pour l'application de ces lois, il s'agit évidemment de cartes
foncières, et ce n'est vraiment pas une carence d'information qu'on a
actuellement comme telle, c'est vraiment de procéder à
l'intégration de l'information fournie actuellement.
M. de Bellefeuille: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Léonard: Oui. Pour ce qui concerne les cartes, je pense
que ce qu'a dit M. le Président est exact. Effectivement, le
gouvernement entend faire son effort et je répète que nous
voulons y mettre $3 millions pour la production de cartes cadastrales, de
cartes à grande échelle d'ici les trois prochaines années.
Ce sera, comme vous l'avez dit, un excellent début. Au moins, on le
fait... Cela va vous permettre d'intégrer toutes vos connaissances
là-dessus.
Je suis très heureux de votre témoignage et de votre
mémoire et je voudrais simplement, en terminant, souhaiter aussi bonne
chance à M. Girard.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): MM. Raymond, Girard et
Létourneau, les membres de cette commission vous remercient de votre
participation.
Les travaux de la commission sont ajournés sine die. Cela veut
dire que les travaux de la Chambre reprennent à 14 h et, après la
période de questions, un ordre de la Chambre nous amènera de
nouveau à nous réunir ici, au salon rouge, ce qui veut dire
à 15 h 15, à peu près.
Fin de la séance à 12 h 29
Reprise de la séance à 15 h 33
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez prendre vos sièges.
La commission des affaires municipales se réunit pour entendre
les mémoires pour l'étude du projet de loi 125, Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Les membres de cette commission sont: MM. Brassard (Lac-Saint-Jean),
Caron (Verdun), Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Goulet
(Bellechasse); de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Gratton (Gatineau), Guay
(Taschereau) remplacé par Chevrette (Joliette-Montcalm); Mercier
(Berthier) remplacé par Rancourt (Saint-François); Ouellette
(Beauce-Nord), Shaw (Pointe-Claire), Tardif (Crémazie) remplacé
par Léonard (Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont: MM. Alfred (Papineau), Charbonneau
(Verchères) remplacé par Gendron (Abitibi-Ouest); Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par Cordeau (Saint-Hyacinthe); Goldbloom
(D'Arcy McGee), Lacoste (Sainte-Anne), Léonard (Laurentides-Labelle)
remplacé par Tardif (Crémazie); Samson (Rouyn-Noranda), Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), Vaugeois (Trois-Rivières).
Les groupes qui restent encore pour aujourd'hui sont: le Conseil
régional de développement de l'Outaouais; le Conseil de
comté du Lac-Saint-Jean-Ouest; Les Entreprises de lotissement Philippe
Chartrand Inc.; la Société pour le progrès de la rive sud
et TransCanada PipeLines.
J'appelle maintenant le Conseil régional de développement
de l'Outaouais. Madame et messieurs, identifiez votre organisme,
identifiez-vous vous-mêmes ainsi que les personnes qui vous
accompagnent.
Pour faire un exposé de votre mémoire, vous avez 20
minutes et il y a 40 minutes pour la période de questions.
Conseil régional de développement de
l'Outaouais
M. Landry (Louis): M. le Président, je représente
le Conseil régional de développement de l'Outaouais; je suis le
président, Louis Landry.
Mme Prieur (Monique): Monique Prieur. M. Gauthier (De Sale):
De Sale Gauthier. M. Gratton: M. le Président. Le
Président (M. Laplante): Oui.
M. Gratton: Me permettrait-on de faire remarquer que M. De Sale
Gauthier est directeur général du CRD et que son nom est bien De
Sale Gauthier et non pas M. Sale Gauthier, comme on le lit à l'agenda ou
à l'ordre du jour que nous a remis le secrétaire de la
commission.
Le Président (M. Laplante): M. De Sale Gauthier,
d'accord.
M. Gauthier: Sale, pas de "s".
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez débuter,
s'il vous plaît, monsieur.
M. Landry (Louis): M. le Président, cet avis
représente l'opinion des citoyens et des organismes de l'Outaouais qui
ont participé à la mission "information-sondage" du CRDO sur le
projet de loi 125, de même que la position du conseil d'administration du
CRDO. Au total, 144 personnes ont assisté aux six réunions
d'information, tandis que 35 individus et 33 organismes, dont 18
municipalités, ont participé aux sondages en envoyant un avis
écrit. Selon les résultats de la mission, les citoyens sont
d'accord pour que le Québec se donne une loi sur l'aménagement et
l'urbanisme.
Cependant, dans sa forme actuelle, le projet de loi 125 ne satisfait pas
entièrement les ententes des citoyens. Les points les plus
contestés sont les suivants: le caractère facultatif de la loi
par rapport au schéma de comté, la valeur consultative du
référendum sur un schéma de comté, la
non-consultation avant l'adoption des règlements de zonage, de
lotissement et de construction, l'harmonisation des pouvoirs entre les trois
paliers de gouvernement, les pouvoirs de comté en matière de
protection des terres agricoles, la composition du conseil de comté, la
représentation municipale au conseil de comté et les coûts
engendrés par l'exercice des pouvoirs contenus dans la loi.
Après étude du projet de loi 125 et analyse des
conclusions de la mission "information-sondage", le conseil d'administration du
CRDO est d'avis qu'il est nécessaire et même urgent que le
Québec se donne une loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Sur ce, je passe la parole au directeur général pour
expliquer les 33 autres recommandations du CRDO.
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais, plutôt que
de lire les 33 autres recommandations du CRD de l'Outaouais, vous
présenter cela sous forme de points saillants en fait, il se
dégage six grands points quitte, par la suite, à donner
des explications d'ordre plutôt secondaire. Dans les six grands points,
comme le disait le président, je pense que de son côté le
CRD dit qu'il est nécessaire et urgent qu'il y ait une loi...
Deuxièmement, à l'article 2, pour préparer un
schéma de comté, il faudrait rendre obligatoire cette
préparation de schéma de comté. Par contre, qu'on ajoute
à cela un échéancier sur le plan provincial ou
auprès des zones qui subissent davantage la pression urbaine, comme nous
l'avons vécu, par exemple, pour le projet de loi 90 concernant le zonage
agricole. Nous avons d'abord attaqué les zones les plus cruciales.
Le deuxième grand point, si vous voulez, c'est au sujet de la
participation des citoyens ou encore de la consultation. Les articles ou les
recommandations 12, 13 et 14: tout d'abord, nous demandons que le
référendum sur un schéma d'aména-
gement ait une valeur décisionnelle, plutôt que
consultative uniquement. De plus, le gouvernement devrait déposer, avant
l'adoption du projet de loi 125, les règles et modalités pour la
tenue du référendum prévu à l'article 24.
Et enfin, toujours sous cette rubrique, le texte législatif
devrait inclure un article obligeant les municipalités à
consulter les citoyens avant l'adoption des règlements de zonage, de
lotissement et de construction. C'est une faiblesse que nous avons
remarquée au niveau de notre région.
Le troisième point saillant, si vous voulez, concerne les terres
agricoles. Les recommandations 22 et 23: Le gouvernement devrait
compléter au plus tôt l'identification des terres agricoles
à protéger dans le reste de la province et, prioritairement, dans
le reste du territoire de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
En fait, il faut reconnaître qu'il existe actuellement chez nous,
au sein de la communauté régionale, qui est l'une des cinq zones
de la région de l'Outaouais, deux zonages agricoles, celui sous la loi
90 et celui à même le schéma de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Donc, à corriger.
La recommandation 23 aussi: Les municipalités devraient conserver
leur pouvoir de réglementation en matière de zonage agricole.
Le quatrième grand point saillant, c'est la coexistence de
l'urbain et du rural. Le CRD est d'avis que la coexistence des milieux urbains
et ruraux au sein du conseil de comté, pour les fins exclusives d'un
aménagement rationnel et aux coordonnées du territoire, est
nécessaire. Il est possible à chaque comté de trouver une
formule qui garantisse une juste représentation aux municipalités
rurales. Et aussi, que les comtés puissent, en plus des formules de
représentation basées sur la population, choisir une forme de
représentation arbitraire ou basée sur le statut d'une
municipalité.
Cinquième grand point saillant, concernant le redécoupage
des territoires des comtés municipaux, on dit que le gouvernement
devrait tenir une consultation formelle sur la proposition de
redécoupage des territoires des comtés municipaux. Cette
consultation devrait se tenir sous forme d'assemblée publique et devrait
être précédée d'une période d'information
suffisamment longue, donnant les raisons qui justifient les limites
proposées, les avantages et les inconvénients de chacune des
options.
Enfin, sixième grand point, recommandation 33, que le texte
législatif devrait inclure un pouvoir réglementaire du ministre
aux fins de fixer de façon objective et absolue les taux des subventions
qui devront être accordées aux conseils de comté et aux
municipalités pour l'élaboration des schémas et
règlements d'urbanisme, le tout suivant une formule de
péréquation à être déterminée par le
gouvernement.
On dit, à la recommandation 34, à quoi ces coûts
devraient être attribués, d'une part, pour l'élaboration
des documents d'aménagement et, d'autre part, pour leur mise en
application.
Il y a quelques points secondaires, si vous permettez, M. le
Président, c'est aux recommandations 4 et 5. Nous croyons, en fait,
qu'il est sûrement trop court, la période de 24 mois,
c'est-à-dire... Excusez-moi, la recommandation 4, c'est qu'on pense
qu'il est nécessaire de fixer un délai de 36 mois pour la
confection d'un schéma de comté, une fois la résolution en
ce sens adoptée.
La cinquième recommandation, c'est que le délai
accordé à la municipalité pour préparer son plan et
ses règlements devrait être porté de 18 mois à 24
mois. Cela encore, ce sont vraiment deux recommandations basées sur
l'expérience vécue au sein de l'Outaouais. Comme vous le savez,
je pense que, comme région, on est quand même la région
où il y a deux comtés municipaux qui, actuellement, vivent une
expérience pilote de confection d'un schéma et aussi nous sommes
la seule région à avoir effectivement un schéma au niveau
de l'une des cinq zones qui est la Communauté régionale de
l'Outaouais. Ces deux recommandations nous semblent réalistes et
très pratiques pour l'avenir. Il faudrait possiblement en tenir compte.
(15 h 45)
L'article 21 s'ajoute également à ces recommandations 4 et
5. On poursuit en disant que tout délai prévu dans le projet de
loi devrait être assorti d'un mécanisme permettant à une
municipalité ou à un conseil de comté d'obtenir un nouveau
délai au cas où les exigences de la loi ne puissent être
satisfaites dans le délai prévu. Je pense qu'on devrait
prévoir ce mécanisme, parce que de toute façon il est
très possible que cela arrive et, si nous le prévoyons
immédiatement dans la loi, cela pourra faciliter les choses
ultérieurement.
Ensuite, les recommandations 10 et 11: Concernant le contrôle
intérimaire, nous croyons fermement que le conseil de comté
devrait être obligé d'adopter un règlement de
contrôle intérimaire; c'est l'article 58. Recommandation 11: Le
conseil de comté devrait être obligé de réviser son
règlement de contrôle intérimaire à la suite de
l'adoption de son schéma de façon à rendre ce
règlement conforme aux dispositions contenues dans le schéma.
Enfin, vous avez les recommandations 15 et 16. Recommandation 15: Le
texte législatif devrait définir ce qu'on entend par "orientation
du gouvernement" et cette définition devrait préciser que la
population devra avoir été consultée avant l'adoption de
ces orientations. Recommandation 16: Le ministre devrait être
obligé, à la suite de l'adoption d'une résolution par le
conseil de comté de préparer un schéma, de faire parvenir
au conseil les documents pertinents relatifs aux orientations, aux
équipements et aux infrastructures.
Enfin, l'article, on est tellement impliqué dans le projet de loi
que je ne parle que d'articles, mais il s'agit de recommandations, bien
sûr... Recommandation 19: Un délai devrait être c'est
une autre recommandation concernant les délais prévu
à la suite de l'adoption du schéma afin que toute
municipalité puisse loger une requête écrite au ministre
lui indiquant les motifs
de son opposition et les modifications qu'elle suggère. Les
autres recommandations que nous considérons très importantes sont
les recommandations 24 et 25 concernant les bâtiments historiques: Voir
à ce que l'identification des sites et bâtiments historiques se
fasse et voir à ce qu'ils soient inclus dans le contenu obligatoire du
schéma et dans le contenu facultatif du plan d'urbanisme.
Je vais terminer avec la recommandation 25 et donner la raison: Les
éléments de contenu d'un règlement de zonage devraient
inclure la protection des sites et bâtiments historiques. Tout ça,
c'est parce que nous croyons que nous avons là des ressources rares,
pour la plupart difficilement renouvelables, et qu'il faudrait absolument
prévoir et conserver, par le biais de la loi sur l'urbanisme et
l'aménagement.
Je pense que ça couvre les grands points de notre avis sur le
projet de loi. Bien sûr, nous sommes prêts à répondre
à toutes les questions. Nous avons 34 pages. Nous avons
évité cette période fastidieuse où nous aurions eu
à lire tout ça, mais je pense que vous avez là l'essentiel
de notre position.
Le Président: Merci, monsieur. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, M. le directeur
général, madame, je vous remercie de votre mémoire. J'en
retiens une chose, c'est d'abord son caractère positif à
l'endroit du projet de loi no 125 et je pense aussi à l'endroit de
l'aménagement et de l'urbanisme. Vous avez montré, de
façon détaillée, fouillée, votre
intérêt sur le sujet.
Je voudrais faire des commentaires sur deux ou trois points majeurs qui
se dégagent, je pense, de l'ensemble de votre mémoire. Le premier
sujet sur lequel vous vous êtes attardés beaucoup dans votre
mémoire, c'est le découpage des comtés municipaux. A la
recommandation 32, vous suggérez que le gouvernement tienne une
consultation formelle sur les propositions de redécoupage des
territoires des comtés municipaux.
Evidemment, le projet de loi, comme vous l'avez vu, est ouvert sur la
question et ne définit pas de façon stricte les territoires des
corporations de comté. Vous savez cependant qu'il y a eu un fascicule
qui a émis trois hypothèses là-dessus, en tout cas, trois
façons de considérer les choses et il pourrait y en avoir
d'autres, évidemment; l'une comportait 71 comtés plus deux autres
qui sont inopérants à l'heure actuelle, correspondant au
découpage actuel et dans lequel on intégrerait les villes. Vous
vous déclarez d'accord, je l'ai bien vu, sur le principe de l'insertion
des villes à l'intérieur du comté pour les fins
d'aménagement.
Les deux autres hypothèses: II y en a une qui compte 86
comtés, ce qui correspond davantage aux délimitations municipales
actuelles, sauf qu'il faut les ajuster, compte tenu de l'évolution
démographique de la population dans différentes régions du
Québec.
Je pense notamment à la Côté Nord où il y a
un comté municipal, mais c'est un comté qui a été
établi il y a longtemps, au début des années 1900 et,
depuis ce temps, il y a quand même eu une forte évolution
démographique, et une autre de 96 comtés qui correspond, je
pense, davantage aux délimitations actuelles des cartes du réseau
des Affaires sociales et de l'Education.
La question du découpage de même que celle de la
représentation feront l'objet d'une consultation spécifique de
tous les élus locaux ainsi que de la population, ultérieurement
à l'adoption de la loi. Les modalités vont être
précisées au cours des prochains mois, pour ne pas dire des
prochaines semaines, et seront amorcées après l'adoption de la
loi. Certains documents vont d'ailleurs être rendus publics, telles les
cartes de proposition de découpage qui vont permettre aussi
d'éclairer la situation.
Quant au financement des comtés municipaux vous recommandez que
soit fixé, de façon objective et absolue, le taux de subvention
qui devrait être accordé aux conseils de comté et aux
municipalités. Dans le budget de l'année courante, 1979/80, vous
avez vu au budget du ministère des Affaires municipales, des
crédits de l'ordre de $2 100 000 qui correspondaient, selon notre
estimation, aux besoins de l'année actuelle. Il reste que la loi sera
adoptée dans les mois qui viennent; avant qu'on soit prêt à
enclencher les processus pour confectionner le schéma
d'aménagement, cela va prendre un certain temps et nous estimons que
c'était suffisant pour l'année courante.
Tel qu'on l'a annoncé à la conférence
Québec-municipalités de juin dernier, on a dit que toutes les
responsabilités nouvelles seraient assorties d'une source de financement
pour les comtés comme pour les municipalités. Nous nous en tenons
à cette déclaration. Pour ce qui est du financement à
moyen et à long terme des comtés renouvelés, le
comité conjoint d'orientation sur l'aménagement et la
décentralisation va étudier cette question et fera des
propositions au gouvernement ultérieurement.
De toute façon, la réforme de la fiscalité
municipale se fait par l'élargissement de l'assiette de l'impôt
foncier et par d'autres sources tels la taxe d'affaires, le nouveau
régime d'imposition pour les secteurs de
télécommunications, de production et de distribution de
l'électricité, de gaz, etc., ainsi que toutes les mesures qu'il y
a dans le budget actuel ou dans le discours du budget qui est actuellement en
discussion devant l'Assemblée nationale.
Il y a une autre chose que j'ai notée et qui, à mon sens,
est importante; ce sont les raisons que vous donnez qui motivent le "peut" et
le "doit" dans le projet de loi, l'article 2. Est-ce qu'un comté "doit"
adopter un schéma d'aménagement ou "peut" seulement adopter un
schéma d'aménagement? Vous proposez que cela soit une obligation
pour les comtés d'adopter un schéma d'aménagement en y
mettant un délai. On recommande aussi que les documents d'urbanisme
soient conformes au contenu obligatoire du schéma. C'est une
précision que vous apportez et je pense que cela témoigne aussi
du caractère fouillé de votre mémoire. Vous avez bien
pesé toutes les considérations.
Je pense aussi que le projet de loi désire conserver et
protéger l'autonomie municipale en permettant, d'une part, aux
municipalités d'un conseil de comté de décider
elles-mêmes de faire un schéma et, d'autre part, que les documents
d'urbanisme de ces mêmes municipalités soient conformes aux
objectifs du schéma. Cette modalité permet aux
municipalités une plus grande souplesse que si on oblige une
conformité en rapport avec le contenu obligatoire du schéma. On a
voulu être très souple et c'est une des raisons qui fait qu'on a
demandé une conformité par rapport aux objetifs du
schéma.
J'aurais des questions qui suivent ces considérations. Vous
dites, à la page 6, que le texte législatif doit poser le
principe de l'obligation, pour les conseils de comté, d'adopter un
schéma et, à la page 7, que cette opération doit se faire
dans un délai de 36 mois.
Quelles sont les raisons qui vous incitent à obliger les conseils
de comté à adopter obligatoirement un schéma
d'aménagement? J'ajoute tout de suite: Croyez-vous que les conseils de
comté ne seraient pas assez motivés pour entreprendre librement
un schéma d'aménagement?
M. Gauthier: Voici une première partie de la
réponse après ça je laisserai à mes
collègues le soin de compléter Sans blâmer qui que
ce soit, il reste qu'on a vu des expériences, principalement dans la
région de l'Outaouais, et si nous n'avions pas imposé, à
certains moments donnés, des délais et que nous n'avions pas
officiellement demandé à des gens de faire des schémas, je
pense que nous aurions pu retarder tout le processus pendant des
années.
La recommandation, ici, veut justement éviter... Ce qu'on aime
mieux faire, et c'est la position du CRD, on aime mieux exiger que le
schéma se fasse, quitte à ce qu'il y ait un
échéancier, que les règles du jeu soient très
claires et bien établies dès le départ. Si nous laissons
cela libre, on peut avoir un comté qui entreprenne la confection d'un
schéma et le retarde pendant des années et des années. Si
dans une situation ou dans un comté donné, il y a des adversaires
au schéma ou des municipalités qui ne sont pas tout à fait
d'accord, on va commencer à faire de l'obstruction systématique
et ça va être un "chiquage de guenille" excusez l'expression. Pour
éviter un peu tout ça, nous croyons, compte tenu des
expériences vécues dans notre coin, qu'il est important que, pour
protéger le territoire québécois, l'on oblige, mais que
pour certains coins on établisse des échéanciers. On
propose même deux possibilités, que ce soit sur le plan provincial
ou encore les régions plus pressées ou plus tendues en termes
d'aménagement.
Je ne sais pas si... Vous voudriez peut-être compléter?
Mme Prieur (Monique): Vous me permettez de répondre tout
de suite?
M. Léonard: Je me demande, à l'heure actuelle, si
on peut forcer des gens, des élus municipaux à planifier. Quel
genre de coercition finalement faites-vous? Est-ce par une coercition de
l'opinion publique qu'on va être amené à planifier ou
est-ce une obligation dans la loi qui va tenir lieu de l'intérêt
manifesté par les gens eux-mêmes pour faire de la planification?
Ça me paraît difficile de forcer les gens, les élus
à planifier; même s'il y a un intérêt. S'ils ne
sentent pas l'intérêt de le faire, ça me semble difficile
ou peu probable qu'un texte de loi puisse arriver à susciter
l'intérêt parce qu'il faut qu'il y ait un intérêt
à planifier. A la minute où ils s'en rendent compte, ils n'ont
plus besoin de délais, ils le font.
M. Gauthier: Je vais passer la parole à Mlle Prieur par la
suite. D'accord pour cette liberté, mais il reste qu'il faut aussi
protéger, qu'il faut conserver la propriété
foncière. Il faut vraiment voir à ne pas gaspiller ce qui ne
reviendra jamais. Dans ce sens, il existe un risque de gâter le
territoire, si on ne débute pas maintenant, de façon rationnelle
et systématique, un aménagement de ce territoire en question.
C'est pour ça qu'on aimerait que ce soit obligatoire de commencer ce
schéma et qu'on suive un échéancier. Peut-être que
pour les quinze, vingt prochaines années, il faudrait qu'on ait tout un
processus d'aménagement de notre territoire québécois et
que ça se fasse de façon ordonnée.
Mme Prieur: J'aimerais compléter en resituant notre
recommandation dans l'esprit où la loi a été
rédigée. Si j'ai bien compris les documents qui ont
été soumis par le gouvernement, cette loi vient parce que le
gouvernement a constaté une certaine anarchie au niveau du
développement du territoire. Il y a donc des problèmes
réels.
Je me dis que si c'est la volonté politique, si c'est la
volonté du gouvernement de solutionner ces problèmes, si c'est sa
volonté que le Québec se développe d'une façon
rationnelle, on doit se donner les moyens. Puisque jusqu'ici les gens ne l'ont
pas fait par eux-mêmes, il faudrait peut-être rendre ça un
peu plus contraignant. Cela me semble le premier argument pour mettre une
obligation. (16 heures)
A votre question, à savoir si les comtés ne seraient pas
suffisamment motivés pour entreprendre d'eux-mêmes ces
schémas, je crois que, d'une part, actuellement, on ne peut pas dire que
les consciences régionales au Québec soient très
développées et, d'autre part, la conscience de
l'aménagement n'est pas très développée. Si je me
réfère, entre autres, à certains points de vue
exprimés ce matin, on a beaucoup parlé qu'il avait fallu
sensibiliser les gens, etc. Les gens ne voyaient pas, sauf dix ans
après, les erreurs ou les conséquences de certaines
décisions. Etant donné que cette conscientisation n'est pas
très développée, il
serait peut-être préférable de mettre une obligation
de préparer un schéma, mais en l'assortissant d'un certain
échéancier parce que les contraintes actuelles de la structure
des conseils de comté et les pressions de développement ne sont
pas égales partout au Québec.
Autre raison qui nous semble jouer en faveur d'une obligation d'adopter
un schéma; c'est qu'en supposant que les gens seraient conscients des
problèmes d'aménagement, en supposant qu'il y aurait vraiment une
volonté régionale de se doter d'un schéma, il restera
toujours les pressions politiques, les pressions des développeurs. Pour
avoir vécu l'expérience du schéma de la CRO, je crois que
si la CRO n'avait pas été obligée d'adopter un
schéma, il n'y aurait pas encore de schéma, bien qu'il y ait eu
beaucoup de problèmes évidents.
M. Léonard: Vous ne croyez pas on pourrait aller un
peu plus loin que c'est parce qu'il y avait peu de cadres formels que
les élus municipaux n'étaient pas trop intéressés
à s'embarquer dans la confection d'un schéma
d'aménagement? S'ils ont un cadre institutionnel comme celui qui est
décrit dans la loi, ils vont l'utiliser pour faire de
l'aménagement. Il me semble qu'en général, les élus
municipaux sont d'accord.
Mme Prieur: En principe, je crois que les gens sont d'accord.
Mais lorsqu'on arrive dans la pratique, avec les problèmes politiques,
économiques et les contraintes de la vie quotidienne, lorsqu'il s'agit
d'affronter les pressions de la population, les. pressions des
développeurs, qui se font toujours très agressifs lorsqu'on parle
d'aménagement, je crois qu'à ce moment-là, même si
les politiciens sont en principe d'accord pour se doter d'un schéma
d'aménagement, ils n'ont pas les motifs suffisants, ils ne peuvent pas
s'appuyer sur une loi qui les oblige à poser des actions
contraignantes.
Je crois que ce serait protéger tout le monde que de leur donner
cet argument face à un développeur, en disant: Ecoutez, ce n'est
pas moi, c'est la loi.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Léonard: J'avais une autre question.
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi. Une autre petite
question, M. le ministre.
M. Léonard: Excusez-moi, M. le député. Vous
proposez un échéancier pour tout le Québec, même par
secteur, pour la préparation des schémas de comté.
Qu'est-ce que ce serait pour vous, un échéancier raisonnable,
pour le Québec? A partir de quels critères le
détermineriez-vous? Un échéancier raisonnable pour faire
des schémas d'aménagement au Québec? Est-ce qu'il faut
prendre six mois pour le commencer au moins?
M. Gauthier: Je peux vous dire ce que nous avons entendu de la
part de personnes très impli- quées dans la confection de
schémas, dans notre région, sans les nommer. On parlait de quinze
ou vingt ans, comme je le mentionnais tout à l'heure. Et qu'on puisse,
de la même façon qu'on le fait pour l'évaluation
municipale, que dans un comté donné, où une année,
prendre quatre municipalités, si c'est leur année, quatre autres
l'année suivante, et quatre autres et quatre autres.
M. Léonard: Vous détermineriez cela par
territoires, par grandes régions?
M. Gauthier: Oui, il s'agirait de voir. Et peut-être que
cet échéancier aurait un certain nombre de critères. Nous
ne nous sommes pas penchés à fond sur cela, mais il reste quand
même que le premier critère ou l'élément que je
mentionnais tout à l'heure, c'est-à-dire les coins de la province
où l'on subit actuellement la plus forte pression urbaine,
mériteraient une attention immédiate.
A ce moment-là, peut-être que notre
échéancier pourrait subir ce critère, ou on pourrait tenir
compte de ce critère et, dans certains coins... cela reste à
approfondir, toute cette question de l'échéancier. De notre
côté, on n'a pas approfondi la question, mais cela nous semblait
une suggestion qui nous est venue comme cela, à quelques reprises, et
fort intéressante.
M. Léonard: Sur un autre sujet, à votre
recommandation no 10, pourquoi suggérez-vous d'obliger les conseils de
comté à adopter un règlement de contrôle
intérimaire? Parce qu'il y en a déjà, un contrôle
intérimaire, qui est légal, dans la loi. Mais le conseil de
comté peut adopter, lui, son propre règlement de contrôle
intérimaire. Pourquoi voulez-vous l'obliger à adopter le sien
propre?
M. Gauthier: Je laisserais à notre collègue
urbaniste le soin de répondre à cette question.
Mme Prieur: Pourriez-vous répéter votre question,
la dernière partie de votre question?
M. Léonard: Votre dixième recommandation se lit:
"Que le conseil de comté devrait être obligé d'adopter un
règlement de contrôle intérimaire." Il y a un
règlement de contrôle intérimaire qui est dans la loi, qui
est standard pour tous les comtés. Mais vous demandez que le
comté adopte son propre règlement de contrôle
intérimaire et soit obligé de le faire, alors que la loi
l'habilite à le faire, mais ne l'oblige pas.
Mme Prieur: Concernant le contrôle intérimaire, le
projet de loi prévoit que le conseil de comté pourra en
préparer un. Selon nous, ce serait préférable qu'il soit
obligé de l'adopter, parce que le contrôle intérimaire qui
est prévu par la loi est très radical; à toutes fins
utiles, c'est un gel du développement du territoire. Permettre la
construction seulement s'il y a l'aqueduc et les égouts et s'il y a un
chemin public, c'est permettre le développement dans les milieux urbains
ou en voie d'urbanisation. C'est restreindre tout le développement
du milieu rural, des lots de villégiature, etc. On croit qu'il y
aura des conséquences néfastes à un gel aussi radical au
niveau du développement économique d'une région. C'est
quelque chose qui ne peut être que temporaire. Je crois que, plus cette
période de contrôle automatique sera courte, mieux cela vaudra
pour un comté.
Le conseil de comté devrait, le plus tôt possible,
préparer son règlement de contrôle intérimaire afin
de limiter ce déséquilibre, si on veut, ou ce risque de paralysie
du développement. Il n'est pas obligé, cela signifie qu'un
conseil de comté...
M. Léonard: Mais il va avoir intérêt à
le faire, il va avoir son intérêt.
Mme Prieur: II aurait intérêt à le faire,
mais cela signifie aussi qu'il peut éterniser cette préparation.
On pourrait l'obliger et même, on pourrait peut-être aller plus
loin, en l'obligeant dans un certain délai.
M. Léonard: Seulement un dernier point. Vous dites aussi
que le règlement de contrôle intérimaire devrait être
révisé à la suite de l'adoption du schéma.
Pourquoi?
Mme Prieur: Supposons que le conseil de comté fait son
règlement de contrôle intérimaire peu de temps après
avoir adopté sa résolution et qu'il adopte son schéma
trois ans après. Il peut très bien se donner un règlement
de contrôle intérimaire s'il y a des normes très
générales comme, par exemple, du développement sur un lot
à l'acre. Lorsqu'il adopte son schéma, dans ses grandes
affectations du sol, il aura prévu certaines normes qui peuvent
être plus contraignantes ou moins contraignantes que son règlement
de contrôle intérimaire.
Dans l'optique où on se dit que les règlements doivent
être conformes au schéma, il me semble tout à fait logique
que le règlement de contrôle intérimaire soit le premier
règlement qui soit conforme au schéma. C'était dans ce
sens-là que le conseil de comté devrait être
obligé... Parce que cela pourrait signifier que, si le règlement
de contrôle intérimaire n'est pas révisé je
crois que, sous certaines pressions, un comté pourrait céder et
ne pas réviser son règlement de contrôle intérimaire
le schéma du conseil du comté pourrait dormir sur la
tablette pendant 18 ou 24 mois, en attendant que les règlements locaux
soient appliqués. Un règlement de comté pourrait
très bien ne pas être appliqué pendant deux ans, mais qu'il
y ait un règlement de contrôle intérimaire qui
s'applique.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais qu'on revienne
très brièvement à cette question des
échéanciers obligatoires. Le CRD nous dit: II y aurait lieu de
rendre obligatoire l'adoption d'un schéma d'aménagement et, une
fois qu'un conseil de comté a adopté une résolution
à cet effet, qu'il dispose de 36 mois, au maximum, pour le
préparer.
Or, si je ne m'abuse, à la Communauté régionale de
l'Outaouais, dans sa loi constitutive, on retrouvait justement une obligation
de préparer son schéma d'aménagement en dedans d'une
période déterminée. On a vu que cela a été
loin de donner le résultat escompté, puisque, en
définitive, on a dû amender cette loi à deux reprises avant
d'en arriver finalement à avoir un schéma
d'aménagement.
Je me pose la question et je la pose au CRD, à savoir quelle
serait la force d'un texte législatif qui rendrait cela obligatoire et,
en supposant que cela était obligatoire, de quelle façon
pourrions-nous intervenir auprès des conseils de comté qui
n'auraient pas respecté cette obligation. Qu'est-ce qu'on leur
imposerait comme pénalité, par exemple? On pourrait penser
à la formule qui existe déjà quant au plan d'urbanisme et
dire: La commission nationale les adoptera ou le gouvernement pourra imposer un
schéma d'aménagement, mais on s'exposerait à avoir des
schémas d'aménagement conçus strictement par le
gouvernement un peu partout. Est-ce que vous pouvez parler un peu
là-dessus? Est-ce qu'en définitive créer l'obligation dans
le texte législatif changerait quoi que ce soit dans la pratique des
choses?
M. Gauthier: Vous soulevez, M. Gratton, une très bonne
question. Je ne sais pas dans quelle mesure nous pourrions dans un projet de
loi éventuel penser à inclure des clauses ou des articles qui
pourraient obliger et contrôler cet échéancier, dire, par
exemple, pour telle période, en tant de temps, en deux, trois ou cinq
ans, c'est tel comté. Je ne sais pas si on devrait numéroter les
comtés par chiffres pairs et impairs, en tout cas, trouver une
façon... En fait, c'est d'inciter le plus de gens possible à
s'embarquer, mais pas tous en même temps. C'est ce qu'on a vite conclu.
Si on oblige les conseils de comté à se doter d'un schéma
et que tous ensemble, d'ici cinq ans, tout le monde se met à
préparer un schéma, on va être vite débordé
par les événements. C'est pour cela qu'il faut répartir
dans le temps cette exigence pour les comtés de se donner ce
schéma. Ce pourrait être des plans quinquennaux pour tant de
comtés de telle région ou choisir au hasard chacune des
régions ou selon d'autres critères, par exemple, selon la
pression urbaine. Vraiment, on n'a pas poussé plus loin la
réflexion, mais ce serait un peu difficile, je pense. Cela peut faire
partie plus de la programmation. Peut-être que cet
échéancier fera plus partie d'un plan et d'une programmation, et
non de la loi proprement dite. En fait, ce sera aux gens de bien vouloir
approfondir la question.
M. Gratton: Quant à...
Mme Prieur: Est-ce que votre question portait aussi sur
l'échéancier de 36 mois pour adopter un schéma
régional?
M. Gratton: Egalement, oui.
Mme Prieur: Egalement. Sur cela, je voudrais seulement ajouter
que je crois que ce n'est pas superflu de préciser un délai de 36
mois. D'ailleurs, vous fixez un délai de 18 mois pour un plan municipal.
Je crois que cela donne toujours un certain cadre d'action.
M. Gratton: D'ailleurs, je suis tout à fait d'accord avec
votre recommandation de porter de 18 à 24 mois le temps dont disposerait
une municipalité pour adopter un plan d'urbanisme conforme au
schéma d'aménagement du comté. Là aussi on a
constaté et on le constate présentement dans l'Outaouais, dans le
cadre du schéma d'aménagement de la Communauté
régionale de l'Outaouais, qu'il y a bon nombre de municipalités
qui ne sont pas encore en mesure de le faire et qui ne le seront pas au bout de
18 mois. A ce moment, je pense qu'il y a un meilleur contrôle, parce que,
quand même, le gouvernement ou un organisme supramunicipal peut
intervenir et dire: Voici, on l'adopte pour vous, en conformité avec le
schéma d'aménagement qu'on a déjà, alors que,
lorsqu'on parle du schéma d'aménagement au niveau du
comté, cela n'existe pas. De toute façon, je pense qu'on se
comprend là-dessus, et il est possible que le ministre trouve une
solution à tout cela.
Dans le domaine de la consultation, vous insistez sur le fait que la
consultation devrait être décisionnelle, que le
référendum devrait être décisionnel, sans quoi vous
nous dites même, à la recommandation 12, "que le
référendum sur un schéma d'aménagement devrait
avoir une valeur décisionnelle, sinon qu'il devrait être
abrogé". Est-ce que vous pourriez parler un peu plus là-dessus?
(16 h 15)
M. Gauthier: Lors de notre tournée d'information et de
sondage, cela nous a été fortement exprimé dans le sens
suivant: Concernant la question posée, à savoir que le
référendum, après une ou deux consultations
préalables, à la toute fin, ait une valeur non pas
décisionnelle, mais consultative, les gens du milieu nous ont dit que ce
n'était pas à leur goût et qu'il fallait plutôt que
les administrateurs locaux soient liés par les résultats du
référendum. Compte tenu de notre sondage, on dit que nos
rencontres régionales nous démontrent que ce
référendum devrait avoir valeur décisionnelle et nous
appuyons également, au niveau du CRD, ce que nous disait le sondage en
ce sens.
M. Gratton: Lorsque, à la recommandation 15, vous parlez
de la nécessité de définir ce qu'on entend par les mots
"orientations du gouvernement" et que la population devrait être
consultée avant l'adoption de ces orientations on parle des
orientations du gouvernement par rapport à un comté donné
est-ce que vous iriez jusqu'à recommander que ces orientations
soient assujetties, elles aussi, au même processus de consultation qu'on
retrouve dans le cas du schéma d'aménagement, c'est-à-dire
pouvant aller jusqu'au référendum?
M. Gauthier: On n'y a pas pensé, mais vous parlez à
un organisme consultatif et de concertation et nous, plus les gens sont
impliqués dans toute décision, plus les gens y sont
associés, participent à des décisions qui les influencent
le lendemain ou le surlendemain, nous sommes d'accord pour qu'il y ait le plus
de consultation possible pour que les gens... parce que consultation implique
que les gens soient d'abord très bien informés et, ça,
informer les gens, c'est même un souhait et une obligation. Plus les gens
sont informés, plus les gens peuvent très bien participer au
processus démocratique. En ce sens, plus il y a de consultation, plus on
est contents et plus il doit y en avoir pour avoir le plus de monde
impliqué dans tout ce processus démocratique et
décisionnel. Je n'irais pas jusqu'à dire... parce qu'on n'arrive
pas avec des modalités précises au niveau des orientations
régionales, mais, bien sûr, on s'achemine, au niveau de toutes les
régions, vers une consultation je parle pour le CRD de
l'Outaouais, entre autres et nous avons bien l'intention de nous
impliquer éventuellement et d'impliquer surtout la population au niveau
des orientations.
Il est possible, en tout cas, qu'il y ait des assemblées
publiques, qu'il y ait des rencontres d'information, que les gens nous
soumettent, après une étude exhaustive de ces orientations
gouvernementales, des recommandations et d'en tenir compte le plus possible
pour, par la suite, faire parvenir ça aux gens concernés ou aux
autorités concernées. Cela n'ira peut-être pas au
référendum, on n'a pas les moyens, mais il reste quand même
qu'on va faire tout l'effort nécessaire.
En réponse précisément à votre question, je
n'irais pas jusqu'à dire que le référendum devrait exister
dans le cas des orientations, mais, au moins, qu'il y ait de la consultation
bien systématique et organisée et non pas à la sauvette et
de faire des pressions de dernière minute. Il faut laisser le temps aux
gens de bien réagir et à la population de s'associer à ce
processus.
M. Gratton: Et d'être bien informés, comme vous
l'avez dit. On sait, par exemple, que le projet de loi prévoit
l'obligation pour le conseil de comté de faire parvenir, à tous
les électeurs certaines informations sur le rôle
d'évaluation, d'abord au niveau des esquisses préliminaires ou du
schéma préliminaire et, ensuite, au moment de l'adoption du
schéma lui-même. Cela s'applique également dans le cas des
plans d'urbanisme des municipalités. Verriez-vous d'un bon oeil que le
texte de loi fasse la même obligation au gouvernement quant à ses
orientations? Là, on ne parle plus de tenir un référendum
sur la question, mais tout au moins que le gouvernement ait l'obligation de
fournir aux électeurs un résumé de ses orientations.
M. Gauthier: Je ne sais pas, mais il y a peut-être ici un
danger de duplication. Parce qu'il reste
quand même que les schémas de comté, à mon
sens, devront respecter, inclure et tenir compte des orientations
gouvernementales.
A prime abord, j'aurais tendance à dire qu'il faudrait, quand le
schéma va se préparer, que l'on tienne compte le plus possible
des orientations et même que cela fasse partie déjà de ce
processus de consultation à la base, c'est-à-dire au niveau des
municipalités et du conseil du comté. Mais de là à
rendre cela encore plus systématique au niveau des orientations et
peut-être que, demain et après-demain, il y aura d'autres
mécanismes, il ne faudrait quand même pas alourdir le
mécanisme, mais bien faire ce qu'on fait et donner le temps aux gens de
bien réagir à ce qu'on leur présente.
Mme Prieur: Peut-être pour compléter, si je me
réfère aux opinions que des groupes et des individus nous ont
exprimées lors de la mission "information sondage", il serait
souhaitable que l'information sur les orientations du gouvernement soit
diffusée le plus largement possible dans le public. Les gens tiennent
à savoir exactement quel est ce contenu. Tout cela, préalablement
au schéma.
M. Gratton: Oui, peut-être qu'il serait possible au
gouvernement de le faire plus complètement en le faisant directement
qu'en l'incluant, parce que je reconnais ce que vous disiez, M. Gauthier, que,
bien entendu, la formule préliminaire que doit faire parvenir le conseil
de comté à ses électeurs devrait normalement inclure les
orientations du gouvernement. Il serait peut-être plus facile pour les
citoyens d'en réaliser l'ampleur, si c'était fait directement par
le gouvernement.
Quoi qu'il en soit, j'aimerais maintenant vous demander
d'élaborer un peu plus votre recommandation no 17 "qu'il y a lieu
d'étudier le bien-fondé d'une Commission nationale de
l'aménagement parallèle à la Commission municipale du
Québec". Je vous dis tout de suite que j'ai un préjugé
favorable pour le doute que vous énoncez dans votre recommandation. Vous
parlez également des implications juridiques des dispositions contenues
dans le projet de loi; pouvez-vous élaborer un peu votre pensée
là-dessus?
M. Gauthier: Pour commenter votre propos, je vous
référerais peut-être à ce que nous disait le Barreau
de Hull à la page 37. Je laisse habituellement s'exprimer les hommes de
loi et les experts en la matière et cela a été justement
soulevé par le Barreau de Hull et on a là, en fait, une
argumentation. Ce sujet a été étudié
particulièrement par le comité du Barreau de Hull chargé
de l'étude du projet de loi 125. "Après examen attentif des
pouvoirs et du fonctionnement de la Commission nationale de
l'aménagement, le comité considère que plusieurs des
fonctions dévolues à ladite commission sont actuellement
détenues et exercées par la Commission municipale du
Québec.
De l'avis du comité, la mise sur pied d'un tel organisme
constituerait un alourdissement de la structure gouvernementale. Aussi, afin
d'éviter le tout, le comité est d'avis qu'il est inutile de
créer un nouvel organisme et que le rôle qu'on veut confier
à cette nouvelle commission devrait plutôt être
dévolu à la Commission municipale du Québec. De plus, en
accord avec les principes énoncés dans le titre traitant des
pouvoirs du gouvernement, le comité est d'avis que les pouvoirs de la
commission nationale devraient rester tels qu'ils sont actuellement en regard
des règlements municipaux adoptés par les
municipalités.
Enfin, le comité est également d'avis que toute
disposition visant à écarter le droit des municipalités ou
des individus à s'adresser aux tribunaux de droit commun devrait
être écartée. De l'avis du comité, les tribunaux de
droit commun sont encore les meilleurs protecteurs du processus
démocratique de la liberté des collectivités et des
individus.
C'est en fait une transmission de cette position de la part des gens du
Barreau de Hull et nous, n'étant pas experts, bien sûr, comme CRD,
et n'ayant pas encore des conseillers juridiques et des hommes de loi au sein
de notre personnel, en conséquence, nous demandons plutôt que
cette analyse soit sérieusement faite pour voir la différence
très nette entre les deux et que toutes les explications soient
données, parce que cela n'apparaissait pas tellement clair dans l'esprit
des avocats du Barreau de Hull.
M. Gratton: II y a des considérations d'ordre juridique
qui, comme c'est votre cas, m'impressionnent, bien sûr, mais qui ne me
touchent pas personnellement parce que, peut-être, je ne suis pas en
mesure d'en saisir toute la portée. Je présume que le ministre a
le personnel voulu pour le faire mais, du strict point de vue administratif, il
me semble qu'on aurait avantage à examiner l'opportunité de
confier les tâches qui sont dévolues par le texte de loi à
une Commission nationale d'aménagement à la Commission
municipale, qui est déjà en place et qui, à toutes fins
utiles, a sûrement plusieurs des pouvoirs qu'on devra lui enlever,
éventuellement, au profit d'une commission nationale
d'aménagement. Je n'en suis pas encore au point où l'Union
Nationale en est rendue à ce point de vue, mais il me semble que la
création de nouvelles commissions et d'organismes publics de toutes
sortes ne devrait pas être un objectif en soi.
Cela étant dit, M. le Président, vous me permettrez
peut-être, étant donné l'arrivée de mon
collègue de Montmagny-L'Islet, qui est un expert en matière de
zonage agricole, de demander à nos invités d'expliciter leur
recommandation 23, selon laquelle on devrait conserver aux municipalités
leurs pouvoirs de réglementation en matière de zonage agricole.
Que veut-on dire par ça et quels sont ces pouvoirs que le CRD
prête aux municipalités en matière de zonage agricole
présentement?
Mme Prieur: Telle que nous l'avons comprise, la proposition
gouvernementale, par rapport au zonage agricole, aurait été de
transférer aux conseils de comté les pouvoirs que les
municipalités
ont actuellement de zoner leurs territoires agricoles et
d'émettre des permis concernant le développement de ce
territoire. Nous avons donc compris qu'il s'agissait de transférer ces
pouvoirs municipaux aux conseils de comté, pour un développement
mieux coordonné, une protection mieux coordonnée des territoires
agricoles.
Etant donné qu'il y a déjà la loi 90 qui est en
vigueur, nous estimons qu'il serait moins compliqué de compléter
le plus tôt possible l'identification des terres agricoles et
étant donné qu'actuellement, la loi 90 est appliquée par
les municipalités, puisque ce sont elles qui ont le pouvoir de
redéfinir, de repréciser leur zonage et qui ont les pouvoirs
d'émettre les permis, nous ne voyons pas pourquoi, alors que les
conseils de comté ne sont pas actuellement restructurés, ce
seraient eux qui, du jour au lendemain, auraient à prendre ces nouveaux
pouvoirs, alors qu'actuellement, les municipalités sont beaucoup mieux
équipées et fonctionnent déjà dans ce sens.
Si on se place dans l'optique où les terres agricoles à
protéger sont identifiées par la loi 90, il devient alors
évident que les conseils de comté auront, de façon
obligatoire, à récupérer ce zonage, à
l'intérieur de leur schéma d'aménagement. A ce moment,
ça se fera d'une façon naturelle, coordonnée avec
l'ensemble de l'élaboration du schéma et les
municipalités, par la suite, devront de toute façon
réinclure ça dans leurs plans municipaux. C'étaient les
raisons qui nous motivaient à laisser ce pouvoir aux
municipalités, puisque déjà elles s'acquittent de cette
tâche en vertu de la loi 90 et même d'autres municipalités
s'en acquittent en fonction de leurs règlements de zonage, en fonction
de leurs pouvoirs de réglementation de zonage.
M. Gratton: En fait, ce qui m'a fait poser la question, c'est
justement que, dans le cas des municipalités qui ne sont pas couvertes
par la loi 90, où il n'y a pas de zone agricole désignée,
je reconnais que les municipalités ont encore certains pouvoirs en
matière de zonage agricole. Mais, dans le cas des municipalités
où il y a effectivement un zonage agricole décrété
par la loi 90, à toutes fins utiles, je tiens pour acquis que la
municipalité n'a plus de pouvoirs. Elle a le pouvoir de faire une
demande à la commission de protection, de contrôle pour faire
changer la délimitation du territoire désigné, mais c'est
un pouvoir qui, vous en conviendrez, est assez minime, compte tenu que la
commission de contrôle peut, derechef, rejeter la demande et qu'il n'y a
même pas de droit d'appel pour la municipalité auprès de
quiconque.
Donc, c'est dans ce sens que je posais la question, parce que si,
effectivement, on se rend à votre désir de délimiter, en
autant que faire se peut, sur l'ensemble du territoire, le territoire agricole
à protéger, automatiquement, tout ça tombe sous la
juridiction de la Commission de contrôle du territoire agricole et,
à toutes fins utiles, votre municipalité ne peut même plus
émettre un permis de construction sans avoir obtenu un certificat de
conformité de la commission.
Or, je tiens pour acquis qu'à ce moment, la municipalité
en prend pour son rhume quant aux pouvoirs qu'elle a; elle n'en a plus,
à toutes fins utiles.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Gratton: Je m'excuse, mais est-ce que Mme Prieur voudrait
réagir à ça? (16 h 30)
Mme Prieur: Je voudrais seulement apporter l'autre partie de
notre argumentation, soit le fait que la protection du territoire agricole est
quelque chose qui nous semble prioritaire actuellement. C'est quelque chose qui
est déjà en marche, alors que les conseils de comté ne
sont pas prêts, aujourd'hui pour demain, à prendre cette
administration. Ils ne sont pas équipés, administrativement, pour
prendre ça. Il vaut mieux laisser aux municipalités le peu
qu'elles ont. C'était l'autre partie.
M. Gratton: Je pense qu'on devrait leur conserver le peu qu'elles
ont, mais je vous dirai qu'il faudrait consulter le document d'harmonisation de
la loi 90 et du projet de loi 125 pour se rendre compte qu'il y a plusieurs
hypothèses, mais qu'on ne sait toujours pas les intentions du
gouvernement sur l'administration de tout ça.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Très
brièvement. Les représentants du CRD de l'Outaouais nous disent
que les citoyens qu'ils représentent et qu'ils ont consultés sont
d'accord avec le principe de ce projet de loi, mais que dans sa forme actuelle
le projet de loi 125 ne satisfait pas entièrement aux attentes des
citoyens. C'est ce que je retrouve à l'article d), au début de
votre mémoire. Dans quel pourcentage les gens que vous avez
consultés ne sont-ils pas d'accord avec l'application de ce projet de
loi dans sa forme actuelle? Est-ce que vous avez des chiffres? Est-ce que vous
pouvez dire 10%, 60%? Autrement dit, si on devait l'adopter tel quel en
troisième lecture, est-ce qu'on devrait l'adopter, même si on est
d'accord avec le principe?
Vous nous dites: Les gens que nous avons consultés sont d'accord
avec le principe, ce qui laisse entendre qu'on n'est pas prêt à
l'adopter dans sa forme actuelle, mais suivant quel pourcentage? Est-ce qu'il y
a seulement quelques faits qui accrochent?
M. Gauthier: En fait, pour répondre à votre
question, selon les rencontres régionales que nous avons faites et les
personnes que nous avons consultées, si nous additionnons les gens
totalement d'accord et ceux moyennement d'accord, plus ceux faiblement
d'accord, il y a quand même 69% des gens qui tendent à accepter un
projet de loi sur l'aménagement. Bien sûr que plusieurs ont
soulevé nombre de questions que l'on retrouve
dans le présent avis. Seulement 31% n'étaient pas du tout
d'accord ou ne donnaient aucune réponse selon ce que nous
présentons ici.
M. Goulet: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, suite aux propos du député de Gatineau, vous
soutenez qu'un référendum devrait avoir une valeur
décisionnelle. S'il n'y a pas d'entente sur le plan de
l'aménagement, qui, d'après vous, devrait trancher en dernier
lieu la question?
Si, au niveau du conseil de comté et de certaines
municipalités, on ne s'entend pas, qui devrait trancher la question?
Est-ce que c'est le ministre, est-ce que c'est par le moyen d'un
référendum? S'il n'y a pas entente ou unanimité, comment
devrait-on trancher la question?
M. Gauthier: Je pense qu'il y a deux options possibles: soit
qu'on retourne aux gens directement concernés à la base par
nombre de mécanismes, soit qu'on remette la décision finale
à la commission nationale ou au ministre, au cabinet. En fait, soit
qu'on prenne une décision par le bas ou par le haut. Entre les deux, je
favorise celle venant de la base.
Mme Prieur: Si, après la décision du
référendum, des municipalités ne sont pas encore tout
à fait d'accord avec le schéma qui demande une adoption aux deux
tiers des voix, nous avons indiqué une recommandation, je ne sais plus
quel numéro, selon laquelle une fois le schéma adopté aux
deux tiers des voix, même s'il y a eu référendum, qu'il
soit décisionnel ou non, il peut très bien arriver que des
municipalités soient fortement opposées au contenu du
schéma, nous avons indu une recommandation selon laquelle il y devrait y
avoir un certain délai prévu pour qu'une municipalité
puisse loger une requête au ministre des Affaires municipales ou au
ministre d'Etat à l'aménagement, par laquelle la
municipalité pourrait formuler ses objections et soumettre ses
recommandations.
M. Goulet: Cela veut dire que même si elle était
adoptée selon votre recommandation, aux deux tiers des votes, une
majorité de deux tiers, le ministre pourrait renverser cette
décision.
Mme Prieur: Actuellement, il n'y a rien de prévu à
cet effet.
M. Goulet: Ce que vous suggérez...
Mme Prieur: Nous, ce que nous suggérons, c'est une
dernière instance, une dernière possibilité. Actuellement,
tel que le projet de loi est écrit, une municipalité qui ne
serait pas d'accord avec une certaine partie ou la totalité du contenu
n'a plus rien à dire, n'a plus aucun recours une fois que le
schéma est adopté.
Il pourrait très bien arriver la situation suivante: Qu'il y ait
un référendum régional, que les gens, au
référendum, se prononcent en faveur du schéma, mais que
dans une municipalité, par contre, au moment du
référendum, les gens se prononcent contre et que, par la suite,
le conseil de comté adopte le schéma. Ces gens-là sont
toujours contre et ils n'ont toujours rien à dire. Et en supposant que
c'est par rapport aux dispositions du schéma qui s'applique chez eux
qu'ils sont contre, il nous apparaît souhaitable qu'ils puissent avoir un
certain droit de parole auprès d'une instance supérieure.
M. Goulet: Mais s'il s'agit par exemple du tracé d'une
autoroute. On va quand même débattre cela au niveau du ministre,
même si les deux tiers ou 75% des municipalités, au niveau du
conseil de comté, se sont prononcées pour. On permettra quand
même à une municipalité de faire valoir ses droits au
niveau du ministre et le ministre au niveau du cabinet du ministre et le
ministre pourrait, à ce moment-là, renverser une décision
majoritaire de la région. En tout cas, c'est ce que vous
suggérez.
Mme Prieur: On dit: "Pourrait" renverser une décision.
C'est l'expérience qui a été vécue au niveau de la
CRO et je crois que c'est une soupape de sûreté de mettre un
mécanisme comme cela.
M. Goulet: Mais est-ce que ce serait bien pour la
démocratie, une telle chose?
Mme Prieur: C'est ce qui...
M. Goulet: M. le Président, une toute dernière
question très courte. Est-ce que, d'après les
représentants du CRD de l'Outaouais, les coûts engendrés
par ce projet de loi au niveau des petites municipalités et
j'avoue que je ne connais pas très bien la région de l'Outaouais
j'entends 1500, 2000, 2500 habitants, ne forceront pas une fusion des
petites municipalités? Est-ce que vous vous êtes penchés
sur ce cas en particulier?
M. Gauthier: Non. Pour être honnêtes, nous ne nous
sommes pas penchés particulièrement sur
l'éventualité d'une fusion ou de choses comme cela. Ce que les
gens ont dit, c'est que cela coûterait de l'argent, bien sûr,
probablement passablement d'argent et que, quand même, ils
désiraient avoir cette consultation, de façon
générale, et qu'ils étaient prêts à en payer
le coût, en autant qu'ils soient également aidés
d'autorités supérieures. De leur côté, par rapport
à cela, ils étaient consentants à en assumer le
coût.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes, une dernière question courte.
M. de Bellefeuille: Je vous préviens, M. le
Président, qu'elle aura peut-être deux volets. Madame et messieurs
les représentants du Conseil régional de développement de
l'Outaouais, une chose, entre autres, est frappante, dans votre mémoire.
C'est à la recommandation 14, à propos d'une consultation qui se
tiendrait avant l'adop-
tion des règlements de zonage, de lotissement, de construction.
Votre mémoire dit que cette recommandation correspond à un
sentiment unanime, à une opinion unanime chez les gens que vous avez
consultés. Or, vous avez consulté pas mal de gens, six
soirées d'information et d'autres modes de consultation. Cette
unanimité est assez frappante. Je voudrais vous demander quelle
importance vous accordez à cette consultation par rapport aux autres
consultations qui sont prévues dans le projet de loi. Et deuxième
aspect de cette question, est-ce que vous ne pensez pas que les questions dont
il s'agit, règlements de zonage, de lotissement et de construction,
sont, en quelque sorte, beaucoup plus techniques que le schéma
d'aménagement et le plan d'urbanisme qui ont une portée beaucoup
plus générale? Et est-ce que cette objection a été
évoquée dans vos consultations, si c'en est une?
M. Gauthier: En fait, il y a deux ou trois possibilités de
réponse, mais je dois dire que si j'avais à donner une
priorité à un type de consultation, j'irais à celle qui
touche le plus directement possible le citoyen de tous les jours. C'est en ce
sens que la consultation préalable à l'adoption de
règlements locaux toucherait beaucoup plus le citoyen et j'aurais
tendance à favoriser ces consultations préalables à
l'adoption de règlements locaux, lorsqu'on sait que, par exemple, la
consultation au niveau du plan directeur d'urbanisme, c'est facultatif au
niveau local et que, pour ce qui concerne les consultations au niveau du
schéma de comté, c'est quand même de plus haute voltige, si
on se place dans la peau du citoyen. En fait, c'est pour cela que la presque
totalité des gens qu'on a consultés étaient d'accord pour
dire: Ecoutez, s'il y a quelque chose qui peut me toucher directement demain
matin, c'est le lotissement, ce sont les normes de consultation, en fait, ce
sont des règlements locaux. Ils ont dit: Comment se fait-il que dans la
loi, on prévoit des schémas de comté, on prévoit un
plan directeur d'urbanisme et qu'on prévoit beaucoup de consultations
là-dedans, mais que, quand il s'agit d'une chose très
concrète du quotidien, on n'est même pas consultés et que
c'est seulement au moment où on en vient à la modification de
règlements locaux... Ils disent: "Mautadite" affaire, qu'on nous
consulte. Cela nous concerne beaucoup plus directement et on veut
là-dessus être consultés. C'est pour cela qu'on a eu
presque l'unanimité. Je ne sais pas s'il y a d'autres...
Le Président (M. Laplante): Je vais vous demander de
raccourcir vos réponses le plus possible, parce qu'on a
déjà trente minutes de retard.
M. Gauthier: D'accord.
M. de Bellefeuille: M. le Président, dernière
question, très rapidement. La loi 125 prévoit la mise en place
d'un pouvoir qui est largement un nouveau pouvoir entre le pouvoir national et
le pouvoir municipal à l'échelle de comtés
redécoupés. Compte tenu de cela, croyez-vous que le rôle de
votre conseil régional de développement et plus
généralement des CRD sera modifié?
M. Gauthier: Je dois vous avouer que cela nous préoccupe
beaucoup, mais qu'on n'a pas le temps d'y penser quand on travaille sur des
consultations comme cela. Nous n'avons pas le temps suffisant pour pouvoir y
penser, mais cela ne me fait pas peur, dans le sens que nous nous ajusterons au
fur et à mesure de l'évolution de nos structures
québécoises et on s'ajustera très bien à partir de
ces comtés renouvelés et de ces nouvelles régions
administratives qui vont d'ailleurs débouler et découler de cette
refonte des comtés éventuellement. On va s'ajuster à
travers tout cela. Est-ce que les CRD deviendront les mécanismes
officiels de consultation au niveau de la région administrative et qu'au
niveau du comté il y a certains mécanismes que les comtés
voudront bien se prévaloir de développer dans l'avenir? Il
s'agira d'ajuster au fur et à mesure, mais, pour le moment, cela ne nous
inquiète pas le moins du monde et on est passablement sûrs de
l'avenir des CRD.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau, courte et dernière question.
M. Alfred: M. le Président, la question aura la longueur
qu'elle doit avoir. Je félicite les membres du CRD de l'Outaouais pour
leur travail.
M. Goulet: M. le Président, je vais tenter de soulever une
question de règlement à votre place.
Le Président (M. Laplante): Non, je saurai quand le
couper.
M. Alfred: J'ai été témoin du travail de
consultation que vous avez fait. Nous, dans l'Outaouais, nous sommes
très friands de ces concepts. Cependant, j'ai lu votre mémoire et
il y a une page qui a retenu mon attention. A la page 28, vous avez
parlé, je crois, de représentation arbitraire. J'aurais voulu que
vous précisiez ce que vous entendez par "représentation
arbitraire" ou représentation basée sur le statut d'une
municipalité. L'expression "représentation arbitraire" veut dire
quoi?
Mme Prieur: Dans notre esprit, il s'agissait que les gens
à la table du conseil de comté s'entendent sur un chiffre
arbitraire, sur un chiffre purement décidé sans entente sur aucun
critère, tout comme actuellement, au niveau de la Communauté
régionale de l'Outaouais, la ville de Hull, qui a la plus grosse
population, n'a pas un nombre de représentants ou de voix proportionnel
à sa population, mais un nombre de représentants fixé
arbitrairement à quatre.
M. Alfred: Excusez-moi, quand vous dites "non", vous voulez dire
que la ville de Gatineau,
avec 76 000 habitants, est moins bien représentée que la
ville de Hull, qui a 60 000 habitants? (16 h 45)
Mme Prieur: C'est ce que vous ajoutez. L'autre possibilité
que les gens nous ont soulignée, c'était que les
municipalités rurales aient un vote et la possibilité qu'à
cause de leur statut de municipalités urbaines, celles-ci aient droit
à un représentant supplémentaire. C'était une autre
formule possible.
M. Gauthier: En fait, on en arrive à la conclusion qu'il y
a des endroits au Québec où il y a des comtés qui
nécessiteront une formule maison. Il n'y aura pas de formule magique,
dans le sens que, si on prend un comté l'exemple du comté
de Gatineau il y a une ville. A ce moment, c'est un "gentlemen's
agreement" des gens de la table du conseil du comté qui vont en venir,
de façon arbitraire, sans aucun critère... Ils vont dire: C'est
à peu près ce qu'on pense comme collectivité. Alors, il
n'y aura pas de norme, ni de critère, ni de chose comme cela. Ce sera
possible, dans certains comtés du Québec, tenant compte de...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, pour le mot de
la fin.
M. Alfred: C'était la question qui me préoccupait.
Je vous remercie.
M. Léonard: M. le Président, je dois vous remercier
du travail intense que vous avez fait là-dessus, parce que je sais que,
depuis un mois et demi, vous y travaillez particulièrement et que vous
avez dû, comme on l'a vu dans le mémoire, tenir plusieurs
séances de consultation dans la région de l'Outaouais. En tout
cas, cela a produit des fruits très positifs et un travail exemplaire.
Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Sur ce...
M. Gratton: Je voudrais, au nom de l'Opposition officielle et
surtout à cause du fait que le Conseil régional de
développement de l'Outaouais a quand même fait un travail
extraordinaire dans mon coin de pays, moi aussi me joindre au ministre pour
remercier ces gens de leur contribution. Nul doute que, pour toutes les
questions qu'on aurait voulu vous poser aujourd'hui, ce que nous n'avons pu
faire à cause des contraintes, nous pourrons continuer le dialogue entre
nous dans l'Outaouais même.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, Mme
Prieur, M. Landry, M. Gauthier, les membres de cette commission vous
remercient de votre mémoire. J'appelle maintenant le Conseil de
comté Lac-Saint-Jean-Ouest. Oui, monsieur, si vous voulez identifier
votre organisme, vous identifier et les membres qui vous accompagnent, s'il
vous plaît.
M. Gratton: Je m'excuse, mais me permet-triez-vous de demander la
permission à la commis- sion pour que notre collègue de Roberval,
qui est quand même impliqué par la présentation des gens du
conseil de comté du Lac-Saint-Jean, puisse être
considéré intervenant pour l'audition de ce...
Le Président (M. Laplante): Consentement. Les membres ont
accepté.
M. Chevrette: Je suis même prêt à
suggérer à l'Opposition là-dessus qu'il en soit de
même quand un député reçoit un groupe de son
comté, qu'on se donne la permission pour la durée de la
commission. Par exemple, si L'Assomption vient, que le ministre des Finances
puisse venir.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Ce qui
prévaut pour le député de Roberval prévaudra aussi
pour d'autres députés dont les intervenants seront du
comté du député. Merci. Monsieur, si vous voulez vous
identifier et identifier votre organisme et les personnes qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
Conseil de comté de
Lac-Saint-Jean-Ouest
M. Bouchard (Louis-Hervé): Merci, M. le Président.
Mon nom est Louis-Hervé Bouchard, maire de Normandin, préfet de
comté, Lac-Saint-Jean-Ouest; mon collaborateur à l'extrême
gauche est le sous-préfet, M. Marc Garneau, maire de Saint-Prime; mon
autre collaborateur est M. Lionel Tremblay, membre de l'exécutif du
conseil de comté, maire de Saint-Edmond-les-Plaines; à ma droite,
comme tout bon secrétaire, c'est M. Gérard Boivin, le
secrétaire du conseil de comté Lac-Saint-Jean-Ouest.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de l'Opposition,
M. Goldbloom, représentant du Parti libéral, M. Goulet,
député de Bellechasse, représentant de l'Union Nationale,
MM. les députés du Parti québécois, messieurs, je
dois d'abord, comme il se doit, remercier le ministre. Je vais parler plus fort
parce qu'assurément, en arrière, nous avions beaucoup de
difficulté à comprendre. Vous allez admettre avec moi que ce
n'est pas un aveu de force. Probablement que je commence à être
dur d'oreille, ce n'est pas un signe de jeunesse, mais on avait beaucoup de
difficulté à comprendre en arrière. Mes premiers mots
seront pour M. de Bellefeuille; vous ne me connaissez pas, mais je vous
connais. Je dois remercier le ministre d'avoir lancé ce grand projet
dont, de mémoire, il était question dans les annales politiques
québécoises. Enfin, nous avons un document de travail sur lequel
nous pouvons travailler aujourd'hui. Enfin, les conseils de comté que
jadis, on enterrait chacun leur tour, me paraissent vouloir ressusciter plus
forts que jamais. Je pense qu'à ce moment-là, M. le ministre
Léonard, vous devez être félicité.
Je voudrais vous dire, avant d'aborder le principal de notre
mémoire, M. le ministre, si vous me le permettez, que nous ne venons pas
ici pour
causer de l'embarras au gouvernement, au contraire. Nous ne venons pas
ici pour nous féliciter mutuellement. Nous venons ici pour essayer
d'appliquer le plus positivement possible, avec le moins d'erreurs possible,
l'aménagement du territoire. C'est le but qui nous amène ici cet
après-midi, et je suis convaincu, M. le ministre, que vous seriez
déçu si nous ne marchions pas dans ce sens.
Je voudrais vous dire une autre chose, M. le ministre. Vous allez
peut-être être surpris: je suis maire d'une ville nouvellement
fusionnée et je suis quand même encore préfet du Conseil de
comté de Lac-Saint-Jean-Ouest. Je voudrais vous dire ceci: Nous, les
maires ruraux, nous avons appris à travailler avec la loi et c'est pour
ça qu'aujourd'hui, malgré toutes les grandes questions, je suis
maire d'une ville et que je peux quand même venir défendre ce que
j'ai défendu depuis une vingtaine d'années, soit le monde rural
et les conseils de comté.
M. le ministre Jacques Léonard, ministre de l'aménagement,
je mentionnais M. Jean Garon, parce qu'il est indubitable que nous ne pouvons
absolument pas chasser de notre esprit la Loi sur le zonage agricole qui,
à mon avis et à notre avis, fait partie intégrante de
l'aménagement du territoire. C'est pour cela que j'avais
espéré il y a peut-être quelqu'un, je ne les connais
pas tous que quelqu'un faisant partie du ministère de
l'Agriculture soit ici cet après-midi. En tout cas, M. le ministre, je
vous connais très bien, je sais que vous ferez le message.
Le présent mémoire, M. le ministre, a pour but de vous
faire connaître les prises de position du Conseil de comté de
Lac-Saint-Jean-Ouest c'est la première phrase de notre
mémoire parce que nous la trouvons importante sur la nouvelle Loi
du zonage agricole et le projet de loi sur l'aménagement du
territoire.
Nous croyons sincèrement, M. le ministre, que les
municipalités rurales, conscientes des implications de ces lois sur
leurs développements futurs, ont leur mot à dire avant qu'il ne
soit trop tard, ayant été par le passé trop souvent
ignorées malgré leurs cris pressants de moins en moins
entendus.
Le conseil de comté, M. le ministre, a toujours été
à l'origine de la revalorisation des conseils de comté le
Conseil de comté de Lac-Saint-Jean-Ouest, mais il y en a d'autres aussi
pour leur donner les pouvoirs nécessaires, afin qu'ils puissent,
une fois pour toutes, jouer leur rôle et pouvoir faire d'une
manière harmonieuse le développement du territoire dont, à
notre avis, ils sont les seuls possédants.
Il est contre nos pensées de nuire, M. le ministre, à
l'expansion normale de nos consoeurs, les villes, dans leurs besoins
d'agrandissement. Cependant, vous allez admettre avec nous que, trop souvent,
les villes et surtout le ministère des Transports et de la Voirie et le
Canadien National, pour en nommer quelques-uns, ont fait fi des droits des
municipalités. Tous ces organismes, sans exception, y compris le
gouvernement, en se servant de la Loi de l'expropriation ont
littéralement torpillé ou fendu en deux ou en pointes nos plus
belles, terres agricoles, causant un dommage irréparable, pour ne pas
dire un désastre, et ils ont fait perdre une grande partie de la valeur
de ces terres. Les municipalités qui veulent faire de l'urbanisation
sont obligées de tenir compte de toutes ces composantes qui ont des
droits acquis sur notre territoire.
Non content de tous les problèmes que nous avons
déjà, il fallait que le ministre de l'Agriculture vienne
compliquer la situation en faisant passer une loi centralisatrice, en enlevant
aux municipalités le contrôle de leur développement, en se
réservant un droit unilatéral sur le développement
agricole. Je peux vous en donner un exemple: dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, M. le ministre, il est question de l'autoroute Aima-La
Baie. A l'heure actuelle, on est en train de faire un tracé qui va
couper en deux nos plus belles terres agricoles de ce coin et ces gens ont
beaucoup de misère à défendre leur droit de
propriété.
Il serait beaucoup plus simple et plus démocratique de confier ce
contrôle à une commission d'urbanisme municipale et on aurait pu
donner une place importante au représentant de l'UPA. Si
nécessaire, dans le cas des municipalités n'ayant pas ce service,
on aurait pu en donner la responsabilité au conseil du comté.
D'abord, au point de vue de la logique et de la réalité
politique, il nous faut tenir compte d'un intervenant que sont les villes.
C'est pour ces raisons que notre conseil de comté, depuis une quinzaine
d'années, s'est penché sur cette question en recommandant que les
villes fassent partie des conseils de comté ce qui nous paraît,
à l'heure actuelle, favorisé par votre ministère, M. le
ministre.
Il est bien entendu que ce n'est pas une chose facile. Il faudra tenir
compte de la question démographique, de la population et
également des municipalités rurales. Il est bien entendu que nous
allons rencontrer des difficultés; nous devrons partager la
représentativité, la partie financière de chacune des
composantes, le nom des nouveaux conseils de comté et leurs divisions
territoriales. En ce qui concerne le Lac-Saint-Jean-Ouest, nous croyons que ses
limites actuelles répondent parfaitement aux besoins économiques
et politiques de notre comté.
Par une loi, le gouvernement devra engager formellement sa participation
financière et, bien sûr, le ministre nous assure que, dans un
premier temps, ces subventions seront discrétionnaires et plus tard
statutaires.
Permettez-moi, M. le ministre... Je n'ai pas envie de commenter les
mémoires qui ont été présentés par d'autres,
mais j'ai remarqué une phrase où vous avez cité des
chiffres. Dans le budget de M. Parizeau, nous ne voyons absolument rien, au
point de vue fiscalité, qui va donner des pouvoirs fiscaux à ces
nouvelles communautés pour pouvoir s'administrer. Vous avez parlé
tantôt si je fais erreur, je suis prêt à me
rétrac-
ter j'ai cru comprendre que vous aviez parlé de $2
millions. $2 millions, entre nous, M. le ministre, on ne va pas loin avec cela
aujourd'hui.
Nous aimons croire, M. le ministre, que vous êtes sincère
et ne doutons aucunement de votre bonne foi, mais l'expérience
passée nous oblige à être très prudents devant le
grand argentier qui ne se gêne pas pour couper les crédits aux
différents ministères. Une autre expérience vécue:
les mises en application des politiques du ministre des Affaires municipales...
J'avais espérance qu'il y soit parce que je voudrais lui dire d'abord
que le ministre des Affaires municipales, nous, les municipalités, nous
le considérons comme un homme apolitique et nous le considérons
comme notre porte-parole pour défendre les municipalités
auprès du Conseil des ministres. Alors j'avais espérance que M.
Tardif y soit pour pouvoir lui dire cela. Alors, le ministre des Affaires
municipales a mis sur le dos des municipalités la presque
totalité de son développement avec des programmes qui, à
première vue, paraissent intéressants mais la
réalité est tout autre lorsqu'arrive le temps de se qualifier
pour ces programmes. ( 17 heures)
M. le ministre, vous allez nous permettre de nous poser de
sérieuses questions. Où prendrez-vous l'argent pour financer les
géants que seront les nouveaux conseils de comté, quand on sait
qu'il en manque déjà pour financer les programmes
d'infrastructures des municipalités locales?
M. le ministre, je remarque, d'après les mémoires qui ont
été présentés ici, que nous sommes le seul conseil
de comté qui a risqué de se mettre la tête sur la
bûche et de faire des propositions concrètes. Nous...
Le Président (M. Laplante): M. le maire, excusez-moi de
vous interrompre, c'est qu'il vous reste environ cinq minutes pour lire la
balance de votre mémoire. Je pense que ces questions que vous abordez en
dehors du mémoire, vous pourriez peut-être les insérer dans
les questions que le ministre ou les membres de cette commission pourraient
vous poser.
M. Bouchard: J'ai oublié une chose, M. le
Président. Je vous remercie de votre intervention, mais, hors texte,
j'ai quelques questions que je n'ai pas voulu soumettre au ministre, pour qu'il
n'ait pas le temps de se préparer pour y répondre!
En tout cas, je vais suivre vos directives, M. le Président. Nous
sommes prêts à prendre les risques de certaines
recommandations.
Nous nous opposons à ce que les nouveaux conseils de comté
prennent le nom d'une ville, parce que cette dernière serait en
évidence par rapport aux autres. La représentation devrait se
faire comme suit: Une municipalité rurale, un représentant. Un
représentant pour les villes, plus un représentant additionnel
pour 5000 âmes de population jusqu'à concurrence de 20 000
âmes.
Au niveau du financement, dans le comté de Lac-Saint-Jean-Ouest,
la répartition devrait être égale entre les villes et les
municipalités rurales.
Un endroit pour le chef-lieu devrait être choisi, il devrait y
avoir des réunions le deuxième lundi on met le
deuxième lundi parce que, ordinairement, chaque conseil municipal
siège le lundi de chaque mois. Le président devrait
être nommé pour deux ans. L'élection du préfet ou du
président devrait être faite par les représentants qui
composent le conseil de comté. Les membres de l'exécutif seraient
au nombre de cinq. Des frais de représentation devront être
prévus pour les membres de l'exécutif avec frais de
déplacement.
Le bureau de secrétariat devrait être centralisé le
plus possible. Je vous ferai remarquer, M. le ministre si vous me le
permettez, M. le Président que les municipalités rurales
sont représentées par un représentant par
municipalité, peu importe la population. Nous sommes très
généreux pour les villes, on tient compte de leur population.
Prenez, par exemple, lorsqu'on faisait partie du conseil de comté, on
était 3800 à Normandin et on avait un représentant, alors
qu'aux villes on donne des représentants additionnels.
M. le ministre, messieurs de la commission, messieurs les membres de
l'Opposition, nous vous avons présenté ce qui est à notre
avis, la voix du bon sens et de la logique, de la modération. Nous
sommes prêts à nous battre pour défendre ce qui, selon
nous, est dans l'intérêt tant des gouvernements supérieurs
que de notre population.
M. le ministre, nous allons être vigilants, parce que nous ne
voulons pas que les erreurs qui se sont produites au niveau scolaire se
répètent au niveau municipal.
Le mémoire que nous vous présentons n'a rien de
scientifique, il n'a pas été préparé par quelqu'un
qui a trois ou quatre thèses universitaires, mais par des gens du
milieu, qui ont vécu et qui ont de l'expérience. Nous sommes
ouverts à la discussion et sommes toujours disponibles pour rencontrer
tous ceux qui le désirent. Notre conseil de comté désire
que ce mémoire soit joint à tous les autres mémoires qui
seront présentés à la commission parlementaire et nous
vous remercions à l'avance de l'attention que vous y apporterez.
J'ai quelques commentaires, M. le Président, je ne sais pas si je
vais attendre les questions pour les faire ou si vous me permettez de les faire
tout de suite.
Le Président (M. Laplante): C'est que votre temps est
actuellement écoulé; je pense que vous êtes assez habile
pour les passer à travers les questions.
M. Bouchard: II y a des fois où je ne me trouve pas assez
habile.
M. Gratton: M. le Président, étant donné que
M. le maire a commencé à 16 h 50, il lui reste quand même
cinq minutes, je pense qu'on pourrait probablement écourter la
période de questions après, si on lui laissait tout de suite
poser ses questions et faire les commentaires qu'il se propose de faire hors
texte.
Le Président (M. Laplante): Si c'est le voeu de la
commission, je suis d'accord.
M. Léonard: Consentement.
Le Président (M. Laplante): D'accord, allez-y,
monsieur.
M. Bouchard: Vous êtes tous d'accord? J'ai pris quelques
notes, M. le Président, en particulier sur la loi 125. Alors, je vous
ferai grâce de lire les articles 28 et 29; je vous réfère
à l'article 24 et à l'article 29. Nous, le Conseil de
comté de Lac-Saint-Jean-Ouest, ne sommes pas favorables à un
référendum seulement pour la forme. S'il y a un
référendum, il devra avoir force de loi. Une consultation qui
restera à la discrétion du ministre, nous pensons que c'est trop
de pouvoir; d'un côté, on dit qu'on va consulter la population,
mais, d'un autre côté, on lui enlève ses pouvoirs. Si vous
regardez l'article 29, M. le ministre, vous verrez que le conseil de
comté doit modifier son schéma, conformément à
l'ordonnance du ministre, en suivant les règles prévues à
l'article 25.
Copie du schéma modifié est transmise dès son
adoption à chacune des municipalités du comté et au
ministre et enregistrée à la commission. Le schéma
modifié entre en vigueur quinze jours après son adoption par le
conseil de comté. Avis de son entrée en vigueur est publié
dans la Gazette. A ce moment-là, c'est le ministre qui décide
pour le conseil de comté de son schéma d'aménagement. J'ai
pris d'autres notes ici, M. le ministre.
Je vais vous poser une question, vous m'en poserez tantôt, vous
êtes prêt. Qui va administrer l'aménagement du territoire?
Est-ce le ministre des Affaires municipales? Est-ce le ministre de
l'environnement? Nous, les municipalités, nous voulons avoir affaire
à un seul interlocuteur. Si c'est le ministre de l'environnement qui
fait l'aménagement, on veut que ce soit à lui qu'on ait affaire,
on veut que ce soit notre "boss". Si c'est le ministre des Affaires
municipales, on veut avoir affaire à lui et on veut qu'il soit notre
"boss"; on veut en avoir un, on ne veut pas en avoir deux, on ne veut pas en
avoir trois, on ne veut pas en avoir quatre. C'est une chose fondamentale. Je
pense bien, M. le ministre, que c'est la même chose pour vous, je pense
bien que c'est le premier ministre qui mène.
Maintenant, M. le ministre, il y a une chose; nous nous opposons, vous
allez peut-être dire qu'on est en retard, à un gouvernement
régional. Formellement, nous nous opposons à ça, les
maires ruraux, à un gouvernement régional. Deuxièmement,
ce qui nous inquiète, ce n'est pas ce que le ministre dit, c'est ce
qu'il ne dit pas. C'est ce qui nous inquiète le plus; ce n'est pas ce
que vous dites, c'est ce que vous ne dites pas. Je voudrais savoir, M. le
ministre, si, dans vos plans, vous avez l'intention d'instaurer graduellement,
des infrastructures scolaires au niveau municipal, parce que, dans le livre
blanc, il y a un petit passage qui est passablement compromettant, M. le
ministre. On voudrait savoir si, un jour ou l'autre, vous avez l'intention
d'instaurer des infrastructures scolaires; je ne parle pas de pédagogie,
mais je parle des infrastructures.
Ce sont quelques questions. Je voudrais vous dire une chose, en
terminant; vous pouvez, je pense que vous le savez... Parfois, nous sommes, les
ruraux, d'assez bons vendeurs; nous sommes d'accord sur le principe de la loi
et nous vous proposons des solutions sur l'application de la loi. Bien
sûr que les villes... Prenez comme mon comté,
Lac-Saint-Jean-Ouest, ce n'est pas le cas de la périphérie de
Montréal ou de la vallée de l'Outaouais, ou de Chicoutimi. Les
villes que nous avons dans mon comté n'ont pas beaucoup plus
d'importance que les municipalités rurales que nous avons. C'est
pourquoi nous disons que chaque conseil de comté pourrait faire l'objet
d'une réglementation spécifique suivant les modalités
économiques, politiques et humaines du comté.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: M. le préfet, je vous remercie beaucoup
de votre excellent mémoire qui vient, comme vous l'avez dit, du milieu,
de gens qui ont l'expérience dans le monde municipal, dans le monde
très concret et très vivant aussi.
Je voudrais juste apporter quelques commentaires à votre
mémoire et peut-être répondre aussi à vos questions,
avant de vous en poser. Les recommandations qu'on retrouve à la page 5
de votre mémoire, qui expriment votre point de vue, nous permettent
d'engager rapidement et sérieusement les discussions avec les villes.
J'y reviendrai tout à l'heure lors des questions.
Je voudrais préciser une chose tout de suite, quant à la
participation financière du gouvernement: Elle est acquise. Le
récent discours du budget a mentionné une somme de $2 100 000
pour l'élaboration et la mise en application de schémas
d'aménagement ainsi que les frais de fonctionnement des conseils de
comtés pour l'exercice de cette fonction. C'est dans le budget du
ministère des Affaires municipales.
Vous avez, de plus, le principe qu'on a déjà
énoncé à la conférence
Québec-municipalités du mois de juin dernier, à l'effet
que toute responsabilité nouvelle serait assortie d'une source de
financement. Mais je vais vous citer le passage du discours du budget de 1979
qui portait sur le financement des comtés: "Quant aux conseils de
comté renouvelés, tels que définis dans le projet de loi
125 sur l'aménagement et l'urbanisme, ils seront constitués de
représentants des municipalités membres. Pour les fins de cette
loi, ils seront financés au départ par un programme d'aide. Ce
programme est mis au point au nom du principe déjà
énoncé que toute responsabilité nouvelle sera assortie
d'une source de financement. Ce programme couvrira les dépenses
raisonnables entraînées par l'élaboration et la mise en
application d'un schéma d'aménagement, ainsi que les frais de
fonctionne-
ment du conseil de comté, pour l'exercice de cette fonction. "En
conséquence, pour l'année financière 1979/80, une somme de
$2 100 000 a été prévue au budget. Pour ce qui est du
financement à moyen et à long termes, des comtés
renouvelés, le comité conjoint d'orientation sur
l'aménagement et la décentralisation étudiera cette
question et fera des propositions au gouvernement".
Je pense que quant au comité conjoint, il semble qu'il ait
très bien travaillé pour la préparation du projet de loi,
en tout cas quant à l'élaboration des principes du projet de loi,
et il me semble aussi qu'il y a de bonnes chances qu'il travaille fort bien sur
la question du financement des comtés. Mais vous voyez quelle est
l'intention du gouvernement. Elle a été très claire, elle
a été énoncée dans le discours du budget.
M. Bouchard: M. le ministre, il y a une chose que j'ai
oubliée de vous recommander.
M. Léonard: Oui, allez-y.
M. Bouchard: La formule de M. Tardif utilisée au niveau de
la fiscalité municipale de former un comité conjoint des
différents ministères, de l'Union des conseils de comté et
de l'Union des municipalités, est-ce que cela a été
pensé par votre ministère?
M. Léonard: Cela a été pensé par le
gouvernement.
M. Bouchard: Pardon?
M. Léonard: Par le gouvernement. La réforme de la
fiscalité municipale?
M. Bouchard: Au niveau de l'aménagement du territoire.
M. Léonard: Oui.
M. Bouchard: Au niveau de l'application de la Loi de
l'aménagement du territoire. C'est aussi important que la
fiscalité municipale. Ne pensez-vous pas, M. le ministre, que cela
aurait été beaucoup plus démocratique? D'un autre
côté, cela aurait apporté un apport excessivement important
à votre ministère pour faire des recommandations en formant un
comité, comme on l'a fait au niveau de la fiscalité, pour vous
faire des recommandations.
M. Léonard: C'est exactement ce qui s'est passé. A
la conférence Québec-municipalités du mois de juin
dernier, c'est une proposition que j'ai faite personnellement et qui s'est
concrétisée au cours de l'été et de l'automne. Il y
a un comité conjoint qui a fonctionné et qui a
déterminé les principes du projet de loi, qui en a
étudié les bases et les principes. Il y a eu un comité
conjoint. (17 h 15)
Je peux vous dire que pendant deux ans, j'ai fait différentes
interventions à travers le Québec, dans toutes les régions
du Québec, à plusieurs reprises, devant différentes
tribunes où je pense que nous avons graduellement précisé,
en discutant avec les gens, ces principes du projet de loi.
Je voudrais reprendre, par rapport à vos questions, simplement y
répondre, je prends bonne note de vos considérations sur le
référendum, vous le préférez décisionnel. Il
reste que, dans le projet de loi, toutes les décisions sont prises par
des élus. Je dirai cependant que, lorsqu'il y a un
référendum, même s'il a une valeur consultative, je crois
qu'il exerce une action ou une pression déterminante sur les élus
s'il va dans un sens ou dans l'autre, à moins qu'il n'y ait des raisons
très importantes pour qu'il n'en soit pas ainsi. Il me semble qu'un
référendum, même consultatif, a une grande valeur
politique. Je suis d'accord que, sur le plan juridique, il n'ait pas force de
loi, mais, sur le plan politique, je pense qu'il est déterminant.
Quant à votre question sur le ministre responsable, je pense que,
pour le gouvernement, il n'y a aucune hésitation, il y a un ministre des
Affaires municipales et vous aurez toujours un ministre des Affaires
municipales et non pas deux ou trois. Il n'y a aucun problème
là-dessus. Il reste cependant que, dans la loi, l'article 221 dit que
c'est le ministre délégué désigné par le
gouvernement, par le premier ministre en fait.
La troisième question, vous parlez du livre blanc sur la
décentralisation; il n'y a pas eu de livre blanc sur la
décentralisation et je voudrais bien mettre les choses au point sur ce
sujet. Il y a eu un document de travail qui a été
étudié au Conseil des ministres, dont nous avons parlé,
mais le gouvernement n'a jamais publié de livre blanc sur la
décentralisation.
M. Bouchard: II ne l'a pas publié, il n'est pas sorti.
M. Léonard: Non, il n'est pas sorti. M. Bouchard:
II existe quand même.
M. Léonard: Non, il n'est pas sorti. Cela a
été un document de travail. Il a existé comme il existe
beaucoup d'autres documents de travail au gouvernement. Le premier ministre a
été très clair sur cette question, mais il n'y a pas de
livre blanc sur la décentralisation.
J'ai pris bonne note de vos considérations sur le gouvernement
régional. Je dirai que ce que nous étudions présentement,
c'est la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et non pas d'autres gestes
de décentralisation qui pourraient venir en temps et lieu et qui feront
l'objet, en temps et lieu aussi, d'autres consultations aussi
nécessaires que celles que nous faisons maintenant. Sur ce
plan-là, je pense que vous avez toutes les garanties qu'il n'est pas
question de faire cela dans la bousculade, qu'il n'est pas question de forcer
quiconque dans toute cette perspective.
Je voudrais revenir au mémoire. Il me semble qu'il y a
différentes questions qui se posent. Par exemple, selon votre
expérience qui est évidente et la connaissance de votre
comté, croyez-vous que le contenu obligatoire du schéma
d'aménagement de comté est suffisant à l'heure actuelle ou
est-ce que vous y verriez des éléments additionnels? Est-ce que
vous croyez que la description du contenu obligatoire du schéma à
l'article 5 est suffisante? Il y a aussi évidemment le plan d'urbanisme
des municipalités. Je pense que c'est important, il me semble, de se
poser cette question par rapport aux municipalités rurales
présentement.
M. Bouchard: M. le Président, si vous me le permettez,
disons que, dans un premier temps, je pense que, pour le mettre à
l'essai, il est suffisant. Deuxièmement, je pense que, dans la
population proprement dite, on se fait une fausse idée de
l'aménagement du territoire. Pour une foule de gens,
l'aménagement du territoire, c'est une grosse patente. On va bâtir
des usines d'ordures ménagères, on va bâtir toutes sortes
de maudites patentes et cela...
M. Léonard: Ils confondent aménagement et
développement, en fait.
M. Bouchard: A notre avis, l'aménagement du territoire
doit commencer par redonner à chacune des municipalités de la
province de Québec les possibilités de développer d'abord
ce qu'elles ont chez elles, au niveau des loisirs, au niveau de
différentes choses, mais de redonner à chacune des
municipalités de la province de Québec ce dont elles ont d'abord
besoin chez elles. Le restant, cela viendra graduellement. Nous autres, c'est
notre opinion.
A l'heure actuelle, la population pense que l'aménagement du
territoire, c'est une grosse patente, qu'on va bâtir un parlement dans le
comté de Lac-Saint-Jean-Ouest. Ce n'est pas cela.
M. Léonard: Je voudrais vous poser une autre question.
Vous dites, à la page 3, que les limites actuelles du Conseil de
comté du Lac-Saint-Jean répondent parfaitement aux besoins
économiques et politiques. Est-ce que votre point de vue pourrait
correspondre à des positions différentes issues des villes et
même du milieu rural éventuellement? Comment pensez-vous concilier
le point de vue des villes et celui des municipalités rurales?
M. Bouchard: M. le ministre, à un moment donné, je
ne sais pas si c'était une question d'essayer de sonder le terrain,
mais, dans notre région, on a formé six ou sept comtés
municipaux alentour de villes de notre comté. Roberval, Dolbeau,
Saint-Félicien. Nous sommes contre, parce que c'est contre la
réalité humaine, politique et sociale de notre comté. Nous
sommes habitués de travailler ensemble. Nous voulons rester ensemble,
mais cela peut être différent dans d'autres comtés, je
l'admets. Il peut y avoir des comtés où c'est différent.
Chez nous, il n'y a pas de problème. Il y a certaines villes qui
pensent... Je dis une chose: Plus vous allez créer de petites
entités, plus vous allez créer des divisions, plus vous allez
créer de l'esprit de clocher entre diverses communautés.
Là où c'est possible, en tout cas, dans notre région au
Lac-Saint-Jean, les conseils de comté que nous avons à l'heure
actuelle, Lac-Saint-Jean-Est et Lac-Saint-Jean-Ouest, répondent
exactement à la réalité politique et économique de
notre comté.
M. Léonard: C'est cela qui fera l'objet d'une
consultation. En tout cas, vous aurez l'occasion de présenter votre
point de vue par rapport à vos collègues dans la région et
de vous faire entendre au sujet du découpage du territoire. Il me semble
qu'il s'agit de discussions qui vont avoir lieu après l'adoption de la
loi. On les fera à ce moment. Si les gens sont d'accord pour en rester
là selon les délimitations actuelles, il me semble que cela va
aller de soi. Vous-même vous êtes ouvert à ces discussions.
Vous êtes d'accord pour qu'on se pose à nouveau la question,
cependant.
M. Bouchard: Si vous avez, par exemple, une résolution de
tous les maires du Conseil de comté de Lac-Saint-Jean-Ouest qui dit que
nous sommes heureux comme nous sommes là et que nous voulons rester
comme cela, qu'est-ce que vous en ferez?
M. Léonard: On prendra cela en considération. Vous
ne pouvez pas me demander aujourd'hui d'être d'accord avec ce que vous
dites. Je pense quand même qu'il faut voir un peu le dossier, voir aussi
ce qui arrive des municipalités et des villes tout autour.
M. Bouchard: J'aimerais savoir, M. le ministre, ce que vous
pensez des recommandations sur la représentativité que nous
proposons. En somme, nous sommes les seuls jusqu'à maintenant qui ayons
fait des propositions, autant fiscales que sur la
représentativité.
M. Léonard: II s'agit de propositions intéressantes
dont j'ai pris connaissance. Il me semble aussi que la loi est encore ouverte
sur ce sujet. Peut-être que cela correspond à votre situation
à vous mais je ne pourrais pas vous dire si cela y correspond dans
l'ensemble du Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, je pense bien que vous
allez me permettre d'abord de féliciter le Conseil de comté de
Lac-Saint-Jean-Ouest, qui comprend le comté de Roberval et toutes les
municipalités, en plus de deux municipalités du comté du
Lac-Saint-Jean lui-même, Saint-André et Saint-Ludger-de-Milot.
Comme le préfet, M. Bouchard, et ses collègues viennent de
nous le mentionner, le mémoire qu'ils présentent
reflète on ne peut mieux les interrogations qu'on a chez nous, dans
notre milieu. L'expérience de ceux qui sont au bout de la table, le
préfet, le sous-préfet et ceux qui l'accompagnent, date de
près de vingt ans dans le monde municipal, c'est donc dire même
beaucoup plus que nous. Ils sont sensibles à tous les problèmes
locaux qu'on peut vivre dans notre milieu. Tout à l'heure, M. Bouchard,
le préfet du Conseil de comté de Lac-Saint-Jean-Ouest, a
posé des questions au ministre. Quant à moi, je veux essayer de
bien percevoir les réponses et c'est loin d'être satisfaisant. Par
exemple, lorsque le préfet parle de référendum, il me
semble que le ministre devrait être plus clair. On ne peut pas jouer avec
cela. Je ne sais pas comment c'est dans vos milieux, mais il reflète
clairement l'opinion de notre milieu.
Un référendum, dans notre région... Je pense que
quelques-uns qui sont là ont déjà passé par un
référendum. Le maire de Saint-Prime, en particulier, a eu deux
référendums il y a quelque temps et ce sont des
référendums décisionnels. Il faudrait que le ministre nous
explique un peu plus ce qu'il veut dire par: Oui, c'est une décision
politique; ça reflète bien. Cela reflète ou ça ne
reflète pas. Je pense qu'on ne peut pas jouer avec ça et, encore
une fois, l'expérience de ces gens du monde municipal devrait être
de nature à clarifier la position du ministre. Lorsqu'on parle d'un
référendum, il ne faut pas que ce soit lui qui soit le dernier
juge; ce n'est pas ça, un référendum. Donnez un autre nom.
Mais, si vous employez le mot "référendum", qu'il soit
décisionnel, c'est bien important.
Une petite question, M. le Président, que le préfet a
posée et qui semble faire sourire plusieurs personnes. Nous, on est au
Lac-Saint-Jean et on aime bien savoir qui décide, en fait. Qu'on propose
un projet de loi no 125 et qu'à un moment donné, les gens
viennent nous demander: Ecoutez! Qui sera le ministre responsable de cette loi?
et qu'on se fait répondre: Ce sera le ministre désigné par
le gouvernement, ce n'est pas une réponse. Il me semble que, si on est
à l'heure de présenter le projet de loi no 125, il est normal et
élémentaire qu'on dise en même temps qui va régir ce
projet de loi. C'est assez décevant pour des gens qui viennent proposer,
donner leur point de vue sur le projet de loi no 125 et qui ne seront pas
capables, en repartant chez eux, de savoir qui va l'administrer. Ce sont des
inquiétudes qu'on a dans notre coin. Je participe à toutes les
assemblées du conseil de comté et on voit, par exemple, quand on
se fait demander par les maires: Ecoutez! le zonage agricole, c'est le ministre
de l'Agriculture; l'aménagement du territoire, M. Léonard, le
ministre des Affaires municipales, M. Tardif, mais qui est qui
là-dedans? Et vous ne profiterez pas de leur présence ici pour
leur dire qui va régir ce projet de loi?
M. Chevrette: Je m'excuse, 30 secondes.
M. Lamontagne: Un instant! Je vais finir et vous prendrez la
parole ensuite.
M. Chevrette: Je m'excuse, 30 secondes, s'il vous plaît!
Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je ne voudrais pas être
désagréable envers le député de Roberval, sauf
qu'on n'est pas en débat de deuxième lecture.
Une Voix: Un instant!
M. Chevrette: C'est une analyse de mémoire et il y a des
questions aux invités. Si on ne comprend pas quelque chose...
M. Lamontagne: Je repose les mêmes questions.
M. Chevrette: Je pense que ce n'est pas un discours de
deuxième lecture.
M. Gratton: ... question de règlement...
M. Lamontagne: M. le Président, je soulève des
questions qui n'ont pas eu de réponses.
Le Président (M. Laplante): Je crois que le
député de Roberval est exactement dans la ligne de pensée
du mémoire des maires.
M. le député de Roberval.
M. Chevrette: Bon, voilà!
M. Gratton: Le président a écouté, lui.
M. Lamontagne: Merci beaucoup, j'en prends bonne note.
J'ai pris note des questions qui ont été posées.
Par exemple, le préfet, au nom du Conseil de comté de
Lac-Saint-Jean-Ouest, dit clairement: Nous sommes contre les gouvernements
régionaux. Le ministre répond: Ecoutez! M. le préfet, on
n'est pas en train de parler de ça, de gouvernement régional. Un
instant! Cela ferait peut-être bien de dire ça entre nous, mais
ici, on a les fascicules. On en a quatre de produits. Le cinquième,
parce qu'il est annoncé et c'est écrit dedans: Le
réaménagement des pouvoirs. Il prend une dimension
insoupçonnée, compte tenu des quatre autres qui ont
été proposés. Le ministre devrait peut-être
répondre à ceux qui se donnent la peine de venir lui faire des
suggestions... N'est-il pas en train, sans le dire actuellement, mais compte
tenu des fascicules déjà produits et du cinquième
déjà annoncé, de nous organiser un gouvernement
régional sans qu'on puisse y participer, en nous disant: La consultation
viendra plus tard? Mais, déjà, les fascicules se dirigent... On
dit que ce n'est pas un livre blanc. Non, ce n'est pas un livre blanc, applez
ça un livre vert, mais que ce soit un livre vert ou n'importe quoi,
ça vient tout de même de penseurs de l'appareil gouvernemental qui
semblent, par différentes façons, essayer de diriger les
populations vers différents gouvernements.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Roberval, il faudra revenir...
M. Lamontagne: Excusez, je reviens...
Le Président (M. Laplante): ... aux questions des...
M. Lamontagne: Je repose les mêmes questions, M. le
Président. Je repose les questions que le préfet a
mentionnées tout à l'heure. Je voudrais, par exemple, que le
ministre donne une certaine indication et qu'il prenne bonne note de la
représentativité d'une municipalité rurale, un
représentant et également, comme le conseil de comté le
propose, une représentativité additionnelle par tranche de 5000.
Je pense qu'il serait assez important de voir, à ce stade-ci des
consultations, quelle est la perspective du ministre là-dedans, parce
que, dans notre milieu, le comté de Roberval compte cinq villes, une
nouvelle ville actuellement, Normandin, et c'est tout un effort, je pense, de
compréhension mutuelle que le conseil de comté propose; mais il
serait assez important que le ministre donne un point de vue
intermédiaire, à ce stade-ci, à savoir ce qu'il pense,
même si son opinion n'est pas catégorique. (17 h 30)
J'arrête là-dessus, M. le Président, s'il y a
d'autres questions, on y reviendra.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je ne savais pas s'il y avait des réponses. M.
le Président, très brièvement, on nous a toujours dit ici
que tout le monde était pour la loi 90, j'ai vu qu'il y a encore des
gens contre. Je veux poser une très courte question... On ne semble pas
d'accord à 100%, d'après ce qu'on nous a dit, au niveau des
conseils de comté.
M. le Président, je voudrais demander à nos invités
du Lac-Saint-Jean si, d'après eux, les petites municipalités
rurales sont prêtes à faire face aux coûts inhérents
à l'application de cette loi 125, aux coûts qui en
découleront. Est-ce que, d'après vous, les petites
municipalités sont prêtes à faire face aux coûts que
cela va amener?
M. Bouchard: M. le député, tout de suite en
partant, je voudrais corriger quelque chose parce que les journalistes peuvent
traîner cela dans les journaux demain matin. Vous avez dit que vous voyez
qu'il y a encore des gens qui sont contre; ce n'est pas notre cas, on n'est pas
contre, c'est tout le contraire, c'est seulement dans les modalités.
M. Chevrette: Une légère nuance.
M. Bouchard: II y a une grande marge entre dire on est contre et
on est pour à l'exception des modalités. Ce qu'on veut, je l'ai
dit au ministre, c'est être des participants à part entière
et on veut que cette loi soit en même temps la loi du gouvernement et la
nôtre aussi. Cela fait une différence. Deuxièmement, c'est
que les municipalités rurales...
M. Goulet: Si vous le permettez, M. le Président, vous
voulez que ce soit vous qui ayez le contrôle et non pas Québec. Je
pense que c'est ce que j'ai crû voir à la page 3 de votre
mémoire.
M. Bouchard: Sans aucun doute, la question, M. le
député, que je me pose à un moment donné, c'est que
je m'aperçois que le ministre Léonard tombe dans un excès
de démocratie, consultation ici, consultation là, cela fait un
maudit tas de consultations.
M. Chevrette: Vous direz cela à nos adversaires
politiques.
M. Bouchard: A un moment donné, on dirait qu'il a des
regrets. Il revient sur ses pas et là il donne des pouvoirs
discrétionnaires au ministre.
M. Gratton: ...
M. Bouchard: C'est là qu'il y a besoin d'équilibre.
En ce qui concerne directement la question que vous m'avez posée,
à savoir si les municipalités rurales sont contre, je ne parle
pas au nom de toutes les municipalités de la province, l'Union des
conseils de comté présentera son mémoire, mais en ce qui
concerne le comté de Lac-Saint-Jean-Ouest, cela fait quinze ans que nous
demandons par des mémoires une réforme des conseils de
comté dont les villes feraient partie.
Mais il y a une chose, par exemple, on est prêt à prendre
les villes mais qu'elles fassent leur apprentissage comme les autres. Au bout
de cinq ou dix ans, quand nous aurons appris à travailler ensemble, M.
le ministre, peut-être que ce sera complètement différent
sur la question de la représentativité. Imaginez-vous que vous
valez $100 000 et moi $10 000; à un moment donné, j'entre en
société avec vous et je veux avoir 50% des parts. Vous allez
dire: Arrête un peu, Bouchard, j'ai plus de parts que toi.
Alors, pour les villes, à un moment donné, en plus de
l'expérience acquise... J'écoutais le maire, M. Trépanier,
ce matin. Il a déjà dit à un congrès municipal que
les municipalités rurales étaient un fardeau pour les villes.
Comment coopérer avec une sorte de gars comme cela?
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Oui, M. le Président. Toujours pour expliquer
les faits, j'étais à la page 3 du mémoire que nous ont
présenté les gens du Lac-Saint-Jean et je lisais: "II fallait que
le ministre de l'Agriculture vienne compliquer la situation en faisant passer
une loi centralisatrice en enlevant aux municipalités le contrôle
de leur développement et en réservant un droit unilatéral
sur le développement régional."
D'accord, vous êtes pour le principe, mais moi j'en étais
sur l'application; vous n'êtes pas d'accord avec le ministre sur
l'application du projet de loi 90, c'est ce que je voulais dire.
M. Bouchard: Ecoutez, M. Goulet, je l'ai dit d'ailleurs: On ne
veut avoir affaire qu'à un interlocuteur. Si c'est M. Léonard qui
est responsable... Nous, les municipalités, sommes convaincues que le
zonage agricole fait partie de l'aménagement du territoire. La
proposition qu'on fait est que, dans les commissions d'urbanisme il y ait une
forte représentativité de l'UPA au sein de la protection du
territoire agricole et de tous les territoires, nous sommes d'accord
là-dessus. Mais nous ne sommes pas d'accord pour qu'à un moment
donné on planifie notre développement et qu'on se bute à
des organismes qui ne sont pas élus, qui ne sont pas
représentatifs de leur milieu. Je pense que nous sommes régis par
le Code municipal; l'aménagement du territoire va être régi
par le Code municipal dont il devra être partie. C'est ça qui nous
concerne et je pense que la loi agricole est venue compliquer la situation de
la grande majorité des municipalités et des villes de la province
de Québec. Cela fait dix ans que le territoire agricole existe, deux
mois de plus ou de moins, on n'aurait pas gaspillé tout ce
territoire.
M. Goulet: M. le Président, vous voyez, je pense qu'on se
comprend; c'est ce que je voulais faire dire, de façon non
équivoque, à notre invité.
Je devrai rappeler, M. le Président, qu'en ce qui concerne votre
suggestion qu'un référendum devrait être
décisionnel, je suis d'accord avec cette suggestion. Egalement, pour ce
qui concerne la représentation, vous êtes les premiers à
faire une suggestion sur le pourcentage de la population, 5000 et plus, mais
pour ce qui est du financement, j'aurais un éclaircissement à
vous demander. Vous dites: Pour ce qui est du financement dans le comté
du Lac-Saint-Jean-Ouest, que vous représentez, la répartition
devrait être égale entre les villes et les municipalités
rurales. J'aimerais que vous expliquiez cela, comparativement au paragraphe b)
où vous dites: La représentation devrait se faire comme suit:
Municipalité rurale: un représentant; ensuite, un
représentant additionnel par 5000 de population, jusqu'à
concurrence de 20 000. Mais quand vient le temps du financement, vous dites: La
répartition devrait être égale.
M. Bouchard: C'est parce que, M. le député de
Bellechasse, on veut mettre les villes sur le même pied que nous. Qu'une
municipalité rurale ait 2000 de population, sa taxe foncière pour
payer sa participation au conseil de comté est au prorata de sa
population et de son évaluation.
M. Goulet: C'est dans ce sens que vous voulez dire égale,
c'est-à-dire que la ville également soit au prorata de sa
population?
M. Bouchard: Et de son évaluation.
M. Goulet: D'accord, merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'aurais un commentaire à faire, je voudrais
vous féliciter, tout d'abord, pour votre franc-parler, on sait où
vous vous en allez. C'est d'ailleurs le seul objectif d'une commission
parlementaire, c'est de savoir...
M. Bouchard: J'ai un ami de Normandin qui demeure à
Joliette, un M. Gaudreau.
M. Chevrette: C'est bien, je le connais aussi très bien.
Ce qui est important, c'est de savoir ce que vous avez à reprocher
à ça, pour qu'on puisse, après, amender en
conséquence; c'est ça que j'ai voulu faire noter au début.
Mais j'aurais un commentaire aussi direct que celui que vous avez fait, en vous
la posant sous forme de question.
A la page 4 de votre mémoire, vous commencez par dire que vous
détestez les subventions à caractère
discrétionnaire. Autrement dit, quand ce n'est pas statutaire ou que ce
n'est pas basé sur quelque chose de normalisé, c'est toujours
embêtant pour des municipalités, si j'ai bien compris votre
paragraphe.
Dans le second paragraphe de la page 4, étant donné que le
ministre des Affaires municipales n'est pas ici, je voudrais me faire le
responsable d'une rectification. Par exemple, vous y allez d'une
légère charge à l'endroit du ministre des Affaires
municipales en disant que les programmes sont assez rigides et manquent de
souplesse.
Je voudrais vous donner des exemples pour montrer, par exemple,
l'assouplissement qu'il y a eu. Si vous parlez du plan PAIRA, il n'était
pas discrétionnaire, il était basé sur quelque chose de
très normatif. Il fallait répondre à des critères
bien précis et le ministre, devant...
M. Bouchard: M. le député...
M. Chevrette: J'achève, ce ne sera pas long. ... certaines
remarques justement de l'Union des conseils de comté et de certains
maires de municipalités, a assoupli le même programme, mais tout
en le laissant non pas un programme discrétionnaire, mais basé
sur des normes précises.
Si je pense à PAISI, c'est la même chose; c'est quelque
chose qui est basé sur des normes précises et les pourcentages
sont connus, que ce soient 25%, 50% ou 75%, c'est quelque chose de très
bien connu de l'ensemble des municipalités.
J'ai ouï-dire qu'au niveau de votre comté, si je me base sur
la dernière phrase de ce deuxième paragraphe toujours, certaines
municipalités auraient fait des demandes précisément en
fonction du plan d'urbanisme et que les réponses qui ont
été données à certaines de ces municipalités
ont été précisément de dire: Attendez, la loi s'en
vient, nous aurons un programme bien précis en fonction de la loi et
d'un plan global. Est-ce que ça ne vient pas en contradiction, ce
deuxième paragraphe, avec le premier?
M. Bouchard: M. le député, ça ne me surprend
pas que vous soyez le député de Joliette-Montcalm et que vous
ayez été élu, parce que vous posez des questions
passablement compromettantes.
Je pense, M. le député, que si on se met en frais de
discuter les programmes PAIRA, PAISI, etc., il y a trop de choses que je
pourrais vous signifier qui sont difficiles d'application, extrêmement
difficiles. C'est compliqué à tel point que la
généralité des municipalités pensent que le
programme ne paiera pas.
C'est extrêmement difficile. Je pense qu'avec la révision
fiscale, ça va être une chose du passé, parce qu'avec le
programme de révision fiscale, ces principales subventions
d'infrastructures vont disparaître. Je ne sais pas si vous le savez, M.
le député de Joliette, le programme PAIRA, savez-vous comment il
s'applique?
M. Chevrette: Je voudrais rectifier tout de suite, si vous prenez
le discours du budget, il faudrait quand même bien le lire. Même
à l'intérieur du discours du budget, il est dit que, pour les
équipements collectifs, ça demeure. Vous venez d'affirmer
carrément, encore une fois, que ça disparaît et c'est
faux.
M. Bouchard: Dans la révision fiscale? M. Chevrette:
Dans le discours du budget.
M. Bouchard: Je ne l'ai pas ici, c'est de valeur, j'ai
vidé ma valise. Les principaux points, avec la révision fiscale,
vont disparaître, sauf dans les loisirs, dans le tourisme, dans le
domaine culturel, etc. Mais les subventions d'infrastructures,
d'é-gouts, d'aqueduc, sauf pour les municipalités dans des cas
exceptionnels, qui ont une moyenne de salaire trop basse, etc.
M. Gratton: Les cas d'urgence, autrement dit. M. Bouchard:
Les cas d'urgence. M. Gratton: Vous avez complètement raison.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Gratton: C'est le ministre des Affaires municipales qui l'a
confirmé, la semaine dernière, lors de l'étude de ses
crédits, que PAIRA ne paiera pas, ça disparaîtra.
M. Chevrette: Dans mon comté, ça paie en masse.
M. Gratton: C'est peut-être par favoritisme.
M. Chevrette: Non, monsieur.
M. Léonard: Justement, c'est le contraire.
M. Bouchard: Je ne veux pas m'étendre là-dessus,
parce que je pense que c'est en dehors des questions dont on discute.
M. Chevrette: C'est hors question, mais vous en avez
utilisé des paragraphes.
M. Bouchard: Je l'ai quand même souligné.
M. Chevrette: Si vous vous permettez, je peux me permettre.
M. Bouchard: Ah oui, il n'y a pas de problème. Il n'y a
pas de problème, M. le député de Joliette.
M. Léonard: Je vous remercie de l'appui que vous donnez au
projet de loi. Je vous félicite du travail que vous avez fait sur ce
sujet. Je vous dis, quant aux recommandations que vous faites, que nous allons
en tenir compte, dans l'étude article par article qui va venir plus
tard. S'il y a des amendements à ce moment-là, nous pourrons en
tenir compte. Cela vient dans une discussion ultérieure, de même
que la discussion avec les parlementaires. Je comprends que le
député de Roberval voulait manifester qu'il était de ce
coin en ne vous posant pas de questions et en en posant au ministre. Je dirai
que, pour l'instant...
M. Lamontagne: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, tantôt le ministre
m'a empêché de lui poser une question additionnelle. La seule
question que je vais lui poser, aurait-il la décence de répondre
aux questions que je lui ai posées? Seulement ça, dans sa
réplique et arrêter de faire des farces.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Ce sera en commission parlementaire, article
par article.
M. Lamontagne: N'invitez pas de monde, si vous n'êtes pas
capable de donner de réponse. C'est tout ce que j'ai à vous dire.
Profitez-en pour répondre un peu toujours, ou n'invitez pas de
monde.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. M.
Léonard: J'ai répondu.
M. Lamontagne: Je vous ai posé quatre questions.
M. Léonard: M. le Président, j'ai répondu
aux gens qui m'ont posé des questions.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, M. Bouchard, MM. les
maires...
M. Goldbloom: M. le Président, me permettriez-vous, au nom
de l'Opposition officielle, de féliciter le Conseil de comté de
Lac-Saint-Jean-Ouest et de remercier les porte-parole qui sont venus
présenter et défendre leur mémoire. Ils ont
soulevé des problèmes qui, à mon sens, sont
majeurs. Peut-être le plus important de tous est-il la question de savoir
si l'on peut mettre en application une éventuelle loi de
l'aménagement du territoire, si la même administration ne s'occupe
pas du zonage agricole. Il me semble que c'est une question absolument
fondamentale. Je voudrais souligner, encore une fois, l'importance de cette
question et j'espère que nous aurons des éclaircissements sur
cette question cruciale au cours du travail que nous ferons sur ce projet de
loi.
M. Bouchard: M. le Président, me permettriez-vous...
Le Président (M. Laplante): On n'a plus de temps.
M. Bouchard: Me permettriez-vous de remercier, au nom de mes
collègues, M. le ministre, MM. les députés, tant du
pouvoir que de l'Opposition, de l'aimable attention qu'ils nous ont
portée? Je voudrais vous signaler et je n'ai pas besoin de vous
le signaler, vous le savez que nous sommes des autodidactes de bonne
volonté qui essaient de faire quelque chose pour leur province.
Le Président (M. Laplante): C'est pour cela qu'on vous en
remercie, M. Bouchard.
M. Gratton: Continuez, vous faites bien cela. (17 h 45)
M. Léonard: Encore une fois, je vous remercie de votre
présence ici et ce sera à la commission parlementaire, lors de
l'étude article par article, que nous pourrons répondre à
toutes les questions qui ont été soulevées ici.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant les
Entreprises de lotissement Philippe Char-trand Inc. Si vous voulez vous
identifier, identifier votre groupe et la personne qui vous accompagne, s'il
vous plaît.
Les Entreprises de lotissement Philippe Chartrand
Inc.
M. Chartrand (Jean-Yves): M. le Président, je me
présente, Jean-Yves Chartrand, procureur pour Philippe Chartrand Inc. M.
Philippe Chartrand, président de ladite entreprise, m'accompagne. Je
vais commencer immédiatement avec mon mémoire.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Chartrand (Jean-Yves): M. le Président, MM. les membres
de la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi
no 125, loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
L'aménagement du territoire, c'est quoi? Les auteurs anglais
parlent de "territorial macroplanning". Le projet de loi à
l'étude, à l'article 5, prévoit comme
éléments essentiels du schéma d'aménagement: - les
grandes orientations de l'aménagement du territoire; - les intentions
générales d'affectation du territoire.
S'il y a entente sur cette partie viscérale de
l'aménagement, tout le reste n'est que de la plomberie de mise en
application. L'aménagement du territoire, c'est le cadre légal
qui régit les utilisations du sol, selon les besoins de la
société et le désir de la population.
Pour ce qui est de la région 06, la région de
l'agglomération de Montréal, nous sommes placés dans une
situation où s'opposent, d'un côté, le besoin de la
société de préserver les meilleures terres agricoles du
Québec et, de l'autre, le désir, on ne peut plus clair, d'une
majorité de Québécois, de devenir propriétaires
d'un lopin de terre et d'une résidence détachée pour y
loger leurs familles.
A cet égard, on n'a qu'à consulter les statistiques de
l'habitation pour s'en convaincre. Encore aujourd'hui, la
propriété foncière est un signe d'affranchissement social
valorisant. Nos ancêtres rattachaient même le cens électoral
à la qualité de propriétaire foncier.
A cet égard, ce que nous craignons est l'idée très
répandue chez les technocrates et urbanistes qu'il faudrait adopter des
mesures pour raréfier la disponibilité de terrains dans la
région de Montréal, ce qui entraînerait une hausse
marquée des coûts pour forcer davantage la construction et
l'habitation des logements multifamiliaux à Montréal, Longueuil
et Laval. Cette perspective est appréhendée et réelle.
Elle fait preuve de dirigisme et de solutions technocratiques guidées
par l'optique "nivellement par la base". J'ajouterai également que
l'orientation concentration ignore également la
complémentarité de la métropole régionale avec sa
base économique et pourrait accélérer le
déplacement des activités de fabrication vers la région de
Toronto.
Ce que nous souhaitons, par contre, c'est un cadre où, au
contraire, on tente de faciliter l'accès à la
propriété en favorisant un axe de développement qui,
à moyen terme, déplacerait certaines activités dans le
secteur secondaire, notamment la fabrication, à l'extérieur du
couloir fluvial où il entre en conflit avec le territoire agricole.
Ce que nous demandons, c'est de ne pas limiter l'offre d'un type de
logement par l'application de la loi de l'aménagement et de laisser
à chacun le libre choix de son mode d'habitation au meilleur prix
possible.
Dans cette ligne d'idée, les normes minimales commandées
par le projet de loi, à l'article 5e, sont critiques. Nous soumettons
que les superficies minimales prévues à l'article 112c doivent
tenir compte des facteurs d'hygiène en fonction du niveau des services
fournis et des conditions du milieu. Ces normes ne doivent pas dépasser
cet objectif pour devenir un frein à l'aménagement et des
coûts supplémentaires aux usagers.
Cette question de normes minimales est traitée dans un rapport de
la direction générale de
l'urbanisme du ministère des Affaires municipales intitulé
"Notes explicatives sur les implications pour les comtés de
l'application de la loi 55 concernant certaines normes minimales."
On y suggère des superficies minimales de 1500 mètres
carrés avec un service et de 3000 mètres carrés sans
service.
Sans entrer dans le débat des superficies retenues, nous tenons
à souligner que toutes nouvelles normes s'appliquent facilement pour
l'avenir et que l'on doit tenir compte des réalisations passées
avec flexibilité par le biais d'usage dérogatoire, sans quoi il y
aura un préjudice sérieux causé à nombre de
propriétaires fonciers qui, quand ils ont acquis leurs terrains ou
procédé à un lotissement, ont agi dans le respect des lois
existantes.
Nous suggérons également que la superficie minimale avec
un service soit acceptée pour des lots desservis ou desservables par le
service envisagé.
Ainsi, un lotissement pourrait être fait avec la superficie
minimale prévue avec un service, ledit service ne devant être
aménagé que lorsque la densité d'occupation le rend
financièrement réalisable.
J'ajouterai également ici que ce n'est pas partout qu'on va
pouvoir faire des lotissements avec un service qui ne sera implanté
qu'une fois qu'il y aura de la densité, parce qu'il y a nombre
d'endroits où la densité ne viendra jamais.
Par contre, dans la région de Montréal, on peut facilement
prévoir qu'on laissera s'implanter des maisons avec un puits et une
fosse septique et que, dans cinq ans, il y aura tant de population et que,
là, on pourra implanter un aqueduc et qu'il va y avoir assez de monde
pour le payer. Cela va avoir permis à nombre de gens qui, autrement, si
cela n'avait pas été comme cela, n'auraient pas accès
à la propriété et seraient forcés d'être des
locataires à Montréal. Ce n'est pas leur désir. Ils ne
peuvent pas accomplir leur désir de devenir propriétaires, vu
leurs conditions financières, à moins de procéder par
étapes comme on le suggère.
Dans cette même ligne d'idées, l'article 5d exige que le
schéma d'aménagement comprenne les normes générales
applicables au développement à l'extérieur des
périmètres d'urbanisation. Les normes devront reconnaître
un usage dérogatoire pour les lots existants qui ne répondraient
pas aux nouvelles normes.
Le contrôle intérimaire: L'article 56 du projet de loi
stipule qu'à compter de la date du début du processus
d'élaboration du schéma d'aménagement est interdite
quelque nouvelle utilisation du sol et quelque nouvelle division ou
morcellement d'un lot par aliénation, sauf si le lot est cadastré
et adjacent à une rue publique où sont déjà
installés les services d'aqueduc et d'égouts.
L'interdiction de l'article 56 est aussi levée par un
règlement de contrôle intérimaire adopté par le
conseil de comté, signifié au ministre; il entre en vigueur 90
jours après la signification au ministre, à moins que ce dernier
ne le désapprouve. Ainsi, toute construction est interdite, sauf
l'exception de l'article 57 et un minimum de 90 jours est requis à
compter de l'adoption et de la signification au ministre du règlement de
contrôle intérimaire prévu à l'article 58. Alors,
toute construction est interdite en dehors de l'aire soustraite par le
règlement de contrôle intérimaire et, pour être
soustraite, une aire doit être régie par un règlement de
zonage et de lotissement.
Si c'est là le sens des articles 56 et suivants, nous trouvons
ambigu l'article 59 qui stipule: "Ce règlement le
règlement de contrôle intérimaire peut soustraire
à l'application de l'une quelconque de ses dispositions la
totalité ou une partie du territoire d'une municipalité." Le
règlement va-t-il soustraire une partie du territoire des dispositions
du règlement intérimaire ou va-t-il soustraire aussi une partie
du territoire au gel de l'article 56? Si c'est cela, le "ses" porte à
confusion.
De plus, si le but de ces dispositions est de permettre le
développement de certaines parties du territoire pendant
l'élaboration du schéma, nous ne voyons pas pourquoi il y aurait
paralysie à partir du déclenchement du processus
d'élaboration du schéma jusqu'à 90 jours après la
signification au ministre du règlement de contrôle
intérimaire. Nous suggérons qu'il soit possible de prendre
entente avec la commission ou le ministre sur les aires qui continuent à
pouvoir se développer, selon les règlements des
municipalités, de sorte qu'il ne puisse y avoir aucun temps mort inutile
pour la partie du territoire désignée par le règlement de
contrôle intérimaire.
Nous nous interrogeons également sur le sort
réservé aux propriétaires de lots non construits qui se
verront interdire l'utilisation de leurs biens.
Qu'il n'y ait pas de nouveaux morcellements ou subdivisions d'accord,
mais qu'on enlève tout droit d'utilisation aux propriétaires de
lots existants, il s'agit là d'une confiscation qui nie le concept de
propriété privée, ainsi que les droits individuels des
Québécois.
Si, au nom de la collectivité, on juge qu'il est
nécessaire d'empêcher l'utilisation d'un bien par son
propriétaire, cela se conçoit, mais, alors, la
collectivité doit indemniser cet individu de la perte qu'elle lui
occasionne. Si ce grand principe, qu'on retrouve sousjacent dans nos lois et
notre jurisprudence, n'est pas reconnu par cette loi, c'est un jour fort triste
pour le Québec, car on pourra dire qu'au Québec, il fut un temps
où l'on respectait les droits et libertés des citoyens. Le
législateur devrait prévoir un mécanisme d'indemnisation
valable pour tous les propriétaires de biens fonciers de bonne foi et
affectés par le projet de loi.
Le tout respectueusement soumis.
Le Président (M. Laplante): Avant de procéder aux
questions, est-ce que les membres de cette commission seraient d'accord pour
continuer jusqu'à 18 h 15?
M. Goulet: Je n'ai qu'une très courte question.
Le Président (M. Laplante): Ce serait pour éviter
de faire revenir ces messieurs à 20 heures. D'accord?
M. Léonard: Bon! Jusqu'à 6 h 15. Merci, M.
Chartrand. Je voudrais simplement dire une chose, quelques remarques
préliminaires. Le projet de loi no 125 ne fixe pas le contenu de
l'aménagement. Ce sont simplement des règles et je pense qu'il
faut bien s'entendre là-dessus, de sorte que le projet de loi no 125 ne
va pas à rencontre d'un type de développement plutôt qu'un
autre, qu'il soit résidentiel, de forte ou de faible densité, si
c'est ce que les gens désirent. Premier point.
Le projet de loi vise essentiellement à établir des
règles d'aménagement du territoire québécois dont
l'application relèvera principalement des municipalités et,
ensuite, des conseils de comté.
Il y a évidemment le point que vous soulevez, sur le
contrôle intérimaire. Evidemment, il y a des choses sur ce plan
que, à mon avis, il est important de considérer. D'abord, le
contrôle qui est fait automatiquement par l'article 56, à moins
que le comté ne vote un règlement de contrôle
intérimaire. C'est dans ce sens qu'à la minute où il a
voté un règlement de contrôle intérimaire, ça
soustrait certaines parties du territoire assujetties au règlement de
contrôle intérimaire...
M. Chartrand (Jean-Yves): Où il est voté.
M. Léonard: ... à l'application de l'article 56. Il
faut voir aussi qu'avant l'adoption du contrôle intérimaire, il va
y avoir des rencontres entre les municipalités membres et tous les
maires, et ces municipalités vont étudier la
réglementation actuelle, vont discuter de la façon de faire
l'aménagement, vont élaborer un projet d'aménagement pour
la municipalité en termes assez généraux. Je pense que
toutes ces rencontres, toutes ces discussions préalables vont être
de nature à diminuer les impacts négatifs du contrôle
intérimaire.
J'aurais seulement quelques questions, rapidement. Vous parlez, à
la page 5, d'un lotissement que vous dites susceptible d'être desservi
par un service et vous proposez qu'il soit accepté selon les normes d'un
lotissement avec services et que celui-ci soit aménagé lorsque la
densité d'occupation le rend financièrement réalisable.
Une première question: Selon vous, quels seraient les services offerts
pour les personnes qui occupent en premier un tel lotissement?
M. Chartrand (Jean-Yves): II s'agit de lotissement... Pour vous
donner un exemple concret: On a une terre de sable, la nappe phréatique
est à quatre pieds, une couche de glaise et de l'eau dans le sous-sol.
Il est fort possible de faire des terrains de 15 000 pieds; le gars installe sa
maison, se met un puits de surface et une fosse septique et l'eau va être
excellente, probablement pour toujours. Je connais des endroits à La
Plaine où cela fait 20 ans qu'il y a des terrains de 6000 pieds, des
pointes et des fosses septiques; les gars de l'environnement vont faire un tour
de temps en temps et l'eau est toujours bonne. Par contre, à d'autres
endroits, ils ont des terrains de 15 000 ou de 30 000 pieds dans la glaise;
cela fera quelques années et ce sera gâté. Cela
relève de la nature du sol; si les sables sont filtrants et avec un bon
champ d'épuration, les eaux ménagères ne gâtent pas
la nappe de surface et cela peut fonctionner comme cela très longtemps,
sans que ces gens n'aient jamais besoin de se payer un aqueduc.
M. Léonard: A ce moment-là, comment
déterminer l'échéance pour installer les services
municipaux si, un jour, ils s'avèrent municipaux; ne croyez-vous pas
que, si on attend que la nappe phréatique soit affectée, à
ce moment-là, il soit vraiment trop tard?
M. Chartrand (Jean-Yves): Je dirais que cette suggestion n'est
pas valable partout. Vous pouvez avoir des endroits à 300 milles de
Montréal, par exemple, où un gars fait un lotissement; il y a des
gens qui l'habitent un peu d'une façon désordonnée, selon
la façon qu'il a ouvert ses rues, il y a un problème d'eau et il
n'y a pas assez de monde pour corriger le problème; là, c'est une
chose qui n'aurait jamais dû être faite. (18 heures)
Par contre, dans la région de Montréal où nous
sommes impliqués, à La Plaine ou à Saint-Lin, il est
facilement prévisible de dire: J'ouvre un lotissement; on a 30%
d'occupation la première année, 60% la deuxième
année et, pour la troisième année, cela joue dans les 80%
d'occupation; là, on pourra entrer un service d'aqueduc et on peut se
fier raisonnablement sur l'occupation anticipée. Dans ces cas, le nombre
de gens qui, au début, doivent payer l'aménagement de leur
terrain, le logement qu'ils y construisent... Si, en plus, on met des
infrastructures d'aqueduc, etc., le compte de taxes est de $500 par
année, ils ne réussissent pas. Mais, s'ils posent une pointe et
une fosse septique, qu'ils construisent leur maison, les premières
années...
M. Léonard: Ils feraient cela à leurs frais.
M. Chartrand (Jean-Yves): Tout à leurs frais. Et une fois
qu'il y a 60% ou 75% d'occupation, que déjà les gens ont trois ou
quatre années d'occupation en arrière d'eux et qu'une grosse
partie des dépenses de l'implantation est déjà
assumée parce qu'il y a bien des choses qui sont payées
comptant on peut alors leur dire: Maintenant, on va vous poser un
aqueduc et ça va vous coûter $200 de plus par année, ils
sont tous capables de le prendre. Ce ne sont pas des millionnaires, ce sont des
gens qui, autrement, probablement n'auront jamais une maison à eux.
C'est un genre d'étapisme pour permettre l'accès à la
propriété, tout en respectant les normes d'hygiène et en
les contrôlant, pour ne pas faire des projets qui vont être un
problème futur.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais dire à M.
Chartrand que le point qu'il soulève à la page 8, quant à
l'interprétation qu'on doit faire de l'article 59, en concordance avec
l'article 56, la signification ne nous en échappe pas. Même s'il
n'a pas reçu d'assurance du ministre, je peux lui donner l'assurance
que, quant à nous, nous soulèverons la question au moment de
l'étude article par article du projet de loi et nous ferons en sorte de
spécifier la portée du mot "sa", à savoir à quoi
ça s'applique exactement.
J'aimerais dire à M. Chartrand, également, que nous
souscrivons à l'objectif qu'il énonce à l'effet de
minimiser la période de temps durant laquelle il est impossible de faire
une utilisation du sol, c'est-à-dire pendant la période de temps
où un règlement intérimaire n'est pas approuvé.
Mais je dois vous dire, en toute justice et en toute honnêteté,
que je crains fort que vos représentations ne tombent dans des oreilles
de sourds, puisque l'allusion que vous faites, à la page 9, de cette
brimade des droits de propriété de personnes qui pourraient
être propriétaires de terrains et qui seront, à toutes fins
pratiques, gelés, ce précédent est déjà
consacré dans la loi 90 sur le zonage agricole. Je crains fort que vos
représentations, aussi bien que celles que nous ferons à l'appui
de cette considération, encore une fois, s'avèrent vaines.
Là-dessus, j'aurais sûrement certaines questions, mais, compte
tenu de l'heure, je considère que le mémoire est assez clair en
soi. J'assure M. Chartrand que nous ferons les représentations utiles en
temps et lieu, pour faire en sorte que tout au moins ses revendications soient
étalées publiquement, sinon adoptées par le
gouvernement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très brièvement, M. le Président.
Je ne vous ferai pas part des points avec lesquels je suis d'accord, mais il y
a juste une question que j'aimerais poser à M. Chartrand.
Vous parlez de liberté des gens de s'installer, je suis d'accord
en principe. Vous préconisez la liberté de s'installer quand ils
peuvent s'installer sur un terrain. Au niveau du projet d'aménagement
pour une municipalité, j'entends de très petites
municipalités, comme celles que je représente au niveau du
comté de Bellechasse, le gros problème, c'est qu'on ouvre des
rues et qu'il n'y a pas d'infrastructure. Les gens font des dépenses
variant de $1500 à $3000, pour se conformer aux exigences du
ministère de l'environnement, avec une fosse septique selon les normes
et, à un moment donné, lorsqu'on a la densité suffisante
pour avoir des infrastructures, on se voit battre lors d'un
référendum, parce que ceux qui ont déjà investi des
sommes d'argent énormes, peut-être de $2000 à $3000, pour
satisfaire les exigences de l'environnement, et que ça fait deux, trois,
quatre ou cinq ans qu'ils se sont installés ne sont plus
intéressés à payer $300, $400, $500 ou $600 pour la taxe
d'aqueduc et d'égouts pour l'infrastructure. C'est là le
problème.
Je vis ça régulièrement dans nos
municipalités, une municipalité va laisser ouvrir quatre ou cinq
rues, parce qu'il n'y a pas de plan d'aménagement. Naturellement, il n'y
a pas de densité pour les quatre ou cinq rues. Mais avec un projet
d'aménagement, si la municipalité permettait d'ouvrir une seule
rue, mais avoir la densité nécessaire, on pourrait se payer une
infrastructure et il n'y en a pas la moitié qui paierait pour rien.
Chez nous, il y a au moins cinq ou six municipalités qui sont
prises avec le problème que vous décrivez. Les deux ont raison,
mais il faut que cela arrête et où est-ce que cela doit
arrêter? C'est la question que je vous pose.
M. Chartrand (Jean-Yves): Ce que je dis, c'est qu'il y a des
lotissements où on dit que c'est 30 000 pieds ou 3000 mètres et
le gars sait d'avancequ'il est mieux de se mettre un bon puits artésien,
parce que ça va rester comme ça. Dans d'autres endroits, si on
dit au type: II va y avoir un aqueduc, on attend qu'il y ait du monde, mais en
attendant, si tu veux t'installer tout de suite, c'est possible, mets-toi un
puits de surface ou si tu veux mettre un puits artésien, tu es averti
qu'il va y avoir un aqueduc. A ce moment-là, c'est un gars qui est
averti de l'aménagement qu'on prévoit et les possibilités
immédiates, mais aussi les projections futures, c'est-à-dire que
le gars en s'en venant sait qu'il va y avoir un aqueduc. Donc, s'il est averti
et que c'est planifié, il peut s'installer tout de suite. Quand arrive
la question de l'aqueduc, c'est un gars au courant, ce n'est pas un gars
surpris et contre l'aqueduc, tout ça.
M. Goulet: C'est pour des régions bien spécifiques
comme celles que vous avez mentionnées, je pense, Saint-Lin...
M. Chartrand (Jean-Yves): C'est ça.
M. Goulet: ... et l'autre, je ne me souviens pas du nom. Mais
dans nos régions, où c'est très difficile d'avoir des
puits de surface et où pour les fosses septiques, l'environnement dit:
Voici un modèle de fosse septique et c'est ce modèle que tu dois
installer. Alors, on arrive à des coûts, dépendant de la
profondeur du puits, de $1000 à $3000. Le propriétaire qui a
investi ces montants il y a deux, trois ou cinq ans n'est pas
intéressé, absolument pas.
M. Chartrand (Jean-Yves): Dans ces endroits, on ne devrait pas
tolérer d'avoir des lotissements qui seront desservables. C'est
sûr qu'il y a certaines conditions qui doivent être réunies
pour penser à ce concept. Mais ce que je voudrais, parce que ce n'est
pas possible ailleurs, c'est qu'on ne l'empêche pas aux endroits
où ce serait logique et où cela conviendrait à nombre de
gens de fonctionner de cette façon.
M. Goulet: Ça va, M. le Président.
M. Lavoie: Avec la permission de la commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je demande la permission de poser une courte question.
Est-ce que vous faites du développement dans la région de La
Plaine et de Saint-Lin, du lotissement et tout? Combien de petits
propriétaires, de cette manière, ont eu accès à la
propriété?
M. Chartrand (Jean-Yves): A l'heure actuelle, on a au moins 1500
propriétaires installés sur place et on a peut-être un
autre millier qui ont acheté leur lot et qui ramassent leur argent pour
se construire une maison.
M. Lavoie: Est-ce que cela procède normalement
actuellement dans ce développement?
M. Chartrand (Jean-Yves): Tout est gelé, avec le zonage
agricole. On n'avait pas de droits acquis, parce qu'il n'y avait pas
d'égouts. Il y a nombre de dames qui appellent, peut-être dix fois
par jour en demandant: Puis-je remettre mon logement? Dois-je négocier
mon hypothèque? Qu'est-ce qui arrive? On parle de se bâtir, on a
passé à la commission de zonage il y a dix jours. J'ai
appelé aujourd'hui pour savoir si la décision était rendue
et on m'a dit qu'il fallait faire enquête, qu'on n'était pas
satisfait de l'audience et que cela prendrait encore au moins deux à
trois semaines. Et, comme vous le savez, dans les mois d'avril et mai, dans la
construction et le logement, ce sont tous des gens qui sont pas mal
désespérés par la situation.
M. Lavoie: Combien de petits propriétaires parce
qu'on emploie souvent ce qualificatif depuis un certain temps ont des
terrains qu'ils ont achetés, qu'ils ont fini de payer, ou qui sont en
voie de paiement, et qui ne peuvent pas réaliser leur projet ou
bâtir, à cause du gel qui est arrivé, au mois de
décembre dernier?
M. Chartrand (Jean-Yves): Uniquement pour ce qui est des
Entreprises Chartrand, cela ne comprend pas d'autres lotisseurs dans les
environs, on peut facilement parler de 1000 propriétaires.
M. Lavoie: Qui ont acheté des terrains, qui ont investi,
mais qui ne peuvent rien faire avec leur terrain pour le moment?
M. Chartrand (Jean-Yves): Je peux vous dire que ceux qui avaient
un titre enregistré au 9 novembre ont un droit acquis, mais que ceux qui
étaient sous promesse de vente, ou dont le cadastre n'est pas
déposé, sont empêchés. Ceux qui avaient une promesse
de vente n'ont pas de droit acquis et ceux qui avaient acheté leur lot
si le cadastre n'est pas déposé, la municipalité nous
empêche de le déposer, à cause de la loi 90. Donc, ils ont
un droit acquis, mais la municipalité, vu que le cadastre n'est pas
déposé, dit: Je n'émets pas le permis parce que le
cadastre n'est pas déposé. Et ils ne nous permettent pas de le
déposer, parce que c'est sous le coup de la loi 90.
M. Lavoie: Vous me dites que ceux qui, effectivement, avaient un
titre enregistré ont des droits acquis, même s'il n'ont pas
d'égouts et d'aqueduc devant leur porte?
M. Chartrand (Jean-Yves): Oui, le propriétaire qui a un
lot enregistré au 9 novembre a un droit acquis de se bâtir une
maison et, s'il a plusieurs lots, c'est une maison pour la "gang" de lots, mais
le propriétaire qui a un titre enregistré au 9 novembre n'a pas
le droit de faire le dépôt du cadastre tant qu'il n'a pas la
décision de la commission de protection, et parce que le
dépôt de cadastre n'est pas fait, il n'a pas le droit d'avoir son
permis, parce que la municipalité n'émet pas de permis à
moins que le lot soit déposé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Une petite question. A combien de milles de la plus
proche municipalité ou du village êtes-vous situés sur
votre plan domiciliaire?
M. Chartrand (Jean-Yves): On est dans la municipalité de
La Plaine. Tous les gens qui sont là font partie du village.
M. Chevrette: Oui, mais je veux dire par rapport au centre du
village?
M. Chartrand (Jean-Yves): Le centre du village? Dans
l'agglomération des Entreprises Chartrand et d'autres lotisseurs qui
sont contigus, on a, à l'heure actuelle, à peu près 3000
de population et, quand on parle du centre du village, on parle peut-être
de 30 familles. Qu'est-ce qui est le centre du village? Là où il
y a 3000 personnes ou là où il y en a quelques centaines?
M. Chevrette: Je n'ai pas compris la distance.
M. Chartrand (Jean-Yves): Les maisons où il y a cent
familles, à la croisée de la 337 et du Curé-Barrette, cela
fait plus longtemps que les autres qu'elles sont là, mais les autres, il
y en a 3000 et ils se considèrent des Plainois comme tout le monde. On a
même souvent tenté d'essayer de dire qu'il n'y avait pas de partie
dans le village, que tout le monde faisait partie de la même
municipalité. Je retrouve un peu l'espèce de
ségrégation que vous essayez de faire entre le village et l'autre
partie du village.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas du tout cela. Je m'excuse,
monsieur, vous interprétez mes paroles, je ne vous le permettrai
sûrement pas, dans le sens suivant; C'est que je n'essaie pas de montrer
qu'il peut y avoir des divergences de vues entre un plan domiciliaire et un
village, ce n'est pas cela. Si
j'ai voulu vous faire préciser la distance, monsieur, c'est en
fonction de la deuxième question que j'avais à vous poser,
concernant les coûts éventuels pour se donner des services
à partir du centre, où il y en a probablement.
M. Chartrand (Jean-Yves): L'aqueduc est d'ailleurs prévu
pour l'agglomération. C'est en négociation avec les Affaires
municipales. L'approvisionnement en eau sera indépendant de ce que vous
voulez dire... Je ne suis pas capable de dire "le village", parce que je me
considère aussi dans le village.
M. Chevrette: Non, par rapport au point central, aux services
existants?
M. Chartrand (Jean-Yves): Mais les services existants, l'aqueduc
municipal de La Plaine, c'est un puits artésien qui dessert un nombre X
de maisons, mais je dirai que, dans le domaine, chez nous, on a des puits
artésiens qui sont aussi bien équipés que l'aqueduc de La
Plaine.
M. Chevrette: Dans les contrats signés, est-ce que ce sont
les propriétaires qui ont à défrayer la note ou si c'est
sur le plan municipal pour l'aménagement des services collectifs?
M. Chartrand (Jean-Yves): Pour l'aqueduc, c'est en
négociation actuellement à La Plaine, et cela va être un
emprunt collectif, réparti chez les propriétaires riverains. On
espère une aide financière du ministère des Affaires
municipales.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des évaluations de
faites?
M. Chartrand (Jean-Yves): Oui, l'évaluation municipale de
La Plaine a été de $33 millions ou $35 millions.
M. Chevrette: Combien?
M. Chartrand (Jean-Yves): $35 millions à peu
près.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. M.
Léonard: Je vous remercie beaucoup.
M. Chartrand (Jean-Yves): J'aurais une question à vous
poser. L'article 56 et les suivants sur le contrôle intérimaire,
est-ce qu'il va être possible au conseil de comté de dire: Nous
autres, telle partie, on ne veut pas que ce soit gelé par le
déclenchement du processus d'aménagement du schéma. On
vous envoie le règlement de contrôle intérimaire. On attend
90 jours pour savoir si vous les approuvez ou non. Là, il entre en
force, et, après cela, on déclenche le processus du
schéma. Est-ce qu'il va être possible de faire cela?
M. Léonard: On me dit que ce qui est le plus sûr,
à l'heure actuelle, d'après les renseignements que j'ai ici,
c'est qu'il y a la résolution, et c'est après 90 jours. C'est la
résolution qui porte sur le règlement de contrôle
intérimaire, la résolution à l'effet d'adopter un
schéma, plus, en même temps, un règlement de contrôle
intérimaire qui porte sur 90 jours.
M. Chartrand (Jean-Yves): On fait la résolution pour
déclencher le processus d'élaboration du schéma. On ne
pourrait pas avoir fait le règlement pour le contrôle
intérimaire avant d'avoir fait cela pour essayer d'être sûr
du contrôle intérimaire, même avant de commencer
l'élaboration du schéma? Comme cela, quand on commence
l'élaboration du schéma, le contrôle intérimaire est
déjà entendu? Donc, il y a une partie de la municipalité
qui n'est pas gelée par le déclenchement du schéma? Est-ce
que ce serait possible de fonctionner comme cela? (18 h 15)
M. Léonard: On va prendre cela en considération
pour voir si c'est possible de le faire comme cela.
M. Chartrand (Jean-Yves): Sinon, ce que je voudrais, c'est que la
loi dise: Là où est votre périmètre urbain et
où vous avez déjà un règlement, dites-le nous, et
cela ne sera pas gelé. Pour le reste, on sortira nos crayons.
Le Président (M. Laplante): M. Chartrand, les membres de
cette commission vous remercient de votre mémoire. Merci. Les travaux
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 16
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise de la séance de la commission élue permanente des
affaires municipales pour l'étude du projet de loi no 125, l'audition
des mémoires.
J'appelle maintenant la Société pour le progrès de
la rive sud. Madame, messieurs, si vous voulez identifier votre organisme, s'il
vous plaît, et les personnes qui vous accompagnent?
Société pour le progrès de la
rive sud de Montréal
M. Miron (Bernard): Mon nom est Bernard Miron, président
de la Société pour le progrès de la rive sud; à ma
gauche, Mme Phyllis Préfontaine, qui est membre d'un de nos
comités, soit celui de l'aménagement du territoire, et M.
André Benoît, qui est un agriculteur.
Avant de commencer, je dois mentionner que nous remercions la commission
parlementaire de nous donner l'opportunité de présenter notre
mémoire, à la suite des nombreuses préoccupations que nous
avons au niveau de l'ensemble de notre territoire.
Compte tenu que le président de la commission m'a demandé
de couper beaucoup de choses à l'intérieur du texte, je passerai
immédiatement par-dessus les notes préliminaires, tout le monde
sait lire, je pense, et je passerai au vif du sujet pour mentionner que, d'une
part, la Société pour le progrès de la rive sud est un
organisme privé à but non lucratif qui regroupe 350 membres
individuels préoccupés par le développement
socio-économique de la rive sud de Montréal. Nous couvrons le
territoire que plusieurs identifient comme la région 6c, donc la partie
sud de la région de Montréal.
Compte tenu de notre préoccupation au niveau de
l'aménagement, et, compte tenu aussi qu'il n'existe pas de conseil
régional de développement dans notre territoire, le gouvernement
du Québec a reconnu la Société pour le progrès de
la rive sud comme interlocuteur privilégié en matière
d'aménagement du territoire pour la rive sud de Montréal.
Ce rôle en a été un d'animation auprès des
citoyens en général, et particulièrement auprès des
municipalités.
Déjà, le territoire de la rive sud a fait l'objet d'un
découpage en six secteurs qui, de par leur nature et leur
étendue, s'apparentent à la notion de région
d'appartenance. Les dirigeants municipaux de plusieurs de ces secteurs
siègent volontairement et bénévolement à des
comités d'aménagement et en sont même rendus à une
phase de mise en opération dans certains cas.
Je suis donc rendu immédiatement à la page 4 pour le
bénéfice de tout le monde. La pertinence d'une loi en
matière d'aménagement et d'urbanisme est depuis fort longtemps
établie. C'est d'ailleurs le retard à en formuler une qui a
causé beaucoup de préjudice au développement du
Québec et même autorisé des interventions sectorielles
certes souhaitables, mais désordonnées.
Dans un mémoire remis au ministre de l'Agriculture portant sur le
projet de loi no 90, nous avons fait état de l'importance
d'établir un cadre régional de planification du territoire. Nous
avions, du même coup, indiqué qu'il nous paraissait rationnel
d'insérer un chapitre "zonage agricole" dans une éventuelle loi
sur l'aménagement.
Tel que formulé, l'actuel projet de loi 125 est certes
influencé par les perspectives de décentralisation. Ceci
d'ailleurs est établi clairement par les textes du secrétariat
à l'aménagement. Pour leur part, les dirigeants de la
Société pour le progrès de la rive-sud, outre la
perspective de décentralisation, se sont attardés à
considérer principalement l'impact du projet de loi sur le
développement de la région sud de Montréal.
Ainsi, la question fondamentale que nous avons dû poser portait
sur l'effet favorable du projet de loi 125 sur le développement, bien
entendu, de notre territoire. Nous avons examiné l'efficacité
administrative du projet de loi principalement au plan de son processus
décisionnel. Enfin, nous avons fait nôtres les quatre principes
sous-jacents à ce projet, tels que formulés dans le fascicule 3
sur l'aménagement et la décentralisa- tion et examiné dans
quelles mesures ils étaient respectés.
Nos commentaires seront présentés sous quatre volets,
chacun conforme à un objet de consultation. Nous exprimerons donc notre
opinion sur le contenu général de la loi, le nom devant
désigner l'organisme régional chargé d'élaborer le
schéma, les modalités de découpage du territoire, les
modalités de représentation. Notre exposé sera conclu par
la formation de propositions à cette commission.
Le contenu général du projet de loi. Quoique titrée
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, il est apparu évident que,
tout au moins pour le chapitre I du titre II, le législateur s'est
laissé tenter par l'opportunité d'établir les bases d'un
mécanisme décentralisé multifonctionnel. D'ailleurs, nous
devons souligner que le lecteur du projet de loi ne peut ignorer le contexte de
la décentralisation. Par contre, le projet de loi en est un
d'aménagement et d'urbanisme et les objets de la consultation qui nous
sont soumis ne débordent pas ce cadre. Aussi, nous avons tenté
d'examiner les qualités et les défauts du projet de loi par
rapport au titre même qu'il porte. (20 h 15)
Je passerai par-dessus les principes que tout le monde connaît
sûrement.
Les points sur lesquels nous sommes d'accord et les points sur lesquels
nous sommes en désaccord. Les points sur lesquels nous sommes d'accord.
Il est aisé d'être en accord avec le législateur sur la
pertinence de déposer une loi de l'aménagement. Le type de
région dite région d'appartenance retenue pour fins
d'aménagement rallie notre assentiment. De fait, le travail fait par
notre organisme au niveau des différents "secteurs d'aménagement"
a toujours pris comme base de regroupement les affinités territoriales,
sociales et économiques. Dans ce sens, le territoire des comtés
actuels peut être utilisé comme point d'amorce pour établir
les limites géographiques de l'organisme régional
d'aménagement. Toutefois, dans le cas de notre région, il y
aurait net avantage à profiter du travail déjà
réalisé en utilisant le découpage territorial qui a servi
de point de référence aux différents comités
d'aménagement déjà en opération.
La SPRS, la société, est en accord avec le "membership"
municipal comme base de formation de l'organisme régional
d'aménagement, car, à notre avis, la municipalité
constitue présentement l'unique organisme multifonctionnel
décentralisé territorialement dirigé par un conseil
élu. Elle exerce déjà la fonction d'aménagement
dans son territoire. La municipalité doit donc être le point de
départ de la démarche d'aménagement, en raison de ses
responsabilités, de ses pouvoirs et de la responsabilité
politique de ses dirigeants.
Les points sur lesquels nous sommes en désaccord: L'analyse du
projet de loi 125 nous révèle que les pouvoirs de contrôle
ou d'intervention du ministre sont tels qu'ils contreviennent
considérablement aux principes sous-jacents à la loi. Ici, je
pense surtout aux articles 28 à 31.
De fait, nous croyons que les municipalités membres du
comté renouvelé s'accommoderont difficilement des pouvoirs
ministériels qui remettent même en cause le travail
effectué par le comté renouvelé et invalident l'opinion
exprimée par les citoyens. Nous affirmons donc que les pouvoirs
ministériels contredisent le principe du respect des domaines
d'intervention, qu'ils faussent la concertation entre les trois paliers, qu'ils
remettent en cause la participation des citoyens et qu'ils vont même
à l'encontre du principe de la responsabilité politique.
Il y a certes lieu d'alléguer la présence de l'Etat et de
respecter les fondements mêmes du projet de loi. Nous croyons que le
législateur a tenté vainement de créer une structure
hybride dont le père gouvernemental porte les caractères de
décentralisation fonctionnelle et la mère municipale porte les
caractères de décentralisation territoriale.
Par définition, les organismes de décentralisation
fonctionnelle sont soumis à une tutelle des ministères et
également à certains contrôles, règles et pratiques
des organismes administratifs centraux. Généralement, ils n'ont
pas de pouvoirs fiscaux. On n'a qu'à penser ici aux hôpitaux et
aux CEGEP, par exemple.
Les organismes décentralisés territorialement, les
municipalités, sont dirigés par des personnes élues et
disposent de pouvoirs fiscaux. Ils jouissent d'une économie de gestion
plus grande que les organismes décentralisés fonctionnels, ces
derniers étant plutôt apparentés à la
déconcentration.
Dans le cas qui nous intéresse, la législation devrait
assurer la mise en place d'un organisme qui serait le fruit d'une
décentralisation unifonc-tionnelle et territoriale. Ceci assurerait un
statut qui s'apparente plus à celui des municipalités et
forcerait un allégement des contrôles de l'Etat.
Un autre point sur lequel nous sommes en désaccord, un autre
aspect du projet de loi qui nous inquiète, c'est celui de la lourdeur du
processus décisionnel. Certains spécialistes, comme les
urbanistes, les directeurs généraux ou les gérants des
villes, ont indiqué qu'il faudrait compter environ sept années
pour réaliser un cycle d'adoption du schéma et du plan
d'urbanisme, sans compter la période de mise en place de l'organisme
régional.
Le processus d'adoption du schéma et du plan d'urbanisme
mérite le qualificatif redondant. Tel que formulé, il ne
constitue certes pas un outil efficace de développement et crée
l'illusion de la consultation et de la décentralisation. Il crée
l'illusion de la décentralisation en mettant en branle un cheminement
tout au long duquel des décisions seront prises par le conseil de
comté renouvelé pour aboutir finalement à un pouvoir de
modification qui ne laisse aucun doute quant à la primauté des
objectifs nationaux.
Il crée l'illusion aussi de la participation en associant le
citoyen à diverses étapes par le biais d'audiences publiques et
en lui donnant l'occasion de s'exprimer par référendum.
Toutefois, ce référendum n'est que consultatif et tous les
efforts de participation aboutiront au même pouvoir de modification du
schéma par le gouvernement et ce, encore au nom de la primauté
des objectifs nationaux. D'ailleurs, les articles 127 et 133 illustrent comment
il est possible de donner l'illusion du pouvoir local et régional tout
en établissant clairement la subordination au pouvoir central.
Le dernier élément sur lequel nous enregistrons un
désaccord est l'élection du préfet telle que
formulée par l'article 162. Nous croyons que les
délégués municipaux siégeant au conseil de
comté renouvelé seront dans une situation fort difficile et
même contraignante en raison de l'écart possible entre
l'intérêt régional et l'intérêt local. Cette
situation sera d'autant plus inconfortable que le mandat original de leurs
électeurs les habilite à prendre des décisions au plan
local. Ce n'est que par extension de leurs responsabilités que le projet
de loi en fait des mandataires régionaux.
Le projet de loi 125 prévoit que le préfet est élu
par les membres du conseil. Le titulaire, fort probablement un maire,
représentant d'une municipalité membre, devra occuper une
fonction publique qui lui confère même un vote
prépondérant en cas d'égalité. L'exercice de ce
pouvoir sera certes difficile par une personne dont le mandat premier au
conseil est de représenter sa ville. Nous croyons qu'il y a lieu de
prévoir un mode différent d'élection du préfet afin
d'assurer que le titulaire de ce poste puisse exercer le plus librement
possible ses responsabilités, et qu'il n'ait pas à composer avec
un double mandat.
En ce qui concerne le nom, le choix du nom pour désigner
l'organisme régional chargé d'élaborer le schéma
d'aménagement n'est pas aisé pour plusieurs raisons. D'aucuns
conviennent que l'appellation de conseil de comté réfère
à une institution rurale à peu près inconnue par la
population urbaine. La connotation rurale n'est certes pas pour favoriser
l'acceptation du nom comté par les dirigeants municipaux du monde
urbain. Nous ne pouvons ignorer cette réalité. Par ailleurs, le
même raisonnement nous permet d'avancer que la majorité des
citoyens du Québec se réfèrent au comté
électoral lorsqu'on parle de comté. Nous croyons que
l'utilisation du mot "comté" ne ferait qu'ajouter à la confusion
pour le citoyen maintenant aux prises avec un comté
fédéral pour lequel un député est élu, un
comté provincial pour lequel un député est élu, un
conseil de comté municipal qui en fait est régional et sur lequel
il n'exerce aucun contrôle direct et enfin, un comté ou un conseil
municipal à l'élection duquel il participe.
Nous croyons que le nom de l'organisme doit coller le plus près
possible à la réalité de cet organisme et qu'il y va de
l'intérêt de tous d'éviter la confusion.
A notre avis, l'organisme chargé d'élaborer le
schéma et de remplir les autres fonctions prévues par le projet
de loi 125 est un organisme unifonc-tionnel décentralisé
territorialement. Pour cette raison, nous devons retenir que la fonction
décen-
tralisée est l'aménagement et que le territoire couvert
est celui de la région d'appartenance. Il y a donc lieu, à notre
avis, de reprendre ces deux notions et de créer une corporation
régionale d'aménagement pour chaque région, corporation
qui serait dirigée par un conseil formé par les
municipalités membres d'une région. Le citoyen s'adresserait donc
au conseil régional d'aménagement de... sans la moindre
ambiguïté tout au moins pour ce qui est du rôle de son
interlocuteur et de son palier d'intervention.
Les modalités de découpage. Le découpage
territorial constitue une étape importante dans le processus de mise en
place du conseil régional d'aménagement. Telle que
formulée, la loi permet au ministre d'agir unilatéralement ou de
ne pas agir. L'article 142 stipule que le gouvernement peut modifier les
comtés actuels, créer de nouveaux comtés et, en tout
temps, modifier les lettres patentes émises en vertu du même
article. Aucun délai ni processus ne sont stipulés.
A notre avis, il y a lieu d'être plus spécifique afin
d'assurer la délimitation des territoires et la création des
conseils régionaux d'aménagement.
Les modalités de découpage et de mise en oeuvre de la loi,
telle que sanctionnée, pourraient comprendre les étapes
suivantes. Nous suggérons simplement un échéancier. Le
gouvernement dépose un échéancier de mise en place des
conseils régionaux dans l'ensemble du territoire précisant les
délais pour chacun;
Le gouvernement publie des hypothèses de découpage, tout
en demeurant disposé à recevoir des hypothèses de la part
des municipalités;
Les territoires des actuels comtés municipaux servent de
territoire de base pour amorcer les discussions et il y a, pour chaque
territoire régional, la création d'un conseil régional
d'aménagement provisoire formé par toutes les corporations
municipales du territoire. Dans le cas de la rive sud, les territoires
déjà utilisés par les comités d'aménagement
pourront être utilisés.
La consultation pour l'établissement d'un territoire
définitif est faite par le gouvernement et chaque membre du conseil doit
émettre un avis au ministre sur son rattachement dans un délai de
trois mois suivant la date de création dudit conseil provisoire.
La demande des lettres patentes est faite par le conseil provisoire.
Les lettres patentes, outre les stipulations de l'article 144, devront
indiquer le mode de tarification des membres du conseil régional
d'aménagement.
L'articulation de ce processus pourrait être établie par
règlement, pour autant que le projet de loi 125 prévoie une
disposition qui assure ce pouvoir au gouvernement.
Pour ce qui concerne les modalités générales de
représentation, nous croyons qu'il appartiendra à chaque conseil
provisoire d'établir la répartition du vote. Ce sera là un
exercice de concertation formateur pour tous les membres du conseil. A notre
avis toutefois, il importe que le législateur assure une
équité de représentation. Compte tenu que le financement
par les municipalités membres a de fortes chances d'être
établi selon un principe de tarification, basé sur l'indice de
population entre autres, il va de soi que la répartition du vote se doit
d'être proportionnelle.
La SPRS est d'accord que les municipalités soient les membres
constituants du conseil régional d'aménagement, d'autant plus
qu'elles ont déjà cette responsabilité dans leur
territoire et que leurs dirigeants sont élus par la population qu'ils
représentent. Au palier municipal, il n'y a certes pas
d'équivoque quant au respect du principe de la responsabilité
politique.
Quant au représentant de la municipalité au conseil
régional d'aménagement, nous différons d'opinion avec le
législateur en raison même des réformes du système
électoral municipal dont l'application établit une
démarcation plus grande entre le maire et le conseil municipal. Des
exemples récents, surtout chez nous, démontrent que le conseil
municipal peut, parle jeu des partis politiques locaux, placer un maire dans
une situation fort embarrassante lorsqu'il s'agit de représenter la
municipalité. Aussi croit-on qu'il est important que le
délégué de la municipalité soit
désigné par résolution du conseil municipal.
Nous devons revenir ici sur le choix du préfet.
Antérieurement, nous avons fait état de notre objection à
la désignation d'un préfet par les membres du conseil. Les
membres du conseil régional d'aménagement sont mandatés
par leur conseil municipal pour les représenter. Déjà
là, il ne sera pas aisé d'agir comme mandataire municipal et
administrateur régional. L'extension du mandat local, à notre
avis, ne doit pas aller jusqu'au niveau du préfet en raison même
de la charge qui accompagne cette fonction et des situations conflictuelles qui
seront fréquentes.
Aussi, la société suggère-t-elle que le terme
'préfet ' soit remplacé par celui de "président ", compte
tenu que le nom "conseil de comté " n'a pas été
retenu.
Quant à la fonction de président, nous croyons qu'elle
doit être assumée, dans notre région tout au moins, par une
personne qui en fait son occupation principale. Il est utopique d'imaginer que
cette fonction se résume à une réunion mensuelle.
Déjà, ceux qui ont la charge de maire consacrent totalement leur
temps ou une grande partie de leurs activités hors travail toujours
à l'exercice de cette même fonction de maire.
Aussi, nous suggérons que le président du conseil
régional soit désigné par le conseil par voie de concours
et qu'il occupe ce poste comme activité permanente pour une
période à déterminer par le conseil. Il s'agit, à
notre avis, d'une formule administrativement efficace qui, par ailleurs,
respecte la responsabilité politique du conseil.
Nos propositions. La SPRS désire donc établir qu'elle
appuie l'initiative du gouvernement du Québec à
légiférer en matière d'aménagement. Elle endosse
les principes qui ont guidé l'élaboration du projet de loi 125
tels que formulés dans le fascicule 3 sur la décentralisation
publiée par le
secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation.
La SPRS demande au gouvernement d'adopter le projet de loi en le
modifiant afin de le rendre conforme aux principes qui doivent l'inspirer. Nous
demandons donc au législateur:
Que les pouvoirs du ministre soient modifiés de telle sorte que
les choix locaux et régionaux s'exercent réellement sans les
rendre dépendants des choix nationaux qui peuvent, d'une part,
s'insérer dans la planification locale et régionale ou, d'autre
part, s'exercer par l'usage de la zone d'intervention spéciale. Que le
mécanisme de confection et d'adoption du schéma soit
allégé. Il serait utile que le gouvernement fournisse, dès
le départ, des documents précis sur ces orientations et ces
objectifs au plan régional. Ceci éviterait l'envoi de documents
en deux étapes. Je me réfère aux articles 11 et 21.
Par ailleurs, nous croyons qu'à la lumière des documents
gouvernementaux et municipaux, il est possible pour le conseil régional
de préparer une proposition d'aménagement sur laquelle il prendra
avis de la population, des gouvernements, des municipalités et des
organismes du territoire pour, finalement, adopter le schéma sans
possibilité d'amendement par le gouvernement.
Ceci signifie que la phase de propositions préliminaires et des
avis qui l'accompagnent est inutile. De plus, une seule étape de
consultation est requise et le référendum, dans la forme de
l'article 24, n'a pas lieu d'être tenu.
Dans le même ordre d'idées, une étape de
consultation et d'avis peut être éliminée au palier
municipal dans le cas de l'élaboration du plan d'urbanisme.
Que le nom "conseil régional d'aménagement" soit retenu
afin de désigner l'organisme chargé des pouvoirs du conseil de
comté inscrit dans le projet de loi.
Que le gouvernement établisse par règlement le processus
de découpage des territoires.
Que les territoires des comtés municipaux actuels servent de
point de départ pour amorcer le processus.
Que les territoires déjà établis pour les divers
secteurs d'aménagement soit retenus comme territoires initiaux dans la
région sud de Montréal.
Que les modalités de représentation soient établis
par chaque conseil provisoire et qu'un facteur de proportionnalité soit
respecté. (20 h 30)
Que les modalités de partage des coûts soient incluses dans
les lettres patentes.
Enfin, que le président du conseil régional
d'aménagement soit nommé par le conseil par voie de concours.
En conclusion...
Le Président (M. Laplante): Votre temps est
déjà dépassé; à moins que les membres de la
commission...
M. Chevrette: II reste une page.
M. Miron: II me reste une page. Je peux même passer
par-dessus, si vous voulez.
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi, j'ai des pages en
double.
M. Miron: La SPRS est préoccupée par le
développement cohérent de son territoire et son analyse du projet
de loi 125 s'est faite dans cette perspective. Dans ce sens, nous jugeons que
le projet de loi 125 sera un outil utile pour autant qu'il soit remanié
pour assurer l'exercice de la responsabilité politique au palier
régional.
Nous avons donc formulé des propositions qui, à notre
humble avis, favoriseront l'efficacité et rendront le projet de loi plus
conforme aux principes qu'il devrait respecter. Nous soumettons donc à
votre attention le fruit de nos réflexions qui s'appuient sur des
expériences vécues en matière d'aménagement du
territoire.
Nous suggérons aux législateurs de miser sur les
dynamismes locaux et régionaux en établissant une loi-cadre qui
stimule plus qu'elle ne contrôle. Le développement basé sur
les régions d'appartenance n'est pas possible autrement. C'est là
le prix de la décentralisation telle que nous la concevons.
Quant à la société, elle demeure un partenaire
disponible à la poursuite de la réflexion sur
l'aménagement du territoire de la rive sud de Montréal et
à l'animation des principaux intervenants.
Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre?
M. Léonard: La Société pour le
progrès de la rive sud, je vous remercie pour votre mémoire. Je
vous félicite aussi du travail qui a été accompli par
rapport à la loi de l'aménagement et de l'urbanisme. Je sais que
vous y avez travaillé et que vous avez largement consulté sur la
rive sud de Montréal notamment.
Je retiens, en tout cas, un certain nombre de choses et de points.
D'abord, l'appui de la Société pour le progrès de la rive
sud est, à mon avis, important quant à la pertinence du projet de
loi, quant aux principes et aux objectifs aussi du projet de loi auxquels vous
dites adhérer totalement, quant aux suggestions aussi qui ont trait aux
modalités de découpage des comtés, à partir de
structures existantes et en tenant compte du sentiment d'appartenance des
gens.
Je vais relever un certain nombre d'ambiguïtés, à mon
avis, là-dessus, par exemple, sur l'accord que vous donnez au principe
de la responsabilité politique de l'aménagement. Vous dites y
adhérer et, en même temps, vous proposez qu'une élection du
président ou du préfet se fasse par voie de concours. Donc, en
définitive, il s'agit d'un fonctionnaire et, pour diriger un corps
politique, un président serait un fonctionnaire. Cela me paraît un
peu ambigu comme position.
Deuxièmement, en ce qui concerne les ambiguïtés,
l'accord de la Société pour le progrès de la rive sud est
acquis avec le principe de la consultation et de la participation des citoyens
et vous dites au gouvernement qu'il remet en cause la participation de la
population et qu'il crée, jusqu'à un certain point, l'illusion de
la consultation. Mais, par contre, vous faites une proposition en vue d'abolir
la consultation lors de certaines étapes du processus
d'élaboration du schéma ou du plan pour raccourcir les
délais. Je comprends que les délais sont longs. Vous parlez de
sept ans; ça me paraît aussi assez long, en tout cas, très
pessimiste comme niveau de réalisation. Je pense bien qu'il ne faut pas
nier que, dans certains cas, ça pourrait se produire, mais, dans
d'autres, ça pourrait aller beaucoup plus vite que ça.
Vous êtes d'accord aussi avec le principe de la
responsabilité de chaque palier mais, en proposant la modification de
certains articles, on demande au gouvernement de laisser ses
responsabilités en matière d'aménagement envers l'ensemble
de la collectivité québécoise. Si je reprends les
dernières pages que vous avez lues tout à l'heure, vous remettez
même en cause, je pense, le principe de l'usage de la zone d'intervention
spéciale, à la page 21 notamment.
Je me demande, compte tenu de ça, quels seraient les pouvoirs du
gouvernement par rapport à des gestes d'intérêt national
qu'il devra nécessairement poser sur le territoire.
C'étaient les commentaires que je voulais faire au départ.
J'aimerais que vous clarifiez en particulier cette assertion que vous faites
sur la consultation. Vous dites que c'est une illusion; est-ce que c'est parce
que vous trouvez qu'il y en a trop dans le projet de loi?
M. Miron: D'une part, si on regarde le cheminement de
l'élaboration et de la mise en vigueur d'un schéma
d'aménagement de comté, on s'aperçoit qu'il y a un minimum
de deux consultations. Il y a une consultation préliminaire; il y a une
autre consultation dans les étapes 3, 4 et 8 dans le document que vous
connaissez par coeur. Selon nous, si vous étirez la consultation, elle
n'aura plus d'effet. Je pense qu'à un moment donné, il ne faut
pas consulter pour consulter non plus. A un moment donné, les gens qui
font cette consultation... On dit que les étapes de consultation, il y
en a au minimum une de trop là-dedans. A partir de ce moment, on ne
voudrait pas créer cette illusion. C'est dans ce sens qu'on le voit.
M. Léonard: La conclusion est un peu forte; qu'il y ait
une étape de trop, je veux bien l'admettre mais est-ce que cela
crée nécessairement l'illusion de la consultation?
M. Miron: II demeure que vous pouvez consulter les gens mais il
demeure aussi qu'en tout temps, le ministre peut intervenir; il y a des
possibilités de modification par le gouvernement. J'aimerais vous
reprendre, M. Léonard, lorsque vous mentionnez la page 21 de notre
mémoire. Je pense qu'il faudrait bien la lire et bien la comprendre;
nous ne remettons pas en cause le principe des objectifs nationaux. On voudrait
absolument que s'il y a des objectifs nationaux qui se doivent d'être
inclus à l'intérieur des schémas dans notre territoire,
cela passe par les schémas d'aménagement. A titre d'exemple
un exemple à la mode chez nous s'il faut installer un
hôpital, à ce moment-là, les gens de notre territoire
disent: L'hôpital devrait aller là. Si un objectif national du MAS
dit qu'il doit y avoir un hôpital dans le coin, que ce ne soit pas le
ministère des Affaires sociales qui dise: L'hôpital va aller
à telle place, mais bien les gens de la région qui
déterminent l'endroit où ira l'hôpital.
M. Léonard: En ce qui nous concerne, la localisation d'un
hôpital n'est pas un objectif national généralement.
M. Miron: D'accord, j'ai mal choisi mon exemple.
M. Léonard: Non, je crois que c'est important.
Peut-être que le passage, par exemple, de la ligne de transmission de la
baie James poursuit les objectifs nationaux et, à ce moment-là,
je pense que tout le monde est d'accord sur des objectifs
d'intérêt national, mais il reste quand même qu'il faut
accorder à l'Etat les moyens de l'assurer. En principe, si on est
d'accord, est-ce qu'en pratique aussi on va s'entendre sur un certain nombre de
dispositifs pour permettre au gouvernement d'intervenir?
M. Miron: Je pense qu'on s'entend sur cela; il faut que la ligne
de la baie James ou autre passe, cela est bien clair, sauf qu'à la place
de la faire passer pour des soi-disant besoins nationaux, je voudrais bien
qu'on s'entende avec les gens de cette région pour qu'elle passe
à tel endroit au lieu de tel endroit.
Vous m'avez posé aussi une autre question sur le
préfet.
M. Léonard: Oui.
M. Miron: Vous devez vous souvenir tout de même d'une
consultation que nous avons faite auprès de 300 élus dans notre
territoire. On a tout de même discuté assez longuement. Pour nous,
cela demeure un milieu urbain où les municipalités sont tout de
même assez fortes au point de vue densité. On ne pouvait pas
comprendre comment un maire qui était déjà
préoccupé à plein temps par sa municipalité, donc,
une "job" à plein temps dans sa ville, pouvait, au niveau
régional, avoir d'autres sortes de préoccupations et, à ce
moment-là, on a dit: Si on fait nommer par les maires, par les gens
politiques, un individu et que ce sont eux qui déterminent son mandat
quant à sa durée et aux objectifs que ce comté a, c'est
sûr qu'il devient un employé de ce conseil régional. Il ne
serait donc pas un élu à moins que cette personne ait la
compétence pour remplir ce poste.
Ce qui nous fait peur, c'est que l'individu qui serait, en l'occurrence,
possiblement un maire ou même un conseiller dans le cas parce
qu'on a été assez explicite là-dessus n'ait pas le
temps de s'occuper du conseil d'aménagement ou du conseil
régional d'aménagement, parce qu'il est déjà
débordé avec sa municipalité. On dit: Cela prend un
employé à ce conseil, qu'il le nomme cet individu et il sera
toujours un employé des gens politiques, il ne sera pas nommé par
le gouvernement, mais il va être nommé par les maires ou les
conseillers de ce conseil d'aménagement. Je ne sais pas si je
réponds à votre question. Nous en avons discuté tout de
même...
M. Léonard: Est-ce que, autour de la table, il aurait le
droit de vote?
M. Miron: Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. Léonard: Est-ce qu'il aurait le droit de vote?
M. Miron: II aurait un droit de vote en cas
d'égalité.
M. Léonard: Donc, il en a un? M. Miron: Oui.
M. Léonard: A ce moment, à qui serait-il
redevable?
M. Miron: II serait certainement redevable aux gens qui l'ont
engagé, du moins...
M. Léonard: Electoralement, il n'y aurait... M. Miron:
Absolument pas. M. Léonard: Absolument pas?
M. Miron: Non, il ne serait pas redevable, il ne serait pas
élu par le peuple.
M. Léonard: D'accord, c'est tout.
M. Miron: On a étudié l'autre hypothèse
aussi, M. le ministre, et elle nous semblait tout aussi utopique.
M. Léonard: Je pense, à l'heure actuelle, quand
vous me dites ça, à la Communauté urbaine de
Québec. Je ne sais pas si le président trouve que son
hypothèse est utopique.
M. Miron: II faudrait que j'en parle avec Marcel, mais il n'en
demeure pas moins qu'il faudrait faire attention; on essaie de voir quelle
sorte de formulation on pourrait établir pour élire au suffrage
universel ce président. C'est un nouveau suffrage.
M. Léonard: Dans le projet de loi, le préfet est
élu par les autres maires; en fait, c'est ça?
M. Miron: Oui.
M. Léonard: J'aurais une autre question. Quand vous
demandez le retrait de la consultation et des avis, lors de la proposition
préliminaire, pour ne conserver la consultation que lors du
dépôt du schéma, soit pratiquement à la fin des
travaux, quels sont les mécanismes que vous comptez instaurer pour
amener la population à participer à l'élaboration du
schéma? Parce que, là, si je reprends, vous voulez retirer la
consultation et les avis, lors de la proposition préliminaire; donc, au
fond, la consultation se fait lorsqu'on dépose le schéma, soit
à la fin des travaux, alors quels seraient les mécanismes que
vous proposeriez pour amener la population à participer?
M. Miron: Voici, c'est que vous avez une proposition
préliminaire, vous avez une consultation, concertation qui...
M. Léonard: Une consultation sur la proposition
préliminaire?
M. Miron: Oui, d'accord? Nous, on considère qu'il y a
trois conclusions à ce sujet. Nous disons que celle du milieu, on
pourrait possiblement la faire sauter. J'ai peur que cette consultation ne
s'étire, c'est ce qui nous a semblé...
M. Léonard: Je ne sais pas si j'ai mal lu le
mémoire; il me semblait que c'était la consultation sur la
proposition préliminaire qui devait sauter, il me semble que c'est ce
que vous proposez.
M. Benoit (André): Ce qui se produit, c'est qu'elle porte
ici le qualificatif de "préliminaire". On dit que, si dès le
départ, les documents du gouvernement...
M. Léonard: Ah, du gouvernement sont
déposés; oui.
M. Benoit: ... étaient plus précis et que le
premier document mis en circulation était un peu plus explicite, sans
qu'on ne lui donne le qualificatif de proposition finale parce que, en
fin de compte, elle n'est pas encore version définitive puisqu'elle ne
sera définitive qu'au moment où elle sera mise en vigueur, c'est
encore beaucoup plus loin on se dit qu'il serait peut-être plus
utile de faire un processus de consultation qui pourrait porter sur plusieurs
audiences publiques ou plusieurs sessions de travail avec les gens, une seule
étape de consultation, plutôt que d'en faire deux ou trois. Nous,
on a bien l'impression qu'entre la première, la préliminaire, et
la version définitive, il peut s'étirer tellement de temps que
les gens ne seront plus consultés sur le même schéma la
deuxième fois et que celui qui sera adopté, encore plus loin,
quand il aura peut-être passé le processus de modification par le
gouvernement, sera encore autant différent, et de la version
définitive, et de la version préliminaire. Si on regarde
ça d'un côté pratique, c'est que les
gens vont cheminer dans un laps de temps qui est très long et il
ne faut quand même pas se faire d'illusion, parce que le citoyen est
sollicité, en termes de consultation, par divers types d'organismes.
Là, on veut le consulter à un niveau, qui est sa
région d'appartenance, mais sa région d'appartenance qui
déborde grandement son quartier et sa ville. Alors, il n'est pas
sûr que cette réalité, il va la saisir dès le
début. Il n'est pas sûr non plus qu'il va pouvoir s'insérer
sur une période de temps très longue et suivre tout le
cheminement pour être capable d'avoir une consultation dans laquelle ils
participent de la façon la plus positive possible. On dit: Pourquoi ne
pas restreindre le temps et dire: Voici, il y a une version qui a
été faite à la lumière de documents municipaux et
gouvernementaux les plus précis dès le départ. (20 h
45)
M. Léonard: Quasi définitifs.
M. Benoit: Ce qui se produit, c'est que vous avez, dans un
premier temps, des documents préliminaires qui viennent du gouvernement,
il y a une version préliminaire sur laquelle les gens sont
consultés. Dans un deuxième temps, vous avez des documents qui
sont peut-être modifiés par le gouvernement, des orientations un
peu plus précises. On fait maintenant un nouveau schéma qu'on
appelle version définitive. La version définitive retourne dans
toute la mécanique et on arrive où, quand et comment? C'est dans
ce sens qu'on a l'impression que le citoyen va être quasiment
déraciné du processus. On se dit qu'il ne faut pas se faire
l'illusion que le bonhomme... On parle du citoyen, on ne parle pas
nécessairement de tous les gens préoccupés avec tout
l'appareillage pour suivre ça. Même ceux qui sont très
près ont souvent un peu de difficulté.
A ce moment-là, si on pense au citoyen, l'objectif, c'est que le
citoyen prenne part à la décision, qu'on lui rende ça le
plus facile possible, avec le maximum d'information et des laps de temps
où il va savoir dans quoi il fonctionne. Dans le fond, c'est seulement
ça qu'on suggère.
M. Léonard: Je comprends.
M. Benoit: L'appellation définitive, ce n'est pas
grave.
M. Léonard: Vous ne croyez pas que le gouvernement, en
déposant des documents au départ, va profiter de la consultation
et qu'il peut lui-même ajuster ses projets par rapport à la
consultation? Alors, ce serait difficile de sortir des documents trop complets
au départ.
M. Benoit: Tel que la loi est formulée, même si les
documents étaient très étoffés et assez
précis, il reste toujours les possibilités de modification aux
articles 28 à 31 qui demeurent, après les séances de
consultation.
M. Léonard: Oui, mais on n'en fait pas...
M. Benoit: Parce que le schéma ne sera pas en vigueur. Il
ne sera pas en vigueur quand le conseil de comté l'aura établi,
sa version finale. Il sera en vigueur quand la phase des articles 28 à
31 sera passée.
M. Léonard: Je ne pense pas qu'il faille voir l'article 28
comme étant un article d'application générale et continue.
Moi pas, en tout cas.
M. Benoit: En fin de compte, la loi nous dit ce qui est
écrit, il faut travailler avec ça.
M. Léonard: Vous rejetez l'appellation comté,
comté renouvelé et vous voulez appeler ça conseil
régional d'aménagement. Le dites-vous parce que ce serait plus
conforme à votre région ou bien si vous pensez qu'il faut le
rejeter? Quelles sont les raisons, finalement?
M. Miron: D'une part, lorsqu'on parle de comté, dans notre
territoire, on l'a mentionné, c'est une appartenance, une connotation
politique, fédérale, provinciale. Conseil de comté, dans
notre territoire, ce n'est absolument pas connu. Même si on a le
président du CCQ chez nous, il demeure que ce n'est pas connu. Il y a M.
Moreau qui est connu, mais les conseils de comté, ce n'est pas connu.
Chez nos urbains, ça ne passe pas entre les deux oreilles, comtés
ou conseils de comté. Peut-être que c'est viscéral, mais
ça ne passe pas. Si on s'était attardé seulement à
ça, on aurait peut-être parlé uniquement de ça.
Donc, on a dit: On va s'organiser pour changer.
Ce qui colle plus, c'est vraiment, je pense qu'on a été
assez explicite; en tout cas, on a dit: si on ne veut pas le mot
"comté", c'est quoi? Il y a l'aménagement, parce que c'est une
fonction. Un conseil régional, d'abord, il y en a plusieurs et ce
conseil régional, c'est plus qu'une municipalité, enfin, c'est
plus qu'une seule localité et c'est tout de même une région
d'appartenance. Donc, région d'appartenance pour régional,
conseil, parce que c'est un conseil de plusieurs municipalités. C'est
comme ça qu'on a trouvé... Peut-être que ce n'est pas la
trouvaille du siècle, sûrement, mais c'était plus conforme
à nos idées. Il fallait enlever le mot comté,
c'était clair.
M. Léonard: Cela correspondait aussi à ce que vous
appelez chez vous les secteurs?
M. Miron: Oui, absolument.
M. Léonard: A peu près ça. Absolument.
M. Miron: C'est ce que nous avons au niveau des secteurs, des six
secteurs que nous avons chez nous.
M. Léonard: Je note au passage que vous faites toute une
série de recommandations sur un processus de découpage. Je suis
très heureux que vous les ayez faites. Au fond, la loi n'est pas
précise là-dessus. Il se peut que rien ne s'oppose à
ce qu'une bonne partie de vos recommandations soient retenues sur ce
plan.
M. Miron: Si nous avons fait ces étapes, c'est que nous
considérons qu'il fallait que ça débloque sur quelque
chose, parce que, si on laisse trop de temps, les gens vont y penser; si on
laisse trois mois, les gens vont commencer à y penser après deux
mois et demi et vont dire: On a quinze jours pour le faire.
M. Léonard: J'aurais une question à vous poser. Il
me semble qu'elle est d'importance, parce que vous en traitez longuement dans
votre mémoire. C'est ce qui vous amène à croire que le
gouvernement et le ministre responsable de la loi ont des pouvoirs trop
étendus. Vous laissez penser, il me semble, à travers votre
mémoire, qu'il y a une hiérarchie de plans alors qu'il me semble
que la pyramide est inverse. J'aimerais que vous commentiez
là-dessus.
M. Benoit: Pour s'assurer qu'il y ait une hiérarchie dans
les décisions, cela ne prend pas nécessairement une
hiérarchie de plans. On peut facilement, par les étapes, car les
différents contrôles, par ce qu'on appelle les pouvoirs de
modification, faire en sorte qu'à un moment donné il se produise
une hiérarchie dans la planification, même si, au point de
départ, il y a eu une décision qui était locale et
régionale.
C'est dans ce sens-là. Ce n'est peut-être pas aussi
explicite que les recommandations, d'il y a plus de dix ans, du rapport LaHaye
qui disait qu'il fallait partir d'objectifs nationaux et descendre une
planification. Là comme telle, la loi, par son mécanisme,
travaille d'abord à un palier régional mais, en filigrane, il y a
continuellement dans la loi une série d'interventions possibles. Et tant
qu'elles sont possibles, elles sont dans la loi, d'où on peut, à
un moment donné, subordonner certaines décisions
régionales à des plans, peut-être pas existants mais
on appelle cela des objectifs des objectifs, des plans qui sont d'ordre
provincial.
Comme tel, c'est un peu inquiétant. C'est dans ce sens-là
qu'on dit qu'il est peut-être possible, pour le gouvernement, quand il
est question d'implanter des réseaux, d'implanter certaines choses, de
fonctionner en respectant les décisions régionales, de dire:
Voici, dans certains domaines, en matière d'objectifs, on a à
implanter des réseaux ou de compléter des réseaux
existants, parce que la norme du gouvernement dit: Par X bassin de population,
cela prend tel type d'équipement récréatif, ou de parcs
régionaux ou quoi que ce soit mais, comme telle, la localisation ou
l'affectation d'une partie du territoire doit rester une décision
régionale.
On dit que dans les grands objectifs si on cite la ligne
hydroélectrique comme telle il existe des pouvoirs d'intervention
spéciale.
Qu'on identifie clairement d'où vient la décision, parce
que ce ne sera pas une décision régionale. Ce sera, dans ces
grands projets, une décision nationale. A partir de ce moment-là,
qu'on l'identifie clairement, en utilisant des dispositions de la loi qui sont
des pouvoirs d'intervention en zone spéciale, et que ce soit clair.
Qu'on sache d'où vient la décision. Et pour celui qui participe
dans le système, il saura fort bien que certaines décisions qui
sont d'ordre national ont été prises là en vertu des
dispositions de la loi. Et toutes les autres décisions qui sont d'ordre
régional, c'est clair, elles ont été prises par la
région.
C'est dans ce sens-là qu'on trouve la présence des
pouvoirs en sourdine, mais qui sont nécessairement là, un peu
lourds pour le processus du travail au plan de la région. C'est pour
cela qu'on se demande si la municipalité, contrairement à
d'autres types de structure, est quand même habituée à une
autonomie de gestion un peu plus grande. Comment pourrait-on être
confortable? Entre demander une autorisation et faire modifier une
décision, il y a une grande différence. Entre faire modifier une
décision dans laquelle les citoyens ont participé, dans laquelle
les régions et les villes sont concertées, la faire modifier, je
pense que c'est pas mal différent de la pratique usuelle des villes,
d'aller souvent demander une sanction ou une autorisation.
Dans ce sens-là, c'est un pattern administratif dans lequel on
imagine que les municipalités ne sont pas nécessairement
confortables.
M. Léonard: Seulement une dernière remarque. Je
pense qu'il faut aussi entendre l'article 28 dans le sens où si des
citoyens ou si un comté refusait d'inclure une ligne de transmission
électrique qui soit au réseau national, il faudrait quand
même réserver au ministre le pouvoir de le faire.
M. Benoit: Oui.
M. Léonard: C'est cela.
M. Benoit: Dans ce sens-là, M. le ministre, on est
d'accord. Tantôt, peut-être qu'on s'est mal compris. Les pouvoirs
spéciaux demeurent.
M. Léonard: Cela va.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je constate, à la
lecture du mémoire de la société, que dans un premier
temps, la société appuie l'initiative du gouvernement de
légiférer en matière d'aménagement et qu'elle
souscrit aux principes qui, selon les fascicules à la disposition de la
société, ont dû guider ou auraient dû guider
l'élaboration du projet de loi.
Je constate également que la société trouve et
considère qu'il y a des modifications majeures à apporter au
texte du projet de loi 125, pour le rendre conforme en tous points à ces
principes. Je prends, à titre d'exemple, les recommandations 1 et 2 de
la page 21 du mémoire. Je pense qu'on dit carrément à la
page 22 qu'on s'oppose à la
possibilité pour le gouvernement de modifier le schéma
d'aménagement qui aurait été adopté par un conseil
de comté ou, comme vous le désignez, par un conseil
régional d'aménagement et, d'autre part, on suggère
même de faire disparaître une partie du processus
décisionnel, c'est-à-dire celui qui touche à la phase
initiale, préliminaire.
Pourriez-vous, s'il vous plaît, de façon que ce soit bien
clair, nous redire de quelle façon vous entrevoyez d'abord la partie
consultation, en éliminant la partie qui touche la consultation par
rapport aux orientations préliminaires et, dans un deuxième
temps, comment limiter le pouvoir ministériel de le changer? Est-ce
simplement en l'abrogeant dans le texte de loi ou en le conditionnant à
un autre processus de consultation quelconque?
M. Miron: D'une part, si on comprend bien le processus
gouvernemental, avec le dépôt en première lecture, ce sont
les principes qui sont acceptés et les principes ne sont pas touchables
pour ce qu'on est concerné. On est d'accord sur le principe de la loi.
La modification qu'on veut, on considère que cela peut être
amendé en faisant des retouches au projet de loi actuel sans pour autant
toucher aux principes de base de la loi.
Pour ce qui concerne la question que vous m'avez posée au niveau
de la consultation, je demanderais à mon copain de vous glisser un mot
sur cet élément-là.
M. Gratton: Si vous me permettez, monsieur, c'est Miron ou
Biron?
M. Miron: Miron.
M. Gratton: Miron. Un des quatre principes que vous avez pris la
peine de souligner dans votre mémoire, c'est une participation plus
active des citoyens à la prise des décisions et la gestion de
l'aménagement.
Or, vous dites vous-même, dans votre document à la page 11,
que le processus d'adoption du schéma, tel qu'il est
édicté dans le projet de loi, ne fait que créer l'illusion
de la participation de la population. J'en conclus que, si on ne fait que
créer l'illusion de participation, en définitive, vous
considérez que le projet de loi 125, dans sa forme actuelle, ne respecte
pas le principe de la participation, de la vraie participation plus active des
citoyens au processus de décision ou est-ce que je me trompe en faisant
cette interprétation?
M. Miron: On va vous répondre.
M. Benoit: II faut lier les deux questions ensemble. Si je
reprends la formulation, tantôt, de notre idée là-dessus,
à partir du moment où, dans un processus de consultation
sur un processus de consultation, on pourrait s'étirer longtemps, faire
une commission parlementaire sur la consultation les objets ne sont pas
précis, les délais aussi sont trop longs, dans sa forme, on peut,
par le mécanisme même de la consultation, ne pas faire de
consultation. Dans ce sens-là, on se dit: II y aurait lieu
d'alléger le mécanisme comme tel et de fondre ensemble les deux
étapes du préliminaire et du définitif, quitte à ce
qu'au moment où on émet des propositions pour discussion au
niveau des citoyens, on les émette une fois et qu'on puisse le faire en
plusieurs étapes. Il n'est dit nulle part qu'on ne peut pas faire plus
qu'une séance publique, on peut faire plus qu'une séance
d'information, mais on en fait une, on l'étale et, quand c'est
terminé, les gens savent qu'ils ont été consultés,
que c'est fini et que des décisions vont se prendre, parce que, dans un
processus de décision, la consultation, c'est une étape, ce n'est
pas une fin. C'est cela qui est précis pour nous. Ce qui est
précis là-dedans c'est qu'on veut qu'au bout il y ait un
schéma et que, dans le temps, il se fasse le schéma.
Mais ce qu'on se dit aussi, quand on parle de l'illusion de la
participation, c'est: Pourquoi ne pas faire en sorte que la décision, au
niveau régional, prise par les élus de chacune des
municipalités, soit respectée intégralement quant à
la décision d'affectation des sols de cette région-là.
Tout ce qu'on dit, c'est que le ministre comme tel, au lieu d'utiliser le
pouvoir de modification du schéma, puisse utiliser, quand il est
question d'intervenir pour les objectifs nationaux, des pouvoirs d'intervention
spéciaux. A ce moment-là, on pense que, pour tout le monde, la
responsabilité de la décision devient claire. On sait que, quand
il y a l'utilisation de pouvoirs spéciaux ou de pouvoirs d'intervention
spéciaux, c'est une décision gouvernementale prise en fonction
d'objectifs nationaux. On saura, en même temps, que la décision
sur les grandes affectations du sol dans la région a été
prise par les gens de la région et on pourra identifier, à notre
avis, beaucoup plus clairement l'origine de la décision. C'est ce qui
nous intéresse. (21 heures)
C'est pour cela qu'on parle de simplification, on parle d'abréger
la consultation, car on pense que cela sera plus efficace, parce qu'on pense
que cela sera très difficile pour les mêmes citoyens, sur un laps
de temps qui va s'étirer, de vraiment participer au sens où on
l'entend habituellement. On se dit qu'on la rétrécit pour qu'elle
soit plus précise, plus condensée et que les gens sachent sur
quoi ils discutent. Il ne faut pas non plus se faire l'illusion qu'on va
demander à 1500 citoyens dans une salle de nous parler des orientations
de la région. Il faudra leur donner un point de départ et le plus
précis possible, pour qu'ils puissent se faire une idée et donner
une opinion qui est éclairée. Si on demande un avis dans le vide,
on est mieux qu'il y ait des documents beaucoup plus étoffés
dès le départ, que les gens sachent qu'ils sont dans un processus
qui peut durer deux, trois, quatre ou cinq mois, mais qui ne s'étire pas
en plusieurs phases et sur plusieurs années. On a peur, à un
moment donné, que ce soit désarticulé comme organisation.
C'est là qu'est notre...
M. Gratton: Est-ce que je pourrais résumer le tout de la
façon suivante? Vous me corrigerez, si
je me trompe. L'illusion de participation dont vous parlez est
engendrée par un processus décisionnel trop lourd. Vous
recommandez de l'alléger de toutes les façons possible en
incluant l'élimination de la phase consultation sur les orientations
préliminaires.
M. Benoit: On parle de condenser cela dans une seule phase plus
précise qui permettrait, d'après nous, une consultation plus
efficace.
M. Gratton: Quant à l'illusion de décentralisation,
de laquelle vous parlez également, on pourrait, en fait, mieux faire
cette décentralisation dans les faits en éléminant le
pouvoir ministériel d'amender le schéma d'aménagement
comme tel, et cela, de façon intégrale, c'est-à-dire de
façon très explicite dans le projet de loi, et remplacer cela
plutôt par une possibilité de pouvoir d'intervention
spéciale du gouvernement lorsqu'il s'agit d'objectifs nationaux.
M. Benoit: Si on reprend un des principes sous-jacents à
la loi, qui est celui du respect des champs de compétence, il y a des
champs de compétence qui sont au niveau gouvernemental. On veut qu'ils
s'exercent avec des pouvoirs qui sont clairement identifiés, une
intervention spéciale du ministre responsable de la loi pour les
objectifs nationaux, mais on veut en même temps qu'il soit clairement
établi que, quand il y a un exercice des responsabilités au
niveau de la région par des élus mandatés pour le faire au
niveau de la région, les décisions se prennent là et
qu'elles se terminent là. C'est dans ce sens. C'est clair. On veut qu'il
y ait une bonne distinction. Cela va permettre, d'après nous, une plus
grande efficacité. Cela va permettre d'éviter des étapes
de discussion qui vont être interminables, et qui vont peut-être
aussi forcer... Vous savez, à un moment donné, on peut avoir une
vision un peu négative et dire: II y a des gens qui s'embarquent dans le
processus et qui décident de ne pas fonctionner dans le processus. Ils
vont forcer n'importe quel ministre responsable d'administrer la loi à
intervenir régulièrement par des gestes et à modifier
continuellement les décisions régionales. On se dit que les
décisions régionales qui se prennent vraiment par la
région, que les gens les prennent, ces responsabilités, et que
les décisions, au niveau national, se prennent vraiment et que
là, la responsabilité soit claire. On veut donc deux niveaux de
responsabilités très précises. C'est le sens de notre
proposition.
M. Gratton: Je dois vous avouer que pour ce qui concerne cet
aspect de votre mémoire, je suis on ne peut plus d'accord avec ce que
vous affirmez.
Une dernière question. Vous mentionnez à la page 6 de
votre mémoire que "le projet de loi en est un d'aménagement et
d'urbanisme, et les objets de consultation qui nous sont soumis ne
débordent pas ce cadre. Aussi, nous avons tenté de discipliner
notre réflexion et nous nous som- mes attardés à examiner
les qualités et défauts du projet de loi 125 par rapport au titre
même qu'il porte". On constate bien, lorsque vous recommandez d'appeler
les conseils renouvelés de comté et de les appeler les conseils
régionaux d'aménagement, que vous êtes fidèles
à cet encadrement que vous vous êtes vous-mêmes
donné. Je ne veux pas vous tirer les vers du nez, mais puis-je vous
demander si vous vous êtes attardés à penser à une
autre vocation que le gouvernement pourrait éventuellement vouloir
donner à ces conseils de comté renouvelés? Vous
êtes-vous demandé, par exemple, s'il ne serait pas opportun pour
le gouvernement de déposer son fascicule no 5 sur le
réaménagement des pouvoirs pour qu'enfin, on puisse y voir clair
dans les intentions du gouvernement, à savoir si on est en train de
créer des conseils régionaux d'aménagement, comme vous le
supposez et comme moi aussi, en regardant la loi 125, je dois le supposer, ou
si on n'est pas en train de créer autre chose?
M. Miron: Pour nous, c'est très clair. Le projet de loi no
125, c'est le projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme et
ça ne déborde pas ce cadre. Donc, à partir du moment
où vous pouvez suggérer que ça peut aller dans la
décentralisation ou la déconcentration à quelque niveau
que ce soit, pour nous, nous avons étudié uniquement le projet de
loi qui est déposé en première lecture et on ne veut, en
aucun temps, déborder ce cadre. Je ne vous dis pas que les gens qui ont
aussi lu le projet de loi n'y ont pas vu ce que vous suggérez, ce que
pensez.
M. Gratton: Je ne suis pas le seul à l'avoir...
M. Miron: Non, sûrement pas, mais il en demeure que c'est
pour ça que nous avons été très clairs.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Est-ce que vous
soutenez le fait que le représentant de la municipalité au sein
du conseil de comté, parce qu'on l'appelle comme ça dans le
projet de loi, ne serait pas nécessairement le maire de la
municipalité?
M. Benoit: Oui. C'est ce qu'on...
M. Goulet: Vous soutenez ça. M. Benoit: On soutient
ça.
M. Goulet: Et que ce ne serait pas nécessairement non plus
un élu, un échevin ou...
M. Miron: Non, il faut que ce soit un échevin...
M. Goulet: II faut que ce soit au moins un élu.
M. Miron: II faut que ce soit un élu, mais nous ne disons
pas que c'est implicitement M. le maire ou Mme le maire.
M. Goulet: D'accord. Mais, au niveau du conseil de comté,
le président, comme vous l'appelez, ne serait pas nécessairement
un élu, mais bien quelqu'un de choisi, un fonctionnaire.
M. Miron: Ce serait quelqu'un de nommé par l'ensemble des
gens qui sont là.
M. Goulet: Un haut fonctionnaire. Vous soutenez également
que...
M. Miron: Cela peut être aussi un maire, s'il est
choisi.
M. Goulet: Oui, je comprends. Vous soutenez également que
la loi 90 sur le zonage agricole aurait dû être incluse à
l'intérieur de la loi de l'aménagement du territoire. J'ai cru
déceler ça dans votre mémoire. C'est bien votre...
M. Miron: C'est plus que déceler; nous l'avons dit au
ministre Garon ici même en commission. C'est très clair pour nous.
Je considère qu'il y a eu la charrue devant les boeufs.
M. Goulet: M. le Président, lorsque vous parlez de sept
ans pour le cycle d'adoption, vous dites: L'appareil sera très lourd.
Sept ans, est-ce que vous parlez d'un maximum ou d'une moyenne? Où
avez-vous pris ces chiffres? Pourquoi sept plutôt que cinq ou...
M. Miron: Les fonctionnaires avec qui nous avons
travaillé... J'ai donné l'exemple des urbanistes de nos
municipalités. Nous avons tout de même plusieurs urbanistes dans
le territoire chez nous et les directeurs généraux ou les
gérants nous ont mentionné que le processus par lequel... tout ce
processus, avec les retards qui pouvaient être apportés, les
échanges de lettres, la malle royale et tout ça peut faire que
ça va durer sept ans; c'est tout.
M. Goulet: Encore la faute du fédéral! Sept ans,
quant à moi, je ne veux pas reprendre les propos du ministre, je trouve
ça très long. S'il fallait qu'on aille jusque-là, je pense
que ce serait énorme.
M. Miron: Nous aussi, on trouverait ça long. M. Goulet:
Vous trouvez ça long. M. Miron: Oui.
M. Goulet: Vous qualifiez également la consultation, telle
que préconisée dans le projet de loi, de presque inutile, parce
que vous dites d'abord que ce n'est pas décisionnel. Le ministre peut
renverser ça. Deuxièmement, vous qualifiez ça d'illusion.
La consultation telle que préconisée, vous n'êtes
absolument pas d'accord avec ça, à moins que le
référendum ne devienne vraiment décisionnel. C'est un
point majeur que vous soutenez. D'ailleurs, cela a été soutenu
à peu près dans tous les mémoires aujourd'hui. Vous ne
voulez pas que le ministre embarque là-dedans et qu'il puisse renverser
une décision parce que vous pensez, à un moment donné,
qu'au niveau politique, des groupes, si petits soient-ils, peuvent se rendre au
niveau du cabinet du ministre, pas nécessairement le ministre qui est
avec nous aujourd'hui, ça peut être un autre ministre et un autre
gouvernement, et peut-être à l'encontre du bien de toute une
région, faire changer une décision qui a été prise
à l'intérieur d'une région. Vous avez peur de
ça.
M. Miron: Oui, il faut faire attention. Nous ne disons pas que
nous ne sommes pas d'accord avec la consultation, j'espère que ce n'est
pas ça qui a été compris. Nous disons qu'il faut de la
consultation; d'accord? Je pense que mon copain tantôt a exprimé
l'avis que, s'il y en avait trop, on pouvait créer cette illusion
je pense qu'on a été aussi d'accord mais, s'il y a des
décisions pour des objectifs nationaux qui sont prises, que le ministre
en poste qui donnera avis de passer la transmission de la ligne de l'Hydro
à telle place en assume la responsabilité, clairement, et non pas
qu'il dise aux gens: Voici, vous allez passer les réseaux
électriques et, si ça ne fait pas l'affaire des citoyens,
supportez-en tout ce qui peut en découler. Les gens dans notre
territoire veulent prendre cette décision, ils sont prêts à
la prendre, mais, s'il y a des objectifs qui leur viennent de
l'extérieur, ils veulent bien que ces gens de l'extérieur, en
l'occurrence le ministre pour les objectifs nationaux, le disent.
M. Goulet: D'accord. Une dernière question, M. le
Président, je sais que le temps court. Il y a beaucoup de choses dans le
mémoire avec lesquelles, bien sûr, je suis d'accord mais vous
attachez beaucoup d'importance au nom comme tel de l'organisme. Vous attachez,
autrement dit, de l'importance au contenu aussi mais beaucoup au contenant.
Lorsque vous donnez comme argumentation que le nom devrait être
changé, vous parlez de la confusion pour les citoyens maintenant aux
prises avec un comté fédéral, un comté provincial,
municipal, etc. j'en conviens, ce sont des arguments valables
mais il y a un petit point qui me chatouille un peu; je voudrais vous le faire
préciser. Vous dites, à un moment donné: D'aucuns
conviennent que l'appellation "conseil de comté" réfère
à une institution rurale à peu près inconnue par la
population urbaine. Là, vous continuez et c'est ce petit bout que
je n'aime pas en tant que député représentant une
circonscription rurale, je vous le dis sans agressivité mais c'est pour
être bien sûr que c'est bien ce que vous vouliez dire en
disant: La connotation rurale n'est certes pas pour favoriser l'acceptation du
nom "comté" par les dirigeants municipaux du monde urbain. Je dis que si
vous partez ou s'il y a des gens de la ville qui partent avec cette attitude,
je présume que la concertation va être difficile avec les gens du
milieu rural. Si vous avez cru bon de mettre cela dans un mémoire
peut-être pas
vous je voudrais que vous explicitiez davantage ce que vous
vouliez dire par là.
M. Miron: Le contraire est aussi vrai. Pourquoi le monde rural
imposerait le comté ou le conseil de comté? Dans notre
territoire, il faut bien comprendre que c'est un territoire urbanisé. On
est chez nous. Pensez qu'à Longueuil, il n'y a pas beaucoup de tomates
qui poussent là, je vous le jure. Il en demeure que si le conseil de
comté est une connotation très claire du monde rural, chez nous,
cela n'est pas connu. Il y a des individus, comme je l'ai mentionné
tantôt, qui sont connus mais le conseil de comté n'est pas connu,
donc, pourquoi le monde rural c'est ce qu'on a entendu à
plusieurs reprises imposerait le conseil de comté et que la ville
n'imposerait pas autre chose. On dit: Au départ, changeons cela;
appelons cela conseil régional, on en a un maudit paquet de conseils
régionaux, un de plus, et on l'appellera conseil régional
d'aménagement.
M. Benoit: Possiblement pour ajouter à la réponse,
posez la question inversement. Demandez aux gens des conseils de comté
s'ils accepteraient l'appellation communauté régionale ou
communauté urbaine ou quelque chose de ce genre et vous allez avoir le
même type de réaction. Sans prendre personne à
témoin, ce sont deux réalités, ce sont deux lois, ce sont
deux concepts, deux façons de fonctionner et on dit qu'il est beaucoup
plus simple aussi. Pour ne pas non plus donner l'illusion que les gens d'un
secteur embarquent dans une structure qui va beaucoup plus loin que
l'aménagement, je prends une appellation qui porte sur
l'aménagement, une appellation nouvelle pour une structure nouvelle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais revenir sur le
processus de découpage des comtés. En plus de demander au
gouvernement de déposer un échéancier, vous lui demandez
de publier différentes hypothèses de découpage et pour ce
faire, vous suggérez de tenir compte du sentiment d'appartenance des
gens. J'aimerais que vous me définissiez à partir de quoi vous
allez établir cela pour un territoire comme le vôtre et quels sont
les critères dont on devrait tenir compte pour arriver à
cela?
M. Miron: C'est très simple de vous répondre, M.
Chevrette, c'est fait chez nous. Je vais vous dire simplement comment on l'a
fait. Pour la région d'appartenance, on s'est organisé; c'est
notre rôle d'animation en tant que société. Nous avons
placé à la même table des gens en leur disant: Voici, on va
arrêter de s'engueuler et de se tirer des tomates et on va essayer de
s'asseoir ensemble. C'est quoi, d'une part, la rive sud? On a essayé de
déterminer cela. La rive sud, c'est grand. Le gars de Vaudreuil ne pense
pas de la même façon que le gars de Sorel, je vous prie de me
croire. Dans un premier temps, on a essayé de délimiter cela.
Dans un deuxième temps, on a dit: La région immédiate de
la rive sud, c'est quoi? C'est bien sûr que tout le monde va nous dire
que c'est Longueuil mais c'est Longueuil plus quoi? Est-ce que cela va
jusqu'à Verchères, par exemple. Quand on dit: Tu restes sur la
rive sud, tu restes à Longueuil; à Boucher-ville, restes-tu
encore sur la rive sud? A Saint-Bruno, demeures-tu encore sur la rive sud?
C'est cela qu'on a appelé une région d'appartenance. On a assis
tout le monde à la même table et on a dit: De quel
côté allez-vous? On est arrivé avec des villes limitrophes.
(21 h 15)
Prenons la ville de Brossard qui, au départ, était
placée avec une autre région, à cause des commissariats
industriels; ils étaient placés beaucoup plus avec Candiac. A un
moment donné, les maires ont dit: Minute, nous, on va aller chercher le
maire de Brossard et on va lui demander s'il ne voudrait pas s'intégrer
à nous. Cela a formé cette région d'appartenance de sept
municipalités et ça fonctionne. D'ailleurs, le ministre
Léonard a reçu une demande de subvention là-dessus, avec
combien de demandes de tout côté? J'en profite d'ailleurs pour lui
souligner qu'il devrait nous donner une réponse rapidement, mais, en
tout cas... Il n'en demeure pas moins que cette région d'appartenance
était claire. Lorsqu'on s'est ramassé dans le bout de Candiac, on
est arrivé avec une ville comme Saint-Timothée. De quel
côté allez-vous, vous de Saint-Timothée? Allez-vous du
côté de Valleyfield ou du côté de Candiac? Il y avait
seulement la ville, un côté ou l'autre n'avait pas d'importance.
On a dit: D'un côté, on irait à Valleyfield, mais d'un
autre côté, on irait à Candiac et on a quasiment
tiré ça à pile ou face, parce que c'était ça
dans le fond. On s'est accouplé à la région qu'on pensait
la meilleure. Cela s'est fait chez nous, M. Chevrette.
M. Chevrette: Oui, mais j'essaie de concilier tout ce que vous me
dites, à partir de votre recommandation no 5, qui se lit comme suit:
"Que les territoires des comtés municipaux actuels servent de point de
départ pour amorcer le processus..." Donc, d'autre part, vous nous
suggérez que le découpage des comtés se fasse à
partir des comtés actuels. Quand ça arrive à votre
territoire, vous dites: II faut faire fi des conseils de comté actuels,
il faut partir de nos secteurs d'aménagement en ce qui nous concerne.
Comment m'expliquez-vous ça?
M. Benoit: Possiblement que la première partie de la
recommandation porte, en général, comme point d'amorce dans les
régions où ça n'existe pas. On dit: Le "territoire", on ne
dit pas le "conseil de comté", on dit le territoire du conseil de
comté peut être le territoire provisoire. On dit: Dans notre cas,
chez nous, il existe déjà des territoires qui sont ou ruraux ou
mixtes urbains-ruraux ou seulement urbains, il existe les trois types qui sont
maintenant naturels; c'est peut-être là qu'est
l'ambiguïté.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous feriez des conseils de
comté de la rive sud?
M. Benoit: Les conseils de comté n'ont rien à faire
avec cela, on parle des territoires; nous, ce qui nous intéresse, ce
sont les limites à l'intérieur desquelles les gens fonctionnent.
On parle, comme point de départ, du territoire couvert. On dit: Chez
nous, il y a des gens qui, par affinité, se sont regroupés dans
des territoires que, nous, on appelle des secteurs.
M. Chevrette: Ne croyez-vous pas, à ce moment, que si
c'est déjà fait, comme vous le dites, automatiquement les gens
vont faire des suggestions en fonction de ce qui leur plaît
présentement?
M. Benoit: Oui.
M. Chevrette: Parce que la loi comme telle, en ce qui regarde le
découpage, elle ne force rien.
M. Benoit: Non, d'accord.
M. Chevrette: Si on ne nous avait pas demandé
d'hypothèses de découpage, on n'en aurait probablement pas
fourni, seulement, on aurait prévu un mécanisme pour y arriver.
C'est parce que les gens ont insisté pour avoir des
hypothèses.
M. Benoit: II existe des hypothèses.
M. Chevrette: Mais à partir du fait que vous nous dites
et je ne vois plus de contradiction à ce moment que, chez
vous, les gens, instinctivement et par sentiment, se sont regroupés en
secteurs, quand va arriver le temps de faire un découpage
cohérent, ils vont se regrouper selon les secteurs qui, par
affinité, leur vont.
M. Benoit: Exact, c'est pour être sûr de leur...
M. Chevrette: Vous avez une partie de la loi d'appliquée,
messieurs.
M. Benoit: Oui, en fin de compte c'est pour être sûr
de l'engagement. Ce qu'on dit c'est que, dans un délai de trois mois,
les municipalités pourraient, par résolution, confirmer au
ministre qu'elles adhèrent à tel territoire. Là, on part
avec des membres constituants.
M. Chevrette: Expliquez ça au député de
Bellechasse, il trouve que je conclus trop vite.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
encore une dernière très courte question?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Gratton: Dans l'argumentation que vous présentez, quant
au choix du nom, vous suggérez qu'on se serve du nom: Conseil
d'aménagement régional. Vous mentionnez la confusion qu'apporte
la désignation de "comté". Je présume que vous êtes
au courant que, si par malheur on devait dire oui à la
souveraineté-association, l'argument du comté
fédéral, quant à lui, n'existerait plus, vous êtes
au courant de ça?
M. Miron: Oui, absolument, ça ne change rien.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Madame, messieurs, je suis très heureux
des discussions que nous venons d'avoir, en particulier, je connais quand
même un peu, pour y être allé quelques fois, le territoire
de la rive sud. Je ne peux pas dire comme ceux qui y habitent, c'est bien
sûr, mais il reste que nous avons eu des contacts très fructueux
au cours d'au moins deux rencontres, plus d'autres occasionnellement.
Je ferai au moins une remarque en conclusion, sur le rôle du
gouvernement ou du ministre dans la loi. Je pense qu'il est très
important de distinguer entre le régime général et le
régime d'exception. Des pouvoirs d'intervention ou des zones
d'intervention spéciale constituent un régime d'exception alors
que le gouvernement, au départ, donne des orientations,
c'est-à-dire qu'il met ses cartes sur la table au lieu de les tenir
cachées ou de ne pas les rendre publiques, comme c'est le cas
maintenant.
C'est vrai que cela va avoir une influence sur le schéma
d'aménagement, mais, en même temps au moins, les gens sauront
à quoi s'en tenir dans la mesure où le gouvernement pourra
lui-même intervenir. Je vous prie de me croire, c'est déjà
un gros effort pour le gouvernement de vouloir et de les mettre sur la table,
ne serait-ce qu'en termes de travail pour le faire, de la part de tout
l'appareil administratif gouvernemental.
Je dirais aussi qu'un dernier élément, c'est qu'il y a une
consultation institutionnelle dès le départ à cause de
ça. La municipalité, lorsqu'elle fait sa proposition
préliminaire d'aménagement, la construit à partir des
documents reçus du gouvernement, ainsi de ce que pensent les gens, les
élus municipaux à la table. C'est à partir de ça
qu'elle consulte. Donc, c'est une consultation institutionnelle. Mais je
retiens bien les remarques que vous nous faites sur le processus de
consultation, c'est bien évident qu'il s'agit de modalités, que
nous discuterons, qu'on peut améliorer, dont on peut discuter, parce que
nous avons dit dès ce matin que nous étions ouverts à
toutes les suggestions, à toutes les remarques et que c'était
pour ça que nous avions fait une tournée d'information, que nous
faisions une commission parlementaire sur les principe de la loi et
qu'après, on reviendrait.
Je pense que c'est un domaine assez compliqué,
l'aménagement, et c'est important d'avoir l'idée de tout le monde
sur ce plan.
En terminant, je vous remercie encore une fois et à
bientôt.
Le Président (M. Laplante): Madame, messieurs, les membres
de cette commission vous remercient de votre participation.
J'appelle maintenant TransCanada PipeLines.
Si vous voulez bien vous identifier, identifier votre groupe, ainsi que
ceux qui vous accompagnent, s'il vous plaît?
TransCanada PipeLines
M. Janin (Alban): TransCanada PipeLines. Mon nom est Alban Janin.
Je suis au service du contentieux de TransCanada. A ma droite, M. Alain Nantel,
conseiller en aménagement; à sa droite, M. Doug Calder,
gérant des droits de passage et de l'environnement; à ma gauche,
M. Roger Sénécal, chef de district des affaires
foncières.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, je désire, au nom de TransCanada PipeLines vous remercier de
nous avoir donné l'occasion aujourd'hui de faire valoir notre point de
vue, notre intérêt relativement au projet de loi no 125
intitulé Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
TransCanada PipeLines est une entreprise d'utilité publique
constituée en 1951 par une loi spéciale du Parlement du Canada et
continuée à titre de compagnie, par lettres patentes,
émises le 19 avril 1972 en vertu de la partie 1 de la Loi des
corporations canadiennes.
TransCanada exploite un gazoduc à grand diamètre, depuis
la province d'Alberta, alimentant les provinces de la Saskatchewan, du
Manitoba, de l'Ontario et du Québec, jusqu'à Montréal,
avec raccordement à la frontière internationale près
d'Emerson, au Manitoba, de Sault-Sainte-Marie, de Sarnia et de Niagara Falls,
en Ontario, de Phil-lipsburg, au Québec, tel qu'en témoigne le
tracé qui vous est soumis à l'annexe 1.
Le 4 avril 1978, TransCanada déposait une requête à
l'Office national de l'énergie en vue d'obtenir l'autorisation de
procéder à la première phase d'un programme d'expansion de
son réseau jusqu'à la ville de Québec. La première
phase de ce programme qui envisageait le prolongement du gazoduc actuel
jusqu'aux villes de Trois-Rivières et Bécancour devrait
être complétée le 1er novembre 1979.
En raison de délais qui ont retardé l'audition de cette
requête, TransCanada a décidé d'amender sa requête
afin d'obtenir l'autorisation de prolonger son réseau de transport
jusqu'à la ville de Québec et jusqu'aux régions des
Cantons de l'Est, du Lac-Saint-Jean et de Sept-lles. Ce nouveau programme
d'expansion envisage aussi la mise en place d'installations de gaz naturel
liquéfié près des villes de Québec et de
Sept-lles.
Le prolongement du gazoduc, dont le tracé apparaît à
l'annexe 2, représente pour TransCanada la mise en place de nouvelles
canalisations sur une distance approximative et je corrige de 850
milles et un investissement de plus et je corrige de $357
millions. Par la suite, des réseaux de distribution, raccordés au
réseau de transport de TransCanada, devront être mis en place, ce
qui suscitera un investissement additionnel de $700 millions.
Ce projet est conforme à la politique québécoise de
l'énergie telle qu'énoncée au mois de juin dernier, dans
le livre blanc intitulé "Assurer l'avenir", et je cite du livre blanc:
"II faudrait... prendre les dispositions requises pour assurer le transport du
gaz depuis Montréal jusqu'en divers points de livraison dans l'axe
Montréal-Québec. Il y aurait naturellement avantage à ce
que le développement des infrastructures de transport au Québec
se fasse rapidement".
Parfaitement conscient de tous les avantages qu'offre le gaz naturel, le
ministre délégué à l'énergie
énonçait l'intention du gouvernement de favoriser l'accroissement
de la part du gaz naturel dans le bilan énergétique
québécois, tel qu'en fait foi le passage suivant, et encore une
fois je cite: "Les qualités particulières du gaz naturel comme
facteur d'industrialisation, ses caractéristiques de propreté au
niveau de transport et de combustion ainsi que la sécurité des
approvisionnements de gaz naturel en font une forme additionnelle
d'énergie avantageuse pour le Québec, dans la transition
énergétique qui s'amorce... "Pour ces raisons, le gouvernement
entend favoriser un rôle accru du gaz naturel dans la satisfaction des
besoins énergétiques du Québec".
TransCanada, tout en se disant favorable au projet de loi no 125 et tout
en souscrivant aux principes et objectifs qui y sont inscrits, désire
formuler certaines craintes et appréhensions qu'elle entretient quant
à la mise en vigueur de certaines dispositions de ce projet de loi dans
sa forme actuelle et quant à leurs répercussions sur ses
activités et celles des entreprises d'utilité publique en
général.
D'une part, TransCanada souhaiterait que le projet de loi no 125
reconnaisse l'expertise particulière des entreprises d'utilité
publique et maintienne le rôle important, sinon exceptionnel, que ces
entreprises ont joué non seulement dans le développement du
territoire, mais aussi dans la planification de ce développement.
D'autre part, compte tenu du caractère essentiel des services
fournis par les entreprises d'utilité publique et, plus
particulièrement, celle du secteur énergétique,
TransCanada prétend qu'il serait contraire à
l'intérêt public de permettre que soit indûment
retardée, et par ce fait même mise en péril, la
réalisation de projets visant l'implantation de services
d'utilité publique approuvée par les autorités
administratives.
Le premier point était la consultation avec les entreprises
d'utilité publique. Le gazoduc de TransCanada traverse au-delà de
6000 propriétés sur une distance de 2470 milles. Lors de
l'élaboration d'un tracé, nous accordons une attention
particulière aux études faites sur l'évaluation des
répercussions du pipe-line sur l'environnement ainsi qu'aux
études relatives à l'aménagement actuel et projeté
du territoire.
Que ce soit dans les régions agricoles, dans les zones
résidentielles, industrielles ou commerciales des centres urbains, dans
les parcs nationaux ou ailleurs, TransCanada, dans l'élaboration de son
tracé, a toujours jugé essentiel le maintien d'une collaboration
étroite et de consultations répétées avec les
différents niveaux de gouvernement, y compris les autorités
municipales.
Si nous reconnaissons à ces parties une compétence
particulière, nous prétendons que l'élaboration et la
localisation du tracé d'un réseau d'utilité publique
requièrent la compilation et l'analyse d'études qui
relèvent de l'expertise particulière qu'ont acquise les
entreprises d'utilité publique.
Un second facteur qui milite en faveur du maintien d'une telle
consultation entre les autorités administratives responsables de
l'aménagement du territoire et les entreprises d'utilité
publique, est l'expérience que ces dernières ont acquise dans ce
domaine.
Nous croyons que cette expérience se fera particulièrement
sentir lorsque viendra le moment de solutionner un problème pratique
d'aménagement ou d'environnement. A titre d'illustration, nous avons
produit, à l'annexe 3, quelques photographies illustrant le passage du
gazoduc de TransCanada dans différents milieux. (21 h 30)
L'article 6d du projet de loi no 125 accorde aux conseils de
comté le pouvoir d'identifier et de localiser les réseaux
d'utilité publique dans l'élaboration du schéma
d'aménagement. L'article 81e reconnaît aux municipalités le
pouvoir d'inclure dans le plan d'urbanisme la séquence de construction
des services d'utilité publique. Nous soumettons qu'il y aurait avantage
que l'exercice de ces pouvoirs se fasse en consultation avec les entreprises
d'utilité publique exploitant ou ayant manifesté l'intention
d'exploiter de tels réseaux dans le comté ou de tels services
dans la municipalité, suivant le cas.
Si, sur ce point, notre soumission était favorablement
accueillie, nous soumettons que, pour s'assurer de cette consultation dans tous
les cas, il serait souhaitable de faire référence à
l'article 23, aux modalités prévues à l'article 6d, le cas
échéant et, à l'article 91, aux modalités
prévues à l'article 81e, le cas échéant.
Le second point a trait au contrôle intérimaire. Le
processus d'aménagement et d'urbanisation envisagé par le projet
de loi no 125 s'étendra sur une période de temps variant
généralement entre deux ou trois ans, peut-être même
plus, à compter de l'adoption de la résolution prévue
à l'article 3 ou de l'entrée en vigueur de l'ordonnance du
ministre prévue à l'article 4 jusqu'à la date de
délivrance du dernier certificat de conformité. Aux termes des
articles 56 et 60, toute nouvelle utilisation du sol sera interdite durant
cette période, à moins d'un règlement de contrôle
intérimaire plus permissif.
Nous soumettons que si l'article 56 était adopté dans sa
forme actuelle, il en résulterait de sérieux inconvénients
pour ces entreprises d'utili- té publique responsable du transport, de
la mise en marché et de la distribution du gaz naturel au
Québec.
Les délais qui résulteraient du gel des activités
occasionneraient des coûts additionnels qui auraient des
répercussions défavorables sur la pénétration du
gaz naturel au Québec et sur sa situation concurrentielle face aux
autres sources d'énergie et plus particulièrement le
pétrole.
Nous croyons utile de mentionner que les activités des
entreprises d'utilité publique sont déjà soumises aux
pouvoirs de contrôle et de surveillance de tribunaux administratifs
créés à cette fin et qu'aucun certificat autorisant la
construction d'un réseau d'utilité publique ne sera émis
à moins qu'il ait été démontré, à la
satisfaction de ce tribunal, que la construction d'un tel réseau
était requise par la commodité, la nécessité et
l'intérêt public. TransCanada, pour sa part, est soumise aux
pouvoirs administratifs de contrôle et de surveillance de l'Office
national de l'énergie.
Il est impératif, nous soumettons, de s'assurer que les
décisions de ces tribunaux administratifs soient susceptibles
d'exécution sans autres délais, car, autrement, il est à
craindre que tout projet d'envergure, tel le prolongement du gazoduc au
Québec, destiné à servir l'intérêt public et
reconnu comme tel par l'autorité administrative compétente, soit
ainsi retardé et que, par voie de conséquences, les usagers
éventuels de cette source d'énergie se voient privés de ce
service.
TransCanada soumet qu'il est nécessaire de lever le
contrôle intérimaire pour les fins d'implantation de
réseaux d'utilité publique jugés d'intérêt
public par l'autorité administrative compétente et que des
modifications en ce sens devraient être apportées aux articles 56
et 138 du projet de loi no 125.
Le troisième point à trait à la zone d'intervention
spéciale. L'article 135c permet au gouvernement de créer, par
décret, une zone d'intervention spéciale dans le but d'assurer
l'installation et la mise en place d'infrastructures. Puisque le terme
"infrastructures" tel qu'employé ailleurs dans le projet de loi no 125
semble exclure le terme "réseaux d'utilité publique" tel que
défini à l'article premier, TransCanada a conclu que
l'interprétation que l'on devait donner au terme "infrastructures" de
l'article 135c ne comprenait pas les "réseaux d'utilité
publique".
Il y aura cependant des projets de réseaux d'utilité
publique dont l'ampleur et la réalisation harmonieuse entre divers
comtés justifieront l'intervention du gouvernement. Tel pourrait
être le cas du prolongement du gazoduc.
TransCanada soumet donc qu'il y aurait encore une fois avantage à
prévoir, spécifiquement à l'article 135, la
possibilité pour le gouvernement de créer une zone d'intervention
spéciale dans le but d'assurer l'installation et la mise en place de
réseaux d'utilité publique.
En résumé, TransCanada soumet qu'il serait
préférable de favoriser la consultation entre les
autorités responsables de l'aménagement du territoire et les
entreprises d'utilité publique exploitant
ou ayant manifesté l'intention d'exploiter des réseaux
d'utilité publique.
D'autre part, TransCanada soumet qu'il est à craindre que
l'assujettissement des entreprises d'utilité publique aux mesures de
contrôle intérimaire retarde tout projet d'envergure
destiné à servir l'intérêt public, tel que le
prolongement du gazoduc, même s'il était reconnu comme tel par
l'autorité administrative compétente.
TransCanada, enfin, soumet qu'il serait souhaitable de prévoir la
possibilité pour le gouvernement de créer une zone d'intervention
spéciale pour favoriser l'implantation harmonieuse des réseaux
d'utilité publique dont l'ampleur ou l'étendue justifierait une
telle intervention gouvernementale. Le tout vous est respectueusement
soumis.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Messieurs, je vous remercie du mémoire
que vous nous avez présenté. Il contient aussi des cartes dont
vous ne nous avez pas parlé et qui sont franchement très
impressionnantes.
M. Janin: J'ai par exprès omis d'en faire mention. Les
cartes vous ont été fournies à titre d'information pour
décrire le réseau tel qu'il existait. Je pense que les cartes
parlent d'elles-mêmes. La carte que vous avez ici a été la
première carte que TransCanada a faite la veille de la soumission de ce
mémoire et indiquait le prolongement tel qu'il est présentement
suggéré à l'Office national de l'énergie. Vous
avez, à l'annexe 3, des photographies qui indiquent, par une ligne
rouge, si je me réfère à celle indiquant Sheridan
Homelands et Erin Mills, en Ontario, le passage du gazoduc. Je vous ferais
remarquer que le gazoduc a été mis en place avant même que
soit construit ce développement. Ceci avait été fait de
concert avec les autorités municipales de l'endroit, les entrepreneurs
et TransCanada. On voit, surtout dans certaines photos, celle du bas, que le
gazoduc passe à quelques pieds même de la piscine d'un
individu.
La deuxième page vous montre un poste de mesurage; c'est le
même poste que vous voyez sur les deux photos. La deuxième photo
vous montre l'arrière des maisons. Pour ne pas détruire
l'environnement, TransCanada s'est servi du même modèle de
construction pour ses postes de mesurage afin que cela se perde dans
l'ensemble. Les deux dernières photos ont été soumises en
commission parlementaire sur le projet de loi 90, maintenant la loi 90; elles
démontrent le passage du gazoduc et la récolte peu de temps
après son passage.
M. Léonard: Ce sont effectivement des photos
champêtres. Je voudrais faire quelque commentaires
généraux, même s'ils ne répondent pas à vos
préoccupations, parce que nous verrons ultérieurement comment les
traiter. Je dirai que vous posez le problème, ou TransCanada PipeLines
pose le problème des entreprises d'utilité publi- que, plus
précisément celles qui ont fonction de transporter
l'énergie. Nous en connaissons d'autres. Elles mettent en jeu,
évidemment, des investissements considérables qui touchent
simultanément beaucoup de gens: des individus, des municipalités.
En fait, elles constituent un cas particulier qu'il convient d'analyser en
profondeur, un cas particulier, mais pas au point de les soustraire aux
règles communes d'aménagement.
Le but du schéma d'aménagement et du plan d'urbanisme est
de planifier des interventions dans le territoire et de les intégrer.
Les interventions majeures, comme l'implantation d'un gazoduc, doivent
être considérées, sous peine de dénaturer la
démarche dans son ensemble. En fait, c'est l'existence même de
tels projets... Il suffit, par exemple, de citer l'implantation de
réseaux d'autoroutes ou celle de lignes de transport
d'électricité, qui rendent souvent nécessaires
l'élaboration et la mise au point de schémas
d'aménagement. Notre intention n'est pas de mésestimer les
obligations et les contraintes auxquelles les entreprises d'utilité
publique doivent faire face, mais ce qu'il convient de faire, c'est de voir
comment les impératifs de ces entreprises peuvent être
conciliés avec les nécessités d'un aménagement
rationnel du territoire.
Par rapport à ce que vous nous avez dit, j'aimerais vous poser
deux questions. La première, c'est relativement à un tracé
de gazoduc, une entente avec quelques comtés n'aurait-elle pas pour
effet de fixer pratiquement l'ensemble du tracé et de réduire
à peu de choses la consultation avec les autres comtés
traversés par le gazoduc. Par exemple, si vous fixez le comté de
départ et le comté d'arrivée, plus un ou deux autres
comtés, est-ce que, en définitive, vous ne fixez pas le
tracé?
M. Janin: Oui, le comté de départ,
c'est-à-dire que la ligne se poursuit, le point de départ est
toujours assez facile à déterminer. La seule chose, lorsqu'on
parle d'une ligne comme celle qui est démontrée en annexe 2, on
voit que cette ligne traverse énormément de comtés. La
crainte que nous avons, c'est que si, dans l'élaboration d'un
schéma d'aménagement, différents comtés
choisissaient de créer ce qu'on appelle les corridors
énergétiques à différents endroits, il faudrait
évidemment s'assurer que ces corridors aboutissent aux frontières
de ces comtés. Maintenant, on est sûr que le ministre
interviendrait dans les cas où ça ne coïnciderait pas.
Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu dans l'élaboration
d'un schéma ou d'un tracé de pipe-line et ces facteurs ont pour
but de viser la rentabilité d'un tel projet et ses coûts
éventuels.
Je pourrais vous énumérer différents obstacles
qu'un gazoduc doit franchir, et lorsque ces obstacles peuvent, parfois,
même par un détour, nécessiter la mise en place de plus de
pipelines, ça peut devenir moins dispendieux de faire ce détour.
Or, c'est pour ça que nous suggérons qu'il y ait consultation
toutes les fois qu'un conseil de comté décide de se
prévaloir de ce pouvoir qui lui
est donné à l'article 6, de fixer le tracé
éventuel de lignes énergétiques. Nous croyons en effet que
les conseils de comté n'auront pas ces connaissances. Je parle en
général, pas seulement pour TransCanada. Je parle pour les lignes
de l'Hydro-Québec, de Bell Canada. Les gens qui devront se pencher sur
ces problèmes doivent connaître les contraintes, et c'est une
discussion qui doit s'établir. Nous croyons qu'il serait à propos
que les conseils de comté soient obligés d'entamer cette
discussion. Ceci ne veut pas dire que les compagnies d'utilité publique
imposeraient leur tracé, mais nous voulons faire partie du processus. On
aimerait qu'on nous donne l'assurance que nous serons en tout temps
consultés.
De toute façon, c'est ce qu'on fait à l'heure actuelle,
dans la mesure du possible. Au Québec, il n'y avait pas de loi dans ce
sens. Maintenant qu'il y a une loi...
M. Léonard: II y en a dans d'autres provinces.
M. Janin: II y en a dans d'autres provinces, oui, comme vous le
savez, l'Ontario entre autres.
M. Léonard: D'autre part, vous souhaitez que la
consultation sur la version définitive du schéma
d'aménagement et du plan d'urbanisme puisse englober les réseaux
d'utilité publique. Est-ce qu'on doit comprendre par là que vous
souhaitez faire de la localisation de ces réseaux d'utilité
publique un élément obligatoire du schéma
d'aménagement et du plan d'urbanisme? Est-ce que cela répondrait
à vos préoccupations? Vous disiez tout à l'heure que les
comtés devraient tenir compte de...
M. Janin: C'est très difficile, vous savez. Vous avez
différentes contraintes. Si, par exemple, certains comtés
je réponds indirectement à votre question
désiraient établir des corridors énergétiques dans
lesquels on prévoirait un droit de passage tant pour
l'Hydro-Québec que pour TransCanada, que pour Bell et tout centrer cela,
il y aurait des problèmes comme: Est-ce qu'un peut survivre à
côté de l'autre? Ce sont des problèmes que les
planificateurs doivent connaître. Il y a des endroits où certains
comtés souhaiteraient peut-être voir le gaz venir, mais c'est
peut-être un projet qui est éloigné dans le temps. A
l'heure actuelle, ce serait peut-être illusoire pour un conseil de
comté de tenter de prévoir dans son schéma le passage
d'une ligne qui arrivera peut-être dans dix ou quinze ans. (21 h 45)
A l'heure actuelle, je pense qu'au Québec, les comtés
concernés savent où passent les lignes, sont au courant de
l'annexe 2 que vous avez et, une fois que ce pipe-line sera mis en service, on
espère que ce sera pour le 1er novembre 1980, que le gaz sera rendu
à Québec, du moins à ce moment-là, la province de
Québec sera très bien desservie en gaz naturel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je suis d'autant plus
impressionné par votre annexe 2, vos projets d'extension du gazoduc au
Québec, que j'ai moi-même participé, au début des
années soixante, à une étude de rentabilité pour le
compte d'une compagnie que vous connaissez peut-être, la Cartier Natural
Gas Company qui, on le sait, est morte de sa belle mort pas longtemps
après la fameuse explosion de LaSalle. Je me rappelle fort bien
qu'à ce moment-là, inutile de vous dire que, sur le plan de la
rentabilité, ce n'était pas très reluisant et on ne
pensait pas aller jusqu'au Lac-Saint-Jean. Je me demande si la demande que vous
avez faite devant l'Office national de l'énergie et je vous fais
remarquer que cela n'a rien à voir avec le projet de loi qu'on discute
ce soir si le tout est soumis en fonction d'une construction strictement
effectuée par l'entreprise privée ou si elle s'appuie sur une
possibilité d'aide financière des gouvernements. Si vous dites
que cela ne me concerne pas, j'accepterai volontiers votre réponse.
M. Janin: Je vais encore une fois vous répondre
indirectement. Ce que vous voyez à l'annexe 2 est le projet de
prolongement à l'intérieur de la province de Québec. Il se
peut que, plus tard, l'office émette un certificat pour un pipe-line qui
non seulement couvrirait le territoire qui est démontré en annexe
2, mais couvrirait aussi les provinces de la Nouvelle-Ecosse et du
Nouveau-Brunswick. A ce moment-là, les marchés dans ces deux
provinces maritimes sont beaucoup moindres et, économiquement, ne
justifient pas nécessairement la construction immédiate d'un
pipeline, mais c'est discutable. On parle de données et tout est
relatif. Il y a sûrement une connotation si je puis dire de
la volonté des gouvernements de satisfaire des régions et de
donner à ces régions accès aux richesses naturelles
canadiennes afin de repousser les exportations de pétrole qui
desservent, en majorité, ces endroits.
M. Gratton: Vous me permettrez d'interpréter votre
réponse comme étant effectivement affirmative à la
question que je posais. De toute façon, cela a peu d'importance pour les
fins de la discussion ce soir.
Puis-je résumer en quelque sorte vos représentations en
trois points. Le premier: Que vous désirez que le projet de loi
spécifie l'obligation, pour les conseils de comté ou quel que
soit le nom qu'on leur donnera, de consulter les entreprises d'utilité
publique, quant à la partie de la loi qui leur donne ce pouvoir de
déterminer les zones. Dans un deuxième temps, vous demandez qu'on
soustraie de quelque façon les entreprises d'utilité publique aux
dispositions de la loi qui concernent le pouvoir ou le règlement
intérimaire? Est-ce que j'ai bien saisi?
M. Janin: Vous avez bien saisi. J'aimerais élaborer sur ce
deuxième point, si vous permettez?
La raison pour laquelle nous demandons cela, c'est que l'article 60 fait
du règlement de contrôle, un règlement permissif. Je peux
très bien comprendre et j'envisage la possibilité pour certains
conseils de comté, en formulant un règlement de contrôle,
de prévoir les conditions dans lesquelles on pourra effectuer de la
construction résidentielle, commerciale ou industrielle et qu'on oublie
la construction de services d'utilité publique. A ce moment, ça
voudrait dire qu'on tomberait, nous les entreprises d'utilité publique,
on tomberait sous le coup de l'article 56, étant donné que les
règlements n'auraient pas élargi, quant à nous, la
possibilité d'une nouvelle utilisation du sol. C'est dans ce sens que
nous disons: II ne faut pas que ça arrive, parce que ça peut
être catastrophique.
Etant donné que lorsqu'on construit, la construction est soumise
à des pouvoirs administratifs de contrôle, nous croyons que nous
sommes dans une situation particulière. Nous devons consulter les
gouvernements des provinces dans lesquelles nous allons et, en plus, dans notre
cas, nous devons aussi consulter un tribunal administratif
fédéral.
M. Gratton: De toute façon, cette deuxième
préoccupation serait réglée, si votre troisième
recommandation était retenue, selon laquelle le gouvernement se donne,
par le biais de l'article 135, le pouvoir de désigner comme zone
d'intervention spéciale, l'implantation d'un gazoduc et, par le fait
même, pourrait réglementer et exclure votre entreprise des
dispositions de l'article 56?
M. Janin: Oui, je comprends le point que vous faites.
M. Gratton: Alors, je vous dirai que je considère que le
ministre n'est pas très loquace, il ne l'a pas été de la
journée, mais, effectivement, dans le cas de TransCanada PipeLines, je
suis sûr que...
M. de Bellefeuille: De peu de mots.
M. Gratton: Oui, de peu de mots et de peu de réponses
surtout.
Il me semble que, à prime abord, il faut reconnaître qu'il
y a un problème qui est très spécifique en ce qui concerne
les entreprises d'utilité publique. Dans le cas de l'Hydro-Québec
je me dis: II n'y a pas tellement de problèmes, parce que c'est un
organisme paragouvememental. Dans le cas de TransCanada PipeLines, il n'y a
probablement pas de problème dans la mesure où ce que vous
préconisez comme projet répond aux objectifs du ministre de
l'Energie. Mais, même là, je vous mets en garde, il y a souvent
c'est dans la nature d'un gouvernement et surtout de celui-ci des
difficultés à faire comprendre par un ministère qu'on va
à l'encontre des objectifs d'un autre ministère du même
gouvernement. Cela a été le cas pour le zonage agricole.
Je ne veux pas vous embarquer là-dedans, mais quant à moi,
je souhaiterais vivement que le ministre nous dise un peu plus clairement ce
qu'il a l'intention de faire. Il est manifeste que vous en appelez à une
réponse quelconque. Je vous assure que quant à nous, en tant
qu'Opposition, ce n'est pas nous qui allons modifier le projet de loi, mais
nous allons veiller aux meilleurs intérêts des
Québécois en veillant à ce que vos recommandations soient
suivies le plus près possible par le législateur.
Je vous remercie de votre contribution.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Le groupe qui a
présenté le mémoire de TransCanada PipeLines est favorable
au principe. Maintenant, je pense qu'on a là un cas où, lorsqu'on
parle d'utilité publique pour le bien national, si vous voulez, c'est
une décision au niveau national qui doit se prendre, ce qui veut dire
une décision politique. Je pense que c'est là où le
ministre doit intervenir. Nous avons eu cet après-midi toutes sortes de
questions concernant l'intervention du ministre au niveau d'un
référendum, mais dans le cas des utilités publiques, je
pense qu'il y a une loi qui est bien simple, c'est que le plus court chemin
entre deux points, c'est la ligne droite.
Si on tient compte de la rentabilité des coûts des
utilités publiques, il faut tenir compte de cette donnée.
Lorsqu'on parle d'un réseau d'utilité publique qui est
jugé d'intérêt public, je pense que vous avez raison de
dire que ça ne devrait pas être soumis à la loi
d'aménagement du territoire, parce que c'est une décision au
niveau national, c'est une décision politique. Si on prend comme
décision d'amener un pipe-line de Montréal à
Québec, est-ce qu'il va falloir déclencher tout le processus de
consultation dans tous les comtés entre Montréal et
Québec? Je pense que si on veut faire ça, on a raison de croire,
comme nous l'a présenté le groupe avant vous, que ça va
prendre peut-être jusqu'à sept ans avant d'en arriver à une
décision.
Je suis d'accord avec ce qu'on demande là-dedans. Il me semble
qu'au niveau des utilités publiques, quand c'est une décision
politique, qu'on veut desservir une région, je pense qu'on n'a
absolument pas le choix. On veut amener un réseau à Sept-lles, il
va falloir le passer quelque part. Je pense que dans l'annexe, on
prévoit le passer dans le fleuve. Non? Tout près?
M. Janin: Le réseau ne passe pas dans le fleuve; vous avez
les installations de gaz naturel liquifié à Québec et le
gaz naturel liquifié est transporté par barge jusqu'à
Sept-lles.
M. Goulet: De Montréal à Québec, il faut le
passer quelque part. J'aimerais que le ministre nous dise si, dans un cas
semblable, il devrait déclencher tout le processus c'est parce
que je voyais la ligne ici. Lorsque je dis dans le fleuve, c'est par base, mais
j'imagine un pipe-line au centre du fleuve, ou dans le bord des...
M. Janin: C'est un pipe-line mobile.
M. Goulet: Pas à ce niveau, mais j'imagine que, sur le
bord du fleuve, cela aurait très bien pu se faire. Mais disons que, si
on parle de Québec à Montréal, à la suite de la
question qu'a posée le député de Gatineau, j'aimerais que
le ministre nous dise si, dans ce cas-là, il prévoit
déclencher tout un processus de consultation dans tous les comtés
touchés entre deux régions? C'est une décision politique.
On décide d'amener le gaz naturel à Québec ou de l'amener
à Rivière-du-Loup ou à un autre endroit. Est-ce qu'on
devra déclencher tout ce processus? J'aimerais que le ministre nous
réponde ce qu'il entend faire dans un cas semblable.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous dise...
M. Léonard: Je regrette. Vous connaissez bien la
procédure parlementaire. Ce n'est pas en première lecture qu'on
pose des questions, c'est en deuxième lecture, et je me ferai un plaisir
de répondre à tout cela...
M. Gratton: Depuis quand? C'est une nouvelle
procédure?
M. Goulet: Au niveau du principe, j'aimerais que le ministre nous
le dise.
M. Léonard: Les principes du projet de loi ont
été exposés, ils vont l'être lors du discours de
deuxième lecture. J'en ai parlé brièvement ce matin.
L'aménagement, c'est politique. Quand vous dites que ce sont des
décisions politiques, il faut les exclure de la loi, cela me
paraît un peu contradictoire par rapport aux principes mêmes de la
loi.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
M. Goulet: M. le Président, je regrette. Nous allons avoir
encore peut-être une trentaine de mémoires à entendre.
Lorsqu'il s'agit d'une utilité publique, comme une ligne
hydroélectrique, une ligne de l'Hydro-Québec, par exemple,
où on a 500, 600, 700, 800 milles à faire, est-ce qu'on va
déclencher tout le processus de consultation, de façon qu'on
sache... On nous a dit tout à l'heure que cela peut prendre sept ans,
à un moment donné, avant d'avoir un cycle de consultation. A ce
moment-là, je dirai que c'est justifié, ce que ces gens-là
nous ont dit. Tout à l'heure, je trouvais cela tout à fait
énorme, en termes de délai, sept ans. Mais si le ministre ne nous
répond pas, je dois conclure qu'il désire déclencher ce
processus et là, ce ne sera plus sept ans, cela va peut-être
être dix ou douze ans.
M. de Bellefeuille: M. le Président, question de
règlement, avec votre permission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Nous sommes ici pour entendre des
mémoires, nous sommes ici pour profiter de toute la sagesse qui peut
s'en dégager. Si les collègues à la table veulent eux
aussi nous faire bénéficier de leur sagesse, ils sont
parfaitement les bienvenus, mais rien n'oblige le ministre à exprimer
immédiatement un avis sur le sujet.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II y a une coutume aussi, M.
le député de Deux-Montagnes, qui veut qu'il y ait des questions
qui soient posées au ministre lors de l'audition des mémoires.
Mais il reste toujours la liberté du ministre d'y répondre. Ce
n'est pas au président de dire que le ministre répond ou ne
répond pas. Cela reste la volonté du ministre d'y
répondre.
M. Goulet: Oui...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas au
président à se prévaloir, à dire: Le ministre
répond, ne répond pas. Cela reste la volonté du ministre
à ce moment-ci.
M. Gratton: Sur la question de règlement, M. le
Président, je dirai justement que j'abonde dans le même sens que
la décision que vous venez de rendre et qu'effectivement, toute la
journée, nous devons constater que les questions qu'on pose au ministre
restent sans réponse. C'est son privilège et son droit de ne pas
y répondre, mais je conçois mal, quant à moi, comment on
éclaire le débat, comment on améliore le processus de
consultation qui est amorcé par le biais de cette commission en refusant
de fournir quelque information que ce soit.
S'il s'agit, pour le ministre, de nous faire des surprises au moment de
l'étude article par article, je suis d'accord, mais il me semble que,
par simple courtoisie pour les personnes qu'on a invitées à venir
nous faire des représentations, le moins qu'on pourrait s'attendre ou
espérer du ministre, c'est qu'il donne certaines informations à
nos intervenants.
Quant à moi, en tout cas, M. le Président, je trouve...
C'est d'ailleurs la première expérience du genre que j'ai
où le ministre refuse catégoriquement de donner quelque
information que ce soit qui n'est pas contenue dans les notes que ses
fonctionnaires lui ont préparées. S'il fallait que tout le
gouvernement se comporte de cette façon, inutile de vous dire que la
population en prendrait pour son rhume quant à l'information à
laquelle elle a un droit des plus stricts.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, sur le point de
règlement je terminerai là-dessus le but d'une
commission parlementaire, c'est d'entendre les mémoires, c'est
d'éclairer les membres de la commission et de faire venir des experts,
si vous voulez, pour éclairer les membres de la commission et les
députés, de façon à prendre une
décision beaucoup plus objective. Si les gens qui viennent nous
voir disent des choses sur lesquelles le ministre n'est pas d'accord,
absolument pas d'accord, je pense que le ministre pourrait nous le dire tout de
suite. On pourrait, à ce moment-là, peut-être poser une
très courte question aux gens et ils pourraient en profiter pour nous
éclairer davantage, pour réfuter ou pour tout simplement
répondre aux arguments du ministre. Là, on ne le sait pas. A ce
moment-là, je me demande si on ne serait pas mieux de prendre tout
simplement les mémoires, de les déposer, de les lire et de dire:
Eux autres, ils pensent cela. (22 heures)
A un moment donné, si je dis: Telle ou telle chose, je ne suis
pas d'accord avec cela. Je peux argumenter et eux autres peuvent en profiter
pour me dire, à un moment donné: Tu n'es pas tout à fait
correct, il y a telle autre petite chose qu'on devrait ajouter. A ce
moment-là, je me demande pourquoi on vient ici et on fait venir ces
gens-là ici. On aurait pu leur demander d'envoyer leur mémoire
par la poste. On aurait pu les lire en fin de semaine et on aurait vu
exactement ce qu'on nous dit là. On veut qu'ils nous éclairent au
niveau de la présentation de leur mémoire, s'il y a des points
obscurs. On pose des questions au ministre concernant certains points qui nous
sont amenés par les membres qui se présentent devant cette
commission, les porte-parole de certains groupes.
Le ministre dit: Je regarde tout simplement les mémoires et je
rendrai ma décision dans trois ou quatre semaines, ou dans deux mois; je
verrai, je verrai ce que je vais faire avec cela. On lui demande tout
simplement s'il est d'accord avec le mémoire, oui ou non.
M. Gratton: C'est trop facile.
M. Goulet: Pourquoi ne pas le dire aux gens ici lorsqu'ils
viennent vous voir, plutôt que de les laisser retourner chez eux et
attendre trois ou quatre semaines, et après cela, prendre votre
décision. Si votre décision est déjà prise, je me
demande ce qu'on fait en commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Mot de la fin. M. le
ministre.
M. Léonard: Effectivement, on va regarder ce
mémoire très attentivement. Je pense qu'il y a d'excellentes
suggestions dans le mémoire. Comme vous le savez, il ne s'agit pas de
rendre des décisions lorsqu'on est en première lecture d'un
projet de loi, lorsqu'on discute des mémoires. Après, on en
discute en deuxième lecture et cela va être fait en temps et lieu.
Je peux vous dire que le mémoire est un mémoire que nous
considérons très sérieusement, en particulier de la
façon dont on doit insérer les entreprises d'utilité
publique dans le projet de loi. Je vous remercie beaucoup de vous être
donné la peine de préparer ce mémoire. Je pense bien que
ce ne sera pas inutile. Merci.
M. Gratton: On le souhaite bien nous aussi.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, les membres de
cette commission vous remercient pour votre participation.
Avant d'ajourner les travaux de la commission à demain, 10
heures, je vais nommer les organismes qui se feront entendre demain matin:
Conseil régional des loisirs, Saguenay-Lac-Saint-Jean, mémoire
numéro 7; municipalité du comté des Iles-de-la-Madeleine,
mémoire numéro 27; Conseil régional de
développement de l'Abitibi-Témiscamingue, mémoire
numéro 32; Etudiants, Institut d'urbanisme Université de
Montréal, mémoire numéro 13. Sur ce, les travaux sont
ajournés à demain 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 3