Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Projet de loi no 125
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs! La
commission des affaires municipales se réunit afin de recevoir les
mémoires pour l'étude du -projet de loi 125. Les membres de cette
commission sont: MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), Caron (Verdun) remplacé
par Giasson (Montmagny-L'Islet); Cordeau (Saint-Hyacinthe) remplacé par
Goulet (Bellechasse); de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Gratton (Gatineau)
remplacé par Goldbloom (D'Arcy McGee); Guay (Taschereau) remplacé
par Chevrette (Joliette-Montcalm); Mercier (Berthier), Ouellette (Beauce-Nord),
Shaw (Pointe-Claire), Tardif (Crémazie) remplacé par
Léonard (Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont: MM. Alfred (Papineau), Charbonneau
(Verchères) remplacé par Marquis (Matapédia); Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par Cordeau (Saint-Hyacinthe); Lacoste
(Sainte-Anne), Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par Tardif
(Crémazie); Samson (Rouyn-Noranda), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce),
Vaugeois (Trois-Rivières).
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que mon nom
paraissait comme intervenant; pourriez-vous inscrire à sa place celui de
M. Caron, député de Verdun?
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun) remplace M.
Goldbloom (D'Arcy McGee) comme intervenant.
Y a-t-il d'autres changements?
Les mémoires qui seront entendus aujourd'hui, les organismes
convoqués: l'Union des conseils de comté et des
municipalités locales du Québec, il me semble avoir vu le
plus petit d'entre eux... Il est là, bonjour le Conseil
régional de développement de l'Est du Québec, la
Conférence municipale de l'Est du Québec ils sont
arrivés le groupe d'étudiants de l'Université de
Montréal merci Bell Canada et Télébec
Ltée merci II y a juste le Conseil régional de
développement de l'Est du Québec qui n'est pas ici.
M. Léonard: Je les ai vus au Parlementaire ce matin.
M. Chevrette: Ils sont en train de prendre un café.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant l'Union
des conseils de comté et des municipalités locales du
Québec. Monsieur, je pense que vous avez l'habitude des commissions
parlementaires. Vous identifiez votre groupe aux fins du journal des
Débats, ainsi que vous-même et les personnes qui vous
accompagnent. Je vous de- manderais d'essayer de vous limiter à 20
minutes pour la lecture de votre mémoire.
Union des conseils de comté et des
municipalités locales du Québec
M. Moreau (Jean-Marie): Merci, M. le Président, mon nom
est Jean-Marie Moreau, je suis accompagné ce matin de M. Eugène
Letendre, qui est vice-président de l'union, de Me André Nadeau
et de M. Elias Houde, qui est directeur de l'exécutif de l'Union des
conseils de comté du Québec.
Sans plus tarder, M. le Président, j'aimerais vous remercier pour
commencer de nous permettre d'exprimer notre opinion au nom des
municipalités rurales du Québec en ce qui concerne la loi 125 sur
l'aménagement du territoire.
Contrairement aux projets antérieurs de 1972 et 1976 portant sur
les mêmes sujets, le projet de loi no 125 veut charger les conseils de
comté de l'application des règles d'aménagement du
territoire québécois à l'exclusion des territoires
regroupés en communautés urbaines et régionales
existantes.
Pour réaliser les fins d'aménagement, le projet de loi
prévoit la participation des municipalités régies par la
Loi des cités et villes aux conseils de comté. Depuis plusieurs
années, l'union était favorable à une telle politique et
l'a demandée dans divers mémoires au gouvernement. Nous ne
pouvons que souscrire à ce principe, M. le Président.
Il faudrait bien se rendre compte qu'il s'agit de l'aménagement
du territoire et que ce dernier se trouve en très grande partie à
l'intérieur des municipalités régies par le Code municipal
et que la législation doit être orientée en respectant les
droits traditionnels de ces municipalités.
Des consultations ont été faites auprès des
préfets de comté réunis en assemblée
spéciale à Québec le 10 mars 1979 et, à partir de
ces discussions et suggestions, nous avons préparé le
présent mémoire.
Suivant cette législation, si elle était acceptée
telle que présentée, il existerait deux sortes de conseils de
comté, soit celui qui existe actuellement et le nouveau
créé seulement aux fins de l'aménagement du territoire. Le
milieu rural est un peu perplexe devant le projet de loi et il s'interroge sur
le sort futur des conseils de comté actuels. Une confusion certaine
découlerait de ces nouvelles structures. Ce ne serait donc pas le
comté actuel qui procéderait au schéma
d'aménagement. (10 h 15)
Ce n'est pas aux comtés actuels que le projet fait
référence. Cependant, le projet actuel va continuer d'exister
avec les mêmes pouvoirs qu'actuellement. Alors, que vient faire le
conseil de comté actuel dans le cadre de cette loi? La création
des nouveaux conseils de comté par l'émission de lettres patentes
peut créer de la confusion et même des injustices si le projet de
loi est adopté dans sa forme actuelle.
D'après l'article 142, le gouvernement peut, par lettre patente,
modifier le territoire des conseils de comtés, défini à
l'article 13 de la loi de la division territoriale, Statuts refondus, 1964. Le
gouvernement peut aussi, par lettres patentes, créer de nouvelles
corporations de comté et définir leur territoire. Le gouvernement
peut, en tout temps, modifier les lettres patentes délivrées en
vertu du présent article. Le gouvernement a le pouvoir absolu et quel
sera le recours des municipalités qui seront impliquées dans ces
nouvelles structures et qui seront obligées de faire partie du nouveau
conseil de comté dont les limites seront très différentes
des limites actuelles? Le gouvernement n'a-t-il pas un pouvoir trop grand?
Nous croyons que cette réforme doit essentiellement partir des 71
comtés actuels, afin de ne pas heurter inutilement les traditions d'une
part et, d'autre part, respecter l'appartenance psychologique, prendre le temps
de bien faire.
Le financement. Cette législation va apporter des
responsabilités nouvelles aux conseils de comté et,
nécessairement, des obligations financières très
onéreuses. Les coûts croissants de l'administration des conseils
de comté, notamment au titre de l'évaluation foncière, ont
atteint un plafond tel, que nous ne pouvons plus demander un apport fiscal
supplémentaire aux municipalités locales et aux contribuables,
parce que l'écart entre le coût actuel et les coûts
antérieurs est énorme.
La participation des villes, l'augmentation du nombre des
assemblées de conseil, l'élaboration du schéma, sont des
activités qui augmenteront considérablement les budgets des
comtés. Quelles seront les nouvelles ressources financières? La
réforme de la fiscalité municipale apportera-t-elle une solution?
A ce moment, nous ignorons le contenu du discours du budget, mais aujourd'hui,
on le connaît, M. le Président. Mais il avait été
c'est $2,5 millions formellement entendu que la réforme
fiscale donnant des revenus accrus aux municipalités serait pour les
obligations et responsabilités existantes au moment de la réforme
et non pour des responsabilités futures.
L'Etat, s'il donne suite à son projet de décentralisation
et confie à l'organisme régional, par le biais des gouvernements
locaux, des responsabilités additionnelles, devrait, par la même
occasion, transférer les moyens financiers correspondants et,
évidemment, par le biais des gouvernements locaux.
Nous nous interrogeons sérieusement sur la question et prions le
gouvernement de faire connaître le mode de financement de cette nouvelle
politique, afin de rassurer les représentants du monde municipal, face
à cette législation, car l'expérience de la
responsabilité et de la confection des rôles d'évaluation,
au point de vue financier, rend les maires un peu méfiants.
La consultation. Nous sommes d'avis que le processus de consultation
obligatoire mentionné au projet de loi est exagéré. Les
délais sont trop longs. Il y aurait lieu de simplifier cette
procédure tout en laissant aux intéressés le droit de se
faire entendre dans des délais raisonnables. A force de trop consulter,
il pourrait être quasi impossible d'atteindre les buts visés et
n'importe quelle association ou groupement adverse pourrait freiner la bonne
marche du projet pour des motifs futiles et cela pourrait augmenter les
coûts.
Paradoxalement, on constate que jamais les citoyens ne peuvent agir avec
autorité. Ils sont informés, mais nul n'est tenu de tenir compte
de leur avis. Même le référendum prévu à
l'article 24, n'a qu'une valeur consultative, M. le Président. Cela
prête à réflexion et peut ressembler à une
quelconque approbation, par avance, des décisions virtuellement
déjà prises.
Le projet de loi no 125 et la loi 90 sur le zonage agricole. Enfin, il
est impératif d'harmoniser l'aménagement du territoire avec le
zonage agricole. Ces deux politiques doivent définitivement aller de
pair. Il serait opportun que le ministre Léonard dépose le texte
des modifications qui seront apportées au projet de loi pour tenir
compte des principes contenus au titre traitant de l'harmonisation des deux
lois.
Sans vouloir commenter ce projet de loi, article par article, nous
voudrions faire certaines suggestions afin de le rendre plus acceptable
à nos membres.
Article 142. Etant donné les remarques faites dans l'introduction
concernant la propriété du territoire, nous suggérons que
l'article 142 soit remplacé par le suivant: "Que chaque corporation de
comté actuelle soit seule habilitée à demander les lettres
patentes, avec pouvoir de modifier ses limites internes pour fins
d'aménagement du territoire et d'établir les modes et
critères de représentativité des villes à ces fins
y compris, si nécessaire, la possibilité d'accorder au
comté et aux villes un droit de veto."
La plus grande proportion de l'espace à aménager, M. le
Président, réside sous la juridiction des municipalités
rurales. Ce sont elles qui devraient avoir le droit exclusif de
l'aménagement tout en tenant compte de l'harmonisation essentielle avec
les tissus urbains.
Il ne faudrait pas que les villes profitent cela, c'est sans
préjudice, M. le Président, à nos amis des villes
de la loi pour se créer des conseils de comté à leur
goût incluant seulement quelques municipalités limitrophes
à leur ville et abandonnant les autres à leur sort. C'est une
crainte bien légitime et c'est la raison de cette demande de
modification.
Ici, je n'ai qu'à citer le mémoire de la ville de Granby
pour affirmer que c'est comme cela que cela se passerait dans plusieurs
endroits au Québec. Ce serait là précisément
contraire à l'esprit de ce projet de loi.
L'élaboration du schéma. Nous suggérons que
l'article 9 soit modifié en remplaçant "aux frais de" par "par
le" et que l'article 10 soit amendé en biffant "ou de l'entrée en
vigueur d'une ordonnance du ministre prévue à l'article 4."
Il y aura trop de paperasse aux frais des municipalités locales
pour le compte du conseil de comté.
Les articles 12 et 13 pourraient demeurer tels quels. Quant aux autres
articles, ils devraient contenir les principes suivants:
II y aurait lieu de procéder par avis publics affichés
selon les exigences du Code municipal. Cet avis contiendrait les buts
visés par le conseil, avec indication que les documents sont disponibles
au bureau du secrétaire-trésorier et qu'une assemblée
publique sera tenue à une date déterminée avec
délais raisonnables et que toutes les personnes ayant des objections ou
désirant des informations supplémentaires devront se
présenter et le conseil, après cette assemblée, sera en
mesure de prendre position pour l'adoption d'un schéma
d'aménagement.
Le comté, après avoir adopté son règlement,
avec ou sans amendements, publie un avis dans un journal que le
règlement est disponible au bureau de chaque municipalité et
qu'il prendra effet à une date déterminée et que les
électeurs ont, pendant ce délai, le droit de faire toutes les
représentations qu'ils désirent.
Pour ce qui concerne le pouvoir d'emprunt, les articles 46 et 69 du
projet de loi interdisent aux corporations locales d'emprunter pour fins de
travaux publics sans qu'un avis du conseil de comté ne soit soumis
à la commission municipale.
Ces articles devraient être restreints et précisés,
car ils sont trop contraignants inutilement.
Cela ne devrait être qu'un certificat et non un avis
émanant du comté dans le sens que les travaux projetés ne
sont pas contraires au schéma d'aménagement et au projet. De la
sorte, le conseil de comté n'a pas à intervenir, ni à
donner d'opinion, lorsque cela ne le concerne pas.
En d'autres mots, les travaux ne pourraient être bloqués
que s'ils sont contraires au schéma.
Par exemple, nous ne voyons pas pourquoi il faudrait l'opinion d'une
municipalité membre du nouveau comté située à
plusieurs milles de la municipalité concernée, lorsqu'elle
désire emprunter pour asphalter une rue ou autres travaux publics du
même genre. C'est de l'ingérence inutile.
Pouvoirs et obligations du gouvernement. L'intervention du gouvernement
ne devrait se faire que pour des motifs et intérêts nationaux.
Le gouvernement et toutes les sociétés d'Etat et de la
couronne devraient être aussi liés par le schéma
préparé par les comtés.
Nous suggérons, pour ce qui concerne l'adoption du schéma,
que l'article 25 soit modifié, afin que le règlement ne soit
adopté que par la majorité simple des membres présents au
conseil, si nous voulons réellement parvenir à des
résultats positifs.
Nous nous interrogeons sur la nécessité d'avoir un
délai aussi long que 90 jours à l'article 27.
Ce projet de loi devrait comporter deux étapes distinctes: dans
une première étape, à partir des 71 comtés actuels,
chacun de ces comtés devrait obligatoirement, dans un délai
déterminé, demander des lettres patentes pour les comtés
renouvelés et le droit de modifier leurs frontières internes, de
façon à inclure les villes à l'intérieur de leurs
limites. Ils seraient les seuls habilités à le faire.
Dans une seconde étape, un processus d'aménagement plus
avancé pourrait être élaboré conjointement avec les
villes et, le cas échéant, avec les comtés voisins, le
tout tendant vers le but final d'un aménagement mieux orienté,
sauvegardant la qualité de vie.
Les effets de l'entrée en vigueur du schéma. Ce projet de
loi vise-t-il un schéma d'aménagement ou un plan d'urbanisme? Et
nous posons la question. Nous sommes en droit de nous poser la question, en
analysant les articles 33 et suivants. En ce qui concerne le contrôle
intérimaire, cette section est un gel qui peut causer de nombreux
embarras aux administrateurs municipaux.
Dans le cas des municipalités qui n'ont aucun règlement de
zonage, d'urbanisme ou de construction, les conseils de comté pourraient
y suppléer avantageusement pendant la période transitoire de mise
en place. Ici, c'est l'application de l'article 58 qui s'impose. Le plan
d'urbanisme d'une municipalité le titre de ce chapitre devrait se
lire: Le schéma et le plan d'urbanisme d'une municipalité, ce qui
concorderait davantage au contenu des articles 79 et suivants et ferait le
pendant du schéma de comté. Le plan dont il est question à
cet article du projet de loi s'apparente plus à un schéma
directeur des équipements qu'à un plan d'urbanisme.
La zone d'intervention spéciale. Ce chapitre devrait
prévoir la possibilité d'une indemnité et comprendre un
article semblable à l'article 43 de la Loi sur les biens culturels. Je
cite l'article 43: "Toute personne peut obtenir du ministre une
indemnité pour les dommages qu'elle subit en raison de l'application des
articles 41 et 42. A défaut d'entente entre les parties,
l'indemnité prévue au présent article est
déterminée par la Régie des services publics à la
requête du ministre ou de la personne intéressée,
conformément aux articles 780 et 785 du Code de procédure civile.
Nulle indemnité ne doit cependant être versée à une
corporation dont plus de la moitié des dépenses de fonctionnement
sont défrayées à même les deniers publics."
Le territoire des corporations de comté. Nous suggérons
que l'article 142 se lise comme suit: "Toute corporation de comté doit,
dans les 18 mois de l'entrée en vigueur de la loi, présenter au
gouvernement une requête en vue d'obtenir des lettres patentes lui
permettant de modifier ses frontières internes pour fins
d'aménagement de territoire."
Organisation et fonctionnement des corporations de comté.
L'article 159 devrait se lire comme suit: "Le conseil d'une corporation de
comté créé par lettres patentes se compose du maire de
chaque municipalité qui en fait partie. L'administrateur d'une
municipalité constituée en vertu de la Loi de l'organisation
municipale de certains territoires fait également partie du conseil de
la corporation de comté, mais ne peut être élu à
titre de préfet."
L'article 160 se lirait comme suit: "Chaque municipalité est
représentée au conseil de comté par son maire. Un droit de
véto est cependant accordé au représentant d'une
municipalité régie par la Loi des cités et villes et au
préfet de comté, ce dernier agissant à la majorité
simple des maires des municipalités régies par le Code municipal,
siégeant au conseil de comté."
Dispositions générales. L'article 208 du projet de loi
nous laisse perplexes. Il est écrit que le titre II de la loi a
préséance sur toute disposition. Il faudrait dire: La
présente loi a préséance sur tout. C'est là une
condition essentielle à l'harmonisation du présent projet de loi
et de la loi 90 sur le zonage agricole.
Les paragraphes b) et d) devraient être biffés, sinon
l'esprit même de ce projet de loi souffrira d'un accroc impensable.
Veut-on que les villes soient intégrées aux comtés ou
non?
Quant à l'article 209, il devrait être
réécrit, car il n'est pas clair et porte à confusion. Tel
que rédigé, nous sommes sous l'impression que le territoire
actuel des municipalités de comté serait modifié non
seulement pour l'aménagement du territoire, mais pour toute autre fin.
Veut-on, par cet article, faire disparaître les municipalités
actuelles de comté? (10 h 30)
On est en droit de se poser la question, car il semble se dégager
de ce projet de loi une certaine continuité de pensée que nous
avons vécue il y a quelques années. Avec ce projet de loi, il
existerait de nouveaux conseils de comté, créés par
lettres patentes, qui feraient disparaître les anciens. Ne serait-ce pas
là la réalisation d'un rêve de certains fonctionnaires?
Nous nous interrogeons sérieusement.
Les articles 216 et 217. Toutes les dispositions devraient plutôt
se retrouver à l'annexe "A".
Toutes les dispositions de la Loi des cités et villes et du Code
municipal ayant trait à l'urbanisme devraient être retirées
de ces deux lois pour faire partie intégrante du projet de loi.
Voici certains exemples: l'article 393a du Code municipal au complet,
article traitant des subdivisions et resubdivisions, l'article 400 traitant des
cartes, plans ou arpentage de la municipalité.
Il serait important d'ajouter au projet de loi un chapitre sur les
officiers dont le comté aura besoin pour exercer ses nouveaux pouvoirs,
semblable à ce que prévoit la Loi sur l'évaluation
foncière.
En conclusion, M. le Président, notre union souhaite l'adoption
d'une loi en aménagement du territoire et urbanisme. Elle est heureuse
de constater que le gouvernement a enfin reconnu le comté municipal
comme une structure politique administrative. Elle suggère que la
décentralisation soit gouvernée plus tard par une
législation plus appropriée et spécifiquement
étudiée dans cette perspective car "qui trop embrasse, mal
étreint".
En voulant réaliser d'un seul coup l'aménagement et la
décentralisation, le risque est bien grand de manquer l'un et l'autre.
Nous vous soumettons ces remarques en toute objectivité, escomptant que
le gouvernement en tiendra compte. La devise de notre union "Unis pour servir"
sera mise à l'épreuve dans l'application du projet de loi. Nous
sommes disposés à collaborer avec le gouvernement en informant
nos membres dont certains sont méfiants pour avoir vécu dans le
passé des tentatives d'assimilation de la part du gouvernement.
Nous insistons donc fermement pour que le caractère rural des
municipalités soit sauvegardé; que le phénomène
d'urbanisation ne fasse pas table rase de nos valeurs et n'évolue pas
plus vite que ne peut l'absorber la population.
Que la consultation, sans aller jusqu'à retarder indûment
le processus, soit assez bonne pour que la population chemine vraiment avec les
élus.
Nous apprécions grandement la bonne collaboration du ministre
Jacques Léonard avec notre union, sa participation à
l'assemblée d'information aux préfets et la collaboration des
officiers de son ministère.
M. le Président, au nom de l'Union des conseils de comté
du Québec, je vous remercie de nous avoir entendus et voilà notre
manifeste.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le Président.
M. le ministre.
M. Léonard: M. le président de l'Union des conseils
de comté, je remercie les dirigeants de l'Union des conseils de
comté du Québec pour la présentation de leur
mémoire et, en particulier, je voudrais saluer leur président, M.
Moreau, pour l'intensité et la qualité du travail qu'il a fait au
sein de son union depuis déjà plusieurs années. Je salue
aussi ceux qui l'accompagnent.
Depuis la conférence Québec-municipalités, nous
avons longuement, au sein du comité technique des fonctionnaires et au
sein du comité d'orientation politique, discuté
d'aménagement et d'urbanisme.
Mon collègue, M. Tardif, qui est à mes côtés,
et moi-même, avons pris le temps je pense qu'il fallait
avec les représentants de votre union et ceux de l'Union des
municipalités, de discuter des principes de base du projet de loi
125.
Il nous paraissait indécent de préparer un projet de loi
sur l'aménagement et l'urbanisme sans s'associer avec nos partenaires
municipaux pour définir les grands paramètres de ce projet. C'est
ce que nous avons fait ensemble.
Nous avions aussi convenu, au mois de décembre 1978, de
déposer un projet de loi afin d'amorcer une discussion publique sur
l'aménagement et l'urbanisme de façon à bonifier le projet
qui serait mis sur la table.
Durant la tournée que j'ai effectuée dans les
régions du Québec, dans toutes les régions du
Québec au cours, notamment, des mois de février et mars, j'ai
rencontré beaucoup de gens de votre union qui m'ont exposé leur
opinion. J'ai assisté aussi à votre journée d'étude
du 10 mars avec mes principaux fonctionnaires et, là aussi, nous avons
écouté les expressions d'opinions qui ont été
formulées.
II me semble, en entendant vos propos, qu'on peut dire que le projet de
loi 125 reflète, de façon générale, les principes
de base sur lesquels nous nous étions entendus avant le
dépôt du projet de loi.
Je remarque aussi que vous êtes d'accord avec le principe de la
cohabitation au sein d'une structure intermunicipale, des municipalités
régies par la Loi des cités et villes et celles régies par
le Code municipal. Ce sont là des consensus qui me réjouissent et
je pense que la persévérance de M. Moreau et de ses
collaborateurs dans leur travail y est pour beaucoup à la tête de
ces consensus.
Je voudrais d'abord formuler quelques commentaires
généraux avant d'aborder de façon plus
détaillée vos réactions sur les articles du projet de loi
qui traitent plus spécialement d'aménagement et d'urbanisme.
Sur le financement, vous vous interrogez sur les conséquences
financières de l'élaboration des schémas et des plans
d'urbanisme. Je rappellerai que M. Parizeau, dans le discours du budget
prononcé il y a maintenant un mois, a fourni un certain nombre
d'éléments à ce sujet. "Quant aux conseils de comté
renouvelés je cite tels que définis dans le projet
de loi 125 sur l'aménagement et l'urbanisme, ils seront
constitués de représentants des municipalités membres.
Pour les fins de cette loi, ils seront financés au départ par un
programme d'aide. Ce programme est mis au point au nom du principe
déjà énoncé que toute responsabilité
nouvelle sera assortie d'une source de financement. Ce programme couvrira les
dépenses raisonnables entraînées par l'élaboration
et la mise en application d'un schéma d'aménagement ainsi que les
frais de fonctionnement du conseil de comté pour l'exercice de cette
fonction. "En conséquence, pour l'année financière
1979/80, une somme de $2 100 000 a été prévue au budget et
pour ce qui est du financement à moyen et long termes des comtés
renouvelés, le comité conjoint d'orientation sur
l'aménagement et la décentralisation étudiera cette
question et fera des propositions au gouvernement." Fin de la citation.
Sur l'harmonisation de la loi 125 et de la loi 90, vous demandez que les
modifications soient déposées le plus rapidement possible. Je
vous signale que les éléments d'une harmonisation ont
déjà fait l'objet d'un accord de principe au sein du Conseil des
ministres et que cet accord s'est traduit dans le document que nous avons rendu
public le 21 décembre dernier en même temps que le
dépôt du projet de loi.
Essentiellement, ce document affirmait l'absolue nécessité
de protéger de façon permanente notre territoire agricole
québécois et il était reconnu que les élus locaux
devaient avoir la responsabilité d'aménager leur territoire. A la
suite de la présentation des mémoires de tous les intervenants de
cette commission parlementaire, les modifications juridiques seront alors
déposées. A l'époque, ce document était justement
déposé pour fins de consultation.
Quant au pouvoir du gouvernement, vous indi- quez que celui-ci ne
devrait se faire que pour des motifs et intérêts nationaux. En
pratique, je pense que c'est ce qui va se passer. Vous comprendrez qu'il est
difficile de préciser dans un projet de loi tout ce qui devrait
être les atouts ou tout ce qui devrait être les
intérêts nationaux du gouvernement. L'important, c'est que le
gouvernement suive des règles claires et connues publiquement d'avance
de façon à ce que ses partenaires municipaux sachent à
quoi s'en tenir.
Je vous rappelle aussi que le gouvernement et ses mandataires se
trouveront liés par le schéma d'aménagement, selon
l'article 127, ce qui évitera aussi les interventions
discrétionnaires sur le territoire comme cela se fait maintenant ou
comme cela peut se faire maintenant.
Vous demandez de reconnaître la possibilité
d'indemnité si le gouvernement, pour des motifs d'intérêts
nationaux, décrète une zone d'intervention spéciale. C'est
une question que nous allons examiner.
Vous êtes d'accord aussi en très grande partie avec les
dispositions du projet de loi 125 concernant les instruments de planification,
particulièrement en ce qui a trait au contenu obligatoire et facultatif
du schéma d'aménagement, au contenu obligatoire et facultatif du
plan d'urbanisme et au contenu des programmes particuliers d'aménagement
ainsi qu'aux différents règlements d'urbanisme.
Votre mémoire admet également la nécessité
d'un contrôle intérimaire tant au moment de l'élaboration
d'un schéma d'aménagement que d'un plan d'urbanisme. Vous
admettez également la nécessité d'une consultation. La
préparation d'une proposition préliminaire par le conseil de
comté et la soumission de cette proposition aux municipalités
membres du conseil rencontrent aussi votre assentiment. En ce qui a trait
à la consultation des citoyens, vous reconnaissez le droit aux
intéressés de se faire entendre dans les délais
raisonnables.
Vous proposez un certain nombre de réaménagements
techniques sur des points du titre I du projet de loi. J'aimerais vous poser
quelques questions à cet effet, si vous me le permettez. Vous
souscrivez, par exemple, à l'article 3 du projet de loi qui donne aux
conseils de comté le pouvoir d'élaborer un schéma
d'aménagement. Par contre, vous ne voulez pas que le ministre
responsable de la loi ait un pouvoir d'ordonnance à cet effet. Advenant
qu'un certain nombre de comtés se refusent à élaborer un
schéma d'aménagement, ne croyez-vous pas que le ministre, pour un
certain nombre de raisons, se doit d'amener les comtés à se
préoccuper de l'aménagement de leur territoire?
M. Moreau: D'ailleurs, notre mémoire sur cette question
est assez clair. On dit, nous autres, au lieu que ce soit un pouvoir
discrétionnaire du comté ou du ministre, que le comté ou
les comtés qu'on connaît déjà, qui ne sont pas
nécessairement des comtés renouvelés, aient l'obligation,
après un certain délai, de procéder à un
schéma
d'aménagement et de demander leurs lettres patentes; qu'ils aient
l'obligation. Tout ce qui est municipal aujourd'hui devrait, après un
certain temps on dit 18 mois dans notre mémoire, cela peut
être douze mois, cela peut être 20 mois, mais cela ne devrait pas
excéder 20 mois toutes les municipalités, tous les
gouvernements régionaux, tous les conseils de comté devraient
avoir l'obligation de demander au gouvernement leurs lettres patentes.
On enlève, à ce moment, l'odieux au ministre d'avoir
à émettre des ordonnances et à s'ingérer dans les
affaires locales et régionales. Vous l'avez dans la loi, on a
l'obligation. Remarquez bien qu'en ce qui nous concerne on n'a pas peur de
soumettre cela à nos municipalités, soit que les comtés
aient l'obligation de le faire après un délai qui serait
déterminé dans la loi.
M. Léonard: Vous pensez qu'on doive mettre cette
obligation?
M. Moreau: Oui.
M. Léonard: Cela va être plus efficace que de
prendre une attitude permissive sur ce plan.
M. Moreau: Evidemment plus efficace. Pour citer l'exemple de la
Loi sur l'évaluation foncière, toutes les municipalités,
tous les conseils de comté avaient l'obligation de procéder
à l'évaluation foncière à partir des nouvelles
dispositions de la loi 50; cela s'est fait et personne n'a
récriminé. C'est bien sûr qu'à un moment
donné, quand dans la loi 125 on va dire aux municipalités de
comté: Vous avez l'obligation après dix, douze ou vingt mois de
demander vos lettres patentes et le schéma d'aménagement, je ne
dis pas qu'il n'y en a pas qui ne seront pas malheureux, mais ils vont
l'être pareil le jour où le ministre va le leur demander, parce
que ceux-là ne veulent rien faire. D'ailleurs, je pense que la meilleure
façon c'est que dans la loi, déjà, si on veut faire
vraiment de l'aménagement au Québec, on le mette et qu'on dise:
Vous avez l'obligation d'en faire. C'est ce que nous croyons. On peut bien ne
pas être d'accord ou être d'accord, mais je pense que, si on veut
vraiment donner le coup d'envoi, il va falloir que la loi soit coercitive.
M. Tardif: Si vous me permettez, M. le Président, c'est
immédiatement rattaché à cela. On me permettra aussi, sans
faire de présentation aussi longue que celle de mon collègue, de
féliciter l'Union des conseils de comté pour sa participation,
non seulement ce matin, mais aux travaux préparatoires. Comme ministre
des Affaires municipales, on comprendra que ce qui m'intéresse entre
autres ici, c'est de m'assurer de bien percevoir les besoins du monde municipal
et surtout de les concilier ou de tenter de tout faire pour les concilier dans
la mesure où ces besoins pourraient s'exprimer différemment,
selon les groupes en présence.
Relié à cette question précise, vous semblez nous
dire: II faudrait avoir quelque chose comme la Loi de l'évaluation
foncière si j'ai bien compris qui dit là,
c'était cinq ans le délai une municipalité peut
commencer à confectionner son rôle d'évaluation et demander
au ministre responsable de l'application de la Loi de l'évaluation
foncière l'émission d'une ordonnance décrétant que
son premier rôle entrera en vigueur telle date. Cela pourrait être
quelque chose de cette nature, si j'ai bien compris?
M. Moreau: Oui. Evidemment, j'ai cité l'exemple de la loi
50 sur l'évaluation foncière. Cela ne veut pas dire que le
délai serait de cinq ans, je pense que cinq ans c'est pas mal loin pour
faire de l'aménagement, mais cela pourrait être un
mécanisme comme celui-là. (10 h 45)
M. Tardif: Cependant, dans le cas de la Loi de
l'évaluation foncière, le délai est de cinq ans,
c'est-à-dire que le rôle devra être terminé avant
telle date. Enfin, je ne connais pas de cas en matière
d'évaluation où il y avait urgence à intervenir, alors que
dans le cas de la confection d'un schéma d'aménagement, il se
pourrait que, justement, une implantation industrielle majeure ou autre raison,
puisse rendre impérieux de procéder plus rapidement avec un
schéma... Est-ce qu'il ne serait pas bon aussi, au cours de cette
période-là, de dire: La municipalité ou le comté
pourra commencer avant l'échéance de la confection de son
schéma? On pourrait aussi lui enjoindre de le faire pour des raisons,
disons, particulières à cette région.
M. Moreau: Remarquez bien que je ne veux pas essayer
d'établir moi-même les délais. Ce sera la
responsabilité du gouvernement d'établir quel délai on
devrait prendre. Il est bien entendu qu'il ne faudrait pas que cela porte sur
un échéancier de cinq ans. Dans notre mémoire, on dit 18
mois. Ce peut être moins que 18 mois. Maintenant, dans les cas où
il y a urgence, je suis persuadé que les positions vont se prendre
très rapidement. Le jour où la loi sera sanctionnée, M. le
Président, et qu'on va dire que les municipalités et les conseils
de comté ont l'obligation de demander leurs lettres patentes dans douze
mois, soyez assuré que toutes les municipalités qui sont à
l'intérieur des limites de ces comtés vont s'asseoir à la
table et commencer à discuter tout de suite. Elles n'ont pas le choix.
Cela n'exclut pas, à ce moment-là... Dans les cas
d'évaluation foncière, on a eu l'aide du gouvernement pour
élaborer des choses. Pour quelles raisons on ne l'aurait pas dans cela?
C'est bien essentiel.
Une Voix; Ce sont des motifs nationaux qui interviennent.
M. Moreau: Alors, s'il y a des motifs nationaux qui
interviennent, on est d'accord. On vient de dire que, pour des motifs
nationaux, le gouvernement a son pouvoir. On ne lui enlève pas son
pouvoir.
M. Léonard: D'accord. Je voudrais vous poser une
deuxième question sur le contrôle intérimaire.
L'introduction du contrôle intérimaire, je pense, s'avère
un outil intéressant autant pour les comtés que pour les
municipalités durant la phase d'élaboration du schéma et
des plans d'urbanisme. Vous proposez que les conseils de comté puissent
exercer un tel contrôle auprès des municipalités
dépourvues d'un règlement de zonage dans le domaine de la
construction. Quels pourraient être les avantages pour les
municipalités et les conseils de comté d'une telle
suppléance? Afin de minimiser les embarras aux administrateurs
municipaux qu'un tel gel pourrait causer dans certains cas, voyez-vous un
certain nombre de modalités à inclure dans le projet de loi sur
cette question?
M. Moreau: M. le Président, nous nous sommes posé
la question à maintes reprises et à un moment donné, on a
été pris avec un dilemme. Mais l'article 58 si vous prenez
l'article 58 du projet de loi je pense qu'il répond à tout
cela. Il n'y a pas de problème. L'article 58 dit ceci: "Le conseil de
comté peut adopter un règlement de contrôle
intérimaire. Ce règlement s'applique à chacune des
municipalités du comté et demeure en vigueur sur le territoire
d'une municipalité jusqu'à la date de la délivrance du
dernier certificat de conformité à l'égard d'un plan
d'urbanisme et des règlements de zonage de lotissement de construction
de cette municipalité".
Je pense qu'à ce moment-là, il n'y a pas de
problème. Je n'en vois pas. C'est un mécanisme qui serait
utilisé, l'article 58.
M. Léonard: L'article 25 du projet de loi prévoit
que l'adoption du schéma sera aux deux tiers des membres présents
au conseil. Vous nous suggérez que le règlement soit
adopté par la majorité simple des membres présents au
conseil. Est-ce que vous pourriez nous expliquer pourquoi? Parce que cela
pourrait faire peu de monde pour adopter le schéma
d'aménagement.
M. Moreau: Cela s'est vu dans les gouvernements locaux. Cela se
voit aussi dans le gouvernement du Québec et dans tous les gouvernements
du monde qu'à un moment donné, par des procédés
d'abstention, on puisse bloquer des choses assez longtemps.
M. Léonard: Si...
M. Moreau: M. le Président, nous pensons... Remarquez bien
que c'est encore une suggestion. On ne veut pas arriver et dire qu'on tranche
la question. Mais on dit: Si, à un moment donné, il y a un
schéma d'aménagement qui se discute au niveau des
municipalités, le nouveau comté est structuré, tout est
là, tous les maires sont là autour de la table, et qu'on veuille
procéder à l'adoption du schéma, il y a des abstentions
voulues, des gens qui tombent malades régulièrement quand il
s'agit de discuter du schéma d'aménagement, je pense qu'à
ce moment-là, M. le Président, le fait que le schéma
d'aménagement soit adopté par les membres présents
à la majorité simple, cela oblige tout le monde, sauf les gens
qui sont vraiment malades, à assister à l'assemblée de
conseil de comté, quand il s'agira d'adopter le schéma
d'aménagement.
M. Léonard: D'un autre côté, M. le
Président, si les gens sont tellement peu d'accord et ne se
présentent pas pour accepter un schéma d'aménagement, qui
est un geste très important, ne pensez-vous pas finalement qu'il serait
inapplicable par la suite?
M. Moreau: Moi, M. le Président, j'ai bien l'impression
remarquez bien, je ne veux pas défendre cela outre mesure, cette
suggestion que quand on en sera au schéma d'aménagement,
si on prévoit je ne voudrais pas anticiper pour le questionnaire
à venir si on parle de droit de veto ou d'autres choses comme
cela, je suis persuadé que les gens, quand on en sera au schéma
d'aménagement, vont avoir négocié assez longtemps que
l'adoption du schéma d'aménagement ne sera pas
spécialement difficile.
M. Léonard: Une autre question: Un des principes
sous-jacents au présent projet de loi repose sur la
nécessité d'une participation des citoyens dans
l'aménagement. Bon. Il y a à cet effet une procédure de
consultation prévue à différents moments lors de
l'élaboration des schémas et des plans d'urbanisme et ce
processus de consultation avez-vous écrit vous
paraît exagéré. Vous proposez de nous en tenir aux
dispositions actuelles du Code municipal. Pourriez-vous nous dire pourquoi?
M. Moreau: C'est une suggestion... D'ailleurs, si on
réfère aux périodes de consultation qui sont
prévues dans le projet de loi, cela demeure toujours de la consultation
et même au niveau du référendum. C'est un
référendum qui est seulement consultatif et qui peut aussi...
Après que tout cela aura été adopté, le ministre
peut arriver, intervenir et dire: Je ne suis pas d'accord avec cela.
Très bien. Nous croyons que les périodes de consultation sont
certainement exagérées et qu'il y a moyen... D'ailleurs, un
schéma d'aménagement, ce n'est pas une chose qu'on
détermine dans l'espace de deux jours. Un vrai schéma
d'aménagement dans un comté cela prend au moins un an. On peut
dire que c'est un minimum, un an, à élaborer. Alors, il est bien
entendu que durant ces périodes où toutes les
municipalités qui vont faire partie du nouveau conseil de comté
on va avoir amplement l'occasion de consulter et par les voies du Code
municipal, on peut les améliorer aussi, je n'ai pas d'objection, je
pense que... c'est beaucoup plus décisionnel qu'une consultation ou
même un référendum consultatif. On va l'avoir le
référendum encore, les municipalités ont l'obligation d'en
tenir des référendums, si on n'amende pas la Loi des
référendums.
M. Léonard: Sur...
Le Président (M. Laplante): Je vais vous permettre une
autre question mais je voudrais que l'Opposition ait son privilège
aussi.
M. Léonard: Oui, on a une heure et demie, je pense.
Le Président (M. Laplante): Non, continuons donc.
M. Léonard: Pour bien comprendre le sens de vos
interventions parce que vous en avez fait plusieurs à l'égard de
la structure du territoire et des modes de fonctionnement du conseil de
comté, vous êtes partisan depuis de nombreuses années de la
présence, au sein d'un organisme intermunicipal, des
municipalités du Code municipal et de celles régies par la Loi
des cités et villes. Vous n'avez pas d'objection sur le principe mais
vous vous interrogez sur les modalités. Vous proposez que la
réforme actuelle se fasse à partir des comtés actuels.
Qu'est-ce que cela signifie, à partir des comtés actuels? Il
s'agit, je suppose, des 71 comtés actuels?
M. Moreau: Oui, cela veut dire...
M. Léonard: ... plus les deux qui sont inopérants?
Disons 71 comtés.
M. Moreau: M. le Président, quand nous mentionnons les
comtés actuels, on n'a pas à l'esprit que tout cela c'est pris
dans le ciment, mais on va partir sur des choses qu'on connaît. On ne
mettra pas la hache dans des structures qui sont vieilles de cent... qui
remontent à 1845. On va partir des choses qu'on connaît. On dit: A
supposer qu'il y ait un délai de 12 mois ou de 18 mois pour que les
conseils de comté actuels demandent leurs lettres patentes, il est bien
entendu que toutes les municipalités qui sont à
l'intérieur de ces conseils de comté sont d'anciennes
municipalités rurales qui ont été détachées
du conseil de comté. C'est pour cela qu'on dit à ce
moment-là qu'il est important que les conseils de comté puissent
modifier leurs frontières internes pour permettre aux villes, durant les
18 mois avant la demande de...
M. Léonard: Dès qu'on est d'accord avec le
principe, soit que les villes en font partie, cela me paraît
évident, mais est-ce que vous êtes aussi d'accord qu'on puisse
modifier les délimitations géographiques externes?
M. Moreau: J'y arrive, M. le Président. Après avoir
fait cela, il est bien entendu que les gens vont s'asseoir ensemble; les villes
qui vont se sentir à l'intérieur d'un conseil de comté
vont s'asseoir ensemble et vont discuter. Je n'ai pas d'objection si on tient
pour acquis que, quand la loi sera sanctionnée, on va dire: Les 71
comtés qui existent vont avoir l'obligation de demander leurs lettres
patentes dans une période donnée. Il est bien entendu que les
gens, les maires, les municipalités qui sont à l'intérieur
vont en discuter, vont négocier. Si jamais il n'y a pas entente, qu'on
veuille modifier les frontières et que les comtés,
volontairement, quand ils vont demander leurs lettres patentes, soient d'accord
pour les modifier, on n'a pas d'objection.
M. Léonard: Les villes aussi pourraient demander
l'émission de lettres patentes.
M. Moreau: Pourquoi pas? A ce moment-là, on ne tient pas
compte des conseils de comté qui existent. Il va falloir que certaines
villes demandent des lettres patentes puisque les 71 conseils de comté
du Québec, M. le Président, ne couvrent pas l'entité du
territoire québécois. Il y a des endroits où il y aura
uniquement des villes dans les conseils de comté. On est d'accord avec
cela.
Le Président (M. Lapiante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Moreau: On dit ici, à la page 10, M. le
Président: Dans une seconde étape, un processus
d'aménagement plus avancé pourrait être
élaboré conjointement avec les villes et, le cas
échéant, avec les comtés voisins. C'est assez
clair, cela. On n'a pas d'objection à cela le tout tendant vers
le but final d'un aménagement mieux orienté, sauvegardant la
qualité de la vie. On ne s'oppose pas à ce qu'il se fasse des
négociations entre différents comtés. Ce qu'on ne veut
pas, c'est qu'on soit laissé pour compte avec des mémoires comme
celui-là.
J'ai annoté le mémoire de Granby d'un bout à
l'autre. Il y a des choses qui sont... Ce n'est pas entièrement mauvais
mais, quand on fait la description du futur comté de Granby, on ne
daigne même pas prononcer le nom des municipalités rurales, M. le
président, et cela on ne l'admet pas. Comprenez-vous? Qu'on prenne la
meilleure loi... A mon sens, le projet de loi est de grande valeur et s'impose,
mais si on veut jouer à cela, par exemple, c'est dangereux. Cela a
été essayé dans le passé et on l'a refusé,
on n'en a pas voulu, et on n'en voudra pas plus dans l'avenir. On ne daigne
même pas prononcer le nom. On dit: II faudrait changer tout cela,
politiquement, géographiquement, tout sortir ce qu'il y a là, on
va conduire et ce sera la ville qui aura le vote prépondérant. Si
on faisait cela aujourd'hui, si on était d'accord avec cela, on se
ferait mettre au pilori tout de suite en sortant d'ici par nos gens.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il me semble que c'est fort
probablement le plus important mémoire que nous aurons à examiner
et, si les ministres n'ont pas épuisé leurs questions et si vous
êtes prêt à nous accorder un peu plus de souplesse quant
à l'emploi du temps, je suis prêt à attendre.
M. Chevrette: Cela ne me dérange pas, M. le
Président... un Instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse, partagez-vous la même opinion?
M. Goulet: J'ai exactement la même attitude que le
député de D'Arcy McGee parce que je pense que les gens...
M. Chevrette: En étant bien conscient, M. le
Président, qu'on est responsable de faire passer tout le monde.
Le Président (M. Laplante): Oui, on va aller
jusqu'à 11 h 15.
M. Chevrette: II faut absolument qu'il y en ait deux cet
avant-midi si on veut passer les deux autres cet après-midi; il faut
être conscient de cela.
Le Président (M. Laplante): On est pleinement conscient de
cela, c'est pour cela qu'on va aller jusqu'à 11 h 15 avec l'Union des
municipalités.
M. Goulet: Je comprends, mais l'Union des conseils de
comté, je pense que c'est assez important.
M. Chevrette: Je n'ai rien contre cela, mais je tiens à
dire qu'on est responsable et, à part cela, c'est une entente.
M. Tardif: M. le Président, puisqu'on est limité
dans le temps...
M. Léonard: Dans ce cas-là, je vais continuer en
posant juste une question. Les articles 142 et suivants indiquent que le
gouvernement peut émettre des lettres patentes. Vous demandez que seuls
les comtés actuels soient habilités à demander ces lettres
patentes. Pourquoi seulement "seuls ces comtés"? Vous en avez
parlé un peu mais j'aimerais que vous explicitiez parce que, quand
même, à l'heure actuelle, il se pourrait qu'il y ait des villes
importantes; est-ce qu'elles ne pourraient pas demander ces lettres patentes
elles aussi?
M. Moreau: M. le Président, je ne suis pas
délégué pour parler au nom des villes du Québec. Je
suis délégué pour parler au nom des conseils de
comté. C'est de là que je tiens mes pouvoirs de
représentation. (11 heures)
Cependant, je pourrais peut-être je ne veux pas
répondre pour les villes, je pense bien qu'elles vont avoir l'occasion
de répondre à cela mais si on tient pour acquis qu'on part
avec les conseils de comté existants pour en faire de nouveaux conseils
de comté, il est entendu que, dans ces limites, cela sera le conseil de
comté qui va faire sa demande conjointement avec les villes qui seront
à l'intérieur, ou les villes qui auront négocié
avant de faire la demande. Cela n'est pas que le conseil de comté. Le
conseil de comté fait cela au nom de toutes les municipalités,
dans le conseil de comté, les municipalités rurales aussi. Si on
veut sauvegarder le droit des villes de se créer des comtés on va
aussi sauvegarder le droit des municipalités rurales et locales de se
faire des comtés. Cela peut être une municipalité rurale
locale qui demande un comté. Est-ce qu'on va permettre ou quelle
garantie vont avoir quand on va permettre aux villes qui sont à
l'intérieur des conseils de comté, quand on va permettre à
la municipalité locale régie par le Code municipal aussi, parce
qu'on va avoir la contrepartie, car on va demander à la
municipalité locale aussi de demander un comté, si elle veut en
demander les municipalités et le gouvernement du Québec
après que tout cela aura pris forme, que cela représentera
vraiment quelque chose de fonctionnel au Québec? Je me pose la
question.
C'est à partir de cet argument qu'on dit: Dans ce qu'on
connaît, ce sera les comtés qui vont demander de concert avec la
ville, parce que quand on va demander les lettres patentes, il va être
bien entendu que les villes à l'intérieur de ce
périmètre vont être aussi consentantes. Si elles ne le sont
pas, on va négocier avec des comtés voisins. On le dit à
l'article 2, page 10: "Dans une seconde étape", cela sera cela. Est-ce
qu'on va permettre à tout le monde de demander des lettres patentes ou
s'il y aura des gens... Je vois que dans des municipalités ou dans les
régions où il n'y a pas de comté, il est bien d'accord
qu'il va falloir que quelqu'un le demande. Mais où on a
déjà quelque chose, déjà un noyau, on va
procéder par le comté et les municipalités qui seront
à l'intérieur du comté vont décider de leurs
frontières, leurs limites, leur périmètre. Je n'ai pas
d'objection à cela.
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer de reprendre
une des affirmations du mémoire au tout début qui me semble assez
centrale par rapport à un certain nombre de questions qui ont
été posées. Votre mémoire pose la question et parle
d'une possibilité de confusion: Existera-t-il ou n'existera-t-il pas un
ou deux conseils de comté? Je pense que, véritablement, si on
regarde certaines des questions qui ont été posées quant
à la composition parce que c'est relié si vous
dites: Ce sont les conseils de comté actuels qui peuvent demander
l'émission de lettres patentes, c'est une chose. Ces conseils de
comté actuels ont, en vertu du Code municipal, une compétence
très bien définie dans la loi, mais dès lors qu'il s'agit
de l'application de la loi 125 il y a d'autres partenaires. A partir du moment
où il y a ces autres partenaires qui sont présents autour d'une
même table, votre question c'est: Est-ce qu'il s'agit
véritablement de deux conseils de comté ou pas? C'est cela?
M. Moreau: Oui.
M. Tardif: Bon.
M. Moreau: Remarquez bien qu'on n'est pas en faveur de deux
conseils de comté. On est bien d'accord que, quand les conseils de
comté auront demandé leurs lettres patentes, les conseils de
comté actuels, il ne faudrait pas qu'il y ait deux conseils de
comté. Il faudrait qu'il n'y en ait qu'un. La loi actuelle, sous sa
forme actuelle, nous fait peur là-dessus. Il faudrait qu'il n'y ait
qu'un seul conseil de comté. A l'intérieur de ce conseil de
comté qu'il y ait, évidemment, des municipalités qui vont
être régies par le Code municipal et d'autres qui vont être
régies par la Loi des cités et villes, mais que pour fins
d'aménagement et on le dit dans notre mémoire aussi
tous les règlements qui sont à l'intérieur de la Loi des
cités et villes et ceux qui sont à l'intérieur du Code
municipal devraient être retirés pour être codifiés
dans un seul règlement.
M. Tardif: Donc, vous proposez une structure unique, une
entité corporative unique, non pas deux entités corporatives
distinctes. Dès lors qu'on suppose une seule entité corporative,
cela suppose évidemment que les partenaires de cette entité
corporative puissent y fonctionner, se sentir à l'aise. Si on est en
face d'un groupe déjà constitué, qui s'appelle le conseil
de comté actuel avec ses compétences et de nouveaux partenaires,
des règles de fonctionnement propres à cette structure unique
devront tenir compte de cette réalité.
M. Moreau: Evidemment, pour fins d'aménagement.
D'ailleurs, le rôle du conseil de comté renouvelé est
particulièrement de dresser un schéma d'aménagement et de
le faire respecter par les municipalités locales, peu importe si elles
sont régies par le Code municipal ou si elles sont régies par la
Loi des cités et villes, c'est ce qu'on veut. A ce moment-là, le
conseil de comté va jouer le rôle qu'il doit jouer, celui de
coordonnateur qui va harmoniser les différentes règles du
schéma.
M. Tardif: D'accord. Deuxième question. Relié
à cela, il y a la question du droit de veto, que vous soulevez dans
votre mémoire, qui pourra être donné soit au préfet,
soit au représentant... Enfin, ce n'est pas très clair dans mon
esprit. C'est seulement le préfet qui, au nom du monde rural, aurait un
droit de veto pour tout ce monde-là et pour celui des cités et
villes présentes. Pouvez-vous parler davantage de la nature de ce veto?
Pourrait-il être renversé? Un vote être repris? Est-ce
uniquement le préfet? C'est chacun des membres qui l'exerce. Est-ce
qu'un vote des deux tiers pourrait l'annuler? Cela porterait sur quoi
véritablement, ce veto?
M. Moreau: Pour cette question, j'aimerais demander à M.
Elias Houde, préfet du comté de Saguenay, de Chicoutimi, de vous
donner ce que nous croyons être la meilleure façon de
régler les cas difficiles à l'intérieur du fonctionnement
d'un comté. Je vais demander à M. Houde de vous donner...
M. Tardif: D'un conseil de comté ou d'un conseil
métropolitain?
M. Moreau: D'un conseil de comté, M. le
Président.
M. Houde (Elias): Je me doutais que la question viendrait de
cette façon. Concernant le droit de veto, nous disons, en principe, que
les conseils de comté devraient demander obligatoirement des lettres
patentes pour faire un nouveau comté, surtout pour fins
d'aménagement de territoire. Or, dans ces lettres patentes, nous
voudrions qu'il y ait une prévision pour que dans certains cas
nous ne disons pas partout parce qu'il y a des comtés où,
par exemple, on mentionne souvent le cas du comté de Bellechasse, entre
autres, il y a douze municipalités à peu près de
même grosseur, à peu près, comme population, où il
n'y a pas de grande ville. Cela ne crée pas de problème. Dans
plusieurs comtés de la province, cela crée des problèmes
et nous n'avons pas trouvé de formule qui donnerait une
représentation équitable au monde rural outre celui d'un droit de
veto; non pas dans le sens d'un droit de veto qui va paralyser ou qui va brimer
des droits, ce n'est pas cela. C'est à la suite de l'expérience
que nous avons vécue M. le ministre, vous êtes au courant
à Chicoutimi avec le conseil métropolitain où le
gouvernement, par la loi 98, a accordé un droit de veto à la
ville de Chicoutimi et à la ville de Jonquière. La ville de La
Baie, qui fait partie du métropolitain également, n'a pas ce
droit de veto, ni de conseil de comté.
Dans un comté où il y a une grosse ville, deux ou trois
villes qui vont avoir la plus grande partie de la population, contre une
population rurale représentée par de petites municipalités
qui ne feront pas le poids au point de vue de la population, comment ces
personnes pourront-elles se faire entendre autour de la table où il y
aura plusieurs représentants et, majoritairement, venant des villes?
Nous n'avons rien contre, mais nous nous demandons de quelle façon nous
en sortir. Si le gouvernement en a une meilleure, on serait bien prêt
à l'étudier. La seule façon que nous avons trouvée
pour que la partie rurale puisse se faire entendre vraiment, pour qu'elle
puisse participer d'une façon positive et être reconnue, faire
reconnaître ses points de vue, il faut absolument qu'il y ait un droit de
veto qui soit également donné aux maires de chacune des villes,
lorsqu'il y a une ville ou plusieurs villes, et qu'il y ait également un
droit de veto accordé aux préfets de comté au nom des
municipalités rurales; non pas encore pour brimer ou retarder les
travaux, mais je vous dis, à la suite de l'expérience que nous
avons vécue dans la région de Chicoutimi, que cela fait
drôlement du bien et amène à se mettre à la table et
à discuter.
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, mais j'essaie de
comprendre. J'imagine un comté renouvelé, j'imagine un
comté qui a eu ses lettres patentes, j'imagine un comté qui
regroupe à la fois le monde rural et le monde urbain. Vous dites qu'il
devrait y avoir un droit de veto accordé au préfet
de comté au nom du monde rural. Le préfet de ce nouveau
comté renouvelé et regroupé en un monde rural et urbain
serait par définition, puisqu'on a parlé d'un organisme
d'entité corporative unique, le préfet de tout le monde, pas
juste celui du monde rural, mais celui de tout le monde, rural et urbain.
Comment pourrait-il, à ce moment, avec son nouveau chapeau de
préfet de tout le comté rural et urbain, exercer un tel droit de
veto? Pour moi, ce n'est pas bien clair dans mon esprit.
M. Houde: M. le ministre, voici. Par exemple, le président
du conseil métropolitain de Chicoutimi est le maire de la ville de
Jonquière et il a le droit de veto, je ne vois pas quelle
différence il y a. Le préfet de comté va siéger au
nouveau conseil de comté, qu'il soit président ou pas, cela ne
change rien, il aura droit de veto comme les maires des villes ont un droit de
veto. Je ne vois pas de complication.
M. Moreau: Ce qui serait peut-être difficile, ce serait
ceci: Supposons que vous avez un comté renouvelé où il y a
trois villes et quinze municipalités rurales et que tout le monde a un
droit de veto, cela va faire des vetos pas mal. Tandis que si on dit: Les
villes, qu'il y en ait trois, quatre ou cinq, ont le droit de veto et les
municipalités rurales l'ont par le biais du préfet qui a un droit
de veto, cela règle le problème. Remarquez bien que cela
élimine certains dangers. Je tiens pour acquis qu'il y a quinze
municipalités rurales, le droit de veto du préfet devrait se
prendre à la majorité simple des quinze municipalités
qu'il y a là. Cela oblige les gens à s'asseoir ensemble et
à négocier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Tardif: ... collègue de l'Opposition, quitte à
revenir tantôt, j'aurais beaucoup d'autres questions.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il y a
effectivement une divergence de vues assez fondamentale qui vient d'être
exposée. Dans l'esprit du ministre des Affaires municipales, le
comté renouvelé qui serait créé aux fins de
l'application de l'éventuelle loi sur l'aménagement du
territoire, ce comté renouvelé serait unique et à
l'intérieur de ce comté les divers membres perdraient dans une
certaine mesure leur identité propre, telle que nous connaissons
aujourd'hui cette identité. Ce que l'Union des conseils de comté
est en train de nous dire, c'est que le milieu rural ne veut pas perdre son
identité propre à l'intérieur d'un nouveau comté
renouvelé.
Je pense que c'est le noeud de la discussion. J'ai deux choses à
ajouter à cet égard. Il me semble que ce mémoire met
encore une fois en relief un certain mystère qui entoure le projet de
loi. Je ne le dis pas méchamment, mais je le dis de façon
à amener le gouvernement à faire la lumière sur ses
intentions.
L'Union des conseils de comté nous dit: Nous ne devrions pas nous
retrouver après l'adoption de cette éventuelle loi avec deux
sortes de conseils de comté, avec deux sortes d'organismes. Justement,
dans les discussions que j'ai eues avec l'Union des conseils de comté
dans le passé autour de cette question de l'aménagement du
territoire, le principe que vous avez toujours défendu, M. Moreau, c'est
que l'on n'avait pas besoin de créer de nouveaux organismes pour faire
l'aménagement du territoire; les conseils de comté existent et,
si l'on peut trouver un mécanisme pour leur permettre de collaborer avec
le milieu urbain, avec les municipalités régies par la Loi des
cités et villes pour que soit réussi en collaboration
l'aménagement du territoire, la confection des schémas
nécessaires, ce serait l'idéal. (11 h 15)
Alors, le mystère est le suivant, je l'ai déjà
exposé et je l'expose encore une fois: Parlons-nous, en examinant le
projet de loi no 125, de l'aménagement du territoire seulement ou
parlons-nous de quelque chose qui pourrait aller jusqu'à la constitution
de gouvernements régionaux au Québec avec non seulement la
responsabilité de l'aménagement du territoire, mais
également d'autres responsabilités? On a parlé, dans
certains documents publiés par le parti politique qui constitue
aujourd'hui le gouvernement, de l'attribution à des
municipalités, c'est-à-dire des entités municipales
renouvelées, de la responsabilité des écoles, des
hôpitaux, des services sociaux et ainsi de suite. De deux choses l'une,
ou bien on parle de quelque chose qui est plus large, ou bien on parle
seulement de l'aménagement du territoire.
L'attitude que non seulement l'Opposition, mais l'opinion publique va
prendre à l'égard de ce projet de loi découlera de la
dissipation de ce mystère. De quoi parlons-nous? Est-ce de
l'aménagement du territoire seulement ou est-ce d'une entreprise plus
vaste, d'une structure que l'on va ériger aujourd'hui pour les fins de
l'aménagement du territoire et à laquelle nous allons ajouter
demain d'autres responsabilités? Qui va les assumer, compte tenu du fait
que dans le milieu rural les maires et les conseillers ne sont pas à
temps complet, que les municipalités rurales n'ont pas le
fonctionnarisme qui leur permettrait d'assumer un grand éventail de
responsabilités?
Si la réponse est: Non, dans le projet de loi no 125, on ne parle
que de l'aménagement du territoire, il faudra quand même poser la
question corollaire: Va-t-on parler de ces autres choses dans un autre temps et
va-t-on, dans cet autre temps, ériger d'autres structures et
créer d'autres organismes à ces fins-là? M. le
Président, il me semblait essentiel de mettre cela de nouveau sur la
table.
M. Moreau, dans votre mémoire, en exposant votre point de vue et
en insistant encore une fois, comme vous l'avez toujours fait depuis le
début de l'histoire de l'Union des conseils de comté et de votre
mandat comme président, pour que les conseils de comté actuels
soient chargés des responsabilités qu'il faut assumer au nom du
milieu rural et des municipalités locales, vous devez faire
face à certaines objections, comme la suivante: La
définition d'un conseil de comté actuel peut ne pas correspondre
convenablement à la définition d'un territoire qui constituerait
une entité socio-économique et qui se prêterait
convenablement à la préparation d'un schéma
d'aménagement. Vous donnez, à mon sens, une réponse
partielle, un début de réponse dans le mémoire, là
où vous parlez de concertation entre comtés voisins. Croyez-vous
effectivement que dans certains cas il faudra amener deux conseils de
comté, ou plus, à s'asseoir ensemble avec les villes
intéressées de façon à pouvoir préparer un
schéma convenable sur un territoire logique?
M. Moreau: Merci, M. le Président. On est
entièrement avec ça, vous le voyez à la page 10, au
paragraphe 2. Dans une seconde étape, supposons que les conseils de
comté qu'on connaît actuellement soient autorisés, aient
l'obligation de demander leurs lettres patentes. Il est bien entendu que dans
une seconde étape un processus d'aménagement plus avancé
pourrait être élaboré conjointement avec les villes et, le
cas échéant, avec des comtés voisins. On est d'accord avec
cela.
Je ne veux pas citer de noms de comtés dans la province de
Québec, mais il y a certainement des comtés qui ne le sont pas et
qui, à mon sens, devraient être redivisés. A ce
moment-là, si cela fait l'objet d'un consensus entre les
différents comtés impliqués, on n'a pas d'objection, je
vais vous citer un exemple et je vais vous le nommer celui-là. Il y a un
mois, sur invitation, j'étais dans le comté de Bonaventure qui
est un comté que vous connaissez très bien, qui a 100 milles ou
125 milles de long. On a souvent entendu dire que le comté de
Bonaventure devrait être scindé. Les gens qui étaient
là ont dit: Nous autres, nous sommes d'accord à ce qu'il soit
comme cela. On est heureux comme cela.
A ce moment-là, on ne peut tout de même pas forcer des gens
à vivre ensemble s'ils ne veulent pas vivre ensemble et forcer les gens
à se séparer s'ils veulent rester ensemble, mais que cela se
décide au niveau des comtés. Je ne voudrais pas que le
gouvernement, sur le coin de la table, aille trancher la carte du
Québec. Je m'oppose à cela.
M. Goldbloom: M. Moreau...
M. Moreau: La préparation du schéma, M. le
Président, va nous le dire. Elle va nous le dire, la préparation
du schéma.
Je voudrais aussi répondre à ce que M. Goldbloom disait
tout à l'heure quand il parlait du mystère. C'est pour cela qu'on
dit, à la page 15, qu'on suggère que cela se fasse en deux
étapes. Qu'on parle d'aménagement, qu'on l'établisse comme
le dernier du Québec, ce que sera l'échiquier du Québec
après que les schémas d'aménagement seront faits, et
ensuite on parlera de décentralisation. On n'a pas d'objection à
discuter des problèmes de décentralisation et de structures
régionales, mais il va falloir, avant cela, qu'on sache exactement ce
que sera l'échiquier sur lequel cela va se faire. C'est cela qui est
important à notre avis et non seulement pour les 71 comtés qui
existent, M. le Président, mais également pour les
municipalités où il n'y a plus de comtés. Je regarde la
rive sud, la rive sud de Montréal. Il n'y a plus de conseils de
comté là. Il va falloir qu'il y en ait. Il va y avoir des
conseils de comté qui seront uniquement des villes, régis par la
Loi des cités et villes. Cela, à notre avis, va faire partie de
la période de gestation d'ici 20 mois ou 24 mois.
M. Goldbloom: M. Moreau, il est évident et vous le
reconnaissez que ni les municipalités rurales, ni les villes ne
peuvent faire un travail d'aménagement de territoire, de
préparation de schémas d'aménagement en vase clos. Il
faudra que les deux milieux se rencontrent et travaillent ensemble.
Dans votre mémoire, vous faites certaines recommandations quant
aux modalités d'application de la loi et quant à la façon
dont les villes pourraient être invitées et amenées
à faire partie de cette oeuvre indispensable. Mais, d'après vos
recommandations, il n'y aurait pas de coercition qui serait prévue. Que
feriez-vous dans le cas où une ou des villes n'accepterait pas de
collaborer? Comment ce noeud gordien pourrait-il être tranché?
M. Moreau: Remarquez bien que je ne voudrais pas me prononcer
pour tout ce qui va se passer d'ici 18 mois, quand la loi sera
sanctionnée. Même si ce ne sont pas les conseils de comté
actuels, c'en sera d'autres. Il va y avoir aussi des refus, des gens qui sont
d'accord et d'autres qui ne sont pas d'accord. Il y a des choses qui seront
volontaires. Il y en a d'autres où le problème sera
réglé par la force des choses, parce que je n'ai pas l'impression
que toutes les municipalités du Québec vont se mettre d'accord.
En supposant qu'on fasse table rase de toutes les structures qui existent et
qu'on fasse comme la ville de Granby en établissant des
périmètres de nouveaux comtés cela ne veut pas dire que
tout ce monde-là sera d'accord. Les gens ne seront pas plus d'accord
quand on va tailler dans le vif qu'ils seront d'accord avec les conseils de
comté actuels. Je pense que cela doit faire l'objet de
négociations et d'ententes entre les différentes
municipalités. D'ailleurs, la sanction de la loi va
nécessairement obliger les gens à s'asseoir ensemble.
Ce que nous avons demandé, depuis dix ans, c'est la cohabitation,
c'est la collaboration des villes comme du monde rural à la
préparation de l'aménagement du Québec. C'est toujours
cela qu'on a demandé, mais, tout en sauvegardant notre statut rural.
Ce que représente le monde rural au Québec, cela a une
valeur sociale très importante, comme ce que les villes
représentent. Même au sein des nouveaux conseils de comté,
on voudrait que ces valeurs soient préservées. C'est dans ce
sens-là qu'on veut que l'identité du monde rural soit bien
établie et qu'on parte sur le bon pied avec une loi qui se tient debout,
que ce soit protégé.
M. Goldbloom: M. le Président, il ne me reste que deux
questions. La première porte sur la page 12 du mémoire, M.
Moreau, et sur votre recommandation quant à une nouvelle
rédaction de l'article 160. Vous recommandez qu'un droit de veto soit
accordé au préfet de comté au nom du milieu rural et que,
du côté urbain, un droit de veto existe également.
J'ai eu une certaine idée de la réponse de l'Union des
conseils de comté à la question que je vais poser par ce que M.
Houde a dit il y a quelques minutes. Mais, à part l'appel à la
bonne volonté, à part la pression que l'on sentirait de part et
d'autre à revenir à la table pour rediscuter de la question
litigieuse, il me semble que l'on pourrait, malgré tout cela, se trouver
dans une impasse, à un moment donné, dans un comté
donné.
Comment verriez-vous l'établissement d'un mécanisme pour
briser l'impasse dans l'intérêt du bien commun?
M. Moreau: Voici, M. le Président. Il est bien entendu que
le droit de veto, comme M. Houde l'a expliqué tout à l'heure, ne
sera pas nécessairement utilisé outre mesure, je ne le pense pas.
Le droit de veto est dans le sens de permettre aux municipalités en
présence de s'asseoir à la même table, de discuter et de
négocier.
Evidemment, cela peut conduire aussi à une impasse, à
supposer que les négociations n'aboutissent pas. Il est bien entendu
qu'après une période de deux ou trois mois on établit un
échéancier, et même cela devrait être dans la loi,
après deux mois de négociation, si les municipalités en
présence ne se sont pas entendues, c'est le ministre, le gouvernement,
qui prendra les décisions. Il faut tout de même que cela
débouche quelque part. A ce moment-là, c'est l'autorité
supérieure, c'est l'Etat, c'est le Conseil des ministres, ou le
ministre...
M. Goldbloom: Ou la Commission municipale du Québec?
M. Moreau: Ou la Commission municipale.
M. Goldbloom: Ma dernière question est fort simple. M.
Moreau, je ne vous invite pas à vous prononcer sur les aimables
personnes que j'ai devant moi, mais seulement sur leurs fonctions. A l'avis de
l'Union des conseils de comté du Québec, quel ministre devrait
être chargé de l'application de cette loi?
M. Léonard: On peut s'en aller.
M. Tardif: Est-ce que vous voulez qu'on se retire?
M. Moreau: Je serais bien embêté de répondre
à cela présentement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Moreau: De toute façon, M. le Président, si,
à un moment donné, on applique la loi, je fais confiance au
gouvernement, il va trouver quelqu'un pour la mettre en valeur.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Très rapidement
parce que je sais que nous sommes pressés par le temps. Je pensais
qu'à la dernière question de mon collègue M. Goldbloom,
vous alliez répondre le ministre de l'Agriculture, parce qu'au niveau de
l'aménagement du territoire c'est lui qui a fait les premiers pas.
M. Moreau: Vous permettez que je réponde tout de suite
à cela, M. le Président?
M. Chevrette: Ce serait bon, il a peur de la réponse.
M. Goulet: Non, absolument pas. Allez-y.
M. Moreau: M. le Président, pour ce qui concerne la loi
90, je pense bien que l'Union des conseils de comté était
d'accord avec les principes de la loi. Sur son application, elle était
moins d'accord. On a ouï-dire qu'à un moment donné l'UPA a
dit que les conseils de comté n'avaient jamais protégé le
territoire agricole ils n'avaient pas le pouvoir de le protéger
non plus. Il faudrait établir cela et que ce n'était pas
une priorité pour nous. D'ailleurs, l'aménagement, c'est toute
une priorité, aussi bien du territoire agricole que du reste du
territoire du Québec. (11 h 30)
C'est particulièrement dans les municipalités rurales que
se font l'aménagement et l'agriculture. Peut-être que si les
municipalités du Québec, M. le Président, avaient
été plus impliquées dans l'application de la loi 90, on
n'aurait pas le fouillis qu'on a présentement. La commission ne
répond même pas aux lettres.
M. Goulet: M. le Président, très brièvement,
comme je vous l'ai dit... d'abord, félicitations pour votre
mémoire. Il suscite beaucoup d'intérêt. On
s'aperçoit que c'est vous qui allez vivre avec cette loi-là. La
preuve: la quantité de questions que les membres de la commission ont
à vous poser. Je retiens que vous préférez une sorte de
conseil de comté; vous préféreriez même la forme
actuelle, les 71 comtés. Vous avez dit également que vous
prévoyez des obligations financières très onéreuses
quant à l'application de cette loi-là. Vous avez souligné,
de façon non équivoque également, que l'aménagement
devait être une exclusivité des municipalités.
Il y a un point que j'aimerais que vous touchiez tout à l'heure,
peut-être en quelques secondes. Vous dites: Le processus de consultation
sera très lourd et ce sera à peu près impossible
d'atteindre les buts visés. Vous avez cru bon de sou-
ligner cela dans votre mémoire. J'aimerais que vous explicitiez
davantage là-dessus.
Il y a une chose aussi que vous auriez avantage à expliquer. Je
pensais que j'étais le seul à ne pas avoir compris, mais je pense
que les membres de la commission ont tous posé des questions sur votre
droit de veto. Je me pose la question. Je l'ai entendu également
à voix basse. Concernant ce que votre collègue, à votre
droite, a expliqué, qu'est-ce qui arrive si le préfet de
comté est le maire d'une ville? Cela peut arriver. Dans mon esprit, ce
n'est pas clair. Il y a eu des questions. Je ne dis pas que la formule, la
suggestion n'est pas bonne, mais, en tout cas, elle n'a pas été
comprise, pour ma part et d'après ce que j'ai entendu autour de la
table. Vous aimeriez répondre tout de suite à cela?
M. Moreau: Oui.
M. Goulet: D'accord. J'aurai une autre question aussi.
M. Moreau: M. le Président, la suggestion qui est faite
dans notre mémoire dans le sens que le préfet du comté
renouvelé ait le droit de veto pour les municipalités rurales,
cela veut dire aussi que le préfet de comté ne peut être
qu'un maire rural.
M. Goulet: Ah bon!
M. Moreau: Pour les fins d'aménagement, on part des
structures existantes.
M. Goulet: Cela ne peut être personne d'autre qu'un maire
rural. D'accord.
M. Moreau: D'ailleurs, le préfet du comté
préside des assemblées. Il n'a pas un vote
prépondérant. On ne demande pas un vote
prépondérant, nous autres.
M. Goulet: D'accord.
M. Moreau: On dit: Sauf pour les questions le droit de
veto où il représente les municipalités rurales et,
au lieu de donner un droit de veto à toutes les municipalités
rurales, parce qu'on tient pour acquis que dans un conseil de comté
renouvelé il va y avoir beaucoup plus de municipalités rurales
que de municipalités urbaines... Evidemment, si on donnait à
toutes ces municipalités le droit de veto, on pourrait se trouver devant
des dilemmes assez durs à résoudre, alors que par la
majorité simple le préfet du comté appose son droit de
veto. C'est notre suggestion.
M. Goulet: En tant que représentant d'un comté
rural, je comprends très bien ce que vous voulez dire, mais, si on veut
amener les villes à la même table que les municipalités
rurales et qu'on part avec le préjugé que le préfet de
comté sera obligatoirement le maire d'une municipalité rurale, je
me demande si les villes seront d'accord avec cela. En tout cas!
M. Moreau: Pour les fins d'aménagement.
M. Goulet: Dans mon comté, il n'y a pas de villes, mais
j'imagine que, si on voulait amener le maire d'une ville à discuter
à un conseil de comté avec des municipalités rurales et
qu'on lui dise en partant: Le préfet, il faut que ce soit le maire d'une
municipalité, il dirait: Vous ne pensez pas que cela pourrait être
l'un ou l'autre? Je ne vois pas pourquoi...
M. Moreau: M. le Président, on part de structures qui
existent déjà où il y a un préfet.
M. Goulet: D'accord, vous gardez le même. M. Moreau:
Cela reste comme cela. M. Goulet: D'accord.
M. Moreau: A ce moment-là, le préfet du
comté renouvelé, pour les fins d'aménagement, a un droit
de veto.
M. Goulet: D'accord.
M. Moreau: Pour le reste, c'est un maire comme les autres. Les
villes ont leur droit de veto aussi.
M. Goulet: M. le Président, une dernière courte
question. M. Moreau, changeant complètement de sujet, s'il y a
divergence au niveau des municipalités du conseil de comté, qui
devrait être l'arbitre au-dessus de tout cela? Est-ce que ce devrait
être le ministre? Est-ce que ce devrait être une commission? Vous
autres, est-ce que vous vous êtes prononcés là-dessus?
M. Moreau: Remarquez bien que je ne voudrais pas me prononcer
pour l'ensemble des municipalités du Québec, mais je crois, M. le
Président, que, une fois que les municipalités, peu importe
qu'elles soient urbaines ou rurales, ont exercé leur droit de veto
après le droit de veto, ça ne finit pas là
elles auront l'obligation de s'asseoir et de discuter des problèmes
évidemment, de négocier. Mais si la négociation aboutit
à une impasse, après un délai qui devrait être dans
la loi, à mon sens, à ce moment-là, soit le Conseil des
ministres ou le ministre qui sera à l'aménagement ou aux Affaires
municipales pourra déterminer ou trancher la question ou la Commission
municipale.
M. Goulet: A ce moment-là, est-ce qu'un
référendum devrait être consultatif ou
décisionnel?
M. Moreau: Le référendum, en ce qui concerne...
M. Goulet: Sur l'aménagement du territoire, bien
sûr.
M. Moreau: Quand on parle de l'aménagement du territoire,
qu'on parle de référendum,
nous, on dit qu'avec les dispositions actuelles, c'est un
référendum qui est décisionnel.
M. Goulet: Qui est décisionnel?
M. Moreau: En vertu du Code municipal, il est décisionnel,
le référendum.
M. Goulet: Mais dans le projet de loi, il est
considéré comme consultatif.
M. Moreau: Dans le projet de loi, il est consultatif.
M. Goulet: Vous n'êtes pas d'accord avec ça.
M. Moreau: On trouve que... Un référendum, à
mon avis, si les gens qui participent, qui votent à un
référendum... Il va falloir déterminer dans le projet de
loi si ce sont les mêmes dispositions du référendum qu'au
niveau du Code municipal, c'est-à-dire en nombre et en valeur. On ne l'a
pas spécifié dans le projet de loi. Est-ce que c'est un vote
universel? Je ne sais pas. Cela ne peut être autrement que consultatif si
c'est un vote universel.
M. Goulet: Merci, M. Moreau.
Le Président (M. Laplante): Le mot de la fin, M. le
ministre d'Etat à l'aménagement.
M. Léonard: M. le Président, je pense que nous
sommes obligés de conclure là-dessus, sur les nouvelles
corporations de comté. Je pense bien qu'il y aura encore des choses
à étudier là-dedans. Je pense qu'on va tenir compte de vos
remarques de ce matin sur ces corporations de comté.
Je dirais cependant que la population va être consultée sur
toutes ces questions parce que ce sera elle qui aura à vivre avec ces
élus municipaux sur des nouveaux territoires et avec ces institutions.
Il y a aussi le fait de la grande diversité des situations dans
l'ensemble du Québec, donc, les formules et les modes de
représentation vont devoir différer d'une région à
l'autre ou d'un comté à l'autre. En tout cas, il y a quand
même une chose qui devrait être sûre, c'est qu'il ne devrait
pas être question qu'un groupe ait prédominance par rapport
à d'autres. Je pense qu'il faut que chacun se trouve bien
respecté à l'intérieur d'une nouvelle structure comme
celle-là.
Depuis le début du travail du comité d'orientation, il y a
eu des pas importants qui ont été franchis, je pense bien, depuis
presque un an maintenant, et c'est comme ça qu'on est arrivé au
dépôt du projet de loi no 125. A la lumière de la
présentation de votre mémoire, de votre exposé et des
réponses à nos questions, je constate qu'il est possible qu'il
reste des positions divergentes avec l'Union des municipalités du
Québec que nous entendrons demain.
Nous sommes disposés, mon collègue, M. Tardif, et
moi-même, à tenir une réunion du comité
d'orientation pour permettre aux deux unions de concilier leurs deux positions
avant la rédaction finale du projet de loi. Nous ferons la même
proposition demain à l'Union des municipalités du Québec
qui viendra ici.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Laplante): Merci, Messieurs; les membres
de cette commission vous remercient pour la participation que vous avez bien
voulu accorder à cette commission.
M. Moreau: Si vous me permettez juste un petit mot, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Très court, parce qu'on
est déjà très en retard.
M. Moreau: Très court, oui. D'ailleurs, on vous remercie
de nous avoir entendus et on est encore disponibles pour offrir au gouvernement
notre collaboration tant et aussi longtemps que le monde rural et les
municipalités rurales seront bien identifiés dans les nouveaux
conseils de comté et dans le sens de protéger le monde rural et
aussi de garder l'identité du monde urbain. On ne veut pas dominer qui
que ce soit.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M.
Moreau: Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant le
Conseil régional de développement de l'Est du Québec et la
Conférence municipale de l'Est du Québec.
Je crois qu'il y a deux oganismes représentés dans ce
mémoire. J'aimerais avoir votre collaboration pour que chacun puisse
parler environ une dizaine de minutes, pour un total d'environ vingt minutes
pour la présentation du mémoire. Si vous voulez identifier vos
organismes, vous identifier et identifier les personnes qui vous accompagnent,
s'il vous plaît!
Conseil régional de
développement
de l'Est du Québec et Conférence
municipale de l'Est du Québec
M. Lachance: Jocelyn Lachance, président du CRD; à
ma droite, Rosaire Ouellet, président de la COMEQ; Pierre Jobin,
directeur général du CRD; Laurent D'Amboise, directeur
général de la COMEQ. Pour ce qui concerne le temps limite, on
s'est arrangé pour se refiler la parole pendant les vingt minutes;
alors, ce ne sera peut-être pas dix-dix exactement, mais ça va
faire vingt.
Le Président (M. Laplante): Vous avez dit Laurent
D'Amboise?
M. Lachance: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez y aller.
M. Lachance: Dans un premier temps, je vais expliquer pourquoi il
y a deux oganismes qui présentent le même mémoire. Les deux
organismes, en l'occurrence, sont le Conseil régional de
développement de l'Est du Québec et la Conférence
municipale de l'Est du Québec. On est d'une région où il y
a des organismes spéciaux. On a demandé au CRD de faire une
consultation et on s'est associé en régions; à cet
organisme siègent déjà des cités et villes et des
municipalités rurales. On a fait la consultation ensemble.
Ce qui est à noter dans le mémoire, c'est que, compte tenu
du peu de temps qu'on avait pour consulter, cela ne correspond pas exactement
à la compilation de la consultation écrite et cela n'a
été accepté que par les exécutifs des deux
organismes en question.
Le CRD, je pense que tout le monde sait un peu ce que c'est. Le Conseil
régional de développement regroupe autant des organismes
syndicaux, patronaux que coopératifs, ainsi que la société
nationale de l'Est et les conseils spécialisés tels que la
culture, le loisir, la forêt, l'environnement, les communications,
l'aménagement intégré et la conférence municipale.
Je laisse le soin à M. Ouellet de présenter la COMEQ, son
organisme.
M. Ouellet (Rosaire): M. le Président, messieurs les
membres de la commission, la Conférence municipale de l'Est du
Québec est un organisme tout neuf qui a été
créé en 1971. Elle regroupe les administrateurs urbains et ruraux
dans un but bien précis, celui d'étudier les problèmes
municipaux dans notre région et, ensemble, de trouver des solutions. La
conférence est un peu l'organisme qui a été à
l'avant-garde des nouveaux conseils de comté renouvelés dont on
parle actuellement parce que déjà, dans l'Est du Québec,
les ruraux et le monde urbain ont appris à travailler ensemble. Cela
peut donner l'exemple d'un mode de fonctionnement des futurs conseils de
comté.
M. Lachance: Le mode de consultation qu'on a eu dans l'Est a
été de deux façons; la première a été
une espèce d'enquête distribuée à 1000 groupes ou
organismes dont les 200 municipalités, d'une part. D'autre part, on a
fait quatre assemblées générales dans le secteur. La
raison pour laquelle on est en commission parlementaire est simple, c'est qu'on
se situe entre les organismes locaux et les organismes
panquébécois, comme celui que vous avez entendu avant nous.
Nous allons présenter un peu l'Est du Québec tant au
niveau du territoire qu'au niveau de la population. Compte tenu du portrait de
l'Est du Québec, la façon dont on a analysé le projet de
loi est plus en fonction du développement de l'Est que de
l'aménagement comme tel, étant donné qu'on est une
région assez spéciale. (11 h 45)
Voici la façon dont on présente cette région,
habituellement: c'est grand comme la Suisse, 16 000 milles carrés, 200
municipalités, 315 000 habitants. On a été une
région pilote d'à peu près 315 000 habitants. On a
été aussi une région analysée de toutes les
façons, ou à peu près, et le résultat des analyses
a rarement fait notre affaire. Or, le revenu personnel par habitant dans notre
région est d'environ 65% de la moyenne du Québec. Le taux de
chômage oscille entre 15% et 25%. De toute façon, il est toujours
le double de celui du Québec, malgré un taux d'activité
inférieur de 10% à la moyenne et un pourcentage de travail
extra-régional de 4% à 5%.
La population diminue et vieillit, compte tenu du bilan migratoire
annuel de 5000 personnes, surtout les jeunes. C'est dans ce contexte qu'on a
voulu analyser le projet de loi et dans un contexte aussi de prise en main de
la région par la population; pour ne citer que quelques exemples de
cette prise en main, Cabano, Esprit-Saint, Le Jal, les groupements forestiers,
etc. On est même le territoire où il y a trois projets pilotes
d'aménagement entrepris par des conseils de comté, les
Iles-de-la-Madeleine, le comté Matapédia et la Trans-Continentale
par le biais d'une coopérative de développement. Le portrait
semble complet.
Quand on parle de développement, je pense que c'est assez clair.
Ce qui est important de souligner, c'est la réaction première
qu'on a eue face au projet de loi. On s'est dit: Quelle que soit la valeur des
schémas de développement, quelle que soit la valeur des plans
d'urbanisme, on n'a aucune garantie que le développement de l'est va se
faire par le biais de cette loi.
M. Ouellet (Rosaire): A la page 22, le projet de loi 125 et la
réforme municipale, un des principes qui sous-tend le projet de loi 125,
c'est que l'aménagement est d'abord une responsabilité politique
qui relève des élus municipaux réunis par scrutin direct
dans une structure intermunicipale. Mais on se pose la question suivante:
Est-ce qu'il s'agit réellement de la réforme municipale
fondamentale dont on parle depuis nombre d'années? Pour nous, les
municipalités, on trouve que la présente loi n'apporte pas de
mandat nouveau en ce qui concerne spécifiquement le mandat des personnes
impliquées dans le monde municipal.
Remarquez bien qu'on voulait aborder le sujet du financement plus en
profondeur parce qu'au moment où on a écrit le texte l'honorable
Parizeau n'avait pas établi les règles du jeu au niveau
financier. Maintenant, on sait à quoi s'attendre et, considérant
le financement, on croit que les prévisions financières ne sont
pas réalistes concernant l'importance de l'aménagement dans le
territoire québécois. On croit que le ministre des Finances devra
certainement ouvrir les cordons de la bourse un petit peu plus qu'il ne le fait
présentement, compte tenu de l'importance de l'aménagement.
M. Lachance; Autre point à souligner. Le ministre
Léonard nous avait habitués au terme "décentralisation" et
quand on a vu un projet de loi sur l'aménagement, on a tout de suite
essayé de faire le rapport entre les deux. On a beaucoup de
difficulté. Cela ne ressemble en rien à un projet
qui pousse à la décentralisation. La question qu'on se
pose, par contre, c'est la suivante: Le secrétariat à la
décentralisation et à l'aménagement a publié le
fascicule 6 sur le territoire des nouveaux comtés. Le problème,
c'est que le 5 sur les pouvoirs de ces structures n'est pas encore
publié. Or, on trouve un petit peu difficile, sans connaître les
pouvoirs d'une structure, de délimiter à la fois le territoire et
le mode de représentation des gens qui y siègent.
Les questions qu'on nous a posées pour ce qui concerne les
modalités d'application peuvent se résumer un peu comme suit: A
quel comté renouvelé la municipalité sera-t-elle
rattachée, compte tenu qu'on ne connaît pas les pouvoirs? A
combien de votes aura-t-elle droit, en comparaison des autres? Le conseil de
comté va-t-il nous forcer à englober certains
éléments dans notre plan d'urbanisme? Qui va payer la note? De
sorte que les gens se prononcent beaucoup plus sur un principe que sur des
modalités d'application avec tout ce que cela comporte de biaisage ou de
fausse interprétation.
Pour ce qui concerne nos disparités régionales, encore une
fois, si on regarde les pouvoirs décrits dans la loi que les conseils de
comté auraient, cela ne changera pas grand chose chez nous, puisque les
grands axes routiers sont déjà établis. Les
aéroports et les ports, même s'ils sont de juridiction
fédérale, je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup plus qu'il y en
a présentement; ils ne changeront pas de place, si on fait exception de
Sept-lles. Les grands parcs industriels, encore là, on ne les
multipliera pas à outrance. Les parcs de récréation et de
conservation sont à peu près tous là aussi, de sorte qu'on
ne voit pas vraiment ce que cela pourrait apporter de nouveau.
Pour ce qui concerne les investissements publics, compte tenu qu'on
baisse de population, je ne pense pas qu'il y en ait de nouveaux non plus. On a
plus tendance à fermer les écoles qu'à en ouvrir
d'autres.
Au niveau des recommandations que le CRD et que la COMEQ font, nous
croyons que la loi devrait prévoir une consultation obligatoire et
systématique de divers organismes de planification et de consultation
avant la préparation du schéma pour qu'ils indiquent leurs
prévisions et orientations, d'une part. Nous croyons également
qu'on devrait d'autre part les consulter sur la version préliminaire du
schéma et rendre compte de cette consultation lors des assemblées
publiques prévues par le projet de loi. Parmi les organismes à
être consultés, mentionnons les commissions scolaires, la
conférence administrative régionale, les conseils
régionaux de la santé et des services sociaux, les groupements
forestiers ou l'équivalent, les conseils régionaux de
développement et organismes spécialisés. Il faudrait aussi
inclure les comtés adjacents.
En ce qui concerne le territoire, ce que nous proposons, cela ressemble
un petit peu à ce que j'ai entendu de nos prédécesseurs:
Qu'on prenne les conseils de comté existants et qu'on y ajoute les
cités et villes adjacentes. Au niveau de la représentation, ce
que nous proposons, c'est de donner deux fois plus de votes qu'il y a de
municipalités. Chaque municipalité aurait droit à au moins
un vote et le restant des votes serait réparti au prorata de la
population. Si, dans ces deux cas, au bout de trois mois, il n'y a pas eu
contestation, cela s'applique contestation ni sur le territoire, ni sur
le mode de représentation le conseil de comté a ses
lettres patentes. S'il y a contestation, ce qui est prévu dans la loi
s'applique.
Au niveau de la présentation des schémas: Encore une fois,
on demande qu'il y ait consultation des organismes régionaux. Là
où on s'oppose, c'est au niveau de toutes les interventions possibles et
imaginables du gouvernement, à peu près à toutes les
étapes du projet de loi. Ce que nous retenons, ce serait uniquement
ceci: La zone d'intervention spéciale suffirait pour couvrir les cas
d'urgence ou d'importance nationale. Quant à ce qui n'est pas urgent ou
important, il est difficile d'admettre qu'on passe par-dessus un vote aux deux
tiers des autorités essentiellement responsables. M. Ouellet.
M. Ouellet (Rosaire): A la page 38, sur l'urbanisme, on comprend
bien que cette phase est très importante dans l'application de la loi
actuelle. On dit que l'urbanisme est une pratique de planification qu'ont
adoptée beaucoup de centres urbains du Québec. En milieu rural,
cependant, la dispersion de l'habitat et le mode d'occupation du sol rendaient
ce besoin moins évident. L'adoption du projet de loi amènerait,
cependant, à moyen terme toutes les municipalités du
Québec à se doter de leurs plans d'urbanisme et de
règlement de zonage, de lotissement et de construction. On peut,
toutefois, se poser de nombreuses questions sur les prescriptions contenues
dans le projet de loi à ce chapitre. La plus importante, c'est la valeur
même d'un plan d'urbanisme conforme à l'article 78,
c'est-à-dire les grandes orientations d'aménagement de la
municipalité, les grandes affectations du sol et les densités de
son occupation.
Selon les experts que nous avons consultés, il s'agit d'un
travail de quelques heures pour un technicien en urbanisme, sans plus, d'autant
plus que le schéma fournit déjà les grandes indications.
Mais on peut se demander ce que cela donne de plus en pratique pour ordonner
l'aménagement du territoire municipal. Il n'en va pas de même,
cependant, des règlements de zonage, de lotissement de construction, qui
eux, permettent d'invervenir directement.
On peut toutefois se demander si tout cet appareillage est bien
nécessaire dans toutes les municipalités. En effet, une
municipalité en croissance d'un comté qui n'est pas engagé
dans la confection d'un schéma ne serait pas tenue d'avoir un plan et
des règlements alors qu'une très petite localité
éloignée serait tenue d'en avoir dans le comté voisin
où il y a un schéma. Encore, ce n'est pas tout d'avoir des plans,
des règlements, mais il faut être en mesure de les appliquer.
Nous recommandons que le rythme selon lequel les municipalités
devront se donner des plans, des règlements d'urbanisme soit
laissé à la
discrétion de chacun des conseils de comtés
renouvelés.
M. Lachance: Sur la participation de la population, on en profite
pour féliciter le ministre de l'intérêt qu'il y apporte.
Cependant, nous suggérons qu'encore une fois, les organismes
régionaux soient intimement liés à l'information. On
suggère aussi de se servir de Communication Québec comme
ressource technique et on espère que, d'autre part, la
régionalisation de Radio-Québec et l'établissement d'une
politique plus active de soutien aux media communautaires permettront une
meilleure diffusion du débat au sein de toute la
collectivité.
En ce qui concerne les décisions tout le bout du
référendum on comprend mal qu'un référendum
demandé par 10% de la population d'un comté ne soit que
consultatif. C'est la raison pour laquelle on suggère tout simplement de
sauter l'article sur le référendum, parce que ce n'est pas
sérieux.
En conclusion, on aimerait attirer votre attention sur deux points. Le
premier, lequel des deux ministres va être responsable de cette loi? Le
deuxième, c'est qu'une fois réglée cette première
question, nous serons en mesure, enfin, de connaître l'interlocuteur
à qui nous adresser pour nous assurer que le premier paragraphe de
l'article 184 s'applique effectivement dans la liste du Québec.
Merci.
Le Président (M. Laplante): C'est tout? Merci, messieurs
de votre coopération. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je remercie le Conseil
régional du développement de l'Est du Québec et de la
Conférence municipale de l'Est du Québec du mémoire qu'ils
ont préparé conjointement. Je pense que c'est de bon augure et
cela fait longtemps qu'ils ont des préoccupations en aménagement,
en urbanisme.
J'ai remarqué dans votre mémoire que le projet de loi 125,
par son approche intermunicipale d'aménagement, sa perspective de
décentralisation, son parti pris la participation des citoyens
correspond aux efforts que vous avez faits depuis plusieurs
années et à certaines expériences en cours que vous
connaissez. Je pense ici aux travaux qui sont faits aux Iles-de-la-Madeleine,
au Conseil de comté de la Matapédia et à une autre
coopérative: la Transcontinentale.
Nous sommes évidemment très heureux de cette
correspondance de pensées. Par ailleurs, je note que vos commentaires
sur le projet de loi 125 sont très souvent formulés en fonction
du développement régional, ce qui est compréhensible pour
un organisme comme le vôtre, mais ce qui m'amène aussi à
apporter une première série de précisions. Je commenterai
également plus tard d'autres questions soulevées dans votre
mémoire.
Votre mémoire laisse entendre que le projet de loi 125 devrait
répondre à la fois aux questions d'aménagement et de
développement régional. Pour ma part, je crois que
l'aménagement est, pour une collectivité, une façon
d'organiser et d'agencer son milieu de vie, de le planifier en terme
territorial. C'est une responsabilité qui revient d'une façon
particulière au pouvoir public et spécialement aux instances
municipales.
Quant au développement, il est la résultante d'une foule
d'acteurs privés, publics, coopératifs et ne peut découler
d'une loi, à mon sens. Dans le projet de loi 125, le gouvernement s'en
tient à l'aménagement.
L'une des recommandations de votre mémoire est que le
gouvernement n'intervienne dans ce processus d'aménagement que par le
biais des articles sur les zones d'intervention spéciale, en particulier
134 et 141. Nous sommes d'avis, quant à nous, que le gouvernement doit
s'engager à discuter avec les instances municipales tous les projets
d'aménagement, qu'ils soient gouvernementaux ou municipaux et
réserver les interventions spéciales à quelques rares cas,
à des exceptions. (12 heures)
C'est dans cette discussion entre paliers politiques, ayant chacun leurs
responsabilités propres en matière d'aménagement, que se
retrouve l'esprit du projet de loi 125. C'est aussi l'un des traits qui le
distingue des tentatives antérieures de législation en
matière d'aménagement et de recours aux lois spéciales que
les gouvernements antérieurs ont utilisé souvent.
Autre chose: vous recommandez à la page 37 de votre
mémoire que le gouvernement accorde à chaque comté une
subvention fixe de $1 million et une subvention supplémentaire de $100
per capita pour qu'il puisse s'attaquer à la réalisation des
priorités du schéma. Compte tenu des précisions
apportées sur l'objectif de la loi, vous comprendrez que l'aide
financière prévue dans le projet de loi vise l'élaboration
du schéma et non la réalisation des projets que le schéma
pourrait identifier. D'ailleurs, s'il devait y avoir éventuellement des
ressources financières pour des investissements découlant du
schéma, il serait préférable que ce soit par un
réaménagement de la fiscalité, c'est-à-dire par des
ressources autonomes des municipalités, plutôt que par des
subventions plus ou moins arbitraires ou discrétionnaires.
Par ailleurs, pour ce qui est de l'appui financier du gouvernement aux
travaux d'aménagement, vous savez maintenant que le dernier budget a
prévu $2 100 000 pour aider les comtés qui se prévaudront
de la loi 125.
A la page 33 de votre mémoire, vous mettez en doute la
concordance entre les limites des comtés renouvelés et les zones
d'étude utilisées par l'OPDQ pour tracer les orientations du
développement régional. Je veux préciser que les zones
d'étude en question n'ont aucune valeur statistique et n'ont pas de
rapport direct avec l'éventuelle définition des comtés
renouvelés.
Vous faites également état, à la page 28, d'un
manque de précision sur certaines modalités d'application du
projet de loi: A quel comté renouvelé ma municipalité
sera-t-elle rattachée je vous cite: A combien de votes
aura-t-elle droit en
comparaison des autres? Le conseil de comté va-t-il nous forcer
à englober certains éléments dans notre plan d'urbanisme?
Qui va payer la confection du schéma et la révision de notre plan
d'urbanisme?
Nous n'avons pas voulu fixer l'ensemble de ces modalités parce
que nous voulons laisser jouer justement les dynamismes locaux et la
consultation. Ces modalités seront adaptées aux besoins ou aux
particularités du milieu. D'ailleurs, vous faites des suggestions dans
votre mémoire à la suite de cela.
Je voudrais poser une première question à M. le
président de la Conférence des maires de l'Est du Québec.
La conférence oeuvre depuis déjà plusieurs années
au niveau intermunicipal. Compte tenu de votre expérience dans ce
domaine, comment réagissez-vous par rapport au projet de loi 125 dont
l'un des objectifs est justement cette collaboration intermunicipale en
matière d'aménagement?
M. Ouellet (Rosaire): M. le ministre, il me fait plaisir de vous
dire que depuis le temps qu'on travaille ensemble, depuis le temps qu'on fait
des représentations auprès des ministères
concernés, actuellement, dans l'est du Québec, nous
réagissons favorablement au projet de loi 125. Pour nous, c'est un
projet de loi qui est essentiel et qui doit devenir loi le plus vite possible,
pour nous permettre justement de jouer le rôle le plus efficace possible
au niveau de notre région. Lorsque je vous dis cela, je ne vous parle
pas seulement de l'aménagement, mais j'ai toujours aussi l'idée
du développement. Peu importe les conceptions de chacun, pour nous, il
reste une chose certaine, c'est que le développement découle
forcément, doit faire partie intégrante de l'aménagement
du territoire. A la lumière des expériences que nous avons
vécues dans l'est du Québec, nous pouvons vous dire, M. le
ministre, que la loi, chez nous, a été étudiée et
acceptée d'une façon très favorable.
M. Léonard: D'après votre expérience, en
coopération ou en collaboration intermunicipale, il est possible de
penser qu'on va arriver à fabriquer, à élaborer des
schémas d'aménagement dans l'est?
M. Ouellet (Rosaire): Si je me fie à l'expérience
que nous avons vécue dans notre région, sans prêter
l'oreille à d'autres mémoires qui proviennent d'autres
régions, si je regarde le portrait chez nous, dans notre région,
je crois sincèrement que nous aurons la possibilité de mettre en
pratique, dans un court temps, la loi 125. Chez nous, les gens sont
prêts. On a déjà fait l'expérience de travailler en
commun, l'urbain et le rural, et je crois sincèrement, sans être
trop optimiste, que nous sommes prêts à passer à l'action
et démontrer aux gens que dans l'Est, on est peut-être à
l'avant-garde des autres régions.
M. Léonard: Vous parlez beaucoup, dans le mémoire
ma question s'adresse à vous deux de développement,
d'aménagement. Est-ce que vous feriez une distinction entre les
deux?
M. Ouellet (Rosaire): On a essayé. Pour ma part,
personnellement, j'ai essayé de demander à votre bureau de me
faire la distinction entre l'aménagement et le développement et
je n'ai rien reçu cela fait un mois et demi que je l'ai
demandé...
M. Léonard: Vous comprendrez que...
M. Ouellet (Rosaire): Les craintes que nous avons, pour reprendre
un petit peu ce que vous avez dit au début, c'est évident que ce
qui nous préoccupe, c'est le développement. Si on continue
à évoluer ou à ne pas évoluer au même rythme
qu'on fait présentement, quel que soit le schéma, il n'y aura
plus de monde. Les gens s'en vont; il n'y a pas de développement, il n'y
a pas d'argent. Alors, à quoi cela va nous servir d'avoir des beaux
schémas d'aménagement s'il n'y a plus personne. On a
l'expérience du BAEQ aussi, dans lequel on parlait d'aménagement
et les résolutions du BAEQ qui ont été retenues ou qui ont
fait le plus les manchettes, ce n'était pas de l'aménagement. Les
gens chez nous appellent cela du déménagement. Alors, les
craintes qu'on vous exprime dans le mémoire, c'est cela. S'il n'y a rien
à côté, nulle part, pour assurer un développement,
à quoi cela sert de faire des schémas d'aménagement?
M. Léonard: Vous faites état d'interventions
gouvernementales qui n'auraient pas été conformes à un
aménagement harmonieux. Croyez-vous que les dispositions de la loi 125,
relatives à l'information et à la concertation entre
différents paliers politiques, notamment à l'article 11, peuvent
limiter des gestes gouvernementaux préjudiciables à
l'aménagement?
M. Ouellet (Rosaire): II est apparu à ce chapitre que...
comme on le mentionne plus loin, de ce que j'ai retenu de vos remarques
tantôt, dans le mémoire, il est question de limiter les
interventions du gouvernement ou du ministre. Ce n'est pas en termes de
discussions ou de négociations; c'est vraiment en termes de
modifications d'un schéma déjà adopté. Mais il nous
est apparu dans les réunions, c'est ressorti aussi, qu'il y avait une
assez longue période et assez de discussions justement des intentions de
l'Etat et de ses agences aussi ce qui comprend les
sociétés d'Etat pour qu'on puisse calibrer un
schéma en fonction de ce qui est prévisible, en tout cas, pour
une période de cinq ans, puisque les schémas sont conçus
pour devoir s'appliquer cinq ans.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Léonard: M. le Président, avec votre permission,
étant donné que je dois aller au Conseil des ministres, où
des dossiers reliés aux activités du ministère
m'attendent, je voudrais, évidemment, remercier les intervenants et la
COMEQ en particulier, de son mémoire. Cet organisme qui
présente la particularité unique de regrouper autour d'une
même table, à la fois des représentants du monde rural et
urbain, a peut-être été à l'avant-garde, ainsi que
l'a dit M. Ouellet, d'une certaine formule de concertation entre les deux
secteurs. Cependant, les intervenants précédents ont
évoqué un certain nombre de questions, relativement à
l'existence d'un ou deux conseils de comté de droit de veto du
préfet. Est-ce que, concrètement, à la COMEQ, on a
ressenti le besoin, même si le champ de compétence de la COMEQ
n'était pas d'avoir un pouvoir de réglementation et d'exercer,
finalement, toutes les compétences qui sont dans la loi, comme c'est le
cas pour les conseils de comté, est-ce qu'on a, donc,
éprouvé le besoin d'établir des règles de
fonctionnement de représentation proportionnelle ou
pondérée de droit de veto et autres dans ces assises où il
y avait finalement des gens représentant des blocs assez
différents, en tout cas, quant à leur taille?
M. Ouellet (Rosaire): M. le ministre, je suis bien heureux que
vous me posiez cette question, parce que je fus réellement
interloqué tout à l'heure lorsque j'ai entendu dire par un de mes
collègues municipaux, entre autres, que le futur préfet devait
être forcément d'une municipalité rurale. Je me suis dit:
Ou il n'a réellement pas fonctionné à l'intérieur
d'un organisme reliant l'urbain et le rural, ou il préconise une autre
forme de démocratie. A la conférence municipale, il y a
déjà quelques années que nous travaillons ensemble et nous
nous sommes rendu compte que les maires ruraux et les maires urbains sont
capables de s'entendre au niveau d'une table de concertation sans avoir
à recourir à des droits de veto. En ce qui concerne l'importance
de la représentation rurale ou urbaine, on s'en est toujours tenu
à un homme, un vote. A l'heure actuelle, je peux vous assurer qu'il n'y
a jamais eu de divergence d'opinions tellement flagrante qu'on en vienne aux
poings lors d'une discussion autour de la même table. Alors, dans
l'examen de la loi, à mon point de vue, on essaie de trop entrer en
profondeur dans les discussions, dans des processus de discussions qui
demandent des contrôles au niveau de la représentation et du
vote.
M. le ministre, je peux vous dire sincèrement que dans la
région de l'Est du Québec, compte tenu de l'expérience que
nous avons vécue, nous faisons confiance à la démocratie
municipale et nous considérons que les maires urbains et les maires
ruraux sont d'égal à égal et qu'on peut très bien
s'entendre autour de la même table dans un processus démocratique
en se respectant l'un et l'autre.
Je crois que la loi 125 devrait être conforme à ce
principe, le respect mutuel des deux représentations dans un bloc
homogène.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Messieurs, votre
mémoire est je ne veux pas utiliser un mot désobligeant,
ce n'est pas mon intention du tout long par comparaison avec d'autres
documents que nous avons reçus. Mais, en le lisant attentivement, on
trouve là-dedans la mise en évidence de certaines
considérations qui me semblent très importantes.
Une des questions que le ministre d'Etat à l'aménagement
vous a posées a retenu mon attention aussi. En lisant votre document et
notamment aux pages 19 et 20 je note que vous faites allusion à la
vocation de développement que vous voudriez donner non seulement
à vos deux organismes, mais également à la région
comme telle. Vous insistez sur la nécessité d'agir de
façon à créer des emplois, à faire créer des
emplois par ceux qui pourraient investir et à faire fructifier les
ressources qui existent dans la région.
Il est évident que la poursuite d'un objectif de
développement peut venir en conflit avec l'objectif de protection qui
est un élément important de ce que nous appelons
l'aménagement du territoire. Vous le reconnaissez également dans
votre mémoire, parce que vous dites à un endroit que je
n'identifie pas précisément mais peu importe que
l'on a dans le passé, et dans un passé malheureusement trop
récent, massacré des sites exceptionnels sur votre territoire.
(12 h 15)
Je vous remercie d'avoir souligné ce conflit qui existe entre ces
diverses préoccupations et je pense que c'est important que vous nous
ayez dit que vous êtes conscients de la nécessité de
protéger et qu'en même temps, vous êtes en perte de
population, donc en perte de développement, d'investissements, de
possibilités de faire fonctionner la région et de garder les
jeunes, notamment, dans la région avec des activités et des
emplois intéressants.
C'est dans ce sens que j'attache une grande importance à votre
mémoire. Puisque vous avez, et dans le texte et dans vos réponses
aux questions du ministre, explicité votre point de vue, je n'ai pas
d'autres questions à poser sur cet aspect.
Les questions que j'aimerais vous poser sont peut-être des
questions de détails. Je commence par la fin de votre mémoire,
à la toute dernière page, vous posez une question que j'ai
posée à l'Union des conseils de comté: Qui sera le
ministre responsable? Inutile de poser deux fois la même question, on
aura deux fois la même réponse. Mais ce qui me laisse un petit peu
perplexe c'est votre allusion au premier alinéa de l'article 184 du
projet de loi. Cet alinéa se lit comme suit: "La commission a son
siège social à l'endroit déterminé par le
gouvernement. Un avis de l'établissement ou de tout changement de
siège social est publié dans la Gazette officielle du
Québec".
Je comprends que le territoire est vaste et que la localisation d'un
siège social peut être une question de grande importance.
J'aimerais que vous m'expliquiez un peu ce qu'il y a derrière cette
recommandation qui semble avoir une importance majeure, parmi vos
préoccupations à l'égard de ce projet de loi.
M. Lachance: Si le site du siège social de la commission
était dans l'Est, ce serait un des éléments ou un
élément ou le seul élément du projet de loi qui
ferait qu'il y a une volonté de développement.
M. Goldbloom: Compte tenu de l'importance du territoire, par
rapport à la population qui est plutôt clairsemée,
serait-il, à votre avis, désirable que cet article 184 soit
interprété d'une façon assez souple pour permettre qu'il y
ait des endroits secondaires par rapport à un siège social?
M. Lachance: C'est exactement cela, que les gens ne soient pas
obligés de faire des pèlerinages, encore une fois, à
Québec.
M. Goldbloom: Merci, c'est très clair.
Vous recommandez que l'article 24 du projet de loi soit biffé.
C'est l'article qui porte sur le référendum qui a un
caractère consultatif dans la rédaction actuelle du projet de
loi. Si ce référendum avait un caractère
décisionnel, de-manderiez-vous toujours que l'article 24 soit
biffé?
M. Lachance: C'est cela, d'une part, ou le
référendum demandé par la population est
décisionnel, où on en est, ou on dit que le
référendum peut être demandé par les gens,
éventuellement par le conseil de comté, à ce moment, qu'il
soit consultatif, on trouve cela parfait. Mais ce qu'on dit c'est que si 10% de
la population prennent la peine de faire tout ce qui est relié à
une demande de référendum et qu'ils le font, évidemment,
sans l'aide financière de l'Etat, cela devrait être assez
sérieux. Si le référendum va à l'encontre d'une
décision du conseil de comté, il faut qu'on en tienne compte. Si
on n'en tient pas compte, on l'enlève carrément et on se dit: il
y a assez de consultation avant, qu'on n'a pas besoin de cela ou on se dit: On
le laisse là, mais qu'il soit décisionnel.
M. Goldbloom: Ma dernière question porte sur votre
recommandation que des sommes importantes soient accordées aux nouveaux
conseils de comté par rapport à l'aménagement du
territoire. Vous suggérez, à la page 37, que ce soit $1 million
par conseil de comté et $100 per capita, ce qui donne une somme de $71
millions pour les conseils de comté et $600 millions pour la population
du Québec, une somme totale de $671 millions. Il me semble que c'est
beaucoup pour la confection des schémas et que c'est fort peu pour la
réalisation des choses qui découleraient de la confection des
schémas.
Je ne veux pas du tout vous mettre dans une position délicate,
mais j'aimerais vous inviter à expliciter davantage ce que vous visiez
en calculant cette somme-là. Qu'est-ce que vous vouliez réussir
au juste?
M. Jobin (Pierre): De fait, ce n'est pas pour préparer un
schéma d'aménagement. On pourrait, en attendant la réforme
de la fiscalité municipale, puisqu'au moment de la rédaction et
de l'approbation par le conseil exécutif, il n'y avait pas autre chose
que des rumeurs qui circulaient, accorder à chaque comté qui aura
complété son schéma et les règlements
afférents à cette somme pour qu'il puisse s'attaquer à la
réalisation des priorités du schéma. On a compris, dans le
projet de loi, que le schéma couvrait une période de cinq ans;
donc, il faut diviser la somme que vous avez mentionnée par cinq et,
à ce moment-là, cela paraît beaucoup moins ambitieux de
s'attaquer à des programmes d'infrastructures routières,
d'aqueduc, d'égouts, d'habitation, etc.
M. Goldbloom: Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. Ouellet, qui
êtes le président de la COMEQ, vous avez dit tout à l'heure
que chez vous, vous étiez avant-gar-distes, que les ruraux et les gens
des municipalités, les gens des villes, ont déjà appris
à travailler ensemble. Est-ce que la ville de Rimouski fait partie de la
COMEQ?
M. Ouellet (Rosaire): Oui monsieur.
M. Goulet: Et cela va bien.
M. Ouellet (Rosaire): Cela va assez bien.
M. Goulet: Lorsqu'il y a une réunion, j'arrive, par
exemple, avec le maire d'Esprit-Saint... Je ne sais pas si cela existe
encore.
M. Ouellet (Rosaire): Oui, cela existe.
M. Goulet: Depuis un bout de temps on parlait de...
M. Lachance: ... M. Jobin: Oui...
M. Goulet: Le maire d'Esprit-Saint ou d'une petite
municipalité et le maire de Rimouski, à la même table, ils
n'ont droit qu'à un vote chacun. Vous êtes d'accord sur ce
principe. Vous ne prévoyez pas, par exemple, que Rimouski pourrait, sans
avoir un vote par 1000 habitants, mais comparativement, dans le cas
présent, peut-être un petit village de 400 ou 500 habitants,
comparativement à une ville qui en a 35 000, dans votre région...
Un maire, un vote.
M. Ouellet (Rosaire): M. le député, ma
réponse a été une réponse à celle du
ministre des Affaires municipales qui me demandait de quelle façon on
fonctionnait à la conférence municipale. Je lui ai répondu
justement sur la façon dont on fonctionnait au niveau de la votation
à notre table, sauf que le mémoire dit ceci: Nous nous proposons,
afin de faciliter la démocratie et de
reconnaître, quand même, l'importance des populations, que
dans un conseil de comté renouvelé, il y ait le double des
municipalités faisant partie de ce comté, que chaque
municipalité ait une voix de représentation et que la
moitié soit répartie à même la population, au
prorata de la population. Pour vous donner un exemple plus explicite, si vous
avez dans un conseil de comté renouvelé 20 municipalités,
il y aura forcément 40 votes, un vote par municipalité et 20
votes pourront être partagés à partir de l'importance de la
population des villes et des municipalités.
M. Goulet: C'est assez important, parce que dans mon
comté, je n'ai pas ce problème, mais chez vous, vous l'avez. Dans
la suggestion que vous faites, est-ce que vous pourriez me donner un exemple
concret? Chez vous, pour le comté de Rimouski, je ne sais pas quelles
paroisses sont touchées par le conseil de comté, mais prenons
l'exemple précis du comté de Rimouski; une petite
municipalité, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
pourrait avoir un vote, combien Rimouski en aurait-il? Dans le cas
présent, est-ce que vous avez fait des calculs?
M. Ouellet (Rosaire): Personnellement, je n'en ai pas fait, parce
que je ne fais pas partie du conseil de comté de Rimouski. Mais quand
même, on pourrait dire que, sur 26 municipalités rurales et
urbaines, si je ne me trompe pas, il y aurait 52 représentations et sur
celles-ci, chaque municipalité posséderait son vote et que la
ville de Rimouski, de par la population aurait au prorata de sa population deux
ou trois votes, selon...
M. Marcoux: Treize votes de plus, cela fait... on en aurait 14
sur 52.
M. Ouellet (Rosaire): De manière à ce que la ville
de Rimouski, en aucun moment, ne puisse contrôler la table de
concertation.
M. Goulet: Peut-être pas la ville de Rimouski, mais si dans
votre cas je ne connais pas la limite du conseil de comté
Mont-Joli tombait en même temps que Rimouski. Ces deux villes pourraient
faire balancer ou, en tout cas, un très, très fort pourcentage
seulement de ces deux villes, faire balancer le comté.
M. Ouellet (Rosaire): Non plus, parce que si vous tenez toujours
compte de la représentation au niveau du 20-20, parce qu'on parle de 20
ou de 26-26, il reste toujours que la question population vient
contrebalancer...
M. Goulet: Vous soutenez que les villes par exemple, avec
une disproportion, telle que vous connaissez chez vous sont
intéressées à travailler au niveau de la table et dire:
D'accord, un maire, un vote, à peu près. Vous soutenez cela. Vous
avez fait des expériences et cela va bien.
M. Ouellet (Rosaire): Vous me posez une question piège,
mais il reste une chose certaine: au niveau actuel de la conférence
municipale, nous travaillons un maire, un vote. Dans un processus de conseils
de comté renouvelé, il faudrait établir, quand même,
une procédure de votation plus équitable, de façon
à tenir compte des populations concernées. La proposition que
l'ont fait dans le présent mémoire tient compte, justement, de
cette particularité.
M. Goulet: Une dernière question aux messieurs du CRD.
Est-ce que je me trompe si je dis que cette loi vous a déçus, que
ce n'est pas du tout la loi que vous attendiez? Vous attendiez une toute autre
loi, d'après ce qu'on avait vu dans les journaux depuis un an, une
véritable loi sur la décentralisation et on vous a amené
une loi sur l'aménagement. Est-ce que cela résume très
bien votre mémoire et votre façon de penser, si j'ai dit cela de
cette façon?
M. Ouellet (Rosaire): Si on ne va pas au-delà du texte, en
ce qui nous concerne, dans l'Est, encore une fois, on ne parle pas pour le
Québec, ce n'est vraiment pas de la décentralisation. Sauf que,
comme je l'ai dit tout à l'heure, les premières fois qu'on en a
entendu parler cela s'appelait décentralisation; là, c'est rendu
aménagement.
Ce que j'attends avec impatience, c'est le fascicule 5. Qu'est-ce qu'il
va y avoir là-dedans? A ce moment, peut-être que la question qu'on
aura à se poser sera: Est-ce que les territoires qu'on s'est
délimités avant de connaître les pouvoirs correspondent ou
sont-ils bien délimités en fonction des pouvoirs qu'on aura?
M. Goulet: J'aurais une très courte question à M.
Ouellet. Dans ce comté, M. le Président, on touche vraiment des
grosses municipalités, une grosse avec des petites, mais très
petites. Croyez-vous que des municipalités j'en ai parlé
tout à l'heure comme Saint-Esprit auraient le moyen de se payer
un maire à temps plein ou ne sentiraient-elles pas le besoin de
s'affilier avec d'autres?
M. Ouellet (Rosaire): Actuellement, la réponse va
être simple; c'est non. Il n'y a aucune municipalité, sauf la
ville de Rimouski et les entités urbaines qui peuvent se payer un maire
à temps plein.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rimouski.
Je vous ferai remarquer que c'est une entente qu'il y a eu au
début de la commission...
M. Marcoux: II y a un consentement.
Le Président (M. Laplante): Chaque député
où sa région est concernée a le droit de venir parler
à la commission. Merci de votre coopération, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Chevrette: J'ai remarqué que ces gens ont fait 200
milles... on vous donne la parole.
Le Président (M. Laplante): Vous perdez du temps.
M. Goulet: Non, absolument pas, M. le Président.
M. Marcoux: M. le Président, je voulais vous remercier de
la...
M. Goulet: II y a des humoristes autour de la table. Alors
à un moment donné, on pensait que...
M. Chevrette: C'est mieux que des visages de mi-carême.
M. Marcoux: Je voudrais vous remercier de la présentation
de votre mémoire, d'autant plus que, comme l'a souligné le
ministre, votre mémoire tient compte de trois préoccupations
très présentes dans la région depuis longtemps, soit
l'approche intermunicipale, la décentralisation et la participation des
citoyens. (12 h 30)
Avant de poser des questions, je voudrais d'abord faire une remarque.
J'ai vu une chose un peu bizarre à la fin de votre mémoire. D'une
part, vous dites, à la page 29 que la loi 125 dans votre région
ne sera probablement plus très utile, parce que les grands emplacements
ou les grands problèmes d'aménagement, là où il
faut situer les phares, les routes, etc. sont assez déterminés.
D'autre part, vous demandez qu'on mette le siège social de la future
commission nationale d'aménagement dans la région. Je pense qu'on
peut difficilement soutenir les deux à la fois. Si la loi n'est pas plus
utile que cela dans la région, par rapport à ce qui est
déjà fait et, en même temps, dire que ce serait important,
que ce serait prioritaire de situer le siège social de cette commission
nationale à cet endroit, c'est un paradoxe. Ceci est un commentaire.
Une première question maintenant. J'en aurai quelques-unes. Dans
votre mémoire, vous dites que vous avez fait une consultation et que
votre mémoire ne peut pas tenir compte de la consultation, compte tenu
des délais. J'aimerais savoir quels sont les résultats importants
de la consultation que vous avez tenue et dont vous n'avez pu tenir compte,
dans une certaine mesure, pour votre mémoire? Les grandes lignes de
cela.
M. Jobin: On n'a pas pu en tenir compte parce que certains
éléments de la consultation se faisaient sous forme écrite
et ils n'étaient pas encore entrés à ce moment-là.
L'aspect qui me semble le moins conforme à ce qui est mentionné
comme prise de position dans le document, c'est la question de forcer les
municipalités urbaines à faire partie du conseil de comté
d'une part, et, d'autre part, c'est...
M. Marcoux: ...
M. Jobin: Là-dedans on est plus permissifs en ce sens que
la recommandation qui est faite, c'est le territoire actuel du conseil de
comté en embarquant les municipalités urbaines et s'il n'y a pas
de contestation dans trois mois, c'est beau; s'il y en a, on part en
revirant.
M. Marcoux: D'accord.
M. Jobin: En tout cas, les résultats de la consultation
sont plus contraignants que cela. D'autre part, c'est sur le pouvoir du
ministre d'imposer des choses. Je ne retrouve pas directement cela...
M. Marcoux: Mais quand vous dites que les résultats sont
plus contraignants, cela veut dire que dans les résultats du
questionnaire, du sondage, c'est automatique.
M. Jobin: Oui.
M. Marcoux: Les villes feraient partie de... D'accord.
M. Jobin: Elles seraient forcées, oui. L'autre est sur le
pouvoir du ministre d'émettre des ordonnances pour faire changer les
schémas d'aménagement. C'est beaucoup plus largement oui dans les
résultats de la consultation que dans notre mémoire.
M. Marcoux: Je suis heureux de la réponse et je suis
content d'avoir posé la question, parce que dans la lecture du
questionnaire que les membres de la commission n'ont pas, mais que j'ai, je me
serais attendu à des réponses inverses, parce que tel que les
questions étaient formulées, par exemple, croyez-vous que la loi
devrait forcer les municipalités urbaines à participer au conseil
de comté, l'aspect forcé, la charge affective du mot et la
question précédente...
M. Jobin: Mais il y avait deux questions là-dessus. Il y
avait deux questions sur cette donnée et la réponse n'a pas
été la même aux deux questions. D'ailleurs, en
assemblée, c'était de toute beauté de voir cela.
M. Marcoux: II y avait une autre question aussi: Croyez-vous que
la loi devrait forcer les conseils de comté à consulter la
population au sujet de versions préliminaires et définitives de
schémas d'aménagement? Quand on dit le mot "forcer", la charge
affective de cela, on aurait pu facilement susciter des réponses
très négatives aux deux aspects. Vous semblez indiquer que cela
n'a pas suscité de réponses négatives. C'est important de
préciser cela. Est-ce qu'il y a d'autres éléments
importants qui se sont dégagés?
M. Jobin: Cela me semble les deux qui sont le plus en
contradiction avec le mémoire comme tel.
M. Marcoux: J'ai une autre question concernant le
découpage territorial. J'ai été étonné
de
lire que la recommandation des gens de la région soit de proposer
le statu quo du découpage territorial en incluant les villes. Je vois le
maire de Mont-Joli qui assiste avec son gérant municipal, je vois le
maire de Price qui est proche et qui s'entend bien avec Mont-Joli et j'ai
d'autres exemples. J'ai l'impression que... Cela m'a vraiment surpris. Je
voudrais que vous explicitiez pour savoir si le résultat du sondage ou
de la consultation est vraiment... Est-ce qu'il y a des cas particuliers en
somme? Est-ce que c'est majoritaire, unanime, ou tout cela? Je voudrais que
vous précisiez dans quelle mesure le découpage territorial actuel
fait l'unanimité ou pas.
M. Jobin: Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il fait
l'unanimité et, là-dessus, on n'a pas eu de facilité
à obtenir des réponses claires, soit parce qu'on s'adressait dans
un questionnaire écrit à des organismes chez eux et ils
indiquaient qu'ils prendraient un mélange de deux et de trois ensemble,
soit que dans des assemblées publiques c'était compliqué,
finalement, de s'entendre sur cette chose-là.
Comme il y avait beaucoup d'autres aspects sur lesquels on voulait
consulter, on remettait le problème en disant: Ils seront bien assez
grands pour se chicaner ensemble après. Il n'y a pas eu
d'unanimité et de recherches longues là-dessus, au moment
où la consultation s'est faite, mais il faut comprendre que ça
fait déjà un petit bout de temps et depuis ce temps-là les
gens se sont téléphoné et se sont rencontrés. Une
consultation comme celle-là a parti quelque chose et l'information qui a
été donnée, la venue du ministre...
Le Président (M. Laplante): M. Ouellet, est-ce que vous
pourriez...
M. Ouellet (Rosaire): Je vais vous dire sincèrement, suite
à la rédaction du rapport, que je me réservais certaines
remarques sur la répartition du territoire. Dans l'optique de la
consultation, il a été bien mentionné que les nouveaux
conseils de comté devaient respecter la volonté du citoyen
d'appartenir à sa région d'appartenance, à son territoire
propre. Dans toutes les réunions que nous avons tenues, nous avons
constaté qu'il y avait réellement cette volonté, que les
gens voulaient avoir la possibilité d'avoir leur conseil de comté
correspondant à leur région d'appartenance.
M. Marcoux: Ce qui pourrait vouloir dire un
redécoupage.
M. Ouellet (Rosaire): Un redécoupage du territoire dans
certains cas très précis où l'on voit une volonté
commune des gens d'aller vers ce point.
M. Marcoux: Concernant le...
M. Lachance: J'aimerais ajouter quelque chose là-dessus,
peut-être, pour finir le tableau.
L'objectif de cette recommandation dans le mémoire, c'est de
faire discuter les gens autour de quelque chose qu'ils connaissent, qui existe
et de ne pas entamer une discussion pour savoir quel territoire on pourrait
prendre, mais de dire si celui-là fait, on le prend, s'il ne fait pas
à ce moment on discutera. Je pense que ce qui est sous-entendu, c'est
ça. Prenons ce qui est présentement et dans beaucoup de cas,
ça marche. Et si ça ne marche pas, il y a trois mois pour dire:
Non, ça ne marche pas.
M. Marcoux; D'accord. Comme il faut être assez bref, j'en
avais sept ou huit et je dois me résumer. Cela précise je pense
un aspect de votre mémoire qui est important. Quant au mode de
représentation, je pense que la suggestion que vous faites la
plupart des autres mémoires n'ont pas abordé cette
question-là comme ça et c'est une des suggestions originales et
intéressantes de votre mémoire est une
responsabilité à examiner pour résoudre ce fameux conflit
de la représentation. Ce que vous proposez: Une municipalité un
vote, est-ce à l'extrême, seulement la proportionnalité? je
pense que ce que vous proposez, ce pourrait être une formule. Le ministre
l'a toujours dit, chaque comté va trouver lors de la demande de lettres
patentes, la formule qui lui convient, mais il y a quand même là
une hypothèse intéressante pour réconcilier rural-urbain
avec un équilibre entre les deux.
Je ne demande pas de commentaires, si on avait plus de temps j'en
demanderais, mais peut-être ceci: Comment êtes-vous arrivés
ou quels sont les facteurs qui jouent en faveur de cette suggestion?
Pouvez-vous expliquer les motifs ou comment vous en êtes arrivés
à faire cette proposition que je trouve particulièrement
intéressante?
M. Jobin: Dans la consultation Rosaire le mentionnait
tantôt il y a eu des indications claires que les
municipalités urbaines ne tenaient pas à se faire noyer. On l'a
dit de façon assez claire pour que tout le monde comprenne, mais par
ailleurs, elles étaient prêtes à comprendre que, pour
collaborer avec leurs voisines, il fallait qu'elles acceptent de ne pas peser
d'un poids trop catastrophique si on voulait que quelque chose se commence. A
partir de ça il y a moyen d'envisager 58 formules, mais compte tenu que
le projet de loi et là-dessus il est bien difficile de penser
autrement prévoyait déjà un représentant par
municipalité, il s'agit d'essayer de tenir compte aussi de la
nécessité de la proportionnalité. Si on additionne les
deux, c'est un "guess" intellectuel de tomber sur cette formule.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question,
M. le député de Rimouski, s'il vous plaît!
M. Marcoux: On va essayer de choisir celle qu'on trouve la plus
juteuse et la plus importante. Il y en aurait plusieurs autres
intéressantes. Je vais
en proposer une à deux volets. Elle pourrait être à
cinq volets pour passer les cinq questions, mais à deux volets,
même si on ne regarde pas...
Le Président (M. Laplante): II a appris vite son
métier.
M. Marcoux: Le premier volet, entre la décentralisation
vous êtes favorables à la décentralisation on
peut contester certains points de vue de cette interprétation de la loi
que vous faites, versus le zonage agricole. Cela m'apparaît
imprécis, ce que vous dites sur cela. Vous semblez dire: on est pour les
deux. On est un peu pour la façon dont l'harmonisation est
proposée; par contre, la loi de protection... cela n'apparaît pas
clair, la façon dont vous prévoyez l'ajustement. Quelles seraient
les étapes et comment voyez-vous concrètement que la conciliation
pourrait se faire entre les deux et, question additionnelle, comment voyez-vous
le rôle des CRD à l'avenir, par rapport à la
redéfinition que cela suppose du territoire québécois et
des modes de consultation?
M. Lachance: Pour ce qui concerne la première question, la
position est claire au niveau de CRD, si on se réfère au
mémoire qu'on a présenté lors du projet de loi 90, si je
ne m'abuse. La façon dont nous voyions le zonage agricole, on s'est dit:
on n'est pas dans la zone verte, sauf qu'on est la région la plus rurale
du Québec. Le processus était tout simplement de prendre ce qui
existe présentement au ministère de l'Agriculture. Le zonage
n'est pas à peu près, il est fait, il a même
été fait deux fois et trois fois. On a des cartes et on ne sait
plus quoi en faire. Alors, on en prend une et on dit: c'est celle-là. Ce
zonage devient automatique, accepté dans le temps,
c'étaient les municipalités éventuellement par le
conseil de comté, si on tient compte de celle-là, jusqu'au moment
où il arrive quelque chose qui fait que cela ne marche plus. La
Commission de protection des terres agricoles n'est là qu'en cas de, ce
n'est qu'un tribunal d'appel. On s'organise chez nous et si on se chicane et
qu'il n'y y plus personne, on tient nos positions, là on remonte. Mais
on remonte juste dans ce cas. C'est assez clair comme position; elle n'a pas
changé, c'est encore cela.
M. Marcoux: En somme, cela veut dire que vous êtes d'accord
avec les détails du projet de loi d'harmonisation, avec son esprit ou
l'initiative, et le point de départ est le conseil de comté. Il y
a un projet proposé et s'il y a désaccord, la commission comme
tribunal d'appel. Mais pour l'application par la suite...
Le Président (M. Laplante): Très court, monsieur,
parce que je ne voudrais pas abuser de l'Opposition qui a de la bonne
volonté...
M. Marcoux: Le deuxième volet, par exemple...
M. Jobin: Je vais essayer d'être bref. Il y a
déjà l'OPDQ qui s'interroge et nous interroge dans un document de
consultation qui est produit sur les orientations du développement de
l'Est du Québec sur des questions comme celles-là. Il y a
également, je présume, le ministre qui doit se pencher sur la
question sur laquelle nous avons eu l'occasion de discuter quelque peu lors de
sa visite à Rimouski en février. Notre association
québécoise des CRD se penche également là-dessus.
Notre réflexion n'est pas terminée, mais le projet de loi 125
ne... En tout cas, jusqu'à maintenant, ce ne sont pas tous les CRD qui
se sont longuement consacrés aux questions qui sont traitées dans
les schémas d'aménagement, de la façon dont c'est
traité.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, le mot de la fin, M.
le ministre.
M. Léonard: Je veux simplement remercier les gens de l'Est
du Québec qui se sont déplacés pour ce mémoire,
pour la qualité des réponses, parce qu'on a pu apprécier
aussi l'expérience municipale de M. Ouellet. Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): MM. les membres de cette
commission, on vous remercie de votre coopération et les travaux sont
ajournés sine die, ce qui veut dire qu'on se retrouvera vers environ 16
h 15.
Suspension de la séance à 12 h 45
Reprise de la séance à 16 h 19
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs! Nous
reprenons l'étude du projet de loi no 125, Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme.
Les membres de la commission sont: MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Caron (Verdun) remplacé par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gratton (Gatineau) remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Guay (Taschereau) remplacé par M. Chevrette
(Joliette-Montcalm); M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie) remplacé par M.
Léonard (Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Marquis (Matapédia); M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M.
Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Caron (Verdun); M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par M.
Tardif (Crémazie); M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Sco-wen
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Gendron: ... M. Charbonneau (Verchères) comme
intervenant remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Marcoux): M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest).
Nous entendrons d'ici la fin de notre séance un groupe
d'étudiants de l'Université du Québec à
Montréal, Bell Canada et Télébec Ltée. J'inviterais
le groupe d'étudiants de l'Université de Montréal à
se présenter. Si vous pouvez nous présenter vos collègues.
Vous êtes monsieur?
Etudiants de l'Université du Québec
à Montréal
M. Vachon (Bernard): Bernard Vachon, je suis professeur
d'aménagement du territoire; le travail qui va vous être
présenté a été préparé par les
étudiants dans le cadre de mon cours. Si vous le permettez, autant de
donner la parole aux étudiants qui vont eux-mêmes présenter
le mémoire, j'aimerais prendre quelques minutes de votre attention pour
remercier tout d'abord les membres qui ont permis au groupe d'étudiants
de présenter un mémoire qui leur tient à coeur, sur
lequel, cependant, ils n'ont pu, malheureusement, compte tenu des
événements à l'UQAM, accorder autant de temps qu'ils
auraient voulu. J'aimerais aussi préciser dans quel contexte le
mémoire a été présenté.
Le Président (M. Marcoux): Oui, allez-y.
M. Vachon: Le projet de loi 125 est un projet de loi qui, en
quelque sorte, fait suite et complète la première loi sur
l'aménagement du territoire, la loi 90. La loi 90 est
particulièrement concernée par les terres arables et nous
considérons que le projet de loi 125 aurait avantage à
considérer aussi des espaces particuliers en milieu de montagnes, en
milieu de plateaux au Québec et particulièrement dans les
régions des Laurentides et des Cantons de l'Est qui, compte tenu de
leurs conditions biophysiques particulières, devraient recevoir une
attention spéciale dans les démarches d'aménagement.
C'est donc dans ce contexte que le travail des étudiants a
été préparé et ce sont ces principaux
éléments qui seront mis en évidence cet après-midi
et qui, nous l'espérons, pourront être suivis d'approches
d'aménagement spécifiques, qui prendraient la forme de directives
spécifiques aux municipalités concernées par ces milieux
naturels. Encore une fois, vous excuserez le texte que vous avez reçu,
qui présente davantage la forme d'un document préparatoire, d'un
document de travail que d'une réflexion complète et ceci est
attribua-ble essentiellement à la suspension des activités
scolaires à l'UQAM depuis le 6 mars dernier. Alors, sans plus tarder je
cède la parole aux étudiants.
Le Président (M. Marcoux): Avant de nous présenter
vos collègues, est-ce qu'on peut savoir si vous êtes chargé
de cours?
M. Vachon: Non, je suis professeur régulier.
Le Président (M. Marcoux): Si vous pouvez vous
présenter et présenter vos collègues. Vous avez une
quinzaine de minutes pour présenter votre mémoire. Ensuite, il y
aura des échanges avec les députés.
Mme Boily: Dominique Boily, étudiante. M. Beaulieu:
André Beaulieu, étudiant. Mme Roy (Sylvie): Sylvie
Roy, étudiante.
Mme Gouin: Suzanne Gouin, étudiante.
M. Beaulieu: Le mémoire s'intitule "Pour un
développement ordonné en milieu de montagne au
Québec".
Tout d'abord, un petit préambule. La loi-cadre sur
l'aménagement du territoire et l'urbanisme, désirée depuis
quelques années, ne peut que nous réjouir et nous en
félicitons sincèrement les gens qui y travaillent, notamment, M.
le ministre Léonard et ses collègues du cabinet.
Par ailleurs, une loi qui veut couvrir l'ensemble du territoire par le
truchement de l'organisation administrative des comtés et des
municipalités ne peut être, selon nous, généraliste
car le territoire, lui, n'est pas homogène. Le Québec est, en
effet, constitué de régions différentes que l'on distingue
selon deux niveaux: le niveau biophysique et le niveau
socio-économique.
Tout d'abord, un petit rappel de la situation de l'aménagement du
territoire au Québec. On sait que les terres agricoles
protégées par la loi 90 sur le zonage agricole couvrent le
territoire, en majorité, de la plaine du Saint-Laurent. Les
communautés urbaines possèdent ou posséderont leur propre
schéma de développement. Donc, la plaine du Saint-Laurent, la
vallée de l'Outaouais et les communautés urbaines constituent les
lieux privilégiés d'intervention d'une politique
d'aménagement du territoire. Ce qui veut dire que, pour tout le
territoire non concerné, à savoir: les Laurentides,
l'Abitibi-Témiscamingue, le Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, la
Gaspésie et les Appalaches, l'adoption d'un schéma de
développement est laissée au libre choix des
municipalités, ce qui a causé trop souvent un
développement anarchique dans plusieurs régions. C'est dans ce
sens que le projet de loi 125, qui vise un processus planifié du
développement, prend toute son importance.
Mais nous croyons que les milieux de montagne devraient faire l'objet
d'une approche spécifique d'aménagement compte tenu de ses
caractéristiques biophysiques qui en font un milieu fragile et de son
potentiel socio-économique particulier. Le milieu de montagne au
Québec renferme peu de terres arables au potentiel agricole, mais sa
superficie et les richesses qu'il contient sont immenses. Cependant, ces
milliers d'acres supportent, en différents points, des zones très
urbanisées. Cette urbanisation s'est répartie inégalement
sur le territoire et est souvent concentrée dans des régions
cibles. Le phénomène gagne en importance avec l'étalement
physique qui le caractérise, le caractère irréversible
qu'il possède, sans compter les conséquences souvent
incompatibles avec le milieu où il s'inscrit.
Description du milieu de montagne au Québec. L'aspect
biophysique. Le territoire en montagne se distingue par la présence d'un
milieu naturel qui lui est spécifique, c'est-à-dire un milieu
fragile, composé d'un vaste réseau hydrographique, de pentes
fréquentes et d'intensité variée et de sols même de
faible épaisseur et souvent absent en surface.
La population concernée par ces milieux est de deux types, soit,
en premier lieu, la population résidente dont les activités sont
les suivantes: agro-forestières et reliées au tourisme et, en
second lieu, la population flottante composée de touristes
villégiateurs et de touristes passagers provenant d'un large rayon
autour des zones rurales elles-mêmes.
Les activités engendrées par ces deux types de population
sont d'ordre primaire, c'est-à-dire activités
agro-forestières linéaires, d'ordre secondaire,
forestières et alimentaires, et d'ordre tertiaire, c'est-à-dire
récréo-touristiques. En fait, tout le secteur tertiaire profite
des retombées économiques du tourisme.
Des liens importants d'interdépendance sont donc établis
entre certaines régions du milieu de montagne et les grands centres
d'activités regroupés le long de l'axe du Saint-Laurent. Les
ressources naturelles ont d'abord donné lieu aux activités
primaires traditionnelles puis ont constitué des attraits importants
pour des populations de plus en plus éloignées. Ces attraits se
traduisent sous forme de demandes d'activités à caractère
récréo-touristique se manifestant par deux formes principales
d'occupation du sol: l'accaparement individuel, appelé aussi
villégiature en chalet, et le tourisme de masse qui se manifeste par les
activités de plein air.
Ces liens ont donné lieu à des forces de
développement qui se traduisent par une urbanisation sectorielle du
milieu et une pression démographique sur celui-ci. Cette urbanisation
souvent non contrôlée conduit à une transformation du tissu
rural existant, ce qui n'est pas sans affecter la structure
socio-économique. Une des manifestations de l'urbanisation, le "mitage",
met ainsi en péril l'identité des communautés existantes
face à une modification de leur milieu d'appartenance. Une des
principales conséquences du "mitage" constitue la dégradation du
milieu physique, l'impact écologique, l'impact physico-spatial ou
visuel. Les deux perspectives de développement sont donc,
premièrement, d'exploiter les ressources du milieu pour répondre
à la demande d'activités et de développements et,
deuxièmement, de sauvegarder une partie du territoire pour en garantir
l'accès au plus grand nombre et la survie d'un milieu fragile.
L'élément de base du milieu de montagne est incontestablement la
nature elle-même. Elle représente un potentiel de
développement orienté principalement sur les activités
récréo-touristiques et le secteur primaire.
Ce milieu naturel renferme notre plus vaste réserve de
ressources, l'eau douce, le bois, l'espace et la faune. Elle constitue donc une
richesse collective, c'est pourquoi il serait impérieux de
prévoir une exploitation planifiée et des accès
contrôlés à ces richesses.
Mme Boily: J'ajouterai ici en guise de conclusion que l'enjeu
socio-économique fait de ces régions un élément
primordial pour la qualité de vie des Québécois en
assurant l'accès à cette réserve naturelle dans les
années à venir, un potentiel d'activités à exercer
et des attraits à exploiter convenablement. Tout cela justifie
l'intervention de l'Etat, étant donné le caractère souvent
public du fond de terre et/ou l'élément en jeu, soit le milieu
naturel lui-même, et/ou l'impuissance des municipalités à
réagir. Donc, l'accessibilité aux ressources du milieu devrait
ainsi tenir compte du milieu lui-même, c'est-à-dire de son
degré de fragilité, de son potentiel et des seuils d'accueil qui
y correspondent.
Pour faire suite, on a formulé une série de
recommandations qui sauront, je l'espère, rejoindre vos
préoccupations en la matière. (16 h 30)
Mme Roy: Ce seront les recommandations maintenant.
Que le ministère de l'aménagement par le truchement de la
loi 125 reconnaisse, du fait de leurs caractéristiques biophysiques qui
en font des milieux fragiles, les régions de montagne comme devant faire
l'objet d'une approche d'aménagement spécifique.
Que le ministère de l'aménagement reconnaisse les normes
des services de protection de l'environnement comme un règlement
officiel à s'inspirer dans les schémas régionaux et
municipaux en tant que normes minimales.
Devant la précision des moyens proposés par la loi 125,
face au développement futur de ces régions, la participation des
citoyens devient l'élément clef du succès, quant au choix
et aux modalités du développement futur.
Les citoyens, résidents permanents et villégiateurs,
devraient pouvoir intervenir au niveau municipal, en tant qu'organisme local ou
comité de citoyens pour être en mesure de participer à
l'élaboration des objectifs du développement de la région
d'appartenance. Conséquemment, une plus grande sensibilisation des gens
est essentielle quant aux particularités de ces milieux, tant au niveau
physique que biologique, aux choix des orientations des développements,
c'est-à-dire aux scénarios et aux conséquences à
court, moyen et long termes.
Ceci devrait être inclus dans le cadre d'un vaste programme
d'éducation populaire, soit à l'école, par les
média d'information, par les associations locales concernées et
également, de concert avec les ministères concernés.
Suite à cette sensibilisation, les petites municipalités
devraient avoir en main les outils nécessaires, soit les
personnes-ressources choisies par elles-mêmes et un schéma
d'aménagement pour satisfaire cette volonté collective de
planifier leur territoire. Il appartient à l'Etat de fournir une aide
technique et financière dans la logique de l'adoption d'une loi sur
l'aménagement du territoire.
Une loi cadre sur l'aménagement et l'urbanisme devrait non
seulement inciter les intervenants à se doter d'outils de planification,
mais aussi à préciser la nature des dessous de
l'aménagement et définir des types de milieu et des approches
spécifiques.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie. M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je voudrais, dans un premier temps, vous remercier,
vous, ainsi que votre professeur, d'avoir quand même pensé
à présenter un mémoire concernant une loi très
importante au niveau du Québec.
Un premier commentaire, en termes d'appréciation. Vous mentionnez
que c'était surtout la plaine du Saint-Laurent ou par la Loi de
protection des sols arables qu'on pouvait éventuellement en arriver
à une certaine formule d'aménagement. Vous disiez dans votre
mémoire: mais pour ce qui est du reste, à l'extérieur de
la plaine du Saint-Laurent, vous avez semblé attacher une très
grande importance à un milieu spécifique à aménager
qui est, comme vous le qualifiez, un territoire en milieu de montagnes.
Je voudrais poser quelques questions sur votre mémoire. A un
moment donné, vous mentionnez qu'il est très important d'accorder
à la participation des citoyens, pour ce qui est de l'aménagement
de leur milieu, beaucoup de consultation, beaucoup de préoccupation,
afin que ce soit le milieu qui se définisse ou qui définisse son
propre aménagement. Est-ce que vous croyez, suite à l'analyse que
vous avez sûrement faite du projet de loi 125 concernant
l'aménagement, que les diverses dispositions du présent projet de
loi rencontrent vos objectifs, en tout cas, de consultation et d'assurance, et
que le milieu pourra donner son point de vue?
M. Beaulieu: Ce n'est pas la préoccupation principale de
notre mémoire. On en a quand même tenu compte, parce que c'est un
point important. Personnellement je ne pourrai pas parler au nom du
groupe je trouve que ce qui a été prévu dans la loi
comme mécanisme démocratique pour la participation des citoyens,
cela semblait valable, très valable.
M. Gendron: Alors, cela rencontre passablement vos objectifs,
tout en reconnaissant comme vous l'avez mentionné comme
préalable que cela ne fait pas l'objet fondamental de l'analyse
de votre mémoire, mais vous reconnaissez là des mécanismes
valables de consultation.
J'aimerais également poser une autre question un peu dans le
même sens. A un moment donné, dans votre mémoire, vous avez
mentionné que l'Etat se devrait d'avoir une attitude passablement
interventionniste pour le territoire spécial que vous avez
analysé qui s'appelle celui en milieu de montagne et j'aimerais que vous
puissiez nous donner votre interprétation sur la conciliation de cette
affirmation, c'est-à-dire d'avoir une attitude passablement
interventionniste pour un secteur spécifique que vous identifiez et qui
s'appelle celui du milieu de montagne versus l'autre affirmation où vous
prétendez qu'il appartient énormément aux citoyens de se
définir eux-mêmes quant à leurs préoccupations en
aménagement.
Comment faites-vous le lien entre les deux?
M. Beaulieu: II faut faire attention aux termes utilisés,
parce que c'est très important de dire les choses comme elles sont.
Premièrement, quand on demande au gouvernement de préciser la
nature des études d'aménagement, c'est de fournir aux gens
impliqués dans les régions un guide pour mieux se diriger et
mieux comprendre leur milieu et mettre sur pied des critères qui
puissent, sans pondérer des choses, au moins sensibiliser les gens
à leur milieu, à l'identité de leur milieu et non pas
l'identité sociale seulement, mais le niveau identification par rapport
à leur milieu naturel, c'est-à-dire qu'un milieu naturel en
montagne, ce n'est pas un milieu naturel qu'on retrouve en plaine. Pourquoi?
Parce que les contraintes physiques qu'on y retrouve demandent une plus grande
gentillesse envers l'aménagement et des précautions à
prendre.
Ce qu'il faut, c'est sensibiliser les gens pour qu'ils se rendent compte
de cela. Leur milieu est différent d'ailleurs. En fin de compte, qu'on
aille n'importe où au Québec, on a chaque fois des contraintes
différentes et comme on l'a dit tantôt, le Québec n'est pas
formé d'une immense région homogène, mais plutôt de
différentes petites régions plus ou moins grandes, plus ou moins
variées, selon différents critères. A chaque fois, il faut
essayer de tenir compte de ces critères pour que les richesses qui ont
attiré les gens sur place ne soient pas le résultat...
qu'à la fin, si cela se dégrade, les gens n'y aillent plus.
M. Gendron: Vous ne croyez pas que dans le cas des
différences régionales qui peuvent être observables dans
l'ensemble du Québec ou les différences qu'on va appeler de
municipalités regroupées, qu'à ce moment, il
n'appartiendrait pas davantage au milieu de les définir, de les cerner
et de déterminer éventuellement dans les schémas
d'aménagement certaines dispositions qui permettraient de conserver leur
cachet? Ou encore, est-ce qu'il n'est pas plus logique de dire qu'il est normal
que cette sensibilisation, de ces besoins spécifiques à des
régions du Québec, deviennent la préoccupation des gens du
milieu plutôt que de l'Etat? A partir du moment où ce ne sont pas
des préoccupations à caractère national à un
moment donné, on peut avoir un objectif de protéger l'ensemble de
nos sols arables et après cela avoir à réaliser cet
objectif dans une loi cadre il y a quand même une certaine
souplesse au niveau des particularités des régions. Je voudrais
que vous vérifiiez si vous pensez qu'à un moment donné,
cela ne devrait pas être, en termes de sensibilisation, une
responsabilité qui est dévolue aux différents milieux du
Québec plutôt qu'une responsabilité nationale.
M. Beaulieu: Ce que vous dites n'entre pas en contradiction avec
le contenu du mémoire. Ce qu'il faut retenir, c'est
précisément l'importance pour une meilleure gouverne et une
meilleure information des agents interventionnistes et particulièrement
la population qu'on désire consulter et d'en faire des agents
intervenants par le processus de participation, que ces gens soient
guidés dans les suggestions et les recommandations qu'ils vont
faire.
Prenons un exemple bien précis: l'automne dernier, avec un groupe
d'étudiants, on a passé six jours dans la région de
Saint-Jovite, une région que le ministre connaît très bien.
Il avait, d'ailleurs, été invité un soir et,
malheureusement, compte tenu d'une réunion inattendue, a dû
s'absenter...
M. Gendron: Vous faites bien de nous déclarer cela
ici.
M. Vachon: ... faites une réunion inattendue... on ne
comprend pas trop...
M. Beaulieu: Suite à ces six jours passés dans une
région de montagne, avec des caractéristiques biophysiques
particulières, les étudiants ont fait des recherches, ont produit
des documents sur lesquels ils ont travaillé durant toute la session
ensuite et, en décembre, donc trois mois après, il y a eu une
convocation de la population d'Huber-deau, municipalité de la
région sur laquelle on s'était attardé davantage et
là, il y a eu une présentation des conclusions des recherches qui
ont été faites et une présentation des normes visant
à la protection du milieu naturel. Cela a été
étonnant, et pour les étudiants cela a été
très révélateur, de voir à quel point, après
avoir été informé de la fragilité du milieu et de
la nécessité d'adopter des normes de développement
très rigoureuses, la population était prête à faire
des concessions en termes de développement. Autrement dit, des lots de
15 000 ou 20 000 milles carrés qu'on ne voulait pas dépasser, il
y a à peine deux ou trois ans, on était prêt, après
l'information, à accepter des ceintures vertes autour des lacs et
là où il y avait des pentes élevées.
En fait, ce sur quoi le document attire l'attention, c'est sur les
régions de montagne qui sont des régions fragiles. Compte tenu de
cette situation, il devrait y avoir des incitations, voire des batteries
d'information, dans la loi ou parallèles à la loi pour qu'il y
ait en milieu de montagne, dans ces municipalités, dans ces conseils de
comté, une approche d'aménagement particulière,
axée sur la conservation, la protection tant du milieu que du potentiel
en fonction de la satisfaction des besoins socio-économiques futurs.
M. Gendron: Merci. J'ai une autre question. Dans votre
mémoire, vous n'abordez pas tellement les responsabilités que les
nouveaux conseils de comté renouvelés exerceront en
matière d'aménagement du territoire. J'aimerais que vous puissiez
me donner votre point de vue. Que pourrait être, selon vous, le
rôle joué par cet organisme que nous, dans le mémoire, nous
appelons conseil de comté renouvelé? Est-ce que vous croyez qu'il
aura les éléments ou est-il normal de lui confier cette
responsabilité de voir à l'aménagement de son
territoire?
M. Vachon: En fait, je pense que vous soulevez une question
très brûlante quant aux rôles, aux responsabilités du
conseil de comté et quant à la deuxième dimension du
conseil de comté, qui a d'ailleurs été soulevée
avec pertinence ce matin, à savoir les critères qui vont
déterminer la délimitation de ces nouveaux conseils de
comté. Donc, théoriquement et compte tenu des expériences
étrangères personnellement, j'ai étudié en
Angleterre il y a une pratique qui tend, ou tout au moins un principe,
à intégrer dans une même unité d'aménagement
le milieu rural et le milieu urbain.
Théoriquement, on est favorable à une telle approche. Dans
la pratique, c'est évident qu'il y a des problèmes sérieux
qui vont se poser, mais, pour répondre plus directement à votre
question, il apparaît assez souhaitable qu'un organisme, une
autorité sous-régionale possède enfin une autorité,
une responsabilité en matière d'aménagement et que cet
aménagement, après toute l'information nécessaire à
une meilleure compréhension de la situation, réponde
véritablement aux aspirations et aux besoins d'une population qui sera
démocratiquement et honnêtement consultée et que les
consultations recueillies soient prises en considération dans
l'élaboration des documents finaux.
M. Grendron: Pour ma part, je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je voudrais dire
d'abord que je trouve que la préparation et la présentation de ce
mémoire constituent une belle initiative et j'espère qu'elle sera
imitée par d'autres.
Je reconnais que c'est plus facile pour les étudiants de Laval
que pour ceux des six autres universités parce que les premiers n'ont
pas de voyage à faire, de frais de voyage à encourir, mais je
trouve que c'est une excellente chose que le travail qui aboutit à la
rédaction d'un tel document soit mis à l'épreuve devant
une commission parlementaire parce qu'après tout il y a des
préoccupations qui peuvent être théoriques je
n'utilise pas ce mot dans un sens désobligeant d'un
côté, et pratique en vertu d'une expérience vécue de
l'autre côté. Je trouve que c'est une excellente chose que nous
ayons l'occasion de vous rencontrer comme cela et de discuter de votre
mémoire.
J'aimerais, entre parenthèses, demander je comprends les
difficultés techniques auxquelles vous avez dû faire face
si vous avez des copies du texte dont vous avez fait lecture, qui a
été un peu plus élaboré que celui que nous avions
reçu auparavant. Nous l'aurons, évidemment, dans le journal des
Débats, donc ce n'est pas un problème majeur. (16 h 45)
Quant à mes questions sur la substance de votre document, elles
portent sur les activités que vous énumérez et qui sont
engendrées par les types de population que l'on rencontre dans le milieu
que vous avez décrit. Vous mentionnez, par exemple, les activités
primaires dans le domaine agro-forestier et dans le domaine minier. Je
présume que la mention de ces activités implique que, dans votre
esprit, leur poursuite devra être soumise à l'application de
l'éventuelle loi sur l'aménagement, et que l'on devrait respecter
ce qui aurait été décidé comme schéma
d'aménagement avant d'entreprendre des activités de quelque
nature que ce soit. Est-ce que j'ai raison de faire cette interprétation
de votre mémoire?
M. Gendron: Tout à fait.
M. Goldbloom: J'aimerais vous amener à élaborer un
peu la façon dont vous concevez l'application de la loi. Prenons un
exemple: On a un schéma d'aménagement et sur ce schéma, on
indique de façon cartographique que certains territoires sont
réservés à certaines activités et que certaines
activités, pour regarder l'autre côté de la
médaille, seraient, en principe, défendues sur certaines
parcelles de territoires. Que feriez-vous avec, par exemple, l'exploration
minière? Exige-riez-vous que tout le processus qui aurait mené
à la décision, à la confection d'un schéma
d'aménagement soit refait avant de permettre que l'exploration
minière ne se fasse dans une zone réservée, disons
à l'activité touristique ou à l'habitation ou à la
conservation d'un secteur forestier, par exemple?
M. Vachon: Je peux peut-être répondre, cependant, je
ne voudrais pas disserter tellement sur cette question qui, vous le
comprendrez, de par la teneur de notre mémoire, constitue une dimension
qui n'a pas été tellement fouillée et qui demeure un
élément marginal par rapport aux forces de développement
qui sont déjà en cours et qui consomment annuellement des
quantités d'acres de terrains en bordure des lacs, en milieu montagneux,
dans les Cantons de l'Est et dans les Laurentides.
Le but, l'objectif premier du mémoire, c'était
précisément d'attirer l'attention sur la pertinence, la
nécessité d'adopter des mesures, des normes susceptibles
éventuellement, sans nier le développement, mais éviter de
compromettre la qualité et le potentiel de ces régions.
On sait que le type d'activités des zones minières est
extrêmement destructeur au niveau de l'environnement, tant pour la
qualité des eaux puisqu'on fait une très grande
consommation d'eau que pour le milieu forestier comme tel. Il y aurait
peut-être lieu aussi mais j'ai l'impression que cela concerne
davantage le ministère ou le futur ministère de l'environnement
de voir à ce qu'il y ait des études d'inventaires qui
soient faites et qu'il y ait des mesures qui soient prises pour éviter
des abus lorsque ce n'est pas nécessaire. Une activité
minière, somme toute, c'est assez concentré dans l'espace. Il
n'est pas certain que l'on doive, à chaque occasion, détruire des
quantités de terrains, de forêts, pour l'implantation de
réseaux routiers ou des activités minières et
paraminières.
M. Goldbloom: Je ne voudrais pas insister, puisque vous
m'indiquez que c'est un aspect qui n'a pas été approfondi dans le
travail de préparation du mémoire; donc je me contenterai de
renouveler mes félicitations pour la qualité de ce travail et
remercier notamment les étudiants d'avoir voulu prendre l'initiative de
venir présenter et défendre leur mémoire devant cette
commission parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je veux
également féliciter ces étudiants pour la
préparation et la présentation de ce mémoire. Je suis
convaincu que votre professeur va vous donner une note "minimale" pour votre
examen de fin d'année, c'est déjà acquis. J'aurais
maintenant une question.
Nous avons actuellement au Québec une loi sur la protection du
territoire agricole, des sols arables. Cela a été la
première loi votée. Certains nous disent: Cette loi 125 que nous
étudions présentement aurait dû être le premier
projet de loi déposé plutôt que le projet de loi no 90. Le
ministre qui défendait le projet de loi 90 nous disait et a dit à
toute la population du Québec: Ce qui compte d'abord, c'est de
protéger les sols agricoles en voulant dire: Ensuite on verra pour le
reste, c'est moins important. Vous nous dites aujourd'hui qu'en montagne... Je
vais essayer de citer le ministre le plus fidèlement possible. Il
disait: Ecoutez, il y a tellement de petits coins dans les montagnes et sur les
bord des lacs, qu'il y a moyen de se construire, c'est beau des arbres, voulant
dire par là: Protégeons nos territoires agricoles d'abord et pour
le reste il y a de la place en quantité. Vous nous dites: Au niveau des
montagnes, pour éviter de compromettre le potentiel de ces
régions, au niveau de l'eau, de l'approvisionnement en eau potable, au
niveau de la forêt ou des autres richesses naturelles le
député de D'Arcy McGee a parlé des mines au niveau
de toutes les autres richesses naturelles et du tourisme qui est une industrie
assez importante au Québec, est-ce que vous voulez dire que
c'était une façon de se débarrasser d'un problème
et de le mettre sur le dos d'un autre ministre ou d'autres personnes et qu'on
aurait dû étudier de façon plus globale
l'aménagement du territoire au niveau de la province? Est-ce que c'est
ce que vous voulez toucher dans votre mémoire?
M. Vachon: Non. J'aurais aimé répondre...
M. Goulet: A ce moment-là, est-ce qu'on étudiait le
problème d'une fausse manière? On ne s'y prenait pas de la bonne
façon ou dites-vous que c'est correct d'avoir procédé
comme cela?
M. Vachon: Moi, je trouve que c'est correct.
M. Goulet: Parfait, cela répond à ma question.
C'est ce que je voulais savoir. Sur environ 30 mémoires, il y en a
environ 29 qui nous ont dit c'est-à-dire que vous êtes le
deuxième La loi 125 aurait dû venir avant; on a mis la
charrue avant les boeufs. Je voulais savoir votre opinion là-dessus.
Vous dites non...
M. Vachon: Si vous permettez, je vais quand même
préciser. L'expérience des années passées a
démontré qu'il aurait été difficile, sinon
téméraire, pour un gouvernement d'essayer de faire passer une
loi-cadre d'aménagement du territoire global. Personnellement, je crois
qu'il a été très habile de scinder les deux milieux, le
milieu rural et le milieu...
M. Goulet: Je m'excuse de vous interrompre, mais, si j'ai dit
global, je voulais dire d'abord. Je m'excuse, il y a une très grande
différence. Pas global, mais plutôt d'abord. C'est bon de
faire...
M. Vachon: D'accord. Je pense que...
M. Goulet: Pour faire plaisir au ministre, je ne veux pas vous
vendre une idée, je veux plutôt en acheter une. Comprenez-vous?
Nous sommes acheteurs. Le ministre a peut-être tout cela et tout est
normal, quoiqu'il ne réponde pas à nos questions, mais quand
même je veux acheter votre idée si vous pouvez me la vendre.
M. Chevrette: Vous avez une formation de vendeur?
M. Vachon: Si vous me laissez parler, je vais essayer de vous la
vendre, peut-être. En fait, ce que je crois qui s'est passé, parce
qu'il y a une question stratégique dans la mesure où il
était très difficile de faire voter une loi d'aménagement
en milieu urbain qui allait devoir impliquer les franges rurales où les
opérations spéculatives sont en cours... Ayant
réglé dans un premier temps la question des opérations
spéculatives au moyen d'une loi sur la protection des terres agricoles,
il apparaissait beaucoup plus simple, beaucoup plus facile de faire voter une
loi sur l'aménagement du territoire concernant particulièrement
les zones urbaines et le reste du territoire, où de toute façon
les opérations spéculatives sont minimes puisque la vallée
de l'Outaouais et les basses terres du Saint-Laurent étaient
exclues.
Je voudrais aussi préciser qu'à la rigueur, si j'avais cru
plus tôt, que vous poseriez une question dans ce sens, qu'à la
rigueur, on aurait pu morceler, à l'infini, une loi d'aménagement
du territoire, en faire une loi spécifique pour les terres arables, en
faire une autre pour les zones urbaines et périurbaines, en faire une
autre pour les milieux de montagne. Mais je crois que deux pour le
Québec, c'est amplement suffisant pour l'instant, mais étant
donné le caractère hétérogène biophysique
des caractéristiques extrêmement importan- tes, il nous a
semblé qu'à l'intérieur d'une même loi
d'aménagement du territoire, à l'intérieur de la loi 125,
des distinctions pourraient être faites en ce qui concerne les milieux de
montagne au-delà, par exemple, d'une certaine courbe de niveau de 500 ou
600 pieds, que des directives spécifiques soient faites en accord avec
le ministère de l'environnement en vue, précisément, de
sensibiliser les milieux, les conseils de comté, les
municipalités et ensuite, ultérieurement, la population
consultée, pour que l'aménagement dans ces milieux tienne compte
de ces particularités régionales regroupées sous
l'expression générale on y est revenu à plusieurs
reprises la fragilité naturelle de ces milieux, d'une part et
d'autre part, le potentiel social et culturel de ces milieux.
On dit souvent que les Laurentides, les Cantons de l'Est sont les
jardins de Montréal. On vit dans une société industrielle
je n'ai pas à vous le répéter et ce n'est
pas demain qu'on va retourner à une société rurale
bucolique.
Il faut protéger ces milieux; ce sont des réserves
importantes. Si on permet le développement comme cela s'est fait au
cours des dernières années, en contrôlant essentiellement
la dimension des terrains, la hauteur des haies, la hauteur des maisons, le
nombre d'étages, ce sont des normes de zonage en milieu urbain. Dans le
milieu de montagne, il faut avoir autre chose. Il m'ap-paraît qu'une loi
véritablement concernée par un aménagement rationnel de
l'espace québécois doit faire une distinction entre milieu
urbain, milieu de plaine et milieu de montagne.
M. Goulet: Dernière question, est-ce que c'est possible de
construire, en assez grande quantité, dans ces milieux, avec des
schémas d'aménagement, se basant sur des schémas
d'aménagement et sans compromettre... est-ce que c'est possible de
construire et de construire dans ces jardins, comme vous les appelez, si nous
avons de bons schémas d'aménagement pour protéger et
éviter de compromettre le potentiel de ces régions?
M. Vachon: II y a une contrainte fondamentale; c'est la faible
épaisseur des couches meubles qui empêchent à des
coûts raisonnables l'installation des infrastructures de base,
c'est-à-dire le système d'égout et le système
d'aqueduc. A partir du moment où chaque logement ou chaque construction
doit avoir sa fausse septique et son puits, c'est évident que les
densités sont limitées. Une chose à laquelle on peut
penser, c'est que traditionnellement au Québec, dans ces milieux, on a
construit des maisons unifamiliales, mais rien n'empêcherait sur des
superficies passablement grandes, avec des espaces communautaires et ainsi de
suite, qu'on puisse construire d'autres types d'habitations.
On peut imaginer des habitations avec des services collectifs, des
services communautaires. On vit encore avec ces habitudes des années
cinquante, où chaque famille devait avoir sa maison unifamiliale et son
chalet. Mais c'est devenu inabordable pour la grande majorité des
travailleurs au Québec. Alors, il y a peut-être des
incitations à faire pour qu'on ait un style de développement
différent dans ces milieux.
Ensuite, il y a toutes les questions d'affichage, la publicité
dans ces milieux qui devrait être en conformité avec la
beauté des espaces. Je me permets simplement de rappeler un exemple qui
s'est produit il y a quelques années en Angleterre alors qu'une
chaîne d'hôtels avait proposé la construction d'un gros
complexe hôtelier dans une vallée du Yorkshire. Cela devait
produire beaucoup d'emplois dans une région où le taux de
chômage était très élevé et finalement, en
dernière analyse, le contrat a été refusé, le
permis a été refusé, uniquement à cause de l'impact
esthétique que cette construction allait produire dans le paysage.
M. Léonard: C'est à mon tour de vous
féliciter, de vous remercier de votre mémoire, de vous être
donné la peine de le constituer, malgré les
événements que vous vivez, comme vous le disiez, depuis le 6 mars
dernier. (17 heures)
Je voudrais simplement, si j'en ai encore le temps, poser une ou deux
questions. Une des choses que vous avez relevées, c'est le
phénomène du "mitage" en milieu de montagne, je pense que c'est
vrai que cela a touché le nord des Laurentides en particulier et, dans
une moindre mesure, aussi les Cantons de l'Est. Qu'est-ce que vous proposez
à l'heure actuelle? Je vous pose cette question en termes de contenu
d'aménagement, mais je pense que ce serait intéressant. Vous y
avez sûrement réfléchi parce que vous avez parlé de
ce phénomène. Que proposez-vous à la place? Pensez-vous
qu'il faut faire des fenêtres ou condenser l'habitation, même en
milieu de montagne, et pas juste en milieu urbain?
M. Vachon: Bon! On en est conscient, c'est la faiblesse de notre
rapport, du rapport des étudiants dans la mesure où il y a des
énoncés de principe qui sont faits, qui ne sont pas suivis par
des propositions d'aménagement spécifique.
Pour répondre à votre question, il y a évidemment
des solutions qui peuvent être avancées. Le "mitage", c'est un
problème sérieux dans la mesure où ça compromet non
seulement le tissu socio-économique, mais aussi le milieu naturel, les
paysages, etc.
Quelles modalités d'organisation spatiale proposer dans de tels
milieux? On pourrait en discuter longuement, mais je me reporte encore une fois
aux recommandations qui ont été retenues par les étudiants
et qui vont faire l'objet d'un document présenté sous peu au
conseil municipal de Brébeuf. Ce qui a été retenu, ce sont
des ceintures bleues autour des lacs et des cours d'eau où l'occupation
est la plus limitée possible, compte tenu, d'une part, de la
fragilité de ces espaces, et, d'autre part, de la qualité de ces
milieux pour des activités récréatives de plein air de
masse.
M. Léonard: Est-ce que vous allez proposer des normes
minimales de lotissement?
M. Vachon: C'est ça. La contrainte qu'on rencontre
toujours, c'est le droit de propriété, la propriété
privée de ces lots. Or, il y a une possibilité qui est entrevue.
Lorsqu'il est prouvé que les milieux sont fragiles, on peut
étendre la dimension des lots jusqu'à 15 ou 20 acres de terrain.
Ce serait souhaitable d'avoir une loi qui clarifie toutes ces situations comme
ça existe, par exemple, en France, avec des ZAB, des ZUP, etc., qui
permettent de geler tout au moins temporairement les zones.
La seule prérogative qu'on a au Québec, c'est de dire:
Oui, vous avez le droit de construire parce qu'on ne peut empêcher
personne de construire mais dans la mesure où vous
possédez 20 acres de terrain par permis de construire. Pourquoi? Parce
qu'on considère que le milieu est fragile et qu'une occupation trop
grande de terrain et des passages trop fréquents pourraient
entraîner la détérioration.
M. Léonard: Cela comprend alors même les normes
minimales ou les règlements de zonage des municipalités à
l'heure actuelle; de ce point-là, ça tend vers des terrains, des
lotissements de 40 000 pieds carrés et c'est nettement insuffisant
à votre idée?
M. Vachon: 40 000 pieds carrés, ce n'est pas suffisant; 40
000 pieds carrés c'est environ un arpent. Ce qui a été
proposé dans le cas de Bréfeuf, c'est dix fois plus. Dans une
autre municipalité pour laquelle j'ai travaillé et où la
population a été consultée aussi, c'est de l'ordre de dix
arpents et on est parvenu à supprimer de cette façon-là
à peu près 70% du territoire en se basant essentiellement sur
l'identification des degrés de pente et l'épaisseur des
matériaux meubles. Dans la mesure où toute installation sur des
pentes de plus de 30 degrés pose des problèmes d'érosion
importants, on peut, de par la législation actuelle, supprimer ou
prohiber toute forme de développement.
C'est donc par une analyse assez précise du milieu qu'on peut y
arriver. C'est pour ça je vous donne des exemples ceci est
pour confirmer la nécessité, l'importance d'adopter une approche
d'aménagement spécifique dans ces milieux. Et s'il n'y a pas
d'incitation, de directives particulières de la part d'un futur
ministère d'aménagement aux municipalités et aux conseils
de comté concernés, ils vont suivre la pratique courante qui se
fait en milieu de plaine. Or, le milieu de plaine, vous le savez, convient
à des types de développement qui ne compromettent pas les
milieux, comme c'est le cas dans ces régions.
M. Léonard: Une autre question, si vous me permettez. Vous
proposez, si je comprends, que l'Etat, quand même, ait une attitude assez
interventionniste en fixant des normes minimales.
Comment conciliez-vous cela avec le désir que les citoyens aient
la responsabilité en aménagement?
M. Vachon: Une attitude interventionniste... l'Etat, de plus en
plus, intervient dans toutes sortes de domaines sur le plan social,
éducatif et ainsi de suite. Dans la mesure où on considère
qu'un milieu naturel, un milieu rural est non seulement un potentiel
économique actuel, mais un potentiel, une ressource sociale et
culturelle pour le futur, je pense que l'Etat peut en tirer sa justification.
Les preuves qu'ont tenté d'élaborer les opposants au projet de
loi 90, qui est devenu la loi 90, se sont effondrées vis-à-vis
les arguments invoqués par le ministre Garon. En grande partie je
ne dis pas que tout est clair, tout est net aujourd'hui mais il demeure
que les objections qu'on avait contre cette loi, compte tenu des objectifs qui
ont supporté cette loi, c'est-à-dire, d'une part, la protection
des sols agricoles, d'un point de vue économique, mais aussi les
avantages que cela représente pour une meilleure planification future.
Ce n'est pas pris dans le béton et peut-être que dans dix ans, on
va être très heureux d'avoir contraint les forces de
développement à l'intérieur d'une ceinture verte que
représente cette loi ou ces terres protégées. Ce sont des
ceintures vertes; on serait bien content de pouvoir mieux planifier en
cédant des terres, comme cela se fait couramment en Allemagne et en
Angleterre actuellement.
Alors, c'est dans le même sens que le gouvernement peut entrevoir
une approche avec des normes qui peuvent apparaître contraignantes, mais
qui, en fait, auraient pour seule fonction de mieux protéger le milieu
naturel dans lequel les gens vivent. Vous avez sans doute rencontré
moi-même, je demeure dans les Laurentides et j'ai plusieurs
voisins, plusieurs personnes que je rencontre et ils me disent: II y a dix ans,
j'ai acheté 15 000 ou 20 000 pieds carrés; si j'avais
prévu à ce moment, si j'avais acheté 40 000, 60 000 ou 100
000, j'en serais mieux aujourd'hui. Pour moi, c'est une planification qui est
non seulement à caractère social, encore une fois, mais beaucoup
plus axée sur les impératifs biophysiques.
M. Léonard: Je voudrais juste apporter une
précision, en terminant. Peut-être qu'on n'a pas beaucoup de
temps? Vous pouvez remercier.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie au nom de tous
les membres de la commission d'être venus présenter votre
mémoire. J'inviterais maintenant la Société Bell Canada et
Télébec Ltée à venir nous présenter leur
mémoire. Quand vous serez prêts, veuillez vous identifier et
identifier vos collègues...
Bell Canada et Télébec
Ltée
M. Paquin: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, je me présente. Mon nom est Pierre Paquin. Je
suis avocat, attaché au contentieux de Bell Canada. Je suis
accompagné, aujourd'hui, des représentants de Bell Canada que je
vais tout de suite vous présenter.
De gauche à droite: M. Noël Sarrazin, chef de secteur,
administration et droits de passage, M. Gilles Bélanger,
ingénieur, chef divisionnaire, service des lignes dans la région
de Québec, M. François Desrosiers, chef divisionnaire-adjoint,
méthodes administratives de la région de Québec et M.
Hubert Leroux, notaire.
Nous avons aussi été mandatés pour
représenter Télébec Ltée qui est co-signataire du
mémoire qui est devant vous.
Le présent mémoire est soumis à la commission
permanente des affaires municipales par Bell Canada et sa filiale
québécoise, Télébec Ltée. Bell Canada et
Télébec Ltée ont pris connaissance du projet de loi no 125
et se réjouissent de l'occasion qui leur est fournie de faire
connaître leurs commentaires sur cet important projet de loi. Nous
reconnaissons que ce projet, comme toute loi de grande importance, est
susceptible de contenir des lacunes qu'il pourra être opportun de combler
ultérieurement. Nous aimerions souligner que déjà dans son
état actuel ce projet nous paraît constituer un énorme pas
en avant dans la recherche d'une utilisation toujours plus rationnelle du
territoire sous juridiction québécoise.
Bell Canada et Télébec désirent coopérer
pleinement pour que cet objectif soit atteint et il nous paraît
même que cette coopération est essentielle à la
réussite de l'entreprise, vu l'importance considérable des
télécommunications pour le développement d'un territoire.
En retour, nous croyons qu'un développement du territoire soigneusement
planifié ne peut qu'aider Bell Canada et Télébec à
mieux planifier le développement de leurs entreprises respectives et
ainsi à mieux rendre les divers services que la population attend
d'elles. C'est dans cet esprit que nous soumettons le présent
mémoire, lequel portera principalement sur les sujets suivants:
premièrement, communications constantes entre les planificateurs
municipaux d'une part et les organismes ou entreprises d'utilité
publique d'autre part; deuxièmement, localisation et obtention des
servitudes d'utilité publique; en dernier lieu, le contrôle
intérimaire et son application aux entreprises d'utilité
publique.
Tout d'abord, les communications constantes entre les planificateurs
municipaux et les organismes et entreprises d'utilité publique.
L'utilité de ces communications nous paraît évidente pour
diverses raisons dont la principale réside dans l'interaction qui selon
nous doit exister entre ces deux groupes. Nous croyons en effet que le
développement rationnel d'un territoire dépend, dans une bonne
mesure, de la présence d'un réseau de services d'utilité
publique approprié et que réciproquement une soigneuse
planification de ces réseaux est facilitée par l'existence d'un
plan d'aménagement de tels territoires. Nous reconnaissons
également que le processus décisionnel utilisé tant par
les planificateurs municipaux que par les entreprises d'utilité publique
est généra-
lement similaire en ce sens que diverses étapes doivent
être franchies allant progressivement de l'ébauche initiale
jusqu'au projet détaillé définitif.
Or, chacune de ces étapes est l'occasion de procéder
à des révisions et à l'étude de données de
plus en plus détaillées afin d'incorporer ces nouveaux apports au
projet élaboré. Vu l'interaction mentionnée ci-dessus,
nous voyons mal comment chaque partie pourrait travailler en vase clos et
espérer en même temps en arriver au résultat
désiré.
Nous croyons donc que de constantes communications entre les
planificateurs municipaux et les organismes et entreprises d'utilité
publique constitueront un apport de première importance et c'est
pourquoi une partie de nos recommandations visent à rendre ces
communications obligatoires et ordonnées.
Dans cette optique, nous recommandons en premier lieu qu'une copie des
documents dont il est fait mention dans certains articles du projet de loi soit
obligatoirement expédiée non seulement aux destinataires
indiqués dans ces articles, mais également aux entreprises
exploitant des réseaux d'utilité publique dans le comté ou
la municipalité, selon le cas. Il s'agit ici d'avis, de décrets,
d'ordonnances, de propositions d'aménagement, et ainsi de suite. La
liste des articles pertinents est contenu à l'annexe 1.
Dans la même optique, nous recommandons également la mise
en place d'un mécanisme de consultation approprié entre les
planificateurs municipaux et les entreprises d'utilité publique. Ce
mécanisme pourrait prendre la forme indiquée aux annexes 2 et 3
du présent mémoire. (17 h 15)
Le deuxième volet de notre mémoire traite de la
localisation et de l'obtention des servitudes d'utilité publique.
L'article 112 portant sur le règlement de lotissement permet aux
municipalités, et je cite, "d'exiger comme condition préalable
à l'approbation d'un plan de subdivision que le plan indique
l'emplacement des servitudes existantes ou requises pour le passage des
installations de transport d'énergie et de transmission des
communications à l'usage des lots apparaissant sur le plan".
Il nous paraît que ce texte implique la tenue de consultations
avec les organismes ou entreprises d'utilité publique, mais cela n'est
pas indiqué clairement. Nous prétendons donc que la
nécessité de telles consultations devrait être clairement
explicitée dans le texte et nous recommandons par conséquent un
amendement en ce sens, et je vous réfère ici à l'annexe
4.
D'autre part, tel que rédigé ce même paragraphe i)
de l'article 112 nous paraît indûment restrictif quant à
l'étendue des servitudes qui y sont indiquées. Celles-ci, en
effet, y sont restreintes aux seules installations de transport
d'énergie et de communications et je cite, "à l'usage des lots
apparaissant sur le plan". De fait, la structure érigée par les
entreprises de télécommunication, pour ne mentionner que
celles-là, supportent non seulement les fils et accessoires desservant
les lots où ils sont érigés, mais sont également
susceptibles de supporter les câbles et accessoires desservant des lots
situés beaucoup plus loin. Les servitudes requises doivent donc
permettre de telles installations et c'est pourquoi nous recommandons que la
restriction soulignée ci-dessus soit enlevée.
Cette recommandation et également reflétée a
l'annexe 4. Nous profitons de l'occasion pour souligner que, s'il mentionne
certaines servitudes d'utilité publique, l'article 112, paragraphe i),
reste néanmoins muet quant à leur mode d'acquisition.
Or, les servitudes de passage qu'obtiennent diverses entreprises
d'utilité publique, y inclus Bell-Canada et Télébec
Ltée, sont encore aujourd'hui négociées de façon
conventionnelle et requièrent donc la préparation d'un acte de
servitude, sa signature ainsi que toutes les formalités de
l'enregistrement.
Nous alléguons que ce processus de plus en plus coûteux
à administrer est entièrement désuet et constitue un
anachronisme à notre époque, alors que seulement une infime
partie des propriétés ne requiert pas les services de
l'électricité et du téléphone, pour ne mentionner
que ceux-là.
Le caractère d'utilité publique de ces servitudes me
paraît donc évident et nous croyons que l'occasion serait bien
choisie pour prévoir que les servitudes dont parle l'article 112,
paragraphe i), soient des servitudes établies par la loi et ayant pour
objet l'utilité publique, le tout au sens des articles 506 et 507 du
Code civil.
En conséquence de tout ce qui précède sur ce
deuxième volet de notre mémoire, nous recommandons que l'article
112, paragraphe i), soit mofidié tel qu'indiqué à l'annexe
no 4.
En dernier lieu, notre mémoire traite du contrôle
intérimaire. Sous leurs formes actuelles, les articles 56, 114 et 138
semblent viser les services d'utilité publique au même titre que
toute autre construction.
Or, il s'agit souvent de construction d'un type très particulier,
ainsi les tours à micro-ondes, les lignes de distribution locale, les
lignes interurbaines, et ainsi de suite. De plus, ces articles du projet de loi
ne tiennent aucun compte des conséquences que peut entraîner pour
la communauté un retard à ériger ces constructions.
Or, la période de gel prescrite peut s'étendre sur une
longue période, excédant même dix-huit mois en certains
cas. D'autre part, au sujet de l'article 56, il est vrai que les articles 57 et
58 prévoient des mécanismes susceptibles d'en tempérer la
rigueur.
Nous croyons, cependant, que ces mécanismes sont insuffisants et
de nature à entraîner des délais et des coûts
appréciables à nos entreprises de services publics. Pour toutes
ces raisons il nous paraît donc que les services d'utilité
publique devraient être soustraits à l'application de ces mesures
de contrôle et nous recommandons que les articles 56, 114 et 138 soient
modifiés en conséquence. Nous vous référons
à ce sujet aux annexes 5, 6, et 7.
Ceci complète la présentation du mémoire de Bell
Canada et de Télébec Ltée. Mais en terminant,
je voudrais cependant ajouter que ce mémoire,
présenté par nos deux entreprises, a également
été examiné par l'Association des compagnies de
téléphone du Québec, une association regroupant 24 des
principales compagnies de téléphone du Québec, autres que
Bell Canada.
Or, nous sommes informés, nous venons d'être
informés que le mémoire a été approuvé sans
réserve par cet organisme. Je pensais que ce fait était à
être signalé. Il nous fera maintenant plaisir de répondre
aux questions que vous pourriez avoir.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, c'est le deuxième
groupe à défiler devant nous en ce qui regarde les entreprises
d'utilité publique. Mais je crois que, dans un premier temps, je vais me
permettre certains commentaires et j'aurai 3 ou 4 questions.
Bell Canada nous souligne à juste titre l'importance des
compagnies d'utilité publique dans l'aménagement, dans le
développement et à l'inverse, d'autre part, il faut bien dire
qu'un bon aménagement du territoire est aussi nécessaire à
une saine gestion des entreprises d'utilité publique. Autrement dit, un
ne va pas sans l'autre.
Il m'apparaît, en tout cas, que la loi 125 reconnaît assez
explicitement cette importance, en faisant de l'identification, de la
localisation et de la séquence de mise en place des réseaux
d'utilité publique un élément constitutif du schéma
d'aménagement, si on réfère à l'article 6d, en
particulier, en ce qui regarde le schéma d'aménagement et du plan
d'urbanisme à l'article 81e, pour montrer que la loi 125 y touche
expressément.
Cela implique évidemment, comme vous le disiez, une certaine
forme de collaboration et j'ajouterais que cela implique une forme de
collaboration soutenue de tous les niveaux entre les responsables de
l'aménagement du territoire et les entreprises d'utilité
publique. Sinon, je ne vois pas comment on pourrait procéder pour un
aménagement cohérent.
Je reconnais, par exemple, et je l'admets, que vos recommandations sont
assez précises en ce sens. Vous y allez avec une précision, je
dirais même avec une aptitude à la législation sans doute
due à votre formation de droit.
Vous craignez des effets du contrôle intérimaire. Cela nous
apparaît pourtant une mesure qui vise à faciliter
l'élaboration du schéma d'aménagement en évitant
que se prennent à contretemps des décisions d'aménagement
qui ne cadreraient pas avec les objectifs du schéma, comme tel.
Selon les recherches effectuées, c'est une mesure assez
coutumière. Un peu partout où on a fait de l'aménagement
du territoire à travers le monde, on procède toujours par un
contrôle intérimaire du territoire pour permettre ensuite
l'élaboration. J'aurai une question là-dessus tantôt. Je
disais que c'est une mesure coutumière qu'on retrouve un peu partout.
Encore faut-il qu'il existe certaines modalités qui, par exemple, comme
l'adoption par le conseil de comté du règlement de contrôle
intérimaire, en restreignent, cependant, le caractère absolu.
Je crois que là-dessus, encore une fois, la loi 125 donne une
certaine latitude d'action et ne fixe pas dans le ciment des règles
auxquelles on ne pourrait apporter une certaine flexibilité en temps et
lieu.
La première question que je voudrais vous poser est la suivante:
Vous soulignez l'importance d'une information mutuelle entre les responsables
de l'aménagement et les entreprises d'utilité publique. Quoique
votre mémoire est beaucoup plus axé je me permets de vous
le dire en passant sur les besoins d'information pour la compagnie
d'utilité publique. Mais vous soulignez quand même l'importance
d'avoir une information mutuelle. Vous proposez à cette fin un certain
nombre d'amendements qui visent à renseigner les entreprises
d'utilité publique à chaque étape de planification
prévue à vos projets de loi.
Pouvez-vous nous exposer comment vous-même vous y prenez pour
informer les organismes publics responsables de l'aménagement du
territoire en ce qui regarde votre propre planification et comment vous
entendez agir avec les conseils de comté? Vous avez sans doute
évalué cela?
M. Paquin: II y a plusieurs volets dans votre question. Vous
indiquez en premier lieu que cette coopération dont on parle serait plus
tournée de la municipalité vers nous, plutôt que le
contraire.
En effet, à la lecture du mémoire, c'est peut-être
l'impression que cela fournit car beaucoup plus d'articles y sont
énumérés dans lesquels nous allons recevoir des choses.
Une fois cette constatation faite, je crois en toute sincérité
que le jeu se fait vraiment des deux côtés.
Si on regarde à l'annexe 1 toute cette série d'articles,
on va constater une chose. On va constater que des compagnies d'utilité
publique sont, à toutes fins utiles lorsqu'il s'agit d'envoyer
des avis, des communications de toutes sortes considérées
comme un membre ordinaire du public, comme M. X tandis que ces entreprises ont,
au contraire, une implication beaucoup plus grande, beaucoup plus
immédiate dans ce qui va se faire dans le territoire.
Par conséquent, non seulement cela, mais il y a un tas de choses
qu'on pourrait trouver en fouillant la Gazette officielle continuellement pour
trouver ce qui peut se passer dans toutes les municipalités
concernées. On peut faire ce travail. Evidemment, il y a risque qu'on en
manque, qu'il y en ait qui nous échappent. Il y a des questions de
délai. Il y a donc une efficacité qui serait certainement
diminuée si nous devions procéder de cette façon. Il y a
d'autres documents mentionnés dans cette fin d'article de l'annexe 1 qui
ne sont pas publiés dans la Gazette officielle non plus. Je pense aux
articles 15, 20, 26, 31, 49, 87, 95. Il y en a sans doute d'autres. Ils ne sont
pas publiés. Il s'agit, par exemple, de la proposition
préliminaire d'aménagement; on n'a pas publié cela.
Du point de vue efficacité, si on veut coopérer, on peut
le faire d'une façon efficace et on croit que cette fin d'article est
vraiment axée sur l'efficacité.
Pour terminer sur cet aspect de la question, vous remarquerez
qu'à nos annexes 2 et 3 nous suggérons que les autorités
municipales, celles chargées d'élaborer le schéma et
celles chargées d'élaborer le plan directeur au niveau local,
nous suggérons que ces gens soient tenus de convoquer à une
même assemblée toutes les utilités.
Evidemment, c'est un texte qui est court, mais c'est un texte qui est
par contre lourd de conséquences. On dit même que ces
assemblées peuvent être ajournées autant de fois que
nécessaire, que le processus va se répéter au moment d'une
modification du projet. Alors, pendant ces réunions auxquelles assistent
les autorités municipales et toutes les utilités
concernées, il y a une montagne d'information qui peut être
transmise, de part et d'autre, et dans ce sens, je crois que les gens des
municipalités tireraient eux aussi profit de certains renseignements que
nous pourrions leur fournir.
Je demanderais à M. Bélanger de poursuivre sur cet
aspect.
M. Bélanger: On a fait le commentaire: Est-ce qu'il y a de
la planification qui se fait? De quelle façon est-ce que c'est fait
actuellement et de quelle façon prévoyez-vous que cela pourra se
faire à l'intérieur des conseils de comté?
La planification se fait, évidemment. C'est plus ou moins
élaboré selon les secteurs, et les informations qu'on peut
obtenir de ces secteurs. Ce n'est pas fait nécessairement de
façon formelle mais de façon différente d'un groupe
à l'autre. C'est fait avec les organismes publics: voirie, travaux
publics, avec les autres compagnies et les autres utilités publiques,
l'Hydro-Québec, etc., gaz naturel. C'est fait avec les
municipalités aussi. (17 h 30)
II y a des comités de planification dans certaines
municipalités. Je pense surtout à des secteurs très
urbanisés autour de Montréal, Laval, Québec, où il
y a des réunions structurées périodiques
normalement, c'est tous les deux mois où on échange de
l'information. Toutes les parties échangent, pas seulement les
télécommunications, les transporteurs de pouvoir, etc., pour
essayer de déterminer ou de savoir de quelle façon le territoire
va être développé.
Chez nous, ce qui nous importe beaucoup, c'est d'avoir une bonne
utilisation de notre réseau. C'est un réseau qui est dispendieux,
le réseau de télécommunication, et sa bonne utilisation
permet d'offrir à nos clients, ceux qui demandent le service, le service
à des taux réduits. Un développement qui se fait de
façon éparpillée, morcelée, mal planifiée
nous amène à établir un réseau qui va durer
peut-être deux, trois fois le temps économique. Ce qu'on aimerait
avoir et il semble que le projet de loi 125 soit une très bonne
approche pour aider aux communications que nous demandons c'est obtenir
l'information de sorte qu'on installe un réseau qui va être
utilisé de façon très économique et le client va en
bénéficier. A travers les conseils de comté, ce qu'on
demande, c'est d'avoir ce genre de réunion planifiée qui va
permettre d'échanger l'information sachant que le conseil de
comté va avoir les outils pour faire son développement tel que la
formule le requiert.
M. Chevrette: Vous me pardonnerez mon ignorance, mais j'avais
l'impression et je l'ai toujours jusqu'à preuve du contraire,
à moins que vous me disiez le contraire qu'une compagnie
d'utilité publique et j'y crois encore profondément
qu'une compagnie comme Bell Canada avait beaucoup plus d'expertise et
d'expérience au niveau de la planification et de l'aménagement
que peuvent en avoir les municipalités. Je regarde un comté comme
le mien, je ne sais pas si j'ai trois ou quatre municipalités qui ont
des plans vraiment établis de zonage. Cela s'est développé
d'une façon tout à fait incohérente, comme vous le disiez
dans une partie de votre réponse tantôt; treize projets
domiciliaires dans une petite municipalité de 1200 âmes, cela va
tout croche, tout de travers. Mais vous autres, pour avoir communiqué
à quelques reprises, pour connaître vos desseins concernant le
réaménagement des réseaux téléphoniques dans
certaines municipalités... Pour vous en nommer une partie, cela va
peut-être vous faire sourire, mais le nord du comté de Montcalm,
cela doit vous dire quelque chose... J'ai la forte impression que vous savez
où vous allez et que vous seriez d'une plus grande utilité au
conseil de comté que lui pourrait l'être pour vous.
M. Bélanger: Nous savons où nous allons où
c'est développé. Où ce n'est pas
développé...
M. Chevrette: Je me suis essayé.
M. Bélanger: ... c'est vraiment le conseil de comté
qui peut déterminer où la construction va se faire. Nous avons,
pour citer un exemple, des entrepreneurs qui nous indiquent qu'ils vont
construire 500 habitations à un endroit donné. Nous
établissons le réseau pour les 500 habitations qui vont
être construites dans une période de trois ou cinq ans. Le
constructeur en construit 20, il s'aperçoit que cela ne se vend pas
beaucoup. Il cesse de construire et va 50 milles plus loin. Notre réseau
est en place. C'est ce que je veux dire par une bonne utilisation du
réseau. C'est vrai que l'information étant là on peut
planifier assez bien, mais, s'il n'y a pas d'information, on va au pif, on va
à la va-comme-je-te-pousse.
M. Chevrette: Vous avez remarqué qu'à l'article 11
l'Hydro-Québec a une certaine obligation de transmettre des
renseignements aux conseils de comté. En ce qui vous concerne, il n'y a
pas d'article spécifique. On cherche la collaboration mutuelle pour un
meilleur aménagement, mais est-ce que vous avez imaginé une
façon de procéder, vous-mêmes, à part les
réunions de collaboration
dont vous me parlez? Est-ce que vous avez imaginé un processus
qui pourrait faciliter les échanges?
M. Bélanger: Quand les plans d'implantation, la conception
des plans d'implantation... Actuellement, nous demandons des permis de passage
le long des voies. C'est un moyen d'échange formel. On l'a fait
continuellement. L'Hydro-Québec le fait aussi.
M. Chevrette: Vous vous adaptez beaucoup aux tracés de
l'Hydro-Québec, dans les milieux ruraux en particulier.
M. Bélanger: Voyez-vous, nous travaillons conjointement
surtout. Il n'y a pas de doute qu'on ne veut pas mettre deux structures pour
desservir le même client et on essaie de part et d'autre, des fois c'est
Bell Canada, des fois c'est Hydro-Québec, d'établir notre
réseau, nos structures, au même endroit autant que possible. Des
fois l'alimentation ne se trouve pas dans la même direction, la
sous-station peut être complètement à l'opposé de la
ville et notre centre de communication à l'autre
extrémité; alors là il est possible qu'on ait une certaine
difficulté. Mais, en principe, nous ne voulons pas avoir deux structures
établies pour desservir le même client. Il arrive que
l'abonné ait besoin des services en même temps. Cela arrive
souvent. Alors, on se comprend assez bien là-dessus.
M. Chevrette: Dans le processus de consultation comme tel,
l'intervention d'une tierce partie, comme la régie des services publics,
même si Bell Canada n'y est pas assujettie, comment voyez-vous cela?
Comment verriez-vous cela?
M. Paquin: C'est une question vraiment sur laquelle on n'a pas
réfléchi dans la préparation de ce mémoire. C'est
une question sur laquelle on peut réfléchir et vous faire
connaître nos vues ultérieurement, mais c'est tout ce que je peux
vous répondre là-dessus.
M. Chevrette: Je vous invite, en tout cas pour la première
partie, à le faire.
M. Paquin: D'accord.
M. Chevrette: Le projet de loi sera sans doute
réétudié à la suite des mémoires. Si vous
pouviez nous envoyer cela, ce serait intéressant.
M. Paquin: Pour continuer sur les éléments de
réponses qui ont été donnés jusqu'à
maintenant, je ne sais pas si j'ai bien saisi votre question à un moment
donné. Je me demande si vous voulez savoir ce qu'on entrevoit comme
mécanisme de consultation, si on oublie votre invitation quant au
rôle de la régie. Si j'ai bien compris votre question, vous nous
demandez si on avait pensé à un mécanisme précis au
moyen duquel on aiderait ou on transmettrait des renseignements.
Je pense que la réponse est non, on n'a pas pensé à
un mécanisme précis à l'heure actuelle. Ce
mécanisme peut sans doute se développer à l'usage et
être bien variable d'un endroit à un autre, d'une région
à une autre, suivant le développement qui peut survenir dans une
région. Il est entendu que mettre partout le même mécanisme
serait du gaspillage et il y aurait lieu d'être flexible dans la
façon de le faire. Il y aurait aussi sans doute une partie d'essais et
erreurs dans cela.
Je pense à un exemple, à une chose que nous pouvons
fournir comme renseignement. Je pense à une municipalité, par
exemple, qui voudrait faire le développement d'un parc industriel. Cette
municipalité pourrait être intéressée à
savoir que telle partie de son territoire est desservie par une centrale qui
dispose d'équipement ultra-avancé, tandis qu'une autre partie de
son territoire n'est pas encore rendue à ce niveau-là. C'est
peut-être un type de donnée qui ne paraît pas en regardant
le territoire, mais qui peut l'intéresser grandement. Les poteaux, c'est
visible à l'oeil, mais il y a des renseignements comme cela que nous
serions en mesure de fournir et qui pourraient être très utiles.
Alors, ce processus de rencontres, je pense que c'est difficile de
déterminer de façon rigide comment cela devrait se faire. On
verra.
M. Chevrette: Vous avez des sous-postes ou des sous-centres un
peu partout et je pense qu'il serait assez facile à vos sous-bureaux
d'obtenir le dépôt du plan provisoire et de faire en sorte que
vous puissiez au besoin corriger les anomalies qui sautent aux yeux, celles qui
sont flagrantes. Cela peut vous permettre aussi de convoquer le type de
réunion dont vous parliez au début et qu'il y ait des
échanges. Si ce n'est pas au niveau des municipalités, même
si vous dites au niveau des municipalités, pour certaines
municipalités cela va s'imposer, mais au niveau du conseil de
comté, vu que la cohérence du développement se fait d'une
municipalité à l'autre, cela peut sûrement être une
approche assez valable par l'intermédiaire de vos sous-bureaux. Je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est un mémoire qui
est explicite et qui présente avec beaucoup de précision le point
de vue de la compagnie des compagnies, parce qu'il y en a deux
sur ce projet de loi.
Je suis frappé par les modifications que vous proposez aux
articles 56, 114 et 138. Je note que vous voulez que vos interventions soient
assimilées en ce qui concerne les articles 56 et 114, aux
activités agricoles sur des terres en culture, sur certaines
constructions qui seraient interdites ailleurs que sur des terres en culture
où les activités agricoles les exigeraient.
II me semble qu'il y a quand même une différence assez
marquée entre la poursuite d'activités agricoles sur des terres
déjà en culture de toute façon et le genre d'intervention
dont une
compagnie de téléphone devrait ou voudrait se rendre
responsable à un moment donné. Vous avez sûrement suivi de
près et avec grand intérêt les conflits qui ont eu lieu
entre l'Hydro-Québec et des citoyens et organismes dans divers coins de
la province au sujet des projets de tracés. Il me semble donc que,
même si pour des raisons que j'ignore vous avez semblé
échapper à beaucoup de ces difficultés, le problème
se pose de la même façon, sur le plan théorique.
Vous avez dit aussi, avec raison, que tout délai peut être
coûteux, tout délai risque véritablement d'être
coûteux à la compagnie, donc aux abonnés. Mais il est
également vrai que si nous n'exigions pas de l'Hydro-Québec, par
exemple, le dépôt d'études d'impact sur l'environnement et
si nous n'exigions pas de l'Hydro-Québec les délais requis pour
la poursuite des études, la rédaction des rapports et
l'approbation, l'acceptation des cas rapports, nous épargnerions
à cette institution, à l'Hydro, des sommes importantes. Je
reconnais tout cela.
Il va pourtant sans dire que nous nous sommes sentis obligés,
d'un côté comme de l'autre de cette table ou de cette
Assemblée nationale, d'imposer ce genre d'exigence. C'est pour cette
raison que j'hésite devant vos recommandations, quant à ces trois
articles, et j'aimerais que vous tentiez de me convaincre...
M. Paquin: On veut tenter. Evidemment, votre première
remarque à l'effet que nous tentons d'assimiler les réseaux de
télécommunication aux activités agricoles...
M. Goldbloom: Dans les mots seulement.
M. Paquin: Oui, c'est cela. On reconnaît évidemment
que nos services peuvent être bénéfiques à
l'agriculture, mais la similitude peut s'arrêter là. Pour ce qui
est de la comparaison que vous établissez entre les activités de
l'Hydro-Québec et les nôtres évidemment ce serait
intéressant qu'il y ait ici des gens de l'Hydro-Québec pour
commenter également j'offrirais le commentaire suivant: il y a
une différence fondamentale entre l'Hydro-Québec et les
sociétés de télécommunication, quant à la
nature des réseaux implantés. Par exemple, les réseaux de
transport de l'Hydro-Québec, ce qui nous vient de la Manicoua-gan et de
la baie James, etc., cela vient sur des emprises très larges où
il y a un déboisement important. On y construit là des tours
impressionnantes qui transportent également du courant à un
voltage très élevé. Il s'agit là d'un type de
construction qui ne ressemble en rien au type de construction que nous faisons.
(17 h 45)
Même une ligne interurbaine de téléphone ou de
télécommunication, cela reste un câble d'une grosseur
variable qui peut être enfoui même. Il y en a plein qui traversent
des territoires agricoles justement, sous le sol. On ne peut pas pousser trop
loin une comparaison entre les structures de l'Hydro-Québec
nécessaires pour l'électricité et les structures requises
pour les télécommunications. Il peut y avoir une ressemblance
lorsqu'il s'agit de construire des édifices, des bureaux, des postes de
transformation, là il y a une construction d'importance localisée
à un endroit, mais pour ce qui s'appelle les lignes, vraiment, je crois
qu'il y a une différence considérable.
M. Goldbloom: Un dernier commentaire, M. le Président: je
lis l'article...
M. Paquin: Me permettriez-vous de compléter avec quelques
mots?
M. Goldbloom: Certainement.
M. Paquin: Je fais aussi la réflexion suivante. Il est
possible que les rédacteurs du projet de loi ou les concepteurs du
projet de loi aient voulu aller jusqu'à un point et il se peut que leurs
paroles ou leurs écrits aient dépassé leur pensée.
Cela se peut aussi. En lisant ce texte, et je n'essaie pas ici d'être
brillant et de patiner et de faire des choses semblables, mais simplement de
dire que tel que je lis ce texte, il me semble c'est mon opinion
que cela inclut l'interdiction de planter des poteaux de
téléphone pour desservir une résidence. Je suis sûr
que ce n'est pas cela que les rédacteurs ont pensé et ont voulu,
mais lorsqu'on lit, à l'article 56, qu'est interdite quelque nouvelle
utilisation du sol, pour nous, la construction d'un poteau, c'est un immeuble,
c'est une construction, c'est une nouvelle utilisation du sol qui pour nous est
interdite. Je douterais que les concepteurs du projet aient voulu cela, mais
c'est comme cela que c'est écrit et on peut faire oeuvre utile en le
soulevant.
Egalement, à ce même article 56b... Excusez-moi, je
référais plutôt à l'article 57. L'article 57 vient
tempérer l'article 56 et cet article 57 prévoit que des permis
peuvent être délivrés si certaines conditions existent et
trois conditions sont notées. Une des conditions c'est que le terrain
c'est la condition 57a sur lequel doit être
érigée la construction projetée, y compris ses
dépendances, forme un ou plusieurs lots distincts sur le plan. Pour
nous, cette disposition peut vouloir dire que, pour placer un poteau sur un
terrain, il faudrait faire lotir pour donner un numéro de lot à
ce bout de terrain de un pied par un pied sur lequel serait placé le
poteau. Cela me paraît probablement dépasser ce qui était
envisagé. C'est dans ce sens que notre recommandation de soustraire les
compagnies d'utilité publique de l'application de ces articles est
vaste. Evidemment, elle est peut-être plus vaste que nécessaire,
peut-être qu'il y aurait lieu de trouver un aménagement. Je sais
que dans le cas des sols agricoles une question semblable s'est posée.
Je sais que des efforts ont été faits. Me Leroux qui est assis
à notre table a participé sérieusement à ces
efforts. Je sais qu'il y a quelque chose qui est en marche. Peut-être que
c'est une autre voie qui pourrait être empruntée.
M. Goldbloonr M. le Président, il ne nous reste que très
peu de temps; je poserai une dernière question. Je lis l'article 114.
J'y vois qu'une municipalité pourrait, par règlement de son
conseil, prévoir qu'aucun permis de construction ne sera accordé
dans tout ou partie de son territoire, à moins que... et le reste.
Je vous demande simplement ceci: Vous n'avez pas confiance que vous
pourrez, advenant une divergence de vue, convaincre le conseil municipal de ne
pas empêcher la réalisation de ce qui serait demandé par
les éventuels usagers qui, eux, exerceraient de leur côté
également, des pressions sur le conseil municipal?
M. Bélanger: II peut arriver qu'on ait à desservir
un client qui n'est pas dans ce comté par exemple et la
préoccupation ne serait pas à la bonne place. Le client pourrait
faire une plainte à son conseil de comté et il va se faire dire:
c'est l'autre qui le dessert.
Il n'y a rien qui garantit là-dedans qu'on va répondre
exactement à ce qu'on vient de mentionner. C'est pour cela.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse, très rapidement.
M. Goulet: M. le Président, vous parlez, vous souhaitez
une bonne entente, un service mutuel, des consultations entre les parties, si
on peut employer le terme de "gentleman's agreement". Mais vous aimeriez
et vous le soulignez très clairement à l'annexe 2 ou 3 que
le projet de loi oblige les municipalités à vous informer,
à vous consulter d'abord, avant de faire quoi que ce soit en
aménagement. Est-ce que j'ai raison? Vous aimeriez que la loi oblige les
municipalités...
M. Paquin: Oui, c'est certainement...
M. Goulet: ... à vous consulter et à vous informer.
Non? Monsieur fait signe.
M. Paquin: C'est certainement un des objectifs importants de
notre mémoire.
M. Goulet: Mais j'appuie sur le mot oblige... M. Paquin:
Oui, oblige.
M. Desrosiers: Mais on a apporté juste une
précision. On a parlé tantôt d'unidirectionnel dans le
texte de l'annexe 2 et 3, on dit bien... je lis un passage à l'annexe 2:
"exploitant les utilités publiques dans le comté aux fins de leur
fournir des informations et de solliciter la représentation de ceux-ci
quant à toute question relative au sujet visé, aux articles 5 et
6." Donc, c'est un échange entre les utilités publiques et
l'organisme, soit le conseil de comté dans le cas du schéma, soit
la municipalité dans le cas du plan d'urbanisme. Nous n'avons pas
élaboré, comme le disait Me Paquin tantôt, sur les
modalités de types d'échanges qui seraient faits officiels, parce
que nous sommes en train d'y réfléchir selon ce qui sera
adopté dans le projet de loi. Mais nous serons prêts à
échanger avec eux, on le fait, d'ailleurs, avec beaucoup d'organismes
actuellement, avec Montréal où on a des échanges
continuels de documents et d'information.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais d'abord relever ce que vous pensez
qui a dépassé notre pensée dans le texte, en ce qui
concerne le contrôle intérimaire. Vous réduisez l'emprise
d'un poteau à pas grand-chose: un pied par un pied, alors qu'en fait,
c'est beaucoup plus grand que cela. Je vais vous citer l'exemple qu'on retrouve
couramment en territoire agricole lorsque vous plantez des poteaux en plein
milieu des champs et je peux vous dire que cela cause des problèmes pour
longtemps. J'en ai sur ma ferme de cela. Alors, on ne viendra pas me faire...
Alors, là-dessus, ce serait peut-être bon qu'on regarde cela avant
de changer la loi. Cela n'a pas dépassé notre pensée
jusqu'ici.
J'aurais une question à vous poser. Vous demandez que les
servitudes apparaissant sur un plan de subdivision ne soient pas restreintes
aux seuls lots inclus dans le plan, mais tiennent compte aussi des futurs
développements. Vous demandez également que ces servitudes aient
un caractère légal. J'aimerais savoir quels sont les avantages
pour vous et pour les utilisateurs, à votre point de vue?
M. Paquin: La formule qui est proposée nous
amènerait à devoir prendre des servitudes selon les vieilles
méthodes. On le dit succintement dans la présentation du
mémoire; c'est une méthode qui coûte cher, on a fait une
espèce de calcul pour illustrer notre pensée; on a pris un cas
type. Je devrais laisser M. Bélanger élaborer
là-dessus.
M. Bélanger: Pour obtenir une servitude de façon
automatique, sans que ce soient des servitudes partout autour des lots, ce
serait le dixième du coût qu'on a à payer
présentement, pour obtenir une servitude par voie légale, avec la
paperasse et les délais que cela implique. C'est simplement pour cela.
C'est dans un but d'efficacité.
M. Léonard: D'accord, mais si vous faites cela, est-ce que
cela n'aurait pas comme conséquence de figer le développement
hypothétique du terrain? Parce que vous allez avoir vos servitudes d'une
certaine façon. Mais cela va quadriller les terrains...
M. Bélanger: On nous demande de les avoir. Alors, on va
les avoir.
M. Léonard: Vous demandez pour des futurs
développements. Ce n'est pas rendu là. Les plans de
municipalités ne sont pas rendus là. Il n'y a pas de
subdivisions. C'est cela?
M. Paquin: C'est peut-être nous qui avons
dépassé notre pensée à ce moment-là.
M. Léonard: Ah bon!
M. Paquin: Si c'est ce que vous percevez comme message, non. La
seule chose à laquelle on a pensé pour bien répondre
à votre question, il ne s'agit pas de prendre un terrain et de
l'hypothéquer de tout un lot de câbles et d'équipements
pour desservir toutes les régions à venir, mais cela
réfère plutôt à une situation beaucoup plus simple.
Prenons un terrain domiciliaire régulier de 60 pieds par 90 pieds et
supposons que la ligne de télécommunication serait posée
le long de la ligne de lot, en arrière. Le texte tel que proposé
voudrait que la servitude soit telle que les équipements placés
là puissent desservir ce lot-là et, on va plus loin, on dit: Les
lots indiqués sur le plan. Mais un câble de communication, un plan
de subdivision, cela peut couvrir dix lots, cela peut en couvrir 50, cela peut
en couvrir 200. Le câble de télécommunication passe
là-dedans, mais il vient de quelque part et il continue plus loin.
Il se peut qu'avec les années, par exemple, il se produise un
développement quelques milles plus loin. Il se peut que le câble
déjà en place sur ce terrain ne soit pas suffisant pour desservir
les nouvelles propriétés. Tel que rédigé, nous
croyons qu'il nous aurait été impossible d'ajouter un nouveau
câble sur ce poteau existant pour aller desservir les terrains
situés plus loin. Le but de notre modification est uniquement de
permettre l'ajout de ce câble.
Si on regarde dans son ensemble la modification que nous
suggérons également, c'est que ceci se ferait avec le
propriétaire du terrain et les compagnies d'utilité qui,
ensemble, détermineraient où se situerait l'emprise, par exemple
cinq pieds en arrière du terrain comme c'est souvent le cas et on
dirait: C'est là que vont passer les structures. Cela se ferait comme
cela. Il y aurait cette partie-là du terrain seulement qui serait
touchée. Au lieu de le faire avec la vieille méthode, on le
ferait avec une méthode qui réduirait les coûts dans une
proportion de dix à un.
M. Léonard: Une toute dernière question, puisqu'on
doit aller voter. Est-ce que vous faites une différence pour les
servitudes légales entre territoire urbain et territoire rural? Vous
demandez les servitudes légales, je pense, partout.
M. Paquin: C'est-à-dire que cet article 112i permet aux
municipalités permet seulement aux municipalités
d'avoir cette exigence. Il peut y avoir des municipalités qui
n'adopteront pas de résolution, de règlement. Je ne me souviens
pas, à cet effet-là, alors il n'y aura rien d'applicable dans ces
municipalités. Pour celles qui l'appliqueront, le projet de loi tel que
prévu, que ce soit à la campagne ou à la ville, dit que le
plan de subdivision devra prévoir l'emprise des servitudes. Alors, que
ce soit à la ville ou à la campagne, cela va s'appliquer.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie. Monsieur, on
s'excuse, parce que nous devons aller voter.
Avant d'ajourner nos travaux à demain 10 heures, je voudrais
donner les numéros des mémoires pour demain. Ce sont les
numéros 3, 38, 8,10, 34, 36 et 16. Demain, il y aura sept
mémoires à entendre.
La commission des affaires municipales ajourne ses travaux à
demain 10 heures.
Fin de la séance à 18 heures