Débats de la Commission permanente des affaires municipales,
Le 4 septembre 1979
Â
Les travaux parlementaires
31e
législature, 4e session
(du 6 mars 1979 au
18 juin 1980)
Journal des débats
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Commission permanente des affaires municipales
Le 14 août 1979  No 157
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Projet de loi no 125 Â Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme (8)
Etude après la deuxième lecture
Projet de loi no 125 Etude après la
deuxième lecture
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(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
La commission des affaires municipales se réunit pour
l'étude du projet de loi no 125, Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, présenté par M, Jacques Léonard, ministre
d'Etat à l'aménagement. L'ordre de la Chambre est
d'étudier ce projet de loi article par article.
Les membres de cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean),
remplacé par... Est-ce qu'il y a des remplaçants?
M. Gendron: Un instant, M. le Président. M. Brassard est
absent pour le moment, mais il demeure membre de la commission.
Le Président (M. Laplante): II demeure membre. M. Caron
(Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe)...
M. Goulet: Remplacé par Goulet (Bellechasse).
Le Président (M. Laplante): M. Goulet (Bellechasse)
remplace M. Cordeau. M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gratton
(Gatineau)...
M. Giasson: Remplacé par M. Verreault.
Le Président (M. Laplante): Verreault (Orford).
M. Goldbloom: On est dans les membres ou les intervenants?
Le Président (M. Laplante): On est dans les membres. M.
Guay (Taschereau).
M. Gendron: Remplacé par M. Alfred (Papineau).
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, mais je pense
que vous devriez remplacer le nom de M. Gratton, plutôt par le mien.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Goldbloom: M. Verreault, s'il n'a pas d'objection, sera
intervenant.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là , M.
Verreault sera intervenant et M. Gratton (Gatineau) sera remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Mercier (Berthier)...
M. Gendron: Remplacé par M. François Gendron
(Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Laplante): M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Présent, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Shaw (Pointe-Claire); M.
Tardif (Crémazie) remplacé par M. Léonard
(Laurentides-Labelle).
Les intervenants sont: M. Charbonneau (Verchères), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska)...
M. Goulet: Remplacé par M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), s'il
vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par...
M. Goldbloom: Remplacé par M. Giasson.
Le Président (M. Laplante): ... M. Giasson
(Montmagny-L'Islet); M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Léonard
(Laurentides-Labelle)  Excusez, il y est déjà Â
remplace M. Tardif (Crémazie), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Vaugeois (Trois-Rivières)...
M. Goldbloom: M. le Président... Le Président
(M. Laplante): Oui?
M. Gendron: Comme intervenant, Ã la place de M.
Charbonneau, vous allez mettre M. Jérôme Proulx.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Proulx (Saint-Jean).
M. Goldbloom: Le sphynx va parler?
Le Président (M. Laplante): Oui. Y aurait-il d'autres
changements?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Gendron: A la place du député de Sainte-Anne,
vous allez mettre M. Alfred (Papineau) comme intervenant, et vous allez laisser
M. Guay (Taschereau) comme membre à la commission.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau) sera
membre et M. Alfred (Papineau) remplacera, comme intervenant...
Une Voix: II est déjà intervenant.
Le Président (M. Laplante): Oui. Il est déjÃ
intervenant.
M. Gendron: M. Alfred (Papineau) sera intervenant. Une
dernière remarque, M. le Président. M. Jean-François
Bertrand comme intervenant à la place du député de
Sainte-Anne, M. Lacoste.
Le Président (M. Laplante): Bon! M. Lacoste (Sainte-Anne)
remplacé par M. Bertrand (Vanier). M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: Enfin, M. le Président, M. Scowen, de
Notre-Dame-de-Grâce sera remplacé par M. Verreault, de
Shefford.
Le Président (M. Laplante): Comme intervenant.
M. Goldbloom: S'il vous plaît.
Le Président (M. Laplante): Shefford. D'accord.
Maintenant, je prierais de proposer un rapporteur, s'il vous plaît. Vous
avez un rapporteur?
M. Goldbloom: M. Alfred (Papineau), M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Alfred (Papineau), vous
acceptez?
M. Alfred: Non. Je suis déjà intervenant. Une
Voix: II n'a pas suivi.
M. Goldbloom: II ne fera pas un bon rapporteur.
Le Président (M. Laplante): M. Gendron (Abitibi-Ouest),
rapporteur. Adopté?
Une Voix: Oui, oui. Adopté.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Avant d'appeler
l'article no 1, on me dit que M. le ministre et les membres de l'honorable
Opposition auraient des remarques préliminaires. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: Je suis heureux d'ouvrir aujourd'hui
l'étude article par article du projet de loi 125 sur
l'aménagement et l'urbanisme. Le 19 juin dernier, nous avons
adopté les principes qui sous-tendent l'approche fondamentale qui nous a
guidés dans l'élaboration de ce projet de loi, élaboration
qui s'est faite, ai-je besoin de le rappeler, en collaboration étroite
avec nos partenaires du monde municipal. Je pense bien qu'il ne pouvait pas en
être autrement puisque cette réforme majeure a pour assises le
respect de l'autonomie et de la diversité municipales.
Dans le présent texte législatif, non seulement toutes les
municipalités, qu'elles soient régies par le Code municipal ou la
Loi des cités et villes, sont-elles les maîtres d'oeuvre de leur
plan d'urbanisme et de leur règlement de zonage, de lotissement et de
construction, mais, aussi, ce sont ces mêmes municipalités qui
vont se retrouver ensemble au niveau plus vaste de leur région, pour
planifier elles-mêmes l'espace de leur population respective selon ses
traditions, ses besoins et ses moyens et appliquer collectivement les choix
exigés pour solutionner les problèmes communs. Ainsi, les
décisions en aménagement du territoire se prendront au niveau le
plus rapproché de ceux qui en vivent les conséquences.
Cela est tellement clair, du moins pour celui qui prend la peine de lire
le projet de loi, que, pour la première fois, dans une loi, un palier
supérieur est lié par les décisions prises à la
base. Dorénavant, il appartiendra au gouvernement, ses ministères
et mandataires, de faire la preuve au vu et au su de tous, de la
nécessité d'intervenir au nom de l'intérêt
collectif. C'est en ce sens, M. le Président, que nous qualifions le
présent projet de loi de décentralisateur.
Là -dessus, pratiquement tous les organismes, municipalités
et citoyens qui nous ont fait connaître leurs commentaires au cours de la
tournée que nous avons menée à travers le Québec
durant l'hiver dernier, et à l'occasion de l'audition des
mémoires en commission parlementaire, nous ont appuyés et ont
confirmé la justesse des orientations inscrites dans le projet de loi.
J'espère bien que l'Opposition, au cours du débat de
deuxième lecture, ne cédera pas aux tentations de partisa-nerie
afin d'étudier avec beaucoup d'esprit positif et constructif, ce projet
de loi, article par article.
Maintenant que nous nous apprêtons à entamer son
étude article par article, j'ose espérer que mes collègues
d'en face auront su profiter de leurs vacances pour reprendre contact avec leur
population respective et seront mieux disposés à apporter un
intérêt constructif au débat qui s'amorce.
De notre côté, c'est avec la plus grande ouverture d'esprit
que nous abordons cette commission. Au cours de l'été, nous nous
sommes remis au travail et nous avons poursuivi des consultations. Toute
suggestion, tout commentaire, toute proposition visant Ã
améliorer le projet de loi et qui respectent les principes que nous
avons mis de l'avant et adoptés le 19 juin dernier, ont
été retenus.
Aussi, avec votre consentement, M. le Président, je
déposerai en bloc une série d'amendements techniques que nos
légistes, pour fins de cohérence juridique, aimeraient voir
inscrits dans le texte de la loi. Par ailleurs, je me propose de déposer
en temps et lieu, des amendements susceptibles de tenir compte de certains
commentaires qui nous ont été formulés au cours des
dernières semaines. (10 h 30)
Ainsi, j'envisage d'atténuer l'obligation pour les
municipalités de soumettre le règlement d'emprunt à un
avis du conseil de la municipalité régionale de comté une
fois le schéma en vigueur, soit les articles 46 et 74, d'une part, en
raccourcissant le délai dans lequel devra agir la municipalité
régionale de comté et, d'autre part, en excluant certains types
de travaux municipaux.
Un autre amendement que j'envisage a trait au contrôle
intérimaire imposé par la loi, les articles 62 et 63. Je me
propose de faire connaître certains
droits acquis pouvant affecter notamment les constructeurs domiciliaires
qui ont obtenu, au moment du déclenchement du contrôle
intérimaire, toutes les autorisations requises de la part d'une
municipalité.
En outre, je soumettrai à la commission un nouvel article
reprenant ce que j'ai toujours affirmé tout au long des débats
sur ce projet de loi, Ã savoir qu'une consultation des citoyens et des
élus des municipalités et des conseils de comté sera
effectuée avant la délivrance des lettres patentes prévues
à l'article 167. Quelques autres amendements seront également
déposés.
En terminant, je m'en voudrais de ne pas souligner le travail immense
accompli par ceux qui m'accompagnent aujourd'hui, les fonctionnaires au
secrétariat de l'aménagement, mes collègues
députés, les membres de mon cabinet qui, depuis maintenant plus
d'un an, ont travaillé d'arrache-pied en étroite collaboration
avec le monde municipal pour doter le Québec d'un outil
législatif adapté aux besoins du milieu qui viendra
préciser les rôles, les compétences et les
responsabilités de chaque intervenant en matière
d'aménagement. En effet, peu de projets de loi auront amené
autant de consultations et auront été réajustés
avec autant de fidélité à la suite de ces consultations
que le présent projet de loi no 125.
Après plus de quinze ans de réflexion et de discussions,
après trois projets de loi en sept ans, il est temps de passer Ã
l'action. Alors, je dis: Au travail!
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Victor C. Goldbloom
M. Goldbloom: Avant d'entamer mes remarques préliminaires
sur le projet de loi, je voudrais poser deux questions au ministre. Je voudrais
d'abord savoir s'il a l'intention, avant que nous n'abordions l'étude du
projet de loi, l'étude de l'article 1, de remettre aux membres de cette
commission des amendements qu'il proposera au cours de l'étude du projet
de loi sur les divers articles.
M. Léonard: Oui, je déposerai une série
d'amendements techniques; il y en a certains autres qui viendront au cours de
l'étude du projet de loi. Plusieurs seront déposés
dès le départ.
M. Goldbloom: Je dois alors poser une question corollaire
à celle que je viens de poser. Parmi les amendements que le ministre
nous remettra, y en a-t-il un qui modifie  et le ministre sait dans quel
sens  l'article 167 du projet de loi?
M. Léonard: II y en a un qui modifie l'article 167, dans
le sens où nous allons inscrire... ou qui s'ajoute, probablement un
nouvel article. C'est un nouvel article qui s'ajoute à l'article 167,
dans le sens où nous inscrirons, dans le texte du projet de loi, le
principe de la consultation, pour établir... avant d'émettre les
lettres parentes.
M. Goldbloom: Mais le ministre ne se rendra pas au désir
de l'Union des conseils de comté du Québec de voir
reconnaître, dans le texte de la loi, les conseils de comté
existants.
M. Léonard: L'article qui est projeté indique la
consultation obligatoire pour le ministre avant d'émettre les lettres
patentes. Comme je l'ai déjà dit, la consultation va commencer
sur la base des comtés existants, les actuels conseils de
comté.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre, dans ses
remarques préliminaires, a déclaré que le projet de loi,
que nous sommes appelés aujourd'hui à étudier article par
article, était préparé et rédigé
après une collaboration étroite avec les partenaires du monde
municipal. Il a affirmé aussi, en souhaitant que les
députés de l'Opposition aient profité de leurs vacances
pour revenir avec un esprit chaleureux, constructif, et avec un esprit
notamment plus ouvert aux opinions du ministre quant au projet de loi. Il a
dit: Nous, nous avons profité de nos vacances pour poursuivre des
consultations. Je voudrais demander au ministre: Parmi ces consultations, y en
a-t-il eu une formelle avec l'Union des conseils de comté du
Québec?
M. Léonard: Jusqu'ici, il y a eu une rencontre et des
communications entre le conseiller juridique de l'Union des conseils de
comté et un spécialiste en législation de mon
ministère. A la suite de ces rencontres, nous attendions des nouvelles.
Je pense que c'en est là pour le moment avec l'Union des conseils de
comté.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Léonard: Maintenant, il est entendu que nous ne
refusons absolument pas de rencontrer qui que ce soit, Dès que
l'occasion s'en présentera, nous le ferons.
M. Goldbloom: M. le Président, si le ministre m'avait
répondu ou avait plutôt déclaré, au cours de ses
remarques préliminaires, qu'il avait pris des vacances et qu'il n'avait
pas été en mesure de poursuivre des consultations, je pourrais
plus facilement comprendre et accepter la réponse qu'il vient de donner.
Il sait, comme toute l'opinion publique le sait, que, parmi les divers
organismes qui se sont prononcés non seulement au cours des audiences
publiques de cette commission parlementaire mais par l'intermédiaire des
media d'information, par la suite, sur le projet de loi, il y en a un seul qui
a manifesté une opposition vigoureuse à un élément
fondamental du projet de loi.
Voilà que le ministre nous dit, aujourd'hui: II y a eu une
rencontre entre un conseiller juridique et un spécialiste du
ministère ou de la fonction publique, peut-être du
ministère des Affaires municipales et, maintenant, je suis
disposé à rencontrer les intéressés. Mais, M. le
Président, je pense que
cela commence mal l'étude de ce projet de loi, parce que tout
tourne autour de l'article 167 et de la reconnaissance des conseils de
comté actuels.
Le ministre a souhaité que l'Opposition mette de
côté toute partisanerie possible. M. le Président, il ne
s'agit pas de partisanerie. Il ne s'agit pas des intérêts d'une
formation politique. Il s'agit des intérêts du milieu rural et de
l'administration locale en milieu rural. Cela n'est pas de la partisanerie. M.
le Président, je pense que nous devrons obtenir une réponse plus
claire, un engagement à rencontrer à 13 heures les
intéressés si nous sommes pour procéder d'une façon
rapide à l'adoption des divers articles du projet de loi.
Ce n'est pas tout pour mes remarques préliminaires, M. le
Président, mais j'aimerais  et je pense que le ministre en a
manifesté l'intention  que le ministre réagisse à ce
que je viens de dire.
M. Léonard: Lors de la rencontre entre, disons, nos hauts
conseillers juridiques, il avait été entendu, je pense, que c'est
le conseiller juridique de l'Union des conseils de comté qui donnerait
des nouvelles aux miens. Ceci ne s'est pas encore manifesté. C'est
encore le temps de le faire, remarquez, mais jusque-là c'est lÃ
où en est la situation.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre voit devant
lui, dans la première rangée de l'assistance, le président
de l'Union des conseils de comté du Québec et un des conseillers
juridiques de cet organisme. Il me semble que le moment est opportun pour que
les communications  qui, selon le ministre, ont été
imparfaites  se perfectionnent et que la commission...
M. Léonard: M. le Président, je pense que ce ne
sont pas les communications qui ont été imparfaites. Il avait
été entendu qu'ils travaillaient à nous faire parvenir des
suggestions par rapport au texte législatif, par rapport Ã
l'article 167. Je pense qu'il est encore temps que cela arrive, l'étude
article par article n'est pas commencée. Il est toujours temps qu'ils le
fassent. Pour nous, ce ne sont pas des communications incomplètes, les
communications sont normales. Il y en a des communications. Je suppose qu'ils
n'ont pas fini le travail sur ce plan.
M. Goldbloom: M. le Président, avant de poursuivre plus
avant mes remarques préliminaires, je voudrais proposer une motion. Je
vous avertis, M. le Président, je vous informe que j'en aurai deux
à cette étape préliminaire de nos travaux. Je voudrais
commencer par la suivante.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee. Je ne sais pas si vous préférez, à cette
étape-ci, entendre les remarques préliminaires aussi de l'Union
Nationale, je garderais comme première motion, celle que vous venez
d'annoncer. Je ne sais pas si ça vous conviendrait ou l'Union Nationale,
si vous voulez accepter tout de suite...
M. Goldbloom: M. le Président, je suis certainement
disposé à collaborer de la façon qui ferait le bonheur de
notre collègue de Bellechasse. S'il préfère faire son
intervention immédiatement, je serais prêt Ã
réserver les minutes qui me restent sur les remarques
préliminaires et le droit de proposer aux motions, puis de parler
là -dessus le temps normal. C'est au gré du député
de Bellechasse.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je remercie le
député de D'Arcy McGee de l'offre qu'il me fait. Etant
donné que lui-même n'a pas encore formulé ses commentaires
d'ouverture, et que quant à moi, je sens un peu où il veut en
venir, personnellement, j'ai également deux motions de prêtes et,
à entendre les propos du député de D'Arcy McGee, ce sont
à peu près les mêmes; alors pourquoi ne pas en discuter
tout de suite, M. le Président? Alors, le député de D'Arcy
McGee peut présenter ses motions, s'il ne le fait pas, je le ferai car
je suis prêt.
Le Président (M. Laplante): Je suis absolument d'accord,
M. le député, c'était pour le bon fonctionnement de la
commission. Elle est bien partie et il va falloir continuer.
M. Goldbloom: Je vais formuler, M. le Président, ma
première motion. Et, avant de faire la discussion que je voudrais faire,
je demanderai au ministre s'il veut proposer une suspension de quelques minutes
pour qu'il puisse s'entendre avec les intéressés. Non? (10 h
45)
Motion pour entendre l'Union des conseils de
comté et l'UMQ
Ma motion se lit donc comme suit: "Que cette commission invite Ã
se faire entendre séparément et, au besoin, conjointement, les
représentants de l'Union des conseils de comté du Québec,
et cela, dès cet après-midi, et ceux de l'Union des
municipalités du Québec, le 16 août 1979, afin de
renseigner les députés relativement à l'étude du
projet de loi no 125."
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, les règlements nous permettent aussi de vous aider
à amender une motion pour qu'elle puisse être jugée
recevable. Comme elle est libellée actuellement, elle va Ã
l'encontre de l'ordre de l'Assemblée nationale, soit de venir
étudier ici article par article le projet de loi. Mais si vous
exprimiez, par exemple, dans votre motion, un voeu  ici, c'est un ordre,
vous demandez "d'inviter" Â je pourrais la juger recevable.
M. Goldbloom: M. le Président, je me rends volontiers
à votre suggestion et nous pourrons modifier la phraséologie en
conséquence. Nous
comprenons tous le but visé par la motion. L'Union des conseils
de comté est déjà présente. Je suis informé
que l'Union des municipalités sera ici peut-être demain et
certainement après-demain. Il me semble qu'il serait utile pour les
membres de la commission de pouvoir échanger des propos avec ces deux
organismes.
M. le Président, vous aurez remarqué dans la formulation
de ma motion que, contrairement à une certaine tradition qui veut que
chaque témoin, chaque personne morale ou chaque individu qui s'exprime
devant une commission parlementaire le fasse sans qu'un débat
contradictoire entre témoins ne soit possible, mais vu les
considérations exceptionnelles qui sont impliquées ici, il me
semblerait utile que nous puissions interroger en même temps l'Union des
conseils de comté et l'Union des municipalités du Québec,
sachant qu'il y a des divergences de vues sur certains points entre ces deux
organismes. C'est le sens de ma motion, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On peut dire que cette
commission exprime le voeu d'inviter à se faire entendre... Est-on
d'accord?
M. Goulet: Sur le libellé de la motion du
député de D'Arcy McGee...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Goulet:... justement, tel que l'a souligné le ministre,
au cours de l'été, nous avons eu l'occasion de faire de la
recherche. Je vous inviterais à consulter la jurisprudence, M. le
Président, où, à trois reprises, une telle motion
où le mot "invite", et non pas "formule de voeu", était Ã
l'intérieur de la motion et ces motions ont été
jugées recevables. A cet effet, je vous reporte au 5 juillet 1977,
volume 144, page 1370, où il était dit: "Que cette commission
invite la mission ou ses représentants qui se seraient récemment
rendus en Europe..." et la motion a été déclarée
recevable pour les raisons suivantes: "La commission a le pouvoir d'inviter
n'importe qui à se faire entendre, organismes ou
intéressés."
J'avais un autre exemple, M. le Président, le 22 juin 1977
où on disait encore: "Que cette commission entende le président
de la Régie de la langue française." La motion a
été déclarée recevable.
Pour vous aider à prendre une décision, M. le
Président, encore une fois, le 6 juillet 1977, volume 145, la motion
était libellée ainsi: "Que cette commission invite l'Association
des conseils de comté de la province  cela ressemble
étrangement à celle de ce matin  à venir s'expliquer
ou à venir expliquer les implications..." et ainsi de suite. Et la
motion a été déclarée recevable. Je ne vois pas
pourquoi ce matin une motion libellée ainsi, où on ne formule pas
seulement le voeu, mais on veut vraiment que le ministre donne la
possibilité à l'Union des conseils de comté et, si elle le
veut également, à l'Union des municipalités de se faire
entendre...
M. le Président, je vous réfère ici à trois
décisions qui ont été rendues par des gens qui prenaient
place à votre siège et je pense qu'on doit s'en tenir
également un peu à la jurisprudence et aux
précédents. Vous avez ici trois cas où les motions
libellées ainsi ont été jugées recevables.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Pour éviter quelque querelle de
procédure que ce soit et pour faciliter votre décision, je peux
vous laisser savoir, M. le Président, qu'on n'a pas d'objection Ã
ce que la motion formulée par le député de D'Arcy McGee
soit acceptée comme telle par les membres de la commission,
c'est-à -dire jugée recevable pour débat par les membres de
la commission étant donné que de toute façon, si on veut
demeurer fidèle aussi à une certaine jurisprudence, on a
siégé la semaine dernière sur une autre commission
où deux ou trois motions préliminaires ont été
formulées à peu près dans le même style.
Alors, je pense bien que, plutôt que de faire une querelle de
procédure en changeant quelques mots, tout le monde en comprend
l'intention et nous sommes prêts à la juger recevable, si vous y
consentez, M. le Président, malgré les références
à la jurisprudence que vous avez faites, pour éviter un
débat de procédure.
M. Goldbloom: M. le Président, sur cette question de
recevabilité, je voudrais très sincèrement remercier le
député de Vanier de ce qu'il vient de proposer, mais, en toute
objectivité, en toute honnêteté intellectuelle, je dois
reconnaître que la recevabilité d'une motion découle de
l'analyse qui en est faite sur une base jurisprudentielle par le
président et ne peut faire l'objet d'un consentement, parce que ce
serait un précédent. Le consentement pourrait être
donné pour entendre des témoins, mais, sur la
recevabilité, c'est toujours le président qui doit juger.
M. Bertrand: ...
M. Goldbloom: Je remercie quand même le
député de Vanier.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. le
député de D'Arcy McGee, mais, vu l'intention du président
de mener à bien cette commission, vu qu'il y a deux jurisprudences
actuellement, attendu aussi que le bénéfice du doute tombe
toujours sur le voeu de l'ensemble des membres de cette commission, je me range
volontiers à l'idée de recevoir votre motion telle qu'inscrite en
premier lieu.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. A moins que le
ministre ne veuille proposer une suspension de deux ou trois minutes pour
entreprendre des conversations avec les éventuels témoins qui
pourraient être convoqués, qui seraient convoqués si cette
motion était adoptée par la commis-
sion, je vais poursuivre mon argumentation sur la motion.
M. le Président, il est très évident  et je
crois, je prévois que nous, de l'Opposition, serons obligés de
répéter la même chose à de nombreuses reprises au
cours du débat sur ce projet de loi  que l'aménagement du
territoire ne peut se faire par les villes seules, ni par les
municipalités rurales seules. Il faut une collaboration entre les deux.
La nécessité de cette collaboration trouve une reconnaissance
très précise dans le projet de loi à l'article 5,
paragraphe 3, qui exige qu'un schéma d'aménagement comprenne la
délimitation de périmètres d'urbanisation. Si l'on doit
délimiter des périmètres d'urbanisation, on doit
définir la limite au-delà de laquelle la ville n'empiétera
pas sur le territoire rural. Et ce territoire rural, dans la majorité
des cas, est administré localement par une municipalité
régie par le Code municipal et les municipalités régies
par le Code municipal sont regroupées dans des conseils de
comté.
Or, il faut une collaboration étroite et constructive entre ces
deux milieux. Si nous insistons sur une modification radicale Ã
l'article 167 du projet de loi, c'est justement parce que, dans l'esprit du
ministre, dans l'esprit du gouvernement, la collaboration entre le milieu rural
et le milieu urbain ne peut se faire sans une transformation administrative,
structurelle de ces deux milieux.
A un certain moment, le gouvernement nous a dit: "L'organisme que nous
allons créer en vertu du projet de loi no 125, article 167, sera
unifonc-tionnel." Mais, si cet organisme est pour être uni-fonctionnel,
pourquoi l'appeler municipalité régionale de comté?
Pourquoi ne pas l'appeler conseil intermunicipal d'aménagement?
Je soutiens respectueusement qu'il n'est pas nécessaire de
transformer les limites ni la structure administrative des municipalités
rurales et des municipalités de comté pour effectuer
l'aménagement du territoire et pour réussir la collaboration
entre les villes et les municipalités rurales représentées
par leurs conseils de comté. Il faut un mécanisme, il faut une
formule et cette collaboration va se faire. Il faut un mécanisme
d'arbitrage par-dessus cela parce que, s'il n'y a pas entente, il faut qu'une
décision se prenne, il faut que l'aménagement du territoire se
fasse.
Le gouvernement a un intérêt qui est reconnu par tous les
membres de cette commission parlementaire et qui doit trouver son expression
dans le mécanisme d'arbitrage ou à travers ce mécanisme si
l'arbitrage est effectué par un organisme para-gouvernemental. Le
gouvernement, l'Etat, la collectivité ont leurs intérêts
propres qui doivent s'exprimer dans les schémas d'aménagement; et
l'intérêt supérieur de la collectivité peut devoir
s'exprimer par le refus de l'autorité supérieure d'accepter ce
que proposent les autorités locales, même en collaboration,
même en entente parfaite.
Il se peut que le gouvernement du Québec  je ne parle pas
d'une formation politique; je parle de l'institution  doive intervenir
pour dire aux autorités locales, à la population locale: Nous
regrettons, mais les intérêts supérieurs de l'Etat,
l'intérêt commun de tous les Québécois exigent que
nous refusions tel élément de votre schéma
d'aménagement et que nous le remplacions par une autre utilisation des
ressources en question, du territoire en question des immeubles en question.
Cela nous paraît normal, mais cela existera quelle que soit la nature
administrative, structurelle de l'organisme qui, sur le plan local ou
régional, fera l'aménagement du territoire dans le sens de
préparer et de faire accepter par la population intéressée
un schéma d'aménagement d'un territoire donné.
Voilà la clé du débat. Il ne s'agit pas  je
reviens aux remarques préliminaires du ministre  d'une
considération partisane. Je présume que si, aujourd'hui, le 14
août 1979, à la suite de tout le débat qui s'est poursuivi
à l'Assemblée nationale même et par le truchement des media
d'information sur le projet de loi no 125, le gouvernement a toujours la
tête dure et insiste sur sa formule, c'est parce qu'il sent Â
là , je parle du gouvernement en tant que formation politique, je parle
de cette formation politique qui, aujourd'hui, constitue le gouvernement Â
qu'il a des appuis dans l'opinion publique et notamment dans le milieu
municipal et cela nonobstant le fait que sur 1200 congressistes, en chiffres
ronds, il n'y a pas tellement longtemps, au Centre municipal des
congrès, ici, à Québec, il n'y en a que neuf qui ont
voté contre une résolution proposée par l'Union des
conseils de comté qui s'opposait au projet de loi tel que
formulé.
Nonobstant cela, le gouvernement doit sentir qu'il a des appuis ailleurs
dans l'opinion publique. Si tel est le cas, il est fort de son appui
éventuellement électoral et il n'est pas en droit de reprocher
aux membres de l'Opposition de se faire les avocats d'un secteur important de
l'opinion publique qui est en désaccord fondamental sur le projet de
loi. C'est la fonction normale et non partisane d'une opposition parlementaire.
(11 heures)
M. le Président, nous savons que les conseils de comté
existent depuis très longtemps, depuis plus d'un siècle. Le
ministre dit que le projet de loi mûrit, si j'interprète ses
paroles il n'a pas utilisé le mot "patauge"  depuis une
quinzaine d'années. J'en conviens, c'est une gestation qui a
été longue, mais cette durée a été
nécessaire.
Oui, M. le Président en rétrospective, on pourrait dire: A
tel moment, on aurait dû agir plus rapidement, on aurait dû cesser
de réfléchir, cesser d'écouter et passer Ã
l'action. Quand on passe à l'action, on doit s'attendre à des
réactions. Il y en a eu et elles se sont faites très
évidentes. Il me semble normal que nous permettions aujourd'hui aux
principaux intéressés de parler. Vous remarquerez, M. le
Président, vous l'avez déjà remarqué, que je n'ai
pas proposé que nous reprenions toute une série d'audiences
publiques, que nous permettions à tous les intéressés de
se faire entendre, que nous permettions à chacun des conseils de
comté de se faire entendre individuellement. J'ai proposé tout
simplement que l'Union des conseils de comté et l'Union des
municipalités puissent se faire entendre et que les membres de la
commission parlementaire puissent leur poser des questions qui feront sortir
les éléments fondamentaux de nos préoccupations.
Le ministre essaie, depuis le début du débat sur ce projet
de loi, de nous rassurer. Je ne voudrais pas qu'il sente, dans mes propos, un
rejet de son intention, un refus de reconnaître sa bonne volonté.
Je suis convaincu que c'est de bonne foi que le ministre voudrait nous
rassurer, mais le problème se trouve dans les mots qui ont
été imprimés sur du papier et qui vont y rester
après le départ du ministre. Je ne fais pas un procès
d'intention hypothétique à son successeur. Je ne fais pas un
procès d'intention au ministre des Affaires municipales ou à son
successeur, mais je dis que les tribunaux vont interpréter les mots
imprimés sur papier et reliés dans un fascicule intitulé
"projet de loi no 125" et, après son adoption, intitulé "Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, chapitre untel des lois de 1979". Les
tribunaux ne prendront pas le journal des Débats de l'Assemblée
nationale et de ses commissions parlementaires afin d'interpréter ce que
veulent dire les mots.
Si un gouvernement, celui-ci ou un autre, invoque et utilise et met en
application l'article 167 tel que rédigé en ce moment, et il y a
protestation de la part de l'Union des conseils de comté du
Québec ou de la part d'un conseil de comté, et si cette
protestation mène l'union ou un de ses membres devant des tribunaux, je
peux prévoir, sans être avocat, que la cause sera rejetée,
parce que la loi sera explicite et aura accordé au gouvernement, sans
obligation de reconnaître ce qui existe, avec les amendements dont nous
parle le ministre, la non-obligation de consulter.
Mais comment pouvons-nous être rassurés par cela quand les
consultations se sont poursuivies pendant des mois? Les opinions se sont fait
entendre au cours de cette période, par le truchement des media
d'information; les objections sont connues; les demandes de l'Union des
conseils de comté sont connues; le ministre n'accepte pas de se rendre
à ce désir de l'Union des conseils de comté et il nous
dit: Mais, quand même, je consulterai avant de prendre une
décision.
Ce n'est pas une assurance suffisante, M. le Président, il faudra
que le texte de loi soit modifié.
Je suis informé que l'Union des conseils de comté a un
certain nombre de modifications précises à proposer; voilÃ
d'autant plus de raisons de l'écouter, M. le Président. Il est
évidemment possible, pour l'Union des conseils de comté, de faire
connaître à chaque membre de cette commission parlementaire
individuellement, ses désirs quant aux modifications textuelles Ã
apporter au projet de loi. Il serait possible, il serait nécessaire, de
toute façon, qu'un membre de cette commission parlementaire se fasse le
parrain de chaque amendement; cela est normal.
M. le Président, si le processus de débat se limite
à cela, si nous n'avons pas l'occasion d'approfondir notre
compréhension de ce que voudrait proposer l'Union des conseils de
comté, en échangeant des questions et réponses, des
commentaires, des observations sur ces textes, nous ne serons pas en mesure de
savoir, au fond, quelle est la raison qui motive l'Union des conseils de
comté, quelle est la motivation de chaque amendement, de chaque
paragraphe, de chaque mot.
M. le Président, ma motion comprend également l'Union des
municipalités du Québec. Je ne fais pas de cachette, j'ai eu,
hier, un appel téléphonique, de la part d'un
intermédiaire, qui est un membre de l'équipe du cabinet du chef
de l'Opposition qui, lui, a reçu un appel de la part de l'Union des
municipalités du Québec, demandant la possibilité de
rencontrer des membres de cette commission parlementaire. Or, M. le
Président, j'avais, jusqu'à ce moment, l'intention de proposer
une motion, celle que vous avez sous les yeux, pour que l'Union des conseils de
comté soit entendue. Je me demandais si je devais inclure, dans cette
même motion, l'Union des municipalités du Québec. Cet appel
téléphonique m'a convaincu de la nécessité de
proposer que l'Union des conseils de comté et l'Union des
municipalités soient entendues et que l'Union des municipalités
puisse se prononcer sur les propositions que ferait l'Union des conseils de
comté.
Il se peut que l'Union des municipalités ne soit pas encore
saisie des textes que voudrait proposer l'Union des conseils de comté.
Si tel est le cas, il ne serait que normal et juste que l'on permette Ã
l'Union des municipalités d'avoir le même droit de parole devant
cette commission parlementaire et de s'exprimer, pour que nous puissions peser
le pour et le contre, peser l'opinion de l'une et de l'autre.
M. le Président, je trouve normale et raisonnable la proposition
que je fais. Ce n'est pas simplement une fierté de parrainer, d'avoir
rédigé un texte, d'avoir obtenu l'acceptation pour débat
de ce texte et de pouvoir faire inscrire mes paroles au journal des
Débats. M. le Président, après bientôt quatorze
années, on ne se soucie pas beaucoup du nombre de lignes que l'on a dans
le journal des Débats. C'est parce que c'est une conviction fondamentale
que nous ferons fausse route si nous n'écoutons pas les deux organismes
en question, que j'ai proposé cette motion.
M. le Président, le ministre a souhaité que le
débat soit constructif. Je crois que c'est éminemment constructif
d'empêcher une commission parlementaire, et donc éventuellement
l'Assemblée nationale, de faire fausse route sur un projet de loi aussi
important que celui-ci.
Vous me faites signe, M. le Président, que mon temps arrive
à son expiration. Je voudrais, en terminant, souhaiter que le ministre
fasse un effort, parce que je sais que ce n'est pas facile pour lui, je ne
voudrais pas que ma motion ait pour effet de le placer dans une situation
où il sentirait qu'il perdrait la face s'il l'acceptait. Je ne veux pas
lui faire perdre la face. Je veux qu'il évite de faire fausse route sur
un élément important d'un des projets de loi les plus importants
que l'Assemblée nationale du Québec ait jamais été
appelée à étudier.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Excusez-moi, M. le Président, très
brièvement, je vais parler en faveur de la motion du
député de D'Arcy McGee. Etant donné que l'essentiel de
notre argumentation lors du débat de deuxième lecture reposait
sur le fait que l'Union des conseils de comté, cet organisme très
touché par cette loi, ne semblait pas d'accord avec la
réimpression et ainsi n'a pas eu l'occasion de faire connaître sa
position à la suite de la réimpression de ce projet de loi,
à cause, également, de l'importance de ce groupe, nous devons, je
crois, lui fournir l'occasion de se faire entendre et c'est pourquoi j'appuie
la motion du député de D'Arcy McGee.
Vous savez, M. le Président, les choses ont commencé
à se détériorer au moment où le ministre s'est
complètement refermé devant les objections et recommandations de
l'Union des conseils de comté. Il nous apparaissait, à ce moment,
au parti que je représente, et à moi, incroyable que le ministre
soit demeuré muet à la suite de la résolution du
congrès de l'Union des conseils de comté qui se tenait au milieu
du mois de mai dernier. On s'en souvient, M. le Président, c'est presque
à l'unanimité que les 1200 congressistes, 1200
représentants ont rejeté l'article 167. Comme ce projet de loi
avait été mené sous le signe de la consultation, il m'est
alors paru incroyable ou inconcevable que son auteur rejette soudainement un de
ses principaux interlocuteurs, à savoir les représentants de
l'Union des conseils de comté.
M. le Président, nous savons tous qu'il n'est jamais trop tard
pour bien faire. Cette commission pourrait fort bien accorder le droit Â
nous en avons le pouvoir  à l'Union des conseils de comté
et, tant qu'à y être, également à l'Union des
municipalités  je n'y ai pas d'objection  de se faire
entendre. Le ministre, tout à l'heure, dans ses propos a dit quelque
chose et j'avais pris une note ici: Quand l'occasion se présentera, nous
le ferons  en voulant dire: Nous les consulterons, nous les
rencontrerons.
M. le Président, ce matin, nous lui donnons l'occasion toute
rêvée  et sans déranger trop de monde, étant
donné que les interlocuteurs dont nous parlons sont déjÃ
sur place  de donner suite aux propos qu'il a tenus il y a à peine
cinq ou dix minutes lorsqu'il disait: Quand l'occasion se présentera,
nous le ferons. L'occasion se présente, faisons-le donc. M. le
Président, je suis pour la motion que nous débattons
présentement et j'espère que, justement sous ce signe de la
consultation, le ministre acceptera que l'Union des conseils de comté et
aussi l'Union des municipalités, deux interlocuteurs très
valables et très touchés par ce projet de loi, pourront se faire
entendre et, possiblement, cela permettra à la commission d'avancer
très rapidement dans ses travaux par la suite, lorsque nous les aurons
entendus. Voilà , M. le Président, les quelques propos que j'avais
en faveur de cette motion présentée par le député
de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. (11 h 15)
M. Léonard: M. le Président, j'ai
écouté le député de D'Arcy McGee et sa
résolution; j'ai écouté M. le député de
Bellechasse, mais je pense qu'il y a eu beaucoup de consultation par rapport
à ce projet de loi. Je pourrais remonter à deux ans et faire
état de toutes les rencontres qui ont eu lieu. Mais je rappellerai, en
tout cas, qu'à partir de la conférence
Québec-municipalités du mois de juin 1978, il y a eu un
comité de formé qui a tenu des réunions, tant au niveau
technique qu'au niveau politique, qui ont abouti finalement au
dépôt du projet de loi au mois de décembre 1978.
Il y a eu d'autres rencontres et, finalement, il y a eu la commission
parlementaire où l'Union des municipalités comme l'Union des
conseils de comté du Québec, chacune a déposé un
mémoire et est venue se faire entendre sur ce mémoire.
Nous avons déposé un projet de loi réimprimé
le 7 ou le 8 juin dernier et nous avons invité, je pense, encore une
fois, par des contacts, les deux unions à faire entendre leurs
commentaires.
L'Union des municipalités nous a fait des commentaires. Nous
avons rencontré ses représentants. Ils ont rédigé
un texte. Nous en avons discuté et je pense que, sur ce plan, les choses
se passent très bien; il n'y a aucun problème.
Quant à l'Union des conseils de comté, il y a eu une
rencontre au mois de juin avec le conseil d'administration et je pense que,
disons, sur l'essentiel, on a dit que c'était l'article 167 qu'on
voulait discuter. A ce moment, nous avons dit: La position du gouvernement,
c'est le projet de loi tel qu'il est imprimé à l'article 167 et
nous étions d'accord pour inclure aussi soit un amendement, soit un
nouvel article qui indiquerait les consultations à faire pour arriver
à l'émission des lettres patentes.
Au cours de l'été, il y a eu une rencontre, je pense,
entre les conseillers juridiques et l'Union des conseils de comté, au
cours de laquelle on s'est entendu pour que l'Union des conseils de
comté nous dise, par écrit, sa position. Ceci n'est pas encore
terminé. De toute façon, nous n'en sommes pas encore Ã
l'article 167 dans l'étude article par article. Je suppose que ça
viendra et c'est dans ce sens-là que j'en ai parlé.
Je dirai qu'il ne s'agit pas pour nous de rouvrir une commission, parce
que les gens ont été entendus, les deux unions ont
été entendues. De plus, elles ont participé, elles ont
collaboré à la rédaction, à l'accord sur les
principes du projet de loi. Nous en avons discuté abondamment.
Sur ce plan-là , je pense que c'est bienvenu; dès que nous
aurons un texte de la part de l'Union des conseils de comté sur
l'article 167, nous sommes prêts à rencontrer ses
représentants pour
en discuter, comme nous l'avons fait pour l'Union des
municipalités du Québec. Mais il ne s'agira pas de
réentendre les gens en commission. Sur ce plan, je me déclare
donc en désaccord avec la proposition du député de D'Arcy
McGee.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny, vous voulez parler?
M. Giasson: Très bien, M. le Président.
Au-delà des remarques que vient de formuler le ministre responsable du
projet de loi 125, justement, à partir d'une expérience que j'ai
vécue au cours de l'été et qui allait dans le sens
exprimé par le ministre dans ses propos d'ouverture, j'ai cru bon, au
cours des dernières semaines, d'aller discuter avec des autorités
municipales de plusieurs municipalités de mon comté.
Nous avons eu l'occasion de les écouter sur des besoins
très variés que l'on retrouve dans nos municipalités, sur
des demandes qui sont formulées par des contribuables, demandes qui,
dans la plupart des cas, sont fort logiques et correspondent à des
besoins réels.
Mais, au-delà de ça, nous avons également eu cette
chance d'aborder des discussions relativement à des lois telles que
celle qui fait l'objet de nos débats. Nous avons pu également,
à la suite de nombreuses questions qui nous étaient
posées, discuter du contenu et de l'expérience de mise en route
ou d'application d'une autre loi qui a été votée assez
récemment par l'Assemblée, soit la loi 90, sur la protection des
terres arables au Québec.
Les municipalités semblent inquiètes, en ce qui a trait
à la loi 90, des pouvoirs absolus, intransigeants et inconditionnels que
la Commission de protection du territoire agricole va utiliser dans la mise en
application des objectifs de cette loi.
Mais nous avons également abordé les questions
d'aménagement du territoire. Nous avons également discuté
de ce que sera le mécanisme voulu par le gouvernement, mis en place
à l'intérieur de la loi 125 et les municipalités ou, du
moins, les représentants de ces municipalités sont fort inquiets
de cette possibilité de retrouver dans la loi 125 des pouvoirs qui
seront absolus entre les mains des autorités supérieures, que ce
soit la Commission nationale de l'aménagement, que ce soient les
pouvoirs réservés au gouvernement par certaines dispositions de
la loi 125. Les édiles municipaux, sans avoir eu la possibilité
d'étudier en profondeur tout le contenu de la loi, toutes ses
dispositions, se sont habitués à l'existence de l'Union des
conseils de comté qui a toujours, depuis fort longtemps,
représenté les corporations municipales et les
municipalités de la province de Québec. Ces personnes s'en
remettent à l'avis et aux connaissances des représentants de
l'Union des conseils de comté pour établir des positions et
surtout pour convaincre le gouvernement des mécanismes Ã
être mis en place pour procéder à l'aménagement du
territoire, à des plans d'urbanisme et à tout ce qui en
découle après. Ces gens avec qui j'ai conversé
relativement à la loi 125 en arrivent presque tous à la
conclusion de s'en remettre aux opinions, aux avis et Ã
l'expérience de l'Union des conseils de comté qui vraiment est
équipée pour poursuivre une étude approfondie du contenu
de la loi et des conséquences qui vont découler de son
application.
Même si le ministre a tenté de se faire persuasif dans les
propos qu'il a tenus lors de la réplique qu'il a fournie au
député de D'Arcy McGee comme au député de
Bellechasse, j'ai encore fraîches à la mémoire les
discussions que j'ai eues avec des représentants municipaux et, avant de
poursuivre l'étude de la loi article par article, il m'apparaît
fondamental d'entendre à nouveau les représentants de l'Union des
conseils de comté comme les représentants de l'Union des
municipalités, si c'est leur désir de commenter encore devant les
membres de la commission parlementaire les avis que ces organismes ont face
à la loi 125.
Je dois dire, M. le Président, que le ministre dans ses propos ne
m'a pas convaincu parce que j'ai eu d'autres sons de cloche de gens qui ne
prétendent pas avoir la possession absolue de la vérité,
mais qui sont d'une bonne foi évidente et qui ont la
responsabilité de voir à l'administration courante des
intérêts des municipalités, qui ont la
responsabilité également de représenter ces
municipalités à l'intérieur des séances de travail
de l'Union des conseils de comté. Ces gens-là s'en remettent
entièrement à l'opinion, à l'avis de leurs
représentants au sein de l'Union des conseils de comté pour faire
valoir ce besoin vraiment ressenti chez les édiles municipaux de
continuer à fonctionner à partir d'organismes qui existent depuis
fort longtemps au Québec. Ces gens espèrent que la loi va
contenir des dispositions ou des dimensions qui vont faire en sorte hors de
tout doute de reconnaître les organismes actuels qui, avec les
aménagements voulus, vont pouvoir participer de façon totale et
complète aux objectifs qui sont poursuivis à l'intérieur
de la loi.
Cela ne m'apparaît pas difficile, cela ne m'apparaîtrait pas
compliqué d'apporter des amendements ou des modifications à la
loi à la suite des commentaires et recommandations qui viennent des
organismes qu'on voudrait voir devant notre commission. Ce ne serait pas
difficile d'apporter des changements qui iraient dans le sens des désirs
profonds de ceux qui agissent comme représentants municipaux Ã
l'intérieur de nos municipalités rurales comme Ã
l'intérieur de nos villes ici au Québec.
J'ai à l'esprit, M. le Président, tous les propos, tous
les commentaires qui ont été tenus lors du congrès
spécial qu'a tenu l'Union des conseils de comté, congrès
auquel j'ai assisté à titre d'observateur, congrès pendant
lequel j'ai eu l'occasion de converser encore avec plusieurs personnes pour
tenter de découvrir quel était l'esprit profond qui les animait
devant les demandes et devant les propositions telles qu'étalées
par l'Union des conseils de comté.
J'ai vu également à cette occasion l'attitude des
participants de ce congrès. Ils étaient au-delÃ
de 1000 participants. J'ai entendu l'avis de ces personnes sur un appel
de vote prononcé devant des propositions ou des résolutions
déposées à l'assemblée. Seulement neuf personnes
ont enregistré une dissidence vis-à -vis des propositions soumises
lors du congrès et, curieusement, j'ai constaté que ces neuf
personnes représentaient des comtés qui avaient été
un peu choyés par le ministre. Ces personnes venaient de comtés
où le ministre a tenté d'apporter une contribution
particulière. Je pense au comté de Matapédia, je pense au
comté que représente le ministre, et peut-être un autre
comté où on a mis un petit peu de ressources financières,
où on a apporté de l'assistance technique à ces organismes
qui avaient à lancer des expériences de mise en place d'un
programme d'aménagement. Curieusement, les personnes qui ont
enregistré une dissidence lors de cette assemblée, par l'effet du
hasard, venaient de ces comtés où le ministre avait eu le
goût de mener certaines expériences en matière de mise en
place d'aménagement.
Le ministre connaît fort bien les comtés à qui il a
apporté une assistance technique, au point de vue personnes qui ont
été mises à la disposition des municipalités, et un
peu d'assistance financière. Cela conditionne des gens, ça va
très bien. On a laissé couler du miel dans ces
régions-là et lors de la tenue de ce congrès
spécial, nous avons découvert que ces gens étaient
prêts à appuyer le ministre et à ne pas juger valables les
recommandations ou résolutions déposées devant les
congressistes. C'est l'effet du hasard, peut-être, je le reconnais, M. le
Président, mais le hasard fait donc bien les choses parfois...
Il ne serait pas difficile pour le ministre de reconnaître le
bien-fondé d'entendre à nouveau, au-delà des
mémoires qui ont été déposés par l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté, des gens qui
parlent au nom de l'ensemble des municipalités rurales du Québec,
pour une part, et au nom des cités et villes d'une autre part,
d'entendre ces gens-là à nouveau, de manière que les
dispositions que nous devons adopter de façon définitive,
dispositions qu'on retrouve dans tous les articles de la loi, correspondent
davantage aux espoirs, aux attentes et à la place que désirent
occuper ceux qui représentent à la base les affaires municipales
au Québec.
Devant une telle perspective, vous comprendrez qu'au-delà des
remarques que nous a formulées le ministre, j'appuie encore davantage la
proposition ou le voeu émis par mon collègue de D'Arcy McGee,
à l'effet de réserver, pendant la période de nos travaux
de notre commission parlementaire, quelque temps pour dialoguer Ã
nouveau avec les représentants des deux plus grandes organisations qui
parlent au nom du monde rural au Québec, l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. Est-ce que
vous êtes disposés à voter?
M. Caron: Non, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: ... j'aimerais aussi apporter mon grain de sel sur la
motion du député de D'Arcy McGee. Je vois très très
mal que le ministre ne prenne pas le temps ce matin d'entendre le
Président des Conseils de comté qui est ici, qui
représente 71 comtés, environ 1300 municipalités au
Québec, environ 20% du territoire. On dira peut-être que 20% du
Québec ce n'est pas beaucoup, le gros doit l'emporter sur le petit, mais
encore là , je pense que c'est... Oui, vous aurez la chance de dire votre
mot tout à l'heure. (11 h 30)
Je pense que le ministre fait fausse route, comme le dit le
député de D'Arcy McGee. C'est le temps de les entendre, ils sont
ici. Si on entend ces gens  cela va peut-être prendre une
demi-heure, M. le ministre  vous pourriez peut-être faire des
concessions. Il n'y a pas de mal à faire des concessions Ã
n'importe quelle heure du jour ou à n'importe quel temps de
l'année, car personne n'a le don de la vérité; vous ne
l'avez pas et je ne l'ai pas non plus. Ces gens sont de bonne foi, ils se sont
déplacés pour venir ici ce matin et ils peuvent nous
éclairer, nous aider à faire quelques petits amendements
nécessaires afin de ne pas faire de dédoublements. Votre projet
de loi pourrait être adopté d'une façon plus rapide
peut-être qu'en l'étudiant article par article.
Comme le disait le député de Montmagny-L'Islet, des gens
sont venus ici, en congrès. Je n'ai pas eu l'occasion de venir Ã
Québec ce samedi-là ; mais le ministre sait bien que beaucoup de
gens viennent et ils n'ont pas tous la possibilité de parler  il y
en a qui sont gênés  seulement quelques-uns prennent le
micro, ceux qui sont plus enflammés que d'autres. Il y en a qui
voudraient laisser un message, mais la gêne les paralyse et ils ne
peuvent passer leur message. L'Union des conseils de comté, ici
présente, a un porte-parole et je verrais mal que le ministre refuse de
l'entendre. Le ministre a même dit, durant son intervention, qu'il
était prêt à discuter avec lui. Durant la
réimpression du projet de loi, il n'y a pas eu de rencontre avec ces
gens. S'il y a un gouvernement qui disait vouloir discuter avec les gens, M. le
ministre, c'est bien le vôtre. Je pense que vous l'avez oublié.
Quand on prend le pouvoir, ça change. Vous le prouvez en refusant
d'entendre des gens qui sont ici, devant nous.
Durant les vacances, certains députés ont probablement
fait une tournée, mais ce ne sont pas tous les députés,
quelle que soit leur formation politique, qui ont pris des vacances. Mon bon
ami le député de Montmagny-L'Islet, que je connais bien, c'est un
homme sincère, a fait le tour de son comté. Il est près
des gens, près de la population...
M. Giasson: Vous viendrez me voir, chez nous.
M. Caron:... et il vous apporte un message ce matin. Nous, de
l'Opposition  que ce soit le Parti
libéral ou l'Union Nationale  aimerions que vous donniez la
chance à ces gens de se faire entendre. Il n'est pas question de dire
qu'on aura gagné, mais bien pour rendre service à la population,
aux intéressés. Depuis nombre d'années, ces gens viennent
ici. Quand on parle de 1300 municipalités, c'est important; il y en a au
Québec entre 1500 et 1550. Vous savez, M. le ministre, que l'article 167
est primordial pour ces gens. L'Union des conseils de comté est d'accord
sur beaucoup d'articles. Depuis des années, les gouvernements
précédents se sont penchés sur ce projet de loi dans le
but d'en venir le plus rapidement possible à un consensus. Le ministre
sait bien que ça change. Les gouvernements changent, les ministres
changent et chacun a son point de vue, les fonctionnaires aussi. Avec tout le
respect que j'ai pour les fonctionnaires qui sont avec vous, ces derniers ne
sont pas élus.
M. le ministre, je pense que, plus que jamais, on doit écouter la
parole des gens qui sont élus. Vous savez que quand un type se fait
élire, il est plus à l'attention de la population. Ce matin, avec
le groupe qui est devant nous et l'Union des municipalités qu'on
pourrait recevoir dans les jours qui suivent, soit demain ou le 16, je pense
qu'il est très important, et je vous demande encore une fois, sans faire
de partisanerie, vous avez des gens de votre formation ou d'autres formations,
c'est votre devoir de donner au moins une demi-heure aux gens qui sont ici, ils
n'ont pas à se déplacer. Si vous refusez, ce sera très mal
vu de toute la population du Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. le
député de Verdun. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, très
brièvement, pour ne pas allonger la discussion sur la motion qui est
présentée devant nous, j'aimerais faire quand même quelques
commentaires. Je pense que, effectivement, les motifs invoqués par le
député de D'Arcy McGee entre autres, que j'ai
écouté très attentivement, il y a des points de vue qui me
paraissent fort légitimes et tout à fait valables. C'est une
position que l'Opposition a défendue lors du débat en
deuxième lecture et continue de défendre. Cela peut être
une position qui est très défendable, mais j'aimerais mieux
revenir sur le fond même de la motion.
Lorsqu'on nous invite à faire entendre à nouveau, que ce
soit séparément ou conjointement, les représentants de
l'Union des conseils de comté et de l'Union des municipalités,
très sincèrement, il me paraît que nous demandons de
franchir une étape qui a été franchie à plusieurs
reprises. Si je n'avais pas la ferme conviction que dans ce projet de loi, il
me semble que les consultations ont été multipliées, avec
raison d'ailleurs, parce que, comme le mentionnait le député de
D'Arcy McGee, on ne peut pas prétendre honnêtement faire de
l'aménagement de territoire si on n'a pas un minimum d'assurance de
collaboration très étroite entre les deux unions. Je pense que
c'est un principe que personne ne peut nier; il est de toute
nécessité que ces gens collaborent ensemble puisque, de toute
façon, tout le monde a convenu que s'il était urgent d'avoir une
loi de l'aménagement du territoire, c'était pour permettre que
les responsables, les personnes ou les autorités qui ont des
décisions à prendre affectant l'aménagement puissent le
faire dans une collaboration qui permette d'atténuer les effets
négatifs des décisions de l'un prises sur le territoire de
l'autre.
Je ne crois pas, M. le Président, qu'il faille constamment
reprendre la mécanique parlementaire. Dans le projet de loi qui fait
l'objet de nos discussions ce matin, nous sommes appelés Ã
étudier article par article le projet de loi no 125 et je pense que les
étapes préliminaires qui nous conduisent habituellement Ã
ce processus parlementaire ont été franchies dans le
présent cas. Les deux unions ont été invitées,
à la suite de la réimpression du projet de loi, au mois de juin.
Il y a eu quand même un assez long débat en deuxième
lecture, comme vous le savez; il y a eu une période de vacances pour
certains, pour d'autres, selon ce que les députés de l'Opposition
nous disent ce matin, il n'y a à peu près pas eu de vacances
prises et on s'est préoccupé d'aller consulter ces gens sur les
terrains.
Une Voix: Ce n'est pas nouveau.
M. Gendron: Je ne pense pas qu'on doive s'attribuer ce
mérite d'un seul côté de la table. Je suis un de ceux qui
sont retournés au travail assez tôt, depuis le 28 juillet, et je
peux vous dire que j'ai également eu des contacts avec les
municipalités. Effectivement, je pense que les députés de
l'Opposition ont raison de prétendre que ces gens ont des points de vue
à exprimer et on en était tellement convaincu qu'on a
invité les deux unions à nous faire part de leurs commentaires
sur le projet réimprimé, ce que nous avons d'ailleurs obtenu dans
un cas, et pas complété pour l'autre cas.
Je suis convaincu que si, effectivement, ces gens  là je
parle des députés de l'Opposition  ont eu ces multiples
rencontres avec des gens des unions des conseils de comté ou des
municipalités, ils seront comme d'habitude de fidèles
défenseurs des positions que ces gens leur ont demandé de
défendre. Comme nous aurons l'occasion d'étudier le projet de loi
article par article et que, surtout, il semble que les objections majeures, la
plupart ont reconnu qu'elles se trouvent autour d'un seul article  je ne
dis pas qu'il n'y en a pas ailleurs  mais, fondamentalement, je pense
qu'on reconnaît tous que le point majeur de divergences se retrouve
à l'article 167 et, peut-être encore là avec raison,
ça dépend des analyses que chacun fait et ça dépend
également de l'argumentation qui les soutient.
Je prétends qu'à ce niveau, lors de l'étude article
par article, il sera loisible aux deux parties d'analyser, peut-être avec
plus de précision, davantage, en scrutant les objections qui nous
sont
arrivées de part et d'autre, pour s'assurer que l'article 167,
après son étude, puisse représenter le plus
fidèlement les différents points de vue exprimés, pour
qu'en fait, on s'en sorte avec passablement d'harmonie, pour qu'effectivement,
après ça, nous ayons quelque assurance qu'il se fait de
l'aménagement, parce que les deux parties ont convenu qu'il y avait lieu
de s'entendre sur un article qui permettrait le plus de souplesse possible et
qui conviendrait aux deux parties. Mais je pense que le débat de fond
devrait se faire à l'article 167 et je ne vois pas, bien
honnêtement, ce matin, en quoi... On a beau dire: Ces gens sont
représentatifs. Je ne doute pas une seconde de la
représentativité de ces gens; il s'agit d'aller sur les terrains
pour se rendre compte qu'ils sont très respectés, ils ont un
passé historique qui est très valable et très
crédible; ce n'est pas de ça qu'il est question: c'est une
question de fond. A un moment donné, il y a des gens qui ont un point de
vue et il y en a d'autres qui ont un autre point de vue. C'est là -dessus
qu'il faut essayer de voir jusqu'Ã quel point chacun peut faire une
démarche conjointe pour arriver au processus le plus harmonieux, afin
que l'article 167 soit, éventuellement, celui qui est
désiré par l'ensemble de la collectivité concernée
par l'aménagement du territoire. Je pense qu'on peut y arriver, tel que
le processus parlementaire nous le commande ce matin, article par article, et
chacun des partis fera valoir son point de vue, pour s'assurer que l'article
167 corresponde le plus à ce qu'il devrait être comme article
final, pour faire un aménagement harmonieux.
Pour ces raisons, M. le Président, je ne crois pas que, ce
matin... Même si les gens ont dit: Cela ne coûterait pas cher, une
petite demi-heure, pour les entendre. Je suis tout à fait d'accord. Ce
n'est pas là qu'est le fond de la question; c'est sur le principe
même. A partir du moment où on est convaincu qu'on ne peut pas
remettre en question constamment un processus parlementaire, je dis: II faut
passer à l'action et c'est dans ce sens que, ce matin, je suis
prêt à discuter article par article et à être
très attentif, très ouvert à des modifications, Ã
de la souplesse et, éventuellement, à peut-être revoir la
position de fond sur l'article 167 que nous défendons. A ce niveau, on
serait peut-être plus habilité à porter un jugement
définitif et, s'il y a lieu, à revoir l'article 167 tel que nous
le préconisons actuellement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Je vois le député de Taschereau qui a
envie de parler, M. le Président, je pourrais peut-être lui
céder la place pour quelques moments. Je vois également
l'empressement du député de Papineau...
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Verreault:... alors, dans les circonstances, il me ferait
vraiment plaisir de laisser aux ministériels la possibilité de
s'exprimer.
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Le député de Shefford, comme toujours, est
à côté de la piste et en dehors du sujet; je n'ai jamais
manifesté l'intention de parler.
Le Président (M. Laplante): Vous devriez aller Ã
votre question de règlement, s'il vous plaît.
M. Guay: Justement, le député de Shefford semble
indiquer que j'avais l'intention de m'exprimer sur la motion. Je n'ai pas du
tout l'intention de contribuer à retarder les travaux de la commission,
comme il s'apprête à le faire de son propre chef.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: De toute façon, M. le Président, je
ne demandais pas au député de Taschereau de me juger; je
laisserai à mes électeurs le soin de me juger aux prochaines
élections.
M. Guay: Cela s'en vient!
M. Verreault: Je crains beaucoup moins que le
député de Taschereau le verdict que mes électeurs me
donneront.
M. Guay: Vous avez eu 500 votes de majorité, la
dernière fois?
Le Président (M. Laplante): J'aimerais, M. le
député de Shefford, que vous vous exprimiez sur la motion, s'il
vous plaît!
M. Verreault: M. le Président, si le ministre acceptait la
motion qui a été proposée par mon collègue, le
député de D'Arcy McGee, il est sûr et certain que nous
n'aurions pas perdu une heure à expliquer à la commission le
bien-fondé de la motion de mon collègue; on aurait
immédiatement procédé. Mon collègue, comme il l'a
mentionné tout à l'heure, a d'autres motions Ã
présenter; nous en serions peut-être à ces autres motions
et nous aurions accéléré les travaux. Malheureusement,
comme tous ont pu le constater, les ministériels, le gouvernement
s'entête à vouloir lambiner sur la motion de mon collègue
et, dans les circonstances, s'apprête même à demander un
vote négatif sur cette motion.
Je trouve malheureux quand même, M. le Président,
l'attitude des ministériels dans un cas semblable; c'est même
très triste et, comme le dit le député de Papineau,
extrêmement dommage.
M. le Président, le projet de loi 125, Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, est une loi fort importante. Il y a
plusieurs années qu'on en discute et nous avons eu l'occasion
d'entendre, en commission parlementaire, les mémoires de
différents groupes et organismes du Québec qui sont venus
s'exprimer. Il faudrait quand même noter également que ce
fameux projet de loi 125 a été réimprimé. (11 h
45)
A la première impression du projet de loi no 125, les organismes
concernés, l'Union des conseils de comté et l'Union des
municipalités, étaient déjà en désaccord.
Sur la seconde impression ou la réimpression, là encore ils ont
démontré leur désaccord avec le ministre. La
dernière intervention de leur part a été faite dans le
mois de juin, vers la fin de la session. Leur attitude n'a pas changé.
Comme le mentionnait le député de D'Arcy McGee, les gens que nous
désirons inviter à se faire entendre pour une nième fois
ont des amendements qu'ils veulent nous suggérer afin de bonifier ce
projet de loi. Je crois qu'il est capital et important que nous les
entendions.
Le député de D'Arcy McGee, proposeur de la motion en
question, a exprimé tout à l'heure et expliqué qu'il
était urgent et capital que ces deux organismes s'entendent pour mener
à bien ce plan d'aménagement et d'urbanisme. Evidemment, tous ont
exprimé que le temps arrange bien les choses, que nos vacances ont
permis une certaine consultation, que les nuits portent conseil et que la
méditation et la réflexion sont de mise pour tous, autant pour le
ministre, le gouvernement que pour les organismes cités dans la motion
du député de D'Arcy McGee, mais je crois qu'il est important que
nous entendions ces deux organismes, l'Union des conseils de comté,
ainsi que l'Union des municipalités, tel que proposé dans la
motion de mon collègue.
M. le Président, je crois que le ministre sait très bien,
lorsqu'il accorde une collaboration, comment les travaux
s'accélèrent. Je ne veux pas faire cette insinuation sous forme
de chantage, mais simplement pour lui rappeler que, chaque fois qu'il a
donné sa collaboration à l'Opposition dans les travaux qu'il
devait mener, cela s'est toujours avéré fructueux dans son cas.
Je conçois, comme il le conçoit également, que le projet
de loi no 125 n'est pas unanime, je veux dire qu'il n'est pas accepté
à l'unanimité par toutes les personnes concernées. S'il
veut que ce projet de loi soit étudié article par article dans
des délais raisonnables, il serait fort important pour le ministre qu'il
accepte dès le début de céder un peu de terrain et de
mettre un peu d'eau dans son vin. C'est pourquoi je lui dirais et je
demanderais aux membres de cette commission de voter en faveur de la motion du
député de D'Arcy McGee.
M. le Président, en terminant, je voudrais quand même dire
que le Parti québécois, le gouvernement actuel s'est toujours
vanté de faire une consultation et je crois que cette consultation s'est
faite peut-être d'une manière plus sensible au début de son
mandat et surtout pendant qu'ils étaient dans l'Opposition.
Nous vivons exactement le même phénomène. Nous
sommes dans l'Opposition et mon collègue de Montmagny-L'Islet a fait une
consultation comme nous tous l'avons probablement faite dans chacun de nos
comtés durant les quelques semai- nes de vacances que nous avons eues.
Il est dommage, quand même, de constater que le ministre essaie
d'éliminer cette consultation qui semblait être fructueuse dans le
passé. Je crois que le ministre, s'il considère que certains
doutes persistent ou subsistent dans la loi dont il est le responsable, le
parrain, ne devrait pas refuser d'entendre ces gens peu importe le nombre de
fois. Malgré que cette commission ait pu déjà entendre les
parties intéressées, je suis convaincu que des faits nouveaux
sont survenus depuis le mois de juin et que les parties les plus
intéressées, soit l'Union des conseils de comté, ainsi que
des municipalités, sont prêtes à accorder une
collaboration, Ã fournir des renseignements, Ã faire des
suggestions et à proposer des motions et des amendements au projet de
loi qui vont bonifier cette loi.
Dans les circonstances, M. le Président, vous comprendrez que
j'appuierai la motion de mon collègue et j'incite également les
ministériels qui n'ont pas jasé jusqu'à maintenant, qui ne
se sont pas prononcés sur la motion, à le faire.
J'invite tout particulièrement le député de
Papineau, qui est un spécialiste dans les Affaires municipales, Ã
nous informer comment, dans l'Ouest de la province, ces municipalités
conçoivent ce projet de loi et de quelle manière elles sont
d'accord sur le principe et sur le fond proposé par le gouvernement.
C'est avec grand plaisir que je vais entendre les paroles judicieuses de mon
collègue de Papineau.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je serai très bref. Je
dois vous dire que j'endosse complètement les arguments avancés
par le ministre d'Etat à l'aménagement et également les
arguments avancés par mon collègue, le député
d'Abitibi-Ouest. Si vous demandez de passer à l'étude article par
article, lorsque nous arrivons à l'article 167, le débat pourra
se dérouler autour de cet article. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? J'appelle la motion du député de D'Arcy McGee qui
se lit comme suit: "Que cette commission invite à se faire entendre,
séparément et, au besoin, conjointement, les représentants
de l'Union des conseils de comté du Québec et cela, dès
cet après-midi, et ceux de l'Union des municipalités du
Québec, le 16 août 1979, afin de renseigner les
députés relativement à l'étude du projet de loi no
125." Est-ce que vous voulez un vote enregistré?
M. Goldbloom: Oui, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun).
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Goulet (Bellechasse).
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Goldbloom (D'Arcy
McGee).
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Gendron (Abi-tibi).
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Shaw (Pointe-Claire) est
absent. M. Léonard (Labelle).
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Laplante): Cinq contre, trois pour.
Motion rejetée. La parole était au...
Une Voix: ... Beauce-Sud, Beauce-Nord...
Le Président (M. Laplante): Intervenants, monsieur...
M. Gendron: Non, M. le député de Beauce-Sud
était membre.
Une Voix: Mais non, il n'est pas là , le
député de Beauce-Sud.
M. Gendron: Excusez, de Beauce-Nord.
M. Giasson: II n'y a plus de député de
Beauce-Sud.
M. Gendron: J'ai bien compris.
Le Président (M. Laplante): Beauce-Nord à la place
de qui?
M. Gendron: M. le député de Beauce-Nord à sa
place.
Le Président (M. Laplante): Oui, je m'excuse, j'ai
passé par-dessus.
M. Gendron: Vous ne l'avez tout simplement pas appelé, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Nord, je l'appelle pour le vote.
M. Ouellette: De toute façon, je suis contre, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Nord. Cela fait six contre, trois pour; motion
rejetée. La parole était au député de D'Arcy
McGee.
M. Guay: ...
M. Goldbloom: M. le Président, avec votre...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, pour
revenir à la loi 125, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, avec votre permission, je
voudrais attendre...
M. Goulet: ...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît. M. le député de D'Arcy McGee. A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Taschereau...
M. Guay: ... Ã rien, lui...
Le Président (M. Laplante): ... voulez-vous régler
ça entre 12 h 30 et 14 heures! M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goulet: ... société de la Couronne...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse, s'il vous plaît!
M. Goulet: Je voulais parler de notre candidat de l'Union
Nationale...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais, avec votre
permission, réserver ce qui reste de mon droit de parole et demander que
vous reconnaissiez mon collègue de Verdun en ce moment.
Le Président (M. Laplante): Vous ne renoncez pas Ã
votre droit de parole?
M. Goldbloom: Non, non!
Le Président (M. Laplante): C'est parce que je ne pourrais
pas le faire. Le député de l'Union Nationale, M. le
député de Bellechasse n'a pas encore fait ses remarques
préliminaires...
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si votre temps compte dessus,
d'accord.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais conserver le
temps qu'il me reste et m'en servir un peu plus tard. Avant que vous ne
reveniez à moi-même, si vous voulez passer d'autres
députés, c'est...
Le Président (M. Laplante): C'est ça, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, j'avais donné mon
consentement tout à l'heure.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Laplante): Pas sur ça.
M. Goulet: Oui, aussi.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Goulet: Parce que...
Le Président (M. Laplante): Non, pour le
député de Verdun?
M. Goulet: Non.
Le Président (M. Laplante): Ah!
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais que le
député de Verdun présente la deuxième motion. Si
c'est un problème de procédure, je la présenterai.
M. Goulet: II faut le consentement pour que le
député de D'Arcy McGee puisse présenter les deux motions.
Mais j'ai dit: S'il ne le fait pas, j'en ai de prêtes, des motions. Je
vais les présenter.
Le Président (M. Laplante): C'est ça que je ne veux
pas vous faire perdre, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Vous m'offrez de présenter la deuxième
motion?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee veut céder son droit de parole à d'autres et je ne
puis accepter sans votre autorisation.
M. Goulet: M. le Président, étant que nous sommes
à l'ordre...
Le Président (M. Laplante): Parce qu'il conserve son
temps. Il l'aura toujours, c'est parce que ça change d'interlocuteur. M.
le député de Bellechasse.
Motion pour inviter le ministre des Affaires
municipales à la commission
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je regrette
énormément que nous ne puissions entendre les
représentants de l'Union des conseils de comté. Mais on nous a
dit à plusieurs reprises que le ministre qui serait responsable de
l'application de ce projet de loi ne serait pas le ministre qui présente
le projet de loi, mais bien le ministre des Affaires municipales. Etant
donné que c'est un projet de loi très important, qui va changer
beaucoup de choses au Québec, comme a pu le faire la fameuse
opération 55 au niveau des commissions scolaires, je ne comprends pas
que, ce matin, lors des travaux de cette commission, nous n'ayons pas avec nous
le ministre des Affaires municipales, étant donné que c'est lui
qui sera responsable de l'application de ce projet de loi.
Très brièvement, M. le Président, ce sont les
propos que je voulais vous livrer et argumenter en faveur d'une motion que je
vais vous lire de façon qu'on puisse, lors des travaux de cette
commission, avoir au moins avec nous le ministre des Affaires municipales,
parce que c'est lui qui aura l'occasion d'administrer cette loi, de voir
à son application. Je propose donc la motion suivante, M. le
Président: "Que cette commission est d'avis que le ministre des Affaires
municipales, responsable de l'application de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, soit invité à venir siéger à cette
commission pendant l'étude article par article du projet de loi 125.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse, il y a une chose que je voudrais vous faire remarquer.
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Laplante): S'il n'y a pas changement de
formulation, je serai obligé de suspendre pour demander de plus hautes
instances si votre motion telle que présentée peut être
acceptable. C'est ce dont je veux vous faire part. Le ministre des Affaires
municipales, en premier titre député de Crémazie, est
déjà membre de la commission. Il a été
remplacé et il est actuellement intervenant.
M. Giasson: On le veut comme intervenant ou membre officiel. On
veut Tardif.
Le Président (M. Laplante): II l'est déjÃ
actuellement. Je ne sais pas si je peux inviter par une motion quelqu'un qui
est déjà membre d'une commission ou intervenant.
M. Goulet: II l'est déjà , mais il ne siège
pas, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je ne sais pas si vous pouvez
demander son assiduité. Peut-être.
M. Goulet: M. le Président, lorsque je dis: Invité
à venir siéger, c'est parce que je constate ce matin qu'il n'est
pas ici. Même s'il est membre de la commission, je constate
malheureusement qu'il n'est pas présent aux travaux de la commission.
J'aimerais l'inviter à venir siéger à cette commission.
C'est le but de la motion, M. le Président. Qu'il soit membre ou non, et
d'autant plus qu'il est membre, je constate malheureusement qu'il n'est pas
ici. Alors, j'aimerais qu'il vienne siéger. C'est le but de la motion.
Que les membres de la commission, que la commission l'invite à venir
siéger, lui fasse savoir qu'on aimerait le voir ici, à cette
table.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, M.
le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, cette motion est irrecevable
dans sa forme actuelle. Des motions de ce genre, on en connaît
régulièrement au début des travaux de certaines
commissions. On en a eu une à la commission des communications, la
semaine dernière, afin que le ministre de l'Education vienne y
siéger, parce que le ministre de l'Education n'est pas membre de la
commission des communications. Mais dans ce cas-ci, on invite un membre de la
commission à siéger. Je vous fais part respectueusement que c'est
défoncer une porte ouverte et que, dans ce sens, la commission ne peut
pas inviter quelqu'un qui est déjà membre à en être
membre. C'est déjà fait. Il est membre. Ce que vise la motion,
c'est de faire en sorte que le ministre des Affaires municipales devienne
membre de la commission...
M. Giasson: Soit présent à la commission.
M. Guay: ... et qu'il y soit. Qu'il y soit ou qu'il n'y soit pas,
c'est le droit de tout membre de la commission d'être présent
à la commission ou de ne pas l'être; de plus, un membre de la
commission peut se faire remplacer si bon lui semble ou ne pas assister aux
travaux de la commission. Si l'Opposition trouve qu'il est absolument
impensable que le ministre des Affaires municipales soit absent, elle peut
toujours refuser de siéger. C'est son droit le plus strict aussi. Pour
ce qui est de faire une motion pour qu'un membre de la commission devienne
membre de la commission, je déclare, M. le Président, que c'est
de l'absurdité par excellence.
M. Goulet: M. le Président, je m'excuse, mais il n'a
jamais été question de cela. Il n'a jamais été
question qu'on invite le ministre à devenir membre de la commission. Le
député de Taschereau fausse complètement les
données. J'ai bien dit: ... soit invité à venir
siéger. (12 heures)
M. Guay: M. le Président, quand on siège Ã
une commission, c'est qu'on en devient membre ou intervenant pour la
durée de la commission, à tout le moins.
M. Goulet: Pas nécessairement, on peut inviter un membre
à venir siéger parce qu'il n'y est pas.
M. Guay: II devient automatiquement membre ou intervenant de la
commission. Et à partir de là , je vous soumets, M. le
Président, que le ministre des Affaires municipales, étant
déjà membre de la commission, on ne peut pas l'inviter Ã
devenir membre de la commission.
M. Goulet: Je ne l'invite pas à en devenir membre.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je vais vous faire une
suggestion. Si on disait: Que soit invité à être
présent à cette commission...
M. Goulet: A venir siéger...
Le Président (M. Laplante): Non, à ...
M. Giasson: Ecoutez, l'argumentation du député de
Taschereau porte à faux. Qu'il lise le libellé de la
motion...
M. Goulet: Qu'il lise le libellé de la motion et je peux
lui faire parvenir...
M. Guay: Je l'ai ici... Je l'ai lu justement...
M. Giasson: Bon, lisez-le; votre argumentation est totalement
à côté.
M. Guay: Soit invité à venir siéger.
Siéger à une commission, ça veut dire en être membre
ou intervenant.
M. Alfred:... du Parti libéral.
M. Goulet: M. le Président...
M. Guay: On ne peut pas siéger à une commission si
on n'est pas membre ou intervenant de la commission, voyons donc!
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! Je vois une
différence entre les deux. Vu qu'il est déjà membre de
cette commission sur les deux bords, le sens peut s'interpréter aussi
qu'on invite un député, à un moment donné, Ã
venir siéger. Dans les commissions sur l'étude des
crédits, tout député peut venir. Sur une commission comme
celle-là , il faut un ordre des membres de cette commission, il faut
l'approbation pour qu'un autre député puisse venir siéger
à cette commission. C'est la différence. C'est pourquoi, si, par
exemple, reconnaissant qu'il est déjà membre de cette commission
mais qu'il est absent, vous l'invitez à une assiduité quelconque,
je serais d'accord là -dessus.
M. Goulet: M. le Président, je sais pertinemment que le
ministre des Affaires municipales est déjà membre de la
commission et, justement parce qu'il en est déjà membre, je
constate ce matin qu'il ne siège pas à la commission où il
devrait siéger. Nous l'invitons, nous les membres de la commission qui
sommes ici, à venir siéger.
M. Giasson: C'est ça, ce n'est pas compliqué.
M. Goulet: II est déjà membre, on le sait. A venir
prendre son siège à la commission.
M. Guay: M. le Président, je vous réitère ce
que je vous disais. Pour qu'un membre, pour que quelqu'un siège Ã
une commission, il faut qu'il en soit membre ou intervenant. Or, le but de la
motion, c'est d'inviter le ministre des Affaires municipales, qui est
déjà membre, à en devenir membre. De venir siéger
à une commission implique...
M. Giasson: Non, non. M. Goulet: Non.
M. Guay: ... qu'il devienne membre de la commission ou
intervenant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, sur la recevabilité
de la motion, je comprends ce que vous voulez faire par votre suggestion, c'est
qu'il y a deux interprétations que l'on peut donner au mot
"siéger". Il y a la fonction physique de siéger, d'être
assis, d'être présent. Il va sans dire que si le
député de Crémazie, ministre des Affaires municipales,
était ici présent, la motion n'aurait pas sa raison d'être,
mais puisqu'il n'y est pas, sans malice, sans mauvaise pensée, le
député de Bellechasse nous dit: Sa présence serait
importante. Il est vrai, je comprends, que si vous rencontrez une personne et
vous lui demandez: Qu'est-ce que vous faites dans la vie? et que cette personne
répond: Je siège au conseil d'administration de tel organisme,
cela peut être vrai, même si cette personne a manqué les
deux dernières réunions du conseil d'administration. Cela est
vrai, mais je pense que nous comprenons le sens de ce que veut nous proposer le
député de Bellechasse et que le verbe soit "siéger" ou
"être présent" ou quoi, le sens est là et je pense que vous
devrez, M. le Président, en exerçant le pouvoir que vous avez
entre les mains, trouver le mot qui vous plaira, qui rendra la motion
acceptable et l'accepter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Pour être très bref, M. le
Président, je trouve que la motion, comme on dit en jargon juridique, en
jargon parlementaire, est dilatoire. Le député n'a rien Ã
faire sinon que de faire retarder l'étude article par article. Je vous
demande de passer à l'étude article par article et de juger cette
motion irrecevable.
M. Goulet: Question de privilège. Même s'il n'y en a
pas, je soulèverai une question de règlement. Je peux dire au
député de Papineau qu'il commence sur un mauvais pied les travaux
de cette commission et s'il m'accuse de vouloir retarder les travaux de la
commission, c'est justement pour les devancer, pour les faire
accélérer, parce que le ministre des Affaires municipales sera le
ministre qui aura à appliquer cette loi-là et je pense que c'est
essentiel qu'il soit ici. Il est membre de la commission et il n'est pas
à son siège ce matin, nous aimerions qu'il vienne.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Goulet: De là à qualifier cette motion de
dilatoire, il y a une marge. Je pourrais dire au député de
Papineau...
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: ... je voudrais tout simplement mentionner que je
n'imputerai aucun motif à l'Opposition quant au sens de la motion; je
voudrais tout simplement dire qu'il ne s'agit pas non plus de nuancer entre la
fonction physique de siéger ou ce qu'on appelle effectivement
siéger, mais, M. le Président, vous avez un jugement Ã
porter sur la recevabilité de cette motion. Je prétends que cette
motion est irrecevable parce qu'il n'appartient pas à une commission
parlementaire de déterminer, pour une formation politique ou une autre,
qui doit être membre d'une commission parlementaire.
Que l'Opposition exprime le voeu que M. Tardif, le ministre des Affaires
municipales, puisse venir participer aux travaux de la commission, j'en suis,
mais, comme président, vous avez la responsabilité, je pense, de
déclarer irrecevable cette motion puisqu'il n'appartient pas Ã
une commission parlementaire de déterminer qui doit être membre
d'une commission et, qui plus est dans le présent cas, M. Tardif est
déjà membre. Il est effectivement vrai que, pour avoir la
possibilité de siéger, il faut être membre. A ma
connaissance, M. le Président, vous devriez rejeter cette motion pour
son irrecevabilité.
M. Guay: Si je peux compléter mon argumentation de
tantôt, je voudrais juste faire remarquer que, d'ordinaire, quand des
motions comme celle-là sont présentées en début de
commission  cela arrive assez souvent, ce n'est pas la première
fois que cela se produit  le but de ces motions est d'inviter un
ministre, qu'on veut voir pour toutes sortes de raisons, à être
présent, c'est-à -dire à devenir membre de la commission
pour la durée de la commission, parce que ce
ministre, en fait, n'est pas membre de cette commission. Je me
réfère encore à celle de la semaine dernière, aux
communications. Le ministre de l'Education n'est pas membre de la commission
sur les communications, mais, comme il s'agissait d'un projet de loi concernant
la télévision éducative, l'Opposition souhaitait que le
ministre de l'Education devienne membre de la commission des communications
parce qu'il ne l'était pas.
Dans ce cas-ci, la motion est superfétatoire et irrecevable
puisque, effectivement, le ministre visé est déjà membre
de cette commission; il ne peut donc pas y avoir une motion pour inviter le
ministre à être membre d'une commission dont il fait
déjà partie.
Le Président (M. Laplante): Je suis assez informé,
actuellement...
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: ... je comprends le député de Bellechasse
et son inquiétude. C'est vrai, c'est le ministre des Affaires
municipales qui aura la responsabilité de ce projet de loi. Pourquoi
n'est-il pas ici? C'est de ses affaires et ce n'est pas à moi Ã
le juger, mais le député de Bellechasse a raison de demander la
présence du ministre des Affaires municipales afin qu'il puisse
répondre à certaines questions. J'aurais moi-même des
questions à lui poser du fait qu'il aura la responsabilité du
projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, je me sens assez
informé. Le président a le pouvoir d'amender une proposition pour
aider un membre de cette commission. Je pourrais accepter la motion si elle se
lisait comme suit. Je ne veux pas créer de précédent, je
ne suis pas le seul président de commission. Je pourrais créer un
précédent et je ne le veux pas. Vous pourriez me dire: "Que cette
Chambre est d'avis que le ministre des Affaires municipales, responsable de
l'application de la loi sur l'aménagement et l'urbanisme, soit
présent comme intervenant à cette commission pendant
l'étude article par article du projet de loi no 125". Je l'accepterais.
Cela éclairerait la position du membre de cette commission qui est
absent. Sur ce, je ne veux pas de discussion, je ne veux qu'un oui ou un non.
Si c'est non, votre motion est irrecevable.
M. Goulet: M. le Président, je vous demande bien
humblement de m'entendre quelques secondes. Le libellé de ma motion
invite le ministre à venir, on ne l'exige pas, tandis que vous dites,
dans votre libellé: "soit présent". A ce moment-là , c'est
un ordre. Moi, je l'invite. S'il ne veut pas venir, il n'a qu'Ã refuser
notre invitation, tout simplement. Je maintiens le libellé de ma motion,
M. le Président. Nous l'invitons, bien poliment, à venir prendre
son siège, tandis que vous nous proposez de lui ordonner d'être
présent comme intervenant alors qu'il est déjà membre. Je
souligne qu'on formule le voeu qu'il soit présent, nous l'invitons
à venir siéger, bien poliment. S'il refuse notre invitation, au
moins, on pourra dire qu'on lui a lancé l'invitation.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, M. le
député de Bellechasse, je suivrai la règle comme
président de commission, afin de ne pas créer de
précédent, je considère que M. le ministre a
été invité, comme tout le monde, par avis, à cette
commission, déjà , par les règles du Secrétariat des
commissions et je considère votre motion irrecevable.
M. Goulet: Je le déplore fortement, M. le
Président.
M. Goldbloom: M. le Président, il ne faudrait pas que le
ministre ici présent se sente blessé par la très grande
popularité évidente de son collègue des Affaires
municipales.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, vu que mon collègue, le
député de Bellechasse...
M. Léonard: Etant donné que je viens d'être
impliqué là -dedans ou mis en cause, je dirai simplement, Ã
titre d'information à la commission, que le ministre des Affaires
municipales revient à l'heure actuelle d'une conférence des
affaires municipales qui s'est tenue au Yukon et qui s'est terminée
hier. Il est en route pour venir à la commission.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
Motion sur le droit de parole à la
commission
M. Caron: M. le Président, comme je le disais tout
à l'heure, le député de Bellechasse voulait avoir le
ministre des Affaires municipales et le ministre actuel nous dit, de la
manière qu'il parle, que probablement on aura la chance de l'avoir d'ici
à la fin des travaux à quelques reprises. On le souhaite
bien.
Ce matin, j'ai une autre motion vu l'importance de ce projet de loi. Ma
motion se lirait comme suit: "Que tous les députés puissent
obtenir le droit de parole sans devoir obtenir la permission relativement
à l'étude article par article du projet de loi no 125 et cela,
pour toutes les séances que tiendra ladite commission".
Le Président (M. Laplante): Pour ne pas perdre de temps
là -dessus, elle est recevable, M. le député de Verdun.
M. Garon: Elle est adoptée? M. le Président, vu
l'importance de ce projet de loi et comme cela touche la majorité des
membres de cette commission, je verrais très mal que le parti
ministériel refuse de voter pour ma motion. Comme le disait le ministre
tout à l'heure, le ministre des Affaires municipales est en voyage, et
avec raison. D'autres de votre formation politique, pour une raison ou une
autre, sont certainement occupés, même dans le nord de
Montréal aujourd'hui et demain. De notre côté, il y en a
aussi qui sont occupés à d'autres réunions.
Une Voix: Dans Beauce-Sud.
M. Caron: Oui, peut-être dans Beauce-Sud.
Une Voix: II y a de l'ouvrage à faire.
M. Caron: Vous rirez bien, le temps le dira. L'important, c'est
qu'on donne la chance à tous les membres parce que, de la manière
qu'on est parti, il semblerait que nous allons être ici assez longtemps
et, vu l'importance du projet de loi no 125, on doit donner la chance Ã
tous les membres de cette Chambre de venir à un moment ou à un
autre, car vous savez qu'il y a 262 articles dans le projet de loi.
Ce matin, en demandant à mes amis d'en face d'endosser ma motion
pour ces raisons et d'autres, que je vais vous inviter à énoncer,
tous et chacun de nous circulons en province et rencontrons les groupes des
municipalités. Nous, on a eu la chance de rencontrer l'Union des
conseils de comté, on rencontrera l'Union des municipalités et
chaque membre pourra éclairer les membres de cette commission, dans le
but d'éclairer le ministre davantage. Je pense que le ministre est mal
parti avec son projet de loi, puisqu'il refuse d'entendre l'Union des conseils
de comté et l'Union des municipalités, seulement pour un certain
temps. Je pense que, autour de cette table, M. le ministre, on peut vous rendre
d'énormes services; surtout que vous parrainez ce projet de loi, pour,
après, le transférer au ministre et aux fonctionnaires des
Affaires municipales, complètement un autre groupe. (12 h 15)
Je ne sais pas si, durant l'impression du projet de loi, il y a eu des
rencontres entre les deux groupes,  je l'espère  mais nous,
nous n'en avons pas été avisés. De ce
côté-ci, le fait que ce soit remis à un autre
ministère nous inquiète pas mal; surtout que, déjà ,
les Affaires municipales sont débordées  je pense que tout
le monde le sait  avec tout ce qui se déroule à la vapeur,
actuellement, ne nous donne pas la chance de pouvoir suivre comme on le
devrait.
Des gens de toutes les formations politiques, de tous les coins du
Québec vont venir et vont pouvoir vous éclairer, M. le ministre.
Je suis convaincu que, même du côté ministériel,
l'article 167 de ce projet de loi inquiète certains
députés. Naturellement, parfois, ils ont peur de parler, peur
d'être pénalisés, ça s'est vu dans le passé
et je suis convaincu que ça se fait encore. Mais ça donnerait une
chance à d'autres membres qui ne font pas partie de la commission, qui
voudraient venir, de faire valoir leurs opinions.
M. Bertrand: Je suis d'accord avec vous, mais ils n'ont pas le
droit de vote.
M. Caron: Ils n'auraient pas le droit de vote, mais, même
à ça, s'ils n'ont pas le droit de vote, ils vont nous rendre
service en nous éclairant.
Pour ma part, l'importance que le projet de loi 125 a, et, en plus, la
lenteur à mettre ce projet de loi en application... Si
réellement, M. le ministre, avec le nombre d'années que vous vous
donnez, on a le temps d'étudier le projet de loi, à fond, pour
une fois, que ce soit un projet rentable. M. le ministre sait bien que,
souvent, on dépose un projet de loi et, à toutes les fins de
sessions, on s'arrange pour le mettre plus à jour.
On voudrait, Ã ce moment-ci essayer de vous rendre service, de ne
pas avoir à revenir devant l'Assemblée nationale, parce que vous
savez, les fins de session, aux heures tardives que ce gouvernement-ci nous
fait veiller et Dieu sait qu'on a veillé tard à plusieurs
reprises. On ne voudrait pas, M. le ministre, que cela arrive, surtout que,
quand votre groupe était dans l'Opposition, il a donc critiqué
cela. On veut vous aider. On sait que vous êtes de bonne foi. On sait que
vous êtes pressé par d'autres. D'autres vous le demandent, M. le
ministre. Je suis convaincu que si ce n'était que de vous-même,
vous n'auriez pas présenté un tel projet de loi. Vous accepteriez
d'entendre nos amis d'en face. Mais, naturellement, avec d'autres qui vous
pressent à le faire, vous donnent des lignes de conduite, ce serait le
temps de dire, ce matin: Je suis quand même un ministre fort et je ne me
ferai pas dicter de ligne de conduite par les autres. Surtout qu'actuellement,
vous savez comment ces gens sont divisés: Va-t-on prendre Bourgault, ou
non? Va-t-on le nommer ministre ou non? Ce serait dommage, parce que je vois de
mes bons amis, en face, qui sont ministrables. Ils sont quasiment tous
ministrables, M. le ministre.
Je trouverais cela bien regrettable. Je veux justement revenir au projet
de loi no 125, M. le Président, en demandant à nouveau Ã
mes collègues d'en face de voter positivement la motion que je
présente. Je suis convaincu qu'ils se feront un plaisir de voter pour ma
motion.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Abitibi.
M. Gendron: Très rapidement. Je ne croyais pas, par les
propos qui ont été lancés dès le début par
le député de D'Arcy McGee, assister à une telle
scène. Je croyais que l'Opposition, d'une façon légitime,
par les deux premières motions, jouerait son rôle. Mais au sujet
d'une troisième motion, entendre tous les parlementaires, quand on
connaît la longueur de ce débat, quand on connaît
également l'importance de ce débat qui a eu libre cours depuis
presque deux ans, c'est vraiment
d'un ridicule consommé de se prendre au sérieux et croire
qu'une telle motion par laquelle on demanderait à tous les
députés de venir intervenir sur cette motion, alors qu'on sait
très bien qu'il y a une commission spécifiquement mandatée
pour faire l'étude de ce projet de loi... Habituellement, on assigne aux
commissions, les députés qui ont le plus de dispositions, qui ont
le plus de préparation pour être les intervenants des diverses
formations politiques. Je pense, M. le Président, qu'on ne devrait pas
prolonger le débat sur cette motion et la mettre aux voix tout de suite.
Quant à moi, il ne m'apparaît pas du tout légitime pour
quelque motif que ce soit d'inviter tout député qui voudrait
intervenir dans le débat article par article, compte tenu du fait que
cette occasion a été fournie lors du débat en
deuxième lecture à toute personne qui voulait s'exprimer sur le
principe du projet de loi, sur diverses modalités importantes. Pour
toutes ces raisons, je serai en désaccord sur cette motion absolument
farfelue qui n'a d'autre conséquence que de faire perdre le temps aux
gens et de les faire douter très sérieusement de la valeur de
notre système parlementaire quand on permet d'accepter une telle
motion.
M. Alfred: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): D'autres intervenants. M. le
député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, j'ai beaucoup de respect et
d'estime pour le député de Verdun, mais je dois dire qu'en
présentant cette motion, je ne le trouve pas sérieux. Je me
rappelle une telle motion qui a été acceptée au projet de
loi no 3 qui avait pour but de handicaper tout le processus parlementaire
d'étude de ce projet de loi. Pour le projet de loi, une fois, c'est
assez et il est temps, M. le Président, qu'on rejette la motion du
député de Verdun pour qui j'ai encore beaucoup de respect et
d'estime. Je suis sûr que lui aussi va accepter que nous battions cette
résolution, cette motion pour que nous puissions passer le plus
rapidement possible à l'étude article par article de ce projet de
loi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais dire, par votre
intermédiaire, au député d'Abitibi-Ouest, très
amicalement, que ses propos qui étaient très sensés sur la
première motion me semblent aller un peu plus loin sur cette
deuxième, et je dis deuxième, même s'il y en a eu une
troisième, mais qui est venue d'une autre source. J'ai parlé de
deux motions. Nous de l'Opposition officielle n'en aurons que deux et,
après cela, nous en serons aux articles un par un, avec des motions
d'amendement sur les articles.
Ce n'est pas un travesti du parlementarisme que de proposer une telle
motion. Les députés ministériels peuvent ne pas être
d'accord, mais il est certain que le processus parlementaire est dans une
certaine mesure et à certaines occasions, une procédure de
ralentissement. Il n'y a qu'un certain nombre de mécanismes qui sont mis
à la disposition des membres de l'Assemblée nationale, des
membres de la commission parlementaire qui veulent, pour des raisons qu'ils
croient sérieuses, faire ralentir le processus d'adoption d'un projet de
loi.
Sur le fond de la question, je peux comprendre le point de vue du
député d'Abitibi-Ouest et de ses collègues. C'est
qu'effectivement, si tous les députés de l'Assemblée
nationale avaient le droit de parole sur un projet de loi qui compte 262
articles, le débat s'éterniserait et pourrait même
dépasser les prochaines élections générales. Ce ne
serait pas une mauvaise chose, M. le Président, à mon humble
avis, mais je constate, par le sourire de mon ami d'Abitibi-Ouest, que ce n'est
pas son avis. De toute évidence, c'est un effort de notre part pour
éveiller le gouvernement.
Ce n'est pas directement et de façon irréfléchie un
effort d'amener 110 députés autour de la table et de permettre
à chacun de parler indéfiniment. Mais vous comprenez, M. le
Président, et je suis convaincu que le député
d'Abitibi-Ouest le comprend également, que c'est l'emploi normal par une
Opposition  et s'il veut consulter des experts là -dessus, je peux
lui suggérer le député de Chicoutimi, l'ancien
député de Maisonneuve dont nous regrettons le départ, le
député de Saguenay, le député de Saint-Jacques, le
député de Sauvé et le député de Lafontaine,
ce sont vraiment des experts dans l'emploi des procédures pour faire
ralentir un processus législatif  si l'on veut...
M. Gendron: Pour faire entendre dans ce temps-lÃ
l'Opposition, lorsqu'on parlait de faire entendre tous les
députés de l'Opposition, cela consistait à entendre six
personnes. Alors, cela ne devait pas ralentir le processus.
M. Caron: Dans ma motion, je compends tous les membres de
l'Assemblée nationale.
M. Goldbloom: M. le Président, si l'on veut regarder cela
à court terme sur le plan historique, on pourrait dire: Les efforts
faits par les six députés d'alors ont porté fruit. Les
voilà , avec leurs collègues, au pouvoir. M. le Président,
cela ne durera pas longtemps. Mais si le député d'Abitibi-Ouest
veut interpréter ce fait historique comme voulant dire que les tactiques
et les stratégies employées par ses collègues ont
été valables et ont obtenu un résultat intéressant
pour lui, qu'il permette au moins à l'Opposition d'aujourd'hui de faire
de même et d'obtenir le même résultat  parce qu'il
s'en vient, comme il est venu dans Argenteuil, dans Jean-Talon, dans
Notre-Dame-de-Grâce, comme il s'en vient dans Prévost, dans
Beauce-Sud, et même dans Maisonneuve  et, M. le Président,
il serait tout à fait normal que nous passions un certain temps Ã
débattre cette motion.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, justement parce que je
n'ai ni le tempérament, ni la
carapace des six députés que j'ai mentionnés, de
prolonger mon intervention là -dessus. Je crois qu'il sera dans une
minute et demie le moment de la suspension de nos travaux jusqu'Ã cet
après-midi; c'est ce que j'ai cru compendre. Je termine donc mon
intervention; je ne la poursuivrai pas plus loin.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous prenez le vote
avant d'aller dîner?
Une Voix: Non.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Les travaux sont
suspendus jusqu'Ã 14 heures.
Suspension de la séance à 12 h 29
Reprise de la séance à 14 h 13
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission des affaires municipales pour
l'étude article par article du projet de loi no 125, Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, Ã 12 h 30, la parole
était au député de Shefford.
M. Verreault: Merci, M. le Président. Je voulais
intervenir sur la motion de mon collègue, le député de
Verdun. Pour le bénéfice des membres de cette commission Â
je me demande encore si cette commission peut siéger légalement,
si nous avons quorum  j'aimerais, M. le Président, que vous
vérifiiez, si c'était possible.
Le Président (M. Laplante): II y a quorum.
M. Verreault: Je continue. La motion de mon collègue de
Verdun se lit comme suit: Que tous les députés puissent obtenir
le droit de parole sans devoir en obtenir la permission relativement Ã
l'étude article par article du projet de loi no 125 et ce pour toutes
les séances que tiendra ladite commission.
Mon collègue de Verdun a énuméré plusieurs
points militant en faveur de sa motion. Nos collègues d'en face, les
ministériels, se sont étonnés de la motion de mon
collègue de Verdun. Je crois que cette motion  sans avoir fait une
recherche approfondie dans le journal des Débats relativement aux
commissions antérieures  a été pratique courante et
il fut pratique courante aussi qu'elle soit appliquée et adoptée
par les membres des commissions afin de favoriser un plus grand nombre
d'interventions de députés dans les débats importants tels
que celui que nous avons aujourd'hui sur le projet de loi no 125, Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. (14 h 15)
Nous avons depuis ce matin présenté des motions qui ont
été qualifiées à la fois de stupides et ridicules,
de dilatoires, etc. On a essayé de qualifier des mêmes
épithètes la motion de mon collègue de Verdun. J'aimerais
faire un retour au débat de ce matin, M. le Président, pour vous
rappeler que chacune des motions qui ont été
présentées tant par le Parti libéral, l'Opposition
officielle, que par l'Union Nationale, avait un sens très précis
et une valeur qu'on peut considérer particulière. La
première et celle de l'Union Nationale ont toutes deux été
rejetées. L'attitude du ministre à cette commission semble un peu
étrange. J'ai connu le ministre beaucoup plus conciliant, beaucoup plus
collaborateur.
L'attitude qu'il a l'intention d'appliquer durant ces débats de
la commission parlementaire me semble étrangère à ses
dispositions régulières. Je crois que le ministre aurait tout
avantage à donner un peu plus de corde et à collaborer avec
l'Opposition s'il veut vraiment ne pas être obligé de
siéger durant toutes les vacances de l'été, sinon jusqu'au
mois d'octobre et peut-être jusqu'au début de l'année 1980
pour faire adopter son projet de loi. Quand on sait que le projet de loi no 125
a 262 articles, si vous considérez les amendements qui peuvent
être apportés à chacun, et que chacun des membres de cette
commission a un droit de parole de vingt minutes, j'ai l'impression que cela
peut être très long.
M. le Président, vous comprendrez que je suis prêt Ã
appuyer d'emblée la motion de mon collègue de Verdun. Comme il a
été mentionné ce matin, nous sommes 110 membres Ã
l'Assemblée nationale, un représentant de chacun des 110
comtés du Québec, ce qui comprend toutes les régions du
Québec. Or, le projet de loi ne s'applique pas simplement aux
régions qui sont représentées par les membres de cette
commission, mais s'applique à la totalité des
Québécois, des conseils municipaux, des municipalités. Je
ne verrais pas la justification de cette commission de refuser
inconditionnellement ou sans considération la motion qui a
été proposée par mon collègue de Verdun. Ce serait
même priver et brimer le droit d'un parlementaire quel qu'il soit, que ce
soit un membre ministériel ou de l'Opposition, que ce soit un membre de
cette commission ou non. Je crois que la motion est claire et nette par
elle-même, elle veut  sans qu'il y ait de débat Ã
chaque fois qu'un membre voudra faire valoir son droit de parole à cette
commission, ou de "filibuster", ou de discourir pendant plusieurs minutes
 autoriser tel membre de l'Assemblée nationale à pouvoir
participer à ce débat très important.
Je crois que si la commission parlementaire accepte la motion
proposée par le député de Verdun, nous allons
éviter des lenteurs, des pertes de temps et, ainsi, tous les membres de
l'Assemblée nationale auront la possibilité d'intervenir afin de
bien représenter tous leurs électeurs, comme je le mentionnais
tout à l'heure, qui sont des Québécois à part
entière. Dans les circonstances, vous comprendrez que je vais appuyer la
motion de mon collègue de Verdun.
Je voudrais, en plus, M. le Président, faire remarquer au
ministre responsable du projet de loi
no 125 qu'il ne faudrait pas qu'il s'imagine être sûr de
lui-même, en ce qui a trait au projet de loi no 125.
Nous avons fait la motion, ce matin, pour que le ministre des Affaires
municipales vienne siéger. Il aurait avantage, personnellement,
même si notre motion a été rejetée, à faire
des pressions auprès des membres de cette commission  le ministre
des Affaires municipales  pour être présent. Nous aurions
sûrement besoin de ses bons conseils et de son expérience.
Notre collègue, le député de D'Arcy McGee, a
également fait une motion qui a été rejetée,
faisant appel à d'autres compétences: l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté. Malheureusement,
je crois que le ministre, encore une fois, a fait fausse route.
Je me rappelle, M. le Président, lorsque nous étions
nous-mêmes au pouvoir, les péquistes d'alors, qui étaient
dans l'Opposition, faisaient un drame chaque fois que le gouvernement de
l'époque refusait des choses semblables. On nous accusait même,
Mme Payette, le ministre actuel des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, la première en tête dans les
tribunes, a traité les députés libéraux de
l'époque de moutons, de "singepèdes", de suiveux, parce que,
lorsque le ministre disait oui, tous les autres députés disaient
oui.
M. le Président, vous l'avez constaté  nous en avons
parlé avant la séance de cet après-midi  tout comme
moi, que ces mêmes suiveux, ces mêmes "singepèdes"  je
ne leur donnerai pas d'autres qualificatifs  agissent exactement de la
même manière que tous les ministériels, depuis que le
gouvernement du Québec est créé. Ils poursuivent cette
même politique, qu'ils ont décriée pendant plusieurs
années.
Lorsque le ministre responsable du projet de loi no 125 dit non Ã
une motion, évidemment, vous avez tout le groupe de moutons
derrière qui dit: Non. J'espère qu'ils en feront autant durant le
référendum. Mais c'est une attitude qu'on ne devrait pas prendre;
on a déploré, dans le passé, que des ministériels
libéraux ne puissent pas donner libre cours à leurs opinions
personnelles, à leurs convictions, lorsqu'ils représentent les
intérêts de leurs électeurs. Aujourd'hui, on remarque que
ça n'a pas changé, que ça "s'empironne", que la
consultation, qui se faisait très facilement dans l'Opposition, ne se
fait plus maintenant, depuis que le gouvernement péquiste est au
pouvoir; on n'accepte même pas d'écouter les personnes qui sont,
ici, présentes, nous donner quelques bons conseils; ce sont des
spécialistes dans le domaine.
Malheureusement, le gouvernement va vers sa fin; c'est le commencement
de la fin. C'est malheureux parce que le ministre est quand même un type
assez sympathique et, dans les circonstances, c'est dommage qu'aux prochaines
élections, on soit obligé de se priver de cette sympathie qu'il
transmet à ses collègues. Malheureusement, nous n'aurons pas le
choix puisque ce seront les électeurs de son comté qui auront
à décider. Mais, avant que cette décision soit trop
hâtive de la part de ses électeurs, il y aurait peut-être
avantage, dans les circonstances, qu'il prenne au moins avis de ses
collègues de l'Opposition et qu'il accepte au moins quelques motions que
nous allons suggérer tout au cours de cette commission. Je n'ai pas
l'impression que toutes nos motions sont inutiles. Elles sont très
valables, elles sont très pertinentes.
En terminant, M. le Président, si je ne vous dérange pas
trop dans votre lecture captivante, j'espère que vous lisez des textes,
des extraits du journal des Débats qui traitent du projet de loi 125 et
que nous aurons la chance, durant les suspensions, d'avoir également
votre expérience dans le comté de Bourassa, à savoir ce
que pense vos conseils municipaux de la région de l'île de
Montréal. J'espère que vous allez la faire connaître
à vos collègues de l'Opposition pour mieux les éclairer
parce que le ministre n'a pas du tout l'intention de les éclairer pour
le moment et de se faire éclairer; j'espère que vous allez nous
faire connaître votre opinion au sujet du projet de loi.
On sait qu'en tant que président, vous n'avez pas le droit de
parole sur le sujet, mais, si vous voulez, je peux vous rendre ce service lors
du prochain ajournement; on aura une consultation ensemble et j'essaierai de
vous représenter de manière très efficace et
adéquate.
Alors, vous comprendrez, M. le Président, que c'est avec
fierté que je vais appuyer la motion intelligente de mon collègue
de Verdun. J'espère que nos collègues ministériels en
feront autant.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le vote sur...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... j'aimerais intervenir quelques instants sur la
motion déposée par le député de Verdun. Cette
motion dit bien qu'il serait utile que tous les députés de
l'Assemblée nationale puissent être convoqués aux travaux
de notre commission parlementaire. Evidemment, le libellé ne fait pas
obligation à chacun de nos collègues de s'y rendre, mais on
demande, tout au moins, que tous les députés de
l'Assemblée nationale soient informés de l'heure des
séances et des jours de séances de notre commission parlementaire
afin d'être en mesure d'évaluer, de façon plus
complète et plus profonde, toutes les implications que
présupposent les objectifs que la loi recherche. Cela m'apparaît
important.
Sans doute, les uns pourront dire: Les députés
représentant des circonscriptions urbaines de la région de
Montréal ou de Québec ne se sentiront peut-être pas aussi
impliqués que les députés qui représentent des
circonscriptions rurales où on retrouve habituellement un grand nombre
de municipalités. Mais même parmi les députés
représentant des circonscriptions urbaines à l'intérieur
des grandes administrations telles
Québec et Montréal, je suis sûr qu'il va s'en
trouver qui vont accepter de venir aux travaux de la commission, parce que,
dans un premier temps, au cours des récentes années, surtout dans
les grands centres où nous avons retrouvé des gouvernements
suprarégionaux qu'on appelle habituellement des communautés
urbaines, les populations qui sont couvertes par les attributions des
communautés urbaines ont commencé à ressentir les effets
des décisions qui ont été rendues, des décisions
administratives prises dans ces secteurs. Elles commencent à en
supporter le coût et la note et ce n'est pas fini; ce n'est qu'un
départ.
Deuxièmement, les populations des comtés qu'on retrouve
à l'intérieur des grandes zones urbaines chez nous commencent
à découvrir que, bien au-delà de l'application de la loi
125, c'est-à -dire dans l'application de lois que l'Assemblée
nationale a adoptées, a votées antérieurement, on retrouve
des problèmes joliment majeurs. J'ai à l'esprit ce que vivent
présentement des municipalités telles que la ville de Laval,
Repentigny ou, plus près de Québec, Bernières, dans le
comté du ministre de l'Agriculture, dans le comté de
Lévis, problèmes que les municipalités vivent Ã
l'intérieur de directives formelles et de contrôles
étatiques absolus qu'on a mis entre les mains d'un organisme unique.
Lors des débats, prétendument, selon le ministre qui
défendait la loi qui cause aux municipalités les problèmes
qu'on connaît, ces organismes devaient être très
compréhensifs. Les organismes étatiques du gouvernement, qui
fonctionnaient à partir d'un seul endroit au Québec, soit de la
capitale nationale, devaient être compréhensifs, devaient
être en mesure d'épouser les orientations, les besoins et les
objectifs que des municipalités se donnaient en matière
d'aménagement et de développement du territoire.
A la suite de l'adoption par l'Assemblée nationale d'une loi qui
poursuivait un objectif aussi souhaitable et valable que celui de
l'aménagement intégré du territoire, un objectif aussi
grand, ces municipalités découvrent ce qu'est la mise en route,
la mise en application de lois. Les grands débats qui ont
précédé l'adoption de ces lois nous avaient valu un appel
à la compréhension, des discours de la part des
ministériels, discours par lesquels ils prétendaient que les
députés de l'Opposition se faisaient les défenseurs de
situations hypothétiques qui ne se produiraient jamais, discours par
lesquels on a tenté de laisser croire que les députés de
l'Opposition s'attaquaient et s'intéressaient à des histoires de
Bonhomme Sept Heures, que ces députés avaient peur du
progrès, que ces députés n'étaient pas en mesure de
comprendre avec quelle facilité on pourrait procéder à la
mise en marche des objectifs poursuivis par ces lois. (14 h 30)
Je pourrais citer d'autres cas, mais je vous ai dit, M. le
Président, qu'au cours des dernières semaines,
particulièrement au cours du mois de juillet, j'ai eu l'occasion de
multiplier les contacts avec des gens de mon milieu. Il s'agit d'aller visiter
les paroisses, de se donner des rendez-vous avec des personnes qui assument des
responsabilités  que ce soit au plan municipal ou dans des corps
intermédiaires, ce sont des gens intéressants à rencontrer
 et même de rencontrer le plus de gens lorsque nous avons la
chance, la possibilité d'entrer dans une paroisse. Dans ces discussions,
j'ai entendu des commentaires touchant également des directives ou des
volontés d'objectif dans d'autres secteurs que celui d'une politique
globale d'aménagement, soit des demandes qui ont été
formulées aux municipalités, des avis donnés que nos
municipalités, d'ici décembre 1979, devraient coûte que
coûte se ranger derrière une politique qui fera en sorte de
déboucher sur une nouvelle orientation en matière de disposition
des déchets solides.
Ce n'est pas l'actuel ministre qui a mis en route cette politique,
même si c'est partie vraiment intégrante à l'ensemble d'une
politique d'aménagement, puisque c'est une des dimensions de
l'aménagement, soit celle de protéger l'environnement et d'avoir
des modalités de disposition des déchets solides. Qu'en est-il de
cette facilité qu'avaient laissé entendre les fonctionnaires qui
sont venus dans nos régions? Ayant convoqué des conseils
municipaux, ils sont venus rencontrer nos édiles municipaux, ils ont
discuté de tous les avantages et bienfaits que vaudrait l'application
d'un programme nouveau de disposition des déchets solides. On est
arrivé avec des normes. On a dit à nos gens qu'il y avait eu des
études menées sur les sols, qu'il y avait eu des sondages, de la
recherche pour découvrir toutes les dimensions du choix d'un endroit
idéal pour disposer des déchets solides. On avait proposé
des formules plus souples pour les petites municipalités, plus
éloignées des centres, où la condition des sols dans les
environs ne se prêtait pas au même mécanisme qu'on avait
déterminé pour d'autres secteurs de nos régions. On avait
parlé d'enfouissement par tranchée, enfin toute une kyrielle de
choses possibles. Or, tout cela doit se décider au cours des mois que
nous vivons de manière que ce soit effectif en décembre
prochain.
Sur papier, c'est magnifique. Comme objectif à poursuivre, nous
admettons que c'est magnifique. Mais lorsque nous descendons  je parle de
ce qui a été conçu par ces gens fort bien
intentionnés, même qu'on qualifie de spécialistes
d'après leurs études ou la formation qu'ils ont acquise Â
sur le terrain, pour tenter d'appliquer les programmes conçus, on
découvre que cela pose des difficultés vraiment majeures,
à un point tel que déjà des municipalités ont
décidé de ne pas accepter ces programmes, ont
décidé de désigner d'autres endroits que ceux qui avaient
été étudiés par les représentants du
ministère et qui constituaient des lieux idéaux. On a
décidé de ne pas faire marche commune avec les régions qui
avaient été désignées par le ministère des
Affaires municipales comme devant être regroupées vers un centre
idéal de disposition des déchets solides.
M. le ministre, je ne sais pas si vous en avez entendu parler dans votre
région, dans votre comté, mais je prends à témoin
mon collègue de
Bellechasse qui est du comté voisin. Je pourrais également
en parler à mon autre voisin de l'est, celui du comté de
Kamouraska-Témiscouata. Ce qui était si beau et si facile sur
papier, comme projet, au moment de passer à la mise en place, Ã
la mise à exécution, crée une foule de problèmes,
problèmes assez importants que le député du comté
n'a même pas à s'en enquérir. Lorsqu'on tient nos bureaux
de comté, il n'y a presque pas de semaine où nous n'avons pas un
ou deux visiteurs ou des appels téléphoniques qui nous demandent
notre avis, qui essaient de découvrir l'orientation ou le cheminement de
l'actuel gouvernement en venant proposer de tels programmes ou de tels projets.
Des questions nous sont posées par des personnes inquiètes. Il a
même fallu, dans certaines municipalités de nos milieux,
créer des sous-comités pour tenter de mener à bien des
objectifs que certaines municipalités avaient déjÃ
à l'esprit et qu'elles étaient même sur le point
d'exécuter lorsque la directive est venue d'en haut de voir Ã
procéder au choix de nouveaux sites pour la disposition des ordures ou
des déchets solides.
Devant ces cas vécus, cette réalité qu'on n'a pas
besoin d'inventer, qui vient à nous d'elle-même, c'est important
que nous donnions la possibilité à tous nos collègues de
l'Assemblée nationale, sans leur en faire une obligation, comme je l'ai
dit il y a un moment, de venir aux séances de la commission
parlementaire pour voir davantage les conséquences et les implications
que comportent les objectifs poursuivis à l'intérieur de la loi
125, pour le permettre également aux députés qui
représentent des circonscriptions rurales, qui connaissent assez bien
l'histoire des conseils de comté, des corporations municipales de
comté, qui ont vu ce que ces conseils de comté ont pu
réaliser dès que les gouvernements leur ont donné la
possibilité d'agir, dès que les gouvernements leur ont
confié des mandats spécifiques avec, lorsque requis, des
capacités financières de procéder au mandat qu'on leur
avait confié.
Les uns me diront que les conseils de comté, dans le
passé, n'ont peut-être pas tellement bougé; les conseils de
comté, en général, ont bougé lorsqu'ils ont senti
qu'on avait des choses à leur confier au palier de gouvernement
supérieur, mais tant et aussi longtemps qu'on ne leur a pas
indiqué des pouvoirs nouveaux ou des responsabilités que le
gouvernement supérieur était prêt à leur confier,
c'est sûr que les conseils de comté n'ont pas pu plonger dans des
entreprises dont les coûts étaient tellement élevés
que ces derniers ne pouvaient se permettre d'entreprendre des activités
qu'ils n'avaient pas les moyens de se payer. Le même
phénomène a joué dans la plupart des cas de nos
municipalités. On pourrait reprocher à des municipalités
du Québec, à de nombreuses municipalités chez nous, de ne
pas avoir procédé assez rapidement dans tel champ
d'activités qui leur était dévolu selon la logique; si
cela ne s'est pas fait, ce n'est pas par manque de volonté de la part
des édiles municipaux, cela ne s'est pas fait parce qu'ils n'ont pas
senti que les paliers de gouvernement supérieurs pouvaient leur apporter
un appui financier leur permettant de procéder Ã
l'exécution de programmes.
Ces municipalités, comme les corporations de comté n'ont
pas pu bouger parce qu'elles savaient fort bien  elles le savaient mieux
que quiconque ici autour de la table  quelle était la
capacité de payer des contribuables qu'elles représentaient, quel
était le revenu moyen dans ces municipalités, quelle était
cette capacité des gens, payeurs d'impôt foncier possédant
propriété, la capacité qu'ils avaient de payer? Quel
développement, quel aménagement nouveau, quels services
étaient nécessaires? C'est cela, dans une très large
mesure, qui a fait, dans le passé, que beaucoup de nos
représentants municipaux, devant des besoins qu'ils constataient
eux-mêmes ou qui leur étaient transmis par des contribuables qui
venaient devant le conseil municipal... Ces gens découvraient des
besoins, découvraient des programmes qu'il aurait été
requis de mettre sur place pour simplement améliorer la qualité
de la vie du milieu, pour faire en sorte que la population Ã
l'intérieur d'un territoire puisse vivre dans des conditions plus
intéressantes.
Mais, si ces gens n'ont peut-être pas agi  comme je l'ai
entendu dire déjà dans le passé par des gens qui leur
reprochaient de ne pas avoir bougé  s'ils ne l'ont pas fait, c'est
parce qu'ils étaient conscients de l'incapacité qu'avait leur
population de payer le coût de ces services, à moins qu'un
programme d'aide ou de subvention particulier, venant d'une instance
supérieure, leur soit offert, soit mis à leur disposition.
C'est facile d'apporter des reproches à l'endroit de nos conseils
municipaux, de nos conseils de comté ou même de l'Union des
municipalités pour ne pas avoir procédé assez vite devant
des besoins de la collectivité. C'est facile, les reproches, il n'y a
rien de plus simple. Mais, lorsqu'on voit ce qu'est la réalité,
si on va sur place découvrir les motifs ou les raisons pour lesquelles
telle action n'a pas été entreprise, on découvre ce que
sont les motifs fondamentaux qui ont empêché la mise en marche ou
l'exécution de tel ou tel projet.
Il est important qu'on puisse permettre à chacun de nos
collègues de pouvoir venir assister, observer et entendre ce qui se dit
ici et surtout peut-être de participer, à certains moments,
lorsque le temps sera venu de commencer à débattre ou Ã
discuter le projet de loi article par article, afin de leur permettre
d'être à l'écoute des membres de la commission, Ã
l'écoute du ministre, à l'écoute de ses conseillers qui,
souventefois, vont venir près du ministre lui indiquer la vision globale
des implications de telles modifications qui pourraient être
apportées ou indiquer au ministre les raisons profondes pour lesquelles
on n'est pas allé dans tel choix plutôt que tel autre. Il serait
bon que nos collègues puissent entendre cela de la bouche du ministre.
Parce qu'un jour ou l'autre, lorsque la mise en place, la mise en vigueur de
tout le contenu du projet de loi no 125 se fera, les députés de
cette Assemblée ne manqueront pas d'occasions d'entendre des gens venir
discuter
avec eux, leurs représentants de l'Assemblée nationale,
des problèmes particuliers que peut poser l'application de tel article
ou de tel article de la loi 125.
C'est inévitable. Ce ne sont pas seulement les corporations
municipales qui vont subir les conséquences et les restrictions que nous
pose le projet de loi no 125, ce ne sont pas seulement les conseils de
comté qui vont subir cela, ce seront des individus, des contribuables
à l'intérieur des municipalités qui seront les plus
touchés, et bien plus touchés souventefois que les édiles
municipaux, que ceux qui ont la responsabilité de l'administration
municipale. C'est important que nos collègues puissent approfondir tout
le contenu du projet de loi no 125, les implications que cela va apporter.
On pourra prétendre qu'il n'y a rien de coerci-tif, qu'on donne
du temps pour la préparation du schéma d'aménagement, du
temps pour son adoption et des délais. Il y aura de la consultation, la
tenue de séances publiques; ça, c'est bien beau, on endort du
monde souvent lorsqu'on laisse croire que tout va se faire avec douceur, que
tout va se régler sans problèmes, qu'il y aura un esprit de
compréhension de la part des personnes qui auront à travailler
là -dessus. On a déjà endormi du monde dans le
passé; on va sans doute pouvoir en endormir encore, si on
répète les mêmes manèges.
Mais, déjà , on commence à découvrir dans le
concret les conséquences et les situations parfois dramatiques Â
pas toujours  de la mise en place d'obligations et de dispositions
contenues dans les lois qui ont été adoptées tout
récemment.
M. le Président, ce n'est pas fini; c'est la pointe de l'iceberg
qui vient d'apparaître. Lorsque l'ensemble des municipalités de la
province de Québec aura soumis ses recommandations à la
Commission de protection du territoire agricole qui, en passant, occupe une
place drôlement large dans les questions d'aménagement du
territoire qui font l'objet de nos débats, que va-t-il rester de tout
ça dans les municipalités qui sont déjà couvertes
par la zone agricole? Je pense à une municipalité comme
Berthier-sur-Mer qui est comprise dans le territoire de la zone agricole
temporaire. Ce qui est temporaire va devenir permanent, ne nous cassons pas la
tête. Il s'agit de voir fonctionner déjà la Commission de
protection du territoire agricole pour deviner ce que va être la
réalité dans les municipalités de mon comté, qui
font partie de la zone verte. Ce qui est déterminé sur les cartes
et les graphiques comme zones provisoires va devenir zones permanentes avec de
petites, de très petites zones autour du coeur du village, de
très petites zones, des parcelles très minimes qu'on va
peut-être concéder pour répondre aux besoins
immédiats de développement et de lotissement. Le reste, ce qui
est provisoire, va devenir permanent et, chaque fois que les
municipalités auront besoin d'expansion, elles devront demander la
permission à la Commission nationale de protection du territoire
agricole.
M. Gendron: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Montmagny-L'Islet; c'était très intéressant sur le fond,
mais il y avait des grands bouts où ça...
M. Giasson: M. le Président, je tente de prouver Ã
cette commission qu'il est important que nos collègues...
M. Gendron: Oui, je veux juste vérifier...
M. Giasson: Je me sers d'exemples pratiques qu'on vit.
M. Gendron: J'ai bien compris ça, M. le
député de Montmagny-L'Islet; je veux juste vérifier avec
le président. Il m'apparaît que M. le député de
Montmagny-L'Islet a épuisé son temps de parole. (14 h 45)
Le Président (M. Laplante): II lui reste une minute.
M. Gendron: Alors, je m'excuse, on va la lui laisser; c'est
tellement intéressant.
Une Voix: II est en train de nous décrire l'iceberg.
M. Caron: Cela a même passé trop vite, M. le
Président.
M. Giasson: M. le Président, je venais à peine de
vous dire que nous apercevons la tête de l'iceberg et déjÃ
mon collègue d'Abitibi-Ouest, très gentiment, me signale que mon
temps de parole est épuisé.
A tout événement, M. le Président, il faut que le
plus de députés possible de l'Assemblée nationale aient la
possibilité d'être avisés, au moins, de la tenue des
séances de la commission parlementaire, du jour de ces séances,
des heures. Ceux qui ne sont pas intéressés pourront vaquer
à leurs occupations, mais ceux qui disent: Cela nous intéresse,
on y va, donnons-leur la possibilité d'y venir. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de L'Islet. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président, je
suis, bien sûr, en faveur de la motion présentée par le
député de Verdun. Si j'insiste, c'est surtout au niveau des
députés représentant les circonscriptions rurales. A la
suite, des tournées que nous avons effectuées cet
été dans nos régions, je pense que les
députés, surtout ceux touchés par le projet de loi,
pourraient faire valoir leur expérience ici, autour de cette table.
Comme le dit le député de Montmagny-L'Islet, si ces gens ne
veulent pas se prévaloir de ce droit, bien, tout simplement, ils
n'auront qu'Ã ne pas venir.
Je sais, par exemple, que par l'article 148 Â je pense, M. le
Président, que vous me l'avez souli-
gné cet avant-midi  les députés pourraient
venir et, Ã chaque fois, demander le droit de parole. Vous savez que
c'est de la procédure, alors pourquoi ne pas régler cela
immédiatement? On a qualifié cette motion, du côté
ministériel, de superfétatoire, de dilatoire, d'un ridicule
consommé. M. le Président, je n'aime absolument pas ce genre de
qualificatif parce que ce n'est pas là du tout le but de cette motion.
Les comtés ruraux ont été touchés
dernièrement par deux lois. Le député de Montmagny-L'Islet
a parlé des sites d'enfouissement sanitaire où c'est la pagaille.
Personnellement, dans le comté que je représente, l'Union des
conseils de comté de Bellechasse a demandé au ministre un
moratoire de deux ans, ce qui a été refusé. C'est signe
que les municipalités ne sont pas prêtes à accepter ce qui
est proposé par le ministre de l'Environnement au ministère de
l'Environnement. Nous avons également la loi 90. Nous sommes
"pognés" avec cette loi. A chaque lundi, au bureau de comté,
chaque fois qu'on se présente dans le comté, nous avons des cas
concrets où la pagaille règne. Je pense qu'il n'y a absolument
rien qui marche. Même, là où cela va le plus mal, le plus
drôle, c'est dans le comté du ministre même qui a
parrainé cette loi, la loi 90, dans le comté de Lévis.
Dans le comté de Bellechasse, il y a énormément de
problèmes, et dans tous les comtés touchés par cette loi,
avant même qu'on l'applique. Au moment même où commencent
les discussions, on s'aperçoit que l'Opposition avait raison, au moment
où nous avons argumenté à l'Assemblée nationale
contre ce projet de loi, surtout les députés touchés par
ces lois, de vouloir proposer quelque chose pour améliorer la loi. On a
deux expériences que nous avons vécues dernièrement. Deux
lois ont été votées, la 90 et le nouveau règlement
au niveau des sites d'enfouissement sanitaire, où nous avons la preuve
que les députés de l'Opposition, à ce moment, avaient
raison de s'inquiéter. M. le Président. On arrive avec une
troisième loi. Au moment où on n'est pas capable d'appliquer les
deux autres, on nous en amène une troisième qui est encore plus
complexe. Mon bon ami ici à mes côtés s'est permis, la
semaine dernière, de faire un petit schéma démontrant la
complexité au niveau de la consultation. Je vais juste vous le montrer,
M. le Président, mais vous pourrez en prendre connaissance tout Ã
l'heure. Vous allez voir que c'est assez complexe. Seulement au niveau de la
consultation, vous allez voir que c'est à y perdre son latin. C'est un
exemple au niveau de la consultation. Imaginez-vous dans les autres articles
qu'est-ce qui va arriver avec ce projet de loi? Les municipalités
rurales en ont soupé de ces projets de loi. On est déjÃ
"pogné" avec deux projets de loi et vous nous arrivez avec un
troisième. Prenez donc l'expérience que nous avons connue avec
les deux précédents. Commençons par régler ces deux
projets de loi.
M. le Président, comme disait mon grand-père, quand
ça presse, c'est le temps de prendre son temps. Alors, prenons donc
notre temps et demandons donc aux députés représentant les
circonscriptions électorales touchées par ce projet de loi, les
députés ruraux  non pas au député de
Maisonneuve ou à ceux de différents coins ou représentant
des grandes villes; ils ont sûrement de bons arguments  et vous
allez voir qu'ils vont nous livrer certains points de vue. Je pense que ce
serait bon de réaliser les appréhensions de ces
députés, avant même que l'on vote le premier article.
M. le Président, je voterai pour la motion
présentée par le député de Verdun.
Le Président (M. Laplante): Merci monsieur. Je suis
prêt à mettre la motion aux voix. Cette motion du
député de Verdun se lit comme suit: "Que tous les
députés puissent obtenir le droit de parole, sans devoir obtenir
la permission relativement à l'étude article par article du
projet de loi 125 et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite
commission".
M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Caron (Verdun).
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Goulet (Bellechasse).
M. Goulet: Pour.
M. Goldbloom: Mon collègue de Jonquière ne vous
remerciera pas.
Le Président (M. Laplante): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Goldbloom (D'Arcy
McGee).
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau). M.
Gandron (Abitibi).
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Léonard
(Labelle).
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Laplante): Cinq contre, et trois pour;
motion rejetée.
M. Caron: Contre la démocratie... c'est gênant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
Remarques préliminaires (suite)
M. Goldbloom: M. le Président, je reprends mes remarques
préliminaires. Je reviens à ce que disait le ministre au cours
des siennes, parce qu'il a mentionné le mot "partisanerie" et depuis
qu'il l'a mentionné, j'ai réfléchi et je me demande
où se situe la partisanerie dans cette discussion et de quelle
façon elle pourrait s'exprimer.
M. le Président, j'aimerais appeler les choses par leur nom. Si
nous avions, à l'égard de ce projet de loi, une approche
partisane, savez-vous ce que nous ferions, M. le Président? Nous ne nous
y opposerions point. Nous permettrions que ce projet de loi soit adopté
tel quel, parce que ce sera la pagaille et ce sera pour le parti
ministériel un fardeau à traîner tout le long de la
prochaine campagne électorale.
M. le Président, ce qui va arriver si le gouvernement demeure
têtu, n'accepte pas de modifier l'élément essentiel dont
nous parlons depuis le début de la journée, c'est que ceux qui
s'opposent aux candidats péquistes vont dire, dans les comtés
touchés: Si vous redonnez le pouvoir au Parti québécois,
vous direz "bye-bye" à vos conseils de comté, comme vous les
connaissez et pas seulement pour la fonction aménagement du territoire,
mais pour un évantail de fonctions.
J'ai effleuré cet aspect quand j'ai commencé mes
remarques. J'ai mentionné qu'à certains moments, le gouvernement
nous disait: Ce sera un organisme unifonctionnel; mais à d'autres
moments, le gouvernement, par la bouche du ministre, a dit: Mais si l'on
crée un tel organisme et si on l'appelle "municipalité
régionale de comté", il serait logique de lui donner d'autres
fonctions. Les candidats péquistes vont dire: Mais ce ne sera pas
nécessairement le cas.
M. le Président, le gros bon sens, la prudence traditionnelle du
milieu rural amènera les électeurs dans ces comtés
à se dire dans leur fort intérieur: Les candidats
péquistes nous disent que ce ne sera pas nécessairement le cas,
mais ils ne sont pas en mesure de nous donner l'assurance que la loi respecte
l'existence, les fonctions et la structure des conseils de comté
actuels. Le gouvernement sortant ne nous dit pas quelles seront les autres
fonctions qui seront données à ces municipalités
régionales ou de comté.
M. le Président, j'aimerais donner à ces messieurs un
petit conseil amical: Ne vous trompez pas. Même si l'organisme dont nous
parlons depuis ce matin s'appelle l'Union des conseils de comté du
Québec et il y a d'autres sortes d'organismes au Québec qui
s'appellent union ou, dans leur cas syndicat, il y a une différence. Il
y a une différence de structure, une différence de vocation, mais
il y a aussi une différence de tempérament et de moyens d'action.
Si, messieurs les ministériels, vous faisiez face aujourd'hui Ã
un syndicat ouvrier qui s'opposait à un élément
fondamental d'un de vos projets de loi, vous n'auriez pas devant vous
simplement le président du syndicat et un conseiller juridique. Vous
auriez des centaines et des milliers de gens sur le trottoir, devant le
parlement, et vous auriez les bancs ici remplis de gens qui réagiraient
à vos propos.
M. le Président, ce n'est pas la tradition des élus
municipaux dans le milieu rural, pas tellement dans le milieu urbain non plus.
Notamment, dans le milieu rural, ce sont des gens en vue, des gens qui ont
réussi à se faire élire et qui sont donc suivis par
beaucoup de leurs concitoyens. S'il n'y a pas de manifestation devant le
parlement à cause de votre article 167, cela ne veut pas dire qu'il n'y
aura pas de manifestation massive dans les isoloirs le jour des prochaines
élections générales.
M. le Président, je voudrais dire amicalement au ministre et, par
son intermédiaire, à son collègue des Affaires
municipales: Si vous n'êtes plus là après les prochaines
élections, vous ne serez pas les premiers ministres à être
battus parce qu'ils s'étaient opposés aux élus municipaux
notamment dans le milieu rural. Pensez-y sérieusement.
Le ministre parrain du projet de loi s'est engagé le jour
où il l'a déposé en Chambre en première lecture et
en a lu les notes explicatives. Il a apporté des modifications. Il a
fait réimprimer son projet de loi. Il l'a empiré par rapport
à l'article en question. On essaie de le lui dire. Il ne veut pas
écouter. (75 heures)
Mais les ministériels, les autres, surtout ceux qui ne font pas
partie du Conseil des ministres? Ils sont liés par une certaine
solidarité. D'accord, je connais cela. Je connais cela pour l'avoir
vécu parfois péniblement. Mais, MM. les ministériels,
écoutez votre gros bon sens. Ecoutez la voix de votre milieu parce que,
si vous me dites que vous êtes à 100% d'accord avec ce projet de
loi, notamment avec la structure proposée par l'article 167, je vous
dis: Vous n'écoutez pas votre milieu. C'est aussi simple que cela. Si
vous trouvez cela amusant, j'espère que vous le trouverez aussi amusant
le lendemain des prochaines élections.
M. le Président, j'aurais du être partisan, j'aurais
dû me taire. Mais il y a un principe qui est impliqué ici et qui
est plus important que la partisanerie, plus important que les
intérêts d'une formation politique, qu'elle soit au pouvoir ou
non. Il y a l'intérêt de l'avenir du Québec. MM. les
ministériels si vous insistez sur cette transformation radicale de
l'administration locale au Québec, vous en subirez les
conséquences sur le plan électoral, mais la population en subira
les conséquences sur le plan de la vie quotidienne.
M. le Président, des collègues auront peut-être la
tentation de me dire que j'exagère, que je dramatise, que j'invoque leur
intérêt individuel, politique, électoral pour faire valoir
un point de vue qui est en opposition avec celui du gouver-
nement. LÃ aussi, je leur dis: Si c'est cela que vous voulez
croire, continuez de le croire, mais je ne peux me taire quand je vois que des
institutions plus que centenaires sont menacées de disparaître,
menacées par un ministre, porte-parole d'un gouvernement qui ne veut pas
donner à la population du Québec, aux députés de
cette Assemblée nationale, aux élus municipaux l'assurance que
les conseils de comté actuels seront conservés et que cette
conservation sera inscrite dans la loi.
M. le Président, qu'il soit bien clair, si le ministre prend la
parole, Ã n'importe quel moment, et nous dit: Messieurs les membres de
la commission parlementaire, j'ai réfléchi, j'ai consulté,
j'ai reçu des propositions, je suis prêt à modifier
l'article 167, à ce moment-là , M. le Président, nous
serons, de notre côté, disposés immédiatement
à suspendre tous les articles avant l'article 167 et à passer
immédiatement au débat sur ce texte-là , quitte Ã
revenir aux autres et faire dans les autres les modifications de concordance
qui découleront de la modification que le ministre apportera Ã
l'article 167. Si ce n'est pas le désir du ministre de le faire, nous
devrons, comme députés consciencieux, sensibles aux implications
de ce projet de loi pour l'avenir du Québec et notamment du
Québec rural, poursuivre notre travail consciencieusement; nous avons
l'intention de le faire.
Je trouve, en toute sincérité, qu'il est regrettable que
le ministre, après les conversations qui ont eu lieu, connaissant ce
qu'il connaît du point de vue de l'Union des conseils de comté du
Québec et des élus municipaux dans le milieu rural, ne soit pas
en mesure de nous dire aujourd'hui: J'ai compris, j'apporterai les
modifications désirées. Je trouve regrettable que le ministre
nous dise en quelque sorte: J'ai attendu que d'autres prennent l'initiative des
consultations. Il y a eu une rencontre entre des conseillers juridiques. C'est
la seule qui a été demandée; donc, c'est la seule qui a eu
lieu. Un ministre soucieux de l'opinion publique en milieu rural va au devant
des coups.
Le Président (M. Laplante): Pourriez-vous en venir
à la conclusion, s'il vous plaît?
M. Goldbloom: Merci. Il arrive devant la commission parlementaire
en disant: J'ai étudié la question et je suis venu à la
conclusion que je peux ou je ne peux pas modifier la loi. Une situation aussi
floue que celle que nous connaissons maintenant au sujet d'une question aussi
fondamentale et aussi sensible ne me semble pas normale. Malgré cela,
nous sommes prêts à accorder au ministre la collaboration voulue
à partir du moment où il nous dira: Penchons-nous sur l'article
167 et voyons de quelle façon nous pourrons l'améliorer afin de
rencontrer les désirs des conseils de comté, afin d'assurer la
protection des conseils de comté existants. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Egalement, au nom de
l'Union Nationale, j'aimerais livrer quelques commentaires devant cette
commission au moment où on s'apprête à étudier
article par article le projet de loi no 125. Je ne veux pas, par ces quelques
remarques préliminaires, recommencer à faire le procès de
la réimpression du projet de loi no 125. Le ministre d'Etat Ã
l'aménagement du territoire n'a qu'à se souvenir de certaines
nuits blanches qu'il a dû passer à écouter les critiques de
l'Opposition lors du débat de deuxième lecture Ã
l'Assemblée nationale. Je crois qu'il a, d'ailleurs, pris de bonnes
notes, car, semble-t-il, d'après ce qu'il nous a annoncé ce
matin, il a quelques amendements à proposer à la commission. Il
me paraît, toutefois, bon de replacer dans une juste perspective le
débat qui a entouré le projet de loi no 125 lors de la
deuxième lecture.
Je tiens à rappeler que mon parti et moi-même sommes
conscients de la nécessité d'aménager notre territoire
québécois. Partant de ce principe, j'ai suivi et l'étude
des mémoires et les débats en Chambre dans le but de bonifier le
projet de loi que le ministre d'Etat à l'aménagement du
territoire avait préparé. On l'a dit ce matin: Cela s'est
détérioré de beaucoup quand le ministre a jugé bon
de ne pas écouter l'Union des conseils de comté, surtout lorsque
ces gens se sont réunis ici à Québec en
quasi-totalité avec tout près de 1200 représentants. Nous
avons trouvé tout à fait curieux que le ministre ne juge pas bon
de les écouter, surtout que ce projet de loi avait été
mené sous le signe de la consulation. Personnellement, cela me
paraissait et cela me paraît encore, à la suite du vote que nous
avons pris ce matin, inconcevable qu'on rejette soudainement des interlocuteurs
aussi valables que les représentants de l'Union des conseils de
comté et de l'Union des municipalités.
On a consulté, c'est vrai. Le député
d'Abitibi-Ouest l'a dit, ce matin, et il a raison. C'est vrai que nous avons
consulté, mais ce qui est le plus comique dans cela c'est
qu'après les consultations, on a modifié le projet de loi et on
l'a fait contrairement aux résultats de la consultation, contrairement
aux demandes qui avaient été formulées lors de cette
consultation. On est allé complètement dans le sens
opposé. Et après cette réimpression du projet de loi,
c'est là qu'on n'a pas consulté et on n'a pas
réévalué la pensée ou les arguments des principaux
interlocuteurs dans ce dossier.
Dans un autre ordre d'idées, vous me permettrez d'apporter
à l'attention de cette commission deux points que je considère
litigieux relativement au projet de loi que nous discutons présentement.
Il y a le jeu avec les lettres patentes sans consultation au préalable.
Le ministre nous a dit qu'il apporterait certains amendements à ces
articles 167 et 169, 246 et 247, je crois. Je dis tout de suite au ministre que
personnellement j'exigerai que les bonnes intentions du ministre concer-
nant la consultation figurent dans le présent projet de loi. Nous
n'avons pas en main les amendements que le ministre déposera. Dès
que nous les aurons, si le ministre se rend à nos demandes, d'accord.
Sinon, je l'avise tout de suite que nous ferons une bataille sur ces
articles.
Egalement, le financement des schémas d'aménagement;
encore là je trouve curieux qu'à une question aussi complexe le
ministre jusqu'ici nous ait renvoyé à un petit paragraphe dans
son discours ou un petit paragraphe du discours du budget où on parle
d'environ $2 millions. A mon sens, ces explications sont insuffisantes et je
pense qu'il y aura lieu d'amener beaucoup de précisions lors de cette
étude article par article.
Quant à moi, je dois souligner que je suis tout à fait
disposé à mettre toute mon énergie Ã
améliorer ce projet de loi. Cependant, je trouve tout à fait
curieux, et cela depuis mon entrée ici à cette Assemblée,
que l'Opposition s'évertue à essayer de bonifier un projet de
loi. Le député de D'Arcy McGee l'a dit tout à l'heure,
qu'on nous accuse de partisanerie, on le voudra bien et c'est peut-être
ce qu'on devrait faire parce que je trouve tout à fait curieux que l'on
essaie de bonifier un projet de loi. Je me demande si on ne ferait pas mieux,
comme députés de l'Opposition, de permettre l'adoption de ce
projet de loi le plus rapidement possible. Je pense que ce serait lÃ
fournir au gouvernement une corde de plus pour se pendre le plus rapidement
possible.
Lorsque nous avons étudié ce projet de loi, lorsque nous
avons entendu les mémoires ici, nous voulions avoir certains
commentaires de M. le ministre, et le ministre nous disait: Non, ce n'est pas
l'endroit pour faire des commentaires, il n'y aura pas de commentaires pour
l'immédiat, vous verrez cela en deuxième lecture. En
deuxième lecture, le ministre nous est arrivé avec une
réplique que j'appelle du réchauffé parce qu'il a repris
à environ 90% le discours qu'il avait prononcé le 19 mai devant
l'Union des conseils de comté. Il n'y a pas eu tellement de
réplique là . Depuis ce matin, avec toute la bonne foi de
l'Opposition de façon qu'on puisse amener ici des arguments et des gens
pouvant nous aider à faire la lumière et nous aider Ã
trouver de nouvelles solutions pour améliorer ce projet de loi, le
ministre semble rejeter toute proposition ou toute suggestion de la part des
députés de l'Opposition.
En terminant, je ne veux pas être méchant, mais je
rappellerai au ministre que tous les gouvernements précédents,
tous les ministres précédents qui ont touché aux conseils
de comté, qui ont voulu les faire disparaître se sont fait battre
à plate couture lors d'un scrutin général. Si le ministre
continue à ne pas vouloir donner suite à nos recommandations ou
à ne pas vouloir nous écouter, je lui dirai que c'est ce qui lui
arrivera. Mon collègue ici à ma gauche me disait tout Ã
l'heure, et je pense que je vais emprunter ses propos pour résumer ce
que je pense, ce que j'ai vécu depuis l'étude des
mémoires, que lors de l'étude des mémoires, le ministre
disait: On verra; au niveau de l'étude article par article, le ministre
dit: On verra. Et ce matin, il continue à nous dire: On a
consulté, on a vu. Cela nous passe comme cela ici, il ne s'est
absolument rien passé, et le ministre n'a pas consulté depuis ce
temps. J'invite le ministre à ne plus pratiquer ce que j'appelle la
politique de l'huître qui consiste à se refermer si on l'aborde de
trop près. Je pense que c'est là où il y aura une corde
qui pourra permettre à ce gouvernement de se pendre beaucoup plus
rapidement qu'il ne le pense.
Je déplore énormément ce que nous avons vécu
depuis le début de la matinée et également ce que nous
avons vécu en deuxième lecture, et également lors de
l'audition des mémoires sur ce projet de loi. (15 h 15)
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Bellechasse. Maintenant, j'appelle l'article 1 du
projet de loi 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme...
M. Caron: ...
Le Président (M. Laplante): Vous vouliez parler, M. le
député de Verdun?
M. Caron: Oui, j'avais quelques mots à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun, vous avez la parole.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, avant de commencer Ã
étudier le projet de loi article par article, je pense qu'il est encore
très important de demander  je sais que c'est la dernière
fois que j'ai la chance de dire un mot  au ministre, encore une fois, de
ne pas laisser tomber l'Union des conseils de comté.
Si je me permets d'en reparler, M. le Président, c'est que ces
gens sont sérieux, ces gens sont près de la population; je pense
que le ministre le sait autant que moi. Je vais lui redire; ces gens sont venus
tous les jours, dès qu'on vient, ici, à Québec, on est
moins souvent avec notre monde. Dès qu'on adhère au Conseil des
ministres, c'est encore pareil, on est prêté à la province,
quel que soit le gouvernement au pouvoir. Vous avez la chance, M. le ministre,
de suspendre temporairement la commission et de discuter, qu'on vous donne des
amendements et qu'on accepte l'Union des conseils de comté, qu'on ne la
laisse pas tomber.
Je me fais son porte-parole. Je suis d'un comté de ville, je
pourrais bien être ailleurs, avec mes électeurs, aujourd'hui, dans
un grand tournoi de golf, mais, non, je pense que c'est plus important de venir
vous demander encore de ne pas laisser tomber les élus municipaux du
Québec.
Comme le disait mon collègue de D'Arcy McGee, ces gens ont trop
d'honneur pour venir faire du piquetage ici; ces gens doivent donner le
bon exemple, comme la majorité de nous tous, quel que soit le
côté de la Chambre où nous siégions. Ce n'est pas
notre rôle de leur dire de venir faire du piquetage et à venir
troubler la paix publique. Il y a un moment où ces gens peuvent nuire
énormément au gouvernement. Au moment où on vous parle, on
essaie de vous faire comprendre, M. le ministre, que vous ne pouvez pas laisser
tomber l'Union des conseils de comté.
Si vous êtes prêt à suspendre, nous, de notre
côté, allons vous donner le temps; vous avez vos hauts
fonctionnaires, ça ne sera pas long. Votre projet de loi, M. le
ministre, tel que vous l'avez dit, en deuxième lecture, quand vous avez
rencontré les gens: On y verra. Mais, là , on est au bout du
chemin; c'est le temps, aujourd'hui de dire oui ou non ou, si vous ne voulez
pas, c'est de le dire carrément: On ne veut pas faire quoique ce soit
pour l'Union des conseils de comté, on veut la laisser tomber; alors,
vous laissez tomber bien du monde.
Pour ma part, tant que j'aurai un mot à dire, je vais essayer de
sauver ce groupe. Comme je vous le disais, je pourrais être ailleurs,
aujourd'hui, à jouer au golf, ce serait intéressant.
Le whip du gouvernement me regarde; c'est vrai, ce serait pas mal
intéressant, il ne pleut pas à Montréal, mais, non, je
pense qu'il est plus important, quand on est sérieux, qu'on pense
à la vocation des petits élus; vous savez, quand j'étais
seulement conseiller, je voyais mon monde tous les jours et, là , je
rendais service.
M. Proulx: C'est pour ça que vous avez été
réélu.
M. Caron: LÃ , je suis un peu moins avec lui, c'est
vrai...
M. Proulx: Ah, ce n'est pas bon!
M. Caron: ... mais c'est encore bien pire pour le ministre, parce
que le ministre disait, ce matin, qu'il a fait de la consultation. Il ne semble
pas trop... je ne voudrais pas douter de sa parole, parce que c'est un trop
gentil monsieur; mais le fait qu'il se fasse pousser par le Conseil des
ministres, et Dieu sait s'il est divisé... Naturellement, on veut
adopter cette loi.
L'Opposition est encore ici pour vous donner une chance. On pourrait
faire de la partisanerie et dire: Laissez-vous pendre. Encore là , on ne
voudrait pas; c'est en plus le dégât que ça va faire; on ne
voudrait pas que ce dégât survienne.
Comme je disais, ce matin, souvent le ministre se fait conseiller par
des hauts fonctionnaires et, avec tout le respect que j'ai pour les hauts
fonctionnaires, ce sont des gens qui ne sont pas élus, c'est facile, ils
vont discuter avec trois ou quatre personnes et ça semble beau sur
papier, on fait un grand dessin, mais, quand on le met en pratique, c'est autre
chose.
Encore une fois, M. le ministre, je sais que vous me trouvez
peut-être un petit peu ennuyant, mais je ne suis pas ennuyant, je suis le
porte- parole de bien des gens, moi qui ai fait le tour aussi. J'ai eu
l'occasion d'aller dans les comtés ruraux. Je fais la tournée
quand j'en ai la chance, parce qu'il y a beaucoup à apprendre. Cela me
fait plaisir d'apprendre. Encore une fois, je vous demande, avant de laisser la
parole à quelqu'un d'autre, qu'on suspende; c'est très important.
Le député de D'Arcy McGee, qui a fait le tour de la province
pendant nombre d'années, est au courant de ces problèmes. Il vous
le demande, on vous le demande ainsi que d'autres de l'Union Nationale et je
pense que le député de Montmagny-L'Islet qui est près de
la population aussi, qui est peut-être le député le plus
près de ses électeurs dans les comtés ruraux, vous l'a
demandé et il va vous le redemander encore. J'espère que les
paroles qu'on a dites de ce côté-ci de la table ne se seront pas
envolées dans un coup de vent.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. J'appelle
maintenant...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: ... j'aurais quelques commentaires à faire
encore avant que vous appeliez l'article 1. Je voudrais tout simplement vous
indiquer que j'aurais cru, après nos débats de deuxième
lecture sur la loi 125, que lors de la reprise des travaux de la commission
parlementaire pour l'étude article par article, le ministre responsable
de la loi, à la suite de tout ce qu'il a entendu lors du débat de
deuxième lecture, à la suite d'une réflexion plus
poussée que lui permettait la période intersessionnelle, nous
déposerait des amendements qu'il jugeait opportun d'apporter, surtout
vis-Ã -vis de certains points de son projet de loi qui est loin de faire
l'unanimité, le ministre le sait très bien. Je croyais,
c'était peut-être naïf, que durant la période
intersessionnelle, le ministre penserait à des mécanismes
nouveaux à intégrer dans la loi et qui feraient en sorte de
respecter un palier d'autorité municipale qui se situe entre le
gouvernement provincial et la municipalité elle-même, soit le
conseil de comté. Il était certainement possible, à la
suite d'une recherche et d'une réflexion, d'atteindre, fondamentalement
et totalement les objectifs poursuivis dans un plan d'aménagement du
territoire, de procéder avec une loi en reconnaissant cette
réalité qui existe au Québec depuis que la vie municipale
a pris une certaine ampleur, cette réalité qu'on appelle les
conseils de comté, qui se regroupent dans une fédération,
dans une union que l'on connaît.
Il m'est apparu, Ã la suite d'un examen de la situation, qu'il
était possible, avec de la volonté, d'atteindre cet objectif
d'aménagement de tout le territoire du Québec Ã
l'intérieur des territoires organisés et même d'aller
jusque dans les terri-
toires non organisés  et, d'ailleurs, la loi vise ces
objectifs  d'atteindre les buts que l'on recherchait dans
l'aménagement en reconnaissant dans cette loi cette
réalité qu'on appelle les Conseils de comté. J'aurais
pensé également que le ministre, dans l'évaluation des
répercussions des conséquences que porterait la loi
vis-à -vis des municipalités regroupées même Ã
l'intérieur des administrations régionales que la loi veut
créer, qu'on appelle les municipalités régionales, aurait
pu apporter plus de sécurité et de protection aux petites
municipalités qu'on retrouve dans les comtés actuels, que ce
soient les comtés pour fins d'élections provinciales ou les
comtés municipaux tels qu'on les connaît. Le ministre doit sentir
que le schéma d'aménagement préparé par la nouvelle
municipalité régionale, si élaboré soit-il, si
soucieux soit-il du respect de toutes les composantes de la nouvelle
municipalité régionale, le ministre est certainement conscient
que la marge de manoeuvre ou la place des petites municipalités Ã
l'intérieur de ces nouvelles municipalités régionales est
à peu près disparue.
Je dis que c'est disparu, parce qu'il est facile de concevoir
qu'à l'intérieur des nouvelles municipalités, nous allons
retrouver certaines municipalités qui comptent une population plus
forte, plus nombreuse et qui, à partir de cette capacité plus
grande qu'elles avaient, de par leur volume de population, ont commencé
souvent à donner des services que les petites municipalités ne
pouvaient accorder à leurs commettants. Lorsque, autour d'une table,
réunissant les représentants des municipalités dans le
nouveau gouvernement régional... Parce qu'on croit découvrir,
derrière la volonté de la loi, la création de nouveaux
gouvernements régionaux, il est facile de concevoir que les
municipalités qui, pour différentes raisons, ont pris de
l'avance, sont plus populeuses, où vous avez vu un peu d'industries
s'implanter, où des services de différents paliers se sont
établis, ont déjà de longues mesures d'avance sur les
petites municipalités qui ne sont pas pourvues de services municipaux
tels que des réseaux d'aqueduc et d'égouts, des parcs municipaux,
etc., des municipalités qui seront laissées définitivement
pour compte lorsque le schéma d'aménagement va se constituer.
Comment voulez-vous que des gens disent: Nous allons accepter un
principe ou un plan d'un petit parc industriel dans les municipalités de
Sainte-Félicité et de Saint-Omer, qui ne sont pourvues ou nanties
d'aucun réseau de services publics. Il vont dire: Non, c'est illogique.
La municipalité de Sainte-Perpétue  je prends des paroisses
qu'on retrouve dans mon comté  a déjà un petit coin
de prévu comme parc industriel; elle a déjà un excellent
réseau d'aqueduc et d'égouts. Il faut ou il devient
impératif que le schéma d'aménagement tienne compte de ces
réalités du milieu et que le schéma détermine que
les sites où seront les parcs industriels dans le nouveau territoire du
gouvernement régional, se situent là où il y a
déjà des disponibilités, des services.
Lorsqu'on examine comment peut se concevoir un schéma
d'aménagement, avec les personnes qui auront à l'examiner,
à en décider, à prendre des décisions, c'est
là qu'on découvre la crainte des petites municipalités qui
nous disent ceci: Lorsque le ministre de l'Agriculture, de par sa
volonté, aura fait adopter un décret étendant la zone
agricole du Québec, que le territoire des petites municipalités
sera déjà entièrement fermé dans la zone du
territoire agricole, et lorsque la loi 125 qui, par les forces du jeu naturel,
va décréter qu'un parc industriel ou que l'établissement
de tel ou tel service  on le prévoira dans l'avenir  ira
là où les municipalités sont déjÃ
équipées dans une certaine mesure, que va-t-il nous rester
à décider? Nous ne pourrons pas avoir la possibilité
d'émettre des permis de construction ou de lotissement en dehors de la
zone de notre village le matin où le ministre de l'Agriculture aura
décidé que c'est une zone agricole, puisqu'il y a des
cultivateurs autour, qu'il faut protéger essentiellement cette aire,
cette dimension agricole, lorsque la mise en application de la loi 125 aura
permis aux municipalités plus développées et plus
évoluées de décréter ou de décider, dans un
schéma d'aménagement, qu'il ne peut plus y avoir d'installations
d'usines ou d'industries chez nous, pas de parc industriel, que nous
reste-t-il, à nous, petites municipalités, Ã
décider?
On aura beau se battre et se débattre au niveau des rencontres et
des séances du nouveau gouvernement régional qui va bâtir
le schéma d'aménagement, nous aurons beau crier le plus fort
possible, étant minoritaires, notre voix ne sera pas entendue, ce seront
déjà les municipalités qui ont certains pas ou une
certaine marge d'avance qui vont pouvoir attirer, à l'intérieur
du schéma d'aménagement, les développements ou les besoins
futurs de développement. (15 h 30)
Ne nous racontons pas d'histoires. On a beau dire: Ces gens vont
être compréhensifs, vont comprendre la situation des petites
municipalités à l'intérieur de la nouvelle
municipalité régionale, c'est de la foutaise. Ce n'est pas de
même que cela va se passer et vous le savez, d'ailleurs. C'est pourquoi
je disais au début de mes propos que j'aurais cru que le ministre, en
tentant d'évaluer les implications ou les conséquences de la
confection d'un schéma d'aménagement à l'intérieur
de son nouveau gouvernement régional qu'il veut bien appeler dans la loi
la municipalité régionale de comté, aurait apporté
des dispositions nouvelles qui auraient permis un droit de parole plus grand
ou, tout au moins, un droit d'action et de décision à certaines
municipalités  je pense aux petites municipalités que je
viens de décrire  dans la mise en marche ou dans l'application du
contenu de la loi 125.
M. le Président, je voudrais dire que, devant ce silence du
ministre vis-Ã -vis de certaines implications que je viens de
décrire il y en a d'autres également  lorsqu'on
pousse plus loin une évaluation de ce qui va se produire dans la
pratique lors de la mise en place et de l'adoption
d'un schéma d'aménagement, lors de la mise en place des
autres étapes qui vont suivre celle du schéma
d'aménagement, que ce soient les plans d'urbanisme, les pouvoirs
qu'auront les municipalités d'émettre tel ou tel permis en
fonction de la réalisation d'un plan d'urbanisme  il va se
produire toute une série de conséquences  on doit, parce
qu'on a encore notre mot à dire, intervenir comme députés
responsables, surtout quand on est député d'une région
rurale qui compte un grand nombre de municipalités.
Dans les grandes agglomérations où vous avez des
communautés urbaines, la base n'a presque plus rien à dire. Le
dernier droit de parole est celui qu'on laisse aux citoyens lorsque vient une
élection municipale et ce n'est pas habituellement cela qui va changer
l'ordre des choses établi. Nous avons cette responsabilité, M. le
Président, comme représentants de circonscriptions rurales, de
prévoir et d'évaluer les conséquences pratiques qui vont
découler de la mise en application de la loi qui nécessairement
va amener, tel que prévu dans toutes les dispositions qu'on
connaît, l'élaboration d'un schéma, la discussion, la
consultation, l'adoption qui constitue la première étape qui sera
suivie des autres étapes que la loi nous a déjÃ
décrites.
Pourquoi, M. le Président  je pose encore la question
 le ministre ne veut-il pas nous indiquer dès le début des
travaux de notre commission parlementaire de quelle manière il entend
pallier à tous ces événements qui inévitablement
vont se produire en dépit de grands espoirs et de l'imagination que
c'est facile, que cela va bien aller, qu'on a à peu près tout
prévu dans la loi et qu'on va consulter? On va consulter, mais
après la consultation, lorsqu'on aura mis certaines municipalités
à l'intérieur du gouvernement régional devant des faits
accomplis sur lesquels elles n'ont plus aucun contrôle, situation
d'où elles ne pourront jamais sortir parce qu'on ne leur donnera jamais
le droit de se dissocier ou de se démettre du nouveau gouvernement
régional, ce sera un veto absolu du gouvernement, ce seront des
programmes et des politiques d'interdits parce que de plus en plus, avec les
lois qui nous ont été présentées depuis deux ou
trois ans, on s'en va vers un gouvernement qui va administrer par
interdits.
Il s'agit d'examiner la philosophie qui anime l'actuel gouvernement et
qu'on découvre dans certaines de ses lois pour réaliser qu'on
s'en va au Québec vers une administration d'interdits: Non, tu ne feras
pas cela. Non, ce n'est pas permis. Tu ne peux pas. Et l'épée de
Damoclès sera suspendue parce que toutes ces lois prévoient des
pénalités assez sévères et si, en pratique, on juge
que ce n'est pas assez, le jour n'est pas éloigné où on
apportera des amendements aux lois pour rendre encore plus coercitive
l'application de nos lois. C'est cela, la réalité. On peut bien
être généreux, on peut bien être rempli de bons
espoirs, mais la réalité est celle que je tente de vous
décrire, M. le Président.
J'aurais aimé que le ministre nous dise, face à une
évaluation de l'implication de la mise en vigueur de la loi, comment il
va permettre à des intervenants à l'intérieur du nouveau
système du gouvernement régional... Disons que ce sont les
municipalités régionales de comté, mais c'est un
gouvernement régional parce qu'au lieu de lui donner uniquement des
pouvoirs en matière d'aménagement on lui donne tous les pouvoirs
qui sont dévolus présentement aux conseils de comté tels
qu'on les connaît. L'article 167 nous le dit en toutes lettres. On
transmet ou on remet au nouveau gouvernement régional les droits,
pouvoirs et obligations des conseils de comté actuels.
Cela nous dit d'abord que les conseils de comté actuels
disparaissent, c'est automatique. Non seulement ils disparaissent, mais on
bâtit une loi pour l'aménagement du territoire. Et aux nouvelles
municipalités régionales de comté, plutôt que de
leur donner des pouvoirs uniquement en matière d'aménagement, on
veut leur transmettre tous les pouvoirs qu'ont déjà les conseils
de comté que nous connaissons. Ce n'est pas seulement de
l'aménagement qu'on veut faire par la loi 125, M. le Président.
Même si le principe d'aménagement est excellent en soi et que tout
le monde reconnaît que le principe d'aménagement est bon et qu'on
doit y tendre, on doit utiliser les meilleurs moyens, les meilleures mesures et
les meilleurs mécanismes qu'on puisse imaginer pour procéder
à l'aménagement.
Qu'on fasse de l'aménagement, qu'on en fasse une priorité
et qu'on veuille passer à l'action à l'intérieur des
délais de temps que la loi prévoit, par la loi 125, je suis
d'accord. Mais que, par la loi 125, on bâtisse de toutes pièces
des gouvernements régionaux, qu'on leur confie tous les pouvoirs, droits
et obligations des conseils de comté actuels, je dis que ce n'est pas
nécessaire, que ce n'est pas absolument essentiel pour procéder
à une véritable politique d'aménagement au Québec.
M. le ministre en est convaincu. Je n'ai pas à le convaincre de cela.
Nous pouvons très bien prendre une décision politique et
gouvernementale de procéder à fond dans le secteur de
l'aménagement du territoire et dans l'urbanisme sans devoir, par la loi
125, détruire les conseils de comté tels que nous les
connaissons, leur enlever tout ce qu'ils avaient de pouvoirs.
Je reconnais personnellement que les pouvoirs qu'avaient les conseils de
comté n'étaient pas excessifs, n'étaient pas nombreux. Ils
avaient les pouvoirs que l'autorité supérieure a bien voulu leur
confier dans le passé. C'est cela. Les pouvoirs qu'on a voulu leur
confier d'exister, de s'occuper de questions intermunicipales, de s'occuper des
problèmes de cours d'eau. Plus récemment, on leur a donné
un rôle à jouer en matière d'évaluation
foncière. L'actuel gouvernement a demandé de s'impliquer
davantage en matière de disposition des déchets sanitaires. Mais
nos conseils de comté ont eu des pouvoirs que le palier supérieur
de gouvernement a bien voulu leur confier. Si, dans le passé, on avait
demandé à nos conseils de comté de faire davantage en leur
donnant les outils  parce que quand on donne des pouvoirs il
faut donner des outils d'exécution  si on avait fait cela
en leur donnant les outils d'exécution, nos conseils de comté
auraient pu réaliser ce que nous cherchons à faire par la loi
125. Ils auraient pu le faire si la volonté gouvernementale, il y a dix,
quinze ou 20 ans, leur avait donné ces pouvoirs. Ils l'auraient
fait.
Mais faut-il détruire, à partir de cette
réalité que je tente de décrire, nos conseils de
comté que nous connaissons présentement pour exécuter une
réalité, l'aménagement du territoire? Non, M. le
Président. Ce n'est pas nécessaire. Je crois même qu'il
serait plus facile d'atteindre rapidement, et à l'intérieur des
délais que la loi prévoit, tous les objectifs recherchés
en matière d'aménagement. Si le gouvernement a d'autres objectifs
cachés, si le gouvernement a derrière la tête d'autres
projets, je comprends que ce ne soit pas pareil, que ce ne soit pas semblable,
mais pour réaliser l'ensemble de l'objectif de l'aménagement du
territoire, ce but précis, et procéder à l'urbanisation
sur le territoire du Québec, nous n'avons pas besoin de détruire
les conseils de comté et de céder pouvoirs, droits et obligations
au nouveau gouvernement régional qu'on peut prévoir dans les
dispositions de la loi.
Pourquoi le ministre ne nous dit-il pas ouvertement, franchement
qu'au-delà de l'aménagement du territoire il poursuit d'autres
fins, qu'il a d'autres objectifs derrière la tête? Pourquoi ne pas
le dire? Au moins, nous saurions sur quel terrain nous nous engageons. Nous
aurions un énoncé de politiques futures en matière
d'administration ou de gouvernement régional et nous pourrions parler
ouvertement à nos commettants, à tous ceux qui viennent discuter
avec nous de questions municipales, de problèmes municipaux ou de
problèmes de décentralisation. Si un des objectifs fondamentaux
est de créer une première mise en place de gouvernements
régionaux par la loi 125, sous prétexte que cela peut contribuer
à décentraliser, qu'on le dise ouvertement, afin qu'on
procède dans une évaluation plus poussée à la
découverte de la façon dont va se réaliser cette
décentralisation.
M. le Président, vous me faites signe que j'ai
épuisé mon temps. Je crois n'avoir que dix minutes
d'écoulées.
Le Président (M. Laplante): Non, vous avez exactement pris
20 minutes, M. le député.
M. Giasson: Avec mes collègues, je déplore que le
ministre  le gouvernement, c'est autre chose  dans l'ensemble ou la
totalité des objectifs qu'il recherche par la loi 125, n'ait pas cette
transparence qui, à une époque, auréolait la
volonté politique de renouveau que représentait l'équipe
politique qui forme l'actuel gouvernement. Je regrette et je déplore que
le ministre n'ait pas eu cette transparence d'aller vraiment au fond de la
vérité, de sa vérité dont une partie ne nous est
pas connue afin qu'on sache véritablement jusqu'où vont porter
les implications de l'ensemble des dispositions de la loi 125.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: M. le Président, je vous remercie. Dans le
cadre des notes générales, vous comprendrez que je me doive
d'apporter certains commentaires, d'autant plus que mes commentaires seront
peut-être favorables au ministre. Je peux très bien comprendre la
position du ministre de vouloir, à cette période, rendre la
monnaie de sa pièce au ministre de l'Agriculture qui, lors du projet de
loi no 90, a tout à fait oublié la présence du ministre
d'Etat à l'aménagement. Voulant essayer de jouer la vedette, tel
qu'a réussi à le faire le ministre de l'Agriculture, je ne
voudrais pour rien au monde que le ministre d'Etat Ã
l'aménagement subisse les résultantes que le ministre de
l'Agriculture a pu avoir lors de l'étude du projet de loi no 90.
C'est sûr que le ministre responsable du projet de loi no 125 n'a
pas eu la chance d'avoir les retours du projet de loi no 90. L'actuel projet de
loi no 125 présenté par le ministre aura les mêmes
rebondissements et ce sera encore les électeurs, les
municipalités et les Québécois en général
qui auront à subir ces conséquences. Le scénario que nous
avons vécu avec le projet de loi no 90 doit nous servir d'exemple, il
devrait particulièrement servir d'exemple au ministre d'Etat Ã
l'aménagement. Le ministre devrait être ouvert à toutes les
suggestions qui lui ont été faites jusqu'à présent;
nous avons proposé différentes motions qui ont été
rejetées du revers de la main par le ministre et le gouvernement, ce
matin. Je ne crois pas que le ministre soit dupe à un point tel que par
vantardise ou par égocentrisme il refuse d'écouter la population
du Québec et les spécialistes du domaine de l'aménagement
et de l'urbanisme.
De toute façon, comme je l'ai mentionné, mes commentaires
seront brefs. Etant donné que je suis le dernier intervenant dans le
cadre des notes explicatives, je demande au ministre responsable du projet de
loi no 125 de réviser sa position et de permettre aux parties ici
présentes de se faire entendre. Je lui demanderais d'autant plus
d'apporter les amendements qui ont été demandés Ã
l'article 167 par l'Union des municipalités et l'Union des conseils de
comté de même que par le responsable de l'Opposition officielle
dans ce dossier, le député de D'Arcy McGee.
Cela fait presque six ans que je siège en cette Assemblée
et au cours de ces six années  je ne suis pas le seul à en
avoir fait la remarque, à l'avoir constaté  aucun membre
qui siège ici depuis avant la dernière élection ne peut
nier qu'aucun autre gouvernement n'a fait autant d'impressions, de
réimpressions et de ré-réimpressions des projets de loi.
Si nous avons eu à subir ces réimpressions et ces
ré-réimpressions, c'est sûrement à cause du travail
inlassable de l'Opposition pour bonifier ces projets de loi. (15 h 45)
Comme l'ont fait remarquer mes collègues de l'Opposition tout
à l'heure, c'est quand même
stupide de notre part de faire tant de tentatives, tant d'efforts pour
essayer de bonifier des lois stupides présentées par un
gouvernement irresponsable. Nous devrions avoir aujourd'hui, en plus du
ministre responsable du projet de loi no 125, le ministre de l'Agriculture qui
relaterait l'expérience qu'il a vécue récemment, cela ne
fait pas tellement longtemps, qui viendrait peut-être conseiller son
collègue du cabinet. On devrait avoir également la
présence du ministre des Affaires municipales, que mon collègue
de l'Union Nationale a sollicitée ce matin par une motion.
Malheureusement, le ministre veut jouer à la vedette, comme c'est
un peu la mauvaise habitude de ce gouvernement. Mais on sait ce que cela donne
comme résultat. J'espère que les efforts que nous tentons
présentement à convaincre le ministre ne seront pas vains et que,
malgré tout ou malgré les directives reçues par des
personnes supérieures au contrôle du ministre de
l'aménagement, le ministre sera assez responsable pour au moins entendre
les parties et être conciliant. De cette façon, il pourra
s'assurer la collaboration des membres de cette commission et
particulièrement celle des membres de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant l'article
1 du projet de loi.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais
déposer des amendements que j'avais annoncés.
Interprétation
Le Président (M. Laplante): Oui, on va appeler l'article 1
avant, si vous voulez. J'appelle l'article 1 du projet de loi no 125, Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais déposer à cette
occasion des amendements mineurs, des amendements techniques.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre demandait aussi
que ces amendements fassent partie lorsqu'on appelle l'article, ce qui se fait
ordinairement dans une commission, pour chaque amendement. D'accord. Lorsqu'on
appelle l'article, l'amendement fait partie de l'article.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est-à -dire que
quand vous appellerez chaque article, s'il y a un amendement, que l'article
soit considéré comme ayant été amendé pour
les fins de la discussion.
Le Président (M. Laplante): C'est cela.
M. Goldbloom: De façon générale, nous
n'avons pas d'objection à cette procédure, M. le
Président, sous réserve des rares exceptions qui pourront se
présenter où la modification...
Le Président (M. Laplante): C'est pour empêcher en
somme des sous-amendements. Vous pourrez faire des amendements directement sur
l'article, Ã ce moment.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie de votre
coopération.
L'article 1, M. le ministre, il y a un amendement, un papillon.
M. Léonard: L'amendement est à la définition
du mot "aliénation" dans le texte original qui se lisait: "Tout acte
translatif de propriété, y compris la vente Ã
réméré, le bail emphytéotique, le bail Ã
rente, sauf..." etc. a, b, c. Cette définition est modifiée pour
se lire comme suit: "Tout acte translatif de propriété, y compris
la vente à réméré, le bail emphytéotique, le
bail à rente, le transfert d'un droit visé à l'article 3
de la Loi des mines (1965, 1re session, chapitre 34), le transfert d'une
concession forestière en vertu de la Loi des terres et forêts
(Statuts refondus, 1964, chapitre 92), sauf..." etc. Tout le reste se lit comme
dans la version originale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee sur l'article 1.
M. Léonard: C'est une modification technique, je crois.
C'est à la demande des légistes et par cohérence avec la
Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Goldbloom: M. le Président, je constate
immédiatement que nous devons quand même étudier les
amendements proposés par le ministre en tant qu'amendement et les
accepter ou ne pas les accepter.
Ce que j'aimerais faire de mon côté, M. le
Président, c'est, dans le cas de l'article 1, réserver mes
propos, quant à l'article dans son ensemble, jusqu'après
l'étude de chacun des amendements, parce que les propos d'ordre
général que je pourrais tenir au sujet de l'article seraient
conditionnés par les modifications qui pourraient être
acceptées ou rejetées.
Le Président (M. Laplante): N'ayez pas de crainte, M. le
député de D'Arcy McGee, je serai très souple Â
surtout sur un article d'une telle longueur sur les propos que vous
tiendrez, pour autant que vous restiez à l'intérieur de
l'article.
M. Goldbloom: M. le Président, quant aux amendements
proposés par le ministre, il y en a trois. Il y a d'abord une allusion
à la Loi des mines et à la Loi des terres et forêts. Nous
présumons que ces modifications ont été
recommandées au ministre par ses conseillers juridiques et sont
nécessaires pour fins de concordance et pour rendre l'article complet.
Nous n'avons pas d'objection à l'adoption de cette première
partie, ce qui est souligné sur quatre lignes, à l'article 1, au
premier alinéa.
M. Léonard: II y a aussi au paragraphe b), on a
ajouté: "et le retrait".
M. Goldbloom: Oui, j'ai remarqué cela, mais nous pourrons
traiter cela séparément, dans une seconde.
Alors, si vous êtes d'accord, M. le Président, nous
pourrons déclarer adoptée la première partie de
l'amendement.
Le Président (M. Laplante): La première partie de
l'amendement à l'article 1, qui a été
présenté au papillon.
M. Goldbloom: C'est cela. Quant à la deuxième
partie, pas d'objecion, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'alinéa a) de
l'article 1 est adopté?
M. Goldbloom: Oui, sous-paragraphe a). Sous-paragraphe b), c'est
l'introduction des mots "et le retrait", à la deuxième ligne. Pas
d'objection à cela.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Goldbloom: Mais, si je peux vous demander, M. le
Président, par souci d'ordre dans nos travaux, d'attendre maintenant
avant de passer à la deuxième partie de l'amendement
proposé par le ministre, parce que là , c'est le paragraphe 9 qui
est concerné et il y aura des propositions que nous aimerions faire sur
les autres paragraphes.
Le Président (M. Laplante): Sur l'alinéa c), M. le
député de D'Arcy McGee?
M. Goldbloom: Pas de problème; adopté.
Le Président (M. Laplante): L'alinéa c) est
adopté aussi. L'alinéa b) va au paragraphe 9; c'est là que
vous auriez de la difficulté ou des amendements à faire
vous-même?
M. Léonard: On veut attendre, parce qu'ils ont des
propositions à faire. Je vous donne le champ. On peut l'adopter tout de
suite.
M. Goldbloom: II y a effectivement 10 paragraphes Ã
l'article 1 et, quant à nous, M. le Président, nous acceptons
l'adoption du paragraphe 1, dans son ensemble, tel que modifié par le
ministre, et du paragraphe 2. Mais, au paragraphe 3, j'aurai une modification
à proposer.
Le Président (M. Laplante): Paragraphe 2,
adopté.
M. Goldbloom: Au paragraphe 3, M. le Président, nous
constatons encore une fois que le gouvernement actuel a une marotte, celle de
créer de nouveaux organismes paragouvernementaux.
D'autres gouvernements avant lui ont agi dans un sens différent,
avec une politique différente.
C'est-à -dire que d'autres gouvernements ont examiné la
liste  elle est énorme  d'organismes paragouvernementaux qui
existent déjà et se sont demandé: Y a-t-il moyen
d'attribuer les fonctions rendues nécessaires par l'adoption de ce
projet de loi à un organisme existant?
M. le Président, on pourrait me répondre: Oui,
techniquement ce serait possible; mais dans les faits, un organisme existant
que l'on pourrait identifier comme étant apte à recevoir cette
vocation additionnelle n'aurait quand même pas un personnel suffisant
pour le faire. Cela peut fort bien être vrai, mais en termes de nombre de
personnes et donc en termes d'argent, de deniers publics, il coûte plus
cher de créer un nouvel organisme avec son propre président,
vice-président, secrétaire, personnel de secrétariat,
locaux de bureaux, papeterie et tout que d'augmenter le nombre de membres et
même les effectifs  au niveau du personnel d'un organisme
existant.
J'arrive à ma proposition précise, M. le Président.
Il existe, dans le domaine municipal, un organisme paragouvernemental qui a
fait ses preuves, qui a déjà accepté des
élargissements de sa vocation et cela avec succès, qui a
déjà connu des augmentations du nombre de ses membres, donc de
son personnel de soutien, et qui pourrait, Ã notre sens, servir
très bien comme organisme qui seconderait le gouvernement, qui
exercerait des fonctions qui seraient dans une certaine mesure quasi
judiciaires au lieu de simplement administratives. Il s'agit, vous l'avez
deviné, de la Commission municipale du Québec.
J'ai lu et relu le projet de loi. J'ai lu les attributions que veut
donner le ministre à cette nouvelle commission, la Commission nationale
de l'aménagement, et je ne vois pas en quoi ces attributions seraient
incompatibles avec celles de la Commission municipale du Québec. Je me
permets de rappeler au ministre que son collègue des Affaires
municipales se penche depuis un bon moment, depuis son arrivée au
ministère effectivement, sur le rapport de la Commission de refonte des
lois municipales. Cette Commission de refonte des lois municipales a
suggéré que la vocation de la Commission municipale du
Québec soit modifiée, soit effectivement scindée et qu'il
y ait deux organismes là où il y en a un aujourd'hui. Si l'on
ajoute une commission nationale de l'aménagement, nous en aurons trois
où il y en a un aujourd'hui. La différence est que ce que propose
la Commission de refonte des lois municipales, c'est que la distinction, qui
aujourd'hui est relativement imprécise, entre les fonctions judiciaires
et les fonctions administratives de la Commission municipale du Québec
soit rendue très claire et que, dans les faits, nous ayons deux
organismes dont l'un aurait la vocation strictement judiciaire,
para-judiciaire, si vous voulez, et l'autre aurait strictement la vocation
administrative. Il me semble, M. le Président, qu'entre les deux il y
aurait de la place pour tout ce qui est attribué par ce projet de loi
à la Commission nationale de l'aménagement.
Or, je voudrais proposer que le paragraphe 3 de l'article 1 soit
modifié d'une façon très simple; que
ce paragraphe 3 se lise: Commission: la Commission municipale du
Québec. Si cet amendement était adopté, il faudrait dans
les articles pertinents apporter des modifications de concordance; je n'ai pas
voulu, dans les articles pertinents, apporter des modifications de concordance,
je n'ai pas voulu essayer de les préciser en détail. Nous
pourrons le faire d'une façon collégiale, en collaboration
constructive, si cette modification est acceptée. (16 heures)
M. le Président, le ministre m'a déjà entendu sur
ce sujet. Il connaît mon point de vue qui est évidemment celui de
l'Opposition officielle. Dans le passé, il a été
rébarbatif à cette proposition. Il a voulu insister sur la
nécessité de créer encore un nouvel organisme. M. le
Président, je trouve que c'est fort, je trouve que c'est un
alourdissement de l'administration publique. Je trouve que c'est une
augmentation progressive, maintes fois multipliée par ce gouvernement,
de l'emploi des deniers publics à de telles fins. Je trouve cela
profondément regrettable.
M. le Président, c'est le contribuable qui doit payer la note,
qui doit défrayer les dépenses en question. Le contribuable qui
vaque à ses propres occupations, qui est préoccupé par sa
vie familiale, sa vie professionnelle, par le besoin de gagner sa vie tous les
jours, ne surveille pas au jour le jour les implications monétaires,
pécuniaires des lois adoptées par l'Assemblée nationale.
C'est donc une des responsabilités de l'Opposition officielle de
chercher à mettre un frein à l'augmentation des dépenses
publiques et, afin de jouer ce rôle convenablement, de chercher Ã
mobiliser l'opinion publique; mais il faut que l'opinion publique commence par
être informée. C'est ce que je fais, M. le Président. Je
l'ai déjà fait à d'autres occasions et je continuerai de
le faire.
Si d'autres gouvernements ont, dans le passé, cherché
à attribuer à des organismes existants de nouvelles fonctions,
c'était une façon de respecter le contribuable et d'éviter
une augmentation qui, dans la forte majorité des cas, passe
inaperçue, sauf que le contribuable se demande... Le Président
(M. Laplante): Je me demande une chose aussi. Je vous ai laissé
aller sur la motion que vous avez présentée, sans qu'elle soit
jugée recevable ou non. Cela fait longtemps que je...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Caron: Je pense qu'elle est recevable, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'est seulement une
argumentation que je voudrais avoir. Je voudrais savoir, de la part des membres
de cette commission, si le fait de constituer une commission telle que
projetée dans la loi 125, la loi par elle-même, l'aspect
fondamental de la loi, si tout repose sur la composition d'une nouvelle
commission, le projet de loi 125. J'ai un doute dans mon esprit, avant de la
juger recevable là -dessus, M. le député de D'Arcy McGee.
Ce que j'aimerais, c'est un éclaircissement, point, pour que je puisse
la juger oui ou non, recevable.
M. Goldbloom: M. le Président, très
respectueusement, je suis obligé de vous demander, à mon tour, un
éclaircissement, parce que vous avez dit que ce qui vous
préoccupe, c'est de savoir si la constitution d'une nouvelle commission,
d'un nouvel organisme paragouvernemental, pour les fins de l'application de
cette éventuelle loi, est une considération fondamentale ou non.
Par extension, vous avez dit que la réponse à cette question
déterminerait votre verdict quant à la recevabilité de la
motion.
M. le Président, je voudrais vous suggérer très
respectueusement que le fait que ce soit un aspect fondamental ou un aspect
secondaire, incident, ne changerait rien à la recevabilité de la
motion, Ã mon humble avis. Ou bien nous avons le droit de proposer que
les fonctions attribuées par ce projet de loi à un nouvel
organisme soient assumées par un organisme existant, ou bien nous
n'avons pas le droit de le faire; mais je prétends que nous avons le
droit de le faire et que nous n'avons même pas à courir le risque
d'être taxés de proposer des dépenses additionnelles des
deniers publics, ce qui est un pouvoir exclusif des ministres. Au contraire. Ce
que je propose  et c'est l'argumentation que je vous ai offerte Â
aurait pour effet de diminuer les dépenses.
M. le Président, puisque vous avez soulevé, après
avoir entendu une bonne partie, mais pas la totalité, de mon
éloquente intervention, la recevabilité de la motion, je suis
obligé de m'astreindre à cette question de recevabilité,
de prétendre que la motion est pleinement recevable et d'attendre votre
verdict.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération, M. le député de D'Arcy McGee. A ce stade,
vous avez apporté des arguments qui m'ont convaincu de la juger
recevable.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer.
M. Goldbloom: Je reprends, pendant quelques instants seulement,
l'argumentation que j'offrais. Je disais que les augmentations de
dépenses implicites à l'adoption des lois par l'Assemblée
nationale passent inaperçues chez les citoyens en général,
sauf que lors de la présentation du budget, une fois par année
normalement au mois d'avril, le ministre des Finances est obligé de
rendre compte de son administration des deniers publics. A ce moment-là ,
le contribuable écoute le ministre, lit le discours ou au moins les
reportages là -dessus et dit: Les taxes n'ont pas augmenté; je
suis content. Ou bien: Les taxes ont augmenté; je suis
mécontent.
M. le Président, je maintiens respectueusement que si le
gouvernement procédait de la façon que je lui recommande
précisément par cette
modification, il pourrait même baisser les taxes ou bien conserver
le niveau actuel des taxes et offrir des services additionnels, des
réalisations additionnelles. J'irai plus loin. J'ai dit que le
contribuable voit passer les lois sans se rendre compte de l'augmentation des
dépenses publiques impliquées. Je vous étonnerai. Je dirai
qu'il peut arriver qu'au niveau du Conseil des ministres et du Conseil du
trésor on voit passer des lois, on dit oui, on va permettre au ministre
de présenter son projet de loi devant l'Assemblée nationale et
l'on n'a pas calculé pleinement tout ce qui est impliqué en
augmentation des deniers publics.
M. le Président, il y a d'autres raisons aussi qui me poussent
à proposer que ce soit la Commission municipale du Québec qui
soit chargée de cette responsabilité paragouvernementale. Une des
fonctions de la commission sera d'examiner ce qui sera proposé par les
municipalités. Il me semble, M. le Président, que si l'on a
déjà des personnes qui connaissent le territoire du
Québec, qui connaissent les élus municipaux, qui connaissent les
fonctionnaires municipaux, qui connaissent les relations entre les divers
éléments du monde municipal, qui sont déjÃ
habituées à écouter ces gens-là et à rendre
des jugements objectifs, et s'il y a un organisme qui a échappé
à des critiques acerbes malgré le rôle délicat qu'il
joue dans la société québécoise, c'est bien la
Commission municipale du Québec.
M. le Président, je pense que c'est l'organisme tout
indiqué pour assumer les responsabilités que voudrait confier le
ministre à un nouvel organisme qui s'appellerait Commission nationale de
l'aménagement. C'est pour cette raison que je vous propose cet
amendement: Que le paragraphe 3 soit modifié en remplaçant les
mots "la Commission nationale de l'aménagement telle que
constituée par l'article 205" par les simples mots "la Commission
municipale du Québec".
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
opinants? M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président, j'aimerais parler en
faveur de la motion présentée par le député de
D'Arcy McGee. Vous savez qu'il y a un mouvement qui se dessine. Cela a
peut-être commencé aux Etats-Unis, en Californie, mais c'est un
mouvement qui veut inviter les gouvernements à diminuer leurs taxes,
à diminuer leurs dépenses et ce mouvement a fait son chemin et
s'en vient de plus en plus. Au lieu de cela, ce qu'on nous propose, c'est
encore la multiplication d'organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux.
Je pense qu'on en a déjà trop, M. le Président, ou si on
n'en a pas trop, on en a assez. Si je suis pour cette motion, c'est parce que
cela va justement dans le sens de la politique du parti que je
représente, soit de diminuer les dépenses du gouvernement, de
diminuer les taxes. Si on veut diminuer les dépenses, il ne faudrait pas
créer d'autres organismes qui pourraient occasionner des
dépenses.
La commission qui est prévue dans ce projet de loi est un
organisme administratif indépendant du gouvernement et le mandat qu'on
veut donner à cette commission est de juger de la conformité
entre les objectifs des principaux actes ou interventions prévus au
projet de loi. On lui donne également beaucoup d'autres pouvoirs. M. le
Président, nous avons déjà , dans l'organisme qu'on appelle
la Commission municipale, une commission qui a des pouvoirs encore plus larges
que la commission que l'on veut créer. Si l'on veut que la nouvelle
commission n'ait aucune fonction judiciaire ou quasi judiciaire, qu'elle soit
seulement consultative, on n'a qu'à donner le mandat à la
Commission municipale quand il s'agira d'aménagement du territoire, tout
simplement, que ce soit au niveau consultatif. Mais le mandat que l'on veut
donner à la nouvelle commission, nous avons déjà une
commission qui a un mandat beaucoup plus large que cela. Nous l'avons
déjà , alors je ne vois pas du tout pourquoi créer un autre
organisme au moment où nous avons un organisme qui a fait ses preuves,
qui est tout à fait crédible, dont, je crois, tous reconnaissent
l'objectivité et c'est pourquoi, M. le Président, j'abonde dans
le même sens que le député de D'Arcy McGee et je ne vois
pas pourquoi on devrait créer un autre organisme quand on en a
déjà un. S'il faut élargir les cadres de la Commission
municipale, nous le ferons, mais, encore là , ce sera beaucoup moins
dispendieux et cela occasionnera beaucoup moins de dépenses. Pourquoi
amener des organismes à se piler sur les pieds. Je pense que ce n'est
pas du tout dans le sens que veut aller le gouvernement actuel ou le ministre
actuel. Je juge tout à fait opportune la motion que dépose, cet
après-midi le député de D'Arcy McGee et je voterai pour
cette motion voulant qu'on se serve des organismes que nous avons
déjà , soit la Commission municipale. (16 h 15)
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre.
M. Caron: Allez-vous accepter l'amendement du
député de D'Arcy McGee?
M. Léonard: Non.
M. Caron: Alors, je pourrais peut-être vous faire quelques
suggestions.
Une Voix: Vous n'êtes pas convaincant.
M. Caron: Vous n'êtes pas convaincu. Cela ne fait rien, je
vais le dire quand même. Ce n'est pas facile de vous convaincre, sachant
que ce parti, en face de nous, ne connaît pas la valeur de l'argent.
C'est bien facile de dépenser l'argent des autres!
M. Léonard: Vous la connaissiez, lors des Olympiques, la
valeur de l'argent!
M. Caron: J'appuie la motion du député de D'Arcy
McGee.
M. Guay: Le déficit olympique était de combien?
M. Giasson: Demandez à M. Drapeau.
M. Goldbloom: Parlez donc au maire de Montréal, s'il vous
plaît.
M. Guay: Le député de D'Arcy McGee, dans le temps,
a essayé d'en parler au maire Drapeau et il n'a jamais
réussi.
M. Goldbloom: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on va revenir
au projet de loi no 125.
M. Caron: Si vous administriez les coffres du gouvernement comme
j'administre ma ville, vous verriez que c'est possible d'épargner de
l'argent.
M. Guay: II faut voir les résultats.
M. Caron: Vous viendrez voir les budgets à la fin de
l'année. La Commission municipale fait un excellent travail. On a eu
l'occasion, Ã la fin de la session, de discuter avec le ministre des
Affaires municipales; tout le monde en Chambre appuyait l'excellent travail de
la Commission municipale. Comme le disait le député de l'Union
Nationale, la Commission nationale de l'aménagement a des pouvoirs plus
élargis que ceux que vous voulez lui donner. Je me demande pourquoi le
gouvernement veut encore créer une autre brique de fonctionnaires au
lieu de travailler avec la Commission municipale. Cela va comporter des
dépenses additionnelles. En plus, on nous dit que cela relèvera
du ministère des Affaires municipales une fois le projet de loi
adopté. Quand le ministre aura fait son travail, ce sera
déposé sur le bureau du ministre des Affaires municipales. Une
fois de plus, on devrait tenir compte de la Commission municipale. Cela
réduirait le nombre de personnes, on aurait un président de
moins, un secrétaire de moins et combien d'autres! Cela va coûter
combien? Le ministre pourrait-il nous dire, dans sa réplique, Ã
combien il a évalué ces dépenses additionnelles? C'est
bien beau d'adopter un projet de loi, mais il faut penser aussi aux
dépenses additionnelles que cela va comporter.
C'est vrai, au moment où le projet de loi sera adopté, que
les contribuables du Québec ne s'apercevront pas immédiatement du
changement, mais c'est dans les budgets qui suivront qu'ils auront la surprise.
Je pense, M. le ministre, que vous faites fausse route en n'acceptant pas la
motion du député de D'Arcy McGee. Pour ma part, je trouve
déplorable qu'on continue à dépenser les deniers publics
d'un côté et de l'autre quand on a actuellement une commission qui
fait un excellent travail. Pourquoi en créer une autre? On a
peut-être des petits amis à placer. On a reproché au
gouvernement antérieur d'avoir pensé à placer ses gens,
les gens d'en face nous l'ont reproché et l'ont reproché Ã
d'autres. Vous avez une belle chance, si vous êtes réellement
conscient, M. le ministre, de dire: D'accord, je vais appuyer la motion du
député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Laplante): Y en a-t-il d'autres?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... vous comprendrez que j'appuie avec force la
motion présentée par mon collègue de D'Arcy McGee. C'est
une question de logique, tout simplement, de la logique la plus
élémentaire. Pourquoi? D'abord, au paragraphe 4 de l'article 1,
il est fort bien stipulé que le ministre qui aura la
responsabilité de cette loi sera le ministre des Affaires municipales.
Partant de cette réalité, nous avons, du côté des
Affaires municipales, une commission qui est fort bien connue de tout le monde
municipal, une commission qui existe depuis fort longtemps et qui a
assumé des mandats assez variés au cours de son histoire. Elle
avait au début un mandat de base qui lui avait été
dévolu par la volonté du législateur Ã
l'époque. Après, dans le cheminement de la vie et des choses, il
est arrivé qu'on ait fait appel à la Commission municipale pour
des dossiers qui ne lui étaient pas strictement dévolus par sa
loi constituante.
Or, lorsque nous nous arrêtons à examiner point par point
les fonctions et les pouvoirs que l'on veut confier à cet organisme
qu'on appelle la Commission nationale de l'aménagement, nous
réalisons  et ces pouvoirs sont assez limités tout de
même; ils sont définis entre les articles 220 et 225 du projet de
loi  qu'il est très facile à la Commission municipale du
Québec d'assumer la totalité des fonctions et des pouvoirs qu'on
veut conférer, qu'on veut accorder à la Commission nationale de
l'aménagement à être créée dans la loi.
Pourquoi multiplier encore des organismes gouvernementaux lorsque ce
n'est aucunement nécessaire? La Commission des affaires municipales du
Québec a exécuté des mandats beaucoup plus difficiles que
celui qu'on veut confier à la nouvelle commission nationale, beaucoup
plus difficiles à réaliser ou à exécuter. Ce serait
sûrement une économie de fonds publics très sérieuse
et très valable de demander à notre Commission des affaires
municipales de prendre charge de la totalité du mandat qu'on
définit aux articles 220 à 225. C'est un gaspillage de deniers
publics de créer une nouvelle commission, sauf, encore une fois, si dans
l'esprit du ministre, sans nous l'avouer, il conçoit que, dans un
premier temps, on limite les pouvoirs et fonctions à ce que la loi nous
décrit, mais si dans son esprit il voit dans ces gouvernements
régionaux que le projet de loi no 125 peut créer... Comme je l'ai
signalé il y a quelques moments, ce n'est pas une loi visant
essentiellement à faire de l'aménagement; c'est une loi qui a
comme fin générale d'accorder à des nouveaux organismes,
qu'on appelle les municipalités régionales ou des gouvernements
régionaux, tous les pouvoirs qu'on voit déjà entre les
mains des
conseils de comté. Donc, il est facile d'imaginer, même si
le ministre ne veut pas se commettre là -dessus, que les pouvoirs qu'on
retrouve dans les articles 220 Ã 225 sont des pouvoirs de base et que,
dans la mise en place de gouvernements régionaux, dans peu de temps,
nous verrons de la législation venant modifier ou accroître les
pouvoirs que le projet de loi no 125 définit.
Pourquoi ne pas le dire? Si c'est cela que le ministre a Ã
l'esprit d'avoir un mandat beaucoup plus large que celui défini dans les
articles qui concernent les pouvoirs et fonctions de la commission nationale,
pourquoi ne pas nous le dire? S'il n'y en a pas de pouvoirs, si dans son esprit
il ne veut pas accorder des pouvoirs plus étendus que ceux que nous
connaissons, il doit, à ce moment, reconnaître qu'il crée
de toutes pièces un organisme qui n'est pas essentiel parce que nous
avons, au ministère des Affaires municipales, tous les outils, tout le
personnel, nous avons l'équipe dans l'ensemble de la Commission
municipale pour exécuter les choses ou le mandat qu'on voudrait confier
à la nouvelle commission. Il s'agit, c'est évident, d'une
dépense inutile de deniers publics. La Commission des affaires
municipales du Québec pourrait s'acquitter à beaucoup moins de
frais, même si elle devait peut-être ajouter du personnel, de tout
le mandat qu'on veut confier à cette nouvelle commission.
Serait-ce que le ministre voudrait avoir une commission qui va lui
permettre de procéder à des nominations et de mettre en place de
fidèles serviteurs, des amis du régime? On a le droit de se poser
la question. Quand on connaît la réalité, l'existence de la
Commission des affaires municipales, on est en plein droit de se poser cette
question et je ne peux pas voir, je ne peux pas comprendre comment le ministre
justifie la création d'un tel organisme nouveau lorsqu'on examine les
pouvoirs dévolus. Je ne peux concevoir pourquoi c'est créé
lorsque la Commission des affaires municipales du Québec va s'occuper de
toutes ces choses-là avec une facilité certaine.
Le ministre devrait revoir cet aspect, examiner plus sérieusement
la motion déposée par le député de D'Arcy McGee
afin de confier à la Commission des affaires municipales du
Québec le petit mandat qu'il veut confier à une grosse commission
à être créée.
Si ce n'est pas ce qu'on pense, si le ministre voit des
responsabilités beaucoup plus grandes dans le futur à être
placées entre les mains des gouvernements régionaux qu'il entend
créer par la loi 125, qu'il nous le dise. Qu'il nous dise: La Commission
nationale de l'aménagement, au-delà du mandat qu'on lui confie
dans cette loi, devra éventuellement, dans X années, assumer
d'autres pouvoirs qui vont découler de la mise en place et de tout
l'appareil que vont constituer nos gouvernements régionaux. M. le
ministre, dites-le nous, si c'est ça que vous avez à l'esprit.
Alors, on va savoir où on va et se comprendre un peu mieux.
Vous comprendrez, M. le Président, que j'appuierai sans
réserve la motion de mon collègue.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: Par rapport à cet amendement, je
voudrais simplement expliciter davantage le rôle de la Commission
nationale de l'aménagement, et très brièvement, puisque
nous y reviendrons lorsque nous serons aux articles 205 et suivants.
Il y aura deux tâches confiées à cette commission.
D'abord, celle de juger de la conformité entre les objectifs, les
principaux actes ou interventions prévus à la loi, au moyen
d'avis écrits, et aussi en tenant compte des relations entre trois
paliers de décisions: les municipalités, les municipalités
régionales de comté et le gouvernement du Québec.
En deuxième lieu, elle jouera le rôle de registraire et de
gardien des règlements, résolutions, ordonnances, décrets,
avis, etc., tout ça, en vertu du projet de loi 125, et non pas en vertu
d'autres projets de loi ou d'autres projets, mais juste sur le projet de loi
125.
Ce qu'il faut bien voir là -dedans, c'est que le rôle de la
Commission nationale ne sera pas un rôle décisionnel, en termes de
gestes à poser sur le territoire. Elle va simplement dire si le contenu
d'un règlement, le contenu d'un schéma est conforme aux
objectifs, tout simplement cela, alors que la Commission municipale est un
organisme quasi judiciaire qui traite avec les municipalités, donc, un
palier de décisions. Seulement les municipalités. Il ne touche
pas les relations entre les municipalités et le gouvernement.
Si l'on confiait ce mandat à la Commission municipale du
Québec, elle serait, en même temps, juge et partie, par exemple,
d'après l'article 46, parce qu'il est question de la conformité
de certains gestes posés, d'investissements proposés et, par
ailleurs, elle aurait à juger des règlements d'emprunt. Donc,
elle serait aux deux bouts. Je pense que, sur ce plan, c'était une des
objections qu'on nous a fait valoir à utiliser la Commission municipale
du Québec. Elle aurait en même temps à juger si le contenu
d'un projet est conforme au schéma et, d'autre part, elle aurait aussi
un rôle coercitif.
En ce qui concerne les objections qu'on nous apporte sur le coût
de la commission, je pense que ce n'est pas à l'Opposition de nous faire
des remontrances là -dessus; lorsque nous avons pris les finances du
Québec, nous avions certains problèmes hérités de
l'ex-régime, alors...
M. Goldbloom: Oui, c'est la tradition de le dire quand il y a un
changement de pouvoir, mais laissons cette rengaine.
M. Léonard: Alors, il faudrait la laisser vous aussi.
M. Goldbloom: Attendez vos successeurs, attendez ce qu'ils vont
dire de vous; ce sera la même chose. Bêtise!
M. Caron: L'emprunt que vous faites actuellement, quelqu'un va
payer la note tout à l'heure.
M. Léonard: On a parlé de trois commissions; en
réalité, à l'heure actuelle, il y a la Commission des
affaires municipales du Québec  il n'y en a pas trois  il y
en a une deuxième qui est proposée, c'est la Commission nationale
de l'aménagement. La réforme dont il a été question
n'est pas faite et elle n'est pas prête non plus, que je sache; donc,
nous rendons opérationnelle la loi 125.
Pour toutes ces raisons, nous rejetons l'amendement proposé.
M. Gendron: Alors, nous demandons un vote.
Le Président (M. Laplante): Un vote enregistré.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais aussi une question.
La Commission de zonage agricole, ça touche l'aménagement et c'en
est une commission. Moi, je l'avais vu comme ça, lorsque le
député a parlé de trois commissions. Il y a une commission
qui touche l'aménagement du territoire.
M. Léonard: Ce n'est pas celle-là dont il a
parlé.
M. Goulet: Non? Alors, ça en fait quatre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez un vote
enregistré?
M. Goldbloom: S'il vous plaît, M. le Président. (16
h 30)
Le Président (M. Laplante): Sur la motion du
député de D'Arcy McGee à savoir que l'article 1 soit
modifié en remplaçant le paragraphe 3 par le suivant: 3e
"Commission": la Commission municipale du Québec.
M. le député Brassard (Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Nord. M. Léonard (Labelle).
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Laplante): Cinq contre, trois pour;
motion rejetée.
J'appelle maintenant l'article 1, paragraphe 3; adopté?
M. Goldbloom: Sur division...
Le Président (M. Laplante): Sur division.
M. Goldbloom:... M. le Président, pour ne pas vous obliger
à reprendre le vote.
Le Président (M. Laplante): Merci. Paragraphe 4.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Paragraphe
5.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux vous
suggérer de laisser en suspens le paragraphe 5 jusqu'après le
débat sur le paragraphe 6? Parce que le paragraphe 5 fait allusion
à la définition contenue dans le paragraphe 6.
Le Président (M. Laplante): Si j'ai le consentement de la
commission, d'accord.
M. Goldbloom: J'aurai des modifications.
Le Président (M. Laplante): Paragraphe 5 suspendu.
Paragraphe 6.
M. Goldbloom: M. le Président, là aussi le ministre
nous dira que ce n'est que la définition et que les articles pertinents
qui donneront vie et pouvoir aux organismes en question arriveront plus loin.
Cela est vrai. Quand même, et vous remarquerez que ce paragraphe 6 qui
fait déjà allusion à l'article 167 du projet de loi qui
est quand même un article clé. Nous avons devant nous, maintenant,
surtout en l'absence de rapport de la part du ministre sur ses conversations
possibles avec les opposants à son projet de loi en ce qui concerne
l'article 167, le noeud du problème. Pour nous, vu le refus du ministre
de répondre par l'affirmative à ce que nous lui demandons, nous
devons considérer ce noeud comme étant gordien.
Voici que le ministre semble, sous réserve de ce qu'il pourra
nous dire dans les prochaines heures ou dans les prochains jours... mais nous
ne savons pas ce qu'il a l'intention de nous dire. Nous
pouvons puisque nous venons de vivre une expérience, nous
imaginer que le ministre finira par nous dire: Nous laissons le texte tel quel.
C'est d'ailleurs essentiellement son attitude, nonobstant la
réimpression du projet de loi.
Donc, M. le Président, nous devons nous opposer à cette
notion de municipalité régionale de comté. Quand on
appelle une institution ou une instance de responsabilités locales,
municipalité, on veut dire que c'est une instance investie de certaines
responsabilités en vertu de la loi, chargée de la
responsabilité d'administrer ces éléments de
responsabilité et constituée par un mécanisme qui
répond aux besoins du milieu également.
Normalement, quand on parle d'une municipalité, on parle d'une
entité créée par un mécanisme électif
quelconque, soit par des élections municipales traditionnelles, soit,
dans le cas d'un Conseil de comté, par un deuxième palier
électif, c'est-à -dire que parmi les maires dûment
élus dans les municipalités locales, un préfet et un
préfet adjoint se font élire. La loi accorde au Conseil de
comté, des pouvoirs pour lesquels les élus doivent
répondre devant l'opinion publique et cela, régulièrement,
comme il se doit, en démocratie.
Mais ce que le ministre nous propose, c'est une entité qui serait
créée par lui. C'est lui qui déciderait quelle
municipalité ferait partie de chaque municipalité
régionale de comté. Après la prise de cette
décision, après la publication de cette décision, les
municipalités visées se réuniraient et éliraient un
préfet.
M. le Président, là aussi, le choix de termes fait par le
ministre me laisse songeur. Si l'on a l'intention de respecter les
entités existantes, en l'occurrence, les Conseils de comté qui
ont déjà chacun un préfet, on ne crée pas un
organisme qui, lui, va élire un préfet. Y aura-t-il deux
préfets? Si oui, comment allons-nous distinguer entre le préfet
de la municipalité régionale de comté et le préfet
du Conseil de comté actuel? Comment allons-nous distinguer entre le
préfet qui, de par ses fonctions à la tête de la
municipalité régionale de comté, dirigera un organisme
où siégeront les maires des cités et villes du territoire
et le préfet qui, à la tête du Conseil de comté tel
que nous le connaissons aujourd'hui, dirigera un organisme où
siégeront seulement les maires des municipalités rurales, les
municipalités régies par le Code municipal?
Pourquoi avoir choisi le mot "préfet" si l'on avait l'intention
de conserver les Conseils de comté actuels et de leur laisser des
fonctions qui vaudraient la peine? Pourquoi avoir choisi le terme
"municipalité régionale de comté", si l'on n'avait pas
l'intention d'attribuer à ces nouveaux organismes des
responsabilités administratives puisées dans les
responsabilités et pouvoirs qui existent déjà entre les
mains des municipalités locales, des cités et villes et,
notamment, des Conseils de comté?
M. le Président, il y a ici une question de bonne foi. Je ne mets
pas en doute la bonne foi du ministre. Je la mets à l'épreuve. Je
lui fais appel, je fais appel à cette bonne foi et je dis au ministre:
Si les assurances qu'il nous donne depuis le début les assurances qu'il
n'a pas l'intention de porter atteinte aux valeurs représentées
par les Conseils de comté actuels sont vraies qu'il accepte de modifier
l'expression "municipalité régionale de comté"  nous
parlerons plus loin de la structure et des attributions  et qu'il accepte
de définir cet organisme comme étant unifonctionnel.
Je l'ai entendu de mes propres oreilles en commission parlementaire
quand nous étudiions des mémoires, quand nous écoutions
des témoins. Il a dit: Ce sera un organisme unifonctionnel. Or, M. le
Président, si c'est pour être un organisme unifonctionnel, qu'il
porte un nom qui définira sa fonction unique, qu'il s'appelle ce qu'il
serait, un conseil intermunicipal d'aménagement, un lieu de rencontre
des municipalités qui ont un intérêt commun, celui de faire
l'aménagement de leur territoire commun, mais que l'on ne laisse pas
l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de
ces municipalités en disant: Ce ne sera pas simplement un conseil
intermunicipal d'aménagement. Ce sera une municipalité
régionale de comté. On ne vous dit pas, dans le moment, quelles
autres fonctions le gouvernement attribuera à ces municipalités
régionales de comté, mais, chose certaine, si l'on refuse
d'utiliser un nom qui exprime clairement la fonction limitée que l'on
veut attribuer à cet organisme intermunicipal...
M. le Président, que le ministre nous dise quelles sont les
fonctions autres que l'aménagement du territoire qui exigent une
collaboration structurée de cette nature entre les municipalités
régies par la Loi des cités et villes et celles régies par
le Code municipal. Que nous le sachions. Que l'opinion publique le sache.
M. le Président, j'ai demandé, à un moment
donné, au ministre si c'était l'intention du gouvernement de
créer des gouvernements régionaux. Le ministre m'a répondu
que non. Entre un gouvernement régional et un conseil intermunicipal
d'aménagement unifonctionnel, il y a une marge. Il faudra que le
ministre nous dise clairement, une fois pour toutes, quelle est l'intention du
gouvernement quand il choisit l'expression "municipalité
régionale de comté" qui n'est pas un titre unifonctionnel. C'est
un titre global.
Quand on voit que le ministre, par l'article 167, veut émettre
des lettres patentes et mettre là -dedans ce qu'il voudra, modifier le
territoire des municipalités de comté ou ériger des
territoires en municipalités régionales de comté  M.
le Président, la municipalité régionale de comté
succède alors aux droits et obligations de toute corporation de
comté mentionnée dans les lettres patentes  cela, M. le
Président, ce n'est pas unifonctionnel. C'est général.
Il n'est pas dit à l'article 167 que la municipalité
régionale de comté assumera, au nom des municipalités
régies par le Code municipal et au nom de celles régies par la
Loi des cités et villes, la responsabilité de
l'aménagement du territoire. Il est écrit que la
municipalité régionale de comté succédera aux
droits et obligations  sans restric-
tion  de toute corporation de comté mentionnée dans
les lettres patentes. Le ministre n'aurait même pas besoin d'indiquer
d'autres fonctions. Il lui suffira de mentionner le nom d'un conseil de
comté actuel et ce conseil de comté perdra les droits et pouvoirs
dont il jouit actuellement en vertu du Code municipal. (16 h 45)
C'est pour cela, M. le Président, que je fais appel à la
bonne foi du ministre. Si effectivement sa préoccupation et celle de son
gouvernement sont d'assurer la réalisation des schémas
d'aménagement, pour que l'aménagement du territoire du
Québec se fasse  et nous en sommes  qu'il accepte
l'amendement qui remplacerait le paragraphe 6 par ce qui suit: "Conseil
intermunicipal d'aménagement: un organisme créé en vertu
de l'article 167 pour fins d'aménagement du territoire." On arrivera
enfin à l'article 167 et aux suivants pour parler de ce que j'ai
déjà exposé, c'est-à -dire la définition sans
restrictions des pouvoirs et droits des conseils de comté qui
passeraient à la nouvelle municipalité régionale de
comté. Ici, on cerne et l'on dit: "Un organisme créé en
vertu de l'article 167 pour fins d'aménagement du territoire". M. le
Président, je présume que c'est le moment où vous aimeriez
vous prononcer sur la recevabilité de cette motion.
Le Président (M. Laplante): Avant, est-ce que vous voulez
parler sur la recevabilité, M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Non, M. le Président. Puisqu'on ne l'avait pas
au moment où j'ai indiqué que j'avais l'intention de parler,
donc, ce n'est pas possible que ce soit là -dessus.
Le Président (M. Laplante): Pour simplifier tout de
suite...
M. Gendron: Je pense justement que, pour simplifier, si vous
m'accordez quelques minutes, je n'ai pas l'habitude d'abuser, je voudrais
demander au député de D'Arcy McGee s'il conviendrait... Je pense
qu'au tout début  j'ai un problème de conscience Â
vous avez exposé le problème, selon mes vues, avec passablement
d'exactitude quant au noeud qui existe entre les paragraphes 5 et 6 et
l'article 167. Ma demande  et je voudrais savoir si elle vous
agrée  serait de suspendre pour le moment et le 5 et le 6, et
éventuellement d'y revenir lorsque nous ferons la discussion sur
l'article 167. Je dis tout de suite qu'il faudrait revenir peut-être
autant sur le 5 et le 6 tel que nous les avons actuellement ou revenir avec
votre proposition d'amendement pour la considérer à son
mérite après les discussions que nous aurons eu l'occasion de
faire sur l'article 167. J'aimerais savoir si cela vous conviendrait.
Personnellement, je serais d'accord pour accepter cela.
M. Goldbloom: M. le Président, à première
vue  vous me permettrez, tout en parlant, de réfléchir
brièvement à ce que nous propose le député
d'Abitibi-Ouest  sa suggestion me paraît raisonnable. J'aimerais
cependant, M. le Président, qu'avant d'aller plus loin vous vous
prononciez quand même sur la recevabilité de ma motion
d'amendement. Si vous déclarez qu'elle n'est pas recevable, la
proposition du député d'Abitibi-Ouest tombera
immédiatement, quant à moi.
Le Président (M. Laplante): Elle est recevable. M.
Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, j'écoutais
attentivement les propos du député de D'Arcy McGee, mais
personnellement j'avais justement pris une note et j'avais écrit ceci:
Etant donné que ce paragraphe mentionnait l'article 167, on devrait
suspendre l'étude de ce paragraphe jusqu'à l'article 167. Cela va
dans le sens de la proposition du député d'Abitibi-Ouest.
On parle de gouvernements régionaux, on dit que non; on parle de
faire disparaître des conseils de comté, on dit que non; on parle
de municipalités régionales. Si on veut vraiment savoir où
on veut en venir, M. le Président, je serais pour qu'on réserve
nos commentaires et nos discussions pour amener les paragraphes 5 et 6 Ã
l'article 167 tel que proposé par le député
d'Abitibi-Ouest et que, rendu là , vraiment on vide toute la question.
J'abonde dans le même sens que le député d'Abitibi-Ouest et
je l'avais justement écrit ici dans le but de le formuler
moi-même.
M. Goldbloom: M. le Président, j'accepterai la suggestion
du député d'Abitibi-Ouest avec la réserve suivante. Nous
avons devant nous un projet de loi qui compte 262 articles et il y en a 166
avant d'arriver au 167. Si nous devions laisser en suspens la moitié de
ces articles, notre travail ne serait plus possible. Je pense que nous devons
essayer, dans la mesure du possible, de régler chaque problème au
fur et à mesure, quitte à revenir en arrière si,
ultérieurement, nous acceptons une modification qui implique par
concordance une modification à un article déjÃ
adopté. Avec cette réserve que m'inspire la prudence, je suis
même heureux d'accepter la suggestion du député
d'Abitibi-Ouest.
Le Président (M. Laplante): Ce qui veut dire que l'article
1, paragraphe 6 et 7, sont suspendus.
M. Goldbloom: Non les paragraphes 5 et 6.
Le Président (M. Laplante): Que les paragraphes 5 et 6
sont suspendus pour être repris après l'étude de l'article
167.
M. Gendron: Lors de l'étude de l'article 167.
Le Président (M. Laplante): Au moment de l'étude de
l'article 167. Dans ce cas, j'appelle l'article 7.
M. Goldbloom: Le paragraphe 7.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe 7 de l'article
1.
M. Goldbloom: M. le Président, permettez-moi de prendre
une précaution. Le fait d'avoir laissé en suspens cet amendement
n'empêcherait pas les députés de proposer d'autres
amendements aux articles 5 et 6?
Le Président (M. Laplante): Absolument pas. M.
Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Laplante): Votre motion restera la
première à être discutée aussi.
M. Goldbloom: Bon.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le paragraphe 7 de
l'article 1.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Paragraphe
8.
M. Goldbloom: Au paragraphe 8, j'ai une proposition Ã
faire. Ce paragraphe définit l'organisme public pour les fins de
l'application de ce projet de loi. La définition est la suivante: "Un
organisme dont le gouvernement ou un ministre nomme la majorité des
membres...  sur cet aspect, nous sommes d'accord  dont la loi
ordonne que le personnel soit nommé et rémunéré
suivant la Loi sur la fonction publique (1978, chapitre XV)" Â lÃ
aussi, je crois que nous pouvons être d'accord. Mais avant de donner, de
façon définitive, cet accord, j'aimerais que le ministre, en
consultant si nécessaire ses collaborateurs, parce que la question est
technique, nous dise s'il y a beaucoup d'organismes pour lesquels la loi
ordonne que le personnel soit nommé et rémunéré
suivant la Loi sur la fonction publique où le gouvernement ne nomme pas
la majorité des membres. Est-ce que, par ce deuxième
élément, on élargit énormément ce qui est
établi par le premier élément de définition?
Il y a un troisième élément et c'est sur ce
troisième élément que j'aimerais ensuite suggérer
une modification. Peut-être le ministre voudrait-il d'abord me
répondre sur les deux premiers.
M. Léonard: Je pourrai peut-être vous
répondre demain parce que vous me demandez le nombre et il faut faire un
décompte dans la mesure où on pourra vous répondre.
M. Goldbloom: Que le ministre comprenne que je ne lui demande pas
un nombre, je lui demande une perspective. Le conseil d'administration d'un
hôpital, par exemple, a un certain nombre de membres nommés par le
gouvernement; d'autres sont nommés par les usagers, d'autres par les
groupes socio-économiques, etc., avec le résultat que ce n'est
pas le gouvernement qui en nomme la majorité. Mais il y a d'autres
considérations. Est-ce que le fait que le personnel soit nommé,
rémunéré suivant la Loi sur la fonction publique change
beaucoup de choses là -dedans? Qu'est-ce que cela veut dire? Pourquoi
a-t-on choisi cette définition?
J'arrive à mon troisième point, parce que le ministre va,
je pense, demander qu'on laisse le paragraphe en suspens et que l'on y revienne
demain. On dit à la fin du paragraphe: "... ou dont le capital-actions
provient, pour plus de la moitié, du fonds consolidé du revenu."
M. le Président, capital-actions, je ne suis pas un expert en
matière financière, donc j'invite le ministre Ã
éclairer ma lanterne, mais il me semble qu'il y a une différence
entre capital-actions et revenu, il me semble que des organismes publics
existent qui ne sont pas constitués au moyen de capital-actions
reçoivent plus de la moitié de leur revenu de l'Etat Ã
même le fonds consolidé du revenu; il me semble que ces organismes
devraient être couverts, parce que ces organismes, comme par exemple, les
commissions scolaires, peuvent prendre des décisions qui auront une
influence sur la carte de l'aménagement du territoire, le schéma
de l'aménagement.
Or, M. le Président, j'aimerais que le ministre demande
également à ses conseillers de lui dire s'il est utile et
même nécessaire de remplacer le mot "provient" par les mots "ou
les revenus proviennent". C'est-Ã -dire que le paragraphe se lirait,
à la fin: "ou dont le capital-actions ou les revenus proviennent, pour
plus de la moitié, du fonds consolidé du revenu." Est-ce
nécessaire? Est-ce désirable d'ajouter une telle chose?
Si le ministre veut attendre à demain pour répondre, je
n'ai pas d'objection du tout.
M. Léonard: Disons que, sur le deuxième cas, tout
à l'heure, on a réservé un peu. Je pourrais vous
répondre tout de suite. En ce qui concerne les organismes dont la loi
ordonne que le personnel soit nommé et rémunéré
suivant la Loi sur la fonction publique, cela ne comprend pas les commissions
scolaires, mais cela comprendrait les hôpitaux. Je ne sais pas si cela
vous satisfait comme réponse, mais c'est pour vous situer.
Au troisième élément, "dont le capital-actions
provient, pour plus de la moitié, du fonds consolidé du revenu",
vous voulez ajouter "revenus". J'ai peur que cela élargisse beaucoup la
définition, parce qu'une troupe de théâtre dont l'action
n'est pas très grande sur l'aménagement du territoire peut voir
son revenu provenir en grande majorité du gouvernement. Je donne un
exemple; il faudrait cerner cela davantage.
M. Goldbloom: L'exemple est valable, mais le ministre a
lui-même mentionné les commissions scolaires.
M. Léonard: Parce qu'elles sont impliquées d'une
autre façon ailleurs dans le projet de loi. Elles ne seraient pas
comprises dans "organisme public" ici.
M. Goldbloom: M. le Président, si le ministre me dit que
d'autres articles du projet de loi imposeraient des obligations aux commissions
scolaires par rapport à l'aménagement du territoire et s'il me
promet une réponse demain ou même après-demain...
M. Léonard: Non, mais à 5, septièmement,
vous avez les commissions scolaires nommément désignées,
à la fin: "les organismes publics et les corporations scolaires."
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président.
Simplement par intérêt, sans retarder l'adoption du
paragraphe, si le ministre pouvait nous donner un petit aperçu demain,
il serait intéressant de l'avoir.
Le Président (M. Laplante): Adopté, paragraphe 8 de
l'article 1.
Maintenant, vous avez l'amendement du paragraphe 9, le papillon du
ministre.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Paragraphe 10,
adopté? (17 heures)
M. Goulet: Un instant, M. le Président. Loin de moi
l'idée d'amorcer un débat très long, mais c'est pour
répondre à la demande du Conseil consultatif de l'environnement.
L'amendement proposé est: Que soient inclus dans la définition de
"voie de circulation" piste de moto-neiges et sentier de randonnées.
Donc, que le paragraphe 10 de l'article 1 soit modifié en ajoutant,
entre le mot "cyclable", dans la première ligne, et les mots "une place
publique", les mots suivants: piste de motoneiges et sentier de
randonnées. Ainsi, l'alinéa 10 modifié se lirait comme
suit: "Voie de circulation: tout endroit ou structure affecté Ã
la circulation des véhicules et des piétons, notamment une route,
rue ou ruelle, un trottoir, un sentier de piétons, une piste cyclable,
une piste de motoneiges, un sentier de randonnées, une place publique ou
une aire publique de stationnement." L'argument invoqué était de
savoir très bien ce qui est inclus ou ce qui est exclu; c'était
une demande formulée dans le mémoire présenté par
le Conseil consultatif de l'environnement.
M. Goldbloom: M. le Président, très
brièvement, je voudrais donner mon appui...
Le Président (M. Laplante): L'amendement est recevable, M.
le député.
M. Goldbloom: Merci, ce qui me permet de me prononcer
là -dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Léonard: Pouvez-vous m'expliquer quelle
différence vous faites entre un sentier de piétons et un sentier
de randonnées?
M. Goulet: Un sentier de randonnées, ça peut
être un sentier de ski de fond, par exemple.
M. Gendron: C'est que, habituellement, un sentier de
randonnées a subi des aménagements écologiques, il est
nommément identifié comme sentier de randonnées, alors
qu'un sentier de piétons, ça peut être la tradition qui l'a
établi, les gens ont piqué entre deux édifices et c'est
devenu un sentier de piétons, sans aménagement écologique
comme tel.
M. Léonard: Oui, a priori...
M. Goulet: Sentier de piétons est déjÃ
inclus dans le projet de loi.
M. Léonard: Oui, je sais, nous ne voyons pas
d'objection.
M. Goulet: C'est comme une piste cyclable d'ailleurs, si on a
jugé bon d'identifier une piste cyclable...
M. Gendron: Non, je pense que vous êtes justifié de
nuancer entre les deux, parce que moi, pour le peu de connaissances que j'ai,
il m'apparaît qu'il est exact qu'on puisse nuancer entre un sentier de
piétons et un sentier de randonnées où, habituellement, il
est affiché, il est signalé comme tel, parce qu'il y a eu un
aménagement écologique qui en fait un sentier de
randonnées.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre me fait part
que l'amendement peut être adopté.
M. Goulet: Surtout dans nos régions, on vient de nous
accorder tout près de $50 000 pour des sentiers de randonnées; je
pense que ce serait bon de les protéger éventuellement.
M. Léonard: Cela va; adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté, tel
qu'amendé par le député de Bellechasse.
Je suspends maintenant l'adoption de l'article 1, Ã cause des
paragraphes 5 et 6, et j'appelle l'article 2. Il y a un amendement, un
papillon, du ministre. Il y a seulement une soustraction à la
quatrième ligne: La suppression des mots "ses ministres".
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que vous
m'accorderiez 20 minutes sur cet article?
Le Président (M. Laplante): Je vous accorde 20 minutes
monsieur; c'est le règlement qui le permet.
M. Goldbloom: Merci. J'accepte l'amendement du ministre.
Le Président (M. Laplante): L'article 2, tel que
modifié, adopté.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, là c'est
différent!
Le Président (M. Laplante): Ah, là c'est
différent! D'accord. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais, Ã
toutes fins utiles, proposer que l'article 2 soit biffé. Je pense bien
que je n'ai pas besoin de faire une motion précise à cet
égard, c'est une question de voter pour ou contre l'article, le moment
venu.
Si je propose que cet article soit biffé, ce n'est pas parce que
je ne crois pas que le gouvernement devrait se laisser lier, dans une certaine
mesure, par les schémas d'aménagement qui seraient adoptés
au niveau municipal ou régional; c'est parce que, ailleurs, dans le
projet de loi, cet article 2 est criblé de balles et reste avec des
trous si béants que je me demande quelle utilité il a.
C'est pour mettre en relief cette contradiction flagrante dans le projet
de loi que je suggère que l'on soit plus franc et qu'on laisse tomber
cette allusion à la liaison du gouvernement parce que, M. le
Président, déjà à l'article 2, on fait allusion
à l'article 70. A l'article 70, on voit que le ministre peut de sa
propre initiative désavouer en tout ou en partie le règlement de
contrôle intérimaire. M. le Président, si le ministre peut
désavouer en tout ou en partie de sa propre initiative le
règlement de contrôle intérimaire, le gouvernement n'est
pas lié. C'est aussi simple que cela. Il est lié, mais, c'est
comme Houdini, deux secondes plus tard, il n'est plus lié.
M. le Président, quand on regarde le chapitre VI du titre I qui
est également mentionné comme réserve par rapport Ã
l'application de l'article 2, on voit que les interventions gouvernementales
peuvent passer par-dessus toute volonté locale ou régionale parce
que le ministre peut émettre un décret et changer le
schéma d'aménagement.
Or, M. le Président, Houdini est à l'oeuvre de nouveau. On
est lié, mais on ne l'est pas. On est pris dans une boîte qui est
fermée à clé, entourée de corde et enfouie sous le
sol et, quelques minutes plus tard, Houdini sort et a sa parfaite
liberté de faire ce qu'il veut.
M. le Président, il me semble que l'on devrait ou bien dire que
le gouvernement est lié et enlever les réserves ou les
restreindre considérablement, ou bien on devrait être assez
franc... J'allais utiliser le mot "honnête", je ne l'ai pas
utilisé parce que je ne voudrais pas mettre en doute
l'honnêteté intellectuelle de ceux qui ont rédigé le
projet de loi. Mais, quand on regarde le projet de loi dans son ensemble, on
est obligé d'arriver à la conclusion que l'article 2, c'est ce
que l'on appelle, en langage vulgaire, la frime, parce que le gouvernement
n'est pas lié.
Si l'article disait: Le gouvernement et ses ministères et
mandataires tiendront compte dans toute la mesure du possible des
schémas d'aménagement, mais, à l'occasion, invoqueront
l'intérêt supérieur de la collectivité pour apporter
des modifications et effectuer les interventions jugées
nécessaires, ce serait clair, ce serait franc, ce serait une
définition précise de ce que ferait et de ce que ne ferait pas le
gouvernement. Ce serait une affirmation du degré auquel le gouvernement
se permettrait d'être lié. C'est un peu fort, M. le
Président, de dire: Un schéma d'aménagement et un
règlement de contrôle intérimaire adoptés par une
municipalité régionale de comté et mis en vigueur
conformément à la présente loi lie le gouvernement, ses
ministères et mandataires lorsque ceux-ci désirent intervenir par
l'implantation d'un équipement ou d'une infrastructure, par la
réalisation de travaux ou l'utilisation d'un immeuble et d'ajouter: sous
réserve des dispositions du chapitre VI du titre I et de l'article 70,
chacun étant un trou béant par rapport au schéma, dans un
cas, et au règlement intérimaire, dans l'autre.
Effectivement, le gouvernement dit: Je serai lié si je veux
être lié et, si je ne veux pas être lié, je me donne
des portes de sortie. Ah M. le Président, aussi bien dire que l'on n'est
pas lié. Aussi bien dire que, si le gouvernement décide qu'un
tronçon d'autoroute passera à un endroit donné, si
l'Hy-dro-Québec décide que les lignes de transmission passeront
par un tracé donné, il y aura des consultations, des audiences
publiques, il y aura moyen pour des gens de s'opposer, mais qu'Ã la fin
du processus la décision sera prise et sera prise dans une perspective
plus large que le territoire visé par le schéma
d'aménagement.
C'est ce que cela veut dire, M. le Président. C'est ce qui va
arriver. Le gouvernement, en vertu de ce qui est écrit dans ce projet de
loi, procédera par des mécanismes de consultation,
écoutera des gens. Mais peut-être que, dans la confection d'un
schéma d'aménagement sur une base locale, il y aura eu des
dissidences et que la majorité locale l'aura emporté mais que le
gouvernement prendra l'opinion de ceux qui étaient minoritaires Ã
cette étape-là et va l'invoquer pour dire: Puisque vous
n'étiez pas unanimes, nous constatons que le fait de passer l'autoroute
là où le schéma d'aménagement le défendrait,
rencontrerait quand même les vues d'une bonne proportion de la
population, même si ce n'est pas la majorité. Aussi bien dire que
l'on n'est pas lié, M. le Président.
C'est pour cela que je trouve que l'article est exagéré.
C'est une bonne chose de laisser entendre aux gens que leur travail de
confection d'un schéma d'aménagement ne sera pas vain au moment
où viendra le gouvernement pour effectuer des travaux ou pour les
autoriser de la part d'autres personnes, mais il faudra que ce soit plus qu'un
simple encouragement à travailler consciencieusement et à faire
le meilleur schéma possible. Actuellement, à la fin le
gouvernement, dans les faits, ne sera pas lié.
Je me demande de quelle façon les autorités locales et les
populations locales seront informées des intentions du gouvernement
avant qu'elles confectionnent définitivement leur schéma
d'aménagement. Le ministre des Transports dévoilera-t-il tous ses
projets? Si oui, pourquoi les portes de
sortie plus loin? Si les projets du ministre des Transports ont
été pris en considération dans la confection de chaque
schéma d'aménagement, on saura où passeront les routes et
les autoroutes. Il en est de même pour les autres éléments
qui sont mentionnés.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous explique comment
le gouvernement sera véritablement lié par les schémas
d'aménagement que produiront les autorités locales,
qu'approuveront les populations locales si les articles 70 et ceux du chapitre
VI du titre I sont conservés tels quels.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole
à M. le ministre, je voudrais m'assurer, M. le député de
D'arcy McGee, si vous avez fait une motion en bonne et due forme sur le retrait
de l'article 2, parce que j'ai un jugement... (17 h 15)
M. Goldbloom: Je ne l'ai pas fait, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Non? M. Goldbloom: ...
mais...
Le Président (M. Laplante): C'est seulement une invitation
que vous lancez au ministre de retirer l'article 2 sans en faire une motion
ferme.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai effectivement un texte
ici et je pourrai vous le passer pour que ce soit une motion formelle, si c'est
plus facile.
Le Président (M. Laplante): Oui, parce que... M.
Goldbloom: Alors...
Le Président (M. Laplante): ... cela me permettra de la
juger tout de suite.
M. Goldbloom: Très bien. Alors...
Le Président (M. Laplante): C'est que je ne puis parce
que...
M. Goldbloom: ... motion d'amendement: "Que l'article 2 soit
retranché du projet de loi no 125." Avec mes hommages.
Le Président (M. Laplante): A ce moment-ci, après
toute l'argumentation que vous avez donnée avant d'en venir Ã
cette motion, je suis dans l'obligation de la juger non recevable, en vertu de
l'article 70. C'est pour cette raison que j'aurais souhaité tout
à l'heure que vous finissiez un voeu vis-à -vis du ministre de la
retirer, en vertu de l'article 70 qui dit: "Un amendement doit se rapporter
directement au sujet de la motion proposée et ne peut avoir que les
objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il
est irrecevable...
M. Goldbloom: Retrancher des mots, M. le Président...
Le Président (M. Laplante):... si son effet est
d'écarter la question principale  c'est l'article complet, en
somme  sur laquelle il a été proposé et il en est de
même d'un sous-amendement par rapport à un amendement." Je m'en
excuse, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, sur cette question de
règlement...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que ce soit
une discussion sur la décision que je viens de rendre. D'accord?
M. Goldbloom: Pas du tout, M. le Président. Jamais de la
vie, mais...
Le Président (M. Laplante): Je vous connais trop comme
gentilhomme.
M. Goldbloom: ... j'ai deux commentaires. D'abord, que
l'interprétation que l'on pourrait donner à cet article
permettrait quand même d'aller jusqu'à la proposition de retirer
tout un article si l'on peut en retrancher des mots. Mais je ne fais pas cette
argumentation parce que je crois que la jurisprudence serait contre moi.
Le Président (M. Laplante): Si cela peut vous aider, par
exemple, j'apprécierais beaucoup que M. le ministre réponde
à vos questions. Peut-être qu'il pourrait en venir lui-même,
à un moment donné...
M. Goldbloom: Le voeu a quand même été
exprimé, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): D'accord. C'est cela.
M. Goldbloom: ... et vous avez deviné que nous allons
voter contre l'article 2...
Le Président (M. Laplante): Je voulais l'établir,
M. le ministre.
M. Goldbloom: ... s'il n'est pas modifié. Le
Président (M. Laplante): D'accord.
M. Goldbloom: Un dernier commentaire, M. le Président, et
ce n'est pas un commentaire sur votre décision. C'est un commentaire sur
moi-même, sur les sentiments que j'éprouve en ce moment.
J'éprouve une sensation un peu curieuse, comme si j'avais
confectionné un schéma d'aménagement croyant que le
gouvernement serait lié par cela et le gouvernement m'ayant dit oui,
nous serions liés, m'avait dit par la suite, mais non, ce n'est pas le
cas.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Pour répondre globalement aux
interrogations du député de D'Arcy McGee, je dirai que l'article
2 pose le principe que le gouvernement est lié par le schéma
d'aménagement, ce que ne posaient pas les précédents
projets de loi. Le gouvernement pouvait faire n'importe quoi, n'importe
où, n'importe quand dans le territoire. L'article 2 pose donc le
principe que le gouvernement est lié. Quand il va poser des gestes, il
se trouvera lié par les propositions du schéma
d'aménagement. Et c'est quand il ira contre ces propositions ou contre
les objectifs du schéma d'aménagement qu'il va être tenu de
s'en expliquer. Il y a des règles du jeu qui sont explicitées
à plusieurs endroits dans le projet de loi, mais c'est plutôt
l'exception que la règle, la règle étant que le
gouvernement respecte le schéma d'aménagement, l'exception
étant que, pour des raisons d'intérêt public, il doit,
à un moment donné, poser certains gestes, faire certains
investissements, bâtir certains équipements publics pour
l'ensemble de la collectivité.
Je pense que c'est important de réaliser que ces nouvelles
règles du jeu rendent plus claires, plus évidentes les
négociations aussi entre les partenaires concernés qui sont le
gouvernement et les municipalités régionales de comté.
Après de telles négociations et après une consultation
publique, il va être politiquement difficile au gouvernement d'aller
à rencontre des intentions exprimées par une municipalité
régionale et les municipalités locales et par les citoyens
impliqués. Il devra, lorsqu'il procédera à l'amendement du
schéma par décret, avoir d'excellentes raisons et s'en expliquer
politiquement, ce qui est toute la différence de ce qui peut se passer,
de ce qui pourrait arriver aujourd'hui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez un vote
enregistré? M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Non pas que je discute votre décision, M. le
Président, mais je vous demande une directive. D'abord, lorsque vous
avez décidé de la recevabilité de la motion, je pense que
les membres de la commission n'ont pas eu à se prononcer sur la
recevabilité. Normalement on fait un tour de table pour permettre aux
gens de s'exprimer. Bien souvent, vous pouvez...
Le Président (M. Laplante): Je vous avertis, M. le
député de Bellechasse, que vous devez être
très...
M. Goulet: Vous pouvez argumenter, M. le Président, en me
disant  je respecte votre décision  que vous étiez
assez renseigné, mais vous avez qualifié la motion du
député de D'Arcy McGee comme une motion d'amendement, mais je me
demande si ce n'était pas seulement une motion pure et simple. Je veux
vous demander s'il y a différence entre les deux.
Le Président (M. Laplante): Si vous le formu- lez de cette
façon-là , M. le député de Bellechasse, je ne
voudrais pas que cela crée de précédent non plus sur une
directive.
M. Goulet: Non, mais il y a une très grande
différence.
Le Président (M. Laplante): Ce que je considère,
actuellement d'après l'article 70 et par d'autres
précédents aussi, c'est que seul le ministre peut retirer des
articles de la loi. Les membres de cette commission peuvent tous faire des
amendements, retrancher des mots, additionner des mots ou changer les mots de
place, tel que le dit l'article 70; mais le retrait d'un article
déjà au projet de loi, seul le ministre peut le faire.
M. Goulet: En vertu de quel article, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): En vertu des
règlements.
M. Goulet: Si vous me le permettez, M. le Président, ce
n'est pas de mauvaise foi.
Le Président (M. Laplante): Là , je ne vous le
permets plus. Si vous voulez...
M. Goulet: C'est parce quec'est un précédent.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas un
précédent que je crée. J'en suis assuré,
monsieur.
M. Goulet: Je vous rappelle l'article 62 et l'article 64, parce
que lorsqu'il est question d'un ministre, c'est seulement lorsqu'il y a des
sommes du gouvernement qui sont en cause. Dans la motion du
député...
Le Président (M. Laplante): M. le député, si
vous voulez, pour la bonne conduite, on va laisser la discussion
là -dessus et à l'heure du dîner on s'en parlera, entre
amis. Si j'avais quelque chose qui n'était pas correct, je crois que
c'est le rôle du président aussi, dans la bonne conduite d'une
commission, de ne pas avoir peur de revenir sur sa décision.
D'accord?
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais, avec tout le
respect que je vous dois, que vous puissiez suspendre, jusqu'Ã 20
heures, la décision, parce que je vous dis, M. le Président,
qu'il y a un danger de précédent.
Le Président (M. Laplante): Elle est rendue, monsieur.
M. Goulet: Je vous le souligne.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez un vote
à main levée ou enregistré?
M. Goldbloom: M. le Président, si le vote que vous nous
proposez porte sur l'article dans son ensemble...
Le Président (M. Laplante): L'article 2 dans son
ensemble.
M. Goldbloom:... nous ne sommes pas rendus à ce
point-là . J'ai une autre proposition à faire.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Une Voix:
D'amendement?
M. Goldbloom: D'amendement oui. A la cinquième ligne, M.
le Président, on mentionne l'implantation d'équipements. Je
voudrais que le ministre nous donne quelques exemples de l'implantation
d'équipement. Je lui offre un exemple sans être certain qu'il soit
le bon. Il y a l'équipement de protection contre les incendies qui est
acheté par un conseil municipal, avec l'autorisation du ministre, qui
est placé sur le territoire suivant une décision du
ministère recommandée au ministre par la Direction
générale de la prévention des incendies. M. le
Président, même si c'est le conseil municipal qui doit, par
résolution, prendre une décision à cet égard,
souvent le ministre des Affaires municipales refuse d'approuver certaines
choses qui sont proposées par des municipalités, parce qu'aux
yeux du ministre et de son équipe de la Direction générale
de la prévention des incendies, l'endroit est mal choisi et le reste. Je
me demande si par... Evidemment, entre parenthèses, le ministre, par la
réponse qu'il a donnée il y a quelques instants, a jeté
une lumière utile sur toute cette question et je l'en remercie.
J'espère qu'il continuera de nous fournir des réponses de cette
qualité et de cette clarté.
Je me demande si l'on doit aller jusqu'Ã l'implantation
d'équipements et j'aimerais savoir ce que le ministre a en tête
à cet égard.
M. Léonard: Si vous me permettez de répondre
immédiatement, quant au service d'incendie, par exemple, simplement pour
répondre à cela, il semble que cela pourrait être inclus
dans un plan d'urbanisme. Il me paraît que ce serait aller dans beaucoup
de détails si on le met dans un schéma d'aménagement, mais
ce n'est pas défendu de l'inclure. Je m'explique. Dans la loi
elle-même, l'objectif n'est pas de faire un schéma
d'aménagement qui comprenne tous les équipements dans le
détail; ce n'est pas cela, un schéma d'aménagement, cela
comprend les grandes orientations, les grands équipements. Un plan
d'urbanisme peut aller beaucoup plus dans le détail si les gens le
désirent. En termes d'implantation d'équipements, je pense
à des routes, ce sont des équipements publics, des
équipements collectifs. Cela me paraît important. Les
hôpitaux aussi en font partie. Les équipements scolaires sont des
équipements qui doivent paraître dans un schéma
d'aménagement.
Il y a tout l'article 5 qu'on pourrait lire là -dessus. Vous avez
le contenu obligatoire du schéma. L'article 6 est le contenu facultatif
du schéma. Je pense qu'il appartient aussi aux élus municipaux de
juger eux-mêmes ce qu'ils consi- dèrent très important, ce
qui a une répercussion sur l'ensemble de la collectivité d'une
municipalité régionale de comté, des influences ou une
implication au niveau de la municipalité locale. Quand vous me donner
l'exemple des services d'incendie, cela peut dépendre aussi des milieux;
si on est en milieu rural ou en milieu semi-urbanisé, il peut être
important d'indiquer où sont situés les services d'incendie. Au
premier abord, il me semble que c'est un équipement plutôt
municipal qu'au niveau d'une municipalité régionale de
comté, sans être absolument exhaustif là -dessus.
M. Goldbloom: J'aimerais dire au ministre que si son
collègue des Affaires municipales était ici, il serait en mesure
de confirmer qu'à la Direction générale de la
prévention des incendies il y a une énorme carte du Québec
et que sur cette carte sont localisés les centres intermunicipaux
à partir desquels la protection contre les incendies doit se faire.
C'est peut-être pour avoir vu cette carte plus d'une fois que j'ai
pensé en fonction de cet élément. Avec les explications du
ministre, je suis prêt à ne pas faire une motion formelle
d'amendement pour le retrait des mots "d'un équipement ou".
M. Léonard: II y a un amendement que nous proposons.
Le Président (M. Laplante): Toujours à l'article
2?
M. Léonard: A l'article 2.
Le Président (M. Laplante): Un autre amendement.
M. Goldbloom: Un autre?
M. Léonard: Non, celui qui...
M. Goldbloom: II a déjà été
accepté.
M. Léonard: Ah! Il est accepté.
M. Goldbloom: Enlever les mots "ses ministres".
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est juste une
correction, enlever les mots "ses ministres". C'est adopté.
M. Léonard: Parce que les mots "ses ministres " sont
compris dans "ses ministères".
Le Président (M. Laplante): C'est adopté. M.
Goldbloom: Certainement.
Le Président (M. Laplante): Article 2, adopté? Sur
division?
M. Goldbloom: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division.
Le schéma d'aménagement de la
municipalité régionale de comté
J'appelle l'article 3, les règles de l'aménagement et de
l'urbanisme.
Titre I, chapitre I.
M. Goldbloom: A l'article 3, il y a toute une opération
que nous devrons entreprendre.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que ce sera en
chirurgie?
M. Goldbloom: J'espère que oui, que ce sera en chirurgie,
M. le Président. Je voudrais parler avec une parfaite franchise. Faire
autrement serait extrêmement compliqué. (17 h 30)
Nous avons parlé à plusieurs reprises au cours de la
journée de l'opposition vigoureuse et profonde de l'Union des conseils
de comté à un élément clé de ce projet de
loi. Nous avons accepté de part et d'autre de laisser en suspens les
paragraphes 5 et 6 de l'article 1, justement parce qu'ultérieurement,
rendus à l'article 167, nous toucherons à cet
élément clé. Mais, en ce qui concerne l'article 3, il y a
un lien important avec l'article 167, parce que l'on parle ici des attributions
du conseil de la municipalité régionale de comté.
L'Union des conseils de comté n'est pas d'accord sur ce qui est
proposé ici, pas plus que sur ce qui est proposé Ã
l'article 167. L'Union des conseils de comté a préparé un
texte qui est suggéré comme amendement à l'article 3. Par
rapport à cela, pour la bonne intelligence de ce que propose l'Union des
conseils de comté dont je me fais le parrain, si une nouvelle
formulation de ce qui est présenté actuellement par l'article 3
était acceptée, il serait proposé par la suite que soient
biffés les articles 167 à 203 inclusivement et les articles 244
à 246 inclusivement et que l'article 247 soit modifié par un
texte préparé également par l'Union des conseils de
comté.
M. le Président, je pense que c'est mon devoir de me faire le
parrain de ce qui constitue la vision de l'Union des conseils de comté,
des attributions de ce que j'appellerai un conseil intermunicipal
d'aménagement, mais ce que le ministre appelle municipalité
régionale de comté. Il me semble donc que nous ne pouvons laisser
en suspens l'article 3, Ã moins que le ministre ne nous dise qu'il est
prêt immédiatement à passer à l'article 167 et
à envisager des amendements dans le sens que je lui ai indiqué.
Si tel n'est pas le cas, je pense que nous devons aborder le problème
par l'autre côté et regarder l'article 3.
Au moment où je vous parle, M. le Président, je n'ai qu'un
seul exemplaire de ce texte. Je ne sais pas s'il y en a beaucoup d'autres qui
sont disponibles, il faudrait un certain temps pour que soient faites des
photocopies. Vous me permettrez peut-être d'en faire lecture d'abord.
Le Président (M. Laplante): C'est une motion et vous allez
en faire lecture?
M. Goldbloom: Oui, c'est une motion d'amendement pour le
remplacement de l'article 3 par un autre texte. Ce texte comprendrait quatre
articles à la place du seul qui existe dans le texte imprimé. Il
se lirait comme suit: D'abord, un article 3: "Toute corporation de
comté...
M. Léonard: II faudrait qu'on ait une copie des textes,
parce qu'ils pourraient bien être jugés irrecevables.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous dire ce que je
vais faire tout de suite. C'est que je vois la longueur du texte et l'article 3
est très court, celui inscrit au feuilleton, et je vous avertis d'avance
que ce sera une motion que je prendrai en délibéré
jusqu'Ã demain, 10 heures. Parce que j'ai des patrons plus
élevés que moi à voir là -dessus et je voudrais que
la décision qui sera rendue dans le cas de cette motion soit très
claire pour chacun des membres de cette commission.
Vous avez déjà énoncé des principes et c'est
pour ça que j'aurai une difficulté sur-le-champ à juger de
la recevabilité de cette motion, à cause de tout ce que vous avez
dit et de la suppression de l'article 167. Vous ne m'en ferez pas de reproche
et, Ã ce moment, on aura le temps de lire la motion.
M. Goldbloom: De toute façon, je n'aurais pas le droit de
vous en faire, des reproches.
M. Caron: Ce n'est pas dans les habitudes du député
de D'Arcy McGee d'en faire.
Le Président (M. Laplante): Non, c'est un gentilhomme,
comme je l'ai dit tout à l'heure.
M. Goldbloom: M. le Président, dois-je comprendre que vous
nous proposez la suspension immédiate?
Le Président (M. Laplante): Non, je vous propose de lire
votre motion et je rendrai la décision demain, à dix heures; pas
avant. D'accord?
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, j'en ferai
lecture; ensuite...
Le Président (M. Laplante): Je vous donnerai une
décision motivée demain, à dix heures.
M. Goldbloom: C'est cela; nous laisserons en suspens l'article 3,
ce qui nous donnera le temps de faire faire des photocopies qui seront
distribuées à tout le monde. Mais, pour les fins du journal des
Débats, nous aurons immédiatement le texte que nous pourrons
étudier en même temps que vous l'étudierez, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'est ça.
M. Goldbloom: D'accord. Nous commençons par un article 3:
"Toute corporation de comté est tenue, dans les...
M. Léonard: Je vois une copie qui vient d'arriver de la
part du conseiller juridique de l'Union des conseils de comté;
pourrions-nous en avoir?
M. Goldbloom: C'est un texte explicatif. M. le Président,
je pense que vous avez pris quand même une décision sage, parce
que, si vous ne me permettez pas de présenter cette motion, vous ne
serez pas en mesure de vous prononcer là -dessus à dix heures,
demain matin. Alors, j'en continue la lecture, mais nous aurons chacun tout le
loisir d'examiner le texte: "Toute corporation de comté est tenue, dans
les trois ans de l'entrée en vigueur de la présente loi: a) de
soumettre au ministre: 1. une proposition sur la modidication de ses limites
territoriales, si elle juge telle modification nécessaire; 2. un plan
décrivant les organes décisionnels et consultatifs, ainsi que les
structures administratives de la corporation de comté pour l'application
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et pour l'exercice de toute
compétence à elle dévolue par une ou plusieurs
corporations locales quelle que soit la loi qui la régit; b)
d'entreprendre l'élaboration d'un schéma d'aménagement et
d'adopter ce schéma dans les sept ans de l'entrée en vigueur de
la loi.
Article 3.1: Lorsqu'il exerce l'une des compétences
prévues à l'article 3, le conseil de comté se compose des
maires en fonction de toutes les municipalités, quelle que soit la loi
qui les régit, qui sont situées dans les limites de ce
comté. Si le maire d'une municipalité locale quelconque est
absent ou se trouve incapable d'agir, le maire suppléant ou tout
conseiller désigné à cette fin par le conseil de la
corporation locale peut représenter cette municipalité locale
à toutes les réunions du conseil de comté.
Le représentant d'une municipalité régie par la Loi
des cités et villes et le préfet du comté ont un droit de
veto sur toute décision prise par la corporation de comté
relativement aux matières visées par l'article 3. Le veto du
préfet s'exerce lorsqu'il y est autorisé par la majorité
des représentants des municipalités régies par le Code
municipal, qui sont présents à la séance et qui ont
voté sur une telle proposition.
L'administrateur d'une municipalité constituée en vertu de
la Loi de l'organisation de certains territoires (1971, chapitre 54) fait
également partie du conseil de comté, mais il ne peut être
élu à titre de préfet. 3.2 Les limites territoriales
d'une municipalité de comté, les organes décisionnels et
consultatifs ainsi que les structures administratives d'une corporation de
comté ne peuvent être modifiés que par une loi ou par
l'émission de lettres patentes que le lieutenant-gouverneur est tenu
d'émettre à la requête des corporations de comté et
des corporations locales intéressées. 3.3  Si, dans les
trois ans de l'entrée en vigueur de la présente loi, une
corporation de comté n'a pas soumis au ministre la composition ou le
plan prévus aux sous-paragraphes 1 et 2 du paragraphe a) de l'article 3,
le lieutenant-gouverneur en conseil peut, pour ces fins, agir à la place
de la corporation de comté, et dans ce cas, l'article 3.2 ne s'applique
pas".
M. le Président, pour être complet, je vous demande la
permission de faire lecture de ce qui suit. J'y ai déjà fait
allusion à cela. C'est extrêmement court. C'est pour la bonne
intelligence de ce qui vient d'être...
M. Léonard: M. le Président, auparavant, je
voudrais que nous ayons copie du texte législatif que vient de nous lire
le député de D'Arcy McGee pour ce soir, 20 heures, afin que nous
puissions, nous aussi, nous exprimer sur la recevabilité de cette
motion. Je dois souligner que j'ai rencontré M. Moreau à midi et
je n'ai pas eu ce texte en main, même si nous avons discuté. Je
n'en ai même pas encore une copie.
M. Goldbloom: Cela me semble tout à tout raisonnable.
M. Léonard: Je considère que nous devrions
déjà l'avoir depuis un certain temps.
Le Président (M. Laplante): ... on puisse discuter sur la
recevabilité, à 20 heures, et vous aviez les explications. Je
considérerais que vous parleriez sur la recevabilité... Le texte,
en somme, est sur la recevabilité, pourquoi elle devrait être
reçue. Il faut prendre cela comme cela.
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me permettez de
fournir comme explication les éléments qui seraient de
concordance avec ce qui est proposé comme modification Ã
l'article 3... Je voudrais, entre parenthèses, dire que moi-même
je n'ai pas eu le temps d'examiner le texte, et pour cette raison, je ne
voudrais pas me prononcer sur la recevabilité comme telle. Je laisse
cela à votre jugement, M. le Président. Il faudra que nous
étudiions ensemble tous les éléments et tous les mots,
même, d'un tel article. Mais pour que ce texte proposé puisse
être évalué et discuté par cette commission
parlementaire, il faut qu'un député s'en fasse le parrain. Je
l'ai fait à cette fin.
J'ai déjà expliqué que la proposition serait
complétée par celle qui voudrait que soient biffés les
articles 167 Ã 203 inclusivement et 244 Ã 246 inclusivement et
que l'article 247 soit remplacé par le texte suivant qui ne comprend que
deux courts alinéas: La présente loi remplace toutes les
dispositions législatives générales ou spéciales
applicables à une corporation de cité de ville, de village, de
campagne ou de comté relatives aux matières visées par la
présente loi.
Elle prévaut sur toute disposition incompatible d'une loi
générale ou spéciale applicable à une corporation
de cité de ville, de village, de campagne ou de comté.
M. le Président, je fais un dernier commentaire qui est, en
quelque sorte, une requête que je
vous adresse, une requête qui vous amènera
éventuellement à une directive ou à un verdict sur la
recevabilité du texte que j'ai présenté. C'est que,
même si la proposition additionnelle que soit biffés les articles
167 Ã 203 inclusivement et 244 Ã 246 inclusivement, pouvait
être interprétée de façon à couvrir le fait
que ce texte proposé pour un nouvel article 3, assorti de trois autres
nouveaux articles, touche d'autres éléments et d'autres articles
du projet de loi et non seulement l'article 3, je vous prierai, M. le
Président, de ne pas être absolument rigoureux dans votre
interprétation de la recevabilité de ce texte...
M. Gendron: Je m'excuse d'interrompre mon collègue de
D'Arcy McGee, mais j'ai peur que de telles informations  je le dis bien
honnêtement  interviennent au moment où on s'entend pour
plaider la recevabilité ce soir. Si on a dit tantôt  une
seconde, si vous permettez  qu'on reviendrait à 20 heures ce soir,
pour plaider la recevabilité avant que M. le président porte un
jugement à 10 heures demain, il m'apparaît que des
éléments comme ceux que vous fournissez, peuvent drôlement
influencer la discussion sur la recevabilité que j'aimerais avoir le
loisir de faire au même titre que vous au moment où on fera le
plaidoyer sur la recevabilité. (17 h 45)
M. Goldbloom: M. le Président, je m'exuse auprès de
mon collègue d'Abitibi-Ouest, mais je n'ai pas eu la même
compréhension que lui de la décision que nous avions prise. Ce
que j'avais compris, c'était que le ministre exigeait  c'est
déjà disponible  d'avoir le texte entre ses mains, et cela,
avant 20 heures ce soir, mais que la discussion sur la recevabilité
arriverait à 10 heures demain matin.
M. Gendron: Non, un instant...
M. Goldbloom: Peut-être que je me suis trompé.
M. Gendron: Là -dessus, M. le député de
D'Arcy McGee, il n'apparaît pas qu'il y a bien de la contradiction, mais
il semblerait que nous aurions voulu, de ce côté-ci de la table,
donner, dès 20 heures, à la reprise, des indications sur la
recevabilité, comme on le fait de toute façon à chaque
fois. Les partis s'expriment très brièvement sur la
recevabilité ou pas, pour que le président de la commission
parlementaire puisse délibérer jusqu'à 10 heures demain
matin avec quelques éléments, de part et d'autre, comme on le
fait habituellement. C'est dans ce sens que je pense qu'on devrait plaider la
recevabilité ce soir.
Le Président (M. Laplante): On avait donné la
permission au député, parce qu'il avait le droit à 20
minutes de plaider sur sa recevabilité, lui aussi, de commencer tout de
suite et vous pourrez continuer à 20 heures.
M. Gendron: Non, je ne pense pas que...
M. Goldbloom: J'ai voulu formuler une seule requête bien
simple. C'est une requête à votre adresse, M. le Président,
que vous exerciez un peu de latitude dans le sens suivant: que si
éventuellement, demain matin, vous arrivez à la conclusion que la
motion n'est pas recevable, que ce ne soit pas pour la seule raison que
d'autres articles sont impliqués et ne sont pas mentionnés
spécifiquement par cette proposition d'amendement; il y aurait moyen
d'ajuster cela.
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Gendron: ... je suis convaincu que le député de
D'Arcy McGee accepte si on conçoit la même chose, si on s'entend
comme commission que ce soir, brièvement, chacun qui veut s'exprimer sur
la recevabilité avant qu'elle soit prise en
délibéré par le président, on le fera ce soir.
D'accord?
M. Goldbloom: Certainement. Bon! D'accord. J'accepte.
Le Président (M. Laplante): D'accord. On suspend les
travaux jusqu'Ã 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 49
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission parlementaire des affaires municipales se
réunit de nouveau en vue d'étudier, article par article, le
projet de loi no 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Lorsque nous avons quitté, vers les 17 h 50, la parole
était à M. le député de D'Arcy McGee sur la
recevabilité. J'aime mieux vous prévenir que j'avais Ã
entendre un opinant de chaque parti.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
faire une longue argumentation sur la recevabilité de la motion. Quand
il s'agit d'une motion relativement complexe, qui propose le remplacement d'un
article par quatre articles, il est évident que si l'on veut chercher
là -dedans, je ne parle pas de vous, M. le Président, mais je
parle des autres opinants qui pourraient s'exprimer sur la recevabilité
de cette motion, de petits éléments qui permettraient de dire: La
motion d'amendement n'est pas recevable, on pourrait en trouver. Mais si on
prend le texte avec une certaine ouverture d'esprit, avec une certaine bonne
volonté, on peut certainement arriver au point où l'on dit, et
vous l'avez fait, M. le Président, à un certain moment, et c'est
votre droit, votre pouvoir de le faire: Telle que rédigée, la
motion n'est pas parfaitement recevable, mais, avec telle petite modification,
elle le deviendrait. Il me semble, M. le Pré-
sident, que l'importance de cet enjeu est telle que nous devrions, nous,
les membres de la commission, aborder l'étude de la recevabilité
de cette motion avec ce genre d'ouverture d'esprit, avec ce genre de bonne
volonté. (20 h 15)
Si c'est l'intention du gouvernement, malgré tous les arguments
que pourra fournir l'Opposition, malgré toutes les discussions que le
ministre et ses collègues pourront avoir avec les
intéressés de dire tout simplement: Non, nous restons sur nos
positions, c'est l'article 167, avec de petites modifications pour permettre
une certaine consultation, mais sans se rendre au désir de l'Union des
conseils de comté, il sera relativement facile de dire: Pour telle
raison technique, la motion n'est pas recevable. Mais si l'ouverture d'esprit
est là , une discussion pourrait nous mener à la modification de
quelques petits éléments qui rendraient la chose acceptable, ou
peut-être à une contrepro-position de la part du gouvernement, qui
dirait: Le texte, tel que présenté, n'est pas acceptable, mais il
y en a un autre qui nous paraîtrait à la fois plus acceptable sur
le plan technique, sur le plan juridique, si vous voulez, par rapport au
règlement de l'Assemblée nationale, et conforme au désir
de l'Union des conseils de comté, désir exprimé non pas
simplement à titre d'avocat, mais par conviction profonde par les
membres de l'Opposition.
Voilà , M. le Président, l'argument fort simple que je
voulais vous offrir. Je pense que la motion, dans l'ensemble, est recevable. Je
pense qu'elle est recevable parce qu'elle propose tout simplement un
mécanisme différent de l'application de la loi. Je n'ai pas
trouvé, en la relisant, des éléments que je trouve
personnellement inacceptables sur le plan sur lequel vous allez la juger.
J'attends les opinions des autres et c'est vous qui, enfin, en jugerez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, me permettriez-vous une question? La réponse pourrait
m'apporter une lumière additionnelle. En quoi l'amendement
proposé par votre motion n'est-il pas contraire à l'esprit et au
fond de la loi 125? LÃ -dessus, j'aimerais vous entendre, s'il y a
possibilité.
M. Goldbloom: Le projet de loi no 125 s'intitule: Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. Il propose des mécanismes; des
structures d'abord et des mécanismes d'application de la loi. Les
structures sont prévues notamment à l'article 167, mais l'article
3 paraît comme premier de la section intitulée: Attributions du
conseil de la municipalité régionale de comté, donc,
constitue une modalité d'application. Ce que la motion essaie de faire,
et c'est pour cela qu'à plus d'une reprise j'ai insisté sur les
corollaires à cette motion, c'est-à -dire la proposition que
soient biffés les articles 167 et suivants, ce que propose cette motion
d'amendement c'est, ni plus ni moins, la reconnaissance des conseils de
comté actuels pour les fins de l'application de la loi, avec un
mécanisme de collaboration entre les municipalités régie
par le Code municipal et groupées en conseil de comté et les
municipalités contiguës, régies par la Loi des cités
et villes, au lieu d'accepter la constitution de nouvelles entités
appelées municipalités régionales de comté pour les
mêmes fins, pour l'application de la loi, pour la confection des
schémas d'aménagement.
Donc, à mon sens, l'esprit de la loi n'est pas violé, le
principe de la loi n'est pas violé. Le principe est sûrement celui
de faire travailler ensemble les municipalités vers la confection des
schémas d'aménagement. Une modalité telle que la
constitution d'une structure, telle qu'un énoncé de
mécanisme, ce n'est pas un principe. Le principe est de faire
aménager le territoire du Québec, de faire confectionner par les
instances locales d'autorité groupées sur la base de certaines
régions à définir des schémas d'aménagement.
Le principe est que les instances locales travaillent ensemble dans des
organismes à être identifiés, définis.
La définition, dans la motion, est différente de celle qui
paraît à l'article 167 et interprétée,
élargie ou précisée, si vous voulez, à l'article 3
actuel.
Donc, M. le Président, je suis convaincu que la réponse
à votre question est simple et claire, qu'il n'y a pas de violation du
principe, de l'essence même du projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Très brièvement, M. le Président.
Comme vous, j'ai pris connaissance du libellé de cette motion, quelques
minutes avant la suspension de 18 heures. C'est assez complexe, parce qu'on
demande de remplacer quatre lignes par deux pages.
Etant donné que, personnellement, M. le Président, je n'ai
pas eu la consultation que j'aurais espéré avoir, Ã
l'heure du souper, du fait que la personne qui aurait pu me renseigner
objectivement...
Une Voix: Etait dans Beauce-Sud!
M. Goulet: Non, pas dans Beauce-Sud, mais était absente de
son bureau, vous comprendrez que je n'ai pas eu toute la consultation que
j'aurais aimé avoir. Par contre, j'ai lu et relu le paragraphe 3.2,
proposé par cette motion et je m'y suis attardé un peu plus
qu'aux autres.
J'apprécierais que, M. le Président, tenant compte de ce
paragraphe, vous jugiez cette motion recevable; ça nous permettrait
d'avoir des éclaircissements beaucoup plus élaborés
concernant la teneur de cette motion, de ce texte. Cela permettrait une
discussion plus élargie et ça n'empêchera pas les membres
de la commission de prendre la décision qu'ils voudront bien
prendre.
Juger une motion recevable, ce n'est pas adopter ou refuser une motion;
mais, quant à moi,  je vous l'ai dit tout à l'heure, en
tenant compte que je n'ai pas eu la consultation que j'aurais aimé avoir
 je peux comprendre que cette motion ne
change pas ou ne change en rien le principe même du projet de
loi.
C'est pourquoi, M. le Président, j'aimerais que vous la jugiez
recevable, ça nous permettrait un débat plus élargi,
demain, et les membres de la commission pourront se prononcer par la suite.
Mais, compte tenu du paragraphe 3.2, qui me plaît beaucoup, j'aimerais
que vous jugiez la motion recevable, pour qu'on puisse en discuter.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Bellechasse. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il s'agit lÃ
d'une proposition d'amendement à l'article 3 du projet de loi. Nous
considérons que la motion présentée par le
député de D'Arcy McGee, qui s'est fait le parrain d'une
proposition du président de l'Union des conseils de comté du
Québec, par l'intermédiaire de son conseiller juridique, est
irrecevable, dans l'état actuel des choses, en tout cas. Elle est
irrecevable parce qu'elle va, Ã notre avis, fondamentalement Ã
l'encontre des principes et du fond du projet de loi voté en
deuxième lecture par l'Assemblée nationale, en juin dernier.
Je pourrais expliquer un peu, si vous permettez, pourquoi cela va
à l'encontre du projet de loi voté en deuxième lecture. La
motion propose de confier aux corporations de comté auxquelles sont
associées les cités et villes, la fonction de préparer un
schéma d'aménagement avant même que l'organisme
intermunicipal chargé de cette fonction ne soit créé,
c'est-à -dire, avant qu'un territoire adéquat ait
été défini, non seulement par les élus locaux, mais
aussi par l'ensemble des citoyens des territoires concernés qu'on peut
identifier à une région d'appartenance ainsi qu'un mode de
représentation donnant une voie à sa mesure et qui tienne compte
du contexte de chaque territoire. Cela va à rencontre du projet de loi
no 125 qui prévoit d'abord la mise sur pied d'une structure politique,
administrative adéquate avant l'exercice des pouvoirs
d'aménagement.
Une autre raison aussi, c'est qu'à cette table  qu'on
pourrait appeler improvisée puisqu'il y a une association en attendant
entre les villes et les comtés actuels  à cette table
improvisée, dis-je, seuls les maires sont représentés,
donc, il y a un problème de représentativité qui tient
à la taille des municipalités alors que le projet de loi
reconnaît d'autres représentants en plus des maires. Par exemple,
à l'article 186 précisément pour assurer en certains cas
l'équilibre de la représentation. Aussi, autour de cette table
improvisée ou temporaire, l'association n'est pas d'égal Ã
égal. Chaque cité ou ville a un droit de veto alors que les
municipalités du Code municipal n'ont pas comme telles de droit de veto
puisque celles-ci se trouvent déléguées ou celui-ci, le
préfet, se trouve délégué par la majorité
d'entre elles. Donc, des membres autonomes à part entière pour ce
qui est des cités et villes, mais des membres disons ou d'autres membres
qui doivent déléguer un représentant pour ce qui est des
maires des municipalités rurales. Donc, jusqu'à un certain point,
en tout cas, une association d'inégaux alors que le projet de loi no 125
prévoit une collaboration entre le milieu, disons, des cités et
villes et le milieu rural sur une base d'égalité de toutes les
municipalités.
Enfin, cette motion dans sa teneur, je crois, change radicalement
l'économie générale du projet de loi, en biffant d'un coup
un chapitre entier et très important du titre 2 du projet de loi.
Je rappellerai ce qui a été dit au cours des mois qui ont
précédé le dépôt du projet de loi. Nous avons
toujours considéré que les cités et villes et les
municipalités du monde rural devaient travailler ensemble, qu'on devait
revoir les territoires. Tout ça a toujours été dit et, je
pense, admis par tout le monde, et on voulait, disons,
considérer les conseils de comtés comme étant
la structure porteuse pour faire l'aménagement, responsable de
l'aménagement, qui est une fonction inté-grative et, je pense
bien, que tout le monde était d'accord pour revoir cette structure, les
territoires, pour les examiner.
Avant de commencer des schémas d'aménagement, on doit se
pencher là -dessus, en faisant toute la consultation qu'il faut. Mais on
ne peut pas accepter à l'heure actuelle, la proposition, telle qu'elle
est rédigée.
Je pense, enfin, qu'on ne peut pas le faire, surtout par le biais de
l'article 3 à l'heure actuelle. Si on a des amendements à faire,
on peut les faire par l'article 167 et non par le biais de l'article 3.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas d'autres
commentaires très courts?
M. Gendron: Si vous aviez accepté, j'en aurais eu un
très court.
Le Président (M. Laplante): Très court.
M. Gendron: Mais je ne veux pas faire une polémique.
Est-ce que les membres de la commission acceptent?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que quelqu'un pourrait
me proposer, par exemple, de suspendre l'article 3 jusqu'Ã demain, 10
heures?
M. Goulet: Cela ne me dérange pas d'entendre le
député. Non, absolument pas. C'est un bon petit gars.
M. Caron: Nous restons ouverts à la démocratie.
M. Gendron: Nous, également, M. le Président. Il
m'apparaît que ce point-là pourrait vous aider; c'est uniquement
dans ce sens-là que je vous parlerai très rapidement. Je suis
d'avis, également, que vous devriez comme président juger cette
proposition irrecevable pour la raison suivante, très rapidement, parce
que dans le présent cas, contrairement à l'opinion du
député de D'Arcy McGee, en tout cas pour une partie, il ne
m'apparaît pas qu'il ne s'agit que des ajustements de quelques petits
éléments pour rendre une proposition rece-
vable. Il s'agit plutôt, d'après moi, d'une modification de
l'esprit même du projet de loi, et je voudrais seulement parler de
ça. Voici pourquoi, je pense, on en modifie l'esprit, c'est qu'on
inverse complètement l'esprit du 125 qui était d'abord de
déterminer des territoires, de préciser la structure porteuse de
ces territoires et, par la suite, leur confier la responsabilité de
l'élaboration du schéma d'aménagement.
Dans la proposition de l'Union des conseils de comté
présentée par le député de D'Arcy McGee, on fait
l'inverse. On part des structures en place et on ajoute les cités et
villes, on fait le schéma et, après ça, on discutera,
à savoir s'il y a lieu de revoir les territoires ou de modifier les
délimitations des différents territoires. Alors, ça
m'apparaît être une proposition complètement inversée
quant à l'esprit même de tout le mécanisme qui nous conduit
à l'élaboration des schémas d'aménagement, et je
voudrais seulement que vous teniez compte de cet aspect dans votre
décision, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Goldbloom: M. le Président, puisque vous avez
accordé la parole au député d'Abitibi-Ouest, je me sens
obligé de vous la demander de nouveau, ce qui n'avait pas
été mon intention; mais je constate que le député
d'Abitibi-Ouest  et il n'est peut-être pas le seul de son
côté de la table  ne comprend pas correctement, à mon
sens, ce qui est contenu dans ce texte-ci et je m'explique. Le ministre lui
aussi a dit: On inverse le processus. Le principe  pour moi, c'est une
modalité, pour lui, c'est un principe  c'est que l'on
définisse d'abord le territoire et après cela, on procède
à la confection des schémas d'aménagement tandis
qu'à leurs yeux, l'Union des conseils de comté propose que l'on
commence par confectionner des schémas d'aménagement et que, par
la suite, on en arrive à une évaluation du territoire, est-ce que
c'est le bon territoire qui a été choisi ou non. M. le
Président, ce n'est pas cela. Quand on parle ici de modifier le
territoire, on parle seulement... Permettez-moi de terminer.
Une Voix: C'est bien beau.
M. Goldbloom: D'accord, mais...
Une Voix: Vous avez montré l'intention de...
M. Goldbloom: ... vous avez montré une
anxiété d'intervenir. Je m'excuse d'une mauvaise
interprétation de votre geste. Je reprends. M. le Président, vous
constatez que nous nous entendons quand même bien, lui et moi.
Le Président (M. Laplante): Très bien.
M. Goldbloom: D'accord. Quand on fait allusion ici à une
modification possible des territoires, on parle des conseils de comté
actuels dont le territoire a été défini il y a plus de 100
ans et demeure à toutes fins utiles inchangé. Ce qui est
exprimé ici est une volonté de revoir ces territoires, mais tout
le monde est d'accord et je voudrais qu'il soit clair que nous sommes tous
d'accord que ce que nous pourrions appeler une unité
d'aménagement, le territoire que l'on définira pour que sur ce
territoire soit confectionné un schéma d'aménagement, on
ne propose pas que les territoires pour fins d'aménagement soient ceux
des conseils de comté actuels.
Que le ministre prenne le territoire qu'il veut, il n'est pas capable de
prendre un territoire rural au Québec, qui est raisonnablement
habité avec une densité raisonnable de population  il y a
encore des territoires non organisés, laissons-les de côté
pour l'instant  si l'on fait exclusion des territoires non
organisés, quel que soit le territoire que définira le ministre
pour la fin précise de la confection d'un schéma
d'aménagement, il y aura sur ce territoire un certain nombre de conseils
de comté existants. Ce qui est proposé ici est que ces conseils
de comté puissent siéger à la table avec les cités
et villes concernées et faire l'aménagement du territoire. Donc,
quand on parle de modifier le territoire, on ne parle pas de modifier le
territoire que définira le ministre pour fins d'aménagement. On
dit que...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee. Je ne voudrais pas, dans ma largesse d'esprit,
actuellement...
M. Goldbloom: Largeur.
Le Président (M. Laplante): Largeur, si vous voulez.
M. Goldbloom: Largesse aussi, mais le député
d'Abitibi-Ouest n'est quand même pas ici pour dispenser de la
largesse.
Le Président (M. Laplante): Actuellement, nous sommes
à discuter du fond de la motion et je suis obligé de vous
arrêter. C'était sur la recevabilité surtout que j'aurais
voulu être éclairé, mais les circonstances vous ont fait
glisser dans... J'aimerais revenir...
M. Goldbloom: M. le Président, je vous rappellerai que je
vous ai dit que c'est l'intervention de mon bon ami d'Abitibi-Ouest qui a
provoqué cette réaction de ma part. Je ne pouvais laisser sans
réplique l'interprétation...
Le Président (M. Laplante): C'est pourquoi je mets un
paravent entre vous et le député d'Abitibi-Ouest pour que la
communication entre les deux puisse s'arrêter. Maintenant, je demanderais
une motion pour suspendre...
M. Goldbloom: Le paravent s'appelle le parc de La
Vérendrye.
Le Président (M. Laplante): ... l'article 3 jusqu'Ã
demain, s'il vous plaît.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Laplante): La motion est adoptée.
J'appelle l'article 4. Je vous remercie de
votre coopération. C'est très bien, ce que vous avez fait
là .
M. Goldbloom: Je vous en prie. Je vous remercie de la
vôtre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Article 4, M. le ministre.
Aucune modification? M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, voici un article qui parle
de l'élaboration d'un schéma d'aménagement à la
suite de l'adoption d'une résolution par le conseil d'une
municipalité régionale de comté. Ce que je trouve un peu
curieux, M. le Président, c'est que le deuxième alinéa
indique que copie de cette résolution doit être transmise
dès son adoption à chacune des municipalités, c'est
normal; aux municipalités régionales de comté adjacentes,
c'est normal; au ministre, c'est normal; Ã la commission, c'est normal.
On arrive alors au troisième alinéa qui se lit comme suit: "Une
copie de cette résolution, avec avis de la date de son adoption, est
également transmise au ministre des Terres et Forêts pour les fins
du cadastre."
M. le Président, je comprends que cela soit nécessaire. Ce
qui me laisse un peu perplexe, c'est que cet alinéa soit si limitatif,
c'est-à -dire que la résolution serait envoyée Ã
deux ministres seulement, celui des Affaires municipales et celui des Terres et
Forêts. Il y en a d'autres qui seraient intéressés Ã
la recevoir et qui seraient particulièrement intéressés de
savoir, par rapport à l'exercice de leurs propres fonctions, que dans
une municipalité régionale de comté l'initiative aurait
été prise de procéder vers l'élaboration d'un
schéma d'aménagement.
C'est mon expérience personnelle qui m'amène Ã
vouloir insister sur une communication additionnelle. Il me semble que le
ministre responsable de la protection de l'environnement a un rôle
important à jouer en coordonnant ses activités avec celles du
conseil de la municipalité régionale de comté; il me
semble que ce ministre devrait recevoir une copie de la résolution afin
qu'il en soit au courant, afin qu'il puisse en tenir compte dans la poursuite
de ses propres activités parce que, à ma connaissance, il n'y a
pas de mécanisme très précis pour que les divers ministres
soient précisément informés à cette étape,
qui est quand même une étape importante. Tant et aussi longtemps
que le conseil de la municipalité régionale de comté ne se
réunit pas, n'adopte pas une résolution pour procéder
à la mise sur pied d'un schéma d'aménagement, les
ministres peuvent continuer leurs activités, leurs interventions, la
prise de leurs décisions sans devoir tenir compte d'un tel
élément, mais une fois la résolution adoptée, il
serait à mon sens normal que le ministre de l'environnement  je
parle de celui-là pour l'instant  en soit informé.
Or, M. le Président, j'aimerais vous proposer une motion
d'amendement qui se lirait comme suit: Que l'article 4 soit modifié en
ajoutant, à la troisième ligne du troisième alinéa,
après le mot "cadastre" les mots "et du ministre
délégué à l'environnement".
Le Président (M. Laplante): Motion recevable, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci.
M. Léonard: Je pourrais répondre là -dessus
en disant...
M. Caron: Un instant, avant que le ministre réponde, sur
la motion de mon collègue de D'Arcy McGee, je pense qu'il est d'une
extrême importance que ce ministère soit contacté, qu'il
soit au courant plus que jamais. S'il y a un gouvernement qui essaie d'en faire
beaucoup pour l'environnement, c'est votre gouvernement.
Je m'excuse si je dis cela, je ne voudrais pas être
désagréable, même avant qu'il y ait un projet de loi,
pour... un ministère en particulier, un projet de loi
déposé, mais non adopté, vous l'oubliez chemin faisant. Je
pense que mon savant collègue de D'Arcy McGee qui a une vaste
expérience à cause du nombre d'années où il a
été ministre des Affaires municipales, nous prête ces
facilités. Je pense que le ministre ne devrait pas refuser cela.
Personnellement, je sais qu'Ã quelques reprises le ministre n'a pas
voulu accepter des amendements. Mais, plus que jamais, le ministère de
l'environnement, c'est vous autres mêmes qui essayez de le grossir et
tout. Déjà vous le laissez tomber en chemin. Je ne vous comprends
pas. Je ne comprends pas du tout. Je ne veux pas parler longtemps. Je ne veux
pas retarder les travaux de la commission, actuellement. Je ne vous comprends
pas du tout. Plus j'essaie de vous comprendre, moins je vous comprend, M. le
ministre.
M. Léonard: Est-ce que je peux répondre au
député de Verdun?
M. Caron: J'espère qu'au moins vous ne laisserez pas
tomber votre... Vous laissez tomber nos amis des conseils de comté mais,
si vous laissez tomber votre collègue le ministre de l'environnement,
cela va être bien effrayant quand il va savoir cela. Alors, avant de
répondre j'espère que vous allez accepter...
Une Voix: ... du travail.
M. Caron: Surtout qu'il devient l'organisateur en chef de votre
parti. Faites attention pour la prochaine fois. Si vous le laissez tomber, il
vous laissera peut-être tomber la prochaine fois.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Est-ce que je peux répondre simplement
en donnant quelques explications. Ce pourquoi le ministre des Terres et
Forêts est nommément désigné, c'est que la
résolution du conseil de la municipalité régionale du
comté donne lieu au contrôle intérimaire aux dépens
du contrôle intérimaire de l'article 61 et suivants. Mais, cet
article-là n'exclut pas que tous les autres membres peuvent recevoir
copie de la résolution du comté, absolument pas. Vous pouvez
voir, si vous avez lu le projet de loi en entier, par exemple, Ã
l'article 222 et à l'article 225, qu'à l'article 222: "A la
demande du ministre, la commission doit sans délai lui transmettre copie
de tous docu-
merits et pièces dont la présente loi prévoit
l'enregistrement et qu'Ã l'article 225: "La commission tient un registre
des documents et pièces dont la présente loi prescrit
l'enregistrement. Toute personne peut consulter le registre et les documents et
pièces qui y sont enregistrés et, sur paiement de l'honoraire
prescrit par règlement du gouvernement, en obtenir des copies. Le
ministre délégué à l'environnement peut très
bien avoir copie de cette résolution sans aucun problème. Ce
n'est pas pour l'exclure qu'il n'est pas nommé.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est vraiment une nouvelle
ère au Québec quand les ministres deviennent assimilés
à toute personne qui peut consulter des documents. L'humilité est
très belle mais il y a aussi l'efficacité de l'administration de
la chose publique, et il nous semble plus logique que les ministres ne soient
pas considérés comme toute personne qui peut consulter des
dossiers, mais qu'ils reçoivent les documents qui peuvent
échapper à leur attention s'ils ne les reçoivent pas.
J'aurais été plus heureux d'entendre le ministre dire que lui
 ou plutôt son collègue des Affaires municipales, parce que
c'est la décision du gouvernement que ce sera le ministre des Affaires
municipales qui sera chargé de l'application de la loi, donc c'est le
ministre des Affaires municipales qui est mentionné à la
quatrième ligne du deuxième alinéa, quand on parle de
l'envoi, au ministre, d'une copie de la résolution  transmettra
copie de la résolution à chacun de ses collègues. (20 h
45)
M. le Président, je ne vous cache pas le fait que je me suis
inspiré de ce que j'ai connu avec les six collègues du ministre
 que j'ai nommés plus tôt dans la journée  pour
préparer une motion d'amendement à cet article, pour plusieurs
ministres, individuellement, et je pourrais, M. le Président, parler 20
minutes pour chaque ministre. Mais, M. le Président, je vis toujours de
l'espoir que, à un moment donné, le ministre dira: Ecoutez,
soyons constructifs, essayons de nous mettre sur une même longueur
d'onde, essayons peut-être de le faire sans les micros, sans la
surveillance de l'opinion publique, essayons de trouver un terrain d'entente
sur une chose aussi importante; parce que le ministre peut voir que nous sommes
profondément convaincus de ce que nous avançons, que nous avons
la conviction que ce projet de loi, qui part d'un excellent principe, celui de
l'aménagement du territoire, veut arriver à ses fins par des
moyens qui nous paraissent trop radicaux, qui nous paraissent devoir changer la
face du Québec d'une façon qui ne serait pas souhaitable.
Nous avons dit au gouvernement: Ecoutez, nous aurions pu vous donner
votre projet de loi sur un plateau d'argent, nous aurions épargné
nos cordes vocales, nous aurions évité la nécessité
de revenir, jour après jour, et faire ce genre d'amendement. C'est un
moyen indirect d'éveiller le gouvernement, qui ne veut pas se laisser
éveiller. Je ne sais pas quelle sorte de sonnerie il faut, mais, M. le
Président, c'est un gouvernement qui est tellement convaincu de son
omniscience; c'était le cas des six collègues, avant le 15
novembre 1976, on aurait espéré  je pense que le mot a
été utilisé par mon ami du Lac-Saint-Jean  trouver,
dans cette formation politique, devenue gouvernement, une humilité
devant les problèmes de l'Etat, devant l'éventail de points de
vue et de préoccupations que l'on peut trouver dans une
société de six millions d'âmes. Mais, ce n'est pas la
première fois que nous faisons face à un ministre qui est en
tranquille possession de la vérité et il n'y a pas moyen de
l'amener à dire: Ecoutez, c'est intéressant ce que vous dites
là , et le fait qu'une importante portion de la population soit incapable
d'accepter le projet de loi, tel que je le propose, me fait
réfléchir.
Cela m'amène à vouloir pousser un peu plus loin les
discussions dans un contexte autre que celui du débat contradictoire que
nous devons mener ici. Mais, si c'est la marque de commerce du gouvernement, il
faudra que le gouvernement s'attende que l'Opposition réagisse en
Opposition. Alors, c'est sans cachette, M. le Président, que je vous
dis: C'est une motion qui nous permet de continuer une lutte
générale pour essayer d'amener le gouvernement à accepter
de repenser un élément fondamental de son projet de loi. Nous
utiliserons tous les moyens. C'est aussi simple que cela. Puisque nous avons
dû faire face à ces six célèbres
députés, nous avons été à la bonne
école. Nous avons appris notre leçon. Nous allons
l'appliquer.
M. le Président, j'ai proposé une motion que vous avez
jugée recevable. J'ai avancé certains arguments qui indiquent que
le ministre délégué à l'environnement est en train
de préparer d'énormes projets qui vont impliquer d'énormes
interventions, mais si le Conseil des ministres approuve les $5 milliards que
le ministre veut faire dépenser par le trésor public, il y a des
schémas d'aménagement qui seront drôlement affectés
par ce que décidera le ministre délégué Ã
l'environnement.
Il me semble donc, M. le Président, que le ministre
délégué à l'environnement ne devrait pas être
placé dans une situation où il devrait aller chercher les
documents, aller s'informer si tel conseil d'une municipalité
régionale de comté a adopté une résolution et est
en train de procéder à la confection d'un schéma
d'aménagement. Il me semble que ce ministre devrait recevoir, comme le
dit l'article, dès son adoption, copie de la résolution et,
à partir de ce moment, le ministre dirait à ses fonctionnaires:
Dans la planification que vous êtes en train de faire, il faudra que vous
teniez compte du fait que, dans telle municipalité régionale de
comté, on vient d'adopter une résolution pour procéder
à l'élaboration d'un schéma d'aménagement; donc, je
vous demande de prendre vos projets et de vous déplacer, d'aller dans ce
territoire défini comme une municipalité régionale de
comté  terme que je n'aime pas plus qu'avant  et de
consulter les gens, puis, devant ce conseil qui vient d'adopter une
résolution pour l'élaboration d'un schéma
d'aménagement, de dévoiler dans toute la mesure du possible ce
que vous avez comme projets et de demander à ces gens, au
cours de leur travail d'élaboration d'un schéma
d'aménagement, de bien vouloir tenir compte des perspectives que vous
pourrez leur offrir.
Le Président (M. Laplante): C'est toujours sur la
motion?
M. Goldbloom: Sur la motion qui demande que le ministre
délégué à l'environnement soit informé et,
M. le Président, il me semble que, si ce n'est pas écrit dans la
loi, le ministre ne sera pas informé dès l'adoption de la
résolution. Il l'apprendra plus tard. Après combien de temps, on
ne le sait pas. M. le Président, le ministre peut me dire: Mon
collègue des Affaires municipales prendra sûrement l'initiative
d'en informer ses collègues qui sont particulièrement
intéressés, mais nous ne pouvons légiférer en
fonction de voeux pieux, nous ne pouvons légiférer en fonction de
bonnes intentions. C'est pour cela que j'offre la comparaison, M. le
Président. C'est pour cette raison que nous ne pouvons accepter
l'article 167, tel que rédigé, malgré les expressions de
bonnes intentions, de volonté de consulter et de tout cela, de la part
du ministre. C'est le texte qui fait la différence. C'est le texte qui
est déterminant. Pour cette raison, M. le Président, j'ai
proposé une motion d'amendement. Vous l'avez jugée recevable. Je
maintiens mon intention de poursuivre, jusqu'à la décision que
prendra éventuellement cette commission parlementaire qui disposera de
cette motion.
Alors, M. le Président, je propose, encore une fois, que
l'article 4 soit modifié, en ajoutant à la troisième ligne
du troisième alinéa, après le mot "cadastre", les mots "et
du ministre délégué à l'environnement".
Le Président (M. Laplante): Vous avez quelque chose
à ajouter, M. le ministre?
M. Léonard: Non, je trouve simplement que ce n'est pas
utile.
M. Caron: Avant que le ministre parle, j'aimerais ajouter
quelques mots là -dessus.
M. Goldbloom: Oui, au ministre, merci. C'est une erreur, oui.
M. Caron: M. le Président, le ministre a parlé de
l'article 222. Je vais lire l'article pour qu'on se comprenne bien: "La
commission enregistre les règlements, résolutions, ordonnances,
décrets, avis et opinions dont la présente loi prévoit
l'enregistrement et en est la gardienne. A la demande du ministre, la
commission doit sans délai lui transmettre copie de tous les documents
et pièces dont la présente loi prévoit
l'enregistrement".
Ce n'est pas clair, M. le Président. C'est justement, vous
n'êtes pas sérieux, mais je suis très sérieux ce
soir.
M. Gendron: Cela paraît! Si on avait...
M. Caron: Peut-être que vous ne le pensez pas, mais je suis
sérieux. Le ministre de l'environnement est tellement occupé. Si
ceux qui ont préparé le projet de loi pour le ministre avaient
dit: Le ministre "doit" faire parvenir. Ce n'est pas ça, "à la
demande du ministre" et, vous savez bien que le ministre, quand ce projet de
loi va être adopté, va avoir le temps de le feuilleter article par
article, parce que ce sera le ministre des Affaires municipales qui en aura la
garde plus tard. Vous savez, Dieu sait, comment le ministre des Affaires
municipales a les deux mains pleines, il n'aura pas le temps. Il laisse tomber
son collègue de l'environnement, quand on dit que le ministre de
l'environnement va partout en province et il dit à quel point ce
gouvernement veut créer un ministère de l'environnement, que la
loi sera adoptée à l'automne, si on n'a pas d'élections
générales; c'est sérieux. Le ministre est nonchalant. On
lui demande de collaborer, dire dans le projet de loi: Le ministre "doit"... on
n'en demande pas beaucoup encore là , depuis le début, on essaie
d'en avoir un demi-pouce du ministre et il nous dit "non" tout le temps.
Imaginez-vous, M. le Président, un gouvernement transparent, comme on en
a un devant nous, qui nous dit non à tout propos. Nous voulons vous
rendre service.
M. Gendron: M. le député de Verdun, on vous a
donné un sentier de motoneige et un sentier, c'est bien plus que deux
pouces!
M. Caron: Un instant! Même ce soir au diner, je parlais
avec un type. Il dit: Je suis déjà tanné d'eux. C'est un
type qui a voté pour vous. On essaie de vous rendre service. Si vous ne
voulez pas, c'est vous qui allez pleurer le lendemain, comme mon
collègue de D'Arcy McGee vous a dit. Le lendemain, il sera
peut-être trop tard et des fois, ça vient vite. J'ai
déjà dit ça à l'ancien premier ministre, M.
Bourassa, qu'il se ferait battre. Alors, s'il m'avait écouté! Ce
soir, j'essaie de vous rendre le même service que j'ai offert Ã
l'ancien premier ministre. Si le ministre ne veut pas, bien, tant pis pour
vous. Encore là , pourquoi ne pas donner la chance, dans le projet de
loi? (21 heures)
Vous savez bien, M. le Président, qu'après, vous n'aurez
pas le temps de vous occuper de cela. Vous êtes pressé, comme je
le disais cet après-midi. Vous n'êtes peut-être même
pas... Peut-être l'êtes-vous, mais, parmi tous vos
collègues, il y en a qui oublient d'aller faire un tour dans leur
comté. C'est pour cela. C'est le renseignement que je vous donne. Vous
devriez nous écouter et le mettre dans le projet de loi. L'important,
c'est de prendre soin... Même le ministre de l'Agriculture, s'il savait
cela... Il n'est pas ici. Même le ministre de l'Agriculture va être
déçu de voir que vous ne pensez pas que ce soit une obligation de
le faire dans son ministère. Il est vrai qu'il en reçoit
peut-être tellement. Il n'a peut-être pas le temps de lire toute sa
correspondance, mais, au moins, d'autres pourraient la lire et lui passer le
message. M. le ministre, je suis déçu. Depuis le début, on
essaie de vous éclairer. On n'a pas le don de la vérité,
on le sait; comme vous, de votre côté, vous n'avez pas le don de
la vérité, mais on essaie de vous rendre service et vous ne
voulez pas. Vous serez jugés en conséquence.
M. Verreault: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: ... vous comprendrez que je ne peux pas laisser
tomber mon collègue de D'Arcy McGee sur une motion aussi importante,
urgente même. Vous voyez que les ministériels...
M. Léonard: ... importante.
M. Verreault: ... sont empressés d'intervenir, M. le
Président. Je suis prêt à concéder ma place pour le
moment au député de Beauce-Nord et au député de
Lac-Saint-Jean s'ils veulent intervenir immédiatement pour parler en
faveur de la motion du député de D'Arcy McGee. M. le
Président, voulez-vous offrir à ces deux collègues
ministériels cette chance que je leur offre d'intervenir?
Le Président (M. Laplante): C'est presque une habitude, M.
le député de Shefford, lorsque je vous donne la parole, de
vouloir la transmettre à un autre.
M. Verreault: C'est parce que...
Le Président (M. Laplante): Je vous demanderais... Si vous
voulez la parole, elle est à vous.
M. Verreault: M. le Président, vous comprendrez que, si
j'insiste chaque fois, c'est qu'Ã chaque fois que j'interviens, ces
gens-là semblent soucieux d'intervenir dans les mêmes
délais, dans la même période.
Mon collègue de D'Arcy McGee proposait tout à l'heure
qu'une copie de cette résolution, de ce plan d'aménagement, de ce
schéma d'aménagement soit envoyée également
à d'autres ministres et, en particulier, il faisait allusion au ministre
délégué à l'environnement. Je crois que cette
suggestion, cette motion présentée par le député de
D'Arcy McGee arrive à point et a une valeur certaine, quand on
connaît par expérience, depuis bientôt trois ans, le
gouvernement actuel, le manque de coordination qui existe... Depuis trois ans,
je pense qu'on a vécu différentes expériences qui ont
été de bonnes à très mauvaises. Je ne dirai pas
d'excellentes à très mauvaises. Je dis de bonnes Ã
très mauvaises. Ces gens ont à traiter une certaine maladie que
les péquistes, dans l'Opposition, appelaient à l'époque
"les comi-toses", les "commissionnoses", en tout cas, toutes les maladies qui
finissent par "ose", y compris l'amiantose et ces patentes-là ; OSE y
compris. M. le Président, le manque de coordination qui existe dans
toutes ces "comitoses"... Si on se fie au ministre responsable de
l'aménagement pour aller chercher ces renseignements ou les transmettre,
il est certain que la population, les municipalités vont en souffrir
énormément.
Nous avons actuellement un malaise qui existe avec la protection du
territoire agricole et le cabinet du ministre. Le ministre dira qu'il n'y a
aucune ingérence dans les commissions de protection, mais on ne peut
obtenir aucun renseignement de la part de la Commission de protection du
territoire agricole et de là , on est obligé de passer par le
cabinet du ministre. Le ministre nous fait comme réponse par ses
fonctionnaires qu'il est dans l'impossibilité de nous être de
quelque recours possible ou d'aide quelconque. Il faut commencer à se
poser des questions. Actuellement, le ministre responsable du projet de loi 125
veut vraiment faire cavalier seul et jouer à la vedette. D'ailleurs, je
pense que tout le monde a pu le constater jusqu'Ã maintenant. Il s'est
fait pointer, épiner par le ministre Garon. Evidemment, le poids
n'était pas d'égal à égal. C'est sûr que cela
a été un knock-out dès le premier round. Il essaie de
jouer sur les mêmes cordes. Evidemment, lorsqu'on parle de protection du
territoire et des espaces verts, on n'a pas du tout la même impression
que de parler du sujet que traite le projet de loi 125.
Je comprends également le refus des ministériels, du
ministre responsable du projet de loi 125 de ne pas voir ici à cette
commission le ministre des Affaires municipales qui aura à appliquer
cette loi. Le moins que le ministre en saura  je parle
particulièrement du ministre des Affaires municipales  le mieux le
ministre responsable ou le parrain de cette loi, le député de
Laurentides-Labelle, aura gain de cause dans cela pour pouvoir donner
l'interprétation qu'il voudra donner. C'est sûr que tout ce qui
pourra être fait en dehors, au détriment des municipalités,
des conseils municipaux, de tous ces organismes, cela va créer une
pagaille. La pagaille est déjà prise de toute façon. Le
député de D'Arcy McGee y a fait allusion ce matin.
Evidemment, le moins les gens sont informés, sachant d'avance
qu'ici, au gouvernement, il n'y a aucune coordination... Dès que cette
loi sera sanctionnée, et cela viendra bientôt j'imagine, le
gouvernement aura à prendre ses responsabilités. Je trouve
bête de notre part, nous, de l'Opposition officielle, de mettre tant
d'énergie à essayer de faire comprendre au gouvernement qu'il
fait fausse route et qu'il aurait avantage à suivre les conseils de
l'Opposition et des gens en générai, des Québécois,
de tout le monde. Je crois que mon collègue, tout à l'heure a
parlé de l'omniscience et de tout le tralala de ce gouvernement qui se
prend pour un autre. Je n'étirerai pas le sujet plus qu'il ne faut,
mais, comme l'ont dit d'autres collègues, c'est dommage que le ministre
s'entête à ne pas vouloir, au moins en ce qui concerne
l'amendement proposé par le député de D'Arcy McGee,
accepter qu'une copie de ces résolutions soit expédiée,
pour ce qui est de la motion à l'article 4, au moins au ministre
délégué à l'environnement. Je ne sais pas si le
député de D'Arcy McGee, mon collègue, proposera une
deuxième motion pour que les mêmes copies de résolution
soient acheminées également au ministère de l'Agriculture.
J'aurai, à ce moment-là , le plaisir de revenir pour
présenter une argumentation importante dans un cas semblable.
M. le Président, c'est dommage qu'à l'occasion, votre
copain de droite ait de la ouate dans les oreilles et qu'il ne veuille pas
tendre la tête de ce côté-ci pour mieux comprendre. Alors,
vous comprendrez que je vais voter pour la motion de
mon collègue et j'espère que le député de
Beauce-Nord ainsi que celui de Lac-Saint-Jean feront de même et qu'ils
feront une intervention sur cette motion pour convaincre leur collègue,
le député-ministre, qu'il devrait accepter cet amendement et
qu'il soit inclus à l'article 4 du projet de loi 125 sur
l'aménagement et l'urbanisme, cet amendement qui fait que le ministre
délégué à l'environnement reçoive copie de
ces résolutions. On a parlé tout à l'heure des budgets
énormes du ministère de l'environnement, M. le Président;
je ne prolongerai pas le sujet, mais le fait que je veux le plus
particulièrement souligner, c'est surtout le manque de collaboration qui
existe entre les commissions et les ministères. Afin de prévoir
cette malheureuse défaillance, ce manque de collaboration entre les
ministères, je souhaite que cette commission accepte l'amendement
proposé par mon collègue de D'Arcy McGee et qu'une copie de
résolution soit également acheminée au ministre de
l'environnement.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la motion du
député de D'Arcy McGee sera adoptée?
M. Goldbloom: Ah oui, adopté.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré. M.
Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Laplante): Contre. M. Caron (Verdun)?
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Goulet (Bellechasse)?
M. Goulet: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) ?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Goldbloom (D'Arcy
McGee)?
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau). Il n'est
pas là .
M. Gendron (Abitibi-Ouest).
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Léonard
(Labelle).
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Laplante): Cinq contre, trois pour.
Motion rejetée.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas être
traître avec vous. La commission va bien  et je veux vous aider en
disant cela  si vous avez une motion semblable à proposer, si
c'est pour ajouter un autre nom, je vous conseille fortement de mettre tous les
noms que vous avez en tête pour proposer qu'ils reçoivent cesdites
listes, parce qu'après celle-là , je ne pourrai en recevoir
d'autres, m'appuyant sur une décision d'un de vos collègues en
1974.
M. Goldbloom: M. le Président, pourriez-vous nous faire
part des détails?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous laisser proposer
avant, je vous le dirai après.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai le droit de vous
demander une directive.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Goldbloom: Je vous demande, en guise de directive, de nous
faire part de cette décision juris-prudentielle.
Le Président (M. Laplante): C'est une décision qui
a été rendue sur des motions identiques alors que seulement les
noms changeaient. Selon le règlement, on ne peut, après une
motion rejetée, représenter une même motion. Cela touche
l'abus des motions. On pourrait, en somme, nommer les 27 ministres, vous
pourriez nommer toute votre famille, qui pourrait avoir un intérêt
là -dedans, qui pourrait recevoir ces documents, vous pourriez nommer la
mienne aussi et cela ne finirait plus. C'est la raison pour laquelle, si vous
avez le désir de présenter une telle motion encore une fois, je
vous suggère de nommer tous les gens que vous voulez nommer afin qu'ils
puissent recevoir cedit document.
M. Caron: M. le Président, avant de continuer, j'aimerais
vous demander une directive. De peur de l'oublier, allez-vous faire parvenir au
ministre délégué à l'environnement le refus ou si
c'est nous qui aurons à le faire?
Le Président (M. Laplante): Je vous laisse cela, M. le
député de Verdun. Je sais que c'est un de vos bons amis.
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, personnellement, j'aurais une
petite motion à vous présenter. Je comprends très bien ce
que vous venez de nous dire. Je comprends qu'après le ministre de
l'environnement, on ne doit pas présenter une motion
visant le ministre des Affaires municipales et ainsi de suite. Celle que
j'ai à proposer devrait être recevable en ce sens qu'elle ne
change en rien le principe du projet de loi. Je n'ai pas la prétention,
que cette motion soit adoptée ou refusée, de dire que cette
motion à elle seule aura pour effet de renverser le gouvernement ou de
faire élire l'Opposition et je n'en ferai pas une tragédie, je
n'irai pas me jeter en bas du pont de Québec ce soir si elle est
refusée, mais je pense qu'elle a quand même son importance. Je la
propose.
Cet amendement concerne les réseaux d'utilité publique.
Des intervenants sont venus devant cette commission présenter des
mémoires et certains intervenants en ont fait la demande et ont
même insisté sur cette demande. Je pense ici à Bell Canada
et Télébec qui ont, je pense, présenté un
mémoire conjointement. Je pense à TransCanada PipeLines qui a
insisté sur ce fait. On pourrait ajouter à cela
l'Hydro-Québec, Québec Téléphone, le Gaz
métropolitain et toutes les compagnies d'utilité publique, les
compagnies et les organismes gouvernementaux.
Ma motion est celle-ci: Qu'à la fin du troisième
alinéa le point se voit remplacé par une virgule et que soit
ajouté "ainsi qu'aux organismes et entreprises exploitant un
réseau d'utilité publique dans le comté ou la
municipalité". (21 h 15)
Tout à l'heure, M. le ministre a, concernant l'autre motion, dit:
Oui, les ministères ou les organismes pourront faire venir une copie ou
pourront demander des renseignements à la commission, elle est lÃ
pour colliger toutes les données et les fournir à qui en a
besoin. Mais ce n'est pas tellement sur ce point-là que les gens qui
sont venus ici ont insisté. Ils ont dit: Oui, si nous avons besoin de
données, nous irons les chercher là où elles se trouvent.
Mais les compagnies d'utilité publiques aimeraient être
informées immédiatement lorsqu'il y a élaboration d'un
schéma d'aménagement. Ce qui arrive, c'est qu'il peut y avoir une
résolution pour l'élaboration d'un schéma
d'aménagement, et, parce qu'elles n'ont pas affaire dans cette
localité ou, en tout cas, pour l'immédiat, il puisse
s'écouler une certaine période où, lorsqu'elles en auront
besoin, il sera trop tard, le schéma d'aménagement aura
été adopté.
C'est pour le montant entre l'élaboration du schéma
d'aménagement et l'adoption du schéma d'aménagement. Ces
compagnies, étant donné qu'elles sont touchées, aimeraient
être avisées immédiatement lorsqu'il y a projet, lorsqu'il
y a élaboration d'un schéma, et non pas lorsque ce schéma
sera adopté. Chaque semaine, pour les 1500 municipalités du
Québec, ces compagnies devraient ou devront communiquer avec la
commission et dire: Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de nouveau cette
semaine pour telle paroisse, et, la semaine suivante, le mois suivant ou
l'année suivante, recommencer et ainsi de suite. A n'importe quel
moment, une municipalité peut adopter une résolution pour
l'élaboration d'un schéma d'aménagement.
Imaginez-vous des compagnies comme l'Hy-dro, Bell Canada, qui, chaque
semaine, chaque mois ou chaque année, téléphoneraient
à la commission et demanderaient s'il y a quelque chose de nouveau, et
devraient encore vérifier la Gazette officielle. Il me semble que ce
serait bien facile, que ce ne serait pas une dépense bien coûteuse
pour la commission ou pour les administrateurs, de faire parvenir telles copies
à ces compagnies de façon que, si elles veulent intervenir avant
l'adoption du schéma d'aménagement, elles puissent faire
connaître leur point de vue.
Je pense que c'est le but visé par la demande des deux
organismes, qui l'ont souligné et qui ont insisté
là -dessus. Si je me souviens, il y avait Télébec et Bell
Canada, et je ne me souviens pas si c'est Gaz Métropolitain ou
TransCanada PipeLines, en tout cas un des deux organismes, qui a
présenté un mémoire ici et qui insistait sur ce
point-là .
M. le Président, je vous le dis, je ne ferai pas un drame, si
c'est refusé, mais je pense que cette motion a son importance et ces
compagnies ont beaucoup insisté pour voir ce petit paragraphe inscrit
dans le texte de la loi.
Le Président (M. Laplante): Vous avez lu votre
amendement?
M. Goulet: Oui, M. le Président. L'amendement se lit comme
suit: Qu'à la fin du troisième alinéa, le point soit
remplacé par une virgule, et que soit ajouté "Ainsi qu'aux
organismes et entreprises exploitant un réseau d'utilité publique
dans le comté ou la municipalité." Voulez-vous que je relise
l'amendement, pour voir ce que cela donnerait au complet?
Le Président (M. Laplante): Avant de prendre une
décision à ce sujet, je conseille à ceux qui ont d'autres
noms à ajouter de le faire tout de suite. Je vais juger cette motion
recevable, mais je considérerai comme identique une autre motion
semblable. Si c'est encore pour nommer d'autres... Si vous avez d'autres
ministres... M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'allais justement vous
demander une directive sur ce point-là . La motion que j'ai
présentée mentionnait un ministre. La motion du
député de Bellechasse mentionne les organismes et entreprises
exploitant des réseaux d'utilité publique. Est-ce que je dois
comprendre que vous considérerez ces deux motions comme étant de
nature identique et donc comme excluant toute autre motion qui pourrait
mentionner le nom d'un ministre qui devrait recevoir l'avis?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Dans ce cas, M. le Président, je dois
prendre la parole sur la motion d'amendement proposée par le
député de Bellechasse.
Le Président (M. Laplante): Je vais juger celle-ci
recevable à moins que vous ayez d'autres
noms à y ajouter tout de suite, en amendement de la motion.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai, je crois, le droit de
proposer un sous-amendement. Très bien.
Le Président (M. Laplante): La motion est recevable.
D'accord.
M. Goldbloom: J'y arriverai dans quelques minutes, M. le
Président,...
Le Président (M. Laplante): Je vous ai vu venir.
M. Goldbloom: ... A peu près 19. M. le Président,
je comprends que les députés ministériels puissent traiter
de ce genre de motion d'amendement un peu à la légère,
avec le sourire. Je n'ai pas considéré ce sourire comme
méchant, mais je pense que ce sourire sous-estime  j'allais dire
le sérieux, mais je n'ose pas dire le sérieux  l'importance
de la motion proposée par le député de Bellechasse.
Il s'agit d'un principe. Ce principe est celui de la diffusion d'une
information importante et utile. M. le Président, si la pensée du
député de Bellechasse, qui, je vous l'assure, est tout Ã
fait autonome par rapport à la mienne, a suivi le même
tracé, c'est parce qu'il nous semble que les mécanismes par
lesquels le gouvernement propose que soit diffusée cette information
sont inadéquats.
M. le Président, quand une décision est prise, il faut que
les intéressés en soient informés et quand les
intéressés sont des gens qui ont des décisions Ã
prendre, que ce soit des ministres, que ce soit des dirigeants d'organismes
d'utilité publique, il ne faut pas que ces gens soient condamnés
à tout surveiller: surveiller la Gazette officielle pour voir s'il y a
des décisions qui sont publiées, surveiller les activités
des municipalités régionales de comté, surveiller les
interventions, les décisions d'autres ministres. Il faudra que soit
institutionnalisé un mécanisme de transmission de l'information.
C'est cela que j'ai proposé, c'est cela qu'a proposé le
député de Bellechasse par cette motion.
Les pensées ont évolué en parallèle. Moi,
j'avais centré mon attention sur les ministres. Il me semble que les
ministres, ayant un rôle important à jouer, étant
accaparés par toutes sortes de responsabilités, peuvent ne pas
suivre à la lettre et au jour le jour l'évolution de tout ce
domaine. Je prends un exemple, M. le Président; ce n'est qu'un exemple,
ce n'est pas un sous-amendement. Je prends l'exemple du ministre
délégué à la jeunesse, aux loisirs et aux sports,
qui est en même temps leader parlementaire; a-t-il le temps de suivre
tout cela? Vous me direz, M. le Président, qu'un ministre ne peut
travailler seul, qu'il doit avoir des collaborateurs, un cabinet autour de lui
composé de plusieurs personnes et que ces personnes doivent assumer la
responsabilité de surveiller et de suivre tout cela.
M. le Président, je ne veux point critiquer les membres du
personnel de chaque ministre, encore moins, pour des raisons qui seront
évidentes, ceux qui m'ont entouré pendant les six années
et demie où j'ai eu l'honneur d'être ministre, mais on n'est
jamais aussi bien servi que par soi-même.
Si, dans le courrier quotidien, l'on reçoit un avis, on est au
courant et si l'on ne le reçoit pas et si l'on a entre-temps
attribué à chaque membre du personnel d'autres
responsabilités  il faut analyser tel document, il faut rencontrer
telle personne, il faut aller à tel endroit faire une petite
enquête sur un problème qui a été souligné
par un contribuable  la personne chargée de ces
responsabilités peut passer plusieurs jours sans suivre
l'évolution des activités des municipalités
régionales de comté.
J'ai pris comme exemple le ministre du Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports et j'aurais pu en prendre d'autres.
J'aurais pu prendre celui de l'Education. Le ministre d'Etat Ã
l'aménagement nous a aidés en soulignant le fait qu'au paragraphe
7 de l'article 5, il est indiqué que le schéma
d'aménagement doit comprendre la focalisation approximative des
équipements, des infrastructures qui devront être mis en place par
les corporations scolaires. M. le Président, quand une commission
scolaire propose la construction d'une nouvelle école, le financement de
cette construction doit se faire avec l'aide ou au moins avec l'approbation du
gouvernement. Les projets de construction d'école viennent devant le
Conseil du trésor et il me semble qu'il serait bon que le ministre de
l'Education soit au courant de l'intention au moins des municipalités
régionales de comté de procéder Ã
l'élaboration d'un schéma d'aménagement.
Quoi dire du ministre des Richesses naturelles qui doit autoriser le
creusage de mines, de carrières, de "gravelières"? Nous avons
connu de nombreux problèmes, M. le Président, dans ce domaine,
où le ministre des Richesses naturelles a donné de telles
autorisations, ou a donné des autorisations pour le remplissage du lit
d'une rivière. Il y a eu, par la suite, des protestations. Si le
ministre avait été au courant des implications de l'approbation
qu'il avait donnée... Il est vrai que dans le passé nous
n'étions pas collectivement aussi sensibles aux problèmes de la
protection de l'environnement. Cela est vrai. Aujourd'hui, le risque est
moindre. Mais, M. le Président, il me semble que si le ministre des
Richesses naturelles avait été saisi du fait qu'il y avait en
perspective l'élaboration d'un schéma d'aménagement, il
aurait été alerté et, avant de signer l'approbation, il
aurait dit: Non, j'attendrai et je consulterai le conseil de la
municipalité régionale de comté. Constatez, M. le
Président, que c'est une expression qui ne me vient pas facilement
à la bouche.
M. Léonard: Pas si sûr.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aurais pu invoquer cet
intérêt et cette responsabilité pour
mentionner le nom, le titre du ministre des Richesses naturelles.
M. Léonard: Pas de sous-amendement?
M. Goldbloom: Cela s'en vient, soyez patients.
M. Léonard: C'est parce que vous aviez dit quelques
minutes.
M. Goldbloom: Non, j'ai dit 19.
M. Léonard: Je sais que vous avez 19, mais vous aviez dit
quelques minutes.
M. Goldbloom: Je ne suis pas encore rendu à la
dix-neuvième minute.
M. Léonard: Allez.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a un ministre au
gouvernement qui doit autoriser des interventions importantes, qui doit
même les entreprendre dans certains cas, qui est chargé de
l'expropriation de parcelles de territoire jugées utiles et
nécessaires pour la meilleure expression du bien commun, c'est le
ministre des Travaux publics. Le ministre des Travaux publics a une
responsabilité énorme et ses décisions peuvent influencer
l'aménagement du territoire un peu n'importe où. Il me semble, M.
le Président, que l'on pourrait mentionner le nom de ce ministre dans un
tel article. (21 h 30)
J'ai déjà fait allusion, dans un autre contexte, Ã
la responsabilité détenue par le ministre des Transports, lui qui
fait passer ses routes et autoroutes là où bon lui semble.
M. Gendron: M. le Président, je m'excuse, question de
règlement. C'est très intéressant, mais il me semble que
vous ne vous rendez pas compte que le député de D'Arcy McGee est
en train de faire exactement, par d'autres moyens, ce que vous lui avez
refusé de faire. En se servant de l'amendement, il me semble que, si
vous aviez à vous prononcer sur la pertinence de la motion, un par un,
et succède, défile, le nom des ministres, en lui mentionnant...
Vous avez mentionné tantôt que, d'aucune façon, il
n'était permis de revenir avec une proposition d'amendement qui
permettrait de tenter de faire autrement, par des moyens autres, ce que vous
lui avez refusé tantôt.
Je pense que les propos du député de D'Arcy McGee sont
antiréglementaire et inappropriés, compte tenu de la
décision que vous avez rendue tantôt.
M. Goldbloom: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Laplante): Je suis prêt Ã
rendre la décision tout de suite, M. le député de D'Arcy
McGee. Le député de D'Arcy McGee se conforme au règlement
actuellement. Pour en venir à ses fins, il emploie ce
moyen-là .
M. Caron: II encourage le sous-ministre des loisirs et des
sports. Il faudra faire attention.
M. Goldbloom: M. le Président, justement, j'essaie de
suivre rigoureusement la directive que vous m'avez donnée.
S'il y a un ministre dont le titre a été mentionné
souvent au cours de ce débat aujourd'hui et au cours du débat en
deuxième lecture, sur le projet de loi no 125, c'est bien celui de
l'Agriculture. Il me semble que, si nous devons voir continuer en
parallèle l'aménagement du territoire et le zonage agricole, le
manque de coordination entre les deux pourra être néfaste pour le
bien commun. Voilà que nous avons ici un moyen qui nous est offert
d'assurer cette coordination.
Alors, M. le Président, j'arrive effectivement à une
motion de sous-amendement et je voudrais ajouter, Ã la motion
d'amendement du député de Bellechasse, deux noms de ministres. Le
ministre qui nous fait l'honneur de diriger le débat pour le
côté ministériel n'a pas été
enthousiaste...
M. Caron: II a mentionné son nom!
M. Goldbloom: ... à l'idée d'institutionnaliser la
remise d'une copie de la résolution au ministre
délégué à l'environnement. Mais son collègue
de l'Agriculture porte un poids...
M. Gendron: On peut suspendre la séance pour deux
minutes.
Une Voix: Non, je ne voudrais pas suspendre pour...
M. Goldbloom: Le ministre de l'Agriculture joue un rôle
clef dans tout ce processus et il me semble qu'il devrait recevoir copie
de chaque résolution adoptée par le conseil d'une
municipalité régionale de comté, en vertu de l'article
4.
Alors, je fais la motion de sous-amendement, M. le Président: Que
soit ajouté d'abord "et au ministre de l'Agriculture", mais je voudrais
aussi pousser plus loin ma motion de sous-amendement et, cette fois-ci, je sais
que le ministre sera incapable de me refuser cet élément de
sous-amendement, parce que je voudrais que soient ajoutés après
les mots "ou la municipalité" les mots "et du ministre de l'Agriculture"
et après cela, "et au ministre d'Etat Ã
l'aménagement".
Une Voix: Adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, je formule ce
sous-amendement. Je crois que le ministre qui, après tout, n'a pas
manifesté une humilité excessive jusqu'à maintenant, ne
pêchera pas par excès d'humilité et ne refusera pas que son
propre nom soit ajouté à l'article.
M. le Président, je remercie bien sincèrement le
député de Bellechasse d'avoir proposé cette motion
d'amendement qui me permet d'ajouter un sous-amendement, mais je le remercie
surtout d'avoir eu la même pensée...
Le Président (M. Laplante): Votre temps court
toujours.
M. Goldbloom: Oui, oui.
Une Voix: ... sur le sous-amendement.
Le Président (M. Laplante): Sur le sous-amendement, je
vais en laisser parler d'autres. Etes-vous arrêté là ?
M. Goldbloom: J'arrêterai dans deux secondes, M. le
Président. J'étais en train de formuler des remerciements. Je les
ai formulés. J'espère que le député de Bellechasse
continuera sur cette bonne voie de travail.
Le Président (M. Laplante): M. le député du
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, sur le sous-amendement, et
on me permettra peut-être même quelques commentaires sur
l'amendement du député de Bellechasse, tout à l'heure, le
député de D'Arcy McGee nous reprochait amicalement de
considérer avec le sourire les amendements qu'il proposait; et il nous
reprochait de ne pas le prendre au sérieux. Ma foi, je dois dire qu'il a
parfaitement raison et la fin de son intervention l'illustre et le prouve, je
pense, de façon très claire. Il a eu énormément de
difficulté à terminer son intervention. Cela ne paraîtra
pas dans le journal des Débats. Donc, on peut le souligner, il a eu
beaucoup de difficulté à terminer son intervention, parce
qu'à tout moment, il devait refréner une envie presque
irrésistible de rire.
M. Goldbloom: C'était une contagion qui me parvenait de
partout.
M. Brassard: Donc, il a raison, M. le Président. Nous ne
le prenons pas au sérieux et nous considérons ses amendements
comme des motions dilatoires  c'est l'expression qu'on utilise Â
afin de faire perdre le temps de la commission et plutôt que
d'étudier les articles du projet de loi et d'étudier de
façon sérieuse le projet de loi. Ces amendements qu'il propose et
qu'il a proposés sont parfaitement inutiles.
Une Voix: ... superfétatoires!
M. Brassard: Si vous voulez, de même d'ailleurs  j'ai
le regret de le dire  que l'amendement du député de
Bellechasse. Comme il a mentionné tout à l'heure qu'il n'en fera
pas une tragédie, si sa motion est rejetée, je n'ai pas de
crainte à m'y opposer. Dans le projet de loi lui-même  je
voudrais d'abord parler de la motion du député de Bellechasse
 il est dit à l'article 5 que le schéma
d'aménagement doit comprendre  paragraphe 8 Â
l'identification et la localisation approximative des réseaux majeurs
d'électricité, de gaz et de télécommunications et
des réseaux majeurs de câblodistribution. C'est ce qu'on appelle,
je pense, des réseaux d'utilité publique.
Il est bien évident que si un schéma d'aménagement
doit comprendre ces éléments, la municipalité
régionale de comté doit informer les compagnies ou entreprises
d'utilités publiques qui oeuvrent sur son territoire afin que ces
organismes et entreprises lui indiquent leurs intentions. C'est implicite,
étant donné que cela doit faire partie du schéma
d'aménagement. Nécessairement, à ce moment-là , le
conseil régional de comté se doit de les aviser. Ce n'est pas
nécessaire de l'indiquer expressément dans le projet de loi ou
dans l'article 4. C'est la même chose pour les ministres. A l'article 11,
on dit: "Un document de synthèse décrivant les orientations
préliminaires que le gouvernement, ses ministères et mandataires
entendent poursuivre en matière d'aménagement dans la
municipalité régionale de comté." Cela veut donc dire que
le ministre responsable de l'application de la loi devra nécessairement
avertir les autres ministres que nous a cités le député de
D'Arcy McGee: le ministre des Transports, le ministre des Richesses naturelles,
le ministre des Terres et Forêts, etc., de l'intention de telle
municipalité régionale de comté, couvrant tel territoire,
d'élaborer un schéma d'aménagement. C'est clair.
Il me semble donc parfaitement inutile d'ajouter à l'article 4
ces amendements, étant donné que c'est implicite dans d'autres
articles du projet de loi. Par conséquent, on peut donc fort bien
prendre avec le sourire les amendements successifs du député de
D'Arcy McGee parce que ces amendements ne sont pas sérieux ou qu'ils
n'ont qu'un objectif ou qu'un but: faire perdre le temps à la commission
et c'est ce que le député de D'Arcy McGee, malheureusement, fort
habilement d'ailleurs, et de façon très intéressante, fait
depuis le début.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, en argumentant sur la motion
que j'ai présentée, d'accord, il y a eu des sourires ici autour
de la table tout à l'heure, mais je n'aime absolument pas les propos, et
la façon cavalière avec laquelle ils ont été
prononcés, du député du Lac-Saint-Jean lorsqu'il parle de
motion dilatoire. J'ai dit tout à l'heure que, lorsque nous avons
entendu des mémoires autour de cette table lors des séances de
cette commission, des gens sont venus de l'Ouest canadien, sauf erreur, en ce
qui regarde la TransCanada PipeLines, des représentants de Bell Canada,
de Télèbec sont venus nous demander exactement ce que je demande
par le libellé de l'amendement à l'article 4. Ce n'était
pas dans le but de faire perdre le temps de la commission que ces
gens-là sont venus ici. Le député de Lac-Saint-Jean, M. le
Président, lui-même dit que le conseil se doit d'aviser. D'accord,
ce sont de bonne intentions. Ce que je veux savoir, ce dont je veux m'assurer,
c'est quand et comment ces gens-là vont être avisés. Est-ce
qu'ils vont être avisés lors de
l'élaboration du schéma d'aménagement ou lors de
l'adoption du schéma d'aménagement? Parce que, M. le
Président, le premier alinéa de l'article 4, se lit ainsi: "Le
conseil d'une municipalité régionale de comté qui
entreprend  pas qui adopte  l'élaboration d'un schéma
d'aménagement doit adopter une résolution à cet effet."
Dès qu'on parle qu'éventuellement on veut adopter un
schéma d'aménagement, le député de Lac-Saint-Jean
est d'accord avec nous pour dire qu'on devrait aviser, parce qu'il a bien
employé l'expression "cela va de soi, ils doivent aviser."
On ne dit pas que le ministre et que les gens qui ont
préparé ce projet de loi voulaient passer Ã
côté de ce principe, ce qu'on veut s'assurer, c'est quand et
comment ils vont le faire: avant que le schéma d'aménagement soit
adopté? Entre le début et l'adoption du schéma
d'aménagement de façon que ces gens-là puissent se faire
entendre? Vous l'avez affirmé vous-même, vous avez dit "doit
aviser". Si vous avez la réponse, dites-le immédiatement, parce
que je ne la trouve ni à l'article 4, ni à l'article 5. Quand et
comment ces gens seront-ils avisés? C'est tout simplement ce que nous
voulons savoir. Loin de moi l'idée de vouloir faire perdre le temps de
la commission avec cette motion. Il y a deux organismes très importants
qui sont venus le demander et il me fait plaisir de parrainer cette motion
parce que je l'ai trouvée à l'intérieur de deux
mémoires, tout simplement. (21 h 45)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Brièvement, je ne voudrais pas invoquer
formellement le règlement, mais je ne peux laisser passer sans
réagir ce que nous a dit le député de Lac Saint-Jean. Il
nous a dit: Ce sont des motions dilatoires. Le député de
Bellechasse a parlé d'une façon très précise et
assez éloquente de sa motion d'amendement. En ce qui concerne ma motion
de sous-amendement, c'est depuis ce matin que je dis bien candidement
qu'effectivement il y a des éléments dilatoires dans ce que nous
faisons et la raison en est une fondamentale et qui découle de la nature
des fonctions que nous avons de part et d'autre. Ce à quoi je m'oppose,
c'est à ce que le député de Lac Saint-Jean tire de ce fait
la conclusion que les motions dilatoires font perdre du temps à la
commission parlementaire.
Qu'il dise que je fais perdre du temps aux ministériels,
d'accord. A la commission parlementaire? Non, parce que la commission a une
fonction à accomplir. Pensez un instant, M. le Président: si nous
acceptions le projet de loi sans rouspéter, sans essayer de faire
retarder le processus afin que l'opinion publique puisse exercer une influence
sur le ministre, cette opinion publique dirait: On n'a pas vraiment
intérêt à chercher à faire modifier le projet de
loi, tout le monde semble d'accord; nous sommes sans défenseur. Je ne
suis pas pour laisser les intéressés sans défenseur et je
vais utiliser les moyens qui sont à ma disposition.
Je termine en disant ceci: J'ai vécu six années. et demie
comme ministre, j'ai dû faire face à de tels débats assez
souvent, soit moi-même directement pour des projets de loi dont
j'étais le parrain, soit à côté d'autres
collègues qui défendaient leurs projets de loi. Cela se
produisait très souvent, cela durait longtemps, c'était parfois
acrimonieux. Je ne pense pas que nous ayons eu de l'acrimonie ici
aujourd'hui.
J'irai plus loin. J'ai peine à me rappeler une occasion où
le député de Lafontaine, le député de Maisonneuve,
le député de Saint-Jacques, le député de
Sauvé, le député de Chicoutimi ou le député
de Saguenay aient présenté de telles motions dilatoires avec le
sourire. Cela ne se produisait pas. J'aime mieux sourire et même
être porté à rire par contagion avec mes collègues
qui trouvent que ce n'est pas parfaitement sérieux, ce que je fais.
D'accord, ce n'est pas parfaitement sérieux. Le but est quand même
sérieux et le but est éminemment parlementaire. J'aime mieux
viser ce but avec le sourire que sans le sourire comme j'ai vu certains
collègues le faire dans le passé. Sourions ensemble et continuons
notre travail.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: ... très rapidement. A l'article 4, quand le
député de Bellechasse dit qu'on parle de la mise sur pied d'un
schéma d'aménagement, je voudrais lui faire accepter que si
l'article 5 suit immédiatement l'article 4, on dit: Un schéma
d'aménagement doit comprendre ceci. Je conclus par là qu'on est
à la phase de la mise sur pied du schéma d'aménagement. Je
pense qu'il ne pourra pas nier cela. On est en train de mettre sur pied un
schéma d'aménagement, voici ce qu'on doit mettre dedans. Si on
lit l'article 5 huitièmement, on dit: L'identification, la localisation
approximative des réseaux majeurs d'électricité et ainsi
de suite... Il faut vraiment  je ne pense pas qu'on ait d'autres
arguments  ne pas être sérieux pour prétendre que la
municipalité, de son propre chef  c'est elle, dans la mise sur
pied du schéma d'aménagement, qui doit comprendre ce que je viens
de vous lire  va déterminer le site des réseaux majeurs
d'électricité, de gaz et de télécommunications. Une
secondel On sait très bien que jamais les municipalités n'ont la
responsabilité de déterminer les endroits, les lieux de la
confection même de ces systèmes de
télécommunications, de gaz.
En plus  je voudrais terminer là -dessus  on ne me
fera pas croire qu'on est sérieux quand on lit la fin de la proposition
du député de Bellechasse. "Pour les organismes et entreprises
exploitant un réseau d'utilité publique dans le comté ou
la municipalité." Donc, s'ils exploitent un réseau dans le
comté ou la municipalité, cela suppose qu'ils sont
présents dans le comté ou la municipalité. Ils ont des
représentants dans le comté ou la municipalité. Je reviens
à l'article 4, dernier paragraphe. On termine en disant: "Avis de
l'adoption de cette résolution est publié dans un journal
diffusé dans le territoire de la municipalité régio-
nale de comté et à la Gazette officielle du
Québec." Qu'on enlève la Gazette officielle du Québec sous
prétexte que c'est peut-être moins accessible, vous ne me ferez
pas croire que les représentants de ces organismes et de ces compagnies,
dans le territoire du comté ou de la municipalité, n'ont pas
accès aux journaux locaux ou régionaux ou ne lisent pas les
journaux locaux ou régionaux. Je pense que c'est dédoubler la
machine inutilement de vouloir constamment essayer de prévoir toutes les
situations où personne, aucun organisme, n'aurait été
oublié dans la résolution d'intention d'adoption d'un
schéma d'aménagement. Il me semble que c'est aller loin.
Il y a un grand principe  sans être avocat  qui dit
que le législateur ne doit pas parler pour ne rien dire. C'est un grand
principe quand on fait un projet de loi: On ne parle pas quand on n'a rien
à dire.
Dans la loi, je pense qu'inclure tous ces amendements, dire qu'il
faudrait penser à untel, c'est vraiment quelque chose d'inutile, compte
tenu de l'article 5, tel que rédigé et compte tenu que l'article
4 prévoit déjà ça, pour les organismes de
comté et dans les municipalités, en leur disant: Vous devriez...
parce qu'ils demandaient quelque chose de formel et de précis. Cela ne
peut pas être plus précis que de dire dans la loi: "Avis de
l'adoption de cette résolution est publié". Ce n'est pas
"peut-être" ou si ça les intéresse ou si ça les
tente, c'est que ça doit être publié dans des journaux
locaux, et, ça, on lit ça à l'article 4. Alors il me
semble que, si on veut être sérieux, on devrait conclure, adoper
l'article 4 et passer à autre chose.
M. Goldbloom: M. le Président, très
brièvement, je voudrais souligner à l'attention du
député d'Abitibi-Ouest que l'article 3, qui est en suspens,
prévoit que l'élaboration d'un schéma d'aménagement
doit commencer, dans chacune des municipalités régionales de
comté, dans les trois ans de l'entrée en vigueur de la
présente loi. Mais l'adoption du schéma ne doit se faire que dans
les sept ans...
M. Gendron: J'ai tout compris ça.
M. Goldbloom: ... donc, il y a une différence entre la
résolution qui met en marche le processus et la publication de quelque
chose sur laquelle les intéressés pourraient se prononcer. Pour
être raisonnable, il y a des municipalités régionales de
comté qui, ayant adopté une résolution, ne seront en
mesure que dans la dernière année de cette période de
quatre ans de procéder aux consultations publiques et à tout ce
qui est prévu dans la loi.
Or, il y a une différence entre ce dont parle l'article 4 et ce
dont parle l'article 5, qui est du contenu du schéma; il faut qu'il y
ait un schéma pour que l'on puisse en connaître le contenu et
commenter ce contenu.
M. le Président, que nous trouvions insuffisante la publication
d'un avis de l'adoption de la réso- lution dans un journal
diffusé dans le territoire de la municipalité régionale de
comté et dans la Gazette officielle du Québec, ce n'est pas un
drame. Je ne crois pas que nous soyons vraiment frivoles en disant: Cela n'est
pas suffisant, on devrait préciser, dans l'article en question, certains
destinataires qui devraient recevoir nommément un avis de l'adoption de
la résolution.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le
sous-amendement...
M. Caron: M. le Président, j'aimerais parler sur
l'amendement et sur la motion même.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je vais lire le dernier
paragraphe de l'article 4 du projet de loi no 125: "Avis de l'adoption de cette
résolution est publié dans un journal diffusé dans le
territoire de la municipalité régionale de comté et
à la Gazette officielle du Québec. "
M. le Président, M. le ministre aussi bien que les
ministériels sont au courant que c'est un petit nombre de personnes qui
lisent la Gazette.
M. Gendron: Les entreprises. On n'est plus aux petites
personnes.
M. Caron: Mais c'est le petit nombre. Même les entreprises
n'ont pas toujours le temps. Même vous-même, vous êtes
député, vous le recevez, et je ne sais pas si vous avez toujours
le temps de la regarder. Vous êtes d'accord. Mais, même les
entreprises... J'ai des entreprises dans mon territoire et elles n'ont pas le
temps. On parle de journal local. Vous savez bien que le journal local est
distribué gratuitement et, souvent, il ne se rend pas Ã
destination. C'est même jeté en chemin ou cela ne se rend pas.
Cela se fait dans mon district. Cela se fait dans d'autres districts aussi. Je
regardais, dernièrement, M. le Président, j'ai eu l'occasion
d'aller dans un autre comté que mon comté Ã
Montréal, tout près de votre comté, M. le
Président, je suis allé dans un immeuble d'habitation et j'y ai
été reçu un soir pour souper. J'étais bien heureux
d'y aller. Tout près de chez-vous. Je vous donnerai l'adresse et le
numéro de téléphone si vous voulez. Il y a quelque chose
qui m'a frappé. Le député a envoyé son
communiqué, un communiqué qu'on envoie sans adresse, et...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun, donnez-la-moi.
M. Caron: Je vous la donnerai. Mais je veux vous dire, M. le
Président, où j'ai été déçu de voir
traîner par terre l'envoi sans adresse que le gouvernement paie Ã
gros prix. Cela traînait à terre. Combien de fois cela ne se rend
pas à destination? Alors, on veut être sérieux, on a
travaillé pendant de nombreuses heures et le ministre est d'une grande
patience. Naturellement, on lui a
ordonné de le faire et c'est beau parce qu'il est militaire et
écoute le "boss", et il fait bien cela. Franchement, il est fantastique.
J'ai toujours dit que s'il parrainait ce projet de loi, c'est qu'on lui avait
ordonné de le faire parce que lui, personnellement, le ministre Â
le connaître comme je le connais, c'est tellement un bon garçon
 il n'aurait pas parrainé un projet de loi qui est incomplet. On
demande encore au ministre, on est à notre première
journée de séance, on est ici depuis dix heures ce matin, on
essaie de faire comprendre au ministre que c'est important d'ajouter...
Même vos fonctionnaires qui ont le beau sourire, et c'est fantastique
parce qu'on a vu, nous autres, déjà être de ce
côté et on avait des gens, comme le ministre nous disait,
l'ex-ministre des Affaires municipales disait tout à l'heure, qui se
levaient et cognaient et partaient. Nous n'en parlons pas; on essaie de vous
rendre service, M. le ministre.
Je suis excessivement déçu de voir qu'on ne veut pas...
mon collègue, le député de Bellechasse présente une
très bonne motion et il est pratique, ce type-là , parce qu'il
fait le tour de son comté. D'ailleurs, il écoute et il est
attentif à ces gens.
Il n'y en a pas beaucoup d'entre vous qui sont réellement des
politiciens. Etre près des gens, près du peuple, je pense que
ça manque. Ah, je ne dirai pas bourgeois; je n'ai pas eu l'occasion de
me rendre jusque là , n'en étant pas un moi-même, alors je
ne cherche pas à savoir ce qu'est un bourgeois.
Mais, M. le Président, c'est déplorable de voir des gens
qui se font élire  j'ai vu ça de 1970 à 1976, j'ai
été whip adjoint, comme vous l'avez été, et je vous
dis que j'étais tanné, parce que j'étais à user mon
siège à être toujours présent en Chambre  dire
des choses et je pense que, si vous avez le temps, après la
séance de ce soir, de relire le journal des Débats,
peut-être que dans la journée de demain, on verra les
choses...
M. Brassard: On a de la misère à lire la Gazette
officielle, on ne commencera pas à lire le journal des
Débats.
M. Gendron: Surtout les parties où vous êtes
intervenu; je vais relire ça certain.
M. Caron: Vous regarderez le journal des Débats et
peut-être que vous direz: C'est vrai, on fait fausse route.
M. Gendron: Vous êtes sûr que vous n'avez pas un
tournoi de golf demain à quelque part.
M. Caron: Non, je vous dis, j'ai eu la chance, j'avais une
invitation à participer à un tournoi de golf, mais c'était
trop important de venir passer un message. Si vous ne voulez pas
l'écouter, je n'en serai pas responsable. Je vais me faire
réélire encore, peut-être par acclamation. Peut-être
que vous allez dire: On va lui donner une chance...
M. Gendron: II n'y a pas de problème, Verdun, ma ville.
Ils vont tous voter pour vous.
M. Caron: Je n'aurai peut-être pas d'opposition la
prochaine fois. On ne le sait. Je vais vivre dans cette
espérance-là , mais vu qu'il est 22 heures, M. le
Président, je vais laisser ou garder ou continuer mon droit de parole
demain. Je peux continuer demain? (22 heures)
Le Président (M. Laplante): Continuez, on va finir
à 22 heures.
M. Caron: Franchement, M. le ministre, vous oubliez le ministre
de l'environnement, vous savez à quel point c'est important. Le ministre
de l'Agriculture, je pense bien qu'avec la taille qu'il a, vous ne pouvez pas
l'oublier. C'est normal et, au Conseil du trésor, ça va
occasionner des dépenses additionnelles. Même dans le projet de
loi, on ne parle pas des dépenses additionnelles qui vont être,
à un certain moment, à la merci des municipalités ou des
Conseils de comté.
M. Verreault: M. le Président, là je vous fais
remarquer qu'il est 22 heures. Mon collègue, le député de
Verdun, demande l'ajournement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Je demande l'ajournement, M. le Président, vu
qu'il est 22 heures.
Le Président (M. Laplante): Bon, c'est un grand
garçon. Vous êtes un grand garçon?
M. Caron: J'en ai tellement... je reste toujours un grand
garçon.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont
ajournés jusqu'à demain, 10 heures. Merci, messieurs.
Fin de la séance à 22 h 01