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Projet de loi no 107
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales se réunit pour
étudier article par article le projet de loi no 107, Loi instituant la
Régie du logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives.
Les membres de cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Caron (Verdun). Est-ce que M. Caron sera ici, M. Scowen?
M. Scowen: J'attends M. Caron d'une minute à l'autre.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau (Saint-Hyacinthe),
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par M. Beauséjour
(Iberville); M. Gratton (Gatineau). Est-ce que M. Gratton (Gatineau) sera
remplacé?
M. Scowen: M. Gratton sera remplacé. Avez-vous M.
Raynauld?
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas M. Raynauld.
M. Scowen: Alors, c'est M. Raynauld.
Le Président (M. Laplante): M. Gratton sera
remplacé par M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
M. Scowen: Non, M. Goldbloom en fait partie, je pense.
Le Président (M. Laplante): Oui, il était
intervenant. Sera-t-il membre?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laplante): Ceux qui auront le droit de
vote.
M. Scowen: M. Scowen et M. Caron. Les deux intervenants sont M.
Raynauld et le Dr Goldbloom.
Le Président (M. Laplante): M. Gratton (Gatineau)
remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce); M. Guay
(Taschereau), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie). Intervenants: M. Alfred
(Papineau), M. Charbonneau (Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska),
M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Léonard
(Laurentides-Labelle), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) remplacé par M. Raynauld (Outremont); M.
Vaugeois (Trois-Rivières).
Maintenant, je voudrais une proposition pour nommer un rapporteur, s'il
vous plaît.
M. Guay: Le député d'Iberville.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Iberville? M. Beauséjour (Iberville), rapporteur. C'est
accepté. M. le ministre, remarques préliminaires, s'il vous
plaît. (10 h 15)
Remarques préliminaires
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, il me fait plaisir de
retrouver ici mes collègues de travail, membres de l'Opposition, pour
reprendre le débat autour du projet de loi no 107 qui a
été, comme chacun le sait, réimprimé,
révisé, en essayant de tenir compte des représentations
reçues en commission. Je pense notamment à des
représentations du monde municipal, de l'Union des municipalités,
de l'Union des conseils de comté en ce qui a trait, notamment, au
contrôle du stock de logements.
Nous avons essayé également de tenir compte des
représentations de diverses associations, notamment, de gens qui
oeuvrent dans le domaine de l'exploitation, de la fabrication, de terrains,
pour ce qui est des maisons mobiles et de divers autres groupements.
Il est bien évident que, ce faisant, nous n'avons pu tenir compte
de toutes et chacune des représentations faites, attendu que les groupes
en tout cas ceux qui ont pris la peine de se présenter devant
cette commission représentaient des tendances pour le moins
opposées. Cette opposition, qui reproduisait, en quelque sorte,
l'opposition qu'il est de mise de trouver en régime parlementaire et
qu'on retrouvait parmi les groupes, finalement, pouvait peut-être laisser
croire que les gens, propriétaires et locataires, étaient
vraiment dans une situation d'antagonisme à tout point de vue. Je pense
qu'il y a lieu de dissiper, dès le départ, cette attitude, pour
prendre acte du fait que, de façon générale,
propriétaires et locataires s'entendent bien, ont des relations
harmonieuses, n'ont pas recours à un tiers pour arbitrer leurs conflits
et que, finalement, il se produit néanmoins des exceptions à
cette règle générale encore une fois, très
générale où des gens doivent s'adresser à
quelqu'un d'autre. Nous avons voulu et c'est là le but du projet
de loi essayer de minimiser, encore là, ce recours à un
tiers pour juger, pour décider, en prenant le pari que des gens mieux
informés pourraient régler eux-mêmes leurs litiges ou leur
différends.
J'ai pris bonne note des représentations du député
de Notre-Dame-de-Grâce, notamment, qui, après avoir reconnu
l'évolution de la loi 107, depuis le livre blanc, de la première
impression jusqu'à la réimpression, s'est mis à craindre
j'ai trouvé cette réaction intéressante que,
dans certains cas, le mieux étant l'ennemi du bien, une trop grande
diffusion de l'information pouvait avoir l'effet contraire à celui
recherché. C'est-à-dire que la généralisation d'une
méthode
de fixation pouvait être l'équivalent de l'instauration
d'un taux fixe et, selon ses propres mots, "éventuellement" d'un
contrôle universel.
Donc, on parviendrait à un tel résultat sans l'avoir
recherché. Je dois avouer que ces réflexions qui ne sont pas
dénuées de bon sens, je pense, devront guider la régie
dans le type d'approche qu'elle fera, dans le type de diffusion, de
publicité, de commentaires qu'elle fera.
C'est un petit peu comme si, par analogie, toujours, M. le
Président si on me permet cette digression, parce qu'elle est
importante, je pense on renseignait très bien la femme
mariée ou pas, c'est son problème qui veut utiliser une
méthode anticonceptionnelle sur les avantages et les effets secondaires
de telle pilule par rapport à telle autre. Est-ce à dire que nous
devrions alors diffuser dans toutes les écoles où on retrouve des
adolescentes une publicité abondante sur toutes les méthodes
contraceptives? Enfin, l'analogie est peut-être complètement
à côté, mais je pense qu'on pourrait se retrouver ou penser
qu'il pourrait y avoir des effets secondaires aussi dommageables.
En temps et lieu, lorsque nous arriverons à ces articles, j'aurai
l'occasion d'ajouter des commentaires et de dire comment certaines
réflexions ont progressé au cours de l'été. Sans
plus, je voudrais dire que j'aborde l'étude de ce projet de loi 107 avec
la plus grande objectivité et le plus grand détachement qu'une
période de réflexion et de vacances a pu nous apporter à
tous.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Comme vous le savez, le
Parti libéral a voté contre ce projet de loi, lors de
l'étude en deuxième lecture, avant la fin de la session. Nous
sommes encore contre, pour les raisons que nous avons soulevées et
auxquelles le ministre a fait allusion ce matin. Nous sommes persuadés
que, soit par accident, soit par dessein, le projet de loi implique un
contrôle universel des loyers au Québec. C'est quelque chose qui,
nous le croyons, sera désastreux, non seulement pour les
propriétaires, mais également pour les locataires. Je suis
content que le ministre ait accepté ce matin de dire au moins qu'il a
pensé un peu à nos commentaires du mois de juin. J'attends avec
un grand intérêt les changements qu'il va apporter aux articles
qui sont, si vous voulez, les articles clés dans la question de la
fixation du loyer. S'il me dit ce matin que ce n'est pas l'intention du
gouvernement d'installer un système de contrôle universel des
loyers au Québec, je pense que nous aurons déjà atteint
une première étape qui est très importante. Je ne sais pas
si je l'ai bien compris, en ce sens, mais si c'était l'objectif de ses
commentaires tantôt, je veux dire que je suis très heureux.
Il y a deux ou trois éléments généraux que
je veux soulever avant qu'on commence l'étude article par article.
Premièrement, je pense que le ministre essayait d'être très
habile dans la présentation de ce projet de loi en deuxième
lecture, mais je ne suis pas persuadé que c'était justifiable.
Comme vous le savez, et comme il l'a souligné le 22 juin dans son
discours, la question du contrôle des loyers, les relations entre
locateurs et locataires, c'est une question qui soulève beaucoup de
controverses. On l'a vu pendant l'audition des mémoires qui a eu lieu,
si je me rappelle bien, aux mois de mars et d'avril. C'est sûr que ces
auditions ont été faites de bonne foi et que le ministre a
écouté ces mémoires attentivement, parce que, comme nous
l'avons dit dans notre discours, il y avait des changements importants. Quand
même, il y avait des changements profonds, non seulement dans les
détails de la réimpression du projet de loi 107, mais
également dans la philosophie de base. C'est mon opinion.
Cette question est, bien sûr, liée à la question du
contrôle des loyers, à laquelle j'ai fait allusion tantôt,
mais cela paraissait un peu dans les autres articles aussi. Je pense que,
même si c'était habile sur le plan politique de présenter
un tel projet de loi à peine douze heures avant la fin de la session,
avec très peu de publicité, et de faire adopter cette
réimpression majeure d'un projet de loi important dans une
période de douze heures, c'est plus difficile à justifier devant
le public qui, si j'ose dire, n'a également pas étudié
beaucoup ce projet de loi compliqué durant l'été, tenant
compte des autres exigences qui s'imposent un peu pour tout le monde durant
l'été.
Nous nous trouvons aujourd'hui devant un projet de loi que je peux
qualifier presque de nouveau, dont l'opinion publique n'a pas saisi
l'importance. C'est un peu comme si on recommençait aujourd'hui le
débat en profondeur sur ce projet de loi. J'espère que durant
cette étude article par article, le public aura l'occasion au moins
d'agir d'une façon responsable et assez répandue pour que nous
puissions mieux comprendre son attitude devant ce projet de loi tel que
présenté de nouveau au mois de juin.
Deuxième point: là, je veux parler un peu des questions de
fond, parce que le ministre, dans son discours, a soulevé des questions
de fond. Je pense que c'est important qu'en cours de route, durant
l'étude de chaque article, nous nous en tenions à une base
philosophique, si vous voulez, du principe, en ce qui concerne les relations
entre les locateurs et les locataires.
Je veux dire d'abord que je crois fortement que le ministre et moi, du
moins, ne sommes pas très éloignés l'un de l'autre en ce
qui concerne le rôle de l'Etat et de l'entreprise privée, le
secteur privé, le jeu du marché dans ce domaine. Comme l'a dit M.
Ryan dans son discours de deuxième lecture, il n'a pas de débat
doctrinal pur à faire sur cette question. Nous essayons de trouver un
équilibre qui soit rationnel, réaliste et acceptable.
Le Parti libéral, comme vous le savez, était
déjà beaucoup et profondément impliqué dans la
recherche d'un équilibre relativement au contrôle des loyers. Mais
je veux souligner, d'une façon
aussi forte que possible, qu'au fond le Parti libéral est
convaincu que la base de l'action dans le marché du logement au
Québec doit être le secteur privé. Je cite encore M. Ryan,
parce que je pense qu'il a exprimé cette opinion très clairement
en deuxième lecture: "II nous semble important que tout ce qui touche la
construction et la question de logements destinés à l'habitation
demeure, dans toute la mesure possible, dans le secteur privé". Je pense
que c'est assez clair. Il a répété plus tard: "Nous
croyons que le secteur du logement doit demeurer prioritairement du domaine
privé".
J'ai dit que je croyais que le ministre et moi, ainsi que le parti, ne
sommes pas très éloignés l'un de l'autre en ce qui
concerne cette question.
En ce qui concerne le Parti québécois et le gouvernement,
je dis franchement que je n'en suis pas aussi persuadé. Je ne suis pas
certain que les principes de base du Parti québécois sont de
nature à dire: Ecoutez, nous croyons que le secteur du logement doit
demeurer prioritairement du domaine privé. (10 h 30)
Je ne vois pas une telle déclaration dans le programme officiel
du parti, et je pense que je n'exagère pas quand je dis que c'est une
expression, une déclaration qui sera difficile à faire adopter au
sein du gouvernement. Je soulève cette question parce que je
répète, pour tous ceux qui peuvent l'entendre, que le Parti
québécois est fortement attaché à l'idée
que, autant que possible, le marché doit jouer un rôle dans le
domaine de l'habitation. Nous croyons, dans une large mesure, que les gens
jouissent d'une certaine mobilité d'action dans le domaine du logement,
qu'il existe des possibilités de déménager, de changer les
relations avec leur propriétaire et de faire toute une gamme d'actions
dans le secteur privé que les locataires, comme les
propriétaires, veulent retenir.
Nous croyons aussi que c'est essentiel, en réalité, que le
secteur privé joue un rôle important dans l'habitation parce
qu'aujourd'hui, si mes chiffres sont corrects, 80% de notre stock de logements
appartiennent au secteur privé. Nous avons besoin de construire au moins
pour $1 milliard de logements par année et ce n'est sûrement pas
le moment de suggérer que le gouvernement, soit celui du Québec,
soit celui du Canada, commence à nationaliser le logement. Je pense que
le ministre et moi sommes bien d'accord là-dessus, il faut respecter la
grande responsabilité du secteur privé.
Quel est le rôle du gouvernement là-dedans? Le ministre,
dans son discours, a cité deux éléments, et je pense que
nous sommes entièrement d'accord sur l'un d'eux, du moins. Il disait:
Nous cherchons un équilibre entre les deux forces en jeu, les locateurs
et les locataires, pour qu'une ne soit pas indûment plus forte que
l'autre. On cherche, si vous voulez, à maintenir le marché, non
pas à lui nuire, mais à créer un équilibre. Je
pense que c'est cet aspect de la question, c'est cet objectif qui va nous
guider dans l'étude article par article, et quand nous poserons des
questions, ce sera très souvent dans le désir de savoir si le
ministre a vraiment étudié en profondeur les conséquences
pour les deux parties, pour être bien sûr que cet équilibre
soit mieux servi par le nouveau projet de loi.
Comme nous l'avons dit en deuxième lecture, nous sommes
persuadés que, dans ce sens, le ministre a joué un rôle
très responsable, et il y a des améliorations dans ce projet de
loi en ce qui concerne ce critère d'équilibre.
Sur le deuxième point que le ministre a soulevé comme une
question de principe de base, nous avons au moins des questions, sinon des
réserves. C'est cette question difficile du droit de logement. Le
ministre disait que tous les citoyens du Québec avaient le droit au
logement. C'est très simple à dire, nous sommes parfaitement
d'accord et nous pouvons aller très vite pour dire que tous les
Québécois ont non seulement le droit au logement, mais que tous
les Québécois sont logés. Il va de soi que si un
Québécois se trouve sans logement le 15 février 1980, il
va mourir. C'est clair que nous avons fait en sorte, comme les gens de la ville
de New York, comme les gens de presque toutes les autres villes, provinces et
Etats en Amérique du Nord, que les gens soient logés. C'est une
façon très simpliste de voir la chose, mais je pense qu'il ne
faut pas perdre de vue ce fait qui est que tout le monde a le droit au logement
et que tout le monde est en effet logé.
Le ministre est allé plus loin et je suis d'accord
il a dit: Ce n'est pas suffisant de garantir le droit de logement, il faut, de
plus, garantir un logement si je nie rappelle bien d'une
qualité acceptable et convenable sur le plan de la location
géographique.
Je pense qu'on peut être d'accord en principe, mais on peut
commencer à se poser des questions ce que le ministre accepte
facilement que quand vous commencez à jumeler la qualité
de logement avec les humains de tous les niveaux de salaires, de tous les
niveaux d'endroits géographiques, vous êtes dans un
problème fort complexe. Finalement! le ministre est obligé
d'accepter qu'il faut lier le coût de ces logements avec leur condition;
on n'en est pas encore à pouvoir installer tout le monde dans la
même qualité de logement et la question du prix devient
très importante.
La grande faiblesse de l'analyse du ministre, en deuxième
lecture, c'est qu'il disait qu'il fallait contrôler la condition et la
qualité de logement, qu'il fallait contrôler les hausses de prix.
Je pense que c'est quand il disait qu'il ne faut pas contrôler les prix
de logement mais les hausses, qu'il se trouvait dans la plus grande
contradiction dans son analyse de droit au logement.
Il est clair qu'aujourd'hui nous avons 750 000 baux au Québec et
que quelques-uns de ces baux sont à des prix totalement
injustifiés, trop élevés. Nous avons entendu plusieurs
locataires parler des profits excessifs que faisaient les propriétaires.
Il est certain qu'entre les 750 000 il existe un certain pourcentage de
propriétaires qui font des
profits plus que substantiels. Il faut également accepter qu'il y
en a qui font des pertes, pour toutes sortes de raisons, parce qu'ils sont amis
des locataires, à cause de leur propre faiblesse d'administration, etc.
Vous avez toute une gamme probablement de profits de moins 75% à plus
75%, et le ministre a décidé de contrôler la
qualité, l'habitabilité du logement et il veut que les logements,
pour tenir compte du droit de logement, soient construits dans les endroits
où les gens en ont besoin, mais le principe du contrôle du loyer
est basé sur les hausses. Les hausses de loyer basées sur quoi?
Sur le loyer actuel. Qu'il soit énormément rentable, qu'il soit
presque sur le bord de la faillite, à n'importe quel niveau, on va
contrôler les hausses.
Le ministre, s'il voulait être consistant, je crois, aurait du
dire: On va contrôler les prix des loyers, on va essayer d'établir
et de déterminer le prix justifiable pour tous les niveaux et
qualités de loyers.
La grande contradiction dans sa déclaration, c'est qu'il existe
aujourd'hui un droit de loyer. Je ne veux pas aller plus loin, dans mes
commentaires préliminaires, mais je pense que si vous faites suite
à cette brève analyse, vous verrez que c'est impossible,
aujourd'hui, que l'Etat prenne en charge la fixation du prix des loyers, qu'il
est essentiel, si on veut réellement mettre quelque chose de concret
dans cette déclaration qu'une personne a non seulement droit au
logement, mais qu'elle a droit au logement à un prix justifiable et
d'une qualité acceptable. On est obligé d'aller dans cette
direction.
Nous, nous sommes contre, parce que c'est aller vers une nationalisation
du logement qui n'est absolument pas pratiquable et nous croyons qu'en
dépit de ses faiblesses, dans les cas individuels, cet équilibre
entre la qualité et le prix des logements doit être
réalisé et peut être réalisé avec le moins
possible d'injustice pour tout le monde si on accepte de laisser jouer en
grande partie le marché libre.
Je sais que c'est quelque chose qui ne fait pas plaisir aux personnes
qui ont d'autres tendances à la base, mais quand vous voyez que ce n'est
pas le marché qui va établir les prix, que c'est finalement les
fonctionnaires avec des formules et des formulaires, quand vous voyez la
diversité des loyers, la diversité des propriétaires, la
diversité des locataires, vous voyez que, finalement, comme dans le cas
de l'alimentation, comme dans le cas de beaucoup de choses que l'Etat a
essayé de contrôler par les années passées, c'est
probablement la solution la moins pire que de laisser jouer le
marché.
Je vais probablement faire allusion lors de l'étude article par
article au fait que, personnellement, j'ai été impliqué
dans l'effort fait en vue de contrôler passablement tous les prix au
Canada pendant un an et demi. J'ai vécu des expériences. J'ai vu
de proche les distorsions créées par les efforts des
fonctionnaires en vue d'établir des prix justifiés. J'ai vu les
problèmes que cela a causé non seulement aux propriétaires
de compagnies, mais aussi aux consommateurs. J'ai vu la grande déception
des consommateurs envers ce système de contrôle. J'ai vu que cette
déception ne retombait pas surtout sur les compagnies, mais sur le
gouvernement qui essayait de les contrôler. J'ai vu ie bureaucratie que
cela a créé. M. Pépin avait promis de contrôler les
prix au Canada avec 200 personnes et, finalement, on en était rendu, si
je me rappelle bien, à plus de 1000 personnes. Dieu merci, on a
arrêté, parce qu'on aurait été 4000 ou 5000, si on
avait essayé vraiment d'aller en profondeur. C'est quelque chose qui
dans notre marché d'aujourd'hui n'est pas rentable, n'est pas
possible.
Je sais, M. le Président, que vous me faites signe que c'est le
moment d'arrêter, mais je pense que cette attitude de base selon laquelle
le marché est quelque chose qui doit jouer, qu'on veut équilibrer
le marché, qu'on est contre la bureaucratisation du contrôle des
loyers et des relations entre les deux parties, sauf dans le cas où
c'est clairement indiqué qu'un meilleur équilibre s'impose, je
pense que ce sont des questions qui vont nous guider tout au long de notre
étude article par article, et je voulais souligner ce point au
début.
Un dernier mot, M. le Président. C'est l'autre côté
de la médaille et je veux le répéter. Nous sommes
persuadés que l'effort du ministre était un effort sérieux
et responsable. Nous avons des indications, surtout ce matin, selon lesquelles
il ne veut pas lui non plus bureaucratiser, nationaliser la fixation du prix
des loyers. Nous avons dit et nous répétons que le projet de loi
apporte beaucoup d'améliorations par rapport à la première
impression et à la situation actuelle. Nous avons l'intention de
collaborer étroitement et de travailler ensemble ici dans les jours qui
suivent pour développer un projet de loi afin que la loi soit la
meilleure possible pour les deux côtés. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir ce
matin d'être membre de cette commission pour étudier le projet de
loi que nous avons à étudier. Nous aussi de l'Union Nationale
nous sommes exprimés en deuxième lecture et nous avons
voté contre ce projet de loi. Je n'ai pas l'intention ce matin de
refaire le discours de deuxième lecture, par contre, j'aimerais apporter
quelques observations sur ce projet de loi. (10 h 45)
Une des craintes de l'Union Nationale, c'est que dans ce projet de loi
les droits des locataires sont clairement exprimés. Par contre, on
semble avoir oublié ou négligé de parler un peu plus des
droits des propriétaires. On explique clairement, dans la
réglementation qui nous a été remise, les détails
concernant la façon dont le loyer doit être fixé, les
conditions de logement salubre, ainsi de
suite; par contre, on n'a pas encore d'indication concernant les recours
que les propriétaires peuvent avoir contre des locataires
négligents.
Un autre point de vue des préoccupations de l'Union Nationale,
que nous avons souligné, c'est qu'actuellement on se plaint que le
nombre de Québécois qui sont propriétaires de petites
habitations de deux ou de quatre logements n'est pas très
élevé. Nous avons peur qu'avec toutes les obligations qui sont
créées aux propriétaires, ces obligations, par
elles-mêmes, fassent peur à ceux qui ont l'intention de s'acheter
de petites propriétés afin de se créer un fonds de pension
pour plus tard.
Nous reconnaissons, par contre, qu'il y a eu du chemin de fait entre le
dépôt du premier livre blanc, le premier projet de loi, et sa
réimpression. Ici, M. le Président, j'aimerais demander au
ministre s'il a l'intention de proposer d'autres amendements. Si oui, je lui
demande de nous les distribuer, car il est toujours plus facile d'avoir les
amendements en notre possession un peu à l'avance que de les avoir au
fur et à mesure que l'on étudie le projet de loi article par
article.
L'une des craintes que nous avons aussi mentionnées, c'est la
bureaucratie qui est de plus en plus forte concernant l'état de vie des
Québécois. Nous espérons que ce projet de loi n'augmentera
pas encore les pouvoirs de la bureaucratie, mais qu'au contraire cette
possibilité d'aider les citoyens s'accroîtra et bonifiera ce
projet de loi.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'avais
à faire au tout début. Nous venons ici avec un esprit ouvert.
Nous connaissons aussi l'ouverture d'esprit du ministre. Il l'a
démontré dans d'autres projets de loi et il nous fera plaisir de
l'aider à bonifier ce projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député de
Taschereau.
M. Richard Guay
M. Guay: M. le Président, je voudrais simplement relever
un certain nombre des arguments qui ont été évoqués
par le député de Notre-Dame-de-Grâce tantôt. Parce
que si j'ai bien compris le député de Notre-Dame-de-Grâce,
au fond, même la loi actuelle, votée il y a fort longtemps, mais
modifiée en cours de route et finalement modifiée
l'avant-dernière fois par le gouvernement libéral, même
cette loi ne serait pas un mécanisme satisfaisant. Si j'ai bien saisi
son raisonnement, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes s'il n'y
avait aucune espèce de régie des loyers ou aucune espèce
de contrôle des loyers au Québec et qu'on laissait ce qu'il a
appelé le marché libre jouer.
Cela implique que le logement est un bien commercial comme tous les
autres, comme les pots de beurre de pinottes si chers à son chef ou
n'importe quelle autre chose qui est dans le commerce courant et qui fait
l'objet de la loi de l'offre et de la demande. Je m'insurge, pour ma part,
contre cette approche des choses parce que le logement, c'est beaucoup plus que
cela, c'est également un droit social et ce n'est pas simplement un
investissement fait par un certain nombre de gens en vue d'une
rentabilité sur le capital.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce a accusé le
gouvernement de vouloir instaurer le contrôle universel des loyers. Il a
fait un plaidoyer éloquent en faveur de l'entreprise privée dans
le domaine du logement, mettant en cause la volonté, de ce
côté-ci de la table, de voir se perpétuer la possession,
dans les mains privées, du stock du logement au Québec. Ce me
semble assez curieux comme raisonnement. D'abord, personne, de ce
côté-ci de la table, n'a jamais mis en cause le contrôle du
stock du logement par les particuliers. Nous constatons, comme l'a fait le
député de Notre-Dame-de-Grâce que, contrairement aux
chiffres qu'il a cités, non pas 80% mais 97%ou 98% des logements au
Québec sont dans les mains des particuliers. C'est un fait. On n'a pas
à porter de jugement sur ce fait: on le constate tout simplement. Je
veux bien croire qu'à tout bout de champ le Parti libéral sent le
besoin de rappeler sa tendance idéologique et de se rappeler à
l'idéologie de l'entreprise privée, mais nous ne croyons pas, de
ce côté-ci, qu'il soit nécessaire à tout bout de
champ de faire une profession de foi idéologique pour assurer ses
arrières, et en particulier dans le domaine du logement.
Pourtant, puisqu'il nous accuse de vouloir instaurer un contrôle
universel du logement, le député de Notre-Dame-de-Grâce
sera sans doute heureux de prendre connaissance d'un commentaire au sujet de la
nouvelle version du projet de loi no 107 qui vient d'un organisme qu'il
connaît sans doute bien puisque cet organisme partage, à toute
épreuve, l'idéologie de l'entreprise privée du
député de Notre-Dame-de-Grâce. Il s'agit de la Chambre de
commerce de la province de Québec, un organisme peu suspect d'être
outre mesure sympathique au gouvernement actuel, même si les rapports
entre cet organisme et le gouvernement sont cordiaux, on ne peut pas dire qu'on
est tout à fait sur la même longueur d'ondes idéologiques;
effectivement, cet organisme est davantage sur la même longueur d'ondes
idéologiques que le Parti libéral.
Dans son commentaire de la nouvelle version du projet de loi no 107, on
lit je n'ai pas d'explications additionnelles et j'imagine que du
côté libéral on saura où aller trouver ces
explications, à la chambre de commerce même : Comparé
à sa version première, ce projet de loi représente un gain
important: La disparition de dispositions relatives au contrôle des
logements. En d'autres mots, la Chambre de commerce de la province de
Québec, elle, constate que la nouvelle version fait disparaître le
contrôle des logements ou le contrôle des loyers alors que le
député de Notre-Dame-de-Grâce continue à
perpétuer ce mythe suivant lequel le projet de loi no 107 voudrait
instaurer un contrôle universel des loyers. Cela s'accompagne d'un autre
mythe qu'il répand et que je trouve extrêmement regrettable, et
je
l'inviterais à faire preuve de plus de prudence dans son
vocabulaire lorsqu'il parle de la nationalisation du logement. Il s'agit
là d'une expression qui, si je ne connaissais pas mieux le
député de Notre-Dame-de-Grâce, me paraîtrait
démagogique. Il est bien évident que le projet de loi no 107 ne
vise pas à nationaliser quoi que ce soit; il vise, par contre, à
établir un rapport entre le locataire et le propriétaire faisant
en sorte que ceux parmi les locataires dans notre société qui
sont le plus souvent victimes d'une certaine catégorie de
propriétaires qui appliquent intégralement le credo de
l'entreprise privée si cher à nos amis d'en face, puissent avoir
un recours en justice de manière à pouvoir se protéger
contre les hausses indues de loyer. Cela me paraît une chose
éminemment normale et éminemment civilisée en 1979.
Quand on nous dit, au nom d'une idéologie donnée,
l'idéologie de l'entreprise privée sans restrictions, qui, soit
dit en passant, fait ressembler étrangement le député de
Notre-Dame-de-Grâce au nouveau premier ministre du Canada qui faisait un
discours à peu près dans le même sens à Vancouver il
y a quelques jours, quand on nous fait un discours en disant qu'il faut que ce
soit l'entreprise privée, l'entreprise privée et pas d'autres que
l'entreprise privée, je dis qu'on ne tient pas compte de la
réalité et qu'on cherche beaucoup plus à faire entrer la
réalité à l'intérieur d'une idéologie
donnée. Finalement, contrairement à ce qu'on peut penser bien
souvent, le Parti libéral, dans ce domaine, manifeste un corridor
idéologique qui me paraît assez étroit.
De ce côté-ci de la table, je pense que nous cherchons un
empirisme de bon aloi de manière à chercher à concilier
tous les intérêts en cause, mais surtout de manière
à ne pas faire en sorte que ceux qui ont un besoin particulier
d'être protégés par des organismes qui relèvent de
l'Etat, que ceux-là soient protégés par ces
organismes-là, parce qu'en définitive, si ce n'est pas le
gouvernement, si ce n'est pas l'Etat qui voit à ceux de la
société qui sont les plus démunis, ce n'est sûrement
pas la Chambre de commerce de la province de Québec, ni les
intérêts privés si chers à nos amis d'en face. Il y
a du côté libéral, en ce qui a trait à ce projet de
loi comme ce qui a trait à bien d'autres choses, une espèce de
fétichisme. Le Parti libéral m'apparaît avoir un double
fétichisme en ces années-ci, le fétichisme de l'entreprise
privée appliquée à toutes les sauces, de la même
façon qu'on a le fétichisme du fédéralisme
appliqué à toutes les sauces.
J'ai entendu récemment et je fais le parallèle,
parce que je le trouve intéressant le chef du Parti
libéral, l'autre jour... C'est une parenthèse très
brève, M. le Président, avant qu'on ne soulève une
question de règlement, parce que le parallèle me paraît
intéressant. Récemment le chef du Parti libéral faisait
une déclaration, enfin plusieurs déclarations, au sujet des
richesses naturelles, dont il concevait qu'on pouvait en placer une partie sous
le contrôle du gouvernement fédéral, c'est-à-dire
céder un droit provincial au gouvernement fédéral et il
disait: Sans quoi le fédéralisme ne veut plus rien dire. Mon
Dieu, à supposer qu'il ne veuille plus rien dire dans ce
domaine-là, est-ce que c'est une si grande catastrophe que cela ou
est-ce qu'il faut déformer la réalité pour faire en sorte
que le fédéralisme veuille dire quelque chose? C'est un peu la
même chose dans ce cas-ci. De fétichisme en fétichisme, on
a le fédéralisme d'une part et l'entreprise privée de
l'autre.
Malgré l'évidence que remettre les logements locatifs dans
les mains du marché libre à l'heure actuelle aurait un effet
inflationniste effrayant pour ceux parmi les Québécois qui ont le
moins les moyens de payer des loyers élevés, malgré cette
évidence, on vient nous servir, en 1979, un argument,
c'est-à-dire qu'il faut absolument, au nom de l'idéologie de
l'entreprise privée, au nom de cette espèce de fétichisme
de l'entreprise privée, tout remettre dans les mains de l'entreprise
privée, comme s'il n'y avait que l'entreprise privée. Il y a bien
autre chose que cela dans la société et en partie dans la
société québécoise. Je pense notamment aux
coopératives, qui ont fait leurs preuves dans d'autres domaines
jusqu'à maintenant, qu'il faut chercher à promouvoir au maximum,
parce qu'il s'agirait d'une forme de propriété qui n'est pas dans
les mains de l'entreprise privée, qui est dans les mains de certains
éléments de la collectivité. C'est une chose que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a bien omise dans sa
déclaration. Pourtant, c'est une chose extrêmement importante,
parce que cette espèce de fétichisme de l'entreprise
privée que charrient les libéraux, on oublie constamment que tant
que cela va bien, tant que les choses sont rentables, il faut tout laisser
à l'entreprise privée, mais le jour où cela marche mal, le
jour où cela devient non rentable, là l'Etat devient le sauveur
de l'entreprise privée. Ce qui ne marche pas, on le cède à
l'Etat et après cela, on a sans doute quelques députés de
l'Opposition, dans l'Union Nationale, notamment, qui viennent nous dire: Les
organismes d'Etat, cela ne marche pas.
C'est bien sûr que dans la mesure où on confine l'Etat
uniquement aux choses non rentables et qu'on confine l'entreprise privée
dans les choses qui sont rentables, comme par hasard l'entreprise privée
s'en trouve grandie et comme par hasard les organismes d'Etat s'en trouvent
diminués. Seulement, il faut aussi faire la part des choses. L'Etat
québécois n'est pas là seulement pour dépanner
l'entreprise privée lorsque celle-ci est en difficulté. L'Etat
québécois, au chapitre du logement, en particulier, devrait faire
en sorte il y a des programmes qui ont été
instaurés à ce chapitre-là de promouvoir davantage,
comme c'est déjà commencé, la formule coopérative
de logements qui est une formule qui a fait ses preuves ailleurs et comme on a
une longue tradition de coopératisme au Québec, il me semble
qu'on a là une autre forme de propriété qui est une
propriété d'Etat, qui n'est pas nationalisée, mais qui
n'est pas non plus la propriété de quelques spéculateurs
qui veulent se servir d'un bien social comme le logement pour faire de la
spéculation foncière.
II me semblait, M. le Président, que ces choses méritaient
d'être dites parce que dans la mesure où on veut nous accuser de
nationaliser le logement on fait preuve, hélas! de démagogie;
dans la mesure où on veut nous accuser d'instaurer un contrôle
universel des logements, on dit des choses qui ne sont pas exactes; et dans la
mesure où on voudrait jouer le marché libre, je pense, M. le
Président, que non seulement dans ce cas-là on va à
rencontre des lois antérieures adoptées par le Parti
libéral, mais on va à rencontre de la logique même des
choses, parce que le marché libre sans frein, dans le domaine du
logement, c'est la catastrophe pour ceux qui parmi les Québécois
sont les plus démunis et que l'Etat a comme vocation première de
protéger.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Taschereau. M. le ministre. M. le député
de D'Arcy McGee. (11 heures)
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: J'aimerais à mon tour, en enchaînant
avec les commentaires de mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce, dire
quelques mots en guise de remarques préliminaires sur ce projet de loi.
Je voudrais répondre, dans une certaine mesure, au député
de Taschereau sans pour autant lui répondre, c'est-à-dire sans le
suivre pas à pas sur le chemin qu'il a choisi et surtout en laissant
passer d'un côté ou de l'autre ses quelques flèches au lieu
de placer mon bouclier devant chacune.
M. le Président, je dois à mon tour reconnaître la
bonne volonté et l'ouverture d'esprit manifestées par le ministre
entre les deux versions du projet de loi. Le ministre a certainement
écouté ceux qui ont eu des commentaires à formuler et a
adapté son projet de loi à certaines de ces observations. Mais,
sans verser dans l'exagération, sans fournir un portrait très
simple en blanc et noir de cette question qui nous divise dans une certaine
mesure, je voudrais quand même mettre en relief certaines divergences de
vue et, comme l'a dit mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce, de
philosophie entre les deux côtés de cette table.
M. le Président, c'est un peu l'expression pratique de la vieille
question philosophique et pédiatrique, si vous voulez: L'enfant
naît-il instinctivement bon ou instinctivement mauvais? Donc, doit-on se
fier surtout aux bons instincts de l'être humain et mettre un minimum de
contraintes sur son comportement économique, son comportement à
l'endroit de ses semblables ou doit-on insister davantage sur ses mauvais
instincts et croire que, pour chaque sphère d'activités où
l'on peut rencontrer des abus, il faut imposer des contraintes
sévères et assez élaborées parce que, s'il n'y a
pas de contrainte du tout, la majorité des transactions aura lieu d'une
façon abusive.
Je pose la question de cette façon, M. le Président, parce
que, quand on fait face à un problème, on doit chercher à
le résoudre en fonction du but ultime que l'on vise. Il me semble que
l'on doit, devant ce problème qui est très réel, se
demander: l'idéal serait-il que le système administratif
couronné d'un tribunal des loyers soit un élément
permanent de notre société ou pourrions-nous concevoir une
situation où les abus absolument exorbitants se trouveraient devant les
tribunaux que nous connaissons, les tribunaux généraux, et, en
règle ordinaire, que les transactions se fassent en toute
liberté? Le ministre nous dit: Le gouvernement ne veut pas
généraliser à toutes les transactions cette notion de
l'adjudication des loyers par un tribunal.
L'Opposition répond: De notre côté, en termes
pratiques et en termes de 1979, nous ne proposons pas l'abolition de tout le
régime non plus, mais entre les deux il y a une marge
considérable; il y a deux tendances dont l'une va dans un sens et
l'autre dans l'autre sens et entre les deux il reste un écart assez
important.
Le député de Taschereau a parlé de
fétichisme et a dit: Le Parti libéral souffre d'un
fétichisme en ce qui concerne l'entreprise privée et le jeu du
marché. Non, M. le Président, je n'irais pas jusque-là.
C'est après tout un gouvernement libéral qui, pendant six ou sept
ans, a renouvelé ce même projet de loi d'année en
année. Nous aurions pu l'abolir si notre fétichisme avait
été aussi prononcé et aussi absolu que cela. Je ne crois
pas, M. le Président, même si je peux nourrir dans mon for
intérieur l'idéal qu'un jour nous soyons en mesure de
libérer le marché du logement locatif, que nous puissions
aujourd'hui soumettre la société et l'économie du
Québec à un tel chambardement et il est certain que si le chemin
n'était pas très bien, très soigneusement
préparé, si l'éducation des propriétaires et des
locataires n'avait pas été faite soigneusement auparavant, nous
serions condamnés à traverser une période assez difficile
dont certains propriétaires auraient profité pour imposer des
abus.
Mais, M. le Président, dans ce régime qui existe et que le
gouvernement veut ajuster, il y a plus que cela. Il ne s'agit pas seulement de
protéger des locataires contre des abus. Il faut reconnaître que
l'on a d'autres effets, d'autres influences sur le marché du logement,
sur l'activité économique qui entoure la production, le maintien
et l'entretien des unités de logement. M. le Président, je suis
certain que le ministre reconnaît que la protection contre les abus peut
également avoir l'effet de "désincitation" en ce qui concerne
l'entretien des logements et en ce qui concerne la construction de nouveaux
logements et qu'il faut être prudent et ajuster délicatement le
mécanisme de contrôle si l'on veut protéger les locataires
les plus démunis contre des abus de la part des propriétaires;
mais en même temps il faut protéger l'ensemble des locataires
contre un rétrécissement du marché du logement, contre une
diminution du nombre de logements salubres et bien entretenus disponibles parce
que chaque année il y a un pourcentage le ministre a
sûrement les chiffres de locataires qui changent de logement et
qui changent, soit parce que leur condition économique a connu une
amélioration, soit parce
que les conditions de location et d'habitation sont devenues
insupportables.
C'est surtout dans cette deuxième catégorie qu'il faut
assurer une protection, parce qu'il ne s'agit pas là d'une transaction
entre propriétaire et locataire qui continuent d'avoir une relation
déjà établie, mais à un chiffre
présumément plus élevé. C'est le départ d'un
locataire d'une unité de logement et c'est le lancement de ce locataire
sur le marché où il doit pouvoir trouver un logement
décent, surtout si le logement qu'il quitte ne l'a pas
été. Tout cela est impliqué dans ce dont nous parlons
aujourd'hui.
M. le Président, nous avons, au cours des dernières
années, parlé de plusieurs aspects de ce problème
complexe. Je pense que tous les députés de l'Assemblée
nationale ont toujours été d'accord qu'une des protections qu'il
fallait accorder aux locataires était la définition de ce qu'un
bail doit contenir. Cette honnêteté intellectuelle qui
n'était pas de rigueur, qui n'était pas
généralisée avant l'établissement par l'Etat de
balises à cet égard, de critères à cet égard
obligerait cette intervention; mais une intervention pour rendre clair le
contenu d'un bail tout importante qu'elle soit, ne va pas aussi loin que
l'introduction, dans l'économique du logement, de ces mécanismes
de contrôle et d'adjudication que nous connaissons depuis un certain
temps.
M. le Président, il y a un autre facteur qui a été
souligné par mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce, c'est la
bureaucratisation grandissante d'un domaine où ce n'est pas l'Etat qui
fait en sorte que la production d'unités de logement est
stimulée. Il faut que des gens trouvent dans leur intérêt,
l'investissement nécessaire; autrement, M. le Président, le seul
constructeur au Québec sera la Société d'habitation du
Québec avec l'aide des offices municipaux d'habitation. Tel n'est
sûrement pas l'objectif du gouvernement et si tel n'est pas son objectif,
il faut que le gouvernement, en pensant au locataire, pense en même temps
à l'éventuel constructeur, non seulement au propriétaire
d'aujourd'hui qui offre sur le marché, en location, des unités,
mais aussi à celui qui, dans des conditions de marché
intéressantes, fera un investissement et fera construire des
unités de logement et ainsi, fera diminuer à la longue les
loyers, en moyenne. Si nous avions continué de connaître les taux
d'inoccupation que nous avions il y a quatre ou cinq ans, nous n'aurions pas eu
d'élasticité du tout dans le marché. (11 h 15)
II n'y aurait pas eu d'incitation aux propriétaires et aux
éventuels constructeurs je m'excuse, je veux me limiter aux
propriétaires de baisser leurs échelles de loyer ou de
restreindre leurs augmentations.
C'est quand les logements se font rares que les propriétaires ont
l'avantage du marché. Donc, afin d'éviter des abus que même
cette loi ne réussira pas à éliminer complètement
le passage d'argent en-dessous de la table, par exemple la loi
peut-elle, tout en rendant très claire l'illégalité d'une
telle transaction et tout en pré- voyant des pénalités
pour celui qui est pris en flagrant délit... mais quand il y a
rétrécissement du marché du logement, quand il y a
pénurie de logements disponibles, quand les gens qui ont quitté
un logement insalubre et un propriétaire intraitable ne trouvent pas sur
le marché quelque chose de convenable et deviennent
désespérés, non seulement ils finissent en
désespoir par payer des sommes additionnelles qui ne sont ni
prévues ni acceptées dans le cadre de la loi, mais ils se gardent
bien d'être les délateurs de ceux qui ont exigé de tels
paiements.
M. ie Président, j'ai voulu mettre en relief la complexité
de toute cette question. J'ai voulu y apporter des nuances. A ma connaissance,
le fétichisme est normalement dénué de nuances. Il y a des
nuances à apporter à ces considérations.
Je voudrais offrir une dernière réaction aux paroles
prononcées par le député de Taschereau. Il a dit, en
quelque sorte, qu'il ne faut pas traiter le logement comme simple bien
commercial. Je suis d'accord avec lui. Ce n'est pas un simple bien commercial.
C'est quand même un bien commercial. Il fait l'objet de transactions
commerciales, donc c'est un bien commercial.
Au risque de scandaliser le député, je lui dirai que les
soins d'un médecin sont également des biens commerciaux. Il y a
un marché là-dedans. Il n'y a pas de monopole, dans plusieurs
domaines de la médecine. Il y a des gens qui choisissent d'aiier voir,
par exemple, un optométriste au lieu d'aller voir un ophtalmologue. Il y
a des gens qui choisissent d'aller voir un psychologue, au lieu d'aller voir un
psychiatre. C'est depuis des années et des années que je dis que
si les membres de ma profession avaient consacré plus d'efforts à
la qualité de leurs services, en termes de leur disponibilité,
certaines professions paramédicales n'auraient pas pris naissance et
n'auraient pas pris l'expansion que l'on connaît. Il y a un aspect
commercial même à ce genre de transaction.
La musique est un bien commercial. On peut choisir d'aller au concert ou
de ne pas aller au concert. On peut choisir d'aller au concert donné par
l'Orchestre symphonique ou d'aller à un concert donné par un
groupe qui n'a pas les mêmes titres de noblesse, si je peux m'exprimer de
cette façon. Il faut savoir commercialiser la musique classique si l'on
veut s'attirer une clientèle.
M. le Président, j'ai fait la démonstration qu'il y a des
éléments de marché dans tout cela. Le fait de dire que le
droit devrait exister, pour tous les citoyens, à un logement salubre, un
logement d'une qualité convenable, ce n'est pas une façon de
mettre de côté les aspects commerciaux qui existent, et avec la
complexité de ce marché, M. le Président, vous comprendrez
pourquoi nous ne serons pas parfaitement d'accord avec le gouvernement sur tous
les aspects et tous les détails de ce projet de loi. Ce n'est pas une
façon de s'élever contre le principe du droit à un
logement salubre. Ce n'est pas une façon de s'élever contre le
principe de la protection contre les abus. Mais, M. le Président, si
nous voulons protéger les Québé-
cois, protégeons tous les Québécois et
protégeons l'intérêt collectif des Québécois;
parce que le marché du logement constitue un intérêt
fondamental qui relève du bien commun de tous les
Québécois.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. le ministre, des commentaires?
M. Scowen: M. le Président, je veux brièvement
rétablir certains faits, parce que...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-G race...
M. Scowen: ... et j'ai...
Le Président (M. Laplante): ... je connais très
bien votre intelligence, votre façon d'être capable de
répondre au député de Taschereau, mais je
préférerais, à ce moment-ci, que vous en profitiez... A
l'étude article par article, vous aurez la chance, à ce
moment-là, de répondre. Actuellement, je ne voudrais pas
commettre d'accroc. Votre temps est épuisé et si je
recommençais un autre tour de table, je ne crois pas que ce serait juste
pour les autres membres de la commission qui s'abstiennent actuellement de
parler et de répondre à certains commentaires qui auraient pu
être faits.
Je vous prierais d'attendre à l'étude article par article
pour formuler vos réponses.
M. Scowen: M. le Président, d'abord, je comprends
très bien que j'aurai l'occasion de répondre, au
député de Taschereau et ce n'était pas mon intention. Je
voulais simplement rétablir un seul fait, une déclaration qu'il a
faite, qui n'est évidemment pas correcte, et, deuxièmement,
j'avais une demande d'information à formuler au ministre. Si je peux le
faire maintenant, ça relève de... Est-ce que vous me
permettez...
Le Président (M. Laplante): Est-ce une directive que vous
voulez, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Non, je veux demander au ministre de nous fournir
quelques informations qui, je pense, peuvent nous aider. C'est quelque chose
qu'il peut nous fournir demain ou après-demain, mais je pense que
ça pourrait être utile pour tout le monde. Je voulais poser cette
question.
Le Président (M. Laplante): Posez la question.
M. Scowen: Est-ce que vous me permettez aussi de corriger...
Le Président (M. Laplante): Non, pas l'autre. Je
préférerais, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce... Vous n'avez pas relevé le fait au moment
où le député de Taschereau a parlé. Je ne voudrais
pas...
M. Scowen: Si je comprends bien, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si je comprends bien... Je
sais que vous êtes capable, à l'intérieur de nos
règlements actuellement, de formuler les réponses que vous auriez
formulées ou de corriger des énoncés qui auraient pu
être faits autour de la table qui vous paraissent insatisfaisants ou
incorrects.
M. Scowen: Bon, très bien! La demande que je voulais faire
au ministre, c'est que nous parlons énormément de la structure de
la nouvelle régie, et je pense que ça pourrait aider tout le
monde si on avait certaines données sur le fonctionnement de la
commission actuelle. Je vais vous donner les détails que j'aimerais
avoir. J'imagine qu'ils sont disponibles. C'est une question sur les
années précédentes, 1979 à ce jour, 1978, 1977 et,
si possible, 1976 ce n'est pas essentiel les détails
suivants: premièrement, le coût de fonctionnement global de la
régie actuellement. Deuxièmement, le nombre d'administrateurs et
de commissaires parce qu'il y a des administrateurs et des commissaires
je pense qu'il y a les deux niveaux et le nombre du personnel pour
chaque année. Finalement, le nombre de cas qui ont été
entendus chaque année, en conciliation, par les administrateurs, si vous
voulez, et, également, en appel.
Je pense qu'avec ces détails pour cette année-ci ou pour
les six premiers mois et les années précédentes, ça
peut nous donner une perspective, pour tous les députés, des
activités et on pourrait essayer de vous poser des questions pour
comprendre jusquà quel point les coûts et le nombre de personnes,
le nombre de cas, etc., seront changés. Si vous pouviez nous donner cela
en cours de route, je l'apprécierais.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Pour ajouter à la question du
député, pourrait-on savoir, aussi, le nombre de cas qui ont
été soumis à la régie durant ces années?
M. Tardif: M. le Président, il me fera plaisir de
transmettre aux membres de cette commission des renseignements aussi exacts que
possible aussitôt que nous les aurons. Simplement pour donner une
idée, peut-être, ou des ordres de grandeur, je donne en chiffres
arrondis les dernières données que je possède sur la
régie. Son budget actuel est de l'ordre de $5,9 millions. Le nombre de
commissaires, actuellement, est de 14. Le nombre d'administrateurs je
vous donne cela en plus ou moins est de 70. Je tiens à
préciser que ces administrateurs et commissaires, pour la
quasi-totalité, sont des gens ad hoc qui ont leur pratique privée
et qui entendent des causes, qui
ont été nommés par l'ancien gouvernement et qui
sont encore là.
Deuxièmement, quant au personnel de la commission, plus ou moins
300. Là aussi je voudrais préciser qu'il s'agit maintenant de
membres de la fonction publique, ce qui n'était pas le cas jusqu'au 1er
janvier 1977 alors que ces gens étaient engagés et
renvoyés selon le bon plaisir.
Finalement, le nombre de causes, l'année dernière
encore une fois, de mémoire, on vous donnera tout cela autant que
possible c'est plus ou moins 60 000. Quant au nombre de causes
portées en appel, c'est 16 2/3%, 10 000.
C'est à peu près, en autant que ma mémoire est
bonne et qu'on peut avoir quelques données ici, l'ordre de grandeur des
affaires dont est saisi cet organisme et du personnel requis pour s'en
occuper.
M. Scowen: On a dit que le nombre de causes devant la
régie a diminué durant les dernières années. Est-ce
que c'est vrai?
M. Tardif: M. le Président, il y a eu des hauts et des
bas, selon évidemment les lois. A la suite de certains amendements
apportés par un des ministres de la Justice du temps, M.
Jérôme Choquette, il y avait eu quand même passablement
d'affaires portées devant la régie; subséquemment,
à la suite d'autres amendements, très peu de causes ont
été portées puisque, finalement, le tout était
arrivé assez tard avec très peu de publicité. Je donne des
ordres de grandeur, uniquement pour donner une idée. On apportera toutes
ces données dès qu'elles seront disponibles, peut-être
aujourd'hui, peut-être demain.
M. Scowen: Je vous remercie, parfait.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres
commentaires, M. le ministre, avant d'appeler l'article 1?
M. Guy Tardif
M. Tardif: Oui, il y a eu des questions posées par des
membres de l'Opposition. D'abord, il y a le député de
Saint-Hyacinthe qui a demandé s'il y avait des amendements. Oui, on ne
peut pas étudier une loi, même si officiellement, le dernier
numéro qui apparaît, c'est 141 quant au nombre d'articles, on sait
pertinemment que les articles 1650 à 1665 sont très substantiels
et comportent des 1), 2), 3), 4) et des a), b), c), d)
énormément, de sorte qu'à une loi de 200 articles, il y
aura à peu près 20 ou 25 papillons, mais de nature technique,
à la suite d'une relecture faite par les juristes. Donc, il n'y a pas
d'amendements de fond là-dessus. On les a faits dans la
réimpression, et c'est l'avantage, justement, d'avoir un texte
réimprimé pour les députés.
C'est pour cela que ie m'explique mal les remarques du
député de Notre-Dame-de Grâce qui dit: On a eu une nouvelle
loi, dit-il, et on n'a eu que douze heures pour l'étudier, dans le
brouhaha de fin de session. (11 h 30)
M. le Président, vraiment, je comprends que, dans le cas du
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui s'est joint à
l'Assemblée nationale après les autres, il n'a pas suivi
révolution, le cheminement de ce dossier de la loi 107, depuis la
parution du livre blanc jusqu'en décembre 1977, le dépôt de
cette loi, en première lecture, en décembre 1978, et cette loi
réimprimée. Mais il n'a vraiment pas raison de dire qu'une
nouvelle loi a été déposée à la veille de
l'ajournement. En fait, il y a un changement majeur dans cette loi
réimprimée et c'est non pas l'inversion du fardeau de la
démarche, mais le partage du fardeau de la démarche.
Je pense que c'est peut-être, de tous les amendements
apportés, celui qui porte plus sur une question de fond, mais qui,
encore là, découle de représentations reçues en
commission. C'est pour ça qu'on a tenu une commission que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a d'ailleurs suivie
assidûment. Alors, je ne crois pas qu'il soit juste de dire qu'il y a eu
bousculade à la veille de l'ajournement de la session.
Je pense que le député de Taschereau a, à juste
titre, remis un certain nombre de choses en place. Il est bien évident
que l'on peut, au nom de la libre entreprise, prôner la liberté
contractuelle absolue entre les parties, tout comme on a eu des groupes, en
commission parlementaire, qui sont venus nous demander rien de moins que le
contrôle universel, obligatoire des loyers au Québec. La loi 107 a
rejeté ces deux attitudes extrêmes et a décidé de
déterminer un certain nombre de règles du jeu et de laisser les
parties s'entendre sur les autres.
Evidemment, le député de Notre-Dame-de-Grâce dit: La
méthode de fixation, telle qu'elle a été
présentée et distribuée aux membres de cette commission,
va produire, avoir le même effet que s'il s'agissait d'un taux fixe et,
en conséquence, va nous conduire, à dessein ou de façon
inconsciente, non voulue, à un régime universel obligatoire de
contrôle des loyers.
Or, je voudrais souligner la loi de l'Ontario, pour le
bénéfice de cette commission, loi que la Législature
ontarienne a adoptée le 21 juin, juste avant l'ajournement, ce que nous
n'avons pas fait, nous. Leur loi 163 décrète, à l'article
125, rien de moins encore une fois, je ne pense pas qu'on puisse parler
du gouvernement de l'Ontario comme étant des plus progressistes sur le
plan de spectres politiques que: "Unless otherwise authorized under this
Act, no landlord shall increase the rent charged for rental units by more than
6% of the last rent that was charged for an equivalent rental period". Donc,
qu'a-t-on fait en Ontario? On a non seulement établi un système
absolu, généralisé d'augmentation, mais, par le biais d'un
taux fixe avec possibilité pour un locataire de contester à la
baisse, s'il croit qu'il y a eu détérioration de la
qualité et, pour le propriétaire, à la hausse, s'il croit
qu'il a fait des améliorations
à son immeuble. M. le Président, cette loi a
été adoptée le 21 décembre dernier en Ontario.
Je pourrais apporter au député de
Notre-Dame-de-Grâce et aux membres de cette assemblée la
référence d'un Etat, qui est nul autre que l'Etat de la
Californie où, à la suite de la loi 13 sur la baisse des
impôts fonciers, la thèse des impôts fonciers, on a
trouvé, entre autres pour cette raison-là, nécessaire
d'établir un contrôle des loyers en Californie, justement afin,
dans ce cas-là surtout, de faire bénéficier les locataires
des diminutions importantes d'impôt foncier qui pouvait se trouver. J'ai
pris évidemment très bonne note de cela, M. le Président,
pour l'impact de la réforme de la fiscalité municipale.
C'est sûr que j'ai dit tantôt que le gouvernement a
rejeté la liberté contractuelle absolue entre les parties et a
rejeté le contrôle obligatoire absolu. Il a décidé
de fixer un certain nombre de règles du jeu et de laisser les parties
s'entendre pour le reste.
Lorsqu'on nous dit que c'est une attitude contradictoire de notre part
que d'avoir agi de cette façon-là, que, finalement... Le
député de Notre-Dame-de-Grâce je ne suis pas
sûr qu'il m'invite à un contrôle des prix dit: Le
ministre n'atteindra pas l'objectif que je partage avec lui, soit que pour
assurer le droit à un logement, il faut assurer un droit à un
logement de qualité. Je suis d'accord. Il faut assurer ceci à un
coût raisonnable, parce qu'évidemment une sécurité
ou un droit au logement qui ne s'accompagne pas d'un contrôle des loyers
est un droit illusoire. Il suffit que je dise: Monsieur, vous avez le droit de
demeurer là, mais si, par ailleurs, le propriétaire a le droit de
vous demander une augmentation de 500%, je viens de vous donner un droit tout
à fait illusoire. Il faut quand même que le législateur
soit cohérent. Vous nous dites: Le contrôle des loyers devrait
cependant, comme j'ai cru le comprendre, être un contrôle des prix,
un contrôle des prix qui implique, toujours encore si j'ai bien compris,
la possibilité de réviser le prix de base et non pas uniquement
les hausses de loyer.
Or, la révision du prix de base est une chose qui est concevable,
qui est envisageable. Evidemment, on entre dans toutes sortes de complications
et dans toutes sortes de difficultés. Va-t-on fixer cela au mètre
carré? Va-t-on fixer cela en évaluant chaque pièce
d'équipement? Etant donné maintenant que les normes d'isolation
thermique des maisons deviennent de plus en plus sophistiquées, si un
mur a une résistance au froid de R-12 ou R-20, est-ce que ceci va
également entrer dans la détermination du prix de base, etc.?
Je me souviens pertinemment qu'en commission parlementaire, selon que
les groupes faisaient partie des locataires ou des propriétaires, les
deux nous demandaient la possibilité de réviser le prix de base.
Pour les propriétaires, c'était de pouvoir le réviser
à la hausse et pour les locataires, c'était de pouvoir le
réviser à la baisse, mais aucun des deux groupes n'était
d'accord pour que cela puisse jouer dans les deux sens.
Nous avons adopté à la place le contrôle des loyers,
le contrôle des hausses. Ceci après une période de cinq ans
pour permettre aux lois du marché, de l'offre et de la demande, de
jouer, de permettre à celui qui a bâti un immeuble ce n'est
généralement pas celui-là cependant; celui qui l'a
bâti s'en est départi souvent dans les 18 mois qui ont suivi et
c'est un autre qui l'a placé comme investissement; peut-être que
celui-là a deux ans, trois ans pour ajuster ses loyers de le
faire en fonction des lois du marché. Une fois que ceci est
établi, les règles de fixation jouent.
Ce n'est pas une attitude contradictoire. C'est une attitude voulue et
qui fait partie de ce que j'ai appelé tantôt le fait de
déterminer un certain nombre de règles du jeu et de laisser quand
même les parties s'entendre sur les autres.
Je limiterai pour l'instant mes remarques. Il y a le
député de D'Arcy McGee qui a soulevé toutes sortes
d'analogies aussi avec sa profession, le médecine, la pédiatrie.
Je ne veux pas revenir là-dessus, mais il a soulevé quelque chose
d'intéressant en tant qu'ex-ministre des Affaires municipales
responsable de la Société d'habitation en disant: Si on rend
moins lucratifs "l'industrie" du logement ou les investissements immobiliers,
il n'y aura tantôt de constructeurs d'habitation au Québec, que la
Société d'habitation.
M. le Président, c'est précisément parce que
et d'ajouter le député: évidemment, on sait que cela
coûte extrêmement cher les logements dits sociaux le
gouvernement est convaincu que la formule dite des HLM n'est pas parfaite
même s'il faut en avoir pour ceux des citoyens
québécois pour qui cela prend une solution globale, à la
fois en termes de qualité de logement et de coût qu'il faut
examiner d'autres formules qui peuvent s'apparenter au programme SAFER de la
Colombie-Britannique, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, le
programme RATE, au Nouveau-Brunswick, et d'autres ailleurs, qui sont des
formules d'allocation-logement. SAFER pour Shel-terly aid for elderly
residents, je crois.
Ces programmes justement supposent l'existence d'un contrôle
efficace des hausses de loyer, parce qu'évidemment tout programme visant
à donner une forme quelconque d'allocation-logement aux gens serait un
transfert pur et simple de fonds du gouvernement dans les goussets de
propriétaires s'il n'y avait un frein aux hausses.
M. le Président, ceci dit et ces précisions
apportées de part et d'autre, peut-être que nous pourrions
procéder à l'étude du projet de loi no 107 article par
article. Je pense que nous avons eu des papillons, oui, on peut distribuer les
papillons. Egalement, je viens à peine d'avoir, je l'ai retrouvé
dans mon courrier de retour de vacances, cette loi de l'Ontario; si cela
intéressait l'Opposition que j'en fasse faire des copies pour vous la
remettre, il me fera plaisir de le faire.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais invoquer le
règlement très brièvement. Je n'ai pas voulu interrompre
le ministre, mais c'est pour
rétablir les faits. Il a dit que le député de
Notre-Dame-de-Grâce était arrivé à
l'Assemblée nationale après les autres. C'était quand
même avant le député libéral d'Argenteuil, avant le
député libéral de Jean-Talon et avant les
députés libéraux de Prévost, Maisonneuve et
Beauce-Sud.
M. Tardif: M. le Président, cela ne se voulait pas
méchant du tout.
M. Scowen: M. le Président, il n'y a pas de
problème, mais je veux vous poser une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur, je la
devine.
M. Scowen: C'est une question qui porte un peu sur les faits. Je
vous avais proposé tantôt de rétablir un fait et je veux
savoir simplement quand et comment vous voulez que cela se fasse. Si, par
exemple, je dis que quelque chose est noir et un député me cite
en disant que j'ai dit que c'était blanc, est-ce que je l'interromps ou
j'attends jusqu'à la fin de son intervention ou j'attends à la
discussion sur un article?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner tout de
suite la différence entre ce que vous avez fait, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, et ce que le
député de D'Arcy McGee vient de faire, comme invocation de
règlement. C'est qu'il l'a fait immédiatement après
l'intervention du ministre. Je pense qu'il est sage, à un moment
donné, d'attendre que l'intervention du député ou du
ministre soit terminée au lieu d'interrompre. Ce que vous n'avez pas
fait, vous, c'est que vous avez attendu qu'un autre interlocuteur fasse son
exposé avant de commencer à répondre à l'autre
interlocuteur.
M. Scowen: Comme le ministre l'a dit, je suis nouveau. Est-ce que
je pourrais dire un mot, pour cette fois-ci? Ce sera assez bref, je vous
assure, mais je pense que c'est important.
Le Président (M. Laplante): Je maintiendrai la
décision que j'ai prise tout à l'heure à votre
égard, c'est que...
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Fontaine: Question de règlement, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Laplante): Je crois qu'au moment
où on appellera l'article 1, si vous avez des commentaires à
faire à l'intérieur de l'article 1, cela peut très bien
s'accommoder en réponse au député de Taschereau.
D'accord, je vous donne des outils. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Si vous me permettez, M. le Président, sur la
question de règlement, je pense qu'il est de tradition qu'au
début d'une commission parlementaire, chacun puisse y aller de ses
commentaires plus ou moins brefs ou plus ou moins longs et qu'il n'y a pas de
temps limite aux interventions. Je pense que c'est la commission, à ce
moment, qui décide, quand cela veut trop s'étirer en longueur,
qu'on commence à étudier article par article, mais je ne pense
pas qu'il y ait de règles strictes disant: Monsieur, vous avez vingt
minutes. Vos vingt minutes sont écoulées. Vous n'avez plus le
droit de parler. Je pense que ce serait peut-être un peu strict pour les
parlementaires. (11 h 45)
Le Président (M. Laplante): Si vous m'aviez posé la
question suivante, M. le député de Nicolet-Yamaska: Combien de
minutes le député de Notre-Dame-de-Grâce a-t-il eues pour
son intervention? j'aurais pu vous répondre et vous auriez pu constater
que je n'ai pas appliqué la règle dans toute sa rigueur. De sorte
que si vous voulez parler vous-même, vous avez présentement 20
minutes. Vous n'avez employé aucune de ces minutes. Si vous vous croyez
brimé...
M. Fontaine: M. le Président, c'est justement... Il n'y a
pas de temps limite pour faire des commentaires. Je pense que si le
député de Notre-Dame-de-Grâce voulait continuer à
faire d'autres commantaires, il pourrait le faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député, je
vous référerais au règlement à ce moment-ci.
M. Fontaine: Quel article, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Je vous réfère
à l'article 160, M. le député. M. le député
de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, si cela peut faciliter votre
tâche, nous n'avons, de notre côté, je pense bien, aucune
espèce d'objection à ce que, compte tenu qu'il est nouveau dans
cette enceinte, le député de Notre-Dame-de-Grâce...
Des Voix: Oh!
M. Guay: C'est lui qui l'a dit. Nous n'avons aucune espèce
d'objection à ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce utilise le droit qui est prévu en vertu de
l'article 96, même si ce n'est pas au bon moment. Vous avez notre
consentement, quant à nous.
Le Président (M. Laplante): Si c'est le voeu de la
commission, moi, je suis bien d'accord.
M. Caron: II y a consentement et on va sauver du temps, à
part cela.
Le Président (M. Laplante): II y a consentement. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Comme promis, M. le Président, je serai
très bref. C'est sur la question de la nationalisation. M. le
Président, je pense que le ministre m'a bien compris au moins. Je n'ai
jamais dit que je croyais que ce projet de loi était une loi
prévoyant la nationalisation des logements. Je n'ai pas
suggéré ce fait-là. Ce que j'ai suggéré,
c'est que si vous voulez vraiment aller en profondeur, jusqu'au bout avec cette
question du droit au logement, vous êtes porté,
inévitablement, vers la nationalisation, parce que dans une
société où vous avez l'entreprise privée qui est
censée construire 97%, si j'ai bien compris...
M. Tardif: 97%.
M. Scowen: ... des logements, vous ne pouvez pas l'obliger,
à moins qu'elle croit elle-même que c'est rentable, à
construire le genre de logements que vous voulez et aux endroits que vous
voulez. Si vous voulez aller aux limites, vous êtes obligé de
prévoir la nationalisation. Je n'ai jamais suggéré que ce
projet de loi comportait une telle idée, un tel principe. J'ai dit au
début que c'était une contradiction pour ce qui est de
l'idée du droit au logement. Je veux dire de plus que dans le cas de
l'entreprise privée c'est ce que je vous suggérais, M. le
député de Taschereau ce projet de loi comme tel
créera une augmentation pour 100 000 loyers l'an prochain, totalement
injustifiée, une augmentation pour 100 000 loyers, d'après nous,
au moins, totalement injustifiée, à cause du système que
vous prévoyez. Je pense que vous commencez à réaliser que
le système du libre marché vaut, d'après nous, non
seulement pour les propriétaires, mais aussi pour les locataires qui
veulent avoir un choix et qui veulent avoir le privilège de lire dans
les journaux toutes les possibilités qui existent pour eux de choisir,
de changer, etc. Mais dans le système que vous prévoyez,
d'après nous, nous sommes convaincus que nous aurons l'an prochain,
dès la première année où cette loi entrera en
vigueur, au moins 100 000 augmentations de loyer totalement injustifiées
autrement et que nous n'aurions pas si la loi n'était pas mise en
vigueur. Quand on dit que la chambre de commerce est un peu pour ce projet de
loi, je peux facilement imaginer pourquoi et je pense que vous verrez qu'il y a
pas mal d'associations de propriétaires qui seront aussi pour parce que
je suis persuadé que cela garantit à presque tous les
propriétaires du Québec le droit d'augmenter le loyer, s'ils en
ont besoin ou non, d'une façon injustifiée d'année en
année. En effet, le système du libre marché joue dans les
deux sens.
M. Guay: M. le Président, cela va être à mon
tour d'invoquer l'article 96, si vous me le permettez, parce que je n'ai jamais
dit que la chambre de commerce était pour le projet de loi. J'ai dit que
la chambre de commerce avait dit qu'elle le comparait à la
première version et qu'il y avait un gain important, soit la disparition
de dispositions relatives au contrôle des loyers. C'est la chambre de
commerce qui le dit et elle ne l'explique pas. Si vous lisez plus loin, il y a
encore quatre lignes qui ne sont pas un éloge du projet de loi et la
chambre de commerce n'est pas favorable au projet de loi. D'autre part, si le
député me permet une question, c'est bien beau de lancer des
chiffres en l'air comme cela mais à partir de quoi ou de quelle
émanation de l'esprit lui vient cette idée de 100 000
augmentations injustifiées?
M. Scowen: Est-ce que le président préfère
que je réponde aujourd'hui ou au moment où on arrivera aux
articles? Parce que c'est une question de fond.
M. Guay: Quant à faire...
Le Président (M. Laplante): Je crois qu'il serait plus
sage, parce que cela devient un dialogue.
M. Tardif: Si vous me permettez, M. le Président. Pour le
plus grand bien des travaux de cette commission, je suis prêt à
donner les papillons, les amendements à la loi de l'Ontario, les notes
sur la Californie, tout ce que vous voudrez. J'aimerais bien cela savoir sur
quoi s'appuie cette évaluation de 100 000 hausses qui seraient
entraînées par l'application de la méthode et qui ne
seraient pas autrement demandées? Cela pourrait être
intéressant à connaître.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres de
cette commission accordent un temps additionnel pour cette réponse?
M. Tardif: Oui, oui.
M. Guay: Parce que si c'est comme les sièges
sociaux...
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Très bien, très bien. Je pense en effet
que j'ai soulevé le même point le soir du 21 ou du 22 mais je vais
essayer d'être très bref parce que c'est assez
détaillé. Vous prévoyez l'impression d'un formulaire
obligatoire pour chaque propriétaire qui veut augmenter n'importe quel
loyer. Vous prévoyez, si je comprends bien, faire une campagne de
publicité pour donner avis à tous les locataires et
propriétaires de leurs droits et de leurs responsabilités qui
roulent autour de ce formulaire.
Le formulaire, comme le ministre l'a dit, est basé sur certaines
augmentations du coût, quelques-uns basés sur les augmentations
réelles et d'autres basés sur les formules qui seront...
Excusez?
M. Guay: Je m'excuse, je n'en suis pas certain, je peux me
tromper mais je ne pense pas qu'un formulaire aussi détaillé que
cela...
M. Scowen: Non?
M. Guay: Ah oui, oui! mais dans le projet de loi.
M. Tardif: M. le Président, d'accord, le
député...
M. Scowen: Est-ce qu'il veut que je termine ou non, M. le
Président?
M. Tardif: Oui mais je veux juste apporter une précision,
M. le Président, avec votre permission et celle du député
de Notre-Dame-de-Grâce. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce fait état d'un document de travail que je lui
ai remis et qui n'est pas dans la loi, effectivement, qui est un projet. Je
dois avouer et là-dessus, je l'ai mentionné dès mes
remarques de présentation que ces commentaires nous ont fait
réfléchir et il n'est pas sûr du tout que ce sera ce projet
de formulaire qui sera envoyé. Je ferme la parenthèse pour
l'instant. D'accord?
Ce que je veux savoir, c'est: Est-ce que l'estimation de 100 000
augmentations qui ne seraient pas autrement demandées résultait
d'une étude, d'une recherche empirique d'une évaluation un tant
soit peu scientifique ou objective? C'est sur cet aspect. Quant à
l'impact du questionnaire, je serais prêt à reprendre cela avec
lui à un autre moment.
M. Scowen: Bon. Si c'est accepté que ce formulaire ne sera
pas utilisé, est-ce que je peux comprendre que vous êtes
prêt à rayer l'article 83 qui donne le droit à la
régie de développer des formules et des formulaires en ce qui
concerne l'augmentation de loyer et de rendre l'usage obligatoire?
M. Tardif: Article 83?
M. Guay: 83, c'est de régie...
M. Scowen: 83? Je pense que c'est 83.
M. Guay: C'est de régie interne. Les règlements de
procédure de la régie...
M. Scowen: Je pense que c'est 83. Une Voix: C'est 83.
M. Scowen: Ce que je constate, soit dans celui-ci, soit dans les
autres formules développées par le gouvernement ou par la
régie, c'est l'intention de la régie de développer un seul
formulaire pour justifier les augmentations de loyer, d'en rendre l'usage
obligatoire à travers le Québec et de faire en sorte que tous les
locataires et les locateurs en soient conscients. Peut-être que je dois
terminer et après on pourra avoir une critique de cette analyse, si vous
voulez, M. le Président. Si c'est la vérité, je suis
persuadé et j'ai consulté beaucoup de monde pendant
l'été que si un tel formulaire, soit celui-ci ou un autre,
est rendu public, est imprimé, est obligatoire, est disponible à
toutes les caisses populaires et bureaux de poste à travers le
Québec...
M. Guay: II y a beaucoup de "si".
M. Scowen: ... si on donne le droit à une augmentation de
loyer basée en quelque sorte sur l'augmentation du coût, vous
aurez un instrument fort utile pour les propriétaires qui, jusqu'ici,
n'ont pas eu droit à des augmentations de loyer.
J'arrive maintenant à expliquer la façon selon laquelle je
suis arrivé à 100 000. Si je comprends bien, nous avons chaque
année à peu près 750 000 baux de signés; en 1977,
si je me rappelle bien je pense que c'était dans l'étude
de Matthews à peu près 30% des loyers au Québec
n'ont pas eu d'augmentation. En effet, vous en avez les deux tiers où le
loyer est augmenté et le tiers où il n'y a pas d'augmentation. Il
y a donc, chaque année à peu près 200 000 baux sur
lesquels il n'y a pas d'augmentation. Ce n'est pas une étude
empirique.
Je prévois, d'après notre expérience avec la
Commission de la lutte contre l'inflation, quand on a fait les mêmes
normes que normalement toutes les personnes qui savent qu'elles ont droit
à une augmentation, si elles font tout simplement le nécessaire
sur un formulaire du gouvernement, elles vont essayer d'en profiter. Devant un
formulaire du gouvernement imprimé au nom de la Régie des loyers
donnant au bas le droit à une telle augmentation, devant un document
comme ça, un propriétaire pourra dire: C'est permis par le
gouvernement, comme vous le voyez, par la régie, c'est mon droit. Les
locataires vont arrêter de faire la lutte contre cela parce qu'ils vont
constater que c'est non seulement le propriétaire, mais le gouvernement.
En effet, comme ce fut le cas à la Commission de la lutte contre
l'inflation, la Régie des salaires a permis un maximum de 6% et le
maximum est devenu le minimum. Quand j'ai dit 100 000, j'aurais pu dire 200 000
parce qu'en principe je suis persuadé que le tiers des locataires qui y
ont droit vont essayer de profiter de cet instrument que vous leur donnez.
Mais simplement pour ne pas exagérer et croyant qu'il y a encore
un certain jeu dans le marché quant au choix des personnes de
déménager, j'ai dit 100 000, et je suis persuadé que je
n'exagère pas. Voilà.
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... j'aimerais poser une question au ministre. Je ne
sais pas s'il y a complicité entre le gouvernement et l'Opposition
officielle. Je demande au ministre s'il y aurait possibilité d'avoir le
formulaire que vous avez eu la gentillesse de remettre au député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tardif: M. le Président, sauf erreur, le soir
même de l'étude du projet de loi en deuxième
lecture, j'ai remis personnellement ces formulaires à
l'Opposition.
M. Scowen: Est-il question de la réglementation aussi?
M. Tardif: Non, non. J'ai remis trois projets de
règlements en disant que ces règlements, je m'étais
engagé à les remettre ici, lors de l'étude article par
article; j'ai devancé la remise en les donnant ce soir-là.
M. Cordeau:... les règlements. Nous sommes tous deux
membres de la commission permanente et nous ne les avons pas.
M. Tardif: II est tout à fait possible qu'en ce dernier
soir de session...
M. Cordeau: Ce n'est certainement pas une complicité
voulue.
M. Tardif: ... les documents se soient égarés ou
que leurs lecteurs se soient égarés, mais il me fera plaisir d'en
remettre des exemplaires à l'Opposition à l'instant même,
aussitôt qu'on les aura. D'accord?
M. Scowen: M. le Président, pour terminer...
M. Cordeau: C'est certainement un précédent de
complicité.
M. Scowen: ... ajoutée aux 100 000 il y a la question de
l'ajustement de base, du loyer de base. Vous verrez, M. le ministre,
après la mise en vigueur de cette affaire-là, que vous serez
obligé de donner ce qu'on appelait à la commission un "low base
relief", un ajustement pour les propriétaires qui vont venir vous voir
et vous dire: Ecoutez, nous tomberons en faillite à moins de pouvoir
ajuster notre loyer parce que le loyer de base n'est pas acceptable. (12
heures)
Face au problème de pertes substantielles ou le refus d'un
propriétaire de même entretenir son appartement, comme il est
arrivé dans d'autres villes, je dois ajouter que vous serez
obligé dans certains cas, d'ajuster le loyer de base de certains
propriétaires. Mais vous ne serez jamais en mesure d'ajuster, en
diminuant, ceux qui font des profits excessifs, parce que vous ne serez jamais
conscient de ces cas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je pense qu'on rentre dans les articles,
actuellement, cela déborde un peu la question précise des 100
000. Est-ce que les membres sont prêts à commencer à
étudier article par article...
M. Tardif: Un instant. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a fait son argumentation. Il me semble que de ce
côté-ci, on pourrait au moins donner la réplique avant...
parce que comme c'est là, on a posé une question et on a eu une
réponse, mais on peut peut-être...
M. Scowen: M. le Président, excusez-moi, ce n'était
pas du tout mon intention de faire une argumentation. On m'a demandé
d'expliquer une déclaration que j'ai faite. J'ai même
suggéré que cela se fasse à l'intérieur des
articles...
Le Président (M. Laberge): Exactement, je le prends dans
ce sens-là, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce et
je ne vois pas les argumentations sur ce...
M. Tardif: Est-ce que le ministre n'a pas le droit de parole
privilégié?
Le Président (M. Laberge): Oui, mais actuellement, le
ministre fait appel à l'article 1.
Une Voix: S'il y a consentement...
Le Président (M. Laberge): Si c'est cela que vous voulez,
allez-y. Je suis bien d'accord.
M. Tardif: M. le Président, avec votre permission, je
voudrais être assez indulgent, parce que je pense que s'il y a un certain
nombre de malentendus qui sont dissipés dès le départ, si
on sait sur quelle base chacun s'appuie pour faire ses projections, je pense
que cela pourra nous aider plus tard.
Je remercie le député de D'Arcy McGee, pardon, de
Notre-Dame-de-Grâce ce sont des comtés assez voisins quand
même de nous avoir expliqué le cheminement de sa
pensée, raisonnement très logique, sauf que, je n'ai pas saisi
où il a pris ce sur quoi il s'apuie pour arriver au chiffre de 100 000.
C'est-à-dire que, soi-disant que le tiers des locataires ne feraient pas
l'objet d'une demande d'augmentation de la part de leurs propriétaires,
d'où vient le ratio un tiers-deux tiers?
M. Scowen: C'était si je me rappelle bien
dans le rapport Godbout-Matthews qui a donné les détails sur le
niveau d'augmentation des loyers...
M. Tardif: D'accord, on trouvera la référence
exacte.
M. Scowen:... comme zéro à aucune augmentation,
zéro à 3%, des choses comme cela.
M. Tardif: C'est plus élevé qu'un tiers.
Ma deuxième question, M. le Président je l'ai
mentionnée tantôt, mais je voudrais la répéter et
aussi corriger immédiatement un chiffre qui a été
avancé. Tantôt, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, dans son intervention initiale, a dit: 80% des
logements appartiennent au secteur privé, ce que nous nous sommes
empressés de corriger de ce côté-ci de la salle, en disant:
Ce n'est pas 80%, c'est 97%. Sauf que tantôt, lorsqu'il est revenu, en
invoquant la question de règlement, en cherchant à corriger
certaines interprétations, M. le Président, il en est venu
à parler non pas de la propriété des logements, mais du
volume de construction.
Alors, là, il en est venu à parler non pas de la
propriété des logements, mais du volume de construction.
Là, on ne parle plus de la même chose, parce que si cette
année, la Société d'habitation du Québec construit
6000 logements et si par ailleurs, le stock total de logements mis en chantier
cette année est de 40 000 au Québec, 6000 sur 40 000, c'est donc
dire que la société ou le secteur privé occupera
peut-être quelque chose comme 80% du volume de construction cette
année. Mais dans le parc immobilier total de 2 millions de logements au
Québec, il y a à peu près 25 000 HLM et à peu
près 2000 coopératives. Alors, c'est là que je dis sur 2
millions, on n'a même pas 2% de logements qui appartiennent à
d'autres que le secteur privé. Alors, je voulais faire la distinction
entre le pourcentage de 80% et celui de 97%. Les 80% s'appliquent au volume de
logements produits cette année et les 97% s'appliquent à
l'ensemble du parc immobilier. On a déjà eu des échanges
de chiffres, on ne parlait pas de la même chose.
Une Voix: C'est effrayant.
M. Guay: M. le Président, j'ai encore droit de parole, je
crois.
Le Président (M. Laplante): Une courte intervention.
M. Guay: C'est simplement que l'affirmation des 100 000 logements
cela me fait penser aux 100 000 emplois de jadis. Je ne suis pas sûr que
ce soit beaucoup plus fondé. D'abord, on se base sur un formulaire
hypothétique qui ne fait pas partie de la loi. Il est certain qu'il y a
un article dans la loi qui prévoit la possibilité de faire des
formulaires, mais celui-là n'est qu'une hypothèse et ce n'est pas
nécessairement celui-là qui sera fait éventuellement.
On estime à partir d'une étude de Matthews à un
tiers, si j'ai bien compris, approximativement, le nombre de locataires qui
n'ont pas reçu d'avis d'augmentation de loyer de leur
propriétaire au cours de l'année où s'est faite cette
étude. En conséquence de quoi on dit: Automatiquement, du fait de
l'entrée en vigueur de ce projet de loi no 107, il y aurait
automatiquement un avis d'augmentation de loyer. Les propriétaires qui
savent qu'en vertu des dépenses qu'ils ont faites ou de la hausse de
l'impôt foncier, généralement, savent qu'à partir de
cela ils peuvent prétendre à une augmentation de loyer, si
vraiment ils veulent l'obtenir, à partir de ces deux faits entre autres.
Si le propriétaire ne l'a pas fait, je présume qu'il n'a pas fait
de réparation ou il n'y a pas eu d'augmentation d'impôt foncier.
S'il n'a pas fait ces choses, s'il n'y a pas eu d'augmentation d'impôt,
s'il n'a pas fait de réparation, en vertu du projet de loi no 107, en
vertu du formulaire même qui n'est qu'hypothétique, il n'aurait
pas plus le droit à une augmentation de loyer. Ce n'est pas automatique
qu'à partir du moment où la loi 107 entre en vigueur ou
qu'à partir du moment où ce formulaire, à supposer qu'il
soit retenu, entre en vigueur que tous les propriétaires du
Québec s'adresseront automatiquement à tous leurs locataires pour
obtenir une augmentation. Cela varie d'un cas à l'autre.
L'avantage de la formule qui est proposée dans le projet de loi
no 107, c'est que ce n'est pas une augmentation uniforme contrairement à
l'Ontario, 6% pour tout le monde. C'est une augmentation qui varie d'un
logement à l'autre selon la modification des charges financières
qui pèsent sur le propriétaire au cours de l'année pour ce
logement. Il se peut qu'il n'y ait pas d'augmentation du tout. Si je prends
l'année qui vient et si un propriétaire n'a pas fait de
réparation, ne fût-ce qu'à cause de la réforme de la
fiscalité municipale, il se peut aussi que dans certaines
municipalités on n'augmente tout simplement pas bon an mal an,
peu importe réforme ou pas réforme la charge fiscale,
l'impôt foncier. Dans ces logements il n'y aura pas d'augmentation
permissible et je ne vois pas en vertu de quoi le projet de loi no 107,
même avec un formulaire hypothétique comme celui-là,
deviendrait un passeport à un chiffre aussi hypothétique que 100
000 ou 200 000 augmentations de loyer automatiques. Il ne m'apparaît y
avoir absolument aucun rapport de cause à effet entre le fait de
l'entrée en vigueur de cette loi et même de cet
hypothétique formulaire et qu'au bout du compte des propriétaires
qui n'avaient pas droit à une augmentation de loyer obtiendraient
soudainement une augmentation de loyer. Ils n'y auront pas plus droit.
Si les 100 000 ou les 200 000 n'ont pas cherché à obtenir
l'augmentation de loyer c'est peut-être qu'ils savaient au départ
qu'ils n'y avaient pas droit. S'ils savaient au départ qu'ils n'y
avaient pas droit, en vertu de quoi, en vertu de la nouvelle loi, ils
s'imagineront tout d'un coup qu'ils y auront droit.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je suis sensible aux arguments
du député de Notre-Dame-de-Grâce, pas aux chiffres qu'il
avance, mais au raisonnement et à l'effet, à la
possibilité d'un effet secondaire non recherché du type qu'il
décrit. J'aimerais cela, en temps et lieu, avoir des membres de cette
commission des suggestions sur la façon d'obvier à cet effet
secondaire que personne ne recherche. On veut empêcher les hausses
abusives. On veut empêcher que le droit au logement soit un droit
illusoire en permettant des augmentations que les gens ne peuvent pas supporter
et qui équivalent à une expulsion ou une éviction. On dit:
Très bien, faisons cela, mais sans provoquer, à l'autre
extrémité, des augmentations qui n'auraient pas été
demandées. Je suis tout à fait d'accord sur l'objectif poursuivi
et toute suggestion, d'où qu'elle vienne en cette Chambre ou d'ailleurs
pour parvenir à ce résultat, est bienvenue.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. On a parlé
durant quelques minutes beaucoup du prix des loyers de l'augmentation et tout
cela. Je suis d'accord sur la plupart des arguments qui ont été
évoqués de part et d'autre. Je pense qu'on est pas mal sur la
même longueur d'onde.
Cependant, le député de Saint-Hyacinthe a attiré
tout à l'heure l'attention du ministre sur d'autres questions que celle
du prix, en particulier l'espèce de disproportion qui est faite entre
les droits des locataires et les droits des propriétaires. On veut, par
exemple, qu'à l'avenir, lorsque la loi sera adoptée, si le
locateur veut augmenter son loyer et que le locataire refuse, ce soit au
locateur de faire une demande en ce sens à la régie. On inverse
le fardeau de la preuve comme il existait auparavant.
M. Tardif: M. le Président... M. Fontaine: Oui,
allez-y.
M. Tardif: ... il faudrait corriger cela
immédiatement.
M. Fontaine: C'est l'article 1658-6.
M. Tardif: De la part d'un membre avocat de cette commission,
dire qu'on inverse le fardeau de la preuve...
M. Fontaine: 1658-6.
M. Tardif: M. le Président, je demande
immédiatement de pouvoir corriger cela parce que, d'abord, le fardeau de
la preuve a toujours incombé au propriétaire qui doit
démontrer que l'augmentation qu'il voulait était
justifiée. Il a toujours eu le fardeau de la preuve. Ce dont veut sans
doute parler le député de Nicolet-Yamaska, c'est le fardeau de la
démarche.
M. Fontaine: Oui. De la démarche.
M. Tardif: Ah bon! Déjà, c'est différent. M.
le Président, je m'inscris en faux également contre cette
interprétation parce que je pense qu'il faut plutôt parler d'un
fardeau partagé entre les deux. Je pourrai en faire la
démonstration plus tard. Mais l'autre, le fardeau de la preuve, cela
aurait été vraiment un changement du tout au tout.
M. Fontaine: En tout cas, nous disons que la loi souligne souvent
et avec raison les préjudices pouvant être causés au
locataire. Toutefois, on passe assez souvent également sous silence cet
élément lorsqu'il en est question pour le propriétaire. On
parle également, de notre côté, d'une bureaucratie
supplémentaire qui est apportée par cette loi. On dit, par
exemple, qu'en première instance, la régie va rendre une
décision, et si un litige survient, ce sera encore la régie qui
pourra être partie intéressée à une cause, par
exemple, en Cour supérieure. On note certains articles abusifs qu'on
avait mentionnés au cours de la deuxième lecture. On note
également la disparition du privilège du locateur. L'article 1637
du Code civil ne s'appliquerait plus au bail d'un logement. L'article 1637
disait: "Le locateur a, pour la garantie de ses droits, un privilège sur
les effets mobiliers se trouvant sur les lieux et qui appartiennent au
locataire."
M. Tardif: Je ne peux pas croire qu'on défende encore
aujourd'hui la saisie avant jugement. Je ne peux pas croire qu'on entende une
chose semblable; qu'on vienne défendre aujourd'hui, en 1979, la saisie
avant jugement.
M. Fontaine: Pourquoi?
M. Tardif: Saisir les biens de quelqu'un avant qu'un jugement ait
été rendu! Cela me renverse.
M. Fontaine: Cela existe toujours dans notre droit.
M. Tardif: Oui. On était le seul endroit en
Amérique, je pense, où on avait encore cette antiquité
dans le droit et on l'a fait sauter ici. C'est vrai.
M. Fontaine: Aujourd'hui, ceux qui sont propriétaires
d'immeubles savent ce que c'est. Ils ont souvent affaires à des
locataires qui sont assez difficiles à retracer à un moment
donné.
M. Tardif: En tout cas, M. le Président...
M. Fontaine: Ceux qui pratiquent couramment dans ce domaine le
savent. C'est un domaine auquel les locateurs ont à faire face tous les
jours...
M. Tardif: M. le Président, des recours...
M. Fontaine: ... et enlever cet article, nous prétendons
que c'est reculer plutôt qu'avancer. On en a également, M. le
Président, contre le coût et la taille de la régie. On ne
sait pas encore combien coûtera cet appareil bureaucratique. On ne sait
plus quelle sera la taille de ce nouvel appareil bureaucratique, car la loi ne
fait qu'indiquer qu'il y aura des régisseurs en nombre suffisant. On en
a discuté également en deuxième lecture et on aura
l'occasion d'y revenir tout à l'heure. La régie peut imposer des
conditions qu'elle estime justes et raisonnables. Quels sont les
critères pour déterminer si une condition est juste et
raisonnable? Ce n'est pas défini et je ne pense pas qu'on le
définisse non plus dans les règlements. M. le Président,
ce sur quoi on veut attirer l'attention du ministre, ce sont ces deux points;
l'augmentation de l'appareil bureaucratique et la disproportion qui peut
exister à un moment donné entre les droits des
propriétaires et les droits des locataires.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'on va appeler
l'article 1. L'intervention du député de Nicolet-Yamaska, en
dehors de cette question de
la saisie avant jugement, qui est avantageusement, je pense,
remplacée par le recours qu'auront dorénavant les petits
propriétaires devant la Cour des petites créances pour tout ce
qui touche le logement est, je pense, une procédure beaucoup plus
équitable que celle de la saisie avant jugement qui, encore une fois,
est un vestige d'une autre époque en ce qui me concerne.
M. Fontaine: C'est bien beau d'avoir un jugement, mais quand on
ne trouve plus le débiteur, c'est difficile à exécuter.
(12 h 15)
M. Guay: Le député de Nicolet pourrait
peut-être proposer l'emprisonnement pour dette, quant à faire!
M. Fontaine: Non, mais la saisie avant jugement était une
procédure qui permettait de conserver les droits.
M. Tardif: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 1.
Le Président (M. Laplante): Projet de loi 107, titre 1, la
Régie du logement. Chapitre I, application. J'apelle l'article 1. M. le
ministre.
Etude du projet de loi
Régie du logement
Application
M. Tardif: Cet article complète la définition du
mot "logement" telle qu'utilisée dans le Code civil. Il la
complète en ce sens que pour les fins des articles 32 et suivants,
reliés à la conservation du stock de logements, cette
définition doit inclure non seulement un logement qui est occupé,
mais bien un logement qui est offert en location ou qui est devenu vacant
après location sans quoi, évidemment, dès qu'un logement
devient vacant, s'il perdait cette qualité d'être un logement, on
pourrait donc en faire ce qu'on veut et le démolir, contrairement aux
articles qui sont prévus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, avez-vous des commentaires sur l'article 1?
M. Scowen: En ce qui concerne le premier article, à moins
que mes collègues aient un mot à dire là-dessus, je pense
que ça ira. L'exemption pour les cinq ans est prévue dans les
articles?
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe, avez-vous des commentaires?
M. Cordeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Habituellement, lorsqu'un projet de loi
établit de nouvelles règles, assez souvent et presque toujours
une série de définitions nous est donnée soit à
l'article 1 ou à l'article 2. J'aimerais que le ministre nous dise
pourquoi on ne nous donne pas certaines définitions. Par exemple, la
définition d'un corps public, la définition d'un conciliateur. On
retrouve ce terme à plusieurs reprises dans la loi et il n'est pas
défini. A l'article 140, je pense, on dit qu'il va y avoir un ministre
désigné pour le titre 1 ; dans la première version, on
disait quel serait le ministre désigné alors qu'ici on ne le
donne pas. Est-ce que ce sera le ministre des Affaires municipales, est-ce que
ce sera le ministre de la Justice? Est-ce qu'il y aura juridiction
partagée entre les deux? Le ministre pourrait-il nous dire pourquoi on
ne donne pas de telles définitions?
M. Tardif: Partout où la définition ne paraît
pas dans la loi, c'est qu'elle a le sens que lui donne le petit dictionnaire.
Un conciliateur, dans le petit dictionnaire, est une personne qui cherche
à amener les parties à s'entendre. Il ne faudrait quand
même pas qu'on répète dans les textes de loi la
définition de tous les mots utilisés. Donc, dès lors que
c'est le sens qu'on retrouve au dictionnaire, aucun problème.
Quant à l'autre expression, le ministre des Affaires municipales
ou le ministre désigné par le gouvernement, justement, une
révision de la loi en question nous a appris que cette loi était
passée d'un ministère à l'autre, à un moment
donné, et il nous a semblé préférable d'adopter
cette formulation en laissant le Cabinet désigner le ministre titulaire
de cette loi. Ce sera le ministre des Affaires municipales ou ce sera quelqu'un
d'autre.
M. Fontaine: Pouvez-vous nous dire, dans l'intention
immédiate du gouvernement après l'adoption de cette loi, qui sera
le ministre désigné?
M. Tardif: Je n'ai aucune précision à apporter
à ce sujet-là. Pour autant que je sache, cela continue à
être le ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Normalement, quand on voit, au premier article d'un
projet de loi, une définition du mot "ministre", qui est
généralement fort simple le ministre désigné
en vertu de l'article untel pour être responsable de l'application de la
loi c'est parce qu'à divers articles on lit: Le ministre pose tel
geste. En l'absence d'une telle définition, pouvons-nous, de l'avis du
greffier en loi, conclure à chaque endroit où on lit: Le ministre
pose tel geste, que c'est implicite, que c'est le ministre
désigné en vertu de l'article en question?
M. Tardif: De l'avis des légistes du gouvernement, oui, M.
le Président.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 1 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 2.
M. Tardif: L'article 2, M. le Président, vient
également compléter la définition du mot "logement" pour
les fins de cette loi, puisqu'elle étend ceci évidemment au
terrain destiné à l'installation d'une maison mobile et ceci,
afin d'éviter des renvois compliqués et artificiels pour les
articles qu'on verra plus loin. On le précise.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, le ministre pourrait-il
m'expliquer pourquoi cet article est nécessaire quand, dans l'article
1650.3, il est clairement dit que les articles 1650 et suivants s'appliquent
également, en faisant les adaptations requises au bail d'un terrain
destiné à l'installation d'une maison mobile et que l'article 1,
chapitre I dit que cet article est là-dedans? Est-ce parce qu'on termine
à l'article 2? Pourquoi ne dit-on pas à l'article 1 : "un
logement visé dans les articles 1650 et 1650.3", en laissant tomber
l'article 2? Il me semble que c'est une duplication.
M. Tardif: M. le Président, on m'informe que l'effort que
souligne le député de Notre-Dame-de-Grâce a
été tenté pour en venir à une seule formulation,
mais c'était finalement préférable de procéder de
cette façon. C'était plus simple. Il y a eu trois ou quatre
versions d'essayées, pour le dire justement dans le même
paragraphe et, finalement, ce ne serait ni élégant ni
pratique.
M. Scowen: Pour les profanes, il me semble que ma suggestion de
changer simplement l'article 1, de dire "dans les articles 1650 à
1650.3" est plus simple et plus claire. Est-ce que j'ose demander le
raisonnement derrière l'autre solution?
M. Tardif: M. le Président, justement, j'ai ici en
parallèle la première version de l'article 1 du projet de loi 107
qui était rédigée exactement comme le souligne le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Il y a eu des groupes qui,
en commission parlementaire, sont venus nous dire que ce n'était pas
évident du tout que c'était couvert de cette façon.
Puisqu'il y avait, dans l'esprit des gens qui s'y étaient penchés
avec leurs avocats, des doutes, à plus forte raison pensions-nous qu'il
pourrait y en avoir auprès de gens qui parcourraient la loi. Ce n'est
pas...
M. Scowen: Je m'excuse, mais ce n'est pas clair pour moi que,
simplement parce que quelqu'un dans un mémoire a suggéré
un change- ment, on doive l'accepter. Si oui... Mais votre conseiller croit-il
que mon raisonnement est faux? Je pense que...
M. Tardif: A la limite, M. le Président, je pense que le
raisonnement du député de Notre-Dame-de-Grâce est juste.
Effectivement, il serait possible techniquement de rédiger un tel
article qui comprenne les deux. On dit...
M. Scowen: Avec le changement d'un seul chiffre.
M. Tardif: Cela nous amène à dire, M. le
Président, si on prend l'ancienne formulation que j'ai devant moi qui se
lisait comme suit: "Pour l'application du présent titre, on entend par
logement un logement visé dans les articles 1650 à 1650.3 du Code
civil qui est loué, offert en location ou qui est devenu vacant
après une location". Or, ceci venait à dire carrément
qu'un terrain de maison mobile, c'est un logement, alors que la formulation en
le séparant, en disant que le présent titre s'applique
également, en faisant les adaptations requises à un terrain
loué, on dit que ces dispositions s'appliquent, mais cela n'en constitue
pas un logement pour autant.
M. Scowen: Finalement, j'ai fini par comprendre. Je vous
remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je crois que c'est l'Association des
commerçants de maisons mobiles qui avait fait cette demande.
Le Président (M. Laplante): L'article 2 est-il
adopté?
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... un très bref commentaire que j'ai
déjà fait en d'autres occasions. Le gouvernement s'est
imposé un programme de francisation. Ce programme fait disparaître
de bonnes vieilles expressions comme "mutatis mutandis", sauf que le programme
de francisation n'est pas uniforme. Les rédacteurs des projets de loi ne
semblent pas s'entendre sur l'expression française à utiliser.
Dans certains cas, c'est "en l'adaptant". Dans d'autres cas, c'est "en faisant
les adaptations requises". Je voudrais simplement inciter le gouvernement
à plus d'uniformité dans son programme de francisation.
Le Président (M. Laplante): L'article 2 est-il
adopté?
M. Tardif: Les légistes en ont pris note.
Le Président (M. Laplante): Adopté? J'appelle
l'article 3.
M. Tardif: L'article 3, M. le Président, est clair. Il
vise à éviter toute polémique qui pourrait être
soulevée à savoir si la Couronne est liée ou pas par cette
loi. Alors, le gouvernement s'y soumet volontiers et il le dit
carrément.
Le Président (M. Laplante): L'article 3 est-il
adopté?
M. Scowen: J'ai seulement une petite question.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Scowen: Qui n'est pas lié par les lois? Je
présume que le fédéral, avec les habitations que vous leur
avez demandé de retenir au moins sur une base temporaire, n'est pas
lié. Est-ce vrai?
M. Tardif: Non, M. le Président. Les augmentations dans
des immeubles, peu importe qui en est le propriétaire, sont soumises au
contrôle de la régie y compris des immeubles...
M. Scowen: ... du Québec.
M. Tardif: On me souligne qu'effectivement,
constitutionnellement, le problème pourrait être soulevé,
mais dans le cas des logements et cela représente le gros des
logements appartenant à une agence fédérale, les reprises
de possession, par exemple, de la Société centre
d'hypothèques et de logement, qui étaient au nombre d'une
vingtaine de mille au Québec ils acceptent volontiers la
juridiction de la régie en la matière. Ils ne la contestent pas
sur le plan constitutionnel.
M. Scowen: Oui, oui. Je me posais la question aussi. En effet,
c'est une question juridique. Il est lié. Cela reste une question, mais
ils ont accepté de ne pas poser la question, si vous voulez.
M. Tardif: Jusqu'à maintenant, cela n'a jamais
été soulevé.
M. Scowen: Y a-t-il d'autres logements, qui appartiennent aux
autres instances, qui ne sont pas liés? Est-ce que les
coopératives, les...
M. Tardif: Les coopératives tombent sous le coup de cette
loi. Il y a des modalités particulières, évidemment, selon
qu'on est membre ou non de la coopérative comme telle.
M. Scowen: Les logements qui appartiennent, par exemple, à
des sociétés dans les villages, dans le Grand Nord, etc. sauf
avec l'exception qui est indiquée, ils sont liés...
M. Tardif: C'est cela, sauf s'il s'agit de logements publics dits
HLM, auquel cas la méthode de fixation de loyer n'est pas la
même.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant les coopératives, M. le
Président, est-ce qu'un individu qui loue un logement d'une
coopérative, qui est membre lui aussi de la coopérative, bien
sûr, peut aller devant la régie s'il trouve que l'augmentation de
son loyer est exagérée et s'il trouve que la direction de la
coopérative abuse?
M. Tardif: M. le Président, ceci est couvert par l'article
1658.21, où on dit que les articles 1658.6 à 1658.20,
c'est-à-dire ceux relatifs à la fixation du loyer, paragraphe 2,
ne s'appliquent pas au bail d'un logement loué par une
coopérative d'habitation à l'un de ses membres. Dans le cas d'un
membre d'une coopérative, étant en quelque sorte
copropriétaire, à titre de sociétaire membre de la
coopérative, c'est au sein de cet organisme que doit se
déterminer le montant du loyer que les sociétaires s'imposent, en
quelque sorte. (12 h 30)
M. Cordeau: Nous reviendrons sur le sujet à cet
article-là.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais faire un
commentaire qui pourrait paraître étrange dans ma bouche. C'est un
article qui paraît bien. Le gouvernement dit, en quelque sorte, que
l'Etat n'est pas au-dessus de la loi, que le gouvernement respectera la loi, ce
qui pourrait être perçu comme une vérité de La
Palice, mais qui a quand même sa raison d'être sur le plan
juridique. Je reconnais cela. Dans le cas qui nous préoccupe ici, je ne
vois pas de mal à ce que cet article paraisse dans la loi. Le
gouvernement, et notamment ses mandataires et organismes, n'établiront
pas leurs échelles de loyer indépendamment des règles qui
devront être suivies par tous les autres. Mais il y a, je pense, M. le
Président, une mise en garde à faire parce que le gouvernement
actuel est en train parce que c'est une innovation
d'établir un précédent, une tradition que, dans autant de
lois que possible, le citoyen pourra lire "la présente loi lie le
gouvernement et ses ministères, ses organismes et mandataires".
Il ne faudra pas, M. le Président et je l'ai dit au sujet
du projet de loi sur l'aménagement et l'urbanisme que le
gouvernement, par de tels articles dans toutes les lois, sacrifie son pouvoir
de gouverner, et c'est important, M. le Président. Il y a des situations
où le gouvernement, en se liant, peut permettre à d'autres, qui
n'ont pas le même mandat, qui ne sont pas élus pour exercer le
même mandat, de prendre une série de décisions qui
reviennent de droit au gouvernement. C'est une mise en garde que je voulais
exprimer. Je me sens obligé de le faire par une question de principe
d'autorité dans une société comme la nôtre.
Le Président (M. Laplante): L'article 3 sera-t-il
adopté avant... Je vais suspendre, si vous ne l'adoptez pas,
jusqu'à 14 heures. Les travaux sont...
M. Guay: Si vous me le permettez...
Le Président (M. Laplante): ... suspendus jusqu'à
14 heures.
Suspension de la séance à 12 h 33
Reprise de la séance à 14 h 10
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission des affaires municipales pour
l'étude article par article du projet de loi no 107, Loi instituant la
Régie du logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives.
A la suspension des travaux, nous en étions à l'article 3
et la parole était au député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que nous avons quorum, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, nous avons quorum,
monsieur.
M. Fontaine: Je vous ferais remarquer qu'il n'y a que deux
députés du...
Le Président (M. Laplante): Vous savez bien que le
président, n'aurait pas ouvert l'assemblée s'il n'y avait pas eu
quorum.
M. Fontaine: Je voulais tout simplement faire remarquer qu'il n'y
a que deux députés ministériels de l'autre
côté des banquettes.
Le Président (M. Laplante): Suivant les règlements,
monsieur, vous m'avez demandé s'il y avait quorum. Je vous ai
répondu que oui. Le quorum est de six et nous sommes sept.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Si nous prenions un
vote immédiatement, je pense que ça...
Le Président (M. Laplante): C'est à vous de
décider, monsieur.
M. Goldbloom: Nous demandons un vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Le président votera,
à ce moment-là. Article 3.
M. Fontaine: Pas de problème?
Le Président (M. Laplante): Pas de problème.
M. Fontaine: On va voter. S'il n'y a pas de problème, on
va voter.
Une Voix: Voter sur quoi?
Le Président (M. Laplante): Sur quoi voulez-vous
voter?
M. Fontaine: Sur l'article 3.
Le Président (M. Laplante): Oui? J'appelle le vote sur
l'article 3, d'accord? Etes-vous consentants à voter?
M. Goldbloom: Ah oui!
M. Caron: J'aimerais bien savoir sur quoi je vais voter...
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais quelques
commentaires à fournir.
Le Président (M. Laplante): Bon, là, vous revenez
au sérieux? D'accord. Article 3, messieurs.
M. Fontaine: Je voudrais attirer l'attention du ministre sur le
mot "organismes". On mentionne à l'article 3 que "la présente loi
lie le gouvernement, ses ministres, ses organismes et mandataires." Le mot
"organismes" n'est pas tout à fait défini. On ne sait pas trop
exactement de quoi il s'agit. Des organismes du gouvernement peuvent être
bien différents, que ce soit tel ou tel organisme, il y a des
différences entre chacun des organismes.
Dans d'autres lois, on voit que le mot "organisme" est défini. On
a eu l'exemple de la loi 90, je pense, la Loi sur la protection du territoire
agricole, où il y avait une définition des mots "organisme
public". Je pense que la même définition, ou à peu
près la même chose, est reprise dans la loi no 125. Egalement, il
y a eu, dans les mémoires qui ont été
présentés, une recommandation du Barreau de définir plus
spécifiquement les mots "organisme public", afin qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté et d'être bien sûr que tel ou tel organisme
est lié par la loi que le gouvernement veut adopter.
Le Barreau suggérait de reprendre la définition qui nous
était donnée dans la loi 90, qui se lit comme suit: "Organisme
public: une corporation scolaire ou un organisme dont le gouvernement ou un
ministre nomme la majorité des membres, dont la loi ordonne que le
personnel soit nommé et rémunéré suivant la Loi de
la fonction publique (1965,1ère session, chapitre 14) ou dont le
capital-actions provient, pour plus de la moitié, du fonds
consolidé du revenu."
Je pense que cette définition est assez claire et nous dit
exactement ce qu'est un organisme qui doit être considéré
comme public. Je suggère bien humblement au ministre des Affaires
municipales
qu'il devrait songer à définir les mots "organisme
public", pour qu'on sache bien de quoi il s'agit.
M. Tardif: M. le Président, je comprendrais l'objection du
député de Nicolet-Yamaska si non, mais enfin, le sens de
son intervention cette loi avait, je dirais, un caractère
d'exception et ne lierait que certains organismes et non pas d'autres. Mais, au
départ, il faut bien se mettre dans la tête que l'univers
visé par la loi, c'est l'univers total des immeubles offerts en location
permanente au Québec, aussi bien appartenant au secteur privé,
coopératif, que ceux appartenant à des commissions scolaires,
à des municipalités, à une régie d'Etat.
J'ai en mémoire le cas des immeubles de la rue Ontario qui
appartenaient à la Régie des loteries et courses du
Québec, lorsqu'elle a acquis le quadrilatère au coin d'Ontario et
de Saint-Denis, par exemple, et dont les immeubles tombaient sous la
compétence de la régie. Dans ce cas-là, évidemment,
le mot "organisme" est au sens le plus large du terme. Et si ce ne sont pas des
organismes gouvernementaux, ce seraient des organismes pa-ragouvernementaux ou
privés qui sont, de toute façon, astreints à cette loi.
C'est pour ça que ça ne m'apparaît pas tellement important
ici de le préciser dans ce sens, mais je pourrai vérifier
tantôt avec les légistes de la régie là-dessus.
M. Fontaine: Je comprends. Ce que vous dites, c'est que ce soit
un organisme gouvernemental ou que ce soit un organisme privé, de toute
façon, la loi s'y applique.
M. Tardif: De toute façon, la loi s'y applique. M.
Fontaine: D'accord, j'accepte... M. Goldbloom: M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... j'aimerais revenir brièvement à
ce que j'ai soulevé avant la suspension. J'ai réfléchi au
projet de loi no 125, dont le ministre des Affaires municipales sera le
responsable qui contiendra un article identique, je pense, à savoir que
"la présente loi lie le gouvernement, ses ministères, ses
organismes et mandataires..." Il y a pourtant dans l'autre loi, celle sur
l'aménagement et l'urbanisme, une série d'articles qui ont pour
effet d'enlever cette liaison, de faire en sorte que le gouvernement n'est
vraiment pas lié du tout. Le ministre d'Etat à
l'aménagement, en cherchant à expliquer pourquoi la loi avait
été construite et rédigée de cette façon, a
dit je ne voudrais pas mal le citer ou caricaturer ses mots; j'essaie
d'être aussi fidèle que possible "nous établissons
le principe que le gouvernement est lié mais, dans les faits quotidiens
de l'administration publique, il faut que le gouvernement puisse aller à
rencontre de certaines décisions prises au niveau local ou
régional".
Ma réaction a été: Mais, dans ce cas, pourquoi
inscrire dans une loi un article qui est presque fictif, parce que, dans les
faits, le gouvernement n'est pas lié; il se donne, de façon
très explicite, le pouvoir de passer outre aux décisions qui
seraient prises, en vertu de cette même loi, par d'autres instances? La
réponse a toujours été: Nous établissons un
principe. Mais c'est sur ce principe que j'insiste, M. le Président.
Dans un cas comme celui que nous avons devant les yeux, il convient plus
facilement de déclarer que le gouvernement est lié,
c'est-à-dire que le gouvernement va se comporter en bon citoyen. Et
surtout dans ce cas-ci, ce sont des organismes et les mandataires qui risquent
d'être, à un titre ou à un autre, propriétaires ou
locataires, et intéressés par l'application de cette loi. Mais
quand il s'agit de l'aménagement du territoire je ne veux pas
refaire l'argumentation, M. le Président, je fais la comparaison pour
souligner le point qui me paraît assez fondamental quand il s'agit
de la prise de décisions qui affectent l'ensemble des citoyens, pour ma
part, je trouve plus logique que le gouvernement se donne le pouvoir de passer
outre, quand il faut que le gouvernement assume ses responsabilités au
nom de la collectivité québécoise, que de prendre
l'habitude de dire, un peu partout dans les lois du Québec: La
présente loi lie le gouvernement, ses ministères, ses organismes
et mandataires...
Je pense, M. le Président, que si nous sommes pour prendre
l'habitude d'écrire de tels articles, il faudra que ces articles
veuillent dire, dans les faits, exactement cela, que le gouvernement est
effectivement lié, ce qui n'est pas le cas dans l'autre loi. Ce n'est
que l'établissement d'un principe. L'obligation est imposée au
gouvernement, s'il veut passer outre à des décisions locales ou
régionales, de le faire devant tout le monde par un processus qui permet
à l'opinion publique de prendre connaissance du fait que le gouvernement
est en train de passer outre à ce qui a été
décidé localement, tout en invoquant l'autonomie municipale, la
démocratie et tout ce que vous voudrez.
Donc, M. le Président, je réitère la mise en garde
que je sens assez profondément. Un gouvernement est élu pour un
mandat qui a une durée qu'il détermine lui-même ou que le
premier ministre détermine, jusqu'à un maximum de cinq ans; mais,
à la fin de ce mandat, il faut que la population se prononce sur la
façon dont ce gouvernement, cette formation politique s'est
acquittée de sa tâche.
Mais, entre-temps, le mandat est là et le gouvernement est
élu pour gouverner. M. le Président, je ne veux pas
m'éterniser là-dessus mais je trouve le principe assez
important.
M. Tardif: M. le Président, je prends bonne note des
remarques du député de D'Arcy McGee. Même si je
n'étais pas là lors de l'étude de la loi 125 en
commission, des échos m'en sont parvenus jusqu'aux...
M. Goldbloom: Répétés...
M. Tardif: ... confins du continent, en Alaska et au Yukon, sous
le soleil de minuit. M. le Président, je comprendrais les remarques du
député si nous discutions d'un article comportant
précisément des exceptions. Mais, il n'y en a pas. Ce n'est pas
le cas ici. C'est l'article qui établit le principe, et je pense que le
député de D'Arcy McGee conviendra avec moi que le problème
n'est pas tout à fait le même. Lorsque, par exemple, après
avoir, dans une région, dans un schéma d'aménagement,
déterminé que telle zone devait être utilisée
à telles fins et que, par exemple imaginons-le une
décision est prise de construire un barrage hydroélectrique ou de
favoriser un investissement de plusieurs centaines de millions qui peuvent
avoir un impact sur l'économie, un schéma d'aménagement,
c'est quelque chose qui pourrait être modifié, disons, pour le
bien commun.
Dans ce cas-ci, M. le Président, il n'est pas prévu
d'exceptions à cette règle qui veut tout simplement qu'en
matière d'augmentation de loyer, de prolongation de bail, les
édifices ou les logements, qu'ils appartiennent au gouvernement ou
à un de ses organismes, soient soumis aux mêmes règles.
M. Goldbloom: M. le Président, chaque loi qu'adopte
l'Assemblée nationale s'inscrit dans une continuité
législative et il faut penser non seulement à la concordance
entre les lois qui sont adoptées successivement, mais aussi à une
certaine suite dans les idées et à la création de certains
précédents. Je me serais reproché d'avoir laissé
passer un autre article de cette nature, tout innocent qu'il soit dans cette
loi, tout convenable qu'il soit dans cette loi, et je l'accepte, sans faire de
commentaire général.
M. Tardif: Merci.
M. Guay: Je comprends que le député de D'Arcy
McGee, au nom de sa formation politique, se trouve à s'inscrire en faux
contre je comprends peut-être mal le fait que le
gouvernement se soumette aux lois, ne soit pas au-dessus des lois et qu'il
puisse y avoir un contrôle judiciaire des actes de l'exécutif et
du législatif quant à...
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Taschereau lira le journal des Débats pour les quelques minutes qu'il a
rnanquées au début de cette partie de notre travail et il
constatera que tel n'est pas du tout le cas.
M. Guay: J'en suis fort heureux, parce que j'ai entendu la fin de
l'argumentation du député de D'Arcy McGee et, tout comme son
argumentation en fin de matinée ce matin, je la trouvais
singulièrement inquiétante, mais je lirai le reste.
Le Président (M. Laplante): Article 3, adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Goldbloom: II n'y a rien à faire?
Le Président (M. Laplante): Adopté. Chapitre II,
constitution et fonction de la régie. J'appelle l'article 4. M. le
ministre?
Constitution et fonctions de la régie
M. Tardif: M. le Président, je n'ai pas de commentaire,
autre que de rappeler que cette Régie du logement, qui est
instituée par cette loi, remplace l'actuelle Régie des
loyers.
Le Président (M. Laplante): Des commentaires, M. le
député de Verdun?
M. Caron: M. le Président, je comprends que le ministre
n'a pas de commentaire, mais l'organisme actuel qui est structuré,
est-ce qu'il va automatiquement être éliminé
complètement ou si c'est trop vite pour lui demander ça?
M. Tardif: La régie, telle qu'elle est présentement
constituée, elle est formée d'un président, de deux
vice-présidents je l'ai mentionné ce matin de
quatorze commissaires, si ma mémoire est bonne, et d'à peu
près 70 administrateurs, commissaires et administrateurs étant
presque totalement des gens qui exercent leur profession normalement et qui
siègent à la séance, à la commission et, d'autre
part, de personnes qui font maintenant partie de la Fonction publique,
c'est-à-dire à peu près 300 fonctionnaires. C'est bien
évident que le personnel de cette régie conserve ses
privilèges et ses droits dans la Fonction publique. Quant au personnel
non permanent, ce sont les nouvelles règles que nous verrons dans les
articles à venir qui s'appliqueront quant à leur fonction,
à leur sélection et à leur détermination.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce qu'on peut continuer
sur le même sujet? On reviendra...
M. Tardif: Si on veut.
M. Cordeau: Parmi les administrateurs, est-ce qu'il y a des
administrateurs qui ont leur permanence dans la Fonction publique?
M. Tardif: II y a présentement deux ou trois
administrateurs permanents. Il y en a deux qui sont permanents.
M. Cordeau: Deux qui ont leur permanence, sur les 70 dont vous
avez fait mention ce matin.
M. Tardif: Je m'excuse du renseignement. Ce sont chez les
commissaires qu'il y a deux permanents, les commissaires étant ceux qui
entendent les causes en appel, alors que chez les administrateurs, ce sont tous
des gens travaillant à la séance.
M. Cordeau: Tous à la séance? Il me semblait que
chez nous... A Saint-Hyacinthe, il y a un administrateur et il me semble qu'il
est permanent.
M. Tardif: On me dit que parmi les 300 fonctionnaires de la
régie...
M. Cordeau: Oui.
M. Tardif:... qui sont distincts, eux, des administrateurs
nommés par arrêté en conseil, quelques-uns parmi eux
cinq ou six peuvent entendre des causes, mais, à ce
moment-là, eux, ce sont des fonctionnaires permanents. Ils entrent dans
ces 300 permanents.
M. Cordeau: Actuellement, ils agissent comme administrateurs dans
le bureau où ils se trouvent.
M. Tardif: Ils peuvent entendre des causes.
M. Fontaine: D'après l'explication que le ministre nous a
donnée, sans nous l'avoir dit clairement, est-ce que ça veut dire
que les personnes qui sont nommées ad hoc vont plus ou moins devoir se
trouver un autre emploi lorsque la loi sera adoptée?
M. Tardif: C'est-à-dire que toutes ces personnes exercent
présentement un autre emploi et siègent peut-être un
après-midi par semaine à entendre des causes. Si on entend par
là qu'elles n'assumeront plus ces fonctions, la réponse, c'est
oui. Il est prévu des régisseurs permanents, ce qui
n'empêchera pas ces personnes de postuler un poste de régisseur
permanent.
M. Fontaine: D'accord.
M. Cordeau: Est-ce qu'un administrateur actuellement, qui est
permanent, c'est-à-dire dans la Fonction publique, pourra postuler un
poste de régisseur, s'il est déjà en fonction et qu'il
entend les causes? Il agit presque comme régisseur actuellement. (14 h
30)
M. Tardif: Oui. La procédure d'embauche et de
sélection qui fera l'objet d'une réglementation se voudra aussi
large que possible, de façon à intéresser aussi bien les
personnes à l'extérieur que celles qui sont déjà
à l'emploi du gouvernement je pense aux corps des personnes
travaillant au ministère de la Justice comme substituts du procureur ou
pour l'aide juridique qui pourraient être
intéressées par ce genre de fonction. Alors, c'est notre
intention de l'ouvrir le plus largement possible.
M. Cordeau: Advenant le cas où un administrateur actuel
qui a sa permanence solliciterait le poste de régisseur et qu'il
l'obtiendrait je crois qu'un régisseur va être nommé
pour cinq ans, d'après le texte de loi après son mandat,
va-t-il revenir à la fonction publique?
M. Tardif: Normalement la procédure pour garantir
l'impartialité des personnes assumant une fonction quasi judiciaire,
c'est celle de leur assurer une certaine inamovibilité pendant une
période de temps et, pour les quelques commissaires, je pense que
déjà la formule du congé sans solde de leur employeur,
pour ces fins, a été utilisée.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le ministre, avez-vous l'intention de garder en
place le président et le vice-président qui sont là
actuellement ou est-ce trop vite pour le dire?
M. Tardif: Ce n'est pas le genre de décision qui est
arrêtée au moment où nous nous parlons. Vous avez ici,
devant vous, les deux vice-présidents, la vice-présidente, Mme
Robert ou Me Robert et M. Chapdelaine. Quant à la question de la
présidence, ça reste une chose à discuter entre le
président et moi, quant à ce qui pourrait survenir, mais je ne
suis pas en mesure maintenant de commenter ceci.
M. Caron: Si je vous ai posé la question, c'est que le
président est un très bon contribuable de Verdun.
M. Tardif: II pourra demeurer un très bon contribuable de
Verdun quand même!
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur l'article 4? M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pense...
M. Tardif: Je comprendrais la question du député
s'il était question de déménager le siège social de
la régie, mais il n'en est pas question.
M. Caron: Dans notre future zone qui va être
commercialisée, on pourrait bâtir ça là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, je pense que, dans l'article
4, nous sommes devant la question importante à savoir si oui ou non on
doit avoir une régie. C'est un point clef et je pense qu'il vaut la
peine d'y réfléchir un peu, parce que c'est un moment
important.
En gros, je serais porté à croire que oui, en ce cas, une
régie s'impose. Je suis persuadé, quand même, que la
période de gouvernement du Parti québécois sera reconnue
par les historiens comme la période de "régimanie", parce qu'il
me semble que, du moins depuis mon arrivée à l'Assemblée
nationale, il n'y a pas une seule semaine qui se soit passée sans que
nous ayons entendu parler d'une nouvelle régie pour réglementer
et administrer davantage la vie des Québécois. Par hasard, j'ai
lu quelque chose, récemment, qui peut expliquer ce
phénomène et qui pourrait même être un avertissement
pour nous en ce qui concerne notre gouvernement fédéral. La
personne qui avait étudié les gouvernements de l'Europe de
l'Ouest et de l'Amérique du Nord a constaté que, normalement, les
régies apparaissent quand les ministres se trouvent devant des
restrictions budgétaires assez fortes. Quand des projets d'expansion
de grande envergure, soit la baie James, soit la réforme
importante des systèmes sociaux ou de santé ne sont plus
possibles à cause d'un ministre des Finances qui est conservateur, les
ministres sont obligés de démontrer une espèce
d'activité, devant le public, d'une façon ou de l'autre, et la
route normale c'est de réglementer et de créer des
régies.
C'est ce qui explique en partie la situation générale
qu'on trouve, ici, au Québec, depuis deux ou trois ans. Ma seule peur
c'est qu'avec les restrictions budgétaires qu'on a vues récemment
à Ottawa avec 30 ministres conservateurs qui n'ont rien à
faire que nous pouvons prévoir une période de
"régimanie" de leur côté aussi. J'espère que non;
mais dans ce cas-ci, je pense que la régie est quelque chose de moins
mauvais qu'autre chose, pourvu que, dans les articles qui suivent, le ministre
puisse accepter certains amendements que nous allons proposer pour essayer de
démêler un peu le problème très difficile, que j'ai
souligné, lors du débat en deuxième lecture, notamment la
question des responsabilités, fonctions et activités très
différentes, même contradictoires de temps en temps, de ce seul
organisme.
Nous aurons des suggestions à faire dans les articles qui suivent
et je suis confiant que le ministre puisse accepter ces changements.
Le principe de la régie est acceptable pour nous, mais je ne veux
pas passer à l'article 5 avant d'avoir souligné brièvement
quelques commentaires que j'ai faits ce matin, au sujet du rôle du
gouvernement dans le secteur du logement, commentaires qui ont
été légèrement critiqués dans les
commentaires de notre collègue, le député de
Taschereau.
J'ai dit, au début ce matin, que le Parti libéral, son
chef, ses députés et leurs partisans sont fortement
attachés au marché privé, à la libre entreprise
dans le domaine de l'habitation. Le député de Taschereau a
essayé de dire que c'était quelque chose de négatif, qui
jouait contre une grande partie de la population et en faveur d'un petit groupe
de propriétaires, de capitalistes, etc. Il a
généralisé un peu ses commentaires et...
M. Guay: Je n'ai jamais dit ça!
M. Scowen: II a de plus parlé des personnes
démunies qu'il fallait protéger contre les abus des
locataires.
Simplement pour élargir un peu ce que j'ai dit ce matin, je vais
dire que, d'abord de notre côté, nous sommes convaincus qu'il
existe des locataires démunis et des locataires exploiteurs, comme il
existe des propriétaires démunis et des propriétaires
exploiteurs; il y en a des deux côtés. Au départ, nous
n'avons aucun préjugé en faveur des uns ou des autres.
Nous sommes convaincus que le marché libre a joué et
continue de jouer en faveur des deux et, de plus, nous sommes convaincus que la
grande majorité des Québécois...
Le Président (M. Laplante): M. le député
de
Notre-Dame-de-Grâce, il faudrait aller à l'article 4, s'il
vous plaît!
M. Scowen: Oui, je vous remercie, M. le Président, mais
j'insiste sur le fait que quand on parle du principe d'établir une
nouvelle régie au Québec, on a le droit de parler des principes
qui sont à la base de la création de cette régie et je
veux continuer jusqu'au bout de mes pensées; je pense que c'est
fondamental.
Le Président (M. Laplante): C'est sur la
clôture!
M. Scowen: On est devant un projet de loi important et un article
qui propose la création d'une régie...
Le Président (M. Laplante): C'est que je sais que, dans
d'autres articles, vous allez pouvoir déballer amplement tout ce que
vous avez actuellement sur la restriction du locateur, du locataire...
M. Scowen: Avec tout le respect du monde, M. le Président,
vous m'avez proposé ce matin d'attendre un article et vous m'avez promis
si je me rappelle bien amplement de temps je pense que je
vous cite, on peut le rechercher au journal des Débats pour
m'expliquer. Je me trouve au bon endroit, parce que c'est le principe
même de création d'une régie, et, à moins que je ne
me trompe, c'est plus ou moins fondamental.
Le Président (M. Laplante): Pour les fins du journal des
Débats, ce matin, c'était sur un sujet très précis,
et les membres de cette commission vous ont accordé cette
permission.
M. Scowen: Est-ce que vous trouvez qu'en parlant de la question
de créer une régie je suis...
Le Président (M. Laplante): Absolument pas, c'est parce
que vous étiez complètement sorti du sujet. Ce que je veux vous
rappeler très poliment, avec des gants de velours, si vous le voulez,
c'est de revenir à l'article 4.
M. Scowen: Oui. Si on doit avoir cette régie je
vais terminer mes brefs commentaires sur le principe d'une régie; je
pense que c'est très important pour la question de l'article 4
aujourd'hui, j'ai trouvé dans le Soleil quelques pages de la liste des
appartements à louer, ici, à Québec. Je suis
persuadé que la grande majorité des locataires du Québec
sont très contents qu'il existe un marché libre, d'avoir le droit
de fouiller un peu, de parler avec le locateur de cet appartement, avec vue
magnifique à Courville, qui fait concurrence à celui qui,
à Courville, a un balcon et des portes donnant sur un patio, etc., de
les jouer un contre l'autre, de faire l'offre et les demandes. Les locataires
du Québec, en gros je pense que je parle de tout le monde en face
de moi sont très contents qu'il existe un marché libre de
logements au Québec. Ils veulent qu'il soit vigoureux et ils veu-
lent de plus, j'en suis persuadé, que ce document comporte plus
de dix pages, que ça arrive à 15, 20, 35, que le choix soit
encore plus grand.
La réalisation d'un tel choix que chacun veut faire pour ses
propres besoins tout le monde est pour la liberté personnelle
dépend, je suis certain que vous en êtes conscients, de la
présence des propriétaires qui pensent pouvoir faire un profit
intéressant de l'autre côté. Il y a environ 200 000
propriétaires au Québec aujourd'hui, je pense que c'est la
moyenne des propriétaires de logements à louer, avec deux ou
trois logements. C'est le marché. Notre désir est de maintenir ce
marché, ce choix pour vous tous et pour nous tous, en tenant compte du
fait qu'il existe un équilibre entre les deux côtés et que
je le répète parce que c'est très important; le
député de Taschereau l'avait un peu nié les plus
démunis doivent avoir une certaine protection. Il y a ceux qui disent
qu'il y a de meilleures façons de régler le problème pour
les démunis, avec des questions d'impôts négatifs et
revenus; mais, en-ce moment, on n'est pas devant ça. Il faut aussi qu'on
étudie la question des plus démunis, mais, en
général, je le répète, comme le ministre, on n'est
pas obligé de choisir entre le marché libre total et le
contrôle total, je pense que c'est même une exagération, on
est aux deux pôles; il y a longtemps qu'on a dépassé ces
deux solutions extrêmes et le ministre, ainsi que les ministres
antérieurs avaient le choix de se rendre un peu plus à gauche ou
un peu plus à droite du problème délicat de maintenir cet
équilibre. (14 h 45)
Je le répète, j'admets, M. le Président, que c'est
un peu une réplique à quelques légères
déformations de mes paroles, de ce matin, par le député de
Taschereau, j'espère que ses pensées ou ses passions je
pense que je dois dire ses passions ne sont pas celles du gouvernement
comme tel, mais elles sont quand même importantes et je pense que c'est
important de soulever les nuances que j'ai soulevées. Mais si vous
acceptez de réfléchir sur ces commentaires, j'ai une seule
question à poser sur l'article 4 avant de consentir, du moins en ce qui
me concerne, à son adoption; c'est une question qui a été
soulevée par un de nos juristes. Il est clair que cette régie
doit être un tribunal d'archives, qu'il doit y avoir un greffier, un
greffe, si vous voulez. On n'a pas trouvé dans la loi une
déclaration claire de cette responsabilité de conserver tous les
dossiers pour qu'ils soient disponibles. Est-ce que c'est clairement inscrit
dans la loi ou non?
M. Tardif: M. le Président, on me dit que cette question a
été abondamment débattue par les légistes qui se
sont penchés sur cette question. Effectivement, ce n'est pas un tribunal
d'archives, semble-t-il; l'actuelle Commission des loyers a ses dossiers et
elle va les conserver; donc, ça ne semble pas poser de
problème.
M. Scowen: Si la régie est en effet un tribunal, si on
veut prendre des responsabilités des autres cours...
M. Tardif: Justement, après examen, il semble que les deux
attributs essentiels d'un tribunal d'archives, c'est que ces archives puissent
faire preuve de ce qui a été entendu et jugé. Il semble
donc que ceci ne pose aucun problème; il y a un article dans la loi
on va me le trouver qui dit bien que les archives de la
commission ont ce caractère. Le deuxième, c'est la
possibilité d'utiliser l'outrage au tribunal comme mesure devant le
tribunal. Or, ce pouvoir est accordé à la régie, mais
alors, là, il est encadré dans un article précis.
M. Scowen: Dans un article précis? M. Tardif: Dans
le texte de loi.
M. Scowen: Pouvez-vous nous dire exactement où?
M. Tardif: A l'article 110, il est prévu un pouvoir de
condamner pour outrage au tribunal quiconque refuse de se conformer à
une ordonnance de la régie.
M. Scowen: Oui, mais ça... M. Tardif: C'est
cela.
M. Scowen: A moins que je ne comprenne mal, cela ne répond
pas à ma question.
M. Tardif: Quelle est la question?
M. Scowen: La question, c'est: Est-ce que la Régie des
loyers est un tribunal d'archives?
M. Tardif: La réponse, c'est non.
M. Scowen: C'est non. Vous avez dit...
M. Tardif: Elle a certains attributs d'un tribunal d'archives,
notamment que ses archives peuvent être produites en preuve devant toute
instance ultérieure et, deuxièmement, elle a certains attributs,
notamment le pouvoir de condamner pour outrage au tribunal, mais elle n'est pas
comme telle un tribunal d'archives.
M. Scowen: La régie n'a pas l'obligation de maintenir,
d'établir un greffe comme tel? Oui. Où trouve-t-on cette
obligation dans le projet de loi?
M. Tardif: On vous donne la référence
immédiatement. L'article 22, deuxième paragraphe.
M. Scowen: N'étant pas juriste, je vais poser une question
très spécifique. Cet article qui dit: "La Régie peut avoir
des greffes à tout endroit qu'elle détermine", donne-t-il
l'obligation d'avoir un greffe? Le mot "peut", en termes juridiques, veut dire
"est obligée". C'est peut-être...
M. Tardif: On me dit que l'interprétation à donner
à ceci, c'est que, si elle peut avoir des greffes, elle est
obligée d'en avoir un, au moins un.
M. Scowen: Oui, c'est intéressant. Pour faire suite
à cette réponse, puis-je dire que, partout où on voit ici
dans le projet de loi le mot "peut", on peut comprendre que c'est une
obligation?
M. Tardif: Non, mais si elle peut en avoir plusieurs, c'est que,
dans ce cas-là, elle doit, me dit-on, en avoir un, mais elle peut en
établir plusieurs. C'est le sens de l'article.
M. Scowen: Acceptez-vous, M. le ministre, que, quand on arrivera
à l'article 22, on puisse faire une suggestion pour rendre plus
précise cette obligation?
M. Tardif: Je veux bien voir avec les légistes s'il est
possible de préciser cet article.
M. Scowen: Bon!
Le Président (M. Laplante): L'article 4 est-il
adopté? M. le député de Taschereau.
M. Guay: Très brièvement et très rapidement,
je regrette presque que le nouveau programme du ministre des Affaires sociales
concernant les prothèses auditives pour les personnes jeunes ne
s'applique pas au député de Notre-Dame-de-Grâce, car,
après la déformation qu'il a faite des propos que j'ai
émis ce matin, il me semble en avoir un grand besoin. Je ne reviendrai
pas sur cette déformation outre mesure, elle est tellement
grossière que je laisse au député de
Notre-Dame-de-Grâce le soin d'en assumer la paternité et je n'ai
pas l'intention de le suivre sur cette voie-là.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce trouve que la
création d'une nouvelle régie qui est, en fait, le remplacement
d'une régie existante... Il ne s'agit pas d'ajouter une régie, il
s'agit de la remplacer par une autre. C'est une mutation et non pas une
création. Enfin, il paraît qu'on sera puni pour la
"régimanie" a-t-il dit, parce que, semble-t-il, on crée des
régies alors que, dans ce cas-ci, on en crée en en abolissant
une, ce qui fait un progrès net de zéro pourcent. Mon Dieu! il se
peut effectivement que, dans certains cas... Ce n'est pas la première
fois que le gouvernement du Québec, quel que soit le parti au pouvoir, a
recours à la création de régies. On a eu droit à
une thèse sur le pourquoi des créations de régies. C'est
une hypothèse et, à mon avis, assez farfelue.
C'est sur l'idée du marché libre que je voudrais
m'arrêter deux secondes. Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce résume le marché libre à la
publication dans les journaux comme Le Soleil des offres de logements
disponibles, à ce moment-là, nous ne parlons pas de la même
chose. Il est bien évident qu'en vertu du projet de loi 107, et en vertu
de la loi existante, cette possibilité d'annoncer les logements existe,
doit continuer d'exister, est tout à fait normale, est un service
à la collectivité, est la chose la plus utile au monde pour les
gens qui se cherchent un logement. C'est une vérité tellement
banale... qu'on se demande pourquoi le député de
Notre-Dame-de-Grâce a cru bon de nous en parler pendant dix minutes, un
quart d'heure.
Là, où c'est différent, c'est lorsqu'on parle du
marché libre en termes de l'offre et de la demande non
vérifiées, non contrôlées, de la loi de l'offre et
de la demande pour ce qui a trait à la fixation des loyers,
c'est-à-dire de laisser le marché fixer le prix des loyers.
Là, c'est une toute autre chose.
Si, ce matin, quand le député de Notre-Dame-de-Grâce
nous parlait du marché libre, il voulait simplement entendre la
possibilité d'avoir un cahier d'habitation quotidiennement dans le
Soleil, à ce moment-là, on ne parle pas du tout de la même
chose, mais s'il nous vantait les mérites incontestés du
marché libre au sens que c'est le marché qui doit fixer le prix
du logement, les fluctuations du marché qui doivent fixer le prix du
logement, de la location du logement, à ce moment-là, nous
parlons d'une toute autre chose. Je suis heureux de voir que, parti d'un point
de vue très promarché libre, le député de
Notre-Dame-de-Grâce se rallie maintenant à l'idée qu'il
doit y avoir une régie, j'en suis fort heureux. Nous verrons
subséquemment quelles sont les attributions de cette
régie-là, mais il me semblait utile, M. le Président, de
faire cette distinction entre ce que dit le député de
Notre-Dame-de-Grâce lorsqu'il parle du marché libre et ce qui est
généralement compris lorsqu'on parle du marché libre dans
le domaine du logement. Se faire l'apôtre du marché libre comme il
le fait en le définissant d'une manière aussi superficielle,
c'est autant vous dire utiliser des paroles pour faire perdre le temps de la
commission.
Le Président (M. Laplante): Article 4, adopté?
M. Cordeau: Je ne suis pas ici pour défendre le
gouvernement conservateur d'Ottawa, mais, par contre, tantôt, si j'ai
bien compris le député de Notre-Dame-de-Grâce, il a fait
allusion aux trente ministres qui n'avaient rien à faire à
Ottawa. Je suis réellement à me poser la question: Que faisaient
les ministres libéraux avant les élections?
M. Guay: Le député de Saint-Hyacinthe, M. le
Président, a un bon point d'ailleurs en citant cela, parce que les
trente ministres conservateurs à Ottawa ont beaucoup de pain sur la
planche à défaire le merdier dans lequel le Parti libéral
a laissé l'appareil de l'Etat au niveau fédéral de la
même façon que nous avons eu beaucoup de travail à faire
pour remettre les choses en place une fois que les libéraux ont
été chassés du pouvoir ici à Québec en
1976.
Le Président (M. Laplante):... M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, jusqu'à...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que ce soit
dans la même continuité, parce que...
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, ce sera dans la
continuité, exactement.
Le Président (M. Laplante):... la commission a bien
débuté et je ne voudrais pas qu'elle tourne au vinaigre à
ce moment-ci. Sur un point de règlement, M. le député de
D'Arcy McGee. Non?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, c'était dans la
continuité, que m'a inspirée le très distingué
député de Taschereau qui a parlé de merdier, si j'ai bien
saisi le mot et qui a sorti encore une fois la vieille rengaine sortie par
chaque gouvernement qui a succédé à un autre; nous avons
trouvé les affaires de l'Etat dans une condition pitoyable et...
Le Président (M. Laplante): Article 96. Vous avez le
choix, M. le député de D'Arcy McGee. S'il vous plaît!
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. M. le
Président, si...
M. Guay: Je veux bien qu'il parle mais pas en vertu de l'article
96.
Le Président (M. Laplante): Article 4, adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, je veux bien que vous
déclariez l'article adopté, mais je ne laisse pas passer les
paroles du député de Taschereau.
Le Président (M. Laplante): Preuve que le message est
passé.
M. Goldbloom: Je les trouve d'autant plus regrettables, ces
paroles, que le ministre qui est jusqu'à nouvel ordre le
porte-parole du parti ministériel quant à l'étude de ce
projet de loi a fait preuve d'un sérieux et d'une ouverture
d'esprit qui lui font honneur. N'eussent été les interventions
intempestives du député de Taschereau, nous aurions pu, M. le
Président, poursuivre plus rapidement.
Le Président (M. Laplante): Article 4, adopté.
M. Guay: M. le Président...
M. Alfred: N'eut été les interventions...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! Il ne faut pas que
cela tourne non plus... A l'ordre, s'il vous plaît! Je n'accepte aucune
remarque additionnelle, sinon que sur le pourquoi on doit changer le nom de la
régie pour le nom de Régie du logement.
M. Guay: Pour les fins du journal des Débats, je voudrais
noter que le député de d'Arcy McGee n'a pas pu faire ses
remarques sans rire.
Le Président (M. Laplante): Je n'accepte pas. L'article 4
est-il adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 5. S'il vous plaît, M. le ministre.
M. Guay: Le président est sur les nerfs aujourd'hui, je ne
sais pas ce qu'il a. C'est effrayant.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que si on laisse
aller la commission, elle tournera au vinaigre. Elle s'en vient bien et je ne
veux pas qu'elle tourne comme cela. Je veux que tout le monde soit
respecté sur le même pied.
M. Guay: Allons donc. (15 heures)
M. Tardif: M. le Président, l'article 5 est l'article qui
énonce les fonctions de la Régie du logement. Ce domaine du
logement locatif est un domaine complexe qui évidemment nécessite
différents types d'interventions. On voit que le premier des rôles
de la régie comme telle, c'est d'arbitrer des litiges qui naissent d'un
contrat de bail entre particuliers, entre les parties, mais elle a aussi un
rôle en matière de conciliation, de conservation du stock de
logements, un rôle également d'information, de faire
connaître la loi qu'elle est chargée d'administrer et les services
qu'elle offre. Evidemment, certains de ces renseignements doivent être
dirigés vers la clientèle, le public, mais, d'autre part, vers
ceux qui sont chargés de l'appliquer, notamment le ministre
désigné, ne serait-ce que pour justifier, présenter devant
les commissions parlementaires et autres les crédits des organismes dont
les ministres dits de tutelle doivent défendre
régulièrement. Cette énumération des tâches
est contenue à l'article 5.
Le Président (M. Laplante): Vous avez une remarque ici, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Ici on se trouve devant la réalité de la
complexité des responsabilités de notre régie. Je pense
que c'est clair que, quand vous regardez la liste, vous voyez les
responsabilités de nature administrative, de nature publicitaire, de
nature recherche et surtout de nature judiciaire, c'est-à-dire d'un
tribunal. Je pense que tout le monde peut facilement accepter qu'à moins
que ce soit organisé d'une façon très précise, on
peut avoir des conflits et des contradictions là-dedans. C'est toujours
important, mais c'est extrêmement important quand vous trouvez un
organisme qui a comme une de ses responsabilités la
responsabilité d'être un tribunal, parce que je pense que toute
notre tradition judiciaire est basée sur le principe que les tribunaux
doivent être impartiaux, qu'ils ne doivent avoir aucune autre contrainte,
qu'ils doivent faire leur travail avec une impartialité parfaite. Si
vous donnez à un tribunal des responsabilités et des
critères autres que ceux de la justice, vous créez prima facie
des problèmes potentiels qui peuvent pourrir de plus en plus et vous
donnez de plus à ce tribunal une porte d'entrée à des
instances politiques, que ce soit le
gouvernement actuel, que ce soit le dernier ou le prochain. J'accepte
que ce soit quand même une solution qui puisse peut-être marcher,
nous sommes au moins prêts à l'essayer, mais je pense qu'il y a
certains changements qui s'imposent et on va en parler un peu plus tard aux
articles 6 et 7 de quelques suggestions, mais, pour ce qui concerne l'article
5, je pense que si vous acceptiez de passer aux sous-articles un par un, on
pourra peut-être...
Le Président (M. Laplante): Si c'est la volonté des
membres, j'accepte. Nous passons à l'article 5, premièrement.
D'accord?
M. Scowen: Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui ont des
commentaires globaux à dire.
Le Président (M. Laplante): On va faire les commentaires
un par un. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. J'accepte la
proposition du député de Notre-Dame-de-Grâce d'y aller
sous-article par sous-article. Par contre, au début, nous constatons que
certaines modifications ont été apportées.
Avec le projet de loi, tel qu'il a été
présenté lors de la première impression. J'aimerais
demander au ministre pourquoi il a changé le mot "litige" pour le mot
"demande" et également, à l'article 1, par les renseignements
généraux que je demande, pourquoi dit-il "renseigner le locateur
et locataire" au lieu de "de renseigner le public" comme on le disait dans
l'ancien article. Je crois qu'un individu est propriétaire ou locataire.
Il est l'un ou l'autre dans la vie. Je pense qu'un individu a sa propre
propriété ou il est locataire. C'est bien sûr qu'il peut y
avoir une vie de famille à l'intérieur de certaines
communautés. Quel est le pourquoi de ces changements?
M. Tardif: Voulez-vous que je réponde immédiatement
à cela, au fur et à mesure ou...
M. Cordeau: Peut-être après les observations avant
de commencer l'étude article par article en répondant aussi
peut-être aux autres qui interviendront. Je crois également que le
principe de cet article est que les membres de la régie pourront donner
des avis ou aider les personnes à remplir leurs demandes, globalement.
Nous craignons que les gens de la régie soient appelés à
donner des conseils juridiques, parce qu'à un moment donné
l'individu qui va s'y présenter demandera des renseignements,
peut-être même un renseignement juridique et la personne en charge
ou la personne à l'information lui donnera réponse à sa
demande.
Suite à ces réponses, le citoyen pourra faire une demande
à la régie en prétendant que ce soit dans son droit suite
aux réponses que les membres de la régie lui auront
données. Il fera sa demande prétendant que sa demande est juste
et qu'il gagnera devant la régie. Peut-être que le
régisseur à ce moment-là ne sera pas du même avis
que lors de la première demande, parce qu'à ce moment-là
le régisseur aura le pour et le contre du problème soumis.
Voilà certains renseignements ou explications que nous aimerions avoir
du ministre avant de passer à l'étude article par article.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires sur
l'article 5 globalement avant de passer... M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: II y a, M. le Président, des questions qui
ont été soulevées un peu par le député de
Notre-Dame-de-Grâce mais sur lesquelles je voudrais revenir. Il y a des
renseignements que la régie va pouvoir donner aux locateurs et
locataires sur leurs droits et obligations résultant du bail. Il
faudrait que ce soit bien clair que ces renseignements donnés aux
locateurs et aux locataires ne soient pas des renseignements particuliers
à untel ou untel, il faudrait que ce soient des renseignements d'ordre
général pour empêcher q'il y ait des conflits à un
moment donné, parce que si la régie donne un renseignement ou
même presque une opinion juridique à une personne en particulier
et que, par la suite elle a à trancher un litige résultant de
cette opinion qu'elle aura donnée, je pense qu'elle sera placée
dans une mauvaise situation. Il peut y avoir un certain conflit. Si ce n'est
pas cela le but de la loi, le ministre pourrait nous renseigner
là-dessus.
Il y a d'autres pouvoirs qui sont donnés à la
régie. Le député de Notre-Dame-de-Grâce ne les a pas
mentionnés comme tels. Je pense que ce sont là des pouvoirs
politiques. Par exemple, donner au ministre désigné son avis sur
toute question que celui-ci lui soumet et sixièmement, analyser les
effets de l'application de la présente loi et faire au ministre
désigné les recommandations qu'elle juge utiles, ce sont des
recommandations ou des questions politiques que la régie va devoir
exercer. Là, on peut peut-être se demander, à cause de ces
obligations qu'on va lui faire, est-ce que la régie sera impartiale?
On sait, entre autres, que les régisseurs vont être
nommés pour une période de cinq ans, selon la loi telle qu'on
nous la présente. Est-ce que les régisseurs ne seront pas
tentés de donner des opinions politiques qui vont être favorables
au gouvernement en place pour peut-être essayer de conserver leur poste
le plus longtemps possible, et ce indépendamment de qui que ce soit qui
sera nommé comme régisseur? On ne les connaît pas, et on ne
sait pas qui ce sera. Je pense qu'il y a une question fondamentale à se
poser là.
M. Tardif: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous entendre les
remarques du député de Verdun avant de répondre
globalement, M. le ministre?
M. Tardif: Oui, volontiers.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Je vais être...
Le Président (M. Laplante): Pas sur l'article 1, c'est sur
le projet de loi global, actuellement. Par la suite, on prendra les articles un
à un.
M. Caron: Si je comprends bien, M. le Président, à
l'article 5, on donne beaucoup de détails sur ce que la régie va
donner au point de vue des services. Il y a plus de gens qui vont s'adresser
à la régie, j'imagine, qu'auparavant. On prévoit cela, du
moins, surtout au début, votre publicité, donner des
renseignements. Est-ce que vous avez des statistiques à savoir combien
cela va coûter? Qu'est-ce qu'on paie actuellement? Quel est le budget de
la Régie des loyers et combien cela coûtera pour administrer la
nouvelle régie?
M. Tardif: M. le Président, sur cette question
précise, étant donné que la question a été
soulevée ce matin par le député de
Notre-Dame-de-Grâce qui nous demandait justement, d'abord, d'avoir des
statistiques sur le personnel, le volume d'affaires traitées et tout
cela depuis aussi loin qu'on puisse remonter, les deux, trois ou quatre
dernières années, à ce moment-là, je
préférerais, si vous permettez, pouvoir produire ces documents
devant la commission probablement demain matin, et que lorsque nous aborderons
certains articles où il est question d'effectifs, là,
précisément, nous pourrions répondre en même temps
à cette question. D'accord?
M. Goldbloom: M. le Président, puisque vous avez
invité les membres de la commission à formuler leurs commentaires
d'ordre général avant que le ministre réponde, je vois que
l'article 5 donne un mandat non seulement large, mais varié à la
régie qui doit décider des demandes qui lui sont soumises, donc
agir en tribunal. Sur les sept éléments du mandat tels
qu'exposés à l'article 5, il y en a deux qui, à mon sens,
conviennent à un tribunal: ce sont les numéros 2 et 7,
c'est-à-dire favoriser la conciliation entre locateurs et locataires,
cela en parallèle, si vous voulez, au tribunal qui encourage les
règlements en cours. Il est bon qu'il en soit ainsi.
Certainement, personne autour de cette table n'aimerait que la
règle générale soit le litige, au contraire. Nous
aimerions tous que la société elle-même, avec l'aide de la
régie qui fournirait des renseignements, qui encouragerait de diverses
façons la conciliation, permette à des propriétaires et
à des locataires de s'entendre. Le numéro 7, publier
périodiquement un recueil de décisions rendues, c'est tout
à fait normal qu'un tribunal fasse un tel recueil. (15 h 15)
Mais quand on regarde les autres éléments du mandat, on
est obligé de constater qu'il y a des attributions qui sont normalement
celles d'un conseil consultatif: par exemple, faire des études et
établir des statistiques, donner au ministre un avis sur des questions
que le ministre lui soumet et analyser les effets de l'application de la loi.
Nor- malement, un tribunal ne fait pas cela; normalement, un tribunal dit que
la loi a été adoptée par le législateur et doit
l'appliquer telle quelle. A certains moments, il y a, surtout avec le ministre
de la Justice, sans doute, et peut-être avec d'autres ministres, des
communications qui permettent au gouvernement de mieux comprendre les effets de
l'application d'une loi, mais ce n'est pas la fonction primordiale d'un
tribunal.
Il y a des éléments qui seraient attribuables à un
bureau d'information, d'autres à un office d'habitation même,
quand on parle de favoriser la conservation des logements. Puisque nous allons
en discuter paragraphe par paragraphe, j'attendrai l'appel du paragraphe 3 pour
en parler davantage en détails.
On voit, dans les articles suivants, que le gouvernement prend la peine
de prévoir les critères de candidature pour le poste de
régisseur: un code de déontologie, une considération assez
précise quant à des conflits possibles d'intérêts.
Je me demande, à l'instar de notre collègue de Nicolet-Yamaska,
s'il n'y a pas, dans l'éventail assez large d'éléments du
mandat, des aspects de conflits d'intérêts quant à
l'exercice par un tribunal de sa responsabilité de tribunal.
Normalement, si un ministre intervient auprès d'un tribunal... Nous en
avons vu des exemples au niveau fédéral et en Ontario, où
un ministre a pris le téléphone, a placé un appel, en
croyant poser un geste innocent, et c'était monté en
épingles dans chaque cas et cela a coûté à au moins
un ministre son poste de ministre. Est-ce que le tribunal qui doit exercer son
jugement et rendre des décisions doit en même temps être
l'organisme qui est le conseiller du ministre et qui doit commenter pour le
ministre les politiques du gouvernement par rapport aux résultats
obtenus, par rapport à une politique de conservation de logement, de
production de nouvelles unités de logement, parce que telles seraient
sûrement les statistiques qui seraient demandées à cet
organisme? C'est la question que je me pose.
Puisque, tout récemment encore, nous avons discuté d'un
conflit d'intérêts possible dans l'exercice par la Commission
municipale du Québec de son mandat qui est quasi judiciaire à
certains égards et administratif à d'autres égards, je me
demande si le ministre n'aimerait pas repenser ce mandat et établir deux
secteurs de responsabilité à l'intérieur d'un organisme,
ou même deux organismes.
M. Tardif: M. le Président, j'ai écouté
attentivement toutes les interventions parce que je pense qu'elles ont pour
fondement une certaine ambiguïté qui, peut-être, provient
d'une définition erronée et rigoureuse à la fois de ce que
sera la régie qu'on assimile à un tribunal, et un tribunal n'a
d'autre fonction, ainsi que l'a dit le député de D'Arcy McGee,
que de rendre justice, lire la loi et dire si telle personne y contrevient ou
n'y contrevient pas.
Or, la régie n'est pas un tribunal au sens strict du terme, c'est
une régie et, comme telle, elle est composée à la fois de
régisseurs et d'un personnel
de soutien. Toute l'ambiguïté provient de ce que l'on parte
de l'idée que ça pourrait être les mêmes personnes,
à savoir des régisseurs, qui, tantôt sur le banc rendraient
justice, tantôt iraient faire de la conciliation, tantôt feraient
des études statistiques, tantôt feraient, bref, toutes les
fonctions qui sont énumérées là.
Je pense qu'il est évident et il faut lire l'ensemble de
la loi pour s'en rendre compte que les régisseurs, comme tels,
vont évidemment rendre des décisions, qu'ils seront responsables
de l'application des articles, par exemple, 3 et celui très
général d'arbitrer les litiges, que c'est évidemment le
personnel de soutien, ces 300 personnes qui sont là présentement
et qui accomplissent ces fonctions, qui va remplir les fonctions 1, 4 et 7, par
exemple, renseigner les locataires et locateurs. Là-dessus, je voudrais
relever la remarque du député de Saint-Hyacinthe qui
préférait le mot "propriétaire". Les propriétaires,
dès lors qu'ils ne sont pas des propriétaires bailleurs, des
propriétaires loueurs, ne sont pas touchés par cette loi. Ce ne
sont donc pas tous les propriétaires qui sont visés, mais
seulement les propriétaires bailleurs.
L'autre point, évidemment, la conciliation, au point 2, peut
être faite par des régisseurs, de même que par des
conciliateurs; quant aux points 5 et 6, il appartient évidemment au
président, au vice-président et aux cadres qui sont responsables
des tâches administratives de fournir leur avis au ministre sur des
questions que celui-ci leur soumet. Je prends, par exemple, le fait qu'un
groupe de citoyens dans une région du Québec demande d'ouvrir un
bureau de la régie, que peut faire le ministre? S'en aller
lui-même sur place voir s'il y a un volume de demandes suffisant, s'il y
a un nombre de locataires suffisant? Il se tourne du côté de la
régie et dit: Combien avez-vous eu de causes au cours des derniers douze
mois, des derniers vingt-quatre mois provenant de cette région? Il peut
demander de faire une étude et de donner un avis, à savoir si on
devrait vraiment ouvrir un autre bureau ou pas.
L'autre point, encore une fois... La régie, ce n'est pas, comme
tel, un tribunal, quand on dit, par exemple: Un juge de la Cour provinciale
siégeant, c'est la cour qui siège. Dans ce cas-là, c'est
un organisme qui a des fonctions administratives et des fonctions judiciaires,
qui les remplit présentement, et ce n'est pas un
précédent, toutes les régies ou à peu près
fonctionnent de la même façon. En Ontario je vous ai fait
part, ce matin, de cette loi qui a été votée le 21 juin
dernier on retrouve, à peu de choses près, des fonctions
similaires à l'article 81, avec en marge le titre: "Duties of the
commission". On dit ceci: "The commission shall: a) perform the duties assigned
to it by or under this act, and shall administer this act and the regulations;
b) periodically review this act and the regulations, and recommend, from time
to time, amendments or revisions thereof; c) advise and assist the public on
all residential tenancy matters, including referral where appropriate to social
services and public housing agencies; d) take an active role in insuring that
landlords and tenants are aware of the benefits and obligations established by
this act; e) periodically prepare and publish a summary of significant
decisions of the commission and the reasons therefore.
On se rend donc compte, M. le Président, que ces tâches,
qui sont dévolues à cet organisme qui remplit à la fois
des fonctions judiciaires et administratives présentement, c'est commun
dans les régies de trouver de semblables choses. Je serais tout à
fait d'accord avec le député de D'Arcy McGee lorsqu'il dit qu'une
intervention du ministre qui aurait pour effet de dicter à la
régie ou à un régisseur de rendre tel jugement ou de
passer l'éponge sur telle affaire qui est devant elle, c'est tout
à fait inadmissible, c'est une intrusion dans le pouvoir judiciaire qui
n'a aucune place. Que le ministre communique avec la régie pour lui
demander son avis sur l'ouverture ou la fermeture d'un bureau, c'est autre
chose.
En ce qui concerne le rôle de publicité, le
député de Nicolet-Yamaska, évidemment, sur un plan
professionnel, s'inquiète du fait que des agents de la régie
pourraient jouer un rôle de conseiller juridique, d'avocat et, dit-il: Je
comprends qu'elle puisse avoir un rôle d'information, pour peu que ce
rôle soit général, par exemple, publier des brochures de
cette nature à l'intention de locataires et locateurs. Mais, M. le
Président, ce n'est pas sérieux. Il entre annuellement à
la régie trois quarts de million d'appels téléphoniques,
750 000 demandes de citoyens qui appellent à la régie pour toutes
sortes de choses.
Lorsqu'un citoyen appelle à la régie pour savoir si,
effectivement, c'est un avis de trois mois ou de six mois qu'il faut donner
avant de chercher à reprendre possession de son logement, par exemple,
est-ce que cela prend un avocat pour répondre à cela? Evidemment,
je ne suis pas du tout d'accord avec cela. Si c'était cela que voulait
signifier le député de Nicolet-Yamaska, que la régie ne
devait ou ne pouvait pas répondre à des demandes individuelles de
renseignements, c'est bien évident que cela ne peut pas fonctionner
ainsi.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que vous me permettez
de rétablir certains faits? Ce n'est absolument pas cela. La
régie est formée de commissaires. Quand on dit: La régie
pourra renseigner des locateurs et des locataires, cela veut dire que des
régisseurs pourraient le faire, et c'est cela qui m'apparaît
inacceptable.
M. Tardif: Qu'un régisseur dise à un...
M. Fontaine: Que ce soit un fonctionnaire qui travaille à
la régie, je n'en ai rien à foutre.
M. Tardif: Effectivement, pour rassurer le député
de Nicolet-Yamaska, ce ne sont pas les
régisseurs, comme actuellement ce ne sont pas les administrateurs
qui répondent au téléphone, à la régie, aux
trois quarts de million d'appels téléphoniques qui rentrent.
M. Fontaine: II y en a qui répondent au
téléphone.
M. Tardif: Qu'ils puissent être là par hasard, qu'on
puisse leur acheminer un appel, peut-être dans une affaire dont ils
s'occupent, je veux bien, mais les personnes qui répondent au
téléphone, ce sont des agents d'information qui tentent de donner
l'information la plus objective possible, et non pas les conseillers
juridiques.
Voilà en gros pour cet aspect de l'information. Un des autres
points soulevés par le député de Saint-Hyacinthe, c'est
pourquoi on avait changé le mot "litige" pour "demande": "La
régie exerce la juridiction qui lui est conférée par la
présente loi et décide des demandes qui lui sont soumises".
Toutes les affaires qui vont devant la régie ne sont pas des litiges, ne
mettent pas deux parties en conflit. On peut aller à la régie en
vertu de l'article 46 pour avoir un avis sur une transformation ou la vente
d'un immeuble dans un ensemble immobilier, par exemple, ou encore pour une
transformation en copropriété. Dans ce cas-là, il n'y a
pas deux parties en présence, ce n'est pas trancher un litige, mais
c'est donner un avis. C'est la raison pour laquelle le terme "demande" qui
avait une connotation plus large a été employé. J'ai
essayé de couvrir... on me les a donnés un après
l'autre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Le ministre nous a dit que le mandat de la
régie est large et couvre un éventail de fonctions parce que,
dans certains cas, ce seront les régisseurs qui agiront au nom de la
régie et, dans d'autres cas, le personnel de soutien. Je voudrais
souligner respectueusement le fait que l'article est quand même unique et
déclare que la régie exerce la juridiction et est chargée
en outre de cette catégorie d'activité, même si, à
d'autres articles, les articles 28 à 31 notamment, il est indiqué
que seuls les régisseurs, et même seuls les régisseurs qui
sont juges ou avocats peuvent accomplir certaines tâches. Je n'ai pas
remarqué d'article qui indique que, quant à d'autres fonctions,
d'autres éléments du mandat, seul le personnel de soutien s'en
occupera. La régie a un président qui, à mon sens, est
responsable de tout cela, de l'aspect quasi juridique et des autres aspects.
(15 h 30)
Finalement, je voudrais rappeler au ministre que l'ancienne Régie
des alcools du Québec a été divisée en deux
organismes afin de séparer cet aspect de responsabilité quasi
judiciaire. Je dis "quasi judiciaire"; ce n'est pas comparable à la
responsabilité qui existe ici, mais, quand même, c'était
une décision que devait rendre un organisme paragouvernemental sur
l'octroi de permis et cela a été séparé de l'aspect
administratif.
M. Tardif: Commercial, pour être plus exact.
M. Goldbloom: Commercial, oui. Il y a des
précédents où l'on a trouvé que la fonction quasi
judiciaire n'était pas parfaitement compatible avec d'autres fonctions.
Je demeure légèrement inquiet quant à la mise en commun de
tout cela sous une seule autorité administrative.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Si je peux ajouter un seul mot aux commentaires de mes
collègues, c'est plutôt pour renforcer leurs opinions. C'est clair
que nous sommes devant une loi inévitable dans laquelle on va demander
au locataire et au locateur de suivre beaucoup d'articles très
précis en ce qui concerne le bail d'un logement. C'est peut-être
dommage que la vie soit rendue si compliquée, mais je crois qu'on a
déjà dépassé les limites. J'accepte et je
pense que mes collègues aussi que c'est malheureusement
inévitable que de plus en plus l'élément judiciaire soit
mêlé avec l'élément administratif. Comme vous l'avez
dit, avec 750 000 appels téléphoniques, il est essentiel que
quelqu'un ait le droit de donner l'information qu'il faut.
Le point qu'on voulait souligner sur un plan global, c'est que, quand
nous étudions les sous-articles, il nous faut regarder des
responsabilités de très près afin, autant que possible,
d'éviter des conflits qui peuvent s'élargir au fil des
années. Le député de Taschereau a souligné que le
Parti libéral a laissé pas mal de problèmes au
gouvernement qui l'a suivi; je suis très conscient que c'est possible,
même probable que ce soit un gouvernement libéral qui doive
appliquer cette loi un jour. Je pense qu'il est de notre propre
intérêt...
M. Guay: Un jour!
M. Scowen: Cela viendra peut-être avant que cette nouvelle
régie soit en place. C'est nous qui devrons l'administrer. C'est la
raison pour laquelle nous voulons vous aider afin d'éviter les
pièges dans lesquels vous avez accusé le gouvernement
antérieur d'être tombé. Sur la question globale, cela va;
je crois que c'est plutôt sur les précisions qu'il faut
réfléchir.
M. Tardif: M. le Président, j'allais soulever une question
de privilège. Je me demandais si c'étaient des climatiseurs et on
me dit que non.
Le Président (M. Laplante): Quand ils fonctionnent, on
n'entend plus rien. Cela éteint le timbre de la voix.
M. Tardif: Y aurait-il possibilité qu'on change de
salle?
Le Président (M. Laplante): Non, la seule
possibilité, c'est d'aller un peu plus vite sur le projet de loi. Il
paraîtrait qu'un ancien premier ministre montait les calorifères
à ce moment-là!
M. Scowen: On pourrait attendre au mois d'octobre, quand ce sera
plus frais.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous croyais plus
impartial que cela.
Le Président (M. Laplante): Je suis impartial parce que
les deux parlent autant l'un que l'autre. Ce soir, on pourra changer de salle;
on me dit que la commission des transports achève et probablement
qu'à 18 heures ce sera terminé. Ce soir, on pourra aller dans la
salle 81-A.
M. Tardif: Tout le monde convient que les fonctions
énumérées là sont des fontions qui doivent
être remplies par quelqu'un. Evidemment, dans l'hypothèse
où ce n'est pas la régie, où ça n'est pas son
personnel de soutien, cela supposerait presque créer une autre
structure.
Or, après ce que j'ai entendu ce matin, même à la
reprise tantôt, sur la structurite galopante qui afflige toutes les
administrations et toutes les bureaucraties de par le monde, on ne voudrait
certainement pas créer deux organismes; un qui ne ferait que
siéger, entendre les causes...
M. Fontaine: II n'y aurait pas plus de monde.
M. Tardif: Bien non, mais il y aurait deux patrons...
M. Guay: Deux services du personnel, deux services
d'administration.
M. Tardif: Deux services du personnel et deux services
d'administration. Un instant. Ce seraient vraiment deux contentieux et tout ce
qu'on voudra. Non mais, écoutez, cela fait partie, je pense, de
données qu'on peut trouver drôles mais avec lesquelles il nous
faut vivre. Je pense que l'important c'est que ce ne soit pas toutes les
personnes qui remplissent toutes ces fonctions et surtout qui les remplissent
simultanément. Qu'un régisseur ayant terminé de
siéger, d'entendre une cause donne un renseignement comme citoyen qui
participe à une émission de télévision pour
expliquer l'application de cette loi, bravo! Qu'ils en fassent de plus en plus
de cela.
Je comprends que le député de D'Arcy McGee dit: Les juges
doivent traiter et procéder cas par cas; c'est l'approche du clinicien,
dans ce cas auprès du client et non pas auprès du malade. Il
reste que, si la responsabilité du médecin c'est une chose, celle
du corps médical en est une autre. Procéder cas par cas ne doit
pas empêcher des études épidémiologiques et autres.
On pourrait faire un parallèle pendant un certain temps
là-dessus, parce que ce matin il s'en est permis des
références, des analogies au corps médical. On va
arrêter cela. Pour trouver le moyen d'accrocher la pédiatrie
là-dedans, il faut le faire.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires? M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre nous dit que,
quand on va demander des statistiques, quand on va demander des recommandations
au ministre sur tel ou tel sujet, cela va être le personnel de soutien
qui va effectuer le travail. Je suis bien d'accord, mais c'est sûr que
cela va être le président de la régie avec les
régisseurs qui vont signer la recommandation au ministre.
Il nous dit également: Ce n'est pas un tribunal. C'est bien
dommage, mais, si ce n'est pas un tribunal, il a drôlement des
juridictions importantes, quand on sait, par exemple, que le locataire
évincé a droit à une indemnité de trois mois de
loyer et des frais de déménagement et que cela peut même
aller jusqu'à $10 000, et cela va être entendu par la
régie; si ce n'est pas un tribunal, cela passe proche d'en être
un. Je trouve qu'on cache un peu les mots, d'autant plus que ce semblant de
tribunal qui n'est pas censé en être un va le faire à peu
près sans règle précise.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais m'inscrire en faux
contre cela, parce que je pense avoir fait la distinction entre des
tâches administratives et des tâches judiciaires. L'article 9,
parce qu'on va y arriver tantôt à cet article, dit bien: le
président dirige la régie et il est responsable de son
administration et de la direction générale de ses affaires. C'est
le président qui, à cet égard, a les deux casquettes et
même toutes les casquettes; il est responsable du personnel de soutien,
il est responsable des régisseurs, il fait les rôles et les
régisseurs entendent les causes, un point c'est tout. Ce ne sont pas les
régisseurs qui remplissent les autres fonctions administratives. C'est
vrai que le président est aussi bien celui qui va donner les directives
aux régisseurs que celui qui va faire travailler le personnel de soutien
et qui va soumettre les rapports au ministre. Il est là pour cela. Il a
une fonction, à la fois administrative à titre de
président de régie et une fonction de supervision de ses
régisseurs. Mais ce ne sont pas tous les régisseurs qui vont
remplir toutes les fonctions administratives. Cela devrait être clair et
c'est précisé à l'article 9.
Maintenant, il y a aussi un article, c'est l'article... pardon?
M. Fontaine: II exerce des fonctions judiciaires aussi.
M. Tardif: Qui? Le président? Oui, le président
pourrait effectivement exercer une fonction judiciaire de décider de
siéger lui-même, de s'inscrire au rôle s'il le voulait.
C'est tout à fait juste, il aurait ce pouvoir, comme l'a
présentement le président de la Commission des loyers.
Maintenant, il y a aussi l'article 64 qui dit qu'un régisseur
peut être récusé s'il est partie à une demande
portée sur une question pareille à celle dont il s'agit dans la
cause, etc., s'il a donné conseil sur le différend, ou s'il en a
précédemment connu comme arbitre ou comme conciliateur.
II y a donc aussi des règles, même des règles
inscrites dans la loi, pour éviter le genre de conflit
d'intérêts qui pourrait naître dans ce cas, dans des cas
semblables. Dans la mesure où, encore une fois, les tâches
administratives sont dévolues expressément de par l'article 9 au
président, celui-ci a en quelque sorte la main haute à la fois
sur le personnel de soutien, le personnel administratif et le personnel qui
entend les causes, c'est lui qui a la responsabilité de toute la
boîte, effectivement, mais les diverses fonctions ne sont pas
nécessairement remplies par les mêmes personnes.
M. Caron: Dans le même ordre d'idées, à
l'article 110 je ne lirai pas tout l'article, juste le deuxième
paragraphe on lit ceci: Toutefois, si le contrevenant refuse de se
conformer à une ordonnance prévue par l'article 55 ou par
l'article 1656-2 du Code civil, l'amende est d'au moins $5000 et d'au plus $25
000. S'ils peuvent condamner quelqu'un, j'imagine que cela devient un
tribunal.
M. Fontaine:... une juridiction plus élevée que
celle de la Cour supérieure.
M. Tardif: II n'a jamais été question de nier que
la régie remplit des fonctions judiciaires d'adjudication, elle tranche
des litiges. Il ne s'agit pas de nier cela. La régie, c'est un corps et
il y a des gens là-dedans qui vont entendre des causes, qui remplissent
la fonction judiciaire et il y a d'autres personnes qui vont répondre au
téléphone si un citoyen de Verdun veut savoir ce qu'il doit faire
dans tel cas. Ce ne sont pas les mêmes personnes. Est-ce qu'il faut deux
organismes pour remplir ces deux types de fonctions, la fonction de
renseignement, d'information et autres? Nous disons: Non.
Pour les mêmes raisons que l'Opposition nous a données ce
matin: Les structures gouvernementales. Arrêtons la sédimentation!
D'ailleurs, le mot est du ministre des Finances.
M. Fontaine: L'impartialité, il faut que cela se paie,
aussi!
M. Guay: Voyons donc! Le député de Nicolet-Yamaska
devrait le savoir, lui qui est membre du Barreau; il a déjà vu
des organismes judiciaires ou des organismes quasi judiciaires.
M. Fontaine: Vous, pour la pratique que vous avez faite, vous
n'avez pas de leçon à donner à personne!
M. Guay: Justement. Je n'ai pas de pratique, mais je comprends
singulièrement ce qu'est une régie, ce qu'un avocat qui a fait de
la pratique devrait comprendre, il me semble.
M. Fontaine: Les régies, jusqu'à présent,
exerçaient des fonctions judiciaires.
M. Guay: C'est moi qui ai la parole, si vous n'avez pas
d'objection. La régie qui est proposée ici est calquée sur
le modèle de la plupart des ré- gies existantes; il n'y a rien de
secret là-dedans, il n'y a rien de nouveau. On semble tout d'un coup, du
côté de l'Opposition, découvrir ce qu'est une régie
en ce 4 septembre 1979.
On pourrait regarder dans la Loi de la Régie des services
publics, qui est la plus vieille d'entre toutes, celle qui a même
été la mère d'un certain nombre d'autres régies, et
on trouverait des dispositions autant vous dire analogues à celles-ci,
c'est-à-dire des dispositions qui portent sur les recommandations
qu'elle peut faire au ministre, qui portent sur des renseignements qu'elle peut
donner au public. Jadis, lorsque la Régie des services publics avait la
prétention que la Cour suprême lui a enlevée
d'avoir la juridiction sur la câblo-distribution au Québec, elle
devait donner des renseignements aux câblodistributeurs ou au public,
c'était même inscrit sur les enveloppes et c'était
prévu dans la réglementation. Quand vous recevez votre compte de
câble, que ce soit ici, à Québec, ou ailleurs, si vous
n'êtes pas content, vous vous adressez à la régie.
Forcément, la régie avait un rôle de renseignement au
public à ce moment-là, ce qui n'empêchait pas les
régisseurs de trancher la nature des litiges comme tout organisme quasi
judiciaire est appelé à le faire. Il n'y a rien de nouveau
là-dedans et il n'y a rien d'éminemment sorcier à moins
qu'on veuille remettre en cause le principe même des régies et
leur fonctionnement. C'est la jonction de l'administratif et du judiciaire,
c'est tout le principe même des organismes quasi judiciaires. On peut
vouloir remettre cela en cause, mais je soumets, M. le Président, que ce
n'est pas l'endroit pour le faire.
M. Tardif: Je comprendrais que dans le cadre d'une réforme
des tribunaux judiciaires on veuille se pencher sur le problème des
tribunaux administratifs et de créer, comme cela existe dans certains
pays d'ailleurs, à côté des tribunaux réguliers, une
série de tribunaux d'instance qu'on appelle des tribunaux administratifs
et qui sont en quelque sorte en parallèle au système
régulier de justice. Ce peut être un choix qu'une
société peut faire à un moment donné. Je pense
qu'on comprendra ici qu'on ne révolutionne pas le droit
québécois en instituant une telle régie qui, encore une
fois, existe à des dizaines d'exemplaires au Québec et ailleurs
au Canada, et que cette Assemblée nationale a adoptée encore cet
été avec la Loi sur les loteries et courses, en créant
notamment une régie chargée de trancher les litiges,
d'émettre des permis, donc, qui a à la fois des fonctions quasi
judiciaires et des fonctions administratives. Je pense que le point se pose,
mais dans une réforme plus vaste des tribunaux. (15 h 45)
M. Fontaine: M. le Président, c'est qu'on est en train de
créer, au fur et à mesure que les jours, les mois passent, une
série de régies ou de commissions gouvernementales qui ont des
rôles à la fois administratifs et judiciaires. Les deux sont
mêlés ensemble. L'exemple que le député de
Taschereau nous a donné tantôt, la Régie des services
publics, à ce que je sache, elle n'exerce
pas tellement de contrôle judiciaire. Elle donne des permis.
M. Guay: Elle peut donner des amendes aussi.
M. Fontaine: La Commission de contrôle des permis d'alcool
exerce elle aussi un contrôle judiciaire, mais c'est divisé en
deux. Il y a une partie administrative et une autre partie judiciaire. Cette
commission fonctionne de cette façon et je pense que cela ne va pas si
mal.
On a vu, depuis quelques mois, avec le gouvernement du Parti
québécois, la création de diverses régies et on a
eu à faire face encore à ce problème, c'est-à-dire
la Régie d'assurance automobile qui fait la même chose que ce
qu'on veut créer actuellement. Vous avez la Commission de la protection
du territoire agricole, c'est encore la même chose et on a encore
beaucoup de problèmes actuellement, quand on voit les gens chez eux, qui
sont pris quotidiennement avec ces problèmes. La Commission de
protection du territoire agricole entend les demandes, c'est une façon
de parler, elle n'entend personne, elle ne respecte même pas la
règle audi alteram partem, les gens font la demande et sans en informer
qui que ce soit, elle rend une décision. Après cela vous allez en
appel devant la régie, devant les mêmes personnes qui entendent
encore la même cause.
M. Tardif: Le problème ici, on ne parle pas d'un appel.
L'appel est entendu devant les tribunaux réguliers.
M. Fontaine: Non, je comprends, mais je vous donne un exemple de
ce qui se produit avec les régies qu'on a actuellement. C'est pour cela
que je voudrais que le ministre comprenne que de faire exercer des fonctions
politiques à une régie...
M. Tardif: Qu'est-ce que vous entendez par des fonctions
politiques? Qu'est-ce que le député entend par des fonctions
politiques?
M. Fontaine: Donner des avis au ministre, ce n'est pas politique
cela?
M. Tardif: Donner un avis sur l'opportunité d'ouvrir un
bureau de la régie à Nicolet, par exemple, je ne considère
pas cela un avis politique. Elle a l'expertise administrative, elle
connaît le volume de travail, le volume de causes et me fait une
recommandation pour que j'inscrive cela dans mon prochain budget comme
responsable.
M. Fontaine: C'est un exemple d'avis que vous pouvez lui
demander, mais vous pouvez en demander bien d'autres, qui peuvent être
politiques.
M. Guay: Ce sur quoi le député n'est pas
d'accord...
M. Fontaine: Vous pouvez demander d'analy- ser les effets de
l'application de la loi et c'est politique.
M. Tardif: Bien oui, c'est bien évident.
M. Fontaine: De donner des recommandations quant aux
modifications qui pourraient être apportées à la loi, c'est
politique aussi. C'est une décision politique de changer la loi.
M. Tardif: Cela se fait couramment. Si on entend politique au
sens de servir de guide dans l'action, en effet, j'ai l'intention de demander
à toutes les règles et les organismes qui relèvent de moi
tout ce qui me sera utile comme législateur et comme administrateur et
responsable d'un ministère, c'est vrai.
M. Fontaine: Ce n'est pas le rôle d'un juge de faire
cela.
M. Guay: Est-ce que le député...
M. Fontaine: Parce que la régie va entendre des causes qui
peuvent aller même jusqu'à $10 000, vous l'avez dit
tantôt.
M. Guay: Mais est-ce que le député n'est pas
d'accord que l'expertise...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Guay: Je ne peux pas poser une question au
député.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Guay: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député?
Le Président (M. Laplante): Consentez-vous à une
question?
M. Fontaine: Oui.
M. Guay: Est-ce que le député n'est pas d'accord
que puisque ce sont des organismes spécialisés, celui-là
ou un autre, il en a énuméré un certain nombre d'autres et
il y en a d'autres aussi, que l'expertise acquise par ces organismes
spécialisés, les font des conseillers de tout premier plan pour
le gouvernement sans pour autant qu'il y ait confusion dans les
rôles?
M. Fontaine: Si vous acceptiez la suggestion pour diviser le
rôle administratif du rôle judiciaire, je serais parfaitement
d'accord que le personnel de soutien, le personnel administratif de cette
régie pourrait certainement donner des avis valables au ministre et lui
faire des recommandations.
M. Guay: Entendre les causes.
M. Fontaine: Mais que ce soit les juges qui entendent les causes,
qui donnent des avis politiques au ministre...
M. Guay: Un juge.
M. Fontaine:... vous me permettrez de différer
d'opinion.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais donner à
l'intention des membres de cette commission et du député de
Nicolet-Yamaska en particulier un exemple, où précisément
la nature des renseignements qui peuvent nous provenir de la régie en
tant qu'organisme rendant des décisions peut être utile.
L'Assemblée nationale a voté un amendement à la Loi
favorisant la conciliation entre propriétaires et locataires pour
inclure les chambreurs, il y a de cela plus d'un an. Au bout d'un an, j'ai
demandé à la régie, avant de déposer la loi 107
modifiée, comment cela a fonctionné. Il y a eu une nouvelle
clientèle qui est venue s'ajouter, les chambreurs. Leur réponse,
émanant de la présidence, de la direction, a été:
Zéro. Seuls sont venus devant la régie des étudiants
d'université demeurant en résidence et représentés,
entre autres, par un groupe d'étudiants en droit. Bravo! Le chambreur de
la rue Panet, vivant dans un taudis, n'a pas été touché
par notre amendement. On viendra me dire que c'est de l'ingérence
politique ou que c'est un avis politique que la régie émet dans
ce cas-là de dire: La juridiction que vous avez voulu étendre
pour protéger les chambreurs vivant dans des taudis dans certains
quartiers de la ville, cela passe à côté de l'objectif
puisque, comme par hasard, des étudiants de l'université
je n'ai rien contre eux, tant mieux vivant dans des résidences
payées par l'Etat sont ceux qui s'en sont prévalu. Sur 1000
causes, 850 provenaient d'étudiants vivant en résidence à
l'Université de Montréal. Je veux drôlement le savoir,
comme législateur, si on est passé à côté de
la question. Si cela n'intéresse pas le député de
Nicolet-Yamaska, moi, ça m'intéresse.
M. Fontaine: Je suis d'accord pour dire que l'exemple que vous me
donnez, ce n'est pas un cas d'ingérence politique, mais je peux vous
dire également que vous n'avez pas besoin d'un régisseur pour
vous donner cette information.
M. Tardif: Je voulais donner cet exemple parce qu'il ne portait
pas précisément sur des aspects administratifs exemple:
Ouvrir un bureau de la régie à Nicolet mais bien sur un
champ nouveau et qui était lié à l'exercice d'une
compétence. Je voudrais arrêter là. Je pense qu'il y a
suffisamment d'exemples pour dire que les fonctions doivent être
remplies; on pourrait, à la limite j'en conviens avec le
député de Nicolet-Yamaska décider d'avoir deux
corps distincts, mais le gouvernement a décidé qu'il y en aurait
un. C'est cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
\
M. Scowen: Je trouve que les commentaires du député
de Nicolet-Yamaska sont pertinents et touchent une question assez profonde.
Avant de commencer l'étude article par article, je veux simplement
demander des éclaircissements sur un point qui est fondamental en ce qui
concerne la juridiction d'une régie: C'est la façon dont les
loyers seront contrôlés. Je demande au ministre de me dire si j'ai
bien compris parce que ce n'est pas parfaitement clair dans les articles,
à mon avis. Si je comprends le sens du système proposé,
l'Assemblée nationale va adopter une loi dont l'article 1658.5 donne une
série de critères qui seront utilisés obligatoirement pour
toute augmentation ou demande d'augmentation de loyer au Québec. Je ne
vais pas les lire, il y en a sept, dont le loyer payé pour le logement
à la fin du bail, etc. Sur la base de ces sept critères et en
vertu de l'article 106.3, le pouvoir de réglementation du gouvernement,
sur une base annuelle, le gouvernement "va déterminer les règles
de mise en application des critères prévus par les articles
1658.15" etc. et ils vont développer un formulaire un peu comme
le formulaire que nous vous avons donné au mois de juin disant,
par exemple, que cette année, toutes les personnes qui utiliseront
l'huile à chauffage auront droit au coût actuel et à une
augmentation de 16.1% etc.
C'est le gouvernement qui va, sur une base annuelle, établir ces
chiffres, ces formules sur la base des critères que l'Assemblée
nationale va adopter. Une fois que ces formules précises seront
adoptées, elles seront en vigueur pour toutes les augmentations de loyer
au Québec et la régie, en vertu de l'article 83, aura le droit de
développer je pense qu'ici c'est une erreur, ce ne sont pas les
formules, mais les formulaires les formulaires nécessaires
à l'application de la présente loi, tenant compte des formules
établies par le gouvernement par règlement.
Toutes les augmentations de loyer seront au maximum sur la base de ces
règlements et je présume qu'elles sont sur une base annuelle,
parce que ces augmentations vont changer de temps en temps et que les seules
contraintes du gouvernement seront les contraintes établies dans
l'article 1658. En effet, le tribunal de la régie, si vous voulez,
n'aura pas le droit d'aller au-delà des normes établies par
réglementation par le gouvernement et son rôle sera simplement de
vérifier que les coûts actuels présentés par les
propriétaires seront en effet la vérité et que les
mathématiques ont été faites d'une façon correcte
et sans erreur. En effet, si elles sont correctes et si le propriétaire
peut justifier les coûts actuels sur lesquels il a basé ses
augmentations, la régie est tenue de permettre cette augmentation
à n'importe qui. Est-ce que c'est en gros votre programme?
M. Tardif: Je pense, M. le Président, qu'à peu de
chose près cela résume assez bien le fait
qu'une méthode de fixation des augmentations sera
déterminée, laquelle méthode sera fondée sur les
critères énoncés à l'article en question. Cette
méthode ayant fait l'objet d'un règlement, elle aura force de loi
effectivement. A ce moment, le rôle des régisseurs siégeant
sera, primo, d'apprécier. Enfin, évidemment tous les gens qui
auront voulu s'entendre entre eux sur la fixation du loyer l'auront fait.
Seules les causes venant devant la régie seront jugées selon ces
critères, selon ces règles du jeu qui seront connues
évidemment et le rôle du régisseur ou des régisseurs
consistera à apprécier si, effectivement, advenant litige entre
le propriétaire, le locataire sur le fait qu'il n'y a pas eu telle
réparation, que ce n'est pas toute la toiture qui a été
remplacée, c'est un trou qui a été bouché et enfin
que sais-je, ce genre de choses, que nous pourrions également avoir
d'autre part le locataire qui pourrait faire un plaidoyer pour dire que par
rapport à l'immeuble qu'il a loué, il y a un an, il y a eu
détérioration de la qualité, que la toiture coule, que
l'eau chaude ne fonctionne pas, et autres preuves qu'il pourrait faire de
détérioration ou de diminution de la qualité, ce genre de
situation pourrait être appréciée par le régisseur,
mais pour ce qui est de la méthode de fixation comme telle, il devra
lire la loi comme tout juge présentement lit la loi. Si les
éléments constitutifs de l'infraction a), b), c), d), sont
présents, eh bien! monsieur vous êtes coupable.
M. Scowen: Je peux prendre votre exemple: la question de
détérioration du plafond...
Le Président (M. Laplante): J'ai une demande à ce
moment-ci. C'est qu'on s'était accordé de faire un tour d'horizon
sur l'article 5, chacun des membres, je m'aperçois que cela fait une
heure et quart qu'on fait le tour d'horizon là-dessus, mais on est
entré dans le sujet de chacun des paragraphes. Il serait peut-être
bon qu'on commence les paragraphes, les vider chacun et après cela en
adopter l'article. (16 heures)
M. Scowen: M. le Président, j'accepte que c'est long, mais
je vous assure que je n'essaie pas de prolonger indûment l'affaire. Je
pense que cette question du rôle...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas cela que je veux
dire. Je ne voudrais pas que vous pensiez que c'est cela que j'avais à
l'esprit. C'est parce qu'on s'était entendu pour faire un tour
d'horizon, mais là c'est plus qu'un tour d'horizon; on est après
vider l'article 5. Si vous voulez continuer globalement comme cela et
après l'adopter, je n'ai pas d'objection. Si vous voulez retourner
après cela à l'étude paragraphe par paragraphe, je pense
que ce serait le temps de commencer à le faire.
M. Scowen: Je vous explique, M. le Président; c'est
précisément parce que ce rôle de contrôle
précis des loyers n'est pas explicite dans les sept paragraphes de
l'article 5 que je veux que tout le monde en soit parfaitement conscient.
Le Président (M. Laplante): II y a l'article 7 où
vous pouvez parler de tout cela, puisqu'il traite des règlements.
M. Scowen: Je ne le pense pas.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est
là-dedans.
M. Scowen: Le sous-article 7.
Le Président (M. Laplante): Non, pas le sous-article, mais
l'article 7, parce que là vous devancez de deux articles.
M. Scowen: Pour moi, M. le Président, à l'article
7, c'est la question de la nomination des régisseurs, si je comprends
bien. Cela touche uniquement la question de la nomination des
régisseurs, la façon de nommer les régisseurs. Ce ne sera
pas long; je pense qu'on y arrive, mais je pense que c'est très
important que ce soit explicite.
Par exemple, comme j'ai dit, vous avez parlé de ce droit
d'exercer un certain jugement dans le cas de l'entretien des plafonds. Mais
c'est précisément un des sous-articles dans 1685-15 sur lesquels
le gouvernement est supposé faire la réglementation. J'imagine
qu'ils vont dire quelque chose pour donner des limites précises à
la régie en ce qui concerne cela. Non?
M. Tardif: Est-ce qu'on parle des normes minimales dont copie du
règlement a été remise aux membres de la commission
dès le mois de juin? Je ne sais pas si c'est ce à quoi
réfère le député.
M. Scowen: Est-ce que je peux savoir le sens précis du
préambule de l'article 1658-15 que je cite: "Le tribunal saisi d'une
demande de fixation ou de révision de loyer détermine le loyer
exigible conformément au règlement, compte tenu..."
Le Président (M. Laplante): Là, je vais vous
arrêter. Là, on sort de l'article 5 complètement. Si vous
lisez bien l'article 5, c'est "la régie exerce la juridiction qui lui
est conférée par la présente loi et décide des
demandes qui lui sont soumises. Elle est en outre chargée de
renseigner..." Si vous voulez, on va les prendre article par article et
là cela va vous donner des réponses.
M. Tardif: M. le Président, me permettez-vous de faire une
remarque qui pourrait dissiper un malentendu? Dans le projet de loi no 107 tel
que déposé en première lecture, en effet, on ne retrouvait
pas cette nomenclature des éléments devant entrer dans la
méthode de fixation. En commission parlementaire, face à
différents groupes qui étaient venus se faire entendre, j'avais
dit: Ce n'est pas nécessaire de l'avoir là; il y aura un
règlement, ce sera dans le règlement. Cependant, si ma
mémoire est fidèle, tant des propriétaires que des
locataires ont dit: Nous serions plus rassurés au moins si, en plus du
règlement, les grands éléments, les principaux facteurs
sur lesquels s'ap-
puiera la réglementation étaient énoncés
dans la loi, parce que, disaient-ils, un règlement peut être
modifié par le gouvernement, tandis que la loi, évidemment, c'est
l'Assemblée nationale. C'était cela qui avait amené cette
addition dans l'article 1658 des principaux facteurs. Je ne sais pas si vous
vous souvenez de cela.
M. Scowen: Oui. Cette expression "compte tenu" est-ce que c'est
la régie qui doit tenir compte des sept critères en dessous,
au-delà des réglementations, ou est-ce que c'est le gouvernement
qui doit tenir compte de ces sept paragraphes dans la création des
règlements? C'est la question que je trouve essentielle pour qu'on
puisse comprendre le rôle de la régie.
M. Tardif: M. le Président, je veux bien vérifier,
d'ici à ce qu'on arrive à l'article 1658-15, si le libellé
est ambigu comme tel. Il est bien évident que le gouvernement va
édicter un règlement dont j'ai déjà remis une copie
à l'Opposition. C'est ce règlement, qui, lui, ne sera pas
complètement le fruit de l'imagination du ministre ou de quiconque, mais
qui devra s'ancrer autour de ces critères et qui aura force de loi. Si
le paragraphe d'introduction à l'article 1658-15 portait à
confusion à savoir si la régie le fera conformément
à cela ou conformément au règlement qui, lui, aura
été établi en fonction de cela, il me fera plaisir de le
préciser.
M. Scowen: Oui, mais quelle était l'intention...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, on retourne à l'article 5, si vous
voulez.
M. Scowen: M. le Président, la question que je
posais...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! On est
rendu à l'article 1658. A l'article 5, on n'en parle pas.
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse. On me signale
qu'à l'article 106, si on le lit attentivement, il y a là la
réponse à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Le gouvernement peut non pas la régie
par règlement on va à 3°
déterminer des règles de mise en application des critères
prévus par les articles 1658-15 à 1658-18 du Code civil pour la
fixation ou la révision d'un loyer. D'accord? C'est cela. Donc, c'est le
gouvernement qui détermine par règlement les règles de
mise en application des critères prévus et non pas la
régie.
M. Scowen: Jusqu'où ira la discrétion de la
régie en ce qui concerne le contrôle des loyers? Sera-t-elle
petite ou grande? Me comprenez-vous?
M. Tardif: Elle va appliquer le règlement. Si le
règlement dit que pour l'huile à chauffage le taux d'augmentation
est 16,2 ou 16,3 ou 16,4 ou 16,8, avec huit décimales près
d'augmentation, c'est ce qui est appliqué pas autre chose. Il pourrait
évidemment y avoir une contestation, je présume, de la part du
locataire qui dirait: Normalement, en vertu du code d'habitabilité le
logement aurait dû être maintenu à 20 degrés
centigrades alors que j'ai des preuves, témoins à l'appui, que la
température moyenne, au mois de janvier, a été de 12
degrés centigrades dans la bâtisse. Il pourrait faire porter le
litige là-dessus, d'accord, mais non pas sur le taux d'augmentation.
Le Président (M. Laplante): Article 5, paragraphe 1.
Adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laplante): Paragraphe 2.
Adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laplante): Paragraphe 3.
Adopté?
M. Scowen: Au paragraphe 3, nous avons des réserves
importantes et nous voulons proposer que ce sous-article soit rayé; je
vous explique pourquoi.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la commission me
permettrait de suspendre trois minutes? J'aurais un message important. S'il
vous plaît, je vous demande une suspension de trois minutes.
Suspension à 16 h 8
Reprise à 16 h 30
Le Président (M. Laplante): Nous en étions au
paragraphe 3 de l'article 5.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. Fontaine: Nous avons commencé à étudier
cette loi ce matin, c'est une loi assez importante et complexe. Nous devons
assez souvent, tout en étudiant un article, référer
à d'autres articles. Notre rôle en tant qu'Opposition et en tant
que parlementaires est de prendre le temps nécessaire pour
étudier à fond cette loi pour essayer de l'améliorer
autant que possible. A ce que je sache, actuellement, dans les discussions que
nous avons eues, il n'est pas question de filibuster, on essaie de collaborer
le plus possible et le ministre essaie de faire la même chose de son
côté. Ne serait-il pas possible, M. le Président,
d'être un peu plus conciliant quant à la façon
d'étudier ce projet de loi, de ne pas être trop
sévère quant à l'étude de tel paragraphe pour qu'on
puisse se
comprendre? Je pense que cela pourrait aider l'étude de ce projet
de loi.
Le Président (M. Laplante): Ce matin, M. le
député de Nicolet-Yamaska je ne sais pas quelle
argumentation vous pouvez apporter là-dessus j'ai usé
d'une très grande souplesse. Je n'ai pas le droit non plus, comme
président, parce qu'il y en a d'autres qui président aussi et
cela peu causer des précédents, à un moment
donné... Ce que je ne veux pas dans une commission, autant que possible,
c'est de créer des précédents dangereux. Si, en
étudiant un article, vous vous retrouvez 20 articles plus loin et vous
commencez à détailler cet article, c'est ce que je ne veux pas
parce qu'à un moment donné il se produit souven-tefois un
mélange entre les deux; ce sont deux chapitres différents,
souventefois. Surtout au début d'un projet de loi, alors que les
énoncés peuvent se faire sur l'ensemble, peuvent faire
référence à d'autres articles, cela n'a peut-être
pas la même signification que vous pensez et je ne voudrais pas prendre
la chance qu'on le fasse pour tout le projet de loi. Si vous voulez suspendre
un article, libre à vous, la commission est libre de le faire. Je n'ai
pas d'objection dans ce sens.
M. Fontaine: Cela aide à la compréhension de tout
le monde. Je pense que même le ministre était d'accord sur la
façon dont nous procédions. Je comprends, M. le Président,
que vous avez été assez large d'esprit depuis le début de
l'étude ce matin, mais il a semblé tout à l'heure, avant
de suspendre pour quelques instants, que vous vouliez qu'on se restreigne
à l'étude article par article.
Le Président (M. Laplante): Je vais prendre cet exemple,
j'ai pensé que vous l'apporteriez. Regarder l'article 5 globalement, il
n'y a aucune allusion à ce dont parlait le député de
Notre-Dame-de-Grâce, et je l'ai laissé aller. Je l'ai même
laissé aller sur un sujet complètement en dehors de l'article 5.
Complètement. D'une intervention à l'autre, cela vous
amène à discuter d'articles qui n'ont rien à voir avec
l'article 5. Autant que possible, je vous demande votre collaboration
là-dessus parce qu'à ce moment, par devoir, je suis obligé
de vous rappeler à l'ordre. On se comprend?
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, c'est vous qui aviez la
parole sur le troisième paragraphe.
M. Scowen: Avant de parler sur le sous-article 3, je veux
simplement vous dire, M. le Président, que je partage l'opinion du
député de Nicolet-Yamaska. J'ai constaté je pense
que vous aussi que c'est une loi très complexe. Dans le cas de
l'article 5, j'ai essayé, avant de parler des sous-articles, de
comprendre la première ligne qui disait: La régie exerce la
juridiction qui lui est conférée par la présente loi. Je
vous dis franche- ment que cette juridiction, dans mon esprit j'ai lu et
relu cette loi depuis des mois, je ne la connais peut-être pas aussi bien
que le ministre, mais j'ai l'impression d'être né avec cette loi,
je la connais un peu il m'arrive encore de ne pas parfaitement la
comprendre. Je pense qu'il était essentiel pour tout le monde de
notre côté au moins de comprendre ce que voulait dire la
discrétion qu'aura la régie dans le domaine de la fixation des
loyers.
J'ai essayé de le faire comprendre aussi vite que possible et je
pense qu'en effet, c'est un peu notre devoir. Je vous assure qu'on ne fait
aucunement une espèce de filibuster. On essaie d'être
sérieux là-dessus et on va continuer. Mais je vous demande
poliment, dû au fait que chaque article a des liens étroits avec
d'autres, de nous permettre un peu d'aller en profondeur au sens des articles
avant de dire: adopté. Je pense que c'est notre
responsabilité.
Le Président (M. Laplante): Le président n'a jamais
nié votre responsabilité là-dessus, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ...
Le Président (M. Laplante): Si j'ai fait ou j'ai dit quoi
que ce soit qui aurait pu brimer votre liberté de parole, je m'en
excuse. Je serais très mal placé pour vous dire que vous
êtes en train d'organiser un filibuster. Ce n'est pas à moi
d'analyser ça, pas du tout. Je crois à l'honnêteté
de chacun des membres...
M. Scowen: Oui...
Le Président (M. Laplante): ... et je ne voudrais pas
porter de jugement semblable.
M. Scowen: Très bien.
A l'article 3, vous m'avez dit qu'il est question de proposer qu'un
sous-article soit rayé à cause de concordance. Je vais donner mon
opinion sur ce sous-article. Je pense que ses commentaires ont un lien
étroit avec mes commentaires généraux avant les dangers...
A l'article 2, on a donné à la régie, outre ses
responsabilités juridiques, de favoriser la conciliation entre locateur
et locataire. C'est une responsabilité que je peux appeler neutre. C'est
d'éviter autant que possible que les causes apparaissent devant la cour.
Je peux comprendre facilement que cette espèce de favorisa-tion est
quelque chose de souhaitable.
Dans le cas de favorisation de la conservation de logements, je vois un
conflit. Dans le 5, la régie exerce la juridiction qui est
conférée par la présente loi et une partie de la
présente loi c'est très clair la section II, touche
la démolition d'un logement, les articles 32 à 44. Il y a
beaucoup de matière là-dedans, mais c'est une loi qui
détermine ce qui doit être démoli, comment présenter
une cause, les critères qui doivent être utilisés, ainsi de
suite. Je comprends que les régisseurs, doivent, en tenant compte des
articles 32 à 44, donner une décision sur le propos de
démolition, oui ou non.
Mais quand vous ajoutez cette responsabilité, très claire
sur le plan juridique, à une autre responsabilité, qui est de
favoriser la conservation des logements, je pense que vous voyez quelque chose
qui est un peu contradictoire. A titre d'exemple, les tribunaux peuvent, par
exemple, décider que, sur la base des articles dans la loi, la
démolition ne doit pas se faire, non, excusez, doit se faire, sur la
base de la loi. Mais, en tenant compte du sous-article 3, qui n'est nullement
explicité, ils peuvent dire: Ecoutez, oui, d'après la loi et tous
les critères qui se trouvent... sur lesquels on va avoir une
conversation tout à l'heure, 35, au-delà de tout ça, nous
avons le mandat de conserver les logements.
Pour moi, parce que c'est une partie de la loi qui est là, dont
on va discuter tantôt, et qui vise en soi une conservation
équilibrée des logements, ce n'est pas du tout nécessaire
d'avoir le paragraphe 3. J'aimerais avoir les commentaires du ministre
là-dessus.
M. Tardif: Oui. M. le Président, il est bien
évident que, dans la mesure où le projet de loi no 107
réimprimé a conféré un rôle beaucoup plus
grand aux municipalités en matière de conservation du stock de
logements, dans la même mesure, donc, le rôle de la régie a
été réduit considérablement.
Cependant, il faut bien se rendre compte que la régie, lorsque
les municipalités n'auront pas décidé d'adopter un
règlement, a quand même un rôle à jouer, ce
rôle qui est décrit à la section II et qui peut aller,
disons, qui va plus loin que strictement de décider de
l'opportunité ou non de démolir un immeuble. Par exemple, on
constate, à l'article 36, qu'une personne qui désire conserver
à un logement son caractère locatif peut, lors de l'audition
d'une demande, intervenir pour demander un délai afin d'entreprendre ou
poursuivre des démarches en vue d'acquérir l'immeuble dans lequel
est situé le logement. Ceci, en vue de conserver l'immeuble, de le
restaurer, de ne pas diminuer le stock de logements. C'est donc, si vous
voulez, dans cet esprit de favoriser le maintien du stock de logements que cet
article 36 s'inscrit et il n'y a pas de contradiction, je pense, entre ces
tâches spécifiques qui sont énoncées à la
section II et ce que l'on retrouve, enfin, le passage, ou la mission ou la
fonction qu'on retrouve au paragraphe 3, quand on dit que la régie est,
en outre, chargée, en plus des autres tâches, de favoriser la
conservation des logements.
Ce n'est pas contradictoire. Cela ne va pas plus loin que cela. Cela ne
dit pas, disons, conserver à tout prfx les logements existants. On dit:
favoriser la conservation. On voit que la régie, dans les articles 32 et
suivants, a un rôle très large, a un pouvoir très grand en
ce qui concerne, par exemple, l'audition de tiers qui pourraient être
concernés ou intéressés à conserver lesdits
logements. Pour ces raisons, ça m'apparaît tout à fait dans
l'esprit de ces autres attributions qui vont suivre par la suite dans la
section II.
M. Scowen: Est-ce que vous prévoyez la possibilité
d'une action de la part de la régie basée sur le paragraphe 5.3,
qui est au-delà d'une action basée sur les articles 32 à
44?
M. Tardif: Une action qui... Oui, on pourrait très bien
concevoir que la régie, par exemple, dirige une personne, qui veut
démolir un logement, vers la Société d'habitation du
Québec, qui serait responsable de l'application d'un programme de
restauration, pour dire: Voici, est-ce que vous êtes au courant,
monsieur, qu'il y a des programmes de restauration qui existent, qui peuvent
vous permettre de remettre ce logement en état? Ce serait donc dans
l'esprit, ce serait conforme au mandat qu'elle aurait de favoriser la
conservation des logements, sans, pour autant, l'obliger.
M. Scowen: Mais, sur quelle base cette favori-sation sera-t-elle
faite? Est-ce que c'est de favoriser, point, la conservation, parce que c'est
ça que ça dit? Je prends l'exemple d'une... J'ai reçu une
lettre d'un architecte à Montréal, qui donnait son opinion sur un
certain quartier de Montréal. Il trouvait que ce n'était pas
très beau, ni pour les locataires ni pour le revenu de la ville de
Montréal. Il attachait un article de Pierre Bourgault, qui, je pense...
un de vous autres, là, qui disait qu'il trouvait que Montréal, en
général, et ce quartier-ci aussi n'étaient pas très
beaux.
Moi, je pense que c'est très subjectif, ces choses-là.
Mais, si je comprends bien, et si on suit cette responsabilité, moi, si
j'étais un régisseur, j'aurais, très clairement et
nettement, la responsabilité, point, de favoriser la conservation des
logements, point, qu'ils soient en bon état, en mauvais état, ce
sont des choses qui doivent être conservées. C'est en noir et
blanc, si vous voulez. Je pense que si vous disiez: favoriser la conservation
des logements dans la mesure où ça se conforme à l'article
35 qui donne quelques critères, ou si vous ajoutiez quelque chose de
substance... Mais quand vous dites qu'ils doivent exercer la juridiction sur
les articles 32 à 44, et tout de suite après, qu'en outre, il
doit favoriser la conservation du logement. Je vois une contradiction
importante et qui ramène à cette question du tribunal
administratif qui est assez importante. (16 h 45)
M. Tardif: Evidemment, dès qu'on donne à une
régie le pouvoir d'émettre des permis, on lui donne aussi le
pouvoir de ne pas en émettre. Au pire, ainsi que me le fait remarquer le
député de Taschereau, ce paragraphe peut être tautologique
par rapport à la section II qui suit, mais ce n'est sûrement pas
contradictoire et cela indique, en tout cas, le souci de conservation du stock
de logements. Encore une fois, cette conservation ne se fait pas à tout
pris, mais bien à la lumière des critères
énoncés plus loin. Cela, je pense que ça va de soi que la
régie ne décide pas, de but en blanc, comme ça, d'exercer
cette fonction qui lui est assignée indépendamment du reste de la
loi.
M. Scowen: Dans ce cas, je voudrais proposer un amendement au
sous-article 5.3, lequel se lit
comme suit: "De favoriser la conservation des logements sur une base
consistant avec l'article 35." Si je comprends, c'est dans le sens de ce que
vous avez dit suite à l'explication du député de
Taschereau.
Le Président (M. Laplante): Je vais lire l'amendement
proposé au paragraphe 3 de l'article 5 qui se lirait comme suit: "De
favoriser la conservation des logements en conformité avec l'article
35." Cet amendement est recevable.
M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je pense que c'est non
seulement de l'article 35 dont doit s'inspirer la régie dans
l'application de cette loi, mais c'est de toute la loi, et de toute la section
II en particulier, en ce qui concerne la conservation des logements, si bien
que je ne vois pas très bien ce que cet amendement aDDorterait. A la
place, si cela satisfait le député de Notre-Dame-de-Grâce,
je serais plutôt porté à retirer le paragraphe 3 de
l'article 5 qui peut être jugé redondant, eu égard aux
autres dispositions de la loi.
M. Scowen: C'est aussi ma préférence.
Le Président (M. Laplante): Retirez-vous votre motion, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Oui, je...
M. Tardif: M. le Président, attendu que dans
l'introduction du paragraphe 5 on dit: "La régie exerce la juridiction
qui lui est conférée par la présente loi et décide
des demandes qui lui sont soumises..." et qu'une des juridictions qui lui est
conférée par la présente loi, c'est celle que l'on
retrouve à la section II, dispositions particulières à la
conservation des logements.
M. Scowen: C'est très clair.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, faites-vous
une motion pour retirer le troisième paragraphe de l'article 5? J'ai
bien compris?
M. Tardif: C'est ça, M. le Président. Le
Président (M. Laplante): Adopté? M. Scowen:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le quatrième
paragraphe, qui devient le troisième, mais on fera une motion plus tard
pour la rémunération.
M. Scowen: Au paragraphe 4, j'ai une seule question. Nous avons
plusieurs statisticiens; est-ce que la Régie des loyers sera le seul
organisme, au sein du gouvernement du Québec, à avoir cette
responsabilité ou est-ce un dédoublement avec le ministère
ou avec la Société d'habitation du Québec?
Prévoyez-vous un regroupement des statisticiens?
M. Tardif: M. le Président, je pense que la
Société d'habitation du Québec maintient des statistiques
sur le nombre de logements sociaux existants, par type de logements, par
clientèle, leur distribution géographique, alors que dans le cas
de la régie, c'est évidemment surtout dans le stock de logements
locatifs qu'elle est intéressée et il n'est pas question qu'elle
fasse double emploi avec d'autres sources de données qui pourraient
exister comme celles des rapports de Statistique Canada, par exemple, ou les
documents compilés par la Société centrale
d'hypothèques et de logement. Elle pourrait, au besoin, cependant,
compléter ces documents. On sait, par exemple, que la SCHL publie, sur
une base trimestrielle, des données sur les taux de vacance dans les
régions métropolitaines du Canada. Ceci comprend trois ou quatre
régions au Québec seulement et, même dans ces
régions par exemple dans la région de Montréal
ça ne couvre que les immeubles de six logements et plus. Alors,
dès lors qu'on voudrait avoir une idée des taux de vacance et de
l'offre et de la demande sur des immeubles de moins de six logements, on ne
dispose, à l'heure actuelle, d'aucune donnée. Il ne s'agit donc
pas de faire double emploi, mais il s'agit d'avoir un minimum de renseignements
pour les fins de l'administration de cette loi.
M. Scowen: Dans votre esprit, le mot "logement", qui se trouve
dans ce paragraphe, est le même logement qui apparaît dans
l'article 1, logement locatif?
M. Tardif: Tel que défini, par exemple, n'entrent pas
là-dedans les données sur l'habitation en général
et l'habitation unifamiliale, il s'agit de logement locatif.
M. Cordeau: Sur le même article. Est-ce que la régie
va être en mesure de fournir des statistiques dans les endroits où
il manque de logements? Est-ce que ça a déjà
été souligné?
M. Tardif: De logements locatifs, oui, ça pourrait
effectivement entrer à partir du moment où elle compile des
données sur les taux de vacance et de façon plus raffinée
que ce qui est disponible présentement.
M. Cordeau: Incluant les quatre logements et moins?
M. Tardif: Evidemment, ceci pourrait être fait. A l'heure
actuelle, à la SCHL, c'est pour plus de six logements seulement, en bas
de ça, on ne sait pas.
M. Cordeau: Est-ce que vos statistiques comprendront toutes les
formes de logements?
M. Tardif: Nous n'avons pas, à l'heure actuelle,
dressé une liste des rapports que la Régie du logement devrait
fournir, ceci restera à déterminer, compte tenu des besoins pour
l'application de cette loi.
Le Président (M. Laplante): Le quatrième paragraphe
est-il adopté?
M. Tardif: Adopté. M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Cinquième
paragraphe.
M. Scowen: M. le Président, j'ai une question à
poser sur le cinquième paragraphe, mais si le ministre me le permet, je
préférerais discuter de cette question, après qu'on ait
discuté toute la question de la composition de la régie, dans
l'article 6. S'il le préfère, je soulève la question, mais
ce sera plus clair si on laisse ce sous-article, jusqu'à ce qu'on ait
discuté... Est-ce qu'on suspend jusqu'au moment où on discutera
l'article 6?
M. Tardif: Si vous voulez le laisser en suspens.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous aimeriez
suspendre les cinquième, sixième et septième paragraphes
et suspendre l'article 5 et faire le sixième?
M. Fontaine: Le septième, on peut l'adopter.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez adopter le
septième.
M. Scowen: Oui, on n'a pas de problème avec le
septième.
Le Président (M. Laplante): Septième paragraphe
adopté.
M. Tardif: Adopté. Est-ce que le sixième
pose...
M. Scowen: Les cinquième et sixième sont un peu
liés dans mon esprit. Si on peut...
M. Tardif: On peut suspendre.
Le Président (M. Laplante): Les cinquième et
sixième paragraphes de l'article 5 sont suspendus et l'article 5
suspendu. J'appelle l'article 6.
M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, l'article 6 est celui qui
énonce la composition de la régie qui sera formée d'un
président, de deux vice-présidents, "nommés, dit la loi,
en nombre suffisant par le gouvernement pour un mandat d'au plus cinq ans. Le
gouvernement détermine la rémunération, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail des régisseurs."
Cet article reproduit en substance le deuxième alinéa de
l'article 2 de la loi actuelle, sauf qu'il stipule que le mandat des
régisseurs ne peut excéder cinq ans. Les autres commentaires qui
pourraient être faits en ce qui concerne les régisseurs comme
tels, nous les verrons lorsqu'il sera question également peut-être
du pouvoir de réglementation de ceux qui assumeront ces fonctions.
M. Scowen: M. le Président, on a un peu
réfléchi sur la composition de la régie, surtout devant
les tâches multiples qu'on confère à cet organisme et nous
avons une sugçestion à vous faire, un amendement, si vous voulez,
et je veux expliquer un peu le sens de nos réflexions.
Premièrement, normalement, dans le cas d'une régie, on
crée un conseil d'administration de quatre, cinq, six, huit, neuf, dix
régisseurs qui sont responsables de l'application d'une loi. Vu que
cette régie a cette responsabilité comme tribunal, on a
décidé de nommer un nombre illimité de régisseurs
avec l'idée que toutes les personnes qui auront le droit d'entendre une
cause, un appel auront le titre et la responsabilité de
régisseurs. On peut prévoir même, si notre programme de
conciliation ne marche pas très très bien, que nous serons devant
un nombre de régisseurs assez large.
Je pense que le ministre a prévu cette possibilité parce
qu'à deux ou trois endroits il a donné un pouvoir au
président de la régie qui, je pense, normalement et très
souvent est la responsabilité de ta régie même. Je ne sais
si j'ai suivi ses réflexions de façon correcte et étroite,
mais mon impression, c'est que l'on va avoir peut-être une vingtaine ou
une trentaine ou une cinquantaine de régisseurs. Ce ne sera pas possible
qu'ils soient un conseil d'administration comme tel pour s'acquitter de toutes
les autres responsabilités administratives. On voit, par exemple, deux
ou trois endroits où on dit que c'est la présidence qui dirige la
régie. (17 heures)
Nous croyons qu'une autre formulation pourrait nous aider à
réaliser une certaine séparation des tâches judiciaires et
des tâches administratives et publicitaires. Je veux proposer une
idée sur laquelle le ministre pourra réfléchir et je le
fais en guise d'amendement. Je vais le lire et c'est dans le but qu'il puisse
comprendre nos préoccupations. La régie est composée de
sept régisseurs sept, c'est une idée dont le
président et le vice-président sont nommés par le
gouvernement pour un mandat d'au plus cinq ans, lequel est cependant
renouvelable. C'est une autre question. Le gouvernement détermine la
nomination, etc. Le gouvernement nomme, en outre, cinq juges et des
commissaires en nombre suffisant pour entendre toute demande de la juridiction
de la régie. Les commissaires sont nommés à titre
permanent et le gouvernement détermine leur rémunération,
leurs avantages sociaux et leurs conditions de travail.
En effet, nous aurons une régie traditionnelle avec toutes les
responsabilités administratives. Nous avons les amendements qui font
concordance à cet article, qui vont indiquer, par exemple à
l'article 10, que le président ou le vice-président de la
régie coordonne et répartit, non pas surveille, le travail des
commissaires. En ce cas, nous aurons un groupe de sept personnes qui peuvent
fonctionner comme une régie traditionnelle, si
vous voulez, avec une responsabilité de la régie
totalement de la régie, pas du président envers le
ministre dont le président, avec des fonctions plus ou moins
normales et à part un groupe de personnes qui peuvent former un
tribunal...
Le Président (M. Laplante): En conformité avec le
journal des Débats, nous allons juger de la recevabilité de la
motion.
M. Scowen: Je m'excuse!
Le Président (M. Laplante): Elle n'est pas jugée.
Pour couper court, après l'avoir lue attentivement, elle est recevable
et vous pouvez continuer.
M. Scowen: Est-ce que je suis obligé de
répéter tout ce que j'ai dit?
Le Président (M. Laplante): Non, c'est seulement pour les
fins du journal des Débats. Vous en seriez heureux, quoi?
M. Scowen: Oui, mais j'espère que tout ce qui a
été dit a été enregistré.
M. Caron: Aimeriez-vous mieux le redire?
M. Scowen: Je souligne seulement trois ou quatre petits points
qui deviennent, je pense, plus cohérents avec ce changement. Je reviens
à la question du sous-article 5 de l'article 5. Vous avez donné
à la régie la responsabilité de donner au ministre
désigné son avis sur toute question que celui-ci soumet. Vous
avez donné, à l'article 26, au président la
responsabilité de fournir au ministre désigné tous les
renseignements que celui-ci requiert pour les activités de la
régie.
En effet, le président, sur les bases de vos propos, aura un lien
privilégié. Vous donnez à la présidence,
d'après nous, des pouvoirs qui sont plus étendus que ceux qu'on
voit normalement, des pouvoirs qui sont même à part des pouvoirs
de la régie comme telle. Un pouvoir veut que ce soit le président
qui dirige la régie. Nous préférons que ce soit les
régisseurs qui dirigent la régie et non pas le président
seul. Les régisseurs sont en nombre adéquat pour former un
conseil d'administration efficace, utile et pratique. Je donne un exemple,
l'article 83. A une assemblée convoquée par le président,
les régisseurs peuvent, à la majorité, adopter des
règlements de procédure jugés nécessaires. Vous
pouvez imaginer une assemblée au Colisée avec quelques centaines
de régisseurs qui adoptent les règlements. Ce n'est pas faisable,
c'est un groupe trop considérable.
A mon avis, il serait beaucoup mieux d'établir une régie
cohérente, qui peut fonctionner comme un conseil d'administration, qui
peut s'occuper de l'administration de la régie, qui aura quand
même un personnel assez élargi qui travaille de jour en jour dans
le domaine de la publicité, dans le domaine de la conciliation avec des
conciliateurs, dans le domaine de renseignements, la direction des
études et recherches et tout et, à part, un groupe qui formera un
tribunal je le répète qui sera sous la juridiction
de la régie, des sept régisseurs en ce qui concerne la
coordination et la répartition du travail, mais qui ne seront pas
surveillés dans le sens que leurs décisions seront soumises
à l'approbation des personnes qui sont plutôt de nature
administrative.
Je propose cet amendement dans le but de séparer, d'une
façon plus claire, les responsabilités assez complexes et assez
diverses dont on a déjà parlé et j'aimerais avoir les
commentaires du ministre là-dessus.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais m'assurer que je
comprends bien le sens de l'amendement. Il est dit ici: La régie est
composée de sept régisseurs dont un président et deux
vice-présidents nommés par le gouvernement pour un mandat d'au
plus cinq ans, lequel est cependant renouvelable. Le gouvernement
détermine la rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail.
Après cela on dit: Le gouvernement nomme en outre cinq juges et
des commissaires, en nombre suffisant pour entendre toute demande de la
juridiction de la régie. Les commissaires sont nommés à
titre permanent et le gouvernement détermine leur
rémunération, leurs avantages sociaux et leurs autres conditions
de travail. Donc, on aurait deux groupes: un premier groupe de sept
régisseurs, dont un président et deux vice-présidents et
après cela cinq juges et des commissaires en nombre suffisant.
M. Scowen: C'est une suggestion.
M. Tardif: La première question qui me vient à
l'esprit c'est: Le premier groupe, c'est-à-dire ce que je crois
être la déformation professionnelle du député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est-à-dire l'attitude de la "corporation",
entre guillemets, du conseil d'administration, si vous voulez, d'une
société d'affaires, est-ce qu'il s'agirait là de gens
agissant à temps plein?
M. Scowen: Oui. Pourquoi pas? Ce n'est pas une question
essentielle, mais je pense qu'on a des exemples des deux dans les autres
types.
M. Tardif: Cela me paraît assez important parce que, quand
même, il y a très peu d'entreprises, que je sache, qui regroupent
à peu près 300 employés qui peuvent se payer le luxe
d'avoir un conseil d'administration de sept personnes à temps plein. On
va retrouver peut-être un PDG à temps plein et il y a des gens qui
sont là et qui siègent, qui ont des jetons de présence
pour siéger. D'abord, sept personnes à temps plein pour
gérer une entreprise qui regroupe 300 employés, cela me
paraît quelque chose d'énorme.
La deuxième, c'est cinq juges et des commissaires en nombre
suffisant.
Evidemment, on dit: Cinq c'est un minimum et les autres seraient
là à demande. D'abord, il y a le fait qu'on parle ici de cinq
juges alors que dans la
loi il n'est évidemment pas question de se baser essentiellement
ou principalement même sur des juges qui par définition le
député n'en parle pas je présume, seraient des
juges de la Cour provinciale, par exemple, pour entendre ce type de cause.
Dans la formule que nous avons retenue avec un président et deux
vice-présidents s'occupant à la fois du partage des tâches
entre les régisseurs et de fonctions administratives, il nous
paraît que cette haute direction est suffisante en nombre, et ce qui
n'empêche pas que la régie comme telle, cela entend des
régisseurs comme corps nommés en nombre suffisant
tantôt je pourrai donner des indications de ce qu'on entend par cela
que ces gens puissent collégialement c'est prévu
à l'article 83 se donner des règles de pratique. Je veux
bien croire que sans doute le député de Notre-Dame-de-Grâce
je ne sais pas pourquoi je les mélange depuis ce matin tous les
deux a voulu un peu caricaturer la situation, lorsqu'il a dit: II faudra
louer le Cotisée de Québec pour que les régisseurs
puissent se réunir. Ils sont beaucoup trop nombreux.
Je vous ferai remarquer qu'il y a 155 juges à la Cour provinciale
et 120 à la Cour supérieure et que c'est de la façon dont
ils se donnent leurs règles de pratique, se réunissent
collégialement et adoptent ces règles qui régissent leur
fonctionnement de tous les jours. C'est donc dire que la formule n'est pas
inédite et que, dans le cas de la Régie du logement comme telle,
il n'est pas prévu un nombre aussi considérable; loin de
là.
J'ai mentionné ce matin qu'il y a actuellement à la
régie, siégeant en première instance, plus ou moins 70
administrateurs à la séance et qu'il y a une quinzaine
quatorze, je crois, maintenant commissaires qui siègent en appel.
On sait maintenant que, de par la loi qui est devant nous, les appels seront
entendus par la Cour provinciale. Donc, il y a plus de juridictions
d'appel.
Deuxièmement, toutes les matières de première
instance enfin, il y aura quand même un appel en matière de
fixation de loyer seront entendues par des régisseurs qui verront
leur volume de travail s'accroître du fait qu'ils auront
compétence sur tout ce qui, auparavant, allait à la Cour des
petites créances, par exemple, dès qu'il s'agit du bail d'un
logement, et ce qui serait de nature à faciliter les choses tant pour
les propriétaires que pour les locataires. Quand un propriétaire
voulait percevoir une créance due sur un immeuble, trois mois de loyer,
et qu'il devait s'adresser, pour ce faire, à la Cour provinciale et
débourser des frais, dorénavant il pourra le faire sans frais,
sans avocat avec un avocat s'il le veut, mais cela n'est pas
nécessaire devant la régie, ce qui devrait être de
nature à faciliter et surtout lorsque cette démarche s'accompagne
ou devait s'accompagner auparavant d'une double démarche,
c'est-à-dire une à la régie pour résiliation de
bail pour défaut ou non-paiement de loyer et une autre à la Cour
provinciale pour le montant dû.
A l'heure actuelle, les 70 administrateurs entendent donc à peu
près les 60 000 causes dont a été saisie la régie
l'année dernière. On dit, cette année ou l'an prochain,
peu importe, à cela viendront s'ajouter les affaires qui vont
présentement devant la Cour des petites créances, donc un volume
d'affaires plus grand. Or, il est prévu à peu près, en
fonction du nombre de causes évidemment, je ne cacherai pas au
député de Notre-Dame-de-Grâce que ceci est un peu fonction
de ces autres facteurs qu'il a évoqués tantôt comme, par
exemple, le taux de vacance dans les logements dans la mesure où le taux
de vacance est plus grand, que certains propriétaires ne demandent
peut-être pas les augmentations qu'ils auraient demandées s'il y
avait eu un resserrement du marché et qu'en conséquence, le
nombre d'affaires allant devant la régie tombe. C'est un petit peu ce
qui se produit présentement parce qu'il y a moins d'affaires au moment
où nous nous parlons qu'à la même date l'année
dernière. Il est prévu une trentaine de régisseurs
à temps plein pour s'occuper de ces causes. A l'heure actuelle, les
honoraires payés aux administrateurs siégeant à la
séance se chiffrent à environ $1 million par année et
l'engagement d'une trentaine de régisseurs à temps plein va
coûter environ le même montant. D'accord? Il s'agit uniquement de
ne pas se couler dans le béton quant à un nombre précis
dans la loi et de le faire en fonction d'un volume prévisible d'affaires
dont serait saisie la régie.
M. le Président, pour ces raisons, pour des raisons que j'ai
mentionnées au tout début, à savoir que je ne vois pas la
nécessité d'avoir un conseil d'administration de gens à
temps plein, de sept personnes pour gérer un organisme, somme toute,
assez modeste quant à sa taille, je crois que le député de
Notre-Dame-de-Grâce, après avoir eu ces éclaircissements,
voudra peut-être reconsidérer l'amendement et revenir au texte
original. (17 h 15)
M. Scowen: Bon. Je remercie le ministre de ses commentaires et je
pense que je n'ai pas assez clairement élaboré les intentions en
ce qui concerne cet amendement. Premièrement, je veux dire franchement
et tout de suite, l'allusion que vous connaissez c'est une caricature comme
vous avez dit et je ne veux plus en parler. De plus, je veux ajouter que
l'idée d'avoir cinq juges, sept régisseurs, ce sont des questions
de détail, on n'est pas du tout pris. De plus, la question que les sept
régisseurs doivent être à temps plein ou à temps
partiel, c'est une autre question qui, je l'accepte, est très
discutable.
Il y a deux éléments clés qui nous ont
amenés à suggérer ces changements. Le premier, c'est que
vous prévoyez une trentaine de régisseurs, très bien. Ce
sera pour le départ, on peut prévoir que le nombre ne diminuera
pas. C'est possible et c'est plutôt dans la nature des choses que cela
augmentera. Il y en aura certainement d'autres qui vont s'occuper exclusivement
de la section II, les experts dans la démolition. Chacun de ces
régisseurs, sur le plan juridique, aura une responsabilité
juridique pour tout ce qu'on trouve dans l'article 5. La régie est
composée des régisseurs et les régisseurs exercent les
juridictions dans le rensei-
gnement, la conciliation, les études, ainsi de suite. C'est clair
pour vous, pour moi et pour tout le monde, que ce n'est pas praticable que ces
régisseurs, qui seront dispersés à travers le
Québec, puissent exercer dans aucun sens réel, cette juridiction
sur les responsabilités de la régie.
Tenant compte de cette réalité, je pense que ce que vous
avez décidé de faire c'est de dire, et je cite: "Le
président dirige la régie et il est responsable de son
administration et de la direction générale." Vous n'avez pas
trouvé un point mitoyen entre une seule personne, un président,
et tous les régisseurs qui sont sur une base formelle les responsables
pour ce qui concerne les sept articles. Nous trouvons que c'est un danger.
Premièrement, parce que nous prévoyons un président avec
un pouvoir et, d'après certains autres articles, un lien direct et
privilégié avec le ministre qui sera connu de lui seul; il ne
sera pas soumis aux conseils et opinions des autres régisseurs qui
seront, comme je l'ai dit, dispersés et certainement pas au courant avec
toute l'administration de cette affaire. A cause du fait que la régie
est trop grande pour exercer vraiment, en réalité, les pouvoirs
qui sont conférés dans l'article 5, vous étiez
obligés d'aller envers... il n'y a pas de meilleur point, qu'on donne
tous les pouvoirs à un seul président.
Ce que nous suggérons c'est un peu de régler ce
problème avec la création d'un groupe, soit à temps plein,
soit à temps partiel, soit les deux, contenant bien sûr les
juristes parce qu'ils auront la responsabilité d'exercer un rôle
de coordination et de répartition de tâches et un lien très
très proche avec les personnes qu'on a appelées les commissaires
qui vont faire entendre les causes. Comme cela, nous pouvons avoir plus d'une
personne et nous pouvons avoir un partage des responsabilités. Nous
pouvons réellement, comme vous l'avez suggéré, demander
à la régie de donner son avis sur une question. On peut, si vous
voulez rayer l'article 26 qui, pour nous, donne des pouvoirs très
énormes, très forts, à une seule personne. On peut rendre
la réalité du fonctionnement de la régie plus en
conformité avec ce qui est écrit dans la loi.
M. Tardif: Encore là, je pense qu'il y a une
ambiguïté fondamentale qui semble s'incruster dans l'esprit de
certains intervenants autour de cette table. Il n'est pas question d'attendre
des régisseurs qu'ils exercent toutes et chacune des fonctions
énumérées à l'article 5. Les régisseurs, je
dirais dans la totalité ou la quasi-totalité de leurs fonctions,
vont faire de l'adjudication. Le voudraient-ils, M. le Président, qu'ils
ne pourraient pas accomplir la plupart des autres fonctions. Lorsque je veux
avoir une analyse statistique de la situation du logement, ce n'est pas au
régisseur que je vais m'adresser mais bien au statisticien de service,
au sociologue de service, à l'économiste de service, qui sont
à la régie.
Il y a d'ailleurs ici, derrière moi, plusieurs conseillers de la
régie actuelle qui ne sont pas des régisseurs, aucun d'entre eux
ne l'est. Ce sont des membres du contentieux, ce sont des économis- tes,
mais ce ne sont pas des gens... les régisseurs sont là à
rendre des fonctions judiciaires, à décider des causes.
Alors, M. le Président, dans l'actuel organigramme de la
présente commission, il y a en plus des administrateurs des gens qui
remplissent toutes ces fonctions, il y a un attaché de relations
publiques, il y a des chercheurs, il y a des spécialistes en
mécanographie pour s'assurer de la fabrication des programmes
informatiques nécessaires. On ne demande pas cela aux
régisseurs.
Il y a donc ce partage des tâches entre, si vous voulez,
l'adjudication comme telle qui va être le lot des régisseurs; il y
a les tâches administratives qui vont être le lot du personnel de
soutien, les quelque 300 personnes environ qui sont là et qui vont
continuer d'exercer les mêmes fonctions et mieux, nous l'espérons;
et il y a évidemment dans l'accomplissement de ses fonctions de
présidence de la régie le pouvoir qu'a le président
à l'article 12 de déléguer de ses fonctions au
vice-président, pouvoir qu'a le président.
Il m'apparaît évident que pas plus dans la nouvelle
régie que dans l'actuelle nous attendrons des hommes de loi autre chose
que de dire la loi, de voir qu'elle soit appliquée dans les causes qui
leur seront soumises. Mais de là à se lancer, chacun d'eux,
individuellement, en province ou autrement dans les campagnes de
publicité, chacun faire son petit relevé statistique, chacun
faire ci, chacun faire ça, bien non, évidemment pas.
M. Scowen: Très bien. Je vous suis parfaitement, M. le
ministre, mais ce n'est pas exactement ce qui est dit dans la loi et c'est
cette contradiction qu'on voulait éviter. Si, par exemple, vous me
proposez d'être régisseur et si je n'étais pas
député j'accepterais heureusement, quelles sont mes
responsabilités? Bon, vous allez me dire: Vous êtes un des
régisseurs de la régie, vous faites partie de la
régie.
M. Tardif: C'est cela.
M. Scowen: Et vous êtes en outre chargé, vous, parce
que vous êtes le régisseur, vous faites partie de la composition
de la régie, de renseigner, etc. C'est bien clair et c'est entendu que
vous ne me demandez pas de faire le renseignement moi-même ni de faire
les recherches moi-même. Je comprends parfaitement, c'est entendu mais
par rapport à la loi, vous me donnez la responsabilité de
vérifier que ces choses sont faites. Pour moi c'est clair dans la loi,
la régie est composée des régisseurs et la régie
est en outre chargée de: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Alors, cela arrive souvent
on le voit souvent dans les organismes gouvernementaux que les
membres du conseil d'administration de la régie ne prennent pas leurs
responsabilités. En effet, ce qui arrive dans la pratique n'est pas du
tout conforme avec ce qui est écrit dans la loi.
Je ne pense pas qu'on doive créer un nouvel organisme, à
moins que cela soit absolument
nécessaire, lorsque le ministre peut nous dire, à la
création de la loi, que les responsabilités et les fonctions qui
sont prévues pour les régisseurs ne sont pas du tout celles qui
sont écrites dans la loi. C'est pour cette raison que j'ai
proposé qu'on limite le nombre de régisseurs à un nombre
convenable et qu'ils prennent leurs responsabilités de diriger comme un
conseil d'administration, avec les responsabilités décrites
à l'article 5. Cela sera une pas mal grosse affaire avec tout ce qu'on
prévoit. S'ils vont faire leur travail d'une façon efficace, ce
sera probablement un travail pour cinq ou six régisseurs à temps
plein, dont deux ou trois permanents et deux ou trois à temps partiel.
Vous pouvez dire aux autres, d'une façon très honnête: Vous
n'avez pas de responsabilité en ce qui concerne les sous-articles de
l'article 5.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais attirer
l'attention j'ai parlé tantôt de l'article 12 qui dit que
les vice-présidents exercent les fonctions qui leur sont
déléguées par le président de cette
commission sur l'article 10 qui dit que "le président ou le
vice-président qu'il nomme à cette fin coordonne, répartit
et surveille le travail des régisseurs qui, à cet égard,
doivent se soumettre à ses ordres et à ses directives". J'imagine
que le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'étant
qualifié à un concours pour le poste de régisseur, est
nommé en bonne et due forme, qu'il se rapporte au travail lundi matin,
au bureau du président, et que le président dit: Très
bien, monsieur; vous êtes régisseur et vous êtes
assigné au bureau de Montréal. Maintenant, vous entendrez les
causes qui seront inscrites au rôle pour vous. Un point, c'est tout.
M. Scowen: Oui, mais vous voyez je l'espère
M. le ministre, un peu de contradiction entre la définition de la
régie et les régisseurs aux articles 5 et 6 et la
définition des tâches qui est précisée aux articles
10 et 12. Oui, j'accepte l'idée que vous pouvez fonctionner de cette
façon, mais quand vous dites que la régie comme telle est
composée d'un groupe de régisseurs et que vous donnez à
cette régie, à ces régisseurs ces pouvoirs, il est tout de
suite nécessaire, à la page suivante, d'aller un peu en
contradiction de cette déclaration de fond qui crée les
régisseurs et la régie en disant: Ecoutez! C'est vrai qu'à
la page 6, vous avez toutes ces responsabilités, mais il ne faut pas les
lire. Il n'est pas nécessaire de lire ni la page 6 ni la page 7. C'est
tout ce qui vous concerne.
Je ne suis pas juriste, mais j'ai assez d'expérience dans ce
domaine, à savoir qu'un régisseur peut, dans la loi, même
avec l'article 10, sentir au moins qu'il a une certaine responsabilité
dans le domaine des responsabilités globales de la régie. Je dis
que cela n'est pas une question de théorie parce que je vois que la
seule solution que vous avez trouvée pour régler le
problème, c'est de donner à un président des pouvoirs qui
sont normalement donnés à la régie elle-même.
Une Voix: M. le Président, j'aimerais intervenir dans le
dialogue.
Le Président (M. Laplante): Concernant ce dialogue, le
temps du député de Notre-Dame-de-Grâce est terminé.
Il avait la parole depuis 17 h 4, dont neuf minutes ont été
utilisées par le ministre, que j'ai soustraites; ce qui fait environ 22
minutes pour vous. Est-ce que cela vous satisfait?
M. Scowen: Je pense que je peux...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
empêcher les autres députés de revenir sur la question,
mais d'après ce qu'on a pu entendre de la conversation qui vient de se
dérouler, le député de Notre-Dame-de-Grâce dit qu'il
y a des pouvoirs qui sont confiés par la loi à la régie et
que le président de la régie va pouvoir dire à un
régisseur: Vous allez vous occuper de la question, à savoir de
faire des statistiques. (17 h 30)
M. Tardif: Non, non.
M. Fontaine: Et puis le ministre, de son côté, dit:
Non, les régisseurs vont être nommés et le président
de la régie va tout simplement dire: Monsieur, vous venez d'être
nommé, vous vous en allez siéger pour entendre des causes
à tel endroit. Je pense que le député de
Notre-Dame-de-Grâce, dans l'interprétation qu'il fait de la loi,
peut avoir autant raison que le ministre parce que le président de la
régie peut assigner à un régisseur n'importe quelle
tâche.
Cependant, si on prend l'argumentation du ministre qui dit que les
régisseurs sont là pour rendre des décisions judiciaires,
qu'ils vont faire de l'adjudication, on revient à la discussion que nous
avions entamée tout à l'heure, à savoir que les
régisseurs vont exercer tout simplement un pouvoir judiciaire et qu'il
va y avoir du personnel de soutien pour exercer des fonctions administratives.
A ce moment-là, la question se pose encore une fois: Est-ce qu'on ne
devrait pas diviser les deux? C'est un peu ce que fait l'amendement
proposé par le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer de me faire
comprendre encore un petit peu plus clairement. C'est un fait que, si un
régisseur, juriste de formation, puisque sauf pour les fins de l'article
2 on dit qu'ils devront être des gens de droit, se sentait porté
vers les statistiques, avait développé, si vous voulez, une
expertise et une connaissance en informatique et qu'il offrait ses services au
président et que celui-ci dise: Ah! oui, excellente idée de
refaire nos programmes d'informatique pour les simplifier, de passer je ne sais
pas du langage COBOL à un autre, rien n'empêcherait le
président, dans la loi, de dire: Parfait,
mon vieux, pendant une semaine tu ne sièges pas et tu refais un
programme. Ce n'est pas exclu, mais c'est rare. Il y a des spécialistes
pour faire cela, ça ne court pas les rues.
D'autre part, la solution du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je la comprends dans un contexte d'administration
d'entreprise, de corporation où, si vous voulez, le président
répond au conseil d'administration. Là, écoutez, on ne
veut certainement pas que le président réponde à
l'assemblée des régisseurs. Je pense que cela ne s'appliquerait
pas.
Alors, pour moi, il est clair que c'est la situation actuelle qui
prévaut, c'est-à-dire du président qui les assigne
on ne les appelle pas à l'heure actuelle les régisseurs; on les
appelle les administrateurs à entendre des causes. Point, c'est
tout, ils entendent des causes. Et il y a les gens dont c'est la
spécialité de faire la statistique, de faire je ne sais pas quoi.
Il n'est pas question de changer cela. Ce n'est pas une addition; c'est la
structure actuelle de la Commission des loyers: un président, deux
vice-présidents, des adjudicateurs, un personnel de soutien et des
cadres administratifs. C'est ce qui existe. Ce n'est pas quelque chose de
nouveau. Cela fonctionne. On espère qu'on va améliorer le service
à la population, mais il ne s'agit pas de créer une structure
parallèle ou complètement différente de celle qui
existe.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Est-ce à dire,
M. le ministre, que dorénavant il y aura dans chaque bureau de la
régie, à chaque endroit où la régie décidera
qu'il faut un bureau, un administrateur concernant la paperasse et la
préparation des causes probablement, ainsi de suite; par contre, que cet
administrateur ne sera pas régisseur comme dans certains cas
actuellement, c'est-à-dire remplissant le rôle d'un
régisseur tel que cela se fait actuellement?
M. Tardif: Voici, M. le Président, il y a
présentement environ 32 bureaux...
M. Cordeau: Bon, je voulais le savoir.
M. Tardif: ... où il y a justement des gens qui font
enfin, généralement une personne, sauf à
Montréal et à Québec de l'adjudication. Ces gens
vont siéger à la séance, donc au besoin, et il y a en
permanence évidemment un agent de bureau qui prépare les choses
nécessaires pour les auditions. Il peut y avoir une secrétaire et
un préposé aux renseignements, téléphone et autre,
qui sont là en permanence.
A l'heure actuelle, il y a un administrateur qui va peut-être
siéger une journée dans un bureau, une autre journée dans
un autre bureau parce qu'il y a des bureaux itinérants. Il n'y a pas
suffisamment d'affaires traitées pour justifier d'avoir, au même
endroit, partout en province, des gens à temps plein. A l'heure
actuelle, ce sont soit des administrateurs différents qui, à la
séance, siègent un après-midi ou une journée par
semaine à un endroit et un autre siège ailleurs ou l'un se
déplace. Donc, c'est le même régime qui prévaudra,
mais encore une fois la fonction adjudicative est distincte de la fonction
administrative de bureau. Quant aux fonctions très
spécialisées d'informatique, de contentieux et autres, c'est
centralisé à Montréal et à Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre nous dit que la
même personne ne serait pas normalement appelée à accomplir
des tâches de nature diverse, ne serait pas normalement appelée
à siéger comme régisseur pour juger de demandes
formulées par des citoyens et à accomplir des tâches
administratives. Il nous dit que, s'il y avait des exceptions à cette
règle que j'énonce, elles seraient extrêmement rares. Mais
ce que je constate à la lecture de l'article 5, c'est que l'on n'y parle
pas de régisseurs individuellement, on n'y fait pas de distinction dans
l'article 5 entre la personne appelée à exercer la fonction quasi
judiciaire et l'autre personne qui normalement accomplirait les autres
tâches.
Peut-être que d'autres collègues l'ont dit parce que j'ai
dû et je m'en excuse, manquer quelques minutes, mais nous parlons ici de
montants qui peuvent être passablement importants. Dans un cas, il peut
s'agir de $40 par mois; donc, moins de $500 par année. Mais, s'il y a de
nombreux locataires dans un même immeuble qui portent plainte, on peut se
trouver devant des montants de plusieurs milliers de dollars et ainsi
dépasser la limite normalement imposée à la juridiction de
la Cour provinciale, par exemple. Pourtant, à la Cour provinciale, les
juges n'agissent pas comme conseillers du ministre, ne fonctionnent pas comme
analystes des effets de l'application d'une loi, ne compilent pas de
statistiques, etc. C'est le sens de l'objection que nous avons.
C'est que le ministre est très clair et nous nous entendons sur
la différence qui existe entre les deux sortes de fonctions, mais la loi
n'est pas claire à ce sujet. La loi ne fait pas de distinction. La loi,
quant à l'article 5, même s'il est assorti de certaines
précisions qui paraissent à d'autres articles, dit toujours que
la régie exerce la juridiction qui lui est conférée par la
présente loi.
M. Tardif: Si j'ai bien compris l'intervention du
député de D'Arcy McGee, il voudrait qu'on fasse un peu le pendant
de ce qu'on... Il y a un article qui dit que seuls des régisseurs qui
sont juges et avocats peuvent entendre des causes autres que celles
prévues à la section II. Il voudrait qu'on fasse l'inverse, qu'on
dise cela, mais aussi que les juges et les avocats désignés pour
entendre des causes en vertu de la section II ne pourront pas faire autre chose
qu'entendre des causes. Est-ce que je comprends bien?
M. Goldbloom: C'est essentiellement cela, oui.
M. Tardif: M. le Président, il me semble que c'est se
priver de services qui pourraient être fort valables de la part de
régisseurs, qui pourraient avoir une expertise dans un autre domaine
j'ai parlé de l'informatique ou n'importe quoi et en faire
bénéficier la commission.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président, chaque fois...
M. Tardif: Est-ce qu'on veut interdire cela?
M. Goldbloom:... que l'on nomme un juge, on se prive de
l'éventail de compétences que cette personne peut avoir...
M. Tardif: De moins en moins, ils ont le droit de voter
maintenant.
M. Goldbloom: Ce n'était pas dans ce sens que je le
disais, mais, mon Dieu, M. le Président, tout le monde sait qu'un juge
ne doit pas se permettre un éventail important d'activités. Le
fait d'être juge, qui confère des avantages importants, impose
également des restrictions quant à ce que cette personne peut
faire. Les gouvernements successifs font appel, de temps en temps, à des
juges pour accomplir des tâches spécialisées...
M. Tardif: M. le Président...
M. Goldbloom:... mais c'est en tant que juges.
M. Tardif: ... si c'était de nature à nous faire
avancer, parce que je trouve qu'on se répète, je serais d'accord
on a déjà suspendu les paragraphes 5 et 6 pour
suspendre cela. Nous allons le regarder pour voir s'il est possible de cerner,
mais je ne voudrais quand même pas qu'on se prive totalement dans
l'accomplissement d'autres fonctions ou que ceci nous amène à une
définition à ce point stricte du président de la
régie qu'il dirait à un des régisseurs: II y a une
émission de télévision samedi soir ou tel soir dans la
municipalité de Sherbrooke pour expliquer la loi; moi, je n'y vais pas,
c'est contraire à tel article qui dit que j'entends des causes. C'est ce
qui pourrait se produire si on en venait à cette définition
très rigoureuse que tout ce que feraient les régisseurs, ce
serait de l'adjudication. A ce moment-là, ils ne pourraient pas vraiment
participer à une émission d'information publique pour informer
les gens de la loi.
M. Fontaine:... une personne du contentieux. M. Goldbloom:
M. le Président... M. Tardif: Je voudrais...
M. Goldbloom:... le ministre soulève un point
important.
M. Tardif: Je suis d'accord...
M. Goldbloom: II y a des distinctions que l'on doit faire et,
dans le cas d'un juge, que cette personne fasse part à l'opinion
publique de ses connaissances, cela me semble normal, mais que cette personne,
à titre de juge, soit en même temps un conseiller du ministre, je
trouve cela moins normal.
M. Tardif: Le président, le président.
M. Goldbloom: La régie est en outre chargée de
donner au ministre désigné son avis sur toute question que
celui-ci lui soumet.
M. Tardif: M. le Président, je suis d'accord pour essayer
peut-être de le reporter et de préciser cela, mais je voudrais
seulement faire remarquer que les juges des différentes cours de justice
au Québec, les juges en chef, individuellement ou regroupés dans
le Conseil consultatif de la justice, conseillent le ministre de la Justice
régulièrement sur toute question reliée à
l'administration.
M. Goldbloom: Sur l'administration de la justice, oui,
mais...
M. Tardif: Je ne veux pas d'autres conseils. Je ne veux pas de
conseils sur les bouts de tuyau d'égout et d'aqueduc des
municipalités de la part de ces gens. J'en veux seulement sur
l'application de cette loi.
M. Fontaine: Vous pouvez leur demander n'importe quoi.
M. Goldbloom:-Mais derrière cette loi, il y a une
politique d'habitation, M. le Président, et c'est sûrement sur
cela que le ministre voudrait avoir des conseils.
M. Cordeau: M. le Président, avant de...
Le Président (M. Laplante): Vous avez terminé, M.
le député de D'Arcy McGee? M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, moi aussi je seconderais la
motion du ministre de suspendre cet article, mais, avant, j'aimerais que le
ministre nous fasse connaître le pourquoi d'un mandat d'au plus cinq ans,
étant donné que les fonctions des régisseurs, telles que
décrites par le ministre, seront des fonctions judiciaires...
M. Tardif: D'adjudication.
M. Cordeau: Oui, d'adjudication, alors c'est de rendre un
jugement. Je pense que cela se rapproche énormément. Il faut
demander une impartialité, ainsi de suite, dans tout cela. Pourquoi les
nommer juges seulement pour cinq ans? Parce qu'ils vont remplir les fonctions
de juges, bien sûr, avec quelques fonctions secondaires, comme le
ministre nous en a informés tantôt. J'aimerais que
le ministre nous fasse part de son point de vue concernant la
durée d'une nomination...
M. Tardif: Bon. (17 h 45)
M. Cordeau: ... d'un régisseur exerçant les
fonctions d'un juge.
M. Tardif: M. le Président, d'abord ces gens-là ne
seront pas des juges parce que, s'ils l'étaient, ils seraient
effectivement nommés à vie comme c'est le cas des juges. Pour les
régisseurs, la loi que je vous propose marque un net progrès par
rapport à ce qui existe présentement, puisque les gens sont
actuellement nommés selon le bon plaisir et renvoyés selon le bon
plaisir. Ici, il y a une sécurité pendant cinq ans.
Vous allez me dire: Pourquoi ne pas l'avoir nommé à vie?
Pour une raison très simple. On nous a fait valoir, après
consultation avec des gens de la profession du droit, qu'il n'y aurait pas
beaucoup de candidats qui seraient intéressés à assumer
cette fonction d'adjudication en permanence uniquement dans ce secteur et qu'il
se pourrait fort bien que des gens, faisant déjà partie du corps
de juristes du gouvernement, qu'il s'agisse de l'aide juridique, des procureurs
et autres, veuillent exercer cette fonction pendant cinq ans, reprendre une
carrière dans l'administration et peut-être, subséquemment,
être nommés juges. Encore une fois, il ne faudrait pas qu'on
pousse le parallèle au point de dire: Ces gens-là vont être
des juges, au sens de juge de la partie 24 avec pleins pouvoirs de juger les
matières criminelles et autres. Ce sont donc les fins d'application
d'une loi très précise; ces avocats, ces hommes de loi
assumeraient cette fonction, le feraient pendant une période de cinq
ans, peuvent avoir un cheminement de carrière qui les mènerait
à la magistrature.
Pour l'instant, il nous a semblé que cette sécurité
entre en faire des juges ou des fonctionnaires à vie et l'espèce
de situation actuelle où on est engagé à la séance,
on est engagé par qui on veut et on est remercié quand on veut,
il y avait là de quoi intéresser, pendant un mandat fixe, de
jeunes avocats pour qui il s'agirait d'un débouché
intéressant dans le cheminement d'une carrière de juriste.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre des Affaires
municipales prend plaisir à mentionner le mot "adjudication"
plutôt que dire que la personne en question va exercer une fonction
judiciaire. Bien sûr, ces personnes-là vont être
appelées des régisseurs, mais il faut bien tenir compte du fait
que, dans le domaine du loyer, ces personnes vont avoir à rendre des
décisions qui, bien souvent, vont même excéder la
juridiction de la Cour provinciale qui est de $6000. Quand un locataire voudra
demander le remboursement des dommages qu'il a subis parce qu'il s'est fait
renvoyer de son logement, il est possible que cela excède cette
juridiction. Je ne dis pas que cela sera courant, mais cela peut arriver.
M. Tardif: Si c'est au-dessus de $6000, cela relève de la
Cour provinciale ou, enfin, de la Cour supérieure.
M. Fontaine: Non. Ce n'est pas cela que la loi dit.
M. Cordeau: Peut fixer. Il n'y a pas de montant, de limite.
M. Fontaine: II fixe le montant et il a un droit d'appel à
la Cour provinciale. C'est simplement un exemple pour faire comprendre qu'il
est possible, même si on ne dit pas qu'ils exercent des fonctions
judiciaires, que ces gens-là aient des pouvoirs supérieurs
à ceux d'un juge de la Cour provinciale.
M. Tardif: M. le Président, je suis prêt à
regarder à nouveau l'article 6 en rapport avec les deux paragraphes de
l'article 5 que nous avons suspendus, faire la même chose pour l'article
6 et voir si, dans les faits, c'est possible, sans en arriver à une
description de tâches minutée comme on le retrouve dans certaines
conventions collectives de travail, où les adjudicateurs ne feraient pas
autre chose que s'asseoir sur le banc et entendre des causes. En dehors de
cela, tout ce qui se passe à la régie où une demande de
renseigner les gens ne se fait pas... Cela m'apparaît un non-sens. Je
vais le regarder pour voir s'il est possible de libeller quelque chose dans ce
sens-là.
M. Fontaine: Est-ce que...
Le Président (M. Laplante): L'article 6 est suspendu.
M. Fontaine: Un instant, M. le Président. Avant de
suspendre, est-ce que le ministre pourrait également regardera
possibilité, comme le député de Saint-Hyacinthe l'a
suggéré, pour les régisseurs d'être nommés
pour plus de cinq ans? Je suggérerais dix ans et ce, encore une
fois...
M. Tardif: Non, il y a une politique gouvernementale...
M. Fontaine:... en vue d'une meilleure impartialité.
M. Tardif: D'ailleurs, cette pratique que le gouvernement avait
de nommer des gens pendant dix ans, à différents postes,
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, est en train
d'être complètement révisée. Il n'y a pas de
nominations maintenant qui se font pour plus de cinq ans.
M. Fontaine: II faut tenir compte du fait particulier de ces
régisseurs. Je vous dis qu'ils exercent des pouvoirs judiciaires.
M. Tardif: Vous n'avez un mandat que de quatre ans et cela ne
vous empêche pas de fonctionner, M. le député.
M. Fontaine: Oui, mais je suis élu par la population et
cela ne m'inquiète pas.
M. Tardif: Mais cela ne vous empêche pas de bien
fonctionner quand même, je pense. On en a la preuve aujourd'hui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 6 sera
suspendu?
M. Fontaine: Suspendu.
Le Président (M. Laplante): L'article 6 est suspendu. Les
travaux de cette commission sont suspendus et reprendront à 20 heures
à la salle 81-A.
Fin de la séance à 17 h 52
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission des affaires municipales pour
l'étude article par article du projet de loi no 107, Loi instituant la
Régie du logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives. L'article 6 ayant été suspendu, j'appelle
l'article 7. M. le ministre.
M. Tardif: Oui, M. le Président, dans un moment, je vous
ferai part de mes commentaires sur l'article 7, si je peux y arriver.
M. le Président, l'article 7 est un article qui regroupe un bon
nombre de dispositions de la loi actuelle qui sont dispersées un peu
partout, sauf qu'on a regroupé ici, dans un seul article, le pouvoir de
réglementation, donc, le pouvoir de "déterminer la manière
dont une personne peut se porter candidate à une charge de
régisseur; autoriser le ministre désigné à former
un comité de sélection pour évaluer l'aptitude des
candidats à une charge de régisseur ou pour lui fournir un avis
sur eux; fixer la composition et le mode de nomination des membres du
comité."
Je m'excuse, M. le Président. Celui-là, ce n'est pas le
pouvoir général de réglementation, mais bien celui de
nommer les régisseurs et de les sélectionner; "de fixer le mode
de nomination et la composition du comité, les indemnités et les
allocations, etc; de déterminer les critères
d'admissibilité et de sélection; de déterminer les
renseignements que le comité peut requérir d'un candidat et les
consultations qu'il peut faire." "Un règlement adopté en vertu du
présent article entre en vigueur à la date de sa publication
à la Gazette officielle du Québec ou à une date
ultérieure."
Je voudrais seulement préciser que dans ce cas précis,
encore une fois, nous partons du discrétionnaire absolu, qui est la
situation actuelle, où le prince désigne qui il veut sans lui
demander de qualifications, pour aller vers une formule comme celle-ci qui
suppose un système ouvert à tous ceux qui rempliront les
exigences. Je pense que c'est un net progrès par rapport à la
situation actuelle. (20 h 15)
Le Président (M. Laplante): Je voudrais savoir, avant de
commencer à étudier l'article 7, si vous voulez l'étudier
paragraphe par paragraphe ou dans son ensemble.
M. Scowen: Ce sera sous-article par sous-article, je pense.
Franchement...
Le Président (M. Laplante): Paragraphe par paragraphe.
J'appelle le paragraphe 1. C'est parce qu'en dernier de tout, vous aurez le
droit de parler sur l'article global, après que les paragraphes auront
été adoptés. Vous pourrez reprendre, si vous voulez, 20
minutes pour l'ensemble de l'article. D'accord, est-ce qu'on s'entend
là-dessus?
Une Voix: Ne serait-ce pas mieux de le faire au début?
Le Président (M. Laplante): Vous avez droit, dans
l'étude paragraphe par paragraphe, à 20 minutes chacun, si vous
voulez.
Une Voix: Ah!...
Le Président (M. Laplante): Ce sont les règlements
que j'édicte. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
le paragraphe 1.
M. Scowen: A moins que mes collègues aient quelque chose?
D'accord.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe 1 est-il
adopté?
M. Cordeau: "Le gouvernement peut, par règlement..."
est-ce que cela veut dire implicitement "doit" par règlement? De temps
en temps on dit "peut" pour "doit" et...
M. Tardif: Oui...
M. Cordeau: J'aimerais mieux "doit" parce que c'est la
sélection, c'est sûr que...
M. Tardif: Non, effectivement, le gouvernement pourrait
décider de nommer les gens selon son bon plaisir... "pourrait". Il peut
faire des règlements et il peut ne pas en faire. Maintenant, je voudrais
vous faire remarquer que l'Assemblée nationale a adopté le
chapitre 19 des Lois de 1978, modifiant la Loi des tribunaux judiciaires, et
que c'est le mot à mot.
M. Cordeau: Est-ce qu'on aurait fait une erreur à ce
moment-là?
M. Tardif: L'Assemblée nationale a adopté la Loi
modifiant la Loi des tribunaux judiciaires, chapitre 19 des Lois de 1978, pour
la procédure de
sélection des juges et c'est le mot à mot. Je peux lire,
par exemple: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par règlement,
établir une procédure de sélection des personnes aptes
à être nommées juges des sessions et à cette fin il
peut, notamment... nous, ce sont des régisseurs, vous pouvez
suivre sur le texte, je vais vous lire la procédure de nomination des
juges a) déterminer la manière dont une personne peut se
porter candidate à une charge de juge; b) autoriser le ministre de la
Justice à former un comité de sélection pour
évaluer l'aptitude des candidats à une charge de juge ou pour lui
fournir un avis sur eux; c) fixer la composition et le mode de nomination des
membres du comité; d) fixer les indemnités et les allocations que
les membres du comité peuvent recevoir; e) déterminer les
critères de sélection dont un comité tient compte; f)
déterminer les renseignements qu'un comité peut requérir
d'un candidat et les consultations qu'il peut faire". Et il y a un petit topo
en bas qui dit: "Un projet de règlement doit être publié
dans la Gazette officielle du Québec au moins 30 jours avant son
adoption et s'il est adopté le règlement entre en vigueur
à la date de sa publication dans la Gazette officielle ou à une
date ultérieure qui est fixée".
Donc, c'est le mot à mot de cette procédure
déjà adoptée il y a quelques mois pour la nomination des
juges.
M. Cordeau: M. le Président... M. Tardif: Oui.
M. Cordeau: ... cet après-midi, je crois que vous avez dit
que ce seraient des avocats qui seraient régisseurs. Est-ce que...
M. Tardif: Pas nécessairement. M. Cordeau: Pas
nécessairement.
M. Tardif: Pour ce qui est de l'application de la section II, sur
le contrôle des démolitions, on pourrait très bien voir un
architecte, un ingénieur s'occuper de ces cas, et avoir un banc
composé à la fois d'un juriste et d'un ingénieur ou
architecte, par exemple. Mais on dit que pour l'application de la loi, sauf la
section II, il faut toujours qu'il y ait un avocat ou un juge qui
siège.
M. Fontaine: Mais dans le cas où ce serait un avocat, par
exemple, est-ce qu'il faut un minimum d'années de pratique? Il n'y a
rien de mentionné.
M. Tardif: Ce sera établi dans le règlement.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur le
paragraphe 1?
M. Fontaine: Si le ministre décidait de ne pas faire de
règlement?
M. Tardif: Je suis convaincu que le député de
Nicolet-Yamaska serait là pour lui rappeler que l'article 7...
M. Fontaine: Alors, on serait mieux de marquer "doit".
M. Tardif: Hum... c'est le libellé de l'article 72-c de
l'article de la Loi des tribunaux judiciaires, exactement.
M. Fontaine: Oui, je sais, je l'ai ici.
Le Président (M. Laplante): Premier paragraphe.
M. Scowen: Si je comprends bien le sens du premier paragraphe,
c'est d'établir la procédure qui va se poursuivre, les
critères d'admissibilité d'un candidat...
M. Tardif: Par exemple...
M. Scowen: ... qui doit avoir telle ou telle expérience...
C'est cela?
M. Tardif: Par exemple, avoir pratiqué le droit pendant
cinq ans, être avocat en règle du Barreau, des choses comme
celles-là.
M. Scowen: J'ai une question globale et je vais la poser en guise
de question concernant le paragraphe e) parce que cela touche un peu les...
Qu'est-ce que l'objectif de l'article 7? Est-ce que c'est vraiment de rendre
plus objective et moins politique la nomination des régisseurs ou si
c'est un peu de maquillage? Est-ce qu'on doit vraiment essayer de
contrôler cela? Si on n'avait pas l'article 7... En effet, vous n'avez
pas besoin d'un article dans une loi qui vous permettrait de faire toutes ces
choses-là, si je comprends bien.
M. Tardif: Non, je n'ai qu'à regarder, à ce
moment-là, l'article de loi tel qu'il existe présentement...
M. Scowen: Oui.
M. Tardif:... qui dit: Le lieutenant-gouverneur en conseil nomme
les régisseurs requis pour l'application de cette loi. Demain matin, je
dépose au Conseil des ministres un projet d'arrêté en
conseil nommant M. Tartempion, commissaire ou régisseur.
M. Scowen: Si vous voulez, vous pouvez... M. Tardif: A la
place de cela...
M. Scowen: ... poursuivre toutes ces
démarches-là.
M. Tardif: C'est cela. Sauf que là, pour faire un
règlement, il faut avoir une loi habilitante. Un règlement qui ne
serait pas fait en vertu d'une loi donnant le pouvoir de faire un tel
règlement serait... Alors, le gouvernement consent à encadrer ce
pouvoir discrétionnaire qu'il a actuellement dans une
réglementation. D'accord?
M. Scowen: II peut, par exemple, écrire un
règlement qui va vous donner le droit de former un comité et
même de demander de choisir un membre de ce comité qui soit une
femme anglophone de la Côte-Nord, de tels critères comme
celui-là. Est-ce que c'est l'idée?
M. Tardif: Ecoutez! Quel est le règlement actuel de la
justice en la matière?
M. Scowen: Je veux comprendre un peu pourquoi on est
là-dedans ici?
M. Tardif: On peut, par exemple, prendre le règlement qui
existe au ministère de la Justice pour la sélection des juges.
Sur ce jury, de mémoire, je pense qu'il y a le juge en chef du tribunal
de la Cour provinciale. Il y a trois représentants: un du Barreau, un du
tribunal où il y a vacance et un autre désigné par le
ministre de la Justice. Ces personnes siègent donc sur ce jury. C'est
connu dans le règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, au premier paragraphe de
l'article 7, vous dites: Le règlement peut, par règlement,
établir une procédure de sélection des régisseurs
autres que le président, les vice-présidents et les juges et,
notamment... Dans quel cas, les juges peuvent-ils... Dans quel cas, y aura-t-il
une procédure de sélection?
M. Tardif: Oui. Quelqu'un qui serait déjà juge n'a
pas à suivre cette procédure de sélection. Il pourrait
être nommé pour siéger là; d'office, il est
déjà juge. On n'a pas à l'élever au rang de
régisseur.
M. Cordeau: Non, bien sûr.
M. Tardif: D'accord?
M. Cordeau: D'accord.
M. Tardif: II a déjà à passer à
travers un filtre.
M. Cordeau: A un moment donné, la régie pourrait
nommer un juge de la Cour provinciale pour rendre des décisions parce
qu'il n'y a pas de régisseurs ou il en manque dans un district et il y a
des causes pendantes.
M. Tardif: Cela pourrait être concevable, en effet.
M. Cordeau: Mais à ce moment-là, faut-il qu'il y
ait une sélection pour choisir un juge? Le juge est déjà
nommé.
M. Tardif: Non. Je présume que...
M. Cordeau: Pourquoi le mot "juge" est-il compris dans la
sélection?
M.Tardif: Ayant atteint ce...
M. Cordeau: La façon de choisir les juges, c'est par une
autre loi.
M. Tardif: Justement. Le règlement, l'article 7, ne
s'applique pas à la personne du président, des deux
vice-présidents et des juges qui pourraient faire partie.
M. Cordeau: D'accord.
M. Tardif: D'accord? Cela ne s'applique pas à eux.
Le Président (M. Laplante): Le premier paragraphe est-il
adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): J'appelle le paragraphe 2.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le paragraphe
3? Adopté. Le paragraphe 4?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le paragraphe
5?
M. Caron: Le paragraphe 4, est-ce que c'est comme dans les autres
commissions? Elles ont les mêmes énumérations.
M. Tardif: Personnellement, j'ai l'intention de prendre le
règlement des juges...
M. Caron: C'est standard.
M. Tardif: ... et de l'appliquer mutatis mutandis ou avec les
adaptations requises, est-ce que c'est cela, monsieur? ou en les
adaptant selon ce que préfère M. le député.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe 5?
Adopté. Le paragraphe 6?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article 7
est-il adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 8.
Voulez-vous compléter l'étude de l'article 6 pour finir avec les
deux...
M. Tardif: On n'est pas prêts, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous n'êtes pas
prêts. D'accord, merci.
M. Tardif: On veut laisser mûrir cela. Le
Président (M. Laplante): L'article 8?
M. Tardif: M. le Président, cela me semble un article
explicite. C'est un pouvoir de déterminer, par règlement, un code
de déontologie qui serait applicable aux régisseurs. Je pense
qu'il y a bien peu de domaines d'activités aujourd'hui dans l'exercice
des professions qui n'ont pas un code de déontologie. Il nous semble que
dans ce domaine il pourrait être éminemment souhaitable d'avoir un
tel code.
M. Cordeau: Est-ce qu'on va dire "doit" ou "peut"?
M. Tardif: Pardon?
M. Cordeau: Le gouvernement peut, par règlement...
M. Tardif: Peut, par règlement. Cela donne le pouvoir
habilitant de faire un règlement.
M. Cordeau: Et cela n'oblige pas le gouvernement.
M. Tardif: C'est-à-dire que cela n'oblige pas. A partir du
moment où on inclurait le mot "doit" dans un tel article, dès
demain matin, le gouvernement doit faire un règlement pour... Le
législateur donne régulièrement de tels pouvoirs
habilitants, par exemple, aux municipalités. Les municipalités
peuvent faire des règlements pour ceci et des règlements pour
cela. Elles l'utilisent.
Une Voix: ...
M. Tardif: Pardon? Il n'y a aucun pouvoir de coercition autre que
ceux que l'opinion publique peut avoir...
M. Cordeau: Mais habituellement le...
M. Tardif: ... aidé ou pas par une opposition
vigilante.
M. Fontaine: La municipalité de...
M. Cordeau: Habituellement, le ministère des Affaires
municipales se réserve le droit...
M. Tardif: De?
M. Cordeau: ... de faire des interventions.
M. Scowen: Je pense que la...
M. Tardif: La loi 39 a donné...
M. Scowen: J'ai une question qui relève un peu de notre
première intervention ce matin en ce qui concerne la grève dans
laquelle cette permission a été liée avec une obligation.
Je pense que vous avez essayé d'expliquer cela, mais le mot "peut" et le
mot "doit"... C'est clair que, dans ce cas-là, cela a été
une obligation.
M. le Président, si je peux revenir quinze secondes à
l'article 7. Je veux simplement dire que dans notre proposition à
l'article 6, laquelle on a discuté avant 18 heures, si quelque chose est
accepté dans le cadre de nos suggestions, c'est clair qu'il faut changer
légèrement les mots par le sens à l'article 7. On a
décidé de ne pas faire une lutte à propos d'amendements
sur chacun des articles qui suivent notre suggestion à l'article 6 parce
que le ministre a déjà accepté de repenser l'affaire un
peu.
M. Tardif: On fera une concordance.
M. Scowen: Parfait. Est-ce que vous avez quelque chose...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: L'article 8 prévoit l'établissement
d'un code de déontologie et, à l'article 16, il y a un
élément qui fera sûrement partie d'un code de
déontologie, c'est-à-dire la question du conflit
d'intérêts qui ne doit pas exister. Egalement à l'article
17, on investit les régisseurs des pouvoirs et immunités d'un
commissaire nommé en vertu de la Loi des commissions d'enquête.
Là aussi, au moins implicitement, il y a un code de déontologie,
il y a des contraintes qui sont imposées à celui qui accepte la
charge de commissaire d'enquête. (20 h 30)
Le ministre peut-il nous donner un bref aperçu du contenu
éventuel d'un code de déontologie quand, déjà, les
régisseurs seront contraints par ces balises?
M. Tardif: On a pris la peine de prévoir de façon
spécifique, à l'article 16, le problème des conflits
d'intérêt qui pourrait être précisé d'ailleurs
dans une réglementation de façon plus fine, notamment parce que
c'est un problème que nous vivons actuellement d'ailleurs, surtout
lorsqu'on est avocat de pratique privée et que des membres du même
bureau peuvent représenter des intérêts ou lorsque,
étant notaire, ayant enregistré les actes notariés pour un
propriétaire il y a x temps et l'avoir instrumenté, comme ils
disent, et par la suite on entend la cause des locataires vivant dans cet
immeuble. On a le cas présentement, ce n'est pas un cas
hypothétique que je vous donne, je pourrais mettre des noms dessus.
C'est une chose et il nous apparaissait important de le prévoir de
façon spécifique.
Par ailleurs, dans un code de déontologie pourraient
apparaître des règles de conduite, d'impartialité et autres
qui mériteraient d'être précisées.
M. Goldbloom: On pourrait même inclure qu'il serait
défendu à un régisseur qui siège sur le plan
quasi judiciaire de conseiller le ministre sur le plan
semi-politique.
M. Tardif: Je vais vous régler cela, votre article 7, si
c'est ce qui vous fatigue. Je m'excuse, M. le Président, de dire cela.
Si, effectivement, à l'article... lequel, 6?
M. Goldbloom: C'était l'article 5.
M. Tardif: L'article 5; si ce qui fatiguait les membres de cette
commission, c'est de "donner au ministre désigné son avis sur
toute question que celui-ci lui soumet à la régie", je vais
l'enlever. De toute façon, je pourrai toujours écrire un
mémo au président de la régie, en tant que ministre de la
tutelle, pour dire: Que faites-vous là-dedans? Je ne me sentirai pas
gêné. Alors, si c'est cela, on peut l'enlever et on va adopter
l'article 5 bien vite.
M. Scowen: L'article 5 est très lié, dans mon sens,
à l'article 26. Je pense qu'on peut prendre...
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre nous a
suggéré au début de cette séance de laisser
mûrir ces réflexions. Laissons-les mûrir des deux
côtés.
M. Tardif: Bien.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 8 sera
adopté malgré tout? Article 8. Adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 9.
M. Scowen: A l'article 9, j'ai un mot à dire.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est votre droit.
M. Scowen: Merci. J'ai dit qu'on n'avait pas l'intention d'aller
plus loin en profondeur dans la question soulevée à l'article 6.
Mais c'est clair que cet article 9 est un élément important parce
que nous avons des réserves importantes sur le droit, sur le
bien-fondé de l'idée de permettre au président comme tel
d'avoir la responsabilité de la direction de la régie et non pas
aux régisseurs mêmes. Je veux simplement attirer l'attention du
ministre, j'ai devant moi la constitution de la commission pour le projet de
loi no 125 qui a créé une régie de cinq régisseurs.
J'espère que quand il prendra en considération toute cette
question, qu'il regardera un peu celle-là et celle de la Loi sur la
zonage agricole pour voir comment ils ont décidé de régler
ce problème. Je veux simplement ici répéter que nous avons
des réserves à l'article qui dit que la direction de la
régie est la responsabilité d'une seule personne.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez
suspendre l'article 9?
M. Tardif: M. le Président, de toute façon,
à supposer que l'on modifie le libellé de l'article qui compose
la régie, il restera que cette régie sera sous l'autorité
d'un président comme toutes les régies d'Etat le sont. On pourra
peut-être revoir les tâches qui sont dévolues à ce
président, à cette personne responsable, mais tous les organismes
quasi judiciaires sont sous l'autorité d'un président y compris
la Régie de la commission de protection des territoires agricoles et
d'autres organismes.
M. Scowen: Avant l'ajournement à 18 heures, j'ai
donné au ministre des propos d'amendement sur quatre ou cinq articles
qui suivaient les propos qu'on a faits sur l'article 6. Ma suggestion, c'est
qu'on suspende l'adoption de ces articles ou qu'au moins, si le ministre ne
trouve pas que c'est une solution acceptable, on présente nos
amendements et qu'ils soient inscrits dans le journal des Débats. Je
pense que, pour le moment, il n'y en a que cinq ou six et je
préfère qu'ils soient adoptés au moment que le ministre
aura pris une position. Je suis à sa disposition.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous un amendement ou un
sous-amendement à proposer sur l'article 9?
M. Scowen: Je pense que oui.
Le Président (M. Laplante): C'est peut-être le temps
de le mettre sur la table.
M. Tardif: M. le Président, à la limite, je peux
bien reporter cet article, mais je regarde ici l'amendement qui m'a
été remis. Mettons qu'il n'est pas déposé. Il m'a
été remis. On dit: Les régisseurs dirigent la régie
et sont responsables de son administration et de la direction
générale de ses affaires. Un corps de 30 personnes dirige la
régie. Cela m'apparaît très lourd de voir que finalement
cette autorité à la régie n'est pas investie dans une
personne qui est le président.
M. Scowen: M. le ministre, M. le Président, on ne
suggère pas que ce soient les régisseurs qui doivent diriger
l'entreprise. On dit simplement qu'ils sont responsables pour cette
administration et pour cette direction générale. En effet, la
responsabilité pour la bonne gestion, si vous voulez, du directeur
général, si vous décidez d'en avoir un, sera envers la
régie et non envers le président. C'est la distinction qu'on
fait. Ce n'est pas du tout une question que les régisseurs doivent
ouvrir la porte le matin à 9 heures, mais qu'il prend la
responsabilité comme c'est normalement compris, plutôt qu'une
seule personne.
M. Tardif: M. le Président, dans un cas semblable,
imaginons un directeur de service employé par la régie,
recruté selon les normes de la fonction publique à titre de
directeur du personnel qui ne ferait pas son boulot, cette personne serait
responsable devant la régie d'une trentaine
de personnes de la gestion du service du personnel.
M. Scowen: M. le ministre, on a proposé que ce soit un
système qui ne marcherait pas. On a proposé une régie dans
notre affaire, deux, sept, cinq, six personnes et cette idée, si vous
voulez, de conseil d'administration, sera le responsable. J'accepte
parfaitement qu'avec 35 ou 40 régisseurs, c'est impossible. C'est
l'idée de base de notre suggestion.
M. Tardif: M. le Président, à cause des relations
de l'article 9 avec l'article 6, je n'ai pas objection à ce qu'il soit
reporté et qu'on considère cela parmi les autres.
Le Président (M. Laplante): L'article 9 est suspendu.
J'appelle l'article 10. L'article 10 sera-t-il également suspendu? Ce
n'est pas la même chose. Il n'y a pas la même substance entre
l'article 9 et l'article 10. C'est complètement différent. Le
suspendez-vous quand même?
M. Tardif: Non.
M. Scowen: Ce n'est pas...
M. Tardif: Cet article se retrouve mot à mot dans la Loi
des tribunaux judiciaires également en ce qui concerne, par exemple, la
délégation de pouvoirs que le juge en chef peut confier à
son adjoint en ces matières. Alors, cela reproduit...
M. Scowen: En effet, les changements qu'on propose à
l'article 10 sont des changements de concordance. Il sera nécessaire de
changer le mot "régisseur" par le mot "commissaire", etc. Comme dans le
cas de l'article 7, si votre proposition est acceptée, on doit faire la
concordance. Pour ma part, je suis en faveur du principe de l'article 10 sauf
que si les changements qu'on propose sont faits, il faut changer le mot
"régisseur". On a également suggéré le mot
"vice-présidents" parce qu'on a proposé que le président
peut donner une responsabilité à n'importe quel régisseur.
C'est plutôt la question de concordance plutôt qu'une question de
fond comme à l'article 9.
M. Tardif: Adopté sous réserve de concordance
ultérieure avec les autres articles.
M. Scowen: Exactement.
Le Président (M. Laplante): L'article 10 est adopté
sous réserve de concordance s'il y a. J'appelle l'article 11.
M. Scowen: Est-ce qu'on avait...
M. Tardif: Cela aussi, M. le Président, c'est un article
standard qu'on retrouve dans les...
M. Scowen: Pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème.
L'article 11 est adopté. J'appelle l'article 12.
M. Scowen: C'est la même chose. M. Tardif: C'est la
même chose.
M. Scowen: C'est une question de concordance.
M. Tardif: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 13? C'est la
même chose, une question de concordance.
M. Scowen: Non, j'ai une question qui n'est pas reliée
avec les autres articles. C'est une question qui a été
posée dans les mémoires et je pense que le ministre peut nous
donner son avis. Il est clair que c'est un changement fondamental par rapport
à la situation actuelle qui existe à la commission. Il y a deux
éléments que le ministre peut expliquer un peu en profondeur.
Premièrement, quelles sont les exigences qui l'ont persuadé que
le système actuel en vigueur, qui est un système composé
de personnes à temps partiel, n'est plus valable? Est-ce qu'il est
évident que ces personnes sont incompétentes ou
préjugées envers l'une ou l'autre? Il nous semble que c'est
quelque chose qui a bien fonctionné, au moins pour la grande
majorité des cas, et de plus cela a évité que l'Etat
crée toute une gamme de nouveaux fonctionnaires. Quelles sont les
raisons qui l'ont porté à changer le système.
Deuxièmement, il y a un point qui a été soulevé
assez souvent. Il nous semble qu'il y aura tendance, même avec l'article
qui dit un peu le contraire, pour que, de plus en plus, avec le temps, ces
régisseurs insistent pour ne pas travailler le soir, le samedi, etc.?
Aujourd'hui, au moins à Montréal, cela fonctionne bien, c'est
pratique. Ce sont des avocats qui travaillent le soir. C'est le personnel qui
veut se rendre à la régie. Normalement, ce sont des gens qui
veulent y aller le soir. (20 h 45)
Est-il persuadé et peut-il nous convaincre que cette tendance,
qu'on voit actuellement dans la grève de la Société des
alcools du Québec, d'insister sur le droit d'avoir le temps
supplémentaire, par exemple, pour le travail du soir, ne deviendra pas
un problème ou une exigeance des fonctionnaires qui vont remplir ces
rôles. Je pense qu'ils doivent expliquer un peu ces deux questions.
M. Tardif: M. le Président, le système actuel des
avocats et notaires de la partie privée rémunérés
à la séance ne nous apparaît pas devoir être
maintenu. D'une part, parce que ce système n'est pas contrairement
à ce qu'on pourrait penser meilleur marché, ne coûte pas
moins à l'Etat. J'ai dit tantôt que la somme des traitements
versés à ces personnes qui entendent les causes comme cela
à la séance dépasse le million de dollars
annuellement. Que différents relevés nous ont
indiqué que parfois étant payé à la séance,
il nous est arrivé de dénombrer jusqu'à soi-disant cinq
séances par jour, dans le cas des administrateurs à $100 la
séance et des commissaires à $150 la séance, il nous
apparaît, d'une part, que ceci peut être parfois une incitation
à expédier les affaires dans la mesure où on peut
libérer un rôle prévu, disons, de quatre ou cinq causes,
d'expédier les affaires. Deuxièmement, il me semble que cela
n'assure pas non plus le degré d'impartialité nécessaire
et de désintéressement des personnes dès lors que ces
personnes peuvent elles-mêmes ou par des membres d'une même
étude agir dans des affaires semblables. Troisièmement, il nous
paraît nécessaire de développer chez les administrateurs ou
chez les régisseurs une expertise que seule une fonction à temps
plein peut permettre de développer dans ce domaine.
Pour toutes ces raisons, ajouté au fait encore une fois que ces
personnes doivent posséder une indépendance qui les
protège contre toutes pressions extérieures et que nous devions
avoir du personnel à temps plein qui fasse de l'application de cette loi
sa chose, sa principale préoccupation qui puisse se familiariser avec le
caucus de décisions rendues antérieurement; bref, d'avoir
véritablement un corps d'adjudicateurs qui se consacre
entièrement à cette fonction. Encore une fois, pour des
déboursés de l'Etat qui sont tout à fait comparables
à ce qui existe présentement et aussi, je pense, un service
à la clientèle infiniment meilleur et valorisé et
valorisant aussi pour les personnes qui accomplissent les fonctions. Je ne dis
pas que tous les administrateurs présentement expédient leur
boulot, mais je dis que dès que cela constitue une activité
très marginale et très secondaire pour un avocat de pratique
privée que de siéger comme cela, une demi journée ou une
journée par semaine qu'on n'est pas nécessairement assuré
que ces cas recevront toute l'attention qu'ils méritent et que
finalement, certaines plaintes, certains griefs nous parviennent à
savoir que les gens peuvent avoir parfois l'impression d'être vraiment
bousculés, ne pas avoir l'occasion de s'exprimer, que tout ceci peut
être inhérent au système qui existait jusqu'à
maintenant et qui existe encore.
M. Scowen: Est-ce qu'il y a des cas où assez souvent les
gens se sentent bousculés, avec des situations actuelles?
M. Tardif: J'inviterais, ce que je n'ai pas fait personnellement,
mais peut-être les membres de cette commission, s'ils en avaient le
loisir, d'assister parfois à certaines sessions où il y a
très peu, finalement, d'échanges qui sont faits, que la partie de
conciliation, même si cela s'appelle actuellement la Loi de conciliation
entre propriétaires et locataires, que finalement, il y a très
peu de place justement pour effectuer de la conciliation. Cela prend du temps,
quand même, lorsqu'on veut essayer d'expliquer aux parties, lorsqu'on
entend une des deux parties en présence, très briève-
ment, et qu'on leur dit: Je vous enverrai ma décision et qu'elle est
expédiée, le citoyen tant propriétaire que locataire n'est
pas satisfait du tout du type de service qu'il a.
M. Scowen: Je veux simplement souligner que cette espèce
de bousculade n'est pas seulement de la part des administrateurs à temps
partiel. Si vous allez aux bureaux régionaux d'aide sociale, le cas est
soulevé assez souvent par des personnes qui ont affaire à des
fonctionnaires.
Est-ce que le ministre peut répondre un peu à la
deuxième question? Est-ce qu'il a l'intention, par exemple, de payer le
temps supplémentaire aux régisseurs qui travaillent en dehors des
heures régulières de travail?
M. Tardif: II est prévu à l'article 23, que la
régie peut tenir ses séances à tout endroit, même un
jour non juridique, même aux heures déterminées par le
président. Il est bien évident qu'à tour de rôle,
des régisseurs sont invités par le président, à
tenir des audiences le soir, pour satisfaire la clientèle.
M. Scowen: Etes-vous persuadé que vous avez les moyens
d'établir, dès le départ, que le fonctionnement même
de cette profession implique les travaux sur cette base et prévu, dans
des contrats syndicaux, que ce ne sont pas des frais additionnels
imposés aux contribuables? Parce que je ne sais pas comment vous avez
calculé que le million qu'on dépense maintenant ne sera pas
dépassé par les régisseurs. Si on arrive au temps
supplémentaire pour accomplir la moitié du travail, il est
possible que le million soit dépassé assez vite.
M. Tardif: II n'est pas prévu de surtemps
là-dedans, cela fait partie des exigences de la tâche, que
d'être disponible pour des séances en dehors des heures
régulières, selon un système de roulement qui, j'imagine,
fera en sorte que chacun n'assumera pas plus de temps, le soir, que d'autres,
mais il n'est pas prévu de surtemps pour cela.
Le Président (M. Laplante): L'article 13 adopté?
Adopté. L'article 14. A l'article 14, il y a un amendement
présenté par M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, il y a un amendement pour que
l'article 14 du projet de loi 107, tel que réimprimé, soit
remplacé par le suivant: "14. La durée du mandat et la
rémunération d'un régisseur, une fois fixées, ne
peuvent être réduites". Donc, déjà on parlait du
mandat... En fait, on change traitement pour rémunération, par
souci de concordance avec l'article 6, où on parlait de
rémunération.
M. Scowen: J'aimerais comprendre le sens de cet article. A
l'article 6, vous dites que les régisseurs seront nommés pour un
mandat d'au plus cinq ans. Alors, ce que je comprends à l'article 14,
c'est qu'un régisseur peut être embauché pour
une période, par exemple, de quatre ans mais ce contrat et le
traitement ne peuvent être réduits sauf s'il démissionne;
c'est un contrat dans le sens que les deux parties sont obligées de
maintenir la base du contrat original...
M. Tardif: Afin d'assurer une stabilité chez les
régisseurs qui soit, disons, toutes proportions gardées,
l'équivalent de l'inamovibilité qu'on retrouve chez les
magistrats.
M. Scowen: En effet, si je comprends bien, si vous acceptez mes
propos, vous engagez quelqu'un comme régisseur pour une période
de trois ans et après deux ans il vous dit: Ecoute, je peux devenir juge
ou je peux aller ailleurs, je veux prendre un autre travail. La régie a
l'intention de faire une poursuite contre cet...
M. Tardif: Non, non, non. Il pourra démissionner en tout
temps. Même un juge nommé à vie peut
démissionner...
M. Scowen: Oui.
M. Tardif: ... se présenter aux élections,
être élu, devenir ministre de la Justice, redémissionner,
enfin, bon. Mais il ne peut être, disons...
M. Scowen: Si cela lie seulement... M. Tardif: Le
gouvernement.
M. Scowen: ... la régie, si c'est trois ans, c'est trois
ans...
M. Tardif: C'est cela.
M. Scowen:... cela ne peut pas être changé et cela
ne peut pas dépasser cinq ans.
M. Tardif: C'est cela.
M. Guay: C'est un article de routine qu'on trouve partout.
M. Scowen: Oui, d'accord.
M. Guay: Pour éviter de réduire le traitement d'un
régisseur à $1, si on ne l'aime pas.
M. Goldbloom: Je ferais cela avec certains
députés.
M. Guay: La chose est possible mais je ne suis pas certain qu'on
parle des mêmes députés.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à l'article 14 est...
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante):... adopté? Article 14,
adopté. J'appelle l'article 15.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 16.
M. Guay: On trouve cela partout.
M. Scowen: Dans l'article 16, M. le Président, je pense,
j'espère qu'il sera possible de préciser davantage un conflit
d'intérêts dans ce domaine. Je prends à titre d'exemple une
personne qui a des actions dans une compagnie qui est dans le domaine
immobilier. Si un régisseur se trouve avec cinq actions dans la
compagnie CP, une compagnie immobilière dans la location, est-ce que
c'est un conflit d'intérêts, une action dans une
société publique? C'est quoi, est-ce que c'est défini,
est-ce qu'il existe un règlement déjà, est-ce que... ce
sera basé sur quoi? Parce que c'est un peu vague.
M. Tardif: C'est sûr qu'il s'agit là de
matières qui pourront être précisées dans le code de
déontologie. Lorsque le député de D'Arcy McGee me
demandait tantôt ce qu'il y aurait dans le code de déontologie, eh
bien! l'article 16 est un article standard qu'on retrouve dans toutes les lois
créant des régies. Dans le cas d'un régisseur
siégeant en matière de logement, par exemple, il est bien
évident que le fait de détenir des actions dans une entreprise
qui gère un portefeuille immobilier important, il pourrait se poser de
sérieuses questions. Alors, cela ne fera pas l'objet d'une
réglementation pour déterminer quelles seraient les mesures
susceptibles d'empêcher justement qu'il y ait ces conflits
d'intérêts.
M. Scowen: Je pose la question parce que...
M. Tardif: Je ne peux pas ici me prononcer sur...
M. Scowen:... le rédacteur de cet article avait,
semble-t-il, quelque chose en tête quand il a écrit l'article, par
exemple: la fin de la phrase "sauf si un tel intérêt leur
échoit par succession ou donation, pourvu qu'il y renonce ou en dispose
avec toute la diligence possible." (21 heures)
Alors, normalement quand on pense à un cas devant une
régie qui devra passer le lundi, on espère que cela sera
réglé le mardi ou le mercredi, que ce ne sera pas quelque chose
qui va traîner pendant une longue période. Normalement, on ne peut
pas imaginer qu'un régisseur puisse accepter de disposer avec diligence
d'une action quelconque simplement pour le plaisir d'écouter un cas,
dans le cas de cette régie, qui n'aura pas été
réglé assez vite. Quelle était l'idée de
procéder avec toute cette diligence? Pour ma part, il faut avoir quelque
chose en arrière de cela. Qu'est-ce que c'est?
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, c'est un
article standard. C'est bien évident que
les affaires de succession c'est bien connu ne se
règlent pas nécessairement rapidement. Dans un cas semblable,
à supposer qu'une donation ou une cession d'un bien mette le
régisseur en conflit d'intérêts, en attendant d'en
disposer, celui-ci, dans cette cause en particulier, pourrait se récuser
pour cause, je pense.
M. Scowen: Est-ce que je peux suggérer au ministre que
l'article serait plus cohérent, dans le cas de notre régie, s'il
se terminait pas "et les devoirs de leurs fonctions."? En effet, les deux
dernières clauses n'ont rien à faire avec...
M. Tardif: Ecoutez! Ces deux dernières lignes ont pour but
de protéger justement le régisseur qui recevrait un bien par
donation, succession ou héritage; de ne pas avoir à le rendre
inhabile à siéger nécessairement. C'est plutôt de
nature à le protéger, à lui donner le temps de disposer de
ce bien, de cette donation de façon à éliminer le conflit.
C'est une mesure visant à le protéger.
M. Scowen: Prenez dont l'exemple précis du
régisseur qui arrive devant un cas qui implique le CP. A cause de la
mort de sa mère, il se trouve avec 100 actions dans le CP. Il dit: Moi,
j'accepte de disposer de ces actions avec toute la diligence possible.
Là il faut attendre. On entend la cause, elle est réglée,
elle est finie. Il avait quand même ces actions pendant cette
période, mais il avait donné l'engagement d'en disposer.
L'affaire est terminée. Une semaine plus tard, il se trouve avec des
actions qui n'ont rien à faire avec son travail à venir mais
à cause d'un engagement qu'il a pris il y a deux semaines, il est
obligé de disposer, par la suite, de ses actions. Je trouve que cela n'a
rien à faire avec la réalité des cas qui se trouvent
à la régie.
M. Tardif: C'est que...
M. Guay: II n'aura plus à régir de cas de CP
à l'avenir. Prenez comme hypothèse que cela est arrivé une
fois qu'il a eu à rendre une décision dans un cas où
était impliqué le CP, par exemple, et que pour l'avenir il n'y
aura plus du tout de cas où le CP va se présenter devant la
régie et où il sera en cause. Il ne sait pas
nécessairement quand.
M. Scowen: Ecoutez! Il faut prévoir un deuxième cas
avec la même compagnie. Vous comprenez le sens de mon intervention. Il
est possible que ce soit pertinent dans d'autres cas, mais pour la régie
qui dispose de cas précis dans une période très courte,
ces deux dernières clauses...
M. Guay: II y a des cas qui reviennent souvent annuellement. Si
vous avez une compagnie dans le domaine de l'immobilier, a priori, le
régisseur qui a des actions dans une compagnie qui oeuvre dans
l'immobilier se place dans une situation un peu fâcheuse par rapport aux
émissions. Il pourrait investir à la place dans la machinerie
agricole ou quelque chose comme cela.
M. Tardif: Imaginons que les actions en question soient pour le
Royal Trust qui administre 20 000 immeubles dans la région de
Montréal. Pour moi, il y a un net conflit d'intérêts entre
sa fonction de régisseur et celle de détenteur d'actions du Royal
Trust. Je m'excuse, mais il y aura un choix à faire.
M. Scowen: II est beaucoup mieux de dire à ce
régisseur: Ecoutez! Vous avez des actions dans le Royal Trust. Jusqu'au
moment d'en disposer, vous n'aurez pas le droit d'entendre les causes qui
touchent le Royal Trust. Quand vous en aurez disposé, vous pouvez
commencer. Pour moi, c'est plus simple et plus clair.
M. Guay: ... à disposer de ses actions.
M. Tardif: Vous le forcez à disposer de ses actions.
M. Scowen: Oui, je le force, ici aussi, à le faire, mais
après...
M. Guay: Si je comprends bien ce que vous voulez dire, qu'en plus
de ce qui est là, il faudrait qu'il renonce non seulement avec la
diligence possible, mais que pendant le temps ou jusqu'au moment où il y
renoncerait, qu'il renoncerait lui-même à siéger dans une
cause qui impliquerait, qu'il se désisterait en quelque sorte.
M. Scowen: M. le Président, si on dit: Les
régisseurs ne peuvent avoir un intérêt direct ou indirect
dans une entreprise susceptible de mettre en conflit leurs
intérêts personnels et les devoirs de leur fonction. Tenant compte
du fait que nous aurons une trentaine au moins de régisseurs, nous avons
tout ce qu'il nous faut. Si on arrive devant le cas où il y a conflit
d'intérêts, la personne doit être en mesure de disposer
avant qu'il entende la première cause. Si c'est probable qu'ils vont les
entendre régulièrement, comme vous l'avez dit, très bien,
au moment qu'il a disposé de ses actions, il est libre de
recommencer.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais faire remarquer au
député de Notre-Dame-de-Grâce que dès lors qu'un
régisseur hériterait de tels biens ou de telles actions, il
serait déchu de sa charge automatiquement parce qu'on dit bien: Sous
peine de déchéance de leurs charges. A ce moment, il me semble
que c'est très dur et qu'il est possible de prévoir dans le cas
de déontologie des délais pour lui permettre peut-être de
modifier son portefeuille ou ses actions dans d'autres domaines qui ne le
mettraient pas en conflit d'intérêts. On vise le même
objectif. Il s'agit de donner à une personne à qui ce bien tombe
dessus, du jour au lendemain, le temps de se retourner de bord.
M. Scowen: Entre temps, il peut entendre les causes.
M. Tardif: S'il y avait des causes, oui, où de toute
évidence il a fait preuve de la diligence
voulue pour modifier ou prendre des mesures nécessaires pour
selon ce qui sera prévu dans le code de déontologie pour faire
gérer ceci par quelqu'un d'autre ou autrement et de s'occuper de
liquider la succession. A ce moment, il pourrait ne pas être inhabile ou
être déchu de sa charge automatiquement, ce qui ne serait pas le
cas si on éliminait les deux dernières lignes.
M. Cordeau: Est-ce qu'un régisseur peut se récuser,
supposons qu'à un moment donné...
M. Tardif: Oui, il peut toujours se récuser. Il y a un
article qui prévoit cela. Il peut se récuser face à une
cause, mais néanmoins peut-être en entendre une autre. On pourrait
très bien concevoir que des causes de démolition pourraient
être confiées à une personne à qui
échoiraient de telles actions momentanément et non pas sur des
causes de fixation de loyer ou des choses semblables. Tout ce qu'on veut
permettre par ces deux lignes qu'encore une fois on retrouve dans tous les
articles, c'est de donner le temps aux personnes.
M. Scowen: Je laisse tomber l'affaire, mais je veux simplement
répéter que dans le cas où une personne se trouve devant
le cas de démolition avec une société dans laquelle il a
des actions, il prend un engagement formel de disposer de ses actions, il
entend la cause pendant qu'il a encore les actions parce qu'il a l'engagement
mais il a encore ses actions et deux semaines après, la cause est
réglée, d'après cette loi il est encore obligé de
disposer de ses actions, mais des actions qui n'ont rien à faire avec
ses responsabilités à venir. Je dis simplement que ce n'est pas
très cohérent dans le cas de la Régie des logements. Si
vous n'êtes pas d'accord, je ne veux pas passer la nuit là-dedans,
mais je vais répéter que je trouve que ce n'est pas très
cohérent.
M. Tardif: II faudrait peut-être qu'on précise que,
dans mon esprit, le conflit d'intérêts ne résulterait pas
uniquement du fait qu'un régisseur héritant d'actions dans, par
exemple, le Trust Royal, je prends cela comme exemple, la Fiducie du
Québec ou peu importe, pour moi, il y aurait conflit
d'intérêts non seulement si cette personne devait entendre une
cause impliquant le Trust Royal et la Fiducie, ce qui me semble évident,
mais également, toute autre cause qui aurait pour effet d'impliquer le
secteur immobilier comme tel de gestion de... Il me semble que c'est plus que
d'avoir un intérêt direct au sein d'une compagnie qui
comparaît devant la régie.
Encore une fois, c'est un article standard qu'on retrouve dans toutes
les lois du Québec, qu'on retrouve même dans un certain nombre de
bureaux, de raisons sociales, ou encore d'organismes, d'officines de
pharmacies, par exemple, où un pharmacien décède, sa femme
hérite de la pharmacie et il y a, en vertu de la loi, à peu
près les mêmes dispositions ici de devoir disposer, au
bénéfice d'une personne dûment licenciée en
pharmacie. On retrouve des dispositions semblables.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce qu'un
régisseur, qui est propriétaire de maisons à baux, de
logis, ou un régisseur qui est propriétaire, un type qui est
locataire dans un immeuble ou un type qui est propriétaire de maisons
à logements, est-ce qu'il y a intérêt direct ou indirect
dans une entreprise susceptible de mettre en conflit leur intérêt
personnel? A ce moment-là, il peut rendre une décision en faveur
du propriétaire, sachant que lui-même, que le propriétaire
du troisième bloc à côté va dire lui aussi: Si je
rends une décision dans tel sens, mes locataires, automatiquement...
M. Tardif: M. le Président...
M. Cordeau: C'est une question que je pose, une question
générale.
M. Tardif: Justement pour cette question, je pense que ce sont
des choses qui devront être spécifiées dans le code de
déontologie. On demandait tantôt ce que cela allait contenir. Il y
aurait très certainement une distinction à faire entre un
propriétaire ou un régisseur ayant des intérêts dans
l'immeuble à tel point que cela constitue un commerce et
véritablement une source de revenus importante et le bonhomme qui a un
duplex, il en habite un et il a un locataire là-dedans. Pour moi, il y a
une différence entre exercer un commerce, en faire une activité
commerciale, et de se loger. Mais ce sont des choses qui seront
précisées justement dans le code de déontologie et
j'imagine que là-dessus les régisseurs aussi en matière de
code de conduite nous feront part de leur avis là-dessus.
M. Cordeau: A un moment donné, je peux être
locataire et si je rends une décision qui peut être
favorable...
Le Président (M. Laplante): Article 16 adopté.
M. Scowen: M. le Président, pour nous, c'est certainement
une complication administrative pour le président et probablement ou
possiblement un "loop-hole". On va l'adopter sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
l'article 17.
M. Tardif: C'est un article standard, M. le Président.
M. Scowen: J'ai une question à soulever à l'article
17, M. le Président. Il a été porté à notre
attention que les comités municipaux qui vont agir dans le domaine de la
démolition, c'est une idée assez nouvelle, ces comités
municipaux et, semble-t-il, qu'il n'y ait rien, dans la loi actuelle, qui donne
les mêmes pouvoirs et immunités à ces conseils et
comités qui sont donnés aux régisseurs de la régie.
Je ne sais pas si c'est quelque chose qu'on doit discuter ici ou plus tard,
mais je veux soulever la question.
M. Tardif: On va sortir la Loi des cités et villes et le
Code municipal pour voir effectivement de quelle sorte d'immunité
jouissent les membres du conseil, puisqu'il s'agit de membres du conseil,
siégeant en tant que représentants du conseil au sein d'un
comité. Je n'ai pas d'objection à suspendre cet article-là
pour vérifier.
M. Scowen: On peut suspendre et...
Le Président (M. Laplante): Vous voulez suspendre
l'article 17.
M. Tardif: Oui, M. le Président. (21 h 15)
Le Président (M. Laplante): Article 17, suspendu.
J'appelle l'article 18.
M. Scowen: C'est la même chose.
Le Président (M. Laplante): L'article 18 est un nouvel
article.
M. Tardif: II y a un papillon, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Un nouvel article par
papillon.
M. Tardif: M. le Président, excusez-moi, je reviens
à l'article 17. N'est-il pas pensable d'adopter l'article 17 et
tantôt, lorsque nous arriverons au pouvoir de réglementation des
municipalités en matière de contrôle de démolition,
de reprendre la question: Est-ce que les personnes siégeant sur les
comités ont, elles, les pouvoirs? Il faut quand même que les
régisseurs siégeant aient cette protection, d'accord? Donc, on
peut adopter l'article 17...
Le Président (M. Laplante): L'article 17 sera
adopté...
M. Tardif: C'est cela. Et tantôt, le représentant du
ministère ici a noté la question quant aux immunités
afférentes aux représentants des conseils municipaux.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 18, par
exemple, qui est un nouvel article...
M. Tardif: L'article 18, il y a un papillon, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II y a un papillon, oui.
M. Tardif: L'article 18 est remplacé par le suivant: "18.
Aucun recours extraordinaire prévu par les articles 834 à 850 du
Code de procédure civile ne peut être exercé ni aucune
injonction accordée contre la régie ou un régisseur
agissant en leur qualité officielle. Un juge de la Cour d'appel peut,
sur requête, annuler sommairement un bref, une ordonnance ou une
injonction délivrés ou accordés à l'encontre du
présent article." Cette nouvelle formulation est proposée
justement pour se conformer aux articles existants dans les lois actuelles
alors que celui qu'il y avait dans le projet de loi no 107 pouvait sembler plus
large. Donc, afin d'éviter ces problèmes, on a restreint par la
nouvelle formulation le sens de l'article 18.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le nouvel article
18 est adopté?
M. Scowen: Avec la réserve que j'ai mentionnée
à l'article 17 en ce qui concerne...
M. Tardif: Que nous vérifierons tantôt ce qui existe
pour les comités municipaux.
M. Scowen: ... les comités municipaux. M. Tardif:
Alors, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 19.
M. Tardif: ... l'article 19 prévoit que tous les autres
personnels de la régie sont nommés et
rémunérés suivant la Loi de la fonction publique.
Le Président (M. Laplante): D'accord sur l'article 19?
M. Scowen: M. le Président, nous...
M. Tardif: Excusez-moi, M. le Président, l'article
18...
Le Président (M. Laplante): L'article 18 est
adopté.
M. Tardif: ... tel qu'amendé.
Le Président (M. Laplante): Oui, tel qu'amendé.
Maintenant, c'est un nouvel article, tel qu'au papillon.
M. Scowen: Avec la réserve.
Le Président (M. Laplante): Oui, il y a une
réserve. Article 19.
M. Scowen: La question qu'on pose: Les membres du personnel de la
régie sont nommés et rémunérés suivant la
Loi de la fonction publique, 1978, chapitre XV. Pourquoi avez-vous
décidé de nommer spécifiquement trois catégories
d'employés? Pourquoi pas "les membres du personnel de la régie"
simplement?
M. Tardif: Uniquement, M. le Président, parce que ces
postes ou ces fonctions sont nommément désignés dans la
loi: le greffier, on parle d'un inspecteur et on parle de conciliateurs dans la
loi présentement. Comme ils sont nommés dans la loi, on les
énumère là et on dit: les autres, il y aura le directeur
du personnel, enfin, tous ceux qu'on retrouve; mais ceux-là étant
désignés, on pourrait
croire qu'ils pourraient ne pas être couverts, qu'ils pourraient
être nommés directement sans passer par la fonction publique.
Alors, on les met de façon expresse. Ce n'est pas...
M. Scowen: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 19 est
adopté. J'appelle l'article 20. C'est de concordance avec un
article...
M. Tardif: C'est un article standard.
M. Scowen: Les articles 17, 18 et 20 sont tous...
Le Président (M. Laplante): C'est cela, de
concordance.
M. Tardif: D'accord.
M. Scowen: Non, mais je soulevais une question sur les conseils
municipaux.
Le Président (M. Laplante): Oui, sujet à...
D'accord. L'article 20 est adopté. J'appelle l'article 21.
M. Scowen: C'est un autre exemple d'un conflit possible dans les
divers rôles de la régie. Si le ministre accepte de créer
une certaine séparation des pouvoirs, comme nous l'avons
suggéré dans notre amendement proposé à l'article
6, nous n'avons pas d'objection à cet article, tel que
rédigé. Mais si les personnes, qui agissent comme juges dans le
tribunal qui est ici créé, ont la responsabilité indirecte
du rendement des membres du personnel de la régie, je pense qu'elles
seront dans un conflit d'intérêts. C'est une question qui a
été soulevée dans deux ou trois mémoires soumis
à la commission et je pense que c'est très important que cette
dualité soit éclaircie. Si le ministre pouvait accepter, avec la
même générosité qu'il a déjà
démontrée aux autres articles, de suspendre l'adoption de cet
article jusqu'au moment où l'on se penchera sur la question de fond
à l'article 6, je suis prêt à arrêter ici.
M. Tardif: M. le Président, je remercie le
député de Notre-Dame-de-Grâce pour la
générosité qu'il me reconnaît...
M. Scowen: Mais c'est sincère. M. Tardif: ... si
volontiers ce soir. M. Scowen: C'est très sincère.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais quand même
apporter certaines précisions. Que l'on voit une certaine
ambiguïté dans certains aspects du rôle de la régie
comme organisme administratif faisant de l'information, donnant des
renseignements par téléphone ou dont certains de ses membres
rendant des décisions, je pense que l'on ne parle plus tout à
fait de la même chose ici à l'article 21. Lorsqu'on dit: "Les
membres du personnel de la Régie doivent prêter leur assistance
pour la rédaction d'une demande à une personne qui la requiert",
il faut quand même penser c'est le but de la régie et cela
existe dans d'autres lois que la plupart en fait, c'est 97%
des personnes qui se présentent devant la régie le font
sans avocat. Elles se présentent là, elles ne savent pas
très bien comment tout cela fonctionne, elles peuvent être
intimidées par ce milieu, ces gens qui ont l'air de se promener avec des
gros codes, des gros bouquins. Donc, il peut être utile et
nécessaire d'assurer au public une assistance technique dans la
préparation d'une demande. Il nous semble que semblable loi, dans la
mesure où elle veut permettre des recours simples, peu coûteux aux
gens, faciles d'accès, rendre la justice facile d'accès, exige
que les gens de la régie puissent donner cette forme d'assistance. Il y
a des gens pour qui remplir un formulaire de demande, c'est extrêmement
compliqué. Qu'un employé de la régie puisse les aider
à remplir un tel formulaire m'apparaît tout à fait dans
l'ordre.
D'ailleurs, on retrouve un article semblable dans la Charte des droits
et libertés de la personne, chapitre VI de 1975, article 72, où
on dit ceci: La commission et les membres de son personnel doivent prêter
leur assistance pour la rédaction d'une demande d'enquête à
toute personne ou tout groupe de personnes qui la requiert.
Ce n'est donc pas un précédent et cela fait partie, je
crois, de ce souci que doit avoir un organisme semblable d'assurer aux gens que
ces recours que nous étudions tous ensemble, ici, en commission, que
nous prévoyons, ne restent pas lettres mortes parce que les gens ne sont
pas capables de formuler une demande et qu'ils n'ont pas les moyens, non plus,
d'avoir recours à un avocat. Ce n'est rien de plus.
M. Scowen: Je veux porter à l'attention du ministre et
également à l'attention du député de Taschereau
qui, je pense, s'intéresse à cette question, que dans les cas de
contrôle, de fixation de loyers, toutes ces demandes seront faites par
les propriétaires, parce que ce ne sont que les propriétaires qui
ont le droit de faire les demandes de fixation des loyers devant la
régie. Alors, c'est possible que, aux yeux de l'opinion publique, la
régie soit un instrument favorisant les propriétaires, parce que
c'est avec les propriétaires que les membres du personnel de la
régie vont s'asseoir, en privé, pour rédiger les demandes
de fixation des loyers. Il n'est pas prévu, c'est impossible que les
membres du personnel de la régie, d'après l'article 21, puissent
aider, dans le cas de fixation de loyers, les petits locataires ou les grands
locataires, mais seulement les propriétaires. Et je pense, parce que
c'est seulement un côté qui sera aidé dans cette question
épineuse du contrôle des loyers, que ce serait mieux d'agir avec
une certaine réserve.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais quand même
nuancer ces propos. Imaginons... C'est vrai qu'il y a, à l'heure
actuelle, une espèce de partage du fardeau de la démarche, mais
c'est aussi vrai qu'advenant qu'un propriétaire demande l'aide de la
régie pour remplir le formulaire, rien n'empêche le locataire
d'aller à la régie avec un formulaire dûment rempli et de
dire: "Expliquez-moi cela, je n'y comprends rien, c'est rempli de chiffres",
d'une part. D'autre part, même une fois la décision rendue, le
régisseur ou l'administrateur qui aura rendu sa décision pourra
dire à la partie mécontente: Vous avez un droit d'appel devant la
Cour provinciale. A ce moment-là, on pourrait très bien concevoir
que la régie puisse, même en matière de fixation, ce qui
représente, soit dit en passant, à peu près une affaire
sur deux à la régie, c'est à peu près 50%, l'ordre
de grandeur des fixations, donc les autres recours peuvent être
exercés par les locataires, que, même pour les fixations en appel,
dis-je, que l'aide soit dispensée, cette fois, aux locataires qui
voudraient aller en appel.
Maintenant, on me souligne que la Loi des petites créances permet
également les mêmes dispositions; les parties peuvent avoir
recours aux services de cette Cour des petites créances pour
rédiger les formulaires ou les demandes. De mémoire, je crois que
la Loi des jeunes délinquants, même en matière criminelle,
permet la même chose au tribunal pour enfants, la Loi de la protection de
la jeunesse, si je comprends bien, ou si ma mémoire est fidèle.
Donc, ce ne sont pas là des dispositions nouvelles et elles s'inscrivent
dans cet esprit de vouloir rendre la justice la plus accessible possible
à toutes les parties.
M. Scowen: Bien sûr, mais si je vous comprends bien, M. le
ministre, vous avez dit que, dans le cas de la fixation des loyers, les membres
du personnel, lors de la première instance, peuvent aider seulement les
propriétaires et, si le locataire n'est pas satisfait de la
décision, les membres du personnel peuvent aider le locataire en vue
d'un appel, devant la Cour provinciale. D'après moi, c'est clair que la
seule personne qui peut faire une demande devant la régie, en ce qui
concerne la fixation des loyers, si je comprends bien, c'est le
propriétaire. Il est le seul qui puisse faire une demande.
M. Tardif: Lorsqu'il s'agit de la fixation des loyers. (21 h
30)
M. Scowen: Oui, dans ce cas.
M. Guay: Dans le cas de la fixation des loyers.
M. Scowen: Je pense qu'on peut accepter que la majorité
des cas qui seront entendus par la régie seront les cas de fixation de
loyers; c'est l'élément clé si les diminutions sont faites
en grande majorité par les municipalités.
M. Tardif: Ce n'est pas tout à fait exact non plus. Ce
n'est pas moi qui ai dit que seuls les propriétaires pourraient avoir
recours à la régie en matière de fixation ou obtenir de
l'aide pour remplir les formulaires. Les locataires le peuvent aussi. Prenons
le cas du nouveau locataire qui arrive dans un immeuble, qui apprend que
l'ancien locataire payait $50 par mois de moins et décide d'en appeler
du nouveau taux de loyer imposé. Il peut s'adresser à la
régie pour demander: Comment est-ce que je procède, moi? Je ne
sais pas comment remplir cela. J'ai de la difficulté à parler le
français, l'anglais, voulez-vous m'aider? Ils le feront. Le
sous-locataire également peut s'adresser à la régie en
matière de fixation. Ce n'est pas moi qui ai dit: Cela ne s'applique
qu'aux propriétaires. C'est le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Non. Je l'accepte. Vous avez mentionné une ou
deux exceptions, mais je répète que je suis persuadé que
97%, si vous voulez, des demandes seront des demandes plus ou moins normales
d'augmentation de loyers et, dans ces cas, c'est seulement le
propriétaire qui peut faire la demande. Dans la grande majorité
des cas, la régie se trouvera devant la situation où elle peut
aider le propriétaire dans la rédaction de sa demande, mais elle
ne peut pas aider le locataire. J'ai l'impression, M. le ministre, franchement
que cet article était dans votre première impression de la loi
quand le fardeau de la preuve et la nécessité d'aller devant la
régie étaient du côté du locataire. Au moment
où vous avez décidé de changer la responsabilité et
de la faire porter au locateur, vous n'êtes pas vraiment allé en
profondeur dans l'article 21. Si je me trompe, très bien, mais je ne
veux pas que la régie soit dans la situation... Si c'était dans
l'autre sens, je serais contre aussi. C'est presque impossible qu'elle puisse
aider les deux côtés de la même façon quand un
seulement a l'obligation de faire la demande.
M. Guay: L'article 21 a une portée relativement
restreinte. Il s'agit, comme on l'a souligné, d'abord, de la fixation
des loyers qui est un aspect c'est le plus important, j'en conviens,
mais néanmoins, c'est un aspect parmi d'autres du rôle de
la régie. L'article 21 porte sur l'aspect de l'aide à la
rédaction d'une demande. Il y a également l'article 5, si ma
mémoire est bonne, paragraphe 1: "renseigner les locateurs et les
locataires sur leurs droits et obligations résultant du bail d'un
logement ou sur toute matière visée dans la présente loi."
En fait, la régie peut fournir l'aide nécessaire au locataire
aussi. Seulement, comme le locataire n'a pas de formule à remplir, cela
ne s'applique pas dans son cas ou, enfin, rarement. Dans les cas qu'a
soulignés le ministre, mais pas autrement. L'article 21 porte sur un
sujet bien précis, l'aide à la rédaction. Dans la mesure
où c'est le propriétaire qui doit faire la rédaction, bien
sûr que c'est le propriétaire qui est aidé. Cela ne veut
pas dire que le locataire ne jouit nullement de l'aide de la régie.
C'est simplement que cette aide peut être verbale dans la mesure
où lui n'a pas de formule à remplir, n'a pas de rédaction
à faire. Mais cela n'empêche pas la régie de lui fournir de
l'aide tout autant qu'au propriétaire.
M. Scowen: Je ne sais pas si le ministre accepterait de suivre ma
suggestion initiale qui était de suspendre l'article 21 en attendant la
résolution des autres questions.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais poser au
député de Notre-Dame-de-Grâce une question. Est-ce qu'il
est d'accord qu'il faut, dans l'esprit d'une justice accessible, qu'une aide
soit dispensée aux personnes qui seraient incapables de remplir un
formulaire? Est-ce que c'est concevable qu'en se présentant devant la
régie une personne de langue italienne ou ukrainienne ayant de la
difficulté à s'exprimer en français, en anglais, regarde
le formulaire compliqué et dise: Je voudrais que vous m'aidiez à
remplir cela? Cela se conçoit.
M. Scowen: C'est très difficile d'être contre
l'esprit de votre question, mais le problème qui se pose, c'est que,
quand on se trouve dans une chambre, seul, avec une partie en cause et que vous
êtes membre du personnel d'une régie, la personne va essayer de
vous expliquer tous ses problèmes: Mon affaire n'est pas rentable. J'ai
perdu de l'argent. J'ai beaucoup de problèmes. Aidez-moi à
rédiger cette affaire, s'il existe une certaine discrétion, s'il
existe des moyens. Tu peux ajouter celle-là et celle-là. Je pense
que c'est compris dans la loi. Il y a des nuances et la discrétion qui
seront très importantes. C'est clair que, si c'est simplement dire:
Ecoutez, mettez les chiffres là et je vais vous aider à
multiplier 17,1 par quelque chose, il n'y a pas de problème. Mais je
vois la possibilité de toutes sortes d'abus si l'employé, le
membre du personnel, accepte d'aller un peu en profondeur non seulement dans
les faits sur le papier, mais dans les problèmes réels de la
personne en cause. Dans ce cas-là, je vois que, normalement, il va aider
la personne qui est devant lui, qui va lui présenter tout une histoire,
bonne, mauvaise, colorée, teintée. On n'est pas devant un
ordinateur; on est devant des humains avec du sang, des coeurs et des cerveaux
et des préjugés d'un côté ou de l'autre. C'est
très délicat surtout pour un organisme qui est au fond un
tribunal d'avoir des employés, du personnel qui s'occupe de ces
questions très délicates, même si je suis d'accord sur
l'esprit, pour le pauvre Italien qui ne parle ni anglais ni français,
bien sûr c'est difficile de dire qu'ils ne doivent pas l'aider, mais il y
a d'autres moyens. Il y a des tierces parties, il y a des avocats du coin, il y
a l'aide juridique, il y a les amis, il y a les conseillers, il y a toutes
sortes de gens. Une personne se trouve rarement seule dans une ville. J'ai ma
propre expérience, dans mon comté; les gens peuvent normalement
demander des conseils de quelqu'un autour d'eux. Très souvent, ils
viennent voir le député, même. Dans une régie qui a
comme but premier, d'après moi, d'être un tribunal, je trouve que
l'article 21 est pas mal dangereux.
M. Tardif: On ne dit pas que ce seraient les régisseurs
qui rempliraient les formulaires, mais le personnel de la régie. Les
membres du personnel de la régie, c'est un commis au bureau,
préposé aux renseignements que quelqu'un vient voir et qui dit:
Qu'est-ce que je dois faire? J'ai reçu un avis d'éviction parce
que le propriétaire veut reprendre sa maison parce que, soi-disant, sa
fille se marie, qu'est-ce que je peux faire, qu'est-ce que je dois faire? On
pourrait concevoir un scénario où l'employé dit: Voici le
formulaire et remplissez une demande. La personne qui regarde cela dit: Je ne
comprends rien là-dedans, cela a l'air compliqué, qu'est-ce que
je dois faire? Quelqu'un l'aide à mettre sur papier, à coucher
sur papier les faits et les régisseurs jugeront la cause à son
mérite, poseront les questions pertinentes, écouteront l'histoire
de famille des parties.
Tout ce qu'on a fait cela a été de rendre un recours
possible.
M. Scowen: Je suis d'accord en principe, mais quand même,
M. le ministre, si la division qu'on a proposée est acceptée, ce
sera encore, pour moi, un problème important, mais ce sera moins
important dans le sens qu'au moins les juristes, les juges, si vous voulez,
seront séparés. Mais même avec cela, prenez l'exemple de
l'article 5.2 "de favoriser la conciliation entre locateurs et locataires". Le
personnel a la responsabilité, d'une main, d'aider le
propriétaire à compléter le formulaire sur une base d'une
ou deux personnes dans la chambre et, après, de favoriser la
conciliation. A moins que cette personne n'accepte que de remplacer un petit
calculateur, elle est prise, avec un problème où il peut
facilement exister un conflit, même pour le membre du personnel.
M. Tardif: M. le Président, je suis bien prêt
à suspendre l'étude de cet article. Mais il faudra qu'on ait des
raisons sérieuses pour ne pas permettre semblable recours qui, encore
une fois, existe dans un tas d'autres lois. Je pense qu'il s'agit, dans ces
cas, de personnes qui, si elles n'ont pas cette forme d'aide, n'auront pas
recours à la régie.
Je veux bien, compte tenu de ce qu'on va regarder quant à la
distinction que l'on pourrait faire de façon plus précise entre
les tâches d'adjudication de la régie et les tâches
administratives, voir si par ce biais on n'aurait pas une plus grande
sécurité qui satisfasse les membres de cette commission. Pour
l'instant, je suis d'accord, on peut peut-être en suspendre
l'étude.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez dit que
vous suspendiez l'étude de l'article 21?
M. Tardif: Oui, M. le Président, toujours dans cet esprit
de générosité.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 22.
M. Tardif: L'article 22, M. le Président, est assez
explicite.
Une Voix: II est où, le siège social, à
l'heure actuelle?
M. Tardif: II est à Montréal et il demeure
où il est présentement.
M. Scowen: A l'article 22, il y a une question qui est
soulevée, c'est la question des bureaux de quartier. La régie
peut avoir des bureaux à tout endroit qu'elle détermine.
J'aimerais avoir un aperçu des intentions du ministre en ce qui concerne
ces bureaux de quartier. C'est, en effet, les conciliateurs, je pense, qui sont
nommés dans l'article 31, si je comprends bien, qui seront
dispersés un peu partout à travers le Québec. Si j'ai bien
compris les intentions du ministre dès son discours en deuxième
lecture, il a l'intention de développer ces bureaux un peu partout. Cet
effort de conciliation aujourd'hui est fait par les administrateurs à un
coût de $1 million par année, d'après le ministre. Combien
de bureaux de quartier prévoit le ministre, par exemple, à
Montréal et combien de conciliateurs dans ces bureaux et à quel
coût additionnel?
M. Tardif: A l'heure actuelle, M. le Président, il faut
bien comprendre que nous avons des bureaux permanents dans 32
municipalités du Québec et des bureaux itinérants dans une
quarantaine de municipalités autres que les 32 où on a un
siège permanent. Donc, grosso modo, 70 endroits où la
régie en permanence ou sur une base itinérante siège. Pour
ce qui est de Montréal incidemment, on retrouve à peu
près 60% des activités de la régie dans le district
judiciaire de Montréal il y a déjà eu un premier
effort de déconcentration qui s'est fait au début de
l'été par l'ouverture d'un bureau à Laval et il y en aura
un à Longueuil, sur la rive sud. Pardon?
M. Scowen: A Notre-Dame-de-Grâce, on vous attend. (21 h
45)
M. Tardif: Ah bon! On me dit qu'il est prévu, une dizaine
de bureaux sur l'île de Montréal. Je ne crois pas qu'il y en ait
un dans chacune des 28 municipalités de l'île, mais dans une
dizaine d'endroits sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal ou l'île de Montréal, évidemment, en
fonction de la demande. Il y a certains coins de l'île où il n'y a
pas beaucoup de logements locatifs, on a plutôt des résidences
unifamiliales.
M. Scowen: II reste quand même quelques usines à
Montréal.
M. Tardif: Oui, il en reste encore. En gros, c'est ce qui est
prévu pour la région de Montréal.
M. Scowen: Vous prévoyez combien de conciliateurs dans ces
dix bureaux?
M. Tardif: Dans les...
M. Scowen: Vous prévoyez, si j'ai bien compris, dix
bureaux à Montréal?
M. Tardif: C'est cela. M. le Président, c'est en fonction
du volume de la demande. Les demandes ne sont pas les mêmes dans tous les
secteurs de l'île, comme je l'ai mentionné, mais je pourrais
peut-être plus, lorsque je produirai devant la commission les
statistiques qu'on m'a demandées quant à l'évolution du
nombre de causes et aux projections que nous avons faites, compte tenu de
l'extension du champ de compétence de la régie, donner un
meilleur aperçu, apporter ces tableaux, si vous me permettez.
M. Scowen: Le ministre est conscient que ce travail de
conciliateur, dans ces bureaux, est fait maintenant par les administrateurs, si
je comprends bien.
M. Tardif: II n'est pas fait, il ne s'en fait pas. On lie le
droit. On entend des causes et on dit aux gens: Allez-vous en chez vous, vous
recevrez ma décision. On n'amène pas les parties à la
conciliation présentement.
M. Scowen: Si vous voulez, au nom de M. Parizeau, je veux vous
demander si vous avez prévu que le million de dollars maintenant
consacré aux administrateurs sera versé aux régisseurs.
Globalement, quel est le montant prévu pour les conciliateurs et les
frais d'opération à travers le Québec, si vous voulez,
pour la première année au complet?
M. Tardif: M. le Président, on a prévu, concernant
les bureaux de quartier, deux types de fonctions: celle qu'on pourrait appeler
de conciliateur professionnel, qui pourrait se déplacer d'un bureau
à l'autre je ne crois pas qu'il soit nécessaire qu'il soit
là en permanence, dans tous les bureaux, tout le temps et, par
ailleurs, la fonction d'agent d'information, sur place, capable d'aider les
gens, de répondre aux questions au lieu de déplacer les gens vers
le Palais de justice, rue Craig, de remplir les formulaires et tout cela. Donc,
il y aurait des agents d'information localement, des conciliateurs
itinérants qui pourraient aller là et des régisseurs qui
pourraient aller tenir des audiences localement, dans ces bureaux qu'on
retrouverait sur l'île de Montréal, selon les besoins et la nature
de la demande.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre, quel doit être le nombre de
conciliateurs que vous avez l'intention de nommer dans les nouvelles
structures?
M. Tardif: De conciliateurs, ne faisant que cela, on s'attend que
les administrateurs ou les régisseurs puissent en faire plus qu'ils n'en
font présentement; j'ai peut-être été un peu
catégori-
que en disant qu'il ne s'en faisait pas, je pense qu'il y a des
administrateurs qui tentent d'amener les parties à composition. Il y en
a, cela existe, mais c'est peut-être l'exception, cependant. On voudrait
que cela se généralise, que les régisseurs puissent en
faire, qu'il y ait des gens qui ne fassent que cela. Quant aux professionnels
comme tels, il est prévu au départ seulement l'engagement de six
conciliateurs itinérants, qui pourraient donc aussi agir comme
personnes-ressources pour nos agents d'information qui seraient
disséminés un peu partout.
M. Cordeau: Oui, mais ce serait dans tout le Québec.
M. Tardif: Oui.
M. Scowen: Je voudrais porter à l'attention du ministre,
s'il le permet, un autre aspect de cette question de l'administration de la
régie. Avec la situation que vous proposez actuellement, où vous
avez un président qui est seul responsable pour la direction de la
régie, il y a un danger qui existe, pour un gouvernement et pour la
régie même, c'est que ce président, qui aura la
responsabilité totale de la direction, s'il a une forte
personnalité et on espère que oui fasse jouer sa
personnalité dans le choix du personnel. Normalement, après une
certaine période, le choix du personnel a tendance à suivre un
peu la personnalité de celui qui a le pouvoir de dire oui ou non. Cela
pourra peut-être, selon le cas, apparaître aux gens, à la
population, comme un préjugé favorable pour le
propriétaire ou pour le locataire. Je pense que si on accepte d'avoir
une régie de contrôle de cinq, six ou sept personnes, qui pourrait
comprendre des personnes de diverses formations et de diverses...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que ce ne sont pas des bureaux dont on parle
actuellement?
M. Scowen: Non, ce n'est pas tout à fait dans... C'est
simplement ce que l'on vit avec le personnel de bureau, mais je pense que le
sens de mon intervention est compris. Un dernier point sur l'article 22, M. le
Président. C'est ici que le ministre m'avait suggéré de
soulever les questions de l'obligation d'avoir un greffe, est-ce que le mot
"peut" a le sens d'une obligation ou non? Je pense qu'à la suite de sa
demande, je le fais. Est-ce que la régie, suivant cette phrase, peut
avoir des greffes à tout endroit, je veux dire dans le sens juridique,
est-ce qu'elle est obligée d'avoir un greffe à au moins un seul
endroit? Pour un profane, ce n'est pas clair que: "peut avoir, à tout
endroit" veut dire "obligé d'avoir dans au moins un seul endroit". Je
pense que, normalement, ce qui n'est pas compréhensible pour un citoyen
informé n'est pas très clair devant la cour non plus.
M. Tardif: M. le Président, pour ce qui est du premier
point, quant à la personnalité du président qui pourrait
déteindre sur le choix de son personnel, je pensais qu'on s'en allait
sur une autre pente glissante, où on voit présentement un
gouvernement conservateur vouloir changer certaines têtes dans certains
grands services de l'Etat canadien. Cela s'est arrêté court,
peut-être grâce à votre intervention, pour parler des
bureaux. Tel que je le lis là, effectivement, et cela m'a
été confirmé par les légistes, la régie peut
avoir des bureaux et des greffes à tout endroit qu'elle
détermine, ce qui implique qu'elle doit avoir au moins un bureau et un
greffe pour l'exercice des fonctions qu'on lui confie. Cela m'a
été confirmé par les légistes. Ce que cet article
implique, c'est qu'il peut y en avoir plus d'un.
M. Scowen: Dans l'article 7, où il est dit que le
gouvernement peut, par règlement, établir sept critères
différents pour la sélection des régisseurs, cela veut
dire qu'il est obligé de créer au moins un règlement.
M. Tardif: Effectivement, dans ce cas, le règlement...
Bien non, ce n'est pas tout à fait la même chose, il n'est pas
obligé de faire des règlements, il est obligé d'en faire
un.
M. Scowen: Je pense qu'il y a un moyen de rendre plus claire
cette question...
M. Tardif: Je vous lis l'article 6 de la loi actuelle: "Le
siège de la commission est à Montréal mais elle peut tenir
des séances à tout autre endroit de la province". L'article 8
dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil nomme aussi un administrateur des
loyers pour chaque territoire qu'il désigne et fixe sa
rémunération". Point. On parle de tenir une séance, on ne
parle pas ici d'avoir des bureaux et d'avoir des greffes.
Maintenant, il est bien évident qu'un tribunal ne peut pas
fonctionner sans avoir un greffe et cela nous apparaît aller de soi.
M. Scowen: C'est clair que la régie est un tribunal
d'archives et elle va avoir un greffe.
M. Tardif: Elle va avoir un greffe, oui. A l'heure actuelle, il
n'y a rien dans la loi, et il y en a.
Le Président (M. Laplante): ... adopté? M.
Tardif: Adopté.
M. Cordeau: Tantôt, M. le ministre, vous avez
mentionné qu'à certains endroits on remplaçait des gens
par d'autres, ainsi de suite. De toute façon, le tort qu'ils ont c'est
peut-être de le dire, eux. Par contre, il peut arriver aussi que certains
gouvernements fassent la même chose et ne le disent pas.
M. Tardif: Oh! cela se sait généralement.
M. Cordeau: On dit qu'on ne fait pas de patronage mais on
crée des emplois.
M. Tardif: L'article 23, M. le Président.
M. le Président, avec votre permission, votre indulgence, je
reviens. Si c'était de nature à satisfaire l'Opposition que le
deuxième paragraphe de l'article 22 soit modifié pour dire: La
régie a des bureaux et des greffes aux endroits qu'elle
détermine, est-ce que cela répondrait à votre...
M. Scowen: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Comment dites-vous?
M. Tardif: La régie a des bureaux et des greffes aux
endroits qu'elle détermine.
Le Président (M. Laplante): L'article 22 est
amendé, suivant papillon.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Tel que papillon,
adopté. Article 22.
M. Tardif: L'article 23, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Les travaux seront
ajournés à demain, 10 heures, à la même...
M. Tardif: Mais ce n'est pas encore une heure non juridique, M.
le Président; il est moins deux.
Le Président (M. Laplante): ... salle. Demain, ce
sera...
M. Tardif: Ce n'est pas une heure non parlementaire.
Le Président (M. Laplante): ... un nouveau
président. Vous l'avez brûlé aujourd'hui, celui-là.
Je vous remercie. Demain, je dois me faire remplacer par le
député de Jeanne-Mance, qui sera ici. J'espère que vous ne
lui ferez pas de misère, c'est un bon garçon.
Fin de la séance à 22 heures