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Projet de loi no 57 Étude après la
deuxième lecture
(Douze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Laplante):A l'ordre, s'il vous
plaît!
Si chacun veut prendre son siège. La commission permanente des
affaires municipales se réunit afin d'étudier article par article
le projet de loi no 57, Loi sur la fiscalité municipale et modifiant
certaines dispositions législatives.
Les membres de cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)
remplacé par M. Beauséjour (Iberville), M. Caron (Verdun)
on le laisse là M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. Ran-court (Saint-François) et M.
Gratton (Gatineau) remplacé par M. Lavoie (Laval). M. Guay (Taschereau),
M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Shaw (Pointe-Claire), M.
Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères) remplacé par M. Lefebvre (Viau), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska). Avez-vous un remplaçant pour M. Goldbloom?
M. Tardif: M. Goldbloom (D'Arcy McGee), il faudrait faire
imprimer les listes!
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
M. Lalonde: Je ne peux pas remplacer M. Goldbloom.
Le Président (M. Laplante): Non. M. Goldbloom (D'Arcy
McGee) est remplacé par M. Lalonde.
M. Lavoie: II devrait être remplacé par trois
députés.
Le Président (M. Laplante): M. Lacoste (Sainte-Anne)
remplacé par M. Paquette (Rosemont), M. Léonard
(Laurentides-Labelle) remplacé par M. Grégoire (Frontenac), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Vau-geois
(Trois-Rivières) remplacé par M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes).
Rôle d'évaluation
Plaintes
(suite)
Lorsque les travaux ont été ajournés hier soir,
nous étions rendus à l'article 137. M. le ministre a l'article
137 et il y a un papillon.
M. Tardif: M. le Président, étant donné que
nous avons abordé hier une série d'articles, je pense, la
série 29 à 32 que nous avons laissés en suspens, c'est la
série d'articles portant sur les unités d'évaluation,
d'autant plus que nous avons eu l'occasion d'y référer tout au
long du projet de loi, à cette série d'articles sur les
unités d'évaluation et que nous aurons à y revenir dans
les articles qui suivent aussi... Cette notion est assez...
M. Lavoie: Répandue.
M. Tardif: ... répandue dans le projet de loi et ne semble
poser de problèmes qu'au député de Laval. Il ne s'agit pas
d'être désobligeant, mais dans aucune des représentations
du monde municipal et des évaluateurs professionnels, n'a-t-on eu de
représentation sur cette question de l'unité d'évaluation.
C'est un concept avec lequel le monde de l'évaluation travaille depuis
déjà fort longtemps. C'est un concept bien connu de nos voisins
des autres provinces, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick. C'est un concept
bien connu également des Etats américains où on parle de
"unit of assessment".
Or, M. le Président, ce qu'il faut bien comprendre ici, c'est
que, ce qui est permis par la loi, c'est finalement d'indiquer à
l'évaluateur à quel moment on essaie de lui donner les
balises il devrait, dans la confection d'un rôle
d'évaluation, unir ce que les forces du marché ou ce que le
marché unit normalement.
On va prendre l'exemple d'une ferme composée de cinq lots
achetés à diverses époques, trois silos, une grange, une
étable et la maison du cultivateur. C'est un tout, M. le
Président, dont chacune des parties a d'autant plus de valeur, si vous
voulez, qu'elle se situe dans cet ensemble. Ce serait complètement
aberrant de retrouver au rôle d'évaluation une entrée pour
le silo no 1, le silo no 2, le silo no 3... Bien oui!
M. Lavoie: M. le Président...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, j'aimerais
terminer!
M. Lavoie: Je ne voudrais pas interrompre inutilement le
ministre, ce n'est pas ça, je ne voudrais pas faire perdre le temps de
la commission non plus...
M. Tardif: Non, mais alors...
M. Lavoie: On ne s'est jamais objecté à ce que, sur
une ferme, il y ait un genre d'unité, même s'il y a cinq lots, que
ça forme une ferme bien déterminée, qu'il y ait un silo,
qu'il y ait un poulailler, qu'il y ait une résidence, même pour le
père et le fils; que ce soit dans la même unité.
Ne faites pas perdre le temps de la commission. On n'est pas contre
cela. Comme sur un terrain, qu'il y ait la clôture, un mur de
soutènement, une piscine ou quoi que ce soit, qu'il y ait une
résidence sur trois lots, que ce soit une unité
d'évaluation, on n'a aucune objection à cela. Ne
continuez pas dans ce sens, vous faites perdre le temps de tout le monde
et je serai obligé de vous répondre comme je le fais
actuellement. Soulevez donc les difficultés que j'ai mentionnées
hier.
M. Tardif: M. le Président, je vais demander au
député de Laval d'être poli parce que je ne l'ai pas
interrompu dans ses interventions.
M. Lavoie: Je suis impoli? Je m'en excuse.
M.Tardif: II nous dit que cela ne lui pose pas de problème
alors pourquoi continue-t-il de poser des questions sur ce concept qui, encore
une fois, aux gens du milieu qui oeuvent là-dedans ne pose pas de
difficulté. J'essaie de savoir, M. le Président, je ne veux pas
faire perdre le temps de la commission. J'ai l'impression que c'est
plutôt l'inverse qui a été le cas hier lorsqu'on est revenu
systématiquement sur cette question. J'ai essayé de façon
très patiente de l'expliquer. Je me suis dit: Ce matin, je vais essayer
de ramasser le paquet. Le député de Laval me dit: Non, sur les
fermes, on comprend qu'il n'y a pas de problème, sur d'autres
établissements, on comprend qu'il n'y a pas de problème. Je
voudrais savoir où est-ce qu'il y en a un problème, selon lui,
pour essayer de l'amorcer cette question, M. le Président. S'il pouvait
nous ramasser sa pensée, s'il était possible qu'il le fasse
clairement et ce sur quoi il aurait besoin d'éclairage, on va essayer de
le lui donner.
M. Lavoie: Je vais être encore très poli avec le
ministre. Je vais lui rappeler ce que j'ai dit hier. J'ai soulevé trois
ou quatre exemples et on sait que lorsqu'on commence à donner des
exemples, on commence par trois ou quatre et c'est quasiment ad infinitum. Je
lui ai donné les exemples. Les difficultés que je vois, je les ai
mentionnées hier. Cela ne fait pas trois semaines, c'était hier.
Cela a d'ailleurs été appuyé par d'autres personnes qui
ont de l'expérience dans l'immobilier, comme le député de
Mont-Royal, et je pense que d'autres députés l'ont
mentionné.
Où on ne s'entend pas, c'est peut-être sur la
définition d'unité d'évaluation. Qu'il y en ait une
unité d'évaluation dans le sens que le ministre le comprend et
que tout le monde de bonne volonté veuille comprendre que, sur un tout
unifamilial ou un bloc d'appartements bien distinct, tout le parc, le terrain
de jeux d'agrément qui est là, la piscine commune, je la
comprends dans cette unité-là, mais les difficultés que
j'ai mentionnées hier, à cause de la définition qu'on
retrouve à l'article 30... Je vais nommer les trois ou quatre exemples
que j'ai donnés hier et cela va revenir tout de suite à l'esprit
du ministre. C'est qu'un propriétaire peut avoir 25 ou 30 lots
subdivisés qui n'ont pas nécessairement la même valeur.
Il y en a qui peuvent avoir un zonage différent, cela veut dire,
une valeur différente, qui peuvent faire l'objet d'une vente plus ou
moins rapide. Des fois c'est rapide, des fois c'est moins rapide à cause
des conditions économiques, etc. Le système actuel,
d'après l'expérience que je connais, c'est que chaque lot a une
fiche indépendante.
M. Tardif: M. le Président, je peux rassurer le
député de Laval là-dessus que, selon les règles de
pratique, je me suis renseigné, cela va continuer.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, chacun va
finir, après cela, je vous donnerai la parole pour rectification.
M. Lavoie: Mon interprétation, ce n'est pas cela que dit
l'article 30, c'est parce que le premier alinéa de l'article 30 dit:
"Constitue une unité d'évaluation le plus grand ensemble possible
d'immeubles..." Un autre exemple que j'ai donné: Un propriétaire
a dix duplex sur la rue Bordeau à Montréal qui sont tous
séparés par des murs mitoyens et qui ont des numéros
cadastraux différents, il peut vouloir les vendre, peut-être que
non. Ils n'ont peut-être pas tous la même valeur. Pourquoi, en
vertu de l'article 30, mon interprétation, qu'ils formeraient une
unité globale?
M. Tardif: Non, M. le Président, la réponse c'est
non, cela ne formera pas une unité globale, c'est clair, c'est
vérifié auprès de tous les techniciens, les textes ne
disent pas cela, les manuels d'évaluation ne disent pas cela, c'est
clair, c'est net, ce qui était permis avant sera permis
après.
M. Lavoie: II m'a interrompu, M. le Président, il m'a
demandé de leur rafraîchir la mémoire.
M. Tardif: J'essaie de donner la réponse
immédiatement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, on va essayer
de le laisser finir son intervention puis, après cela, je vous redonne
la parole.
M. Lavoie: Je vous donne deux autres exemples. Un exemple que je
vous ai donné hier: Un même propriétaire a, sur un
même lot qui forme un seul numéro cadastral, trois immeubles,
trois bâtisses à appartements de contenance différente,
d'un nombre de logements différent, etc. Selon mon interprétation
de l'article 30, alors qu'actuellement, il peut avoir une évaluation
différente pour le terrain et chacun des trois immeubles où il y
a une fiche ou des renseignements différents, si un contribuable veut
faire une plainte sur une seule bâtisse, je dis que l'article 30 peut, du
moins, ou clarifier l'article 30 parce que le premier alinéa dit que
cela peut faire une unité et être tout évalué dans
le même bloc. Et le dernier cas, la Place Ville-Marie entre autres,
où il y a quatre ou cinq immeubles sur le même emplacement, je ne
voudrais pas qu'il y ait une seule fiche, une seule évaluation globale.
Je dis donc que je ne suis pas satisfait de la rédaction de l'article
30. (12 h 30)
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, le premier exemple, les
propriétaires de 50 lots faisant présentement l'objet de fiches
distinctes, on me dit que, selon les pratiques consacrées dans le
manuel, cela va continuer d'être cela. Deuxièmement, les
duplex
ou maisons en rangées, faisant l'objet de fiches distinctes, cela
va continuer d'être cela, M. le Président, il n'y a aucun
problème et la définition, surtout qu'il faut lire le paragraphe
4, selon l'utilisation la plus probable, les évaluateurs, connaissant
ces pratiques, M. le Président, les utilisent.
Dans le dernier cas, M. le Président, d'un ensemble immobilier
ayant les caractéristiques mentionnées par le
député de Laval, c'est-à-dire un seul lot, un même
terrain, un seul propriétaire, avec trois immeubles, je pense que
l'exemple qu'on pourrait citer de cela, c'est une des trois tours du
Samuel-Holland, à Québec je pense que c'est un bon cas
et la quatrième qui est en construction. On pourrait fort bien
dire que dans ce cas-là, c'est une unité d'évaluation avec
plusieurs immeubles, effectivement. Mais le fait, M. le Président, qu'il
y ait une unité d'évaluation avec plusieurs immeubles
n'empêche pas d'avoir, au niveau des renseignements, des renseignements
désagrégés pour chacun des immeubles. Quand on dit: compte
tenu de l'utilisation la plus probable qui peut en être faite, c'est un
fait, M. le Président, que cela pourrait être cédé,
ou réparti, ou vendu séparément. On pourrait vendre une
tour seulement. Je crois cependant que l'expérience passée a
démontré que ce n'était pas le cas.
Or, dans ce cas-là, le principe prévu dans la loi,
c'est-à-dire même propriétaire, contiguïté des
lieux, utilisation prédominante à certaines fins, notamment
à des fins d'habitation, et cette espèce de caractère de
cession globale et non par parties, surtout quand on considère qu'il
peut y avoir des parties communes à ces immeubles, des facilités
communes de stationnement, de piscine et que sais-je, M. le Président,
l'utilisation la plus probable me semble assez évidente.
Néanmoins, dans ces cas-là, M. le Président, il y a
l'article 119 qu'on a vu hier qui dit que le contribuable pourrait demander la
réunion de plusieurs éléments pour former une unité
d'évaluation ou le fractionnement d'une unité d'évaluation
en plusieurs. Or, il me semble, M. le Président, qu'on a là
véritablement l'espèce de marge de manoeuvre qui pourrait
permettre aux citoyens qui ne seraient pas d'accord avec le regroupement qu'a
fait l'évaluateur de demander qu'il soit révisé.
Pour ces raisons, je demanderais qu'on appelle l'article 29 et qu'on
passe à son adoption.
M. Lavoie: Je vais répondre au ministre. C'est bien beau
que le ministre m'ait dit que ça se fait comme ça, que c'est dans
le manuel de l'évaluateur, mais le manuel de l'évaluateur n'est
pas dans la loi. Que voulez-vous? L'évaluateur va lire l'article 30 et
dire: C'est ça la loi. Et l'article 30 devrait être
modifié. Vous appuyez mon argumentation, vous me dites qu'en me
référant à l'article 119 j'ai raison. L'article 30 dit:
"Constitue une unité d'évaluation le plus grand ensemble possible
d'immeubles qui remplit les conditions suivantes...", et dans le
quatrièmement on dit: "les immeubles ne peuvent normalement et à
court terme être cédés que globalement et non par parties,
compte tenu de l'utilisation optimale la plus probable qui peut en être
faite." Toutes ces conditions, c'est uniquement laissé à la
discrétion de l'évaluateur. Il peut arriver des
évaluateurs qui disent: Je vais faire dix fiches différentes pour
les dix du plan, il peut y en avoir trois autres qui disent: Je ne fais qu'une
unité. Ils vont avoir tous les deux raison.
M. Tardif: Et après?
M. Lavoie: Mais ce n'est pas ça. Si vos voulez simplifier
l'administration, c'est le temps. Vous m'appuyez encore dans mon argumentation
et vous me dites qu'à l'article 119 c'est tellement possible qu'on donne
le droit au contribuable de faire une plainte pour faire diviser ou faire
regrouper l'unité; vous me donnez totalement raison. Mais je vous dis
que la population en a assez de demander des permissions et de faire des
plaintes quand ce n'est pas nécessaire.
M. Tardif: Ah, ce n'est pas possible!
M. Lavoie: Quand ce n'est pas nécessaire! Dans le moment,
ce n'est pas nécessaire de faire des plaintes, de prendre un avocat ou
d'aller soi-même au bureau de révision pour faire diviser son
affaire. Vous voulez simplifier l'administration, alors qu'il n'y a qu'une
fiche de faite et qu'il y a une décision qui peut prendre six mois ou un
an, on a un an pour rendre une décision pour forcer la
ville à faire dix fiches après ça. Simplifiez donc, si
vous voulez simplifier. Vous allez simplifier en changeant l'article 30,
autrement on va faire un... Que voulez-vous, vous ne m'avez pas convaincu, vous
m'avez donné totalement raison dans votre argumentation.
M. Tardif: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander d'appeler l'article 29, s'il vous plaît?
Le Président (M. Laplante): L'article 29 sera-t-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Tardif: M. le Président...
M. Lavoie: Un instant! On a le droit de parole?
Le Président (M. Laplante): Personne ne vous en
empêche.
M. Lavoie: Ecoutez, ce n'est pas à l'article 29 qu'on va
faire vraiment... C'est à l'article 30 que j'aimerais que vous modifiiez
la définition.
M. Tardif: C'est pour cela que j'appelle l'article 29. A
l'article 30, si le député de Laval a des suggestions
concrètes, cette fois, et non pas seulement nous dire qu'il pense que...
à ce moment, je vais les regarder. Pour l'instant, l'article 29 ne pose
pas de problèmes.
M. Lavoie: Nous allons l'accepter sur division.
Le Président (M. Laplante): L'article 29 est dopté
sur division. J'appelle l'article 30.
M. Tardif: L'article 30.
Le Président (M. Laplante): II y avait déjà
un amendement à l'article 30, au deuxième paragra-phe...
M. Tardif: L'amendement est adopté. Le Président
(M. Laplante): D'accord. M. Lavoie: Que dites-vous à
l'article 30?
M. Tardif:A l'article 30, il y avait eu un amendement où
on avait ajouté...
Le Président (M. Laplante): Au deuxième
paragraphe.
M. Tardif:... "ou ils sont complémentaires"; on avait
adopté l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Où vous avez soustrait
les mots: "ou ils sont complémentaires". M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, tout à l'heure, au
moment où je me suis présenté à la commission, le
débat était engagé et le ministre des Affaires municipales
faisait appel à un exemple qui était celui des fermes, soit celui
de former une unité d'évaluation à partir d'une ferme,
quel que soit le nombre de numéros de lots ou de terrains, quelles que
soient les bâtisses qu'on y retrouve. Mais même dans le cas des
fermes, le ministre est-il conscient que, s'il fallait que les
évaluateurs en fassent toujours des unités d'évaluation
que cela posera également des problèmes? Surtout dans le contexte
que nous vivons en agriculture ces années récentes, à
savoir que beaucoup de cultivateurs ont racheté des fermes, qu'elles
soient voisines de celles en exploitation ou situées un peu plus loin,
que souvent ils ne les achètent pas nécessairement pour les
exploiter eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils achètent une ou
des fermes, qu'après cette acquisition, ils décident de conserver
la superficie qui semble nécessaire pour l'agrandissement personnel et
remettent en vente, la plupart du temps à d'autres cultivateurs,
l'excédent de l'achat qu'ils ne veulent pas réserver
spécifiquement pour eux.
Je prends comme exemple un cas qui est tout récent chez nous,
où un cultivateur a acheté deux fermes, et c'est récent,
l'acquisition s'est faite de la semaine dernière. Ces deux fermes
étaient la propriété du même propriétaire. Le
propriétaire a décidé de garder les deux
résidences, la partie au bord de la route, il garde les deux
résidences qu'on retrouvait sur chacune des fermes, il vend les autres
bâtiments, soit la grange-étable, le hangar, la remise et sur une,
un poulailler.
Mais, effectivement, le cultivateur qui a acquis cela ne gardera pas
tout son achat. Il y a déjà une entente avec deux autres
cultivateurs: son voisin immédiat va racheter une partie des
acquisitions faites par le premier acquéreur et une autre partie de ses
achats va aller à un cultivateur situé dans l'autre rang, mais
qui a accès à la deuxième ferme par une traverse à
niveau située au-dessus de la voie ferrée parce qu'il faut qu'il
passe la voie ferrée pour cela. C'est dire que s'il y avait une
évaluation unique par unité d'évaluation, dans un cas
comme celui-là, ce ne serait pas la solution idéale. Il serait
plus valable d'avoir une évaluation d'abord des bâtiments de
ferme, non pas des résidences parce qu'elles seront demeurées la
propriété du vendeur, mais d'avoir une évaluation propre
aux bâtiments qu'on retrouve sur les deux fermes acquises puisqu'à
un moment donné il va y avoir transaction à brève
échéance.
J'apporte cet exemple pour vous indiquer que dans le contexte
d'agrandissement des fermes d'acquisition, surtout dans des régions non
zo-nées agricoles parce que chez moi, dans ma paroisse, ce n'est
pas encore zone; cela va l'être peut-être prochainement. Le
ministre va me dire: Possible mais il reste que c'est une
réalité qu'on vit dans les régions non zonées
agricoles où les transactions, les acquisitions de fermes, la
subdivision de fermes acquises, tant que cela ne sera pas zone et même
lorsque ce sera zone avec l'autorisation de la commission de protection, il va
encore y avoir des transactions de cette nature.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais essayer de
comprendre vraiment ce qui se passe. On nous dit, somme toute, que
l'idée de pouvoir, d'avoir une entrée unique au rôle et de
procéder par unité d'évaluation et d'unir finalement ce
que les lois du marché unissent spontanément... Quand on parle
des installations Miron à Montréal...
M. Giasson: Là, vous êtes loin des fermes.
M. Tardif: Non, mais enfin. Les gens ne parlent pas de la
cheminée Miron, de la carrière Miron, du garage Miron, mais ils
parlent des installations. C'est assez caractéristique.
M. Giasson: Parfait, M. le ministre! Je trouve que votre exemple
est parfait.
M. Tardif: Quand on va parler de la ferme de M. Moreau à
Verchères, les gens ne parleront pas de la grange, du silo, de
l'étable, etc. C'est un tout. C'est une unité et on va dire: Cela
vaut tant. Alors, je pense qu'on est d'accord. Le député de Laval
nous a dit: On pense que le concept d'unité d'évaluation a une
utilité. Il dit: Là où je ne suis pas d'accord, c'est que
c'est trop laissé à la discrétion de l'évaluateur
de décider, si j'ai bien compris son objection, ce qui devrait
être unifié ou pas.
(12 h 45)
Or là, justement, M. le Président, nous aurions pu
éviter l'article 29, ne pas parler de l'article 30, et dire:
L'évaluation procédera au regroupement d'unités
conformément au manuel d'évaluation, ou quelque chose comme cela,
conformément au règlement prévu à l'article 252
qui, lui, fait le manuel.
A la place, on a tenté, dans la loi, de baliser. Au lieu de dire
à l'évaluateur: Ce n'est pas à n'importe quel temps que tu
pourras décider, si cela va ensemble ou non. Il va falloir que tu
prennes les quatre critères qui sont là: premièrement,
à qui appartient le terrain sur lequel sont situés les
bâtiments; deuxièmement, ces terrains sont-ils conti-gus ou, par
exemple, dans le cas d'une ferme, s'il y a un cours d'eau qui sépare, un
petit ruisseau, cela reste la même ferme, on se comprend;
troisièmement, est-ce utilisé à une même fin? On
pourrait très bien concevoir une carrière, à
Montréal où, en plus, sur la carrière, on a un
ciné-parc. Ce n'est pas une hypothèse, c'est vrai.
Donc, c'est un même propriétaire. Admettons que les
terrains sont contigus, mais il y a quand même deux fins tout à
fait distinctes: trois ciné-parcs dans un cas et une exploitation de
carrière, dans l'autre. Là, le critère n'est pas
retenu.
Et quatrièmement, que les immeubles ne peuvent ou ne seraient
normalement ou à court terme cédés que globalement et non
par parties. Ce qui est vendu, c'est Miron au complet, pas seulement les
garages et les cheminées.
On va essayer de lui mettre des balises à l'évaluateur, on
va lui dire: Ta discrétion de décider ce qui va ensemble et ce
qui ne va pas ensemble, ce n'est pas absolu.
Là je voudrais essayer de comprendre le député de
Laval. D'abord il est d'accord avec ces balises. Est-ce qu'il me dit que les
critères devraient être encore plus serrés? Qu'on devrait
en avoir plus? Ou est-ce qu'il me dit qu'ils sont trop contraignants ou est-ce
qu'il nous dit que c'est le dernier seulement, la notion de vente, qui le
fatigue? J'aimerais saisir, mettre le doigt là où,
véritablement, nous pourrions serrer le texte pour coller à la
réalité. Si tout le monde est d'accord que le concept
d'unité est un instrument, est un outil utile, si tout le monde est
d'accord pour dire que l'évaluateur ne doit pas avoir une
discrétion absolue... Ce serait trop facile, à un moment
donné, la tentation pourrait être grande d'évaluer
chaque... l'entrée de garage, la cheminée, la clôture,
etc., parce qu'autant de fiches, autant d'argent. On est bien conscient de
cela, si quelqu'un voulait aller à l'extrême.
M. Lavoie: Oui, sur un bord ou sur l'autre.
M. Tardif: Alors, entre cela, on essaie de mettre des balises et
la question que je pose: les trois premiers critères ne
semblaient pas poser tellement de problèmes, si je comprends bien; c'est
plutôt le dernier Est-ce qu'on a un texte, est-ce qu'on a une
suggestion à faire pour essayer de resserrer, si c'est ça qu'on
veut faire, ou si on veut élargir au contraire ou si on veut ne pas en
mettre du tout dans la loi? Mais qu'on me le dise; et dire, à la place:
On va référer au règlement prévu à l'article
252.1, qui, lui dit comment on doit faire l'évaluation au Québec.
Là, il y a un gros manuel, complet, qui ne porte que sur les
unités d'évaluation. Les deux caisses que j'ai produites hier,
là-dedans il y a un manuel complet uniquement sur cette notion
d'unités d'évaluation, que les Américains et les Ontariens
appellent "unit of assessment".
J'ai essayé de cerner le problème et de mettre le doigt
sur la difficulté, M. le Président.
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Ce que je crains, c'est ce qu'on a vécu ces
dernières années avec l'application de la Loi de
l'évaluation foncière. Avant que cette loi soit mise en vigueur,
on avait la possibilité d'obtenir, de nos secrétaires municipaux,
dans les municipalités où on avait des propriétés
ou des immeubles, l'évaluation de chacun des immeubles qu'on a acquis
à des moments différents.
M. Tardif: C'est toujours possible.
M. Giasson: Mais là, on demande à notre
secrétaire municipal de nous donner l'évaluation de
différentes propriétés qui ne sont même pas voisines
ou contiguës et on nous dit: On ne peut pas, on n'a pas ça ici. Il
faudrait que vous alliez à Québec, la firme d'évaluation
est à Québec.
M. Tardif: M. le Président, je suis...
M. Giasson: J'ai vécu... Je vais vous donner un autre
exemple.
M. Tardif: ... heureux d'entendre le député de
Montmagny-L'Islet me dire cela, puisque justement il y a un article dans la loi
qui dit... Avant, la loi disait: Les documents appartiennent à la
municipalité, mais sont gardés chez l'évaluateur.
Là, M. le Président, ils doivent être à la
municipalité. Il y a un article qui vise ça et je suis bien
heureux que le député de Montamagny-L'lslet le signale, parce que
d'autres citoyens nous avaient fait part de ça. Il y a un article qui
remédie à cette situation.
M. Giasson: C'est que je pourrais peut-être porter à
votre attention un autre fait personnel que j'ai vécu il y a quinze
jours. Je reçois un appel téléphonique de mon
épouse me disant que l'évaluation s'est faite dans ma paroisse
dernièrement; elle avait eu un appel de l'épouse du
secrétaire de la municipalité lui demandant combien de fermes
j'avais achetées récemment, parce que le rôle nouveau
d'évaluation, qui était déposé chez le
secrétaire de notre municipalité, me rendait propriétaire
de l'équivalent d'à peu près cinq fermes, que je n'ai
jamais possédées et les numéros étaient inscrits
à mon nom, dans le rôle d'évaluation. Je pourrais
même vous les citer de mémoire.
Cela nous prouve quoi? Que même, en dépit de la bonne foi
et de l'attention que peuvent porter les équipes d'évaluateurs,
ils peuvent errer et sérieusement. Vous allez me dire que cela n'est pas
grave parce qu'on l'a découvert rapidement et que la préparation
des habitacles n'est pas faite;
surtout cette année, elle ne se fera pas à bonne heure.
Mais ce sont des cas vécus, des cas réels qui sont tout à
fait récents.
M. Tardif: M. le Président, juste à titre de
renseignement pour le député de Montmagny-L'Islet, l'article 74
fait ce qu'il demande, à savoir, qu'on dit: Les documents
rassemblés ou préparés par l'évaluateur en vue de
la confection du rôle, qu'ils aient servi ou non à cette fin,
appartiennent au propriétaire du rôle. La municipalité a la
garde de ces documents au bénéfice de leur propriétaire,
et décide de l'endroit où ils doivent être
conservés.
Une Voix: On l'a adopté, ça.
M. Tardif: C'est parce que le député de
Montmagny-L'Islet me racontait son cas personnel ayant voulu prendre
connaissance de, c'est-à-dire que les rôles étaient chez
une firme d'évaluateurs à Québec. Je lui ai dit que c'est
corrigé par cela.
M. Giasson: Mais, à partir de cet énoncé que
vous faites et de l'article 74, nous avons les rôles complets tels que
préparés à notre municipalité, au bureau du
secrétaire. J'espère que lorsqu'un même propriétaire
possède différents immeubles, différentes terres à
bois situées dans une même paroisse, mais qui ne sont pas
localisées l'une près de l'autre, qu'on sera capable encore dans
le futur de connaître l'évaluation des cinq ou des dix ou des
quinze terres à bois dans la même municipalité, ce qu'on
n'a plus depuis la mise en route du nouveau système d'évaluation
au Québec on a une évaluation globale de toutes les terres
à bois qui existent uniquement pour l'exploitation forestière,
c'est-à-dire pas pour des fins de loisirs ou autrement qu'on sera
capable de connaître la valeur d'évaluation de chacune de ces
propriétés à l'intérieur de la même
municipalité, ce qu'on avait autrefois, mais qu'on n'a plus depuis deux
ou trois ans.
M. Tardif: Ce que je ne peux pas comprendre c'est ce que le
député de Laval a essayé de nous formuler. Je le vois
écrire depuis tantôt.
M. Lavoie: Oui, nous avons un amendement en bonne et due forme.
Je ne peux pas interrompre le député et, vous prenez le crachoir
assez souvent, je ne veux pas vous interrompre. Le député de
Verdun a l'intention de parler et je vais vous apporter un texte en bonne et
due forme de l'amendement, mais à mon tour.
Le Président (M. Laplante): Député de
Verdun.
M. Lavoie: J'ai le respect du droit de parole des autres membres
de la commission.
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, vous parliez de
Miron tout à l'heure, je vais parler de l'île des Soeurs, un cas
qui peut, peut-être nous éclairer. Ils ont un bail
emphytéotique, la compagnie qui gère a à peu près
tout. Elle a commencé à vendre des terrains, mais 95%
gèrent à peu près tout. Qu'est-ce que vous faites au point
de vue de l'évaluation?
M. Lavoie: II y a des maisons en rangée. Là, on ne
voudrait pas entrer dans l'article 31.
Le Président (M. Laplante): Vous avez coupé la
parole au député de Verdun.
M. Lavoie: Non, c'est avec son consentement. Il y a beaucoup
d'unité de pensée de notre côté.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: II y a du commercial, il y a de tout.
M. Lavoie: II y a toutes sortes d'affaires dans cela. Cela va
être dans la même évaluation?
M. Caron: II y a de l'industriel. Qu'est-ce qu'on fait avec
cela?
M. Tardif: C'est une question qu'on pose ou une affirmation qu'on
fait?
M. Caron: Je vous pose la question: Comment on va
l'évaluer? Cela revient à dire qu'à un certain moment,
pour évaluer... Le type qui décide d'hypothéquer tel et
tel secteur de ses propriétés va donner en garantie tel et tel
secteur de ses biens. Alors, si c'est évalué globalement, je
pense que cela peut nuire.
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer de faire l'abc
de l'île des Soeurs à Verdun à partir de l'article 30.
Premièrement, est-ce qu'il s'agit d'un même terrain ou d'un
terrain appartenant à un même propriétaire? Réponse:
Oui. Ce serait en ce sens du premier alinéa une unité
d'évaluation.
Est-ce que je peux continuer parce que c'est cumulatif, cela? Cela prend
les quatre conditions. Deuxièmement, les terrains sont-ils contigus? La
réponse c'est oui, pour ce cas-là. Les terrains ne sont pas un
à côté de l'aqueduc à Verdun et l'autre... C'est
bien isolé, c'est même une île. C'est même
renfermé.
Troisièmement, les immeubles sont-ils utilisés à
une même fin prédominante? Je dirais que oui, même s'il y a
des services qui sont là, il y a peut-être quelques entreprises ou
industries, mais admettons que c'est un développement
intégré avec des fonctions résidentielles, commerciales et
d'industries légères, de services, etc.
Quatrièmement, les immeubles ne peuvent normalement et à
court terme, être cédés que globalement et non par partie.
Alors, M. le Président, il m'apparaît que l'île des Soeurs
ne remplit pas cette quatrième condition. Il s'agit d'immeubles qui
peuvent être cédés séparément et par partie.
En conséquence, tout évaluateur qui procédera à
cette évaluation ferait, selon les règles du
manuel et du règlement, une évaluation distincte pour les
immeubles qui se trouvent à l'île des Soeurs. Il me semble que
c'est comme cela.
Je m'excuse, mais est-ce que je peux poser seulement une question au
député de Verdun? Sans savoir quelle est la situation
présente, peut-il me dire, en tant que député et maire de
Verdun, puisque le manuel et les règlements s'appliquent: C'est ce que
nous avons fait à Verdun. Est-ce qu'on a une évaluation globale
dans le cas de l'île des Soeurs, ou une évaluation par
immeuble?
M. Caron: Par immeuble.
M. Tardif: Je voudrais préciser. Ce que l'article 30 fait,
c'est précisément de consacrer les pratiques les plus logiques en
la matière.
M. Caron: Surtout quand il y a eu la taxe des 100000
évaluations et plus, on les a toutes subdivisées pour avoir
l'évaluation la moins forte. En terminant, une toute petite question.
Actuellement, on divise pour vendre, pour essayer de faire avancer le projet
plus vite. Il faut que ce soit encore avec l'article 4.
M. Tardif: C'est ça.
M. Caron: Merci, cela répond à ma question.
M. Lavoie: Seulement sur cette question, c'est l'heure de
suspendre, je pourrais attendre à cet après-midi, mais vous avez
dit que, dans le cas de l'île des Soeurs, la première, la
deuxième et la troisième condition s'appliquaient et vous dites:A
la quatrième, les immeubles ne peuvent normalement et à court
terme, être cédés que globalement.
M. Tardif: Comme ceux-là peuvent être vendus.
M. Lavoie: Votre interprétation, disons que vous
êtes évaluateur, aujourd'hui, vous dites que cela ne remplit pas
cette condition, mais je peux vous dire également, et mon opinion
est aussi bonne que la vôtre que cette quatrième question
est remplie également. Nous avons tous les deux raison. Pour vous, c'est
une interprétation, en disant que cela peut être divisé,
mais souvent un grand ensemble n'est pas divisé, ainsi, nous avons tous
les deux raisons, c'est à la discrétion de l'évaluateur.
Premier point. Deuxième point, en vertu de l'article 252.2, vous dites
que le manuel d'évaluateur est en vigueur, en vertu de l'ancienne loi
qui s'applique. Justement, il ne s'applique pas. Je pense qu'il ne s'applique
pas automatiquement, parce que cette unité d'évaluation n'est pas
appliquée dans Laval. Elle peut être appliquée dans
d'autres villes, parce que j'ai des cas à Laval où il y a
certains ensembles comme cela qui remplissent assez bien ces conditions, mais
qui portent des fiches différentes.
Le Président (M. Laplante): Sur cela, nous continuerons la
discussion après le déjeuner.
M. Lavoie: J'apporterai un amendement.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 12 h 55
Reprise de la séance à 15 h 27
Le Président (M. Laplante):A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise de la séance de la commission des affaires municipales
pour l'étude du projet de loi no 57 article par article. Lorsque nous
avons suspendu nos travaux ce midi, nous étions rendus à
l'article 30 et la parole était au député de Laval. Je
crois qu'avant de partir vous l'aviez réclamée. M. le
député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, à la demande du
ministre, je crois, nous reprenons l'étude de l'article 30 du projet de
loi no 57.
Je disais avant le déjeuner que nous n'avions pas d'objection sur
ce nouveau concept d'unité d'évaluation, mais là où
nous ne nous rejoignons pas, c'est dans la définition que nous
retrouvons à l'article 30. Le ministre nous a dit avant le repas que, en
vertu du règlement prévu à l'article 252 qui existait
auparavant et qui a été reconduit, règlement qui faisait
suite à l'adoption de la Loi sur l'évaluation que nous avons
actuellement et qui existe depuis quelques années, il y avait un
règlement. Le ministre nous disait que dans ce règlement... il y
avait même un bouquin qui traitait de l'unité d'évaluation;
cela existait déjà. Je dois dire, à la suite de recherches
que j'ai faites, que, même si le concept existait, il n'avait pas force
de loi. La preuve, c'est qu'il est inclus dans la nouvelle loi. Il
n'était pas dans l'ancienne, cela veut dire qu'il n'existait pas. On le
crée, on le met en application dans la nouvelle loi.
Il y avait un règlement qui existait auparavant. D'ailleurs, j'ai
pris connaissance de ce règlement qui fait partie de cette brochure, la
Loi sur l'évaluation foncière, le règlement en vertu du
paragraphe 2 de l'article 7 et documents connexes. (15 h 30)
II faudrait bien que le ministre nous donne un éclairage, qu'il
nous dise ce qui en est exactement, parce qu'il ne faut pas oublier que, dans
ce volume, il y a un avertissement au début. "Dans le présent
document, seul le règlement, y compris son appendice et ses annexes 1
à 7, fait foi et a valeur légale." Le règlement, qui a
quelques pages, fait foi, mais nulle part dans ce règlement et dans les
annexes est-il dit que ce concept d'unité d'évaluation fait force
de loi. Il fait partie de directives ou de guide aux évaluateurs, mais
il n'a aucune force légale; ce que le ministre voulait nous laisser
entendre ce matin, en laissant entendre que ça existe déjà
et que ça fonctionne bien. Cela existe comme guide, mais ça
n'existe pas du tout dans la loi.
Un peu plus loin, au complément explicatif no 1, il y a un autre
avertissement: il y a des avertissements partout "Ces notes
explicatives, exprimées en complément 1 aux présentes,
n'ont aucune valeur légale et ne font pas partie du règlement."
Le règlement existait, mais nulle part est-il question, dans ce
règlement, de l'unité d'évaluation. C'est la raison pour
laquelle on le retrouve dans la loi actuellement, pour légaliser, pour
institutionnaliser ce concept.
Là où on ne s'entend pas, c'est sur la rédaction de
l'article 30. Si on est là... Notre intention et la contribution que
nous voulons apporter à l'étude de ce projet de loi, ce que nous
voulons, dans les grands principes qui ont été établis par
le comité conjoint qui, depuis un an a étudié la Loi de la
réforme fiscale municipale, c'est un esprit de simplification de
l'administration. Notre interprétation c'est que, en incluant le concept
d'unité d'évaluation tel que décrit à l'article 30,
au lieu de simplifier l'administration, ça l'alourdit et on ne rend pas
service aux citoyens. On est là pour adopter des lois, pour simplifier,
pour que le contribuable, qu'il soit citadin, cultivateur... C'est à peu
près tous les citoyens du Québec qui sont sujets à avoir
des propriétés évaluées, soit dans le milieu rural
ou dans le milieu urbain.
Je ne voudrais pas répéter les exemples que je donnais ce
matin. Si on laisse à l'évaluateur l'interprétation qu'il
peut faire lui-même de l'article 30, sur une prétendue
simplification, c'est sûr que ce serait beaucoup plus simple pour un
évaluateur s'il applique l'article 30 à la lettre. L'article 30:
"Constitue une unité d'évaluation le plus grand ensemble possible
d'immeubles qui remplit les conditions suivantes." C'est bien beau, mais on
n'est pas là uniquement pour simplifier le travail de
l'évaluateur. Il ne faut pas que ce soit au détriment du
contribuable et des municipalités. Dans cela, il y a danger qu'en
simplifiant peut-être d'un côté le travail de
l'évaluateur, en faisant une seule fiche ou appelez cela une seule
unité pour un ensemble immobilier, cela ne rend pas service au citoyen
qui est soit propriétaire ou locataire de cet ensemble. J'ai encore eu
des exemples, ce midi. Quelqu'un est propriétaire, dans un milieu rural
de quatorze terres boisées, qui ont des numéros cadastraux
distincts; quatorze. Si on applique cette loi, telle qu'elle est
rédigée, c'est à la discrétion de
l'évaluateur de faire une évaluation globale de l'ensemble des
quatorze terres. Si un contribuable veut savoir à combien est
évalué son bien, je pense que c'est normal qu'un citoyen qui est
appelé à payer des taxes puisse se comprendre dans ses propres
affaires. Il veut savoir, lui, si c'est sa terre qui est tout le long de tel
lac, ou la terre qui est sur le haut de la montagne, la terre boisée, ou
l'autre qui est dans la prairie en bas; elles n'ont pas la même valeur
à cause de l'accessibilité ou quoi que ce soit. Il ne veut pas
avoir une évaluation globale de $200 000 sur les quatorze terres. Je
pense que le citoyen veut savoir que telle terre est évaluée
à $7000, telle autre terre a $10 000, s'il veut porter une plainte,
c'est son droit de le faire si c'est trop élevé. Si vous faites
une évaluation globale, d'après moi, ce n'est pas juste.
Je vais vous donner un autre exemple, dans le milieu rural, si on
interprète l'article. Même aujourd'hui, avec la Loi de la
protection du territoire agricole, un cultivateur a une habitation pour lui,
sur sa terre, et il a une ou deux autres habitations qu'il a le droit de
bâtir, à la condition que cela reste, dans l'ensemble, pour deux
de ses enfants, il peut avoir une grange, un poulailler et il peut avoir une
porcherie. Telle que la loi est, c'est une évaluation globale. Il va
avoir son évaluation et ils vont dire: Monsieur, vous êtes
évalué à $300 000. Je trouve que le citoyen a le droit de
savoir que la maison qu'il habite est évaluée à $40 000 et
que celle de son fils est évaluée à $25 000 et celle de
son autre fils à $35 000.
S'il a un poulailler assez important sur sa ferme, il veut savoir si le
poulailler qu'il vient de bâtir, qui n'a pas le même âge que
la maison qu'il habite ou que la grange, je crois que ce citoyen a le droit de
savoir combien ce poulailler, qui lui coûte en l'occurrence $100 000,
ajoute à sa propriété. Il ne veut pas avoir une
évaluation globale de $400 000 sur sa terre, il veut savoir à
combien le poulailler qu'il vient de bâtir, qui lui coûte $100 000
est évalué d'une manière distincte. C'est cela que la loi
actuellement ne respecte pas. Je donnais des exemples de lotissements, de
quelqu'un qui a trois immeubles appartements sur un même terrain qui
n'ont pas la même valeur, qui sont bâtis peut-être à
dix ans de différence ou à trois ans de différence, qui
n'ont pas la même valeur économique. Je crois que ce citoyen a le
droit de savoir, au lieu d'avoir une évaluation globale de $2 millions
pour le terrain et les trois bâtisses, il a le droit, c'est son droit. On
est là pour servir le citoyen. Il a le droit de savoir que son terrain
porte $120 000 d'évaluation et que telle bâtisse, qui a tel
âge, vaut $500 000 et que telle autre bâtisse, qui a tel âge,
vaut $300 000. Mais avec la loi telle qu'elle est faite, vous allez tout mettre
cela... C'est beau la simplification, mais c'est cela la loi actuellement. On
rend peut-être service au fonctionnarisme, à la technocratie, mais
on ne rend pas service aux citoyens.
C'est cela que j'essaie d'expliquer au ministre et cela peut
s'appliquer... Je vous donne quelques exemples. On sait que souvent c'est la
pointe qui sort de la banquise. Des exemples, il va s'en répéter
de jour en jour.
Pour cette raison, M. le Président, je vais proposer en toute
bonne foi, parce que la contribution que je veux apporter, je l'ai eue par mon
expérience de notaire ou autrement. J'ai vécu cela d'une
manière pratiquement quotidienne. Il y en a d'autres ici, des
députés ministériels ou autres. Je vous donne des
exemples, je crois qu'on pénalise la population. Ce n'est pas simplifier
l'administration ce que vous faites. Je n'apporterai pas d'amendements majeurs,
on va garder le concept. Je suis bien d'accord avec le ministre que quelqu'un
qui a une propriété sur laquelle il y a un garage
indépendant de sa résidence, des clôtures, un barbecue
extérieur en pierre, une piscine, c'est
sûr que je ne veux pas avoir des évaluations distinctes
pour tous ces éléments, ce serait aberrant. D'accord?
Si une entreprise industrielle majeure a deux ou trois entrepôts
sur le même terrain, la même compagnie... Encore là, je me
demande si cela ne devrait pas être distinct. J'ai donné l'exemple
des cultivateurs, je ne veux pas qu'on dissèque à l'infini.
Je voudrais qu'on garde cette unité d'évaluation, mais je
vais vous proposer un amendement et j'aimerais que le ministre en discute avec
ses conseillers ou autres. Voici l'amendement que je propose ça
ne couvre pas tout, parce que c'est sûr que ce n'est pas facile de tout
couvrir et, en général, plus on en écrit, plus on fait des
trous "Que l'article 30 soit modifié en ajoutant, à la
première ligne du paragraphe 1, après le mot "terrain", les mots
"sur lequel est érigé un bâtiment" et en ajoutant, à
la fin, le paragraphe suivant. Il n'y a pas de paragraphe 5; ce sera un
paragraphe distinct. "Une ferme à la fin de l'article, un dernier
alinéa non bâtie portant un numéro cadastral
distinct ou un terrain subdivisé non bâti faisant partie d'un
lotissement constitue une unité d'évaluation distincte". Je ne
sais pas si le mot "distincte" est nécessaire; les légistes en
décideront.
Le Président (M. Laplante): ... M. le député
de Laval.
M. Lavoie: Je peux l'expliciter, c'est que, si vous avez un
emplacement occupé pour fins résidentielles, disons, il peut
arriver, au point de vue pratique, que ce soient deux ou trois petites parties
de lots ou même deux ou trois lots; je ne voudrais pas que ce soit
nécessairement morcelé. Une des conditions serait que le terrain
ou le groupe de terrains sur lequel est érigé un bâtiment
un emplacement résidentiel, si vous voulez qui appartient
à un même propriétaire ou à un même groupe de
propriétaires par individus... c'est relié à l'autre
voulant que si quelqu'un a plusieurs fermes non bâties, des lots, des
boisés ou des fermes qui portent un numéro cadastral distinct
le no 7 du rang untel d'une paroisse ou un terrain
subdivisé veut dire qu'il porte un numéro de cadastre distinct
non bâti, faisant partie d'un lotissement, constitue une unité
d'évaluation distincte.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous suspendre une
couple de minutes, monsieur?
M. Tardif: Non, on concède, M. le Président.
M. Lavoie: Si le ministre le préfère je ne
voudrais pas le prendre de court si vous voulez resuspendre l'article
30, on allait bien, hier. On pourrait faire un bout de chemin dans le projet de
loi, et on pourrait y revenir à la fin.
M. Tardif: On suspend deux minutes, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Suspension de la
séance à 15 h 43
Reprise de la séance à 15 h 48
M. Tardif: M. le Président, je pense que je comprends
l'objectif que poursuit le député de Laval, mais cela
m'apparaît même à la limite, l'amendement qu'il nous
propose, aller à rencontre de l'objectif qu'il peut poursuivre à
certains égards.
Imaginons le cas d'un promoteur, à Laval ou ailleurs...
M. Lavoie: Ou à Ahuntsic.
M. Tardif: Ou à Crémazie mais il y a moins
de terrains vacants dans Crémazie qui se porte acquéreur
d'un ensemble de lots pour les fins d'un centre commercial, pour les fins d'un
centre-ville, pour toutes les fins que vous voudrez, d'une série de lots
dans le but d'en faire un développement un jour. A ce moment, cet
ensemble qui a été reconstitué, pour lequel finalement le
promoteur, et ce fut peut-être une des fonctions du promoteur de faire ce
qu'on appelle du remembrement de terrain. C'est une des fonctions utiles que
peuvent remplir, entre autres les promoteurs, celle du remembrement de
terrains, de parcelles, de lots qui ont été subdivisés
à un moment donné.
En vertu de ce que nous propose ici le député de Laval,
imaginons que, dans ce cas, il y avait 2000 ou 3000 lots...
M. Lavoie: Ce serait grave!
M. Tardif: Oui, 2000 ou 3000 lots, en milieu urbanisé, ce
n'est pas quelque chose complètement farfelu. Or, à ce moment, on
se retrouverait devant la situation où les évaluateurs devraient
fabriquer 2000 fiches d'évaluation, 2000 entrées aux livres,
avec, évidemment, les coûts afférents à une telle
entreprise. Il me semble que l'idée générale comprise dans
le paragraphe 4, que les immeubles ne peuvent normalement et à court
terme être cédés que globalement et non par parties, compte
tenu de l'utilisation optimale la plus probable qui peut en être faite...
L'évaluateur, quand même, sachant que, justement, on a
procédé à un tel remembrement pour des fins de parcs, pour
des fins de centre commercial ou autres, la jurisprudence est quand même
assez claire là-dessus en matière d'évaluation et
d'expropriation quant à ce qu'on a appelé en français
"l'utilisation optimale la plus probable" en anglais c'est le "highest
and best views" qui peut être faite d'un ensemble immobilier.
Or, dans ce cas, on viendrait contraindre ce type d'évaluation.
Je pense que ce n'est pas ce qui est souhaité ici par le
député de Laval. Pour ces raisons, il me paraît difficile
d'accepter l'amende-
ment. A la limite, je me rallierais peut-être plus à une
des suggestions que le député de Marguerite-Bourgeoys avait
faites hier soir, en disant à la dernière ligne du paragraphe 4:
les immeubles ne peuvent normalement et à court terme être
cédés que globalement et non par parties, compte tenu de
l'utilisation il suggérait qu'on pourrait peut-être faire
sauter le mot "optimale", pour l'utilisation la plus probable qui peut en
être faite il me semble que, compte tenu de cela, parce qu'ici
c'est vraiment contraignant à l'endroit de l'évaluateur de faire
une évaluation distincte... L'exemple, encore une fois, M. le
Président...
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais répondre?
M. Tardif: Oui. Non, M. le Président, je n'ai pas
interrompu le député de Laval tout à l'heure, je l'ai
écouté patiemment.
M. Lavoie: Je vous ai demandé la permission.
M. Tardif: Je voudrais citer un exemple. L'année
dernière, je me souviens que cette commission-ci, M. le
Président, a adopté un projet de loi privé, tenez-vous
bien, pour permettre à la municipalité de Verchères de
faire exactement cette opération de remembrement. Pourquoi cela a
été fait? Parce que des promoteurs, dans ce cas-là,
avaient acheté des terres à Verchères le
député de Saint-Hyacinthe s'en souviendra peut-être, je ne
sais pas si le député de Verdun était là à
ce moment-là et avaient vendu aux Américains
l'équivalent de ce que les Ricains nous avaient vendu, les orangeraies
en Floride. Ils ont vendu des terrains dans ce coin et la municipalité
est aux prises avec des gens qui ont acheté des terrains un peu partout
pour lesquels on ne retrouve pas les acquéreurs. Ce sont des casiers
postaux aux Bahamas et ailleurs. Les façons habituelles de
procéder de reprises de possession à la Loi des cités et
villes ne permettaient pas, justement, à la ville de reprendre ces lots
et de leur redonner la vocation qui était la leur, qui aurait dû
être la leur en tout temps.
M. le Président, moi, il me semble que... Le député
a dit: Dans le règlement, il n'est pas fait mention de l'unité
d'évaluation. A l'article 6, effectivement, on parle de cela:
L'évaluateur doit, sur une carte du territoire dans lequel se trouvent
les immeubles à évaluer, indiquer les éléments
suivants de la façon décrite au volume III du manuel; a)
unité d'évaluation. Donc, c'est un concept qui est là et
dans le volume III du manuel on en parle.
M. Lavoie: Moi, je dis que c'est uniquement comme guide. Cela n'a
pas force de loi.
M. Tardif: Oui, M. le Président, et c'est parce que c'est
un guide qui est connu dans le milieu, qui est accepté, que, maintenant,
on lui donne ici... on ne le crée pas de toutes pièces, M. le
Président. Le droit, comme c'est très souvent le cas, qui est en
retard sur les faits, sur la réalité, vient consacrer la
pratique, vient consacrer ce qui a cours dans le milieu. Donc, il ne
précède pas, loin de là, dans ce cas-là.
Alors, M. le Président, pour ces raisons et compte tenu de ces
explications, je pense que cet amendement viendrait défaire, non
seulement ce qu'on cherche à faire, mais même, je pense, ce que le
député de Laval cherche à faire lui-même. Pour ces
raisons, M. le Président, je ne peux pas accepter cet amendement. Je
demanderais quand même qu'on en dispose ici après avoir
accordé pas mal d'attention aux arguments qui nous ont été
avancés. Si on était d'accord pour enlever le mot optimal, comme
le suggérait hier le député de Marguerite-Bourgeoys, je
serais d'accord avec cela.
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais répondre le
plus brièvement possible à l'exemple que nous a donné le
ministre. Il faut quand même avoir l'expérience du milieu et
savoir comment cela se passe au point de vue pratique. D'abord, des
regroupements de 2000 lots, cela fait à peu près 10000 de la
population. C'est déjà une ville en lui-même, un groupement
comme cela. Un lot, c'est une famille d'environ quatre personnes, 2000 lots,
c'est 10 000 personnes; c'est une ville, cela. Au point de vue pratique, des
regroupements, cela se fait avec 50 lots, 100 lots... en tout cas, c'est
secondaire. Mais 2000 lots, c'est pas mal charrier pour avoir 2000 fiches.
Comment cela se fait au point de vue pratique? Si quelqu'un fait un
regroupement et achète 100 lots, 50 lots, 200 lots, au point de vue
pratique, M. le ministre, il règle cela bien vite, parce qu'il veut se
bâtir un centre commercial, une industrie ou n'importe quoi, il va voir
son arpenteur et il annule son lot. Cela prend à peu près quinze
jours, trois semaines, cela s'annule et il fait porter un nouveau numéro
de cadastre, un seul lot. C'est cela qui se fait au point de vue pratique.
Il n'est pas pour s'amuser à faire son hypothèque et avoir
300 ou 500 numéros de lots dans ses actes d'hypothèque. Au point
de vue pratique, il y a une belle petite annulation qui se fait couramment de
100 lots pour former 1 ou 3 lots. Cela n'existe pas ce que vous me dites
là. Mais tant que cela reste en lotissement, si c'est pour un
lotissement, je maintiens que cela doit porter un numéro distinct, si
c'est pour être vendu éventuellement comme lot distinct.
La ville de Verchères, ce qu'elle a fait, cela s'est fait
ailleurs. Cela s'est fait il y a dix ou quinze ans. Il y avait des
subdivisions, des petits lots de... même la ville de Laval l'a fait et
d'autres villes l'ont fait. Elles ont obtenu le pouvoir de se créer une
banque de terrains et de racheter cela ou d'exproprier. Mais cela, c'est
suivant des normes d'urbanisme qui existaient dans ce temps et qui n'existent
plus aujourd'hui.
Les villes annulent la subdivision parce que les rues ne cadrent plus
dans le plan général de la ville, elles vont voir l'arpenteur,
elles annulent la subdivision et elles font resubdiviser suivant les concepts
normaux de développement actuel. C'est pour ça que votre truc ne
tient pas tellement debout, M. le ministre, je m'en excuse.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Ce matin, j'ai laissé
parler le député de Montmagny-L'Islet, sans demander la
permission de la commission, même S'il n'est pas membre de la commission.
M. le député de Mont-Royal n'est pas membre de la commission non
plus, alors si les membres n'ont pas d'objection, je n'ai pas d'objection, mais
c'est aux membres de décider, M. le député de
Mont-Royal.
M. Lavoie: Qu'est-ce que vous avez sur la liste, M. le
Président?
M. Ciaccia: Je l'étais hier, j'ai été
inscrit hier.
Le Président (M. Laplante): Ce que j'ai actuellement c'est
M. Caron (Verdun), M. Lavoie (Laval), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)...
M. Lavoie: Vous n'avez pas M. Lalonde deux fois non?
Le Président (M. Laplante): Non, M. Lalonde seulement une
fois.
M. Lavoie: C'est ici, M. Scowen n'est jamais venu une fois, c'est
ici que le nom de M. Ciaccia va. Il était ici...
M. Ciaccia: J'étais ici hier, M. le Président,
j'étais inscrit.
Le Président (M. Laplante): On ne me l'a pas donné
ce matin. Si vous voulez que je le mette, il faudrait l'approbation des
membres.
M. Lavoie:A la place de M. Scowen, c'est tout.
Le Président (M. Laplante): C'est que ce matin, c'est M.
Giasson (Montmagny-L'Islet) qui est venu.
M. Guay: Le député de Mont-Royal est un vieil ami,
un membre actif des commissions!
Le Président (M. Laplante): Etes-vous d'accord que M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) soit remplacé par M. Ciaccia
(Mont-Royal)?
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Mont-Royal.
M. Cordeau: Accordé.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, merci, mes chers
collègues!
M. Guay: Remarquez, M. le Président, que,
généralement, quand le député de Mont-Royal se
présente à une commission, d'après l'expérience que
j'en ai eue jusqu'à maintenant, c'est que ça a tendance à
indiquer parfois un "filibuster". J'espère que ce n'est pas le cas
ici!
M. Ciaccia: Oh, non, du tout!
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas à juger de
ça, M. le député.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je suis aussi intéressé que vous
à aller passer Noël chez moi.
M. Tardif: Et oui, il y a aussi le député de Verdun
qui voudrait bien avoir sa charte privée, etc., d'ailleurs il va vous le
dire!
M. Ciaccia: Exactement, on a les mêmes
intérêts.
M. Tardif: Très bien!
M. Caron: Je vais essayer de le convaincre!
M. Lavoie: Pas de maquignonnage là!
M. Ciaccia: M. le Président, je vais essayer,
brièvement, de donner au ministre les raisons pour lesquelles on devrait
accepter l'amendement du député de Laval.
Dans l'exemple qu'il nous a donné, le ministre nous a vraiment
donné les raisons pour lesquelles vous ne vous en êtes
peut-être pas aperçu la motion d'amendement du
député de Laval devrait être acceptée. Je vais vous
expliquer exactement ce qui se passe dans l'exemple que vous nous avez
donné; que ce soit 2000, 1000, 50, ce n'est pas le nombre il est
vrai que c'est très rare qu'on va prendre deux milles de terrains
ensemble mais avant qu'une personne puisse utiliser cent terrains pour
un centre commercial, il faut qu'elle obtienne un permis de construction, si
c'est dans la ville de Montréal ou une autre, avant d'avoir son permis
de construction, on va l'obliger à avoir un cadastre, la subdivision sur
un lot. Alors il va prendre les 100 lots et ça va devenir une
subdivision et, à ce moment, vous allez avoir l'unité
d'évaluation qui va être le lot subdivisé.
Mais encore plus important je voudrais l'apporter à
l'attention du ministre le fait que quelqu'un fasse un remembrement de
50 ou de 100 lots, en soi, ce n'est pas une raison pour les traiter comme une
unité d'évaluation. Vous allez pénaliser l'intention de la
personne. C'est ça le danger dans votre projet de loi; si une personne a
l'intention d'utiliser certains lots pour certaines fins, vous donnez
immédiatement le droit à votre évaluateur d'augmenter
l'évaluation, de les traiter comme une unité d'évaluation,
avant même qu'elle puisse le faire, peut-être va-t-elle changer
d'idée ou qu'elle ne sera pas capable de l'utiliser pour ces fins; parce
que c'est déjà arrivé. Quelqu'un va essayer de regrouper
un nombre de terrains et, pour une raison ou pour une autre, soit qu'il ne
puisse pas obtenir le financement, parce que, que
ce soit un projet commercial ou autre, il a besoin de financement,
parfois il a besoin de changements de zonage. Il y a une série de
formalités qu'il doit accomplir. (16 heures)
Alors, vous ne pouvez pas le pénaliser et vous ne pouvez pas
donner le droit à l'évaluateur de dire: Ce type vient de faire un
remembrement de terrains, immédiatement, je vais le traiter comme une
unité et je vais l'évaluer au plus haut prix possible, parce que
cela, c'est injuste envers celui qui a regroupé les terrains et vous
présupposez qu'il va l'utiliser à cette fin. La seule
façon pratique, premièrement, c'est qu'il va y avoir une
subdivision, mais, même en termes d'équité, vous ne pouvez
pas le traiter comme unité, même si quelqu'un a cent pieds de
terrain ensemble, vous ne pouvez pas le traiter comme une unité
d'évaluation tant qu'il ne l'utilise pas comme une unité, et,
à ce moment-là, il va y avoir une subdivision. Alors, c'est
très dangereux; votre article 30 est ouvert à des abus, des abus
très sérieux. Vous ne donnez pas à celui qui a tous les
terrains le détail sur les terrains individuels qu'il a le droit
d'avoir, parce que vous ne pouvez pas dire: II peut toujours contester.
Contester l'évaluation, c'est quelque chose de très dispendieux.
Avant de contester, il faut avoir les données, il faut aller chercher un
évaluateur, il faut aller chercher des conseillers juridiques. Le
contribuable, le propriétaire a le droit d'avoir les informations sur
chacun de ses terrains, parce qu'il peut y avoir différentes
évaluations. Si vous avez 50, 100 terrains, cela ne veut pas dire qu'ils
peuvent tous avoir la même évaluation: un peut être
situé plus près de la route, peut avoir une situation qui va
augmenter son évaluation, un terrain qui va être plus loin peut
avoir une évaluation différente.
Alors, vous devez, par cette loi, non pas rendre la vie plus facile
à l'évaluateur, mais l'obliger à faire son ouvrage, le
rendre plus efficace, parce que, selon la façon que vous le faites, vous
permettez du "sloppy work". L'évaluateur va dire: écoutez, je
vais évaluer cela grosso modo à $200 000, sans être
obligé de le justifier au contribuable, de démontrer comment il
est arrivé à $200 000, lot par lot.
Alors, je pense, M. le Président, que l'exemple...
M. Lavoie: L'évaluation en vrac.
M. Ciaccia: C'est un bon terme que le député de
Laval utilise. L'exemple que le ministre a donné, plutôt que de
justifier la rédaction de l'article 30, telle qu'elle est, telle qu'elle
a été soumise par le ministre, justifie plutôt je crois,
l'amendement du député de Laval, parce que cela démontre
les abus qui peuvent arriver car je ne veux pas me répéter
si quelqu'un prend 50 terrains ensemble qu'il veut utiliser pour
d'autres fins, c'est au moment où il les utilise que vous pouvez les
évaluer comme une unité; ce n'est pas le fait qu'il est
propriétaire de 50 terrains qui vous justifie de les évaluer
comme une unité d'évaluation.
Pour ces raisons, M. le Président, je crois que c'est
l'intérêt du propriétaire de se faire donner
l'évaluation de chaque lot. Je crois que c'est important. Si quelqu'un a
plus d'un terrain, chaque subdivision vous le faites maintenant, c'est
la pratique maintenant, si quelqu'un a 5, 10 ou 15 terrains est
évaluée séparément. Alors, il peut juger si cette
évaluation est exacte ou non et il peut porter plainte en se basant sur
les informations. Mais si vous donnez le droit à l'évaluateur de
l'évaluer dans l'ensemble, je pense que c'est injuste envers le
propriétaire et vous donnez le droit à l'évaluateur de
faire un genre d'ouvrage pas tout à fait professionnel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, avant de parler sur
l'amendement, tel que proposé, j'aimerais vous poser une question.
Est-ce que, dans une fiche d'évaluation, pour une unité
d'évaluation, il peut y avoir description distincte des parties qui
constituent l'unité d'évaluation?
M. Tardif: M. le Président, on m'informe, en effet, que
sur la fiche doit apparaître la superficie totale du terrain, que peut
apparaître, également, la description de chacun des lots et, sur
la matrice graphique, à tout événement, doit
apparaître la description de chacune des parcelles.
M. Cordeau: Parfait, mais concernant les bâtisses
érigées sur cette unité d'évaluation, est-ce qu'il
y a une évaluation distincte pour chaque bâtiment?
M. Tardif: Oui. Je pense que c'est là qu'il y a une
espèce de méprise, c'est que, même s'il n'y a qu'une
entrée au rôle pour des fins d'évaluation, chaque parcelle,
chaque immeuble est évalué et c'est dans le dossier de la
municipalité, dossier que le contribuable peut consulter en tout temps
et non pas uniquement lorsqu'il porte une plainte. Et c'est l'article 75 qui le
dit.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Ce sera dans le dossier. Ce n'est pas dans le
dossier, ce sera dans le dossier.
M. Tardif: Oui, ce sera dans le dossier mais, M. le
Président, quand la loi sera votée, si on peut y arriver, c'est
l'article 75 qui dit cela. Je le lis: "... les documents visés au
deuxième alinéa sont confidentiels. Toutefois, une personne peut
consulter un tel document relativement à l'immeuble dont elle est
propriétaire ou occupant", d'accord? Donc, le propriétaire ou
l'occupant a accès en tout temps au dossier qui contient tous ces
renseignements.
J'écoutais tantôt le député de Mont-Royal qui
disait: Cela peut augmenter la valeur si, par exemple, on considère 50
lots comme un tout, cela
pourrait augmenter la valeur. Mais, M. le Président, je lui ferai
remarquer que le contraire peut aussi avoir l'effet inverse,
c'est-à-dire, quand on a pris une terre qu'on a achetée
peut-être à tant de dollars l'acre et qu'on la subdivise en lots,
on obtient une subdivision et, effectivement, l'ensemble des parcelles ou des
lots a une valeur plus grande que la valeur originale de la terre. Cela peut
jouer dans les deux sens, je peux en convenir, que ce soit dans le cas du
remembrement en milieu urbain ou du morcellement en milieu rural ou à la
périphérie des villes.
Donc, encore une fois, compte tenu qu'effectivement, le
propriétaire a accès en tout temps à cette fiche et
à son dossier qui contient tous ces renseignements, M. le
Président, il me semble que... Et deuxièmement, il y a une chose
que je voudrais bien préciser: lorsque l'évaluateur
s'amène chez un propriétaire et procède à
l'évaluation, rien ne lui interdit, bien au contraire, d'obtenir de
celui-ci tous les renseignements requis pour son travail. Or, on va
présumer qu'il y a un échange et, effectivement, il est
informé qu'il s'agit d'une terre, qu'elle est lotie. Ce sont des
renseignements qui sont disponibles et l'usage le plus probable, dans ce cas,
c'est que le bonhomme ne le devine même pas, on le lui dit: Je veux
vendre des lots pour bâtir des maisons là-dessus. Ce n'est pas
complètement tiré de l'imagination de l'évaluateur. Pour
ces raisons, M. le Président, il me semble que l'article 30 balise,
encore une fois, la discrétion de l'évaluateur et cela
m'apparaît suffisant, en l'occurrence.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant la même question, le même
détail, il me semble qu'on a parlé hier de la
confidentialité des dossiers et ainsi de suite, que seule la fiche
serait disponible. Vous parliez de dossier global dans lequel le travail serait
fait. Etant donné, je pense, qu'on en est venus à une entente,
peut-être avec des réserves, concernant l'acceptation de certains
articles, mais il me semble, si je me souviens bien, c'était la fiche
qui était disponible pour renseignements aux citoyens.
M. Tardif: Non, M. le Président. Les articles qui ont
été gardés en réserve quant à leur
caractère confidentiel, c'est l'accès pour le ministre qui
n'aurait accès qu'à la fiche. Le propriétaire a
accès à tout son dossier. C'est lui qui est
intéressé? Il a accès à tout son dossier.
M. Ciaccia: M. le Président.
M. Cordeau: Mais, est-ce que le secrétaire pourra
facilement informer le citoyen de toutes ces modalités
d'évaluation qui ont été faites pour une unité
d'évaluation.
M. Tardif: Oui, M. le Président, il est disponible et la
municipalité en a la garde et en est le dépositaire, et tout
citoyen, qui est propriétaire de lots, d'immeubles, a accès
à son dossier.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Hyacinthe me permettrait une question? Est-ce que
le député a remarqué la subtilité des propos du
ministre lorsqu'il lui a répondu tout à l'heure, lorsqu'il a dit
qu'il y avait une fiche et que, sur la fiche, il pouvait y avoir la description
des parties composantes de l'ensemble. "Pouvait", cela "pouvait" y être.
Il pouvait y avoir la description des différents lots, description et
dimensions vraisemblablement des différentes maisons, mais il n'a pas
dit qu'il y aurait une valeur distincte, il y aurait quand même une
valeur globale.
M. Ciaccia: C'est exactement l'objet de ma question.
M. Tardif: Dans le dossier, il y a ces valeurs distinctes.
M. Lavoie: Le dossier n'est pas la fiche. M. Ciaccia: Dans
le dossier...
M. Cordeau: Je crois que le dilemme vient qu'il manque de
clarification à quelque part, je ne sais pas où, mais j'ai suivi
assez religieusement tout le débat depuis le début de la
commission, surtout sur ce détail qui n'est pas clair, soit
l'unité d'évaluation dans son ensemble, et je pense qu'il y aura
peut-être des rectifications ou des points à éclaircir
concernant cette fiche d'évaluation pour unité
d'évaluation.
Je pense que c'est là qu'est le dilemme et on ne s'entend pas...
Ce n'est pas clair.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez une question M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: C'est bien sûr que je n'ai pas d'objection
à ce qu'une ferme non bâtie, portant un numéro cadastral
distinct, soit évaluée distinctement; c'est tout à fait
normal parce que les terres ne sont pas situées dans les mêmes
rangs et parfois, elles n'ont pas la même valeur et la qualité du
sol n'est pas la même. Une peut être une terre rocheuse, l'autre
peut être cultivable et l'autre peut ne pas l'être. Il y a beaucoup
de facteurs qui peuvent entrer en ligne de compte dans l'évaluation
d'une terre, à la campagne, c'est clair et net. Même des terres
qui sont justaposées, le cultivateur n'a pas le même rendement
dans deux terres. Deux terres distinctes... c'est bien sûr que s'il a
acheté une terre voisine, si c'est une terre de sable et qu'il l'a toute
améliorée, il gardera les...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais demander au
ministre où est l'obligation. Vous dites
qu'un propriétaire peut consulter la fiche de son dossier.
Où est l'obligation, même dans le dossier, pour
l'évaluateur d'évaluer chaque lot subdivisé
séparément? Où est cette obligation? S'il y avait cette
obligation, cela répondrait partiellement à nos
préoccupations.
M. Tardif: M. le Président, justement, dans le cas qui
nous intéresse ici, on va imaginer le cas d'une terre de cent arpents et
qui est subdivisée en lots, la question est: Est-ce que l'usage le plus
probable de cela est la vente par parcelle, ou par lot, et si tel est le cas
et ça, ce n'est pas deviné à ce
moment-là c'est une évaluation individuelle qui est faite.
Si, effectivement l'usage le plus probable de cela est celui d'une terre,
là, c'est évalué globalement. Là, effectivement, il
y a aussi des frais pour la municipalité là-dedans. Il reste
qu'un terre subdivisée en 300 lots, à raison du coût
d'évaluation de $10 du lot, il y a des frais pour la municipalité
là-dedans, de faire faire ce type d'évaluation individuelle. Il
faut quand même prendre cela en considération.
M. Ciaccia: Mais s'il y a des frais vous allez imposer des taxes
en conséquence. Je ne comprends pas cet argument-là.
M. Tardif: Non, c'est la même évaluation totale, M.
le Président. (16 h 15)
M. Ciaccia: Pour arriver à cette évaluation, est-ce
que ce sera évalué lot par lot? C'est ça le principe;
d'évaluer la subdivision, on ne peut pas déroger de ce principe,
on ne peut pas donner...
M. Tardif: C'est de l'évaluation selon l'usage le plus
probable.
M. Ciaccia: Oui, mais ça donne une discrétion qui
ne devrait pas être donnée à l'évaluateur. Le
propriétaire, lui, a le droit et si, dans l'exemple que vous donnez, il
a une terre et il la subdivise, ça se peut qu'en faisant ça, il
va payer plus de taxes, parce qu'en la subdivisant, chaque subdivision va
valoir plus cher. Ce sera le problème du propriétaire d'avoir
fait ça. Mais, d'autre part, s'il a une série de terrains, il a
le droit d'avoir l'évaluation de chaque subdivision. Si vous dites que
l'évaluateur l'a dans ses dossiers, pourquoi ne pas rendre l'obligation
en loi de donner cette information?
M. Tardif: M. le Président, est-ce que je peux attirer
l'attention du député de Mont-Royal, qui n'était pas ici
ce matin, sur l'article 119, paragraphe 3, s'il vous plaît?
M. Lavoie: Cela renforcit notre affaire! M. Ciaccia:
Attendez, je vais lire ça.
M. Tardif: "Une personne qui a un intérêt à
contester l'exactitude, la présence ou l'absence, etc." au tout
début on va à 3 "peut demander la réunion de
plusieurs immeubles pour former une unité d'évaluation, ou le
fractionnement d'une unité d'évaluation en plusieurs."
Voilà!
M. Ciaccia: Je n'avais pas lu cet article, mais, dans mon
argumentation, si vous l'aviez écoutée j'ai
déjà répondu à ça. J'ai dit: Pourquoi forcer
le propriétaire, ça coûte cher une contestation?
M. Tardif: Ça ne coûte rien.
M. Ciaccia: Ça paraît que vous n'avez jamais fait
une contestation, M. le ministre.
Mais, pourquoi mettre des obstacles? C'est cette attitude que je trouve
totalement inacceptable; l'attitude qu'il ne faut rien dire au
propriétaire, ne rien dire au contribuable, on va garder toute
l'information par-devers nous et on va jouer à cache-cache avec lui.
C'est à lui d'aller chercher l'information, de porter plainte devant le
bureau de révision, d'engager les avocats, les évaluateurs.
Etes-vous ici pour rendre la vie plus difficile aux municipalités et aux
contribuables ou êtes-vous ici pour la rendre plus ouverte et enlever les
obstacles, en toute justice, pour la municipalité et pour le
contribuable?
Quand je dis qu'on devrait avoir une évaluation pour chaque
subdivision, vous dites: Oui, c'est là, il a seulement la peine d'aller
les chercher. Si c'est là, pourquoi ne l'incluez-vous pas dans la loi
comme une obligation de le faire et de le donner aux propriétaires? Si
ce n'est pas là, votre argument ne tient pas et elle devrait être
là pour que le propriétaire sache exactement l'évaluation
de ses terrains. S'il y a 200 terrains et que l'évaluateur dit: Cela
vaut $100 000; comment va-t-il en arriver au chiffre de $100 000 avec 50
terrains? Va-t-il mettre $2000 par terrain? Va-t-il mettre $1500 sur un
côté et $2500 sur l'autre? Le raisonnement que vous nous donnez ne
tient pas debout.
M. Cordeau: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Tardif: Vous pouvez appeler l'article, M. le
Président.
M. Cordeau: Tantôt M. le ministre a donné comme
exemple une ferme; je voudrais bien comprendre l'exemple de sa ferme pour
créer une unité d'évaluation. Parce que, quand
l'unité d'évaluation va être claire, ça va
certainement progresser plus vite; ça devrait, toujours, progresser plus
vite.
Tantôt, vous avez dit une ferme de 100 terrains; on va en prendre
50. Sur telle ferme, le propriétaire a déjà fait
l'ouverture d'une rue, parce que, pour vendre des terrains, il se dit: Si les
citoyens qui achètent des terrains ne peuvent y aller, ce n'est pas
riche; alors il a fait une ouverture de rue à ses frais pour servir 20
terrains, 10 de
chaque côté et il a peut-être aussi posé
quelques services, au moins il a fait l'ouverture de la rue.
Il est bien sûr que ça peut faire l'objet d'une
unité d'évaluation globalement, mais, par contre, tous les
terrains n'ont pas les mêmes avantages ou les mêmes services,
enfin, ne sont pas pareils, parce qu'il y en a qui ont un peu de services et il
y en a d'autres qui n'en ont pas. Est-ce que l'éva-luateur devra
séparer toute cette unité, c'est-à-dire toute cette ferme
qui pourrait devenir plusieurs unités d'évaluation, parce que les
terrains situés près de la route, où il y a des services,
etc., valent certainement plus que le terrain qui est situé, comme le
disait dans notre jeune temps, au large, au cordon si vous voulez? J'aimerais
savoir de quelle façon les unités d'évaluation vont
être faites dans un cas semblable?
M. Tardif: M. le Président, le député de
Saint-Hyacinthe part du cas d'une ferme qui serait subdivisée en 50 ou
100 lots, sur laquelle le propriétaire aurait déjà ouvert
une rue et procédé à un minimum d'aménagement,
à un lotissement, il m'apparaît évident, sans discussion
que, en vertu du paragraphe 4 de l'article 30, l'usage le plus probable de
cela, c'est une banque en lots pour fins de construction. A ce moment, cette
terre ou cette ferme n'est pas une unité d'évaluation puisqu'elle
ne remplit pas la quatrième condition et c'est une évaluation
distincte pour chaque lot en l'occurrence, l'usage le plus probable
étant la vente parcelle par parcelle. Cela m'apparaît
évident.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait m'expliquer, s'il y a un propriétaire de dix lots, dix terrains
contigus ou non, comment l'évaluateur va arriver à
l'évaluation de ces dix terrains?
M. Tardif: Selon les techniques habituelles d'évaluation,
M. le Président, ce n'est pas nécessairement, dans ce
cas-là, une évaluation de l'ensemble qui confère une
valeur à ces lots. Leur localisation en milieu bâti, par exemple,
soit le long de la route, soit derrière, avec difficulté
d'accès, sont autant de critères qui vont venir influencer la
valeur.
M. Ciaccia: Mais il n'en viendra pas à évaluer
chaque terrain et prendre la somme totale de ces terrains? Ce n'est pas cela
qu'il va faire? Est-ce que ce n'est pas cela que vous voulez obliger?
M. Tardif: M. le Président, ce n'est pas, à ce
moment-là, une unité d'évaluation.
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas obliger l'évaluateur
d'évaluer chaque terrain que le propriétaire peut avoir?
M. Tardif: L'usage le plus probable, est-ce que c'est une
utilisation parcelle par parcelle ou bien utilisation en vrac? C'est la
question qu'il faut se poser.
M. Ciaccia: Mais tant qu'elle n'est pas utilisée, c'est un
terrain vacant, est-ce qu'il ne devrait pas y avoir une obligation de la part
de l'évaluateur d'évaluer chaque terrain?
M. Tardif: Chaque terrain, M. le Président, fera l'objet
d'une description dans le dossier.
M. Ciaccia: Le propriétaire peut avoir différentes
intentions. Supposons que le propriétaire a l'intention de vendre chaque
terrain séparément. L'évaluateur va décider.
Même si ce n'est pas l'intention du propriétaire, c'est lui qui va
décider de l'utilisation.
M. Tardif: M. le Président, si le propriétaire veut
vendre chaque lot distinctement, il va demander à l'évaluateur
une évaluation distincte. Non, il n'a pas besoin de porter plainte,
c'est au moment où l'évaluation se fait.
M. Ciaccia: Oui, mais l'évaluateur ne va pas voir tous les
propriétaires, M. le ministre. Ce n'est pas de cette façon que
cela se passe. Le propriétaire est chez lui, ou à un autre
endroit et, à un moment donné, il reçoit un compte de
taxes. Il va le voir, il y a dix lots qui sont évalués et il y a
$100 000. La seule façon qu'il peut contester cela, changer ou demander
à l'évaluateur d'avoir une évaluation par lot, c'est de
faire une plainte et d'aller au bureau de révision.
M. Lavoie: II n'est pas sûr de gagner parce qu'il est
évalué à l'ensemble.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'amendement du
député de Laval. Est-ce qu'il sera adopté? M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. le ministre, je vais essayer d'être bref.
Quant aux questions d'évaluation, il ne faut pas s'organiser pour donner
la chance en compliquant l'évaluateur. Parce que l'évaluateur a
une tendance à évaluer des secteurs où il y a le
moindrement de commerces dans un secteur, évaluer à peu
près tout le monde au même prix. Plus on va pouvoir
détailler la facture, les lots, je pense que cela va rendre la
tâche plus facile. C'est seulement cela que j'ai à vous dire. On
prend certains secteurs, on va vendre deux, trois propriétés
à $50 000, $60 000 ou $75 000, cela veut dire que le secteur devient
à $70 000, $75 000 de toutes les propriétés. Je pense
qu'à un certain moment, on a tendance à surévaluer.
M. Lavoie: Du fait que le ministre ne veut rien entendre, on voit
que dans sa mentalité... non, j'ai droit à cela, j'ai un mot
à dire et on en disposera après...
Le Président (M. Laplante): Je n'ai rien dit, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Excusez-moi, j'entendais des bruits.
M. le Président, vous êtes au service de la commission.
D'accord?
Le Président (M. Laplante): Oui, je ne l'oublie pas non
plus.
M. Lavoie: Vous pourrez vous abstenir de faire des commentaires
comme ceux que vous venez de faire, d'accord?
Je dis donc que si le ministre ne veut rien entendre, c'est une
mentalité qui est tout à fait parlementaire, c'est technocratique
et bureaucratique. Je me rends compte que, avec la mentalité qui vous
anime, ce n'est plus l'Etat qui est au service du citoyen, mais c'est
plutôt le citoyen qui est au service de l'Etat technocratique. C'est
votre marque de commerce, et pas uniquement dans votre ministère. C'est
à peu près généralisé au gouvernement. Je
suis prêt à en disposer et à demander le vote.
M. Ciaccia: Je veux seulement ajouter un mot moi aussi, M. le
Président, c'est malheureux, parce qu'on ne rend pas service à
l'évaluateur avec une telle loi, parce qu'on ne l'oblige pas à
préciser, à faire le travail qu'il devrait faire et à
informer le contribuable exactement du travail qu'il a fait, comment a-t-il
évalué ces lots? Comment a-t-il évalué les terrains
en mettant un chiffre sur chaque terrain ou donné la discrétion
à l'évaluateur de dire: Je pense qu'il utilisera cela pour telle
fin, ou pour telle autre fin. Vous encouragez un esprit différent, ce
n'est pas l'esprit vraiment efficace dans l'évaluation. Vous laissez le
contribuable dans l'obscurité totale. Vous dites: Nous allons donner
tout le pouvoir à l'Etat, à la municipalité, aux
fonctionnaires. Vous recevrez un chiffre et si vous n'aimez pas cela, allez au
bureau de révision, arrangez-vous et contestez. Je regrette, M. le
Président, de faire un projet de loi où vous encouragez et
incitez ce genre d'opération pour le contribuable et pour
l'évaluateur...
Je vais vous dire une chose. Vous disiez avant que cela coûtera
plus cher d'évaluer dix lots. Combien pensez-vous que cela coûtera
de plus à la municipalité, quand elle aura une série de
contestations? Quand une évaluation est contestée, ce n'est pas
seulement le contribuable qui doit payer, la municipalité est aussi
obligée d'envoyer ses experts, qui, au lieu de faire autre chose, iront
au bureau de révision. Combien de membres permanents avez-vous à
votre bureau de révision? Avec votre projet de loi, cela augmentera
toute la machinerie gouvernementale et la municipalité devra faire plus
de dépenses et cela amènera d'autres hausses de taxes. C'est un
processus à ne plus finir. Pourquoi? Parce que vous ne voulez pas faire
une loi juste et équitable pour forcer l'évaluateur à
faire son travail tel qu'il devrait le faire en donnant l'information au
contribuable. Si le contribuable sait exactement l'évaluation de chaque
terrain, il aura l'information, vous allez minimiser, réduire le nombre
de contestations. Je crois, franchement, que le ministre ne nous a pas
donné des raisons valables. S'il nous avait vraiment donné des
raisons valables, son exemple de 2000 lots je vais être
très charitable la dernière fois que quelqu'un a fait un
démembrement de 2000 lots, je pense que c'était du temps de
Noé, après le déluge, 2000 lots, c'est quasiment la
moitié de la ville de Montréal, c'est un exemple totalement
farfelu et cela démontre un manque de connaissance du milieu immobilier,
parce que, même si vous faites un démembrement de terrain avant de
l'utiliser pour tenir un permis de construction, la ville de Montréal ou
une autre municipalité ne vous donnera pas le permis avant que vous
n'ayez fait des subdivisions, ce qui amène à l'unité
d'évaluation, vous aurez un lot. Nous vous avons donné les
raisons pratiques, les raisons techniques, les raisons pour le
propriétaire, les raisons pour la municipalité, pourquoi chaque
unité d'évaluation, chaque lot devrait être
subdivisé et, au moins, où le contribuable a le droit d'exiger
une évaluation pour chaque terrain subdivisé. Vous ne voulez pas
lui donner ce droit. Vous faites une réforme qui l'écrasera
encore plus. Je ne veux pas éterniser. On m'a dit que j'avais la
tendance de faire des filibusters, ce n'est pas nous qui avons cette tendance.
Vous ne voulez pas comprendre. Il faut vous expliquer et plus nous vous
expliquons, moins vous comprenez.
Le Président (M. Laplante): J'appelle la motion du
député de Laval, amendement à l'article 30, M.
Beauséjour (Iberville), pour ou contre? Il n'est pas là. M. Caron
(Verdun)?
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe)?
M. Cordeau: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Guay (Taschereau)?
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Mercier (Berthier)? M.
Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Shaw (Pointe-Claire)? M.
Tardif (Crémazie)?
M. Tardif: Contre.
Le Président (M. Laplante): Quatre contre, trois pour,
motion rejetée.
M. Lavoie: Cela a été chaud. (16 h 30)
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant l'article
30 tel qu'amendé au deuxième paragraphe, adopté sur
division. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je n'ai pas assez fait de remembrement de terrains
à Mont-Royal pour que ce soit appelé Ciaccia.
M. le Président, sur l'article 30, je voudrais suggérer au
ministre un autre amendement. C'est à la suite de certaines
préoccupations qu'on avait hier et d'un exemple que le ministre nous a
donné, qu'il pourrait y avoir deux ou trois bâtisses qui vont
être évaluées comme unité d'évaluation. C'est
possible, d'après l'article 30, qu'une bâtisse n'obtienne pas
l'évaluation séparément d'une autre bâtisse.
L'exemple que le ministre nous avait donné, c'était à la
suite d'un autre article qui disait que s'il y a trois bâtisses et qu'il
y en a une qui appartient à une société à but non
lucratif, la loi ne s'appliquera pas à cette partie de l'unité
d'évaluation. Il y a un article, plus loin dans la loi, qui donne le
droit que la loi ne s'applique pas à une partie d'unité
d'évaluation. Vous voyez que, même avec votre description de
l'article 30, cela crée d'autres problèmes. Cela vous crée
premièrement un problème que plus tard vous êtes
obligé de dire que l'unité d'évaluation ne s'appliquera
pas à une certaine partie de la bâtisse. On pourrait éviter
tout ce problème en vous suggérant qu'il y ait une obligation
dans l'article 30, que chaque bâtiment, vous ne voulez pas que chaque
terrain soit une unité d'évaluation, soit évalué
séparément, mais, au moins, que chaque bâtiment, chaque
édifice soit évalué séparément, que le
propriétaire qui peut être le propriétaire de deux ou trois
édifices séparés, que vous n'ayez pas la discrétion
de dire: Je vais donner une évaluation pour les trois bâtisses. Le
moins que le propriétaire a le droit d'exiger, c'est d'avoir une
évaluation séparée pour chaque bâtisse. Je ne pense
pas qu'il devrait y avoir une objection à une telle obligation de la
part de l'évaluateur. Alors je suggérerais, M. le
Président, et j'en fais motion d'amendement... Peut-être, avant
d'en faire motion d'amendement, je demande la réaction du ministre, on
n'aura pas besoin de la faire.
M. Tardif: On m'informe que, dans le cas des bâtiments, il
y a une fiche et une évaluation pour chacun des bâtiments comme
tels. Alors, c'est déjà fait et ce n'est pas, comment dirais-je,
nécessaire de modifier l'article 30 pour faire cela.
M. Lavoie: Sur les fermes également.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que c'est
référé à la pratique, vous prenez les règles
de pratique des évaluateurs, ou est-ce que vous parlez de l'obligation
dans l'article 30? Ce sont deux choses différentes.
M. Tardif: C'est dans le manuel d'évaluation, M. le
Président.
M. Ciaccia: Oui, mais le manuel peut changer de main. Le manuel
n'oblige pas la municipalité ou l'évaluateur à donner
l'évaluation séparée. Si cela se fait de cette
façon, pourquoi auriez-vous objection à l'inclure dans l'article
30 pour que ce soit clair et que ce ne soit pas modifié?
M. Cordeau: M. le Président, est-ce qu'il y aura dans la
loi ou est-ce qu'il y a dans la loi un article qui va spécifier que le
manuel d'évaluation va avoir force de loi ou va être en vigueur,
à savoir que l'évaluateur devra suivre ces
indications-là?
M. Tardif: Le règlement est en vigueur, M. le
Président, et la fiche d'évaluation, qui prévoit en plus
d'un croquis indiquant chacun des bâtiments et d'une entrée pour
chacun des terrains, prévoit également une fiche pour chacun des
bâtiments. C'est un règlement, c'est en vigueur, ils n'ont pas le
choix, M. le Président.
M. Ciaccia: Le règlement peut changer, M. le ministre.
M. Lavoie: En tout temps!
M. Ciaccia: Si c'est fait de cette façon et que vous
réalisez que c'est vraiment la seule façon raisonnable de donner
une évaluation... Je donne comme exemple, ici à Québec, la
Place Samuel-Holland qui a trois ou quatre bâtisses. Essayez-vous de me
dire que le propriétaire n'aurait pas le droit de se faire donner, dans
son avis d'évaluation, une évaluation pour chaque bâtisse?
D'après l'article 30, vous pourriez lui envoyer une évaluation
globale pour les trois ou quatre bâtisses qui forment ce projet. La seule
chose que je demande, c'est de créer une obligation dans l'article 30
d'avoir une évaluation séparée pour chaque
bâtisse.
M. Tardif: Pas de commentaire, M. le Président.
M. Ciaccia: S'il n'y a pas de commentaire, je vais faire ma
motion d'amendement, M. le Président. Au moins, on aura essayé de
bonifier la loi et de protéger la municipalité et les
contribuables.
Je suggère, M. le Président, à l'article 30: Que
l'article 30 soit modifié en ajoutant, à la fin, l'alinéa
suivant: "Un bâtiment servant à loger des hommes ou des animaux
constitue une unité d'évaluation."
M. Tardif: Mais on ne parle pas de bâtiment servant
à loger des choses?
M. Lavoie: Non, on veut éliminer justement... On a
vérifié dans le dictionnaire, parce qu'un bâtiment,
ça sert à loger des hommes, des animaux et des choses. Mais on
veut éliminer des choses et simplifier. Pour une propriété
résidentielle, vous
ne serez pas obligé d'évaluer distinctement le garage.
M. Ciaccia: Ma motion devrait se lire: "Un bâtiment servant
à loger les personnes ou les animaux constitue une unité
d'évaluation." Quand vous dites des choses, ça peut être un
garage et le garage ferait partie de l'unité.
Le Président (M. Laplante): C'est: "ou des animaux"?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Laplante): La motion est re-cevable.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
désire s'exprimer sur cette motion?
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je crois que c'est tout à fait normal pour un
contribuable de savoir, s'il a une propriété importante, une
bâtisse importante dans son unité ou dans son ensemble... Prenons
un cultivateur j'ai déjà donné cet exemple
qui a sa maison à lui, peut-être la maison paternelle qui existe
depuis 75 ans. S'il fait un ajout, s'il ajoute une autre maison pour ses fils,
tel que c'est prévu dans la loi de protection du territoire agricole, et
que ces maisons sont encore à son nom, parce qu'il est prévu dans
la loi que le fils ne peut pas être propriétaire de cette maison,
il faut que ce soit dans l'ensemble. S'il ajoute une maison qui lui coûte
$35 000, il a le droit de savoir quelle nouvelle évaluation il va porter
et non pas globalement. S'il décide de bâtir un poulailler ou une
porcherie, il a le droit de savoir que telle bâtisse porte une
évaluation distincte, au lieu d'avoir une évaluation globale de
toute sa ferme: terrain, bâtisses, etc. Je pense que c'est en toute
simplicité pour les citoyens.
Si une autre personne, dans un milieu urbain ou rural, a, comme il y en
a couramment, sur sa propriété un bungalow qu'il habite et
à côté une autre maison qu'il habitait auparavant, il s'en
est bâti une deuxième ou un duplex, le même
propriétaire, sur le même terrain, qu'il soit existant ou qu'il
ajoute, c'est normal qu'il connaisse les évaluations distinctes pour les
deux bâtisses et non pas qu'il ait une évaluation globale de $100
000. C'est élémentaire, d'après moi, le citoyen est en
droit d'avoir ça.
Un autre sur un emplacement peut avoir un édifice à
bureaux et un centre commercial à côté. C'est commercial,
mais à des fins différentes. Ils n'ont pas la même
rentabilité. Il a le droit de savoir que sa bâtisse à des
fins commerciales porte telle évaluation, que ce soit existant ou
ajouté. S'il a un édifice à bureaux de quatre
étages à côté, il a le droit d'avoir une
évaluation distincte pour ça. Autant Place Samuel-Holland, ici
à Québec, qui a trois immeubles sur un même emplacement et
qui appartient aux mêmes propriétaires...
Une des bâtisses a dix ans d'âge, l'autre a cinq ans
d'âge et la dernière a six mois d'âge; il vient de
l'ajouter. Il a le droit de savoir combien est évaluée chaque
bâtisse, au lieu d'avoir une somme de $3 millions par la tête qu'il
est obligé de défricher lui-même ou d'aller porter une
plainte sur la valeur des $3 millions, de faire faire des estimations dans le
voisinage sur les $3 millions ou les $5 millions. C'est la logique même.
Cela s'applique à tout le monde. Si vous ne voulez pas le faire pour les
terrains, faites-le au moins pour les bâtisses. La loi ne prévoit
pas cela dans le moment. L'évaluateur est libre, comme la loi est
rédigée, à prendre, à tout mettre en vrac
l'évaluation. Ce n'est pas rendre service à l'évaluateur,
ni à la municipalité et encore moins aux contribuables. Pour le
moment, j'arrête sur cela et je continuerai ni nécessaire, si je
n'ai pas réussi à convaincre le ministre.
M. Tardif: M. le Président, le genre de situation que nous
amènerait un amendement comme celui du député de
Mont-Royal je ne veux pas donner un cours d'évaluation ici
serait que la maison du fermier ferait l'objet d'une évaluation,
l'étable dans laquelle il garde ses vaches ferait l'objet d'une
évaluation, le silo dans lequel il garde les grains pour les vaches,
lui, ne ferait pas l'objet...
M. Lavoie: Non, ce n'est pas couvert. On a dit les personnes et
les animaux, pas les silos.
M. Tardif: C'est cela.
M. Lavoie: Sauf s'il y a des souris dans le silo.
M. Tardif: M. le Président, cela m'apparaît
complètement aberrant qu'il puisse en être ainsi. Cette ferme
constitue une unité d'évaluation et l'évaluateur, pour en
arriver à mettre une valeur totale sur cette ferme, confectionne des
fiches, recueille des renseignements et met une valeur pour chacune des
parcelles, chacun des immeubles, chacune des composantes. Cette valeur est dans
le dossier et le dossier est accessible en tout temps aux
propriétaires.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Tel que formulé, je me pose la question
suivante: Etant donné qu'on fait une distinction entre les
bâtiments servant à loger les hommes ou les animaux...
M. Lavoie: Personne, on l'a corrigé.
M. Ouellette: Est-ce que vous voulez une fiche
d'évaluation spéciale pour les maisons d'oiseaux
qu'on retrouvera sur les terrains? Les cabanes d'oiseaux?
M. Lavoie: Les oiseaux. C'est le genre d'argumentation que le
côté ministériel nous sert.
M. Ouellette: C'est du charriage dans le style de celui que vous
nous servez depuis deux heures, tout simplement.
Le Président (M. Laplante): Demandez la permission.
M. Giasson: C'est ce que je veux faire, M. le Président,
cela me prend d'abord votre autorisation avant de consulter les
collègues de la commission.
Le Président (M. Laplante): L'autorisation, je suis bien
prêt à la donner, en autant que les autres membres puissent la
donner, M. le député de Montmagny-L'Islet.
Est-ce que les membres acceptent de donner la parole au
député de Montmagny-L'Islet?
M. Ouellette: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson:A la suite des propos que vient de nous servir le
ministre des Affaires municipales, j'aimerais savoir de lui si, à
l'intérieur du projet de loi, sur le grand nombre d'articles qu'on
retrouve, il se trouve un article, quelque part, qui nous garantit qu'à
l'intérieur d'une unité d'évaluation, il y aura
inscription sur la fiche dont il parle, produite par l'évaluateur, une
évaluation individuelle pour chacun des bâtiments qu'on retrouve
à l'intérieur de l'unité d'évaluation ou encore une
fiche qui va indiquer la valeur des lots, des terrains qui composent
l'unité d'évaluation. Si on a un article quelque part dans la
loi, que j'ai lue rapidement, qui spécifie qu'à
l'intérieur de l'unité d'évaluation il y aura obligation,
pour la firme d'évaluation, d'annoter une valeur propre à chacun
des bâtiments qu'on retrouve dans l'unité ou les terrains qui
composent l'unité, je crois qu'à ce moment-là on a une
certitude qu'il n'y aura pas de micmac, qu'il n'y aura pas de discrétion
totale au choix de la firme d'évaluation.
M. Tardif: Je peux immédiatement répondre sans
hésitation au député de Montmagny-L'Islet. La
réponse, c'est oui et c'est oui à l'article 252, de la loi, qui
prévoit l'adoption d'un règlement, lequel règlement existe
déjà depuis deux ans, et que j'ai remis, dont j'ai fait cadeau
à chacun des membres de cette commission, et si le député
de Montmagny-L'Islet n'était pas ici, à ce moment-là, il
me fera plaisir de lui remettre, à l'instant-même, une copie de ce
règlement et de la fiche d'évaluation. (16 h 45)
Et, si c'était utile justement, qu'il prenne connaissance de
cette fiche d'évaluation qui contient un sommaire très
détaillé de tout ce qui doit y être mis et de la valeur de
chacune des composantes; il comprendra comme moi que c'est une chose que
d'avoir une fiche semblable et que c'en est une autre que d'avoir comme
entrée au rôle d'évaluation une valeur pour le terrain, une
valeur pour chacun des bâtiments, une valeur pour le pavage, une valeur
pour les lampadaires, une valeur pour les clôtures et une valeur pour je
ne sais quoi.
M. Giasson: C'est cela, on se comprend.
M. Tardif: ... qui serait un immeuble au sens de la loi. Donc, on
dit tout cela, c'est effectivement décrit et exigé dans les
fiches et accessible en tout temps au propriétaire, mais pour les fins
du rôle d'évaluation municipale, cela forme une unité, il y
a une valeur totale qui y est accrochée, mais si le député
de Montmagny-L'Islet veut savoir exactement à combien on a
évalué la rôtisserie en pierre qui s'est bâtie sur
son terrain, dehors, il obtient sa fiche, il regarde et dit: Ils ont mis une
valeur...
M. Giasson: Non, mais cela ne m'intéresse pas.
M. Tardif: Non, mais j'essaie de répondre, je dis que
c'est disponible.
M. Giasson: Ce n'est pas cela qui m'intéresse, ce qui
m'intéresse, c'est que ma fiche comporte une évaluation pour
chacun des bâtiments qui sont ma propriété.
M. Tardif: Oui, monsieur, la réponse c'est oui.
M. Giasson: La réponse c'est oui, cela veut dire
qu'à l'article 252, on devra lire, à la suite d'un amendement,
que le ministre "doit adopter des amendements pour", au lieu de "peut adopter
des amendements pour". C'est cela que je dois comprendre?
M. Ciaccia: Même dans ce cas-là, ce sont des
règlements qui peuvent être changés. Est-ce que le ministre
comprend la différence entre une réglementation et un article,
dans le projet de loi? Est-ce que vous comprenez cette différence? Dans
l'argument que vous venez de donner, vous dites à l'article 252, il y a
un règlement. C'est vrai qu'il y a un règlement et on en a pris
connaissance. Mais demain, ce règlement pourrait changer. Ce qu'on vous
demande, c'est que si vous pensez que c'est tellement élémentaire
ou tellement la façon de procéder, qu'il va y avoir des fiches ou
il y aura des évaluations pour chaque bâtiment, on vous demande de
l'insérer dans la loi, c'est tout ce qu'on vous demande, et ne pas le
laisser à la discrétion d'un règlement qui pourra
être changé, dans l'avenir. Ce n'est pas plus que cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant l'amendement proposé, je ne
pourrais pas l'accepter tel quel, parce qu'on parle d'un bâtiment servant
à loger des personnes ou des animaux, qui constitue une unité
d'évaluation, parce que, sur bien des fermes aujourd'hui, il ne reste
plus d'animaux, il ne reste plus une poule. Et le propriétaire a
d'autres bâtiments dont il voudrait certainement savoir la valeur, parce
qu'un type qui fait de la grande culture, il n'a pas d'animaux, excepté
un chien. Si le chien couche dans la grange, ce n'est peut-être pas une
raison, parce que le chien couche dans la grange d'en faire une unité
d'évaluation distincte. Il manque certainement quelque chose dans cette
proposition, pour que je puisse l'accepter parce que, dans beaucoup de fermes
dans notre région, toujours, il n'y a plus d'animaux. Ils font de la
grande culture, par contre ils ont des bâtiments pour y placer la
récolte et d'autres pour y placer la machinerie agricole. Mais ils n'ont
pas de bâtiment pour loger les animaux, parce qu'il n'y en a plus.
Le Président (M. Laplante): ...
M. Tardif: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris
le député de Montmagny-L'Islet quand il dit, effectivement
et cela rejoint ce que demandait le député de Mont-Royal
d'ajouter à l'article 252 quelque chose qui dise à peu
près ceci on le formulera que le règlement
édicté par le ministre "doit" contenir, donc l'obligation d'avoir
dans le dossier d'évaluation une valeur pour chacun des immeubles, donc
"doit" contenir la valeur de chacun des immeubles. Donc, à ce
moment-là, il me semble que cela atteint ou que cela répond
à l'objectif recherché par le député de
Montmagny-L'Islet, d'assurer, en consultant son dossier, que chacun des
immeubles a une valeur.
M. Lavoie: M. le Président, seulement un court
commentaire.
M. Tardif: ... mais ce qui ne fera pas, évidemment, autant
d'entrées au rôle d'évaluation de la
municipalité.
M. Lavoie: Je crois qu'il y a une grande différence, M. le
Président.
M. Tardif: II change d'idée, maintenant.
M. Lavoie: Non, c'est sur le même point. Non, il y a une
différence entre la loi. Je n'ai pas expliqué au ministre qu'il y
a une différence entre le contenu du projet de loi et le contenu d'une
réglementation. La loi, pour être modifiée ou quoi que ce
soit, doit revenir devant la Chambre, alors que la réglementation, cela
se fait en catimini au Conseil des ministres ou dans les bureaux de
fonctionnaires et cela peut changer du jour au lendemain. C'est sûr cela,
il n'y a aucune garantie.
Une autre chose. On sait que la fiche des contribuables, c'est un
document public, la fiche: un document public. C'est bon que la fiche soit un
document public, si quelqu'un veut faire une plainte, il a le droit de faire
des comparaisons avec les autres. Alors que le dossier a un
élément, le dossier complémentaire, il peut en avoir et il
peut ne pas en avoir de dossier, on ne le sait pas, c'est complémentaire
et ce n'est pas public. Si un cultivateur, dans une région, veut se
bâtir un poulailler de dix mille pieds carrés, il a le droit
d'aller voir sur la fiche de son quatrième voisin qui en a un, pour
avoir une idée de quelle manière c'est évalué,
à peu près. Il n'a pas accès au dossier. Si cela a sa
raison d'être dans le dossier, pourquoi cela n'a-t-il pas sa raison
d'être dans la loi?
M. Ciaccia: Quelle est l'objection du ministre d'inclure dans la
loi, d'inclure dans l'avis d'évaluation, ces différents
éléments qu'il est prêt à inclure dans le dossier?
Il est prêt à réglementer en ce sens que chacun de ces
éléments, chaque bâtiment doit avoir une évaluation.
Quelle est son objection de l'inclure dans l'avis d'évaluation?
M. Tardif: Alors, M. le Président, vous avez appelé
l'article 30, vous avez appelé l'amendement...
M. Ciaccia: Le ministre ne m'a pas entendu. Est-ce qu'il y a une
raison spécifique pour laquelle vous n'êtes pas prêt
d'inclure... Vous dites que vous l'avez dans le dossier, pourquoi
n'êtes-vous pas prêt d'inclure dans l'avis d'évaluation,
l'évaluation des différents éléments, des
différents bâtiments?
M. Tardif: Je pense avoir répondu à l'Opposition,
à diverses reprises, que déjà, ce qu'ils demandaient
était contenu, non pas dans un règlement à promulguer un
jour peut-être, mais dans un règlement existant, en vigueur,
appliqué en territoire québécois. Je veux bien aller plus
loin et inclure que ce règlement-là devra, obligatoirement,
prévoir la situation qu'on a décrite. Il me semble, M. le
Président, que c'est là faire droit à ce que recherchait
l'Opposition, mais il me semble évident, depuis quelque temps, que ce
n'est pas véritablement ce qu'on recherche: ce qu'on recherche c'est
tuer le temps et, si c'est cela, M. le Président, je dois: appelons
l'article 30.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Giasson: M. le Président, je dois reconnaître que
les considérations que nous a formulées le ministre tout à
l'heure me plaisent et sont une nette amélioration dans le sens des
questions que je lui ai posées. Cela ne répond peut-être
pas au desiderata de certains de mes collègues, mais je reconnais que si
le ministre fait une obligation, dans son règlement, d'annoter dans mon
dossier de propriétaire ou de contribuable une évaluation pour
chacun des bâtiments qui sont ma propriété ' ou chacun des
lots qui sont ma propriété dans une
municipalité, c'est une nette amélioration par rapport
à la compréhension que je me faisais des articles qui font
l'objet de nos débats ou d'autres articles auxquels le ministre a fait
allusion, tout à l'heure.
Pour autant que je suis concerné, je reconnais que le ministre
apporte là une amélioration. D'accord, je n'aurai pas la
possibilité de faire des études comparatives avec des dossiers
d'autres contribuables à l'intérieur de ma municipalité,
mais ce n'était pas le but premier que je poursuivais lorsque je suis
intervenu dans le débat. Je tenais à ce qu'un
propriétaire, un contribuable qui possède différentes
propriétés dans une municipalité ou dans des
municipalités puisse au moins consulter son dossier et connaître
l'évaluation que la firme a faite de chacun des bâtiments et de
chacun des lots ou terrains que ce contribuable possède. Je reconnais
qu'un règlement peut être amendé sans venir devant
l'Assemblée nationale, mais tout au moins nous aurons la
possibilité comme contribuables de savoir, de connaître la valeur
qu'on a portée à des propriétés qui seraient
contenues à l'intérieur d'une unité
d'évaluation.
C'était une mise au point, M. le Président, à
laquelle je tenais puisque cela m'apparaît un gain, cela m'apparaît
un avantage par rapport aux propos que j'avais entendus antérieurement
à la commission. Je présume que cette remarque vaut
également pour une entreprise agricole. Chacun des bâtiments qu'on
trouve sur une ferme pourra être annoté dans une valeur
spécifique à l'intérieur du dossier de chacun des
propriétaires.
M. Tardif: C'est cela.
M. Giasson: Pour celui qui possède des terrains
boisés, compte tenu du système d'évaluation qui s'est
pratiqué tout récemment, cela peut être joliment
intéressant pour un propriétaire qui possède plusieurs
boisés utilisés exclusivement à des fins d'exploitation
forestière de connaître la valeur de chacun de ses boisés
à l'intérieur d'une même municipalité, puisqu'on a
développé cette attitude d'évaluer un boisé
à partir de la récolte qu'il contient au lieu de toujours se
limiter à une évaluation du fonds de terrain. Et pour celui qui
possède différents boisés qui ont été
exploités à des dates différentes antérieurement,
c'est important de connaître et de savoir quelle évaluation on a
donnée à la récolte sur tel boisé qu'il
possède par rapport à un autre ou à d'autres boisés
qu'il possède. Quand j'exprime cette opinion, je vais dans le sens de
beaucoup de propriétaires de boisés.
Tout récemment encore, lors du congrès
général de l'UPA, je suis allé passer quelques heures avec
les agriculteurs, les producteurs agricoles, et il s'est trouvé des gens
plus spécialistes dans la question des boisés, des gens de la
fédération, du syndicat des producteurs de bois ou de l'office
des producteurs, et des gens qui travaillent dans des regroupements forestiers
m'ont fait part de leur crainte et de leur appréhension devant cette
méthode d'évaluation qui s'est développée tout
récemment au Québec, à la suite de l'adoption de la
Loi de l'évaluation foncière. Des firmes
d'évaluation ont développé ce concept de faire de
l'évaluation de boisés à partir du bois debout, soit de la
récolte, ce qu'on ne fait pas, par exemple, lorsqu'on évalue des
terrains agricoles. Quand on évalue une terre, on ne tient pas compte de
la valeur du blé qui pousse dans un champ ou sur une ferme, du foin ou
du maïs, etc. On tente de faire une évaluation à partir du
fonds de terre, la qualité du sol qu'on retrouve sur une ferme par
rapport à une autre. Mais lorsqu'on arrive dans le domaine des
boisés, des terres à bois, on a développé cette
attitude de tenter de déterminer la valeur d'une terre à bois
à partir de la récolte potentielle qui s'y trouve. Dans ce
contexte, si ce n'est pas modifié, on pourra plus loin dans le projet de
loi, à l'article 207 et ceux qui suivent, poser des questions. Mais si
cette attitude devait se continuer, il est fort important pour les
propriétaires de terres à bois ou de boisés d'être
capables de connaître à l'intérieur de leur dossier la
valeur qu'on a attribuée à chacune des terres à bois
à partir d'une évaluation qui tient compte de la récolte
forestière qu'on peut y puiser par rapport à un autre lot qui a
été entièrement bûché, entièrement
pillé. Cela, c'est le droit le plus fondamental. Pour moi, en tous cas,
cela m'apparaît le droit le plus fondamental pour les
propriétaires de boisés de connaître la valeur
d'évaluation de chacun des boisés que ces propriétaires
peuvent posséder. (17 heures)
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas laisser les remarques du ministre
sans aucun commentaire. Il a insinué que la raison pour laquelle on
faisait des commentaires sur certains de ses amendements, c'était pour
faire perdre du temps. Je puis assurer le ministre et je pense que
quelques-uns de mes collègues du côté ministériel
peuvent le confirmer que si on voulait vraiment faire perdre du temps,
on prendrait nos vingts minutes sur chacun des articles. Je puis vous assurer
que ce n'est pas ce qu'on veut faire. On a des préoccupations qui, pour
vous, ne sont peut-être pas importantes, mais pour nous, le sont. Les
questions que je vous pose et les suggestions que je fais et mes remarques ne
sont pas du tout dans le but de faire perdre du temps. Je dois dire, par
ailleurs, que les situations que je décris sont plutôt des
situations urbaines qui relèvent de mon expérience plutôt
que des situations rurales. Peut-être que les exemples que je porte
à votre attention s'appliquent moins dans les situations rurales.
Mais je voudrais, si c'est possible, que le ministre me donne une
réponse à la question à savoir pourquoi, dans l'avis
d'évaluation... Prenons une situation urbaine: aujourd'hui, quand l'avis
d'évaluation est envoyé, il y a une évaluation pour le
terrain et une évaluation pour le bâtiment. Le but des amendements
que nous avons apportés cet après-midi, depuis les derniers
moments,
était d'essayer de donner encore cette information au
contribuable, lui dire: Tu n'auras pas seulement un chiffre en gros, tu vas
savoir à combien la municipalité évalue ton terrain
où se situe la bâtisse, tu vas avoir aussi une évaluation
pour la bâtisse et, si tu as plus d'une bâtisse sur le terrain, tu
vas avoir une évaluation séparée.
Or je voudrais que le ministre m'explique pourquoi s'il est
capable de me donner la raison si dans la fiche ou dans le dossier
je ne parle pas là pour toutes les différentes parties
d'une ferme où il peut y avoir 50 éléments
différents, je parle, au cas où il y a deux bâtiments, dans
une section urbaine on peut aller chercher cette information-là,
pourquoi ne pas l'inclure dans l'avis d'évaluation, inclure dans la loi
l'obligation d'aviser le propriétaire, sur son avis d'évaluation.
Non seulement va-t-il pouvoir le voir lui-même, mais il va pouvoir le
faire.
Je pense que le député de Laval a apporté une autre
bonne argumentation. Cela arrive tout le temps. Parfois, c'est par comparaison
qu'on regarde l'évaluation. Si ma maison et mon terrain sont
évalués à $X, quelle est la situation comparable à
côté? C'est de cette façon qu'on a une idée. Alors
les amendements que nous avons apportés permettent aux contribuables de
faire cela. Cela peut éviter d'autres étapes plus dispendieuses,
parce que ce n'est pas tout et chacun qui va aller à l'hôtel de
ville, qui va prendre un rendez-vous avec son évaluateur qui va
commencer à sortir les dossiers. Savez-vous ce que cela implique, dans
un centre urbain comme Montréal, la procédure que vous venez de
suggérer? Chaque fois que quelqu'un va recevoir un avis
d'évaluation, savez-vous combien de mille et de mille il y aura? Il va
être obligé de faire un appel, aller voir son évaluateur et
se faire donner tous les détails. L'évaluateur n'arrivera pas, il
n'y a pas assez d'évaluateurs pour faire cela pour toute la ville de
Montréal. Je vous l'assure. C'est assez difficile aujourd'hui d'obtenir
ces informations. Alors, dans un souci d'efficacité, vous allez
l'inclure dans l'avis d'évaluation, cela va éviter beaucoup de
problèmes, parce que si vous nous dites que chaque fois qu'on va
recevoir un avis... La ville va être obligée de le fournir si on
le demande, par le règlement.
M. Tardif: L'article 74.
M. Ciaccia: Oui, mais combien d'employés la ville
va-t-elle devoir employer pour donner tout cela? Ce n'est pas pour faire perdre
du temps que je vous dis tout cela, c'est pour essayer d'avoir les
informations...
M. Tardif: Encore là, j'aurais souhaité que les
membres de cette commission aient le temps de lire toute la loi avant de poser
ce genre de questions.
L'article 252.3 prévoit l'adoption d'un règlement pour
justement "prescrire la forme et le contenu: a) de l'avis
d'évaluation;"
À l'heure actuelle, le député de Mont-Royal a
raison, c'est un peu un "free for all". Chacun envoie le type d'avis qu'il
veut, avec plus ou moins de détails dessus. Tantôt on va mettre le
terrain et la bâtisse ensemble, tantôt on va les séparer. M.
le Président, justement, il est prévu, dans le but de renseigner
le citoyen, de concevoir un avis d'évaluation qui contiendra les
renseignements dont ce dernier pourra avoir besoin. Il n'est pas fait
présentement, c'est à la discrétion de chacune des
municipalités d'envoyer l'avis qu'elles jugent à propos et
convenable d'envoyer.
Précisément, M. le Président, c'est prévu,
ce que demande le député de Mont-Royal. Je ne sais pas à
quel moment nous pourrons nous pencher sur ce règlement et cet avis
qu'on voudra le plus complet possible. Peut-être qu'à ce
moment-là on sera fort heureux d'avoir les suggestions de tous ceux qui
voudraient nous en formuler, justement pour atteindre cet objectif, M. le
Président.
M. Ciaccia: Cela ne répond pas vraiment au problème
que j'ai soulevé. Peut-être que je l'ai mal expliqué. Si
vous allez avoir un avis d'évaluation qui va être standard, qui va
donner le plus de détails possible...
M. Tardif: ... le contenu, dire ce que cela va contenir.
M. Ciaccia: Cela ne répond pas à l'objection
fondamentale qu'on a soulevée. On veut que le contribuable sache quelle
est l'évaluation du bâtiment, qu'il y ait une obligation
d'évaluer le bâtiment séparément et que ce soit
d'information publique, pas dans le dossier... Moi, si je vais chercher une
information quant à mon dossier, je peux l'avoir, mais je ne peux pas
faire une comparaison parce que le dossier est confidentiel, je ne pourrai pas
savoir ce que les autres propriétés qui sont dans les mêmes
conditions, etc.
M. Giasson: Sauf si vous avez encore des amis.
M. Ciaccia: Oui, mais on ne peut pas se fier là-dessus.
Vous dites que tout va être inclus, mais si c'est inclus, pourquoi ne pas
obliger la loi de dire: Le terrain va être évalué, cela va
être une unité d'évaluation, chaque bâtiment va
être une unité d'évaluation. C'est cela l'information qui
va être d'ordre public.
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, vous avez
à Montréal de la vieille propriété avec des maisons
situées à l'arrière. Or, le type reçoit son compte
de taxes, l'ensemble est évalué à $20 000. Il veut savoir
combien vaut la maison située à l'arrière, qui est
ancienne. Il prend le téléphone et appelle la municipalité
où est située cette propriété. Actuellement, on le
dit, mais avec cela il va falloir que la personne se rende sur les lieux, si je
comprends bien.
M. Tardif: Je m'excuse M. le Président.
M. Caron: M. le ministre, à Montréal, même
à Québec, ici, vous avez des propriétés qui sont
construites dans la rue. Par contre, il y en a encore qui sont en
arrière. Si on envoie un compte de taxes disant que globalement c'est
$X, on peut appeler actuellement la municipalité et dire: Ecoutez, ma
vieille maison qui est en arrière vaut combien? Au
téléphone, les municipalités donnent tous les
renseignements. Or, cela veut dire que la personne, monsieur Grégoire ou
monsieur X, est obligée de se rendre à l'hôtel de ville
pour avoir ce renseignement. Pourquoi ne pas donner ce renseignement tout de
suite pour éviter le problème du fonctionnarisme?
Déjà, les municipalités en ont plein les mains avec toutes
les demandes qu'on leur fait de remplir formules ici, formules là. Je
pense qu'il n'y a pas de cachette dans cela. Ce n'est pas un rapport
d'impôt.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Pour faire un dernier appel au ministre. Nous avions
prévenu le ministre que sur certains points du projet de loi nous
considérions que certains articles... Nous l'avons dit d'ailleurs hier,
je crois, au début de la séance que sur certains points nous
voulions faire un débat de fond. Je pense bien que le ministre
s'attendait, justement, que sur la question d'unité
d'évaluation... C'est un élément très important de
ce projet de loi. C'est la raison pour laquelle, bientôt, nous allons
capituler. J'annonce les couleurs devant le ministre.
Je crois que ce n'est pas un comportement acceptable, le ministre a
droit à son opinion et c'est l'endroit ici pour exprimer chacun notre
point de vue. Nous avons passé, depuis le matin, le débat sur les
articles 29 et 30, sur l'unité d'évaluation qu'on retrouve
peut-être dans une centaine d'articles de ce projet de loi. Je crois que
le débat en valait la peine, il était important de le tenir.
C'est le ministre qui a ramené cet article aujourd'hui et, s'il y a eu
ce genre, je n'appelle pas cela blocage mais freinage, c'est parce que c'est un
débat de fond que nous voulions tenir sur cette question. Hier, je crois
que nous avons adopté 102 articles du projet de loi. Si nous avions
continué où on en était rendus hier soir, nous aurions
possiblement adopté une autre centaine d'articles aujourd'hui,
malheureusement, j'espère qu'on pourra continuer dans quelques minutes
les autres articles mais, je déplore cette position intransigeante du
ministre surtout que, loin de nous avoir convaincus, son argumentation est
plutôt faible.
D'ailleurs, dès qu'il intervient dans ce débat, on y
trouve de la contradiction. Il nous a dit, dans son argumentation à un
certain moment, ce système existe déjà en vertu du
règlement qui existait dans la loi actuelle, cela existait en vertu de
l'article 252 deuxièmement, qu'on retrouve dans la loi qu'on
étudie actuellement. On nous a distribué, hier, des documents
disant: Je l'ai reconduite cette réglementation et il nous a
donné deux boîtes de manuels ainsi que cette brochure. Il nous a
dit que cela existe. Il y a quelques instants, il nous a dit que cela
n'existait pas parce qu'il est prêt à accepter un amendement
à l'article 252 afin de le forcer à l'inclure. S'il accepte cet
amendement, prenant l'obligation de le mettre, cela veut dire que cela n'existe
pas dans le règlement actuel. D'ailleurs, le règlement actuel, je
l'ai feuilleté également, je l'ai ici. La Loi sur
l'évaluation foncière, le règlement en vertu du paragraphe
2 de l'article 7 de l'ancienne loi, il nous a dit que cela est reconduit dans
la loi actuelle. Je l'ai feuilleté. Il est bien dit au début:
Avertissement dans le présent document, seul le règlement, y
compris son appendice et ses annexes un à sept, fait foi et a valeur
légale. Je feuillette, dans la première partie, il y a le
règlement. Après cela, je continue, règlement
numéro 1, l'appendice 1: Tableau du cheminement détaillé
de la préparation du premier rôle d'évaluation, ce n'est
pas cela qui nous concerne actuellement, c'est l'unité
d'évaluation qui nous concerne. Une autre annexe 1: Formule du rapport
analytique et comparatif des données du marché immobilier, ce
n'est pas cela. L'annexe 2: Formule de fiche de propriété,
immeubles industriels, commerciaux ou institutionnels. Je vois cette formule
qui semble avoir force de loi actuellement et que le ministre nous dit qu'il a
reconduite. On voit, dans cette fiche, qu'il y a ouverture à ce que le
terrain porte des valeurs distinctes mais il n'y a rien dans cela qui nous dit
que, s'il y a deux bâtiments, trois bâtiments ou cinq
bâtiments sur une propriété qui ont des valeurs distinctes,
elles seront détaillées, et j'aimerais que le ministre me dise si
c'est existant, où cela se trouve dans la réglementation actuelle
qui est reconduite, je ne vois rien. Un peu plus loin...
M. Tardif: Est-ce que le député de Laval veut une
réponse tout de suite?
M. Lavoie: Attendez, vous répondrez après. Formule
de feuillet intercalaire quadrillé, je ne vois rien dans cela. Annexe 4:
Formule de feuillet intercalaire ligne, ce sont des lignes. Annexe 5: Formule
de fiche de propriété, immeubles résidentiels, je regarde,
là: propriétaire, utilisation, historique, terrain, superficie,
d'accord je vois à l'autre page, les fondations, les dalles, le toit les
plafonds, les cloisons, les planchers, les escaliers, les murs, les
dépendances. Je ne vois pas dans les cas de fermes ou autres qu'il y a
des valeurs distinctes pour des bâtiments différents. Je ne vois
rien dans cela.
M. Tardif: M. le Président, est-ce que le
député de Laval pourrait au moins lire le document jusqu'en bas?
Qu'est-ce qui est marqué en bas?
M. Lavoie: Répartition fiscale.
M. Tardif: Non, l'autre page avant, M. le Président.
M. Lavoie: En bas?
M. Tardif: Oui, en bas il y a une valeur, à chacune des
rubriques, il y a une valeur.
M. Lavoie: Aquelle place?
M. Tardif: Au bout de la ligne il y a une valeur?
M. Lavoie: Aquelle place? Sortez le vôtre et dites-moi
où, on va se comprendre. (17 h 15)
M. Tardif: Bon. Dans les deux colonnes lisé-rées,
il y a une valeur pour chacun de ces articles, il y a une valeur totale en bas
et finalement, à la toute fin de la deuxième page...
M. Lavoie: C'est marqué "coût fixe". M. Tardif:
... il y a une valeur totale. M. Lavoie: Valeur totale.
M. Tardif: Mais cela, c'est pour un bâtiment, M. le
Président. Ces deux pages-là, c'est pour un bâtiment. S'il
y a cinq bâtiments, il va y avoir cinq fiches comme cela.
M. Lavoie: Mettez-le donc dans la loi si c'est si clair que
cela.
M. Tardif: M. le Président, je ne peux pas donner un cours
d'évaluation encore une fois au député de Laval.
M. Lavoie: Je continue, j'ai terminé. Annexe 6, formule de
volet no 5 de la fiche de propriété et j'arrive à l'annexe
7, formule du rôle d'évaluation. Je ne vois pas une valeur
distincte pour les bâtiments. J'ai vu à quelque part
"unité". Ici, unité d'évaluation et propriétaire.
Caractéristiques de l'unité d'évaluation, adresse de
l'unité d'évaluation, numéro du rôle
antérieur, propriétaires, je ne vois rien dans cela qui oblige
l'évaluateur à porter une valeur distincte pour des
bâtiments distincts. Je ne vois rien dans cela. Vous me dites que cela y
est, mais moi, je ne le vois pas. Si ça y est, pourquoi ne pas mettre
dans la loi qu'il y aurait une unité pour chaque bâtiment? On ne
perdrait pas des heures à discuter. Si vous voulez le mettre dans votre
réglementation, pourquoi ne voulez-vous pas le mettre dans la loi?
M. Tardif: M. le Président.
M. Lavoie: Cela fait trois heures qu'on dit cela.
M. Tardif: Les deux pages que le député de
Laval a regardées, pour la première fois de sa vie,
contiennent effectivement, point par point, une valeur avec un coût total
pour le bâtiment no 1. On n'a pas mis ici, M. le Président...
M. Lavoie: Aquelle place est-il le bâtiment no 1? Qu'est-ce
que c'est le bâtiment no 1?
M. Tardif: M. le Président, si on me permet de terminer.
On n'a pas mis effectivement cinq fois cette fiche ou dix fois parce que, dans
le manuel, il nous semblait suffisant d'en mettre un. Dans le règlement,
il est dit qu'il doit y avoir une fiche comme cela pour chacun des
bâtiments, ce qui veut donc dire qu'il y a une valeur pour chacun des
bâtiments. Il faudrait que cela soit toujours bien clair. Cela a toujours
été clair pour tout le monde, sauf évidemment pour le
député de Laval.
M. Lavoie: Quelle valeur a un règlement si le ministre
peut le changer cinq fois dans la même année?
M. Tardif: Je ne veux même pas discuter avec le
député de Laval là-dessus. M. le Président, je veux
informer les membres de cette commission.
Deuxièmement, M. le Président, après avoir fait
droit, je pense, par le biais de l'article 252, d'ajouter dans le
règlement, l'obligation effectivement d'avoir une valeur distincte pour
chacune des composantes, M. le Président, je me rends compte qu'on a
adopté hier, l'article... Voyant que, effectivement, comme l'a dit le
député de Montmagny-L'Islet, cela le satisfait, il fallait
évidemment que l'Opposition trouve autre chose puisque ce qu'ils
veulent, encore une fois, c'est tuer le temps.
M. le Président, hier on a adopté l'article 77. On va le
relire l'article 77 si vous le permettez. Parce que, hier, s'il avait voulu
vraiment, s'il avait eu cette préoccupation, s'il avait lu la loi qui se
lit comme suit: "Avant le 1er mars, le greffier de la corporation municipale
expédie par la poste, à chaque personne au nom de laquelle est
inscrite au rôle une unité d'évaluation, un avis
d'évaluation et un compte de taxes foncières municipales
conformes au règlement adopté en vertu du paragraphe 3 de
l'article 252. Les renseignements que doit contenir l'avis d'évaluation
peuvent figurer sur le compte de taxes et dans ce cas le compte de taxes tient
lieu d'avis d'évaluation".
M. le Président, hier, en adoptant cela, l'Opposition n'a
manifesté en aucune façon ce qu'elle nous demande aujourd'hui,
à savoir que cet avis devrait contenir des inscriptions distinctes, par
exemple, pour la valeur des terrains et celle des bâtiments.
Il me semble évident... Encore une fois le député
de Mont-Royal nous dit: Oui, mais en vertu du règlement prévu
à l'article 252.3, ça ne contient pas. M. le Président, il
ne peut pas préjuger de ce que contiendra l'avis d'évaluation, je
lui ai dit qu'il serait fait.
M. le Président, je vais quand même, encore une fois,
essayer de tester la bonne foi de l'Opposition...
M. Ciaccia: Essayez!
M. Tardif: ... on va voir, vraiment, s'ils sont de bonne foi ou
pas ou s'ils font tout simplement ce qui est convenu d'appeler un "filibuster".
On va voir si c'est vrai.
M. Ciaccia: On a accepté 100 articles en deux jours, ce
n'est pas un "filibuster" ça.
M. Tardif: Non, mais vous allez passer le test, d'accord? Cent
articles en deux jours, ça ne veut rien dire.
M. Lavoie: Une journée pour 100 articles!
M. Ciaccia: Le gouvernement a pris deux jours sur un article.
M. Tardif: Compte tenu de la piètre qualité des
représentations qui nous sont faites, ça ne veut rien dire, M. le
Président.
M. Lavoie: C'est gentil, ça!
M. Tardif: C'est ça, mais vous avez eu des paroles
gentilles aussi ce matin et je ne les ai pas relevées.
M. Ciaccia: Quand le premier ministre parlait d'arrogance, il ne
référait pas à vous en fin de semaine, non?
M. Tardif: M. le Président, j'ai été bien
patient depuis le déjeuner, je trouve.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas mangé de la vache
enragée toujours!
M. Tardif: M. le Président, je vais tester la bonne foi de
l'Opposition; si c'est ça qu'elle veut effectivement, je suis prêt
à proposer un amendement à l'article 77, qui a été
adopté hier. L'amendement se lirait comme suit: "Après les
renseignements que doit contenir l'avis d'évaluation... Je m'excuse,
après le premier paragraphe, ajouter: "L'avis d'évaluation doit
contenir, par inscription distincte, la valeur du terrain et celle des
bâtiments." C'est ça qu'elle veut, je vais leur donner dans la
loi. A ce moment, on va voir si les membres de l'Opposition sont de bonne foi
ou pas.
M. Lavoie: M. le Président, on voit que le ministre
s'améliore lorsqu'il monte sur ses grands chevaux.
M. Ciaccia: C'est vrai, il s'améliore! M. Tardif:
Non, mais c'est ça? M. Lavoie: Oui, d'accord.
M. Tardif: Alors, on pourra procéder maintenant à
l'étude de la loi? C'est fini?
M. Ciaccia: Voulez-vous qu'on vous explique pourquoi on...
M. Lavoie: Un instant, M. le ministre, un peu de calme!
M. le Président, je reconnais que c'est une amélioration;
on n'a pas perdu notre temps au moins. Je reconnais que c'est une
amélioration.
M. Tardif: Pourquoi ne l'ont-ils pas proposé hier?
M. Ciaccia: Hier...
M. Lavoie: M. le Président, je crois que, si le ministre
veut être honnête avec lui-même et avec la commission.
M. Ciaccia: Vous aviez suspendu l'article 30.
M. Lavoie: Vous avez suspendu les articles 29 et 30, qui
étaient tout le concept de l'unité d'évaluation, c'est
là que le débat devait se faire. D'ailleurs, on a approuvé
une trentaine d'articles hier, qui réfèrent aux unités
d'évaluation, si vous vous rappelez, avec une réserve sur la
définition de l'unité d'évaluation. Il y a assez de
témoins autour de cette table. On a adopté non seulement
l'article 77, mais plusieurs. Si vous nous garantissez... D'ailleurs, nous
sommes d'accord vous allez combler nos désirs et ceux de la
population que, sur l'avis d'évaluation, il y ait, de
manière distincte, l'évaluation du terrain et des
bâtiments, mais voulez-vous expliquer; s'il y a plusieurs
bâtiments, est-ce que ça va être indiqué? Je vous le
demande bien calmement.
M. Tardif: Alors, je vais relire, moi aussi bien calmement, M. le
Président l'amendement que je proposerais à l'article 77, pour
atteindre l'objectif désiré. Je propose donc, M. le
Président, que soit ajouté, après le premier alinéa
de l'article 77, un deuxième alinéa qui se lirait comme suit:
"L'avis d'évaluation doit contenir, par inscriptions distinctes, la
valeur du terrain et celle des bâtiments", "par inscriptions distinctes
la valeur des bâtiments." Alors, suivrait le troisième
alinéa de l'article 77 qui demeurerait tel quel, c'est-à-dire:
"Les renseignements que doit contenir l'avis d'évaluation peuvent
figurer sur le compte de taxes et dans ce cas le compte de taxes tient lieu
d'avis d'évaluation."
M. Lavoie: D'accord, c'est ça qui arrive dans plusieurs
villes d'ailleurs; c'est le compte de taxes qui sert d'avis d'évaluation
et on a les bâtisses et le terrain. Là, le contribuable a 60 jours
pour loger sa plainte.
Mais seulement une petite question à poser au ministre. Je suis
d'accord avec le principe et les intentions de l'amendement, je suis
très heureux et j'en félicite le ministre d'ailleurs. Mais, quand
vous nous dites: "Une valeur distincte pour le terrain et les bâtiments";
s'il y a deux ou trois maisons sur le même emplacement, est-ce que c'est
chacun des bâtiments?
M. Tardif: Chacun des bâtiments. M. Ciaccia:
Très bien!
M. Lavoie: Je vous remercie, je fais amende honorable si j'ai
été disgracieux pour le ministre, je voudrais retirer tous les
propos...
M. Tardif: Si je comprends bien, M. le Président, et je
dis cela pour l'instant, c'était l'article 30 qui était à
l'étude, alors l'article 30 est adopté.
Le Président (M. Laplante): Non, un instant. L'amendement
du député de Mont-Royal sera-t-il adopté? Rejeté
sur division?
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre nous assure que l'article 77
sera amendé tel qu'il vient de le...
M. Tardif: Immédiatement après qu'on aura
adopté, M. le Président, les articles 30, 32, 33...
M. Ciaccia: Alors considérant cet amendement à
l'article 77 qui vient d'être proposé par le ministre, je retire
ma motion d'amendement à l'article 30.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 30, tel
qu'amendé, sera adopté?
M. Lavoie: Un petit instant, il a été
amendé... Vous avez enlevé, M. le ministre, le mot "optimale", je
crois.
M. Tardif: C'est-à-dire que cela avait été
proposé, c'était la traduction française du "highest best
use", l'utilisation optimale, mais on n'y tient pas plus que cela si...
M. Lavoie: L'utilisation la plus probable. J'aime autant
l'enlever.
M. Tardif: M. le Président, je suis d'accord pour enlever
le mot "optimale" au quatrième paragraphe, dernière ligne.
M. Lavoie: C'est vous qui l'avez proposé, d'ailleurs! Vous
êtes d'accord avec vous-même.
M. Tardif: Tout à fait.
Le Président (M. Laplante): L'article 30 adopté tel
qu'amendé?
M. Lavoie: Un petit instant.
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Laval. Cela va?
M. Lavoie: Cela va.
M. Tardif: L'article 30 adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 30 adopté, on
va passer à l'article 31; il y a concordance là?
M. Lavoie: Je ne le sais pas. L'unité d'évaluation
est inscrite au nom du propriétaire du terrain.
M. Giasson: C'est acceptable.
M. Lavoie: Oui, mais attention! Le deuxième paragraphe, le
deuxième alinéa: "Toutefois, dans le cas où le terrain
appartient à un organisme public et qu'un bâtiment appartenant
à une autre personne y est placé, l'unité
d'évaluation est inscrite au nom du propriétaire de ce
bâtiment." Qu'est-ce qui arrive dans le cas d'un bail
emphytéotique, le cas soulevé par le député de
Verdun?
M. Giasson: Cela devient une unité d'évaluation au
nom du...
M. Tardif: L'emphytéote est propriétaire.
M. Giasson: C'est cela... "est inscrite au nom du
propriétaire du terrain".
M. Ciaccia: L'emphytéote est propriétaire du
terrain, mais le locataire...
M. Giasson: ... va constituer une nouvelle unité
d'évaluation, si j'interprète bien l'article 31.
M. Ciaccia: Le locataire qui a le bail emphytéotique, lui
aussi, est propriétaire. Il est propriétaire du bâtiment.
Non?
M. Lavoie: "Toutefois, dans le cas où le terrain...
l'unité est inscrite"...
M. Ciaccia: On a voulu faire un amendement.
M. Tardif: Je veux attirer l'attention du député de
Mont-Royal sur la définition de propriétaire, au début de
la loi, à la page 7, où il est dit au paragraphe 3 "la personne
qui occupe un immeuble à titre d'usufruitier, de grevé de
substitution ou d'emphytéote..."
Une Voix: L'emphytéote est celui qui à le bail
emphytéotique?
M. Lavoie: Oui, mais est-ce que ce n'est pas contradictoire avec
l'article 31?
M. Ciaccia: D'abord l'article 31...
M. Lavoie: ... devient contradictoire avec la définition,
je pense bien.
M. Ciaccia: Mais oui. Vous dites qu'une unité
d'évaluation...
M. Caron: Le type est propriétaire de la maison, mais le
terrain ne lui appartient pas, ce sont deux unités
d'évaluation.
M. Tardif: Ce sont deux unités d'évaluation.
M. Giasson: D'après moi, oui, en vertu de la
définition du terme propriétaire.
M. Tardif: Le paragraphe 1, de l'article 30 dit "appartient
à un même propriétaire". S'il y a deux
propriétaires, il y a deux unités d'évaluation.
D'accord?
M. Caron: Non, ce n'est pas si clair que cela.
M. Tardif: C'est la même règle que la loi actuelle,
M. le Président. Il n'y a aucun changement par rapport à la loi
actuelle, là-dessus.
M. Ciaccia: On essayait de dire qu'on pourrait peut-être
l'améliorer.
M. Lavoie: La loi actuelle a été faite par le
régime précédent. Si l'Opposition du temps n'a pas fait un
bon travail, on n'est pas obligé de faire la même chose. On veut
bonifier la loi.
M. Ciaccia: Non, mais n'y a-t-il pas une contradiction? Vous
définissez propriétaire, à la page 7, comme étant
"la personne qui détient le droit de propriété sur un
immeuble" et, à l'article 31, vous dites: "Une unité
d'évaluation est inscrite au nom du propriétaire du terrain."
M. Giasson: Ou de l'immeuble? (17 h 30)
M. Ciaccia: Cela ne dit pas cela, cela dit du terrain.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, on a
défini ici ce qu'on entendait par propriétaire et
l'emphytéote est propriétaire du terrain, cela équivaut
à un titre de propriété.
M. Lavoie: L'emphytéote, c'est celui qui a le bail, c'est
celui qui loue.
M. Ciaccia: Pourquoi l'article 31...
M. Lavoie: Pourquoi l'article 31 ne vient pas en contradiction?
Quand on dit que si...
M. Ciaccia: Si vous avez défini propriétaire
à la page 7, pourquoi l'article 31...
M. Guay: ... loué par bail emphytéotique est
considéré comme propriétaire, de par la définition
même.
M. Lavoie: Au nom du propriétaire du terrain, parce qu'il
n'est pas propriétaire du terrain.
M. Tardif: Pour les fins de la loi, vous êtes
considéré comme propriétaire du terrain si vous
détenez un bail emphytéotique.
M. Ciaccia: Si vous avez la définition de
propriétaire à la page 7, pourquoi l'article 31?
M. Guay: II faut bien le mettre au nom de quelqu'un, on ne peut
pas le mettre au nom du voisin ou du locataire.
M. Ciaccia: Bien non, vous dites que vous avez défini
propriétaire à la page 7.
M. Tardif: Mais oui, encore faut-il dire au nom de qui sera faite
l'inscription.
M. Ciaccia: Est-ce que ce ne serait pas plus exact de dire:
L'inscription pour le terrain sera faite au nom du propriétaire du
terrain et l'inscription pour l'unité d'évaluation du
bâtiment sera faite au nom du propriétaire du bâtiment? Ce
n'est pas cela que vous voulez faire?
M. Guay: Si c'est le même propriétaire...
M. Ciaccia: Je vous donne l'exemple où ce ne l'est pas. Si
c'est le même, il n'y a pas de problème.
M. Guay: Alors, cela fait deux unités d'évaluation
distinctes, c'est le premier paragraphe de l'article 30. Si ce n'est pas le
même propriétaire, ce n'est pas la même unité
d'évaluation. Cela ne peut pas être plus clair que le premier
paragraphe de l'article 30, à moins qu'on cherche vraiment à
retarder les travaux.
M. Ciaccia: Non, le premier paragraphe de l'article 30, c'est un
terrain où il n'y a pas de bâtiment. Une unité
d'évaluation inclut le terrain et le bâtiment. Le premier
paragraphe de l'article 30 s'applique seulement là où il y a un
terrain sur lequel il n'y a pas de bâtiment.
M. Lavoie: Je vous donne un exemple... Je vais vous en donner
deux. La Banque Nationale de Montréal située à la place
d'Armes est emphytéote du terrain qui appartient à une
communauté religieuse, je pense, les Sulpiciens ou quelque chose comme
cela. Elle a bâti, elle a un bail, peut-être, de 60 ans. Si je lis
l'article 31: "Une unité d'évaluation est inscrite au nom du
propriétaire du terrain." Si la bâtisse et le terrain forment une
unité d'évaluation, cela veut dire qu'au rôle cela va
être la communauté religieuse qui va recevoir le compte de
taxes.
M. Tardif: Non, M. le Président, à ce moment, c'est
l'emphytéote qui est la Banque canadienne nationale.
M. Lavoie: Mais pourquoi mettez-vous le premier paragraphe de
l'article 31? "Une unité d'évaluation est inscrite au nom du
propriétaire du terrain", et l'emphytéote n'est pas
propriétaire du terrain.
M. Tardif: Oui, le propriétaire du terrain, il est...
M. Ciaccia: Dans le deuxième alinéa, vous dites:
Dans le cas où le terrain appartient à un organisme public et
qu'un bâtiment appartient à une autre personne, l'unité
d'évaluation est inscri-
te au nom du propriétaire du bâtiment. Vous faites cette
exception seulement quand le terrain appartient à un organisme public ce
qui implique que, si le terrain n'appartient pas à l'organisme public,
même s'il y a deux différents propriétaires... c'est la
seule interprétation que je peux donner au deuxième alinéa
de l'article 31.
M. Lavoie: Toute l'île des Soeurs à Montréal,
le fonds de terre appartient à une corporation...
M. Ciaccia: Si vous aviez raison de dire que...
M. Lavoie: ... et les bâtisses appartiennent à une
autre.
M. Ciaccia: Si vous aviez raison de dire que si c'est un bail
emphytéotique, ce sont deux unités d'évaluation, le
terrain va être au nom du propriétaire du terrain mais le
bâtiment, c'est une autre unité, alors cela va être au nom
du propriétaire du bâtiment. Pourquoi avez-vous inclus le
deuxième alinéa de l'article 31? Parce que dans le
deuxième alinéa de l'article 31, vous faites...
M. Tardif: Parce que dans le cas des terrains qui sont la
propriété d'organismes publics, ceux-ci ne sont pas portés
au rôle d'évaluation, c'est tout. Comme c'est l'article qui dit
tout simplement au nom de qui les inscriptions seront faites, quand c'est un
organisme public, il n'y a pas d'inscription, ils ne sont pas portés au
rôle tout simplement. C'est cela, c'est la raison du deuxième
alinéa.
M. Ciaccia: Non. M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: Non, parce qu'ils ne sont pas portés au
rôle, ce n'est pas seulement qu'ils ne sont pas portés au
rôle quand il y aura un autre bâtiment, ils ne sont pas
portés au rôle, point final. Mais, ici, vous décrivez une
situation où il y a un bâtiment et un terrain avec deux
propriétaires différents, si ce sont deux unités
d'évaluation avec deux propriétaires différents, vous
n'aurez pas besoin de cet article parce que vous avez un autre article qui dit
qu'un organisme public, ce n'est pas porté au rôle, vous faites
l'exception, je parle de l'article 60.
M. Lavoie: Je reviens au deuxième alinéa de
l'article 31, avec l'exemple de la Banque canadienne nationale. Si c'est le
gouvernement qui est propriétaire du fonds de terre, c'est clair qu'ils
doivent envoyer... l'unité apparaît au nom de la Banque canadienne
nationale.
M. Ciaccia: Si ce n'est pas le gouvernement.
M. Lavoie: Le deuxième alinéa couvre cela, et si
c'et un organisme public qui est propriétaire du fonds de terre...
M. Ciaccia: Qui implique que si ce n'est pas un organisme public,
l'unité d'évaluation reçoit l'avis et la bâtisse et
le terrain sont inscrits au nom du propriétaire du terrain.
M. Cordeau: L'article 1, troisièmement ne
prévoit-il pas ces cas?
M. Lavoie: Je ne pense pas.
M. Cordeau: La définition de "propriétaire"
à troisièmement.
M. Ouellette: ... personne qui touche à l'immeuble
"à titre d'usufruitier, de grevé de substitution ou
d'emphytéote". Cela répond à la définition de
propriétaire.
M. Cordeau: C'est cela.
M. Lavoie: Oui, mais il faudrait enlever le premier alinéa
de l'article 31, dans ce cas.
M. Ciaccia: II faudrait enlever le premier alinéa de
l'article 31.
M. Lavoie: II faudrait dire: L'unité d'évaluation
est inscrite au nom du propriétaire.
M. Ciaccia: Oui. Est-ce qu'on peut le suggérer? Ce serait
une suggestion, M. le député de Laval. Enlever le mot "terrain",
l'unité d'évaluation est inscrite au nom du
propriétaire.
M. Lavoie: Ce serait couvert par les définitions.
M. Ciaccia: Vous définissez "propriétaire" à
la page 7. Pour le reste, il n'y a pas...
M. Lavoie: Dans les baux emphytéotiques, c'est beaucoup
plus logique que le compte soit envoyé à l'emphytéote,
d'ailleurs, parce que c'est lui qui prend charge de toutes les taxes, de
tout.
M. Ciaccia: Le gars du terrain va prendre...
M. Lavoie: Si c'est l'autre qui décide de payer, il lui
revient...
M. Tardif: Les légistes qui ont regardé cette
question technique nous informent qu'effectivement, entre la nue
propriété qui demeure le notaire devrait être au
courant de cela plus qu'un profane comme moi à la
communauté ou je ne sais pas qui a loué le terrain par bail
emphytéotique à la Banque canadienne nationale, puisqu'on parlait
de cet exemple. Dans ce cas, la BCN est propriétaire au sens de la loi,
et donc du terrain comme tel. Elle l'est de l'immeuble qu'elle régit.
Imaginons que la BCN ait cédé cet immeuble à un
usufruitier, c'est ce dernier qui serait, au sens de la loi, le
propriétaire du terrain au nom de qui se ferait l'inscription. Encore
une fois, sans être un
spécialiste de la question, les légistes qui ont
regardé cela m'informent que c'est là...
M. Lavoie: Je n'argumenterai pas davantage. Si vous voulez
l'avoir comme cela, mon opinion, c'est que c'est contradictoire, mais gardez-le
comme vous l'avez. Cela vient de finir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: La Banque canadienne nationale n'existe plus. C'est
la Banque...
M. Ciaccia: Oui, la Banque nationale du Canada ou nationale du
Canada, selon les districts.
M. Cordeau: Tout court.
M. Lavoie: Oui, j'ai remarqué cela.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous l'adoptez sur
division, M. le député de Laval?
M. Lavoie: Oui, c'est sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
L'article 31?
M. Tardif: Adopté. L'article 32, adopté.
Le Président (M. Laplante): Un instant. L'article 32?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Sur division
aussi?
M. Lavoie: Non.
Avis d'évaluation et compte de taxes
(suite)
M. Tardif: On peut peut-être, avec la permission des
membres de cette commission, rouvrir l'article 77...
Le Président (M. Laplante): Un moment. On va rouvrir
l'article 77 pour y insérer un amendement proposé par M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, il est proposé
d'ajouter à l'article 77, après le premier alinéa...
M. le Président, la formulation de l'article 77, au
deuxième alinéa, pourrait être la suivante: "L'avis
d'évaluation doit contenir, par inscription distincte, la valeur du
terrain et de chacune des constructions destinées à loger ou
abriter des personnes." Je pense que "des choses", on l'a exclu
tantôt.
M. Lavoie: Mais les animaux, pour les fermiers, les cultivateurs?
C'est assez important, je crois.
M. Tardif: Là, si on commence: les niches, la grange,
l'étable...
M. Lavoie: Non, écoutez, il faut quand même
être logique.
M. Tardif: Les ruches d'abeilles!
M. Lavoie: Je me demande si une ruche est un immeuble? Ce n'est
pas un immeuble, n'est-ce pas?
M. Giasson: Le bâtiment dans lequel c'est placé,
oui.
M. Lavoie: Oui, mais pas la ruche elle-même. Immeuble,
c'est terrain et bâtisse, ce serait plutôt bâtiment.
Une Voix: Les abeilles construisent...
M. Lavoie: Je pense bien que c'est assez important dans le milieu
rural pour...
M. Giasson: Mais, même s'il y a des animaux dans la ruche,
ce n'est pas un bâtiment. L'entrepôt où vous placez vos
ruches pour l'hiver, oui, mais, même habitée par les abeilles, la
ruche n'est pas un bâtiment.
M. Ouellette: Mais c'est une construction. M. Lavoie:
Dites donc un bâtiment.
M. Giasson: C'est un bâtiment flottant, qu'on transporte
plusieurs fois dans la saison. Il faut que vous les posiez au printemps et
quand la saison est complétée, vous les retirez et vous en mettez
d'autres.
M. Cordeau: M. le ministre, est-ce que vous allez tenir compte
des bâtiments qui appartiennent à un cultivateur qui n'a pas
d'exploitation animale? Il aurait autant le droit d'avoir le détail du
coût de l'évaluation de ses bâtiments que celui qui a une
production animale, celui qui est en grande culture? Parce que même celui
qui a une production animale va avoir une bâtisse dans laquelle il va
remiser sa machinerie agricole et il va certainement aimer avoir
l'évaluation de cette bâtisse.
M. Tardif: M. le Président, je pense que personne n'est
intéressé à voir apparaître à son avis
d'évaluation et son compte de taxes chacune des clôtures, les
silos et des choses comme ça.
M. Lavoie: Des clôtures, ça ne loge personne! Des
silos non plus!
M. Tardif: Non, mais, alors, il reste néanmoins que... Si
on disait "la valeur du terrain et de chacune des résidences et des
bâtiments de fermes." Donc, je pense que ça...
M. Lavoie: C'est satisfaisant, à mon sens.
M. Cordeau: Moi aussi, j'accepterais ça. Pour les
résidences de ferme, dans un montant global, par contre, à son
dossier, il pourrait avoir les détails.
M. Lavoie: Oui, il pourrait avoir ces détails.
Le Président (M. Laplante): Pour les fins du journal des
Débats, est-ce que vous reliriez l'amendement que vous apportez à
l'article 77, s'il vous plaît? (17 h 45)
M. Tardif: Un moment, M. le Président, les légistes
sont en train... M. le Président, deuxième aliéna de
l'article 77, "l'avis d'évaluation doit contenir, par inscription
distincte, la valeur du terrain et celle de chacune des résidences et de
chacun des bâtiments de ferme."
Le Président (M. Laplante): L'amendement est-il
adopté?
M. Cordeau: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 77 tel
qu'amendé est adopté.
M. Lavoie: Est-ce que vous me permettriez, M. le
Président, de remercier, de souligner mon appréciation au
ministre. Cela lui a pris un peu de temps, malheureusement, je ne dirai pas
qu'il aurait pu nous apporter cette acceptation au tout début et on
aurait pu parcourir et adopter une quantité d'articles. Ce n'est pas une
critique que je fais au ministre de retarder les travaux de cette commission,
mais j'ai quasiment envie de le faire.
M. Cordeau: Moi, aussi.
M. Tardif: M. le Président, je vais profiter plutôt
du désir que semble manifester, à 5 h 45, le député
de Laval, d'accélérer les travaux de cette commission pour
demander également, M. le Président, qu'on rappelle l'article 58
qui avait été suspendu.
Le Président (M. Laplante): Mais avant de faire cela, il y
en avait d'autres.
M. Tardif: Non. Les autres, en temps et lieu, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vous préférez
attendre?
M. Tardif: Là, je rappelle ceux qui sont reliés au
concept d'unité d'évaluation. Le concept étant
accepté maintenant, M. le Président, je demande l'adoption de
l'article 58.
Je pense qu'on avait fait sauter la dernière expression avec
toute la précision possible.
M. Cordeau: Même tout l'article, je pense. Vous aviez une
nouvelle rédaction?
M. Tardif:A l'article 58, il y avait un papillon.
Le Président (M. Laplante): A l'article 58? D'accord.
M. Cordeau: Tout l'article remplacé.
M. Beauséjour: Tout juste, avec toute la précision
possible.
M. Tardif: Est-ce que vous avez l'amendement? M. le
Président, je pourrais peut-être lire l'article 58 tel que nous
avions proposé qu'il soit amendé hier, je lis l'article 58 du
projet de loi no 57 qui est remplacé par le suivant, l'article 58: "Dans
le cas où une disposition de la présente loi s'applique à
une partie seulement d'une unité d'évaluation, le rôle
indique la fraction de la valeur de l'unité d'évaluation qui est
attribuable à cette partie, contient distinctement pour elle les
mentions pertinentes exigées par la présente loi qui
diffèrent de celles valables pour le reste de l'unité
d'évaluation et, délimite cette partie."
Là-dessus, M. le Président, je voudrais simplement dire
que s'il y a un article qui rejoint les préoccupations de l'Opposition
depuis le début de l'après-midi, c'est bien justement celles
d'avoir le détail lorsque cela s'applique. Je pense que cet
article-là fait exactement cela.
M. Lavoie: Avec ce genre d'argumentations, je dois vous dire
je vais peut-être vous surprendre que c'est adopté
en ce qui me concerne.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires? Tel
qu'amendé, l'article 58 est adopté selon le papillon.
M. Tardif: Vous l'avez, M. le Président? Le
Président (M. Laplante): Oui, je l'ai ici. M. Tardif: Bien,
M. le Président, merci.
Le Président (M. Laplante): Aquel numéro vous
voulez aller?
M. Tardif: On m'a dit, M. le Président, que l'article 106
était aussi...
M. Cordeau: L'article 59 n'a pas été adopté
non plus?
M. Lavoie: Oui, l'article 59 a été
adopté.
Le Président (M. Laplante): Oui, ce sont les articles 60
à 65 qui n'ont pas été adoptés. Vous voulez aller
à l'article 106, nous allons y aller. J'appelle l'article 106.
Bureau de révision (suite)
M. Tardif: M. le Président, je vais prendre le tome III.
L'article 106, c'était sujet à une vérifi-
cation quant à ce que prévoyait le Code de
procédure civile. Or, justement, le Code de procédure civile,
après vérification, ne prévoit pas d'avis par la poste
comme tel, si bien que, pour l'assignation des témoins, je pense que,
cette vérification étant faite, le député de
Marguerite-Bourgeoys nous avait demandé de vérifier, nous l'avons
fait, donc nous disons que nous l'envoyons par la poste avec un avis d'au moins
dix jours. Cependant, si les délais l'exigent, nous nous conformons au
Code de procédure civile.
M. Lavoie: J'ai seulement une petite remarque. C'est pour ma
satisfaction personnelle, parce que cela avait été suspendu, je
crois, à la demande du député de Marguerite-Bourgeoys, qui
couvrait plutôt cette section: Toutefois, l'assignation peut aussi
être faite en la manière et dans les délais
prévus... Brièvement, qu'est-ce que prévoit le Code de
procédure civile?
M. Tardif: C'est une signification par huissier. C'est ce que
cela veut dire.
M. Lavoie: C'est ce que cela veut dire, au lieu de l'avis par la
poste.
M. Tardif: C'est cela. Alors que nous utilisons ici l'avis par la
poste, avec évidemment des frais moindres pour les parties. Cela
fonctionne généralement, mais nous avons toujours le pouvoir
d'utiliser la procédure normale.
M. Lavoie: M. le Président, avec notre collaboration
coutumière, nous adoptons cet article.
Le Président (M. Laplante): Vous avez un mot à
dire, M. le député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: II y a les articles 34 et 35 qui avaient
été suspendus.
Le Président (M. Laplante): Nous allons adopter l'article
106.
M. Tardif: Ils restent suspendus pour l'instant.
Le Président (M. Laplante): L'article 106 adopté.
Avez-vous d'autres articles de choix? L'article 113.
Plaintes (suite)
M. Tardif: Je pense que nous pouvons continuer avec l'article
137, là où nous nous étions arrêtés hier
soir, à minuit.
M. Lavoie: Nous nous étions arrêtés
temporairement à minuit.
Le Président (M. Laplante): II y a un papillon à
l'article 137. Oui, M. le député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, avant d'aller à
l'article 137, quand prévoyez-vous amener les articles 60 à 65,
M. le ministre?
M. Tardif: Aussitôt que possible, M. le Président,
c'est-à-dire dès lors que le comité technique m'aura fait
rapport et que nous aurons pu le rencontrer.
M. Caron: Cela ira probablement à demain.
M. Tardif: J'espère, M. le Président, que je serai
en mesure...
M. Cordeau: II en sera de même des articles 38 à
51.
M. Tardif: C'est cela.
M. Cordeau: Parce que les articles qui viennent font
référence aux articles 38 à 51.
M. Lavoie: M. le Président, il reste cinq minutes. Si je
me rappelle bien je pourrai poser une question au ministre le
ministre avait abordé hier la question de la réglementation,
à l'article 252. C'est à ce moment qu'il nous avait dit, suivant
les différents paragraphes, entre autres, que les 1 et 2,
c'étaient des règlements reconduits dont il nous a fait
dépôt et dont je le remercie. Il nous avait dit, par la suite,
concernant les paragraphes 4, 6, 8 et 9, qu'il serait en meilleure position
demain cela veut dire aujourd'hui à la suite d'une
rencontre du Conseil des ministres de ce matin, je ne sais pas, ou de
consultation dans son cabinet qu'il serait en mesure de nous donner des
informations en ce qui concerne les paragraphes que je viens de mentionner.
M. Tardif: M. le Président, je n'ai pas abandonné
mon objectif d'essayer de déposer aujourd'hui un certain nombre de ces
règlements, sauf que, comme le sait sans doute le député
de Laval, il y a une grève des professionnels de la fonction publique,
aujourd'hui, ce qui nous complique un peu l'existence. Cependant, il se
pourrait que, dans le courant de la soirée, je puisse néanmoins
en déposer un certain nombre. Je vais faire mon possible.
M. Lavoie: J'espère que la grève ne durera pas
jusqu'au 21 décembre.
M. Tardif: C'est ce qu'on appelle des cas de force majeure.
M. Lavoie: Je le comprends, et je compatis avec le ministre,
d'ailleurs.
Le Président (M. Laplante): Avant d'aborder l'article 137,
nous pouvons suspendre jusqu'à 20 heures. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 55
Reprise de la séance à 20 h 20
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise de la séance de la Commission permanente des affaires
municipales, pour étudier article par article le projet de loi no
57.
Nous étions rendus à l'article 137. La parole était
au député de Laval.
M. Lavoie: Ouvrez votre dossier, d'abord, M. le
Président.
M. Tardif: L'article 137, vous aviez le papillon, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est la troisième
ligne du deuxième paragraphe.
M. Cordeau: L'UCCQ recommanderait d'employer plutôt le mot
"rayer" au lieu de "rejeter". A la dernière ligne du premier paragraphe,
on dit: "Le bureau rejette la plainte". C'est parce qu'on spécifie
peut-être que le plaignant ou le représentant du plaignant a pu
avoir de bonnes raisons de ne pas s'être présenté au
tribunal ce matin-là.
M. Tardif: On m'informe qu'effectivement, le rejet ne survient
que lorsque le plaignant fait défaut de se présenter ou de se
faire représenter à l'audience et sans avoir prévenu le
secrétaire. Dès lors qu'il a prévenu le secrétaire,
il n'y a aucun problème.
M. Cordeau: D'accord.
M. Tardif: Si, effectivement, il y a négligence au point
de ne pas prévenir, ne pas se présenter et ne pas se faire
représenter, le bureau rejette.
M. Cordeau: II pourrait arriver que le plaignant ait
mandaté un procureur d'y aller et que, ce matin-là, le procureur,
pour une raison ou pour une autre...
M. Tardif: II y a un ordre professionnel qui s'appelle le Barreau
qui est là pour cela, M. le Président, si un procureur a un
mandat et qu'il ne l'exécute pas.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce qu'il existe des
statistiques concernant le nombre de rejets, de cette façon, devant le
bureau?
M. Tardif: On m'informe, M. le Président, que c'est le cas
d'à peu près une plainte sur deux.
M. Cordeau: Tant que cela?
M. Tardif: II y a à peu près une plainte sur deux
qui est rejetée par défaut pour le plaignant de se
présenter, de se faire représenter.
M. Cordeau: Est-ce qu'il y a des frais...
M. Tardif: D'inscription de plainte? Non, M. le
Président.
M. Cordeau: Merci, dans ce cas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article 137,
il y a un amendement proposé au papillon.
M. Lavoie: Amendement adopté, article adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article est adopté.
J'appelle l'article 138, il y a un nouveau papillon, je ne sais pas si vous
l'avez.
M. Lavoie: Oui.
M. Tardif: A l'article 138, oui, M. le Président, je pense
qu'on a fait la distribution. C'est un amendement strictement de concordance.
Je ne sais pas si vous voulez, à titre de président, en faire la
lecture, étant donné qu'il est déposé. Voulez-vous
que je le fasse, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Non, c'est correct, pour
pouvez le lire. C'est "Le bureau". Vous voulez avoir un "L" majuscule au mot
"Le". C'est cela?
M. Tardif: M. le Président, c'est qu'en enlevant les mots
"sous réserve du chapitre 11", la phrase commence par "Le bureau".
Le Président (M. Laplante): C'est cela. C'est correct?
L'article 138 est-il adopté?
M. Cordeau: Est-ce que cela causait un préjudice
réel dans le texte de l'ancienne loi?
M. Tardif: C'est le texte de l'actuelle loi, M. le
Président.
M. Cordeau: De l'actuelle loi, plutôt.
M. Tardif: A l'article 69, lorsqu'on dit: "Le bureau ne peut
modifier une inscription qui n'a pas fait l'objet d'une plainte inscrite devant
lui, il n'est tenu de modifier une inscription que dans le cas où un
préjudice réel a été causé." La même
expression est utilisée. Par exemple, le fait qu'on écrive le nom
du contribuable Cordeau "Cordo" est de la nature des inscriptions qui
pourraient être erronées, mais sans causer de préjudice
réel.
M. Cordeau: D'accord. M. Tardif: Adopté?
M. Lavoie: L'amendement adopté et l'article adopté,
M. le Président.
M. Cordeau: L'article 138? (20 h 30)
Le Président (M. Laplante): Oui. J'appelle l'article 139,
il n'y a pas de papillon d'annoncé.
M. Lavoie: Avez-vous un papillon à l'article 140?
M. Tardif: Oui, il y a un papillon, M. le Président.
M. Lavoie: Je pense que les deux peuvent aller ensemble
là-dessus.
Le Président (M. Laplante): II y a la suppression du
deuxième alinéa de l'article 140, M. le député.
M. Lavoie: Cela va éliminer un débat de fond.
M. Tardif: Sans doute, on est prévenant envers
l'Opposition, M. le Président!
M. Lavoie: Cela veut dire que vous pouvez évaluer la
clairvoyance de l'Opposition.
M. Tardif: On les voit venir.
M. Lavoie: Après deux jours, si ce n'est pas
formidable!
M. Cordeau: C'est l'article 140, M. le Président?
Lorsqu'on dit, M. le ministre, "il faut tenir compte de toute l'unité
d'évaluation", étant donné qu'on a
déterminé, avant le souper, que...
M. Tardif: D'accord.
M. Cordeau: ... à l'intérieur de l'unité de
l'évaluation, le terrain ou les immeubles seront définis bien
clairement, individuellement, si vous voulez, est-ce qu'un type ne pourrait pas
porter plainte seulement sur une partie, une bâtisse et non sur toute
l'unité d'évaluation?
M. Tardif: Tout à fait juste, M. le Président, sauf
que, imaginons qu'un immeuble, dans une unité d'évaluation, soit
évalué à $5000 de plus et un à $5000 de moins,
ça s'annule, il n'y a pas de préjudice dans ce cas.
M. Cordeau: Cet article est dans ce sens?
M. Tardif: Ce pourrait être un cas; pas de préjudice
réel.
M. Cordeau: Par contre, si le type vient de se construire une
porcherie, il sait combien ça lui coûte et que l'évaluation
est X, et réellement c'est seulement sur cette bâtisse et non tout
l'ensemble, parce qu'il n'a jamais porté plainte concernant
l'évaluation de sa propriété, de ses autres
bâtisses, c'est simplement pour cette bâtisse qu'il vient d'ajouter
à son unité d'évaluation.
M. Tardif: C'est tout à fait juste, mais encore une fois,
M. le Président, imaginons une propriété de ferme avec
plusieurs silos, une étable, une grange, une maison, etc., et
qu'effectivement il pourrait s'avérer qu'il y ait un immeuble, un
bâtiment, une construction qui soit légèrement
surévaluée. Lorsqu'on la met dans l'ensemble de l'unité
d'évaluation, finalement ça devient peut-être quelque chose
d'extrêmement minime. Alors, à ce moment, on dit: Le bureau doit
tenir compte, avant de faire les corrections de la nature de celles qui sont
prévues ici, du préjudice réel causé.
M. Cordeau: C'est que, je ne vois que dans ces cas de nouvelles
constructions qu'on ajoute à l'unité d'évaluation.
M. Tardif: A ce moment, c'est qu'une nouvelle construction risque
d'avoir un impact réel sur la valeur totale et amener une
révision.
M. Cordeau: Mais il faut tenir compte de toute l'unité
d'évaluation.
M. Tardif: Oui.
M. Cordeau: Mais le type peut en appeler simplement de
l'évaluation de cette nouvelle bâtisse?
M. Tardif: II en appelle sur toute son unité
d'évaluation, mais lorsqu'il présente sa preuve, c'est sur
l'immeuble qu'il estime surévalué. D'accord? Et qui peut parfois,
même dans le cas que vous nous avez donné, la construction d'une
nouvelle porcherie, c'est parfois pour remplacer une grange
désuète et dont la valeur, à ce moment-là, est
réduite à néant parce qu'il la démolit
celle-là, disons. Je pense qu'il y a cette espèce
d'évaluation qui est faite par le bureau de révision, mais cela
n'exclut pas la plainte pour ce cas précis que mentionne le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Une nouvelle construction pourrait être un
préjudice réel pour fins d'évaluation. Si le type peut en
appeler dans ces cas-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je pourrais faire des commentaires, mais je pense que
c'est acceptable.
Le Président (M. Laplante): L'article 139 est
adopté. L'article 140 avec amendement et papillon. L'article 140 avec
amendement est adopté.
M. Tardif: A l'article 141, il y a un papillon, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Un instant, c'est l'article
140.
M. Lavoie: Je suis vraiment satisfait que le ministre tout
à l'heure ait décidé de biffer le deuxième
alinéa de l'article 140 parce que je trouvais cela un peu
spécial. Si le ministre a jugé à propos de le faire
disparaître, c'est que nos idées devaient se rencontrer quelque
part.
M. Tardif: Disons que...
M. Lavoie: S'il nous a dit, tout à l'heure, que
c'était par prévenance, cela prouve justement la valeur de
l'Opposition parce que, uniquement par notre comportement, on n'a même
pas la peine d'argumenter pour bonifier le projet de loi, seulement par notre
comportement.
M. Tardif: C'est que nous, M. le Président, il nous
répugne de nous laisser enfermer dans un corridor quel qu'il soit,
idéologique ou autre. On a donc pensé qu'il était mieux de
l'enlever.
M. Lavoie: Je félicite le ministre de s'être
amélioré depuis 15 heures ou 1.6 heures cet après-midi.
C'est déjà formidable.
Le Président (M. Laplante): L'article 140 est
adopté avec amendement. J'appelle l'article 141.
M. Tardif: II y a un papillon, M. le Président, pour
enlever les mots, aux quatrième et cinquième lignes "auquel cas,
l'appréciation du préjudice est à l'entière
discrétion du bureau." Cela va toujours dans le...
M. Lavoie: Cela ne s'applique pas... Cela va. M. Tardif:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est
adopté. L'article 141 est adopté tel qu'amendé. J'appelle
l'article 142, il n'y a pas de papillon.
M. Lavoie: C'est du droit nouveau, je crois.
Le Président (M. Laplante): Vous l'expliquez, M. le
ministre?
M. Tardif: Oui, M. le Président.
M. Lavoie: J'aimerais avoir quelques explications.
M. Tardif: Cet article, M. le Président, précise
que le bureau de révision doit tenir compte du niveau de rôle pour
déterminer la valeur à y inscrire. Pour cela, il doit diviser la
valeur réelle qu'il a trouvée par le facteur établi pour
le rôle en vertu de l'article 253.
M. le Président, c'est le cas de la municipalité dont le
niveau de rôle est à 50%, par exemple, c'est bien évident
que, dans la détermination de la valeur, si la valeur marchande
était, telle que trouvée par le Bureau de révision, de $40
000, évidemment si le niveau de rôle de cette municipalité
est à 50%, la valeur qu'il déterminera, qu'il assignera à
cet immeuble, c'est $20 000 et non pas $40 000. Il doit tenir compte du niveau
de rôle en cours dans la municipalité.
M. Lavoie: Excusez-moi de vous interrompre, M. le ministre. Je
pense bien qu'en toute logique, du fait qu'on réfère aux articles
39 à 42 et également aux articles 43 à 51 et à
l'article 253; les articles 39 à 42, 43 à 51 sont suspendus.
M. Cordeau: C'est cela.
M. Lavoie: On n'a ps encore atteint l'article 253. je pense bien
que cela devrait faire une étude globale. Si on veut être
logique...
M. Tardif: Je n'ai pas d'objection à suspendre.
Le Président (M. Laplante): L'article 142 est suspendu.
J'appelle l'article 143.
M. Tardif: C'est le pouvoir qui est reconnu au Bureau de
révision de procéder à toute correction d'erreur
d'écriture ou de calcul, qui est un pouvoir analogue à celui
qu'ont tous les tribunaux...
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 143 est
adopté. J'appelle l'article 144 et je vous ferai remarquer qu'il y a un
papillon.
M. Tardif:A l'article 144, M. le Président, le papillon a
pour effet de remplacer l'article 144 du projet de loi 57, par le suivant:
"Dans les quinze jours qui suivent la décision du bureau sur une
plainte, le secrétaire de la section en expédie une copie
certifiée conforme aux parties par courrier recommandé ou
certifié."
M. Lavoie: Changement de phraséologie, je pense?
M. Tardif: Ce que nous avions auparavant, c'est qu'ils pouvaient
envoyer une copie certifiée ou un avis sommaire. On enlève
"l'avis sommaire", ils envoient la décision.
M. Lavoie: Vraiment, le ministre s'améliore pour
simplifier l'administration.
Le Président (M. Laplante): Alors, l'amendement est-il
adopté?
M. Tardif: Amendement adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 144 est
adopté. J'appelle l'article 145. Il n'y a pas de papillon dessus.
M. Tardif: C'est substantiellement la loi actuelle, M. le
Président.
M. Lavoie: En ce qui me concerne, adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 145 est
adopté. J'appelle l'article 146.
Correction d'office
M. Tardif: L'article 146 commence un nouveau chapitre, M. le
Président, des corrections d'office.
Le Président (M. Laplante): Des corrections d'office. Il y
a des explications sur l'article 146, M. le ministre?
M. Tardif: A l'article 146, M. le Président, ce qu'il est
important de souligner, c'est qu'entre la date du dépôt du
rôle et, comme le dit l'article, "le premier mai suivant,
l'évaluateur peut, d'office, faire une requête motivée au
bureau à l'effet de modifier, d'ajouter ou de supprimer une inscription
au rôle, y compris une inscription visée au deuxième
alinéa de l'article 119."
Mais au deuxième alinéa de l'article 119, si je ne
m'abuse, c'était sur le caractère imposable ou non d'un
immeuble.
Actuellement, M. le Président, il y avait dans la loi, à
l'article 86, le pouvoir de correction qu'avait l'évaluateur, donc
d'émettre un certificat sous sa signature, apportant les corrections
qui, en principe, ne devaient être que des corrections d'écriture
mais qui parfois étaient plus que cela. Alors, dorénavant,
l'évaluateur peut procéder à de telles corrections mais il
doit en faire une requête motivée au bureau de révision.
(20 h 45)
M. Lavoie: Dans la loi, il a le droit de faire des corrections
d'écriture entre le dépôt et son entrée en vigueur,
c'est cela?
M. Tardif: C'est cela.
M. Lavoie: Entre le 15 septembre maintenant et le premier
janvier.
M. Tardif: En fait, en vertu de la loi actuelle, c'était
en tout temps au cours de l'année. Article 86, donc...
M. Caron: Cela veut dire que si l'évaluateur, entre-temps,
s'aperçoit d'une erreur de parcours, si on peut dire, peut...
M. Tardif: II peut demander au bureau de révision, c'est
ce que dit l'article 46, faire une requête motivée au bureau
à l'effet de modifier, d'ajouter ou supprimer une inscription au
rôle, y compris une inscription...
M. Caron: Autant d'un bord, autant de l'autre. M. Tardif:
Pardon?
M. Lavoie: C'est seulement l'évaluateur qui peut faire
cela?
M. Tardif: C'est l'évaluateur, ici.
M. Caron: Par contre, le plaignant peut se prévaloir de
son droit en temps et lieux.
M. Tardif: Oui, en vertu de l'article 79, c'est évident.
Mais, pour éviter des frais au plaignant, l'évaluateur se rend
compte qu'il a fait une erreur. Auparavant il apportait, disons d'office, il
émettait un certificat. Maintenant il doit faire une requête au
bureau de révision et dire: Je me suis trompé ou j'ai
oublié telle chose, ou on m'a signalé telle chose, j'aimerais
procéder à une correction du rôle.
M. Caron: Alors, cela peut sauver à la personne de se
présenter, cela n'est pas méchant.
M. Lavoie: Je ne suis pas encore convaincu. Les articles doivent
se lire ensemble, nécessairement. Ma première impression, je ne
sais pas, cela me paraît lourd un peu cette formule. Auparavant,
c'était au 15 novembre? En tout temps. Bon. Il n'y avait pas de
requête à faire au bureau de révision?
M. Tardif: II n'y avait pas de requête à faire au
bureau de révision.
M. Lavoie: On envoyait un avis de deux mois au contribuable
disant qu'il pouvait faire une plainte. Pourquoi n'avez-vous pas gardé
l'ancien mécanisme? Peut-être qu'il avait autant de..., il doit
avoir fonctionné. Il me semble que vous alourdissez et là je
parle pour même la municipalité et l'évaluateur
actuellement.
M. Cordeau: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Quelle est la raison pour laquelle
l'évaluateur ne pourrait pas faire, d'office, une correction
après le 1er mai s'il y a eu erreur ou si...? Quelle est la raison pour
laquelle vous avez mis le 1er mai dans cette loi?
M. Tardif: C'est le même délai que pour les
plaintes, M. le Président. Il faut qu'à un moment donné,
le rôle soit fini. Une fois qu'il a été
déposé, il faut que ce processus s'arrête: il recommencera
l'an prochain. Mais, c'est le même délai que pour les
plaintes.
M. Cordeau: Si une bâtisse brûle le 5 mai et que
l'évaluateur doit...
M. Tardif: C'est prévu ailleurs, M. le Président,
c'est en cas de destruction totale ou partielle... Par exemple, vous
voyez...
M. Cordeau: II doit y avoir une raison.
M. Tardif: II y avait des zones grises. Prenons le cas à
savoir si un bien était un immeuble ou un bien meuble. Il n'y avait rien
de prévu comme tel, cela aurait pu être classé d'une telle
façon en faisant l'évaluation et, à un moment
donné, on se rend compte qu'effectivement, ça ne l'était
pas et que ce n'était pas conforme à la première
classification qui a pu lui être donnée. Il n'y avait pas de
moyen, comme tel, de procéder à une correction, si ce n'est
vraiment en extensionnant le pouvoir qu'il avait en vertu de l'article 86 de
corriger les erreurs d'écriture. C'est vraiment étirer l'erreur
d'écriture dans ce cas-là.
En plus de cela, l'évaluateur peut, de cette façon, en
quelque sorte, obtenir un avis du bureau de révision sur ces
matières. D'accord?
M. Lavoie: Ne craignez-vous pas une espèce de
chevauchement entre les dispositions des articles 146 et 169? Les pouvoirs que
l'évaluateur a en vertu de l'article 169, en cas de destruction,
d'augmentation, de mutation de propriété. Qu'est-ce qui pourrait
arriver entre cette période du 15 septembre et du 1er mai s'il y avait
destruction, mise à jour ou augmentation de valeur? Qu'est-ce qui
s'applique? Est-ce que c'est l'article 146 ou l'article 169?A l'article 169, il
peut le faire sans requête au bureau de révision, et, à
l'article 146, ça lui prend une requête au bureau de
révision.
M. Tardif: L'un ou l'autre, M. le Président, si c'est pour
un des motifs décrits et énumérés à
l'article 169, c'est celui-là qui prévaut.
M. Lavoie: Par contre, ce qui est décrit à
l'article 169, je pense bien que c'est compris à l'article 146 sans
être décrit à l'article 146.
M. Tardif: M. le Président, par exemple, ce n'est pas dans
un des cas décrits à l'article 169. Si l'évaluateur n'est
pas certain, il peut s'adresser au bureau de révision et, effectivement,
soumettre le cas au bureau de révision. Il nous semble que, comme je
l'ai mentionné tantôt, le caractère d'un bien meuble ou
immeuble entre dans la catégorie de ces cas qui...
M. Lavoie: Sans avoir relu parce que je l'ai lu quelques
fois l'article 119, ça doit être couvert dans cet article.
Dans ce cas, ajoutez un paragraphe à l'article 169. Oh là
là! En tout cas.
M. Tardif: On me signale, M. le Président, deux cas qui,
justement, n'entrent pas dans l'article 169 comme tel, à savoir une
décision du bureau de révision qui aurait été
rendue à l'égard du rôle, à la suite d'une plainte
de l'année antérieure, et la décision est rendue, la
corporation municipale en est informée, l'évaluateur, et celui-ci
peut, au moyen du mécanisme prévu à l'article 146,
demander au bureau de révision de procéder à la correction
pour le nouveau rôle, sans que ça exige du plaignant ou de la
personne concernée, du propriétaire, qu'il porte plainte. Alors,
ça nous apparaît aussi un mécanisme utile pour ces
fins.
M. Caron: M. le Président, il y a une chose que j'aimerais
clarifier. Il y a certains évaluateurs que ça chatouille, lorsque
les gens portent plainte. Je pense que c'est tout à fait normal, si
quelqu'un se plaint, pour une raison ou pour une autre, que l'évaluation
est trop élevée; je pense qu'il ne faudrait pas que
l'évaluateur qui est dans le territoire s'il y a une suite... Là,
il y a une suite. Parfois les gens peuvent gagner leur cause, mais, par contre,
l'année suivante, on leur donne une autre augmentation. Je l'ai
vécu personnellement, je suis bien à l'aise, et même si on
m'augmente, ça ne me fait rien. J'ai passé devant le bureau de
révision et je sais que la personne avec qui j'ai fait affaires n'a pas
aimé que j'aille me plaindre. J'avais un dossier très bien
monté et j'ai justifié ma plainte. Je sais qu'en 1980 je
ne l'ai pas vérifié on va m'augmenter et ça ne me
dérange pas, mais, dans mon cas, ça ne me fait rien de le payer,
parce que je peux le payer, je suis chanceux. Mais la personne qui a des
difficultés non, mais je pense que c'est la place pour le dire,
M. le Président et qui va se plaindre, ça choque
l'évaluateur et il garde une rancune envers la personne qui se
plaint.
Je pense qu'il faudrait trouver un mécanisme pour protéger
la personne qui se plaint et qui a raison; peut-être, dans certains cas,
n'ont-elles pas raison; la personne qui a raison voit son évaluation
baissée par un certain rapport, mais, dès que la nouvelle
évaluation arrive, on lui remet $3000, $4000 ou $5000
d'évaluation, parce que l'évaluateur se dit: Moi, l'an
prochain... Il est venu devant le bureau et il a dit des choses... Or, il y a
des choses que ces gars-là n'aiment pas, ils sont un peu
chatouilleux...
Je pense que c'est notre rôle de législateurs d'essayer de
protéger les gens qui ont raison. Je ne dis pas les gens qui n'ont pas
raison, mais il faut protéger les gens qui ont raison. Et certains
évaluateurs sont bien chatouilleux!
M. Tardif: M. le Président, à ce moment... M.
Caron: C'est franc, n'est-ce pas?
M. Tardif:... pour atteindre le voeu du
député-maire de Verdun, l'article qui prévoit cela, c'est
l'article 151, qui permet, de son propre chef, au président de section,
entre la date de dépôt du rôle et la fin de l'exercice
financier pour lequel il est fait, de demander à l'évaluateur de
soumettre au bureau de révision un rapport motivé concernant
l'exactitude, la présence ou l'absence d'une inscription au
rôle.
A ce moment, imaginons le cas d'un rajustement par le bureau de
révision, pour l'année antérieure; effectivement, le
bureau de révision pourrait demander à l'évaluateur, pour
l'année en cours, de lui soumettre un rapport pour ce cas, sans exiger
à nouveau tout le processus de plainte. A l'article 146, c'est
l'évaluateur qui peut le demander et, à l'article 151, c'est le
bureau qui peut le demander. D'accord?
M. Cordeau: Faut-il encore que le plaignant se soit
adressé au bureau...
M. Tardif: Non, pas nécessairement, en vertu de l'article
151, M. le Président.
M. Cordeau: Non?
M. Tardif: C'est qu'à la suite de l'audition d'une, deux
ou trois plaintes, le bureau de révision se rend compte, dans un secteur
donné, qu'il
aimerait avoir de l'évaluateur un rapport sur l'évaluation
dans ce secteur, sans qu'il y ait de demande particulière des autres
citoyens.
M. Caron: Spécifique?
M. Cordeau: Oui, mais est-ce qu'un plaignant pourrait s'adresser
au bureau, par lettre, pour lui expliquer les motifs de sa demande?
M. Tardif: A propos de quoi? (21 heures)
M. Cordeau: Si l'évaluateur, à un moment
donné j'emploie les termes du député de Verdun
pas par hasard directement veut prouver qu'il avait eu raison la
première fois et que c'est pour cela qu'il remonte encore
l'évaluation l'année suivante sans autre motif.
M. Caron: Quand il passe devant le tribunal, à certains
moments, il y a des prises de bec qui ont lieu. C'est cela que je veux dire.
Peut-on protéger autant l'évaluateur aussi qui, souvent,
peut-être à 95%, peut avoir raison?
M. Tardif: M. le Président, pour moi...
M. Caron: Les gens qui se plaignent, c'est parce que cela
coûte plus cher, en général. Vous êtes d'accord. Tout
de suite, ils sont portés à se plaindre. Mais il faut donner le
bénéfice du doute à ces gens.
M. Tardif: Ils se plaignent rarement, quand c'est moins cher. M.
le Président, je pense que le cas souligné par le
député de Verdun et à nouveau formulé par le
député de Saint-Hyacinthe est prévu à l'article
151, c'est-à-dire que le citoyen pourrait, dans ce cas, demander au
président de section d'exercer le pouvoir que lui donne la loi en vertu
de l'article 151.
Le Président (M. Laplante): Que fait-on avec l'article
140a? M. le député de Laval.
M. Cordeau: Faudrait-il dire: De son propre chef, ou à la
demande d'un plaignant, le président de la section peut, entre la date
du dépôt du rôle... Actuellement, c'est: De son propre chef,
le président... on ne parle pas d'une demande d'un citoyen..
M. Tardif:A l'article 135, il y a en effet le pendant de
l'article 151 : Le président de la section peut demander à
l'évaluateur de faire une étude de la plainte et de la
transmettre dans les 60 jours au secrétaire de la section. Or,
effectivement, sur réception d'une plainte, il peut demander.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je voudrais apporter une contribution vraiment
positive et originale au ministre. Je vous proposerais de disposer rapidement
de six articles, de 146 à 151, qui constituent le chapitre XI. Amon
opinion, ce chapitre est complètement superflu et je vais vous
établir pourquoi. Si vous acceptez mon argumentation, nous pourrions
disposer de six articles d'un coup sec, en les enlevant tout simplement. Je
vais tenter de vous faire la preuve que c'est peut-être la chose la plus
valable actuellement.
Il y a une situation actuelle qui existe entre le dépôt du
rôle, qui était le 15 novembre, jusqu'à son entrée
en vigueur le 1er janvier, l'évaluateur avait le droit de faire les
corrections d'écritures. Après l'entrée en vigueur du
rôle, le 1er janvier, il y avait un mécanisme prévu
à l'article 169, pour toutes sortes de raisons: diminution de valeur,
augmentation de valeur, mutation, etc., qui fonctionnait, où le
contribuable était avisé et il avait un certain délai pour
se plaindre. Raison de plus, c'est que maintenant ce délai pour les
écritures est quand même prolongé du 15 septembre au 1er
janvier. Pour l'entrée en vigueur, le dépôt du rôle
est maintenant du 15 septembre au 15 janvier, ce qui donne trois mois et demi
pour faire les corrections d'écritures. Cela n'empêche pas non
plus de faire les corrections qui seraient prévues à l'article
169.
A moins que vous n'ayez eu énormément de plaintes que cela
ne fonctionnait pas, je pense que le système fonctionnait. Il y avait
seulement un mécanisme qui ne causait préjudice, personne, ni
municipalité, ni l'évaluateur, ni le plaignant. Je crains qu'avec
une disposition nouvelle, vous donniez une espèce de rôle
administratif au bureau de révision. Non seulement c'est une question de
tribunal quasi judiciaire, surtout en vertu de l'article 151, parce que j'ai
étudié tous les articles, dans un tout, c'est que le bureau de
révision, un chef de section, le président de la section, sans
qu'il y ait de plainte ou quoi que ce soit, sans qu'il soit saisi d'un cas,
proprio motu, peut demander à l'évaluateur de lui faire un
rapport. A ce moment-là, ce n'est pas un tribunal. Cela me fait penser
un peu à ceci cela a été donné dans un de
nos mémoires un juge d'une cour pénale a des doutes
quelconques et demande à l'avocat de la Couronne: Faites-nous un rapport
sur telle affaire, s'il y a lieu de poursuivre.
Je n'aime pas impliquer un organisme quasi judiciaire dans un rôle
administratif, sans qu'il soit saisi d'une plainte ou quoi que ce soit, je
trouve que cela porte un peu à faux.
D'ailleurs, je n'ai pas tout inventé cela moi-même, M. le
Président, parce que nous avons eu des mémoires, soit de l'Union
des conseils de comté, de l'Union des municipalités, de la
Corporation des évaluateurs et de l'Association des évaluateurs
municipaux du Québec, qui ont confirmé l'impression
première que j'ai eue en lisant toute cette section. Je crois que toute
la section n'est pas nécessaire, n'apporte rien, quitte, s'il y a des
absences quelconques, à les ajouter à l'article 169. Le projet de
loi aurait déjà six articles de moins, ce qui est
déjà beaucoup. Moins on en a, dans un projet de loi, moins on
écrit, mieux c'est, à mon point de vue. Plus on écrit,
plus on en
trouve et plus on ouvre de points de litige. Je me demande si
c'est une représentation que je fais au ministre s'il accepterait
mon offre; à moins qu'il y ait des absences énormes, on pourrait
disposer très rapidement de tout un chapitre et de six articles qu'on
retirerait du projet. De toute façon, cela n'existait pas avant.
L'évaluateur, quand il va avoir un cas, il va se dire: je vais
prendre le canal de l'article 146, faire une requête au bureau de
révision, ou s'il prend l'article 169. S'il manque quelque chose,
ajoutez-le à l'article 169.
M. Tardif: C'est vrai qu'il y a certaines plages de recoupement
entre ce qui est prévu à l'article 169 et à l'article 147.
D'un autre côté, M. le Président, l'esprit de l'article 169
concerne la mise à jour du rôle par suite d'additions, de
soustractions, de mutations, etc., et sur des questions de fait, des
circonstances qui se sont produites.
Or, dans l'article 147, il s'agit de corrections qui peuvent être
apportées à la demande de l'évaluateur, qui pouvaient se
faire auparavant sur un objet ou sur des objets très limités,
qu'on appelait des erreurs d'écritures, mais on sait qu'il a
été donné une extension très considérable
à cette expression; donc de faire en sorte que ces corrections, parce
qu'il y a besoin parfois, il est nécessaire parfois de faire des
corrections autres que des corrections d'écritures, puissent se faire,
mais selon un mécanisme qui fait en quelque sorte du bureau de
révision, pas du juge, mais bien, dans ce cas, une espèce de
courroie de transmission entre l'évaluateur et la corporation
municipale, le citoyen.
L'évaluateur reste responsable de l'acte professionnel qui
consiste à évaluer un immeuble. C'est lui qui fait une
requête motivée au bureau de révision afin de modifier,
d'ajouter ou de supprimer. En cela, sa fonction n'est pas diminuée, bien
au contraire. Apartir du moment où le rôle est
déposé, il faut, si des amendements sont justifiés pour
des raisons autres que ceux prévus notamment à l'article 169, que
cela se fasse selon une certaine procédure. On ne peut pas jouer avec un
rôle d'évaluation. Pour cette raison, M. le Président, il
nous semble que cette façon de formaliser des choses qui ont cours,
donne quand même, je pense, une garantie aux citoyens et à la
corporation municipale qu'on ne viendra pas interférer, qu'on ne viendra
pas modifier le rôle sans motif valable, donne aussi à
l'évaluateur une garantie, si vous voulez, de son bon jugement, de sa
vigilance à apporter les correctifs voulus. M. le Président, je
remercie beaucoup le député de Laval de vouloir
accélérer les travaux de cette commission en rayant d'un trait
ces six articles, mais il nous semble qu'ils ont une utilité dans ce
projet de loi.
M. Lavoie: Je pense que vous ne m'avez pas encore convaincu de ma
collaboration. Vous ne m'avez pas convaincu de votre argumentation, mais moi je
voudrais souligner encore la contribution que je voudrais apporter parce que,
malheureusement, à l'article 151, on va encore faire un débat. Il
n'y aura pas de menace là, loin de là, mais ce rôle que
j'ai mentionné tout à l'heure, vous transposez un organisme quasi
judiciaire, vous l'imbriquez quasiment dans l'administration. On va être
obligé d'argumenter cela. C'était tellement simple avant.
M. Tardif: Trop simple.
M. Lavoie: Voyons, trop simple. Si on prend l'article 169, c'est
clair, c'est déclaratoire. "L'évaluateur modifie le rôle
pour" 15 raisons au moins. Tout le monde est protégé de la
même façon. Le contribuable qui voit son bien, soit la valeur
diminuée si cela ne fait pas son affaire et il veut que cela soit
augmenté, s'il s'est fait augmenter, il veut la faire baisser, s'il y a
un changement, il a un avis et il a un délai pour comparaître.
Moi, je vous dis que c'est tout à fait redondant. L'article 169 peut
couvrir tout. Que l'évaluateur, s'il juge à propos de modifier le
rôle dans quelque sens que ce soit, changement d'inscription, incendie,
diminution, augmentation de valeur, cela fonctionne. Là, vous ajoutez un
autre mécanisme qui double, qui chevauche. D'ailleurs, vous l'avez
tellement reconnu, M. le ministre que parce que je
l'étudié dans son ensemble, qu'on nous annonce un papillon
à l'article 148 où vous faites biffer les deux derniers
alinéas. Je voudrais seulement le mentionner parce qu'ils sont encore
dans le projet de loi même si vous avez l'intention de les rayer
vous aviez une disposition qu'à tous les mois, l'évaluateur
devait regrouper, j'imagine, ses requêtes. Moi je vous dis que
l'évaluateur de la municipalité, le contribuable est
protégé par l'article 169. En ajoutant cela, vous avez un autre
mécanisme où, si l'évaluateur cela lui plaît de
faire des requêtes. (21 h 15)
Vous savez ce qu'est une requête? Adresser à la commission
de révision, signifier dans les formes, parce qu'il faut que la
destination et la réception soient prouvées, une requête,
humblement soumise. Vous savez comment cela marche dans une ville à ce
moment? Les évaluateurs travaillent intensément à longueur
d'année. Cela veut dire qu'entre le 15 septembre et le 1er mai il peut y
en avoir dix ou quinze par jour. Est-ce qu'il va faire dix ou quinze
requêtes par jour humblement soumises au bureau de révision pour
demander la permission de faire une correction, alors qu'il y a un
mécanisme tout simple à l'article 169 qui modifie le rôle
sans avoir à passer par le bureau de révision? On envoie un avis
directement aux contribuables, tout le monde est protégé.
Pourquoi avoir cette redondance? Cela fonctionnait comme cela.
M. Cordeau: Sur le même sujet, à l'article 169,
l'évaluateur n'a pas besoin de passer par le bureau de révision
et à l'article 146 on oblige l'évaluateur à faire une
correction, il est obligé d'aller devant le bureau de révision.
Quel est le motif qui vous a incités à inclure cet article pour
obliger l'évaluateur à aller devant le bureau de révision
pour corriger le rôle, s'il vient de constater une erreur?
M. Lavoie: Ce n'est pas tout, ce n'est pas uniquement de faire la
requête, le bureau de révision et tout le chambardement de la loi.
Il va y avoir toutes sortes de plaintes sur les valeurs locatives et tout.
Là, il faut que le bureau accepte d'entendre la requête, il faut
notifier...
M. Cordeau: De recevoir.
M. Lavoie: Et là, venez la plaider la requête.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il y a une
méprise fondamentale, si on me permet. Dans le cas de l'article 169,
c'est vrai que l'évaluateur n'a pas à aller devant le bureau de
révision pour faire ces modifications ou cette mise à jour parce
que les faits ont changé, les circonstances ont changé, la
situation a changé: Un immeuble a été détruit par
le feu, un nouvel immeuble s'est construit, un ajout a été fait,
les faits ont changé. Dans le cas de l'article 146, M. le
Président, ce ne sont pas les faits qui ont changé, ce n'est pas
la réalité qui a changé, c'est l'avis de
l'évaluateur qui a changé, M. le Président. C'est lui qui
décide que telle chose qu'il avait d'abord classée, jugée,
évaluée de telle manière ne doit plus être
classée et évaluée de telle manière. Là,
c'est lui qui change son jugement, son appréciation et on le dit, M. le
Président, qu'on veut le soumettre...
M. Caron: II admet son erreur.
M. Tardif: C'est cela. Donc, on veut le soumettre à une
espèce de révision, de droit de regard du bureau
d'évaluation, ce n'est pas du tout la même chose.
M. Cordeau: C'est le motif pour lequel vous avez...
M. Tardif: Je pense que c'est important. Le député
de Laval dit que c'était simple avant. C'était peut-être
simple mais c'était carrément illégal, M. le
Président, le genre de changement qui se faisait.
M. Lavoie: Bon! on était dans l'illégalité.
Avant que vous soyez là, tout le monde était dans
l'illégalité.
M. Cordeau: On aurait dû aller faire brûler notre
lampion.
M. Lavoie: Ecoutez, M. le ministre, à l'article 146, la
requête qu'il fait c'est pour modifier, ajouter ou supprimer une
inscription.
M. Tardif: C'est cela.
M. Lavoie: Je vous dis que, lorsqu'il y a un feu, une mutation de
propriété ou une augmentation... Ecoutez, vous me faites penser
c'est une blague que j'ai déjà faite à une autre
commission au Parlement britannique, anciennement, il y a trois ou
quatre siècles. Le président de l'Assemblée, le "speaker",
en Angleterre, était payé au nombre de projets de loi que
l'Assemblée votait. On a l'impression quasiment que vous êtes
payés au nombre d'articles qu'il y a dans les projets de loi. Ce n'est
pas méchant ce que je vous dis. Mais je vous dis qu'ils ne sont pas
nécessaires ces articles. Si vous voulez les avoir, on va vous les
laisser.
Le Président (M. Laplante): Article 146, adopté?
J'appelle l'article 147 où il y a un papillon, une petite modification
dans la première ligne, remplacer "d'entendre" par "de recevoir".
Amendement adopté, mais l'article...
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 147, adopté.
Article 148?
M. Tardif: A l'article 148, M. le Président, il y a un
papillon. Donc, l'article 148 du projet de loi no 57 est modifié d'abord
par le remplacement dans la première ligne du premier alinéa des
mots "d'entendre" par les mots "de recevoir" c'est exactement ce que
nous venons de faire à l'article précédent
deuxièmement, par la suppression des troisième et
quatrième alinéas.
Le Président (M. Laplante): Article 148. M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, cet article, dans la
foulée de l'article 146, que nous avons vu tantôt, veut que l'on
accepte effectivement que l'évaluateur puisse demander ou faire une
requête au bureau de révision pour modifier, corriger le
rôle, mais là, le président ou le secrétaire du
bureau expédie au propriétaire du bien à l'égard
duquel la requête est faite un avis mentionnant la correction
demandée.
M. Lavoie: C'est ça, même chose qu'à
l'article 169.
M. Tardif: Oui, c'est qu'on a été très
soucieux, cet après-midi, du côté de l'Opposition de
s'assurer que le contribuable soit informé et que tout soit prévu
dans la loi. Là, je ne sais pas pourquoi, tout à coup, on dirait
que la même logique n'anime pas l'Opposition qui nous dit: Non, laissez
donc ça comme c'était avant. Mais on dit non. Effectivement on
conçoit qu'il peut y avoir eu...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: On n'a jamais proposé l'abolition de l'avis au
contribuable, sauf qu'on trouve qu'un avis est suffisant, ce n'est pas
nécessaire d'en avoir deux.
M. Tardif: D'accord, M. le Président, il n'y en a pas deux
de prévus ici.
M. Lavoie: Vous en avez un en vertu du chapitre XI et un autre en
vertu de l'article 169. Un, c'est suffisant.
M. Ciaccia: Pensez-vous qu'en envoyant deux avis, peut-être
que quelques contribuables vont payer deux fois?
M. Lavoie: Sans oublier également que vous alourdissez
encore les requêtes, la procédure, la paperasse, du personnel au
bureau de révision. Je trouve que cette requête est inutile et
s'il y a encore des requêtes, les rôles vont retarder, les
auditions vont être retardées et il va y avoir augmentation des
rôles qui sont complètement inutiles devant le bureau de
révision.
M. Ciaccia: Dans ce cas, vous n'accorderez pas priorité
à celui qui conteste son évaluation, s'il y a un temps
limité. Si vous avez une requête, en vertu de l'article 146,
normalement, vous allez donner préférence à cette
requête et celui qui conteste son évaluation va être
obligé d'attendre.
M. Tardif: M. le Président, ça n'a rien à
faire avec le droit de plainte du citoyen prévu à l'article 119.
Il s'agit d'une correction qui est faite à la demande de
l'évaluateur qui dit: En faisant telle inscription au rôle, je me
suis trompé. Ce n'est pas du tout la même chose.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement
à l'article 146 est adopté? L'amendement biffant les deux
derniers paragraphes.
M. Lavoie: J'aimerais que vous le lisiez, pour les fins du
journal des Débats, M. le Président. Peut-on vous demander
ça?
Le Président (M. Laplante): Les deux amendements?
M. Lavoie: Les deux alinéas qu'on va biffer.
Le Président (M. Laplante): Les deux paragraphes à
biffer sont: Le troisième de l'article 148 qui se lit: "Au moins une
fois par mois à compter de la réception d'une première
copie, le greffier de la corporation municipale publie dans un journal
diffusé dans le territoire de celle-ci un avis mentionnant que des
corrections au rôle sont proposées, que les avis faisant
état de ces corrections sont déposés à son bureau
et que toute personne intéressée peut en prendre connaissance
à cet endroit." Et le quatrième paragraphe qui se lit comme suit:
"Si au cours du mois qui suit une publication, le greffier ne reçoit
aucune nouvelle copie d'avis, il n'est pas tenu de faire une nouvelle
publication à l'expiration de ce mois, et ainsi de mois en mois tant
qu'il ne reçoit pas une nouvelle copie d'avis." Biffer ces deux
paragraphes. Vous avez l'explication dans l'amendement...
M. Tardif: Peut-être que le député de Laval,
qui demande de faire la lecture de ces deux articles, peut s'interroger
pourquoi on a mis ça à un moment donné. Je ne sais pas si
ça l'intéresserait de savoir qu'il nous est arrivé, dans
certains cas, d'obtenir des demandes ou de voir des cas où certains
évaluateurs ont demandé que des corrections soient
apportées pour environ 50% des inscriptions aux rôles
d'évaluation, des changements de valeur de $200 000 à $20 000 et
que, dans certains cas, il a fallu que la Commission municipale menace
d'enlever le certificat à cette firme d'éva-luateurs pour qu'on
mette fin à cette situation, M. le Président.
M. Lavoie: Est-ce que le contribuable devrait
nécessairement être notifié d'un avis de 60 jours qu'il
pouvait se plaindre des changements ou quoi que ce soit?
M. Tardif: Non, mais on pourrait comprendre, M. le
Président, que devant l'ampleur, dans certains cas je ne dis pas
partout...
M. le Président, on me parle de dizaine de milliers de cas par
année où des certificats sont émis, soi-disant pour des
défauts, des erreurs d'écriture, en quelque sorte, faisaient que
l'évaluateur demandait de baisser carrément
l'évaluation...
M. Lavoie: Ce ne sont pas des erreurs d'écriture.
M. Tardif: Non, mais c'était sous le couvert de...
c'est-à-dire des corrections soi-disant.
M. Lavoie: Si c'est illégal, il y a des tribunaux pour
cela. On n'a quand même pas le droit de tripoter un rôle
d'évaluation.
M. Tardif: C'est cela que vise à prévenir l'article
146, pas autre chose, M. le Président, et je pense qu'on a parlé
beaucoup, les mémoires qu'on a entendus tant de la part d'Union des
municipalités que de l'Union des conseils de comté, on a entendu
beaucoup parler de l'intégrité de l'assiette foncière.
C'était une façon de ratatiner l'assiette foncière des
municipalités, sans qu'elles puissent tellement intervenir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, dans ce cas que vous nous
avez mentionné tantôt, qu'il y avait eu presque 50% du rôle
ou à peu près, où il y avait eu des corrections
apportées...
M. Tardif: Pour lesquelles des certificats avaient
été émis.
M. Cordeau: Est-ce que la commission je suppose que
ça relève de la Commission des Affaires municipales a fait
enquête pour déceler le pourquoi d'autant d'erreurs et avec une
aussi grande marge que de $200 000 à $20 000. $200 000
à $20 000, on pourrait dire que c'est l'ordinateur qui a
été mal programmé et que le point est sorti à la
mauvaise place. Mais l'exemple est trop frappant, il doit certainement y avoir
d'autres raisons.
M. Tardif: M. le Président, si c'était l'erreur de
l'ordinateur, on n'aurait pas besoin de l'article 146.
M. Cordeau: J'aimerais en connaître les raisons.
M. Tardif: Cela peut être des rôles trop vite faits.
Je n'irais pas jusqu'à parler de certificats de complaisance dans
certains cas mais, effectivement, cela pouvait ressembler à cela.
M. Cordeau: Est-ce que la ville avait besoin d'une plus grande
évaluation pour certains... pour faire passer certains
règlements?
M. Tardif: Généralement, M. le Président,
c'étaient des corrections à la baisse, plutôt, pas des
corrections à la hausse, en faveur des municipalités.
M. Cordeau: Non, mais lorsque le rôle a été
déposé, la première fois, il devait être
sensiblement plus élevé, avant que toutes ces corrections soient
apportées.
M. Tardif: M. le Président, le rôle est
déposé dans les semaines qui suivent et tout à coup les
certificats de corrections commencent à entrer.
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats, on
pourrait peut-être citer un commentaire, ici, de la Corporation des
évaluateurs: "Nous croyons que la correction d'office ne devrait pouvoir
se faire que jusqu'à l'entrée en vigueur du rôle, le
premier janvier. Elle devrait se faire par certificat de l'évaluateur,
sans recours du bureau de révision, avec avis au contribuable et droit
de plainte de ce dernier. Nous croyons que cette possibilité de
correction avant l'entrée en vigueur du rôle devrait couvrir,
outre les cas prévus à l'article 169, de modifications du
rôle, l'erreur d'écriture et de calculs.
Passée la date du premier janvier, les seules corrections
possibles devraient être celles permises à l'article 169. La
procédure prévue aux articles 146 à 150 nous semble
inutilement lourde et complexe." (21 h 30)
M. Tardif: C'est que dans le cas précis, M. le
Président, de la requête de la Corporation des évaluateurs,
il est bien évident que... Imaginons la situation où un immeuble
a été évalué à $100 000. Des
représentations sont faites à l'évaluateur selon
lesquelles il est peut-être allé un peu fort sur le crayon et il
réduit l'évaluation à $60 000; il n'y a personne qui ira
se plaindre. Le citoyen n'ira pas se plaindre.
M. Lavoie: A quel moment fait-il cette correction?
M. Tardif: Dans les semaines et les mois qui suivent le
dépôt du rôle. C'est là le problème.
M. Lavoie: II n'a pas le droit de toucher au rôle, sauf
pour faire des corrections d'écriture.
M. Tardif: Officiellement, la loi actuelle... c'est pour cela que
je parlais tantôt d'illégalité ou d'extension du concept de
correction d'écriture, mais des réévaluations à la
baisse régulièrement, ce ne sont plus des erreurs
d'écriture. C'est permettre à l'évaluateur de se muter en
bureau de révision. Je pense que ce n'est pas cela que la corporation
demande. C'est pour cela que nous disons: II y a un bureau de révision
pour faire cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Lavoie: Mettez-vous en doute la compétence ou
l'honnêteté des évaluateurs?
M. Tardif: Non, M. le Président, je ne mets pas en doute
l'intégrité des évaluateurs en général.
M. Ciaccia: Vous prévoyez, par exemple, que, si un
évaluateur fait cette requête, le propriétaire doit
être avisé avant que le bureau de révision ne puisse...
M. Tardif: Non, la requête est faite par
l'évaluateur au bureau de révision et c'est le secrétaire
du bureau, ou de la division, ou de la section qui...
M. Ciaccia: Mais avant que le bureau de révision ne puisse
rendre un jugement, il faut qu'il avise le propriétaire et il faut que
le propriétaire soit entendu.
M. Tardif: C'est cela, il y a une procédure qui est
décrite d'ailleurs à l'article 148: "Si le Bureau accepte de
recevoir la requête, le secrétaire de la section c'est
l'article sur lequel nous sommes présentement expédie
immédiatement au propriétaire du bien à l'égard
duquel la requête est faite, par courrier recommandé ou
certifié, un avis mentionnant la correction demandée, le droit
prévu par l'article 149, la façon de l'exercer et la date avant
laquelle il peut être exercé. "Une copie de cet avis est transmise
au greffier de la corporation municipale et, s'il y a lieu, de la
municipalité, et au secrétaire-trésorier de la commission
scolaire intéressée."
Donc, cela se fait ouvertement. On dit qu'il se peut qu'il y ait des
erreurs. Très bien, cela se fera ouvertement au vu et au su de tout le
monde.
M. Cordeau: M. le Président, ce nouveau chapitre a-t-il
été introduit dans la loi afin que le bureau de révision
soit en mesure d'évaluer à la longue le travail des
évaluateurs? S'il y a, comme vous l'avez mentionné tantôt,
une multitude de corrections, il est sûr que le bureau de révision
en sera saisi. Par contre, s'il y a un nombre de corrections normales, parce
que cela est fait par
des êtres humains et qu'un évaluateur peut apporter des
corrections, est-ce là une façon de corriger indirectement?
M. Tardif: Non, M. le Président, l'objectif est un
objectif d'équité.
M. Cordeau: C'est parfait.
M. Tardif: C'est aussi un objectif de protection de l'assiette
foncière des municipalités, c'est tout. Il y a une corporation
professionnelle qui est capable, je pense, de s'occuper de ses membres.
M. Ciaccia: C'est clair que le bureau ne pourra pas modifier en
augmentant le rôle, la requête de l'évaluateur, sans que
l'avis soit donné au propriétaire et que ce dernier ait
l'occasion de se faire entendre.
M. Tardif: La possibilité de se faire entendre. Ni
baisser, ni hausser.
Le Président (M. Laplante): L'article 148, tel que
modifié, est-il adopté?
M. Lavoie: C'est redondant. Adopté. M. Tardif:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 149; il
n'y a pas de papillon dessus.
M. Cordeau: L'article 119 n'est toujours pas adopté?
Le Président (M. Laplante): L'article 119 n'est pas
adopté.
M. Tardif: L'article 119 parle simplement des personnes
intéressées à déposer une plainte, donc le
contribuable, la corporation municipale, le ministre à l'égard
des immeubles pour lesquels il verse des "en-lieu" de taxe. Donc, ces
personnes, lorsqu'elles reçoivent un avis de correction, peuvent
évidemment, comme le demandait le député de Mont-Royal, se
faire entendre.
M. Cordeau: M. le Président, l'article 119 n'a pas
été adopté. Est-ce que c'est parce que le ministre a
l'intention peut-être d'apporter des corrections, ou est-ce que cet
article est à l'étude par vos juristes?
M. Tardif: Non, M. le Président, ce n'est pas tellement
cela comme la question du lien juridique quand on parle d'une personne qui a un
intérêt à contester l'exactitude de la présence ou
de l'absence... Nous devions faire un certain nombre de vérifications.
Entre autres, je pense que c'est le député de
Marguerite-Bourgeoys qui avait posé une question, à savoir si
cela pouvait permettre l'institution d'une requête, d'un recours
collectif. On avait dit qu'on allait vérifier.
M. Cordeau: Parfait, merci.
Le Président (M. Laplante): L'article 149 est
adopté?
M. Lavoie: C'est juste une question que je me pose. En somme, le
même cas peut se balader ou peut faire l'objet de deux décisions,
je dirais, du bureau de révision. C'est que l'évaluateur,
à un certain moment, juge à propos, pour une raison ou pour une
autre dans le délai imparti, qu'une évaluation de $50 000 doit
être augmentée à $100 000 au point de vue pratique. Il fait
une requête en vertu du chapitre XI, article 147 et suivants, il demande
au bureau de révision de considérer sa requête, de porter
l'évaluation de $50 000 à $100 000. Le bureau de révision
entend la requête et il dit: D'accord, j'accepte votre requête. Le
contribuable qui reçoit un avis fait une plainte sur cela. Il a le droit
de faire une plainte, en vertu de l'article 149. La commission de
révision l'entend. Est-ce que cela décide d'une manière
finale l'évaluation?
M. Tardif: M. le Président, d'abord je ne sais pas
pourquoi, mais j'ai le pressentiment qu'à partir du moment où
l'évaluateur voulant faire une correction, appelons-la
"d'écriture" pour employer un euphémisme et changer
la valeur de $50 000 à $100 000, j'ai l'impression ou le pressentiment
qu'il y aura pas mal moins de requêtes semblables surtout, comme je l'ai
mentionné, que c'était plutôt l'inverse qui se produisait.
On changeait $100 000 pour $50 000. J'ai plutôt l'impression qu'il y en
aura pas mal moins de cela. A supposer, M. le Président, encore une
fois, qu'une requête soit produite pour les raisons mentionnées
par le député de Laval, le bureau de révision en informe
les parties qui, recevant alors un tel avis que l'évaluateur
désire faire une requête pour procéder à une
correction, vont décider de se prévaloir, à ce
moment-là, du droit de plainte qu'elles ont en vertu des articles 119
à 122, et loger une plainte en bonne et due forme. Alors, ce qui aurait
été, en quelque sorte, l'élément
déclencheur, ici, aura été la requête de
l'évaluateur et non pas celle du citoyen. Le citoyen était
peut-être satisfait tant et aussi longtemps qu'il n'y avait aucun
changement apporté. Dès lors qu'il y en a, il dit: Un instant,
j'ai une plainte conformément à.
M. Ciaccia: Pouvez-vous répondre à une question?
Pourquoi l'évaluateur qui aurait refait lui-même
l'évaluation, va faire appel lui-même de sa propre
évaluation?
M. Tardif: M. le Président, on pense que des erreurs
peuvent effectivement se produire. J'ai cité comme exemple, avant que le
député de Mont-Royal n'arrive, le cas de biens, à savoir
si ce sont des biens meubles ou immeubles, par exemple. Est-ce que cela ne
devrait pas être inscrit au rôle comme tel pour évaluer une
erreur de calcul, par exemple, de dimension de terrain, ou des choses comme
ça. On pourrait concevoir que l'évaluateur fasse des corrections
de cette nature.
M. Ciaccia: Je peux comprendre dans le cas... Il y a certains
problèmes où le contribuable n'est
pas toujours dans une aussi bonne posture que l'évaluateur.
L'évaluateur a tous les droits, c'est lui qui évalue, c'est lui
qui a le pouvoir de discrétion de faire son travail. Vous lui donnez
l'immunité d'évaluation, et de plus en plus de pouvoirs.
Je me pose des questions sur les articles 146 et 148 de cette section.
Je peux comprendre que si un évaluateur veut réduire, parce qu'il
a fait une erreur, ce chapitre pourrait s'appliquer. Si l'évaluateur
veut ajouter, ne trouvez-vous pas que c'est une arme entre ses mains? Si
l'évaluateur envoie un avis au propriétaire, si le
propriétaire se sent vraiment...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président,
l'évaluateur envoie sa requête au bureau de révision.
M. Ciaccia: Je comprends. Mais supposons que l'avis est
envoyé au contribuable et que ce dernier conteste. L'évaluateur
se prévaut des modalités du chapitre XI comme mesure de pression.
C'est une bonne arme de négociation. Si, comme contribuable, tu vas
contester une évaluation, moi aussi je vais contester. Cela peut
arriver, je vais faire une requête pour ajouter; c'est
évalué à $100 000 et je conteste, je pense que ça
devrait être $140 000. Ne trouvez-vous pas que cela puisse être une
arme contre toute contestation?
Une fois que l'évaluateur a fait son évaluation, pourquoi
aurait-il lui-même... Il y a une règle, dans le Code civil, qui
dit qu'on ne peut pas invoquer nos propres...
M. Tardif: ... turpitudes.
M. Ciaccia: Oui. Il ne faut pas donner trop d'armes à
l'évaluateur, aux fonctionnaires qui ont déjà tous les
pouvoirs de faire des pressions contre les contribuables pour empêcher
certaines contestations. J'interprète l'article 146 de ce chapitre comme
étant un mode de pression; je ne dis pas que tous les évaluateurs
vont s'en prévaloir, mais je vois un abus possible. Chaque fois que
quelqu'un va contester l'évaluation, l'évaluateur va dire:
Ecoutez, moi aussi je vais contester, je vais faire une requête. Il va
dire au contribuable: Retire ta requête, autrement je vais contester; si
je conteste, tu vas peut-être avoir raison, mais tu vas peut-être
être augmenté.
Je ne pense pas qu'on puisse donner ce genre d'arme ou qu'on devrait
créer ce genre d'abus possible.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il ne faut quand
même pas... L'évaluateur n'a pas besoin de passer par ce
mécanisme, à supposer qu'il veuille se venger d'un citoyen, il y
en a infiniment d'autres. Dès lors que le citoyen a déposé
une plainte, il a seulement à dire: Ah bon! vous déposez une
plainte, je peux tout de suite vous dire, moi, qu'en passant dans votre
sous-sol, j'ai regardé vite la finition de vos murs, de votre foyer, de
ci et de ça. Je pense que ce n'est pas cela. On a affaire à des
professionnels qui peuvent effectivement se tromper.
C'est drôle, le député de Mont-Royal reconnaît
qu'il pourrait y avoir des erreurs dans un certain sens, mais pas dans
l'autre.
M. Ciaccia: Pour les contribuables, oui, c'est possible parce que
c'est toujours ainsi. Quand quelqu'un travaille pour une municipalité ou
pour le gouvernement, il ne fera pas une erreur en faveur du contribuable, il
va faire l'erreur en faveur de son employeur. Ce n'est pas seulement pour une
municipalité, mais un employé d'une compagnie va faire la
même chose. Il va toujours prendre la part de son employeur, c'est la
loyauté et je ne conteste pas cela. C'est dans le rôle même,
il devrait être loyal envers son employeur. Mais je dis: N'abusez pas de
cette possibilité, c'est un contribuable, et déjà vous lui
enlevez assez de droits. C'est assez difficile pour un contribuable de
contester sans ajouter, et je ne vois pas la nécessité d'un
article. (21 h 45)
Si l'évaluateur avait tous les moyens qu'ils ont, d'après
votre règlement, ici, et toute l'expertise que vous donnez à
l'évaluateur, toutes les possibilités, je dis: S'il se trompe, il
se reprendra l'année après.
M. Tardif: II aurait fallu que le député de
Mont-Royal soit ici il y a une heure, lorsque le député de Laval
plaidait, j'allais dire, tout à fait à l'opposé de cela.
Le député de Mont-Royal nous dit: II faut donner une garantie que
les droits des citoyens seront protégés contre l'arbitraire, le
discrétionnaire, le parti pris, l'esprit de vengeance des
évaluateurs. Et le député de Laval, tantôt, nous
disait: Pourquoi aurait-on besoin du contrôle du bureau de
révision, face à l'émission de certificats par les
évaluateurs? Que les évaluateurs émettent des
certificats...
M. Ciaccia: Je connais le député de Laval. Je pense
bien qu'il n'a pas dit cela. Je vais lui permettre de faire une
intervention.
M. Lavoie: M. le Président, sans en faire une question de
règlement, je suis sûr que le ministre va me permettre
d'intervenir. J'ai proposé au ministre, il y a à peu près
une heure, de faire sauter tout le chapitre XI.
M. Ciaccia: Je suis d'accord.
M. Lavoie: Je suis das la même ligne que le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne l'avais même pas entendu.
M. Tardif: Ils se sont parlé. Il aurait fallu qu'ils se
parlent avant de plaider.
M. Ciaccia: Nous ne nous sommes pas parlé.
M. Lavoie: Nous n'avons pas besoin de nous parler au conseil
national.
M. Ciaccia: Nous ne nous sommes pas vus depuis 17 h 30, il y
avait d'autres réunions.
M. Tardif: Je pense que j'ai essayé d'expliquer qu'il
s'agit, ici, de corriger des erreurs. Il ne s'agit pas de prêter des
intentions malveillantes ou bienveillantes aux évaluateurs, de
préjuger des professionnels capables de porter un jugement objectif,
détaché, scientifique, sur la valeur d'un bien, et d'admettre
que, si des corrections doivent être apportées, cela se fasse
selon des règles. C'est cela que les articles prévoient, ni plus
ni moins.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, j'aimerais ajouter un mot. Je
remercie le député de Mont-Royal d'avoir soulevé cet
argument, parce que je connais des contribuables qui ont vécu cette
expérience. Si vous voulez que je mette mon siège en jeu ou mon
serment d'office, je vais vous dire que, dans toutes les professions, il y a
des gens sérieux, responsables, mais, que voulez-vous, nous sommes
encore sur le globe terrestre, et il y a encore des bouchers qui mettent le
doigt sur la balance et il y en a d'autres qui donnent même quelques
onces de plus de viande ou quelques milligrammes en surplus. Mais je connais
des cas vécus, M. le ministre, et je veux que vous m'entendiez et je
veux que vos conseillers m'entendent. Deux cas: Un contribuable faisait une
plainte sur un immeuble, il avait gain de cause. Vous connaissez les
délais, il faisait sa plainte au début de l'année sur un
immeuble. Le bureau de révision entendait la cause, souvent, c'est
normal, à l'automne ou à la fin de l'année. Le
contribuable avait gain de cause et obtenait une réduction de 30%. Il
obtenait le jugement vers les mois d'octobre ou décembre. Le
mécanisme du rôle suivant entrait en vigueur. Asa grande surprise,
même s'il avait obtenu un jugement favorable d'une réduction de
30%, sur le rôle de la ville, il était remonté à la
valeur et même un peu plus, à la valeur initiale dont il
s'était plaint.
M. Tardif: L'article 151 va aider à corriger cela.
M. Lavoie: En tout cas. Non, un instant! Cela n'est pas
arrivé seulement une année, c'est arrivé trois ans de
suite où l'évaluateur, fier, convaincu de sa science,
n'était pas d'accord avec le jugement du bureau de révision,
rétablissait automatiquement la même valeur. Nouvelle balade du
contribuable devant la commission, avec des experts qui étaient
obligés de réviser leurs dossiers pour refaire les
évaluations, en prenant en considération les ventes et le
marché immobilier dans la région. A chaque fois, le contribuable
pouvait sauver peut-être $500 de taxe, mais cela lui coûtait
facilement $500 de démarche, et cela, trois ans de suite.
M. le ministre, je sais que vous êtes un homme qui cherche
l'équité. Voilà ce qui peut arriver. Et même ces
dispositions n'existaient pas dans le droit actuel, c'est qu'on ne donnait pas
ouverture à l'évaluateur de défendre davantage sa
fierté ou son amour propre mais, avec la disposition que vous avez
actuellement, le contribuable reçoit son compte de taxes le 15 janvier,
disons que, le 15 mars, il fait sa plainte, demandant une réduction, en
l'occurrence, de 30%. Mais l'évaluateur, qui est avisé de cette
plainte, a jusqu'au premier mai et, en l'occurrence, il a porté une
évaluation de $100 000 et le contribuable demande une évaluation
de $75 000. Là, l'évaluateur dit: encore cette plainte-là
et il y en a des citoyens qui sont peut-être plus plaignards que d'autres
et qui aiment exercer leurs recours. L'évaluateur est avisé vers
la fin de mars que monsieur X a demandé une réduction, mais lui,
l'évaluateur a jusqu'au 1er mai pour faire une requête au bureau
de révision pour dire: j'ai fait une erreur, ce n'est pas $100 000 que
cela devrait porter, ce devrait être $125 000. Là, le
mécanisme est-il comme une demande conventionnelle, je ne le sais pas.
Là, le contribuable va dire: je vais retirer ma plainte ou je ne sais
quoi. Cela, je vous dis que cela a existé, M. le ministre, et je pense
que vous ne devriez pas donner ouverture à une telle pratique.
M. Ciaccia: Vous pourriez enlever le chapitre XI, mais le moins
que vous devriez faire, ce serait que la date à laquelle
l'évaluateur peut demander au bureau de révision, pour un
changement, ce serait la même date que le contribuable, pas aller
au-delà de la date du contribuable. Autrement dit, si le contribuable a
jusqu'à une certaine date, il ne faudrait pas ouvrir la porte à
l'évaluateur d'attendre. Cela devrait être la même date.
M. Tardif: M. le Président, je pense que c'est important
de le souligner: c'est exactement cela ici, c'est la date du 1er mai, à
l'article 146, c'est cela.
M. Lavoie: Jusqu'au 1er mai, mais le contribuable peut faire sa
plainte le 15 mars et l'évaluateur, lui, a droit de réponse
jusqu'au 1er mai.
M. Ciaccia: Si l'évaluateur est avisé le 15
janvier, il a 60 jours, 15 janvier, 15 février, 15 mars. D'office, vous
donnez à l'évaluateur par la loi jusqu'au 1er mai.
M. Tardif: De répondre, M. le Président, je suis
prêt à accepter cela: même délai que pour le
contribuable. C'est cela?
M. Ciaccia: Au moins cela, ce serait une protection.
M. Tardif: Je pense qu'il y a moyen d'atteindre autrement
l'objectif visé par le député de Laval: c'est de faire en
sorte, pour éviter cette espèce de...
M. Lavoie: Je ne le sais pas là. M. Cordeau:
Contrepartie? M. Tardif: Non.
M. Cordeau: Contre-offensive? M. Lavoie: C'est pas mal,
cela.
M. Tardif: ... représailles. Voilà! Merci, M.
l'adjoint parlementaire aux Affaires municipales.
M. Lavoie: Par contre, le terme du député de
Saint-Hyacinthe était plus élégant: une
contre-offensive.
M. Tardif: Bon! Alors, on pourrait très bien dire ceci:
Dès lors que le citoyen a logé une plainte les personnes
habilitées à loger une plainte en vertu de 79 à 122 l'ont
fait ne peut plus, et à ce moment-là, s'il n'y avait pas
ce danger de représailles, je suis tout à fait d'accord. Parce
que, là, le cas est déjà saisi du cas. D'accord?
M. Lavoie: C'est un tribunal qui décide.
M. Ciaccia: C'est la moindre des protections que le contribuable
peut avoir.
Le Président (M. Laplante): On va suspendre l'article 149,
pour l'écriture...
M. Tardif: Ce serait à l'article 151a de toute
façon, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Ce serait un nouvel article,
parce que là, on adopterait l'article 149.
M. Tardif: A l'article 151a, je pense que cela atteint...
M. Cordeau: Dans l'article 146, le 1er mai reste tel quel.
M. Tardif: Cela reste tel quel, M. le Président. M.
Ciaccia: Cela reste, mais ce sera qualifié...
M. Lavoie: Au registre, on fait une concordance, M. le
ministre?
M. Tardif: Une concordance? M. Lavoie: Dans cet
esprit-là. M. Tardif: Oui, c'est cela, on est en train de...
Le Président (M. Laplante): L'article 149 adopté,
j'appelle l'article 150. Il y a une petite correction à l'article 150,
à la deuxième ligne et à la troisième ligne, on
biffe "le bureau ordonne à l'évaluateur de corriger" pour
remplacer par "l'évaluateur corrige".
M. Lavoie: Je vous félicite, parce qu'on simplifie. Au
lieu d'avoir une décision en bonne et due forme avec les sceaux et tout
cela...
M. Tardif: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'amendement de l'article 150
est adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 150 tel
qu'amendé est adopté. A l'article 151, il y a un papillon.
M. Tardif: II y a un papillon. L'article 151 du projet de loi 57
sera modifié par le remplacement, à la première ligne du
premier alinéa, des mots "de son propre chef" par les mots "à la
demande de la corporation municipale".
M. Cordeau: C'est parfait.
M. Lavoie: Un instant! Je m'aperçois qu'avec les papillons
qu'on a, on va avoir une volée. A la demande de la corporation
municipale, le président de la section peut, entre la date du
dépôt du rôle, 15 septembre, et la fin de l'exercice
financier pour lequel...
M. Ciaccia: Pourquoi à la demande de la
municipalité? Pourquoi ne peut-on pas le faire d'office?
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer quel
est le bien-fondé de cette disposition?
M. Tardif: Cette disposition vise des cas graves d'erreurs
observées par le bureau de révision, lors de l'étude de
plaintes et de cas patents. Dans le cas, par exemple, de citoyens dans un
quartier donné, et même dans la Communauté urbaine de
Montréal, cela pourrait être dans une ville donnée, une
municipalité donnée, on se rend compte qu'effectivement, il y a
des écarts considérables, la seule façon pour cette ville
pour ne pas la nommer serait d'attaquer...
M. Ciaccia: La ville de Mont-Royal pourrait croire qu'elle est
lésée dans...
M. Tardif: Voilà. Il s'agirait d'attaquer le rôle en
nullité ou en cassation.
M. Lavoie: Je l'ai ici.
M. Tardif: Alors qu'ici, on pourrait effectivement demander
à l'évaluateur de soumettre au bureau un rapport concernant
l'exactitude des inscriptions au rôle. Ce n'est plus proprio motu, comme
c'était le cas avant. C'est sur requête de la municipalité
comme telle qu'on peut le faire. Je pense que, effectivement, cela
répond à un besoin et cela constitue le pendant de ce que nous
avions ailleurs.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Quel est le pourquoi du libellé
antérieur "de son propre chef" qui avait été
placé?
M. Tardif: C'était pour que le bureau de révision
puisse tirer avantage de ce qu'ils avaient observé en quelque sorte,
après avoir entendu un, deux, trois cas des citoyens du quartier de la
rue Girouard à Saint-Hyacinthe, par exemple, de se rendre compte... (22
heures)
M. Cordeau: C'est une très belle rue.
M. Tardif: Pardon? C'est une belle rue, ça. ... de se
rendre compte effectivement que, dans ce secteur, il y a quelque chose qui
n'est pas correct. Après deux ou trois cas, il s'en rendait compte. Bon!
On disait: II pouvait, de son propre chef. Là, on dit: C'est la
municipalité qui fera une demande.
M. Cordeau: On pourrait peut-être laisser "de son propre
chef ou à la demande d'une corporation municipale"?
M. Tardif: Non, je pense que, là-dessus, M. le
Président, on veut que le bureau de révision là-dedans
soit un peu...
M. Cordeau: D'accord.
M. Tardif: ... comme pour tantôt l'espèce de
courroie de transmission.
M. Cordeau: D'accord.
M. Tardif: Le bureau a constaté des anomalies. La
municipalité, on présume, voit à son affaire quand
ça fait deux ou trois cas qui se produisent qui soulignent des
écarts appréciables. On présume qu'elle va voir à
son affaire et elle peut demander, donc, au bureau de révision de
demander à l'évaluateur, en quelque sorte, de revoir...
M. Cordeau: Parfait! Vous voulez respecter l'autonomie des
municipalités.
Le Président (M. Laptante): M. le député de
Laval...
M. Ciaccia: Est-ce que vous voulez donner encore plus de pouvoirs
aux municipalités?
M. Tardif: Pardon?
M. Ciaccia: Est-ce que vous voulez donner encore plus de
pouvoirs... C'est ça que je ne comprends pas. Tout est axé contre
le contribuable. Soyons honnêtes! Le contribuable a très
peu...
M. Tardif: Non, en faveur du contribuable, M. le
Président, n'en déplaise au député de Mont-Royal,
parce que s'il arrivait que, dans un secteur donné, effectivement, un,
deux ou trois gros contribuables ne payaient pas leur part, ça veut dire
que les autres en paient pour lui. Quand vous dites: Contre le contribuable,
arrêtons de charrier! Je pense que...
M. Ciaccia: Non, je ne charrie pas, écoutez.
Premièrement, la municipalité a tellement de pouvoirs,
l'évaluateur a tellement de pouvoirs, en dehors du contrôle du
contribuable et vous en ajoutez de plus en plus. Vous l'avez fait dans le
chapitre XI, à 146. Maintenant, vous faites une autre addition pour les
municipalités, au cas où. Ecoutez, si vraiment il y a eu des
erreurs de la part de la municipalité, ils peuvent toujours la corriger
après. Quant à moi, je trouve que c'est encore un autre moyen de
pression. Vous ne pouvez pas prendre l'attitude, à savoir qu'il faut que
vous donniez tous les pouvoirs à la municipalité, qui peut
commettre certains abus. Je ne comprends pas le but de l'article 151.
M. Tardif: M. le Président, c'est drôle. Je vois
deux membres de conseils municipaux de chaque côté du
député de Mont-Royal qui semblent, eux, relativement d'accord
avec ce pouvoir de la corporation.
M. Cordeau: Oui...
M. Ciaccia: Bien oui, parce qu'ils représentent les
municipalités. Moi, je voudrais parler pour le contribuable. Il n'y a
personne qui parle pour le contribuable...
M. Caron: Moi, je vais parler... M. Cordeau: M. le
Président... M. Tardif: Bien oui...
Le Président (M. Laplante): Une minute! ne vous chicanez
pas.
M. Ciaccia: II faut que quelqu'un parle pour lui.
M. Cordeau: M. le Président...
M. Caron: Je pense que, dans ce projet de loi...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, vous avez terminé?
M. Ciaccia: Oui, pour le moment...
M. Caron: Je veux vous aider, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval, c'était à vous, la parole. La prenez-vous?
M. Ciaccia: ... pas d'une façon permanente. M. Lavoie:
...
M. Cordeau: Saint-Hyacinthe...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval avant; ensuite, ce sera le député de Saint-Hyacinthe.
M. Caron: Je vais laisser la parole à mon
collègue.
M. Lavoie: Pouvez-vous prendre note, au procès-verbal, de
mon calme dans ce débat?
Le Président (M. Laplante): J'en prends bonne note.
M. Lavoie: Voulez-vous en faire mention au procès-verbal,
s'il vous plaît?
M. Ciaccia: Le calme avant la tempête.
M. Guay: On voudrait faire mention aussi que c'est le
député de Mont-Royal qui provoque la tempête...
peut-être ses deux collègues.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun?
M. Cordeau: M. le Président...
M. Caron: M. le Président, je pense que si on pouvait
clarifier, dans le projet de loi, à quel pourcentage on évalue
les gens, si on sait qu'une propriété, sur telle rue à
Saint-Hyacinthe ou ailleurs, est évaluée à $100 000 et
qu'on va la vendre $100 000, alors, les gens, s'ils sont évalués
à $100 000, vont la vendre à ce prix-là, d'accord. Il
faudrait spécifier qu'ils sont évalués à 100% du
montant. Ils ne viendraient pas se plaindre après ça. Là,
le problème, M. le ministre, c'est que les gens disent: On essaie
d'être évalué au meilleur marché possible pour la
taxe, mais quand on veut vendre, on veut avoir le plus possible. Si on pouvait
déterminer un montant le plus près possible de la valeur, je
pense que ça aiderait.
M. Tardif: M. le Président, je souhaite que les propos du
député-maire de Verdun soient dûment consignés au
journal des Débats, puisque je le citerai lorsque nous arriverons
à l'article 253, qui parle de l'indice de rôle, M. le
Président. C'est exactement ça que cet article visait.
M. Caron: D'un bord comme de l'autre on pourra éviter
énormément de problèmes et que les municipalités
disent: On évalue à tant, ça vaut tant. La même
chose pour le bureau d'évaluation.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Cordeau: Je voudrais faire une mise au point. Tantôt le
député de Mont-Royal hésitait, il pensait que les
corporations municipales avaient trop de pouvoirs. Je dois spécifier que
les corporations municipales n'ont aucune directive à donner à
l'évaluateur et que celui-ci fait son travail et le conseil d'une
municipalité n'a aucun ordre ou directive...
M. Ciaccia: S'il ne fait pas comme il faut, il va être
congédié l'année suivante. Ne me dites pas
ça...
M. Cordeau: En réalité, on n'a pas d'ordre à
donner à l'évaluateur, ni de directive.
M. Ciaccia: Pas d'ordre, excepté que vous ne... Mais
voyons! Allez conter ça à un autre, pas à moi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe, vous avez terminé?
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Laplante): Suivez donc l'exemple du
député de Laval, qui est calme. M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je m'excuse, mais je crois que
cet article-là est encore superflu. Je pense qu'il est superflu et
superfétatoire dans un sens, parce que d'abord, il s'agit...
D'après moi, l'exemple que le ministre a donné: si dans un
secteur on découvre que des immeubles ne sont pas assez
évalués, on nous a donné ça comme exemple, mais il
y a d'autres recours pour ça. Il y a un recours, une plainte au
rôle que tel immeuble n'est pas assez évalué. Cela existe.
Je trouve que cet article-là peut ouvrir la porte à...
L'évaluateur a déjà son boulot à faire,
c'est-à-dire d'évaluer les immeubles d'une municipalité.
Cela peut servir même pour embêter l'évaluateur.
L'évaluateur est autonome. Autant je respecte le contribuable, autant je
vais respecter l'évaluateur. Il a des droits. C'est un genre
d'inquisition envers l'évaluateur, que la municipalité lui
demande de fournir des rapports sur tout un secteur, mais il a autre chose
à faire. Il n'a pas que ça à faire.
Il y a d'autres recours. Il faut qu'il garde son rôle à
jour, qu'il produise annuellement un rôle et je crains un genre de
procédurite avec votre dernier alinéa: "A la demande de la
corporation municipale à une section du bureau, le président de
la section peut, entre la date du dépôt du rôle et la fin de
l'exercice financier pour lesquels il est fait c'est quinze mois et demi
... Pendant ces quinze mois et demi, la municipalité peut demander
au président de la section un genre d'enquête sur
l'évaluateur. Demander à l'évaluateur de soumettre au
bureau un rapport motivé concernant l'exactitude de la
présente... Ce peut être sur toute la municipalité, ce peut
être sur un secteur, ce peut être sur un immeuble.
L'évaluateur transmet ce rapport un genre de reddition de
comptes au secrétaire de la section, au greffier et, s'il y a
lieu, à celui de la municipalité dans les 60 jours de la
demande."
C'est le dernier alinéa: "Dans ce rapport, l'évalua-teur
peut faire une requête en vertu de l'article 146 pour augmenter, diminuer
ou corriger au rôle... auquel cas les articles 147 et 150 s'appliquent.
Cela, c'est dans un cas où une municipalité n'est pas satisfaite
de son évaluateur, mais il y a d'autres recours pour ça. Qu'ils
le congédient, et qu'il aille à la commission municipale; s'il
n'est pas compétent, que la commission municipale ne renouvelle pas son
contrat.
A certains moments c'est une inquisition contre les contribuables et
là, c'est une inquisition contre l'évaluateur. Il y a de
l'inquisition partout dans ça, parce que la confiance ne règne
pas dans ce projet de loi.
Là, c'est la municipalité qui n'est pas contente de son
évaluateur et elle peut lui créer toutes sortes
d"'enquiquinements". Pensez-vous qu'un évaluateur qui a un boulot
à faire, qui doit garder son rôle à jouer et tout cela, il
reçoit un bon matin par requête, par personne interposée la
commission, le bureau: Donnez-nous un rapport motivé de vos
évaluations dans tout ce secteur. Si on veut le mettre à la
porte, il y a d'autres moyens que de l'écoeurer par ces
manières-là. Je ne le sais pas.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que tout a
été dit? Est-ce qu'il y a des réponses?
M. Tardif: M. le Président, encore là, je pense
qu'il ne s'agit d'écoeurer personne, il s'agit de rechercher une
certaine équité, la plus grande possible, et de permettre
effectivement à la corporation municipale de demander, dans certains
cas, un rapport motivé, d'ailleurs, de la présence, de l'absence
ou de l'exactitude de certaines inscriptions au rôle. M. le
Président, le député de Laval dit: Les évaluateurs
n'ont pas seulement cela à faire. Un évaluateur, ça s'est
formé, ça s'est instruit, c'est allé à
l'université pourquoi, si ce n'est pour faire de l'évaluation, M.
le Président?
M. Lavoie: Oui, mais là il est obligé de prouver sa
compétence.
M. Tardif: Eh bien, oui! Comme tous les professionnels doivent le
faire à un moment donné.
M. Lavoie: Est-ce qu'on demande au gouvernement, tous les jours,
de prouver... Est-ce qu'on fait des redditions de comptes tous les jours?
M. Tardif: M. le Président, j'aimerais quand même
insister aussi sur une chose, c'est que le bureau de révision n'est pas
obligé d'accueillir la demande de la corporation municipale. Il peut
accueillir une requête lorsque, à sa face, à la
lumière ou à la connaissance qu'il peut avoir, il juge devoir
accueillir cette requête de la municipalité. Il nous semble
qu'entre des procédures en cassation ou en nullité qui peuvent
être prises à l'endroit d'un rôle et tout cela, des mesures
semblables peuvent être utiles. Ce sont des mécanismes qui...
M. Lavoie: Si le rôle est mal fait, il y a un autre
recours, justement vous venez de le donner, les re- quêtes à la
Cour provinciale ou à la Cour d'appel pour cassation, s'il est mal
fait.
M. Tardif: Oui, mais ce sont les grands moyens, M. le
Président, alors qu'on peut demander à un individu de nous
soumettre un rapport. C'est la corporation municipale qui paie, ce sont les
contribuables qui paient, on demande à un individu de soumettre un
rapport. Il me semble qu'il n'y a rien là pour soulever le genre
de...
M. Lavoie: Sur division, M. le Président.
M. Tardif: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est
adopté; au préalable, l'article 151 est adopté sur
division.
M. Lavoie: Tout est sur division, l'amendement et...
Le Président (M. Laplante): Tout est sur division,
l'amendement aussi.
M. Tardif: Maintenant, M. le Président, je vais faire
droit à la requête de l'Opposition en proposant un article
151a.
M. Lavoie: On est habitué à gagner des
élections partielles. C'est une victoire partielle. Ce sera la
huitième.
M. Guay: Dans la mesure où vous perdrez les
générales, on n'a pas d'objection.
M. Tardif: Je ferai remarquer au député de Laval
que de façon systématique il lance de telles choses et que je ne
les relève à peu près pas. Une fois de temps en temps la
moutarde me monte au nez. Apart cela...
Donc, l'article 151a, M. le Président. J'ai proposé
d'ajouter après l'article 151 l'article 151a et je lis:
"L'évaluateur ne peut faire une requête en correction d'office
à l'égard d'une inscription ou d'une omission au rôle qui
fait l'objet d'une plainte."
Le Président (M. Laplante): Adopté? M. Lavoie:
Un instant.
M. Tardif: Je relis? "L'évaluateur ne peut faire une
requête en correction d'office à l'égard d'une inscription
ou d'une omission au rôle qui fait l'objet d'une plainte." D'accord?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 151a est
adopté.
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut suspendre la séance dix
minutes?
Le Président (M. Laplante): Oui, une suspension de dix
minutes est demandée. C'est accordé.
Suspension de la séance à 22 h 14
Reprise de la séance à 22 h 28
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez reprendre
chacun vos sièges. M. le ministre. On reprend.
M. Tardif: Avec plaisir, M. le Président.
Appel et évocation devant la Cour
provinciale
Le Président (M. Laplante): Chapitre XII, Appel et
évocation devant la Cour provinciale. Article 152. M. le ministre.
M. Tardif: Je vais faire reprendre la loi actuelle.
M. Lavoie: C'est la question que je voulais poser au ministre,
concernant les chapitres XII et XIII. Je pense bien qu'il y a une modification
profonde à l'article 167, possiblement. Vous avez vos officiers
légistes avec vous et tout.
M. Tardif: C'est ça.
M. Lavoie: L'article 152 à l'article... disons qu'on va
prendre le chapitre XII. Est-ce que vous nous déclarez que c'est la
reconduction de la loi actuelle ou si c'est un droit nouveau?
M. Tardif: M. le Président, on peut appeler les articles
un par un et je peux signaler aux membres de cette commission à quel
moment il y a des éléments nouveaux par rapport au droit actuel.
En gros, c'est le droit actuel, mais au passage, je pourrais souligner. Alors,
je vous dis qu'à l'article 152, c'est le droit actuel.
M. Lavoie: Moi, je suis prêt à prendre tout le
chapitre. Dites-moi donc où il y a des modifications, si les membres de
la commission sont d'accord. (22 h 30)
M. Cordeau: Aux articles 153, 154 et 155, il y a des
amendements.
M. Tardif: A l'article 153, il y a des petits papillons, M. le
Président. Articles 153, 154, 155. Il y a des papillons que je vais
devoir présenter, à un moment donné, mais encore une fois,
à l'article 154, il n'y a pas de nouveauté là; à
l'article 155 non plus; à l'article 156 non plus. Evidemment, à
l'article 156, en faisant les adaptations, puisqu'on a dit que la plainte
pouvait porter sur un bien meuble, forcément l'appel peut aussi,
ça me semble couler, les articles 157 à 162, il n'y a aucun
changement par rapport au droit actuel.
M. Lavoie: Je pense vouloir aller trop vite. Ce que je voulais
proposer, c'est une adoption globale. Mais on va passer article par article,
parce que vous avez des amendements du fait que...
M. Tardif: C'est parce qu'il y a des papillons. S'il n'y en avait
pas eu... Article 152, droit actuel. Adopté.
M. Lavoie: Droit actuel. Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 152 est
adopté. Article 153.
M. Tardif: A l'article 153, j'ai un papillon. Il est
proposé que l'article 153 du projet de loi 57 soit remplacé par
le suivant: "153. La compétence que confère la présente
loi à la Cour provinciale est exercée par les seuls juges de
cette cour que désignent le juge en chef et le juge en chef
associé, chacun dans les limites de sa juridiction territoriale." C'est
uniquement un changement de forme. Quant au fond, c'est la même chose que
la loi actuelle.
M. Lavoie: Vous n'apportez pas un amendement à cela?
M. Tardif: Ce que je viens de lire, c'est l'amendement. Si vous
ne l'avez pas vu, c'est que, vraiment, c'est un changement de forme très
mineur.
M. Cordeau: Je pense que cela répond à une demande
de l'Union des municipalités du Québec.
M. Tardif: Adopté?
M. Lavoie: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est
adopté. L'article 153 est adopté. Il y a un amendement à
l'article 154.
M. Tardif: A l'article 154, c'est un amendement de concordance
avec ce qu'on a adopté déjà. "L'article 154 du projet de
loi est modifié: "1. Par la suppression, dans la troisième ligne,
des mots "ou de l'avis", ce sera donc de la copie de cette décision. "2.
Par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: Toutefois, dans un
cas de force majeure, la Cour provinciale peut permettre à une partie
d'interjeter appel après l'expiration du délai prévu par
le premier alinéa."
Cela assure la concordance avec celle proposée à l'article
144 et, d'autre part, donne droit d'appel, sur permission, de la Cour
provinciale, etc. C'est un article de concordance à ce sujet.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est
adopté. L'article 154 est adopté. A l'article 155, il y a un
papillon, M. le ministre.
M. Tardif: A l'article 155, il y a un papillon. L'article 155 du
projet de loi 57 est modifié par la suppression, dans les
troisième et quatrième lignes du premier alinéa, des mots
"dans les trente jours de l'expiration de ce délai."
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Tardif: C'est cela, c'est qu'elle a un an pour entendre la
cause et, là, on ajoutait un autre délai de trente jours. Cela
apparaissait inutile et on a dit: au bout d'un an...
M. Cordeau: C'est douze mois.
M. Lavoie: 134, douze mois. D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est
adopté. L'article 155 est adopté. A l'article 156, il n'y a pas
de papillon.
M. Tardif: A l'article 156, tel quel, c'est le droit actuel, avec
les adaptations nécessaires. Adopté, M. le Président.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 156 est
adopté. Article 157.
M. Tardif: Loi actuelle, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
158.
M. Tardif: Droit actuel, M. le Président. M. Lavoie:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
159.
M. Tardif: Substantiellement, droit actuel, M. le
Président.
M. Lavoie: Substantiellement.
M. Tardif: Oui, en plus de cas d'évocations.
M. Lavoie: C'est adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 159, adopté.
Article 160.
M. Tardif: Loi actuelle, M. le Président. M. Lavoie:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 160, adopté.
Article 161.
M. Tardif: Droit actuel, M. le Président.
M. Lavoie: Est-ce que les cinq premiers mots du premier
alinéa, ce n'est pas de la littérature?
M. Tardif: II me semble que non, M. le Président.
M. Caron: Cela ne sert à rien de faire un projet de loi
bien épais.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 161, adopté.
Article 162.
M. Tardif: L'article 162, M. le Président, c'est l'article
82 de la loi actuelle, à toutes fins utiles.
M. Lavoie: Je ne suis pas tellement expérimenté, je
m'excuse. Vous avez des légistes à côté de vous.
Qu'est-ce qu'un assesseur, exactement?
M. Tardif: C'est un expert en matière d'évaluation
que la cour peut s'adjoindre.
M. Lavoie: Un technicien.
M. Tardif: C'est cela.
M. Lavoie: C'est cela. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 162, adopté. A
l'article 163, il y a un papillon. C'est un nouvel article, je crois,
remplacé. Oui, l'article 163 est un nouvel article.
M. Tardif: L'article 163 du projet de loi no 57 est
remplacé par le suivant: "163. Les articles 140 à 142
s'appliquent aux fins du présent chapitre, en les adaptant."
M. Lavoie: II y a le pluriel, ah oui! Vous avez enlevé les
10%.
M. Tardif: C'est cela. C'est la notion de préjudice
réel qu'on a vue tantôt. Ce qui était bon pour le bureau de
révision, c'est aussi bon pour la Cour d'appel, cette
appréciation du préjudice.
M. Lavoie: II y a l'article 142...
M. Cordeau: On fait allusion à l'article 142, mais
l'article 142 est en suspens.
M. Lavoie: On peut l'adopter sous réserve, s'il y a des
modifications à l'article 142.
M. Cordeau: Oui.
M. Tardif: C'est cela, sous réserve de concordance
à faire. Les mêmes règles s'appliqueraient en
première instance ou en appel.
Le Président (M. Laplante): Article 163, adopté
sous réserve de concordance. Nouvel article. A l'article 164, il y a un
papillon aussi.
Appel devant la Cour d'appel
M. Tardif: L'article 164 du projet de loi no 57 est
modifié par l'addition à la fin de l'alinéa suivant: "Les
articles 140 à 142 s'appliquent aux fins du présent article, en
les adaptant." C'est la même chose. Ah! c'est pour la Cour d'appel cette
fois, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est un chapitre nouveau
aussi, le chapitre XIII.
M. Tardif: C'est donc la loi actuelle, mais en l'épurant
de choses qui étaient redondantes. On a enlevé un peu de
littérature.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 164, adopté.
J'appelle maintenant le chapitre XIV, Cassation ou nullité du
rôle. Article 165.
Cassation ou nullité du rôle
M. Tardif:A l'article 165, M. le Président, c'est le droit
actuel, à toutes fins utiles, M. le Président. Cela change de 90
jours à trois mois le délai de prescription du recours en
cassation, pour fins d'uniformité avec le droit municipal.
M. Cordeau: C'est le seul changement avec la loi actuelle?
M. Russell: Cela peut être 91 jours ou 92 jours.
M. Lavoie: Ou un peu moins si c'est en février. "Le
rôle ou l'une de ses inscriptions...
M. Tardif: En fait, cela déclare applicables aussi les
règles de recours en cassation prévues par les lois municipales
qui fournissent beaucoup plus de précisions que le Code de
procédure civile auquel réfère la loi actuelle
d'évaluation.
M. Lavoie: Oui, l'article 165, adopté. M. Tardif:
L'article 165 est adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 165 est
adopté. J'appelle l'article 166 où il y a une modification.
M. Tardif: Oui, M. le Président, il y a un papillon.
"L'article 166 du projet de loi no 57 est modifié: "1) par le
remplacement dans les troisième et quatrième lignes du premier
alinéa des mots "du délai" par ce qui suit: "d'un délai
d'un an qui commence à courir à la même date que celui";
"2) par l'addition, à la fin de l'alinéa suivant: "Le
présent article s'applique à l'égard d'un rôle de
perception."
Cet amendement a pour effet de hausser de trois mois à un an le
délai de prescription du recours en nullité du rôle
d'évaluation et de rendre ce recours applicable au rôle de
perception.
M. Cordeau: M. le Président, l'amendement à
l'article 166, bien sûr, on remplace les mots "le délai" par les
mots "d'un délai d'un an qui commence à courir à la
même date que celui prévu dans le deuxième alinéa de
l'article 165."
M. Tardif: C'est cela.
M. Cordeau: Le deuxième, c'est: Par l'addition, à
la fin de l'alinéa suivant, de: "Le présent article s'applique
à l'égard d'un rôle de perception."
M. Tardif: Oui, oui.
M. Cordeau: Mais, à la deuxième modification que
vous apportez à l'article 166, vous dites... (22 h 45)
M. Tardif: C'est-à-dire que le présent article
s'applique à l'égard d'un rôle de perception. Ce que cela
fait, c'est qu'à l'heure actuelle, les délais de recours en
nullité se prescrivent par 30 ans, à l'égard du rôle
d'évaluation et à l'égard du rôle de perception.
Une Voix: Par 30 ans?
M. Tardif: Oui.
Une Voix: Ce ne serait pas 20 ans!
M. Tardif: Non. M. le Président, dans le projet, il avait
été prévu trois mois, ce qui, de l'avis
général, semblait trop court. Il a donc semblé qu'un
délai d'un an, pour les fins de requête en nullité d'un
rôle, était suffisant. D'une part, on avait prévu que la
prescription pour les rôles d'évaluation... On aurait eu une
espèce de pescrip-tion de trois mois pour le rôle
d'évaluation et 30 ans pour le rôle de perception, on uniformise
à un an pour ces actions en nullité.
M. Cordeau: M. le Président, pour qu'on comprenne bien cet
article, pourriez-vous me lire l'article 166 tel qu'amendé? Parce que
vous faites allusion, au deuxième amendement, "par l'addition, à
la fin de l'alinéa suivant.", alors qu'on en a seulement un.
Le Président (M. Laplante): "L'article 165 n'exclut pas le
recours prévu par l'article 33 du Code de procédure civile, qui
ne peut toutefois pas être intenté après l'expiration d'un
délai d'un an qui commence à courir à la même date
que celui prévu par le deuxième alinéa de l'article
165."
M. Cordeau: Ensuite?
Le Président (M. Laplante): Ensuite, vous avez l'addition,
à la fin, de l'alinéa suivant... Attendez, il y a quelque
chose...
M. Tardif: C'est parce qu'il y a deux virgules, M. le
Président, c'est: "par l'addition, à la fin, de l'alinéa
suivant: "Le présent article s'applique à l'égard d'un
rôle de perception".
Le Président (M. Laplante): D'accord, ce sont les virgules
qu'il faut regarder comme il faut, c'est un nouvel alinéa qui est
ajouté à 166.
M. Tardif: C'est ça.
M. Lavoie: Mais, "le deuxième alinéa"?
Le Président (M. Laplante): C'est un deuxième
alinéa. D'accord?
M. Cordeau: L'amendement doit se lire: "A la fin de
l'alinéa précédant le présent article."
Le Président (M. Laplante): Le deuxième
alinéa se lit: "Le présent article s'applique à
l'égard d'un rôle de perception."
M. Cordeau: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je pense bien que 166 et 167 s'étudient
ensemble.
Le Président (M. Laplante): L'article 167 est
retiré.
M. Tardif: M. le Président, il nous fait plaisir
d'informer les membres de cette commission que l'article 167 est
biffé.
Le Président (M. Laplante): Une autre partielle!
M. Tardif: On peut donc procéder à l'adoption de
l'article 166.
Le Président (M. Laplante): L'article 166 est-il
adopté tel que rédigé dans le papillon?
M. Lavoie: Nos intentions de simplification sont
contagieuses.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 167 est
retiré. Adopté?
M. Lavoie: L'article 167?
Le Président (M. Laplante): L'article 167 est
retiré. L'article 168.
M. Caron: M. le Président, pour que ce soit plus facile,
on réajustera à la fin.
Le Président (M. Laplante): A la fin, on fera une motion
pour renuméroter avec les concordances. D'accord?
M. Tardif: D'accord.
M. Cordeau: On a jouté deux articles depuis le
commencement.
M. Lavoie: Cela va pour l'article 168.
Le Président (M. Laplante): Article 168, adopté.
Chapitre XV: Tenue à jour du rôle, article 169 et il y a un
papillon.
Tenue à jour du rôle
M. Tardif: Oui, M. le Président. L'article 169, qui traite
de la tenue à jour du rôle, est modifié: 1. par le
remplacement du paragraphe 1 par le suivant: "Le rendre conforme à sa
requête en correction d'office dans le cas prévu par l'article
150."
Puisqu'on a modifié l'article 150 pour dire que ce n'est pas le
bureau qui ordonne à l'évaluateur, c'est lui qui procède
à la correction. Deuxièmement, par le remplacement dans la
première ligne du paragraphe 3 des mots "une mutation de
propriété" par les mots "un changement de
propriétaire".
M. Lavoie: C'est tellement entré dans l'usage, une
mutation. Mutation est tellement un terme... Est-ce que vous pouvez nous
l'expliquer, M. le ministre?
M. Tardif: C'est qu'on va encore être obligé de
revenir au cas de la nue-propriété de l'emphytéote et
autres acabits semblables le député de Johnson n'est pas
ici...
M. le Président, prenons le cas de l'occupant qui, par un billet
de location ou autrement, un simple occupant, a un immeuble situé sur un
territoire appartenant à un organisme public. Dans ce cas, M. le
Président, il est, pour les fins de la présente loi,
assimilé au propriétaire. Dans ce cas, s'il quitte les lieux, M.
le Président, il y a changement de propriétaire pour les fins de
cette loi sans qu'il y ait mutation de propriété comme telle.
C'est la même chose dans le cas de l'emphytéote: lorsque le bail
par emphytéose se termine, il y a changement de propriétaire sans
qu'il y ait mutation de propriété.Alors là, M. le
Président, je vous avoue que ce sont des subtilités que, sans
doute, quelques membres autour de cette table peuvent apprécier.
Est-ce que je peux continuer, M. le Président, pour les fins du
journal des Débats, de donner lecture du papillon?
"Troisièmement, par le remplacement du paragraphe 10 par le suivant:
"10. tenir compte d'un changement d'occupant lorsque la présente loi
prévoit que l'occupant doit être inscrit au rôle".
"Quatrièmement, par le changement du paragraphe 12 par le suivant: "12.
"Donner suite à une des opérations cadastrales suivantes: une
division, une subdivision, une nouvelle division, une redivision, une
annulation, une correction, un ajouté, un regroupement cadastral fait en
vertu de la loi sur le cadastre (Lois refondus du Québec, chapitre C-1
ou les articles 21.74, 21.74-A, ou 21.75 du Code civil)."
M. le Président, en guise d'explications, dans le cas du
paragraphe 1, le premier amendement fait la concordance avec celle
proposée pour l'article 150 qui supprime l'ordonnance du bureau de
révision quand personne ne s'oppose à la requête de
l'évaluateur. Quant aux paragraphes 2 et 3, ils
font aussi la concordance avec l'article 61 qui prévoit qu'un
occupant est réputé propriétaire dans certains cas; j'ai
donné deux exemples. Troisièmement, le paragraphe 4 fait la
concordance avec la loi sur l'aménagement et l'urbanisme qui donne une
énumération à peu près exhaustive des
opérations cadastrales.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Juste avant la suspension de 18 heures, nous avons
essayé de convaincre le ministre, par la définition
d'unité d'évaluation, d'obliger l'évaluateur à
donner une évaluation pour chaque subdivision. Nous avions fait un
amendement à l'article 30, en ce sens. Cela nous a pris à peu
près deux heures pour en discuter. Finalement, le ministre a
refusé. Nous avons insisté, en disant que chaque subdivision
devait avoir une évaluation spéciale, que l'obligation de
l'évaluateur ne serait pas seulement d'inclure dans son unité
d'évaluation les 2000 lots que le ministre voulait remembrer, mais de
les inclure individuellement. Vous arrivez avec une modification, un papillon,
et vous avez refusé cet amendement. Là, vous nous dites et
je trouve cela un peu contradictoire et je ne sais pas quel article aura
priorité au paragraphe 12 de l'article 169, que
l'évaluateur doit donner suite à une division, une subdivision,
une nouvelle division, une redivision. Vous mentionnez toutes les
possibilités, vous n'en omettez aucune. Pouvez-vous nous expliquer votre
réticence, votre refus catégorique, à l'article 30,
où nous aurions demandé qu'il soit amendé pour obliger
l'évaluateur à prendre en considération et de donner
l'évaluation pour chaque subdivision. Vous avez refusé.
Maintenant, à l'article 169, paragraphe 12, vous dites que
l'évaluateur doit donner suite à cela. Comment expliquez-vous
cela? Comment va-t-il y donner suite, s'il n'est pas obligé d'y donner
suite à l'article 30, parce que c'est l'unité
d'évaluation? L'unité d'évaluation peut prendre 50 lots
ensemble. Il veut tous les évaluer en vrac, comme le
député de Laval l'avait dit et ici, dans le paragraphe 12, il
dit: II faut qu'il donne suite à une subdivision.
M. Tardif: Ce n'est pas incompatible, M. le Président.
Dans la mesure où je me suis évertué à
répéter à satiété que...
M. Ciaccia: Vous et le ministre de l'Education, ad nauseam!
M. Tardif: ... à répéter abondamment les
règles prévues, les balises prévues à l'article 30
pour constituer une unité d'évaluation, je me suis
évertué, dis-je, à dire et à répéter
que ceci n'excluait pas, bien au contraire, que l'évaluateur, en faisant
son travail, devait tenir compte de toutes les parcelles de lots, d'immeubles
qui constituent cette unité d'évaluation, qu'il en donne une
description détaillée dans les fiches que j'ai distribuées
aux membres de cette commission, qu'il fasse pour chaque bâtiment une
telle fiche, je me suis évertué à dire cela. Dans le cas
qui nous concerne ici, je pense que cela ne fait que confirmer en effet que
tous ces renseignements peuvent, effectivement, s'ils sont susceptibles de
modifier la valeur, amener une modification du rôle. Ils sont inscrits au
dossier, ils sont ajoutés et ils sont le reflet fidèle, je pense,
des changements qui se produisent à l'égard d'un immeuble dans le
territoire.
Je pense avoir été assez explicite. Cependant, est-il
nécessaire, encore une fois et c'était cela la question
de reproduire tout cela sur l'avis d'évaluation comme tel? (23
heures)
Je pense qu'on a je ne me souviens plus si le
député de Mont-Royal était ici à ce
moment-là fait droit, justement, à cette requête
prévoyant des inscriptions distinctes pour les résidences et les
bâtiments de ferme. C'est une chose que de prévoir des
inscriptions distinctes pour les terrains, les résidences et les
bâtiments de ferme, et c'en est une autre que de décrire chacune
des parcelles qui peuvent constituer une unité d'évaluation.
De toute façon, M. le Président, si l'Opposition se
découvre maintenant... peut-être que nous aussi, faisant droit
à certaines requêtes de l'Opposition et que tout cela se
rencontre, tant mieux.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article
169...
M. Lavoie: Non. M. Ciaccia: Minute!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je vous demande une directive, M. le Président.
Nous avons bien un droit de parole de 20 minutes sur chaque paragraphe?
Le Président (M. Laplante): Sur chaque paragraphe, c'est
votre droit sacré.
M. Lavoie: Bon, d'accord.
M. Cordeau: Est-ce que cela comprend les amendements? Article par
article?
M. Ciaccia: Les 20 minutes s'ajoutent s'il y a un amendement,
à chaque paragraphe.
Le Président (M. Laplante): Oui, oui.
M. Ciaccia: 20 minutes sur le paragraphe et 20 minutes sur
l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Honnêtement, cet article
peut durer au moins deux jours.
M. Lavoie: Bien plus que cela!
M. Ciaccia: Plus que cela, il peut nous mener à
Pâques.
M. Lavoie: Deux sessions au moins.
Une Voix: Est-ce que c'est quelque chose que vous nous
annoncez?
M. Lavoie: Oui, un préavis.
Une Voix: II faut qu'on donne nos préavis.
M. Lavoie: Vous êtes mieux d'aller acheter vos cadeaux tout
de suite.
M. Ciaccia: Vraiment, M. le ministre, je ne veux pas me
répéter, mais cela aurait été beaucoup plus
cohérent, si le paragraphe 12 de l'article 169 avait eu une
justification, si dans l'article 30 vous aviez spécifié qu'il y
avait une obligation de considérer comme unité
d'évaluation une subdivision. Là, je peux voir où il y
aurait eu une concordance entre l'article 12 et l'article 30.
A l'article 30, vous avez le droit de considérer comme
unité d'évaluation un groupe de terrains. Vous pouvez avoir 30
subdivisions et considérer cet article pour avoir seulement une
évaluation. Dans un sens, vous protégez l'évaluateur sans
donner la protection au contribuable. Vous dires: Si le contribuable a le
malheur de faire une opération cadastrale qui va subdiviser, qui va
faire une annulation, là, l'évaluateur doit prendre cela en
considération. Il peut, évidemment, augmenter l'évaluation
sans donner au contribuable la possibilité d'avoir une évaluation
pour chaque subdivision. Il y a une certaine incompatibilité. Autrement,
vous couvrez tous les aspects où il peut y avoir toutes les excuses
possibles pour augmenter l'évaluation sans donner de l'autre
côté la protection au contribuable d'être avisé pour
chaque subdivision.
M. Tardif: Je pense avoir dit tantôt au
député de Mont-Royal que cela jouait dans les deux sens. Il y a
des petits lots qui, individuellement, ne valent rien. Un petit lot de 22 pieds
sur Grande Allée, ici à Québec, ça ne vaudrait pas
grand-chose.
M. Ciaccia: Ah non?
M. Tardif: Non. Cela commence à être
intéressant si tu en as trois ou quatre pour permettre l'érection
d'une tour de douze étages. Là, cela commence à être
intéressant, alors que dans le cas d'une terre située en dehors
des milieux urbains, à la périphérie, c'est le contraire,
M. le Président.
Acheter une terre et la subdiviser en lots et réussir à la
développer, c'est lorsque c'est morcelé que cela devient
intéressant financièrement. Je pense que les deux
opérations... J'ai dit tantôt que ce que l'évaluateur
constatait, c'est neutre en soi. Ce n'est pas son évaluation ou l'acte
qu'il pose d'évaluer qui confère ou pas une valeur à des
terrains. Ces terrains ou ces immeubles ont une valeur en soi qui tient compte
de la valeur du marché et, comme on le dit: "Highest and best use"
possible pour ces immeubles, M. le Président.
M. Ciaccia: Alors, si quelqu'un a cinq lots de 22 pieds sur
Grande-Allée, vous venez de leur dire: Assurez-vous de les placer dans
des différentes corporations, différents propriétaires,
comme cela, ils vont être évalués moins cher, est-ce que
c'est cela que vous dites?
M. Tardif: M. le Président, je suis convaincu que
quelqu'un qui se présenterait...
M. Ciaccia: Vous venez de dire qu'un lot de 22 pieds, cela ne
vaut rien. Si quelqu'un a cinq lots de 22 pieds, il va trouver un lot à
sa femme, un lot à son garçon, un autre à la corporation X
et ils ne vaudront rien d'après votre raisonnement.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il ne faut pas
être grand clerc pour savoir que, quelqu'un qui posséderait, en
effet, cinq lots do 22 pieds ou 20 lots de 20 pieds sur la rue
Grande-Allée et qui pourrait offrir cela à un promoteur
immobilier ou encore à une chaîne d'hôtels, d'avoir 500
pieds de façade sur la rue Grande-Allée, il serait assis sur une
mine d'or.
M. Ciaccia: C'est à cela que je m'oppose. Ce n'est pas
parce qu'il a cinq lots que cela donne de la valeur, c'est l'utilisation. Aussi
longtemps que ces cinq lots vont rester subdivisés en cinq lots, ils
vont valoir individuellement comme cinq lots. C'est à ce principe que je
m'oppose dans votre projet de loi.
M. Tardif: Ce n'est pas moi qui le fait, M. le Président,
l'évaluateur ne crée pas cette situation, il la constate.
M. Ciaccia: C'est vous qui le créez par l'article 30.
M. Tardif: M. le Président, l'article 30 a
été adopté.
M. Ciaccia: Vous dites à l'évaluateur, c'est un
groupe de terrains qu'il l'utilise ou non.
M. Tardif: L'article 30 a été adopté.
M. Ciaccia: Je comprends puis on s'est opposé et on a fait
des amendements.
M. Tardif: Encore une fois, l'évaluateur ne crée
pas cette situation, il la constate. Est-ce qu'on pourrait appeler,
peut-être...
M. Ciaccia: Savez-vous que plus vous essayez d'inclure des
contraintes dans les lois, plus le monde va trouver des nids d'abeilles, des
trous. Puis vous venez de créer un assez grand trou dans votre
raisonnement. De toute façon.
M. Tardif: Article 169 adopté?
M. Ciaccia: Ce n'est pas tout à fait... Dans un sens,
à l'article 12 vous reconnaissez l'importance de la subdivision et
à l'article 30, vous dites non, je n'en prendrai pas en
considération.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 169?
M. Tardif: Adopté.
M. Lavoie: Tout se tient ensemble. Je voudrais poser une question
qui s'applique à cela à vos légistes à
côté. Dès qu'il y un changement, le propriétaire est
avisé?
M. Tardif: Pardon?
M. Lavoie: Dès qu'il y a un changement...
M. Tardif: C'est prévu à...
M. Lavoie: Article 175 je crois.
M. Tardif: ... l'article 175, M. le Président.
M. Lavoie: J'imagine que vous faites sauter les deux derniers
alinéas de l'article 175?
M. Tardif: Le député de Laval devine tout,
aujourd'hui, c'est formidable! Ou bien c'est nous qui avons deviné
à quelle enseigne il logeait.
M. Lavoie: Je fais l'extrême possible pour loger à
l'auberge du bon sens. Puis j'ai des chambres libres dans mon auberge, que je
pourrais vous offrir.
Le Président (M. Laplante): L'article 169 sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: J'espère que vous n'avez rien
oublié.
Le Président (M. Laplante): Avec amendements.
M. Lavoie: Parce que plus on définit, plus on limite.
M. Tardif: Si j'ai oublié quelque chose et que le
député de Laval me le souligne, il me fera plaisir de le
corriger.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant l'article
170 où il y a une légère modification, c'est que, au
début de la deuxième ligne, on supprime 3°. Est-ce que
l'amendement sera adopté? Du chiffre troisièmement.
M. Ciaccia: S'il y a un changement de propriétaire, vous
allez augmenter ou réduire l'évaluation. C'est cela que vous
dites dans l'article 170?
M. Lavoie: ... a pour effet de ne plus obliger
l'évaluateur à refaire l'évaluation, unité
d'évaluation, qu'une de ses composantes change de propriétaire.
Cela veut dire que la même unité d'évaluation peut
appartenir à deux propriétaires?
M. Tardif: C'est justement le contraire, M. le
Président...
M. Lavoie: C'est une note explicative, c'est vrai qu'il est onze
heures et dix, je lis vos notes explicatives, à moins que j'aie mal lu,
je m'excuse, la modification a pour effet de ne plus obliger
l'évaluateur à refaire l'évaluation d'une
unité...
M. Tardif: A refaire l'évaluation d'une simple
unité, pour le simple motif qu'une de ses composantes change de
propriétaire. En d'autres termes, l'immeuble a été
évalué, peu importe s'il appartient au député de
Mont-Royal ou au député de Laval, il n'a pas changé de
valeur pour autant, c'est cela que cela veut dire. C'est justement ce que vise,
je pense, l'Opposition. Peut-être que les notes ne sont pas claires mais
c'est cela.
M. Ciaccia: Je ne comprends plus rien. Pourquoi insérer un
article pour dire que s'il y a un changement de propriétaire cela
n'augmentera pas l'évaluation en soi? C'est cela que vous nous dites
à l'article 170.
M. Cordeau: M. le Président...
M. Lavoie: Pour le simple motif attendez une seconde, avec
la permission du député change de propriétaire.
Une unité d'évaluation, disons en l'occurrence, cela peut
être dix lots. Une de ses composantes, deux lots.
M. Tardif: Les composantes n'ont pas affaire là, M. le
Président. C'est "changement de propriétaire".
M. Lavoie: D'accord.
M. Tardif: La note explicative, M. le Président, est loin
d'expliquer...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Sur le même sujet, si plusieurs lots ont
été compris dans une unité d'évaluation et que ces
lots-là, qui appartenaient à un seul propriétaire, sont
vendus à deux propriétaires distincts, il va falloir qu'il y ait
une réévaluation.
M. Tardif: Deux propriétaires, M. le Président,
c'est prévu.
M. Cordeau: Deux propriétaires, c'est prévu.
M. Ciaccia: S'il y a deux propriétaires, cela va augmenter
l'évaluation d'après votre loi.
M. Cordeau: Un changement de propriétaire. Mais l'article
3, tel que mentionné actuellement, donnait suite à un changement
de propriétaire. Maintenant, à l'article 170 on dit: L'article 3
n'est pas touché.
M. Tardif: M. le Président, si on change de
propriétaire tout simplement, le propriétaire,
député de Saint-Hyacinthe, qui achète l'immeuble
possédé auparavant par le député de Verdun,
effectivement, il y a un changement d'entrée au rôle, il n'y a
pas... de changements majeurs, entre autres, il faut changer de nom. Lorsque
deux personnes achètent chacun une partie de...
M. Cordeau: De l'unité.
M. Tardif: ... à ce moment-là, cela
m'apparaît évident qu'au paragraphe 12 de l'article 169 "donner
suite à la division ou à la subdivision d'un immeuble"..
Là, à ce moment-là, il y a une subdivision.
M. Cordeau: Parfait, vos explications me suffisent.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Ciaccia: II y a une implication, si vous n'aviez pas indu que
tout changement implique un changement d'évaluation... Pour être
clair, vous dites: "S'il y a un changement de propriétaire seulement, il
n'y a pas changement d'évaluations. Pourquoi un changement de
propriétaires aurait-il amené un changement d'évaluation?
Pourquoi faut-il que vous disiez cela?
M. Tardif: M. le Président, le nom du propriétaire
n'a rien à voir avec la valeur, au contraire. Le député de
Mont-Royal serait en droit...
M. Ciaccia: Je comprends, mais vos notes explicatives disent:
Parce qu'il y a un changement de propriétaire, cela n'augmente pas. Ce
n'est pas moi qui ai soulevé le problème, ce sont vos notes,
c'est vous qui l'avez soulevé.
M. Tardif: Les notes explicatives, M. le Président...
M. Ciaccia: Moi, je tenais pour acquis que s'il y avait un
changement de propriétaire, l'évaluation resterait pareille. La
propriété ne change pas parce que M. X ou M. Z...
M. Tardif: M. le Président, c'est cela nous autres aussi.
Je voudrais simplement demander au député de Mont-Royal de
comprendre que, dans la préparation de ses notes, faites certaines
d'entre elles aux petites heures cette nuit, alors que des services de soutien
étaient plutôt difficiles aujourd'hui, nous lui avons donné
des notes explicatives qu'on n'était peut-être même pas
obligé de donner. On a fait une erreur, on s'en excuse, M. le
Président.
M. Ciaccia: Les notes explicatives sont seulement conformes au
changement de l'article et dans l'article, vous dites la même chose. Que
vous ayez donné les notes explicatives ou non, c'est votre article qui
dit cela, que le fait que le propriétaire change, cela n'augmente pas la
valeur. (23 h 15)
M. Tardif: L'article 170 où il y a un papillon.
M. Lavoie: Une seconde. Pourquoi l'enlevez-vous, pourquoi
n'incluez-vous pas le paragraphe cinq de l'article 169? "Si dans une
unité d'évaluation, il y a une partie qui est imposable et une
autre partie..."
M. Tardif: Cela, M. le Président, ne donne aucune valeur
au rôle, s'il s'agit d'un oubli concernant un point non imposable. De
toute façon, comme cela n'influence pas le rôle, comme tel...
Le Président (M. Laplante): L'article 170 est-il
adopté?
M. Lavoie: Je me demande si les paragraphes 10 et 11 ne devraient
pas être inclus, si vous voulez être complet, pour couvrir tous les
angles? Le paragraphe 10 c'est: "tenir compte d'un changement d'occupant
lorsque celui-ci est réputé propriétaire de l'immeuble ou
que la présente loi prévoit son inscription au rôle."
Oui.
M. Tardif: Cela n'affecte pas la valeur, M. le
Président.
M. Lavoie: Est-ce que cela peut affecter la taxe, si cela
n'affecte pas la valeur?
M. Tardif: La taxe est basée sur la valeur. Elle n'est pas
discriminante à l'endroit des personnes ou des occupants, elle n'est pas
supposée l'être. Elle est supposée être neutre.
M. Lavoie: Je vous donne un exemple: un citoyen a une
propriété, un immeuble que le gouvernement achète pour
s'en servir comme école ou centre d'accueil. Le propriétaire
payait 100%, mais le gouvernement ne paie que dans la proportion prévue
dans votre réglementation. Je me demande s'il n'est pas obligé de
faire la...
M. Tardif: Répétez donc cela, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: "... changement d'occupant lorsque celui-ci est
réputé propriétaire de l'immeuble ou que la
présente loi prévoit son inscription au rôle". "... devient
non imposable ou cesse de l'être." Ecoutez, je ne veux pas sortir de
chinoiseries à cette heure-ci, mais il peut y avoir des petits trous
dans votre loi. C'est possible qu'il y ait des trous.
M. Tardif: C'est possible, mais on les corrigera avec plaisir, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Alors adopté?
M. Ciaccia: M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre. A l'article 170, vous parlez de l'unité
d'évaluation. Est-ce que l'unité d'évaluation, quant
à la valeur immobilière, pour les taxes foncières, va
changer si, d'après le paragraphe 10 de l'article 169, il y a un
changement d'occupant? Il y a une valeur à la propriété.
Que ce soit madame X ou monsieur Schwartz qui va occuper le troisième
étage, est-ce que c'est cela qui va changer la valeur de l'immeuble?
M. Tardif: La loi ne fait pas de discrimination à
l'endroit de monsieur Schwartz ou de madame X...
M. Ciaccia: Alors pourquoi, à l'article 170,
n'ajoutez-vous pas les 7e, 8e et 10e paragraphes au 12e paragraphe de l'article
169?
M. Tardif: A l'article 170, M. le Président, ce sont les
paragraphes où il est prévu que l'évalua-teur doit refaire
le rôle d'évaluation, parce que cela a un impact sur la valeur.
Or, le fait que c'est...
M. Ciaccia: Excusez-moi, vous avez raison, M. le ministre. Vous
voyez que, quand vous avez raison, je l'admets publiquement, ouvertement, sans
aucune restriction, hésitation; je retire mon objection, vous avez
répondu à mes préoccupations.
M. Tardif: Je suis touché, M. le Président, du
témoignage.
M. Ciaccia: Cela démontre que, quand j'ai une objection,
par exemple, elle est bien fondée.
M. Tardif: Oui, il ne faudrait quand même pas que
l'humilité vous étouffe en plus!
M. Lavoie: Si le cas prévu au sous-paragraphe 11 se
produit.
M. Tardif: Oui, M. le Président.
M. Lavoie: II peut y avoir une augmentation ou une diminution du
rôle; par contre vous ne l'incluez pas à l'article 170 où
on est obligé de faire une nouvelle évaluation.
M. Tardif: Ceci est pour tenir compte du fait, M. le
Président... Prenons une terre zonée agricole, en vertu de la loi
90, donc plafonnée à $150 l'acre, qui garde la même valeur,
en quelque sorte le plafond, mais elle ne change pas de valeur malgré
qu'elle perd son caractère imposable ou non imposable, ou les
privilèges ou les avantages qu'elle avait en vertu de la loi. D'accord?
Alors, ça ne lui confère pas automatiquement, du jour au
lendemain, une plus-value, le fait qu'elle sorte de la zone agricole. On peut
penser qu'il peut y avoir d'autres raisons de changer de valeur, mais ce n'est
pas automatique en d'autres termes, le fait qu'elle devienne non imposable ou
cesse d'être imposable.
M. Lavoie: En tout cas, on va vivre avec! M. Cordeau: M.
le Président.
M. Ciaccia: Est-ce que chaque évaluateur va avoir un
avocat-conseil avec lui pour lui interpréter la loi?
M. Tardif: M. le Président, ce sont des gens qui
travaillent dans ce métier, ce n'est pas...
M. Ciaccia: Mais vous changez les règles, là.
M. Tardif: Pour eux, il n'y a pas de problème, M. le
Président. C'est pour nous, qui essayons de faire, en l'espace de
quelques heures ou de quelques jours, un cours accéléré
d'évaluation foncière. Je dis ça pour nous autres aussi
bien; c'est vrai.
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Laplante): L'article 170 est-il
adopté?
M. Cordeau: Seulement une explication concernant les zones vertes
et les zones blanches. Lorsqu'une ferme est dans une zone verte, elle ne peut
être imposée pour plus de $150 l'acre. Par contre, si elle quitte
la zone verte pour aller dans la zone blanche, ce n'est plus la même
évaluation. Alors, il faudrait qu'il y ait une
réévaluation dans ce cas-là.
M. Tardif: Non, l'évaluation reste la même, M. le
Président, c'est sa partie imposable. La municipalité ne pourra
pas percevoir une taxe sur cette ferme... Mettons que cette terre est
évaluée à $500 l'acre.
M. Giasson: A $500 l'acre.
M. Tardif: Sauf que la municipalité ne peut pas la taxer,
présentement, à plus de $150 l'acre. Ce n'est pas parce qu'elle
est peinte en blanc qu'elle augmente de valeur...
M. Cordeau: Très bien.
M. Tardif: Sauf que la municipalité pourra l'imposer
jusqu'à $500, cette fois. C'est cela la différence.
M. Cordeau: Oui, oui.
Le Président (M. Laplante): L'article 170 est-il
adopté?
M. Tardif: Adopté.
M. Lavoie: Cela va, c'est adopté. Avant de passer à
l'article 171...
Le Président (M. Laplante): Un commentaire?
M. Lavoie: Oui, général. Il va falloir que les 1560
municipalités du Québec...
M. Tardif: Plus que cela avec les municipalités nordiques
de la Loi kativik, maintenant.
M. Lavoie: On va être obligé de tout refaire,
réajuster le rôle d'évaluation, l'adapter à tout
cela. Vous devriez inclure cela dans le programme OSE.
M. Ciaccia: La municipalité Kativik, je vous garantis que
ça va lui prendre une autre génération avant qu'elle
puisse comprendre cela.
M. Tardif: Et elle n'est pas assujettie à cette loi, M. le
Président.
M. Ciaccia: II n'y a pas de taxe foncière.
M. Cordeau: Est-ce qu'une municipalité a le droit de faire
une requête au bureau pour être exclue de la loi?
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir
déjà dit que le ministère des Affaires municipales
assumait 50% du coût de confection des rôles. Encore une fois... A
ce moment-là, il est toujours loisible à une municipalité,
Laval, Mont-Royal, Saint-Hyacinthe de se constituer en village nordique.
M. Ciaccia: Allez-vous la traduire?
M. Cordeau: Un simple renseignement, M. le Président. Si
une municipalité a déjà accordé à une firme
le contrat de faire le nouveau rôle et que cette firme est assujettie
à cette nouvelle loi, est-ce que cette firme a le droit de demander une
réouverture de son contrat?
M. Tardif: M. le Président, dans la mesure où il y
aurait des raisons, des motifs de donner lieu à une réouverture.
Jusqu'à maintenant, tout ce qu'on fait, c'est rendre le droit conforme
aux pratiques qui se faisaient plus ou moins...
Le Président (M. Laplante): L'article 171? M. Tardif:
Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 171 est
adopté. L'article 172.
M. Lavoie: "Ont effet comme suit"... il y a six paragraphes.
M. Ciaccia: ... de chaque alinéa de l'article 172.
M. Tardif: Pardon, M. le Président?
M. Ciaccia: On devrait exiger du ministre une explication de
chaque paragraphe de l'article 172.
M. Tardif: Si, effectivement, on veut des explications, M. le
Président, on va les donner.
M. Lavoie: Un instant, je vais peut-être vous
libérer de cette tâche. On a exprimé le voeu, mais si on
comprend bien...
M. Tardif: Très bien, M. le Président.
M. Lavoie: On n'est pas masochiste à ce
point-là.
M. Tardif: Beaucoup de points sont repris de l'article 86 de la
loi actuelle, M. le Président. On n'a pas...
M. Cordeau: Est-ce qu'il y a des points qui n'ont pas
été repris? Est-ce qu'il y a des nouveaux points?
M. Lavoie: M. le Président, sur division. (23 h 30)
Le Président (M. Laplante): Article 172 adopté sur
division. J'appelle l'article 173.
M. Tardif: II s'agit d'une nouvelle disposition où on dit:
"Lorsqu'une modification faite en vertu de l'article 169 a effet à
compter d'une date antérieure à l'exercice financier au cours
duquel elle est effectuée, elle est censée être
également une modification correspondante au rôle qui était
en vigueur au cours de l'exercice antérieur."
Là, le député de Mont-Royal va être bien
heureux de cet article puisque ce qu'on dit, c'est que lorsqu'il s'agit d'une
modification qui a pour effet d'ajouter ou d'augmenter la valeur d'un immeuble,
cet ajout vaut pour l'exercice en cours et l'exercice antérieur, alors
que, dans le droit actuel, M. le Président, c'était trois ans
avant. Donc, la municipalité pouvait retourner trois ans en
arrière et se rendre compte que le petit garage que vous aviez
érigé, dans votre cour arrière, qu'une haie assez
élevée cachait des regards, est là depuis trois ans. Elle
pouvait effectivement procéder à cette réévaluation
de trois ans en arrière. Là, on dit: L'année en cours et
l'année précédente.
M. Ciaccia: C'est rétroactif, c'est le principe de
rétroactivité...
M. Tardif: M. le Président... M. Lavoie: M. le
Président...
M. Ciaccia: Je ne ferai pas un "filibuster" là-dessus,
mais vous avez dit que je serais heureux et je ne le suis pas.
M. Lavoie: C'est d'égal à égal, parce
qu'également, par le paragraphe 4, s'il a été...
Je pense que si le contribuable avait un crédit, s'il a
été taxé en trop et remboursé pour le rôle
actuel et le rôle d'avant...
M. Tardif: C'est ça, ça joue dans les deux
sens.
M. Cordeau: Pas plus que deux rôles, dans un sens ou dans
l'autre. C'est parce qu'un comptable peut avoir été en cour
d'appel et le jugement a été rendu.
M. Lavoie: Omission, oublié au rôle ou mis au
rôle un immeuble qui n'existait pas et qui a été
taxé, qui a été payé, le propriétaire a
droit à un remboursement de deux ans.
M. Ciaccia: Lequel est contribuable?
M. Tardif: Mais, si ça fait suite à un recours
judiciaire, c'est à partir du moment où le tribunal statue.
M. Ciaccia: Est-ce que le contribuable peut contester
rétroactivement? Non, certainement pas, je sais que c'est non!
M. Tardif: M. le Président, c'est sûr que si un
contribuable prend, par exemple, une requête en nullité
qu'on a vue tantôt qu'il a un an pour la faire, et que la cause
est entendue trois ans plus tard, effectivement il...
M. Ciaccia: Non, mais dans l'article 173, vous dites: C'est une
amélioration parce que, auparavant, la municipalité pouvait
retourner trois ans en arrière, maintenant elle ne peut retourner que
d'un an. Mais le contribuable n'a pas ce privilège de contester
l'évaluation de l'année précédente, parce qu'il a
oublié quelque chose. Ce n'est pas égal à égal,
ça. Le contribuable devrait avoir le même droit s'il a
oublié quelque chose l'année précédente et,
là, il ne l'a pas; il a un délai spécifique pour contester
et après le délai, il n'a même pas une année, il a
60 jours après avoir été avisé, après
ça, c'est fini.
Une Voix: C'est vrai ce que le député de
Mont-Royal...
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas d'égal à égal,
et votre principe d'égalité...
M. Tardif: Mais M. le Président, ce n'est pas la
même chose parce que le contribuable, lui, à tous les ans,
année après année, peut en appeler de son
évaluation. Année après année, pendant sept
mois.
M. Ciaccia: Mais la municipalité aussi, d'année
après année, pourrait ajouter...
M. Tardif: Encore faut-il pour en appeler, savoir qu'un immeuble
existe ou qu'un ajout ou une addition a été faite, M. le
Président. Si, effectivement, une personne fait une amélioration
locative ou fait des travaux, est bricoleur à ses heures et ne demande
pas à la ville de permis pour ces travaux, ça reste cela. A ce
moment-là, il y a déjà, de la part du contribuable, une
certaine prise de liberté à l'égard des permis en vigueur
dans la municipalité. Ce qu'on dit, c'est que, s'il est constaté
qu'à l'heure actuelle, la municipalité pouvait aller
vérifier en arrière jusqu'à quatre ans, maintenant on dit:
C'est l'année en cours et l'année d'avant.
M. Lavoie: C'est votre réaction que je n'aime pas.
Dès que le citoyen, le contribuable a un avantage ou une chance, vous
êtes tout surpris. C'est cela que vous venez de faire.
M. Tardif: Qui ça? Je ne suis pas surpris.
M. Ciaccia: Je vous dis que la machinerie gouvernementale va
s'assurer de l'écraser.
M. Guay: Le député impute des intentions pour les
motifs.
M. Lavoie: Je ne pense pas qu'il y ait chance égale pour
le contribuable dans ce cas-là parce que même si on dit, à
l'article 169, au paragraphe 4: "Y inscrire un immeuble qui en a
été indûment omis", c'est la municipalité qui peut
aller sur deux rôles, le rôle actuel et l'autre, mais l'autre
partie, "ou en rayer un bien qui y a été indûment inscrit",
le fait que vous allongez en vertu de l'article 172, sous-paragraphe 4, n'a pas
de valeur à mon point de vue, parce que l'année avant, si le
contribuable a eu une valeur non existante ajoutée et s'il n'a pas fait
la plainte dans les délais de 60 jours, sa plainte est
périmée. Il ne pourrait pas avoir le remboursement de
l'année précédente, à moins qu'il ne demande une
permission spéciale au bureau de révision pour faire
rouvrir...
M. Ciaccia: ... puisse corriger et le contribuable ne peut
pas.
M. Tardif: M. le Président, en fait, je pense qu'il faut
quand même se rendre compte qu'ils sont plutôt rares les cas
d'immeubles indûment inscrits qui n'ont pas été
signalés à l'attention de la municipalité ou du bureau de
révision. Ce qui est beaucoup plus fréquent, ce sont ces ajouts,
ces additions, crs constructions même, ces chalets qui sont bâtis
et qui ne sont jamais rapportés. Je m'étonne un peu d'entendre le
député de Mont-Royal, le député de Laval dire: II
faut penser aux contribuables. Mais est-ce qu'ils se rendent bien compte que
celui auquel ils pensent, eux, c'est le contribuable qui contourne la loi.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
M. Tardif: C'est le contribuable qui ne rapporte pas. Un instant,
j'aimerais terminer.
M. Lavoie: Question de règlement. M. Ciaccia: A
l'article 99.
M. Lavoie: Je crois que le ministre me prête des intentions
qui sont totalement fausses en
vertu de l'article 99. Nous ne voulons pas défendre le
hors-la-loi. La seule chose que nous disons c'est que le contribuable, quel
qu'il soit, est faible devant la machine gouvernementale qui grossit de jour en
jour.
M. Ciaccia: ... Pour les fins du journal des Débats, je
dois dire que je n'accepte pas les propos du ministre.
M. Tardif: M. le Président, loin de moi l'intention
d'imputer des motifs. Là, je pourrais plaider, je pense,
également en faveur du contribuable et du contribuable qui, lui, paie
ses taxes à sa municipalité et qui en paie même plus,
justement, parce qu'il y en a d'autres qui ne paient pas. Je pense qu'on
pourrait plaider longtemps pour se rendre compte qu'à l'heure actuelle,
au Québec, il y a à peu près pour $25 milliards de biens
sur lesquels il n'y a pas d'impôt foncier de payé, qui flotte dans
le paysage.
M. Lavoie: Vous accusez la population d'être
malhonnête.
M. Tardif: Je vais qualifier cette expression: le
député de Laval saute aux conclusions, c'est lui qui a le mot
"malhonnête" dans la bouche. Je dis qu'il y a à peu près
pour $25 milliards de biens non taxés, non imposables, de toute nature.
Jusqu'à tout récemment, avant cette loi, cela incluait, pour une
bonne part, les biens du gouvernement du Québec, M. le Président;
cela inclut les biens du gouvernement fédéral, M. le
Président; cela inclut les biens des municipalités, M. le
Président; mais oui, cela inclut les biens des communautés
urbaines, M. le Président; cela inclut les biens d'un paquet
d'entreprises; la machinerie industrielle qui a été
détaxée sous l'ancienne loi...
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président,
je voudrais faire accélérer les travaux de cette commission et je
trouve que les propos du ministre ne sont pas pertinents à l'article que
nous étudions.
M. Tardif: Or, cela inclut un paquet de choses.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là, on va
adopter l'article 173 sur division.
M. Lavoie: Ah oui! sur division.
Le Président (M. Laplante): L'article 174.
M. Tardif: L'article 174 adopté.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
175.
M. Tardif: L'article 175, M. le Président, il y a un
léger papillon.
M. Cordeau: On va le faire disparaître.
M. Tardif: Un papillon qu'aime ou qu'affectionne le
député de Laval, M. le député de Laval. C'est un
papillon qui vise à supprimer les deux derniers alinéas de
l'article 175.
M. Lavoie: Est-ce qu'il s'agit de droit nouveau?
M. Tardif: Pas exactement, M. le Président, puisque dans
l'ancienne loi on disait: "le greffier de la corporation municipale ou, le cas
échéant, le greffier de la municipalité doit donner avis
au propriétaire ou à l'occupant de l'immeuble en cause..."
On ajoute, M. le Président, un paragraphe qui fait en sorte que
le citoyen sache à qui se plaindre sur réception de l'avis. Or,
comme tel, cela n'ajoute rien au droit actuel si ce n'est, en même temps,
qu'on dit que le greffier doit signifier, doit envoyer l'avis. Il mentionne
également concernant les droits prévus à l'article 176, ce
que le citoyen doit faire ou peut faire.
M. Lavoie: Maintenant, si je comprends bien le ministre
pourra me répondre l'avis qui est prévu à l'article
175, qui est envoyé par le greffier de la municipalité au
propriétaire, il s'agit d'un avis pour quelque modification que ce soit
faite en vertu de l'article 169.
M. Tardif: C'est un avis de modification de rôle faite en
vertu de l'article 169.
M. Lavoie: Maintenant, je crois qu'il s'agit pour beaucoup de
choses de droit nouveau.
M. Tardif: Pas pour l'avis, M. le Président. (23 h 45)
M. Lavoie: Ecoutez, je vais vous dire pourquoi nous prônons
la protection du contribuable lorsque ses droits sont mis en cause. C'est un
principe, la tradition, la coutume. La loi exigeait que, dès qu'il y
avait une valeur d'évaluation qui changeait ou qui avait une influence
sur la valeur, on recevait un avis. Je trouve bizarre et je me demande si cela
existait avant si cela existait avant, cela ne se faisait pas que
lorsqu'il y a une mutation de propriété, pour moi, l'avis n'est
pas nécessaire d'aucune façon.
M. Tardif: M. le Président...
M. Lavoie: Vous allez vous en faire envoyer des avis. C'est parce
que vous avez répondu aux questions que je vous ai posées
avant.
M. Tardif: M. le Président, je relis l'article 88,
deuxième alinéa de la loi actuelle: Le greffier. C'était,
M. le Président, l'article 88, un article qui se situait dans la section
dix de la loi actuelle, qui se situe toujours d'ailleurs je parle au
présent elle est toujours en vigueur, dans la section dix qui
traite de la tenue à jour du rôle et
je lis: "Le greffier de la corporation municipale ou, le cas
échéant, le greffier de la municipalité doit en donner
avis au propriétaire ou à l'occupant de l'immeuble en cause".
Alors, M. le Président, l'avis au propriétaire n'est pas quelque
chose de nouveau.
M. Lavoie: Je dois vous dire qu'au point de vue pratique, je
pense que j'ai l'expérience...
M. Ciaccia: Changement de propriété, c'est
peut-être pas un changement au rôle.
M. Lavoie: Non, le nouveau propriétaire ne recevait pas
d'avis.
M. Tardif: Ce citoyen, même si c'est un nouveau
propriétaire, cela ne change pas la valeur. Il est
intéressé de savoir, qu'effectivement, dans les livres de la
municipalité, il est inscrit, qu'on a pris acte du fait que c'est lui le
citoyen Untel qui est maintenant là et c'est tout.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire que, quand le nouveau
propriétaire reçoit cet avis, il peut contester
l'évaluation?
M. Tardif: M. le Président...
M. Lavoie: II peut contester son inscription, d'après moi,
je ne sais pas.
M. Ciaccia: Mais non, d'après l'article 175...
M. Tardif: Ce n'est pas une question de contester l'avis, M. le
Président. Effectivement, il peut demander que des corrections
d'écriture soient apportées, si on a écrit son Ciaccia
avec un "ch" par exemple et que cela ne s'écrit pas de même. Il y
a des types de corrections qui sont tout à fait anodines mais, M. le
Président, c'est l'article 176 qui explicite le type de recours
où on dit que: "Les recours prévus par les articles 119, 165 et
166 peuvent être exercés à l'égard d'une
modification faite en vertu de l'article 169 dans les délais
prévus et le deuxième alinéa de l'article 165
respectivement". C'est là, je pense... Bon, l'article 176 adopté,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 175. On ne peut pas
adopter l'article 176.
M. Lavoie: Dans certains cas, il y a une multitude d'avis. Il y a
des cas de prévus où, si cela passe devant le bureau de
révision et qu'il y a un changement à la valeur, c'est sûr
que le propriétaire reçoit une copie du jugement. Il
reçoit une copie de la décision du bureau de révision et
sa plainte est baissée ou maintenue. Cette décision s'en va au
greffier et le greffier est obligé d'envoyer un autre avis pour
l'avertir une deuxième fois que c'est baissé. Bon, en tous les
cas, c'est sur division.
Le Président (M. Laplante): L'article 175 est
adopté tel qu'amendé sur division. Article 176?
M. Tardif: L'article 176 a un papillon, M. le Président,
où on dit que l'article 176 du projet de loi numéro 57 est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: "Le recours prévu par l'article 119 ne peut être
exercé à l'égard d'une modification faite en vertu du
paragraphe un de l'article 169".
M. Lavoie: C'est suspendu l'article 119.
M. Tardif: L'article 119, M. le Président, c'est celui qui
énonce que toutes les personnes intéressées peuvent loger
une plainte...
M. Lavoie: J'ai seulement dit qu'il était suspendu.
M. Tardif: D'accord mais c'est à l'article 169.1 où
l'on faisait une exclusion...
M. Lavoie: II y aurait de la redondance de plainte.
M. Tardif: Le député de Laval a saisi.
M. Lavoie: Mais heureusement que je vous l'ai dit parce que vous
n'aviez pas encore saisi et on était deux à essayer...
M. Tardif: Je remercie le député de Laval.
Le Président (M. Laplante): Amendement à l'article
176 adopté?
M. Tardif: J'adopte l'article.
Le Président (M. Laplante): L'article 176 est
adopté. J'appelle l'article 177 et il y a un papillon.
M. Tardif: L'article 177 du projet de loi no 57 est
modifié par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Le
greffier transmet un avis de la modification à l'évaluateur,
à la municipalité et à la commission scolaire
intéressée."
M. Caron: On va être obligé d'augmenter le personnel
chez le greffier. Les conventions collectives ont été
enlevées.
M. Tardif: Ce n'est pas un autre avis, M. le Président,
c'est une copie de... Je ne vous offre pas...
M. Caron: Parce qu'il y en a tellement, M. le ministre.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a quelque chose qui peut faire qu'il
n'est pas écrit dans la loi?
M. Lavoie: II faudrait changer le nom du ministère. Le
ministère des Affaires municipales et des avis.
M. Ciaccia: II va se promener avec la loi et il va dire ce qu'il
peut faire et ce qu'il ne peut pas faire.
M. Cordeau: Peut-être de faire...
M. Ciaccia: ... esprit bureaucratique avec ces lois.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Tel que modifié au
papillon.
M. Lavoie: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 178?
M. Tardif: L'article 178?
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de papillon?
M. Lavoie: L'article 178, qu'est-ce qu'il y a?
M. Tardif: M. le Président, cet article dit ce qui se
passe si le rôle est cassé ou déclaré
entièrement nul à la suite d'une action en nullité et
précise que, comme pour la confection du rôle original, c'est la
municipalité qui a la responsabilité ultime de faire
confectionner le nouveau rôle qui doit le remplacer et on prévoit
ce qui se passe dans ces circonstances à savoir que le rôle
existant avant celui qui a été annulé...
M. Ciaccia: C'est fou cet article.
M. Tardif: Oui et non, M. le Président, seulement le
dernier alinéa en réalité.
M. Ciaccia: Est-ce que cela n'a pas été fait
à la suite de l'action qui avait été prise par la ville de
Mont-Royal contre le rôle de la Communauté urbaine de
Montréal?
M. Tardif: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 178 est
adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Division, adopté.
L'article 179 pour finir le chapitre?
M. Tardif: Cent septante-neuf, qu'est-ce qu'il y a là?
Cela traite du cas où si le rôle d'évaluation doit
être refait après avoir été déclaré
nul, il s'ensuit que le rôle de perception aussi est à revoir.
M. Ciaccia: Avant cette loi-ci, est-ce qu'il n'y avait pas la
possibilité d'intenter une action selon les termes du Code de
procédure où il y avait un droit de la Cour supérieure, un
droit "supervisory" et maintenant vous enlevez ce droit et vous restreignez le
délai pour contester le rôle, d'après le sous-paragraphe 5,
dans les trois mois de l'avis prévu par...
M. Tardif: Cela a été corrigé, M. le
Président. Paragraphe 5? De quel article?
M. Ciaccia: Je retourne à l'article 178.
M. Lavoie: On en a des amendements, ici?
M. Tardif: M. le Président, on me signale que le
député de Mont-Royal vient de déceler une faille dans
l'article 178 où, par souci de concordance, nous aurions dû dire
"dans les douze mois de l'expédition prévue par le paragraphe
3".
Le Président (M. Laplante): Aquel endroit dites-vous cela?
On va reprendre l'article 178, on va le suspendre pour ajourner sine die.
Etes-vous d'accord? Parce qu'il y aurait un paragraphe...
M. Tardif: Est-ce que l'article 179 a été
adopté, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, l'article 179 a
été adopté.
M. Tardif: L'article 179 a été adopté. On
apportera un papillon pour apporter la correction suggérée par le
député de Mont-Royal. D'accord.
Le Président (M. Laplante): Nous allons ajourner nos
travaux.
M. Lavoie: Seulement un petit commentaire, une remarque que les
légistes pourraient considérer: A l'article 77, on a
adopté, après un très long plaidoyer, à la
suggestion du ministre, un amendement, vous savez, sur l'avis que chaque
contribuable doit recevoir, de l'évaluation du...
Le Président (M. Laplante): La séance est
ajournée sine die.
Fin de la séance à 23 h 58