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Etude des projets de loi privés nos 200 et
216
(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Lacoste):A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires municipales est réunie pour
étudier le projet de loi no 200, Loi modifiant la Charte de la ville de
Montréal.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Caron (Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Lavoie (Laval), M. Guay (Taschereau), M. Rancourt
(Saint-François), M. Bertrand (Vanier), M. Shaw (Pointe-Claire), M.
Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Rivest (Jean-Talon), M.
Proulx (Saint-Jean), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
M. Lavoie: Voulez-vous remplacer M. Scowen par M. Blank?
Le Président (M. Lacoste): M. Scowen est remplacé
par M. Blank (Saint-Louis).
Projet de loi no 200
Au moment de l'ajournement, la semaine dernière, il y avait des
articles en suspens, dont l'article 8.
M. Tardif: M. le Président, l'article 8 avait
été, en effet, gardé en suspens. Cependant, ce
n'était pas l'article qui était au coeur du débat, mais
l'article 11, l'article 8 ayant été suspendu uniquement par
concordance avec la décision que prendrait éventuellement cette
commission relativement à la gestion des déchets prévue
à l'article 11. Donc, avec votre permission, M. le Président, je
pense qu'il serait peut-être plus dans l'ordre de commencer par l'article
11, qui est l'article de fond. Après quoi, nous pourrons nous prononcer
sur l'article 8 et, subséquemment, sur l'article 12 également,
qui touchent tous les deux cette question.
Le Président (M. Lacoste): D'accord, M. le ministre.
J'appellerai donc l'article 11. M. Lamarre, le président de la
Communauté urbaine de Montréal.
Gestion des déchets (suite)
M. Lamarre (Yvon): M. le Président, je ne sais pas si je
dois intervenir. Peut-être que chacun accepte ces modifications à
la charte. Je voudrais simplement donner l'historique de cette question, de ce
dossier. Je dois dire que le comité exécutif de la ville s'est
penché très sérieusement sur la question de
l'enfouissement sanitaire au cours des derniers mois.
Cette question nous a portés surtout à nous poser des
questions, non pas nécessairement sur la gestion comme telle, mais sur
les problèmes ou les conséquences que suscite la gestion des
déchets dans les lieux physiques où nous faisons cet
enfouissement. Nous nous sommes posé effectivement trois questions.
Existe-il véritablement un problème de gestion, de contrôle
ou de potentiel, de limite potentielle de lieux d'enfouissement sanitaire de
déchets à l'intérieur de la région
métropolitaine? Existe-t-il un problème de salubrité,
d'hygiène, d'écologie, de voisinage, d'environnement?
Troisièmement, dans l'avenir immédiat et un peu plus tard,
qu'allons-nous faire de ces lieux d'enfouissement sanitaire situés dans
des villes, comme lieux physiques et comme lieux d'aménagement?
A la première question, nous avons conclu qu'il n'existe
véritablement pas de problème au niveau de la région de
Montréal, de la région métropolitaine concernant
l'enfouissement sanitaire. L'incinérateur des Carrières, plus les
trois secteurs de gestion des déchets, d'enfouissement sanitaire,
peuvent répondre très bien pour les 20 prochaines années,
jusqu'à l'an 2000, et, quand je dis l'an 2000, c'est parce que nous
n'avons pas voulu aller plus loin, mais je pourrais dire jusqu'en l'an 2020. Il
n'existe pas de problème de gestion de déchets ou de lieux
potentiels d'enfouissement sanitaire dans la région
métropolitaine d'ici 20, 30 ou 40 ans.
A la deuxième question, ces lieux physiques ne sont pas
nécessairement des lieux de contrôle d'assainissement de l'air ou
de contrôle d'aliments; ce sont des lieux physiques dans une
municipalité, dans une ville, et la ville doit être maître
d'oeuvre de l'aménagement de son territoire. Je pense que des lieux
d'enfouissement de cette nature causent des problèmes sur le plan de
l'environnement, sur le plan de la salubrité, de l'hygiène, de
l'écologie, comme nous avons, dans le quartier Saint-Michel-Nord, des
problèmes très grands sur ce plan proprement dit de
l'hygiène et de la salubrité.
La ville doit, dès cette année, intervenir et investir
plus de $1 500 000 pour aménager les abords de ces lieux d'enfouissement
qui causent des problèmes à l'environnement immédiat de
ces lieux d'enfouissement et aussi des problèmes de salubrité et
de vermine.
Nous demandons le contrôle de la gestion des déchets pour
justement intervenir sur le plan de l'environnement et aussi intervenir sur le
plan de la salubrité. Je pense que c'est là, effectivement, le
plus grave problème des villes qui ont à l'intérieur de
leurs limites des lieux d'enfouissement sanitaire.
Si nous regardons à l'intérieur de la région
métropolitaine, et particulièrement à l'intérieur
de la communauté, nous pouvons diviser la question en trois secteurs,
c'est-à-dire le secteur contre, qui a comme lieu d'enfouissement, lieu
de disposition, la carrière Miron, probablement la carrière
Fran-con d'ici quelques années, et aussi l'incinérateur
des Carrières, qui consomme plus de 80% de tous les
déchets domestiques de la ville de Montréal proprement dite.
Vous avez le secteur ouest, qui très bientôt aura comme
lieu d'enfouissement tout le West Island, la carrière Meloche, de
Kirkland, qui, pour les 10, 15 ou 20 prochaines années, peut très
bien servir aux 15 villes du West Island.
Pour les villes de l'est et aussi pour la partie est de Montréal,
la loi 74 permet des ententes intermunicipales, ce qui permettra aux villes de
l'est et aux quartiers de l'est de Montréal de conclure des ententes
pour pouvoir participer ensemble à l'enfouissement des déchets
dans la carrière Ciments Canada Lafarge.
Sur ces deux questions, je pense que le problème est passablement
clair, et la ville de Montréal, comme telle, peut intervenir, avec les
pouvoirs que nous demandons, sur les plans de l'hygiène, de
l'écologie et de la gestion des déchets proprement dits.
Quant à la troisième question, il s'agit de
l'aménagement du territoire de ces carrières, une fois que ces
carrières seront remplies. Je dois dire que c'est la
responsabilité d'une ville de voir à créer, à
l'intérieur de ces lieux où l'enfouissement est terminé,
qui ne peuvent servir à autre chose qu'à un parc, un
aménagement de parc. Je pense que la ville de Montréal, en
demandant ces pouvoirs, demande aussi la responsabilité, un jour ou
l'autre, de pouvoir aménager un grand parc interurbain sur ces lieux
d'enfouissement sanitaire. (10 h 30)
Pour toutes ces raisons, M. le Président, M. le ministre, je
pense qu'il est nécessaire d'accorder à la ville cette
autorité et cette responsabilité dans la gestion des
déchets, dans le contrôle de la salubrité, de
l'hygiène et de l'environnement de son milieu physique.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je pense bien que le plaidoyer
qu'on vient d'entendre de la part du président du comité
exécutif de la ville de Montréal souligne, si besoin il y a, la
compétence que toute municipalité doit avoir relativement
à ce problème de l'élimination des déchets.
L'expression "système de gestion des déchets" me répugne
un peu. Gérer des déchets... à tout
événement, bref, il faut en disposer. Je suis tout à fait
d'accord. Après des consultations, durant la fin de semaine, avec le
président de la Communauté urbaine de Montréal, je n'ai
aucune difficulté à accepter la demande de la ville, en y
ajoutant cependant quelques petites clauses dont celle qu'on retrouve à
la toute fin dans un papillon qui vous a été remis.
La ville demande le pouvoir de définir les déchets. Or,
les déchets sont déjà définis aux paragraphes 11 et
12 de l'article 1 de la Loi sur la qualité de l'environnement, de sorte
qu'il faudrait, sous réserve de ce que la ville demande à
l'article 23, limiter ce pouvoir de définir les déchets, par
exemple, aux catégories des déchets dits dan- gereux et, pour les
autres, se conformer à la loi générale.
Le deuxième élément est plus pertinent au
débat sur la compétence respective de la ville et de la
communauté. Je suggérerais d'ajouter à la toute fin: "que
la compétence conférée à la ville par les
paragraphes 21 à 26 s'exerce sous réserve de celle
conférée par la loi à la Communauté urbaine de
Montréal."
De la sorte, à un moment donné, si la communauté et
les villes membres décidaient d'ouvrir ce débat sur la
disposition des déchets, j'imagine que la question sera à ce
moment tranchée. Si jamais la communauté décidait de se
saisir de cette compétence, Montréal, qui est une partie
importante de cette communauté, saura sans aucun doute faire valoir son
point de vue. Voilà quant à l'esprit.
Quant au petit papillon qu'on a distribué tantôt, je
voudrais y apporter cependant deux corrections de style. Est-ce que tout le
monde a ce papillon? Au paragraphe 22, on dit: "Imposer à tout
producteur de déchets des exigences de salubrité ajouter
un d' d'hygiène et de prévention" de
prévention également. A la toute fin, on a ajouté le
paragraphe 27, mais il y a aussi des coquilles à corriger dans le
dernier alinéa, où on devrait lire: "La compétence
conférée à la ville par les paragraphes le mot
"paragraphes" avait été oublié s'exerce sous
réserve de celle conférée par la loi à la
Communauté urbaine de Montréal."
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre à l'article 11 est adopté? M. le député de
Laval.
M. Lavoie: A la suite des explications du ministre et des
résultats de ces rencontres de fin de semaine ou du début de
semaine, je pense bien que si les parties s'entendent, ce n'est pas à
nous de créer la mésentente. Je sais que, la semaine
dernière, le maire de la ville d'Anjou, M. Corbeil, était ici,
avec un procureur, et il semblait s'opposer à cette concurrence des
pouvoirs, si on peut dire, laissant à la Communauté urbaine de
Montréal certains pouvoirs qu'elle pourra exercer si elle le
désire en donnant à la ville de Montréal des pouvoirs
accrus en ce domaine. Je pense qu'il n'y a plus d'opposition. Est-ce qu'il y a
d'autres objections à cet article amendé? Il ne semble pas. En
l'occurrence, nous allons y concourir, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement
à l'article 11 est adopté? Adopté. Est-ce que le nouvel
article 11 est adopté?
M. Tardif: La ville de Montréal, qui a pris connaissance
du papillon et des trois derniers alinéas entre autres, est-elle
d'accord avec ces alinéas?
M. Lavoie: On se rend compte que, dans une structure un peu comme
celle de Montréal, de la communauté urbaine et de la ville, on
peut faire
une analogie avec le système fédéral où il y
a souvent, pour rendre les parties heureuses, concurrence de pouvoirs.
M. Lamarre: M. le Président, ce n'est pas sur cette
question que je veux faire mes commentaires. Je voudrais simplement m'assurer
que cette modification ne veut pas dire que la ville doit demander la
permission à la communauté non pas pour gérer des lieux
d'enfouissement mais pour contrôler les déchets ou en
disposer.
M. Tardif: Je ne crois pas que les conseillers juridiques de la
ville vont vous dire que c'est là le sens du dernier alinéa. Le
sens du dernier alinéa est qu'en anglais, "if and when", si et quand la
communauté se saisira de ce pouvoir, son règlement aura alors
préséance sur celui de la ville de Montréal. C'est cela
que ça veut dire.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article onze est adopté tel
qu'amendé?
M. Caron: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé.
M. Tardif: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 8, qui n'avait été suspendu qu'à cause des mots
apparaissant à la troisième ligne: "dans un règlement
relatif à la démolition, à la dégradation des
bâtiments, ou au bruit ou à la gestion des déchets". Donc,
on avait laissé cet article en suspens, à cause de cette question
de juridiction sur les déchets. Il n'y a plus aucune raison de retarder
son adoption, tel que formulé.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article 8.
L'article 8 est-il adopté?
M. Cordeau: Adopté. M. Lavoie: Adopté. M.
Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 8 est adopté.
L'article 12?
M. Tardif: L'article 12, c'est exactement la même chose, M.
le Président. Un petit instant! M. le Président, on m'informe que
la ville a déposé ce matin pour l'article 12 un papillon qui en
modifie légèrement la formulation.
L'article 12 se lit comme suit: "Ladite charte est modifiée par
l'adjonction, après l'article 528b, du suivant: 528c. Un
règlement adopté en vertu des paragraphes 21 à 27 de
l'article 528 doit, pour entrer en vigueur, être approuvé par le
ministre de l'Environnement. Avis de cette approbation est publié sans
délai dans la Gazette officielle du Québec."
M. Péloquin (Jean): M. le Président, je suis Jean
Péloquin, procureur de la requérante, la ville de
Montréal. Pour les fins du journal des Débats, c'est
à la suggestion du conseiller juridique du ministre de l'Environnement
que nous avons ajouté cet alinéa hier dans la journée.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 12 est adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 12 est adopté
tel qu'amendé.
M. Lavoie: C'est un amendement "léger". Ou un
"léger" amendement plutôt.
Le Président (M. Lacoste): L'article 21 ? M. le ministre,
à l'article 21.
Fourniture de l'eau
M. Tardif: Oui, M. le Président. Apropos de l'article 21
qui modifie l'article 628 de la charte, un texte a été
distribué qui est le résultat du regroupement des diverses
propositions d'amendements qui ont été formulées de part
et d'autre. Je vais en donner lecture avec votre permission, d'autant plus
qu'il y a une petite correction en cours de route ajoutée à une
ligne, que j'indiquerai au passage. "L'article 628. "1. La ville soumet, avant
le premier août de chaque année, le prix proposé de la
fourniture de l'eau pour l'exercice financier subséquent à
chacune des municipalités qu'elle dessert, soit à la limite de
leur territoire, soit à l'intérieur de celui-ci. A défaut,
le prix de l'eau pour l'exercice financier courant s'applique à
l'exercice subséquent. "2. Adéfaut d'acceptation du prix soumis
de l'eau, la ville ou toute municipalité peut s'adresser, avant le 1er
octobre, à la Commission municipale du Québec qui fixe alors le
prix de l'eau par ordonnance avant le 1er novembre. "3. Les
municipalités à qui la ville livre l'eau à la limite de
leur territoire paient à la ville le prix de l'eau dans les 30 jours de
la réception d'un compte indiquant la consommation relevée au
compteur pour la période écoulée. "4. Acompter de
l'exercice financier 1981, les municipalités dont le territoire est
desservi par l'aqueduc de la ville paient directement à celle-ci le prix
de l'eau, le 1er juillet de chaque exercice. Ces municipalités sont
autorisées à imposer là, M. le Président,
suit une légère correction après le mot "aux" aux
personnes déservies par le réseau donc il faut enlever
"usagers du service". Je relis: "Ces municipalités sont
autorisées à imposer aux personnes desservies par le
réseau d'aqueduc dans leur territoire un tarif du prix de l'eau à
eux livrée, mesurée par compteur ou non.
Ce tarif peut être imposé soit sur la base de la valeur
locative apparaissant au rôle de la valeur locative, soit sur la base de
la valeur apparaissant au rôle d'évaluation, soit, dans le cas
d'un bâtiment muni d'un compteur réglementaire, sur la base de la
quantité d'eau consommée avec un minimum par local ou
catégorie de locaux. Le revenu provenant de ce tarif peut être
différent du prix de la fourniture de l'eau payable à la ville
à la discrétion du conseil de chacune de ces
municipalités. Le tarif du prix de l'eau ainsi imposé est
assimilé à la taxe de l'eau visée par le paragraphe 4. de
l'article 432 de la Loi sur les cités et villes (L.R.Q., c. C-19). Dans
le cas où le tarif de l'eau est imposé sur la base de la valeur
apparaissant au rôle d'évaluation, ce tarif est assimilé
à la taxe foncière imposée sur l'immeuble en raison duquel
il est dû. "5. La ville et une municipalité visée au
présent article peuvent conclure toute entente déterminant les
conditions de la fourniture de l'eau à cette municipalité autre
que le prix de l'eau. "6. Dans le cas où le territoire d'une
municipalité est desservi par l'aqueduc de la ville, celle-ci soumet
à cette municipalité une liste des dispositions de ses
règlements qu'elle estime nécessaires à la protection du
réseau d'aqueduc de la ville et au maintien de la qualité de
l'eau potable qu'elle fournit. Cette municipalité doit alors adopter un
règlement pour rendre ces dispositions applicables sur son territoire et
en fournir la preuve à la ville. (10 h 45) "7. Adéfaut de ce
faire, ou à défaut d'une entente en vertu du paragraphe 5, la
Commission municipale du Québec, après consultation avec le
ministre de l'Environnement, peut et non pas peur rendre à
l'égard d'une municipalité l'ordonnance qu'elle juge
nécessaire."
Voilà, M. le Président, pour ce qui est de l'article 21
modifiant l'article 628 de la charte. On constate...
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, dans votre lecture,
au paragraphe 6, à la quatrième ligne, vous avez dit: "et au
maintien". C'est bien "ou au maintien".
M. Tardif: C'est mon erreur, M. le Président. C'est "ou au
maintien". C'est le texte écrit qui est...
Le Président (M. Lacoste): D'accord.
M. Tardif: II semblerait, M. le Président, que j'ai
spontanément fait la correction qui s'imposait et que c'est le mot "et"
qui est bon.
Le Président (M. Lacoste): Au paragraphe 6., remplacer le
mot "ou" par "et", "et on maintient".
M. Pigeon (Robert): Robert Pigeon. J'ai eu le mandat de
représenter un contribuable de Pointe-aux-Trembles; je n'ai eu ce mandat
que la semaine dernière ou pour la présente semaine. Je deman-
derais de pouvoir intervenir, ce qui prendra environ trente secondes,
relativement à cet article.
Le Président (M. Lacoste): Trente secondes.
M. Tardif: M. le Président, je tiens à souligner
que nous avons convenu, les membres de cette commission, que les
représentations en dehors de la période initiale de
présentation des groupes intéressés devraient se faire de
façon informelle par les membres de l'équipe qui nous accompagne
ici et qu'on en prendra connaissance volontiers, sans quoi nous venons d'ouvrir
un autre débat. Nous avons la ville de Québec qui est en attente;
nous avons la ville de Verdun également qui est en attente, nous devons
terminer cette charte.
M. le Président, je comprends que Me Pigeon représente une
municipalité de l'île de Montréal qui est impliquée
dans ce dossier. Je pense que nous avons été assez larges,
à cette commission, dans les règles de pratique, puisque nous
avons admis qu'au cours de la discussion d'un article, il y ait d'autres
intervenants que la requérante, c'est-à-dire la ville de
Montréal. M. le Président, je vais me soumettre volontiers
à votre décision et à celle de cette commission, mais je
ne voudrais pas qu'on rouvre le débat sur cet article. Si les
représentations sont des représentations de la nature de celles
qui prennent trente secondes, donc, si je comprends bien, de style, eh bien, il
y a d'autres canaux pour les faire.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: ... écoutez, je pense bien qu'en commission
parlementaire, il est normal que les membres de la commission soient
éclairés le plus possible. L'autre jour, on a ouvert un
débat, au début de l'étude du projet de loi, mais il peut
se présenter, en cours de route, des amendements importants à des
articles, des faits nouveaux; il peut y avoir des articles nouveaux et je pense
bien qu'on est ici pour essayer de légiférer avec le meilleur
éclairage possible. Surtout s'il y a une demande de faite pour trente
secondes, ça peut aller à soixante secondes, assez
brièvement. D'ailleurs, les renseignements ne doivent pas se faire...
J'ai entendu le ministre, tout à l'heure, dans son intervention,
lorsqu'il a dit que les représentations se feraient au niveau de son
cabinet.
M. Tardif: De part et d'autre.
M. Lavoie: Non, vous vous êtes servi de la main droite,
cette fois-là, aux personnes de ce côté. Ecoutez, je pense
bien que ce n'est pas le cabinet qui légifère, c'est la
commission et l'Assemblée nationale.
M. Tardif: L'Opposition est tellement peu à gauche.
M. Lavoie: En ce qui me concerne, s'il y a des personnes, soit
pour le bill de Montréal, le bill de Québec ou d'autres qui ont
des...
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès du
député de Laval, un instant, on me demande si vous avez le son?
Il semble y avoir des difficultés de son... Vous savez qu'en commission
parlementaire... M. le député de Laval, je m'excuse.
M. Lavoie: Si vous voulez être très bref, je pense
bien qu'on est ici pour entendre les parties.
M. Pigeon: M. le ministre...
M. Cordeau: Quant à moi aussi, je crois...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... qu'il y aurait posibilité de l'entendre,
étant donné que nous entendons la ville de Montréal sur le
projet de loi et que les municipalités riveraines sont directement
touchées par cet article, parce que l'eau... C'est-à-dire qu'il
faut qu'il y ait entente entre les deux municipalités.
C'est dans ce sens que, pour le bien de la démocratie, il serait
préférable de permettre cette intervention, libre à nous,
par la suite, de prendre d'autres décisions.
M. Lavoie: Si le ministre ne s'était pas opposé,
ça fait longtemps que l'intervention serait terminée.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: S'il s'agit d'une intervention susceptible de durer 30
ou, à la limite, 60 secondes et qui n'ouvre pas tout le débat de
nouveau, je me soumets volontiers à la décision majoritaire,
sem-ble-t-il, de cette commission.
M. Lavoie: Une autre victoire.
Le Président (M. Lacoste): Consentement de la commission,
Me Pigeon, requérant de...
M. Pigeon: Un contribuable de Pointe-aux-Trembles, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Un contribuable de
Pointe-aux-Trembles. Veuillez exposer votre point de vue brièvement.
M. Pigeon: Très brièvement même. Enfin, le
problème que nous avons à Pointe-aux-Trembles, c'est qu'il y
avait un contrat qui faisait suite à une ordonnance qui avait
été rendue en 1963 et qui prévoyait le renouvellement d'un
contrat de cinq ans en cinq ans, à compter de 1963. Ce contrat n'a pas
été dénoncé par la ville de Montréal selon
les délais prévus à l'article 43 de la convention qui
accompagnait l'ordonnance, article qui se lit comme suit: "L'une ou l'autre des
parties, après dix ans cela a été changé par
"cinq ans" pourra, sur avis de six mois de l'autre partie, demander une
révision de la convention. Adéfaut d'entente dans les six mois
qui suivront, le litige sera référé à la
Régie des services publics".
Alors, vous avez un contrat qui a été renouvelé en
1977 pour une autre période de cinq ans. Par cette loi, en particulier
par le premier article de l'article 628,, on dit: "La ville soumet, avant le
1er août de chaque année, le prix proposé", ce qui permet
de mettre fin à un contrat qui, à notre avis, a été
renouvelé de cinq ans en cinq ans. Ce sont les seules observations que
j'ai à faire. En conséquence, il faudrait qu'il y ait une
réserve quant à cet article pour Pointe-aux-Trembles pour qu'il
ne s'applique qu'à compter de l'année 1983.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, si je comprends bien, le
procureur de Montréal-Est fait état d'un contrat renouvelable
pour cinq ans, intervenu avec la ville en 1977 et venant à
échéance en 1982. Or, cet article n'a pas pour effet d'enlever
à la ville de Montréal-Est tout recours qu'elle pourrait avoir,
advenant que les termes de son contrat ne sont pas respectés.
M. Pigeon: Si vous me permettez, M. le ministre, le texte de
l'article dit ceci: "La ville soumet, avant le 1er août de chaque
année, le prix proposé pour la fourniture de l'eau". Or, s'il a
été renouvelé, on n'a pas à mettre cet article
impliquant Pointe-aux-Trembles; il ne s'agit pas du tout de Montréal-Est
dans mon intervention, parce qu'à Montréal-Est, le contrat a
été dénoncé dans les délais prévus
à ladite convention renouvelée de cinq ans en cinq ans.
C'est un cas bien différent de celui de Montréal-Est. J'ai
ici les ordonnances, de même que le projet de contrat.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, est-ce que le procureur de la
ville a un avis sur cette question des recours quant aux ententes existant
entre la ville et...
M. Péloquin: Selon notre opinion, l'ancienne ordonnance,
qui remonte à 1964, avait été rendue pour une
période de cinq ans et pouvait être renouvelée pour une
autre période de cinq ans. Alors, dès 1974, à notre avis,
l'ordonnance ne s'appliquait plus et nous pouvions alors mettre fin aux
conditions de fixation du taux de l'eau. Mais il y a divergence d'opinions et
nous débattrons cela en temps et lieu devant le forum
approprié.
M. Tardif: Je pense en effet, M. le Président, que ce
n'est pas le rôle de cette commission de
trancher cette question des contrats existants ou non, c'est aux
tribunaux.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre est adopté? M. le député de Laval.
M. Lavoie: Est-ce qu'on a réglé le fameux
problème des cas en litige?
M. Tardif: Cela va venir plus loin.
M. Lavoie: L'effet déclaratoire de la loi va venir plus
loin.
M. Tardif: Cela va venir plus loin, M. le Président,
étant donné que le dernier alinéa a été
enlevé. La ville nous soumet un papillon à l'article 63a qui
traite de cette question.
M. Lavoie: Y a-t-il d'autres parties qui veulent se faire
entendre, d'autres municipalités de la région de Montréal?
S'il n'y en a pas d'autre...
M. Pigeon: M. le Président, à titre de procureur de
la ville de Montréal-Est, pour les raisons que j'ai déjà
exposées et sur lesquelles je ne veux pas revenir, je suggérerais
qu'on détermine la façon de fixer le coût de l'eau pour les
usagers dans les limites de la ville de Montréal-Est. J'ai longuement
débattu cette question, je pense, devant vous, je ne veux pas y revenir,
mais je suggère quand même qu'il soit indiqué dans
l'article 628 de la charte de la ville de Montréal que le coût
additionnel pour la livraison de l'eau dans les limites de la frontière
soit le coût réel et qu'il y ait aussi remise de
dépôts par la ville de Montréal à la ville de
Montréal-Est...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je soumets respectueusement
qu'on rouvre le débat sur la question de fond. Cette commission n'a pas
à déterminer le prix de l'eau; elle n'a qu'à
déterminer les règles du jeu du forum qui permettra la fixation
de ce prix de l'eau. Je ne veux pas rouvrir la question de fond, M. le
Président, quant aux modalités. La Commission municipale a
compétence en cette matière.
Le Président (M. Lacoste): Je suis bien d'accord. M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Oui, je crois que ce n'est pas à nous de
remplacer la Commission municipale dans les modalités de la
détermination du coût. On ne peut pas se substituer à la
Commission municipale.
M. Pigeon:... déjà la présentation, mais,
enfin, je ne veux pas insister davantage et faire perdre plus de temps à
la commission. J'ai déjà exposé mon point de vue
là-dessus mais il ne semble pas avoir été retenu. Je
n'insiste pas davantage, M. le ministre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, j'aurais une explication
à demander. Aux paragraphes 1 et 2, on mentionne de quelle façon
les municipalités doivent fixer le prix de l'eau et, à 5, on dit:
La ville et une municipalité visée au présent article
peuvent conclure toute entente déterminant... autre que le prix de
l'eau... Pourquoi indiquer "autre que le prix de l'eau"?
M. Tardif: Par exemple, ceci pourrait avoir trait à la
perception ou à toute autre matière.
M. Cordeau: Mais les municipalités peuvent aussi conclure
une entente sur le prix de l'eau.
M. Tardif: Pardon?
M. Cordeau: Si les deux municipalités sont consentantes,
elles peuvent conclure une entente sur le prix de l'eau.
M. Tardif: C'est tout à fait juste, mais c'est
prévu aux alinéas antérieurs.
M. Cordeau: Mais on dit: La ville et les municipalités
visées au présent article peuvent conclure toute entente et on
ajoute "autre que le prix de l'eau".
M. Lavoie: Cela peut être...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, mais le
deuxième alinéa dit qu'à défaut d'acceptation du
prix de l'eau, la ville ou toute municipalité visée peut
s'adresser... Cela suppose qu'à l'alinéa 1, il y a eu une
espèce d'entente. C'est à défaut d'entente qu'elle peut
s'adresser à la Commission municipale, mais en plus de ces ententes
relatives au prix de l'eau, la ville et une municipalité membre de la
communauté peuvent conclure des ententes sur d'autres matières
reliées à la fourniture de l'eau. C'est tout. Cela ne veut pas
dire que le prix de l'eau est exclu. Le prix de l'eau est prévu de
façon expresse aux alinéas 1 et 2.
M. Cordeau: Oui.
M. Lavoie: Cela peut être pour l'installation de
compteurs...
M. Cordeau: Oui, c'est bien sûr, toute entente. M.
Lavoie: ... ou comment facturer... M. Tardif: C'est cela.
M. Cordeau: Par contre, elles peuvent s'entendre aussi sur le
prix de l'eau sans recourir à la Commission municipale ou aux services
de l'environnement, s'il y a entente.
M. Tardif: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse de nouveau
auprès du député de Saint-Hyacinthe. On me dit de nouveau
que les cameramen ont le son. Il n'y a pas de son. M. le député
de Laval.
M. Lavoie: J'aurais une dernière question avant de
disposer de cet article. Je ne me rappelle pas de tous les 590 articles de la
loi 57, si c'est là, mais n'y avait-il pas un principe d'établi
quelque part disant qu'une ville devait facturer à ses usagers
uniquement le coût réel de l'eau? Cela n'existe-t-il pas quelque
part? Je le demande aux légistes qui entourent le ministre. N'est-ce pas
dans la loi 57?
M. Tardif: C'est dans la loi 74 relative aux ententes où
l'on trouve certains articles qui ont trait au coût de l'eau
effectivement, mais ce n'est pas dans la loi 57 comme telle. Dans la loi 74,
c'est en matière d'ententes intermunicipales et encore là, ce
n'est pas de façon aussi... C'est cela. C'est que la loi 74, M. le
Président, fait état non seulement de production réelle,
de service réel, de quantités d'eau, mais également de
potentiel de production. Par exemple, une, deux, ou trois municipalités
s'entendent pour confier à une quatrième la fourniture de l'eau,
fourniture qui implique la construction d'un aqueduc. (11 heures)
La ville demanderesse dit: Je vais avoir besoin d'une quantité de
10 000 gallons par jour pour l'année en cours, mais je veux une
réserve, je veux que vous constituiez une réserve de
capacité de production double de celle-là en prévision des
développements que j'aurai chez moi. Donc, il y a des règles
particulières de prévues pour la consommation réelle et
pour la réserve que la municipalité en question exige. C'est tout
à fait autre chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, je m'adresse aux
légistes qui vous entourent. Il n'y a rien dans nos statuts, dans nos
lois, qui dit qu'une ville ne doit pas faire de profit, en somme, sur l'eau
vendue à ses contribuables. Cela se limite à ça, parce
qu'il y aurait une contradiction autrement. Il y a un article qui donne aux
villes le pouvoir de facturer plus cher, quel que soit le prix de l'eau. C'est
seulement pour clarifier cette situation.
M. Tardif: La jurisprudence est dans le sens que le prix de l'eau
doit effectivement être déterminé de façon à
couvrir les coûts de production, mais ce n'est pas dans la loi.
M. Lavoie: Vous donnez quand même ce pouvoir, je ne suis
pas contre, en principe. Une ville qui est desservie par Montréal pourra
faire un profit avec la vente de l'eau à ses contribuables. C'est ce que
l'article dit.
M. Tardif: Non, ce n'est pas ce que l'article dit. Le coût
lié à la fourniture de l'eau peut être...
M. Lavoie: C'est à la première page. Si je lis le
français comme il se doit, le revenu provenant de ce tarif peut
être différent du prix de la fourniture de l'eau payable à
la ville, à la discrétion du conseil de chacune de ces
municipalités.
M. Tardif: M. le Président, le coût de la fourniture
de l'eau n'est pas uniquement relié à... Supposons que la ville
de Montréal vend son eau $0.40 le gallon ou les 1000 gallons
parce que le gallon, ce serait quand même très payant pour la
ville à la ville de Verdun, par exemple, celle-ci serait tout
à fait autorisée à vendre cette eau à un coût
légèrement supérieur pour tenir compte des charges
afférentes à la distribution de l'eau, au bris, à
l'entretien des conduites, des bornes-fontaines qui gèlent l'hiver, au
coût de facturation et à tout ce que vous voulez. C'est tout ce
que veut dire cet article. Cela ne dérogerait pas à la
jurisprudence établie en la matière.
M. Lavoie: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement
à l'article 21 est adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 21 est adopté tel qu'amendé?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 21 est adopté
tel qu'amendé. Article 22?
M. Tardif: Concordance. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Cela va, M. le
député de Laval, à l'article 22?
M. Lavoie: Cela va, s'il n'y a pas d'opposition.
Le Président (M. Lacoste): II n'y a pas d'opposition.
Article 22, adopté. Article 33? Il y a un amendement de la ville de
Montréal.
M. Tardif: On se souviendra que, par cet article, la ville de
Montréal demandait la permission d'avoir un taux d'intérêt
variable en cours d'exercice.
D'une façon générale, il nous semble, surtout si on
veut se conformer aux dispositions de certaines lois, comme la Loi sur la
protection du consommateur qui exige notamment que tout créancier
informe six mois à l'avance tout débiteur de toute augmentation
du taux d'intérêt, que, finalement, cette variation des taux
d'intérêt en cours d'exercice peut poser un problème.
Cependant, ce qui est une solution mitoyenne nous a semblé raisonnable
dans le cas de la ville, c'est-à-dire de permettre à la ville de
Montréal, comme, d'ailleurs, à toute autre municipalité en
l'occuren-ce, de déterminer annuellement ce qu'elle a le pouvoir
de faire le taux d'intérêt applicable aux
comptes échus dans un exercice donné et de faire en sorte,
pour une somme qui était due antérieurement à un taux
d'intérêt plus bas, lorsqu'elle demeure due dans un nouvel
exercice pour lequel un nouveau taux s'applique, que ce nouveau taux puisse
s'appliquer pour la portion non payée.
La ville a rédigé un papillon et les gens du
ministère en ont fait un également. Je soumets, M. le
Président, que nous préférons celui du ministère
pour la simple raison qu'il y a un alinéa important, sous
réserve, évidemment, de la loi 57 et on m'informe que la ville
préfère également, je pense, cette formulation soumise par
le ministère.
Or, M. le Président, à ce moment-là, l'article
674a, tel que modifié par l'article 38 du présent projet de loi,
se lirait comme suit: "Les taxes de même que tout compte ou toutes sommes
dus à la ville portent intérêt à compter de leur
échéance sans qu'il soit nécessaire qu'une demande
spéciale soit faite à cet effet. Le conseil fixe par
règlement, suivant les modalités qu'il détermine, le taux
d'intérêt de l'exercice financier subséquent, lors de
l'adoption du budget. Ce taux s'applique également pour la durée
de cet exercice à toutes les créances échues avant cet
exercice. Toutefois, dans le cas où le budget est adopté au cours
de l'exercice pour lequel il est dressé ou dans le cas où il
entre en vigueur en vertu de l'article 675, le taux d'intérêt
fixé pour l'exercice précédent continue de s'appliquer
jusqu'à la date déterminée par règlement lors de
l'adoption du budget. "Sous réserve de la Loi sur la fiscalité
municipale et modifiant certaines dispositions législatives (1979,
chapitre 72) et sous réserve de la charte et des règlements,
ordonnances, contrats et ententes qui peuvent fixer à une autre date
l'exigibilité des sommes dues à la ville, celles-ci sont
exigibles 30 jours après l'envoi du compte de la ville."
M. Lavoie: Un instant.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je pense qu'il y a une amélioration sur le
texte original. Si je comprends bien, au point de vue pratique, si, une
année donnée, le taux d'intérêt applicable est
à 12%, les créances, les taxes dues pour cet exercice, c'est 12%.
L'année suivante, avant l'entrée en vigueur du budget
subséquent, vous déterminez que le taux est à 14%. A
l'avenir, c'est 14%, mais, pour la dette qui n'est pas encore payée,
ça reste à 12% pour l'année antérieure...
M. Tardif: Antérieure au nouveau taux.
M. Lavoie: ... mais, pour l'année suivante, c'est 14%.
M. Tardif: Voilà!
M. Lavoie: Et ainsi de suite. S'il y a une troisième
année, c'est 15% et, si le compte n'est pas encore payé, le
débiteur paiera 12%, 14% ou 15%.
M. Tardif: Voilà, c'est ça.
M. Lavoie: II n'a pas l'effet rétroactif que vous vouliez
reporter auparavant.
M. Tardif: Non, c'est ça.
M. Lavoie: Vous comprenez notre prudence, parce que nous sommes
ici... Vous savez, les machines gouvernementales aujourd'hui, Montréal
ou Québec, ce sont de grosses machines et souvent le contribuable n'a
pas trop de défense devant ces grands appareils. Je pense que c'est
notre rôle de doser un peu, je ne dis pas certains appétits.
Le Président (M. Lacoste): Me Péloquin.
M. Péloquin: D'ailleurs c'est un peu pour tenir compte de
la remarque que le député de Laval avait faite lors de la
dernière audition de cette commission parlementaire que le
deuxième alinéa de l'article se lit: "Ce taux s'applique
également pour la durée de cet exercice". Donc, ça montre
bien que c'est l'exercice subséquent. Autrefois on disait: "Ce taux
s'applique à compter de l'adoption du règlement." C'était
peut-être moins sûr qu'en disant: "Pour la durée de cet
exercice".
Le Président (M. Lacoste): Me Pigeon.
M. Pigeon: M. le Président, j'aimerais juste clarifier un
point. D'après le texte, ce que je comprends, si j'ai une ordonnance qui
est pendante ou une décision de la Commission municipale qui est
pendante, si elle est rendue, par exemple, dans trois mois, est-ce que les
intérêts seront dus sur les montants fixés, ce qui sera
sûrement une augmentation depuis la date de l'ordonnance? J'ai
écrit le texte qu'on m'a donné, mais je crains d'en avoir
manqué un bout.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je reviens aux remarques
formulées tantôt quant aux interventions autres que celles de la
requérante, s'il vous plaît. Deuxièmement, je veux dire que
l'article tel que libellé s'applique aux comptes encore en souffrance
pour l'année au cours de laquelle le nouveau taux s'applique. Si une
municipalité donnée doit à la ville des sommes qui
remontent à cinq ans en arrière et qu'il y a cinq ans, le taux
d'intérêt était de 6% ou de 8%, c'est 8% qui s'applique
pour cette somme-là, jusqu'au moment où la ville
décrétera un nouveau taux, c'est-à-dire à compter,
par exemple, du 1er janvier 1980. Si le nouveau taux s'appliquant aux sommes
dues est
maintenant de 12%, à compter du 1er janvier 1980, le taux
d'intérêt sera de 12% sur les sommes dues, y compris celles qui
sont en souffrance depuis cette époque, mais pour chacune des
années pour lesquelles un taux nouveau aurait été
décrété, le nouveau taux s'appliquera uniquement sur les
sommes dues à ce moment-là. Il me semble que c'est assez
clair.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement
à l'article 33 est adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 33 est adopté tel qu'amendé?
M. Tardif: Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. L'article 61.
M. Tardif: A l'article 61, nous avons... M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
Annexion de la municipalité de Gamelin
M. Tardif: Cet article avait été laissé en
suspens et nous n'avons pas d'objection à ce qu'il soit adopté
tel quel, attendu que nous ajouterons, à la toute fin, l'article 68 qui
dira: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction, sauf
l'article 61 qui entrera en vigueur à la date fixée par
proclamation du gouvernement". Ceci afin de régler dans un protocole
d'entente les termes de l'annexion qu'il restera à rédiger et vu
les exigences qui auront été communiquées par les
autorités de l'hôpital quant à la protection que l'on exige
sur le plan du zonage, quant à l'entretien et l'éclairage des
rues, quant à l'enlèvement des déchets, quant aux
exigences que la ville pourrait avoir vis-à-vis de la communauté
qui est là en ce qui concerne les infrastructures hors normes de ce
village de Gamelin ou de Saint-Jean-de-Dieu, bref toutes choses qui doivent
être réglées dans un protocole, si bien que nous acceptons
le principe ici dans la loi et que cette annexion de territoire sera pour
être proclamée dès lors que ces questions seront
réglées.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article...
M. Lavoie: Je crois que...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval. (11 h 15)
M. Lavoie: En considérant l'article 68, au début,
je trouvais la rédaction un peu courte... Lors d'une annexion, il y a
souvent des droits ac- quis ou des règlements en vigueur ou, comme vous
l'avez mentionné, une situation, un statu quo ou des droits qui
existaient. Vous ne prévoyiez pas cela dans l'article original, mais je
crois qu'avec l'article 68, cela fera l'objet d'une entente avec les citoyens
de la municipalité de Gamelin qui sera annexée à la ville
de Montréal. C'est un protocole d'entente. Est-ce que le
ministère, avant de promulguer sa loi...
M. Tardif: Les citoyens, c'est beaucoup dire, parce qu'un certain
nombre sont privés de leurs droits de citoyens, mais...
M. Lavoie: On ne parle pas des patients, on parle de ceux qui ne
sont pas patients ou qui sont très patients de traiter les patients.
Est-ce que le ministre peut nous dire qu'avant de promulguer la loi il faudra
qu'il y ait entente totale entre les annexants et les annexés?
M. Tardif: Je vais plus loin que cela, M. le Président.
Une entente tripartite entre la ville, le gouvernement et les annexés,
parce que le gouvernement est aussi j'allais dire
financièrement intéressé dans cette annexion.
M. Lavoie: Vous allez payer des taxes à la ville de
Montréal, des "en-lieu".
M. Tardif: Ce sont des "en-lieu" qui sont égaux au plein
montant des taxes, M. le Président.
M. Lavoie: Vous pourriez ajouter le RIO également, qui
pourrait être le plein montant des taxes également.
M. Tardif: Pas dans Gamelin.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 61 est
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Me Péloquin, article
61.
M. Péloquin: M. le Président, avec la permission de
cette commission, j'aimerais apporter un léger amendement, qui est
simplement sur le plan technique, que vous avez sur les feuilles qui vous ont
été distribuées. C'est l'article que nous avons
numéroté 3a. Il s'agit d'une omission dans la charte à
l'occasion...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président. Est-ce que
l'article 61 est adopté?
Le Président (M. Lacoste): Oui, c'est cela. Pour les fins
du journal des Débats, j'aimerais adopter l'article 61. Article 61,
adopté. Me Péloquin.
M. Péloquin: Je m'excuse, j'avais cru que l'article 61
était déjà adopté.
L'article, avant le projet de loi no 22, c'est-à-dire lorsque la
ville de Montréal avait son exercice financier du 1er mai au 30 avril de
chaque année, se lisait comme suit: "Si le conseil n'adopte pas avant le
1er mai le budget, les règlements et les résolutions
mentionnés à l'article 670, ceux-ci deviennent automatiquement en
vigueur à partir de cette date." Lorsque nous avons changé
l'exercice financier pour qu'il commence le 1er janvier au lieu du 1er mai,
l'Assemblée nationale a simplement enlevé la date du 1er mai pour
la remplacer par le 15 décembre. Le reste de l'article est
demeuré tel qu'il existait, ce qui donne comme résultat que si le
conseil n'adopte pas le budget avant le 15 décembre, les
règlements-résolutions entreraient en vigueur à partir de
cette date, c'est-à-dire le 15 décembre. Il serait plus correct
de dire qu'ils entreront en vigueur le 1er janvier suivant.
M. Tardif: Je suis tout à fait d'accord, M. le
Président. Adopté, quant à nous.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 33a, le nouvel article,
adopté?
M. Tardif: Adopté.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 63.
M. Péloquin: M. le Président, M. le ministre, j'ai
eu, hier, l'occasion de parler au conseiller juridique du ministère des
Finances. Etant donné la divergence de vues quant au résultat de
l'adoption de cet article 63, nous n'avons pas d'objection à ce qu'il
soit retiré. Nous serions prêts à le retirer, quitte
à attendre d'obtenir l'assentiment par écrit de tous les
prêteurs de l'actuel emprunt olympique pour qu'ils nous disent clairement
que le fait d'abroger cet article, qui n'a plus d'utilité, à
notre avis, parce qu'il n'y a plus de garantie donnée par le ministre
des Finances... lorsque nous aurons cette entente, il pourra y avoir abrogation
définitive, sans crainte qu'il y ait danger de défaut.
M. Tardif: Je suis tout à fait d'accord. La consultation
menée auprès du ministère des Finances et la consultation
du "term loan agreement", tel que renégocié en date du 27 juillet
1978, en fait état expressément. "The notes will be issued and
delivered under the authority of the Charter of the ville de Montréal,
the Act respecting the Olympics deficit of the ville de Montréal and
amending the charter and so forth, which is in full force and effect and in
conformity with the provisions of said charter, act, by-laws and
resolutions."
Plus loin on fait état des cas de défaut et on dit: "If
the act, by-laws or the resolutions referred to in section 5-D shall cease to
be in full force and effect or shall be repealed, revoked or rescinded in whole
or in part, or amended, in any respect which would prejudice the interests of
the banks here-under."
Je pense qu'il est préférable de retirer cet article
quitte, comme vous l'avez mentionné, à procéder
autrement... Là, il faut le faire disparaître.
Le Président (M. Lacoste): Donc... M. Lamarre.
M. Lamarre: M. le Président, je pense que notre procureur
a fait un lapsus linguae. Je voudrais simplement dire qu'on retire cette
modification que nous demandons en attendant que le gouvernement reprenne les
$214 millions.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'article 63 est
retiré. Article 63a.
M. Tardif: Alors, la ville de Montréal a distribué
un papillon qui vise à proposer une solution alternative aux
dispositions déclaratoires de l'article 21. Peut-être que le
représentant de la ville veut nous expliquer de quoi il en retourne, M.
le Président.
Le Président (M. Lacoste): Me Péloquin.
M. Péloquin: M. le Président, il y a un
débat actuellement à savoir si la Commission municipale a
juridiction ou si elle n'a pas juridiction pour fixer le taux de l'eau à
certaines municipalités de banlieue pour les exercices mentionnés
à l'article 63a. Si ce débat devait se poursuivre, advenant que
le tribunal de dernière instance déterminerait que la Commission
municipale n'avait pas juridiction en décembre 1979 pour fixer le taux
de l'eau, nous serions dans la même situation qu'ici, c'est-à-dire
qu'il faudrait trouver l'instance qui aurait juridiction pour fixer ce taux de
l'eau. Parce que, tout de même, je ne pense pas qu'on puisse admettre que
la ville ait fourni de l'eau à certaines municipalités de
banlieue sans être payée en retour.
Advenant que nous nous trouverions à ce moment-là dans un
vide juridique, c'est-à-dire qu'il n'y aurait aucune autorité qui
puisse fixer le taux de l'eau, nous prétendons respectueusement que la
Cour supérieure, en vertu de sa juridiction et er vertu des pouvoirs qui
lui sont conférés par le droit commun, aurait le droit d'entendre
la ville de Montréal et le droit de lui permettre d'obtenir les sommes
qu'elle a dépensées pour fournir l'eau à ces
municipalités de banlieue.
En conséquence, nous croyons qu'il est de l'intérêt
de tous les contribuables de toutes les municipalités concernées
d'éviter des litiges qui pourraient durer de longues années, pour
finalement aboutir au même résultat que celui qui, aujourd'hui,
donnerait clairement juridiction à la Commission municipale.
J'aimerais de plus mentionner qu'une situation semblable s'est produite
en 1972, alors que les municipalités de banlieue avaient contesté
pour la première fois le prix de l'eau qui leur était
facturé par Montréal. A ce moment, il y a eu un
long débat devant la Commission municipale, débat qui a
duré plusieurs mois, sinon quelques années. Les parties se sont
encore retrouvées avec certaines années, c'est-à-dire les
années 1971/72 et 1972/73, où aucun coût de l'eau n'avait
été fixé. Comme les municipalités de banlieue
voulaient évidemment revenir de l'arrière, l'Assemblée
nationale avait édicté l'article 24 du chapitre 76 des lois de
1972, qui se lit comme suit: "Nonobstant toute disposition législative
ou contractuelle inconciliable, la Régie des eaux du Québec a
juridiction pour fixer le taux de la taxe de l'eau payable à la ville de
Montréal pour les exercices financiers 1971/72 et 1972/73 de cette
dernière, quant à la fourniture de l'eau dans le territoire de la
ville d'Outremont et dans celui des cités de Westmount et de
Côte-Saint-Luc et pour modifier en conséquence les
règlements no 4245 et no 4418 de la ville de Montréal. La ville
de Montréal peut elle-même modifier ces règlements quant
à chacune de ces municipalités à la suite d'une entente
avec chacune d'elles."
On voit que c'est le deuxième exercice que nous faisons; nous
espérons que c'est le dernier. C'était le but de l'adoption de
l'article 628 qui clarifierait une fois pour toutes que la Commission
municipale a juridiction à l'égard de la fixation du prix de
l'eau pour toutes les municipalités de banlieue, que l'eau soit fournie
à la municipalité ou qu'elle soit fournie aux usagers
directement.
Dans l'article 21 qui a été adopté par cette
commission, nous avons vu qu'il y a chaque année un mécanisme qui
est prévu et par lequel la ville soumet le coût de l'eau. Si ce
coût de l'eau est contesté, il y a une procédure
très serrée; il faut aller devant la Commission municipale. Si
jamais la ville oubliait de soumettre le taux de l'eau chaque année,
c'est le taux de l'exercice précédent qui s'appliquerait.
Je crois qu'il est de l'intérêt de tous les contribuables
de donner juridiction ou de préciser que la Commission municipale a
juridiction, parce que les opinions sont divergentes là-dessus.
Personnellement, comme procureur de la ville plusieurs de mes
collègues sont aussi de cet avis je pense que la Commission
municipale pourrait fort bien avoir juridiction, parce qu'il ne s'agit pas ici
d'effectuer un changement de régime juridique entre les parties de
façon rétroactive, car les contrats avaient été
dénoncés, et nous avions dit, depuis 1977, à la ville de
Saint-Laurent, ainsi que depuis les années 1978 et 1979 à
plusieurs autres villes, que nous n'entendions plus leur fournir l'eau au
coût qui avait été fixé, soit dans des contrats,
soit par des ordonnances de la Régie des services publics ou d'autres
instances.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article
63a est adopté? M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, devant ce qui était le
dernier alinéa de l'article 21, dans la proposition initiale, nous
avions devant nous un article qui était déclaratoire de
façon absolue. (11 h 30)
II affirmait en quelque sorte que la Commission municipale a toujours eu
la compétence pour déterminer le prix de l'eau. Une des
propositions qui ont été formulées, c'est de faire un
article déclaratoire ayant, si vous voulez, sous réserve des
causes pendantes, c'est-à-dire qui aurait affirmé que la
Commission municipale a toujours eu la compétence, sauf pour les causes
pendantes. Ceci nous aurait évidemment laissé cette espèce
de vacuum. Et il faudrait se demander ce qui se produit entre la période
où le prix de l'eau avait été fixé en vertu
d'ententes dénoncées et la période du nouveau tarif?
Le nouvel article proposé par la ville dit que la Commission
municipale du Québec a compétence pour l'avenir. Il me semble que
ceci implique donc que les causes pendantes continuent et que, si les villes de
banlieue réussissent à faire valoir leur point de vue, la
décision déjà rendue par la Commission municipale serait
annulée. Cependant, la commission aura compétence pour statuer de
nouveau sur la question, ce qui en fera donc totalement une nouvelle affaire et
enlève tout aspect de rétroactivité.
M. le Président, il me semble que, de toutes les
hypothèses envisagées, c'est la plus équitable et la plus
respectueuse des règles de droit. En conséquence,
personnellement, j'accepte volontiers cette formulation proposée par la
ville de Montréal.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Y a-t-il des parties qui désirent se faire
entendre?
M. Pigeon: Oui, seulement environ une minute. C'est que, dans le
cas de Montréal-Est, je suis déjà devant la Commission
municipale pour faire fixer le prix de l'eau. Quand Me Péloquin nous dit
qu'on ne perd rien, ce n'est pas exact; nous avons une entente selon laquelle
nous payons l'ancien prix. Ce n'est qu'au début de décembre 1979
que Me Péloquin m'a appris qu'il n'y avait pas d'entente possible entre
Montréal-Est et la ville de Montréal, vu la situation
extrêmement particulière de Montréal-Est. Nous nous sommes
présentés devant la Commission municipale le 12 décembre
et c'est à ce moment-là que j'ai contesté la juridiction
de la Commission municipale; non pas que je sois d'accord pour donner, dans
l'avenir, comme M. le ministre le disait, la juridiction à la Commission
municipale, mais je pense que, dans le cas de Montréal-Est, cette
juridiction devrait commencer à s'appliquer en même temps que la
perception des taxes, soit en janvier 1981.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article...
M. Lavoie: M. le procureur de la ville de Saint-Laurent,
avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Gaul: M. le ministre, M. Lavoie...
Le Président (M. Lacoste): Seulement un instant;
j'aimerais quand même dire que des représentations ont
été faites la semaine dernière, M. le député
de Laval et M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, nous avons entendu Me Pigeon
et je ne voudrais pas rouvrir le débat sur cette question. En toute
équité, peut-être que nous pourrions entendre très
brièvement les représentations sans rouvrir le débat. La
commission l'appréciera.
Le Président (M. Lacoste): Me Gaul.
M. Gaul: Irving Gaul, pour la ville de Saint-Laurent. M. le
ministre, je pense que nous sommes satisfaits de cette rédaction par
rapport à la rédaction antérieure. Nous avons voté
votre déclaration dans le sens que cet article signifierait, dans le
fond, que la Commission municipale, si besoin était, aurait à
statuer de nouveau sur le prix de l'eau.
Je ne sais pas si mon confrère, Me Péloquin, est
prêt à admettre qu'il interprète cet article-là dans
le même sens que vous. Si tel est le cas, nous n'aurons pas d'autres
représentations à faire, parce que, le législateur ne
parlant pas pour ne rien dire, je pense qu'il n'a jamais été mis
en doute devant vous que la Commission municipale avait juridiction pour fixer
le prix de l'eau.
Je ne partage pas l'opinion de certains disant qu'il y avait un vacuum.
Amon sens, ce n'est pas cela qui était le fond du litige. Nous
prétendions que la Commission municipale avait, certes, juridiction,
mais pour autant qu'elle soit saisie d'une demande en temps opportun;
d'où nos représentations. Ici, vous apportez un nouvel article.
Il ne faut pas oublier que, plus loin, dans les demandes de la ville de
Montréal, on a un article qui dit que tels ou tels articles sont
déclaratoires. Dans les textes qui nous avaient été soumis
la semaine dernière, l'article 21 était inclus dans cette
disposition 63; on y disait que l'article 21 est déclara-toire.
M. Lavoie: C'était l'article 67 original. M. Gaul:
67, oui.
M. Lavoie: L'article 21 n'était pas déclaratoire.
L'article 67 a été adopté sous réserve.
M. Tardif: L'article 67 a été adopté, mais
l'article 21 n'était pas là-dedans. L'article 63a ne sera pas
là-dedans, non plus.
M. Gaul: Une seule question et je terminerai là-dessus. En
ce qui concerne l'année 1977, je ne pense pas que ce soit de
l'intérêt des villes de recommencer les débats. Cependant,
vous avez déjà adopté l'article 33 qui déclare que,
si un compte devient dû après échéance, il y a des
taux d'intérêt qui sont exigibles pour les années à
venir. Qu'arrive-t-il des années passées où, par exemple,
avant même que la Commission munici- pale fixe le prix de l'eau, les
villes de banlieue ont reçu des comptes de taxe d'eau basés sur
le taux décrété par la ville de Montréal? Ace
moment, nous aurions à payer des intérêts sur un taux qui
n'était pas encore fixé.
M. Lavoie: II y a un point là, je crois.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: L'article 33 est clair. Pour les sommes dues en 1977,
c'est le taux qui était en vigueur en 1977 qui s'applique. Pour les
sommes qui restaient dues en 1978, c'est le taux en vigueur en 1978 qui
s'applique et ainsi de suite, si bien que, s'il y a, en 1980, un montant
dû cumulatif des années antérieures, le taux
d'intérêt applicable pour l'année 1980 sera le taux
décrété par la ville pour l'année 1980 sur ce
montant cumulatif qui est toujours dû.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 63a est
adopté?
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Une dernière question. Si je comprends bien la
dernière rédaction de l'article 63a qui a été faite
par les légistes du ministère...
M. Tardif: Non, par la ville de Montréal.
M. Lavoie: Ici, par qui est-ce? Est-ce la même chose? On en
a tellement!
M. Tardif: Je pense que oui. Montréal nous avait
communiqué cette version par appel téléphonique et nous
l'avions transcrite, mais Me Péloquin, ce matin, nous a donné une
version écrite au propre. Avant que le député de Laval
parle, puisque peut-être il soulèvera la question de concordance
avec ce que nous avons adopté à l'article 21, il faudrait que
l'article 63a soit modifié pour dire: "La Commission municipale du
Québec a juridiction pour fixer le prix de l'eau fournie par la ville
à toute municipalité ou à enlever "tout usager"
toute personne desservie par le réseau d'aqueduc en-dehors, etc."
Donc, enlever les mots "tout usager" et les remplacer par "toute personne
desservie par le réseau d'aqueduc. "
M. Lavoie: En somme, cela clarifie... Ma question est la
suivante: L'article tel que rédigé clarifie la juridiction de la
Commission municipale pour être arbitre entre les municipalités
dans l'établissement du taux de la vente de l'eau.
M. Tardif: Elle le clarifie pour l'avenir, oui.
M. Lavoie: Pour l'avenir. Un dernier éclaircissement. Cela
met quand même fin au litige actuel?
M. Tardif: D'aucune façon. Il continue normalement.
M. Lavoie: Quant aux procédures qui ont été
intentées devant les tribunaux pour contester la
juridiction de la Commission municipale, est-ce que ces litiges ont
cessé ou quoi?
M. Tardif: Non, les litiges en cours présentement se
continuent de façon tout à fait normale et s'exercent devant les
tribunaux...
M. Lavoie: Même la contestation de la juridiction de la
Commission municipale?
M. Tardif: C'est la juridiction qu'elle avait auparavant qui est
en cause et non pas celle qu'elle aura en vertu de l'article 63a.
M. Lavoie: En tout cas, je ne sais pas si cette réponse
est suffisamment claire.
Le Président (M. Lacoste): L'article 63a, pour les fins du
journal des Débats, M. le député de Saint-Hyacinthe
auparavant.
M. Cordeau: Moi, c'est une question de directive. En 1981, que
va-t-il arriver? Est-ce que la Commission municipale aura le droit...
M. Tardif: En vertu de 21, qui est l'article
général, effectivement, c'est prévu dans 21.
Le Président (M. Lacoste): L'article 63a: "La Commission
municipale du Québec a juridiction pour fixer le prix de l'eau fournie
par la ville à toute municipalité ou à toute personne
desservie par le réseau d'aqueduc en dehors des limites de la ville pour
les exercices financiers 1977/78, 1978/79, 1979,80". C'est bien ça, M.
le ministre?
M. Tardif: C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 63a est
adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. 68? M. le
ministre, à l'article 68, vous aviez un amendement.
M. Tardif: M. le Président, avec votre permission, je vous
demanderais de revenir à l'article 23, qui a été
adopté déjà, où, par suite d'un oubli, nous avons
omis d'enlever le dernier alinéa qui dit que "le présent article
prévaut sur toute disposition contraire d'une autre loi".
Le Président (M. Lacoste): Y a-t-il consentement pour
rouvrir l'article 23?
M. Lavoie: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Consentement. M. le ministre,
l'article...
M. Lavoie: Du fait que c'est demandé d'une manière
tellement polie par le ministre.
M. Tardif: Alors, toujours avec la même complaisance des
membres de cette commission, je demande de retirer le dernier alinéa de
l'article 23.
Le Président (M. Lacoste): De retirer: "Le présent
article prévaut sur toute disposition contraire d'une autre loi".
M. Tardif: Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est-il
adopté? Adopté. L'article 23 est adopté tel
qu'amendé.
L'article 68? Me Péloquin.
M. Péloquin: M. le Président, encore une fois, avec
la permission de cette commission, nous avons reçu hier une
communication avant-hier, je crois des conseillers juridiques de
la régie je ne sais pas s'ils sont de la Régie du logement
ou de l'ancienne Régie des loyers selon laquelle il y aurait une
disposition de la Loi sur les cités et villes pour qu'il soit
nécessaire de décréter qu'elle s'applique dans le
territoire de la ville de Montréal. On retrouve cette disposition aux
articles 412.12 et 412.13 de la Loi sur les cités et villes, tels qu'ils
ont été édictés par l'article 120 de la Loi
instituant la Régie du logement, le projet de loi no 107. (11 h 45)
Ces articles donnent à un locateur qui a obtenu un permis de
démolition le droit d'évincer son locataire moyennant un avis
d'au moins trois mois ou à l'expiration de son bail, et l'article 412.13
prévoit que le locataire aura droit à une indemnité qui
lui sera payée suivant les dispositions de cet article-là ou,
à défaut d'entente, que la Régie du logement pourra
statuer sur cette indemnité.
Ces articles ne s'appliquent qu'aux municipalités qui sont
régies par la Loi sur les cités et villes et il y a des articles
correspondants qui ont été insérés dans le Code
municipal. Malheureusement, à la ville de Montréal, nous avions
déjà un règlement antidémolition, le
règlement 5241, et l'Assemblée nationale nous avait
accordé en décembre 1977 les pouvoirs d'adopter ce
règlement. C'était la raison pour laquelle, lorsque le projet de
loi 107 a été adopté, la ville de Montréal a
été soustraite à l'application de ces dispositions de la
Loi sur les cités et villes. Je crois qu'il conviendrait de combler ce
vide en adoptant l'article 63.b dont vous avez le texte devant vous et qui se
lirait comme suit: Ce serait l'addition à la charte, après
l'article 524, de l'article 524a suivant qui dirait: "Les articles 412.12 et
412.13 de la Loi sur les cités et villes, Lois refondues du
Québec, chapitre C19, tel qu'édictés par l'article 120 de
la loi instituant la Régie du logement et modifiant le Code civil et
d'autres dispositions législatives 1979, chapitre 48, s'appliquent dans
la ville de Montréal à compter de leur entrée en vigueur".
Adéfaut d'avoir ces dispositions, M. le Président, un
propriétaire qui aurait obtenu un permis de démolition ne
pourrait jamais démolir son immeuble tant et aussi longtemps qu'il y
aurait un locataire qui resterait dedans parce qu'en vertu des dispositions
générales du Code civil, les locataires ont droit au
renouvellement des baux à leur expiration.
M. Tardif: M. le Président, nous sommes d'accord sur cet
amendement qui vise à faire concordance avec la loi 107 qui a
amendé la Loi sur les cités et villes et le Code municipal sur
cette question. J'ai tout simplement une question de forme, d'une part, et une
question, également, à l'intention des procureurs de la ville.
Pourquoi la ville n'inclut-elle pas également, dans cette demande de
concordance avec la Loi sur les cités et villes telle qu'amendée
par la loi 107, l'article 412.4, qui dit que dès que le comité
est saisi d'une demande de permis de démolition, il doit en faire
afficher, sur l'immeuble visé dans la demande, un avis facilement
visible pour les passants? De plus, il doit sans délai faire publier un
avis public de la demande sauf dans les cas prévus par le
règlement adopté en vertu de l'article 412.2. Donc, la question
de l'affichage comme tel des immeubles sujets à démolition.
Le Président (M. Lacoste): Me Péloquin.
M. Péloquin: Nous n'avons pas objection à ce qu'un
avis soit donné qu'un bâtiment... Disons qu'il y a eu une demande
pour démolir un bâtiment; ça pourra permettre à des
personnes de s'y opposer.
M. Tardif: Donc, sous réserve de cela, l'article en
question pourrait ajouter les articles 412.4, 412.12 et 412.13 de la Loi sur
les cités et villes, Lois refondues du Québec, chapitre C19. On
peut enlever les mots: "tel que" pour dire: ... "édictés par
l'article 120 de la loi instituant la Régie du logement et modifiant le
Code civil et d'autres dispositions législatives, 1979, chapitre 48,
s'appliquent dans la ville de Montréal. J'ajouterais, à ce
moment-là: "en les adaptant à compter de leur entrée en
vigueur". Cela va?
Une Voix: En les adaptant...
M. Tardif: En les adaptant. Donc, l'article 63b se lirait comme
suit: "Ladite charte est modifiée par l'addition, après l'article
524, de l'article suivant: 524a. Les articles 412.4, 412.12 et 412.13 de la Loi
sur les cités et villes, Lois refondues du Québec, chapitre C19,
édictés par l'article 120 de la Loi instituant la Régie du
logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives (1979, chapitre 48), s'appliquent dans la ville de
Montréal, en les adaptant à compter de leur entrée en
vigueur".
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que les amendements sont
adoptés?
M. Lavoie: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 63b est
adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, tel
qu'amendé. Article 68. Me Péloquin, l'article 68.
M. Péloquin: M. le Président, un peu avant
ça, à l'article 65, avec la permission de cette commission, le
directeur des finances, à notre retour à Montréal, nous a
signalé que, dans la liste des articles pour lesquels nous demandions
qu'ils s'appliquent depuis le 1er janvier 1980, c'est-à-dire que
c'étaient tous des pouvoirs relatifs à la taxation et nous avions
demandé qu'ils rétroagis-sent au 1er janvier 1980, nous avions
omis l'article 39 qui traite de la taxe sur les terrains de stationnement.
Alors, avec la permission de cette commission, j'aimerais demander que soit
ajouté, après l'article 32, à l'article 65, l'article
39.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Un consentement pour revenir
à l'article 65, un amendement pour ajouter, après l'article 32,
l'article 39. Est-ce que ceci est adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 65, tel qu'amendé, est adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 68.
M. Tardif: M. le Président, j'ai remis un papillon, plus
tôt ce matin, concernant l'article 68 qui se lirait comme suit: "La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction, sauf l'article 61,
qui entrera en vigueur à la date fixée par proclamation du
gouvernement."
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que ce nouvel article
est adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 68, tel
qu'amendé, est adopté? Adopté, tel qu'amendé.
Est-ce que le projet de loi no 200, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal, es adopté avec ses amendements?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté, tel
qu'amendé.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: J'aimerais demander à la ville de
Montréal de nous dire, suite aux nombreux appels que nous avons
reçus j'imagine qu'elle en a reçu également
si c'est son intention de faire en sorte que l'article 23 s'applique dès
l'année 1980,
et, si tel n'est pas le cas, s'il y aurait lieu de préciser dans
cet article, dès maintenant, qu'il n'entrerait lui aussi en vigueur
qu'en 1981.
M. Lamarre: Effectivement, M. le Président, nous avons
émis un communiqué, parce que, nous aussi, nous avons reçu
quelques appels téléphoniques même plusieurs
pour dire que cet article n'entrera en vigueur qu'en 1981. Les modalités
ne sont pas encore établies, mais c'est en 1981 que... c'était
impossible auparavant, parce que les comptes de taxe d'eau sont
déjà partis.
M. Tardif: M. le Président, étant donné que
c'est l'intention déclarée de la ville, et pour dissiper toute
ambiguïté, est-ce qu'il ne serait pas préférable de
prévoir, soit à l'article 65, soit à l'article 68 ou
ailleurs, qu'effectivement l'article 23 entrera en vigueur à compter,
par exemple, de l'année financière commençant le 1er
janvier 1981?
M. Péloquin: Evidemment, le seul problème, c'est
qu'il faudrait que le texte nous y habilitant nous donne la possibilité
d'adopter ce règlement au mois de décembre, à l'occasion
de notre budget. Le règlement pourra entrer en vigueur le 1er janvier
1981, mais ce serait bon qu'on ait le pouvoir de l'adopter avant le 15
décembre.
M. Tardif: Je pense qu'on pourrait s'entendre sur une formulation
à savoir que tout règlement édicté par la ville en
vertu de l'article 23 ne prendrait effet qu'à compter de... c'est
ça?
M. Péloquin: Non.
M. Tardif: Ou ne pourrait pas prendre effet avant le... ce serait
peut-être préférable.
M. le Président, à l'article 66, avec votre permission,
cet article ayant déjà été adopté, nous
pourrions dire... Il y a déjà un article qui dit: L'article 22 a
effet à compter du 1er janvier 1981. Nous pourrions ajouter que
l'article 23 a effet à compter du 1er décembre 1980 et ne
s'applique pas à cet exercice financier. Est-ce que...
M. Péloquin: C'est vraiment des bretelles avec la
ceinture.
M. Tardif: Donc, il s'agirait d'ajouter un alinéa à
l'article 66 qui se lirait comme suit: "L'article 23 a effet à compter
du 1er décembre 1980 et ne s'applique pas à l'exercice financier
de 1980."
M. Drapeau: M. le Président, je vais citer ce qui a
été dit par un avocat, tout à l'heure: Le
législateur n'est pas censé parler pour rien dire. Je me demande
ce qu'il dit de plus en rajoutant à l'article, puisque l'article 23 dit:
La ville peut, par règlement, faire telle chose. Il est trop tard, dans
le moment, pour le faire pour l'année courante. On le fera à
partir de 1981. S'il y a un texte ajouté, ça peut vouloir dire
quelque chose et il y a peut-être des avocats qui vont essayer de trouver
quelle était l'intention du législateur. L'intention du
législateur correspond aux moyens de la ville, il est trop tard pour que
ce soit en 1980, les comptes sont partis. J'ai reçu le mien par la
poste, hier. Les comptes sont partis pour 1980, ça ne peut pas
s'appliquer. Apartir de 1981, ça s'appliquera.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. Auparavant,
est-ce qu'il y a consentement pour rouvrir l'article 66?
M. Tardif: M. le Président...
M. Lavoie: On pourrait refuser. Mais nous allons faire preuve de
moins d'arrogance que le ministre.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, article 66.
M. Tardif: ... je ne...
M. Lavoie: Non, un peu d'humour, s'il vous plaît.
M. Tardif: ... relèverai pas cette provocation
humoristique, si humoristique soit-elle. (12 heures)
M. Cordeau: Cela allait bien pourtant!
M. Tardif: M. le Président, je n'ai aucune espèce
d'objection à ne pas ajouter ce deuxième alinéa, une
déclaration du maire de Montréal, en commission parlementaire,
dûment consignée, suivant laquelle de toute façon, la ville
ne peut pas, ne veut pas introduire ces amendements. Mais je tenais
néanmoins à ce que ce soit souligné, non seulement pour
les fins du journal des Débats, mais également pour les membres
de la presse qui sont ici, puisque c'est à partir d'une nouvelle de
presse erronée que nous avons été inondés d'appels
téléphoniques suivant lesquels ça pouvait peut-être
s'appliquer dès cette année.
Je pense que l'effet est le même, pour peu que les gens soient
renseignés sur le fait que ça n'a pas effet au cours de
l'année 1980, qu'il n'y a rien de changé en 1980 en ce qui
concerne la perception de la taxe dite "de l'eau" à Montréal.
M. Drapeau: Si on me permet d'ajouter que...
Le Président (M. Lacoste): M. le maire.
M. Drapeau:... l'Assemblée nationale en tirera parti parce
que, si les locataires protestent, déçus que ça ne
s'applique pas cette année, on ne pourra pas tenir l'Assemblée
nationale responsable de l'interdiction.
Conclusion
M. Tardif: M. le Président, dans ces conditions, oublions
le deuxième alinéa de l'article 66.
Ceci termine notre étude; je pense que nous avons
déjà adopté le projet de loi 200, tel
qu'amendé.
Cependant, M. le Président, je voudrais faire deux remarques. Je
veux tout d'abord, évidemment, remercier les autorités de la
ville de Montréal de leur collaboration dans la préparation de
ces amendements à leur charte et remercier également tous ceux
qui sont intervenus dans cette commission ainsi que les membres. Egalement, je
voudrais assurer ceux qui nous ont fait des propositions qui débordaient
les cadres du projet de loi, tel que déposé, en ce qui a trait
notamment aux règles de pratique, à la démocratie
municipale, que ce n'est pas un signe de désintéressement de la
part du ministre ni du gouvernement quant aux mesures qui, d'une façon
générale, devraient être adoptées
éventuellement. A ceux qui m'ont fait des représentations,
peut-être non officielles, qui ne sont pas venus devant cette commission,
mais qui ont soulevé une autre question relative à la
rémunération des élus, je voudrais dire que j'ai
l'intention, dans un projet de loi général, que j'espère
pouvoir déposer en Chambre au cours de la présente session,
apporter des amendements à la rémunération des
élus, amendements qui prévaudraient pour toutes les
municipalités du Québec, sans égard à la loi qui
les régit.
Voilà, M. le Président, en terminant. Encore une fois, je
remercie tous ceux qui nous ont apporté leurs lumières pour
l'étude de ce projet de loi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président,
je voudrais remercier les autorités de la ville de Montréal de
nous avoir soumis un projet de loi amendant sa charte et qui ne
présentait pas de multiples et de trop grandes difficultés.
Je voudrais également souligner la collaboration
générale des villes de banlieue, qui avaient cette
difficulté au sujet de la taxe d'eau, et qui en sont venues à un
consensus assez général.
Je voudrais simplement relever un point qui avait été
soulevé par un parti municipal de Montréal ou un organisme sur la
protection des droits des citoyens des grandes villes pour pouvoir
protéger le citoyen qui est souvent désarmé devant de
grandes administrations publiques. On avait parlé d'un genre de
protecteur du citoyen, je crois, dans un des mémoires pour
protéger les droits des citoyens, des contribuables de Montréal.
Je pense qu'un tel organisme existe d'ailleurs à Québec et je me
demande s'il n'y aurait pas une possibilité... C'est un appel ou une
suggestion que je fais. On sait actuellement que le Protecteur du citoyen n'a
juridiction, n'a compétence que sur les recours que les contribuables,
les citoyens ont envers l'administration du Québec, provinciale. Je me
demande s'il n'y aurait pas possibilité on en a
déjà discuté à la commission où nous avons
entendu le Protecteur du citoyen d'étendre ce recours du
contribuable et du citoyen ou cette protection qu'accorde le Protecteur du
citoyen aux contribuables des grandes municipalités du Québec,
dans un premier temps je lance un chiffre à celles qui ont
100 000 âmes et plus. Je pense qu'il y en a quatre au Québec qui
ont 100 000 âmes et plus: Longueuil, Québec, Laval et
Montréal.
Je me demande si ce ne serait quand même pas une protection
additionnelle qu'on pourrait accorder au citoyen, parce qu'on sait souvent
qu'il se sent désarmé et sans défense devant de
très grosses administrations publiques. Cela a été fait
à l'égard de l'administration provinciale. Je me demande si cela
ne pourrait pas être élargi, parce qu'on sait que, lorsque le
contribuable de Montréal a affaire à tous les services, il ne
sait souvent pas où s'adresser. S'il y a des recours contre des
décisions peut-être arbitraires de l'administration municipale ou
des technocrates, je me demande si ce ne serait pas une possibilité
à considérer.
En ce qui concerne la loi générale que le ministre a
mentionnée et l'annonce qu'il a faite quant au traitement des
édiles municipaux, je pense bien qu'il y a certaines lacunes qui
existent à l'égard des administrateurs de la ville de
Montréal à ce sujet. Cela a déjà été
corrigé par des lois privées pour certaines municipalités.
La même demande nous est faite, entre autres, par les autorités de
la ville de Québec actuellement, dans un projet de loi que nous allons
étudier dans quelques minutes.
J'inviterais le ministre à se dépêcher à
présenter ce projet de loi, parce que je crois que votre mandat arrive
à échéance prochainement. Veuillez vous
dépêcher et vous aurez la collaboration de l'Opposition à
cet effet dans les limites du raisonnable.
En terminant, je voudrais assurer la ville de Montréal et les
villes de banlieue qu'en ce qui nous concerne, nous souhaitons, comme nous
l'avons toujours souhaité, qu'on procure à la ville de
Montréal toute la collaboration, toutes les ressources peut-être
qu'elle n'a pas et qu'elle n'a peut-être pas obtenues par la loi 57
à cause de certaines exceptions, entre autres, sur les paiements
d'"en-lieu" sur les installations de la Régie des installations
olympiques et autres.
On va vivre cette expérience de la fiscalité municipale.
On verra plus clair, j'espère, après le 1er juillet, lorsque vous
enverrez votre deuxième compte, mais, en terminant, soyez assuré
que le voeu de l'Opposition, c'est que Montréal demeure ou redevienne la
métropole du Canada. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Lavoie: Si vous voulez chanter l'hymne national, on peut le
chanter.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Il me fait toujours
plaisir de participer à l'étude d'un projet
de loi présenté par la ville de Montréal, parce que
ce sont des projets de loi bien préparés et qu'il y a même
une grande ouverture d'esprit de la part des dirigeants de la ville de
Montréal et également du ministre ici présentement. On en
revient toujours à un consensus qui peut satisfaire les deux
parties.
Un autre point aussi sur lequel je voudrais attirer l'attention de cette
commission, c'est le personnel de soutien du ministre des Affaires municipales.
Je crois que le ministre a un personnel très dévoué et qui
ne compte pas ses heures de travail. Il n'a pas compté ses heures de
travail du moins dans ce cas-ci afin d'en arriver à un consensus sur
maints articles, afin que tout se règle un peu à
l'extérieur de la commission et pour qu'on n'ait pas à
débattre ici publiquement tout les petits points de détail.
Tout s'est fait dans l'harmonie, même en dehors des heures
régulières de la commission et je crois que c'est un point
à souligner de la part du personnel. Encore une fois, je souhaite que la
ville de Montréal, par ce projet de loi, continue à
protéger les intérêts de ses citoyens. Je vous
remercie.
Le Président (M. Lacoste): M. le maire de
Montréal.
M. Drapeau: M. le Président, ici, nous nous adressons
toujours aux membres de la commission. Il n'est pas interdit à ceux qui
sont présents d'écouter. Je dirai que, si le maire de
Québec m'entend, je veux bien qu'il sache que nous connaissons son
impatience parce que nous avons vécu cette période. La situation
s'améliore. Il commencera très bientôt, car je ne
prolongerai pas les remerciements, mais je tiens à les exprimer du fond
du coeur. Nous avons conscience qu'il s'est fait ici du travail juridique dans
le meilleur esprit. Il est à souhaiter que cela continue. De notre
côté, nous allons continuer avec nos fonctionnaires, nos
directeurs de services juridiques et autres à apporter le meilleur de
nous-mêmes dans nos relations avec les banlieues et dans nos relations
avec le gouvernement et les membres du Parlement.
M. le député de Laval a soulevé la question
hypothétique d'un protecteur du citoyen. Je suis heureux qu'il l'ait
fait. Cela me permettra peut-être de dire que je prends connaissance
régulièrement des rapports publics du Protecteur du citoyen. J'y
trouve énormément de ressemblance avec le courrier que je
reçois. Je tiens à rassurer M. le député de Laval
et à lui dire que tous ceux qui écrivent ils sont nombreux
tous ceux qui téléphonent ils sont nombreux
reçoivent une attention particulière. Nous avons établi
à mon bureau un service qui communique instantanément avec 85
agents de liaison dans les diverses divisions, les divers services municipaux
afin précisément que ceux qui téléphonent ou qui
écrivent au maire reçoivent une réponse.
Je me permettrai même d'attirer l'attention quelqu'un dira
peut-être que c'est une promotion commerciale sur un article paru
dans un magazine de fin de semaine qui était annexé au journal La
Gazette et ce "week-end magazine" est annexé à bien des journaux
à travers le pays. J'invite à lire l'article "The case of the
missing hearing" où l'on reporte précisément l'attention
que la personne en question a reçue de l'hôtel de ville de
Montréal et tous les soins qu'on a pris pour tenter de lui rendre le
service qu'elle attendait. Comme elle s'était adressée aux maires
de sept villes du Canada, elle a pu témoigner que l'une des "most
charming letters" qu'elle avait reçues, c'était de la part du
maire de Montréal.
M. Lavoie: M. le maire, vous vous doutez bien que, si j'ai
soulevé cette question, c'est que quand même je vous souhaite et
je pense bien qu'on peut souhaiter longue vie au maire de Montréal, long
règne au maire de Montréal, ainsi qu'aux conseillers municipaux
et au président du comité exécutif, mais, en
élargissant le pouvoir du Protecteur du citoyen, il y aurait quand
même une protection pour les citoyens, parce qu'à ma connaissance
vous n'êtes quand même pas immortel!
M. Drapeau: Non, mais peut-être que, comme la
délégation n'a pas eu toute la publicité que j'aurais
souhaitée, je réitérerai qu'aucune ambassade ne
m'intéresse, ni aucune délégation
générale.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, très brièvement,
je ne sais pas si l'intérêt du député de Laval pour
le relèvement de la rémunération des élus est une
indication de son désir de retourner peut-être un jour sur la
scène municipale, mais, à tout événement...
M. Lavoie: J'ai déjà cette expérience! Je
vous la souhaite pour vous!
M. Tardif: ... je veux l'assurer que j'ai pris bonne note de sa
volonté de collaboration en vue de l'étude éventuelle d'un
projet de loi à cet effet. Sur la question du Protecteur du citoyen, je
ne sais pas si le député de Laval a des dons de clairvoyance ou
s'il a des contacts au ministère ou à la Commission municipale,
mais c'est une question qui, effectivement, est à l'étude chez
nous présentement. Des fuites, oui,, c'est monnaie courante, de toute
façon. Il y a du pour et du contre. (12 h 15)
L'expérience de l'Angleterre, qui en a un pour les affaires
municipales, est mitigée. Des problèmes se posent lorsque
l'Ombudsman fait des recommandations. Qu'advient-il de ces recommandations?
Nous étudions présentement ce qui se passe ailleurs et nous
verrons en temps et lieu ce qu'il y a lieu de faire dans ce domaine.
Je remercie également le député de Saint-Hyacinthe
pour ses remarques à l'endroit du personnel du ministère. Je suis
particulièrement heureux de souligner cela l'a peut-être
déjà été que je suis accompagné, pour
la première
fois, du sous-ministre en titre à l'occasion de l'étude
d'un projet de loi privé, Me Kenniff, qui a été
confirmé dans cette fonction tout récemment et grâce aux
conseils duquel nous avons pu progresser dans l'étude de ces projets de
loi. Alors, merci à tous.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens, au nom de la
commission...
M. Drapeau: Si on me permet...
Le Président (M. Lacoste): M. le maire.
M. Drapeau: ... simplement d'ajouter un mot, j'offre la
collaboration de mes collaborateurs de l'hôtel de ville,
particulièrement de mon bureau, pour faciliter les études, pour
qu'on sache exactement quelle est la nature des questions sur lesquelles on
m'écrit. Je reçois entre 10 000 et 12 000 lettres par
année et je les lis toutes.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier les
gens de la ville de Montréal, M. le maire, M. le président du
comité exécutif, ainsi que Me Péloquin, et tous ceux qui
ont fait une représentation auprès de la commission
parlementaire.
Par le fait même, j'appelle donc la loi 216, Loi modifiant la
Charte de la ville de Québec.
Nous allons suspendre nos travaux pour une période de cinq
minutes.
Suspension de la séance à 12 h 18
Reprise de la séance à 12 h 29
Projet de loi no 216 Interventions
préliminaires
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Nous en sommes
maintenant à l'étude du projet de loi 216, Loi modifiant la
charte de la ville de Québec. Le procureur de la requérante est
Me Jean-Charles Brochu. Les intervenants sont appelés. Ceux du
Rassemblement populaire, représenté par M. Pierre Racicot,
président, et M. Lionel Robert, sont-ils présents? Cela va.
Les intervenants de la ville de Beauport, représentée par
Me Jean-Charles Lord, de Lord & St-Martin. La Ligue...
M. Tardif: Le maire de Beauport, M. le Président, m'a
personnellement déclaré hier qu'il ne comparaîtrait pas
devant la commission, les problèmes ayant été
réglés entre nous.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. La Ligue des citoyens
de Saint-Sacrement, représentée par Mme Rollande J.
Côté, présidente. Etes-vous au courant du temps dont elle
aura besoin pour intervenir? (12 h 30)
Une Voix: Peut-être un quart d'heure ou 20 minutes.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Le Rassemblement
populaire, représenté par M. Pierre Racicot. Pendant combien de
temps avez-vous l'intention d'intervenir? Est-ce que vous pourriez parler
devant le micro, s'il vous plaît?
M. Racicot (Pierre): J'ai l'impression qu'on pourrait dire ce
qu'on a à dire en dix ou quinze minutes.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. HydroQuébec,
représentée par Me Gilles Legault, directeur adjoint du
contentieux. Est-il présent? Pou-vez-vous vous approcher du micro et
nous dire combien de temps vous auriez l'intention d'intervenir?
M. Legault (Gilles): Pour autant que nous sommes
concernés, probablement quinze minutes. Tout dépendra
évidemment des questions qui seront posées par la suite.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. L'Association des
étudiants en droit de l'Université Laval,
représentée par M. Jean-François Royer, M. José Roy
et M. René Martineau. Sont-ils présents? Voulez-vous vous
approcher du micro, s'il vous plaît? Pourriez-vous me dire pendant
combien de temps vous avez l'intention d'intervenir?
M. Royer (Jean-François): Au maximum de quinze à
vingt minutes.
Le Président (M. Lacoste): L'Institut d'étude
urbaine représenté par M. André Sirois. M. André
Sirois est-il présent? Le Comité des citoyens du Vieux
Québec, représenté par M. Michel Doyon.
Mme Côté (Rollande J.): M. Doyon n'est pas ici dans
le moment mais il pourrait être ici à partir de 15 heures.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Vous n'êtes pas
au courant du temps qu'il aura...
Mme Côté: Je dirais à peu près quinze
ou vingt minutes aussi.
Le Président (M. Lacoste): La cité de
Loret-teville, représentée par M. Jean-Marie Beaulieu, maire, M.
le maire.
M. Beaulieu (Jean-Marie): De cinq à dix minutes.
Le Président (M. Lacoste): MM. André Beau-lieu et
Louis Doyle sont ici présents?
M. Doyle (Louis): Une quinzaine de minutes.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que vous
représentez un organisme, M. André Beaulieu?
M. Beaulieu (André): Non, c'est en tant que citoyen.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle le Rassemblement
populaire, représenté par M. Pierre Racicot, président. Je
demanderais auparavant si la ville de Québec a l'intention de faire une
présentation générale?
M. Pelletier (Jean): M. le Président, M. le ministre et
messieurs les membres de la commission, nous sommes évidemment heureux
d'être devant vous. Cela fait un certain temps vous le savez
que nous attendions cette journée et je pense bien que nous
sommes suffisamment nombreux pour vous prouver notre intérêt. Je
suis ici avec mes collègues du comité exécutif, certains
collègues du conseil, le gérant de la ville, ses adjoints et nos
procureurs. Je pense en définitive qu'il y aurait lieu pour nous
d'intervenir au moment où vous aborderez le projet de loi article par
article. Je comprends que vous voulez, dans un premier temps, entendre les
représentations des autres groupes. Je suis parfaitement d'accord et je
les écouterai avec autant d'intérêt que vous.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle le Rassemblement
populaire, représenté par M. Pierre Racicot, président, et
M. Lionel Robert. Je demanderais aux gens de s'identifier.
Le Rassemblement populaire de Québec
M. Racicot: Mon nom est Pierre Racicot. Je suis président
du Rassemblement populaire de Québec. Le Rassemblement populaire de
Québec, c'est un parti politique d'opposition municipale à
Québec. Aux dernières élections municipales, on a
participé à la campagne électorale et on a obtenu 25% du
vote. Il faut dire que l'ensemble des partis d'opposition ainsi que les
échevins indépendants ont obtenu globalement environ 40% des
suffrages. Cependant, aucun conseiller, aucun échevin des partis
d'opposition n'a été élu au conseil de ville de
Québec.
Ceci fait qu'en mars 1977, quelques mois après notre fondation,
notre première prise de position publique a été de
revendiquer l'établissement de la proportionnelle, sous l'une ou l'autre
des formules, des modalités; cela a été la première
déclaration publique du Rassemblement populaire de Québec. On
s'aperçoit qu'aujourd'hui, c'est un des sujets qui sont dans
l'actualité depuis au moins deux jours, plus précisément
depuis neuf jours. Pour nous, ça nous réjouit, dans la mesure
où on voit arriver l'heure, où on commence à voir arriver
l'heure où des dispositions au plan local, au plan de la
représentation proportionnelle, éviteraient des situations qu'on
a connues dans la ville de Québec.
Le deuxième élément de notre présentation,
c'est que, pour nous, c'est une véritable respiration de
démocratie qu'on vient prendre ici, dans la mesure où, à
la ville de Québec, il n'est pas possible, pour la majorité des
citoyens, sinon pour les minorités de citoyens intéressés,
de participer aux réunions du conseil municipal, dans la mesure
où elles se tiennent à 17 heures et où, en plus, le
conseil de la municipalité n'accorde pas le droit de poser des questions
à l'occasion des réunions du conseil. Cela fait que, pour un
organisme comme le Rassemblement populaire, pouvoir se faire entendre tout
simplement, non seulement poser des questions, mais émettre des opinions
à des représentants de l'Assemblée nationale, c'est un
souffle de démocratie qui a intérêt, à mon avis,
à être connu de la population, c'est-à-dire que des
instances comme les commissions parlementaires existent, pour qu'à
Québec, on pouisse développer des modèles, sinon
analogues, au moins des modèles qui s'inspirent des organismes
démocratiques des paliers supérieurs de gouvernement.
M. le ministre, M. le Président, M. le représentant de
l'Opposition, MM. les députés de l'Opposition, je vais me
contenter de résumer le mémoire du Rassemblement populaire. Parce
que j'ai assisté aux conclusions du ministre à propos d'un
certain nombre de politiques qui s'en viennent, je ne tiendrai pas compte des
observations que je n'aurais pas dû, normalement, entendre, si tout le
monde avait été à l'heure. Je vais faire comme si on
recommençait à zéro, c'est-à-dire que les
observations que vous avez faites à propos des réformes futures,
je vais faire comme si je ne les avais pas entendues.
Je vais me contenter de résumer les observations. En fait, au
Rassemblement populaire, concrètement, notre attitude est qu'on ne peut
pas demander au Progrès civique d'adopter le programme du Rassemblement
populaire.
Cependant, on se serait attendu que le conseil de ville de Québec
adapte la charte de la ville de Québec au processus de
démocratisation qui est amorcé au Québec depuis une couple
d'années. Dans la mesure où on ne retrouve pas ces
éléments dans les amendements à la charte, on est
déçu et on regrette aussi qu'un certain nombre d'amendements
aillent même à l'encontre de la revalorisation des institutions
qui sont censées être démocratiques au plan municipal, ce
qui fait qu'on insiste surtout sur environ sept articles. On met le doigt sur
les amendements qui contreviennent, selon nous, à cette réforme,
mais notre mémoire souligne aussi sept articles qui pourraient
être apportés et qui seraient conformes à la réforme
déjà annoncée par le gouvernement sur le plan des
institutions, sinon des réformes déjà appliquées
à Montréal dans le cas du redécoupage des quartiers,
etc.
Dans un premier temps, quoique, à la ville de Québec,
ça fasse longtemps qu'il n'y ait pas eu d'augmentations de salaires, on
pense que la façon d'apporter les augmentations de salaires par la ville
de Québec à ce moment-ci ne tient pas compte de deux
éléments qu'on trouve importants. D'une part, il faudrait tenter
de réduire l'écart entre le salaire du maire et le salaire des
conseillers. Selon nous, pour une ville de l'importance de Québec, ce
serait important qu'on commence sérieusement à donner la
possibilité aux conseillers d'envisager de consacrer plus de temps
à la question municipale, sinon de devenir des gens qui travaillent
à temps plein sur la
question municipale. Dans la mesure où, semble-t-il, la
municipalité ne se dirige pas dans cette direction, on s'oppose aux
amendements tels que formulés et on préférerait que les
amendements qui seront adoptés aillent davantage dans le sens, d'abord,
de réduire l'écart, mais ensuite, de tenter d'augmenter la part
des conseillers afin qu'ils pensent, un jour, à devenir des gens
à temps plein sur la question municipale. C'est assez important pour
ça.
L'autre élément concerne le salaire du maire. Evidemment,
on a quelques observations à formuler en ce qui concerne les
dépenses.
On n'appelle pas cela de l'évasion fiscale, mais c'est bien
juste. Finalement, au total, cela va coûter tout près de $70 000,
en y incluant la rémunération concernant la Communauté
urbaine de Québec. Pour nous, cette histoire du salaire des élus
municipaux est à repenser au grand complet.
En rapport avec la démocratie municipale, il y a un certain
nombre de nouveaux articles qu'on aimerait ajouter. Je ne sais pas si votre
service du contentieux et M. Pelletier pourront s'entendre dans le courant de
la nuit pour ce qui concerne les nouveaux amendements à apporter, parce
qu'ils n'apparaissent pas dans les amendements qu'on a devant nous, à
savoir quant à la reconnaissance juridique des partis politiques
municipaux, au financement des partis politiques municipaux et aux
dépenses électorales, au cens électoral, au mode de
scrutin et à la carte électorale ainsi qu'au nombre de
conseillers. Ce sont des omissions qu'on pense devoir faire apparaître.
Certains de ces nouveaux articles seraient tout simplement des articles qui ont
déjà été appliqués soit à
Montréal, à Saint-Léonard, à Longueuil, là
où il y a eu des élections municipales l'année
passée.
Concernant maintenant le comité exécutif, il y a un
certain nombre d'articles que vous trouverez à la page 12 et qu'on
recommande de supprimer, parce qu'on pense que ces articles vont à
l'encontre de la réforme municipale qui devrait normalement s'actualiser
prochainement et qui veut que le comité exécutif voie son
rôle, son pouvoir diminué au profit du conseil et s'occupe des
affaires courantes, de faire des suggestions, mais c'est le conseil qui a
l'ensemble des pouvoirs de la municipalité. Dans ce contexte, il y a un
certain nombre d'amendements précis qui devraient être
éliminés, si on est d'accord avec le principe qu'il faut
revaloriser le conseil au détriment, dans le cas de Québec, de
l'exécutif.
Finalement, il y a, parmi les amendements apportés, celui du
référendum municipal. AQuébec, on n'a pas le droit
d'utiliser la procédure référendaire. Il y a aussi des
règles minimales pour ce qui concerne l'information du citoyen. Est-ce
aller trop loin que de mettre dans la charte le droit des citoyens de poser des
questions avant, après ou pendant les réunions du conseil
municipal?
En tout cas, cela peut vous sembler élémentaire,
même niais, mais, que voulez-vous, à Québec, on en est
encore, j'ai l'impression, à la préhistoire de la
démocratie, un peu plus que cela. Je suis obligé de m'excuser de
mettre cela sur la table, mais, en tout cas, c'est là.
L'Union des municipalités du Québec, à son
congrès, a même adopté cela. Je ne sais pas ce qui tarde.
Je ne sais pas pourquoi le gouvernement semble se traîner les pieds sur
des choses aussi élémentaires. Pourquoi l'ancien gouvernement
n'a-t-il pas vu au grain? (12 h 45)
Evidemment, on ne touche pas aux chartes en profondeur toutes les
années. Pour des réformes, on y va le moins possible,
semble-t-il, et quand on y va, on y va jusqu'à un certain degré.
On pense que, sur cette question il devrait y avoir un certain nombre de mises
au point. Evidemment, les règles que vous vous êtes données
à l'Assemblée nationale concernant l'éthique personnelle
des élus et des ministres, on pense que cela devrait aussi s'appliquer
à l'échelle locale. Je ne vois pas pourquoi des règles de
moralité que vous vous êtes données ne pourraient pas
s'appliquer aussi au plan local. Ici, on a une série de recommandations
à la page 14. Cela nous semble aussi des acquis
élémentaires. Je ne vois pas pourquoi on perdrait plus de temps
à admettre des choses comme celles-là.
Finalement, il y a l'identification obligatoire. Le citoyen serait
obligé de s'identifier selon le bon jugement, si vous voulez, du
policier. On pense que, pour toutes sortes de raisons, que ce soit la
jurisprudence, que ce soit à partir des lois actuelles, la police, et
particulièrement la police de Québec, est assez compétente
et a les pouvoirs pour exercer son travail sans avoir de pouvoirs
supplémentaires à ce propos. Vous retrouvez cela à la page
16.
M. le ministre, ce sont un peu les remarques dont le Rassemblement
populaire voulait saisir les membres de la commission parlementaire. Cela se
limite, si vous voulez, à cela pour l'instant. Ce sont des
considérations d'ordre général. Il y a des
considérations plus particulières, mais vous avez le document
comme tel. On est disponible pour vous donner des renseignements
supplémentaires pendant ou après la commission. On est à
votre disposition.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, on vient de me remettre tout
juste avant le début des travaux de cette commission une copie du texte.
Etant pris dans l'étude du projet de loi de la ville de Montréal,
je n'ai pu le parcourir que très rapidement.
Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris le sens de l'allusion pour
ceux qui n'étaient pas à l'heure, à un moment
donné. Est-ce qu'on voulait dire par là que les remarques que
j'avais formulées d'entrées de jeu lors de l'étude du
projet de loi de la ville de Montréal face aux demandes du Rassemblement
des citoyens de Montréal pourraient s'appliquer intégralement
à l'étude de ce projet de loi et que vous auriez aimé que
les gens de la ville de Québec soient ici pour l'entendre? Est-ce ce que
je dois comprendre de vos remarques?
M. Racicot: Non, vous m'en donnez plus que j'en avais
tantôt. C'est simplement en conclusion tantôt...
M. Tardif: Les gens de la ville de Québec n'étaient
pas en retard; ils n'avaient pas été convoqués, la semaine
dernière, pour l'étude du projet de loi, ils l'ont
été uniquement à compter d'aujourd'hui.
M. Racicot: Je n'en veux pas à la ville de Québec.
C'est Montréal qui n'avait pas fini son travail ce matin.
M. Tardif: Ah bon!
M. Racicot: Normalement, on n'aurait pas dû savoir ce matin
que vous annonciez qu'il y aurait prochainement un projet de loi concernant le
salaire des maires. C'est tout simplement cette allusion.
M. Tardif: Ah bon! Ecoutez, de toute façon, la question de
la rémunération je l'ai mentionné
déborde le territoire de la ville de Montréal et celui de la
ville de Québec. J'ai pas mal de représentations sur tout le
territoire municipalisé au Québec Dieu sait que c'est pas
mal grand pour revoir cette question.
Quant aux autres points que vous soulignez, c'est évident qu'un
certain nombre de ces sujets sont couverts par la loi 44 dont l'effet
s'appliquant d'abord aux villes de 100 000 âmes et plus allant en
élections a été ramené à celles de 20 000
âmes allant en élections et qu'il y aurait lieu de voir
après... Nous sommes en train de faire une espèce d'inventaire
auprès des villes qui ont vécu l'expérience de cette loi;
elles nous diront comment elles ont pu fonctionner, et, si elles ont des
améliorations à nous suggérer, en vue d'en
généraliser l'effet comme tel.
J'espère que j'aurai eu le temps de parcourir le texte qu'on nous
a remis lorsque nous arriverons aux articles qui sont contenus dans le projet
de loi qui est devant nous, puisque cette commission a le mandat
d'étudier ce projet de loi. Nous verrons, dis-je, s'il y a des points
dont nous devrions tenir compte dans l'étude article par article.
Pour les autres points qui ne sont pas contenus dans le projet de loi
comme tel, tout ce que je puis faire, c'est, encore une fois, d'assurer les
représentants du Rassemblement populaire, comme je l'ai fait pour les
autres intervenants, que c'est un dossier qui chemine, peut-être pas
assez vite, quoique je ne sois pas sûr qu'on doive parler d'un
gouvernement ou d'un ministre qui s'est traîné les pieds en
matière de législation municipale. Je ne suis pas sûr que
ce soit tout à fait juste en l'occurrence, cela a peut-être
dépassé la pensée, mais c'est un dossier qui chemine et
j'espère que la prochaine session nous permettra de le faire avancer un
peu plus.
M. Lavoie: Mon collègue, le brillant député
de Jean-Talon...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je remercie le représentant du Rassemblement
populaire. Comme première remarque, je pense que le ministre a
indiqué ce que nous ferons, bien sûr, de notre côté,
c'est-à-dire examiner les différentes modalités que vous
proposez dans votre mémoire dans le cadre du projet de loi qui nous est
présenté par la ville de Québec.
Par ailleurs, sur les remarques plus générales je
m'adresse plus particulièrement au ministre sans porter de jugement sur
le passé de l'administration des Affaires municipales sur les
mesures d'ordre général, en particulier en ce qui a trait aux
salaires, vous cheminez. J'imagine que c'est assez complexe, etc., mais, en
pratique, je vois difficilement comment on peut répondre autant aux
représentations des gens des villes, à qui vous avez
annoncé ce matin un projet de loi d'ordre général,
qu'à celles formulées non seulement par le Rassemblement
populaire, mais par d'autres groupes qui ont demandé à être
entendus à cette commission-là, étant donné
l'échéancier dans lequel l'Assemblée nationale doit
maintenant s'inscrire, si j'ai bien compris le sens des décisions qui
ont été retenues par le Conseil des ministres en fin de semaine
dernière quant aux priorités législatives que le
gouvernement entendait mettre en route d'ici le mois de juin, puisque nous
aurons à vivre la période référendaire. Je n'ai pas
assisté au conseil, mais, sauf erreur, je n'ai pas vu dans les journaux
de priorités accordées au domaine municipal en tant que tel. Si
bien que, quant au programme qui est devant nous, le ministre, qui parle d'un
cheminement, ne pourrait pas je pense, enfin selon notre interprétation
ou l'interprétation que le public pourrait en donner, y avoir de
déblocage significatif au plan de la législation
générale avant juin. A ce moment-là, la période
d'été arrive et la session ajourne péremptoirement ses
travaux le 21 juin. Evidemment, on est dès lors dans le monde des
hypothèses pour l'automne.
Le gouvernement arrive à la fin de son mandat... D'ailleurs, je
ne pose pas la question seulement au ministre des Affaires municipales, parce
que, sur le plan de la législation, l'échéancier dans
lequel on doit nécessairement s'inscrire, comme Assemblée
nationale, risque de faire... Par exemple, dans le domaine des loisirs et tout
cela, il y a des lois qui sont attendues depuis fort longtemps et toutes ces
lois, à toutes fins utiles, à moins que le ministre n'ait des
précisions qu'on ne connaîtrait pas et qu'il pourrait nous
annoncer ce matin, risquent d'être théoriques à tout le
moins jusqu'à l'automne, si jamais il y avait des élections
générales à l'automne.
On est donc dans le domaine le plus hypothétique possible quant
aux actions concrètes qui sont menées. Peut-être qu'on
pourrait essayer de regarder le projet de loi de la ville de Québec,
d'autant plus que cela fait, je pense, depuis 1978, sauf erreur 1976
que les éléments essentiels du projet de loi qui est
présenté par la ville de Québec cheminent, pour reprendre
l'expression
du ministre, devant l'Assemblée nationale; il y a quand
même des choses extrêmement importantes que la ville de
Québec veut avoir à ce moment-ci. C'est difficile de
répondre d'une façon précise aux préoccupations
d'ordre général soulignées par le représentant du
Rassemblement populaire et en même temps de répondre aux exigences
pratiques, immédiates, qui, je pense, ont inspiré la
rédaction finale du projet de loi de la ville de Québec, compte
tenu, bien sûr, des remarques du ministre. Ce sont les remarques
préliminaires que je voulais faire.
M. Cordeau: Concernant le mémoire qui a été
présenté par le Rassemblement populaire, il y a une chose... Vous
souhaitez, à la page 14, alinéa d), que, lors des séances
publiques du conseil, une période de questions soit
réservée à l'assistance. Est-ce à dire
qu'actuellement, aucun citoyen ne peut, lors d'une séance
régulière du conseil, poser des questions au maire et aux
conseillers municipaux après une séance? Je conviens qu'avant une
séance, il n'en est pas question, bien sûr, durant la
séance non plus, mais après, à Québec, il n'y a pas
de période de questions où les citoyens peuvent poser des
questions sans engager une polémique avec le conseil?
M. Racicot: Exactement.
M. Cordeau: Je pourrais peut-être poser la question
à M. le maire, maintenant. Quelles sont les raisons pour lesquelles
cette habitude existe?
M. Pelletier: M. le Président, je pense que je ne veux pas
faire ici un débat sur la démocratie.
M. Cordeau: Non, non.
M. Pelletier: Le ministre a annoncé qu'il s'en venait
éventuellement avec une loi-cadre sur toute cette question. C'est pour
cette raison que nous n'avons pas touché à quoi que ce soit du
cens électoral, de la représentation des partis ou de la carte
électorale ou tout autre sujet. Nous ne sommes pas en année
d'élection; l'élection aura lieu en novembre 1981. D'ici ce
temps, la problématique d'horaire et d'échéancier
soulignée par le député de Jean-Talon se sera
précisée. J'imagine que le gouvernement aura fait son lit, que le
cheminement auquel le ministre a fait allusion sera arrivé à son
terme et qu'à ce moment-là le gouvernement aura fait
connaître ses intentions.
Je vous souligne que le niveau municipal est beaucoup plus un niveau
administratif qu'un niveau politique. Le législateur n'est pas au niveau
municipal; il est au niveau provincial et les règles du jeu, c'est vous
qui les faites. Nous avons toujours obéi aux règles du jeu et
nous obéirons demain à d'autres règles du jeu, si elles
sont modifiées.
A ce moment-ci, il ne nous est pas apparu urgent de procéder
à des modifications qui regardent l'élection et tout ce qui
s'ensuit, compte tenu que l'élection est seulement en novembre 1981 et
qu'entre-temps le ministre lui-même a indiqué qu'il poursuivait sa
réflexion. Je pense que cela n'aurait pas été
élégant de notre part d'arriver brusquement avec des suggestions
qu'on pourrait peut-être avoir par ailleurs. J'imagine que, comme dans le
cas de ce projet de loi, en temps utile il y aura des consultations entre le
ministre et la ville. Nous sommes tout disposés à répondre
à l'appel du ministre pour de telles consultations lorsqu'il nous fera
signe. Mais le moment ne me semble pas venu.
Je veux, par ailleurs, souligner que, même si le conseil de ville
de Québec, à l'instar de l'Assemblée nationale, à
l'instar du conseil de ville de Montréal, ne permet pas à ses
citoyens de poser des questions, nous avons, depuis deux ans, multiplié
les comités consultatifs sur une foule de questions; ils
reçoivent citoyens, mémoires, délégations et
représentations de toutes sortes. Il ne faudrait quand même pas
faire croire que nous sommes enfermés, les portes verrouillées,
à l'hôtel de ville, et que personne n'a accès à
l'administration. Le maire de Montréal soulignait tout à l'heure
qu'il reçoit 10 000 à 12 000 lettres par année. Je n'ai
pas ce nombre, mais je peux vous dire que j'en reçois un sacré
paquet. Des enquêtes sont faites dans chaque cas et une réponse
personnelle est envoyée à chacun. Vouloir faire croire que le
citoyen est complètement coupé de son administration publique
à partir du moment où il a mis son bulletin de vote dans la
boîte de scrutin, je pense que là, excusez l'expression, c'est
charrier un peu.
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, M. le
député de Saint-Hyacinthe, est-ce qu'il y a consentement
pour...
M. Cordeau: Une dernière...
Le Président (M. Lacoste): ... deux minutes?
M. Cordeau: ... cela va être très court.
Le citoyen qui s'adresse à l'hôtel de ville de
Québec peut recevoir les informations par le comité que, depuis
deux ans, vous avez mis à la disposition des citoyens?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, il ne faudrait quand
même pas... C'est vrai que le calendrier législatif est
très serré, c'est vrai qu'au cours des mois qui viennent le
budget, la question référendaire et le débat qui
s'ensuivra, de même que l'étude du budget et des crédits
vont prendre du temps.
Cela dit, j'ai déjà l'assurance du député de
Laval que, sur la question entre autres de la rémunération,
l'Opposition serait prête à collaborer. Pour ce qui est des autres
aspects, par exemple, de l'extension de la loi 44, qui est déjà
une loi toute rédigée et dont l'application pourrait être
généralisée, ça ne demande pas une oeuvre de
rédaction et de discussion très élaborée, ça
fait
quand même deux ans que cette loi est connue dans le paysage. (13
heures)
II y a d'autres questions, c'est vrai, qui sont peut-être plus
fondamentales, mais je reviens à cette question précise d'une
période de questions au conseil municipal. Or, tout conseil municipal
est maître de sa procédure et peut décider, par
règlement, demain matin, d'introduire une période de questions.
Pour ça, il n'a pas besoin de la permission du législateur. Je
voudrais quand même que ce soit très clair et ce ne serait pas
faire injure à l'Assemblée ou à la commission, non plus
qu'à tout projet de loi en préparation, que de prendre les
devants sur une question comme celle-là.
M. Pelletier: M. le Président, je prends note de ce que le
ministre vient de me dire.
Le Président (M. Lacoste): M. Racicot.
M. Racicot: Je pense que c'est une bonne clarification qui a
été apportée, c'est-à-dire que le droit de parole
relève de la juridiction du conseil, selon la charte actuelle. Ce
pourquoi on a souligné ça, c'est que, d'une part, ç'a
été voté par l'Union des municipalités du
Québec que ça fasse partie de la loi, ce n'est donc pas nous qui
l'inventons. D'autre part, ce pourquoi on l'apporte surtout, c'est que, lorsque
vous allez étudier les amendements de la ville de Québec en ce
qui concerne, par exemple, le renforcement du pouvoir du comité
exécutif, ça vous donnera un éclairage sur le type
d'administration qu'on a ici à Québec. C'est tout ce que le
Rassemblement populaire voulait vous dire. Si on renforce le pouvoir de
l'exécutif, on renforce le secret, c'est tout simplement ça. Cela
ne veut pas dire qu'il n'y a pas des comités consultatifs plus ou moins
bidons, selon les quartiers pour que les citoyens ne puissent pas poser des
questions à l'administration et soumettre des mémoires quant
à l'ère d'aller d'un plan de zonage.
Il y a aussi les media d'information, mais il ne faut pas oublier que
les media d'information et les comités consultatifs sont des structures
qui sont des compléments de ce qui devrait être la source de la
démocratie, à savoir les institutions démocratiques. C'est
pour cela. C'est simplement le message qu'on voulait passer aux membres de la
commission, de surveiller. Là, on vous a indiqué un certain
nombre d'articles, les endroits où le comité exécutif va
avoir encore plus de pouvoirs, alors que ces pouvoirs que le conseil a
déjà devraient revenir au conseil et que cela devrait être
public pour que les gens sachent où on s'en va avec la gestion de notre
argent à Québec, comme les gens peuvent le faire dans
pratiquement toutes les autres municipalités du Québec.
Je remercie les membres de la commission, parce que j'ai l'impression
que vous avez été réceptifs, en tout cas à un
certain nombre de points qu'on a soulignés. Pour nous, le fait d'avoir
été écoutés, c'est énorme. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens, au nom de la
commission, à remercier le Rassemblement populaire,
représenté par M. Pierre Racicot, président, pour le
mémoire qui a été présenté devant la
commission.
Il est maintenant 13 h 5. La commission suspend ses travaux
jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 4
Reprise de la séance à 15 h 18
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
C'est la reprise des travaux de la commission parlementaire des affaires
municipales.
J'appelle la Ligue des citoyens de Saint-Sacrement,
représentée par Mme Rollande-J. Côté,
présidente. Est-ce que Mme Côté est présente?
Ligue des citoyens de Saint-Sacrement
Mme Côté (Rollande-J.): Oui, c'est moi.
Permettez-moi de vous présenter notre délégation. Je suis
Rollande Côté, présidente de la ligue; à ma droite,
M. Daniel Monnier, membre du conseil d'administration; à ma gauche, M.
Robert Maheu, secrétaire de la ligue.
Pour votre information, la ligue compte actuellement 145 membres actifs.
L'année financière a débuté en décembre
dernier. Devant la commission, nous aurions aimé traiter de questions
telles que la création d'une fonction d'ombudsman au niveau municipal et
le droit que les citoyens devraient avoir de poser des questions lors des
séances du conseil. Mais nous avons voulu nous en tenir à la
pratique qui, d'après nos informations, a cours à une commission
parlementaire qui traite d'un projet de loi privé et ne commenter que
les articles qui font l'objet du projet de loi. M. Robert Maheu vous
présentera les principales parties de notre mémoire.
M. Maheu: La Ligue des citoyens de Saint-Sacrement s'occupe du
secteur ouest de la haute-ville de Québec. Elle s'est incorporée
en 1925. Ce n'est donc pas d'hier que les citoyens de Saint-Sacrement
démontrent un esprit communautaire. Cependant, ils sont obligés
de constater que la charte de la ville de Québec ne contient aucune
disposition permettant aux citoyens d'avoir une influence sur les actions de la
ville concernant leur quartier.
M. Pelletier: Avez-vous des copies des textes, M. le
Président?
M. Maheu: Oui, on a des copies.
Mme Côté: Nous avons remis des copies à notre
arrivée, ce matin, vers 10 heures.
Le Président (M. Lacoste): On peut attendre quelques
instants.
M. Pelletier: Nous sommes intéressés à en
prendre connaissance.
M. Maheu: Je poursuis. Lors de l'adoption d'un nouveau
règlement de zonage pour le quartier Montcalm en 1978, les citoyens de
Saint-Sacrement ont clairement indiqué leur volonté, lors
d'assemblées publiques organisées par la ligue, volonté
que cette dernière a manifesté dans un mémoire
présenté à la ville.
L'essentiel des recommandations a fait l'objet d'une pétition
d'environ 1550 signatures. En dépit de cette pétition, nous
retrouvons, dans le règlement actuel, plusieurs dispositions contraires
aux souhaits de la population. Non seulement sommes-nous dépourvus des
moyens d'influencer le développement du quartier, mais nous sommes
également incapables d'obliger la ville à appliquer ses
règlements.
C'est l'un des aspects les plus inquiétants de l'administration
actuelle. Le développement se fait trop souvent par le fait accompli ou
le cas exceptionnel au détriment d'une planification d'ensemble. Ainsi,
depuis l'adoption du règlement de zonage en 1978, il y a eu au moins
quatre amendements attribuables à des cas particuliers.
La ville de Québec demande, par le projet de loi no 216, un
accroissement de ses pouvoirs. Nous aimerions que les pouvoirs s'accompagnent
de devoirs.
Ces préoccupations de la ligue se reflètent dans les
résultats d'un sondage scientifique effectué auprès de la
population du quartier Montcalm à l'aide d'un questionnaire
présenté à 300 personnes. Un certain nombre de questions
portait sur la démocratie municipale.
M. Pelletier: Je m'excuse d'intervenir, M. le Président,
mais je trouve anormal que les principaux intéressés que nous
sommes n'ayons pas de copies des mémoires qui sont
déposés, alors que des copies ont été
déposées. Est-ce que vous pourriez donner les instructions pour
que le personnel du secrétariat fasse les distributions en temps
utile?
Le Président (M. Lacoste): M. le maire de Québec,
je pense que les dispositions ont déjà été prises.
Vous pouvez constater par vous-mêmes que...
M. Pelletier: Merci...
Le Président (M. Lacoste):... vous avez votre
mémoire.
M. Maheu: J'en étais donc à un sondage scientifique
effectué l'été dernier auprès de 300 personnes du
quartier Montcalm. 67% des personnes interrogées se sont
déclarées peu ou pas informées des affaires municipales. A
la question: Le maire et les conseillers municipaux sont-ils attentifs aux
besoins des citoyens de cette ville? Les réponses sont les suivantes:
Toujours: 1%; la plupart du temps: 25%; quelquefois: 38%; jamais: 15%; ne
savent pas: 21%. On notera qu'une majorité, soit 53%, les
considère peu attentifs.
A la question: Jusqu'à quel point pensez-vous pouvoir influencer
les décisions locales prises par les représentants élus?
on obtient les réponses suivantes: Toujours: 1%; la plupart du temps:
4%: quelquefois: 29%; jamais: 41%; ne savent pas: 26%. Donc, 70% des
répondants considèrent qu'ils ne peuvent influencer les
décisions de la ville-
Enfin, 79% croient que les réunions du conseil municipal
devraient avoir lieu en soirée plutôt qu'à dix-sept
heures.
Nous savons que plusieurs groupes de citoyens ont fait une demande
formelle pour que les réunions aient lieu à un moment favorable
pour l'assistance et qu'ils n'ont pas toujours gain de cause.
Les suggestions que nous faisons dans le présent mémoire
visent à améliorer la démocratie municipale ainsi
qu'à remédier aux problèmes affrontés par la ligue
et les citoyens dans leurs relations avec la ville, notamment dans
l'application du règlement de zonage et ses modifications.
Les modifications suggérées en ce qui concerne l'article
1. Nous constatons que, depuis de nombreuses années, il n'y a pas
d'opposition à la ville de Québec et qu'il ne se fait aucun
débat au conseil de ville. Bien plus, la charte actuelle exclut tout
chef d'opposition du conseil. Ceci nous apparaît anormal et
défavorable à une saine démocratie. Nous demandons donc au
législateur d'introduire dans la charte des amendements favorisant
l'entrée d'une opposition à l'hôtel de ville, lui laissant
le soin de trouver la formule appropriée.
Nous sommes opposés au mode actuel de représentation qui
donne plusieurs représentants à un même district
électoral. Ce mode a le net désavantage de diluer les
responsabilités. Nous constatons de plus que les districts actuels sont
trop grands. Notre district électoral comptait 28 959 personnes
inscrites sur les listes lors des dernières élections, soit
l'équivalent d'un comté provincial.
Comme les possibilités de financement sont moindres au niveau
municipal, il est difficile à un candidat de se faire connaître
à une population de 28 000 personnes.
En conséquence, nous demandons qu'il n'y ait qu'un seul
représentant par district et que la grandeur des districts soit
diminuée.
Rémunération des élus, article 2. Dans les
amendements souhaités par la ville, nous avons constaté que
l'augmentation de salaire s'accompagnait d'un changement de la proportion du
revenu non imposable pour atteindre 331/3%. Nous souhaitons que cette
proportion soit la même que celle de nos députés
provinciaux, soit 25%. Sur une rémunération totale de $45 000, le
maire recevrait alors $11250 en allocations. Le vice-président du
comité exécutif en recevrait $7000 sur un total de $28 000, et
ainsi de suite.
Nous nous opposons à ce que les allocations et indemnités
annuelles soient ajustées d'un pourcentage égal à la
variation de l'indice des prix à la consommation.
Le gouvernement n'a-t-il pas établi que les perspectives
économiques actuelles ne lui permettaient pas d'offrir cette indexation
à ses employés, car ce serait favoriser une partie de la
population au détriment d'une autre? Nous suggérons donc de
traiter nos élus municipaux comme les députés provinciaux
et d'introduire dans la charte de la ville les dispositions contenues à
l'article 92 de la Loi de la Législature.
Nous constatons que la modification demandée par la ville est
d'élargir sans limitation le type de dépenses remboursables
à l'ensemble des membres du conseil. Nous demandons le maintien de
l'article précédent qui a pour effet de limiter le remboursement
aux dépenses de voyage.
Je vais sauter quelques paragraphes, si vous me le permettez, mais qui
sont néanmoins importants. Vous pourrez les lire.
Zonage, lotissement ou construction. Le pouvoir exclusif d'adopter des
règlements de zonage, de lotissement ou de construction devrait
être tempéré. Il faudrait absolument que le
référendum de quartier ou de zonage soit possible afin de ne pas
continuer à confier un pouvoir absolu à la ville de Québec
sur l'aménagement urbain. La ligue parle ici en connaissance de cause
puisqu'elle a effectué de nombreuses représentations
auprès de la ville de Québec au sujet de la réglementation
de zonage et de son application.
Nous demandons que la charte de la ville de Québec contienne les
mêmes dispositions que la Loi sur les cités et villes en ce qui
concerne les règlements et le droit des citoyens au
référendum. Jamais la ville de Québec n'aurait subi les
détériorations des dernières années si des
référendums avaient été faits. La ville de
Québec appartient au patrimoine collectif et les résidents en
sont sûrement les meilleurs protecteurs. Il faut mettre fin à la
catastrophe en permettant l'expression formelle des citoyens de Québec
par voie de référendum sur le zonage des quartiers.
Je passe à la page 9. Subdivision ou changement de destination
d'un logement, article 236, paragraphe 208 de la charte. Nous demandons
d'ajouter une clause voisine de celle qu'on trouve à l'article 207a et
qui statuerait ceci: "Le conseil peut obliger toute personne qui procède
ou fait procéder à la subdivision ou au changement de destination
d'un logement sans permis à remettre le logement dans son état
initial ou à y redonner sa destination initiale". Pour les raisons
suivantes: pour rendre le projet de loi plus cohérent; pour introduire
une sanction cohérente avec les dérogations. Bon nombre de
changements sans permis se réalisent à peu de frais et exigent
des sanctions plus pertinentes que des amendes de $5000 à $25 000. Pour
éviter des dommages permanents à un quartier; nous ne devons pas
oublier que certaines de ces modifications sont de nature à léser
le voisinage immédiat.
Subdivision ou changement de destination d'un logement. Nous demandons
l'introduction d'un facteur additionnel à considérer avant de se
prononcer sur une demande de permis de subdivision ou de changement de
destination d'un logement, à savoir: "et le résultat d'une
consultation effectuée par la ville auprès des résidents
du voisinage du logement."
Comme pour l'article 207, cette consultation doit se faire selon les
dispositions analogues à celles de la Loi sur les cités et villes
précédemment mentionnées. Pour les raisons suivantes: pour
favoriser une meilleure prise de décision par le conseil et un
développement de la ville conforme aux voeux de la population. (15 h
30)
L'article 30, première et deuxième lectures des
règlements. Nous demandons trois amendements. En fait, je pense que ce
sont des sous-amendements, à l'article 388 de la charte, pour que
celui-ci se lise ainsi: "Tout règlement doit être soumis au
conseil, à deux séances distinctes, avant d'être
adopté définitivement, mis en vigueur et soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil. Après avoir été
déposé au conseil à une première séance,
avis public en est donné deux fois dans les quotidiens français
publiés dans la Communauté urbaine de Québec, sous la
signature du greffier et cet avis fait mention de l'objet du règlement,
de la date à laquelle il a été déposé au
conseil et de l'endroit où il peut en être pris connaissance. Tout
citoyen ou groupe de citoyens peut, par abonnement, recevoir d'office le texte
des règlements proposés et adoptés. Il doit
s'écouler au moins 30 jours francs entre le jour de la deuxième
publication de l'avis et le jour où le règlement est soumis au
conseil pour la deuxième fois".
Selon le texte proposé par la ville, tout projet de
règlement est déposé à une première
séance du conseil et ces séances sont quasiment
clandestines est publié à deux reprises dans un journal
français et il peut, théoriquement, s'agir de deux jours
consécutifs; il peut être adopté définitivement
après un délai de deux jours francs. Ce délai est
nettement trop court, puisque la ville peut faire des règlements sur une
foule de sujets dont plusieurs sont fort importants pour la vie quotidienne des
citoyens; il est essentiel de laisser auxdits citoyens et aux groupes de
pression un délai raisonnable pour prendre connaissance des projets de
règlements, en examiner les implications et, s'il y a lieu, se mobiliser
pour leur faire obstacle.
Le gouvernement du Québec a d'ailleurs préparé la
voie puisque plusieurs lois adoptées au cours des dernières
années prévoient une prépublication des projets de
règlement. Le délai entre la prépublication et la
publication définitive est souvent de 90 jours. Le texte de ces
règlements est facilement disponible dans plusieurs librairies ou par
voie d'abonnement à la Gazette officielle, mais on ne retrouve rien de
semblable à la ville de Québec dont l'administration actuelle
semble considérer le secret comme une règle de gouvernement.
Dans ce contexte, notre proposition de sous-amendement nous
apparaît comme étant minimale
et très raisonnable. En effet, selon notre version, les citoyens
pourraient effectivement prendre connaissance des projets de règlement
et disposeraient d'un délai raisonnable pour les commenter.
Obligation de s'identifier. Au sujet de la proposition de la ville
d'ajouter le paragraphe 121 à l'article 336 de ladite charte concernant
l'obligation de s'identifier faite aux contrevenants aux règlements
municipaux, nous appuyons la prise de position officielle de la Commission des
droits de la personne du Québec, selon laquelle la Loi de police est
suffisante. Nous proposons de rejeter le paragraphe 121 pour éviter tout
risque d'abus.
Je vous remercie.
Le Président (M. Lacoste): Merci. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je remercie le
représentant de la Ligue des citoyens de Saint-Sacrement pour sa
présentation, dont les commentaires en rapport avec certains articles
seront très certainement examinés lorsque nous arriverons
à ces articles.
Comme je l'ai mentionné au tout début, le fait que nous ne
retenions pas, pour les fins des travaux de cette commission, certaines
recommandations n'implique pas pour autant que nous ne reconnaissons pas le
bien-fondé de certaines représentations contenues dans ce
mémoire, de même que dans celui qui nous a été
présenté ce matin. Cependant, comme j'ai eu l'occasion de le
souligner, cette commission ayant mandat, de la part de l'Assemblée
nationale, d'étudier le projet de loi tel que déposé,
c'est donc essentiellement, ainsi que vous l'avez souligné dans vos
remarques préliminaires, à l'étude de ces articles que
nous allons nous affairer, attendu que, dans toute la mesure du possible, des
amendements à la loi générale pourraient être
apportés, amendements qui viendraient accroître, là
où c'est requis et dans la mesure où c'est requis, la
participation des citoyens et la transparence des organismes municipaux, quels
qu'ils soient, sans préjudice à l'égard d'une
municipalité en particulier. Pour ces raisons, encore une fois, je
remercie le groupement pour ses commentaires.
M. Rivest: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste):M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais me joindre, enfin donner suite... On a
dû vous informer, parce que, finalement, sur la question des principes
que vous énoncez sur les modalités, on va regarder
ça à l'intérieur du projet de loi qui a été
soumis par la ville de Québec sur l'approche introductive, je
pense que ce matin, au moment où M. Racicot est venu souligner à
la commission le même type de préoccupations, autant du
côté du ministre que du maire de Québec, on a
demandé d'accepter, avec beaucoup de patience, j'imagine, de vous
inscrire dans un cheminement qui s'inscrit au titre de l'accroissement de la
démocratie municipale en tant que telle.
Le ministre a annoncé une politique-cadre, etc., et qu'on devait
pour les fins de nos travaux aujourd'hui attendre que ce cheminement puisse
aboutir d'une façon générale. Le maire de Québec a
lui-même concouru à cette idée. Vous évoquez surtout
dans votre mémoire, en introduction, un problème qui n'est pas
propre à la ville de Québec, mais qui se situe dans l'ensemble du
Québec, celui du degré de participation ou une espèce de
sentiment d'appartenance, de contrôle que les citoyens gardent sur les
administrations municipales. Mon collègue de Laval a souligné
l'idée d'un ombudsman ou d'étendre la juridiction de l'om-budsman
au domaine municipal. Le maire de la ville de Montréal s'est
lui-même constitué en protecteur du citoyen. Je ne sais pas si le
maire de la ville de Québec a des prétentions aussi humanitaires
que son collègue de la ville de Montréal, néanmoins, c'est
dans cet esprit-là, à tout le moins, que, pour notre part, dans
l'Opposition, nous accueillons votre mémoire. Un peu comme vient de
l'indiquer le ministre, on va devoir fonctionner en ce sens, mais je pense
qu'on a compris les préoccupations de fond que vous avez, comme on a
saisi également le message qui a été transmis par M.
Racicot, ce matin. Votre message à la commission est là, sur la
table. Malheureusement, il faut attendre que les étapes puissent se
dérouler normalement. Puis, on pourra certainement y donner cours. C'est
une préoccupation qui est partagée par tout le monde à
savoir qu'au niveau municipal, ce soit davantage un niveau d'administration que
les citoyens pourront prendre en main et que les lois pourront
éventuellement le permettre.
Je veux simplement vous remercier de votre témoignage, en vous
disant que nous allons suivre, au fur et à mesure des articles, les
différents éléments que vous avez soulignés dans
votre mémoire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. A la page 11, à
la fin de votre mémoire, vous donnez à entendre qu'il y a
peut-être adoption de règlements à la sauvette. Il me
semble que les étapes que vous mentionnez sont un peu
expéditives. Vous dites que tout un règlement pourrait être
accepté en moins de deux jours. Je pense qu'il n'en est pas toujours de
même pour les cités et villes. J'aimerais peut-être que
certains éclaircissements soient apportés par la ville de
Québec sur l'affirmation contenue dans votre mémoire. Est-il
exact que la ville peut adopter des règlements d'une manière
aussi expéditive? Quelle est la politique suivie par la ville de
Québec pour l'adoption des règlements, en temps normal?
Le Président (M. Lacoste): M. le maire.
M. Pelletier: Les gens du contentieux, M. le Président,
rafraîchissent ma mémoire, mais elle était quand même
bien fidèle. Effectivement, de par les délais actuels qui nous
obligent à des pu-
blications après la première lecture, il doit y avoir au
moins sept jours entre la première et la deuxième lecture.
D'ailleurs, l'autre jour, nous avons justement procédé à
une séance spéciale du conseil quand est venu le temps d'adopter
un règlement augmentant le pouvoir d'emprunt pour les travaux du
colisée. Nous avons été obligés d'avoir une
séance spéciale pour que le délai de sept jours entre la
première et deuxième lecture soit respecté. Alors,
j'imagine qu'il s'agit tout simplement d'une erreur d'interprétation des
textes légaux qui nous gouvernent, mais il ne peut pas y avoir
d'adoption de règlements en première et en deuxième
lecture sans qu'entre ces deux lectures, il y ait eu sept jours.
M. Cordeau: Merci de cette précision.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verdun.
M. Pelletier: Je voudrais simplement dire que les
assemblées clandestines, ça me fait un peu rire puisque je
ne veux pas tourner ça en débat politique, mais il faut
rétablir certains faits au mois de décembre de chaque
année, nous publions, à la première réunion du
conseil de ville tenue en décembre, l'horaire de toutes les
réunions pour les douze mois à venir, avec les dates et les
heures. L'an dernier, si ma mémoire est fidèle, nous n'avons
été obligés d'ajouter qu'une séance spéciale
aux 24 ou 25 réunions que notre horaire établi douze mois
d'avance prévoyait. Alors, vous avouerez qu'entre la
clandestinité et la situation réelle, il y a une certaine
différence. Je n'ai pas d'autres commentaires.
M. Maheu: A la question dans nos sondages: Croyez-vous que les
réunions du conseil municipal devraient avoir lieu en soirée
plutôt qu'à 17 heures, 79% des citoyens répondaient oui. A
la question: Si les réunions du conseil municipal avaient lieu en
soirée, seriez-vous intéressés à y aller, 32% des
citoyens ont dit oui. Alors que dans notre sondage, si je me souviens bien,
seulement 2% de nos interrogés ont effectivement...
M. Pelletier: J'aimerais poser une question sur la façon
dont l'échantillonnage a été fait.
M. Maheu: ... assisté à une assemblée.
Est-ce que vous me permettez de terminer ma phrase ou bien si vous me faites
asseoir à l'extrémité de la table, M. le maire?
Mme Côté: De toute façon...
Le Président (M. Lacoste): Mme la Présidente...
Mme Côté: ... faire une réunion à 17
heures, c'est se réunir quasi en clandestinité pour la bonne
raison que la majorité des travailleurs finissent à 17 heures et
dans la circulation, ils n'ont pas le temps de s'y rendre.
J'inviterais les membres de la commission parlementaire à
assister à une séance du conseil municipal. C'est un spectacle
à voir une fois dans sa vie. J'ai un ami qui m'avait promis d'y aller;
le malheureux s'est présenté à 17 h 30. C'était la
fin, trop tard.
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Verdun.
M. Caron: ... dans le mémoire que vous présentez,
les statistiques que vous donnez, j'aimerais savoir si c'est scientifique ou si
c'est un sondage maison.
M. Maheu: Je peux vous expliquer la méthodologie. On a
pris, à la base, les listes électorales qui avaient
été dressées au moment de l'élection partielle dans
Jean-Talon. On a relevé le nom de 800 personnes et on a réussi
à en rejoindre 300. Elles étaient situées à 100 par
sous-quartier parce que le projet était le fruit d'une collaboration
conjointe des trois comités de citoyens du quartier Montcalm. Le sondage
a été fait effectivement d'une façon scientifique,
supervisé et réalisé par des sociologues.
M. Caron: Merci.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je reviens à la
précision que M. le maire a apportée concernant les délais
qui doivent s'écouler entre les séances du conseil pour
l'adoption d'un règlement. Si j'ai bien compris, on parle de
délais de sept jours. C'est ça?
M. Pelletier: En pratique, M. le ministre, il se passe sept jours
entre le moment ou la journée où un règlement est soumis
en première lecture et le jour où le même règlement
sera soumis en deuxième lecture. En pratique... (15 h 45)
M. Tardif: Mais alors... En pratique...
M. Pelletier: Au minimum. En pratique... Remarquez bien que, vu
qu'on siège toujours les premier et deuxième lundis du mois, de
façon normale, il y a toujours quinze jours entre les deux. Mais, compte
tenu des délais, si on veut aller au maximum des délais permis,
en pratique, le minimum, c'est sept jours entre les deux.
M. Tardif: D'accord. Puisque nous avions, à la
portée de la main, la charte de Montréal, je me souvenais que,
l'année dernière ou il y a deux ans plutôt, nous avions
apporté des amendements à la suggestion, d'ailleurs, de la ville
de Montréal, selon lesquels, pour les règlements de zonage, il
doit s'écouler 30 jours francs entre la première et la
deuxième lecture et si, lors de la deuxième lecture, des
amendements sont apportés, une autre pério-
de de 30 jours est prévue, si bien qu'il y a toujours un minimum
de 30 jours, tant et aussi longtemps qu'il n'y a plus d'amendements, avant que
la lecture finale soit donnée. Enfin, je donne cette
référence. Je sais que le maire de Québec aime parfois
s'inspirer de cette charte de Montréal. C'est l'article 451 de la
charte.
M. Pelletier: Je suis content que le ministre me donne la
suggestion de m'en inspirer. Je lui donnerai d'autres occasions de me donner
satisfaction.
M. Monnier (Daniel): Est-ce que je peux intervenir un peu sur le
même sujet? C'est que, même avec un délai de sept jours,
pour un organisme comme le nôtre, qui est un groupe de citoyens qui ne
travaillent pas tous les jours à ces tâches de s'occuper de
l'administration municipale, mais qui font ça à temps perdu,
même avec sept jours, on a à peu près le temps de ne rien
faire. Il faut quand même compter qu'il faut informer les gens. Il faut
les mobiliser. Il faut les réunir. Il faut réagir à des
règlements et, même avec sept jours de grâce, on ne peut
jamais y arriver.
M. Pelletier: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le maire.
M. Pelletier: ... je veux dire tout de suite là-dessus
qu'on est prêt à toutes les souplesses du monde. J'aimerais
consulter mes gens, par exemple, sur le cas de règlements pour des
emprunts notamment sur le marché étranger où il faudrait
faire très attention à ne pas être paralysé quant
aux conditions du marché qui évoluent, mais, sur le reste, on est
très ouvert.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais juste
préciser immédiatement que l'article 451a de la charte de
Montréal ne s'applique qu'en rapport avec les changements du
règlement de zonage.
M. Pelletier: Mais je pense que la suggestion de la ligue allait
au-delà puisqu'on parlait de tout règlement et non pas uniquement
de règlement de zonage. Je voulais faire cette
distinction-là.
M. Monnier: On vous fera grâce pour la finance parce qu'il
y a peut-être des délais qui touchent un peu moins les citoyens,
mais, en général, pour les règlements qui touchent les
citoyens dans leurs conditions de vie, dans leur voisinage, on aimerait qu'il y
ait des délais plus longs parce qu'il y a un manque flagrant
d'information. D'ailleurs, le sondage le démontre. Même nous qui
sommes aux aguets de ce qui se passe, des fois on s'en fait passer et on n'a
pas le temps d'agir avec des délais aussi courts pour des choses qui
touchent vraiment les citoyens.
Une question que je voudrais poser en relation avec la
déclaration de M. Rivest tout à l'heure, c'est qu'il disait
qu'une politique-cadre de la part du gouvernement s'en vient qui serait
appliquée à l'ensemble des cités et villes. La charte de
la ville de Québec sera quand même adoptée dans les
prochains jours et si, dans la politique-cadre ou la loi-cadre qui viendra de
la part du gouvernement, il y a des articles de la charte de la ville de
Québec qui contreviennent à cette loi-cadre, est-ce qu'ils seront
revus, est-ce qu'ils devront être revus en fonction de cette
loi-cadre?
M. Tardif: II est évident que le législateur n'est
pas aveugle et qu'il n'irait pas accorder dans un projet de loi privé,
dans une charte comme celle-ci, des pouvoirs qui iraient à l'encontre
d'un projet de loi qu'il aurait l'intention de présenter. Cependant,
dans la mesure où, sans être contradictoires, certains articles
existants auraient besoin d'être ajustés pour fins de concordance,
il faudra le voir en temps et lieu. C'est évident qu'on ne peut pas ici
sur le coin de la table introduire des amendements ou des articles qui se
référeraient à une série d'autres articles,
à moins qu'on ne voie l'impact de chacun d'entre eux.
J'ai parlé de cheminement ce matin sur le plan des mesures qui
ont été adoptées graduellement pour favoriser la
démocratie municipale. Je rappelle brièvement pour mémoire
les lois 54 et 55 qui contenaient un certain nombre de mesures; je rappelle la
loi 44; je rappelle la loi 39 en ce qui concerne la possibilité d'avoir
accès aux documents des municipalités; je rappelle les mesures
prévues dans la loi 57. Il y a donc des gestes qui ont été
posés régulièrement et c'est dans ce sens-là que je
parlais de mon intention de faire faire un autre bout de chemin à ces
mesures et ce, autant que possible, au cours de la prochaine session.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais remercier...
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: ... juste une courte question pour être bien
sûr que je saisis la portée de la proposition. En ce qui a trait
au règlement, on propose: "Tout règlement doit être soumis
au conseil à deux séances distinctes avant d'être
adopté définitivement, mis en vigueur et soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil. Est-ce qu'on suggère que chaque
règlement municipal soit soumis au cabinet, au Conseil des ministres du
Québec? Est-ce que c'est le sens?
M. Maheu: Nous avons tout simplement repris le texte
proposé par la ville en changeant d'autres mots que ceux-là. En
d'autres mots, cette expression était déjà dans le texte
soumis par la ville.
M. Tardif: Dans le texte soumis par la ville? D'accord.
M. Maheu: Page 25 du projet de loi, article 30, qui vient
modifier l'article 388 de la charte de la
ville de Québec, le premier paragraphe de cet article 388.
M. Guay: ... je m'en excuse.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais remercier, au nom de
la commission parlementaire, la Ligue des citoyens de Saint-Sacrement Inc.,
pour la présentation de son mémoire. Par le fait même,
j'appelle Hydro-Québec, représentée par Me Gilles Legault,
directeur adjoint du contentieux. Est-ce que M. Legault est présent? Me
Gilles Legault.
Hydro-Québec
M. Legault (Gilles): M. le Président, MM. les membres de
la commission parlementaire des affaires municipales, MM. les
représentants de la ville de Québec, le sujet dont nous allons
traiter peut sembler peu important eu égard à l'ensemble des
questions qui sont étudiées à cette commission
parlementaire et aussi des problèmes, des questions de l'activité
qui concerne Hydro-Québec. Mais, toute proportion étant
gardée, il faut réaliser que cette question de l'émondage
des arbres est un élément extrêmement important dans les
activités d'Hydro-Québec puisque ce que
généralement on ne perçoit pas il s'agit là
d'une activité essentielle dans l'exploitation d'un réseau de
distribution d'électricité. Peut-être avez-vous eu
l'occasion de lire le court mémoire qui a été
distribué ce matin. M. le Président, si vous le permettez, au
lieu de le lire, je me référerais peut-être à
certains passages, à moins que vous n'exprimiez la
préférence que je le lise en entier...
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse. J'étais en
train de regarder votre mémoire.
M. Legault: J'étais en train de dire que...
Le Président (M. Lacoste): C'est selon votre choix. Vous
pouvez le lire.
M. Legault:... je pourrais référer simplement
à certains passages plutôt que le lire, à moins que vous
n'exprimiez la préférence que je le lise en entier.
Le Président (M. Lacoste): Non, vous pouvez résumer
le mémoire. Je pense que la plupart des membres ont déjà
pris connaissance du mémoire. M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je me demande s'il y a lieu de
considérer ce mémoire dès le début du projet de
loi. Etant donné qu'il touche un article en particulier, je me demande
si la discussion ne reprendra pas lorsque nous serons arrivés à
l'article 27 du projet de loi. Ma compréhension, c'est lorsqu'on
entend... Je ne veux pas vous retarder inutilement, vous savez, c'est pour le
bon fonctionnement de la commission, parce que, en général, on
entend, au début d'une commission, toutes les remarques de portée
générale, par des organismes ou autres.
Je n'ai pas d'objection à étudier immédiatement les
représentations d'Hydro-Québec, mais ce que je crains, c'est
qu'une fois qu'on aura entendu d'autres personnes, d'autres organismes, comme
l'Association des étudiants en droit, l'Institut d'étude urbaine,
on va oublier les représentations de Me Legault. Elles ne seront plus
dans le décor. Après ça, peut-être demain seulement,
je ne sais quand, on va entreprendre l'article 1, on va arriver à
l'article 27 et je pense qu'on sera obligé de reprendre la discussion
qu'on est en train de faire actuellement. Parce que votre représentation
porte spécifiquement sur un article, je crois.
M. Legault: C'est exact.
M. Lavoie: C'est à votre goût, je ne veux pas
changer le cours...
M. Legault: La disposition de la commission... Le
Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: Ecoutez, M. le Président, dans la mesure
où Hydro-Québec a peut-être déjà
commencé et peut nous résumer, très succinctement, l'objet
de ce mémoire, sans entrer dans le fond de l'article, lorsqu'on arrivera
à l'article, on aura au moins eu... enfin, cette commission aura
été sensibilisée aux représentations
d'Hydro-Québec, sans entrer dans le détail.
M. Lavoie: II faut entrer dans le détail. Allez. Le
Président (M. Lacoste): Me Legault.
M. Legault: Je disais donc que cette question d'émondage
des arbres est un élément essentiel dans l'exploitation d'un
réseau de distribution d'électricité. Hydro-Québec,
effectivement, doit débourser annuellement des sommes
appréciables, dont vous trouverez les montants indiqués à
la fin de la page 2 et au début de la page 3 du mémoire qui vous
a été remis. Malgré toute l'attention
qu'Hydro-Québec apporte à l'abattage et à
l'émondage des arbres, il demeure encore qu'environ 10% des pannes
annuelles sont causées par les branches d'arbres, ce qui donne, pour
l'année 1979, comme vous le verrez au bas de la page 3, 2710 pannes. Il
ne faut pas considérer comme négligeable ce nombre de pannes,
puisque 640 750 abonnés environ ont été privés
d'électricité au moins une fois, au cours de l'année 1979,
à cause des branches d'arbres, et ce malgré l'activité
très suivie d'Hydro-Québec à l'égard de
l'émondage des branches d'arbres qui peuvent nuire à son
réseau.
Donc, Hydro-Québec doit vraiment attacher de l'importance
à cette question. Mais, en ce faisant, Hydro-Québec est quand
même très consciente des exigences de l'environnement. Depuis
déjà plusieurs années elle veille, de façon
particulière, à cette question et elle intensifie constamment les
soins qu'elle apporte à cet aspect. A la page 3, vous me permettrez de
vous lire un court paragraphe qui traite spécifiquement de cette
ques-
tion: "Ces travaux d'émondage ou d'abattage d'arbres sont
réalisés par du personnel qualifié à l'emploi
d'Hydro-Québec et d'entrepreneurs également qualifiés. Ils
sont réalisés avec le plus grand souci du respect de
l'environnement, compatibles avec les besoins du réseau et de la
sécurité publique. (16 heures)
A cet effet, Hydro-Québec a conçu un cours à
l'intention de ses émondeurs et de ceux qui travaillent pour des
entrepreneurs, visant à renseigner ce personnel autant sur la
physiologie des arbres que sur les techniques adéquates
d'émondage et d'abattage".
A la phrase suivante, il faudra apporter une correction; on y disait
que: "En 1977, HydroQuébec s'est vu décerner un prix pour ce
cours par l'Association canadienne des arboriculteurs". Hydro-Québec a
effectivement reçu un prix, en 1977, sur cette question, mais c'est par
l'International Society of Arboriculture, qui groupe 4000 membres dans le monde
et dont le siège social est situé à Urbana, dans
l'Illinois.
Donc, tout en satisfaisant à ses obligations dans l'exploitation
de son réseau, Hydro-Québec est très consciente et veille
également sur les aspects propres à l'environnement.
Cela n'empêche pas non plus que des communications existent entre
les préposés d'Hydro-Québec et les représentants
des municipalités. Il y a des échanges et il ressort de ces
communications qu'il y a si peu de plaintes de la part des municipalités
qu'effectivement, on peut dire que c'est très exceptionnel qu'on y
exprime une insatisfaction.
D'ailleurs, on pourrait souligner ici que la plus grande partie des
travaux d'émondage dans la ville de Québec, par exemple, est
faite par des entrepreneurs et mes conseillers me disent qu'effectivement, les
entrepreneurs qui sont à l'emploi d'Hydro-Québec ont des contrats
également accordés par la ville de Québec.
D'autre part, on peut envisager d'autres aspects; par exemple, à
la page 4, il y a un aspect juridique qui est aussi important. L'article 30 de
la Loi d'Hydro-Québec prévoit que: "Tout préposé de
la société peut pénétrer sur tout immeuble pour
installer les conduits, fils et autres appareils requis pour la fourniture
d'énergie ou pour les réparer et faire tous travaux requis
à cette fin, à charge de payer tous dommages qui pourraient en
être causés".
Nous croyons que les travaux d'émondage et d'abattage d'arbres
sont des travaux requis pour assurer une fourniture fiable et
sécuritaire de l'énergie électrique. Il pourrait donc y
avoir conflit entre les dispositions de l'article 30 de la loi
d'Hydro-Québec et un règlement municipal adopté sous
l'empire de l'amendement proposé, qui est l'amendement proposé
par le paragraphe j) de l'article 27 du projet de loi no 216 de la ville de
Québec.
L'article 33 de la Loi d'Hydro-Québec prévoit
qu'Hydro-Québec peut, avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur en
conseil, acquérir par voie d'expropriation tous les immeubles,
servitudes ou constructions requis pour la production, la transmission ou la
distribution d'énergie électrique. Hydro-Québec obtient,
effectivement, par entente ou par expropriation, des servitudes de passage avec
droit d'émondage et d'abattage pour son réseau de transport et de
distribution. Ce pouvoir d'expropriation d'Hydro-Québec est essentiel
à ses opérations et il pourrait être sérieusement
compromis si l'amendement proposé était adopté dans sa
forme actuelle. Il est possible qu'un règlement adopté en vertu
de cet amendement impose des conditions telles qu'Hydro-Québec ne puisse
obtenir de permis d'émondage et d'abattage, créant ainsi des
situations pouvant résulter en un conflit entre le pouvoir
d'expropriation d'Hydro-Québec et ce pouvoir de réglementation.
Ce droit accordé à Hydro-Québec ressort du fait
qu'Hydro-Québec a reçu du législateur le mandat d'assurer
la fourniture de l'énergie électrique aux municipalités,
aux entreprises industrielles ou commerciales et aux citoyens de cette
province, et que c'est à HydroQuébec qu'incombe l'obligation de
prendre les moyens adéquats pour satisfaire à ce mandat.
Le réseau d'Hydro-Québec couvre des milliers de milles
dans l'ensemble de la province. HydroQuébec doit faire face à de
l'émondage relativement à des centaines de milliers d'arbres. Non
seulement cela représente-t-il des délais additionnels, s'il
fallait devoir procéder par permis des municipalités, des
difficultés administratives considérables, même à
l'intérieur d'une seule municipalité, mais encore plus si l'on
considère que les règles qui seront établies pour une
municipalité devront normalement l'être pour l'ensemble de la
province et qu'on pourrait trouver une gamme très variée de
règlements qui rendraient pratiquement impossible l'administration de
cet aspect de l'exploitation du réseau d'Hydro-Québec.
En plus de cela, il y a l'aspect le plus important qui est celui de la
sécurité publique et de la fiabilité du réseau. Il
ne faut pas oublier que c'est sur Hydro-Québec que le législateur
compte pour assurer que le service d'électricité soit
apporté aux citoyens du Québec avec la qualité à
laquelle les citoyens du Québec ont le droit de s'attendre.
Il ne faut pas oublier non plus que c'est sur Hydro-Québec que
pèse la responsabilité juridique du propriétire et de
l'exploitant d'un réseau de distribution d'électricité et
ce, autant à l'égard de la fiabilité du réseau que
de la sécurité.
En 1977, ainsi que vous le verrez à la deuxième
moitié de la page 6 du mémoire, un projet de loi a
été présenté ici à l'Assemblée
nationale, le projet de loi no 54, qui proposait de modifier la Loi sur les
cités et villes qui a été adoptée en
première lecture lors de la deuxième session de la 31e
Législature et qui proposait l'addition, à la fin du paragraphe
36 de l'article 429 de la Loi sur les cités et villes, d'un texte qui
avait essentiellement le même effet que l'amendement dont nous discutons
présentement. Hydro-Québec a alors fait parvenir à
l'honorable Guy Tardif, ministre des Affaires municipales du Québec, un
mémoire qui exposait les mêmes faits qui vous sont soumis
présentement, par lequel Hydro-Québec suggérait que
les services publics soient exclus du champ d'application de la
réglementation que les municipalités pourraient adopter
relativement à l'abattage et à l'émondage des arbres. Le
législateur a alors accepté partiellement les recommandations qui
lui étaient faites de sorte que l'addition apportée au paragraphe
36 de l'article 429 de la Loi des cités et villes ne vise que l'abattage
des arbres et ne fait aucune mention de l'émondage. Nous vous soumettons
respectueusement que les motifs invoqués par Hydro-Québec alors
et qui ont été retenus par le législateur sont tout aussi
valables maintenant. En conséquence, Hydro-Québec vous demande
respectueusement de n'inclure, au premier alinéa du paragraphe 65 de
l'article 336, tel que proposé par le paragraphe j) de l'article 27 du
projet de loi 216, que l'abattage des arbres uniquement, en excluant toute
mention de l'émondage.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, peut-être une simple
réponse de la ville de Québec pourrait nous permettre de trancher
cette question rapidement. M. le maire, si on enlevait le mot "émondage"
du projet d'article pour ne conserver que tout le reste: la plantation, la
culture, la conservation, l'abattage, etc., est-ce que c'est possible de vivre
avec cela?
M. Pelletier: M. le Président, nous avions prévu
l'opposition d'Hydro-Québec et nous avons peut-être des
façons d'arranger les choses. Il reste que, sans vouloir faire de
procès d'intention à Hydro-Québec je pense bien
qu'ils veulent se comporter en bons citoyens on a ici une documentation
photographique et, si elle avait été soumise au jury dont a fait
mention M. Legault, peut-être que le prix aurait été
donné pour une partie excluant le territoire de la ville. Vraiment,
c'est catastrophique, à certains égards, ce qu'ils ont fait. On
ne veut pas que cela continue. S'il y a moyen d'en arriver à des
accommodements je pense qu'il y a moyen de le faire au niveau de
l'étude de l'article en question, nous pourrons probablement trouver en
temps utile d'ici là une solution.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il me reste
à remercier Hydro-Québec de sa présentation. Lorsque nous
arriverons à l'étude article par article, nous verrons les choix
possibles visant à permettre à la ville d'avoir un contrôle
sur la végétation sur son territoire et les besoins
d'Hydro-Québec également d'acheminer
l'électricité.
Le Président (M. Lacoste): Me Legault.
M. Legault: Permettez-moi de présenter mes conseillers,
puisque j'ai oublié de le faire dans la discussion initiale. J'ai,
à ma gauche, M. Yves Mager, qui est chef de division construction et
formation, au service de la distribution et vente de la région
Montmorency; immédiatement à ma droite, M. Gérard Filion,
chef de division, formation, sécurité et outillage, direction
distribution au siège social d'Hydro-Québec et, à ma
droite également, M. Marcel Bergeron, gérant du secteur
Québec de la région Montmorency.
Juste une petite mention: Mes conseillers me disent qu'ils ont des
communications avec les gens de la ville de Québec et qu'ils n'ont
reçu qu'une seule plainte, dont ils se souviennent, relativement
à l'émondage des arbres. Alors, il est peut-être difficile
de voir si c'est dans les communications, dans l'expression des désirs
de la municipalité qu'il faut voir une collaboration plus grande. Mais,
comme nous le mentionnions précédemment, tous les entrepreneurs
auxquels recourt Hydro-Québec se retrouvent, d'après mes
conseillers, comme entrepreneurs de la ville de Québec et ce cours de
formation dont nous avons parlé tantôt est donné aux
préposés d'Hydro-Québec, mais est donné aussi par
les entrepreneurs à leurs préposés. Je vous le soumets
respectueusement et je remercie la commission de son attention.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier Me
Gilles Legault, directeur adjoint du contentieux, qui a fait la
présentation du mémoire pour Hydro-Québec ainsi que ses
conseillers. J'appellerai maintenant l'Association des étudiants en
droit de l'Université Laval représentée par M.
Jean-François Royer, M. José Roy et M. René Martineau.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, pendant que les gens que vous
venez d'inviter prennent place à la table, si les représentants
de la ville de Québec et d'Hydro-Québec peuvent s'entendre sur un
libellé qui fera qu'on n'aura pas à trancher
spécifiquement cette question à l'émondage et peuvent en
venir à une entente, je les invite à le faire jusqu'à ce
que nous arrivions à l'article 27. Cela contribuera à
"émonder" le débat.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que vous pourriez vous
identifier?
Association des étudiants en droit de
l'Université Laval
M. Royer (Jean-François): Mon nom est Jean-François
Royer. Vous remarquerez que mes deux confrères brillent par leur
absence. La raison en est simple. Ils ont été retenus à la
faculté pour raison d'examens. Finalement, la teneur des propos sera,
autant que possible, telle que prévue par l'AED dans le document. Si on
voulait procéder à la remise du document aux principaux
intéressés, préalablement.
Le Président (M. Lacoste): Tout le monde a le texte
écrit? Cela va.
M. Lavoie: C'est sur un...
M. Royer: Un article en particulier; si M. Lavoie donne son
assentiment ainsi que les autres membres pour qu'on procède
immédiatement.
Le Président (M. Lacoste): Vous pouvez y aller.
M. Royer: M. le Président, M. le ministre des Affaires
municipales ainsi que messieurs les membres de cette commission, l'intervention
présentée en commission parlementaire par l'Association des
étudiants en droit de l'Université Laval concerne l'amendement et
l'addition demandés par la ville de Québec d'un article 121,
celui qui obligerait tout contrevenant à un règlement municipal
à s'identifier à la demande d'un policier, le tout ayant
été réglé préalablement par
règlement, c'est-à-dire ladite obligation.
Nous tenons à faire remarquer qu'il s'agit de la première
fois que des étudiants en droit de l'Université Laval ont
l'insigne honneur de faire part de leurs réflexions en cette enceinte
parlementaire. Voyant la disposition d'identification obligatoire
demandée par la ville de Québec, nous avons pensé qu'il
était de notre devoir d'étudier la question. La question est
importante, à notre avis. Messieurs les députés, quand
vous accepterez ou refuserez cette disposition spécifique dans
l'amendement à la charte, vous ferez un choix entre la liberté et
la porte ouverte à l'arbitraire, entre une société de
philosophie libérale et une société dirigiste.
Il s'agit d'une question de principe qui dépasse largement la
ville de Québec.
M. Lavoie: Excusez. Vous avez parfaitement raison de le faire
remarquer.
M. Royer: Remarquez bien que la teinte libérale n'est
point politique!
M. Lavoie: On l'interprète à notre façon.
M. Royer: Restrictivement, s'il vous plaît! Une Voix: ...
libéralismes conservateurs. M. Lavoie: Adopté. Le
Président (M. Lacoste): Allez, M. Royer.
M. Royer: II s'agit d'une question de principe qui dépasse
largement la ville de Québec et les moyens à prendre en cas
d'infraction à des règlements municipaux. L'acceptation de cet
amendement pourrait être le premier jalon d'une démarche qui nous
mènerait à la carte d'identité obligatoire. (16 h 15)
Des représentants de la ville de Québec prétendent
que nous avons déjà un permis de conduire, une carte
d'assurance-maladie ou une carte d'assurance sociale. Ceci est parfaitement
vrai.
Nous possédons ces cartes. Cependant, quand le citoyen les a
acceptées, il les a acceptées en tant que moyens d'accéder
à des services ou de détenir certains droits. Si ces cartes
doivent servir à l'identification des citoyens par le pouvoir judiciaire
ou son bras policier, il y a lieu de faire le même débat que s'il
s'agissait d'instaurer une véritable carte d'identité avec tout
ce que cela comporte comme avantages, comme inconvénients et comme
dangers.
Cette disposition serait nécessaire si présentement les
policiers étaient sans moyens devant les infractions. Ce n'est pas le
cas. Ils disposent, dans plusieurs cas, du pouvoir d'arrestation qui leur est
conféré par la Loi de police quand les circonstances le
justifient. Anotre avis, l'obligation d'identification et le délit qui
en découle en cas de refus et en cas d'identification insatisfaisante
aux yeux des policiers sont des moyens démesurés dans les cas
où ils sont susceptibles d'être appliqués.
Messieurs les députés, il en va d'un aspect de la
qualité de la vie dans cette société. Il s'agit d'une
restriction possible aux libertés individuelles par lesquelles se
définissent les sociétés occidentales.
Plus loin, nous tenterons de démontrer que les policiers
disposent d'autres pouvoirs, ce qui rend superflue l'identification obligatoire
et ce qui aurait pour conséquence de soumettre le citoyen à
l'arbitraire. Cette disposition de la ville de Québec serait-elle une
masse dont on se servirait pour enfoncer un simple clou?
Voici donc la teneur de l'amendement contre lequel nous nous inscrivons
en faux dans le présent document: "Pour obliger, par règlement,
tout contrevenant à un règlement municipal à s'identifier
à la satisfaction du constable ou agent de la paix qui constate
l'infraction et pour décréter que tout refus de s'identifier de
la part d'un contrevenant constitue une infraction à l'encontre de la
paix et de l'ordre public?
Ce qui est recherché dans cette disposition, c'est
l'identité du contrevenant. Certaines dispositions législatives
en vigueur actuellement permettent-elles le résultat escompté par
ledit amendement? Dans la Loi de police, chapitre P-13 des Lois refondues du
Québec, on remarque les dispositions suivantes à savoir:
"Nonobstant toute disposition inconciliable de la charte d'une
municipalité, nul ne peut être arrêté pour avoir
commis une infraction à la Loi sur les cités et villes, au Code
municipal, à la charte d'une municipalité ou à un
règlement municipal à moins qu'un mandat n'ait été
délivré à cette fin par un juge de paix."
Il y a à ça une exception, à savoir: "Toutefois,
tout policier municipal peut arrêter sans mandat toute personne qu'il
trouve en train de troubler la paix, l'ordre, la santé ou la
sécurité publique contrairement à un règlement
municipal." J'attire donc votre attention sur ces mots, à savoir "qu'il
trouve en train de troubler".
Au troisième paragraphe de l'article 71 de la Loi de police, on
retrouve la disposition suivante: "Toute personne arrêtée par un
policier municipal
pour une infraction visée au présent article doit
être traduite sans retard devant le tribunal compétent."
Je vais vous donner, en somme, la teneur de l'article 72 qui
prévoit une comparution par engagement, le tout délivré
par le policier qui a la direction du poste. Vous pouvez prendre connaissance
de cette disposition par vous-mêmes.
Donc, le paragraphe 2 de l'article 71 ne trouve-t-il pas son application
dans une multitude d'occasions, à savoir le cas où un individu
souille le domaine public, troublant, par le fait même, la santé
lorque des matières polluantes sont déversées sur
un domaine public, il est clair que la santé est troublée
l'ordre cela va de soi et la sécurité,
dépendant toujours de la matière qui est déversée.
Si on pense à de la neige, évidemment, la sécurité
peut être mise en danger. La neige, comme on le sait, peut fondre et,
évidemment, ça peut devenir de la glace et vous savez les
conséquences. Ou le cas de celui qui fume au Colisée (visiblement
un cas de santé publique) ou le cas de celui qui promène un chien
sans laisse (santé, les raisons s'expliquent d'elles-mêmes, et
sécurité publiques) ou le cas de celui qui fait un feu à
ciel ouvert (la sécurité publique).
Il nous apparaît évident que l'esprit même de la loi
engloble d'une façon complète tous les cas où il y a lieu
d'obtenir l'identité d'un contrevenant. L'intérêt que l'on
veut protéger par cette disposition de la Loi de police, c'est celui du
citoyen, de façon qu'il puisse profiter de la façon la plus
absolue, sans que de sans-scrupules contrevenants aux règlements
municipaux le briment, le limitent ou le privent, même de la façon
la plus infime, de sa légitime jouissance municipale-Partant de ce
principe et, vu les dispositions législatives déjà
mentionnées, nous nous demandons dans quelle mesure cette demande
d'addition à la charte de la ville de Québec ne constitue pas un
appel au bégaiement législatif dont l'une des conséquences
sera d'avoir infirmé la sacro-sainte règle qui dit que, comme on
le mentionnait ce matin, le législateur ne parle jamais pour ne rien
dire.
Maintenant vous remarquerez que le prochain paragraphe est quelque peu
mélangé, pour ainsi dire, car il manque une phrase. Visiblement
il va falloir que je vous en donne la teneur de façon tout à fait
verbale, nonobstant le document, à savoir que la présence des
mots "afin d'obliger par règlement" sème en nous
l'inquiétude du fait de l'immense pouvoir qui sera conféré
à la municipalité. Il n'y a pas si longtemps on a contesté
et on s'est interrogé sur l'impact qu'aurait l'usage rendu obligatoire
de la carte d'assurance-maladie. Ceci étant considéré par
certains comme étant un pas vers la carte d'identité
obligatoire.
Quelques points méritent d'être éclaircis. Pourquoi
sommes-nous en faveur de l'arrestation du contrevenant à un
règlement municipal plutôt qu'à sa simple identification?
La raison en est simple, l'arrestation confère à la personne
arrêtée des droits, dont, notamment, celui de communiquer et
d'être représentée par un avocat si nécessité
et si désir sont.
Si l'on procède immédiatement à l'arrestation, il
est à présumer que le contrevenant déclinera plus
rapidement son identité de façon à recouvrer sa
liberté dans les plus brefs délais. Il n'encourra à ce
moment que l'amende attachée à la contravention du
règlement qu'il enfreint. Si l'on procède par la demande
d'identification en premier lieu, le risque de refus de décliner son
identité est ici beaucoup plus grand. Le contrevenant sera-t-il
amené à la centrale de police en état d'arrestation ou
non? Lui dira-t-on que parce qu'il n'est pas arrêté il n'a aucun
droit? Ne se verra-t-il pas attribuer une sanction supplémentaire
à l'amende qu'il devra payer du fait de la contravention au
règlement et, par surcroît, du fait qu'il n'a pas
décliné son identité à la demande d'un
policier?
Autant de questions sans réponses. C'est l'incertitude et la
confusion quasi totales. Devant un tel doute, il nous apparaît que le
législateur devrait, à notre humble avis, s'abstenir. Il ne
faudrait pas qu'il donne son assentiment à l'article 121 car, à
notre avis, l'article 71.2 de la Loi de police prévoit une situation qui
est claire, nette et précise et dans laquelle la personne qui est
trouvée en flagrante contravention à un règlement
municipal verra ses droits figés et pourra de la façon la plus
absolue s'en prévaloir.
A ceci il sera objecté que l'article 71.2 ne recoupe pas tous les
domaines de la réglementation municipale et qu'il existe une zone de la
réglementation qui n'est pas touchée par les termes "la paix,
l'ordre, la santé ou la sécurité publique" et que, de ce
fait, les policiers ne peuvent intervenir. Visiblement l'article 71.2
prévoit qu'il n'y aura arrestation possible qu'au moment où le
policier trouve en train de troubler, c'est-à-dire le flagrant
délit, et dans le cas où il y a trouble de la paix, la
santé, la sécurité ou l'ordre public, contrairement
toujours à un règlement municipal.
Evidemment le domaine qui ne serait pas touché est assez
difficile à trouver s'il en est un. Nos recherches pour découvrir
cet oiseau rare qui n'entre pas à l'intérieur de l'article 71.2
se sont avérées à toutes fins pratiques infructueuses.
Donc, si tel domaine existe, toujours aux conditions ci-dessus
mentionnées, la demande de la ville de Québec devrait être
au surplus rejetée. L'amendement ne devrait pas se faire dans la charte
de la ville, mais bien dans la Loi de police. Pourquoi priver les autres
municipalités, cités et villes du Québec de l'avantage
d'un amendement qui viendraient boucher un trou aussi béant,
malencontreusement laissé dans la Loi de police? L'amendement
proposé devrait, à toutes fins pratiques, être
appliqué à tout le Québec, sinon l'amendement ne devrait
pas avoir lieu dans une seule et unique charte de façon à faire
de la ville de Québec ni plus ni moins qu'une chasse gardée.
Comme nous le disons, en ce qui nous concerne, nous doutons fort de
l'existence d'un tel domaine faisant référence au domaine qui
serait à l'extérieur du contexte de l'article 71.2 de la Loi de
police. Il serait donc à propos de réserver à la demande
de la ville de Québec le même sort qu'à la demande
similaire faite par la ville de Montréal.
En guise de conclusion, nous préférons être jaloux
de nos droits et francs gardiens de leur conservation plutôt qu'avoir la
lourde responsabilité de leur génocide. Merci à la
commission et à ses membres.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Royer: J'aimerais, si M. le Président m'accorde encore
une seconde, ajouter un propos au document. Si, dans un but
d'efficacité, on alléguait que bien qu'ayant le pouvoir
d'arrêter on ne le puisse pas ou ne le veuille pas, pour des raisons,
quelles qu'elles soient, parce que le processus de l'arrestation est un tant
soit peu trop lourd, le cas échéant, il y aurait lieu d'amender,
sous réserve du bon vouloir du législateur, la Loi de police de
façon qu'il soit possible à un contrevenant de souscrire
sur-le-champ, après arrestation, à un engagement à
comparaître, et qu'après qu'un tel engagement ait
été signé, le policier ayant procédé
à l'arrestation puisse procéder, de son propre chef, à la
mise en liberté du contrevenant. Cela aurait pour conséquence
d'accélérer le processus et de mettre fin, si on veut, aux
possibilités de mise en oeuvre arbitraire d'une disposition, car les
risques sont fort grands qu'une porte ouverte ne devienne ni plus ni moins un
trou qu'on ne puisse, à toutes fins pratiques, boucher. C'était
le sens de l'intervention de l'Association des étudiants en droit que
j'ai été mandaté de représenter. Merci bien.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, sous réserve,
évidemment, des représentations que la ville de Québec,
j'imagine, ne manquera pas de faire lorsque nous arriverons à cet
article, je puis dire que les membres de cette commission ont
déjà rejeté un article dans le projet de charte de
Montréal, l'article 52, qui n'allait pas aussi loin que celui que
demande la ville de Québec. Ce que la ville de Montréal
demandait, finalement, c'était le pouvoir, pour un agent de la paix,
d'arrêter une personne trouvée en flagrant délit de
commettre une infraction à autre chose que ce pourquoi il est permis
d'arrêter cette personne en vertu de la Loi de police,
c'est-à-dire pour une infraction à la paix, l'ordre ou la
santé et la sécurité publique. Dans le cas de la ville de
Québec, ce n'est pas uniquement le pouvoir d'arrestation qui est
demandé, mais c'est le pouvoir de faire du refus de s'identifier une
infraction sui generis, donc "additionnelle à", et qui serait d'ordre
public. Alors, je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, que de
toute façon les représentations de la Justice et ma propre
position là-dessus sont très connues du maire de Québec et
des autorités de la ville de Québec. Je ne nie pas qu'il puisse y
avoir un problème, une zone, disons, plus ou moins bien couverte par la
Loi de police, mais c'est par amendement à cette loi
générale qu'il faudra procéder, non par bill privé
et certainement pas, en tout cas, en faisant du refus de s'ientifier une
nouvelle infraction en sus de l'infraction originale, sous réserve des
représentations que la ville pourra nous faire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: D'une façon générale, je pense
que quant à nous, sur ces questions, depuis près de trois ans, on
a un peu le même réflexe que celui que vous avez eu au niveau de
l'Association des étudiants en droit de même que des
mémoires antérieurs qui nous ont été soumis et qui
ont attiré l'attention de la commission sur cet aspect des choses et sur
le plan des principes, un peu comme vient de l'indiquer le ministre, de
constituer une infraction supplémentaire du refus de s'identifier et
également que le jugement en soit laissé finalement à la
discrétion du policier. (16 h 30)
Par ailleurs, je sais qu'il y a un arrêt de jurisprudence
récente qui a traité de la question. Pour le moment, on prend
acte de votre mémoire en demandant ceci, finalement. Je pense que c'est
ça, je rejoins les remarques du ministre. Dans la pratique
policière ce n'est certainement pas une fantaisie de la ville de
Québec d'avoir demandé un tel pouvoir pourquoi un tel
pouvoir est-il nécessaire?
Deuxièmement, est-ce que la ville de Québec verrait d'un
oeil favorable ou défavorable l'idée de l'inclure plutôt
dans la loi générale et si elle préfère l'avoir
dans sa charte, pourquoi ce problème se pose-t-il spécifiquement
à Québec?
Ce sont un peu les remarques... En principe, je suis assez
réticent, pour ma part, je ne sais pas si mes collègues sont de
mon avis, à donner un tel pouvoir. Si le maire de Québec peut
nous indiquer pourquoi un tel pouvoir est nécessaire, j'imagine qu'il y
a des contraintes vécues, dans la pratique des policiers, qui l'ont
amené à une telle chose. Si vraiment, c'est absolument
nécessaire, est-ce que la ville de Québec aurait objection
à ce qu'une telle chose se fasse, dans les lois générales,
au lieu de l'inclure dans la charte de la ville de Québec? Parce que
s'il existe une justification professionnelle, j'imagine que cette
justification existe pour l'ensemble des municipalités au
Québec.
M. Pelletier: M. le Président, je m'attendais à
intervenir sur cette question au moment où nous arriverions à
l'article lui-même, est-ce que ce serait convenable pour la
commission?
M. Rivest: Oui, vous pouvez attendre. Le Président (M.
Lacoste): M. Royer.
M. Royer: La cause de jurisprudence à laquelle le
député faisait allusion tout à l'heure, est-ce que ce ne
serait pas la cause de Moore contre la reine? Cette cause a été
vertement critiquée par un éminent juriste, à savoir Me
Allan Grant, dans Osgoode Law Journal, 1979, volume 17, qui considère
non seulement l'opinion majoritaire, mais
l'opinion dissidente; il estime que c'est un très mauvais
jugement et sur lequel des considérations, probablement plus que non
pertinentes ont été faites, une erreur flagrante de
jurisprudence, même au niveau de la Cour suprême, chose qui est, un
tant soit peu, possible, de temps à autre.
M. Rivest: On y reviendra.
M. Royer: C'est une cause qui n'a pas directement rapport
à ça.
M. Tardif: M. le Président, j'imagine que la ville de
Québec aura des représentations à faire lorsque nous
arriverons à cet article.
Je désire remercier l'Association des étudiants en droit,
indépendamment du fond de la question, à laquelle je n'ai pas de
problème à me rallier, reconnaissant, encore une fois, qu'il y a
véritablement un problème. Le mémoire qu'on nous a
présenté dit que c'est la première fois que des
étudiants en droit se présentent ainsi devant une commission
parlementaire. Je dis bravo et je les invite à continuer à le
faire à l'avenir, ainsi que d'autres groupements qui pourraient avoir...
Cela vaut n'importe quel examen que vos collègues subissent
présentement, je pense.
M. Rivest: Vous avez réussi votre examen.
M. Royer: Un seul problème, il n'y a pas de note au
bulletin cumulatif, c'est ça, le problème.
M. Tardif: De compensation. Il n'y a pas
d'équivalence.
M. Royer: Malheureusement; remarquez bien.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier
l'Association des étudiants en droit de l'Université Laval,
représentée par M. Jean-François Royer.
J'appelle un groupe qui a été appelé ce matin et
qui n'était pas présent, l'Institut d'étude urbaine.
Est-ce qu'il est présent?
Institut d'étude urbaine et Comité des
citoyens du Vieux-Québec
M. Sirois (André): On va présenter, si vous le
permettez, notre mémoire...
Le Président (M. Lacoste): M. André Sirois?
M. Sirois: ... en même temps que le Comité des
citoyens du Vieux-Québec, parce que ça va permettre
d'économiser du temps et aussi parce que, sur plusieurs points, on se
rejoint facilement. Si vous nous le permettez. De toute façon, c'est un
mémoire écrit, mais qui n'est pas reproduit et on va vous le
faire parvenir par la suite, on a eu des pépins.
Le Président (M. Lacoste): L'Institut d'étude
urbaine, représenté par M. André Sirois, ainsi que le
Comité des citoyens du Vieux-Québec, représenté par
M. Michel Doyon.
M. Doyon (Michel): C'est ça.
M. Tardif: M. le Président, je veux m'assurer que je
comprends bien. Nous recevons, simultanément ou à peu
près, les représentations de l'Institut d'étude urbaine et
du Comité des citoyens du Vieux-Québec et, dans les deux cas, il
n'y a pas de mémoire écrit disponible maintenant. C'est
ça?
M. Sirois: C'est-à-dire que dans le cas du comité
de citoyens, le mémoire a été remis, c'est moi qui l'ai
remis à quelqu'un qui en fait une photocopie en ce moment; ça
devrait être prêt bientôt, c'est dans la machine quelque
part.
Le Président (M. Lacoste): D'accord, on écoute vos
représentations ou un résumé de votre mémoire.
M. Doyon: Je voudrais aussi vous présenter Mme Louise
Escojido, qui est membre du conseil d'administration du Comité des
citoyens du Vieux-Québec.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
depuis... Non, je pense que nous allons laisser à Louise Escojido cette
partie, je reviendrai à l'autre partie.
Mme Escojido (Louise): Depuis une dizaine d'années, nous
avons pu observer, sur le territoire que couvre la Communauté urbaine de
Québec, la formation de comités de citoyens et la mise sur pied
de regroupements populaires de quartiers.
Il ne serait pas exagéré de dire que tous sont nés
du sentiment d'impuissance des citoyens isolés à se faire
entendre ou à influer de quelque façon que ce soit sur des
questions concernant leur environnement immédiat et la qualité de
leur vie quotidienne.
Le Comité des citoyens du Vieux-Québec ne fait pas
exception et lors de sa fondation, il y a cinq ans, les citoyens
impliqués déploraient d'être les grands oubliés
d'une administration municipale dont ils ignoraient tout des rouages et du
fonctionnement et sur laquelle ils n'avaient aucune prise et aucune influence.
Ils notaient également l'absence totale de communication avec les
conseillers qu'ils avaient élus comme leurs représentants
à l'hôtel de ville. Ils comptaient bien faire changer les
choses.
Le Comité des citoyens du Vieux-Québec, qui
s'était, entre autres, donné comme priorité de rappeler
à des édiles municipaux qui semblaient l'oublier la
présence de citoyens avec des besoins et des aspirations
légitimes à la qualité de la vie, citoyens qu'ils avaient
pour mandat de représenter et de servir, a donc toujours
travaillé et continue de le faire dans le sens de la
démocratisation municipale, avec un succès qui, bien souvent, se
mesure au déplaisir et à l'agacement pour ne pas dire plus
provoqués par ses actions auprès de l'administration
municipale.
Les autres groupes et comités, chacun à leur
manière, travaillent dans le même sens. Mais où se
retrouve-t-on aujourd'hui? Après ces années d'efforts pour faire
reconnaître les droits des citoyens, il faut bien admettre que,
malgré une certaine évolution, l'information et la consultation
au niveau municipal à Québec restent toujours aussi
aléatoires et s'apparentent au jeu du chat et de la souris ou de qui
perd gagne. Aussi croyons-nous qu'il est grand temps de légiférer
dans le sens de la participation des citoyens à la vie de leur
ville.
Nous constatons que le projet de loi no 216 ne prévoit rien en ce
sens et nous aimerions énumé-rer ici des éléments
qui, à notre avis, devraient à tout prix y figurer, puisqu'ils
nous paraissent essentiels à l'exercice d'une saine démocratie.
1.D'abord, le recours au référendum sur tout projet municipal
d'importance. Présentement, à la ville de Québec, la seule
consultation des citoyens se fait à tous les quatre ans, au moment des
élections.
Au niveau municipal, ce n'est pas suffisant à notre avis. Des
citoyens peuvent être d'accord avec le programme d'un parti au moment de
son élection à l'hôtel de ville, mais ne plus l'être
du tout sur un projet présenté en cours de mandat et pourtant
susceptible de les affecter directement. Ceci vaut d'autant plus pour les
citoyens qui n'ont pas voté pour le parti au pouvoir. Rappelons
qu'à Québec, aux dernières élections, le vote
d'opposition représentait 43,7% des citoyens qui, actuellement, n'ont
aucune possibilité de se faire entendre.
Le référendum local, au niveau des quartiers, devrait
également être prévu à la loi pour tout projet
susceptible de modifier la vie d'un quartier. Nous pensons, en particulier, aux
modifications de zonage. 2.L'élection des échevins par quartier.
Si on faisait aujourd'hui une enquête auprès des citoyens de la
ville de Québec pour leur demander les noms de leurs échevins,
bien peu seraient en mesure d'en nommer un seul. Les citoyens de Québec
ne savent pas qui, à l'hôtel de ville, est censé travailler
pour eux et représenter leurs intérêts.
Présentement, à Québec, pour les fins
d'élections, le territoire est divisé en districts. Dans le cas
qui nous occupe, le quartier du Vieux-Québec, il fait partie du district
Champlain, qui est représenté par quatre échevins au
conseil municipal. Aucun n'habite le quartier du Vieux-Québec. C'est
donc dire qu'aucun n'a à vivre avec les problèmes auxquels sont
confrontés chaque jour et dans le cas du Vieux-Québec, je
dirais chaque nuit les résidents du quartier.
Cette situation, à notre avis, est inadmissible et doit
être corrigée, à tout le moins pour faire place à
l'élection des échevins par quartier. Nous croyons que les
habitants d'un quartier doivent pouvoir faire appel à un
représentant qu'ils connaissent, qu'ils croisent dans la rue et à
qui ils peuvent parler à la tabagie du coin. Ils doivent pouvoir lui
faire part de leurs problèmes et de leurs besoins et, de son
côté, le conseiller doit être à leur écoute et
leur répondre de son administra- tion. Nous voyons là le
début du processus d'information et de participation.
La troisième demande serait la tenue des assemblées du
conseil municipal le soir, avec un droit de parole accordé aux citoyens.
Présentement, les assemblées du conseil de ville, à
Québec, se tiennent à 17 heures. Les quelques citoyens qui,
malgré l'heure peu commode, peuvent y assister n'ont aucun droit
d'intervention. Relégués dans le fond de la salle, ils se
contentent d'écouter l'énumération de règlements
déjà adoptés par le comité exécutif et dont
le greffier lit un bref résumé. Ces règlements seront
automatiquement adoptés par les membres du conseil, sans question et
sans discussion, parfois avec quelques explications du maire pour les
journalistes présents. Les séances durent rarement plus d'une
demi-heure.
Encore une fois, nous disons que cette situation est inacceptable et
nous demandons, premièrement, que les assemblées du conseil
municipal soient tenues le soir, afin que les citoyens qui le désirent
puissent y assister; deuxièmement, que l'ordre du jour des
séances soit connu assez longtemps à l'avance pour permettre aux
citoyens de préparer leurs interventions et, troisièmement,
qu'une période de temps soit prévue pour que les citoyens
présents à la séance posent à leurs élus
toute question se rapportant aux sujets à l'ordre du jour ou à
tout autre point de fonctionnement municipal. A cette dernière demande,
le maire précédent et le maire actuel ont toujours
évoqué l'Assemblée nationale et répliqué
qu'il était impossible d'accorder le droit de parole aux citoyens dans
une ville de la grandeur de Québec.
A cela, nous répondons que la ville de Québec n'est pas le
Québec et que des villes américaines aussi grandes que
Québec et, plus près de nous, la ville de Longueuil, acceptent ce
type de participation et s'en portent très bien.
Quant à la tenue des séances le soir, un conseiller
municipal a déjà déclaré à M. Denis Angers,
chroniqueur municipal au Soleil: Pourquoi les conseillers municipaux
seraient-ils privés de leurs matches de squash ou de tennis comme moi
pour que les réunions du conseil aient lieu en soirée? Nous
croyons que cette façon de voir parle d'elle-même et se passe de
commentaires.
Le quatrième élément serait la
démocratisation de la commission d'urbanisme. La Commission d'urbanisme
de la ville de Québec est un organisme à qui sont soumises les
demandes de permis de construction, d'amendement au zonage, de
réparation, de transformation ou de démolition. Sa division des
permis émet les permis en conséquence.
D'autre part, la commission d'urbanisme voit à ce que soient
respectés les règlements de construction et de zonage, de
même que l'aspect architectural et esthétique des bâtiments.
Elle s'occupe particulièrement de la préservation du
caractère historique et de l'aspect esthétique de la ville. C'est
donc dire toute son importance au niveau de la ville en général
et du quartier historique du Vieux-Québec en particulier.
Or, cette commission, qui est unique au Québec par son pouvoir
décisionnel, siège à huis clos. Elle est composée
du maire, de conseillers, de consultants et de personnes privées,
résidents de la ville, mais tous choisis par la ville.
A notre avis c'est là notre recommandation il
serait essentiel que la commission d'urbanisme, premièrement,
siège publiquement, à des heures accessibles aux citoyens;
deuxièmement, rende publiques les demandes de modifications qui lui sont
présentées; troisièmement, que les citoyens puissent faire
entendre devant ladite commission leur opposition à des projets qu'ils
jugent inacceptables et, quatrièmement, que les représentants des
résidents soient élus ou encore choisis non pas par la ville,
mais sur proposition des groupements de citoyens de divers quartiers.
La cinquième demande serait l'accès à
l'information. Comment en arriver à ce que les citoyens contrôlent
ce qui se passe dans leur quartier et dans leur ville? Il faut d'abord qu'ils
soient informés de ce qui s'y passe, qu'ils en arrivent aussi à
démystifier le fonctionnement du mécanisme municipal. Le
gouvernement du Québec prépare actuellement un projet de loi sur
l'accessibilité à l'information gouvernementale. Cette loi,
à notre avis, devrait s'appliquer aux administrations municipales. Les
citoyens devraient avoir accès, en temps opportun à toute
information utile au lieu de se heurter continuellement à cette
confidentialité qui sert si bien l'emprise politique. (16 h 45)
D'autre part, nous demandons que soient inclus dans la charte de la
ville des articles prévoyant un processus d'information des citoyens
avant et pendant la réalisation de projets qui modifient ou affectent
directement leur vie et leur environnement. Concrètement, cette
information peut se faire de diverses manières: par exemple, l'affichage
préalable sur le site, avertissant les citoyens du changement
projeté; deuxièmement, l'envoi d'avis personnels aux
résidents dans un rayon de 300 pieds; troisièmement, la
publication dans les journaux d'avis qui dépassent une stricte forme
légale; quatrièmement, la tenue de rencontres de consultation
où les citoyens peuvent exprimer et faire valoir leurs points de vue et
éventuellement leur opposition; cinquièmement, on pourrait
envisager aussi l'abonnement aux documents de la ville.
Voilà donc des recommandations qui toutes, comme nous le disions
au début, vont dans le sens de la démocratisation municipale et
de la prise en main de leurs affaires par les citoyens au niveau du
gouvernement qui justement devrait leur être le plus accessible.
Malheureusement, à Québec, les citoyens sont tenus à
l'écart de l'administration de leur ville depuis si longtemps qu'ils y
ont bien souvent perdu tout intérêt. Aussi longtemps que se
perpétuera cet hermétisme, des comités comme le
nôtre qui ont déjà réussi à impliquer un
grand nombre de citoyens devront envisager l'administration municipale comme un
monde d'intrigues voué à d'autres intérêts que les
leurs.
Dans un bilan de l'administration municipale à Québec, M.
Claude Masson, éditorialiste au Soleil, écrivait dans le Soleil
du 24 novembre 1979 nous endossons ses remarques "Pour le maire
Pelletier, le fait d'être élu constitue un mandat en blanc pour
faire à sa guise, le peuple n'ayant son mot à dire qu'une fois
à tous les quatre ans. La démocratie moderne exige davantage d'un
élu en pays libre. Non seulement la démocratie réelle
doit-elle être vécue, mais un élu doit aussi faire en sorte
qu'il y ait transparence de cette démocratie de participation des
citoyens à la chose publique."
M. Doyon: Parmi les amendements demandés par la ville, il
en est un qui permettrait d'échelonner l'accroissement des taxes
résultant des travaux de restauration et de rénovation. Cette
sorte de mesure a été appliquée dans d'autres pays,
notamment aux Etats-Unis, pour permettre la restauration de milieux
historiques. Nous avons depuis longtemps réclamé une mesure comme
celle-là afin d'améliorer la situation délicate du
logement dans le Vieux-Québec. Cependant, nous l'avons toujours
réclamée dans un cadre qui tienne compte de plusieurs facteurs.
Entre autres, premièrement, cette mesure devrait s'appliquer à la
restauration et à la rénovation d'immeubles résidentiels.
Deuxièmement, elle ne doit pas occasionner ou favoriser une hausse des
coûts du logement et ne pas permettre de faire des logements de luxe pour
une clientèle de riches. Troisièmement, il serait inacceptable
qu'elle devienne une subvention à des commerces comme les restaurants,
les bars et les discothèques qui, par les nombreux problèmes
qu'ils créent, chassent les résidents de notre quartier.
Quatrièmement, si elle doit s'appliquer à certaines formes de
commerces elle devrait se limiter à ceux qui offrent des services
essentiels pour une vie saine de quartier. Cinquièmement, une telle aide
ne doit pas devenir une récompense à la négligence et
à l'absence d'entretien, à l'incurie de quelques
propriétaires, toujours les mêmes. Sixièmement, ce
programme ne doit pas occasionner la destruction complète de patrimoine
architectural historique, c'est-à-dire les intérieurs des
édifices. Septièmement, on devrait prendre garde que cette mesure
n'aboutisse, elle aussi, à une hausse indésirable de la valeur
réelle de tous les bâtiments d'un quartier comme le nôtre
déjà soumis au gonflement artificiel de la
spéculation.
On comprendra, après cette énumération de facteurs
pouvant avoir une influence sur l'équilibre de notre quartier, que nous
ne pouvons que nous montrer méfiants devant les prétendus
remèdes à ces problèmes. D'abord, si nous en sommes
là aujourd'hui, c'est bien parce que les autorités responsables,
en particulier l'administration municipale, ont laissé
délibérément pourrir la situation. Sous le prétexte
que ce n'était pas le rôle de la municipalité de sauver le
patrimoine national, on s'est contenté de bulldozer les restes
d'incendies commodes pour faire place à des cafés-terrasses comme
par hazard loués à des amis du parti.
La ville possède déjà tous les pouvoirs pour
appliquer ses règlements d'entretien et pour em-
pêcher que quelques gros propriétaires ne laissent
s'écrouler leurs édifices dans l'espoir d'en faire des
stationnements. Va-t-on demander maintenant aux petits propriétaires qui
ont entretenu leur maison de subventionner de leurs taxes les projets de
spéculateurs et leur faciliter la revente à profit? C'est
pourquoi nous ne pouvons qu'être réticents devant les amendements
qui donneraient à la ville de Québec le pouvoir de subventionner
les propriétaires privés à la discrétion de sa
commission d'urbanisme ou du comité exécutif.
Ce serait là, à notre avis, ouvrir toute grande la porte
à une nouvelle forme de patronage. Un amendement fait
référence à la Commission des bien culturels du
Québec. Cette formulation semble oublier curieusement que cette
dernière commission est un organisme consultatif du ministre des
Affaires culturelles qui peut en faire ce qu'il veut.
Nous croyons donc que ces aides à la démolition ou
à des projets de reconstruction devraient se faire dans le cadre
d'ententes bien précises par opposition à un pouvoir
général avec la Société d'habitation du
Québec. A tout le moins, ne devrait-on pas limiter cette
possibilité de subven-tioner directement qu'à des cas impliquant
des corporations à but non lucratif comme les coopératives
d'habitation, tout autant en ce qui concerne les pouvoirs de céder pour
une somme nominale ou de louer par bail emphytéotique.
Nous retrouvons aussi dans les amendements présentés ici
par les dirigeants actuels de la ville de Québec des demandes pour que
l'autorisation de la Régie du logement du Québec ne soient pas
requises pour démolir ou subdiviser un logement ou en changer la
destination lorsque la ville a adopté un règlement
conformément. Le Comité des citoyens du Vieux-Québec
s'oppose catégoriquement à de telles manoeuvres en regard de la
loi québécoise du logement. Il nous apparaît
déplacé que les locataires soient expulsés à
quelques mois d'avis par une commission d'urbanisme discrétionnaire et
qui n'est même pas tenue de les entendre. Trop de locataires, en
particulier dans le Vieux-Québec, ont mis leur temps et leur argent
à réparer des logements pour qu'on décide, de concert avec
les propriétaires négligents, de les dépouiller de leurs
droits.
Tout locataire obligé de quitter un logement dont le loyer s'est
augmenté normalement au cours des dernières années doit
faire face aux prix inabordables que la spéculation et un engouement
récent ont amené les propriétaires à demander pour
les quelques espaces disponibles. Annuler la protection déjà
insuffisante de la Régie du logement serait un autre moyen subtil de
changer cette population qui ne convient pas à un quartier de luxe.
Devant de telles audaces de la part des dirigeants en place à
l'hôtel de ville, nous n'hésitons pas à soumettre aux
législateurs une mesure qui, même si elle fait appel à une
certaine approche coercitive, devrait débarrasser nos rues de nombreuses
plaies béantes que la spéculation encourage. Plusieurs
études, entre autres les recommandations et mesures intérimaires
du plan de sauvegarde et de mise en valeur de la Direction
générale du patrimoine des Affaires culturelles en mai 1975, ont
retenu la possibilité de prélever une taxe de non-utilisation.
Cette taxe, dont le pourcentage reste à déterminer, serait
imposée pour tout bâtiment ou pour tout terrain vacant trois ans
après l'abandon ou l'incendie et pourrait servir notamment à
procéder à un relevé architectural du bâtiment,
à inciter les propriétaires à reconsidérer la
valeur de leurs bâtiments, à favoriser la reconstruction des
terrains vacants.
Nous croyons important de vous inviter à considérer sur
ces aspects un texte que nous joignons en annexe et qui concerne les avantages
fiscaux qu'il y a à laisser se délabrer ou à
démolir une propriété. Voir en annexe le texte de M. Marc
Denhez, directeur de la recherche à Héritage Canada, La
protection de l'environnement bâti du Québec. Ce texte, je pense,
date de 1876, et je sais que les mesures ou, en tout cas, la loi de
l'impôt sur le revenu était à l'étude à ce
moment-là. C'est sous réserve qu'il y ait déjà eu
des changements.
M. Sirois: La détérioration et la
dégradation générales de Québec ont trois causes.
En fait, elles en ont quatre, mais il y en a une à laquelle je vais
revenir plus tard, qui est le fait que la ville soit administrée par des
gens qui habitent en banlieue.
Les trois causes principales qu'on peut voir lorsqu'on vit ici depuis
assez longtemps et qu'on suit l'administration municipale, c'est d'abord le
refus d'intervenir pour assurer l'entretien et la salubrité des
bâtiments. A cet égard, la ville ce n'est pas dans votre
texte, malheureusement avait des pouvoirs depuis 1929, qu'elle
n'utilisait pas et qu'elle a décidé d'utiliser après de
nombreuses démarches faites par les comités de citoyens seulement
en 1979. On a adopté un règlement sur la salubrité des
bâtiments, le règlement 25.22 et, à ce moment-là, le
directeur du service de permis de la ville de Québec a
déclaré qu'il démissionnerait plutôt que de le faire
appliquer. Je pense que cela indique un état d'esprit qui parle par
lui-même.
Deuxième cause: les plans de dégagement de terrain qui
sont en fait des plans de démolition de pâtés de maisons et
de démolition de quartiers. Cela est fait par la ville et
subventionné en partie par le gouvernement du Québec, du moins
jusqu'à tout récemment. Ensuite, les démolitions
injustifiées. A l'égard des démolitions
injustifiées on a une recmmandation qui a déjà
été faite par M. Jos. Baker, le directeur de l'Ecole
d'architecture, mais apparemment c'était prêcher dans le
désert. C'est qu'on renverse le fardeau de la preuve,
c'est-à-dire qu'avant d'autoriser des démolitions dans les
centre-ville et dans nos quartiers, au lieu que ce soit les opposants qui aient
à faire la preuve de la nécessité de maintenir sur place
le tissu urbain, ce soit aux gens qui veulent démolir de faire la preuve
qu'on ne peut pas faire autrement que démolir.
Je pense qu'il faut accepter, si on veut sauver le tissu urbain à
Québec ou ce qui en reste, de prendre le problème à la
base et d'accepter des
idées qui peuvent paraître nouvelles comme ça, mais
dont l'efficacité ne fait aucun doute.
Ces causes amènent une dévaluation foncière dans
des secteurs entiers de la ville, et une fois que cette dévaluation est
faite, les spéculateurs se présentent ensuite pour avoir des
subventions et pour avoir de l'aide de la ville, d'où ce qui est
demandé maintenant dans le projet de loi qui est devant vous. La ville
demande le pouvoir de donner des subventions, c'est-à-dire qu'on arrive
à une deuxième phase de spéculation foncière qui
est très bien orchestrée. On tue des quartiers,
littéralement, et maintenant on vient demander d'avoir de l'argent afin
de subventionner des spéculateurs qui auront laissé des maisons
nous tomber sur le dos, littéralement, je peux vous donner des adresses.
On vient maintenant demander de pouvoir leur donner de l'argent pour
compléter l'opération de spéculation.
Nous croyons que c'est excessif, nous croyons que c'est aussi encourager
l'incurie des propriétaires. C'est évidemment récompenser
le propriétaire négligent, le propriétaire
spéculateur et négligent et c'est en même temps
pénaliser les propriétaires qui entretiennent leur maison, les
propriétaires qui investissent leurs deniers régulièrement
afin de maintenir leur maison en bon état d'habitabilité et qui
en plus, maintenant, vont devoir, par leurs taxes, récompenser les
spéculateurs qui ont laissé les maisons leur tomber sur le
dos.
Il nous apparaît donc qu'on doit s'opposer aux pouvoirs de
subvention qui sont demandés par la ville. C'est pourquoi nous insistons
pour que ces subventions, si subventions il doit y avoir, soient
gérées par la Société d'habitation du Québec
et non pas par la ville de Québec.
On ne doit pas, selon nous, donner un pouvoir général
à la ville de Québec, mais plutôt procéder par des
projets qui sont limités dans le temps et sur lesquels on peut avoir un
contrôle direct.
Les pouvoirs de subvention que la ville demande aux articles 304 et
suivants visent tout simplement à compléter le processus de
spéculation. Il serait injuste de faire payer par les citoyens qui ont
entretenu leur maison la subvention qui va servir aux propriétaires qui
ont laissé leur maison s'écrouler.
D'ailleurs je pense qu'il faut voir, pour ce qui est de nous, pour ce
qui est du Vieux-Québec, que c'est relié aussi à un autre
phénomène qui s'appellent le concept de
réaménagement du Vieux-Québec qui, en ce qui nous concerne
en tout cas, est relié directement à ce type de
spéculation. Le concept de réaménagement du
Vieux-Québec est en ce moment appliqué pièce à
pièce malgré le contrat qui a été signé avec
la Société d'habitation du Québec et qui prévoyait
que le concept d'aménagement ne serait pas appliqué avant qu'il y
ait eu consultation avec les citoyens du Vieux-Québec. Ces consultations
n'ont jamais eu lieu, la clause du contrat n'a jamais été
respectée et, en ce moment, on procède quand même à
la réalisation du concept de réaménagement.
Par ailleurs, pour ce qui est des hausses de salaire demandées et
de l'administration municipale en général, nous nous opposons
aussi aux hausses de salaire. On peut faire un calcul très simple pour
ce qui est des hausses de salaire. Pendant des années j'ai suivi
l'administration municipale de Québec; j'ai commencé à
couvrir ça comme reporter en 1959. Je peux vous assurer que pendant des
années les conseillers municipaux ont siégé 20 minutes par
mois, c'est-à-dire 240 minutes par année, c'est-à-dire
quatre heures par année, pour $8000 par année. Cela fait $2000
l'heure. Je peux vous assurer que c'est le prix aussi que Monique Leyrac
demande pour chanter, mais ces conseillers-là n'ont jamais
chanté.
Je pense que ce serait excessif. Je veux bien croire que les vedettes
demandent plus...
Le Président (M. Lacoste):... de l'intervenant.
M. Sirois: Je veux bien croire aussi que les conseillers
municipaux... (17 heures)
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès de
l'intervenant. Au moment de la discussion au début de la matinée,
sur le projet de loi sur la ville de Québec, il avait été
convenu qu'il y aurait une discussion de 15 à 20 minutes. Nous sommes,
actuellement, à une discussion de... même pas une discussion, mais
à une lecture d'un rapport de 25 minutes.
M. Sirois: Et vous incluez la discussion là-dedans.
J'aurais quelques points si vous le permettez et je vais terminer
rapidement.
Enfin, tout cela pour dire qu'on s'oppose aussi à la hausse de
salaire qui est demandée, qui nous paraît absolument
injustifiée, à notre avis. Avant d'envisager quelque chose comme
cela, il faudrait avoir des conseillers qui travaillent et, pour cela, il
faudrait rétablir un système démocratique municipal. On
s'oppose aussi, on l'a mentionné, au fait que la ville demande
d'être exemptée de la juridiction de la Régie des loyers.
On s'oppose aussi à l'identification de police pour des raisons qui ont
été bien exposées par les étudiants en droit. Par
ailleurs le dernier point, il nous semble nécessaire d'étudier
attentivement ce qui constitue des conflits d'intérêts et des
trafics d'influence à la ville de Québec. Ce n'est pas pour rien,
d'ailleurs, qu'on veut ne donner que tellement peu d'information sur la ville
de Québec, on est très réticent à donner
l'information. Je vous mentionne quelques cas pour finir par demander qu'on
fasse une enquête sur l'administration de la ville de Québec,
parce que je crois bien que ça ira...
M. Pelletier: Si le gouvernement décrétait une
enquête, la ville de Québec y collaborera à la minute
où elle sera décrétée.
M. Sirois: Cela fait plaisir d'entendre cela. Je peux mentionner
quelques exemples qui pourraient être des sujets d'enquête. Il y a,
par exemple, le cas d'un trésorier municipal qui faisait
de la spéculation à temps plein de façon telle
qu'on s'étonne qu'il ait pu trouver le temps d'aller à
l'hôtel de ville.
Le Président (M. Lacoste): Je m'excuse auprès
de...
M. Sirois: Oui.
Le Président (M. Lacoste): J'ai indiqué plus
tôt qu'il fallait en arriver à une conclusion afin de permettre
quelques questions. Nous avons dépassé amplement le temps
disponible à la commission.
M. Sirois: J'arrive. Il me reste deux points, si vous voulez,
seulement pour expliquer, puisqu'on vous demande une commission
d'enquête. Je pense qu'il y a des points qu'il faut voir. Je vais en
mentionner un dernier, si vous le permettez. J'en aurais plusieurs. Je me suis
adressé au maire de Québec et j'ai une belle lettre comme
réponse, c'est pourquoi il ne faudrait pas laisser passer cela
inaperçu pour demander si l'avocat Steve Lachapelle, qui
représente les intérêts de Charle-bec, les
intérêts de Le Bourgneuf et de nombreux autres
intérêts de spéculateurs à Québec, est bien
le même avocat qui est directeur du Progrès civique depuis le
début du Progrès civique. M. Pelletier m'a répondu
qu'effectivement c'est bien la même personne et qu'il se flatte de
l'amitié de Me Lachapelle. Ce sont ses relations privées,
parfait. Mais le moins qu'on puisse dire devant cela c'est que lorsque Me
Lachapelle se présente à la ville de Québec, il a des amis
dans la place. Par ailleurs, il y a aussi des cas de conseillers municipaux qui
représentent des clients auprès de la ville de Québec et
cela nous semble anormal. On aurait pu vous faire une liste comme cela de cas
auxquels une commission d'enquête pourrait s'intéresser et je
pense bien que cela explique mieux que n'importe quoi l'obstination de
l'administration actuelle à refuser l'accès à
l'information à l'hôtel de ville.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, j'ai pris note des
représentations du rapport conjoint de l'Institut d'urbanisme et du
Comité des citoyens du Vieux-Québec. Si certaines des
représentations entendues recoupent d'autres que nous avons eues ce
matin, il est bien évident qu'un certain nombre d'entre elles sont
nouvelles je pense notamment aux dispositions relatives au contrôles des
démolitions et à la restauration. La seule chose dont je voudrais
être sûr à ce moment-ci, c'est que je ne suis pas du tout
branché, je n'ai pas l'impression que ce soit clair dans mon esprit,
dans quel sens vont les représentations de M. Sirois en ce qui concerne
la démolition d'une part et la restauration d'autre part. Je comprends
que des représentations ont été faites indiquant que le
fardeau de la preuve devrait incomber à toute personne qui veut
démolir de justifier que la restauration de l'immeuble est impossible,
par exemple, d'une part.
D'autre part, on semble du même souffle s'opposer à toute
mesure visant à inciter, aider la restauration d'immeubles
délabrés, de sorte que je ne suis pas sûr où se
situe exactement le comité de citoyens. Est-ce qu'on est pour ou contre
la démolition, pour ou contre la restauration et, finalement, est-ce que
c'est sur les modalités plus qu'autre chose qu'on en a ou sur le fait
même de ces contrôles?
M. Sirois: Je pense qu'on va peut-être avoir chacun des
éléments à ajouter pour compléter. Ce qu'on dit,
finalement, c'est qu'au lieu de penser à accorder des subventions pour
la démolition et la restauration, nous croyons plutôt... Enfin, il
y a un autre comité de citoyens qui a très bien dit d'ailleurs
que la ville demande des pouvoirs, mais il faut aussi parler de devoirs. Nous
croyons que la ville devrait assurer l'entretien en bon état du tissu
urbain de la ville de Québec. Cela ne se fait pas en ce moment et cela
veut dire que les gens qui vont payer ça par leurs taxes, que ce soient
les citoyens de la ville de Québec ou que ce soient les citoyens de
l'ensemble du Québec dans certains cas, se trouvent à être
pénalisés. C'est la négligence des uns qui est
récompensée et ce sont les soins défrayés par les
autres, les bons propriétaires qui sont pénalisés. C'est
à ça qu'on s'oppose. C'est un cercle vicieux qui profite aux
spéculateurs, c'est la deuxième phase dans le processus de
spéculation. Il me semble bien clair que ça ne devrait pas
être comme ça. On ne devrait pas, dans cette deuxième
étape, compléter les dégâts, compléter
l'opération de spéculation qui est entreprise à
Québec depuis quinze ans.
Bien sûr qu'il y a des cas ça devrait être
plus rare où il faut détruire, où il faut remplacer
du tissu urbain. A ce moment-là, on pense que ça doit être
par des projets de la Société d'habitation du Québec et
non pas par des pouvoirs généraux mis dans la charte de la ville
de Québec.
M. Doyon: Je tiendrais à ajouter là-dessus, si
possible, je me pose des questions à savoir si les lois sur la
fiscalité, la Loi de l'impôt sur le revenu, ont été
modifiées pour que les dégâts ne puissent pas être
déduits comme une perte de revenu pour des propriétaires ou si la
démolition comme telle devient une déduction totale d'impôt
comme perte. Si, dans ce cas, on décidait qu'on subventionne en plus la
démolition, je pense que ça ferait une accumulation de faveurs
assez difficiles à justifier.
D'autre part, l'aspect qui est assez dangereux là-dedans, c'est
aussi le fait que tout ça relève d'une commission d'urbanisme qui
est discrétionnaire et qui n'a à donner d'entrevue à
personne, si on veut parler comme ça. C'est une commission d'urbanisme
qui devrait décider des 2000 demandes de démolition et de
reconstruction et qui devrait nécessairement choisir.
Je pense que l'arbitraire est là.
M. Sirois: Si vous permettez, M. le Président, j'aurais un
autre point, à moins qu'il n'y ait
d'autres questions? J'ai mentionné une quatrième cause au
fait que la ville de Québec soit rendue où elle est je
vais être très bref . Il y a de nombreux fonctionnaires
à la ville de Québec qui habitent en banlieue et je sais
pertinemment qu'on a considéré à New York que
c'était une des causes de la faillite de la ville. Un des premiers
remèdes qu'on a pris pour remédier à la situation a
été d'exiger que les employés de New York habitent la
ville. Ici, à Québec, le greffier habite à Sainte-Foy, le
chef de police habite à Charlesbourg, on a même un employé
de la ville qui est maire d'une ville de banlieue. Le moins qu'on puisse dire,
c'est qu'il peut arriver qu'il y ait un conflit d'intérêts.
D'autre part, la perception que ces gens ont de la ville de Québec est
certainement très différente de cette des gens qui
résident dans cette ville.
Je pense que ça devrait être une exigence que les
employés de la ville de Québec habitent dans la ville dont ils
s'occupent. Je vous dis aussi qu'aux Etats-Unis, à San Francisco et
à Seattle, pour nommer deux villes, on exige non seulement que les
employés habitent dans les limites de la ville, mais qu'ils habitent
dans les quartiers dont ils s'occupent. Je parle pour les ingénieurs,
pour les architectes du service d'urbanisme, c'est exiger qu'ils habitent dans
les quartiers dont ils s'occupent. La différence peut être
très grande au niveau du tissu urbain. Je pense que seulement en
adoptant une telle mesure, on verrait déjà la
différence.
Le Président (M. Lacoste): Cela va?
M. Rivest: M. le Président, c'est simplement pour
enchaîner...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... sur ce que vient de dire le dernier intervenant.
Moi, je dois, je pense, vous dévoiler mon conflit
d'intérêts, dans la mesure où j'habite le
Vieux-Québec depuis plusieurs années et que, commentant votre
mémoire, je ne sais pas si je dois nécessairement l'endosser,
dans la mesure où vous auriez parlé en mon nom. Néanmoins,
je dois vous dire, surtout sur les préoccupations au titre de la
démocratie, que je pense que ça rejoint substantiellement les
autres mémoires; je ne sais pas si madame était présente.
Les déclarations du ministre et même celles du maire ont
évoqué des possibilités; évidemment, ça ne
donne pas une réponse à vos préoccupations, mais je pense
que, là-dessus, on peut...
Quant à l'aspect de la restauration, etc., je pense qu'on aurait
peut-être avantage à l'étudier à fond au moment
où on arrivera à cet article.
Alors, c'est simplement pour accueillir votre mémoire,
étant donné que cela en rejoint tellement d'autres; je ne
voudrais pas prolonger inutilement la discussion.
M. Sirois: M. Rivest, je voudrais simplement vous dire, pour vous
renvoyer la fleur, qu'on s'est appuyé en bonne partie, pour le travail
qu'on fait, sur deux documents. Vous allez peut-être nous voir venir: sur
le rapport Castonguay, qui a été commandé par le ministre
Goldbloom, et sur le programme du Parti québécois. Les deux
documents vont dans le même sens et vont à l'encontre de certaines
choses qui sont demandées par la ville de Québec dans le projet
de loi.
C'est pourquoi je suis confiant que la commission va examiner
attentivement le projet de loi et en arrivera peut-être à
certaines des conclusions auxquelles on en est arrivé
nous-mêmes.
M. Rivest: Oui je ne veux pas faire un débat
sauf que, sur certaines de vos affirmations, enfin, elles pourraient
certainement être nuancées. Non?
M. Sirois: II faudrait voir laquelle. M. Rivest: Les
vôtres en particulier.
M. Sirois: Au contraire, M. Rivest, je peux vous dire que, si on
avait le temps, je pourrais vous sortir des noms, des dates, si vous
voulez.
M. Rivest: Je ne veux pas faire de débat. Les
préoccupations de fond m'apparaissent extrêmement saines, je vous
le dis en toute franchise, sauf que, d'ajouter autre chose... Moi, comme
résident du Vieux-Québec, je voudrais les nuancer.
M. Tardif: Personnellement, je voudrais simplement ajouter,
à ce moment-ci, que les deux références fort honorables
qui ont été citées, à savoir le rapport Castonguay
et le programme du Parti québécois, sont évidemment
invoquées à l'appui de certains soucis de préservation du
patrimoine et non pas à l'appui d'autres affirmations que vous prenez
à votre compte, et non pas dans ces deux textes; c'est bien
évident.
M. Sirois: Oui, c'est bien évident, M. le ministre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, tantôt, la
première intervenante a mentionné qu'il y avait un manque de
contact entre les citoyens et les membres du conseil municipal. Est-ce que,
lors de vos réunions générales du comité des
citoyens, vous invitez vos représentants à l'hôtel de ville
à assister à vos réunions?
Mme Escojido: Cela nous est arrivé à quelques
reprises et cela a justement donné l'occasion aux gens du quartier de
connaître leurs échevins. Mais, comme il n'y en a pas qui habitent
spécifiquement le quartier, on ne savait pas trop lequel inviter; on a
invité les quatre du district, mais aucun ne s'occupe
particulièrement de notre quartier à nous, pour ce qui est du cas
du Vieux-Québec.
M. Cordeau: Personnellement, je pense bien que ceux qui sont
élus dans un quartier représentent tous les citoyens du quartier,
sans égard à la rue qu'ils habitent, etc. Je pense que c'est la
responsabilité des conseillers municipaux d'agir de cette façon.
D'ailleurs, je parle en connaissance de cause; c'est ce que je fais toujours
dans la ville que j'habite; je ne suis pas représentant des citoyens
d'une rue ou d'un quartier, parce que la rémunération que l'on
reçoit, si minime soit-elle, nous vient de tous les citoyens de la ville
que j'habite. Je pense qu'ici, à Québec, c'est la même
chose.
Vous avez aussi dit, tantôt que, parfois, vous les invitez, mais
peut-être y a-t-il une lacune là; si vous les invitez seulement
"parfois", vous êtes exposés à ne pas sensibiliser ces
conseillers. Je suggérerais d'avoir peut-être un peu plus de
contact avec votre maire et vos conseillers; vous les invitez à vos
réunions, peut-être qu'à ce moment, étant
donné qu'actuellement je dis bien actuellement il ne vous
est pas possible de poser des questions à l'hôtel de ville de
Québec, ce serait peut-être l'occasion, lors de vos
réunions, d'inviter vos représentants. Je sais que chez nous,
cela se fait; cela va beaucoup mieux et il y a beaucoup de problèmes de
secteurs auxquels les citoyens voulaient des réponses qui se sont
réglés de cette façon-là, parce qu'il y a des
échanges. (17 h 15)
Vous avez parlé aussi de démocratie municipale. Vous avez
dit que vous n'aviez pas de représentant, que 43% des citoyens
n'étaient pas représentés à l'hôtel de ville.
Aregret, j'ai constaté que, depuis l'instauration des partis politiques
municipaux structurés, il est arrivé que, dans quelques
municipalités et dans des grandes municipalités, les citoyens qui
sont dans l'opposition n'ont pas ou presque pas de représentants, parce
qu'à ce moment-là les citoyens cela arrive dans les partis
politiques provinciaux ou fédéraux ne votent pas pour le
représentant de leur quartier ou pour le meilleur homme dans leur
quartier ou dans leur comté, mais ils votent pour la tête, pour
celui qui va diriger les destinées de l'hôtel de ville. C'est une
remarque que je fais.
Elle a été vécue encore tout dernièrement
cette polarisation des suffrages exprimés à un moment
donné pour un parti politique ou pour un parti municipal. Cela fait que,
dans les villes ou ailleurs, ceux qui ne sont pas du bon côté ne
sont pas représentés. Bien sûr, il va peut-être
falloir apporter des modifications à la représentation, mais,
actuellement, le système est ainsi fait. Depuis que l'aide est
apportée aux partis politiques municipaux, il n'y a plus
d'indépendants qui sont élus à l'hôtel de ville ou
à peu près pas, parce que les gens doivent presque adhérer
à des partis politiques municipaux pour être élus.
C'est une constatation que j'ai faite. C'est arrivé dans la ville
de Montréal. A la dernière élection, l'opposition a
été bannie. Ici, à Québec, c'est à peu
près la même chose et, à d'autres points de vue, c'est
exactement la même chose. Ce sont quelques remarques que je voulais
faire. Ce n'est peut-être pas pour la meilleure santé des villes
et du pays ou de la province que c'est arrivé comme cela.
J'aimerais entendre M. le maire, parce que je ne voudrais pas relever
tous les points sur lesquels on pourrait poser des questions. M. le maire les a
peut-être entendus comme moi et je pense que ce serait bon d'entendre M.
le maire à ce moment-ci, parce qu'actuellement nous n'avons vu qu'une
face de la médaille et j'aimerais voir l'autre.
Le Président (M. Lacoste): M. le maire.
M. Pelletier: M. le Président, j'avoue que j'ai
été peut-être estomaqué devant ce déluge.
J'étais venu ici pour parler du projet de loi 216 et je regrette que les
intervenants d'il y a quelques instants n'aient pas été
présents ce matin, puisque, dès ce matin, tant dans la bouche du
ministre que dans la mienne, il a été bien indiqué pour
quelles raisons certains articles, certains amendements ou certaines
réformes concernant la démocratie municipale n'étaient pas
traités à ce moment-ci dans le projet de loi 216. Je n'ai pas
envie de reprendre ce que j'ai déclaré ce matin, mais le ministre
se souviendra que nous avons à quelques reprises discuté de ce
dossier et que je ne lui ai pas dit que du mal, bien au contraire, du livre
rendu public par le gouvernement lors de la conférence
Québec-municipalités.
Effectivement, il y a dans les propositions gouvernementales de principe
certaines dispositions, certaines suggestions avec lesquelles la ville de
Québec est en parfait accord et nous le dirons en temps utile. Ceci pour
bien placer le débat de fond qui est sous-jacent à une foule de
commentaires qui ont peut-être été d'un à l'autre un
peu papier carbone.
Je remercie le Comité des citoyens du Vieux-Québec, quant
à moi, de son mémoire que je trouve intéressant. Je le dis
très sincèrement. J'ai peut-être moins de sentiments de
gratitude à l'égard de M. Sirois qui, une fois de plus, me prouve
que le dépit d'avoir perdu ses élections il y a deux ans ne s'est
pas encore effacé et qui pardonne mal à d'autres le fait de les
avoir gagnées.
Je dois dire devant la commission que l'administration municipale de
Québec n'est pas responsable du résultat des élections de
1969, de 1973 et de 1977, alors que les électeurs de Québec,
librement, ont décidé qu'il n'y aurait pas d'élus du
côté opposition dans la ville de Québec. Je pense, M. le
Président, à écouter certaines interventions, que c'est
à peu près la seule chose dont on ne nous a pas accusés,
celle d'avoir volé nos élections.
Maintenant, je suis un peu surpris de certaines remarques de M. Sirois
concernant le Vieux-Québec. Quelques semaines après avoir pris la
direction de la ville, le 1er décembre 1977, nous avons rendu à
terme les travaux d'un comité consultatif sur toute la refonte du zonage
dans le Vieux-Québec. On se souvient que le ministre des Affaires
culturelles du temps avait eu l'intention, à un certain moment, de
légiférer directement en
vertu de la Loi sur les biens culturels. Nous avons réussi
à trouver une formule qui a satisfait tout le monde, et M. Sirois, qui
faisait partie de ce comité-là, avait lui-même
déclaré je pourrais retrouver ça dans les articles
de la presse que le règlement réglait 98% des cas. Pour
quelqu'un qui se déclarait à 98% satisfait, je trouve que la
situation doit s'être largement dégradée depuis, alors que,
finalement, il n'y a eu qu'un gel dans le Vieux-Québec.
Je veux simplement dire que le Vieux-Québec nous coûte fort
cher, que le Vieux-Québec fait l'envie de bien des coins de la ville,
puisque, ces dernières années, nous avons refait une partie de la
rue Saint-Jean, refait l'escalier Frontenac. Nous sommes en train de refaire
l'escalier Baillargé près du vieux bureau de poste. Nous avons
démoli des hangars sur le Petit-Champlain. Nous avons refait une partie
de la rue d'Auteuil. Nous procéderons au printemps à une autre
partie. Nous avons fait la rue Saint-Louis il y a quelques années. Il y
a eu un nouvel éclairage dans tout le Vieux-Québec. Nous avons
refait la Place-d'Armes, la rue du Trésor, la rue Sainte-Anne et, avec
l'aide du gouvernement, nous sommes en train de restaurer cinq maisons sur des
sites incendiées.
M. le Président, M. le député de Saint-Hyacinthe a
fait allusion tout à l'heure qu'à toute médaille il y a
deux côtés. Très brièvement, très
succinctement, à vol d'oiseau et de façon très
incomplète, j'ai voulu vous donner une idée de l'autre. Mais j'ai
bien hâte que nous puissions maintenant aborder article par article le
projet de loi et, sur chacune des dispositions, nous commenterons les
différentes interventions qui ont pu se faire.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier
l'institut... M. le député de...
M. Guay: Je me suis abstenu généralement
d'intervenir jusqu'à maintenant, mais je constate que la plupart des
intervenants ont répété ou ont repris des thèmes
qui étaient peu ou prou, dans bien des cas, analogues. Il y a une chose
qui me frappe dans tout ça et je le dis bien candidement. Il y a
certaines choses qui sont du ressort de l'Assemblée nationale. Par
exemple, un conseiller à un quartier, c'est une réforme qui a
déjà été faite dans d'autres municipalités,
que nous avons l'intention de poursuivre et qui n'est pas garantie, pour
autant, de quelques résultats électoraux dans un sens ou dans un
autre. Montréal le démontre assez éloquemment. Mais
l'idée même d'un conseiller un quartier, de toute évidence,
nous y souscrivons, puisque nous l'avons déjà fait dans le cas
d'autres municipalités.
Il y a d'autres domaines qui ne relèvent carrément pas
de...
M. Pelletier: Le maire Drapeau vous en remercie.
M. Guay: II y a d'autres domaines qui ne relèvent pas de
l'Assemblée nationale et qui relèvent effectivement du palier
municipal. M. le maire, ce matin, affirme une chose, qui, je vous l'avoue bien
honnêtement, fait un peu sursauter, quand j'ai entendu que la
municipalité était un niveau administratif et non pas politique
et que c'était l'Assemblée nationale qui est à un niveau
politique. Je vous avouerai que ce n'est pas ma perception des choses, en tout
cas, que je suis d'avis que le niveau municipal est éminemment
politique, aussi politique, sinon plus, que l'Assemblée nationale. Cela
étant dit, on ne peut pas demander à l'Assemblée nationale
de corriger par le biais de lois des lacunes que l'on peut percevoir, si tant
est qu'elles sont fondées je ne porte pas de jugement
là-dessus dans l'une ou l'autre municipalité du
Québec. Il y a certaines choses qui peuvent faire l'objet de lois
générales ou de lois particulières. Mais il y a des choses
sur lesquelles on ne légifère tout simplement pas.
Par exemple, la période des questions au conseil municipal, les
heures où le conseil municipal siège, la commission d'urbanisme
ou de telles choses, c'est une question qui relève de la
municipalité. C'est à ce niveau-là, éminemment
politique, comme je le disais, que, si on n'est pas d'accord, on peut faire la
bataille, comme si on n'était pas d'accord. Au niveau du gouvernement du
Québec avant 1976, la bataille a été faite pour toutes
sortes d'autres domaines.
Cela étant, j'avoue ne pas avoir très bien saisi. Dans le
mémoire du comité des citoyens, il m'est apparu, en tout cas, et
même à l'explication, à la suite de la question du
ministre, un peu une contradiction. D'une part, on dit: Voilà une mesure
qu'on a toujours réclamée. Je parle de la possibilité pour
une municipalité... Tout le monde sait que le fait qu'un immeuble soit
restauré peut entraîner une hausse de taxe foncière
municipale et la ville demande le pouvoir de pouvoir justement prendre cette
hausse de taxe et de s'en servir à des fins de subvention je
pense que c'est sur trois ans pour créer en quelque sorte
à son tour un stimulant à la restauration dans le territoire de
la ville.
C'est, si j'ai bien compris le texte du comité des citoyens, une
chose qui avait été réclamée. On nous dit
maintenant: On l'a réclamé, on n'est plus d'accord. Ou, alors, je
comprends mal. On nous dit: C'est à la SHQ de faire ça. C'est une
autre chose. La SHQ a un programme de restauration qui est en cours
d'élaboration. Cela n'exclut pas pour autant que la municipalité
y ajoute du sien et qu'elle utilise l'augmentation des impôts fonciers
pour faire à son tour sa contribution, ce qui n'est pas
nécessairement de l'aide uniquement à des gens que M. Sirois
décrit sous une sombre lumière. Je comprends mal l'opposition que
l'on fait entre le principe où on dit: Oui, on a toujours demandé
ça, et, maintenant que ça s'en vient, qu'on dise: Au fond, on
n'est pas sûr qu'on veut l'avoir. J'aimerais que M. Doyon nous donne des
détails additionnels là-dessus, parce que j'avoue que je
m'explique mal cette position.
M. Doyon: II y a plusieurs articles qui demandent des pouvoirs
différents, plusieurs amende-
ments sont demandés, en tout cas. Il y en a un qui concerne la
détaxation. Là-dessus, nous avons dit que nous étions
d'accord, que nous l'avions réclamé depuis longtemps, c'est le
pouvoir d'accorder une réduction de taxe qui est
échelonnée et qui s'en va en décroissant. Mais l'autre
demande concerne le pouvoir de donner des subventions et, si je ne m'abuse, la
ville n'a pas déjà ce pouvoir de donner une subvention directe
à des propriétaires privés pour, en certains cas, le reste
de la ville, dans le domaine résidentiel, dans le Vieux-Québec,
pour tout édifice. C'est ce qui est demandé dans des articles
différents.
Nous, on est d'accord avec un système de détaxation
et on en est mais le système de subvention à des
propriétaires privés, subvention directe de sommes d'argent, par
exemple, pour payer une démolition, pour payer une partie d'une
reconstruction, ça nous apparaît un autre domaine.
M. Guay: Mais quelle est la différence, dans votre esprit,
au bout du compte, entre une détaxation et une subvention qui vient
à même la hausse de taxe créée par le fait que
l'immeuble a été rénové?
M. Doyon: C'est-à-dire qu'il est bien clair, il me semble,
qu'une ville profite de l'augmentation de l'évaluation foncière
des immeubles. Donc, la ville consent, pour une période limitée,
par exemple, de deux à trois ans, de se priver d'une partie des taxes
pour mieux payer, pour mieux aider le propriétaire, qu'il ne soit pas
blâmé ou puni d'avoir fait un travail une année et soit
taxé trois mois après. Cependant, la ville
bénéficie quand même un peu plus tard de cette
évaluation augmentée. Mais, pour ce qui est de la partie de la
question qui concerne... Il me semble qu'il y a là une différence
avec la subvention directe à un propriétaire pour faire quelque
chose.
M. Guay: Si la subvention...
M. Doyon: II me semble que c'est une récompense à
faire quelque chose, la détaxation, et la subvention, c'est un don pur
et simple, un concours, en tout cas, à...
M. Guay: Mais ce que vous proposez, la détaxation, le fait
de ne pas augmenter, au fond, l'impôt foncier, sur trois ans, si, au lieu
de le faire sous cette forme, il y a augmentation d'impôt foncier de
manière que tout le monde sache quel est effectivement l'impôt
foncier qu'il paie pour l'immeuble en question; seulement, étant
donné qu'il y a eu restauration, il y a l'augmentation d'impôt
foncier qui est remise au propriétaire comme subvention pour la
restauration qu'il a effectuée. (17 h 30)
II me semble que ça ressemble pas mal à bonnet blanc,
blanc bonnet, sauf que ça évite de créer un tas de
situations d'exception comme un tel est taxé, l'autre ne l'est pas, un
tel est détaxé et l'autre ne l'est pas. Là, tout le monde
est taxé au même taux et tout le monde sait combien il paie de
taxes; seulement, la municipalité a le pouvoir oui,
l'intégrité de l'assiette d'utiliser le même argent,
soit l'argent qu'elle n'aurait pas gagné ou l'argent qu'elle a
gagné et, à la place, elle le remet aux propriétaires sous
forme de subventions en plus des programmes qui peuvent exister ou qui pourront
exister ailleurs.
M. Tardif: Ceci, M. le Président, je le maintiens, est
éminemment plus en accord avec un des principes que vous avez mis de
l'avant de la transparence, parce qu'alors la subvention est visible. Il n'y a
pas de détaxe, l'évaluation se fait normalement. La subvention
qui peut être l'équivalent de ce que serait la détaxe
graduelle et progressive... on atteint les mêmes fins, avec, en plus,
cette visibilité que vous semblez rechercher par ailleurs.
M. Sirois: Vous dites que la véritable détaxation
directe et, par ailleurs, subventions équivalent à
déduction de taxes, généralement c'est à ça
que ça revient. C'est ça? Bon. Je pense qu'il y a une
différence. Je vais essayer de l'expliquer encore plus clairement. Je ne
suis pas expert d'abord, et deuxièmement, je n'ai pas inventé
ça, j'ai vu ce qui se faisait dans le villes américaines
où on fait de la détaxation et où on ne donne pas de
subventions, dans celles que j'ai vues, en tout cas, et il m'appa-raît
assez clair... Posons-le sous forme de question. Mettez-vous à la place
d'un propriétaire de Québec qui entretient sa maison depuis 30
ans et qui l'entretient bien, qui apprend que maintenant on va subventionner
les propriétaires qui ont laissé leur maison se délabrer
afin qu'ils retapent leur maison. Tout l'argent qu'il a investi pour entretenir
sa maison se trouve perdu. Il n'a aucune détaxation, il n'a rien. Il
paie plus cher de taxes justement parce qu'il a entretenu sa maison. Par
ailleurs, celui qui n'a pas entretenu sa maison, celui qui l'a laissé
passer au feu, avec morts dans certains cas, va être
récompensé ensuite. Je ne vois pas comment vous pouvez
parler...
M. Guay: Cela revient toujours...
M. Sirois: Enfin, c'est peut-être un problème de
justice sociale si on veut...
M. Guay: Mais en quoi? Quelle est la différence? Je ne la
vois toujours pas. Sinon qu'il y a une intégrité de l'assiette
fiscale et ça, c'est un principe fondamental.
M. Sirois: II faudrait expliquer ça au propriétaire
qui a dépensé de l'argent pendant 30 ans pour entretenir sa
maison de façon...
M. Guay: Allez donc expliquer au même propriétaire
que vous allez détaxer un immeuble pour permettre la rénovation.
Il ne sera pas plus content. S'il n'a pas à être content, il ne
sera pas plus content de ça non plus.
M. Sirois: Oui, bien sûr, parce que cela est relié
directement à l'autre volet que j'ai mentionné,
c'est-à-dire que selon nous, la ville devrait avoir la devoir, d'une
façon ou d'une autre ça ne peut pas nécessairement
venir dans un règlement d'assurer l'entretien assidu du tissu
urbain comme cela devrait se faire par le règlement 2552. Autrement, une
des conséquences possibles je ne dis pas qu'elle est
immédiate c'est qu'on va voir réapparaître en grand
nombre les incendies criminels comme il y en a déjà eu à
Québec. Québec est une ville renommée pour ses incendies
criminels. Demandez à n'importe quelle compagnie d'assurance. A ce
moment-là vous mettez le feu et vous allez voir la ville pour demander
une subvention pour refaire votre maison.
M. Guay: M. Sirois...
M. Sirois: Enfin, c'est une conséquence possible.
M. Guay: ... s'il y a des citoyens qui agissent aussi massivement
et aussi de manière si épouvantable dans la ville de
Québec, ils peuvent toujours mettre le feu, ils vont avoir une
détaxe s'ils font de la restauration, il n'y aura pas d'augmentation de
taxe, ça revient au même.
M. Rivest: .. pour Cyrille Delage...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Guay: J'aurais juste une dernière question pour
l'éclairage, le mien en tout cas, et celui probablement des membres de
la commission. Les intervenants sont le comité de citoyens et l'Institut
d'étude urbaine, si j'ai bien saisi. Je vous avoue que cet organisme
m'est inconnu et il est inconnu de tous ceux à qui j'en ai
parlé.
M. Sirois: Oui, je vais vous éclairer. C'est nouveau; il
s'agit simplement de gens qui font de la recherche à titre
bénévole sur des problèmes urbains. On est à se
brancher avec des gens dans différentes villes ici et à
l'étranger pour échanger ie l'information. D'ailleurs il y a des
références faites là-dedans qui viennent justement de
documents qui sont venus des Etats-Unis, par exemple.
M. Guay: Mais cet institut comprend quoi ou qui actuellement?
M. Sirois: Ce sont différentes personnes qui sont à
l'étranger et ici et qui font ce travail. On s'échange de
l'information tout simplement. C'est un réseau d'information, à
toutes fins utiles.
Le Président (M. Lacoste): Une courte question, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant non pas la restauration, mais l'entretien
des logements, M. le ministre, selon la loi 107, la Régie du logement
qui devra entrer en fonction au mois de septembre ou quelque chose comme cela,
je crois que le propriétaire va être tenu d'entretenir ses loyers,
parce que si le locataire se plaint à la régie que le logis est
insalubre, il va y avoir certaines restrictions ou il va falloir que le
propriétaire agisse dans plusieurs circonstances.
M. Tardif: Deux séries de normes sont prévues dans
la loi 107, une première qui peut faire en sorte que si elles ne sont
pas respectées, un logement peut être déclaré
impropre à l'habitation. Il s'agit véritablement de logements
présentant des caractères de danger à la
sécurité, d'insalubrité, logement infesté de
vermine et des choses comme cela, il peut être déclaré
impropre à l'habitation carrément. La deuxième
série, il s'agit de normes minimales d'habitabilité qui peuvent
être édictées par un règlement et qui, sans rendre
un logement impropre à l'habitation, fondent un droit pour le locataire
d'exiger du propriétaire qu'il rende ledit logement conforme au Code
d'habitabilité. Cependant, comme je l'ai dit en commission
parlementaire, à l'époque, ce Code d'habitabilité ne sera
pas promulgué par décret gouvernemental tant et aussi longtemps
qu'un programme de restauration ne sera pas aussi, du même coup, rendu
public et disponible pour permettre, justement, au propriétaire à
qui son locataire demanderait de rendre ce logement conforme au Code
d'habitabilité d'obtenir de l'Etat une aide pour le faire.
M. Doyon: Je poserais justement la question à savoir si
l'application de la Loi instituant la Régie du logement, par exemple,
devrait sauter, parce qu'un programme de restauration s'appliquerait dans une
ville. AQuébec, par exemple, je pense que ce qui est là, c'est un
certain règlement qui, étant adopté, pourrait remplacer
l'application de la loi 107 comme cela se fait à Montréal, je
pense. N'est-ce pas là plutôt une élaboration d'un
règlement pour que la loi ne s'applique pas?
M. Tardif: Non. Le seul pouvoir qui est différent dans le
cas de la ville de Montréal a trait aux démolitions d'immeubles,
étant donné que la ville de Montréal avait
déjà dans sa charte ce pouvoir avant que la loi 107 soit
adoptée et d'ailleurs, ce matin, nous avons inclus dans la charte de
Montréal trois articles qui étaient tirés de la loi 107
pour amener une plus grande concordance entre les deux. Ce n'est pas du tout
contradictoire, au contraire, cela vise tout à fait le même
objectif.
M. Doyon: Mais est-ce que dans le cas de Québec ces
articles et ces demandes d'amendement concernant la démolition ou tout
aspect se rapportant au logement ne seraient pas une tentative de créer
une enclave spéciale par rapport à la loi 107?
M. Tardif: M. le Président, les pouvoirs demandés
ici en matière de restauration et de démolition ou autres doivent
évidemment s'exer-
cer sous réserve de la loi 107, c'est-à-dire que c'est
à partir du moment où les autres critères prévus
dans la loi sont respectés que la ville peut ajouter une aide dans un
cas comme dans l'autre. Il s'agit donc d'une aide supplémentaire qu'une
municipalité peut apporter au programme d'Etat et non pas à
l'encontre.
M. Doyon: Je veux juste souligner, pour terminer,
peut-être, à M. Richard Guay, député de Taschereau,
que nous avons parlé de détaxation par rapport au pouvoir de
subvention directe en soulignant ou en énumérant certains
critères ou une série de facteurs dans lesquels on voudrait que
l'un ou l'autre pouvoir n'affecte pas ce qui est énuméré
là. S'il y a une forme de subvention qui puisse respecter ces
différents facteurs, bien sûr, je pense que la logique même
serait de les reconnaître, de reconnaître leur efficacité.
C'est certainement important si on considèe que la Loi sur les biens
culturels ou, en tout cas, la responsabilité du ministre des Affaires
culturelles sera graduellement passée à la ville.
Evidemment, un programme de rénovation ou de restauration qui
protège des citoyens, qui protège des droits, qui protège
certains services et tout le reste des facteurs, serait acceptable, bien
sûr.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier
l'Institut d'étude urbaine représenté par M. André
Sirois et le Comité des citoyens du Vieux-Québec pour les
mémoires que ces organismes nous ont présentés à la
commission parlementaire.
J'invite la ville de Loretteville, représentée par M.
Jean-Marie Beaulieu, maire de la municipalité. Est-ce que M. le
maire...
M. Beaulieu (Jean-Marie): M. le Président, M. le ministre,
MM. les membres de la commission, mon collègue de Québec, je suis
un citoyen de Loretteville, bien entendu, je gagne ma vie à
Québec et je n'ai pas l'impression, en me présentant à
Québec, que je détruis le tissu urbain de la vieille
capitale.
M. Pelletier: Malheureusement, à cette heure-ci, je suis
probablement moins subtil, M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à mon collègue de Loretteville de nous dire clairement
ce qu'il veut nous dire?
Loretteville
M. Beaulieu (Jean-Marie): On a blâmé les gens de
banlieue, dans un mémoire précédent, de venir
détruire la ville de Québec. Je n'ai pas l'impression de venir la
détruire quand je me présente à Québec.
Notre participation, M. le Président, à cette commission
parlementaire des affaires municipales, sur le projet de loi 216 modifiant la
charte de la ville de Québec, ne doit pas être
interprétée comme une ingérence dans le processus
législatif et administratif d'une autre municipalité. Il n'est
pas dans notre intention de discuter le bien-fondé de chacun des 77
articles de ce projet de loi, même si notre municipalité est un
contribuable de la ville de Québec.
Loretteville a su, au fil des ans, conserver et préserver son
autonomie, souvent avec maintes difficultés, son territoire étant
contigu à celui de Québec, pour ne pas dire encerclé par
ce dernier. Le territoire lorettain, pour des linguistes, et lorettevillois, a
été convoité et grugé par Québec,
aliéné par le gouvernement fédéral,
réglementé par les uns et les autres. Notre population, en
très grande majorité, se déplace pour son travail, ses
achats et ses loisirs vers Québec et, tout en y recevant sa
rémunération, elle est, pour Québec, un apport
économique de premier plan.
L'anachronisme de ce siècle n'est-il pas celui où
Québec s'approvisionne, en eau potable, à Loretteville et
Loretteville, à Québec? Par ailleurs, obliger le contribuable de
l'autre municipalité à partager les coûts de ses propres
travaux, réglementer le territoire des autres ou encore obliger un
citoyen à s'identifier est, à notre sens, un abus de pouvoir qui
va à l'encontre d'une simple logique, parce que les murs de Chine ne
sont pas, règle générale, au Québec.
On objectera que le territoire de l'usine de traitement ou de filtration
d'eau de Québec a été annexé à cette
dernière. La réciprocité ne pourrait-elle pas s'appliquer
au-delà des lois d'annexion? On défend à notre population
de faire du canotage sur une rivière qui est chez elle. On
assèche, par un barrage, la plage et la rivière qui coule chez
elle et une chute extraordinaire qui est chez elle devient, plusieurs mois par
année, une masse de roc difforme.
Nos objections touchent particulièrement l'article 336 et les
articles touchant l'urbanisme et le zonage. La municipalité de
Loretteville possède, dans le nord du quartier Neufchâtel de la
ville de Québec, des lots dont la vocation première sert à
l'approvisionnement en eau potable de ses résidents.
C'est ainsi que tout pouvoir général de
réglementation sur ces lots peut porter préjudice à notre
municipalité si ce pouvoir était utilisé dans une optique
de contrainte. Présentement, rien nr nous permet de présumer de
la bonne foi des dirigeants de Québec, mais nous croyons que le
législateur doit faire preuve de prudence sur la
généralité d'un pouvoir. L'ensemble de la
réglementation touchant l'urbanisme et l'aménagement devrait
être restrictif sur des lots servant à l'approvisionnement en eau
potable.
L'une ou l'autre des deux solutions suivantes nous apparaîtrait
acceptable, soit prévoir un article qui déterminerait que les
règlements d'urbanisme et de zonage ne s'appliquent pas à des
lots servant à l'approvisionnement en eau potable d'une autre
municipalité, ce qui pourrait être considéré par
d'aucuns comme une ingérence dans le processus d'une autre
municipalité; ou encore décréter que les lots que la
municipalité de Loretteville possède pour son
approvisionnement
en eau potable, dans la ville de Québec, sont
déclarés faire partie intégrante du territoire de la
cité de Loretteville. Ce ne serait qu'un juste retour des choses. (17 h
45)
Tel que précisé précédemment, la
majorité de la population de Loretteville travaille à
Québec et notre municipalité n'émet aucune carte
d'identité. De ce fait, il nous est difficile d'accepter que nos
concitoyens puissent être brimés dans leur liberté. Ce
matin, en arrivant à Québec, j'ai tenté d'identifier le
résident de Québec et le banlieusard; peine perdue, aucun ne
possédait un signe distinctif. Vivant dans un milieu où j'ai
l'avantage d'avoir une tribu indienne, on a énormément de
difficulté à différencier un Amérindien d'un
Lorettois. Imaginez-vous que différencier un Québécois
d'un Lorettois, c'est encore beaucoup plus difficile.
Il s'agit d'un privilège que ne possède aucune autre
municipalité et il y aurait lieu de retirer cet article, à moins
d'en généraliser l'application à l'ensemble du
Québec.
L'article 35, ajoutant l'article 430. Cet article autorise la ville
à conclure "des arrangements pour l'exécution de travaux de toute
sorte je précise "de toute sorte" y compris des travaux
d'entretien, de déneigement et d'élargissement, dans les rues ou
places publiques situées en partie dans la ville" et/ou dans une autre
municipalité et, à défaut d'entente, la Commission
municipale peut trancher le partage des coûts. Nous ne pouvons aucunement
accepter une contrainte de cette nature, parce que "des travaux de toute sorte"
a un sens très large et cela peut déboucher sur des abus.
D'ailleurs, ça ne prend pas une loi, un règlement, un article ou
un paragraphe pour pouvoir négocier de bonne foi avec d'autres
municipalités voisines.
Nous ne connaissons aucune municipalité au Québec dont le
territoire n'est pas contigu à une autre municipalité, à
moins qu'il ne s'agisse de territoires non organisés et ces
municipalités ne possèdent aucunement un privilège de
cette nature.
Le déneigement a toujours été l'objet d'ententes de
gré à gré et il n'y a rien, à notre sens, qui
justifie son extension, à moins que la Loi sur les cités et
villes n'en généralise l'application, ce qui irait à
l'encontre de l'autonomie municipale.
La reconnaissance d'un tel principe du partage des coûts ouvrirait
la porte à des risques d'abus. De plus, nous ne pouvons accepter le
rôle de la Commission municipale où elle pourrait être
appelée à "forcer les municipalités voisines à
faire ou à payer les travaux." S'il ne s'agit pas là d'une
ingérence directe dans le processus décisionnel d'une
municipalité, nous n'y comprenons plus rien. Laissons donc les
municipalités dialoguer et essayer de s'entendre entre elles au lieu de
placer au-dessus de leur tête la possibilité d'une décision
de la commission.
Nous demandons donc le retrait de l'article 35 ou bien sa modification
pour n'y conserver que ce qui touche l'exécution des travaux de
déneigement.
L'article 38, remplaçant l'article 501a, dit textuellement: "II
est défendu d'ériger ou de construire quelques
réservoirs-citernes, étangs, lacs ou bassins artificiels". On
s'interroge encore sur ce que peut être un bassin artificiel sur une
largeur de trente mètres de chaque côté des conduites
principales de la ville depuis la prise d'eau qui, on doit le dire entre
parenthèses, est située à Loretteville jusqu'à la
traversée de la rivière Saint-Charles, près du boulevard
Hamel qui est la limite territoriale de la ville de Québec.
Il est vrai que cet article a fait son apparition en 1948 et n'a pas
été contesté par les élus du temps, mais serait-il
normal que, par oubli ou ignorance du passé, on puisse perpétuer
un abus de pouvoir aussi grossier que celui-là? La modification
présentement ne touche que la conversion des cent pieds de chaque
côté aux trente mètres, mais cela nous permet quand
même de nous y opposer.
Si Québec voulait protéger sa conduite, elle n'avait
qu'à acquérir les 200 pieds ou les 60 mètres
nécessaires à son aire de protection. Nous ne reconnaissons pas
le droit à une autre municipalité de réglementer un
territoire ne lui appartenant pas, quelles qu'en soient la validité et
les raisons.
En conclusion, M. le Président et M. le ministre, nous
émettons un voeu, en terminant, soit celui de voir un jour toutes les
municipalités du Québec régies par une seule et même
loi, quelle que soit leur importance géographique ou numérique.
C'est ainsi que le contribuable aura les mêmes droits et
privilèges dans tout le Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: Je remercie M. le maire de Loretteville de cette
présentation. Je voulais m'assurer que j'avais bien lu, lorsqu'il a dit
que la prise d'eau de Loretteville est située à Québec et
celle de Québec à Loretteville.
M. Beaulieu (Jean-Marie): Exactement, mais il faut faire la
nuance suivante: Québec, en 1971, au moment de la taxation des
équipements dans une autre municipalité, a, à ce
moment-là, par le hasard des choses ou par une astuce formidable,
acheté les terrains voisins pour aller retrouver son territoire un peu
plus haut et décréter unilatéralement l'annexion de
l'usine de traitement d'eau à la ville de Québec. C'est ce qui
s'est passé. C'est effectivement cela. C'est situé à
Château-d'Eau, en plein centre de Loretteville, et nous prenons notre eau
à Québec au nord du boulevard du quartier Neufchâtel.
M. Tardif: Simple question: avez-vous eu l'occasion, M. le maire,
de prendre connaissance de la loi 74 régissant les ententes
intermunicipales? Si oui, dans quelle mesure vous semble-t-il que cette
loi-cadre pourrait permettre à Loretteville et à Québec de
faire ce que vous visez
finalement dans votre mémoire et d'en venir à une entente
à l'amiable sur les questions d'intérêt commun?
M. Beaulieu (Jean-Marie): Oui, M. le ministre, cela ne prend pas
une loi pour essayer d'en venir à une entente à l'amiable, mais
il ne faut pas que, dans une charte privée ou dans une loi quelconque,
il y ait une possibilité de rendre une autre partie juge. Je n'ai pas
aujourd'hui à douter de la bonne foi de Québec. Qui sera
là en 1981, à Québec et à Loretteville? On ne le
sait pas; personne ne le sait. Mais, en interprétant carrément
l'article et tenant compte de l'hésitation majeure de la population
lorettoise, à plus de 80%, à vouloir une annexion au territoire
de la ville de Québec, un maire beaucoup moins "fair play" que celui de
Québec pourrait, par un ensemble de processus, en respectant sa charte,
imposer tellement de contraintes à la population de Loretteville et
à sa municipalité que, d'elle-même, elle deviendrait partie
intégrante du territoire de Québec.
Des travaux de toutes sortes, M. le ministre, ça peut vouloir
dire une infrastructure intégrale et complète d'égouts de
surface, d'égouts sanitaires, d'aqueducs, etc., et ça, je pense
que nulle part ailleurs au Québec ça n'existe à
l'intérieur d'une loi aussi formelle que celle-là.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: Est-ce que je dois comprendre que la ville de
Lorretteville n'est pas d'accord pour que la commission municipale puisse,
à défaut d'entente, intervenir? C'est ça, le sens?
M. Beaulieu (Jean-Marie): On n'est pas contre l'intervention
d'une commission municipale. Mais, à l'heure actuelle, cet article qui
est présenté... On parlait de déneigement, d'entretien
dans le passé. On est rendu à parler de travaux de toutes sortes.
Des travaux de toutes sortes, ça peut vouloir dire n'importe quoi. On
n'est même pas d'accord pour que la commission municipale vienne nous
dire, aux contribuables de Lorretteville, d'avoir à payer
l'infrastructure de la ville de Québec dans quelque rue que ce soit.
Qu'il y ait des ententes à l'amiable pour le déneigement et
l'entretien normal de rues contiguës, on en a, ils en ont. C'est normal.
Je ne suis pas intéressé à faire payer à
Québec des services d'infrastructure dans une rue donnée qui est
dans les limites territoriales de Lorretteville, même s'il y a des
résidents en face. Mais je ne veux pas que Québec puisse
éventuellement m'imposer la même contrainte. Cela pourrait aller
aussi loin en disant, M. le ministre, que les résidents du quartier
Saint-Raphaël de la ville de Québec devraient leur faire payer la
moitié des $2,5 millions que je devrai affecter à la
réfection du boulevard Valcartier, étant donné que c'est
la seule voie de sortie de leur secteur.
M. Tardif: M. le maire pourra intervenir.
Le Président (M. Lacoste): M. le maire de
Québec.
M. Pelletier: M. le Président, je pense que ce qui est
visé dans cet article, c'est uniquement les rues limitrophes. Il arrive,
à un moment donné... Je prends un autre cas. On a refait
l'éclairage sur la rue Saint-Cyrille, il y a quelques années;
d'un côté, c'est Sillery et, d'un côté, c'est
Québec, et il y a seulement une rangée de poteaux. Il a fallu
s'entendre. Simplement ça.
M. Tardif: Je comprends que lorsque nous arriverons aux articles
en cause, nous pourrons avoir un peu plus d'éclairage. Est-ce que je
puis demander aux villes de Québec et de Loretteville si elles se sont
rencontrées en vue d'en arriver à un libellé qui soit
acceptable aux parties? C'est l'offre qu'on a faite aux représentants de
la ville de Montréal et de la communauté en rapport avec certains
articles contentieux pour la charte de Montréal. Je dis qu'entre
pas 18 heures et 20 heures dans ce cas 18 heures aujourd'hui et 10
heures demain matin, peut-être que ça pourrait être
examiné par les gens, s'ils le voulaient. Enfin, je laisse
ça...
M. Beaulieu (Jean-Marie): ... d'hésitation, de recul pour
essayer d'améliorer son sort et de protéger son
intégrité éventuelle. De toute façon, on est
toujours disposé à collaborer, à discuter et à
regarder les ouvertures qui peuvent se faire de part et d'autre.
M. Pelletier: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le maire.
M. Pelletier: ... j'avoue que mes collègues et moi, nous
tombons des nues. Nous n'avions pas du tout été informés
qu'il y avait quelques problèmes qui pouvaient arriver avec
Loretteville. Nous croyions qu'effectivement le problème auquel nous
aurions à faire face serait celui de Beauport, et je vous ai dit ce
matin que les deux maires se sont rencontrés hier et que c'est
réglé. J'ai pris connaissance de ce mémoire que nous
n'avions pas eu avant. Alors, on va tâcher d'aller dîner avec M. le
maire de Loretteville et de le convaincre de nos bonnes intentions.
M. Tardif: Bon appétit!
M. Caron: J'espère que le maire de Loretteville va payer
la note.
M. Pelletier: Je l'invite, avec l'Opposition à midi et
avec le gouvernement ce soir.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais remercier M.
Jean-Marie Beaulieu, maire de Loretteville, pour la présentation de son
mémoire.
M. Rivest: Je ne veux pas allonger la séance de mon
côté. Je pense que vous venez de recevoir,
de la part du ministre je suis convaincu que le maire de
Loretteville va être sensible à ça un mandat de
négocier d'égal à égal avec la ville de
Québc.
M. Beaulieu (Jean-Marie): Egal à égal... On
n'oublie jamais cela, en 1980.
M. Pelletier: Est-ce que je peux demander au député
de Jean-Talon si je dois dire oui ou non?
M. Rivest: Ah!
M. Beaulieu (Jean-Marie): Alors, je me permettrai de
répondre pour le maire de Québec, oui.
M. Rivest: M. le maire de Québec, surveillez les
intérêts des grands ensembles. C'est tellement plus
profitable.
M. Beaulieu (Jean-Marie): Plusieurs petits ensembles, ça
fait un tout.
Le Président (M. Lacoste): J'appellerai donc MM.
André Beaulieu et Louis Doyle.
M. Cordeau: Est-ce qu'on tient pour acquis qu'on va
peut-être siéger quelques minutes de plus pour les entendre?
Le Président (M. Lacoste): C'est le dernier... M.
Tardif: C'est le dernier.
M. Cordeau: On tient pour acquis qu'on continue quelques minutes
après 6 heures, peut-être...
M. Tardif: C'est ça.
M. Cordeau: ... pour les entendre complètement.
M. Tardif: De sorte que, demain matin, à la reprise de nos
travaux, à 10 heures, nous pourrions, dès lors, commencer article
par article...
Le Président (M. Lacoste): Consentement pour...
Une Voix: Oui, consentement.
M. Cordeau: Parfait, consentement.
Une Voix: On est prêt.
Le Président (M. Lacoste): Continuez, consentement.
M. Tardif: ... de façon à pouvoir, en fin de
journée, évidemment, étudier le projet de loi très
important de la ville de Verdun.
M. Rivest: M. le ministre, est-ce que vous êtes
assuré de la présence du maire?
M. Tardif: Sa présence, oui. Est-ce que ce sera à
cette table ou dans la salle? ça, c'est une autre chose.
M. le Président, je crois savoir que... Etant donné que
les travaux de cette commission devront se terminer demain soir, à je ne
sais trop quelle heure; que, demain, nous pourrions être disposés,
avec le consentement de cette commission qui est maîtresse de ses
travaux, à passer outre aux règles habituelles d'ajournement pour
justement terminer l'étude des projets de loi de Québec et de
Verdun.
M. Caron: On vous donne notre consentement, M. le ministre, avec
plaisir.
M. Cordeau: M. le Président, peut-être que le
rendez-vous à dîner des maires de Québec et de Loretteville
devra être annulé.
M. Caron: Cela peut se faire ce soir.
M. Cordeau: Vous voulez que ça se fasse ce soir.
MM. André Beaulieu et Louis Doyle
Le Président (M. Lacoste): D'accord. M. André
Beaulieu et M. Louis Doyle, vous pouvez vous identifier.
M. Doyle (Louis): M. le Président, je suis
accompagné ici de M. André Beaulieu. Cette commission est
réunie pour étudier les quelque 60 modifications à sa
charte que l'administration de la ville de Québec réclame aux
fins d'en éliminer les dispositions les plus désuètes et
d'y introduire quelques pouvoirs nouveaux en matière de zonage, de
maintien de la paix, de l'entretien des propriétés et de la
restauration domiciliaire.
Observateurs attentifs de la scène municipale depuis quelques
années déjà, assidus des séances du conseil de
ville, nous voudrions vous entretenir des quelques réflexions que nous
ont inspirées les dispositions du projet de loi no 216. Elles s'appuient
sur notre propre expérience vécue de la démocratie
municipale à Québec et se situent dans le contexte des
nécessaires et urgentes réformes que le ministre des Affaires
municipales entend introduire bientôt. (18 heures)
En tout premier lieu, il faut savoir gré à cette
commission d'offrir à tous les intéressés désireux
d'exprimer leur point de vue sur le projet de loi no 216 un cadre de discussion
libre et ouvert, avec lequel les Québécois ne sont pas
très familiers. C'est un moindre mal que de pouvoir être entendus
par les paliers supérieurs de gouvernement quand on a connu les
quasi-huis clos du conseil de ville de Québec. L'idée qu'une
seule ou qu'un tout petit nombre de personnes puissent initier le changement
n'est pas inconcevable. Nous en avons fait l'expérience
récemment, au moment de l'adoption du projet de loi no 107.
Pendant la campagne électorale municipale de 1977, nous avions
éprouvé de la difficulté à
entrer dans une conciergerie pour y distribuer de la documentation
politique. A l'époque, le droit à l'information avait
déjà obtenu un début de consécration
législative dans la Charte des droits et libertés de la
personne.
Saisie de notre grief, la Commission des droits de la personne y fit
droit; une copie de son avis fut envoyée au ministre d'Etat à la
Réforme électorale et parlementaire, M. Robert Burns. Quelques
mois plus tard, nous apprenions que le ministre des Affaires municipales avait
décidé d'amender le projet de loi no 107 sur les loyers, de
façon à reconnaître le droit de tout locataire d'avoir
accès aux candidats ou à leurs représentants dûment
autorisés aux élections provinciales, fédérales,
municipales et scolaires; d'où l'on peut conclure que les plus modestes
citoyens peuvent influencer d'une façon aussi directe l'oeuvre du
législateur.
Abordons maintenant le vif du sujet. De tous les amendements dont la
ville réclame l'adoption, c'est celui qui fait disparaître,
à l'article 5 du projet de loi, le vestige de féodalité
qui rend encore nécessaire, pour être éligible comme maire
ou comme conseiller, la propriété ou la possession à titre
de locataire d'un immeuble dont la valeur réelle et locative se chiffre
à $300 pour le propriétaire et à $200 pour le locataire,
qui nous plaît le plus. Cela participe d'un bel esprit
démocratique que nous aurions apprécié voir
s'étendre à d'autres questions tout aussi importantes, comme
l'introduction du mécanisme référendaire et le droit de
parole des citoyens aux séances du conseil. S'il n'y a pas d'objection
de principe de porter de quatre à cinq le nombre de membres du
comité exécutif, article 1 du projet de loi, on peut se demander
si cela est vraiment nécessaire. La question est d'autant plus
pertinente que le conseiller membre du comité exécutif touchera
des émoluments de $26 500 par rapport aux $10 500 projetés pour
les conseillers. Autant les augmentations d'indemnité et d'allocation
pour le maire prévues à l'article 2 du projet de loi apparaissent
justifiées, autant les augmentations projetées pour les
conseillers, oscillant entre 38,9% et 48,2%, de même que leur indexation
sont très discutables. Il est de commune renommée que les
conseillers trouvent à s'employer très utilement et parfois assez
lucrativement dans des occupations parallèles à leurs fonctions.
J'ajoute un élément ici. C'est un travail à temps partiel.
Ce n'est pas quelque chose à temps complet. Ces modifications à
la charte ne devraient donc être admises que si l'on a
démontré une certaine adéquation entre le salaire
réclamé et la prestation fournie.
La ville de Montréal demandait que sa charte soit modifiée
de façon s soustraire à l'approbation du conseil les contrats
comportant des dépenses de moins de $25 000. La ville de Québec
demande, à toutes fins pratiques, la même chose à l'article
14 du projet de loi. Nous estimons que l'actuel plafond de $10 000
établi à l'article 185.13 de la charte devrait être
maintenu. Les dépenses soustraites à l'attention du conseil
échappent presque complètement à l'attention du public,
étant entendu que l'on peut toujours, en s'armant de courage, consulter
les procès-verbaux du comité exécutif.
Il est réjouissant de constater que même si le droit de
parole du citoyen est inexistant à l'hôtel de ville, le
caractère public des délibérations fait que le droit de
regard n'est pas encore atteint. Toute restriction du type de celle que l'on
veut introduire sur les dépenses inférieures à $25 000
n'est pas souhaitable. L'administration municipale suggère de remplacer
le paragraphe 14 de l'article 185 de sa charte par une nouvelle disposition
faisant référence au cadre général de l'article 573
de la Loi des cités et villes.
Nous ne sommes pas d'accord pour que des dépenses excédant
$20 000 mais inférieures à $25 000 puissent être encourues
par la ville de Québec sans être assujetties à la
formalité des soumissions publiques. Cela était difficilement
acceptable pour les contrats comportant une dépense excédant $10
000 mais inférieure à $20 000; ils se concilient très
difficilement avec les plafonds généralement assez bas que
l'administration provinciale a elle-même adoptée pour ses propres
contrats.
C'est $25 000 pour la fourniture de matériel, $5000 pour les
contrats de services reliés à l'audiovisuel et les contrats de
services auxiliaires, $10 000 pour les contrats de services de
sécurité, et $5000 pour les contrats de construction. C'est la
Loi de l'administration financière.
Il faut également s'opposer à ce que la règle
presque sacrée des appels d'offres ne s'applique qu'aux contrats
d'assurance et qu'aux contrats pour l'exécution de travaux, la
fourniture de matériel ou de matériaux ou pour la fourniture de
services autres que des services professionnels.
Cela fait quelque temps déjà que l'administration
provinciale s'est imposée cette contrainte à l'égard de
plusieurs autres catégories de contrats. S'il est conforme à
l'intérêt public d'assujettir le gouvernement du Québec
à certaines contraintes en matière de contrats de services, les
contrats de services professionnels, notamment, pourquoi en serait-il autrement
pour la ville de Québec?
Nous déplorons également que la municipalité ne se
soit imposé elle-même la politique d'achats que le Québec a
mise en place en 1977 à l'égard de ses ministères et de
ses organismes.
On a beaucoup parlé de l'amendement en vertu duquel tout
contrevenant pourrait dorénavant être tenu de s'identifier
à la satisfaction d'un policier en faisant la demande, tout refus de
s'identifier pouvant constituer une infraction à l'encontre de la paix
et de l'ordre public. A l'instar de la Commission des droits de la personne,
nous suggérons qu'une disposition aussi inutile qu'extraordinaire soit
carrément rejetée.
M. Beaulieu (André): Nous nous en sommes tenus jusqu'ici
à ce que contenait le projet de loi 216. Hélas, ce qu'il omet a
autant d'importance que ce qu'il introduit. Cela se vérifie d'autant
plus aisément que, depuis deux ans, les media et les observateurs de la
vie municipale à Québec ont décrié d'une
façon répétée on l'a encore vu aujourd'hui
les injustices et les extravagances des dispositions de la charte
concernant les élections municipales et l'exercice des droits
démocrati-
ques. Je rappellerai ici que nous sommes des citoyens, donc, en fait des
gens qui ne sont liés à aucun parti politique. Si on aborde ce
point de vue, c'est en tant que citoyens. Il n'y a donc aucune visée
partisane qui est derrière tout cela.
Nous aurions été ravis que l'administration Pelletier soit
l'instigatrice d'une réforme électorale d'envergure à
Québec. En vertu d'une logique qui nous échappe et pour des
raisons que nous devinons, Québec attend que l'Assemblée
nationale lui impose des règles relatives aux dépenses
électorales et au financement des partis politiques. Aussi, nous faut-il
inviter le ministre des Affaires municipales à faire diligence pour que
les Québécois puissent, dès la prochaine campagne
électorale, bénéficier des mêmes mécanismes
de protection du processus démocratique qui ont prévalu à
Montréal et dans les autres grandes villes depuis la sanction du projet
de loi 44.
Cette réforme, en plus d'introduire la proportionnelle ou une
formule plus adéquate encore, devrait prévoir la divulgation des
sources de financement, la limitation des dépenses électorales et
le remboursement dans certains cas, un découpage équilibré
des districts électoraux par quartier, un conseiller par district,
l'usage plus répandu du référendum en fait l'usage
du référendum, tout court le resserrement des
règles en matière de conflit d'intérêts et
l'adoption d'un code d'éthique pour les élus et les
fonctionnaires municipaux.
Dans le même esprit, le droit à l'information
n'étant pas de moindre importance lorsqu'on l'invoque au niveau
municipal qu'aux autres niveaux de l'administration publique, il conviendrait
de garantir aux citoyens un accès aux banques de données les
concernant et une diffusion de l'information municipale plus libre et plus
généreuse.
Dans le même ordre d'idées, en accord avec le principe de
la responsabilité financière, nous avons constaté le
caractère plutôt succinct des comptes publics de la ville de
Québec quant on les compare à ceux de la province. Il nous
apparaît donc opportun de suggérer que le droit à
l'information des citoyens trouve sa réponse dans des comptes publics
s'inspirant des nomenclatures adoptées pour les fins des comptes publics
du Québec.
En attendant que le législateur donne suite à la
réforme électorale promise, deux mesures s'imposent
d'elles-mêmes avec une urgence particulière: Premièrement,
nous proposons que l'article 125 de la charte soit modifié de
façon que toute vacance à la charge de conseiller soit
comblée par une élection partielle et non par le conseil.
Deuxièmement, notre assiduité muette aux séances du
conseil, à l'appui de ce que nous proposons, un amendement devrait
être apporté à la charte, de façon à ne plus
permettre que le droit de parole soit restreint ou supprimé en vue de
préserver le décorum ou pour quelque autre raison. L'exemple de
démocratie municipale de Longueil n'a pas réussi à
s'imposer de lui-même. Pourtant, les membres du conseil municipal
encore une fois, il faudra que l'Assemblée natio- nale intervienne
ne devraient pas se comporter comme les administrateurs d'une compagnie
privée, mais comme des gestionnaires de fonds publics. D'où cette
obligation de gérer à livre ouvert et de répondre de ses
actes à tous les jours, pendant quatre ans, directement aux
citoyens.
En février 1979, ce droit de parole fut accordé aux
citoyens, mais d'une façon tout à fait exceptionnelle lors de la
soirée du budget. Rien de disgracieux ou de séditieux n'est venu
entacher cette séance spéciale. D'où l'on voit qu'un droit
de parole statutaire inscrit dans la charte protégerait mieux les
citoyens et la confiance dans les institutions s'en trouverait
renforcée.
En terminant, nous nous étonnons presque d'avoir à
réclamer quelque chose d'aussi essentiel, surtout d'avoir à
insister là-dessus, mais avec ou sans droit de parole, une chose demeure
certaine: "L'homme qui s'intéresse aux politiciens les dérange
par le seul fait qu'il les regarde." C'est tiré du Devoir, 6 novembre
1978. Alors, nous regardons. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je désire remercier MM.
Beaulieu et Doyle qui, à titre privé, en tant que citoyens, nous
ont fait part de leurs commentaires à l'occasion des travaux de cette
commission. C'est bien évident que, là encore, un certain nombre
de recommandations recoupent d'autres que nous avons entendues plus tôt.
Ce serait me répéter que de dire que nous allons, pour un certain
nombre de ces amendements, procéder par voie de législations
générales plutôt que dans la charte elle-même, ce qui
ne signifie pas qu'il n'y aurait pas lieu éventuellement de revoir
l'ensemble de cette charte qui remonte à 1929 et dont le
caractère, peut-être honorable à certains égards,
mais peut-être vétuste à d'autres, aurait
intérêt à être rajeuni.
Là-dessus, je n'en tiens grief ou rigueur à personne. Nous
sommes tous, à un moment ou l'autre, arrivés dans nos fonctions
respectives avec la législation qui existait. Je crois savoir que la
ville de Québec a procédé elle-même à une
codification administrative de sa charte dont nous avons évidemment
copie. Je fais cette remarque en offrant à la ville de Québec la
collaboration du ministère si jamais elle jugeait opportun
d'entreprendre cette vaste refonte qui rendrait, je pense, la vie plus facile
non seulement aux fonctionnaires respectifs de la ville et du ministère,
mais également aux citoyens. Pour ce qui est des remarques
particulières en rapport avec certains articles qui font l'objet du
projet de loi, lors de l'étude article par article, nous tiendrons
compte des commentaires qui ont été formulés ici lors de
la discussion.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Oui.
M. Rivest: Avez-vous un commentaire à faire?
Une Voix: Non, non.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon. (18 h 15)
M. Rivest: Je ferai sensiblement les mêmes remarques que le
ministre. Une chose est certaine, c'est que les gens, l'ensemble des groupes
qu'on a entendus cet après-midi ne font sans doute pas que se regarder,
ils ont dû se parler. Il y a en tout cas une similitude ou un
rapprochement au niveau de leur langage et de leurs préoccupations et,
au moins, comme je l'ai dit à d'autres groupes si vous avez
assisté à toutes les séances cet après-midi
autant du côté du ministre que du maire de Québec, je pense
que, sur les orientations de fond au titre de la démocratie municipale,
il y a au moins des engagements qui pourraient permettre substantiellement de
répondre aux préoccupations des différents groupes de
citoyens. Il y a une remarque que je vous ferais au moment où on
abordera... Vous avez soulevé la question des soumissions publiques, le
seuil. Très souvent, dans la pratique ou la gestion, pour passer de $10
000 à $25 000 en particulier, il y a un problème de coût
qu'il faut évaluer quand on demande des soumissions publiques. On en
discutera au moment où on arrivera à l'article pertinent. Mais
sur l'ensemble, je pense qu'on peut faire à peu près les
mêmes commentaires qu'aux autres groupes.
M. Doyle: M. le Président, je voudrais souligner que si la
province utilise ces mêmes barèmes, je ne verrais pas pourquoi les
organismes qui relèvent tout simplement de la province ne les
utiliseraient pas.
M. Beaulieu (André): Dont le budget est moindre et aussi
là où les contrôles sont beaucoup moins étanches
qu'au niveau gouvernemental provincial. En fait, il n'y a pas exactement ce
qu'on pourrait appeler un conseil du trésor municipal, à l'heure
actuelle. Cela nous est apparu tout à fait raisonnable que les plafonds
soient assez bas pour une ville qui n'est pas sujette à tous ces
contrôles par rapport à ceux que l'administration provinciale
s'est imposé à elle-même en présence je le
répète des contrôles très étanches qui
existent au niveau provincial. C'était l'esprit de...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: A mon tour, qu'il me soit permis, M. le
Président, de remercier et féliciter ces deux jeunes qui nous ont
avoué qu'ils participaient presque d'une façon intensive à
la vie municipale de Québec en assistant aux réunions. Je dois
vous féliciter du mémoire étoffé que vous nous avez
présenté. Réellement, c'est sain de voir des jeunes comme
vous qui vous préoccupez du bien-être collectif et de vos
intérêts aussi en participant à la vie municipale. Bien
sûr, il y a deux points que votre mémoire souligne, c'est l'heure
à laquelle le conseil municipal siège, soit cinq heures. Je crois
que tous les mémoires l'ont mentionné.
M. Beaulieu (André): C'est un point qui est soulevé
très indirectement.
M. Cordeau: Probablement que ce point sera pris en
considération, un moment donné. Il y a aussi le fait que les
citoyens ne puissent poser des questions après une réunion du
conseil municipal. Tantôt, M. le maire, je crois, a dit, en
réponse à une remarque du ministre, que cette décision
d'accorder une heure ou une certaine période de questions après
une séance du conseil relevait des autorités municipales.
Probablement que le conseil prendra ça en sérieuse
considération.
Bien sûr, nous apporterons une attention spéciale aux
remarques que vous avez faites lors de l'étude article par article.
Mais, M. le ministre, est-ce que le projet de loi 57 n'a pas
généralisé à toutes les cités et villes les
$25 000 auxquels on a fait allusion? J'aimerais que vous apportiez une
précision concernant cette autorisation parce que ça semble
confus.
M. Tardif: M. le Président, ce n'est pas le projet de loi
57 qui a relevé le plafond en ce qui concerne les soumissions, mais bien
le projet de loi 39 qui est devenu je ne sais quel chapitre de nos lois de 1979
et qui a fait que, pour les travaux de moins de $5000, aucun appel d'offres
n'est prévu; pour les montants de $5000 à $25 000 des soumissions
sur invitation sont prévues et pour ceux de plus de $25 000, il s'agit
de soumissions publiques. C'est la loi 39 qui a généralisé
ceci pour l'ensemble des cités et villes et des municipalités
régies par le Code municipal au Québec.
M. le Président, avant d'ajourner nos travaux à demain
matin, je voudrais, pour revenir à la question du député
de Saint-Hyacinthe concernant la période des questions, qu'il soit bien
clair, et peut-être aussi à l'intention des autorités de la
ville de Québec, que je ne verrais aucune espèce
d'inconvénient ou encore aucune espèce d'incompatibilité
avec toute loi 34 éventuelle à ce que, par voie de papillon ou de
règlement ou autrement, la ville prévoie trois mesures qui sont
revenues aujourd'hui dans les représentations, à savoir la
possibilité ou le fait pour le conseil de siéger le soir à
une heure où les citoyens peuvent y assister; deuxièmement, qu'il
y ait, au cours des séances du conseil, une période de questions
et, troisièmement, que la commission d'urbanisme siège
publiquement. Tout ceci, encore une fois, est dans les pouvoirs du conseil et,
indépendamment de tout ce qui pourrait être apporté comme
législation générale, ce ne serait, en tout cas,
absolument pas aller à l'encontre ni de la lettre, ni de l'esprit d'une
telle loi que d'agir dans ce sens.
M. Pelletier: M. le Président, est-ce que je peux demander
carrément au ministre s'il me le suggère?
M. Tardif: Si la ville de Québec effectivement voulait
introduire cela dans sa charte, moi, je n'y verrais aucune espèce
d'objection.
M. Pelletier: Ce n'est malheureusement pas, M. le
Président, la question que j'ai posée au mi-
nistre. J'ai demandé au ministre s'il me le suggérait.
M. Tardif: Si le maire de Québec désire savoir,
veut avoir une suggestion, a besoin d'une suggestion dans ce sens, je lui dis:
Pourquoi pas?
M. Pelletier: Est-ce que j'ai compris, M. le ministre, que vous
me le suggérez?
M. Tardif: M. le Président, la ville de Québec a le
pouvoir de procéder de cette façon par voie de
réglementation. Si elle veut le faire dans sa charte, il me fera plaisir
d'accueillir un papillon à cet effet.
M. Pelletier: Le ministre n'a pas répondu à ma
question. Je la lui repose pour une troisième fois. Est-ce qu'il me le
suggère?
M. Tardif: La réponse, c'est oui. M. Pelletier:
Merci, M. le ministre.
M. Doyle: Si le droit de parole, on l'a pour la soirée du
budget là, ce sera au mois de mars pourquoi ne pourrait-on
pas, tout simplement, l'avoir pour les autres séances du conseil
municipal? On l'a vécu en février 1979. Il n'y a pas eu d'acte,
je pense, répréhensible. Tout le monde s'est bien
comporté. Il y a eu un décorum. On a posé nos questions.
Je veux dire, je pense, que M. le maire était satisfait. On voudrait
tout simplement qu'il généralise cette tradition qui est
exceptionnelle, mais qui nous apparaît tellement comment
pourrais-je dire? adéquate.
M. Pelletier: M. le ministre, étant donné que, pour
la question des heures de séances et pour une période de
questions, cela ne demande pas de pouvoirs additionnels à la ville, on
va y réfléchir et, si on décide d'aller de l'avant, on
adoptera un règlement. Cela ne regarde pas la commission. Quant à
la question de la commission d'urbanisme, je veux vraiment y
réfléchir parce qu'il y a là peut-être des conflits.
Au moment où des promoteurs sont dans des projets, est-ce que leurs
projets doivent être dévoilés indûment à tout
le monde? Est-ce qu'il n'y a pas là une espèce de secret
professionnel normal? Au moment où on discute de l'achat de terrains
pour des fins publiques, je me demande si la divulgation de tout cela servirait
bien l'intérêt public. Il pourrait y avoir des informations qui
sortiraient et qui permettraient une spéculation peut-être pas
très catholique. J'aimerais réviser cet aspect des choses avant
de répondre, M. le ministre, à votre souhait.
M. Beaulieu (André): Est-ce que je pourrais ajouter
seulement un dernier mot? Il faut comprendre un peu l'esprit avec lequel on a
abordé la question du droit de parole au conseil de ville. On a dit,
dans le passé je ne sais pas si on l'a
répété aujourd'hui qu'un conseil de ville
n'était pas un Parlement. Atoutes fins pratiques, c'est exact. Mais il
arrive que, finalement, on administre cela un peu à la façon de
l'exemple qu'on avait suggéré dans notre mémoire, comme
une compagnie; c'est que ces gens-là, les membres du conseil, se
réunissent, discutent entre eux de ces points et, s'il y a des
obscurités, ils les règlent entre eux. Mais, dans la mesure
où ces conseils-là ne siègent pas à huis clos, dans
la mesure où le public est invité, dans la mesure où les
résolutions et les règlements qui sont déposés font
en sorte que les citoyens qui sont là peuvent avoir des questions tout
à fait naturelles à poser et les dernières
séances du conseil ont souvent été consacrées
à la question du Colisée j'imagine que, si ces
questions-là ne faisaient pas surgir de problème chez les
conseillers, elles en faisaient surgir dans la salle.
Alors, je ne vois pas pourquoi, malgré le fait qu'un conseil de
ville ne soit pas vraiment un Parlement, dans la mesure où ce n'est pas
le huis clos, les citoyens ne pourraient pas poser des questions alors que,
pour les conseillers, tout est clair, ce qui n'est malheureusement pas toujours
le cas pour les gens qui sont dans la salle.
Le Président (M. Lacoste): Je tiens à remercier M.
André Beaulieu, et M. Louis Doyle pour la présentation de leur
mémoire.
Il semblait exister un jeu, un consentement, si je ne me trompe, pour
commencer nos travaux, demain matin, à neuf heures trente au lieu de dix
heures. C'est bien cela?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Consentement?
M. Pelletier: A quelle heure?
Le Président (M. Lacoste): Neuf heures trente.
M. Pelletier: On est prêt à sept heures, si vous le
voulez.
Le Président (M. Lacoste): Donc, la commission des
affaires municipales ajourne ses travaux à demain matin, neuf heures
trente.
Fin de la séance à 18 h 30