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(Douze heures trente minutes)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires municipales est
réunie pour étudier les projets de loi privés suivants:
projet de loi no 227, Loi concernant la ville de Pointe-aux-Trembles; projet de
loi no 214, Loi concernant la ville de Mont-Joli; projet de loi no 249, Loi
concernant l'annexion de certains lots du cadastre de la paroisse de
Saint-Raymond à la ville de Saint-Raymond; projet de loi no 244, Loi
modifiant la charte de la ville de Charlesbourg.
Les membres de cette commission sont: M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M.
Caron (Verdun), M. Dubois (Huntingdon), M. Fallu (Groulx), M. Lachance
(Bellechasse) remplacé par M. Beauséjour (Iberville), Mme
Lachapelle (Dorion), M. Léonard (Labelle), M. Ouellette (Beauce-Nord),
M. Rochefort (Gouin), M. Rocheleau (Hull) et M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants à cette commission sont: M. Beauséjour
(Iberville) remplacé par M. Marquis (Matapédia), M.
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Brouillet (Chauveau), M. Desbiens
(Dubuc) remplacé par M. Laplante (Bourassa); M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), M. LeMay (Gaspé), M. Picotte (Maskinongé),
M. Ryan (Argenteuil), M. Saintonge (Laprairie).
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, est-ce que
vous avez une proposition pour nommer un rapporteur à cette
commission?
M. Léonard: Mme Lachapelle.
Le Président (M. Rodrigue): Mme Lachapelle, est-ce qu'il y
a accord? Il y accord. Mme Lachapelle est nommée rapporteur.
M. Léonard: Elle avait travaillé de façon
parfaite, au mois de juin dernier.
M. Caron: M. le Président, le rapporteur doit rester
à la commission toute la séance pour bien rapporter.
M. Pagé: Je suis sexiste. Aussitôt qu'il y a une
femme qui est ici, on s'empresse de la désigner comme rapporteur.
Une voix: Vous êtes jaloux.
M. Pagé: Je m'interroge surtout. Elle fait partie de
l'exécutif du Parti québécois.
M. Caron: Est-ce que vous avez préparé le
référendum?
Une voix: Vous êtes en charge de cela, vous?
M. Caron: J'ai un bon ami qui est imprimeur. On peut vendre des
billets de...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lachapelle (Dorion) est nommée rapporteur de la
commission.
Il y a une correction à apporter dans la liste des intervenants.
M. Ryan (Argenteuil) est remplacé par M. Pagé (Portneuf).
Projet de loi no 227
Sur le projet de loi no 227, Loi concernant la ville de
Pointe-aux-Trembles, M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
à formuler?
M. Léonard: Je voudrais d'abord...
M. Laplante: Question de règlement. Est-ce qu'il y aurait
possibilité d'appeler les groupes, s'il vous plaît?
Le Président (M. Rodrigue): Oui, vous avez raison.
J'invite les représentants de la ville de Pointe-aux-Trembles à
prendre place à la table devant nous, s'il vous plaît! Je vous
remercie.
Le représentant, le porte-parole est...
M. Poupart (Armand): Mon nom est
Armand Poupart. Je représente la ville de Pointe-aux-Trembles.
À ma droite, M. Maurice Vanier, maire de la ville et, à ma
gauche, d'autres intervenants qui sont ici pour représenter la ville. Ce
sont des cadres de la municipalité.
Le Président (M. Rodrigue): Très bien, merci. M. le
ministre.
M. Léonard: M. le maire, MM. les officiers de la ville de
Pointe-aux-Trembles, vous me permettrez de vous souhaiter la bienvenue. Cela me
fait plaisir que vous soyez ici en commission parlementaire.
Vous nous avez présenté un projet de loi privé. Je
suppose bien qu'il y a un certain nombre de justifications à ce projet
de loi. Nous vous entendrons et nous espérons vous donner satisfaction
le plus possible et dans la mesure du possible, M. le maire.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va. Est-ce que M.
Rocheleau aurait des remarques préliminaires à formuler
auparavant aux représentants de Pointe-aux-Trembles? M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Je veux simplement souhaiter la bienvenue aux
citoyens de Pointe-aux-Trembles et leur offrir toute notre collaboration dans
ce projet de loi no 227. Nous souhaitons pouvoir les entendre aussi rapidement
que possible.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, à titre de parrain du
projet de loi, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à M. Poupart
et à M. le maire. Je vous prie d'excuser le ministre, le
député de Lafontaine, qui a été retenu
ailleurs.
On s'efforcera d'adopter le projet de loi dans sa forme, mais il ne
faudrait pas être surpris qu'il y ait des accrocs à un moment
donné qu'on aura à corriger suivant les explications que vous
nous fournirez.
Le Président (M. Rodrigue): M. Poupart.
M. Poupart: Merci beaucoup. Messieurs, l'article 1 du projet de
loi, c'est un article qui a pour effet de créer dans la ville de
Pointe-aux-Trembles une corporation de développement. C'est un article
qui a été accordé dans le passé à plusieurs
autres municipalités, entre autres, à la ville D'Anjou, à
la ville de Brossard, à la ville de Drummondville et à certaines
autres municipalités.
Je crois que, dans sa rédaction actuelle, le texte respecte les
précédents qui ont été accordés dans le
même sens. L'esprit qui anime cet article, c'est le fait que la ville de
Pointe-aux-Trembles a actuellement des problèmes concernant certaines
réserves foncières et elle veut aussi faire sa part pour
favoriser l'habitation. Elle croit se servir de ses pouvoirs dans le but de
faire honneur au développement immobilier qu'elle veut contrôler.
Cet article 1, c'est la base du projet pour cette corporation de
développement. Je n'ai rien d'autre à ajouter sur ce
point-là, c'est le point essentiel de notre projet de loi et, par la
suite, je pourrai parler sur les autres articles.
Le Président (M. Rodrigue): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: Sur l'article 1, nous sommes d'accord en
général, sauf qu'il y a un amendement que nous voudrions apporter
à la fin de cet article 1. On ajouterait l'alinéa suivant: "Le
présent article ne s'applique pas à l'acquisition d'immeubles
pour fins industrielles".
La raison, c'est que, dans le cas des fins industrielles, c'est
réglementé par la Loi sur les fonds industriels. C'est comme
ça dans à peu près toutes les lois qui visent à
créer des réserves foncières comme celle-là.
Avec cet amendement, nous sommes prêts à accepter l'article
que vous nous proposez.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que d'autres
députés veulent intervenir sur l'amendement? M. Poupart
également? Vous êtes satisfaits?
M. Poupart: Très bien, sur l'amendement. Nous sommes
satisfaits, nous l'acceptons tel quel.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que...
M. Bissonnet: Si vous voulez me permettre. M. le
Président...
Le Président (M. Rodrigue:) Alors, avant d'adopter
l'amendement, je vais d'abord appeler l'étude de l'article 1 du projet
de loi. Nous avons reçu un amendement qui se lit comme suit: ajouter un
dernier paragraphe à l'article 1, qui se lit: "Le présent article
ne s'applique pas à l'acquisition d'immeubles pour fins industrielles."
Est-ce que cet amendement sera adopté?
M. Rocheleau: II y a seulement une question...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Si vous le permettez, je voudrais savoir des
autorités de la ville de Pointe-aux-Trembles ou de leur mandataire si la
ville a actuellement un code du logement afin de déterminer les
bâtisses ou les immeubles qui pourraient faire partie de ces
expropriations, tenant compte du fait de déterminer la
désuétude d'une bâtisse avant de s'en porter
acquéreur ou de procéder à l'expropriation.
M. Poupart: La ville a un règlement de construction
actuellement qui est complété par une partie qui traite de
l'habitabilité et qui détermine quand il y a des logements qui
sont désuets ou nocifs, il y a des critères qui sont
établis et qui sont prévus. Ceci se fait sous la surveillance
d'un urbaniste. La corporation dont nous demandons la création sera
justement là pour structurer toute cette affaire-là.
M. Rocheleau: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'amendement est
adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Poupart: Maintenant, à l'article suivant, M. le
Président...
Le Président (M. Rodrigue): Excusez-moi, j'appelle
l'étude de l'article 2. M. Poupart.
M. Poupart: Parfait. L'article 2, M. le Président et
messieurs les membres du comité, si vous voulez me permettre, les
articles 2 à 10, nécessairement, doivent se lire l'un
après l'autre et l'article précédent explique celui qui
vient ensuite. Je ne voudrais pas refaire la lecture de tous ces articles que
vous avez devant vous mais je crois que ces articles respectent
intégralement la procédure qui a déjà
été établie dans des précédents semblables,
et c'est ni plus ni moins que la routine de l'établissement de ces
genres de corporations de développement dont plusieurs
municipalités ont tiré profit à date. Nous ne
dérogeons à aucun des principes qui ont été
établis dans les autres corporations et par la Législature.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: Si vous permettez, nous sommes d'accord sur
les articles 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10, nous avons des questions à
vous poser sur l'article 11.
M. Bissonnet: Serait-il possible d'étudier es articles 2
à 10 intégralement?
Le Président (M. Rodrigue): On peut le faire. Disons que
je ne prendrai pas de motion là-dessus, s'il n'y a pas d'objection nous
allons le faire tout simplement. Alors, les articles 2 à 10
inclusivement sont étudiés en bloc. Y-a-t-il d'autres remarques
là-dessus? M. le ministre.
M. Léonard: On aurait des questions sur l'article 10
cependant, de 2 à 9...
M. Poupart: De 2 à 9, il n'y a aucun problème. 10,
exclusivement.
M. Léonard: 10, exclusivement, d'accord.
Le Président (M. Rodrigue): Alors de 2 à 9
inclusivement. Est-ce que les articles 2 à 9 inclusivement sont
adoptés?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Alors, les
articles 2 à 9 inclusivement, sont adoptés.
M. Laplante: 2, 3, adoptés, 4, adopté, 5,
adopté, 6, adopté, 7, adopté, 8, adopté, 9,
adopté.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle l'étude de
l'article 10.
M. Léonard: Oui, sur l'article 10, si je comprends, cet
article vise à permettre à la ville d'acquérir certains
terrains pour ensuite les vendre, les échanger avec l'approbation de la
Commission municipale du Québec. Cela viendrait à la suite des
conclusions qui proviennent du rapport d'enquête de la Commission
municipale du Québec concernant l'administration de Pointe-aux-Trembles.
Pourriez-vous nous expliquer davantage pourquoi vous proposez cet article?
M. Poupart: Avec plaisir, M. le ministre. Voici ce qui arrive.
C'est un problème très particulier qui s'est produit au cours des
années. Il s'agissait de terrains industriels qui sont situés
tout près des réservoirs de pétrole à
Pointe-aux-Trembles. Ce sont des terrains industriels qui auraient un grand
potentiel de développement mais, parmi ces terrains, il y a eu, à
un moment donné, certaines rues qui ont été tracées
et par la suite, ces rues ont été annulées. Il y a eu des
lots qui ont été vendus à des personnes et finalement, je
peux vous donner le résultat de ce qui en est de cet emplacement qui
mesure 1 232 000 pieds carrés. Sur ce 1 232 000 pieds carrés de
terrain industriel hautement rentable qui n'est pas développé
actuellement et qui est adjacent à un terrain qui appartient à la
ville, il y a 985 000 pieds carrés qui appartiennent à une
corporation qui s'appelle le Crédit immobilier. Ensuite, il y a 240 000
pieds carrés qui appartiennent à onze particuliers, et la
balance, ce sont des lots qui appartiennent à la ville. Alors, il y a
trois propriétaires de cet emplacement et nécessairement, selon
les urbanistes, les lots doivent se développer ensemble et faire un
grand ensemble, mais les onze propriétaires qui sont là
ont des lots dont plusieurs sont enclavés par le tracé de rues
qui ont été annulées au cours des années, et ces
propriétaires ont refusé aux administrations
précédentes et au Crédit immobilier de vendre les onze
terrains et ceci bloque le développement.
Or, la Commission municipale a fait une enquête à la suite
de la mise en tutelle de la ville de Pointe-aux-Trembles qui
nécessairement est sortie de la tutelle et qui maintenant se conduit
très bien et toute seule. Mais grâce à cette tutelle, la
Commission municipale nous a laissé un rapport impressionnant avec des
recommandations intéressantes. La commission s'était
penchée sur ce problème des onze petits terrains qui gaspillent
un emplacement industriel de premier ordre et de première qualité
et qui empêchent la ville de les resubdiviser et de vendre à des
gens qui ont manifesté l'intention d'en acheter.
Aux pages 232 à 236 du rapport de la Commission municipale, toute
cette rhétorique que j'essaie de vous expliquer en un mot est bien
expliquée et les recommandations de la commission sont précises.
Elle recommande fermement à la ville de faire ce qu'elle a à
faire pour régler le problème et rentabiliser ces
terrains-là. Alors, c'est sur la base de cette étude, de ce
jugement et de cette recommandation de la Commission municipale que nous sommes
ici devant vous et le meilleur moyen que nous avons pu trouver, c'est le moyen
mentionné à l'article 10. La ville veut les acquérir;
ensuite, elle les vendra en plus grande superficie, mais tout ça sous le
couvert de la Commission municipale; elle ne veut pas spéculer, la
ville, elle veut se... Merci. C'est à peu près tout ce que j'ai
à dire sur le sujet.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 10 sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle l'étude de
l'article 11.
M. Léonard: Si vous voulez, simplement pour donner une
explication: je vois que vous voulez acquérir des terrains pour faire
construire des fourrières, une fourrière, en fait.
M. Poupart: L'article 11.
Une voix: C'est pour vos minounes? (12 h 45)
M. Poupart: Oui, on a un problème dans l'est de
Montréal. Il y a une grande quantité de carcasses d'automobiles,
il y a plusieurs personnes qui exploitent de ces commerces- là. La ville
de Pointe-aux-Trembles est venue ici en 1976 et a obtenu le pouvoir qui est
exactement le même, les deux premiers paragraphes sont les mêmes.
Cependant, elle s'est aperçue que les pouvoirs que l'Assemblée
nationale lui avait donnés n'étaient pas complets, parce qu'elle
était obligée d'exploiter elle-même comme ville une
fourrière. C'est bien embêtant d'avoir des employés 24
heures par jour, parce que les fourrières fonctionnent jour et nuit. Il
y a des officiers de police qui ramassent ces automobiles-là et il faut
absolument qu'il y ait quelqu'un pour les dépanner et les transporter,
ils ne sont pas équipés pour cela.
Alors, on s'est aperçu, avec l'expérience et à la
suite d'entrevues avec les policiers de la CUM, que la meilleure façon
serait que le pouvoir que la ville a d'exploiter des fourrières soit
confié à un tiers qui a l'expérience de ce commerce et qui
connaît le monde de la fourrière municipale. Une ville n'a pas ces
connaissances-là.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais savoir, si on a
l'intention de confier cela à l'entreprise privée, si ce sera
sous forme de soumissions publiques. Est-ce qu'on a l'intention de demander les
coûts de gestion?
M. Vanier (Maurice): On a établi une espèce de
devis, de plan et, si l'Assemblée nous donne le pouvoir que nous
demandons, on compte aller en appel d'offres, parce que de toute façon
il faut aussi prévoir que l'entreprise qui aura le contrat devra nous
donner des garanties à nous et également aux usagers de la
fourrière.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on a l'intention du même coup de
louer cette fourrière à l'entreprise privée qui pourra
avoir soumissionné pour l'usage de son propre remorquage? Dans le cas
où une station-service ou un concessionnaire d'automobiles obtiendrait
cette soumission, est-ce qu'on a l'intention de louer la fourrière
à cette entreprise par la suite à un coût
déterminé à l'avance dans les demandes de soumissions ou
a-t-on simplement l'intention de mettre à la disposition de cette firme
l'utilisation de la fourrière à ces fins-là?
M. Poupart: Une étude a été entreprise
dessus. On a subi les effets négatifs de l'article tel qu'il existait,
qui avait été obtenu en 1976. On veut profiter de cette
article-là et il nous manque un joint, c'est de la faire opérer
par quelqu'un qui connaît cela, qui a un terrain pour cela et qui est
équipé pour cela. C'est pour cela que la ville a fait un
devis, a fait une étude et elle demandera des soumissions si elle a le
droit de le faire pour que tout ce qui a trait à la
récupération des automobiles, le fait de s'en débarrasser,
ce soit mis dans les mains de quelqu'un qui connaît ça. C'est lui
qui verra à faire ça. Alors, tout ce qui aura trait à la
récupération des vieilles automobiles, des carcasses, pour autant
que ce sera conforme à ces articles, ce sera dans les mains d'un tiers
qui connaît son métier et qui va en débarrasser la
ville.
Ce sont, M. le Président, des nuisances, ces carcasses de
véhicules automobiles, et la ville n'est pas équipée pour
s'occuper de ces nuisances, ça coûterait énormément
cher. Il y a des études qui ont été faites et ce ne serait
pas un service que la ville pourrait donner adéquatement au
contribuable, surtout avec la quantité de véhicules qui sont
ramassés annuellement.
C'est pour ces raisons qu'on veut se défaire de cette obligation
et la remettre à un tiers qui sera sous la surveillance de la ville par
des liens contractuels et qui aura des comptes à rendre à la
ville. De cette façon, on pense donner un meilleur service au
public.
M. Rocheleau: Une question additionnelle, M. le Président.
La fourrière, qui sera propriété municipale, à
toutes fins utiles, servira uniquement à des fins municipales et non pas
à des fins privées?
M. Poupart: C'est évident que ce sera
séparé, quelque chose qui sera municipal; il y aura un terrain
municipalisé qui servira uniquement à ces fins. Ce ne sera
pas...
M. Rocheleau: D'accord.
M. Poupart: ... un terrain utilisé à autre chose.
Ce ne sera pas une coentreprise avec qui que ce soit. La ville ne veut pas du
tout toucher à ça, elle veut simplement être capable de
s'en débarrasser. Ce sont des nuisances qui nous coûtent cher.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Une brève question, M. le maire. Je vous
salue, ça me fait plaisir de vous revoir. Est-ce qu'il y a encore des
discussions dans les villes de l'Est relativement à une fourrière
commune? Je sais qu'il y en a eu entre Saint-Léonard et Anjou,
peut-être avec la vôtre, je ne sais pas si vous êtes
très actif au niveau de la conférence des maires, je ne sais pas
si vous pourriez me dire si ce projet va de l'avant?
M. Vanier: Effectivement, M. le député, il y a eu
des discussions depuis deux ans, il y en avait eu sous votre mandat, entre
Saint-Léonard et Anjou et, après ça, cela a
été référé au conseil de
sécurité de la communauté urbaine, qui avait le
problème -souligné par les districts policiers - d'avoir un droit
exploité de façon légale à titre de
fourrière. Il y a deux volets à la fourrière, il y a ce
que Me Poupart vient de dire, les carcasses, et également des autos qui
ne sont pas des carcasses, mais qui sont endommagées. Pour 24 heures, 48
heures, en fin de semaine ou le soir, il faut leur trouver un endroit et il
faut aussi se prémunir contre les risques de vol et divers autres.
Enfin, il y a toute une procédure, tant au niveau des ajusteurs que des
garagistes et des policiers, qui est toujours apparue difficile à
exercer, sauf que les villes cherchaient une façon de faire où
chacune n'aurait pas à subir directement l'application ou
l'opérationnalisation d'une fourrière. Ce problème n'est
pas réglé. Lorsque nous avons été
mêlés à ces discussions, on a sorti cette hypothèse
qu'un tiers, par délégation et avec tout ce qui l'entoure au
niveau de la protection de la ville et des individus, pourrait peut-être
établir chez nous un type de fourrière. Après cela,
peut-être que cela pourrait servir de modèle à d'autres
municipalités, parce que actuellement, nous sommes dans une impasse. Il
n'y a pas de fourrière strictement utilisable de façon municipale
et même au niveau de la communauté urbaine.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 11 sera
adopté? Adopté. J'appelle l'étude de l'article 12.
M. Léonard: C'est adopté, quant à nous, M.
le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 12 sera
adopté?
M. Rocheleau: Dans le cas de l'article 12: "Le conseil peut
disposer des véhicules automobiles confiés à la garde de
la ville, abandonnés ou trouvés et non réclamés
après un délai de 30 jours lorsqu'ils ont été
fabriqués depuis plus de sept ans, ce délai est de 24 heures dans
le cas d'un véhicule sans moteur ou dans un état tel qu'il
constitue un objet de rebut." Les véhicules qui ont moins de sept ans,
vous vous en tenez à quelle disposition?
M. Poupart: L'article que vous venez de lire est l'article qui
est déjà en vigueur. Ce n'est pas un nouveau pouvoir qu'on
demande. C'est déjà en vigueur depuis 1976. Le dernier paragraphe
est du droit nouveau. Au dernier paragraphe, on veut déléguer
à un tiers le pouvoir de disposer de cesdits véhicules
automobiles. Au paragraphe précédent, ce sont des normes qui ont
été discutées dans
le temps en commission parlementaire et que le ministère des
Affaires municipales a recommandées pour calculer ce qu'est un
véhicule qui est voué à la démolition et ce qu'est
un véhicule qui peut être récupérable.
Là-dessus, ce sont des questions techniques sur lesquelles je ne
pourrais pas vous donner de détails. Le nombre des années, ce
n'est pas nous qui l'avons établi.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. J'appelle
l'étude de l'article 13.
M. Léonard: Sur l'article 13, je voudrais avoir des
explications, mais je voudrais quand même faire la remarque et vous
demander peut-être de répondre à la question suivante:
L'article 205 de la Loi sur la fiscalité municipale prévoit
expressément tous ces cas. Alors, nous nous demandons pourquoi vous
venez avec un article spécifique sur cette question.
Le Président (M. Rodrigue): M. Poupart.
M. Poupart: Là-dessus, M. le ministre, je sais que je vais
avoir des difficultés à convaincre tout le monde. J'ai
été prévenu, nécessairement.
Vous savez, Pointe-aux-Trembles, par sa géographie, est
située à côté de Montréal, ou Montréal
est située à côté de Pointe-aux-Trembles, selon la
façon dont on se place. On a sanctionné le 30 juin 1976 la loi 61
qui s'appelle la Loi concernant la cité de Pointe-aux-Trembles. Dans ce
temps-là, elle s'appelait cité; maintenant c'est
uniformisé et elle s'appelle ville.
À ce moment-là, un article très court a
été adopté. Je vais vous le lire. On se replace pour
quelques secondes en 1976. Vous allez sûrement faire le lien avec ce
qu'on demande maintenant en 1981.
En 1976, la cité de Pointe-aux-Trembles avait obtenu ceci: "La
cité a un délai d'un mois, à compter de la sanction de la
présente loi pour en appeler à la Commission municipale du
Québec afin de faire fixer les modalités de la compensation que
la ville de Montréal doit payer à la ville pour des immeubles
faisant partie de son territoire que la ville de Montréal a acquis ou
acquerra pour fins d'aménagement d'un terrain de golf."
Voici que qui est arrivé: Montréal avait acquis, dans le
territoire de Pointe-aux-Trembles, une centaine d'acres environ - je pense que
c'est cela - pour faire un terrain de golf. En 1976, la ville de
Montréal est venue ici avec ses représentants et a obtenu ce
pouvoir dans sa charte.
Parallèlement, le pendant de ce qui a été
accordé à Montréal a été accordé
aussi à Pointe-aux-Trembles. Pointe-aux-Trembles a dit: C'est
très bien, mais on va se défaire forcément d'une centaine
d'acres de terrain, pour fins d'un sport très noble en soi, et on
aimerait bien avoir une compensation, un "en lieu" de taxes ou quelque chose
comme cela.
Or, en rédigeant l'article que je viens de vous lire, en 1976, il
y a eu un oubli, un malheureux oubli. La ville de Pointe-aux-Trembles avait
obtenu le pouvoir de fixer les modalités de la compensation. On n'a pas
obtenu le pouvoir d'établir la compensation, mais les modalités
de la compensation. Avec cette petite anicroche dans la loi, on s'est
présenté devant la Commission municipale et on a dit: Fixez la
compensation. Tout le monde avait lu le mot "compensation". Elle a dit: Non, ce
n'est pas cela que vous avez comme pouvoir. Vous avez comme pouvoir le droit de
juger les modalités de la compensation. Cela n'a pas grand sens. Les
modalités de la compensation, cela peut être la date de la
compensation, les intérêts; la compensation, ce sont les
accessoires. Elle nous a dit: On n'a pas juridiction de vous fixer la
compensation.
M. Léonard: C'est réglé par l'article 205 de
la Loi sur la fiscalité municipale. Nous ne voyons pas à l'heure
actuelle pourquoi nous accorderions cela, d'autant plus que la ville de
Montréal a indiqué son intention de vendre ce terrain. Vous
pourriez très bien l'acquérir à l'heure actuelle. Mais
quoi qu'il en soit sur la question elle-même, l'article 205 permet de
fixer la compensation. Il réfère à 204,
quatrièmement, où on dit: "Un immeuble appartenant à une
corporation municipale et situé hors de son territoire peut faire
l'objet de compensation." D'ailleurs, même avec la rédaction qui
est proposée, cela ne réglerait pas votre problème, parce
que c'est la compensation elle-même que la Commission municipale ne
pourrait pas fixer.
M. Poupart: C'est parce que je trouve qu'il y a peut-être
deux définitions de compensation. Quand vous parlez de compensation
selon la loi 57, ça c'est une compensation, disons, pour
l'enlèvement de la neige, les services policiers, les services
généraux, tandis que, quand on parlait de compensation en 1976,
c'était avant la loi à laquelle vous référez, le
mot compensation, ça voulait dire un retour, ça voulait dire
quelque chose, un "en lieu" de taxes, un montant qu'on devait avoir. Alors, la
demande qui est devant vous, c'est de faire rétroagir, disons.
Maintenant, si la Commission municipale dit: Vous avez droit à
zéro de compensation, on dira: Eh bien, on va prendre zéro. On ne
va pas là pour lui demander quelque chose à quoi on n'a pas
droit; on veut juste vous demander de nous
ouvrir la porte pour aller à la Commission municipale. De toute
façon, je laisse le tout à la discrétion de la commission;
c'était simplement l'argument que je voulais vous soumettre au nom de ma
cliente.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je signale aux membres
de la commission qu'il est 12 h 59. Je vous suggère, s'il y a
consentement, que nous pourrions poursuivre les travaux de la commission
jusqu'à 13 h 30.
M. Léonard: M. le Président, je ne peux pas. Je
propose plutôt que nous finissions le projet de Pointe-aux-Trembles et
que nous recommencions avec les trois autres projets de loi privés que
nous avons au tout début de la commission, à 15 heures.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour poursuivre l'étude du projet de loi no 227
jusqu'à ce qu'il soit adopté? Très bien, consentement. Sur
l'article 13, M. le ministre.
M. Léonard: Alors, sur l'article 13, je maintiens les
objections que nous avons. Nous considérons que le tout est
réglé pour ce qui concerne le taux de la compensation par les
articles 205, 204 ou, en gros, par la Loi sur la fiscalité municipale,
la loi 57. À l'heure actuelle, nous ne voyons pas pourquoi nous
accepterions cet article. D'autant plus que vous avez pris cinq ans à
réagir et que, tout à coup, c'est une question qui se pose. Je
pense que le fond des choses est réglé par l'article 205 de la
loi 57.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance et M. le maire. (13 heures)
M. Bissonnet: M. le Président, ma question s'adresse au
sous-ministre. En vertu de l'article 13 qui est présenté ici, M.
le sous-ministre...
Le Président (M. Rodrigue): Je pense qu'il faut que vous
adressiez la question au ministre et celui-ci pourra...
M. Bissonnet: Au ministre évidemment. Est-ce que la
municipalité de Pointe-aux-Trembles peut faire toutes les
démarches, actuellement, qui sont comprises dans le texte de cet article
13? Est-ce qu'elle peut entrer en négociation avec la ville de
Montréal et, si elle n'arrive pas à une entente, à ce
moment-là, transmettre le tout à la Commission municipale qui,
elle, pourrait fixer les modalités de compensation pour la ville de
Pointe-aux-Trembles? Est-ce que, actuellement, la municipalité pourrait
le faire selon l'article 8? Souvent, quand il y a des difficultés entre
une ville et une autre ville, dans la communauté urbaine, ce n'est pas
toujours facile.
M. Léonard: Je pense que la question, M. le
député, est maintenant réglée par l'article 205 de
la loi 57. Si la ville de Pointe-aux-Trembles se prévaut de cet article,
elle va fixer sa compensation par rapport à la ville de
Montréal.
M. Bissonnet: Et il y a un appel à la Commission
municipale.
M. Léonard: Ce n'est pas une annexion, c'est une
propriété de la ville de Montréal, sur son territoire.
D'autant plus, selon ce qu'on sait présentement, que la ville de
Montréal est prête à se départir de ce terrain.
M. Bissonnet: M. le ministre, y a-t-il un appel à la
Commission municipale, prévu dans l'article 205? C'est là que la
difficulté va naître.
M. Léonard: C'est le conseil de la ville, c'est selon le
taux...
M. Bissonnet: Mais, s'il n'y a pas d'entente entre la ville de
Montréal...
M. Léonard: C'est fixé selon le rôle
d'évaluation, la façon dont on établit le budget. C'est la
ville de Pointe-aux-Trembles qui fixe.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Vanier: Je suis très perplexe parce que l'espoir que
j'ai dans ce paragraphe-là, s'il est adopté, c'est que la
Commission municipale puisse bouger. M. le ministre, vous avez fait remarquer
qu'il y a cinq ans, parce que ça fait quand même deux ans, depuis
1979, qu'on essaie de clarifier à l'intérieur même de la
Commission municipale et de la ville et on a déposé notre projet
de loi privé l'an dernier.
L'autre inquiétude que j'ai, c'est qu'effectivement vous parlez,
M. le ministre, que la ville de Montréal a d'autres intentions pour ce
terrain. Lorsque ces lots ont été achetés de tiers et de
la ville de Pointe-aux-Trembles, j'imagine, c'était pour une raison: le
golf. À la commission d'aménagement où je siège,
à la CUM, nous sommes en train d'achever ce que vous souhaitez, le
dépôt du schéma d'aménagement. Quand on a
essayé, avec la ville de Montréal, de savoir ce qui va arriver de
ce grand espace-là, on nous a confirmé qu'il n'y aurait pas de
golf à cet endroit; on veut en faire un territoire résidentiel.
Alors, si la ville de Montréal, j'imagine un scénario, dans le
cadre de son projet de 10 000 logements où elle est propriétaire
du terrain, veut faire du
développement, ce développement va se situer dans la ville
de Pointe-aux-Trembles. Si je me réfère à un projet de loi
qu'elle vous a présenté, là où la ville de
Montréal est propriétaire, elle se représente et elle
demande d'annexer le terrain. En fait, la Commission municipale, d'après
moi, devrait prendre ses responsabilités et sera appelée à
vérifier auprès de la ville de Montréal laquelle de ces
intentions prévaut quant aux changements du terrain qui a
été acquis en 1976 pour fins de golf et à partir duquel on
demande une compensation.
M. Léonard: Nous avons reçu ce
télégramme de la ville de Montréal qui est daté du
14 décembre. C'est adressé à M. le ministre et Messieurs
les membres de la commission parlementaire des affaires municipales. "La ville
de Montréal désire informer la commission parlementaire des
affaires municipales qu'elle s'objecte à l'adoption de l'article 13 du
projet de loi 227 concernant la ville de Pointe-aux-Trembles pour les motifs
suivants: Premièrement, la compensation demandée et la
façon d'en établir les modalités sont déjà
prévues à l'article 205 de la Loi sur la fiscalité
municipale - ce que je venais de vous dire -pour une partie et dans un
règlement de la ville de Pointe-aux-Trembles pour l'autre partie.
Deuxièmement, depuis l'adoption du chapitre 61 des lois 1976, les faits
suivants se sont déroulés - dans le télégramme on
dit "déclarés" mais je pense que c'est "déroulés"
a) le projet d'établissement d'un golf municipal par la ville de
Montréal dans la partie est de l'île de Montréal a
été stoppé; b) la majeure partie des terrains qui devaient
servir à cette fin ont été inclus dans le parc
régional de Rivière-des-Prairies sous la juridiction de la
Communauté urbaine de Montréal; c) la ville de Montréal
n'aura en conséquence plus besoin du terrain dont elle est
propriétaire dans le territoire de Pointe-aux-Trembles et elle est
disposée à le mettre en vente à brève
échéance. Nous vous soumettons donc respectueusement que les
motifs qui auraient pu autrefois militer en faveur de l'adoption d'une telle
disposition n'ont plus leur raison d'être et que l'article 13 du projet
de loi no 227 devrait être rejeté."
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, dans le premier projet de loi
no 57 déposé, les municipalités, sur l'île ou
ailleurs où il y a des bâtisses ou des terrains qui appartiennent
à d'autres municipalités, devaient être taxés. Cela
a été enlevé, lors de l'adoption du projet de loi no 57,
mais je pense que c'est une injustice pour les municipalités qui ont,
comme la ville de Montréal, du terrain, soit là ou ailleurs,
parce que le gouvernement, dans le temps du projet de loi no 57, avait dit: On
va taxer tout le monde à parts égales. Alors, le fait qu'on
enlève ce droit-là aux municipalités, c'est une injustice
pour les municipalités et je pense que c'est deux poids, deux mesures.
M. le ministre, vous devriez reconsidérer cela. Je comprends que
Montréal est grosse mais, d'un autre côté, on devrait
être juste. C'est le temps de le prouver. Les autres municipalités
devraient pouvoir avoir une compensation. On l'a, soit chez nous, à
Verdun, à Lasalle et ailleurs. Je pense que si on veut être plus
juste que dans votre projet de loi no 57, qui avait été
adopté par l'ex-ministre des Affaires municipales, ce serait le temps de
faire un pas et de ne pas avoir peur des gros; être juste aussi, penser
aux petits. C'est le temps, pour les villes de banlieue. Montréal a des
chances de recevoir beaucoup. Le Stade olympique, le parc d'amusement s'en vont
tous là, ils ne vont pas ailleurs, alors je pense que ce serait une
façon d'être juste; on va voir si le ministre veut faire un cadeau
à Pointe-aux-Trembles. Ce serait un bon départ, je serais
d'accord, ce matin.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Laplante: Qu'est-ce que cela change? Si la ville de
Montréal est sérieuse actuellement... Ce sont les seuls terrains
qui appartiennent d'abord, première question, à la ville de
Montréal, Pointe-aux-Trembles, avez-vous d'autres terrains comme
cela?
M. Poupart: Les seuls. L'information vous a été
donnée par le représentant...
M. Laplante: Étant donné le
télégramme de la ville de Montréal, ça fait
sérieux. Ils doivent avoir une parole, ces gens-là, qui disent
qu'une partie de ces terrains est déjà transférée
à la CUM - M. le maire siège au comité
d'aménagement, je crois - et qui confirment que ce qui reste de ses
terrains sera en vente incessamment; l'article, vous n'en avez plus besoin,
comme cela. Il faudra, nous autres, être vigilants ici dans le sens que
si jamais Montréal voulait prendre une emprise sur un terrain qu'elle a
acquis dans une ville comme Pointe-aux-Trembles, si elle en demandait jamais
une annexion, je pense que dans la logique, on serait contre, à la suite
de la présentation que vous avez faite aujourd'hui. Mais le terrain va
tomber aux mains des spéculateurs ou d'autres gens, ou la ville
même peut le racheter de la ville de Montréal. Il y a eu assez
d'offres de faites là-dessus aussi.
M. Vanier: M. le Président, d'abord, les terrains dont le
télégramme de la ville de Montréal fait mention n'ont pas
été cédés à
la communauté urbaine, ils ont été payés, il
y a eu des transactions entre la CUM et la ville de Montréal pour
l'acquisition du parc régional de la Rivière-des-Prairies, comme
il y en a eu pour nous, à Pointe-aux-Trembles, pour le boisé
Héritage. Et de un. Deuxièmement, le télégramme ne
fait pas mention du nombre d'acres des terrains qui restent en vente. Je n'ai
pas fait d'expertise, mais dans les coulisses d'entrepreneurs et de
contracteurs, il reste quand même que c'est un nombre important de
mètres carrés promis au développement, et ce que je crains
de voir apparaître, c'est le fait que la ville de Montréal, par le
biais de sa société immobilière, peut être
propriétaire d'un terrain et finalement nous arriver, dans le cas de
notre ville, à partir de cet ex-terrain de golf à
bâtir.
Alors, c'est pour cela que je voudrais que la Commission municipale qui,
de toute façon, dans un litige quelconque va en être saisie, le
soit à partir de cet article-là.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: C'est évident. Que les terrains soient
en vente ou pas, ça n'enlève pas, selon mon avis, la juridiction
de la ville de Pointe-aux-Trembles, c'est situé dans ses limites. Raison
de plus, parce que justement ça avait été acquis dans le
but d'en faire un golf; donc la ville de Montréal avait dû, je
présume, obtenir une autorisation spéciale pour obtenir des
terrains à l'extérieur de son territoire pour pouvoir faire un
golf; là, la ville de Montréal ne veut plus le faire. Raison de
plus pour que la ville de Pointe-aux-Trembles exerce pleine juridiction sur son
territoire.
Alors, je vais dans le même sens que mon collègue de
Verdun. Pour une fois qu'on n'ait pas peur d'imposer au groupe, même s'il
a envoyé un télégramme... M. le ministre, ce n'est pas
tellement important, on en a eu beaucoup de télégrammes dans
d'autres commissions et on n'en a pas tenu compte.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense que la ville
de Pointe-aux-Trembles a déjà le pouvoir de demander une
compensation à la ville de Montréal d'après l'article 205
de la Loi sur la fiscalité municipale et n'a qu'à l'exercer. Sur
ce plan-là, je suis très mal toute l'argumentation de mon
collègue de Verdun, parce que au fond je ne vois pas pourquoi il
s'opposerait à l'annexion du territoire de l'usine Des Baillets à
la ville de Montréal, mais je me pose des questions
là-dessus.
M. Caron: Je ne suis pas d'accord avec l'usine Des Baillets, M.
le ministre.
M. Léonard: Alors, nous avons des objections à
l'adoption de cet article du projet. Pour le reste du projet de loi, nous
l'avons adopté moyennant l'amendement du premier article. Donc, quant au
reste, cela va pour nous, mais pas sur cet article.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Avec mon collègue de Bourassa, je parlais
d'annexion, évidemment. Sur ces terrains-là, il y a un office
municipal d'habitation de Montréal qui s'installe là. J'aimerais
voir ce que vous avez décidé à ce moment-là,
à titre d'exemple, d'une part. M. le ministre, est-ce qu'il y a un appel
si la ville de Pointe-aux-Trembles ne s'entend pas avec la ville de
Montréal? Est-ce qu'il y a un appel actuellement de prévu par
l'article 205 à la Commission municipale, en cas de différend
entre les deux parties. C'est ce que l'article veut dire. S'ils ne s'entendent
pas, il y aura un appel à la Commission municipale; c'est là
l'objectif de cet article; ce n'est que cela. Je comprends que cala prend une
partie des pouvoirs de l'article 205, mais complètement, l'article ici
prévoit que si les deux parties ne s'entendent pas, la Commission
municipale va fixer la compensation.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'article 13? Alors, est-ce que l'article 13 est
adopté?
Des voix: ...
Le Président (M. Rodrigue): Alors, l'article 13 est
rejetée sur division. J'appelle l'étude de l'article 14.
M. Bissonnet: M. le ministre, je m'excuse, sur la question que
j'ai posée, en vertu de l'article 205. Quant à la Commission
municipale, est-ce que c'est prévu explicitement comme cela l'est
là, cela ne l'est pas? C'est pour cela que la ville de
Pointe-aux-Trembles...
M. Léonard: Cela fait trois fois que je le dis, M. le
député, il ne faudrait quand même pas répéter
les choses...
M. Bissonnet: Vous n'avez pas dit... M. Léonard:
... cinquante fois. M. Bissonnet: Non, non.
M. Léonard: Je comprends que le député de
Portneuf voudrait faire cela chaque fois...
M. Bissonnet: Je pense que c'est important, M. le ministre, et si
je me pose la question trois fois...
M. Léonard: ... mais là-dessus...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: ... je dis que l'article 205, c'est la Loi sur
la fiscalité municipale, c'est la ville de Pointe-aux-Trembles qui fixe
la compensation. C'est tout, cela arrête là.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je me permets de mettre
fin au débat sur l'article 13 étant donné qu'il a
été rejeté. Est-ce que l'article 14 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Poupart: Une précision d'un simple mot...
Le Président (M. Rodrigue): M. Poupart.
M. Poupart: ... qui s'adresse simplement au préambule de
la loi. Il y aurait une petite correction à faire. Le parrain de notre
projet de loi me l'a soulignée, c'est un homme qui est très
méticuleux. Pour les...
Le Président (M. Rodrigue): Pourriez-vous attendre une
seconde, s'il vous plaît! Je vais d'abord appeler le vote sur l'annexe,
puis nous reviendrons au préambule. Est-ce que l'annexe du projet de loi
est adoptée?
L'annexe du projet de loi est adoptée.
Alors, M. Poupart, sur le préambule.
M. Poupart: Sur le premier attendu, M. le Président,
"Attendu que la ville de Pointe-aux-Trembles a intérêt à ce
que les limites de son territoire soient modifiées", il faudrait rayer
ces mots-là, parce que cela impliquait d'autres pouvoirs que la ville
avait demandés et qui ont été retirés avant la
réimpression du projet de loi. Alors, pour fins de concordance, vous
pourriez enlever ces mots-là, parce que cela n'a pas rapport avec le
restant du projet de loi.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je veux entendre les
membres de la commission là-dessus.
Une voix: ...
Le Président (M. Rodrigue): Alors, voulez-vous
répéter s'il vous plaît?
M. Poupart: ... le premier attendu. "Attendu que la ville de
Pointe-aux-Trembles a intérêt..." Enlever les mots: "a
intérêt à ce que les limites de son territoire soient
modifiées et que..."
Le Président (M. Rodrigue): Alors cela se lirait: Attendu
que la ville de Pointe-aux-Trembles...
M. Poupart: ... a intérêt à ce que certains
pouvoirs lui soient accordés. Excusez-moi, "a intérêt,
après cela, à ce que certains pouvoirs lui soient
accordés."
Le Président (M. Rodrigue): Alors, le préambule se
lirait comme suit: "Attendu que la ville de Pointe-aux-Trembles a
intérêt à ce que certains pouvoirs lui soient
accordés, Sa Majesté, de l'avis et du consentement de
l'Assemblée nationale du Québec, décrète ce qui
suit:" Est-ce que ce préambule est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Poupart: Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre.
Maintenant, M. le maire de Pointe-aux-Trembles aimerait vous remercier.
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce que le titre du projet de loi sera adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Le titre du projet de loi est
adopté? Est-ce que le projet de loi tel qu'amendé sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. M. le maire
Vanier.
M. Vanier: M. le Président, MM. les membres de la
commission, je vous remercie de nous avoir entendus ce matin. Les contribuables
de ma ville sont très heureux d'une de vos décisions, qui nous
permettra dans notre réaménagement de terrain,
particulièrement dans le parc industriel, d'assurer une relance
économique qui est bien amorcée et dont vous avez facilité
l'essor ce matin. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je remercie les
représentants de la ville de Pointe-aux-Trembles.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 15)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Président (M. Rodrigue): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux.
Je rappelle que son mandat est
d'étudier les projets de loi privés suivants: le projet de
loi privé no 227, Loi concernant la ville de Pointe-aux-Trembles, le
projet de loi privé no 244, Loi modifiant la charte de la ville de
Charlesbourg, le projet de loi privé no 214, Loi concernant la ville de
Mont-Joli, et le projet de loi privé no 249, Loi concernant l'annexion
de certains lots du cadastre de la paroisse de Saint-Raymond à la ville
de Saint-Raymond.
Après l'étude de ces projets de loi, il y aura une
suspension de séance de quinze minutes, puis nous reviendrons pour
aborder l'étude du projet de loi no 37 qui concerne les villes de
Baie-Comeau et Hauterive. J'en profite pour signaler la présence dans
cette salle d'une très forte délégation des citoyens de
Baie-Comeau et de Hauterive.
Projet de loi no 214
Nous allons maintenant aborder l'étude du projet de loi no 214,
Loi concernant la ville de Mont-Joli et j'invite Me Yves Dussault, qui est le
procureur je crois, de la ville de Mont-Joli. Est-ce que c'est exact? J'invite
les représentants de la ville de Mont-Joli à prendre place
à la table qui est en avant de nous. M. le député de
Matapédia sur une remarque préliminaire.
M. Marquis: M. le Président, je voudrais, à titre
de parrain du projet de loi no 214, Loi concernant la ville de Mont-Joli,
souhaiter la bienvenue aux représentants de la ville de Mont-Joli,
d'abord le maire, M. Jean-Louis Desrosiers qui est un habitué des
commissions parlementaires, le procureur, Me Marion Pelletier et le
gérant-greffier, M. Gilles Thibault et vous dire que je portais sur les
fonts baptismaux un couple de jumeaux, comme projets de loi privés, le
projet de loi no 214 que nous allons étudier et le projet de loi no 211.
Cependant, le ministre ayant décidé d'en baptiser seulement un
aujourd'hui, c'est évidemment celui qui est le moins contesté,
comme celui que nous avons adopté ce matin, celui de
Pointe-aux-Trembles.
Je pense que la ville de Mont-Joli est très bien
représentée. Je n'ai pas à faire le panégyrique de
cette ville; c'est la plus importante de mon comté, c'est important de
le dire et, comme toute petite ville qui veut progresser, elle éprouve
certains problèmes et c'est pour vous en soumettre un qu'elle se
présente devant la commission, cet après-midi.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, est-ce qu'il y
a des remarques préliminaires?
M. Léonard: II me fait plaisir de souhaiter la bienvenue
ici aux gens de Mont-Joli et à leur maire. Tout le monde connaît
le dynamisme des gens de la ville de Mont-Joli. C'est d'ailleurs l'une des
municipalités, la seule ville d'une municipalité régionale
de comté, la Mitis, qui vient maintenant d'avoir ses lettres patentes,
si je comprends bien. Elle est dotée d'un aéroport qui lui promet
un avenir, je pense, assez reluisant et, surtout, elle est bien
représentée par son maire que nous avons ici, qui est une
personne particulièrement dynamique du Bas, comme on dit. Cela me fait
plaisir de vous entendre. Nous avons examiné votre projet de loi et
à première vue nous n'y sommes pas opposés. Il reste
encore à savoir pourquoi on veut avoir un projet de loi privé et
on pourra juger aussi des intentions, de l'énoncé de la lettre du
projet de loi. Nous vous écoutons.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull, sur les remarques préliminaires.
(15 h 15)
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je me permets de
souhaiter la bienvenue à un ex-collègue, M. Desrosiers, ainsi
qu'au conseiller juridique de la ville de Mont-Joli, M. Pelletier, et au
greffier, M. Thibault.
Il est agréable et peut-être malheureux pour la ville de
Mont-Joli d'avoir vu l'autre projet de loi retiré. Cela permettra
peut-être davantage certaines consultations tenant compte des annexions
possibles. Je m'aperçois que le ministre des Affaires municipales a
été très sage dans ce contexte-là et
j'espère qu'il le sera autant pour d'autres municipalités du
Québec.
Je suis très heureux de la demande de la ville de Mont-Joli. Nous
allons pouvoir examiner avec elle la question de l'autoriser à
acquérir certaines parties de terrains qu'il est sage de prévoir.
M. le maire, nous procédons au voeu du président de vous entendre
immédiatement.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que ce sera M. le maire
ou M. Pelletier qui parlera? M. le maire.
M. Desrosiers (Jean-Louis): Oui. M. le Président,
Messieurs les membres de la commission parlementaire, nous vous remercions de
nous recevoir et, pour nous, la ville de Mont-Joli, il n'y a pas de doute,
c'est un projet de loi très important. Il est sûr que, pour vous,
c'est peut-être moins important, mais je pense qu'il y a d'autres maires
dans cette salle et il y en a d'autres qui plaideront après moi.
Lorsqu'on est maire d'une petite ville, un peu à votre image, nous
essayons de faire la meilleure gestion publique en faisant des consultations
qu'on pense nécessaires de faire et en en oubliant certaines autres
qu'on ne pense pas nécessaire de faire.
Le but de ce projet de loi que nous
déposons devant vous est très clair et je pense que je
parle ici non seulement pour la ville de Mont-Joli mais peut-être aussi
pour plusieurs villes de l'ensemble du Québec. Si nous sommes la
première ville de l'Est du Québec à demander pareils
pouvoirs, je pense que vous aurez d'autres villes qui vont suivre nos traces,
et qui vont demander des pouvoirs semblables.
Et pourquoi? Parce que ce projet de loi a un but qui est double. Le
premier but est d'utiliser rationnellement le territoire. On me répondra
que la loi no 125 existe et vous avez un répondant tout près de
vous qui pourra le faire mieux que moi, je le sais. Mais ce n'est pas pour
cette raison-là qu'on prétend utiliser rationnellement le
territoire. Le deuxième but, c'est l'amélioration du logement.
Vous me direz qu'il y a une abondante réglementation qui existe
présentement et qui permet de pourvoir à ce besoin
d'amélioration du logement, mais je pense que l'entendement que nous
voulons donner permettra de mieux comprendre lorsque Me Pelletier fera le
déballage légal de ce projet de loi.
Pour nous, il est clair que nous voulons d'une part utiliser
rationnellement le territoire, pas celui des voisins. Je pense que ce n'est pas
le temps de parler de nos voisins aujourd'hui, M. le ministre a enlevé
le projet de loi no 211; restons alors au projet no 214, ce qui circonscrit mon
propos au territoire effectif et réel de Mont-Joli seulement.
Alors, pour le territoire, l'histoire de Mont-Joli est simple. Si M. le
Président me le permet, je vais lui dire que nous avons
déjà 100 ans. On ne paraît peut-être pas notre
âge, mais nous avons quand même certains problèmes de
vieillesse. La superficie mont-jolienne est de 750 hectares, ce qui n'est pas
tellement grand. Je vous prierais de remarquer que ces 750 hectares, lorsque
nous reviendrons devant vous avec peut-être un projet de loi no 211
amélioré, nous en reparlerons, parce que nous voulons les 1400
hectares qu'on nous a enlevés il y a 75 ans. Mais c'est
irrégulier, je le sais d'en parler à ce moment M. le
Président, je n'en parle donc plus.
Nous sommes en population 6300, nous avons déjà
été 7200. Il y a des raisons pour lesquelles nous sommes
descendus, nous avons perdu une certaine partie de notre population. Ce
territoire, nous voulons l'utiliser correctement. Qu'en est-il? Je pense qu'il
serait absolument inutile et inapproprié de vouloir nous donner la
sanction d'un projet de loi qu'on plaide, si, de fait, nous n'utilisons pas le
territoire d'une façon que je pense correcte. Présentement, 85%
du territoire mont-jolien est bâti, utilisé, occupé. Il en
reste 15%, et ces 15% peuvent se distribuer en deux portions à peu
près égales, l'une munie de toutes les infrastructures de
services de voirie d'aqueduc et d'égouts, et l'autre sans aucune
infrastructure.
Ce qui gouverne le gestionnaire public, c'est de l'amener à
rentabiliser davantage ce dont il se préoccupe, l'intérêt
du contribuable, en exigeant de lui la portion la moins grande en assiette
fiscale, mais en lui donnant un retour de service le meilleur possible. La
ville de Mont-Joli l'a fait cet exercice, au niveau de l'utilisation
résiduelle du territoire, 15%. Nous avons de fait, investi plus de - je
pense qu'il y a des maires ici, même parmi les députés,
j'en vois un devant moi, il y en a trois même, bien oui et à ceux
qui pourront faire une deuxième carrière aussi de ce
côté-là.
M. Léonard: M. le maire, il y a un préfet de
comté de votre coin, Gaspé.
M. Desrosiers: Alors, au niveau des infrastructures, la ville de
Mont-Joli a investi à même ces données, au-delà de
500 000 $ pour pourvoir un secteur de terrain qui pourrait être loti dans
l'avenir. Quel en a été le résultat? De vouloir avec les
lois actuelles, sans le projet de loi qui est soumis devant vous, mais avec les
lois actuelles. Quel résultat avons-nous obtenu comme gestionnaires
publics? La spéculation s'est carrément emparée de ce
territoire, que nous avions muni des infrastructures nécessaires. Cela a
totalement freiné le développement et cela a amené, par
voie de conséquence, un fardeau fiscal non productif. Nous avions de
bonne foi investi de ce côté-là et nos propres
contribuables aujourd'hui nous reprochent presque de l'avoir fait.
Et, par voie de deuxième conséquence, qu'est-ce que cela a
donné? Cela a donné l'étalement urbain, dont un jour on
vous reparlera. C'est que tout le monde va se construire en dehors, en dehors
du territoire dont je dois parler aujourd'hui. Alors, voilà les
résultats de l'application des règles qui nous gouvernent
présentement. Nous prétendons qu'avec ce nouveau projet de loi,
on pourrait comme ville, comme gestionnaire de devis public, avoir une main
beaucoup plus forte pour mieux utiliser le territoire et rendre compte d'une
gestion plus adéquate auprès des contribuables.
Le deuxième but du projet de loi est au niveau du logement. Nous
voulons, par ce projet de loi, améliorer le logement. Voyons
l'application qu'on pourrait en faire. Au niveau des personnes
âgées, déjà la municipalité de Mont-Joli a
pourvu un certain secteur pour les personnes âgées. Nous avons de
fait 80 unités de logement opérationnel. Nous nous sommes
préoccupés des personnes à faible revenu et à
revenu modique: nous avons 110 unités de logement pour cette
clientèle particulière. Mais reste peut-être le secteur le
plus important, le
plus oublié. Je le sais, comme gestionnaires, on ne l'oublie pas
quand on envoie le compte de taxe. Mais je sais, par exemple, comme
gestionnaire public que c'est celui qu'on oublie peut-être le plus
souvent, c'est le secteur du petit propriétaire. Qu'avons-nous fait pour
lui? Rien, M. le Président, on ne le pouvait pas. Pourquoi? Parce qu'on
n'avait pas les pouvoirs de le faire et l'entreprise privée dans un
secteur comme le nôtre, dans un territoire comme le nôtre,
où il faut se battre pour faire du développement, on doit avoir
des moyens de lutter. Il faut que celui qui est à la tête d'une
ville, entouré des gens de sa ville, des commerçants, des
industriels, puisse lutter, de concert avec les autorités
gouvernementales pour développer. Autrement, ça ne vient pas. On
pense que le Père Noël, ça fait longtemps qu'il est
passé par chez nous. Alors, on a décidé d'être
nous-mêmes le Père Noël et on pense qu'on peut avoir du
succès dans cette vocation.
Au niveau du petit propriétaire, si on pouvait, par ce projet de
loi, lui permettre une accessibilité plus grande aux logements, parcs
que nous sommes centenaires - c'est mon dernier point, M. le Président,
je ne voudrais pas être long, je sais que les gens dans la salle sont ici
pour d'autres occupations, je pense que ce projet de loi pourra peut-être
les intéresser un jour aussi - parce que nous avons cent ans, parce que
nous sommes une ville séculaire, la vétusté des logements
crée certains problèmes que nous ne sommes pas capables de
régler avec les lois et les règlements qui nous gouvernent.
Comment pourrions-nous présentement éliminer carrément,
avec un pouvoir qu'on aurait, des structures désuètes au niveau
du logement, pour donner totalement de nouvelles vocations. Tous les maires
savent que cela arrive, on pourrait profiter de vieux quartiers, de vieilles
bâtisses, qui sont carrément à démolir et on
pourrait, si on avait le pouvoir, s'en porter acquéreurs et leur donner
de nouvelles vocations. On pourrait aussi éliminer, pour créer,
de toutes pièces, de nouvelles constructions, de nouveaux logements.
Vous allez répondre, c'est la ville qui devient entrepreneur,
mais non, il y a une corporation déjà prévue dans le
projet de loi, qui pourrait y pourvoir. On pourrait aussi, par mode incitatif,
prévoir que l'entreprise privée continuerait à jouer son
rôle, mais là, on aurait des instruments pour travailler. Ce
projet de loi, M. le Président, est un outil de travail que nous vous
demandons. Nous pensons qu'il est indispensable, essentiel, nous avons
même envie de vous dire, M. le Président, qu'il faudra
peut-être penser le donner à toutes les municipalités du
Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle maintenant
l'étude de l'article 1 du projet.
Auparavant, est-ce qu'il y aurait des remarques à formuler sur le
préambule? Cela va. Sur l'article.
M. Léonard: Nous sommes conscients qu'il y a plusieurs
municipalités qui constituent des centres, des petites villes, dans des
régions rurales comme la vôtre, où se posent les
mêmes problèmes qu'ailleurs dans d'autres villes et ça
tourne toujours autour de l'organisation d'un centre-ville intéressant
qui attire l'industrie, qui permet d'y habiter aussi, à des coûts
pas trop élevés pour l'ensemble de la population. Effectivement,
il y a tout le phénomène de la spéculation foncière
qui joue.
Alors, le fait de donner à une municipalité le pouvoir
d'acquérir des réserves foncières dans ce contexte, je
pense que c'est un des dispositifs les plus intéressants qui concerne la
rénovation de centre-ville. C'est vrai pour un ensemble de villes au
Québec et nous sommes justement en train d'examiner toute cette question
de la rénovation des centre-ville dans les villes du Québec,
à Montréal comme dans les petites villes. Toutes sont
frappées de ce problème de spéculation foncière du
fait qu'il y a des vides importants qui se créent à
l'intérieur de leurs limites et pour lesquels elles rendent quand
même des services municipaux qui coûtent des sous à
l'ensemble des contribuables. C'est dans ce contexte que nous sommes favorables
à l'adoption de votre projet de loi, de façon
générale. Cependant, malgré ce que j'ai dit tout à
l'heure, on m'a signalé, paraît-il, qu'il y aurait une faute de
frappe ou de français, je ne sais pas si on l'a retrouvée.
Le Président (M. Rodrigue): À quel article?
M. Léonard: C'est à l'article 2. Nous pourrons
proposer cela en étudiant l'article 2.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, est-ce que
l'article 1 est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. J'appelle
l'étude de l'article 2. Sur l'article 2, est-ce qu'il y a des
remarques?
M. Léonard: Oui. À la cinquième ligne de
l'article 2, dans certains textes, pas dans tous, le premier mot,
"érigés", s'écrit avec un "s" et non avec un "r".
Le Président (M. Rodrigue): Cette correction sera-t-elle
adoptée?
M. Léonard: C'est une correction de forme,
adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. L'article 2
sera-t-il adopté?
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Article 2, adopté.
J'appelle l'étude de l'article 3.
M. Léonard: Adopté, quant à nous.
Le Président (M. Rodrigue): Cet article sera-t-il
adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Article 3, adopté.
J'appelle l'étude de l'article 4.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet article sera
adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 5.
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 6.
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 7.
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 7 est adopté
également. J'appelle l'étude de l'article 8.
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 8 est adapté.
J'appelle l'étude de l'article 9.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 10.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 10 est
adopté. Est-ce que le titre du projet de loi no 214, Loi concernant la
ville de Mont-Joli, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je voudrais seulement faire
remarquer au maire que, dans son préambule, il nous a dit que
c'était une petite municipalité. C'est peut-être une petite
municipalité, je ne connais pas très bien Mont-Joli, mais c'est
un maire très dynamique, d'après l'exposé qu'il nous a
fait. (15 h 30)
Le Président (M. Rodrigue): Le projet de loi est-il
adopté dans son ensemble? Adopté.
Je remercie les représentants de la ville de Mont-Joli et
j'invite maintenant les représentants de la paroisse et de la ville de
Saint-Raymond, de Portneuf, à prendre place à la table devant
nous.
Projet de loi no 249
Nous étudierons le projet de loi no 249, projet de loi
privé, Loi concernant l'annexion de certains lots du cadastre de la
paroisse de Saint-Raymond à la ville de Saint-Raymond. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Très
brièvement, je voudrais vous présenter et présenter
à M. le ministre et à mes collègues de la commission
parlementaire M. le maire de la ville de Saint-Raymond, M. Richard Corriveau,
accompagné des procureurs du bureau Tremblay, Morisset et
Associés, soit Me André Lemay et Me Harvey, qui sont avocats.
Essentiellement, M. le Président, le but du projet de loi 249
vise strictement à corriger une omission juridique qui est survenue en
1964. Le projet de loi vise à l'acceptation par le législateur,
sur une base rétroactive, de l'annexion de certains lots du cadastre de
la municipalité de la paroisse de Saint-Raymond par la ville de
Saint-Raymond.
À la lecture du projet de loi et des motifs du préambule,
vous serez à même de constater que les deux municipalités,
par règlement, s'étaient entendus pour distraire du territoire de
la municipalité de la paroisse une partie de son territoire au
bénéfice de la municipalité de la ville, que les
règlements appropriés ont été adoptés en
1963 et 1964. Le tout a été transmis au
lieutenant-gouverneur en conseil pour publication dans la Gazette officielle du
Québec.
Malheureusement, cette publication ne s'est jamais faite et, compte tenu
que la Gazette officielle ne semble pas être le livre de chevet de
plusieurs personnes au Québec, les municipalités ont, pendant
toutes ces années, fonctionné comme si le règlement avait
été publié par le lieutenant-gouverneur. Or la ville de
Saint-Raymond est une municipalité dynamique, progressive. La
municipalité a aménagé les lots qui font l'objet du projet
de loi, et ce projet de loi vise à donner entière juridiction
à la ville de Saint-Raymond sur le territoire qui est mentionné
en annexe au projet de loi no 249. Ce sont les commentaires que j'ai à
faire, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Avant de passer aux remarques
préliminaires du ministre et du représentant de l'Opposition, je
veux signaler aux personnes qui veulent présenter des mémoires ou
enfin, faire la présentation de projets de loi, que nous allouons 20
minutes pour la présentation des mémoires ou des projets. J'avais
omis de le faire auparavant, mais je pense qu'il n'est pas inutile de le
rappeler à ce stade-ci. M. le ministre, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires à formuler sur le projet de loi no
249?
M. Léonard: Je vais d'abord souhaiter la bienvenue au
maire de Saint-Raymond ainsi qu'à ses officiers. Nous avons
examiné ce projet de loi. Je pense qu'il n'y a aucune objection, surtout
que le fond de ce projet de loi en est un provenant d'une omission qui aurait
été faite ici à l'Assemblée nationale. Si je
comprends bien, même les frais pourraient être absorbés par
l'Assemblée nationale en cette occasion.
M. Pagé: Dans l'essentiel, la motion que je m'attendais de
faire, c'était une intervention afin de demander au ministre que le
gouvernement assume ces frais.
M. Léonard: Enfin, il s'agit de valider quelque chose qui
a déjà été adopté mais, parce qu'il y a eu
omission de publication, nous sommes obligés de recommencer.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Nous sommes en parfait accord afin de régler
ce problème qui existe déjà depuis trop longtemps. Nous
souhaitons sûrement que le gouvernement tienne compte des frais et les
absorbe à l'intérieur de son énorme budget.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, est-ce que vous
auriez des remarques à formuler?
M. Corriveau (Richard): Je vais laisser la parole à notre
procureur.
M. Lemay (André): Les membres de la commission ont bien
compris l'objet du projet de loi, ce serait paraphraser le whip en chef M.
Pagé que de reprendre l'historique. C'est une irrégularité
technique au niveau de la publication, on sait bien que l'entrée en
vigueur d'un règlement d'annexion est directement reliée à
la publication de la Gazette officielle. Donc, tant qu'il n'y a pas de
publication, il n'y a pas d'annexion au niveau légal. Or, depuis 1964,
la ville de Saint-Raymond perçoit des taxes sur les lots annexés
et ce le serait illégalement. C'est dans ce sens-là que le projet
de loi vise à régulariser l'annexion de façon
rétroactive et c'est dans ce sens-là qu'il y a un article du
projet de loi, l'article 3, qui prévoit l'entrée en vigueur de
l'annexion au 1er avril 1964. Je pense que, quant aux indications techniques
pour la description du territoire, il y a eu des relevés d'arpenteurs
qui sont précis et je vous ferai remarquer que la municipalité de
la paroisse a été consultée, il y a une résolution
qui a été déposée avec le projet de loi attestant
que le conseil municipal de la paroisse n'a pas d'objection à l'adoption
du projet de loi.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie, est-ce que
le préambule du projet de loi est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Sur le préambule?
M. Léonard: Sur le préambule, oui.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: Bien sûr, l'article 1...
Le Président (M. Rodrigue): Sur le préambule?
M. Léonard: Sur le préambule, oui,
adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Le préambule est
adopté.
J'appelle l'étude de l'article 1, M. le ministre.
M. Léonard: Oui, nous avons un amendement à
apporter et nous remplacerions l'article 1 par le suivant, je pense que ce sont
plutôt des amendements
de forme ou autre chose, ça se lirait comme suit: "Le territoire
décrit à l'annexe est détaché de la
municipalité de la paroisse de Saint-Raymond et est annexé
à la ville de Saint-Raymond." Vous aviez écrit la
municipalité de la ville de Saint-Raymond. On dit la ville de
Saint-Raymond.
M. Rocheleau: Cela nous convient.
Le Président (M. Rodrigue):
L'amendement est adopté? Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 1 tel
qu'amendé est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 2.
M. Léonard: À l'article 2, les mêmes
modifications sont apportées. Si je relis l'article 2, il se lirait
comme suit: "Le défaut de juridiction du maire, des conseillers et des
fonctionnaires de la ville de Saint-Raymond entre le 1er avril 1964 et
l'entrée en vigueur de la présente loi sur le territoire
décrit à l'annexe n'est pas une cause de nullité des actes
accomplis par ces personnes dans l'exercice des fonctions de membres du conseil
ou de fonctionnaires de la ville."
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet amendement sera
adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue):
L'amendement est adopté. Est-ce que l'article 2, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 2, tel
qu'amendé, est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 3.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 3 est
adopté.
J'appelle l'étude de l'article 4.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 4 est
adopté.
J'appelle l'étude de l'annexe.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'annexe au projet de loi est
adoptée.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, brièvement avant
que l'ensemble du projet de loi ne soit adopté, je voudrais demander au
ministre des Affaires municipales, compte tenu que l'obligation pour la
municipalité de présenter aujourd'hui un projet de loi
privé que j'ai accepté de piloter est uniquement le
résultat d'une omission du législateur, je voudrais demander,
dis-je, que le projet de loi puisse être adopté sans aucun frais
à charge de la municipalité, M. le Président, le tout sans
frais.
M. Léonard: Dans le cas où il s'agit d'une omission
du législateur, l'Assemblée nationale paie les frais de
rédaction, d'impression du projet de loi.
M. Pagé: C'est environ 200 $ la page. M.
Léonard: Ici à l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Merci.
Cela va compenser pour le fait que la municipalité vient de
recevoir un chèque de 26 000 $ de moins qu'il croyait recevoir.
M. Léonard: Ils en ont eu d'autres et plus
élevés qu'ils pensaient recevoir.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que le titre du projet
de loi no 249 intitulé Loi concernant l'annexion de certains lots du
cadastre de la paroisse de Saint-Raymond à la ville de Saint-Raymond est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que le projet de loi
tel qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je remercie les
représentants de la ville de Saint-Raymond.
M. le maire.
M. Corriveau: M. le ministre, mesdames et messieurs membres de la
commission, au nom des citoyens de la ville de Saint-Raymond, je tiens à
vous remercier de la diligence que vous avez manifestée à
l'étude de notre projet de loi qui en fait, annexe une partie du
territoire de la paroisse de Saint-Raymond, laquelle partie du territoire sert
réellement à la communauté de toute la région du
comté nord de Portneuf, puisque cette partie-là sert entre autres
à un site d'enfouissement sanitaire qui dessert neuf
municipalités, et l'autre partie en vue de l'établissement d'un
parc industriel.
Je tiens également à vous remercier de nous exempter des
frais qu'encourt la présentation de ce projet de loi et je me ferai un
plaisir ce soir, lors de la
présentation de mon budget, d'indiquer à la population ce
geste de la commission parlementaire.
Et en dernier, je voudrais remercier Me Pagé,
député de Portneuf, d'avoir bien voulu accepter de parrainer
notre projet de loi privé. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je vous remercie
messieurs.
Projet de loi no 244
J'invite maintenant les représentants de la ville de Charlesbourg
à prendre place à la table qui est devant nous pour
l'étude du projet de loi no 244, projet de loi privé, Loi
modifiant la charte de la ville de Charlesbourg.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Chauveau qui va parrainer ce projet à la place du député
de Charlesbourg.
M. Brouillet: M. le Président, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue aux représentants de la ville de Charlesbourg et
de les présenter aux membres de cette commission parlementaire: M. le
maire, Pierre Bernier, le procureur de la municipalité M. Yves Dussault
ainsi que le greffier M. Rosaire Godbout.
Le projet de loi que nous avons devant nous vise à apporter
quelques modifications à la charte de la ville de Charlesbourg. C'est
surtout pour répondre à certains problèmes d'ordre
administratif et à quelques-uns d'ordre légal que ces amendements
sont demandés à cette commission et tout ceci vise
essentiellement à rendre encore plus efficace l'administration de cette
ville. C'est donc avec plaisir que je parraine ce projet de loi.
M. Léonard: Je voudrais souhaiter la bienvenue au maire de
Charlesbourg. Nous avons examiné avec nos fonctionnaires le projet de
loi. Nous avons certaines observations à vous faire. J'aimerais
cependant que vous fassiez peut-être auparavant un tour d'horizon sur les
raisons qui vous amènent à présenter le projet de loi.
Nous ferons des remarques par la suite. Soyez donc les bienvenus, nous vous
écoutons.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): Je m'excuse. M. le
député de Hull, et, après cela, nous vous passerons la
parole.
M. Rocheleau: Nous vous souhaitons la bienvenue au nom de
l'Opposition. Nous allons sûrement entendre et favoriser le projet de loi
244, afin de permettre à la ville de Charlesbourg de pouvoir vaquer
à ses occupations et de poursuivre la bonne gestion qu'elle a
donnée à ses contribuables au cours des dernières
années.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Bernier (Pierre): M. le Président, M. le ministre,
messieurs, je voudrais d'abord remercier dans un premier temps M. Brouillet, le
député de Chauveau, qui a accepté de remplacer un peu au
pied levé M. de Belleval, qui est présentement à
l'extérieur de la province par affaires. En fait, comme M. le
Président le mentionnait tantôt, il s'agit simplement et surtout
d'amendements à la charte de la ville de Charlesbourg, qui existe depuis
1975 et qui a été, à toutes fins utiles, pondue à
ce moment-là en prévision de la fusion dont la loi est
entrée en vigueur le 1er janvier 1976. Il s'agit principalement, M. le
Président, de corriger certaines lacunes qui existent sur le plan
administratif et aussi de corriger et d'améliorer certains aspects
légaux de notre réglementation actuelle. Donc, comme
préambule, j'en resterai à cela. (15 h 45)
On pourrait peut-être passer à l'étude de la loi
article par article. Au premier article, j'aurais certains ajustements à
vous mentionner immédiatement.
Le Président (M. Rodrigue): Le préambule de ce
projet de loi est-il adopté tel quel?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Le préambule au projet
de loi est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 1, M. le maire.
M. Bernier: On demande par l'article 1, M. le Président,
essentiellement que l'article 15 de la charte de la ville de Charlesbourg soit
remplacé par celui qui apparaît au projet de loi. Il s'agissait
essentiellement d'une forme d'exemption pour la ville de Charlesbourg à
suivre les prescriptions générales de la loi 125 en
matière de consultation et d'approbation du plan d'urbanisme et des
règlements qui en découlent. Il faut peut-être dire que cet
article 15 avait été inscrit dans la charte, comme je le
mentionnais tantôt, dans la loi 91 de 1975, à l'époque
où la transparence en milieu municipal était peut-être
moins à la mode qu'aujourd'hui. À toutes fins utiles, la ville de
Charlesbourg avait été exclue du processus normal prévu
à la Loi sur les cités et villes, à l'article 426-1, qui
obligeait le contribuable ou qui permettait au contribuable de s'opposer
à un règlement de
zonage ou de bloquer un règlement de zonage, comme cela existe
dans d'autres sphères de juridiction. On a, la semaine dernière,
envisagé la possibilité d'éliminer complètement cet
article, pour des raisons très évidentes de démocratie. Je
tiendrais à préciser que le projet de loi avait connu son origine
en mai 1980, alors que nous n'étions pas encore en fonction. Comme je le
mentionnais tantôt, c'était le complément d'un article qui
avait été inscrit dans la charte en 1975, mais je pense que la
venue, entre autres, de la loi 125 et afin d'atteindre pleinement les objectifs
poursuivis par cette loi, lors d'une assemblée spéciale du
conseil, hier soir, j'ai été autorisé à vous
mentionner que nous retirons complètement le contenu de l'article 1 du
projet de loi 244.
M. Léonard: Si je comprends bien, vous vous conformeriez
aux dispositions de la loi 125.
M. Bernier: Tout simplement. D'ailleurs, M. le Président,
si vous me permettez, là-dessus, dans la loi 125, aux articles 261 et
262, l'article 261 abrogeait l'article 15 de la charte de la ville de
Charlesbourg, mais l'article 262 ajoutait que l'abrogation ne prendrait effet
qu'une fois que le pouvoir qui nous était conféré par la
charte aurait été exercé. Par la suite, on devait se
conformer à la loi générale.
En retirant l'article 1, M. le Président, je proposerais à
la commission que l'article 262 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme - je réfère au chapitre 51 des lois de 1979 - soit
abrogé. Je pense que ça régulariserait simplement la
situation.
M. Léonard: Si je comprends bien, vous proposez de retirer
le paragraphe 13 de l'article 261 et l'article 262.
M. Bernier: C'est-à-dire qu'à l'article 261...
M. Léonard: Ah non.
M. Bernier: ...on prévoit déjà que l'article
15 de la charte est abrogé, mais la réserve...
M. Léonard: D'accord, ça va. M. Bernier:
...quant à...
M. Léonard: C'est l'article 262 qui est retiré.
M. Bernier: L'article 262.
M. Léonard: On est d'accord. On peut retirer l'article 262
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, parce qu'il s'agit d'une
disposition spéciale concernant la ville de Charlesbourg. C'est possible
de le faire, d'après les juristes qui...
M. Bissonnet: C'est dans la loi 125? M. Léonard:
Oui.
M. Bissonnet: Pas ici. Vous pouvez peut-être vous engager
à le soumettre...
M. Léonard: Mais on me dit que ça peut se
faire.
M. Bissonnet: Une loi se modifie par une autre loi. Je ne sais
pas si ça peut se modifier à l'intérieur...
Le Président (M. Rodrigue): On va faire une
vérification sur la recevabilité de cette question.
M. Bissonnet: ...modifie une loi d'intérêt
public.
M. Léonard: Oui, mais comme il s'agit d'une disposition
particulière, nous pouvons le faire. L'article 1 sera remplacé
par une proposition d'abrogation de l'article 262 de la loi 125.
Le Président (M. Rodrigue): Si vous permettez, nous allons
suspendre l'étude de l'article 1 pour passer à l'étude de
l'article 2 et nous y reviendrons par la suite, lorsque nous aurons un texte
d'amendement. Cela va, M. le ministre?
J'appelle l'étude de l'article 2. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Léonard: Adopté, quant à nous.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Léonard: Un instant! Oui, adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. L'article 2 est
adopté.
M. Léonard: Tel quel.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle l'étude de
l'article 3.
M. Léonard: Nous aurions une modification. Si la ville
peut s'expliquer sur l'article 3.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, est-ce que vous
voulez intervenir sur l'article 3?
M. Bernier: À toutes fins utiles, il s'agit simplement
d'un ajout à un pouvoir qui nous avait été consenti en
1977 par le
chapitre 87 des lois de cette année-là, pour
acquérir certains immeubles qui sont situés à
l'extérieur du territoire de la ville de Charlesbourg. Quant à
l'article 3, étant donné que l'article 2 ne semble pas poser de
problème, c'est strictement à cause de la topographie des lieux,
à toutes fins utiles, et l'acquisition de la parcelle de terrain qui est
décrite en annexe faciliterait l'accès à la base de plein
air qui est concernée par cette demande.
Le Président (M. Rodrigue): Avez-vous le texte de
l'amendement qui est devant nous, cette feuille-ci? Est-ce qu'on vous a remis
ce texte?
M. Bernier: On ne l'a pas.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce qu'on pourrait la
remettre aux représentants de la ville de Charlesbourg?
M. Bernier: Nous en avons été informés.
Le Président (M. Rodrigue): Vous en avez été
informés.
M. Bernier: En principe, nous n'avons aucune objection
là-dessus.
Le Président (M. Rodrigue): Très bien, merci.
M. le ministre.
M. Léonard: Est-ce que vous voulez qu'on relise
l'amendement? Dans la parenthèse (insérer ici le numéro de
chapitre du projet de loi 244), il faudrait lire à la place
(insérer ici le numéro de chapitre du projet de loi no 244 de
1981), fermer la parenthèse. Ensuite, "des lois de 1981 aux fins
d'organiser et d'exploiter, etc."
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet amendement sera
adopté?
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais peut-être
ajouter un commentaire.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je m'aperçois que concernant l'article 3,
nous avons reçu il y a quelques instants une copie conforme du Conseil
de la corporation municipale du Lac-Saint-Charles, concernant la partie de
territoire que vous annexez. Cela fait suite à une consultation et
à une acceptation des deux municipalités. Je pense qu'on doit
vous féliciter de consulter les gens à savoir s'ils acceptent de
laisser une partie de leur territoire aux fins de développement de
d'autres municipalités.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'amendement
à l'article 3 sera adopté?
M. Rocheleau: Adopté. M. Léonard:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue):
L'amendement à l'article 3 est adopté. Est-ce que
l'article 3 tel qu'amendé sera adopté?
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 3 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'étude de l'article 4.
Est-ce qu'il y a des remarques là-dessus? L'article 4 est-il
adopté?
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 5. L'article 5 est-il adopté?
M. Léonard: Non, un instant! J'aurais des questions
à poser à M. le maire de Charlesbourg. Évidemment,
l'article 5 prévoit certaines dispositions qui concernent le chef de
cabinet du maire d'une ville. Jusqu'ici ces dispositions n'ont pas
été accordées à des municipalités qui nous
l'ont demandé; ce serait un précédent et nous sommes
sûrs et nous pensons aussi que, si nous accordons ce
précédent à l'heure actuelle, cela va s'étendre
avec beaucoup de vitesse à un ensemble de municipalités.
Par ailleurs, ce n'est pas que nous sommes contre cet article ou cette
disposition, mais je crois cependant qu'avant d'ouvrir là-dessus, il
faudrait une consultation à mon avis avec l'Union des
municipalités du Québec, l'Union des conseils de comté des
municipalités locales du Québec et, si nous avions à
adopter une telle disposition, il faudrait, je pense, qu'elle soit
accordée à l'ensemble des villes du Québec.
Le Président (M. Rodrigue): Y a-t-il d'autres remarques?
M. le maire, est-ce que vous vouliez intervenir?
M. Bernier: Je suis d'accord, M. le Président, avec ce que
M. le ministre mentionne en ce sens qu'il s'agit peut-être d'une
disposition qui devrait trouver une application générale.
Par contre, quant au bien-fondé de cette demande que nous
formulons aujourd'hui à l'intérieur du projet, je pense qu'il
faut nettement distinguer à l'intérieur d'une structure
municipale, comme d'ailleurs à d'autres niveaux, le rôle ou le
caractère
du rôle d'une personne qui est appelée à remplir
cette fonction de chef de cabinet ou de secrétaire exécutif
à la mairie, appelons-le comme on voudra, rôle qui n'est tout de
même pas exclusivement administratif, comme c'est le cas pour les autres
employés d'une municipalité, rôle qui rejoint ou qui a tout
de même une certaine dimension politique.
J'espère, M. le ministre, que, si des consultations doivent
être menées auprès de l'UMQ ou d'autres organismes ou
corporations, cet aboutissement pourrait être assez prochain, parce que
je sais que dans d'autres municipalités aussi, évidemment, on est
un peu confronté avec ces dispositions de 1971-1972 de la Loi sur les
cités et villes qui, à toutes fins utiles, permettent aux
catégories d'employés qui sont décrites à la Loi
sur les cités et villes un recours à la Commission municipale,
donc, par ricochet, une espèce de statut de permanence pour une fonction
qui, quant à nous - c'est ce que nous vous soumettons humblement - ne
devrait pas justement comporter cette notion de permanence, étant
donné que la personne qui remplit ce rôle est tout de même
très intimement liée aux politiques ou aux hommes politiques en
place.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: Encore une fois, ce n'est pas que nous nous
opposons au fond de la demande. Je pense cependant qu'elle mérite encore
des discussions et que ces discussions pourraient se situer à un niveau
plus général, parce que, au fond, n'importe quelle ville, ce
n'est pas mauvais en soi, pourrait faire la même demande. Je pense que la
demande recèle assez de bien-fondé qu'on peut l'examiner dans un
cadre tout à fait général. Je pense que vous aussi,
vous...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Disons, M. le maire, que je n'ai pas d'objection
à ce que l'on mette l'article 5, en veilleuse, d'autant plus que le
ministre vient de mentionner qu'il souhaitait consulter l'Union des
municipalités ou d'autres intervenants. Il ne faudrait pas le brimer
dans ses habitudes de consulter. J'espère que cela va se multiplier
à d'autres niveaux aussi. Nous acceptons le retrait de cet article.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 5 est retiré.
J'appelle l'étude de l'article 6.
M. Léonard: C'est en concordance avec l'article 5; je
pense qu'il est retiré.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 6 est-il
également retiré, M. le maire?
M. Bernier: Je pense que, logiquement, il faudrait le faire, M.
le Président.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 6 est retiré.
J'appelle l'étude de l'article 7. Est-ce que c'est la même chose?
J'appelle l'étude de l'article 7. (16 heures)
M. Bernier: Ce sera peut-être, M. le Président la
même chose comme résultat, mais, tout au moins, j'aimerais vous
expliquer ou au moins reprendre le contenu du mémoire qui a
été distribué aux membres de la commission. Il s'agit,
à toutes fins utiles, de l'uniformisation de la procédure
à suivre et de certaines précisions qui devraient être
apportées quant à cette procédure aux fins d'application
d'un règlement municipal relatif à la circulation et au
stationnement ainsi qu'au Code de la route.
Les règles générales à ce sujet sont
prévues à l'article 412, paragraphe 20, de la Loi sur les
cités et villes. Cette procédure a été
amendée sous deux aspects fort importants, par le projet de loi no 39
sanctionné en juin 1979, à son article 78 plus
particulièrement. Ces récents amendements ont eu notamment pour
objet de prévoir, d'une part, que le billet d'infraction émis par
un agent peut avoir le même effet qu'une sommation dûment
signifiée et, d'autre part, que, dans les cas où un avis sommaire
est transmis par la poste, les frais qui peuvent être
réclamés sont de 5 $ plutôt que 2 $, comme c'était
le cas antérieurement.
Le Code de la route, par contre, n'a pas été amendé
dans le même sens. L'article 99 du Code de la route prévoit que le
billet d'assignation peut avoir l'effet d'une sommation signifiée, mais
à des conditions différentes de celles prévues par la Loi
sur les cités et villes.
Quant à l'article 98 du Code de la route, il prévoit que
les frais de l'avis préalable sont de 2 $ comparativement aux 5 $
prévus dans la Loi sur les cités et villes dont je viens de
parler.
Ces différences, M. le Président, entre les deux lois
concernées amènent évidemment chez nous comme ailleurs,
j'en suis sûr, d'importants problèmes pratiques dans leur
application quotidienne tant par les policiers municipaux que devant et par la
Cour municipale. Les policiers qui, par exemple, interceptent un
véhicule automobile pour une infraction à un règlement
municipal concernant la circulation et le stationnement ont
régulièrement à émettre deux billets d'infraction,
si on veut, en même temps ou simultanément, un pour infraction au
Code de la route, l'autre pour infraction à une réglementation
municipale. Il nous apparaît donc illogique pour le moins que, dans
un
cas, le billet d'assignation puisse avoir l'effet d'une sommation tandis
que, dans l'autre cas, il doit y avoir en surplus un avis sommaire, sommation
etc.
D'autre part, il nous semble également illogique dans ce contexte
que les frais d'avis sommaire soient différents pour une infraction au
Code de la route de ceux prévus pour une infraction au règlement
municipal. C'est principalement cette situation que vise à corriger les
amendements prévus aux articles 7, dont on parle, et 11, qu'on
retrouvera un peu plus loin, dans le projet de loi no 244. Ces articles sont
tirés des dispositions de la charte de la ville de Québec qui,
elle-même, est identique à celle de la ville Montréal. Il
s'agit en substance d'une procédure plus complète que celle qui
est prévue à la Loi sur les cités et villes, qui a aussi
l'avantage de simplifier et de diminuer énormément les
coûts inhérents à l'application des règlements
municipaux et du Code de la route non seulement pour l'administration de la
justice mais également pour les justiciables concernés.
En outre, le simple fait que les délais entre l'infraction et
l'audition de la cause devant la cour soient réduits au minimum est
aussi un avantage immense. La mémoire des témoins aura plus de
chance de leur être fidèle et il en résultera normalement
une meilleure justice. Donc, une procédure sommaire d'annulation d'une
poursuite, c'est ce qu'on retrouve à l'article 11 surtout, d'un paiement
et même d'un jugement en cas d'erreur administrative ou autre, est
prévue à l'article que l'on verra plus loin. Ceci a pour effet de
simplifier encore considérablement la situation dans laquelle se trouve
le justiciable devant l'appareil administratif.
Là-dessus, M. le Président, je sais officieusement que
certaines tractations se sont faites entre différents ministères
au cours des derniers mois et des dernières années, mais,
malheureusement, tout ça, encore là, n'a connu aucun
aboutissement concret et je pense que, dans la conjoncture où on est
appelé à évoluer, autant de votre côté que du
nôtre, sur le plan économique surtout, les moyens simples qui
peuvent être mis en application pour simplifier certaines
procédures qu'on condamne souvent comme étant trop lourdes
seraient bienvenus et permettraient en même temps des économies et
d'argent et de temps. C'est donc dans ce sens-là que ces modifications
sont proposées aux articles 7 et 11 qui ont tout de même une
affinité assez évidente entre eux.
Le Président (M. Rodrigue): Sur l'article 7, M. le
ministre.
M. Léonard: Oui. Nous constatons encore une fois que la
ville de Charlesbourg devance la solution de problèmes qui existent
depuis un certain temps. C'était la même chose tout à
l'heure en termes d'engagement ou de conditions de travail des chefs de
cabinet. Maintenant, c'est au niveau des règlements municipaux par
rapport à la circulation et au stationnement.
Effectivement, vous l'avez mentionné, il y a eu des tractations
entre ministères et le ministère de la Justice, pour l'instant,
voudrait retenir un tel article en disant que la solution qu'il propose n'est
pas nécessairement la solution qu'on retiendra à terme. Le
problème que vous soulevez en est un réel et la façon de
le résoudre à l'heure actuelle créerait peut-être un
autre problème, parce qu'on aurait une autre procédure pour
régler toutes ces questions, alors que nous avons déjà
actuellement une procédure, qu'il y a un Code de sécurité
routière et qu'il y aura un Code de procédure pénale.
C'est tout ça que le ministère de la Justice est en train
d'examiner et nous espérons que le ministère de la Justice
arrivera assez rapidement avec une solution. Encore une fois, je vous
félicite de soulever ce problème, c'en est un et il va falloir
qu'il soit résolu nous l'espérons, le plus tôt
possible.
M. Bernier: Peut-on avoir une idée, M. le
Président, de ce que veut signifier M. le ministre quand il parle
d'assez rapidement?
M. Léonard: Le nombre de mois dont j'ai entendu parler est
quelque chose comme 18 mois.
M. Bernier: De 12 à 18 mois?
M. Léonard: De 12 à 18 mois, je vais vous dire
18.
M. Bernier: Merci.
M. Léonard: Quant à nous, on le retirerait. On peut
le mettre en suspens.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 7 est
retiré?
M. Bemier: On préférerait que vous le suspendiez,
M. le Président, plutôt que nous le retirer.
M. Léonard: Si on le retire, on va pouvoir adopter les
autres articles et procéder à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Rodrigue): C'est parce que si on le
suspend il faudrait que je le reprenne par la suite.
M. Rocheleau: Retiré, M. le Président. Le
Président (M. Rodrigue): Alors,
l'article 7 est retiré.
J'appelle l'étude de l'article 8.
M. Léonard: Quant à nous, c'est adopté.
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 8 est
adopté.
J'appelle l'étude de l'article 9.
M. Léonard: À l'article 9, nous avons une objection
à l'effet d'assimiler à une taxe foncière des travaux ou
des charges comme celle qui est mentionnée à l'article. Il ne
s'agit pas là de taxe foncière, c'est autre chose. Et la
procédure devant la Cour municipale seulement, je pense qu'il n'y a pas
lieu... Empêcher la ville de vendre pour taxes, il y a une objection
à ça, sur l'article 9.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, avez-vous quelque
chose à ajouter là-dessus?
M. Bernier: M. le Président, je comprendrais bien
l'objection du ministre des Affaires municipales, si on se contentait tout
simplement d'assimiler à la taxe foncière cette
possibilité d'assimiler les coûts de travaux d'enlèvement
des nuisances, si on assimilait ça bêtement à la taxe
foncière, point. Ce cas-là et je pense que nous en sommes aussi
conscients, nous permettrait par exemple, sur simple dépôt du
certificat du greffier, en vertu des dispositions de la Loi sur les
cités et villes, de vendre un immeuble pour un montant qui pourrait
souvent être aussi ridicule que 50 $ ou 100 $. Par contre, je pense qu'en
précisant que le coût des travaux d'enlèvement, d'une part,
est assimilé à la taxe foncière, mais n'est recouvrable,
et c'est tout de même très limitatif de ce
côté-là, que, devant la Cour municipale, eh bien,
évidemment, à ce moment-là, il faut suivre tout le
processus ou le dédale normal des procédures devant la Cour
municipale, avec jugement, avis de vente, etc.
C'est tout de même, dans la loi 125, une provision qui existe
déjà dans des coûts relatifs à des
démolitions, mais ça n'existe pas pour les coûts
d'enlèvement de nuisances publiques suivant la réglementation en
vigueur chez nous et ailleurs. Il s'agit normalement de comptes qui sont peu
élevés et qui nous amènent encore là un paquet de
tracasseries administratives quand on doit récupérer ces
montants-là devant les instances de droit commun comme la Cour
provinciale. Mais "que, devant la Cour municipale", encore une fois, M. le
Président, je pense que c'est peut-être là-dessus que M.
Léonard accroche, avec le "que devant la Cour municipale",
évidemment, on s'empêche par cette mention de procéder
à une simple vente par greffier sans trop de formalités.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a des problèmes
particuliers à Charlesbourg qui justifieraient qu'il y ait un traitement
particulier par un projet de loi privé comme celui-là?
M. Bernier: Ce ne sont peut-être pas des
particularités comme telles, nous sommes peut-être encore trop
avant-gardistes ou avant notre temps, mais c'est une question de couper dans
les procédures, les lourdeurs de l'administration et aussi dans les
coûts. M. Dussault mentionne que souvent on est obligé de se
référer à la Cour provinciale et non à la Cour
municipale pour récupérer ou recouvrer des montants de l'ordre 50
$, 100 $ ou 200 $. Quand on connaît les coûts de signification, les
tracasseries, les délais que ça peut apporter, il serait beaucoup
plus facile, sans que les droits des contribuables débiteurs soient pour
autant lésés, de procéder suivant les dispositions de
l'article suggéré.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je pense que le maire de Charlesbourg a
certainement de bons arguments. Prenons le cas de la démolition d'un
taudis par la municipalité. Si on ne peut récupérer des
frais du propriétaire, qui n'est souvent pas sur les lieux ou
réside à l'extérieur, à ce moment-là,
plutôt que de prendre une procédure pour récupérer
une centaine ou quelques centaines de dollars, ça permet d'ajouter
à la facture de taxes de l'année suivante les montants à
recouvrer et ça élimine des procédures inutiles, surtout
pour des coûts aussi peu importants.
M. Bernier: Si vous me permettez une très brève
intervention, je me référais tantôt à la loi no 125,
article 233, et ce principe a tout de même déjà
été posé dans tous les cas de coûts relatifs
à des travaux de démolition, de réparation, de
transformation, de construction, même de remise en état d'un
terrain; quand on parle de MRC ou de municipalités, encore là, je
reviens à la question du ministre tantôt, je ne pense pas que,
chez nous, il y ait une situation particulière de ce
côté-là; je pense par contre qu'il serait peut-être
opportun, si on veut retirer l'article, dans sa teneur actuelle du projet de
loi privé de la ville de Charlesbourg, au moins d'envisager de modifier
l'article 233 de la loi no 125 éventuellement, pour y ajouter cet aspect
de nuisances ou de coûts relatifs aux nuisances.
M. Léonard: II y a une différence, il me semble, de
nature, parce que, dans la loi
no 125, quand on parle de coûts de démolition, il s'agit de
coûts considérables. Ce dont vous parlez, ce sont des coûts,
comme vous le dites, très peu élevés, qu'effectivement on
pourrait récupérer dans le compte de taxes de l'année
suivante ou d'un autre façon; mais, sur le plan général,
il me semble que c'est dans une loi générale qu'on devrait encore
une fois statuer là-dessus et non dans un projet de loi
privé.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur l'article 9? Est-ce que l'article 9 sera adopté ou
rejeté?
M. Rocheleau: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce que le ministre puisse demander d'examiner en profondeur ce
problème que soulève la ville de Charlesbourg, mais ça
implique plus que la ville de Charlesbourg; plusieurs municipalités au
Québec ont actuellement, en fonction de leurs règlements, des
problèmes réels, et ça comporte des charges additionnelles
lorsqu'on est obligé de prendre des procédures qui n'en finissent
plus. À ce moment-ci, je pense que c'est dans le but de respecter
davantage les règlements municipaux.
Je n'ai pas d'objection, si vous voulez, M. le ministre, à ce
qu'on le retire, pourvu qu'on puisse prochainement le réexaminer et
l'incorporer à la loi no 125 pour l'ensemble des municipalités du
Québec dans l'éventualité où cela se
présenterait. (16 h 15)
M. Léonard: C'est exactement le sens de ce qu'on disait
tout à l'heure. Par exemple, sur l'article 5 et l'article 7, l'article
d'actuellement, l'article 9, ce sont plutôt des données qu'on peut
examiner dans le cadre d'une loi générale, qui amenderait soit le
Code municipal, soit la Loi sur les cités et villes, et, dans ce
contexte-là, je trouve que vous faites une oeuvre de pionniers, vous qui
nous apportez cela comme question ici aujourd'hui, comme problème
à résoudre. Mais je pense qu'on ne doit pas le résoudre
seulement pour une seule municipalité, mais pour l'ensemble, parce que
c'est vraiment une question d'ordre général. Alors, au fond,
l'engagement qu'on veut prendre c'est de le faire dans une prochaine loi, comme
il s'en présente de temps en temps. Il y a évidemment le projet
de loi 33, mais il y en aura d'autres, parce qu'il y en a assez
régulièrement des projets de loi omnibus, comme on dit, qui
pourraient comprendre des modifications comme celles-là aux lois
générales.
M. Bernier: Je comprends, M. le ministre, que si vous
reconnaissez le bien-fondé de nos demandes, il est trop tard aussi pour
les inclure dans votre projet de loi 33.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 9 sera
retiré, si je comprends bien, M. le maire?
M. Bernier: M. le Président, nous nous soumettons.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 9 est
retiré.
M. Léonard: ... transmis à un comité.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle l'étude de
l'article 10. On me signale un amendement, M. le ministre.
M. Léonard: Nous sommes d'accord avec l'article 10 sous
réserve d'un amendement ici. Cette loi est modifiée pour la ville
par l'insertion après l'article 465 du suivant: "465.1 sous
réserve de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales (LRQ chapitre N-21), la ville peut conclure avec le
gouvernement du Canada, le gouvernement d'une province, etc." Au fond c'est que
dans le cas où une municipalité doit ou veut signer des ententes
ou négocier avec le gouvernement du Canada, elle le fait mais sous le
couvert de la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales.
Alors, c'est le sens de notre amendement et je pense que tout le monde comprend
le bien-fondé de cet amendement, compte tenu de la constitution qui nous
régit présentement, ou qui nous régissait jusqu'à
il n'y a pas longtemps.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'amendement
à l'article 10 est adopté?
M. Rocheleau: Disons qu'avec réserve, nous l'adoptons.
Le Président (M. Rodrigue):
L'amendement à l'article 10 est adopté.
M. Léonard: ...vous faites des réserves sur l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique, M. le député de
Hull.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 10 tel
qu'amendé est adopté?
M. Rocheleau: Pas là-dessus, M...
M. Léonard: II y en aurait beaucoup à faire
effectivement.
M. Rocheleau: M. le ministre, ce n'est pas là-dessus. M.
le Président, je ne voudrais pas ouvrir ici et prendre trop de temps, je
sais que les gens de Charlesbourg et plus particulièrement ceux de
Baie-Comeau et Hauterive ont hâte d'être entendus. Mais, cela
pourrait comporter certains problèmes que je me permettrai de discuter
ultérieurement avec le ministre des Affaires
municipales.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'article 10, tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 10 tel
qu'amendé est adopté.
J'appelle l'étude de l'article 11. Est-ce qu'il y a des
remarques?
M. Bernier: Pour le retirer, M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, vous voulez le
retirer?
M. Bernier: Nous aimerions le retirer au même titre que
l'article 7 tantôt; ils sont tout de même très
reliés.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 11 est
retiré.
J'appelle l'étude de l'article 12.
M. Léonard: Nous aurions un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: Je vais lire le nouvel article au complet, il
y a un changement vers le milieu de l'article. Alors, article 12: "L'article 3
du chapitre 87 des lois de 1977 est modifié par le remplacement du
paragraphe 14 de l'article 51b édicté par cet article, par le
suivant: 14. Le comité peut consentir, sans l'autorisation du conseil,
tout contrat dont le montant n'excède pas 25 000 $, en se conformant
à l'article 573.1 de la Loi sur les cités et villes." Je pense
que tout le reste est pareil.
Une voix: Non, le deuxième alinéa, on ajoute...
M. Léonard: "(LRQ, chapitre C-19) s'il s'agit d'un contrat
visé à cet article. Toutefois, il peut, après avoir
demandé et reçu des soumissions et sans l'autorisation du
conseil, consentir seul tout contrat dont le montant n'excède pas celui
mis à sa disposition pour cette fin, en se conformant à l'article
573 ou 573.1 de la Loi sur les cités et villes, selon le cas."
En fait, c'est la dernière phrase qui est ajoutée.
M. Bernier: Cela nous va. M. Léonard: Cela va.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cet amendement sera
adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue):
L'amendement à l'article 12 est adopté. Est-ce que
l'article 12, tel qu'amendé, est adopté?
M. Rocheleau: Adopté. M. Léonard:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 12 tel
qu'amendé est adopté. Article 13. Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Léonard: Non. Nous nous opposons à modifier la
loi 125 par une loi privée et nous considérons qu'il n'y a pas de
justification particulière suffisante. Articles 13 et 14.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Bernier: M. le Président, si vous permettez, en deux
mots; l'article 13, évidemment, pose le principe qu'une
municipalité puisse exiger un cautionnement de la part d'une personne
qui obtient un permis de construction, pour garantir l'exécution des
travaux, de parties de travaux prévus audit permis. Évidemment,
je sais que plusieurs municipalités font déjà cet exercice
qui, à toutes fins utiles, est illégal. Ce qu'on voulait,
c'était obtenir légalement ce droit. Sur un plan très
pratique, cela a pour objet de fournir à l'administration municipale un
moyen supplémentaire pour résoudre le cas d'une personne, comme
je le mentionnais tantôt, qui fait défaut, qui ne se conforme pas
aux termes et aux exigences de son permis de construction, soit en
n'exécutant pas les travaux dans les délais, soit en ne les
exécutant pas conformément aux règlements municipaux.
Je savais déjà que le ministère avait certaines
réserves de ce côté, mais un des problèmes pratiques
qu'on a actuellement, c'est que la ville de Charlesbourg n'a pas de moyen
préventif. On ne possède, comme ailleurs, que les moyens qui sont
exclusivement curatifs, donc, mise à l'amende de contrevenants, etc.,
sauf que souvent, autant pour la municipalité que pour les contribuables
concernés qui ne se conforment pas aux termes du permis ou qui
exécutent des travaux qui ne sont pas prévus, ça nous
amène dans un dédale de procédures judiciaires, qui
peuvent aller jusqu'à l'action en démolition et tout ce qu'on
voudra. Ces délais et ces coûts seraient sûrement
réduits de beaucoup si les municipalités pouvaient, en tout cas
chez nous, à Charlesbourg, si on pouvait exiger de celui qui obtient un
permis, un cautionnement, pas nécessairement en argent,
pour garantir l'exécution des travaux prévus au plan.
M. Léonard: Nous nous opposons présentement, mais
je ferai les mêmes remarques par rapport à cet article. Je sais
que la ville de Montréal et la ville de Québec ont ces
dispositions dans leur charte, à l'heure actuelle et il serait
peut-être aussi opportun d'étendre une telle disposition à
l'ensemble des cités et villes du Québec. C'est dans le cadre de
la loi 125, dans ce contexte-là, que nous pourrions réexaminer
cette question et je vais la déférer à mes services pour
qu'ils l'examinent.
M. Bernier: On va le retirer, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Vous le retirez? L'article 13
est retiré.
M. Léonard: Les articles 13 et 14 sont les deux...
M. Bernier: L'article 14 connaîtra un sort identique.
Encore là, tout de même, M. le Président, si vous me le
permettez, ce sera ma dernière intervention; à l'article 14, il y
a un moyen très facile de réduire les délais qui sont
requis en vue de l'adoption d'un règlement amendant un règlement
de zonage, à cause de la fréquence des assemblées du
conseil; à cause de l'exigence posée aux articles 124 et 130 de
la loi 125, on se trouve toujours retardé de quinze jours additionnels,
ce qui, sur le plan pratique, pose des problèmes. On suggérait,
dans le projet, que ce délai de quinze jours soit ramené à
dix, mais suivant l'expérience de mon voisin de gauche, M. Godbout, qui
est greffier chez nous et qui est fort connaissant en ces matières, le
délai idéalement pourrait même être porté ou
ramené à huit jours, ce qui, je pense, ne présente aucun
inconvénient pour les contribuables qui sont convoqués à
ces assemblées, mais permettrait d'accélérer tout de
même de beaucoup le processus d'adoption de ces règlements qui
amendent les règlements de zonage.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 14 est
retiré. J'appelle l'étude de l'article 15. Est-ce que cet article
sera adopté?
M. Léonard: L'article 15, oui.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 15 est
adopté. J'appelle l'étude de l'annexe au projet de loi.
M. Léonard: Un instant. M. le Président. Si vous le
permettez, vous vous rappellerez que nous avons suspendu un article. Je ne sais
pas à quel moment vous voulez y revenir.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'annexe a rapport
avec cet article ou si c'est indépendant?
M. Léonard: Non.
Le Président (M. Rodrigue): Nous pourrions disposer de
l'annexe et revenir à l'article 1.
M. Léonard: Oui, allons-y.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que quelqu'un veut
intervenir sur l'annexe? Est-ce que l'annexe est adoptée?
M. Léonard: L'annexe est adoptée.
Le Président (M. Rodrigue): Nous revenons à
l'article 1 du projet de loi. M. le ministre.
M. Léonard: Nous insérerions cet article comme
avant-dernier article plutôt que d'en faire l'article 1; il se lirait
comme suit: "L'article 262 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
(1979, chapitre 51) est abrogé."
Le Président (M. Rodrigue): Ce serait inséré
avant l'article 13. Est-ce cela?
M. Léonard: Juste avant l'article 15, si vous voulez.
Le Président (M. Rodrigue): Avant l'article 15. Est-ce
qu'on pourrait me le remettre par écrit, s'il vous plaît? Merci.
La motion est la suivante: "Insérer, avant l'article 15, un article qui
se lit comme suit: L'article 262 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme (1979, chapitre 51) est abrogé". Est-ce que cet amendement
au projet de loi est adopté?
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue):
L'amendement au projet de loi est adopté.
M. Léonard: M. le Président, je tiens à
repréciser que l'article 1 se trouve à être retiré.
Je fais motion pour qu'il y ait renumérotation de tout le projet de loi
pour les articles qui restent et qui ont été adoptés.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que cette motion sera
adoptée? La motion est adoptée.
M. Léonard: Le projet de loi lui-même tel que
renuméroté est adopté?
Le Président (M. Rodrigue): Nous avions noté
effectivement que l'article 1 était retiré. Est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
M. Léonard: Adopté. M. Rocheleau:
Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Est-ce que le
projet de loi tel qu'amendé est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Le projet de loi no 244, Loi
modifiant la charte de la ville de Charlesbourg, est adopté tel
qu'amendé. Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 16
h 45.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
(Reprise de la séance à 16 h 52)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Audition d'organismes sur le projet de loi no
37
La commission élue permanente des affaires municipales reprend
ses travaux pour entendre des organismes relativement au projet de loi no 37,
Loi regroupant les villes de Baie-Comeau et de Hauterive; auditions
après la première lecture.
Nous entendrons dans l'ordre les représentants de la ville de
Baie-Comeau, de la ville de Hauterive, de la Chambre de commerce de
Baie-Comeau, de la Chambre de commerce de Hauterive, le Regroupement des
citoyens de Baie-Comeau, le Comité de citoyens de Baie-Comeau et
Hauterive, le CRD de la Côte-Nord, la Société de
développement industriel Manic-Outardes.
Sur les remarques préliminaires, M. le ministre.
M. Laplante: M. le Président, question de
règlement. Vous n'êtes pas obligé de nommer un nouveau
rapporteur, vu que ce matin, lors de l'ouverture de la séance des
Affaires municipales, vous n'avez pas fait appel au...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Bourassa, si j'avais cru devoir faire nommer un nouveau rapporteur, je l'aurais
demandé. Nous n'avons pas à nommer un nouveau rapporteur, la
commission poursuit sa séance. M. le ministre, sur des remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires
M. Jacques Léonard
M. Léonard (Labelle): M. le Président, vous me
permettrez tout d'abord de saluer les citoyennes et les citoyens des villes de
Baie-Comeau et de Hauterive qui se sont déplacés afin d'entendre
les mémoires déposés devant cette commission parlementaire
par les représentants des municipalités concernées, des
chambres de commerce, du CRD et des autres organismes qui ont été
mentionnés.
La présence de tous ces gens témoigne de l'importance
accordée à l'étude du projet de loi 37 qui propose le
regroupement de ces deux municipalités. Je me permettrai seulement
quelques commentaires à l'ouverture de cette séance d'audition de
mémoires à l'étape de la commission parlementaire,
après la première lecture.
Ce qui est important aujourd'hui pour les membres de cette commission,
c'est d'entendre les mémoires des représentants des citoyens,
ainsi que ceux des corps intermédiaires qui ont tenu à se
présenter devant cette commission.
Sur le plan de la consultation, nous voulons entendre tous ceux qui
veulent nous dire des choses à ce sujet avant l'étude en
deuxième lecture du projet de loi. Nous pourrons poursuivre par la suite
l'étude article par article du projet de loi 37.
Nous tenons à vous souhaiter la bienvenue. Je tiens encore une
fois à vous remercier à l'avance pour les témoignages que
vous allez nous apporter qui serviront sans doute à éclairer les
membres de cette commission des affaires municipales.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens
premièrement à remercier tous ceux qui se sont
déplacés aujourd'hui afin de venir se faire entendre et plus
particulièrement les municipalités concernées, les
chambres de commerce, les comités de citoyens et autres. Je regrette,
par contre, qu'on n'ait pas accepté de déplacer la commission
parlementaire à Baie-Comeau et Hauterive afin d'éviter à
tous ces gens, citoyens et citoyennes de Baie-Comeau et Hauterive, de perdre
possiblement une journée de travail pour s'occuper de leurs
affaires.
M. le Président, nous sommes réunis ici aujourd'hui dans
le but d'entendre les personnes et organismes intéressés au
projet de loi no 37, Loi regroupant les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Je veux, d'abord, remercier les autorités des villes de Baie-Comeau et
de Hauterive, les représentants de la Chambre de commerce de
Baie-Comeau, de la Chambre de
commerce de Hauterive, ceux du Regroupement des citoyens de Baie-Comeau
et du Comité de citoyens de Baie-Comeau et de Hauterive, ainsi que
messieurs Sirois et Labrie, respectivement du CRD et de la
Société de développement industriel Manic-Outardes. Je
veux remercier ces gens, ainsi que ceux qui les accompagnent, car leur
présence ici aujourd'hui reflète tout de même un
intérêt plus que marqué pour la chose municipale. D'autant
plus, que comme nous, ils ont tous et toutes pris connaissance du projet de loi
déposé il y a un peu plus de deux semaines. De plus, M. le
Président, cette réaction des citoyens et des groupes des villes
de Hauterive et de Baie-Comeau signifie, entre autres choses, mais surtout
qu'en matière d'affaires municipales, lorsqu'on donne à la
population l'occasion de se faire entendre, elle n'hésite pas à
en profiter. À notre avis, c'est une leçon que tout gouvernement
et que tout membre de l'Assemblée nationale, qu'il soit ministre ou
député, doit tirer et surtout retenir.
Dès son dépôt, nous nous sommes attelés
à l'analyse et à l'étude du projet de loi no 37.
Constatant son importance et son impact, nous sommes allés rencontrer
chez elles les autorités des villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Après ces démarches, après nous être
documentés autant que possible et après avoir pris connaissance
des mémoires de qualité qui nous ont été remis par
les groupes ici présents, la question qui nous est venue à
l'esprit est la suivante: Quelle logique, s'il y en a une, a pu pousser le
gouvernement à présenter le projet de loi no 37? En effet, dans
l'histoire du monde municipal, les regroupements de municipalités ne
sont peut-être pas légion, mais il faut reconnaître qu'il y
en a eu quelques-uns; on se doit même de souligner qu'il y a eu un
dégroupement ou, si vous voulez, une défusion et on se doit
également de noter qu'il existe dans nos lois une législation
favorisant le regroupement des municipalités.
Or, le projet de loi no 37 demeure, parmi tous ceux que le monde
municipal a connus, un des plus arbitraires et des plus
précipités. On nous dira qu'il y a déjà eu des
regroupements dits forcés; on vous répondra que oui. Mais on
notera également que certains ont fort bien réussi: La Baie,
Jonquière, tandis que d'autres ont nécessité une
intervention en sens inverse, Buckingham. Le bilan des quelques
dernières années, pour qui connaît un tant soit peu le
monde municipal, commande donc que l'on procède avec douceur, sinon avec
une attention toute spéciale.
Dans le cas qui nous occupe, c'est-à-dire Baie-Comeau et
Hauterive, si l'on tient à demeurer objectif, il faut tenir compte d'un
certain nombre de facteurs. D'abord, le problème n'est pas
récent, bien qu'il semble, à la lumière des
mémoires déposés, qu'il se soit aggravé avec
l'adoption de la Loi sur la fiscalité municipale. Déjà, en
1976, des écrits sur le sujet circulaient, selon ce que nous
révèle le mémoire de la ville de Hauterive. Plus tard, en
1974, l'actuel député ministre du Saguenay y faisait
référence dans une intervention en Chambre et, plus
récemment, la ville de Hauterive déposait un mémoire
auprès du prédécesseur de l'actuel ministre des Affaires
municipales et de certains de ses collègues. Si le problème dure
depuis si longtemps, c'est sans aucun doute que la solution n'est pas si simple
et que celle que l'on nous propose d'adopter aujourd'hui doit faire l'objet
d'un examen sérieux. (17 heures)
Remarquez que la fusion, comme solution à certains
problèmes municipaux, peut, dans certains cas, constituer la
panacée. Il ne s'agit pas ici de la rejeter carrément comme
solution mais plutôt de la manipuler avec beaucoup d'attention. Le projet
de loi no 37 est, pour plus d'une raison, inacceptable. D'abord son
caractère imposé et forcé en fait un geste politique
intolérable du gouvernement. On se rappellera qu'à son
arrivée au pouvoir, le PQ, prenant son programme à témoin,
s'était engagé à ne plus faire de regroupements non
consentis.
À ce sujet, permettez-moi, M. le Président, de rappeler ce
que disait, en décembre 1974, l'actuel député ministre du
comté de Saguenay, M. Lucien Lessard, alors qu'il intervenait en Chambre
sur le projet de loi no 98, portant sur certains regroupements de
municipalités au Saguenay et dans l'Outaouais, et je cite: "Je sais que,
tôt ou tard, il faudra envisager des possibilités de fusion entre
deux villes comme Baie-Comeau et Hauterive. Cependant, dans la région,
jamais nous n'accepterons que le gouvernement vienne nous imposer une fusion
sans aucune consultation, sans qu'il y ait au préalable
référendum au niveau de la population."
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais vous demander,
à vous tous qui avez parcouru un long chemin pour venir ici, de ne pas
manifester, parce que c'est l'usage, en commission parlementaire autant
qu'à l'Assemblée nationale, de ne pas manifester. J'invite, en
premier lieu, les députés à ne pas vous donner l'exemple
de taper des mains puisque ce sont eux qui ont parti le bal.
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je demande à
mes collègues d'être à l'écoute et je tiens à
mentionner que l'Opposition fait son travail à l'intérieur de ses
politiques. Si nous avons eu des
applaudissements, nous les partagerons sûrement lors des
politiques a venir.
C'est le député de Saguenay qui déclarait cela en
décembre 1974. C'est lui qui, à cette époque, comptait
pour possible la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive et qui s'engageait, du
même souffle, à veiller à ce que rien ne soit imposé
aux populations. C'est lui qui, aujourd'hui, parraine officieusement le projet
de loi no 37 qui impose, de manière radicale, aux populations
concernées, une fusion forcée.
La deuxième raison qui nous amène à trouver ce
projet de loi inacceptable est le fait que la population n'a pas
été mise dans le coup. Qui, plus que les citoyens de Baie-Comeau
et de Hauterive eux-mêmes, est le mieux placé pour décider
de leur avenir? C'est d'ailleurs le même député de Saguenay
qui, en décembre 1974, déclarait, et je cite: "Ce n'est pas de
l'enfantillage; quand on parle de fusion de certaines villes, il ne s'agit pas
de jouer avec l'avenir des citoyens de ces régions. Il nous
apparaît tout à fait normal et logique que les populations
concernées puissent être consultées."
La troisième raison qui fait que nous considérons ce
projet de loi inacceptable est le fait qu'il nous est proposé en
catastrophe à la veille de l'ajournement des fêtes. À ce
sujet, je cite toujours le député de Saguenay qui
déclarait, toujours en décembre 1974: "C'est toujours la
même habitude qu'a ce gouvernement. Les projets de loi qui touchent
passablement de monde, les projets de loi qui sont d'une certaine importance
nous sont toujours présentés à la fin d'une session."
C'est donc à se demander si les mauvaises habitudes se prennent aussi
rapidement lorsqu'on est au pouvoir.
La quatrième raison qui nous oblige à considérer le
projet de loi no 37 comme inacceptable est sa rédaction même qui
relève davantage du brouillon que du texte législatif normalement
digne de ce nom. Il n'y a d'abord aucun rapprochement décent possible
à faire entre le projet de loi no 37 et ce qui existe comme loi
équivalente et considérée comme moderne. Ensuite, il y a
des articles qui tentent de faire disparaître des choses qui,
semble-t-il, n'ont jamais existé, exemple, les articles 13 et 15.
En définitive, ce que nous souhaitons conclure à la fin de
ces auditions, c'est de voir, premièrement, à ce que le
député-ministre du comté de Saguenay s'engage à
respecter, pour les populations de son comté, les principes qu'il
défendait si fort en décembre 1974 pour les citoyens des
régions du Saguenay et de l'Outaouais.
Deuxièmement, que ce même député-ministre
prenne l'engagement formel de cesser ses campagnes de dénigrement et
qu'il s'engage à se faire le véritable représentant de la
population, c'est-à-dire le responsable du rapprochement et non de la
division.
Troisièmement, que le gouvernement s'engage à retirer le
projet de loi no 37 pour permettre une analyse et des études
sérieuses de la situation et des possibilités de solution, y
compris la fusion; une campagne d'information honnête et sérieuse
auprès de toute la population, afin de l'informer de l'état de la
situation et de possibles hypothèses de solution; une consultation
auprès de ces mêmes citoyens, afin qu'ils se prononcent en toute
connaissance de cause sur le sujet. Enfin, que le gouvernement s'engage pendant
le temps que dure cette consultation démocratique à aider la
municipalité de Hauterive afin qu'elle puisse continuer à assurer
à ses citoyens des services de qualité.
M. le Président, c'est après avoir pris connaissance du
projet de loi, des mémoires qui nous ont été transmis
ainsi qu'en nous documentant et en prenant contact avec les groupes
intéressés que nous en sommes arrivés à cette
solution. Nous espérons bien que chaque groupe présent puisse
nous donner son opinion sur la suggestion et qu'ainsi nous obtenions l'accord
de chacun d'eux ainsi que du ministre.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: Merci M. le Président.
M. le Président, je dois d'abord souhaiter la plus cordiale
bienvenue à l'ensemble des citoyens de Baie-Comeau et de Hauterive qui
se sont déplacés pour venir assister aux séances de cette
commission parlementaire.
Naturellement, nous n'avons pu mettre à la disposition des
"profusionnistes", des autobus pour qu'ils puissent se rendre ici. Soyez
convaincus que, à la suite d'un sondage qui a été fait
dans la région, plus de 57% de la population de Baie-Comeau et de
Hauterive sont favorables à ce projet de loi.
Le fait qu'il y ait des gens ici démontre, comme on le soulignait
tout à l'heure, l'importance de ce projet de loi. Si j'ai insisté
auprès de mon collègue des Affaires municipales pour que ce
projet de loi soit présenté, ce n'est pas une décision qui
est venue du jour au lendemain. C'est une décision qui a
été réfléchie. C'est une décision qui a
été difficile à prendre. J'en conviens, j'avais fait un
certain nombre de déclarations et je pourrai en expliquer un certain
nombre tout à l'heure. Je prendrai quelques minutes de plus étant
donné que le représentant de l'Opposition a été
assez long.
Le représentant de l'Opposition a parlé - je ne ferai pas
ici mon discours de deuxième lecture - de la nécessité
d'études
avant de présenter un tel projet de loi. Il faut connaître
le milieu, il faut connaître le dossier avant de demander à
nouveau des études. Si j'ai été obligé de demander
au ministre des Affaires municipales de présenter ce projet de loi,
c'est à la suite de nombreuses études. J'ai ici la liste des
études qui comprennent encore beaucoup plus de pages, parce que ce ne
sont que des résumés. D'abord, M. le Président, en 1963,
un économiste bien connu qui enseignait à l'université de
Montréal, Henri Mhun, faisait une étude sur la fusion de
Baie-Comeau et de Hauterive. La jeune chambre en 1967, jeune chambre qui
réunissait à la fois les citoyens de Baie-Comeau et les citoyens
de Hauterive, faisait une étude sur la fusion de Baie-Comeau et de
Hauterive. Un groupe de citoyens réunissant la jeune chambre, les
chambres de commerce de Baie-Comeau et Hauterive, la
Confédération des syndicats nationaux, la
Fédération des travailleurs du Québec faisait une
étude en 1970 et soumettait un rapport que nous avons ici: "Demain",
mémoire sur le regroupement des villes de Baie-Comeau et de
Hauterive.
En 1971, une autre étude était commandée à
Price Waterhouse. En 1971, Price Waterhouse déposait à son tour
un document, une étude sur la fusion des villes de Baie-Comeau et de
Hauterive.
En 1974, je crois, le ministère des Affaires municipales, sous
l'ancien ministre des Affaires municipales du temps des libéraux, M.
Goldbloom, analysait aussi, dans ce qu'on a appelé le rapport
Pépin, la fusion des villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Le dernier, M. le Président, la dernière étude,
soit le rapport Major-Martin, étude qui a été
commandée à la demande des deux villes par le ministère de
l'Industrie et du Commerce, étude qui a coûté 286 000 $,
était déposée par l'ancien gouvernement, soit le
représentant de l'OPDQ, M. Bernard Lachapelle; cette étude
était rendue publique en 1976, quelques semaines ou quelques mois avant
les élections de 1976.
Six études, M. le Président, ont été faites
depuis 1963, six études qui concluent toujours à la même
solution, M. le Président, soit la nécessité, pour assurer
le développement économique de la région de Baie-Comeau et
Hauterive, de fusionner ces deux villes jumelles, ces deux villes soeurs qui
n'auraient jamais dû être séparées, sinon par un
accident géographique ou historique.
M. le Président, suite au rapport Major-Martin, je recevais une
lettre en date du 3 mars 1977, une lettre qui se lit comme suit: "Bonjour
Lucien, - dans ce temps-là nous avions des amitiés
particulières. - Tel que convenu lors de notre rencontre du lundi 28
février 1977, je te fais parvenir les documents concernant le dossier
fusion. Si tu juges à propos de faire des corrections concernant ces
documents, n'hésite pas à communiquer avec nous. J'ose croire que
nous respecterons fidèlement la cédule, afin que nous puissions
disposer de ce fameux dossier. Au besoin, nous sommes à ta disposition
pour une saine et bonne promotion de la Côte-Nord. Signé Henry
Leonard, maire de Baie-Comeau, Maurice Boutet, maire de Hauterive.
À la suite de cette lettre, M. le Président, je me suis
engagé dans des négociations, je me suis engagé dans des
discussions qui ont duré un certain temps et j'ai tenté de
régler en faveur tant des citoyens de Hauterive que des citoyens de
Baie-Comeau un certain nombre de problèmes. Malheureusement,
après autant de discussions, après autant de négociations,
nous constatons que nous sommes devant un cul-de-sac. Nous constatons qu'il
nous est impossible et qu'il nous sera impossible, M. le Président,
parce qu'on n'est pas plus fins que les autres, puisque cela fait 20 ans qu'on
en parle, il nous sera impossible, M. le Président, de faire cette
fusion qui s'impose. Selon toutes les études techniques que nous avons,
dont j'ai parlé tout à l'heure, jamais il ne nous sera possible
de faire cette fusion tant et aussi longtemps que nous ne prendrons pas une
décision sur le projet de loi 37. (17 h 15)
M. le Président, je voudrais rappeler à mes
collègues libéraux un éditorial d'un sage de la
Côte-Nord, de quelqu'un à qui on a d'ailleurs
décerné pour sa participation aux affaires publiques de la
Côte-Nord le prix Mgr Labrie, quelqu'un, M. le Président, qui a
même été candidat libéral en 1956, M. Gérard
Lefrançois, qui, en 1965, je dis bien en 1965, écrivait dans un
éditorial du journal L'Aquilon: "Urgence de la fusion des villes de
Baie-Comeau et Hauterive." En 1965! Je cite quelques paragraphes de cet
éditorial: "Ceux qui sont au courant de la chose municipale -
écrit M. Lefrançois - des deux villes-soeurs de Baie-Comeau et
Hauterive peuvent comprendre combien la fusion de ces deux municipalités
est urgente. Plus cette solution retardera, plus elle deviendra difficile
à réaliser, alors que l'esprit de clocher implantera plus
profondément ses racines dans la terre des préjugés."
M. Lefrançois soulignait dans son éditorial le
problème de fusionner en tenant compte strictement de l'autonomie
municipale. J'ai eu, autant que possible, à tenter de respecter cette
autonomie municipale. M. Lefrançois continuait, à ce sujet, en
écrivant ceci: "Le ministre des Affaires municipales - c'était
Pierre Laporte dans le temps - et le gouvernement font campagne en faveur du
regroupement municipal. M. Laporte vient de s'inscrire en faux contre la
tendance que nous avons d'identifier les notions d'autonomie municipale et de
fractionnement municipal. Il
n'y a aucun rapport - disait M. Laporte -entre la notion d'autonomie
municipale et celle de regroupement municipal. L'autonomie municipale ne
dépend ni du nombre des municipalités, ni de leur grandeur, c'est
essentiellement la liberté que leur laisse le gouvernement de
s'administrer sans ingérence de l'autorité supérieure.
Quant au regroupement municipal - ajoutait M. Laporte - c'est bien autre chose,
c'est purement une question de géographie, de services,
d'efficacité. Une municipalité - avait alors
déclaré M. Laporte - n'est pas libre de battre en brèche
la notion primordiale de bien commun."
M. Lefrançois continuait: "C'est donc en faveur du bien
commun des deux municipalités que nous déclarons qu'elles
devraient se fusionner et qu'il y a urgence à le faire. La fusion des
deux villes est urgente. Il ne faut pas attendre que la duplication
s'établisse dans tous les services, il ne faut pas attendre que l'esprit
de clocher s'implante trop profondément dans les esprits et les coeurs.
Les chambres de commerce et tous ceux qui travaillent en vue de cette fusion
méritent nos félicitations. Ce sont des citoyens qui voient grand
et beau, qui planent au-dessus des mesquineries et des rivalités
indignes de gens adultes et qui ont l'esprit et le coeur ouverts au bien
commun."
Je pourrais citer encore M. Lefrançois. Il s'agit de savoir
aujourd'hui, en commission parlementaire, d'essayer de voir de quelle
façon on puisse adopter ce projet de loi, sans nuire pour autant aux
citoyens des deux municipalités, mais en s'assurant que le
développement économique de la région puisse se continuer.
Je terminerais en me posant la question suivante: Est-ce qu'il serait trop
tard? Après vingt ans, j'ai pensé qu'on devrait faire notre deuil
de la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive. Si j'ai décidé
d'intervenir à nouveau pour essayer de résoudre ce
problème, c'est parce que moi comme d'autres, à la suite
d'analyses, à la suite d'études dont j'ai parlé tout
à l'heure, j'ai constaté que nous étions
littéralement en train de bloquer, comme j'aurai l'occasion d'expliquer
tout à l'heure, à la suite de questions, le développement
économique de toute une région.
Gouverner, c'est prévoir. Si, en 1965, Pierre Laporte, ministre
des Affaires municipales du temps, ou d'autres ministres qui sont venus par la
suite... C'est exact que la situation de la ville de Hauterive n'est pas due
seulement au fait que les industries s'établissent à Baie-Comeau,
mais c'est aussi à la suite de décisions qui ont
été prises par les libéraux. Si une décision avait
été prise à ce moment-là, nous n'aurions pas
l'odieux d'essayer de régler le problème actuellement. Mais
gouverner, c'est prévoir. Je suis convaincu que dans dix ans d'ici, un
peu comme ce fut le cas pour Jonquière, Kénogami et Arvida... Je
ne veux pas comparer des fusions de villes, les unes avec les autres;
cependant, la fusion des villes de Baie-Comeau et de Hauterive est inscrite
dans l'économie et dans l'histoire de cette région.
Je termine par cette citation du rapport Major-Martin auquel d'ailleurs
les deux maires du temps avaient donné leur appui. Cette citation est la
première recommandation d'un rapport avec lequel on a essayé de
travailler pour assurer le développement économique de la
région, le rapport Major-Martin, qui avait coûté au
gouvernement du Québec 286 000 $ et qui avait été rendu
public par M. Bernard Lachapelle, qui était ministre responsable de
l'OPDQ dans le temps. L'une des premières recommandations de ce rapport,
la première et la plus importante était celle-ci: "Que la fusion
des deux villes s'effectue dans les plus brefs délais, car il s'agit
d'une condition essentielle au développement économique de la
région. La fusion éviterait la concurrence inutile sur le plan
industriel et le marchandage au niveau des règlements de zonage
industriel, ainsi que le dédoublement des institutions."
Je sais - j'ai rencontré tout à l'heure de mes amis -
qu'en présentant ou en demandant au ministre des Affaires municipales de
présenter ce projet de loi, je ne me suis pas fait des amis. Je sais que
je me suis fait, d'anciens amis qu'ils étaient, des ennemis; mais il y a
des décisions qu'un homme politique ne peut pas retarder. Il y a des
décisions que le bien commun exige. Il y a des décisions que le
développement économique de toute une région exige. C'est
dans ce sens que je présente ce projet de loi.
Mémoires Ville de Baie-Comeau
Le Président (M. Rodrigue): J'invite les
représentants de la ville de Baie-Comeau à prendre place à
la table qui est devant nous pour la présentation de leur
mémoire. Je veux rappeler aux membres de la commission, ainsi qu'aux
personnes qui nous présenteront des mémoires aujourd'hui, que les
membres de la commission ont vingt minutes d'intervention possible sur les
mémoires ou pour poser des questions et également, de
façon générale, selon nos règles, ceux qui
présentent des mémoires jouissent d'une période de vingt
minutes pour la présentation des mémoires. En particulier, si les
municipalités de Baie-Comeau et de Hauterive m'indiquaient qu'elles
avaient besoin d'un peu plus de temps - j'ai vérifié cela
auprès des représentants de l'Opposition et du gouvernement -
ceux-ci seraient
disposés à accorder un peu plus de temps. Cependant, je
vais attendre que vous me fassiez signe là-dessus avant de poursuivre
plus avant.
C'est M. Henry Leonard ou Henri Léonard qui est maire - vous avez
un nom qui peut se dire en français comme en anglais; c'est pour cela
que je vous ai posé la question - de Baie-Comeau, qui est porte-parole
également et qui va nous présenter le mémoire.
M. Leonard.
M. Leonard (Henry): Juste pour vous dire que mon nom est
irlandais. Si j'ai bien compris les règles du jeu, nous avons vingt
minutes plus ou moins. À tout événement...
Le Président (M. Rodrigue): Je vous ai indiqué
cependant que je vous laissais une porte ouverte là-dessus. Si vous avez
besoin de 30 minutes, on ne vous chicanera pas là-dessus, mais
j'aimerais que vous m'indiquiez combien de temps à peu près vous
pensez avoir besoin pour résumer votre mémoire qui est quand
même très volumineux et très condensé.
M. Leonard (Henry): C'est vrai qu'il est volumineux, je le
reconnais, mais on dispose aussi de l'avenir de 12 500 Québécois
et Québécoises. Cela demande quand même quelques pages
d'écriture.
Le Président (M. Rodrigue): Pourriez-vous m'indiquer
combien de temps, selon vous, vous auriez besoin? Une demi-heure? Est-ce
assez?
M. Leonard (Henry): J'ai l'impression qu'on pourrait
peut-être faire une synthèse dans une demi-heure.
Le Président (M. Rodrigue): Bon. Est-ce qu'il y a
consentement pour une demi-heure, d'ici à l'ajournement de 18 heures? Il
y a consentement. M. Leonard, si vous voulez procéder. Un instant, le
député de Hull me pose une question de règlement.
M. le député.
M. Rocheleau: Question de règlement. Je souhaiterais, pour
le bénéfice des gens qui se sont déplacés, qu'on ne
tente pas de les bousculer, qu'on leur donne le temps nécessaire. C'est
important. Ils ont quand même fait 300 milles. Ils doivent retourner chez
eux ce soir. Il est important qu'on entende tous les arguments afin
d'éclairer cette commission sur les avantages ou désavantages
d'une fusion, en tenant compte de la loi 57. Du côté de
l'Opposition, nous donnons toute la latitude à ceux qui ont des
mémoires de prendre le temps nécessaire pour nous les expliquer.
Je pense que c'est la décence même, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. Leonard, je vous indique
qu'effectivement, j'avais consulté le représentant de
l'Opposition et celui du gouvernement avant. Ils étaient d'accord pour
les villes de Baie-Comeau et de Hauterive en particulier, étant
donné que vous représentez l'ensemble de la population.
Je vous demande de procéder à la présentation de
votre mémoire et nous aviserons en temps et lieu. Vous m'avez
indiqué une demi-heure; on peut sûrement vous allouer une
demi-heure.
M. Leonard (Henry): M. le Président, en tout premier lieu,
nous tenons à remercier les membres de la commission parlementaire des
affaires municipales qui nous donnent l'occasion d'exprimer notre point de vue
sur le projet de loi 37 qui vise à regrouper, sans faire appel aux
mécanismes prévus par la Loi favorisant le regroupement des
municipalités, les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Nous nous présentons devant vous aujourd'hui confiants que, dans
le respect des principes démocratiques qui vous sont chers et conscients
de tous les dangers qu'un geste précipité et inapproprié
pourrait avoir sur l'économie locale et régionale dont
l'équilibre demeure toujours fragile, vous voudrez bien retirer le
projet de loi 37.
Caractéristiques de Baie-Comeau et de Hauterive. Les villes de
Baie-Comeau et de Hauterive, dont les populations sont respectivement de 12 500
et de 14 500 environ, sont situées sur la Côte-Nord et il existe
une distance de près de quatre milles entre les limites des parties
urbanisées des deux villes.
Quant à la région Baie-Comeau-Hauterive, elle compte un
peu plus de 50 000 habitants. Vous avez, dans le dossier qu'on vous a
présenté, une carte qui vous permet de localiser et de constater
qu'entre les deux villes, il y a quand même un terrain vierge, un "no
man's land" qui n'est pas encore développé.
Les objectifs du projet de loi no 37. Les notes explicatives qui
accompagnent le projet de loi no 37 sont relativement brèves. Elles nous
indiquent tout simplement que le projet de loi prévoit le regroupement
en une seule municipalité des villes de Hauterive et de Baie-Comeau sous
le nom de ville de Baie-Comeau, ainsi qu'un régime provisoire
d'administration, une élection générale et diverses
mesures ou règles qui régissent le regroupement.
Le regroupement des deux municipalités, c'est l'objectif
déclaré officiel. Cependant, l'objectif fondamental, qui n'est
pas indiqué dans les notes explicatives, c'est de faire payer par les
citoyens de Baie-Comeau les conséquences d'une situation
financière difficile pour la ville et les citoyens de Hauterive,
situation financière dont aucune responsabilité ne peut
être
imputée aux citoyens de la ville de Baie-Comeau. L'impasse dans
laquelle se retrouve actuellement la ville de Hauterive est le résultat
de décisions gouvernementales, soit: Le statut non imposable
accordé aux principaux biens immobiliers d'Hydro-Québec, alors
qu'une grande partie de l'endettement de Hauterive est la conséquence
directe des interventions de cette société d'État; la
réforme de la fiscalité municipale qui a pour effet
d'accroître la proportion des dépenses municipales à
être financées par des revenus de sources locales.
Si ce n'est pas là l'objectif véritable, que les
initiateurs du projet nous le disent et qu'ils déposent pour
étude par les citoyens, les rapports qui auraient été
préparés par des experts spécialisés dans le
domaine municipal et plus spécifiquement dans l'analyse de projets de
fusion et qui établiraient pour Baie-Comeau les avantages d'une fusion
éventuelle.
Les motifs d'opposition au projet de loi 37. Il y a certes plusieurs
motifs d'opposition au projet de loi pour les autorités municipales de
la ville de Baie-Comeau et nous ne croyons pas utile de les
énumérer tous. Nous limiterons notre intervention à
l'exposé des principaux motifs d'opposition qui sont: la décision
des citoyens de Baie-Comeau, lors d'une consultation populaire tenue le 22 mai
1977, de rejeter à plus de 91% la fusion; la décision de la
population clairement exprimée lors d'une réunion publique tenue
le 7 courant, qui a clairement mandaté son conseil de dire non à
toute fusion sans référendum; le dépôt du projet de
loi, qui est une action contraire à tous les principes
démocratiques et est une négation des droits fondamentaux des
citoyens; l'ignorance complète par les initiateurs du projet de loi 37
de la Loi favorisant le regroupement des municipalités, qui contient la
procédure établie par le gouvernement lui-même,
après consultation avec l'Union des municipalités et l'Union des
conseils de comté, pour favoriser le regroupement démocratique
des municipalités si des études en démontrent la logique
et les avantages. (17 h 30)
Les coûts qui résulteraient de la fusion projetée,
pour les citoyens et les contribuables de Baie-Comeau, auraient, tant sur la
situation économique actuelle de Baie-Comeau que sur toute
décision d'investissement ultérieur, des conséquences qui
pourraient se révéler désastreuses et pour la ville et
pour l'ensemble de la région. La prémisse sur laquelle semblent
s'appuyer les initiateurs du projet de loi pour justifier ledit projet et en
vertu de laquelle il serait inconvenant que les retombées
économiques qui découleraient d'un projet d'agrandissement de la
société canadienne des Métaux Reynolds, estimé
à 500 000 000 $, ne servent qu'au seul profit de la ville de Baie-Comeau
et au détriment de la ville de Hauterive, est fausse et ne peut avoir
été arrêtée que parce que les initiateurs de ce
projet de loi ignorent des faits importants.
Nous vous présentons aux pages suivantes les tableaux nos 1 et 2
et le graphique no 1 montrant l'accroissement des dépenses annuelles. Un
examen sommaire vous permettra de constater indiscutablement que
l'évolution des dépenses des villes ayant subi des regroupements
en 1976 et 1975 est de beaucoup supérieure à celle de l'ensemble
des municipalités du Québec comptant 5000 habitants et plus.
Qu'il nous suffise de vous mentionner que, sur la base de l'année
1972 établie à 100%, la totalité des dépenses
annuelles des municipalités du Québec de 5000 âmes et plus
est passée à 187,63% en 1976 comparativement à 245,73%
pour les quatre nouvelles municipalités créées le premier
janvier 1975 et à 221,5% pour celles créées le premier
janvier 1976.
Quant aux revenus, il est bien évident que, pour la
présentation de budgets équilibrés, l'augmentation
substantielle des dépenses nécessitait des augmentations
comparables de revenus. Ce sont les revenus de sources locales par l'imposition
des taxes aux contribuables qui ont le plus augmenté, même si le
gouvernement provincial a augmenté sa part de subventions annuelles de
façon imposante.
Les augmentations importantes des dépenses et des comptes de
taxes aux contribuables, malgré des subventions spéciales de
regroupement par le gouvernement du Québec mentionnées dans les
pages précédentes, ont été amplement
confirmées dans les médias d'information dans les semaines et les
mois qui ont suivi les fusions. Nous présentons donc d'une façon
très succincte quelques extraits de textes de journaux illustrant
très bien les différents problèmes engendrés par
l'adoption de la loi 98 et de la loi 255 créant plusieurs nouvelles
municipalités par des fusions forcées.
Buckingham, créée le premier janvier 1975, journal Le
Droit, 4 juin 1976: "Un comité veut que Masson se sépare du grand
Buckingham. Il y a eu une augmentation de 267% dans les taxes municipales."
Gatineau, créée le premier janvier 1975, journal Le Droit,
1er avril 1976: "À moins de 700 000 $, l'impôt foncier pourrait
augmenter de 89%. En effet, sans une telle subvention, la taxe foncière
à Gatineau passera de 13,07 $ du 1000 $ d'évaluation qu'elle
était en 1975 à 24,98 $ du 1000 $ d'évaluation en
1976."
Jonquière, créée le premier janvier 1975, le
Quotidien, 19 mars 1976: "Le gouvernement croit-il encore à la ville de
Saguenay? Le maire Francis Dufour est bien conscient que le refus du
gouvernement
provincial d'éponger le déficit de 940 000 $ de la
dernière année financière de la nouvelle ville de
Jonquière pourrait retarder l'échéance de la loi 98 ou
même faire avorter la naissance de la ville de Saguenay le premier
janvier 1978."
Le Quotidien, 2 avril 1976: "Sous la fusion, l'administration de
Chicoutimi coûtera 59 $ de plus par tête."
Saint-Hyacinthe, créée le 1er janvier 1976, journal Le
Courrier, 26 mai 1976: "Les taxes haussées de 20%." Charlesbourg,
créée le 1er janvier 1976, journal Vie 1976: "La fusion
entraînera pour 18 000 000 $ de travaux divers dans le grand
Charlesbourg." Beauport créée le 1er janvier 1976, le Soleil, 6
juillet 1976: "Plaie encore vive après six mois de fusion à
Beauport. Le débat a été ouvert par l'ex-conseiller
Georges-Émile Dubé, brandissant une hausse de 300 $ de la taxe
foncière de sa propriété."
Le coût d'une fusion forcée par les citoyens contribuables
de Baie-Comeau et ses conséquences économiques pour la
région. L'expérience a démontré que le coût
des fusions municipales au Québec dépasse presque toujours les
projections, même les plus pessimistes, et les quelques avantages
financiers qu'on escomptait de la fusion ne se sont pas
matérialisés. Le nivellement par le haut des services, des
salaires et des bénéfices sociaux, qu'il est à toutes fins
utiles, impossible d'éviter, représente des coûts à
court et à moyen terme qui sont toujours supérieurs à ceux
qu'objectivement, on aurait pu prévoir.
À la lumière des expériences vécues dans
d'autres municipalités du Québec et la partie 6 du présent
mémoire vous le démontre de façon concrète, nous ne
pouvions, avant même d'amorcer les analyses appropriées, nous
imaginer que les citoyens et les contribuables de Baie-Comeau ne seraient pas
financièrement pénalisés par la fusion. Nous avons
cependant voulu, avec le plus d'objectivité possible, tenter
d'évaluer les répercussions budgétaires de la fusion pour
les citoyens de Baie-Comeau. D'ailleurs, les experts que nous avons
consultés et qui ont été impliqués dans plusieurs
analyses de regroupement, ont émis l'opinion que nos projections
étaient conservatrices et réalistes.
Le coût annuel minimum de la fusion, nous l'avons
évalué à 4 252 550 $. Ce coût constituerait une
charge additionnelle pour l'ensemble des contribuables des deux villes et
ladite charge additionnelle se répartit comme suit: Service de police,
120 000 $; service de protection contre les incendies, 128 000 $;
déneigement, 104 500 $; travaux de réfection annuels et
immobilisations, 317 000 $; uniformisation des services a l'échelle des
deux territoires, 255 000 $; uniformisation des bénéfices
découlant de l'application des conventions collectives, 383 000 $ et
travaux d'immobilisations, impact sur le service annuel de la dette, 2 945 000
$ pour un total, tel que dit, de 4 252 550 $.
L'estimation détaillée de ces coûts vous est fournie
en annexe au présent mémoire et si le temps nous est donné
de le faire, nous pourrions confirmer ces estimations à partir de
comparaisons faites avec les données budgétaires de
municipalités qui ont vécu le regroupement depuis 1975.
Cependant, les résultats constatés et déjà
vérifiés par d'autres et plus particulièrement par le
comité de regroupement de la ville de Chicoutimi, les divers articles de
journaux qui en font largement état devraient inciter le
législateur à la prudence et les hommes politiques à la
réflexion lorsqu'ils déclarent que la fusion ne pénalisera
pas les citoyens et contribuables de la ville de Baie-Comeau. Notre devoir est
de démontrer qu'ils seraient pénalisés et qu'ils le
seraient d'une façon non seulement inacceptable, mais indécente
au plus haut point.
Actuellement, avec un rôle d'évaluation de 285 209 000 $,
à 82% de la valeur réelle, le taux de la taxe foncière est
de 1,75 $ par 100 $ d'évaluation. À Hauterive, si on inclut le
coût de tous les services déjà inclus dans la taxe
foncière de Baie-Comeau, avec un rôle d'évaluation de 142
054 000 $, à 91% de la valeur, le taux de la taxe foncière
générale est de 3,14 $ par 100 $ d'évaluation.
Si nous ramenons le rôle d'évaluation de Hauterive à
82% puisque tous les citoyens doivent être taxés à partir
de la même norme d'évaluation foncière, le rôle
d'évaluation total de la nouvelle ville serait de 413 680 000 $ dont 285
209 000 $ pour Baie-Comeau et 128 471 000 $ pour Hauterive.
Le total des taxes foncières actuellement imposées pour
satisfaire au paiement des services des deux villes est de 9 451 660 $ dont 4
991 164 $ pour la ville de Baie-Comeau et 4 460 495 $ pour la ville de
Hauterive. Si nous y ajoutons le coût annuel additionnel minimum dû
à la fusion, le produit de la taxe foncière serait alors
porté à 13 704 210 $.
Si nous répartissons maintenant ce produit de la taxe
foncière en fonction du rôle d'évaluation uniformisé
à 82% de la valeur, le taux de la taxe foncière qu'il faudrait
imposer serait de 3,31 $ les 100 $ d'évaluation. Si c'est ce qu'on
appelle ne pas pénaliser les citoyens, les contribuables de Baie-Comeau,
il faut se demander ce que ce serait si on avait vraiment décidé
de les pénaliser.
La fusion forcée, une action contraire, contraire aux engagements
du gouvernement et des ministres qu'il représente, contraire aux
dispositions et mécanismes prévus par la
loi favorisant le regroupement des municipalités, contraire aux
principes sacrés de l'autonomie des municipalités, contraire au
point de vue clairement exprimé par la population de Baie-Comeau.
Les engagements du gouvernement et des ministres qu'il
représente. Nous désirons en tout premier lieu souligner le fait
que le programme électoral du parti représenté par le
gouvernement actuel dans le domaine du regroupement municipal se veut une
police d'assurance que devraient détenir les municipalités du
Québec contre tout projet de fusion forcé. Si nous nous
référons à une déclaration du ministre de la
Justice, Marc-André Bédard, parue dans le journal Le Quotidien,
le 24 septembre 1976, nous croyons que notre interprétation est juste.
Cette déclaration mérite certainement d'être citée:
Projet de fusion Jonquière-Chicoutimi. "La création de la
nouvelle ville demeure pour le Parti québécois un objectif
souhaitable qu'il faut réaliser mais pas à n'importe quel prix et
pas de n'importe quelle façon. Une consultation populaire s'impose pour
obtenir le consentement des citoyens. Une fusion doit donner naissance à
un sentiment de solidarité et non à un sentiment de frustration
de la part des citoyens qu'on aurait refusé de consulter même si
on les croyait incapables de comprendre leur intérêt collectif."
Fin de la citation.
À plusieurs reprises, le député de notre
comté et actuel ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a
émis des opinions qui allaient aussi dans le sens de
l'interprétation que nous faisons du programme du parti, et nous citons
à titre d'exemple les propos suivants qu'il tenait lors d'une entrevue
radiophonique le 6 février 1981: "Le gouvernement du Québec a
toujours respecté l'autonomie des municipalités et même,
contrairement à ce que dit le maire de Baie-Comeau, jamais Lucien
Lessard n'a envisagé de forcer la ville de Baie-Comeau comme la ville de
Hauterive à fusionner. Jamais ça n'a été dans mes
objectifs, il ne s'agit pas, et j'en fais mon deuil maintenant étant
donné la décision du maire de Baie-Comeau, d'imposer quoi que ce
soit au maire de Baie-Comeau et au maire de Hauterive." Fin de la citation.
Dans ses déclarations, nous avons été heureux de
constater que notre député-ministre entretenait pour l'autonomie
des municipalités un respect total et qu'il n'était pas question
pour lui d'imposer une fusion de force; sa position était en
conformité du programme électoral de son parti.
Le 8 février 1979, nous recevions la visite à Baie-Comeau
du ministre d'État à l'Aménagement qui est devenu par la
suite ministre des Affaires municipales. Dans un document écrit, il nous
livrait ce soir-là sa pensée à l'occasion d'une
tournée d'information sur le projet de loi no 125. Le passage qui nous
intéresse plus particulièrement aujourd'hui se retrouve au
début de la page 9 de son allocution qui stipule ce qui suit: "La
deuxième orientation du projet de loi a été aussi claire,
le gouvernement ne créera pas de nouvelles structures locales ni ne
détruira celles qui existent déjà. C'est pourquoi il n'y
aura pas de fusion involontaire, décrétée par une loi.
Toute lecture du projet de loi qui conclut à la disparition des
municipalités est de la pure démagogie."
Le ministre, lors de son passage à Baie-Comeau nous
révélait donc sa pensée qui s'inscrit bien dans la ligne
du parti, nous rassurait totalement quant aux engagements du gouvernement de ne
pas procéder à une fusion involontaire
décrétée par une loi.
Jusqu'au dépôt du projet de loi no 37, nous étions
satisfaits de l'attitude des représentants du gouvernement sur le
principe qu'il ne doit pas y avoir de fusion forcée ou qu'une fusion ne
sera pas imposée, aussi bien que de l'attitude du ministre de la
Justice, qui concluait qu'une fusion ne peut pas et ne doit pas se faire sans
consultation préalable des citoyens.
Vous comprendrez facilement notre surprise et notre indignation, lorsque
nous avons appris que sans aucune consultation préalable, un projet de
loi dont le contenu est à la fois contraire au programme du parti
représenté par le gouvernement actuel et aux assurances qui nous
avaient été données par des ministres qui devaient certes
parler au nom de ce gouvernement, avait été déposé
pour regrouper ou fusionner involontairement les villes de Baie-Comeau et
Hauterive. (17 h 45)
Notre surprise et notre indignation étaient d'autant plus grandes
que la ville de Hauterive, dans un mémoire qu'elle présentait le
17 avril 1980 au premier ministre, au ministre des Finances, à notre
député-ministre, au ministre des Affaires municipales et au
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, se prononçait de la
façon suivante sur l'hypothèse de la fusion pour régler
les problèmes de Hauterive -c'est un extrait du mémoire de
Hauterive -"Certains opinent que la fusion des villes de Hauterive et de
Baie-Comeau serait une solution. Quoique conscients des avantages
évidents d'une administration unique pour une même
collectivité, conscients de ces avantages, nous ne voulons pas, en
aucune manière, tenter quelque rapprochement tant que les esprits ne
seront pas prêts. Lorsque les citoyens de Hauterive et de Baie-Comeau
manifesteront clairement une volonté de fusion, alors nous aviserons.
Nous préférons plutôt avoir les moyens de faire face
à nos obligations; nous préférons un partage
équitable des moyens de financement."
Permettez-nous de ne pas insister davantage. Nous pensons toujours que
nous avions raison de croire qu'une décision unilatérale portant
atteinte à notre souveraineté ne pouvait être prise par le
gouvernement actuel sans une consultation préalable fondée sur
des études sérieuses qui touchent à tous les aspects et
à toutes les implications d'une fusion.
Les dispositions et mécanismes prévus par la Loi
favorisant le regroupement des municipalités. En vertu de cette loi, le
ministre peut décréter une unité de regroupement et exiger
une étude et un rapport sur la fusion. Même dans le cas d'un
rapport favorable et d'une requête conjointe par les municipalités
concernées, s'il y a opposition de la part des citoyens, la loi
prévoit une enquête publique, un rapport de la Commission
municipale et, sur recommandation de celle-ci, une consultation populaire.
Ce n'est que lorsque ce processus est complété que la
fusion, si elle est jugée souhaitable, peut être
décrétée par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Nous croyons qu'elle constitue toujours le moyen auquel le gouvernement
devrait faire appel, lorsqu'il pense une fusion souhaitable et dans
l'intérêt de la collectivité.
Le principe sacré de l'autonomie des municipalités. Nous
avons certes le droit de nous demander pour quelles raisons le
législateur veut nous imposer cette fusion d'autorité, alors
qu'ailleurs, il respecte les grands principes de la démocratie et
l'autonomie de l'ensemble des municipalités.
Nous pouvons certainement nous interroger sur le cas des
agglomérations suivantes dont les écarts d'évaluation
imposables entre les villes adjacentes sont similaires à celles de
Baie-Comeau-Hauterive, Sorel-Tracy, Dolbeau-Mistassini, Rouyn-Noranda,
Lévis-Lauzon, Pointe-aux-Trembles-Montréal-Est.
Le point de vue clairement exprimé par la population de
Baie-Comeau. Le 22 mai 1977, nous avons consulté notre population sur le
principe de la fusion avec la ville de Hauterive. Elle a répondu non
dans une proportion de plus de 90%. Le 7 décembre 1981, lors d'une
réunion publique, plus de 4000 citoyens, soit un peu plus que la
moitié des citoyens habilités à voter dans notre ville, se
sont prononcés contre toute fusion sans référendum
préalable. Ces citoyens ont émis une opinion claire: le projet de
loi 37 doit être retiré. Nous sommes solidaires de cette prise de
position quasi unanime, pas de fusion sans référendum. Nous
croyons que si le ministre de la Justice avait raison dans sa
déclaration de 1976, les citoyens de Baie-Comeau ne peuvent, dans une
aussi forte proportion, avoir tort aujourd'hui.
Législation du gouvernement actuel en matière de
regroupement. En ce qui a trait au regroupement des municipalités, le
gouvernement actuel, depuis son accession au pouvoir en 1976, et jusqu'au
dépôt du projet de loi no 37, a adopté les lois suivantes,
la loi 7, sanctionnée le 19 juillet 1977, concernant les villes de
Jonquière et de Chicoutimi, la loi 119, sanctionnée le 17 mai
1979, concernant les municipalités de l'Outaouais, la loi 32,
sanctionnée le 24 mai 1979, modifiant la Loi concernant certaines
municipalités de l'Outaouais et du Haut-Saguenay. Bien plus, ces lois
n'avaient pas pour effet de déclarer des fusions involontaires, au
contraire, elles avaient pour effet, dans le cas de la loi no 7 et de la loi no
32, d'empêcher une fusion involontaire déjà
décrétée par une loi antérieure et dans le cas de
la loi 119, de dégrouper, à compter du 1er janvier 1980, huit
municipalités de la région de l'Outaouais, qui avaient
été regroupées à compter du 1er janvier 1975, par
une loi antérieure du gouvernement.
Le projet de loi no 37, une erreur ou un précédent? Nous
voulons croire que le projet de loi no 37 est une erreur, puisqu'il n'est
conforme ni aux déclarations des ministres, ni au programme du parti
représenté par l'actuel gouvernement, ni à la
législation adoptée par le gouvernement depuis 1976. S'il s'agit
d'un précédent qui prépare une nouvelle orientation du
gouvernement en matière de regroupement, nous sommes inquiets, autant
pour l'avenir de notre région que pour l'avenir de la
démocratie.
Nous osons croire qu'il s'agit, dans le document de travail qui a
été déposé par erreur, à l'insu des
ministres qui ont déclaré qu'il n'y aurait pas de fusion
involontaire décrétée par une loi.
Les conditions préalables à toute fusion éventuelle
des villes de Baie-Comeau et de Hauterive. La fusion des villes de Baie-Comeau
et Hauterive n'est ni une chose impossible, ni une chose impensable.
Pourra-t-elle être une chose souhaitable? Les études
réalisées par les deux villes qui s'adjoindraient des
spécialistes ayant acquis une solide expérience dans l'analyse
des implications socio-économiques, administratives et politiques du
regroupement des municipalités pourraient peut-être le
démontrer.
Nous maintenons que toute fusion éventuelle des deux villes doit
tenir compte des conditions préalables suivantes: le
rétablissement par une intervention directe du gouvernement du
Québec d'une situation financière saine de la ville de Hauterive,
une étude approfondie des implications d'une fusion éventuelle et
dont les conditions seraient favorables, la possibilité pour les
citoyens des deux villes concernées d'être
suffisamment informés et consultés selon les
mécanismes prévus par les articles 11 et 12 de la Loi favorisant
le regroupement des municipalités et l'octroi d'un délai
suffisant pour permettre, le cas échéant, aux deux
municipalités concernées de rédiger une requête
conjointe de fusion.
Point de vue des autorités municipales de Baie-Comeau sur le
contenu du projet de loi 37. Nous rejetons le principe même d'une fusion
forcée sans une étude préalable, exhaustive et sans une
consultation préalable, selon les mécanismes prévus par la
Loi favorisant le regroupement des municipalités. Il n'est donc pas
question que nous proposions quelque amendement que ce soit audit projet.
Si une loi était nécessaire pour concrétiser une
fusion librement consentie, elle devrait contenir des dispositions permettant
de régler à l'avance tous les problèmes relatifs à
l'intégration du personnel, à la répartition des services
et à la répartition du fardeau fiscal. On ne peut pas laisser au
hasard la solution de tous les problèmes que pose une fusion. Nous ne
pouvons accepter non plus, parce qu'il s'agit d'une atteinte directe à
notre autonomie, que ce soit le gouvernement qui décrète le taux
minimal d'une taxe d'affaire que nous devrons obligatoirement imposer,
même si les deux villes s'entendaient sur une fusion éventuelle.
C'est à ceux qui dirigeraient la nouvelle ville qu'il appartiendrait de
décider s'il doit y avoir une taxe d'affaire et à quel taux.
Nous voulons porter à l'attention du législateur deux
observations particulières que nous avons faites à la lecture du
projet de loi. La première, c'est que la ville de Baie-Comeau n'a pas de
fonds de roulement, l'article 13 du projet de loi aurait donc été
rédigé par erreur. La deuxième, c'est qu'il n'existe pas
actuellement de Cour municipale à Baie-Comeau ou à Hauterive. La
partie de l'article 15 qui prévoit leur abolition a aussi sans aucun
doute été rédigée par erreur.
Recommandations. Notre position est claire et elle nous est
dictée par une population qui, unanimement, a dit non à la fusion
sans référendum. Elle a aussi dit non à la fusion à
n'importe quelle condition. Elle a finalement dit non à une fusion qui
compromettrait l'avenir de la région.
C'est donc à partir de ces prémisses que nous formulons
aujourd'hui les recommandations suivantes: Retirer le projet de loi no 37;
obliger Hydro-Québec à assumer toutes ses responsabilités
financières envers la ville de Hauterive; utiliser, pour tout projet
éventuel de fusion, tous les mécanismes prévus par la Loi
favorisant le regroupement des municipalités; éviter toute action
prématurée ou dont les conséquences
socio-économiques n'auront pas fait l'objet d'une analyse
préalable, suivie d'une consultation des populations
concernées.
Nos recommandations n'ont pas pour but de fermer la porte à tout
projet de loi de fusion éventuelle, si celui-ci est envisagé dans
le cadre d'une loi existante qui permettrait l'exercice des droits
démocratiques de nos populations auxquelles on aurait
préalablement démontré que cette fusion est souhaitable et
que les avantages qui en découleraient seraient également
partagés entre les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Nos recommandations visent, d'autre part, à faire corriger par le
gouvernement du Québec la situation financière précaire
dans laquelle se retrouve aujourd'hui la ville de Hauterive, parce que c'est le
gouvernement du Québec lui-même qui a créé cette
situation en décrétant que sa société
d'État, pour laquelle la ville de Hauterive avait dû faire de
nombreux investissements pour accueillir les travailleurs qui ont
réalisé la construction du complexe Manic-Outardes, n'aurait pas
à en payer le coût, n'étant pas assujettie à la taxe
foncière sur la valeur de ses propriétés; en ne faisant
pas d'exception pour la ville de Hauterive qui, ayant largement
contribué au développement d'un complexe hydroélectrique
qui dessert la population du Québec, en est aujourd'hui
pénalisée, parce qu'en plus de ne pas retirer de taxes
foncières auxquelles elle croyait avoir droit, elle se retrouve dans une
situation défavorable à la suite de la réforme de la
fiscalité municipale.
Nous voulons signaler ici que, dans le cadre de la réalisation du
complexe hydroélectrique de la Baie-James, le gouvernement a
créé lui-même la ville qui devait accueillir des
travailleurs et qu'il en paie le prix. On se demande pourquoi le gouvernement
du Québec a payé dans un cas et refuserait de payer dans l'autre
cas.
Enfin, nos recommandations visent à éviter qu'une action
prématurée, qui ne serait pas supportée par des dossiers
techniques qui démontreraient hors de tout doute raisonnable la
nécessité et les avantages de la fusion, ait des
conséquences sur l'économie de la ville de Baie-Comeau et de
l'ensemble de la région.
Conclusions. Nous vous avons soumis, dans le présent
mémoire, nos points de vue qui sont ceux de l'ensemble de notre
population. Nous avons fait part de nos réflexions dont la substance et
les documents d'appui auraient pu être encore plus importants si nous
avions eu un délai plus long pour préparer le présent
mémoire.
Nous avons foi dans le sens de la démocratie qui vous anime et
nous souhaitons que vous en arriverez rapidement à la conclusion que le
projet de loi no 37 ne doit pas être approuvé si nous voulons que
les administrateurs municipaux et les citoyens continuent à croire que
l'autonomie
municipale, ce n'est pas une expression vide de sens.
Encore une fois, nous vous remercions pour le temps que vous nous avez
consacré et pour l'intérêt que vous avez porté
à notre mémoire.
Le Président (M. Rodrigue): M. Leonard, je vous remercie
en particulier de l'effort de condensation que vous avez fait dans votre
présentation. Je vous demande d'être avec nous à la reprise
des travaux pour répondre aux questions des membres de la commission. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente des affaires municipales
poursuit ses travaux en vue d'entendre des organismes relativement au projet de
loi no 37, Loi regroupant les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Avant la suspension de nos travaux, à 18 heures, nous avons
entendu le mémoire de la ville de Baie-Comeau, présenté
par son maire, M. Henry Leonard; j'invite M. Leonard et son groupe à
reprendre place à la table qui est devant nous au cas où il y
aurait des questions de la part des députés de la commission.
M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): Je voudrais d'abord remercier les
citoyens de la ville de Baie-Comeau, encore une fois, de s'être
déplacés afin de participer à cette commission
parlementaire qui nous permet, à l'heure actuelle, d'entendre
différentes opinions.
C'est bien sûr qu'un projet de fusion est toujours un projet
controversé. D'ailleurs, tout ce qui touche aux structures municipales
est controversé et à juste titre. Cela crée de l'animation
dans le paysage et je pense qu'il faut s'attendre à ça. En
particulier, j'ai bien apprécié l'historique de M. le
député de Saguenay et ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Je crois que c'était un historique étoffé,
solide, et qui renseignait beaucoup sur tout le passé de ce dossier qui
date de plusieurs années déjà, d'au moins quinze ans.
J'aurais peut-être quelques points à soulever, un en
particulier sur toutes les citations qui ont été faites par
rapport aux fusions, aux bienfaits des fusions ou aux méfaits des
fusions. Je sais qu'on a parlé de Jonquière en particulier, mais
le maire de Jonquière, qui, en passant, est vice-président de
l'Union des municipalités du Québec, a d'ailleurs
déclaré sur les ondes d'un poste de radio, chez vous, à
Hauterive, je crois que c'est CHLC, que le compte de taxes des citoyens de
Jonquière, pour une propriété d'évaluation moyenne,
avait été, en 1978, de 884 $ et en 1982 de 862 $. Alors, si une
ville fusionnée entraîne des coûts si importants, il reste
qu'après quelques années de stabilisation c'est une baisse
relative considérable, compte tenu de l'inflation de ces quatre
dernières années, de 1978 à 1982.
Je voudrais revenir sur un point, sur une citation que vous faites d'un
de mes discours à la page 55 de votre mémoire. Je le cite, je le
reprends. Il s'agissait, à l'époque, du projet de loi no 125: "La
deuxième orientation du projet de loi a été aussi claire,
le gouvernement ne créera pas de nouvelles structures locales ni ne
détruira celles qui existent déjà. C'est pourquoi il n'y
aura pas de fusion involontaire décrétée par une loi et
toute lecture du projet de loi qui conclut à la disparition des
municipalités est de la pure démagogie."
Ces paroles, je les redirais parce qu'on avait affirmé que la loi
no 125 était un projet de loi qui conduisait aux fusions. Or, cela est
absolument faux, et j'ai déclaré à plusieurs reprises
d'ailleurs et partout au Québec qu'il y avait différentes
façons de faire l'aménagement, mais qu'il n'y en avait pas non
plus des multitudes. Ou bien, on fusionnait des villes, des
municipalités ou bien, on les regroupait autour de la même table,
et c'est ce que proposait la loi 125, et la loi 125 comporte un philosophie
contraire à la fusion effectivement. Je pense que citer un texte comme
celui-là à l'intérieur d'un mémoire pour en tirer
des conclusions contraires à ce qu'il voulait dire n'est pas d'une
très grande crédibilité.
J'espère que tout le reste du mémoire n'est pas de la
même farine, parce que je n'y ajouterais pas
crédibilité.
J'ai noté aussi à la fin, un point; je comprends que la
ville de Baie-Comeau n'est pas d'accord avec le projet de loi, c'est son droit.
Je la remercie cependant des bonnes suggestions qu'elle fait par exemple sur la
Cour municipale parce que peut-être qu'il n'y en a pas à l'heure
actuelle, qu'il y a d'autres mécanismes, mais dans une ville de cette
importance, j'ai cru comprendre que mes fonctionnaires avaient
présumé qu'il y avait un Cour municipale. C'est ce qui se passe
assez souvent, comme le fait qu'il y avait aussi un fonds de roulement, parce
que très souvent des municipalités de 5000 habitants ont des
fonds de roulement. Alors, je ne sais pas comment vous financez
différentes opérations, industrielles ou autres. C'est votre
problème, mais je pense que ce n'est peut-être pas mauvais que
dans un projet de loi, on prévoie la possibilité qu'il y ait une
Cour municipale. Alors, ça reste à
voir; nous verrons à ce moment-là lors de la discussion,
article par article, ce que nous en ferons; je vous remercie de la suggestion,
je vois quand même que c'est positif. (20 h 15)
On a parlé des études, moi j'aimerais vous poser une
question M. le maire. Combien d'études ça prendrait encore et
peut-être plus simplement, quand est-ce, selon vous, que les gens vont
être prêts à faire une fusion?
M. Leonard (Henry): Quand ils seront prêts, c'est à
eux de décider.
M. Léonard (Labelle): Je veux simplement vous poser une
question, parce que je n'ai pas terminé.
M. Leonard (Henry): Est-ce que je peux répondre.
M. Léonard (Labelle): Oui.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, s'il vous
plaît.
M. Leonard (Henry): Dans votre question, je tiens pour acquis
qu'il y avait quand même un préambule. Je tiens aussi pour acquis
que ce n'est pas l'Académie française qui siège, mais
quand je regarde ce que vous avez dit et je vous cite: "C'est pourquoi il n'y
aura pas de fusion involontaire", vous aurez beau appeler cela farineux ou
utiliser le qualificatif que vous voudrez, cela m'apparaît un excellent
français.
M. Léonard (Labelle): Je n'ai pas parlé du
français ni de la qualité, c'est la question que je vous pose.
Quand, selon vous, les gens seront-ils prêts à considérer
une fusion?
M. Leonard (Henry): Vous voulez le savoir, M. le ministre, quand
les gens seront prêts? Vous viendrez chez nous leur poser la question de
la façon la plus démocratique à laquelle votre parti
croit. Le chef de votre parti disait aujourd'hui, titré dans la Presse,
que le référendum c'est encore l'outil le plus
démocratique. Il y a eu des problèmes chez lui, dans son parti et
il a dit: j'ai besoin d'un référendum pour savoir ce qui se passe
chez nous. Vous voulez savoir ce qui se passe chez nous? Décrétez
un référendum, M. le ministre et on vous le dira.
M. Léonard (Labelle): Alors, M. le maire...
Le Président (M. Rodrigue): S'il vous plaît!
M. Léonard (Labelle): ... l'Assemblée nationale est
aussi une institution démocratique.
M. Leonard (Henry): Mais, maintenant...
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, s'il vous
plaît, je ne voudrais pas que cela tourne en dialogue. Je vous demande
autant que possible de vous adresser au président et je vais demander
à M. le maire également de faire la même chose.
M. Leonard (Henry): D'accord.
M. Léonard (Labelle): Alors, sur un autre point à
la page 43. Vous parlez des coûts de la fusion. J'aimerais vous poser un
certain nombre de questions là-dessus, puisqu'on en est à ce
moment-ci à des questions. Qu'est-ce qui vous amène à dire
que tous les coûts, tous les services fusionnés
entraîneraient des coûts à la hausse? Parce que quand on
fait la liste, par exemple, le service de police coûterait 120 000 $ de
plus. Est-ce que c'est une décision d'une future municipalité qui
serait fusionnée ou si c'est vraiment des coûts
entraînés par la fusion? Parce que cela, je pense qu'il faudrait
en faire la preuve. Il y a surtout une question à la fin, où vous
dites que les travaux d'immobilisation, je suppose, je dois comprendre que
c'est par suite de la fusion que c'est de cela dont il est question, auraient
un impact sur le service annuel de la dette de 2 945 000 $. Est-ce que ce sont
seulement les travaux d'immobilisation? J'aimerais que vous précisiez
là-dessus.
M. Leonard (Henry): Alors, on va vous préciser cela, M. le
Président, et on va commencer par l'article le plus important, les 2 945
000 $. La première référence, on va se
référer au mémoire que la ville de Hauterive vous a
présenté et je cite: "II n'y a pas que du côté de la
planification territoriale que nous avons connu des séquelles
néfastes, comme en fait foi le problème de réfection de la
vieille partie de la ville de Hauterive, celle construite entre 1951 et 1961.
Dans le temps, le ministère de la Santé n'exigeait pas le
dédoublement des égouts. De plus, ce même ministère
n'avait pas de normes sécuritaires au sujet des diamètres de
tuyaux. Aussi, avec le développement plus dense en population des
secteurs, avec la construction de nouveaux édifices publics qui a
augmenté le débit d'utilisation plus que prévu, la
consommation a triplé depuis, parce que le nombre et la grosseur des
bâtisses ont été réalisés plus que
prévu et lors des pluies abondantes -strictement les pluies abondantes -
même si les tuyaux sont dans un état de propreté, il y a
refoulement presque à chaque événement. Il y a donc
là une réalité urgente de mise en exécution de ce
projet pour éviter que la ville ne connaisse des
difficultés physiques majeures, comme les dégâts
causés par les refoulements d'égouts."
Travaux d'immobilisation. À ce point, nous considérons
uniquement les travaux d'immobilisation rendus nécessaires pour offrir
la même qualité de services dans les deux villes. On pense que
dans une nouvelle ville il n'y aura pas de quartier, de Westmount, si je prends
l'exemple de Montréal et de Saint-Henri. Actuellement, la ville de
Hauterive est prise avec un sérieux problème de refoulement des
égouts dans le secteur appelé le plateau. C'est eux qui le disent
dans leur mémoire. D'ailleurs, le maire de cette ville faisait
état de ce dossier dans un mémoire présenté au
premier ministre René Lévesque.
Afin de doter ce secteur d'équipements pluviaux adéquats,
certains travaux sont rendus nécessaires pour obtenir la même
qualité de services qu'à Baie-Comeau. Il est à noter
qu'à ce stade-ci on ne peut tenir compte d'aucune subvention, puisque
aucune confirmation n'a été donnée, à notre
connaissance. Les autres travaux d'immobilisation sont déjà
presque complètement terminés, mais le service de la dette de ces
travaux devra être financé par la nouvelle ville
fusionnée.
M. Léonard (Labelle): Bon, d'accord, disons...
M. Leonard (Henry): Je n'ai pas fini, vous m'avez posé la
question, je veux y répondre.
On prend les travaux des règlements, si je prends mon
texte...
M. Léonard (Labelle): M. le maire, s'il vous plaît,
pour les fins de la discussion, il reste que, si je suis votre raisonnement, le
fait d'améliorer les égouts, les services municipaux, aqueducs,
égouts pluviaux et égouts sanitaires, de la ville de Hauterive
n'est pas nécessairement une conséquence de la fusion. C'est une
conséquence d'une décision qui sera prise ultérieurement
comme elle pourrait être prise aussi à l'heure actuelle dans la
ville de Hauterive. Je pense qu'il faut quand même distinguer les deux
choses. Sur ce plan, je pense que cela nous éclaire...
M. Leonard (Henry): M. le Président, si on me laissait
répondre, je donnerais une réponse au ministre. Il m'a
posé la question...
M. Léonard (Labelle): Allez-y.
M. Leonard (Henry): D'accord. On regarde les travaux
déjà faits, c'est-à-dire ceux qui devront être
financés en 1981-1982. On retrouve les travaux des règlements
347, 348, etc. Je vous dispense de tout cela. Il en coûtera au service de
la dette 670 326 $. Les travaux des règlements qui devront être
financés en 1982, on en a pour 1 034 325 $. Quand j'additionne les deux,
cela fait exactement 1 704 000 $ qui devront être financés dans
les budgets à venir. Je n'ai pas parlé à ce moment de la
réfection des égouts pluviaux sur le plateau et, si on prend le
chiffre que le maire de Hauterive avance dans son rapport, le chiffre de 1978,
et qu'on l'indexe, on en a pour 10 500 000 $. On fait un emprunt à 18%
et dans les conditions actuelles il en coûtera 1 961 000 $ au service de
la dette. Ils sont au même niveau, les citoyens à part
entière de la nouvelle ville, ce qui fait un total de service de dette
annuelle de 3 666 261 $. Cela répond à la question du
ministre.
M. Léonard (Labelle): Je pense que les
interprétations pourraient différer beaucoup sur la
réponse, cela me paraît assez évident, parce qu'au fond il
y a une distinction à faire entre des coûts qui découlent
de décisions prises par une ville fusionnée, ou une ville qui
n'est pas fusionnée parce que ces travaux pourraient très bien se
faire dans la situation actuelle... Je pense qu'il faut évaluer le
niveau de la qualité des services. Voilà, cela éclaire
nos...
M. Leonard (Henry): M. le Président, il
m'apparaît...
M. Léonard (Labelle): M. le Président, j'ai la
parole, s'il vous plaît, et on ne m'interrompra pas à tout bout de
champ!
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît! M. Leonard, M. le ministre a une série de questions. Je
vais lui demander, pour faciliter les choses, de vous donner sa série de
questions, à vous de les noter et, après cela, de regrouper vos
réponses. Je pense que c'est de nature à accélérer
nos délibérations, parce que nous avons encore sept
mémoires à entendre. Cependant, je veux quand même vous
donner l'occasion de répondre à toutes les questions.
M. le ministre, si vous voulez poursuivre...
M. Léonard (Labelle): Oui, j'ai fait un exposé
là-dessus aussi.
Sur un autre plan, au niveau des recettes, par exemple, j'ai noté
à la page 75 que la ville de Baie-Comeau ne pouvait accepter non plus,
parce qu'il s'agissait d'une atteinte directe à son autonomie, que cela
soit le gouvernement qui décrète le taux minimal d'une taxe
d'affaires que nous devrons obligatoirement imposer, même si les deux
villes s'entendaient sur une fusion éventuelle.
Je pense que, là-dessus, il y a une proposition dans le projet de
loi. Puisqu'on
en est à la première lecture, je donne une explication
là-dessus. Il y a un taux de taxe d'affaires qui est différent
entre Baie-Comeau et Hauterive. Je pense qu'à peu près, grosso
modo, le taux serait de 5% dans une ville et 15% dans l'autre et, à
l'heure actuelle, la proposition dans le projet de loi, c'est de mettre
10%.
Je crois qu'il y a quand même certaines considérations
derrière cette proposition. On m'a dit qu'il y avait quelque 50% des
travailleurs de Hauterive, par exemple, qui travaillaient à
l'extérieur de Hauterive et la bonne majorité d'entre eux
travailleraient à Baie-Comeau. Il y quand même une certaine
responsabilité sociale des entreprises par rapport à l'endroit,
à la municipalité où elles se trouvent, à la
population qui travaille pour elles et qui vit aussi de ces entreprises.
Les 10% sont un compromis offert. S'il y a des objections à cela
de la part de ces entreprises, je veux bien les entendre. Cependant, cela peut
aller aussi à l'encontre de leurs intérêts. Si
c'était laissé à leur discrétion, cela pourrait
être moins, cela pourrait être plus; il reste que pour l'instant,
c'est une proposition qui est là.
Je trouve quand même peut-être curieux - peut-être, un
peu plus tard, vous aurez des commentaires à faire là-dessus -que
le taux de la taxe d'affaires soit quand même assez différent
entre une ville et une autre.
S'il y a vraiment une responsabilité sociale des entreprises, il
faudrait quand même qu'elle soit remplie par ces entreprises. Je trouve
qu'il faudrait éviter qu'il y ait une trop grande distorsion entre les
deux villes.
J'ai simplement noté ici dans le journal Le Soleil, du vendredi
11 décembre, dans un article de M. Fessou, le passage suivant - on
pourra lire tout l'article, il est public évidemment -: "Une
véritable annexion. Depuis toujours, il a existé une
rivalité entre les villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Elle remonte
à l'époque où Mgr Labrie n'a pu obtenir de la compagnie de
papier QNS les terrains qu'il convoitait pour y bâtir sa
cathédrale et l'évêché, forçant
l'ecclésiastique à bâtir de toutes pièces une
nouvelle ville qui s'appelle Hauterive."
Je ne sais pas si, finalement, il n'y a pas des oppositions assez
importantes à l'annexion, compte tenu des variations qui pourraient
modifier le taux de la taxe d'affaires. Mais, une question aussi, il ne
faudrait pas non plus qu'on perpétue jusqu'à un certain point un
paradis fiscal pour les entreprises, par rapport à leurs
responsabilités sociales.
Sur d'autres plans, en 1977-1978, on demande qu'Hydro-Québec
assume toutes ses responsabilités financières envers la ville de
Hauterive. Je crois que dans la réforme, dans la nouvelle
fiscalité municipale, il y a eu des discussions considérables,
ardues, au sujet de la charge fiscale imposée à
Hydro-Québec. Il a été convenu de répartir un 3%
sur les revenus bruts d'Hydro-Québec à l'ensemble de la
population du Québec et de taxer, sur la base de l'impôt foncier,
ses installations, ses immeubles, là où ils se trouvaient. Dans
ce contexte, Hydro-Québec a assumé toutes ses
responsabilités envers la ville de Hauterive ce qui a amené une
augmentation quand même intéressante des sources d'impôt
foncier à la ville de Hauterive par l'effet de cette fiscalité
municipale. (20 h 30)
Je comprends qu'on puisse remonter en arrière en disant que,
lorsqu'il y a eu les travaux de Manic-Outardes, ces dispositions de la loi
n'existaient pas, mais nous n'étions pas au gouvernement à
l'époque; maintenant que nous y sommes, nous avons quand même
contribué à ce que Hydro-Québec paie pas mal plus
d'impôt foncier aux municipalités depuis 1980.
Je note aussi une chose au sujet de votre budget, dans un journal, Plein
Jour je crois, qui serait paru récemment où on disait que vous
aviez fait, en 1980, un surplus de 1 018 000 $ je crois, et que vous
afficheriez cette année un déficit de 130 000 $. En tout cas vous
pourrez corriger s'il y des inexactitudes, je cite ici le journal Plein Jour,
sur la Manicouagan, 29 novembre 1981, c'est bien les textes: "Effectivement, le
surplus pour l'année 1980, 1 018 165 $, le déficit attendu
approximatif en 1981, 130 000 $". J'ai compris aussi, d'après certaines
déclarations, que les revenus de l'électricité à
Baie-Comeau provenant de la Manic Power pourraient diminuer par suite de
l'implantation de la Reynolds. Je me demande quelles sont les implications sur
vos états financiers et sur votre budget de fonctionnement par rapport
à tous ces événements qui viennent de se passer; parce que
peut-être bien que ça peut vous amener à augmenter de
façon significative votre taux de taxes le 1er janvier, hors la
fusion.
Je voudrais aussi, en terminant, sur un autre point vous poser une
question et je voudrais avoir une réponse brève, s'il vous
plaît, très brève, oui ou non. L'édition du Soleil
du vendredi 11 décembre, dans le même article que je citais tout
à l'heure, deux paragraphes vers la fin, disait: "En contrepartie, le
maire de Baie-Comeau exige trois choses: que le gouvernement défraie les
coûts réels de la fusion afin que celle-ci ne soit pas
entièrement à la charge de Baie-Comeau, qu'une consultation
populaire par voie référendaire soit organisée
auprès des Baie-Comelliens, qu'un délai raisonnable d'une
année, voire deux, permette aux deux villes de procéder à
la fusion technique de leurs services et de leurs
administrations - et voici le paragraphe -sinon, le maire, Henry
Leonard, a prévenu qu'il n'hésitera pas à recourir
à la désobéissance civile pour s'opposer à la
fusion de sa ville avec Hauterive".
Pour la dernière phrase, infirmez-vous, confirmez-vous?
M. Leonard (Henry): M. le Président.
M. Léonard (Labelle): Infirmez-vous, confirmez-vous?
M. Leonard (Henry): M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Avez-vous terminé?
M. Leonard (Henry): M. le Président, j'aurais besoin de
directives...
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Leonard (Henry):... Je voudrais comprendre. Je peux bien
comprendre que le ministre ait l'initiative des questions mais de là
à me dicter, dans toute sa grande démocratie, la qualité
des réponses que je dois donner, je m'oppose. S'il me pose une question,
qu'on me laisse au moins répondre. Affirmez-vous, niez-vous? Je ne suis
pas inquiet de répondre M. le ministre. Laissez-moi le temps. Les
questions chargées là, bats-tu ta femme souvent, etc., on a
entendu ça, nous autres, même sur la Côte-Nord, à 300
milles, on a entendu ça. Ce n'est pas la première fois qu'on sort
même si des fois on sort en raquettes. Prenez votre temps, M. le
ministre.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, on va essayer de faire ça un peu
plus calmement, s'il vous plaît! Un instant, M. le maire m'a posé
une question, il m'a demandé une directive, alors je vais lui
répondre.
M. le maire, vous êtes aussi maître des réponses que
vous voulez donner que le ministre est maître des questions qu'il veut
poser. Alors, dans ce sens-là, vous avez le loisir de répondre ou
de ne pas répondre et de prendre le temps nécessaire pour le
faire. Je vais demander à nouveau la collaboration des gens qui vous
accompagnent pour qu'on continue de la même façon qu'on
était partis cet après-midi, déroulement qui s'est fait
d'une façon très calme. Je pense qu'on est tous capables d'ici
à la fin de la veillée de poursuivre dans ce sens-là. M.
le maire, vous avez la parole et par la suite je donnerai la parole au
député de Hull.
M. Leonard (Henry): M. le Président, je vous offre ma
collaboration pour que tout se déroule dans l'ordre.
Ce que je veux dire, M. le Président, et je réponds
à la question du ministre, oui, je l'ai dit et je n'ai que cité
une résolution qui a été adoptée au congrès
du Parti québécois qui a dit: "Nous ne reconnaîtrons jamais
la constitution fédérale et nous recommanderons la
désobéissance civile." C'est tout ce que j'ai dit.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre! M. le maire,
est-ce que vous avez d'autres réponses à donner?
M. Leonard (Henry): J'en aurais une quantité de
réponses. Qu'est-ce que vous voulez? On m'a lancé... On ne m'a
pas posé de questions, on a fait un exposé; il aurait fallu que
j'aie tout un bureau de recherches pour répondre aux questions du
ministre.
Ce que je veux dire au ministre, c'est qu'il m'apparaît
évident, et j'ai eu l'occasion cet après-midi de discuter avec
quelques-uns de ses fonctionnaires, qu'il ne possède pas les
données nécessaires pour juger de la valeur du problème et
je m'explique: Nous savons, nous, à l'échelle régionale -
et je ne voudrais surtout pas être péjoratif - depuis le
début du dossier Reynolds, que c'est pour nous à l'échelle
locale, municipale, un dossier négatif. Je l'ai dit à
l'envoyé du ministre chez nous dimanche matin dans mon bureau à
l'hôtel de ville... M. Lessard, je vais vous répondre; prenez
votre temps.
M. Lessard: Je parlerai tantôt.
M. Leonard (Henry): Oui. Nous ne sommes pas pressés; on
connaît la qualité de vos paroles.
M. Lessard: ... les vôtres aussi.
Le Président (M. Rodrigue): S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. le maire, si vous permettez, je vais présider
l'assemblée et je demande aux autres députés de me laisser
présider.
S'il vous plaît, à l'ordre!
M. le maire.
M. Leonard (Henry): Depuis l'annonce de Reynolds, nous savons que
nous allons perdre notre réseau électrique. Reynolds est
actionnaire de la compagnie hydroélectrique Manicouagan, et nous savons
que l'électricité dont ces gens auront besoin pour leur
agrandissement c'est en somme l'électricité dont la ville de
Baie-Comeau a besoin pour alimenter son réseau électrique.
Nous avons comme pièce justificative dans notre dossier, une
lettre à l'annexe no 3 venant de la compagnie hydroélectrique
Manicouagan et qui est adressée à la ville de Baie-Comeau qui
dit: "Selon les prévisions -et c'est daté du 15 octobre 1981 -
actuelles, nous pensons être en mesure d'alimenter
toute la charge de la ville de Baie-Comeau jusqu'en juin 1985. À
partir de juin 1985, nous ne pourrons alimenter aucune charge de la ville de
Baie-Comeau, car la société canadienne des métaux Reynolds
prévoit utiliser le maximum de l'énergie contractée avec
nous." Et c'est signé Jacques Muloin, directeur
général.
Ceci dit, nous avons regardé et analysé la situation. Il
est facile de conclure que toutes les municipalités au Québec qui
avaient un réseau électrique qui leur appartenait, un
réseau municipal, se sont vues forcées de vendre leur
réseau parce que le gouvernement actuel a voté une loi
décrétant que dans les municipalités, il ne devrait pas y
avoir de tarif d'électricité supérieur à ceux
décrétés par Hydro-Québec. Nous devrons donc nous
dispenser d'un revenu de 2 000 000 $ et les 2 000 000 $, ça ne compense
même pas pour les revenus que nous allons recevoir de la taxation de la
société canadienne des métaux Reynolds.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président, disons qu'il ne
faudrait quand même pas paniquer. Je pense que c'est relativement
important, le projet de loi que nous étudions, et personnellement, je
voudrais féliciter la ville de Baie-Comeau pour son mémoire que
je trouve très bien étoffé, bien préparé,
tenant compte du laps de temps très court qu'elle a pu avoir pour le
préparer. Il reste une chose importante: les paroles s'envolent, les
écrits demeurent. Je voudrais justement... On a parlé de
certaines déclarations à Baie-Comeau, certaines
déclarations dans la Côte-Nord; on a aussi parlé ou on peut
parler de certaines déclarations dans l'Outaouais le 28 février
1979, où le ministre M. Léonard déclarait que pour
l'aménagement, le gouvernement se liait à la décision des
gens dans les comtés.
J'aimerais citer ce que le ministre, M. Léonard, a
mentionné parce que, encore une fois, je pense qu'il faut vivre avec ce
qu'on a dit, surtout quand c'est écrit, mais cela permet aux gens de se
rappeler plus longtemps les politiques et les orientations politiques d'un
gouvernement. Alors, "le gouvernement n'imposera pas son optique. Il se lie
à la décision des gens dans les comtés. Une telle approche
implique les gens, les élus dans l'organisation du territoire, a
indiqué le ministre". Je pense que, si on veut s'en tenir à la
démocratie, il y a une question qui nous intéresse plus
particulièrement. C'est qu'un projet de loi comme le projet de loi 37,
qui est parrainé par le ministre Jacques Léonard, cela me fait
penser un peu à un bébé qui ne connaît pas ses
parents ou à un parrain qui est poigné, je veux dire sans
connaître les parents et à servir de parrain. Il est bien
évident, M. le Président, que l'allure que semble prendre cette
assemblée d'information pour nous dégénère
peut-être d'un côté malveillant du ministre des Affaires
municipales, qui semble se voir poigné actuellement. Je comprends que
l'Assemblée nationale est aussi une institution démocratique,
vous l'avez dit tantôt, M. le ministre. Actuellement on est en train de
nous bâillonner, l'Opposition, sur la loi 16.
M. le Président, je conclus et je reviens. C'est un
préambule, M. le député et je pense qu'on est ici et on
n'est pas pour subir la matraque de votre côté, sûrement pas
ce soir.
M. Tremblay: Je n'ai même pas eu le temps de m'exprimer et
vous savez déjà que je voulais vous blâmer...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tremblay: Vous vous sentiez coupable...
Le Président (M. Rodrigue): J'ai dit à l'ordre.
Des voix: ...
Le Président (M. Rodrigue): S'il vous plaît! J'ai
dit à l'ordre.
J'écoute la question de règlement.
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai plus à la
faire, le député de Hull a répondu à ma question de
règlement.
Le Président (M. Rodrigue): Bon, très bien. M. le
député de Hull, si vous voulez poursuivre.
M. Rocheleau: Alors, merci, M. le Président. La question
que nous voulons poser au maire de Baie-Comeau et sûrement que nous
poserons aussi au maire de Hauterive, c'est à savoir si les gens ou si
le conseil municipal qui est le mandataire de ses citoyens, qui répond
pour ses commettants, si la ville de Baie-Comeau a procédé
à l'adoption d'un règlement demandant la fusion et s'il a suivi
le processus de consultation, afin de consulter les citoyens d'une part de
Baie-Comeau, à savoir si on acceptait une fusion volontaire.
M. Leonard (Henry): La ville de Baie-Comeau est consciente qu'une
ville perde par résolution. La ville de Baie-Comeau n'a jamais
passé de résolution pour demander la fusion. Nous avons
consulté nos citoyens dans le dossier et nos citoyens nous ont
répondu en se prononçant à 90,7% contre la fusion.
M. Rocheleau: Merci, M. le maire.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lessard: D'abord, M. le Président, je voudrais
préciser une chose, une autre déclaration du maire Leonard, qui
doit se placer, M. le Président, dans un contexte bien particulier. Le
maire Leonard n'hésite pas a utiliser des déclarations dans son
contexte à lui. Il est exact, M. le Président, que j'ai
déclaré le 6 février 1981 que le gouvernement du
Québec a toujours respecté l'autonomie des municipalités;
même, contrairement à ce que dit le maire de Baie-Comeau, jamais
Lucien Lessard n'a envisagé de forcer la ville de Baie-Comeau comme la
ville de Hauterive à fusionner. M. le Président, j'en ai
parlé l'après-midi du 3 mars 1977. Le 3 mars 1977, je recevais
une lettre de deux maires, soit le maire Henry Leonard, le maire Maurice
Boutin, c'est bien vos signatures cela, vous êtes bien conscients de
cela. J'espère que vous ne la reniez pas celle-là? Une lettre
dans laquelle, M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! Question de règlement. M. le député de
Mégantic-Compton. (20 h 45)
M. Bélanger (Mégantic-Compton): M. le
Président, je vous ferai remarquer que le maire de Baie-Comeau n'est pas
ici comme témoin. Il n'est pas devant une cour criminelle, il est venu
nous présenter un mémoire. Tout à l'heure, le ministre des
Affaires municipales a proféré des menaces à son
égard, et là c'est au tour du député de Saguenay de
faire la même chose. C'est un maire qui est ici pour soumettre un
mémoire et non un criminel qui est accusé d'un délit
quelconque.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard (Labelle): M. le Président, question de
privilège. Je n'ai jamais menacé...
Le Président (M. Rodrigue): Un instant! Il n'y a pas de
question de privilège en commission parlementaire.
M. Léonard (Labelle): Je n'ai pas menacé le maire
de Baie-Comeau.
M. Bélanger (Mégantic-Compton: Ce n'est pas un
accusé, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Bélanger (Mégantic-Compton): C'est un maire qui
vient défendre ses intérêts...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Bélanger (Mégantic-Compton): ... si
j'étais maire de la municipalité, je ferais la même
chose.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît;
Une voix: Tu ne sais pas encore ce qu'est le parlementarisme; il
faudrait que tu apprennes ton métier, bonhomme;
Le Président (M. Rodrigue): J'ai entendu la question de
règlement. M. le député de Saguenay, si vous voulez
poursuivre.
M. Lessard: Je continue, M. le Président, et je n'ai pas
l'intention de poser de questions de règlement, j'ai l'intention de
poser mes questions.
Dans une lettre du 3 mars 1977, à la suite de toutes le analyses
et les études qui ont été préparées
concernant la fusion, je recevais la lettre suivante: "Tel que convenu lors de
notre rencontre du lundi 28 février 1977, je te fais parvenir les
documents concernant le dossier fusion. Si tu juges à propos - cette
lettre était signée par le maire Henry Leonard - de faire des
corrections concernant ces documents, n'hésite pas à communiquer
avec nous. J'ose croire que nous respecterons fidèlement la
cédule, afin que nous puissions disposer de ce fameux dossier. Au
besoin, nous sommes à ta disposition pour une saine et bonne promotion
de la Côte-Nord."
M. le Président, j'avais rencontré les deux maires
concernés, à la suite de cette lettre et nous avions fixé
une cédule, nous avions déterminé un certain nombre de
dossiers sur lesquels je devais faire rapport. C'est à la suite
justement d'une déclaration de M. Tardif, qui avait indiqué
quelques mois après, je pense que c'est en février 1978, que les
fusions obligatoires ne se feraient plus par le gouvernement du Québec,
que M. Henry Leonard a décidé, du jour au lendemain, de mettre
fin à ces négociations concernant la fusion. De telle
façon que le 8 décembre 1981 - c'est bien ça, M. le
Président, pour ne pas se tromper - non, le 6 février 1981, on me
demandait s'il était exact que, lorsque j'avais entamé les
discussions sur la fusion avec le maire Henry Leonard et Maurice Boutin,
c'était parce que j'avais décidé de forcer les deux
municipalités à fusionner.
Cela venait après que le maire Leonard eut déclaré
qu'il avait signé ce document, parce qu'il avait la conviction que
Lucien Lessard allait lui imposer la fusion. C'est
alors que j'ai déclaré que jamais, au moment de la
discussion de ce document, je n'avais eu l'intention de forcer les deux
municipalités a fusionner, je voulais que ce soit
négocié.
Mais, par la suite, aux élections, lors d'une discussion que j'ai
eue avec les journalistes, j'ai bien indiqué aux journalistes
présents au poste CHLC qui me posaient des questions sur la fusion, lors
de la campagne électorale, j'ai bien indiqué que le dossier
fusion allait de nouveau être analysé. On m'a posé la
question: M. Lessard, est-ce que vous rejetez un certain nombre
d'hypothèses? J'ai répondu: Aucune hypothèse n'est
rejetée.
M. le Président, il faut quand même replacer les
déclarations dans leurs contextes. On dit ici que ni la ville de
Baie-Comeau ni la ville de Hauterive...
Une voix: C'est la deuxième lecture, ça, ce sont
des questions qu'on veut.
M. Lessard: Oui, on va y aller. Vous avez fait un
préambule, un instant!
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Un instant, je n'ai pas fait mon préambule, un
instant! De toute façon, j'ai vingt minutes, mon garçon!
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le ministre, si vous voulez en venir
à la question.
M. Lessard: Oui, je vais en venir à une question. C'est
qu'on a indiqué que ni la ville de Baie-Comeau ni la ville de Hauterive
n'avaient demandé la fusion, c'est probablement exact. J'ai ici - on
remonte loin, je comprends, ça fait vingt ans qu'on discute de ce
dossier - un procès-verbal: "Procès-verbaux d'une
assemblée conjointe des conseils municipaux et des villes de Hauterive
et de Baie-Comeau tenue à Hauterive, salle des conférences du
conseil, le 28 avril 1967, à 8 heures PM."
Je lis seulement quelques notes de ce procès-verbal. "M.
Irénée Fortin, promaire de la ville de Baie-Comeau, informe ses
collègues et ceux de la ville de Hauterive que, lors de la
première assemblée conjointe, son honneur le maire Martel avait
suggéré, avant de parler de fusion, d'étudier les
possibilités de créer une zone détachée, une zone
tampon entre les deux villes où différents services pourraient
être installés et mis en opération conjointement."
Je continue: "L'échevin Henry Leonard ajoute: À quoi aura
servi de travailler sur une zone intermunicipale si on en vient à une
fusion des deux villes dans un avenir assez rapproché? C'était le
28 avril 1967.
J'ai ici un extrait du procès-verbal d'une assemblée
générale du conseil de ville de Baie-Comeau, tenue le jeudi 19
août 1976 à 20 heures dans la salle du conseil. Étude de
fusion par le ministère des Affaires municipales: II est proposé,
appuyé, résolu et adopté à l'unanimité de
demander au ministère des Affaires municipales d'effectuer une
étude pour le regroupement global des villes de Baie-Comeau et
Hauterive.
Voilà. Il reste quand même qu'à la fois le maire de
Baie-Comeau et celui de Hauterive s'interrogeaient ou voulaient avoir des
renseignements concernant la fusion. Ce n'est donc pas un dossier qui arrive
comme cela. Je vais poser mes questions au maire Leonard et je vais lui
permettre de répondre à chacune d'elles. Je vais les poser une
par une, si vous me permettez.
Une voix: Est-ce qu'on va pouvoir interroger le ministre
après?
M. Rocheleau: II y a déjà plusieurs questions qui
ont été posées. Il faudrait avoir des réponses.
M. Lessard: Non, j'ai mon préambule. M. le maire
Leonard...
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): Question de règlement.
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Je demande une directive au président,
à savoir de laisser les discours et poser les questions au maire de
Baie-Comeau pour avoir des réponses.
Le Président (M. Rodrigue): Le ministre vient de nous
indiquer qu'il voulait poser des questions. M. le ministre, si vous vouliez
poser votre série de questions pour que le maire puisse y
répondre par la suite.
M. Lessard: Dans votre document, Baie-Comeau, 45 ans d'histoire,
je lis ceci: "En 1960, la ville de Baie-Comeau déclinait la demande
d'Hydro-Québec d'aménager à l'intention des travailleurs
de ses chantiers de Manic I et Manic II un parc de roulottes ainsi qu'un
aménagement initial de 75 terrains résidentiels." M. le maire, si
la ville de Hauterive n'avait pas accepté d'aménager ce terrain
ou ces terrains, est-ce que vous auriez maintenu votre décision de ne
pas aménager ces terrains?
M. Leonard (Henry): Avant de répondre
précisément à la question - M. Lessard a cité
beaucoup de documents - je voudrais lui dire que quand il a lu la lettre dans
laquelle j'ai écrit "Bonjour Lucien", c'est
volontairement que je n'ai pas dit "mon cher Lucien",
premièrement. Deuxièmement, dans les dossiers qu'il a
cités, il dit qu'il y avait un document signé par les deux
maires. Je le reconnais, je ne nie absolument rien de tout cela. Il prend
effectivement ce qui fait son affaire. Il y avait des conditions qui touchaient
la ville de Hauterive, il y avait un chapitre sur la ville de Hauterive, il y
avait un chapitre sur la ville de Baie-Comeau et il y avait un troisième
chapitre qu'on avait intitulé "La nouvelle ville".
Je tiendrais à rappeler à M. Lessard qu'il est dit dans le
dossier de l'hôpital régional, et je le cite: "Nous croyons que ce
dossier devrait être réglé dans le plus bref délai
afin qu'il ne se retrouve pas sur la place publique en même temps que le
dossier fusion. De plus, nous recommandons à notre ministre - c'est
toujours signé par les deux maires - de se retirer du dossier et laisser
le ministère des Affaires sociales, les corporations et les conseils
d'administration régler leurs problèmes. Nous craignons que ce
dossier devienne une fois de plus matière à division entre les
villes et nuise au cheminement du dossier fusion. Nous suggérons
à notre ministre d'éliminer toute rencontre publique lors de la
venue du ministre Lazure dans notre région. Le ministre du
ministère des Affaires sociales devrait discuter du dossier avec les
organismes reconnus et mandatés dans le dossier hôpital." Le
ministre du Transport, dans ce temps, à notre avis, a joué, pour
ne pas dire tripoté, dans le dossier des hôpitaux. Nous avons cru
légitime de nous retirer du dossier fusion, et c'est après cela
que nous avons consulté nos citoyens à l'aide d'un
référendum.
M. Lessard: Le dossier aurait été bon, M. le
maire...
M. Leonard (Henry): M. le Président, c'est ma
réponse.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous avez
terminé votre réponse?
M. Leonard (Henry): Non, je n'ai pas terminé.
M. Lessard: Si la décision avait été...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le maire, si vous voulez poursuivre.
M. Leonard (Henry): La question du ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche est la suivante: Est-ce qu'on aurait
aménagé des terrains résidentiels chez nous à
Baie-Comeau? Est-ce que nous aurions fait un développement domiciliaire?
Je suis vraiment mal placé pour répondre; à ce moment, je
n'étais pas au conseil municipal.
M. Lessard: D'accord, M. le Président, on va continuer; il
n'était pas au conseil municipal.
M. le Président, dans son mémoire, la ville de Baie-Comeau
affirme que l'objectif du projet de loi, c'est de faire payer par les citoyens
de Baie-Comeau les conséquences d'une situation financière
difficile pour la ville et les citoyens de Hauterive, situation
financière dont aucune responsabilité ne peut être
imputée aux citoyens de la ville de Baie-Comeau.
La question suivante que je pose est celle-ci: En 1937, on sait que
l'évêché ou l'évêque du temps, Mgr Labrie, n'a
pu obtenir de terrains de la Quebec North Shore. Il a donc dû s'installer
à Hauterive, de telle façon qu'aujourd'hui 25% des
employés de la QNS travaillent à Hauterive, 35% des
employés de la Reynolds travaillent à Hauterive, 85% des
employés d'Hydro travaillent à Hauterive et 25% des
employés de Cargill. On sait justement, c'est ce que le maire m'a
répondu tout à l'heure, que, concernant les employés
d'Hydro, il n'aurait pas nécessairement fait ces investissements,
puisqu'il n'était pas maire dans le temps.
M. Leonard (Henry): Je n'ai pas dit que je ne l'aurais pas fait,
j'ai dit que je n'étais pas là.
M. Lessard: On sait, M. le Président, que le siège
social d'Hydro est actuellement à Baie-Comeau. Si la ville de Hauterive
n'avait pas été constituée, est-ce que la ville de
Baie-Comeau n'aurait pas dû donner les services à ces citoyens
maintenant installés à Hauterive et qui travaillent à
Baie-Comeau?
M. Leonard (Henry): On va se répondre à coup de si;
on va vous dire que "si, si"... Si cela avait été le cas, on
l'aurait fait, on les aurait donnés. Je veux dire à M. Lessard
qu'il y a des factures au bout de tout cela et que cela se paie. Ce n'est pas
un organisme à but non lucratif comme la fête de la Saint-Jean
dont les factures ne se paient pas au bout de cela. On administre chez nous et
on envoie des comptes de taxes, cela se paie. Il faudrait arrêter de se
raconter des histoires: "Si, si"...
M. Lessard: Un instant, M. le maire! M. le maire, vous avez
parlé d'une évaluation de 285 000 000 $ à Baie-Comeau.
Quel est le pourcentage de cette évaluation qui vient des
compagnies?
M. Leonard (Henry): Je vais vous dire, M. Lessard, que...
M. Lessard: Répondez aux questions, M. le maire.
M. Leonard (Henry): Je vais répondre, M. le
Président. Que je sache, vous n'êtes pas président de la
commission. Je vais vous dire, M. Lessard, qu'il y a un peu moins de 1 000 000
$ de différence entre les taxes foncières qui viennent de chez
nous, la taxe foncière qu'on a décrétée, et les "en
lieu" de taxes qui sont payés à Hauterive par le gouvernement de
la province de Québec.
M. Lessard: Ma question n'est pas celle-là, M. le
Président, si vous permettez. Je demande tout simplement, pour essayer
d'éclairer le débat, quel est le pourcentage de
l'évaluation foncière qui provient des compagnies par rapport au
pourcentage qui provient des contribuables, parce que je vais poser la
même question à la ville de Hauterive?
M. Leonard (Henry): Au moment où la question m'est
posée, je n'ai pas la réponse. Je prendrai la question en
délibéré; je lui donnerai la réponse lundi, quand
je vais le voir à Baie-Comeau. Je ne le sais pas.
Une voix: Ah! ah! ah!
M. Leonard (Henry): Comment: Ah! ah! ah! Vous pensez qu'on
peut...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Hull.
M. Lessard: M. le Président, un instant! Je n'ai pas
terminé ma question de règlement.
Le Président (M. Rodrigue): Vous n'avez pas
terminé. Je vais vous demander de faire rapidement, parce qu'on est
rendu à 21 heures et il y a encore sept mémoires à
entendre. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Lessard: D'accord, M. le Président, je vais aller assez
rapidement, parce que j'aurais beaucoup de questions à poser à M.
le maire.
M. Rocheleau: Nous aussi, on en aurait.
M. Lessard: Quand M. le maire de Baie-Comeau me répond, M.
le Président, qu'il n'est pas au courant, je doute
énormément que M. le maire de Baie-Comeau vienne ici et qu'il
n'ait pas ces informations.
Je vais seulement poser certaines questions sur un certain nombre de
chiffres. M. le maire parle de 4 000 000 $ comme montant supplémentaire
du coût de la fusion. Je ne veux pas trop m'étendre, parce que je
n'ai pas eu le temps moi non plus d'analyser en profondeur tout le dossier. M.
le maire... oui, je l'ai analysé passablement plus que vous autres, par
exemple.
M. Rocheleau: Une bonne chose. Une voix: Une très
bonne chose.
Le Président (M. Rodrigue): S'il vous plaît!
M. Lessard: M. le maire de Baie-Comeau, la ville de Baie-Comeau
parle d'un montant supplémentaire de 120 000 $ pour le service de la
police. (21 heures)
M. le Président, actuellement, la ville de Baie-Comeau, pour 12
500 habitants, a 24 policiers, soit un policier par 502 personnes. La ville de
Hauterive a 22 policiers, soit un policier par 660 personnes. Dans son analyse,
quand il parle de 120 personnes, il souligne dans son rapport qu'il faudrait
encadrer, selon le taux d'encadrement, autant de policiers à Hauterive
qu'à Baie-Comeau. M. le maire, si vous conserviez le même nombre
de policiers, ça ferait 46 policiers ou un policier par 565 personnes.
Pensez-vous qu'un policier par 565 personnes, ça réduirait le
service?
M. Leonard (Henry): M. le Président, dans les annexes,
vous trouvez la réponse qui...
M. Lessard: Je l'ai, la réponse; je suis aux annexes.
M. Rocheleau: Bien, si vous l'avez, pourquoi vous la
demandez?
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: J'ai les analyses.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Leonard (Henry): Alors, il y a des hypothèses
d'invoquées dans les annexes. C'est tout expliqué, ça; on
peut se servir du taux d'encadrement existant à Hauterive, on peut se
servir du taux d'encadrement existant à Baie-Comeau et aussi, on peut se
servir du taux d'encadrement existant sur la Côte-Nord et c'est ce que
nous avons fait. À partir de là, si ce n'est pas le cas, si
jamais il y a une fusion, le nouveau conseil de ville décidera de quel
taux d'encadrement il se servira. Pour fins d'étude, nous avons pris un
taux d'encadrement et nous avons fait des chiffres. Voilà ce qui se
trouve là, il n'y a rien de sorcier là-dedans.
M. Lessard: M. le maire, ce qui veut
dire...
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Lessard: Oui, M. le Président; ce qui veut dire que le
montant de 120 000 $, qui a été indiqué là, ne sera
pas nécessairement le montant que devra, en fait, payer la nouvelle
ville fusionnée.
M. Leonard (Henry): M. le Président, tout à
l'heure, on a dit: On va s'expliquer sur le gros chiffre de 2 945 000 $; je
calcule que le reste, ce sont des pinottes. Si M. le ministre veut s'amuser
dans les pinottes, je le laisse dans les pinottes.
M. Lessard: M. le Président...
M. Rocheleau: M. le Président, question de
règlement.
M. Lessard: Ce sont des pinottes, M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît; à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lessard: ... qui montent à deux millions de
dollars.
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, un instant; M.
le député de Hull, sur une question de règlement.
M. Rocheleau: Cela semble être parti comme un
interrogatoire, M. le Président, et je tiens à faire mention au
président que c'est une commission parlementaire, qu'on n'a pas
nécessairement une période de 20 minutes allouée à
chacun des intervenants et que, de l'autre côté de la Chambre,
nous aussi, on aimerait poser des questions qui concernent plus
particulièrement des données sur certains rapports et aussi des
études qui ont été faites. Je pense que nous avons des
questions importantes, M. le Président, et si le ministre, M. Lessard,
qui est député du comté de Baie-Comeau et Hauterive
parlait plus souvent avec ses gens, peut-être qu'ils pourraient se
comprendre davantage. Nous autres, on veut avoir des questions.
Le Président (M. Rodrigue): Question de règlement,
s'il vous plaît, sur la question de règlement, je vais accorder
à l'Opposition le même temps qu'au parti ministériel pour
poser ses questions. M. le député de Saguenay.
M. Lessard: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous avez...
M. Lessard: Oui, ça vient, M. le Président. Je
pense que...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Verdun demande une directive.
M. Caron: M. le Président, ma directive, c'est la
suivante; aux engagements financiers, la semaine dernière, j'ai
demandé qu'on fasse venir le Vérificateur général,
M. Larose, dans le dossier de la Société... Non, non, c'est
important; le ministre l'a refusé. Alors, je ne vois pas pourquoi on
questionne le maire de Baie-Comeau comme s'il était un criminel; non, je
pense qu'il y a une limite. Vous allez en profondeur; pourquoi on nous refuse,
à nous les membres de l'Assemblée nationale, le
vérificateur? Je pense que c'est important qu'on sache où sont
allées les dépenses, puis là on demande à d'autres
ce qu'on ne veut pas nous donner.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît; M. le député, à l'occasion des
présentations de mémoires en commission, il est dans nos
traditions que les députés ministériels autant que ceux de
l'Opposition posent des questions à ceux qui présentent les
mémoires. M. le député de Saguenay, je vous demande de
procéder rapidement.
M. Lessard: M. le Président, je pense que comme
député du comté, j'ai le droit de poser des questions sur
le mémoire qui nous est présenté ici. Et, c'est sur ce
mémoire que je pose des questions. Dans le mémoire du maire de la
ville de Baie-Comeau à la page 48, c'est-à-dire, avant la page
48, on parle du fait que la ville de Baie-Comeau perdra justement, à la
suite de l'arrivée - le maire de Baie-Comeau en a parlé tout
à l'heure - de Reynolds, l'argent qu'elle faisait avec le réseau
hydroélectrique. On parle à ce moment-là, à la page
47, d'une somme de 0,59 $ par 100 $ d'évaluation pour les contribuables
de Baie-Comeau. Est-ce que ce 0,59 $ par 100 $ d'évaluation est en
relation avec la fusion?
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Leonard (Henry): Cela n'a rien à voir avec la fusion.
Tout ce qu'on vous dit c'est que nos revenus, avec l'arrivée des
investissements de Reynolds, les revenus de la ville de Baie-Comeau seront
diminués et je tiens à vous dire que le chiffre que vous avez
avancé est en relation avec les revenus de 1980. Ce sera plus
élevé en 1981 parce qu'en 1981 nous ferons au-delà de 2
000 000 $ de profit net avec notre réseau
électrique. Naturellement, ceci est toujours dans
l'hypothèse qu'il n'y ait pas de fusion. Ceci dit, en plus de la perte
de 1 000 000 $, s'il nous faut recevoir les ouvriers, les cadres et tout le
monde en fait, le pourcentage d'employés qui viendront travailler
à la Reynolds, s'il faut faire un aménagement chez nous, nous
avons calculé que cet aménagement nous coûterait 10 000 000
$, et 10 000 000 $ financés au taux d'intérêt de 18%, sur
une base de 20 ans, ça fait 40 000 000 $, et 40 000 000 $ sur 20 ans,
ça fait 2 000 000 $ additionnels par année au service de la dette
que nous aurions à absorber, nous, la ville de Baie-Comeau, fusion ou
pas fusion. Si, par-dessus cela, vous nous donnez le fardeau financier, la
facture de Hauterive dans la fusion, nous vous disons que ce n'est plus
Hauterive qui est en difficulté c'est la nouvelle ville; vous nous avez
mis dans la même situation où Hauterive se trouve
présentement.
M. Lessard: Alors, c'est clair.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lessard: Moi, j'ai deux questions M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Oui, mais déjà
vous avez écoulé votre vingt minutes et un peu plus, alors je
vais passer la parole au député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): Merci M. le
Président. Je serai très bref.
M. Lessard: J'ai deux questions.
Le Président (M. Rodrigue): Oui, mais ça fait
déjà 23 minutes.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): Je vais d'abord me
joindre à mon collègue de Hull...
M. Lessard: Vous avez calculé, par exemple, les
interventions des députés de l'Opposition, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): J'ai tenu compte de ça,
M. le député de Saguenay. M. le député de
Mégantic-Compton, vous avez la parole.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): Merci, M. le
Président.
Je voudrais me joindre à mon collègue de Hull pour
féliciter M. le maire de Baie-Comeau pour son mémoire, pour son
exposé qui, pour nous, a été très clair. J'en
profite aussi pour vous dire que je suis un peu déçu de la
tournure de cette commission parlementaire. Pour ma part, j'aurais une simple
question, savoir: vous nous avez dit que vous n'aviez jamais adopté, au
conseil municipal, une résolution dans le sens que vous vouliez
fusionner avec Hauterive, mais je voudrais savoir si vous avez
déjà mandaté votre député de parrainer ou
d'insister auprès du Conseil des ministres pour avoir un projet de loi
forçant les deux municipalités à fusionner?
M. Leonard (Henry): De mémoire, la dernière fois
que je lui ai parlé officiellement c'était au conseil municipal,
c'était pour venir nous dire que nous, les marionnettes des
multinationales, avant que son terme finisse, on serait à genoux.
M. Lessard: Pardon, M. le Président, un instant. M. le
Président, je regrette, question de règlement.
Le Président (M. Rodrigue): J'écoute la question de
règlement et il vaut mieux que ce soit une question de règlement
parce que je n'accepterai pas...
M. Lessard: Question de règlement.
Le Président (M. Rodrigue): ... de question de
privilège ou toute forme de question de règlement.
M. Lessard: M. le Président, question de règlement,
sur ce que vient de dire le maire Henry Leonard. M. le Président, je
comprends que lorsque le maire Henry Leonard venait à mon bureau,
j'étais obligé de l'enregistrer mais il n'est pas obligé
de dire n'importe quoi, je regrette M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lessard: Je n'ai jamais traité le maire Leonard de
marionnette des multinationales.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lessard: Et, il est en train de le démontrer.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! II ne s'agit pas d'une question de
règlement. M. le député de Jeanne-Mance.
M. Lessard: Peut-il dire n'importe quoi, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Bissonnet: M. le Président, je suis
un ancien maire et je sais qu'un maire est attaché de
façon très particulière à ses commettants et il
faut avoir été maire d'une ville pour comprendre les
anxiétés qu'un maire a pour ses concitoyens.
M. le maire, je vais vous poser deux questions très
brèves, parce que je sais qu'on a déjà pris beaucoup de
temps, et je vais poser également les mêmes questions au maire de
Hauterive. M. le maire, à la dernière élection, est-ce que
vous aviez beaucoup d'adversaires?
M. Leonard (Henry): Cela fait dix-sept ans que je suis à
l'hôtel de ville, j'ai eu un adversaire une fois, à ma
première élection. Depuis ce temps-là, je n'ai jamais eu
d'adversaire.
M. Bissonnet: Cela va très bien. Très bonne
réponse. M. le maire, moi, ce qui m'intéresse, c'est la fusion
telle qu'elle est présentée. Lorsque vous avez réuni vos
citoyens, combien y avait-il de personnes? Moi, dans une ville, je suis
convaincu que le maire - parce qu'une de ses préoccupations, c'est de se
faire élire - c'est plus fort qu'un député dans un
comté. Je peux dire cela. Je pense qu'un député, dans son
comté, est moins proche de ses gens. Je pense qu'un
député, lorsqu'il se fait élire, n'est pas élu avec
un parti, il est élu à cause de sa personnalité et des
services qu'il offre à ses concitoyens. Pourriez-vous donc me dire, lors
de cette assemblée - M. le Président, je demanderais au
député de Beauce-Nord que je respecte beaucoup, vous le
savez...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M, Bissonnet: Vous poserez vos questions en temps et lieu.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le maire, pourriez-vous me dire comment s'est
déroulée cette assemblée et quel est le consensus que
vous, vous avez, en tant que maire de tous les citoyens de Baie-Comeau
vis-à-vis de ce projet de fusion? Est-ce qu'on veut fusionner ou
préfère-t-on, compte tenu des difficultés de la ville de
Hauterive, rester à l'intérieur de Baie-Comeau?
M. Leonard (Henry): J'atteste, parce que les cassettes sont
là pour le prouver -et les termes ne sont pas exagérés, je
crois posséder assez mon français pour être conscient de ce
que je vais dire - je crois qu'il est correct de dire que la rencontre s'est
déroulée pratiquement dans un caractère religieux. Les
citoyens voulaient savoir ce qui se passait. Je l'ai dit tout à l'heure,
nous avons un peu plus de 8000 votants et nous avions 4105 citoyens
d'enregistrés au tourniquet, les photos sont là pour le prouver.
Ils ont écouté religieusement ce que nous avions à leur
dire, et je résume ce que nous avions à leur dire: Nous leur
avons dit que nous étions conscients de la situation de Hauterive, de la
situation financière de Hauterive, et qu'ils ne devaient pas en subir
les conséquences, qu'il y avait des solutions possibles dans le dossier
et que ça devait commencer ici par le gouvernement actuellement au
pouvoir. Comme solution au dossier, d'accord avec la ville de Hauterive, parce
qu'elle le dit dans son mémoire, nous avons redemandé ce que la
ville de Hauterive demandait, c'est-à-dire des valeurs imposables au
niveau d'Hydro-Québec. Tout ceci s'est déroulé dans
l'ordre, il n'y a pas eu chez nous un seul accrochage et je vous avouerai que
je suis très fier de mes citoyens et de mes citoyennes.
M. Lessard: Est-ce que vous avez permis une période de
questions M. le maire?
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, la réponse que vous
venez de faire me permet, moi, en tant que membre de cette Assemblée, de
décider de quelle façon je vais voter sur ce projet de loi. Ne
riez pas, M. le député de Beauce-Nord.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bissonnet: Parce que vous savez, la démocratie...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Beauce-Sud, de Beauce-Nord, je
m'excuse.
On est mêlé avec le nord et le sud, ce n'est pas trop
grave.
M. le maire, je veux vous remercier pour la présentation de votre
mémoire ainsi que d'avoir accepté de... un instant!
Vous avez une autre question?
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: M. le maire, comme dernière question, il y a
un mandat qui avait été confié à la firme Major et
Martin. Pourriez-vous nous expliquer quel était ce mandat qui avait
été confié à cette firme? Je pense que c'est
important parce que, cet
après-midi, on a semblé nous apporter certains points qui
prêtaient à confusion. (21 h 15)
M. Leonard (Henry): Oui, j'ai entendu cet après-midi
l'énumération de tous les dossiers qui existaient, je vous le dis
avec un grain de sel, j'ai dit à ceux qui étaient près de
moi: II ne manquait que l'Ancien Testament. Le mandat, je le cite, je
réponds à votre question ainsi que les objectifs
généraux: "Préparer un plan d'aménagement physique
de la zone portuaire actuelle de la baie des Anglais et le coût de tels
investissements et leur programmation. Préparer un plan
d'aménagement physique de la zone urbaine Baie-Comeau-Hauterive, en
indiquant la localisation d'un ou des parcs industriels ainsi que les services
nécessaires et le coût de tels investissements, leurs programmes
et les conséquences sur l'urbanisation. "Objectifs spécifiques:
étudier et identifier les avantages comparatifs de la zone
Baie-Comeau-Hauterive comme port de transbordement et identifier les
marchandises transbordables, étudier et identifier les avantages
comparatifs de la zone Baie-Comeau-Hauterive comme site industriel. Identifier
les industries qui pourraient s'y localiser à cause des avantages
comparatifs et à cause des richesses naturelles de la zone. Indiquer le
nombre d'emplois probable qui seraient créés à la suite de
ces investissements; le territoire de l'étude est compris entre les
latitudes 68 degrés 30 minutes et 68 degrés 0 minute, soit entre
Ragueneau et la baie Saint-Pancrace. "Pour les fins du potentiel de
l'hinterland, les territoires couverts remontent jusqu'au 52e degré de
longitude nord." C'est appelé l'étude Major et Martin et il faut
vraiment faire une gymnastique intellectuelle pour retrouver là un
mandat sur la fusion.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va?
Une voix: Est-ce que je peux conclure?
Le Président (M. Rodrigue): Question de règlement
du député de Saguenay.
M. Lessard: Question de règlement, M. le Président,
tout simplement pour indiquer ceci. Lorsque le rapport Major et Martin a
été déposé, a été rendu public par
l'ancien ministre de l'OPDQ, M. Lachapelle, M. Henry Leonard avait fait une
intervention sur les résolutions ou les recommandations dont la
principale était justement de fusionner Baie-Comeau-Hauterive et M.
Henry Leonard avait déclaré que toutes ces
recommandations-là devraient être acceptées. Et M. Henry
Leonard trompe ici les députés à l'Assemblée
nationale, parce que vous constaterez, lorsque vous lirez le rapport Major et
Martin j'espère que vous le lirez - vous constaterez qu'il y a toute une
série de recommandations sur lesquelles se basait le maire Leonard pour
le parc industriel. Maintenant, il se basait exclusivement sur cette
recommandation. Alors, M. le Président, je regrette, M. le maire Leonard
interprète les faits comme il veut bien les interpréter.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je voudrais savoir du maire si
j'ai bien compris. Avant le souper, vous avez dit que vous vous soumettriez si
le gouvernement décidait de vous imposer un référendum
tout en payant la dette de Hauterive. Vous soumettriez vos concitoyens à
un autre référendum si le gouvernement décidait de payer
la dette de Hauterive.
M. Leonard (Henry): Si?
M. Caron: Si le gouvernement décidait de payer la dette,
pour que vous ne soyez pas endettés, chez vous, si le gouvernement
payait le déficit de la ville de Hauterive, est-ce que vous accepteriez
une de ces suggestions-là?
M. Leonard (Henry): ...
M. Caron: Oui, avant de discuter de fusion.
M. Leonard (Henry): C'est exact.
M. Caron: Je vais essayer de m'expliquer à nouveau.
M. Leonard (Henry): Oui.
M. Caron: Si, par l'entremise du ministre des Affaires
municipales... C'est un conflit qui n'est pas facile à régler. Je
pense bien qu'on ne pourra pas le régler ce soir. C'est une suggestion
qu'on pourrait faire au ministre. Si le ministre décidait... Moi aussi,
en tant que maire, je suis conscient de cela; dès qu'il nous manque de
l'argent, on va voir le petit contribuable et on va fouiller directement dans
ses poches deux fois par année; c'est difficile. Les gouvernements
enlèvent cela sur le chèque de paie, cela paraît moins.
Alors, ma suggestion est la suivante. M. le maire, si, par l'entremise du
ministre des Affaires municipales, la dette de Hauterive était
réglée, est-ce que vous accepteriez de discuter de fusion,
après cela, avec votre conseil de ville?
M. Leonard (Henry): À condition qu'il y ait un
référendum, nous sommes toujours prêts à discuter de
fusion.
M. Caron: Merci.
M. Leonard (Henry): Dette, pas dette, je veux dire que, si les
citoyens ont le libre choix, pour employer les termes qui s'emploient
présentement, s'il n'y a pas d'imposition unilatérale - ils
connaissent cela - nous sommes consentants à discuter de fusion
n'importe où, n'importe quand.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): La conclusion?
Le Président (M. Rodrigue): La conclusion.
M. Léonard (Labelle): Je voudrais simplement faire une
mise au point sur la citation, encore une fois, qu'on a faite d'une
déclaration dans l'Outaouais. Cette citation porte sur "les orientations
du gouvernement à l'intérieur du cadre de la fabrication des
schémas d'aménagement et le gouvernement devra remettre ses
orientations et sera lié par les décisions du schéma
d'aménagement hors les dispositions spéciales de la loi." Je
pense que je les maintiens, il n'y a aucun problème
là-dessus.
Je voudrais aussi revenir sur une affirmation du député de
Mégantic-Compton qui a disparu, à savoir que j'aurais fait des
menaces. Je n'ai fait aucune menace ni au maire ni aux citoyens de Baie-Comeau.
Absolument aucune! On relira les débats là-dessus. J'ai
posé des questions.
Quoi qu'il en soit, je pense que l'objectif d'une commission
parlementaire est d'entendre des mémoires, nous les avons entendus, nous
avons eu l'occasion de poser des questions. Cela a peut-être
été animé, je pense que c'est dans l'ordre des choses.
Alors, je remercie tout le monde et spécialement les gens de
Baie-Comeau, la ville de Baie-Comeau. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie, M. le maire.
Nous allons maintenant entendre le mémoire de la ville de Hauterive.
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Permettez-moi, M. le Président, de remercier
le maire de Baie-Comeau et son équipe. Nous l'assurons de notre
collaboration et nous lui souhaitons de la consultation et sûrement un
référendum pour permettre aux gens de décider du sort de
leur municipalité dans leur région.
Ville de Hauterive
Le Président (M. Rodrigue): Je prie les
représentants de la ville de Hauterive de prendre place à la
table qui est devant nous.
Le mémoire nous sera présenté par M. Maurice
Boutin, maire de Hauterive; je l'invite à nous présenter les
personnes qui l'accompagnent pour les fins de l'enregistrement des
débats.
Je dois vous demander, M. le maire, autant que possible de
résumer le mémoire dans une période de vingt à
trente minutes au maximum.
M. Boutin (Maurice): M. le Président, mes premiers mots
seront pour remercier les membres de cette commission parlementaire des
affaires municipales pour le temps qu'ils ont consenti à nous accorder,
pour nous permettre de faire entendre notre point de vue sur le projet de loi
no 37. En second lieu, le conseil de la ville de Hauterive appuie, comprend les
démarches des citoyens et citoyennes de Baie-Comeau aujourd'hui, parce
qu'ils se sentent menacés par ce projet de loi, ils ont des craintes,
des appréhensions que nous comprenons et nous souhaitons qu'à la
suite de cette commission parlementaire, ces craintes soient dissipées
pour le plus grand bien de tout le monde.
M. le Président, je vais demander au conseiller municipal, Armand
Bélanger, de vous présenter la synthèse du mémoire
que vous avez entre les mains.
M'accompagnent, à ma droite, le gérant de la ville, M.
Jean-Guy Rousseau, et, à ma gauche, le greffier, Me Gabriel-Yvan
Gagnon.
M. Bélanger (Armand): M. le Président, messieurs,
nous vous remercions de bien vouloir entendre nos réflexions
relativement au projet de loi déposé devant l'Assemblée
nationale traitant de la fusion des villes de Hauterive et de Baie-Comeau.
Cette commission parlementaire nous permettra, nous en sommes convaincus, d'en
arriver à une solution négociée de la fusion. C'est un
avantage certain que sauront reconnaître tous nos concitoyens. Il nous
apparaît nécessaire de faire une brève rétrospective
historique afin de vous démontrer les causes de la situation actuelle et
vous constaterez que la solution la plus rationnelle passe
nécessairement par la fusion pour des motifs sociaux, administratifs et
économiques.
Vers la fin des années 40, des citoyens de Baie-Comeau se sont
réunis afin de jeter les bases d'une nouvelle corporation municipale, de
concert avec la corporation épiscopale du diocèse, comme on l'a
dit déjà. Le 21 mars 1950, l'Assemblée législative
adoptait la Loi constituant en corporation la ville de Hauterive.
Lors de la fondation, les prévisions étaient faites pour
répondre aux besoins d'une agglomération de 5000 âmes. Des
investissements majeurs dans la région immédiate ont
bouleversé ces projections. C'est ainsi que 50% de la population active
des travailleurs de la ville de Hauterive
travaillent à l'extérieur des limites territoriales de la
ville de Hauterive, 450 à la compagnie de papier QNS, 390 à la
Société canadienne des métaux Reynolds, 579 à
Hydro-Québec, pour ne citer que les plus gros employeurs.
Devant ces faits et ces chiffres, nous posons la question suivante: Si
la ville de Hauterive n'avait jamais existé, qui aurait assumé
les infrastructures nécessaires pour accueillir les employés qui
travaillent dans ces usines? D'autres événements nous ont
été préjudiciables, telle l'ancienne loi de
l'évaluation foncière qui exemptait HydroQuébec et la
compagnie hydroélectrique Manicouagan, de la taxe foncière sur
les barrages et centrales, nous privant ainsi d'une source importante de
revenus. Vous comprendrez que notre situation financière aurait alors
été excellente et que nous n'aurions peut-être pas besoin
de demander ces correctifs avant la fusion.
Actuellement, Hydro-Québec, après avoir provoqué un
accroissement accéléré des dépenses de notre ville,
ne participe pas au financement de ces infrastructures.
L'industrie hydroélectrique doit être traitée sur le
même pied que les autres industries et être ainsi assujettie
à la taxe foncière. Nous subissons aussi d'autres
iniquités fiscales. En effet, les compagnies QNS, Cargill, Reynolds
versent annuellement 2 000 000 $ en taxes municipales à Baie-Comeau.
Pourtant, nous donnons nous aussi des services à ces compagnies et les
usines sont exploitées par des contribuables de Hauterive. Nous n'avons
pas droit à une répartition de ces taxes. Les revenus
d'Hydro-Québec, nous devons les partager avec l'ensemble du
Québec.
La ville de Hauterive s'est vue attribuer un caractère
résidentiel et de services devenant ainsi le chef-lieu de ce secteur de
la Côte-Nord. Cette vocation nous a obligés à fournir les
services à la population de notre région et certains de ces
services régionaux provoquent des dépenses additionnelles
importantes assumées, encore une fois, par les citoyens de
Hauterive.
Pour répondre à tous ces besoins de la population, la
ville de Hauterive a dû s'endetter de 21 425 114 $. Ce montant inclut au
31 décembre 1981 les règlements d'emprunt autorisés mais
dont les travaux ne sont pas complétés. Les obligations ne sont
donc pas encore émises pour une partie de cet endettement. Cet
endettement est une conséquence directe, entre autres, des services que
rend notre ville aux corporations et sociétés des
localités avoisinantes.
On a parlé, tout à l'heure, des rapports Demain, 1970;
Price Waterhouse, 1971, Major et Pépin, 1976, rapport Pépin en
1976 aussi ont largement fait état des avantages sociaux,
économiques et fiscaux pour les citoyens des deux villes, à la
suite d'une fusion éventuelle. Toutefois, d'aucuns craignent qu'une
population soit désavantagée dans le processus de fusion. Nous
voulons ici affirmer clairement notre intention bien arrêtée de
réclamer une solution qui ne pénalise pas les citoyens de
l'actuelle ville de Baie-Comeau. (21 h 30)
Vous comprendrez que les griefs que nous entretenons à
l'égard du gouvernement depuis 1960 n'ont pas à être
assumés par nos concitoyens de Baie-Comeau. Les divers gouvernements qui
se sont succédé depuis 1962 ont consenti des privilèges
à des corporations ou sociétés d'État au
détriment de la population de Hauterive et les ont consacrés dans
la réforme de la fiscalité municipale; tout cela n'a pas à
être supporté par nos futurs concitoyens.
Ce principe étant établi, il faut cependant se demander
qui aurait défrayé les infrastructures nécessaires pour
accueillir les travailleurs qui opèrent les usines sises à
Baie-Comeau. Nous devons constater que nos concitoyens de Baie-Comeau ont
bénéficié d'un allégement fiscal
privilégié en ne partageant pas avec ceux de Hauterive les
revenus de taxation que génèrent les usines sises dans le
territoire actuel de Baie-Comeau. Il faut prévoir un retour à la
normale qui se fasse sans heurts.
Dans cette optique, le gouvernement doit donc accorder à la
nouvelle ville les moyens financiers nécessaires pour que la transition
se fasse dans les meilleures conditions.
À cet effet, des engagements formels sont requis et devraient
apparaître dans le projet de loi, plus particulièrement l'argent
nécessaire 1) à la réfection de la vieille partie de
Hauterive, en inscrivant la nouvelle ville au programme actuel d'assainissement
des eaux; 2) pour la construction du boulevard Schmon; 3) pour la voie de
contournement de Hauterive; 4) pour le parc industriel régional; 5) pour
la marina; 6) pour la salle des spectacles et la bibliothèque
municipale, en inscrivant la nouvelle ville à la programmation du
ministère des Affaires culturelles afin de profiter des subventions
à la construction; 7) pour les logements pour personnes
handicapées; 8) pour la liaison routière et ferroviaire entre le
parc industriel régional et le débarcadère; 9) pour
accélérer la liaison routière avec la ville de Gagnon; 10)
enfin pour rejoindre le réseau d'aqueduc du secteur Baie-Comeau qui
atteindra, en 1985, son point de saturation, peut-être même avant,
étant donné l'investissement de Reynolds. Comme vous voyez, il y
a du choix.
D'autre part, tout en reconnaissant la pertinence des motifs justifiant
l'exemption de taxes pour Hydro-Québec en 1963, nous devons admettre que
ceci n'a plus sa raison d'être et que les corporations municipales
doivent maintenant avoir la possibilité de
taxer les aménagements hydroélectriques au même
titre que les autres usines. Ce traitement d'exception doit prendre fin. Si on
ne nous permet pas de taxer ces aménagements, il faudrait prévoir
un mécanisme de subvention tenant lieu de taxes pour ces immeubles.
De toute façon, un mécanisme doit être
instauré afin, d'une part, de réduire l'écart de taxation
entre les contribuables des villes de Hauterive et de Baie-Comeau et, d'autre
part, pour maintenir à son niveau actuel le taux de taxes des citoyens
de Baie-Comeau.
D'autre part, il ne faudrait pas perdre de vue que la fusion des deux
villes demeurerait une nécessité, même si la situation
fiscale de Hauterive était améliorée; ceci s'explique en
termes de planification urbaine et d'économie d'échelle, en
évitant la duplication. Il est préférable d'avoir une
ville forte que deux villes soeurs qui se déchirent.
Le nom de la nouvelle ville. Certains craignent des réactions
émotives, si la nouvelle ville s'appelle Baie-Comeau. Nous croyons
plutôt qu'en conservant le nom de Baie-Comeau, ce serait
reconnaître dans les faits que le temps des déchirements est
révolu. Nous aurons réuni ce qui n'aurait jamais dû
être divisé. Nous sommes la même collectivité; nous
partageons les mêmes emplois, les mêmes aspirations, les
mêmes loisirs, les mêmes activités; nous fréquentons
les mêmes institutions scolaires, religieuses, hospitalières; nous
avons les mêmes services. Ce sera le signe des retrouvailles.
Notre opinion sur le projet de loi. À la lecture du projet de loi
37, nous constatons le souci d'équité quant au partage du fardeau
fiscal du contribuable. Nous avons toutefois certaines réserves quant
à l'imposition d'une taxe foncière spéciale,
régressive, pour le secteur de l'actuelle ville de Hauterive. Nous
avons, dans la première partie de notre mémoire, exposé
l'origine de la situation financière de Hauterive, son
développement accéléré, les législations ou
décisions gouvernementales pénalisantes. Nous croyons qu'il
serait préférable d'établir un taux de taxe
foncière uniforme et que le gouvernement devrait instaurer un
mécanisme pour accroître les revenus de la nouvelle ville.
Au-delà de la mécanique juridique, pour
l'intégration des deux corporations municipales, nous distinguons trois
volets essentiels à la réalisation de la fusion. Le premier volet
est relatif aux finances de la nouvelle ville. Nous devons être
assurés des revenus nécessaires au fonctionnement d'une ville de
près de 30 000 habitants, tout en préservant les citoyens de
l'actuelle ville de Baie-Comeau des privilèges dont ils
bénéficient. C'est ainsi que certaines dispositions
législatives sont suggérées pour que le gouvernement
confirme dans un texte de loi que des subventions seront accordées, si
besoin est, afin que le taux de taxe de Baie-Comeau n'augmente pas du fait de
la fusion.
Le second volet vise à doter la nouvelle ville du
caractère dynamique nécessaire pour permettre d'aborder les
défis des années futures afin que l'ensemble des citoyens puisse
s'identifier à la nouvelle ville. Conséquemment, le gouvernement
devra assumer le coût de certaines infrastructures.
Le troisième volet est une conséquence du premier en ce
qu'il vise à corriger les iniquités législatives qui ont
eu cours en 1963 et 1972, lesquelles ont privé la ville de Hauterive des
revenus nécessaires à son administration.
Nous désirons que la fusion se fasse à l'avantage de
l'ensemble des citoyens. Il ne s'agit pas de déplacer le
problème, il faut le régler et, pour de ce faire, le gouvernement
doit apporter des correctifs aux injustices des années passées.
C'est pourquoi nous suggérons d'abord que le programme de subvention de
fusion soit mis à jour et que le taux per capita soit porté de 33
$ à 60 $. Ensuite, que le gouvernement verse, à compter de 1982,
des "en-lieu" de taxe sur 100% de l'évaluation des immeubles du
réseau des Affaires sociales, des cégeps, écoles
élémentaires et secondaires. Qu'il verse enfin une subvention
supplémentaire si nécessaire pour maintenir le taux de taxes
municipales pour la nouvelle ville au niveau qui était imposé
dans le secteur de l'ancienne ville de Baie-Comeau.
Nous sommes d'opinion qu'autrement, ce serait contraire aux principes
reconnus par la réforme de la fiscalité municipale et
accepté par le comité conjoint sur la fiscalité
municipale. Toute autre solution pourrait miner les fondements même de la
réforme.
L'imposition d'une taxe foncière spéciale
décroissante et son rendement tel qu'établi ne nous apparaissent
pas justifiables compte tenu des causes de la situation financière de
Hauterive. Il faudrait inclure en plus, dans le projet de loi no 37, une
disposition permettant à la nouvelle corporation de retirer des revenus,
sous forme de compensation tenant lieu de taxes, d'Hydro-Québec.
En fait, ces dispositions que nous suggérons représentent
le dédommagement que le gouvernement du Québec doit accorder pour
corriger les injustices fiscales que la population de Hauterive a connues suite
aux privilèges fiscaux accordés à Hydro-Québec et
à la Compagnie hydroélectrique Manicouagan. Consé-
quemment, l'exception mentionnée à l'article 20 (re:
règlements 345 et 408) doit disparaître de même que
l'article 21 en son entier.
D'autre part, il serait souhaitable de stipuler dans la loi que le
réseau de
distribution d'électricité de Baie-Comeau dessert la
ville, ce qui permettrait d'accroître les revenus de la nouvelle ville
tout en respectant le principe de la nationalisation, car le réseau
appartient aux contribuables.
En ce qui a trait à la nomination des fonctionnaires, le
processus utilisé lors de la fusion de la ville de Jonquière
devrait être suivi et les fonctionnaires suivants nommés: le
gérant, le greffier, le trésorier, le directeur de la
sécurité publique, le directeur des travaux publics, le directeur
des loisirs, le directeur du personnel, le directeur à la
prévention des incendies et laisser au conseil élu, après
la première élection générale, le soin de confirmer
ou d'infirmer certaines nominations.
La loi doit aussi nous assurer que la nouvelle ville, en
succédant aux droits et obligations des villes de Hauterive et de
Baie-Comeau, possède dans la société du port ferroviaire,
SOPOR, trois représentants et, dans la municipalité
régionale de comté de Manicouagan, quatre voix.
Le projet de loi devrait aussi fusionner la Société
d'expansion de Hauterive et la Société de développement de
Baie-Comeau. Durant la période d'activités du conseil provisoire,
il nous apparaît opportun de déterminer un siège social
provisoire.
Quant aux districts électoraux décrits à l'annexe
2, la loi devrait prévoir que ces districts sont en vigueur pour la
première élection générale et qu'ils pourront par
la suite être modifiés conformément aux dispositions du
chapitre 63 de la Loi sur les élections de certaines
municipalités. De plus, l'article 9 de la charte de la nouvelle ville
devrait être limité aux fonctionnaires et employés
permanents afin d'éviter de donner un statut de permanent aux
employés temporaires ou occasionnels.
Un article additionnel est requis relativement aux archives et nous nous
inspirons du texte suggéré par la COMAQ en 1976, à savoir,
et je cite: "Un inventaire est fait de tous les documents, règlements,
procès-verbaux, rôles d'évaluation, photographies, permis
de construire, cartes, plans, rapports et autres, produits ou reçus par
les anciennes municipalités fusionnées sous la direction du
greffier dans les six mois qui suivront l'entrée en vigueur des lettres
patentes. Toutes les pièces vieilles de moins de cinq ans,
nécessaires à la bonne marche de la nouvelle municipalité,
y seront conservées." Cet inventaire de même que les frais
d'intégration de tous les règlements devraient être
assumés par le gouvernement du Québec.
Conclusion. Nous sommes maintenant rendus à la phase terminale.
Nous devons clore l'épopée hauterivienne pour le mieux-être
de tous nos concitoyens. Et, sans hésitation, nous faisons appel
à l'esprit de justice qui anime le législateur, les membres de
l'Assemblée nationale et tous les intervenants dans ce dossier:
Réunissez notre collectivité pour que cessent ces querelles
auxquelles nous nous sommes livrés et c'est ainsi que vous rendrez
justice à tous nos concitoyens de la nouvelle ville, Baie-Comeau.
Veuillez croire que ce n'est pas sans un serrement de coeur que nous consentons
à mettre un terme au rêve de Mgr Labrie mais, pour le bien de
notre collectivité, nous estimons que la duplication doit cesser et nous
avons trop perdu de temps, d'énergie à nous quereller et à
trouver des justifications à nos querelles. Parce que nous disons non
à cette violence verbale, nous consentons à cette solution. Nous
élevons notre protestation contre ces injustices et nous
réclamons une solution juste. Tous nos concitoyens et concitoyennes
pourront ainsi bénéficier également des richesses
naturelles de notre coin de pays et des fruits qu'il génère. Il
n'y aura plus de forces qui s'opposeront et qui se neutraliseront. Au
contraire, les rendements seront décuplés grâce à
cette nouvelle puissance. Cette nouvelle puissance sera au service du grand
Baie-Comeau. Les limites territoriales du grand Baie-Comeau seront depuis
Franquelin jusqu'à Chute aux Outardes. Quel merveilleux champ de
bataille pour relever tous les futurs défis où les ennemis ne
seront plus des humains, mais uniquement des obstacles à franchir. Bravo
pour le grand Baie-Comeau, au nom du conseil de ville de Hauterive.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): Je voudrais remercier la ville de
Hauterive de son mémoire, les gens de Hauterive qui sont ici, comme je
l'ai fait pour ceux de Baie-Comeau qui se sont présentés. (21 h
45)
Alors, je comprends qu'on demande beaucoup au gouvernement du
Québec dans ce mémoire; il faudrait quand même
rétablir un certain nombre de faits et peut-être poser aussi des
questions. Lorsqu'il y a eu des discussions sur la réforme de la
fiscalité et qu'on a traité du sujet de la taxation
d'Hydro-Québec, des installations hydroélectriques sur le
territoire du Québec, nous avons été placés devant
un choix, celui de taxer sur une base foncière, peut-être bien les
barrages ou celui de taxer sur la base du revenu brut, mais réparti
ensuite à l'ensemble de la population.
En réalité, pour l'ensemble du Québec la solution
qui a été retenue, d'ailleurs acceptée par le
comité où siégeaient les représentants des
municipalités a été, je crois, la plus intéressante
pour l'ensemble des Québécois, parce qu'il se trouve que
beaucoup de barrages d'Hydro-Québec se trouvent en territoire
même pas municipalisé et que l'ensemble même de la taxation
qu'aurait produite une taxation municipale uniquement dans les territoires
organisés ou municipalisés aurait été beaucoup
moins élevée. La solution qui a été retenue a
été effectivement de taxer les édifices
d'Hydro-Québec comme tout autre édifice public avec des "en lieu"
de taxes. Par ailleurs, sur les barrages ainsi que sur les lignes
électriques, nous avons calculé une évaluation
générale de ces équipements et comparativement à
une taxation sur le revenu brut d'Hydro-Québec, nous avons
appliqué un taux de 3%. Ceci fait que finalement, je pense que cela a
été très intéressant pour l'ensemble des
Québécois et que tout le monde en a profité,
considérant que c'était une richesse qui appartenait à
tous les Québécois et qu'il serait aussi très difficile
d'évaluer même toutes les lignes qui circulent, qui coupaillent le
territoire un peu partout.
La décision a été prise et Hydro-Québec paie
des taxes, mais c'est versé sur une base per capita à l'ensemble
de la population. Et, dans ce contexte, la ville de Hauterive en a quand
même bénéficié de façon assez
considérable, à mon sens, parce que Hydro-Québec en 1979
versait à la ville de Hauterive 21 379 $ d'après les chiffres que
me fournit mon ministère. Et, en 1981, Hydro-Québec a
versé à la ville de Hauterive 243 303 $.
De la même façon aussi au niveau des entreprises
privées; en 1979, les entreprises privées
d'électricité versaient à la ville de Hauterive 357 331 $
et en 1981, 706 883 $ Donc, c'est pratiquement au niveau des entreprises
privées un doublement des versements qui ont été faits, au
titre des installations électriques. Je pense que là-dessus, il y
a eu une amélioration considérable de la situation par rapport
à la taxation d'Hydro-Québec. Je comprends aussi que vous nous
demandiez d'aller au plus vite à 100% de la taxe pour le réseau
des affaires sociales et de l'éducation. C'est un engagement que le
gouvernement a pris dans les cinq ans de la réforme de la
fiscalité et j'espère bien qu'il respectera en tout cas, quelles
que soient les difficultés budgétaires qui peuvent survenir
à un moment donné ou l'autre, je pense bien qu'on se rattrapera
à temps pour respecter l'engagement d'ici à cinq ans. Pas d'ici
à cinq ans, mais à partir du début, cinq ans à
partir du début de la réforme de la fiscalité.
Je tiens à rétablir ces choses, je comprends que dans le
passé il n'y avait pas de taxation foncière imposée
à Hydro-Québec ou à peu près pas si l'on veut, de
sorte qu'il y a eu un manque à gagner important de la part de Hauterive
antérieurement.
Sur un autre point. J'aimerais, si vous pouvez répondre
brièvement aux questions, vérifier une chose. Est-il exact qu'il
y a une proportion très importante des travailleurs de Hauterive qui
vont dans des usines à Baie-Comeau? J'aimerais, si vous pouvez me
fournir les chiffres là-dessus, établir cela en commission
parlementaire. Je sais qu'il y a des rapports qui en ont parlé, mais
est-ce qu'au moment où nous nous parlons, on peut les établir? On
n'a parlé d'une proportion d'environ 50% de travailleurs de Hauterive
qui allaient à l'extérieur de la municipalité et la
très grande majorité de ces 50% allait à Baie-Comeau.
Est-ce exact, oui ou non?
M. Boutin: M. le Président, voici les chiffres que nous
avons en 1980. 450 travailleurs demeurent à Hauterive et leur emploi est
à la compagnie de papier QNS; 399 à l'emploi de la
Société canadienne des métaux Reynolds; 579 à
l'emploi d'Hydro-Québec; 24 à l'emploi de Cargill Grain; 200 qui
ne sont pas à Baie-Comeau qui travaillent à la scierie des
Outardes, un petit village très peu éloigné de chez nous
et dont 75% à 80% résident à Hauterive, mais travaillent
à Pointe aux Outardes.
En pourcentage. Des gens qui travaillent à Hydro-Québec,
85% résident à Hauterive, 30% qui travaillent à Reynolds
résident à Hauterive et à QNS 25%.
M. Léonard (Labelle): Donc, on peut conclure qu'il y a une
proportion importante des travailleurs de Hauterive qui vont travailler
à Baie-Comeau d'après l'énumération que vous en
avez faite.
M. Boutin: Exact.
M. Léonard (Labelle): On pourra faire le décompte
de cela à la fin des travaux de la commission parlementaire. Si je
comprends, c'est difficile de l'établir d'une façon
précise à l'heure actuelle. Par ailleurs, dans votre
mémoire vous mentionnez les services, le dédoublement de service.
Combien y a-t-il de polyvalentes à Baie-Comeau-Hauterive?
M. Boutin: II y a deux polyvalentes, une...
M. Léonard (Labelle): Une à chaque ville.
M. Boutin: C'est cela. Une à Baie-Comeau, une à
Hauterive.
M. Léonard (Labelle): Et un cégep qui est à
Hauterive.
M. Boutin: Le cégep à Hauterive.
M. Léonard (Labelle): Au niveau des hôpitaux? Je
sais que cela a été une longue discussion.
M. Boutin: Le fait, M. le Président, de le mentionner me
fait déjà frémir.
M. Léonard (Labelle): Vous avez parlé de
dédoublement de services aussi; est-ce que vous pensez que la fusion va
coûter moins cher, au niveau des services municipaux, ou plus cher,
à votre avis? Est-ce que vous êtes d'accord avec la ville de
Baie-Comeau qui dit que les services vont coûter beaucoup plus cher
à cause du phénomène de nivellement par le haut?
M. Boutin: Nous avons examiné le document
préparé par la ville de Baie-Comeau et il nous apparaît -
nous ne sommes pas allés en profondeur, bien sûr -qu'il y a
certains services par le haut, qui seraient du chromage de services alors que
nous sommes dans une période de récession budgétaire un
peu partout. Il y a certains services comme ça dont les coûts nous
apparaissent exagérés et je pense bien que le contribuable de la
nouvelle ville n'en demanderait pas tant.
M. Léonard (Labelle): Avez-vous fait l'exercice pour
vous-même? Par exemple, vous avez un certain nombre de services, mais
est-ce que vous avez fait l'exercice pour vous-même à savoir que,
s'il y avait ces services à rendre - je ne dis pas qu'il n'y a pas
d'amélioration nécessaire - est-ce que ça prendrait des
investissements majeurs dus à la fusion, oui ou non?
M. Boutin: Dus à la fusion comme telle, il y a un montant
très élevé dans le document de Baie-Comeau, mais on
suppose...
M. Léonard (Labelle): Mais vous, dans votre document ou
dans vos calculs par rapport à la fusion, est-ce que vous pensez qu'il
faudrait en mettre ou s'il y en a qui vont être
nécessités?
M. Boutin: Bien sûr, si on fait référence -
M. Leonard en a parlé tantôt - à la vieille partie, il faut
que ça se fasse un de ces jours, mais dans le territoire de Baie-Comeau,
lorsqu'il y aura fusion, éventuellement, il y aura certainement des
travaux à faire là aussi qui seront partagés par
l'ensemble des citoyens de la nouvelle ville. Dans le document de M. Leonard,
lorsqu'il mentionne que la vieille partie coûterait 17 000 000 $;
à mon sens en tout cas, il fait abstraction du fait qu'il y a des
subventions rattachées à ça et que ce n'est pas l'ensemble
des 17 000 000 $ qui sera financé à 100% par l'ensemble des
citoyens.
Les 3 000 000 $ de son document, nous nous interrogeons
là-dessus, comme annuité à prévoir pendant 20 ans
pour payer ces 17 000 000 $.
M. Léonard (Labelle): Disons qu'on exclurait la fusion,
quels seraient vos projets? Quelle est la valeur des projets que vous auriez
à envisager pour rendre vos services à un niveau acceptable, par
exemple, chez vous, à Hauterive?
M. Boutin: Si on fait toujours référence à
la chère vieille partie, il faudrait que cela se fasse. Selon nous,
c'est 13 000 000 $ ou 14 000 000 $ à peu près; selon les
critères du ministère, à savoir 1000 $ par citoyen, 14 500
000 $ environ, dont les subventions rattachées à tout cela.
Maintenant, si on parle d'un service en particulier, à titre d'exemple,
du déneigement, c'est vrai que, dans le cas de Hauterive, notre
déneigement est moins luxueux que celui qui est fait à
Baie-Comeau. S'il y avait une fusion, le document de Baie-Comeau mentionne,
entre autres, parmi les cadres, qu'il faudrait engager du personnel de plus.
À mon sens, je n'ai jamais vu de fusion de compagnies ou de commissions
scolaires où, après la fusion, on avait besoin d'engager du
personnel en plus, alors qu'effectivement on le retrouve bien souvent en
double. Il y a un surplus de personnel momentanément.
M. Léonard (Labelle): M. le Président, est-ce que
vous me permettez une autre question, peut-être une des dernières?
En termes de plan d'urbanisme ou de schéma d'aménagement, y
a-t-il eu chez vous une amorce de plan d'urbanisme? Est-ce que vous êtes
avancés là-dessus? Est-ce que vous avez une bonne
réglementation quant au zonage, à la construction, etc.?
Deuxièmement... Si vous voulez, répondez à la
première partie et je reviendrai à une autre question, ou bien je
vous la pose tout de suite. Est-ce qu'il y a déjà eu des
discussions à ce sujet avec la ville de Baie-Comeau?
M. Boutin: Chez nous, il existe une commission d'urbanisme. Il y
a un zonage depuis plusieurs années. Maintenant, s'il y a eu des
discussions avec Baie-Comeau à ce sujet, à ma connaissance,
non.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens à
souhaiter la bienvenue à M. le maire de Hauterive ainsi qu'à son
équipe qui nous permettent ce soir d'apporter certains
éclaircissements à la loi 37. J'aimerais demander au maire de
Hauterive, en citant un passage du mémoire que la ville de Hauterive
faisait parvenir au gouvernement du Québec au mois de mars 1980,
à la page 16... On disait: "Certains opinent que la fusion serait une
solution. Quoique conscients des avantages évidents d'une administration
unique pour une même collectivité,
conscients de ces avantages, nous ne voulons pas, en aucune
manière, tenter quelque rapprochement tant que les esprits ne seront pas
prêts. Lorsque les citoyens de Hauterive et de Baie-Comeau manifesteront
clairement une volonté de fusion, alors, nous aviserons. Nous
préférons plutôt avoir les moyens de faire face à
nos obligations, nous préférons un partage équitable des
moyens de financement." M. le maire, c'est quand même un mémoire
qui est assez récent, est-ce que vous croyez encore dans ce que vous
avez écrit au mois de mars 1980?
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire.
M. Boutin: Ce que nous avons écrit en mars 1980, on y a
cru. On faisait des efforts ultimes pour que le gouvernement mette de l'argent
dans ce dossier pour éviter que les citoyens et citoyennes de
Baie-Comeau aient l'impression d'en faire les frais. Mais hélas! on a
beau tourner cela de tous bords et de tous côtés, c'est un
véritable cul-de-sac, pas à cause des administrateurs mais
à cause de situations particulières qu'on a mentionnées
tantôt, à cause de lois du style coupe-gorge. On a beau avoir des
MBA, des fiscalistes ou n'importe quelle compétence de la ville de
Hauterive, quand 80% du budget est payé par le simple citoyen et 20% par
les PME, institutions scolaires ou cégeps, c'est un pourcentage infernal
et on ne sera jamais capable d'en sortir. Pour chaque 100 $ que nous ajoutons
annuellement au budget, c'est implacable, 80 $ sont payés par les
citoyens et 20 $ par le reste. C'est la seule ville sur la Côte-Nord qui
soit aux prises avec ce pourcentage. (22 heures)
De plus, Hauterive, par tête de citoyen, s'administre à
moins cher que toutes les autres villes de la Côte-Nord. Que l'on prenne
toutes les villes de la Côte-Nord une par une, par tête de citoyen,
Hauterive s'administre à moins cher et, malgré ça, le
citoyen de Hauterive est le plus taxé des citoyens et citoyennes des
villes industrielles de la Côte-Nord; ça devient infernal
d'administrer une ville semblable. Que l'on change tout le conseil de ville
d'un bout à l'autre, ça ne changera absolument rien, parce que
les règles du jeu son pipées.
M. Rocheleau: Une autre question, M. le Président. Dans
votre document, à la page 12, vous écrivez: "Nous désirons
que la fusion se fasse à l'avantage de l'ensemble des citoyens. Il ne
s'agit pas de déplacer le problème, il faut le régler et,
pour ce faire, le gouvernement doit apporter les correctifs aux injustices des
années passées." Est-ce que l'acceptation d'une fusion
forcée à Hauterive est conditionnelle à ce que le
gouvernement corrige les injustices passées?
M. Boutin: À notre point de vue, il n'y a vraiment pas
d'autre solution pratique...
Une voix: ...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boutin: ... et à la suite de tous les rapports dont on
a fait l'énumération tantôt, le dénominateur commun
de tous ces rapports, c'est toujours la même chose: regroupement des
villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Autrement dit, chaque fois qu'on a
engagé des spécialistes pour faire toutes sortes d'études,
ils en viennent constamment à la conclusion que ce n'est que la seule
solution au problème, parce que ça va faire une meilleure
planification, ça va éviter les dédoublements, on va
s'occuper du bien commun, comme aurait dit feu Pierre Laporte, un des ministres
précurseurs des Affaires municipales dans le temps et qui, je pense,
était très avant-gardiste. Il faisait une distinction entre le
mot "autonomie", qui ne veut pas nécessairement dire licence, et les
mots "regroupement", "fusion", qui sont synonymes, selon lui, et qui
mènent au bien commun de la collectivité. À ce moment, on
aura une paix sociale qui assurera bien sûr la paix tant souhaitée
par les industriels.
M. Rocheleau: Je me permets, M. le Président, de demander
s'il y a un correctif apporté à la page 17 de votre
synthèse quand vous mentionnez: "Veuillez croire que ce n'est pas sans
un serrement de coeur que nous consentons à mettre un terme au
rêve de Mgr Labrie, mais, pour le bien de notre collectivité, nous
estimons que la duplication doit cesser et nous avons trop perdu de temps,
d'énergie à nous entre-déchirer." En utilisant un tel
vocabulaire, avez-vous l'impression de ramener un climat social plus paisible
à la suite d'une fusion forcée?
M. Boutin: Nous avons derrière nous une expérience
de 20 ans et cette expérience a fait que, de conseil de ville en conseil
de ville, de cinq ans en cinq ans, il y a toujours eu des occasions multiples
de se confronter. Cela dure depuis 20 ans. On a accusé des hommes
d'être à l'origine de cela. Je fais référence
à chacun des maires. Or, les maires ont changé au cours des
années et chaque fois qu'on changeait ce n'était que du pareil au
même; c'était la copie exacte de ce qui s'était
passé antérieurement. Donc, il faut en venir à la
conclusion que ce ne sont pas les hommes qui ont occasionné des chicanes
dans le coin. Ce sont les événements, ce sont les occasions, ce
sont les projets gouvernementaux soit du fédéral ou du
provincial. On se posait toujours la question, bien sûr: Où est-ce
que ce sera? Est-ce à Baie-Comeau ou à Hauterive? Bien
sûr, lorsqu'une ville gagnait sa bataille de concurrence, elle se
glorifiait, n'est-ce pas, c'était bien humain, sauf qu'à chaque
fois cela laissait des grincements de dents et des pleurs.
On se pose la question: L'expérience de 20 ans, est-ce suffisant?
Ou il faut se poser une autre question: Puisque l'expérience a
été négative, qu'est-ce qu'on pourrait faire maintenant
pour éviter que cela ne se prolonge et pour apporter des correctifs? Il
faut donc maintenant apporter un élément nouveau, faire preuve de
créativité et aussi, hélas, de poigne et faire intervenir
un tiers, comme dans une convention collective. Après qu'un patron a
offert ses choses, du côté syndical on se réunit pour
approuver et, si cela ne fonctionne pas, le ministère du Travail a
à sa disposition des conciliateurs, etc., pour trouver un terrain
d'entente, enfin, il y a un tiers qui intervient. Je ne vois pas pourquoi du
côté municipal, lorsque cela ne fonctionne pas, on ne puisse pas
penser à ce qu'un tiers intervienne dans des dossiers qui n'en finissent
plus d'écoeurer tout le monde, quoi!
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai deux autres
questions assez courtes. J'aimerais savoir si le maire peut informer nos
collègues s'il y a une résolution qui a été
adoptée par le conseil municipal de Hauterive demandant une fusion,
forcée ou volontaire, remarquez.
M. Boutin: Quelques tentatives, à savoir, en 1976, je
pense, une résolution des deux conseils de ville demandant une
étude de fusion. C'est le rapport Roger Pépin, un fonctionnaire
du ministère des Affaires municipales... Pardon?
M. Rocheleau: Je m'excuse, mais est-ce qu'il y a eu une demande
de la part de la ville de Hauterive pour ce projet de loi no 37?
M. Boutin: Oh non! Et il y a une raison bien simple. Il y a une
justification au non que je viens de dire, c'est que M. Leonard, maire de
Baie-Comeau, a déjà dit que, tant et aussi longtemps qu'il sera
maire de Baie-Comeau, il n'y aura pas de fusion avec Hauterive. On est bien
prêts, nous autres, à faire la fusion. S'il y avait une fusion de
quatre municipalités, on pourrait bien adopter une résolution
pour se fusionner à trois si une quatrième ne le veut pas. Mais
dans le contexte qui nous occupe aujourd'hui, il y a deux seules parties.
Alors, pour nous, à Hauterive, adopter une résolution pour se
regrouper avec Baie-Comeau, c'est un coup d'épée dans l'eau
à la suite des déclarations de M. le maire Henry Leonard.
M. Rocheleau: Maintenant, M. le maire de Hauterive, étant
donné qu'il n'y a pas de résolution ni de l'un ni de l'autre des
conseils de ville, est-ce que la ville de Hauterive aurait participé
à l'élaboration du projet de loi no 37?
M. Boutin: Si nous avons participé à
l'élaboration de la loi 37? Je vais expliquer ma réponse un peu
beaucoup dans le sens suivant: c'est qu'à la suite de la
déclaration de M. Lucien Lessard qui a dit sur les ondes de CFER, il y a
six ou sept mois, qu'avant la fin de l'année, il y aurait quelque chose
qui se passerait pour Baie-Comeau, Hauterive, je me suis rendu à
Jonquière rencontrer M. Francis Dufour, maire et vice-président
de I'UMQ, pour lui demander quelle était son expérience, comment
cela s'était passé ça à Jonquière le 1er
janvier 1975, lors de la création, de la fusion obligatoire des trois
municipalités, plus le village. Bien sûr, il m'a
suggéré bien des choses à ne pas oublier, etc. À la
suite de ce voyage, très instructif, d'ailleurs, je suis retourné
chez moi avec mes fonctionnaires et, M. le Président, pleins d'esprit
d'initiative que nous sommes, nous avons préparé un document de
travail, sachant ce qui s'en venait.
À la suite des recommandations et suggestions très
intéressantes du maire Francis Dufour, nous avons donc
préparé un document de travail, avec ce que nous on souhaiterait
qu'il y ait dans ce projet de loi, puisque les intentions d'un ministre avaient
été claires et on se disait nous: Bien sûr, dans notre
logique, si le ministre avait déclaré une chose semblable, il
devait avoir l'assentiment des autres ministres, du cabinet ou de M.
René Lévesque, et j'ai franchement applaudi à cette
très heureuse initiative.
M. Rocheleau: Une fois que vous y avez apporté cette
collaboration, vous n'avez pas jugé opportun de soumettre le projet
à la population pour savoir si, d'une part, votre population
était d'accord. Vous avez passé outre à ça.
M. Boutin: Pour la population de Hauterive, M. le
Président, cela m'apparaît une évidence. Prouver
l'évidence, dépenser 25 000 $ à 30 000 $ pour un sondage
maison, un référendum, dans les circonstances, cela nous
apparaît, à mon sens, superflu. Quant à faire une fusion ou
un référendum quelconque, il serait pas mal plus logique de les
faire pour deux municipalités en même temps. Cela ne sert à
rien, à mon humble point de vue, de faire un référendum
dans une ville en sachant que l'autre dit non. Encore une fois, M. le
Président, c'est un coup d'épée dans l'eau.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Un instant!
Le député de Verdun m'a informé qu'il devait
intervenir à l'Assemblée nationale, de l'autre côté
et, il m'a indiqué qu'il avait une question assez courte. Si vous
permettez, je vais lui céder la parole. M. le député de
Verdun, par la suite, M. le député de Saguenay.
M. Caron: Merci, M. le Président. Je m'excuse, c'est que
je dois intervenir en Chambre dans quelques minutes. J'imagine que vous avez eu
des rencontres avec le ministre Lessard durant ces moments, si vous n'en avez
pas eu, je croirais que vous avez eu des appels téléphoniques,
quotidiennement probablement, pour savoir si le gouvernement était
prêt à investir ou que ce soit juste pour les deux
municipalités. Je n'ai, M. le maire, qu'une question, qui est la
suivante: Si, pour une raison ou pour une autre, le ministre Lessard ne peut
pas convaincre le Conseil des ministres de déposer de l'argent dans le
baril pour être à égalité avec l'autre
municipalité, est-ce que vous trouvez cela logique de faire une fusion
forcée?
M. Boutin: Est-ce logique de faire une fusion forcée? Bien
sûr, votre question fait référence à l'autonomie
municipale. M. le Président, dans le contexte du cas bien précis
de Baie-Comeau et de Hauterive, une autonomie municipale qui a engendré
les troubles que nous avons connus depuis 20 ans, troubles qui ont eu des
répercussions néfastes sur nos enfants, des répercussions
néfastes sur les malades, des répercussions néfastes sur
bien des choses, M. le Président, je me pose la question: Combien de
coups d'encensoir faudrait-il lancer envers et pour l'autonomie municipale?
À une autonomie municipale, dans le cas précis de
Baie-Comeau-Hauterive, qui a engendré toutes ces choses, je regrette,
mais même Mgr Labrie n'aurait pas donné sa
bénédiction urbi et orbi. (22 h 15)
M. Caron: Si je comprends bien, M. le maire, vous trouvez cela
tout à fait normal que la ville voisine reçoive une dette
additionnelle pour la fusion, tout à fait normal d'aller fouiller dans
la poche de l'autre municipalité; vous vous sentez assez fort comme
maire d'aller fouiller dans d'autres municipalités?
M. Boutin: La dette de Hauterive est de 21 000 000 $. La dette de
Baie-Comeau, au 31 décembre 1981, on ne la connaît pas. En 1980,
elle était de 17 000 000 $. Au 31 décembre 1981, je l'ignore,
mais la nôtre, c'est 21 000 000 $. Le gouvernement, dans un geste
d'équité, de réparation des injustices du passé...
Il faudrait, bien sûr, qu'il fasse quelque chose pour atténuer ou
essayer d'éviter, en tout cas, l'impression, chez les citoyens de
Baie-Comeau, que ce sont eux qui en font les frais, mais, dans mon esprit, cela
ne veut pas dire que les privilèges ou les avantages de Baie-Comeau
doivent se perpétuer ad vitam aeternam et, comme conséquence,
c'est ad nauseam pour les Hauteriviens.
M. Caron: Cela veut dire, M. le Président, si je comprends
bien, que, si la majorité des maires du Québec qui, avec les
conseils municipaux, font des efforts pour épargner de l'argent à
leurs contribuables, si le voisin est plus gaspilleux que l'autre,
décident, à un certain moment, de s'adresser à
l'Assemblée nationale pour qu'ils fusionnent et disent: Toi, paie ma
dette, vous êtes d'accord là-dessus?
M. Boutin: M. le Président, quand le député
mentionne "plus gaspilleux que l'autre", cela m'apparaît... Enfin, selon
mon interprétation, ce serait peut-être exagéré. On
n'a rien gaspillé. Chaque dollar a été mis à la
bonne place pour répondre à des besoins des citoyens. Lorsque la
ville de Baie-Comeau, pour une raison ou pour une autre, refusait dans son
territoire les maisons mobiles - il y a eu le phénomène des
maisons mobiles chez nous à cause d'Hydro-Québec et d'autres
travaux - il y avait un problème humain à régler
là. Que Baie-Comeau dise: On ne veut pas de cette catégorie
d'habitations, c'est une décision à caractère financier,
esthétique ou autre, mais, du côté de Hauterive, il y avait
un problème humain à régler et on a dit: Messieurs,
mesdames, vous pouvez venir chez nous. Nous avons donc réglé un
problème social. Cela a coûté des sous, bien sûr, et
des millions, mais, si on n'avait pas accepté les maisons mobiles ou
n'importe quel travailleur qui préférait venir chez nous, parce
que creuser sa cave, il le faisait dans une heure, si on n'avait pas
accepté, si on n'avait pas facilité l'accès chez nous aux
citoyens de l'extérieur, ils se seraient installés dans les
petits villages à côté, un peu partout au bord de la route,
et quel spectacle! Alors, pourquoi venir dire aujourd'hui à Hauterive,
aux administrateurs depuis nombre d'années qui ont répondu
à un problème social et à cause de lois injustes envers
les Hauteriviens et les Hauteriviennes: on va tolérer
indéfiniment cette situation. Je suis arrivé à Hauterive
comme maire en novembre 1975. Ce n'était pas rose, on a réussi
à passer à travers avec bien des difficultés, bien du
quémandage. Je ne veux pas ici me faire accuser ou soupçonner,
moi et mes devanciers, de ne pas avoir pris soin des deniers publics. Si les
lois ne nous favorisaient pas, je regrette, les lois, c'est le
législateur qui les adopte et nous, nous avons bien sûr le
privilège de les observer.
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, tout simplement d'abord comme
information à la suite des questions du député de Verdun,
j'ai ici des chiffres, dans l'annexe 2 du document de Baie-Comeau, où on
indique que la dette de Baie-Comeau est de 16 272 477 $ et la dette de
Hauterive de 21 359 439 $. C'est en date du 31 décembre 1980. Si on
prend cela per capita, la dette de Baie-Comeau est de 1302 $ per capita et la
dette de Hauterive de 1473 $.
M. le Président, j'aimerais d'abord poser une question
générale au maire de Hauterive, et je voudrais qu'il ne
réponde pas trop longuement, puisqu'il y en a d'autres. À la
suite de l'expérience concrète de vos prédécesseurs
et de votre expérience, est-ce que vous pensez qu'il y aurait eu
possibilité d'en arriver a une fusion volontaire?
M. Boutin: M. le Président, pour répondre à
cette question, selon l'expérience que j'ai vécue depuis 1975, il
est impensable d'en arriver à une fusion volontaire.
M. Lessard: Une deuxième question, M. le Président.
Est-ce que vous pourriez m'indiquer, puisque vous avez dit que 80% de
l'évaluation était une évaluation des résidences,
venait des individus, quel est le taux de l'évaluation globale de la
ville de Hauterive?
M. Boutin: 2,96 $.
M. Lessard: Je ne veux pas dire le taux de la taxe par 100 $
d'évaluation. Le rôle d'évaluation foncière.
M. Boutin: Le rôle d'évaluation, 156 000 000 $ et
quelques poussières.
M. Lessard: Pour une population de combien?
M. Boutin: Pour une population de 14 500.
M. Lessard: Ce qui se compare à un rôle
d'évaluation de 285 000 000 $ à Baie-Comeau. Vous avez
certainement eu à analyser certaines comparaisons, dans les documents
qui ont été préparés depuis des années et
des années, avec la ville de Baie-Comeau. Or, tout à l'heure je
posais une question au maire de Baie-Comeau concernant justement le pourcentage
d'évaluation qui provenait des compagnies vis-à-vis du
pourcentage d'évaluation qui provenait des contribuables. Vous avez
affirmé que dans le cas de Hauterive c'était 80% des
contribuables et, dans le cas des petites entreprises à Hauterive, 20%.
À votre connaissance, quel est le pourcentage à Baie-Comeau?
M. Boutin: Selon les renseignements que nous possédons, le
citoyen de Baie-Comeau paie 36% du budget et les compagnies et autres, 64%.
M. Lessard: Maintenant, quel est le taux de taxation? Je
m'excuse, tantôt vous l'aviez donné, le taux de taxation par 100 $
d'évaluation à Hauterive?
M. Boutin: 2,96 $.
M. Lessard: Et à Baie-Comeau?
M. Boutin: 1,75 $.
M. Lessard: Vous êtes passablement glouton, M. le maire,
vous avez parlé dans votre document d'un certain nombre d'injustices
qu'il fallait corriger, a la suite de décisions venant de gouvernements
antérieurs. Vous en nommez un certain nombre, mais j'aimerais quand
même que vous me précisiez ceci: Depuis 1976, est-ce qu'il n'y a
pas eu un certain nombre d'injustices qui ont été
corrigées? Par exemple, quelle a été la participation du
gouvernement concernant le parc des maisons mobiles?
M. Boutin: Le nouveau parc de maisons mobiles? Le projet global,
c'est dans les 6 500 000 $ et nous avons eu, avec l'entente
Canada-Québec, 4 600 000 $ à peu près...
M. Lessard: Et dans le réseau...
M. Boutin: ... plus un ajout de 258 000 $.
M. Lessard: Et le réseau d'aqueduc et le rattachement
à la...
M. Boutin: Pour le réseau d'aqueduc, nous avons eu 1 000
000 $ avec la même entente Canada-Québec, plus 1 000 000 $
additionnels de la part du gouvernement du Québec.
M. Lessard: Je ne voudrais pas insister là-dessus, mais je
pense que depuis 1976 il y a eu un certain nombre de correctifs apportés
par le gouvernement du Québec.
M. Boutin: Oui, M. le Président, je dois ajouter
là-dessus qu'avant 1975, avant que j'arrive à l'hôtel de
ville, on n'a jamais eu de petits machins trucs spéciaux pour la ville
de Hauterive. Par exemple, dans le cas de Sept-Îles ou Port-Cartier, sur
la rive sud, on trouvait des formules élégantes
Canada-Québec pour aider des développements de
style champignon, comme Sept-Îles, Port-Cartier. Mais nous, on
nous a ignorés, si vous saviez pendant combien de temps. Alors, depuis
1975-1976, nous avons eu un juste retour des choses à cause, bien
sûr, de nos interventions peut-être intempestives, mais quand
même nous avons eu quelque chose. C'est là que les millions se
sont mis à pleuvoir sur Hauterive, bien sûr, avec quelques
retards, mais mieux vaut tard que jamais.
M. Lessard: M. le Président, à la page 41 de votre
mémoire, vous soulignez un certain nombre d'engagements, un certain
nombre d'engagements formels qui sont requis et qui devraient apparaître
dans le projet de loi: "La réfection de la vieille partie de Hauterive
en inscrivant la nouvelle ville au programme actuel d'assainissement des eaux."
Je devrais souligner ceci: La loi 33, qui est devenue par la suite la loi 50,
je pense, concernant l'évaluation municipale des barrages
d'Hydro-Québec, s'est appliquée non seulement à Hauterive,
mais aussi à l'ensemble du Québec. Moi-même, comme
député de l'Opposition dans le temps, comme je connaissais les
conséquences de ce projet de loi présenté par M. Maurice
Tessier sur la situation financière de la ville de Hauterive, j'y
étais fortement opposé, mais s'il fallait que le gouvernement du
Québec corrige les injustices que cela a causées pour la ville de
Hauterive, cela voudrait dire qu'il faudrait corriger toutes les injustices que
cela a causées dans l'ensemble du Québec. Vous conviendrez, M. le
maire, que le gouvernement du Québec devrait défrayer des
coûts astronomiques pour corriger tout ça. On ne peut quand
même pas appliquer une mesure pour la ville de Hauterive et ne pas
l'appliquer pour les autres municipalités du Québec. C'est un
problème.
La construction du boulevard Schmoon, on ne peut pas s'engager
là-dessus, c'est un dossier qui est en discussion et on verra en temps
et lieu. La voie de contournement de Hauterive, c'est encore un autre dossier
sur lequel on ne peut quand même pas s'engager, ce sont des discussions
au niveau de la municipalité. Pour le parc industriel régional,
il y a une entente Canada-Québec à ce sujet où, depuis
1976, un montant de 2 500 000 $ est gelé justement à la suite du
fait qu'on n'a pas eu d'entente entre les deux villes. Admettons que le
gouvernement du Québec décide, à la suite des exigences de
Baie-Comeau, de placer le parc industriel à Baie-Comeau; quelles
seraient les conséquences pour la ville de Hauterive sur
l'évaluation foncière provenant de l'industrie? (22 h 30)
M. Boutin: Pourriez-vous préciser?
M. Lessard: Si le parc industriel dont on parlait, où il y
a un gel de 2 500 000 $ à l'intérieur des ententes, était
allé à Baie-Comeau, quelles auraient été les
conséquences sur l'évaluation foncière de la ville de
Hauterive par rapport à ce qui existait avant?
M. Boutin: Les petites industries que nous avons auraient pris le
bord de Baie-Comeau; c'est une des conséquences. Donc,
l'évaluation va en diminuant...
M. Lessard: Ce qui veut dire que les 20% d'évaluation
foncière que vous avez actuellement et qui proviennent de la petite
industrie auraient diminué possiblement d'autant...
M. Boutin: C'est cela.
M. Lessard: ... ce qui aurait accentué les
problèmes financiers de la ville de Hauterive.
M. Boutin: À cause de la réforme fiscale qui
favorise les villes industrielles depuis 1980, nous nous sommes dit: Puisque
c'est comme cela, il faudrait commencer à faire des pressions pour
industrialiser la ville de Hauterive. Nous avons fait des pressions, des
mémoires - je ne vous apprends rien des chicanes - pour avoir ce fameux
petit parc industriel régional dans notre territoire. Or, notre demande
apparaissait à certains illégitime, parce qu'on avait osé
demander un petit parc industriel pour Hauterive.
M. Lessard: En ce qui concerne le parc industriel
régional, quant à moi, je maintiens la possibilité des 2
500 000 $ qui sont compris dans l'entente, mais vous comprenez qu'il faudra
négocier avec le gouvernement fédéral pour que cette
entente soit prolongée. Soyez convaincus que, du côté du
gouvernement, je vais intervenir pour que ces 2 500 000 $ qui étaient
prévus déjà depuis 1976 soient prévus pour le parc
industriel. À ce moment, il n'y aura plus de question à savoir,
s'il y a fusion, à quelle place il va s'installer parce qu'aucune ville
ne pourrait être pénalisée.
Vous parlez à 9 d'accélérer la liaison
routière avec la ville de Gagnon. Je vous indique que depuis 1976, avec
Denis Perron, il y a 16 000 000 $ qui ont été
dépensés pour la liaison Gagnon-Baie-Comeau. En 1982, on
prévoit 6 400 000 $. Donc, l'engagement qu'on avait pris en
communication avec le député de Duplessis à ce sujet se
continue. Je comprends qu'on ne peut pas, étant donné les
restrictions financières, aller aussi vite qu'on le voudrait. Il reste
quand même qu'on devrait normalement respecter assez bien notre
échéancier.
J'aurais une dernière question. Supposons que la fusion ne se
fasse pas et
que, par ailleurs, il y ait des investissements de 500 000 000 $ tel que
prévu par la compagnie Reynolds à Baie-Comeau, quelle serait
l'attitude de Hauterive vis-à-vis du développement
résidentiel qui pourrait être nécessaire en relation avec
les investissements de Reynolds? Comme vous l'indiquiez tout à l'heure -
c'est d'ailleurs prouvé par un document que je possède, un
document présenté à l'ancien ministre responsable de
l'OPDQ, M. Quenneville, par Baie-Comeau - on avait fait une demande au
ministère des Terres et Forêts où on disait ceci: II semble
qu'audit ministère - au ministère des Terres et Forêts dans
le temps - les politiques de prix pour de telles concessions de terrains et les
conditions de revente après développement sont fixées.
Cependant, on semble oublier la nature rocheuse, montagneuse du territoire de
Baie-Comeau. Le ministère maintient ses politiques sans tenir compte des
difficultés locales de notre ville. Cela veut dire que, comme vous le
disiez tout à l'heure et le mémoire le confirme, il semble que
cela coûte plus cher. Si l'on tient compte qu'actuellement il en
coûte environ 5000 $ ou 6000 $ pour les services municipaux pour un
terrain résidentiel, il va sans dire que nous sommes
défavorisés à Baie-Comeau en regard d'autres territoires
où le terrain acquis de la couronne est un terrain planche et utilisable
à 100%.
D'après le mémoire remis à M. Quenneville par le
maire Leonard dans le temps, il en coûterait plus cher au point de vue
services à Baie-Comeau qu'à Hauterive.
Maintenant, si le développement de Reynolds arrivait et qu'il n'y
ait pas fusion, quelle serait la réaction de la ville de Hauterive
concernant le développement résidentiel?
M. Boutin: La réaction de la ville de Hauterive sera sans
doute calquée sur la réaction des fonctionnaires du gouvernement
du Québec, à savoir: Messieurs de Hauterive, arrêtez de
développer parce que la cote d'alerte de votre endettement approche les
15%. Nous sommes présentement à environ 13,7%, ce qui veut dire
qu'on ne se lancera pas dans des développements à coût
élevé, parce qu'il arrive un afflux de population. On va stopper
la machine dans les règlements, parce que notre position
financière ne nous permet pas d'avoir des investissements nouveaux pour
répondre aux besoins des citoyens qui viendraient à la suite de
l'agrandissement de Reynolds.
M. Lessard: J'ai deux autres questions, M. le Président,
et je termine. Quel est le nombre de pieds carrés de terrain qui peut
être utilisable à 100%, propriété de la
Société d'expansion de Hauterive et qui est prévu pour du
développement résidentiel?
M. Boutin: C'est une société d'expansion
merveilleuse, M. le Président. Lorsque je suis arrivé à
l'hôtel de ville, je me suis juré que je donnerais de
l'épine dorsale à cette société et que je prendrais
les moyens pour arrêter la spéculation. Ainsi, nous avons
acheté. Les négociations ont été dures, j'en
conviens, avec les propriétaires de terrain. Finalement, nous disposons
de 30 000 000 de pieds carrés. Sur ces 30 000 000 de pieds
carrés, c'est quasiment notre propriété à 100%; il
en reste 100 000 ou 150 000 à payer.
De ce côté-là, au point de vue de la
spéculation foncière à Hauterive, c'est le grand
deuil.
M. Lessard: Quel est le coût du pied carré que vous
prévoyez, par exemple?
M. Boutin: Nous avons vendu des terrains l'année
dernière à 0,25 $ le pied carré, mais à cela
s'ajoutent les coûts d'infrastructure. Quand je dis infrastructure, je
parle de l'aqueduc et de l'égout, de la mise en forme de rues et du
gravelage.
M. Lessard: D'accord. Dernière question, M. le
Président. Le député de Hull...
Une voix: ...
M. Lessard: Oui, j'ai dit que j'avais deux questions.
Dernière question, M. le Président. Je peux en poser d'autres
encore, mes vingt minutes ne sont pas épuisées.
Une voix: Mais c'est malheureux, les gens doivent quitter.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lessard: Nous sommes ici, M. le Président, pour
entendre des mémoires.
Le Président (M. Rodrigue): Allez-y avec vos
questions.
M. Lessard: M. le Président, le député de
Hull tout à l'heure posait une question, à savoir si vous avez
une résolution qui a été adoptée par la ville de
Hauterive concernant justement la fusion. Est-ce que vous n'auriez pas, en date
du 27 octobre 1981, écrit au premier ministre du Québec, M.
René Lévesque, concernant la fusion?
M. Boutin: Ah! bien sûr que j'ai écrit au premier
ministre, M. René Lévesque, pour trouver une solution. On est
dans un cul-de-sac, et je dis cul-de-sac régionalement parlant. Je ne
parle pas de Hauterive dans le cul-de-sac. Régionalement parlant, cela
ne fonctionne plus. Il faudrait faire preuve
d'initiative et se dire: Puisque pendant vingt ans cela ne fonctionne
pas, de grâce, essayons de trouver autre chose.
M. Lessard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens à
mentionner, à la suite de la dernière question que posait le
ministre au maire de Hauterive, qu'un appel téléphonique ou un
écrit n'ont quand même pas de statut légal; ce n'est pas
une résolution et ce n'est pas une consultation populaire non plus.
La réforme de la fiscalité, ce n'est pas tellement loin
dans le temps, la loi a été adoptée au mois de
décembre 1979. On sait que cela a perturbé dans certains cas le
monde municipal et que le ministre des Affaires municipales du temps avait
mentionné qu'aucune municipalité n'allait être
pénalisée par la nouvelle loi 57. Est-ce que le maire de
Hauterive a fait à ce moment-là les représentations
nécessaires afin d'apporter des correctifs qu'il jugeait opportuns?
M. Boutin: M. le Président, à la suite de la
réforme fiscale applicable au 1er janvier 1980, techniquement parlant,
selon les chiffres à l'appui, nous sortons gagnants d'environ 380 000 $
pour l'année d'application de la réforme, 380 000 $ sur papier.
Mais c'est relatif. Comparé avec ce qui se passe à Baie-Comeau,
toujours à la suite de la réforme fiscale, l'écart s'est
agrandi considérablement et la démonstration n'est pas tellement
longue à faire. Prenons tout ce qui était payé par les
compagnies de Baie-Comeau au niveau scolaire. La commission régionale du
temps partait de Baie-Trinité jusqu'à Bergeronnes, ce qui veut
dire que, dans les faits, les compagnies de Baie-Comeau payaient l'instruction,
l'éducation des enfants de Bergeronnes, Forestville, Hauterive,
Baie-Comeau, etc.
À la suite de la réforme fiscale, toute cette masse
monétaire devenait disponible en exclusivité pour Baie-Comeau.
J'en suis heureux pour eux, mais, pour nous, cette réforme fiscale ne
nous donnait que 380 000 $ alors que, pour eux, c'est peut-être une masse
monétaire de 1 800 000 $. Donc, la réforme fiscale en soi,
très bonne pour l'ensemble du Québec, pour Hauterive, quelques
poussières de plus. Mais, Baie-Comeau et Hauterive, nous sommes
collés l'un sur l'autre et, veut veut pas, on fait des comparaisons dans
les services. Cette réforme fiscale accentue l'écart entre
Baie-Comeau et Hauterive et, selon notre humble point de vue, cette
chose-là ne peut plus durer pour le climat social de la
région.
M. Rocheleau: M. le Président, tenant compte du climat
social, tout à l'heure, les représentants de la ville de
Baie-Comeau n'ont pas fermé la porte à une fusion possible. Il y
a quelques instants, vous avez mentionné qu'on ne pouvait plus en
parler, qu'une fusion volontaire était impensable. Ne croyez-vous pas
que, justement pour le climat social, il devrait se dégager un consensus
de part et d'autre entre les deux municipalités et que les deux
conseils, c'est-à-dire celui de Baie-Comeau et celui de Hauterive,
devraient se rencontrer, demander possiblement une étude conjointe avec
les experts du ministère des Affaires municipales ou de la Commission
municipale afin d'avoir une étude objective? Surtout qu'on a
mentionné, il y a quelques instants ou au cours de l'après-midi,
que, sur les quatre rapports qui ont été soumis concernant les
probabilités de fusion, il y en a trois qui ont été
rédigés avant 1972 alors que l'autre a été
rédigé avant l'adoption de la loi 57 sur la fiscalité.
Alors, M. le maire, n'y aurait-il pas lieu, aujourd'hui, justement de tenter de
faire le point? Jusqu'ici, nous avons entendu des interventions
intéressantes, mais qui ne semblent pas démontrer, de part et
d'autre... En tout cas, de la part de Hauterive, on semble s'attarder un peu
moins sur la question économique et on pense davantage à ce que
Baie-Comeau pourrait offrir, alors que, dans votre mémoire et dans votre
synthèse, vous reprochez pratiquement au gouvernement de ne pas avoir
apporté les correctifs nécessaires. Alors, est-ce que la fusion
ne devient pas une mesure échappatoire dans le sens que, si on ne peut
pas obtenir du gouvernement ce qu'il nous doit, eh bien, on va se contenter
d'une fusion même si elle est forcée?
M. Boutin: M. le Président, les correctifs
nécessaires, depuis 1975-1976, ont été apportés,
enfin, un début de correctifs. Tantôt, je vous ai mentionné
qu'on a fêté ça le 16 mai 1978 à Alma lorsque nous
sommes entrés, pour la première fois, dans les programmes
Canada-Québec. Cette fois-là, c'était la foire à
Hauterive, nous avons récolté 5 330 000 $; c'était la
fiesta à Hauterive, pour la première fois. Donc, les correctifs
ont commencé. (22 h 45)
M. le Président, on me demande s'il ne serait pas souhaitable
qu'il y ait une septième étude plus actualisée, par des
spécialistes. Baie-Comeau-Hauterive a été un des grands
malades le plus souvent ausculté: 1963, 1967, 1970, 1971, deux fois en
1976, et tous les grands spécialistes en sont venus à la
conclusion que, pour ce grand malade, il n'y avait qu'un seul remède, le
regroupement Baie-Comeau-Hauterive, un seul remède.
Tous les spécialistes en viennent à cette conclusion et je
vous prédis, M. le
Président, que la septième étude sera identique
dans ses conclusions aux six précédentes. Et l'une des plus
récentes est le rapport Pépin, elle est de M. Roger Pépin,
un fonctionnaire, qui a fait un rapport à la demande des deux conseils
de ville, rapport sorti en octobre 1976. On s'est réuni avec la ville de
Baie-Comeau, à ma souvenance, au mois de décembre 1976 pour
analyser ensemble ce rapport.
Citons un chiffre, M. le Président, très
révélateur. Ce rapport disait: Prenez la même maison de 25
000 $ à Baie-Comeau et à Hauterive. Celle de Baie-Comeau paierait
21 $ de plus, à condition qu'on mette les dettes ensemble. À ce
moment-là, le fonctionnaire n'appliquait pas les montants à la
suite de la fusion favorisant le regroupement des municipalités.
Voyez-vous? 21 $ de différence. Mais le malheureux rapport, pas à
cause du fonctionnaire, on en a discuté ensemble pour la première
fois en décembre 1976, a été suivi en 1977, au
début de l'année, d'une décision contestée sur les
hôpitaux et là, plus rien ne marchait.
Je me dis M. le Président: Que l'hôpital - enfin cela
été une chicane - soit au centre de la grande ville, au sud de la
grande ville, à l'ouest de cette grande ville, qu'est-ce que cela peut
bien fouter, lorsque les intentions politiques étaient de fusionner? On
s'est chicané pour une question de changement de vocation des
hôpitaux, en même temps qu'on parlait de fusion. Ma
réflexion, je la répète, pourquoi se chicaner? Pourquoi
abandonner un projet fantastique de fusion à cause d'un hôpital
qui a changé de vocation? Lorsqu'il y aurait eu fusion, bien sûr,
l'hôpital aurait été dans la grande ville. C'est la
question que je me pose depuis et j'en fais de temps en temps des cauchemars,
M. le Président.
M. Rocheleau: M. le Président, on a mentionné
à quelques reprises qu'il y aurait eu quatre rapports de
déposés, quatre études entre autres qui avaient
été déposées. J'aimerais quand même vous
citer le rapport "Demain", déposé en février 1970, qui
mentionne à la page 101: "La fusion volontaire apparaît
définitivement préférable à l'annexion. En effet,
dans un système démocratique en évolution, rien ne
s'impose et tout se négocie. Les représentants qui
négocieront devront être à la hauteur de la situation au
moment de la rédaction de l'acte de fusion, car c'est de la
qualité de ce document que dépendra la réussite du
projet."
Je pense que les conclusions de l'ensemble des mémoires ou des
études qui ont été commandés, étaient
sensiblement similaires. Je ne prétends pas, M. le maire, que la loi que
je peux appeler loi matraque, soit un document à la hauteur des deux
municipalités de Hauterive et de Baie-
Comeau. Mais si les deux municipalités acceptaient de s'asseoir
et de discuter et si les deux municipalités étaient
réellement à la hauteur de la situation il pourrait y avoir
éventuellement une conclusion heureuse et possiblement une fusion
volontaire, mais qui ne serait pas imposée de la façon qu'on
semble vouloir le faire actuellement.
M. Boutin: M. le Président, ce sont de bons sentiments que
j'entends. Bien sûr, physiquement, le maire de Hauterive n'est pas
à hauteur du maire de Baie-Comeau, mais, malgré ça, nous
avons tenté à quelques reprises... Dès le début
d'avril 1976, j'ai rencontré M. Leonard pour discuter de fusion, de
regroupement. Mais, dans la situation actuelle, je désespère
quasiment et je vous répète ce que je vous disais tantôt,
M. le Président. Lorsqu'une partie, par l'intermédiaire du
premier citoyen de Baie-Comeau, a déjà déclaré que,
tant et aussi longtemps qu'il serait maire de Baie-Comeau, il n'y aurait pas de
fusion avec Hauterive, trouvez-moi la marge de manoeuvre pour discuter, jaser,
parlementer, négocier avec le maire de Baie-Comeau.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): En conclusion, M. le
ministre.
M. Léonard (Labelle): M. le Président, si on me le
permet, je pense qu'en conclusion, je pourrais simplement donner un certain
nombre de chiffres qu'on vient de me transmettre et qui sont susceptibles
d'éclairer les esprits quant à ce dossier.
Les premiers chiffres que je vais donner, ce sont ceux de Baie-Comeau et
les deuxièmes, ceux de Hauterive. Si vous voulez les prendre en note,
ils sont très intéressants, à mon sens; les fonctionnaires
de mon ministère viennent de me les faire parvenir.
La population de Baie-Comeau: 11 911; la population de Hauterive: 14
724. Les dépenses totales: à Baie-Comeau, 10 282 163 $; à
Hauterive, 7 439 616 $. Les dépenses totales per capita: à
Baie-Comeau, 863 $; à Hauterive, 505 $. La dette per capita: à
Baie-Comeau, 1414 $; à Hauterive, 1566 $. L'évaluation imposable
totale d'après les états financiers ou le rapport des
municipalités de 1980: à Baie-Comeau, 285 847 500 $; à
Hauterive, 141 854 160 $. L'évaluation imposable totale
résidentielle: à Baie-Comeau, 102 928 000 $; à Hauterive,
114 443 00 $. L'évaluation imposable industrielle et commerciale:
à Baie-Comeau, 181 847 500 $; à Hauterive, 27 410 700 $; je vous
souligne simplement que les données majeures du problème se
retrouvent sur cette ligne. L'évaluation résidentielle
représente 37% à Baie-Comeau
et 81% à Hauterive; l'évaluation industrielle et
commerciale représente 63% à Baie-Comeau et 19% à
Hauterive. L'indice de richesse foncière: Baie-Comeau, 196% - par
rapport à une moyenne de 100 dans l'ensemble du Québec - et 81%
à Hauterive. Maintenant, l'évaluation uniformisée: 366 080
170 $ à Baie-Comeau et 187 229 176 $ à Hauterive.
Les calculs sur la réforme de la fiscalité, d'après
les bases de 1979 seulement - ce sont les premiers calculs qui sont sortis, ce
ne sont pas les calculs définitifs; les résultats
définitifs, on pourra les avoir ultérieurement - donnaient 1 540
000 $ comme avantage fiscal à Baie-Comeau et 375 000 $ à
Hauterive.
Je pense que tous les membres de la commission auraient
intérêt à examiner ces chiffres avec l'éclairage
qu'une bonne partie de la main-d'oeuvre de Hauterive travaille à
Baie-Comeau.
Je vous remercie, M. le maire, MM. les représentants de la ville
de Baie-Comeau, ainsi que tous les gens qui sont venus de Hauterive. Il y a
encore d'autres mémoires qui viendront. Maintenant, je pense que je dois
souligner tout particulièrement la participation des maires de
Baie-Comeau et de Hauterive à cette commission parlementaire cet
après-midi.
Chambre de commerce de Baie-Comeau
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie, M. le maire,
ainsi que les personnes qui vous accompagnent. J'invite maintenant les
représentants de la Chambre de commerce de Baie-Comeau à prendre
place à la table qui est devant nous et à nous présenter
leur mémoire en les invitant, bien sûr, à le résumer
autant que possible.
Le mémoire, si je ne m'abuse, nous sera présenté
par M. Étienne Royer. M. Royer, est-ce que vous pourriez nous
présenter les personnes qui vous accompagnent, s'il vous
plaît?
M. Royer (Étienne); Certainement, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): En commençant
peut-être par ma gauche pour que les personnes qui enregistrent les
débats puissent vous identifier, si d'autres personnes ont à
parler en réponse à des questions.
M. Royer: À mon extrême droite, M. Paul
Côté, administrateur de la
Chambre de commerce de Baie-Comeau; à ma droite immédiate,
M. Pierre Rousseau, vice-président de la Chambre de commerce de
Baie-Comeau; à ma gauche, M. Maurice Villeneuve, secrétaire de la
Chambre de commerce de Baie-Comeau.
M. le Président, M. le ministre, nous vous remercions de nous
donner l'occasion de vous présenter notre mémoire sur ce projet
de loi. Il n'aura pas la même envergure ni la même longueur que les
exposés de nos prédécesseurs, mais nous croyons fermement
qu'il y a autant de matériel à l'intérieur.
La Chambre de commerce de Baie-Comeau représente plus de 150
membres qui sont, en grande majorité, commerçants, entrepreneurs
ou industriels. Malgré le très court délai entre le
dépôt de ce projet de loi et la tenue de cette commission, la
Chambre de commerce de Baie-Comeau s'est efforcée de consulter ses
membres dans l'élaboration de son mémoire qui, lors d'une
assemblée générale spéciale tenue le 10
décembre dernier, a été entériné par la
majorité de ceux-ci.
Nous n'entendons pas par les présentes appuyer ou critiquer les
arguments avancés par les représentants de l'une ou l'autre des
deux villes impliquées au soutien de leur thèse respective; notre
prétention est plutôt de rester à l'écart du
débat politique et de nous limiter à traiter, d'une façon
objective, des implications les plus essentielles de ce projet de loi,
notamment quant au mode de fusion qu'il impose.
La Chambre de commerce de Baie-Comeau s'interroge sur le
bien-fondé des motifs qui ont amené le gouvernement du
Québec à utiliser un moyen aussi draconien et expéditif
pour réaliser cette fusion.
Nous remarquons que ce projet de loi n'a été
précédé d'aucune demande officielle de l'un ou l'autre des
conseils de ville impliqués. En ce qui concerne la ville de Baie-Comeau,
son opposition à la fusion est sans équivoque et inchangée
depuis la consultation populaire tenue auprès de sa population en 1977.
Quant à la ville de Hauterive, la dernière position officielle
qu'elle soutenait antérieurement au dépôt de ce projet de
loi était loin d'être favorable à la fusion. À cet
effet, nous citons deux extraits d'un mémoire que la ville de Hauterive
avait soumis au gouvernement du Québec en avril 1980 - d'après ce
que je vois, on va faire une répétition; cela fait quatre ou cinq
fois qu'ils sont cités -"Certains opinent que la fusion des villes de
Baie-Comeau et Hauterive serait une solution. Quoique conscients des avantages
évidents d'une administration unique pour une même
collectivité (cette avenue mettrait un terme à de longues
querelles de famille, ceci éviterait la duplication des efforts dans
tous les secteurs), conscients de ces avantages, nous ne voulons pas, en aucune
manière, tenter quelque rapprochement tant que les esprits ne seront pas
prêts. Lorsque les citoyens de Hauterive et de Baie-Comeau manifesteront
clairement une volonté de fusion, alors nous aviserons. Nous
préférons plutôt avoir les moyens de faire face à
nos obligations; nous préférons un partage
équitable des moyens de financement." (23 heures)
La deuxième citation: "Nous croyons qu'une solution
définitive passe par des modifications législatives qui
aboliraient tous les régimes d'exception qui nous défavorisent
car, si nous voulons un jour parler de fusion, il faudra que les deux
agglomérations y voient des avantages; nous n'oublions pas que c'est
l'actuel gouvernement qui a mis fin au régime de fusion obligatoire.
Pour qu'elle se fasse volontairement, il faudra des changements majeurs et
profonds à la structure actuelle."
Quels événements ont pu amener le législateur
à prendre l'initiative d'un tel projet de loi? Quelle urgence le
justifie de procéder de façon aussi précipitée?
Quels motifs peut-il invoquer pour avoir ignoré tout le processus
démocratique qu'il avait lui-même institué dans le cas de
regroupement de municipalités?
La principale lacune que nous déplorons dans ce projet de loi est
l'absence de toute consultation préalable auprès des citoyens des
deux villes; ce sont eux qui seront principalement affectés par ce
projet de loi. Nous aurions préféré que les citoyens des
deux villes aient pu bénéficier d'une information la plus
objective possible quant aux implications d'une fusion éventuelle et
aient pu se prononcer en toute connaissance de cause sur l'avenir de leur
communauté.
Nous le déplorons d'autant plus qu'aucune étude objective
récente n'ait été menée ou publiée quant aux
conséquences financières de la fusion envisagée. Les
citoyens ont été à la merci des informations
contradictoires véhiculées par deux adversaires avant tout
préoccupés par la défense de leur thèse respective.
Il aurait été souhaitable que le législateur
prévoie un mécanisme qui aurait permis que la protection des
intérêts des citoyens des deux villes soit assurée afin que
l'objectif d'un regroupement juste, cohérent et administrativement
efficace soit atteint.
En effet, le législateur ne peut faire abstraction du contexte
dans lequel cette fusion sera effectuée. Nous craignons que ce projet de
loi comporte des germes de dissension qui ne pourraient qu'envenimer le climat
social déjà trouble qui prévaut dans les relations des
deux villes. Au seul aspect économique, nous sommes d'opinion que ce
projet de loi ne tient pas suffisamment compte de la disparité qui
existe entre les deux villes, ce qui nous incite à craindre que
Baie-Comeau, en fait ses citoyens assument les frais de toute
l'opération alors qu'ils ne sont aucunement responsables de cette
situation. En effet, de l'aveu même de ses représentants, la
situation financière difficile que vit Hauterive depuis quelques
années est avant tout la conséquence de l'iniquité fiscale
dont elle a été victime par suite de l'adoption du chapitre 50 de
la Loi sur l'évaluation foncière qui est maintenant
abrogée et de la loi 57 sur la fiscalité municipale qui l'ont
privée d'une part importante de ses revenus et lui ont imposé un
déficit accumulé exorbitant.
Nous aurions préféré que le gouvernement du
Québec assume les conséquences de cette situation à
laquelle il a contribué en rétablissant, par le biais de
subventions, un certain équilibre financier entre les deux villes. S'il
en était autrement, la santé financière de la nouvelle
ville serait pour longtemps gravement compromise.
Considérant ces lacunes, et il en existe d'autres, nous nous
croyons justifiés de douter de la pertinence de ce projet de loi,
d'autant plus qu'il existe déjà un outil beaucoup mieux
adapté à la situation présente et qui aurait permis
d'atteindre le même objectif de façon beaucoup plus satisfaisante.
Il s'agit de la Loi favorisant le regroupement des municipalités. Nous
sommes d'opinion que rien ne justifie le gouvernement du Québec de
résoudre, par le biais d'une loi d'exception qui déroge aux
principes fondamentaux qu'il a lui-même établis pour favoriser le
regroupement des municipalités, un problème dont il est en partie
responsable. Nous croyons que si la procédure normale avait
été respectée, cela aurait évité qu'un grand
nombre de citoyens se croient, à juste titre, frustrés dans leurs
droits démocratiques. En effet, la Loi favorisant le regroupement des
municipalités prévoit un mécanisme de regroupement par
étapes qui permet non seulement aux citoyens de se faire entendre, mais
qui leur assure la protection additionnelle que constitue l'implication de la
Commission des affaires municipales du Québec dans le processus de
regroupement. Si le législateur se croyait justifié de
procéder dans ce cas-ci par une loi d'exception, nous regrettons qu'il
n'ait pas au moins prévu des mécanismes de consultation
assimilables à ceux que l'on retrouve dans la Loi favorisant le
regroupement des municipalités. De même, il aurait pu confier
à la Commission des affaires municipales du Québec certaines
responsabilités qui lui auraient permis d'intervenir au besoin comme
arbitre.
Pour ces motifs, nous doutons que ce projet de loi apporte une solution
équitable aux difficultés financières avec lesquelles
Hauterive est aux prises depuis quelques années. Les citoyens des deux
villes ne peuvent être tenus responsables de cette situation et ne
méritent pas que le législateur les traite différemment
des autres Québécois et les prive des droits démocratiques
qui leur ont été reconnus dans la Loi favorisant le regroupement
des municipalités. Il est d'autant plus regrettable que les citoyens des
deux villes n'aient pu intervenir dans l'élaboration de ce
regroupement que celui-ci leur a été
présenté comme la création d'une véritable
métropole régionale susceptible de leur assurer une meilleure
qualité de vie et la prospérité économique. Il
n'est pas permis de croire que les citoyens, s'ils avaient eu leur mot à
dire, seraient allés à l'encontre des meilleurs
intérêts de leur communauté.
En terminant, quel que soit le sort de ce projet de loi, nous tenons
à assurer toutes les parties impliquées de notre plus
entière collaboration dans le cas où nos humbles moyens
pourraient être mis à contribution pour le meilleur
intérêt de toute la communauté. Fin de notre
communiqué, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Léonard (Labelle): Merci, M. le Président, et
merci, M. le président de la chambre de commerce.
J'aurais quand même quelques questions a vous poser à la
suite de votre mémoire. Il reste que je veux bien qu'on parle de la loi
des regroupements, mais vous savez très bien que cette loi implique un
regroupement volontaire. Quand les parties ne se parlent même plus depuis
quelques années et que le dossier traîne depuis quinze ou vingt
ans, je pense qu'à un moment donné il y a une intervention
nécessaire.
Quant à dire que nous ne consultons pas, je me demande ce que
vous faites ici. On vous entend et vous avez le droit de parole. Une commission
parlementaire, jusqu'à nouvel ordre, est quelque chose d'important dans
la vie démocratique d'un peuple. Dans ce qu'on fait aujourd'hui,
l'étude de mémoires que vous présentez et que vous
défendez me paraît un événement important en termes
de consultation. Je le dis simplement, pour mettre les choses au point. On
aurait pu consulter encore une fois la population mais on a des rapports qui
ont été produits depuis quinze ou vingt ans. Quand on parle de ce
dossier, il reste que les positions sont connues. Cela a été
établi, il me semble, assez clairement dans les mémoires
antérieurs, surtout lorsque la municipalité de Hauterive est
venue ici tout à l'heure.
Sur des points plus particuliers, si vous permettez, vous proposez une
subvention que j'appellerai une subvention d'équilibre
budgétaire. Or, il nous semble bien que toute cette discussion a
déjà eu lieu. Ces subventions d'équilibre
budgétaire ont été abolies, à mon sens à bon
droit, parce qu'au fond ce n'est pas ce dispositif qui a réglé
les problèmes financiers des municipalités, en
général, parce que cela n'a pas toujours été le
cas, mais souvent cela a été le cas. Une municipalité qui
s'administrait mal faisait appel au gouvernement pour équilibrer son
budget. Si elle s'administre bien ou mal, le gouvernement est très mal
placé pour en juger. Ce sont encore les citoyens des
municipalités qui sont les mieux placés. Tout le cheminement qui
a été fait autour de cette discussion nous a amenés
à la nouvelle fiscalité municipale basée sur l'impôt
foncier. L'impôt foncier est pratiquement exclusif, moins une petite
partie qui reste aux commissions scolaires. Je crois là-dessus que les
deux villes n'ont pas été désavantagées mais,
compte tenu de la situation particulière de Baie-Comeau-Hauterive, la
réforme a accentué l'écart. Baie-Comeau, qui était
déjà bien dotée en termes d'évaluation
foncière, surtout industrielle et commerciale, s'est trouvée
nettement avantagée, à tel point que nos chiffres nous donnaient,
même dans les calculs initiaux, quelque 1 500 000 $ de plus pour
Baie-Comeau, et aussi 375 000 $ pour Hauterive. Cela n'a pas été
désavantageux ni pour une ville ni pour l'autre, mais cela a
contribué cependant à accentuer l'écart et pourquoi? Parce
que tout l'équipement industriel et commercial se trouve à
Baie-Comeau, par l'histoire, l'évolution des choses et par le fait que
les deux sont finalement très intégrées sur le plan des
opérations strictement économiques.
II me semble qu'à un moment donné il faut s'arrêter,
établir la situation et la corriger. Alors, c'est ce que j'avais
à vous dire par rapport à votre mémoire. Je pense bien
qu'une chambre de commerce est nécessairement sensible aux chiffres que
j'ai donnés tout à l'heure en conclusion au mémoire de la
ville de Hauterive. Et, ce que je viens d'établir devant vous me semble
un argument important par rapport au dossier qui nous occupe. Je vous remercie
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Il y a un point que
je trouve un peu malheureux. D'une part, on a eu l'occasion d'entendre la ville
de Baie-Comeau, ainsi que la ville de Hauterive. Je comprends mal que le
ministre des Affaires municipales nous ait lancé tantôt une
brochette de chiffres, alors que les représentants de Baie-Comeau
étaient pratiquement partis et ne pouvaient pas apporter des arguments
sur les chiffres. Nous aurons sûrement à apporter des correctifs
ou des corrections à certains des chiffres qui ont été
énoncés tantôt.
Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier la Chambre de
commerce de Baie-Comeau d'avoir pris le temps de consulter ses membres et, dans
un laps de temps aussi court, de nous avoir soumis un mémoire qui fait
ressortir très objectivement la façon dont elle voit les choses.
Et, une question s'impose sûrement, parce que dans
une ville, on sait qu'une chambre de commerce, c'est important, mais la
chambre de commerce est habituellement composée d'industriels ou de
commerçants ou de gens impliqués dans le milieu: Est-ce que vous
pourriez nous faire connaître le sentiment particulier de ceux que vous
avez consultés, et si on acceptera justement une loi qu'on peut appeler
une loi matraque, parce que c'est une loi sans consultation? Sans consultation,
je le dis, et je répète que même si on a invité les
parties à se faire entendre, il faudrait peut-être continuer
à aller consulter la population qui est en attente dans les deux villes
concernées. Alors, est-ce que le président pourrait me situer sur
l'appréhension que peut faire valoir certains de ces membres face
à cette loi qui nous est actuellement présentée?
M. Royer: Pour commencer, je peux vous dire que cette loi, nous
l'avons qualifiée de rouleau à vapeur. Cela ressemble à
une loi matraque ou une loi bulldozer, appelons-la comme on veut. Maintenant,
une autre chose est certaine. Lors de la présentation de ce
mémoire à nos membres, on vous dit ici que la majorité l'a
entériné. On dit, la majorité, parce qu'à cette
assemblée, tous les membres n'étaient pas présents; mais
je peux vous dire que nous avons eu l'unanimité de l'assemblée
des membres de la Chambre de commerce de Baie-Comeau sur ce mémoire. Par
contre, il y a une mise en garde qui en ressort, et je crois que c'est assez
clair et assez facile à lire entre les lignes, si on veut appeler cela.
Ce qui nous est proposé dans le moment, pour ne pas dire imposé,
est nettement inacceptable à notre point de vue et, sans condition, nous
allons accepter une telle chose. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Rocheleau: Oui, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay. (23 h 15)
M. Lessard: Quelques questions, M. le Président, à
M. Royer, président de la Chambre de commerce de Baie-Comeau. M. Royer,
vous connaissez comme moi la situation qui a prévalu à Hauterive
et Baie-Comeau depuis nombre d'années. Vous connaissez comme moi le
climat politique qui prévaut depuis beaucoup d'années. Vous savez
que le Dr Martel a été maire de la ville de Hauterive. Vous savez
que M. Tremblay a été maire de Baie-Comeau. Vous savez que
Viateur Lévesque a été maire de la ville de Hauterive, le
maire Leonard, le maire Boutin. En fait, les gens ont changé, mais ils
parlaient toujours, depuis une vingtaine d'années - je pourrais vous
donner des résolutions - de fusion des deux villes, les gens
constataient la nécessité de la fusion. Est-ce que,
d'après le climat que vous connaissez tant à la chambre de
commerce que dans l'ensemble de la région, vous croyez
honnêtement, sérieusement, qu'une fusion volontaire serait
possible entre les deux villes?
M. Royer: Assurément, mais pas de la façon dont
elle est nous présentée dans le moment.
M. Lessard: Vous croyez, après vingt ans - en tout cas, je
vous souhaite bonne chance - qu'il y a possibilité d'avoir une fusion
volontaire? Après vingt ans de chicane, il y a encore possibilité
d'avoir une fusion volontaire.
M. Royer: Pour autant que les modalités seront prises en
ligne de compte et seront potables.
M. Lessard: Ce serait quoi, M. Royer, les modalités?
Est-ce que ce serait que le gouvernement verse 20 000 000 $ ou 25 000 000
$?
M. Royer: Sur ce point, je dois vous avouer que nous ne sommes
pas qualifiés pour étaler ou analyser des chiffres quant aux
besoins des deux municipalités advenant une fusion. Malheureusement, on
n'est pas qualifiés pour faire ce travail.
M. Lessard: Entre deux situations, soit ne pas avoir de fusion -
parce que je suis convaincu, avec les expériences que j'ai eues depuis
des années, que la fusion volontaire est impossible - et une fusion
obligatoire, qu'est-ce que vous choisissez? Qu'est-ce que la chambre de
commerce choisit?
M. Royer: Ne pas avoir de fusion.
M. Lessard: Ne pas avoir de fusion. M. Royer, comme
représentant de la chambre de commerce, pourriez-vous m'indiquer quelles
ont été les conséquences économiques des batailles
qui se sont perpétuées depuis une vingtaine d'années entre
Baie-Comeau et Hauterive? Est-ce qu'il y a eu des conséquences
économiques à ça?
M. Royer: Pour commencer, ça ne fait pas vingt ans que je
suis à Baie-Comeau. Alors, je ne peux pas reculer aussi loin que
ça. Il y a beaucoup de choses qui ont été amorcées
avant que je sois sur place. Comme je l'ai dit tantôt, je suis assez mal
placé pour pouvoir faire une étude quantitative et
monétaire sur les implications d'une non-fusion ou d'une fusion.
M. Lessard: Vous dites que vous aimez mieux maintenir la
non-fusion plutôt que
d'avoir une fusion obligatoire.
Je lisais dans le Nordic du 20 novembre 1981 un texte de René
Vallée: "Deux hommes d'affaires témoignent." Je prends ce texte
qui vous cite, entre guillemets, Étienne Royer: "La fusion accomplira
une chose: arrêter la duplication. Selon Étienne Royer, homme
d'affaires de Baie-Comeau, il importe que cessent les chicanes et qu'on
s'unisse enfin pour travailler ensemble. Toujours selon l'homme d'affaires de
Baie-Comeau, les investisseurs ne sont pas intéressés à
vivre nos situations de conflits. En ne formant qu'une ville, dit-il, le choix
sera simplifié quant au site d'investissement." On ajoute: "Selon
René Vallée, réalisée plus tôt, la fusion
aurait évité une série d'erreurs comme la construction de
deux polyvalentes, les tergiversations entourant le parc industriel
régional. On aurait pu avoir, ajoute M. Royer, un hôpital mieux
situé, c'est-à-dire entre les deux villes."
J'aimerais, M. le Président, que M. Royer nous précise un
peu ces opinions qu'il avait affirmées dans le journal Le Nordic. Est-il
d'accord avec le mémoire qu'il présente actuellement ou est-il
plus d'accord avec l'interview qu'il donnait à M. Vallée?
M. Royer: M. le Président, je vais répondre
à ceci et je vais ajouter quelques précisions.
Premièrement, en continuant ce même article de journal, j'ai bien
dit que c'était une opinion personnelle et non une opinion du
groupement. Deuxièmement, je pense que le ministre Lessard est
très bien placé pour reconnaître ce que je vais
énoncer. Il arrive, je ne dirais pas fréquemment, mais je dirais
très souvent, que les journalistes outrepassent notre pensée, que
les journalistes écrivent des choses en en ajoutant un petit peu. Par
contre, au moment où cet article a paru dans le journal, j'ai cru qu'il
n'était pas de mon devoir de commencer une bataille dans les journaux,
à savoir: J'ai dit cela, je n'ai pas dit cela, je ne l'ai pas dit comme
cela, je l'ai dit autrement. Je pense que ce n'était pas le but de ce
journaliste, ni mon but à ce moment. À ce moment, il
n'était aucunement question non plus d'un projet de loi comme celui qui
est sur la table en ce moment.
Pour la deuxième partie de la question, je peux vous avouer que
je suis entièrement d'accord avec le mémoire
présenté par la chambre de commerce, car je suis mandaté
pour représenter la Chambre de commerce de Baie-Comeau.
M. Lessard: Donc, si je comprends bien, vous rejetez
l'interprétation qu'on faisait dans cet article de vos paroles?
M. Royer: En partie.
M. Lessard: En partie. M. Royer, simplement pour voir les
conséquences que cela comporte, vous connaissez certainement, même
si cela ne fait peut-être pas vingt ans que vous êtes dans la
région, certaines luttes qui se sont livrées depuis un certain
temps, par exemple, sur le petit commerce, pour la PME. Je vais vous poser une
première question: Combien y a-t-il de centres commerciaux à
Baie-Comeau?
M. Royer: Un.
M. Lessard: Un. Combien y a-t-il de centres commerciaux à
Hauterive?
M. Royer: Deux.
M. Lessard: Deux, ce qui fait trois centres commerciaux pour une
population de 26 000.
M. Royer: Exactement.
M. Lessard: Cela n'a-t-il pas de conséquences sur la
petite et la moyenne entreprise, le fait que les centres commerciaux se
multiplient comme cela?
M. Royer: Exactement.
M. Lessard: Des conséquences positives ou
négatives?
M. Royer: Négatives. Je n'en impute pas la
responsabilité seulement au ministre. Je crois qu'au niveau de la
province, il y a une trop grande prolifération de centres commerciaux
pour les besoins réels de la population. S'il y avait eu une loi pour
restreindre pour une population donnée le nombre des centres
commerciaux, à ce moment, on ne vivrait peut-être pas des
situations semblables en ce qui a trait aux centres commerciaux.
M. Lessard: Ne pensez-vous pas que si nous n'avions eu qu'une
seule ville, tel que vous le disiez, mais il me semble que ce n'est plus cela,
il y aurait eu possibilité pour des villes, au lieu de se faire
concurrence les unes les autres, d'avoir un centre commercial central,
situé entre les deux, dans ce qu'on appelle le "no man's land"? Est-ce
que cela n'aurait pas été plus pratique pour les petites et
moyennes entreprises entre les villes de Hauterive et Baie-Comeau? Est-ce que
vous pensez que si on avait eu une seule ville, les centres commerciaux se
seraient multipliés comme cela ou est-ce qu'il n'y aurait pas eu
avantage à planifier le développement des centres commerciaux
entre les deux? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu un avantage pour les petites et
moyennes entreprises?
M. Royer: Au moyen de l'installation du
troisième centre commercial, il existait déjà dans
chaque municipalité un centre commercial. Je crois que c'est à ce
moment que quelqu'un aurait dû dire: II y a assez de centres commerciaux
pour la population des alentours. Au lieu de construire un autre centre
commercial, en plus des deux centre-ville qui ont déjà des
commerces, on aurait dû y mettre un arrêt ou bien organiser cela
différemment pour ne pas pénaliser les commerçants
déjà en place.
M. Lessard: Vous êtes un représentant de la chambre
de commerce. Je présume que vous êtes plus ou moins favorable
à l'intervention continuelle du gouvernement. Vous êtes favorable,
comme vous le dites, à l'autonomie municipale. Or, vous croyez que c'est
le gouvernement qui devrait établir des normes pour déterminer le
chiffre de population nécessaire pour avoir un centre commercial, qu'il
appartient au gouvernement de déterminer cela?
M. Royer: Exactement, pour la simple et bonne raison que je vois
mal une municipalité qui veut recevoir le maximum de taxation, surtout
une municipalité a déjà des problèmes financiers.
Je verrais très mal une municipalité refuser l'implantation d'un
centre commercial à n'importe quel prix chez elle.
M. Lessard: Vous voulez dire que c'est le gouvernement qui
devrait établir les normes d'établissement des centres
commerciaux?
M. Royer: Au moins une certaine norme, en ce qui a trait au
bassin de population que desservent ces centres commerciaux.
M. Lessard: Messieurs, vous êtes, vous, les gens de la
chambre de commerce, à blâmer le gouvernement d'intervenir
constamment. Une municipalité a ces pouvoirs.
M. Royer: Exactement, une municipalité a ces pouvoirs. On
blâme le gouvernement d'intervenir dans des dossiers ou de prendre des
actions, mais cela ne veut pas dire qu'il prend toujours les bonnes actions;
cela ne veut pas dire que ses interventions sont toujours les bonnes. On ne dit
pas qu'il fait trop d'interventions, mais on dit souvent que ce ne sont pas les
bonnes interventions qu'il fait; du moins, c'est ce qu'on croit.
M. Lessard: Ma dernière question, M. le Président.
M. Royer dit qu'il y avait deux centres commerciaux, avant la construction du
troisième centre commercial, un à Baie-Comeau et un à
Hauterive. Premièrement, est-ce que la population - ma question aura
deux volets - justifiait la construction de deux centres commerciaux? Parce que
cela a été construit à un certain moment, cela n'a pas
été fait du jour au lendemain. Enfin, est-ce qu'il n'aurait pas
été plus légitime, si on avait eu une seule ville, de
planifier un seul centre commercial et de le planifier au centre des deux
villes?
M. Royer: C'est parce que les deux centres commerciaux existaient
à ce moment-là. Remarquez bien que ma venue sur la
Côte-Nord coïncidait avec la venue du troisième centre
commercial; ce n'est par parce que je travaillais pour celui-là, mais
cela a coïncidé en date. Le premier centre commercial dans
l'agglomération de Hauterive existait déjà depuis
plusieurs années et le centre commercial de la ville de Baie-Comeau a
été conçu, je crois, environ un an avant le
troisième centre commercial. Mais la venue du troisième centre
commercial, je ne dirais pas qu'il a fait mourir, mais il a rendu malades les
deux autres centres commerciaux, parce qu'il a quand même drainé
la clientèle des deux autres centres commerciaux.
Si le troisième centre commercial avait été mis de
côté comme projet, les deux centres commerciaux qui existaient
déjà auraient très bien vécu.
M. Lessard: Mais, M. Royer - dernière question, je vous le
jure - est-ce que justement la décision d'établir d'abord deux
centres commerciaux, le premier à Hauterive, le deuxième à
Baie-Comeau et, après cela, d'en établir un troisième
à Hauterive, n'est pas une conséquence directe du fait qu'on a
une concurrence constante entre les deux villes? Si, par exemple, il y a un
restaurant de poulet barbecue quelque part, cela en prend un autre dans l'autre
ville, etc. Est-ce que ce n'est pas une conséquence justement du fait
qu'il y a deux villes et qu'il n'y a pas de planification de
développement industriel au niveau des deux villes et qu'au contraire on
se fait concurrence?
M. Royer: Je ne le vois pas sous cet angle. Je vais vous dire
pourquoi. Je vous l'ai dit tantôt et je vais le répéter. Je
crois que tout centre commercial, quel qu'il soit et qu'il soit placé
n'importe où, doit desservir un certain bassin de population. Si ce
même bassin est divisé en plusieurs agglomérations
commerciales, appelons cela comme cela, ou des centres commerciaux, ou des
centre-ville ou autres, je crois que cela n'est plus du ressort des
municipalités de dire, à un moment donné: Je ne veux pas
de revenus chez nous. Je vais les enlever, parce que je veux garder mes autres
commerçants.
M. Lessard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): M. le
Président, à la suite des propos du député de
Saguenay qui dit que, depuis vingt ans, les deux municipalités de
Hauterive et de Baie-Comeau se chicanent, ma question s'adresse au ministre des
Affaires municipales: Est-ce que, dans l'avenir, vous avez l'intention, chaque
fois qu'il y a des chicanes entre deux municipalités, d'intervenir d'une
telle façon, aussi radicalement, pour les fusionner automatiquement?
M. Lessard: II y a des chicanes qui vont à l'encontre du
développement économique d'une région.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): M. le
Président, j'ai posé ma question au ministre des Affaires
municipales, parce que je présume aussi que la chicane dépend
peut-être du député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, question de règlement.
Je ne pense pas que le député ait participé tellement aux
chicanes, parce que le député, encore aux dernières
élections, a obtenu 68,9% des votes.
Une voix: Cela n'a pas d'affaire, ce n'est pas une question de
règlement, c'est une déclaration ministérielle.
M. Lessard: À Baie-Comeau, le député a
obtenu la majorité. C'est une question de chiffre, ce n'est pas une
question d'opinion.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): Tout le monde sait que je n'ai pas
à répondre à des questions entre nous; on fera cela au
cours de la deuxième lecture, à l'étude article par
article. Cependant, là-dessus, on sait que la politique du gouvernement
n'est pas de faire des fusions chaque fois qu'il y a des problèmes; nous
avons adopté la loi 125 justement pour que les gens se parlent. Mais,
lorsqu'ils ne se parlent pas, cela pose des problèmes qui ne peuvent pas
être résolus par la loi 125, justement. Là-dessus, vous
regarderez votre dossier attentivement. (23 h 30)
Sur un autre plan, M. le Président, j'ai bien noté -
simplement en conclusion - votre proposition ou votre suggestion que le
gouvernement devrait établir des normes d'établissement de
centres commerciaux. C'est une question qui m'a déjà
été posée et à laquelle j'ai déjà
donné une certaine réponse, à tout le moins. Il me semble
que dès qu'une municipalité ou un groupe de municipalités
se donnent des plans d'urbanisme et en discutent autour d'un schéma
d'aménagement, elles vont solutionner ce problème-là. Je
pense que cela est plus important que d'ouvrir la porte à une
intervention directe du gouvernement dans un dossier tel que celui du commerce.
Si le gouvernement se met à intervenir jusque là, je ne sais pas
où on va s'arrêter. On va tout régler sur le territoire du
Québec. Je comprends que c'est une suggestion qui est faite et qui a
été aussi appliquée dans certains États
américains, mais je ne suis pas encore sûr que les
résultats sont probants. Compte tenu de nos coutumes sur le plan
commercial, cela m'étonnerait que les gens l'acceptent longtemps.
D'autre part, je ne suis pas sûr que ce serait la mesure la plus efficace
parce que cela implique, en particulier, qu'on se mette à définir
ce qu'est un centre commercial; ce n'est pas si facile que l'on pense, un
centre commercial. Cela peut être très flexible selon les villes,
la dimension des villes, de sorte que je ne serais pas prêt à
répondre positivement à votre suggestion. À mon avis,
c'est une question qui peut se régler beaucoup plus facilement au
niveau, par exemple, de Baie-Comeau-Hauterive, au niveau du schéma
d'aménagement des comtés. Cela a été fait pour
ça en pratique.
La ville de Montréal nous a demandé d'interdire la
construction de centres commerciaux, lors du dernier congrès de l'Union
des municipalités du Québec. Nous avons dit: Faites le
schéma d'aménagement sur l'île de Montréal, il
serait temps que cela se fasse. Je vois le député de Verdun ici,
j'ai l'impression qu'il est d'accord avec moi là-dessus. On se trouve
nécessairement à faire une discrimination entre l'un et l'autre
et, à mon avis, c'est une question de régie locale que les maires
doivent régler entre eux, autour de la table du conseil de la
municipalité régionale de comté, à condition qu'ils
s'assoient à la table du conseil de la municipalité
régionale de comté.
C'est simplement la réponse que je voulais vous apporter
là-dessus. Je comprends que tout le monde est préoccupé
par l'étalement urbain, l'étalement de services de toutes sortes,
mais je pense que demander une intervention du gouvernement, cela veut dire
qu'on va l'élargir à toute une série d'autres
problèmes, d'autres questions qui se posent sur le territoire du
Québec.
En terminant, je voulais vous remercier. Je ne sais pas si vous voulez
ajouter quelque chose, mais je ne veux pas provoquer une discussion. Je voulais
simplement livrer un peu mes considérations là-dessus et vous
remercier d'avoir participé à cette commission parlementaire
ainsi que des suggestions que vous nous faites. Je pense que le dossier
Baie-Comeau-Hauterive chemine au vu et au su de tout le monde en pleine
commission parlementaire, ce qui est
une opération de consultation majeure.
Le Président (M. Rodrigue): M. Royer.
M. Royer: Si je peux ajouter juste une précision au
ministre en ce qui a trait aux centres commerciaux, ce que je voulais dire par
l'intervention du gouvernement, c'était qu'une norme pourrait être
établie selon laquelle, pour l'installation d'un nombre X de
commerçants, il devrait y avoir une population X, un bassin de
population X en nombre. C'était dans ce sens que je le voyais.
Maintenant, avant de terminer, M. le Président, il y aurait un de
mes collègues qui voudrait faire une intervention.
M. Villeneuve (Maurice): M. le Président, je voudrais
adresser un commentaire au ministre Léonard concernant une remarque
faite tout à l'heure sur ce que la Chambre de Baie-Comeau
considère comme étant de la consultation et le mécanisme
de consultation qui nous est présenté en commission
parlementaire. Ce que je voulais faire savoir à M. Léonard, c'est
que le mécanisme de consultation sur la loi du regroupement volontaire
des municipalités, la loi R-19, n'est nettement pas le même que le
mécanisme de consultation en commission parlementaire sur un projet de
loi déposé 31 jours avant son adoption, en pleine période
des fêtes. Si c'est ça de la consultation, je me demande ce que
ça peut être.
Chambre de commerce de Hauterive
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie les
représentants de la Chambre de commerce de Baie-Comeau et j'invite les
représentants de la Chambre de commerce de Hauterive à prendre
place et à nous présenter leur mémoire, mémoire qui
sera présenté par M. Serge Francoeur, président, si je ne
m'abuse.
Pendant que les représentants de la Chambre de commerce de
Hauterive prennent place, je voudrais obtenir le consentement de la commission
pour que nous poursuivions nos travaux jusqu'à ce que nous ayons entendu
l'ensemble des mémoires qui sont devant nous. Y-a-t-il consentement?
M. Rocheleau: Consentement.
Le Président (M. Rodrigue): II y a consentement pour que
nous poursuivions les travaux jusqu'à ce que nous ayons
épuisé la liste des mémoires qui sont devant nous.
M. Francoeur, si vous voulez nous présenter les personnes qui
vous accompagnent.
M. Francoeur (Serge): Je suis accompagné, à ma
droite, de Mme Yvette Saint-Laurent, secrétaire de la Chambre de
commerce de Hauterive et, a ma gauche, de Mme Pierrette Lévesque du
bureau de direction et attachée principalement aux affaires municipales
de la ville de Hauterive.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous en prie, si vous
voulez présenter votre mémoire.
M. Francoeur: Messieurs de la commission élue permanente
des affaires municipales sur l'étude du projet de loi no 37, je tiens
à vous remercier, en premier lieu, de l'occasion qui est donnée
à la Chambre de commerce de Hauterive de venir s'exprimer. Même si
les différents délais sont très courts, nous avons
tenté de préparer un mémoire qui reflète l'opinion
de nos membres. Je tiens également à souligner un point. Au
début des interventions, M. Rocheleau, député de Hull, a
fait mention qu'il s'était rendu dans la région de Baie-Comeau
pour rencontrer les conseils municipaux de Baie-Comeau et de Hauterive et, je
crois, le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau. Si jamais M. Rocheleau ou
d'autres personnes de cette commission ont à faire des démarches
sur ce projet de loi, il nous fera plaisir, nous de la Chambre de commerce de
Hauterive, de vous fournir tous les outils que nous possédons.
Le présent mémoire est soumis à la commission
élue permanente des affaires municipales par la Chambre de commerce de
Hauterive, organisme comportant plus de 145 membres oeuvrant dans toutes les
sphères d'activité.
Le but de ce mémoire est de souligner à cette commission
la position de la Chambre de commerce de Hauterive sur le projet de loi no 37
et, à cette fin, elle détient un mandat non équivoque de
ses membres qui ont toujours favorisé un regroupement des villes de
Hauterive et de Baie-Comeau et ce, à partir d'au moins deux
résolutions datant de 1972. Nous avons eu différents
comités qui ont toujours suivi ce dossier de près.
À la Chambre de commerce de Hauterive, notre intention n'est
aucunement de faire revivre toutes les controverses ayant pu exister et qui
existent d'ailleurs encore entre les deux villes. Soulignons uniquement -et ce,
afin de bien comprendre le contexte tout à fait particulier de Hauterive
et de Baie-Comeau - la guerre du passé au sujet de la polyvalente. Une
polyvalente de 4000 places-élèves devait être construite
à Baie-Comeau. Pourtant, les statistiques de la clientèle
scolaire démontraient que celle-ci était plus importante à
Hauterive, Chute-aux-Outardes, Ragueneau, Pointe-Lebel et Pointe-aux-Outardes,
agglomérations situées à l'ouest, comparé à
Baie-Comeau, Franquelin, Godbout et Baie-Trinité,
agglomérations
situées à l'est.
À la suite de la guerre de tranchée qui a
été livrée, le ministère coupe la poire en deux:
2000 places-élèves à Baie-Comeau et 2000
places-élèves à Hauterive. La situation réelle est
maintenant la suivante: 2000 places-élèves à Baie-Comeau
et 1500 places-élèves à Hauterive. C'est à partir
des différents dossiers que la chambre de commerce a constitués
à l'époque et avec les chiffres qui nous ont été
fournis par la ville de Hauterive. Or, il appert que 1500 à Hauterive,
c'est trop petit et 2000 à Baie-Comeau, c'est trop grand. Tout
dernièrement, nous avons eu à former un comité d'urgence
car la Commission scolaire régionale de Manicouagan doit décider
comment réaménager et redresser cette situation.
Au niveau même de la présentation de ce projet de loi, il
peut surgir quelques questions sur les motifs le justifiant et le court
délai entre son dépôt et le début de son application
prévue pour le 1er janvier prochain. La principale force de ce projet de
loi est justement que, pour en arriver à regrouper les
municipalités de Hauterive et de Baie-Comeau, il fallait faire vite et
surtout que la décision provienne d'un palier de gouvernement
supérieur.
Avoir tenté d'utiliser plutôt le mécanisme
prévu par la Loi favorisant le regroupement des municipalités, il
se serait alors agi d'alimenter encore plus les controverses tant entre les
édiles municipaux qu'entre les citoyens de façon que,
contrairement à ce que vise ladite Loi favorisant le regroupement des
municipalités, soit une procédure par étapes, nous aurions
alors abouti à un climat économique malsain et à une
situation de vie composée de querelles fratricides sans fin. Cela aurait
détruit à tout jamais l'espoir que le regroupement des
municipalités de Hauterive et de Baie-Comeau puisse être
accepté et considéré par les citoyens comme un fait
accompli.
En effet, il est certain qu'à court terme le regroupement de ces
municipalités va entraîner de nombreuses réorganisations
administratives et un changement dans les mentalités, ce qui n'est
jamais sans causer des frictions, compte tenu que certaines personnes vivent de
la disparité existante et font tout en leur pouvoir pour que celle-ci
continue.
Cependant, à moyen et à long terme, le regroupement de ces
villes ne pourra qu'être bénéfique et permettre à la
nouvelle ville de Baie-Comeau de s'imposer de façon à redevenir
la métropole de la Côte-Nord, ce qui sera alors possible, compte
tenu que Hauterive et Baie-Comeau vont former un tout et qu'elles vont
travailler et revendiquer dans le même sens de façon à ne
plus permettre à d'autres de s'immiscer entre les deux et de profiter
des querelles.
Face à ce projet de loi, nous exigeons cependant que des
compensations financières et des engagements précis soient pris
par le gouvernement afin que les contribuables de l'actuelle ville de
Baie-Comeau n'aient pas à faire les frais de la fusion, ou de
l'intervention gouvernementale demandée par la ville de Hauterive. Dans
un mémoire soumis au gouvernement du Québec, le 17 avril 1980 -
qui a été amplement cité cet après-midi et ce soir
- celle-ci soulignait, parmi d'autres solutions, les suivantes, à
savoir: "Une source majeure de nos difficultés origine de
l'érection du complexe Manicouagan-Outardes. C'est ainsi que diverses
solutions peuvent être envisagées, si l'on regarde du
côté d'Hydro-Québec. "1. Abolition des privilèges
d'Hydro-Québec, afin de nous permettre de taxer cette
société sur les barrages, centrales, lignes de transport
d'électricité; ou "2. Qu'Hydro-Québec verse annuellement 2
000 000 $ pour "services rendus" et que ce montant soit indexé; ou "3.
Qu'Hydro-Québec assume la dette de la ville de Hauterive."
Citation que l'on retrouve aux pages 16 et 17 dudit mémoire.
Nous recommandons que ces solutions soient acceptées,
malgré un regroupement des municipalités, de façon que les
deux villes voient des avantages audit regroupement. N'oublions pas - ces
chiffres vous ont d'ailleurs été cités de façon
fragmentaire - que beaucoup de travailleurs à l'emploi de la compagnie
Cargill Grain -soit 24% - de la Compagnie de papier QNS Ltée - soit 25%
- et de la Société canadienne des métaux Reynolds -
près de 30% - sont résidents de la ville de Hauterive, alors que
ces industries sont situées et taxées industriellement à
Baie-Comeau.
C'est d'ailleurs ce qui faisait s'exprimer le premier ministre,
René Lévesque, dans ces termes, le 1er juin 1979, à la
suite d'informations que le maire de Hauterive, M. Maurice Boutin, venait de
lui livrer: "M. le maire nous informait, il y a quelques instants, des
difficultés que rencontre la ville de Hauterive. Il est, en effet,
illogique que la ville résidentielle subventionne le
développement de la ville industrielle. C'est un engagement solennel de
notre gouvernement, il y aura une seule grande ville régionale."
Pour tous ces motifs, nous croyons que l'adoption de ce projet de loi,
avec des engagements financiers précis et suffisants, verra à
créer une nouvelle ville présente et dynamique et dont la force
régionale ne pourra qu'être accrue par la fin du tiraillement
interne. De plus, il faut considérer que l'ouverture prévue sous
peu de la route reliant Gagnonville à Manic 5 accélérera
le retour du nouveau Baie-Comeau
comme métropole de la Côte-Nord.
En terminant, nous tenons à souligner que les membres de la
chambre de commerce, qui m'ont mandaté pour venir vous exprimer leur
opinion, ont apporté leur soutien à ce mémoire en faisant
abstraction de leurs idées politiques divergentes et du fait que ce
projet de loi était présenté par un parti politique
plutôt que par un autre, de façon que la plus entière
collaboration soit apportée à ce projet de loi qui,
réformé comme nous l'espérons, aura pour effet de faire
primer les intérêts de la collectivité sur la
neutralisation des forces qui s'opposent. Le tout respectueusement soumis par
la Chambre de commerce de Hauterive.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie. M. le
ministre. (23 h 45)
M. Léonard (Labelle): Je remercie le président de
la Chambre de commerce de Hauterive de son mémoire. Nous voyons que,
quant à lui, il perçoit des avantages à la fusion. Je
comprends qu'il puisse dire que les délais sont courts. Les
délais sont courts en ce qui concerne le projet de loi, mais je rappelle
encore une fois que ce dossier n'est pas nouveau dans la région, puisque
dans le mémoire même, vous citiez un engagement de M. le premier
ministre en 1979 de faire un jour ou l'autre une seule grande ville comme
métropole de la Côte-Nord. Alors, je pense que c'est un dossier
qui date déjà de loin.
Je voudrais simplement poser une question que j'aurais aimé poser
antérieurement. Êtes-vous d'accord que dans le projet de loi il y
ait un taux de 10% fixé à la taxe d'affaires? Est-ce que vous
trouvez que c'est exagéré? Est-ce que vous trouvez que cela
devrait être un autre taux? Je m'aperçois que pour la ville de
Hauterive, par exemple, c'est un rendement à 15% de 350 000 $, mais sur
l'ensemble du territoire des deux villes, il reste que le rendement à
10% est nettement supérieur compte tenu que l'évaluation
industrielle et commerciale à Baie-Comeau est de 181 800 000 $ et
à Hauterive, seulement de 27 000 000 $. Un taux de 10%, est-ce que cela
vous apparaît exagéré? Est-ce que vous trouvez que c'est
correct? Est-ce que vous avez des remarques à faire à ce
sujet?
M. Francoeur: M. le Président, à la question du
ministre des Affaires municipales, en tant que président de la Chambre
de commerce de Hauterive, vous n'êtes pas sans ignorer que,
présentement, nos membres et ceux qui ne sont pas membres paient
15%.
M. Léonard (Labelle): Oui.
M. Francoeur: Vous comprenez que toute baisse à 10% pour
eux est un avantage inconcevable; c'est certain. Vous savez, on a eu des
dossiers à étudier cette année et des gens sont venus. On
a un comité à cet égard à la chambre de commerce.
Des soumissions ont été perdues par des commerçants de
Hauterive. La différence au point de vue du soumissionnaire était
très minime entre les deux soumissions, c'est-à-dire entre un
commerçant de Hauterive et un commerçant de Baie-Comeau. Cette
différence minime était justement peut-être le taux de 10%
de taxation municipale qui existait entre le fait de faire affaires à
Hauterive et de faire affaires à Baie-Comeau. Peut-être que je ne
peux pas répondre de façon précise à votre
question, mais en tant que président de la Chambre de commerce de
Hauterive, le fait de retrouver dans le projet de loi un taux d'imposition de
10% au niveau de la taxe d'affaires, pour nous, c'est tout un avantage. Si je
représentais la Chambre de commerce de Baie-Comeau, je ne vous dirais
pas la même chose; c'est certain.
M. Léonard (Labelle): Mais cela peut, si vous me le
permettez, faire partie de la responsabilité sociale des entreprises
industrielles et commerciales envers la population globale des deux villes.
M. Francoeur: Je m'excuse, j'ai mal compris votre...
M. Léonard (Labelle): J'ai dit que cela peut faire partie
de la responsabilité sociale des entreprises industrielles et
commerciales qui desservent toute la population des deux villes, surtout les
grandes.
M. Francoeur: Je suis d'accord avec vous sur ce point, M. le
ministre.
M. Léonard (Labelle): Je vous remercie beaucoup. Je vous
cède la parole.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je voudrais profiter
de l'occasion pour remercier la Chambre de commerce de Hauterive de sa
présence et de son mémoire. Je voudrais, par contre, apporter un
léger correctif au fait qu'il est vrai que j'ai visité
Baie-Comeau et Hauterive la semaine dernière sur invitation du conseil
municipal de Baie-Comeau. Je me suis rendu dans la région et j'ai cru
bon de communiquer avec la ville de Hauterive pour justement connaître un
peu les deux côtés de la médaille. Le Comité des
citoyens de Baie-Comeau a profité de ma présence pour me remettre
son mémoire et sûrement, si j'avais su que d'autres intervenants
ou d'autres organismes souhaitaient me rencontrer, j'y
serais resté deux jours. Je dois, par contre, vous avouer qu'avec
le parachutage des lois que nous avons depuis quelques semaines, nous prenons
tout notre temps afin de débattre ces lois, afin d'empêcher les
citoyens du Québec de payer plus de taxes. Ils en paient
déjà suffisamment. On doit se partager entre le parlement de
Québec et notre institution et rencontrer sur les lieux les gens qui
voudraient bien être rencontrés. Par contre, je n'ai entendu
personne me souligner que le ministre des Affaires municipales était
allé visiter les villes de Baie-Comeau et Hauterive ou les organismes
concernés, chose qu'il aurait peut-être dû faire avant la
présentation de son projet de loi. Mais on doit peut-être
l'excuser de l'expérience nouvelle qu'il subit comme nouveau ministre
des Affaires municipales. J'espère qu'il en résultera quelque
chose.
M. le Président, je remarque que dans votre mémoire, entre
autres, vous demandez un projet de loi réformé. Vous dites: Nous
exigeons que le gouvernement compense. Est-ce que c'est conditionnel à
une fusion forcée? Si elles n'étaient pas bienvenues,
acceptées ou négociées, est-ce qu'à toutes fins
utiles vous laisseriez tomber vos exigences d'une participation accrue du
gouvernement au niveau des subsides, des "en lieu" de taxes ou autres? Ou
est-ce que vous accepteriez qu'on adopte le projet de loi 37 tel que
présenté, avec la participation de la ville de Hauterive pour sa
conception, au détriment d'une population qui n'a pas été
consultée en profondeur, qui n'a pas eu toutes les explications
nécessaires tant du point de vue économique que social et autres?
Est-ce que vous accepteriez cette loi matraque?
M. Francoeur: M. le député de Hull, votre question
comportait deux volets. Au premier volet, je suis certain que, lors de votre
visite dans la région, c'est simplement un seul manque de temps qui a
fait qu'on n'a pu se rencontrer. Quant aux exigences que nous posons dans notre
mémoire, effectivement, quand nous l'avons préparé, ce
mémoire, on s'est assis, on a regardé les possibilités. En
premier lieu, on est parti avec le prérequis qu'il y aurait des
engagements et que le gouvernement serait sensibilisé aux
problèmes de Hauterive. Nous croyons encore qu'il verra, par une
méthode qu'il réussira à trouver, à faire en sorte
que les gens de Baie-Comeau ne fassent pas les frais de la fusion. Cependant,
quand le temps est venu d'étudier la possibilité qu'il n'y ait
pas de compensations ou d'engagements écrits - appelons-les comme on
veut - nous avons dit: Ne serait-il pas normal à ce moment, si on dit:
II n'y a pas de compensation, il n'y a pas de fusion, peut-être qu'il ne
devrait pas y avoir de fusion, qu'il y ait une taxation régionale des
industries de Baie-Comeau, par exemple?
Si on en vient à la décision qu'il devrait y avoir une
taxation régionale des industries de Baie-Comeau - parce que les taxes
que paient ces industries, c'est ni plus ni moins une forme de salaire, si on
veut, au développement municipal - est-ce que la ville de Hauterive ne
devrait pas en recevoir 24% ou 25% au prorata qui sera déterminé
à ce moment? C'est ce que la Chambre de commerce de Hauterive a
décidé; s'il ne devait pas y avoir de fusion, qu'il devrait au
moins y avoir une taxation régionale au prorata. Par contre, ce que je
tiens à vous dire aujourd'hui, c'est qu'une taxation régionale au
prorata, ce serait, je pense, créer un précédent et cela
ne réglerait pas le dossier. On aurait une fusion ni plus ni moins, on
aurait un partage de la taxation. Si on veut, sans être fusionné
en droit, on le serait dans les faits. Ce serait cela, ni plus ni moins. Je ne
suis pas prêt, par exemple, et je n'ai pas le mandat de m'exprimer sur
cela, à dire que la Chambre de commerce de Hauterive, croit que, sans
aucune compensation financière de la part du gouvernement, les citoyens
de Baie-Comeau doivent faire les frais de la fusion; je n'ai pas le mandat de
répondre à votre question de façon claire et
précise, parce qu'on ne l'a pas décidé, tout
simplement.
M. Rocheleau: Je vous pose une deuxième question, M. le
Président. Vous affirmez à la page 3 de votre mémoire que,
pour arriver à regrouper les villes de Baie-Comeau et de Hauterive, il
fallait faire vite. Pourriez-vous nous expliquer le sens de cette affirmation?
Il me semble que procéder à toute vitesse et sans mener de
consultations m'apparaît peut-être quelque peu
antidémocratique.
M. Francoeur: II est certain, M. le député, que si
vous vous plongez le nez dans les affaires de Baie-Comeau-Hauterive en date du
16 décembre 1981, cela peut paraître être vite et courir
après un lapin. Si on commence à s'intéresser au
problème de Baie-Comeau-Hauterive aujourd'hui, c'est vrai que cela peut
paraître vite, mais quand on vit dans la région de
Baie-Comeau-Hauterive, ce n'est pas vite.
M. Rocheleau: Par contre, M. le Président, ne
souhaiteriez-vous pas éviter d'autre part, que la position qui semble
être faite par l'opposition décelée ici pourrait
créer un certain climat social? Je pense que les gens doivent se parler.
C'est un peu comme le mariage. Deux personnes qui se marient, je pense que
c'est pour demeurer toute la vie ensemble. Il y a des cas d'exception
aujourd'hui, mais, avant d'obliger à un mariage forcé, je pense
qu'il faut quand même examiner les problèmes que cela peut
créer éventuellement. Ne souhaiteriez-vous pas que le
gouvernement, que les hauts fonctionnaires du ministère des Affaires
municipales, ou plutôt de la Commission municipale, rendent visite
à votre région, plus particulièrement
Baie-Comeau-Hauterive et tentent de faire l'impossible pour réunir les
deux conseils et examiner ensemble les possibilités qui existent tout en
tenant compte de certaines suggestions du gouvernement qui pourraient apporter
des mesures compensatoires pour ce que Hauterive a perdu au cours des
dernières années et qu'une fois ventilé, un nouveau projet
de loi pourrait être accepté de part et d'autre par les
municipalités concernées, c'est-à-dire avoir un accord de
principe et demander au gouvernement de tenir compte de l'ensemble de l'impact
non seulement économique, mais social? Si cette démarche prenait
forme au niveau de la consultation du milieu et si on permettait aux gens
impliqués dans leur milieu de vie, dans leur municipalité
respective, d'être consultés et de prendre connaissance de
certaines recommandations ou suggestions qui pourraient satisfaire les deux
conseils et les organismes du milieu et - ce qui est plus important -
satisfaire la population, ne pensez-vous que ce serait une solution plus
valable? J'entends le ministre, M. Lessard, dire que cela fait 20 ans qu'on
tricote de tous les côtés la question de la fusion. Je me demande
si on a réellement fait l'effort voulu plutôt que de charrier d'un
bord et de l'autre, plutôt que de se lancer des flèches à
tout bout de champ. Je lisais même dans le Soleil de ce matin que le
ministre, M. Lessard, se permettait même de s'attaquer au maire de
Hauterive, moi qui pensais qu'il s'en prenait uniquement au maire de
Baie-Comeau. Je trouve curieux que cela semble être une espèce de
triangle où la chicane est prise.
M. Lessard: Je ne sais pas quel article vous avez lu.
M. Rocheleau: Je peux peut-être vous relire, M. le
ministre, ce que vous avez mentionné ce matin. Cela me permettrait de
constater que le ministre...
Une voix: Le ministre est très populaire dans le Saguenay,
(minuit)
M. Rocheleau: Je vais vous le lire...
M. Lessard: Le premier du Québec.
M. Rocheleau: ... M. le ministre; vous n'avez sûrement pas
eu le temps aujourd'hui de le faire, dans le Soleil du mardi 15
décembre, alors c'est récent. "Quelque peu déçu, M.
Lucien Lessard a attribué ce recul à la relative
indifférence des partisans de la fusion des deux villes. Il s'en est
même pris au maire de Hauterive, M. Maurice Boutin, qui réclame
que le gouvernement du Québec s'implique davantage
financièrement. Le gouvernement n'est pas un Père Noël. Le
panier du gouvernement n'est pas sans fond. Il ne faut pas se leurrer."
Une voix: ...
M. Rocheleau: Bien, écoutez, de la façon qu'on vous
connaît, M. le ministre Lessard, c'est une attaque sévère
à l'égard de votre collègue.
M. Lessard: Vous ne me connaissez pas.
M. Rocheleau: On vous connaît beaucoup mieux quand vous
vous en prenez au maire de Baie-Comeau. Alors, M. le Président, disons
que j'aimerais peut-être connaître de votre part si une solution de
consensus serait plus favorable à votre organisme de Hauterive, tenant
compte de la situation, du climat social, de l'impasse quasi totale qui semble
se détacher des discussions qu'on a eues depuis cet
après-midi.
M. Francoeur: Écoutez, au risque... La question que vous
me posez, y répondre que nous sommes en faveur d'un projet de loi aussi
radical... C'est une question piège, M. Rocheleau, parce que vous savez
très bien que la Chambre de commerce de Hauterive, comme tout organisme
oeuvrant dans Baie-Comeau et dans Hauterive, c'est un organisme
démocratique. Si vous nous arriviez avec un projet de loi bien
défini, avec des étapes bien données, des
échéances comme on en a présentement dans le projet de loi
37, soit une échéance ou une élection, je crois que c'est
au 1er mars 1982, quelque chose comme cela, s'il y avait quelque chose de
semblable avec de la consultation, un référendum où le
total des deux villes compterait, quelque chose de semblable, je ne peux pas
faire autrement que de dire qu'on favoriserait un tel projet ou une telle
démarche. Vous savez très bien que de la consultation, on en fait
à l'intérieur de notre organisme et tout et qu'on est en faveur.
Sur papier, vous avez parfaitement raison, mais est-ce que c'est possible dans
Baie-Comeau-Hauterive?
M. Rocheleau: M. le Président, là-dessus, je me
permets simplement de dire que toute négociation mérite
d'être faite. Ce n'est certainement pas parce qu'aujourd'hui cela semble
être arrêté qu'il ne reste plus d'ouverture. Je pense qu'on
a écouté le mémoire de Baie-Comeau qui n'a quand
même pas fermé la porte à la fusion, moyennant le fait que
tous les aspects soient pris en considération. Alors, je pense que, d'un
côté ou de l'autre, c'est une négociation
intense que cela commande, mais c'est encore beaucoup mieux que de se
faire imposer une chose ou une loi que les citoyens devront supporter pendant
de nombreuses années.
Nous favorisons, M. le Président... En passant, nous sommes
contre une fusion forcée, nous sommes pour la démocratie, nous
sommes pour l'autonomie des municipalités et nous avons à offrir
des mécanismes qui pourraient sûrement favoriser un rapprochement
entre les deux municipalités. Malheureusement, on n'est pas le
gouvernement, mais, si le ministre Léonard nous permettait - ne pas
former le gouvernement, cela se fera en temps et lieu, M. Lessard; continuez de
cette façon-là et vous allez connaître ce que le Parti
libéral a connu en 1976 - si on nous permettait d'apporter certaines
recommandations ou suggestions qui ne seraient pas nécessairement prises
par le ministre Léonard, parce qu'il ne semble pas avoir la solution
pratique, on pourrait peut-être en arriver à des conclusions
heureuses. Je me permettrai sûrement, dans les prochaines semaines, si le
ministre Lessard me le permet, de vous visiter de nouveau, de vous
suggérer peut-être des points importants qui pourraient amener les
parties à au moins se parler. Quand on se parle, on vient à bout
de se comprendre.
M. Francoeur: Est-ce que je peux ajouter...
M. Rocheleau: Sûrement.
M. Francoeur: Écoutez, je ne veux pas que ça prenne
nécessairement la forme d'un dialogue entre nous deux. Pour
rétablir les faits, suite à votre préambule et à
votre question, c'est certain que nous favorisons un moyen de consultation,
soit par référendum ou autrement, selon une méthode qui
pourra être définie, mais quant à savoir si c'est possible,
vous avez vu l'échange de correspondance. On a cité des passages
de M. Lessard, on a cité des passages de M. Leonard, mais on n'a pas les
faits. Tous ces faits, je ne les possède pas, dans le dossier de la
Chambre de commerce de Hauterive. C'est au gouvernement, c'est à
l'Opposition de juger si c'est possible. Ne me demandez pas de le faire. Nous,
c'est certain qu'on favorise une consultation, mais à savoir si, pour
des gens de l'extérieur du dossier, c'est possible, vous seul pouvez en
juger. Ne nous demandez pas ça, à nous, de l'intérieur.
C'est tout ce que j'ai à dire sur ce point.
M. Rocheleau: Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. Francoeur, suite aux questions posées par
le député de Hull, je voudrais vous en poser une. Je pense que
ça fait longtemps que vous êtes dans la région, vous avez
vécu passablement d'événements, vous avez parlé de
la polyvalente, on aurait pu parler du palais de justice, on aurait pu parler
de l'hôpital, on aurait pu parler, je pense, de nombreux dossiers. J'ai
encore une citation de Gérard Lefrançois qui soulignait une des
conséquences de la non-fusion: "À Québec et à
Ottawa, nous révèle un homme politique, avant de prendre quelque
décision, on se demande toujours: Que pense Hauterive de la chose, que
pense Baie-Comeau de la chose? En conséquence de tout cela, on
traîne certaines réalisations en longueur, ne voulant pas
déplaire à l'une ou l'autre ville. Il faut songer à la
rentabilité électorale, quoi!"
C'est certain que pour n'importe quel politicien, travailler dans un
climat comme celui-là, ç'a bien beau être un politicien
libéral, péquiste, n'importe quoi, il faut le vivre. Ce n'est pas
facile. Je serais bien d'accord si la proposition du député de
Hull pouvait être acceptée et que tout cela pouvait se faire
facilement. J'aimerais croire qu'avec un référendum dans l'une ou
l'autre des villes, on arriverait à la fusion, mais est-ce que vous
croyez, avec toute l'expérience que vous avez du milieu, qu'une loi qui
n'imposerait pas la fusion aurait des possibilités d'amener les deux
villes à fusionner volontairement? Est-ce que vous croyez qu'il y a
encore des possibilités de fusion volontaire?
M. Francoeur: M. Lessard, quant à mon expérience du
milieu, il y a une chose que je veux vous souligner. Je suis natif de la
Côte-Nord, je ne suis pas natif de Baie-Comeau ou de Hauterive, mes
parents s'y sont installés en 1967. Depuis que je suis à la
Chambre de commerce de Hauterive, j'ai eu à travailler avec des gens
beaucoup plus âgés que moi, des hommes d'affaires qui m'ont fait
confiance. Je veux seulement relater un fait. Vous avez dit, dans votre
préambule, qu'il y avait l'affaire du palais de justice. Ce qu'on m'a
dit sur le palais de justice, imaginez, c'est que c'était
décidé que c'était à Baie-Comeau, c'était
chose faite. Comme on dit dans le domaine, les "footings" étaient
même faits, à Baie-Comeau, et la ville de Hauterive, même si
les "footings" étaient faits à Baie-Comeau, disait que le palais
de justice se ferait à Hauterive. Imaginez! C'est ça, l'histoire
du palais de justice.
Vous avez posé la même question au président de la
Chambre de commerce de Baie-Comeau, M. Royer. Vous avez même cité
un article où il avait parlé à titre strictement personnel
et, au bas de l'article, où il était stipulé que ses
commentaires
étaient personnels et qu'il ne faisait pas part de l'opinion de
la Chambre de commerce de Hauterive. Vous aviez également M. Marcel
Plamondon qui est intervenu. On dit: II est à souligner que les
positions prises représentent les positions des individus et non pas les
positions des organismes qu'ils représentent. Je sais très bien
que M. Royer peut se défendre, parce que vous savez, nous, des deux
chambres de commerce, il y a une coopération entre les organismes des
deux villes, il y a une coopération entre les citoyens. Nous ne sommes
pas comme chien et chat à Baie-Comeau et Hauterive. On s'aime et on
s'entraide aussi. Il n'y a pas toujours des chicanes de fusion. Vous savez une
chose, quand M. Royer a parlé, il l'a fait à titre personnel. Il
faut diviser aujourd'hui mon opinion personnelle de l'opinion que j'ai à
titre de membre ou de président de la chambre de commerce.
Sur ce que vous me demandez à propos d'une fusion volontaire, M.
Lessard, je vais vous répondre et je tiens à ce que ce soit bien
entendu ici par tous les citoyens de Baie-Comeau, parce qu'en majorité
ce sont des gens de Baie-Comeau. Je tiens à ce que ce soit
spécifié que c'est la position de la Chambre de commerce de
Hauterive. Ne me demandez pas ma position d'individu à moi, Serge
Francoeur, qui travaille à Baie-Comeau et qui demeure à
Hauterive, qui vit dans le milieu, qui aime son milieu, ne me demandez pas ma
position personnelle parce que j'ai été invité à
titre de membre de la Chambre de commerce de Hauterive. À titre de
président de la Chambre de commerce de Hauterive, j'ai consulté
mon bureau de direction, j'ai consulté les membres et une fusion
volontaire de Baie-Comeau et Hauterive, la Chambre de commerce de Hauterive n'y
croit pas. Ne me le demandez pas à titre personnel, j'aime autant ne pas
répondre!
M. Lessard: Deuxième question, vous avez parlé du
mémoire de la ville de Hauterive qui demandait des compensations -je
reviendrai sur cela tout à l'heure. Vous disiez qu'une des conditions
qui permettraient aux deux villes de subsister serait peut-être la
régionalisation de la taxe industrielle. Cela a été une
chose que j'ai regardée. Pensez-vous justement - parce que, dans le
fond, c'est cela la bataille, ce n'est pas la bataille de fusion, c'est la
bataille de régionalisation de la taxe entre les deux villes - que
j'aurais eu du succès avec la régionalisation de la taxe
industrielle? Pensez-vous que la ville de Baie-Comeau aurait accepté de
céder ses avantages de ce côté?
M. Francoeur: M. Lessard, vous auriez eu la même opposition
que vous avez aujourd'hui. C'est comme si le gouvernement fédéral
voulait enlever quelque chose au gouvernement du Québec. C'est la
même chose.
M. Lessard: La différence, c'est que les
municipalités tiennent leur.... Les deux gouvernements - il faut quand
même comprendre un peu - sont sur un pied d'égalité. Le
gouvernement du Québec ne détient pas ses pouvoirs du
gouvernement fédéral.
M. Francoeur: Je m'excuse, mais vous auriez eu une opposition
aussi féroce.
M. Lessard: Je veux répondre aux applaudissements, c'est
différent. C'est un peu comme quand je citais Pierre Laporte cet
après-midi, le bien commun l'emporte quand même sur une
créature du gouvernement. D'abord, il faut être réaliste.
La réforme de la fiscalité municipale ne nous permet plus
d'envisager cette situation. Je ne peux pas, même si je le voulais.
On revient souvent à des compensations financières. Je
voudrais justement reprendre le document qui a été signé
par les deux maires, M. Henry Leonard et M. Maurice Boutin, qui est le
procès-verbal d'une rencontre tenue à l'hôtel de ville de
Baie-Comeau lundi le 28 février 1977, où étaient
présents MM. Lucien Lessard, Maurice Boutin, Hamel Savard, Henry
Leonard. Dans le rapport qui m'avait été soumis et qui avait
été signé par les deux maires, on soulignait un certain
nombre de dossiers que je devais régler pour envisager la fusion. On
soulignait le boulevard Laflèche. On se rappelle que du temps des
libéraux le Parti libéral avait refusé de donner à
la ville de Hauterive 500 000 $ pour la construction du boulevard
Laflèche qui était en plein centre, qui est la route 138. Cela
avait coûté 1 500 000 $ à la ville de Hauterive, qui
n'avait pas eu de compensation financière de la part du gouvernement,
sinon une somme de 500 000 $. Comme ministre des Transports, je l'ai
réglé, j'ai versé 500 000 $ à la ville de
Hauterive.
Le plateau, on en a assez parlé. Il est certain que le plateau,
c'était encore en discussion, parce qu'en six mois je n'ai pas eu le
temps de régler tous ces problèmes, cela a cassé
après. L'approvisionnement en eau potable, c'est maintenant
réglé, il y a eu des subventions du gouvernement pour 2 200 000 $
à la ville de Hauterive. Le parc des maisons mobiles, c'est dans
l'entente Canada-Québec, mais c'est le gouvernement du Québec qui
décide où va l'argent, parce que là on parle...
(0 h 15)
M. Bélanger (Mégantic-Compton): 75% vient du
fédéral.
M. Lessard: 60%-40%. Pour le parc des
maisons mobiles, la première entente qui avait eu lieu avec la
ville de Hauterive était de 3 600 000 $. J'ai réussi, grâce
à l'appui de mes collègues Jacques Léonard, Guy Tardif et
autres à augmenter cette participation à 4 800 000 $. Ce sont de
bonnes compensations financières depuis 1976.
Concernant Baie-Comeau, résidences de personnes
âgées, vous savez que, depuis 1973, le dossier était
fermé à la Société d'habitation du Québec.
Dossier réglé: deux résidences de 50 logements pour
personnes âgées ont été construites à
Baie-Comeau. Dossier réglé.
Il y a le débarcadère, puisque j'étais ministre des
Transports, SOPOR, la société portuaire. La ville de Hauterive
avait participé pour 500 000 $ - j'ai réglé - et elle ne
voulait plus participer. J'espérais en arriver à la fusion. La
ville de Hauterive ne voulait plus participer. J'ai exigé, lorsque j'ai
versé 500 000 $ pour le boulevard Laflèche, que la ville de
Hauterive verse ses 500 000 $ dans SOPOR, ce qui a réglé le
conflit entre la ville de Baie-Comeau et celle de Hauterive. J'ai versé
une somme de 1 500 000 $, en plus des 2 000 000 $ que le gouvernement du
Québec avait versés. En fait, on s'est entendu sur 1 000 000 $
pour régler ce dossier. Dossier réglé. Les taxes
rapportent à Baie-Comeau, non pas à Hauterive, mais le dossier
est réglé.
Le parc industriel régional, on connaît le problème.
C'était très difficile de le régler. Possiblement encore
là - je vous dis bien possiblement - je vais me battre pour avoir les 2
500 000 $.
Liaison à la ville de Gagnon. On en a parlé. On disait:
Des décisions doivent être prises et des déboursés
faits afin que ce dossier devienne irréversible. Je pense qu'il est
irréversible.
Le dossier hôpital régional. C'est certain qu'il y a eu une
décision. J'ai accepté de me retirer du dossier; j'ai dit
à M. Lazure: Tu as les données. Prends une décision. Je ne
m'en suis pas mêlé. D'ailleurs, le 4 avril 1977 - non, la logique
était quelque part - le maire Leonard était dans mon bureau quand
M. Lazure m'a appelé pour me confirmer la décision. Il a
été le premier à l'apprendre. Mais est-ce que, s'il avait
été réglé pour Baie-Comeau, cela aurait
été mieux? De toute façon, que le dossier ait
été réglé d'un bord ou de l'autre, l'hôpital
aurait été, comme on le disait tout à l'heure, à
l'intérieur de la grande ville. Quel intérêt qu'il soit
placé à une place ou à une autre, quand il y a une seule
ville? Dossier réglé, mais pas à l'avantage de
Baie-Comeau. Que voulez-vous que j'y fasse?
Dans l'ensemble des dossiers qui m'étaient soumis, il reste le
plateau. Ce dossier n'a pas été réglé parce
qu'à un moment donné, aussitôt que M. Tardif a
déclaré qu'il n'y avait plus de fusion obligatoire, M. le maire
Leonard a décidé de se retirer du dossier. On n'a donc pas
été capable de continuer.
On parlait de compensation financière. Il faut quand même
être réaliste. Cela ne veut pas dire que le gouvernement n'est pas
prêt, mais on ne peut pas faire la fusion à 20 000 000 $. Je
pourrais prouver avec des chiffres à l'appui, et je pense que je vais
les sortir, que, depuis 1976, la ville de Baie-Comeau a reçu même
plus d'argent que la ville de Hauterive du gouvernement du Québec. Ce
sont des chiffres qui doivent être clairs. Il y a le poste de la
Sûreté du Québec, par exemple.
Vous parlez de compensation financière. Naturellement, on ne peut
pas compenser autant que tout le monde voudrait, etc. Il faut bien comprendre
qu'on ne peut pas corriger toutes les erreurs des gouvernements
précédents et remonter en 1973 pour corriger la loi contre
laquelle je me suis battu...
Une voix: Une minute! Une minute!
M. Lessard: ... concernant la fiscalité des barrages. Mais
il y a une chose qu'il faut constater et vous l'avez soulignée. Une
grande partie de la population de Hauterive travaille à Baie-Comeau.
Voici la question. Le maire Leonard, de Baie-Comeau, disait: La ville de
Baie-Comeau ne veut pas faire les frais de la fusion. Mais la ville de
Hauterive ne fait-elle pas les frais de la non-fusion? Oui, il faut être
réaliste, ce sont les faits.
Le Président (M. Rodrigue): M.
Francoeur, si vous voulez commenter ou répondre.
M. Francoeur: Je m'excuse, c'est parce que j'ai pris quelques
notes.
Le Président (M. Rodrigue): D'accord.
M. Francoeur: Je n'ai pas toute la documentation et toute la
connaissance du dossier que vous possédez, M. Lessard. Je vais tenter de
vous répondre le mieux possible.
Vous savez, il est vrai que ce n'est que depuis 1976 que vous êtes
en mesure de vous occuper de plus près du dossier des villes de
Baie-Comeau et de Hauterive. Vous savez très bien, M. Lessard - ce n'est
une cachette pour personne - que, fondamentalement, nous n'avons pas
nécessairement les mêmes idées politiques. Cela a
été bien établi entre nous. Par contre, vous savez que je
vous ai toujours accordé tout l'appui nécessaire lorsqu'il
était question de dossiers régionaux, indépendamment de
nos idées fondamentales en politique. Selon ce que vous avez
mentionné tout à l'heure - la Chambre de
commerce de Hauterive vous l'a dit à maintes reprises - on trouve
que, depuis 1976, vous avez fait beaucoup pour Hauterive, M. Lessard. Je ne
parle pas pour Baie-Comeau, je parle pour Hauterive, notre correspondance le
démontre; dire le contraire, je risquerais de voir des lettres ou des
choses comme ça. Vous avez beaucoup fait pour Hauterive depuis 1976,
vous avez eu, c'est vrai, à corriger peut-être une situation qui
existait. Vous n'avez pas pu corriger entièrement la situation qui
existait avant 1976.
Présentement, il est certain que le gouvernement ne peut pas
donner, ne peut pas faire la fusion à coups de 20 000 000 $. On lit les
journaux comme les gens de Québec à Baie-Comeau et à
Hauterive, on connaît les problèmes budgétaires que vous
avez, comme tous les autres gouvernements sauf quelques-uns. Je ne suis pas en
mesure de prôner des formules ou des choses comme ça, vous avez
les instruments nécessaires. M. Léonard a les instruments
nécessaires. Il a dit entre autres, tout à l'heure, quelque chose
qui m'a frappé, que j'ai pris en note. Il a mentionné que, d'ici
à cinq ans, il serait possible de taxer, entre autres, les services
éducatifs, le système des affaires sociales etc. Je suis en
partie au courant parce que j'analyse les projets de loi. Depuis 1976,
même si vous avez fait beaucoup, je suis d'accord avec vous que,
présentement, à cause de la taxation industrielle qui, en grande
partie, va à Baie-Comeau, le fait qu'il n'y ait pas de fusion
désavantage Hauterive et avantage Baie-Comeau. Je crois que c'est
l'évidence même.
M. Lessard: Une dernière question M. Francoeur. Je vous
remercie beaucoup de votre témoignage. D'ailleurs, quel que soit le
parti politique, j'ai toujours travaillé avec les responsables de
différents organismes et nous n'avons jamais considéré,
que ce soit du côté de M. Francoeur ou de tout autre organisme, le
parti politique pour régler des dossiers régionaux.
M. Rocheleau: Pourquoi me regardez-vous quand vous dites
cela?
M. Lessard: Non, je vous regarde parce que...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre s'il vous
plaît!
M. le député de Saguenay, si vous voulez poursuivre.
M. Lessard: M. Francoeur a pris la peine d'indiquer qu'il
n'était pas de mon parti politique et pourtant nous avons toujours
travaillé en collaboration.
Une voix: C'est un vrai libéral.
M. Lessard: Je vous pose une question hypothétique mais
elle est en relation avec le réalisme dont je parlais tout à
l'heure. Le projet de loi, tel qu'il est, avec les compensations
financières selon la norme régulière du gouvernement, soit
33 $ per capita, admettons la possibilité qu'on ne puisse pas
l'améliorer, je ne sais pas, ça entre dans la discussion, si je
ne peux pas améliorer plus économiquement ce projet de loi,
devrais-je le retirer?
Une voix: Oui.
M. Lessard: Je pose la question à M. Francoeur.
M. Francoeur: M. Lessard, je ne veux pas me
répéter, je vous ai répondu tout à l'heure que la
Chambre de commerce de Hauterive croit qu'une fusion volontaire était
impossible. Ce soir, nous avons exigé des compensations devant vous,
devant la commission élue des affaires municipales. La Chambre de
commerce de Hauterive, ce qu'elle veut avant tout, c'est la fusion. C'est la
position de la Chambre de commerce de Hauterive. Vous pouvez être
assuré d'une chose, que Baie-Comeau et Hauterive soient
fusionnées ou pas, les gens de la Chambre de commerce de Hauterive...
moi je suis citoyen de Baie-Comeau et je suis citoyen de Hauterive et, dans mon
coeur, Baie-Comeau et Hauterive, c'est ma place, je l'ai dans la peau et vous
ne les détruirez jamais, qu'elles soient fusionnées ou pas. Si
c'est fusionné, je vais relever mes manches, la Chambre de commerce de
Hauterive va relever ses manches et on va travailler pour le nouveau
Baie-Comeau. Si jamais vous retirez le projet de loi, je vais continuer
à travailler pour Baie-Comeau et pour Hauterive. C'est ma position.
M. Lessard: Je vous remercie, M. Francoeur, M. le
président aussi. Je souligne, en terminant, M. le Président, que
si je présente ce projet de loi, ce n'est pas - je sais bien qu'on va
avoir toutes sortes d'interprétations par en arrière - contre les
citoyens de Baie-Comeau ni contre les citoyens de Hauterive, c'est parce que
c'est un projet de loi nécessaire pour l'ensemble de la région.
J'aurai l'occasion de donner des explications; mon passé démontre
que je n'ai pas hésité à travailler autant, sinon avec
plus d'acharnement au dossier de Baie-Comeau que je l'ai fait pour Hauterive.
J'ai travaillé régionalement. Les preuves que je donnais tout
à l'heure l'indiquent.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: En conclusion, je tiens à vous remercier, M.
le président, ainsi que
vos collègues, pour la présentation du mémoire et
pour votre ouverture d'esprit. Nous souhaitons, de notre côté,
trouver une solution pouvant arriver à développer un consensus.
Nous allons sûrement tenter d'offrir notre collaboration au gouvernement,
comme vous l'avez fait tantôt. Même si on ne partage pas les
mêmes couleurs, je pense qu'on partage le concept que la
démocratie doit être sauvegardée à tout prix, et
ça, c'est important.
Si on se permet de consulter les organismes ce soir, on devra
sûrement se permettre de consulter la totalité de la population de
Baie-Comeau et de Hauterive, parce que le sentiment que vous partagez, que vous
avez énoncé tantôt, c'est sûrement le sentiment de la
population de ces deux municipalités qui, à cause de certains
problèmes qui sont créés chez vous par mauvaise
volonté ou autrement, je ne sais pas, peuvent sûrement être
résolus.
Encore une fois, nous vous remercions et nous allons tenter ensemble de
trouver une solution qui est moins radicale que celle proposée par notre
collègue M. Lessard.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, en
conclusion.
M. Léonard (Labelle): M. le président, je vous
remercie de votre témoignage, de votre mémoire, des explications
que vous avez données. Je pense que ce que vous avez dit est
éclairant pour beaucoup de gens à cette commission. Cela va nous
aider beaucoup dans la poursuite du débat. Je vous remercie
beaucoup.
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie les
représentants de la Chambre de commerce de Hauterive et j'invite
maintenant les représentants du
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau à prendre place à
la table devant nous. Selon les informations que nous avons, le mémoire
serait présenté par M. Michel Saint-Laurent, porte-parole du
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau. M. Saint-Laurent, je vais vous
demander de nous présenter les personnes qui vous accompagnent.
M. Saint-Laurent (Michel): M. le Président, vous me
permettrez de présenter d'abord Mme Georgette Hamel, Mme Louise
Camiré, M. Yvon Gauthier et M. Lawrence Gagné.
Avant de débuter, je pense que ce serait conforme au
règlement de proposer à cette commission de suggérer
à l'Assemblée nationale de présenter une motion d'appui
aux citoyens de Baie-Comeau qui se sont déplacés pour venir ici,
depuis 4 heures ce matin, et qui aspirent uniquement au retour à la
démocratie. Je pense que la motion que l'Assemblée nationale a
présentée au peuple polonais s'inscrit dans le cadre de celle que
le gouvernement devrait présenter aux gens de Baie-Comeau. (0 h 30)
Distinguées et distingués membres de l'Assemblée
nationale, membres de la commission parlementaire, citoyens et citoyennes du
Québec, M. le Président.
Qu'il nous soit d'abord permis de remercier la commission parlementaire
de nous accueillir et de nous permettre de faire valoir le point de vue du
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau. Notre regroupement présente un
mémoire dans le but de faire valoir le point de vue des citoyens de
Baie-Comeau. Ceux-ci se sont spontanément regroupés à la
suite de l'annonce du dépôt du projet de loi no 37, projet de loi
qui a surpris par son caractère antidémocratique et ses
dénégations des droits fondamentaux de la population d'une ville,
sinon de deux villes.
Le présent mémoire a pour but de sensibiliser les membres
de la commission et toute la population du Québec à un
problème que personne ne peut ignorer. Ce projet de loi no 37
crée un précédent qui constitue dans sa
présentation et son contenu un danger pour tous les citoyens du
Québec.
Depuis ce dépôt, le drapeau de Baie-Comeau est en berne. La
population s'interroge sur les réels motifs de ce projet de loi, projet
de loi qui n'aurait jamais dû voir le jour si seulement les principes
mêmes de la démocratie avaient été
respectés.
Puisse chaque membre de cette commission reconnaître le
bien-fondé de notre démarche et prendre les décisions
favorables au rétablissement de la démocratie!
Représentativité du comité.
Le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau se fait fort d'être le
seul mouvement représentatif de la population. Les 5200 procurations et
plus recueillies en sont une preuve évidente et, si on me demande: C'est
quoi une procuration, cela se regroupe dans ce cahier, toutes les signatures
sont vérifiables et contrôlables.
Le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau, apolitique,
élève le débat au-dessus de toute partisanerie. Pour nous,
l'avenir d'une nation, comme celui d'une ville, se prépare dans la
démocratie.
Le comité que nous représentons détient un mandat
clair: Pas de fusion sans référendum! Nous affirmons que la
position défendue dans le présent mémoire reçoit
l'appui de la population comme en font foi les 4349 lettres - je devrais
corriger aujourd'hui, parce qu'on est rendu à au-dessus de 5200 lettres
- personnelles adressées au premier ministre - M. René
Lévesque. Précisons ici: ces 4000 lettres,
disons 5000 - et plus représentent beaucoup plus que 5000
personnes puisque, dans chaque foyer où l'on peut retrouver deux ou
trois électeurs en général, on a jugé
nécessaire de ne faire signer qu'une seule personne pour éviter
l'encombrement du bureau du premier ministre. 2000 télégrammes
adressés aux ministres Lessard et Léonard respectent la
même logique.
Malgré la rapidité avec laquelle nous avons dû
réagir au projet de loi no 37, nous considérons cet appui comme
très significatif du désir d'un retour immédiat à
la liberté de décision.
Le projet de loi no 37, un accroc inacceptable. Le Regroupement des
citoyens de Baie-Comeau considère que le projet de loi no 37, tel que
déposé devant l'Assemblée nationale, constitue un accroc
inacceptable au principe de l'autonomie municipale et, par le fait même,
à la démocratie.
Conscients qu'une municipalité, créature de l'État,
jouissant de pouvoirs conférés par l'État, constitue une
entité autonome habilitée à exercer ces mêmes
pouvoirs, l'État doit respecter cette autonomie. La municipalité
reçoit toute sa dynamique des individus qui la composent, qui
choisissent librement d'y vivre, de la développer, de l'aimer et d'y
mourir. Elle progresse à l'image même de ses bâtisseurs
fiers, déterminés, mais maîtres de leur
destinée.
D'un autre côté, nous considérons que le projet de
loi no 37 bafoue cette liberté fondamentale de l'individu et de la
collectivité de décider de son sort objectivement. Tout en
étant légal dans sa forme, il n'en demeure pas moins immoral dans
son contenu et dans sa présentation.
La logique veut qu'une fusion, comme une constitution, ne s'impose pas:
rejeter les représentants des citoyens, refuser tout dialogue, imposer
sa volonté et nier un droit de décision, cela s'inspire de la
pure démagogie.
Qu'il nous soit permis de citer de nouveau le ministre Jacques
Léonard lui-même qui, lors de sa visite au CRD à
Baie-Comeau, le 8 février 1979, déclarait: Tout projet de loi qui
conclut à la disparition des municipalités est de la pure
démagogie.
Négation du droit de décision. Le projet de loi no 37
constitue une négation du droit d'une population à se prononcer
sur le cadre de vie de son choix et/ou sur l'évolution de son milieu.
Déjà, en 1977, la ville de Baie-Comeau procédait à
une consultation populaire portant sur la fusion des deux villes. Les
résultats d'alors indiquaient une opposition (90,8%) catégorique
à tout projet de fusion par les citoyens de Baie-Comeau. Le droit
à l'autodétermination fut respecté.
Récemment, soit en 1981, la population reconfirmait M. le maire
et quatre conseillers sans opposition dans leur rôle après qu'ils
eurent indiqué clairement leur opposition à la fusion. Deux
nouveaux conseillers ont également été élus au
suffrage universel en se déclarant opposés à la fusion. Le
droit à l'autodétermination fut respecté.
En 1978, le ministre des Affaires sociales, M. Denis Lazure, renversait
une décision entérinée par deux conseils d'administration,
consentant à une fusion volontaire de deux hôpitaux de la
région, et décrétait unilatéralement une vocation
différente à ces deux mêmes établissements. La
population s'en ressent toujours et les conséquences se
révèlent coûteuses et désastreuses. Le droit
à l'autodétermination leur fut retiré.
En 1981, avant la campagne électorale, le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, actuel député de Saguenay, M.
Lucien Lessard, s'aventurait sur le terrain de la fusion des
municipalités de Baie-Comeau et Hauterive et déclarait, le 6
février, je résume: "Jamais de fusion forcée." Un petit
peu plus tard dans sa conversation: "La fusion, j'en fais mon deuil."
Après sa réélection, M. Lessard lançait, le 23
novembre dernier, sur les ondes radiophoniques de CKBH: "C'est maintenant
décidé, la fusion se fera." Le lendemain, il complétait:
"Les dés sont pipés... Y a rien à faire." Consultons le
dictionnaire Robert: Pipé: truqué pour qu'il tombe sur un
côté déterminé. Et voilà qu'au début
de ce mois, M. Jacques Léonard déclare que "l'exception confirme
la règle" et ce, quelques heures après le dépôt du
projet de loi no 37. Le droit à l'autodétermination fut
volontairement ignoré.
Contraire aux principes démocratiques fondamentaux. Le projet de
loi no 37 constitue une action contraire aux principes fondamentaux à
partir desquels une population veut construire son avenir. Par ce projet, les
droits fondamentaux de l'individu, droits que le gouvernement lui accorde dans
ses lois, ne seraient-ils qu'illusoires? Essentiellement, notre population
fondatrice s'est identifiée à une ville, sa ville, Baie-Comeau.
Elle a contribué, par une saine gestion, à développer un
coin du Québec. Elle a utilisé ses énergies pour favoriser
l'émergence d'autres collectivités et, finalement, elle a
créé une société libre et équilibrée,
malgré les difficultés qu'elle a rencontrées.
Aujourd'hui, le politicien ébranle les structures sociales,
politiques et économiques de notre région, sans
considération des implications.
La population de Baie-Comeau comprend les difficultés
financières de la ville voisine, Hauterive; elle comprend que cette
dernière envisageait l'avenir avec optimisme, lorsque
Hydro-Québec vint s'installer dans la région. On croyait alors
pouvoir construire sur des bases solides; les
hommes politiques en ont décidé autrement et cette ville
en souffre aujourd'hui. L'erreur que fut la loi 50 peut-elle être
corrigée, ou doit-on utiliser la loi 37 pour atténuer les effets
de la première?
Une fusion n'est pas l'affaire exclusive des hommes politiques. Le
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau considère qu'une
décision de fusion n'est pas l'apanage exclusif des hommes politiques.
Les contribuables sont directement impliqués dans les
conséquences d'une fusion forcée. Cette réalité
leur donne le droit d'exprimer leur mécontentement, de s'y opposer,
d'exiger "d'être informés et consultés dans le processus
décisionnel", comme le disait le ministre Léonard au
CRD-Côte-Nord, le 8 février 1979. Il a bien fait de venir cette
journée-là. Quand une population désire modifier son cadre
de vie, elle le fait de plein consentement. De tous les choix qui s'offrent,
elle retient celui qui l'avantage. En ce qui nous concerne, ce projet de loi
nous enlève ce choix; c'est une aberration impensable. Les contribuables
qui paient la note doivent être consultés d'abord avant la mise en
place de toute nouvelle structure. Ils ne doivent pas être les derniers
impliqués. De plus, l'ensemble des citoyens qui aura à subir les
séquelles d'une loi inacceptable aura à vivre dans un climat
social qui, loin d'être amélioré, ne peut que se
détériorer. Quel homme politique souhaite en porter l'odieux?
Condition préalable à tout projet de fusion. La condition
préalable à tout projet de fusion consiste dans l'implication des
citoyens du début jusqu'à la fin du processus décisionnel.
Nous considérons que les citoyens doivent d'abord être
consultés sur leur volonté ou leur refus d'endosser tout projet.
Une ville, c'est d'abord le regroupement de ses citoyens; une ville, c'est
l'ensemble des hommes, des femmes et des enfants qui y naissent; une ville,
c'est avant tout un milieu de vie formé des citoyens qui la composent;
une ville, ça n'appartient ni à des conseillers, ni à des
maires, ni à des députés, ni à des ministres. Une
ville appartient à ses citoyens, et les élus du peuple, aussi
bien aux niveaux municipal, provincial que fédéral, ne sont que
les mandataires des citoyens. Ils n'en sont pas les maîtres. C'est
pourquoi le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau affirme: "Pas de fusion
sans référendum".
Conclusion. Le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau exige le retrait
pur et simple du projet de loi no 37. Le Regroupement des citoyens de
Baie-Comeau exige le rétablissement d'une pleine et parfaite
démocratie pour que les citoyens de toute ville aient droit à
l'autodétermination. Le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau exige
la reconnaissance du droit des citoyens de vivre dans le milieu de vie, dans
les conditions de vie et dans le cadre de vie de leur choix. Les conseillers,
les maires, les députés, les ministres passent, les citoyens
restent et paient la facture. (0 h 45)
En résumé, pas de fusion sans référendum.
Arrêt, stop! Membres de la commission parlementaire, merci. Le
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau par ses représentants
désignés.
Maintenant, M. le Président, en annexe on a ajouté la
lettre que les citoyens ont fait parvenir au premier ministre, M. René
Lévesque. Également, il y a copie d'une procuration qui regroupe
plus de 5200 signatures, tous des votants de 18 ans et plus; au cas où
on penserait que ce sont des enfants qui ont signé, on a pensé
regrouper dans un autre cahier ceux qui demain seront appelés à
vivre eux aussi la démocratie.
J'ai aussi un message de toutes les personnes de l'âge d'or de la
région de Baie-Comeau qui vivent dans des résidences pour
personnes âgées et qui m'ont demandé personnellement de
remettre au député Lucien Lessard, 150 boulevard Saint-Cyrille
est, 17ème étage, une lettre dans laquelle ils affirment: Nous,
membres du Club de l'âge d'or de Baie-Comeau - ce ne sont tout de
même pas des innocents, ce sont les fondateurs de la région - nous
refusons la fusion. Et ces gens ont signé. C'est adressé à
M. Lessard. Il y a au moins 95 noms de fondateurs de la région.
M. Lessard: Ils n'ont pas refusé les logements pour
personnes âgées.
M. Saint-Laurent: Ces gens refusent, M. Lessard, la façon
antidémocratique avec laquelle la loi 37 a été
amenée ici, à cette commission, et au Parlement, à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous avez
terminé la présentation de votre mémoire?
M. Saint-Laurent: Également en annexe vous avez le
télégramme que nous avons fait parvenir à MM.
Léonard et Lessard. Vous avez également le résultat de la
consultation populaire, annexe 5, qui s'est tenue à Baie-Comeau en 1977.
Vous avez également un article de journal - on aurait probablement pu en
ajouter beaucoup plus à ce moment-ci - où on dit: "René
Lévesque n'acceptera jamais les orientations antidémocratiques du
PQ." Depuis que ce fameux projet de loi est sur pied, a été
présenté, on passe notre temps à lire des articles qui
parlent de démocratie. Un exemple: "Le référendum, un
signe de véritable démocratie. René Lévesque." Ce
n'est pas vieux, la Presse. On peut dire que c'est hier. On peut faire encore
appel au premier ministre: "René Lévesque fait appel au fondement
de la
démocratie." Ici, j'ouvre le journal, c'est assez simple: "Morin
se trouve fin diplomate au Gabon." Je pense que si on parle de diplomatie, on
doit parler aussi de démocratie. Il s'agirait, je pense, de continuer
à lire les journaux à ce temps-ci pour trouver de façon
éloquente que c'est un droit fondamental de l'individu et d'une
collectivité.
Finalement, on a parlé du centre hospitalier régional. Si
on veut en parler, je suis en mesure d'en parler. J'en parlerai en mon nom
personnel, cependant, et sans briser la confidentialité du conseil
d'administration.
Le Président (M. Rodrigue): M. Saint-Laurent, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Saguenay, à l'ordre! M.
Saint-Laurent, vous êtes ici pour présenter le mémoire du
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau et je pense qu'à ce titre vous
avez fait valoir votre point de vue. Vous n'êtes pas là pour
parler à titre personnel. Vous êtes le porte-parole du
Regroupement des citoyens de Baie-Comeau. Effectivement, les 20 minutes qui
vous sont allouées sont écoulées. Nous allons passer
à la période des questions.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): M. le
Président, question de règlement.
Le Président (M. Rodrigue): Question de règlement,
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): M. le
Président, ces gens sont ici depuis pratiquement une journée. Il
reste une page à son mémoire qu'il n'a pas
présentée. Je me demande pourquoi on le brimerait de son droit de
présenter la dernière page de son mémoire.
Le Président (M. Rodrigue): Si M.
Saint-Laurent m'indique le contraire, je lui laisserai terminer son
mémoire, mais il m'a indiqué qu'il parlerait à titre
personnel. Alors, à titre personnel, ce n'est pas la place. Il est ici
pour représenter le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau et à
ce titre, s'il lui reste une page dans son mémoire, je vais lui
permettre de terminer. Est-ce que vous aviez terminé la
présentation de votre mémoire?
M. Saint-Laurent: À titre de regroupement, il me reste
deux pages.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous pourriez
terminer la présentation de votre mémoire rapidement, s'il vous
plaît?
M. Saint-Laurent: Oui, M. le Président. Alors, simplement
une annexe pour indiquer que les gens parlent également de fusion du
côté des hôpitaux et un dernier article de journal qui a
déclenché toute la foire. Vous l'avez dans le mémoire. Il
s'agira d'en prendre connaissance.
M. le Président, en ce qui me concerne, c'est terminé et
je suis prêt à répondre aux questions.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Léonard (Labelle): M. le Président, je remercie
les gens du Regroupement des citoyens de Baie-Comeau de nous avoir transmis ce
mémoire, de l'avoir lu et de l'avoir, à l'occasion,
commenté. Je voudrais d'abord faire une remarque sur le rôle d'une
municipalité. Je pense que vous avez bien dit, à la page 3 de
votre mémoire, au tout début: "Conscients qu'une
municipalité, créature de l'État, jouissant de pouvoirs
conférés par l'État, constitue une entité autonome
habilitée à exercer ces mêmes pouvoirs, l'État doit
respecter cette autonomie." Je pense que dans tout cela il y a une
délégation de pouvoir qu'il faut reconnaître à la
base et, dans ce cadre-là, la municipalité exerce une autonomie.
Je tiens à faire cette mise au point et elle est importante en termes
d'institutions politiques.
Par ailleurs, sur le fond des choses, je comprends que vous dites: Nous
avons un droit à l'autodétermination, nous voulons exercer la
démocratie. Je suis tout à fait d'accord là-dessus mais je
pense qu'on exagère beaucoup, beaucoup quand on fait des allusions
à ce qui se passe actuellement en Pologne. Beaucoup, n'est-ce pas?
M. Rocheleau: C'est une question d'opinion.
M. Léonard (Labelle): C'est même indécent. Je
voudrais vous demander, puisque vous faites référence à
cela, par rapport au fond des choses, comment voyez-vous la solution au
problème de Hauterive. Ce sont des concitoyens avec qui vous vivez et
travaillez tous les jours dans les mêmes usines. Il me semble qu'il y
aurait peut-être au moins certains éléments de
solidarité pratiques à faire valoir et je vous demande comment
vous pensez résoudre cette question.
M. Saint-Laurent: D'abord, M. le Président, lors d'une
assemblée monstre où 4000 citoyens de Baie-Comeau et
peut-être même quelques-uns de Hauterive étaient
présents, le Comité de citoyens de Baie-Comeau sur le
regroupement a offert son appui à la ville de Hauterive pour toute
solution qu'elle juge présentable dans le contexte économique et
politique actuel qui pourrait lui permettre de relever sa situation
financière, dont on connaît maintenant de
plus en plus de détails.
M. Léonard (Labelle): Je veux bien, M. le
Président, mais c'est quoi la solution acceptable pour vous?
M. Saint-Laurent: M. le Président, si vous me le
permettez, je vais continuer. La solution pratique est la suivante et c'est
celle qu'on considère la plus démocratique. Nous pensons que nous
avons, au niveau de Hauterive et de Baie-Comeau, deux conseils de ville qui
peuvent se rencontrer, établir un comité qui pourrait parler de
fusion, s'adjoindre des personnes-ressources qualifiées, étudier
à fond toutes les implications économiques, sociales et
financières d'une fusion éventuelle de deux villes. Si, pour que
la fusion se réalise, une troisième partie qui s'appelle le
gouvernement doit intervenir, de quelle façon le gouvernement devrait-il
intervenir dans un projet de fusion volontaire? Si c'est la fusion qui est
retenue comme solution, si d'autres hypothèses sont
présentées, ce pourrait être encore par les deux conseils
de ville, avec les ressources du ministère des Affaires municipales et
ses organismes. Si d'autres solutions sont identifiées et que les
citoyens des deux villes pensent que ces solutions s'avèrent les
meilleures, nous avons offert notre appui à la ville de Hauterive pour
qu'elle réussisse à trouver les solutions à ses
problèmes.
Maintenant, comme solutions, il y en a peut-être 10, il y en a
peut-être 20. On peut peut-être penser demain matin de lancer une
nouvelle loterie et on l'appellera comme on voudra. Cela peut être une
hypothèse à envisager. La fusion peut être une
hypothèse. L'annexion peut être une hypothèse, mais
l'expropriation aux frais des expropriés eux-mêmes, ce n'est
certes pas une hypothèse et surtout dans les circonstances où
cette expropriation devrait se faire.
M. Léonard (Labelle): Je voudrais tout simplement ajouter
un commentaire. Après quinze ans, après aussi la
problématique sociale, économique et politique qu'on nous a
exposée, même ici cet après-midi, tout au long de ces
mémoires, il me semble que proposer encore d'autres études, cela
commence à faire long avant d'arriver à des solutions.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens
premièrement à remercier le Regroupement des citoyens de
Baie-Comeau pour la présentation de son mémoire, ainsi que la
fermeté qu'il démontre à l'intérieur de sa
position, tenant compte de l'impact d'une fusion forcée et des
conséquences qui pourraient sûrement en découler.
Je voudrais, M. le Président, prendre quelques minutes pour vous
lire ce que le comité conjoint Québec-municipalités, avec
l'aide du gouvernement, signé par le sous-ministre du temps, M. Jacques
Besré, retenait comme principes directeurs tenant compte de l'autonomie
municipale et comme pierre d'assise des municipalités au
Québec.
M. le Président, les principes directeurs, principes politiques.
"L'autonomie locale a été proposée aux
municipalités comme base de la revalorisation de leurs pouvoirs. En
fonction des principes et fondements exposés dans les documents
déposés par le gouvernement, l'autonomie locale implique, outre
le pouvoir de se gouverner soi-même et de réglementer, celui de
déterminer la nature et la qualité des services ainsi que les
taxes requises pour les financer. Cela suppose qu'il n'y ait pas de
nécessité d'égalisation des services à
l'échelle du Québec et que certains écarts de ressources
et de fardeau fiscal puissent exister entre les municipalités. Certes,
l'autonomie comme la liberté individuelle ne peut être absolue.
Elle est nécessairement relative et conditionnelle aux droits des autres
individus ou instances, telles les collectivités locales avoisinantes,
l'intérêt national, la sécurité publique, la
santé, etc. Parmi les options qui s'offraient comme base de la
revalorisation du pouvoir municipal, le gouvernement a privilégié
celle de l'autonomie parce que les municipalités constituent le palier
de gouvernement le plus proche des citoyens. Elles sont les mieux
placées pour connaître et arbitrer les besoins collectifs locaux,
en assumer les coûts et les répartir équitablement. Le
gouvernement reconnaît donc effectivement que les municipalités
doivent avoir les pouvoirs de décision et de taxation nécessaires
leur permettant l'accomplissement de leur vocation orientée vers la
satisfaction des besoins légitimes de leurs contribuables. À
l'intérieur du cadre de cette délégation de
responsabilités et de pouvoirs, les municipalités sont, en
principe, parfaitement autonomes, c'est-à-dire libres de s'offrir la
quantité et la qualité de services et de lever les taxes
nécessaires à leur financement. Pour vivre cette autonomie, il
faut le pouvoir juridique, les moyens financiers et la volonté
nécessaire d'assumer ses responsabilités."
Je pense, M. le Président, que c'est un document drôlement
important qui a tenu compte de la fiscalité municipale et de l'adoption
de la loi 57 transférant aux municipalités les pouvoirs accrus au
point de vue des impôts fonciers et tenant compte de l'acceptation de ces
principes directeurs par l'ensemble de toutes les municipalités du
Québec tant du milieu rural que du milieu urbain, ainsi que des
communautés urbaines
et régionales qui étaient regroupées à
l'intérieur du comité Québec-municipalités. (1
heure)
M. le Président, ce document a été accepté
en décembre 1978, tenant compte de la réforme fiscale. Je pense
qu'il est important que le principe fondamental de l'autonomie municipale soit
respecté. Le comité de citoyens de Baie-Comeau l'a fait valoir
à l'intérieur de son mémoire. Nous demandons de nouveau,
après avoir entendu tous ces mémoires, que le projet de loi soit
retiré. Il est bien entendu que nous allons entendre les autres
mémoires. Je demande quand même au ministre des Affaires
municipales de considérer le retrait de la loi 37 afin, justement, de
permettre à la population de se faire entendre et d'exercer pleinement
l'autonomie qui a été dévolue aux municipalités
afin que cela ne soit pas simplement une affirmation d'un ministre ou de
l'ensemble des ministres qui peuvent former le gouvernement actuel, mais qu'on
s'en tienne au respect de ce qui a été approuvé en 1978 et
qui a mené effectivement à l'adoption de la loi 57 sur la
fiscalité.
Encore une fois, nous avons entendu -il est maintenant 1 h 05 -
plusieurs mémoires. Tous les mémoires que nous avons entendus
jusqu'à maintenant, même ceux qui sont pour la fusion, laissent
quand même un point d'interrogation important, soit celui de demander au
gouvernement d'infuser les fonds nécessaires afin d'apporter les
correctifs souhaités pour Hauterive. D'autre part, la plupart des
mémoires demandent que le projet de loi soit reformulé afin
d'être plus acceptable pour les parties concernées. Ceux qui sont
contre la fusion demandent que le projet de loi soit retiré et que les
citoyens soient consultés afin de pouvoir établir
éventuellement un consensus qui permettra à ces deux
municipalités de vivre une meilleure qualité de vie
sûrement, mais de s'entendre plutôt que de se faire imposer la
fusion.
J'aimerais poser une question au président du comité de
citoyens de Baie-Comeau. Ce n'est pas un coup de force que d'avoir pu
rencontrer lundi dernier 4000 personnes, mais c'est sûrement un tour de
force. J'aimerais savoir de quelle façon on a pu procéder pour
inviter autant de monde dans un même endroit, dans une même
soirée où on a eu des discussions quand même assez
intéressantes sur le problème qui existe actuellement dans votre
région.
M. Saint-Laurent: M. le Président, je pense que devant le
projet de loi 37 qui parlait de fusion forcée, cela a été
un soulèvement spontané de tous les gens et une curiosité
justifiée de savoir quelle était la position de la ville
vis-à-vis de ce projet de loi. Maintenant, des détails nous ont
été donnés, mais, malgré cela, la population a
toujours pensé que fondamentalement elle se faisait royalement fourrer -
excusez l'expression - par le projet de loi 37, et cela, elle n'a jamais pu
l'accepter. C'est pour cela qu'elle a clairement manifesté son
désir d'être représentée à la commission
parlementaire et de dire: Pas de fusion sans référendum.
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie les
représentants du Regroupement des citoyens de Baie-Comeau de
s'être présentés devant la commission et j'invite
maintenant le Comité de citoyens de Baie-Comeau et Hauterive à se
présenter.
M. Saint-Laurent: Excusez-moi, M. le Président, mais deux
membres désiraient prendre la parole.
Le Président (M. Rodrigue): Je regrette, mais,
étant donné que vous êtes le porte-parole du groupe et dans
la mesure où il n'y a pas des questions qui vous ont été
posées, je ne peux pas prolonger la période de
présentation que vous avez déjà eue.
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): Question de
règlement.
M. Rocheleau: Tantôt, on a écouté des
représentants et on a permis une question additionnelle ou une
réponse additionnelle à un des représentants de la chambre
de commerce. Si on l'a fait pour un, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait
pas pour un autre groupe de citoyens qui est invité ici ce soir.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous signalerai que, tout
à l'heure, lorsque le président de la chambre de commerce m'a
demandé de passer la parole à la personne qui était
à côté de lui, c'était sur les remarques finales,
c'est-à-dire sur les remerciements. Il a fait ses remerciements à
la commission et, par la suite, il a dit: II y a quelqu'un avec moi qui
voudrait compléter. Là, j'ai cru qu'il voulait compléter
les remerciements, mais, effectivement, cette personne a fait un commentaire.
Je n'ai pas eu le temps de l'arrêter.
M. Caron: M. le Président, question de règlement
aussi.
Le Président (M. Rodrigue): J'aurais rappelé cette
personne à l'ordre, si j'avais eu le temps de le faire, mais le
commentaire était tellement court que, finalement, cela m'est apparu
superflu.
M. le député de Verdun, sur une
question de règlement.
M. Caron: M. le Président, si c'est pour nous
éclairer davantage, on a collaboré, on est passé minuit.
Si on peut donner une minute à madame, je pense qu'il faut être
logique envers nous-mêmes. Elle peut peut-être nous aider dans
l'intérêt...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun, je veux bien être aussi large que possible. Cependant, le
député de Hull a posé une question concernant la
réunion où il y avait 4000 personnes, semble-t-il. Le
représentant, M. Saint-Laurent, a répondu a cela et il a
ajouté un commentaire. Par la suite, le député de Hull a
complété son commentaire, mais, dans son commentaire, il n'y
avait aucune question finalement. Il n'a donc pas posé de question
à M. Saint-Laurent et, à ce moment-là, les personnes qui
l'accompagnent ne peuvent pas répondre à une question qui
n'existe pas. Dans ce contexte, je ne peux pas accepter votre question de
règlement.
S'il y avait eu une question cependant, j'aurais permis à des
personnes qui accompagnent M. Saint-Laurent de donner un complément de
réponse, mais il n'y avait pas de question.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aurais une question
à poser à M. Saint-Laurent.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull...
M. Rocheleau: Je voudrais savoir...
Comité de citoyens de Baie-Comeau et
Hauterive
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît! J'ai indiqué à la commission que le temps
alloué pour le Regroupement des citoyens de Baie-Comeau était
expiré et j'ai appelé le Comité de citoyens de Baie-Comeau
et Hauterive à venir présenter son mémoire. Il est quand
même 1 h 10. Ces personnes attendent depuis 11 heures hier. Il reste
trois groupes dont nous devons entendre les mémoires. Il me semble qu'il
est dans l'ordre que nous passions maintenant à l'audition du
mémoire du Comité de citoyens de Baie-Comeau et Hauterive.
J'invite les représentants du Comité de citoyens de Baie-Comeau
et Hauterive a prendre place a la table devant nous et à nous
présenter leur mémoire.
Ce comité est représenté, d'après mes
informations, par Me Jean-Claude Dufour, qui serait son porte-parole. Est-ce
exact?
M. Dufour (Jean-Claude): C'est bien cela, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. Dufour, si vous voulez
présenter les personnes qui vous accompagnent. Est-ce que vous
êtes bien M. Dufour?
M. Dufour: Oui, je suis bien M. Dufour.
Le Président (M. Rodrigue): Très bien, merci.
M. Dufour: Voici M. Alain Larouche, citoyen de Hauterive,
enseignant et vice-président du Syndicat des enseignants de la
Haute-Côte-Nord. Je suis citoyen de Baie-Comeau, avocat pratiquant
à Baie-Comeau, responsable du Comité de citoyens et citoyennes de
Baie-Comeau et Hauterive.
Je salue l'emblème Dieu et mon droit. Vous voudrez bien noter que
notre mémoire n'est pas présenté avec beaucoup d'emphase.
La présentation elle-même, c'est que notre comité ne
dépend d'aucun organisme quelconque et nous n'avions aucun montant de
disponible pour présenter et pour promouvoir nos revendications.
M. le Président, il nous fait grand plaisir de vous
présenter la position de notre comité. Nous tenons à vous
remercier de nous avoir donné la possibilité d'être
entendus au chapitre de ce très important dossier pour la
région.
Depuis le début de cette commission parlementaire, vous avez
entendu certains représentants d'organismes divers qui, pour les uns,
manifestent leur opposition au projet de loi et, pour d'autres, signifient tout
aussi puissamment leur approbation à ce projet dont l'objectif principal
est le regroupement des villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Ce projet de loi aura évidemment des effets sur nous, concitoyens
des villes de Baie-Comeau et de Hauterive, et il paraît dès lors
qu'il est extrêmement important pour nous de tenter de contrôler le
plus possible les incidences tant financières que sociales qui en
découleront. L'action commande une réaction, mais soyez
assuré, M. le Président, que notre réaction se veut tout
à fait positive dans le sens d'un mieux-être collectif
après la fusion.
L'Assemblée nationale du Québec a cru raisonnable, juste
et sain de déposer ce projet de loi. Pourquoi? Vraisemblablement
à cause de notre histoire régionale et plus
précisément, à tort ou à raison, vu les nombreuses
études qui ont été réalisées à grands
fracas et frais autour de cette question. Nous pensons particulièrement
au rapport Henri Mhun, le rapport Demain, le rapport Price Waterhouse ainsi que
le petit gros dernier, le rapport Major et Martin. Nos concitoyens sont
conscients du fait qu'ils ont absorbé les coûts reliés
à ces études. Nos concitoyens sont aussi conscients des diverses
manifestations de la passion humaine qui ont entouré l'avant, le pendant
et l'après de ces
rapports. Nous avons déjà déboursé
énormément, tant en capital strict qu'en capital humain. Ceci
dit, tous ces savants rapports font sonner la même note: la fusion est
très souhaitable, en autant que la nouvelle ville soit bien
administrée, ce à quoi nous nous obligerons.
Notons qu'en plus de ces études très
spécialisées, la Jeune chambre Baie-Comeau-Hauterive et le
comité interassociation, composé de gens influents de
l'époque dans les deux villes, ont eux aussi conclu dans le même
sens. Cette Assemblée nationale du Québec a donc compris notre
réalité socio-politico-économique. Des concitoyens ont
donc réussi à sensibiliser notre illustre Assemblée
nationale du Québec et nous profitons de l'occasion pour leur
manifester, ainsi qu'à tous les membres composant l'Assemblée
nationale du Québec, nos pensées les plus positives et nos
remerciements les plus chaleureux.
Cependant, que nous sachions, il n'y a pas de rosier sans épine.
Quelles sont ces épines? Comment doit-on cueillir la rose sans se
frotter aux épines? Voilà la grande question de notre
mémoire. Nous nous sommes engagés à être positifs au
tout début de notre mémoire et c'est dans ce sens que nous
voulons vous prévenir, dès à présent, que ce projet
de loi est jugé anormal et discordant par certains de nos concitoyens.
Nous nous sommes aussi engagés envers nos concitoyens d'être et de
demeurer apolitiques dans nos prises de position et notre mémoire. Il
est donc très impérieux que ces données soient très
bien comprises, M. le Président, si l'on veut véritablement
saisir l'esprit de notre intervention.
L'impact de ce projet de loi, acte présumé
unilatéral de l'Assemblée nationale du Québec, a
engendré dans notre communauté "l'échauffement des
discussions, cause des divisions au sein des familles et des groupes d'amis",
publie notre évêque dans son communiqué de presse du 11
décembre 1981. Et il ajoute: "Ceci risque d'entraîner des
blessures lentes à se cicatriser". L'esprit de notre évêque
et de nos concitoyens nous guidant, nous tenterons, M. le Président, de
vous exposer nos revendications pour qu'après la fusion, nous puissions
jouir d'un climat social sain et fructueux. Ce, au plus grand profit de tous
les citoyens et citoyennes de l'ensemble du Québec.
Nous avons deux revendications qui se lisent comme suit: Une subvention
du gouvernement du Québec pour couvrir la taxe spéciale
prévue à l'article 21 du projet de loi no 37 et qui est
imposée aux citoyens et citoyennes de Hauterive dans la nouvelle ville
de Baie-Comeau. Une garantie expresse de non-augmentation de la taxe
foncière pour les citoyens et citoyennes de Baie-Comeau.
Pourquoi l'Assemblée nationale projette-t-elle d'exiger des
anciens et anciennes citoyennes de Hauterive une taxe foncière
spéciale, répartie sur une période de cinq ans,
décroissante et dont la totalité se chiffre à la somme de
2 100 000 $? (1 h 15)
Les contribuables de la ville de Hauterive ont subi, en 1972, la loi 50
dont les effets rétroagissaient au 1er janvier 1971. Ils ont alors perdu
des revenus annuels à long terme pour des sommes très
considérables. C'est une Assemblée nationale du Québec qui
a décidé de ce faire. Vous êtes, M. le Président,
une Assemblée nationale du Québec. Les hommes politiques passent,
mais l'Assemblée nationale du Québec demeure. La notion de
responsabilité gouvernementale, ministérielle et parlementaire ne
doit pas se diviser dans le temps.
Les contribuables de la ville de Hauterive ont alors pris leurs
responsabilités et assumé de leurs deniers cette perte immense.
Pourquoi doit-il en être autrement pour une société par
actions que pour une société d'État? Que dire de
Manicouagan Power? Malgré tout, les contribuables de la ville de
Hauterive, "sous la main de Dieu" -voir les armoiries de la ville de Hauterive
-ont pris leur destinée en main et ont continué à
développer leur communauté. La quasi unanimité
règne dans les deux communautés au niveau de la perception de
cette loi 50. Ce fut une injustice.
À nos côtés, nous avons 5894 signatures, nous avons
5894 citoyens et citoyennes des villes de Baie-Comeau et Hauterive exigeant,
directement ou indirectement, le droit de taxation sur les barrages de Manic 1
et de Manic 2 ou une quelconque garantie expresse de non-augmentation du
fardeau fiscal en regard de la fusion. D'autres signatures nous parviendront
d'ici peu puisque la pétition, avec son coupon-réponse,
paraît dans le journal Le Plein Jour du 15 décembre 1981,
aujourd'hui, n'ayant pu paraître dans le journal Le Nordic du 11
décembre 1981 pour des raisons et des circonstances hors du
contrôle de notre comité.
Le projet de loi no 37, en son article 21, recrée une injustice
et manifeste une inconséquence. L'injustice est reliée au fait
que les anciens contribuables de la ville de Hauterive ont à payer plus
que les contribuables de la ville de Baie-Comeau dans la nouvelle ville. Il
s'agit là d'une discrimination en rapport avec l'appartenance
territoriale chaudement défendue par l'Assemblée nationale du
Québec actuelle. Notre Charte des droits et libertés de la
personne commande la suppression de cette taxe foncière spéciale
et de l'article 21 du projet de loi no 37.
L'inconséquence est reliée à l'esprit de la fusion
qui passe par l'intégration et la normalisation. Nous nous expliquons.
Cette
Assemblée nationale a capté l'orientation à donner
à notre région. Elle a du même coup décidé
d'intégrer des immobilisations, des équipements et des services.
Elle a donc décidé d'intégrer des dépenses
reliées à l'exploitation de ces immobilisations,
équipements et services. Il s'ensuit donc une normalisation des
dépenses après fusion. Pourquoi en est-il autrement au niveau des
revenus? Nous nageons dans l'incongruité la plus totale.
Lorsque l'on fusionne des dépenses, l'on fusionne des revenus.
Qui plus est, il s'agit d'une ingérence et d'une attaque directe
à l'autonomie municipale. En effet, "le regroupement municipal... c'est
purement une question de géographie, de services et d'efficacité;
une municipalité n'est pas libre de battre en brèche la notion
primordiale de bien commun", disait feu Pierre Laporte. Il arguait que
"l'autonomie municipale ne dépend ni du nombre des municipalités,
ni de leur grandeur. C'est essentiellement la liberté que leur laisse le
gouvernement de s'administrer sans ingérence de l'autorité
supérieure." Il s'ensuit donc que la taxe foncière
spéciale imposée aux anciens citoyens de Hauterive, dans la
nouvelle ville de Baie-Comeau, est une attaque à l'autonomie municipale.
Le conseil de ville du nouveau Baie-Comeau devra décider de la taxation
foncière, et il n'est pas dans le rôle de l'Assemblée
nationale du Québec de ce faire.
Concernant l'exigence des contribuables de l'ancien Baie-Comeau au sujet
de la garantie expresse de non-augmentation de la taxe foncière, nous
nous expliquons. Nous avons utilisé le qualificatif "expresse" pour bien
démontrer qu'il fallait un texte, écrit à ce sujet. Nous
avons l'impression qu'il est inutile d'épiloguer plus abondamment mais
qu'il suffise, M. le Président, de noter qu'il est de
notoriété publique que la politique entraîne - trop
souvent, d'ailleurs - des politiciens à promettre mer et monde et
à ne plus, par la suite, concrétiser les attentes des citoyens et
citoyennes.
Pourquoi doit-on octroyer cette garantie? Les contribuables de la ville
de Baie-Comeau ont pu, par le passé, jouir d'un privilège de
taxation foncière rare au Québec, ceci à cause de
l'existence de trois grosses entreprises à l'intérieur de ses
limites territoriales et parce que sa population ne comprenait pas tous les
individus qui travaillaient à ces trois grandes entreprises. "De
puissance comblée" (les armoiries de Baie-Comeau) elle fut, est et doit
demeurer. Son nom est celui de la nouvelle ville. Elle doit, "sous la main de
Dieu, de puissance comblée", continuer à se développer
à un rythme combiné pour le plus grand bien de sa population et
de tout l'ensemble du Québec. Baie-Comeau est une ville qui a su
développer son marketing à l'étranger de façon
incomparable à toute autre ville du Québec en rapport avec une
population comme la sienne. L'intégration et la normalisation ne doivent
pas s'interpréter, se comprendre et se définir ainsi que se
manifester par une perte pour certains et un profit pour les autres. Il s'agit
plutôt d'un mécanisme de cooptation d'énergie devant
accélérer le processus de développement de chaque
entité antérieure.
Revenons aux contribuables. Revenons à l'Assemblée
nationale du Québec.
L'Assemblée nationale du Québec veut-elle créer une
ville puissante? Si oui, elle doit immédiatement en payer le prix. Ce
n'est pas une injustice pour le reste des citoyens et citoyennes du
Québec, c'est un investissement à moyen terme pour l'ensemble du
Québec. Saisissons l'occasion de s'émanciper, croître et
grandir au Québec, pour le mieux-être du Québec tout entier
qui, par sa nouvelle ville de Baie-Comeau, se fera davantage connaître
à l'extérieur. Osons, n'ayons pas peur, nous sommes un peuple de
travailleurs acharnés qui doit se doter de structures fortes pour percer
à l'étranger. La clef du succès, nous l'avons; ce sont, M.
le Président, nos énergies humaines bien canalisées.
Cependant, si le projet de loi no 37 ne garantit pas cette
non-augmentation de la taxe foncière pour les citoyens et citoyennes de
l'ancien Baie-Comeau, nous manquons le bateau. En effet, si le contribuable de
l'ancien Baie-Comeau doit payer plus en taxe foncière après la
fusion, il en voudra énormément à votre Assemblée
nationale, mais davantage il en voudra aux contribuables de l'ancienne ville de
Hauterive. Cet état négatif postérieur amplifié
nous fera perdre beaucoup de temps pour manifester une ville "sous la main de
Dieu, de puissance comblée". L'humain, dans ces circonstances, ne
devrait pas avoir de mémoire, mais tel n'est pas le cas.
Vous êtes, à un certain niveau, les administrateurs d'un
peuple. Pouvez-vous laisser passer l'occasion d'un bon investissement?
Devez-vous transplanter l'arbre dans un sol propice à son expansion?
Devez-vous sacrifier une véritable intégration sociale absolument
nécessaire à la fusion en considération de certains autres
programmes gouvernementaux? Ce qui mérite d'être fait, M. le
Président, mérite d'être bien fait.
Si la présente Assemblée nationale du Québec sait
installer des structures rentables, de même que celles qui lui
succéderont, nous pourrons alors faire convenablement instruire nos
enfants, les faire travailler en temps et lieu et secourir nos personnes
âgées.
Depuis au moins 1960, l'Assemblée nationale du Québec a pu
connaître l'orientation qu'elle devait promouvoir en ce qui regarde la
fusion des villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Le rapport Henri
Mhun concluait à une fusion des deux villes. Un peu plus tard,
les contribuables des deux villes, par la voix de la Jeune chambre
Baie-Comeau-Hauterive, tiraient encore une conclusion favorable dans le sens
d'une fusion. Postérieurement, les leaders de l'époque,
réunis par le comité interassociation, composé de
représentants des organismes socio-économiques, arguaient dans le
même sens. Vers 1971, le rapport Price Waterhouse concluait aussi
à la fusion des deux villes. Depuis, donc, au moins 1971,
l'Assemblée nationale du Québec aurait dû manifester cette
volonté collective.
Le Président (M. Rodrigue): Je voudrais vous signaler
qu'il reste deux minutes.
M. Dufour: Deux minutes?
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je vous demanderais de
conclure, si possible.
M. Dufour: Pourquoi cela ne fut-il pas fait? Pour des raisons
politiques ou autres; il ne nous incombe pas d'expliciter ce niveau. Par
contre, qui en a subi les effets? Ce sont nos concitoyens des villes de
Hauterive et Baie-Comeau. Quels sont ces effets? De nombreux dommages moraux
non quantifiables, mais compensables. Un dédoublement
d'équipements municipaux, d'immobilisations municipales et de services
municipaux très coûteux pour les citoyens des deux villes qui
n'eussent pas administré de cette façon, n'eût
été l'absence d'une véritable planification en regard de
ces deux villes depuis une décennie.
En plus, cette inaction a empêché le développement
industriel qui aurait pu se manifester et a orienté davantage le
développement gouvernemental, tant provincial que fédéral,
en d'autres lieux. C'est une immense perte qui exigerait une immense
compensation.
Cette Assemblée nationale du Québec doit rendre à
César ce qui est à César. Elle doit, premièrement,
compenser l'écart entre l'endettement de la ville de Hauterive et celui
de Baie-Comeau, d'égal à égal. Elle doit de plus injecter
et s'engager à injecter de l'argent de façon expresse, sur une
base annuelle et sur une période de dix ans, pour les coûts
réels reliés à la fusion des deux villes et ce, dans
l'esprit d'une juste compensation pour tous les torts qui nous furent
causés par l'inaction de l'Assemblée nationale du Québec
depuis au moins une décennie et pour pouvoir ainsi réaliser une
fusion complète, intégrale.
C'est donc, M. le Président, sur cette note de justice, seule
véritable garantie de la paix sociale, même en période de
compression budgétaire et surtout durant cette période, que nous
vous remercions pour l'écoute active que vous avez manifestée et
pour la justice que vous pouvez matérialiser. Au nom du Comité de
citoyens et citoyennes des villes de Baie-Comeau et de Hauterive, nous en
profitons, M. le Président, pour vous transmettre, ainsi qu'à
tous les membres de l'Assemblée nationale du Québec, nos
meilleurs voeux de paix profonde en regard de la nouvelle année qui
frappe à notre porte et qui est une année clé pour tous
les hommes et les femmes de bonne volonté.
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie les
représentants du Comité de citoyens des villes de Baie-Comeau et
de Hauterive. M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): Je remercie le représentant
du comité de citoyens des deux villes, Baie-Comeau et Hauterive, de son
mémoire. Je vois qu'ils ont pris une position très nette en
faveur du regroupement des deux villes en une seule. Evidemment, on pourrait
s'expliquer davantage sur tous les avantages financiers qui sont à tirer
de cela. (1 h 30)
Je voudrais, cependant, faire une remarque par rapport à ce
mémoire. La taxe foncière est relative à des services
fournis à la propriété, de sorte qu'on ne peut pas
demander le même traitement que, par exemple, à l'impôt sur
le revenu qui est relié plutôt à la personne. Il y a donc
certains écarts qui, nécessairement, en découlent. Mais
dans ce cas, les écarts sont considérables et débordent
cette simple notion à l'heure actuelle, parce que les mêmes
services ne sont pas partagés de la même façon. Au point
où cela en est, je pense que nous allons prendre en considération
les remarques que vous nous avez faites au cours de ce mémoire et nous
verrons, dans la mesure du possible à en tenir compte. Je vous remercie
beaucoup de votre témoignage.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai trouvé
très intéressante la présentation. Je vous en remercie.
Vous avez soulevé un point au début à savoir que vous
aviez quelque 5000 signatures de citoyens de Hauterive et de Baie-Comeau qui
demandaient au gouvernement de reconnaître et d'apporter les correctifs
concernant Manicouagan, le barrage hydroélectrique. Est-ce que ces
signatures sont les mêmes que les quelque 4000 signatures dont on a
parlé tantôt? Est-ce que cela fait partie des mêmes
télégrammes que le gouvernement a reçus, ou si ce sont de
nouvelles signatures d'autres personnes? J'aimerais savoir aussi de votre part
quelles questions étaient posées à ces gens pour qu'ils
puissent apposer leur
signature et de quelle approche on s'est servi pour le faire.
M. Dufour: II ne s'agit pas du même comité, donc il
ne doit pas s'agir des mêmes personnes, j'imagine. Ce sont d'autres
signatures. Les deux questions qui ont été posées sont
inscrites au mémoire. Ce ne sont pas des questions qui ont
été posées, ce sont plutôt des revendications qui
ont été faites. D'abord, la suppression de l'article 21 avec une
subvention de 2 100 000 $. Puis une garantie expresse de non-augmentation qui
peut se manifester entre autres par le droit de taxation sur les barrages de
Manic I et de Manic II ou autrement. Il y a des possibilités au niveau,
par exemple, de l'expansion de la Société canadienne des
métaux Reynolds. Évidemment, nous voulons cependant des choses
expresses. Nous voulons des garanties expresses. On ne veut pas se faire dire
que cela va se faire. On veut des choses qui se passent à l'heure
actuelle. On veut du cash. On veut les choses cash par écrit ou en
liquide. En tout cas, ce qu'on veut, ce sont des choses cash.
M. Rocheleau: Est-ce que je peux ajouter que cela devient
conditionnel à l'acceptation d'une fusion forcée?
M. Dufour: Je n'embarquerai pas. Vous ne me ferez pas embarquer
dans ce dilemme. Les citoyens et les citoyennes, nos concitoyens ont
fonctionné en ce sens. On a dit au début qu'on n'était ni
profusion, ni antifusion. Nous avons tenu pour acquis que le projet de loi no
37 entrerait en vigueur le 1er janvier 1982 et nous nous sommes orientés
en fonction de l'entrée en vigueur de cette loi. De cette façon,
nous exigeons certains accommodements pécuniaires puisqu'il ne s'agit
pas pour nous d'une discussion de principe. D'ailleurs, M. Francis Dufour,
maire de Jonquière, ancien candidat, ancien maire d'Arvida qui
était totalement antifusionniste à l'époque, a bel et bien
déclaré - je l'ai rencontré en fin de semaine - que la
fusion n'est pas une question de principe. C'est une question de dollars. C'est
une question de piastres purement et simplement.
M. Rocheleau: Mais, M. le Président, cela veut dire que le
nombre assez imposant de signataires à la demande
considérée d'apporter les correctifs face au barrage de Manic et
ainsi de suite, est-ce que vous êtes prêts à attendre une
réponse qui peut venir dans trois mois, six mois, un an, ou si vous
exigez cette réponse avant que cette loi puisse être
adoptée?
M. Dufour: Le mandat qui nous a été donné
effectivement est de requérir des modifications au projet de loi, de
requérir des modifications à la lettre du projet de loi. On ne
s'attaque pas à l'esprit du projet de loi. L'esprit du projet de loi est
là. On le respecte. On respecte la loi, tout simplement, mais, au niveau
de la lettre et surtout au niveau des effets de la lettre de la loi, cela veut
dire qu'on veut du foin, on veut du "bacon", on veut du foin, c'est tout. On
n'essaiera pas de nous diviser. L'Assemblée nationale, à l'heure
actuelle, va essayer de nous diviser. Nous sommes déjà
divisés, mais il est important, je pense, de constater que cette
division apparente n'est peut-être qu'apparente, en ce sens qu'il se
pourrait, à un certain moment, que l'unité se fasse a contrario,
que l'unité puisse se faire, mais on ne veut pas se faire jouer dans les
tripes. En fait, les citoyens et les citoyennes des deux villes ne veulent pas
se faire jouer dans les tripes. On nous a exploités depuis au moins 1971
et on veut que cela cesse. On réclame justice pour le passé. La
responsabilité ministérielle, la responsabilité
parlementaire et la responsabilité gouvernementale, je pense que cela ne
se dissocie pas dans le temps. On ne peut pas se laver les mains et dire
qu'à l'époque, dans le temps, c'étaient des
libéraux. Que ce soient des libéraux, que ce soient des
péquistes, que ce soit n'importe qui, il y a une notion de justice qui
prime tout cela, qui prime tous les hommes et toutes les femmes. La justice est
en dehors de cela et on a droit à des compensations. Même si on
nous dit ou si on veut nous faire dire qu'on n'a pas d'argent, de l'argent, on
en a. Je le sais qu'on a de l'argent. C'est évident qu'on a de l'argent.
Le gouvernement a de l'argent. Le gouvernement fait comme les autres
gouvernements mondiaux. Tout le monde dit: On n'a pas d'argent et on fait peur
à tout le monde pour être capable de contrôler certaines
choses sous les influences de multinationales. On n'est quand même pas si
bêtes pour ne pas s'apercevoir de ces choses.
Le Président (M. Rodrigue): Merci. M. le
député de Saguenay.
M. Lessard: Vous avez parlé d'une loi normale. J'en
conviens. J'aurais aimé mieux avoir une loi volontaire. Je vous pose
encore la même question, Me Dufour. D'après l'expérience
que vous avez du milieu - parce que je voudrais quand même avoir des
réponses - d'après l'expérience que vous avez du milieu,
une fusion volontaire aurait-elle été possible?
M. Dufour: Je ne crois pas.
M. Lessard: La deuxième question est la suivante: Vous
parlez de la taxe spéciale. L'objectif de la taxe spéciale - je
ne l'aime pas plus qu'il ne le faut non plus - c'est
justement pour éviter quand même - parce qu'il y a des
avantages à la fusion pour les citoyens de Hauterive, il ne faut pas
pénaliser non plus les citoyens de Baie-Comeau - la taxe spéciale
est en vue justement de permettre qu'il n'y ait pas une augmentation trop
considérable, à un moment donné, d'essayer de maintenir le
même taux de taxe - c'est certain que ce sera fonction de la nouvelle
administration - le taux de taxe normal à Baie-Comeau, d'éviter
qu'il y ait une augmentation trop considérable.
Vous parlez d'injustices et vous demandez que cette taxe spéciale
soit enlevée. Il est certain... Que voulez-vous? S'il fallait corriger
toutes les injustices qui ont été faites par nos
prédécesseurs, cela coûterait cher.
M. Rocheleau: ... que vous faites là. M. Lessard:
Mais oui, c'est évident.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): Vous allez
être obligés de prendre vos responsabilités, à un
moment donné.
M. Lessard: La loi 50, la loi exemptant les barrages, a
été remplacée maintenant par un nouveau système de
la réforme de la fiscalité municipale. Cela a été
appliqué dans l'ensemble du Québec. Je posais la question
tantôt: Pensez-vous qu'on peut, comme gouvernement, étant
donné que cette loi a fait mal à Hauterive comme elle a fait mal
à Bergeronnes - je me suis battu contre cette loi - comme elle a fait
mal à Forestville, elle a fait mal à plusieurs
municipalités du comté, parce que c'était chez nous qu'il
y avait les barrages et les lignes électriques, etc., et à toute
une série de petites municipalités... Si, par exemple, il fallait
compenser pour cette loi à Hauterive, pensez-vous que c'est possible,
étant donné le nombre de millions de dollars que cela
comporterait? C'est là le problème. C'est une loi qui a
été adoptée sur la proposition de M. Maurice Tessier en
1974. J'étais député de l'Opposition, je me suis battu
contre, mais, que voulez-vous, elle a passé. Si on n'est pas capable
d'abolir cette taxe spéciale, si on n'est pas capable de donner suite
à toutes vos réclamations, est-ce que le Comité de
citoyens de Baie-Comeau et Hauterive est quand même pour la fusion ou
veut-il qu'on retire le projet de loi si on n'est pas capable de compenser pour
ces taxes spéciales, ces injustices? On ne peut pas recommencer à
zéro.
M. Dufour: J'ai trois questions, j'ai compris trois questions.
Premièrement, votre réflexion sur les taxes spéciales pour
dire que ce sont les citoyens qui paieraient la taxe spéciale. C'est que
vous jouez...
M. Lessard: Non, un instant, ce n'est pas cela que j'ai dit, je
m'excuse, sur une question de règlement, M. le Président. J'ai
dit que ce n'étaient pas les citoyens de Baie-Comeau qui payaient la
taxe spéciale, mais que c'était une taxe spéciale pour les
citoyens de Hauterive pour éviter des augmentations considérables
à Baie-Comeau.
M. Dufour: C'est ce que j'ai compris, mais, à ce
moment-là, cela veut dire que vous jouez sur notre division. Vous jouez
tout simplement sur notre division. Vous dites aux gens de Baie-Comeau, puis
vous jouez là-dessus: Les gens de Baie-Comeau, vous allez payer, vous
allez payer pour ceux de Hauterive et, d'un autre côté, vous avez
une loi à caractère de fusion. On ne peut pas jouer sur les deux
tableaux en même temps, parce que cela divise les gens. Les gens de
Baie-Comeau se disent: C'est beau, cette affaire-là, dans la loi, mais
on n'est pas divisés, on est unis. Il ne faut pas penser qu'on est
divisés, on a des apparences de division, mais on n'est pas si
divisés que cela.
Premièrement, l'injustice de Manic I, Manic II, pas capables,
vous êtes capables, vous êtes drôlement capables. Je ne vous
dis pas de taxer à 100%, ce n'est pas cela qu'on dit, mais donnez
quelque chose, mettez quelque chose là, c'est tout à fait normal.
Un industrie quelconque, une organisation quelconque qui génère
des profits au Québec est taxée. Pourquoi en est-il autrement
d'Hydro-Québec? On paie à ce moment-là des taxes - c'est
fantastique comment les citoyens de Baie-Comeau et de Hauterive peuvent payer
des taxes - on se fait voler carrément nos taxes. Qu'il prenne les
profits, que le gouvernement siphonne les profits d'Hydro-Québec
à tort ou à raison, ce n'est pas l'objet de notre discussion,
mais ces profits sont siphonnés par le gouvernement et sont
distribués à l'ensemble des citoyens du Québec. Qui paie
la note? C'est nous qui payons la note, Hauterive et Baie-Comeau.
M. Lessard: Mais, M. Dufour, les barrages sont payés par
les taxes de l'ensemble des contribuables du Québec. Si c'était
juste la région de Baie-Comeau-Hauterive qui avait payé ces
barrages-là, on ne serait pas rendu loin, je ne le pense pas. Maintenant
on parle de subventions, vous parlez de compensations et encore de
compensations. J'ai donné des exemples quand même depuis 1976.
Parce que j'avais soumis avant qu'on sorte un certain montant d'argent, on ne
peut pas toujours en sortir. J'avais soulevé dans une lettre, au mois
d'octobre 1980, que j'ai envoyée aux deux maires, la possibilité
d'une dernière tentative, la possibilité d'une fusion.
C'est-à-dire que c'est le ministre des Affaires municipales, M. Tardif,
qui a envoyé une
lettre aux deux maires leur indiquant que s'il y avait
possibilité d'engager des discussions sur la fusion, les cordons de la
bourse du gouvernement pouvaient s'ouvrir beaucoup plus. La réponse que
nous avons eue du maire Leonard a été si les cordons
étaient ouverts de la part du gouvernement, de le donner à la
ville de Hauterive.
Depuis ce temps-là, on a quand même versé 7 000 000
$ à la ville de Hauterive, à part d'autres montants. Le stade
couvert, la ville de Hauterive n'y a pas participé d'un cent, c'est
l'OPDQ qui a payé. L'aménagement, par exemple, du site 13, c'est
encore l'OPDQ, le fonds de développement, qui a payé. Si je
calculais actuellement les montants versés à la ville de
Hauterive depuis 1976 comparativement au manque à gagner, parce que
c'est 300 000 $ qui ont été perdus vers 1974, qui ont
été perdus annuellement à ce moment-là et
c'était décroissant. Si, par exemple, je ne raisonnais
qu'à partir de ce manque à gagner, soyez convaincus que les
subventions accordées à la ville de Hauterive depuis quelques
années, compensent - il faudrait que je regarde comme il faut -
passablement l'injustice qu'il y a eu dans le passé à la suite du
projet de loi adopté en 1974. Mais le panier du gouvernement n'est pas
sans fonds. Figurez-vous que si on sortait comme cela des millions... D'abord,
il y a une réforme de la fiscalité municipale. Quand vous citez
les barrages, cela a été à la suite des discussions qui
ont été faites à travers le Québec et par des
élus municipaux, il y a une réforme de la fiscalité
municipale qui retaxe Hydro-Québec. C'est-à-dire
qu'Hydro-Québec, selon un système d'achat de kilowattheures,
remet aux municipalités des taxes selon le nombre de kilowattheures
achetés. (1 h 45)
La ville de Hauterive va recevoir cette année 350 000 $, je
pense, sous forme de taxes de la part d'Hydro-Québec. On ne peut pas
taxer à la fois les barrages et garder ce même système.
À la suite de la réforme de la fiscalité municipale, il y
a un nouveau système de taxation d'Hydro-Québec et c'est
ça qu'on a corrigé, justement, cette affaire. On ne peut pas
taxer à deux reprises, soit prendre la répartition selon le
nombre de kilowattheures achetés par une municipalité et la
taxation selon l'impôt foncier. Cela a été le choix que les
municipalités ont fait. On ne peut pas recommencer cette
affaire-là.
M. Dufour: M. le Président, M. Lessard, j'ai eu l'occasion
aujourd'hui de faire comme les autres, d'attendre. J'étais dans la salle
ici en arrière; il y a là des volumes intéressants. Je
lisais un livre sur l'esprit des lois; on y parle de taxation, du rôle
des gouvernements dans la taxation. Il m'a semblé se dégager de
cette lecture - c'est assez difficile à lire, parce que c'est vieux
-que, lorsque ça rapporte des profits, il faut taxer. C'est ce qui m'a
semblé l'esprit des lois.
M. Lessard: Écoutez, il y a des décisions qui ont
été prises, c'est ce qu'on fait, on taxe. Maintenant, vous parlez
toujours d'injustice, Hauterive par rapport à Baie-Comeau, etc. La
fusion va permettre des diminutions de taxe pour la ville de Hauterive.
Malgré la taxe spéciale, pour empêcher des augmentations de
taxe à Baie-Comeau, ça va se confirmer par une diminution. Tout
sera fonction des administrateurs. C'est certain, comme disait Francis Dufour,
l'autre jour, si on est en lune de miel pendant un an et si on se fait des
cadeaux, etc, ça va coûter plus cher; ça va être
fonction des administrateurs. Mais si, vous, comme président du
Comité de citoyens de Baie-Comeau et Hauterive, le gouvernement ne
pouvait pas répondre à toutes les réclamations que vous
faites, est-ce que le gouvernement devrait alors retirer son projet de loi?
M. Dufour: La question, telle que formulée, si je la
comprends bien, c'est si le gouvernement n'accédait pas à toutes
les revendications. C'est évident qu'on ne s'attend pas à tout
avoir, c'est très évident. Mais on veut avoir plus que quelque
chose. C'est ça qu'on veut avoir. On veut négocier avec le
gouvernement du Québec, avec la collaboration, peut-être
postérieure... Vous me posez une question sur quelque chose qui va se
manifester postérieurement au délai présent, mais
peut-être avec l'appui des différents conseils de ville.
M. Lessard: Ne nous basons pas sur des hypothèses. Vous
avez devant vous un projet de loi - j'achève, c'est ma dernière
question - on va tenir compte des revendications, etc., mais, si le
gouvernement du Québec n'était pas capable d'aller plus loin que
ça, étant donné un certain nombre d'injustices que nous
avons corrigées depuis quelques années, si nous n'étions
pas capable d'aller plus loin que ce qui est indiqué dans le projet de
loi, est-ce qu'on devrait retirer le projet de loi? C'est à lui que je
pose la question.
M. Dufour: Le projet de loi a un avantage certain, c'est qu'il
arrête, pour le moins, l'hémorragie. C'est évident. Vous me
dites: Si on dépose ça comme ça, vous autres, du
Comité de citoyens de Baie-Comeau et Hauterive, allez-vous crier? Je ne
le sais pas. On a des revendications qui sont sérieuses. Qu'est-ce qui
va arriver si on dépose ça comme ça, si on adopte
ça comme ça? Je ne le sais pas. On va aller voir nos
membres, on va aller consulter notre population, nos signataires et on
va leur dire: Qu'est-ce qu'on fait avec ça?
M. Lessard: Est-ce que vos membres que vous avez consultés
étaient pour la fusion ou contre la fusion telle que proposée par
le projet de loi?
M. Dufour: Ils étaient en faveur de la fusion, pour autant
qu'il arrive autre chose que ça, ce n'est pas assez ça.
M. Lessard: S'il n'y a pas de "pour autant qu'il arrive autre
chose que ça", sont-ils encore en faveur de la fusion?
M. Dufour: Pardon?
M. Lessard: S'ils n'ont pas de "pour autant qu'il arrive autre
chose que ça", est-ce qu'ils sont encore en faveur de la fusion?
M. Dufour: Je ne le sais pas.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va? Un instant. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais moi aussi remercier les
représentants du regroupement des villes de Baie-Comeau et Hauterive.
Étant donné que j'ai vécu une expérience de fusion,
j'aimerais faire quelques commentaires avant de vous poser une question, M.
Dufour. J'ai été un artisan d'une fusion.
En 1972, je me suis présenté maire d'une ville
spécifiquement pour faire une fusion avec une autre corporation
municipale. J'ai travaillé trois ans à réaliser la fusion
et, effectivement, ce fut une fusion heureuse, puisque tous les
résidents sont satisfaits aujourd'hui. Dans les trois années,
nous avons eu maintes rencontres, beaucoup de consultations, mais nous nous
sommes aperçus, chemin faisant, que l'accrochage est toujours au niveau
financier, fiscal, au niveau des taxes que l'un doit payer, que l'autre doit
payer. La municipalité qui se fait fusionner se dit: Peut-être que
c'est moi qui vais être obligée de payer les règlements
d'emprunts de l'autre. L'entente qu'il y a eu à ce moment, c'est que
chacune des municipalités fusionnées payait ses propres
règlements d'emprunt, ses engagements. Dans ce sens, cela allait bien.
Cela a été assorti, en 1975 - et cela s'est réalisé
au bout de trois ans - d'une aide financière en provenance du
ministère des Affaires municipales. Étant donné que
chacune assumait ses responsabilités, aujourd'hui, il y a encore des
règlements d'emprunt qui sont payés par des résidents
d'une ancienne municipalité et d'autres qui sont payés par
l'autre municipalité, mais il n'y a jamais eu d'accrochage à ce
niveau. Dans votre cas, il me semble que c'est là qu'est l'accrochage.
Si ce n'était de cela, je pense que ce serait fait aujourd'hui.
La question que je vous pose est la suivante: Est-ce que vous croyez que
le projet de loi actuel, étant donné que c'est un
élément de pression quand même... Qu'on le veuille ou non,
il y a une pression qui est exercée sur les résidents
particulièrement de Baie-Comeau, peut-être chez certains
résidents de Hauterive qui ne voudraient pas de fusion. Il reste quand
même, d'après moi, que cela devient un élément de
pression. Face à cet élément de pression, si le ministre
assortissait cette pression, sans aller jusqu'au bout de son intention -
j'espère qu'il n'a pas l'intention d'aller jusqu'au bout, de la forcer,
parce que contre la force, chez nous, on a eu une levée de boucliers,
c'est sûr; d'après moi, on ne force pas une fusion -étant
donné qu'il y a une pression qui est exercée sur les
résidents de Baie-Comeau particulièrement, si cette pression,
dis-je, était assortie d'une aide financière qui permettait
d'harmoniser, si on veut, la taxation des deux municipalités qu'on veut
fusionner, croyez-vous, à la suite d'un référendum assorti
d'une offre financière, qu'on pourrait arriver avec un résultat
concret? Un référendum unique.
M. Dufour: Avec un référendum, pour les deux
villes, je ne vois pas...
M. Dubois: Je dis assorti de compensations
financières.
M. Dufour: Oui, assorti de conditions avec beaucoup d'argent. De
toute façon, que ce soit le Parti québécois ou le Parti
libéral, je sais que vous êtes tous des administrateurs,
premièrement. Je ne suis ni pour l'un ni pour l'autre, mais je sais que
votre intérêt en tant qu'administrateurs d'une collectivité
qui comprend plusieurs régions, entre autres celle de Manicouagan - ce
qui veut dire tout en passant, là où on donne à boire -
que vous voulez investir le moins possible dans une région pour pouvoir
investir dans d'autres régions. C'est clair, net et précis. Vous
ne me passerez pas ce sapin.
M. Dubois: Ce n'est pas un sapin que je vous passe.
M. Dufour: Je vous parle des deux côtés...
M. Dubois: Ma question n'est pas un sapin, loin de là.
M. Dufour: ... pour qu'on soit très clair
là-dessus. Quand on dit: On va en mettre un peu, c'est plus qu'un peu
qu'on veut. On veut obtenir justice. On s'est fait leurrer pendant plusieurs
années. Le développement allait
vite, tant à Baie-Comeau qu'à Hauterive. On n'avait pas le
temps de s'occuper de nos intérêts à nous, citoyens et
citoyennes des villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Si le gouvernement met
pas mal d'argent ou s'il arrive avec d'autres modalités, s'il peut
manifester et réaliser Société canadienne des
métaux Reynolds, expansion, avec un chiffre écrit qui stipule que
la taxation va générer tant d'argent dans la nouvelle ville...
Cela peut être cela aussi, accommodé et combiné avec
d'autres choses. Cela peut être une combinaison d'une taxation sur les
barrages d'Hydro, à un tel pourcentage, pas trop, manifestation de la
Société canadienne des métaux Reynolds pour l'expansion -'
ce serait un autre revenu - et d'une subvention. Cela peut être la
combinaison des trois, mais vous avez trois possibilités, et non pas
dix.
M. Dubois: Remarquez bien, M. Dufour, que la forme d'aide
financière qui pourrait être apportée relève du
ministre, d'une forme ou d'une autre, pour autant que cela satisfasse la
population. Mais croyez-vous que la population serait satisfaite d'une offre
financière même si elle s'oppose à la fusion? Je la
comprends très bien.
M. Dufour: Mon sentiment, ma propre perception de cette chose,
c'est qu'effectivement, en y mettant l'argent qu'il faut de façon que
les citoyens du nouveau Baie-Comeau n'aient pas à être
surtaxés, j'imagine qu'il n'y aurait pas trop de problèmes, parce
que le peuple ne veut rien savoir des grands principes théoriques. Le
peuple mange, se loge. Pour lui, c'est tout de suite, ce n'est pas pour
l'année prochaine. Le peuple n'a pas eu le temps de faire de longues
études. Il ne s'amuse pas avec la théorie. Il mange et le montant
des taxes qu'il paiera cette année, pour lui, c'est très
important. Pour lui, 300 $, des fois c'est la différence entre s'acheter
un paire de bottes ou ne pas s'en acheter, en avoir des neuves ou non, avoir un
petit "coat" neuf ou non. C'est à peu près cela, le peuple.
M. Dubois: Une dernière remarque. Une chose me semble
certaine, c'est qu'il n'y a pas une municipalité fusionnée de
force qui accepterait d'absorber des règlements d'emprunt d'une autre
municipalité qui se fusionne avec elle. Dans ce sens, je comprends les
réticences qui peuvent exister. C'est pour cela que je vous posais la
question à savoir si cela est assorti de mesures financières qui
aideraient la municipalité qui n'accepte pas la fusion. C'est là
le problème, c'est là l'accrochage, je pense. C'était le
sens de ma question.
M. Dufour: Mais c'est plus que cela. On profite de l'occasion, en
fait, on remercie beaucoup le député-ministre d'avoir au moins eu
l'audace, le coeur et le courage de présenter ce projet de loi. Au
moins, cela aura l'effet de faire avancer le dossier. C'est important, parce
qu'on perd énormément, depuis plusieurs années, et pas
à cause de nous autres. Les citoyens et les citoyennes des deux villes
vont prendre une part des responsabilités, mais vous autres, non pas en
tant que personnes, mais en tant qu'Assemblée nationale du
Québec, prenez donc vos responsabilités aussi et payez pour les
dommages que cela nous a causés.
Qu'est-il arrivé à Baie-Comeau et à Hauterive? Des
travailleurs de partout au Québec, des gens qui avaient de la
misère à arriver, des cultivateurs, des gens de coins perdus
n'arrivaient plus et ils sont allés travailler à
Hydro-Québec. C'est cela qui est arrivé. Pour la majorité
des gens, c'est comme cela. Après cela, on a commencé à
installer les services grâce aux gens de l'extérieur. Il y a
évidemment des pionniers de Baie-Comeau et des pionniers de Hauterive,
mais ce sont deux villes relativement jeunes.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais...
M. Dufour: On a dit président tantôt, je m'excuse,
mais c'est le responsable.
M. Rocheleau: Non, je m'adresse au président, je
m'excuse.
Une voix: II s'adresse à notre président. M.
Dufour: Ah! d'accord!
M. Rocheleau: II est peut-être 2 heures, mais on
reconnaît encore le président.
M. Dufour: Parfait.
M. Rocheleau: Je tiens à mentionner au responsable du
Comité des citoyens de Baie-Comeau et Hauterive que nous allons prendre
nos responsabilités et que nous voulons connaître les solutions
que le côté ministériel va offrir aux populations de
Baie-Comeau et de Hauterive afin de résoudre le dilemme que nous
connaissons actuellement.
Vous avez soulevé tellement de questions, vous avez fait
ressortir tellement de points que nous, de l'Opposition, avons l'intention de
jouer notre rôle et de faire respecter, d'une part, la démocratie
et, d'autre part, de ne pas y mettre un cataplasme. On veut régler le
problème de Baie-Comeau et Hauterive et on pense que c'est par des
moyens démocratiques qu'on va le faire.
(2 heures)
Je me permets, en concluant, M. le Président, de vous lire un
télégramme reçu de dernière minute qui s'adresse
sûrement au ministre Lessard. Il pourra sûrement nous
répondre, il est le maître de sa destinée. Il se lit comme
suit: "Je tiens à rétablir un fait cité par le ministre
Lessard tout à l'heure. Il a tenté de se justifier par le fait
d'avoir été élu avec une majorité de 68%. Je tiens
à préciser, et ce, en tant que militant du Parti
québécois depuis onze ans dans le comté de Saguenay, que
jamais nous n'avons accordé le mandat au ministre Lessard pour effectuer
une fusion forcée entre Baie-Comeau et Hauterive. Bien plus, le ministre
Lessard n'a obtenu cette majorité que sur la promesse formelle qu'il
n'effectuerait jamais de fusion forcée. "En terminant, je tiens à
vous assurer que le résultat de l'élection serait tout à
fait différent si cette élection avait lieu demain." M. Gauthier,
membre du comité du Regroupement des citoyens de Baie-Comeau. C'est un
de vos adeptes et fidèles serviteurs.
M. Lessard: Certainement, M. le Président. M. Yvon
Gauthier a été membre de l'exécutif du Parti
québécois; son télégramme est sa
responsabilité; moi, j'ai aussi une responsabilité à
prendre. Je dois dire ceci, M. le Président. Il y a des journalistes
présents ici et, avant les élections, nous avons eu une ligne
ouverte; la question est venue lors de la ligne ouverte et, à ce
moment-là, j'avais indiqué que la fusion serait
réanalysée complètement après
l'élection.
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie les
représentants du Comité de citoyens...
M. Lessard: Si vous voulez avoir une preuve, vous avez ici M.
Hamelin, qui assistait à cette ligne ouverte en tant que
modérateur et il confirme que cela a bien été
discuté.
M. Rocheleau: Vous aviez besoin d'un modérateur.
M. Lessard: Oui.
CRD Côte-Nord
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie le
représentant du Comité de citoyens de Baie-Comeau et Hauterive et
j'invite maintenant... À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!
J'invite maintenant les représentants du CRD de la
Côte-Nord à prendre place et à nous présenter leur
mémoire.
M. Sirois (Yvon): M. le Président, le CRD Côte-Nord
a répondu à l'invitation de faire connaître le point de vue
du Conseil régional de développement de la Côte-Nord sur la
question du projet de loi qui est discuté aujourd'hui.
Pour changer un peu les présentations, nous avons commencé
notre mémoire par une citation qui ne sera pas démentie
étant donné que nous n'avons pas le temps de la démentir
ce soir, elle vient de l'Afrique. La citation vient de M. Doudou Thiam, un nom
qui n'est pas fréquent, nous dit: "II ne faut pas aller ni trop vite,
poussé par une sorte de ferveur ou par un idéalisme d'autant plus
dangereux qu'il fait fi du réel, ni trop lentement par attachement
à des valeurs périmées, ou par le souci de maintenir un
statu quo momentanément favorable mais qui contient à long terme
des germes d'explosion".
L'introduction. C'est avec une certaine hésitation que le Conseil
régional de développement de la Côte-Nord a accepté
de se présenter devant cette commission parlementaire des affaires
municipales, étant donné le court laps de temps qui était
accordé aux organismes de la région Baie-Comeau-Hauterive qui
désiraient se faire entendre au sujet du projet de loi no 37 portant sur
la fusion desdites municipalités.
Quelle sera en fait la philosophie de base qui guidera aujourd'hui notre
intervention auprès de votre commission?
Dans un premier temps, il faut souligner que le Conseil régional
de développement de la Côte-Nord s'est déjà
compromis sur le sujet de la fusion de la ville de Baie-Comeau et de la ville
de Hauterive en participant activement à la réalisation du
mémoire Demain publié en 1970 et cela en siégeant au sein
d'un comité interassociation qui regroupait les chambres de commerce des
districts de Baie-Comeau et de Hauterive, la Jeune chambre
Baie-Comeau-Hauterive, la Confédération des syndicats nationaux,
la Fédération des travailleurs du Québec et le Conseil
régional de développement de la Côte-Nord.
Nous citons ci-dessous quelques conclusions du rapport qui ont
particulièrement attiré notre attention. Il y en a plusieurs, je
me contente d'en lire deux mais les autres, les membres les ont entendues
aujourd'hui ou pourront facilement en prendre connaissance. Une disait ceci:
"D'ailleurs, volontaire ou forcé, nous croyons que le regroupement
interviendra tôt ou tard - c'était en 1970 - dans des conditions
de négociations qui deviendront de plus en plus difficiles et
embarrassantes à mesure que le temps passera." "D'autre part - un autre
paragraphe dans l'ensemble des sept paragraphes qui sont cités - nous
souhaitons par conséquent une fusion volontaire, en 1970,
négociée d'égal à égal, mais nous
préférerions encore l'annexion au statu quo."
II va cependant de soi que le Conseil régional de
développement de la Côte-Nord ne saurait accorder aujourd'hui son
aval au projet de fusion mis sur la table sans au préalable livrer
parallèlement aux conclusions citées ci-dessus ses
appréciations et commentaires sur le cheminement de ce dossier chaud
pour ne pas dire extrêmement brûlant depuis les années
soixante jusqu'à cette journée. De ce fait, il a fallu limiter
notre action dû au temps qu'on avait à une étude sommaire
des documents mis à notre disposition et dégager ensuite les
recommandations qui seront principalement axées sur le
développement économique du futur grand Baie-Comeau.
Le phénomène fusion. Il ne semble définitivement
pas exister de bible de référence qui déterminerait dans
cette grande ligne une méthode miracle pour réaliser dans la paix
et la sérénité sans heurts et sans grincements de dents la
fusion de deux villes. De prime abord, s'il n'existe aucune ambition de
prestige, exemple, devenir une métropole ou une capitale
régionale, s'il n'existe pas aucun problème financier
insurmontable, exemple entre ville dortoir et ville industrielle; s'il n'existe
aucune absence de services exigés par la population, exemple, dans les
petites agglomérations versus les agglomérations peuplées
mieux nanties, il n'apparaît pas évident que dans de tels cas
germera, d'une façon spontanée, un processus de fusion entre les
localités mises en cause.
Par ailleurs, ce phénomène de fusion semble surtout
s'enclencher, quand des situations critiques exigent de la part du plus grand
nombre pour trouver des solutions valables à court, moyen, et long
terme, à la condition de rassembler autour de la même table dans
un réel souci de progrès social et économique les
belligérants d'hier. Les dernières assemblées publiques
tenues tant à Baie-Comeau qu'à Hauterive semblent avoir
buriné dans les esprits des prises de position qui apparaissent
irréductibles; d'ailleurs, on n'a qu'à regarder les bulletins de
onzième heure publiés respectivement par Baie-Comeau et par
Hauterive, ils présentent des données si diamétralement
opposées qu'il devient difficile pour l'observateur de voir clair et de
cerner la vérité dans les positions ardemment défendues
par l'une ou l'autre des parties en cause. Il apparaît alors normal de
remettre son sort entre les mains des autorités supérieures.
Fusion. Cas de la ville de Baie-Comeau et de la ville de Hauterive. Il
n'y aura jamais d'omelette sans casser des oeufs; on l'a dit déjà
au début de la journée. Si l'autorité politique
supérieure juge important de baliser occasionnellement la
démocratie, dans certains cas jugés urgents parce que
stationnaires, d'intervenir énergiquement et de parachuter des solutions
seules jugées efficientes, il faut lui savoir gré d'assumer une
responsabilité lourde de conséquence tant à cause des
sentiments qu'elle affecte que de l'émotivité qu'elle
engendre.
À première vue, il apparaît à notre organisme
qu'il fallait trancher une fois pour toutes un débat qui
s'éternisait et qui laissait sans cesse apparaître dans tous les
dossiers traités dans les deux villes une sorte d'épée de
Damoclès menaçant l'une ou l'autre des parties en cause selon les
différents enjeux.
D'autre part, il est essentiel de souligner que les règles du jeu
fixées dans le projet de loi no 37 ne doivent pas indûment
pénaliser l'une ou l'autre des deux villes qui formeront le futur grand
Baie-Comeau.
Nous ne saurions trop insister sur la nécessité que le
gouvernement assure à la nouvelle entité municipale un apport
financier très substantiel qui lui permettra de faire face à des
obligations futures qui menacent d'hypothéquer lourdement toute la
région concernée. De là l'importance pour nous de
souligner dans le chapitre suivant plusieurs grands paramètres qui se
dégagent des documents qui nous sont passés entre les mains,
quelques communs dénominateurs tirés des documents
étudiés. Même une analyse superficielle des principaux
documents traitant de la fusion des villes de Baie-Comeau et de Hauterive nous
permet de conclure à l'émergence de plusieurs
dénominateurs communs. Nous nous contenterons de n'en signaler que
quelques-uns.
A. La fusion, l'annexion ou le regroupement sont recommandés.
Ici, on cite les différents rapports, vous avez le rapport Martin, celui
de la jeune chambre, etc. Vous avez les citations. Nous citons cependant deux
courts extraits du rapport Major et Martin. Il n'en demeure pas moins que le
rapport Major et Martin n'avait pas comme mandat spécifique
d'étudier la fusion. Il reste que, quand même, à
l'intérieur de son mandat, de ses objectifs, le rapport Martin a cru bon
de toucher à la question de la fusion de la façon suivante: "La
nécessité de regrouper les villes de Baie-Comeau et de Hauterive
fait depuis longtemps l'objet d'un consensus - si on dit consensus pour dire
que tout le monde désire la fusion ou la veut, je ne le sais pas, mais
d'un consensus, comme s'il y avait une opinion générale
regroupée - tant au niveau de la population régionale que des
divers organismes locaux et instances gouvernementales. "Le
développement du potentiel de la région requiert un centre unique
de décision qui n'est pas favorisé par le contexte actuel de la
rivalité, etc.." La citation continue.
B. Un deuxième paramètre ou point commun. Les
mémoires présentés insistent sur la présomption
qu'une administration
unique engendrerait des économies réelles, des services
coordonnés. C'est une présomption. Nul besoin de citer ici des
tableaux qui prouvent cette présomption.
C. Les projections - et c'est baroque parce qu'il y a toute une
série de notes qu'on aurait pu relever mais on n'en a pas eu le temps -
de populations s'avèrent largement erronées dans les
différents mémoires. Alors, si les villes font des
aménagements ou aménagent les infrastructures en fonction ou en
vertu de ces projections, on peut se réveiller un peu comme le cas de la
ville de Sept-Îles qui pourrait loger 75 000 personnes à peu
près avec son infrastructure mais qui, à cause des circonstances
descend; à ce moment, les dettes sont encourues à cause d'une
projection d'une étude sérieuse.
D. D'une manière générale, il est affirmé
dans les mémoires qu'une fusion n'entraîne aucune augmentation de
personnel. Or, on sait très bien que de deux bulletins ou deux
publications émanant respectivement de Baie-Comeau et de Hauterive, une
prouve une chose, l'autre prouve le contraire. À ce moment, de quelle
façon fait-on la démarcation?
E. De manière générale, les différents
mémoires oublient pudiquement de souligner que la fusion pourrait
possiblement entraîner à ses débuts certains
problèmes. Les mémoires font à peu près abstraction
de cela, comme cela s'est vu lors de la fusion d'autres municipalités,
on pourrait dire, entre autres, lors de la naissance de la ville de Laval
où le nombre d'employés avait largement augmenté dans les
premières années. C'est comme si l'on tenait pour acquis que
l'opération fusion se réalisera pour le mieux dans le meilleur
des mondes. Ce qui est un peu de l'angélisme.
F. Plusieurs documents, parmi les plus récents, mettent en relief
des citations de politiciens qui avaient pris des engagements fermes et
solennels d'être pour ou d'être contre toute fusion involontaire.
On a expliqué un peu dans quel contexte ces engagements... Je me
contente de le souligner. Nous tenons à souligner ici que l'histoire
politique des dernières années a largement démontré
que les politiciens ont l'art de pratiquer les replis stratégiques et
qu'il devient de plus en plus difficile de leur en tenir rigueur. Pour les
observateurs les plus avertis, il est de rigueur de reconnaître la
justesse du dicton populaire - et ça vaut pour tout le monde: "C'est
prouvé que l'on est plus fin aujourd'hui que de reconnaître que
l'on s'est trompé hier."
(2 h 15)
II est regrettable qu'aucun document consulté ne fasse
état d'études comparatives entre les avant et les après
fusion dans les différents projets de ce genre qui ont
déjà été concrétisés ailleurs au
Québec. Il est à souhaiter que des chercheurs se penchent un jour
sur ce genre de recherche pour permettre de dégager des balises valables
susceptibles d'être appliquées dans d'autres cas qui se
présenteront au Québec.
En dernier ressort, nous soulignons que les sondages de 1970 et de 1981
sembleraient démontrer que les populations respectives de Baie-Comeau et
de Hauterive se sont globalement prononcées en faveur de la fusion - je
parle de la population en général - selon les pourcentages
suivants: En 1970, 60%; en 1981, 57%. Il est à noter que, dans ces
sondages, la population de Baie-Comeau vote majoritairement contre et que celle
de Hauterive vote majoritairement pour. Il apparaît donc que les opinions
sont maintenant cristallisées et qu'une telle situation justifierait en
quelque sorte le gouvernement de trancher un débat qui menaçait
de s'éterniser, si l'on tient compte des pourcentages recueillis dans
l'une ou l'autre des villes. Pour le bénéfice des membres, on
donne le dernier sondage du Nordic réalisé en décembre,
qui paraît à la fin du mémoire.
Il est bon également de souligner que les autorités de la
ville de Hauterive ont préconisé depuis de nombreuses
années la fusion des deux villes, selon certaines modalités plus
ou moins identifiées, alors que les autorités de la ville de
Baie-Comeau ont régulièrement invoqué des arguments pour
contrer un tel projet et, encore là, différentes formes
d'arguments.
Les vrais problèmes versus les vraies solutions. Pourquoi la
fusion des deux villes? Les différents mémoires donnent des
éléments de réponse. Le mémoire de la jeune chambre
parle "d'éliminer sans aucun doute les retards, les tiraillements, les
indécisions, etc." Le mémoire Demain souligne: "La division de
nos structures politiques internes paralyse dangereusement nos efforts à
l'extérieur. Face aux investisseurs, par rapport à nos
concurrents, comme aux yeux des gouvernements fédéral et
provincial, notre manque de cohésion affecte gravement nos mouvements de
pression et notre crédit." Je pense que toutes les
délibérations aujourd'hui ont démontré que
même politiquement on peut aller d'un bord ou de l'autre. Ce n'est pas
forcément une cohésion entre les deux municipalités.
Le rapport Price Waterhouse et associés insiste sur les
économies possibles, mais il n'en demeure pas moins que ce rapport dit
que, possiblement, une économie d'environ 400 000 $ a été
réalisée à l'époque. Cependant, il dit: Nous ne
garantissons pas cela, ça dépendra de l'administration. Il faut
quand même tenir compte de la restriction formulée dans le rapport
de Price Waterhouse à propos de ces fameuses économies.
Un mémoire présenté par la ville de
Hauterive, en avril 1980, à plusieurs ministres du cabinet
provincial résume les circonstances qui ont amené la ville de
Hauterive à vivre une situation financière de plus en plus
critique. Le document affirme: "Nous croyons qu'une solution définitive
passe par des modifications législatives qui aboliraient tous les
régimes d'exception qui nous défavorisent, car si nous voulons un
jour parler de fusion il faudra que les deux agglomérations y voient des
avantages; nous n'oublions pas que c'est l'actuel gouvernement qui a mis fin au
régime de fusion obligatoire." Une phrase qui est peut-être la
plus lourde de signification, à la toute fin du document: "Nous
recherchons une solution définitive et globale." C'était le
mémoire de la ville de Hauterive.
Le Président (M. Rodrigue): M. Sirois, est-ce que je
pourrais vous demander de conclure, s'il vous plaît? Il reste deux
minutes.
M. Sirois: Oui, ça va aller, dans deux minutes, pas de
problème.
Après la déclaration de M. Lévesque qui disait: "II
est, en effet, illogique que la ville résidentielle subventionne le
développement de la ville industrielle", la vraie question est ainsi
posée, la question des finances, et la vraie réponse semble
vouloir être fournie par le projet de loi no 37. Il apparaît donc
que l'aspect clef de cette fusion décrétée par le projet
de loi no 37 semble polarisé autour des aspects financiers
passés, actuels et futurs des deux villes. Cette question est capitale
car il faudra obtenir du gouvernement qu'il s'engage à verser un
pourcentage d'argent aussi élevé qu'avant dans des projets
majeurs que le nouveau Baie-Comeau devra réaliser.
Il sera donc essentiel dès le départ de poser un
diagnostic précis, de fixer les objectifs à atteindre, de dresser
un programme d'action, de passer à l'action et, en dernière
ligne, d'avoir des mécanismes de référence pour apporter
les correctifs qui s'imposeront en cours de route. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie, M. Sirois.
M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): M. le Président, je remercie
le directeur général du Conseil régional de
développement de la Côte-Nord. Je voudrais faire quelques
remarques. Je suis très heureux de la problématique qu'il met sur
la table.
Juste avant le départ, sur les replis stratégiques, je
n'ai pas dédit ce que j'avais dit à l'époque, je l'ai
simplement situé dans son contexte et je le redirais. Il ne s'agit pas
du tout d'un repli stratégique, c'est une affirmation qui reste.
Maintenant, sur le projet lui-même, je pense bien que le CRD joue
un rôle de concertation au plan socio-économique sur la
Côte-Nord et j'aimerais que vous nous parliez un peu des perspectives que
peut ouvrir la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive par rapport à son
rôle sur la Côte-Nord.
M. Sirois: M. le Président, il y en a un qui disait qu'il
était sur la Côte-Nord depuis six ans et demi, moi, j'y suis
depuis dix-huit mois, dans un cadre de réorganisation de structures et
de programmation du CRD. Une constatation face aux problèmes
économiques c'est que, régulièrement, tous les
problèmes qui touchent la région immédiate de Baie-Comeau
et de Hauterive, vers l'est ou vers l'ouest également, problèmes
qui ont été portés à notre connaissance ou ont fait
le sujet - lors d'un sommet socio-économique à Forestville - de
discussions, ces problèmes semblent - je dis bien - confronter
continuellement deux villes et retarder la réalisation ou la
coordination de projets. Exemple qui a été souvent cité,
la fameuse réalisation du parc industriel. On a fait une autre
expérience, un projet de marina a été mis de l'avant
à Baie-Comeau, projet qui semblait être réalisable;
automatiquement il y a eu un projet de marina mis de l'avant à
Hauterive. A ce moment, cela a certainement comme effet immédiat,
premièrement, de mettre deux parties face à face, en
deuxième lieu, de retarder la réalisation des projets et, en
troisième lieu, d'amener devant les autorités gouvernementales,
qu'elles soient fédérales ou provinciales, les organismes
gouvernementaux des points de vue très souvent diamétralement
opposés. Cela retarde la réalisation et cela a un impact
économique.
M. Léonard (Labelle): À cause surtout de la
concurrence qui se fait entre les deux villes. Mais, sur un plan de
perspective, est-ce que l'intégration des deux villes va, à votre
avis, donner beaucoup plus de force à la nouvelle ville pour mousser le
développement sur la Côte-Nord?
M. Sirois: II est évident que s'il y avait une
coordination qui s'exerçait si ça devenait une ville, mais aussi
une coordination d'efforts dans la promotion, une coordination d'efforts au
point de vue industriel, une coordination d'efforts au point de vue de la PME,
une coordination d'efforts au point de vue de localisation, à ce
moment-là, ça pourrait favoriser le développement. Mais il
faut à tout prix que le projet de loi no 37, d'une façon ou d'une
autre, n'aille pas pénaliser cette future grande ville à un point
tel que, économiquement parlant, elle se trouve dans une situation
difficile. Nous n'avons pas eu assez de temps pour analyser,
faire des enquêtes ou des perspectives, analyser le diagramme pour
dire: C'est possible. Mais une ville de 25 000 de population qui coordonne son
effort de promotion industrielle, son effort de promotion touristique, son
effort de promotion commerciale, c'est mieux que deux villes qui se font la
lutte, en soi. Mais il faut tenir compte des conditions dans lesquelles on
réaliserait la fusion de deux villes comme celles-là pour ne pas
risquer, au lieu d'aller vers un effet positif, d'aller vers un effet
négatif.
M. Léonard (Labelle): M. le Président, c'est tout
pour l'instant. Je reviendrai tout à l'heure.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. M. le directeur
général, vous qui faites partie d'un organisme de consultation et
de concertation, pourriez-vous me dire si on doit effectivement consulter les
populations respectives des deux municipalités, soit Hauterive et
Baie-Comeau? Sûrement que je m'attendrai à une réponse
affirmative d'un organisme comme le vôtre.
M. Sirois: Mais je vais pouvoir quand même donner ma
réponse.
M. Rocheleau: Oui, sûrement.
M. Sirois: Alors, voici ma réponse. À
première vue, pour un type qui est de l'extérieur et qui est dans
la région depuis 18 mois, il m'apparaît qu'il y a eu des
consultations. Il m'apparaît qu'il y a eu une série de documents
de produits. Est-ce qu'on doit aller vers une consultation
supplémentaire? Je serais tenté de répondre oui, mais dans
le sens suivant: dans la mesure où on s'oriente vers une décision
qui ne serait pas une consultation du style 1963, 1964, 1970, 1971 où on
repart et on dit: Qu'est-ce que vous en pensez? À l'intérieur
d'un mandat, à l'intérieur d'un échéancier et
à l'intérieur d'un cadre qui permet de trouver une solution et
qui ne nous ramènerait pas dans dix ans, à part ceux qui font une
très longue carrière politique, autour des mêmes tables
pour dire: Là, le projet de fusion Baie-Comeau-Hauterive, on y revient,
et on est rendu en 1991. Cela est important parce que cela part quand
même... En fait, on en a des documents, on en a épais comme cela
et on n'a pas tous ceux d'aujourd'hui. Cela va s'ajouter à la pile. Une
consultation, c'est vrai, mais une consultation pour autant qu'on ne reste pas
tout le temps sur la consultation et qu'à un moment donné on
puisse passer à l'action.
M. Rocheleau: Merci, M. le directeur général.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, si le gouvernement, le ministre
arrivait avec un projet concret qui permettrait d'investir tel montant d'argent
surtout en ce qui concerne Hauterive, pensez-vous qu'un
référendum après serait la solution, mais avec un projet
concret à la population? Le gouvernement injecterait tel montant. Est-ce
que cela serait une solution?
M. Sirois: C'est-à-dire qu'on pourrait diviser comme suit
parce que, là, c'est hypothétique. C'est carrément
hypothétique. Si le gouvernement arrive avec un montant concret qui
serait vérifié de telle façon pour savoir quels sont les
chiffres, parce qu'une municipalité nous a dit que cela ne coûtait
rien et l'autre nous a dit que la fusion coûtait cher, à ce
moment-là, je ne suis pas en mesure de trancher. Si le gouvernement
arrive avec un projet concret et s'il faisait un référendum, mais
s'il se fait par localités séparées, s'il est
général, cela peut être valable, mais s'il est par
localités séparées, je craindrais que l'évolution
de la cristallisation des pensées de 1970 à 1981 soit
demeurée la même. 60-57, cela donnerait la même chose si
c'est séparé. Baie-Comeau va dire cela. Hauterive va dire cela.
La population de Hauterive va dire: On veut la fusion à 80%. La
population de Baie-Comeau va dire: On ne la veut pas à 75%, 80%,
à moins d'avoir une somme très substantielle qui confirme
à Baie-Comeau que cela n'hypothéquera pas l'avenir du grand
Baie-Comeau.
M. Caron: Merci.
Société de développement
industriel Manicouagan-Outardes
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie M. Sirois,
directeur général du Conseil régional de
développement de la Côte-Nord pour la présentation de son
mémoire.
J'invite maintenant les représentants de la Société
de développement industriel Manicouagan-Outardes à nous
présenter leur mémoire. Il devrait nous être
présenté par M. Gérard Labrie, son président.
Est-ce que c'est bien cela, M. Labrie? M. Labrie, je vais vous demander de nous
présenter la personne qui vous accompagne pour les fins de
l'enregistrement.
M. Labrie (Gérard): M. Mario Thibeault, qui est le
commissaire industriel de Baie-Comeau-Hauterive et de la région qui
s'étend de Franquelin à Ragueneau.
(2 h 30)
M. le Président, nous remercions cette commission de nous avoir
permis de nous prononcer sur le projet qui nous occupe. Il me semble
nécessaire d'expliquer que l'esprit de ce mémoire est de fournir
un exemple des difficultés d'ordre économique occasionnées
par la situation qui prévaut entre les deux villes visées par la
loi 37.
Attendu que la SDIMO considère que les hommes d'affaires de
toutes les municipalités situées de Ragueneau à Franquelin
ont droit et besoin des services du commissariat industriel;
Attendu que le programme au commissariat industriel du ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme base ses critères de
financement d'après les statistiques des populations, des industries et
des emplois dans le secteur industriel compris à l'intérieur des
municipalités participantes;
Attendu que les municipalités participantes ne peuvent atteindre
les critères de population, d'industries et d'emplois qui permettraient
l'obtention de la subvention maximale;
Attendu que la SDIMO a sollicité à maintes reprises
l'adhésion de toutes les municipalités non actuellement
participantes;
Attendu que toutes les municipalités profitent des services du
commissariat industriel et des retombées économiques positives
qui en découlent et ce, même si elles ne participent pas toutes
à son financement;
Attendu qu'il en résulte une diminution de la qualité du
service faute de financement à cause de la non-participation de
certaines municipalités desservies par le commissariat;
Attendu que le mandat de la SDIMO est de promouvoir le
développement économique régional;
Attendu que le regroupement prévu par la loi 37 favorisera
l'assainissement du climat socio-économique, et permettra d'augmenter le
financement de la SDIMO, qui pourra ainsi accentuer le développement
économique régional;
Attendu que la contribution financière de toutes les
municipalités est nécessaire;
Attendu que les augmentations de taxes proposées sont de nature
à freiner le développement économique de la
région;
Pour le bien du développement régional, la SDIMO
recommande l'adoption du projet de loi no 37 conditionnellement à la
non-augmentation des taxes. Articles 21 et 22 et à leur remplacement par
une subvention de niveau provincial.
Le Président (M. Rodrigue): Si vous voulez poursuivre,
monsieur. À l'ordre, s'il vous plaît! Je m'excuse. Vous avez
terminé?
M. Labrie: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie. M. le
ministre. Je croyais que vous faisiez une pause, parce que j'entendais un peu
de conversation, disons, non autorisée à ma gauche. M. le
ministre.
Une voix: Je n'ai pas dit un mot.
M. Léonard (Labelle): Vous seriez mieux de vous taire
parfois.
Une voix: M. le ministre, il ne faudrait pas prendre panique.
M. Labrie: M. le Président, j'aurais peut-être une
précision à vous signaler. C'est que le conseil d'administration
de la Société industrielle Manicouagan-Outardes se compose de
quatre administrateurs de Baie-Comeau, de quatre administrateurs de Hauterive
et de trois administrateurs des régions périphériques
élus...
M. Léonard (Labelle): Nommés ou élus?
M. Labrie: Élus avec des représentations
obligatoires dans les municipalités mentionnées.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard (Labelle): Merci, M. le Président. Je
remercie la SDIMO de son mémoire et d'être venue ici pour nous
faire part de ses considérations. Je voudrais poser une question. Quand
vous dites que, pour le bien du développement régional, la SDIMO
recommande l'adoption du projet de loi no 37 conditionnellement à la
non-augmentation des taxes, articles 21 et 22, en le remplaçant par une
subvention au niveau provincial, c'est une subvention pour combien de
temps?
M. Labrie: Si on vous parle de subvention, on vous a bien dit
tantôt que ce mémoire se voulait une image et seulement une image
des difficultés que l'on rencontre dans la région. Comme on a
rencontré des difficultés d'opération qui nuisent à
l'économie de la région par rapport au différend qui
oppose les deux municipalités sur plusieurs sujets, c'est pourquoi nous
prétendons que, si on y ajoute des augmentations de taxe, le
développement économique se fait encore beaucoup plus
difficilement.
M. Léonard (Labelle): Vos difficultés internes,
c'est en termes de coordination ou de concertation entre vos différents
intervenants?
M. Labrie: À plusieurs reprises... Nos structures se font
comme ceci: Nous
obtenons des subventions gouvernementales qui se veulent
basées... Je vais demander au commissaire industriel, si vous voulez, de
répondre plus précisément à cette question quant
à nos critères.
M. Thibeault (Mario): En gros, le commissariat industriel est
financé par trois sources différentes: il y a les
municipalités; il y a le ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme par son programme d'aide aux commissariats industriels et il y a
aussi le "membership", c'est-à-dire les hommes d'affaires et les
personnes physiques de la région. On sait que le programme d'aide aux
commissariats industriels du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme base ses critères de financement selon les municipalités
participantes, c'est-à-dire qu'on tient compte des populations parmi les
municipalités participantes, on tient compte des emplois dans le secteur
de la transformation parmi les municipalités participantes et on tient
compte aussi du nombre d'entreprises manufacturières parmi les
municipalités participantes. Étant donné que les
municipalités qui participent actuellement aux commissariats industriels
ne permettent pas de répondre aux critères du ministère,
la situation du commissariat industriel au niveau du financement devient
difficile, bien que le commissariat industriel continue de donner pour la
région des services à tous les hommes d'affaires, peu importe la
municipalité. En gros, c'est cela.
M. Léonard (Labelle): Pourquoi ne répondez-vous pas
aux critères? Est-ce une question de population?
M. Labrie: II nous faut 25 000 de population...
M. Léonard (Labelle): 25 000 habitants. M. Labrie:
... ou un nombre...
M. Léonard (Labelle): Mais vous avez quand même dans
vos représentants des gens de la ville de Baie-Comeau et de la ville de
Hauterive. Si on additionne les deux populations, cela fait quand
même...
M. Labrie: Nous n'avons pas l'adhésion de la ville de
Baie-Comeau. C'est la municipalité qui décide de son
adhésion et qui prévaut quant à la justification des
normes.
M. Léonard (Labelle): À ce moment-là, vous
n'êtes pas admissibles à toutes les subventions? C'est ce que cela
veut dire?
M. Labrie: Oui, il y a deux volets. Je vais demander au
commissaire de vous expliquer les deux volets qui existent.
M. Thibeault: Étant donné que, parmi les
municipalités participantes, on ne répond pas aux
critères, on ne peut être admissible au premier volet du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui prévoit
une subvention maximale de 45 000 $ et le commissariat industriel, dans cette
conjoncture, doit se contenter d'une subvention moindre, parce qu'on doit
admettre que le programme du MIC vise, entre autres, un objectif qui est
celui-ci: établir une certaine concertation et une certaine
coopération au niveau du développement économique
régional.
M. Léonard (Labelle): D'accord.
M. Labrie: J'aimerais apporter ici une précision. Nous
fournissons actuellement des services à la ville de Baie-Comeau et sa
non-participation au financement nous met dans une position délicate
quant à fournir la qualité des services aux villes participantes.
C'est, je pense, en plus d'une difficulté qui est énoncée,
parce qu'on a voulu imager justement cette difficulté, une injustice
envers nos villes participantes.
M. Léonard (Labelle): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens à
remercier la Société de développement industriel
Manicouagan-
Outardes. Je me rends compte qu'à l'intérieur de votre
mémoire, dans la conclusion - et je le répète pour le
bénéfice de nos collègues et de l'équipe de nuit
qui vient d'arriver du côté de l'Opposition - pour le bien du
développement régional, la société de
développement recommande l'adoption du projet de loi 37
conditionnellement à la non-augmentation des taxes et à leur
remplacement par une subvention de niveau provincial. Je pense qu'on se trouve,
à l'intérieur de tous les mémoires, à placer le
gouvernement dans la situation de remplir les conditions des deux
municipalités. Une fois ces conditions remplies, je pense qu'il y aurait
un grand pas de fait et on pourrait consulter la population à savoir si
elle souhaiterait cette fusion suite à l'intervention souhaitable du
gouvernement à l'intérieur de ses responsabilités.
Le ministre, M. Lessard, mentionnait, il y a quelques instants pour ne
pas dire quelques heures, la loi de 1972 sur l'évaluation, la loi 50,
rappelant qu'il s'était battu férocement pour défendre les
intérêts de ses commettants. Je me pose la question à
savoir si le ministre s'est battu autant à
l'adoption de la loi 57 sur la fiscalité, parce que là, on
aurait pu s'attendre du ministre, qui faisait partie du gouvernement - il
n'était plus dans l'Opposition - qu'il règle d'un coup le
problème de ses commettants, plus particulièrement ceux de
Hauterive. On ne peut pas retracer d'interventions; je ne sais pas si le
ministre était ligoté ou attaché par le côté
ministériel, mais il ne semble pas s'être battu de la façon
qu'on se serait attendu qu'il se batte, le connaissant comme on le
connaît. J'ose souhaiter que le ministre puisse reprendre ses
interventions auprès de ses collègues et apporter les solutions
que les citoyens de Hauterive et de Baie-Comeau attendent, avant d'aller plus
loin vers l'adoption de cette loi 37.
Suite aux nombreuses interventions des intervenants, M. le
Président, je pense qu'on peut conclure que nous sommes un peu plus
confus qu'au début de la rencontre et que le gouvernement a une
responsabilité vitale vis-à-vis d'un nombre imposant de citoyens
qui, actuellement, se retrouvent à l'intérieur de deux
municipalités. Il semble y avoir quand même un apport important,
une conscience régionale et locale de par la participation des citoyens
à une première rencontre, lundi passé, au nombre de
peut-être 4000, de par le nombre de lettres, de télégrammes
envoyés. Des interventions ont aussi été faites ce soir
qui regroupent 5000 autres lettres demandant au gouvernement de prendre ses
responsabilités. Je pense que vous avez la solution. C'est le
gouvernement qui doit s'asseoir, la mettre sur la table, avant d'aller plus
loin, et, par la suite, consulter les citoyens de Hauterive, tenant compte de
la Loi sur les cités et villes, du fusionnement volontaire ou les
mécanismes qui le permettent. Une fois les citoyens bien
informés, si le gouvernement s'est montré aussi
généreux, comme l'a fait remarquer tantôt le ministre
Lessard, qu'il s'est montré généreux dans le passé,
je pense que le gouvernement pourrait faire un effort particulier pour sauver
la peau de son ministre, en tout cas s'il veut la sauver. Le ministre a
passé une première étape, il a fait accepter au conseil
des ministres le parrainage par son collègue, le ministre des Affaires
municipales, un parrain qui, malheureusement, ne connaissait pas les parents,
mais qui, suite aux nombreuses interventions, demande au gouvernement de
s'impliquer et de corriger les lacunes que lui et d'autres ont peut-être
commises. Un règlement à l'amiable pourra survenir quand le
gouvernement aura offert à la population des mécanismes de
règlement acceptables de part et d'autre. Par la suite, je suis
convaincu qu'avec l'appui que nous pourrons apporter au ministre Lessard et
toute la collaboration que nous lui offrons, même d'aller dans son
comté parler à ses gens, parce qu'il semble même avoir des
difficultés à parler à certaines gens, M. Lessard. (2 h
45)
Nous concluons en remerciant les nombreux intervenants, la population
qui s'est impliquée d'une façon très respectable et ceux
qui ont passé avec nous ces heures, qui ont sûrement perdu une
partie de leur salaire de la journée et qui vont s'en retourner ce soir
en se posant la question: Qu'est-ce qui va arriver?
De notre côté, on peut certifier immédiatement que
nous allons nous battre pour la démocratie. C'est le point le plus
important, le respect de l'individu, le respect des municipalités, tel
que dévolu à l'intérieur des grandes orientations
politiques du ministre des Affaires municipales, de l'ex-ministre des Affaires
municipales, du ministre de la Justice et, plus particulièrement, de
votre représentant, encore pour quelque temps, dans le comté de
Saguenay. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saguenay.
Une voix: Dépendamment de la date des
élections.
M. Lessard: Ah oui! Le Parti libéral a encore des espoirs,
après douze ans. En tout cas, il faut toujours espérer. Un homme,
c'est fait pour être battu. Que voulez-vous qu'on fasse? Il faut se
retirer en temps et lieu. Je ne vous donnerai pas d'espoir ce soir, je n'ai pas
l'intention de me retirer trop vite encore.
M. le Président, je voudrais simplement, avant de faire mes
commentaires sur l'intervention du député de Hull que je remercie
de son appui, poser encore trois questions à M. Labrie et, ensuite, je
ferai un court commentaire.
M. Labrie, vous êtes un vieux citoyen de la Côte-Nord,
Godbout, Hauterive, vous connaissez très bien le milieu. D'après
les circonstances que vous connaissez, est-ce qu'une fusion volontaire est
possible?
M. Labrie: Je crois que c'est une chose absolument
impossible.
M. Lessard: Bon, alors, prenez ça en note, parce que je
l'ai fait confirmer ce soir plusieurs fois, M. Labrie confirme, encore une
fois, qu'une fusion volontaire est impossible. Je vous remercie de votre
médiation.
M. Rocheleau: Tant que vous serez là, M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, le député du
comté de Saguenay, maintenant le troisième après M.
Marc-André Bédard et M. Lévesque, a eu 68% du vote aux
dernières
élections, alors... Essayez-vous, vous recommencerez, mais je
vous dis une chose, vous porterez la responsabilité de vos gestes, d'ici
quelques jours, dans la région.
Deuxième question, M. Labrie... Je comprends, vous êtes
tellement sûr de ne plus être élu chez nous. Puisqu'il y a
eu des problèmes depuis 20 ans - on parle même de 30 ans, mais
plus particulièrement depuis 20 ans - en tant que représentant de
la société de développement industriel, est-ce que vous
croyez que ce climat social, ce climat économique, cette lutte entre
deux villes, a nui au développement et est-ce que ça nuira au
développement économique de la région si on ne fait pas
cette fusion?
M. Labrie: Remarquez bien que si notre mémoire semble
prendre une position partisane - ça laisse un peu voir cette image il
n'était pas dans nos intentions de défendre les
intérêts de la SDIMO, il était dans nos intentions de
défendre les intérêts de la région. Si nous avions
pensé, un seul instant, que le climat social n'avait pas nui au
développement économique, je pense que nous ne serions pas
ici.
M. Lessard: Merci. Vous dites, dans la dernière partie de
votre intervention, que ce projet de fusion sera accepté, et nous
l'accepterons, conditionnellement à des subventions
supplémentaires. Je donnerai quelques commentaires là-dessus tout
à l'heure, je pose la même question que j'ai posée a la
suite des subventions données dans la région depuis 1976, tant
à Baie-Comeau qu'à Hauterive, si nous n'allions pas plus loin -
je ne dis pas que c'est le cas - que le projet de loi que vous avez devant vous
ce soir, quand vous dites conditionnellement, est-ce que ça veut dire
que je devrais retirer le projet de loi?
M. Labrie: Pour le moment, le mot "conditionnel" veut dire ce
qu'il veut dire en français. J'ai eu le mandat de lire ce
mémoire, de le présenter, il a été voté. Il
est sûr que le texte tel qu'il est écrit veut dire que le projet
de loi devrait être remis. À ce moment, je suis obligé de
faire une remarque sur ce qui s'est passé au conseil d'administration
lorsque cela s'est décidé. On a parlé de fusion. Je crois
qu'à l'unanimité des administrateurs on était d'accord que
la fusion se fasse. On a discuté à maintes reprises des
implications du projet de loi, toujours économiquement parlant. Je puis
vous assurer que, si on proposait quelque chose d'alléchant, de
raisonnable, il y aurait certainement un vote qui pourrait être
changé.
M. Lessard: Vous voulez dire?
M. Labrie: Je veux dire que la commission pourrait réviser
sa position là-dessus, j'en suis convaincu.
M. Lessard: Réviser dans quel sens?
M. Labrie: Dans le sens que le retrait ne serait peut-être
pas obligatoire complètement. Le retrait des articles 21 et 22 pourrait
sûrement être discuté.
M. Lessard: Autrement dit, vous croyez d'abord que l'important,
c'est la fusion.
M. Labrie: Le plus important, c'est la fusion.
M. Lessard: Bon. Maintenant, je voudrais...
M. Labrie: Pas à n'importe quel prix quand même. Les
gens ne sont assurément pas...
M. Rocheleau: Question de règlement.
Le Président (M. Rodrigue): Sur une question de
règlement, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: De la part du ministre Lessard, c'est actuellement
de la sollicitation. J'aimerais qu'on puisse poser des questions, mais nous ne
sommes pas en Chambre ici, ce ne sont pas des questions plantées.
M. Lessard: M. le Président, que le député
s'occupe de ses problèmes.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Saguenay, vous pouvez poursuivre vos
questions.
M. Lessard: J'ai l'intention, justement parce que le
député de Hull n'est allé qu'une seule fois dans la
région de la Côte-Nord...
M. Rocheleau: ... je m'excuse...
M. Lessard: ... de lui faire connaître le sentiment des
gens de la Côte-Nord, le sentiment des gens de Baie-Comeau et de
Hauterive. Je pense qu'il est important. Si les députés de
l'Opposition décident de bloquer ce projet de loi d'ici au 31
décembre, ils en porteront la responsabilité.
M. Bélanger (Mégantic-Compton): C'est
décidé, mon cher monsieur.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: M. le Président, en terminant, je remercie M.
Labrie, mais je dois répondre à un certain nombre de
questions du député de Hull. Il est exact que je me suis
battu avec acharnement contre le projet de loi du temps de M. Maurice Tessier,
qui enlevait des subventions importantes à la ville de Hauterive, et non
seulement à la ville de Hauterive, mais à toute la région
de la Côte-Nord. Il est naturellement impossible pour l'actuel
gouvernement de corriger toutes les injustices qui ont été faites
par le Parti libéral à la ville de Hauterive. Nous avons
cependant pris des mesures pour les corriger. Le député me
demandait tout à l'heure si j'étais intervenu aussi fortement
pour mes citoyens à l'occasion de la discussion du projet de loi 57.
C'est au niveau du Conseil des ministres que la discussion s'est tenue. Je suis
tellement intervenu que le projet de loi 57 n'a pas pénalisé la
ville de Hauterive. Le projet de loi 57 a favorisé la ville de Hauterive
pour une somme de tout près de 400 000 $.
Le projet de loi, étant donné la consultation qu'il y
avait eu avec les municipalités et que c'était sur recommandation
des municipalités, a favorisé encore plus la ville de Baie-Comeau
pour une somme de 1 600 000 $, qui sera possiblement 1 500 000 $ de retour de
taxes. Tout cela venait de quoi? Cela venait du fait que l'évaluation
foncière de la ville de Baie-Comeau est de 285 000 000 $ par rapport
à une évaluation foncière de 142 000 000 $. Tout cela
venait du fait que 66%, dont on a parlé tout à l'heure, de
l'évaluation de la ville de Baie-Comeau provient d'abord des grandes
industries.
M. le Président, il y a une chose que le projet de loi 57 ou que
la réforme de la fiscalité municipale ne pouvait pas faire, c'est
le déménagement des infrastructures industrielles ailleurs que
là où elles sont. Le projet de loi ne pouvait pas faire cela.
Nous avons corrigé quand même la loi de M. Maurice Tessier,
puisque actuellement la ville de Hauterive reçoit de la
péréquation sous forme de redevances hydroélectriques.
Nous l'avons donc corrigée cette loi. Mais, M. le Président,
même si nous y allions comme nous l'avons fait depuis 1976 par des
subventions constantes à la municipalité de Hauterive, jamais le
problème ne sera réglé, parce que la solution à ce
problème ne peut pas venir des subventions continuelles du gouvernement,
elle doit venir d'une meilleure répartition de la taxe foncière
entre les deux municipalités et faire en sorte que la ville de Hauterive
ne soit pas obligée de payer pour le développement industriel de
la ville de Baie-Comeau pour qu'il y ait une certaine équité
entre les deux villes.
Je termine, M. le Président, en disant ceci. Je pense avoir
conscience des problèmes de ma région, je pense avoir conscience
des problèmes de mon comté et, à chaque élection
depuis 1970, les citoyens m'ont donné leur confiance. Il est certain que
j'aurais pu rester assis devant une solution comme celle-là, devant un
problème comme celui-là. J'aurais pu ne rien faire, parce que
c'est toujours plus facile de ne rien faire que de faire quelque chose. Mais,
par exemple, au nom de l'intérêt commun de l'ensemble de la
population de la Côte-Nord, au nom du bien commun des citoyens de
Baie-Comeau-Hauterive, je devais intervenir. Comme on l'a prouvé ce
soir, la solution de fusion volontaire était impossible. C'est pourquoi
j'ai dû prendre mes responsabilités et j'en subirai les
conséquences, comme les libéraux en subiront les
conséquences s'ils bloquent ce projet de loi. J'ai dû convaincre
le Conseil des ministres comme mon collègue des Affaires municipales, de
présenter ce projet de loi. Je tiens d'ailleurs à remercier mon
collègue des Affaires municipales, comme tous mes collègues ici
autour de la table qui ont véritablement compris le problème.
Soyez convaincu, M. le Président, que, quant à nous, nous
avons l'intention d'essayer de résoudre une fois pour toutes le
problème. Si les libéraux l'avaient résolu en 1970, nous
ne serions pas confrontés aux problèmes que nous vivons
actuellement et que, malheureusement, les gens de la Côte-Nord ont
vécu depuis des années et des années en en subissant les
conséquences économiques néfastes. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull, est-ce que vous avez des remarques en terminant?
M. Rocheleau: J'ai simplement une remarque à faire. Je
suis allé à quelques reprises sur la Côte-Nord et plus
particulièrement la semaine dernière. Un peu comme le directeur
général du CRD, qui est dans la région depuis à
peine 18 mois, on peut se permettre de voir d'un oeil extérieur ce qui
se passe. Je suggérerais fortement au ministre, M. Lessard...
M. Lessard: Occupez-vous de vos problèmes, je vais
m'occuper des miens.
M. Rocheleau: ... de parler à ses gens, de les rencontrer
et d'arrêter d'enguirlander les maires de vos municipalités
respectives et peut-être que la paix va revenir d'une façon plus
rapide.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, pour conclure.
M. le député de Verdun.
M. Caron: Est-ce que votre groupement est d'accord avec une
fusion forcée?
M. Labrie: Je crois que le seul moyen qu'on a d'assainir le
climat social, de
favoriser l'économie de notre région, c'est la fusion.
M. Caron: Forcée?
M. Labrie: Forcée ou non.
M. Caron: Je vous demande si elle doit être
forcée.
M. Labrie: Forcée ou non.
M. Caron: Par forcée ou non, vous ne me donnez pas de
réponse. Je dis forcée.
M. Labrie: Même la fusion forcée, M. le
député.
M. Caron: Merci.
M. Labrie: C'est cela que vous voulez avoir comme
réponse.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre, pour les
remarques de conclusion.
M. Léonard (Labelle): M. le Président, je voudrais
remercier encore une fois tous ceux qui ont participé aux travaux de
cette commission parlementaire, les parlementaires eux-mêmes et les gens
de Baie-Comeau et de Hauterive qui sont venus ici, qui se sont donné la
peine de rédiger les mémoires, de les expliquer. Je sais que ce
n'est pas un contexte facile. Des questions comme celles-là provoquent
beaucoup d'animation, beaucoup d'émotivité nécessairement.
Cela devient difficile parfois de discuter à froid de questions qui
souvent ont des résonances pécuniaires mais aussi
émotives, il ne faut pas l'oublier.
Quoi qu'il en soit, il y a un projet sur la table. Il a
été amené, bien sûr, avec l'aide du
député du comté de Saguenay. Il y a des réflexions
à faire par rapport au projet lui-même, mais, sur le fond des
choses, il y a quand même des éléments clairs.
La fusion est difficile à faire volontairement, de l'avis de
plusieurs personnes ici, je dirais même de ceux qui voudraient qu'on la
fasse de façon volontaire. Elle est pratiquement impossible. Durant
quinze ou vingt ans, on en a parlé, on ne l'a jamais faite. Il faut
quand même constater une réalité: La fusion ne se fait pas.
(3 heures)
Je veux bien qu'on dise encore qu'on consulte, qu'on négocie,
mais que veut-on négocier? Qui veut négocier? Je n'ai pas
trouvé d'intervenants très prêts à le faire. Aussi,
sur le fond des choses, je pense qu'on ne peut pas reprocher à la ville
de Hauterive une mauvaise administration. Si on regarde simplement les chiffres
de cette année, de l'année 1980, d'après les
déclarations des municipalités elles-mêmes, la ville de
Hauterive dépensait 505 $ par habitant, la ville de Baie-Comeau
863 $ par habitant. Je trouve que c'est une donnée qui ne peut pas
mentir; les services que les citoyens requièrent de leur
municipalité sont sûrement aussi importants à Hauterive
qu'à Baie-Comeau. De plus, à Baie-Comeau, dans les 863 $ par
habitant, il y une composante importante sur le plan des industries.
Il reste que ces chiffres parlent par eux-mêmes.
L'évaluation foncière, industrielle et commerciale
représente à Baie-Comeau 63% et à Hauterive 19%. Les
chiffres eux-mêmes, 181 000 000 $ contre 27 000 000 $ pour une population
plus importante à Hauterive. Quand j'ai posé des questions sur le
déplacement de la population à son travail, il me semble que
c'est aussi un indice très important. Les gens de Hauterive vivent,
travaillent dans les industries de Baie-Comeau; il y a une ville
résidentielle et une ville industrielle surtout, côte à
côte, sur la Côte-Nord.
La question est: Doit-on laisser perdurer une telle situation? Je pense
que ça pose des problèmes sociaux, ça pose des
problèmes économiques et c'est pourquoi beaucoup d'études
ont conclu à la nécessité de la fusion et que, ce soir,
beaucoup d'intervenants ont conclu à la nécessité de la
fusion, des gens de Hauterive mais aussi des personnes de Baie-Comeau. Je
reconnais que tout le monde n'est pas d'accord, du côté de
Baie-Comeau, c'est bien évident mais, sur un strict plan rationnel, je
pense qu'il faut quand même l'envisager.
Je pense que mes collègues, d'un côté comme de
l'autre de cette table, et moi-même, nous aurions souhaité que la
fusion se fasse sur une base volontaire, qu'elle se fasse selon la Loi sur les
regroupements des municipalités, bien sûr, mais, sur le
regroupement des municipalités, il y a un mot qu'il ne faut pas oublier,
c'est "volontaire". Or, durant quinze ans, il n'y a aucune preuve de faite
là-dessus et plus ça va, plus cela a l'air difficile. C'est
pourquoi nous avons présenté le projet de loi 37, et c'est
pourquoi il ira en deuxième lecture.
Je veux bien regarder, faire regarder, étudier par mes
fonctionnaires tous les mémoires qui ont été
déposés, comme on dit, les faire gratter, voir tous les aspects
pratiques qu'on peut faire ressortir; s'il y a des corrections à
apporter, nous verrons en deuxième lecture les corrections que nous
pourrons apporter au projet de loi; nous ne les refusons pas du tout mais, pour
l'instant, il me semble que la seule solution est de procéder avec le
projet de loi 37.
Je vous remercie pour les contributions que vous avez apportées
à ce projet de loi. Je pense que cela a éclairé autant
l'Opposition que les gens du gouvernement ici, et que le geste qui est
posé c'est, dans une perspective d'avenir, une perspective
positive, pas du tout négative. Je pense qu'une ville de
Baie-Comeau qui comptera 27 000 habitants sera une ville très forte sur
la Côte-Nord, une ville qui va repartir avec un dynamisme nouveau et ce
sera à l'avantage de tous les citoyens qui l'habitent. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Je remercie les
représentants de la Société de développement
industriel Manic-Outardes. J'indique au rapporteur de bien vouloir faire
rapport à l'Assemblée nationale que la commission élue
permanente des affaires municipales a rempli son mandat, qui était
d'entendre des organismes relativement au projet de loi no 37, Loi regroupant
les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
La commission élue permanente des affaires municipales ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 3 h 05)