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Commission permanente
des Affaires municipales
Bill 75 Loi de la communauté urbaine de
Montréal
Séance du mercredi 10 décembre 1969
(Onze heures)
M. SAUVAGEAU (président de la commission des Affaires
municipales): A titre de président de la commission, je voudrais vous
souhaiter la plus cordiale bienvenue à la commission. Je demanderais
à toutes les personnes qui auront à prendre la parole de bien
vouloir s'approcher du micro, s'identifier, identifier le maire et la
municipalité qu'elles représentent. Avant que débute la
commission, j'aimerais à lire la motion telle qu'amendée:
"L'amendement, tel que sous-amendé, est adopté et se lit
maintenant comme suit: "Que la motion en discussion soit amendée en
remplaçant tous les mots après le mot "que" par les suivants:
Cette Chambre est d'avis que, vu l'intérêt public et
général qu'éveille dans la province le bill 75, Loi de la
communauté urbaine de Montréal, "a) Que le paragraphe 1) de
l'article 536 du règlement qui exige que tout bill public soit lu deux
fois avant d'être amendé ou renvoyé à un
comité, soit suspendu. "b) Que ce susdit bill soit
référé à la commission des affaires municipales et
que cette commission soit autorisée à siéger pendant que
la Chambre est en séance et même les jours où la Chambre ne
tient pas de séance, avec instruction d'entendre le maire, ou son
représentant, de chacune des municipalités de l'île de
Montréal, le président du comité exécutif de la
ville de Montréal, deux représentants du Front commun des
employés municipaux, et de faire rapport à la Chambre."
Maintenant je comprends que les représentants du Front commun des
employés municipaux ont demandé à se faire entendre les
premiers, est-ce que les représentants du Front commun des
employés municipaux sont arrivés? Ds ne sont pas arrivés?
Il y a le maire...
UNE VOIX: Ils sont absents pour quelque temps, mais ils sont
arrivés.
M. LE PRESIDENT: II y a le maire de l'île Bizard, qui voudrait
retourner chez lui. M. le maire si vous voulez passer et vous identifier
aussitôt après que le ministre aura adresser la parole.
M. LUSSIER: M. le Président, simplement quelques mots au nom de
M. le premier ministre et du gouvernement pour, évidemment, dire
à toutes ces personnes que nous sommes bien heureux qu'elles se soient
rendues ce matin à l'invitation de l'Assemblée nationale, pour
participer d'une façon diligente et aussi très efficace à
l'étude de ce bill no 75, et ceci pour le plus grand bien des
populations de l'île de Montréal et aussi de la province de
Québec. Je vous remercie et j'ose croire que ce travail se fera dans une
atmosphère complètement dépolitisée...
M. LAPORTE: Comptez sur nous!
M. LUSSIER: D'accord, et que nous serons évidemment tous
très heureux d'avoir participé à cette commission
municipale.
M. LESAGE: M. le Président, mes chers collègues,
messieurs, le bonheur du ministre des Affaires municipales il a dit qu'il
était bien heureux de vous recevoir est un bonheur tout à
fait récent et quelque peu forcé.
M. LUSSIER: M. le Premier ministre, vous interprétez
extrêmement mal...
M. LESAGE : Merci, de me traiter de premier ministre.
M. LUSSIER: Et vous n'êtes pas sérieux.
M. LESAGE: Ah oui, je suis très sérieux;
évidemment, je pensais que le ministre avait le sens de l'humour.
M. le Président, il est sûr que, pour vous recevoir ce
matin, il a fallu que l'Opposition libérale joigne ses forces à
celles de la plupart des maires, de presque tous les maires de l'île de
Montréal. Nous croyons cela essentiel, comme au moins 10 à 12
députés de l'île de Montréal, appuyés par le
député de Chambly, qui a proposé une motion d'amendement
à la deuxième lecture, afin que vous soyez convoqués, et
par le Chef de l'Opposition... Eh bien, il a fallu que nous insistions tour
à tour pour faire comprendre au gouvernement l'importance qu'il y avait
de procéder démocratiquement à l'étude du bill
75.
Je voudrais souligner également qu'au cours de conversations
privées, le premier magistrat de la ville de Montréal et le
président de l'exécutif se sont finalement, eux aussi,
déclarés d'accord pour venir à cette séance, pour
discuter, avec les maires de l'île, du bien-fondé, pas tellement
du principe fondamental, parce que je pense qu'il y a un degré d'accord
assez grand là-dessus, mais de tous les principes qui sont secondaires,
si l'on veut, mais qui, quand même, sont extrêmement importants, et
que l'on retrouve dans ce projet de loi. Ils sont venus discuter aussi d'un des
aspects du projet de loi qui inquiète beaucoup de gens j'ai
posé des
questions à ce sujet, d'autres en ont posé
également c'est le coût de cette nouvelle structure pour
les contribuables de l'île de Montréal. Alors, messieurs, je vous
remercie d'être venus en force ce matin et, en dehors de toute politique
partisane, ce qui, M. le maire, n'empêche pas de faire de l'humour,
d'ailleurs vous en faites vous-même à l'occasion, en dehors de
toute...
M. LAPORTE: Oui. M. LUSSIER: Des fois?
M. LAPORTE: Quand... c'est parce que je devais être absent.
M. LESAGE: Nous allons étudier sérieusement un projet de
loi qui a une extrême importance pour les autorités municipales et
les contribuables de toute l'île de Montréal.
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. PATRY: Je suis le docteur Bernard Patry, maire de la
municipalité rurale de la paroisse de
Saint-Raphaël-de-1'île-Bizard.
M. le Président, M. le ministre des Affaires municipales,
messieurs les membres de la commission, permettez-moi, pour débuter, de
vous énoncer quelques faits: 1. L'île Bizard n'a jamais fait
partie du Conseil de coordination interurbain; 2. L'île Bizard n'a jamais
fait partie du Conseil de Montréal métropolitain; 3. L'île
Bizard n'était pas mentionnée dans le rapport Blier ; 4.
L'île Bizard n'a pas été invitée le 24 octobre 1969,
par le ministère des Affaires municipales, à la Place
Crémazie de Montréal, pour discuter de ce projet de loi.
Depuis quand l'île Bizard fait-elle partie de l'île de
Montréal?
Attendu que, par sa situation géographique, l'île Bizard
est vraiment distincte de l'île de Montréal;
Attendu que, par son caractère champêtre et campagnard,
l'île Bizard est vraiment distincte de l'île de
Montréal;
Attendu que, par la terminologie même de la loi, il s'agit d'une
communauté urbaine et que l'île Bizard est encore une
municipalité rurale de paroisse, selon un jugement de la cour d'Appel en
1966;
Nous ne croyons pas que les compétences obtenues par la
communauté selon le bill 75 devraient s'appliquer à l'île
Bizard.
Voici ces compétences: a) Evaluation des biens imposables
à l'île Bizard. L'évaluation, à l'île Bizard,
est effectuée par une firme spéciale de Montréal; aussi,
un terrain situé à l'île Bizard, avec son caractère
campagnard, ne peut avoir les mêmes normes d'évaluation qu'un
terrain situé à PointeClaire, le long de la route de la
Transcanadienne, ou qu'un terrain situé sur le boulevard Dorchester
à Montréal. b) Etablissement d'un schéma
d'aménagement. Le schéma d'aménagement de l'île
Bizard est distinct de celui de l'île de Montréal. Ce
schéma est déjà effectué. Qu'est-ce qu'un nouveau
schéma apportera à notre paroisse? c) Etablissement d'un service
de traitement des données.
Cette compétence n'est d'aucune utilité pour l'île
Bizard. d) Elimination de la pollution de l'air. Actuellement, il n'existe
aucune législation sur ce problème; de plus cette
compétence est du ressort provincial et non pas municipal. e)
Réglementation de la circulation.
Ce problème n'existe pas à l'île Bizard de la
même façon qu'à Montréal. Nous n'avons qu'un seul
chemin de ceinture sur l'île, avec un nombre minime d'intersections. De
plus, nous n'avons qu'une seule rue intermunicipale et c'est le pont de
l'île Bizard. Les égouts.
Le traitement des eaux usées est du domaine de la pollution des
eaux, et cette compétence est de juridiction provinciale et non pas
municipale. Disposition des ordures.
Actuellement, nous accordons ce service à nos citoyens, et ce
service est excellent.
Normes de construction.
Le règlement en vigueur, dans notre municipalité, est
celui du code national du bâtiment, donc un règlement plus
qu'acceptable.
Limites municipales.
Je n'ai pas besoin de commission pour savoir comment délimiter
l'île Bizard; par son aspect géographique, c'est très
facile à délimiter.
Maintenant, la protection policière et contre l'incendie.
Nous reconnaissons le droit de tout citoyen d'avoir la meilleure
protection en ce domaine. Actuellement, pour nos besoins, le service est plus
qu'adéquat. Nous ne pouvons pas payer $102,000 pour la protection
policière. C'est impossible.
Quant à la protection contre l'incendie, d'où
viendra-t-elle? Sûrement pas une nouvelle caserne pour l'île
Bizard, avec des pompiers à plein temps. Elle viendra de
Sainte-Geneviève, comme par le passé, mais avec une hausse
très sensible des taxes pour ce service.
Jusqu'à ce jour, c'est-à-dire le 10 décembre 1969,
notre municipalité a dépensé $2,174.24 pour sa protection
contre l'incendie. Taxé selon notre évaluation, ce service
coûtera une fortune à nos contribuables.
La Commission de transport.
C'est un service qui est totalement inutile, actuellement, à
l'île Bizard. Le matin, le Provincial Transport prend sept ou huit
passagers et en ramène autant le soir. Personne ne prendra ce transport,
car il est plus long, de chez nous, de se rendre au métro que de se
rendre en plein coeur de la ville
De plus, que penser de nos cultivateurs? Car nous avons des cultivateurs
à l'île Bizard. Vous les étoufferez et ils
délaisseront leurs terres. Et, alors, on achètera des produits de
l'Ontario. Est-ce que c'est cela, la politique du gouvernement?
Vous parlez de diminuer les intermédiaires, de diminuer le
dédoublement des services. Prenez l'exemple d'un règlement.
Après avoir été étudié par un conseil
municipal, rédigé par nos conseillers juridiques il devra, par la
suite, être accepté par la communauté ou il moisira sur les
tablettes, retardant l'avancement de la municipalité. Pour nous, il ne
s'agit pas d'une diminution, mais bien de dédoublement des services.
Quand on a les moyens de s'acheter une Renault, on ne s'achète
pas une Cadillac. Nous, à l'île Bizard, nous avons les moyens de
vivre honorablement dans des maisons qui ont une évaluation bien en bas
de la moyenne des maisons de banlieue. Pourquoi? Parce que nous attachons de
l'importance à notre administration.
Plus de 60 p.c. des propriétaires de l'île Bizard gagnent
moins de $4,000 par année. Avec l'arrivée de cette
communauté n'ayant que très peu de commerces et aucune industrie,
nous devrons augmenter le taux de nos taxes de $1 par $100 d'évaluation,
ce qui entraînera une vente massive des propriétés.
M. le Président, je m'adresse surtout à M. le ministre et
médecin. Vous avez dit que ce bill apporterait des disparités
économiques. Pour nous, il s'agit de plus que cela. Il s'agit d'une
injustice économique et morale. En effet, beaucoup de gens et
beaucoup de ces gens sont âgés perdront leur maison
à cause de cette loi. Où se logeront-ils? Pour sûr, ils
trouveront à se loger, mais après avoir perdu une partie de leur
vie, après avoir perdu une partie de leur existence et après
avoir perdu leur confiance envers leurs représentants politiques,
moi-même inclus. Plusieurs se retrouveront alors avec le bien-être
social. Qui paiera?
M. le ministre, l'île Bizard est reliée par un pont;
à ce que je pense, elle n'a jamais fait partie de l'île de
Montréal, pas plus que la ville de Longueuil, que la ville de
Châteauguay ou encore que la ville de Repentigny, qui sont aussi
reliées à l'île de Montréal par des ponts. Pourquoi
l'île Bizard, qui n'a jamais été consultée,
viendrait-elle payer des taxes pour les autres en ce moment? Avec cette
augmentation subite de taxes, si jamais on donne le moindre service futur
à nos citoyens, notre taux de taxation passera facilement au dessus de
$2.50 par $100 d'évaluation. Alors, on nous accusera de mauvaise
administration et on nous mettra en tutelle. Qu'est-ce que l'île Bizard
vient faire dans l'île de Montréal? M. le Président,
même ce matin, lorsque je vous écoutais lire l'amendement,
l'amendement est partout dans les journaux, partout à la
télévision, à la radio, on parle d'amendements pour
l'île de Montréal. L'île Bizard n'est jamais
mentionnée à l'île de Montréal et, par sa situation
géographique, l'île Bizard n'a jamais fait partie et,
j'espère, ne fera jamais partie de l'île de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire.
M. LUSSIER: Je vous poserais une question, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. LUSSIER: Lors de la présentation de l'avant-projet en juin de
cette année, l'île Bizard était comprise dans le territoire
de la Communauté urbaine de Montréal. Comment se fait-il que
depuis ce temps vous n'avez pas fait certaines représentations?
M. PATRY: Parce que nous n'avons jamais été invités
à aucune assemblée.
M. LUSSIER: Cela a été publié, cela a
été public. Les journaux en ont fait mention.
M. PATRY: Disons que je pourrais vous répondre que j'ai
été élu maire de l'île Bizard le 2 novembre
1969.
M. LUSSIER: Ah bon! La taxe foncière, actuellement, à
l'île Bizard est de combien?
M. PATRY: Elle est de $0.25 par $100 d'évaluation, mais, si je
peux m'expliquer là-dessus, disons que nous avons une évaluation
parce que vous allez me le demander de $20,500,000. Mais, cette
évaluation ne représente pas la classe moyenne des gens.
Vous avez des gens qui sont très à l'aise à
l'île Bizard, M. Saulnier et moi-même inclus, qui demeurons
à l'île Bizard. Vous avez deux golfs, vous avez une compagnie. Et
disons que trois à quatre personnes de l'île Bizard paient plus
que le tiers des taxes.
Et actuellement, nous avons...
M. SAULNIER: Vous demandez un remboursement?
M. PATRY: Et actuellement je pourrais vous dire qu'une des compagnies,
qui est évaluée à trois millions sur l'île Bizard,
nous amène en cour, et le jugement est rendu en cour d'Appel. Si cette
évaluation baisse, eh bien! on aura encore moins de taxes, moins de
revenus.
M. SAULNIER: La communauté va vous défendre.
M. LUSSIER: Est-ce que , M. le maire, vos concitoyens, pour la plupart,
travaillent à Montréal?
M. PATRY: Non, monsieur. M. LUSSIER: Non?
M. PATRY: Vous n'avez pas 15 p.c. des citoyens de l'île Bizard qui
travaillent à Montréal.
M. LUSSIER: Je pense que c'est tout pour moi.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions? Merci, M. le maire.
M. PATRY: Je vous remercie, M. le président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui désirent
adresser la parole?
UNE VOIX: Personne.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a possibilité d'avoir l'opinion
des autres maires?
M. LESAGE: Du président de l'exécutif de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: Sur l'île Bizard?
UNE VOIX: Les citoyens de l'île Bizard... UNE VOIX: ... sont tous
en faveur.
M. LAURIN : M. le Président, est-ce que vous m'entendez par le
micro que j'ai en face de moi?
M. LE PRESIDENT: Oui. Si vous voulez vous identifier et la
municipalité que vous représentez.
M. LAURIN : Je suis Marcel Laurin, maire de Saint-Laurent, la ville, je
pense, la plus durement touchée par le bill 75, si vraiment les
répartitions sont imposées suivant les évaluations.
Je pense bien qu'il serait oiseux de discuter du bill clause par clause,
si on ne sait pas à l'avance...
M. LE PRESIDENT: Bien non! On a demandé s'il y avait des maires
qui avaient des représentations à faire sur la discussion qui a
lieu sur l'île Bizard.
M. LAURIN: Ah bon!
M. LESAGE: Nous aimerions avoir votre opinion, M. Laurin, et l'opinion
d'un contribuable de l'île Bizard, par exemple, M. Saulnier.
M. LAURIN: Je pense que M. Saulnier est plus en mesure que moi de
répondre.
M. LAPORTE: Le gars qui est évalué à $3
millions!
M. SAULNIER: M. le Président, je ferai de très brefs
commentaires concernant les représentations faites par Son Honneur le
maire de l'île Bizard que j'ai eu le plaisir et l'honneur d'aider
à élire le 2 novembre dernier.
M. le maire de l'île Bizard a dit qu'il avait noté, et avec
beaucoup de raison, que, dans le rapport de la commission Blier, il
n'était pas question de l'île Bizard. C'est pour une excellente
raison. Même si les membres de cette commission s'étaient
penchés sur le cas de l'île Bizard, à ce moment-là,
dans le mandat de la commission Blier, l'île Bizard n'était pas
incluse. C'est pourquoi la commission Blier n'a pas fait de
recommandations.
Il s'agit maintenant de savoir si l'île Bizard fait partie de la
communauté urbaine de Montréal ou si c'est une autre
communauté urbaine. Je laisse aux membres de cette commission le soin de
décider. J'ai bien l'impression que, si cela ne fait pas partie de la
communauté urbaine de Montréal, d'abord on pourrait
procéder par élimination cela ne fait sûrement pas
partie de celle de Toronto, d'Ottawa ni de Cornwall. On peut en
énumérer comme ça jusqu'à se poser la question:
Est-ce que ça fait partie de l'île Jésus que de l'île
de Montréal? Je dirais que, dans l'ensemble, géographiquement,
les berges de l'île Bizard sont plus rapprochées de celles de
l'île de Montréal que de celles de l'île Jésus.
Alors, ça serait déjà une bonne raison pour dire que
ça fait partie de la communauté urbaine de Montréal,
à mon humble avis.
Je ne crois pas que le maire de l'île Bizard doive
s'inquiéter du cas des cultivateurs, étant donné qu'il y a
des dispositions, dans toutes les lois des municipalités, qui tiennent
compte d'exemptions et des maxima d'évaluation qui sont imposés
aux exploitants de terrains agricoles. Donc, pas de problème pour les
cultivateurs.
Quant à la répartition, dans le rapport de la commission
Blier, nous avions suggéré que lorsque la communauté ne
donne pas de services dans une municipalité parce qu'elle ne peut pas en
donner ou qu'il n'y a pas intérêt à en donner, à un
moment donné, la répartition qui s'applique sur les autres
municipalités ne s'applique pas sur celle qui ne bénéficie
pas des services de la communauté.
Alors, cela, c'est un autre motif, je pense bien, pour lequel le maire
de l'île Bizard ne devrait pas s'inquiéter, quitte à
apporter une précision là-dessus. C'était une des
recommandations de la commission Blier.
Quant à l'estimation, je veux bien croire qu'elle est aussi bien
faite qu'elle peut l'être ailleurs; le maire s'inquiète à
savoir qu'il serait possible qu'on donne à des immeubles sur l'île
Bizard des valeurs, en tenant compte de normes qui s'appliquent dans le centre
de Montréal; cela n'existe pas non plus dans Montréal. On ne
donne pas les mêmes valeurs aux terrains de la rue Curateau, il me
semble, dans l'est, ou des terrains de Ville-Eymard, que nous donnons
que l'estimateur donne parce que ce n'est pas nous qui donnons les
valeurs sur des terrains qui sont situés dans le centre-ville.
L'estimateur tiendrait donc compte de ces éléments-là.
Quant au schéma d'aménagement, je crois qu'il y a
intérêt, au contraire, à ce que l'île Bizard soit
traitée dans le schéma d'ensemble d'aménagement qui est
prévu dans le projet de loi déposé par le gouvernement ;
il y a sûrement intérêt, et je puis dire, le maire de
l'île Bizard a été élu le 2 novembre je sais
qu'il y a plusieurs personnes à l'île Bizard qui
s'inquiètent de différents projets qui mijotent pour la mise en
valeur des terrains. Je pense bien qu'il y a lieu de mettre en valeur les
terrains, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais je sais qu'il y a des
citoyens parce que j'y passe deux mois l'été et j'y vais de
temps en temps les fins de semaine, et j'entends parler les gens qui
s'inquiètent de certains projets qui sont dans l'air. Alors, il y a donc
intérêt à ce que la communauté définisse les
grandes lignes d'un schéma d'aménagement, même pour ce
territoire.
Quant à la protection policière, elle est actuellement
assurée par la Sûreté du Québec. Tant et aussi
longtemps que la Sûreté du Québec voudra continuer à
assurer cette protection-là, tenant compte de l'observation que j'ai
faite il y a un moment, le maire ne devrait pas s'inquiéter, puisque
c'est la Sûreté du Québec qui assure la protection des
citoyens de l'île Bizard. Mais qu'on n'oublie pas une chose: le poste le
plus rapproché, à ce qu'on m'a dit, je le dis sous
réserve, de la Sûreté du Québec, est celui qui se
situe au pont Mercier. Je ne considère pas, quant à moi, que
c'est là une protection adéquate.
Quant aux services d'incendie, j'ai eu connaissance, dans les deux
dernières années, de deux incendies qui ont détruit
complètement deux bâtiments, rasés au sol, parce que,
précisément, il n'y avait pas d'eau pour arroser l'incendie.
Alors, évidemment, même si cela n'est pas urgent, c'est
dans l'intérêt des citoyens de cette municipalité de
s'équiper de façon à être protégés
dans le domaine de la protection.
Quant aux autres questions qui ont été soulevées,
la pollution de l'air et de l'eau, je pense que c'est un territoire qui, comme
le nôtre, doit être très conscient de ses problèmes
et prendre ses responsabilités également. Je ne suis pas de
l'avis du maire de l'île Bizard, moi, loin de cela que c'est une
responsabilité provinciale, pas plus que je suis de l'avis qui a
déjà été émis par les autorités
fédérales que c'est une juridiction fédérale.
Là-dessus, cependant, le gouvernement fédéral a
changé d'avis. Alors, le maire de l'île Bizard pourrait
peut-être, lui aussi, changer d'avis.
Quant à l'estimation j'y reviens simplement pour ajouter
à ce que j'ai dit en aparté les autorités de
l'île Bizard ont actuellement des difficultés à
défendre leur rôle qui est contesté, si j'ai bien compris,
par une ou deux puissantes entreprises. Je donne tout de suite cette assurance
à la commission que je n'ai rien à faire avec ces entreprises.
D'ailleurs, je ne connais pas ces entreprises.. La municipalité de
l'île Bizard serait bien servie si elle était défendue par
la communauté urbaine. Je pense qu'elle serait en meilleure posture
devant les tribunaux, si la communauté venait à faire des
représentations qui tiennent compte des normes qui sont
appliquées dans tout le territoire de la véritable
communauté urbaine de Montréal qui comprend l'île Bizard,
quoiqu'on dise!
M. LESAGE: M. Saulnier, vous avez dit, au sujet de la protection
policière, que, pour le moment, c'était la Sûreté du
Québec qui assurait cette protection sur l'île Bizard, mais, en
vertu des articles 233 et suivants du projet de loi, il devra y avoir
intégration des corps de police dans un délai de tant
d'années.
M. SAULNIER: C'est ça.
M. LESAGE: En vertu d'une modification suggérée par le
ministre des Affaires municipales, c'est, au plus tard, le 1er décembre
1970 que le comité exécutif doit, sur rapport du Conseil de
sécurité publique qui lui est soumis au plus tard le 1er
septembre 1970, adopter et soumettre, au conseil pour approbation par
règlement, au plus tard le 1er janvier 1971, un plan établissant
l'intégration partielle ou totale des corps de police.
M. SAULNIER: Oui.
M. LESAGE: De ce côté-là, c'est vrai pour le moment
mais ce n'est probablement pas vrai pour l'avenir.
M. SAULNIER: J'ajoute à cela, M. le Président, qu'il y a
dans le bill une autre disposition qui prévoit, pour l'immédiat
des mesures automatiques d'assistance entre les corps de police. Je vais donner
là-dessus un exemple et je le fais sans aucune malice à
l'île Bizard, par exemple, la protection est assurée par la
Sûreté du Québec et le poste est au pont Mercier. Alors,
tous ceux qui connaissent un peu la géographie de l'île vont tout
de suite être conscients que c'est une protection, ça, qui
laisse un peu à désirer. Alors, il y aurait
intérêt je pense que le maire de l'île Bizard,
là-dessus, sera d'accord avec moi à ce que les corps de
police, je ne sais pas, de Pierrefonds ou de Sainte-Geneviève, par
exemple, soient peut-être augmentés au point de vue de leurs
effectifs pour donner à l'île Bizard, dans l'immédiat, une
protection policière adéquate. Cela pourra peut-être se
faire et je le dis sans malice sans augmentation des
effectifs.
Ceux qui circulent souvent dans ce coin-là de l'île de
Montréal peuvent constater que la préoccupation première,
semble-t-il, de certains corps de police première et
dernière se limite à organiser des attrape-automobilistes,
c'est-à-dire de prendre tous les automobilistes qui ne demeurent pas
dans ces municipalités-là, s'ils ont le malheur de
dépasser d'un mille à l'heure les restrictions de vitesse qui
sont beaucoup plus sévères que celles du code de la route. C'est
la préoccupation principale, semble-t-il, de certains policiers de ces
municipalités-là. Donc, sans augmentation de coût, au
départ, il serait sans doute possible de donner une meilleure protection
policière aux citoyens de l'île Bizard et, en même temps, de
dégager le budget de la province d'une responsabilité qui,
à mon avis, n'est pas la sienne.
M. LE PRESIDENT: M. le maire.
M. PATRY: Pour répondre à M. Saulnier, disons que ses
affirmations sont exactes en ce qui concerne la police. Ce n'est pas le poste
le plus rapproché de la Sûreté du Québec mais c'est
le poste du pont Mercier qui répond à l'île Bizard. Mais,
maintenant, depuis que la Loi de police est adoptée, la
Sûreté du Québec fait le plus souvent appel à la
police de Sainte-Geneviève pour venir répondre, ce qui est une
anomalie, j'en conviens. Mais, pour $102,000, je suis capable de me
créer une force policière. Chez nous, nous avons besoin,
peut-être, d'une voiture de police avec un chef de police,
peut-être un sergent et deux constables; c'est tout ce dont nous avons
besoin. Disons que $102,000, c'est trop.
Je dis qu'actuellement c'est cela qui est trop. Je ne suis pas contre le
principe d'avoir la meilleure protection policière, mais c'est $102,000.
Ces $102,000 là sont trop pour la seule protection policière chez
nous. Si M. Saulnier me dit qu'à ce moment-là
Sainte-Geneviève ou Pierrefonds, en augmentant leur effectif d'une
automobile, vont venir patrouiller sur l'Ile Bizard et qu'on paiera non pas
à l'évaluation, mais, je ne sais pas, moi, au coût que
ça va entraîner pour cette municipalité-là pour
venir nous desservir de temps à autre, je peux être d'accord.
Mais, disons, pas pour $102,000; c'est le principe de la taxation à ce
moment-là.
Il parle de la protection contre l'incendie. Pour les besoins de M.
Saulnier, j'ai moi-même, il y a un an et demi, passé au feu
à l'île Bizard.
M. SAULNIER: Complètement?
M. PATRY: C'est cela que je m'en venais vous dire. Vos deux maisons ont
été rasées, mais la mienne n'a pas été
rasée.
M. SAULNIER: Vous êtes chanceux, vous.
M. PATRY: Je pourrais vous répondre là-dessus que je
demeure au point le plus éloigné de l'île Bizard. C'est moi
qui demeure le plus loin de la caserne de pompiers de Sainte -Geneviève.
Tout ce que je peux ajouter sur la protection contre l'incendie, c'est que nous
avons besoin d'une protection contre l'incendie. Mais, la communauté
urbaine il ne faut pas se leurrer là-dessus on ne viendra
pas me faire accroire que, parce que nous ferions partie de la
communauté urbaine, on va me bâtir une caserne à
l'île Bizard, qu'on va me mettre des pompiers à plein temps. On a
un feu à tous les deux mois, et cette année nous avons
dépensé $2,174.24 pour la protection contre l'incendie.
Là encore, je suis d'accord que, si nous devons payer les autres
municipalités, nous les payions à l'heure, les
municipalités voisines, pour avoir de la protection. Nous allons
continuer à les payer, que ce soit la communauté urbaine ou une
autre communauté, les payer à l'heure; que cela soit $3,000,
$4,000, $5,000, $10,000, cela ne fait rien. Mais, actuellement, nous n'avons
pas les moyens de faire partie de la communauté urbaine. Je ne dis pas
que dans cinq ans nous n'aurons pas les moyens, je ne dis pas que l'on doit
faire partie de la communauté urbaine de Toronto, de Hull ou de
Québec, ou n'importe où ailleurs; non, je ne dis pas cela.
Géographiquement, nous sommes près de l'île de
Montréal, mais, si vous continuez, vous pouvez prendre l'Isle-Verte,
l'île Bigras, l'île Jésus, vous pouvez monter avec tout
l'archipel de Boucherville ; c'est facile à ce moment-là.
M. LESAGE: M. le maire, au sujet de la protection contre l'incendie, vos
primes d'assurance doivent être un peu plus élevées?
M. PATRY: Nos primes d'assurance sont un peu plus élevées,
non pas je vais vous expliquer non pas, M. Lesage, parce que le
poste à incendie n'est pas sur l'île Bizard, mais parce que, dans
l'île Bizard, les propriétaires n'ont pas tous les services
d'aqueduc; c'est pour cela que les primes d'assurance sont plus
élevées. Je vais vous donner un autre exemple, vous avez
Pierrefonds, une municipalité voisine. Eh bien, cela prend plus de temps
à pierrefonds, parce qu'il y a trois Pierrefonds, ouest, centre et est.
Le poste de pompiers est dans Pierrefonds-Centre. Cela prend plus de temps de
partir de Pierrefonds-Centre pour aller éteindre un feu dans
Pierrefonds-Est qui est situé à 12 milles à l'autre bout
de la municipalité que de partir de Sainte-Geneviève et venir
chez moi. H y a la protection contre l'incendie, mais cela prend
plus de temps à se rendre dans leur municipalité que de se
rendre chez moi.
M. LUSSIER: M. le maire, si je comprends bien, vous admettez le
bien-fondé de faire partie de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. PATRY: Mais pas actuellement.
M. LUSSIER: Vous aurez sans doute de meilleurs services, principalement
dans le service de police et aussi dans le service d'urbanisme.
M. PATRY: M. le ministre...
M LUSSIER: L'incendie, c'est dans le deuxième temps. De toute
façon, pour ce qui est de la qualité de la protection
policière, c'est le conseil de sécurité qui
édictera normes et critères qui devront s'appliquer à tout
le territoire. Si la protection de police n'est pas suffisante, comme vous
l'avez dit tout à l'heure, ceci sera corrigé par des
recommandations et aussi par des décisions du comité
exécutif et du conseil de la communauté urbaine.
M. PATRY: M. le ministre, je ne sais pas si je vous ai bien compris,
vous avez dit que l'île Bizard aura un meilleur service? Non, ce n'est
pas cela que j'ai dit. J'ai dit que l'île Bizard pourrait avoir un
meilleur service, et c'est différent. Actuellement, le service que l'on
a chez nous est suffisant, disons dans la mesure où c'est possible
d'admettre cela, mais est-ce que la communauté urbaine va nous donner un
meilleur service? Je n'en crois pas un mot actuellement. Ce qu'il faut chez
nous, comme je vous l'ai dit, ce n'est pas seulement de la protection
policière et contre l'incendie. Vous augmentez le taux de taxes de $1
par $100 d'évaluation. A ce moment-là, les gens, qu'est-ce qu'ils
vont faire pour payer? Moi, je peux payer, je suis médecin comme vous
mais il n'y a qu'un médecin à l'île Bizard. Cela fait une
personne qui peut payer à ce moment-là.
M. LUSSIER: On peut inclure une couple d'autres professions aussi.
M. PATRY: Oui, nous avons un ingénieur et on a un
président du comité exécutif.
M. THEORET: M. le maire, combien y a-t-il de cultivateurs?
M. PATRY: Pardon?
M. THEORET: Combien reste-t-il de cultivateurs qui cultivent la
terre?
M. PATRY: Oh, vous pouvez avoir de 5 p.c. à 10 p.c,
seulement.
M. THEORET: Combien y a-t-il de propriétés desservies par
des services d'égouts dans l'île Bizard?
M. PATRY: Actuellement, vous en avez... Disons qu'il y a à peu
près 400 familles à l'île Bizard. Sur les 400 familles que
vous pouvez avoir, 300 sont situées dans le même petit patelin, ce
qu'on appelle "le village". Disons que ça peut avoir huit à dix
rues, c'est tout. Tout est concentré là.
M. THEORET : Est-ce que les services sont installés?
M. PATRY: II y a actuellement des services dans 3 des 10 rues. Nous
sommes actuellement en discussion avec la commission municipale et avec la
Régie des eaux du Québec pour avoir des services pour tous; c'est
simplement une question de temps.
M. THEORET: Quel est le service d'aqueduc que vous avez dans le centre,
dans la vieille partie de l'île Bizard?
M. PATRY : Ce que je viens de dire concernait la vieille partie. Dans le
reste de l'île, vous n'en avez pas besoin; vous avez une maison à
tous les 500 pieds ou à tous les 2,000 pieds.
M. THEORET: M. le Président, si vous me permettez quelques
remarques. Je connais particulièrement ce coin de la région de
Montréal et j'abonde dans le sens de M. Saulnier. Je regrette de le
dire, mais je crois que l'île Bizard, M. le maire, accuse un retard
considérable par rapport à la région de Montréal.
C'est toujours avec un certain serrement de coeur que je vois que le
développement s'est fait si lentement. M. Saulnier avait raison de dire
que vous faites partie de Montréal; vous vivez avec les gens de
Montréal. J'ai été surpris, tantôt, d'apprendre que
seulement 15 p.c. des gens travaillent à Montréal ils ne
travaillent peut-être pas à Montréal, mais ils travaillent
quand même sur l'île de Montréal parce qu'il n'y a
aucune façon de gagner sa vie à l'île Bizard. Alors, je
crois que le projet a toutes les raisons de vous rendre service.
Peut-être qu'on a fait beaucoup de politique avec les services d'eau et
d'égouts, chez vous, avant que vous soyez là, M. le maire. J'en
ai entendu parler depuis de nombreuses années; c'était le nid
à procès de Montréal.
Je constate avec beaucoup de regret ce retard. L'île Bizard, qui
était le joyau, le jardin de l'île de Montréal, est en
train de devenir, impassif et il y a lieu à amélioration
dans la vieille partie, dans le village de l'île Bizard, la situation est
déplorable. Les belles parties, ce sont celles qui appartiennent aux
touristes, aux gens riches, comme vous les avez appelés tantôt.
Alors, disons que j'abonde dans le sens des recommandations de M. Saulnier. Je
crois que
la communauté urbaine devrait vous rendre service.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vos concitoyens désirent ce
changement qu'on apporte au statut de votre municipalité?
M. PATRY: Pas du tout.
M. TREMBLAY (Montmorency): On ajouterait au statut d'une
municipalité rurale celui de municipalité de ville avec des
services, en fait, que la population ne désire pas parce qu'elle est
heureuse comme elle se trouve actuellement. De tels services lui sont
imposés, en définitive, par de nouveaux venus qui viennent s'y
installer et y résider temporairement. Est-ce que vous croyez que ces
services sont absolument nécessaires actuellement? Vous avez dit, tout
à l'heure, que vos concitoyens n'avaient pas les moyens de se payer de
tels services. Voulez-vous préciser votre pensée? Est-ce que vos
concitoyens le désirent ou est-ce que cette solution leur serait
imposée? H reste que le peuple est souverain et que les gens de votre
localité ont leur mot à dire aussi ; vous les représentez
ce matin.
M. PATRY: Bon, tout ce que je pourrais vous répondre et
cela, j'en suis sûr c'est que le peuple ne le désire
aucunement. Et cela, c'est définitif. Maintenant, pour répondre
à M. le député qui, il y a quelques minutes, a dit que
l'île Bizard ne faisait vivre personne, je pourrais lui dire qu'à
l'île Bizard il y a deux terrains de golf et qu'il y a beaucoup de gens
qui travaillent sur les golfs, pour commencer. Ces gens-là ne sont pas
"personne". Deuxièmement, il y a un service de transport avec au moins
50 autobus. Cela fait au moins 50 personnes qui se font vivre par l'île
Bizard. Ce n'est pas "personne".
M. HYDE: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question, probablement à M. Saulnier et peut-être même au
ministre? Quel serait l'inconvénient, vu l'attitude de l'île
Bizard, d'enlever l'île Bizard, pour le moment, quitte à l'amener
dans trois, quatre ou cinq ans?
M. LUSSIER: Je vais répondre, peut-être, à cette
question-là. Tout d'abord, au point de vue du plan d'aménagement
du territoire, nous considérons qu'un territoire qui est à la
limite du territoire d'une communauté urbaine doit comprendre le
centre-ville et ces villes, c'est-à-dire un territoire très
urbanisé et aussi un autre territoire autour de cette zone
peuplée densément, une zone semi-urbanisée et aussi, en
partie, une zone semi-rurale.
Dans un avenir très rapproché, ce territoire deviendra
à son tout très urbanisé et, pour avoir un
développement logique et harmonieux, il faut l'inclure dans un grand
plan d'aménagement du territoire. C'est la première raison.
Deuxième raison, nous évoluons, je pense bien, vers des
organismes régionaux, en plus d'organismes urbains ou
métropolitains, et ces gens doivent faire partie d'une communauté
régionale ou d'une communauté urbaine. Mais parce qu'ils sont
situés directement dans une zone d'influence très proche d'un
grand centre, d'une grande agglomération urbaine, et, comme je le disais
tout à l'heure, qu'ils sont appelés, dans un avenir assez proche,
à s'urbaniser, eh bien, si nous voulons bien maîtriser, ou le
mieux possible, ce phénomène de l'urbanisation, il nous faut
avoir un organisme métropolitain.
Il existe aussi des services qui doivent être
améliorés. Prenez, par exemple, l'assainissement de nos eaux. Eh
bien, ceci se réglera par, disons, soit des bureaux d'assainissement,
comme ici à Québec, par des bassins de drainage, ou par groupes
de bassins de drainage; si nous laissons un territoire qui, en fait, fait
partie, à notre avis, actuellement, de l'agglomération
montréalaise, de l'agglomération urbaine, nous aurons
peut-être des difficultés à inclure ce territoire, ne
faisant pas partie d'une structure de droit, il sera très difficile de
l'inclure et de le faire participer à l'assainissement des eaux.
Il y a une foule de problèmes semblables qui se poseront, si ce
territoire, qui est très contigu, qui fait partie de 1'hinterland de
l'agglomération urbaine de Montréal, n'est pas une partie incluse
à cette communauté urbaine.
M. CHOQUETTE: Quel est le mot savant que le ministre a
employé?
M. LUSSIER: II y a des dictionnaires. M. CHOQUETTE : Le mot
"hinterland".
M. LUSSIER: Oui. Ils ne sont peut-être pas à jour, ces
dictionnaires.
M. LESAGE : Le ministre, devient de plus en plus hitlérien.
M. LAPORTE: Hinterland.
M. LESAGE: C'est cela qui me fait peur, justement.
Nous avons déjà accusé le ministre de vouloir
passer le rouleau à vapeur, d'avoir des tentations de dictature. Voici
que, maintenant, il emprunte le langage des dictateurs.
M. LUSSIER: Eh bien, regardez donc cela!
M. LESAGE: Ce n'est pas un homme ordinaire!
M.LAPORTE: Et ce n'est pas un homme porté à changer
d'idée!
M. LESAGE: Non! C'est dangereux, c'est très dangereux!
M. LUSSIER: II n'est pas question de changer d'idée, il est
question, messieurs, je pense bien, actuellement, d'étudier certains
principes de la loi, d'émettre certaines idées. Nous sommes ici
pour...
M. LESAGE: Quels sont vos autres arguments?
M. LUSSIER: Mes autres arguments? M. Laporte vient de m'en donner un. Il
dit que j'avais raison d'employer le mot "hinterland" et...
M. LESAGE: Non. Vos autres arguments pour inclure l'île
Bizard?
M. LUSSIER: Eh bien, là, je pense bien que je vous en ai
donné suffisamment.
M. LESAGE: Oui. Eh bien, tous les arguments que vous avez donnés,
M. le ministre, s'appliqueraient aussi bien à Repentigny.
M. LUSSIER: Oui...
M. LESAGE : Le seul argument que je...
M. LUSSIER: Non.
M. LESAGE: ... trouve valable, que je trouverais valable, et que
j'aimerais bien vous entendre donner et, en même temps, commenter, c'est
le suivant: C'est que la seule voie d'accès à l'île Bizard
est sur l'île de Montréal, alors que, pour Repentigny,
évidemment, il y a les accès vers le nord et vers l'est. Parce
que l'île Bizard est une île qui n'est reliée qu'à
l'île de Montréal, il n'y a pas d'autres voies d'accès. Ce
serait, à mon sens... Oui, il y a un traversier, mais un lien direct,
n'est-ce-pas. Alors, cela, ce serait l'argument. Mais tous ceux que le ministre
a donnés s'appliquent aussi bien...
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: ... à la ville de Laval, à Repentigny. A mon
sens, cela n'est pas...
M. LUSSIER: Cela ne s'applique pas, tout d'abord, à la ville de
Laval parce que Laval...
M. LESAGE: Eh bien, cela s'applique à Repentigny.
M. LUSSIER: ... est une ville beaucoup plus grande. Et Repentigny, M. le
chef de l'Opposition...
M. LESAGE: A l'île Perrot.
M. LUSSIER: M. le chef de l'Opposition, Repentigny fait partie d'un
territoire qui n'est pas une île...
M. LESAGE : Bien oui.
M. LUSSIER: ... mais que la rive nord...
M. LESAGE: C'est facile à dire, c'est le seul argument que vous
n'avez pas donné.
M. LUSSIER: Mais l'île Bizard, comme son nom l'indique, c'est une
île...
M. LESAGE: L'île Perrot?
M. HYDE: M. le Président, la question que je vous posais...
M. LUSSIER: Laissez-moi finir, je vous ai laissé exposer votre
point de vue. Il faut aussi noter que si une ville de banlieue, une
ville-dortoir fait partie de la communauté urbaine, en fait, c'est
bénéfique pour elle au point de vue financier. M. le maire, au
début, on peut être d'accord... Voulez-vous être
sérieux un petit peu? Parce qu'au début...
M. SEGUIN: M. le Président, je fais un commentaire sur ce que dit
le ministre et il me demande d'être sérieux... Il dit que c'est
bénéfique au point de vue financier...
M. LUSSIER: Au début, peut-être, pour une ville de banlieue
comme la vôtre, cela peut être onéreux.
M. PATRY: Ce n'est pas, cela peut-être, cela va être
très onéreux.
M. LUSSIER: Mais, si vous considérez la qualité et la
quantité des services que vous obtiendrez en faisant partie de la
communauté urbaine, vous allez constater que, parce que la
répartition des coûts est faite selon l'évaluation
foncière, que les villes de banlieue, les villes-dortoirs
spécialement, parce qu'elles ont peu d'évaluation par pied
carré, ce sont elles, qui, en fait, profiteront le plus pour le montant
qu'elles paient. C'est une des raisons pour laquelle il est important
d'instituer une communauté urbaine dans les zones urbanisées,
évidemment, parce que la disparité financière qui existe,
elle existe surtout par rapport au centre-ville et aux villes en
périphérie, banlieues, dortoirs, par rapport aux villes qui sont
situées entre les deux. Celles qui profitent le plus, en fait, parce
qu'elles possèdent de vastes zones industrielles et commerciales, ce
sont ces villes-là qui profitent, en fait s'il n'existe pas de
communauté urbaine le plus de cette agglomération urbaine
et qui y participent financièrement le moins. C'est pour cela que je
vous disais qu'au début peut-être, l'île Bizard qui doit
s'urbaniser très rapidement, beaucoup plus rapidement encore que
Repentigny, qui est situé beaucoup plus près, qui est une
île, a besoin en tant que telle de faire partie d'une communauté
régionale ou
urbaine. Tandis que d'autres villes, qui sont à la
périphérie de Montréal, pourront faire partie et elles
feront partie d'autres communautés. Il y a un endroit où il faut
passer les frontières. Mais je crois bien que l'île Bizard,
à mon avis, a beaucoup d'avantages à faire partie de cette
communauté urbaine et même, M. le maire, je pense bien que vous
l'admettez, puisque vous dites: Pas tout de suite, dans quelques années.
Si c'est bon dans quelques années, pourquoi n'est-ce pas bon
actuellement?
M. PATRY: Monsieur...
M. LUSSIER: Dans deux ou trois ans? H y a une question
financière?
M. HYDE: La question que j'ai posée est la suivante: Quel est
l'inconvénient que le ministre voit à ce qu'on élimine
pour le moment l'île Bizard, puisqu'il semble avoir tellement
d'objections, quitte à l'inclure dans quelques années? Et
j'imagine que le ministre n'écarte pas la possibilité d'ajouter
peut-être d'autres villes à la communauté dans un avenir
peut-être pas trop rapproché?
M. LUSSIER: Alors, M. le député de Westmount, ce matin,
comme nous l'avons dit au début, nous sommes ici pour entendre des
représentations, et je suis bien prêt à prendre ceci en
délibéré. Lorsque nous arriverons en comité
plénier, en fait, nous siégerons, et, à ce moment, nous
prendrons la décision finale. Nous prenons en
délibéré toutes les raisons invoquées de part et
d'autre...
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. LUSSIER: ... et ce n'est pas ce matin que nous allons prendre une
décision définitive.
UNE VOIX: Tout ce que j'ai demandé, c'étaient des
renseignements, ce n'est pas plus long que ça.
M. CHOQUETTE: II faut que ce soit mûri, cette décision, M.
le ministre... Mûrir votre décision.
M. LE PRESIDENT: Un instant, M. Séguin a demandé la
parole.
M. SEGUIN : Je ne veux pas prendre le temps du comité, je
voudrais faire, tout de même, une mise au point sur ce qu'aurait dit mon
ami et collègue, le député de Papineau, lorsqu'il a fait
allusion que l'île Bizard, il n'a pas employé le mot
"dépotoir", mais il a insinué que ça pouvait être un
endroit du genre.
Je peux vous dire, à moins que vous ne passiez là,
après minuit, que c'est un endroit très joli; les gens qui y
habitent s'y plaisent énormément, y compris, comme nous l'avons
mentionné tout à l'heure, le président de
l'exécutif et un autre député de la Chambre, celui de
Marguerite-Bourgeoys, et encore nombre d'autres.
Quant au village de l'île Bizard, c'est un village typique, je
pense de ceux qu'on voit partout dans la province, y compris nombre de villages
du comté même du député de Papineau.
Je voudrais, en même temps, M. le Président, pour ajouter
à ce qu'a dit M. le maire tout à l'heure, lorsqu'il a
mentionné au début de ses commentaires que l'île Bizard
n'avait jamais fait partie du Conseil de coordination interurbain, ni du
Montréal métropolitain, dire qu'elle n'avait pas
été mentionnée dans le rapport Blier. Je voudrais dire
aussi que depuis treize ans, à ma connaissance, l'île Bizard n'a
jamais non plus été invitée à prendre part aux
délibérations qui se font régulièrement, tous les
mois, entre les maires de l'ouest de l'île. C'est dire que l'on n'a
jamais vu ni l'île Bizard ni les municipalités de l'ouest de
l'île, on n'a jamais reconnu l'avantage d'inclure l'île ou la
paroisse de Saint-Raphaël-de-1'île-Bizard dans nos discussions.
Ce sont des rencontres qui ont lieu régulièrement. C'est
simplement pour ajouter, peut-être, à l'argument du maire, qui a
mentionné tout à l'heure que, jamais, il n'avait
été question de cette île. Pour l'information de la
commission, je voulais ajouter ceci que, même dans l'ouest de
l'île, l'île Bizard n'avait jamais fait partie intégrante,
ni réelle ni autrement. C'est un coin de mon comté que je
respecte, que j'aime, pour la simple raison que c'est le seul secteur agricole
que j'ai.
M. LUSSIER: ... que cela n'avait jamais été
mentionné, dans l'avant-projet au mois de juin, c'était
mentionné.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier.
M. PICARD (Olier): M. le Président, à mon avis, ce qui
semble inquiéter le maire de l'île Bizard, c'est le fait
qu'à la suite de la mise en application du bill 75 il y ait une
augmentation très sensible des taxes pour les contribuables de
l'île Bizard.
Le président du comité exécutif de la ville de
Montréal mentionnait tantôt que la répartition des
coûts se fera seulement lorsqu'il y aura des services. Et, sur ce point,
j'aimerais attirer l'attention du maire de l'île Bizard, et je pense que,
s'il veut réellement protéger les intérêts de ses
contribuables, c'est cela qu'il devrait surveiller à l'avenir.
C'est l'article 124, surtout le paragraphe a, qui se lit comme suit,
très court, vous allez me permettre, M. le Président, trois
lignes à peine. D'abord on dit que cet état des
évaluations totales, à l'exclusion de tout autre, sert aux fins
suivantes: "a) au partage des coûts répartis entre certaines ou
plusieurs des municipalités sur une base d'évaluation
foncière".
Alors, la loi protège justement les municipalités comme
l'île Bizard qui, par exemple, ne bénéficieraient pas de
certains des services prévus dans le texte de loi; elles n'auront pas
à en partager le coût. Comme, par exemple, le coût de la
Commission de transport. Elles n'auraient pas à assumer une partie du
déficit.
M. PATRY: Est-ce que je peux répondre à toutes ces
objections-là? Premièrement...
M. LE PRESIDENT: II y a d'autres questions avant, puis on va
répondre en même temps, je crois.
M. TREMBLAY (Montmorency); M. le Président, je demanderais
à M. le ministre de répondre à une seule question. La
Communauté urbaine de Montréal sera créée, tout
probablement que les résultats en seront excellents. Et, si ces
résultats sont excellents dans quelques années, je ne vois pas
pour quelle raison les municipalités ne demanderaient pas
elles-mêmes leur adhésion.
Je fais un parallèle avec la Communauté urbaine de
Québec. Est-ce que l'on a compris l'île d'Orléans dans la
communauté urbaine de Québec? C'est le même cas, il y a des
terrains de golf, il y a des villégiateurs, il y a des cultivateurs. Et
de même pour la rive sud, dans la Communauté urbaine de
Québec, Lévis, Lauzon ont été exclues. Je ne vois
pas pour quelle raison, dans ce cas, M. le ministre, on n'exclurait pas
l'île Bizard de cette communauté.
M. LUSSIER: H faut passer la ligne en quelque part, à un moment
donné.
M. TREMBLAY (Montmorency); C'est une chose qui ne s'impose pas
actuellement.
M.LUSSIER: Il faut passer la ligne en quelque part, à un moment
donné.
M.TREMBLAY (Montmorency): Passez là en-deça.
M. CHOQUETTE: M. le maire, je voudrais vous poser une question. Faisant
un rapide calcul avec les données que vous nous avez exposées
tout à l'heure, je présume que votre budget municipal annuel est
d'environ $200,000 par année?
M. PATRY: Pardon?
M. CHOQUETTE: Quel est votre budget annuel?
M. PATRY: Disons que la taxe foncière rapporte à la
municipalité $46,000 par année, ce qui n'inclut pas les 2 p.c. du
gouvernement.
Alors, tout ce que nous avons comme budget, c'est $80,000 par
année.
M. CHOQUETTE: Vous avez dit, tout à l'heure, que le fait
d'être inclus dans la communauté urbaine représentait pour
vous enfin je ne le sais pas des contributions additionnelles de
$102,000 pour vos contribuables.
M. PATRY: C'est M. Lussier qui a apporté cette
donnée-là, lundi matin. Il a dit que, pour avoir le service de
police, ça coûtera $102,000 à l'île Bizard.
M. CHOQUETTE: Donc, en somme, vos taxes vont...
M. PATRY: Les taxes tripleront.
M. LUSSIER: Ecoutez, ce n'est pas seulement pour le service de police;
c'est pour la communauté urbaine. Pour tous les services qu'elle vous
donnera, votre contribution serait de... Mais, ça, ce sont tous des
chiffres approximatifs. Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent intervenir en
plus ou en moins.
M. CHOQUETTE: M. le ministre, est-ce que je peux vous poser une
question? Est-ce qu'une étude a été faite par les
officiers de votre ministère quant aux répercussions
financières probables je sais qu'on nage dans l'incertain, c'est
clair, et je ne ferai pas de reproche au ministre de ne pas avoir des chiffres
d'une précision absolue, c'est sûr de la communauté
urbaine sur les finances publiques dans les différentes
municipalités intéressées?
M. LUSSIER: Des études, évidemment, ont été
faites.
M. CHOQUETTE: Est-ce que l'on pourrait en avoir le résultat?
M. LUSSIER: Le résultat! Là, nous sommes à parler
de l'île Bizard.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec vous.
M. LUSSIER: Aussitôt que nous aurons fini avec l'île Bizard,
nous passerons à d'autres articles. Je pense bien qu'au cours de la
journée l'article "finance" sera à l'ordre du jour, à un
moment donné.
M. CHOQUETTE: Non, je suis parfaitement
d'accord avec vous. Mais, c'est parce que ce que je disais se lie en
général à...
M. LUSSIER: On ne peut pas commencer à discuter de l'île
Bizard. Il y a l'île Bizard, mais il y a d'autres villes où
ça augmentera ou ça diminuera. Je pense qu'il faudrait attaquer
cette affaire de finance ou du coût en tant que telle .
M. LE PRESIDENT: M. Saulnier, une question?
M. SAULNIER: M. le Président, je me permets d'intervenir à
ce stade-ci. Cela permettra justement, peut-être, d'analyser certains
chiffres que nous avons pu établir et qui ont été
discutés avec quelques-uns des maires de la banlieue de Montréal.
Je fais rapport que, dans la plupart des cas, on m'a dit: Oui, c'est environ
l'ordre de grandeur à laquelle nous sommes arrivés.
Alors, prenons l'année 1970, parce que, là, je pense que
le temps est venu de ne pas lancer en l'air des augmentations de $1 par $100
d'évaluation ou de $100,000 par année, dans des cas, par exemple,
comme celui de l'îleBizard. Les responsabilités
prévues par l'organisme pour l'année 1970 se limitent au service
de protection policière. Je vais être très bref.
L'augmentation des coûts sur tout l'ensemble des municipalités
c'est-à-dire sur toutes les valeurs imposables qui sont de $4
milliards à l'extérieur des limites de la ville de
Montréal représente, d'après un calcul très
rapide que je viens de faire, environ $0.12 1/2 par $100 d'évaluation.
J'ai bien dit, M. le Président, que je donnais ces chiffres pour qu'ils
soient discutés le plus rapidement possible, de façon à ne
pas lancer $1 par ici. Moi, j'arrive à $0.12 1/2, je le dis sous
réserve. S'il y a une correction, ça peut être $0.17,
$0.18. Bon, voici, on dit $0.25. Le procureur ici à côté de
moi dit $0.25. Mettons $0.25.
M. PATRY: Vous doublez déjà!
M. SAULNIER: Dans le cas de l'île Bizard, nous trouvons des
citoyens qui font partie de la même agglomération urbaine. Je
prends à témoin précisément le maire de la
municipalité. Je connais un peu les citoyens de l'îleBizard et je sais que l'immense majorité est en bonne santé.
Je ne serais pas surpris par conséquent que la majorité de sa
clientèle soit sur l'île de Montréal.
Je dis que, dans le cas de l'île Bizard, la taxe foncière
qu'on y songe un moment, c'est très sérieux est de
$0.25 par $100 d'évaluation.
Elle est de $1.60 à Montréal, de $1 et quelque chose
à Saint-Laurent, etc. Ce n'est sûrement pas abuser des droits
d'imposition lorsqu'il s'agit de partager les coûts.
Si je ne pensais qu'à mon intérêt personnel,
même si j'ai là une résidence que j'occupe en
été, bien, mon Dieu, je serais bien d'accord avec le
député Hyde qu'on remette cela au plus tard possible. Mais je
trouve que c'est une injustice, parce que je sais qu'il y a également,
sur l'île Bizard, en plus des golfs, des entreprises puissantes qui ont
consolidé des millions de pieds de terrain, et il n'y a pas de raison
pour que ces entreprises soient exemptées des responsabilités qui
sont celles de tous les contribuables de l'île.
Il y a également sur l'île Bizard des gens qui demeurent
là à l'année, qui sont parmi les plus riches citoyens du
Canada, et qui gagnent leur vie, c'est bien évidemment, dans
l'agglomération urbaine la plus importante du pays. J'ai donné un
chiffre: le procureur, M. Viau, dit ici que c'est le double; alors, je prends
même son chiffre et on est à un quart du chiffre qu'a lancé
le maire de l'île Bizard.
M. PATRY: Bon, écoutez, à ce moment-là, moi, tout
ce que je pourrais répondre à M. Saulnier, M. Lussier a dit
$102,000, si c'est $102,000 et qu'actuellement, mon taux de taxe
foncière me rapporte $46,000, bien écoutez, il faut que je
triple; je ne double pas, mais je triple, parce que si j'ai $46,000 et qu'il
m'en faut $100,000 de plus, il faut que je double mes $46,000 pour faire
$100,000. Donc, ce n'est plus $0.25, on est rendu à $0.75; cela est
à part des autres services.
Chez nous, on n'a pas les services d'aqueduc et d'égoût au
complet. Si, à ce moment-là, on passe le moindre service
d'aqueduc et d'égoût, qui aujourd'hui coûte au moins $1 par
pied de front, là, si je donne le moindre autre service à mes
citoyens, c'est à ce moment-là que mon taux va augmenter,
augmenter, augmenter. Vous parlez des services que je vais payer, seulement
lorsque je vais avoir les services. Oui, mais dans la partie ouest de
Montréal, la municipalité de l'île Bizard a une voix sur
les onze pour nommer son représentant, son délégué
au conseil exécutif de la communauté, et ce
délégué, ce représentant au conseil exécutif
va avoir une voix sur les douze membres du comité exécutif;
à ce moment-là, l'île Bizard n'a pas les mêmes
problèmes que Saint-Laurent, Baie-d'Urfé, Beaconsfield,
Pointe-Claire et toutes les autres municipalités autour de nous.
M. Saulnier a parlé du schéma d'aménagement. Je
suis bien d'accord que le schéma d'aménagement doit faire partie
d'un tout et
doit faire partie... avec l'île de Montréal. Si, à
ce moment-là, M. Saulnier veut inclure dans le bill 75 une partie de
l'île Bizard, disons que le schéma d'aménagement sera fait
par la communauté pour avoir un tout et que dans trois, quatre ou cinq
ans, lorsque nous aurons les moyens de faire partie de la communauté,
nous en ferons partie, à ce moment-là, et je suis d'accord.
Disons qu'il y a moyen de discuter, il y a moyen d'en arriver à
une entente, mais pas tout d'un coup bang! en pleine face, on vous jette
cela. Ecoutez, les gens n'en veulent pas, moi, je suis élu par le
peuple, mon peuple n'en veut pas, on n'en veut pas chez nous, à ce
moment-là, c'est une imposition que l'on nous fait chez nous.
M. GARIEPY: M. le Président, je suis le maire Gariépy de
la ville de Verdun.
M. LE PRESIDENT: Est-ce sur le même sujet, M. le maire?
M. GARIEPY: Oui, justement. Tantôt, M. le Président, vous
avez demandé s'il y avait des maires des villes de banlieue qui
voulaient discuter du problème de l'île Bizard. Je crois que si on
revient aux remarques de M. le maire, à savoir pourquoi l'île
Bizard n'a pas été convoquée le 24 octobre par le ministre
des Affaires municipales, est-ce à ce moment-là, le ministre ne
songeait pas à inclure dans son bill 75 l'île Bizard? S'il ne
songeait pas, le 24 octobre, de nous convoquer, nous les villes de banlieue, je
ne vois pas pourquoi, aujourd'hui, l'île Bizard est incluse dans le bill
75. Et si on prend l'fle Bizard sur l'argumentation, parce qu'il y a un pont
attaché à Montréal...
M. LUSSIER: Est-ce que je peux répondre à votre
première question? ...
M. GARIEPY: Oui.
M. LUSSIER: C'était mon intention parce qu'elles faisaient
partie de l'avant-projet de les convoquer. Si cela n'a pas
été fait, c'est une erreur de personnel mais c'était notre
intention de convoquer tous ceux qui étaient inclus dans l'avant-projet
199.
M. GARIEPY: Mais, M. le ministre...
M. SAULNIER: Par la même erreur, le maire de Montréal
n'avait pas été invité.
M. GARIEPY: Disons que j'accepte cette excuse-là pour
l'assemblée d'urgence du 24 octobre, mais nous avons eu d'autres
convocations depuis. Maintenant, je reviens à l'allusion double. Le
ministre des Affaires municipales, tantôt, a posé la question
suivante au maire et là, M. Saulnier, le président de
l'exécutif, vient aussi de renchérir sur cette question
c'est l'allusion du ministre à l'effet de connaître si les
citoyens de l'île Bizard travaillent à Montréal. Est-ce
qu'on veut revenir sur le problème de taxer tous les travaillants de
l'extérieur de Montréal? Est-ce que c'est cela le but du bill
75?
M. LUSSIER: Absolument pas.
M. GARIEPY: Alors, pourquoi soulève-t-on cette
question-là?
M. LUSSIER: Bien des questions sont posées. Celle-ci est, je
pense bien, aussi pertinente que les autres.
M. GARIEPY: Vous avez donné comme réponse l'argumentation
que l'île Bizard doit être rattachée à
Montréal par son pont. Pourquoi ne pas inclure, tel que M. Lesage l'a
mentionné tantôt, la ville de Laval et l'île Jésus?
Elles ont plusieurs ponts qui les rattachent à l'île de
Montréal. L'île des Soeurs, vous l'incluez dans la banlieue de
Verdun parce que c'est dans le territoire de Verdun Or, c'est encore
relié par un pont et ça devrait en faire partie automatiquement.
Alors, je crois que l'île Bizard, au moins, tel que l'a proposé le
maire, devrait être mise de côté dans la présentation
du bill actuel. C'est mon point de vue. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais poser une question au Dr Patry?
M. LE PRESIDENT: M. Lesage.
M. LESAGE: Est-ce que vous avez un service de transport en commun qui
vous relie à l'île de Montréal et qui dessert, au moins en
partie, votre île?
M. PATRY: Voyez-vous, sur les 400 familles de l'île, il y en a 300
qui demeurent dans le village. Le village est situé à moins de
1/2 mille de l'île de Montréal et c'est le Provincial Transport
qui dessert le village seulement. Les gens du tour de l'île comme
M. Saulnier les appelle sont presque tous des millionnaires qui
possèdent deux, trois ou quatre automobiles.
M. LESAGE: Oui, je comprends. Alors, c'est la compagnie de Transport
provincial qui vous dessert.
M. PATRY: Le matin, la compagnie...
M. LESAGE: Vous avez remarqué que le nom de votre
municipalité est mentionné dans l'annexe b) du projet de loi et
que la Commission de transport de Montréal aura compétence sur
tout le territoire de l'île et sur le territoire de l'île
Bizard?
M. PATRY: Assurément.
UNE VOIX: Le métropolitain provincial...
M. LESAGE: Un instant, je voulais le souligner au maire.
M. LUSSIER: II faut bien noter aussi que les municipalités qui
participent au déficit du métro sont celles qui sont desservies
par la Commission de transport.
M. LESAGE: Quand nous arriverons à l'étude de tout ce
chapitre de la Commission de transport, je voudrais bien savoir, à ce
moment-là, exactement comment vous allez procéder et comment la
Commission de transport va procéder quand il s'agit de compagnies qui
font le service sur une partie du territoire. Cela m'intéresse d'autant
plus qu'il semble que, d'après le projet de loi de la Communauté
urbaine de Québec, le même problème va se présenter
et probablement d'une façon plus aiguë. La question est de savoir,
si la Commission de transport pourra ou devra acquérir les compagnies et
l'équipement. Est-ce que ça devrait être "peut", comme dans
le projet de loi, ou si ça devrait être "doit"? C'est une question
très importante et c'est en pensant à cela que je voulais savoir
quelle était exactement la situation à l'île Bizard. La
même situation se présente autour de Québec pour la
Communauté urbaine de Québec. C'est une question assez difficile
à régler.
M. LUSSIER: D'accord. Nous en discuterons à ce
moment-là.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. Maintenant, je crois que nous en
sommes rendus à M. Laurin. Est-ce que vous êtes...
M. LUSSIER: Messieurs, je veux dire que j'ai demandé qu'on aille
me chercher tous ceux qui avaient été convoqués à
cette réunion du mois d'octobre. M. Edouard Gaucher, maire de la
paroisse de Saint-Raphaë1-de-l'île-Bizard, avait été
convoqué. Il a reçu un télégramme.
M. PATRY: M. le ministre, est-ce que je pourrais faire une observation?
Les télégrammes que votre ministère envoie sont toujours
envoyés au maire, ce qui est normal. Je n'étais pas maire,
à ce moment-là Le maire avait même
démissionné, à ce moment-là. En effet, en date du
21 octobre, il avait fait part de sa décision de ne pas se
représenter; il y avait eu démission. Deuxièmement, c'est
comme votre invitation pour lundi dernier...
M. LUSSIER: II a fait part de sa décision de ne pas se
présenter, mais il était encore maire.
M. PATRY: Non, non, mais écoutez, c'est comme votre
télégramme de lundi dernier. Votre ministère a
envoyé le télégramme samedi après- midi, aux soins
du maire, à l'hôtel de ville de l'île Bizard. Or,
l'hôtel de ville est fermé le samedi soir et le dimanche,
nécessairement. J'ai reçu le télégramme à 9
h l5 le lundi matin pour être ici à ll h lundi matin.
M. THEORET: IL est temps d'améliorer vos services !
M. PATRY: Ce ne sont pas nos services; c'est le service des
télégrammes. C'est le temps d'améliorer le service des
télégrammes.
M. DEMERS: Ou vos télégraphes!
M. LE PRESIDENT: Merci. M. Laurin.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'on peut savoir quelles sont
les intentions du comité? Est-ce que c'est d'étudier, clause par
clause, le bill 75? Si ce n'est pas cela, voici en général...
M. LESAGE: M. Laurin, hier, lorsque les députés de
l'Opposition sont intervenus pour demander la réunion de ce
comité afin de vous entendre, vous et vos collègues, nous avons
parlé du principe général du bill, qui est celui de
l'établissement de la communauté urbaine. Nous avons parlé
également, de tous les principes secondaires que l'on retrouve à
travers tout le projet de loi. Chacun des membres de l'Opposition a, sans
mentionner les articles, parlé de divers problèmes sur lesquels
nous aimerions bien avoir l'opinion des maires, des autorités
municipales de l'île. Et, tout au cours du débat,
de nombreux points ont été soulevés. Alors, nous
aimerions bien que vous puissiez nous dire ce que vous pensez,...
M. LAURIN: Voici, M. Lesage...
M. LESAGE: ... sans voir étudié clause par clause, de
l'ensemble du projet de loi.
M. LAURIN: Je pense bien que l'on peut dire...
M. LESAGE: C'est cela le principal.
M. LAURIN: ... que, dans l'ensemble, nous sommes d'accord sur le
principe de la création d'une communauté urbaine sur l'île
de Montréal, y compris l'île Bizard, éventuellement. Nous
nous questionnons sur plusieurs points du bill 75. La grosse question,
naturellement: combien est-ce que cela va coûter? Pour Saint-Laurent, qui
est la ville la plus importante en évaluation, pour le simple service de
l'intégration des forces policières, je peux vous dire que cela
va coûter, d'après les chiffres préliminaires que nous
avons eus, $1,047,000 de plus, ce qui veut dire $0.22 par $100
d'évaluation. Alors, c'est vraiment un saut prodigieux dans notre
taxation. Si on intègre, à compter du 1er janvier 1970, les
coûts de toutes les forces policières sur l'île de
Montréal, on se demande pourquoi les intégrer
immédiatement, quand le Conseil de sécurité publique
décrétera si oui ou non il y aura une intégration
partielle ou totale. Alors, on se dit: Payez tout de suite, étudiez
après. Je pense bien que c'est d'un illogisme flagrant.
Quant à la santé, je pense bien qu'il est accepté
qu'à travers la province c'est la province elle-même qui prend
charge des services de santé. Actuellement, toutes les
municipalités je pense qu'il y en a onze ou douze sur l'île
de Montréal qui ont des services de santé auront à
payer ces services-là et, en plus, à payer, suivant leur
évaluation, les services de santé qui sont mentionnés, je
ne sais pas à quel article, mais je pense bien que là aussi la
ville de Montréal sera d'accord que la province devrait prendre à
sa charge les services additionnels de santé. Mais, dans les grandes
lignes, nous avons demandé depuis plusieurs jours quels seraient les
coûts de la Communauté urbaine de Montréal. Je pense bien
que nous devrions être en mesure de les avoir, et le plus tôt
possible.
Nous n'avons pas mandat de nos populations d'augmenter les taxes, ou
d'accepter le principe de la communauté urbaine avec ses implications,
sans savoir à l'avance ce que cela va coûter. Je pense bien que,
si on nous a avancé des chiffres de l'ordre de $70 millions pour ce que
la communauté urbaine devrait coûter, on devrait savoir à
quel article ces chiffres doivent être déposés.
Je pense bien qu'avant de discuter de l'ensemble de l'affaire on devrait
savoir les coûts, premièrement, parce que c'est vraiment important
pour nos municipalités.
M. LESAGE: J'ai demandé hier en Chambre au ministre des Affaires
municipales de décortiquer les $72 millions d'augmentation qu'il a-vait
mentionnés et de nous donner des estimations détaillées et
justifiées. Le ministre s'en souvient, j'ai fait cela hier, c'est sur
cela que j'ai terminé mon intervention. Je considère que c'est
peut-être un préalable à toute l'étude. Je pense que
le maire Laurin a parfaitement raison.
M. LAURIN: C'est la grosse question.
M. LUSSIER: Mais, M. le Président, je sais aussi que les villes
de banlieue et la ville de Montréal ont fait des études de
coût, et j'avais l'intention d'intervenir après.
M. LESAGE: Comme nous étudions l'étendue de la
compétence de la communauté urbaine, je pense bien qu'il va nous
falloir avoir, comme renseignements préalables, le coût de chacun
des services que l'on veut intégrer à la communauté
urbaine, si l'on veut procéder logiquement. Je pense que c'est la
façon de procéder, et je ne vois pas pourquoi le ministre des
Affaires municipales ne nous donnerait ces renseignements qu'après. Un
des points principaux, c'est de connaître l'étendue de la
compétence immédiate et de la compétence possible de la
communauté urbaine. Pour étudier l'étendue de cette
compétence en toute connaissance de cause, il nous faut au
préalable, je crois, savoir quel est le coût additionnel de chacun
des services.
D'ailleurs, je l'ai dit au ministre, hier. Il est préparé
puisqu'il est prêt à le faire après. Pourquoi ne nous le
dirait-il pas maintenant?
M. LUSSIER: Non, je n'ai pas d'objection formelle à vous dire
certaines choses, mais le texte de loi étant connu depuis au moins,
disons, dix à onze jours, il y a des gens qui de part et d'autre, ont
fait des calculs. Il faut bien noter, aussi, que cet organisme la
communauté urbaine est un organisme autonome, évolutif,
c'est-à-dire qui peut... Il y a des services que la communauté
urbaine peut assumer plus ou moins rapidement, selon son désir
et selon les règlements qu'elle passera. Alors, à cause de
ces facteurs principaux, autonomie et caractère évolutif, et
aussi du fait que les services qui ne seront pas assumés directement et
tout de suite ne sont pas partagés par la communauté... Il y a
beaucoup de latitude, et il était, à mon avis mais je peux
procéder autrement important que, pour les gens des
municipalités de l'île de Montréal, on voit de quelle
façon ils veulent se comporter à l'intérieur de cette
communauté urbaine. D'autant plus, M. le chef de l'Opposition, que dans
vos remarques et dans les remarques de vos collègues on demandait
toujours de convoquer la Commission des Affaires municipales pour interroger et
les maires de banlieue et celui de la ville de Montréal.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais rappeler au ministre que
j'ai terminé mon intervention en avisant le ministre que je m'attendais
qu'en commission, lorsque nous nous réunirions, il nous dise comment
était composé le chiffre de $72 millions de coût
additionnel qu'il prévoyait et qu'il avait mentionné
lui-même. Cela ne venait pas des maires, ça; ça ne venait
pas des municipalités. C'est le ministre lui-même qui a
mentionné le chiffre de $72 millions, non pas à la Chambre, mais
lundi matin devant les maires.
Je l'ai dit dès hier et je crois que c'est un
préalable et je suis sûr que le ministre est convaincu
qu'il doit dès maintenant nous dire comment se divise, par service, ce
chiffre de $72 millions qu'il a lui-même mentionné; ce ne sont pas
les maires.
M. LUSSIER: Si c'est le désir de ce comité, je n'ai pas
d'objection plus formelle que ça, mais quand même...
M. SEGUIN: Sur ce même point $72 millions, vous avez sans doute
fait ce calcul en partant de chiffres de base venant de différentes
municipalités pour ces mêmes services. Avez-vous, en même
temps, ou est-ce que votre ministère aurait fait des projections pour
une période de cinq ans? Est-ce que nous savons où nous allons,
en plus de savoir d'où nous partons? Est-ce qu'il y a une projection de
faite pour qu'on puisse, à l'avance, avoir une idée de ce que
cela peut coûter l'an prochain, de ce que cela peut coûter en
1972?
Il me semble que, dans une administration municipale, comme dans toute
autre administration, il faut avoir un peu de planification, un peu de
connaissances sur l'avenir, sans dire ce que cela coûtera dans 25 ans,
mais dans 5 ans, dans 3 ans. Est-ce que nous avons ces projec- tions? Et puis,
est-ce que les chiffres de base dont le ministre s'est servi pour arriver
à ce montant de $72 millions, plus ou moins, sont des chiffres
certifiés par le ministère? Une fois la communauté urbaine
formée, est-ce que les $72 millions seront modifiés, à ce
moment-là, pour devenir $100 millions?
M. LUSSIER: Je me rends au désir de M. le chef de l'Opposition
mais, auparavant, il faut que je fasse... Pardon?
M. LESAGE: Si le ministre doit donner des colonnes de chiffres, il
serait peut-être bon que nous en ayons une copie.
M. LUSSIER: Ce ne sont pas des colonnes de chiffres.
M. LESAGE: Ce ne sont pas des colonnes de chiffres.
M. LUSSIER: II y a toute l'explication.
M. LESAGE: Alors, nous allons écouter. Est-ce qu'il y a
transcription?
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: Alors, nous allons demander de faire un effort pour que nous
puissions l'avoir pour 2 h 30 cet après-midi. Quant à nous, nous
ferons des photocopies.
M. LUSSIER: Une estimation de coûts d'opération de la
Communauté urbaine de Montréal, pour la première
année et la deuxième année d'opération, demeure une
entreprise qui peut comporter quelques imprévus.
Pour mieux préciser la nature de ces estimations, il faut
rappeler que la Communauté urbaine de Montréal constituera un
corps politique autonome qui devra assurer certaines fonctions prévues
par la loi et au rythme prévu par la loi et, d'autre part, qui pourra
décider de fournir certains services aux différentes
municipalités de la ville de Montréal, au moment où la
communauté décidera elle-même du rythme de passage de ces
services des municipalités à la communauté urbaine de
Montréal.
Trois principales considérations doivent être faites
concernant la communauté urbaine de Montréal. En ce qui concerne
son statut de nouveau corps politique, la communauté sera un organisme
qui sera autonome dans ses décisions, c'est-à-dire qu'elle sera
elle-même responsable, selon les termes de la loi, de prendre des
décisions au moment prévu par la loi ou encore au moment
où elle le décidera, de par ses parties constituantes.
Deuxièmement, la communauté évoluera dans le temps
en assumant certaines fonctions et certains pouvoirs.
Troisièmement, la communauté aura, à la
période de sa naissance, à faire face à certains
imprévus que l'on ne peut envisager ici dans l'abstrait.
La communauté urbaine est un organisme autonome. La
Communauté urbaine de Montréal constitue réellement,
d'après les termes du bill 75, un organisme politique autonome. Cette
autonomie, elle est précisée dans la loi au niveau des pouvoirs
du grand conseil et de l'exécutif, et dans les différents
articles qui traitent des pouvoirs de la communauté.
Selon les termes de l'article 112, par exemple, la communauté
peut décider de donner des services concernant le traitement des
données, la pollution de l'air, les normes de circulation, les aqueducs
et égouts, la disposition des ordures, les normes de construction,
etc.
En ce qui concerne les services communauté doit fournir, ou
assumer, certains services au départ. Par exemple: L'évaluation,
le conseil de sécurité publique, la commission de transport,
etc.
D'autre part, toujours selon les termes de l'article 112, la
communauté peut décider de donner des services concernant le
traitement des données, la pollution de l'air, les normes de
circulation, les aqueducs et égouts, la disposition des ordures, les
normes de construction, etc.
En ce qui concerne les services que la communauté doit, au
départ, donner à toutes les municipalités de l'île
de Montréal, c'est la communauté elle-même qui
décidera du niveau de ces services.
Par ailleurs, en ce qui concerne les services que la communauté
peut donner, selon les termes de l'article 112, c'est la communauté
elle-même qui décidera du moment où elle assumera ces
services.
La communauté urbaine disposera donc de l'autonomie
nécessaire pour établir ces priorités, déterminer
la nature et la qualité des services, assumer et enfin fixer les
enveloppes financières nécessaires pour la distribution de ses
services.
Du fait de l'autonomie de décision de la communauté, les
choix qui sont faits concernant les estimations budgétaires
préliminaires pour les deux premières années de
fonctionnement ne peuvent être que des hypothèses dont le
degré de réalisme doit être reconnu par la
communauté elle-même au moment où celle-ci serait
créée. On ne peut donc prévoir de façon automatique
les niveaux de dépenses, les niveaux de priorités et les rythmes
de distribution de services que fera la communauté dans les deux
premières années de fonctionnement. Agir ainsi serait agir en
lieu et place de la communauté et constituerait d'ores et
déjà une sorte d'atteinte à l'autonomie de la
communauté, autonomie qui apparaît absolument essentielle, si l'on
veut que cet organisme fonctionne comme corps autonome.
La communauté urbaine est un organisme évolutif.
La communauté urbaine de Montréal est un organisme
évolutif à la fois au niveau des services qu'elle doit assumer au
départ et à la fois au niveau des services qu'elle peut se donner
dans l'avenir. C'est un organisme évolutif aussi dans le sens de la
qualité de ses services. En effet, les services donnés par la
communauté pourront, au fur et à mesure de l'évolution de
la communauté avoir un caractère qualitatif de plus en plus grand
selon les désirs et les décisions prises par l'exécutif et
par le conseil.
Selon l'article 112, la communauté doit, au départ,
assumer les fonctions suivantes: Etablir les normes d'évaluation,
établir un rôle d'évaluation métropolitain pour une
période de deux ans, préparer un schéma
d'aménagement sur une période de trois ans, assumer des services
de santé sur une période de deux ans, fournir le transport en
commun sur l'île de Montréal dès la première
année, assumer la coordination et ultérieurement
l'intégration des services de police, en partie ou en totalité,
dès la première année.
Selon l'article 112, la communauté peut aussi, au départ,
fournir les services suivants: Un centre de traitement des données, la
régionalisation de la réglementation, normalisation de la
circulation, normalisation de l'approbation des projets d'aqueduc et
d'égout, la réglementation ou encore l'établissement de
centres de disposition des ordures et la réglementation de la
construction.
Par ailleurs, d'autres pouvoirs peuvent être
transférés ultérieurement à la commission selon
l'article 114, et cela selon la volonté exprimée au conseil de la
communauté par les différentes municipalités. Ces pouvoirs
concernent les loisirs régionaux, la construction d'habitations à
loyers modiques subventionnées, la coordination et l'intégration
des services d'incendie, la bibliothèque régionale et l'industrie
du taxi. Comme nous pouvons le constater, les pouvoirs de la communauté
devront être assumés dans le temps, et il est hors de question que
la communauté assume d'un coup au départ toutes ces fonctions du
fait que celle-ci pourrait être lourdement hypothéquée dans
son fonctionnement.
M. LAPORTE: Comment pouvez-vous concilier cela avec l'autonomie dont
vous parliez tantôt? .
M. LUSSIER: Reconcilier quelle idée avec quelle autre?
M. LAPORTE: Vous disiez que la communauté doit avoir une
très grande autonomie et vous dites qu'il est hors de question qu'elle
puisse assumer dès le départ, si elle le décide...
M. LUSSIER: Si elle le décide, d'accord. Mais excepté
qu'actuellement j'essaie d'exposer la situation dans laquelle se trouve la
communauté. Selon ce que nous croyons qui pourra se passer, nous faisons
un budget.
M. LESAGE: Une question. Vous venez de mentionner, M. le ministre, la
réglementation et le contrôle de l'industrie du taxi. Or, dans les
propositions de modifications que vous nous avez remises, vous proposez de
biffer...
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: ... ce pouvoir que vous vouliez accorder en vertu de
l'article 114, enlever l'alinéa 1, c'est l'amendement que vous
proposez.
M. LUSSIER: C'est cela,
M. LESAGE: Alors, comment se fait-il que vous le mentionnez encore dans
votre...
M.LUSSIER: Quand nous l'enlevons c'est dans une fonction de premier
temps; quand j'en parle ici, c'est dans une fonction de deuxième
temps.
M. LESAGE: Oh pardon! C'est dans l'article 114, taxis.
M. LAPORTE: Dans le contretemps.
M. LUSSIER: C'est-à-dire que les taxis, c'est dans l'article
112.
M. LE PRESIDENT: Article 114.
M. LESAGE: C'est l'article 114, M. le Président. Et vous
l'enlevez de 114, ce qui veut dire que vous l'enlevez complètement.
Alors, je ne comprends pas que vous le mentionniez encore.
Si vous voulez lire l'article 114, c'est le paragraphe e).
M. LUSSIER: D'accord.
M. LESAGE: D'accord? Alors vous admettez que vous devez le biffer de
votre texte.
M. LUSSIER: Comme on peut le constater, les pouvoirs de la
communauté devront être assumés dans le temps. Il est hors
de question que la communauté assume d'un coup, au départ, toutes
ces fonctions, du fait que celles-ci pourraient être lourdement
hypothéquées dans son fonctionnement.
Ce n'est que lorsque les municipalités membres de la
communauté ressentiront le besoin de rendre métropolitains
certains services, que la communauté aura le pouvoir de les distribuer.
A quel moment un tel passage se fera? Ce sont les municipalités-membres
qui en décideront.
La communauté urbaine est un organisme qui commence ses
opérations. Il convient de souligner que l'estimation des
prévisions budgétaires pour la Communauté urbaine de
Montréal pour les deux années d'opérations, doivent tenir
compte du fait que la communauté en sera à ses tout débuts
d'opération et qu'en conséquence, il s'agira d'un
démarrage de l'organisme.
D'autre part, il est nécessaire de faire remarquer qu'une bonne
partie du rôle de la communauté consiste à établir
des normes et faire des réglementations.
Par exemple, la communauté fera des réglementations
concernant la pollution de l'air, la circulation, les projets d'aqueduc et
d'égouts, la disposition des ordures, des règlements de
construction, etc.
Dans les deux premières années d'opérations, les
charges doubles iront nécessairement à deux postes, puisqu'il y a
là des montants importants d'immobilisation. Ce sont les services de
police et ceux de la Commission de transport.
D'autre part, la communauté, au cours de ses premières
années d'opérations, ne peut avoir, en dehors des deux services
plus haut mentionnés, des préfixes très
élevés, du fait qu'elle sera dans une période
d'organisation au niveau de l'engagement du personnel, de l'organisation des
locaux, etc.
Conclusions: II est donc apparu plus réaliste de préparer
une estimation préliminaire des dépenses de la communauté
plutôt que de faire une vaste étude des
coûts-bénéfices.
Une telle étude aurait impliqué, de la part des
autorités gouvernementales, que celles-ci fassent des choix
définitifs en termes de niveaux de dépenses au niveau des
priorités budgétaires et au niveau de la qualité des
services à la place des municipalités-membres de la
Communauté urbaine de Montréal, ce qui aurait été
absolument anormal.
J'aimerais maintenant, parler un peu des critères
généraux d'estimation des coûts.
Le nombre des éléments de décision qu'il faut
prendre en considération, pour une estimation des coûts de la
Communauté urbaine de Montréal, est imposant.
Les remarques qui précèdent n'en révèlent
que quelques-uns. Ces éléments de décision, pris un
à un ou en interaction les uns avec les autres, peuvent donner lieu
à un très grand nombre d'"alternatives".
Pour les fins de ce présent document, il est donc
nécessaire de formuler les quelques critères
généraux que nous prenons comme acquis.
Premièrement, le nombre des municipalités-membres de la
Communauté urbaine de Montréal restera stable au cours des deux
premières années d'opération.
Deuxièmement, aucune entente de services, en dehors de ceux
mentionnés à l'article 112, n'interviendra au cours de la
période entre la communauté et des municipalités qui ne
seront pas membres de la communauté.
Troisièmement, toutes les fonctions données par la loi de
la communauté à l'article 112, dont la loi mentionne que la
communauté doit ou peut, seront prises en charge au cours de la
première année.
Aucune des autres fonctions transférables à la
communauté, à l'article 114, ne sera prise en charge par celle-ci
au cours des deux premières années d'opération.
Le choix de la communauté, lorsque celle-ci sera
créée, concernant chacune des fonctions
énumérées ci-dessous, pourra correspondre aux options
spécifiques que nous faisons nous-mêmes en regard de chacune de
ces fonctions.
Toutes les tâches de la communauté, qui ont un
caractère de continuité, seront exécutées par du
personnel permanent de la communauté, et seules certaines tâches
d'expertise et de courte durée seront confiées par contrat
à l'entreprise privée.
Dans la répartition des coûts pour chaque poste entre les
municipalités, on ne soustrait pas les montants déjà
payés par les municipalités à l'égard de ces
postes.
Il y aura, cependant, deux exceptions concernant la Commission de
transport et le conseil de sécurité publique. Par ailleurs, on ne
tiendra pas compte du volume de services reçus par chaque
municipalité.
Deuxièmement, la classification des fonctions et des institutions
de la communauté. Pour mieux permettre de dégager les estimations
budgétaires, il convient de faire certaines classifications entre les
fonctions et l'institution de la Communauté urbaine de la ville de
Montréal.
La communauté aura trois grandes responsabilités
administratives: contrôle et coordination, fourniture de services et les
institutions. Dans le contrôle et la coordination, il y a la
réglementation des constructions, les normes de circulation, la
pollution de l'air, la normalisation, l'aqueduc et les égouts, la
disposition des ordures. Dans l'article, fourniture de services, on retrouve:
évaluation, schéma d'aménagement, services de
santé, traitements des données et perception de taxes. Dans la
troisième, les institutions, nous retrouvons: Commission de transport,
conseil de sécurité publique, administration de la
communauté urbaine.
Une telle classification permet de mieux cerner la nature des
responsabilités de la Communauté urbaine de Montréal et
ainsi de mieux départager les coûts. Nous incluons dans cette
classification des pouvoirs donnés à l'article 114 où la
communauté pourra, dans l'avenir, avoir des responsabilités
concernant les loisirs régionaux, l'habitation à loyer modique
subventionnée, les services d'incendie, les bibliothèques
régionales. C'est tout.
M. LE PRESIDENT: Non, non, pas de question, si on veut qu'il passe
à travers.
M. LESAGE: Vous ne passerez pas à travers aujourd'hui.
UNE VOIX: Je pense bien que le ministre est libre de répondre ou
de ne pas répondre.
M. LUSSIER: Si c'est une question pertinente à cela.
M. LESAGE: II n'a pas fini, il n'a pas encore donné un seul
chiffre.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. LESAGE: Ce sont les "piastres" qui nous intéressent!
M. LUSSIER: Est-ce que c'est pour éclaircir quelque chose dans le
texte?
M. LESAGE : Si je comprends bien, le texte nous sera distribué
dès que nous arriverons, à deux heures.
M. LUSSIER: C'est-à-dire que...
M. LESAGE: Non, non, M. Cournoyer nous a dit qu'il ferait polycopier
votre texte. Vous avez un petit tableau de chiffres; je le vois.
M. LUSSIER: II y a d'autres tableaux!
M. CHOQUETTE: Un grand texte et un petit tableau !
M. LESAGE: Un grand texte et un petit tableau!
M. LAPORTE: Est-ce que votre texte a été remis aux
journalistes?
M. LUSSIER: Est-ce que c'est pertinent, messieurs?
M. LAPORTE: A titre d'ancien journaliste, n'est-ce pas?
M. LESAGE: Avez-vous le sens de l'humour?
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M.TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, est-ce que je peux
compter qu'il répondra à ma question par la suite? Je pensais
qu'il avait terminé son exposé.
M. LE PRESIDENT: Non, non il n'a pas fini.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je crois qu'il y aura lieu à des
délais.
M. PICARD (Olier): C'est seulement une
question au ministre. Cela va peut-être lui donner une chance de
se reposer de la lecture du document.
UNE VOIX: C'est nous qui devrions nous reposer.
M. LUSSIER : Depuis un mois et demi que nous ne vous voyions pas en
Chambre, vous devez vous reposer!
M. PICARD (Olier): M. le ministre pourrait-il nous dire comment il peut
concilier ce qu'il vient de dire au sujet de la mise en marche des divers
services décrits à l'article 112 il vient de nous dire
qu'ils seront assumés par la communauté urbaine au cours de la
première année, alors que ceux qui sont détaillés
à l'article 114 le seront au cours de la deuxième année,
si la communauté urbaine décide de le faire? avec ce qui
est prévu à l'article 185 où, par exemple, en ce qui
touche le service de la santé, on dit que "la communauté doit,
avant le 1er janvier 1972".
Alors, on donne deux ans à la communauté pour
décider si elle doit, oui ou non, assumer les services de santé,
à travers la communauté urbaine.
Alors, il y a là une différence. Puis l'article 112 inclut
les services de santé.
M.LUSSIER: A l'article 185, on lit: "La Communauté doit, avant le
1er janvier 1972, pourvoir à la constitution et l'organisation d'un
service de santé." Cela veut dire qu'en janvier 1972, elle doit avoir ce
service-là. Si elle commence à se préparer, cela lui donne
deux ans, et elle commence, c'est-à-dire que son service entre en
fonction en janvier 1972. C'est la date limite.
M. PICARD (Olier): Monsieur, ça donne tout de même deux ans
à la communauté pour prendre sa décision, alors que vous
me dites, à l'article 112, que tous les services seront assumés
dès la première année.
M. LUSSIER: Non, non! Il y a eu des distinctions de fait. Ce n'est pas
ce que j'ai dit.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, je me pose aussi une
question que je voudrais aussi poser au ministre : Si on se
réfère à Dispositions finales, article III,
dispositions générales, article 340 en définitive:
"A défaut par la communauté d'adopter un règlement ou une
résolution dans le délai imparti par la présente loi, ce
règlement ou cette résolution peuvent être adoptés
par le ministre et lient la Communauté comme si ce règlement
ou..."
M. LESAGE: Franchement, c'est un principe très important, qui n'a
rien à faire avec l'estimation des coûts. Cela, c'est le pouvoir
du ministre, le pouvoir dictatorial du ministre. N'ayez pas peur, il ne sortira
pas d'ici avec ce pouvoir-là, quant à nous.
M. TREMBLAY (Montmorency): Ces coûts nécessairement doivent
être définis dans des délais bien
déterminés.
M. LUSSIER: Alors, une question à la fois. Bien oui, des
chiffres, je peux bien vous en donner, mais ce sont vos gens qui posent des
questions.
M. LAPORTE : Ce sont vos anciennes gens. C'est beau!
M. LUSSIER: Oui mais monsieur Pearson, le député
d'Olier...
M. PEARSON: Est-ce que j'ai bien saisi le ministre, quand il a dit, par
exemple, que l'article 112 donnerait au départ de quelle façon
les services seraient appliqués dans les municipalités, tandis
qu'après coup, ce sont les municipalités qui décideront
quels services supplémentaires métropolitains elles
désirent?
M. LUSSIER : De par la loi, elles ont certains services qui doivent
entrer en fonction à des dates fixes. On va passer ces dates-là.
Il y a d'autres services que la communauté peut se donner plus ou moins
vite ou ne pas se donner, et c'est pour cela que j'ai fait toutes les
distinctions antérieures pour bien situer le problème dans
l'exposé des coûts. Cela, ce n'est pas...
M. PEARSON: Est-ce que c'est, à ce moment-là, par
résolution du conseil municipal ou par l'entremise de leurs
représentants au sein du comité? ... Parce qu'ils sont en
minorité, à ce moment-là.
M. LUSSIER : II y a des services qui doivent être instaurés
de par la loi avant une telle date. Il y a d'autres services qui peuvent
être instaurés, mais à la volonté des gens, pas plus
tard qu'à telle date...
M. PEARSON: Oui, oui, d'accord.
M. LUSSIER: Les gens peuvent se les donner avant, mais s'ils se les
donnent avant, alors, les coûts évidemment changeront, mais ce
sera le conseil de la communauté urbaine qui décidera ces
choses.
M. PEARSON: J'ai saisi ce point-là. Ce sur quoi je voudrais avoir
une réponse, c'est lorsque vous mentionnez la volonté des
municipalités. De quelle façon se traduira-t-elle dans l'avenir?
Est-ce que c'est à la suite de résolutions, par exemple, d'un
conseil municipal ou si c'est par
l'entremise de leurs représentants au sein de ce
comité-là?
M. LUSSIER : La volonté des municipalités se manifestera
lors du vote pris au conseil de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. PEARSON: Une fois arrivé, disons, devant la communauté
urbaine, les municipalités de banlieue seront, en somme, en
minorité à ce moment-là. C'est la communauté...
M. LUSSIER: Ah, ça, c'est une autre discussion.
M. LAPORTE: Est-ce qu'on pourrait suggérer, M. le
Président, que M. le ministre nous livre la profondeur de sa
pensée maintenant?
M. LUSSIER: Oui, je continue. Alors, l'estimation des coûts par
fonction, contrôle et coordination, normes de construction. L'option est
particulière. L'article 188: La communauté peut établir
des normes minima relativement à la construction des bâtiments et
autres ouvrages immobiliers dans son territoire. Les municipalités ne
peuvent imposer des normes de construction inférieures à celles
qui sont mentionnées dans le règlement de la communauté.
De même, chaque municipalité qui adopte un règlement de
construction ou qui le modifie doit le soumettre au comité
exécutif de la communauté, même si le travail de
réglementation de la communauté se fera à la
lumière des renseignements des inspecteurs de bâtiments des
municipalités qui font partie de la communauté. Il sera
nécessaire, pour la communauté, d'avoir une équipe
minimum, que nous croyons de quatre ou cinq personnes, qui examinera les
règlements venant des municipalités ou encore qui
établiera des normes à la lumière de celles existant dans
les municipalités ou encore à la lumière d'études
techniques.
Pour cette réglementation de la construction, à ce poste
budgétaire, effectif de cinq personnes ça prend des gens
qui ont une compétence assez particulière nous croyons que
le salaire moyen serait de $12,000. La première année le
coût serait de $60,000, de même que pour la deuxième
année.
Pour ce qui est de la circulation et de la normalisation, voici les
options particulières: Selon l'article 169, la communauté peut
édicter des règlements concernant la circulation et les rues
intermunicipales de son territoire. D s'agit ici d'un rôle de
réglementation et de fixation de chemins durant l'hiver.
Au cours de la première année, la communauté aura
d'abord à faire une étude de la réglementation existant
dans les différentes municipalités, à fixer des
règles d'uniformisation et à surveiller l'application de ces
règles.
Au cours de la deuxième année, la communauté
cherchera, sans doute, à établir une certaine synchronisation des
systèmes de contrôle. Il est vraisemblable de croire que le
pouvoir de synchronisation des systèmes mécaniques de
contrôle de la circulation dans les rues intermunicipales et les grandes
voies de circulation ne peut être réalisé que dans la
mesure où une étude globale du transport sera faite dans la
région métropolitaine. Une telle étude, qui devrait
prendre de deux à trois ans, devrait se faire sous l'autorité du
ministère de la Voirie. Il est donc raisonnable de croire qu'au cours
des deux premières années de fonctionnement les tâches de
la communauté, en ce qui concerne la circulation, seront surtout des
tâches de normalisation, de réglementation et de coordination.
Au point de vue du coût pour ce poste, il y aura deux
ingénieurs au salaire moyen de $15,000, ce qui fait un total de $30,000
pour la première année et $33,000 pour la deuxième
année; trois techniciens avec des salaires moyens de $10,000, là
aussi, coût pour la première année: $30,000.
Alors, le total du coût pour cet article serait de $60,000, pour
la première année, et de $66,000, pour la deuxième
année.
Pour ce qui est de la pollution de l'air... Pardon?
M. PICARD (Olier): Des augmentations de salaires de 10 p.c. sont
prévues?
M. LUSSIER: Six, non dix, disons, plus ou moins.
Options particulières, re: pollution de l'air. La ville de
Montréal est la seule ville, pour le moment, sur l'île de
Montréal disposant d'un service de pollution de l'air. Le budget actuel
de ce service est de l'ordre de $267,000, comprenant des frais administratifs,
des frais d'inspection et des frais de laboratoire. Il est sûr que
l'agrandissement du territoire qui devrait être couvert par ce service va
augmenter le coût en ce qui concerne l'inspection. Nous posons, par
ailleurs, comme hypothèse que les services d'administration et de
laboratoires sont suffisants pour absorber l'augmentation du territoire.
Pour en arriver à déterminer le coût d'augmentation
pour l'inspection, nous utilisons la formule suivante: inspection: $150,000,
multiplié par la population totale de 2 millions et divisé par la
population de l'île de Montréal qui est de 1.3 million, ce qui
donne une somme de $230,000. Pollution de l'air. A ce poste budgétaire,
administration, première année: $67,000; inspection: $230,000,
laboratoire: $50,000, pour un total de $347,000. La deuxième
année, ce serait sensiblement la même chose: $347,000.
Pour ce qui est de l'aqueduc et des égouts, les options
particulières que nous avons faites sont celles-ci: selon les articles
171,172 et 175 du bill 75, la communauté, dans ce domaine, a
trois pouvoirs essentiels. Le premier consiste à établir
des normes minimales pour l'ensemble de son territoire quant aux
méthodes d'exécution de tous travaux d'aqueduc ou d'égouts
ou d'usines de traitement des eaux, ainsi qu'aux matériaux
employés dans l'exécution de ces travaux.
Le deuxième pouvoir consiste à approuver les plans de
construction, d'agrandissement, de modification de toutes les
municipalités de la communauté.
Enfin, le troisième pouvoir consiste à acquérir
certains ouvrages ou partie d'ouvrages dont les incidences peuvent être
intermunicipales.
En ce qui concerne les deux premiers pouvoirs, les tâches de la
communauté sont surtout des tâches de réglementation et
d'approbation. Donc, ils ne commandent comme dépense que celle
d'engagement de personnel très spécialisé. Par ailleurs,
en ce qui concerne l'acquisition de tout ouvrage à caractère
intermunicipal, nous croyons qu'il n'y a pas lieu de dégager ici des
implications budgétaires, du fait qu'il ne s'agira, en fait que du
transfert de juridiction. Pour le contribuable d'une municipalité, il
s'agira de payer le même montant, non plus à la
municipalité, mais à la communauté. D'une part, il serait
absolument vain de vouloir prévoir le nombre d'acquisitions, le rythme
d'acquisition des travaux à caractère intermunicipal en
matière d'aqueduc et d'égouts.
Voici le détail des coûts de cet article "aqueduc et
égouts". Le traitement des personnes qui seront employées dans ce
service: un effectif de dix personnes, à des salaires moyens de $12,000,
première année, $120,000.
Personnel supplémentaire de cinq personnes, au cours de la
deuxième année, il faudrait ajouter $60,000 pour la
deuxième année , il faudrait, sans doute, faire des études
techniques, les faire faire, je pense, par des gens de l'extérieur, des
ingénieurs-conseils, et ces études techniques pourraient
coûter aux environs de $100,000 la première année et de
$100,000 aussi la deuxième année. Le total du coût,
acqueduc et égouts, serait de $220,000 la première année
et de $280,000 la deuxième année.
Disposition des ordures:
Selon l'article 184 du bill 75, la communauté urbaine a deux
grands pouvoirs, celui d'obliger les municipalités par règlement
à mettre à la disposition des autres municipalités des
centes municipaux de disposition des ordures déjà en
exploitation, la communauté peut elle-même établir,
posséder, exploiter des centres de disposition des ordures dans son
territoire et en réglementer l'utilisation.
En ce qui concerne le premier pouvoir, il ne s'agit en fait, que d'un
pouvoir de tarification. Les coûts affectés par les
municipalités seront semblables à ceux actuellement
affectés à ce service.
En ce qui concerne la mise en opération des centres de
disposition des ordures par la communauté elle-même, nous faisons
l'hypothèse que, dans les premières années
d'opérations de la communauté, une telle chose ne se produira
pas.
En outre, si un tel pouvoir était rempli, la communauté
devrait faire ces prêts du fait que les services rendus à la
municipalité seraient facturés selon le coût réel
des dépenses.
Il reste à prévoir, pour la communauté, la
nécessité d'avoir une équipe minimum de
spécialistes, pour établir d'une part la normalisation et d'autre
part la coordination. Le détail des coûts, à cet article
budgétaire, comporte le traitement de quatre personnes à des
salaires moyens de $12,000 et des études techniques à des
honoraires qui pourraient être aux environs de $52,000. A cet item
budgétaire pour la communauté urbaine, elle-même, la
première année et la deuxième année, $100,000,
chaque année.
Pour ce qui est des traitements des données et perceptions des
taxes, option particulière, que nous avons faite, selon l'article 166,
la Communauté a trois grands pouvoirs dans ce domaine. 1. Elle doit
établir et exploiter un système central des données; elle
doit réglementer les types d'équipement de traitement des
données utilisés par les municipalités pour que ceux-ci
s'intègrent à celui de la communauté.
D'autre part, elle doit imprimer des rôles de perception et
expédier les comptes de taxes des municipalités, des commissions
scolaires et de la communauté elle-même.
Il importe de souligner que l'impression des rôles et
l'expédition des comptes représentent, pour la communauté,
des revenus lui venant des municipalités, du fait qu'un certain tarif
sera fixé par la communauté pour remplir ce rôle. Du
même coup, on peut faire l'hypothèse que le temps-machine
nécessaire à la communauté pour remplir ce rôle sera
compris dans la tarification établie à l'égard des
municipalités dans ce domaine.
Ce qui reste à prévoir comme coût de fonctionnement,
c'est la mise en place d'une équipe minimum et d'un certain nombre
d'études techniques visant, d'une part, à donner des avis aux
municipalités sur les types et les modèles d'équipement
que celles-ci voudront acheter ou louer et, d'autre part, pour préparer
les formules, les normes d'intégration, les mécanismes de
cueillette des données, de façon à faciliter le traitement
des données de la communauté.
A cet article budgétaire, nous prévoyons, pour ce qui est
des traitements, un personnel de dix personnes à un salaire moyen de
$12,000: $120,000. Pour la deuxième année, le même
personnel, plus cinq personnes supplémentaires à $12,000
environ par année. Les honoraires pour études techniques, mises
au point des formules, etc, nous croyons qu'une somme de $100,000 sera
nécessaire.
Alors, le coût total à cet article budgétaire
serait, pour la première année, $220,000 et, la deuxième
année, $280,000.
Service d'évaluation des options particulières que nous
avons faites.
A l'article 116, il est dit que la communauté doit, dans les
trois mois de l'entrée en vigueur de la présente loi, pourvoir,
par règlement, à l'organisation d'un service d'évaluation
pour l'ensemble de son territoire; elle doit aussi, dans le même
délai, nommer un commissaire à l'évaluation.
Ce commissaire à l'évaluation n'a pas comme fonction, au
départ, de confectionner des rôles d'évaluation des
municipalités, mais il a comme rôle de préparer les
principes, les normes, les modalités qui devront être suivis par
les estimateurs municipaux, de façon à normaliser les rôles
d'évaluation municipaux.
A l'article 117, le commissaire à l'évaluation a
juridiction sur le personnel des municipalités travaillant en ce
domaine, mais il n'y aura pas de transfert de personnel des
municipalités à la communauté.
La juridiction du commissaire s'appliquera uniquement en termes de
normes, formules et méthodes à l'égard des
activités des municipalités. En 1971, la communauté devra
instituer un bureau de révision, composé de six membres
permanents; elle devra pourvoir à son organisation et à toutes
choses nécessaires à son bon fonctionnement. Les membres du
bureau travailleront sur une base permanente. De même, faut-il souligner
que les membres actuels du bureau de révision de la ville de
Montréal seront transférés à ce bureau de
révision avec les prérogatives financières ou autres
qu'ils ont actuellement.
En 1972, les rôles d'évaluation municipaux deviendront, par
addition, le rôle d'évaluation de la communauté urbaine.
Les pouvoirs actuels de la corporation du Montréal métropolitain,
du fait de sa disparition, sont ainsi transférés à la
communauté en ce domaine. Les rôles d'évaluation municipaux
normalisés et celui ultérieurement de la communauté
serviront de base pour la répartition de la taxe scolaire. Il ne sera
donc pas nécessaire d'affecter un montant pour la légalisation
des rôles pour fins scolaires.
Alors, à cet article budgétaire "évaluation", qui
comporte uniformisation, normalisation, bureau de révision, voici le
détail des coûts. Traitements: le bureau du commissaire,
comprenant commissaire et secrétaires, nous croyons que cela
coûtera aux environs de $32,000. Frais pour fins de normalisation de
l'évaluation: Corporation du Montréal métropolitain,
$40,000; bureau de révision, six personnes, salaire de $12,000 chacune;
location de services à la ville de Montréal ce qui se fera
lors de la deuxième année le total, pour la
première année, serait de $122,000 et le total à cet
article budgétaire, pour la deuxième année, serait de
$254,000. Car le bureau de révision, les six personnes et la location de
services ne seront nécessaires qu'au cours de la deuxième
année. Alors, les $72,000 pour le bureau de révision et la
location de services, $60,000, ne s'appliquent qu'au cours de la
deuxième année. Pour ce qui est du schéma
d'aménagement...
M. LESAGE: Qu'est-ce qui vous reste à part ça?
M. LUSSIER: Le service de santé, la Commission de
transport...
M. LESAGE: Oui.
M. LUSSIER: Et il y a le conseil de sécurité,
l'administration de la Communauté urbaine de Montréal.
M. LESAGE: ... commissions de transports, sécurité
publique. Deux heures et trente...
M. LUSSIER: Deux heures et trente?
M. LESAGE: Est-ce que, M. le ministre M. Cournoyer n'est plus ici
il y aurait moyen de prendre les dispositions pour photocopier votre
texte?
M. LUSSIER: Non. Je verrai à cela. C'est-à-dire que je ne
dis pas oui, je ne dis pas non.
M. LESAGE: Bien voici. Vous lisez votre texte là, vous le lisez
au complet tel qu'il est, alors...
M. LUSSIER: Est-ce que vous savez si je le lis au complet ou si j'en
ajoute?
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre...
M. LUSSIER: Ce sont mes notes personnelles.
M. LESAGE: Bien oui, mais vous les lisez, alors je crois...
M. CHOQUETTE : Est-ce que le ministre craint une tactique, une
stratégie de la part de l'Opposition?
M. LESAGE: Je pense qu'il est essentiel que nous ayons ces explications
par écrit. Nous avons compris, au début des remarques du
ministre, que nous pourrions avoir des copies de son texte par certains signes
d'assentiment que nous a faits le député de Saint-Jacques; je
n'ai pas alors pris de notes sur les chiffres que le ministre a
mentionnés, me fiant que nous
aurions son texte. Je ne vois pas pourquoi il aurait honte de ses
oeuvres.
M. LUSSIER: Je n'ai pas honte de mes oeuvres.
M. LESAGE : Bon, bien, alors, vantez-vous donc. Si vous attendez que les
autres vous vantent...
M. LUSSIER: Est-ce que je peux attendre longtemps?
M. LESAGE: Oui.
M. LUSSIER: Mais, vous m'avez déjà vanté, M. le
chef de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Attention! La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à deux heures et trente.
Reprise de la séance à 14 h 30
M. SAUVAGEAU (président de la commission des Affaires
municipales): Nous reprenons la séance. M. le ministre, vous avez la
parole.
M. LUSSIER: J'étais rendu au schéma d'aménagement.
Je vous donne, comme pour les autres postes, des options particulières
que nous avons faites.
Selon l'article 163, "la communauté doit, dans les trois ans de
l'entrée en vigueur de la présente loi, établir un
schéma d'aménagement de son territoire comprenant :
Premièrement, les affectations du sol et les densités
approximatives d'occupation.
Deuxièmement, le tracé approximatif des principales voies
de circulation.
Troisièmement, la nature et l'emplacement approximatif des
équipements urbains.
Quatrièmement, la nature, l'emplacement et le tracé
approximatif des services d'utilité publique".
Il est important de souligner que le service d'urbanisme de
Montréal, par cette division des études d'ensemble, a fait,
depuis quatre ans, d'importantes études pour la préparation du
plan témoin de la région de Montréal. Ces
différentes études pour la préparation du plan
témoin de Montréal ne sont pas complètes au point de
fournir toutes les données pour préparer le schéma
d'aménagement. On peut, par hypothèse, supposer que le budget
actuel de la division des études d'ensemble du service d'urbanisme de
Montréal, qui est de l'ordre de $400,000 par année, sera
peut-être, en gros, l'ordre de grandeur des budgets qu'il faudra
attribuer à la communauté pour compléter les études
en vue de la préparation du schéma d'aménagement.
Les détails des coûts.
A ce poste budgétaire, est inscrit le traitement de 20 personnes
à un salaire moyen de $12,000, ce qui fait $240,000, pour la
première année. Pour la deuxième année, il y aura
des effectifs supplémentaires de dix personnes; ce qui ferait $120,000
de plus.
Au poste "honoraires", il y a des honoraires professionnels, contrats
d'inventaire, cartographie, études techniques, etc, ce qui pourrait se
totaliser à $200,000, la première année, et à
$200,000, la deuxième année. Donc, un grand total, à ce
poste budgétaire, de $440,000, la première année, et de
$560,000, la deuxième année.
Pour ce qui est du service de santé, voici de nouveau nos options
particulières.
La ville de Montréal a actuellement un service de santé
qui comprend plusieurs sortes de préoccupations. Le budget de 68/69
prévoit
des dépenses de $4.5 millions pour différentes sortes de
services, de districts sanitaires, de nursing, de démographie, de
maladies contagieuses, de tuberculose, d'aide à l'enfance,
l'hygiène dentaire, les inspections des aliments, la division des
laboratoires, le contrôle médical. Ce n'est que le 1er janvier
1972 que la communauté créera un service de santé quand
elle aura défini préalablement les pouvoirs et les rôles.
Donc, durant les deux premières années de son existence, nous
avons fait l'hypothèse que la communauté se consacrera à
deux têches: la première, consistera à faire de la
coordination entre les services existants à Montréal et dans les
autres villes; la deuxième consistera à faire un certain nombre
d'études techniques pour proposer à la communauté, avant
le 1er janvier 1972, un plan de création et une programmation des
activités du service de santé de la communauté.
Le détail des coûts de ce service.
Au poste "traitements" un effectif de dix personnes au salaire moyen de
$15,000: $150,000 pour les première et deuxième années; un
effectif de dix personnes supplémentaires pour la deuxième, soit
une autre tranche de $150,000 d'ajoutée à la deuxième
année. En ce qui a trait aux honoraires, études techniques
particulières, nous croyons que $100,000 pour la première
année et $100,000 pour la deuxième suffiraient, ce qui fait un
grand total à ce poste budgétaire, pour la première
année, de $250,000; pour la deuxième, $400,000.
Nous passons aux institutions, La commission de transport.
Voici nos options particulières.
Il est crée, aux articles 268 et 269 du bill 75, la Commission de
transport de la communauté urbaine de Montréal, qui a pour objet
d'organiser, de posséder, de développer et d'administrer un
réseau général de transport en commun sur le territoire de
la communauté, y compris le territoire de Longueuil. Tous les biens de
la Commission de transport de Montréal, actif et passif, sont
passés à la Commission de transport de la communauté. Il y
a actuellement 18 municipalités qui contribuent à l'amortissement
des emprunts de la commission pour le métro, ainsi qu'au déficit
d'exploitation de la commission.
En 1968, la quote-part des municipalités était de l'ordre
de $17,262,943.
D'autre part, les projets d'extension du métro ne sont pas encore
acceptés par la Commission de transport de Montréal. Il est
vraisemblable de penser qu'au cours des deux prochaines années
d'opération de la commission, à la lumière des nouveaux
besoins de la communauté, les projets d'extension seront
réexaminés et de nouvelles priorités pourront
peut-être être établies. Il n'est donc pas tenu compte, dans
les coûts d'opération de la commission de transport, d'extension
du métro pour les deux prochaines années.
Par ailleurs, la Commission de transport de Montréal a
l'habitude, tous les deux ou trois ans, d'acheter un nombre assez important
d'autobus. En 1969, par exemple, la commission de transport a
dépensé plus de $6 millions pour l'achat de nouveaux autobus.
Dans les estimations budgétaires, nous avons fait
l'hypothèse que l'achat de ces nouveaux autobus, en 1969, couvrirait les
besoins d'extension de la commission de transport pour 1970 et qu'il serait
nécessaire, cependant, en 1971, de faire l'acquisition d'un nombre
égal de nouveaux autobus, le nombre qui a été
acheté en 1969. Une somme de $6 millions a été
prévue à cet effet.
D'autre part, la Commission de transport de Montréal a
régulièrement un déficit d'opération de l'ordre de
$1,500,000 à $2 millions. Nous avons fait l'hypothèse que l'ordre
de grandeur de ce déficit sera à peu près le même
pour les deux prochaines années d'opération de la nouvelle
commission de transport.
En somme, il ne semble pas que le montant total du déficit
d'opération et du remboursement de la dette varie dans les deux
prochaines années; cependant, la répartition entre les
municipalités de l'île de Montréal pourra varier du fait de
l'inclusion, dans le cadre de la nouvelle commission de transport, de nouvelles
municipalités.
Voici le détail des coûts pour la commission de
transport:
Le service de la dette du métro, la première année,
est de $15,200,000; le déficit d'opération serait de $1,600,000.
Total pour la première année: $16,800,000.
Pour ce qui est de la deuxième année, service de la dette
du métro, sensiblement la même chose, légèrement
inférieur; $15 millions; déficit d'opération,
légèrement supérieur à $2 millions; plus $6
millions, acquisition de nouveaux autobus.
La diminution du coût du service de la dette est tirée de
l'étude de la commission de transport, établissant une projection
de remboursement de la dette sur une période de trente ans.
Pour ce qui est du conseil de sécurité publique...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le ministre me permettrait
une question, à ce moment-ci? Le ministre n'a aucune estimation pour les
prolongations possibles du métro...
M. LUSSIER: Dans notre hypothèse, nous n'en avons pas fait.
M. LESAGE: Et les dépenses capitales? Vous n'en avez pas fait
dans votre hypothèse...
M. LUSSIER: Les dépenses capitales? M. LESAGE: Oui, les
dépenses capitales...
M. LUSSIER: Je veux bien saisir votre question.
M. LESAGE: Les dépenses capitales pour la prolongation du
métro. Le métro peut devenir la responsabilité de la
commission de transport, et si des dépenses capitales
considérables sont faites, il est clair que le service de la dette, pour
les emprunts qui devront être effectués par la commission de
transport, sera une charge annuelle additionnelle à celle que le
ministre vient de mentionner.
M. LUSSIER: Quand vous parlez de dépenses capitales, ce sont des
dépenses en immobilisation que vous voulez dire?
M. LESAGE: C'est évident.
M. LUSSIER: Je veux être bien sûr du terme; et il faut
s'entendre sur les termes.
M. LESAGE: C'est blanc bonnet, bonnet blanc. Des dépenses
capitales et des dépenses en immobilisation...
M. LUSSIER: Non, quelquefois nous employons des termes auxquels tout le
monde ne donne pas la même signification.
M. LESAGE: Très bien. Les dépenses en immobilisation, vous
n'en tenez pas compte?
M. LUSSIER: Non, dans notre hypothèse...
M. LESAGE: Vous ne tenez pas compte non plus de...
M. LUSSIER: Si la communauté urbaine veut en faire, elle peut en
faire. C'est elle qui décidera...
M. LESAGE: Oui.
M. LUSSIER: ... et les emprunts et les budgets passent par le conseil et
par l'exécutif, et elle saura ce qui lui en coûtera.
M. LESAGE: Juste une autre question, parce que je ne veux pas
interrompre le ministre trop longtemps, et que ce soit bien clair dans mon
esprit. Le territoire de la commission de transport est décrit à
l'Annexe 8 du projet de loi?
M. LUSSIER: Je vais vérifier si c'est exact. Oui, le territoire
de...
M. LESAGE: Oui.
M. LUSSIER: D'accord.
M. LESAGE: Ce matin, justement, j'ai posé des questions au maire
de l'île Bizard. Il m'a dit que c'était la Compagnie de transport
provincial qui faisait le service. A ce moment-là, j'ai fait une
réflexion quant aux dispositions de l'article 287 du projet de loi. J'ai
dit que l'on pourrait envisager, en pensant et à Montréal et
à Québec je connais bien la situation à
Québec dans la première ligne de l'article, que nous
devions envisager, dis-je, la possibilité que le mot "peut" soit
remplacé par le mot "doit".
Si une telle modification était faite à l'article 287 et
à l'article correspondant que l'on trouve dans le projet de Loi de la
Communauté urbaine de Québec, quelle serait l'estimation du
coût d'acquisition qui serait, à ce moment-là, obligatoire
pour la Commission de transport de Montréal?
M. LUSSIER: De Montréal.
M. LESAGE: Evidemment, nous n'étudions pas le bill de
Québec, mais ça se trouve un avis indirect et je poserais la
même question pour Québec.
M. LUSSIER: Tout d'abord, cette disposition que nous trouvons dans le
projet de loi existe déjà dans la Loi de la Commission de
transport de Montréal.
M. LESAGE: Oui, je sais. Mais, si c'était "doit" au lieu de
"peut", quel serait le coût?
M. LUSSIER: Ce coût-là, évidemment, nous ne l'avons
pas calculé, parce qu'il n'y a pas eu d'études spécifiques
faites à ce point de vue pour exproprier ou acheter ou pour savoir ce
qui se passerait si la commission de transport achetait de gré à
gré tous les services d'autobus existants.
Nous croyons que c'est une prérogative de la communauté
urbaine, avec sa commission de transport, de décider si elle devrait
acquérir ces systèmes d'autobus existants.
M. LESAGE: Vous, vous croyez cela. Mais, si l'Assemblée nationale
en venait à la conclusion qu'à la suite de représentations
qui sont déjà faites dans le cas de Québec je le
saisie mot "peut" doit être remplacé par le mot "doit", cela
coûterait combien? Parce que là, ce n'est plus la
communauté qui déciderait; ce serait le Parlement.
M. LUSSIER: Si le mot "peut" a été inscrit au lieu du mot
"doit", c'est pour éviter la spéculation. Si le mot "doit"
était mentionné, il pourrait se faire... Elle peut en
totalité ou en
partie exproprier ou acheter de gré à gré. Cela
c'est dans les deux lois.
M. LESAGE: C'est-à-dire de gré à gré ou par
expropriation.
M. LUSSIER: D'accord.
M. LESAGE: Si l'on veut demander trop cher, on peut exproprier, on peut
faire évaluer. Peu importe la spéculation qui peut se faire, si
l'on va à l'expropriation.
M. LUSSIER: Ah! Je ne sais pas, mais, selon les expériences que
l'on a pu avoir dans des transactions, c'est...
M. LESAGE: Mais, enfin, le ministre sait que nous avons fait des
représentations très fortes...
M. LUSSIER: Oui, il y a des représentations.
M. LESAGE: ... sur l'injustice que ça pourrait causer, à
Québec particulièrement, pour les propriétaires d'autobus,
si la liberté était laissée à la communauté
de choisir. Des représentations très fortes sont faites pour que
l'achat de gré à gré ou par expropriation soit
obligatoire.
Alors, si nous nous rendons aux représentations qui nous sont
faites pour Québec, et si nous voulons qu'il y ait concordance avec
Montréal, ça coûterait combien pour la Communauté
urbaine de Montréal?
M. LUSSIER: On pourrait peut-être...
M. LESAGE: ... la juridiction de la Commission de transport est
concernée.
M. LUSSIER: Ce serait une décision de la Communauté
urbaine et de la Commission de transport...
M. LESAGE: Non, ce n'est pas...
M. LUSSIER: ... et j'aimerais beaucoup mieux que les gens qui
sont...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le ministre voudrait bien
comprendre que l'hypothèse que je fais...
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: ... est la suivante: l'Assemblée nationale
décide de remplacer le mot "peut" par le mot "doit", ce n'est plus la
décision de la communauté, c'est la nôtre. Alors, je dis:
Cela coûtera combien si nous décidons ça?
M. LUSSIER: Oui, vous m'avez demandé un chiffre...
M. LESAGE: C'est important de savoir.
M. LUSSIER: ... un chiffre très précis pour
l'expropriation, disons le total de tous les systèmes de transport
d'autobus de l'île de Montréal ou du territoire concerné.
Je vous ai dit que ces chiffres exacts, cette étude exhaustive, nous ne
l'avons pas faite. Nous l'avons faite pour Québec, mais nous ne l'avons
pas faite pour Montréal.
M. LESAGE: Alors, pour Québec, c'est combien?
M. LUSSIER: Pour Québec, ici, c'est $7.5 millions, selon le
rapport Lacasse. Et selon le rapport Vandry, qui avait un autre aspect de
l'étude à faire des systèmes de communication pour le
Québec métropolitain, si je ne me trompe, c'est aux environs de
$13 ou $14 millions.
M. LESAGE: Le double?
M. LUSSIER: Oui. Mais là, je n'ai pas l'intention de discuter
pour savoir lequel est le plus près de la vérité, je vous
donne les deux chiffres.
M. LESAGE: Puis, à Montréal?
M. LUSSIER: A Montréal, d'une façon claire et nette: Non,
je ne veux pas avancer de chiffres. J'aimerais beaucoup mieux que les gens qui
sont au fait puissent les donner ces chiffres-là, si c'est possible.
M. LESAGE: Mais, on ne peut pas entendre les gens de la commission de
transport; vous n'avez pas voulu que nous entendions d'autres personnes que
celles qui sont mentionnées ici...
M. LUSSIER: Vous pouvez entendre M. Saulnier.
M. LESAGE: ... les amendements que vous avez...
M. LUSSIER: De toute façon, c'est une décision de la
commission du transport en commun de l'île de Montréal.
M. LESAGE: Je n'ai pas d'objection! M. LUSSIER: M. Saulnier peut
répondre.
M. LESAGE: Vous savez le coût, M. Saulnier?
M. SAULNIER: M. le Président, je ne sais pas le coût, mais
je demande la permission de soumettre une observation à la question
telle que posée; si l'Assemblée nationale décidait de
remplacer le mot "peut" par le mot "doit". Je ferais très
respectueusement la prière suivante, si nous pouvions être
consultés à cet égard,
nous demanderions très humblement qu'on ne remplace pas le mot
"peut" par le mot "doit".
M. LESAGE: J'avais l'intention de demander aux maires de la
communauté ce qu'ils en pensaient.
M. SAULNIER: Maintenant pour arriver...
M. LESAGE: Ce qui fait que j'ai soulevé ce point, M. Saulnier,
c'est que nous avons reçu des représentations très fortes
des propriétaires d'autobus pour la zone où la Commission de
transport de Québec aurait compétence, parce qu'elle n'est pas
formée, pour éviter les injustices, que l'achat de gré
à gré, ou à défaut l'expropriation soit
obligatoire.
Alors, je me demandais jusqu'à quel point cela pouvait
s'appliquer à Montréal. J'avais bien l'intention d'en discuter
plus loin.
M. SAULNIER: Si je peux...
M. LESAGE: Avant de décider si c'est un "peut" ou un "doit",
j'aimerais bien savoir combien cela coûterait...
M. SAULNIER: Me serait-il permis de suggérer la base sur laquelle
une indemnité devrait être payée? Je pense que le
législateur doit retenir ceci: Dans le cas d'un service d'autobus
privé, on ne doit jamais perdre de vue qu'il s'agit de l'exploitation
d'un commerce privé dans le domaine public. C'est un privilège
accordé par les citoyens à une entreprise privée
d'exploiter un commerce privé dans le domaine public.
Première observation, cela veut donc dire qu'implicitement il y a
des limites que les administrateurs publics ne doivent pas dépasser par
le calcul de cette indemnité. Deuxième observation, cela ne peut
être sûrement rien de plus, à mon sens, que ce que le revenu
produit par l'exploitation de ce commerce peut payer en capital.
En d'autres termes, lors d'une expropriation, si l'expropriation a
été faite en tenant compte de ces critères qui me
paraissent parfaitement justes, l'exproprié reçoit tout ce
à quoi il a droit et l'expropriateur, lui, ne paie rien de plus que ce
qu'il doit payer.
M. LESAGE: Je m'excuse, M. le ministre, nous y reviendrons, parce que
c'est une question très complexe. Je voulais simplement demander si une
estimation avait été faite. Elle n'a pas été faite,
alors, si vous voulez bien continuer.
M. LUSSIER: Par ailleurs, la Commission de transport de Montréal
a l'habitude, à tous les deux ou trois ans, d'acheter un nombre assez
important d'autobus...
Le conseil de sécurité publique coordination
intégration de la police.
Voici les options particulières:
Le montant brut des épenses pour 1969 en ce qui concerne les
services de police de Montréal et des autres villes de l'île de
Montréal a été de l'ordre de $45.7 millions. En ce qui
concerne la ville de Montréal, pour 1969, la convention collective
applicable à cette année ajoute un montant de l'ordre de $5.1
millions, ce qui donne comme montant total pour le service de police de
l'île de Montréal la somme de $50.8 millions.
M. LESAGE: Plus $5.1 millions.
M. LUSSIER: Le total est de $50.8 millions. Une prochaine convention
collective devrait être signée pour l'année 1970 et
peut-être pour 1971. Nous ne pouvons d'avance établir les
résultats des conventions collectives qui seront signées.
Cependant, une certitude nous apparaît, celle d'une augmentation de
traitements et aussi fort probablement une certaine augmentation d'effectifs
durant ces deux années pour la ville de Montréal et ses
banlieues. Ce qui nous donnerait comme coût en 1969, environ $50.8
millions, comme je l'ai dit tout à l'heure; en 1970, un total de $53.3
millions et, en 1971, un total qui qui pourrait s'établir à $55.8
millions.
Pour que ces coûts soient le plus réaliste possible, il
faut examiner un certain nombre d'hypothèses qui sous-tendent
l'établissement de ces coûts. Les coûts concernant les
policiers pour quelques municipalités comprennent aussi le coût du
service des incendies. Nous supposons que la part des incendies, dans ce cas,
serait négligeable. Nous supposons aussi, comme je l'ai dit tout
à l'heure, une certaine augmentation des effectifs. Nous faisons
l'hypothèse que les coûts sont entièrement affectés
aux traitements. Nous considérons que les coûts affectés au
service de la sécurité publique sont relativement minimes, si on
peut s'exprimer ainsi, étant de l'ordre de $100,000, et qu'ils sont
inclus dans le total de $55.8 millions. Nous faisons l'hypothèse que ce
qui est dépensé, actuellement, par chaque municipalité
correspond à la somme totale qui découlera de l'application des
normes établies par le Conseil de sécurité publique.
Il y aura aussi, sans doute, certaines économies d'échelle
qui peuvent être anticipées, en ce qui concerne les services
spécialisés. Nous croyons que ces différences seront
compensées par un accroissement dans la qualité du service
étendu à tout le territoire de la communauté.
Le conseil de sécurité. Le détail des coûts
à ce poste budgétaire: coût total de fonctionnement,
première année, $53.3 millions; deux-
ièrne année, $55.8 millions. Peut-être qu'on peut
noter ceci: c'est qu'à chaque 2p.c. d'augmentation qui découle de
l'application des conventions collectives il en coûte $1 million de plus
à l'ensemble des municipalités de la communauté pour les
services de police. Alors, si on dit que les augmentations peuvent être
de 2 p.c. de plus, il faut ajouter $1 million; si c'est 2 p.c. de moins, eh
bien, on fait le calcul inverse.
M. LESAGE: D'après votre hypothèse, ce sont des
augmentations de combien qui vous ont amené au chiffre de $53.3 millions
et de $55.8 millions, en pourcentage?
M. LUSSIER: Le pourcentage d'augmentation?
M. LESAGE: Quel pourcentage? Vous m'avez dit qu'il y avait, dans les $53
millions et dans les $55 millions, un pourcentage d'augmentation de salaires et
d'augmentation d'effectifs.
M. LUSSIER: Vous savez fort bien, M. le chef de l'Opposition, qu'il
n'est pas d'intérêt public que nous dévoilions tous ces
chiffres-là.
M. LESAGE: C'est un plancher que vous avez mentionné, c'est
évident. C'est très important, parce qu'il y a eu des chiffres du
coût par tête de l'augmentation des services policiers à
Montréal à cause du projet de loi de la communauté
urbaine. Les chiffres ont varié. M. Saulnier a dit $0.12 1/2; il a dit:
Cela peut aller à $0.17. M. Viau a parlé de $0.25 et M. Laurin de
$0.22 1/2.
Je voudrais savoir, dans ces augmentations-là, quelle est la part
qui serait due à une augmentation générale des salaires
des policiers, en pourcentage. Ce ne serait pas juste d'en tenir compte dans le
calcul de l'augmentation due à l'intégration des forces de
police, parce que l'on sait que, de toute façon, il y aura augmentation
des salaires, donc augmentation de coûts. Cette augmentation, pour autant
qu'elle touche des augmentations de salaires inévitables, on ne doit pas
en tenir compte lorsqu'on dit: Combien de plus va coûter le fait que les
services de police sont intégrés? Il faut séparer les deux
éléments.
M. COURNOYER: Est-ce que vous voulez dire qu'il faudrait actuellement
établir ça en salaires constants?
M. LESAGE: Oui, je crois.
M. COURNOYER: On devrait tenir compte strictement...
M. LESAGE: Si l'on veut savoir quelle est l'augmentation de coût
due à l'intégration des services, il faut le faire en salaires
constants.
M. COURNOYER: Disons qu'ici il y a eu certainement une
augmentation...
M. LESAGE : Parce qu'autrement les salaires, dans toutes les
municipalités, vont augmenter de toute façon.
UNE VOIX: Qu'est-ce que c'est, le salaire constant?
M. COURNOYER: Constant, c'est $50.8 millions.
M. LESAGE: Mais non, il y a des augmentations d'effectifs
là-dedans.
M. COURNOYER: Dans les salaires constants.
M. LESAGE: Oui, je le sais, mais quand on arrive à $53.3 et
à $55.8 millions...
M. COURNOYER: On a augmenté les salaires.
M. LESAGE: ... pour les deux années, on a augmenté non
seulement les salaires, mais les effectifs.
M. COURNOYER: Les deux ensemble... M. LESAGE: Les deux ensemble.
M. COURNOYER: C'est-à-dire que les deux ensemble sont
comptés.
M. LESAGE: Est-ce que l'on peut dire que l'augmentation des effectifs
est due au phénomène de l'augmentation de la population d'une
façon absolument indépendante du phénomène
d'intégration proposé?
M. COURNOYER: Non, ce n'est pas indépendant.
M. LESAGE: Ce n'est pas totalement indépendant. Bon. Alors, c'est
très difficile à décortiquer.
M. COURNOYER: Oui, même si je voulais le décortiquer, vous
comprendriez, M. Lesage, que je ne le décortiquerais pas.
M. LESAGE: Je sais pourquoi. Moi, je ne suis pas intéressé
à savoir quel est le pourcentage de salaires. Ce qui m'intéresse,
c'est de savoir quel est le coût additionnel dû à
l'intégration et non pas à l'intégration plus d'autres
choses qui, de toute façon, vont exister.
M. COURNOYER: Ayant révélé le coût
additionnel projeté totalement, c'est-à-dire comprenant
l'intégration et les augmentations de salaires, il m'est impossible
aujourd'hui, et au ministre aussi, de déterminer quelle est la partie
qui est, en fait, l'augmentation des effectifs
naturelle sans, en même temps, déterminer qu'il y a une
augmentation projetée des salaires des individus à ce poste..
M. LESAGE: Alors, nous ne saurons jamais si l'augmentation due à
l'intégration, c'est $0.12 1/2, $0.22 1/2, $0.25 ou tout autre
chiffre?
M. COURNOYER: Disons que nous pourrions le prendre en salaires constants
et en effectifs constants. Si nous le prenons en effectifs constants, il est
clair que nous arrivons à $50.8 millions et que ça devrait rester
$50.8 millions tout le temps. Là, il n'y a pas de changement.
M. LESAGE: Alors, on va...
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'aurais une question
additionnelle à poser aux honorables ministres. Est-ce que, parmi les
hypothèses que vous avez... Pourquoi?
M. LESAGE: II ne l'est pas encore. M. LUSSIER: Demain. M. SEGUIN: Je
l'ai félicité.
M. CHOQUETTE: C'est vrai que le gouvernement ne fonctionne pas vite.
M. LUSSIER: Ce n'est pas ce que vous m'avez dit hier. Vous vous
démentez lentement.
M. CHOQUETTE: Donc, parmi les hypothèses qui ont
été considérées par le ministre des Affaires
municipales et son collègue, est-ce que l'on a considéré
qu'il y aurait, au cas où l'intégration serait
réalisée, tel que prévu, un nivellement des conditions de
travail des différentes forces policières de la région de
Montréal, nivellement qui normalement, d'après la loi
économique des fusions que l'on connaît en général,
se ferait au sommet, en quelque sorte, à l'endroit où se trouvent
les conditions de travail les meilleures dans la région de
Montréal? Est-ce qu'on a considéré, en somme,
l'écart entre les salaires et les conditions de travail qui existent
dans certaines municipalités par rapport à celles qui peuvent
exister dans Montréal, si Montréal a les meilleures conditions de
travail pour ses policiers?
M. COURNOYER: II est clair que si nous faisons l'analyse des
différentes conventions collectives qui existent dans l'île de
Montréal pour les différents corps policiers de l'île de
Montréal, nous devrons prendre l'économie totale d'une convention
collective par rapport à l'économie totale d'une autre convention
collective. Il est possible que si nous tendions à établir, par
exemple, une normalisation vers la hausse, il est clair que, dans le cas des
policiers de l'île de Montréal, il y aurait probablement des
avantages qui sont consentis actuellement à d'autres corps de police qui
n'ont pas la même économie de convention collective que ceux des
policiers de Montréal.
Alors, s'il s'agit d'être à la hausse dans chacune des
clauses et de rejoindre le sommet dans chacune des clauses, c'est un coût
que nous n'avons certainement pas prévu, étant donné qu'il
faudrait mettre un coût identique à chacune des clauses et trouver
quelle est la plus haute de ces clauses. Mais, il n'est pas dans notre
intention non plus, je pense, de déterminer à l'avance quelles
seront les conditions de travail des policiers, puisque nous avons à
faire face actuellement, et la ville de Montréal a à faire face
à des négociations avec son corps de police qui doivent commencer
incessamment, si elles ne sont pas déjà commencées. Il
semble que ce soit la même chose dans les différents corps de
police: les conventions expirent d'une façon générale au
31 décembre de cette année.
Alors, on ne peut faire que des approximations. Comme nous ne pouvons
pas effectivement déterminer les mandats de la communauté urbaine
ou des municipalités, et leur dire: N'allez pas plus haut que ce
point-ci, il est possible que la division de ce coût soit encore
différente dans chacune des municipalités pour l'année
1970. A partir du moment où nous ne faisons que des estimations de
coûts, nous faisons des projections; ces projections-là
étant faites, elles sont sur une augmentation normale, qu'on
considère aujourd'hui comme normale. Il est possible qu'à la
suite de négociations on découvre que c'est peut-être trop
haut ou trop bas, mais de toute façon cela dépendra de l'analyse
de chacune des conventions collectives impliquées.
A ma connaissance, il y a au moins autant de conventions collectives
qu'il y a de corps de police pour chacune des municipalités,
excepté l'Ile-Bizard, semble-t-il, qui est soumise à la
convention collective des policiers provinciaux.
M. DEMERS: Pierrefons aussi?
M. COURNOYER: De toute façon, c'est une analyse extrêmement
onéreuse à faire, elle présume de règlements qui ne
sont pas encore faits. Elle ne peut être qu'une approximation, une
projection de ce qui normalement devrait arriver, compte tenu d'une constance
dans les effectifs. Ici, il y a la dualité, la constance dans les
effectifs. C'est-à-dire qu'on n'établit pas la constance, on
prévoit une augmentation des effectifs et, en même temps, une
augmentation de salaire. A ce moment-là, je dis aux policiers: Ne
présumez de rien sur l'augmentation qu'on prévoit, étant
donné qu'il y a aussi d'impliqués des effectifs. A partir de ce
moment-là, c'est une position de négociation que nous devons
laisser aux municipalités ou à la communauté
urbaine, mais normalement nous avons prévu que les effectifs et
l'augmentation des salaires devraient donner les $55.8 millions dont parlait le
ministre il y a quelques minutes.
M. CHOQUETTE: Si vous me permettez simplement une observation, je
voulais simplement souligner le phénomène qui se passe
habituellement dans les cas de fusion ou d'amalgamation, c'est que ce sont
toujours les meilleures conditions de travail qui finissent par
prévaloir. Par conséquent, il y a un coût additionnel
à supporter. Le même phénomène me paraîtrait
devoir se produire dans le cas de l'intégration des forces
policières de l'île de Montréal.
M. COURNOYER: II s'agit de savoir encore une fois, M. Choquette, quelle
est la meilleure condition ou si cette condition doit se retrouver à
l'intérieur d'une économie de convention collective ou si on la
prend toute seule.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec vous. Je ne dis pas que toutes les
clauses les plus avantageuses vont prévaloir. Mais on peut dire qu'au
total les meilleures conditions de travail prévaudront pour toutes les
forces policières de l'île.
M. LESAGE: En tenant compte de ce que M. Choquette vient de dire quelle
est, d'après vous, une estimation réaliste du coût
additionnel des services policiers à Montréal attribuable
exclusivement à l'intégration? En tenant compte du
phénomène inévitable que M. Choquette vient de
mentionner.
M. COURNOYER: Le chef de l'Opposition comprendra que si nous
disséquions ou décortiquions, comme il l'a suggéré,
l'augmentation prévue qui comprend et l'augmentation des effectifs et
l'augmentation des salaires, à la minute que je dis quel est le
coût qui est effectivement donné à l'augmentation des
effectifs, je viens de déclarer à la partie syndicale qu'elle a
actuellement, dans nos projections, à négocier la
différence et qu'elle sait d'avance quelle est la différence que
nous sommes prêts à lui consentir lors de la prochaine
négociation.
Or, cette négociation est en cours. C'est intentionnellement que
nous mettons les deux ensemble pour éviter qu'on spécule sur quel
genre d'augmentation de salaires les policiers auront.
M. LESAGE: M. le Président, il y a deux éléments:
augmentation des effectifs, due à l'augmentation de la population;
augmentation prévue des salaires, due à de nouvelles conventions
collectives. Cela s'applique à toute l'île de Montréal et
à tous les corps policiers. Je mets cela de côté.
M. COURNOYER: Oui.
M. LESAGE: Je dis: Cela n'est pas dû à
l'intégration. Par conséquent, je ne demande pas au
député de Saint-Jacques de décortiquer la
différence entre les articles 50, 53 et 56. Je lui demande ceci: Est-ce
que les calculs ont été faits du coût additionnel dû
à l'intégration en tenant compte du phénomène
mentionné par M. Choquette, phénomène qui est
prévisible, qui est non seulement possible, non seulement probable mais
qui est certain?
M. CHOQUETTE: On n'en discute pas le bien-fondé, remarquez bien,
mais il faut quand même le constater, n'est-ce pas?
Enfin, les écarts ne sont peut-être pas tellement
considérables entre les conditions de travail des différents
corps policiers de la région de Montréal ou, par contre, ils sont
très considérables.
M. LESAGE: Si on veut analyser le coût par tête, on a
mentionné $0.12 1/2, $0.22 1/2, $0.25. Je veux savoir si ces chiffres
correspondent aux estimations préparées par le gouvernement et
s'ils sont dus uniquement à l'intégration, en tenant compte du
phénomène de l'égalisation à la hausse.
M. LUSSIER: Le plan d'intégration ne devra être fait, soit
l'intégration partielle ou totale, par le conseil de
sécurité que réuni au comité exécutif pour
que lui s'en inspire, et ce n'est pas avant une certaine date. Nous avons
proposé hier...
M. LESAGE: Peu importe la date. C'est inévitable, il y a un
délai d'imparti et il faut que cela se fasse. Alors, ne commencez pas
à me dire: Ce ne sera pas la première année ni la
deuxième année! La troisième année, il va falloir
qu'ils paient.
Nous sommes dans un cas, ici, où un délai est imparti par
la loi. C'est inévitable, cela va venir. Cela coûtera combien?
M. LUSSIER: C'est lorsque ce plan sera présenté et surtout
lorsqu'on l'analysera que ces coûts seront déterminés de la
façon la plus sûre possible, la plus exacte possible. Et le
conseil du comité exécutif, de même, décidera s'il
doit faire une intégration partielle ou pas. Mais c'est à cette
époque...
M. LESAGE: Oui, mais...
M. LUSSIER: Actuellement, il n'y a pas d'intégration des corps de
police. Dans la loi, en commençant, c'est une entraide mutuelle. Il n'y
a pas d'intégration.
M. LESAGE: Bien oui, mais il y a un délai d'imparti pour
l'intégration.
M. LUSSIER: De présentation du règlement...
M. LESAGE: II y a un délai d'imparti pour... Voyons!
M. LUSSIER: Il peut être retardé par simple
arrêté en conseil si...
M. LESAGE: Oui, il peut être retardé, mais simplement les
maires qui sont ici, eux, ont conscience qu'un délai est imparti pour
l'intégration des forces policières de l'île de
Montréal. Les maires de banlieue sont conscients que c'est la ville de
Montréal qui a la majorité à l'exécutif et au
conseil. Ils sont conscients que c'est la ville de Montréal qui va
décider de l'intégration. En réalité, c'est cela
qui va arriver.
M. LUSSIER: Eh bien, non! Ce n'est pas la ville de Montréal qui
va décider de l'intégration, c'est la communauté urbaine
qui va décider.
M. LESAGE: Bien, la communauté urbaine, très bien, mais la
majorité, à l'exécutif de la communauté urbaine,
c'est la ville de Montréal; et la majorité au conseil de la
communauté, c'est encore la ville de Montréal. Alors, on sait
bien que c'est la majorité qui décide. Quand même je
voudrais dire ici: C'est le parti libéral qui va décider de ce
qui va arriver du bill de la Communauté urbaine de Montréal, les
gens me diraient que je rêve en couleur, et avec raison, parce que nous
n'avons pas la majorité en Chambre.
M. LUSSIER: Et vous n'avez pas le droit de veto non plus, tandis que les
banlieues l'ont au conseil...
M. CHOQUETTE: Non, mais actuellement...
M. LESAGE: Non, pardon, pas là-dessus, il y a un délai
d'imparti...
M. LUSSIER: II y a un délai d'imparti?
M. LESAGE: Oui, si dans le délai d'imparti, ce n'est pas fait,
c'est l'omnipotent ministre qui va décider, en vertu de l'article
340.
M. CHOQUETTE: Non seulement cela, si l'on prenait...
M. LUSSIER: Cela prend de l'omnipotence quelque part.
M. CHOQUETTE: Non seulement cela, mais si...
M. LESAGE: Ne tournez pas le dos de la cuillère dans le domaine
de l'omnipotence.
M. LEFEBVRE: C'est un aveu. UNE VOIX: Un effectif constant.
M. LUSSIER: Je pense que nous badinons actuellement.
M. LEFEBVRE : Non, nous ne patinons pas.
M. LESAGE: Non, nous ne patinons pas, mais au contraire...
M. LUSSIER: Non, écoutez bien.
M. LESAGE: Ecoutez bien, quand le ministre dit: On patine, il devrait
dire: Je patine.
M. LUSSIER: Je n'ai pas dit: Je patine. J'ai dit: On badine.
M. LESAGE: Ah pardon! Il patinait tellement que j'ai compris qu'il
patine.
M. LUSSIER : Badiner. Je répondais à M. Lefebvre.
M. LESAGE: Oui, mais cessez de badiner et donnez-nous donc...
M.LUSSIER: II badine souvent, M. Lefebvre.
M. LESAGE: ... votre chiffre d'augmentation de coût par tête
dû seulement à l'intégration? Est-ce que ce sont les $0.12
1/2 de M. Saulnier? Est-ce que ce sont les $0.22 1/2 de M. Laurin? Est-ce que
ce sont les $0.25 de M. Viau ou est-ce un autre chiffre?
M. CHOQUETTE: M. Saulnier a sûrement une réponse.
M. SAULNIER: M. le Président, si on me le permet, je vais tenter
de proposer un calcul qui me parait assez difficile à contester. Je
viens de tenter de le faire dans mon propre esprit, et je n'ai pas
réussi.
En partant des coûts que nous avons établis en nous fondant
sur les états financiers déposés par les
municipalités auprès du ministère des Affaires municipales
et de notre budget, dont j'ai ici une copie, compte tenu également des
augmentations de traitement que nous avons consenties, j'arrive à un
chiffre de $49 millions quelques cent mille. Je dirais environ $300,000. Le
ministre a parlé de 50.8. Je pense qu'à première vue,
c'est cette différence entre 46.3 et 50.8, soit 4.5, qui
représente ou qui pourrait représenter le coût par
tête qui pourrait être établi ensuite à un coût
par tête sur l'ensemble de la population de la ville de Montréal,
compte tenu d'augmentations possibles des effectifs au cours de l'an
prochain.
Maintenant, si l'on veut revenir aux chiffres
de ce matin, en partant de ceux-là, qui sont effectivement
supérieurs à ceux que j'ai, et c'est pourquoi, je pense,
le ministre a tenu compte de majorations possibles dues à des
augmentations d'effectifs je prends ces chiffres, 50.8, je soustrais les
subventions qui sont prévues dans la loi aux termes mêmes dans
lesquels elles sont prévues, soit $ 8,369,000, et j'arrive, en gros,
à $42.5 millions à partager. Parce que la loi dit: Les
dépenses de police vont être partagées à compter du
1er janvier 1970. Donc, à retenir, $42.5 millions à partager.
Sous quelle forme? En partant de l'évaluation foncière
uniformisée dans toute l'île de Montréal. Quel est ce
chiffre? $10 milliards. Cela est le chiffre déposé,
approuvé. Cela veut donc dire $0.42 1/2 par $100 d'évaluation
pour tous les contribuables de l'île de Montréal.
Maintenant, si l'on veut savoir combien cela va coûter de plus aux
municipalités de banlieue, il s'agit simplement de soustraire ce que
représente par $100 d'évaluation le coût actuel pour leur
propre service de police. Et ce coût-là est de $10,886,334, tel
que montré dans leurs états financiers. Il reste donc à
soustraire et cela représente sur l'évaluation municipale
uniformisée dans la banlieue, qui est de $4 milliards, un chiffre de
$0.27 par $100 d'évaluation.
Si l'on veut vérifier les calculs que j'ai faits tout à
l'heure, je pense que l'on peut difficilement arriver à un autre chiffre
que celui-là.
Or, il s'agit maintenant, pour trouver ce que ça va coûter
de plus, de soustraire de $0.42, soit le total, ce que ça coûte
présentement aux banlieues, soit $0.27. Cela donne $0.15.
A l'oeil, ce matin, j'avais $0.12 1/2, mais j'étais parti d'un
chiffre inférieur à celui que le ministre vient de donner, et que
j'accepte comme étant parfaitement raisonnable. Alors donc, au lieu de
$0.12 1/2, ce serait $0.15. Et je pense qu'il est très difficile de
sortir de ces calculs-là qui partent de chiffres déposés
dans des documents officiels préparés par les
municipalités.
M. LESAGE: Vous comprenez, M. le Président, ce à quoi je
tendais, c'était de savoir l'augmentation du coût résultant
de l'intégration. Il est clair que, dans la banlieue comme à
Montreal, les augmentations et de salaires et d'effectifs sont
inévitables à cause de l'augmentation du coût de la vie et
de l'augmentation de la population.
M. SAULNIER: Pour répondre précisément à la
question du chef de l'Opposition, j'ai fait le calcul, ça va
peut-être être de $0.02 environ, mais je ne crois pas...
M. LESAGE: Je comprends. Vous avez fait le calcul. Vous aviez
mentionné d'ailleurs que ça pouvait aller jusqu'à
$0.17.
M. SAULNIER: Oui, ce matin je l'ai mentionné, mais là,
cela me donne $0.15.
M. LESAGE: Alors, je pense que vos renseignements sont très
précieux. Nous pourrions peut-être demander au ministre de
continuer, quitte à revenir là-dessus plus tard, pour entendre
les maires de banlieues.
M. SAINT-GERMAIN: Excusez-moi. J'aurais une question, s'il vous
plaît, M. le Président. Si l'on prévoit
l'intégration des forces policières de l'île de
Montréal, est-ce qu'il faudrait logiquement prévoir aussi
l'unification du syndicat, je suppose?
M. LESAGE: II y a eu des amendements de déposés, M.
Saint-Germain, à ce point de vue.
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'aurais une question à
poser. Je veux tout simplement demander l'opinion du président quant
à la procédure. J'étais malheureusement absent lorsque
vous l'avez établie. J'aurais quelques questions à poser
concernant les articles 210 à 220 qui traitent du conseil de
sécurité publique.
M. LESAGE: Nous entendons le ministre sur les estimations de
coûts...
M. LEFEBVRE: C'est parce que, comme c'était sur la police...
M. LUSSIER: Vous permettez. M. LEFEBVRE: Je reviendrai.
M. LESAGE: Le ministre a déjà parlé une heure, ce
matin et nous continuons de l'entendre.
M. LUSSIER: Cela ne sera pas tellement long.
M. LESAGE: II achève d'ailleurs.
M. LUSSIER: Je vais vous livrer le paquet.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, l'incendie n'est pas
compris...
M. LUSSIER: Dernier article. L'administration de la Communauté
urbaine de Montréal.
Voici les options particulières que nous avons faites:
L'administration de la communauté est entendue ici au sens large
et comprend l'exécutif, le conseil, le secrétaire, le
secrétaire général, le personnel de bureau de chaque
service, les frais généraux, les avantages sociaux, la
comptabilité, les locaux, l'ameublement, etc.
Deuxièmement, ceci n'inclut pas les frais d'administration du
conseil de sécurité publique et de la coordination de la police.
Ceci n'inclut pas non plus, les frais d'administration de la commission de
transport. Ces frais sont déjà
compris dans les dépenses d'exploitation de chacun des
organismes.
Détail des coûts.
A l'article "traitements": Le président, les douze conseillers,
membres du conseil, ceci pourrait se totaliser aux environs de $160,000, la
première et deuxième année. Le personnel de
secrétariat, greffiers, trésoriers et trois autres personnes:
$60,000. Personnel de soutien, sténo-dactylos et commis, dépenses
de l'ordre, croyons-nous, de $100,000.
L'année suivante, la deuxième année: $150,000.
A l'article "frais généraux", les avantages sociaux, 20
p.c. des salaires. Les frais généraux, l'ameublement: $75,000.
Locaux, nous évaluons approximativement à 13,000 pieds
carrés, à $5 le pied carré pour la première
année, et à 17,000 pieds carrés à $5 la
deuxième année soit $65,000 de location de locaux. Ce qui
fait un total, à ce poste budgétaire "administration de la
Communauté urbaine de Montréal", première année:
$790,000, et deuxième année: $945,000.
Si nous faisons une récapitulation des coûts de la
communauté urbaine, par fonction, alors, dans la réglementation
des normes de la construction: $60,000; circulation: $60,000; pollution de
l'air: $347,000; aqueduc et égoûts: $220,000; dispositions des
ordures: $100,000. Enfin, c'est un sous-total de la réglementation et
des normes, de $787,000.
Pour ce qui est des services d'évaluation, schéma
d'aménagement, service de santé, traitement des données,
$1,032,000. Pour ce qui est des institutions, commission de transport,
$16,800,000; Conseil de sécurité publique, $53,300,000;
administration de la communauté, $790,000; nous arrivons à un
total, pour ce coût, de $72,709,000.
Pour ce qui est des coûts déjà assumés par
les municipalités, nous avons dit que pour les réglementations,
les normes, les services, nous n'en tenions pas compte, quoique pour un grand
nombre de municipalités, il y aura une diminution des coûts, car
ces articles disparaî tront plus ou moins; en partie, au moins, ils
disparaîtront.
Nous calculons uniquement, pour la commission de transport, $16,800,000,
et pour le conseil de sécurité, $53,200,000, ce qui fait un total
de $70 millions, coût qui est déjà assumé par les
municipalités. Si au coût brut de la communauté, qui est de
$72,709,000, nous enlevons la subvention qui sera de l'ordre de $8,939, nous
arrivons au total net de nos coûts totaux à la communauté
urbaine de $63,770,000, tandis qu'actuellement, les coûts assumés
par les municipalités sont de l'ordre de $70 millions.
Si nous faisons la différence, nous nous apercevons que le
coût directement dû à la communauté est de l'ordre de
$2,709,000. Je vous fais grâce des détails mais, pour la
deuxième année, le total net...
M. LESAGE: Je ne voudrais pas que...
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: Allez, allez!
M. LUSSIER: ... du coût de la communauté urbaine, moins les
subventions, serait de l'ordre de $73,153,000, tandis que le coût qui
serait assumé par les municipalités, même si elles
étaient restées seules, sans subvention, évidemment,
serait de $78,700,000.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
ministre de nous remettre une copie du dernier tableau? Des deux derniers
tableaux? Le détail pour la première année avec les
sommes, et le détail pour la deuxième année avec les
sommes?
M. LUSSIER: Oui, les tableaux... M. LESAGE: Non, non.
M. LUSSIER: Je les ai, mais je pense bien que les notes du journal des
Débats...
M. LESAGE: J'ai demandé de faire des copies additionnelles...
M. LUSSIER: Très bien.
M. LESAGE: ... de la transcription des notes. Mais, celles de ce matin
sont déjà entre mes mains.
M. LUSSIER: D'accord.
M. LESAGE: Les deux derniers tableaux, si M. le ministre voulait
demander à un de ses secrétaires de nous en faire des
photocopies, j'aurais bien l'intention de m'en servir comme document de base
pour fin de discussion.
M. CHOQUETTE: Est-il compris que la Sûreté du Québec
va continuer à jouer le même rôle qu'elle joue actuellement
au point de vue policier dans la région de Montréal, après
la communauté? En fait, son rôle ne changera pas?
M. LUSSIER: Pouvez-vous préciser votre question?
M. CHOQUETTE : Eh bien, je veux dire au point de vue des enquêtes
et tout ça. Est-ce qu'au fond, on va garder le statu quo dans les
relations entre la Sûreté du Québec et la police
de Montréal? Ou s'il y a des modifications prévues au
rôle de la Sûreté du Québec?
M. LUSSIER: II faut comprendre que les premiers mois seront des mois
d'entraide mutuelle, de protection sur tout le territoire. Dans les premiers
mois, ce sera fait par le truchement des chefs de police et, à partir du
deuxième mois, il y aura un règlement de coordination qui sera
adopté par le conseil de sécurité, et c'est lui qui fera
la coordination. Après cela, ils vont établir des normes, des
critères...
M. CHOQUETTE: La raison pour laquelle je pose cette question...
M. LUSSIER : Ce que je veux dire, par ce préambule, c'est que la
réponse à la question que vous me posez, vous l'aurez lorsque le
conseil de sécurité aura fait ce travail, que le conseil et aussi
d'autres se seront prononcés.
M. CHOQUETTE: Non, mais la raison pour laquelle...
M. LUSSIER : Nous laissons évidemment de la latitude. Comme j'ai
dit au début, c'est un corps évolutif, c'est un corps autonome,
il y a des questions auxquelles il ne nous appartient pas de
répondre.
M. CHOQUETTE: D'accord, il y a des questions auxquelles on ne peut pas
répondre actuellement, mais je soulève la question en rapport
avec la police immédiatement parce que, comme on l'a vu par votre
exposé, le facteur principal de dépenses est quand même la
police, n'est-ce pas, qui représente $50 millions des $70 millions
prévus.
Maintenant, j'ai lu quelque part que la Sûreté de l'Ontario
joue un rôle beaucoup plus étendu au point de vue de la
répression du crime, à Toronto, que le rôle que joue la
Sûreté du Québec dans les limites de la ville de
Montréal. Et dans un mémoire présenté ici par les
maires de banlieue, on établissait que le nombre de policiers dans la
ville de Montréal, par 1,000 habitants, est beaucoup plus
élevé que dans n'importe quelle autre ville du Canada. Je pense
que le président du comité exécutif pourrait nous
expliquer la situation. Comment cela se fait-il? Est-ce parce que le crime est
beaucoup plus abondant à Montréal? Est-ce qu'il y a d'autres
conditions, ou est-ce que la ville de Montréal n'a pas la collaboration
voulue de la Sûreté du Québec? Enfin, je ne connais pas du
tout les conditions; c'est pour cela que je pose la question.
M. SAULNIER: Si j'ai bien compris le sens de la question, c'est de
savoir pourquoi cela coûte plus cher à Montréal qu'à
Toronto, en somme?
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. SAULNIER: L'analyse que j'ai donnée il y a quelques semaines,
alors que j'ai expliqué le règlement avec la Fraternité
des policiers de Montréal, démontre qu'il n'y a effectivement,
lorsqu'on tient compte de toute la population de l'île et qu'on fait une
comparaison avec le Toronto métropolitain, qu'une différence
d'environ $1 par tête de citoyen, de personne per capita,
différence en faveur de Toronto.
La raison, c'est que nous avons un peu plus d'effectifs à
Montréal qu'à Toronto. Bien sûr que pour
l'élément de la présence, dans différents secteurs
de la répression du crime, de la Sûreté de l'Ontario et de
celle du Québec, là aussi il y a une différence.
Il ne faut pas en faire un drame. Il y a dans toute la province de
Québec une seule grande région qui se compare avec celle de
Toronto; dans l'Ontario, il y en a d'autres. Evidemment, la Sûreté
de l'Ontario a pu prendre sur la Sûreté du Québec une
certaine avance. Cela a pu aider dans une certaine mesure aux
municipalités, mais la différence n'est tout de même que
d'un dollar. Je dois dire que, depuis quelques années, les services de
la Sûreté du Québec prennent de l'expansion dans tous les
domaines et je crois qu'on en viendra là aussi à rejoindre la
province de l'Ontario dans ce domaine.
M. CHOQUETTE: M. Saulnier, vous connaissez bien ce texte, sans aucun
doute, et la différence dans les effectifs policiers entre la ville de
Montréal et les autres villes du Canada est assez marquée.
Montréal a 2.78 policiers par 1,000 habitants tandis que Toronto a 1.64
policier par 1,000 habitants et si je prends les villes les plus paisibles,
n'est-ce pas, c'est 1.41. Est-ce que ces chiffres sont exacts?
M. SAULNIER: M. le Président, j'aimerais savoir si on compare
l'île de Montréal avec le Toronto métropolitain. Cela est
la comparaison qu'il faut faire; non pas la ville de Montréal avec le
Toronto métropolitain.
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec vous, mais les deux chiffres
méritent d'être...
M. SAULNIER: Oui, sûrement. Alors, il y a une
différence.
M. CHOQUETTE: Pour la ville de Montréal, on indique 2.78
policiers par 1,000 habitants...
M. SAULNIER: Oui.
M. CHOQUETTE: Pour l'île de Montréal, c'est-à-dire
l'ensemble de la future communauté urbaine, 2.37 policiers.
M. SAULNIER: Bon, c'est 2.37 qu'il faut comparer à...
M. CHOQUETTE: A 1.64 pour Toronto.
M. SAULNIER: C'est ça. J'ai donné les deux
éléments de la réponse. D'abord, la ville a dû
prendre des initiatives qui s'imposaient parce que, précisément,
la Sûreté du Québec n'était pas en mesure de
répondre à tous les besoins d'une région comme
Montréal. Bon. Ce rattrapage est en train de se faire, mais cela va
prendre encore quelques années, c'est bien évident.
M. DUPUIS: M. le Président, j'aimerais poser une question que je
crois pertinente et qui concerne...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous identifier, M. le maire, s'il vous
plaît, pour le journal des Débats?
M. DUPUIS: Mon nom est Robert Dupuis. Je suis maire de la ville de
SainteGeneviève. La question que je voudrais poser se divise en deux,
mais je crois qu'elle pourrait se résumer en une seule
réponse.
Qu'advient-il des municipalités qui sont en tutelle? Et,
deuxième point qui fait partie de la même question, devons-nous
continuer à prendre part à ces assises?
Je comprends qu'il y a l'article 343 du bill 75, qui traite du
même sujet; je trouve cependant qu'il est légèrement ambigu
et j'aimerais avoir une réponse.
M. LUSSIER: M. le maire, M. le Président, les villes qui sont en
tutelle demeurent évidemment des municipalités comme telles, et,
je le pense bien, elles ont tous les privilèges de participer à
cette discussion, à cette consultation et à cette séance
de renseignements et d'information.
Pour ce qui est du texte, je pense bien, lorsque nous serons rendus
là, nous l'expliquerons; c'est que le ministre nomme la personne qui
sera déléguée au conseil de la communauté
urbaine.
M. DUPUIS: Au point de vue de la nomination, M. le ministre, je vous
remercie du renseignement, ça me paraît assez clair. Mais,
où ça ne me parait pas clair, c'est qu'étant donné
que nous avons été dans le passé j'imagine que vous
le savez en défaut, nous avons été mis en tutelle
et ceci me précède et précède certains autres
membres qui sont dans des conditions identiques. Cependant, comme vous savez
que nous travaillons fortement et que nous dépensons avec parcimonie les
deniers publics pour tâcher de renflouer notre navire, évidemment,
avec les articles de la communauté urbaine, ça me paraît un
peu paradoxal, parce qu'on s'en va dans un sens contraire.
M. LUSSIER : Vous serez traités au mérite. M. DUPUIS:
Merci.
M. LAURIN: M. le Président, j'avais deux questions. J'ai eu la
réponse à la première, la deuxième était:
Pourquoi fait-on assumer immédiatement, à compter du 1er janvier
1970, par la Communauté urbaine de Montréal, les coûts des
services policiers, quand nous ne savons pas à l'avance plusieurs
personnes tiennent pour acquis qu'il y aura intégration totale si
ce sera en 1972 un intégration totale ou partielle de nos corps
policiers?
M.LUSSIER: M. le Président, pour ce qui est du service de
santé, il sera assumé, au plus tard, en 1972; l'évaluation
se fera aussi à une date limite, c'est-à-dire que certains
services entreront en fonction, seront constitués à des dates
bien définies. Pour ce qui est des forces policières et
évidemment de la protection au citoyen, au point de vue policier, cette
protection entre en vigueur tout de suite avec l'adoption de la loi, c'est
pourquoi tout le monde doit payer.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y aura intégration totale ou partielle?
S'il y a intégration totale...
M. LUSSIER: Cela, monsieur, la communauté urbaine le
décidera, lorsqu'elle adoptera son règlement après rapport
du conseil de sécurité.
M. LAURIN: Mais puisque nous ne savons pas d'avance si il y aura
vraiment intégration totale, pourquoi nous le fait-on assumer
immédiatement?
M. LUSSIER: Parce que vous avez la protection totale.
M. LAURIN: Nous l'avons, la protection totale, je pense bien
actuellement, avec nos corps policiers. S'il s'agissait seulement de
coordonner les forces policières de l'île de Montréal,
à compter du 1er janvier 1970, ça serait facile de donner au
conseil de sécurité public ce pouvoir-là, en vertu de la
Loi de police.
M. LUSSIER: La réponse, je vous l'ai donnée, c'est que
vous avez, par l'adoption de la loi, une protection totale, qui s'étend
à toute l'île de Montréal, des forces policières,
une entr'aide totale, complète, globale. Ceci veut dire que c'est une
protection dont tout le monde bénéficie, au même titre et
à même valeur; je pense bien, en toute justice, tout le monde doit
alors payer immédiatement.
D'autant plus que les coûts de répartition des services
et notamment le service de police, parce que lui, il entre en vigueur
tout de suite de cette protection globale, eh bien, le compte que la
municipalité recevra, elle ne le recevra que l'année suivante,
c'est-à-dire en 1971; elle ne commencera à payer pour ce service
qu'en 1971.
M. LAURIN: Mais s'il arrivait que l'intégration totale ne soit
pas décrétée, est-ce qu'on nous remettrait l'argent?
M. LUSSIER: Ne confondez pas intégration et protection
totale.
M. VIAU: M. le Président, je parle au nom de la
municipalité de Lachine.
M. LE PRESIDENT: Etes-vous le maire?
M. VIAU: Non, je suis conseiller juridique, pour votre information.
Je crois que les municipalités, comme la ville de Lachine vous
sont redevables, de nous avoir donné l'occasion de nous faire entendre
sur ce projet de loi. C'est peut-être une des pièces
législatives les plus importantes dont ait été saisie
l'Assemblée nationale depuis plusieurs décennies.
En effet, M. le Président, ce projet de loi va affecter la vie
économique et même sociale de 2 millions et plus de citoyens, soit
le tiers du Québec. On a souvent reproché aux
municipalités d'avoir eu une attitude négative, mais je crois que
les maires, depuis plusieurs années, ont été positifs et
sont allés de l'avant. Le principe de la régionalisation a
été accepté et endossé sans réserve. Nous
avons présenté, il n'y a pas si longtemps, il y a quelques
semaines, un mémoire à l'honorable premier ministre, ainsi qu'au
ministre des Affaires municipales sur la façon dont les
municipalités de banlieue entrevoyaient une communauté urbaine.
Le problème, aujourd'hui, je crois qu'il faut l'étudier en toute
sérénité, avec calme, mais avec une très grande
objectivité.
Dans ce mémoire dont les membres de l'Assemblée nationale
ont eu copie, nous avons exposé ce que nous attendions d'une
communauté urbaine, d'un organisme régional. Nous avons
parlé des expériences qui ont été faites ailleurs.
Quant à moi, M. le Président, je crois que les expériences
des autres doivent être un guide pour élaborer des structures
nouvelles. Nous avons, pas loin, dans la province voisine, Toronto qui a
étudié le problème pendant plusieurs années. Si
nous nous référons au rapport fait dès 1953 par M.
Lawrence Cum-mings qui était, à ce moment-là,
président de la Commission municipale de l'Ontario, nous avons là
une structure, toute une philosophie de ce que doit être un gouvernement
métropolitain. Nous avons eu l'occasion, il y a une couple de mois, de
rencontrer M. Cummings que nous avions invité, ici à
Montréal, pour nous faire part de son expérience. Chose
intéressante, M. Cummings nous disait qu'en 1952-1953 le premier
ministre de l'Ontario, l'honorable Frost, avait l'idée bien
arrêtée de faire, comme on a pensé à Montréal
à quelques reprises, une seule ville de Toronto et des douze
municipalités de la banlieue. M. Prost, à ce moment, était
au faite de sa puissance politique. M. Cummings et la commission municipale
l'ont convaincu qu'il fallait respecter les citoyens et maintenir les
structures locales des municipalités existantes.
Dès 1953, l'on a créé ce qu'on appelle le
gouvernement métropolitain de Toronto, gouvernement qui, au
début, a été investi de pouvoirs limités.
Après dix années d'expérience, il y a eu l'enquête
faite par un avocat bien connu de Montréal, Me Carl Goldenberg, qui a
fait un rapport en 1965, dans lequel il recommandait d'aller de l'avant et
d'intégrer un certain nombre de municipalités. En 1966, une loi a
été adoptée, la nouvelle loi du Toronto
métropolitain, qui constituait six villes au lieu de treize comme
avant.
Au début, les fonctions étaient limitées. Vous me
permettrez, M. le Président, de vous lire simplement quelques lignes du
rapport fait par M. Goldenberg, en 1965. A la page 27 de ce rapport, il parle
des structures du métro. C'est en anglais, si vous me le permettez, je
vous le lirai dans le texte original: "The specific division of powers
recommended by the Board was substantially enacted by the Municipality of
Metropolitan Toronto Act. The Board foresaw that the gradual and orderly
transfer to the central authority of certain additional powers over a period of
time, but recommended that such transfer should await the gradual development
of public opinion after the new system has been placed in operation."
On a dit: Cela fait 25 ans que l'on discute de gouvernement
métropolitain. Personnellement, cela fait déjà assez
longtemps que j'ai assité à cette barre aux discussions des
nouvelles structures proposées. Il y a eu le rapport Paquet, le rapport
Croteau, le rapport oublié, excusez, le rapport Blier. Nous avons, au
cours des années, discuté et nous avons élaboré des
principes. Nous avons, aujourd'hui, à adopter des modalités. Je
crois que c'est dans les modalités d'une loi que l'on retrouve l'aspect
le plus important d'une législation.
Le citoyen demeure et doit être toujours l'objet de la
préoccupation des municipalités. Il n'y a pas de ville, s'il n'y
a pas de citoyens. Le citoyen ne doit pas être un numéro, mais il
doit être considéré comme un citoyen et on doit avoir le
respect de sa personnalité. Régionaliser, c'est bien, nous en
sommes; nous l'avons reconnu je l'ai dit précédemment, mais je
crois que le citoyen doit nous l'avons reconnu, je l'ai dit
précédemment, mais je crois que le citoyen doit dans la
confiance. Malheureusement, peut-être par un manque d'information, l'on a
créé chez un certain nombre de citoyens un climat de
méfiance. Je ne veux pas revenir sur le passé. Il y a eu des
discussions assez épineuses entre les banlieues et Montréal.
Oublions ce passé et regardons ce qui doit être fait pour
aujourd'hui et pour demain.
Egalement, il faut qu'il y ait un véritable dialogue, non pas
à sens unique, mais dans les deux sens. Montréal a ses
problèmes, des
problèmes très sérieux. Je ne dirais pas des
problèmes de grossesse, parce que Montréal est déjà
une ville développée à sa pleine grandeur. Montréal
représente le tiers du territoire de l'île de Montréal,
alors que la communauté urbaine doit être structurée en vue
du développement de l'île de Montréal. Actuellement,
là où le développement est encore possible sur l'île
de Montréal c'est dans les banlieues que l'on veut faire participer
à cette communauté urbaine.
Maintenant, on a peut-être reproché aux
municipalités de ne pas avoir fait de représentations sur
l'avant-projet, le document sessionnel 199. C'est vrai, mais je n'ai pas vu
également les recommandations ou les suggestions de Montréal, si
ce n'est une déclaration que c'était un "sundae cup". Maintenant,
au mois de septembre, le projet devait être remis à plus tard et
il devait y avoir communication. J'ai moi-même suggéré,
à plusieurs reprises, des réunions, des tables rondes, parce que
je crois au dialogue, à la discussion entre hommes sensés qui
veulent accomplir quelque chose.
Les maires des municipalités, on les a accusés souvent de
vouloir garder leur fief, de vouloir garder leur fiole, si on peut employer le
langage courant, mais je crois que ce stade est dépassé
déjà, depuis plusieurs années. Je peux vous dire que,
depuis qu'il y a eu un conseil au niveau des maires, la plupart ont appris
à travailler les uns avec les autres.
Aujourd'hui, nous sommes à rédiger ce que j'appelle la
grande charte de ce que sera la communauté urbaine ou la région
de Montréal, soit la vie économique de 2 millions de
personnes.
Montréal s'est développé à un rythme
effarant. On a établi à Montréal une politique de
prestige. Nous sommes fiers de ce qui a été accompli dans les
limites de la ville de Montréal. Montreal a réalisé de
grandes choses, pour ne retenir que l'Expo. Nous avons été fiers,
et je crois que le maire Drapeau passera à l'histoire comme ayant
été celui qui a relevé un défi, un défi qui
était assez difficile à relever.
Mais, il y a un temps pour le prestiqe, il y a un temps pour
l'administration et il y a un temps pour se pencher sur les problèmes
qui concernent les citoyens dans leur vie quotidienne. Et l'on veut, par la
communauté urbaine, assurer un plus grand bien-être, augmenter la
qualité des services, peut-être donner des services à des
gens qui n'en ont pas actuellement. Mais, que s'est-il passé dans les
banlieues depuis des décennies? les citoyens des banlieues ont
accepté de payer pour les services qu'ils voulaient, quand cela ne
faisait pas leur affaire, ils les refusaient. Exemple: II y a à peine
quelques semaines, il y a eu référendum dans la ville de
Beaconsfield au sujet d'une aréna. Ceci a été
rejeté. La volonté des gens a été exprimée
d'une façon claire et nette.
Cet exemple, c'est simplement pour vous montrer, M. le Président,
messieurs, que les gens s'occupent de leurs affaires et que, dans les
municipalités de banlieues, l'esprit civique est peut-être encore
à un niveau plus élevé que dans la grande ville.
Aujourd'hui, nous avons un projet volumineux dont les
conséquences sont des plus sérieuses. Trois points sont
importants dans ce projet de loi: Les structures, les pouvoirs et les
coûts.
Dans les structures, nous avions, dans le mémoire
présenté à l'honorable ministre, proposé un conseil
exécutif de neuf membres: quatre nommés par les
municipalités, quatre nommés au sein de la ville de
Montréal et le président, nommé par la province. Ceci n'a
pas été inventé, n'a pas été pris dans
l'air. Nous avons voulu nous inspirer de l'expérience vécue et
réussie de Toronto.
Lorsque la communauté urbaine de Toronto a été
formée en 1953, il y a eu un conseil formé de douze membres de la
ville de Toronto, d'un membre des douze municipalités et le
président a été nommé par le gouvernement. A cette
époque, ils ont été extrêmement fortunés
d'avoir un homme du nom de M. Gardner qui a été à la
hauteur de la situation et qui a fait un succès.
Et nous avons également proposé qu'il y ait un conseil
composé d'un nombre égal de membres de la ville de
Montréal à celui des municipalités. Je comprends que
Montréal dit: Nous avons une population de 65 p. c. comparée
à 35 p.c. pour les banlieues. C'est vrai. A Toronto, en 1953, il y avait
59.8 p.c. de la population de tout le territoire qui était dans Toronto
et le reste dans les banlieues. Malgré cela, on a accordé la
parité, pour assurer le développement et être sûr que
cet organisme ne serait pas contrôlé par une municipalité
aux dépens des autres. Le but poursuivi était toujours l'ensemble
du territoire et non pas la sauvegarde des intérêts d'une
municipalité au détriment des autres.
Dans le projet de loi, on arrive avec un exécutif de sept membres
pour Montréal, de cinq membres pour les municipalités, avec un
conseil de 81 membres, soit 53 et 28 membres. Ceux qui s'occupent de politique
municipale ou qui ont suivi la politique municipale ont connu le régime
des 99. Nous nous approchons quelque peu des 99 avec un conseil de 81 membres.
Nous avons suggéré cette parité, ce qui réduirait
le nombre à 56 membres. Cela serait déjà un avantage, je
crois, sur un conseil de 81 membres, et beaucoup moins cher. Cela pourrait
réduire certaines dépenses.
Dans le projet original, l'avant-projet, il y avait un exécutif
de dix membres, cinq nommés par la ville de Montréal, quatre par
les banlieues et le président nommé par la province, ce qui
faisait un exécutif de dix membres. Mais, en cours de chemin, il y a eu
augmentation, diminution, et on a fait des changements importants.
L'impression qui s'est dégagée de ce projet de loi, c'est
que nous avons voulu venir à la rescousse de Montréal. Alors que
le projet avait été mis veilleuse jusqu'au mois de janvier ou de
février, il a suffi d'un incident malheureux, qu'on appellera le 7
octobre 1969 où, assistant à des actes que je ne qualifierai pas,
mais que l'on peut, chacun dans sa propre conscience, apprécier à
sa juste valeur, où l'on a fait montre d'irresponsabilité,
où on a violé des lois, et il en est résulté des
dommages en millions. Le stigmate des dommages appartient à ceux qui
peuvent en prendre les responsabilités. Je crois qu'il s'agit là
d'une leçon pour ne plus recommencer à l'avenir. Mais, pour
régler le problème, l'on dit: II faut intégrer les
coûts des corps policiers. C'est malheureux, nous n'avons jamais eu
l'opinion des experts de police, et, sur ce point, j'aurais une suggestion
très importante à faire. Je crois qu'il y aurait lieu d'entendre
devant cette commission des personnes qui sont plus qualifiées dans
l'organisation d'un corps de police que tous ceux qui se trouvent dans cette
salle. Je crois que la commission aurait tout intérêt à
entendre un personnage comme le directeur général de la
Sûreté du Québec, M. Maurice Saint-Pierre, qui pourrait
donner une opinion sur la nécessité et l'avantage, s'il y en a,
de l'intégration des services de police dans toute l'île de
Montréal. En fin de compte, au soir du 7 octobre, s'il n'y avait pas eu
les corps de police des municipalités, eh bien, je crois que cela aurait
été encore plus désastreux. On a fait appel à
plusieurs centaines de corps de police pour aller protéger, entre
autres, l'aéroport de Dorval où son honneur le maire arrivait au
cours de la soirée. Cela a été grâce à cette
présence des policiers des municipalités que nous avons eu des
dommages peut-être moins élevés. Je crois que ce
principe...
M. LESAGE: Si vous me permettez, M. Viau. Est-ce que vous me permettez
une question? Est-ce que vous avez vous-même consulté M.
Saint-Pierre pour connaître son opinion?
M. VIAU: M. Lesage, je ne peux pas parler au nom de M. Saint-Pierre.
M. LESAGE: Ce n'est pas cela. Je vous demande si vous l'avez
consulté.
M. VIAU: J'ai eu l'occasion de parler avec lui, mais je ne peux pas
parler en son nom.
M. LESAGE: Vous en tirez la conclusion qu'il est opposé à
l'intégration des services de police?
M. VIAU: M. Lesage, je crois qu'en toute honnêteté, et pour
M. Saint-Pierre et pour n'importe qui, je n'ai pas le droit et je n'ai pas
mandat de parler pour qui que ce soit, sauf en mon nom. Mais je dis qu'au point
de vue technique il y aurait avantage que cette com- mission connaisse
l'opinion de personnes qui ont l'expérience de l'organisation
policière.
M. LESAGE: Est-ce que l'on ne propose pas justement que M. Saint-Pierre
fasse partie du conseil de sécurité publique?
M. VIAU: Oui, cela serait bien, mais nous proposons en même temps
qu'il devrait y avoir intégration partielle permanente. Alors, que nous
avons proposé, M. Lesage...
M. LESAGE: M. Saint-Pierre faisant partie du conseil de
sécurité et étant donné la confiance que vous avez
en lui, ne croyez-vous pas que le degré, la rapidité
d'intégration, totale ou partielle, pourra dépendre, en grande
partie, de l'opinion qu'il exprimera au sein du conseil de
sécurité?
M. VIAU: Oui, mais quand on commence par intégrer les
coûts, M. Lesage, je pense que, déjà il y a un pied dans la
porte et, parfois, c'est irréversible. Alors, avant que le dommage soit
fait, c'est pour cela que nous aurions voulu...
M. LESAGE: Intégrer les coûts, comment?
M. VIAU: On intègre les coûts. Alors, une fois que les
coûts sont intégrés... Si je sais lire l'article 228, M.
Lesage, je pense que les coûts de police sont intégrés
d'une façon finale et irrévocable.
A compter du 1er janvier 1970, toutes les dépenses
autorisées, d'après les normes prévues aux articles 217 et
218, des municipalités relativement à leur service de police sont
assumées par la communauté et réparties entre les
municipalités comme les autres dépenses de la
communauté.
Si ce n'est pas une intégration de dépenses, je voudrais
savoir ce que c'est.
M. LESAGE: A 217 et 218.
M. VIAU: A 217. Ah oui! je vais d'ailleurs en venir à ce
point-là. Si vous prenez l'article 217: "Le conseil de
sécurité doit, dans les trois mois de l'entrée en vigueur
de la présente loi lisons bien cela et avec beaucoup d'attention
établir les normes, critères et barèmes applicables
aux corps policiers des municipalités en matière
d'effectifs..."
Ce sont eux qui vont décider combien il y en a. S'ils
décident qu'il en faut 500 de plus à Montréal, eh bien,
c'est la municipalité qui paye. "... et de matériel
au-delà desquels les dépenses encourues par les
municipalités ne constituent pas des dépenses autorisées
et ne sont pas assumées par la communauté. Ces normes,
critères et barèmes entrent en vigueur sur approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil."
Nous avons également au Québec un organisme qui s'appelle
"Commission provinciale de police" qui a été créée
spécialement pour étudier les problèmes de police; je
crois que cette commission, malgré que j'entends le président de
l'exécutif qui veut protester, peut également avoir son
application...
M. SAULNIER: M. le Président, j'aimerais beaucoup que M. le
procureur ne tire pas de conclusions sur les échanges que je peux avoir
avec son honneur le maire de Montréal. Je n'ai pas dit un seul mot de la
commission de police. Alors, il entend mal ou il voit mal.
UNE VOIX: Oui, il me voit murmurer aussi. M. SAULNIER: Je n'ai pas dit
un seul mot.
M. VIAU: Alors, je retire ce que vous n'avez pas dit, M. le
Président.
La commission de police, M. le Président, a été
formée expressément pour assurer des services adéquats
dans toute la province.
Cette commission, je la crois qualifiée, pour se pencher
également sur les problèmes de police dans la région de
Montréal. D'ailleurs, cette commission de police a été
très effective, le 7 octobre, lorsqu'elle a pu utiliser les pouvoirs qui
pouvaient lui être accordés et qui, de fait, lui ont
été accordés par un arrêté en conseil qui lui
donnait l'autorité pour une durée de trente jours.
Nous avions, dans le mémoire présenté le 12
novembre, proposé une commission de police un peu à l'image de
celle de Toronto. Et, soit dit en passant, à Toronto, ça a pris
quatre années avant d'intégrer la police. Ce n'est qu'en 1957 que
la police métropolitaine a été créée, a
été formée. A cette époque, il y a eu formation
d'une commission de police formée de cinq membres, qui existe encore et
qui fonctionne encore aujourd'hui: un juge, deux magistrats, le
président du métropolitain ainsi qu'un membre du
métropolitain. Cette commission de police a l'autorité
entière sur l'administration.
Le service de police est divisé en cinq districts, assez
distants. Chaque chef de district a une autorité assez grande dans son
district. Il y a un directeur du service pour la police qui travaille sous la
commission de police. De cette façon, on a assuré
l'indépendance entière et totale du service de la police. Mais
cela a pris quatre années pour se réaliser.
M. LESAGE: Est-ce que c'est efficace?
M. VIAU: Très efficace, monsieur Lesage. Dans les commentaires
que j'ai eus, on s'est plaint d'une seule chose, c'est qu'il y avait trop de
centralisation et qu'il y aurait peut-être lieu de décentraliser
les districts et de faire de nouveaux districts. Mais cette commission de
police fonctionne depuis 1957 et d'après les tmoignages que j'ai
reçus, personnellement, de la part du président actuel, M.
Campbell, du métro de Toronto et de M. Cummings, le résultat a
été des plus satisfaisants.
M. LESAGE: Efficacité et coût moindre qu'à
Montréal pour la police métropolitaine de Toronto?
M. VIAU: Les faits sont là, M. Lesage, et d'ailleurs nous
avons...
M. LESAGE: Les faits sont là, et c'est vrai ce que je viens de
dire?
M. VIAU: Oui, les faits sont là. D'ailleurs...
M. LESAGE: La police métropolitaine de Toronto est plus efficace,
d'après vous, et coûte moins cher que le service de police de la
ville de Montréal?
M. VIAU: Oui, mais on ne l'a pas intégrée du jour au
lendemain, on a fait des études.
M. LESAGE: C'est bien. Je vous écoute, je vous suis.
M. VIAU: Donc, on a fait des études. N'oubliez pas qu'il y a une
foule de problèmes qui entrent en cause. Les fonds de pension...
savez-vous ce que c'est qu'un fonds de pension comme celui de la police de
Montréal?
M. LESAGE : Oui, oui, très bien. M. VIAU: Les déficits
actuariels? M. LESAGE: Oui, très bien. M. VIAU: Alors.
M. LESAGE: Je pense que je suis un de ceux qui connaissent le mieux
ça, monsieur. J'ai été ministre des Finances jadis dans le
gouvernement québécois.
M. VIAU: Alors, je crois, M. Lesage...
M. LESAGE: J'ai une bonne idée de ce que c'est.
M. VIAU: Alors, on parle des coûts de police. Maintenant, que
comprendront ces coûts? Qu'arrivera-t-il des déficits actuariels?
Des conventions collectives?
M. PICARD (Olier): C'est prévu dans la loi.
M. VIAU: C'est prévu dans la loi? Je comprends que l'article
216...
M. PICARD (Olier): Ils ne seront pas par-
tagés par les autres municipalités s'il y a des
déficits actuariels dans une municipalité.
M. VIAU: D'une façon absolue?
M. PICARD (Olier): C'est marqué dans la loi.
M. VIAU: Dans quelle article?
M. PICARD (Olier): Je l'ai lu, je ne pourrais peut-être pas vous
le retrouver. Vous pouvez continuer, je vais vous le retrouver et je vous le
donnerai tantôt.
M. VIAU: C'est de l'article 216 que vous voulez parler?
M. LESAGE : Ce sont les amendements apportés à l'article
233.
M. VIAU: Ah, nous ne les avons pas, les amendements.
M. LESAGE: Je vais vous le lire. C'est: "La communauté ne peut
assumer aucun déficit actuariel ou obligation qui en résulte,
encouru par une municipalité en rapport avec un régime de rente,
une caisse de retraite ou fonds de pension de policiers ou de fonctionnaires
ci-dessus avant la date d'entrée en vigueur de ce plan."
M. VIAU: Bon, alors, comme ça...
M. SAULNIER: Cela va bien, n'est-ce pas?
M. VIAU: Cela va bien, mais vous allez admettre avec moi, M. le
Président, messieurs, que dans la loi telle qu'elle était
et M. Picard aussi l'étude actuarielle, ça pouvait
être alors une charge assez élevée. Et d'ailleurs, nous
avons parlé de coût de police ça c'est
compliqué.
M. LESAGE: Ce sont des choses qui peuvent vous prouver que l'Opposition
joue son rôle!
M. VIAU: D'ailleurs, je crois que dans l'élaboration d'un projet
aussi important, il doit y avoir une coopération de tous les partis sans
distinction.
M. LESAGE: Critique constructive!
M. LEFEBVRE : J'aimerais sortir pour un instant de l'aspect financier
non point que cela ne m'intéresse pas parce que je paie des taxes
comme tout le monde mais vous avez fait vous-même allusion au fait
que cette loi, que vous avez qualifiée d'une extrême importance,
comportait des problèmes de structures et un problème de
répartition des pouvoirs. Et au sujet de la police il y a une chose,
person- nellement, qui me préoccupe et je crois qu'il y a plusieurs
membres de cette Chambre qui partageront cette préoccupation nous
le verrons en temps et lieu c'est le problème de savoir qui
détient l'autorité. Vous venez de faire allusion, tout à
l'heure, au 7 octobre et aux amendements à la loi de police, amendements
en vertu desquels le lieutenant-gouverneur en conseil a le pouvoir de donner au
directeur de la police les pouvoirs exceptionnels que l'on connaît.
Je me souviens que lorsque nous avons discuté de cette loi en
Chambre avec le défunt premier ministre, M. Johnson, nous, du
côté de l'Opposition, avions argumenté que ce pouvoir
était tellement extraordinaire que cela devrait être la Chambre
qui aurait la décision, ou du moins qui devrait ratifier la
décision dans un délai défini. Je ne veux pas, ici, faire
un exposé, mais je veux savoir si les personnes dont vous êtes le
mandataire ou le porte-parole se sont penchées sur le problème de
savoir qui porte la responsabilité. Qu'est-ce que vous pensez, par
exemple, de l'article 210 qui fait que le conseil de sécurité
publique, à toutes fins utiles, prend des décisions que le
conseil exécutif de la communauté doit homologuer? Est-ce que
vous acceptez? . Je veux dire, indépendamment de toute autre
considération de finance, est-ce que, sur le plan des principes, cela
vous apparaît acceptable?
M. VIAU: Non. Voici, je crois que... J'avais ici des notes, d'ailleurs,
sur l'article 210 et sur l'article 211.
Je crois, quand on dit à l'article 211: "le comité
exécutif doit homologuer sans délai les recommandations", que ce
pouvoir doit être exercé par le conseil parce que, en fin
de compte, il ne s'agit pas de pouvoir... urgent; il s'agit plutôt ici,
si je comprends l'article 210 : ... "doit dans les trente jours de sa
nomination", cela, c'est juste trente jours, disons que la loi est
sanctionnée le 25 décembre, cela veut dire que, avant le 25
janvier, ils doivent recommander des mesures, méthodes,
procédés provisoires susceptibles d'assurer une coordination
efficace et immédiate des services de police des
municipalités.
Ceci, à mon sens, je le soumets, ne supprime pas le pouvoir qui
demeure dans la loi de police, par lequel le conseil exécutif de la
province peut donner des pouvoirs d'urgence aux directeurs, qui, je crois, sont
absolument normaux. Et ceci peut se présenter non seulement dans
Montréal; cela peut arriver à Québec, dans n'importe quel
endroit de la province et M. Saulnier se trouve d'accord avec moi.
M. LEFEBVRE: M. Viau, ce n'est pas le sens de ma question. Ma question
est la suivante: Est-ce que vous êtes d'accord...
M. LUSSIER : C'est un amendement qu'on avait l'intention d'apporter
à 211.
M.LEFEBVRE: Ah! si le ministre a une nouvelle loi en poche, aussi bien
nous la donner tout de suite.
UNE VOIX: A quel article cet amendement se rapporterait-il, M. le
ministre?
M. LUSSIER: L'article 211.
M.LEFEBVRE: L'article 211. C'est parce que là, vous avez une
situation où ce sont des fonctionnaires non élus qui prennent des
décisions que les élus doivent entériner. Cela parait un
peu exorbitant à sa face même.
M. VIAU: Alors, quel serait le sens de l'amendement à l'article
211?
M. LEFEBVRE: Oui, qu'est-ce que c'est, votre amendement à
l'article 211?
M. LUSSIER : Le conseil doit homologuer sans délai les
recommandations visées à l'article 210.
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas mieux; c'est le conseil, au lieu d'être
le comité exécutif. Il doit homologuer sans discussion.
M. LUSSIER: Homologuer. C'est ça. Il y a le conseil de
revision.
M. LEFEBVRE : Homologuer. Est-ce que le ministre voudrait revenir
à cet amendement?
M. VIAU: Et voici, nous avions suggéré une commission de
police...
M. LEFEBVRE : Relisez donc votre amendement, si vous voulez bien.
M. LUSSIER: "Le conseil doit homologuer sans délai les
recommandatios visées à l'article 210".
M. LEFEBVRE: Alors, qui a autorité sur la police? C'est le
conseil de sécurité publique?
M. LUSSIER: C'est uniquement de la coordination au lieu que, dans
les premiers trente jours, la coordination se fasse uniquement par des chefs de
police ces trente jours-là passés, le conseil de
sécurité fait des normes uniquement pour la coordination. Le
conseil de sécurité devient la plaque tournante; c'est lui qui la
fait, cette entr'aide mutuelle, qui fait la coordination; c'est un
règlement qui doit être passé le plus tôt possible et
c'est le conseil de police qui le fait.
M. LEFEBVRE: Et c'est la police qui a autorité sur le
comité exécutif et sur le conseil de la communauté.
M. LUSSIER: Uniquement pour la coordination de...
M. LEFEBVRE: Peu importe l'objet de cette suprématie. Vous
admettez que, même avec votre amendement, c'est le conseil de
sécurité publique, formé d'un juge et de deux chefs de
police, qui dit à la communauté urbaine de Montréal ce
qu'elle fera, et elle n'a pas le choix, elle doit le faire.
M. LUSSIER: Uniquement pour cette fonction très précise et
très limitée.
M. LEFEBVRE: Oui, oui, mais peu importe. Quand bien même ce serait
uniquement pour décider quelle sera la couleur des voitures.
M. LUSSIER: C'est ce qui est dans... Non, non, ça n'a pas rapport
à la couleur des voitures, pas une miette! C'est de la coordination.
M.LEFEBVRE: Je sais! Je comprends! Mais ce que je veux dire, c'est qu'il
y a une question de principe en cause. Peu importe... ou enfin, c'est important
de voir le contenu, mais ici, il y a une question de principe. Vous avez deux
chefs de police et un juge qui ont autorité, qui ont suprématie
par rapport au comité exécutif et au conseil de la
communauté. Je ne sais pas... ce sont des normes nouvelles en
démocratie.
M. LUSSIER: Le texte de la loi est très clair
là-dessus.
M. LEFEBVRE : Ce sont des normes nouvelles.
M. CHOQUETTE: C'est justement trop clair. C'est que ça n'a pas de
sens.
M. LUSSIER: D'accord! On ne réglera pas ça ici. Nous
connaissons votre opinion. Alors, je connais très bien...
M. CHOQUETTE: A part ça, M. Viau, qu'est-ce que vous pensez
d'aller mêler un juge à la coordination des forces de police?
Est-ce que ce n'est pas mêler le judiciaire et l'exécutif,
ça? Il me semble que les juges doivent être au-dessus, justement,
ils doivent être impartiaux.
M. LUSSIER: II en propose trois au lieu d'un. Me Viau...
M. VIAU: Voici. Non, je vois très bien sur ça un juge qui
serait impartial et qui serait au-dessus de toute les contingences politiques,
parce qu'il est nommé à vie.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, quand on com-
mence à faire des juges des chefs de police, ça commence
à..
M. VIAU: Non, non, c'est pas un chef de police.
M. CHOQUETTE: C'est le début de la dépréciation de
la magistrature.
M. VIAU: Non, je ne pense pas... M. CHOQUETTE: Oui.
M. VIAU: Je ne pense pas qu'il soit question de vouloir créer
alors un juge ou la commission en chef de police.
Il faut que la police soit au-dessus des contingences politiques. Je
pense que c'est ce qu'ils ont accompli à Toronto.
Quand on a proposé dans notre mémoire une commission de
police, on disait: Les principaux devoirs de cette commission seraient les
suivants: étudier les besoins et les problèmes policiers actuels
de la Communauté urbaine de Montréal. Effectuer une enquête
sur l'efficacité, la qualité et la répartition des
coûts pour chacun des services de police municipaux du territoire de la
communauté. Etablir un plan directeur pour la police et
déterminer en combien de districts policiers le territoire de la
communauté devrait être divisé. Etudier toutes les raisons
qui font que la force policière de la ville de Montréal a 2.78
policiers par mille de population; la région métropolitaine,
2.37, alors que la plupart des grandes régions du Canada ont une force
policière de moins de 1.5 par mille de population. Etudier les
problèmes techniques, juridiques, financiers et humains qu'engendrerait
l'intégration de tous les services municipaux de police qui ont
juridiction à l'intérieur de la communauté. Proposer des
solutions et divers moyens qui pourraient être mis en oeuvre pour assurer
l'intégration si elle s'avérait nécessaire pour la
sécurité des citoyens et avantageuse pour l'ensemble des
municipalités du territoire. Proposer à la communauté tous
les changements qui devraient être effectués aux structures,
méthodes et contrôles policiers pour tout le territoire de la
communauté.
Et nous avons donné les chiffres qui ont été
publiés par la Fondation des taxes qu'on appelle communément le
Canadian Fondation qui établit des chiffres par mille de population
à travers tout le Canada.
Il faut également dire qu'il y a la question des conventions
collectives. Les chiffres je vous en dispenserai le maire Dawson,
qui est un comptable agréé par profession, pourra donner des
précisions sur les chiffres qui ont été donnés par
le président de l'exécutif, afin de savoir quel serait le
coût réel des augmentations.
D'ailleurs, même s'il n'y a pas intégration des services et
si c'est payé par toute la communauté, par l'ensemble, ne
croyez-vous pas que toutes les municipalités qui actuellement ont des
échelles de salaire moins élevées, immédiatement
ça va être la demande de tous et chacun d'avoir la parité?
Et on ne pourra pas les blâmer.
D'autre part, quand on sait que l'augmentation du 7 octobre est de
l'ordre de $5 millions, que la police de Montréal a un budget, cette
année, d'environ $39 millions alors, je crois qu'il est à
craindre que les chiffres mis de l'avant par l'honorable ministre pourraient
être débalancés. Actuellement, ils sont vrais. Mais, je
crois qu'ils pourraient être débalancés très
rapidement et pourraient augmenter de quelques millions d'ici un an ou deux,
à cause précisément de cet impact qu'il y aurait de
l'intégration des coûts pardon, dans toute l'île...
excusez-moi.
M. LUSSIER: II va finir par l'assommer. Une chance qu'il n'a pas un
bâton de baseball.
M. VIAU: Quant aux pouvoirs, c'est toujours la question des coûts.
On dit que c'est pour donner de meilleurs services. Ce serait la
communauté qui déciderait de la qualité des services
à donner. En fin de compte, tout cela est taxé, et c'est
l'impression qui a été créée dans le public. Quand
je parlais du climat de méfiance, on craint, on se rappelle le
métro. J'ai déjà eu l'occasion de parler à cette
tribune du club du métro, c'est un club qui est dispendieux. Et
aujourd'hui on crée le club de la police et il y aura d'autres petites
ligues mineures qui seront tous les autres services. Je crois que les
municipalités, avec raison, n'y voient pas un avantage immédiat,
mais y voient plutôt une augmentation des coûts. D'ailleurs, le
maire Campbell de Toronto disait, pas plus tard que vendredi dernier, que les
services avaient augmenté considérablement à Toronto
depuis l'instauration du gouvernement métropolitain.
M. SAULNIER: II avait ajouté: Leur qualité aussi.
M. VIAU: Leur qualité aussi. Il faut déterminer, M. le
Président, si la qualité est si mauvaise que cela dans les
municipalités, parce qu'en fin de compte...
M. SAULNIER: II faut faire la citation au complet !
M. VIAU: Maintenant, quand vous parlez de qualité meilleure, je
prends actuellement la coopération qui existe dans l'ouest de
l'île de Montréal, et je fais appel aux maires de l'ouest.
D'ailleurs, il y a eu des témoignages rendus par les
autorités à l'effet que la coopération qui s'est
établie entre les corps de police de l'ouest de l'île de
Montréal, comprenant Lachine,
Saint-Laurent jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue, est un des plus
beaux exemples existant actuellement dans la province. Cette
coopération, cette coordination que l'on veut instaurer par l'article
216, elle existe déjà.
Nous avons soumis qu'au début, cette commission devrait avoir des
pouvoirs limités, des pouvoirs bien définis et que, au fur et
à mesure, on pourrait ajouter. Il faut qu'il y ait un organisme
régional et tous sont d'accord pour que le système soit
établi sans retard, mais je me rappelle, ayant eu l'occasion de venir
à cette barre pour présenter quelquefois des bills privés,
que j'ai entendu l'honorable Duplessis qui disait, quand les
municipalités demandaient des pouvoirs un peu trop étendus: "Eh
bien, commencez à marcher avant de pouvoir courir." On veut mettre au
monde un enfant et on veut le faire courir avant qu'il ait commencé
à apprendre à marcher.
La question de l'évaluation. On a parlé des coûts,
l'honorable ministre a donné certains coûts. Je crains, M. le
ministre, que ces coûts soient dépassés très
rapidement. L'on parle du bureau de revision de Montréal, on dit que
ça va coûter, si je me souviens bien, $254,000 la deuxième
année. Actuellement, Montréal a deux bureaux de revision qui
siègent séparément; il serait intéressant de savoir
de combien d'années les causes, les appels contre le rôle se
trouvent en retard à Montréal.
M. SAULNIER: Je vais vous dire ça tout de suite.
M. VIAU: Donc, ça fait combien d'années?
M. SAULNIER: M. le Président, il y a intérêt, je
pense, à faire une distinction, étant donné les
dispositions de la loi, il se trouve, comme dans d'autres municipalités
j'en suis sûr, un bon nombre de propriétaires qui ont
intérêt, qui trouvent un intérêt à contester
une évaluation, à enregistrer une contestation, parce que la loi
prévoit que pendant que l'évaluation est contestée, ils
paient une taxe sur l'ancienne évaluation. Ils trouvent donc un
intérêt à déposer une plainte, quitte à la
retirer plus tard, quand ils jugeront à propos de le faire. Il y a donc
une certaine proportion des plaintes qui sont déposées dans ce
but-là. Il y a un certain retard également du côté
des bureaux de revision, mais je pense que ce retard-là, personne ne
pourra le supprimer en totalité, en aucun temps, parce que, dans
certains cas, les études, les expertises qui doivent être faites
pour déterminer l'évaluation exacte d'un immeuble, lorsque deux
parties sont en contradiction, ça prend évidemment du temps.
Comme les bureaux de revision, à toutes fins pratiques, ne chargent pas
de frais juridiques aux contestataires, encore une fois, ça donne une
ouverture pour déposer des plaintes et, dans bien des cas, des plaintes
qui sont bien fondées, sans aucun doute...
M. VIAU: Combien de causes en retard avez-vous? C'est ce qui nous
intéresse.
M. SAULNIER: II reste en tout et partout, l'ordre de grandeur, c'est une
dizaine de mille plaintes et ça, à ma connaissance, depuis
à peu près 16 ans. Dieu sait qu'il y a peu de personnes qui s'en
plaignent.
M. CHOQUETTE: M. Saulnier, je pense que vous faites erreur sur un point,
je pense que le contribuable qui a déposé une plainte est
astreint à payer la taxe sur la valeur déposée et non
pas...
M. SAULNIER: Non, non!
M. CHOQUETTE: Je pense que vous vous trompez.
M. SAULNIER: Sur la dernière valeur. M. VIAU: Plus
maintenant.
M. SAULNIER: Sur la dernière valeur. Dans le cas de
Montréal, sur la dernière valeur qu'il a acceptée. Bien,
ça j'ai la charte de Montréal, ici, je vais en donner la
référence précise.
M. VIAU: Oui, mais ça ne fait rien, ça prend deux ou trois
ans avant qu'une cause soit entendue par les bureaux de revision et, en plus,
si l'on veut faire la comparaison, actuellement, à venir jusqu'au bill
285, qui a été adopté au mois de décembre 1968,
lorsqu'il y avait une plainte de faite en vertu de la Loi des cités et
villes, il y avait paiement sur le montant qui n'était pas
contesté. Si un bonhomme disait qu'il devait être
évalué à $10,000 alors qu'il avait été
évalué à $20,000, il ne payait que sur $10,000
jusqu'à ce que sa plainte soit entendue.
Ceci demeurait pour toutes les autres cours après. S'il allait
devant la cour Provinciale, devant la cour d'Appel, il ne payait que le montant
qu'il reconnaissait. Dans les municipalités, il n'y a pas de retard pour
les auditions. Alors, si l'on veut réellement que ce soit efficace, ce
n'est pas deux, trois bureaux; cela va être dix à quinze bureaux
qu'il va falloir. Alors, je crois qu'immédiatement les coûts vont
être augmentés d'une façon fantastique, juste à ce
poste budgétaire. Du point de vue pratique, il y a 10,000 causes
actuellement. Je sais, pour en avoir dans ma propre étude, qu'il y a des
causes qui sont enregistrées depuis deux ou trois ans et qui n'ont pas
été entendues.
Alors, le principe d'avoir une évaluation uniforme a
été endossé par les municipalités, il y a
déjà longtemps. La nomination d'un de mes coordonnateurs est
acceptée et je crois que c'est un pas dans la bonne direction.
Cependant, on se demande s'il n'y aurait pas lieu d'avoir un système un
peu plus souple pour les bureaux de révision.
Maintenant, le traitement des données. La
question d'envoi des comptes, cela c'est une question mécanique.
Est-ce que cela va épargner de l'argent? Est-ce que cela va être
plus avantageux? Je ne connais pas assez la mécanique interne pour me
prononcer d'une façon objective sur ce point. On parle, à
l'article 169, de la circulation. L'on veut intégrer et
déterminer les grandes voies de circulation et les routes
intermunicipales. Ici, je voudrais attirer votre attention sur une disposition
qui est assez intéressante en Ontario. En vertu de la loi du
Municipality of Metropolitan Toronto, lorsqu'une route est
déclarée métropolitaine, cette déclaration doit
être acceptée par le gouvernement et immédiatement le
gouvernement assume 50 p.c. du coût. En fin de compte, ils
prétendent que les routes intermunicipales desservent non seulement une
municipalité, mais tout un ensemble. Vous avez, dans la région de
Montréal, un grand nombre de routes, soit dans Montréal, dans
Mont-Royal ou dans Outremont, qui desservent non seulement les citoyens de
l'île, mais ceux qui viennent nous visiter.
M. SAULNIER: Est-ce que je peux citer l'article, maître?
M. VIAU: Oui, alors, vous êtes au courant? Non, non. C'est
très bien.
M. SAULNIER: Vous êtes d'accord?
M. VIAU: Je suis d'accord. Vous avez raison, vous savez, assez
souvent.
M. SAULNIER: C'est sur l'ancienne évaluation. Article 845.
M. VIAU: Sur cette question, M. le Président, je vois qu'il y
aurait lieu, dans cet article, à un certain moment, de prévoir un
système de subventions pour les routes intermunicipales qui sont des
routes à grande circulation. Ce n'est pas juste, ni pour la ville de
Montréal, ni pour les autres municipalités, que ces routes soient
entretenues par les seules municipalités.
Quant au système d'égouts...
M. LESAGE: M. Viau, je dois vous dire si je fais erreur, je veux
être corrigé que, sur ce point et sur d'autres similaires,
j'ai senti une faiblesse dans les estimations du ministre, une espèce
d'état de défense lorsqu'il nous disait quelles étaient
ses prévisions. Je réfère au feuillet R/262 que vous avez
en main.
M. VIAU: On ne l'a pas, ça.
M. LESAGE: Pages 1 et 2. Oui, on vous l'a distribué, il y a
quelques minutes.
M.VIAU: On ne l'a pas.
M. LESAGE: Midi quarante-quatre. Oui, oui, on l'a distribué dans
une grande enveloppe jaune.
M. VIAU: Je ne suis pas maire, alors, je ne l'ai pas eue.
Excusez-moi.
M. LESAGE: Vous êtes le père des maires. M. VIAU: Quelle
page, monsieur? M. LESAGE: R/262,12 h 44. M. VIAU: Je l'ai, ça va.
M. LESAGE: Au bas de la page. Le ministre dit qu'il s'agit d'un
rôle de réglementation et de fixation de normes. Il ne s'agit
aucunement de construire des rues ou d'entretenir des chemins durant l'hiver.
C'est entendu, ça. "Au cours de la première année, la
communauté aura d'abord à faire une étude la
réglementation existant dans les différentes
municipalités, à fixer des règles d'uniformisation et
à surveiller l'application de ces règles.
Au cours de la deuxième année, la communauté
cherchera, sans doute, à établir une certaine synchronisation des
systèmes de contrôle. Il est vraisemblable de croire que le
pouvoir de synchronisation des systèmes mécaniques de
contrôle de la circulation dans les rues intermunicipales et les grandes
voies de circulation ne peut être réalisé que dans la
mesure où une étude globale du transport sera faite dans la
région métropolitaine.
Une telle étude, qui devrait prendre de deux à trois ans,
devrait se faire sous l'autorité du ministère de la Voirie. Il
est donc raisonnable de croire qu'au cours des deux premières
années de fonctionnement les tâches de la communauté, en ce
qui concerne la circulation, seront surtout des tâches de normalisation,
de réglementation et de coordination."
Et là, il donne le coût pour les deux premières.
Dans ce domaine et dans d'autres domaines, le ministre nous a dit que, pour les
deux premières années ou les deux ou trois premières
années, il ne se ferait que des études, des inventaires. J'ai
l'impression qu'en agissant de cette façon-là il nous donne une
image, si vous voulez, des estimations qui est bien inférieure à
ce que sera la réalité lorsque l'on mettra en oeuvre le
résultat des études.
J'ai cru déceler là la principale faiblesse de
l'exposé du ministre sur l'estimation des dépenses de la
communauté à chacun des articles.
M. VIAU: Et remarquez bien que sur ce point les municipalités, M.
le Président... Oh, excusez...
M. LESAGE: Eh bien, je voulais ouvrir la porte à M. Viau.
M. VIAU: Merci.
M. LUSSIER: Oui. Mais je veux simplement la fermer
légèrement.
M. VIAU: Allez-y, M. le ministre.
M. LUSSIER: Je vais la laisser ouverte un peu quand même.
M. LESAGE: Laissez-le au moins mettre le pied dans la porte.
M. LUSSIER: M. le Président, ce n'est pas une faiblesse dans
l'argumentation, c'est au contraire une force...
M. LESAGE: Non, c'est quoi?
M. LUSSIER: C'est une force de plus.
M. LESAGE : C'est votre opinion.
M. LUSSIER: Vous sentez fort bien que la voirie provinciale doit
intervenir à plusieurs points de vue. Ici, à Québec, vous
avez eu des études de faites et par la Commission d'aménagement
et par le ministère de la Voirie. Cela a donné, en partie, le
rapport Vandry.
Je pense bien qu'au lieu d'avoir une faiblesse là-dedans...
M. LESAGE: Le rapport Vandry va beaucoup plus loin que le coût des
études.
M. LUSSIER: En fait, ce n'est pas une...
M. LESAGE: II va au coût des réalisations.
M. LUSSIER: Ce n'est pas une faiblesse, ceci; c'est une porte ouverte.
On dit que la voirie provinciale participe en Ontario. Alors, ce n'est pas une
faiblesse, mais une porte ouverte.
M. LESAGE: Oui, mais quel sera le coût de l'exécution des
plans qui seront excusez-moi, il y a une autre commission qui
siège, M. le Président quel sera le coût
d'exécution des plans? Nous n'en avons aucune idée. Et cela sera
à la charge de la communauté urbaine, réparti entre les
municipalités.
M. LUSSIER: Pour l'exécution...
M. LESAGE: Pour l'exécution, évidemment.
M. LUSSIER: Encore là, c'est que cela suivra les études et
analyses, et encore...
M. LESAGE: Oui. Ce sera la même chose pour presque chaque article
que vous avez mentionné ce matin.
M. LUSSIER: Non, mais... M. LESAGE: C'est très faible.
M. LUSSIER: Ecoutez bien...
M. LESAGE: Vous cherchez à diminuer le coût en disant: Les
deux premières années, ce sera seulement des études.
M. LUSSIER: Non. On cherche à donner les responsabilités
à qui elles appartiennent. C'est un organisme autonome, évolutif,
et il faut toujours revenir à cela. C'est la caractéristique de
cette communauté régionale, de cette municipalité
régionale. A cause de ceci, les décisions finales et les
décisions qui impliqueront des sommes d'argent seront prises par ces
personnes.
M. LESAGE: Par la communauté. D'accord. Mais, ne nous trompons
pas. Contrairement à ce qui se produira pour la Communauté
urbaine de Québec, c'est qu'une seule ville a la majorité
à la fois à l'exécutif et au conseil. Et je crois que,
lorsque nous faisons des estimations, il faut que ceux qui seront en
minorité aient une idée du coût de la voiture dans laquelle
ils montent.
M. LUSSIER: D'accord. Je suis d'accord avec cela.
M. VIAU: Par contre, cette question...
M. LESAGE: Vous savez que je suis favorable au principe de la
communauté urbaine.
M. LUSSIER: Oui, monsieur.
M. LESAGE: Je l'ai dit et je l'ai répété bien des
fois et à Montréal et à Québec. Je connais moins le
cas de l'Outaouais. Mais, d'un autre côté, je voudrais bien que ce
soit à un coût raisonnable et que l'on sache, qu'on ait au moins
une idée du coût éventuel.
Or, dans ses estimations, le ministre s'est plu, à plusieurs
reprises, à répéter: La première et la
deuxième année, eh bien mon Dieu, cela sera seulement des
études. Cela ne coûtera pas cher. Et là, il nous donne des
estimations basées sur le coût des études principalement,
sauf lorsque nous arrivons à l'article 3, sur le tableau qu'il nous a
distribué, "Institutions".
Il me semble que cela aurait pu être plus complet.
M. COURNOYER: Est-ce que le chef de l'Opposition est conscient qu'en
matière de circulation, il ne s'agit, sauf un des paragraphes, que de
coordination?
M. LESAGE: Coordination, synchronisation, etc...
M. COURNOYER: Synchronisation. M. LESAGE: ... et cela coûte de
l'argent.
M. COURNOYER: Cela coûte de l'argent mais il s'agit
directement...
M. LESAGE: Ce n'est pas estimé ici.
M. COURNOYER: Non, cela ne doit pas être estimé.
M. LESAGE: C'est un exemple que je vous donne.
M. VIAU: Au sujet des règlements uniformes de circulation, nous
sommes d'accord d'avoir une synchronisation mais, en fin de compte, qu'est-ce
que cela coûtera à un moment donné? On dit, au paragraphe
10 de l'article 169: "établir des normes minima de déneigement et
d'entretien d'hiver des grandes voies de circulation et des rues
intermunicipales". Là encore, je crois qu'il peut y avoir bien des
inconnues et bien des surprises. Nous savons combien coûte
l'enlèvement de la neige. Et quelles seraient les réactions?
Est-ce qu'à un moment donné l'on ne voudra pas dire: cette route
en intermunicipale; on va la mettre à la charge de toute la
communauté.
Je ne veux pas être pessimiste mais, M. le Président, je
l'ai dit au début, nous voulons être objectifs, nous voulons vous
faire part de nos craintes. Maintenant, je suis sûr que le ministre a des
réponses et a des solutions. Nous ne voulons pas chicaner pour le
plaisir de le faire, mais il y a des textes qui ouvrent la porte à des
abus éventuels. Nous parlons également de l'aqueduc et de
l'égout. Je ne parlerai que de l'article 175. "La Communauté
peut, par règlement qui entre en vigueur sur approbation de la
Commission municipale de Québec, acquérir aux conditions
fixées par le règlement, comme partie de ses réseaux la
propriété de tout ouvrage ou usine de traitement d'eau, toute
conduite maîtresse..." Là encore, si à un moment
donné, l'on décide de faire absorber par la communauté les
systèmes d'aqueduc l'on sait que la ville de Montréal
fournit l'eau à un grand nombre de municipalités et qu'on
dise; la communauté va tout absorber cela. Quel sera le coût?
Je crois que ce sont des pouvoirs qui sont excessivement vagues au
départ. Je ne dis pas que cela ne peut pas se faire. Je ne dis pas que
l'on ne doit pas y arriver. Mais, d'un autre côté, je pense que,
même si on dit que l'on en a parlé depuis longtemps, il manque de
précisions. Ce n'est pas un reproche que je fais à l'honorable
ministre. Je crois que j'ai eu l'occasion de lui dire qu'il fait un pas dans la
bonne direction en présentant ce projet de loi, et nous
apprécions l'occasion qui nous est offerte d'émettre nos opinions
et les craintes que nous avons sur certains points que l'on retrouve dans cette
loi. Mon associé, Me Lacroix, aura l'occasion de faire certaines
suggestions au sujet des amendements.
Le service de santé. Nous fixons au 1er janvier 1972 la date
limite. Service de santé, nous avons soumis, dans notre mémoire
à l'honorable premier ministre, que ceci devait être une
responsabilité de la province. Montréal paie depuis trop
longtemps les services qui devaient être assumés par la province.
L'inspection des aliments et du lait, on l'a dit et on l'a redit, ne devrait
pas être à la charge de la ville de Montréal.
M. SAULNIER: La ville n'a pas dit cela.
M. VIAU: Je le dis, moi. Nous voulons essayer d'équilibrer votre
budget, M. le Président. Alors, voici des services qui se sont
développés à une époque où la province
n'avait peut-être pas les structures pour le faire. Eh bien, que ce soit
continué par la ville de Montréal, je n'ai pas d'objection, mais
je pense que le coût devrait en être assumé directement par
la province. Actuellement, nous avons cité dans ce mémoire que
sur un total de plus de 1,600 municipalités au Québec, seules
Montréal et Québec et une dizaine d'autres municipalités
ont des services municipaux de santé. Partout ailleurs la loi de
l'hygiène publique est la responsabilité des Unités
sanitaires de comté, dont plus de 80 p.c. des frais sont assumés
par les autorités provinciales. Alors que Montréal et quelques
autres municipalités doivent assumer des frais de plus en plus
élevés pour des services de plus en plus élaborés
et sans aucune subvention des autorités provinciales.
Alors, quand on parle de l'intégration d'ici 1972, notre opinion
générale est qu'il est excessivement dangereux de fixer des
dates. En fin de compte, une loi comme celle-là devra être
amendée chaque année. Je suis prêt à prendre le pari
avec n'importe qui ici que, chaque année, il va y avoir des amendements.
Et c'est normal. A Toronto, cela a été amendé et
réamendé. En 1966, on a adopté une nouvelle loi qui a pris
un an à être rédigée, pour en arriver à un
texte acceptable.
Alors, "coût de la santé". Nous avons soumis que ceci
devait appartenir à la province. Il y aurait beaucoup à dire sur
les normes de construction. La plupart des municipalités ont
actuellement un code de construction qui, je crois, se compare à celui
de l'île de Montréal ou, du moins, se comprend aussi bien, sinon
mieux.
Maintenant, les pouvoirs de seconde classe, comme je les appelle,
à l'article 190 et suivants: "loisirs et parcs", "rénovation
urbaine", "bibliothèques", "limites municipales".
Loisirs et parcs. Nous ne croyons pas qu'il soit opportun, à ce
moment-ci, de l'incorporer. Vous savez, je le dis sans
arrière-pensée, la crainte des citoyens de banlieue, c'est que ce
soit la porte ouverte pour mettre "Terre des Hommes" à la charge des
municipalités de l'île de Montréal. C'est une crainte qui
s'est développée chez les citoyens. Peut-être que ce n'est
pas
l'intention, mais je crois que le meilleur moyen de supprimer les
craintes, ce serait de supprimer, pour le moment, ces pouvoirs. Lorsque la loi
sera amendée dans un avenir prochain, l'on pourra ajouter ce qui sera
nécessaire.
J'ai dit un mot du conseil de sécurité. Nous avons dit que
cette commission devrait être formée de personnes en dehors des
services policiers. Nous voyons mal la présence du directeur de la
police de Montréal, quel qu'il soit. Je crois que cette commission
devrait être formée de personnes qui ne sont pas liées
actuellement à l'administration de la police de Montréal ou des
banlieues. Qu'ils agissent comme consultants, très bien. Si l'on tient
absolument à avoir le directeur de la police de Montréal, eh
bien, qu'on ajoute un directeur qui représentera les banlieues à
la commission.
UNE VOIX: D'accord.
M. LESAGE: Hier, j'ai posé une série de questions au
ministre, c'est-à-dire que je ne les posais pas au ministre; je disais
que j'avais une série de questions auxquelles j'aimerais avoir des
réponses. Une de ces questions, c'était justement: Est-ce qu'il y
a lieu ou s'il n'y a pas lieu d'ajouter un autre membre au conseil de
sécurité, représentant les municipalités de
banlieue?
Vous venez de dire, comme conclusion subsidiaire, mon cher
confrère, que, si on n'est pas prêt à accepter votre
proposition principale, au moins, qu'on nomme quelqu'un qui représente
les municipalités de banlieue.
M. VIAU: Mais, même là...
M. LESAGE: Bien oui! Mais c'est vous qui l'avez dit.
M. VIAU: Je l'ai dit, je l'ai dit. C'est vrai. Je l'ai dit; je ne retire
rien.
M. LESAGE: Alors, qui pourrait être, non pas en identifiant la
personne... Quelles devraient être les qualités et
l'expérience de cette personne?
M. VIAU: Oh! M. Lesage. Si l'on regarde les pouvoirs de ce conseil
on l'appelle "conseil de sécurité" je crois que cela
prend une personne qui a l'expérience de la police.
M. LESAGE: Oui.
M. VIAU: Une expérience assez grande et objective et qui ait le
temps de s'en occuper. Je croyais que le directeur de la police de
Montréal était un homme occupé. Si, tellement, on veut que
le travail se fasse, je me demande, honnêtement et sincèrement, si
le directeur de la police de Montréal pourra disposer du temps...
M. LESAGE: M. Viau, votre expérience a dû être la
même que la mienne. C'est que, quand vous voulez qu'un travail se fasse,
il faut que vous le confiiez à la personne la plus occupée que
vous puissiez trouver.
M. VIAU: Très bien. Pourvu qu'il se fasse.
M. LESAGE: Oui, oui, oui. Mais c'est l'expérience humaine.
M. VIAU: Oui.
M. LESAGE: Si vous voulez être sûr qu'un travail va se
faire, confiez-le à quelqu'un qui est très occupé.
M. VIAU: Mais, je crois que, si nous nous en tenons à ceci, il
devrait y avoir représentation des municipalités au même
titre que les directeurs de la police de Montréal.
M. LESAGE: Oui, oui, mais c'est pour ça que je vous demande
quelles devraient être les qualifications de cette personne,
d'après vous?
M. VIAU: Alors, sur cette question-là, nous aurons une suggestion
précise que nous avons préparée, M. Lesage.
Maintenant, je reviens aux pouvoirs du conseil. Nous disons que le
conseil, et c'est un des principes sur lequel nous insistons, le conseil de la
communauté doit être souverain. Conseil souverain, à mon
sens, qui doit avoir les pouvoirs de proposer certaines législations. On
a reproduit et je vais surveiller le maire de Montréal pour qu'il
ne se choque pas encore une fois des dispositions de la chartre de
Montréal, c'est peut-être plus facile pour eux, parce qu'ils
travaillent avec ce document plutôt archaïque; nous avons reproduit,
à l'article 45, cette procédure par laquelle c'est le
comité exécutif qui fait les rapports au conseil, et le conseil
décide des rapports qui nous sont soumis. En d'autres termes, dans les
conseils municipaux et ceux qui en ont de l'expérience le savent
c'est que, si un membre du conseil veut proposer l'adoption d'un
règlement, il donne un avis de motion. Dans le cas présent, il
n'est pas question d'avis de motion. C'est toujours une demande venant d'un
membre du conseil exécutif, qui devra faire rapport. Alors, s'il n'y a
pas de rapport de fait, il ne pourra pas y avoir de proposition faite par un
membre du conseil. Je crois que ce sont des pouvoirs beaucoup trop
étendus.
M. LUSSIER: M. le Président, je pense bien que, tout de suite, il
faut rectifier...
M. DRAPEAU: Autrement, je vais me fâcher encore !
M. LUSSIER: Pour ce qui est de la commu-
nauté urbaine, un conseiller peut faire inscrire à l'ordre
du jour, c'est-à-dire trois jours avant la tenue de l'assemblée
régulière, un avis de mention, c'est-à-dire un article qui
tient lieu d'avis de motion, qui est discuté à l'assemblée
régulière. Et, à l'assemblée
régulière, on peut en disposer ou le référer...
M. VIAU: A quel article, M. le ministre?
M. LUSSIER: ... ou le référer à l'exécutif
pour rapport et après ça...
M. LESAGE: Après ça, quand cela revient, ils n'ont pas le
droit de toucher au rapport.
M. LUSSIER: Non, c'est le "ne" qu'il faut enlever, dans l'article 58;
c'est une coquille, ça...
M. LESAGE: Si vous m'aviez dit ça en Chambre hier aussi, au lieu
d'être sibyllin.
M. COURNOYER: C'est écrit là. Voulez-vous que je vous le
sorte?
M. LESAGE: Non, non, je l'ai dans l'amendement.
M. LUSSIER: En plus, c'est que j'ai rectifié tout de suite, parce
que c'est évidemment une coquille formidable, il faut l'enlever.
M. VIAU: Oui, mais, M. le ministre...
M. LUSSIER: L'article 58 se lit comme suit: "Après le rapport du
comité exécutif, là la discussion s'engage pour de bon
et..."
M. LESAGE: Le deuxième alinéa.
M.LUSSIER: "Tout tel rapport du comité exécutif peut
être approuvé, rejeté, amendé ou
retourné."
M. LESAGE: II n'y a pas de "ne".
M. LUSSIER: II n'y a pas de "ne". Enlevez le "ne".
M. VIAU: Mais, même à cela, M. le ministre, l'article 45,
si on le lit d'une façon attentive, il n'y a pas d'initiative, sauf de
demander à l'exécutif de l'amener. De toute façon, nous
allons vous proposer un amendement pour que ce soit clair et pour clarifier ce
qui est ambigu dans la charte de Montréal depuis déjà
assez longtemps.
Et il y a aussi le pouvoir de l'article 340. Celui là, M. le
ministre...
M. LESAGE: Allez-y fort, M. Viau!
M. VIAU: Ce n'est pas la personne du ministre, mais le ministre en
titre...
M. LESAGE: En tant qu'institution.
M. VIAU: ... qui nous fait peur. En fin de compte, c'est la
première fois que je retrouve, dans un texte de loi, que le ministre,
que ce soit le ministre des Affaires municipales ou le ministre de la
Santé, peut se substituer et adopter un règlement de sa propre
autorité.
En toute sincérité, ce n'est pas que je n'aie pas
confiance au Dr Lussier, mais les hommes passent, les textes de loi demeurent,
et des fois, cela devient des instruments qui peuvent être dangereux. Je
crois donc que cette disposition devrait être exercée par
l'Assemblée nationale.
Si, à un moment donné, il est convenu que la
communauté n'a pas exercé, n'a pas fait, n'a pas
transféré une juridiction qui serait pour l'avantage de la
communauté, eh bien, je crois que c'est l'Assemblée nationale,
qui, à ce moment, devrait intervenir. Et ceci...
M. LESAGE: J'aimerais vous entendre sur ce point. L'article 340, je ne
le lis pas, mais, d'après mon bon souvenir, il s'applique dans le cas
où des délais sont impartis par la loi.
MM. VIAU, DRAPEAU ET SAULNIER: C'est cela.
M. LESAGE: Si je comprends bien, il y a le cas du conseil de
sécurité, il y a le cas de la commission des transports et il y
en a un troisième...
DES VOIX: La police.
M. LESAGE: Non. La police, je l'ai mentionné tantôt...
M. LUSSIER: La santé!
M. LESAGE: La santé. Alors, M. Viau, j'aimerais vous entendre
développer ceci: dans ces trois cas où un délai est
donné à la communauté urbaine pour faire des choses
précises, si une décision n'est pas prise avant telle date, eh
bien, le ministre, à ce moment-là, a le droit de se substituer
à l'exécutif et au conseil, de la communauté surtout, et
de décider du sort de 2 millions de personnes, alors qu'il n'a pas de
mandat.
M. VIAU: Alors que 81 membres ont décidé de ne pas mettre
telle chose en vigueur...
M. LESAGE: Ou alors qu'ils n'ont pas pu...
M. VIAU: Qu'ils n'ont pas pu ou qu'ils n'ont pas voulu.
M. LESAGE: Qu'ils ne l'ont pas fait dans le délai imparti.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans le délai de trente jours.
M. VIAU: II peut y avoir des raisons valables. Il peut y avoir...
M. LESAGE: Oui, c'est ce que je veux dire; ce n'est pas
nécessairement parce qu'ils n'ont pas voulu.
M. VIAU: Ils peuvent bien n'avoir pas voulu.
M. LESAGE: Ils peuvent bien aussi ne pas vouloir, ou décider que
cela va se faire quand même.
M. VIAU: Je crois que c'est la première fois que je vois un
pouvoir comme celui-là. Maintenant, encore une fois,...
M. PICARD (Olier): M. Viau, si vous le permettez, je m'excuse M. Lesage,
à ce moment-là, le ministre ne fait-il pas qu'exercer le pouvoir
délégué par la loi? Alors, c'est la loi qui
s'applique.
M. LESAGE: Oui, oui, c'est cela. Il faudrait que nous décidions,
nous, les membres de l'Assemblée nationale, que nous donnions au
ministre le pouvoir de décider sur des choses aussi importantes que les
trois que je viens de mentionner, dans un sens ou dans l'autre, à lui
seul. Ce n'est pas même le lieutenant-gouverneur en conseil, et encore
moins l'Assemblée nationale qui en décide, et nous, nous
donnerions un tel pouvoir à un tel homme! Nous considérerions que
nous poserions un geste démocratique! Je dis que non!
M. PICARD (Olier): M. Lesage, je ne suis pas avocat, excepté que
je lis le texte comme ceci: "A défaut par la communauté d'adopter
un règlement ou une résolution dans le délai imparti par
la présente loi, alors, c'est la loi qui fixe le délai..."
M. LESAGE: C'est justement...
M. CHOQUETTE: Oui, mais le contenu de la résolution...
M. LESAGE: Le contenu de la résolution...!
M. CHOQUETTE: C'est le ministre qui va le déterminer?
M. LESAGE: C'est le ministre qui va tout déterminer à la
place de la communauté urbaine?
M. PICARD (Olier): La loi fixe le délai.
M. LESAGE: Mais c'est cela que je ne veux pas. Je ne veux pas donner le
pouvoir au ministre seul de décider à la place de la
communauté urbaine, que pour des raisons, soit qu'elle n'ait pas voulu
le faire, soit qu'elle n'ait pas pu le faire, la décision soit prise par
le ministre au lieu et place de la communauté.
M. VIAU: C'est cela. A ce moment-là, le ministre se substitue
à l'exécutif, au conseil, qui sont des gens qui ont eu mandat qui
ont été élus pour accomplir certaines choses. Et le
ministre peut décider: Eh bien, vous n'avez pas agi, je décide,
c'est cela. Et cela peut être, comme vous dites, contre
l'intérêt de 2 millions de gens.
M. LESAGE: Oui, et pour répondre à M. Picard, je veux
qu'il comprenne bien, c'est que le gouvernement nous demande de donner ce
pouvoir au ministre et c'est cela qui m'inquiète. C'est cela. C'est sur
cela que j'hésite. Je fais plus qu'hésiter, moi, je peux
difficilement consentir à donner tant de pouvoirs à un homme,
pouvoirs qui vont jusqu'à remplacer la décision de gens
dûment élus, décision qui affectera 2 millions de
personnes.
M. TREMBLAY (Montmorency): Cela vient en conflit.
M. LESAGE: Je dois trouver une autre formule. Je comprends qu'il faut
tenter d'éviter le "dead-lock".
M. VIAU: Et puis, d'ailleurs, voici...
M. LESAGE: Pourquoi vouloir tout donner cela à un homme seul? Je
dis comme M. Viau, abstraction de M. Lussier, pourquoi donner cela à un
homme?
M. VIAU: Si on prend l'article 339, l'on dit: "Tout délai
accordé par la présente loi pour adopter une mesure ou pour poser
un geste peut être prorogé par le lieutenant-gouverneur en
conseil".
M. LESAGE: "Prorogé" est certainement un erreur; c'est
prolongé, n'est-ce pas?
M. VIAU: Prolongé, oui. Alors, là, on décide que le
lieutenant -gouverneur peut prolonger, mais le ministre peut décider de
ne pas demander la prolongation du délai et de lui-même dire:
J'adopte le règlement et c'est ça. Je crois que c'est un pouvoir
excessivement large et que c'est du droit nouveau dans notre
législation. Je ne connais pas encore de précédents.
M. TREMBLAY (Montmorency): D'ailleurs, M. Viau, ça vient en
conflit...
M. LESAGE: Un instant, je voudrais tout de suite attirer l'attention du
président et du ministre sur la coquille non corrigée, à
l'article 339.
M. VIAU: Prolongé.
M. LESAGE: Ce doit être, à la quatrième ligne, le
mot "prolongé", au lieu de "prorogé".
M. LUSSIER: C'est ça.
M. TREMBLAY (Montmorency): D'ailleurs, ça vient en contradiction
avec le grand principe, d'autonomie énoncé, ce matin, par le
ministre.
M. LUSSIER: Une question, là-dedans, c'est que...
M. CHOQUETTE: L'autonomie de la communauté est un des fondements
de tout le document.
M.LUSSIER: Ecoutez bien, il y a la question de défaire un
cul-de-sac, c'est-à-dire, un "dead-lock". Il y a aussi une question
d'efficacité. Alors, de quelle façon allons-nous résoudre
ce problème, défaire un "dead-lock" et avoir, quand même,
une efficacité notable?
M. VIAU: Oui, mais, M. le ministre...
M. LUSSIER: II ne faut pas noyer le poisson dans l'océan.
M. VIAU: Non, non, à l'article 339, il est convenu qu'il faut un
arrêté en conseil pour prolonger le délai. S'il n'y a pas
prolongation de délai, c'est M. le ministre, exofficio, comme personage
designata, qui va décider un règlement, envers et contre tous. Je
crois qu'il y a là quelque chose qui n'est pas logique.
M. LESAGE: C'est donc quelque chose qui répugne à notre
sens démocratique.
M. LUSSIER: Quand, l'Assemblée nationale, comme vous le
suggérez, ou le conseil des ministres ou encore un ministre serait
obligé de prendre une décision semblable, ça arriverait
après combien de choses qui n'auraient pas été faites et
combien de responsabilité que les gens n'auraient pas prises?
M. VIAU: Oui, mais, M. le ministre...
M. LUSSIER: II faut que ça fonctionne. Tout le monde est d'accord
avec le principe, tout le monde dit que c'est bon mais ce
mécanisme-là, il faut qu'il fonctionne. Moi, je suis prêt
tous mes collègues le sont aussi à bien
écouter et à discuter pour voir s'il n'y aurait pas un autre
mécanisme qui pourrait être employé; c'est ouvert à
la discussion, mais excepté...
M. VIAU: On admet avec vous qu'il faut un mécanisme qui
fonctionne.
M. LUSSIER: Prenez la situation. Mettez-vous exactement dans
l'état des choses lorsqu'il y aura des discussions, ou des études
au conseil, au comité exécutif. On votera; si ça ne passe
pas évidemment, il y en a qui sont pour, d'autres qui sont contre
le droit de veto sera exercé. Là, ce sera rendu dans un
cul-de-sac, après des auditions à la commission municipale. Il
faut donc un mécanisme pour faire fonctionner cette affaire.
M. LESAGE: Si vous me le permettez, M. Viau, moi, je puis, je crois,
suggérer une avenue démocratique au ministre. Je crois que c'est
à l'Assemblée nationale qu'il appartiendrait de prendre une
décision.
M. LUSSIER: En comité plénier?
M. LESAGE: Non, non sur résolution du ministre. On a seulement
à dire que la décision revient à l'Assemblée
nationale. Notre règlement prévoit la façon de
procéder; c'est par résolution du ministre des Affaires
municipales. Si l'Assemblée nationale n'est pas en session, c'est
très facile, parce qu'en vertu de 339 le lieutenant-gouverneur en
conseil a le droit, par arrêté ministériel, de prolonger le
délai. Alors, le lieutenant-gouverneur en conseil n'a qu'à
prolonger le délai imparti par la loi jusqu'à 30 jours
après le début de la session suivante. C'est aussi simple que
ça. Il n'y a pas de danger que la décision ne se prenne pas par
l'Assemblée nationale, parce que le lieutenant-gouverneur en conseil, en
vertu de l'article 339, a toujours le droit de prolonger le délai.
Alors, il n'y aura pas de "dead-lock"; il ne peut pas y en avoir.
M. LUSSIER: Alors, que les gens qui ont des commentaires à faire
sur cette solution les fassent.
M. TREMBLAY (Montmorency): En définitive, ce matin, vous avez
dit, M. le Ministre que ces résolutions et ces règlements en
cause peuvent signifier des dépenses au budget, des dépenses
d'argent. Vous avez déclaré ce matin que du fait de l'autonomie
de décision de la communauté, les choix qui seront faits
concernant les estimations budgétaires préliminaires pour les
deux premières années de fonctionnement ne peuvent être que
des hypothèses dont le degré de réalisme doit être
reconnu par la communauté elle-même au moment où celle-ci
sera créée. En définitive, vous énoncez là
le grand principe de l'autonomie de cette communauté urbaine qui devrait
être capable d'agir par elle-même, etc., mais par cet article 340
vous lui imposez tout de même, vous lui imposez immédiatement,
là... C'est une conclusion qui vient à l'encontre de ce que vous
avez déclaré ce matin?
M. CHOQUETTE: Ne me regardez pas, regardez le ministre!
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est-à-dire que je ne peux pas le
voir!
UNE VOIX: C'est peut-être le reflet que...
M.LUSSIER: C'est la même réponse. On parle de
liberté, mais il y a la liberté des autres.
Il y a une limite. Il y a l'autonomie, mais il y a toujours une
limite!
M. LESAGE : Est-ce que le ministre verrait une forte objection à
ce que, dans le cas où une chose qui doit être faite dans un
délai imparti ne l'est pas par la communauté, la décision
soit prise par l'Assemblée nationale?
M.LUSSIER: M. le chef de l'Opposition, j'aurais...
M. LESAGE: Parce que je répète qu'en vertu de l'article
339, il est toujours possible au lieutenant-gouverneur en conseil de prolonger
le délai...
M. LUSSIER: Nous, ici, du côté ministériel...
M. LESAGE: ...ou de proroger le délai.
M. LUSSIER: Nous, ici, du côté ministériel, nous ne
prendrons pas de décision là-dessus. Vous savez fort bien,
que...
M. LESAGE: Je sais bien que vous n'en prendrez pas ici, je vous
demandais...
M. LUSSIER: ... c'est une décision importante dont le cabinet
doit être saisi.
M. LESAGE: J'ai demandé à M. le ministre d'envisager cette
possibilité.
M. LUSSIER: Je l'envisage, M. le chef de l'Opposition. Notre intention
est... c'est que pour ça que j'aimerais...
M. LESAGE: Moi aussi.
M. LUSSIER: ... qu'on discute de cette proposition pour avoir le
temps...
M. LESAGE : J'aimerais entendre les intéressés.
M. LUSSIER: Nous sommes ici pour ça, parce que c'est
intéressant comme proposition.
M. SAULNIER: M. le Président, si on me le permet, profitant de
l'occasion qui m'est donnée de faire une suggestion, je voudrais faire
la suggestion suivante: D'abord, je pense je ne suis pas avocat, mais je
le pense que le Parlement, en votant cette loi, à toutes fins
utiles donne à la communauté un ordre d'exécuter telle
chose à telle date. Il est bien évident qu'il faut qu'il y ait un
mécanisme pour que le désir du Parlement soit
exécuté. Si le conseil n'agit pas, s'il a besoin d'un
délai, l'article 339 le prévoit, le lieutenant-gouverneur en
conseil peut lui accorder un délai. Un moyen terme serait
peut-être, à mon avis... parce que je pense pas, je ne vois pas
comment le Parlement, par exemple, en tout temps interviendrait pour adopter ce
qui est l'équivalent de règlements municipaux, et
là...
M. LESAGE: M. Saulnier, excusez-moi, ce n'est pas en tout temps, c'est
dans trois cas bien précis, et des délais bien précis
prévus à la loi. C'est seulement ces cas-là.
M. SAULNIER: Mais là, vous savez, je pousse...
M. LESAGE: Mais oui, ad absurdum.
M. SAULNIER: Non, pas ad absurdum, pas ad absurdum, M. le
Président, et M. le chef de l'Opposition. Si on me le permet,
étant donné que deux autres communautés urbaines sont
déjà prévues et que s'il y a encore trois ou quatre,
ça peut en faire quatre, plus trois ou je ne le sais pas, je vois assez
mal l'intervention du Parlement d'une façon automatique dans les
matières où déjà il a donné des
instructions. A mon sens, le moyen terme serait d'autoriser le
lieutenant-gouverneur en conseil, sur rapport du ministre, à faire telle
ou telle chose, à défaut, évidemment, du conseil de la
communauté d'avoir agi.
M. LESAGE: Laissez-moi vous dire qu'en pratique...
M. SAULNIER : Enfin, c'est une suggestion que...
M. LESAGE: ... ça revient à la même chose. Le
ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est la même chose, au
point de vue pratique.
M. SAULNIER: Oui.
M. LESAGE: Vous l'admettrez, M. Saulnier.
M. SAULNIER: Sûrement.
M. LESAGE: Il faut que...
M. SAULNIER: Mais le Parlement a parlé, c'est tout.
M. LESAGE: Est-ce que l'Assemblée... Oui, il a parlé, mais
ça n'a pas marché.
M. SAULNIER: Bon.
M. LESAGE : II a donné des instructions, il a donné des
pouvoirs et il a dit à telle date il faut que ce soit
décidé!
M. SAULNIER: C'est ça.
M. LESAGE : Or, ceux qui ont été chargés de prendre
la décision ne l'ont pas prise. Je pense qu'étant donné
que c'est le Parlement qui a décrété dans la loi les
délais, si les délais ne sont pas observés, il appartient
au Parlement d'agir.
M. SAULNIER: Ou au gouvernement, si le Parlement le lui permet.
M. LESAGE: Evidemment, nous pouvons même le permettre au ministre,
mais c'est ça qui me répugne.
M. DRAPEAU: Est-ce que ça ne voudrait pas dire que si la
communauté urbaine qui a un an, deux ans ou trois mois pour adopter un
règlement ne le fait pas, c'est qu'elle préfère que le
ministre le fasse et elle se trouve, elle, démocratiquement à ne
pas exercer le devoir qu'elle a à exercer et elle préfère
que le ministre l'exerce à sa place.
M. LESAGE : Cela, c'est bien mauvais.
M. CHOQUETTE: Ou bien, vu sous un autre aspect, est-ce que l'existence
de ce mécanisme ne sera pas une incitation pour la communauté
urbaine de ne pas prendre les décisions qui sont requises d'elle en
vertu de la loi.
M. LUSSIER: Je ne peux pas faire autrement que de...
M. CHOQUETTE: Bien oui, mais lorsqu'on parle de communauté
urbaine, on parle...
M. LUSSIER: N'importe quel système. M. COURNOYER: Je pense
que...
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux continuer?
M. LUSSIER: Oui.
M. CHOQUETTE: Merci. Lorsqu'on parle de communauté urbaine, c'est
bien beau de l'envisager, à l'heure actuelle, comme un tout, mais nous
savons très bien qu'il y a des parties à cette communauté
urbaine, et qu'il y a des conflits, et qu'il y a des intérêts
divergents. C'est la raison pour laquelle vous avez prévu ce
mécanisme de quorum, de vote qui est requis de la part des principaux
intéressés, soit un tiers, un tiers.
M. LUSSIER: Cela existe pour d'autres communautés urbaines, cette
situation...
M. CHOQUETTE: Je suis bien d'accord, je ne critique pas, je fais la
constatation.
M. COURNOYER: II est clair que ce que nous recherchons par l'article 340
c'est d'éviter qu'il n'y ait pas de décision de prise aux dates
qui sont imparties par la loi. S'il n'y a pas de décision de prise, nous
avons des difficultés au sujet de qui prend la décision, mais
quelqu'un doit prendre la décision. Des remarques ont été
faites, à cette réunion-ci, à l'effet que cela ne peut
pas, que cela ne devrait pas être le ministre des Affaires
municipales.
M. CHOQUETTE: J'ai compris cela.
M. COURNOYER: Nous allons étudier s'il n'y a pas de
possibilité que ce soit un autre que le ministre des Affaires
municipales...
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. COURNOYER: ... mais il y aura des décisions de prises, on ne
peut pas faire autrement.
M. VIAU: Sur ce point-là, je vous laisse le problème, M.
le Président, messieurs. Je crois que c'est un problème qui doit
être réglé, comme l'a dit l'honorable député
de Saint-Jacques, sur le parquet de la Chambre, mais je croîs que
c'était de notre devoir d'attirer votre attention là-dessus.
Quant à la proposition du maire de Montréal, je crois qu'elle est
très subtile et ce n'est pas un refus de poser un acte qui devra
conférer le pouvoir... Dire qu'un acte qui n'est pas posé
signifie donner un pouvoir à un autre, je n'admets pas cette
théorie qui est excessivement dangereuse.
M. DRAPEAU: Le résultat qui...
M. VIAU: Le résultat oui. Alors, M. le Président, nous
avons soumis brièvement des remarques sur ce projet de loi, encore une
fois nous avons soumis des craintes...
M. LESAGE: Avant que vous terminiez, parce que je vois que vous voulez
conclure, j'aurais une question à vous poser: Qu'est-ce que vous pensez
de... ou peut-être que c'est M. Lacroix qui en traitera, je ne
sais pas du quorum?
M. VIAU: Au conseil ou à l'exécutif? M. LESAGE: Au
conseil.
M. VIAU: Est-ce qu'il y a eu des changements?
M. LESAGE: Non, non, il n'y en a pas eu.
M. VIAU: Alors, voici, il avait été suggéré
la moitié de chaque groupe...
M. LESAGE: Oui, et puis l'autre aspect? M. VIAU: Le nombre?
M. LESAGE: Bien non, oui. Pour avoir quorum, il faut avoir la
moitié? l'ensemble?...
M. VIAU: Oui.
M. LESAGE: ... et aussi un tiers des représentants de la ville de
Montréal et un tiers des représentants des villes de
banlieue?
M. VIAU: II a été suggéré d'augmenter le
tiers à la moitié.
M. LESAGE: Dans chaque cas? M. VIAU: Oui.
M. LESAGE: Mais, alors, il serait très facile, soit pour la ville
de Montréal, soit pour les villes de banlieue, de bloquer tout le
mécanisme, cela ne coûtera que $100 chaque fois.
M. DEMERS: Bien sûr.
M. LESAGE: Elle n'a qu'à ne pas y aller. Il n'y a rien qui peut
se décider. Si la chicane prend entre les deux groupes à un
moment donné, c'est l'abstention, et il n'y a jamais quorum.
M. VIAU: C'est pour ça que...
M. LESAGE: Alors, comment pouvez-vous ménager d'un
côté cette espèce de droit de veto, et ce danger
qu'à un moment donné il n'y ait pas quorum?
M. DEMERS: L'amende.
M. LESAGE: Moi c'est une question que je me pose et qui, je crois, est
très sérieuse. Et elle s'adresse aussi bien aux
représentants de la ville de Montréal qu'aux représentants
des villes de banlieue. C'est une greffe, c'est facile, si les esprits
s'échauffent d'un côté ou de l'autre et qu'on dit: on n'y
va pas.
M. VIAU: Oui, mais cela c'est la soupape de sécurité qui
est accordée aux groupes en présence, parce que, vu la
différence, 53 contre 28...
M. LESAGE: Bien oui, mais vous ne répondez pas à ma
question.
M. VIAU: C'est pour cela que le tiers...
M. LESAGE: Je vous demande comment vous pouvez trouver un
mécanisme qui garantisse un certain droit de veto un tiers, une
demie, je ne discute pas de la proportion et évidemment pour
garantir ce droit de veto, on dit: le quorum exige qu'au moins le tiers...
M. VIAU: Le tiers.
M. LESAGE: ... doit être là. Alors, il n'y a qu'à ne
pas y être pour tout bloquer. Alors, comment pouvez-vous concilier ces
deux choses-là?
M. VIAU: Et on ne...
M. LESAGE: Et vous assurer que les mécanismes vont toujours
marcher?
M. VIAU: Et on ne peut même pas leur imposer l'amende, parce que
cela n'a pas été une absence, puisqu'il n'y a même pas eu
quorum.
M. LESAGE: Laissez faire l'amende. Ce n'est pas pour $100, si les
esprits sont échauffés, que...
M. VIAU: Cela a toujours été le gros problème, M.
Lesage, et je pense qu'il n'a pas été résolu. Ce que vous
avez énoncé là est un danger réel. Il suffit...
M. LESAGE: J'ai supposé que vous, vous auriez, au nom des maires
des municipalités, une solution.
M. VIAU: Oui. C'est pour cela que nous avions suggéré
l'égalité au conseil.
M. LESAGE: Oui, mais je vais vous parler des votes au conseil dans un
instant; j'ai une autre question à vous poser là-dessus.
M. VIAU: C'est très bien.
M. LESAGE: Alors, comme cela, vous n'avez pas une solution, au premier
problème.
M. VIAU: Non, parce que cela avait été la soupape qui
avait été mise là pour protéger, en fin de compte,
les municipalités contre la majorité de Montréal. C'est
cela qui a été mis, ce tiers-là. C'est un danger
réel qu'à un moment donné les 28 maires des
municipalités disent: On n'y va pas ou qu'il y en ait seulement cinq qui
se rendent.
M. LESAGE: Et Montréal peut faire la même chose.
M. VIAU: Elle peut faire la même chose. Cela peut se faire des
deux côtés. Alors, je pense que c'est un écueil réel
et la solution, pour l'éviter entièrement, je pense qu'on ne l'a
pas trouvée.
M. LESAGE: Maintenant, M. Viau, vous représentez les
municipalités de banlieue?
DES VOIX: Lachine.
M. LESAGE: Lachine seulement? Bon, d'accord. En vertu du projet de loi
qui est devant nous, les municipalités de banlieue auront, au conseil
droit à un vote chacune.
M. VIAU: Oui.
M. LESAGE: Les municipalités de banlieue, lors des
assemblées de secteurs, pour le choix des membres de l'exécutif,
auront droit à un vote.
M. VIAU: Un vote.
M. LESAGE: Est-ce que vous avez pris connaissance des dispositions
prévues dans le projet de loi créant la Communauté urbaine
de Québec.
M. VIAU: Non.
M. LESAGE: Vous n'en avez pas pris connaissance.
M. VIAU: Non, je n'ai pas eu le temps de le lire.
M. LESAGE: Bon, alors, à la communauté urbaine de
Québec, au conseil, il y a un vote par millier de population.
Québec n'aura pas la majorité absolue. Il y aura à peu
près 350 votes, n'est-ce pas?
M. LUSSIER: Pas loin de 400 votes.
M. LESAGE: Pas loin de 400 votes. Québec en aura 160, Sainte-Foy
65, c'est-à-dire un vote par millier de population.
M. LUSSIER: D'accord.
M. LESAGE: C'est la même chose pour le choix des membres de
l'exécutif par secteur. C'est donc dire que la ville de Verdun, par
exemple, aurait 90 votes, alors qu'une ville dans le même secteur,
où il n'y a que 7,000 ou 8,000 de population, n'aurait que sept ou huit
votes.
DES VOIX: L'île Bizard.
M. LESAGE: Ce n'est pas le même secteur. Alors, vous
comprenez...
M. VIAU: Oui, je comprends.
M. LESAGE: ... "the votes are weighted". Je ne sais pas comment le dire
en français.
UNE VOIX: Pondérés.
M. LESAGE: Les votes sont pondérés. C'est plus que
pondéré. Alors, que penseriez-vous s'il y avait également
un vote par millier de population au conseil et que, pour ce qui est des 53
représentants de la ville de Montréal, on divise par 53,000 pour
savoir le nombre de votes qu'aura chacun des 53 conseillers de la ville de
Montréal au conseil de la communauté?
M. VIAU: Je n'ai pas étudié le système qui a
été préconisé par Québec, mais je sais que
c'est un système qui a déjà été mis en
application dans une loi de la Colombie-Britannique où l'on a
créé des conseils régionaux. Au lieu d'en mettre un par
mille, en Colombie-Britannique, ils en ont mis un par 5,000.
M. LESAGE: Cela revient au même.
M. VIAU: C'est à peu près la même chose.
M. LESAGE: C'est le même principe.
M. VIAU: Mais, ici, je ne sais pas ce que cela donnerait. Si on prend
les secteurs qui ont été incorporés dans le bill, parmi
ceux que je connais, vous avez le secteur centre-ouest, où il n'y a que
trois municipalités: Dorval, 21,200; Lachine, 47,000; Saint-Laurent,
61,000.
Alors, Lachine et Dorval ensemble peuvent mettre Saint-Laurent en
tutelle avec un vote par 1,000 de population.
M. LESAGE: Seulement, cela n'est pas le meilleur exemple.
M. VIAU: Non. Mais, voici, si l'on prend le secteur du centre où
l'on retrouve Verdun avec 90,000 de population...
M. LESAGE: Prenez le plus petit. M. VIAU: Hampstead, 6,600.
M. LESAGE: Bon. Alors, Hampstead a le même nombre de votes...
M. VIAU: Oui.
M. LESAGE: ... que Verdun. Je calcule que, démocratiquement, cela
n'est pas justifié. Cela n'est pas justifié au conseil et cela
n'est pas justifié pour le choix du représentant du secteur
à l'exécutif.
M. VIAU: Sur ce point, je voudrais vous faire la remarque suivante:
C'est que, parmi les 53 représentants de Montréal, il y a quatre
conseillers qui représentent l'ancienne ville de Saint-Michel.
M. LESAGE: Laissez faire Montréal. Je parle des
municipalités de banlieue.
M. VIAU: Non, mais voici, il y a quatre échevins qui
représentent l'ancienne ville de Saint-Michel...
M. LES AGE: Je vais parler de Montréal tantôt. Parlez de la
banlieue.
M. VIAU: Oui, mais voici, on dit à Saint-Michel que, si
Saint-Michel avait été dedans, elle n'aurait droit qu'à un
seul représentant.
M. LESAGE: Oui, mais...
M. VIAU: Quand nous disons qu'il y a une disparité entre 53 et
28...
M. LESAGE : La disparité est moins grande que celle des
populations respectives; alors, votre cause n'est pas bonne de ce
côté-là.
M. VIAU: Maintenant, je pense que, si nous voyons les autres
municipalités aussi dans le secteur ouest, vous avez trois
municipalités...
M. LESAGE: Vous nous avez donné l'exemple parfait, Verdun et
Hampstead...
M. VIAU: Verdun et Hampstead.
M. LESAGE: Vous n'avez pas besoin d'aller plus loin. Vous avez 90,000
dans Verdun et 6,000 dans Hampstead. Est-ce qu'il est juste que, pour le choix
du représentant à l'exécutif, le vote ait la même
valeur?
M. VIAU: Pour la démocratie? Vous avez aux Etats-Unis, M. Lesage,
le sénat est composé de deux sénateurs pour chaque
état; vous avez l'état de New-York avec une population qui est
loin...
M. LESAGE: Pas besoin d'aller aux Etats-Unis, l'île du
Prince-Edouard...
M. VIAU: Non, mais je comprends. Je pense que les principes
démocratiques sont les mêmes, et je me demande...
M. LESAGE: II est clair qu'il y a toujours certains correctifs au
principe de la représentation proportionnelle à la population.
Dieu sait qu'ici à l'Assemblée nationale la région de
Montréal en sait quelque chose. Il y a certainement aussi des
exceptions; Si vous voulez parler du sénat, vous pouvez parler des
quatre sénateurs de l'île du Prince-Edouard et des sept de
Terre-Neuve. Il y a toujours des correctifs. Et dans le partage des votes en
deux au conseil de la communauté, les nombres de 53 et de 28 ne
représentent pas exactement les proportions de population. Parce que
Montréal aurait droit à plus et les banlieues à un peu
moins. Mais...
M. VIAU: Si l'on prenait l'exemple de Québec, il y aurait, dans
le secteur du centre, 274,000 de population, dont Verdun avec 90,000. Alors, il
y aurait 274 votes et Verdun aurait 90 votes.
M. LESAGE: II en aurait 90.
M. VIAU: Oui, si on adoptait le système...
M. LESAGE: Oui, c'est cela.
M. VIAU: A ce stade-ci, je n'ai pas de mandat et je n'en ai pas
discuté. Mais, je crois que c'est une remarque valable et que
peut-être les maires seraient intéressés... Je vois le
maire de Verdun qui semble être très intéressé par
le...
M. PICARD (Olier): M. Viau, vous me permettrez une remarque. Sauf
erreur, je pense que, lorsque dans une municipalité on présente
un règlement d'emprunts, les personnes éligibles à voter
votent aussi selon leurs valeurs foncières, c'est pris en
considération.
M. VIAU: Pas à Montréal.
M. PICARD (Olier): La valeur foncière de chaque individu, pas
à Montréal, mais dans les municipalités.
M. VIAU: II n'y avait pas de municipalités...
M. PICARD (Olier): Alors, c'est un système qui a du bon.
M. VIAU: La ville de Montréal, la même chose, c'est
sûr. C'est-à-dire on tient compte du nombre des votes en nombre et
en valeur...
M. PICARD (Olier): En nombre et en valeur. M. VIAU: Pour les
règlements d'emprunts.
M. PICARD (Olier): C'est cela.
M. VIAU: C'est le principe dont M. Lesage a parlé et qui se
retrouve, si je comprends bien, dans le projet de la Communauté urbaine
de Québec. Je crois que c'est une suggestion qui peut être prise
en considération et qu'il faudrait faire étudier certainement par
les maires. Jusqu'à maintenant, cela avait été un vote par
municipalité. C'est comme cela que cela avait été vu.
Maintenant, il y aurait peut-être lieu de faire une correction pour
donner un meilleur équilibre. M. le Président, je crois que j'en
viens à une conclusion, et je le répète: La
communauté urbaine doit être créée avec la confiance
et la compréhension de tous les citoyens. L'on doit éliminer la
méfiance que l'on pourrait avoir envers cet organisme. L'on doit faire
disparaître cette crainte que l'on a voulu renflouer les finances d'une
ville au dépens des autres. L'on doit assurer les citoyens que
l'équilibre financier ne sera pas mis en danger...
M. LUSSIER: Une question encore à poser sur le même sujet
de la représentation et la façon de voter au conseil. Non, mais
c'est parce que je veux revenir à cet article-là.
La ville de Montréal, tout le monde sait qu'elle compte 1,300,000
habitants, contre 660,000 pour les villes de banlieues. Dans cette
administration-là, pour qu'on en tienne réellement compte lorsque
une mesure doit être votée, au moment où elle est
votée, nous avons voulu lui donner un espèce de droit de
véto au conseil en plus d'un quorum à l'exécutif.
Alors, si les gens votent en plus, est-ce que vous conserveriez ce droit
de véto qui est du tiers des gens présents?
M. LESAGE : Non. Du tiers des votes.
M. LUSSIER: Du tiers des votes? Alors, si c'est du tiers des votes,
ça prend une municipalité ou deux qui votent avec
Montréal, avec les gens de Montréal, pour que tout passe. Alors
ici là, quand on a...
M. LESAGE: Mon cher ministre, si vous le permettez, n'oubliez pas que
l'on pourra vous dire la même chose pour Québec. A Québec,
c'est très simple, il suffira que Québec et Sainte-Foy
s'entendent pour que tout passe. Je vous réponds.
M. LUSSIER: Non, non. Mais...
M. LESAGE : Dans la communauté urbaine de Québec, vous
n'en avez pas besoin de trois, seulement deux...
M. LUSSIER: Oui, mais je veux bien... M. LESAGE: ... Québec et
Sainte-Foy. M. LUSSIER : Je saisis bien cela.
M. LESAGE: En exprimant ce que vous exprimez, vous apportez une
objection à votre propre bill pour la communauté urbaine de
Québec.
M. LUSSIER: Ecoutez bien. Si le tiers-tiers présent doit voter
positivement pour que la résolution soit remportée c'est
une suggestion que nous avons prise dans la communauté urbaine, le point
de vue des maires des villes de banlieue si nous acceptons ce que vous
dites, on enlève aux municipalités de banlieue leur droit de
véto du tiers des gens présents. C'est uniquement maintenant le
tiers des voix.
M. LESAGE: C'est le tiers des voix.
M. LUSSIER: Alors, c'est un changement, je pense, très important
qui est...
M. LESAGE: Si vous voulez que ce soit le tiers des voix... ça
m'est bien égal.
M. LUSSIER: Alors, le tiers des villes de banlieue qui sont
d'accord...
M. LESAGE: Oui, oui. Mais vous pouvez fort bien...
M. LUSSIER: Je veux simplement noter que cela complique, d'une
façon importante, la prise du vote. Parce que les gens vont voter tout
d'abord en nombre, selon la représentation proportionnelle et,
après cela, en même temps, ils devront voter pour connaître
si le tiers des villes de banlieue présentes sont d'accord ou pas. Ceci,
c'est une...
M. LESAGE: Bien!
M. LUSSIER: Alors là, vous venez avec une complication; je veux
souligner ce fait. On peut peut-être employer l'expression: le mieux est
l'ennemi du bien. En voulant être trop perfectionniste, l'on n'atteint
peut-être rien. Ou moins bon que ce que l'on veut atteindre.
M. LESAGE: Si, un instant...
M. LUSSIER: C'est là qu'est le problème.
M. LESAGE: Si vous donnez cette espèce de véto au tiers
des membres de chaque groupe, c'est purement et simplement une garantie
additionnelle pour chaque groupe, c'est tout.
M. LUSSIER: C'est surtout pour les banlieues.
M. LESAGE: Dites-le pour les banlieues si vous voulez. C'est vrai dans
les faits, en pratique, c'est surtout une garantie additionnelle pour les
banlieues. Alors la banlieue a ses votes au conseil, ses votes
pondérés, mais lorsqu'il s'agit du veto, il s'agit du tiers des
représentants présents. Parce que, là, il faut qu'ils
soient présents...
M. LUSSIER: ... un système de votation extrêmement
compliqué.
M. LESAGE: Un instant. Pour ce qui est du véto, ce n'est pas un
système de votation que l'application d'un véto. Du moment qu'il
y a plus du tiers des représentants présents qui se lèvent
pour s'opposer, c'est réglé, le véto est
appliqué.
M.LUSSIER: Et embraye l'efficacité. Il faudrait que l'on
étudie bien sérieusement là...
M. LESAGE : Eh bien ! Etudiez !
M. LUSSIER: Non, non. On est ici pour ça.
M. LESAGE: Oui, oui. Mais, M. le Président, il ne faudrait pas
que je me fasse interroger
comme si j'étais un expert. Il faut un expert à l'autre
bout.
M. LUSSIER: II faut que le conseil fonctionne aussi. Est-ce qu'en
mettant autant d'étapes...
M. LESAGE: J'aimerais bien mieux entendre...
M. LUSSIER: ... dans l'adoption de la vota-tion au conseil, est-ce que
l'on n'empêche pas ce conseil-là...
M. LESAGE: Ce n'est pas des obstacles. En fait, ce n'est pas des
obstacles... Si vous dites cela, vous condamnez votre ville de
Québec.
M. LUSSIER: ... des obstacles... Non, non, le Québec, ce n'est
pas du tout la même chose parce qu'il n'y a pas de municipalité,
qui, au point de vue représentation selon le nombre de sa population,
qui est supérieure à l'addition du véto.
M. LESAGE: Oui. Mais deux ensemble, oui. Deux ensemble oui.
Québec et Sainte-Foy, oui.
M. LUSSIER: Je pense qu'à Québec, il peut se faire un jeu
exactement contraire. C'est que...
M. LESAGE: Pardon, si Québec et Sainte-Foy sont d'accord à
Québec, la majorité est établie, ça vous le savez
autant que moi.
M. LUSSIER: La majorité est établie.
M. LESAGE: Mais il n'y a pas...
M. LUSSIER: C'est hypothétique!
M. LESAGE: II n'y a pas de veto à Québec!
M. LUSSIER: Non, non.
M. LESAGE: II n'y a pas de veto!
M. LUSSIER: On n'en a pas besoin.
M. LESAGE: Le veto est un aspect...
M. LUSSIER: C'est pour donner une protection aux villes de banlieue.
M. LESAGE: ... totalement différent du vote. Cela ne fait pas
partie de la procédure du vote, c'est ça qu'il faut que le
ministre comprenne.
M. LUSSIER: Mais, pour employer une expression populaire, c'est pour que
les banlieues ne se fassent pas charrier par la majorité.
M. VIAU: Si je comprends votre proposi- tion, M. Lesage, est-ce que ce
serait pour le choix des délégués, c'est-à-dire
pour l'élection au comité exécutif ou si ce serait
également lorsqu'il y aurait vote au conseil?
M. LESAGE: Vote sur une question, oui, mais ça revient au
même.
M. VIAU: D'un autre côté, le système peut être
assez complexe. Je prends, par exemple, le secteur ouest qui part de Dorval et
qui va de Pointe-Claire jusqu'à Saint-Anne-de-Bellevue; vous avez dans
ça, disons, 12 municipalités qui ont 116,000 de population pour
le moment. Si on additionne cette population avec celle du secteur
centre-ouest: Dorval, Lachine, Saint-Laurent, nous arrivons à un chiffre
moindre que le secteur centre. Alors, le secteur centre avec, disons, 9
municipalités, va renverser le vote de 14 autres
municipalités.
M. LESAGE: Bien oui! Mais c'est démocratique. N'oubliez pas, M.
Viau, qu'il y a d'autres arguments pour que les votes soient
pondérés. D'abord, il est certain que les banlieues vont
augmenter de population beaucoup plus rapidement que la ville de
Montréal.
M. SAULNIER: C'est ça.
M. LESAGE: Là, vous gelez votre représentation à
une personne par municipalité il y en a 29, 28...
M. VIAU: II y en a 28.
M. LESAGE: Vous la gelez à 28, alors que la population va
augmenter graduellement au cours des années. Si vous avez votre
représentation et vos droits de vote par 1,000 de population, votre
importance en votes grandit au fur et à mesure que la population de
chaque municipalité augmente. N'oubliez jamais cet aspect qui...
M. VIAU: Alors...
M. LESAGE: ... est très important dans le cas de la
communauté de Québec. Deuxièmement, il peut fort bien
arriver que des municipalités veuillent se fusionner. Or, le fait que
chaque municipalité n'a droit qu'à un vote et que deux ou trois
municipalités qui se fusionnent continueront de n'avoir droit
qu'à un seul vote en vertu du projet de loi tel que nous l'avons, est un
obstacle à la fusion qui peut être désirable à un
moment donné, parce que cela diminue le nombre de votes pour les
banlieues Tandis que si c'est proportionnel à la population, les
banlieues ne peuvent qu'augmenter aux dépens de la représentation
de Montréal. Là, je vous dis la chose comme je la vois. Ou
ça vous intéresse, ou ça ne vous intéresse pas.
M. VIAU: Je pense que c'est une proposition qui a beaucoup de
mérite, M. Lesage, et je crois qu'à ce moment-là, si une
telle proposition était à considérer, il faudrait
également reconsidérer les pourcentages pour établir...
L'intention, si je comprends bien, d'avoir mis ce tiers des votes d'un groupe,
de chaque groupe sur une proposition, sur un règlement était
d'assurer qu'il y aurait réellement représentation pour
contrebalancer l'énorme majorité de Montréal. Et je pense
que si on allait introduire ce système que l'on retrouve dans le projet
de Québec où il y a un vote par 1,000 de population, il faudrait,
je pense, également établir un système où on aurait
au moins un minimum de votes ou représentants des municipalités,
parce que vous avez tout le secteur ouest qui a un territoire immense et qui
représente seulement 116,000 de population pour le moment. La
communauté pourrait, à un moment donné, se lier pour
adopter certaines mesures qui affecteraient des municipalités qui ne
sont pas populeuses, mais qui ont un territoire immensément grand
comparé aux autres municipalités.
Si je prends le territoire des municipalités du secteur ouest,
avec une population de 116,000, comparé au secteur centre, avec une
population de 274,000, le territoire est beaucoup plus grand et je serais
prêt à dire, d'une façon non officielle, que c'est à
peu près trois ou quatre fois le territoire.
Je pense qu'il faudrait tenir compte de cette perspective. Il y a
l'autre danger que l'honorable M. Lesage a souligné, c'est cette
question d'augmentation et de fusion. Je pense qu'il y aurait lieu de
prévoir certains mécanismes de protection, parce qu'actuellement,
je peux vous dire qu'il y a des négociations, il y a des études
qui se font dans l'ouest de l'île de Montréal, car d'ailleurs, je
pense que c'est encore un autre sujet qui intéresse les
municipalités. Il faudrait être réaliste. L'on
réalise qu'il faut réduire le nombre des municipalités
dans l'île de Montréal et qu'il faut en arriver à un nombre
de peut-être 10 ou 12 municipalités et peut-être même
prendre des petites parties de Montréal et les redonner à des
municipalités pour avoir une redistribution beaucoup plus logique, pour
avoir des frontières beaucoup plus logiques. Je pense qu'il faudra
prévoir dans la loi, au cas où il y aurait fusion, où il y
aurait annexion, c'est possible, et la remarque de M. Lesage, sur ce point, est
très judicieuse, pour ne pas créer à un moment
donné, un déséquilibre, si trois ou quatre
municipalités décident de se fusionner; alors, le
déséquilibre serait encore plus grand.
Il faut tenir compte des possibilités d'augmentation, parce que
si l'on observe le phénomène qui s'est produit dans la ville de
Toronto, dans la région métropolitaine de Toronto, nous avons
aujourd'hui 38 p.c. de la population du grand Toronto qui se trouve dans
Toronto, alors qu'elle se trouvait de 59.8 en 1953. Vous voyez qu'il y a eu une
baisse de 59.8 à 38, aujourd'hui. Mais je crois que le même
phénomène, n'en déplaise à M. le Président
et à M. le maire, va se reproduire à Montréal. Il va
arriver un temps où ce sera la grosse banlieue contre la petite
ville.
M. SAULNIER: C'est de la lapalissade.
M. LEFEBVRE : Les dernières remarques de M. Viau m'encouragent
à lui poser une question. Je ne sais pas s'il voudra y répondre;
il n'y est pas obligé-, en tout cas, quant à moi, je poserai la
même question sûrement à M. Saulnier. Je voudrais dire tout
d'abord qu'il ne fait aucun doute dans mon esprit que la suggestion faite par
le chef de l'Opposition serait un progrès considérable; je trouve
à part cela que ce serait logique de la part du gouvernement d'aligner
le bill de la communauté de Montréal et celui de Québec.
Enfin, on ne voit pas très bien pourquoi, sur des principes comme cela,
les deux bills seraient différents.
Mais je voudrais aller un peu plus loin parce que M. Viau nous y a
invités, par ses derniers commentaires, où il a manifesté
un certain esprit de réforme, où, enfin, il a indiqué
qu'il ne faudrait pas peut-être s'arrêter aux délimitations
actuelles des villes.
Quant à moi, la discussion à laquelle nous assistons
depuis un quart d'heure, il me semble, va au coeur même du bill 75, dont
toute l'économie est basée sur une tentative, à mon avis,
très éphémère et très risquée,
d'établir un équilibre entre des blocs.
Je pense que personne ne contestera, et, quand on lit ce bill, on se
rend compte qu'à toutes les pages, il y a le souci d'empêcher le
gros d'écraser les petits, etc. C'est comme cela, dans toutes les
sections du bill, et je me demande si on ne tente pas la quadrature du
cercle.
Quant à moi, je souhaiterais que ce bill, une fois amendé,
soit un succès, mais j'ai de forts doutes; c'est pourquoi je voudrais
poser à M. Viau et je poserai la même question à M.
Saul-nier, s'ils veuillent bien y répondre; ils ne sont pas
obligés. Est-ce que, M. Viau je sais que vous avez un
intérêt depuis fort longtemps dans les questions municipales
vous avez envisagé avec les gens que vous représentez ou
vous-même, personnellement, l'hypothèse de procéder
plutôt par une élection au premier degré, plutôt que
par une élection au deuxième degré, et de faire reposer la
communauté urbaine de Montréal sur l'élection directe des
citoyens et d'éviter le double mandat? Parce que, quels que soient les
calculs savants qu'on puisse faire, mon impression en tant que citoyen en tant
que membre de cette Chambre, c'est qu'on arrivera toujours dans des "deadlock",
quand on tentera d'établir cet équilibre impossible entre les
conseils municipaux. Est-ce que vous voulez, enfin, vous n'y êtes pas
tenu, avez-vous envisagé l'hypothèse que la com-
munauté urbaine soit plutôt fondée, à partir
d'un conseil de la communauté qui soit élu directement et d'un
exécutif qui soit issu de ce conseil, d'un président qui serait
peut-être élu au suffrage universel?
Mais il faut, en tous cas, sortir complètement de la gymnastique,
à mon avis, impossible, du double mandat.
M. VIAU: M. Lefebvre, je vais répondre sur un problème que
nous avons eu l'occasion d'étudier et d'analyser et d'en venir à
des conclusions. Je crois que l'objet, le but premier d'une communauté
urbaine, ce n'est pas de se substituer dans son ensemble à toutes les
municipalités, mais plutôt de créer un organisme qui va
régir certaines juridictions, certains services qui, à cause du
développement, sont devenus régionaux, qui peuvent avoir avantage
à être administrés d'une façon globale à une
plus grande échelle.
Nous avons toujours prétendu que ce conseil doit avoir une
représentation des conseils locaux, et la raison en est bien simple: si
nous avions un conseil élu directement d'ailleurs, ça
avait été la proposition faite dans l'avant-projet 199, où
il y avait même élection du président au suffrage universel
de l'île de Montréal et nous avons rejeté cette
proposition, parce qu'on croit qu'il doit y avoir une représentation de
ceux qui représentent les intérêts des conseils locaux
...
D'ailleurs, à Toronto, l'expérience a été
que c'était préférable de garder un bien. Et même
à Winnipeg, actuellement, il y a élection directe, et c'est la
bataille entre le gros conseil et les conseils locaux. Le président est
d'accord avec moi.
M. PICARD (Olier): Je regrette, je ne suis pas tout à fait
d'accord avec ce que vient de dire M. Viau au sujet de la pagaille au conseil
métropolitain du "Greater Winnipeg" J'ai justement communiqué
avec eux et à plusieurs reprises depuis trois mois, j'ai tous les
dossiers là-dessus et il parait que c'est la solution idéale
à tous leurs problèmes. C'est une opinion peut-être un peu
différente, mais...
M. VIAU: On n'était pas sur la même ligne, parce que c'est
la bataille du gros conseil, qui veut devenir de plus en plus puissant et qui
veut arracher des pouvoirs aux municipalités locales.
M. SAULNIER: C'est comme le gouvernement fédéral avec les
provinces.
M. VIAU: Je dirais autre chose, mais je veux être poli.
M. SAULNIER: Vous n'êtes pas fédéralistes. Ni l'un
ni l'autre.
M. VIAU: Oh! ce serait une autre discus- sion, si vous voulez. Nous ne
sommes pas séparatistes, non!
M. LEVESQUE (Laurier): C'est d'une autre quadrature du cercle que vous
voulez parler, M. Viau.
M. VIAU: Voici, sur cette proposition-là, M. Lefebvre, je crois
que l'on créerait là une situation de conflit permanent. C'est
pour ça que nous avons rejeté que nous nous sommes
opposés et je me demande si ce n'est pas pour ça que le
président de l'exécutif avait parlé d'un "sundae cup"
lorsqu'il avait parlé d'un avant-projet. Il faut qu'il y ait
représentation du conseil, il faut que le maire qui s'en va au conseil
régional, au conseil de la communauté représente des
intérêts. Maintenant, une fois rendu au conseil, il doit
travailler dans l'intérêt de l'ensemble de la communauté,
mais si on le fait élire directement ce n'est pas long qu'on
développe la soif du pouvoir. D'ailleurs, vous êtes tous des gens
d'expérience dans la politique et c'est un écueil qu'il faut
éviter.
M.LEFEBVRE: Si vous permettez une sous-question, je ne veux pas
poursuivre longtemps là-dessus, parce que je me doute bien que les jeux
sont faits, et que peut-être il est trop tard, mais quand même, je
pense que c'est notre responsabilité, à tous avant de voter,
d'essayer de voir le fond des problèmes. Est-ce qu'il n'est pas vrai
qu'une communauté urbaine qui serait constituée un peu comme on
vient d'en parler là, existerait en vertu d'une loi et j'imagine,
à moins que le Parlement ne devienne encore moins démocratique
qu'il l'est aujourd'hui, qu'à l'occasion des modifications à
cette loi, tous les maires de toutes les villes pourraient venir, ici, à
la barre, expliquer pourquoi ils ne sont pas d'accord pour que tel projet, tel
pouvoir soient accordés à la communauté urbaine et
pourquoi tel pouvoir devrait plutôt être réservé aux
municipalités.
Autrement dit, en adoptant une loi de communauté urbaine qui
crée, qui évite le double mandat et qui a sa vie propre par
rapport aux municipalités, vous ne donnez pas un chèque en blanc
à la communauté urbaine; vous lui donnez un mandat
déterminé dans une loi, une loi que vous êtes
appelés vous-mêmes, et en particulier les maires comme citoyens
émérites et représentant leurs municipalités
à participer à l'élaboration de cette loi.
Il me semble, à moi, en tout cas, que vous pourriez, à ce
moment-là, aussi bien défendre vos intérêts que vous
allez pouvoir le faire dans le cadre de cette loi-là. Si je voulais
être méchant, M. Viau...
M. VIAU: Oui, allez-y.
M. LEFEBVRE: Si vous me le permettez, je vous le demande avec le
sourire: D'après vous,
où vont se prendre les véritables décisions, en
vertu du bill 75?
M. VIAU: Vous voulez le savoir?
M. LEFEBVRE: Oui.
M. VIAU: Au comité exécutif de Montréal.
M. LEFEBVRE: Exactement, c'est clair.
M. SAULNIER: Vous allez me reposer la même question,
j'espère?
M. LEFEBVRE: Oui, oui, bien sûr. Je m'y suis engagé
à l'avance, M. Saulnier.
M. VIAU: Je crois qu'il ne faut pas établir un quatrième
palier de gouvernement. Nous avons le gouvernement fédéral, nous
avons le gouvernement provincial, nous avons les gouvernement locaux. Je crois
qu'un organisme d'une communauté urbaine, qu'il s'appelle gouvernement
régional ou gouvernement métropolitain, doit être un
organisme auxiliaire des gouvernements locaux et des autorités locales,
à qui on confie un mandat spécifique pour administrer certaines
responsabilités régionales. Il doit être limité
à ça. Je ne crois pas que l'on doive établir un autre
palier de gouvernement. De grâce, nous en avons déjà trois
et je pense que c'est déjà beaucoup. Ils coûtent assez
cher, comme le dit mon associé.
Le gigantisme, vous savez, c'est toujours ça qui est un danger.
Nous avons également craint et c'est une crainte que les citoyens
ont émise que l'on veuille par cette loi aller vers le
gigantisme. Il faut l'éviter. Nous reconnaissons à un organisme
régional des responsabilités régionales, mais elles
doivent être définies, limitées. C'est pour ça que
nous nous y sommes opposés. Nous soumettons que, lorsque l'on veut
intégrer des coûts pour les services de police, eh bien, cela n'a
pas de fondement logique, à ce stade-ci. Que l'on accorde un
délai d'une année et que, durant cette période, il y ait
une étude sérieuse. Oh, on va dire: Vous voulez encore
étudier! Oui, les modalités doivent être
étudiées. Il ne s'agit pas d'étudier les principes; on les
a admis et on doit procéder.
M. le Président, bientôt ce sera Noël. On a lu dans
les journaux que c'était l'intention du gouvernement d'avoir cette loi
adoptée pour Noël. Ce sera l'occasion de répéter avec
tous: "Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté! " Aujourd'hui,
vous avez réuni les maires. Pour ma part, j'ai parlé sur les
différents sujets. Nous vous offrons notre coopération; nous
voulons un dialogue réel et objectif. Nous ne voulons pas que l'on
crée l'impression que vous avez voulu, par cette loi, laquelle contient
énormément de bon,... L'ensemble est bon; ce sont les
modalités qui, parfois, peuvent temporairement vicier les buts que l'on
vise. Je crois que, si nos amis de Montréal veulent coopérer, il
sera possible de réaliser une véritable communauté
d'intérêts qui sera avantageuse pour tous les citoyens de la
région et surtout de la province de Québec. Je vous remercie.
M. LEFEBVRE: M. Saulnier.
M. SAULNIER: Je comprends que M. Lefebvre me pose la même
question?
M. LEFEBVRE: Je ne pensais pas que vous parleriez tout de suite.
M. SAULNIER: J'aimerais bien, d'abord, qu'il m'éclaire sur sa
question. Est-ce que j'ai bien compris qu'il s'agirait d'élire un seul
conseil à l'étendue de l'île, qui assumerait à la
fois les responsabilités qui sont définies dans la projet de loi
et les responsabilités des municipalités? Donc, que c'est un
autre gouvernement.
M. LEFEBVRE: Si on me le permet, je vais formuler très
brièvement, mais clairement ma question. Comme ça, M. Saulnier,
pourra être tout à fait fixé. Mon sentiment, c'est qu'en
voulant établir l'équilibre des blocs à l'intérieur
de ce bill et en voulant faire en sorte que la communauté urbaine repose
non pas sur les citoyens de l'île, contrairement à ce qui est dit
dans un article, mais plutôt sur les conseils municipaux, on crée
un nid à chicane dont ne ne sortira jamais. La question que j'ai
posée:
Est-ce qu'il ne serait pas plus simple d'adopter une communauté
urbaine qui conserverait aux municipalités, y compris la ville de
Montréal, un certain nombre de responsabilités, qui
régionaliserait seulement les services dont on peut fournir la preuve
qu'il est plus économique de les régionaliser mais, à ce
moment-là, cette communauté serait régie par un conseil
élu par l'ensemble des contribuables, indépendamment des conseils
municipaux et indépendamment des territoires, des villes donc un conseil
métropolitain élu au suffrage universel, se choisissant un
exécutif. Et, à mon avis, le président de cet
exécutif, compte tenu des responsabilités énormes qu'il
devra porter, devrait lui aussi être élu au suffrage universel.
Voilà, si vous voulez, le "package" de la question.
M. SAULNIER: Bon, je pense que je comprends maintenant la question, et
je réponds comme suit. Et j'espère que le député
d'Ahunt-sic accordera aux représentants des citoyens dans chacune des
municipalités et une certaine connaissance théorique et aussi une
certaine connaissance pratique. Et c'est pourquoi je me déclare
parfaitement d'accord, à ce point de vue, concernant cette partie de la
question avec ce qu'a déclaré le distingué procureur qui
vous a répondu avant moi.
M. LEFEBVRE: J'ai au moins réussi à vous mettre d'accord
là-dessus.
M. SAULNIER: Nous sommes d'accord là-dessus, et cela, c'est
après avoir étudié la théorie et essayé de
l'appliquer à la pratique. Il y a une grande différence entre la
théorie et la pratique. Je pense que pour répondre à une
sous-question qui est comprise dans la première question, quant au bloc,
la suggestion qui a été formulée par l'honorable chef de
l'Opposition répond, à mon sens, à votre objection.
M. LEFEBVRE: C'est une amélioration.
M. SAULNIER: Enfin, la deuxième question qui a été
posée à l'effet de savoir qui va prendre les décisions. Le
comité exécutif de Montréal, bien sûr, va jouer le
rôle qu'il doit jouer. Le comité exécutif de
Montréal, dans le cas de toutes les questions intermunicipales, a un
dossier absolument parfait depuis 1921. Cela a commencé avec la
première commission métropolitaine où la ville de
Montréal avait la position dominante. De 1921 à 1958, cette
commission-là, qui a très peu de pouvoirs, a tout de même
accompli de grandes choses. La première, elle a lavé les dettes
de trois municipalités de la banlieue en faillite, et c'est la ville de
Montréal qui a pris l'initiative de régler cela. Deuxième
point, cette commission-là, et encore une fois grâce à
l'initiative du comité exécutif de Montréal et de la
commission métropolitaine, a mis en chantier les travaux de construction
du boulevard métropolitain. Elle n'avait pas d'autres pouvoirs, mais
cela, elle l'a fait.
On a créé en 1958 une nouvelle commission...
M. HANLEY: C'est nous autres, c'est pas vous autres.
M. SAULNIER: ... la corporation de Montréal métropolitain;
là on a dit: II y aura autant de représentants de la banlieue que
de la ville de Montréal, et le gouvernement va nommer un
président. Cela s'est fait. Or, depuis cette date jusqu'à
aujourd'hui, soit depuis onze ans, cette corporation-là n'a fait
strictement rien, et je l'ai traitée de plaisanterie, et je continue
à croire que c'est une plaisanterie. Or, je réponds donc à
votre question brièvement, le comité exécutif, bien
sûr, prendra les initiatives, mais ce seront toujours, comme cela l'a
toujours été, pour le bien public et pour le bien commun de toute
l'île de Montréal.
M. LEFEBVRE: Mais, M. Saulnier, si vous me permettez, j'aimerais vous
poser une autre question. Je voudrais que ce soit bien clair. D'ailleurs, les
gens qui nous connaissent le savent, vous êtes le plus illustre de mes
électeurs. Enfin, cela ne sera pas très utile...
UNE VOIX: II reste dans l'île Bizard.
M. LEFEBVRE: Mais cela ne fait rien, il reste chez nous aussi. Cela ne
me sera pas très utile pour la prochaine fois, puisque je ne serai pas
là, mais à tout événement, il n'y a aucune
animosité ou inimitié entre nous, et je voudrais que ceci soit
bien clair.
La question que je veux vous poser est la suivante: Bien sûr, vous
connaissez ce bill par coeur; je suis sûr que vous l'avez lu plusieurs
fois. Il y a, dans ce bill, des pouvoirs considérables qui sont
donnés à un homme qui portera le titre de président de la
communauté urbaine de Montréal.
M. LESAGE: Non. C'est une des fautes du projet de loi, M. Lefebvre. Et
je voulais justement demander à M. Saulnier...
M. LEFEBVRE: II n'y aura pas de président?
M. LESAGE: ...pourquoi il pense qu'on peut procéder à la
communauté urbaine de Montréal sans président continu et
nommer, pour chaque assemblée, un président. Je pense que cela va
manquer de continuité, que c'est un non-sens et qu'on doit avoir un
président du conseil. Et le président du conseil agira comme le
président de la Chambre agit ici. Il y aura continuité dans la
procédure au conseil. Autrement, il n'y en aura pas. C'est la même
chose à Québec. C'est une des fautes les plus graves des deux
bills.
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président, je reformule quand même
ma question. Il me semble que la loi est corrigée au fur et à
mesure. C'est un détail que je ne connaissais pas. Mais même si le
pouvoir repose sur l'exécutif plutôt que sur le président,
est-ce que cela vous apparaît normal que dans un contexte
démocratique, les citoyens n'aient pas de recours direct contre le
gouvernement régional, somme toute? Ce gouvernement régional qui,
avec le temps, tout le monde peut lire dans les astres, va avoir une influence
énorme. Et les gens, la seule façon dont ils pourront
procéder pour changer ce pouvoir, ce serait en se concertant pour faire
battre les gars chacun dans le coin où ils sont élus comme
échevins.
M. SAULNIER: M. le Président, je suis très content de
répondre à mon député.
M. LEFEBVRE: C'est très bien.
M. SAULNIER: Parce que j'entends des propos que j'ai lus.
M. LEFEBVRE: Eh bien, oui.
M. SAULNIER: Oui. Et puis je lui ferais le pari qu'avec tout le travail
que j'ai eu...
M. LEFEBVRE: A condition que vous ne vous fâchiez pas.
M. SAULNIER: ... depuis le dernier terme, j'ai rencontré un plus
grand nombre de mes concitoyens que le député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas une réponse. M. SAULNIER: Alors, le
public...
M. LEFEBVRE: Je regrette, mais ce n'est pas une réponse.
M. SAULNIER: En vertu de quel raisonnement on soutient toujours cela, en
vertu de quel raisonnement que le public n'a pas accès, n'a pas de
recours contre l'administration de la ville de Montréal?
M. LEFEBVRE: Je vous parle du bill... M. SAULNIER: II a tous les
recours. M. LEFEBVRE: Je vous parle du bill 75.
M. SAULNIER: Il peut faire toutes les représentations qu'il veut,
le public.
M. LEFEBVRE: Mais comment peut-il faire pour changer les gars qui sont
là il ne le peut pas quand il n'est pas content du
gouvernement provincial?
M. SAULNIER: Certainement, à l'élection, il les change,
dans son quartier. Il élit un autre conseiller.
M. LEFEBVRE: C'est très indirect.
M. SAULNIER: C'est bien évident. Et c'est très logique. Si
on veut s'arrêter sur ce qui suit pour un moment. Le budget total des
municipalités de l'île, tout compris, est de l'ordre de $500
millions. Le budget de la communauté, d'après les chiffres qu'a
donnés le ministre ce midi est de l'ordre de $70 millions.
Il me paraît beaucoup plus indiqué de faire élire le
conseiller municipal qui, évidemment, avec ses collègues dans
toute l'île, prendra soin des dépenses publiques d'un
demi-milliard alors qu'ensuite il peut fort bien être
délégué à un conseil d'une communauté pour
prendre soin d'un budget de $70 millions.
M. PICARD (Olier): C'est là qu'il a été élu.
C'est pour $70 millions qu'il a été élu. Il n'a pas
été élu à l'autre.
M. SAULNIER: Pardon? Comment?
M. PICARD (Olier): Ce qui arrive, M. Saul-nier...
M. SAULNIER: Oui.
M. PICARD (Olier): ... c'est que vous pouvez avoir à
l'exécutif de la communauté urbaine, comme représentant
d'un secteur, disons, le maire de Beaconsfield, qui, à ce
moment-là, assume des responsabilités au sein de la
communauté urbaine pour toute l'île de Montréal, alors
qu'il a été élu pour administrer la ville de Beaconsfield.
Il ne rend pas compte aux citoyens de son mandat. Son mandat, il en rend compte
en tant que maire de Beaconsfield.
M. SAULNIER: Je vous réponds comme ceci: Le membre du conseil
municipal, qui est élu dans le quartier de Mercier, par exemple, est
élu théoriquement pour représenter les gens du quartier de
Mercier. Mais, lorsque le conseil le désigne au comité
exécutif, il prend soin de toutes les affaires de la ville.
M. DEMERS: Comme le conseil des ministres.
M. SAULNIER: Comme le conseil des ministres. C'est parfaitement logique;
il n'y a pas d'autre façon de le faire.
M. LEFEBVRE : Je regrette, mais la situation dans laquelle nous nous
trouvons, M. Saulnier, est exactement celle où nous nous retrouverions
si le gouvernement fédéral était formé de
représentants des gouvernements provinciaux.
M. SAULNIER: Cela ne serait pas une mauvaise affaire.
M. LEFEBVRE : Oui, mais sur cela, je ne suis pas d'accord. Vous
conviendrez, M. Saulnier, que c'est matière à opinion; ce n'est
pas une question de normes.
M. SAULNIER: Sûrement, vous me demandez la mienne, je vous la
donne.
M. LEFEBVRE: D'accord, j'apprécie que vous me la donniez, mais je
ne la partage pas, parce que je maintiens qu'il ne se trouve pas à y
avoir, de la part des citoyens, un jugement direct sur les administrateurs qui
posent des gestes importants quant à sa situation, à lui. Enfin,
à mon avis, cela se discute.
M. PICARD (Olier): M. le Président, est-ce que je pourrais faire
une suggestion à M. Saulnier? Je sais qu'il est trop tard actuellement,
à cause de l'urgence qu'il y a d'adopter ce bill 75, apparemment,
d'après le ministre, du moins. Je ne sais pas, mais il me semble que
j'aurais préféré avoir, pour administrer toute la
communauté urbaine de l'île de Montréal, un conseil
élu par la population de Montréal, directement pour cette
fonction-là. A ce moment-là, nous aurions peut-être pu
procéder de la façon suivante: nous avons actuellement, sur
l'île de Montréal, 25 circonscriptions électorales
provinciales qui viennent justement d'être révisées.
Parmi ces 25 circonscriptions électorales, vous en avez 14 qui sont en
totalité à l'intérieur des limites de la ville de
Montréal. Pour les onze autres c'est différent et c'est un point
important. Les conseillers municipaux qui représenteraient, par exemple,
un territoire au tiers dans la ville de Montréal et deux tiers dans une
autre municipalité, devront, lorsqu'ils prendront des décisions,
le faire d'une façon tout à fait objective. Autrement, ils
risquent de se faire battre aux prochaines élections. Il faut que l'on
procède à l'élection du conseil selon ces divisions
territoriales et que ce conseil élise son exécutif. Je vais
répondre immédiatement à l'objection principale que va
m'apporter le président de l'exécutif.
M. SAULNIER: Celle-là, je ne la relève pas.
M. PICARD (Olier): ... conflit de juridictions.
M. SAULNIER: Non.
M. PICARD (Olier): Actuellement, il y a une chicane entre les
gouvernements provinciaux et Ottawa au sujet des conflits de juridiction. Mais
avez-vous remarqué une chose? Lorsque les juridictions sont bien
définies, il n'y a pas de chicane. Par exemple, Ottawa a
l'entière responsabilité de la défense nationale. Je n'ai
jamais entendu une province du Canada aller se plaindre à Ottawa que la
défense nationale n'était pas bien administrée ou qui
voudrait se mettre le nez là-dedans. Les postes la même chose, les
douanes, la même chose. Alors, il suffirait de délimiter les
responsabilités d'un conseil formé de 25 conseillers et d'un
comité exécutif. A ce moment-là, il n'y aurait plus de
conflits de responsabilités.
La question du coût, M. Saulnier, la question du coût. Il
est prévu dans le bill 75 qu'il y aura 81 conseillers qui seront
rémunérés, de même qu'un exécutif qui sera
rémunéré.
A ce moment-là, vous auriez 25 conseillers et un exécutif
et cela ne coûterait pas plus cher.
M. SAULNIER: Alors, M. le Président, je vais répondre
à cette question-là...
M. PICARD: Une opinion...
M. SAULNIER: ... et en même temps, cela va me permettre de
clarifier une réponse que j'ai donnée plus tôt à mon
ami et député d'Ahuntsic, M. Lefebvre.
Cette formule, elle se défendrait si le gouvernement était
d'accord pour donner à ce gouvernement-là, un champ de taxation
qui n'est pas le même que celui des municipalités. Et là,
ça se défend.
UNE VOIX: D'accord.
M. SAULNIER: Mais, dès que vous avez deux organismes politiques
qui taxent sur la même assiette de taxation, c'est évident que
vous avez un conflit.
M.LEFEBVRE: Tout à fait d'accord avec vous. Tout à fait
d'accord.
M. SAULNIER: Je suis très heureux d'être
réconcilié avec mon député.
M. LESAGE: M. Gariépy, est-ce que vous ne considérez pas
qu'il serait injuste de ne vous entendre que durant cinq minutes? Nous
pourrions peut-être ajourner maintenant, et vous nous ferez part de vos
opinions à huit heures?
M. GARIEPY: A huit heures?
M. LESAGE: On est ici depuis deux heures et demie.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à huit
heures.
Reprise de la séance à 20 heures
M. SAUVAGEAU (Président de la commission des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! M. Gariépy? Eh bien, M. Tetley vous
avez des questions à poser?
M. TETLEY: Oui, M. le Président, merci. Peut-être, en
attendant M. Gariépy, que M. Saulnier peut répondre à mes
questions? Je m'adresse d'abord à M. Saulnier, comme représentant
de Notre-Dame-de-Grâce qui se trouve entièrement dans la ville de
Montréal; je trouve que le chef de l'Opposition, dans ses remarques au
sujet de la représentation a raison, et je note avec plaisir que vous
appuyez ces remarques. Notre-Dame-de-Grâce a 105,000 citoyens et 3
conseillers, Montréal-Ouest a 6,400 citoyens et 1 représentant,
etc.
J'ai lu dans les journaux, aujourd'hui, qu'apparemment, on a
déjà choisi les chefs de la communauté, vous-même
c'est peut-être tout simplement des rumeurs et M. le maire
Laurin de Saint-Laurent. Je voudrais savoir si, en effet...
M. SAULNIER: Félicitations!
M. TETLEY: ... vous avez accepté ou si on vous a fait l'offre
d'un poste quelconque dans la communauté.
M. SAULNIER: M. le Président, je pense que le conseil municipal
de Montréal, tout au moins, est très respectueux des droits du
Parlement et n'a pas présumé des intentions du Parlement
concernant ce projet de loi.
M. TETLEY: Bon, je suis très content.
M. LAURIN: Quant à moi, M. Tetley, je pense que je n'ai pas
encore été délégué au comité
exécutif, et même si je l'étais, je pense que ma profession
de notaire m'empêcherait d'accepter un tel poste. Je suis d'abord
notaire.
M. TETLEY: Je note aussi, M. Saulnier, que le bill 75 est un bill qui
est peut-être fait à votre taille. En effet, vous et le maire
Drapeau, comme quelques témoins en ont déjà
témoigné, vous êtes des administrateurs
renommés.
Peut-être, si vous n'acceptez pas des postes à la
communauté urbaine, ou si dans l'avenir, vous quittez des postes, votre
poste comme président du comité exécutif, il faudra
amender la constitution de la communauté.
Je voudrais savoir si c'est votre intention de vous lancer dans la
communauté urbaine. Parce que c'est très important.
M. SAULNIER: Encore une fois, M. le Président, je ne puis
absolument pas présumer de la décision qui sera prise par
l'Assemblée nationale du Québec, et je n'ai le droit de faire
aucun projet tant que je ne connaîtrai pas la décision de
l'Assemblée souveraine qu'est l'Assemblée nationale.
M. TETLEY: Une autre question: Vous avez parlé du coût pour
les banlieues: 12 cents, 15 cents ou 22 cents par $100. Mais aux payeurs de
taxes de Montréal, à la ville de Montréal, combien est-ce
que cela va nous coûter, nous les électeurs ou les citoyens de la
ville de Montréal?
M. SAULNIER: Comme la répartition, M. le Président, est
fondée sur l'évaluation imposable dans toute l'île,
uniformisée, les contribuables de Montréal vont payer pour les
services qui vont être régionalisés, exactement le
même montant d'imposition par $100 d'évaluation que tous les
autres citoyens de l'île, pas un sou de moins, pas un sou de plus. Encore
une fois, c'est l'application d'une bonne règle de justice et
d'équité.
M. LESAGE: Est-ce que vous permettez, M. Tetley, une seule question: Une
fois l'évaluation uniformisée, nous savons à peu
près ce que cela peut rapporter à cause de ce qui s'est fait pour
les écoles protestantes et le boulevard métropolitain. Pour
l'île de Montréal, seulement l'île Bizard, je
l'écarte pour le moment mais pour l'île seulement, pas pour
les frais de la commission des transports, parce qu'il y a Longueuil, pour
l'île, quelle est la proportion de l'évaluation de la ville de
Montréal par rapport à l'évaluation totale des villes de
banlieue?
M. SAULNIER: C'est $6 milliards celle de Montréal, je vous le
donne en gros, là, sur $10 milliards.
M. LESAGE: 6 sur 10?
M. SAULNIER: 6 sur 10. C'est un petit peu plus que 60 p.c.
M. LESAGE: Merci et excusez-moi, M. Tetley.
M. TETLEY: La communauté urbaine va prendre charge de
quelques-unes de vos dépenses, n'est-ce pas? Est-ce que la
communauté urbaine va sauver de l'argent à Montréal? Dans
la somme de $50 millions ou presque $60 millions, n'y a-t-il pas des sommes que
Montréal paie déjà seule cette année ou bien a
payé seule l'an dernier?
M. SAULNIER: Oui, bien sûr, sans aucun doute. C'est comme je viens
de le dire, c'est une première mesure d'équité et de
justice qui s'applique.
M. TETLEY: D'accord.
M. SAULNIER: Alors, lorsqu'on dit qu'il y
aura un taux uniforme pour chacun des services, dans le cas où
Montréal paie déjà plus que ce taux, c'est évident
que les contribuables de Montréal vont être soulagés
d'autant. Cela ne veut pas dire, cependant et je m'empresse d'ajouter
ceci parce que je ne voudrais pas laisser une fausse impression aux
contribuables de Montréal que ça va représenter une
diminution de leurs impôts; ça ne représentera pas
nécessairement non plus une augmentation de leurs impôts. Cela, je
tiens à le dire tout de suite parce que nous avons, tous ensemble, des
obligations qui croissent d'année en année. Dans le cas de la
ville de Montréal, ce que nous économiserons à un
chapitre, par exemple, il est bien évident que nous pourrons utiliser
ces disponibilités-là pour donner plus d'expansion à
d'autres chapitres du budget ou à d'autres activités de la ville
de Montréal.
M. TELEY: Bon, j'accepte votre principe d'équité. Mais,
avez-vous la somme ou avez-vous une somme approximative, un chiffre, du montant
que Montréal va apporter l'an prochain ou dans un avenir
rapproché?
M. SAULNIER: Que Montréal va payer? M. TETLEY: Ne va pas payer
parce que le...
M. SAULNIER: C'est de l'ordre de $6 millions.
M. TETLEY: Pas plus?
M. SAULNIER: Non, j'entends la part par rapport aux municipalités
de banlieue.
M. TETLEY: Oui. Une dernière question. Mon collègue, votre
député d'Ahuntsic mon ami, votre ami... a
déjà soulevé la question, M. Saulnier, dans les journaux
et je l'ai soulevée en Chambre d'un système
d'arrondissements, pour Montréal, dans un avenir, j'espère,
rapproché, c'est-à-dire le système de quartiers ou
"borough system", qui existe en Hollande.
Avez-vous des commentaires à ce sujet, pas pour aujourd'hui, mais
pour l'avenir? Par exemple, Notre-Dame-de-Grâce est une communauté
autant que Montréal-Ouest ou Hampstead ou peut-être plus. C'est un
district géographique clair et net, qui a son équipe de football,
ses journaux, etc. J'espère qu'un jour Notre-Dame-de-Grâce aura
les mêmes droits, les mêmes conseils que Montréal-Ouest ou
Hampstead. Avez-vous des commentaires sur ce sujet?
M. SAULNIER: Les commentaires que j'aurais à ce sujet seraient
simplement les souvenirs des lectures que j'ai faites, des études qui se
sont poursuivies, en Angleterre plus précisé- ment, sur le
système des "boroughs" et des rapports les plus récents. On
retrouve cette suite dans la pensée de tous ceux qui ont
étudié les régimes de gouvernements métropolitains
en Angleterre, c'est qu'on veut s'éloigner de plus en plus du
système des "boroughs". Cela, c'est en Hollande. Cependant on retient,
comme on le retient dans le projet de loi qui est soumis, toute l'importance
qui doit être conservée à l'autonomie des
municipalités.
UNE VOIX: Avec des pouvoirs.
M. TETLEY: Je ne veux pas prolonger le débat, M. le
Président, mais je crois qu'aux Etats-Unis il y a plusieurs villes
où on veut augmenter les pouvoirs des arrondissements, des quartiers ou
des "boroughs". Mais, en effet, c'est une question, c'est une opinion pour
l'avenir.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, j'aurais une question à
poser à M. Saulnier. Pour continuer dans le même ordre
d'idée...
M. LESAGE: C'est parce que M. Dawson voudrait répondre à
M. Tetley.
M. SAINT-GERMAIN: Excusez-moi.
M. DAWSON: M. le Président, messieurs les membres du
comité, je suis le maire Dawson de ville Mont-Royal, la fameuse ville
avec la fameuse sculpture, et je veux revenir M. le ministre, au coût de
la police.
M. LESAGE: Je m'excuse, je croyais que M. Dawson voulait répondre
à la question posée par M. Tetley. J'ai coupé...
M. DAWSON: Je veux répondre en même temps à la
question de M. Tetley. Je veux poser, parce que c'est très important,
une question fondamentale sur les articles 233 et 238.
Les coûts du conseil de sécurité publique
représentent 85 p.c. des coûts totaux et aussi représentent
pour les banlieues...
MR. LESAGE: Mr. President, I have to raise a point of order. I made a
mistake. I don't understood that the mayor Dawson wanted to answer Mr. Tetley's
question.
MR. DAWSON: I do.
MR. LESAGE: Well, yes, but you are taking a "long detour". So, I believe
that Mr. Saint-Germain, member for Jacques-Cartier, had a question, and I cut
him. I am sorry.
MR. DAWSON: If I had the chance to speak. MR. LESAGE: It is my
fault.
MERCREDI 10 DECEMBRE 1969
MR. DAWSON: Will I have the chance to speak after?
MR. LESAGE: Immediatly. I believe that the member for Jacques-Cartier
was cut short by me.
M. SAINT-GERMAIN: Excusez-moi, M. le Président. Oui, avant de
laisser pour le dîner, nous parlions de modes d'élection. Quelle
est votre opinion, M. Saulnier, relativement à l'élection du
président de l'exécutif de la communauté urbaine par
l'ensemble des citoyens de la communauté de la région
économique de Montréal?
M. SAULNIER: C'est que, à ce moment-là, ça
soulève précisément la question de principe qui a
été soulevée cet après-midi. Le mandat que
détiendrait cette personne, pourrait lui être confié par la
majorité, disons, des résidents de l'île. Jusqu'à un
certain point, il vient en conflit, quand on arrive à considérer
l'assiette fiscale, avec un mandat de presque même nature qui est
confié aux administrateurs municipaux de l'île de Montréal.
Et là, à partir de ce moment-là, le conflit qui existe au
départ se transforme bientôt en différend, puis à un
moment donné, en bataille rangée.
Il n'y a pas intérêt à constituer deux
autorités qui ont des pouvoirs de taxer sur la même assiette.
M. SAINT-GERMAIN: Ne croyez-vous pas que l'élection du
président, exclusivement, n'apporterait pas au niveau de la
communauté urbaine de Montréal, un certain équilibre? Et
le désintéressement de cette personne élue par l'ensemble
de la population, son désintéressement relativement aux
intérêts exclusifs de la ville de Montréal, ou son
désintéressement relativement aux intérêts exclusifs
de la banlieue, n'apporterait pas un équilibre?
M. SAULNIER: M. le Président, cet argument se retourne tout de
suite. L'immense majorité des électeurs étant à
Montréal, ce monsieur n'aurait qu'à s'occuper des
électeurs de Montréal et il serait élu.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, vous ne croyez pas que ce serait le personnage
indiqué pour trancher les problèmes et les conflits
d'intérêts?
M. SAULNIER: Pourquoi se donnerait-il la peine d'aller chercher un vote
dont il n'a pas besoin? On arriverait à cela. A mon sens, cela serait
beaucoup plus grave que la délégation qui est prévue dans
la loi. A partir de ce moment-là, il répond toujours au conseil.
Je pense que c'est beaucoup mieux, parce qu'il n'y a aucune obligation d'aller
se faire élire dans toute l'île de Montréal. Il pourrait
s'occuper de la population de la ville de Montréal, simplement, et il
serait élu.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. Saulnier, admettons que ce projet de loi,
ici, serait accepté, avec certains amendements et que tout fonctionne
assez bien, disons, avec les années, trois ans ou quatre ans: loisirs,
taxation, habitation, rénovation, évaluation, tout, croyez-vous
qu'il y aura encore assez de travail pour que la population continue à
payer les maires et les échevins, d'après vous?
M. SAULNIER: Sûrement, M. le Président. Cet
après-midi, j'ai rappelé les chiffres qu'a fournis le ministre
des Affaires municipales, qui a fait des calculs sur les implications des
responsabilités qui sont confiées à cet organisme. Cela
dépasse un peu $70 millions, en partant des budgets municipaux qui
atteignent, eux, presque un demi-milliard, sur l'île de Montréal.
Alors, c'est bien évident que la présence des maires et des
échevins dans les autres municipalités est parfaitement
justifiée.
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, mais si elle est centralisée,
à ce moment-là; si tout est centralisé?
M. SAULNIER: Non, non!
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, mais vous l'avez, ici, c'est dans le bill.
Je vous ai dit: Si le bill était accepté...
M. SAULNIER: Oui.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... et que cela fonctionnait bien. Il faut bien
s'entendre.
M. SAULNIER: Oui. Le ministre a fait des calculs sur les
dispositions...
M. TREMBLAY (Bourassa): A ce moment-là, il ne reste à peu
près que les poteaux dans les rues. Alors, est-ce qu'on aura, quand
même, besoin des échevins et des maires?
M. SAULNIER: Non. M. le Président, je pense qu'il n'est pas juste
de dire cela. Encore une fois et je le dis très respectueusement
je parle des chiffres qui ont été fournis par le ministre
des Affaires municipales, qui a pris chacune des rubriques des
responsabilités qui seront confiées immédiatement ou
éventuellement à cet organisme. Il est arrivé à un
chiffre qui est un peu au-dessus de $70 millions. Eh bien, c'est $70 millions
par rapport à presque un demi-milliard. Alors, la réponse c'est
bien évident que la présence des maires et des échevins
dans chacune des municipalités sera tout aussi justifiée qu'elle
l'est aujourd'hui.
M. PICARD (Olier): Ce demi-milliard là, c'est des revenus
strictement pour les fins...
M. SAULNIER: Municipales.
M. PICARD (Olier): Pas scolaires.
M. SAULNIER: Non, non, municipales.
M. PICARD (Olier): Un demi-milliard pour des fins municipales.
M. LE PRESIDENT: M. Dawson.
M. DAWSON: M. le Président, je reviens encore aux coûts de
la police et je veux dire que les coûts pour les banlieues
représentent une augmentation, en moyenne, de $0.28 par $100
d'évaluation, ceci pour les banlieues, mais c'est une moyenne. Pour la
cité de Saint-Laurent, c'est une augmentation de 125 p.c: de $1 million
à $2.5 millions. C'est sérieux, messieurs, c'est très
sérieux.
M. LESAGE: Is it for one chapter or for all the services?
M. DAWSON: Seulement pour la police. Je peux vous montrer les chiffres
pour cela, je les ai.
M. CHOQUETTE: Donnez-les au long. What is your calculation?
MR. DAWSON: I have the calculation. It is $7 million to $10,800,000 for
the police, it is to be spread over the municipalities. They have an evaluation
of $3,000,996,000 and that works out to $0.28 and you can put it on the board
and work it out yourself and it works out to $0.28 per $100 evaluation. Now,
that is only the average. For the City of St. Laurent, it is a 125 p.c.
increase and, for other cities, it is much higher.
Now, my main question, Mr. Minister, is this, and this is one of the
cores of the whole bill. In effect, the law says that the police forces will be
integrated for their costs starting in January 1970. But, the law also states
that there will be a police commission which will study whether or not these
forces should be integrated and to what degree. I return to my question and the
Minister already answered Mr. my "confrère" and to me; he gave a very
unsatisfactory answer. The question is: If we are having a Commission to study
wether or not the police forces should be integrated, why are we being asked to
pay for the costs of integration immediately? And the answer was: Because you
are getting the service. Mr. Minister, that is not a good answer. And it is not
true. We are not getting the service. If you say to me that we should pay a
portion of the additional costs, which I know, are borne by the City of
Montreal, because of riot control, I would say: Yes, I agree. But, we are not
getting the services that a completely integrated police force is giving us, at
the present time, then, why, now, are we being asked to pay for those? And I
want an answer to that, Mr. Minister. This is what I want to know. Why are we
being asked to pay for a completly integrated police force before it is
integrated?
M. LUSSIER: Alors, M. le Président, les dépenses de la
police déjà assumées par toutes les municipalités
des villes de banlieue sans communauté urbaine sont de $53,200,000 pour
l'année 1970.
Le coût total de la communauté urbaine plus la police,
moins la CTM, se totalise évidemment moins les subventions
accordées par le gouvernement du Québec à
$46,970,000.
Alors, aux citoyens de l'île de Montréal, ça ne
coûte pas plus cher et je réponds de la même façon
que j'ai répondu à M. le maire Laurin cet après-midi. Le
coût de la police ce sont des jeux de mots quand vous dites que le
coût est intégré le coût total de la police
est distribué aux citoyens de l'île de Montréal de la
même façon que pour les autres services et est distribué
selon l'évaluation municipale parce qu'avec l'adoption de la loi, la
protection dont vont bénéficier tous les citoyens de
Montréal sera la même partout.
M. LESAGE: M. le Président, pourrais-je faire remarquer au
ministre que l'intégration des services de police doit se faire? Elle
doit se faire. Le degré d'intégration sera décidé
par le Conseil de sécurité publique.
M. LUSSIER: Oui, mais avec la communauté...
M. LESAGE: Oui, oui. Avec la communauté urbaine, parce qu'il y a
des délais d'impartis pour l'intégration, c'est clair. Quel sera
le degré d'intégration? Nous l'ignorons pour le moment, mais
enfin, nous pouvons présumer qu'il y aura une intégration assez
avancée. Cela, ça va prendre un certain temps. C'est cela que le
maire Dawson mentionne. Cela ne se fera pas tout de suite.
Mais cependant, le coût global de tous les services de
sécurité qui répondent à certaines normes et ne les
dépassent pas sera établi, en vertu de l'article 217, dans les
trois mois de l'entrée en vigueur, par le Conseil de
sécurité qui doit en établir les normes. Et, à ce
moment-là, le coût global des services policiers de chacune des
municipalités, y compris la ville de Montréal sur l'île,
sera compute et divisé entre les municipalités suivant le total
de leur évaluation municipale respective.
C'est donc dire que c'est la coordination qui entraîne la
répartition suivant les évaluations municipales et non pas
l'intégration à quelque degré que ce soit. C'est de
ça que se plaignent le maire Dawson et le maire Laurin, si j'ai bien
compris.
M. LAURIN: Nous ne pensons pas que la
coordination doive valoir à la ville de Saint-Laurent un million
de dollars.
M. LUSSIER: Les citoyens ont une protection totale, immédiate et,
en plus, avec ce que vient de rapporter M. le chef de l'Opposition, à
l'article 217, il y a des normes et des critères pour la qualité
des effectifs mais surtout...
M. LESAGE: Je n'ai pas mentionné l'article 112, parce qu'il est
fondamental.
M. LUSSIER: Ce que je veux dire, c'est que la qualité de ces
corps de police va s'accroître par le fait même, à cause des
normes et des critères qui vont être édictés,
grâce auxquels les corps de police des municipalités parce
que ces corps de police demeurent sous leur juridiction
s'amélioreront.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je pense que tout le monde ici et
tous ceux qui se sont exprimés comprennent la nécessité de
la coordination de l'action des corps de police sur l'île de
Montréal. Il n'y a pas de litige sur cette question. C'est lorsque nous
arrivons à la proposition de l'intégration que les personnes qui
sont à la barre et les députés commencent à se
poser des questions.
Est-ce que l'on veut intégrer pour des raisons
d'efficacité, de services accrus ou est-ce que l'on veut intégrer
pour des questions de répartition du coût du service de la police
de Montréal à tous les contribuables de l'île de
Montréal? Je pense qu'il faut se poser la question. On peut
considérer le service que l'on rend à l'ensemble de la population
ou encore le coût. Evidemment, si M. Saulnier et les autorités de
la ville de Montréal peuvent justifier qu'ils sont obligés de
supporter un coût additionnel qui libère en quelque sorte les
contribuables locaux ou ceux des municipalités de banlieue et, en fait,
leur donne un avantage, à ce moment-là, j'aimerais qu'on en fasse
la preuve devant la commission.
Mais, je n'admets pas, M. le Président comme le ministre
le fait comme prémisse, que nécessairement
l'intégration représente une amélioration du service
policier dans les banlieues et dans les municipalités avoisinantes de
Montréal. Je ne sais pas si c'est assez clair. Est-ce que l'on envisage
l'intégration des forces policières sous son aspect financier ou
sous un aspect économique, principalement, ou est-ce qu'on l'envisage
parce que c'est une nécessité au plan du service et de la
protection à donner à tous les citoyens des banlieues? Sur le
plan de l'efficacité, je doute que la raison principale soit la question
du service, parce que les banlieues se trouvent assez bien servies par leurs
corps policiers, tels qu'ils existent à l'heure actuelle. Je me dis que
c'est une opération financière.
J'en arrive à la conclusion que l'intégration des corps de
police est, principalement, une opération financière dans
l'esprit du ministre et dans l'esprit des autorités de la ville de
Montréal. Mais, si cela est nécessaire, qu'on nous en fasse la
preuve, qu'on nous apporte des chiffres, qu'on nous démontre que la
ville de Montréal dépense plus qu'elle ne doit, que ses
contribuables sont obligés de supporter un fardeau fiscal indu et que
les contribuables des municipalités avoisinantes s'en tirent
avantageusement à cause de la simple présence du corps policier
de la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: M. Saulnier.
M. SAULNIER: Si on me le permet, M. le Président, je pense que,
très brièvement, il y a moyen de faire cette démonstration
d'une façon assez concluante. Je crois que personne ne niera que
l'activité des criminels, n'importe où dans le monde, se
manifeste surtout dans les centres villes. Tout le monde admet ça. Cela
impose aux corps policiers des efforts bien particuliers dans un secteur
donné d'un territoire urbanisé. Je pense que personne ne niera
que, sur l'île de Montréal, c'est dans la ville de
Montréal; premier point.
On oblige le service de la police de Montréal à mettre
à la disposition des citoyens des services d'une très grande
efficacité, d'une très grande complexité et d'un
coût approprié aux responsabilités accrues. Je vais donner
deux exemples, sans nommer de municipalité. Il y a une
municipalité qui n'est pas loin du territoire de notre ville je
pense même qu'il y en a une partie qui est adjacente où il
est interdit, en vertu du règlement de zonage, d'exploiter des commerces
de quelque nature que ce soit.
Par définition, il n'y a pas de banque; tout est vendu. Les
résidents de cette ville-là font des dépôts dans les
banques des municipalités qui les entourent et ils en font chez nous
également.
Or, il y a le service de la police de Montréal qui prend soin de
protéger les épargnes de ces citoyens-là; d'autres corps
de police également, étant donné que nous ne sommes pas la
seule à la limite du territoire de cette municipalité-là.
Je donne cela comme exemple.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Saulnier, juste en passant, sans la nommer,
ils ont combien de policiers dans cette municipalité adjacente?
M. SAULNIER: Je ne pourrais pas dire. Malheureusement, je ne pourrais
pas dire. Mais c'est évident qu'ils en ont moins besoin, ils n'ont pas
de banque. Cela, c'est un premier point. Nous devons faire la surveillance des
banques. Dieu sait qu'elles sont l'objet d'une surveillance particulière
ou d'une attention particulière de la part des criminels. Alors, cela,
évidemment, coûte plus cher.
Je vais vous donner un deuxième exemple: il y a une
municipalité qui a, elle, dans son territoire, les industries les plus
riches de toute
l'économie, mais les autorités de cette
municipalité-là parviennent tout de même à se tirer
d'affaires, elles, avec des pompiers-policiers. Elles n'ont pas besoin des
deux. Le même homme fait la police et le pompier en même temps.
C'est évident que, quand il y a des coups durs, la police de
Montréal est là et les pompiers de Montréal
également sont là. On nous dit: Bien, s'il arrive quelque chose,
on vous paiera. C'est comme, ni plus ni moins, si on a une compagnie
d'assurance et que les gens nous paient la prime juste quand il y a un feu. A
part de cela, ils ne paient pas la prime. C'est un peu cela.
Prenez donc d'autres exemples: Dans le domaine de la prévention
du crime, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de corps de police qui aient les
obligations que nous avons. Nous avons une section, par exemple, d'aide
à la jeunesse. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de corps de police,
dans l'île de Montréal, qui aient cela. Cela fait partie de la
prévention du crime. Nous avons une section qui s'occupe des motards.
C'est une activité sociale dont il faut tenir compte. Nous nous en
occupons. Il y a peut-être d'autres municipalités qui s'en
occupent, mais je sais qu'il y en a d'autres qui ne s'en occupent pas du
tout.
Bon, pour vous donner un autre exemple. Je ne le savais pas, je m'en
suis rendu compte il y a quelques temps à l'aréogare de Dorval;
nous avons, nous, deux policiers en rotation, pendant 24 heures, qui font, avec
la Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada, le
travail requis pour vérifier qui entre et qui sort du pays.
Et la drogue, le traffic de la drogue. Je ne sache pas, moi, que la
municipalité de Dorval, ait dans son territoire, je n'en ai pas vu du
moins, des policiers dans cette petite division-là. Or, on est là
à longueur de journée. On a cette obligation-là. Nous
sommes allés, à combien de reprises, en collaboration avec la
Sûreté du Québec, faire des causes dans d'autres
municipalités! Pourquoi? Pour éviter des ennuis chez nous et, en
même temps, on en a évité là, bien sûr.
Or, cette loi, elle dit quoi? Elle dit que nous mettons en commun
immédiatement toutes les activités de tous les corps de police,
et puis, il y a une disposition qui dit: On va établir dans les trente
jours un système d'assistance automatique immédiat. Bon, comme
disposition provisoire. Et on dit ensuite: II s'agit cette
responsabilité-là qui est celle de tous les citoyens de
l'île de répartir le coût équitable-ment sur
tous et chacun.
Moi, je ne vois pas qu'une municipalité puisse dire: Dans notre
cas, nous sommes bien protégés. C'est bien évident. Dans
notre cas nous sommes les mieux protégés que nous pouvons
l'être et je pense que, dans le domaine de la protection, nous avons,
tous ensemble, les administrateurs municipaux de l'île de Mont-
réal, des obligations. Il faut encore améliorer la protection du
public.
On a soulevé, cet après-midi, cette question fort
pertinente. Pourquoi la Sûreté du Québec ne fait-elle pas
telle ou telle chose? Et je pense qu'on a accepté la réponse que
j'ai donnée. Nous avons dû, nous avant la Sûreté du
Québec, assumer des responsabilités que la Sûreté du
Québec n'avait pas nécessairement à assumer, elle. Mais
nous avons toujours gardé cet héritage.
Alors, il s'agit donc de mettre ces ressources en commun, de les
améliorer et de les mettre à la disposition du public. Il s'agit
ensuite de répartir le coût. Et c'est un sophisme que de dire: La
municipalité X paiera tant de plus. La répartition, elle est sur
les biens imposables, elle n'est pas sur une municipalité comme
telle.
L'imposition, elle, est dirigée chez tous ceux qui
possèdent des biens imposables. Elle n'est pas dirigée sur une
municipalité. Ah, il est sûr que le centre-ville de
Montréal, par exemple, va contribuer une jolie partie à
ça, mais ce n'est pas dirigé contre la ville de Montréal
ou sur la ville de Montréal, mais c'est dirigé sur le
propriétaire foncier. Alors c'est un sophisme que de dire: Dans le cas
de la ville, ça va être tant. Il faut toujours revenir à
ceci. Et c'est le seul raisonnement qui tienne: Cela coûte tant par $100
d'évaluation imposable et ça c'est la même chose, partout,
il n'y a pas de différence. Je pense que l'Assemblée nationale ne
doit pas je le dis respectueusement accepter un raisonnement qui
dit: La ville de... va payer tant de plus. Non, non, tout le monde va payer la
même chose!
M. PEARSON: Alors, en résumé, M. Saul-nier, ce n'est pas
en fonction, comme le disait le ministre, en fonction du service accru mais
c'est en fonction de l'évaluation foncière?
M. SAULNIER: C'est en même temps en fonction, dans
l'immédiat, aussi, du service accru à tous les contribuables de
l'île.
DES VOIX: Non, non!
M. SAULNIER: Une minute avant de dire: Non, non! Une minute avant de
dire: Non, non! La loi dit: "assistance immédiate". Oui, elle le dit.
Mais dans la pratique, actuellement, c'est déjà commencé
en partie, grâce au système de communication unique qui a
été établi sur l'île de Montréal et qui
répond à un besoin qui existait depuis très longtemps.
C'est déjà commencé, mais il faut parfaire ces
mécanismes de collaboration et de coordination. Je vais donner d'autres
exemples: II y a eu il y a quelque temps et tout le monde l'a lu dans
les journaux l'incident de Saint-Léonard où on a vu des
policiers d'une municipalité, sur un côté de la rue, ne pas
traverser la rue pour aller aider leurs confrères. C'est
complètement absurde!
C'est complètement absurde! Alors, la loi prévoit pour
ça: "assistance automatique". Les criminels, eux, ils n'en ont pas de
frontières, pas du tout. Et quelle absurdité, dans le cas de la
protection du public, ces frontières qu'il y a sur l'île de
Montréal! On a parlé de Toronto aujourd'hui, où il ne
reste que six municipalités; nous en avons 29, messieurs! Bien,
donnez-nous les moyens d'assurer à toute cette population la protection
à laquelle elle a un droit absolument strict.
M. LESAGE: M. le Président, laissez-moi vous dire ceci: c'est que
aux questions posées directement par mon collègue d'Outremont, et
par moi, le président de l'exécutif vient de répondre avec
franchise et directement, directement. A mon sens, ce problème de la
répartition du coût des forces policières sur l'île
de Montréal est peut-être celui qui offre le plus grand
caractère d'acuité, dans le moment. Je ne dis pas que c'est le
plus important du projet de loi; mais c'est celui qui offre le plus grand
caractère d'acuité, à mon sens, et il y a sans doute des
maires qui ne sont pas d'accord avec tout ce que M. Saulnier vient de dire,
mais nous devons au moins lui reconnaître le mérite d'avoir
placé le problème dans son vrai contexte. Il a fait des
déclarations d'une grande franchise, il a soutenu son point de vue. Et
nous aimerions maintenant entendre, sur la même base, le
témoignage des maires de banlieue sur le même point si
c'est possible parce que, encore une fois, c'est là que le
problème a le plus d'acuité, pour le moment.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, M. le maire?
M. GARIEPY: Voici, M. le Président, ce sera sur le même
sujet, éventuellement, mais j'ai différentes remarques...
M. SAUVAGEAU: Je crois qu'on devrait vider ce sujet.
M. LUSSIER: Oui.
M. SAUVAGEAU: Alors s'il y a des maires qui veulent parler
là-dessus, je crois...
M. LEVESQUE (Laurier): Pourquoi ne commencez-vous pas par ça?
M. GARIEPY: Je vais parler, d'ailleurs là-dessus, si vous voulez,
de l'article 228. M. le Président, permettez-moi tout simplement une
chose, c'est que je partage l'opinion de mes collègues, les maires de
banlieue. On assume les dépenses du service de la police de
Montréal tout simplement comme M. Choquette l'a souligné
tantôt pour soulager un problème financier de la ville de
Montréal. C'est cela d'abord et avant tout. Deuxièmement, ce
n'est pas parce que ça va être intégré, les
dépenses immédiates, au 1er janvier 1970, que moi, dans Verdun,
pour desservir ma population de 90,000 habitants, je pourrai donner un service
plus adéquat que celui que nous donnons à notre communauté
actuellement.
Nous avons une Sûreté bien organisée, nous avons des
constables, nous avons des escouades antiémeutes et, lorsqu'il y a eu
des émeutes le 7 octobre, nous avons été appelés
par la Sûreté du Québec. Nous avons envoyé 30 de nos
policiers de Verdun pour aider les confrères de la ville de
Montréal.
Je ne crois pas que le fait d'assumer les dépenses dès le
1er janvier 1970 va donner un service plus efficace à ma population,
d'abord. Deuxièmement, venant ici ce matin, à Québec, nous
étions sur la route 3, et nous constatons qu'une voiture de la police de
Montréal se trouvait dans le district de Longueuil. Je ne sais pas
pourquoi, mais je ne vois pas pourquoi la ville de Montréal patrouille
le district de Longueuil. Alors, cela revient toujours à la même
chose, c'est que je ne crois pas que le fait qu'on assume les dépenses
dès le 1er janvier 1970 va donner un service plus adéquat
à la population de Verdun, avec 90,402 habitants
présentement.
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est votre...
M. GARIEPY: Nous sommes très bien organisés et nous avons
un effectif de 106 policiers, je ne sais pas si c'est la question. Nous avons
106 policiers et puis...
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est le budget?
M. GARIEPY: ... le budget de la police de Verdun est de $1,200,000 en
1969 et de $1,200,000, je crois, en 1970.
M. PICARD (Olier): J'aurais une question pour M. le maire. Je suis
surpris de voir l'attitude qu'il vient de prendre au sujet du partage du
coût additionnel de la protection, surtout pas pour la ville de
Verdun.
M. GARIEPY: Sûrement, mais cela vous montre quand
même...
M. PICARD (Olier): D'après les chiffres que j'ai ici, M. le
maire, il semblerait que la ville de Verdun sera une des quatre
municipalités qui économisera $619,000 dans son budget pour la
protection.
M. GARIEPY: Exact, mais je ne dirais pas $600,000, M. le
Président. Nous avons fait les calculs et nous allons sauver
peut-être $265,000. Mais à ce moment-ci, je ne combats pas
seulement pour la ville de Verdun. Nous devons faire bloc ensemble, les villes
de ban-
lieue, pour justement faire une bataille contre le contrôle de la
ville de Montréal. Je crois que c'est cela qui est important. Si les
villes de banlieue commencent à se diviser parce que moi je sauve
$265,000 sur l'effectif de la police, je suis persuadé d'avance que
toutes les autres normes qui sont incluses dans le bill 75 vont trouver une
façon de me faire manger les $265,000 que je sauve dans la police.
M. PICARD (Olier): Maintenant, M. le maire, vous mentionnez $265,000,
mais j'ai les chiffres ici et on dit que la ville de Verdun éconisera
$619,501. Cela, c'est pour la police.
M. GARIEPY: C'est totalement faux.
M. PICARD (Olier): Et pour le métro de la ville de Verdun, c'est
la même chose.
M. GARIEPY: C'est totalement faux.
M. PICARD (Olier): Et encore mieux que toutes les autres
municipalités.
M. GARIEPY: M. Picard, nous avons fait les calculs et, si nous nous
basons sur nos chiffres qui ont été préparés pour
le mémoire que nous avons présenté au nom des maires de
banlieue, nous avons calculé que cela coûtera aux
municipalités au moins $0.44 par $100 d'évaluation. Alors,
à $0.44 basé sur $166 millions, $173 millions peut-être,
suivant l'évaluation normalisée, cela va nous coûter, au
moins, $750,000. Je dis que nous allons sauver au moins $265,000, mais avec
tous les autres articles qui sont inclus dans le bill 75, nous allons
facilement manger l'économie que nous pouvons faire sur le service de
police. Alors, si je ne peux pas me permettre, M. le Président, de
revenir à d'autres articles, je vais laisser à d'autres maires de
district l'effectif de la police. Mais je voudrais y revenir; Je m'excuse
d'avoir été en retard mais, comme on dit en termes de taxi,
j'étais sur le "gone" à 8 heures, mais ce n'est pas moi qui
conduisais la voiture.
M. LE PRESIDENT: M. Laurin, s'il vous plaît.
M. LAURIN: Si on doit continuer l'argumentation de M. Saulnier, s'il est
vrai que le crime organisé traverse les frontières, s'il est vrai
que le trafic des narcotiques traverse les frontières, s'il est vrai
aussi que les émeutes que nous avons eues à Montréal et
dans certaines municipalités peuvent éventuellement traverser les
frontières, s'il est vrai que l'identification judiciaire rend des
services innombrables au reste de la province, s'il est vrai que l'escouade des
enquêtes criminelles rend aussi des services innombrables à la
Sûreté du Québec, je me demande pourquoi c'est seulement la
com- munauté urbaine de Montréal qui aura à
défrayer tout cela. Je pense que c'est à la province à
assumer les coûts de ces choses qui éventuellement traverseront
les frontières de l'île de Montréal.
M. LEFEBVRE: A mon avis, l'exposé de M. Saulnier est tout
à fait impeccable et, sur ce point-là, je trouve qu'il est assez
difficile de mettre en doute la justesse de son raisonnement.
La seule chose que je me permettrais d'ajouter sans trop de malice,
j'espère, c'est qu'on a une illustration de la difficulté du jeu
des blocs. Je veux dire: les oppositions dont tout le monde est témoin
démontrent les difficultés qu'on connaîtra dans le
fonctionnement de la communauté urbaine de Montréal, avec le
système de pondération qui est prévu par le bill. Mais sur
le raisonnement de M. Saulnier au sujet du partage des frais des services de
police, je trouve que son raisonnement est impeccable; et quant à moi,
je l'appuie à 100 p.c.
M. SAULNIER: M. le Président, si on me le permet à ce
stade-ci ça va peut-être accélérer
l'étude je vais tenter à la fin, lorsque tout le monde
aura donné son avis, de faire une démonstration de ce que la
ville de Montréal peut faire pour ses banlieues. Et je pense que les
maires de banlieues je risque enfin cet espoir que les maires de
banlieues devraient se trouver très satisfaits de la première
suggestion que la ville de Montréal va leur offrir.
M. PEARSON: Je voudrais poser une question à M. le maire de
Saint-Laurent. Est-ce qu'à ville Saint-Laurent, par exemple, au sujet de
l'intégration de la police, étant donné que la cité
de Saint-Laurent a l'évaluation la plus élevée des villes
de banlieue, n'est-ce pas elle qui devrait payer le plus cher le coût de
l'intégration, sans nécessairement dire qu'elle recevra un
service véritablement accru?
M. LAURIN: Une évaluation imposante et imposable.
M. PEARSON: D'accord. Disons que je représente un comté 50
p.c. dans Montréal et 50 p.c. dans une ville de banlieue, alors mon
coeur balance un peu entre les deux. Est-ce que, disons, dans l'ensemble des
services qui vont être donnés par le bill 75, la cité de
Saint-Laurent, positivement parlant, recevrait plus que le coût qu'elle
devra verser? Ou bien si le coût qu'elle devra payer servira, disons,
à augmenter le service qui va être donné dans certaines
municipalités qui ont une évaluation faible avec un service,
disons, inférieur?
M. LAURIN: Vous voulez savoir si les fonctions...
M. PEARSON: Si l'ensemble de la population est prête à
accepter...
M. LAURIN: Les fonctions qui sont accordées, en vertu du bill 75,
à la Communauté urbaine de Montréal, vont rendre des
services à Saint-Laurent proportionnellement au coût que nous
aurons à défrayer.
M. PEARSON: Disons, une moyenne, et non pas...
M. LAURIN: Bien, je peux vous dire que je pense bien que ma population
pense tout à fait le contraire.
Je pense bien que la police, c'est $1 million. Il y a d'autres services
qui éventuellement vont nous faire payer, je ne sais pas quoi,
peut-être $500,000 additionnels, un million de piastres additionnelles.
Pour les services que nous retirerons à Saint-Laurent, je pense bien que
$2 millions en plus, ma population n'acceptera pas cela facilement, de plein
gré. Parce que moi aussi, à l'instar du maire de Montréal,
je suis le maire d'une municipalité de gens pauvres. Il disait que ses
gens étaient pauvres, les miens, à Saint-Laurent, à part
les industries, n'ont que $300 de plus, en salaire, en moyenne.
Je pense que si on se base sur l'évaluation des petites
propriétés, si on augmente les taxes aussi sur les petites
propriétés de $0.40, je pense que ces gens-là vont
"japper".
M. PEARSON: Alors, je pense, pour résumer, en somme, qu'on
demande à certaines municipalités un sens social ou un sens
communautaire, vraiment unique, comparé à d'autres
municipalités qui vont retirer des avantages. Mais, est-ce que le
conseil municipal de Saint-Laurent est prêt à accepter?
M. LAURIN: Non, je ne pense pas que le conseil soit prêt à
accepter d'emblée surtout, l'intégration totale de la police. Et
puis, je reviens encore à l'histoire de l'intégration totale ou
partielle. Si, éventuellement, on décide que ça va
être une intégration partielle des forces policières, le
coût ne sera pas de $10,800,000 ce sera de $5 millions ou de $4 millions
additionnels pour les municipalités de banlieue.
Alors, en 1972, on verra ce qu'il y a à faire. Mais pourquoi
imposer actuellement la répartition des coûts de tous les services
policiers sur l'ensemble des municipalités, quand on ne sait pas
à l'avance si ce sera une intégration totale ou partielle?
M. LESAGE: M. le maire, je crois que c'est exactement à cette
question que M. Saulnier a voulu répondre. Il a dit: Peu importe
l'intégration ou la coordination, le fait brutal est là; voici ce
qui se passe à l'heure actuelle. C'est une injustice pour la ville de
Montréal. Je ne dis pas que j'endosse ses paroles, mais j'essaie de
résumer aussi fidèlement que possible l'argument de M.
Saulnier.
M. LAURIN: Je suis d'accord avec cela, mais là où je ne
suis pas d'accord avec M. Saulnier, c'est que ce ne soit que la
communauté urbaine de Montréal qui paie pour tous ces frais.
M. LESAGE: Ah, nous avons à Québec nos taxes et je vous
garantis que les miennes sont plus élevées que celles de vos
citoyens, monsieur.
M. LUSSIER: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
à M. le maire quel est le taux de la taxe foncière à
Saint-Laurent?
M. LAURIN: Oui. Je vais vous le dire. C'est actuellement de $0.52, plus
$0.05 pour les voies locales, plus $0.18, je pense, pour le feu et la police.
Nous augmenterons cette taxe de $0.05, demain soir. Mais cela ne comprend pas
la taxe de front qui est de $0.45 du pied de front; cela ne comprend pas, non
plus, la taxe d'amélioration locale.
A Montréal, vous avez un taux de $1 et quoi?
UNE VOIX: C'est $1.60.
M. LAURIN: C'est $1.60. Si on ajoute la taxe de front, la taxe
d'amélioration locale qui est incluse...
M. SAULNIER: Pas chez nous.
M. LAURIN: ... je pense qu'on peut arriver à un taux de taxe
d'à peu près $1.10.
M. SAULNIER: M. le Président, si on me le permet, je vais tenter
d'aider le maire de Saint-Laurent en prenant, encore une fois, les documents
officiels déposés par les municipalités. Le taux de la
taxe dans Saint-Laurent est de $0.52 pour la taxe générale et de
$0.43 pour la taxe spéciale, plus une taxe de $0.45 par pied de front
seulement.
M. LAURIN: C'est cela.
M. SAULNIER: Les améliorations locales sont
prélevées à SaintLaurent comme elles le sont à
Montréal, c'est-à-dire qu'elles sont à la charge des
propriétaires riverains.
M. LESAGE: Est-ce que cela comprend le déneigement?
M. SAULNIER: Dans le cas de Saint-Laurent, cela comprend le
déneigement.
M. LESAGE : Les citoyens de Saint-Laurent sont heureux à comparer
à ceux de Québec.
M. LE PRESIDENT: M. le maire Desnoyers a demandé la parole.
M. DESNOYERS: M. le Président, M. Saulnier a cité
plusieurs exemples et il a dit qu'à sa grande surprise il avait
trouvé des constables de Montréal à l'aéroport de
Dorval. Eh bien, moi, cela fait plusieurs années que je suis là
et je n'en ai jamais vu. C'est probablement qu'ils surveillaient les
allées et venues des gens de l'hôtel de ville.
Il y a une chose qui s'est passée, aussi, c'est que le maire
Drapeau est arrivé, un jour, dans un temps très troublé.
Nous avions une émeute et je crois qu'il n'y avait pas de constables de
l'île de Montréal là pour l'aider. Mais c'était la
coordination qui existe entre nous. Il y avait les constables de
Dollard-des-Ormeaux, de Pointe-Claire, de Lachine et cela faisait une
équipe qui a contenu l'émeute et qui a empêché des
dommages très considérables.
Je voulais simplement souligner que je ne me rappelle pas qu'on ait
déjà fait appel à la police de Montréal.
Tout de même, il y a quelque chose, ici, que j'aimerais signaler.
Dans une entrevue que nous avons eue avec lui je fais partie du groupe
des sept maires qui représentaient les communautés de banlieue
le premier ministre nous a dit qu'il ne voyait pas que cela devrait
coûter plus cher pour les mêmes services.
Je sais qu'on me dira la même chose j'ai bien compris
et qu'on devrait trouver le moyen de coordonner nos services de police.
Si on n'augmentait pas les services, on ne devait pas, nécessairement,
augmenter d'une façon sensible les coûts. Plusieurs d'entre nous
sont des hommes qui ont passé leur vie dans les affaires et qui sont
très conscients des coûts.
Si nous insistons pour arriver à des coûts convenables,
c'est parce que nous aimons bien à savoir d'abord dans quoi nous nous
embarquons. Je comprends que le mot embarquer veut peut-être dire aller
dans un vaisseau d'or, mais à ce moment-là, je me demande si nous
avons les moyens. Je dirai simplement que je crois que la contribution ou
plutôt, il se peut fort bien que, dans toute cette affaire-là, la
contribution de la province pour nous aider à démarrer ne soit
pas suffisante. Je n'ai pas de raison de douter de la bonne foi de M. Saulnier
avec ses chiffres...
M. LESAGE: Excusez-moi, je voudrais que vous répétiez ce
que vous avez dit, parce que les ministres étaient distraits. Cela
s'adressait à eux particulièrement. Les ministres n'ont pas
entendu ce que vous venez de dire, ils étaient distraits. Voudriez-vous
le répéter?
M. DESNOYERS: C'était à quel sujet?
M. LUSSIER: Je vous demande pardon, je n'étais pas distrait.
M. LESAGE: Répétez donc ce que vous venez de dire.
M. DESNOYERS: A propos de quoi?
M. LESAGE: Sans aide financière du gouvernement, que l'aide
financière du gouvernement n'est pas suffisante.
M. DESNOYERS: Je crois qu'à ce moment-ci...
M. LUSSIER: Nous avions compris depuis longtemps.
M. DESNOYERS: Je crois qu'ils ont compris. Nous devons passer des
moments extrêmement difficiles pour nos communautés, M. le
ministre, et je crois peut-être que, s'il faut contribuer de la
façon que vous avez prévue, de la façon dont le
gouvernement l'a décidé, on devrait repenser la contribution par
rapport à l'intégration de la police. Cette contribution n'est
pas nécessairement pour être payée immédiatement
mais au fur et à mesure que cette unification se fera. D'ailleurs, vous
savez, au tout début, nous avons accepté le principe. M. le
ministre, vous nous avez dit: C'est très important au point de vue des
émeutes, au point de vue de la drogue, au point de vue du crime
organisé, qu'on ait une police unifiée. Très bien, nous
avons accepté cela d'emblée. Le principe est accepté. Mais
quand on arrive avec des chiffres comme ceci, c'est $450,000 pour la petite
ville de Dorval, c'est dur à avaler. Nous avons travaillé
très fort pour essayer de garder un taux convenable. Nous cherchons des
sources. D'ailleurs, M. le ministre, vous le savez, nous avons
présenté un bill que vous nous avez demandé de ressasser,
de repenser et de représenter. Mais c'est parce que nous cherchons des
sources de revenu, de façon que les propriétaires fonciers ne se
découragent pas. Qu'est-ce qui va arriver? Ils vont tous s'en aller. Ils
vont tous se réfugier dans les maisons à loyer modique. Tout le
monde veut aller là, parce que ce sont des loyers de $175 et, quand
elles sont bâties par le gouvernement, c'est $115. Alors là, je
suis peut-être en dehors...
M. LUSSIER: Quel est votre taux de taxe foncière chez vous
à Dorval?
M. DESNOYERS: C'est $1.
M. LUSSIER: Et ici $0.87.
M. DESNOYERS: Plus une taxe spéciale.
M. LUSSIER: C'est une taxe spéciale de quoi?
M. DESNOYERS: De $0.13. C'est $1 exactement...
M. LUSSIER: Pour la ville de Dorval sur l'île de Montréal,
$1 c'est pas cher.
M. DESNOYERS: Cela dépend de la bonne administration.
M. LUSSIER: Je pense qu'il y en a d'autres qui paient pour vous.
M. DESNOYERS: Je ne sais pas, M. le ministre. Ce n'est pas tout à
fait juste de dire cela. Permettez-moi de vous souligner que... si vous venez
à l'hôtel de ville, vous verrez que ce n'est pas luxueux. Vous
verrez que nous marchons l'affaire d'une façon très
économique à tous les points de vue. C'est ce que j'ai à
vous dire. Je crois que si l'octroi était un petit peu plus
généreux, peut-être que nous pourrions nous arranger.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: C'est le député d'Olier qui a
demandé la parole.
M. PICARD (Olier): En l'absence du maire de Saint-Léonard,
j'espère que les membres de la commission n'auront pas d'objection
à ce que je prenne la défense des citoyens de cette
municipalité qui fait partie de mon comté...
UNE VOIX: Pour la police à part ça.
M. PICARD (Olier): ... non pas que je ne partage pas l'idée ou
l'opinion émise par le président de l'Exécutif de la ville
de Montréal, à l'effet qu'il faut absolument répartir
d'une façon plus équitable les dépenses de la police. Mais
je considère la façon que l'on entend procéder en vertu de
ce bill 75. Franchement, c'est presque un "hold-up" que l'on va commettre dans
certaines municipalités de la région de Montréal.
Je vais vous donner quelques chiffres. Je vous demande, en tant que
membre de ce comité, de penser aux citoyens qui seraient obligés
de payer ces taxes-là.
Actuellement, à Saint-Léonard, le budget de la police est
de $495,000, pour l'année 1969. En vertu de cette nouvelle loi, ce
même budget, pour la police seulement, partira de $495,000 et montera
à $1,672,000; ce qui veut dire une augmentation de $1,176,000 pour une
municipalité d'à peine 32,000 de population. Le taux de la taxe
foncière, à Saint-Léonard...
M. LEFEBVRE: Y a-t-il des mines d'or à Saint-Léonard?
M. PICARD (Olier): Je ne le sais pas, mais j'imagine qu'il va falloir
essayer d'en trouver dans le territoire. Le taux de la taxe foncière
à Saint-Léonard est actuellement de $1 par $100
d'évaluation. En plus, il y a une taxe d'amélio- rations
locatives que j'évalue, d'après les calculs que je viens de
faire, étant donné que je n'ai pas le taux exact, à
à peu près $0.55.
M. SAULNIER: $0.45 et $0.76, soit $1.21 en tout.
M. PICARD (Olier): En tout. $1.21? Alors, je vous remercie du
renseignement. Cela n'améliore pas la situation, je vous le jure.
M. SAULNIER: $0.39 de moins qu'à Montréal et qu'à
Saint-Michel, de l'autre côté de la rue.
M. PICARD (Olier): Mais, en plus de cela, n'oubliez pas, M. Saulnier,
que Saint-Léonard doit payer $1.21 pour le déficit du
métro. Or, le métro est à quatre milles de chez nous.
M. SAULNIER: Non.
M. PICARD (Olier): Si l'on dit qu'il n'est pas exact de dire que c'est
le déficit du métro, mais bien plutôt le déficit de
la Commission de transport de Montréal, au moins, que l'on nous donne du
service.
J'ai fait le calcul l'an dernier, M. le Président, justement sur
cette question de la participation de la cité de Saint-Léonard au
déficit de la Commission de transport de Montréal et je suis
arrivé aux chiffres suivants. Je m'en souviens parce qu'il s'agit de
chiffres que l'on ne peut pas oublier.
Alors qu'à Saint-Léonard, où il n'y a qu'une ligne
d'autobus qui passent aux heures de pointe, il en coûte $15.89 par
habitant pour payer le déficit de la Commission de transport, il en
coûte $4.99 dans une petite municipalité comme Verdun.
Alors, on appelle cela de la justice sociale. Là, on n'est pas
sur le métro. Il reste, tout de même, que j'ai le droit de poser
la question: Où pensez-vous que les contribuables vont être
capables de prendre peut-être à six mois d'avis les
sommes requises pour payer un excédent de $1,176,000, seulement pour le
service de la police?
Je vous le demande, messieurs les maires. Essayons de trouver une
solution à ce problème-là.
Dans le cas de Saint-Laurent, l'augmentation sera d'environ $200,000 de
moins qu'à Saint-Léonard. Or, Saint-Laurent, ils ont une
population de 65,000, soit le double de Saint-Léonard.
M. LUSSIER: M. le Président, est-ce que je peux vous poser une
question? Où avez-vous pris vos chiffres?
M. PICARD (Olier): Pardon?
M. LUSSIER: D'où sortent vos chiffres? Où avez-vous pris
les chiffres que vous nous citez?
M. PICARD (Olier): C'est presque dans la Bible; c'est la Presse.
M. DEMERS: Ce n'est pas pratique.
M. LUSSIER: Est-ce que vous pouvez faire serment là-dessus?
M. PICARD (Olier): M. le ministre, je les donne sous toute
réserve, mais je n'ai aucune raison de croire que l'on essaierait
d'induire la population en erreur.
M. LUSSIER: Les chiffres, les statistiques, c'est fait avec les budgets
des municipalités, cela. Si vous vous inspiriez de cela, on pourrait
discuter avec les mêmes chiffres, là.
M. PICARD (Olier): II reste, tout de même, M. le Président,
qu'à moins que le journaliste ici ne soit complètement dans
l'erreur, il s'agit de redistribuer, à l'intérieur de toutes les
municipalités de l'île de Montréal, des économies
qui, pour la ville de Montréal, dans son service de la police, seront de
l'ordre d'environ $11,750,000. La ville de Verdun économisera $619,000
dans son service de police.
M. SAULNIER: Je ne suis pas d'accord.
M. PICARD (Olier): Pour la ville d'Outremont, il a dit que
c'était $265,000.
M. SAULNIER: Cela a l'air que ce n'est pas exact.
M. PICARD (Olier): Pour la ville d'Outremont, ce serait une
économie de $241,000 et Sainte-Anne-de-Bellevue, $17,000. Mais, ces
économies-là dont bénéficieront quatre
municipalités devront être payées par les autres
municipalités. Ici, on en donne la liste et, en tête de liste, il
y a ville Mont-Royal, suivie immédiatement de Saint-Léonard.
M. SAULNIER: M. le Président, si on me permet, là,
d'apporter deux ou trois petites précisions, dans le cas de
Saint-Léonard. D'ailleurs, j'ai lu rapidement cet article-là. Je
le dis sous réserve, moi aussi.
M. PICARD (Olier): Sous toute réserve!
M. SAULNIER: En toute justice pour le journaliste, je pense que c'est
entre guillemets. C'est une citation qui est là et je ne pense pas qu'on
doive l'attribuer au journaliste. Je n'en suis pas très certain, mais je
pense que c'était entre guillemets.
Dans le cas de Saint-Léonard, la taxe est de $1.21. Le taux que
j'ai donné cet après-midi, qui n'a pas été
contesté, du moins pas d'une façon éclatante jusqu'ici,
est de $0.15 pour la police, en partant des chiffres fournis par le ministre et
qui sont plus élevés que les miens. Bon, cela porterait le taux
de $1.21 à $1.36, c'est-à-dire encore $0.24 de moins par $100
d'évaluation que pour les citoyens de la ville de Montréal, qui
se trouvent dans des quartiers de Montréal qui sont plus
éloignés du centre-ville que la municipalité de
Saint-Léonard, parce qu'elle, elle est enclavée dans le
territoire de la ville.
Alors, si on parle de justice et d'équité, il faut en
parler pour tout le monde. Ces gens-là qui sont encore plus
éloignés des grands services, parce qu'ils sont dans le
territoire de Montréal, eh bien, ils vont payer plus que ça.
M. PICARD (Olier): Mais, M. Saulnier...
M. SAULNIER: Je pense qu'il n'y a pas d'injustice là-dedans.
Deuxièmement, si vous me le permettez, M. le député, des
représentants de la commission de transport qui sont ici m'informent
qu'il y a trois lignes dans Saint-Léonard et non pas une. Alors,
l'article, là aussi, n'est pas tout à fait exact.
Comme je suis debout, deux autres petits éclaircissements. La
police de Dorval, lorsqu'elle a accompagné le maire de Montréal,
le soir du 7 octobre, l'a laissé aux limites de Dorval. Ce n'est pas une
critique. Deuxièmement, en regard de ça, la voiture dont a
parlé le maire de Verdun, ce matin, répondait à un appel
venu de la centrale de communication, dont j'ai parlé un peu plus
tôt. L'appel était dirigé à la voiture la plus
rapprochée pour qu'elle aille porter assistance à une voiture de
police sur la rive sud. On est même sorti du territoire de l'île
pour rapidement aider d'autres policiers.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. SAULNIER: Les lignes de Saint-Léonard, ce sont les
numéros 141, 198 et 195.
M. PICARD (Olier): Comment comparez-vous ces lignes-là, à
Saint-Léonard, avec les lignes que vous avez, par exemple, dans Verdun,
M. Saulnier?
M. SAULNIER: Bien, le maire de Verdun peut répondre beaucoup
mieux que moi.
M. GARIEPY: II y a trois lignes dans Verdun!
M. PICARD (Olier): Combien d'autobus? Quand vous parlez des lignes,
d'accord, mais, M. Saulnier, ce que j'essaie de trouver, c'est une formule pour
distribuer ou répartir entre les municipalités, avec toute
justice, ce surplus-là.
M. SAULNIER: C'est celle-là!
M. PICARD (Olier): J'admets qu'il faut repartager, mais je
considère qu'en ne se basant
que sur l'évaluation foncière, automatiquement, on
crée une injustice. Il faut aussi trouver un système autre que
celui que nous avons en ce moment. Si vous me le permettez, M. le
Président, moi, j'ai toujours préconisé le système
suivant pour répartir les déficits de la commission de transport.
Un tiers du déficit payé selon l'évaluation
foncière, soit d'après la facilité de payer des citoyens.
L'autre tiers du déficit payé selon la distance couverte par les
lignes du service de transport en commun. Et, le troisième tiers
payé selon la fréquence du service donné à la
population qu'il y a dans la municipalité. Cela, c'est de la
justice.
M. SAULNIER: Est-ce que l'on me donne la permission de répondre?
C'est une forme de justice; il y a d'autres formes. Je soutiens que la forme
qui est suggérée est meilleure, et je vais dire pourquoi.
Je vais prendre l'exemple du système de transport en commun qu'il
y a actuellement dans l'île de Montréal et qui est exploité
par la commission de transport. Il y a deux genres de véhicules: les
véhicules du métro qui circulent dans les tunnels, comme on le
sait, et les autobus qui circulent en surface. Les derniers calculs que nous
avons établis parce que là, nous commençons
à avoir de l'expérience démontrent que, si nous
retenions les revenus de l'exploitation du métro seulement, ces
revenus-là, seraient suffisants pour payer et la dette et le service des
emprunts et le coût de l'exploitation du métro. A partir de ce
moment-là, on pourrait dire, si on suit votre raisonnement: Que les gens
qui circulent en autobus paient la différence. Cela coûterait
cher. Or, ce sont effectivement les usagers du métro et il y a de
bonnes raisons à cela; ils ont un meilleur service à certains
égards qui contribuent à soutenir les lignes d'autobus et
celles qui vont le plus loin, bien sûr.
Alors, on pourrait dire mais ce serait injuste de le dire mais on
pourrait soutenir, si on voulait prendre, disons une tangente que c'est
effectivement le trafic voyageur dans la ville de Montréal et dans les
trains de métro qui subventionnent les services d'autobus qui se rendent
jusqu'à Lachine, jusqu'à Saint-Laurent et un peu partout. Mais ce
ne serait pas juste et je m'empresse de le dire parce que nous avons
toujours soutenu et nous pensons que ce raisonnement-là en vaut un
autre, pour le moins: Quelle que soit la forme des véhicules qu'on
utilise, un service de transport en commun, c'est un tout. Les voyageurs qu'on
transporte un bout dans le métro et ensuite, en autobus, au fond, ce
sont les mêmes voyageurs et vice versa.
C'est pourquoi la formule de répartition qui est prévue
reste, à mon sens, la meilleure, parce que si on prenait le volume, avec
la petite démonstration que je viens de faire, la ville de
Montréal ne paierait pas cinq sous et je pense que ce serait
injuste.
Cette formule-là est meilleure. Encore une fois, je reviens avec
cet argument qui est extrêmement important: l'imposition n'est pas sur la
ville; elle est sur le propriétaire de biens fonciers. C'est là
qu'elle est. Et plus les valeurs sont élevées, plus il doit
contribuer; c'est une règle de justice qui est reconnue dans tous les
pays démocratiques.
Alors je soutiens très humblement, très respectueusement,
que notre raisonnement n'est pas moins bon que celui qui a été
suggéré par l'honorable député.
M. PICARD (Olier): Alors, M. le Président, vous me permettrez de
me tourner vers le premier ministre. Si, apparemment, les municipalités
ne peuvent pas trouver une solution pour éviter ce que, tantôt,
j'appelais un holdup, dans certaines municipalités de l'île de
Montréal, il va falloir que la province...
M. LUSSIER: D faut le trouver, M. le député, le
hold-up...
M. PICARD (Olier): Le subventionner...
M. LUSSIER: Bien, on le subventionne... Le gouvernement provincial va
donner en subventions cette année une somme de $8 millions et quelque
$900,000 pour l'établissement et le fonctionnement de cette
communauté urbaine. Pour une subvention...
M. CHOQUETTE: Quelle subvention était payée auparavant
à la ville de Montréal?
M. LUSSIER: A la ville de Montréal? Quelle subvention?
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il y avait des subventions payées
à la ville de Montréal dans le passé?
M. LUSSIER: Des subventions de quelle nature? Pourquoi?
M. CHOQUETTE: Cela remplace...
M. LUSSIER: Non, ça ne remplace pas, ça s'ajoute. La ville
de Montréal, actuellement, si je me souviens bien, reçoit, pour
la Terre des Hommes...
M. SAULNIER: Nous recevons $5,500,000 et c'est $7 millions ou $8
millions qu'elle apporte au Trésor provincial.
M. LUSSIER: Vous recevez $5 millions. Des trésors, tout le monde
en a!
M. LEFEBVRE: Est-ce que vous avez apporté la facture?
M. LUSSIER: On ne parlera pas des trésors! C'est sûr que
certaines municipalités vont subir
une certaine augmentation de taxes. Cela, c'est sûr! Il y en a qui
vont diminuer. Plusieurs vont diminuer. Mais là encore, comme on vous
l'a expliqué souvent...
M. PICARD (Olier): Vous admettrez avec moi...
M. LUSSIER: Oui, nous avons expliqué ça assez souvent,
qu'il existait plusieurs maladaptations à l'intérieur d'une
ville, d'une agglomération urbaine, dis-je, qui était
scindée en une multitude de villes. Et une des choses importantes qui va
ne se corriger que partiellement, ce sont des disparités fiscales
à l'intérieur d'une même agglomération urbaine. En
redistribuant le coût de la police, parce que tout le monde aura un
service identique, une protection totale et globale partout au niveau de
l'île, alors, il faut, en toute justice, que le coût de la police
soit distribué sur tous les citoyens et la forme la plus juste que nous
avons trouvée actuellement toute forme de taxation a un certain
caractère d'injustice c'est de répartir ça sur
l'évaluation foncière. Au niveau de l'île de
Montréal les gens sont déjà habitués à cette
sorte de cotisation et ils l'ont acceptée depuis nombre
d'années.
M. PICARD (Olier): Vous avez trouvé une formule dans le bill 76,
la Loi de la communauté urbaine de Québec. Mon collègue,
ici, a attiré mon attention justement, et dit: Dans le cas de
Québec, pour le déficit de la commission de transport vous avez
suggéré une formule, et il dit que c'est justement ce que je
viens de suggérer pour Montréal. Vous allez le faire pour
Québec.
M. LUSSIER: Ils peuvent le faire. Ils peuvent le faire d'une autre
façon aussi.
M. PICARD (Olier): Actuellement, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité... Ce que je demande, M. le ministre, c'est d'éviter
qu'une municipalité, par exemple, comme Saint-Léonard, qui
actuellement perçoit $3 millions annuellement en taxe foncière se
voit dire, du jour au lendemain: ce n'est plus $3 millions, c'est $4 millions.
Alors je ne peux pas voir de quelle façon ces gens-là seront en
mesure d'acquitter leurs comptes de taxes. Je ne le vois pas. Je ne vois pas du
tout comment ils feront.
M. LUSSIER: Vos chiffres, M. le député, ne sont pas
exacts. Es ne sont pas exacts. Arrivez avec des chiffres exacts! C'est
évident que pour Saint-Léonard, ils vont augmenter. Mais, avec la
taxe foncière qu'ils paient, les services dont ils vont
bénéficier dorénavant seront meilleurs à cause du
service de la police qui va être étendu, à cause de l'aide
mutuelle et de la formation des corps policiers et des normes puis des
critères qui vont être établis. Alors c'est bien
évident qu'ils sont obligés...
M. PICARD (Olier): II y a une chose qu'il ne faut pas oublier. C'est
que, dans une ville comme Saint-Léonard, il y a aujourd'hui une
population de 35,000. Je regardais les statistiques. Il n'y a pas encore
tellement longtemps, en 1951, il y avait, dans le village de
Saint-Léonard-de-Port-Maurice, une population de 640 habitants. Cela
veut dire quoi, M. le ministre? Cela veut dire que c'est une ville en pleine
évolution, que la population est obligée de payer pour les
trottoirs, les améliorations locales; les contribuables ont toutes
sortes de charges municipales, de frais municipaux à payer et, on
arrive, du jour au lendemain, avec une nouvelle charge de $1 million.
M. LUSSIER: C'est faux, c'est faux, ça, M. le
député. Actuellement, en 1970, le coût de la police, pour
Saint-Léonard, va être de $445,000, ce qui équivaut
à $0.19 par $100 d'évaluation. Tandis que, par exemple, Verdun en
paie $0.60, Saint-Pierre en paie $0.64 par $100 d'évaluation, Outremont
$0.53, Montréal-Ouest $0.58, Hampstead $0.42, etc. La moyenne est de
$0.53, si on fait la moyenne de tout ça. Saint-Léonard paie $0.19
par $100 d'évaluation pour son corps de police. Même si les
contribuables subissaient une augmentation là, je ne voudrais
passer aucun jugement sur le corps de police mais c'est $0.19
actuellement, et contredisez ces chiffres-là si vous êtes
capable!
M. PICARD (Olier): Je vais vérifier les chiffres.
M. LUSSIER: Oui, vérifiez.
M. PICARD (Olier): Parce qu'à un moment donné on
regarde...
M. LUSSIER: Ne regardez pas la Presse pour discuter, s'il vous
plaît!
M. PICARD (Olier): On fait des comparaisons, par exemple, avec Verdun et
Saint-Léonard. L'évaluation par tête à Verdun est de
$1,900 et l'évaluation par tête à Saint-Léonard est
de $5,900. Alors chaque citoyen, je vous garantis qu'il paie
l'équivalent d'à peu près trois fois plus.
M. LUSSIER: Ecoutez, moi, je vous ai dit ce que je pensais. Vos chiffres
sont...
M. LE PRESIDENT: M. le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, pour revenir à la
police... les services, je comprends très bien l'argumentation de M.
Saulnier. Il n'en reste pas moins que la police de Montréal donne
certainement des services qui bénéficient à toute la
population de la région économique de Montréal. Mais il y
a tout de même des services
qui sont locaux et exclusivement locaux. La police locale s'occupe, par
exemple, de la circulation. Je ne pense pas qu'on se doive de centraliser le
corps de police de Montréal pour résoudre les problèmes de
circulation.
Il y a enfin les patrouilles de nuit. A Lachine, par exemple, je sais
bien que la patrouille de nuit sonde les portes des magasins, veille la nuit
sur la sécurité des établissements commerciaux. Il n'y a
pas besoin de la centralisation de la police pour résoudre ce
problème-là. H y a autre chose: si mon voisin, par exemple, veut
faire maison nette et "foutre" sa famille à la porte, ce n'est pas la
centralisation de la police qui peut réellement aider dans des choses
semblables.
Enfin nous avons le service de la police pour certaines parades, pour
certaines soirées, pour certains rassemblements populaires, la
surveillance des parcs, etc. Alors, il y a une multitude de services rendus
localement qui peuvent être rendus beaucoup plus efficacement et à
meilleur marché, j'ai bien l'impression, pour une police locale. Je me
demande pour quelle raison on veut centraliser d'une façon si soudaine
et d'une façon aussi précipitée. Je crois, à mon
avis, que la sécurité des gens à l'extérieur de
Montréal ne sera pas nécessairement mieux assurée par une
telle centralisation, parce que, la protection, ils l'ont, si vous voulez, elle
est payée par Montréal, elle est acquise par la protection de la
police de Montréal.
Il y a peut-être là une répartition à faire
au point de vue financier. Mais dire que la sécurité des citoyens
va être augmentée d'une façon immédiate, ce n'est
pas tout à fait fondé. On pourrait même augmenter cette
sécurité d'une façon immédiate, j'entends dans un
petit pourcentage, sans nécessairement saborder tout le système
qu nous avons actuellement.
Je crois que nous devons mentionner, pour la compréhension du
débat, que la police de Montréal, comme on le sait, a soumis ses
demandes, par ses syndicats, à un conseil d'arbitrage. Et voilà
que, pour une rare fois, cet arbitrage a rendu une sentence plutôt
favorable au corps public. Je ne connais pas toute la trame de la
procédure, mais de toute façon, on a pratiquement redonné
à la police, ou du moins on a donné, un bon morceau que
l'arbitrage lui avait refusé. C'était bien, je suppose, la
responsabilité des autorités de Montréal. Mais on peut se
demander et je crois que les gens qui vivent en dehors de la ville
peuvent sérieusement se demander si la précipitation avec
laquelle on veut faire cette centralisation n'est pas un moyen
élégant, direct de faire payer les pots cassés par les
banlieues et, en plus, d'épargner le gouvernement, qui peut-être,
autrement, se verrait dans l'obligation de subventionner directement la ville
de Montréal.
Il est tout de même curieux que, dans une province comme la
nôtre, où traditionnellement nous sommes décentralisateurs,
du moment que nous voulons régler un problème communautaire comme
celui-ci, nous centralisons presque à l'extrême. Il faut penser
que le sens communautaire dans une petite localité est beaucoup plus
facile à cultiver que dans une grande ville comme celle de
Montréal, par exemple. Et même si les frontières qui
existent aujourd'hui, les frontières de certaines de nos villes, ont
été délimitées pour des raisons qui n'existent
plus, il arrive qu'on a gardé dans ces municipalités un certains
sens communautaire qui aide énormément à la bonne
administration de la ville. Et la police joue un rôle
énormément important, à mon avis, pour entretenir et
cultiver ce sens communautaire. Si on allait centraliser à
l'extrême le service policier, je crois qu'il y aurait là un des
éléments qui sert à nourrir ce sens communautaire qui
disparaîtra. Je crois que c'est un argument extrêmement valable. Je
demande à M. Saulnier si la façon exclusive de résoudre le
problème est cette centralisation subite et extrême.
M. SAULNIER: Je réponds à cela, M. le Président,
que cette situation est un fait acquis que l'on retrouve maintenant dans toutes
les grandes agglomérations urbaines du monde. On a utilisé
aujourd'hui l'argument de Toronto; par exemple, il n'y a qu'un seul corps de
police dans la région métropolitaine de Toronto. Je ne sais plus
combien de mémoires j'ai lus, venant de diverses sources, recommandant
l'intégration des corps de police de l'île de Montréal; je
ne suis pas très sûr, mais je pense que la commission
Prévost l'a recommandée aussi, je ne suis pas très
sûr. Non,... je le dis sous toute réserve.
DES VOIX: Oui.
M. SAULNIER: Mais il me semble qu'il y avait une disposition qui
traitait de cela. Alors, nous ne sommes pas les seuls à suggérer
cela. Et la façon dont il est proposé de le faire nous
paraît fort raisonnable. Chaque municipalité garde son corps de
police, il y a des mesures d'assistance automatique et immédiate qui
sont définies et nous partageons le coût, et ensemble, ensuite,
nous devisons des meilleurs moyens à prendre pour donner aux
contribuables de l'île, à tous les citoyens de l'île de
Montréal la meilleure protection policière possible.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne suis pas un technicien de l'administration
policière, mais je sais bien qu'à Lachine, en particulier, il y a
le corps de police et puis il y a les détectives, si vous voulez, qui
s'occupent de meurtres, de choses criminelles. Est-ce que vous croyez
sincèrement que je vous comprendrais très bien s'il
y avait, par exemple, fusion de certaines escouades d'une façon
immédiate, cela serait, il me semble, d'une logique très
défendable? Peut-être que votre escouade anti-
émeute pourrait être partagée, et je crois que
ça se défendrait au niveau de toute la ville. Mais pourquoi tout
unifier tout de suite? Même si vous dites que les corps de police vont
subsister, il me parait absolument évident qu'avec ce bill-là, ce
serait une existence tout à fait éphémère. Alors,
en quoi cette solution-là pourrait-elle être...
M. SAULNIER: A ça, M. le Président, il faut
répondre très simplement que le travail d'un policier,
maintenant, il n'est plus possible de le compartimenter comme on l'a fait
traditionnellement; c'est-à-dire qu'un homme qui est policier de
faction, par exemple, il l'est pendant quinze ans et puis un autre est un
limier, il ne fait que ça, non.
Dans la police de Montréal et dans tous les corps de police
modernes, à quelques minutes d'avis, un homme de faction peut être
envoyé à une escouade antiémeute; et puis un membre de la
sûreté peut être appelé à prendre dans une
voiture qui répond à des appels, parce qu'il faut que ce soit
extrêmement mobile, parce que les gens avec qui les policiers ont
affaire, ce ne sont pas des gens dénués d'intelligence. Et comme
je l'ai expliqué un peu plus tôt au cours de cette soirée,
comme c'est dans la grande ville et dans le centre le plus urbanisé que
les activités de toutes sortes sont les plus nombreuses, y compris les
activités criminelles, il faut toujours retenir que les criminels qu'on
trouve là et on peut en faire une démonstration
extrêmement éloquente ce ne sont pas tous des
résidants de Montréal, Dieu merci! Ils viennent de partout, il en
vient des banlieues, un bon nombre, pas plus que d'ailleurs. Il en vient aussi
de l'île de Montréal, également...
M. SAINT-GERMAIN: Et vice versa.
M. SAULNIER: II en vient d'autres pays, également, mais la
question que nous devons nous poser, c'est celle-ci: Est-ce que seul le
contribuable de la ville de Montréal, ou celui de la municipalité
dont vous avez parlé, qui a peut-être une sûreté
parce qu'un grand nombre n'ont pas de sûreté doit
payer ça, puis les autres avoir le transport gratuit?
M. SAINT-GERMAIN: Cela n'a pas été mon argumentation, M.
Saulnier.
M. SAULNIER: Bon, alors ça ne se divise pas, premièrement;
et deuxièmement, en partant de ce principe que ça ne se divise
pas, le coût doit être partagé équitablement par tous
ceux qui bénéficient de ces services.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, est-ce que le policier qui s'occupe chez
vous de circulation, à un moment donné, fait partie de la
sûreté?
M. SAULNIER: De la sûreté, effectivement, s'il a
connaissance...
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. SAULNIER: S'il a connaissance de la commission d'un crime, il est
obligé d'agir en policier, de faire une arrestation et de commencer un
début d'enquête.
M. SAINT-GERMAIN: A un moment donné, c'est la sûreté
qui s'en empare.
M. SAULNIER: A un moment donné c'est la sûreté, mais
oui, mais ça ne se divise pas comme l'honorable député le
souhaite. On dirait: On va mettre en commun les services de
sûreté, par exemple, et puis les factionnaires. Non, on ne peut
mettre ça en commun. Parce que, dans un corps de police moderne et
efficace, ces responsabilités-là sont transférables
à quelques minutes d'avis. J'ai donné des exemples. Le cas de
l'unité mobile du service de la police, eh bien, ce sont des policiers
de faction qui sont retirés des voitures qui répondent à
des appels.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais en fait, si vous avez une
sûreté qui couvre toute l'île, ça ne veut pas dire
que ça sera si compartimenté que ça. Prenons un exemple
bien particulier: Lachine. La sûreté de Lachine sera
intégrée, si vous voulez, à la sûreté
intermunicipale, mais ça ne veut pas dire que le reste du corps policier
ne travaillerait pas en coopération avec cette sûreté
intermunicipale, comme actuellement. Le reste des policiers travaillent en
coopération avec leur propre sûreté.
M. SAULNIER: Il n'y a pas d'objection à ça.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, mon exemple de cette séparation n'est
pas aussi étanche que vous voulez nous le laisser entendre
là.
M. SAULNIER: Je ne dis pas ça non plus. Mais, vous prenez le cas
d'une municipalité qui, dites-vous, a une division de
sûreté, des limiers, en somme des détectives. Il y a des
municipalités qui n'en ont pas du tout.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais là, elles payeraient. Elles
payeraient leur part...
M. SAULNIER: Elles payeraient leur part. C'est cela.
M. SAINT-GERMAIN: ... sans que ce soit nécessairement une
centralisation...
M. SAULNIER: C'est ce qui est dans le bill.
M. SAINT-GERMAIN: ... draconienne.
M. LE PRESIDENT (Léveillé): M. le maire.
UNE VOIX: Le maire Chartier, de Lachine. Lachine est en vogue,
aujourd'hui.
M. CHARTIER: M. le Président, pour revenir un peu plus au sujet
sur lequel on nous a demandé de nous exprimer, soit la qualité
des services améliorés qui serait possible par
l'intégration, écoutez, en tant que maire de Lachine, je peux
vous dire que dans le moment peut-être à longue haleine,
oui mais dans le moment, pour une période d'un an,
peut-être deux ans, je ne vois pas l'amélioration qui pourrait
être apportée au système de police que nous avons
présentement.
Pour ce faire, tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas
d'intégration proprement dite, je ne vois pas pourquoi les
municipalités de banlieue, devraient commencer à payer. Nous
payons pour des services que nous recevons. Nous avons, à Lachine, notre
escouade antiémeute, notre service de sécurité, mais nous
avons par-dessus tout cela, dans le secteur ouest de l'île de
Montréal, une entraide mutuelle qui est hors de pair et qui est
certainement aussi efficace que celle qu'on peut espérer de la
communauté urbaine.
Nous avons la même chose au service des pompiers. M. le
Président, je répète ce que j'ai déjà dit,
nous ne différons pas d'opinion en ce qui concerne la
nécessité éventuelle d'une amélioration, mais ce
n'est certainement pas aussi vite, aussi brusquement que veut le faire le
gouvernement provincial, dans le moment, que nous pouvons endosser cela.
M. SAULNIER: Quinze ans après Toronto.
M. CHARTIER: M. Saulnier, c'est possible. M. Saulnier, tout à
l'heure, vous avez mentionné que votre auto qui était dans la
ville de Jacques-Cartier répondait à un appel, récemment,
avec le nouveau système qui a été inauguré, en
présence de M. le ministre Rémi Paul il y a à peu
près trois mois.
La cité de Lachine aussi est intervenue et nous avons
prêté main-forte à la ville de Montréal. Le
système qui existe présentement est quelque chose, à mon
point de vue, d'extraordinaire. Il y a certainement moyen de
l'améliorer. Mais, M. le Président, la ville de Lachine, dans le
moment, a un budget de $565,000. Avec l'intégration, sans compter la
subvention, cela nous coûterait $1,099,000. En comptant la subvention,
cela nous coûterait encore $956,000, c'est-à-dire une augmentation
de taxe de $0.20.
Je pense que, dans le moment, à Lachine, comme plusieurs autres
municipalités, nous devons déjà faire face à une
augmentation de taxes, sans cela, d'à peu près $0.30 et, s'il
faut...
M. LEVESQUE (Laurier): Quelle est votre taxe actuelle?
M. CHARTIER: C'est $1.05, M. Lévesque.
Je pense que, dans le moment, il est inacceptable, pour un élu du
peuple comme moi et pour tous les citoyens de Lachine, d'endosser une chose
semblable. Nous en reconnaissons le bien éventuel, mais ce n'est
certainement pas une chose qui doit être mise de l'avant aussi
brusquement que cela.
Dans tous les domaines, il y a lieu à amélioration. Mais
je pense qu'il faut quand même étudier. Le comité des
maires a présenté un mémoire; qu'on étudie ce
mémoire avec le projet de loi et je pense bien qu'à ce
moment-là on pourra sortir quelque chose qui sera acceptable.
Nous reconnaissons devoir payer notre écot mais certainement pas
payer pour les autres.
Maintenant, nous aussi, le budget de la police, nous aurions pu
l'augmenter de beaucoup, parce que nos chefs de service, tous les ans, nous
présentent un budget avec un personnel accru, etc. Mais, en un mot, on
se doit d'administrer selon ce que nous budgétisons.
Je vous remercie.
M. LEVESQUE (Laurier): Combien m'avez-vous dit que la taxe était,
monsieur?
M. CHARTIER: C'est $1.05, plus le métro.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela fait $1.25. C'est cela?
M. CHARTIER: C'est cela.
M. SAINT-GERMAIN: M. le maire, est-ce que nous devons réellement
en vouloir aux villes qui, dans le passé, ont été mieux
administrées que les autres, probablement il y en a et qui
se voient aujourd'hui moins lourdement taxées? Je ne pense pas qu'il
faut leur en vouloir. Il y a des villes, vous savez, qui ont été
mieux administrées les unes que les autres. Il me semble que c'est
évident.
M. LUSSIER : Est-ce que vous voulez dire que la ville qui a la taxe la
plus basse est celle qui est la mieux administrée?
M. SAINT-GERMAIN: Non, pas nécessairement M. le ministre, mais,
écoutez, la ville de Montréal n'a pas toujours été
bien bien administrée. Si vous désintéressez le citoyen...
Le vote est bas dans les grosses villes comme Montréal. Nous avons
déjà vu Montréal sous la direction de gens plus ou moins
sensibles aux intérêts publics. Ces choses-là peuvent
revenir. Pensons-y.
UNE VOIX: Dans les banlieues aussi.
M. LUSSIER : On ne veut pas faire disparaître...
M. SAINT-GERMAIN: II y en a eu dans les banlieues.
M. LUSSIER: ... les municipalités avec la communauté
urbaine.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, habituellement, dans les banlieues, les citoyens
se connaissent mieux et le vote est plus personnel. Dans une ville qui n'a pas
évolué trop rapidement où, traditionnellement, les gens se
connaissent, c'est plus difficile d'avoir les scandales que nous avons vus,
dernièrement, dans les villes qui grandissent vite ou dans des grosses
villes. D'ailleurs, je ne crois pas que nous puissions toujours faire appel
à l'exemple des grandes villes, parce que nous savons que les grandes
villes, aujourd'hui, sont celles qui ont le plus de problèmes. Alors, je
ne suis jamais impressionné lorsqu'on me dit: A New York, on fait cela
ou à tel endroit on fait cela. Parce que ce sont des villes qui ont des
problèmes sérieux. Il ne faudrait pas tomber dans les mêmes
monstruosités.
M. SEGUIN: M. le Président, au cours des débats, on passe
très souvent du général au particulier et on revient au
général. Je pense qu'on tire très peu de conclusions de ce
qui se dit, pour la simple raison qu'on passe d'un niveau à l'autre au
cours du débat.
J'aborderai un sujet tout particulier, si vous voulez, puisque nous
sommes à cet article, de la sûreté. Mes commentaires
s'adresseront à M. Saulnier, en l'occurence, étant donné
qu'il a fait l'éloge de la police de Montréal. Je l'appuie
totalement sur tout ce qu'il a dit de bien de ce corps que je trouve excellent.
Il a toujours montré, depuis ces dernières années, une
très grande efficacité. Je suis certainement d'accord avec ses
commentaires. Mais, je représente une section de l'île de
Montréal qui totalement à l'ouest. Si vous vous placez dans
l'optique ici, vous êtes sans doute au courant du fait qu'entre la ville
de Montréal et ses banlieues immédiatement à l'ouest et
l'extrême ouest, soit de Dorval en allant vers Sainte-Anne-de-Bellevue,
il y a, dans ce secteur-là, venant de la ville de Montréal quatre
voies d'accès: deux de première classe, c'est-à-dire la
Transcanadienne et le boulevard Métropolitain et deux autres plus
secondaires, soit le boulevard Gouin et le Lake Shore Road ou le Chemin du bord
du lac. Dans l'ouest de l'île, il y a, dans chaque municipalité,
des corps de police qui suffisent et rendent un service énorme à
la population qu'ils desservent.
Je reviens au particulier, pour un instant, et je parle de la ville de
Pointe-Claire, puisque je fais partie de son administration depuis
bientôt treize ans. J'entendais M. Saulnier tout à l'heure qui,
tout en énumérant les différentes sections de son corps
policier de Montréal, mentionnait, entre autres, ces sections d'aide
à la jeunesse, de détention, de circulation, de
sécurité, tout cela. Alors, je prends le corps de police de la
ville de Pointe-Claire non pas pour la citer en exemple, mais pour prendre un
modèle. Je pourrais prendre Dollard-des-Ormeaux,Beaconsfield,
Pierrefonds, mais je prendrai Pointe-Claire en particulier et je dirai que,
dans ce corps de police qui dessert 30,000 personnes, il y a 70 policiers.
Les officiers de ce corps sont tous diplômés de
l'école du RCMP ou de la Gendarmerie royale à Régina ou
encore, dans la section de détectives, du Criminel Bureau of
Investigation à Ottawa. Nous avons aussi, dans ce corps, la section
d'aide à la jeunesse, la section de détection, de circulation, de
sécurité sur l'eau, avec les bateaux ou bâtiments
nécessaires pour faire la surveillance sur le bord de l'eau dans cette
région-là, sur le lac Saint-Louis. C'est une
nécessité, un service. Il y a un service photographique, un
service d'empreintes digitales; l'automobile est renouvelée chaque
année ou aussi souvent qu'il est nécessaire de le faire enfin, il
y a un service de radar, tout ce que vous voulez.
Je me demande, après cette énumération-là,
s'il y avait un regroupement ou une centralisation de tous les corps de police.
J'ai négligé de mentionner, parce que le maire de Lachine l'avait
fait tout à l'heure, qu'il y avait, dans l'ouest de l'île, une
coopération très étroite depuis nombre d'années. Je
recule de dix ans pour faire mention qu'à ce moment-là nous
avions ce que nous appelions "le hot line". C'était une ligne directe
reliée entre tous les postes et tous les corps des services de police de
l'ouest.
Dans cette optique, et dans cette atmosphère, où le
coût est beaucoup moindre que ça l'est pour Montréal
ça se comprendre n'en fais pas un argument d'administration je me
demande quel avantage vous pouvez voir à faire ce raccordement ou cet
assemblement si ce n'est un avantage de communications. Quel système de
communication? Si celui qui existe présentement, le nouveau, n'est pas
satisfaisant, qu'est-ce qu'il en coûterait pour améliorer ce
service?
Pour venir de Montréal dans l'ouest, comme je le disais, il faut
tout de même venir en voiture ou en avion, mais on n'a pas de champ
d'atterrissage. Alors c'est en voiture ou à bicyclette ou à pied.
Quelle est la façon de desservir ces deux secteurs-là? Le secteur
ouest est certainement, au point de vue géographique, territorial, aussi
grand que le secteur proprement dit de Montréal et certaines de ses
banlieues combinées.
Est-ce que M. Saulnier pourrait faire des commentaires sur les avantages
en autant que l'ouest est concerné? Et est-ce que ce raccordement, ce
regroupement du corps policier, réellement vaut le prix que cela nous
coûtera suivant le plan ici qui nous est exposé? On parle de
$400,000 de plus, de $500,000 de plus par année, etc., pour ces
villes-là dans l'ouest. Le maire de l'île Bizard, cet avant-midi,
disait qu'il n'y en avait pas, et qu'ils se fiaient à la police
provinciale, mais ce n'est pas le cas de
toutes les municipalités dans l'ouest dont un grand nombre ont un
service excellent.
Pourriez-vous faire des commentaires là-dessus, sur ce que vous
croyez qui serait une amélioration, en proportion au prix,
naturellement, que nous aurons à payer en plus?
M. SAULNIER: Mon commentaire serait double tout au moins. Le premier, ce
serait pour rappeler à l'honorable député et maire de
Pointe-Claire que les excellents policiers qu'il a à son emploi, dans
Pointe-Claire, sont des diplômés de l'école de police de
Montréal.
M. SEGUIN: II y en a, M. Saulnier, mais je ne voudrais pas créer,
par là une société d'admiration mutuelle, par exemple.
M. SAULNIER: Je signale cela en passant.
Alors, la ville n'a donc pas été absolument absente de ce
qui a pu contribuer à la qualité du corps de police de
Pointe-Claire. On est d'accord là-dessus.
M. LEVESQUE : Ils ne sont pas tous de la Gendarmerie Royale ou du
Criminal Investigation Bureau?
M. SAULNIER: M. le maire confirme qu'il y a des diplômés de
chez nous.
M. SEGUIN: Oui, oui. Absolument et nous avons une coopération
très étroite avec les policiers de Montréal.
M. SAULNIER: Alors, la deuxième partie de ma réponse
serait la suivante: je suis absolument convaincu que la majorité des
citoyens à Pointe-Claire, comme ailleurs dans l'île parce
que j'en ai eu, moi aussi, des échos des contribuables de l'île de
Montréal sur ce projet-là sont parfaitement conscients
qu'ils ont des obligations à l'égard de la communauté de
l'île de Montréal.
Je peux donner un exemple, encore une fois. Je suis sûr qu'il n'y
a pas de siège social d'aucune banque dans la municipalité de M.
le maire de Pointe-Claire, je ne pense pas.
M. SEGUIN: Mais l'argent n'est pas toujours au siège social.
M. SAULNIER: Non, non. Mais tout le monde sait, par exemple, que les
valeurs dans les succursales, le soir, sont généralement
transportées aux sièges sociaux, qui sont dans Montréal.
Alors, indirectement, l'on prend soin des biens des citoyens de
Pointe-Claire.
Je pourrais poser une question, moi. Quel est le nombre des policiers de
Pointe-Claire?
M. SEGUIN: J'ai mentionné 70. Si vous parlez de corps, d'hommes:
70, plus ou moins un ou deux.
M. SAULNIER: C'est ça. Alors, pour répondre à
l'autre partie de la question: quel avantage pourrions-nous tirer?
Eventuellement, de grands avantages, sans aucune hésitation parce que
c'est une municipalité qui est en plein progrès.
M. SEGUIN: C'est bien diminué. Vous savez, c'est là
l'inquiétude. Avec l'augmentation du coût et la réduction
de construction, cela devient très difficile de majorer une taxe.
M. SAULNIER: Très bien, très bien. Mais là, je vais
aller dans un domaine, par exemple, plus particulier.
Il y a dans Pointe-Claire des industries qui vivent non seulement de la
population de Pointe-Claire, mais qui sont établies là à
cause du marché de l'île de Montréal surtout...
M. SEGUIN: Et qui fournissent de la main-d'oeuvre à...
M. SAULNIER: ... à la région de Montréal, qui lui
fournissent la main-d'oeuvre.
M. SEGUIN: Des gens de la ville de Montréal qui viennent y
travailler.
M. SAULNIER: C'est cela. Je regarde ici, rapidement, le cas de
Pointe-Claire; la taxe y est de $0.99 pour une évaluation de 72 p.c.
déclarée par Pointe-Claire.
M. SEGUIN: C'est d'après les données de M. Godin, que nous
suivons religieusement!
M. SAULNIER: Je crois que ces citoyens-là ne sont sûrement
pas surtaxés par rapport aux autres, il faut admettre ça. S'ils
ont un bon corps de police et s'ils ont des effectifs qui sont en proportion,
par exemple de ceux de Montréal, il n'y a aucun doute qu'à
Pointe-Claire, ça ne coûtera pas un cent de plus. C'est
l'évidence même.
M. SEGUIN: C'est là, M. Saulnier, que j'ai un doute
sérieux.
M. SAULNIER: Cela est un doute.
M. SEGUIN: Un doute sur le fait que ça ne coûtera pas un
cent de plus.
M. SAULNIER: Je paie... oui, oui je comprends la méfiance...
M. SEGUIN: Pas de M. Saulnier, mais la méfiance du système
qui nous donnerait quelque chose pour rien.
M. SAULNIER: Vous pouvez admettre avec moi que, lorsqu'il placera son
corps de police, c'est-à-dire qu'il donnera à son corps de
police
les mêmes outils, les mêmes effectifs par rapport à
la population que ceux qui sont donnés à Montréal
ça ne lui coûtera rien de plus. Moi, je n'ai pas fait ce
calcul-là, 70, par rapport à la population de Pointe-Claire ou
3,800 par rapport à la population de Montréal. Si la relation est
la même mon raisonnement est bon, à l'effet que ça
ne coûtera rien de plus. Si la relation n'est pas la même,
ça ne coûtera seulement la proportion de différence,
ça ne peut pas être autrement, mais c'est une mesure de justice et
d'équité.
M. SEGUIN: Mais, on est revenu, M. Saulnier, encore du
général au particulier ; je parlais de l'ouest de l'île
comme secteur; je faisais un commentaire, aussi au sujet de cette
facilité qu'il n'y a pas réellement de circuler d'un secteur
à l'autre; cette facilité-là existe ailleurs sur
l'île, mais, ça n'existe pas de la partie principale en allant
vers l'ouest. Alors, peut-être, avec le temps, qu'il y aura d'autres
voies, qu'il y aura d'autres facilités d'accès. Henri-Bourassa
pourra fort bien y passer, oui.
M. SAULNIER: C'est ce que j'allais dire.
M. SEGUIN: Bien, je ne critique pas, je parle pour tout de suite et pour
les deux, trois, quatre ou cinq années à venir. Je ne parle pas
des individus qui se plaindraient au président de l'exécutif du
peu de service dans leur localité, parce que nous aussi, nous avons dans
notre secteur des plaintes de ce que fait la police de Montréal. Alors
on ne reviendra pas sur cet argument-là.
M. SAULNIER: Si monsieur le permet, j'aimerais, concernant les voies
d'accès, dire que les municipalités de l'ouest sont
déjà mieux pourvues que certaines municipalités qui sont
situées immédiatement à la périphérie de
Montréal. Je prends le cas de Mont-Royal, par exemple, il n'y en a que
deux.
M. SEGUIN: Bien, je ne voudrais pas discuter sur ce point-là. En
parlant tout à l'heure, M. Saulnier, de votre transfert ou transport
d'agents, d'après votre argumentation, tout ce qu'il nous faudrait dans
l'ouest, ce serait de bâtir une voûte, qui éliminerait la
nécessité de faire toutes ces transactions de fonds.
M. SAULNIER: Ce n'est qu'un exemple. M. SEGUIN: Merci, M. le
Président.
M. SAULNIER: Ce n'est qu'un exemple. Lorsque nous mettons la main, par
exemple, sur des personnes qui font le commerce de la drogue, je pense bien que
nous aidons indirectement certains citoyens sûrement pas de
Pointe-Claire mais, mettons un citoyen qui pourrait demeurer dans
Dollard-des-Ormeaux, peut- être je pense que M. Finlayson
accepterait il peut peut-être y en avoir un, alors aide d'autres
façons aussi.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, je vais faire très
brièvement quelques remarques d'abord sur ce point de la police, et puis
les faire précéder du fait que je suis citoyen de la ville de
Montréal ; je réagis forcément comme un citoyen de la
ville de Montréal je suis le dernier citoyen de la ville de
Montréal, juste avant que ce soit marqué Outremont à
côté
M. SEGUIN: C'est pas pour longtemps, citoyen de Montréal?
M. LEVESQUE (Laurier): Aussi longtemps qu'on m'endurera. Je voudrais
dire simplement que j'ai écouté depuis le milieu de
l'après-midi, c'est la seule intervention que je vais faire à
cette étape-ci.
Je voudrais dire que je suis profondément d'accord avec
l'argumentation de M. Saulnier en ce qui concerne les services de police. Et
plus les représentants, les éminents et respectables
représentants des banlieues ont essayé de répondre, plus
il me semble qu'on s'en va vers l'absurde.
Vous avez vu, par exemple, le maire d'une ville, je crois que c'est M.
Gariépy, maire de Verdun, qui, tout à l'heure parlant de ce
morceau-là qu'est la police, était obligé d'arriver
à cet absurdité, à mon humble avis, cette absurdité
de dire: Bien, moi, par solidarité avec le reste des banlieues, je vais
laisser tomber l'économie que cela va représenter pour moi dans
le seul secteur de la police. On arrive à l'absurde. C'est que la police
est une partie d'un tout et c'est une partie extrêmement urgente, qu'elle
soit partielle ou totale, d'intégration je ne le sais pas.
Mais une chose certaine, c'est que c'est une partie d'un tout. Cette
partie-là, on veut la faire commencer, je crois, comme
intégration, au point de vue financier. Comme citoyen de
Montréal, je dois dire que cela me parait terriblement équitable.
A partir de 1970, dans certains cas, il y a des gars qui vont économiser
parce qu'ils sont bien équipés. Dans d'autres cas, ceux qui se
sont peut-être négligés ou qui pouvaient faire du luxe pour
les raisons qu'a données M. Saulnier, eux, ils paieront leur part. C'est
une première étape pour briser une espèce de maison de
fous, dans toute l'île de Montréal, parce que c'est l'ensemble
qu'il faut regarder.
L'ensemble, c'est un total, c'est toute une série de services sur
lesquels on placote depuis des années, pendant qu'on s'en va dans une
expèce de jungle et où beaucoup d'animosité s'est
développée. J'ai fait partie d'un gouvernement, le chef de
l'Opposition en était le premier ministre, où on a eu ces
problèmes-là sans arrêt,
à diverses reprises, et puis toujours on arrive à cette
espèce de maison de fous. Il s'agit de coordonner un ensemble de
services, dans certains cas, de les améliorer et puis, ils en ont
sérieusement besoin de toute façon, de les coordonner
convenablement et de briser des facteurs qui ont fait de l'île de
Montréal une espèce d'assemblage hétéroclite de
municipalités, en grande partie de plus en plus artificiel.
Il s'agit aussi d'une chose qui saute aux yeux; c'est, en
commençant par la police peu importe qu'il y ait peut-être
des délais additionnels à donner, je ne sais pas, pour
équilibrer des budgets mais en commençant par la police,
d'équilibrer aussi le poids fiscal, non pas entre les villes
là-dessus, M. Saulnier a parfaitement raison mais entre les gars
qui sont propriétaires et qui, dans certains cas et là, je
suis obligé de dire une chose qu'on a sur le coeur depuis longtemps,
comme gens de la ville de Montréal qui, dans certains cas, ont
été entretenus dans une mentalité de ghetto, qui, pour eux
mêmes, devient répugnante dans bien des cas, et dont sont
responsables un bon nombre de gens qui représentent les banlieues. Les
ghettos de luxe, dans certains cas, et dans d'autres cas, des ghettos
sous-équipés. Je crois que cette mentalité, la
majorité de la population est prête à l'abandonner, pourvu
qu'on lui donne des délais raisonnables. Elle est prête à
coopérer à cette communauté dont on parle, pourvu que les
étapes soient raisonnables.
Je crois qu'à beaucoup de points de vue, les représentants
des banlieues sont passablement dépassés dans la mentalité
qu'ils essaient d'entretenir par l'évolution de leur propre
société.
H me semble qu'on prévoit, dans le projet de la
communauté, pour arriver à un ensemble équilibré,
un délai de deux ans ou à peu près, c'est-à-dire
que c'est en 1972 que l'évaluation globale de la communauté
commencera à s'appliquer, soit au mois de janvier, enfin, peu importe.
J'ai cru comprendre que c'était au mois de janvier pour les autres
banlieues, et au mois de mai pour la ville de Montréal.
Il me semble que cela, dans l'ensemble, nous fait littéralement
sauter aux yeux une foule de modalités il y aurait des remarques
à faire, ce serait un autre sujet et on y reviendra par exemple,
sur la pondération du vote qui éliminerait le côté
caricatural, à mon humble avis, de 28 représentants dont
un représente 6,000 personnes et l'autre 90,000 qui ont le
même poids. Il y aurait même moyen de pousser cela plus loin, mais
enfin, on y reviendra.
Mais partant du cas de la police sur lequel je crois que plus les
gens des autres municipalités parlent, plus ils prouvent que M. Saulnier
a raison partant du cas de la police, et le remettant dans l'ensemble
dont il fait partie, il me semble qu'il s'agit simplement d'une étape
parfaitement équitable en soi, d'une étape de cet
équilibre qui finirait par faire rejoindre dans l'île de
Montréal une sorte de justice fiscale au moins, dont les gens de
Montréal ont toutjours eu à déplorer l'absence, absence
qui a grandi au cours des années au lieu de diminuer. En tout cas, c'est
une opinion d'un Montréalais.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, un autre point de vue que
j'aimerais mentionner au comité, si nous avions un corps de police
unique dans l'île de Montréal, cela voudrait dire quoi? Passer
à 5,000 hommes, 5,000 policiers? Nous avons vu, lorsque nous avons
étudié le bill relativement aux pensions des policiers, quant
à ces déboursés de la ville de Montréal, que des
policiers ont protesté.
Je ne leur en veux pas d'avoir protesté, mais je me souviens
très bien d'avoir écouté à la radio et à la
télévision un représentant de la fraternité qui a
été jusqu'à menacer l'Assemblée nationale. Nous
avons vu, lors des troubles du mois d'octobre, les policiers laisser la ville
de Montréal complètement sans défense. Ce sont des faits;
ce ne sont pas des contes. Il faut tout de même penser que ce corps
policier unifié au-delà de 5,000 policiers armés
sera le plus gros corps policier que nous aurons dans la province de
Québec. Si on montre la même indiscipline, pour n'employer que ce
terme, qu'on a montrée au mois d'octobre, nous aurons des troubles
sérieux ; on va en arriver au point que le gouvernement
fédéral ne pourra même plus démobiliser. Je crois
que c'est un facteur extrêmement important.
M. SAULNIER: Il n'y a pas grand-chose à démobiliser.
M. SAINT-GERMAIN: Bien, écoutez, nous avons été
dans une situation extrêmement pénible. Je crois que,
personnellement, à titre de député, j'ai été
très bouleversé par ces troubles. J'ai senti la population en
grande insécurité et j'ai été très heureux
de voir que les policiers des banlieues soient restés fidèles au
sens de leurs responsabilités et qu'ils soient allés relever les
policiers de la ville de Montréal et protéger la population. Je
crois que ce sont des faits et ce sont des choses qui pourront avec la
mentalité qui existe dans le Québec, aujourd'hui arriver
de nouveau. Les troubles seront cette fois-là beaucoup plus grands.
M. SAULNIER: M. le Président, si on me permet une remarque
à ce sujet-là. Je ne veux défendre personne et je pense
que les policiers de Montréal me rendront le témoignage de ne
jamais avoir approuvé leur geste, bien sûr. Mais de là
à tirer la conclusion que, pendant que les policiers de Montréal
étaient en réunion à l'aréna Paul-Sauvé,
tous les policiers de la banlieue étaient à l'oeuvre dans
Montréal, il y a une très grande distance. Vous savez, il y en a
qui sont venus et qui ne sont pas restés longtemps, parce qu'il y a un
certain esprit de corps dans tous les corps de police et on s'en est
rendu compte ce jour-là, y compris la Sûreté du
Québec.
M. SAINT-GERMAIN: Alors le problème est encore plus crucial!
M. SAULNIER: Nous ne vivons pas dans une société
idéale; des accidents, il peut en arriver; alors il faut prendre des
mesures pour qu'il en arrive le moins souvent possible et le moins d'accidents
possible. Je pense que c'est une bonne mesure dans ce sens-là.
M. LE PRESIDENT: M. Marcil est un des deux porte-parole du Front commun
des employés municipaux.
M. MARCIL: M. le Président, membres de la commission, à
titre de président de la Fraternité des policiers de
Montréal et de la fédération, je me suis abstenu
jusqu'à maintenant de participer aux débats. Je ne fais pas de
politique; ce que je recherche, ce sont les besoins de mon syndicat, ce sont
les besoins des policiers et surtout le besoin d'avoir un corps de police qui
soit fonctionnel. Je pense qu'ici, parmi tous ceux qui ont parlé, je
suis le seul qui ait 18 ans comme policier, qui ait rempli différentes
fonctions au service de la police et qui, au cours des quatres dernières
années, ait été affecté à la section du
recrutement du personnel, de la sélection du personnel. Sélection
du personnel qu'on retrouve, je crois, dans quelques municipalités de la
région urbaine. Mais, devant plusieurs opinions sur les
événements du 7 octobre, et la dernière du
député, j'ai dit une chose et je la répète: Dans le
quantum de la responsabilité et de ma conscience, j'en ai pris une forte
partie et, j'en prends encore aujourd'hui. Je dis ceci: Ce qui est
arrivé après 25 ans, je trouve qu'aujourd'hui on essaie de dire
que ceci va se répéter à toutes les semaines. Je ne marche
pas là-dedans!
Quand j'ai eu la sentence arbitrale à 4 heures de
l'après-midi, la veille, ce n'est certainement pas moi qui l'ai
préparée cette affaire-là!
C'est une sentence qui a placé les policiers dans un contexte
où personne au monde ne pouvait les diriger. J'ai pris mes
responsabilités lorsque l'Assemblée nationale a passé le
bill 61, je les ai prises, mes responsabilités, et je suis capable de
les prendre encore.
Ce que je trouve, c'est que c'est inconcevable qu'on se serve du 7
octobre pour faire de la petite politique. Moi, je peux vous assurer, comme
président de la Fraternité des policiers de Montréal, que
j'espère ne vivre jamais assez vieux pour que de tels
événements se répètent. Et lorsque l'on parle de
policiers fonctionnels, je vous dis une chose: Cela ne marche pas, une police,
cela ne marche pas, 28 polices, cela doit être un tout, et le tout, c'est
au point de vue des enquêtes criminelles, de l'identité
judiciaire, de la moralité; c'est un tout, un service de police.
A la guerre, vous avez un front de 30 milles, vous avez un commandement
unique; en temps de paix, vous devez avoir un commandement unique, c'est celui
des policiers. Ce que la population demande depuis des années, c'est
cela. Et qu'on ne se le cache pas, on veut qu'il y ait la loi, "law and order",
cela a été le thème des campagnes aux Etats-Unis, la
même chose s'applique à Montréal. Et de quelle façon
le fait-on? On le fait d'une façon intelligente, on le fait d'une
façon fonctionnelle, et cela, il n'y a pas d'autre chose, c'est une
intégration totale.
M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. PICARD (Olier): Est-ce que M. Marcil est délégué
au prochain congrès de la chefferie du parti libéral?
M. MARCIL: Je vous dis sincèrement que, comme policier, les
restrictions des lois ne permettent pas d'agir comme organisateur politique ni
de faire de la politique.
M. PEARSON: M. le Président, je voudrais simplement mentionner
que, personnellement, je suis entièrement d'accord avec
l'intégration des corps policiers de l'île de Montréal.
J'aurais une question à poser au maire le Lachine, qui a affirmé
tantôt qu'il était également d'accord avec le principe de
l'intégration des corps policiers.
Maintenant, sa principale objection, du moins à ce qu'il me
semble, est la même qui a été répétée
par d'autres maires, c'est simplement sur le coût subit ou la
répartition subite de cette intégration. Si cette
répartition-là, au lieu d'être faite sur deux ans,
était faite sur un plus grand nombre d'années, est-ce qu'à
ce moment-là, votre accord de principe se manifesterait également
dans les faits? Est-ce que vous accepteriez au lieu de deux ans? ...
M. CHARTIER: D'abord, je dois vous dire que je répète que
nous ne voulons pas et je ne peux pas personnellement et au nom de mes
contribuables endosser de payer une facture pour laquelle je ne
reçois pas de service premièrement.
Deuxièmement, que l'Assemblée nationale, que M. le
ministre des Affaires municipales prennent le temps de comparer et
d'incorporer, d'analyser, si vous voulez, les recommandations faites par les
maires et, à ce moment-là, je pense qu'un bill de 374 articles ou
373 ce n'est pas un joujou n'est pas une chose qui peut
être adoptée du jour au lendemain. Il y a dans le bill des clauses
qui doivent être revisées, qu'on les revise; le principe,
monsieur, nous l'endossons. Nous endossons de payer une note qui est juste et
équitable; mais lorsqu'il s'agit, pour Lachine, de payer une note de
l'ordre de $400,000 pour, à mon point de vue, ne
bénéficier d'aucune amélioration au service de police, je
m'oppose. H y en aura peut-être à l'avenir, mais, dans le
moment et dans un avenir immédiat, je n'en vois pas.
Je ne peux pas, en conscience je suis un élu du peuple
endosser un tel geste, qui nécessiterait une augmentation de taxe
de $0.20 les $100. L'idée est bonne, je l'admets, en autant qu'elle sera
mûrie. Pourquoi vouloir pousser cela aussi vite? Je l'ai mentionné
et je le répète ce soir, que le ministère, que le
gouvernement provincial donnent à la ville de Montréal la portion
de subvention de $8 millions, puis qu'ils prennent un an de plus, mais qu'ils
nous amènent un bill acceptable pour tout le monde.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez besoin de retourner à
Ottawa.
M. CHARTIER: M. Lévesque, tout à l'heure je vous ai
entendu dans votre exposé, vous avez mentionné que vous
étiez d'accord pour l'endosser surtout parce que vous étiez un
résidant de Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): Je n'ai pas dit cela.
M. CHARTIER: Oui vous l'avez dit, M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai dit que je préfaçais mes
remarques en disant que j'étais citoyen de Montréal, que cela
pouvait peut-être expliquer certaines de mes émotions, mais ce
n'est pas à cause de cela que je l'ai dit.
M. CHARTIER: C'est ce que j'ai compris, de toute façon. Mais je
pense bien que là, en tant que député, ou chef de
l'Opposition...
M. LEVESQUE (Laurier): Ah, écoutez, là...
M. CHARTIER: Vous êtes dans l'Opposition, monsieur.
M. LEVESQUE (Laurier): Si je l'ai été, M. le maire,
ça été seulement à titre occasionnel pendant trois
semaines.
M. LESAGE: M. le maire, j'ai l'impression que vous vous arrangez pour ne
pas vous faire d'amis!
M. CHARTIER: Bien, M. Lesage, j'aime autant...
M. LEVESQUE (Laurier): M. le maire anticipait tout simplement.
M. CHARTIER: Je peux avoir fait une erreur, je m'en excuse, mais j'en
ferais une grave si j'appuyais le bill 75 auprès de mes
contribuables.
M. LESAGE: Mais vous venez de dire que vous êtes pour le principe
du bill.
M. CHARTIER: Oui, monsieur, je ne suis pas pour payer. M. Lesage,
vous-même, est-ce que vous paieriez une note avant de recevoir des
services?
M. LESAGE: M. le maire, je paie une note terrible comme résidant
de la ville de Québec où les taxes sont beaucoup plus
élevées que les taxes de n'importe quelle municipalité de
l'île de Montréal.
M. CHARTIER: C'est possible, mais le mal de l'un ne guérit pas le
mal de l'autre.
M. LESAGE: Ce n'est pas possible, c'est vrai.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que c'est plus que l'île de
Montréal?
M. LESAGE: Oui.
M. SAULNIER: M. le Président, est-ce que monsieur le chef de
l'Opposition me permettrait de lui rappeler une précision qu'il avait
apportée, dans une lettre, il y a quelques années en regard de
l'évaluation?
M. LESAGE: Oui, mais, nous avons été
réévaluée depuis.
M. SAULNIER: Je m'excuse, mais à ce moment-là, compte tenu
de l'évaluation, nous avions l'honneur de vous dépasser.
M. LESAGE: Premièrement, les taxes ont été
augmentées et, deuxièmement, nos évaluations sont devenues
des évaluations scientifiques à Québec. Nous sommes
beaucoup plus taxés que n'importe quelle ville de l'île de
Montréal.
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais aimé parler tout de suite après
l'intervention de M. le représentant des policiers. Je dois lui dire que
je n'ai pas accusé la direction de la fraternité et les
députés. Je n'ai accusé personne, qui que ce soit
d'être personnellement responsable des événements du mois
d'octobre. Il reste tout de même que, même si la
vérité fait mal, je crois que parfois elle doit être dite.
Je crois que, pour un type qui a des responsabilités publiques, lors de
l'étude d'une législation, les faits sont toujours de grande
importance et rappeler ces faits n'est pas nécessairement, loin de
là, faire de la petite politique, à moins qu'on n'ait pas la
même définition pour le terme.
M. CHOQUETTE: M. le Président, juste avant l'intervention de M.
Gariépy, M. Saulnier a fait état, au début de la
soirée, des services rendus aux banlieues par le service de la
police
de la ville de Montréal. Est-ce que des études
scientifiques, comptables ou économiques, ont déjà
été faites, quant à la valeur de ces services rendus aux
municipalités environnantes? Est-ce qu'on doit se contenter, en somme,
de conclusions générales, dans ce domaine-là ou si vous
avez des chiffres précis à soumettre?
M. SAULNIER: Je crois que cette étude-là n'a pas
été faite. Elle pourrait être faite. Je n'ai aucun doute,
quant à moi, qu'elle donnerait, au moins, les mêmes
résultats que ceux qui sont montrés, mais on peut obtenir ceci,
je pense, et je crois que c'est valable. On a comparé avec raison deux
régions métropolitaines, au Canada, qui se ressemblent, celle de
Toronto et celle de Montréal, tant au point de vue de la population
qu'au point de vue des activités économiques, sociales, etc. Et
lorsque l'on partage le coût du service policier de toute l'île de
Montréal et qu'on le ramène à un coût per capita, il
n'y a qu'un dollar de différence entre les deux régions.
Alors, je pense que ça contribue à prouver que, si nous
avions un corps de police unique dans l'île, nous serions dans une
situation à peu près comparable à celle de Toronto,
à un dollar près par tête de populationn ça veut
dire, disons, 2 millions de personnes, 2 millions de dollars.
M. CHOQUETTE: Mais cette différence de $1, pour le coût
total des services policiers, c'est quand même énorme. Je ne parle
pas de la ville de Montréal, mais de toute la métropole. Par
rapport au coût des services dans la ville de Toronto ou dans d'autres
villes, comment expliquez-vous que le coût de policier, en somme, la
région métropolitaine soit peut-être d'un tiers plus
élevé que pour d'autres régions du Canada?
M. SAULNIER: Je vais prendre les derniers exemples que nous connaissons
depuis 1961, 1962. Montréal est une des rares villes où l'on a
placé une centaine de bombes. Cela coûte plus cher.
M. CHOQUETTE: C'est sûr.
M. SAULNIER: Ce ne sont pas nécessairement tous des
Montréalais qui viennent les placer. Alors, cela coûte plus cher.
Voici une première explication. Je pourrais en donner plusieurs autres.
Par exemple, c'est dans la ville de Montréal que se trouvent toutes les
grandes institutions d'enseignement. Les universités et les grands CEGEP
sont dans la ville de Montréal. Ce sont des propriétés qui
ne sont pas imposables, mais il faut donner des services, n'est-ce pas? Les
étudiants ne sont pas les moins turbulents de nos concitoyens. Remarquez
bien que ce n'est pas une condamnation de leurs actes que je porte, mais ils
exigent certains services, dont ceux de la police.
Je m'empresse d'ajouter parce que j'ai déjà
donné ces chiffres; je ne les ai pas à la mémoire
que la proportion des élèves qui fréquentent les
universités aussi bien que les grands CEGEP de la ville de
Montréal n'est pas en relation directe de la population de
Montréal par rapport aux banlieues. La représentation des
banlieues dans nos grandes institutions est beaucoup plus forte, toutes
proportions gardées et compte tenu des chiffres de population, que ne
serait, d'une façon absolue, le rapport entre les populations
respectives et la fréquentation dans ces institutions
d'enseignement.
Cela tient à certaines causes qui remontent à une dizaine
d'années, parce qu'il y a des gens qui avaient commencé des
cours, dans ce temps-là, avant que l'instruction soit gratuite, et qui
ne les ont pas encore terminés. On sait qu'il y en avait un peu plus qui
avaient les moyens de venir dans les universités, venant des banlieues
que de la ville de Montréal.
M. LESAGE: M. Saulnier, est-ce que je pourrais vous demander, par
exemple, si, en ce qui concerne la province de Québec, les
activités de la Compagnie des jeunes Canadiens étaient
concentrées dans la ville de Montréal?
M. SAULNIER: Dans la province de Québec, c'était surtout
dans la ville de Montréal, mais, depuis, j'ai eu des renseignements que
d'autres municipalités avaient eu certains problèmes avec ce
groupe de gens très actifs.
M. CHOQUETTE: La communauté urbaine ne réclame pas la
juridiction sur les jeunes Canadiens, si je comprends bien.
M. SAULNIER: Pardon?
M. CHOQUETTE: La communauté urbaine ne réclame pas la
juridiction sur les jeunes Canadiens?
M. SAULNIER: Non. Je dis tout de suite que ces activités sont
sûrement, dans les domaines où elles se sont exercées,
absolument anticonstitutionnelles. Si nous devions les accepter, c'est le
gouvernement du Québec qui devrait en prendre l'initiative, toujours en
tenant compte des domaines où cette activité s'est
exercée. Parce qu'elle s'est exercée dans des domaines
réservés aux provinces.
M. HANLEY: M. le Président, les jeunes Canadiens, dans le
comté de Sainte-Anne, dans les paroisses de Sainte-Cunégonde,
Saint-Joseph, Sainte-Irène, toutes dans le sud-ouest, ont
organisé une manifestation en faveur des pauvres, contre
l'administration de Montréal. Pourquoi? Parce qu'elle oublie les
pauvres. Ne parlons pas trop des activités des jeunes Canadiens. Ils
sont bons, les jeunes Canadiens chez nous!
M. GARIEPY: M. le Président, est-ce qu'on demeure toujours au
problème de la police? Je regrette que M. le député Picard
se soit retiré de la salle. II arrive Je veux le
féliciter de défendre son maire, M. Ouellet, le maire de
Saint-Léonard. Je regrette et je partage totalement l'opinion de
M. le ministre des Affaires municipales que les chiffres qui ont
été mentionnés dans le journal La Presse de ce soir soient
totalement erronés. D'ailleurs, je ne suis pas le seul qui l'ait dit.
Plusieurs maires le disent et M. le ministre vient de le souligner.
Ce que je regrette et je demanderais à M. le
député Picard de bien vouloir faire un peu la morale à son
maire c'est que, lorsque nous avons été convoqués
d'urgence, le 24 octobre, par le ministre des Affaires municipales, toutes les
municipalités se sont rendues au boulevard Crémazie pour
répondre à l'appel. Nous avons eu, depuis, plusieurs occasions de
nous rencontrer pour négocier le fameux bill 75 que nous discutons
encore ce soir.
Nous n'avons pas eu l'honneur d'avoir la visite de M. Ouellet pour nous
mettre au courant des faits, nous mettre au courant des études, des
coûts et de la proportion qui sera répartie sur le dos des
municipalités. Alors, je crois bien, M. le député, que
nous pourrions au moins demander à M. Ouellet qu'avant de citer des
chiffres et de donner des chiffres aux journaux comme il les a donnés
j'espère que cela vient de lui il me semble qu'il aurait pu
entendre l'opinion des maires et assister à toutes les
négociations et à toutes les convocations. H aurait
été mis au courant des faits tels que les maires les
présentent ici. Je crois que cela aurait été beaucoup plus
dans la note au point de vue de la solidarité, étant donné
que M. Lévesque a attaqué la ville de Verdun tantôt sur le
principe de l'économie. Je dis que je suis solidaire avec les maires
même si l'on traite cela d'absurdité et je dis que
l'article 228 qui nous fait payer immédiatement les dépenses du
corps de police de Montréal, règle un problème financier
de Montréal. Actuellement nous sommes en train d'obtenir quelque
soulagement avec le bill 75.
Si l'on prend le chiffre de 1969, de $33,500,000, qui est le budget de
la ville de Montréal, et si on le répartit sur le dos des
municipalités, suivant les calculs que nous avons faits les
maires des villes de banlieue cela coûterait $26 millions à
la ville de Montréal. Montréal va épargner $7 millions. Si
Montréal veut remplir son budget de $33,500,000 par elle-même,
moi, je suis prêt à laisser mon budget tel quel, à oublier
l'économie de $265,000. Je voudrais que toutes les municipalités,
les quatre qu'on a mentionnées, qui obtenaient une économie,
laissent leur économie là, mais que Montréal laisse
l'économie dans son budget. A ce moment-là, nous n'aurons pas de
problèmes de répartition sur le coût aux
municipalités à compter du 1er janvier 1970. Tout de même,
je voudrais revenir encore à la charge. M. le ministre souligne qu'il va
donner, pour la première année, une subvention de $8,939,000
à la Communauté urbaine de Montréal. Je ne sais pas
d'où vient le chiffre de $8,939,000 mais, si on prend les $22 millions,
M. le ministre, qui doivent être répartis sur trois ans, je ne
peux pas concevoir que, la première année, nous allons retirer
$8,939,000. Cela est une première question. Et maintenant, je voudrais
savoir, M. le Président, si nous allons avoir l'avantage de
siéger tard ce soir ou si nous revenons demain, car il y a des choses
sérieuses que je voudrais proposer et dont j'ai discuté avec M.
le ministre et avec le comité des sept maires au sujet de
différents amendements sur le bill 75.
M. LUSSIER: Nous pouvons passer aux choses sérieuses tout de
suite.
M. GARIEPY: On a dit que nous en restions toujours au comité de
police.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres maires qui voudraient se
faire entendre au sujet des policiers?
M. PICARD (Olier): M. le Président, vous allez me permettre de
répondre. J'aimerais attirer l'attention sur le fait qu'au tout
début de mes remarques, j'ai mentionné que c'était en
l'absence du maire qu'en tant que représentant du comté d'Olier
à l'Assemblée nationale, qui comprend aussi la ville de
Saint-Léonard, je m'adressais à la commission. Et non pas comme
représentant du maire. Première correction. Alors, le maire de
Saint-Léonard, M. Léo Ouellet, est pleinement capable de se
défendre et je suis certain qu'il le fera à l'occasion.
Maintenant, M. le maire a mentionné que mes chiffres
n'étaient pas tout à fait exacts lorsque je les ai donnés
à la commission. J'ai pris la précaution de dire qu'il fallait
les prendre sous toute réserve mais, depuis ce temps, j'ai eu l'occasion
de les vérifier avec le même document auquel
référait le ministre tantôt. Je m'aperçois que les
chiffres qui apparaissent dans le journal La Presse sont exacts, plus
particulièrement si nous regardons du côté des
dépenses. J'ai donné le chiffre de $495,550 comme étant le
montant des dépenses du service de la police de la ville de
Saint-Léonard pour l'année 1969 et je regarde ici j'ai un
témoin à côté de moi $495,550. Si on regarde
un peu plus loin, j'avais donné un autre chiffre qui était une
augmentation de combien?
M. LEVESQUE (Laurier): Un million et quelque chose.
M. PICARD (Olier): De toute façon, j'ai eu l'occasion
tantôt de vérifier et je ne ne voudrais pas faire perdre de temps
à la commission.
UNE VOIX: Vous avez donné les chiffres d'exploitation...
M. LEVESQUE (Laurier): M. Picard, ce qui était discuté,
c'était l'augmentation que vous nous donniez.
M. LUSSIER: Ce que vous avez dans les mains, là, M. le
député d'Olier, c'est polices et pompiers. Ce que vous citez
là, si vous prenez cela là-dedans et si vous ne faites pas les
calculs nécessaires pour éliminer les pompiers, vous avez le
total pour police et pompiers. Je n'ai pas dit que tous les chiffres
mentionnés dans la Presse étaient faux. Ce n'est pas, je pense
bien, le sens de mes paroles. Ce sont des chiffres que vous m'avez
cités, en essayant de démontrer que c'était un hold-up. Je
vous ai demandé où vous aviez vu ces chiffres-là pour
Saint-Léonard et je vous ai dit que, pour Saint-Léonard, ces
chiffres-là étaient faux.
Pour la ville de Verdun, ce que j'ai entendu, je pense que ce n'est pas
tout à fait exact.
M. GARIEPY: C'est justement là-dessus, M. le Président,
que je voudrais intervenir. Les chiffres de Saint-Léonard, je ne les ai
pas contrôlés.
M. LUSSIER: Je n'ai pas vu l'article de la Presse.
M. GARIEPY: M. le député Picard a mentionné que la
ville de Verdun épargnerait $613,000, je crois. Je dis que ce
chiffre-là est faux. Quant aux chiffres établis pour
Saint-Léonard, je ne les ai pas vérifiés et je n'en parle
pas. Je relève tout simplement l'allusion que l'on a faite à
l'effet que la ville de Verdun épargnerait $613,000. Je dis que ce
chiffre est erroné et que nos propres chiffres sont entre $250,000 et
$265,000. Alors, c'est loin de $613,000, tel que publié dans le journal
de ce soir.
M. RYAN: M. le Président, messieurs, seulement une brève
remarque. Je ressens, comme tous les autres maires de banlieue pas tout
à fait au même titre que la question de la
répartition des coûts policiers risque, si l'on en juge par les
quelques dernières heures, de demeurer une cause d'impasse que nous ne
saurions régler en restant sur nos positions.
En parlant au nom de personnes, mais d'abord au nom de
Montréal-Nord, je suis convaincu que, tout en appréciant l'aspect
de justice distributive que nous donne le bill dans son mode de
répartition, nous serions gênés, nous de
Montréal-Nord, d'être appelés à épargner de
l'argent par suite de l'application rapide et dans un court laps de temps du
principe qui est mis de l'avant et que je conteste pas.
Si notre budget, présentement, est de $1 million pour la police
et que, par suite du mode de répartition, nous devions garder
sensiblement le même taux, le même coût ou diminuer, je
répète que nous serions gênés de
bénéficier de l'application du bill. Tantôt, certains de
mes collègues me demandaient: Mais, est-ce que tu vas parler
là-dessus? J'ai dit: Vous ne vous attendez certainement pas que j'aille
demander de payer $500,000 ou $300,000 ou $400,000 de plus, simplement pour
aller parler. Je dois, quand même, continuer de défendre les
intérêts des citoyens de ma municipalité.
Mais, je serais consentant à une formule de compromis. Je la
soumets pour ce qu'elle vaut. Les dépenses des villes qui seraient
appelées j'en ai parlé avec quelques-uns ; ils ne sont pas
nombreux à être diminuées pourraient sûrement
non seulement demeurer où elles sont, mais être augmentées
dans la proportion normale des choses, comme c'est le cas à l'occasion
de notre budget annuel. Je pense bien qu'aucun n'aurait objection à
l'application de ce principe, s'il en vaut la peine.
De même que j'ai l'impression que, si le gouvernement
décidait d'appliquer une bonne partie de la subvention annuelle qui est
promise dans la loi aux coûts policiers et que la ville de
Montréal qui, pour une, est appelée à épargner,
d'après M. Saulnier, un montant dans l'ordre de $6 millions je
pense que cela peut facilement être interprété comme $7
millions et $8 millions acceptait je ne veux pas dire que le
président n'a pas parlé justement, mais je continue à
calculer sur le montant de $46 millions à $0.46 les $100 si l'on
prend ça comme ça, sur une évaluation de $10 milliards,
dont $6 milliards à Montréal, j'ai l'impression que, dans le cas
de Montréal, on aboutit à un montant d'environ $27,931,000 en
partant d'une évaluation de $6,072,000,000.
Alors, Montréal, actuellement, a un budget de $33,500,000 pour
l'année courante et il descendrait. C'est là que M. le
président, avec son chiffre de $6 millions est correct mais
tantôt, j'avais entendu autre chose, soit de $48 ou $49 millions. Si
ça demeure à $46 millions, les $6 millions sont exacts. Mais je
me dis que si Montréal économisait, cette année, par suite
de l'intégration des coûts, ne serait-ce que la moitié de
cela, les banlieues, qui sont appelées à payer moins, paient, au
moins, l'augmentation régulière de leur budget, ce qu'elles
seraient appelées à connaître, et que si le gouvernement
appliquait une bonne partie de la subvention pour aider à alléger
le coût additionnel de certaines autres municipalités de banlieue,
j'ai l'impression qu'on pourrait, peut-être, en arriver, de cette
façon, à une formule de compromis qui permettrait de graduer les
augmentations, qui, quand même, sont substantielles dans plusieurs cas et
dont même si nous ne sommes pas lourdement affectés
on ne peut pas se désintéresser, comme administrateurs municipaux
ou même comme citoyens.
Merci, M. le Président.
M. LUSSIER: Alors, nous prenons note de la suggestion.
M. BENOIT: M. le Président, Bernard Benoît, de la ville de
Pointe-aux-Trembles. Sans risquer de tomber dans l'absurde, j'essaierai de
passer quelques remarques au sujet de la police. Au moment même où
les municipalités de banlieue, pour une première fois à
l'unanimité, je crois, acceptent le principe de régler les
problèmes urbains de la communauté de Montréal, je pense
qu'il est déplacé de venir vous parler d'esprit rétrograde
ou d'y faire allusion. Que les maires de municipalités de banlieue ne
soient pas d'accord et n'acceptent pas, de gaieté de coeur, des
augmentations de taxes sur le dos de leurs contribuables pour régler
certains problèmes, je pense que c'est justifiable.
Dans ma ville les contribuables, ont subi, il y a deux ans, une
augmentation de taxes assez importante de $0.44. Nous nous attachons, depuis 6
mois que nous sommes au conseil municipal, à procurer une administration
municipale convenable et qui réponde aux besoins de notre
municipalité tout en fournissant les services au meilleur coût
possible.
Or, chez moi, malgré les chiffres qui ont été
cités, M. le Président, je pourrai vous dire que la police, qui
nous coûte, actuellement, d'après les prévisions du budget,
$339,000, me coûtera, l'an prochain, selon les chiffres fournis par
l'honorable ministre des Affaires municipales, $636,000. Cela correspond
à une augmentation de $300,000 annuellement, et cela veut dire une
augmentation du taux de la taxe de $0.25, chez moi. Ceci, évidemment, ne
tient pas compte de la subvention que le gouvernement provincial se propose de
verser, mais nous ne savons pas non plus, quelle est la part de cette
subvention qui s'appliquera à baisser le coût de la police
métropolitaine. Mais, même si les $8 millions ou les $7 millions,
auxquels on a fait allusion s'attachaient au service de la police uniquement,
le coût en resterait encore énorme et correspondrait à une
augmentation d'environ $0.19 les $100 d'évaluation de la même
municipalité.
Je pense que les chiffres qui ont été cités
aujourd'hui, M. le Président, de part et d'autre, chiffres qui se
contredisent à toutes les cinq minutes, prouvent, assez clairement, que
ce bill nécessiterait une étude plus prolongée, afin que
chacun puisse s'entendre, au moins, sur les coûts que chacun devra
supporter. Nous avons entendu le président du comité
exécutif ce matin nous déclarer qu'il n'en coûterait pas
plus de $0.12, et il l'a déclaré assez formellement, pour, deux
heures plus tôt venir nous admettre que ce sera, probablement,
$0.15...
M. SAULNIER: Ce sera...
M. BENOIT: ... Or, chez moi, j'ai la preuve et, je pense que
c'est avec des chiffres qui sont parfaitement clairs qu'il m'en
coûtera au moins $0.19, même avec les subventions que le
gouvernement provincial se propose de verser.
Si l'on parle de $53 millions, M. le Président, de
dépenses annuelles au service de la police, la police
métropolitaine, et que l'on pense à une évaluation totale
sur laquelle ces coûts seront répartis: de $10 milliards, je pense
qu'on en vient facilement à la conclusion qu'il en coûtera
$530,000 par $100 millions d'évaluation dans une
municipalité.
Or, chez moi, mon évaluation municipale est de $120 millions et
c'est ce qui m'amène à des chiffres d'une augmentation de
$300,000 par année.
Il faudrait peut-être tenir compte du fait, M. le
Président, que dans les municipalités de banlieue, les besoins ne
sont pas les mêmes que dans les grandes villes. Et je crois que
l'honorable ministre des Affaires municipales est en mesure de comprendre ce
que je veux dire, lui-même ayant oeuvré pendant plusieurs
années dans une municipalité voisine de la mienne. Et je pense
qu'il serait d'accord pour accepter que les besoins de la police des banlieues,
comme Repentigny et Pointe-aux-Trembles, ne correspondent pas
nécessairement aux besoins de la ville de Montréal.
Prenons par exemple le besoin de la circulation qui n'est certainement
pas aigu dans nos municipalités comme il peut l'être rue
Saint-Jacques ou rue Saint-Laurent. Et en pensant à tous ces
coûts, et à une amélioration de services qui ne
correspondrait pas à ces coûts, je pense que l'on doit normalement
s'objecter à ce que cette répartition se fasse de la façon
dont on veut la faire.
S'il est vrai que l'efficacité du service de la police de
Montréal rayonne dans les municipalités environnantes, je pense
qu'il serait aussi vrai de prétendre que cette efficacité rayonne
aussi bien dans Longueuil qu'à Pointe-aux-Trembles, dans Saint-Lambert
qu'à Pointe-aux-Trembles et dans Repentigny qu'à
Pointe-aux-Trembles. Si on veut trouver une solution pour baisser les
coûts de répartition, je suggérerais qu'on agrandisse les
limites de la communauté métropolitaine, pour réellement
toucher tous ceux qui bénéficient indirectement de cette
efficacité que l'on fait valoir avec tant d'éclat.
En terminant, M. le Président, j'inviterais tous ceux qui ont
l'intention de ne pas créer de problèmes à la ville de
Montréal, en allant faire des dépôts ou créer une
activité économique, de venir chez nous à
Pointe-aux-Trembles; je les recevrai de grand coeur et j'engagerai les
policiers nécessaires pour assurer la protection supplémentaire
qui sera demandée.
M. SAULNIER: A ce moment-là, on partagera les coûts.
M. BENOIT: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui désirent
prendre la parole? Sur l'ensemble, cela doit être cela; on a dit que
c'était fini sur la police. La police est terminée. Y a-t-il
d'autres personnes qui désirent prendre la parole
M. DEMERS: Je propose l'ajournement. M. LE PRESIDENT: A 11 heures.
M. LESAGE: J'aurais une question à poser à M. le maire
Ryan.
M. LEFEBVRE: M. Ryan est maire de Sainte-Scholastique, je crois.
M. LESAGE: II a fait une suggestion qui a attiré mon attention.
Il a après tout suggéré qu'une bonne partie de la
subvention provinciale qu'on appelle une subvention d'établissement de
la communauté, je crois, oui, d'établissement et de
fonctionnement, soit, en anglais, on dit "ear-marked", soit marquée ou
déterminée comme devant d'abord servir de compensation pour le
coût des services de police dans les municipalités où le
service sera accru.
Il reste quand même, M. Ryan, que votre solution, votre suggestion
n'apporterait qu'un remède fort temporaire, vous l'admettez.
M. RYAN: C'est vrai.
M. LESAGE: Et que de toute façon, éventuellement, vous
ferez face, toutes les municipalités dont les coûts seront
augmentés au compte de la participation, aux dépenses
occasionnées par l'intégration ou la coordination de la police.
Toutes les municipalités devront finalement en arriver à payer
leur part, suivant les dispositions du projet de loi.
Alors, qu'est-ce que vaudrait vraiment pour vous un soulagement
temporaire, au fond?
M. RYAN: M. le Président, je pense que, dans les circonstances,
on est dans le temporaire et on va y être au point de vue de la
communauté urbaine pour le temps de l'établissement de
l'intégration de quelque service que ce soit. On est appelé
à y être, à s'y trouver pour encore, je pense bien, au
moins quatre ou cinq ans. Maintenant au point de vue de ce qui est le plus
urgent, et on a parlé de la police, je pense que les débats ici
ont nettement indiqué que la réticence est majeure, dans le
domaine de la police, surtout dans les coûts additionnels que ça
va représenter. Alors, je me dis qu'une formule graduée de
contributions allégée pour les débuts des quelques
premières années, avec l'aide des subventions, d'une partie des
subventions promises dans la loi, va sûrement nous aider à sortir
de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons et à laquelle, personne
n'a encore trouvé, je pense, la solution qui puisse nous permettre
je parle sur le plan des principes, je dis encore que nous ne sommes pas
affectés de façon notoire comme corps d'administrateurs,
vous, comme législateurs, d'amener une acceptation, je recherche une
acceptation on parlait tantôt de pondération, il y a une
autre expression, là, vous aviez appelé ça?
M. LESAGE: "Weighted votes", la pondération du vote.
M. RYAN: C'est ça, les votes pondérés, la
pondération du vote. Je pense que c'est ce qu'il nous faut trouver dans
les circonstances, et c'est ce qui a inspiré la proposition que j'ai
faite et dont j'avais préalablement discuté avec quelques-uns des
maires qui étaient privilégiés du fait qu'ils ne sont pas
à la tête de villes foncièrement fortunées. Chez
nous, si nous sommes avantagés indirectement par une loi comme
celle-là, c'est que, d'une part, nous avons depuis longtemps
assumé nos responsabilités sur le plan policier dans toute la
mesure de notre possible, et avec une évaluation de $254 millions pour
une population de 80,000 et un territoire qui est quand même assez
restreint. Nous avons pu arriver, mais nous demeurons foncièrement moins
riches. Il y a toujours eu dans l'île de Montréal le
problème je pense que c'est là-dessus que l'on met le
doigt dans cette discussion-là comme dans les autres des villes
riches et des villes pauvres.
La seule formule pour arriver à faire assumer par les citoyens,
si l'on veut être juste, si l'on veut, comme certains l'on dit,
plutôt que de créer certains ont utilisé cette
expression une injustice, moi, je pense que foncièrement, avec
les années, on constatera, point de vue de la répartition des
coûts, qu'une injustice aura été corrigée. J'admets
que c'est difficile de s'y engager et de l'accepter de plein gré, et je
comprends les objections que certains ont formulées en disant: Je n'ai
pas de mandat pour accepter au nom de ma population M. le maire de
Lachine aurait pu dire: Ils viennent de m'èlire la semaine passée
une contribution de $330,000 ou $400,000 de plus par année.
Je suis prêt, par ma suggestion, personnellement, au nom de
Montréal-Nord, je sais que mes citoyens l'accepteraient, à
continuer d'assumer nos responsabilités, même un peu plus que dans
la mesure où on le faisait, mais je ne nie pas pour tout ça le
bien-fondé du recours à l'évaluation foncière.
Cependant, pour certains, c'est plus dur, j'admets que c'est quand même
la seule formule qui puisse être utilisée pour maintenir des
standards de justice avec les années, pour aider au début. J'ai
proposé ça, bien modestement, dans l'idée d'aider tout le
monde à en arriver à une solution qui ferait moins mal.
M. LESAGE: Disons, M. Ryan, qu'à mon sens, vous avez très
bien clarifié votre position.
C'est que vous considérez la logique et l'équité
des propositions contenues au projet de loi, en ce qui touche la
répartition des coûts des forces policières, du maintien
des forces policières dans l'île de Montréal. D'un autre
côté, vous dites: Comme maire, comprenant les sentiments des
autres maires des municipalités des banlieues, il y aurait sans doute
lieu d'atténuer la force du choc de l'imposition d'une telle formule que
je crois quand même équitable. Pour en atténuer le choc, je
suggère qu'une partie tout au moins, une partie qui en vaille la peine,
des subventions de mise en place servent à compenser les
municipalités des banlieues pour le coût accru des services
policiers, communautaires.
M. RYAN: II est évident qu'une telle suggestion empêchera
que certains de ces subventions soient appliquées à d'autres
mesures qui pourraient également nous entraîner une hausse de
coût, dans le cas de Montréal-Nord. Je suis également
prêt à cela. Je pense que nous nous devons, dans l'application du
principe qui est mis de l'avant et qui est reconnu comme correct, de faire tous
et chacun notre part, non seulement financièrement, mais notre part de
compréhension.
Il y a eu d'autres mesures, je ne veux pas sortir du sujet...
M. LESAGE: Non, cela va très bien, je voulais simplement, M.
Ryan, vous faire clarifier votre position, je pense que nous l'avons tous
très bien comprise.
M. RYAN: Merci, M. le Président.
M. SEGUIN: M. le Président, je voudrais ici faire le commentaire
suivant. C'est qu'on a parlé à maintes reprises ce soir de villes
riches et de villes pauvres. On a parlé surtout de la taxe
foncière et on a mentionné des chiffes de $0.60 et moins, en
commençant à $0.25 ce matin pour l'île Bizard jusqu'au taux
très élevé de Montréal, admis par le
président de l'exécutif, de $1.60. Mais je pense aussi que, dans
nos municipalités, pour nos administrateurs, que ce soit de
Montréal ou de la banlieue, il n'y a pas seulement lieu de penser
à cette taxe foncière, parce que tous les citoyens et cela
varie d'une municipalité à l'autre doivent aussi payer la
taxe d'amélioration locale. Pour le citoyen, pour le contribuable, peu
lui importe d'où cette taxe-là provient, si c'est la taxe
foncière combinée à une seconde taxe ou taxe
spéciale ou taxe d'amélioration locale, plus la taxe scolaire qui
monte régulièrement et en pointe, je pense que c'est le montant
total que nous considérons que le contribuable doive payer.
Maintenant, lorsque nous parlons de villes riches et de villes en pleine
expansion il faut aussi reconnaître un fait très important dans
toute cette question d'administration et de financement d'une
municipalité; c'est que plus votre expansion est rapide, plus votre
développement est rapide, plus vos dépenses en capitalisation
montent. Il faut que les municipalités se surveillent. Si vous
dépassez les 50 p.c. au point de vue de dettes ou de "debt charges",
comment dit-on cela?
DES VOIX: Service de la dette.
M. SEGUIN: Du service de la dette, bien nous sommes en tutelle. Nous
sommes en banqueroute à ce moment-là d'après la Loi des
cités et villes. Il ne faut pas le dépasser. Il faut aussi
surveiller le pourcentage au bas de l'échelle, le rapport qui doit
exister entre notre évaluation et nos revenus. Alors, les
municipalités sont prises aussi. Imaginez une municipalité de
30,000 âmes avec à ce moment-ci, par exemple, un service de la
dette à 42 p.c. ou 43 p.c. et qui est en pleine expansion, qui deux ou
trois fois par année doit aller sur le marché pour emprunter $1
million, $1.5 million, $2 millions ou $3 millions; cela lui prend à
peine quelques mois pour dépasser ces 50 p.c. du service de la dette. Il
faut surveiller ce fait-là.
Et je pense que dans toutes ces discussions-là, à moins
que le problème soit examiné à fond, nous allons avoir,
dans notre région montréalaise, beaucoup de villes, non seulement
en tutelle, mais beaucoup de villes en faillite, faillite légale. C'est
pour cela que je voudrais faire cette distinction; une ville qui, depuis
longtemps, est développée, cette ville-là,
c'est-à-dire les contribuables peuvent subir beaucoup plus facilement
une augmentation de taxes, parce qu'après vingt ans, les services
d'amélioration locale sont ordinairement payés, le contribuable
paie moins à ce moment-là sur son compte de taxes annuel. C'est
pour cela que tout le bill, le projet de loi 75 est peut-être magnifique,
c'est peut-être excellent, c'est peut-être imparfait comme le
disait le maire Drapeau l'autre jour, mais quand il disait imparfait, il disait
au moins que c'était un document de travail.
Je pense que si vous êtes sérieux, si nous sommes
sérieux comme administrateurs le ministre a pleine conscience,
j'en suis convaincu, de tous les problèmes qui existent à travers
la province il faut, avant d'imposer ça à la population de
l'île ou de l'extérieur de l'île, que nous connaissions
à fond tous les problèmes que cela implique.
On a parlé de subventions pendant deux ans; qu'est-ce qui arrive
après deux ans? Quand nous aurons majoré des dépenses,
qu'est-ce qui arrive à ce moment-là? Est-ce une autre
réorganisation métropolitaine qui concernerait la ville de Laval
et la rive sud? Je me le demande.
Ce sont autant de questions... Bien, M. Saulnier, vous dites non, ce
n'est peut-être pas non.
M. SAULNIER: Non, c'est la réponse.
M. SEGUIN: Bien, ce n'est pas clair dans ma petite imagination et dans
mon petit cerveau. Alors, c'est pour cela que je pense qu'il y a un
problème qu'il faut examiner de fond en comble. Il ne faut pas
simplement considérer, parce qu'une ville a un taux foncier de $0.60 ou
de $0.75 qu'elle est capable de payer jusqu'à $1.25 ou $1.50. Qui
établit ce barème, que le contribuable peut payer? Il faut
connaître aussi ce qu'il a à payer pour l'éducation, qui
peut être à $2.85 les $100 ou $3.00 les $100; ça sort
encore de la même poche.
Je pense que ces commentaires résument un peu ce que j'ai dans la
tête, à ce moment-ci J'aurai certainement l'occasion d'y revenir
au cours de l'étude de ce projet de loi. Et puisque, ce soir, nous nous
en sommes tenus pratiquement à cette question de sécurité,
encore là il y a une très grande indécision, je pense; et
je recommanderais, comme administrateur d'expérience, que nous voyions
beaucoup plus à fond tout le projet, non seulement la police, mais tout
ce que le bill comprend c'est pour ça que nous pouvons être
d'accord sur le principe, mais c'est peut-être sur les modalités,
sur la vitesse, sur le temps qu'on prendra pour appliquer cette loi-là
à la région, que nous différons d'opinion. Dieu merci! le
premier pas était certainement de s'accorder sur un principe de
gouvernement métropolitain.
Est-ce que dans le gouvernement métropolitain, M. le
Président, nous ne devrions pas établir bien solidement cette
base du gouvernement, intégrer tous les points de vue: sociologique,
géographique, topographique, ethnique, économique? Cette base,
une fois que nous connaissons cette base de fond en comble, l'état de
chacune des parties, nous arrivons ensuite à établir une
structure pour l'administrer. Pourquoi commençons-nous avec une
structure d'abord pour ensuite essayer d'analyser la situation?
Il y a des choses qui clochent, à mon avis, il y a des choses qui
clochent pour autant que j'applique mon expérience d'administrateur
local.
Et puis il y a beaucoup de questions pour lesquelles je n'ai entendu
aucune réponse aujourd'hui, j'ai entendu beaucoup de
généralités, on a parlé de toutes sortes de choses
de A à Z, mais on n'est jamais tombé sur les vrais
problèmes de fond.
De quelle façon les municipalités seront affectées,
non seulement le 1er janvier 1970, mais de quelle façon seront-elles
affectées en 1973 et en 1975? Et on me dira que ça prend une
planification à fond et je vous l'assure que ça en prend une, pas
une planification de 24 heures ni de 36 heures ni de six mois. Il faut aller
beaucoup plus à fond que ça. Pour un service d'eau ou d'aqueduc
dans une municipalité qui veut être bien administrée, il
faut planifier ce service et cet aqueduc-là pour le territoire
concerné pendant une période de 25 ans à l'avance,
prévoir les expansions.
Si on ne le fait pas, vous avez des villes qui ont la faillite, des
villes qui ont des problèmes, il faut faire cette planification.
N'importe lequel des administrateurs qui sont ici pourra vous le dire, en ce
qui concerne les villes en grande partie bien administrées.
M. LACROIX: M. le Président, René Lacroix, avocat,
représentant le maire de la ville de LaSalle. Je vous ferai grâce
de toute représentation quelconque relativement au bill en soi, quant
à la philosophie ou quant à sa phraséologie. Je veux
simplement attirer l'attention de la commission sur certains amendements qui,
je crois, devraient être apportés à certains articles et
que je crois importants, aux fins d'une meilleure opération, d'un
meilleur travail et d'une plus grande efficacité.
Je réfère d'abord à l'article 8, où je crois
qu'il y aurait lieu d'ajouter à l'avis prévu, en relation avec
l'article 12, que l'on devrait indiquer l'heure de la mise en nomination. Sans
cela, c'est laissé à la discrétion du secrétaire de
décréter l'ouverture, puisqu'on a dit, à l'article 12, que
l'ouverture se termine une heure après qu'elle a été
déclarée ouverte. Alors je crois qu'on devrait informer les gens,
à ce moment-là, de l'heure exacte de la mise en nomination.
A l'article 24, je crois qu'il y aurait lieu de préciser si la
pension qui est prévue est cumulative à la pension qui peut
être votée par les municipalités locales à leurs
administrateurs. On n'en parle pas. Il y aurait peut-être lieu d'apporter
un éclaircissement.
M. LESAGE: M. Lacroix, il est assez clair que c'est cumulatif.
M. LACROIX: Comment?
M. LESAGE: II est assez clair que c'est cumulatif, puisque cela ne fait
aucunement mention d'une autre pension que pourrait recevoir la personne qui
occupe la fonction.
M. LACROIX: C'est parce qu'à ce même groupe, il y a des
personnes qui auront des pensions locales et d'autres n'en auront pas.
M. LESAGE: Oui, je comprends. Mais l'article est complet par
lui-même. Peu importe ce que d'autres peuvent recevoir, ils ont droit, si
c'est mentionné à l'article 24...
M. LACROIX: Si c'est l'avis de la commission, d'accord.
M. LESAGE: Ce n'est pas l'avis, c'est une interprétation normale
de l'article 24.
M. LACROIX: A l'article 28i, on dit que la
communauté, le comité exécutif peut vendre, sur
rapport du commissaire à l'évaluation de la communauté
quant à leur valeur, tout bien meuble ou immeuble appartenant à
la communauté et dont la valeur n'excède pas $10,000.
Nous retrouvons un peu de ces pouvoirs de vente aux articles 28, 32 et
99; n'y aurait-il pas possibilité de tout ramasser dans le même
article pour dire exactement à quelles conditions la communauté
ou l'exécutif peut disposer des biens de la communauté. Je crois
que le principe établi, c'est qu'il y ait des soumissions dans tous les
cas, que ce soit au meilleur prix, que ce soit sans autorisation de la
communauté, si c'est d'une valeur de moins de $5,000 et ainsi de suite.
Mais il faut retrouver ces pouvoirs dans trois articles de la loi qui
pourraient, à mon point de vue, être mis dans le même
article.
A l'article 36, le vice-président du comité
exécutif exerce tous les pouvoirs du président au cas d'absence
ou d'incapacité d'agir de ce dernier. N'y aurait-il pas lieu d'ajouter
aussi le cas de refus qui, dans l'expérience des assemblées
délibérantes, s'est déjà produit. Je ne dis pas que
cela se produira, nécessairement, mais si cela se produisait, je crois
qu'il faudrait prévoir ce cas, au cas du refus d'agir.
A l'article 38: "Les séances du comité exécutif ont
lieu à l'endroit, aux jours et aux heures fixés par le
règlement adopté en vertu des dispositions de l'article 33". Ne
devrait-on pas dire, à ce moment-là, suivant le principe qui a
été émis pour toutes les corporations de villes
régies par la Loi des cités et villes en vertu du bill 285, que
ces assemblées doivent être publiques, à moins que le
comité ne décide le contraire. Comme il s'agit d'un corps public,
je crois que ces assemblées devraient être publiques comme toutes
les corporations scolaires à l'étendue de la province et toutes
les municipalités régies par la Loi des cités et
villes.
M. PICARD (Olier): Dans le cas de l'exécutif aussi?
M. LACROIX: A moins qu'il ne décide le contraire. Je ne sais pas
si vous avez eu connaissance d'un article, paru dans un journal cette semaine,
où on se plaignait justement qu'à l'exécutif il n'y avait
pas de nouvelles qui sortaient. Les journalistes se plaignaient qu'ils ne
pouvaient pas avoir de nouvelles. Je crois qu'il y a des séances qui
pourraient être publiques. Si le comité exécutif juge
d'intérêt public de tenir des séances à huis clos,
à ce moment-là, ce serait à lui de décider, mais il
y aurait une raison. Elles ne seraient pas toutes automatiquement à huis
clos.
M. PICARD (Olier): M. le Président, sur ce point, dans le cas des
quatre principales municipalités de la province c'est-à-dire des
municipalités qui ont des chartes, c'est prévu dans la charte,
que le comité exécutif peut siéger à huit clos. Le
comité exécutif, mais pas le conseil. Alors, j'imagine que la
Communauté urbaine de Montréal sera du même calibre que la
ville de Montréal, la ville de Québec, et les deux autres villes.
M. Lacroix, semble désirer que les réunions de l'exécutif
soient publiques.
M. LACROIX: A moins qu'il ne décide le contraire.
M. DEMERS: Ce sont des suggestions.
M. PICARD (Olier): Ce sont des suggestions.
M. LACROIX: C'est une suggestion, parce qu'en fin de compte je ne crois
pas qu'il y ait avantage pour le comité exécutif à
siéger a huis clos continuellement. Je crois que le public doit
être informé de certaines choses qui se passent, à moins
que, par intérêt public, l'on ne décide de siéger
à huit clos. D'ailleurs, toutes les municipalités de la province,
en vertu d'un dernier amendement à la loi des villes, sont
obligées de siéger publiquement.
M. PICARD (Olier): Pas l'exécutif.
M. LACROIX: L'exécutif fait exactement ce que le conseil
municipal fait. Il ne faut pas se leurrer, voyons!
M. DRAPEAU: L'exécutif, c'est le ministère. Quand les
ministères siégeront publiquement, les comités
exécutifs le feront.
M. LACROIX: Tant que la communauté ne sera pas une province, je
pense bien que c'est encore une municipalité.
M. DRAPEAU: De même nature.
M. LACROIX. En tout cas, il y a eu des plaintes qui ont
été faites, cette semaine, dans les journaux. Je le souligne et
je le suggère. Je crois que cela serait de nature à mieux
informer la population. L'article 41. dit: "Tout rapport et toute
résolution du comité exécutif doivent être
signés par la personne qui a présidé
l'assemblée(...) ou par un membre présent désigné
par cette personne" N'y aurait-il pas lieu de changer "désigné
par cette personne " pour "désigné par cette assemblée?
Habituellement, c'est l'assemblée qui désigne la personne qui
doit signer et non pas la personne qui se trouve une personne pour signer
à sa place.
Maintenant, le fameux article 45 dont il a été question
cet après-midi où l'on prétend, et je crois avec raison,
que l'on ne donne pas toute liberté aux membres de la communauté
d'introduire des mesures.
Je comprends que l'on veut que les propositions qui soient faites
à ce moment-là soient des propositions sérieuses et non
pas de nature à
nuire à la bonne marche et à l'organisation de la
communauté.
Alors, je suggérerais à ce moment-là, dans le
texte, de dire au deuxième paragraphe simplement: "A une
assemblée régulière du conseil, tout membre appuyé
par cinq membres, peut, à la condition qu'il en ait avisé par
écrit le secrétaire de la communauté en temps utile, pour
que ce dernier inscrive cette question à l'ordre du jour, proposer que
le comité exécutif fasse rapport au conseil sur toute
matière de la compétence de ce dernier;" et rayer ce qui suit,
jusqu'aux mots: "le comité exécutif doit faire rapport". Ceci
permettrait à une personne qui est capable d'avoir l'appui de cinq
autres personnes d'introduire une mesure sans être obligée de
demander à la communauté si l'on veut bien accepter cette mesure,
oui ou non, pour éviter justement que la possibilité du veto soit
par un groupe ou par l'autre. Il faudrait que cette mesure soit apportée
et soumise à un rapport de l'exécutif.
M. SAULNIER: Vous n'êtes pas sérieux, M. Lacroix?
M. LACROIX: Oui, très sérieux, M. Saulnier.
M. SAULNIER: Cinq personnes font passer une mesure.
M. LACROIX: Cinq personnes qui forcent l'exécutif à faire
un rapport, mais ce n'est pas nécessaire que la communauté
décide s'il doit y avoir rapport ou pas rapport, comme c'est
présentement.
M. SAULNIER: Donc, c'est cela, cinq personnes...
M. LACROIX: Elles décident de faire faire un rapport et ne
décident pas de la mesure.
M. DRAPEAU: Mais si le conseil de la communauté n'en veut pas de
rapport? Cinq vont pouvoir forcer l'exécutif à en faire un.
M. LACROIX: Parce que, autrement, en vertu du véto qui est
là, soit Montréal, soit les municipalités des banlieues
peuvent dire: On n'en veut pas de rapport et on l'arrête. Je crois que
toute personne qui est à la communauté devrait avoir l'avantage
de faire étudier un rapport par le comité exécutif, sur
lequel rapport, en vertu de l'article 58, la communauté se
prononcera.
M. SAULNIER: M. le Président, est-ce qu'à ce moment-ci, je
pourrais suggérer ceci, par exemple? Il pourrait se trouver cinq membres
de la communauté qui voudraient faire une plaisanterie... Ils pourraient
faire une plaisanterie après tout, ce sont des êtres humains!
Alors-, ils diraient: Nous demandons au comité exécutif de faire
rapport sur le nombre de chats qu'ils ont au Zanzibar? Et puis, on est
obligé d'aller faire cela. Bien, c'est ce que vous avez dit!
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission ajourne ses travaux à
demain matin vers dix heures et demie.
M. LUSSIER: Mais, si je pouvais faire une suggestion, tous ceux qui ont
des amendements comme cela, si vous pouviez vous réunir ce soir, les
gens des banlieues et puis arriver avec le paquet là, pour ne pas
recommencer chacun et arriver avec tel article et tel article. Entendez-vous
là, et puis...
M. LACROIX: Je ne crois pas qu'il en ait d'autres, M. le ministre, si
cela peut vous consoler.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, demain matin, dix heures et demie.
(Fin de la séance: 23 h).