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Commission permanente
des affaires municipales
et de l'environnement
Projet de loi no 47
Séance du mardi 21 décembre 1976 (Onze
heures treize minutes)
M. Bertrand (Président): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires municipales est réunie pour
étudier, article par article, le projet de loi 47, Loi autorisant les
municipalités à percevoir un droit sur les mutations
immobilières.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Alfred (Papineau), qui est remplacé par M. Claude Charron; M.
Brassard (Lac Saint-Jean); M. Caron (Verdun); M. Charbonneau
(Verchères); M. Cordeau (Saint-Hyacinthe); M. Dubois (Huntingdon), qui
est remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Dussault
(Châteauguay); M. Gagnon (Champlain), qui est remplacé par M.
Marois (Laporte); M. Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Laplante (Bourassa); M.
Léger (Lafontaine); M. Léonard (Laurentides-Labelle); M.
Ouellette (Beauce-Nord); M. Roy (Beauce-Sud); M. Saindon est remplacé
par M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue); M. Tardif
(Crémazie); M. Verreault (Shefford), qui est remplacé par M.
Blank (Saint-Louis).
Est-ce que le parrain du projet de loi aurait quelqu'un à nous
suggérer comme rapporteur ou si on peut, d'office, demander à M.
Brassard d'agir comme rapporteur de la commission?
M. Blank: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Avant de passer à
l'étude du projet de loi article par article, je demanderais au ministre
des Affaires municipales s'il a un certain nombre de remarques
générales à formuler sur son projet de loi.
M. Tardif: Non, pas d'autres que celles qui ont
déjà été dites en Chambre à l'occasion de la
deuxième lecture. Il s'agit d'un projet de loi qui était
déjà, selon le langage courant ici, dans la machine, et auquel on
a souscrit dans la mesure où il vise à accroître
l'autonomie, enfin, les sources de revenus des municipalités, leur
autonomie, parce que c'est un revenu direct, c'est une taxe volontaire, selon
une expression qui a déjà eu une certaine vogue à
Montréal, volontaire, dans le sens que les municipalités peuvent
décider de l'imposer, elles sont libres de décider de l'imposer,
si vous préférez. Dans ce cas, j'imagine que tout à
l'heure, on procédera à l'étude article par article, s'il
y a lieu. Je n'ai pas d'autres remarques.
Le Président (M. Bertrand): M. le représentant de
l'Opposition officielle.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que nous pouvons
aborder l'étude article par article.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Article 1?
Motion d'amendement
M. Goldbloom: A l'article 1, M. le Président, j'ai deux
commentaires dont un de fond et l'autre de forme. Je voudrais attirer votre
attention sur la définition du mot "immeuble" qui paraît à
la page 4 du texte imprimé.
Il est évident "que le but de ce projet de loi est de fournir des
revenus additionnels aux municipalités. Nous avons entendu, hier soir,
le ministre des Affaires municipales, en présentant un autre projet de
loi je ne reprends pas le débat là-dessus, simplement pour
y faire allusion parler de taux différencié en ce qui
concerne l'application de l'évaluation foncière et donc de la
taxation foncière qui en découle.
Voici que nous avons une taxe qui s'appliquerait, selon le projet de loi
que nous avons sous les yeux, en égale proportion aux transactions
impliquant des résidences et aux transactions impliquant une
spéculation foncière.
Il me semble que tout en voulant accorder une considération
très réelle aux besoins des municipalités, nous devons en
même temps accorder une attention particulière aux
problèmes individuels de celui qui vend ou achète sa maison. Je
pense qu'il y a lieu de faire une distinction à cet égard. Pour
cette raison, j'aimerais proposer, sans un long discours, une modification, un
amendement a cette définition du mot "immeuble" pour lui ajouter les
mots "à l'exclusion d'une résidence unifamiliale principale". Je
fais cette motion, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Voulez-vous
répéter, M. le député.
M. Goldbloom: En ajoutant, après les mots "au sens du Code
civil", une virgule et les mots "à l'exclusion d'une résidence
unifamiliale principale".
Le Président (M. Bertrand): Cette motion d'amendement
a-t-elle été rédigée?
M. Goldbloom: Malheureusement pas de façon correcte. Je
constate une erreur dans le texte qui m'a été fourni. Je
pourrai...
Le Président (M. Bertrand): Alors, sur la motion
d'amendement, l'article se lirait comme suit: "Immeuble": un immeuble par
nature ou un immeuble par destination, au sens du Code civil, à
l'exclusion d'une résidence unifamiliale principale".
M. Charron: M. le Président, sur la motion d'amendement
présentée...
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Charron: ... par l'ex-ministre, est-ce que je peux demander de
poursuivre, tout en laissant cet amendement en suspens jusqu'à la fin de
l'étude du projet de loi?
M. Goldbloom: D'accord. Certainement. Mon deuxième
commentaire porte sur une concordance, ou plutôt, sur un manque de
concordance. A l'article 25 du projet de loi, paragraphe c), on lit ce qui
suit: "désigner les corporations publiques visées par le
paragraphe f) de la définition de l'expression "organisme public"
à l'article 1. Or, à l'article 1, on ne trouve pas de paragraphe
f) à la définition de l'expression "organisme public".
M. Tardif: Un papillon devra être inséré
à cet endroit.
M. Goldbloom: En d'autres mots, minute papillon!
M. Tardif: Oui. On m'informe à l'instant même que
l'alinéa c) du paragraphe de l'article 25 devrait se lire de la
façon suivante: "désigner les corporations publiques
visées par le paragraphe d) de la définition". C'est une erreur
d'impression tout simplement, dans ce cas.
M. Goldbloom: D'accord. Alors, il est entendu que nous laissons
l'article 1 en suspens.
Le Président (M. Bertrand): Le sous-ministre n'est
toujours pas arrivé. Alors, sur l'article 1, d'autres remarques?
Une Voix: C'était en suspens, on va...
Le Président (M. Bertrand): Article 2?
M. Cordeau: M. le Président, l'article 1, s'il vous
plaît, à la définition de municipalité, j'aimerais
savoir pourquoi il y a des restrictions dans cette question,
c'est-à-dire qu'en se référant à l'article 27 du
Code municipal, je crois que c'est pour les municipalités de
Témiscamingue, de l'Abitibi, de la région de la Côte-Nord.
Y a-t-il une raison pour laquelle on ne donne pas le même droit à
tous les conseils de comté tel que demandé par l'Union des
conseils de comté?
M. Brassard: Quelle était votre question? Cela exclut les
conseils de comté.
M. Cordeau: Cela exclut les conseils de comté. Alors,
l'Union des conseils de comté a demandé que cet article...
M. Tardif: On vient de me remettre, à l'instant
même, une note à cet effet. L'objet de cette loi était de
permettre aux municipalités locales de percevoir le produit de ce droit
et non pas à l'échelle des comtés. Hormis le
problème très réel, qui peut exister, du financement
à ce niveau, je pense que c'est une autre question et que dans cette loi
on ne saurait, pour l'instant en tout cas, modifier les dispositions; si on
pouvait possiblement, également vous permettez parce que je viens
seulement de prendre connaissance de la note et du sens de cette intervention
la reporter également pour quelques minutes.
Est-il permis de reporter cela, M. le Président?
Le Président: D'accord, l'article 1 est suspendu, on
reviendra là-dessus.
M. Cordeau: L'article f) aussi du même article.
Le Président: Oui.
M. Cordeau: Qu'entend le ministre par valeur marchande d'un
immeuble, à ce moment? Comment serait-elle établie?
M. Blank: Si on dit $1 et autres considérations, qui va
fixer le montant de la valeur?
M. Tardif: Cela est réglé par l'article 15 qui dit:
"Lorsque le fonctionnaire chargé de la perception des taxes dans la
municipalité est d'avis que la contrepartie fournie par le
concessionnaire excède le montant de la contrepartie qui est
mentionné dans l'acte de transfert, ou que le transfert a
été faussement interprété comme étant l'un
de ceux que vise le chapitre III, il doit faire mention au compte de tout
changement pertinent qu'il juge devoir apporter aux renseignements visés
à l'article 9, modifier le montant de la contrepartie en
conséquence ou, s'il y a lieu, y suppléer, et appliquer le taux
prévu à l'article 2 en tenant compte de tel changement et
modification."
M. Blank: Mais si on n'est pas d'accord avec ce fonctionnaire,
qui va décider qui a raison? On ne donne pas le droit ici.
M. Tardif: A ce moment, le cessionnaire qui ne sera pas d'accord
avec l'évaluation qui aura été faite par la
municipalité va refuser de payer à la municipalité le
compte qui lui sera envoyé, et la municipalité aura les droits de
recours normaux pour la perception des taxes, qu'elle pourra exercer. Ce sera
dans le cheminement normal des contestations de...
M. Blank: Comment le contribuable ou l'acheteur, dans ce cas,
peut-il contester l'évaluation faite par le fonctionnaire?
M. Tardif: En refusant de payer le compte qui lui sera
présenté.
M. Blank: Mais quand il va en cour, le juge doit suivre cette
loi. Ce n'est pas une question d'évaluation, où on va devant une
régie de l'évaluation pour contester, alors où donne-t-on
à cette personne le droit de contester le montant fixé par ce
fonctionnaire? Le fonctionnaire suivra la loi et on ne peut contester cela en
cour. Il fixera le montant selon l'article 15. Il fixe, disons, une valeur de
$100 000 pour une bâtisse, mais le juge n'a pas le
droit de changer cela si le fonctionnaire la fixe suivant la loi. Ici,
on ne donne aucun droit au citoyen de contester l'opinion de ce
fonctionnaire.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, ce que je vois dans cela,
c'est qu'on se demande si le fonctionnaire, qui va établir le montant
dû, a une compétence reconnue. Advenant le cas où le
fonctionnaire décide que tel montant doit être payé et que
la personne n'est pas d'accord sur ce montant, tout ce qu'elle a à faire
est de dire: Je ne paie pas. Il va arriver que les municipalités vont
être obligées de poursuivre cette personne pour réclamer le
montant et, en fin de compte, ce seront toujours les contribuables qui payeront
les frais de cour. Par cet article, je pense qu'on établit une
présomption là-dedans pour dire que c'est toujours le
contribuable qui va être obligé de payer les frais en fin de
compte. Je ne sais pas quel mécanisme on pourrait employer pour avoir un
autre droit d'appel que cela. Là, on se réfère directement
aux tribunaux et c'est le contribuable qui va toujours en payer les frais. Il
faudrait essayer de trouver un autre mécanisme d'appel avant d'aller
directement à la cour.
M. Blank: Même en allant à la cour le citoyen ne
peut pas y obtenir justice parce que le fonctionnaire a le droit absolu de
fixer le montant suivant cette loi.
M. Tardif: L'acquéreur et le vendeur... On voit à
un endroit où il est prévu une déclaration à l'acte
de vente quant au montant de la contrepartie offerte pour l'acquisition de
l'immeuble en question. A ce moment, évidemment, le tribunal aura
à statuer à savoir si, conformément à ce qu'il y
est dit, la contrepartie correspond ou non à la valeur marchande de cet
immeuble. C'est comme pour ce qui existe dans les lois de l'impôt, il
appartient au contribuable de faire la preuve qu'effectivement cet immeuble
vaut tant.
M. Blank: Je ne sais pas si la cour peut aller si loin que cela.
Est-ce qu'il n'est pas possible d'attacher cette valeur marchande d'un immeuble
à l'évaluation? Le fonctionnaire ne peut pas fixer de valeur
marchande à 10% de plus que l'évaluation ou 15% de plus que
l'évaluation, voyant qu'on va avoir une évaluation
foncière normalisée dans toute la province...
M. Tardif: Ce qui n'est pas le cas présentement.
M. Blank: Oui, mais on peut arriver à cela cette fois-ci,
mais ici on fait une loi qui va ouvrir la porte à toutes sortes d'abus.
Ce n'est pas clair.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de faire une
espèce d'appel, comme on a actuelle- ment dans la Loi de
l'évaluation foncière? Il pourrait y avoir un bureau de
révision pour réviser la décision du fonctionnaire avant
de se diriger directement vers les tribunaux.
M. Tardif: Là, c'est tout le problème de remettre
à des tribunaux d'exception le soin de se prononcer sur des situations
litigieuses.
M. Fontaine: Le laisser à un fonctionnaire, ce n'est pas
mieux.
M. Tardif: Pardon? Enfin, avec un organisme quasi judiciaire, si
on pense au bureau de révision d'évaluation foncière, si
c'est cela que vous avez à l'idée, plus
précisément, je pense...
M. Blank: J'ai une plus grande confiance en ce bureau. Les juges
de la Cour provinciale, et de la Cour supérieure ne sont pas tellement
au courant des procès d'évaluation. Il y a des experts dans les
bureaux d'évaluation qui ont moins à donner un jugement
réel...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: II me semble qu'il serait difficile de faire cela
comme M. le député de D'Arcy Mc-Gee veut l'avoir. Les rôles
ne sont pas uniformisés en province, autant scolaires que municipaux. Il
y a des lacunes qui vont jusqu'à 35% dans diverses municipalités
et même le scolaire est obligé de faire un rattrapage souventefois
pour se stabiliser. Je ne vois pas par quoi on peut donner un taux
uniformisé de 10% ou 15% tel qu'il peut le suggérer.
M. Tardif: C'est sûr que dans le contexte d'une
normalisation de l'évaluation à compter des
échéances qui sont fixées, un tel projet réglerait
beaucoup de situations. Mais, dans le contexte actuel, où la presque
totalité des immeubles sont vendus plus cher, on sait pertinemment leur
valeur au rôle d'évaluation. De plus, considérant que, pour
certains immeubles, par destination par exemple, la machinerie industrielle
n'apparaît pas au rôle d'évaluation alors qu'elle compte
pour un montant important dans la vente d'un immeuble industriel, à ce
moment-là, je pense qu'il ne saurait être question, dans le
contexte actuel, de se limiter à la valeur apparaissant au rôle
d'évaluation.
Maintenant, je pense que, dans ce sens, les mécanismes
prévus, qu'on veut mettre en appel au bureau de révision,
seraient totalement inappropriés puisque ce bureau juge selon d'autres
critères que ceux ici.
M. Fontaine: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de former un bureau
de révision pour cette loi?
M. Caron: M. le Président, je pense qu'il serait bien
important, dans ce cas précis, de dire que les municipalités au
Québec débordent déjà de demandes pour leur bureau
d'avocats, ce qui devient
dispendieux pour elles. Si on pouvait avoir un mécanisme, quitte
à retarder notre travail à ce sujet d'une demi-heure ou une
heure, en demandant aux fonctionnaires si on pourrait arriver assez
près, je pense qu'on rendrait énormément service aux
municipalités. On a le problème à chaque assemblée
du conseil, on a toujours des dossiers à remettre à nos
conseillers juridiques et ça devient coûteux. Les premières
années, c'était tant par année, mais aujourd'hui, c'est
tant par année plus tant la cause. Cela traîne. Je me demande si
vous ne pourriez pas, avec vos hauts fonctionnaires, trouver le
mécanisme ce matin, ou un pourcentage. C'est entendu, ce serait bien
difficile d'y arriver, mais est-ce qu'on ne pourrait pas s'entendre pour 20% de
plus du montant d'évaluation?
M. Tardif: C'est ça, c'est qu'il y a tellement de
différence d'une municipalité à l'autre quant au
rôle d'évaluation et quant aux écarts entre...
M. Caron: A Montréal, on est évalué à
peu près à 90%, sur l'île de Montréal.
M. Tardif: Oui, mais il faut penser qu'on fait une loi pour
l'ensemble du Québec.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: On a l'air d'oublier que c'est une loi volontaire,
c'est une loi dont les municipalités peuvent se servir suivant leurs
besoins. Chaque municipalité, je crois, pourrait, à
l'intérieur de son bureau de révision, d'évaluation, faire
ses propres règlements à l'intérieur de ça pour
sortir son évaluation si elle est seulement conforme à la
municipalité. Je ne sais pas, mais on perd notre temps à juger
ça.
C'est une loi volontaire. La municipalité l'utilise ou non, et
elle se fait des règlements autour de cela, suivant son bureau
d'évaluation. Je pense que c'est la façon la plus sage, si on ne
veut pas encore centraliser une loi vers le ministère; si on veut une
décentralisation vers la municipalité, je pense que c'est un acte
positif qu'on accomplit là.
M. Tardif: C'est uniquement en cas de divergence vraiment
flagrante entre la valeur déclarée à l'acte de vente et ce
que le fonctionnaire croit être la valeur marchande de cet édifice
qu'il y aurait vraiment litige.
Or, quand on pense que c'est pour un montant, pour les immeubles de
moins de $50 000, de 0.3%, à ce moment-là, il y a une
évaluation à faire pour la municipalité, compte tenu des
frais de poursuite. Il y a une évaluation à faire pour la
municipalité. Est-ce que cela vaut la peine d'entamer une poursuite pour
récupérer la différence quand, par exemple, si on a vendu
un immeuble $40 000, qu'on a inscrit $40 000, alors que sa valeur marchande est
estimée à $50 000, la différence, à raison de 0.3%,
dans un cas, va faire $120 de droit de mutation et, dans un autre cas, un
montant de $150.
Il appartient à la municipalité de décider si cela
vaut la peine, pour $30, d'entamer des poursuites dans ce cas. Je pense qu'on
grossit peut-être démesurément le problème, compte
tenu du pourcentage de la taxe. D'accord?
M. Blank: Mais ce n'est pas seulement pour les projets de $50
000. Des projets de $50 000 sur l'île de Montréal, il n'y en a pas
tellement. Le problème peut arriver lorsqu'une industrie se vend
à une autre et que des millions de dollars sont en jeu, et que la taxe
atteint des milliers et des milliers de dollars.
On ne peut pas avoir une loi qui dise que c'est bon pour les grosses
entreprises et que cela ne l'est pas pour les petites. Ce doit être la
même loi pour tout le monde. Le conseil municipal d'une ville n'a pas le
droit de dire: Je vais donner un cadeau de $30 à cette personne. Il n'a
pas le droit de dire cela. Aujourd'hui, c'est $30, demain, ce sera $50 et, la
semaine prochaine, ce sera $200. Où va-t-on arrêter? Où le
conseil municipal va-t-il décider de ne pas poursuivre une personne pour
la différence de la taxe?
M. Tardif: C'est sûr, comme vous le dites, que les
municipalités n'ont pas le droit de faire un cadeau, mais on sait
pertinemment, par exemple, dans les cas de poursuites en vertu du Code de la
route, que des infractions commises par des personnes résidant à
l'extérieur de la ville ne donneront généralement pas lieu
à des poursuites, à moins que les personnes paient
volontairement, sur réception du compte. Quant aux édifices d'une
valeur plus élevée, comme vous l'avez indiqué, je pense
que la ville va y voir véritablement son intérêt de confier
cela à son contentieux, s'il y avait un écart
considérable.
Je présume que ces édifices sont ceux qui changent le
moins souvent de main, comparativement à l'ensemble des habitations de
type résidentiel.
M. Blank: Cela peut ouvrir des portes. Il semble que, dans mon
comté, de grosses maisons d'appartements changent de main plus souvent
qu'on pense. Si vous avez lu des articles dans la Gazette récemment,
"for ownership", dans la ville de Montréal, vous voyez combien de fois
ces bâtisses ont changé de main durant les années. Je ne
sais pas si, à l'avenir, les gens vont avoir la même confiance,
mais dans le passé, c'est arrivé très souvent. La
même bâtisse qui vaut de $2 millions à $3 millions a
changé de main deux ou trois fois dans la même année. C'est
là qu'on veut percevoir la taxe et on a le droit de la percevoir.
Je suis certain que la majorité de ces transactions ont
été faites sur une base de changement des actions ou de $1 pour
autres considérations ou que le prix n'est pas mentionné dans
l'acte de vente.
Ce sera le fonctionnaire qui devra maintenant décider du montant.
Je ne veux pas faire une grande bataille sur cela.
M. Tardif: Non.
M. Blank: Je veux montrer que c'est une des premières lois
avec laquelle nous devons vivre. Laisser les portes ouvertes à tout,
cela ne se fait pas. C'est une loi qui a été
préparée très vite sans considérer toutes...
M. Tardif: Remarquez que la situation ressemble assez à ce
qui existe présentement lorsqu'il s'agit d'un transfert de
véhicule automobile avec une personne qui se présente au Bureau
des véhicules automobiles en disant qu'elle a payé tel
véhicule tel prix et que le fonctionnaire décide, en vertu de
renseignements qu'il possède, que la valeur de tel véhicule
correspond à tant et qu'il la détermine.
M. Blank: II se fie à un livre qui s'appelle le "red
book".
M. Tardif: Mais qui n'a aucune valeur légale.
M. Blank: II n'a aucune valeur légale, mais il a au moins
été préparé par des experts dans ce domaine. C'est
pour cela que je dis que le rôle d'évaluation doit avoir quelque
chose à faire ici.
M. Léonard: Je pense que l'objection qui est posée
est assez importante. Les fonctionnaires du ministère pourraient trouver
des mécanismes d'appel. Cela peut être simplement de se
référer à un mécanisme ordinaire d'appel.
M. Blank: De toute façon, je cherche un moyen d'en appeler
de cette décision.
M. Lavoie: Le Bureau de l'évaluation foncière.
M. Léonard: Quelque chose comme cela, en tout cas, pour
qu'on l'envisage et qu'on l'inscrive dans la loi. Cela représente une
taxe de $6000 par million. Dans de grosses transactions, il y a quand
même là des sommes importantes en jeu autant pour la
municipalité que pour ceux qui font la transaction.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Ne pourrait-il pas y avoir au moins une
collégialité de personnes? Au lieu de dire que c'est un
fonctionnaire qui décide, que ce soit une collégialité de
personnes, que ce ne soit pas laissé à l'arbitraire d'une seule
personne, ou peut-être que l'on fasse appel à la Loi de
l'évaluation foncière, au bureau de révision.
M. Blank: Ce serait facile d'ajouter un article disant qu'il y a
un droit d'appel au Bureau d'évaluation foncière.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: C'est que, pour moi, cela n'a pas d'utilité,
ce que demande le député de Saint-Louis.
C'est que, si vous revenez en arrière... Je ne veux pas faire le
procès de votre gouvernement, du temps passé ce n'est pas
cela.
M. Blank: Ce n'est pas la faute du gouvernement.
M. Laplante: J'étais dans un milieu où on a
protesté contre les rôles d'évaluation, du moins cela fait
quatre ans qu'on essaie d'uniformiser cela. Je vous le répète, on
a donné un droit aux municipalités. Dans le rôle
d'évaluation qu'elles ont actuellement, je crois qu'elles sont
maîtresses de leur rôle jusqu'à une certaine limite et
peuvent faire leurs propres règlements en vue de la vente de ces
immeubles ou de leur transfert.
M. Blank: Je suis d'accord avec vous.
M. Laplante: Pourquoi irions-nous superposer un nouveau bureau
d'évaluation, de plaintes, n'importe où. Je sais que si on n'est
pas satisfait de notre évaluation, on a un bureau où on peut se
plaindre actuellement à l'intérieur d'une municipalité.
Pourquoi en instituer un autre par une loi?
M. Blank: Je ne demande pas cela. Je pense que vous n'avez pas
exactement saisi ce que j'ai dit. Je n'ai aucune objection à attacher
l'évaluation donnée par le fonctionnaire au rôle de
l'évaluation de la ville. Je n'ai aucune objection à cela. C'est
exactement ce que je veux.
M. Laplante: C'est ce qui va se produire. M. Blank: Non ce
n'est pas ce qui va arriver.
M. Tardif: Les municipalités ne peuvent-elles pas, sans
frais pour elles, recourir à l'arbitrage de la Cour municipale dans ces
cas?
M. Blank: Que l'on mette quelque chose, d'accord, mais que l'on
mette quelque chose au moins.
M. Tardif: Cela existe déjà pour tous les cas
de...
Une Voix: Les poursuites sommaires. M. Tardif: C'est
cela.
M. Fontaine: Cela n'est pas une poursuite sommaire. C'est une
action au civil pour réclamer un montant d'argent. M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Oui?
M. Fontaine: Je pense que ce n'est pas tout de donner aux
municipalités le droit de se servir de cette loi. Il faut leur donner
également la possibilité de l'utiliser et de donner aux
intéressés la possibilité de se faire donner justice sans
être obligés d'aller continuellement en cour. Remarquez bien que
j'aurais peut-être un intérêt contraire parce que je suis
avocat, mais je pense au bien de la population.
M. Tardif: On m'informe que la Cour municipale a, de fait, une
juridiction civile en matière de perception de taxes.
M. Blank: Oui, mais est-ce que la Cour civile a le droit de
changer l'évaluation donnée par le fonctionnaire, suivant
l'article 15? C'est ce que je me demande. Je ne sais pas si elle a le
droit.
M. Marois: M. le Président, il faudrait tout de même
remarquer que dans les cas où il pourrait y avoir abus, c'est la
municipalité qui aura à exercer le recours contre la personne ou
la corporation en question qui dirait: II y a abus dans mon cas; je ne la paie
pas, votre taxe. La municipalité aura le fardeau de prouver que les
bases de calcul sont bel et bien conformes à la loi. Elle a le fardeau
de faire cette preuve elle-même, que ce soit à la Cour municipale
ou à la Cour provinciale. Remarquez que quel que soit le
mécanisme d'appel qui pourrait être prévu en plus ou autre
que ceux qui sont déjà prévus par la loi et
l'économie générale de nos lois en matière de
perception de taxes municipales, notamment à la Cour municipale,
notamment à la Cour provinciale, on prévoit déjà
que la municipalité a le fardeau de faire cette preuve. Le juge aura
à évaluer, effectivement, par le biais des fonctionnaires qui ont
eu à établir la taxe en question, si ce travail a
été fait conformément aux normes qui sont
édictées, aux bases notamment, à l'article 1 qui
précise la notion de contrepartie. Donc, il y a déjà un
mécanisme d'appel qui est prévu là. Qu'on le situe au
bureau de révision en plus, ce serait constituer un étage
additionnel au bureau de révision, parce que le bureau de
révision fonctionne à partir des rôles d'évaluation
et le reste, tandis que ce qui est proposé dans le présent projet
de loi implique une base passablement différente où on introduit
la notion de valeur marchande.
Le Président (M. Bertrand): M. le
député.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que le ministre, en
indiquant que c'est à la municipalité de prendre l'initiative de
la contestation de ce qui a été déterminé, invoque
autre chose que le rôle d'évaluation, que la valeur au rôle?
Est-ce que, dans son esprit, cette action que prendrait la municipalité
se fonderait principalement sur la valeur déjà établie par
cette même municipalité et inscrite au rôle
d'évaluation ou sur autre chose aussi?
M. Marois: Dans la mesure où il s'agit de la
présente loi, forcément, la municipalité n'aurait pas le
choix de se baser sur autre chose que les bases qui sont
précisées dans la présente loi. Les notions de valeur
marchande, les notions de contrepartie invoquées à l'article 1 du
présent projet de loi...
M. Goldbloom: Voilà qu'on touche un point qui
m'embête un peu parce que, si l'on parle effectivement de valeur
marchande; dans la Loi sur l'évaluation foncière on parle de
valeur réelle, mais quelle est la différence? On m'a souvent
demandé de l'expliquer et je vous assure qu'avec les meilleurs conseils
que j'ai pu obtenir, je n'ai pas vraiment été en mesure
d'expliquer la différence. Mais quand même, si dans une loi
édictée par le Québec, peu importe le gouvernement au
pouvoir, on établit la base en utilisant l'expression "valeur
réelle", mais soudainement on arrive avec "valeur marchande", je trouve
que c'est une chose un peu curieuse.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On disait tout à l'heure que la
municipalité avait un recours aux tribunaux judiciaires, je suis
d'accord là-dessus, mais, a ce moment-là, c'est toujours la
personne qui est poursuivie qui va en payer les frais, qu'elle ait raison ou
non. Je vous donne un exemple. Supposons qu'une municipalité poursuit
quelqu'un pour $500 et que la municipalité n'a pas raison en cour et que
le juge dit: "Ce n'est pas $500, c'est $400 que vous devez, monsieur", à
ce moment-là le juge va dire: Monsieur, je vous condamne à payer
$400 plus les frais même si la personne avait raison. Alors, c'est
là que je vois une injustice.
M. Blank: Mais quant à la question dont le
député de Laporte m'a donné l'explication, c'est curieux
si on lit les articles 15 et 17. L'article 15 dit que le montant est
fixé selon l'avis du fonctionnaire, cela est une opinion personnelle
basée sur ce qu'il a trouvé. Après cela, il est dit que,
dans tous les cas, le droit de mutation est payable selon le montant... sous
réserve de tout jugement de dernier ressort résultant d'une
poursuite intentée en vertu de l'article 17.
L'article 17 dit d'aller devant la cour comme n'importe quelle
réclamation pour taxes et, dans ces réclamations, on n'a pas le
droit de contester l'évaluation. Parce que l'évaluation est
fixée par le fonctionnaire selon son opinion; après cela, on va
devant la Cour municipale pour percevoir les taxes et on ne peut pas discuter
du montant. On peut discuter si on doit oui on non.
M. Tardif: Ce n'est pas l'évaluation qui serait
déterminée ici par le tribunal parce que...
M. Blank: Oui, mais quel tribunal? Quel tribunal peut
déterminer si l'opinion de monsieur le fonctionnaire prévaut.
C'est ce que je vous demande.
M. Léonard: Si une évaluation change, à ce
moment-là, vous avez droit à un remboursement de taxes parce
qu'à l'heure actuelle...
M. Blank: A un moment donné je fais une vente. Je ne parle
pas de notaires, mais supposons que mon ami, notaire, fait à Laval une
vente d'un terrain pour $2 millions, avec ou sans bâtisse. Il vient
devant le fonctionnaire et ce dernier dit: Non, non, je connais ce terrain, il
vaut $3 millions.
Une Voix: $6000 de plus.
M. Blank: $6000 de plus de taxes. M. l'acheteur dit: Non, non,
j'avais payé $2 millions, c'est ce que je recommande et je ne paie pas
les $6000; si je suis poursuivi devant la cour municipale de la ville de Laval,
quel recours ai-je à ce moment-là? Payer les $6000 ou ne pas
payer? Je ne peux pas contester l'évaluation.
M. Léonard: Vous êtes obligé de payer les
$6000, mais vous pouvez quand même contester l'évaluation sur une
autre.
M. Blank: Ah! Comment?
M. Goldbloom: L'évaluation est différente, à
ce moment-là.
M. Léonard: Par les impôts municipaux.
M. Blank: C'est différent. C'est une opinion de
fonctionnaire, peut-être basée sur des raisons valables, mais, si
je veux contester ces opinions, comment puis-je les contester?
M. Lavoie: M. le Président, avec la permission de la
commission...
Le Président (M. Bertrand): La commission consent à
entendre le député de Laval.
M. Lavoie: Je crois que ce serait facile, d'ailleurs, même
si vous défériez cela à la Cour municipale, qui n'est pas
une cour experte en évaluation. Il y en a une qui existe depuis quelques
années et qui s'améliore constamment, je crois, qui a
été rodée, depuis quatre ou cinq ans, qui est le Bureau de
révision de l'évaluation foncière.
Dans les cas mineurs où il y aura une augmentation par le
fonctionnaire, d'après son avis, de $30, $40 ou $50 sur la taxe, je ne
prévois pas qu'il y ait appel. Ce sera seulement des cas spéciaux
où il pourra y avoir des préjudices de plusieurs milliers de
dollars. Vous avez là un tribunal d'experts, qui est bien établi,
qui connaît l'évaluation, qui est relié à
l'évaluation. Pourquoi ne donnez-vous pas un droit d'appel à ce
Bureau de révision de l'évaluation foncière? Je crois que
ce n'est pas plus compliqué que cela.
M. Tardif: En fait, on risque de créer une certaine
ambiguïté au niveau du rôle du Bureau de révision de
l'évaluation foncière, qui sera presque à la fois juge et
partie. C'est-à-dire qu'ayant déterminé, d'une part, la
valeur au rôle d'un immeuble, après cela, il aura à
déterminer si le prix de vente ou la contrepartie offerte pour cet
édifice correspond à la valeur marchande. Il me semble que je
vois là une certaine dualité.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne suis pas certain de
comprendre ce dont on parle. Parle-t-on de l'instance de responsabilité
qui fait l'évaluation ou parle-t-on du Bureau de révision de
l'évaluation foncière qui, lui, ne détermine pas de
valeur, sauf en siégeant comme tribunal pour entendre une plainte? C'est
différent. Là, mon inquiétude serait seulement que l'on
pourrait demander à ce bureau de révision d'établir, en
quelque sorte, deux valeurs pour le même immeuble, dans le sens d'avoir
une valeur au rôle et une autre valeur par rapport à la
transaction.
M. Tardif: C'est cela.
M. Goldbloom: Mais je ne sais pas...
M. Charron: Mais il serait appelé à revenir sur une
décision qu'il aurait lui-même prise quant à la valeur du
terrain, parce que lorsqu'il a accepté l'évaluation du terrain,
le bureau s'est prononcé sur une valeur du terrain en acceptant
d'inscrire cette valeur comme étant l'évaluation du terrain.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, le bureau de
révision n'a pas à se prononcer, à moins que quelqu'un ne
vienne devant lui pour...
M. Charron: A ce moment, si le citoyen est allé en appel
quant à l'évaluation de son terrain, c'est lui qui a
déjà tranché. Et si, par la suite, le terrain est
transigé, au cours d'une transaction, il sera appelé à
nouveau à se prononcer sur une nouvelle valeur du terrain
comparativement à une autre qu'il aura lui-même déjà
fixée. C'est dans ce sens que le ministre des Affaires municipales
disait qu'il y a danger d'être juge et partie.
M. Goldbloom: Oui, mais c'est pour cela qu'il y a le danger de
parler dans une loi de la valeur réelle et d'établir, à
l'échelle de tout le Québec, un système d'inscription des
immeubles au rôle à leur valeur réelle et, ensuite, de
dire: Bon, cette valeur réelle, établie quand même par
rapport aux tendances du marché, n'a plus de signification quand il y a
une transaction. C'est là où l'on parle du prix réellement
payé et où l'on essaie de déterminer quelle est la
relation entre le prix réellement payé et non pas la valeur
réelle au rôle, mais une valeur théorique établie
par un fonctionnaire, à sa discrétion. Là, je trouve qu'on
va loin.
M. Tardif: La seule possibilité, pour la majorité
des cas des immeubles de valeur inférieure à $50 000, ce qui
donnerait, à raison de trois dixièmes de 1%, $150 de droits, et
ceux de $50 000 et plus, à six dixièmes de 1%, ce qui donnerait
$300, serait d'être dans les limites de la compétence de la Cour
des petites créances, pour ces cas. Pour les autres, la Cour provinciale
pourrait être l'endroit désigné pour...
M. Fontaine: La municipalité qui poursuit n'a pas
accès à la Cour des petites créances.
M. Tardif: Dans le cas de la municipalité d'accord, mais
dans le cas du contribuable qui, lui, se sentirait...
M. Fontaine: II faudrait qu'il demande un transfert. La
municipalité va être obligée de poursuivre à la Cour
provinciale et le contribuable va être obligé de demander un
transfert à la Cour des petites créances.
M. Tardif: Est-ce qu'on pourrait demander aux gens de la Justice
de nous conseiller là-dessus, à savoir quel recours pourrait
être prévu sur cette question? En fait, je pense que c'est cela
l'idée ici, qu'on puisse en appeler de cette décision d'un
fonctionnaire. Je pense que c'est cela l'idée.
M. Blank: C'est cela. Merci.
M. Tardif: On pourrait peut-être demander aux gens de la
Justice de voir ce qui pourrait être prévu en termes de droits
d'appel là-dessus.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Charbonneau: II y a une question qui m'intrigue, c'est la
question de valeur marchande et de valeur réelle. Est-ce qu'il y a des
raisons pour lesquelles on parle de valeur marchande dans ce texte-ci
plutôt que de valeur réelle?
M. Tardif: J'imagine que la valeur marchande, compte tenu,
justement, du marché des immeubles similaires ayant une destination et
une utilisation identique, peut plus facilement être établie que
la valeur réelle. La municipalité peut quand même tenir
compte des transactions effectuées dans un quartier, dans un district,
pour tel genre d'édifice. Je pense que cela peut avoir une
réalité beaucoup plus concrète que celle de valeur
réelle, qui correspond à quoi?
M. Fontaine: M. le Président, est-ce qu'on doit
comprendre...
M. Tardif: Mais sous toute réserve.
M. Goldbloom: Je pense bien qu'en disant, comme vient de le faire
le ministre: La valeur réelle, cela correspond à quoi? Il attaque
tout le système de l'évaluation foncière. Je conviens que
ce n'est pas une science exacte. D'accord, mais il y a quand même une
profession qui existe et qui poursuit son travail afin de produire un
rôle d'évaluation qui correspond à une
réalité. Ayant fait cela, ayant érigé ce
système dans les statuts du Québec et dans la pratique courante
ce n'est pas par la réforme relativement récente qu'on a
établie dans la loi le principe de l'inscription des immeubles au
rôle à leur valeur réelle il me semble que nous
devrions attacher une grande importance à cela et ne pas faire des
exceptions, voire des accrocs à ce principe en arrivant avec un concept
de valeur marchande là où, au cours d'une année, il y a
une transaction et où l'on a l'impression que cette transaction s'est
faite à une valeur autre que la valeur réelle. Mais que vaut la
valeur réelle, que vaut le rôle d'évaluation à ce
moment-là?
M. Tardif: D'accord, mais, encore une fois, tout cela dans le
contexte où présentement on sait pertinemment que les immeubles
ne sont pas évalués en fonction de leur valeur réelle, ce
qui ne diminue pas la valeur des efforts consentis vers l'établissement
ou la réalisation de cet objectif, de cet idéal de s'en
rapprocher le plus possible. A défaut de cela, la valeur marchande nous
paraissait une donnée plus facilement palpable, "travaillable" dans le
contexte d'un projet de loi comme celui-là.
M. Léonard: Je pense que cela fait référence
finalement...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce qu'on doit comprendre de la réponse du
ministre, tout à l'heure, que les articles 15 et 17 sont
déférés...
M. Tardif: Les gens de la Justice sont au travail
déjà.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: On parle de valeur marchande et de valeur
réelle. Par expérience, on sait fort bien que la valeur
réelle, c'est pour rétablir un barème pour un an à
l'intérieur d'une municipalité, quand vous parlez de valeur
d'évaluation.
Mais, quant à la valeur marchande, au fur et à mesure des
transactions, on sait fort bien par expérience que les immeubles ne se
vendent pas nécessairement au prix de l'évaluation. Je veux dire
qu'il y a tout de même une relation entre l'offre et la demande d'un
immeuble quelconque, qui établit sa véritable valeur. Je pense
qu'il n'y a pas de scandale à employer les deux termes.
M. Goldbloom: M. le Président, je comprends ce que dit le
député de Champlain, mais quand même, il y a, une fois par
année, un processus qui est mis'en marche dans toutes les
municipalités, qui est la confection d'un rôle
d'évaluation. Pour la confection de ce rôle, l'évaluateur,
qu'il soit fonctionnaire municipal ou évaluateur de la pratique
privée, doit effectivement étudier les tendances qui ont eu lieu
au cours de l'année. Nous avons modifié la loi de façon
à donner une date précise d'entrée en vigueur, ou
plutôt une date de l'évaluation, c'est-à-dire que
l'évaluation pour le rôle est en fonction d'une date commune pour
tous les immeubles de la municipalité. A la fin d'une période de
douze mois, l'évaluateur est obligé de refaire le processus, de
voir ce qui est arrivé pendant l'année et d'ajuster en fonction
d'une nouvelle date, 12 mois plus tard, les valeurs au rôle.
A ce moment-là, il me semble qu'on procède d'une
façon plus cohérente qu'en disant à un fonctionnaire, qui
n'est même pas identifié par la loi comme devant être un
évaluateur professionnel
qu'à un moment donné, il va juger que la
propriété valait plus ou moins que ce qui était inscrit au
rôle il y a quelques mois à peine.
Le Président (M. Bertrand): La commission accepte-t-elle
d'entendre le député de Drummond?
M. Clair: S'il vous plaît. L'une des hypothèses
à envisager serait peut-être la suivante, concernant le droit
d'appel, dans le même sens que le disait mon confrère de
Nicolet-Yamaska. Il faut, à mon sens, éviter d'avoir à
imposer des frais aux contribuables. L'une des façons de procéder
ou des hypothèses à envisager serait peut-être que la
valeur marchande ne puisse être fixée par le fonctionnaire
à plus de 20%, 15% ou 30% en plus de la valeur inscrite au rôle
général. Et si le fonctionnaire prétend que la valeur
marchande est supérieure, pourquoi ne serait-ce pas au fonctionnaire
lui-même, seul requérant, à demander au bureau
d'évaluation d'aller en appel, pour faire entériner sa
décision qui deviendrait exécutoire. On pourrait alors tomber
dans les mécanismes réguliers. Si le cessionnaire veut contester,
il pourrait s'adresser à la Cour provinciale ou à la Cour
municipale après avoir été poursuivi.
Autrement dit, ce serait une procédure par laquelle le
fonctionnaire lui-même, avant d'imposer seul sa décision, devrait
la faire entériner par un organisme supérieur. Je pense que
ça éviterait les frais que pourrait occasionner la
procédure régulière.
M. Tardif: Je pense qu'il faudrait se placer
concrètement... Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Laurentides-Labelle avait demandé la parole avant.
M. Léonard: Je pense qu'on discute sur des concepts, la
valeur marchande et la valeur réelle. A moins que je ne me trompe, la
loi est basée sur la valeur marchande qui fait référence
à un marché très précis. Et c'est là-dessus
qu'on établit la taxe. Quand le fonctionnaire n'est pas d'accord, c'est
parce qu'il fait référence à la valeur réelle qui
peut être établie d'une autre façon, selon
différents critères, parce que la valeur marchande n'est
peut-être pas suffisamment claire. Quand on fait un marché pour $1
et autres considérations, les autres considérations, il s'agit de
les évaluer. Mais, fondamentalement, il semble bien que le montant qui
est taxé, c'est la valeur marchande qui fait référence
à un marché, là où le vendeur n'est pas
obligé de vendre et l'acheteur n'est pas obligé d'acheter. C'est
la définition de l'offre et de la demande, finalement.
M. Tardif: C'est ça la valeur fondamentale.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Dans la majorité des cas, le fonctionnaire qui
va recevoir l'avis attaché à l'acte de vente disant que tel
immeuble a été vendu à un montant fixe, j'imagine, va
regarder la valeur inscrite au rôle et va se rendre compte, dans la
très grande majorité des cas, que la valeur de vente
excède la valeur au rôle, et je ne pense pas qu'il y ait de
problèmes de ce côté. C'est lorsque, possiblement, la
valeur de vente sera inférieure à celle inscrite au rôle
qu'il pourrait y avoir, si vous voulez, un problème quand le
fonctionnaire dira: C'est la valeur minimale inscrite au rôle qui devra
être payée ici et le fardeau de la preuve incombera au
fonctionnaire de démontrer que la valeur exigée et inscrite au
rôle correspond à la valeur réelle marchande et non pas
celle qui est déclarée.
M. Fontaine: A ce moment-là, il faudrait changer la
définition; au lieu de dire la valeur marchande, il faudrait dire la
valeur réelle.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre d'Etat au
développement social.
M. Marois: M. le Président, simplement pour mon
information et mon éclairage, pour que je comprenne bien aussi le sens
des interventions des députés de l'Opposition officielle, je
voudrais demander à l'ancien ministre des Affaires municipales, au
moment où vous avez adopté le projet de loi 46, qui était
la Loi des droits sur les transferts de terrains, qui était
sanctionnée en juin 1976, qui est une loi analogue à la
présente loi analogue, je dis bien pourquoi
vous-même avez-vous fait référence, à l'article 1,
paragraphe f), à la valeur marchande d'un terrain. C'est bien le texte
de la loi qui a été adoptée et sanctionnée en juin
1976; c'est exactement la même notion que celle qui apparaît dans
le présent projet de loi qui est devant vous.
M. Blank: Qui rend la décision sur la valeur?
M. Marois: Est-ce que l'ancien ministre des Affaires municipales
pourrait répondre à ma question?
M. Goldbloom: Je ne me rappelle pas avoir été le
parrain de ce projet de loi. Est-ce que mon nom y apparaît?
M. Marois: II y a plusieurs membres de l'ancien gouvernement ici
présents. Est-ce que quelqu'un peut répondre à cette
question? C'est bel et bien une loi.
M. Blank: Est-ce qu'on peut la voir?
M. Marois: Oui, je l'ai ici. On n'a pas inscrit qui en
était le parrain.
M. Goldbloom: Je pense que c'était le ministre du Revenu
et c'est une chose qui m'a échappé.
M. Blank: Est-ce que je peux la voir?
M. Goldbloom: C'est un point qui m'a échappé.
M. Marois: C'est clair.
M. Cordeau: M. le Président, je crois que la question sur
la valeur marchande vient de notre part, parce que nous n'étions pas au
courant. C'est là que tout le débat a commencé.
M. Marois: Cela a d'abord été évoqué.
Enfin, peu importe.
M. Cordeau: C'est nous qui l'avons posée tantôt,
parce que nous n'étions pas présents dans le dernier
Parlement.
M. Marois: Ce que je voulais vous signifier par ma question,
c'est une notion qui est déjà inscrite dans notre droit. Ce n'est
pas une notion nouvelle.
M. Cordeau: Mais est-ce qu'il n'y a pas moyen de
l'améliorer ou de l'amender?
M. Marois: Ce sont des choses qu'il est toujours possible
d'améliorer.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Le député de D'Arcy McGee parle du
rôle d'évaluation révisé tous les ans. Lorsqu'il se
donne un permis, il n'y a aucun éva-luateur qui passe édifice par
édifice, ou terrain par terrain, pour en déterminer la valeur,
parce que, tous les ans, l'évaluation augmente.
Si on se base sur l'émission de permis, qu'on donne un permis au
montant de $2000 pour améliorations, il n'y a pas d'inspection qui se
fait pour dire que la personne en question n'a pas dépensé $5000,
selon la qualité des matériaux. Lorsque l'édifice se
revend, souventefois, il va se vendre avec un montant de $7000 à $8000
de plus. C'est ce qu'on ne peut pas contrôler. C'est là la valeur
marchande d'un édifice, comparée à
l'évaluation.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Pour le député de Laporte, dans l'article
15, si nous n'étions pas d'accord, c'est le ministre du Revenu qui prend
les décisions. Ce n'est pas un fonctionnaire qui n'est responsable
à personne, c'est le ministre. Lorsque le ministre est d'avis que la
valeur de la contrepartie est inférieure, c'est lui qui décide.
Il doit au moins répondre à la population ou à
quelqu'un.
Deuxièmement, voyant que c'est une loi de droit de transfert de
terrain, il en appelle suivant la Loi du revenu.
M. Marois: Oui.
M. Blank: La Cour provinciale peut fixer le montant.
M. Marois: Qui va intervenir? Qui va aller en appel?
M. Blank: L'acheteur. L'acheteur a ce droit, s'il ne veut pas
payer et que le ministre fait sa cotisation; on peut contester cette cotisation
devant la Cour provinciale, suivant n'importe quelle loi de revenu. Mais, dans
cette loi-ci, le cas d'une municipalité est différent.
M. Marois: M. le Président, vous me permettez? C'est le
mécanisme... Entendons-nous bien. Il ne faut pas confondre tous les
concepts, parce qu'on n'en sortira pas. Vous faites, d'une part, allusion
à la notion d'appel, qui est une chose. Le ministre a dit tout à
l'heure qu'il allait demander aux gens du ministère de la Justice
d'examiner cette question.
Deuxièmement, par ailleurs, je voulais simplement, et je pense
que vous en convenez avec moi, prendre ce cas-là. Je pense bien que si
on fouillait le droit québécois, on trouverait par ailleurs
également que la notion de valeur marchande est une notion
déjà clairement inscrite dans notre droit.
Je voudrais simplement je ne veux pas allonger les débats
rappeler une autre chose. En matière d'expropriation, par
exemple, lorsqu'un contribuable est exproprié par le gouvernement du
Québec, par une municipalité, on lui fait une offre qu'il accepte
ou qu'il refuse, très souvent qu'il refuse. Il va la contester. Il
s'engage des négociations, des discussions. Vous savez très bien
comme moi que, notamment devant les mécanismes d'appel, les recours, les
différentes instances, les tribunaux prévus à cet effet,
la notion de valeur marchande d'analyse des ventes effectivement faites dans un
secteur donné est toujours une valeur de référence de
fond. Il y a une abondante jurisprudence à cet effet pour établir
et déterminer ce qui constitue la notion d'un juste prix, en plus, bien
sûr, de tenir compte des dommages et de tout le reste qui s'y ajoute,
strictement quant à la notion de valeur marchande.
Ce n'est donc pas une notion nouvelle en droit. Je voudrais simplement
conclure en disant, encore une fois, que, dans le fardeau de la preuve, la loi
prévoit qu'une municipalité peut, si elle décide
qu'effectivement il y aura une telle taxe de 0.3%, sur réception du
certificat, qu'un fonctionnaire agissant pour une municipalité peut
décider que la valeur marchande ne correspond pas à celle qui est
prévue par la loi. A ce moment, c'est la municipalité ou le
fonctionnaire en question qui a le fardeau de prouver son point de vue et de le
faire valoir soi-même, par les mécanismes d'appel actuels, qui
seront de toute façon réexaminés. Dans le fardeau de la
preuve sur cette valeur, bien sûr, les deux parties seront entendues, et
l'autre partie pourra faire valoir son point de vue aussi comme c'est normal
à l'occasion de n'importe quel mécanisme d'appel.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre
délégué au Haut-Commissariat.
M. Charron: M. le Président, je pense que, de la
façon dont le ministre d'Etat au développement
social vient de faire le point, les engagements pris par le ministre des
Affaires municipales, qui satisfaisaient à première vue
l'Opposition, mériteraient peut-être que l'on passe maintenant
à un autre article.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis d'accord et je ne
voudrais pas prolonger la discussion. Je voudrais quand même faire un
dernier commentaire, parce qu'il y a une question de mots et une question de
contenu et de fait. Le ministre des Affaires municipales a fait tout à
l'heure une distinction assez importante entre les situations où la
transaction se ferait à un niveau supérieur, à celui de la
valeur au rôle, et les cas où la transaction se ferait à
une valeur inférieure et, là, la municipalité pourrait
croire qu'elle se faisait léser dans ses droits.
Si j'attache une certaine importance quand même à
l'expression "valeur marchande" par comparaison avec l'expression "valeur
réelle", c'est que, dans les neuf autres provinces du Canada, dans la
Loi sur l'évaluation foncière, on utilise l'expression "valeur
marchande" pour dire la même chose que nous disons en utilisant
l'expression "valeur réelle". Pourtant, le sens de ce projet de loi
comme le sens du bill 46 que le ministre d'Etat au développement social
a cité, est d'établir deux valeurs différentes. Autrement,
on n'a pas besoin d'une expression différente.
Je trouve que c'est un peu délicat d'utiliser dans nos lois
"valeur marchande" pour exprimer cette valeur différente quand, dans les
autres provinces, on utilise "valeur marchande" pour exprimer ce que nous
voulons dire par "valeur réelle". Il y a un élément de
confusion possible que je voulais souligner.
Deuxièmement et dernièrement, je voudrais simplement
renchérir sur le problème sur lequel nous semblons d'accord,
celui de l'absence d'appel contre une décision qui serait prise par un
fonctionnaire. Si le gouvernement se propose d'introduire un mécanisme
d'appel, je pense que nous sommes sur la même longueur d'ondes.
Merci.
M. Blank: M. le Président, va-t-on discuter de
l'amendement?
M. Charron: On pourrait adopter l'article 1 par la suite.
M. Blank: Parce que M. Bolduc est ici.
Le Président (M. Cardinal): C'est celui qui a
été suspendu.
M. Tardif: Je pense, si j'ai bien compris le sens de l'amendement
proposé par le député de D'Arcy McGee, qu'il
suggérerait qu'on exclue de la définition d'immeuble pour les
fins de cette loi une résidence unifamiliale principale.
Je tiens à rappeler ici au député de D'Arcy McGee
que, finalement, cette loi est une loi que la municipalité peut
décider d'appliquer dans les limites de son territoire par
règlement municipal et que toute municipalité qui ne voudrait
pas, donc, percevoir ce droit de mutation n'est pas obligée de le faire.
Dans certains cas, dans des municipalités surtout de type
résidentiel, une telle exclusion aurait pour effet de soustraire
à peu près tous les immeubles de la municipalité à
cette loi. Or, je pense que le but, ici, c'est de donner aux
municipalités ce droit, ouvrir un champ fiscal tel qu'annoncé
dans le discours du budget et ce sera à elles de décider si elles
vont l'appliquer ou non. Encore une fois, la valeur imputée n'est pas
énorme. On a mentionné lors du dépôt en
deuxième lecture que quantité de gens, je pense aux vendeurs,
promoteurs, agents d'immeubles, notaires prélèvent chacun leur
tribut sur les transferts d'immeubles et que la municipalité qui, elle,
encourt des frais par suite de ces transferts, n'en touche présentement
rien. Or, un tel amendement aurait pour effet, dans le cas de certaines
municipalités, de se soustraire complètement ou enfin de faire en
sorte que cette loi n'ait plus aucun sens.
M. Blank: Si on veut vraiment exempter des maisons
résidentielles, on peut même donner une chance à des
villes, comme la ville de Montréal, qui peut-être veut exempter
des maisons résidentielles unifamiliales; on peut mettre quelque chose
dans la loi pour donner une chance a la ville, comme vous en avez fait
état hier aux catégories de taxes, on peut faire la même
chose ici. Si on ouvre une porte, on peut entrer partout. Déjà,
dans notre système, on peut prendre les gains de capital au
fédéral et au provincial. La vente d'une maison unifamiliale,
d'une résidence principale est exempte de la taxe des gains de capital.
Ici au Québec, on est dans une province le président de la
Régie des loyers est ici pour le confirmer qui a le plus fort
pourcentage de locataires au Canada. Si on veut donner une chance à des
gens d'acheter ou de profiter d'une occasion d'achat parfois $150, cela fait la
plus grande différence. On ne sait jamais avec qui on fait affaire. Des
maisons qu'on vend pour $45 000 ou $50 000, il y en a beaucoup, mais je pense
que, dans le comté de Laporte, des maisons de $45 000 se vendent avec un
paiement initial de $1500. Si on doit ajouter $200 ce n'est pas une grosse
affaire pour nous autres, les députés, à $24 000, mais
pour un gars qui gagne $12 000 et qui veut acheter une maison avec $1500 de
versements, ces $150 peuvent faire la différence. Si on veut
éliminer au moins une partie du pourcentage des locataires qu'on a dans
la province, on doit faire tout notre possible pour augmenter le nombre des
gens qui peuvent acheter leur propre maison.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre d'Etat à
l'aménagement.
M. Léonard: En vertu du respect de l'autono-
mie des municipalités, je les laisserais établir
elles-mêmes leurs propres règlements à ce sujet. Je ferai
remarquer aussi... Il n'y en a pas. Elles peuvent le faire. Remarquez aussi
que, sur le plan des maisons unifamiliales, ce n'est pas la seule formule
d'habitation qui existe et que, justement, à l'intérieur des
municipalités, ce sont peut-être celles qui coûtent le plus
cher aux municipalités et qu'à ce titre, il n'est peut-être
pas mauvais de leur laisser un peu de liberté sur ce plan.
M. Blank: Vous pensez à éliminer les maisons
unifamiliales, qu'on mette tout le monde dans des maisons d'appartements.
M. Léonard: Ce n'est pas ce que je dis. Je dis qu'on peut
laisser de la liberté...
M. Blank: Encore du centralisme.
M. Léonard: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre
délégué aux sports et loisirs.
M. Charron: M. le Président, ce que vient de dire le
ministre d'Etat à l'aménagement est très sensé et a
été répété et par le rapport Legault et par
le rapport Castonguay que connaît sans doute fort bien le
député de D'Arcy McGee. Le développement de la politique
urbaine québécoise, qui favorise le développement des
maisons unifamiliales en banlieue, est le développement le plus
coûteux sur le plan économique et sur le plan social. Il oblige
les municipalités pour un terrain où une seule famille se
trouvera logée à encourir des dépenses d'égouts, de
services, etc., qui multiplient les charges à chacune des
municipalités.
Chacun des deux rapports que le gouvernement québécois a
maintenant en main et dont le plus vieux date d'à peine un an, dit et
incite les autorités québécoises à diriger leurs
politiques et d'habitation et de développement urbain, donc, toutes les
politiques accessoires au développement urbain que nous avons entre les
mains aujourd'hui, à non pas contrer le développement des maisons
unifamiliales, mais à ne pas considérer cette voie comme
étant la seule puisqu'elle est totalement la plus coûteuse. En ce
sens, les remarques faites par le ministre d'Etat à l'aménagement
incitent à faire rejeter l'amendement proposé par l'Opposition
qui viserait à privilégier une fois de plus ce type d'habitation
alors qu'il devrait être, par le fait même des coûts qu'il
entraîne à la collectivité, au moment où une
municipalité juge bon d'appliquer la loi 47 sur son territoire,
visé au même titre que les autres...
Le Président: Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Sur l'amendement, M. le Président, nous
serions d'accord à rejeter cet amendement, comme l'a dit le ministre,
cependant on dit qu'on laisse aux municipalités le droit d'imposer ou de
ne pas imposer les maisons unifamiliales, mais il faudrait savoir si elles vont
avoir le droit de le faire selon l'article 2 et je le demande au ministre
actuellement.
M. Tardif: Non, actuellement. Ou elles appliquent la loi
intégralement, peu importe le type d'immeubles ou elles ne l'appliquent
pas. Elles doivent d'abord adopter un règlement par le conseil qui
décide que cette loi s'appliquera dans les limites de la
municipalité; elles envoient copie de ce règlement au
régistrateur pour que celui-ci soit informé et leur transmette
copie des renseignements exigés à l'acte de vente.
A ce moment-là, elles le prennent en tout. Il reste qu'en
établissant un taux différentiel ainsi qu'on l'a fait dans la
loi, c'est-à-dire 0,3% pour les édifices de moins de $50 000 et
0,6% pour ceux excédant ce montant, on a déjà tenu compte
du fait que la très grande majorité des maisons de type
résidentiel unifamilial se situe dans cette première
catégorie de moins de $50 000 et que finalement le montant est
relativement minime.
M. Fontaine: Question supplémentaire. Le ministre
serait-il prêt à envisager un amendement laissant une
discrétion aux municipalités d'imposer cette taxe ou de ne pas
l'imposer sur les maisons unifamiliales?
M. Tardif: La question qu'on pourrait se poser, à ce
moment-là, c'est jusqu'à quel point ceci pourra être
opérationnalisé par le régistrateur qui devra transmettre,
en sus des renseignements déjà exigés, des renseignements
quant au type d'immeuble qui a été transféré, qui a
été vendu. Sur le principe même, je pense qu'on pourrait
admettre que cela puisse se faire; sur le plan concret, je me demande dans
quelle sorte de difficulté on s'embarque. Encore une fois, il faut
penser que l'objectif de cette loi, c'est de donner une source de revenus
additionnels aux municipalités et une source directe qui ne provient pas
de revenus de transfert du Québec.
Alors, si on revient encore une fois à des municipalités
de banlieue contenant relativement peu d'immeubles de type industriel ou
commercial, mais surtout formées de bungalows de type
résidentiel, isolés et qui, encore une fois, par le coût
des infrastructures et tout cela, sont ceux qui coûtent le plus cher
à la municipalité, on dit précisément
ceux-là seront exclus, je veux dire: C'est comme si on n'avait pas fait
de loi.
M. Hardy: C'est cela.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
D'Arcy McGee avait demandé la parole.
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord je voudrais
mexprimer en accord avec ce qua dit tout à l'heure le ministre
délégué aux sports. Justement dans les
municipalités de banlieue, notamment dans les municipalités qui
se dévelop-
pent un peu rapidement, comme ville dortoir, par exemple, la maison
unifamiliale, c'est-à-dire isolée sur son propre terrain, est la
forme la plus coûteuse et je l'ai dit à maintes et maintes
reprises. Il faut quand même se rappeler que la maison en rangée
et l'unité de condominium sont également des maisons
unifamiliales principales. Il y a lieu, sûrement, d'encourager une
certaine densification pour rentabiliser les services.
Deuxièmement, je pense que nous avons souligné hier soir,
dans un autre débat, le fait que le ministre des Affaires municipales a
emprunté un sentier piégé en ouvrant cette question des
taux différenciés. C'est fort compliqué, et comme je l'ai
dit hier soir, sans vouloir reprendre le même débat, mais avec
pertinence à ce dont nous discutons ici aujourd'hui, si c'est bon pour
Montréal, cela doit être bon pour les autres municipalités.
Il faudra déterminer dans quel cadre cette liberté d'action
s'exercera et qui va déterminer les taux différenciés. La
municipalité, donc chacune à son gré, ou le gouvernement,
avec une politique générale à cet égard? Je pense
que nous avons besoin de beaucoup plus d'éclaircissements sur cette
notion de taux différenciés. Je ne voudrais pas
nécessairement amener le ministre à donner ces
éclaircissements aujourd'hui même, s'il ne se sent pas prêt
à le faire. Mais je pense qu'il reconnaît lui-même la
nécessité d'éclaircir considérablement la
question.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre d'Etat à
l'aménagement.
M. Léonard: Simplement pour ajouter en ce qui concerne les
maisons unifamiliales. D'abord, la loi a été conçue pour
donner une source de revenus aux municipalités, et si on exclut les
maisons unifamiliales, évidemment, on leur enlève une grande
source de revenus là-dessus. Mais je voudrais aussi dire que, lorsque la
maison coûte $50 000 et moins, ce sont $50 et moins qu'on va chercher.
Or, les simples coûts de transfert, de paperasse, d'administration de ces
transferts pour les municipalités, je pense que cela doit quand
même représenter des frais assez importants. Il faut que le
rôle d'évaluation soit repris, etc. Alors, cela couvre
peut-être à peine les frais des transferts que cela comporte,
à ce moment.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, on a pris un
projet de loi qui était déjà dans la machine et qui, tel
qu'annoncé dans le discours du budget, n'excluait pas les
résidences unifamiliales principales.
M. Goldbloom: Ce n'est pas sur ma question.
M. Tardif: On parlait donc, si vous voulez, d'ouvrir un nouveau
champ fiscal municipal en se fondant uniquement sur la valeur. Evidemment, j'ai
pris bonne note des remarques du député de D'Arcy McGee, hier
soir, selon lesquelles l'introduction de taux différenciés, selon
les catégories d'immeubles selon lui, constituait du droit nouveau. Je
ne veux pas revenir, ce n'est peut-être pas la place ici, mais je pense
que ce n'est pas tout à fait du droit nouveau dans la mesure où
des taux différenciés existent déjà sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal, pour des
édifices de plus ou de moins de $100 000.
M. Blank: On l'a dit, hier soir.
M. Tardif: C'est cela. Non, mais c'était le fait qu'il
s'agissait de droit nouveau.
Dans ce cas, je pense que l'objectif étant de donner aux
municipalités une source de revenu, cet objectif étant, dans
beaucoup de municipalités, formé de façon très
majoritaire des maisons de type unifamilial résidentiel, ceci aurait
pour effet d'adopter une loi qui ne leur donnerait en fait rien. Je pense que
ce n'est pas cela l'objectif ici, et que cela n'exclut pas que l'on puisse un
jour envisager des modifications à ces taux selon les catégories
d'immeubles. Cela n'exclut pas cette possibilité à l'avenir.
Vote sur la motion
Le Président (M. Bertrand): Le vote est demandé sur
l'amendement, ceux qui sont pour l'amendement, s'il vous plaît!
M. Blank: Le vote enregistré, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bertrand): Le vote enregistré. M.
Goldbloom?
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Blank?
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Larivière.
M. Larivière: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Caron?
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Cordeau?
M. Cordeau: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Fontaine?
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois?
M. Marois: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Tardif?
M. Tardif: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Léonard?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Brassard?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Charbonneau?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Laplante?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Ouellette?
M. Ouellette: Contre.
M. Brassard: II va falloir que vous vous y habituiez.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'amendement est
rejetée.
M. Blank: Ce qui concerne l'appel sera dans l'article 15. On peut
adopter l'article 1, si on veut.
Une Voix: II y a un autre point, la question des conseils de
comté.
M. Blank: Oui.
Une Voix: Je crois que M. le ministre...
M. Tardif: D'accord. Dans ce cas également, je me
réfère ici à l'objet de ce projet de loi qui vise à
donner aux municipalités une source de revenus. Je pense que le
problème du financement des municipalités de comté est une
question d'actualité, mais qu'il ne saurait être
réglé par le biais de cette loi-ci et que c'est par d'autres
mesures qu'il faudra aborder ce problème du financement des
municipalités de comté.
M. Brassard: M. le Président, je pense que, si on exclut
les municipalités de comté, c'est pour éviter la double
taxation. Les conseils de comté regroupant des municipalités
rurales, si ces dernières décident d'appliquer la loi et que les
conseils de comté aussi décident d'appliquer la loi, il y aura,
à ce moment-là, double taxation. Il faut éviter cela,
évidemment.
Le Président (M. Bertrand): Juste un appel au
règlement. Je voudrais simplement vous dire qu'il y a dix contre, quatre
pour au vote précédent sur la motion d'amendement. Elle est donc
rejetée. Oui, M. le député de
Pontiac-Témiscamingue.
M. Larivière: M. le ministre, dans le comté de
Pontiac-Témiscamingue, dans le secteur de Té- miscamingue, il y
a, je pense, 7000 habitants qui sont dans des territoires non
municipalisés. C'est là, je pense, que ce serait important
d'aller chercher un revenu additionnel pour ces personnes.
M. Tardif: Un territoire non incorporé en
municipalités.
M. Goldbloom: Justement, M. le Président, c'est ce que
prévoit l'article 27 du Code municipal. Dans les territoires non
organisés, c'est le conseil de comté qui agit comme
administration municipale et qui a donc le droit de se servir des
mécanismes en question. Je voudrais, pendant que j'ai la parole,
insister sur le rôle grandissant des conseils de comté au cours
des récentes années, de la nécessité de leur donner
des moyens de remplir leur rôle et leurs responsabilités. Je
conviens que ce n'est pas par l'application de cette éventuelle loi, qui
doit être à la disposition des municipalités individuelles,
que nous pouvons, en même temps, comme l'a souligné le
député du Lac-Saint-Jean, établir une double taxation,
mais il faut quand même penser aux besoins des conseils de
comté.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Audition du président de l'Union des conseils
de comté
M. Cordeau: Premièrement, j'endosse les paroles du
député de D'Arcy McGee concernant l'importance que les conseils
de comté prennent de plus en plus. Nul doute que nous aiderons le
gouvernement et que nous collaborerons avec le gouvernement si des lois
viennent améliorer leurs pouvoirs.
Etant donné que M. Moreau, président de l'Union des
conseils de comté, est ici dans la salle... Je sais que, pour parler...
Si on pouvait lui demander quelques explications et le bien-fondé de
cette demande pendant cinq minutes. Je sais que cela prend l'assentiment
unanime de la commission, mais je soumets cela à la discrétion de
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Si la commission y consent,
elle peut entendre les parties.
M. Cordeau: Cela peut être limité à un
certain temps, vu le travail de la commission.
Le Président (M. Bertrand): Je voudrais justement donner
lecture du télégramme qu'a reçu à cet effet le
secrétaire des commissions: Nous désirons faire des
représentations devant la commission parlementaire des affaires
municipales qui étudiera le projet de loi no 47, le mardi 21
décembre 1976. Les procureurs de l'Union des conseils de comté du
Québec, Viau, Delisle, Massé, par Pierre Viau.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que,
pour l'Opposition officielle, le consentement est facilement
donné. Nous pourrions, pour une courte période de temps,
avantageusement entendre le président de l'Union des conseils de
comté du Québec.
Le Président (M. Bertrand): Je voudrais que le
député de Saint-Hyacinthe formule une motion en bonne et due
forme demandant...
M. Cordeau: Je vais essayer de faire pour le mieux. M. le
Président, je propose que M. Moreau, président de l'Union des
conseils de comté, soit entendu devant cette commission.
Le Président (M. Bertrand): En audition publique.
M. Blank: Sans discrétion.
Le Président (M. Bertrand): Adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Tardif: Compte tenu du fait que le règlement
prévoit que, lorsqu'il y aura des auditions publiques, avis devra
être donné aux intéressés de se faire entendre
devant la commission parlementaire, je suggère qu'on suspende la
séance pendant quelques instants, M. le Président, pour discuter
avec M. Moreau, et qu'on reprenne la séance par la suite.
Le Président (M. Bertrand): Alors, la séance est
suspendue pour dix minutes.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai déjà
exprimé la volonté de l'Opposition officielle d'entendre le
président de l'Union des conseils de comté du Québec. Je
pense que nous avons chacun la possibilité d'ici 24 minutes, nous
allons suspendre nos travaux de toute façon nous aurons
certainement le loisir de causer avec toute personne qui se trouve par hasard
dans la salle. Il s'agit de quelque chose d'un peu plus formel et d'un peu plus
important que cela, et je pense que si le gouvernement ne veut pas accepter la
proposition formulée par le député de Saint-Hyacinthe, il
devrait prendre ses responsabilités avec un vote enregistré,
parce qu'il y aura pour cela d'autres occasions; nous avons discuté hier
soir d'une possibilité d'entendre les intéressés et le
gouvernement ne semble pas disposé à le faire.
Je pense que le gouvernement devrait agir différemment et
s'exprimer formellement; je demande donc le vote enregistré sur la
motion du député de Saint-Hyacinthe.
M. Blank: Après les propos du ministre des Affaires
municipales ou du député de Laporte, je ne vois pas, dans nos
règlements, où on a besoin d'avoir des avis; je ne vois pas le
besoin pour une commission, d'attendre après la deuxième lecture.
Si c'est le consentement de la commission, si la commission veut l'avoir, elle
peut entendre M. Mo- reau. Cela s'est déjà fait pour des chefs de
syndicats à l'occasion de projets de loi sur les relations
ouvrières, on l'a déjà fait. Je ne vois pas pourquoi on
veut déjà le faire maintenant. Il semble que tout le monde
consent, même le gouvernement, à ce que M. Moreau parle, mais on
ne veut pas l'enregistrer. Je ne comprends pas cette attitude.
M. Tardif: Cette attitude est exactement celle qui a
été prise l'an passé, à peu près à
cette date, par la commission parlementaire étudiant la Loi de
conciliation entre propriétaires et locataires; certaines personnes
avaient des représentations à faire; c'est la procédure
qui a été suivie.
M. Blank: II y avait tellement de différence dans ce cas.
C'est un monsieur qui est venu pour une affaire personnelle, une personne
seulement. Ici, M. Moreau représente une grande partie de la population
de Québec. C'est un cas absolument différent. A part de
ça, on parle de démocratisation de l'Assemblée nationale,
voilà une première chance et on ne veut pas donner le droit de
parler.
Le Président (M. Bertrand): Sur la motion, le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que les commissions
sont maîtresses de leur procédure et que si cette salle
décide d'entendre M. Moreau, on entendra M. Moreau. J'appuie la motion
pour demander un vote enregistré.
Le Président (M. Bertrand): Sur la motion, est-ce qu'il y
a d'autres intervenants?
M. Cordeau: Oui. Si j'ai fait cette proposition, c'était
dans le but de rendre la loi la plus complète possible, de collaborer,
parce que je crois qu'il est temps que, dans les commissions, lorsqu'une
commission siège, l'on essaie, tous ensemble, quels que soient les
partis, d'apporter notre aide, notre collaboration afin que la loi soit la plus
parfaite possible. Ceci pour ne pas donner de chance aux partis d'opposition
et j'en suis qu'immédiatement après qu'une loi sera
adoptée, d'aller dénoncer la loi sur les tribunes publiques
disant qu'elle est imparfaite et qu'elle aurait dû comporter certains
amendements qui n'ont pas été acceptés par le
gouvernement. Je crois qu'il serait temps d'apporter une autre
mentalité, je ne sais pas, d'accepter de temps en temps des suggestions
pour que la loi soit la plus parfaite possible afin qu'elle soit mieux
perçue de la population en général.
M. Tardif: Je suis particulièrement sensible aux arguments
apportés par le député de Saint-Louis, qui dit que le
précédent de l'an passé, que j'ai évoqué,
impliquait des intérêts privés, ce qui n'est pas le cas
ici. Je suis heureux d'acquiescer à ces représentations de M.
Moreau. Je n'avais pas tenu compte de cette dimension et je vous remercie de
l'avoir portée à mon attention.
Le Président (M. Bertrand): La motion est-elle
adoptée?
M. Blank: Adopté.
M. Goldbloom: C'est de bon augure pour la ville de
Montréal.
M. Cordeau: Merci.
M. Tardif: Sauf que celle-ci a manifesté par écrit
son désir de ne pas comparaître.
M. Goldbloom: Un citoyen sur 1 200 000.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît.
M. Blank: Le Rassemblement des citoyens de Montréal.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! J'invite maintenant
le président de l'Union des conseils de comté, M. Jean-Marie
Moreau, à se faire entendre.
M. Moreau (Jean-Marie): M. le Président, je vous remercie
et je remercie cette commission de bien vouloir nous permettre d'exprimer en
quelques mots ce que l'Union des conseils de comté a à dire en ce
qui concerne ce projet de loi 47. Vous me permettrez, M. le Président,
de remettre les notes à la commission qui pourra en prendre
connaissance. Si vous le permettez, je vais lire ces notes.
Projet de loi no 47, Loi autorisant les municipalités à
percevoir un droit sur les mutations immobilières. L'Union des conseils
de comté du Québec a déjà demandé que ces
droits constituent une source de revenus pour les corporations de
comtés. Devant les intentions du gouvernement, l'Union des conseils de
comté n'a pas d'objection à ce que ces droits constituent une
source de revenus pour les municipalités locales. Il faut bien
s'entendre. Ce n'est pas une double taxation que les conseils de comté
demandent, mais ils demandent d'être l'agent de perception, pour que
toutes les municipalités puissent bénéficier de cette
loi.
Toutefois, pour éviter les problèmes de surenchère
et les autres problèmes que le Québec a connus au niveau de la
taxe de vente, nous suggérons fortement que ces droits soient
imposés par comtés municipaux et que les revenus soient remis
à chaque corporation locale.
Les mots "municipalité" et "corporation municipale" prévus
à l'article 1 pourraient être définis par
référence aux mêmes mots prévus dans la Loi sur
l'évaluation foncière. Il faudrait faire la concordance à
l'article 7 et prévoir la remise faite par le conseil de comté
aux corporations locales.
La contrepartie devrait être examinée par celui qui a
autorisé en matière d'évaluation foncière, soit
l'évaluateur, et non le secrétaire-trésorier. Celui-ci a
déjà tous les dossiers en main et doit, lors d'un transfert de
propriété, émettre un certificat et je me
réfère aux articles 86 et 88 de la Loi sur l'évaluation
foncière, l'acte de transfert devrait être soumis à
l'évaluateur. Celui-ci émettrait un certificat de mise à
jour suivant la Loi sur l'évaluation foncière et un certificat
relatif à la contrepartie, suivant le projet de loi no 47.
Le trésorier transmettrait un compte de taxes basé sur le
certificat de contrepartie. Le cession-naire devrait avoir un droit d'appel sur
la valeur de la contrepartie, suivant le mécanisme prévu à
la Loi sur l'évaluation foncière.
Le recouvrement prévu à l'article 17 du projet de loi no
47 entraînera pour plusieurs municipalités plus de
problèmes que de revenus, et ce, à cause des frais de perception
de la Loi des petites créances, etc.
Voici les notes que nous présentons à cette commission.
S'il y a des membres de la commission qui aimeraient connaître l'aspect
juridique de notre raisonnement, de même que les questions
d'évaluation, j'ai à mes côtés Me Pierre Viau qui
est consultant en questions juridiques auprès de l'Union des conseils de
comté, de même que M. Claude Caumartin qui est notre consultant en
évaluation foncière à l'Union des conseils de
comté. Je vous remercie M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Si les députés
ont des remarques à faire sur l'intervention de M. Moreau ou des
questions à poser, ils sont les bienvenus. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. Moreau, pourriez-vous préciser votre
pensée? N'y aurait-il pas un problème lorsque, dans un conseil ou
dans un comté, par exemple, certaines municipalités seraient
d'accord sur l'application de la loi 47 et que d'autres ne seraient pas
d'accord? Y verriez-vous an problème au niveau de l'organisation pour le
conseil de comté?
M. Moreau: Je ne pense pas qu'il y ait de problème de ce
côté, parce que, dans les questions d'évaluation, je pense
bien que tout le monde est tenu de faire de l'évaluation et si, en vertu
de la loi 47, une municipalité a des droits de perception, je pense bien
que les conseils de comté sont la municipalité régionale
qui possède les cadres voulus pour faire cette perception et en remettre
le produit aux municipalités urbaines. Je ne vois pas de problème
là.
M. Charbonneau: Cela n'empêchera pas celles qui ne sont pas
d'accord...
M. Moreau: Celles qui ne sont pas d'accord? Est-ce qu'il y a des
municipalités qui ne sont pas d'accord pour collecter les fonds, ou sur
les modes de financement? Je ne le pense pas.
M. Charbonneau: Sauf que la loi prévoit que certaines
municipalités pourraient ne pas se prévaloir de la loi.
M. Moreau: Ce qu'on veut, c'est que cela soit perçu par le
comté. On ne veut pas que les muni-
cipalités locales aient le privilège... Le comté
est la structure régionale qui ferait la perception, qui en
redistribuerait le produit aux municipalités à chacune des
municipalités portantes, il faut s'entendre et qui
imposerait...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais, pour comprendre
parfaitement le raisonnement mis de l'avant par M. Moreau, exprimer ce que j'en
comprends pour qu'il me corrige si je fais erreur. Il ne demande pas que le
conseil de comté soit, dans le projet de loi, substitué à
la municipalité individuelle en ce qui concerne le droit de percevoir et
de recevoir les montants en question. Il ne demande pas que ce soit un revenu
direct pour le conseil de comté comme tel; il demande que le conseil de
comté puisse être désigné pour effectuer le
travail.
M. Moreau: C'est cela.
M. Goldbloom: Si je comprends bien, ce serait au choix des
municipalités de demander au conseil de comté de faire ce
travail, d'agir en leur nom, c'est-à-dire que le fait c'est le
point que je voudrais faire éclaircir pour une
municipalité d'adopter une résolution pour donner effet à
cette loi voudrait dire, dans l'esprit de l'Union des conseils de comté,
que ce serait le conseil de comté qui serait par le fait même
chargé d'effectuer la perception.
Troisièmement, ce que j'aimerais pouvoir comprendre parfaitement,
c'est que la raison pour laquelle l'Union des conseils de comté met de
l'avant cette hypothèse est que les transactions étant
relativement peu nombreuses dans chaque municipalité individuelle, les
frais nécessaires pour obtenir la satisfaction des droits et tout cela
seraient relativement élevés. C'est le conseil de comté
qui a son évaluateur qui fait l'évaluation et c'est donc par
rapport à la fonction d'évaluation foncière
déjà assumée par le conseil de comté que l'Union
des conseils de comté voudrait y greffer cette responsabilité
additionnelle comme moyen d'efficacité surtout.
M. Moreau: Exactement. M. Goldbloom: Merci.
M. Moreau: Le conseil de comté ne veut pas
bénéficier de ces montants une fois perçus. Le conseil de
comté aura la responsabilité et l'obligation de remettre à
chacune des municipalités locales les montants perçus.
Le Président (M. Bertrand): Le député du
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Cela répond un peu à ma question. Je
pensais que le conseil de comté voulait percevoir ces droits dans le but
de les partager avec les municipalités membres, que le conseil de
comté assumerait les frais de perception.
M. Moreau: Et il les répartirait entre ces
municipalités et les municipalités à l'intérieur de
ses limites.
M. Brassard: Comment se fait-il que les conseils de comté
qui n'ont déjà pas beaucoup de ressources financières
veulent assumer une nouvelle charge sans recevoir des revenus en
contrepartie?
M. Moreau: Non, la municipalité locale paierait pour la
perception. Evidemment...
M. Brassard: Les frais de perception seraient à la charge
des municipalités.
M. Moreau: C'est cela. Les conseils de comté,
actuellement, au Québec, cotisent les municipalités locales. Ils
ne taxent pas directement. Cela serait fait de la même façon, par
le truchement des dépenses des conseils de comté, mais, à
ce moment, évidemment, les conseils de comté seraient
compensés par l'obligation de la municipalité de payer ces
dépenses.
M. Brassard: Est-ce que, dans votre esprit, la loi devrait
s'appliquer seulement à partir du moment où il y a un consensus
à l'intérieur du conseil de comté ou si vous pouvez
admettre qu'il y ait des dissidences, des municipalités dissidentes, et
quand même appliquer la loi, percevoir les droits?
M. Moreau: II reste une chose, c'est qu'il est bien entendu que
si, avec la loi 47, on laisse cette décision facultative, il va toujours
y avoir des municipalités locales qui ne seront pas d'accord, comme
aujourd'hui, dans l'évaluation foncière. Si, à un moment
donné, on laissait à la discrétion de chacune des
municipalités la liberté de choisir la municipalité sur la
responsabilité de l'évaluation, je pense bien qu'on ne serait pas
rendu loin dans ce domaine de la réforme dans l'évaluation
foncière. Il faut absolument, à un moment donné, si ce
projet de loi devient une loi, obliger les municipalités, à mon
sens, à passer par la même voie.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. Moreau, est-ce que vous avez d'autres exemples
où les conseils de comté perçoivent des taxes des
municipalités qui sont sous leur juridiction?
M. Moreau: Les conseils de comté, dans l'administration
générale des municipalités locales, pour ce qui est
intermunicipal, envoient chaque année des cotisations suivant
l'évaluation à chacune des municipalités qui paient le
compte. Cela fonctionnera de la même façon.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Est-ce que l'Union des conseils de comté a
reçu un mandat spécifique des municipalités pour faire une
telle demande?
M. Moreau: Cela existe. Depuis nombre d'années, et
particulièrement au dernier congrès d'octobre, par
résolution, l'Union des conseils de comté a reçu ce
mandat.
M. Laplante: Est-ce que vous auriez une telle résolution
à nous produire pour...
M. Moreau: Non, je ne l'ai pas ici, mais on peut la produire.
M. Laplante: C'est un engagement au nom des
municipalités.
M. Moreau: D'ailleurs...
M. Laplante: C'est délicat pour nous autres, quand on
recherche l'autonomie d'une municipalité aujourd'hui de se régir
par elle-même, de lui couper cela en-dessous du pied en disant: On donne
cela à l'union. Je vois un danger là-dedans.
Une Voix: D'ailleurs, le projet de loi n'a pas été
déposé.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Verchères. Le ministre d'Etat à l'aménagement.
M. Léonard: II y a une chose qui n'est pas encore claire.
Je ne sais pas si j'ai mal entendu. Les municipalités seraient-elles
libres dans ce contexte? J'ai cru comprendre que vous aviez dit cela au
député de D'Arcy McGee. Par ailleurs, quand on lit le texte, on
dit: Toutefois, pour éviter les problèmes de surenchère et
les autres problèmes, nous suggérons fortement que ces lois
soient imposées par comté municipal. On peut présumer
finalement que, dans chaque comté, ce serait ou obligatoire ou ce ne
serait pas appliqué.
M. Moreau: Ce serait préférable que ce soit
obligatoire, que ce soit de comté.
M. Léonard: Cela veut dire que vous proposez que ce soit
obligatoire, par comté.
M. Moreau: Par comté.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Ecoutez, je pense qu'il est difficile de ne pas
être d'accord avec le principe de reconnaître aux conseils de
comté un rôle grandissant. On peut penser que cette mesure
était peut-être une occasion de concrétiser de façon
très immédiate une de ces fonctions qui pourraient être
assumées par les conseils de comté. Je crois toutefois que c'est
peut-être prématuré dans le contexte actuel. Si, d'une
part, confier à un organisme tel que le conseil de comté des
compéten- ces, des activités, des champs de perception qui
étaient auparavant au niveau local, au niveau municipal, ou, d'autre
part, enlever, descendre du niveau québécois, national des choses
qui pourraient être confiées au niveau du Conseil de comté,
il est peut-être prématuré de faire cela. C'est dans le
cadre du débat beaucoup plus large de la loi 12, qui sera reprise, qu'il
faudra, donc, repenser toute cette question.
Les conseils de comté peuvent déjà se
prévaloir des dispositions de l'article 1 qui dit que, pour les
territoires non incorporés en municipalités, ils pourront,
évidemment, décider de l'application de cette loi.
Egalement, j'imagine que les conseils de comté par
l'intérêt que vous avez manifesté pour cette loi et, enfin,
pour jouer un rôle vraiment actif pourraient peut-être avoir un
effet incitatif auprès des municipalités à
l'intérieur des comtés, de voir à décréter
un règlement et de leur offrir, sur une base volontaire, vos services
pour en assurer l'application de cette loi. Mais je pense que d'introduire,
dès maintenant, cette disposition dans la loi, sans ce contexte beaucoup
plus vaste serait prématuré. Encore une fois, quant au principe
de confier des activités au conseil de comté et de lui faire
jouer un rôle accru, je pense que c'est incontestable. Mais dans le
contexte actuel, cela me semble arriver de façon un peu
prématurée.
M. Moreau: Me permettez-vous seulement une intervention, M. le
Président? Je suis d'accord avec M. le ministre; mais, je pense bien
qu'il faut noter Me Viau vient de me souffler un mot à l'oreille
que la municipalité locale ne peut pas déléguer de
pouvoir au conseil de comté, si ce n'est pas inscrit tel quel dans la
loi. Il faut absolument que ce soit inscrit dans loi. Si vous voulez laisser
facultatif le choix pour la municipalité locale de
déléguer le conseil de comté pour faire la perception, il
faut que ce soit inscrit dans la loi.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voulais souligner ce que
M. Moreau vient de dire et je voulais aussi demander au ministre des Affaires
municipales qui vient de faire allusion au projet de loi no 12 je
présume qu'il fait allusion à ce projet qui portait ce
numéro dans l'ancienne session de l'Assemblée nationale, c'est un
projet de loi qui porte sur l'aménagement du territoire ici, nous
parlons plutôt de taxation et il y a nécessairement un lien
général entre l'aménagement du territoire,
l'évaluation des immeubles et la taxation qui en découle.
Cependant, à moins que le ministre n'ait l'intention de modifier
considérablement le contenu de ce projet de loi, afin de
l'élargir, je ne suis pas sûr qu'il ait choisi le bon
véhicule pour le débat qu'il voudrait faire engager par la
commission parlementaire sur le rôle des conseils de comté.
J'aimerais être assuré, puisque M. Moreau, tout à l'heure,
a semblé d'accord avec l'indication donnée par le ministre que
c'est peut-être un peu
prématuré d'agir dans le sens suggéré. C'est
ce que j'ai compris.
Je n'ai pas prêté des paroles à M. Moreau. Mais si
tel est le cas, si c'est la décision du gouvernement, que c'est
prématuré, est-ce que nous pouvons être assurés d'un
débat sur l'avenir des conseils de comté, sur leur rôle, et
cela à brève échéance et sur un terrain plus large
que celui de l'évaluation de l'aménagement du territoire comme
tel?
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Je pense que la réponse au député
de D'Arcy McGee, c'est oui, on peut être assuré d'un débat
et pas tellement loin. Je pense qu'il n'y a aucune difficulté de
recevoir la proposition du président de l'Union des conseils de
comté de modifier la loi, le projet qui est devant nous, pour faire en
sorte que les municipalités qui le désireraient, puissent confier
au conseil de comté l'application de cette loi. Cela me semble tout
à fait compatible et faisable très rapidement,
immédiatement.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs les membres de la
commission parlementaire, je constate qu'il est treize heures. Est-ce qu'avant
de suspendre cette séance, on pourrait considérer que le
témoignage de M. Moreau est terminé?
M. Moreau: II y a aussi cette question en ce qui concerne la
contrepartie qui devait être examinée par celui qui a
autorité en matière d'évalua- tion foncière, soit
l'évaluateur. C'est-à-dire que dans la loi on parle du
secrétaire-trésorier. Je pense que c'est l'évaluateur qui
est la personne qui devrait faire ce travail.
M. Charbonneau: On ne parle pas du fonctionnaire dans la loi.
M. Moreau (Jean-Marie): C'est le trésorier. Dans les
municipalités rurales, il n'y a pas 50 fonctionnaires. Il y a le
secrétaire-trésorier. Je crois comprendre que, quand on a voulu
parler du fonctionnaire, dans le projet de loi, on parlait du
secrétaire-trésorier. Il y aurait peut-être lieu de
préciser que c'est l'évaluateur.
M. Tardif: Non, on ne veut pas précisément
spécifier l'évaluateur dans la mesure où, encore-une fois,
cette personne pourrait jouer deux rôles à la fois,
déterminer la valeur au rôle et la valeur marchande. Le
fonctionnaire sera celui désigné par la municipalité. Cela
peut être le secrétaire-trésorier. Cela pourrait
être, j'imagine, dans certains cas, un autre fonctionnaire. Le terme est
assez vaste pour inclure ceux désignés par la
municipalité.
Le Président (M. Bertrand): Alors, M. Moreau, la
commission parlementaire vous remercie de votre présence et la
commission suspend ses travaux à quinze heures cet
après-midi.
M. Moreau (Jean-Marie): Merci beaucoup, M. le
Président.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 50
M. Bertrand (président): A l'ordre, messieurs!
Nous allons poursuivre l'étude, en troisième lecture, du
projet de loi no 47. Je veux communiquer un changement dans la liste des
membres de la commission parlementaire. M. Jean-Pierre Jolivet (Laviolette)
remplace M. Léger (Lafontaine).
M. Goldbloom: Est-ce que le ministre a tiré des
conclusions de la discussion que nous avons eue avant la suspension et a-t-il
trouvé une formule en ce qui concerne le rôle des conseils de
comté?
M. Tardif: Dans le cas des conseils de comté,
effectivement, il a été demandé à nos gens de
préparer le papillon nécessaire et c'est en train de se
faire.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aurai un deuxième
commentaire par rapport à cette discussion, c'est la réflexion
que je me fais sur le rôle de l'éva-luateur. On se rappellera que
nous avons eu une discussion sur la désignation de la personne qui
prendrait une certaine action, qui est identifiée comme un fonctionnaire
dans le projet de loi. La nature de ses fonctions n'est pas
précisée; on ne dit pas "évaluateur", et le ministre a
avancé l'argument qu'un évaluateur, surtout celui qui avait
préparé le rôle d'évaluation, pourrait se trouver
dans un certain conflit d'intérêt.
Je voudrais soumettre respectueusement, M. le Président, que je
me trouve difficilement d'accord avec cette interprétation pour la
raison suivante: j'ai indiqué que l'évaluateur fait son travail
par rapport à une date fixe. Tous les immeubles, toutes les
propriétés qui figurent au rôle d'évaluation sont
évalués par rapport à une date dans l'année. Si,
à un autre moment de l'année, il y a une transaction et qu'il
faut, pour les fins de cette loi, identifier un autre montant, une autre
valeur, parce que la transaction a eu lieu à un moment où le
marché se comportait différemment, il me semble qu'à ce
moment-là, il s'agit tout simplement d'une révision faite par
l'évaluateur parce que c'est à une période
différente de l'année et que ce n'est pas un conflit
d'intérêts avec l'action professionnelle qu'il aura posée
en préparant et en déposant le rôle
d'évaluation.
C'est un commentaire que je fais.
M. Tardif: Sur ce point, il y a des motifs d'ordre technique qui
ont été portés à mon attention. D'une part, les
immeubles tels qu'inscrits au rôle d'évaluation ne sont pas
toujours transférés exactement tels qu'ils sont inscrits au
rôle d'évaluation.
Il y a aussi le fait que plusieurs immeubles n'apparaissent pas au
rôle en vertu des articles 12, 13 et 14 de la Loi sur
l'évaluation, par exemple, et qu'il faudrait les inscrire après
les avoir évalués.
La définition d'un immeuble par destination, selon le Code civil,
n'est pas la même que celle prévue à l'évaluation
foncière. A ce moment-là, si on retient cette dernière
définition, celle prévue dans la Loi de l'évaluation
foncière, certains immeubles par destination, au sens de la Loi sur
l'évaluation, ne requerront pas d'enregistrement puisqu'ils ne sont pas
des immeubles au sens du Code civil.
Ces raisons techniques peuvent faire qu'il est préférable
de ne pas confondre les deux, mais...
M. Goldbloom: M. le Président, si ma mémoire est
fidèle, il y a deux sujets qui sont en suspens. Il y a la question des
conseils de comté et il y a la question de l'appel contre la
décision de ce fonctionnaire.
Peut-être que, si le ministre n'est pas encore prêt
ce n'est pas une critique que je fais, c'est simplement une forme de question
que je pose à nous présenter des textes dans ces deux cas,
il pourrait demander à ses fonctionnaires de continuer à
réfléchir sur cet aspect également en préparant un
texte qui arrivera, je présume, à l'article 15.
Quant à l'Opposition officielle, M. le Président, ayant
dit cela, je voudrais vous informer que nous sommes disposés, ayant fait
les commentaires qui nous semblaient importants, à aller assez
rapidement dans l'étude article par article.
Le Président (M. Bertrand): Si je comprends bien le
député de D'Arcy McGee, est-ce que vous seriez prêt
à adopter l'article 1 immédiatement?
M. Goldbloom: Si ce n'est pas à l'article 1 qu'il faut
apporter un amendement. Je ne sais pas à quel endroit précis le
ministre voudrait proposer la modification en ce qui concerne les conseils de
comté.
M. Tardif: II y a un article plus loin qui leur confie le pouvoir
de...
M. Goldbloom: Quand nous y serons rendus le ministre nous
avisera. Très bien.
Le Président (M. Bertrand): Article 1, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 2?
M. Goldbloom: Adopté, quant à nous, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 3?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 4?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 5?
M. Goldbloom: Je crois comprendre assez bien l'article 5, M. le
Président, mais je voudrais faire confirmer par le ministre que le droit
de mu-
tation est imposé au cessionnaire, mais, selon l'article 5, si le
cédant commet une infraction à l'article 24, je ne fais pas
lecture du paragraphe a), mais c'est le paragraphe b) qui retient mon attention
en particulier...
M. Tardif: C'est cela.
M. Goldbloom: ... s'il commet une infraction, il sera passible
de...
M. Tardif: C'est cela. En fait, l'article 5 prévoit que le
cédant peut être tenu au paiement du droit s'il a fait de fausses
déclarations ou s'il a reçu une valeur plus élevée
que celle qui a été déclarée dans l'acte de
transfert.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Bertrand): Adopté. Article 6? M. Goldbloom:
Adopté. M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 7? M.
le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, j'aurais peut-être une
observation à faire sur cet article qui spécifie qu'advenant que
l'immeuble en cause soit situé dans deux municipalités ou
plusieurs municipalités, le produit de cette taxe doit être
divisé à part égale entre chaque municipalité. Je
crois que cela pourrait être un peu discriminatoire dans les cas
où c'est un immeuble, une propriété qui est située
dans deux municipalités et que l'immeuble principal, soit la
bâtisse, est situé dans une municipalité qui donne les
services en entier à cette propriété, c'est-à-dire
à l'immeuble, et qu'à ce moment la taxe est divisée en
parts égales à toutes les municipalités. Ce serait
peut-être au détriment de la municipalité qui dessert en
aqueduc, en déneigement de rues etc., cet immeuble, car peut-être
qu'une partie est un champ et l'autre municipalité reçoit le
même montant de taxe. C'est une observation que...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je ne sais pas si pour pallier ce fait, la
municipalité pourrait fournir des services. Ce serait peut-être
plus...
M. Cordeau: Moins discriminatoire. M. Laplante: Moins
discriminatoire.
M. Cordeau: Parce que si une partie de la municipalité n'a
qu'un champ seulement et l'autre dessert toute la bâtisse en services
d'eau, d'incendie et ainsi de suite, elle va recevoir seulement une partie de
la taxe.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que le point
soulevé par le député de Saint-Hyacinthe est significatif,
mais je vois des complexités là-dedans si l'on ne définit
pas de quels services on parle. Il serait concevable je n'ai pas
d'exemple précis à l'esprit qu'un immeuble soit
situé dans deux municipalités, par exemple, que l'une soit la
source de l'eau potable et que ce soit vers cette municipalité que
soient raccordés des égouts, mais que l'autre municipalité
fournisse la protection contre l'incendie. Ce serait un peu
compliqué.
M. Cordeau: Cela peut être assez rare dans ces cas, soit
que l'une fournisse l'eau, et l'autre, les services d'incendie. Je pense que,
quant aux services d'eau et d'incendie, c'est la même municipalité
qui va les donner.
M. Goldbloom: II y a aussi une considération, savoir la
proportion de l'évaluation qui est inscrite au rôle dans les deux
municipalités. Ce serait un autre critère.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Ce qu'il dit, ce n'est pas nécessairement
ainsi, il y a des parties dans notre coin où une municipalité a
des ententes avec une autre pour lui fournir le service d'incendie par rapport
à l'autre qui a le système d'aqueduc et d'égout.
M. Cordeau: Oui, mais là, ce n'est pas un cas semblable
qui est prévu dans la loi. Je ne vois pas votre exemple.
M. Jolivet: Oui, mais ce que vous dites, c'est à part
égale ou à part différente selon les services.
M. Cordeau: Lorsque la bâtisse... S'il s'agit d'un grand
terrain avec une bâtisse principale, la bâtisse principale peut
être située dans une municipalité et le restant dans
l'autre.
M. Tardif: Dans la mesure où ceci n'est pas une taxe de
services ni la taxe foncière qui vise à dispenser les services,
mais bien un droit sur les transferts comme tels et sur les problèmes
occasionnés par une municipalité, que ce soit une partie
simplement de la bâtisse, les formalités sont à peu
près les mêmes pour les municipalités. Alors, compte tenu
de la valeur impliquée, je me demande si finalement, ce n'est pas plus
simple que de commencer à distribuer en fonction des services fournis.
Qui fournit les services? Dans quelle proportion?
M. Cordeau: Sans compter qu'il ne m'a pas semblé
très clair...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. le ministre, qu'arriverait-il si une
municipalité ne se prévalait pas de la loi?
M. Tardif: II y a une disposition à cet effet. C'est
prévu au dernier alinéa de l'article 7: "Si l'immeuble
s'étend à la fois dans une municipalité où n'est
pas en vigueur le règlement visé par l'article 2 et dans une
municipalité où ce règlement est en vigueur, le droit de
mutation est alors payable en entier à cette dernière'.
M. Goldbloom: M. le Président, quant à moi, tout en
reconnaissant la valeur du point soulevé par le député de
Saint-Hyacinthe, je crois que, dans un cas individuel, les montants ne seraient
pas tellement élevés, dans la majorité des cas. Si le
gouvernement insiste sur la rédaction actuelle, je ne m'y opposerai
pas.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): L'article 7, adopté?
Adopté. L'article 8?
M. Goldbloom: Le gouvernement n'a pas répondu, en ce qui
concerne...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, l'article 7,
adopté?
M. Tardif: Sur votre question, oui, d'accord.
M. Goldbloom: Oui, j'ai demandé si le gouvernement
insistait sur la rédaction actuelle, ou si les idées qui ont
été avancées, comme, par exemple, une division
proportionnelle, selon l'évaluation attribuée à l'une ou
l'autre des municipalités..?
M. Tardif: On me dit que diverses formules ont d'abord
été envisagées avant d'arriver à ce libellé
et que, finalement, c'est celui-là qui a été retenu parce
que les autres formules n'étaient vraiment pas opérationnelles ou
équitables.
Le Président (M. Bertrand): L'article 6?
M. Goldbloom: C'est un article qui est passablement technique. Je
crois l'avoir compris à la lecture, mais le ministre a-t-il une
explication succincte et peut-être vulgarisée qu'il peut nous
fournir?
M. Tardif: II s'agit, en fait, d'un article qui trouve son
équivalent déjà dans la loi 46, l'article 16, sur la Loi
des droits sur les transferts de terrains, sanctionnée le 30 juin
dernier, qui touche le calcul de la valeur lors d'un transfert d'immeuble
acquis en remplacement d'un droit immobilier, lors d'une expropriation. C'est
déjà textuellement le même article qui est reproduit
ici.
M. Goldbloom: D'accord, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): L'article 8, adopté?
Adopté. L'article 9?
M. Tardif: Article 9, M. le Président, je m'excuse, j'ai
un amendement à proposer; qu'on insère donc l'alinéa d) et
qu'on décale les autres en conséquence, de façon à
exiger, parmi les renseignements, le nom de la municipalité dans
laquelle est situé l'immeuble. Si bien que les paragraphes d) à
g) sont décalés d'une...
Le Président (M. Bertrand): Alors, à l'article 9,
ajouter, après le paragraphe c) du premier alinéa, le suivant:
"d) le nom de la municipalité dans laquelle est situé l'immeuble;
".
Les paragraphes d), e), f), g) deviennent respectivement les paragraphes
e), f), g), h); sur la motion de l'amendement?
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Article 9, adopté.
M. Goldbloom: Article adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté, avec
amendements.
M. Goldbloom: C'est cela.
Le Président (M. Bertrand): Article 10.
M. Tardif: M. le Président, l'article 10 se trouverait
abrogé. Pour cela, j'aimerais toutefois auparavant passer à
l'article 11.
Le Président (M. Bertrand): Article 11.
M. Tardif: Etant donné que l'article 11, tel que
rédigé, pourrait entraîner des frais pour l'obtention de
copies de l'acte de transfert... On va lire le libellé: "Dans les trente
jours de l'enregistrement, le registrateur remet une copie de l'acte de
transfert au fonctionnaire chargé de la perception des taxes dans la
municipalité où est situé l'immeuble dont il y a transfert
et où est en vigueur le règlement visé à l'article
2".
De façon à ne pas occasionner des frais
supplémentaires, il est proposé de remplacer l'article 11 actuel
par le suivant. Je lis: "Dans les trente jours de l'enregistrement, le
registrateur remet un avis de mutation au fonctionnaire chargé de la
perception des taxes dans la municipalité où est situé
l'immeuble dont il y a transfert et où est en vigueur le
règlement visé à l'article 2. "Cet avis de mutation doit
contenir les mentions stipulées à l'article 9."
De sorte que ce qu'on demande au registrateur de transmettre, ce n'est
pas et l'acte de transfert et la fiche contenant les renseignements, mais
uniquement la fiche contenant les renseignements visés. Si bien
qu'à ce moment, si cet article 11 était voté ou
accepté par tous, l'article 10 n'a plus sa raison d'être.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. L'article 10
est tout simplement biffé.
M. Goldbloom: D'accord. L'article 11 devient l'article 10.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. L'article 11
devient l'article 10. L'article 12 est le nouvel article 11. On va les prendre
comme ils sont à l'heure actuelle et...
M. Goldbloom: D'accord...
Le Président (M. Bertrand): Article 12, qui devient
l'article 11.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. L'article 13,
qui devient l'article 12.
M. Goldbloom: Et qui situe cette créance au même
rang que les taxes municipales. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Article, 13 adopté.
Article 14, qui devient l'article 13.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Article 14 adopté.
Article 15, qui devient l'article 14.
M. Goldbloom: C'est à cet article, je pense, M. le
Président, que le ministre doit nous fournir un nouveau texte, n'est-ce
pas?
M. Léonard: Droit d'appel.
M. Tardif: Après consultation avec le président du
bureau de révision et d'évaluation, il semble que pour ce qui est
des raisons invoquées déjà quant aux différences de
définition d'immeubles, il ne soit pas souhaitable que ceci
relève de ce bureau. Les deux hypothèses envisagées
jusqu'à maintenant sont, d'une part, de demander au ces-sionnaire un
affidavit quant à la valeur de la contrepartie en cause ou encore la
possibilité que celui-ci, lorsque la valeur est inférieure
à $400, puisse en appeler ou soumettre le tout à la Cour des
petites créances.
M. Goldbloom: Et si la valeur est supérieure, à
quel tribunal?
M. Tardif: A la Cour provinciale.
M. Goldbloom: Avec votre permission, M. le Président, je
demanderais à mon collègue de Saint-Louis, qui est avocat, moi je
ne le suis pas, s'il a des commentaires.
M. Blank: Je n'ai pas entendu le débat, j'arrive.
M. Goldbloom: On y arrive. Le ministre, si je l'ai bien compris,
a proposé que le cessionnaire soit tenu de fournir un affidavit quant au
montant de la contrepartie; deuxièmement, s'il y avait divergence avec
la décision du fonctionnaire, que cette divergence soit soumise à
la Cour des petites créances si le montant est inférieur à
$400 et à la Cour provinciale si elle est supérieure à
$400.
M. Blank: Je n'y ai aucune objection, parce qu'une cour doit
décider; mais pensez-vous que c'est l'endroit où on doit amener
des choses autres que celles pour lesquelles elle juge? Ici maintenant, c'est
la ville qui peut aller à la Cour des petites créances, est-ce
qu'on veut ouvrir la Cour des petites créances à des gens autres
que des individus, comme c'était le but de la loi? C'est ce que je me
demande. On va avoir autre chose à la Cour des petites
créances.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je m'oppose catégoriquement à cette
façon de procéder concernant l'accès des
municipalités à la Cour des petites créances, ce serait
donner une juridiction à cette cour qu'elle ne doit pas avoir. Parce que
la Cour des petites créances a été instituée pour
protéger les petits consommateurs, les petits particuliers. Je ne vois
pas que les municipalités puissent avoir accès à cette
cour.
M. Tardif: Ce ne sont pas les municipalités qui auraient
recours à la Cour des petites créances, mais bien...
M. Fontaine: Le fonctionnaire. M. Tardif: ... le
contribuable...
M. Fontaine: C'est lui qui va être poursuivi.
M. Tardif: Justement et, à ce moment-là, il paie,
mais sous réserve d'exercer un droit de recours à la Cour des
petites créances pour ce qu'il considère être le surplus
qu'on lui réclame.
M. Fontaine: Je verrai l'amendement si... dans ce sens, ça
pourrait être acceptable, mais je vois difficilement...
M. Goldbloom: Je comprends bien le raisonnement du ministre.
C'est que le fonctionnaire étant d'avis que la contrepartie
excède le montant de la contrepartie qui est mentionné dans
l'acte de transfert... Je ne fais pas lecture de l'article. Si le fonctionnaire
trouvait qu'il y a irrégularité dans la transaction quant
à la contrepartie, qu'il rendrait une décision, cette
décision serait communiquée par la municipalité au
contribuable en question, si le contribuable l'acceptait, le dossier serait
clos, si le contribuable ne l'acceptait pas, il aurait le loisir de s'adresser
à la Cour des petites créances ou à la Cour provinciale,
selon...
M. Blank: Parce qu'il doit payer et il doit poursuivre pour le
montant de la différence. Ce sera mentionné dans la loi.
M. Fontaine: C'est une espèce de jugement
déclaratoire.
M. Léonard: C'est la procédure...
M. Blank: Si ce n'est pas inscrit dans la loi, l'article 15
mentionne la décision finale d'un fonctionnaire sans qu'on ait quelque
chose à ajouter pour donner raison à la cour pour discuter l'avis
d'un fonctionnaire, d'accord. Je suis d'accord avec ça.
M. Tardif: II faudrait que ce soit inscrit dans la loi.
M. Blank: Dans la loi. Dans ce sens, on a raison. Je n'ai aucune
objection.
M. Goldbloom: M. le Président, pour notre part, nous
n'avons pas d'objection à laisser encore un certain temps l'article en
suspens, même si nous devons continuer avec l'autre projet de loi et
revenir demain, s'il le faut. Nous serons toujours ici demain,
paraît-il.
M. Tardif: Que ce soit bien clair; j'ai soumis deux
hypothèses possibles: l'affidavit, et là, ce serait final, ou la
Cour des petites créances. Je dois comprendre que vous optez pour la
deuxième.
M. Blank: L'affidavit de qui? De l'acheteur? M. Marois: Du
cessionnaire.
M. Blank: L'affidavit du cessionnaire. Mais si je donne des
affidavits... c'est très facile de dire que l'affidavit vaut ce que
ça vaut. Nous, dans la pratique du droit, savons ce que c'est, un
affidavit. Je pense que c'est mieux d'aller à la Cour des petites
créances.
M. Tardif: J'avais soumis les deux hypothèses et je
voulais...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
explications quant au fonctionnement de cette chose avec un affidavit? La
personne qui doit payer signerait un affidavit indiquant que sa bâtisse
est évaluée à tel montant et cela classerait le
dossier?
M. Tardif: C'est, encore une fois, ce qui s'est produit pendant
de nombreuses années, je pense, au sujet des véhicules
automobiles jusqu'à ce qu'on décide de plus ou moins accepter
ceci.
M. Blank: Pour de petits montants, peut-être que cela ne se
réaliserait pas, mais, à un moment donné, quelqu'un peut
être poursuivi pour parjure sur cet affidavit. Cela créerait
d'autres problèmes.
M. Tardif: L'autre formule est peut-être
préférable.
M. Fontaine: C'est un peu simpliste.
M. Marois: Pas nécessairement.
M. Tardif: On demande un article qui soit plutôt dans le
sens d'un recours, comme vous le mentionniez tantôt.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): L'article 15 est suspendu pour
l'instant. Article 16 qui devient l'article 15.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président. M.
Marois: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 15 devenait
l'article 14. Article 17 qui devient l'article 16.
M. Tardif: II vaut peut-être mieux garder cet article en
suspens puisque c'est en relation avec l'article 15
précisément.
Le Président (M. Bertrand): L'article 17 est suspendu.
Article 18 qui devient l'article 17.
M. Marois: II y a un petit amendement.
M. Tardif: II y a un petit amendement. On vous distribue le texte
à l'instant même. Il est proposé de remplacer les sept
premières lignes de l'article 18 par ce qui suit: "II y a
exonération du paiement du droit de mutation dans les cas suivants,
pourvu qu'il en soit fait mention à l'acte de transfert: ".
A ce moment-là, le premier paragraphe de l'article 18 est donc
remplacé par celui-là. On continue. Supprimer le mot "ou"
à la fin du paragraphe c) de l'article 18 et l'ajouter à la fin
du paragraphe d) du même article.
Ajouter, à la fin de l'article 18 e), le paragraphe suivant:
"lorsque l'immeuble transféré en est un visé à
l'article 3 de la Loi des mines (1965, 1ère session, chapitre 34)".
M. Goldbloom: Question de rédaction. On transfère
l'allusion à la Loi des mines dans les sous-paragraphes, c'est plus
logique. Adopté, M. le Président.
M. Cordeau: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que je dois comprendre, M. le ministre, que
lorsqu'une ferme est vendue à un bâtisseur qui veut l'acheter pour
la subdiviser en lots, que c'est bien son projet, il est bien clair que cette
transaction est exonérée également, à l'article d),
tel que rédigé actuellement. Elle peut être au rôle
d'évaluation comme une ferme, actuellement. Mais, par contre, celui qui
l'achète veut en faire du lotissement.
M. Tardif: II faut lire cet alinéa en rapport avec
l'article 22, qui stipule que l'exonération prévue au
paragraphe d) de l'article 18 cesse d'avoir effet à compter du jour
où l'immeuble n'apparaît plus au rôle d'évaluation
comme une ferme ou un boisé. Un délai est prévu.
Le Président (M. Bertrand): Article 18, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Tel qu'amendé.
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Bertrand): Article 19 qui devient article
18?
M. Tardif: A l'article 19, il n'y a rien de particulier. C'est
peut-être un peu compliqué, mais il s'agit véritablement
des reprises de possession.
Le Président (M. Bertrand): Cela va, article 19?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 20 qui
devient 19?
M. Tardif: En fait, les articles 19, 20 et 21 reprennent
essentiellement les exonérations correspondant aux articles 40, 43 et 44
du projet de loi 46 actuel sur les droits sur les transferts de terrains.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Article 20, adopté.
Article 21 qui devient 20?
M. Tardif: Même chose. M. Goldbloom:
Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 22 qui
devient 21? Adopté.
M. Goldbloom: Adopté, avec la réserve, M. le
Président, qu'il y a allusion, à l'avant-dernier alinéa,
au fonctionnaire chargé de la perception des taxes. Il y a une
réflexion qui est en cours chez les fonctionnaires. S'il y a des
commentaires, nous pourrons, avec le consentement, revenir à cela.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Article 23 qui devient 22?
M. Tardif: Evidemment, cet article déclare confidentiels
les renseignements obtenus dans l'application de la présente loi. Il n'y
a pas de problème majeur.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 24 qui
devient 23?
M. Goldbloom: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 25?
Une Voix: II y a un amendement.
M. Tardif: On a vu la correction. Au paragraphe c), c'est le
paragraphe d).
Le Président (M. Bertrand): L'article 24 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
M. Blank: La seule chose ici, à l'article 25 je
pense que le leader de l'Opposition en a fait mention l'autre jour dans son
discours c'est qu'avec la loi 46, il arrive que le notaire doive remplir
environ une douzaine de formules pour le registraire ou pour le
ministère du Revenu. Cela augmente le taux des honoraires payés
par l'acheteur. Est-ce possible ici d'essayer d'avoir une formule très
simple pour éviter le paiement par les citoyens des honoraires qui ne
sont pas tellement nécessaires? C'est parce qu'avec la loi 46, le
notaire Roy m'a dit qu'on doit remplir douze formules. Le notaire facture douze
fois.
M. Tardif: On m'informe qu'il y a présentement une
discussion, des rencontres entre les gens du ministère du Revenu et ceux
de la Justice pour en arriver à un formulaire unique, standard.
M. Blank: Je veux seulement attirer l'attention des
fonctionnaires.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): L'article 26 qui devient
25?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. L'article 27qui
devient 26?
M. Goldbloom: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président: (M. Bertrand): Adopté. Article 28qui
devient 27?
M. Goldbloom: Le ministre ne veut-il pas proposer des
modifications pour envoyer cela à un autre ministre?... Je retire ma
question, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Nous avions pensé qu'il
ne figurerait pas comme cela.
M. Tardif: Je vais attendre de connaître mieux toutes les
subtilités et tous les rouages.
Le Président (M. Bertrand): Article 28, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Article 29 qui devient 28?
M. Goldbloom: Adopté en principe, mais il faut revenir
pour compléter l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Les concordances se font-elles automatiquement ou
faut-il les faire? Parce qu'il y a des articles qui sont de concordance avec
des numéros. L'article 5b, l'article 24 devrait être
remplacé par l'article 23. L'article 17 par l'article 16, etc. C'est
automatique?
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'en vertu de mon
expérience, je peux répondre, si le ministre me le permet, que
nous avons eu l'habitude de faire confiance au greffier en loi et à son
équipe pour faire ces modifications. Il serait assez fastidieux pour les
députés de devoir vérifier à rebours tous les
articles pour corriger ces allusions.
Etude suspendue
M. Tardif: Maintenant, on m'informe que, compte tenu des nombreux
renvois qui impliquent l'addition de cette question du droit d'appel, il est
nécessaire de suspendre l'étude de ce projet et vers la fin de
l'après-midi, les légistes nous arriveront avec des projets de
textes. Cela va?
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Alors, le projet de loi no 47
est suspendu jusqu'à une prochaine séance, sine die.
Alors, la commission va maintenant étudier le projet de loi no
78, Loi prolongeant et modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires. Est-ce que le ministre des Affaires
municipales aurait un préambule à faire?
Projet de loi no 78
M. Tardif: Je pense que le préambule essentiel a
été fait lors du dépôt en deuxième lecture,
à savoir qu'il s'agit d'une loi qui est soumise à nouveau pour
étude pour la 26e année et qui est reconduite incidemment. Je
pense qu'il y a lieu ici de procéder article par article, compte tenu
qu'il y a quand même de nouvelles dispositions qui vi- sent à
resserrer un certain nombre de points contenus dans la loi
déposée il y a un an.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'un
représentant de l'Opposition...
M. Blank: II y a seulement une chose que je peux
peut-être... Il y a un manque dans la loi. L'année passée
et deux ans avant, j'étais du même avis que le
député de Maisonneuve sur une question fondamentale dans la Loi
de la Régie des loyers...
Une Voix: C'est rare que cela arrive.
M. Blank: C'est rare que cela arrive. C'est arrivé parce
que nous deux peut-être, dans nos comtés, avions le même
problème. Dans mon comté, j'ai les Habitations Jeanne-Mance et
une partie de la Petite Bourgogne. Ces gens qui demeurent dans ces
bâtisses ou ces secteurs d'habitation sont exemptés de la Loi de
la Régie des loyers. Ces gens n'ont aucun droit de recours contre le
propriétaire, non seulement pour l'annulation des baux, mais pour les
services et n'importe quelle plainte. Ils n'ont personne à qui se
plaindre. Pour la Petite Bourgogne et les Habitations Jeanne-Mance ce
sont deux endroits que je connais, parce que, comme je l'ai dit, ils sont dans
mon comté les décisions de l'administration, c'est cela et
c'est cela. C'est fini. Pas de recours auprès de qui que ce soit. On
avait justement un cas récent à la Petite Bourgogne, où il
y avait un jeune prêtre à qui on avait promis un logement; il est
entré dans le logement et, à un moment donné,
l'administration a dit: Vous n'avez pas le droit d'être ici, dehors!
Aucun recours. On a suggéré au ministre de la Justice du temps,
je ne sais pas si c'était le député d'Outremont ou le
député de Bonaventure, mais le ministre a dit qu'il
étudierait le problème et qu'il essaierait de donner un peu de
protection à ces gens. Je constate que la loi sera adopté et le
député de Maisonneuve, maintenant leader du gouvernement, ne met
rien dans ce projet de loi pour protéger ces gens. C'est la seule
remarque que j'ai...
M. Goldbloom: II était même président du
comité de la législation.
M. Blank: Oui.
M. Tardif: Peut-être parce que les
prédécesseurs ont laissé les bureaux vides.
Le Président (M. Bertrand): Les membres de la commission
acceptent-ils que le ministre d'Etat au développement économique
se fasse entendre à cette commission, en remplacement de M. le
député ministre d'Etat au développement social?
M. Goldbloom: C'est accepté, M. le Président. Le
Président (M. Bertrand): Nous allons donc
aborder l'étude de ce projet de loi article par article.
L'article no 1.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais vous informer
qu'il y a quelqu'un qui a pris le soin de vérifier ce texte en
détail, et qu'il le trouve correct.
M. Charbonneau: L'Opposition a-t-elle remarqué qu'il est
jusqu'au 30 juin 1978?
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Bertrand): L'article 1, adopté?
Adopté. L'article 2? Le député de Nicolet-Yamaska, s'il
vous plaît!
M. Fontaine: Sur l'article 2, je représente M. Bellemare
qui, actuellement, est aux funérailles de M. Caouette, et qui a fait une
intervention en deuxième lecture sur cet article en particulier.
Je ne sais pas si le ministre a pris' connaissance des
négociations qui étaient à se faire entre le syndicat de
la CSN et les 230 syndiqués qui sont impliqués dans cette
affaire. Le ministre pourrait-il nous donner l'état de ces
négociations et nous dire ce qu'il entend faire avec cet article?
J'ai quelques notes ici. J'ai reçu une communication d'un gars de
la CSN. Le syndicat aurait été accrédité le 5
août 1976. Il a déposé une demande de convention collective
au début de décembre. La partie patronale devait fournir une
contreproposition. Au lieu de cette contreproposi-tion, on présente ce
projet de loi.
M. Tardif: J'ai, de fait, rencontré le ministre de la
Fonction publique et le ministre du Travail sur cette question. Il est
proposé que l'article 2, contrairement au reste de la loi, n'entre en
vigueur que lors de sa proclamation par le lieutenant-gouverneur en conseil, ce
qui donnerait le temps c'est sur l'article 8, étant donné
que l'article 2 ne s'applique qu'aux nouveaux employés.
M. Fontaine: C'est pour les nouveaux employés, l'article
2.
M. Tardif: C'est pour les nouveaux employés, tandis que
l'article 8 est pour le personnel actuel, ce qui donnerait le temps de
négocier toute cette question.
Le Président (M. Bertrand): Dois-je comprendre que
l'article 2 est adopté?
M. Fontaine: Est-ce qu'on doit comprendre que les
négociations vont se continuer avec le syndicat de la CSN?
M. Landry: C'est cela! M. Fontaine: C'est cela.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Landry: J'avais demandé la parole tantôt, M. le
Président. Pour plus de sûreté, vous voulez qu'on couvre
l'article 4 par le même dispositif. On n'a aucune objection à le
faire. Alors, avec l'article 4 et l'article 8, les nouveaux et les anciens
seraient couverts.
M. Fontaine: D'accord!
Le Président (M. Bertrand): L'article 2 et l'article
8.
M. Fontaine: L'article 2 et l'article 8. Avant de passer à
un autre article, nous sommes informés que ces gens-là devaient
rencontrer le ministre du Travail ce matin. A-t-on un compte rendu à
nous donner de cette rencontre? Vous n'êtes pas au courant?
M. Tardif: Non.
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais peut-être
au ministre des Affaires municipales ou enfin à quelqu'un qui pourrait
le faire de bien mentionner, pour le remettre au secrétaire, le
changement a l'article 2, qui sera aussi applicable à l'article 8,
concernant l'entrée en vigueur de la loi, pour ce qui est de ces deux
articles.
M. Landry: Le nouvel article 14...
Le Président (M. Bertrand): A ce moment, on passera
à la motion d'amendement. Ajouter dans la deuxième ligne,
après le mot "sanction" et les mots "à l'exception des articles
8, 10 et 11" il faudrait inclure "2" aussi "des articles 2, 8, 10
et 11, qui entreront en vigueur à toute date ultérieure qui
pourrait être fixée par proclamation du lieutenant-gouverneur en
conseil". Ce sera inscrit à la fin de la loi, à l'article 14.
M. Landry: On va le faire regarder, on l'aura en entier pour la
fin des travaux.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Jolivet: M. le Président!
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Jolivet: Au sujet des employés, pourrait-on savoir de
la part du ministre quelle sorte d'employé? Est-ce l'employé
à temps plein, à temps partiel, l'occasionnel? A quel niveau?
M. Tardif: De l'ancienne loi? M. Jolivet: De la loi
actuelle.
M. Blank: S'il y a des changements à faire, il faudra
savoir de quoi il s'agit.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que le ministre des
Affaires municipales est en mesure de répondre à la question?
M. Tardif: La question a trait au statut du personnel actuel de
la commission. Il s'agit en fait du personnel nommé par
arrêté en conseil selon bon plaisir et qui ne jouissait d'aucune
sécurité d'emploi.
M. Jolivet: Cela veut dire que cela donne à ces
employés une sécurité d'emploi.
M. Tardif: C'est ce que leur donne la présente loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: A propos de cet article, les négociations qui
sont en cours actuellement vont-elles se poursuivre?
M. Tardif: Elles se poursuivent présentement.
M. Cordeau: Le syndicat a-t-il manifesté l'intention
d'accepter cette proposition gouvernementale de faire partie de la fonction
publique?
M. Tardif: C'est une des questions présentement en
négociation.
M. Cordeau: Advenant le cas où le syndicat ne
manifesterait pas l'intention d'adhérer à cela, mais si le
syndicat est reconnu, il aura la sécurité d'emploi probablement
dans les négociations. Ce doit être inclus actuellement.
M. Tardif: A ce moment, le syndicat sera régi par une
convention collective qui lui est propre et ces articles ne seront jamais
proclamés.
M. Cordeau: Ah, bon!
Le Président (M. Bertrand): Le député du
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: C'est une explication que je voudrais avoir à
propos de l'accréditation obtenue par ces employés. C'est une
accréditation qui fait qu'ils sont affiliés à la CSN?
Est-ce exact?
M. Tardif: C'est cela.
M. Brassard: En entrant dans la fonction publique, cela veut-il
dire qu'ils seront tenus d'être intégrés au Syndicat de la
fonction publique ou vont-ils demeurer affiliés à la CSN?
M. Tardif: Ce n'est pas fini.
M. Brassard: A ce moment, en adoptant ces articles, n'est-ce pas
un peu tôt?
M. Landry: Ces articles ne s'appliqueront pas suivant l'issue de
la négociation.
M. Tardif: Ils n'entreront en vigueur que sur proclamation.
Evidemment, s'ils sont accrédités...
M. Landry: La série d'hypothèses, c'est soit qu'ils
s'intègrent à la fonction publique, soit qu'ils ne
s'intègrent pas à la fonction publique. S'ils ne
s'intègrent pas à la fonction publique, c'est soit qu'ils restent
à la CSN ou qu'ils viennent au Syndicat général de la
fonction publique. Il y a tout un éventail et je pense bien qu'avec un
peu de perspicacité, on peut voir les demandes syndicales
là-dedans.
M. Fontaine: S'ils viennent à la fonction publique, les
articles seront proclamés, s'ils restent à la CSN, les articles
ne seront jamais proclamés.
M. Landry: Exactement cela.
M. Cordeau: Avec cette assurance nous pouvons accepter.
Le Président (M. Bertrand): Article 2.
M. Landry: Je m'excuse, il faudrait ajouter l'article 3
également en ce qui concerne les articles qui entreront en vigueur sur
proclamation seulement.
Le Président (M. Bertrand): On le fera à l'article
14, à la fin du projet. Article 2, adopté?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 3?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 4?
M. Blank: Est-ce que quelqu'un peut m'expli-quer l'article 4, le
nouvel amendement 29b? Qu'est-ce que cela veut dire exactement?
M. Tardif: Dans le cas de l'article 4 qui modifie l'article 29b,
il s'agit d'assurer... en fait, je vais faire la lecture des notes que j'ai
ici. L'article29b permet à un nouveau locataire de demander à
l'administrateur de fixer son loyer si celui-ci est supérieur à
celui payé par le locataire précédent. Certains
propriétaires pourraient conclure avec des personnes liées
à eux, des baux d'un mois et, dans ces baux, le loyer serait
augmenté considérablement et cette augmentation,
évidemment, ne serait pas contestée. Dès lors, le
locataire subséquent ne pourrait contester son loyer s'il est
égal au loyer prévu par le bail d'un mois, dont on sait qu'il a
été artificiellement gonflé.
M. Blank: Est-ce que ce n'est pas exactement le contraire que
vous avez ici? Disons, par exemple, que le loyer est fixé par
l'administrateur l'année passée, à $100 par mois et le
locataire déménage. J'ai un ami qui entre là et je fais un
bail avec lui pour trois mois à $125. On ne dit pas ici que le loyer ne
peut pas être plus élevé que le plus fort
des deux montants. Le plus élevé des deux montants, c'est
$125. A moins que je ne me trompe.
M. Tardif: De deux choses l'une. Ou bien le dernier loyer
fixé par l'administrateur, ou bien le plus bas loyer calculé sur
une base mensuelle.
M. Blank: Oui, mais dans l'autre paragraphe, vous dites: Un loyer
le plus élevé des deux montants. Le loyer le plus
élevé des deux montants. Le plus élevé des deux
montants, c'est le nouveau bail signé avec le locataire artificiel.
M. Brassard: Les deux montants suivants, l'article 29b).
M. Blank: Disons que a) c'est le loyer fixé par
l'administrateur à $100, et b), le loyer artificiel qui est de $125.
Lequel des deux? C'est-à-dire le plus grand, celui des deux qui est
supérieur.
M. Tardif: Sur une base mensuelle au cours des douze mois
précédents.
M. Blank: D'accord. Prenons douze mois. Cela devient un montant
supérieur encore. Cela ne dépasse peut-être pas $125, mais
c'est $104 ou $105.
M. Tardif: En fait, cela était pour éviter
justement que les gens...
M. Blank: Mais peut-être que si vous mettez le loyer
supérieur le moins élevé des deux montants, vous arrivez
à votre but.
M. Landry: Non.
M. Blank: Non? Expliquez-moi. Oui, c'est exactement cela.
M. Landry: Le paragraphe b)...
M. Blank: Oui, je comprends ce que dit le ministre. Tantôt
ce qu'il a dit, c'est vrai, peut-être que la loi a été
fixée à trois mois, mais vous donnez un avantage à un
propriétaire qui veut créer une situation illégale ou un
bénéfice. Cela veut dire qu'il commence à fixer le loyer
avant que l'administrateur puisse le toucher. Si un propriétaire fait
cela, il doit encourir la pénalité, ne pas revenir devant la
Régie des loyers pour fixer le loyer; mais s'il a un ami qui arrange un
bail, même s'il reste là dix mois, il lui retourne l'argent et il
a un bail fictif de $150 par mois pour dix mois. Après douze mois, vous
arrivez à un loyer de $140 par mois et c'est le montant.
M. Landry: Oui, mais dans le paragraphe terminal, le locataire
peut retourner devant l'administrateur et demander que le loyer soit
fixé dans les 60 jours de la date à laquelle le bail commence.
Alors, il n'est pas pris dans la machine.
M. Lalonde: II faut qu'il prouve la fraude.
M. Blank: Oui.
M. Landry: Non. S'il fallait qu'il prouve la fraude, le mot
fraude serait dans le texte. Il a seulement à faire sa preuve
normalement et demander une fixation normale du loyer.
M. Blank: Oui, une fixation de loyer, mais ici ce n'est pas une
diminution du loyer, c'est fixer le loyer. Il doit commencer avec la base. Vous
pouvez aller devant la Régie des loyers pour demander une
diminution...
M. Landry: La réduction...
M. Blank: La réduction, mais ici il ne demande pas une
réduction. Ici, pour fixer le loyer, quand il fixe le loyer, il commence
avec la base. Cela ne peut qu'augmenter et non pas diminuer.
M. Landry: S'il prend le plus fort des deux montants et qu'il le
trouve trop fort, il peut aller devant l'administrateur et demander la
réduction du loyer.
M. Blank: De fixer le loyer.
M. Brassard: En cas d'inobservation.
M. Lalonde: Habituellement, il y a des cas d'inobservation.
M. Blank: Au niveau, c'est-à-dire par... Une Voix:
Oui.
M. Blank: Mais le loyer a augmenté. Je pense que si vous
changez au moins l'un des deux montants, vous arrivez à votre but.
M. Landry: Parce qu'au moins on est sûr que c'est un loyer
fixé par l'administrateur.
M. Blank: Oui, au moins.
M. Landry: S'il n'y a pas eu de fixation depuis trois ans,
là, on a un problème grave.
M. Blank: Quand il demande la fixation du loyer, l'administrateur
peut arriver à n'importe quel montant. Parce qu'il n'a pas de base.
M. Tardif: Est-ce qu'on peut suspendre l'étude de cet
article et revenir pendant qu'on va regarder ça, si vous voulez?
M. Goldbloom: Volontiers. M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Article 4, suspendu. Article
5. Adopté? Adopté. Article 6.
M. Goldbloom: Une faute d'impression au premier mot.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que le
député de D'Arcy McGee a fait vérifier tous les...
M. Goldbloom: Nécessairement.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 7.
Adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 8. Le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Tardif: C'est un des articles...
M. Landry: Est-ce que ce n'est pas un des articles qui ont
été...
M. Tardif: C'est ça, qui entrera en vigueur par
proclamation.
Le Président (M. Bertrand): Article 8. Adopté.
Article 9.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. L'article 10,
lui aussi, entre en vigueur par proclamation du lieutenant-gouverneur.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Article 10. Adopté.
Article 11. Adopté. Article 12.
M. Goldbloom: M. le Président, maintenant que nous sommes
arrivés à l'article 12, qui comporte plusieurs articles en effet
qui seraient ajoutés à la loi, je pense qu'il y a lieu de prier
le ministre de bien vouloir nous donner une explication générale.
J'aimerais lui demander en même temps de nous donner des explications
assez précises sur le cas particulier qui figure à l'article
16a). C'est un problème qui semble complexe. Je voudrais vous dire
à l'avance, M. le Président, ou dire par votre
intermédiaire, au ministre, que nous sommes passablement sceptiques
devant cet article et que nous avons besoin de beaucoup de conviction pour
pouvoir l'accepter.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Le ministre peut-il
répondre?
Déclarations de
copropriété
M. Tardif: L'article 12, si on le prend partie par partie...
16.1. d'abord, il s'agit donc d'un article qui continue en quelque sorte le
moratoire sur les transformations à copropriété
décrétées l'année dernière aux mêmes
conditions. Il y a toutefois certaines modifications qui sont à noter et
par exemple, dans le cas de l'article 16.1: "Nul ne peut, à compter du
26 novembre 1975, demander l'autorisation d'enregistrer une déclaration
de copropriété...
Je pense que c'est l'article... Je m'excuse, M. le député
de Saint-Louis, il s'agit essentiellement ici du même article. Cette
partie n'est pas nouvelle.
Le paragraphe 2...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'attendrai que le ministre ait terminé ses
consultations.
M. Tardif: Oui. Vous aviez une question, M. le
député de D'Arcy McGee?
M. Goldbloom: J'avais une question un peu précise qui
pourra peut-être aider le ministre à formuler sa réponse.
Je constate qu'en 1975, le chapitre 84 des lois de 1975 comporte un premier
paragraphe, sous-paragraphe 1, si vous voulez, qui se lit comme suit: "Le
présent article s'applique à un immeuble comportant un ou
plusieurs locaux d'habitation occupés par des locataires. Il a effet
malgré toute loi ou entente à ce contraire."
Dans la formulation qui nous est présentée dans le projet
de loi que nous avons sous les yeux, ce paragraphe disparaît et revient
sûrement sous d'autres formes, à divers endroits, dans
l'article.
Si je comprends bien, l'expérience de l'application de cet
article 16 a démontré que le moratoire était efficace dans
certains cas, dans les cas de certaines catégories d'immeubles dont le
propriétaire voulait obtenir la transformation en
copropriété, mais qu'on y a décelé des lacunes.
Si je comprends bien, c'est le désir du ministre, du
gouvernement, de combler ces lacunes ou certaines d'entre elles.
Peut-être que le ministre pourrait nous dire en quelques mots quelles
sont précisément les lacunes qui ont été
décelées et qui seront comblées, fermées par le
présent projet de loi.
M. Tardif: D'une part, pour répondre à la
première partie de la question concernant le premier alinéa de
l'article 16 du chapitre 84, on retrouve cet article dans l'article 16, aux
paragraphes i) et j) du projet actuel.
Les principaux problèmes qui ont été
soulevés dans l'application du chapitre 84 ne découlent pas
véritablement des transformations en copropriété
réelle, mais bien dans un cas particulier qui est prévu à
l'article 16 a.
A ce moment-là, je voudrais demander à mon collègue
de faire état de ce cas particulier.
M. Landry: Le député de D'Arcy McGee a grandement
raison de demander des explications sur cet article 16a) qui est un article
assez particulier, exorbitant du droit commun.
Puisque vous voulez, si j'ai bien compris, des explications
substantielles, je me permets de vous donner l'éventail au complet avec
ses tenants, les
aboutissants historiques et la situation sans abuser du temps de la
commission.
Les immeubles de Val-Martin sont situés à Laval, dans les
limites de la ville de Laval, dans la circonscription électorale de
Fabre, ce qui explique un peu ma connaissance historique de la question, mais
je dois dire que le gouvernement précédent avait eu, surtout sous
la mouvance du député de Laval, une sollicitude
particulière pour les gens de Val-Martin, ce qui s'explique par le fait
que, sociologiquement, il s'agit en général de couples qui sont
allés s'établir dans ces immeubles à loyers modiques,
financés par la Société centrale d'hypothèque et de
logement, qui avaient été construits par un promoteur du nom de
Brien, il y a déjà pratiquement un quart de siècle,
peut-être un peu moins.
Ces gens se sont installés dans ces logements et ont
élevé et, élèvent encore des familles assez
nombreuses. Ils jouissent de loyers véritablement modiques. Ils
devaient, à l'époque où ils se sont mariés, comme
tous les autres Québécois, avoir l'option de se construire un
bungalow qui leur aurait coûté $7500 ou $8500 ou de s'installer
là-dedans. Ils y seraient encore avec leurs nombreuses familles qu'ils
n'ont pas fini d'élever. Ils n'ont pas choisi cette option, ils ont
choisi, si on peut dire, d'aller se réfugier sous la tutelle d'une
société fédérale d'habitation qui avait un contrat
particulier avec Brien. C'est une société à dividendes
limités. Ils ont compté là-dessus.
Or, survient dans la vie de ces gens, un drame qui a commencé il
y a un an et demi à peu près, alors que Brien vend à un
acquéreur qui s'appelle Netherwood Corporation, lequel acquéreur
décide de revendre un à un les duplex et, par le jeu de la loi de
la conciliation des propriétaires, etc., réussit, avec les
nouveaux propriétaires qui ont acquis en toute bonne foi, à
expulser ces gens que je vous ai décrits au début de
l'historique. Vous voyez la situation dramatique que cela cause.
Le député de Laval avait très bien compris la
question. Le gouvernement du temps n'a pas hésité de faire une
loi qui était elle-même exorbitante du droit commun, puisqu'elle
était rétroactive. La loi rétroactive étant en
général odieuse et justifiée dans des circonstances
très particulières, elle était justifiée sous le
précédent gouvernement, elle l'est encore présentement et
voici pourquoi:
C'est qu'il s'est déclenché, à la suite de la
rédaction de la loi l'an dernier, une véritable guérilla
judiciaire, soi-disant parce que la loi n'était pas suffisamment claire.
Evidemment, les juristes ont toujours, dans notre système de droit
contradictoire, le loisir de défendre ce qu'ils veulent bien
défendre et ils l'ont fait avec énergie. Il y a des avocats
brillants et de grandes études qui se sont embarquées
là-dedans.
M. Blank: Pas dans la fonction publique.
M. Landry: Ils ne sont pas dans la fonction publique.
Des Voix: Ils vont peut-être venir.
M. Landry: Je pourrais vous dire qu'il y en a maintenant qui sont
dans la vie publique, par ailleurs...
M. Blank: La vie publique.
M. Landry: ... de sorte que ces gens de Val-Martin ont
été d'une bataille à l'autre, d'une injonction à
l'autre, d'une action en dommage-intérêts à l'autre, la
Régie des loyers a été mobilisée et, pendant tout
ce temps, Netherwood a vendu, en dépit de la loi ce qui prouve
qu'il y avait donc des lacunes à un certain nombre
d'acquéreurs de bonne foi. Il y a des locataires qui sont partis, les
autres sont menacés, ils sont en panique. Ils voyaient venir
l'expiration du moratoire avec la plus grande angoisse. Ils ont fait des
représentations, ils ont fait des pressions, ils sont même ici
dans la salle, de telle sorte que la situation actuelle est à peu
près la suivante:
II y a trois groupes qui sont en péril là-dedans. Il y a
d'abord Netherwood, citoyen corporatif qui mérite d'être
respecté comme n'importe quel autre citoyen du Québec et qu'on ne
doit pas traiter avec rigueur, parce qu'il a agi dans le cadre des lois ou dans
le cadre des lacunes qu'il a trouvées dans la loi, ce qui fait
parfaitement son droit. Il y a les locataires dont je vous ai décrit
l'angoisse et il y a les nouveaux acquéreurs qui eux aussi sont
maintenant dans l'angoisse, parce que leurs titres ne pouvant être
enregistrés, ne peuvent pas être opposés à d'autres
tiers. Ils ont fait des versements, ils sont dans une situation précaire
avec de l'argent versé, ils encourent le risque d'être
expulsés.
Dans ces nouveaux acquéreurs, il y a deux types. Un type qui
m'est éminemment sympathique et l'autre qui l'est moins. Ceux qui me
sont sympathiques, ce sont en particulier un certain nombre d'immigrants grecs
qui, avec les difficultés de communication propres à cette
communauté, parce que, souvent, ils ne parlent ni l'anglais ni le
français, ont été s'acheter de bonne foi ce qu'ils
trouvaient être un beau petit duplex. Il y a aussi des
spéculateurs qui, n'ayant pas besoin de duplex, ont acheté des
duplex pour, éventuellement, faire de l'argent.
Alors, vous voyez qu'on est en face d'un problème
extrêmement complexe, complexe à telle enseigne que, si on avait
laissé aller les choses comme elles sont, il aurait pu y avoir des
expulsions manu militari à la suite d'un jugement cette semaine, demain,
à Noël ou le jour d'après, parce que ce n'est pas jeudi. La
situation est à ce point complexe que légiférer de
façon définitive et permanente là-dessus serait dangereux.
On pourrait faire mal à Netherwood. Ce n'est pas le rôle de
l'Assemblée nationale de persécuter un citoyen corporatif. On
pourrait faire mal aux locataires et on pourrait faire mal aux nouveaux
acquéreurs. Alors, on a choisi le repli prudent dans le moratoire, un
peu insolite, comme l'a dit le député de D'Arcy McGee, mais je
pense lui avoir expliqué pourquoi, avec l'engagement les
équipes sont déjà au travail de trouver une
solution définitive
au cas de Val-Martin. Nous avons déjà en tête des
solutions qu'il serait prématuré de rendre publiques et qui
protégeraient les trois protagonistes que j'ai mentionnés. Je
m'excuse d'avoir été un peu long, mais, étant donné
que le cas est bizarre, je voulais le relater dans toute ses dimensions.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne trouve pas du tout
que le ministre a été long. Je trouve qu'il a été
clair. Je l'en remercie. Je voudrais qu'il identifie, s'il est disposé
à le faire, au moins de façon générale, les
équipes qui travaillent vers la définition d'une solution. Est-ce
que ce sont des équipes d'avocats, de fonctionnaires?
M. Landry: Je pourrais le dire, mais c'est plutôt mon
collègue, le ministre d'Etat au développement social, qui, avec
mon collègue des Affaires municipales, dirige ces équipes. Si
j'ai bien compris, elles sont largement pluridisciplinaires. Il y a des
juristes, il y a des gens des métiers sociaux, il y a des gens qui
s'occupent d'habitation, enfin, c'est en marche. Peut-être que mon
collègue en sait plus long que moi.
M. Tardif: II y a présentement, en fait, non seulement,
cela, mais également les autorités de la ville de Laval qui sont
intéressées au sujet. J'ai demandé aux gens de la
Société d'habitation du Québec de s'intéresser
à la question. Alors, cela complète un peu le portrait.
M. Goldbloom: M. le Président, cela m'amène
à poser deux questions additionnelles. D'abord, j'aimerais que l'un ou
l'autre des ministres nous indique le point de vue de la ville de Laval. C'est
une responsabilité que j'ai assumée assez souvent. Je comprends,
pour l'avoir fait, que c'est toujours un peu délicat de déclarer
publiquement à une commission parlementaire: La ville Unetelle pense
telle chose. Je crois que, puisque le ministre des Affaires municipales a
invoqué la participation de la ville de Laval, nous avons le droit de
demander au moins si la ville est essentiellement d'accord avec ce qui est
proposé dans l'article 16a ici ou s'il y a un problème de
divergence de vues entre la ville et les autorités gouvernementales.
M. Landry: Je peux vous assurer qu'il n'y a pas de divergence de
vues. Cependant, je dois vous dire que la ville n'est pas
particulièrement concernée et, à ma connaissance, en toute
bonne foi, elle n'a pas d'opinion sur le moratoire, sauf qu'elle n'était
pas en mesure d'agir immédiatement. Je ne répondrai pas plus
avant à la question parce que nous sommes à la phase
exploratoire. Nous avons en tête plusieurs solutions, dont une
impliquerait la ville de Laval. Il serait contraire à
l'intérêt public de les mentionner, de peur de déclencher
des mouvements spéculatifs ou autre chose du genre. Je demanderais la
permission de ne pas aller plus loin dans le développement du sujet.
M. Goldbloom: J'accepte facilement la réponse du ministre.
Ma deuxième et dernière ques- tion est une requête pour un
peu plus de précision quant à l'application de l'article 16a. Le
ministre l'a insérée dans le contexte du moratoire. Il a
également identifié les diverses parties qui y sont
intéressées. S'il pouvait nous indiquer exactement-comment ce
moratoire additionnel, renforcé, s'applique aux diverses
catégories, je pense que, pour notre intelligence, ce serait
extrêmement utile.
M. Landry: Je vais procéder systématiquement. En ce
qui concerne la Corporation Ne-therwood, elle ne peut plus faire aucun
mouvement sur le terrain. C'est un gel de ses visées sur soit la phase
un ou la phase deux de Val-Martin, en attendant qu'une solution
définitive n'intervienne.
C'est sensiblement la même chose pour les locataires qui sont
là et qui restent là en attendant que leur sort soit
tranché. C'est également la même chose pour les nouveaux
acquéreurs, bien que je doive vous dire que c'est quand même sur
eux que pèsent le plus d'incertitudes, étant donné qu'ils
sont en possession d'un titre précaire, et qu'ils ont fait un versement
initial.
C'est le gel pour tout le monde. Il n'est pas particulièrement
pénible pour Netherwood qui peut bien attendre un peu et qui a
intérêt d'ailleurs à avoir une solution définitive,
plutôt que la guérilla judiciaire, de même que pour les
locataires, sauf que les nouveaux acquéreurs, en particulier les gens
modestes qui sont allés s'installer là, avaient un titre
précaire avant, le moratoire n'aggrave pas leur situation, mais il ne
leur apporte pas de remède non plus. Ceux-là restent dans
l'expectative, sauf qu'en vertu de l'article 16d), il est prévu, dans le
cas des propriétaires, ou des nouveaux acquéreurs, qu'ils
pourraient excercer un recours suivant le livre 83 du Code de procédure
civile, même si la réclamation excède $400, sans
excéder, évidemment, la compétence de la Cour
provinciale.
M. Goldbloom: Veuillez m'excuser, M. le Président. J'ai
dit tout à l'heure que c'était ma dernière question, mais
la réponse du ministre en appelle une additionnelle. L'explication est
assez claire, mais, à mon sens, omet un élément absolument
fondamental.
Le ministre n'a pas expliqué pourquoi l'article commence par une
rétroactivité d'application à compter du 26 novembre
1975.
M. Landry: C'est tout simplement pour ajouter une rallonge
à la rétroactivité que le précédent
gouvernement avait lui-même décrétée. Vous aviez
fait une loi rétroactive qui retournait au 25 novembre, et nous en
faisons une pour couvrir la période et nous donner une rallonge.
M. Tardif: L'article 16a) n'est pas plus rétroactif que
l'article antérieur. Tout ce qu'il fait, c'est qu'il clarifie l'article
16 du projet de loi 84.
M. Goldbloom: Mais, depuis lors, il y a des transactions qui ont
eu lieu.
M. Tardif: C'est exact, à rencontre des dispositions de
l'article 16.
M. Goldbloom: C'est la prétention du gouvernement que,
puisque ces transactions ont été à l'encontre des
exigences de la loi, les personnes qui les ont effectuées se sont
placées dans une situation où il y aurait possiblement des
recours contre elles.
M. Tardif: C'est exact. Il y en a présentement.
M. Blank: J'ai une objection à l'article 16d). Ici, on
veut mettre des réclamations en dommages devant la Cour des petites
créances. C'est ce que je comprends, nonobstant le montant.
M. Tardif: C'est cela. Sans excéder la concurrence de la
Cour provinciale, de $3000.
M. Landry: La concurrence de la cour.
M. Goldbloom: Jusqu'à la limite de ce qui est de la
juridiction de la Cour provinciale.
M. Tardif: Excédant $400, mais moins de $3000.
M. Blank: D'accord, mais il y a quelque chose qu'on oublie. La
juridiction de la Cour provinciale, c'est $3000, d'accord, mais vous avez un
droit d'appel après $1000. Ici, vous n'avez pas de droit d'appel. Il n'y
a pas d'appel à la Cour des petites créances.
M. Landry: C'est une option qui est donnée. La justiciable
peut aller directement devant la Cour provinciale, et même devant la Cour
supérieure, si c'est au-delà de $300.
M. Blank: Mais, cela lui donne... M. Landry: L'option.
M. Blank: ... si vous allez là, il faut un droit d'appel.
Mais pensez-vous que de l'autre côté, on fait cela? Disons que
c'est un acheteur qui veut poursuivre Netherwood, Netherwood perd son droit
d'appel. Vous savez que les règles de procédure et toutes les
procédures devant la Cour des petites créances sont
complètement différentes de celles de la Cour provinciale, de la
Cour supérieure.
M. Landry: Je suis moins loin de la pratique du droit que vous,
je devrais le savoir mieux que vous. Mais il me semble que le droit d'appel
suit la juridiction de la cour, c'est-à-dire, qu'il se rend à
$3000 lui aussi.
M. Blank: Non, non.
M. Fontaine: Le droit d'appel en Cour provinciale est seulement
sur une question de droit.
M. Blank: Question de droit, mais vous avez le droit d'appel.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet.
M. Fontaine: Messieurs les ministres, j'aurais une objection
à ce que... En fin de compte, ce qu'on veut faire par cet article, c'est
augmenter la juridiction de la Cour des petites créances à
au-delà de $400.
M. Blank: Les avocats chômeront.
M. Fontaine: C'est une amorce d'un amendement de cette loi...
M. Tardif: C'est-à-dire, donner un recours aux 91
propriétaires ou nouveaux acquéreurs qui, de bonne foi, ont fait
l'acquisition de ce qu'ils croyaient être un duplex et qui, finalement,
n'en est pas un. Il s'agissait de leur prévoir un recours nouveau.
M. Blank: Comme le ministre, de quel ministère?
M. Landry: Le ministre d'Etat au développement
économique.
M. Blank: Le ministre au développement économique a
dit qu'on veut protéger les droits des trois parties en cause.
M. Tardif: C'est cela.
M. Blank: Une partie peut faire tort à l'autre partie,
c'est-à-dire que si le petit acheteur veut aller devant la Cour des
petites créances, suivant cet article, pour une réclamation de
$2500, il prive Netherwood ou un autre vendeur...
M. Tardif: Non, il peut en appeler avec la permission du
tribunal...
M. Blank: Pas la Cour des petites créances. M. Tardif:
...par requête.
M. Blank: En outre, on ne peut aller en appel de la Cour
provinciale à moins qu'on demande tout d'abord un sténographe.
Mais vous n'avez pas le droit d'avoir un sténographe à la Cour
des petites créances, ni d'avocat. Vous n'avez droit à rien.
Même vous n'avez pas le droit d'avoir de témoin dans un sens,
parce que ce n'est pas vous qui dirigez la cause, c'est le juge qui dirige la
cause.
M. Tardif: Vous insistez un peu...
M. Blank: C'est le juge qui est assis là qui demande les
personnes et qui demande des questions à des témoins. Vous,
comme...
M. Landry: Assignés par subpoena.
M. Blank: Oui, il y a quelque chose de très important;
disons que moi, je suis une des parties en cause. Je vais là et j'ai le
docteur, ici, comme témoin. Ce n'est pas moi qui questionne le docteur.
Ce n'est pas moi qui choisis les questions, c'est le juge qui décide
quoi demander.
M. Landry: La partie peut toujours interroger et
contre-interroger et convaincre...
M. Blank: Non, non, pas à la Cour des petites
créances.
M. Landry: Elle peut le faire.
M. Blank: Jamais le juge le permet. J'y vais souvent pour voir ce
qui se passe à la Cour des petites créances, à
Montréal. Jamais le juge ne laisse intervenir. Je ne sais pas même
si on demande au juge s'il veut prendre cette responsabilité. Je ne sais
pas si le juge veut la prendre. Je pense qu'on doit consulter les juges avant
de leur donner une telle affaire. A-t-on consulté le Barreau dans cette
affaire?
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Prétendez-vous, étant donné la
complexité de cette affaire, qu'on devrait enlever les avocats et
envoyer les gens à la Cour des petites créances? Ne serait-ce pas
un service à leur rendre? Peut-être qu'une solution qu'on pourrait
apporter dans cette affaire, serait de dire que ces gens soient admissibles
à l'aide juridique, qu'il y ait un avocat pour les défendre,
qu'ils aillent devant les tribunaux ordinaires.
M. Landry: L'intention, le but visé, ce n'est pas une
question d'enlever les avocats, c'est une question de ne pas faire encourir de
frais vous l'avez bien deviné à de petits
propriétaires.
M. Blank: D'accord...
M. Fontaine: S'ils bénéficient de l'aide juridique,
ils n'auront pas de frais. Si ces gens sont admissibles à l'aide
juridique, ils iront devant les tribunaux quand même.
M. Blank: C'est cela, très bonne suggestion. On doit
réviser s'ils ont le droit de choisir un avocat privé aussi pour
l'assistance juridique.
M. Landry: C'est surtout la question du droit d'appel, je pense,
qui soulève...
M. Blank: Ce n'est pas seulement le droit d'appel. La Cour des
petites créances a une juridiction de droit commun, une cour
d'équité. D'accord? Ici, il y a peut-être plus
d'équité en jeu.
M. Landry: C'est un gros problème de droit.
M. Blank: C'est complètement différent. Si le juge,
en Cour des petites créances, fait une erreur, ce n'est pas tellement
une grosse erreur, c'est $400. C'est le maximum de son erreur. Mais, ici, il
peut faire une erreur de $2999.
M. Landry: Et si cela se multiplie par 90, cela devient assez
sérieux.
M. Blank: Oui, c'est cela qui est le problème.
M. Landry: Cet article est moins important que le moratoire
lui-même en termes d'urgence. Il semble bien qu'on doive, M. le
Président, le suspendre pour étude. On n'en sortira visiblement
pas.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Alors, c'est tout. L'article
12, 16d seulement.
M. Landry: J'aurais des amendements, M. le Président,
à soumettre. C'est-à-dire un amendement et les amendements de
concordance. Je vais vous dire en quoi consiste l'amendement. A l'article 16a,
on a les mots "promettre de vendre ni offir en vente" et l'amendement commence
là: "local d'habitation occupé par un locataire". Mon amendement
consiste à remplacer les mots "local d'habitation occupé par un
locataire" par le mot "immeuble".
M. Blank: Pour couvrir les acheteurs?
M. Landry: Voyez-vous, sans faire de reproche à qui que ce
soit pour le passé, l'an dernier, il y a eu des lacunes qui nous ont
plongés dans la guérilla. Alors, cette année, on voudrait
être absolument sûr, avec le concours de l'Opposition, qu'on va
régler le problème au moins pour la durée du
moratoire.
M. Blank: Si on avait laissé cela comme c'était
l'année passée...
M. Landry: Le gouvernement prend ses responsabilités. Il
ne les rejette jamais sur quiconque, sauf sur l'Opposition quand ce sont des
choses antérieures à notre arrivée.
M. Goldbloom: C'est la faute à l'ancien gouvernement. La
rengaine revient.
M. Landry: Voilà, mais jamais la faute des fonctionnaires.
Je vais vous dire pourquoi. Les mots "local d'habitation occupé par un
locataire", d'abord; immédiatement, s'il est momentanément
inoccupé, Netherwood va le vendre. Alors, c'est à recommencer;
n'est-ce pas? S'il ne sert pas absolument à l'habitation, s'il y a quoi
que ce soit d'autre chose dedans, ce n'est plus tout à fait un local
d'habitation et, comme on s'est rendu compte et c'est leur droit
d'une certaines habileté de la part des procureurs de Netherwood,
on veut vraiment leur rendre les choses virtuellement impossibles cette
fois-ci. Pour les amendements de concordance, le député de D'Arcy
McGee faisait remarquer qu'en général, on s'en remettait aux
juristes pour faire les amendements de concordance parce qu'ils les ont faits
pour moi. Je peux vous les citer si vous voulez ou on peut tout simplement
dire: Le mot "immeuble" sera remplacé partout en concordance.
M. Goldbloom: Ce que j'aimerais suggérer, M. le
Président, c'est que nous nous entendions sur l'amendement de base et,
puisque tout l'article 12 est d'une complexité considérable,
j'aimerais suggérer qu'un peu par exception, nous fassions ensemble
lecture de tout l'article et, au fur et à mesure, nous pourrons faire
les corrections de concordance.
M. Landry: D'accord.
M. Goldbloom: J'aimerais demander à mes collègues,
de ce côté-ci de la table, si l'amendement proposé est
accepté?
Des Voix: D'accord.
M. Goldbloom: Alors, un immeuble, et les quatrième et
cinquième lignes se liraient alors: offrir en vente un immeuble
situé sur les lots trois, et ainsi de suite.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que cette motion
d'amendement est adoptée?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté.
M. Goldbloom: Alors, M. le Président, ce sera
peut-être un peu fastidieux, mais j'aimerais quand même
suggérer, pour la bonne intelligence de ce que nous faisons, que nous
revenions au début de l'article 12 et que nous passions, paragraphe par
paragraphe pour savoir exactement ce que nous faisons.
Le Président (M. Bertrand): Alors, article 16.1.
M. Tardif: L'article 16.1, c'est essentiellement
l'équivalent de l'article 2 actuel. Est-ce qu'on en fait la lecture ou
si...
M. Goldbloom: Pas nécessairement, M. le Président.
Si vous voulez me faire un peu confiance, j'ai devant moi le texte de 1975 et
le texte de cette annnée et nous pourrons simplement lire un peu
rapidement.
M. Tardif: Donc, le paragraphe 16.1 interdit... Nul ne peut,
à compter du 26 novembre, demander l'autorisation d'enregistrer une
déclaration de copropriété...
M. Goldbloom: II n'y a pas vraiment de changement. Le
numéro du paragraphe est changé pour concordance et
l'alinéa suivant est reproduit avec un ajustement.
M. Tardif: C'est ça, "l'administrateur des loyers" est
ajouté.
M. Goldbloom: Si une demande d'autorisation...
M. Tardif: C'est conforme également, sous réserve
du paragraphe 7. Ah oui, le paragraphe 7, M. le Président, introduit un
délai maximum de 6 mois pour procéder à l'enregistrement,
si ma mémoire est bonne. "Si un immeuble pour lequel une autorisation a
été accordée n'a pas fait l'objet d'une déclaration
enregistrée de copropriété donc à la date du
dépôt de la loi le propriétaire a jusqu'au 30 juin
1977 pour procéder à l'enregistrement de la déclaration.
"A défaut, l'autorisation est réputée n'avoir jamais
été demandée ou accordée. Le registrateur doit
refuser d'enregistrer une telle déclaration après cette date.
"Toute personne qui subit un préjudice par application de
l'alinéa précédent a droit, sous réserve de ses
autres recours, de réclamer au propriétaire une indemnité
correspondant aux dommages subis."
M. Goldbloom: M. le Président, je remarque qu'il y a un
bout de phrase qui est disparu par comparaison entre les deux textes et qui se
lisait, dans l'ancien texte, "avant ou après l'entrée en vigueur
de la présente loi." Si je comprends bien, les légistes ont
indiqué que ces mots ne sont plus nécessaires en 1976.
D'accord.
M. Tardif: C'est ça. Paragraphe 3.
M. Goldbloom: Au paragraphe 3, je vois qu'il y a un bout de
phrase qui est ajouté à la fin, "à moins qu'il ne s'agisse
d'un contrat de louage de choses".
M. Tardif: C'est ça.
M. Goldbloom: N'étant pas avocat, je ne saisis pas
parfaitement ce que veut dire cette exclusion.
M. Tardif: Elle permet la location tout simplement et non pas la
vente ou les ventes bidon ou les ventes ballon qui conféraient à
la personne occupant le local soi-disant un droit d'occupation. En fait, la
personne n'était ni propriétaire, ni locataire, elle était
occupant. A ce moment-là, donc, ça réfère aux
dispositions du Code civil en ce qui concerne la location.
M. Goldbloom: Le paragraphe 4 est identique au texte
antérieur. Je vois qu'au paragraphe 5, on introduit la même
expression qui se trouve au paragraphe 4, "vendu par acte authentique en minute
et enregistré". Je présume, là aussi, que les conseillers
juridiques ont dit que c'était nécessaire de
répéter cette allusion.
M. Tardif: C'est ça.
M. Goldbloom: II y a une différence. A la fin du
paragraphe 5, on parle de la résiliation du bail et l'on indique, dans
le nouveau texte, "pour cause, en vertu du Code civil ou de l'article 25 de la
loi". Dans l'ancien texte, c'était indiqué, "pour une cause autre
que celle que la vente du local d'habitation".
Si je comprends bien, on resserre...
M. Landry: Non.
M. Goldbloom: Non?
M. Landry: On explicite tout simplement. On évoque toutes
les causes de droit commun, de résiliation qui puissent s'appliquer.
Celles du Code civil, de même que celles de la loi de conciliation.
M. Goldbloom: Est-ce pour cela que le deuxième
alinéa de l'ancien paragraphe 6 disparaît? Il se lisait: "Le
propriétaire qui entend, pour la période de prolongation,
augmenter le loyer ou modifier autrement les conditions du bail doit en aviser
le locataire conformément au Code civil et le locataire procède
conformément à l'article 19a de la Loi pour favoriser la
conciliation entre locataires et propriétaires.
M. Tardif: On retrouve ceci à l'article 16c. M.
Goldbloom: C'est reporté à l'article 16c. M. Tardif:
Quant au paragraphe 6 actuel...
M. Goldbloom: Le paragraphe 6 prolonge tout simplement le
moratoire jusqu'au 30 juin 1978...
M. Tardif: C'est cela.
M. Goldbloom: ... sous réserve des procédures
normales.
M. Tardif: C'est cela.
M. Goldbloom: A moins que le locataire ne consente par
écrit à quitter le local.
M. Tardif: C'est au paragraphe 16, on l'a vu tantôt.
M. Goldbloom: Vous l'avez expliqué...
M. Tardif: Que les gens qui veulent vraiment enregistrer... ont
un délai pour le faire.
M. Goldbloom: Ce nouvel article 16 est d'application
générale; l'article 16a est d'application
particulière...
M. Tardif: C'est cela.
M. Goldbloom: ... exclusivement à Val-Martin.
M. Tardif: C'est cela. Cela reprend essentiellement le paragraphe
7 de l'article 16 de la loi de 1975. Comme on l'a vu, cet article 7 n'a pas eu
pour effet d'empêcher de vendre 180 duplex à ce qu'on me
dit ici dont 91 des membres n'ont pas encore été
enregistrés au 13 décembre.
Est-ce que vous tenez à ce qu'on fasse lecture de cet
alinéa?
M. Goldbloom: Non, M. le Président.
M. Tardif: D'accord.
M. Goldbloom: Nous en avons déjà
discuté.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Concernant l'article 16d, est-ce qu'on doit
comprendre que cet article est suspendu et qu'on nous apportera un amendement,
s'il y a lieu?
M. Landry: Dans le cas de...?
M. Fontaine: Dans le cas de l'article 16d.
M. Landry: ... décision de la Cour provinciale.
M. Goldbloom: M. le Président, avec votre permission et
consentement, j'aimerais suggérer que nous continuions la lecture, sans
nécessairement adopter au fur et à mesure les paragraphes, pour
avoir une vue d'ensemble avant de nous prononcer sur l'article 12 dans sa
totalité.
J'aimerais demander à mes collègues s'ils ont des
commentaires à formuler sur l'article 16a?
M. Lavoie: Je dois féliciter encore cette commission de
donner la permission de pouvoir y participer.
Le Président (M. Bertrand): La commission est dans les
mêmes humeurs.
M. Lavoie: II y a un seul commentaire que j'aurais à faire
à l'article 16a, je crois que l'historique a été fait de
ce problème tout à fait délicat, épineux, difficile
et embêtant pour tout le monde...
M. Landry: En vous rendant hommage.
M. Lavoie: C'est très gentil de votre part.
J'espère que vous continuerez ces bonnes habitudes. Je vous en fournirai
l'occasion.
Je pense que tout le monde est d'accord sur le but premier, celui de
protéger les locataires de ce projet. J'avais déjà
donné mon point de vue, mon voeu était que, personnellement,
à mon humble opinion, cela devait rester locatif le plus possible et que
cela n'avait pas été bâti dans l'intention d'une revente 20
ou 22 ans après la construction de ce projet.
Ce qui me fait peur aujourd'hui et je n'y ai
pas de solution c'est à l'article 16 a), dernier
paragraphe, paragraphe 4, autant l'intention du législateur est de
protéger les locataires, autant il doit aussi protéger, d'une
manière égale, tous les contribuables de bonne foi. Je n'ai pas
les dernières statistiques. Combien de personnes ont acheté?
M. Tardif: 180.
M. Lavoie: II y en a un certain nombre qui occupent, je crois,
déjà ces duplex, les locataires ayant consenti à
libérer les lieux. Plusieurs autres cas, je ne sais pas combien, sont
devant la Régie des loyers. Je ne connais pas le nombre de ces personnes
qui ont donné les montants assez substantiels, peut-être $3000,
$4000, $5000, $10 000 ou plus pour acquérir de bonne foi ces duplex, ces
anciens logements à but locatif, mais transformés en duplex.
Je crains que, devant cette situation, le propriétaire, ce
promoteur qui a fait la vente au détail, soit en mauvaise position
financière. C'est fort possible, parce que, d'après mes
dernières informations, il existe encore sur ce projet une
hypothèque de l'ordre de quelques millions de dollars...
M. Landry: A la Société centrale.
M. Lavoie: ... à la Société centrale
d'hypothèques et de logement qui n'a jamais été
radiée et qui affecte toute parcelle de cet immeuble, de tous les
logements. Tout en voulant ainsi protéger les acheteurs de bonne foi qui
ont un recours de droit civil pour se faire rembourser du promoteur,
Netherwood, des sommes $3000, $4000, $5000 et peut-être plus de $10 000
ce sont peut-être les seules économies qu'ils ont, dans
certains cas il y a danger que cette compagnie qui a lancé ce
projet devienne insolvable. Je peux craindre cette situation. Cela veut dire
que plusieurs individus... Je ne connais pas quel mécanisme on pourrait
inventer. C'est vrai qu'on les remet dans la même position qu'ils
étaient lorsqu'ils ont acheté, mais, malheureusement, ils peuvent
subir des pertes énormes. Il y en a plusieurs, je crois, qui sont des
immigrants. En grand nombre, ils ont mis de côté
péniblement peut-être jusqu'à $10 000 et ils risquent de
tout perdre. Autant on règle un problème social d'un
côté au point de vue des locataires, autant on peut
également, de l'autre côté, faire des trous qui font
peut-être aussi mal. Je parle ici en justice pour toutes les personnes
impliquées.
Une Voix: ... qui occupent ce local.
M. Landry: M. le Président, je voudrais un peu
répondre aux angoisses du député de Laval qui sont les
nôtres d'ailleurs. Nous avons déjà dit
précédemment au cours de cette séance que nous pensons
qu'il y a trois protagonistes qui sont en position précaire, Netherwood
elle-même, les acquéreurs et les locataires. Il est de notre
intention de veiller, à l'intérieur des trois, parce que, comme
citoyens corporatifs ou citoyens ordinaires, à gros revenu ou à
petit, tout le monde mérite d'être traité avec
équité, mais le problème est tellement complexe, comme le
député de Laval l'a lui-même reconnu, nous avons cru que
toute législation intempestive de notre part, au-delà de ce
moratoire qui était une urgence, pourrait nous mettre dans une situation
pire que celle où nous sommes présentement et ce n'est pas
tellement drôle.
A cette fin, le gouvernement a composé, mis sur pied une
équipe de travail pluridisciplinaire qui est déjà à
l'oeuvre et qui devrait proposer un éventail de solutions
définitives au problème de Val-Martin dans les meilleurs
délais.
Etant donné les circonstances, je pense qu'on ne peut pas faire
d'autre chose que de geler une situation détériorée, nous
donner un certain nombre de semaines, voire un mois, pour arriver à des
avenues plus définitives sur lesquelles, en toute bonne foi, nous
travaillons intensément présentement. C'est une situation qui
commence à faire peur et y toucher dans l'état actuel des choses,
dans le cadre d'une mini-session de liquidation plus ou moins, on risquerait de
commettre des erreurs, qui nous mettraient dans une situation pire que la
précédente. On comprend parfaitement vos préoccupations et
nous tentons de faire face à la situation le plus rapidement
possible.
M. Lavoie: Une dernière remarque. J'avais saisi
l'ex-ministre des Affaires municipales, lorsqu'il occupait encore ce poste, il
y a à peine quelques mois, de l'idée que la Société
d'habitation du Québec devienne propriétaire de ce projet pour y
conserver son but premier qui était un projet locatif. De cette
manière, je crois qu'on pourrait trouver le moyen, soit par une
expropriation devant les tribunaux ou une négociation normale, pour que
tout le monde y trouve son compte, autant les locataires qui pourraient
continuer à habiter les logements qu'ils occupent pour la plupart depuis
de très nombreuses années. Je crois qu'il n'y aurait pas de
préjudice, surtout pour ceux que je mentionnais tout à l'heure
qui sont propriétaires mais qui ne peuvent pas occuper leur logement, ce
qui permettrait... La Société d'habitation du Québec
pourrait, sans aucun doute, à cause de sa position de force, être
en mesure de négocier avec la Société centrale
d'hypothèques et de logement pour que la première
hypothèque subsiste et même soit augmentée possiblement
à un taux préférentiel. Etant donné que ce projet
est situé... Vous le savez, c'est votre comté, mon cher voisin,
c'est un endroit stratégique dans Laval, c'est un endroit même
où l'immeuble, la bâtisse déprécie la valeur du
terrain qui est en-dessous. On sait que tout projet d'habitation a une certaine
longueur de vie, une certaine durée. Je me suis exprimé
déjà, on arrive à la fin de cette durée
d'années possible pour un tel projet connaissant la qualité de la
construction. Cela pourrait faire l'objet éventuellement, étant
donné que c'est situé près de l'hôtel de ville de la
ville de Laval dans un endroit tout à fait stratégique, dans
quatre, cinq ou dix ans alors que les bâtisses seront complètement
dépréciées, par un seul propriétaire qui sera
idéalement la Société d'habitation du Québec, d'un
réaménage-
ment urbain pour permettre encore, en donnant la
préférence aux locataires actuels, d'occuper encore ce
secteur.
Je voudrais que le ministre... Je crois que ce serait la seule formule
valable que la Société d'habitation du Québec puisse
prendre, ce serait peut-être une option que pourrait envisager votre
comité, et cela pourrait être fait dans les meilleurs
délais. Je ne vois pas tellement d'autres solutions que la
Société d'habitation se porte acquéreur de l'ensemble.
M. Landry: M. le Président, nous prenons acte, avec
beaucoup d'intérêt, des suggestions du député de
Laval. Je dois lui dire, par ailleurs, que nous en considérons aussi
quelques autres. Nous avions dit précédemment que nous
considérions qu'il n'était pas d'intérêt public de
les révéler présentement, eu égard aux
possibilités auxquelles il a fait allusion de déclenchement de
mouvements spéculatifs ou de simples paniques chez ceux qui sont
là, ou quoi que ce soit. C'est une des avenues que nous avons en
tête, mais seulement une.
M. Lavoie: Je vous remercie.
M. Tardif: M. le Président, je suis allé constater
sur place de quoi avait l'air ce projet Val-Martin, parce que à voir
cela dans les documents... Je suis allé également voir les
Habitations McLynn, Connaught, Elmhurst et d'autres, également le projet
Elmhurst près de la laiterie du même nom dans l'ouest. J'ai pu me
rendre compte, dans le cas des Habitations Val-Martin, que vos commentaires, M.
le député, lors des débats à cette même date
l'an passé... Vous dites que ce projet, n'a encore, peut-être dix
ans d'âge, cinq ou huit ans d'âge... Eventuellement, ce projet,
à mon humble avis je connais légèrement la
construction de ces cas devrait peut-être, dans cinq ans, huit
ans, dix ans, faire l'objet d'une rénovation urbaine, d'un projet
complètement nouveau et neuf, etc. Je me demande si finalement, son
acquisition par la Société d'habitation serait finalement une si
bonne affaire, compte tenu qu'il y a véritablement ces travaux à
faire. J'ai pu m'en rendre compte sur place.
M. Blank: Le propriétaire...
M. Tardif: Oui, mais il y a véritablement...
M. Lavoie: C'est difficile de demander de le faire à
d'autres, parce que le terrain, à cet endroit, a beaucoup plus de valeur
que les bâtisses qui sont dessus. Dans certains cas, vous savez que c'est
du terrain qui est tout viabilisé, où il y a tous les services
d'égouts, de pavage, de trottoirs, ce qui représente une somme
énorme, vous le savez, comme ministre des Affaires municipales. C'est un
des problèmes qui existe aujourd'hui. Je ne serais pas surpris que le
fonds de terre, à cet endroit, vaille peut-être $3 ou $4 le
pied.
Cela ne se défend pas, à cause du manque de qualité
des bâtisses qui sont dessus.
M. Tardif: Je suis particulièrement sensible à
cette difficulté dans laquelle nous sommes de devoir protéger
à la fois les locataires, à la fois les intérêts du
propriétaire du projet et aussi les acquéreurs, ceux-ci, m'a-t-on
dit, au nombre 180, dont 65 d'entre eux, apparemment, occuperaient
déjà un local. C'est la raison pour laquelle nous avions
prévu à l'article 16d un recours à la Cour des petites
créances, en faisant exception, en étendant la juridiction de la
Cour des petites créances, sans excéder, toutefois,
évidemment, la compétence de la Cour provinciale; cet article
fera l'objet d'une révision. Cela pose des problèmes, mais
c'était précisément dans le but de prévoir quelque
chose pour ces acquéreurs.
M. Blank: Si Netherwood est encore solvable.
M. Lavoie: C'est le "hic"!
M. Tardif: II y a eu beaucoup de frais d'avocat.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne sais pas s'il y a
d'autres commentaires sur cette question particulière. Pour ma part, je
n'en ai pas.
Le ministre d'Etat au développement économique nous a
indiqué des modifications de concordance en cours de route.
M. Landry: Préférez-vous que nous les fassions
maintenant, ou que nous les confiions aux légistes?
M. Goldbloom: Pour moi, nous pouvons les confier aux
légistes très certainement.
Je constate que l'article 16b fait appliquer le moratoire aux cas qui ne
sont pas couverts dans les articles 16 et 16a. L'article 16c fait allusion
à la loi. Il fait intervenir la loi pour régler des
problèmes d'augmentation de loyer. L'article 16d est en suspens. Les
autres articles ont trait à des poursuites et à des amendes.
C'est un non-avocat qui fait la remarque, je remarque que l'on indique un
montant précis aux premier et deuxième alinéa de l'article
16e. On ne dit pas: Jusqu'à un maximum de $1000 ou de $5000 selon le
cas. On dit: Une amende de $1000. Est-ce bien l'intention du gouvernement?
Est-ce une bonne pratique législative? Est-ce bien vu par les tribunaux?
Je ne sais pas.
M. Tardif: C'est la même chose que le projet de 1975.
M. Landry: On enlève l'arbitraire du magistrat.
M. Tardif: Dois-je comprendre que l'article 16b ne pose pas de
problème?
M. Goldbloom: Je posais simplement la question, n'étant
pas avocat, M. le Président, je n'ai qu'un seul commentaire à
faire, qu'une seule question à poser, mais je la crois quand même
fondamentale. Je constate que, dans le chapitre 84 des lois de 1975, le
paragraphe 7 de l'article 16 excluait de l'application de la loi les
immeubles
comprenant moins de cent locaux d'habitation. Or, je constate que cette
exclusion disparaît dans la nouvelle rédaction, mais je constate
aussi que le nouvel article 16 donne quand même comme date
d'entrée en vigueur de toutes les mesures qui s'appliquent à ces
immeubles qui n'étaient pas régis par la loi, toujours le 26
novembre 1975, à moins que je ne comprenne pas correctement
l'application de la loi.
M. Tardif: Oui, le paragraphe 7 de l'an passé visait
spécifiquement Val-Martin sans le dire. Maintenant, il est dans le
présent projet à l'article 16a.
Pour ce qui est des immeubles de moins de cent logements, on retrouve
cela dans l'article 16b.
M. Goldbloom: J'aimerais avoir un peu plus d'explications
là-dessus.
M. Tardif: Le problème ici a trait à ces autres
projets. J'ai parlé tantôt du projet des rues Can-naught, McLynn,
Elmhurst, que j'ai visité et où se posait le problème de
fixer un seuil minimum. A un moment donné, il a été
question de dire: Tout ensemble immobilier de vingt logements, de plus de vingt
logements. Après, on a dit: Pourquoi vingt, puisque, par exemple, dans
le cas d'Elm-hurst, il s'agit de 30 immeubles de huit logements chacun. On
descendait de vingt, à dix, à huit, à six, à
quatre, à trois, à deux, et, finalement, on en est venu à
dire: II n'y a qu'une façon véritablement de ne pas être
pris pour amender encore la loi la semaine prochaine, pour redescendre à
huit, à dix, c'est de décréter un gel des évictions
et c'est ce qui est fait dans l'article 16b.
M. Goldbloom: D'accord, mais est-ce toujours avec une
rétroactivité d'application au 26 novembre? Si je comprends bien
ce que me dit le ministre, l'article 16b est un article en quelque sorte
indépendant de l'article 16, et n'est pas soumis à cette
même rétroactivité d'application.
M. Tardif: A compter de la date du dépôt de la
loi.
M. Blank: C'est très intéressant. Aujourd'hui
même, à 4 heures, j'avais une cause devant la Commission de la
régie des loyers, parce que l'administrateur a déjà rendu
un jugement accordant le droit de condominium sur une bâtisse de la rue
Notre-Dame, près du pont, dans le vieux Montréal. Je suis
entré dans le jeu après la décision. On vient me voir
comme député. Je ne suis pas député de cette
partie, c'est le député de Saint-Jacques. Je suis de l'autre
côté de la rue. J'ai pris la chose en main. La cause était
fixée pour aujourd'hui, à 4 heures. J'ai demandé une
remise. Je ne sais si cela a été remis ou non. L'article 16b
va-t-il couvrir ce cas?
NI. Tardif: Est-ce que c'est cela le problème? Est-ce
qu'il s'agit d'un cas de copropriété?
M. Blank: Oui. On m'a fait une demande...
M. Tardif: Alors, c'est l'article 16 qui s'applique et qui a
trait à toute transformation en copropriété depuis le 26
novembre dernier.
M. Blank: Oui, mais l'autre fois, c'étaient 100 logements
et plus. Ici, on parle seulement d'une dizaine de logements. Dans mon cas,
c'est dix logements. Est-ce qu'on est couvert rétroactivement ou
seulement aujourd'hui?
M. Tardif: Non. La copropriété était
couverte de toute façon.
M. Blank: Je parle des condominiums.
M. Tardif: D'accord. C'était couvert de toute façon
par l'article 16, indépendamment du nombre de logements. D'accord? Il
n'y avait que le paragraphe 7 qui visait un ensemble immobilier de plus de 100
logements. Dans un ensemble immobilier comprenant au moins 100 locaux
d'habitation. Il n'y avait que le paragraphe 7 qui avait trait, qui visait
spécifiquement Val-Martin. Le cas que vous venez d'évoquer devant
moi de transformation en copropriété était prévu de
toute façon par l'article 16 depuis le début. Ce qui est dans le
nouvel article 16b ici a trait strictement, à compter de la date du
dépôt de la loi, au gel des évictions dans des locaux
occupés principalement pour des fins résidentielles et,
évidemment...
M. Blank: ... les locataires seraient encore là. Ils ne
seraient pas déménagés. Ils sont encore là
aujourd'hui. Pour les gens d'Elmhurst, c'est la même chose. Dans le cas
d'Elmhurst, le jugement n'est pas encore rendu.
M. Tardif: Si c'est un cas de copropriété, c'est
couvert par l'article 16 depuis le début.
M. Blank: Mais la régie a donné la permission avec
le premier jugement. L'administrateur donne la permission de changer cela en
condominium. C'est pour cela que je suis allé en appel. C'est cela que
je ne comprends pas. Je prends le cas d'Elmhurst. Actuellement,
l'administrateur a cela en délibéré devant la
régie. Si c'était clair, comme vous dites, il n'aurait pas le
droit de le transformer. Il n'y a pas de problème assez grave pour le
prendre en délibéré pendant cinq ou six mois.
M. Goldbloom: C'est justement cela, M. le Président, qui
ne me semble pas clair dans l'explication donnée par le ministre. Il a
fait allusion au paragraphe 7 de l'article 16 de la loi qui est en train
d'être amendée, et il a dit: Ce paragraphe disait: le complexe
Val-Martin sans l'expliciter. Mais il y a quand même des plaintes qui ont
été reçues de la part des locataires des complexes
auxquels le ministre a fait allusion et ces personnes se sont plaintes qu'il
n'y avait pas de protection dans la loi. Quand on voit que l'allusion, dans la
loi, aux immeubles de plus de 100 unités d'habitation disparaît,
on a l'impression que ces personnes avaient raison, mais le ministre, si je le
comprends
bien, nous dit qu'elles n'avaient pas raison, qu'elles étaient
quand même protégées par la loi dès le
début.
M. Tardif: C'est l'article 16 qui protège les personnes
dans les cas de transformation en copropriété, hormis pour les
demandes faites avant le 26 novembre 1975.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Tardif: Cela s'applique intégralement. Ce n'est pas
modifié.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Laval.
M. Lavoie: Je crois que votre article 16b est très
dangereux. Je vais vous l'expliquer. Je vais vous poser une question
d'abord.
Est-ce que des cas du genre de celui de Val-Martin d'après
mes informations, jusqu'à l'année dernière, après
en avoir discuté avec le ministre de la Justice du temps qui
était responsable de l'application de la loi est-ce que, depuis
ce temps, vous avez eu des cas semblables ou des projets dont la destination
était locative? Est-ce que c'est en copropriété,
ça, Elmhurst?
Disons que ce n'est pas un cas de copropriété.
M. Tardif: C'est-à-dire que c'est un faux cas de
copropriété, comme Val-Martin.
M. Lavoie: Oui, parce que Val-Martin est un projet hybride un
peu, c'est une vente de fonds de terre en propriété totale, mais
où la copropriété s'applique sur des terrains en commun ou
sur des accès. Principalement, on peut dire que c'est de la vente
normale d'immeubles détachés. Est-ce que vous avez eu d'autres
cas semblables à celui de Val-Martin ou des projets à destination
locative où on a vendu par pièce sans que ce soit des cas de
copropriété?
M. Tardif: McLynn, Connaught et Elhmhurst sont trois projets
semblables, tous trois construits, encore une fois, à peu près
selon le même système, fin des années quarante,
début des années cinquante, prêts de la
Société centrale d'hypothèques...
M. Lavoie: Ils contiennent combien de logements?
M. Tardif: Dans le cas d'Elmhurst, il s'agit de 30
maisons-appartements de 8 logements chacune, donc, 240 logements dans ce cas
précis.
M. Lavoie: Qui étaient couverts par l'ancienne
rédaction de la loi, parce que ça contenait plus que 100
logements.
M. Tardif: Encore là, dans la mesure où on
présumait que chaque maison de 8 logements pouvait former un ensemble
distinct, on a commencé à agir.
M. Lavoie: Je vous pose le cas hypothétique suivant: Un
individu a trois duplex à Montréal, à Ahuntsic, à
Montréal-Nord. Il a acheté trois duplex bien bâtis, avec
des murs mitoyens et tout; il a décidé d'en acheter trois dans un
but lucratif, pour avoir des revenus. Il les a loués depuis cinq ans ou
dix ans; il a six revenus, trois duplex. A un certain moment, il voudrait les
vendre. Il a besoin d'argent liquide, c'est tout à fait normal que
ça puisse se vendre. C'est bâti suivant les normes de maisons
détachées, avec des murs mitoyens, chacun bien
propriétaire de son terrain. En vertu de l'article 16b, il n'aurait plus
le droit de les vendre.
M. Tardif: Oui, il a le droit de les vendre. Tout ce que
ça empêche, c'est l'éviction des locataires.
M. Lavoie: II voudrait les vendre à un propriétaire
qui voudrait occuper le logement du bas.
M. Tardif: C'est une autre modalité. A ce
moment-là...
M. Lavoie: S'il veut vendre, il serait passible de l'amende de
$1000 avec tout le mécanisme.
M. Tardif: II n'est pas empêché de vendre, mais,
d'autre part, en vertu des articles 23 et 24...
M. Lavoie: II ne pourrait pas vendre individuellement, parce
qu'il pourrait être passible de l'amende de $1000. Vous brimez joliment
le droit de propriété. Cela peut être même deux
duplex.
M. Tardif: L'article 16b n'empêche pas la vente. Si on le
relit: "Dans les cas non couverts par les articles 16 et 16a, un locataire qui
occupe un local d'habitation donc, on s'adresse au
locatairesitué dans un immeuble utilisé principalement
à des fins de location résidentielle, a droit, sans
formalité, à la prolongation de son bail jusqu'au 30 juin 1978,
à moins que le bail ne soit résilié pour cause, etc."
Nulle part, il n'est question du propriétaire et de son droit de
vendre ou de ne pas vendre. Il est question du locataire et de la prolongation
du bail.
M. Lavoie: On dit à l'article 16e: "Une personne autre
qu'une corporation qui contrevient à l'un des paragraphes des articles
16, 16a et 16b commet une infraction et est passible d'une amende de mille
dollars."
M. Tardif: Tout propriétaire qui procéderait
à l'éviction, je présume, d'un locataire, contrairement
à l'article 16b.
M. Landry: L'article 16b est de trop.
M. Tardif: Dans l'énumération de l'article 16e.
C'est bien cela?
Une Voix: C'est exact.
M. Blank: On empêche une personne d'entrer dans son propre
duplex.
M. Lavoie: C'est la fin de l'article 16b: à moins qu'il ne
soit enregistré comme propriétaire. La fin de l'article...
M. Landry: Où?
M. Blank: Oui, regardez.
M. Lavoie: A moins qu'il ne soit enregistré comme
propriétaire. La fin de l'article 16b.
M. Blank: A moins d'enregistrer un faux propriétaire
à la date du dépôt de cette loi. Le dépôt de
cette loi était avant-hier, à moins d'être
propriétaire avant-hier. S'il est propriétaire demain...
M. Brassard: Cela peut-être aussi le nouveau
propriétaire, conformément aux articles 23 et 24 pour favoriser
la conciliation. Cela doit prévoir cela. Si c'est lui qui est
propriétaire...
M. Blank: II n'a pas le droit exactement. Lisez-le. Cela dit
qu'il n'a pas le droit d'entrée.
M. Tardif: A compter de la date du dépôt de la loi,
c'est exact.
M. Blank: Cela brime le droit du monsieur qui achète ce
duplex, il n'a pas le droit d'entrer dans sa propre maison.
M. Tardif: Oui, il peut entrer. Si l'achat a eu lieu avant le
dépôt de la loi, il peut entrer.
M. Blank: Pas aujourd'hui. Le député de Laval a
cité le cas du monsieur qui possède un double duplex,
séparé par un mur mitoyen et qui décide, à un
moment donné, de vendre cela à un monsieur. Il vend les deux
autres à un monsieur.
S'il vend cela aujourd'hui, ce monsieur n'a pas le droit d'entrer dans
sa propre propriété. Il est privé du droit qu'on donne
à tout le monde aux sections XXIII et XXIV de la loi sur les
défavorisés, etc. Ce n'est peut-être pas tellement à
eux à le faire...
Une Voix: II y en a.
M. Blank: ... mais, pour ce monsieur, c'est très
important, parce que les gens achètent un duplex pour avoir le
revenu...
M. Tardif: M. le Président, je voudrais tout simplement
mentionner ici que c'est la difficulté de définir un ensemble
immobilier, constitué, au départ, de cent logements et descendu,
après cela, à cinquante, à quarante et à vingt,
pour en arriver à un point zéro absolu. On dit, finalement,
compte tenu de la complexité de la situation et de
l'impossibilité de définir où on va s'arrêter,
à un seuil minimal, que c'est le gel des évictions qu'on croyait
justifié en pleine crise de logement, évictions aussi pour des
fins de démolition ou de conversions commerciales.
La situation n'est peut-être pas aussi dramatique. Dans la mesure
où le propriétaire, occupant lui-même son duplex, le vend,
quitte les lieux et cède évidemment son logement au nouveau
propriétaire, il n'y a pas de problème. Cela réduit un peu
l'ampleur du problème. Je suis conscient qu'il y a un...
M. Blank: Dans le nord de Montréal, Ahuntsic, Bordeaux, le
nouveau Bordeaux, on construit des duplex doubles. C'est le moins que je
pourrais dire. Au commencement, c'est le même propriétaire qui est
propriétaire des quatre. A un moment donné, pour une raison ou
pour une autre, sa fille se marie, il devient grand-père ou quelque
chose comme cela, je ne sais pas quoi, il veut vendre les deux autres. Il vend
les deux autres à une tierce personne. Cette personne n'a pas le droit
d'entrer dans son propre immeuble.
M. Lavoie: On sait une chose. Souvent, si elle ne peut pas
entrer, elle ne l'achètera pas. Vous restreignez le droit de
propriété. Pourquoi ne demandez-vous pas à vos
légistes de garder la définition? Je n'y ai pas d'objection, au
contraire. Si un projet d'habitation a été bâti à
des fins locatives, mettez un nombre, parce que vous allez avoir des cas. Je
crois que vous brimez le droit de propriété à des
individus qui sont tout à fait de bonne foi.
M. Tardif: A ce moment, messieurs, la question est: Où
fixe-t-on le seuil?
M. Lavoie: C'était combien avant? Cent logements? Mettez
cinquante, si vous voulez.
M. Tardif: On ne protège plus quarante maisons de huit
logements et on les perd.
M. Landry: On perd quarante. M. Blank: Le mien en a
dix.
M. Lavoie: C'est un condominium dans votre cas. Il est
gelé de toute façon.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
D'Arcy McGee, s'il vous plaît.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il y a deux
questions ici. Il y a celle dont nous sommes en train de discuter,
c'est-à-dire celle du nombre d'unités de logement. Est-ce qu'il y
a lieu de fixer une ligne de démarcation ailleurs qu'à 100
unités de logement? Si oui, à quel niveau?
Deuxièmement, je vois que dans l'esprit de celui qui a
rédigé l'article 16b, il y avait quand même une
volonté de faire intervenir la loi par l'application des articles 23 et
24 qui permettent à celui qui est propriétaire de donner un avis
au locataire et
de faire entrer sa mère, sa soeur... les membres de sa famille
sont indiqués dans la loi. Si c'est l'intention de permettre
l'application de ces deux articles, pourquoi la restriction par rapport
à la date du dépôt d'une loi qui apparaît deux fois
dans l'article?
La première fois, c'est dans un sens différent, c'est le
locataire qui, en date du dépôt du présent projet de loi,
occupe un local. Ce locataire est protégé en vertu de ce fait et
en vertu de la loi jusqu'au 30 juin 1978. Quand on tombe à la
deuxième allusion, la date du dépôt du projet de loi, c'est
autre chose. Là, c'est le propriétaire qui est visé. Cela
veut dire que, comme l'ont souligné mes collègues, le
propriétaire qui achète, à partir d'avant-hier, subit une
restriction de ses droits et le fait d'avoir été
propriétaire auparavant donne des droits. Alors, qu'est-ce que ce seul
jour fait comme différence? Qu'est-ce que l'on fait pour protéger
davantage le locataire? Ou bien, si l'on dit, en réponse: On le
protège parce qu'il ne peut être évincé par un
nouveau propriétaire qui arrive. C'est contre l'esprit de la loi qui,
avec ses articles 23 et 24, prévoit quand même un mécanisme
pour un nouveau propriétaire de prendre possession d'une unité de
logement pour un membre de sa famille qui est de sa responsabilité.
Le Président (M. Bertrand): MM. les membres de
l'Opposition, serait-il permis de vous proposer qu'on reprenne le débat,
l'étude du projet de loi à 8 h 15, qu'on ajourne nos travaux pour
les reprendre à 8 h 15? Je demanderais, à ce moment, au ministre
des Affaires municipales s'il serait possible qu'on puisse régler le cas
du projet de loi no 47, les deux articles 15 et 17.
M. Blank: Peut-être que les amendements pourraient
être étudiés durant l'heure du souper.
Le Président (M. Bertrand): L'article 4, aussi, du projet
de loi 78 et l'article 16d.
Les travaux de la commission sont ajournés à 8 h 15
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 28
M. Bertrand (président): A l'ordre, messieurs!
Si vous n'avez pas d'objection, étant donné qu'on a
reçu les amendements au projet de loi no 47, on pourrait y revenir
immédiatement et le terminer.
M. Cordeau: Parfait.
Rectification
Le Président (M. Bertrand): Peut-être qu'on aura
reçu les amendements sur le projet de loi no 78, un peu plus tard, au
cours de la soirée.
Avant de revenir au projet de loi no 47, je voudrais d'abord, pour les
besoins de l'enregistrement, rappeler que lorsqu'on avait battu la motion
d'amendement présentée par le député de D'Arcy
McGee, en début de séance, ce matin, le vote était de 9
contre et 4 pour, au lieu de 10 contre et 4 pour.
M. Goldbloom: II y a eu un recomptage judiciaire?
Le Président (M. Bertrand): Oui, mais moins serré
que celui qui prévaut dans le comté de Hull en ce moment.
M. Alfred: Plus un, pour Mme Ouellette.
Adoption du projet de loi no 47
Le Président (M. Bertrand): Alors, messieurs, nous allons
reprendre le projet de loi no 47, à l'article 15 qui avait
été suspendu.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: L'adoption de l'article 15 avait été
suspendue de même que l'adoption de l'article 17. Avec le texte qui vous
est proposé maintenant, l'article 15 resterait inchangé et
l'article 17 serait modifié de la façon suivante,
c'est-à-dire qu'à la fin du premier alinéa de l'article
17, on ajouterait ceci: "Le tribunal peut alors adjuger sur quelque litige
résultant de l'application de l'article 14 ou du troisième
alinéa de l'article 21."
Ensuite, on ajouterait, après le deuxième alinéa,
ce qui suit: "Lorsque la différence entre le montant du droit de
mutation établi en vertu du paragraphe e du premier alinéa de
l'article 9 et celui indiqué au compte tel qu'établi en vertu de
l'article 14 ou du troisième alinéa de l'article 21
n'excède pas $400, le cessionnaire qui est une personne physique et qui
a payé intégralement le compte dans le délai prescrit par
l'article 11, peut se pourvoir conformément au livre huitième du
Code de procédure civile pour recouvrer tout montant payé en
surplus du montant auquel il peut être légalement tenu. Le
présent alinéa s'applique malgré la Charte des droits et
libertés de la personne (1975, chapitre 6)."
M. Blank: On peut dire que c'est mieux que rien.
M. Tardif: C'est la solution du moindre mal.
M. Blank: Sur le premier amendement, si le montant est de plus de
$400, cela revient à la Cour municipale.
M. Tardif: Normalement, ou la Cour provinciale.
M. Blank: Normalement, à la Cour municipale et sans appel.
A l'article 15, on parle de jugement sans appel. Les Cours municipales ne sont
pas tellement là pour juger d'affaires semblables. Mais, comme je le
dis, au moins, c'est un appel, parce que je pense que des appels à ces
cours ne sont pas tellement nombreux, mais au moins qu'il y ait un appel de la
décision de ce fonctionnaire..
M. Tardif: D'accord.
M. Blank: J'aimerais mieux la deuxième cour, parce que je
pense que le citoyen qui doit se protéger dans la deuxième, sauf
qu'il doit payer d'avance, est mieux devant la Cour provinciale; il peut
tomber, à la Cour des petites créances, sur n'importe quel juge.
Il y a toujours un nombre de juges qui font le circuit des grandes villes et il
y a certains juges qui peuvent prendre la cause. Quant au premier paragraphe,
à la Cour municipale, c'est presque toujours le même juge ou un
nombre de juges très limité, qui, à un moment
donné, adoptent tel fonctionnaire, lorsqu'ils voient toujours le
même fonctionnaire, et il a toujours raison. S'il a raison la
première fois, il va avoir raison des centaines de fois. Mais, comme je
dis, à ce moment-ci, je suis prêt à accepter, parce que je
veux voir comment cela se passera à l'avenir. Au moins, il y a un moyen
d'appel. Ce n'est pas le meilleur au monde, mais c'est mieux que rien.
M. Tardif: On m'informe ici qu'en vertu de l'article 547 de la
Loi des cités et villes, il y a un appel à la Cour du banc de la
reine de la décision finale des poursuites intentées en vertu de
l'article 546, si le montant réclamé excède la somme de
$500.
M. Blank: Oui, mais c'est en contradiction avec l'article 15 qui
dit: Sous réserve de tout jugement de dernier ressort. En anglais, c'est
dit: Subject to any judgment without appeal. Mais vous dites ici, à
l'article 15, que vous n'avez pas droit d'appel de toute procédure
suivant l'article 17. C'est l'un ou l'autre. Ou vous donnez droit d'appel
à la Cour municipale, ou vous ne le lui donnez pas.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
de...
M. Blank: Vous dites que ce n'est pas vérifié en
anglais?
Le Président (M. Bertrand): Continuez. Vous avez une
réponse, allez-y. On reviendra.
M. Blank: Un jugement de dernier ressort. Qu'est-ce que cela veut
dire?
M. Tardif: La traduction anglaise.
M. Blank: Oui, en anglais, c'est "subject to any judgment without
appeal". Pour moi, c'est la même chose, jugement de dernier ressort.
M. Fontaine: Vous vous référez à l'article
17.
M. Blank: A mon avis, l'article 15 dit que, si on va à
l'article 17, il n'y a pas de droit d'appel.
M. Fontaine: Sous réserve de tout jugement de dernier
ressort.
M. Blank: En anglais, on ne dit pas ça. Est-ce que la
traduction anglaise n'est pas bonne?
M. Tardif: II semble que non. "Subject to any judgment without
appeal".
M. Blank: Je crois que vous avez copié ça de
l'Ontario. Le français serait une traduction de l'anglais.
M. Charbonneau: Ce n'est pas au fédéral.
M. Blank: Non, mais ici. Franchement, je dois dire que je suis
certain que c'est copié d'après les paragraphes des lois
d'Ontario.
M. Charbonneau: Faudrait voir!
M. Tardif: En vertu de l'article 17, il est donné
spécifiquement un droit d'appel, précisément en vertu de
l'article 547 de la Loi des cités et villes.
M. Blank: Je suis très heureux de cela, mais changez la
traduction anglaise.
M. Tardif: "Sous réserve de tout jugement de dernier
ressort..." Ecoutez, on demande à nos gens de garder la traduction
anglaise.
M. Goldbloom: Est-ce que l'on dirait plutôt "final
judgment"? Je ne suis pas un avocat, mais il me semble...
M. Blank: To any final judgment, c'est ça. C'est pour
dernier ressort, "final judgment".
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Disons que je suis comme M. Blank, tout de
même un peu satisfait de la décision qui a été
prise, mais pas tout à fait, parce qu'avec l'amendement qu'on a
ajouté, on accorde à la Cour d'accès à la justice,
la Loi des petites créances, une juridiction qu'elle n'a pas. Parce que
la Cour des petites créances ne juge jamais de cas qui sont
spécifiques à une loi. Elle n'entend que des actions en dommages
et intérêts. Il n'y a pas de recours.
M. Blank: C'est une action à remboursement. M.
Fontaine: Oui.
M. Blank: C'est ce qu'on donne ici. Ce n'est pas une action sur
un acte, mais c'est une action en remboursement. C'est pour ça, comme je
le disais auparavant, que c'est mieux que rien.
M. Fontaine: On dit: Payez et, ensuite, vous irez réclamer
ce que vous avez payé en trop.
M. Blank: Mais changez cela pour "final judgment". Je pense que
c'est la meilleure traduction. Le député de D'Arcy McGee a
raison.
Une Voix:C'est mieux que c'était.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'il y a autre chose
à propos de cet article 17 numéroté 16?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Alors, étant
donné l'article 17, cet article 15 est adopté.
MM. Goldbloom et Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 17 devient l'article
16. Adopté?
MM. Goldbloom et Tardif: Adopté. Une Voix: Avec les
amendements.
M. Blank: Tel qu'amendé, l'article 17 est devenu l'article
16.
M. Fontaine: En modifiant le texte anglais.
Le Président (M. Bertrand): Oui, oui.
Une Voix: D'accord.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Excusez-moi, M. le ministre,
il reste l'article 25; on avait adopté l'article 25 de ce même
projet de loi, sauf qu'il reste l'adoption d'un amendement.
M. Tardif: Sauf qu'on a un amendement à vous proposer ici,
à l'alinéa a). Donc, il est proposé d'inclure le mot
"comptes" après le mot "avis"; "imposer l'inclusion de certaines
mentions dans les actes, déclarations, avis, comptes." On ajoute le mot
"comptes".
Une Voix: Pardon?
M. Tardif: Oui, l'on veut vraiment donner effet au paragraphe que
nous venons d'ajouter, c'est-à-dire l'article 17
renuméroté 16, informant les gens de ce droit d'appel, parce que
le livre huitième ne dit pas grand chose à la majorité des
gens. D'accord?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 25 est-il
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Tel qu'amendé. Alors,
le projet de loi 47.
M. Tardif: Non, ce n'est pas tout, M. le Président, il y a
l'article 27...
M. Goldbloom: Un autre papillon.
M. Tardif: C'est ça, un autre papillon qui vient...
Le Président (M. Bertrand): Ah! Excusez-moi.
M. Tardif: ... s'ajouter à l'article 27 actuel pour donner
suite aux représentations que nous avons eues ce matin.
Le Président (M. Bertrand): L'article 27a qui, en fait,
est maintenant l'article 26 dans la loi.
M. Tardif: Qui est l'article 26 dans la loi maintenant, c'est
ça; je pense que tout le monde a cet article, donc, il dit que le
conseil d'une municipalité de village ou de campagne peut, par le
règlement visé à l'article 2, ou par une modification
audit règlement, déléguer à la corporation du
comté dont cette municipalité fait partie la perception du droit
de mutation. Dans ce cas, la copie du règlement visé à
l'article 3 doit être accompagnée de l'avis visé au
deuxième alinéa dudit article 3 et contenir, mutatis mutandis,
l'information requise dans cet avis.
Pour le reste, les formalités de perception et de recouvrement en
justice prévues dans la présente loi s'appliquent, mutatis
mutandis, à la perception et au recouvrement faits par la corporation de
comté, laquelle agit, à tous égards, pour et au nom de la
municipalité de village ou de campagne. Tous montants ainsi
perçus ou recouvrés doivent être remis, à la fin de
chaque mois, à chaque municipalité de campagne ou de village pour
et au nom de laquelle la corporation de comté a agi, respectivement.
Le Président (M. Bertrand): Cet article est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Goldbloom: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je profite de cette occasion
pour remercier M. le ministre d'avoir permis ce matin, à cette
commission, d'entendre M. Moreau, le président du conseil de
comté. Réellement, nous apprécions ce geste.
M. Caron: Je ne sais pas si le ministre va vouloir faire de
même pour le maire de Montréal.
M. Cordeau: Chaque chose en son temps. Je sais que le ministre
entend à rire.
Le Président (M. Bertrand): MM. les membres de la
commission parlementaire, le projet de loi no 47, Loi autorisant les
municipalités à percevoir un droit sur les mutations
immobilières, a été adopté article par article avec
amendements. J'invite le rapporteur de cette commission, le
député de Lac-Saint-Jean désigné il n'est
pas ici malheureusement à faire rapport en ce sens à
l'Assemblée nationale. Adopté?
M. Tardif: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté.
Projet de loi no 78 (suite) Déclarations de
copropriété
Le Président (M. Bertrand): Nous allons revenir au projet
de loi no 78. Nous en étions, si ma mémoire est bonne, à
l'article 12. Nous étions en train d'étudier l'article 16b ou
16c.
M. Tardif: M. le Président, avant de continuer
l'étude de l'article 16c, avec votre permission, des
représentations m'ont été faites, tout juste après
que vous ne suspendiez la commission par le représentant d'un groupe,
ici de Québec, concernant les dispositions du sixième paragraphe
de l'article 16. On voit ici: "Le locataire qui, (insérer ici la date du
dépôt du présent projet de loi), occupe un local
d'habitation situé dans un immeuble sur lequel une déclaration de
copropriété est enregistrée a droit, sans
formalité, à la prolongation de son bail jusqu'au 30 juin 1978,
à moins que le bail ne soit résilié pour cause en vertu du
Code civil ou de l'article 25 de la Loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires, à moins que le locataire ne consente
par écrit à quitter le local, ou à moins que la personne,
qui, au bureau d'enregistrement, est enregistrée comme
propriétaire du local d'habitation..." C'est ici que l'amendement
viendrait. Au lieu de: "insérer ici la date du dépôt du
présent projet de loi", ce serait "à la date du 1er janvier
1977".
Ceci, parce que des maisons, des logements, des unités
d'habitation ont fait l'objet de promesses de vente avant la date du
dépôt de cette loi, soit le 15 décembre dernier. On fait
état d'une vingtaine de telles promesses de vente qui ont
été faites, effectuées, si bien que de donner un
délai jusqu'au 1er janvier, nous apparaîtrait raisonnable à
ces gens qui, de bonne foi, avant le dépôt de cette loi, ont ainsi
signé des promesses de vente.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux tenir
pour acquis que le ministre proposerait la même modification à
l'article 16b qui couvre les cas qui ne sont pas couverts par les articles 16
et 16a?
M. Tardif: Je pense, en effet, que la logique commande que nous
donnions des délais suffisants aux personnes qui, de bonne foi, avant le
dépôt de la loi, ont signé des promesses d'achat.
M. Caron: C'est tout à fait normal.
M. Tardif: Les promesses ne sont pas enregistrées. C'est
pour cela qu'on met le délai très court. En le mettant au 1er
janvier, cela laisse quatre jours, en fait, pour enregistrer, compte tenu des
congés de Noël et tout cela.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que...
M. Tardif: Je pense que c'est suffisant pour les gens qui, de
bonne foi, ont acheté...
M. Blank: C'est aussi suffisant pour des gens qui ne sont pas de
bonne foi pour agir.
Une Voix: Ce sont des avocats croches.
M. Charbonneau: Ce n'est pas nous autres qui l'avons dit.
M. Goldbloom: M. le Président, quand même la
discussion prend une tournure un peu légère depuis quelques
secondes, mais le problème demeure celui que nous avons examiné
avant la suspension de nos travaux. Est-ce que véritablement c'est
l'intention du gouvernement d'empêcher celui qui deviendrait
propriétaire après le 1er janvier, de jouir de droits de
propriété qui sont passablement traditionnels dans notre
société?
M. Blank: ... vraiment, si on n'a pas 16b, est-ce qu'on peut
utiliser les articles 23 et 24 de la loi dans l'avenir? Cela va nous obliger
à quoi? C'est suspendu.
M. Goldbloom: Effectivement. C'est le point que je veux souligner
que l'on suspende l'application des articles 23 et 24.
M. Blank: On doit les rayer de la loi si on est
honnête.
M. Tardif: Sauf pour le propriétaire...
M. Blank: Avec la permission de la commission...
Le Président (M. Bertrand): Parce qu'il faudrait savoir si
on enregistre au nom du ministre ou du fonctionnaire. Non, si la commission
admet, à ce moment-là, ce sera enregistré comme tel.
M. Tardif: Ecoutez, c'est tout le problème qu'on a
mentionné ce matin. Donc, où est-ce qu'on s'arrête?
Où est le seuil? On est parti de 100 logements, qui étaient
contenus dans l'article pré-
cédemment. On a eu différentes versions, croyez-moi, de
ces articles, et puis, tout à coup, pour se rendre compte qu'un cas nous
était signalé, d'un nombre de logements inférieurs, et on
en est arrivé finalement au point de dire... Oui?
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): On a quelques problèmes
de quincaillerie.
Une Voix: ... mettre des roulettes.
M. Goldbloom: ... il me semble quand même que le geste
législatif qui est proposé ici s'éloigne quand même
de l'esprit de la loi favorisant la conciliation entre locataires et
propriétaires et de l'esprit de ce fameux article 16 introduit dans la
loi il y a un peu plus d'une année. C'est-à-dire que le but de
l'article 16 était de protéger des locataires occupant des
unités de logement contre une velléité de la part du
propriétaire, celle de transformer l'immeuble en condominium, en
copropriété.
Dans ce régime de copropriété, le locataire est
placé soudainement devant une situation où il doit trouver
immédiatement, à très courte échéance, des
capitaux pour investir dans un logement, ou bien s'adresser au marché.
On sait que, depuis un certain temps, le marché est extrêmement
restreint avec de très faibles taux d'inoccupation.
Le but de l'article 16 était de protéger le locataire
contre un geste abusif de la part du propriétaire. Nous avons vu
surtout, mais pas en exclusivité, de nouveaux propriétaires
venus, dans bien des cas, de l'extérieur du pays, qui, en faisant
l'acquisition d'un immeuble, voulaient tout transformer et prendre les
unités, les vendre en copropriété et cela avec un
investissement réel extrêmement faible. C'est-à-dire que
des propriétaires sont venus emprunter à la banque, ne point
mettre de leur propre argent et rembourser l'emprunt avec le revenu tiré
de la vente des unités. Puisque cette relation sociale est
différente de celle du propriétaire qui est résident ici,
ayant un engagement social à l'égard du Québec et de sa
population, il y a eu des problèmes sociaux assez graves. Or, l'article
16 a été introduit dans la loi pour protéger les
locataires contre ce genre de velléité et surtout pendant une
période de constriction du marché.
Ce que l'on fait ici, c'est d'aller plus loin et de priver le nouveau
propriétaire, à partir du 1er janvier, d'un droit historique
reconnu. On peut commenter ce droit et dire qu'il est excessif et
qu'aujourd'hui, avec l'expérience des années, on devrait
l'abolir, mais, pour l'abolir, il me semble qu'il faudrait rayer de la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires les articles
23 et 24. Je veux faire cette distinction entre les deux gestes
législatifs pour amener le ministre à préciser la
pensée du gouvernement.
M. Tardif: M. le Président, je remarque à l'arti-
cle 16 du texte de la loi actuelle, chapitre 84, paragraphe 6 que le texte
actuel présenté par mon collègue, à l'époque
le ministre de la Justice puisque cette loi relevait de lui que
le paragraphe 6 contenait précisément les mêmes
dispositions et que ce n'est pas nouveau. Si vous vous référez au
paragraphe 6, vous allez voir lorsqu'un local d'habitation est, à
compter du 26 novembre 1975, vendu à un tiers en raison d'une conversion
en copropriété, le locataire qui, à cette date, occupait
le local a droit à une prolongation de son bail jusqu'au 30 juin 1977,
à moins qu'il ne consente par écrit, etc. Donc, cette disposition
existait déjà.
M. Blank: Cela s'appliquerait seulement aux immeubles de 100 et
plus.
M. Tardif: Non, non, le paragraphe 6 ne s'appliquait pas
uniquement, mais à tous les locaux en raison d'une conversion en
copropriété. D'accord? La différence avec l'article qui
est proposé présentement, c'est que nous voulons couvrir
également les cas qui ne sont pas vraiment de la
copropriété ou ces copropriétés bidons.
M. Blank: ... le droit de propriété. C'est
exactement là. J'ai une suggestion à faire.
M. Tardif: Oui.
M. Blank: La place où on peut le brimer le plus, c'est,
comme je l'ai suggéré, dans des duplex où la personne veut
rester en bas et louer le haut, où, comme dans mon comté et
d'autres comtés dans le centre de la ville, il y a des maisons à
trois étages. Si on met cela à trois, une exemption à
trois, vous allez couvrir les cas des maisons à trois et des maisons
à deux. Si vous avez un duplex, cela ne couvre pas. C'est seulement si
c'est vraiment une personne qui achète un duplex ou une maison à
trois étages pour habiter et avoir l'un ou les deux autres loyers pour
obtenir des revenus additionnels. Ce n'est pas un spéculateur, ce n'est
pas une personne qui vit des loyers. C'est une personne qui achète un
immeuble pour sa famille et l'autre loyer ou les autres loyers, c'est pour
l'aider à le payer. Si on en avait quatre, d'accord, peut-être
qu'il n'a pas besoin des deux autres. Les deux autres ne sont pas
touchés. Mais le monsieur qui achète un duplex ou une maison
à trois étages sur la rue Clarke, la rue Esplanade, à
Montréal, la rue Coloniale, il veut l'avoir pour y habiter et, pourtant,
c'est presque toujours à trois étages, dans le centre de la
ville. Ce sont de nouveaux arrivés qui achètent, qui travaillent
24 heures par jour, des fois avec deux "jobs", pour acheter les meubles et
entrer dans la maison afin d'avoir les loyers des deux autres logements pour
aider à payer la propriété. Ce sont des gens dont on brime
les droits. Je suis d'accord avec le gouvernement et le ministre pour
éviter la spéculation ou les gens qui veulent exploiter les
autres, mais, pour le petit propriétaire qui veut avoir une
propriété pour lui-même, pour sa famille, et avoir un autre
loyer ou deux autres loyers pour l'aider... On peut se limiter
à cela. Si on en met trois, cela évite les duplex, mais
cela peut couvrir les trois étages ou les deux étages. C'est
seulement cela qu'on demande.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. le député de Saint-Louis, qu'est-ce
que vous faites des bungalows qui sont loués, des maisons unifamiliales
qui se vendent et qui sont louées?
M. Blank: Ce n'est pas couvert ici, parce que c'est un bungalow
ou...
M. Laplante: Oui, mais c'est un prolongement qui irait loin.
M. Blank: Non, ce n'est pas cela.
M. Laplante: Si vous allez dans la refonte complète.
M. Blank: Un bungalow, ce n'est pas loué. Si vous demeurez
dans un bungalow, si vous voulez le vendre, vous déménagez.
M. Laplante: Non, il est loué. Il y a des bungalows qui
sont loués, qui sont vendus aussi et le propriétaire en prend une
partie, assez souvent.
M. Blank: C'est cela, il est brimé. Voilà.
M. Laplante: II y a tout un coin de Fabreville qui est pris comme
cela.
M. Blank: C'est pour cela que je dis trois. Cela va couvrir ce
cas-là. Si j'achète un bungalow qui était loué,
avec cette loi-ci, je n'ai pas le droit d'entrer. Si vous achetez un bungalow
de votre voisin, M. Alfred, et que lui a loué ce bungalow à ce
monsieur, en attendant, vous n'avez pas le droit d'entrer dans votre propre
bungalow que vous avez acheté du député de... Je ne sais
pas le comté. Pontiac.
M. Alfred: Non, Papineau.
M. Blank: Papineau, excusez-moi.
M. Alfred: L'honorable ministre de la Justice, non, des Affaires
municipales, le sait très bien.
M. Blank: D'accord. C'est ce que je dis. Cela va aussi loin que,
si vous achetez le bungalow du député de Papineau et que le
député de Verchères habite ce bungalow, vous n'avez pas le
droit d'entrer dans votre propre bungalow.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, nous avons retourné
encore une fois cette question de tous les côtés.
Je suis très sensible à l'argument du député
de Saint-Louis, sauf qu'en introduisant son amendement, nous laissons
échapper les centaines de logements de la rue Connaught et de la rue
McLynn qui sont des duplex en série et qui font partie d'un ensemble
semblable à celui de Val-Martin, construit, etc., et qui n'a pas
été conçu au départ comme étant des
logements pouvant être vendus en copropriété.
Nous avons de bonnes raisons de croire qu'en plusieurs de ces cas, les
promesses de vente qui ont été faites ne sont pas
véritablement dans une intention d'en faire des logements en
copropriété et qu'une des façons d'éviter des
ventes semblables était finalement de geler des évictions,
d'accord? Parce que finalement, le propriétaire qui ne pouvait pas
habiter un tel local n'irait pas l'acheter pour...
M. Blank: Mais comme on dit en anglais, "Take a sledge-hammer to
kill a fly".
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Louis, le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: De cette façon, M. le ministre, vous privez
les gens qui sont propriétaires d'une maison, soit à deux ou
trois logements, de la vendre pendant la prochaine année, parce que la
personne qui va vouloir l'acheter va vouloir y demeurer, et elle n'aura pas le
droit d'évincer le locataire qui l'occupe. Vous privez quelqu'un qui a
des droits pour en donner à des personnes qui n'en ont pas.
M. Tardif: C'est évident et c'est un peu la situation de
pénurie, de crise du logement. Si, messieurs, vous aviez des suggestions
à nous faire, s'il vous plaît.
M. Blank: J'ai une suggestion. Vous me dites que la raison de cet
article, c'est l'affaire McLynn et Connaught, ce sont les deux?
M. Tardif: Les deux qu'on connaît à l'heure
actuelle, sauf que la lecture des journaux, périodiquement, nous
apprend...
M. Blank: Déjà, pour le moment, ce sont les deux
qu'on connaît. On reconnaît le problème de Val-Martin et on
a un paragraphe d'exception. Mais pourquoi est-ce qu'on ne fait pas un
paragraphe d'exception pour ces deux-là et laisser les autres 6 millions
de Québécois tranquilles?
M. Alfred: Qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là...
M. Blank: L'année prochaine, on va passer un autre bill,
on sera toujours ici. Mais pour brimer les droits de 6 millions de personnes
pour donner quelques droits à une trentaine ou à une
quarantaine.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! Adressez-vous au président si vous voulez obtenir la
parole. Le député de Laviolette.
M. Jolivet: Quand on dit qu'on brime 6 millions par un tel
paragraphe, c'est du charriage. On ne brime pas 6 millions. Je pense
qu'à ce niveau, il y a une chose importante, à moins d'avoir un
article miracle pour régler le problème, il faut éviter
toute la spéculation possible.
M. Blank: II n'y a pas de spéculation ici.
M. Jolivet: Au niveau de l'éviction des locataires, faire
en sorte que par des moyens détournés, on en arrive à des
résultats qui soient malheureusement...
M. Blank: Je suis d'accord avec vous, mais le ministre parle de
l'affaire McLynn et Connaught, je pense qu'il y avait peut-être entre les
deux, 80 maisons ou peut-être 50, je ne sais pas combien de locataires.
Combien de locataires à Connaught et à McLynn? En chiffres
ronds?
M. Tardif: En chiffres ronds, c'est sûrement 44
logements.
M. Blank: 44 logements, pour Val-Martin où il y a 181 qui
sont brimés, ils ont vendu... on fait un paragraphe spécial. Pour
ces 40 ou les 80 avec les deux autres, faites un autre paragraphe special et
laissez tranquilles les autres qui veulent acheter des maisons, ceux qui
veulent entrer dans leur propre duplex ou comme le député de
Bourassa va entrer dans son bungalow; c'est ce que je demande.
Je n'ai rien contre le fait de protéger ces gens, ils ont besoin
de protection, donnons-la leur.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
D'Arcy McGee, s'il vous plaît.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, mais je voudrais
donner la permission au député de Fabre de revenir parmi
nous.
Le Président (M. Bertrand): Si la commission y
consent.
M. Goldbloom: Le ministre veut-il prendre la parole
immédiatement?
Le Président (M. Bertrand): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il est évident que
cet article, l'article 16 de la loi de l'an dernier, et les modifications que
nous apportons aujourd'hui, s'inspirent d'un problème humain et social
très réel. Des personnes ont été menacées
d'éviction et ont effectivement été évincées
dans certains cas. Le problème, au départ, était celui de
la transformation en copropriété; l'élément de
déplacement d'une famille pour la remplacer par celle du
propriétaire ou par celle d'un autre membre de la famille du
propriétaire était incident, si vous voulez, à cette
considération primaire et fondamentale de la transformation en
copropriété.
Nous avons, l'an dernier, et de nouveau aujourd'hui, invoqué la
pénurie de logements, le faible taux d'inoccupation sur l'île de
Montréal; mais il y a plusieurs facteurs à cela et si nous
voulons stimuler la production d'unités de logement, nous devons
intéresser des propriétaires; c'est effectivement le
propriétaire qui y met les capitaux nécessaires. S'il n'y a pas
d'intérêt de la part des propriétaires, il n'y a pas
d'activité dans le secteur privé du marché, et je soumets
respectueusement, M. le Président, sans vouloir aller au fond d'une
telle discussion, qu'il y a une philosophie sociale à déterminer;
dans quelle mesure fait-on appel au secteur privé et dans quelle mesure
préconise-t-on une action étatique pour produire les
unités de logement nécessaires?
Jusqu'à maintenant, nous avons fait appel au secteur public pour
la production d'unités destinées aux familles à faible
revenu, aux personnes âgées et à certaines autres
clientèles particulières, et quand je dis nous, je parle surtout
du Québec. Il est vrai qu'au niveau fédéral, la
Société centrale d'hypothèques et de logement a un champ
d'action un peu plus large, mais quand même par rapport
généralement à l'entreprise privée dans une bonne
mesure. Or, nous devons nous poser cette question: je l'ai posée
dans mon discours de deuxième lecture Est-ce que c'est seul le
locataire que nous devons protéger? Est-ce que c'est seul le locataire
qui se trouve devant un problème social et économique majeur, ou
n'y a-t-il pas le propriétaire, surtout le petit propriétaire,
qui lui aussi fait face à des problèmes?
Comme le souligne mon collègue de Saint-Louis, le titre parle des
deux, des locataires et des propriétaires, et de la conciliation entre
les deux.
Justement, M. le Président, j'entends, de la part du secteur
privé, la remarque répétée depuis un certain nombre
de mois qu'il n'y a plus d'intérêt à construire, qu'il n'y
a plus d'intérêt à investir dans l'immeuble
résidentiel parce que le revenu n'est pas suffisamment
intéressant et parce qu'il y a des contraintes nombreuses. Voilà
devant nous une contrainte quant à la possibilité pour quelqu'un
d'acheter un immeuble et de l'occuper lui-même ou de le faire occuper par
un membre de sa famille.
Pour ma part, j'aimerais trouver un équilibre entre les deux. Je
crains fort qu'à l'adoption de ce projet de loi, nous n'ayons une
réaction de la part du secteur des propriétaires qui diraient:
Mais, mon Dieu! c'est encore un découragement à l'investissement
dans le secteur de l'habitation.
Le Président (M. Bertrand): J'admets, M. le
député de D'Arcy McGee, que vous êtes allé loin au
niveau des principes généraux du projet de loi, mais, sur la
motion comme telle du 1er janvier 1977, j'aimerais qu'on se limite à
cela pour l'instant.
M. Blank: C'est dans le même sens.
Le Président (M. Bertrand): Oui, mais j'ai permis quand
même de déborder assez largement.
M. Goldbloom: Je n'ai pas cherché à
m'écar-ter de la question. Je pensais justement, M. le Président,
que la considération est importante. Quant à la décision
que nous devons prendre, d'abord, est-ce nécessaire et justifié
d'inscrire la date du 1er janvier? Deuxièmement, est-ce
nécessaire d'appliquer cette restriction à tous les immeubles en
question ou pouvons-nous établir une ligne de démarcation, qui
était à cent unités de logements pour une certaine
catégorie de transactions? Le gouvernement nous propose
d'éliminer complètement cette distinction.
Je soumets respectueusement que nous créons des
difficultés pour des propriétaires et surtout pour de petits
propriétaires.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Verdun.
M. Caron: J'abonde dans le sens de mon collègue de D'Arcy
McGee. Je pense qu'au Québec, actuellement, les gens ne veulent plus
investir dans la propriété. De la façon que nous
bâtissons les lois, on devient tellement rigide qu'on ne leur donne pas
de chance d'avoir un revenu raisonnable, un taux d'intérêt. Je
pense que le ministre des Affaires municipales est conscient de cela. Quand la
construction marche ici, au Québec, c'est une roue. Quand la roue
tourne, je pense que tout le monde en profite. Il faudrait être
très sérieux dans la décision qu'on va prendre. S'il y a
quelques projets qu'on veut peut-être éliminer ou protéger,
qu'on les mentionne et on y reviendra. On y est habitué. Cela a l'air
que cela fait 26 ans que cette loi revient tous les ans. On y reviendra l'an
prochain et on donnera la chance aux gens de la construction pour
l'année 1977 de travailler. Ces gens vont être bien heureux.
Je pense que c'est un peu dans votre programme, les gens du Parti
québécois, de favoriser le petit ouvrier. Je pense qu'on devrait
abonder dans le même sens que mon collègue de D'Arcy McGee. Je ne
sais pas si le ministre...
M. Tardif: Toujours...
Le Président (M. Bertrand): Toujours sur la motion de
l'amendement.
M. Tardif: M. le Président, la motion d'amendement a
été présentée pour le paragraphe 6 de l'article 16.
C'est évidemment par souci de concordance que le député de
D'Arcy McGee a suggéré qu'il soit inséré dans
l'article 16b.
Ce que je voudrais faire remarquer, après les commentaires
formulés, c'est qu'il s'agit d'une solution qui se veut temporaire. Deux
rapports importants sur l'habitation, les rapports Legault et Castonguay, ont
été déposés et offrent quand même un certain
nombre d'énoncés de politiques en matière
d'habitation.
Ce que nous vous disons présentement, c'est de procéder
littéralement à un gel des évictions comme d'un moyen,
d'une part, de faire face à la situation présente dans le
logement et aussi, devant la difficulté devant laquelle nous sommes,
parce que je dois en parler à un moment donné. On a
envisagé d'essayer de définir ce qu'était un ensemble
immobilier. Je pense que cela a été une de nos premières
tentatives. A ce moment, devant les difficultés, on en est venu à
cette solution, attendu que ce que l'on visait au départ n'était
pas tellement d'empêcher la prise par le propriétaire de son
local, mais bien les ventes de ces unités de logement qui faisaient
partie d'ensembles, qu'on vendait en pièces détachées
comme cela et que la seule façon de parvenir à ceci,
c'était le gel des évictions totalement.
Maintenant, on me dit que des mesures beaucoup plus
sévères ont été adoptées, en France, en
Angleterre, à un moment donné, avec gel des loyers. Nous, on ne
gèle pas les loyers ici, qui sont sujets à augmentation. Pendant
une période d'un an, on gèle les évictions.
M. Blank: On a fait cela durant la guerre, je comprends, il y
avait un état d'urgence, mais ce n'est pas exactement la même
chose. J'espère...
M. Tardif: Lorsque le taux d'occupation est moins de 1% dans une
occupation... Pardon?
M. Blank: Oui, de fait, c'est la raison pour laquelle on adopte
des lois semblables. On ne donne pas l'occasion à des gens d'investir,
de bâtir. C'est cela qui cause le taux d'inoccupation.
M. Tardif: M. le Président, je pourrais peut-être
retourner l'argument, c'est-à-dire qu'au lieu d'investir son argent dans
un édifice plus ou moins apte à la transformation à
copropriété, c'est peut-être une incitation à se
construire un édifice neuf, c'est peut-être une incitation
à construire précisément.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre d'Etat.
M. Blank: Oui, mais l'argent pour construire, cela vient
normalement d'un monsieur qui a vendu sa propriété et qui veut
acheter une autre. C'est toujours la balle qui roule.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre d'Etat.
M. Landry: M. le Président, nous récoltons
aujourd'hui les fruits amers d'une politique pour laquelle les recherches
suffisantes n'avaient pas été faites. On n'avait pas assez
scruté les exemples étrangers. Quand l'Etat a commencé
à intervenir pour des raisons sociales fort louables, dans le
marché du logement, il a perturbé des mécanismes
économiques fondamentaux. Ce n'est pas nous qui avons fait cela. On
trouve même que ce n'est pas joli du tout. Nous avons à vivre avec
cette situation. Ce freinage dont vous parlez, de la
construction domiciliaire, est très réel. Mon
collègue vient de parler du taux d'inoccupation qui est vraiment
alarmant. De ce point de vue, sans employer les grands mots, on peut parler de
crise dans la région métropolitaine de Montréal. Cette
situation s'est développée parce que des gens bien
intentionnés, mais n'ayant pas fait la réflexion suffisante, et
j'irais même jusqu'à dire n'ayant peut-être pas la
compétence suffisante en matière de retombées
économiques, d'une politique sociale, nous ont conduit là.
La proposition qui est devant vous consiste précisément
à nous donner ce délai de réflexion. Je suis,
personnellement, très concerné par le fait qu'il y a un freinage
de la politique de développement résidentiel,
premièrement, et je vous le dis, pour des raisons sociales. Le
développement économique est une chose fort intéressante,
mais on développe l'économie pour les hommes. Quand on ne peut
plus loger les hommes, il s'agit de parer le plus rapidement possible aux
nécessités sociales. Ce que nous voulons justement éviter
en nous donnant quelques mois de réflexion, c'est de concevoir une
politique à la fois sociale et économique. Je ne vous cache pas
que nous comptons fortement sur la relance de la construction domiciliaire pour
relancer l'économie du Québec, en vertu du vieux principe et de
la vieille phrase que je ne vous recite pas. Il y a déjà un tel
gâchis dans ce domaine, et les exemples français sont assez
significatifs.
Les Français ont procédé à des blocages qui
ont duré des années pour des raisons sociales, mais ils se sont
mis dans une crise du logement absolument épouvantable qui a fini par
avoir des incidences directes sur leur taux de natalité. C'est devenu
cauchemardesque d'avoir des enfants en France, jusqu'à il y a une
quinzaine d'années. Ils ont réagi assez vivement, mais enfin...
L'esprit de la législation, présentée par mon
collègue, veut que nous nous donnions un certain nombre de mois pour
évaluer la question, pour ne pas faire plus de mal qu'il y en a
déjà. Les populations ont suffisamment souffert de cela, et
etc.
Le Président (M. Bertrand): Je comprends votre
intervention.
M. Landry: J'ai débordé dans le sens de nos
collègues d'en face.
Le Président (M. Bertrand): Elle s'applique à
l'ensemble du projet de loi, mais pour l'instant, avant que vous n'arriviez,
nous en étions sur une motion d'amendement qui fixait au 1er janvier
1977...
M. Goldbloom: M. le Président, nous n'avons pas
protesté de ce côté-ci. Je trouve très
intéressantes les remarques de...
Le Président (M. Bertrand): J'ai voulu laisser aller un
peu, comme j'avais permis dans votre cas, M. le député de D'arcy
McGee, mais je pense qu'il faudrait peut-être... On pourra revenir
là-dessus, je crois, mais pour l'instant, s'en limiter à la
motion d'amendement présentée par le ministre des Affaires
municipales.
M. Landry: Je pense que l'essentiel de mes propos a
été compris, M. le Président, et je n'ai pas l'intention
d'aller plus loin.
M. Blank: La seule chose que je peux dire à la suite de
votre intervention, c'est que je suis totalement d'accord avec vous sur la
question de la crise du logement à Montréal, la
nécessité de la relance de la construction; mais je pense qu'on a
besoin de quelques mois de réflexion. C'est mieux d'avoir ces mois de
réflexion sans cet article, parce que c'est un plus grand mal de
l'ajouter que de l'oublier, parce qu'au moins, on peut avoir un peu de
construction sans cet article. Avec cet article, on l'arrête, on la
freine complètement. Vous voulez avoir vos mois de réflexion,
d'accord! Je suis d'accord avec vous, mais sans cet amendement, ce serait
mieux.
Le Président (M. Bertrand): Sur la motion d'amendement, le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce sur la motion
d'amendement de l'article 16, paragraphe 6 ou de 16b?
Le Président (M. Bertrand): Article 16, paragraphe 6, et,
pour des besoins de concordance, 16b.
M. Fontaine: Les deux.
Le Président (M. Bertrand): En fait...
M. Fontaine: On fait les deux en même temps.
Le Président (M. Bertrand): Oui, la discussion se
déroule sur les deux en même temps.
M. Fontaine: On met cette motion aux voix et...
Le Président (M. Bertrand): Quand les
députés auront jugé que les interventions ont assez
duré.
D'autres députés veulent-ils intervenir sur l'amendement?
Le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Justement, il me
semble que nous devons faire une certaine comparaison entre les deux articles.
A leur lecture soigneuse, je constate une différence qui est
peut-être importante. Je voudrais demander, par votre
intermédiaire, au ministre de bien vouloir expliquer cette
différence. Parce que, quand on lit le paragraphe 6, de l'article 16, on
voit qu'il s'agit d'un locataire qui occupe un local d'habitation situé
dans un immeuble sur lequel une déclaration de copropriété
est enregistrée. Or, on touche directement ce secteur d'activité
qui a provoqué toute l'inquiétude.
Quand on arrive à l'article 16b, l'entrée en
matière est beaucoup plus générale. On y lit: "Dans les
cas non couverts par les articles 16 ou 16a", mais dans quels cas? Est-ce que
cela veut dire tous les cas, toutes les transactions, indépendamment de
cette velléité de transformer un immeuble en régime de
copropriété? Si c'est cela, je trouve que c'est grave. Si c'est
en quelque sorte c'est là où j'aimerais obtenir
l'explication un élargissement, mais toujours à
l'intérieur de cette notion de transformation en
copropriété, là, on a un champ beaucoup plus
limité. C'est ce que j'aimerais pouvoir comprendre.
M. Tardif: L'article 16b couvre les cas dits de fausse
copropriété, c'est-à-dire donc de ces logements locatifs
du genre de ceux d'Elmhurst. Je pense à ces édifices de huit
logements chacun, qui n'ont qu'une seule entrée d'eau, qui n'ont qu'une
toiture pour l'ensemble des maisons, sans coupe-feu, qui ont une entrée
commune, qui ont un système d'électricité commun
situé au même endroit, dans une seule partie du sous-sol
desservant les huit logements et qu'on vend quand même en pièces
détachées. Et cela existe aussi pour les duplex de la rue
Connaught. On vend cela en cédant aux gens un droit d'occupation. Ce
n'est pas vraiment de la copropriété définie au sens de
l'article 441 du Code civil. D'accord?
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, je pense que nous
nous entendons sur l'objectif. Je laisse de côté, pour l'instant,
la discussion antérieure sur l'opportunité de libérer les
immeubles de moins de quatre unités de logement, mais le ministre vient
d'exprimer l'intention du gouvernement. Ce que je lui demande, c'est simplement
est-ce que le texte se limite à cette intention ou est-ce que le texte,
dans sa rédaction, est plus général et couvre toutes les
transactions immobilières? C'est cela que je veux savoir.
M. Tardif: Dans son intention, c'était d'éviter ce
que je viens de décrire. Il est bien évident que la seule
façon, à moins de fixer un seuil comme je l'ai mentionné
tantôt, c'est le gel des évictions parce qu'il est impossible de
fixer un seuil, tantôt c'était pour 8 logements, tantôt ce
sera pour 6, 4 et on ne reviendra pas à toutes les semaines amender la
loi pour descendre ce seuil. On l'a situé à un point...
M. Blank: Mais la réponse que je vais donner, faites un
paragraphe d'exception pour Connaught et McLynn avec Val-Martin, laissez
l'autre tranquille.
M. Dussault: Tous les cas nouveaux qui arriveront... la loi est
faite pour couvrir...
M. Blank: L'année prochaine? L'année passée
quand on était ici, la seule qui est venue a notre attention,
c'était Val-Martin et puis on a légiféré pour
Val-Martin. Peut-être que ce n'étaient pas les meilleurs au monde,
les paragraphes et les mots que nous avons rédigés. On corrige
cette année. Depuis l'année passée, on en a trouvé
deux autres, Connaught et McLynn. On légifère pour les deux. A un
moment donné, s'il en vient trop, on peut faire une législation
générale qui couvre tout. Mais, pour le moment, on a trois
établissements dans la province de Québec qui impliquent
peut-être en tout 250 logements. Pour 250 logements, on va
légiférer pour les autres logements dans toute la province,
peut-être un million non pas six millions maintenant de
logements dans la province de Québec. On fait une loi couvrant un
million pour régler le cas de 250 logements.
M. Dussault: Selon votre logique, il faudra toujours intervenir
en retard pour régler les problèmes.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais une directive
à vous demander. J'ai l'intention de proposer une motion d'amendement
à l'article 16b. Dois-je la faire immédiatement ou si...
Le Président (M. Bertrand): Nous allons d'abord disposer
de la motion d'amendement proposée par le ministre des Affaires
municipales. Nous pourrons ensuite revenir sur votre motion d'amendement si
vous jugez toujours devoir la déposer à ce moment.
M. Blank: Votre amendement était du 1er janvier.
M. Tardif: Ma motion d'amendement, M. le Président, visait
le paragraphe 6 seulement. C'est à la suggestion du député
de D'Arcy McGee, ce qui a été d'abord d'inclure ceci, mais alors
le débat s'est ouvert sur tout l'article 16b.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Pourrait-on revenir à
la proposition originelle du député, du ministre des Affaires
municipales, de biffer les mots "insérer ici la date du
dépôt du présent projet de loi", au paragraphe 6 de
l'article 16, et les remplacer par "1er janvier 1977"? Pourrait-on d'abord
régler cette motion d'amendement?
M. Goldbloom: Adopté.
M. Blank: Le rapport a été adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté?
Adopté.
Le député de D'Arcy McGee voudrait-il revenir à
l'article 16b et demander que là aussi, "1er janvier 1977" soit
inscrit?
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais apporter une
précision. Je n'ai pas demandé que cette même date soit
inscrite à l'article 16b, mais plutôt j'ai demandé au
ministre si ce n'était pas
nécessaire de le faire pour être conséquents. Mais,
en examinant les deux articles, nous constatons des différences et je
pense, sans vouloir vous indiquer une ligne de conduite, que nous sommes rendus
à un point où nous pourrons peut-être entendre la
proposition du député de Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Bertrand): Considérez
qu'après l'article 16b, il n'y a aucune motion d'amendement qui a
été déposée et nous pouvons donc recevoir la motion
d'amendement du député de Nicolet-Yamaska.
Motion d'amendement
M. Fontaine: M. le Président, ma motion d'amendement se
lirait comme suit: Ajouter un paragraphe à l'article 16b, ou
plutôt un sous-paragraphe qui se lirait comme suit: Cependant, cet
article ne s'applique pas à un immeuble utilisé principalement
à des fins de location résidentielle comprenant trois locaux
d'habitation ou moins.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que je pourrais
recevoir, s'il vous plaît, le texte de la motion du député
de Nicolet-Yamaska?
M. Blank: Pas besoin de peser mes paroles sur cet amendement.
C'est le moins que j'avais demandé. La meilleure solution, c'est celle
de faire des cas d'exception pour Connaught et McLynn; mais si le ministre
n'est pas d'accord sur cela, le moins qu'on puisse demander, en toute justice
pour les petits acheteurs et les propriétaires de l'avenir, c'est cet
amendement.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre d'Etat.
M. Landry: Je pense que le député de Sainte-Anne
s'illusionne grandement sur... pardon, de Saint-Louis, je suis confus,
Saint-Louis s'illusionne grandement sur l'étendue du
phénomène qu'il a tenté de décrire. Il a dit: On a
eu Val-Martin l'an dernier. On a fait tant bien que mal. On fait mieux cette
année et on en a eu deux autres depuis. Oui, mais ce qu'il faut
réaliser, c'est que les gens de Val-Martin, les gens de Connaught, les
gens de McLynn se sont organisés en comités; ils ont fait du
bruit, ont fait du tapage, des déclarations de presse; mais, dans chaque
rue probablement de votre comté et dans chaque comté du
Québec et dans chaque quartier, il y a un, deux, trois locataires qui
sont expulsés peut-être chaque semaine et qui, eux, ne sont pas
organisés en comité de citoyens et qui n'ont pas les moyens de
mobiliser la presse et l'opinion publique, etc. C'est un
phénomène beaucoup plus étendu que vous ne le laissez
entendre ou que vous ne le percevez. On protège des milliers et des
milliers de gens avec cela en gelant les évictions. Je
réitère que c'est mal saisir l'étendue du problème
que de vouloir réduire cela à deux ou trois cas spectaculaires
parce que les citoyens se sont fâchés.
M. Blank: Je ne suis pas d'accord avec le ministre du tout parce
qu'il dit: Si on sauve des milliers et des milliers de gens de
l'éviction, est-ce qu'on brime les droits de millions de
Québécois avec cet article?
M. Landry: Je ne vois pas par quelle mathématique.
M. Blank: Oui, l'équilibre des deux. Vous parlez de mon
comté, je connais très bien mon comté, cela fait seize ans
que je suis là. S'il y avait des problèmes semblables, je serais
le premier à en avoir entendu parler, et vraiment, dans un comté
comme le mien, où il y a des maisons d'appartements, oui, il y a eu des
demandes des condominiums et d'autres maisons d'appartements, mais prenons des
rues résidentielles où il y a des duplex de deux étages ou
des maisons de trois étages, où il y a des propriétaires
qui veulent entrer dans ces maisons, qui veulent les acheter. Prenons les
Portugais sur la Coloniale, sur Saint-Dominique ou sur De Bullion. Ils ont tous
acheté des maisons de trois étages. Pourquoi? Parce qu'ils
entraient au rez-de-chaussée et que les deux autres locataires les
aident à payer et ils font ainsi des rénovations. Comme vous le
savez, la rénovation du secteur portugais de Montréal, c'est la
meilleure au Québec. Ils ont même gagné un prix au Canada.
Je ne sais pas quel prix, mais c'est un prix de la Société
d'habitation du Canada, et il a été donné à ces
Portugais. Mais on gèle tout cela. Mon petit Portugais qui vient de
Lisbonne et qui s'établit à Montréal, cela fait trois ou
quatre ans qu'il veut acheter une maison de trois étages sur la rue De
Bullion ou la rue Coloniale, il veut entrer là, mais il ne peut pas.
M. Landry: II ne peut pas parce qu'il y a un autre Portugais qui
est là et qui est plus pauvre que lui.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais vous faire une
observation. La loi existe depuis 26 ans et, depuis sa naissance, elle comprend
les articles 23 et 24, en vertu desquels celui qui achète en donnant
l'avis prévu peut prendre possession d'une des unités de
logement. Le phénomène de la transformation en
copropriété est récent. Effectivement, il a fallu des
modifications aux statuts du Québec pour permettre le régime de
copropriété il n'y a pas très longtemps. Nous constatons
aujourd'hui, depuis peu de temps, un phénomène qui semble abusif
et contre lequel nous avons voulu, de part et d'autre maintenant, parce que
c'est un nouveau gouvernement, agir pour protéger les
intéressés.
Il me semble que nous allons loin en bloquant toutes les
évictions. On les appelle évictions, mais, depuis des
décennies, la loi les permet, établit les conditions de ces
déplacements, appelons-les déplacements, un mot moins
péjoratif qu'éviction parce que l'on parle quand même ici
du droit du propriétaire.
Je me demande, M. le Président, c'est une
pensée absolument spontanée qui n'est pas très bien
formulée dans mon esprit, mais je me demande, puisque le but
avoué du ministre est de régler en même temps que les cas
de vraies transformations en copropriété les faux cas qui ont
quand même le même effet social, s'il n'y a pas moyen de
prévoir un appel de la part des locataires à la commission pour
faire déclarer par la commission que c'est effectivement un cas de
transformation en copropriété qui tombe alors sous l'effet de
l'article 16, plutôt que de suspendre pour une période de 18 mois
et quelques jours l'application des articles 23 et 24 de la loi favorisant la
conciliation entre locataires et propriétaires.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Evidemment, celui qui va acheter une maison
après la date du dépôt de cette loi et qui, encore une
fois, achète une maison qui est occupée déjà par le
propriétaire peut sans problème en prendre possession. C'est
uniquement dans les cas où ça pose le problème d'avoir
à évincer un locataire. Je pense que c'est une situation
temporaire et, si on ne fait pas ça, on a tout le problème de
Connaught, de McLynn, d'Elmhurst, d'un autre dans le bout de Saint-Henri, rue
Notre-Dame, qu'on a signalé à mon attention tout récemment
encore; on a tout le problème également dans le coin de
l'Université de Montréal où des transformations semblables
sont en train de se produire et d'autres qui ont été
portées à mon attention.
Il faut aussi se rendre compte que celui qui va acheter, après la
date du dépôt de la loi, est quand même une personne qui est
logée présentement, qui n'est pas dehors, alors que le locataire
qui sera évincé aura des problèmes à se
reloger.
Compte tenu encore une fois du contexte dans lequel nous sommes de
pénurie de logements, quand on dit que nous frappons 6 millions de
Québécois, je m'excuse, mais je pense, si mes statistiques sont
bonnes... C'est 70%. C'est quand même très fort puisque c'est
à peu près 70% de locataires et 30% de propriétaires, et
si on enlève de ces propriétaires ceux des maisons unifamilia-les
et tout ça et qui ne sont pas touchés, finalement, on ne touche
pas tellement... Encore une fois, dans une situation vraiment d'urgence et
temporaire... J'avoue que j'aurais aimé, j'aurais
préféré un texte qui puisse mieux circonscrire vraiment le
problème qui nous préoccupait, mais ce n'est vraiment pas
possible. La seule façon à l'heure actuelle est de
décréter un gel des évictions.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Papineau.
M. Alfred: C'est-à-dire que je vais encore insister sur ce
qu'a dit le député de D'Arcy McGee, sur son développement.
J'aurais voulu commencer au début, quand il prenait la défense
des petits locataires et quand il a dit que c'était pour les pro-
téger. J'allais lui poser la question, par exemple: Qu'est-ce qu'il
faisait de la loi sur la spéculation du sol dans l'Outaouais, sur
l'étude de la spéculation du sol dans cette région qu'il
n'a pas encore publiée et qui va probablement être publiée?
Je pense que ce que j'aimerais, c'est le côté provisoire de cette
loi que le député de D'Arcy McGee se mette en tête. C'est
une situation provisoire, c'est très important.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, je pense que
c'est aussi le point souligné tout à l'heure par le ministre, et
nous avons quand même, avec l'expérience de l'administration
publique, connu des régimes et des immeubles temporaires qui sont
devenus terriblement permanents, en commençant par la loi que nous avons
sous les yeux. Alors...
M. Blank: Ce sont d'autres députés qui ont
commencé cela.
Le Président (M. Bertrand): Toujours sur la motion
d'amendement, s'il vous plaît, proposée par le
député de Nicolet-Yamaska. Le député de
Champlain.
M. Gagnon: A plus forte raison, si vous avez connu des situations
qui sont devenues permanentes, je pense que la situation extrêmement
grave de la pénurie de loyers, s'il fallait qu'on ne freine pas, qu'on
ne redonne pas un moyen quelconque pour essayer de régler cette
situation, si cela devenait encore plus permanent... je pense qu'actuellement
il faut absolument faire un effort, au moins temporaire, pour avoir le temps de
penser un peu mieux à une loi mieux construite, mais il est
extrêmement urgent de régler la situation au moins temporaire, des
locataires qui ont des problèmes. Je pense que c'est là-dessus
qu'il faudrait s'arrêter.
Le Président (M. Bertrand): II faudrait surtout
s'arrêter sur la motion d'amendement formulée par le
député de Nicolet-Yamaska. Je vais la rappeler, elle mentionnait
d'ajouter à la fin de l'article 16b: "cependant cet article ne
s'applique pas à un immeuble utilisé principalement à des
fins de location résidentielle comprenant trois locaux d'habitation ou
moins." Je voudrais que là-dessus, s'il n'y a pas d'autres
interventions, on puisse peut-être voter. Alors, la motion d'amendement
est-elle adoptée?
M. Goldbloom: Sûrement. M. Tardif: Non.
Le Président (M. Bertrand): Non? Vote. Voulez-vous un vote
enregistré?
M. Goldbloom: S'il vous plaît, M. le Président.
Vote sur la motion
Le Président (M. Bertrand): Alors, M. Alfred, vous avez
été remplacé.
M. Alfred: J'ai repris ma place.
Le Président (M. Bertrand): Vous reprenez votre place.
M. Blank: Vous n'avez pas le droit, mais avec le consentement de
l'assemblée, d'accord. Il y a les règlements de la Chambre et on
doit les suivre, normalement au commencement on a le droit de faire des
changements, mais non pas plus tard.
M. Landry: C'est comme au hockey.
Le Président (M. Bertrand): Celui qui remplace au
début de la journée demeure membre de la commission pour toute la
journée.
Le Président (M. Bertrand): M. Alfred, pour? M. Alfred:
Pour.
Le Président (M. Bertrand): Pour l'amendement?
M. Alfred: Non, contre l'amendement. Le Président (M.
Bertrand): M. Caron? M. Caron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Brassard? M.
Charbonneau?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Cordeau?
M. Cordeau: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Dubois? Remplacé par
M. Fontaine.
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Dussault?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon.
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon aussi, c'est par la
bonne volonté de la commission qu'on reconnaît votre droit de
vote, étant donné que vous étiez remplacé par le
député de Laporte aujourd'hui.
M. Gagnon: Je pense que j'étais inscrit sur la
liste...
Le Président (M. Bertrand): Oui, mais il y avait eu
entente, ce matin, pour cet accord.
M. Gagnon: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): M. Goldbloom?
M. Goldbloom: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Laplante?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Jolivet?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Léonard?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Ouellet?
M. Ouellet: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy? M. Sain-don
remplacé par M. Larivière?
M. Larivière: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Tardif?
M. Tardif: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Verreault remplacé
par M. Blank.
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Alors, neuf contre; six pour.
La motion d'amendement est donc rejetée.
Revenons donc à l'article 16, le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: Simplement pour revenir à la question que
j'ai formulée au tout début de la soirée, puisque la date
du 1er janvier 1977 a été insérée dans le
paragraphe 6 de l'article 16, est-ce la même date que le ministre
voudrait faire inscrire à l'article 16b?
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, oui.
M. Tardif: M est proposé d'ajouter, à la suggestion
du député de D'Arcy McGee...
M. Blank: Le 1er janvier 1977.
M. Tardif: ...le 1er janvier.
Le Président (M. Bertrand): A l'article 16b.
M. Blank: Pour qu'on ait au moins les mêmes dates dans
toutes les lois.
Le Président (M. Bertrand): Quatre lignes avant la fin,
non pas trois lignes au début.
M. Goldbloom: C'est cela.
Le Président (M. Bertrand): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Tardif: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté.
M. Blank: On n'a aucune objection de ce côté-ci
d'adopter le reste du bill, sauf l'article qui est en suspens.
Une Voix: L'article 16d.
M. Blank: L'article 16d et un autre, au commencement, l'article
4.
M. Fontaine: II n'y a pas d'amendement à l'article 4. Il y
a l'article 4 aussi au début du projet de loi qui est en suspens.
M. Tardif: Mais il y a des amendements à apporter,
messieurs. L'article 13...
Le Président (M. Bertrand): ...l'article 13, M. le
ministre des Affaires municipales, est-ce qu'on pourrait régler
l'article 12, à ce moment, au complet?
M. Fontaine: Sauf l'amendement.
M. Goldbloom: L'article 16d est en suspens, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, je m'excuse. Il n'y
a rien pour l'instant qui nous permettrait de régler le problème
de l'article 16d.
M. Tardif: II n'y a pas de solution pour le moment.
M. Blank: II y aurait moins de problème à le biffer
qu'à le laisser là.
M. Tardif: On va essayer plutôt de vous apporter, M. le
Président, une réponse demain en faisant un dernier effort avant
de nous quitter.
M. Blank: D'accord. Aviez-vous un amendement à l'article
4? Nous en étions à l'explication.
Le Président (M. Bertrand): Nous en étions à
l'article 13, je crois, M. le Ministre.
M. Tardif: A l'article 4...
Le Président (M. Bertrand): Oui, il y a quelque chose
à l'article 4.
M. Tardif: En fait, M. le Président, ce n'est pas
l'article 4 qui est modifié, mais bien l'article 14 qui stipule que la
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Après le
mot "sanction", ajouter les mots: "à l'exception des articles 2, 3, 8,
10 et 11 qui entreront en vigueur à toute date ultérieure qui
pourra être fixée par proclamation du lieutenant-gouverneur en
conseil."
Le Président (M. Bertrand): Je ne crois pas que...
M. Tardif: A l'article 29b.
M. Blank: C'est de l'article 4, oui.
Le Président (M. Bertrand): Oui, c'est cela; il y a quand
même à l'article 4 des modifications qui devaient être
apportées; s'il y a des modifications.
M. Tardif: D'accord. M. le Président, on me dit
également que l'amendement pour l'article 29b nous serait fourni
demain.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Demain, article 4 pour 29b et
article 12 pour l'article 16d. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Question de règlement. Doit-on comprendre
qu'au rapport de la commission, selon les articles 123 et 125 du
règlement, le parrain du projet de loi proposerait un amendement en
Chambre demain?
Le Président (M. Bertrand): Non, nous reviendrons en
commission parlementaire pour régler définitivement le cas du
projet de loi no 78...
M. Fontaine: Ah bon!
Le Président (M. Bertrand): ... avant de retourner
à l'Assemblée nationale. A ce moment, le rapporteur fera son
rapport.
M. Blank: Y aura-t-il d'autres amendements?
Le Président (M. Bertrand): II y a un amendement à
l'article 14 qui vous a été soumis. J'imagine que cet article est
adopté.
Une Voix: Adopté. L'amendement est adopté. M.
Goldbloom: Adopté.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, l'article 13,
auparavant, n'avait pas été adopté.
M. Tardif: A l'article 13, il faut ajouter l'article 13a qui se
lit comme suit: "La présente loi s'applique malgré la Charte des
droits et libertés de la personne (1975, chapitre 6).
M. Blank: Si vous amendez l'article 16d, vous n'avez pas besoin
de cet amendement.
M. Tardif: Vous avez un point très important, M. le
Président. Si l'article 16d est amendé...
M. Blank: Laisser cela en suspens...
Le Président (M. Bertrand): On le reprendra demain.
M. Tardif: Egalement en suspens pour demain. Avec votre
permission, on passe à un autre papillon. Article 9...
Le Président (M. Bertrand): Qui avait déjà
été adopté.
M. Tardif: ... qui avait déjà été
adopté. Article 9, qui se lit comme suit: "L'article 2 du régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes." Alors,
à 7... remplacer "aux membres de la Commission des loyers par...
Le Président (M. Bertrand): Au 7...
M. Tardif: ... "7 aux membres de la commission qui sont à
temps plein et sont rémunérés sur une base annuelle".
Le Président (M. Bertrand): Qui remplace "aux membres de
la Commission des loyers."
M. Tardif: Parce qu'il y a des gens agissants à la
cause...
M. Blank: A l'oeuvre. Déjà placés. Des
gens... M. Tardif: A l'oeuvre.
Le Président (M. Bertrand): Alors, est-ce que cette motion
d'amendement est adoptée?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Le Président (M.
Bertrand): Adopté.
M. Tardif: Bon, cela va.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'il y avait d'autres
papillons de la sorte qui voltigeaient dans le paysage? Sinon, je devrai
considérer que nous devrons nous réunir de nouveau, selon les
ordres de la Chambre, évidemment. Nous verrons demain.
M. Blank: On reviendra pour 90, cela est garanti.
Le Président (M. Bertrand): Vous pensez? M. Blank:
Oui, demain.
Le Président (M. Bertrand): Pour l'article 4, l'article 12
et pour l'article 16d. Donc, s'il n'y a pas autre chose... M. le
député de Verdun?
M. Caron: Avant de terminer, M, le Président, j'aimerais
féliciter le député de Vanier pour sa première
expérience, il a très bien fait cela. Il y a eu de l'harmonie
tout le temps de la commission. Alors, je vous félicite.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Cela devrait
être à moi de remercier les gens, les députés de la
commission parlementaire qui m'ont drôlement facilité le travail
pour une première expérience. J'espère avoir l'honneur de
vous servir de nouveau quand l'occasion se présentera. Un autre?
M. Tardif: II y a un autre amendement à apporter, à
l'article 9, c'est bien Commission des loyers, le personnel de la Commission
des loyers. Il faut ajouter les mots "des loyers".
M. Fontaine: M. le Président, "le personnel de la
Commission...
M. Tardif: Des loyers.
M. Fontaine: "Aux membres de la Commission des loyers." M. le
Président, est-ce que le Cointreau aide à la
présidence?
Le Président (M. Bertrand): Vous aurez remarqué que
je n'y ai pas touché pendant la session, préférant
attendre après et ne pas être accusé d'avoir utilisé
un pot-de-vin en pleine commission parlementaire. Alors, les travaux de la
commission parlementaire sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 21 h 48)