Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quatorze heures trente-huit minutes)
Adoption de l'ordre du Jour
Le Président (M. Saintonge): La commission de
l'Assemblée nationale va se réunir. Évidemment, il y a une
proposition d'ordre du jour qui vous a été
présentée dans le but de régler deux problèmes au
niveau de la composition des deux commissions qui sont concernées:
demande du député de Drummond - ça concerne la commission
de l'économie et du travail; autres, c'est la commission des
institutions, également suite au fait que M. St-Roch, dans le premier
cas, est devenu député indépendant et, dans le
deuxième cas, au fait que M. Holden, qui était
indépendant, est devenu membre du parti de l'Opposition officielle.
Évidemment, je dois vous dire qu'on avait une prévision de
tenir une réunion de la commission de l'Assemblée nationale pour
d'autres sujets aujourd'hui. À cause de l'impossibilité qu'on me
mentionnait, la réunion avait été cancellée. Mais
le cas qui nous occupe, je pense qu'il est essentiel de le régler
aujourd'hui même. C'est les deux cas principaux.
M. Chevrette: II y a une urgence aussi.
Le Président (M. Saintonge): Oui, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: C'est la collaboration de l'Assemblée
nationale avec les briseurs de grève du Soleil.
Le Président (M. Saintonge): Bon. Alors, disons qu'on va
marquer «l'affaire du Soleil»?
Une voix: La grève du Soleil.
Le Président (M. Saintonge): La grève du
Soleil.
M. Chevrette: Appelez-ça comme vous voudrez. Moi,
j'expliquerai ce que je sais et vous, vous me direz ce que vous pensez.
Le Président (M. Saintonge): C'est bien. Alors, faisons un
point de l'ordre du jour. Ça va, l'ordre du jour est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté.
Révision de la composition
de la commission de l'économie et du
travail
et de la commission des institutions
Alors, révision de la composition des commissions. Dans le
premier cas, au niveau de...
M. Chevrette: On peut peut-être rajouter à quand la
prochaine?
Le Président (M. Saintonge): Oui, on peut fixer ça,
oui.
M. Chevrette: C'est parce qu'on a des sujets importants.
Le Président (M. Saintonge): Au moment de la levée
de la séance, on y reviendra...
M. Chevrette: C'est beau.
Le Président (M. Saintonge): ...en souhaitant qu'on puisse
se réunir d'ici la fin de la session.
Une voix: Janvier.
M. Chevrette: Pourquoi le 22?
Le Président (M. Saintonge): J'ai reçu, dans le
premier cas, une lettre du député de Drummond, M. St-Roch, qui
m'avisait que, à titre de député indépendant, son
intention... «M. le Président, je tiens par la présente
à vous aviser qu'à titre de député
indépendant il est de mon intention de siéger à la
commission de l'économie et du travail ainsi qu'à la commission
de la culture. «En espérant le tout conforme, je vous prie
d'accepter, M. le Président, l'expression de mes sentiments
distingués.» (14 h 40)
J'ai eu l'occasion de rencontrer M. St-Roch sur le sujet et je lui
écrivais une lettre... Cette lettre-là de M. St-Roch datait du 9
septembre. Je lui ai écrit une lettre le 2 décembre dans les
termes suivants: «La présente fait suite à votre lettre du
9 septembre dernier par laquelle vous m'informiez de votre intention de
siéger à titre de député indépendant tant
à la commission de l'économie et du travail qu'à la
commission de la culture. «Comme vous le savez, le règlement de
l'Assemblée nationale prévoit, à l'article 123, qu'un
député ne peut être membre que d'une commission et qu'il ne
peut être dérogé à cette règle que si
l'application de l'article 122 l'exige. À cet égard, notre
conversation de la semaine
dernière m'indique que votre choix s'est porté sur la
commission de l'économie et du travail dont vous souhaitez demeurer
membre. Je prends bonne note de cette intention et verrai à la
communiquer aux membres de la commission de l'Assemblée nationale,
lesquels doivent tenir séance au cours de la semaine prochaine afin,
entre autres, de pourvoir aux changements devenus nécessaires dans la
composition des commissions. «Espérant le tout à votre
satisfaction, veuillez agréer, M. le député, l'expression
de mes sentiments distingués.»
Signé: Jean-Pierre Saintonge.
Alors, M. St-Roch a manifestement confirmé. Ce matin, dans son
intervention en Chambre, il a, une fois de plus, noté son intention de
demeurer membre de la commission de l'économie et du travail. En
conséquence, il faudrait revoir la composition et le droit de vote des
commissions, suite à la décision que la commission de
l'Assemblée nationale avait adoptée le 26 novembre 1991. Est-ce
qu'il y a des propositions à cette fin?
M. Doyon: S'il vous plaît, M. le Président,
j'aimerais faire une proposition.
Le Président (M. Saintonge): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, mais, tout d'abord, est-ce qu'il y aurait moyen
d'avoir copie de ces lettres, s'il vous plaît?
Le Président (M. Saintonge): Oui, je vous enverrai
copie.
M. Doyon: Merci beaucoup. Alors, à ce sujet-là, M.
le Président, je propose que la commission de l'Assemblée
nationale modifie la composition numérique de la commission de
l'économie et du travail et, à cette fin, porte de 9 à 11
le nombre de membres avec droit de vote issus du groupe parlementaire formant
le gouvernement. C'est la proposition que je fais.
M. Chevrette: Automatiquement, est-ce que ça inclut M.
St-Roch? Parce qu'on porte de 9 à 11.
M. Doyon: II n'est pas de notre côté. Il est
indépendant.
Le Président (M. Saintonge): Moi, j'ai une proposition de
M. Doyon à laquelle je voudrais peut-être... On constate qu'il y a
6 membres au niveau du Parti québécois qui sont actuellement
membres et il n'y a aucun député indépendant. Donc, le
député de Louis-Hébert propose d'avoir 11 membres pour le
Parti libéral. Moi, je fais une proposition qu'au niveau du groupe
indépendant on ait un membre indépendant, soit le
député de Drummond. Au niveau du Parti québécois,
M. le whip de l'Opposition... Avec droit de vote, évidemment.
M. Brassard: O.K.
Le Président (M. Saintonge): Alors, en modifiant, donc, la
commission, au niveau de la composition, il y aurait 11 membres du Parti
libéral avec droit de vote...
M. Doyon: En vertu de l'article 122 qui...
Le Président (M. Saintonge): Oui, 6 membres du Parti
québécois avec droit de vote...
Une voix: 4 avec...
Le Président (M. Saintonge): Excusez-moi, 6 postes, oui,
dont 4 avec droit de vote - je m'excuse - et 1 député
indépendant avec droit de vote. C'est bien ça? Alors, est-ce que
cette proposition est adoptée?
Des voix: Adopté.
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. M. le leader
de l'Opposition?
M. Chevrette: J'aimerais savoir si vous allez quand même
rendre une décision sur le point de droit que je vous ai soumis.
Le Président (M. Saintonge): Ah, bien, on pourra
l'examiner.
M. Chevrette: C'est parce que je veux le savoir, moi.
Le Président (M. Saintonge): Oui, oui.
M. Chevrette: C'est important. La prochaine fois, on saura,
à partir d'une décision de la présidence, si le membre est
membre jusqu'à son remplacement officiel.
Le Président (M. Saintonge): Jusqu'à...
M. Chevrette: Je ne suis pas sûr que, sur le plan du
droit... En tout cas, il n'y a aucun précédent. J'aimerais bien
qu'on le tranche, moi, à savoir si le gars est membre... Parce qu'il a
changé d'allégeance politique, est-il membre pareil? Il est
membre d'une commission. Ce n'est pas dit dans les règlements que
c'est... Pour entrer, c'est les propositions qui viennent des partis, mais pour
en sortir, il n'y a rien là.
Le Président (M. Saintonge): Écoutez, ce que je
constate, c'est qu'hier la question a été soumise à la
commission, justement, de l'écono-
mie et du travail. Le président a rendu une décision. Je
ne veux pas rendre un appel là-dessus, mais je pense que ce que je
ferai... J'ai dit ce matin que je regarderais la situation. La meilleure
façon serait peut-être de faire un «private ruling»
sur ce sujet-là et de s'organiser. Si la question n'est pas claire au
niveau du règlement, on va régler nos problèmes pour le
cas actuel; en arrivant au deuxième point, également... Il n'y a
pas de changement de composition mais, à une prochaine rencontre de la
sous-commission de la réforme parlementaire, on pourra prévoir
les dispositions réglementaires applicables, s'il y a lieu, pour
s'assurer qu'à l'avenir tout soit très bien clairement
établi. D'accord?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Saintonge): maintenant, au niveau d'un
deuxième cas, c'est la commission des institutions. si on regarde, en
vertu de la décision de la...
M. Doyon: Oui, concernant le... Pour faire suite à la
première motion, M. le Président, j'aimerais en faire une autre
sur la composition elle-même de la commission, dont le nombre a
été changé. J'aimerais proposer que, conformément
à cette nouvelle composition numérique, c'est-à-dire qui
passe de 9 à 11, les députés suivants soient membres de la
commission de l'économie et du travail, comme députés
représentant le groupe parlementaire formant le gouvernement. Et je les
nomme: M. Guy Bélanger, député de Laval-des-Rapides et
président de ladite commission; M. Jean Audet, député de
Beauce-Nord; M. Robert Benoit, député d'Orford; M. Yvan
Bordeleau, député de l'Acadie; M. Michel Charbonneau,
député de Saint-Jean; Mme France Dionne, députée de
Kamouraska-Témiscouata, M. Georges Farrah, député des
îles-de-la-Madeleine, M. Réjean Lafrenière,
député de Gatineau, M. Jean Leclerc, député de
Taschereau, M. Yvon Lemire, député de Saint-Maurice et,
finalement, M. Marcel Parent, député de Sauvé.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. Alors,
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté.
M. Chevrette: Adopté. ...M. Saint-Roch, ça.
Le Président (M. Saintonge): Maintenant, je voudrais aussi
faire motion... Le leader de l'Opposition veut que, conformément
à la nouvelle composition, le député de Drummond, M.
Jean-Guy Saint-Roch, soit également membre, à titre de
député indépendant avec droit de vote.
M. Chevrette: C'est parce qu'il n'y a pas grand-monde qui va
proposer ça si on ne le fait pas.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Très
bien. Dans l'autre cas...
M. Brassard: Sur la commission des institutions, moi, M. le
Président...
Le Président (M. Saintonge): ...sur la commission des
institutions, maintenant, au niveau de la composition et du droit de vote, m.
le whip de l'opposition.
M. Brassard: Alors, j'aurais une motion à faire pour que
M. Richard Holden, député de Westmount, soit nommé membre
de la commission des institutions, comme député
représentant le groupe parlementaire formant l'Opposition
officielle.
M. Chevrette: Mais il s'ajoute à qui?
Le Président (M. Saintonge): Disons que, là,
actuellement, si on regarde au niveau de la composition, dans un premier
temps...
M. Brassard: Les autres sont membres. Ça ne change rien
pour le reste.
Le Président (M. Saintonge): Mais la composition, il y
avait... C'est ça. Donc, on va rester avec 11 postes au niveau du Parti
libéral, tous avec droit de vote. Au niveau du Parti
québécois il y a 6 postes, dont 4 avec droit de vote. C'est bien
ça?
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Saintonge): Et, au niveau des
indépendants, disons que, lors de la composition, il n'y avait pas de
député indépendant membre de la commission. D'accord?
M. Chevrette: C'est ça. C'est le seul changement.
Le Président (M. Saintonge): Donc, au niveau de la
composition, 11 pour le Parti libéral avec droit de vote, 6 postes pour
le Parti québécois, dont 4 avec droit de vote, et aucun pour les
députés indépendants.
M. Chevrette: C'est pas 5 avec droit de vote?
M. Brassard: On tombe à 7.
Le Président (M. Saintonge): 5...
M. Brassard: 7 avec le vice-président. M. Chevrette:
C'est ça. M. Brassard: On en rajoute un autre.
M. Chevrette: C'est ça. Il change. Au lieu d'être
indépendant...
Le Président (M. Saintonge): II y a une première
proposition pour que la composition de la commission soit établie de la
façon suivante: 11 membres du Parti libéral avec droit de vote, 7
membres du Parti québécois, dont 5 avec droit de vote. C'est bien
ça? Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Maintenant,
une deuxième proposition m'arrh/e pour un poste. Vous rajoutez, donc,
à ce moment-ci, en nomination... Proposition faite par le whip de
l'Opposition, le député de Lac-Saint-Jean, à l'effet que
M. Holden soit nommé membre de la commission des institutions...
M. Brassard: C'est ça.
Le Président (M. Saintonge): ...comme membre de la
formation parlementaire formant l'Opposition officielle. Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. Donc,
très bien, ce qui veut dire qu'on a réglé le
problème aussi au niveau de la commission des institutions. Mol, je
proposerais... Évidemment, dès ce moment-ci, je voudrais vous
aviser que nous pourrions faire rapport de la réunion de la commission
de l'Assemblée nationale dès l'ouverture des travaux, à 15
heures.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Saintonge): Et le vice-président
pourra faire motion à l'effet d'entériner les changements que
nous venons d'octroyer pour les deux commissions en question.
M. Chevrette: Je suis d'accord. S'il y va des droits de
l'individu, je suis d'accord.
M. Brassard: Diguidou!
Collaboration de l'Assemblée nationale
avec Le Soleil durant la grève
de ses journalistes
Le Président (M. Saintonge): Maintenant, deuxième
point à l'ordre du jour concernant la grève du Soleil. M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui. Nous avons été
sensibilisés par plusieurs, au cours de l'avant-midi en particulier,
à savoir que des renseignements transmis à la Tribune de la
presse sont également transmis simultanément au Soleil,
sous forme de ballots, là. Et les journalistes de la Tribune de la
presse avec leur président se sont réunis à deux reprises,
le 13 et le 27 novembre, et ont adopté des positions unanimes chaque
fois. Ils ont écrit à la présidence, le 1er
décembre. Ils ont rencontré également sa directrice de
cabinet et, depuis, il n'y a pas de retours d'appels, il n'y a pas eu de
réponse à la lettre du 1er décembre. Et on
s'apprête, ce soir, me dit-on, à une réunion des
journalistes du Soleil, à dénoncer l'Assemblée
nationale et la participation, à toutes fins pratiques, du service de
l'information, en disant... Puis, s'ils nous ont sensibilisés, c'est
tout simplement pour nous mettre dans le coup, en plus, pour bien montrer que
c'est toute l'Assemblée nationale qui ne fait rien, qui aide, à
toutes fins pratiques, au détriment de ceux qui ont un certain rapport
de force...
Donc, je voudrais savoir si le président de l'Assemblée
nationale a rencontré le président, dans les minutes qui ont
suivi peut-être mon appel, ou a-t-il l'intention de le rencontrer ou
a-t-il l'intention de répondre? C'est quoi, la position de
l'Assemblée nationale? Pour qu'on puisse répondre, nous autres,
comme parlementaires. Mol, je ne suis pas intéressé à
faire dénoncer l'Assemblée nationale. (14 h 50)
Le Président (M. Saintonge): Non. Bien, écoutez,
là-dessus, M. le leader de l'Opposition, moi non plus. C'est une
question extrêmement délicate, là. On a mis à profit
les services de l'Assemblée nationale. Premièrement, je dois vous
avouer que, si j'ai eu une lettre de la Tribune de la presse qui m'a
été adressée en date du 1er décembre, je la cherche
encore parce qu'elle ne s'est pas rendue à mon bureau. On vous a dit
ça, mais actuellement, on n'a pas eu ça.
M. Chevrette: Ils vous ont dit la même chose, madame
là, vous.
Le Président (M. Saintonge): Oui.
M. Chevrette: Vous les avez rencontrés sur le même
sujet.
Le Président (M. Saintonge): Écoutez, c'est
ça.
M. Chevrette: Vous devez connaître au moins le sujet.
Le Président (M. Saintonge): M. Kalb a communiqué
avec mon bureau, avec certaines personnes de mon bureau. Il a soulevé le
problè-
me. J'ai demandé, moi, au niveau des services administratifs de
nous préparer certaines informations. On a déjà eu une
rencontre à ce sujet-là pour établir la position
définitive de la réponse que nous devrions donner. Ça va
se faire incessamment. M. Kalb a rencontré ma directrice de cabinet ce
matin et la semaine dernière également. Je lui ai
mentionné tantôt que je voudrais le rencontrer d'ici la fin de la
journée. La question est complexe un peu au niveau de la situation.
Évidemment, il y a une grève, il y a des journalistes qui sont en
cause. Le Soleil demande de l'information. Quelle information est
disponible? On ne veut pas participer d'une quelconque façon au
conflit.
M. Chevrette: ii y a plus qu'une grève. c'est par
solidarité de la tribune de la presse. ce n'est pas seulement les
journalistes du soleil, si on comprend bien la situation.
Le Président (M. Saintonge): Mais oui.
M. Chevrette: C'est que les membres de la Tribune, par deux votes
unanimes chaque fois, s'objectent à ce que l'Assemblée nationale
se serve des services qui sont dévolus à la Tribune pour
outrepasser justement un service qui, normalement, ne serait pas au Soleil.
C'est parce que ce service-là est vraiment avec la Tribune de la
presse. Il faut bien comprendre.
Le Président (M. Saintonge): Oui.
M. Chevrette: Si la Tribune devient solidaire des journalistes du
Soleil, c'est parce que normalement les journalistes du Soleil
qui sont à la Tribune auraient ces services-là, mais, comme
ils sont en grève, si on «bypass» la Tribune, on outrepasse
le service régulier de la Tribune pour l'envoyer au Soleil, sous
forme de beaux ballots, on contribue à débalancer le rapport de
force. Moi, je trouve que... Même si c'est litigieux sur le plan de
l'approche, j'aimerais mieux, personnellement, qu'il y ait un moratoire sur la
façon de faire avec Le Soleil avant que vous preniez une
décision, que de leur fournir l'information. Quand tu es en état
de doute, ordinairement le doute ne joue pas; le moratoire devrait venir sur
l'extra que vous faites par rapport à ce que vous auriez dû
faire.
En d'autres mots, si je veux m'expliquer plus clairement, si Le
Soleil n'était pas en grève, vous ne prépareriez
pas de ballots pour Le Soleil. Vous continueriez à utiliser M. Racine
pour les services de la Tribune. Et là, à ce moment-là,
parce qu'ils sont en grève il y a un extra de fait par
l'Assemblée nationale, qui peut tourner au détriment des
journalistes qui sont en grève. Ça, moi, je vous avoue, à
l'oeil et pour avoir fait du syndicalisme pendant 17 ans, je considère
que l'Assemblée nationale aurait pu, tout au moins, s'interroger sur la
façon d'aider peut-être l'information dans la région avant
de commencer à faire du zèle. Je vous le dis comme je le pense et
je ne commencerai pas à dénoncer la gestion de l'Assemblée
nationale, mais je dois vous dire que je suis plus sensible à l'approche
expliquée par les journalistes présentement qu'à
l'approche de l'Assemblée.
Le Président (M. Saintonge): Là-dessus, des
représentations ont été faites auprès de M. Melvyn
Racine, des représentations ont été faites au niveau de la
direction des communications de l'Assemblée nationale, et c'est revenu
après à mon bureau. On a été saisis de la
situation. Ce que je dois analyser actuellement, quand vous parlez d'un service
de la Tribune de la presse, c'est un service, mais le problème ce n'est
pas nécessairement clair que c'est un service uniquement aux
journalistes.
M. Chevrette: Dans les faits, M. le Président.
Le Président (M. Saintonge): Oui, dans les faits, parce
que dans certains cas...
M. Chevrette: Dites-nous donc, dans les faits, ce que vous faites
à part ça?
Le Président (M. Saintonge): Je suis en train de
vérifier, M. le leader de l'Opposition, je voudrais bien être
capable de vous donner tous les tenants et aboutissants de la situation.
Ça semble très simple, mais ça ne l'est peut-être
pas. On est en discussion avec les gens pour s'assurer d'une certaine
façon quels sont les services couverts, qu'est-ce qui arrive
exclusivement au niveau du service donné aux journalistes, mais aussi
d'autres qui sont ouverts à l'information, au public en
général. Dans certains cas, des gens qui ont demandé des
documents peuvent demander directement à ce service-là et de
l'extérieur avoir des documents. On est en train d'examiner ça et
la décision va être prise incessamment pour savoir ce qu'on va
faire en s'assurant de respecter...
M. Chevrette: Je vais y aller autrement.
Le Président (M. Saintonge): On a la position de la
Tribune de la presse. On comprend que c'est un sujet très
délicat, mais on veut le régler de la façon la plus
appropriée possible au niveau des avis qui nous seront donnés par
les personnes qui sont concernées et qui appliquent la
réglementation. Il est sûr qu'il s'est développé
certains usages, certaines coutumes, au niveau de l'Assemblée
antérieurement. Puis, là-dessus, je ne connais pas tous les
usages, toutes les coutumes au niveau de la Tribune de la presse, au service de
M. Racine. Je vous avouerai honnêtement que, même si ça fait
trois ans que je suis président, il y a des choses dont je ne suis pas
nécessaire-
ment au courant. Je suis en train de faire le tour de la situation pour
arriver à une décision qui va être juste et
équitable pour tout le monde. Je ne veux pas non plus que
l'Assemblée s'implique dans un tel conflit.
M. Chevrette: Qui a pris la décision de faire des ballots
spéciaux pour Le Soleil?
Le Président (M. Saintonge): Je ne peux pas vous donner
une réponse actuellement là-dessus.
M. Chevrette: Bien, je vais y aller par l'inverse.
Le Président (M. Saintonge): Mais non. Mais,
écoutez, là, j'ai une réunion en sortant d'ici.
C'était prévu que cet après-midi j'avais une
réunion. La semaine dernière, j'ai dû canceller deux
rencontres: à cause d'autres contraintes dans ma fonction de
président, je n'ai pas pu tenir les réunions. Hier, j'avais une
réunion du Bureau qui a duré tout l'après-midi, qu'il a
fallu que je prépare aussi un petit peu. Je n'ai pas pu arriver au point
de régler la situation avant la fin de l'après-midi, hier. Ce
matin, je voulais m'attarder directement à régler cette
chose-là. J'ai dit à M. Kalb, que j'ai vu tantôt,
là, que je le verrais aujourd'hui, d'ici la fin de l'après-midi,
pour lui parler là-dessus. Ce qu'ils nous ont énoncé,
ça a été transmis, à mon sujet, tant par M. Racine
que par M. Lavoie, directeur du service des communications, et la rencontre et
les conversations que les gens de la Tribune de la presse ont eues avec mon
bureau.
M. Chevrette: Ce que je dis, M. le Président - ça
va être mon dernier argument - si c'est si délicat que ça,
s'il faut faire si attention que ça, pourquoi avoir changé les
coutumes de procéder vis-à-vis de la Tribune? C'est ça que
je vous dis. Si c'est si délicat que ça, avant de préparer
des ballots spéciaux pour Le Soleil, on n'en prépare pas
puis on attend. La délicatesse ne peut pas aller dans un sens... C'est
de la prudence, là. Ça ne peut pas aller dans un seul sens,
ça. C'est ça que je veux vous expliquer.
Le Président (M. Saintonge): Mais ce que je vous dis, M.
le leader de l'Opposition, c'est que, à un moment donné, il y a
des décisions qui ont été prises par les gens en
autorité, qui étaient les responsables, qui ont fait certaines
actions, eu égard à la procédure usuelle qu'ils
employaient ou ce qu'ils pensaient qui était conforme aux normes. Moi,
j'ai été saisi par les gens de la Tribune de la presse d'une
situation. Et là, à ce moment-là, je devrai prendre une
décision. Alors, je n'ai pas donné d'ordre personnellement. Ils
ne m'ont pas demandé de donner un O.K. sur une façon de faire.
Dans le cadre d'opération, des responsables ont pris des
décisions qui leur apparaissaient normales et éclairées
dans les usages courants. Là, les gens de la Tribune de la presse nous
ont soulevé des interrogations là-dessus. On en est saisis et je
vais faire le tour de la question avec les gens concernés. Je pense que,
honnêtement, je dois avoir l'opinion des gens qui ont pris les
décisions chez nous, qui ont des responsabilités - les
gestionnaires - et, à ce moment-là, je verrai à aligner la
décision, s'il y a lieu, pour correspondre à la situation exacte,
eu égard aux représentations que les gens de la Tribune de la
presse m'ont faites. C'est ce que je veux faire le plus rapidement possible. Je
vais tenter de le faire aujourd'hui même. M. Kalb est au courant de
ça. Ce matin, on le lui a mentionné. J'avais l'intention de le
rencontrer, moi, ce matin et puis ça n'a pu être possible à
cause des contraintes d'agenda. Évidemment, il y a toutes sortes de
questions qui ont pu être soulevées à mon égard et
je n'ai pas pu arriver à une décision finale, mais j'ai
même dû canceller - je vous l'ai dit tantôt - à deux
occasions, une rencontre que j'avais pour parler de cette situation-là
avec les gens de l'administration. Alors, je vais tenter de régler le
cas dès cet après-midi.
M. Chevrette: J'aimerais que vous nous fassiez connaître
très rapidement votre position parce que, comme formation politique et
puis comme membres de la CAN, on sera appelés à avoir le micro
sous le nez, puis moi, je n'ai pas l'intention de cacher mes convictions.
J'espère que c'est clair. Moi, je ne cacherai pas mes convictions puis
encore moins mon passé.
Le Président (M. Saintonge): Oui, mais dans ce
cas-là, M. le leader de l'Opposition, simplement, la perception que j'ai
de la situation, c'est une question quand même administrative, qui
relève davantage du Bureau que de la commission de l'Assemblée
nationale, de ce côté-là. Je pourrai... En tout cas, j'en
témoignerai aux représentants du Bureau. Vous serez
informé également. Ce n'est pas que je veuille faire de
distinctions, mais je pense que, au niveau de l'administration de
l'Assemblée, par la Loi de l'Assemblée nationale, ça
relève...
M. Brassard: Votre intention, M. le Président, est-ce non
seulement de clarifier la situation aujourd'hui même, mais
également de trancher et de prendre une décision?
Le Président (M. Saintonge): Mais, avant de
répondre à M. Kalb, je tenterai de communiquer avec vous puis
avec le représentant ministériel puis le représentant du
Parti Égalité. Je m'engage à faire ça cet
après-midi, si je peux vous rejoindre, dès que j'aurai
terminé ma réunion, j'espère d'ici 16 h 30. Alors, je
communiquerai avec votre bureau dès ce moment-là.
Honnêtement, hier, il y a eu un Bureau et
j'aurais voulu amener la discussion, mais j'avais une réunion
prévue que j'ai dû canceller. Je n'ai pas pu l'amener au Bureau,
hier, cette situation-là. Et puis, finalement, on devrait avoir un autre
Bureau la semaine prochaine. Mais disons que, avant ça, l'urgence de la
situation fera en sorte que je recommuniquerai au minimum avec un
représentant de chacun des partis présents au Bureau. Ça
va?
La prochaine réunion, maintenant, au niveau de la commission de
l'Assemblée nationale, est-ce qu'on peut s'entendre pour qu'on puisse
avoir une réunion la semaine prochaine? Il y a d'autres
éléments à l'ordre du jour qui devraient être
discutés.
M. Chevrette: Oui, puis à chaque année, on
délègue l'étude du rapport du Vérificateur.
Le Président (M. Saintonge): Mais vous avez noté et
on l'avait...
M. Chevrette: À chaque année. On a demandé,
nous... On vous a envoyé une lettre, je crois, sur la SDBJ...
Le Président (M. Saintonge): Oui, qui était
à l'ordre du jour d'aujourd'hui, en principe.
M. Chevrette: Donc, on voudrait discuter un peu de tout
ça.
Le Président (M. Saintonge): Mais, est-ce qu'on peut
convenir que la semaine prochaine on aura une réunion? je vais faire en
sorte que ma chef de cabinet soit en contact avec le chef de cabinet du leader
du gouvernement et celui de l'opposition pour fixer la date. d'accord? (15
heures)
M. Chevrette: on ne peut pas le faire de 13 h 30 à 14 h
30?
M. Doyon: Parce qu'on me signale qu'il faudrait qu'il y ait des
contacts avec le bureau du leader du gouvernement ainsi qu'avec le bureau du
whip pour connaître les disponibilités et la possibilité
des...
Le Président (M. Saintonge): Disons qu'on s'entend
officiellement qu'une rencontre aura lieu la semaine prochaine. Vous regarderez
vos calendriers, et Mme Boucher de mon bureau communiquera avec les deux chefs
de cabinet des leaders, et on fera la suite de chacun des côtés.
Ça convient?
Une voix: C'est beau.
Le Président (M. Saintonge): Merci. La séance est
levée.
(Fin de la séance à 15 h 1)