Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du mercredi 21 mars 1973
(Dix heures dix-sept minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
D'abord, je voudrais vous informer des changements qu'on m'a
communiqués. M. Latulippe remplace M. Drolet, M. Faucher remplace M.
Giasson, M. Pearson remplace M. Harvey (Jonquière), M. Gallienne
remplace M. Lacroix, M. Assad remplace M. Lamontagne, M. Houde (Limoilou)
remplace M. Lévesque, M. Pelletier remplace M. Séguin, M. Dionne
remplace M. Vézina.
Comme il avait été entendu lors de la dernière
séance, il s'agit de la formation d'un comité ad hoc. Je donnerai
immédiatement la parole au député de Terrebonne.
Comité des dépenses
électorales
M. HARDY : M. le Président, comme vous le mentionnez, pour faire
suite aux délibérations qui ont eu lieu lors de la
dernière séance de notre commission, je proposerais la formation
d'un comité de la commission de l'Assemblée nationale qui aura
pour mandat de formuler à la commission des propositions précises
relativement au financement des partis et aux dépenses
électorales, que le rapport Barbeau serve de document de base pour les
travaux de ce comité et que ce comité soit composé de neuf
parlementaires dont six députés ministériels et trois
députés appartenant aux trois autres formations politiques. Ce
comité pouvant s'adjoindre quatre membres non parlementaires
représentant les quatre formations politiques représentées
à l'Assemblée nationale.
Je pense que la proposition n'a pas besoin de longues explications, elle
découle...
M. LAURIN: Elle est très claire.
M. HARDY: ... de nos délibérations de la semaine
dernière. Quant à la proportion de la représentation
à ce comité, c'est la proportion qui existe actuellement à
l'Assemblée nationale et celle que l'on respecte habituellement dans les
commissions parlementaires.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que les conseillers qui
seront adjoints aux représentants des partis politiques auront droit de
parole à cette commission-là ou s'ils vont servir de conseillers
aux représentants?
M. HARDY: Ecoutez, il s'agit d'un comité de travail. Donc, je ne
pense pas qu'il s'agisse d'avoir une procédure très formaliste.
Je présume que s'il devait y avoir des votes à ce comité,
ce ne sont que les parlementaires qui voteraient, mais je vois difficilement
que l'on prive les non-parlementaires d'une voix délibérante
parce que, précisément, si on les fait venir, c'est pour avoir un
éclairage autre que celui des parlementaires.
En tout cas, dans mon esprit et peut-être qu'il serait bon
de s'entendre dès maintenant, ici ces non-parlementaires, choisis
par les quatre partis politiques, auraient sûrement droit de s'exprimer.
Quant aux votes, évidemment, s'il devait y en avoir à ce
comité, ce sont les parlementaires qui seraient appelés à
voter.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le
député de Terrebonne pourrait nous dire s'il s'agit de neuf
membres?
M. HARDY: Oui, neuf parlementaires, c'est-à-dire qu'en
totalité ce seraient treize membres: Neuf parlementaires et quatre
personnes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Neuf parlementaires.
M. HARDY: Neuf parlementaires: six députés
ministériels, un député de l'Opposition officielle, un
député du Ralliement créditiste et un député
du Parti québécois, ce qui respecte la proportion des deux tiers.
Deux tiers, un tiers, ce qui est la représentation en Chambre
actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce qui ne respecte pas
la représentation de l'Opposition officielle...
M. HARDY: Oui, je comprends mais pour y arriver il faudrait avoir un
député et demi. Je suis bien disposé à accueillir
les suggestions possibles, mais s'il devait y avoir deux membres de l'Union
Nationale, la proportion de l'Opposition vis-à-vis de la partie
ministérielle serait complètement désorganisée
parce que nous sommes en face d'un nombre assez restreint de membres.
M. LAVOIE Wolfe): Mettez onze membres, deux de l'Opposition officielle
et un de chaque autre parti, comme dans les autres commissions parlementaires
qui se sont formées hier.
M. HARDY: Oui, justement, cela se fait en comité de travail. Je
n'ai pas l'intention d'avoir une attitude de rigidité absolue sur ce
point. Le problème, c'est que si on augmente trop
considérablement le nombre de membres du comité... la raison
d'être d'un comité est de limiter le nombre de membres afin que le
travail s'accomplisse d'une façon plus
accélérée.
De toute façon, il faut bien se rappeler qu'il ne s'agit que d'un
comité de travail qui s'attachera surtout aux aspects techniques de la
question et qu'en définitive, le véritable débat sur cette
question aura lieu à la commission de l'Assemblée nationale.
Dans cette perspective, sauf pour une question de principe, je ne sais
pas si c'est surtout dans cet esprit que le député de Chicoutimi
le souligne, je reconnais que, contrairement à ce qui se produit
normalement, dans la proposition que j'ai formulée, le parti de
l'Opposition officielle aurait un nombre de représentants égal
à celui des deux autres partis.
Si on peut trouver une formule pour respecter la proportion des deux
tiers, je suis bien...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne crois pas que le
problème que j'ai soulevé soit simplement une question de
principe, c'est une question de fait. Il y a une opposition qui est
l'Opposition officielle, qui est représentée de la façon
que l'on sait dans les diverses commissions. Ces comités de travail,
d'autre part, le député de Terrebonne l'a souligné, ne
doivent pas non plus être trop lourds, mais je maintiens que, sur le plan
des principes et sur le plan de l'efficacité, nous devrions avoir, en ce
qui concerne notre formation politique, le même nombre de
représentants que ceux que nous avons aux autres commissions. On
pourrait suggérer onze membres au lieu de neuf.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous me permettez, le
député de Chicoutimi propose onze membres pour la composition
de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deux de l'Opposition officielle.
M. HARDY: Sept libéraux, deux de l'Union Nationale, un du
Ralliement créditiste et un du Parti québécois.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, nous serons certainement
favorables à cette proposition puisqu'elle constitue non pas un
précédent mais une façon d'agir qui a été
respectée par le passé. Je ne pense pas non plus que ce soit de
nature à alourdir les travaux. J'aimerais savoir, étant
donné ce genre de proportion, si nous aurons la possibilité,
comme commissaires de la commission, de changer les représentants des
partis. Ce sera la même chose?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II faudra, je pense, désigner une
personne...
M. HARDY: M. le Président...
M. LATULIPPE: M. le Président, il faut comprendre qu'on a
seulement un représentant.
M.HARDY: Voici ce qui arrive. C'est qu'il s'agit d'un comité de
travail. Ici, à la commission, cela a peut-être moins
d'inconvénients. Il aura pour fonction de faire des travaux très
spécialisés. Si on change de membres d'une séance à
l'autre, je ne vois pas comment on pourra assurer une certaine
continuité. Quand il s'agit de débats plutôt
généraux, évidemment, tous les députés ont
des idées à exprimer sur ces questions.
Mais si on commence à étudier en profondeur, comme je le
suggère dans ma proposition, le rapport Barbeau et que, à la
troisième séance du comité, un député nous
arrive et qu'il n'a pas suivi les travaux des deux premières
séances, j'ai l'impression que, pour l'efficacité du travail de
ce comité, cela pourrait être dangereux.
Il faudrait, dans la mesure du possible, assurer une certaine
continuité dans le personnel qui participera aux travaux de ce
comité.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais rappeler le devoir du
président qui doit protéger les minorités et s'assurer de
leur présence au sein des commissions et comités. On doit d'abord
s'assurer qu'un parti est représenté à une commission ou
à un comité et, dans cet esprit-là, il pourra certainement
se produire des cas...
M. HARDY: M. le Président, je m'inscris en faux à
l'endroit de la position que vous venez de prendre. Vous prenez part au
débat.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Excusez-moi, M. le député de
Terrebonne. Ce n'est pas prendre part au débat. Mon devoir est de
m'assurer que les comités ont et auront...
M. HARDY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... représentation adéquate.
Dans ce cas-là, il s'agit d'une décision. On ne peut pas discuter
toute la journée si un parti va être représenté
à un comité. C'est évident.
M. HARDY: M. le Président, le règlement ne prévoit
rien en ce sens. C'est à la commission de décider quelle sera la
composition d'un comité et c'est à la commission de
décider quelles seront les règles qui la régiront.
J'admire beaucoup votre souci de protéger les minorités, c'est
votre devoir, mais cette protection de la minorité, vous devez l'exercer
dans le cadre de notre règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Exactement.
M. HARDY: Je maintiens, quitte à ce que d'autres opinions soient
exprimées, que si nous devions changer, à chaque séance ou
à la suite de deux ou trois séances, le personnel de la
commission, cela pourrait porter gravement préjudice à la
qualité des travaux de ce comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, c'est un peu une question en
même temps qu'un commentaire que je voudrais faire au
député de Terrebonne. Je ne sais pas si c'était son
intention de faire de ce comité un comité
délibératif, c'est-à-dire qui prendrait des votes. Je ne
sais pas si, dans son intention, ce comité devait faire rapport à
la commission de l'Assemblée nationale, qui serait seule
habilitée à prendre des décisions.
M. HARDY: Ce serait peut-être préférable.
M. LAURIN: Si c'est ça, je me demande si nous ne serions pas
mieux de faire, de ce comité qu'on veut former, un comité
semblable à un comité directeur, c'est-à-dire un
représentant par parti avec un expert. Si vous voulez vraiment que ce
soit un comité restreint, qui travaille vite, et si on lui enlève
l'obligation de prendre des votes, ce qui enlèverait la
nécessité pour le parti ministériel d'avoir autant de
représentants que les oppositions réunies, il me semble que
ça correspondrait davantage à l'esprit de votre proposition et au
sens du travail qu'on ferait, si ce comité, comme beaucoup de
comités directeurs que nous avons eus dans le passé, était
composé d'un membre de chaque parti avec un non-parlementaire. Ceux-ci
pourraient parler d'une façon beaucoup plus libre du fait qu'il n'y
aurait pas de vote.
M. HARDY: C'est-à-dire qu'il y aurait deux membres par parti.
M. LAURIN : Cela, au moins, entrerait dans le cadre d'un comité
restreint.
M. HARDY: Je vous avoue, M. le Président, que je n'ai pas eu
beaucoup de temps pour réfléchir mais, à première
vue, cette proposition du député de Bourget m'apparaît dans
l'esprit du travail que je pensais voir faire par un tel comité. Mais,
évidemment, il serait bien clair qu'il n'y aurait pas de vote à
ce comité, qu'il s'agit bien d'un comité qui ferait des
études plus poussées et ferait rapport à la
commission.
M. LAURIN: Par contre, si, dans votre esprit, ce comité-là
était un comité qui soit une véritable commission,
habilitée à prendre des votes de son propre chef, là,
comme de raison, ma proposition serait bien différente.
M. HARDY: Maintenant c'est assez embêtant, vous savez
même si on ne prend pas de vote, à moins que l'on
présume qu'il y aura facilement consensus sur le rapport à
présenter, nous pourrions nous retrouver dans la sitaution que chaque
député membre de ce comité fasse rapport à la
commission et que les rapports ne coïncident pas.
Je vous avoue d'abord que votre proposition me prend un peu par
surprise. D'une part, je reconnais qu'elle s'inscrit dans une certaine ligne de
pensée du travail d'un comité semblable. Je le reconnais bien
honnêtement. Par ailleurs, il pourrait se poser d'autres
difficultés auxquelles je n'ai pas eu suffisamment de temps pour y
réfléchir, puisque cela arrive, comme cela, ce matin. J'aimerais
entendre les autres députés sur cette suggestion du
député de Bourget. Pour le moment, je réserve mon
jugement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à mon avis, il
faudrait d'abord se reporter aux discussions que nous avons eues
antérieurement. L'autre jour, c'était le 7 mars, nous avons
décidé, ici en commission, qu'il y aurait deux comités de
travail, l'un devant s'occuper du problème des dépenses
électorales, le financement des partis, etc., l'autre du mode de
scrutin. Nous avons décidé, également, que le
comité qui doit s'occuper des dépenses électorales et du
financement des partis tiendrait des séances publiques. Il est donc
important de ne pas perdre de vue cette exigence que la commission a
formulée, à savoir que les délibérations du
comité du financement des partis seront publiques.
Donc, je maintiens que la première proposition qui a
été faite par le député de Terrebonne, et que j'ai
amendée moi-même en proposant 11 membres au lieu de 9, devrait
être retenue. En ce qui concerne la continuité des membres, je
crois que cela relève de la responsabilité de chaque groupe
politique d'assurer cette continuité. Si un parti politique
désigne un membre, ou deux membres, je pense qu'il sera assez facile
d'établir cette continuité. J'imagine que les membres d'un parti
peuvent communiquer les uns avec les autres et s'informer mutuellement de ce
qui s'est passé au cas où un membre devrait accidentellement
s'absenter. Il y aura aussi une permanence assurée par le
représentant non parlementaire à chacun de ces comités et
attaché à chacun des partis. Donc, je ne vois pas de
difficultés en ce qui concerne le fonctionnement.
Le député de Bourget a posé tout à l'heure
la question, à savoir si ces comités seront
délibéra-tifs. Ils peuvent être délibératifs,
mais n'oublions pas que la commission est maître d'oeuvre et que c'est
à la commission parlementaire de la réforme électorale
cette commission ci que seront soumises les propositions de l'un
et de l'autre comité pour rectification ou pour rejet.
A ce moment, tous les députés pourront y participer. Donc,
dans un cas comme dans l'autre, il y aura continuité et il y aura
finalement ratification et révision de toutes ces décisions et
discussions de toutes les décisions qui auront été prises
par l'ensemble de la
commission puisque c'est la commission qui, à la fin de la
course, réexaminera les propositions qui auront été
soumises. J'estime que l'on devrait s'en tenir à la première
proposition qui a été faite et non pas de faire des
comités directeurs mais bien des comités de travail, tel que nous
l'avions décidé la semaine passée, selon un mode de
représentation qui a été d'abord suggéré par
le député de Terrebonne, soit neuf membres...
M. HARDY: Vous m'expulsez loin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que je ne veux pas que vous
parliez trop et que j'ai amendé en suggérant que ce soit 11
membres, pour respecter le principe de la représentation des divers
partis, telle que nous la connaissons depuis trois ans.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, à mon humble avis, la
proposition du député de Bourget est très sensée en
ce sens qu'on a déjà vécu une expérience concernant
la réforme des règlements, avec le leader de chaque parti, avec
le président et avec M. Bonenfant. Les gens sont au courant, des experts
sont venus donner leur point de vue. On trouvait que le travail était
tellement lourd qu'il fallait s'en tenir à un nombre restreint de gens.
Comme il ne serait pas question de vote à ce comité, je pense que
deux représentants par parti conviendraient. La proposition que le
député de Bourget vient de faire est très logique et
permettrait des études plus approfondies, car on a tendance, quand il y
a beaucoup de gens présents, à avoir l'opinion de chacun et cela
retarde la tournure des travaux.
M. HARDY: II y a un aspect que le député de
Mégantic et le député de Bourget semblent oublier
ou du moins ils ne l'oublient peut-être pas, parce que, dans leur
situation, ça ne cause pas préjudice c'est qu'il y a une
grande différence entre le comité de travail sur les
règlements et le comité dont nous parlons maintenant. Le
comité de travail sur les règlements siégait à huis
clos, tandis que, suite à la décision que la commission a prise
à l'unanimité à sa dernière séance, le
comité de travail dont il est question siégerait en public.
Ce qui reviendrait à dire, dans un tel cas, que vous auriez trois
députés de l'Opposition contre un député du parti
ministériel qui auraient droit de s'exprimer publiquement. Ceci change
largement les forces.
M. DUMONT: Une simple question au député de Terrebonne,
est-ce que...?
M. HARDY: A moins que les députés de l'Opposition
prétendent qu'un député ministériel vaut trois
députés de l'Opposition.
UNE VOIX: C'est le contraire.
M. DUMONT: C'est dû au fait que le travail intense qui est
imposé doit aller rapidement. Je pose la question au
député de Terrebonne: Est-ce que, pour écouter des
mémoires, il faut être dix ou si deux peuvent donner en caucus un
rapport évident de ce qui s'est dit dans ces journées
d'étude?
M. HARDY : Je ne conteste pas cet aspect de la situation. Ce n'est pas
de ça que je viens de vous parler. Je viens de parler de l'aspect public
de nos travaux, ce qui est bien différent. Le député de
Mégantic a assez d'expérience pour savoir que le comportement des
députés, de quelque formation qu'ils soient, varie largement
lorsque les travaux se font à huis clos comparativement à
lorsqu'ils se font en public. Je pense qu'on n'a pas à se le cacher,
c'est un fait très clair, quelle que soit la formation politique
à laquelle on appartient, le comportement des parlementaires est bien
différent. C'est un facteur qu'on ne peut pas ignorer face au
problème que l'on discute.
M. DUMONT: Enfin, ce qui doit exister, c'est l'efficacité de ce
comité qui est formé.
M. HARDY: Je suis parfaitement d'accord avec le député de
Mégantic sur ce point. Mais il faut par ailleurs reconnaître les
limites ou les contingences de la nature humaine et, en particulier, celles des
parlementaires.
M. LAURIN: Peut-être que, dans votre esprit, il y a des votes qui
seront pris?
M. HARDY: Non. Même en écartant la possibilité de
vote, en se limitant uniquement à l'aspect délibératif,
s'il y a quatre députes membres de ce comité, soit trois
députés de l'Opposition et un député
ministériel, il est évident que, les délibérations
étant publiques, le poids au moins délibératif
quantitativement et je ne dis pas qualitativement mais quantitativement
serait au désavantage du parti ministériel, puisqu'on
serait trois à un.
M. LAURIN : Oui, mais vous croyez plus à la force ou à la
vérité des thèses qu'au nombre des gens qui les
soutiennent, j'en suis convaincu.
M. HARDY: Vous savez, c'est très subjectif, cela dépend de
ceux qui perçoivent.
M. LAURIN: Votre sécurité est mieux assurée par le
nombre que par la force de vos arguments?
M. HARDY: Non, pas nécessairement, mais les deux peuvent jouer.
Mon expérience démontre que ce n'est pas toujours la
qualité des interventions qui a le plus de publicité.
M. LAURIN: Cela n'a rien à voir.
M. HARDY: II y a des expériences très récentes qui
l'ont démontré. On n'a qu'à remonter à moins d'une
semaine pour le voir.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
avons d'abord la formation d'un comité ad hoc indépendamment de
la représentation. Cela fait que le comité ad hoc est
agréé suivant la proposition du député de
Terrebonne. Ensuite, nous avons la proposition du nombre représentant
chaque parti ainsi que les non-parlementaires, avec un amendement du
député de Chicoutimi. Est-ce que vous êtes prêts
à vous prononcer d'abord sur l'amendement?
M. HARDY: Je le reconnais et je n'ai aucune honte à le
reconnaître. Même si la suggestion du député de
Bourget m'a momentanément ébranlé, je suis actuellement
devant deux alternatives. Ou bien on procède immédiatement et si
on peut, nous sommes... une alternative oui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Autrement cela fait quatre, cela fait
seize.
M. HARDY: Deux hypothèses et une alternative.
Je vous ferai remarquer, M. le Président, qu'à la lecture
des débats, c'est une faute que bien des parlementaires commettent en
parlant de deux alternatives...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour cela que je vous la soumets.
M. HARDY: ... alors qu'alternative est pris comme synonyme
d'hypothèse. Remercions donc le député de Chicoutimi.
Je poursuis en disant que si nous devons procéder
immédiatement, je devrai m'en tenir à ma proposition. Si la
commission acceptait de reporter cette discussion à une semaine, je
serais prêt à examiner cette proposition du député
de Bourget. Cependant, si nous devions nous prononcer dès ce matin, je
maintiendrais ma proposition tout en acceptant l'amendement du
député de Chicoutimi, savoir de porter le nombre des membres du
comité à onze, soit sept députés
ministériels, deux députés de l'Opposition officielle et
un député pour chacun des deux autres partis.
Si la commission acceptait de reporter à la semaine prochaine la
formation de ce comité, le même problème se posera pour
l'autre comité, je suis prêt à examiner de plus près
la suggestion du député de Bourget. Il y a bien des
éléments qui entrent en ligne de compte selon que l'on accepte
l'une ou l'autre des formules.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget.
M. LAURIN:M. le Président, je proposerais alors aux membres de la
commission de surseoir une semaine à ce vote pour permettre au
député de Terrebonne de continuer sa réflexion et de nous
apporter peut-être une proposition...
M. HARDY: Une proposition qui traite...
M. LAURIN: ... qui, avec le poids dont elle serait appuyée,
aurait plus de chances d'être acceptée.
M. HARDY: Avec une proposition qui serait peut-être une
synthèse de la pensée du député de Bourget et de
celle du député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous avons
insisté, la semaine dernière, sur la nécessité
d'accélérer les travaux de cette commission. Certains membres se
sont plaints que nous ne procédions pas avec assez de
célérité. Je ne vois pas pourquoi nous devrions surseoir,
ce matin, à une décision que nous avions résolu de
prendre.
M. LAURIN: Certainement. Si on gagne du temps en comité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demande au président de mettre la
question aux voix c'est-à-dire la proposition du député de
Terrebonne, amendée comme je l'ai fait.
M. LAURIN: Est-ce que "procéduralement" parlant, M. le
Président, une motion de suspension peut être prise en
considération avant, étant donné que le temps que l'on
perdrait, peut-être une semaine, pourrait être gagné
considérablement par la suite, car si le comité est moins lourd
il peut procéder plus rapidement?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Dans mon esprit, il ne s'agit pas tout
à fait d'une motion de suspension mais d'une motion, compte tenu de la
proposition que vous faites vous-même... Si, comme le
député de Chicoutimi le demande, on passe aux voix la proposition
amendée par le député de Chicoutimi et que celle-ci est
acceptée par les membres de la commission, alors votre proposition ne
tient plus.
M. HARDY: M. le Président, pour répondre aux vues du
député de Chicoutimi, même si je ne suis pas tout à
fait d'accord parce que ce n'est pas une semaine qui retarderait
beaucoup nos travaux puisqu'il ne semble pas y avoir unanimité
quant à en reporter la formation à une semaine, peut-être
pourrions-nous nous prononcer sur ma proposition quitte à ce que,
à l'expérience, le comité lui-même accepte de se
limiter s'il en sent le besoin.
Nous procéderions maintenant à la formation du
comité tel que je l'ai proposé et, avec l'amendement du
député de Chicoutimi et à l'expérience, s'il
s'avère qu'il serait plus efficace que ce comité soit restreint
à quatre membres, comme le suggère le député de
Bourget, il sera toujours temps de le faire, parce que la commission de
l'Assemblée nationale pourrait toujours restreindre ou amender la
proposition que nous faisons ce matin et revenir à la suggestion du
député de Bourget. Je pense que ce serait répondre aux
vues de tout le monde.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que le député de
Terrebonne demande aux deux comités ad hoc d'étudier cette
possibilité?
M. HARDY: On a seulement une proposition, là. Cela se
compare.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, mais est-ce que vous voulez la
joindre à...
M. HARDY: Non. Pour ne pas mélanger les choses, M. le
Président la dernière fois on était assez
mélangé j'ai pris la peine de procéder avec beaucoup
de clarté. J'ai fait une proposition ayant pour objet la formation d'un
comité pour étudier le financement des dépenses
électorales et nous discutons de cela pour commencer. Tantôt on
discutera d'autre chose. Quant à nous, nous sommes prêts à
ce que nous procédions au vote. Pour éviter des votes, je suis
prêt à incorporer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mon enrichissement.
M. HARDY: Je suis prêt à accepter l'enrichissement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans cause.
M. HARDY: Je n'oserais pas dire que ce soit sans cause ou avec cause. Je
suis prêt à incorporer l'amendement du député de
Chicoutimi à ma proposition principale, ce qui voudrait dire qu'on
aurait à se prononcer sur une seule proposition.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Ce serait onze membres, M. le Président, et j'ai
bien compris que les mêmes règles de pratique
s'appliqueraient.
M. HARDY: Ce serait onze membres: sept députés
ministériels...
M. LATULIPPE : Eventuellement des votes pourraient être pris?
D'après ce que j'ai pu comprendre tout à l'heure...
M. HARDY: C'est assez difficile de se pro- noncer là-dessus. On
ne peut pas dicter d'une façon...
M. LATULIPPE: Je souscris également à l'autre idée
que vous avez mentionnée, que ce comité pourrait de
lui-même décider de se restreindre encore...
M. HARDY: C'est ça.
M. LATULIPPE: ... et d'adopter des possibilités. Ce serait une
façon d'agir assez rapidement, parce qu'il va falloir finir par se
décider...
M. HARDY: M. le Président, nous sommes prêts...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous demandez le vote?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. HARDY: M. le Président, pour que ce soit bien clair, c'est la
proposition que j'ai formulée, enrichie de l'amendement du
député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Onze membres. M. Blank?
M. BLANK: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Brown?
M. BROWN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Caron?
M. CARON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Latulippe?
M. LATULIPPE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontange): M. Hardy?
M. HARDY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pearson?
M.PEARSON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Gallienne?
M. GALLIENNE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Assad?
M. ASSAD: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lavoie (Wolfe)?
M. LAVOIE (Wolfe): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Ostiguy? M. Pelletier?
M. PELLETIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontange): M. Dionne?
M. DIONNE:Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'avais oublié, tout à
l'heure, d'effectuer le changement de M. Laurin en remplacement de M.
Léger. Si vous voulez en tenir compte, s'il vous plaît.
M. Laurin?
M. LAURIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est unanimement pour. Cette proposition
est acceptée unanimement.
M. HARDY: M. le Président, pour continuer... Pardon?
M. LAURIN: Vous voyez notre bonne volonté.
M. HARDY: Je pense que ce matin, il règne un climat de
sérénité tout à fait remarquable qui aura pour
résultat de faciliter la tâche du président.
M. le Président, je propose la formation d'un comité de la
commission de l'Assemblée nationale. Un instant, M. le Président,
peut-être qu'il serait préférable de proposer les membres
du premier comité dont nous venons d'accepter la formation.
Pour notre part, je propose que MM. Levesque, Brown, Garon, Giasson,
Hardy, Séguin et Ostiguy soient membres du comité sur les
dépenses électorales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Accepté. Je propose que M. René
Lavoie (Wolfe) et moi-même soyons membres du comité ad hoc qui
doit étudier le problème du financement des partis et des
dépenses électorales.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'ai également
été désigné par le caucus des députés
pour suivre ces travaux.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour le journal des Débats, pour
l'Union Nationale, ce sont les députés de Chicoutimi et de Wolfe.
Pour le Ralliement créditiste, c'est le député de
Frontenac.
M. LAURIN: Je propose que le député de Lafontaine soit
membre de ce comité de travail pour le Parti
québécois.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Toutes ces propositions sont
acceptées? Accepté.
Comité du mode de scrutin
M. HARDY: M. le Président, je propose la formation d'un
comité de la commission de l'Assemblée nationale qui aura pour
mandat d'étudier le rapport préliminaire déposé par
le comité d'experts et de faire rapport à la commission de
l'Assemblée nationale. Que ce comité soit composé de onze
membres, soit sept députés ministériels, deux
députés de l'Opposition officielle, un député du
Ralliement créditiste et un député du Parti
québécois, et que ce comité s'adjoigne les trois experts
qui ont préparé le rapport préliminaire, soit le juge
François Drouin, MM. Vincent Lemieux et Gilles Lalande.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette proposition est-elle
acceptée?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourriez-vous expliquer, M. le
Président?
M. HARDY: M. le Président, c'est pour faire suite à nos
délibérations de la dernière séance où on a
constaté d'une façon à peu près unanime, je pense,
qu'il était très difficile de répondre à la
question formulée à la fin du rapport, soit de choisir entre la
stabilité ou la représentativité.
Or, ce comité aurait pour principal objet d'analyser le rapport
avec les experts afin d'arriver à trouver d'autres hypothèses de
travail, d'autres avenues qui pourraient permettre de poursuivre les travaux
quant à la recherche d'un nouveau mode de scrutin.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette proposition est-elle
acceptée?
M. LATULIPPE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. M. LAURIN: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget.
M. LAURIN: II y a les membres.
M.HARDY: M. le Président, pour le parti ministériel, je
propose que MM. Brown, Gias-son, Hardy, Harvey (Jonquière), Lacroix,
Osti-guy et Vézina soient membres de ce comité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour l'Union Nationale, M. Gabriel Loubier et
le député de Chicoutimi.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour notre parti, ce sera le
député de Lotbinière.
M. LAURIN: Et pour le Parti québécois, je proposerais que
le député de Saint-Jacques nous représente.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ces propositions sont-elles
acceptées? Accepté.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que c'est le moment de poser
deux questions au représentant du gouvernement? La question du
calendrier des réunions de chacun des comités.
Premièrement, quelles sont ses intentions à cet égard?
Est-ce qu'il a l'intention de faire siéger ces comités d'une
façon régulière, le même jour, et aussi à
quelle fréquence? Etant donné qu'il y a maintenant des
non-parlementaires, il faudrait que ces non-parlementaires puissent quand
même orienter un peu leur calendrier dans ce sens-là.
Deuxièmement, est-ce qu'il y a des émoluments
prévus pour les non-parlementaires qui devront participer aux travaux de
ces commissions?
M. HARDY: M. le Président, je remercie d'abord le
député de Bourget, parce que je pense que ma proposition, quant
à la formation du comité sur les dépenses
électorales, est incomplète.
Je pense qu'on devrait, dès maintenant, proposer le nom. En tout
cas, j'insiste pour qu'on ne change pas la personne à chaque
réunion. Je pense qu'il faudrait que chaque parti désigne
dès maintenant la personne, le non-parlementaire, qui siégera au
comité sur le financement des partis et les dépenses
électorales.
Pour ma part, je propose, pour le parti ministériel, Me Claude
Desrosiers. Quant à la deuxième question du député
de Bourget, dans notre esprit, il n'était pas question de
rémunération pour le représentant des partis. On parle
beaucoup de bénévolat, je verrais difficilement que le militant
d'un parti politique soit rémuné- ré pour apporter sa
collaboration à un tel travail. Il y a quand même une distinction
à faire entre cette personne qui est désignée par un parti
politique et des experts. Il est évident que les experts travaillent
à cause de leur compétence tandis que le représentant du
parti qui sera là travaillera à ce comité comme il
travaille à d'autres activités sur le plan de son parti. Il
travaille pour son parti parce qu'il croit en son parti.
M. LAURIN: Je posais la question, M. le Président, parce qu'il
est possible que ce non-parlementaire que l'on veut expert en la
matière, le plus possible, n'habite pas Québec.
M. HARDY: Dans notre esprit, ce n'est pas nécessairement...
M. LAURIN: II faudrait peut-être penser aux frais de
déplacement, sans parler de rémunération ou
d'émolument.
M. HARDY: Quant à nous, il n'était pas dans notre esprit
que cette personne soit rémunérée, pas plus que...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député de Terrebonne me le
permet, la commission ici n'a aucune autorité pour prendre des
dispositions ou des décisions qui entraînent des
dépenses.
M. HARDY: A ce sujet...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'autre part, chaque parti politique est
doté d'un fonds qui est affecté à la recherche. Je ne vois
pas pourquoi ces personnes seraient rémunérées...
M. HARDY: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dussent-elles venir de Rome, de Chine ou
de Cuba.
M. HARDY: Je souscris entièrement aux opinions du
député de Chicoutimi et je pense qu'il n'y a vraiment pas lieu...
Encore une fois, j'insiste. Puisqu'on parle tellement de
bénévolat dans certains partis, c'est précisément
le temps de le pratiquer.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Mégantic.
M. DUMONT: Dans le rapport du comité directeur de la commission
de l'Assemblée nationale du 25 février 1971, j'ai un texte
très précis: II a été aussi convenu que ces experts
recevront des honoraires fixés à $100 par jour. C'était
dans l'étude, au départ, de cette carte électorale. Ce
montant comprendra les honorai-
res professionnels, les dépenses de séjour et de voyage
s'il y a lieu. Donc, il y a déjà eu une proposition
acceptée en ce sens-là.
M. HARDY: M. le Président, je voudrais rappeler au
député de Mégantic ce que je viens de dire. Les personnes
représentant les partis à ce comité ne sont pas des
experts, ne sont pas là comme experts, c'est-à-dire qu'elles ne
louent pas leurs services professionnels comme c'est le cas pour le
comité des modes de scrutin, de M., Lemieux, M. Lalande et du juge
Drouin. Il s'agit de militants de partis politiques qui viendront à ce
comité nous faire part de leur expérience comme militants d'un
parti politique. C'est dans le cadre de leur "militantisme" qu'ils viendront
ici. Par ailleurs, comme l'a rappelé, à très bon droit, le
député de Chicoutimi, chaque formation politique possède
actuellement' un fonds de recherche. Alors, je ne vois pas du tout pourquoi on
prévoirait une rémunération pour ces personnes qui, encore
une fois, ne seront pas là tellement comme experts, mais comme militants
d'un parti.
M. le Président, vous me permettrez, tout en gardant toute la
sérénité...
M. LAURIN: M. le Président, une question de règlement.
J'ai posé une question à laquelle je voulais avoir une
réponse. Je n'ai fait de plaidoyer ni pour, ni contre. Je me rallie
entièrement au député de Terrebonne...
M. HARDY: M. le Président, je ne vois pas pourquoi le
député de Bourget se sent visé. Je parle au
député de Mégantic.
M. LAURIN: On sent très bien que vous visez quelqu'un
d'autre.
M. HARDY: Surtout le député de Mégantic à ce
moment-ci.
M. DUMONT: Je répondrais au député de
Terrebonne...
M. HARDY: Voulez-vous me laisser répondre et vous me
répondrez après?
M. DUMONT: Cela fait pas mal longtemps que vous répondez.
D'accord, allez-y.
M. HARDY: J'ai été interrompu par le député
de Bourget. Encore une fois, M. le Président, comme il s'agit de
personnes qui viendront ici comme militants d'un parti et non pas comme
experts, ce ne sont pas des gens qui louent leurs services.
Encore une fois, comme l'a rappelé à juste titre le
député de Chicoutimi, les partis politiques ayant des fonds de
recherche, je ne vois pas du tout l'opportunité de prévoir
quelque rémunération que ce soit pour les militants des partis
qui seront appelés à travailler au sein de ce comité.
M. DUMONT: Les représentants de chaque parti, tels qu'ils ont
été nommés pour ces commissions, ne doivent pas changer,
je suis d'accord, parce qu'ils sont au courant des travaux qui se
déroulent à cette commission. Si nous jugeons à propos,
par un expert qu'on peut nommer aujourd'hui, de le remplacer par un autre qui
est peut-être plus compétent, je pense que c'est alors un droit
absolu du parti de le faire. Chez nous, comme nous n'avons pas de caisse
électorale, nous réclamons que les gens qui sont obligés
de se déplacer aient au moins le droit d'être
rémunérés, d'être payés pour leurs
services.
M. HARDY: C'est-à-dire que, d'une façon
générale, votre caisse électorale est celle du
gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un fonds de recherche qui est
donné à chaque parti.
M. DUMONT: Mais quant au droit de changer le nom de l'expert, je pense
qu'on doit l'avoir.
M. HARDY: M. le Président, je pense que là-dessus il
faudrait une décision très ferme de la commission de
l'Assemblée nationale, s'il faut que le représentant du parti,
non parlementaire, change d'une séance à l'autre, nos travaux
deviendront absolument inefficaces et inutiles.
M. DUMONT: Je précise. Le représentant nommé
demeure le même. L'expert appelé à venir témoigner
au conseil peut, à ce moment-là...
M. HARDY: Le député de Mégantic n'a pas saisi le
sens de ma proposition. Il n'est pas question de représentant de parti
et d'expert. A la commission des dépenses électorales, il y a des
députés et un représentant par parti. Il n'y a pas des
experts. Si le comité décide d'assigner des témoins, libre
à lui, mais chaque parti n'aura pas la liberté d'assigner
l'expert qu'il voudra devant le comité.
M. DUMONT: II pourra certainement le soumettre pour
étudier...
M. HARDY: Oui, mais ce sera une décision du comité.
M. DUMONT: D'accord.
M. HARDY: Si vous avez l'intention de soumettre une liste de 5, 6, 10,
15, 20 experts...
M. DUMONT: Est-ce que ces gens seront rémunérés?
C'est ce dont je fais mention.
M. HARDY: Là, c'est un autre problème. A ce
moment-là, ils seront assignés comme té-
moins, ils seront rémunérés comme tous les autres
experts que l'on a entendus. Il ne faut pas confondre l'expert et le membre du
parti qui viendra siéger à ce comité en tant que
militant.
M. DUMONT: Ne limitez pas la possibilité d'information.
M. HARDY: II n'a jamais été question de ça. J'ai
l'impression que l'esprit combattif du député de Mégantic
est à ce point grand qu'il suscite...
M. DUMONT: II demeure ce qu'il a toujours été et il
continuera, qu'importe la pensée du député de Terrebonne.
Cela me laisse indifférent.
M. HARDY : ... mais vous n'êtes pas obligé de susciter de
faux problèmes pour vous battre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, entendons-nous. Je
pense que la proposition du député de Terrebonne a
été assez claire. D'autre part, le député de
Mégantic a fait état d'un problème, celui des experts qui
pourraient être éventuellement appelés à
témoigner. A ce moment-là, il faudra une décision de toute
la commission pour faire une proposition et si cette proposition devait
entraîner des dépenses, il faudra que le gouvernement en
décide lui-même. Nous n'avons pas la responsabilité de la
dépense des fonds publics en qualité de député.
C'est l'Exécutif qui décide. On pourra faire comme on a
déjà fait: soumettre une proposition au président de
l'Assemblée nationale, lequel la soumettra aux membres du cabinet qui
prendront la décision nécessaire.
M. HARDY: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir, pour
terminer ce chapitre...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac avait
demandé la parole.
M. LATULIPPE: M. le Président, dois-je comprendre, d'après
ce que vient de dire le député de Terrebonne, qu'il sera possible
au comité de décider, de lui-même, que telle ou telle
personne, tel ou tel expert devrait être entendu sur tel ou tel point
précis? Pourra-t-il le faire, selon son mandat?
M.HARDY: Le comité aura la liberté de décider
d'assigner des témoins s'il le juge à propos. Par exemple, dans
ma proposition, je soumets que le rapport Barbeau serve de document de travail.
Il est fort possible qu'au cours de notre étude du rapport Barbeau, l'on
considère utile d'entendre, soit le juge Barbeau lui-même, ou l'un
ou l'autre des commissaires qui ont travaillé à ce rapport. Il
n'est pas question de limiter, de quelque façon que ce soit, la
liberté d'action de ce comité.
M. LATULIPPE: Donc, les critères qui ont déjà
été acceptés par le comité directeur, relativement
aux modalités de paiement, vont s'appliquer.
M. HARDY: Bien, oui, mais on décidera cela en temps et lieu, M.
le Président. Il ne faudrait...
M. LATULIPPE: Cela a déjà été
décidé une fois.
M. HARDY: ... pas tout décider, c'est-à-dire que cela a
été décidé. Comme le député de
Chicoutimi l'a très bien souligné, nous n'avons pas, nous, le
pouvoir comme tel de décider de la dépense de deniers. Nous
pouvons faire une recommandation au comité de régie de
l'Assemblée nationale, c'est ce qui se fera. Mais on ne peut pas
décider ce matin...
M. LATULIPPE: C'est seulement une formalité.
M. HARDY: Si le comité sur les dépenses électorales
considère utile d'assigner tel ou tel témoin, il pourra à
ce moment-là demander au comité de régie de
l'Assemblée nationale les sommes d'argent nécessaires pour
rémunérer les experts. Mais on va trop loin ce matin.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que les partis sont en mesure ce
matin de nommer leurs représentants?
M. HARDY: Leurs représentants? Oui.
M. LAURIN: En ce qui nous concerne, nos démarches ne sont pas
terminées.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Peut-être qu'une suggestion pourrait
être faite lors de la première séance de chaque
comité?
M. HARDY: Oui, mais il faudrait que ce soit bien clair que, lors de la
première séance du comité, chaque formation politique
désigne son représentant non parlementaire et que ce soit lui et
lui seul qui soit autorisé à siéger. Cela va?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excellent.
M. BLANK: Mais il y a une chance pour vos chefs d'entrer au Parlement
avec ça. Même René Lévesque et Yvon Dupuis...
M. DUMONT: Ouvrez des comtés.
M. BLANK: ... ils vont être ici au moins semi-officiellement.
M. DUMONT: Ouvrez Missisquoi.
M. LAURIN: On est prêt.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, le chapitre du financement des partis
et des dépenses électorales...
UNE VOIX: II ne nous provoquera pas.
M. HARDY: Voici, M. le Président. De même que vous
n'êtes pas prêt à désigner votre représentant,
je pense qu'il y aurait lieu de demander à ce comité, comme
à l'autre d'ailleurs, de nous proposer un échéancier. Ce
seront les membres du comité qui seront...
M. LAURIN: Est-ce qu'ils ne pourraient pas le fixer eux-mêmes,
étant donné qu'ils sont assez nombreux? Ils sont onze à
chacun des comités.
M. HARDY: Oui. C'est cela. Je suggère que ce soient eux
qui...
M. LAURIN: Ah bon! D'accord.
M. HARDY : Par ailleurs, il y a toujours cette garantie que la
commission de l'Assemblée nationale pourra à tout moment demander
un rapport de ce comité, comme elle pourra le dissoudre si la commission
considère que l'efficacité de son travail n'est pas à la
hauteur de ce que l'on espère. Alors, je pense que cela ne pose pas de
problème.
M. LAURIN: Une autre question, M. le Président. Est-ce que,
étant donné qu'une bonne partie du travail de la commission de
l'Assemblée nationale est confiée à deux
sous-comités...
M. HARDY: Bien, l'autre n'est pas encore formé.
M. LAURIN: Mais quand il sera formé, est-ce que le comité
directeur de la commission continuera à se réunir, ne serait-ce
que pour prendre connaissance de la fréquence des travaux?
M. HARDY: Oui, le comité directeur et la commission de
l'Assemblée nationale.
M. LAURIN: Est-ce qu'ils seront appelés?
M. HARDY: Nous avons d'autres sujets à étudier.
M. LAURIN: Oui, je sais. Il y a la contestation et tout cela. Donc, les
autres instances, aussi bien le comité directeur que la commission de
l'Assemblée nationale...
M. HARDY: ... ne seront pas paralysés.
M. LAURIN: ... continueront leur travail.
M. HARDY: Oui, M. le Président. Alors, est-ce que je dois
continuer...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais peut-être juste rappeler
une décision prise par la commission lors de sa dernière
séance, c'est que le comité ad hoc peut faire rapport devant la
commission de l'Assemblée et peut en conséquence demander sa
convocation.
M. HARDY: Alors. M. le Président, je propose la formation d'un
comité de la commission de l'Assemblée nationale qui aura pour
mandat d'étudier le rapport préliminaire. Je pense que cela a
été fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été fait. On vient de le
faire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que tous les membres sont
nommés?
M. HARDY: Les membres sont nommés...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Très bien, les deux comités
étant nommés, est-ce qu'il y a d'autres affaires?
M. HARDY: Tel que je l'avais annoncé à la dernière
séance, je pense que nous avons fait remettre je ne sais pas s'il
y a des députés ou des journalistes qui n'en ont pas de copie
un document de travail sur les amendements possibles à la loi de
la contestation des élections. Evidemment, peut-être des
députés ont-ils des remarques personnelles à faire
à ce stade-ci, mais quant à l'étude de ce document de
travail et à d'autres documents de travail qui pourraient être
soumis par d'autres membres de la commission, peut-être pourrions-nous
reporter cette étude en profondeur du problème des amendements
à la loi de la contestation des élections à une autre
séance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais vous soumettre que nous avons ce
document sur la loi de la contestation des élections provinciales. Il
nous est assez difficile de nous prononcer ce matin sur les propositions qui
sont faites, parce qu'il nous faut revoir la loi électorale avec les
spécialistes en droit et revoir toute la loi.
J'estime qu'il serait prématuré ce matin d'engager une
discussion sur un ensemble de dispositions visant à amender la Loi de la
contestation aux élections provinciales parce qu'il est
nécessaire de revoir cette loi et d'en discuter avec les conseillers
juridiques. Je soumets donc que nous devrions suspendre l'étude de ce
document parce que, en ce qui me concerne, je ne suis pas prêt à
discuter des diverses propositions qui sont très techniques et qui se
retrouvent dans le document qu'on nous a distribué ce matin.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, nous pourrions essentiellement
tenir les mêmes remarques. Cependant, comme je prétends que la
commission ajournera ses travaux très bientôt, est-ce que c'est
votre intention de décider immédiatement quand sera tenue la
première séance des deux comités ad hoc ou si ce sera
laissé à la discrétion des membres qui s'entendront entre
eux pour tenir une séance?
M. HARDY: II serait peut-être préférable, M. le
Président, de laisser cela à la discrétion... D'abord, il
y a un problème... Le député de Bourget a dit
lui-même que ses démarches n'étaient pas terminées
quant au choix de son représentant.
M. LAURIN: On peut le faire d'une façon non certaine mais
probable.
UNE VOIX: II y a tellement de monde.
M. HARDY: De toute façon, quant à nous, nous ne serions
pas prêts avant...
M. LAURIN: Parce que ce comité n'a pas encore de
président.
M. HARDY: II n'y a pas de président, c'est-à-dire qu'il
n'y a jamais eu de président permanent à la commission de
l'Assemblée nationale.
M. LAURIN: Qui décidera de la tenue des réunions?
M. HARDY: Habituellement, c'est le leader parlementaire du gouvernement
qui a le choix. De toute façon, je vous dis immédiatement que,
quant à nous, nous serons prêts à commencer à
travailler sur les dépenses électorales dans quinze jours.
Quant aux modes de scrutin, nous pourrions le faire dès la
semaine prochaine, mais il faudrait communiquer avec les trois experts. M. le
Président, c'est mon intention bien ferme de procéder avec
célérité. Mais il faut communiquer avec les trois experts.
Je pense que nous ne devrions pas fixer de date ce matin. Je m'engage, dans les
prochains jours, à communiquer avec les représentants des partis
pour que l'on s'entende sur une date comme nous l'avons toujours fait
d'ailleurs.
M. LAURIN: C'était plutôt pour penser à une
modalité de convocation.
M. HARDY: Oui. Je pense que la modalité, c'est celle que nous
avons toujours eue jusqu'à maintenant. Je communique avec les
porte-parole des partis sur cette question. On s'entend sur une date et le
secrétaire, M. Desmeules, envoie l'avis de convocation.
M. LAURIN: Parfait.
M. LATULIPPE: On retient quand même que, d'ici quinze jours, on
aura une réponse.
M. HARDY: C'est-à-dire que, d'ici quinze jours, quant à
nous, nous serons prêts à commencer l'étude du financement
des partis, des dépenses électorales. Si les experts
étaient prêts la semaine prochaine pour les modes de scrutin, nous
serions prêts, parce que je tiens à souligner, M. le
Président, que nous accordons toujours beaucoup d'importance à la
question des modes de scrutin.
M. BELAND: De notre part, le choix sera fait.
M. HARDY: M. le Président, quant à la prochaine date de la
réunion de la commission de l'Assemblée nationale,
malheureusement, je n'ai pas pu voir le leader parlementaire du gouvernement
pour connaître les dates qui seraient libres. Je vais donc voir M.
Lévesque pour examiner le calendrier et je communiquerai avec les
porte-parole des partis pour que l'on s'entende sur une date pour une prochaine
réunion où l'on pourrait commencer à étudier le
problème des amendements à la Loi de la contestation des
élections.
M. le Président, je propose donc que la commission ajourne ses
travaux sine die.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission est ajournée sine
die.
(Fin de la séance à 11 h 14)