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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Etude du projet de loi no 87 Loi modifiant la loi de
la
Législature et la loi de
l'Exécutif
Séance du mardi 23 décembre 1974
(Quinze heures douze minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs! Nous allons d'abord
procéder aux changements, si vous voulez me les signifier.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui concerne le parti de
l'Opposition officielle, je voudrais vous demander de changer le nom du
député de Maisonneuve par celui du député de
Sauvé, de remplacer le député de Lafontaine par le
député de Saint-Jacques et de remplacer le député
de Chicoutimi par le député du Saguenay.
M. BOURASSA: De Saguenay.
M. LEGER: Oui, mais il s'occupe de toute la région du Saguenay
!
M. BOURASSA: C'est pour ça que c'est mal fait.
M. HARDY: II embrasse trop, il étreint mal.
M. LEGER: Non, mais il manque le train parce qu'il n'a pas de train pour
se rendre chez lui.
M. LACROIX: M. le Président, je fais motion pour changer le nom
de M. Bienvenue (Crémazie) par M. Saint-Pierre; M. Blank est
remplacé par M. Fortier; M. Brown est remplacé par M. Levesque;
M. Lamontagne est remplacé par M. Faucher; M. Ostiguy est
remplacé par M. Lapointe; M. Parent (Hull) est remplacé par M.
Desjardins.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Bon, je vais énumérer la
liste des membres après signification. S'il y avait une erreur, vous
voudrez bien m'en informer.
M. Bédard (Chicoutimi) remplacé par M. Lessard (Saguenay);
M. Bellemare (Johnson) membre de la commission; M. Bienvenue est
remplacé par M. Saint-Pierre; M. Blank est remplacé par M.
Fortier; M. Brown est remplacé par M. Levesque; M. Burns est
remplacé par M. Morin; M. Caron, M. Giasson, M. Hardy, M. Faucher; M.
Léger est remplacé par M. Charron; M. Ostiguy est remplacé
par M. Lapointe; M. Pagé (Portneuf); M. Parent (Hull) est
remplacé par M. Desjardins; M. Roy (Beauce-Sud), M. Sylvain
(Beauce-Nord), M. Tardif (Anjou).
Si vous voulez me faire une proposition pour un rapporteur de la
commission.
M. LEGER: Je proposerais que M. Faucher soit le rapporteur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Monsieur?
M. LACROIX: M. Faucher.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher.
M. LEGER: C'est le plus assidu.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher (Nicolet-Yamaska). Maintenant,
avec votre permission, on m'a demandé de retarder de quelques minutes le
début des travaux, compte tenu d'une rencontre des leaders qui se
poursuit actuellement.
M. MORIN: Nous n'avons aucune objection, M. le Président. Nous
pourrions peut-être suspendre la séance temporairement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Suspendre pour quelques instants.
A l'ordre, messieurs!
Comme vous le savez, nous allons étudier le projet de loi no 87.
J'appelle l'article 1.
Motion préliminaire
M. CHARRON: M. le Président, avant que vous n'appeliez l'article
1, j'aimerais saisir la commission d'une motion qui me parait d'importance,
avant même que nous n'entamions la toute première ligne du projet
de loi.
M. le Président, cette commission n'a pas l'habitude d'être
saisie de projets de loi. Je parle de la commission dite de l'Assemblée
nationale qu'habituellement le président même de
l'Assemblée nationale préside. C'est la seule, d'ailleurs,
qu'à l'occasion on le voit présider, en plus évidemment de
la Chambre elle-même, et du fait qu'un projet de loi soit
déféré à cette commission plutôt qu'à
n'importe quelle autre indique à sa face même sa nature
particulière et donne au projet de loi qui lui est
déféré une nature particulière.
Si ce projet de loi, M. le Président, n'avait affecté
qu'une partie de la vie du Québec, dans un domaine très
circonscrit je pense aux Affaires culturelles ou à l'Industrie et
au Commerce, par exemple il aurait été de toute bonne foi
déféré à la commission parlementaire qui est
habituellement saisie de ces questions et également, ce sont les membres
en titre de cette commission, qui, par la force des choses, sont devenus en
quelque sorte les spécialistes de cette commission, qui auraient
été appelés à en parler et personne n'aurait fait
obstacle à ce phénomène.
Or, M. le Président, la loi qui nous concerne et qui touche une
augmentation, qui a déjà été qualifiée en
deuxième lecture, du traitement
des députés concerne tous les députés de
l'Assemblée nationale. Cette commission a déjà
été saisie d'un projet qui touchait tous les
députés de l'Assemblée nationale également:
c'était le projet de réforme électorale qui a conduit
à la modification de la carte électorale en question.
Dans les deux cas, M. le Président, lorsque cette commission, en
1970/71 s'est réunie pour étudier tous les problèmes qu'on
devait envisager pour une réelle réforme électorale,
quitte ensuite au gouvernement à en suivre les recommandations ou non,
et dans le cas suivant, le jour où nous avons été mis en
face d'un projet de réforme de la carte électorale et qu'il a
été étudié, dans les deux cas, cette commission
avait accepté de se prévaloir de l'article 148 de notre
règlement et d'accorder à tous les députés, non
seulement à ceux qui sont membres de la commission, mais à cause
de la nature particulière du projet, puisque tout le monde est
concerné, tout le monde représentant ici un comté, comme
tout le monde était intéressé à la réforme
électorale, d'ouvrir la commission, dis-je, à tous les membres de
l'Assemblée nationale.
Raison de plus, puis-je vous dire immédiatement, M. le
Président, une commission qui étudie une loi qui concerne le
traitement de chacun des 110 membres de l'Assemblée nationale au plus
bas mot et d'une cinquantaine d'entre eux en particulier, à cause des
postes ou des titres qu'ils occupent, devrait s'ouvrir à notre avis
c'est le sens de la motion que je présente au nom de l'Opposition
officielle à tous les membres de l'Assemblée nationale.
D'autant plus qu'un précédent a déjà
été fait en ce sens, non seulement à cette commission,
comme je vous le signalais tantôt, mais lors de l'étude de cette
infâme loi 22. Vous vous en souviendrez, M. le Président,
même à cette occasion on avait décidé, sur une
motion qui avait été directement appuyée par le premier
ministre,' à l'époque, d'ouvrir les séances de la
commission, la discussion, le droit de parole, le droit d'intervention à
chacun des membres de l'Assemblée nationale.
Or, avec ces prérequis dans l'histoire et à cause de la
particularité du sujet, de ce qu'il a suscité jusqu'ici de
débats dans l'opinion publique et ce qu'il n'a pas fini de susciter dans
l'opinion publique, je fais donc motion, au nom de l'Opposition officielle,
pour que cette commission autorise tous les députés à se
faire entendre sur le projet de loi no 87.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
culturelles.
M. HARDY: M. le Président, je serai très bref. D'une part,
il est exact que d'une façon générale, c'est une coutume,
nous acceptons que l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale
participent à l'une ou l'autre des commissions. Il est exact, comme l'a
souligné le député de Saint-Jacques, que cela se fait dans
certains cas, non seulement les cas particuliers que le député de
Saint-Jacques a soulevés, mais d'une façon
générale.
D'abord, le député de Saint-Jacques a soulevé le
fait que tous les députés sont touchés par cette question;
les députés ne sont pas davantage touchés par cette
question que par toute autre question. Les députés qui ont
vraiment conscience de remplir leur devoir sont touchés par toutes les
questions. Les députés ont eu l'occasion de se prononcer, tous
les députés, tous les membres de l'Assemblée nationale ont
eu l'occasion de se prononcer sur cette question. Mais je vous dis
immédiatement, M. le Président, et je terminerai
là-dessus, que pour ma part je voterai contre cette motion. Restez bien
calmes, ne vous énervez pas, je pense que je le suis, alors essayez de
retourner à votre flegme britannique.
M. le Président, je voterai contre cette motion, et je pense que
ma position est très logique.
M. le Président, l'Opposition officielle a annoncé, au
moins par la voix du chef, député de Sauvé, et du leader
parlementaire, peut-être par d'autres voix mais au moins, je me rappelle
ces deux-là, qu'elle ferait ce qu'on appelle, en jargon parlementaire,
un "filibuster", c'est-à-dire qu'on s'opposerait par tous les moyens,
intelligents ou non, cohérents ou non, que l'on utiliserait tous les
moyens. On n'a qu'à se reporter au bill 22, M. le Président: on
sait que l'Opposition n'a pas hésité à ce moment-là
à recourir à des moyens intelligents, d'autres moins, et parfois
même totalement ridicules.
Donc, M. le Président, accepter cette motion de la part des
ministériels ce serait contribuer au "filibuster". Je reconnais que,
pour l'Opposition, c'est une méthode qui peut être
utilisée. Je ne reproche pas fondamentalement, je ne ferai jamais grief
à une opposition d'utiliser la méthode de "filibuster", c'est un
moyen qui, dans le droit parlementaire, est reconnu. Mais au moins, il faudrait
reconnaître aussi au gouvernement et aux ministériels le droit
d'être logiques avec leur propre conduite. M. le Président,
accepter la motion du député de Saint-Jacques, c'est être
d'accord sur l'intention non pas soupçonnée, non pas
appréhendée, mais l'intention formellement annoncée de
faire un "filibuster". En d'autres termes, si on accepte votre motion, si on
accepte la motion du député de Saint-Jacques, l'on dit qu'on est
heureux d'avoir un "filibuster" contre une loi que l'on a
présentée.
Donc, M. le Président, je ne peux pas être d'accord sur
cette méthode de l'Opposition, et c'est pourquoi je voterai contre cette
motion.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Malheureusement, vous vous êtes
enlevé vous-même comme membre de la commission dans le
moment...
M. HARDY: La motion n'est pas encore adoptée.
M. LEGER: La motion n'est pas encore adoptée.
M. HARDY: Non, non, c'est cela, alors vous n'avez pas le droit.
M. LEGER: Est-ce que vous... M. HARDY: C'est le règlement.
M. LEGER: Je demande la permission à ce moment-là, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. M. HARDY: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II y a une motion justement pour vous
donner ou non le droit de parler. On va attendre le résultat de la
motion.
M. LEGER: ... M. le Président, tous les gens ont le droit de
parole.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. A l'ordre! Ecoutez...
M. LESSARD: Est-ce que vous donnez la permission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. M. HARDY: Non.
M. LESSARD: On doit demander la permission, M. le Président.
M. HARDY: Non, il n'y a pas de...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Une motion...
M. HARDY: II n'y a pas de consentement unanime.
M. LESSARD: Tous les députés ont accès, selon
l'article 148, aux commissions...
M. HARDY: Ont accès.
M. LESSARD: Mais ils sont...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. LEGER: Alors la formation générale...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... le député de
Saint-Jacques...
M. LEGER: A qui dois-je demander la permission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ecoutez là, on va partir sur le bon
pied. Quand je parlerai, vous arrêterez de parler.
M. LEGER: Mais à qui dois-je demander la permission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saint-Jacques a une motion. Nous avons donc une motion à débattre
au terme de laquelle vous aurez ou non le droit de parler, mais actuellement,
évidemment, vous ne l'avez pas.
M. LESSARD: II y a une motion, M. le Président...
M. LEGER: Mais elle n'est pas...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II y a une motion, trois membres ont le
droit de parole.
M. LESSARD: ... la commission, il demande la permission à la
commission, M. le Président.
M. HARDY: Cela prend le consentement unanime, et on dit non.
M. LEGER: La motion n'est ni battue, ni acceptée, ni rien. Alors,
je demande la permission de parler.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
UNE VOIX: Article 148.
M. LEGER: Mais à qui dois-je la demander? Au président ou
à la commission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Bien, là, il y a une motion en
cours; évidemment, il faut la débattre.
M. LEGER: Bien, c'est sur cette motion que je veux parler. Alors,
à qui dois-je demander la permission?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour vous satisfaire, est-ce qu'il y a
consentement?
M. HARDY: Non, non, pas de consentement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. LEGER: Alors, il faut un vote à ce moment pour le savoir.
Est-ce que la majorité est contre le fait que je m'exprime?
M. HARDY: Ne le faites pas exprès pour faire
l'imbécile.
M. MORIN: M. le Président, c'est important.
M. LEGER: M. le Président, c'est une motion importante. La
question n'est pas réglée?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Lisez l'article 148.
M. LEGER: Ce n'est pas demandé, l'unanimité, c'est la
majorité. Alors, on demande le vote.
M. DESJARDINS: C'est tellement évident, vous n'êtes
même pas un bon acteur.
M. LEGER: On demande le vote!
M. HARDY: On vote? Vous êtes prêts à voter?
D'accord.
M. LEGER: Non, pas sur la motion, pour la permission que je demande.
M. DESJARDINS: Le député de Saguenay n'est même pas
un bon acteur, il a envie de rire.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Saint-Jacques est en flagrante contradiction avec le
député de Lafontaine. Ce n'est peut-être pas la
première fois. Partant de l'article 148, qui dit que seuls les membres
d'une commission ont droit de parole, le député de Saint-Jacques,
très logique, très cohérent, très juridique, fait
une motion. Nous allons disposer de cette motion. Si la motion du
député de Saint-Jacques est acceptée, le
député de Lafontaine pourra parler, le député de
Maisonneuve, tous les députés, mais disposons d'abord de cette
motion. Au stade où nous en sommes, pour que le député de
Lafontaine puisse parler, il faut le consentement unanime parce que...
M. LEGER: Pas unanime.
M. HARDY: ... il faut le consentement unanime pour déroger au
règlement.
M. LEVESQUE: Absolument.
M. HARDY: On ne peut jamais déroger au règlement sans le
consentement unanime. Or, l'article 148 dit que la commission peut accepter
qu'un député puisse parler. De quelle façon la commission
se prononce-t-elle? Elle se prononce par une motion, la motion du
député de Saint-Jacques. Disposons de la motion du
député de Saint-Jacques et on saura par la suite si vous avez le
droit, oui ou non, de parler. Mais il me semble que c'est d'une clarté
absolue, M. le Président. A moins que l'on ne veuille se servir du
règlement pour continuer le "filibuster", le député de
Lafontaine n'a pas le droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais commencer par une
décision...
M. LEGER: Je voudrais demander une directive, M. le Président. Si
c'était une autre motion que celle du député de
Saint-Jacques, est-ce qu'il faudrait faire une motion pour que je puisse
parler?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
On va certainement essayer d'avoir de l'ordre. Vous pourrez parler, si
la permission vous est donnée, aussi souvent et aussi longtemps que vous
le voudrez. Mais pour le moment, quand il y a une motion...
Voulez-vous me laisser la parole, s'il vous plaît?
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Attendez que j'aie terminé; je suis
en train de rendre une décision, tout de même!
M. LESSARD: Oui, mais ne décidez pas trop vite, par exemple.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Bien, je déciderai quand je le
voudrai.
M. LESSARD: Les articles 42 et 43 du règlement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Bon. On va clarifier quelque chose. Je
n'endurerai pas de désordre dans cette commission. Cela pourra aller
jusqu'à l'expulsion si vous ne me respectez pas, qui que ce soit.
M. LESSARD: On va vous respecter, mais vous allez nous respecter, nous
autres aussi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Evidemment, je vais vous respecter, mais
c'est des deux côtés. Ne vous en faites pas, je vais vous
respecter. Je suis plus inquiet pour d'autres.
Le député de Saint-Jacques propose une motion selon
l'article 148. La conclusion de cette motion est pour vous donner, à
vous, en particulier et à d'autres, en général, la
permission ou non de parler. Si vous voulez, on va attendre le résultat
de cette motion et vous saurez, par le fait même, si vous avez le droit
de parole.
M. LESSARD: M. le Président, sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de règlement, le
député de Saguenay.
M. LESSARD: D'accord, il y a une motion qui est proposée par le
député de Saint-Jacques en vertu de l'article 148. Cependant,
pour parler sur cette motion, il est toujours possible à un
député de demander la permission à la
commission. Or, le ministre des Affaires culturelles nous dit que, pour
déroger au règlement, cela prend l'unanimité de la
Chambre. Je dis que c'est faux parce qu'à plusieurs reprises, et
même actuellement, nous dérogeons au règlement lorsque nous
siégeons de dix heures du matin jusqu'à minuit. Or, cela n'a pas
été décidé selon l'unanimité de la Chambre;
au contraire, cela a été décidé selon la
majorité de la Chambre. Il est toujours possible à la
majorité de faire disparaître un certain nombre de
règlements, comme cela a été le cas lorsque le leader
parlementaire du gouvernement nous a soumis la motion de fin de session.
Nous estimons que la demande qui est faite par le député
de Lafontaine exige, en même temps, une décision de la commission.
Pour qu'il y ait décision de la commission, il faut qu'il y ait vote de
la commission. Je ne crois pas que l'article 48 nécessite
l'unanimité.
Je pense que vous devez, pour obtenir une décision de la
commission, demander le vote, à savoir si le député de
Lafontaine aura la possibilité ou le droit de parler sur la motion du
député de Saint-Jacques.
On veut tout simplement qu'une décision soit prise à la
majorité. Il est fort possible que d'autres députés, parce
qu'on ne les a pas entendus actuellement, qui ne sont pas membres de la
commission, veuillent s'exprimer sur cette motion, puisque cette motion demande
que tous les députés aient la possibilité de se faire
entendre devant cette commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LESSARD: Donc, je vous demande...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous êtes sur une question de
règlement, et, là, vous parlez sur la motion du
député de Saint-Jacques.
M. LESSARD: Je termine en vous demandant, pour le respect des
règlements, d'exiger un vote de la commission sur la demande qui est
faite par le député de Lafontaine.
M. DESJARDINS: Quatre minutes de gagnées. Es-tu content?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un instant.
M. LESSARD: Le vote sur la demande du député de
Lafontaine.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. ROY: Je veux parler sur la motion.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, mais...
M. CHARRON: D'accord, parlez.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'heure actuelle, il y a une demande du
député de Saguenay.
M. CHARRON: M. le Président, je ne sais pas si c'est
régulier, mais je viens d'en parler avec le leader. Est-ce que je peux,
à l'intérieur de la motion, suspendant le débat sur cette
motion-ci, demander de revenir sur une première motion, pour que ce soit
le député de Lafontaine, et non pas moi, qui soit membre
régulier de la commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, je pense que c'est normal.
M. HARDY: M. le Président, je voudrais faire une mise...
M. CHARRON: De sorte que si...
M. HARDY: Cela prend le consentement unanime.
M. CHARRON: Je vous le dis tout de suite, avant que le ministre des
Affaires culturelles intervienne, de sorte que, si ma motion qui est en cours
devait être battue par la commission, je perdrais mon droit de
parole.
M. HARDY: Oui, mais il ne faudrait pas que cela crée un
précédent.
M. CHARRON: Non, non.
M. HARDY: J'imagine que le député de Saint-Jacques a
d'excellentes raisons de quitter, parce que c'est un petit jeu qu'on peut
recommencer pendant toute la séance.
M. CHARRON: J'en ai assuré le leader du gouvernement.
M. HARDY: Alors, devant cette assurance...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si j'exprime bien votre désir, vous
voulez vous faire remplacer par le député de Lafontaine.
M. CHARRON: Comme on l'a fait au début.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ceci étant dit, il n'y a pas de
vote à prendre.
M. CHARRON: Le membre en règle. Je l'étais par
consentement, il reprend son titre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II devient membre de la commission.
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques n'est plus
membre.
M. CHARRON: Et je n'ai plus droit de parole à moins que ma motion
soit battue.
M. HARDY: Jusqu'à la fin de la loi. M. CHARRON: C'est
ça!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Lafontaine remplace le député de Saint-Jacques.
M. HARDY: M. le Président, il y a une question de
règlement. Le député de Lafontaine remplaçant le
député de Saint-Jacques, le député de Saint-Jacques
ayant parlé, le député de Lafontaine n'a pas le droit de
parler tant qu'on ne s'est pas prononcé sur sa motion.
M. CHARRON: D'accord.
M. LESSARD: Si on accepte la motion...
M. LEVESQUE: Est-ce que cela va être plus court avec le
député de Lafontaine?
M. LEGER: Avec les mêmes arguments. M. HARDY: Cela va être
ennuyant.
M. LEGER: Si cela peut en endormir quelques-uns...
M. LACROIX: Je vais aller remplir mon enveloppe pour la prochaine
fête de Noël.
M. MORIN: Est-ce qu'on va avoir le quorum?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour régulariser la situation,
est-ce que les membres de la commission tiennent pour acquis que la motion,
c'est comme si elle avait été présentée par le
député de Lafontaine? Exact?
M. HARDY: C'est ça.
Donc son droit de parole est épuisé.
M. LESSARD: Non, M. le Président...
M. CHARRON: Non, parce que je l'ai présenté et je n'ai
parlé que quatre minutes...
M. LESSARD: M. le Président, à une commission
parlementaire...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce n'est pas le ministre des Affaires
culturelles qui préside, c'est moi.
M. HARDY: Vous avez seize minutes...
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. CHARRON: II interfère continuellement...
M. LESSARD: Question de règlement. Je voudrais indiquer au
ministre des Affaires culturelles qu'à une commission
parlementaire...
M. HARDY: II a 20 minutes.
M. LESSARD: ... nous avons le droit de revenir si nous n'avons pas
épuisé nos 20 minutes, d'accord?
M. HARDY: D'accord.
M. LESSARD: On s'entend en partant sur les règlements. C'est ce
qu'on respecte.
M. HARDY: D'accord.
M. LESSARD: Cela fait longtemps que le ministre des Affaires culturelles
n'a pas lu le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: M. le Président, je ne sais pas si je vais avoir le
temps, en 20 minutes, de faire valoir tous les arguments qui militent...
M. HARDY: On vous fait confiance.
M. MORIN: ... en faveur de la motion du député de
Saint-Jacques.
M. LESSARD: Du député de Lafontaine.
M. MORIN: Du député de Lafontaine, je m'excuse. Il est
clair que cette question intéresse tous les députés.
D'ailleurs, le nombre de députés présents en ce moment en
témoigne. C'est sans doute l'une des commissions qui auront connu le
plus de succès depuis le début de la session.
Voyez le nombre de députés autour de cette table. Il est
bien évident que cela les touche de très près. C'est
pourquoi je pense qu'il serait tout à fait normal que chacun puisse
s'exprimer, que chaque député puisse donner son opinion sur ce
projet de loi, en commission.
M. le Président, le député de Terrebonne a admis
que c'était une coutume, que ce privilège de s'exprimer en
commission est reconnu depuis, j'allais dire des temps immémoriaux,
depuis presque toujours. Il n'est pas arrivé, à ma
connaissance...
M. HARDY: Si vous continuez, vous n'aurez pas votre emploi à
l'université...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. HARDY: ... après votre... M. MORIN: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais...
M. MORIN: ... depuis que le nouveau règlement a été
adopté, en tout cas, je ne sache pas qu'on ait refusé à
des députés le privilège de s'exprimer devant une
commission.
M. TARDIF: Oui, l'an dernier, pour...
M. MORIN: Sur le bill 22 en particulier, où l'on savait fort bien
que nous ferions un "filibuster", où nous l'avions annoncé
officiellement, le gouvernement, sans doute par oubli, par un oubli que
personne ne s'est expliqué à l'époque, semble avoir permis
que cette tradition ne soit pas brisée.
M. HARDY: Vous allez savoir qu'on ne commet pas deux fois la même
erreur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. MORIN: Ce qui était valable pour le bill 22 devrait, à
plus forte raison, s'appliquer dans le cas d'un bill qui touche de si
près à tous les députés. Je ne comprends pas cet
écart par rapport à la tradition, cet écart d'autant plus
lamentable que nous sommes directement touchés, les uns et les autres,
par ce projet de loi. Si j'ai bien compris le député de
Terrebonne, il nous a dit: D'habitude, on tolère, on endure que les
députés qui sont intéressés puissent s'exprimer en
commission parlementaire. Mais, cette fois-ci, pas de blague: II s'agit du
portefeuille. Pas de blague, nous allons aller vite et dur.
M. HARDY: Vingt minutes par article et pour chaque paragraphe.
M. MORIN: M. le Président, je ne veux pas apprendre le
règlement au député de Terrebonne, mais il sait fort bien
qu'en plus de chaque article, chaque paragraphe, il y a également les
amendements, voire même...
M. HARDY: 20 minutes par amendement, c'est encore plus...
M. MORIN: ... les sous-amendements. M. HARDY: Oui.
M. MORIN: Là n'est pas la question... La question, c'est que le
député nous dit que, parce que nous avons annoncé un
"filibuster", on doit rogner les ailes aux députés qui veulent
s'exprimer dans cette commission. Nous avions fait la même
déclaration au sujet du bill 22 et pourtant on avait reconnu à
tous les députés le droit de s'exprimer.
Je ne m'explique pas, très franchement, que le gouvernement ait
changé d'attitude à l'égard de ce projet de loi. A moins,
comme je le disais à l'instant, que ce soit parce que, cette fois-ci, il
ne s'agit pas d'un simple projet de loi qui énonce des principes, mais
d'une loi qui touche aux salaires des députés.
M. le Président, j'aurais plutôt été d'avis
qu'il fallait, coûte que coûte, empêcher les
députés de parler sur le bill 22 s'ils avaient annoncé un
"filibuster", mais que cette fois-ci, il faut permettre à tous les
députés de s'exprimer puisque aussi bien c'est la
réputation de tous les députés qui est en cause, qui est
en jeu.
M. LEVESQUE: C'est plutôt leur rémunération que leur
réputation.
M. MORIN: Ce sont les deux, la rémunération et la
réputation.
M. SAINT-PIERRE: Des fois, la réputation et les chèques
vont ensemble.
M. MORIN: Oui, justement.
M. SAINT-PIERRE: Dans quelques cas, pas tous.
M. MORIN: C'est la raison pour laquelle, comme vient de l'indiquer le
ministre de l'Industrie et du Commerce, j'estime que, comme cela touche les
chèques que reçoivent tous les députés, chaque
mois, et que la population commence à s'interroger sur les montants de
ces chèques, je dis que cela touche à la réputation de
tous les députés.
Je lisais ce matin un editorial qui sera certainement tombé sous
les yeux de tous les députés, ici, qui montre à quel point
notre réputation est en jeu, messieurs, auprès de nos
concitoyens.
M. DESJARDINS: Grâce à qui?
M. MORIN: Je me permets de lire deux ou trois extraits qui vont faire
ressortir ce point. Même le député de Louis-Hébert
comprendra fort bien de quoi je parle quand j'aurai eu le temps de lire les
extraits que voici.
M. DESJARDINS: J'ai compris avant vous, M. MORIN: Vous l'avez lu,
peut-être? M. DESJARDINS: Voilà!
M. MORIN: Très bien. Je vais quand même me permettre de les
citer pour ceux qui n'auraient pas pris connaissance de cet éditorial,
pour ceux qui ne se rendraient pas compte à quel point leur
réputation est en jeu.
M. DESJARDINS: Cela fait écouler le temps.
M. MORIN: Mais il s'agit d'un principe fort
important, je pense que le député de Louis-Hébert
va en convenir. Nous avons toujours ouvert les commissions à tous les
députés et, cette fois-ci, nous allons faire une exception.
Avouez que c'est pour le moins bizarre.
M. DESJARDINS: On ne veut pas être à la merci de votre
conseil national. C'est le Parlement qui mène et non pas le conseil
national du Parti québécois.
M. MORIN: M. le député de Louis-Hébert, savez-vous
ce que c'est qu'un parti démocratique?
M. DESJARDINS: Ah oui! je le sais, parce que les journaux ont dit
que...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plait! Il est assez
difficile.
M. MORIN: Vous avez bien fait d'empêcher le député
de Louis-Hébert d'aller plus loin, M. le Président. Il allait
dire une bêtise qu'il aurait regrettée par la suite.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai invité les deux parties
également...
M. HARDY: Vous voulez garder le monopole des bêtises?
M. MORIN: M. le Président...
M. DESJARDINS: Vous ne pensez pas vraiment ce que vous avez dit
là!
M. MORIN: ... l'éditorial est intitulé: "Ce sera pire
qu'on pense".
M. DESJARDINS: Ah! il parle de vous autres.
M. MORIN: II s'agit de l'éditorial de la Presse de ce matin, qui
est signé de M. Guay. C'est un nom qui est bien connu des
ministériels, mais ce n'est pas celui que vous pensez. C'est un
autre.
M. DESJARDINS: Ce n'est pas le cas de votre parti, vous n'êtes pas
gai...
M. MORIN: "A Versailles peut-on lire dans cet editorial
avant la révolution de 1789, les courtisans comme ce mot est bien
choisi, M. le Président...
M. DESJARDINS: Sur tapis roulant, cela, c'est vous autres.
M. MORIN: ... uniquement préoccupés de leurs revenus
personnels, étaient insensibles aux besoins du peuple".
Voyez-vous comme notre réputation est en jeu?
M. HARDY: Que faisaient les courtisans de Belgique?
M. MORIN: J'avoue ne pas comprendre ce que veut dire le
député de Terrebonne.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. MORIN: S'il y avait là quelque grossière insinuation,
je la lui pardonne. Peu importe.
M. HARDY: Merci, mon père!
M. MORIN: Ne recommencez pas, mon fils!
M. DESJARDINS: II va vous donner la patoche.
M. MORIN: M. le Président, dans cette atmosphère de
confessionnal, puis-je procéder?
M. HARDY: Absolvo te.
M. SAINT-PIERRE: Cela a changé, il y en avait de votre parti qui
disaient: Tu n'as pas fait ça?
M. MORIN: Oui, mais c'est le député qui se confessait.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je veux vous rappeler que vous êtes
sur la motion de l'honorable député de Lafontaine.
M. MORIN: Je le sais fort bien M. le Président. J'étais en
train de plaider que la réputation des députés, et non
seulement des députés mais des ministres également, du
président de l'Assemblée, du premier ministre, c'est notre
réputation à tous et c'est sans doute aussi la réputation
du parlementarisme québécois qui est en cause.
On nous disait donc que les courtisans dansaient, insensibles qu'ils
étaient aux malheurs du peuble." Il en est ainsi actuellement
continue l'éditorialiste au Canada, alors que la pire
récession depuis la crise économique de 1929 est imminente et que
des milliers de travailleurs ont déjà été mis
à pied, alors que l'inflation continue d'appauvrir les citoyens, les
députés veulent hausser leur revenu." Peut-être
commence-t-on à comprendre où je veux en venir. C'est notre
réputation collective et c'est notre réputation en tant
qu'individus, notre réputation à chacun d'entre nous qui sont en
cause.
Se tournant ensuite vers le cas particulier du Québec,
l'éditorialiste ajoute: "Au Québec, devant la résistance
de l'opiniom publique nous aurons des chiffres à vous donner
là-dessus, un peu plus tard cet après-midi car il y a eu des
sondages qui, certainement, ne seront pas passés inaperçus aux
yeux des collègues d'en face et qui montrent à quel point on
se
montre soupçonneux à l'égard des
députés et de l'augmentation qu'ils veulent s'accorder
eux-mêmes M. Robert Bourassa a usé d'un sophisme massue. Il
a soutenu qu'il fallait hausser le traitement des députés pour
attirer les meilleurs sujets." Vous voyez comme notre réputation est en
jeu.
Le premier ministre a semblé dire que la députation
actuelle est minable et que, peut-être, en augmentant les salaires, on
pourrait attirer des sujets plus intéressants, plus au fait des
problèmes de la collectivité. Cela permettrait d'avoir plus de
choix pour créer, par exemple, un nouveau cabinet. Le premier ministre
estime sans doute que le choix qui s'offre à lui, pour la constitution
d'un nouveau cabinet, pour son remaniement ministériel, laisse quelque
peu à désirer. Aussi, il nous laisse entendre que, pour corriger
cette situation, il va falloir augmenter les salaires des
députés. On verra donc un certain nombre de collègues,
dont nous avons pourtant l'habitude et que nous considérons même
avec une certaine "affection" à l'Assemblée, des visages connus,
qui interrompent constamment les débats mais auxquels on se fait,
à l'habitude, on verra disparaître certains de ces visages pour
faire place à des gens plus compétents parce que le salaire sera
plus élevé.
Voilà une première façon dont ce bill touche notre
réputation. Si je comprends bien le premier ministre, la
réputation que nous avons déjà est minable. Nous ne sommes
pas dignes de siéger à cette Assemblée. Déjà
on voit à quel point il devrait être loisible à tous les
députés de venir s'exprimer dans cette commission sur tous les
aspects de ce projet de loi.
Je m'attendrais à ce que certains députés, que
j'aperçois dans le deuxième rang là-bas, puissent
intervenir et dire: "Je ne suis pas si minable que cela, je mérite le
salaire qu'on me paie, je mérite même davantage et, même si
on offrait davantage, je pense que je me représenterais comme
député,
M. DESJARDINS: ... la Comédie française. M. SAINT-PIERRE:
C'est près de Bruxelles.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Ils vont vous donner un chèque là.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Gardez votre sérieux de part...
UNE VOIX: II ne peut pas s'empêcher de rire.
M. HARDY: On a de la misère. M. MORIN: M. le
Président...
M. DESJARDINS: C'est mieux que du Molière, ce que le chef de
l'Opposition fait.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Je prie mes collègues de croire que cette question est
fort sérieuse. Mais si, à l'occasion, ils font quelques bonnes
blagues, dont le député de Louis-Hébert est
spécialiste, par exemple, on ne m'empêchera pas de rire parce que
la tension qui s'installerait dans cette commission deviendrait vite intenable
si nous ne pouvions pas, à l'occasion...
M. SAINT-PIERRE: Rigoler.
M. MORIN: ... rire un peu, oui. Aussi je charge le député
de Louis-Hébert, de me faire rire de temps à autre.
M. DESJARDINS: Comptez sur moi. Je vais rire de vos farces.
M. MORIN: Bien.
M. le Président, j'en reviens toujours à cet
éditorial qui montre à quel point notre réputation risque
d'être entachée par ce bill. Elle l'est déjà, M. le
Président. Nous avons laissé dans la population une très
mauvaise impression; déjà, on s'interroge sur notre
compétence, sur nos qualités, même sur notre
désintéressement à l'égard du poste que nous
occupons. A mon avis, on s'interroge à bon droit. C'est très
mauvais, aux yeux du public, que dans la situation économique actuelle
nous soyons les premiers à régler le problème, qui est
celui de tous les Québécois, ne nous le cachons pas.
L'éditorialiste continue: "II a soutenu il s'agit de M.
Bourassa qu'il fallait hausser le traitement des députés
pour attirer les meilleurs sujets et leur enlever la tentation de la
corruption". M. le Président, serait-ce par hasard, qu'il y aurait parmi
les députés de cette Chambre des membres qui se seraient
laissés tenter par la corruption?
M. SAINT-PIERRE: II y a l'accusé Morin. M. MORIN: Est-ce
que...
M. HARDY: La tentation de se faire payer en double.
M. MORIN: Le ministre devrait savoir ce qu'il en est, il est...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: La tentation...
M. MORIN: ... et il ne devrait pas tenter de créer de diversion
sur une question aussi importante que celle-ci.
M. HARDY: C'est vrai.
M. MORIN: M. le Président...
M. TARDIF: ... à la légère.
M. MORIN: ... à la lecture de cet éditorial, je suis en
train de me demander si le premier ministre ne hausse pas le traitement des
députés qu'à cause des cas de corruption qui ont cours
dans le Parti libéral.
M. DESJARDINS: C'est peut-être pour cela qu'il veut hausser le
vôtre aussi.
M. MORIN: Mais, M. le Président...
M. DESJARDINS: Pour éviter les $1,700.
M.MORIN: ... là encore, le député de
Louis-Hébert me fait rire mais...
M. DESJARDINS: Riez, riez.
M. MORIN: ... je voudrais qu'il garde toutes ses blagues pour la fin,
pour l'instant...
M. DESJARDINS: Faim?
M. MORIN: ... pour que nous puissions rire tous en choeur, M. le
Président, combien de temps me reste-t-il au fait?
M. DESJARDINS: Cinq minutes, je l'ai compté.
M. MORIN: Parce qu'avec toutes ces interruptions j'arrive à
peine...
M. LESSARD: Est-ce le député de Louis-Hébert qui
est le chronométreur?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre ! Il vous reste cinq
minutes.
M. MORIN: A peine.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Excluant les interruptions.
UNE VOIX: Oui, Lulu.
M. MORIN: Excluant les interruptions.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, non, cinq minutes en tout parce que
je tiens compte des interruptions.
M. MORIN: Vous êtes bien aimable.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez un chronomètre?
M. MORIN: Oui, parce que...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai ma montre, mon jugement
également.
M. MORIN: Oui, parce que...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Continuez.
M. MORIN: ... si on m'interrompait trop souvent, M. le Président,
je serais...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): En autant moi...
M. MORIN: ... obligé de vous demander de vous munir d'un
chronomètre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... si vous ne provoquez pas
vous-même, on va tenir compte également...
M. MORIN: Ai-je provoqué qui que ce soit?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai dit "si": c'est conditionnel, dans la
langue française.
M. DESJARDINS: Les rires comptent.
M. LESSARD: Ce n'est pas inscrit au journal des Débats.
M. MORIN: Ce qui me frappe dans l'argumentation du premier ministre,
c'est qu'elle rejaillit sur l'ensemble des membres de cette Chambre. Il semble
donc, si on s'en tient à ses arguments, que, sans une hausse de salaire,
nous sommes tous ouverts à la corruption. M. le Président, si
j'étais député libéral, je protesterais
énergiquement et je viendrais dire devant cette commission que,
même sans une hausse de salaire, je ne suis pas sujet à la moindre
tentative de corruption. Vous voyez à quel point nous sommes en cause.
D'ailleurs, c'est le premier ministre lui-même qui a mis l'ensemble de
ses collègues en cause. Je m'en étonne, d'ailleurs.
L'éditorialiste continue: "Faudra-t-il, alors, doubler le salaire des
dactylos pour qu'elles ne s'enfuient pas avec la machine à
écrire"? C'est une excellente question.
UNE VOIX: C'est drôle.
M. MORIN: Vraiment, messieurs, sans cette augmentation de salaire,
risquons-nous de tomber dans la corruption?
M. DESJARDINS: La pertinence.
M. MORIN: C'est tout à fait pertinent, M. le Président,
parce que j'ai bien dit que l'une des raisons pour lesquelles les
députés doivent pouvoir intervenir à cette commission,
c'est que leur réputation est en cause. L'éditorialiste continue:
"L'honnêteté ne s'achète pas..."
M. DESJARDINS: Regardez ici.
M. MORIN: ... c'est la malhonnêteté qui s'achète. Et
le carriérisme..." Ecoutez ce qui suit.
M. DESJARDINS: Regardez-moi.
M. MORIN: M. le Président, le député de
Louis-Hébert m'invite toujours à le regarder.
M. DESJARDINS: Ce n'est pas contre le règlement.
M. MORIN: M. le Président, le sourire mur à mur du
député de Louis-Hébert, que je trouve par ailleurs fort
sympathique, n'est pas de mise en ce moment. Je préfère
m'adresser à vous, M. le Président, qui êtes resté
beaucoup plus sobre et serein depuis le début de cette
séance.
UNE VOIX: Votre rire est communicatif.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MORIN: M. le Président, écoutez bien la phrase qui
suit. Elle vous montrera à quel point notre réputation est en
cause: "Et le carriérisme qui sévit dans le parti libéral
actuellement ne s'atténuera pas par des hausses de traitement, au
contraire". Vous voyez, M. le Président, à quel point le
député de Lafontaine a eu raison de proposer que tous les
députés puissent venir s'exprimer devant cette commission. Tous
les députés ont intérêt à venir proclamer
publiquement que le premier ministre a eu tort de dire que seul le salaire peut
nous mettre à l'abri de la corruption. Je suis sûr que la
très grande majorité je n'ai pas dit davantage des
députés libéraux ne sont pas des gens corrompus. Il y en a
sûrement dont on ne pourrait en dire autant. Mais il y en a, j'en suis
sûr qui, même avec le salaire qu'ils ont actuellement, qu'ils
trouvent insuffisant, s'arrangent pour vivre avec ce salaire sans donner la
moindre prise à la corruption. D'ailleurs, ils savent à quel
point c'est dangereux aujourd'hui. Ils savent à quel point les
parlementaires ont l'oeil ouvert. Ils savent à quel point l'Opposition
suit les moindres signes de corruption. Ils savent à quel point aussi
nous faisons preuve de retenue dans les enquêtes que nous faisons faire.
Je connais des députés qui n'ont pas eu à se plaindre de
l'Opposition parce que l'Opposition, avant d'ouvrir un dossier au public,
attend d'en être absolument certaine.
Vous venez de me signifier qu'il ne me reste qu'une minute.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, c'est cela.
M. LESSARD: Le député de Louis-Hébert le confirme
d'ailleurs.
M. MORIN: Ecoutez bien la dernière phrase que je vais citer de ce
long éditorial dont je recommande la lecture à tous mes
collègues libéraux: "Cette attitude des hommes politiques
explique bien des choses. Ils ne se sont pas, par exemple, triturés les
méninges depuis deux ans pour trouver des solutions à
l'inflation. Celle-ci ne les inquiétait guère. M. Trudeau
soutenait que l'inflation venait de l'étranger. C'est tout de même
une immigrante qui a soulevé moins d'objections que les Haïtiens de
la part du gouvernement d'Ottawa. Maintenant, en plus de l'inflation, il y a la
récession."
M. le Président, il y a en effet la récession et cela
devrait conditionner notre réaction à ce projet de loi. Je vois
que, pour une fois, le député de Louis-Hébert ne rit pas;
il se rend...
M. DESJARDINS: II fait rire...
M. MORIN: ... compte à quel point c'est sérieux. La
question de l'augmentation des salaires se pose dans le contexte de la
"stagflation", c'est-à-dire de la stagnation du produit national brut
qui est en passe de glisser sous le zéro, cette année, et d'une
inflation qui va dépasser 10 p.c.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Votre
temps est terminé.
M. DESJARDINS: C'est dommage. M. MORIN: Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je n'aurais jamais cru, au début de cette commission,
qu'il aurait été nécessaire de proposer la motion qui a
été proposée tout à l'heure. Et je trouve mesquin
de la part du gouvernement d'empêcher les députés de
s'exprimer sur un projet de loi qui les concerne personnellement. Je
m'explique. Pour empêcher combien de députés de parler?
UNE VOIX: Pas beaucoup.
M. ROY: Trois ou quatre. Et on va prendre deux heures, cet
après-midi, trois heures, quatre heures pour disposer d'une motion?
Même si on ne prend qu'une heure et demie, c'est déjà trop
pour discuter d'une motion.
J'estime qu'il n'aurait été que normal, nonobstant
l'opinion des ministériels comme des opposionnistes, qu'ils puissent
s'exprimer chacun librement, sur n'importe quel article de ce projet de
loi.
Il y a quand même des choses qui sont acceptables, mais d'autres
qui ne le sont pas. La position que j'ai prise relativement au salaire des
députés est connue. Même si on a dit en pleine Chambre,
à un certain moment, que nous étions vendus à
l'augmentation de salaire, je tiens à le dire tout de suite, pas pour
les chastes oreilles de celui qui a prononcé les mots et par rapport
à son esprit très pudique, mais je le dis à l'endroit de
tous les autres membres de la commission, il y a la reconnaissance des
tiers
partis, chose que nous avions demandée dès le début
de la nouvelle session, et qui est incluse dans le projet de loi. Même si
c'est dans le projet de loi, même si ces amendements nous avaient
été donnés il y a six ou huit mois et même si le
gouvernement avait proposé une motion visant une majoration des salaires
des députés, j'aurais été également
d'accord, mais d'accord pour une indexation raisonnable je l'ai bien dit
pas ce que je trouve dans le projet de loi.
Je me demande si nous sommes des gens responsables. Parfois, je suis
porté à me poser cette question. A Ottawa, le projet de loi a
été déposé, et il a été
retiré. Pourquoi? Parce qu'ils ont demandé qu'il y ait des
rencontres entre les partis politiques et qu'on découvre, à un
certain moment, un dénominateur commun ou qu'il y ait un
consensus...
M. HARDY: A ce moment, votre salaire serait trop
élevé.
M. ROY: Un instant! Je ne vous ai pas interrompu tantôt,
même si vous avez dit des sottises. Je dis qu'il y aurait
possibilité de le faire encore. Je me pose la question suivante à
l'heure actuelle: Jusqu'où cela nous conduira-t-il? Le gouvernement
aura-t-il le culot je dis bien le culot, mon mot peut être
audacieux aura-t-il l'audace de présenter une motion de
bâillon afin de limiter le débat sur cette question? C'est la
première question que je me pose.
Verriez-vous le gouvernement de la province de Québec imposer une
motion de bâillon pour faire passer, obligatoirement, l'augmentation de
salaire des députés? Verriez-vous cela d'ici?
M. MORIN: Cela n'est pas exclu.
M. ROY: Et ce n'est pas exclu, je le sais. Mais d'un autre
côté, voyez-vous les parlementaires je m'excuse
auprès du chef de l'Opposition, il y a deux côtés à
une médaille faire un filibuster de deux mois pour discuter de
cette question?
Le chef de l'Opposition dit que ce n'est pas impossible de faire un
filibuster de deux mois pour discuter de cette question, parce que le
gouvernement ne présente pas cette motion de bâillon. Pour ce
projet de loi qui coûte brut, parce que je l'ai calculé, $835,000
au trésor provincial, dont le gouvernement va récupérer
$350,000 annuellement par les déductions à la source, qui
coûterait net à peu près $485,000 à la province,
verriez-vous les parlementaires faire un débat de deux mois qui
coûterait $2 millions en frais...
M. HARDY: Les péquistes sont capables de faire cela.
M. ROY: ... aux contribuables pour en discuter?
M. HARDY: Les péquistes sont capables de faire cela.
DES VOIX: Ils ne savent pas compter. M. HARDY: Vous ne les connaissez
pas. M. MORIN: Pour une question de principe. M. ROY: II y a deux
côtés à une médaille.
M. MORIN: Elle va s'appliquer pour des années, cette
augmentation.
M. ROY: C'est ridicule.
M. DESJARDINS: Qui a la parole?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. ROY; Si vous voulez mon opinion, M. le Président, c'est
ridicule, complètement ridicule. Si on est rendu à un point, M.
le Président, où il faut se chercher des poux pendant des
semaines, voire même des mois, pendant que les éléphants
passent! C'est le cas de le dire, il y a des éléphants qui
passent actuellement, puis il y en a beaucoup, parce qu'il y aurait des projets
de loi qui seraient drôlement importants pour l'avenir du Québec.
On va prendre deux mois et on va dépenser $2 millions pour discuter
d'une mesure qui coûte $485,000, alors qu'on n'est même pas capable
à un moment donné, de former un comité entre les partis
pour qu'on se réunisse et que nous en discutions.
M. HARDY: On en a créé un.
M. ROY: Moi, j'aurais été en faveur qu'on accepte le
principe de l'indexation. Je l'ai dit; c'est la raison pour laquelle j'ai
empêché le projet de loi d'être présenté la
première journée, lorsque le gouvernement a voulu appeler le
projet de loi en première lecture, alors qu'il était inscrit au
feuilleton. J'ai tendu une perche au gouvernement, j'ai tendu la ligne au
gouvernement, en disant : Etant donné que nous sommes consultés
personnellement, il devrait y avoir une rencontre entre les partis, avant que
le gouvernement présente son projet de loi en première lecture,
le lendemain. M. le Président, j'ai attendu vraiment toute la
journée. Je pensais que le gouvernement saisirait l'occasion de le
faire. Je le croyais réellement et sincèrement. Le lendemain, je
ne pouvois plus, évidemment, empêcher le dépôt du
projet de loi en première lecture. Comme je n'étais pas au
courant de tous les détails et de tout ce qu'il y avait dans le projet
de loi, j'ai appuyé le dépôt en première lecture.
Lors du dépôt en première lecture, on accepte que le projet
de loi soit déposé. Ce n'est pas le vote sur le principe du
projet de loi, comme c'est interprété, malheureusement. Je pense
qu'il est bon que cela se
dise, à un moment donné, et que cela se
répète, parce que je pense que c'est oublié trop souvent.
Ce n'est pas voter pour un projet de loi quand on vote en première
lecture; on accepte que le projet de loi soit déposé.
M. HARDY: C'est vrai.
M. ROY: Le principe est en deuxième lecture. Il y a une limite
pour charrier auprès de la population et colporter ce genre de
nouvelles. Les gens sont déjà suffisamment mêlés, je
pense qu'on devrait avoir assez d'éthique professionnelle, assez de
conscience professionnelle pour dire exactement ce qu'il en est.
M. SAINT-PIERRE: Cela paraît bien.
M. ROY: Je pense que cela devrait se faire de cette
façon-là.
Mais regardez dans quelle situation vous êtes placés
actuellement. Vous avez le choix entre une motion de bâillon pour imposer
la loi du salaire des députés ou en discuter pendant deux mois et
dépenser $2 millions du trésor public pour faire perdre le temps
des parlementaires, comme je le disais tantôt, pour discuter des poux,
pendant que les éléphants vont passer. Qu'est-ce que vous allez
faire?
M. HARDY: Qu'est-ce qu'on fait?
M. ROY: Voici ce que je vous suggère, M. le Président:
qu'on organise donc une rencontre entre les parlementaires et les
représentants de chacun des partis, étant donné que cela
nous concerne.
M. DESJARDINS: Cela a été fait.
M. ROY: Non, cela n'a pas été fait. On n'a jamais
été consultés, en ce qui nous concerne. On a
été consultés devant la commission qui a été
formée pour étudier la question, puis on n'a jamais
été...
M. HARDY: Le pire, c'est qu'il se croit.
M. ROY: ... consultés. Le gouvernement a préparé
son projet de loi à la cachette. Le gouvernement a préparé
son projet de loi sans nous en dire un mot. Je ne savais pas ce qu'il y avait
dans le projet de loi avant...
M. LESSARD: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. ROY: Oui, certainement.
M. HARDY: Vous pensez qu'on va vous croire?
M. LESSARD: Est-ce que vous avez été consulté aussi
sur l'article 8, paragraphe 3?
M. ROY: C'est quoi, cela?
M. LESSARD: Concernant le fait que vous recevez le salaire du leader
parlementaire et que votre chef reçoit le salaire de chef...
M. HARDY: $30,000.
M. ROY: Nous l'avions demandé au début de l'année
et le gouvernement nous avait dit, à ce moment...
M. LESSARD: Ah! vous le demandiez, pour le salaire?
M. ROY: Ce n'était pas le salaire qu'on avait demandé.
Nous avons demandé la reconnaissance de notre parti, de façon
à avoir nos droits comme parlementaires, le droit de parole à
l'Assemblée nationale, de façon à avoir le personnel dont
nous avions besoin, de façon à avoir les locaux dont nous avions
besoin, de façon à avoir les services gouvernementaux dont nous
avions besoin et je ne serai pas hypocrite à avoir
également les traitements qui y sont rattachés.
UNE VOIX: Cela me surpendrait.
M. ROY: Non, je ne serai pas hypocrite, je vais être bien franc,
mes électeurs me jugeront... parce que nous en avions besoin. Nous avons
quand même des responsabilités qui entraînent pour nous
toutes sortes d'obligations en dehors de nos comtés. Je les ai
assumées à mes frais, jusqu'à maintenant, parce que nous
n'avons pas de caisse électorale, nous, et je n'ai pas honte de le dire
non plus. C'étaient des charges qui étaient trop
onéreuses, je le dis en toute franchise et sans fausse modestie.
Nous avions demandé le tout dans cette question et nous avons
appris... Je vais être bien franc encore: Je n'étais pas au
courant que notre reconnaissance était dans le projet de loi avant de
l'ouvrir, tellement nous avons été consultés par le
gouvernement.
Je n'étais même pas au courant que notre reconnaissance
était dans le projet de loi. Je n'étais même pas au
courant. Je l'ai appris en ouvrant le projet de loi.
M. HARDY: Votre caucus...
M. ROY: Cela vous démontre jusqu'à quel point on a
été consultés.
M. HARDY: Votre caucus...
M. ROY: J'ai été franc tantôt. Non, non! je vais
être franc sur toute la ligne et je n'ai aucune fausse pudeur.
M. LESSARD: Vous êtes reconnu financièrement et non pas
comme parti.
M. ROY: On est reconnu, jusqu'à présent... Non, non, j'ai
fait vérifier et j'ai eu des avis juridiques à ce sujet. On est
reconnu comme parti.
M. LESSARD: Comme parti, maintenant?
M. ROY: Comme parti...
M. LESSARD: A l'Assemblée nationale?
M. ROY: ... parce que c'est le même projet de loi et les
mêmes articles qu'on retrouvait dans l'ancienne loi. C'est exactement la
même chose, ni plus, ni moins. Bon. Ce n'est pas seulement une
reconnaissance financière. Si cela avait été une
reconnaissance financière...
M. DESJARDINS: Qui avez-vous consulté?
M. ROY: ... j'aurais eu quelque chose à dire là-dessus.
J'aurais eu quelque chose à dire là-dessus.
M. MORIN: Ce n'est pas Me Desjardins que vous avez consulté par
hasard?
M. ROY: Non, non.
M. DESJARDINS: J'aurais fait ça bénévolement.
M. ROY: Est-ce que c'est par crainte...
M. LESSARD: Quelle est l'opinion juridique de Me Desjardins?
M. ROY: ... de conflits d'intérêts?
M. DESJARDINS: Par amitié pour vous.
M. LESSARD: Quelle est l'opinion juridique de Me Desjardins?
M. DESJARDINS: En temps et lieu.
M. ROY: En tout cas, on pourra revenir sur cette question parce qu'il y
a des choses que nous aurons à discuter lorsque nous serons rendus
à étudier article par article. Mais, de grâce, ne perdons
donc pas notre temps et ne nous organisons donc pas pour passer aux yeux de la
population de la province de Québec...
M. DESJARDINS: ... nord?
M. ROY: Ne nous organisons donc pas pour perdre, aux yeux de la province
de Québec, la crédibilité qu'il reste à
l'Assemblée nationale. Je pense, M. le Président, qu'on devrait
faire une tentative, à ce moment-ci... Je l'ai dit au ministre des
Affaires... culturelles? Est-ce ça? Le député de
Terrebonne...
M. HARDY: Vous vous en venez drôle là! M. ROY: ... cela je
suis sûr.
M. HARDY: Vous êtes en train de devenir drôle !
M. ROY: Cela je suis sûr, le député de
Terrebonne.
M. HARDY: J'ai lu la loi du ministère avant d'assumer le
poste.
M. ROY: ... pour voir jusqu'où... M. LESSARD: Vous l'avez
lue?
M. HARDY: Oui. J'ai lu la loi du ministère comme j'avais lu la
Loi de la Législature avant d'être député!
M. LESSARD: Ce n'est pas ça que vous avez dit à Lise
Payette.
M. ROY: ... pour voir jusqu'où nous allons. Est-ce que nous nous
dirigeons vers une motion de bâillon ou un "filibuster" de deux mois?
M. DESJARDINS: Que suggérez-vous?
M. ROY: Je l'ai faite, ma suggestion, tantôt.
M. DESJARDINS: C'est quoi?
M. ROY: Qu'on se rencontre, les différents partis politiques et
qu'on examine la question pour voir s'il n'y a pas possibilité d'en
venir à un compromis acceptable.
M. DESJARDINS: On se rencontre là.
M. ROY: Quand la rencontre aura eu lieu, s'il n'y a pas
possibilité d'en venir à un compromis acceptable de part et
d'autre, à ce moment-là on prendra chacun ses
responsabilités. Cela n'a pas été fait et j'estime que
c'est une tentative qui devrait être faite à ce moment-ci.
D'ailleurs, je n'aime pas prendre les exemples du gouvernement
fédéral mais je dis qu'ils l'ont fait. Et je pense que cela a
été une mesure assez sage de leur part.
M. MORIN: Mais il vaut mieux que cela se passe en public, vous ne
trouvez pas?
M. ROY: Pour éviter qu'on se fasse du petit capital politique de
part et d'autre sur cette question...
M.HARDY: Ah! Ah!
M. ROY: ... qu'on fasse donc une rencontre privée pour commencer.
Et, quand on se sera entendu ou qu'on ne se sera pas entendu, on rendra
publiques nos discussions, nos délibérations.
Remarquez bien que la tentation serait très grande pour moi, je
l'ai la tentation moi aussi parce que je ne fais pas partie de
l'équipe ministérielle, je fais partie de l'Opposition de
saisir l'occasion pour faire le procès du gouvernement. Mais je ne
reviendrai pas sur les propos
que j'ai tenus l'an passé au mois de juin, que j'ai tenus devant
la commission qui a siégé et que j'ai tenus devant
l'Assemblée nationale à ce moment-ci. J'ai dit que ce serait
dénué de toute partisanerie politique et ce serait en toute
objectivité qu'on examinerait cette question. Il n'est pas question,
pour moi, de revenir sur cette question.
Mais la petite partisanerie politique et le petit capital politique
qu'on fait autour d'une question comme celle-là n'a pas sa raison
d'être chez des gens responsables, avec des gens responsables.
M. LESSARD: M. le Président...
M. ROY: M. le Président, je vais être obligé
d'appuyer la motion du député de Saint-Jacques parce que je dis
et je termine là-dessus qu'il faut permettre à tous
les députés de s'exprimer sur cette question, sans obstacle, sans
entrave envers qui que ce soit. On prendra le temps qu'il faut et la population
nous jugera.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, on pourrait être d'accord
avec le député de Beauce-Sud lorsqu'il dit que, normalement, on
devrait permettre à tous les députés de s'exprimer sur le
projet de loi qui est devant nous. Enfin, on voudrait souhaiter que, dans
l'étude de tous les projets de loi, chaque député puisse
faire un apport constructif pour améliorer l'ensemble de nos lois.
L'article 148 d'ailleurs permet à la commission d'élargir
le nombre de ses membres pour avoir des points de vue différents. Mais,
dans ce cas-ci, la règle normale ne s'applique pas puisqu'une partie de
l'Opposition a exprimé, d'une façon très évidente,
qu'elle ne veut pas faire un apport positif au projet de loi. Elle veut
empêcher le déroulement du projet de loi, c'est-à-dire la
volonté de la majorité des parlementaires de s'exprimer.
Enfin, on veut faire une caricature d'institutions parlementaires fort
importantes comme les commissions plénières qui se situent
à un moment très précis dans l'étude d'un projet de
loi. On veut en faire une caricature au profit, il me semble, d'une
partisanerie de bas étage pour tenter indûment d'arrêter le
processus parlementaire.
Le chef de l'Opposition, hier, en Chambre, soutenait qu'à la
suite des accusations précises qui ont été portées
contre lui, c'était l'institution du chef de l'Opposition officielle qui
était en jeu. On pourrait peut-être lui demander si, par la
façon délibérée qu'on a de retarder les travaux de
la Chambre, on ne met pas en jeu, par un processus de bas étage, des
institutions aussi importantes que la participation de plusieurs parlementaires
autour d'une table.
M. MORIN: Puis-je poser une question au ministre, M. le
Président?
M. SAINT-PIERRE: Non, après. Enfin, M. le Président, le
projet de loi que nous avons est différent d'autres que nous avons eus
dans le passé. Lorsque nous avons parlé du projet de loi sur les
circonscriptions électorales, il est évident que chacun des
députés pouvait nous donner un apport. Chacun des
députés, dans la délimitation des circonscriptions
électorales, pouvait faire valoir des points de vue qui auraient pu
échapper même à une commission d'étude, même
à une commission d'experts qui s'étaient penchés sur cette
question.
Le projet de loi que nous avons devant nous a, finalement, simplement
deux buts. Il a bien sûr, dans un premier temps, celui d'augmenter les
émoluments payables aux députés et, dans un
deuxième temps, il tente d'y associer une forme d'indexation.
Sur ces deux points particuliers, tous les membres de l'Assemblée
nationale ont eu l'occasion, en deuxième lecture, de s'exprimer. Tous
les gens auraient pu dire s'ils étaient d'accord, pas d'accord, pour
quelle raison ils étaient d'accord, pour quelle raison ils
n'étaient pas d'accord. D'ailleurs, tous les gens de l'Opposition
officielle se sont exprimés sur ce projet de loi et plusieurs des
ministériels l'ont fait.
Mais dans l'atmosphère où nous sommes actuellement,
c'est-à-dire dans le temps où nous sommes actuellement et
après avoir fait des démarches, quand même, qui ne sont pas
d'hier, on reproche au gouvernement d'avoir mis de l'avant le projet de loi
à la fin de la session. Il faudrait peut-être lui dire qu'il
aurait dû mettre sur pied la commission Bonenfant avant même les
dernières élections, pour permettre à celle-ci de bien se
pencher sur le problème. Il y a quand même une période de
temps raisonnable qui a été donnée à la commission
Bonenfant, une période de temps raisonnable qui a été
donnée à toutes les parties, incluant le gouvernement qui est
responsable de faire la législation, pour présenter un projet de
loi. On sait que sur certains points, il déroge aux recommandations du
rapport Bonenfant, il reste en-deça, et le gouvernement arrive avec un
projet de loi.
Je ne suis pas d'accord avec le député de Beauce-Sud que
ceci devrait donner lieu à des tractations. En fait, si le
fédéral doit imiter la province, c'est bien dans ce secteur. Je
trouve que nous avons une approche beaucoup plus logique en confiant un
problème aussi délicat, comme nous l'avons dit en deuxième
lecture, à un groupe d'experts auquel les gens de l'Opposition,
même, ont été invités à donner des noms. A ma
connaissance, Mme Rousseau avait reçu l'acceptation du Parti
québécois. C'est un rapport unanime, et la position du
gouvernement, pour différentes raisons, sur les deux points, reste
en-deça des recommandations du rapport Bonenfant.
Tous les députés ont pu s'exprimer en deuxième
lecture, M. le Président, et, normalement, s'il n'y avait pas d'une
façon ouverte de la part de l'Opposition cette indication qu'elle veut
caricaturer une institution aussi importante que la commission parlementaire,
qu'elle veut faire perdre le temps des parlementaires pour nous empêcher
de progresser dans ce projet de loi, s'il n'y avait pas une telle condition,
bien sûr, on serait ouvert pour que tous les gens puissent participer,
tous les parlementaires puissent apporter une contribution. Mais en
cédant à l'invitation que l'article 148 nous permet de faire, on
sait bien qu'on ne donne pas un apport positif au projet de loi. On va
simplement permettre que sur chaque amendement, sur chaque article, sur chaque
paragraphe, six députés au lieu des trois que vous avez à
la commission vont pouvoir s'exprimer.
On sait, M. le Président, qu'il n'y aura pas un iota de positif
qui sera apporté. On sait, comme on en a eu l'exemple à plusieurs
reprises dans le passé, que c'est simplement le temps des parlementaires
qui va être perdu. On sait, comme le soutenait le député de
Beauce-Sud, que c'est la note pour l'ensemble de la fonction publique,
l'ensemble du gouvernement qui va être plus élevée pour
faire adopter un projet de loi que la majorité des parlementaires a
trouvé raisonnable.
Dans ces conditions, M. le Président, je pense que la commission
serait sage, comme le lui permet l'article 148, paragraphe 1 de nos
règlements, de s'opposer à ce que ceux qui ne sont pas membres de
la commission puissent parler.
M. MORIN: M. le Président, j'avais une question à poser au
ministre. Il m'a demandé d'attendre la fin de son exposé. Je
voudrais maintenant, avec votre permission, la lui poser; elle est très
courte. Le ministre nie-t-il que l'obstruction systématique ce qu'on
appelle quelquefois en jargon le "filibuster", soit également une
institution parlementaire? Deuxièmement, peut-il nier que le Parti
libéral lui-même a eu souvent recours à cette tactique
quand il était dans l'Opposition lorsque, à son avis, il se
trouvait devant un projet de loi qui mettait en jeu des principes
importants?
M. SAINT-PIERRE: Oui, M. le Président, mais lorsqu'il y a une
déclaration d'intention d'un "filibuster", de retarder les travaux de la
Chambre, je pense qu'on est très magnanime peut-être qu'on
aura l'occasion, dans les prochains mois, de le montrer mais pas au
point de vous faciliter la tâche. Je ne pense pas qu'il soit de la
responsabilité du gouvernement de permettre qu'on alourdisse
indûment le processus parlementaire, qu'on permette indûment
à quelques députés l'Opposition officielle
de retarder les travaux de l'ensemble du Parlement.
M. MORIN: Mais admettez-vous je vous pose une question directe,
cela va être très court que ce soit une institution
parlementaire?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous permettez une
question?
UNE VOIX: Une dernière.
M. MORIN: II a eu beaucoup de gentillesse...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je ne voudrais pas que vous vous serviez
des questions pour revenir à des droits de parole. Je demande votre
collaboration la plus étroite, vous avez eu le temps de parler, vous
aurez amplement le temps de parler.
M. MORIN: Vous l'avez, ma collaboration, et je vais poser ma question de
façon très concise. Le ministre reconnaït-il que le
"filibustering" est une institution parlementaire qu'on retrouve dans tous les
Parlements? Et reconnaît-il que le Parti libéral lui-même y
a eu recours dans le passé? Pour le reste, il fera ce qu'il voudra de
notre "filibustering"; je lui pose cette question parce qu'il a semblé
dire qu'on allait jeter du discrédit sur le système
parlementaire.
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est vrai.
M. MORIN: Or, le "filibusterint" en fait partie.
M. SAINT-PIERRE: Quand on en abuse, oui.
M. MORIN: C'est vous qui êtes juge de cela? M. LESSARD: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Je voudrais prendre quelques minutes pour parler sur la
motion du député de Lafontaine. Comme le disait le
député de Beauce-Sud, je pense qu'il ne nous aurait pas
été nécessaire de présenter cette motion. Au
contraire, je pense que le parti ministériel aurait dû,
lui-même, proposer cette motion.
J'ai entendu deux argumentations qui étaient basées sur le
fait qu'il ne fallait pas, à cette commission parlementaire, perdre
notre temps. Ce fut l'argumentation du ministre des Affaires culturelles comme
une partie de celle du député de Beauce-Sud.
Lorsque les députés augmentent leur salaire, il y a quand
même une certaine forme de négociation qui doit se faire avec
l'opinion publique. En effet, quand des journaliers, des ouvriers
négocient une conven-
tion collective, il y a une période de temps assez importante de
négociations et je ne sache pas que ces négociations soient
inutiles. Il est vrai que nous avons démontré, affirmé que
nous allions faire une opposition systématique à ce projet de
loi. Si nous l'avons fait, c'est parce que nous voulons, ici, à cette
commission parlementaire, qu'on nous justifie au préalable la
nécessité d'augmenter les salaires des députés.
Il me semble que la négociation, les ministériels,
actuellement, vous la faites avec l'Opposition. L'Opposition représente,
je pense, ici actuellement, l'opinion publique et, à ce que je sache,
l'opinion publique ne s'est pas déclarée, je pense, favorable
à l'augmentation du salaire des députés.
C'est ce qui explique notre détermination à faire un
"filibustering". A ce que je sache, l'opinion publique est derrière
l'Opposition dans cette négociation. Puis-je vous rappeler simplement un
sondage Gallup qui a été publié dans le journal Le Soleil
du lundi, 23 décembre, qui nous prouve que, pour le gouvernement
provincial, 41 p.c. de la population affirmaient que le salaire des
députés était trop élevé? 5 p.c. seulement
de la population affirmaient que le salaire des députés
n'était pas assez élevé. 34 p.c. de la population
affirmaient que le salaire des députés provinciaux était
satisfaisant, et 20 p.c. étaient indécis.
Donc, ce sondage nous confirme que l'opinion publique n'est pas d'accord
sur la loi que vous présentez. Je l'affirme à partir des
sondages. C'est pourquoi nous voulons qu'à cette commission
parlementaire les députés puissent se faire entendre, nous
exposer pourquoi ils sont d'accord sur l'augmentation des salaires,
malgré le fait que l'opinion publique est endormie à cause de la
période des Fêtes dans laquelle on passe cette loi.
M. HARDY; D'après vous, les gens dorment tout le temps; ils
dorment l'été, l'hiver, le printemps. Quand sont-ils
réveillés?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LEGER: En été,
ils sont partis.
M. DESJARDINS: Le député me permet-il une question?
M. LESSARD: Certainement.
M. DESJARDINS: Voici. Vous avez mentionné que vous faisiez un
"filibustering" pour alerter l'opinion publique. Or, vous venez de mentionner
que l'opinion publique est déjà contre l'augmentation. Alors
pourquoi un "filibustering"?
M. LESSARD: M. le Président, nous voulons aussi que l'opinion
publique réagisse; l'opinion publique a réagi en vertu du sondage
qui nous est exposé dans le journal Le Soleil, du lundi 23
décembre. Nous voulons être un peu votre conscience; nous
voulons...
M. DESJARDINS: II est obligé de rire. UNE VOIX: Pauvre lui!
M. SAINT-PIERRE: Le député me permet-il une question?
M. LESSARD: Certainement.
M. SAINT-PIERRE: Vous étiez professeur; savez-vous que 95 p.c.
des gens trouvent que les professeurs ne travaillent pas assez longtemps, en
ayant quatre mois de vacances l'été? Voulez-vous qu'on change les
lois pour cela?
M. LESSARD: Quatre mois, vous charriez un peu mais enfin...
M. HARDY: C'est prouvé.
M. LESSARD: ... cela, c'est une autre histoire. Quand les professeurs
ont eu à négocier avec, pas ce gouvernement, mais l'autre
gouvernement libéral, on nous a posé certaines exigences comme
enseignants. Comme députés, l'opinion publique pose aussi
certaines exigences. Nous voulons savoir des députés, en
présentant cette motion, quelle est par exemple l'opinion de chacun des
députés; cela nous touche de façon
particulière...
M. HARDY: Ils vont voter.
M. LESSARD: ... cela nous touche directement. Par exemple, on a
parlé de l'absentéisme à l'Assembléée
nationale; il serait bon de savoir du député de Dorion, qui n'est
pas membre de cette commission parlementaire, pourquoi il s'est absenté
aussi longtemps, aussi souvent à l'Assemblée nationale.
M. HARDY: Ce n'est pas pertinent, il n'y a aucun article...
M. LESSARD: M. le Président, il serait bon de le savoir; de le
savoir du député de Gouin, par exemple; il serait bon de
connaître l'opinion du député de Bonaventure sur ce projet
de loi. Est-ce que le député de Bonaventure calcule que, selon
son assiduité à l'Assemblée nationale, il devrait
normalement avoir une augmentation?
M. HARDY: II gagnerait plus cher avec sa pension.
M. LESSARD: C'est pourquoi, M. le Président...
M HARDY: II gagnerait plus cher avec sa pension.
M. SAINT-PIERRE: Bonaventure, il est là tout le temps.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président. D'accord, mais il serait
bon de savoir du député de Bonaventure qu'elles sont...
M. DESJARDINS: M. le Président, ce n'est pas pertinent.
M. LESSARD: Oui, c'est pertinent.
M. DESJARDINS: Ce n'est pas pertinent.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Louis-Hébert, question de...
M. DESJARDINS: Le député attaque des députés
qui sont absents ou qui n'ont pas droit de parole à la présente
commission et il interprète leur absence. Peut-être, s'il allait
voir aux documents qui sont signés, lorsque le député va
chercher son chèque l'absence serait-elle justifiée. Il n'a pas
le droit...
M. LESSARD: C'est justement...
M. DESJARDINS: ... d'interpréter leur absence, M. le
Président.
M. LESSARD: C'est justement ce que je veux savoir, M. le
Président, je voudrais que le député...
M. DESJARDINS: Ce n'est pas pertinent dans le débat.
M. LESSARD: ... les seules personnes qui ont le droit de parole...
M. DESJARDINS: C'est une motion. Un instant, je n'ai pas fini ma
question de règlement.
M. LESSARD: Oui.
M. DESJARDINS: Prenez un bon verre d'eau là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable député
de Louis-Hébert.
M. DESJARDINS: On est sur une motion pour permettre ou pas. M. le
Président, on est sur une motion, on n'est pas sur le fond là.
Sur cette motion, il ne peut pas interpréter l'absence des
députés; c'est une motion à savoir si on permet à
tous les députés d'adresser la parole en cette commission. On
n'est pas sur le fond; alors il n'a pas le droit, sur cette motion,
d'interpréter l'absence des députés en Chambre.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je demanderais au député de
Saguenay de ne pas l'interpréter, mais je ne pourrai pas lui demander de
ne pas mentionner les députés qui, normalement, sont absents,
étant donné qu'il voudrait les faire comparaître et leur
donner le droit de parole devant cette commission.
M. SAINT-PIERRE: Bonaventure, il est toujours là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense que l'argumentation est tout
à fait valable...
M. LESSARD: Bonaventure?
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... et je demande au député de
Saguenay...
M. SAINT-PIERRE: II ne sait même pas le nom des
députés, cela fait cinq ans qu'il est là. Bonaventure, il
est toujours là.
M. LESSARD: Pas Bonaventure, je m'excuse, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: Alors, rétractez-vous.
M. LESSARD: Je me rétracte, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. SAINT-PIERRE: Voyez-vous, il ne sait même pas le nom de ses
collègues. Et il voudrait nous faire la loi.
M. LESSARD: C'est parce qu'il vient tellement peu souvent.
M. SAINT-PIERRE: Bonaventure, il est toujours là.
M. LESSARD: Je voulais parler de M. Bona Arsenault, député
de Matapédia. Je m'excuse.
M. DESJARDINS: Ne parlez pas contre mon client.
M. LESSARD: Je dis, pour répondre à l'argumentation qu'a
tenté de faire le député de Louis-Hébert, que c'est
justement pour permettre à ces députés de venir faire
leurs représentations auprès de la commission que nous avons
présenté cette motion. C'est justement pour permettre au
député de Matapédia, par exemple, de venir expliquer
pourquoi il est obligé de s'absenter de l'Assemblée nationale.
C'est justement pour permettre au député de Matapédia de
venir nous dire pourquoi il serait, lui, d'accord sur l'augmentation des
salaires. Je pense que c'est tout à fait normal cette demande qui est
faite par l'Opposition. Dans cette commission parlementaire, il y a un seul
représentant du Ralliement créditiste. L'article 8, par exemple,
troisièmement...
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, l'honorable député de
Rouyn-Noranda, sur une question de règlement.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
regrette, mais pas deux poids, deux mesures.
M. SAMSON: On n'a pas le droit de parler à ma place.
M. HARDY: Ceux qui ne sont pas membres de la commission, même
s'ils ont voté pour le projet de loi, n'ont pas plus le droit de parler
ici.
M. SAMSON: Invoquez le règlement, à ma place, et dites-lui
qu'il n'a pas le droit de parler à ma place.
M. LESSARD: Non, mais c'est justement... M. SAMSON: Je lui donne le
droit de parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: Je ne voudrais pas être dans l'obligation de parler
à la place du député de Rouyn-Noranda. Je voudrais que le
député de Rouyn-Noranda vienne nous expliquer, M. le
Président, pourquoi il est d'accord sur l'article 8,
troisièmement, qui lui accorde le même salaire qu'un chef de parti
reconnu. J'aimerais, M. le Président, que le député de
Rouyn-Noranda vienne nous expliquer cela. J'aimerais et je pense que
c'est normal
M. SAINT-PIERRE: En deuxième lecture, il vous a dit que lui, ce
n'est pas une...
M. LESSARD: Non, en commission parlementaire, il s'agit de cette motion
qui n'a pour but que de faire entendre les témoins, les personnes
impliquées. Et je pense que les personnes qui sont impliquées
dans ce projet de loi, qui sont directement impliquées dans ce projet de
loi, ce sont d'abord, je pense, les députés. Et je trouve
absolument décourageante la position du ministre des Affaires
culturelles lorsqu'il s'oppose à cette motion. Il me semble que ce
serait tout à fait normal que l'on prenne quelque temps, un certain
nombre d'heures pour entendre les députés et voir si ces
salaires-là sont justifiés. Je voudrais répondre, mais
j'en douterais, je regrette.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Prenez votre temps.
M. LESSARD: Je voudrais répondre. Je ne le prendrai pas au
complet, mais si un député décide d'intervenir, je pourrai
toujours lui répondre.
M. le Président, de quoi a-t-on peur? On a peur de quoi lorsqu'on
s'oppose à cette motion? On a peur tout simplement que les trois autres
députés de l'Opposition puissent intervenir. Et tout à
l'heure, on mettait en doute le droit, je pense, de l'Opposition de faire un
"filibuster". Ce gouvernement devrait, étant donné une opposition
aussi réduite, étant donné la contestation de ce projet de
loi devant l'opinion publique, étant donné que, majoritairement
l'opinion publique s'est déclarée contre l'augmentation de
salaire des députés, s'il y avait encore un peu de conscience
chez les ministériels, permettre à l'Opposition d'avoir tous les
instruments, tous les moyens légaux, les moyens qui lui sont permis, en
vertu des règlements, pour faire une lutte acharnée à ce
projet de loi.
Et si votre position est justifiée, si vous croyez que vous avez
raison de passer ce projet de loi-là et je pense que vous l'avez
confirmé par votre vote en deuxième lecture pourquoi avoir
peur que l'opinion publique puisse réagir? Pourquoi ne pas permettre
à l'opinion publique de se faire entendre, même, à cette
commission parlementaire? Pourquoi ne pourrait-on pas, même, accepter que
M. Bonenfant vienne nous expliquer certaines affirmations de son rapport?
Pourquoi...
M. HARDY: On préfère ce...
M. LESSARD: Oui la commission peut toujours décider de faire
entendre des témoins et la commission, à ce que je sache
si le ministre des Affaires culturelles a lu ses règlements la
commission peut toujours décider elle-même de faire entendre telle
personne, telle autre personne. Je trouverais tout à fait normal que le
président de la commission, M. Bonenfant, comme Mme Rousseau d'ailleurs,
comme M. Cliche puissent être entendus à cette commission
parlementaire, et puissent venir nous dire sur quels critères, sur
quelles normes ils se sont basés pour dire que les salaires des
députés devraient être de $22,000. Peut-être que le
projet de loi tel qu'il est n'est pas satisfaisant. Peut-être que le
projet de loi, tel qu'il est, ne reconnaît pas nous, nous disons
qu'il est trop élevé pour un certain nombre de
députés libéraux, peut-être pour le
député de Dorion, pour le député de
Matapédia, que le salaire fixé de $21,000 n'est pas assez
élevé étant donné le travail qu'il fait à
l'Assemblée nationale. Peut-être peut-il et on devra
l'entendre nous justifier que le salaire que l'on permet à
l'article 5 du projet de loi, à savoir $21,000, est absolument
insuffisant, justement parce qu'il recevrait une pension plus
élevée s'il se retirait comme député.
Peut-être serait-ce normal...
M. HARDY: Cela ne sert à rien...
M. DESJARDINS: Etouffe-toi pas.
M. SAINT-PIERRE: Tu ne te rendras pas à
Bruxelles. Vous allez être obligé d'arrêter à
Terre-Neuve.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Un peu de sérieux.
M. SAINT-PIERRE: L'Académie française de Gander.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je lisais la pancarte du député de... Il me
semble qu'il y a 110 députés qui sont directement
impliqués par ce projet de loi et, à cette commission
parlementaire, seuls les députés d'Anjou, de Beauce-Nord, de
Beauce-Sud, de Louis-Hébert, de Portneuf, de Laurentides-Labelle, de
Nicolet-Yamaska, de Lafontaine, de Montmagny-L'Islet, de Verdun, de
Sauvé...
M. HARDY: Amen.
M. LESSARD: ... de Bonaventure, de Gaspé, de Chambly, de Johnson
et de Saguenay auront le droit de se faire entendre.
M. TARDIF: Cela va vous permettre de...
M. LESSARD: C'est absolument anormal. C'est absolument injustifié
et, encore là, je ne pourrai le comprendre, comme je ne l'ai pas compris
hier lorsqu'il s'est agi de voter sur la motion qui avait été
présentée par le député de Maisonneuve. Encore
là, est-ce qu'on voudrait faire un "cover up"? Est-ce qu'on voudrait
couvrir certains députés? Nous, de l'Opposition, n'aurions-nous
pas le droit de poser des questions, par exemple, au député de
Dorion ou au député de Matapédia pour leur demander s'ils
sont satisfaits de leur salaire de $21,000?
UNE VOIX: Ils l'ont dit. Ils ont voté pour.
M. LESSARD: ... pour leur demander quelles sont les raisons qui
expliquent une absence aussi anormale à l'Assemblée nationale?
Peut-être est-elle justifiée. Parce que la population juge notre
salaire à partir du travail qu'on fait. La population estime qu'avec le
salaire qu'on se paie...
M. HARDY: ... spécial pour vous.
M. LESSARD: ... on doit au moins être capables d'accepter de faire
notre travail à temps plein.
M. SAINT-PIERRE: Le député de Saguenay me permet-il une
question?
M. LESSARD: Le député de Louis-Hébert est-il
satisfait du salaire de $21,000? Est-ce que le salaire de $21,000 permettra au
député de Louis-Hébert d'être maintenant un
député à temps plein et de laisser tous ses emplois
secondaires?
M. DESJARDINS: Avez-vous des avocats à suggérer? Avez-vous
des avocats à suggérer?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD; Et combien d'autres députés sont dans le
même cas? Je pense qu'il est normal qu'on donne un salaire satisfaisant
aux députés mais je pense aussi que les députés
devraient normalement avoir la possibilité de venir s'exprimer à
cette commission parlementaire et venir nous dire pourquoi le salaire de
$21,000 est satisfaisant pour eux ou encore venir nous dire que, pour eux, le
salaire de $21,000 ne leur permettrait pas de pouvoir faire ce travail à
temps plein. Je l'espère, en tout cas. J'en appelle à votre
conscience. J'espère que vous allez appuyer, voter en faveur de la
motion présentée par le député de Lafontaine.
M. HARDY: Oui, frère Lucien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que d'autres députés
voudraient parler sur cette motion avant que le député de
Lafontaine ne mette fin au débat?
M. HARDY: II lui reste seize minutes. Vous avez déjà
quatre ou cinq minutes de prises.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine.
M. HARDY: Seize minutes qui, comme d'habitude, vont en paraître
trente.
M. LEGER: Si on regarde l'esprit de l'article 148 du règlement de
l'Assemblée nationale, qui se lit comme suit: "Tous les
députés ont accès aux commissions..." Donc, au
départ, ceci veut dire que, normalement, d'une façon
régulière, tous les députés peuvent venir
s'exprimer. Mais plus loin, on dit que "ceux qui n'en sont pas membres et les
autres personnes doivent obtenir la permission de la commission pour se faire
entendre."
Nous pensons qu'à ce stade-ci, il est très important,
devant le départ d'un débat de cette envergure, qu'on
établisse immédiatement les règles du jeu parce qu'on
s'aperçoit que si les règles du jeu sont définies par une
majorité qui représente un parti en particulier, il est sûr
que si cela ne fait pas son affaire, nous n'aurons pas la permission de nous
exprimer. L'esprit même de ce projet de loi aurait dû permettre au
gouvernement non pas de déférer, non pas de renvoyer ce sujet en
commission élue, mais en
commission plénière. Pourquoi? En commission
plénière, nous donnons l'occasion à tous les
députés de s'exprimer.
En commission élue, c'est, la plupart du temps, pour permettre
à des députés de se spécialiser dans la
matière qui est étudiée habituellement à une telle
commission afin de devenir de plus en plus compétents dans ce domaine.
En prenant connaissance de ces dossiers, leur expérience s'augmente
à mesure que ces commissions siègent et ils peuvent devenir
réellement des spécialistes en la matière.
M. le Président, la motion que j'ai présentée avec
l'aide du député de Saint-Jacques...
M. HARDY: Regardez ce que vous faites avec les journalistes.
M. SAINT-PIERRE: Vous les avez endormis.
M. LEGER: M. le Président, si vous l'avez remarqué, ils
avaient l'oeil du chat qui fait semblant de dormir et qui est prêt
à foncer.
M. SAINT-PIERRE: On ne les blâme pas.
M. LEGER: M. le Président, un juriste comme le
député de Terrebonne devrait bien voir que, dans la motion que
nous avons présentée, il y a un double aspect. Il y a l'aspect
qui permet habituellement aux gens qui sont directement concernés de
s'exprimer, parce qu'ils sont des spécialistes, d'une part, ou, dans
d'autres cas, de toucher des personnes qui peuvent être directement
impliquées. Le projet que nous avons à étudier touche les
deux aspects: l'aspect politique, c'est-à-dire quelle sera la
répercussion sur l'ensemble de la population du projet de loi que nous
présentons. Cela est normal que ce soit confié à une
commission élue où des spécialistes en la matière,
étant, comme députés, des personnes qui siègent
régulièrement à cette commission, peuvent s'exprimer,
parce qu'ils sont des spécialistes, sur un sujet qui est de nature
politique et qui touche l'ensemble de la population. Cela est une facette de la
motion.
L'autre facette de cette motion, c'est celle qui touche ceux qui peuvent
être directement impliqués. M. le Président, vous remarquez
fort bien avec moi que la motion actuelle touche, d'une part, la population,
qui aura à défrayer cette augmentation de dépenses du
Parlement. En effet, le salaire des députés étant
augmenté, elle va être intéressée à savoir
les motifs de cette augmentation. D'autre part, la deuxième facette de
la motion, c'est celle des députés qui eux-mêmes sont
directement concernés, non pas sur l'aspect politique, mais sur l'aspect
de leur revenu personnel. C'est donc dire que la motion que j'ai
présentée devrait permettre d'allumer les lumières des
députés ministériels qui, eux, verront alors le besoin, le
devoir de l'adopter, puisque, sur l'aspect politique uniquement, les membres
réguliers de la commission de l'Assemblée nationale qui se
spécialisent là-dedans pourraient s'exprimer, alors que l'autre
aspect touche toute personne qui est directement impliquée
là-dedans.
M. le Président, si les députés ministériels
me disaient: On le permettra quand ce sera le cas, ce serait permettre alors
à la partie majoritaire d'avoir raison continuellement et de ne pas
permettre qu'on établisse les règles du jeu au départ.
Moi, M. le Président, j'aimerais que tous les députés du
Parti québécois puissent s'exprimer là-dessus, que les
deux députés du Ralliement créditiste, ainsi que tous les
députés du parti ministériel puissent s'exprimer
là-dessus, mais que ce soit clair et défini au départ.
M. le Président, dans n'importe quel engagement où au
moins deux équipes s'affrontent, que ce soit dans n'importe quelle
circonstance, on établit les règles du jeu au départ. On
ne peut pas les laisser aller selon leur bon vouloir. Actuellement, si vous
n'acceptez pas l'amendement, vous ne permettez, par l'article 148, de
s'exprimer qu'à ceux que la majorité libérale le
permettra.
M. HARDY: Le consentement unanime.
M. LEGER: M. le Président, c'est ça, il s'agit d'en avoir
un qui s'oppose du côté gouvernemental et c'est
terminé.
M. HARDY: Vous avez raison.
M. LEGER: A ce moment, cela enlève la possibilité à
tout député de s'exprimer. Quels sont ceux qui sont à la
commission parlementaire actuellement, M. le Président? Je trouve cela
assez heureux, d'une part. On a nommé là tous les
députés ou à peu près qui ont, à ce jour,
une présence assez assidue à l'Assemblée nationale.
Ceux-là ont raison de dire: Pour moi, je suis tellement
présent à l'Assemblée nationale, j'interviens tellement
souvent que je pense que j'ai peut-être droit à cette
augmentation. Mais tous ceux qui sont tellement absents, les 37 que je
mentionnais l'autre fois, qui ont plus du tiers d'absence à
l'Assemblée nationale, ne sont pas à cette commission.
M. HARDY: M. le Président...
M. LEGER: Ils ne pourront pas s'exprimer si ma motion n'est pas
adoptée. Je les ai tous ici, M. le Président, je peux les nommer.
Mais ceux-là ne pourront pas dire pourquoi ils ne peuvent pas accepter
une telle somme qui est prévue dans le projet de loi. Et j'irai plus
loin, M. le Président. Je dirai même qu'on ne permettrait pas
d'obtenir l'expression d'opinion de ceux qui auraient des critiques à
faire sur ce projet de loi concernant les rapports qu'il peut y avoir entre le
salaire du député, le salaire d'un autre député qui
dans les termes, dans le jargon du ministre de l'Industrie et du Commerce, est
une fiole, comme il le disait dans son discours de deuxième
lecture...
M. SAINT-PIERRE: ... une fiole.
M. LEGER: Une fiole. Et il y en a beaucoup qui ne sont pas...
UNE VOIX: Nomme-les.
M. LEGER: ... présents à la commission parlementaire, qui
ne sont pas à la commission. Et je vais donner des postes. Le
président de l'Assemblée nationale n'est pas à la
commission actuellement. Peut-être qu'il aurait quelque chose à
dire. Il est directement concerné par ce projet de loi. Il ne pourra pas
s'exprimer. Il y a le vice-président qui agissait comme président
tantôt, qui n'aura pu s'exprimer. Vous avez les différents
adjoints parlementaires qui ont une différence de salaire avec le
député ordinaire. Ils ne sont pas à la commission
parlementaire.
M. DESJARDINS: Qui ça?
M. LEGER: Ils ne pourront pas s'exprimer.
M. DESJARDINS: Qui ça?
M. LEGER: Les adjoints parlementaires. Le chef de l'Opposition, lui, il
l'est. Le leader de l'Opposition officielle, il y est. Le dirigeant d'un parti
de l'Opposition, le député de Rouyn-Noranda, ne pourra pas
s'exprimer...
M. SAINT-PIERRE: ... lecture.
M. LEGER: ... M. le Président, si vous n'adoptez pas notre
motion... Vous avez le leader d'un parti de l'Opposition qui, actuellement, ne
peut pas s'exprimer. Il n'est pas parmi le groupe qui a droit de parole.
UNE VOIX: Ils vont se reprendre...
M. LEGER: Le whip en chef du gouvernement, il était ici
tantôt, je pense qu'il n'est pas inscrit là-dessus et on sait
qu'il n'a pas l'habitude d'avoir la langue dans sa poche...
M. DESJARDINS: Qui ça?
M. LEGER: ... il pourrait s'exprimer... Le whip du gouvernement.
M. DESJARDINS: Ah!
M. LEGER: Vous avez les whips adjoints au whip d'un parti qui ne sont
pas capables de s'exprimer à cette table-ci. Ils ne sont pas à la
commission. Ils auront un salaire différent du salaire du
député. Ils ont des choses à dire là-dessus, M. le
Président. Vous avez tous les présidents de commissions qui ne
peuvent pas s'exprimer...
M. HARDY: Ah! Vous parlez du député de Chicoutimi qui
recommence à avoir des scrupules?
M. LEGER: Cela en est un, M. le Président. Est-ce que vous avez
une question à me poser?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Fini. Le temps est terminé.
M. LEGER: Vous avez, M. le Président, le premier ministre qui
pourrait... M. le Président, j'ai seize minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, non!
M. LEGER: J'ai seize minutes pour m'exprimer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II reste...
M. LEGER: Cela fait à peine six minutes que je parle.
UNE VOIX: Ah! Ah!
UNE VOIX: Avant moins vingt-cinq.
M. LEGER: Vous avez tous les ministres en titre... J'ai quelqu'un qui
surveille le temps aussi, M. le Président.
M. MORIN: M. le Président, j'attire votre attention sur le fait
qu'il a commencé effectivement, comme on vient de le dire, à
seize heures trente-cinq minutes. Il avait droit à seize minutes. Donc,
jusqu'à seize heures cinquante et une minute, si je ne m'abuse.
M. LEGER: II me reste encore six minutes, j'avais droit à seize
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Allez-y.
M. LEGER: M. le Président, je disais que les ministres en titre,
il y en a 19, auraient le droit d'exprimer leur accord, leur désaccord
sur l'écart qu'il y a entre leur salaire et celui du
député. Est-ce que cet écart doit avoir autant
d'envergure, M. le Président? Est-ce qu'ils pourraient s'exprimer sur le
fait que, eux, comme ministres, n'ont pas le droit d'avoir un salaire ou une
rémunération...
M. TARDIF: Souris.
M. LEGER: ... de la part de l'Assemblée nationale, mais qu'ils
peuvent l'avoir, cette compensation de dépenses de voyages à
Bruxelles ou ailleurs via leur propre ministère? Ils pourraient nous
expliquer qu'ils peuvent se permettre d'avoir un chèque de $1,796 parce
qu'ils sont ministres, payés non pas par l'Assemblée nationale
mais par leur ministère puisqu'ils ont un compte de dépense. Et
seul le chef de l'Opposition n'en aurait pas le droit, M. le Président.
Il aimerait ça que les 19 ministres viennent dire que lorsqu'ils vont
dans des missions officielles...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. LEGER: ... pour représenter le gouvernement, en Afrique ou
ailleurs, M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. LEGER: ... ils peuvent avoir... Certainement, si vous enlevez
ça sur mon temps, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: Comment se fait-il, s'il n'en avait pas le droit, qu'il
a eu le chèque? Vous venez de dire que le chef de l'Opposition n'en
avait pas le droit, comment se fait-il qu'il l'a eu?
M. LEGER: M. le Président,... M. MORIN: II n'a pas dit
ça.
M. SAINT-PIERRE: Oui, oui, il a dit ça tantôt.
M. LEGER: J'ai dit que vous...
M. ROY: Est-ce que le ministre me permet une question?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! Le député
de Beauce-Sud n'a pas à intervenir...
M. ROY: Non?
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... dans l'échange. La parole
est...
M. ROY: Je voulais savoir qui avait envoyé le chèque.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... au député de Lafontaine.
Vous y reviendrez plus tard. L'honorable député de
Lafontaine.
M. SAINT-PIERRE: Le 14 janvier, vous... LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, les 19 ministres, eux, peuvent se
permettre d'avoir les dépenses payées via leur
ministère.
M. HARDY: Un instant. Me permettez-vous une question?
M. LEGER: Certainement. Vous enlevez toujours le temps, M. le
Président.
M. HARDY: Ne savez-vous pas que la situation du chef de l'Opposition
je ne veux pas présumer de l'enquête ...
M. LEGER: Je ne parle pas du chef de l'Opposition, je parle des
ministres.
M. HARDY: Oui, oui, vous parlez des ministres. Ce qui arrive au chef de
l'Opposition, c'est exactement ce qui arriverait à un ministre s'il
faisait payer ses dépenses lorsqu'il va à Matane ou à
Percé. C'est exactement la même chose.
M. LEGER: D'accord, mais ce n'est pas le cas, là. Je parle de
Bruxelles et je parle des pays...
M. MORIN: Lorsque je vais à Matane et à Gaspé, je
ne touche pas de chèque.
M. HARDY: C'est la même chose pour...
M. MORIN: Non, ce n'est pas du tout la même chose.
M. HARDY: Oui, c'est la même chose. On vous le prouvera en temps
et lieu.
M. LEGER: M. le Président, les 19 ministres je n'en vois
que deux présents ici les 17 autres ministres...
M. TARDIF: L'enveloppe!
M. LEGER: Cela a l'air moins bon.
Les 17 autres ministres, M. le Président, pourraient expliquer
qu'eux peuvent se permettre de voyager aux frais de l'Etat en recevant de leur
ministère des sommes pour leurs dépenses. Cela ne fait pas de
scandale à nulle part, cela.
M. le Président, je voudrais parler aussi des ministres d'Etat.
Il y a huit ministres d'Etat et je ne pense pas qu'il y en ait autour de la
table.
M. HARDY: Qu'est-ce que cela vient faire avec la motion de faire parler
tout le monde?
M. LEGER: C'est qu'eux ne pourraient pas parler pour exprimer la raison
pour laquelle ils auraient droit à un écart avec le salaire des
députés. C'est inclus dans le projet de loi. Je parle de tous
ceux...
M. HARDY: Vous parlez au nom des ministres d'Etat?
M. LEGER: Je parle de tous ceux à qui on pourrait demander de
venir s'exprimer et du fait que seule l'unanimité permettrait de les
faire entendre.
M. HARDY: Vous faites de l'assistance judiciaire pour les ministres
d'Etat!
M. LEGER: Oui, justement. Il faudrait qu'ils expliquent pourquoi ils ont
un surplus. C'est dans le projet de loi. Cela, M. le Président, c'est
sur l'aspect personnel.
Maintenant, parlons aussi de cette motion pour permettre d'entendre pour
des motifs politiques ceux qui sont directement impliqués. Quand on a
eu, M. le Président, le bill 22, quand on a eu la commission
parlementaire sur le rapport Gauvin, à ce moment-là la commission
parlementaire faisait venir les personnes qu'elle voulait entendre parce
qu'elles étaient...
M. HARDY: Ne trouviez-vous pas cela trop long?
M. LEGER: ... directement impliquées...
M. HARDY: Ne trouviez-vous pas que c'était trop long?
M. TARDIF: II trouvait cela inutile.
M. LEGER: C'était certainement trop long, à ce
moment-là, mais nous pensons qu'on a perdu du temps parce que toutes ces
personnes auraient pu venir s'exprimer quand le projet de loi aurait
été présenté. Je pense que le ministre des Affaires
culturelles sait fort bien que tous ceux qui sont venus s'exprimer sur le
rapport Gauvin auraient pu...
M. HARDY: ... en temps et lieu.
M. LEGER: ... venir s'exprimer pendant qu'ils auraient eu devant eux un
projet de loi sur lequel ils avaient quelque chose à dire. On les a
invités...
M. DESJARDINS: Une minute.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le député de
Louis-Hébert est un comptable ou un avocat?
M. ROY: Ni l'un ni l'autre!
M. LEGER: Ou est-ce un conteur d'histoires?
M. ROY: Ni l'un ni l'autre! M. DESJARDINS: Touché! M. HARDY: A
l'ordre, à l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question au député?
M. LEGER: Certainement.
M. SAINT-PIERRE: II y a juste un document qui nous éclairerait,
c'est si le député de Lafontaine pouvait déposer les
discours antérieurs que le chef du Parti québécois a
faits, M. René Lévesque, lorsqu'il dénonçait tous
ceux qui faisaient de la démagogie, tous ceux qui s'élevaient
pour des questions semblables. On aimerait avoir cela, si cela pouvait
être déposé.
M. LEGER: Est-ce que vous voulez qu'on fasse une motion pour
dépôt de documents?
M. MORIN: M. le Président...
M. HARDY: ... de Lafontaine.
M. MORIN: C'est de la démagogie, cela.
M. HARDY: A l'ordre, à l'ordre!
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Lafontaine.
M. HARDY: C'est cela, soufflez-lui la réponse! Le
député de Lafontaine devrait être prudent sur les conseils
que lui donne le député de Sauvé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: II va s'embarquer dans des affaires dangereuses!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable député
de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, la motion que le ministre voudrait
peut-être qu'on propose, pour un dépôt de documents,
permettrait peut-être de savoir, en regardant ces documents, que le chef
du Parti québécois ne demandait pas une augmentation de 50
p.c.
M. SAINT-PIERRE: II dénonçait ceux qui faisaient de la
démagogie pour cela.
M. LEGER: D'accord. Là, c'est une question
d'interprétation. Je me demande si vous n'êtes pas en train d'en
faire en essayant d'amener dans le débat une personne qu'on pourrait
peut-être convoquer à la commission parlementaire, pour expliquer
ce que vous venez de dire.
M. le Président, je pense qu'au départ la motion doit
être acceptée pour ne pas brimer le droit de parole de tous ceux
qui auraient quelque chose à dire concernant ce projet de loi ainsi
qu'aussi établir, au départ...
M. DESJARDINS: Une question.
M. LEGER: ... des règles du jeu pour qu'on ne dépende pas
d'un groupe qui serait à la fois juge et partie sur un sujet aussi
important que celui que nous étudions actuellement à la veille de
Noël.
DES VOIX: Vote! Vote!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Est-ce que la
commission acceptera cette motion de l'honorable député de
Lafontaine?
DES VOIX: Non!
M. HARDY: Vote!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vote enregistré?
M. HARDY: Oui.
M. MORIN: Oui, enregistré, M. le Président. LE PRESIDENT
(M. Gratton): M. Lessard. DES VOIX: II est absent!
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bellemare (Johnson).
M. Saint-Pierre.
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Fortier.
M.FORTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Levesque. M. Morin.
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Caron. M. Giasson. M. Hardy.
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Léger (Lafontaine).
M. LEGER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapointe. M. Pagé.
M. PAGE; Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Desjardins.
M. DESJARDINS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Roy (Beauce-Sud).
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Sylvain. M. Tardif.
M. TARDIF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour: 3
Contre: 7
La motion est rejetée.
MM. HARDY et MORIN: M. le Président... M. HARDY: ... je demande
la parole. M. MORIN: ... je demande la parole.
M. HARDY: M. le Président, j'ai demandé la parole avant
lui.
M. MORIN: Non, je ne pense pas.
M. HARDY: M. le Président, j'ai demandé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): De toute façon, c'est toujours au
parrain d'un bill, comme vous le savez, de prendre la parole.
M. LEGER: Le parrain?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le parrain ou celui qui est
désigné pour le remplacer.
M. MORIN: Tout dépend, M. le Président, il doit être
bien clair qu'avant de passer à l'article 1, l'Opposition a le droit de
faire des motions préliminaires.
M. HARDY: Quel article du règlement?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable ministre des Affaires
culturelles.
M. MORIN: M. le Président, c'est la coutume.
M. HARDY: M. le Président, je propose que l'article 1 soit
adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre des Affaires culturelles
propose que l'article 1 soit adopté. Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. MORIN: M. le Président...
DES VOIX: Adopté. M. MORIN: Un instant!
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable chef de l'Opposition officielle,
sur la motion de l'honorable ministre des Affaires culturelles.
M. MORIN: Non, non, on ne va pas nous passer sur le dos de cette
façon, c'est tout à fait contraire aux us et coutumes des
commissions parlementaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Citez-moi l'article du règlement qui
empêche le ministre des Affaires culturelles...
M. MORIN: M. le Président, toujours, à
l'étude...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je n'ai pas à
écouter les élucubrations...
M.MORIN: Oh! Bravo!
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... de l'honorable chef de l'Opposition
officielle sur le règlement qu'il ne semble pas connaître.
L'honorable ministre des affaires culturelles a fait une motion en bonne
et due forme à l'effet d'adopter l'article 1. Si vous avez encore des
motions d'ordre secondaire ou préliminaire, greffez-les, en amendement,
à la proposition, comme vous l'avez fait pendant deux mois sur le bill
22. L'honorable chef de l'Opposition sur la motion.
M. MORIN: M. le Président, j'estime, avec votre permission, que
je dois vous faire observer que, toujours dans le passé, que ce
soit...
M.HARDY: A l'ordre!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'ai rendu ma décision,
elle n'est pas discutable.
Amendement de M. Morin
M. MORIN: M. le Président, je vais donc faire motion pour amender
la proposition du député de Terrebonne et je vais ajouter,
après les mots, si j'ai bien compris sa motion, "que l'article 1 soit
adopté." C'est bien ça?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact.
M. MORIN: J'ajoute les mots suivants: "après que la commission
aura entendu les membres du comité consultatif sur les indemnités
et allocations des parlementaires du Québec..."
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable chef de l'Opposition
officielle...
M. MORIN: Je n'ai pas terminé, je veux vous laisser le temps de
l'écrire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): "... aura entendu les membres du
comité..."
M. MORIN: "... du comité consultatif sur les indemnités et
allocations des parlementaires du Québec, soit M. Jean-Charles
Bonenfant, président, Mme Yvette Rousseau et M. Lucien Cliche, ancien
président de l'Assemblée..."
M. HARDY: Ancien ministre des Terres et Forêts.
M. MORIN: Je préfère, je pense...
M. HARDY: M. le Président,... Avez-vous terminé?
M. MORIN: Je n'ai pas terminé et le ministre pourra sous-amender,
s'il le désire, "... afin des les interroger sur certains aspects du
rapport soumis par eux le 12 novembre..."
M. DESJARDINS: Un instant, un instant.
M. MORIN: Oui, je vais laisser au président tout le temps requis
pour transcrire ma motion pour qu'elle soit rédigée de
façon extrêmement exacte.
M. DESJARDINS: ... soumis par eux.
M. MORIN: Est-ce que vous avez compris la fin? "... sur certains aspects
du rapport."
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai l'impression que vous allez faire comme
il se doit, vous allez déposer une motion écrite.
M. MORIN: Oui, je vais la rédiger, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, je la lirai à ce
moment-là.
Je pense que la motion, essentiellement...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement sur la
recevabilité de la motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre des Affaires culturelles
sur la recevabilité.
M. HARDY: M. le Président, je soutiens que cet amendement est
tout à fait irrégulier parce que non pertinent à l'article
1. Je dis tout de suite qu'à l'occasion de l'étude d'autres
articles, une motion semblable pourrait être soumise mais, à ce
stade-ci, la motion du chef de l'Opposition est irrégulière parce
qu'elle n'a rien à voir avec l'article 1. L'article 1 ne fait que radier
le paragraphe de l'article 46 de la Loi de la Législature. Les membres
du comité Bonenfant ne se sont aucunement prononcés sur cette
question. Donc, M. le Président, cette motion est absolument
prématurée. Le chef de l'Opposition pourra la faire à
d'autres endroits, aux articles où le bill 87, par exemple, traite
spécifiquement de l'indemnité accordée soit aux membres de
la Législature, soit aux membres de l'Exécutif. A ce
moment-là, je considère qu'il serait régulier de faire
cette motion pour convoquer les membres du comité Bonenfant parce qu'ils
se sont prononcés sur cette question. Mais, l'article 1 du projet de loi
no 87 n'a rien à voir avec les propositions du comité Bonenfant.
Donc cette motion est irrégulière.
M. le Président, si on veut pousser à l'absurde le
raisonnement qui sous-tend la motion du député de Sauvé,
à chaque article de la loi 87 le député de Sauvé
pourrait constamment revenir et nous proposer d'entendre M. Untel, M.
Untel.
M. MORIN: Voyons donc!
M. HARDY: II pourrait même ce serait peut-être
intéressant de toute façon, mais ce serait irrégulier
peut-être venir nous dire, lui qui a dit tantôt, en parlant
du député dé Beauce-Sud qui proposait une réunion
secrète...
M. ROY: Un instant! Un instant! M. le Président, une
réunion secrète là, un instant!
M. HARDY: Une minute là. C'est-à-dire une réunion
entre les partis qui ne serait pas publique. Bon! c'est ce que vous avez
dit?
M. ROY: Oui.
M. HARDY: Bon! et le député de Sauvé...
M. ROY: Une réunion discrète.
M. HARDY: ... dans un grand élan, proclamant son indignation
comme il le fait souvent, disait: Non, non, non! tout doit se faire
publiquement. Peut-être qu'au cours de l'étude du projet de loi le
député de Sauvé voudra convoquer le conseil national pour
venir nous dire ce qui s'est dit à ce fameux conseil national, pour
venir nous dire comment se sont partagés les votes...
M. MORIN: Soyez sérieux!
M. HARDY: ... pour venir nous dire ce que lui a dit au conseil
national...
M. MORIN: Soyez sérieux!
M. HARDY: ... pour venir nous dire si lui, le député de
Sauvé, a dit la même chose que le leader parlementaire au conseil
national. On pourrait ouvrir la porte à toutes sortes de choses
semblables, M. le Président.
M. MORIN: Cela, c'est absurde.
M. HARDY: Oui, bien j'ai dit justement, tantôt que cela pourrait
arriver si on poussait votre raisonnement là-dessus.
M. MORIN: Ce n'est pas la même chose.
M. HARDY: C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je dis
que la motion du député de Sauvé pourrait être
pertinente à l'occasion de l'étude d'autres articles, mais pas
ici, parce que l'article 1 n'a rien à voir avec le rapport
Bonenfant.
M. LESSARD: M. le Président, sur une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la recevabilité, l'honorable
député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je veux parler à la fois sur
la motion principale et à la fois sur...
M. HARDY: Sur la motion.
M. LESSARD: Voici, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): II faudrait nous parler de la
recevabilité...
M. LESSARD: De la recevabilité. M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... de la motion d'amendement.
M. LESSARD: ... je vais me baser sur une décision qui a
été prise par vous-même en date du jeudi, 18 juillet
1974.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai fait cela?
M. LESSARD: D'abord, M. le Président, je lis l'article 70
où il est dit: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de
la motion..."
M.HARDY: C'est cela.
M. LESSARD: "... proposée et ne peut avoir que les objets
suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il est
recevable si son effet est d'écarter la question principale sur laquelle
il a été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement".
Je vous dis, M. le Président, que la motion du
député de Sauvé, c'est une motion de forme. Elle se
rapporte à la motion qui a été présentée par
le ministre des Affaires culturelles. Cependant, M. le Président, la
motion du ministre des Affaires culturelles était, elle,
irrecevable.
M. HARDY: Ah! oui?
M. LESSARD: Je me base, M. le Président, sur...
M. HARDY: La décision est rendue.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LESSARD: M. le Président, une minute. Non, non...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles,
question de règlement.
M. LESSARD: Je vais vous lire...
M. HARDY: J'invoque le règlement. Vous avez rendu une
décision...
M. LESSARD: Non, non.
M. HARDY: ... sur la recevabilité de ma motion, si j'ai bien
compris. Vous l'avez déclarée recevable. Or, le...
M. LESSARD: M. le Président...
M. HARDY: ... député de Saguenay, actuellement, met en
cause ou critique votre décision.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Mais il va s'arrêter tout de suite.
M. LESSARD: Puis-je vous rappeler, M. le Président... M. le
Président, je voudrais votre attention. Puis-je vous rappeler une
décision que vous avez prise en date du jeudi, 18 juillet 1974?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Citez-moi.
M. LESSARD: A la page B-5842 des Débats de l'Assemblée
nationale de cette même date, il est dit: "Cependant, notre nouveau
règlement a voulu prévoir la possibilité de proposer
quelques motions préliminaires auxquelles le député de
Maisonneuve a fait allusion, tantôt, qui ont trait à
l'organisation ou à la marche des travaux de la commission. Ainsi,
l'article 161 prévoit la désignation d'un rapporteur; de
même, l'article 148 prévoit qu'on peut accorder le droit de parole
aux députés qui ne sont pas membres de la commission. Il y a
aussi l'article 154 qui offre la possibilité de tenir une audition
publique. Il s'agit dans ces trois cas de dispositions spéciales dont on
a parlé tantôt, dispositions contraires en rapport avec l'article
qui dit: "Sauf dispositions contraires, le règlement de
l'Assemblée s'applique". "Voilà donc dites-vous en date du
18 juillet 1974 trois cas où on donne ouverture à des
motions préliminaires. Et depuis le début de nos travaux"...
M. HARDY: Mauvaise jurisprudence.
M. LESSARD: "... on s'est prévalu de ces dispositions et j'ai
jugé que les motions préliminaires présentées
étaient admissibles. Une fois ces motions épuisées
ce n'est pas le cas, M. le Président je pense qu'il faut suivre
la coutume parlementaire et se conformer au règlement et surtout
à l'ordre de l'Assemblée qui nous a demandé
d'étudier le projet de loi no 22 article par article".
M. HARDY: C'est le député de Sauvé qui aurait
dû dire ça tantôt.
M. LESSARD: Notre règlement me semble assez spécifique sur
la façon d'interpréter l'ordre reçu de l'Assemblée
nationale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... plutôt.
M. LESSARD: Je vous indique que par cette décision, vous nous
avez, à ce moment, en date du 18 juillet 1974, dit tout simplement que
nous n'avions pas, en vertu du règlement, besoin de proposer que
l'article 1 soit étudié, mais que c'était une
décision de l'Assemblée nationale, et qu'en commission
parlementaire, il n'était pas nécessaire de faire des
propositions, tel que l'a fait tout à l'heure le député de
Terrebonne.
Je vous indique aussi que vous nous avez permis de présenter des
motions préliminaires, et, dans votre décision, vous dites "une
fois ces motions épuisées". Or, nos motions préliminaires
ne sont pas épuisées. Nous avons l'intention d'en
présenter d'autres, et si vous acceptez la motion qui a
été présentée par le député de
Terrebonne, vous devrez en même temps aussi ce qui est, je pense,
erroné, M. le Président, qui est à l'encontre du
règlement accepter la motion du chef parlementaire de
l'Opposition, ou bien nous revenons à nos motions
préliminaires.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce sur la recevabilité.
M. SAINT-PIERRE: Sur la recevabilité de la motion, M. le
Président, il semble que suivant l'article 70, si on le lit bien, la
motion du chef de l'Opposition officielle doit être rejetée.
L'article 70 mentionne bien que tout amendement proposé doit se
rapporter: "directement au sujet de la motion proposée". La motion qui
est proposée touche l'adoption de l'article 1 du projet de loi no 87.
Tel que l'a mentionné le ministre des Affaires culturelles, l'article 1
vise simplement à radier une erreur d'écriture qui s'était
glissée, en 1973, dans le premier paragraphe de l'article 46 de la Loi
de la législature.
On comprendra bien que la motion du chef de l'Opposition officielle,
à savoir de ne point adopter cet article tant que la commission
consultative sur les indemnités et les allocations des parlementaires du
Québec n'ait été convoquée par cette commission,
n'a aucun rapport direct et je le répète de nouveau
avec la motion proposée, à savoir l'adoption de l'article 1.
A ce sujet, je vous fais remarquer qu'en vertu de l'article 70,
l'amendement du chef de l'Opposition est irrecevable.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: J'ai le droit de parler, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis prêt à me...
M. LESSARD: Que le ministre lise ses
articles de règlement, j'ai le droit de revenir pendant 20
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que c'est une question de
règlement?
M. LESSARD: Oui, c'est une question de règlement. Je voudrais
tout simplement dire au ministre que c'est vrai que la motion du
député de Sauvé ne se rapporte pas directement à
l'article 1...
M. HARDY: Bon.
M. LESSARD: ... mais elle se rapporte directement à la motion qui
a été présentée par le député de
Terrebonne, à savoir que l'article 1 soit adopté, parce qu'elle
se rapporte directement à la marche des travaux. Et nous autres, nous
disons que l'article 1 soit adopté, mais après que... Alors, il
s'agit de la marche des travaux. Et comme je vous l'indique, elle se rapporte
directement à la motion du député de Terrebonne.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la recevabilité de la motion
d'amendement de l'honorable chef...
M. LESSARD: N'oubliez pas le 18 juillet 1974.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ne me menacez pas, vous allez me faire
changer d'idée. Je retiens l'argumentation du ministre des Affaires
culturelles, ainsi que celle du ministre de l'Industrie et du Commerce,
à l'effet que l'article 1, spécifiquement, n'a pas
été traité par ceux qu'on voudrait voir comparaître.
Par contre, la coutume veut qu'à l'article 1 on propose les motions
d'ordre préliminaire ou d'ordre général qui permettent
ensuite de procéder à l'adoption d'un projet de loi article par
article sans devoir rejeter une motion d'amendement à chacun des
articles.
M. HARDY: Mauvaise habitude.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas moi qui l'ai prise. Je dois
également me rendre à l'évidence que l'honorable
député de Saguenay je l'ai trouvé fort
éloquent, surtout au moment où il m'a cité et
j'accepte donc la motion d'amendement de l'honorable chef de l'Opposition
officielle.
L'honorable chef de l'Opposition officielle sur sa motion
d'amendement.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Si j'ai proposé cette
motion d'amendement qui, en réalité, est une sorte de motion
préliminaire, c'est qu'il me semble que nous devons entendre longuement
les membres...
M. HARDY: Longuement.
M. MORIN: Je veux dire par là avec tout le temps requis.
M. HARDY: Quel lapsus!
M. MORIN: Non, je l'ai dit à dessein, parce que le projet de loi
s'éloigne du rapport qui nous a été soumis cet
été. Il s'en éloigne de plusieurs façons.
J'irais même jusqu'à dire que le projet de loi qui nous est
soumis ne tient pas compte du rapport qui nous a été soumis par
le comité consultatif sur les indemnités et allocations...
M. HARDY: Vous trouvez que votre salaire n'est pas assez
élevé !
M. MORIN: Le projet de loi s'éloigne de façon draconienne,
dans ses méthodes de fixer la rémunération des
députés...
M. HARDY: II devient plus objectif!
M. MORIN: ... du rapport qui a été soumis par le
comité consultatif. Le député de Terrebonne nous dit que
le gouvernement a trouvé une méthode plus objective. Je dirais
plutôt qu'il a trouvé une méthode plus directe d'augmenter
les salaires plus qu'il n'était prévu.
M. HARDY: Est-ce que vous me permettez une question?
M. MORIN: Non. Pas pour l'instant. M.HARDY: Ah bon!
M. MORIN: Comme, tout à l'heure, le ministre de l'Industrie et du
Commerce m'a dit: Vous reviendrez après. Après mon exposé
qui, j'espère, ne durera pas trop longtemps, vous le prolongerez tant
que vous voudrez, M. le député de Terrebonne.
M. HARDY: Je ne vous poserai pas de question...
M. MORIN: Je répondrai longuement à vos questions.
M. HARDY: ... en dehors de votre laps de temps de 20 minutes parce que
je ne participerai pas à votre filibuster.
M. MORIN: M. le député...
M. HARDY: Je regrette. Trouvez-vous des alliés ailleurs, mais
vous ne m'aurez pas comme allié.
M. LESSARD: Dans la population.
M. MORIN: Vous êtes en train d'y coopérer en ce moment en
m'interrompant. J'espère, M. le Président, que vous avez
chronométré mon
intervention et que les quinze secondes et demie que m'a fait perdre le
député de Terrebonne ont été calculées.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Je vais même vous donner
seize.
M. MORIN: Bien. Cette générosité vous
caractérise bien, M. le Président, quoique je voudrais bien que
vous en fissiez preuve constamment à l'égard de l'Opposition
lorsque vous siégez en Chambre.
M. DESJARDINS: ... ne lui tournez pas le dos.
M. MORIN: II y a des problèmes fondamentaux qui sont
évoqués dans ce rapport qui, par endroit, est fort bien fait. Je
pense, en particulier, aux propos sur l'absentéisme dont nous aurions
beaucoup à tirer dans cette Assemblée. Mais, loin de
m'étendre sur les aspects secondaires, je voudrais aller aux deux ou
trois problèmes de fond qui sont soulevés par le comité
consultatif et à propos desquels il serait bon que nous puissions
interroger ses membres parce que le rapport me paraît, par endroit, un
peu laconique. Par exemple...
M. DESJARDINS: ... quinze minutes.
M. MORIN: M. le Président, vais-je être interrompu
constamment par le député de Louis-Hébert? Est-ce encore
une occasion où vous tentez de me faire rire?
M. DESJARDINS: Bien non! Bien non! Je vous écoute.
M. MORIN: Je l'espère.
M. DESJARDINS: Bien oui.
M. MORIN: Ne m'interrompez pas comme cela tout le temps. C'est vraiment
fort désagréable et cela me fait perdre le fil de mes
idées.
M. HARDY: Cela ne me surprend pas! UNE VOIX: Le fil de vos quoi?
M. MORIN: Les collègues qui sont en face savent très bien
que lorsqu'à tout moment interviennent dans vos discours de gros rires
gras comme celui du député de Louis-Hébert...
M. HARDY: Voulez-vous un petit rire fin?
M. MORIN: ... ou des interruptions intempestives et quelquefois
vulgaires comme celles du député de Terrebonne, il est bien
difficile de savoir où on en était au moment où on a
été interrompu.
M. DESJARDINS: Il vous reste quinze minutes.
M. MORIN: Comme je suis humain, je demande qu'on me laisse parler, qu'on
me laisse garder de la suite dans mes idées. J'allais dire qu'il y a
trois questions fondamentales sur lesquelles, je pense, nous devrions nous
entretenir avec les membres du comité consultatif à la suite de
notre décision. Nous avons consulté ces gens, mais nous n'avons
pas suivi leur rapport. Il faudrait, je crois, commencer par établir
pourquoi nous n'avons pas suivi ce rapport. Et l'une des façons de
procéder est d'interroger ces messieurs du comité consultatif sur
le bill qui est devant nous, et ce sont eux qui pourraient nous dire: II aurait
valu mieux faire telle ou telle chose. Il aurait valu mieux s'en tenir à
la formule de rattachement au traitement d'une certaine catégorie de
fonctionnaires, solution qu'ils nous avaient proposée.
M. DESJARDINS: ... question.
M. MORIN: Le député de Louis-Hébert m'a
déjà fait perdre assez de temps comme cela aujourd'hui.
M. DESJARDINS: C'est une question sérieuse.
M. MORIN: Après, si vous voulez bien, M. le
député.
M. DESJARDINS: Peut-être.
M. MORIN: Et j'espère que votre question sera bien
structurée, que vous prendrez la peine de la rédiger parce que
j'ai remarqué que vos interruptions, cet après-midi, ont surtout
pour but de faire perdre le temps de la commission.
M. HARDY: Vous pouvez bien rire.
M. MORIN: Je voyais, à la page 32 du rapport
j'espère que tous les collègues ont le rapport devant eux.
Je vois qu'il n'y a guère que le ministre de l'Industrie et du
Commerce qui l'a.
M. HARDY: Y a-t-il des étudiants qui n'ont pas leur
traité, là?
M. MORIN: Y a-t-il des députés qui n'ont pas leur
vade-mecum?
M. HARDY: Ceux qui n'ont pas leur traité n'auront pas leurs
points.
M. LEGER: N'auront pas leur salaire.
M. MORIN: M. le Président...
M. HARDY: Vous ne passerez pas l'examen.
M. MORIN: ... j'espère que les propos du député de
Terrebonne ne comptent pas sur mon temps. Tenez-vous compte de tout cela?
LE PRESIDENT (M. Blank): Avec ma générosité
normale.
M. MORIN: M. le Président, si on devait constamment calculer
toutes les interruptions du député de Terrebonne, même en
Chambre, il faudrait peut-être lui retirer cela sur son salaire au bout
du compte. Tout ce temps que vous nous faites perdre constamment !
M. le Président, le comité consultatif sur les
indemnités et allocations parlementaires du Québec nous a dit
qu'autant que possible il fallait éviter que les députés,
s'ils doivent être mieux payés, n'en décident
eux-mêmes directement. C'est un premier grand principe sur lequel je suis
totalement d'accord. Or, c'est précisément ce que nous sommes en
train de faire, de nous prononcer nous-mêmes, directement, sur nos
propres traitements, sans même tenir compte des recommandations du
comité consultatif. Je trouve que cela est grave.
J'aimerais aussi interroger le comité consultatif sur le sens
exact de cette phrase: Quelles méthodes pourrions-nous employer pour que
les députés ne décident pas eux-mêmes directement de
leurs propres traitements? Il ne faut pas que nous oubliions que, dans la
société, il y a très peu de gens qui sont dans une
position semblable". Ma foi, nous sommes les seuls, sauf peut-être les
présidents de compagnie. Même eux doivent répondre de leurs
décisions devant des conseils de direction. Donc, ils ne prennent pas
les décisions eux-mêmes. Il arrive quelquefois dans les affaires,
effectivement, que certains dirigeants prennent des décisions en ce qui
les concerne, mais c'est rare, c'est exceptionnel.
Nous savons tous la plupart des députés ici ont
assez vécu et circulé pour savoir cela que, dans la
population, les gens ne décident pas eux-mêmes de leur traitement.
Ils doivent se battre pour l'obtenir, ils doivent faire la grève,
parfois pendant un mois, deux mois. A l'heure actuelle, ça fait plus
d'un an que cela dure à la United Aircraft. Ces gens ne décident
pas eux-mêmes de leur salaire.
Je trouve un peu indécent, je ne vous le cache pas, que nous nous
votions une augmentation à environ $23,000. En effet, comme j'aurai
l'occasion de le faire remarquer longuement, en énumérant tous
les détails et les circonstances plus tard, l'article 5 ne dit pas toute
la vérité dans le projet de loi. L'article 5 nous dit cela
paraît bien; je sais bien que cela a été fait dans ce but,
d'ailleurs . "Il est accordé à chaque député
une indemnité annuelle de $21,000". Ce n'est pas toute la
vérité, ce n'est pas tout le montant qui va nous être remis
dès le 1er janvier 1975.
M. HARDY: Dans votre cas, non.
M. MORIN: Ni dans le vôtre, M. le ministre. Nous allons toucher
exactement la même chose. Alors, ne me pointez pas du doigt; je vais
être obligé de vous pointer, moi aussi.
M. HARDY: Moi, je ne fais pas de démagogie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Parlez-moi, parlez-moi.
M. HARDY: Moi, je ne fais pas de démagogie.
M. MORIN: II ne s'agit pas de démagogie. Il s'agit de nous rendre
compte, nous tous, que nous sommes dans une position tout à fait
privilégiée.
M. HARDY: Je n'essaie pas d'aller acheter des votes par mon attitude,
comme vous le faites.
M. MORIN: II ne s'agit pas d'aller acheter des votes. Remarquez que les
actes du gouvernement actuel dans ce domaine sont susceptibles de faire
réfléchir beaucoup de Québécois, et de cela je me
réjouis comme tout autre. Mais, au risque de se faire accuser de
démagogie par le député de Terrebonne...
M. HARDY: Pas seulement par moi.
M. MORIN: ... ce qui me laisse totalement indifférent, nous ne
laisserons pas passer...
M. HARDY: Le ministre des Transports a été très
éloquent, samedi soir.
M. MORIN: ... des tours de passe-passe ou de magie comme cela, sans
montrer aux Québécois de quoi il s'agit vraiment, sans leur
expliquer qu'il s'agit d'une augmentation à plus de $23,000,
effectivement à près de $24,000. Je pense que nous devrions faire
comparaître les gens du comité consultatif, pour qu'ils nous
disent s'ils sont d'accord sur la façon dont nous avons
procédé pour fixer le salaire des députés.
M. le Président, je ne sais combien de temps il me reste, mais il
existe un autre grand principe que le comité consultatif mentionne dans
son rapport à la page 33. "Un procédé qui aurait
l'avantage de régler les problèmes futurs serait d'établir
soit, périodiquement, un comité comme le nôtre ou un
comité composé de certaines personnes choisies en raison de leurs
fonctions pour justement établir, d'année en année,
l'indemnité." En ce qui me concerne, je trouvais que c'était
là une excellente suggestion et j'aimerais que les membres du
comité consultatif viennent devant cette commission parlementaire nous
donner des détails sur cette suggestion. Comment pourrait-on rendre
permanent ce mécanisme extérieur à l'Assemblée qui,
d'année en année, comme ils le disent, établirait
l'indemnité?
M. HARDY: Vous n'avez pas lu le projet de loi.
M. MORIN: Si, mais je ne suis pas satisfait des mécanismes.
J'aurais aimé interroger le comité consultatif sur les
mécanismes prévus dans le projet de loi en les comparant à
ceux dont ils ont pris connaissance dans les autres pays; en effet, ils nous
donnent beaucoup d'exemples aux pages 34, 35. J'aurais aimé avoir plus
de détails; je ne suis pas satisfait.
M. le Président, il faut que cela ait lieu devant la commission;
il faut que cela se passe en public. S'il est une question importante
c'est peut-être la question la plus importante de toute cette session
...
M. HARDY: ... le conseil national.
M. MORIN: ... c'est bien celle de la fixation du traitement des
députés. Il faut que cela soit débattu en public, pas en
catimini.
M. HARDY: Pas comme au conseil national.
M. DESJARDINS: Me permettez-vous une question?
M. MORIN: Tout à l'heure. Après, voulez-vous?
M. DESJARDINS: Deux petites questions.
M. MORIN: Après, voulez-vous? Je n'ai aucune objection à
répondre aux questions; d'ailleurs j'ai déjà
autorisé le ministre à m'en poser tout à l'heure. Vous
pourrez faire de même.
Nous aurions intérêt à entendre les membres du
comité consultatif. Voilà des mois qu'ils méditent sur
cette question des indemnités et allocations. Voilà des mois
qu'ils rédigent ce rapport, qui est fort bien fait, bien que je ne
partage pas toutes les recommandations dont ils nous font part. Mais je dois
dire que leur description de la situation est objective. Je dois dire que
l'enquête à laquelle ils ont procédé est bien faite.
Mais, j'aurais aimé qu'ils viennent ici, en public, défendre
certaines de leurs recommandations que nous bafouons dans le présent
projet de loi.
M. DESJARDINS: Lesquelles, lesquelles?
M. MORIN: En particulier, le système qu'ils mettent de l'avant
pour le rattachement du salaire des députés au traitement d'une
certaine catégorie de fonctionnaires. Si les députés
je ne crois pas qu'il y en ait plus qu'un ou deux qui aient le rapport
devant eux veulent bien se référer aux pages où se
trouve cette recommandation, il s'agit des pages 35 et suivantes. Après
avoir décrit un certain nombre de systèmes pour fixer
l'indemnité et après avoir écarté un certain nombre
de solutions, ils nous disent: "II reste un autre système, c'est celui
qui consiste à lier directement la rémunération des
parlementaires au traitement d'une certaine catégorie de
fonctionnaires."
Pourquoi s'est-on écarté de cette recommandation? Le
projet actuel va directement à l'encontre de cette recommandation qui
est vraiment le fondement du rapport du comité consultatif. Le
comité continue, à la page 36, pour défendre ce
système, qui lui paraît sage: "Le système existe en
Autriche, en Finlande, en Turquie et en France, pour ne nommer que quelques
pays. Nous avons cru que le meilleur exemple était celui de la France
où, d'après les renseignements que nous avons obtenus, les
parlementaires sont généralement satisfaits de leur traitement et
où, par ailleurs, l'opinion publique ne semble pas se scandaliser
comme l'opinion québécoise se scandalise des augmentations
que peuvent subir ces traitements."
Le système français est décrit mais de façon
un peu schématique, à peine une demi-page, au bas de la page 36,
avant qu'on ne passe au système québécois, tel qu'ils le
décrivent, c'est-à-dire le rattachement à l'une des
classes supérieures d'administrateurs.
J'estime qu'il y aurait intérêt à faire
comparaître les membres du comité consultatif pour leur demander
de nous expliquer à fond comment fonctionne le système
français, pour nous dire également s'il était sage de nous
rattacher aux cadres supérieurs, s'il n'aurait pas fallu trouver
peut-être une solution plus nuancée, la moyenne des traitements de
l'ensemble des fonctionnaires, peut-être, parce que, évidemment,
il pourrait y avoir des désavantages à se rattacher à une
classe de fonctionnaires en particulier. Peut-être le gouvernement, sous
les pressions du caucus, aurait-il tendance à favoriser indûment
cette classe de fonctionnaires sachant que son augmentation de traitement se
réverberait sur le traitement des députés.
C'est un point sur lequel j'ai des hésitations.
M. LESSARD: ... quelque chose.
M. MORIN: J'aurais aimé longuement m'entretenir avec les membres
du comité consultatif.
M. LESSARD: Vous êtes tellement durs à convaincre qu'il
faut répéter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. DESJARDINS: Le député de Saguenay interrompt son chef,
à qui il ne reste que trois minutes et demie.
M. LESSARD: ... je retire mes paroles.
M. MORIN: Je vois que le député de Louis-Hébert se
fait chronométreur officiel.
M. DESJARDINS: Oui.
M. MORIN: Est-ce que cela compte sur mon temps, toutes ces
interruptions, M. le Président?
M. HARDY: Les interruptions du député de
Saguenay, je l'espère, parce que sans cela, on pourrait
prévoir une collusion entre vous.
M. MORIN: Mais on dirait que nous sommes de collusion, en ce moment,
puisque vous m'interrompez également. Pourtant, M. le
Président...
UNE VOIX: Adressez-vous au président!
M. MORIN: ... je donne ma parole d'honneur que je ne suis pas en
collusion avec le député de Terrebonne. Je n'ai rien à
voir avec le député de Terrebonne. Je démissionnerais
rapidement, plutôt.
M. le Président...
M. HARDY: Pourtant, vous avez fait des choses bien plus graves.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Le député de Terrebonne parlera en Chambre,
là-dessus. J'ai hâte de l'entendre.
M. HARDY: ... le 14 janvier.
M. MORIN: Attendez de voir comparaître devant ce comité des
fonctionnaires, le président de l'Assemblée nationale...
M. SAINT-PIERRE: A l'ordre!
M. MORIN: ... et les ministres responsables. Vous allez voir que vous
allez déchanter rudement.
UNE VOIX: Trois minutes!
M. MORIN: Les coupables, on les fera connaître.
M. LAVOIE: J'espère que vous ne m'invitez pas à participer
au débat.
M. MORIN: Non, non! mais je vous invite d'avance à la commission
de l'Assemblée nationale, M. le Président.
M. LESSARD: On peut vous convoquer aussi.
M. MORIN: ... sans qu'il soit besoin de sub poena.
M. le Président, j'ai la parole. Le comité nous dit que,
pour ces fins, il n'a pas cru nécessaire d'évaluer en argent les
traitements car ce qui les intéresse, disent-ils, c'est la
procédure et non les résultats monétaires en France.
Le problème est de trouver à quelle classe de
fonctionnaires québécois il faudrait se référer.
Nous avons examiné le règlement no 620 de la Commission de la
fonction publique concernant le statut particulier du personnel des cadres
supérieurs, que nous reproduisons en appendice 7. Présentement,
le tableau des traitements des classes supérieures est le suivant. Et on
nous donne, à la page 37, exactement, un tableau qui montre que la
classe 4 des administrateurs voit son traitement se situer entre $19,000 et
$25,000 à compter du 1er janvier 1974.
Je vous fais grâce, pour ne pas faire perdre le temps à la
commission, des autres catégories de fonctionnaires, d'administrateurs,
classes 3, 2 et 1. M. le Président, ce qui est important, c'est la
recommandation qui suit: "L'indemnité des députés pourrait
être rattachée à la classe 4 de ces cadres où
présentement, le traitement est de $19,000 à $25,000. Le
député à plein droit ils veulent sans doute dire
à temps plein, c'est cela accomplit des taches qui ne sont
évidemment pas semblables à celles des administrateurs classe 4,
mais qui peuvent être regardées ils veulent dire
considérées, sans doute comme étant analogues.
M. SAINT-PIERRE: Voulez-vous une motion? Peut-être une motion,
pour changer!
M. MORIN: J'en ferai peut-être une parmi les motions
préliminaires.
M. HARDY: Est-ce que vous vous constituez correcteur
d'épreuves?
M. MORIN: M. le Président, sans être correcteur
d'épreuves...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Trente secondes.
M. MORIN: M. le Président, j'ai été interrompu,
vraiment, de façon intempestive depuis quelques instants.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Nous avons calculé et il vous reste 28
secondes.
M. MORIN: Le comité nous fait la suggestion que
l'indemnité des députés doit être rattachée
à une classe de fonctionnaires. J'aimerais savoir des membres du
comité consultatif pourquoi ils ont choisi ces classes de
fonctionnaires, pourquoi ils n'ont pas choisi plutôt une moyenne, et
j'aimerais leur demander ce qu'ils pensent du système qui a
été adopté dans le bill qui est sous nos yeux, que nous
étudions article par article.
J'ai l'impression que ce serait fort instructif...
M. DESJARDINS: ... causer.
M. MORIN: Je ne vois pas pourquoi les membres du gouvernement
s'opposeraient. Puisqu'ils ont eu confiance dans ce comité consultatif
jusqu'ici, pourquoi s'opposeraient-ils à le faire comparaître? Je
pense que nous pourrions
peut-être, en une demi-journée, au plus deux tiers de
journée, avoir un échange avec le comité consultatif.
M. HARDY: Une fois parti, pourquoi pas une journée?
M. DESJARDINS: Le député me permet-il une petite
question?
M. MORIN: Maintenant que j'ai terminé mon exposé, M. le
Président, je suis prêt à répondre à toutes
les questions de mes collègues.
M. DESJARDINS: M. le Président, avec la permission du chef de
l'Opposition ici, j'ai une petite question. Je voudrais savoir si le conseil
national du Parti québécois a pris connaissance du rapport
Bonenfant et quels ont été les commentaires de René
Levesque au chapitre de l'absentéisme, lui qui détient le record
d'absence à l'Assemblée nationale?
M. MORIN: Oui. Je vais répondre, M. le Président,
j'imagine que vous me donnez le temps nécessaire. A la première
question, le rapport du comité consultatif a été
longuement exposé au conseil national. De fait, presque tout le temps a
été consacré à des exposés. Le conseil
national a dû endurer près de deux heures d'exposés
techniques.
M. HARDY: Le député de Lafontaine? Pas du
député de Lafontaine.
M. MORIN: Je n'ai pas à vous dire qui est intervenu.
M. HARDY: Ah! La lumière, la publicité.
M. MORIN: Pas plus que le Parti libéral ne va venir nous dire qui
joue dans l'ombre pour obtenir telle ou telle décision. Ce qui est
certain c'est que le conseil national a pris sa décision très
rapidement après avoir pris connaissance de ces renseignements. Le
conseil national n'était pas d'accord et nous a demandé
d'accepter un système d'indexation aux conditions dont je vous ai fait
part hier en Chambre. C'est-à-dire que le conseil national n'est pas en
désaccord sur l'indexation. J'espère que ce n'est pas ce que mes
collègues d'en face ont compris.
M. DESJARDINS: J'ai posé une question, s'il en a pris
connaissance. Vous avez dit oui.
M. MORIN: Je vous ai dit que oui.
M. DESJARDINS: Bon et l'autre question: Quels ont été les
commentaires de René Lévesque sur le chapitre de
l'absentéisme.
M. MORIN: Je dois dire que M. Lévesque n'est pas intervenu dans
ce débat, il s'est contenté d'écouter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'il y a d'autres...
M. MORIN: M. le Président, un instant, sur une question de
privilège, je ne voudrais pas que le député de
Louis-Hébert laisse planer des insinuations...
M. DESJARDINS: C'est votre spécialité ça.
M. MORIN: ... j'allais dire des insinuations "malveilleuses". Que le
député de Louis-Hébert fasse attention à ce qu'il
dit. Dans son cas il ne peut pas accuser...
M. DESJARDINS: Des menaces.
M. MORIN: ... comprenons-nous bien, dans son cas il ne peut pas accuser
l'Opposition de ne pas avoir joué "fair play" tout au long de
l'étude de son dossier.
M. HARDY: Cela n'a rien à voir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: Ce que vous n'avez pas fait directement, vous l'avez fait
faire par d'autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que d'autres députés
veulent parler?
L'honorable député de Lafontaine, sur la motion
d'amendement.
M. HARDY: C'est la CSN qui a fait ce que vous ne vouliez pas faire, dans
le cas du député de Louis-Hébert.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais appuyer la motion du
député de Sauvé concernant la possibilité
d'entendre les membres de la commission Bonenfant.
Contrairement à l'attitude du gouvernement lors de l'étude
d'autres rapports, on a convoqué, pour la commission des Institutions
financières, les membres de la commission Gauvin. Ils sont venus
expliquer ce qu'ils pensaient de la situation, les conséquences pour la
population et les intéressés, et longuement nous avons
été tenus de les interroger à la suite d'une
décision du gouvernement.
Cette fois-ci le comité Bonenfant nous présente un rapport
et, contrairement à l'attitude du gouvernement dans l'autre situation,
ces personnes ne sont pas convoquées pour expliquer leur rapport.
J'aurais aimé entendre ces membres de la commission qui s'est
penchée sur l'absentéisme des députés. J'aurais
aimé avoir leurs réponses à certaines questions que je
leur aurais posées. Entre autres, j'aurais aimé savoir comment
ils peuvent corriger ce qui existe déjà dans la Loi de la
Législature à l'article 95. On y dit qu'une déduction de
$60 est faite sur l'indemnité pour chaque jour en plus de 10 qu'un
député
n'assiste pas à une séance de l'Assemblée
nationale. Mais dans le cas des députés élus après
le commencement d'une session, nul jour de session antérieur à
son élection n'est compté comme jour d'absence. Cela ne le touche
pas.
Mais le troisième paragraphe, exception: Ne doit pas être
considéré comme jour d'absence à une séance de
l'Assemblée nationale chaque jour où un député est
empêché d'être présent pour cause de maladie ou d'une
activité officielle. Or, M. le Président, il y a actuellement,
contrairement à cet article de loi, une quantité énorme de
députés qui ont reçu une partie de leur salaire qui leur
avait été donnée en trop. Si je vous disais, M. le
Président.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre des Affaires
culturelles, question de règlement.
M. HARDY: M. le Président, je veux bien croire que la sorte de
motion d'amendement formulée par le député de
Sauvé, que vous avez acceptée, je dois respecter votre
décision, est très large; on peut s'interroger et on peut dire
qu'on pourra poser toutes les questions au monde, une foule de questions. Mais
ce que le député de Lafontaine fait actuellement, c'est qu'il
porte des jugements. Il est en train...
M. LEGER: Ah! M. le Président...
M. HARDY: Laissez-moi finir ma question de règlement.
M. LEGER: Oui, oui...
M. HARDY: Le député de Lafontaine est en train de dire
que, selon lui, dans sa grande sagesse d'inquisiteur...
UNE VOIX: De...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: II est en train de dire qu'il y a des députés
qui ont retiré illégalement des sommes d'argent.
M. LEGER: Bien oui, je vais le prouver.
M. HARDY: Donc, il est en train de dire qu'il y a des
députés qui ont rempli faussement des déclarations. C'est
cela...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. HARDY: Laissez-moi terminer ma question.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. HARDY: M. le Président... M. LEGER: J'ai le droit à la
parole. M. HARDY: M. le Président... M. LEGER: ... avoir
été...
M. HARDY: M. le Président, ni le député de
Lafontaine...
M. LEGER: M. le Président, c'est hors de la question. J'invoque
le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Question de règlement, le
député de Lafontaine.
M. HARDY: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. LEGER: M. le Président, je suis en train de dire,
contrairement à ce que peut comprendre le ministre des Affaires
culturelles, que l'article 95 de la Loi de la Législature, il en est
fait mention dans le rapport Bonenfant. Je suis en train de dire que le rapport
Bonenfant, qui a étudié la situation des députés et
la façon de fonctionner...
M. HARDY: Question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! Un instant, vous
êtes en train de répondre à la question de règlement
que l'honorable ministre des Affaires culturelles a, sur le fond.
M. LEGER: Bien non, pas sur le fond.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On va le laisser finir et on vous donnera la
parole après.
M. LEGER: M. le Président, je suis en train de dire que le
ministre est en train de mal interpréter ma façon
d'exprimer...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bien oui, mais il va se corriger et
après cela, vous reviendrez.
M. HARDY: Non, je ne me corrigerai pas parce...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis sérieux. Continuez.
M. HARDY: Je regrette. Le député de Lafontaine et
là, il a voulu patiner pour revenir sur l'article 95, évidemment
en patinage il s'y connaît le député de Lafontaine,
préalablement, avait dit qu'une des raisons qu'il invoquait pour
interroger des membres de la commission Bonenfant, c'est que des
députés recevaient illégalement leur salaire. Or, M. le
Président...
M. LEGER: J'ai dit des sommes en trop.
M. HARDY: ... le député de Lafontaine n'a pas le droit de
dire cela.
M. LEGER: J'ai dit des sommes en trop. M. HARDY: Bien, des sommes en
trop...
M. LEGER: Ce n'est pas leur salaire, une partie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Alors, M. le Président, en disant que les
députés reçoivent des sommes en trop, je vous cite
textuellement là, à ce moment-là le député
de Lafontaine...
M. LEGER: ... la loi.
M. HARDY: ... pose un jugement sur les agissements de ses
collègues. Il dit, premièrement, que ses collègues font de
faux serments, parce que c'est un affidavit que l'on signe...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. HARDY: ... et, M. le Président...
M. LEGER: II est en train de parler sur le fond, M. le
Président.
M. HARDY: ... en disant que des gens, des députés
reçoivent...
M. LEGER: Ce n'est pas une question de règlement cela, M. le
Président.
M. HARDY: ... des sommes en trop...
M. LEGER: Ce n'est pas une question de règlement qu'il
soulève là.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! Je pense que vous avez
rétabli...
M. HARDY: Non, non, je n'ai pas fini de rétablir parce que c'est
la pertinence du débat. Les membres du comité Bonenfant,
même si on acceptait la motion du député de Sauvé,
même si on les convoquait, ne seraient pas habilités à
venir nous dire si le député Untel, à moins d'aller faire
une enquête dans chaque cas mais pas à partir de leur rapport. Si
j'ai bien compris la motion du député de Sauvé, c'est de
venir nous parler de leur rapport. Or, dans leur rapport, les membres du
comité Bonenfant n'ont pas fait d'enquête pour savoir si le
député de tel comté ou de tel autre remplit bien ou mal sa
déclaration ou si le député de tel comté a
reçu en trop de l'argent. Donc, M. le Président, je dis que le
député de Lafontaine actuellement ne respecte pas la pertinence
du débat; il doit nous dire pourquoi les membres du comité
Bonenfant doivent venir ici. Les membres du comité Bonenfant ne peuvent
pas venir ici pour parler de n'importe quoi; ils doivent venir ici pour parler
de leur rapport.
Or, dans leur rapport, à aucun moment, à partir de leur
rapport, ils ne peuvent venir nous dire si le député de
Lafontaine, tel jour, était absent, avait le droit ou non d'être
absent. Il ne peut pas venir nous dire non plus si le député de
Sauvé, quand il a reçu $1,796, l'a reçu
illégalement ou non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable député
de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, sur la question de règlement,
le ministre des Affaires culturelles tente de nous dire que les propos du
député de Lafontaine ne sont pas pertinents. Je voudrais encore
une fois, pour peut-être la dixième fois, rappeler un article du
règlement, du code Lavoie, de notre règlement.
M. SAINT-PIERRE: Quel article? M. HARDY: Quel article?
M. LESSARD: Oui, je vais vous donner le numéro, l'article 120,
qu'il connaissait, d'ailleurs, assez bien, au moment où il était
vice-président de l'Assemblée nationale...
M. SAINT-PIERRE: Article 23.
M. LESSARD: ... mais il semble que ce ministre ne connaît plus son
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Quel article?
M. LESSARD: L'article 120, M. le Président. Il s'agit d'un
débat en deuxième lecture, mais par analogie ça s'applique
aussi en commission. En effet, "le débat sur toute motion de
deuxième lecture doit être restreint à la portée,
à l'à-propos, aux principes fondamentaux et à la valeur
intrinsèque du projet de loi ou à toute autre méthode
d'atteindre ses fins".
Or, si vous lisez le rapport Bonenfant à la page 21, il
s'interroge sur le fait, par exemple, que des sanctions n'aient pas
été appliquées, tel que prévu par la loi. Or, le
député de Lafontaine se pose la question. Il est vrai
d'ailleurs, le rapport Bonenfant en parle qu'on remarque un
absentéisme très élevé à l'Assemblée
nationale. S'il y a des absences aussi nombreuses, c'est dire que des
députés probablement, en même temps, ont
dépassé le nombre...
M. TARDIF: Quand tu es allé faire de l'agitation chez les
cultivateurs.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LESSARD: ... d'absences qui est
prévu en
vertu de la Loi de la Législature. Et si c'était le cas
nous ne le savons pas il faudrait que ces députés
remettent la somme de $60 par jour d'absence au cours de la session. C'est
exactement ce dont parle le député de Lafontaine et je
l'inviterais à continuer, parce que je le trouve très
intéressant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Lafontaine, sur la motion d'amendement.
M. LEGER: M. le Président, si le ministre des Affaires
culturelles avait attendu la fin du raisonnement, il n'aurait pas tenu les
propos qu'il a mis de l'avant. Ce que je veux exprimer par là, c'est que
le rapport Bonenfant parle du problème de l'absentéisme et de
l'article 95 de la Loi de la Législature. Et je présume qu'il est
un bon juriste. Est-ce qu'il y aurait un juriste qui pourrait accepter qu'une
motion de fin de session...
M. HARDY: J'ai peur de ce mot, parce que c'est l'épithète
qu'on a attribuée à votre chef et je vous dis que...
M. LEGER: J'espère que vous allez faire attention à vos
propos, si vous n'êtes pas bon juriste. Est-ce qu'une motion peut aller
contre une loi? Et une motion de fin de session, qui permet d'absoudre tous les
députés qui n'auraient pas eu le nombre de présences
voulu...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La pertinence. A l'ordre !
M. LEGER: ... est-ce une motion qui va contre la loi?
M. HARDY: M. le Président, pertinent ou pas pertinent, on va
laisser aller le député de Lafontaine.
M. LEGER: Parfait. Le rapport Bonenfant parle du problème de
l'absentéisme et je suis en train de dire qu'à ce jour on a
obligé... C'est une question que j'aurais aimé poser aux membres
de la commission Bonenfant: Qu'est-ce qu'il arrive s'il y a tellement de
députés qui ont manqué les dix jours, sans que ce soit
pour des raisons de maladie ou de fonctions officielles? Justement, maintenant,
on a commencé à prêter serment, mais depuis combien de
temps fait-on prêter serment sur l'Evangile quand nous allons chercher
notre chèque? Cela fait seulement quelques mois.
M. HARDY: Cela vous prend l'Evangile, vous. Vous dites la
vérité seulement quand vous avez l'Evangile, bon.
M. LEGER: Vous l'avez fait uniquement... LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre!
M. LEGER: ... quand vous vous êtes aperçus qu'on
surveillait les présences et les absences.
M. HARDY: II me semblait.
M. LEGER: Depuis ce temps, vous avez obligé vos
députés à faire serment sur la déclaration qu'ils
faisaient.
M. HARDY: Quand j'ai vu certains gestes... LE PRESIDENT (M. Gratton): A
l'ordre!
M. HARDY: ... emprunté des collectes d'église, il me
semblait aussi que vous...
M. LEGER: M. le Président, j'ai toujours la parole?
Je suis en train de dire qu'au moins depuis 1970 on adoptait, à
la fin de la session, une motion pour absoudre les absents. S'il fallait
adopter à la lettre cet article 95 c'est la question que je
voulais poser aux membres de la commission Bonenfant de quelle
façon peut-on s'en sortir? Savez-vous, pour l'information du
député de Terrebonne, qu'il y a à peine une vingtaine de
députés dans cette Chambre, qui n'ont pas dépassé
le nombre de jours où on leur permettait d'être absents, soit dix
jours? Est-ce que vous savez qu'il n'y a qu'une vingtaine de
députés à l'Assemblée nationale qui ont eu moins de
dix jours d'absence? C'est cette question que j'aurais pu poser au
comité qui s'est occupé de voir à trouver des solutions
à l'absentéisme: Comment être capable à la fin d'une
session ou autrement, par une autre façon...
M. HARDY: Dans votre cas, vous seriez mieux d'être absent.
M. LEGER: Ah oui! De toute façon, le député est mal
pris. Comment être capable par une motion, à la fin d'une session,
d'aller contre une loi qui dit qu'un député ne doit pas
être absent plus de dix jours à moins d'être en
représentation officielle ou à moins d'être malade?
Jusqu'à maintenant, quand on regarde les présences à
l'Assemblée nationale, il n'y en a qu'une vingtaine qui ont eu le nombre
de présences voulues. Il y en a même 37 députés qui
ont été absents plus du tiers. A ce moment, est-ce qu'on doit,
nous de l'Assemblée nationale, obliger des fonctionnaires à
signer des chèques complets à des députés qui
auraient manqué pour des sommes qui auraient été
perçues en trop? A ce moment, comment interpréter la motion du
ministre Bienvenue qui dit que lorsqu'on reçoit un chèque qui
n'est pas mérité, on n'a pas le droit de l'accepter? A ce moment,
on devient inéligible. A ce moment, c'est pratiquement une
élection générale au Québec qu'il faudrait
faire.
M. HARDY: Vous venez de dire quelque chose d'intelligent.
M. LEGER: Oui.
M. HARDY: Je pense que vous avez raison. Vous jetez un doute dans mon
esprit. Je pense que la fameuse motion qui absolvait à la fin
n'était pas légale. En vertu d'une motion, je pense qu'on ne peut
pas empêcher l'application d'une loi.
M. LEGER: C'est cela.
M. HARDY: Je pense que pour une fois, vous avez quelque chose de
positif.
M. LEGER: C'est parce que vous voulez aller chercher votre titre de bon
juriste.
M. LESSARD: Vous commencez à vous poser des questions.
M. LEGER: C'est parce que j'ai dit... que le député de
Terrebonne...
M. HARDY: Si vous continuez ainsi, vous allez être meilleur que
votre chef.
M. LESSARD: Vous voyez pourquoi nous sommes tant acharnés
à intervenir. Vous venez de vous poser une question importante.
M. HARDY: Bien oui.
M. LESSARD: A la fin du débat, vous verrez, vous serez avec
nous.
M. HARDY: Après trois heures, c'est normal qu'au moins il y ait
un apport positif. Après trois heures.
M. LEGER: Je pense que l'admission du ministre va l'inciter à
voter pour que le groupe Bonenfant qui a étudié "toute" l'aspect
non seulement des revenus, mais aussi l'aspect complet du rôle, la
responsabilité du député...
M. HARDY: "Tout" l'aspect. Le bill 22.
M. LEGER: Est-ce que le député a un rôle de
législateur important à jouer? Est-ce qu'il doit se permettre
d'être absent si souvent? Est-ce qu'on doit l'absoudre par une motion de
fin de session? De quelle façon allons-nous trouver une solution
à cela? Est-ce que ce n'est pas au comité de spécialistes
qui a présenté un rapport qui touche cette question, à qui
nous pourrions demander des solutions face au dilemme devant lequel nous sommes
placés?
Les fonctionnaires de l'Assemblée nationale qui ont émis
des chèques sont mal à l'aise sachant qu'ils ont émis des
chèques à des députés, et que pour un grand nombre
de députés, c'était plus gros que le montant qu'ils
auraient dû donner. Est-ce qu'à la fin de la session, on va
être obligé de réclamer les $60 par député?
Pour plusieurs, cela ferait pratique- ment la somme exacte de la
rétroactivité qu'ils demandent?
M. HARDY: Avez-vous l'intention de présenter une motion pour
demander la démission du comptable de l'Assemblée nationale?
M. LEGER: Je dis qu'ils sont mal à l'aise d'être
obligés de faire des actions qui sont commandées par ceux qui
sont des législateurs, par ceux qui sont membres de l'Exécutif,
qui voient à ce que les chiffres soient faits, que les chiffres soient
respectés et que les gestes des députés soient
réellement contrôlés de façon qu'il n'y ait pas deux
poids, deux mesures.
Il me reste encore au moins cinq minutes, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah oui!
M. LESSARD: Peut-être six?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah oui!
M. LEGER: Ce sont des questions comme celles-ci, pour permettre
d'obtenir de M. Bonenfant et de M. Cliche entre autres, celui-ci ayant
déjà siégé ici comme député, et tous
les anciens députés qui ont participé à cette
décision... moi-même, je me sens mal à l'aise de dire:
Comment se fait-il qu'on a présenté une motion de fin de session
et que l'année dernière, on n'en a pas présenté, en
1973? C'est donc dire que c'est pire.
Non seulement n'a pas fait de motion, ce qui était
illégal, mais on n'a pas suivi ce qui est prévu à
l'article 95 de pénaliser de $60 par jour d'absence tous les
députés qui n'avaient pas cette présence en Chambre, M. le
Président.
C'est justement une question que je pose. Qu'est-ce qu'on fait devant
cette situation? Est-ce que la commission Bonenfant, qui s'est penchée
sur le problème, ne pourrait pas trouver une solution? Pardon?
Est-ce que la commission Bonenfant, qui s'est penchée sur la
question, ne pourrait pas nous donner une réponse à cela? On est
réellement mal placé, à la fin d'une session. Est-ce qu'on
doit être injuste? Est-ce qu'on peut-être capable, seulement par le
fait que les députés signaient leur formule sans avoir
prêté serment, même si on a juste une formule
assermentée normalement, Us sont censé le faire avec une
assermentation...
M. HARDY: Votre voisin...
M. LEGER: II y en a qui le font sur un livre de téléphone,
mais c'est une autre affaire ça.
M. le Président, c'est une question importante, et je pense
qu'avant d'ajourner, il va falloir qu'on se penche sur cette question qui est
très difficile à résoudre. Des experts pourraient nous
permettre d'apporter des commencements de solution à cette situation qui
est assez difficile, quand même.
M. HARDY: Vous avez fini.
M. LEGER: M. le Président, est-ce qu'il me reste encore du temps?
Il me reste une minute?
M. LESSARD: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non. Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Je pense, M. le Président, que nos collègues
ne sont pas parfaitement convaincus. Je vais tenter de les convaincre de la
nécessité de faire venir et faire témoigner M. Bonenfant
et les membres de son comité.
M. le Président, quand on s'attaque à la question des
salaires des députés, il faut être sérieux et il
faut le faire de façon très prudente. Comme vous me l'avez
affirmé tout à l'heure, il est possible qu'on soit en conflit
d'intérêts quand ce sont des députés qui sont dans
l'obligation de voter une augmentation des salaires.
M. le Président, je voudrais justement, étant donné
que cette prudence est nécessaire, qu'on prenne toutes les heures qui
nous seront nécessaires pour étudier de façon globale
cette question des salaires. Il y aurait au moins sept questions importantes
que je voudrais poser aux responsables de cette commission. Il faut dire que
quand nous avons formé une commission indépendante, on voulait
simplement que les députés ne soient pas dans l'obligation de se
voter un salaire. Mais comme on veut modifier, par le rapport Bonenfant, on
veut modifier maintenant ce qui se passera dans l'avenir, il faudrait le faire
de façon complète parce que la question du salaire des
députés va toujours soulever plusieurs questions chez la
population. D'abord, les sept questions sont les suivantes, et je vais les
développer, M. le Président.
D'abord, je voudrais poser des questions concernant le questionnaire qui
a été envoyé aux députés.
M. DENIS: Première question du questionnaire.
M. LESSARD: Je voudrais, M. le Président, poser des questions
concernant les circonscriptions rurales, les circonscriptions urbaines. Je
voudrais poser des questions concernant l'absentéisme à
l'Assemblée nationale et les moyens de corriger je sais que mon
collègue en a parlé surtout ces absences.
M. HARDY: Votre chef va être très éloquent
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: Je voudrais poser des questions sur le salaire qui a
été choisi, soit celui de $22,000. Je voudrais poser des
questions sur les allocations et services qui sont analysés dans le
rapport Bonenfant, à la page 25.
Je voudrais poser des questions concernant la reconnaissance des partis
d'Opposition, qui ne sont pas pourtant des partis reconnus, en particulier la
reconnaissance financière du Ralliement créditiste et de l'Union
Nationale. Je voudrais, enfin, comme septième question, mais je vais
revenir sur chacune, poser des questions sur la façon de revaloriser le
rôle du député. C'est là, je pense, le thème
essentiel qu'on a tenté de développer lors du discours de
deuxième lecture en Assemblée nationale. On peut se demander si
une augmentation de salaire permettrait, dans l'opinion publique, de
revaloriser le rôle du député. Nous pourrions demander au
comité, demander à M. Bonenfant quels seraient les moyens qu'il
aurait pu prévoir ou qu'il aurait lui-même prévus pour
revaloriser le rôle du député.
D'abord, première question, le questionnaire. On sait qu'il y a
seulement 50 députés qui ont répondu à ce
questionnaire. Est-ce que, selon M. Bonenfant, l'échantillonnage
était satisfait? Est-ce que les 110 députés de
l'Assemblée nationale n'auraient pas pu remplir et envoyer leur
questionnaire au comité Bonenfant? Mais parmi ces 50
députés, là mon collègue de Louis-Hébert va
être intéressé, combien de députés...
M. DESJARDINS: Je suis intéressé depuis le
début.
M. LESSARD: ... des régions rurales ont répondu et combien
de députés des régions urbaines ont répondu? C'est
important parce que cela rejoint la deuxième question que je veux
discuter avec la commission Bonenfant, les circonscriptions
électorales.
Je pense que cela ne ressort pas assez, ça, lorsque nous
discutons du problème des députés dans leur travail. Je
vois le ministre des Transports, il en a très bien parlé dans son
discours de deuxième lecture. Il s'agit des circonscriptions
rurales.
Chacun des députés que je vois autour de cette table,
à cette commission parlementaire, qui provient d'une région
rurale pourra affirmer que le montant d'allocation de $7,000 qui est
prévu pour remplir son mandat paraît, contrairement à ce
que certains journalistes disent d'ailleurs, insatisfaisant pour les
députés des régions rurales.
Je suis assuré, par exemple, que beaucoup de
députés des régions rurales dépensent beaucoup plus
que les $7,000. Cette année je vais accumuler des preuves. Je suis
assuré que le montant d'allocation de $7,000 est insatisfaisant pour
beaucoup de députés ruraux. Je pense en particulier au
député de Duplessis, qui doit couvrir presque 50 p.c. de la
superficie du Québec. Est-ce qu'on ne devrait pas donner d'autres
moyens? Je sais qu'en vertu de ce projet de loi une commission a
été formée pour
étudier ce problème. Mais quels sont les moyens qu'a
prévus la commission Bonenfant pour compenser peut-être plus
fortement les dépenses d'un député d'une circonscription
rurale? Est-ce que dans la circonscription de Duplessis on ne devrait pas
prévoir deux bureaux, un bureau à Havre-Saint-Pierre, pour le
député, et un bureau à Sept-Iles? Cela est important
d'étudier cette question.
Le député qui reste à Québec, le
député de Louis-Hébert, par exemple, reçoit la
même allocation que moi. Il reçoit l'allocation de $7,000 comme
moi.
M. HARDY: Si on calculait cela selon votre norme, il y en a qui sont
plus loin.
M. LESSARD: La superficie du comté de Louis-Hébert est
absolument incomparable par rapport à la superficie d'un comté,
par exemple, comme le comté de Duplessis ou comme le comté de
Saguenay. Donc, M. le Président, il est peut-être vrai que
l'allocation de $7,000 qui est accordée au député de
Louis-Hébert est trop élevée, par rapport à
d'autres circonscriptions électorales comme celle de Saguenay ou celle
de Duplessis.
M. le Président, je pense qu'il est absolument important qu'on
puisse analyser ce problème et qu'on puisse trouver des solutions
à ce problème, parce que les députés des
circonscriptions rurales ne reçoivent pas les allocations qu'ils
dépensent ou exactement les mêmes montants d'allocations que ceux
qui sont dépensés. Ils sont bien souvent obligés de gruger
sur leurs $15,600 pour payer des frais de représentation.
Je voudrais, M. le Président, interroger les membres de la
commission Bonenfant sur les moyens ou les sanctions qu'ils prévoient
concernant l'absence...
M. TARDIF: Mais on va voter pour.
M. LESSARD: Ah non!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. DENIS: Je voudrais bien connaître les questions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Continuez.
M. LESSARD: On dit dans le rapport Bonenfant, M. le Président,
à la page 21 au sujet de l'absence: "En effet, ce qui, dans bien des
cas, semble nuire auprès du public à la réputation du
député, c'est le fait qu'il ne soit pas toujours présent
à l'Assemblée nationale. Dans quelques pays, on applique aux
absents des sanctions disciplinaires sévères qui, parfois, vont
jusqu'à la déchéance du mandat".
J'aurais aimé, M. le Président, que la commission
Bonenfant analyse différents types de sanctions qui sont
appliquées dans différents pays et nous propose des moyens pour
dimi- nuer ces absences. Je pense que c'est très important. J'aurais
aimé...
M. TARDIF: Est-ce qu'ils ont parlé des agitateurs qui sont
absents?
M. LESSARD: Non, on ne parle pas des agitateurs.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: Mais il y a une chose: si vous adoptez ce projet de loi,
vous allez devenir des agitateurs, parce que l'opinion publique commence
à avoir son voyage...
M. TARDIF: Vous êtes un agitateur auprès des agriculteurs,
vous.
M. LESSARD: ... de voir qu'alors qu'on vous a demandé à
maintes reprises d'augmenter le salaire minimum, alors qu'on vous a
demandé à maintes reprises de faire la réouverture des
conventions collectives, vous rouvrez votre convention collective.
L'opinion publique commence à avoir son voyage. Ce sont ceux qui
provoquent l'opinion publique qui sont les véritables agitateurs, et
c'est le député d'Anjou qui a voté pour ce projet de loi
en deuxième lecture qui devient un agitateur dans les circonstances,
parce que l'opinion publique commence à avoir son voyage.
M. TARDIF: ... parce que vous autres, dans le fond, vous êtes en
faveur. Vous êtes trop hypocrites. Tartuffe !
M. ROY: Silence! A l'ordre! Soyez calmes!
M. LESSARD: M. le Président, pourquoi ce montant de $60
prévu dans la loi n'a-t-il pas été satisfaisant pour
réduire les absences à l'Assemblée nationale? Est-ce parce
que ce montant n'est pas assez élevé? Ne devrait-on pas, comme le
disait le député de Johnson, indiquer un montant plus
élevé, $100, par exemple, ou est-ce parce que la loi n'a jamais
été appliquée? J'aurais aimé interroger la
commission Bonenfant sur ces différentes questions.
Le rapport Bonenfant souligne aussi le fait qu'on devrait faire
disparaître le serment, tel qu'il est demandé depuis quelques
mois. Mais si on fait disparaître le serment, il faudrait appliquer une
sanction. Concernant les salaires, le rapport Bonenfant nous propose la somme
de $22,000 par année. Est-ce qu'on peut se poser la question, comme je
l'ai posée tout à l'heure? Est-ce suffisant, est-ce que ça
va permettre au député de Louis-Hébert d'être
à plein temps, un salaire de $22,000 par année?
M. DESJARDINS: Je suis à plein temps, ne vous en
déplaise.
M. LESSARD: Quels sont les critères et les normes qui ont
été analysés? ... Vous me dérangez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Vous dérangez le
député de Saguenay. A l'ordre !
M. DESJARDINS: Vous avez raison, M. le Président.
M. LESSARD: Quels sont les critères et les normes qui ont
été retenus...
M. TARDIF: ... absolument rien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Bon, la commission suspend ses travaux jusqu'à nouvel ordre de la
Chambre.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 19
M. GRATTON (président de la commission de l'Assemblée
nationale): A l'ordre, messieurs !
La commission reprend là où on avait laissé,
c'est-à-dire en écoutant l'honorable député de
Saguenay sur une motion d'amendement proposé par l'honorable chef de
l'Opposition officielle à l'effet d'entendre les membres du
comité spécial Bonenfant avant de procéder à
l'adoption de l'article 1.
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Alors, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A qui il reste environ cinq minutes.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Avant la suspension des
travaux, j'avais appuyé la motion qui avait été
présentée par le chef de l'Opposition officielle afin de faire
entendre les membres de la commission Bonenfant en disant que j'aurais eu
l'intention de soulever sept questions aux membres de cette commission
parlementaire et je pense que j'étais rendu, M. le Président,
à traiter de la cinquième question que je voulais soulever
auprès de cette commission parlementaire. Il peut arriver, au cours de
mon intervention, M. le Président, que j'en trouve une
huitième.
M. le Président, la commission Bonenfant a aussi traité,
à la page 25 de son rapport, des allocations et services qui sont
accordés aux députés. On sait que le projet de loi 87 a
remis cette décision entre les mains d'un comité pour
étudier toute cette question, à savoir le montant qui devrait
être alloué pour les bureaux, le montant qui devrait être
alloué pour le logement secondaire à Québec. Mais, M. le
Président, j'aurais voulu quand même savoir de cette commission
quelles sont les solutions qu'il proposait concernant des circonscriptions
électorales, particulièrement les circonscriptions
électorales rurales et plus particulièrement des circonscriptions
qui sont aussi immenses que celles de Saguenay, de Duplessis, d'Abitibi-Est et
d'Abitibi-Ouest.
Je pense, comme je le disais, qu'il faut être très
sérieux quand on étudie la question du salaire des
députés et il ne faut pas présenter des solutions
temporaires, mais il faut présenter une solution qui sera permanente.
Cela veut dire qu'il faut étudier toute la question des allocations et
services puisqu'il est certain que le député qui demeure
près de la colline parlementaire, avec une allocation de $7,000 par
année, est certainement plus avantagé que celui qui demeure loin
de la colline parlementaire et qui a un comté très vaste. Alors,
j'aurais voulu justement soulever un certain nombre de questions concernant ce
fait.
De plus, M. le Président, nous retrouvons dans le projet de loi
87 une recommandation
concernant la reconnaissance financière du Parti
créditiste et du parti de l'Union Nationale.
En effet, l'article 8, au troisième paragraphe, il est dit ceci:
"En outre de l'indemnité et de l'allocation visées aux articles
92 et 99, il est accordé au député autre que celui qui est
visé à l'article 98, qui dirige, à l'Assemblée
Nationale, un parti de l'Opposition: qui était représenté,
suivant les sous-paragraphes 1 ou 2, lors de la Législature
précédente, une indemnité égale au produit de
l'indemnité visée à l'article 92 par 45;"
Cet article, en tout cas, m'apparaft absolument anormal dans les
circonstances actuelles, puisque la population a eu l'occasion de
décider quel sera le parti qui sera reconnu officiellement à
l'Assemblée nationale. J'aurais aimé connaître, de la part
de M. Bonenfant ainsi que des membres du comité, si cette recommandation
ou si cet article, tel que rédigé dans le projet de loi 87,
correspond aux recommandations qu'ils ont pu faire dans leur rapport.
Je pense aussi que le problème essentiel, c'est-à-dire
l'un des problèmes les plus importants que nous devons discuter en
étudiant ce projet de loi, c'est la question de la revalorisation du
rôle du député. Or, j'ai pu constater que le rapport
Bonenfant laissait de côté ou ne touchait à peu près
pas cette question fondamentale. On sait que, depuis plusieurs années,
le ministre des Affaires culturelles en a déjà d'ailleurs
parlé. C'est là une des questions primordiales et nous nous
demandons sérieusement si le fait qu'on puisse augmenter le salaire va
permettre de revaloriser le rôle du député.
Je pense qu'il y a d'autres moyens de revaloriser ce rôle, soit
par la participation plus intensive aux commissions parlementaires ou par
d'autres moyens. Nous comprenons que le fait que le parti ministériel
ait 101 députés, c'est une situation temporaire, parce que nous
croyons que cela va avoir beaucoup plus de chances de diminuer.
Voilà autant de questions que nous aurions pu discuter avec les
membres du comité Bonenfant. En terminant, nous croyons très
sérieusement qu'avant d'adopter ce projet de loi, il faudrait en
analyser toutes les conséquences et régler, une fois pour toutes,
le sort des députés, la situation financière et aussi la
question des circonscriptions électorales, rurales ou semi-rurales,
semi-urbaines. Je pense que c'est là un problème très
important.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, la commission est-elle prête
à se prononcer sur cette motion d'amendement?
M. HARDY: Vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si oui, est-ce qu'on demande le vote
enregistré?
M. LESSARD: C'est cela, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, la motion principale...
M. HARDY: II faudrait se prononcer sur l'amendement avant la motion
principale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, mais pour le bon entendement de mon bon
ami, le député de Johnson...
M. LESSARD: Votre motion principale n'était pas
régulière.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... je voudrais souligner que le ministre a
proposé l'adoption à l'article 1 et que le chef de l'Opposition a
fait motion d'amendement qui se lit comme suit: ...
M. LESSARD: M. le Président, question de règlement. Est-ce
que vous avez accepté?
M. HARDY: La décision était rendue.
M. LESSARD: Avez-vous accepté la proposition du ministre des
Affaires culturelles...
DES VOIX: Oui.
M. LESSARD: ... même si...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Laquelle? La décision était
rendue.
M. LESSARD: Comme recevable, à savoir que l'article 1 soit
adopté.
M. HARDY: Oui.
M. LESSARD: La décision du 18 juillet...
M. HARDY: Votre motion est un amendement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, ce n'était pas cela, je m'excuse.
Le député de Saguenay est mieux de relire la décision. La
motion d'amendement du chef de l'Opposition officielle est à l'effet
d'ajouter après la motion du député de Terrebonne les mots
suivants "après avoir entendu les membres du comité consultatif
sur les indemnités et allocations des parlementaires du Québec,
soit M. Jean-Charles Bonenfant, président, Mme Yvette Rousseau et M.
Lucien Cliche, ancien président de l'Assemblée, afin de les
interroger sur certains aspects du rapport soumis par eux au président
de l'Assemblée le 12 novembre 1974".
Le vote enregistré. M. Lessard?
M. LESSARD: Pour. Est-ce qu'on est sur l'amendement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La motion d'amendement, oui.
M. LESSARD: Pour, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bellemare (Johnson)?
M. BELLEMARE (Johnson): Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Fortier? M. Lévesque? M. Morin?
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Giasson?
M. GIASSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Léger?
M. LEGER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapointe?
M. LAPOINTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Pagé? M. Desjardins?
M. DESJARDINS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Roy?
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Sylvain?
M. SYLVAIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Tardif?
M. TARDIF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pardon?
M. ROY: C'est la motion...
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'amendement.
M. ROY: ... d'amendement du chef de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est cela.
M. ROY: Contre. N'applaudissez pas. Je vais me passer de vos
applaudissements.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, pour trois, contre onze. L'amendement
est défait. Est-ce que la commission est prête à adopter la
motion du...
M. MORIN: Non, M. le Président, il y a des questions que nous
aimerions poser avant l'adoption de cet article. Il s'agit donc de modifier
l'article 46 de la Loi de la Législature.
J'attirais votre attention sur le fait que la consolidation habituelle
pourrait nous induire en erreur, parce que le texte anglais de l'article 46
existant, le texte anglais du second alinéa du premier paragraphe, est
toujours inscrit dans la consolidation habituelle, alors qu'en
réalité, il semble que ce second alinéa...
M. HARDY: ... révisé...
M. MORIN: ... du premier paragraphe ait déjà
été abrogé.
M. HARDY: ... a été révisé. On vous a fait
distribuer...
M. MORIN: Oui, c'est cela, mais j'attirais l'attention des
collègues sur le fait que, dans la version révisée, le
second alinéa du premier paragraphe, dans la version anglaise, a
déjà disparu. Bon ! Je veux donc poser une première
question: Quelle est l'explication de cela?
M. SAINT-PIERRE: On a donné l'explication dans les notes
explicatives du projet de loi, une erreur de transcription est survenue.
M. MORIN: Pourrait-on nous expliquer un peu plus comment cette erreur de
transcription a été commise?
M. HARDY: M. le Président, le juriste qu'est le
député de Sauvé sait très bien que des erreurs de
transcription, habituellement, cela n'a pas de raison d'être. Ce sont des
erreurs qui se produisent un peu au hasard...
M. LEGER: ... des erreurs claires...
M. HARDY: C'est assez rare qu'on peut justifier ou motiver ou trouver
des explications très rationnelles à une erreur de
transcription.
M. MORIN: Mais pourquoi avait-on abrogé ce paragraphe?
M. HARDY: C'est parce qu'il y a eu deux vice-présidents.
C'était tout simplement pour la
concordance. C'est une question de concordance avec d'autres amendements
qui avaient été apportés antérieurement à la
loi. Il y a maintenant deux vice-présidents. Il n'y a plus de
comité des bills privés et de comité des bills
publics.
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais demander...
M. HARDY: II y a concordance aussi avec le règlement de la banque
de vice-présidents, de présidents de commission qui n'existait
pas autrefois, qui existe maintenant, et à toutes fins pratiques, ce
sont les présidents, qui appartiennent à la banque des
présidents, qui agissent aux lieu et place du président et des
vice-présidents lorsque ceux-ci sont incapables d'agir ou sont
absents.
M. MORIN: Bon! Mais est-ce que vous pourriez m'expliquer ce qui
arriverait si, par hasard, le président et les deux
vice-présidents étaient incapables d'exercer leurs fonctions?
M. HARDY: En vertu des règlements, c'est l'un des
présidents de commission qui agit à leur place. C'est le
règlement qui prévoit. De toute façon, même en vertu
de l'ancien règlement, et je ne pense pas que le règlement actuel
contredise cela, tout membre de l'Assemblée nationale pouvait occuper le
fauteuil.
M. LESSARD: Autrement dit, le texte que nous avions auparavant
était un texte fautif et qui ne correspondait pas à la
réalité.
M. HARDY: Pardon?
M. LESSARD: Le texte qui existait auparavant était un
texte...
M. HARDY: L'article 46, oui, oui.
M. LESSARD: II y avait eu une erreur. Est-ce qu'il reste des textes
comme celui-là où il y aurait eu des erreurs de
transcription?
M. HARDY: Encore là, je suis convaincu que si vous vous informez
auprès du député de Sauvé, universitaire et
professeur de droit, il vous apprendra que dans tous les textes de loi, dans
tous les volumes de statuts...
M. LESSARD: Heureusement.
M. HARDY: ... il existe toujours des erreurs. C'est la raison pour
laquelle le Parlement siège. C'est pour non seulement voter de nouvelles
lois, mais c'est aussi pour corriger des erreurs antérieures. Je ne
pense pas qu'il existe de lois parfaites.
M. MORIN: M. le Président, si par hasard le président de
l'Assemblée et les deux vice-prési- dents étaient
incapables d'exercer leurs fonctions, il arriverait donc que le
secrétaire général de l'Assemblée en aviserait la
Chambre et que la Chambre désignerait un député pour le
remplacer temporairement.
M. HARDY: Cela existe seulement pour présider les travaux de la
Chambre, non pas...
M. MORIN: Oui.
M. HARDY: ... pour signer les documents que le président et les
vice-présidents absents peuvent faire pendant les périodes
d'intersession.
M. MORIN: Après les vice-présidents, M. le
Président, j'aimerais demander au ministre, quel serait le plus
haut...
M. HARDY: Ordre hiérarchique.
M. MORIN: ... personnage dans l'ordre hiérarchique par rapport au
poste de président de la Chambre? Serait-ce le président de la
commission de l'Assemblée nationale?
M. HARDY: Non, c'est l'égalité complète
après les vice-présidents. Tous les membres de l'Assemblée
sont égaux. Est-ce que c'est conforme à la philosophie de votre
programme?
M. MORIN: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de prévoir que le
président de l'une des commissions qui serait désigné
d'avance, puisse se substituer dans les fonctions du président au cas
où le président et les vice-présidents seraient
empêchés.
M. HARDY: M. le Président, la loi de la Législature
existait depuis 1867 et prévoyait un président et un
vice-président. Le problème ne s'est jamais posé. Alors
s'il ne s'est pas posé en plus d'un siècle, je ne vois pas
pourquoi, il se poserait à l'avenir. Je pense vraiment que c'est de
faire de la fausse scholastique, ce que fait actuellement le
député de Sauvé.
M. MORIN: Non, M. le Président, entendons-nous bien.
M. HARDY: Vous inventez des problèmes.
M. MORIN: Le ministre nous dit qu'autrefois il y avait un
président et un vice-président.
M. HARDY: Oui. Il y en a un autre...
M. MORIN: Mais on avait prévu que si l'un et l'autre venaient
à manquer, le président de la commission des bills privés
et publics pourrait le remplacer.
M. HARDY: II y en avait trois comme aujourd'hui.
M. MORIN: Bon, mais je dis que, dans ce cas, peut-être improbable
et j'imagine que la loi est faite pour durer longtemps, elle n'est pas
faite seulement pour l'année prochaine est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu de prévoir un ordre de succession en quelque sorte?
M. HARDY: Je m'excuse.
M. MORIN: Je n'ai pas tout à fait terminé, M. le
ministre.
M. HARDY: C'est parce que vous induisez la commission en erreur
d'après ce que vous venez de dire.
M. MORIN: Corrigez-moi et ensuite je procéderai.
M. HARDY: C'est que, dans le deuxième paragraphe que l'on veut
rayer, on dit: Lorsque le président et le vice-président sont
incapables d'exercer leurs fonctions ou sont absents, le président de la
commission des bills privés et publics, qui est aussi
vice-président adjoint... Alors, cela voudrait dire qu'il y avait trois
personnages, à ce moment-là, qui agissaient, comme il y en a
encore trois.
M. LEGER: Je voudrais seulement en profiter pour donner un exemple
où nous avions absolument besoin du président pour prendre une
décision. C'était un samedi où nous siégions au
salon rouge sur le bill 22. A un moment donné, il y avait une
décision très difficile à prendre pour le président
pro tempore ou le président substitut et, normalement, la
décision qui se prenait était de consulter le président de
l'Assemblée nationale pour lui demander la permission d'ouvrir les
galeries. Vous vous rappelez de...
M. HARDY: Votre exemple ne sert pas parce que le vice-président
était là, M. Robert Lamontagne.
M. LEGER: Laissez-moi terminer. Ce n'était pas le
vice-président qui présidait à ce moment-là, si je
me souviens bien.
M. HARDY: Non, mais il était sur place.
M. LEGER: De toute façon, le problème, c'est qu'on ne
pouvait rien faire parce qu'on ne pouvait pas rejoindre le président et
il était le seul qui pouvait permettre d'ouvrir les galeries.
M. HARDY: Comment voulez-vous résoudre cette question?
M. LEGER: Je pose la question. Si le président n'est pas
là et que les vice-présidents ne peuvent être rejoints,
qui...
M. HARDY: En vertu de la Loi de la
Législature, en l'absence du président, les
vice-présidents ont les mêmes pouvoirs.
M. LEGER: Mais si les deux vice-présidents ne sont pas
présents et qu'il arrive un problème où il faut consulter
le président sur une décision qui lui revient en commission
parlementaire élue, qui remplace le président? Cela nous est
arrivé au mois de juillet.
M. HARDY: M. le Président, je pense bien qu'il s'agit encore
là d'un faux problème. Il y a trois personnes, on pourrait bien
allonger cela à l'infini et...
M. LEGER: Vous voulez dire que n'importe quel député de
l'Assemblée nationale pouvait remplacer le président et les deux
vice-présidents.
M. HARDY: Non. N'importe quel député de l'Assemblée
nationale peut présider à l'Assemblée nationale ou peut
présider une commission. Je pense. A moins que le nouveau
règlement ait modifié cela. Autrefois, selon l'ancien
règlement, c'était ainsi. Je ne saurais dire si, en vertu du
nouveau règlement, il faut absolument que ce soit un des membres de la
banque, mais pour les actes, pour les autorisations, pour les signatures, seul
le président peut le faire et, en son absence, l'un des deux
vice-présidents.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait me dire si les
présidents suppléants, au niveau des commissions parlementaires,
sont nommés directement à une commission parlementaire,
c'est-à-dire s'ils sont rattachés à une commission
parlementaire, soit une commission de l'Assemblée nationale?
M. HARDY: Vous le savez très bien, c'est le règlement.
M. LEGER: C'est une décision qui, quand même, est
votée.
M. LESSARD: Par exemple, est-ce que M. Gratton est nommé
président de l'Assemblée nationale...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. LESSARD: Ou est-ce que M. Gratton est président de la
commission de la justice, est-ce qu'ils sont attachés à une
commission?
M. HARDY: M. le Président, je réfère le
député de Saguenay au règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'article 1 est-il adopté?
M. MORIN: Non, M. le Président, je m'inquiète de ce
problème. Vraiment, je ne vois pas
pourquoi le ministre rit, lui qui est un si grand expert en droit
parlementaire, il devrait s'inquiéter, il devrait savoir...
M. HARDY: M. le Président, jamais je ne me suis affublé de
quelque titre que ce soit et l'exemple du député de Sauvé
va me rendre encore plus prudent.
M. LEGER: Si cela peut vous rendre plus humble.
M. MORIN: M. le Président, ce que j'aimerais proposer pour le cas
où les deux vice-présidents viendraient à manquer, auquel
cas on se trouverait devant une situation où personne ne serait capable
d'exercer toutes les fonctions du président, j'aimerais proposer de
remplacer, à l'article 1, les mots "la supression" dans la version
française du deuxième alinéa du paragraphe 1 par les mots
suivants: "par la modification" dans la version française ainsi que dans
la version anglaise en découlant...
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des amendements au fur et à mesure.
M. MORIN: Est-ce que ce n'est pas mon droit?
M. HARDY: Des amendements improvisés.
M. MORIN: Est-ce que ce n'est pas mon droit? Ecoutez, je me rends compte
qu'il y a un problème...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je ferai remarquer au chef de l'Opposition
qu'il faut que chaque amendement proposé soit fait...
M. MORIN: II l'est déjà.
M. HARDY: Me permettez-vous une question, M. le
député?
M. LESSARD: En vertu de quel article...
M. MORIN: Voulez-vous attendre? Vous êtes en train de me
mêler et c'est déjà assez difficile à rédiger
comme ça.
M. HARDY: Justement, c'est là-dessus. N'avez-vous pas
déjà enseigné, comme tous les grands juristes, qu'il
était très dangereux de légiférer sur le bout de la
table?
M. MORIN: M. le Président, je m'aperçois que l'amendement
qu'on nous propose a peut-être justement été
préparé à la vapeur, sur le bout de la table. M. le
Président, je m'étonne, je ne sais combien de fois, dans
l'étude des projets de loi, après la seconde lecture, nous avons
fait des propositions. Le ministre les a acceptées. Je vais vous donner
un exemple.
Encore l'autre jour, à propos de la Loi sur le ministère
des Affaires intergouvernementales, j'ai proposé en Chambre des
amendements sur-le-champ au ministre des Affaires intergouvernementales. Mieux
que cela, je lui ai proposé vous le savez de remplacer
l'article qu'il proposait par l'ancienne rédaction se trouvant dans la
loi antérieur et, aussitôt, il l'a accepté.
M. le Président, il est quelquefois possible d'améliorer
une loi sur-le-champ. Autrement, il faudrait conclure que ces commissions sont
peu utiles. Aussi, je voudrais proposer... Vous ne pouvez quand même pas
m'empêcher de faire une proposition que j'estime utile.
M. SAINT-PIERRE: C'est bien. C'est bien.
M. MORIN: Alors, j'ajoute aux deux dernières lignes de l'article
1: Par la modification, dans la version française ainsi que dans la
version anglaise en découlant, des mots "la suppression, dans la version
française, du deuxième alinéa du paragraphe 1", en
ajoutant les mots suivants: "que, dans la troisième ligne du second
alinéa, l'expression "de la commission des bills privés et
publics et tout ce qui suit qui est aussi vice-président
adjoint de l'Assemblée nationale le remplace" soit modifiée en
ajoutant "de la commission de l'Assemblée nationale ou, à son
défaut, de la commission de la présidence du conseil, de la
constitution et des affaires intergouvernementales ou, à son
défaut, de la commission de la justice". Je pense que trois, ça
va suffire.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque immédiatement le
règlement sur la recevabilité de cette motion. Il n'existe pas
actuellement de président de ces commissions, donc la motion, à
sa face même, est irrégulière.
M. MORIN: M. le Président, s'il n'y a pas de président
permanent, il y a...
LE PRESIDENT (M. Gratton): II n'y a pas de résolution tant et
aussi longtemps que je ne l'ai pas par écrit devant moi.
M. MORIN: Je vais la rédiger.
LE PRESIDENT (M. Gratton): En attendant, on va continuer la discussion.
L'honorable député de Johnson...
M. MORIN: Vous pouvez continuer la discussion, si vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... sur l'article 1.
Question préalable
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Prési-
dent, en vertu de notre règlement, article 82, je soulève
la question préalable. Cela s'applique mutatis mutandis. Cela, M. le
Président, c'est la question préalable et elle s'applique. Cela a
assez duré. Je lui ai demandé...
M. LESSARD: Si la discussion que nous avons eue concernant l'article 1
est une discussion, M. le Président, qui a permis de toucher l'ensemble
de l'article et si vous croyez que... Parce qu'en fait, il est dit aussi
à l'article 83, deuxièmement, et je lis 83. Question de
règlement. Non, non, voici, M. le Président. Je soulève
une question de règlement. "Sur une motion principale, un
député qui a le droit de prendre la parole peut, lorsque
l'Assemblée n'est pas saisie d'un amendement, poser la question
préalable en proposant que la motion principale soit
immédiatement mise aux voix". Je vous indique d'abord, M. le
Président, que la commission est saisie d'un amendement.
Deuxièmement, M. le Président...
M. HARDY: Non, justement, on n'est pas saisi, le chef de l'Opposition
est en train de la rédiger. Il ne l'a jamais déposé.
M. LESSARD: ... le président peut refuser que le ministre
des Affaires culturelles lise bien que soit posée la question
préalable, s'il juge que le débat sur une motion n'a pas
été prolongée indûment...
M. BELLEMARE (Johnson): Depuis...
M. LESSARD: ... et s'il croit que les droits de la minorité
seraient lésés...
M. HARDY: C'est le plus minoritaire qui la pose.
M. LESSARD: ... par l'acceptation de la question préalable.
Je pense que le débat n'a pas été prolongé
indûment. Nous venons tout simplement d'attaquer et de commencer à
discuter de l'article 1. Nous avions des questions très précises
à poser et il n'est pas dit dans l'article 83 que le président
met cette question aux voix, il est dit que vous pouvez refuser que soit
posée cette question préalable.
M. HARDY: Immédiatement.
M. LESSARD: On sait que, normalement, en vertu du code Morin que
connaît, d'ailleurs très bien mon collègue, le
député de Louis-Hébert, sur une question préalable,
cela prend...
M. DESJARDINS: Un bien mauvais élève, vous allez le
regretter.
M. LESSARD: ... généralement... D'ailleurs, c'est le
député de Louis-Hébert, alors que j'étais
vice-président national de la Jeune chambre de commerce, qui m'a
enseigné ces règlements.
M. DESJARDINS: Bien mauvais élève.
M. LESSARD: Sur une question préalable, dans le code Morin, c'est
qu'on exige les deux tiers. Cependant, ce n'est pas le cas ici. En vertu de
l'article 83, il appartient au président vous avez une
responsabilité très grande de décider s'il juge que
le débat sur l'article 1 a été prolongé
indûment, alors qu'il m'apparaft que ce débat n'a pas
été prolongé. Au contraire, nous avons encore des
questions à poser.
De plus, le député de Sauvé, chef parlementaire de
l'Opposition, a soumis un amendement.
M. HARDY: Non, il n'y a pas d'amendement.
M. LEGER: En vertu de l'article 83, premièrement, tant et aussi
longtemps que vous avez un amendement, il vous est impossible d'accepter la
question préalable, l'amendement vous est soumis et je juge que...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, j'ai posé ma
question préalable avant le dépôt de la motion.
M. LEGER: ... cette motion devrait être refusée.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est clair. La question préalable, c'est
vous qui devez la décider.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous permettez...
M. LEGER: Je vous indique ceci pour terminer...
UNE VOIX: Le "show" a assez duré.
M. LEGER: ... que jamais, depuis 1970, à ma connaissance, on a
posé la question, on a soulevé la question préalable,
jamais. Il s'agit d'un article du règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'accord, j'ai compris. A l'ordre!
M. LEGER: ... sur lequel il faut être très prudent.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission va suspendre ses travaux pour
cinq ou dix minutes, le temps de faire les consultations qui s'imposent. Je
prierais les membres de la commission de ne pas s'éloigner, car nous
commencerons, au plus tard, à 21 heures.
(Suspension de la séance à 20 h 47)
Reprise de la séance à 21 h 21
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Nous avons suspendu les travaux de façon à me permettre de
faire les consultations nécessaires.
M. HARDY: Avez-vous pu trouver un président et un
vice-président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'en ai trouvé de toutes les sortes.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion de discuter de la motion du député
de Johnson avec le président, le vice-président et les officiers
de la Chambre. Après mûre réflexion, nous en sommes venus
à la conclusion que le nouveau règlement, c'est-à-dire le
code qui régit les travaux de l'Assemblée nationale,
n'empêche pas qu'une motion de question préalable soit
présentée en commission. Bien entendu, le tout est
subordonné à l'interprétation que fait le
président, à savoir qu'il doit juger si le débat sur une
motion a été ou non prolongé indûment et ou s'il
croit que les droits de la minorité seraient lésés par
l'acceptation de la question préalable.
M. LESSARD: C'est ça qui est important.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Exactement. C'est très important de se
demander comment importante est la motion sur laquelle on demande le vote
immédiat, puisque c'est à cela qu'une motion de question
préalable vise.
M. LESSARD: C'est la minorité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous allez me laisser finir, s'il vous
plaît! Compte tenu également de qui fait la motion de question
préalable. Je suis conscient, et nous le sommes tous, qu'il s'agit ici
de jurisprudence nouvelle. Je tiens pour acquis que l'article 1 du projet de
loi, sur lequel nous avons une motion du ministre des Affaires culturelles,
ayant pour effet d'adopter l'article 1... Je me rends à
l'évidence également qu'il n'y a pas d'amendement devant la
commission présentement, quoique, de façon verbale, le chef de
l'Opposition avait déjà indiqué son intention d'en
présenter un, mais je pense qu'à la lecture de la transcription,
on se rendra compte que j'ai considéré que l'amendement
n'existait pas tant et aussi longtemps que le texte ne m'était pas
remis. Effectivement, le député de Johnson a fait sa motion de
question préalable pendant que le chef de l'Opposition écrivait
son amendement. Compte tenu que l'article 1 en est un dont la portée est
tout à fait minime, puisqu'il s'agit strictement de corriger un texte
qui, suite à une erreur de transcription, n'a aucun sens, puisqu'il se
réfère au président du comité des villes
privées, un personnage qui n'existe plus, je déclare donc la
motion de question préalable du député de Johnson
recevable. J'invite immédiatement le député de Johnson
à prendre la parole sur la question préalable.
M. LESSARD: M. le Président, je pense que cette question est
débattable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, c'est ce que j'invite...
M. LESSARD: C'est cela. Nous avons...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Chaque membre de la commission dispose de 20
minutes. C'est une motion principale, de la même façon que la
motion originale.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, en vertu de l'article 6
de cette question préalable, vous lirez que c'est du droit nouveau aussi
pour nous. Le débat peut porter tant sur la question préalable
que sur la motion principale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact. C'est ce qui fait
d'ailleurs...
M. BELLEMARE (Johnson): Vous m'avez donné la parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, est-ce que le député de
Johnson me permettrait, parce qu'il a quand même contribué
à faire de cette question une jurisprudence nouvelle. Il a tout à
fait raison de faire remarquer que la motion de question préalable
n'élimine pas ou ne clôt pas le débat sur la motion
principale puisqu'au paragraphe 6, on peut, au loisir de celui qui parle,
parler et de la motion principale et de la motion de question préalable.
Il n'y a plus d'amendement possible.
M. LESSARD: Nous respectons votre décision.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous en remercie et je cède la
parole au député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, simplement deux mots.
D'abord, pour vous féliciter de la dignité avec laquelle vous
accomplissez votre rôle difficile dans le moment et,
particulièrement, de l'exercice merveilleux que vous venez de donner,
une preuve assez évidente de votre largeur d'esprit.
Le règlement, je ne peux pas le changer, M. le Président.
C'est en vertu de toutes les assemblées constituantes, qu'elle soit dans
les questions syndicales ou patronales ou dans les autres assemblées de
compagnies, par exemple, de compagnies ou de corporations, la question
préalable est toujours une question qui est débattable, et
toujours, elle suspend, après que chacun a donné son opinion, le
débat.
Mais, M. le Président, je crois que j'ai soulevé
la question prâlable. Après trois heures et demie
sûrement de débats, les minorités ont pu exprimer
facilement leur point de vue, en vertu de l'article 83, 2e alinéa, les
minorités... ce qui serait lésé par l'exception d'une
question préalable, et, M. le Président, à cause de
l'article 1 qui n'est pas, à mon sens, un article strictement,
absolument important puisqu'il s'agit de corriger une erreur technique, je
pense que la discussion a assez duré pour le bien-être et pour
tout le monde.
C'est tout, M. le Président. Je vous remercie de la
décision que vous avez rendue, et s'il y a lieu, M. le Président,
pendant l'étude de ce bill 87, si d'autres moments se présentent,
soyez assuré que je ferai encore mon devoir et je soulèverai
encore la question préalable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Suite aux propos du député de
Johnson, je ne veux pas m'intercaler dans le débat, mais il y a deux
remarques que j'aurais dû faire, et les propos du député de
Johnson me portent à les faire maintenant.
Premièrement, le président, bien entendu, doit juger de
l'importance de l'article, et doit porter un jugement de valeur quant au
montant ou à la durée de la discussion qui a pu porter sur
l'article en question. C'est ce que je ferai avec la plus grande prudence, car,
je l'ai bien dit, à l'article 1, il s'agissait d'un article dont la
portée était relativement minime. Cela étant dit...
M. HARDY: J'ai une directive à vous demander, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. HARDY: II est bien clair qu'en vertu du paragraphe 6 de l'article 83,
lorsqu'un opinant parle sur la question préalable puisqu'on
discute des deux à la fois le temps qu'il prend sur la question
préalable est compté sur la motion principale, et si, par
exemple, quelqu'un avait déjà utilisé ses 20 minutes sur
la motion principale, il ne pourrait plus parler sur la question
préalable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact! M. LESSARD: M. le
Président...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est à l'article 163, M. le
Président, dans nos règlements?
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est exact!
M. BELLEMARE (Johnson): Pour ceux qui ne l'ont pas lu, à
l'article 163 dans notre règlement et l'article 8 à la fin de nos
règlements que s'applique la règle de pratique.
M. LESSARD: M. le Président, non pas sur la question de
règlement soulevée par le minis- tre des Affaires culturelles
mais sur la question de règlement ou surtout sur l'interprétation
que vous avez donnée à l'article 83, je voudrais vous souligner
ceci. Le président a fait certains commentaires, étant
donné, justement, que le député de Johnson a
souligné le fait qu'il devrait faire son devoir et demander la question
préalable aux articles à propos desquels il jugera à
propos...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous ai ouvert la porte, allez-y !
M. LESSARD: Je veux tout simplement vous dire, M. le
Président...
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas une menace, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est bien peu, comparé à celles
qu'on a entendues hier, en Chambre.
M. LESSARD: Je n'ai pas pris cela pour une menace, M. le
Président, mais je veux vous dire ceci...
M. BELLEMARE (Johnson): On en a entendu des pires que celles-là
en Chambre hier.
M. LESSARD: ... M. le Président, que l'une de vos
responsabilités fondamentales, comme président de cette
commission, et comme président suppléant, parce que vos pouvoirs,
en fait, viennent de l'Assemblée nationale, c'est de permettre à
la minorité de pouvoir s'exprimer. En cas de doute, M. le
Président...
M. HARDY: ... que le député de Johnson.
M. LESSARD: ... vous savez très bien que vous devez donner
avantage à la minorité de pouvoir s'exprimer. D'ailleurs, M. le
Président, je vous souligne le fait que la question préalable est
une question qui, si ma mémoire est bonne, n'a jamais été
utilisée depuis 1970. C'est en dernier ressort, je pense, qu'on doit
utiliser cette question. Je vous connais très bien, M. le
Président. Je sais que vous serez très prudent, que vous
permettrez à la minorité de pouvoir s'exprimer et que vous
utiliserez l'article 83, deuxième alinéa, avec prudence.
M. HARDY: Je serais le premier à m'oppo-ser...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: ... à la question préalable si je voyais qu'elle
brime les droits des membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'incident est clos.
M. MORIN: M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. MORIN: Pouvons-nous intervenir maintenant?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, absolument.
L'honorable chef de l'Opposition officielle sur...
M. HARDY: Vos 20 minutes n'étaient pas finies?
M. MORIN: Non. De toute façon, je voudrais vous poser une autre
question, vous demander une directive, M. le Président.
M. LESSARD: II a parlé sur un amendement.
M. MORIN: Etant donné que ce précédent est lourd de
conséquences pour l'avenir et qu'il peut servir à toutes sortes
de fins, comme je pense il n'échappera à personne, je voudrais
demander si ceux qui ont déjà parlé sur la motion
principale peuvent maintenant parler sur la question préalable...
M. HARDY: Pas si on finit 27.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Où était rendue la directive
...
M. MORIN: Ce n'est pas une nouvelle question, M. le Président.
Vous n'avez pas tranché ce point-là que je sache ...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Sur la question de
règlement, je vous incite...
M. LESSARD: Je vous indique, M. le Président, que nous avons
parlé pendant vingt minutes sur l'amendement du député de
Sauvé et nous n'avons pas parlé pendant vingt minutes sur la
motion principale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Comme toujours, je suis complètement
d'accord avec l'honorable député de Saguenay. Je ne sais pas
pourquoi, il veut toujours dire avant moi ce que je dirais moi-même.
Alors dans le moment... A l'ordre!
Aucun des membres de cette commission n'a utilisé son temps sur
la motion de l'honorable ministre des Affaires culturelles. La question est
donc tout à fait hypothétique pour le moment et, si la situation
se présente plus tard, on la tranchera en temps et lieu.
M. HARDY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour le moment, je fais une concession au
député de
Sauvé qui avait utilisé un peu de son temps et je lui dis
qu'il a tout le plein vingt minutes pour s'exprimer...
M. MORIN: Dix-huit minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ...sur la motion du député de
Johnson. Vingt minutes.
M. LEGER: C'est lui... Le ministre des Affaires culturelles, ce qu'il ne
saisit pas c'est ce que vous voulez dire ...
M. HARDY: Je saisis rarement vos propos.
M. LEGER: ...c'est qu'une nouvelle motion qui est sur la table, qui est
débattable, et chaque député a le droit de parler durant
vingt minutes s'il le désire parce que ce qui a été dit
avant était sur un autre sujet. D'ailleurs, à 83, article 6, dit
que le débat peut porter tant sur la question préalable sur
laquelle n'importe quel député qui a parlé avant ne l'a
pas fait comme sur la motion principale.
M. HARDY: II vient de le dire.
M. LESSARD: Vous parliez de deux ou trois minutes pendant lesquelles il
avait déjà parlé.
M. HARDY: Le seul député qui a parlé sur la
motion... c'est-à-dire les deux députés qui ont
parlé sur la motion, celui qui l'a proposée ...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: ...est le député de Sauvé qui a
parlé deux ou trois minutes en essayant de rédiger un
amendement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! L'honorable
député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): Juste pour une directive parce que dans
l'article 83, sixièmement, les vingt minutes s'appliquent là.
M. HARDY: C'est ça.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour les deux. Sur les débats, sur la
motion préalable et même sur la motion principale.
M. HARDY: C'est ça que dit notre règlement.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela doit être consigné en vertu de
l'article 8 et 163, M. le Président.
M. HARDY: II reste 17 minutes au député de
Sauvé.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un instant, on va laisser l'honorable ...
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne peux pas finir. Je voulais tout simplement
vous dire qu'en vertu de ces deux articles, 163 s'applique: "A moins de
dispositions contraires, les règles relatives à
l'Assemblée s'appliquent aux commissions" et comme dans la
procédure concernant les règles de pratique, vous trouverez
à l'article 8 le temps alloué à chaque personne et so and
so, tout le monde connaît ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Et c'est le 6 qui dit: Un et l'autre, vingt
minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, sauf que je ferais remarquer au
député de Johnson que l'article 8 dans les pages vertes
auxquelles il se réfère est seulement dans le cas des commissions
parlementaires où l'on entend des gens de l'extérieur, où
on fait venir des témoins. Mais à tout événement,
la durée du droit de parole est la même, soit vingt minutes.
M. LEGER: M. le Président ...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je dis tout simplement que pour le moment,
j'accorde vingt minutes à chacun sur la motion en vertu de 163-6. Vous
conviendrez que je peux durant ce temps-là faire les consultations qui
s'imposent quant à la question hypothétique qui pourrait exister
si un membre de cette commission avait déjà utilisé son
droit de parole sur la motion principale.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais vous féliciter de
la dernière décision que vous prenez parce que, comme c'est la
première fois qu'on utilise la motion de la question préalable en
commission parlementaire, je vous trouve très prudent de vouloir
vérifier les précédents qui se sont passés à
l'Assemblée nationale sur la question principale, sur la question
préalable de façon ...
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'accord.
M. LEGER: ... que en commission parlementaire le geste que vous posez
permet de revérifier avant d'en faire une autre jurisprudence et qu'on
soit pris par la suite avec des conséquences désastreuses pour
l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: M. le Président, ce n'est pas moi qui ai posé la
question préalable, c'est le député de Johnson et je ne
voudrais pas ...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'il a terminé?
M. MORIN: Oui, il a dit tout ce qu'il avait à dire, sur la
question préalable.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais intervenir de façon
très brève d'ailleurs, parce que ce n'est évidemment pas
l'article premier qui est le plus important de ce projet de loi. Mon seul
souci, c'est de m'assurer que, dans le cas où le président et les
deux vice-présidents sont dans l'incapacité de remplir les
devoirs de la présidence, qu'alors il y ait quelqu'un qui soit
désigné d'avance pour remplir ces fonctions cruciales. Je n'ai
pas besoin de vous faire un schéma détaillé de
l'importance des fonctions du président et c'est pourquoi j'estime que
la question préalable aurait dû ne pas être posée
à l'égard du problème que j'ai soulevé et de
l'amendement que j'ai soumis.
Le député de Johnson pense peut-être nous faire
gagner du temps avec cela, mais en fin de compte...
M. BELLEMARE (Johnson): II me prête des intentions, M. le
Président, et il n'a pas le droit en vertu du règlement.
M. HARDY: C'est vrai.
M. BELLEMARE (Johnson): On n'a pas le droit de prêter des
intentions à ses collègues, ni de leur reprocher quoi que ce
soit. J'ai mon libre arbitre, M. le Président, je siège dans
cette Chambre comme un député, en vertu du règlement je
veux faire respecter mes droits. Vous avez les vôtres, je les respecte,
mais laissez-moi la paix.
M. MORIN: M. le Président, je n'ai pas voulu imputer d'intention
au député de Johnson. Je m'interrogeais simplement sur l'objet de
sa motion et, en ce qui me concerne, je trouve qu'elle est plutôt
dilatoire. Je ne m'interroge pas sur ses intentions, je constate qu'en fin de
compte c'est une motion dilatoire, puisqu'elle nous fait perdre tout le temps
que nous allons passer pour savoir si cette question préalable est
fondée ou n'est pas fondée.
Pour revenir au fond du problème, il me paraît que nous
devrions nous inspirer de la sagesse de plusieurs constitutions
étrangères, lesquelles prévoient toujours, en l'absence du
président ou dans le cas de l'incapacité du président et
de ceux qui, par ordre de préséance, le suivent
immédiatement, d'autres remplaçants. Il y a des constitutions, je
pense à la constitution américaine, qui, évidemment
s'applique dans un système différent du nôtre, bien
sûr, mais où les mêmes problèmes peuvent se poser
tout de même, en régime présidentiel. Je pense à la
constitution américaine où on a prévu toute une
série de personnes, une hiérar-
chie de personnes qui peuvent être appelées à
remplacer les plus hauts personnages de l'Etat lorsque ceux-ci, pour une raison
ou pour une autre, viennent à manquer. Bien sûr, il existe une
énorme différence entre le régime présidentiel
américain dans lequel le président a des fonctions bien
différentes de celui que nous connaissons ici pour l'Assemblée
nationale, mais on peut se reporter aux dispositions qui ont trait à la
présidence du congrès et, en particulier, de la Chambre basse du
congrès. J'hésite sur les dispositions relatives à la
Chambre haute, il y a longtemps que je ne les ai pas lues. Mais je sais qu'il y
a toute une série de postes...
M. HARDY: Est-ce que vous me permettez de vous interrompre?
M. MORIN: Oui, à condition que ce ne soit pas dilatoire.
M. HARDY: Non, ce n'est pas dilatoire. Est-ce que vous avez
déjà pris connaissance du paragraphe 3 de l'article 46?
M. MORIN: Oui, bien sûr.
M. HARDY: Votre problème n'existe plus.
M. MORIN: Non, c'est temporairement. On remplace le président
temporairement.
M. HARDY: Temporairement jusqu'à l'ouverture de la session.
M. MORIN: Oui, mais il ne s'agit pas de cela. Il s'agit des fonctions,
non pas seulement de présider l'Assemblée nationale...
M. HARDY: Non. En vertu du paragraphe 3, le député qui est
désigné a tous les pouvoirs du président, jusqu'à
ce que la Chambre se réunisse pour élire un nouveau
président.
M. MORIN: Oui, mais je trouve que c'est s'en remettre trop à la
Chambre, je trouve qu'il devrait y avoir un ordre de succession prévu
d'avance.
M. HARDY: Vous contestez la souveraineté de l'Assemblée
nationale.
M. MORIN: Non. Le ministre devrait réfléchir à mes
propos avant de dire des choses comme celles-là.
M. HARDY: Trop s'en remettre à l'Assemblée
nationale...
M. MORIN: Mais alors pourquoi ne s'en remettrait-on pas à
l'Assemblée aussi pour les deux premiers vice-présidents, pendant
que vous y êtes?
M. HARDY: C'est ça, on s'en remet à l'Assemblée,
c'est l'Assemblée qui élit les vice-présidents.
M. MORIN: Justement, la loi prend soin de désigner des
successeurs éventuels au président, dans la personne des deux
vice-présidents. Mais l'objet de mon amendement est de prévoir le
cas où le président et les deux vice-présidents viennent
à manquer. Qu'on ne me dise pas que c'est impossible! J'admettrai
volontiers que des cas comme ceux-là se produisent assez rarement mais
je suis sûr que, si l'on fouillait, on trouverait des
précédents dans de nombreux pays et on trouverait de
véritables impasses constitutionnelles dans lesquelles des Chambres ont
pu se trouver, à la suite de la défection du président et
de l'absence d'un vice-président qui soit apte à exercer ces
fonctions. C'est pourquoi je pense qu'il faut être précis et,
comme il s'agit d'une loi fondamentale, la Loi de la Législature et
qu'il n'arrive pas tellement souvent qu'on la modifie, il faut y
réfléchir longuement lorsque l'occasion nous est donnée de
la modifier. Il faut saisir l'occasion dans ce cas-ci de parfaire un article
qui, visiblement, laisse à désirer.
M. le Président, je ne vais pas me mettre à
énumérer toutes les constitutions, les unes après les
autres, d'ailleurs, je n'ai pas Peasley sous la main mais, si j'avais les
savants ouvrages sous la main, je pourrais...
M. HARDY: Laissez-le tranquille à ce temps-ci de
l'année.
M. LEGER: C'est un pis-aller. M. HARDY: La veille de Noël.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais ça, il peut prendre May à
l'article 591, il verrait quelque chose.
M. MORIN: Non, May porte sur le droit parlementaire; or, je parle...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais quand il parle de ia
présidence, c'est à l'article 591, vous devriez lire
ça.
M. MORIN: Je parle d'autre chose, M. le député de Johnson,
je parle de trois gros tomes de droit constitutionnel comparé qui
permettent de voir comment ce problème de la succession au
président est résolu dans les diverses constitutions. Si on
ouvrait Peasley, de constitution en constitution, on constaterait que l'ordre
de succession est fixé avec beaucoup plus de précision qu'il ne
l'est ici. C'est la raison pour laquelle j'ai proposé tout à
l'heure qu'à la suite du président et des vice-présidents,
nous prévoyions que ceux qui ont été
désignés pour exercer des fonctions de type présidentiel
comme, par exemple, vous-même, M. le Président,
qui ont donc déjà l'expérience des fonctions
présidentielles, déjà ordonné un débat,
déjà maté des députés récalcitrants,
déjà maintenu l'ordre dans l'assemblée ou, en tout cas,
dans des commissions soient les hommes qui constituent un réservoir
d'expérience au niveau des commissions, qui soient appelés
à prendre la place du président et des vice-présidents
lorsque ceux-ci viennent à manquer pour une raison ou pour une autre.
Les raisons pour lesquelles ils peuvent faire défaut sont nombreuses et
je ne vais pas m'amuser à imaginer tous les accidents qui peuvent
survenir, toutes les tempêtes de neige qui peuvent empêcher les
vice-présidents d'exercer leurs fonctions, ou les forcer à
être absents. Je ne vais pas m'amuser à imaginer les pires
catastrophes, que je ne souhaite pas, mais elles peuvent toujours se produire.
C'est pour cette raison qu'il me semble je le propose en tout cas et la
commission aura tôt fait, si elle ne se rend pas à mes arguments
de défaire l'amendement que nous ayons...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas l'amendement possible.
M. MORIN: Non, il est soumis; je le soumets à la commission.
M. HARDY: II n'y a rien, il n'y a pas d'amendement devant la
commission.
M. MORIN: Je parle sur la question au préalable.
M. HARDY: M. le Président, je soulève une question de
règlement, je ne veux pas en faire un débat, à l'heure
actuelle, l'amendement que le chef de l'Opposition voulait proposer, on ne l'a
pas. Officiellement, on ne le connaît pas.
Donc, si on s'en tient à la règle de la pertinence du
débat, il ne peut pas en parler. Vous parlez d'une chose qui n'existe
pas, vous parlez du néant.
M. LESSARD: M. le Président, sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay, sur la
question de règlement.
M. LESSARD: Question de règlement, je suis d'accord avec le
ministre des Affaires culturelles en ce sens que la question préalable
n'a pu être amendée en vertu de l'article 83,
troisièmement.
Cependant, par exemple, je fais aussi remarquer au ministre des Affaires
culturelles qu'à sixièmement, il est dit que le débat peut
porter tant sur la question préalable que sur la motion principale. Or,
actuellement, le député de Sauvé parle sur la question
principale, dans le sens, M. le Président, qu'il soumet très
respectueusement à la commission qu'on devrait préciser beaucoup
plus l'article 1.
M. HARDY: On est sur la glace mince. M. LESSARD : Non, très
épaisse.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Inutile de vous dire qu'un pauvre
ingénieur comme moi...
M. LESSARD: Je vous souligne, M. le Président, que je comprends
très bien les règlements comme vous parce que je ne suis pas
avocat.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'allais justement dire qu'un pauvre
ingénieur comme moi qui ferait la leçon en procédure
parlementaire à un juriste comme le chef de l'Opposition officielle...
Effectivement, il n'y a aucun amendement possible ni à l'article, ni
à la motion principale, d'adopter l'article 1, ni à la motion, la
question préalable...
M. MORIN: Je parlais sur la question préalable. M. le
Président, je tiens à vous dire qu'il est bien loin de mon esprit
de mettre votre compétence en doute. Ce n'est pas parce qu'on
connaît le droit constitutionnel qu'on connaît
nécessairement la procédure parlementaire...
M. HARDY: Cela est vrai!
M. MORIN: Je n'ai pas la prétention du député de
Terrebonne dans ce domaine.
M. HARDY: M. Ryan a dit que j'étais politisé, mais il n'a
jamais dit que j'étalais mes connaissances juridiques.
M. CARON: M. le Président... M. MORIN: Mais, je suis
sûr...
M. CARON: J'aurais à vous dire, M. le Président, pauvre
comme vous, je serais bien heureux. Vous dites que vous êtes pauvre;
alors si j'étais pauvre comme vous, je serais bien heureux.
M. MORIN: Je suis sûr qu'il ne s'agit pas là...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: Je suis convaincu qu'il ne s'agit pas là d'une allusion
à l'augmentation du salaire des députés.
UNE VOIX: Non, c'est une allusion aux dépenses de voyage.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Bien, pouvons-nous...
M. CARON: J'ai voyagé avec le chef de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre !
M. CARON: J'ai voyagé. On a fait un bon voyage.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Order!
M. CARON: C'est vrai que j'ai voyagé avec lui.
M. MORIN: Ecoutez, je n'entends pas faire éterniser ce
débat, mais il me semble...
M. TARDIF: Un euphémisme.
M. MORIN: Mes collègues m'interrompent constamment, M. le
Président, et ensuite disent que cela prend du temps. Je vous soumets
que ce sont eux qui font perdre le temps de la commission en ce moment.
M. le Président, il m'apparaît que la question
préalable n'est pas fondée en l'occurence.
M. HARDY: Elle est prématurée.
M. MORIN: Elle est à tout le moins prématurée parce
que nous n'avons pas vraiment débattu le fond de cet article et,
à vrai dire, on ne m'a même pas donné le temps d'expliquer
aussi sérieusement qu'il le faudrait et avec tous les documents à
l'appui pourquoi j'ai proposé cet amendement, qui n'est pas devant vous
comme vous venez de le dire. La question préalable, c'est une
façon bien draconienne de faire marcher les choses, M. le
Président. Entre nous, s'il fallait, à moins que je me trompe sur
le sens de la question préalable, qu'un président, avant que
l'Opposition officielle ait pu faire le moindre amendement, intervienne et pose
la question préalable tout de suite, sur chaque article, je vous assure
que l'étude des projets de loi en commission, après la seconde
lecture, serait vite expédiée et...
M. BELLEMARE (Johnson): Bien mieux que cela, il y a des
précautions qui ont été prises dans notre
règlement. Il le sait, le chef de l'Opposition. Pourquoi dire cela? Il
sait que la protection des droits des minorités, c'est le
président qui doit décider s'il y a lieu ou non...
M. MORIN: Mais, justement...
M. BELLEMARE (Johnson): Voyons donc, le chef de l'Opposition est plus
brillant que cela!
M. MORIN: Justement, M. le Président... M. TARDIF: Certains
jours.
M. MORIN: ... j'avoue que, dans votre cas, je ne suis pas trop inquiet
parce que, vous ayant vu à l'oeuvre à plusieurs reprises, dans
plusieurs commissions, où j'ai eu l'occasion...
M. LEGER: Vous parlerez vingt minutes de plus là-dessus.
M. BELLEMARE (Johnson): Un coup de pinceau.
M. MORIN: M. le Président, c'est tout à fait
sincère. Je ne doute pas de vos intentions et surtout je ne pense pas
que vous abuseriez du pouvoir discrétionnaire que pourrait
conférer à un autre président que vous un tel pouvoir. Je
ne sais si vous vous rendez compte de ce que cela pourrait signifier entre les
mains d'un président peu scrupuleux comme cela pourrait arriver.
Imaginez une seconde que le député des Iles-de-la-Madeleine
préside cette Assemblée. Comment voulez-vous que l'Opposition se
sente en sécurité?
UNE VOIX: Loin de moi cette pensée!
M. MORIN: Pensez-vous que le député des
Iles-de-la-Madeleine ne serait pas enclin à utiliser ce pouvoir?
M. DESJARDINS: Ne prêtez pas d'intentions, vous n'avez pas le
droit en vertu du règlement.
M. MORIN: M. le Président, je suis obligé de vous
dire...
M. DESJARDINS: Rappelez-le à l'ordre! LE PRESIDENT (M. Gratton):
A l'ordre!
M. MORIN: ... que, si j'ai confiance en votre personne, je n'ai pas la
même confiance dans tous les députés de cette Chambre.
C'est une réalité, je ne prête d'intentions à
personne.
M. le Président, tout cela pour dire, en l'occurrence, j'aurais
aimé avoir le temps... M. le Président, le député
de Terrebonne me prête des intentions.
M. HARDY: Je parlais à mon voisin, tout simplement.
M. MORIN: Je ne puis pas m'empêcher d'entendre les intentions
qu'il me prête. Enfin, je n'insisterai pas parce que, si je demandais au
député de retirer ses paroles, il pourrait commencer tout un
débat et cela nous ferait perdre encore plus de temps.
M. SAINT-PIERRE: On va être obligé de vous renvoyer les
mots de Duplessis: Pour prêter de mauvaises intentions aux autres, c'est
comme l'argent, il faut en avoir soi-même.
M. MORIN: C'est un fort bon mot de Duplessis, mais je ne sais pas s'il
s'applique dans les circonstances.
M. le Président, j'aimerais que l'on vote contre cette question
préalable pour me donner
tout le loisir de proposer et d'expliquer l'amendement que j'ai
déposé devant vous tout à l'heure. J'estime que je
peux me tromper, c'est bien possible, c'est à la commission à en
décider en votant contre mon amendement c'était un
amendement important qui aurait pu améliorer le projet de loi qui est
devant nous. Voilà.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je pense que la motion que nous
discutons, c'est-à-dire la question préalable et l'article 1 en
même temps, qui est la motion principale, nous amène à
avoir certaines craintes pour l'avenir, en ce sens qu'une question
préalable, qui nous est présentée actuellement, est lourde
de conséquences, non seulement à cause du
précédent, mais cela nous oblige à prévoir que,
très souvent, nous serions portés à voter rapidement pour
ou contre, avant même d'avoir pu approfondir les amendements qui auraient
pu améliorer quelque projet de loi que ce soit.
Aussi, je pense qu'il est très important de tenir le débat
public, le plus public possible, c'est-à-dire à son maximum
nécessaire pour que les membres de la commission,
représentés par les députés ministériels
autant que par les députés de l'Opposition, soient en mesure de
se prononcer sur chacun des articles.
La question préalable est quand même une exception et une
exception ne doit pas devenir une règle générale. Comme,
cette fois-ci, on l'a présentée à l'article 1, j'ai
entendu le président dire tout à l'heure qu'il avait le poids de
décider de la justesse de l'arrivée d'une question
préalable, soit que l'article soit important ou pas, soit que le
débat a assez duré ou pas. Je pense que cela veut dire qu'on fait
porter le poids politique sur le président d'une commission
parlementaire qui...
M. HARDY: Vote.
M. LEGER: Non, ce n'est pas le vote. Dès que la question
préalable est présentée, le président de cette
commission doit juger si le débat a assez duré, si c'est sur un
article qui est suffisamment important ou pas. C'est donc dire que c'est placer
même le président dans une situation de conflits
d'intérêts possibles dans les décisions qu'il pourrait
prendre.
C'est la raison pour laquelle c'est placer réellement le
président dans un rôle d'arbitre, même sur le contenu, parce
que si un président, dans un projet de loi, a lui-même son opinion
personnelle là-dessus...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le député de
Lafontaine me permettrait? La pertinence exigerait, je pense, qu'il rattache
tout cela, soit au projet de loi 87...
M. LEGER: Soit à la question préalable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... soit à la motion préalable
d'aujourd'hui.
M. LEGER: C'est ce dont je parle.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous semblez parler, en théorie, d'un
cas hypothétique qui pourrait arriver. Je préférerais que
vous parliez de celui-là. Il y a quand même de l'argent dans ce
projet de loi, possiblement que...
M. LEGER: Non, mais la question...
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président. Encore
là, à l'article 83, sixièmement, le député
peut parler non seulement sur le fonds, mais il peut parler sur la question
préalable. Le député indique justement que la question
préalable ne devrait pas être adoptée parce que, justement,
il s'agit d'un précédent et d'un précédent qui doit
être utilisé de façon très prudente.
Je pense que le député a tout à fait raison
d'exprimer au président le fait que cette question devrait être
refusée parce que, jamais, à ma connaissance, on l'a
utilisée. Si on l'utilise...
M. HARDY: Votez contre.
M. LEGER: ... il faudrait le faire de façon très prudente.
Le député a le droit d'essayer de convaincre ses collègues
et de convaincre le président que cette question devrait être
utilisée de façon très prudente.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous avoue que je trouvais le
député de Saguenay pas mal meilleur cet après-midi que ce
soir. Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Si cela peut me permettre de vous citer, vous allez me trouver
intéressant, j'étais en train de dire justement que cette
question préalable doit être rejetée parce que cela
crée une possibilité d'habitude. Cette habitude, si on la
perpétue, je pense que les députés, actuellement, sur un
projet particulier, peuvent la juger très intéressante, cette
question préalable, mais à long terme, si elle est
utilisée plus souvent que par exception, cela pourrait retourner contre
ceux qui pourraient l'utiliser actuellement, parce qu'il va arriver un jour qui
n'est pas loin où les députés d'en face peuvent venir
siéger du côté de l'Opposition. C'est très heureux
qu'on ait protégé les prérogatives d'un parti
d'Opposition.
M. HARDY: Franchement, je ne détesterais pas cela un jour.
M. LEGER: Oui, alors on peut vous aider de ce côté. Je
pense que s'il n'y avait pas une opposition forte, structurée, avec les
moyens de s'exprimer, les moyens d'allumer la lanterne au bon moment devant un
gouvernement qui
puisse s'aventurer dangereusement loin dans différents projets de
loi...
M. HARDY: Vous dites que si vous étiez hypothétiquement au
pouvoir, vous auriez besoin de quelqu'un pour allumer votre lanterne?
M. LEGER: Voulez-vous avoir une question? J'ai dit justement que le
danger de cette question préalable, c'est de mettre entre les mains d'un
président de commission un rôle d'arbitre et de lui donner un
pouvoir discrétionnaire qu'il sera très difficile pour lui
d'exercer parce je pense que c'est le fond de l'argumentation
qu'il ne pourrait pas s'appuyer régulièrement sur des normes
objectives pour déterminer de la réceptivité, du bon
moment, de l'attendu de cette question préalable à l'avenir.
C'est une question d'exception. Si on commence à accepter d'une
façon régulière la question préalable, il y aura
des articles où les conséquences d'une approbation rapide, d'une
adoption rapide de ces articles peuvent être minimes, mais, en d'autres
circonstances, elles peuvent être réellement désastreuses
pour le projet de loi lui-même, et pour la bonne démocratie comme
telle. En effet, un Parlement est composé d'un gouvernement qui doit
administrer, qui doit présenter des projets de loi et qui a besoin, pour
le bon équilibre, d'avoir une opposition vigoureuse, capable de le
suivre au pas, de façon que les décisions qu'il prend, il puisse
en porter les conséquences, parce que ces décisions ont
été présentées devant une opposition qui peut les
scruter jusque dans les plus profonds dédales où nous
mènent certains articles. Si on se sert trop souvent de la question
préalable, cela ne nous permettra pas souvent de juger de
l'à-propos de certains amendements aux lois régulières qui
sont amendées par des bills ou des projets de loi. A ce moment, il y
aura souvent de petits articles à amender dans la Loi de la
Législature ou dans différentes lois, par exemple la loi des
cités et villes, le code municipal ou des lois du domaine de la justice.
Dans différents domaines bien précis, nous amendons
régulièrement de ces lois par des bills présentés
à l'Assemblée nationale. Le précédent que nous
venons de vivre ce soir, je dirais que c'est un précédent qu'il
faudrait probablement rejeter parce que cela peut placer tous les membres de la
commission parlementaire dans des situations illogiques et que le
parlementarisme va en être diminué.
M. le Président, un livre de règlement aussi épais
que celui que nous avions avant qu'il ne soit amendé pour qu'on nous
présente le code Lavoie, offrait la possibilité à une
Opposition sérieuse de faire valoir ses points de vue. Si on se sert de
la question préalable trop souvent, je pense qu'il y a un danger de ce
côté, d'autant plus que, jusqu'à maintenant, c'est un
précédent et qu'il est nécessaire de vérifier ce
qui est arrivé lors des discussions sur ces différents bills
à l'Assemblée nationale, alors qu'il y a eu, à ce moment,
peut-être quelques cas de question préalable. En commission
parlementaire, je me rappelle le voeu que formulait celui qui nous sert de
premier ministre actuellement.
Il voulait permettre le plus de débats possible dans le plus de
commissions parlementaires possible, je pense que la façon dont on
utiliserait la question préalable peut enlever, à l'Opposition,
des droits fondementaux, et je pense que nous devons voter contre cette
question préalable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je voudrais simplement vous indiquer, M. le
Président, que je serai contre la question préalable.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je n'ai pas pris la parole encore sur ce
sujet ni sur l'article no 1. Je ne serai pas tellement long, parce que si je
suis en faveur de la motion préalable sur cet article, je ne me prononce
pas sur les autres articles. J'attendrai en temps et lieu de voir la question.
Si je suis en faveur de la question préalable sur cet article, c'est que
je trouve que l'amendement que nous avons devant nous est tout simplement un
amendement technique, pour corriger une erreur lors de l'adoption du projet de
loi no 275 des lois de 1973.
M. le Président, cet article no 1 n'a pour object que de rayer
les mots suivants, c'est-à-dire la totalité du premier paragraphe
du sous-article 1 de l'article 46, qui dit ceci: Lorsque le président et
le vice-président sont incapables d'exercer leurs fonctions ou sont
absents, le président de la commission des bills privés et
publics, qui est aussi vice-président adjoint à
l'Assemblée nationale, le remplace.
M. le Président, c'est entendu que ce poste n'existe plus. J'ai
écouté avec attention les remarques du chef de l'Opposition
lorsqu'il dit que des mécanismes devraient être établis
dans la loi, de façon à pouvoir permettre un remplacement plus
facile, on retrouve dans le sous-paragraphe 2 et dans le sous-paragraphe 3, les
dispositions qui répondent à ses inquiétudes. D'ailleurs,
M. le Président, on se rappellera que, lors de l'ouverture de la
première session de la trentième Législature, c'est le
secrétaire de l'Assemblée nationale qui a présidé
en attendant qu'un président soit nommé, et on se rappellera
qu'à ce moment, la discussion avait duré pendant un certain
temps.
M. le Président, pour toutes ces raisons, sans prolonger le
débat, je suis en faveur de l'adoption de l'article 1, du projet de loi
no 87.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est prête
à se prononcer sur la motion de question préalable?
M. LESSARD: Appel des députés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Appel les...
M. ROY: La question préalable, M. le Président, n'est pas
mise aux voix.
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II faut s'assurer que la commission est
d'accord pour voter sur l'article ou non.
M. ROY: L'article est mis aux voix, mais pas la motion
préalable.
M. HARDY: Non.
M. ROY: L'article est mis aux voix.
M. HARDY: II faut savoir si on veut mettre fin maintenant au
débat, et après, on se prononce sur l'article 1.
M. BELLEMARE (Johnson): Après s'être prononcé sur la
question préalable, il n'y a plus de débat.
M. HARDY: II n'y a plus de débat. UNE VOIX: Non.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela que le député voulait
dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est cela, oui.
M. BELLEMARE (Johnson): ... a dit d'autre chose, par exemple, je l'ai
compris, moi.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LESSARD: C'était simplement pour indiquer au
député de Beauce-Sud que la question préalable est...
M. HARDY: Tout le monde a compris. Il n'y a que le député
de Saguenay qui n'a pas compris.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vote!
M. LESSARD: Le député de Saguenay a très bien
compris.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission... C'est un vote
enregistré?
M. LEGER: Oui, M. le Président.
M. HARDY: C'est-à-dire que les oui l'emportent sur les non...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sur la motion de question préalable
à savoir si la commission se prononcera immédiatement
après quant à la motion du ministre des Affaires culturelles
d'adopter l'article 1.
Ceux qui sont en faveur indiquent par "pour", et ceux qui sont contre
sont "contre".
Le député de Saguenay, M. Lessard?
M. LESSARD: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bellema-re, Johnson? .
M. BELLEMARE (Johnson): Deux fois pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Fortier? M. Lévesque? M. Morin?
M. MORIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Caron?
M. CARON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Giasson? M. Hardy?
M. HARDY: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Faucher?
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Léger?
M. LEGER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lapoin-te? M. Pagé?
M. PAGE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Desjardins?
M. DESJARDINS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Roy?
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Sylvain? M. Tardif?
M. TARDIF: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): En faveur, 9 contre, 3. La motion est
adoptée.
M. HARDY: ... vote...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Maintenant,
même vote pour l'adoption de l'article 1. Adopté?
M. LEGER: ... qui demandent le vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vote enregistré, sur la motion
à l'effet d'adopter l'article 1. M. Lessard?
UNE VOIX: Vous n'avez pas honte? M. LESSARD: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bellema-re, Johnson?
M. HARDY: Vous êtes contre l'article 1 ! LE PRESIDENT (M.
Gratton): Pour? M. BELLEMARE (Johnson): Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Fortier? M. Lévesque? M. Morin?
M. MORIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Caron?
M. CARON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Giasson? M. Hardy?
M. HARDY: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Faucher?
M. FAUCHER: Pour.
M. LESSARD: On ne veut pas l'adopter tout de suite.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Léger? M. LESSARD: II est contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Pagé? M. PAGE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Desjardins?
M. DESJARDINS: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Roy?
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Sylvain? M. Tardif?
M. TARDIF: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour, 9; contre 3. L'article 1 est
adopté.
M. HARDY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 2?
Article 2
M. HARDY: M. le Président, je propose l'adoption de l'article
2.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles propose
que l'article 2 soit adopté.
M. LESSARD: C'est une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saguenay, sur une
question de règlement.
M. LESSARD: M. le Président, la discussion sur l'article 2
n'avance pas du tout, lorsque le député et le ministre des
Affaires culturelles proposent que l'article 2 soit adopté.
M. HARDY: Discutez-le donc l'article 2 !
M. LESSARD: Etant donné la décision prise à
l'Assemblée nationale, il est tout à fait normal que nous
discutions, article par article le projet de loi en détail.
M. HARDY: Je propose l'adoption de l'article 2.
M. SAINT-PIERRE: Après l'article 1, c'est l'article 2 !
M. LESSARD: Cependant, avant, justement, que nous adoptions l'article 2,
nous pouvons très bien avoir des motions et des amendements concernant
l'article 2.
M. HARDY: Non.
M. SAINT-PIERRE: Article par article.
M. LESSARD: Je ne vois pas du tout en quoi... Je pourrais très
bien proposer que l'article 2 soit retiré.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez des amendements.
M. LESSARD: Je pourrais très bien proposer que l'article 2 soit
suspendu.
M. HARDY: Proposez un amendement!
M. LESSARD: Alors, je ne vois aucunement en quoi les techniques ou les
tactiques du ministre des Affaires culturelles vont faire avancer le
débat. L'ordre de la Chambre que nous avons adopté à
l'Assemblée nationale est d'étudier article par article. Le
ministre ne fait pas avancer du tout le débat en nous proposant que
l'article 2 soit adopté. Nous allons continuer de discuter des
articles.
M. MORIN: M. le Président, si vous le permettez, j'ai
également une observation à faire, sur un point de
règlement, si vous le voulez. La façon de procéder du
ministre, surtout si on y ajoute la possibilité immédiate d'une
question préalable, à toutes fins pratiques, met fin au
débat et nous précipite...
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de question préalable. M. le
Président, c'est inutile de parler de question préalable sur
l'article 2.
M. LEGER: Une fois de plus, je vais poser la question
préalable.
M. MORIN: Je veux vous souligner le danger de procéder comme il
vient d'être fait. En ce qui me concerne, j'allais justement dire que cet
article, qui porte sur le président, ne peut être
réglé avant que nous ayons déterminé
l'indemnité de base qui vient à l'article suivant.
M. HARDY: Voyons! M. MORIN: Oui.
M. HARDY: Proposez un amendement qu'on suspende l'étude.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense que, sur la question de
règlement soulevée par le député de Saguenay et
à laquelle se réfère présentement le chef de
l'Opposition officielle, il n'y a aucun doute dans mon esprit. Je n'ai pas
à juger du danger ou des conséquences d'un tel geste. Il n'y a
aucun doute dans mon esprit qu'avant de pouvoir faire quoi que ce soit en
commission ou à l'Assemblée nationale, il faut qu'il y ait une
motion.
M. HARDY: Et je vous dis comment...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Et le ministre propose l'adoption...
M. HARDY: Je veux vous dire comment procéder.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît, c'est moi
qui parle ! Un instant ! Le ministre propose l'adoption de l'article 2, la
motion est tout à fait régulière, tout à fait
recevable. Il y a toutes sortes de façons, pour chaque membre de cette
commission, de l'amender, de la rejeter, de la suspendre et de faire ce qu'ils
veulent bien avec.
Motion d'amendement
M. LESSARD: C'est cela. Je propose, M. le Président, que dans la
motion du ministre des Affaires culturelles, le mot "adopté" soit
remplacé par le mot "suspendu".
M. HARDY: M. le Président, c'est irrégulier.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je dois tout de suite souligner
que la motion est irrecevable, puisqu'elle a l'effet contraire de la motion
principale.
M. HARDY: Voulez-vous, je vais vous faire votre motion d'amendement pour
qu'elle soit régulière?
M. LESSARD: Elle n'a pas l'effet contraire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Je n'ai pas
l'intention d'argumenter avec mon bon ami et collègue, le
député de Saguenay. Il y a d'autres façons de suspendre
l'étude de l'article 2.
M. LESSARD: Une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Et celle qu'il soulève n'est pas la
bonne.
M. LESSARD: M. le Président, question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai rendu ma décision. Il n'est pas
question de règlement.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Laquelle? Si c'est pour contester ma
décision, je ne vous laisserai pas continuer.
M. LESSARD: M. le Président, je soulève une question de
règlement. Quand nous proposons que l'article 2 soit suspendu et de
modifier le terme "adopté" par "suspendu", nous n'allons pas à
l'encontre...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'ai déjà rendu ma
décision.
M. LESSARD: Une minute, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre !
M. LESSARD: Je vous soumets l'article 70 des règlements.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous soumets l'article du règlement
qui dit qu'une décision n'est pas débattable. J'ai rendu ma
décision. Je peux vous faire votre motion pour qu'elle soit recevable,
si vous voulez. Je n'ai pas l'intention de le faire. Pensez-y, et je suis
sûr que vous allez trouver une façon. A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, je vous rappelle l'article 42 des
règlements. Avant que vous ne preniez une décision, j'avais
soulevé une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cela n'a aucune espèce d'importance.
Le président peut décider d'une question de règlement en
aucun temps où il se sent éclairé.
M. LESSARD: Je vous soumets très respectueusement, M. le
Président, l'article 70 et l'article 42 des règlements et je vous
dis qu'un amendement doit se reporter...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'ai rendu ma décision.
M. LESSARD: M. le Président, avant que vous ne rendiez votre
décision, j'avais demandé la parole.
UNE VOIX: Enlevez-lui son droit de parole!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je rappelle à l'ordre le
député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je vous dis que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): S'il m'y force, je lui enlèverai son
droit de parole et je le rappellerai à l'ordre jusqu'à ce qu'on
l'expulse, si c'est ce qu'il désire.
M. LESSARD: Je vous dis, M. le Président, que j'ai droit...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je rappelle le
député de Saguenay à l'ordre pour la deuxième
fois.
M. LESSARD: Je vais accepter l'ordre, M. le Président, mais soyez
assuré qu'on n'acceptera pas de se laisser passer sur le dos comme cela
par suite de décisions du président qui m'apparaissent
illégales.
M. MORIN: M. le Président, je demande la parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle sur la
motion du ministre des Affaires culturelles.
M. MORIN: Le ministre a proposé que l'article 2 soit
adopté. Je voudrais amender cette proposition en disant: après
que l'article 5 aura été adopté.
M. HARDY: Enfin! Cela a pris du temps. M. LESSARD: Elle était
écrite.
M. SAINT-PIERRE: De l'Opposition improvisée. C'est de
l'improvisation de A à Z.
UNE VOIX: Elle est recevable.
M. HARDY: Vous n'êtes même pas capables de faire
intelligemment un "filibuster".
M. LESSARD: On vous a montré à l'occasion du bill 22
comment on faisait un "filibuster". Vous avez été obligés
d'appliquer l'article 156 des règlements.
M. HARDY: Faites donc appel à l'arrière-ban un peu!
M. LESSARD: On vous a montré comment on faisait un
"filibuster".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, quant à la motion
d'amendement, je ne suis même pas convaincu qu'elle est recevable.
M. HARDY: Non?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Etant donné que personne ne
soulève la question de recevabilité, je vais vous la consentir.
Oui, le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): En vertu de l'article 3 de notre
Assemblée nationale, comme en vertu de l'article 163, les
règlements s'appliquent ici comme à la Chambre. Il est dit, M. le
Président, à l'article 3, qu'on est régi en vertu des
précédents établis par la suite de l'interprétation
des lois et des règlements. Je crois, M. le Président, qu'en
vertu de l'ancien règlement, qui est encore une des belles pièces
de loi que l'on a, je pense que...
M. HARDY: ... juridique.
M. BELLEMARE (Johnson): ... cette motion n'est pas recevable, parce que
notre ancien règlement disait que, dans les commissions, on doit
étudier tous les projets de loi article par article. Cela, M. le
Président, je pense que c'est une tradition qu'il faudrait
respecter.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de Saguenay
sur la question de règlement.
M. LESSARD: Sur la question de règlement, vous sembliez douter de
la recevabilité de notre motion.
M. HARDY: II l'a acceptée, allez-y.
M. LESSARD: Est-ce que vous l'acceptez?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Continuez!
M. LESSARD: Tel que je voulais le faire tout à l'heure, je vous
rappelle l'article 70 de nos règlements et, auparavant, je voudrais
d'abord dire au député de Johnson, au député
archaïque de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je soulève un
point de règlement. A l'ordre, M. le Président!
M. LESSARD: ... que l'ancien règlement. LE PRESIDENT (M.
Gratton): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Je demande à l'honorable
député de retirer ses paroles. Elle me sont blessantes et je ne
peux pas les endurer. M. le Président, en vertu de l'article, je lui
demande de retirer ses paroles.
M. LESSARD: Quel article, M. le Président?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, c'est l'article
où il est dit qu'il est défendu d'employer à l'endroit des
collègues des expressions offensantes, des particules
antiparlementaires.
M. HARDY: La politesse la plus élémentaire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE (Johnson): Je le prie de les retirer. Je ne me laisserai
pas insulter par un prétendu parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Pas voyou! Je n'ai pas dit cela.
M. LESSARD: M. le Président, au vieux député de
Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Au vieux, cela ne me fait absolument rien. Vous
aurez un jour mon âge, vous aurez peut-être mon expérience
et vous ne ferez pas les bêtises que vous faites. M. le Président,
je vous demanderais que le député retire ses paroles.
M. LESSARD: Je disais donc, M. le Président, que je remplace le
terme archaïque par le vieux député de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, cela ça ne me fait rien.
M. LESSARD: Mais je le respecte, M. le Président, pour son
âge.
M. BELLEMARE (Johnson): II reste une chose certaine c'est qu'un vieux a
plus d'expérience qu'un autre.
M. LESSARD: Je voudrais lui souligner, M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: Quand cela vient d'un sans-culotte...
M. LESSARD: ... que l'ancien règlement malheureusement a
été aboli par l'Assemblée nationale et que nous avons
décidé de travailler avec le nouveau règlement. Concernant
l'amendement, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, un instant !
M. BELLEMARE (Johnson): Je soulève un point de règlement,
M. le Président, je dis que non parce qu'en vertu de l'article 3, la
procédure de l'Assemblée nationale est régie par des lois,
par des règlements, par des règlements adoptés pour la
période sessionnelle, par des ordres spéciaux adoptés par
l'Assemblée dont l'effet est limité aux matières pour
lesquelles ils sont votés et, cinquièmement, par des
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement. J'ai demandé au président une
directive à ce sujet et il m'a dit personnellement, comme il me l'a
répété en Chambre, que tout ce qui était dans
l'ancien règlement pouvait être consulté raisonnablement,
mais surtout qu'il pouvait s'appliquer dans ces circonstances.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Un instant!
M. LEGER: Gentiment, lentement, calmement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vais quand même répondre
à la question de règlement du député de Johnson.
J'ai moi-même rendu une décision tout à fait
élaborée au cours de l'étude du projet de loi 22 sur la
langue officielle. J'y indiquais justement, comme le fait le
député de Johnson, que, là où le nouveau
règlement n'est pas tout à fait clair, il faut se
référer, soit aux traditions, soit à l'ancien
règlement.
J'avais, de façon peut-être pas tellement brillante, mais
sûrement très détaillée, indiqué qu'il
m'était impossible d'admettre comme re-cevable une motion d'amendement
qui empêche de faire l'étude d'un article qui en
précède un autre dans un projet de loi. J'avais alors
indiqué qu'il y avait différentes façons de le faire, soit
de suspendre l'étude d'un article ou soit de suspendre l'étude de
tous les articles qui
précèdent un article qu'on veut étudier en premier.
De toute façon, l'amendement proposé par le chef de l'Opposition
n'a un sens qu'à partir du moment où on se sent lié par ce
qui est indiqué dans l'article 5, alors que l'article 5, au moment de
son étude, pourra être modifié sans pour cela devoir
revenir modifier l'article 2.
Ma décision est donc que l'amendement du chef de l'Opposition est
irrecevable et j'invite...
M. LESSARD: Ce n'est pas ce que vous avez dit tout à
l'heure...
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est ce que j'ai dit il y a deux mois et
c'est ce que je dis de nouveau.
M. LESSARD: ... M. le Président, je vous ai demandé
encore...
M. LEGER: M. le Président, avant que vous posiez votre question,
j'ai soulevé une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, j'ai soulevé une question de
règlement pendant que le député de Johnson parlait. C'est
à ce moment-là seulement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bien oui, mais le député de
Lafontaine sait très bien qu'au moment où je suis prêt, je
me sens éclairé...
M. LEGER: C'était avant ça que j'ai posé une
question de règlement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... assez pour rendre une décision, le
président peut le faire. Le président n'est pas ici seulement
pour niaiser, écouter tous ceux qui veulent parler et ne jamais dire ce
qu'il pense, lui non plus.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai rendu ma décision, c'est
final.
M. LEGER: Ce n'est pas sur ce point.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas sur la recevabilité?
M. LEGER: Non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine sur une
nouvelle question de règlement.
M. LEGER: La question de règlement que j'ai soulevée,
c'est pendant que le député de Johnson parlait. Donc, avant que
vous soumet- tiez votre réponse. Je voulais simplement faire signifier
au président que, quand un député est en train de
débattre une question de règlement... C'est lui qui avait la
parole, il a été interrompu directement par le
député de Johnson qui a continué à expliquer sa
question de règlement de tantôt. Je voulais simplement...
M. HARDY: C'était plus brillant, ce que le député
de Johnson disait.
M. LEGER: ... vous signifier qu'il faut quand même laisser un
membre d'un parti...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous avez raison.
M. LEGER: ... s'exprimer et non pas être interrompu par un autre
député qui a autre chose à dire. C'était ma
question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je vous remercie, vous avez...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, c'est une question de
privilège parce que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je demanderais votre collaboration...
M. BELLEMARE (Johnson): ... senti visé personnellement.
M. LEGER: Je ne parle pas des gros mots, je ne parle pas des gros
mots.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, est-ce que je pourrais demander la
collaboration de tout le monde? D'abord, j'aimerais remercier le
député de Lafontaine. Il a complètement raison, je m'en
excuse auprès du député de Saguenay. Cela n'aurait en rien
changé ma décision puisque l'étude que j'ai faite et la
décision que j'ai rendue sur cette question date déjà de
plusieurs mois.
M. LESSARD: M. le Président, vous m'aviez donné la
parole...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, sur la motion... Ma décision
est rendue; est-ce que vous voulez revenir là-dessus?
M. LESSARD: Oui. Vous m'aviez permis...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, la décision est rendue.
M. LESSARD: Bien là, je commence à avoir mon voyage! Vous
m'avez permis...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ah, ça ne me dérange pas
beaucoup. A l'ordre!
M. LESSARD: Vous m'avez enlevé le droit
de parole sur une question de règlement du député
de Johnson.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. LESSARD: Bien là, j'ai
mon voyage.
Expulsion d'un député
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je rappelle le député de
Saguenay à l'ordre, une fois!
M. LESSARD: Oui, vous pouvez rappeler le député à
l'ordre deux fois, si vous voulez.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je le rappelle deux fois!
M. LESSARD: Si c'est ça...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Et puis, après trois fois, je vous
enlève votre droit de parole.
M. LESSARD: ... si vous voulez l'utiliser comme ça, M. le
Président, j'avais commencé à parler.
M. TARDIF: Plus un mot.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous ne revenez pas à l'ordre, je
vous fais expulser.
M. LESSARD: Vous m'avez enlevé mon droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, pour une dernière fois; je
vous demande de vous taire.
M. LESSARD: Sur une question de règlement, M. le
Président... la sixième fois...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je demande au service de
sécurité de bien vouloir...
M. LESSARD: J'ai mon voyage, vous avez décidé...
libéral, un président libéral...
LE PRESIDENT (M. Gratton): La séance...
M. LESSARD: ... a décidé d'interpréter les
règlements à sa façon à lui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! J'avais reconnu d'abord le
ministre...
M. MORIN: Le député de Johnson vient de faire une motion
d'expulsion. C'est quand même fort important.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! La séance n'était
même pas ouverte et le chef de l'Opposition officielle le sait fort bien.
On va cesser de s'amuser et on va écouter le ministre de l'Industrie et
du Commerce.
M. LEGER: Sur une question de règlement, je vous demande une
directive. Etant donné que nous avons adopté cet
après-midi une motion qui empêche les députés qui ne
sont pas membres de la commission de s'exprimer, est-ce que, maintenant que le
député de Saguenay a été expulsé, il est
possible...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: Est-ce... Ne donnez pas l'expérience...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Continuez! Continuez!
M. LEGER: Est-ce que, M. le Président, il est possible,
d'après vous, d'après votre expérience ou d'après
les précédents, de pouvoir nommer un autre député
qui pourrait siéger, puisque l'Opposition a droit à trois
représentants et non pas deux, et que s'il y en a un qui n'a plus droit
de parole, cela ne veut pas dire que les autres n'ont pas le droit de parole?
Je vous demande la permission de nommer à cette commission, comme whip
du parti, un autre député pour continuer le travail important que
l'Opposition a à faire sur ce projet de loi-là.
M. HARDY: M. le Président, sur la question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): En fait, est-ce que je pourrais simplement
dire que c'est seulement avec le consentement unanime de la commission...
M. HARDY: Non. Non. Non!
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... qu'il serait possible de déroger
à la motion qui est déjà...
M. HARDY: Non. Non. Non!
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... adoptée par cette commission.
Est-ce qu'on a le consentement unanime, sinon il m'est impossible d'être
agréable au député de Lafontaine à ce point de vue?
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce sur la question...
M. LEGER: M. le Président, s'il y en a trois qui se font
expulser, l'Opposition ne peut plus parler.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II s'agit de ne pas perdre son droit de
parole justement.
M. LEGER: On a d'autres députés, nous autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable
ministre de l'Industrie et du Commerce sur la motion de l'honorable
ministre des Affaires culturelles.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à l'article 2, appuyant
la motion du ministre des Affaires culturelles, on retrouvera que, dans
l'ensemble du projet de loi 87, nous avons tenté de compenser ce qu'il y
avait avant, d'une indemnité...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je soulève un
point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de Johnson,
question de règlement.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne veux pas déplaire à
l'honorable ministre, même si je suis un vendu, un compromis, je n'ai pas
la face à cela. M. le Président, j'ai fait une motion parce que
le règlement dit que la motion doit être faite
immédiatement quand un député est nommé. M. le
Président, mutatis mutandis. C'est la loi, M. le Président, de
toutes les assemblées délibérantes. Vous avez nommé
c'est une chose assez rare qui arrive dans une commission parlementaire
un député et vous l'avez fait expulser, plus que cela vous
l'avez fait expulser. La motion, M. le Président, doit être
discutée pour que le député soit expulsé pour le
reste de la session. Je propose, M. le Président, que le
député qui s'est mal conduit, qui a désobéi
plusieurs fois, qui a récidivé plusieurs fois à vos
ordres, soit expulsé pour le reste de la session.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, voici sur la recevabilité de la
motion du député de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Se faire traiter de vendu, M. le
Président, j'ai mon voyage. S'il veut être gentilhomme, je vais
l'être; mais s'il ne veut pas l'être, M. le Président, on va
appliquer le règlement. On va se mettre à cheval sur le
règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour ce qui est du pouvoir d'un
président de commission quant à l'expulsion d'un membre d'une
commission, il se limite strictement au domaine de la commission et, si le
député de Johnson voulait soulever une question de
privilège quelque part, il faudrait qu'il le fasse en Chambre...
M. BELLEMARE (Johnson): Question de privilège, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ...pour que l'Assemblée... ou une
motion d'expulsion pour la durée de la session. Le règlement est
clair. Dans le cas d'une commission, le président de la commission ne
peut pas se substituer au président de l'Assemblée nationale.
J'ai fait le maximum que me confère le règlement en expulsant le
député de Saguenay de cette séance, de cette commission,
c'est la seule juridiction que nous avons ici en commission. Je regrette, le
député de Johnson devra, s'il le désire, soulever la
question à l'Assemblée nationale.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, article 45.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, je l'ai lu l'article 45.
UNE VOIX: Pour la séance. Pour la séance.
M. BELLEMARE (Johnson): II peut expulser pour la séance. M. le
Président, est-ce que notre règlement vaut, mutatis mutandis, tel
que le dit l'article 163?
M. DESJARDINS: C'est pour la séance. C'est pour la
séance.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je pourrais demander à
l'honorable député de Johnson... Là, on est en train de
faire exactement ce qu'on n'a pas permis de faire à l'honorable
député de Saguenay, c'est-à-dire contester une
décision du président.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai décidé. Bon.
M. BELLEMARE (Johnson): Très bien, je me soumets.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bon. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce sur la motion du ministre des Affaires culturelles.
M. BELLEMARE (Johnson): II a besoin de ne pas répéter cela
en Chambre!
M. SAINT-PIERRE: Je disais donc, M. le Président, qu'à la
lecture du projet de loi 87, on se rend compte que nous avons remplacé
à plusieurs endroits la combinaison qu'il y avait d'une indemnité
de plusieurs milliers de dollars avec une allocation pour frais de
représentation qui est exempte d'impôt. Dans tous ces cas, on voit
que, dorénavant, c'est un salaire qui est versé annuellement, une
allocation annuelle qui est versée et qui représente un produit
de l'indemnité versée par l'article 92, donc un facteur qui
multiplie le salaire du député. On s'aperçoit, à
l'article 2 que nous discutons que, dans le cas du président de
l'Assemblée nationale, on verra un peu plus loin le cas du chef de
l'Opposition officielle, à l'article 7, et un peu plus loin le cas des
ministres, dans ces trois cas le produit qui est ajouté à
l'indemnité de député est de 1.10 du salaire versé
à un député.
Dans le cas des vice-présidents, le montant est
légèrement inférieur et, dans le cas des adjoints
parlementaires, ce sera la même formule qui sera utilisée. Dans le
cas des vice-présidents, il s'agit d'une indemnité de la demie,
c'est-à-dire .50 de l'indemnité donnée à un
député, qui lui est versée pour, bien sûr, des
tâches qui n'ont pas exactement la même importance ou les
mêmes responsabilités que celles du président de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, il me semble que le nouveau système, tout
en enlevant les avantages en ce qui touche le fait d'avoir des allocations qui
sont exemptes d'impôt, puisque l'ancienne loi prévoyait une
indemnité pour le président de $3,000, dans ce cas-ci, on voit
que ce sera une indemnité totale assujettie aux règlements de
l'impôt et que, dans le cas du président de l'Assemblée
nationale comme dans le cas du chef de l'Opposition officielle et dans le cas
des ministres membres du conseil exécutif, cette allocation sera
égale à l'indemnité, ajoutée à
l'indemnité qu'ils reçoivent comme des députés et
multipliée par le produit de 1.10.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, la bataille ne finira pas, faute de
combattants, il en reste encore. Je voudrais simplement vous parler de
l'article 2 qui, justement, touche la conséquence directe d'un autre
article qui va venir et qui est le centre même de toute la discussion du
projet de loi, c'est-à-dire l'article 5, parce que, à l'article
5, il y a une indemnité de base sur laquelle seront greffées
toutes les autres indemnités comme celles du président dont nous
parlons actuellement à l'article 1, des vice-présidents et des
autres postes comme celui du chef de l'Opposition officielle. Le montant qui
lui sera alloué dépendra de l'adoption de l'article 5, de
l'amendement possible que nous ferons à l'article 5.
Si, plus tard, l'article 5 était adopté avec une
majoration ou une diminution, cela pourrait affecter la somme qu'on veut
accorder au président de l'Assemblée nationale ou à chacun
des vice-présidents et, à ce moment, si nous voulions un montant
différent, il faudrait changer les montants de 110 p.c. et de 50 p.c.
qui sont indiqués aux paragraphes a) et b), puisque, si nous croyons que
la fonction de président de l'Assemblée nationale et de
vice-président demandent ou exigent une allocation ou une
indemnité précise, dans notre esprit, à ce moment, si
l'article 5 n'était pas adopté comme tel, mais était
amendé quant à la somme, il faudrait changer cela à
l'article 2, qui modifie l'article 48 a) et b), par le pourcentage qui serait
indiqué là.
C'est la raison pour laquelle nous croyons que tous les postes vont
être affectés par l'article 5, le poste d'adjoint parlementaire,
le poste de chef de l'Opposition officielle, le poste de leader de l'Opposition
officielle, le poste de dirigeant de partis d'Opposition, les postes de leader
du parti d'Opposition, le poste de whip en chef du gouvernement, le poste de
whip en chef de l'Opposition officielle, le poste de whip adjoint au whip d'un
parti, le poste de président de commission, le poste de premier
ministre, le poste de ministre en titre, le poste de ministre d'Etat. Tous ces
postes vont être affectés, suivant l'article 5 que nous
adopterons.
Si nous diminuons, si nous apportons un amendement qui corrige l'article
5 qui est l'article de base de tout ce projet de loi, il est essentiel que nous
pensions que l'article 2 soit reporté après l'article 5 et
peut-être même d'autres articles reportés.
C'est la raison pour laquelle nous sommes un peu déçus,
mais on se demande de quelle façon... Je suis en train de repenser une
façon de pouvoir discuter ce projet de loi d'une façon logique,
c'est-à-dire de déterminer d'abord l'article 5, à quel
niveau il va demeurer, de quelle façon il va être adopté,
de quelle façon il pourrait être amendé.
Par la suite, nous saurions que l'article 2 nous permettrait
peut-être de rajuster le pourcentage que nous devrions donner pour
permettre au président de l'Assemblée nationale et à
chacun des vice-présidents de recevoir chacun une somme suffisante que
nous pourrions juger en commission. J'espère que personne n'a voulu
croire ou comprendre ou déduire que la discussion à l'article 2
met en cause la responsabilité, les devoirs, les difficultés
énormes que le président de l'Assemblée nationale a
à jouer surtout dans un Parlement d'aujourd'hui.
J'espère aussi que les membres de la commission parlementaire
n'ont pas pensé non plus que nous voulions diminuer l'importance du
rôle que joue les deux vice-présidents à l'Assemblée
nationale, mais pour nous, ces trois rôles sont essentiels, sont
importants et on ne pense pas qu'on puisse à ce stade-ci discuter de
l'adopter sans savoir par quelle somme cela va être multiplié.
Autrement dit, si l'article 5 dit $21,000 et que nous jugeons que cela donne
pour le président de l'Assemblée nationale $44,000, cela veut
dire multiplier par 1.10. Mais, si nous jugions, rendus à l'article 5,
que l'indemnité des députés au lieu d'être de
$21,000 serait de $19,000 mais qu'on jugerait par la suite que le poste de
président est tellement difficile dans la période et dans le
style d'opposition et de gouvernement que nous avons actuellement qu'il
mérite la somme telle qu'elle on me dit qu'il a actuellement
$44,000 alors là, il faudrait changer le chiffre qui multipliera
le salaire de base des députés. Tout est rattaché à
l'article 5 qui déterminera la base sur laquelle sont
déterminées toutes les charges qui sont supplémentaires au
poste de député.
M. le Président, vous devez savoir jusqu'à quel point nous
apprécions, même si parfois nous ne sommes pas d'accord avec les
décisions
qui sont prises par les présidents, nous sommes obligés de
les accepter... Nous savons que c'est très difficile pour un
président et pour les vice-présidents de jouer un rôle
impartial, de rendre à cette Assemblée le calme, la
sérénité, la dignité nécessaires pour le bon
fonctionnement des décisions que nous avons à prendre durant les
quatre années à chacune des Législatures.
Je pense qu'il est bien essentiel de ne pas discuter
immédiatement, de crainte de porter préjudice aux revenus, aux
indemnités que justifient justement un poste aussi difficile, aussi
important que celui de président de l'Assemblée nationale. C'est
tellement un poste important. Combien de personnes qui ne sont pas
politisées pensent que le président de l'Assemblée
nationale est une personne qui n'est pas élue, qui ne fait pas partie du
Parti libéral? Pour elles, c'est un poste d'une objectivité
absolument totale. Vous savez que chaque président...
M. HARDY: Vous allez évaluer l'objectivité à la
valeur de l'argent payé.
M. DESJARDINS: Contestez-vous son objectivité?
M. LEGER: Non, je veux dire que la difficulté pour une personne
qui...
M. DESJARDINS: La contestez-vous?
M. LEGER: ... est élue sous l'étiquette d'un parti
politique... Pardon?
M. DESJARDINS: Contestez-vous l'objectivité?
M. LEGER: De quelle contestation parlez-vous?
M. DESJARDINS: Contestez-vous l'objectivité du président
de l'Assemblée nationale?
M. LEGER: L'objectivité?
M. DESJARDINS: Oui.
M. LEGER: Je dis que c'est très difficile.
M. DESJARDINS: Dans le moment, la contestez-vous?
M. LEGER: Je pense que je n'ai pas à discuter de
l'objectivité...
M. DESJARDINS: Alors, arrêtez d'insinuer comme ça...
M. LEGER: Je regrette, au contraire. J'ai beaucoup d'admiration pour le
président de l'Assemblée nationale qui joue une tâche
très ingrate, parce qu'il a devant lui une série de 101
députés qui voudraient bien que les décisions soient
toujours prises en leur faveur et qui disent: Ecoute, tu as été
élu sur l'étiquette libérale. C'est dur pour un
président d'être capable de rester objectif. Je dois admettre
qu'il le fait avec une grande habilité...
M. DESJARDINS: C'est faux ce que vous venez d'affirmer.
M. LEGER: ... et qu'il fait à 100 p.c. son possible
là-dedans. C'est très difficile de jouer le rôle qu'il joue
actuellement. Mettez-vous dans la peau d'un président. Est-ce qu'il
a...
M. DESJARDINS: II l'est.
M. LEGER: Je parle au président actuel. Je ne peux pas parler au
député... Il me parle face à face, mais il devrait
être rappelé à l'ordre, il n'a pas le droit de me parler
directement. Il doit parler en direction du président actuel qui n'est
pas le même.
M. DESJARDINS: J'ai profité de sa distraction.
M. LEGER: Le président de l'Assemblée nationale souvent ne
voit pas, dans une distraction possible, des événements qui
suscitent chez lui cette difficulté de l'attitude de certains
députés libéraux qui voudraient bien qu'il prenne une
décision en leur faveur.
M. DESJARDINS: Aussi!
M. LEGER: Les députés de l'Opposition savent bien qu'un
président de l'Assemblée nationale doit surtout protéger
les droits de l'Opposition, sans brimer, comme de raison, les droits du
gouvernement, mais surtout de l'Opposition, parce que, sans cela, il n'y aurait
pas de Parlement, s'il n'y avait pas d'Opposition, M. le Président. Il y
aurait une dictature s'il n'y avait pas un Parlement avec l'Opposition pour
surveiller les agissements d'un gouvernement. Donc, c'est une tâche
très difficile, et j'apprécie énormément le travail
que le député de Laval fait comme président de
l'Assemblée nationale, ainsi que le député de Roberval
comme vice-président et aussi le député de Saint-Louis.
Ils ont une tâche très difficile.
UNE VOIX: Gatineau!
M. LEGER: C'est que, pour certains députés
libéraux, je me demande parfois s'ils n'ont pas l'intention ou
l'impression que le rôle d'un président de l'Assemblée
nationale est de trouver dans le règlement les articles qui permettent
au gouvernement de voter ce qu'il veut.
M. DESJARDINS: Ce n'est pas vrai.
M. LEGER: Je me demande s'il n'y a pas des députés
libéraux qui se demandent cela...
M. DESJARDINS: C'est faux.
M. LEGER: ... à la façon dont ils jugent le rôle et
les décisions que le président doit prendre devant des
amendements ou des propositions faites par les députés de
l'Opposition. C'est très difficile, M. le Président. Un
président n'est pas là pour trouver les moyens, à
l'intérieur du règlement, de faciliter la tâche d'un
gouvernement. Il est là pour faire respecter le règlement, se
servir de décisions antérieures, qui sont la tradition, et
éviter de faire des précédents dont il va se sentir captif
par la suite, M. le Président.
Le rôle est tellement important, M. le Président, que
même les vice-présidents qui le remplacent ont des
difficultés à le remplacer. Ils n'aiment pas tellement être
là quand il y a des décisions difficiles à rendre, M. le
Président. C'est la raison pour laquelle nous jugeons qu'un
président de l'Assemblée nationale doit avoir une
rémunération adéquate. Mais est-ce qu'on peut le juger,
à ce stade-ci, quand l'article 2 dit que le président de
l'Assemblée nationale reçoit annuellement, à ce titre, une
allocation égale au produit en mathématiques, cela veut
dire la multiplication de l'indemnité visée à
l'article 92. L'article 92 nous dit: La somme de base. Comment voulez-vous
qu'on se prononce, à ce stade-ci, sur la somme qui devrait aller pour
une fonction précise, quand on ne sait pas si on va adopter tel quel
l'article 5, s'il n'y a pas des amendements à apporter, et si les
députés ne sont pas gênés d'accepter $21,000 et se
rallieraient pour avoir une somme inférieure à $21,000? On n'est
pas encore rendu là, et j'espère que une fois à l'article
5, il n'y aura pas quelqu'un, tout à coup, avec une lumière, pour
nous dire: Question préalable, aussitôt que la question va
être posée.
M. BELLEMARE (Johnson): Ne craignez pas, cela va être fait !
M. LEGER: Cela va être fait? Voyez-vous, M. le
Président...
M. BELLEMARE (Johnson): Laissez-nous cela!
M. LEGER: La question va être posée par le même. Je
me demandais si votre exemple n'aurait pas été suivi par un
autre. Je ne pensais pas que le député de Johnson se
préparait à la poser souvent, cette question.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non!
M. LEGER: Je ne lui prêtais pas cette intention. Il l'a fait une
fois. Il a créé un précédent, et je pensais que
d'autres auraient pu le faire. S'il veut le faire à chaque fois, M. le
Président...
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non!
M. LEGER: ... ce n'est certainement pas à l'article 5 que vous
devriez le faire, en tout cas, parce que cela paraîtrait drôle de
l'avoir à l'article 5, c'est l'article de base, M. le
Président.
M. DESJARDINS: Votre cas est réglé.
M. LEGER: C'est l'article qui devrait durer le plus longtemps...
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'aurai pas de question préalable
à cet article. Je vais avoir mon...
M. LEGER: ... parce que c'est l'article qui justifie tout l'ensemble du
projet de loi. Tous les autres articles sont greffés sur l'article
5.
Donc, M. le Président, je pense avoir suffisamment
démontré l'importance du rôle, de la difficulté du
rôle du président de l'Assemblée nationale et des deux
vice-présidents pour qu'on ne se prononce pas immédiatement sur
le montant de 1.10 p.c. ou de 50 p.c. à l'alinéa b),
c'est-à-dire à 110 p.c. ou à 50 p.c, si vous voulez, parce
que c'est 1.10 p.c. et 50 p.c... Non, le mathématicien, je laisse cela
au comptable devant moi qui n'est pas seulement...
M. DESJARDINS: Comptable, avocat...
M. LEGER: ... un avocat, mais aussi un comptable.
M. le Président, c'est la raison pour laquelle je pense qu'il est
important de décider de l'article de base avant de décider de
celui-là, justement pour revaloriser le rôle de l'Assemblée
nationale et donner à ceux qui ont cette responsabilité les
indemnités qui seraient justes et adéquates.
Nous avons un président de l'Assemblée nationale... J'ai
souvent eu l'occasion de me choquer des décisions qu'il a prises,
personnellement je ne sais pas s'il est encore là, oui
mais je dois admettre quand même qu'il a fait un travail de géant
pour présenter un règlement de l'Assemblée nationale qui a
embrouillé un peu le député de Johnson à son
arrivée, mais qui a quand même été un
résumé assez bien fait.
Il y a des corrections à y apporter, tout le monde le sait. Mais
il est responsable quand même d'avoir apporté un code et on a
donné le code Lavoie pour ça, M. le Président. Et je pense
qu'il fait un travail admirable pour essayer de revaloriser le rôle des
députés à l'Assemblée nationale et c'est la raison
pour laquelle je pense qu'on ne doit pas se prononcer immédiatement sur
l'article 2, mais attendre de savoir quelle est la somme qui va être
accordée à tous les députés à l'article
5.
M. DESJARDINS: Votre cas est réglé. C'est le conseil
national du parti...
M. BELLEMARE (Johnson): Le chef de l'Opposition...
M. DESJARDINS: On pourrait l'évaluer à $15,000 par
année.
M. MORIN: M. le Président, j'aurais une directive à vous
demander. Tout à l'heure, le ministre des Affaires culturelles a
proposé que l'article 2 soit adopté et, comme il nous paraissait,
en toute bonne foi, que cet article dépendait d'un autre, nous voulions
non pas perdre du temps là-dessus...
UNE VOIX: Vous le pensiez.
M. MORIN: Non, non! Ecoutez-moi bien! Il s'agissait simplement de le
suspendre. Nous n'aurions perdu aucun temps sur cet article 2. Nous aurions
été à l'article 5 et j'imagine que là-dessus, il y
aura un débat. C'est possible en tout cas. Mais c'est le coeur de
l'affaire, cet article 5. Et ensuite, ayant déterminé le salaire
de base, nous aurions pu revenir à l'article 2 sans aucune
difficulté.
M. le Président, il faut que vous admettiez que nous avons le
loisir de proposer la suspension. Je vous laisse consulter votre
collègue.
LE PRESIDENT (Gratton): Non, continuez.
M. MORIN: Vous ne m'entendrez pas si je continue pendant que vous causez
avec votre collègue.
M. HARDY: M. le Président, si c'est vraiment dans cet
esprit...
M. MORIN: Je n'ai pas terminé mon intervention.
M. HARDY: Je pense que je vais me rendre... En tout cas, pour ma part,
je ne sais pas ce que mes collègues vont faire, mais si c'est vraiment
avec bonne foi, parce que je me rends compte qu'évidemment l'article 5
est un article pivot...
M. MORIN: Oui.
M. HARDY: ... l'article 2 découle dans une certaine mesure de
l'article 5. Quant à moi et je dis bien quant à moi
je serais prêt à donner mon consentement pour qu'on passe à
l'article 5.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que ça donnerait satisfaction
au chef de l'Opposition?
M. MORIN: Je m'en réjouis beaucoup, mais j'aimerais que vous
répondiez à ma demande de directive.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense que je devrais. Oui.
M. MORIN: Oui, très rapidement; nous sommes en train ce soir de
poser un certain nombre de précédents et je vous avoue que je ne
suis pas sans être inquiet.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Moi aussi.
M. MORIN: La question préalable avec le risque d'une
décision discrétionnaire, l'expulsion, la demande d'expulsion
pour une semaine; je trouve que nous commençons à "charrier"
quelque peu. Je vous demanderais la directive. Comment peut-on suspendre le
débat sur un article, comme nous pouvons le faire à
l'Assemblée, lorsque nous sommes en commission?
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai l'impression...
UNE VOIX: II va répondre dans une couple de jours!
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'ai réfléchi et d'ailleurs
consulté mes collègues, vice-président et président
de l'Assemblée nationale, et je pense que je me suis royalement
trompé tantôt lorsque j'ai déclaré irrecevable la
motion d'amendement proposée, je pense, par le député de
Saguenay.
M. MORIN: C'était plutôt par moi, je pense.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ou par vous, pour remplacer le mot
"adopté" par le mot "suspendu".
M. MORIN: Non. Plutôt "Adopté" par "adopté
après que l'article 5 aura été adopté".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bien, celle-là, je pense que je ne me
suis pas trompé en la rejetant, mais celle du député de
Saguenay, pour remplacer le mot "adopté" par le mot "suspendu", j'ai
l'impression que j'aurais dû l'accepter. Toujours est-il que, dans les
circonstances et je m'en excuserai de façon publique, s'il le
faut, auprès du député de Saguenay... Ce qui, par contre,
n'enlève pas la responsabilité qu'il a de respecter la
décision du président, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Et j'en
fais probablement plus de mauvaises que de bonnes, mais cela ne m'empêche
pas de les faire avec toute la sincérité et toute
l'honnêteté dont je suis capable, et avec toute
l'impartialité surtout dont je suis capable.
Alors, je note que le ministre des Affaires culturelles serait
prêt à se rendre au souhait du chef de l'Opposition, soit de
suspendre les articles 2, 3 et 4.
M. MORIN: Nous allons nous montrer conciliants de notre
côté. En fait, c'est l'article 2 qui créait un
problème. Quant à l'article 3, nous sommes prêts à
l'examiner maintenant parce qu'il ne pose pas tout à fait le même
problème. Pour le cas du président, nous sommes d'accord sur le
fait qu'il doit être au même rang que les ministres tandis que les
autres, peut-être que nous ne serions pas d'accord sur le pourcentage,
c'est un problème qu'il faut juger de façon
différente.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, cela permettrait
cependant...
M. MORIN: Si cela peut arranger les choses, pour bien montrer que nos
intentions ne sont pas de retarder indéfiniment le débat, je
proposerais qu'on saute par-dessus l'article 2, qu'on examine les articles 3,
4, 5...
M. HARDY: Je suis prêt à donner mon consentement pour qu'on
suspende l'article 2.
M. MORIN: Parfait. Dans ce cas nous pouvons procéder.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'article 2 est suspendu. Article 3.
Article 3
M. MORIN: A l'article 3, M. le Président, je vous demanderais la
parole. J'aurais un amendement à proposer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: ... additionnel. Il faut quand même être logique.
La seule raison pour laquelle j'ai accepté qu'on aille
immédiatement à l'article 5, c'est que les autres articles en
dépendent. Il n'y a pas deux poids, deux... Il faut respecter une
certaine logique et une certaine cohérence. De temps en temps, parce que
c'est le président, cela fait notre affaire de suspendre et, le
vice-président, on peut l'étudier tout de suite. Il faut quand
même être logique. J'ai donné mon consentement à ce
qu'on aille à l'article 5 parce que l'article 5 est l'article pivot,
l'article dont les autres dépendent. Qu'on aille immédiatement
à l'article 5, cela ne changera rien et on reviendra aux autres par la
suite.
M. MORIN: Dans ce cas, M. le Président, je préfère
m'en remettre à votre décision, soit d'accepter la motion de
suspension du député de Saguenay et qu'on débatte d'abord
cette motion de suspension de l'article 2.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il semble évident que le
chef de l'Opposition... On est obligé d'entendre pendant 20 minutes les
arguments disant que l'article 5 est un article cheville. Nous sommes
prêts maintenant à consentir à cela et là on
change.
M. MORIN: J'ai bien dit que l'obstacle était l'article 2...
M. SAINT-PIERRE: Non, les autres après...
M. MORIN: ... parce que nous n'avons pas de querelle...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, les mêmes raisons qui
nous ont été données en ce qui touche l'article 2, en ce
qui touche le président, valent exactement pour l'article 3, valent
exactement pour l'article 4, puisqu'à chaque fois on y retrouve la
même expression: Une indemnité annuelle égale au produit de
l'indemnité visée à l'article 92 par un chiffre. Alors je
demande à l'Opposition un peu de cohérence. Ne changez pas
d'idée à tous les cinq minutes. Si vous voulez aborder l'article
5, comme on a été obligé d'entendre pendant vingt minutes,
allons à l'article 5 et discutons de cet article pivot.
M. MORIN: M. le Président, il n'y a pas d'incohérence de
notre part. C'est parce que s'agissant du président, nous
acceptons...
M. HARDY: Ce qui est grave c'est qu'ils ne s'en rendent pas compte.
M. MORIN: ... pour l'instant, nous acceptons le pourcentage...
M. HARDY: Ce que l'article dit...
M. MORIN: ... de 1.10 dans l'article 2 modifiant l'article 48, tandis
que pour l'article 3 modifiant l'article 52, nous n'acceptons pas les
pourcentages de toute façon. Donc, il y a une très grande
différence entre les deux cas.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas ce que le député de
Lafontaine nous a dit. Tout le temps, pendant 20 minutes, il nous a dit: Moi,
je ne suis pas capable d'accepter l'article 2 parce que l'article 2, compte
tenu de la complexité de la tâche, le président
mériterait un salaire de tant et, comme ce salaire dépend de ce
que nous allons décider pour l'article 5, nous devrions, pour être
cohérents, aborder l'article 5. Le parti ministériel s'entend
avec vous et là vous changez d'idée.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'invoque l'article 85 pour avoir été mal
interprété.
M. HARDY: Ce sont des tactiques dilatoires.
M. LEGER: A l'article 2, pour nous, le président de
l'Assemblée nationale, nous calculons qu'il doit avoir un salaire
décent. Autrement dit, peut-être même le montant qui est
là.
M. HARDY: J'espère.
M. LEGER: L'argumentation pour l'article 3... Ecoutez-moi bien. Non. Ne
riez pas. C'est important. Est-ce que les autres personnes...
UNE VOIX: Non, il est expulsé de la Chambre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
Vous n'avez même pas le droit de parole. La commission suspend ses
travaux.
Question de règlement, le député de Lafontaine.
M. LEGER: J'étais en train de dire qu'il y a une
différence fondamentale entre les différentes personnes ou
différentes responsabilités, selon que les députés
sont ministres, adjoints parlementaires, etc.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. LEGER: Oui, parce que le ministre de l'Industrie et du Commerce me
disait tantôt que ce n'était pas logique ce que j'avais dit
concernant le rôle du président, que les articles suivants
étaient dans le même ordre. Pour nous...
M. HARDY: Vous êtes en train de vous organiser pour avoir encore
une question préalable, si vous continuez comme ça.
M. LEGER: Non. Ce que j'ai voulu dire tantôt, c'est que, pour le
président, il y a une responsabilité précise qu'on accepte
comme écart entre un député et le président de
l'Assemblée nationale, ce qui n'est pas la même chose pour les
autres postes, ceux d'un ministre, d'un adjoint, etc. Les "millésimes"
que vous appelez peuvent être différents ailleurs. A ce
moment-là, ce n'est pas tout à fait la même chose que pour
le président. C'est très cohérent.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je vous demande une directive.
On ne peut pas se promener entre l'article 2 et l'article 5. Pendant vingt
minutes, on s'est fait dire qu'on ne pouvait pas voter logiquement sur
l'article 2, non parce qu'on mettait en cause le 1.10, mais parce qu'on n'avait
pas le montant de base. On a dit: L'article 5, c'est ça le pivot du
projet de loi et, tant qu'on n'a pas voté cet article, on ne peut pas
savoir ce qui va être donné au président de
l'Assemblée nationale, compte tenu de ses responsabilités.
Mais, M. le Président, les points élémentaires de
cohérence et un peu de raisonnement dans ça nous obligent
à faire le même raisonnement pour les autres articles et je vous
demande la directive: qu'on étudie l'article 2 ou l'article 5.
M. HARDY: Vous êtes de mauvaise foi. Je le dis clairement: Vous
êtes de mauvaise foi.
M. LEGER: Point de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. LEGER: Le député de Terrebonne nous dit que nous sommes
de mauvaise foi: J'ai tenté d'expliquer que l'écart entre le
député et le président de l'Assemblée nationale
peut être différent en ce qui nous concerne par rapport à
l'écart pour les autres postes. Il y a une différence, on peut
tout simplement accepter le poste de président et ne pas accepter les
autres.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je suis prêt à rendre
ma décision.
M. MORIN: Question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je vais rendre une
décision, vous soulèverez le point de règlement
après.
M. MORIN: Bon.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bon. Je vais vous donner raison sur toute la
ligne, vous serez heureux.
M. MORIN: Je veux demander au député de retirer ses
paroles.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Vous le ferez après. La
décision quant à...
M. MORIN: Je veux le faire immédiatement, M. le Président,
après il sera trop tard.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Quelles paroles, quelles paroles?
M. MORIN: On a insinué que nous étions de mauvaise foi et
deux députés l'ont dit...
UNE VOIX: C'est vrai.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II n'y a rien d'antiparlementaire
là-dedans.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Je note, M. le Président, pour les Débats,
qu'accuser les adversaires d'être de mauvaise foi, ce n'est pas
antiparlemantaire, c'est bien votre décision? C'est un
précédent.
LE PRESIDENT (M. Gratton): User de termes antiparlementaires en
commission, c'est en Assemblée nationale qu'on doit soulever ces
questions de privilège.
M. MORIN: M. le Président, je regrette.
M. LEGER: ... en commission parlementaire.
M. MORIN: Je regrette...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je n'ai même pas entendu qui a
prononcé les paroles.
M. MORIN: Je vais vous le dire. C'étaient les
députés de Terrebonne et de Louis-Hébert.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que le député de
Terrebonne, s'il les a dites, accepterait de les retirer?
M. HARDY: C'est-à-dire, accepter, accepter...
LE PRESIDENT (M. Gratton): De façon à me rendre service et
à m'empêcher de sortir de mes gonds?
M. HARDY: Je veux bien accepter de les retirer, mais je n'en continue
pas moins à croire que c'est la réalité.
M. MORIN: Et le député de Louis-Hébert aussi.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Les "mémérages", c'est
assez.
M. ROY: M. le Président, est-ce que le chef de l'Opposition me
permettrait une question?
M. MORIN: Très volontiers, M. le Président.
M. ROY: Je ne veux pas lui être personnellement
désagréable, mais qu'est-ce qu'il pense de tels propos?
M. MORIN: Quoi donc?
M. ROY: En haut, il me semble que c'était bien assez gros, il me
semble que cela a été dit par un de vos collègues.
M. MORIN: Est-ce que vous avez demandé la rétractation?
Cela n'a rien à voir avec ce que nous discutions en ce moment, M. le
Président...
UNE VOIX: Cela arrange bien le débat.
M. HARDY: Vous savez, ils sont la pureté et la virginité
absolue, eux.
M. MORIN: Nous sommes loin d'avoir les prétentions du
député de Terrebonne.
M. HARDY: Cela ne paraît pas. M. MORIN: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Dans le moment...
M. MORIN: Est-ce que je pourrais demander au député de
Louis-Hébert de retirer ses paroles?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je n'ai pas entendu les paroles du
député de
Louis-Hébert. C'est bien dommage mais je ne les ai pas entendues.
Je ne peux quand même pas lui demander de retirer des choses que je n'ai
pas entendues. Soyez logique avec vous-même.
M. MORIN: On pourrait donc se dire les pires insultes?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles propose
l'adoption de l'article 2. Nous en sommes là. S'il y a des amendements
ou une discussion à ce sujet...
M. HARDY: Le vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est prête
à se prononcer?
M. HARDY: Oui.
M. MORIN: M. le Président, un instant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle sur la
motion.
M. HARDY: II lui reste combien de temps? M. LEGER: II n'a pas
parlé encore.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Quinze minutes.
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais savoir où nous en
sommes. Vraiment, il est difficile de s'y retrouver. Si j'ai bien compris, nous
avons sauté par-dessus l'article 2, mais nous en sommes
maintenant...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Dans le moment, j'avais refusé par
erreur.
M. MORIN: Nous sommes sur la suspension.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Non, nous sommes sur l'adoption de l'article
2. Comme j'avais refusé de déclarer recevable la motion du
député de Saguenay, je ne peux quand même pas dire:
Maintenant, elle existe. Elle n'est pas faite. Vous pouvez la faire...
M. MORIN: Je la repropose. Que le mot "adopté", dans la
proposition du député de Terrebonne, soit remplacé par
l'expression "suspendu" jusqu'à ce que l'article 5 ait été
adopté. Je ne sais combien de temps vous me donnez pour plaider cela
maintenant?
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le chef... M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est d accord sur
cette motion? Est-ce que la commission serait prête à adopter
cette motion?
M. HARDY: Même si vous êtes d'accord, il va la plaider quand
même, il veut absolument plaider.
M. MORIN: Non, M. le Président, si nous nous mettons d'accord, je
m'engage à ne pas plaider là-dessus. Je l'ai dit tout à
l'heure.
M. HARDY: Bon. Bon!
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle propose
que la motion du ministre des Affaires culturelles soit amendée pour
suspendre l'étude de l'article 2 jusqu'à ce que l'article 5 soit
adopté. C'est l'article 5 ou l'article 3?
M. SAINT-PIERRE: Ils ne le savent plus.
M. MORIN: Que l'article 2 soit suspendu jusqu'à ce que l'article
5 ait été adopté. Cela ne suspend pas les articles 3 et
4.
M. HARDY: Bon. Parfait. Moi, je m'abstiens là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est d'accord ou si
vous voulez...
M. MORIN: Nous allons le plaider si vous n'êtes pas d'accord.
M. HARDY: Je m'abstiens. Je ne suis ni contre ni pour, mais je ne suis
pas pour concourir à vos folies.
M. MORIN: Bon. Nous allons plaider.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La motion est-elle adoptée? La motion
d'amendement?
M. MORIN: Nous avons le droit de plaider, M. le Président.
M. HARDY: Voyez-vous le dilemme dans lequel nous nous
plaçons.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si on vous refuse...
M. MORIN: C'est votre dilemme... M. HARDY: Si nous refusons... M. MORIN:
...pas le mien.
M. HARDY: Si nous refusons, nous participons à votre
"filibuster". Si nous concourons à mon sens, nous acceptons une folie.
Or, je m'abstiens.
M. MORIN: Allons donc!
LE PRESIDENT (M. Gratton): On va demander le vote enregistré si
vous voulez.
M. MORIN: J'entends plaider d'abord parce que je pense avoir raison.
M. HARDY: Vous nous avez convaincus.
M. MORIN: Le temps de plaider cet amendement.
M. TARDIF: Si c'est comme cela, vous pouvez plaider.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Puisqu'on ne veut pas l'accepter, j'ai indiqué que
j'accepterais immédiatement de passer à l'article 3. Si le
ministre...
M. HARDY: Demandez aux autres avant.
M. MORIN: C'est bien vous qui représentez le gouvernement
à cette table?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, je me présente moi-même.
A l'ordre s'il vous plaît!
M. MORIN: Très bien.
M. LEGER: Alors dans ce cas-là, nous allons plaider.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre s'il vous plaît!
M. ROY: Moi, j'aimerais savoir un peu où on va. Parce que je n'ai
pas l'impression d'avoir à faire face à un "filibuster", j'ai
l'impression d'avoir à faire face à un "foliebuster".
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. ROY: Je n'ai pas fini. C'est un véritable "foliebuster". S'il
y a une motion pour qu'on aille... un instant, s'il y a une motion pour qu'on
aille à l'article 5, qu'on fasse la motion, qu'on la dépose sur
la table, qu'on la discute. Mais qu'on la règle! Pas question de sauter
à l'article 5, revenir à l'article 3, on ne sait pas si on va
rester à l'article 3 pour revenir à l'article 5. Je veux qu'il y
ait une motion déposée sur la table et qu'on la discute la
motion.
M. MORIN: Bien.
M. ROY: Vous êtes proposeur.
M. LAVOIE: Une question de règlement s'il vous plaft!
L'honorable chef de l'Opposition a une question de règlement
à soulever.
M. MORIN: M. le Président, ... sur le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): D'accord.
M. MORIN: J'aurais aimé que le président ne conseille pas
le ministre des Affaires culturelles sur cette question. Je le voyais qu'il lui
suggérait de faire tel amendement plutôt qu'un autre. A mon sens,
étant donné l'impartialité du haut poste que vous occupez
et des hautes fonctions que vous exercez, je me serais attendu, M. le
Président, à ce que vous restiez à l'écart de ce
débat.
M. LAVOIE: Bon. Est-ce que vous avez terminé?
M. MORIN: J'ai terminé, mais tout dépendra de la
réponse que vous me donnerez.
M. LAVOIE: Je conseillerais au chef de l'Opposition officielle de
vérifier les auteurs en droit parlementaire. Autant il n'est pas permis
à un président de participer aux débats à
l'Assemblée nationale, soit de première, surtout où il n'y
a pas de débat, mais deuxième ou troisième, ou les
motions... mais c'est reconnu dans la grande tradition britannique canadienne
et québécoise qu'un président a parfaitement le droit de
participer aux travaux en commission. Et cela a toujours été
reconnu même si cela n'a pas été fait...
M. MORIN: Bien.
M. LAVOIE: ...très très souventefois. Je suis membre de
cette commission de l'Assemblée nationale, je suis président de
l'Assemblée nationale, je ne participerai au débat de fond en
aucune circonstance, mais j'entends exercer mes droits de parlementaire et,
s'il y a lieu, j'entends participer aux travaux de la commission de
l'Assemblée nationale et je serais assez prudent pour en pas aller au
fond de la question.
M. MORIN: Bien.
M. LAVOIE: Je discuterai des questions de détails et de formes
qui est le mandat justement d'une commission parlementaire d'étudier les
détails et, lorsque les détails iront trop loin, soyez
assuré que je serai assez prudent de ne pas aborder ces questions de
détails qui pourraient aborder le fond de la question.
M. MORIN: M. le Président, puis-je dire au président de
l'Assemblée que je ne lui conteste aucunement le droit de participer aux
travaux de cette commission. Je crois qu'il a raison, c'est son droit le plus
strict. Cependant de façon à ne pas nous donner l'impression que
son impartialité pourrait être mise en cause...
M. HARDY: Ah! Ah!
M. MORIN: Laissez-moi terminer s'il vous plaît. C'est tout de
même grave. J'aimerais que le président de l'Assemblée nous
dise au début des travaux: Je compte participer à la commission
en tant que membre, c'est mon droit. Mais je serais mal à l'aise pour le
président s'il allait, au cours de ce débat, à la fois
siéger du côté du gouvernement ou participer aux
débats et, par moments, participer aux décisions de la
présidence.
Je vous avoue que, quels que soient vos droits stricts, M. le
Président de l'Assemblée, cela me mettrait mal à
l'aise.
M. HARDY: Vous êtes aussi scrupuleux pour vous que pour les
autres.
M. LAVOIE: Je n'ai rien à ajouter, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suis fort heureux personnellement que
le chef de l'Opposition souligne des points aussi énergiques et aussi
importants. Je voudrais le prévenir qu'à l'avenir toute motion
d'amendement, avant de la prononcer, qu'il l'écrive...
M. MORIN: Oui, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... parce qu'elle ne sera jamais
reçue si elle n'est pas écrite.
M. MORIN: Oui, d'accord.
M. HARDY: ... ce soir, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On ne la composera pas au fur et à
mesure qu'on parle, elle va être écrite.
Deuxièmement, tout à l'heure j'étais à
côté évidemment et j'ai entendu que vous avez
proposé et que vous avez même accepté le vote. Comme les
membres, d'un côté, se sont abstenus, si je comprends bien,
lorsqu'on s'abstient, ce n'est pas un vote et ceux qui votent pour gagnent.
C'est aussi simple que cela.
M. LAVOIE: M. le Président, c'est tellement logique la
proposition du chef de l'Opposition de suspendre l'article 2 que je voudrais
sous-amender sa motion, que les articles 3 et 4 soient également
suspendus jusqu'à...
C'est un sous-amendement que je fais par écrit
immédiatement.
M. MORIN: Oui, vous faites comme moi tout à l'heure, vous faites
ce qui m'était reproché, M. le Président...
M. LAVOIE: ...quoi?
M. MORIN: ... d'écrire l'amendement sur place. Bien oui!
M. SAINT-PIERRE: ... improviser, ne pas être obligé de
composer...
UNE VOIX: II y a eu de l'improvisation.
M. MORIN: II faudra que le même droit me soit reconnu.
M. LEGER: C'est le président, le président actuel, le
vice-président de l'Assemblée nationale qui vient de dire:
Dorénavant, je n'accepterai aucun amendement qui ne sera pas fait par
écrit avant...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cela veut dire que j'aurais un autre
problème de conscience.
M. LEGER: Oui.
UNE VOIX: Que l'amendement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est parce que, actuellement, l'honorable
président de l'Assemblée nationale, est effectivement,
habituellement membre de cette commission, mais pour...
M. HARDY: II l'est, il n'a été remplacé par
personne.
M. LEGER: Oui.
M. HARDY: Qui l'a remplacé?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est moi.
M. HARDY: Vous êtes membre, vous aussi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai été remplacé
comme membre.
M. MORIN: C'est de plus en plus gênant, cette situation.
M. LEGER: M. le Président, on n'a jamais, depuis le début,
quand on a demandé les votes, appelé le nom du
député de Laval pour voter. Je ne pense pas que cela donne un
droit de plus au député de Laval de venir faire des propositions
s'il ne peut pas être appelé pour voter.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Johnson.
M. LEGER: J'ai la liste de tous les membres et le nom du
président n'y paraît pas.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, c'est un fait reconnu.
Je pense que l'honorable président de la Chambre, depuis de nombreuses
années, n'a jamais figuré dans un comité ni dans une
commission parlementaire. Je suis d'avis que l'honorable président
devrait se tenir loin de ces débats tumultueux, parce qu'il est le
président que l'on vénère, que l'on respecte et je verrais
mal sa venue. Peut-être comme observateur, il a certainement le droit de
venir comme observateur, mais il a tellement de prestige et il joue une carte
tellement difficile au point de vue parlementaire, je ne crois pas que, dans
une commission où l'on se chamaille un peu, l'honorable président
de la Chambre puisse même venir faire une suggestion.
M. HARDY: Le président...
M. BELLEMARE (Johnson): Je pense, M. le Président... Si vous
voulez me laisser parler, M. le Président, vous avez eu vos vingt
minutes. J'ai quelques secondes et cela paraît des heures pour les
gens.
M. HARDY: C'est vous qui êtes le meilleur. M. MORIN: D'accord.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je connais à fond
le président de l'Assemblée nationale, parce que je l'ai vu
siéger pendant de nombreuses années... Il a toujours eu,
même comme député, une distinction irréprochable. Sa
présence en Chambre, pendant qu'il était dans l'Opposition, a
été remarquable. Il est devenu le président depuis
quelques années et je ne pense pas que personne jusqu'ici n'a eu
à se plaindre des sages décisions qu'il a rendues et auxquelles
nous nous sommes soumis.
C'est mon premier point. L'honorable président de la Chambre ne
devrait pas, à mon sens, faire partie... Il sait l'amitié que
j'ai pour lui, mais je lui dis qu'il pourrait peut-être rester comme
observateur ou prendre son micro qui fonctionne bien. C'est difficile le moment
qu'on traverse et cela pourrait avoir des implications très difficiles
pour plus tard.
Je pense que, dans la situation où l'on est actuellement sur une
règle de procédure, si on doit abandonner, suspendre l'article 2,
cela se fait de temps immémorial qu'on suspend un article, mais on passe
au suivant. Si le suivant est encore suspendu, on passe au quatrième. Si
le quatrième...
Il est question, je pense, simplement de suspendre les articles 2, 3 et
4 pour adopter l'article 5. C'est le noeud de tout le projet. Je pense que le
débat qui doit avoir lieu doit avoir lieu en toute
sérénité.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je dois vous rappeler à l'ordre
avec votre... C'est parce que vous avez deux questions de règlement dans
une. Vous avez parlé du président de l'Assemblée
nationale. Maintenant, vous revenez...
M. BELLEMARE (Johnson): Non, c'est parce que le président vient
de soumettre un amendement. Cet amendement, je ne crois pas qu'il soit
justifié...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On peut dire que j'ai...
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant, M. le Président, si vous
m'accordez encore la parole.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais vous souligner que vous
intervenez sur une chose qui est encore une incidence.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, on se chamaille depuis
une demi-heure pour savoir si cela va être le 2 ou le 5.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je n'ai pas de motion.
M. BELLEMARE (Johnson): Le gouvernement était prêt tout
à l'heure à céder devant la demande de l'Opposition pour
qu'on étudie le noeud, c'est-à-dire l'article 5. Allons-y donc
gentiment, sans proposition...
M. HARDY: Je m'excuse auprès du député de Johnson,
mais il y avait deux volets à votre question. Je veux intervenir sur le
premier volet, c'est-à-dire la participation du président. Je
pense que c'est une question extrêmement importante que vous avez
soulevée. Je suis totalement d'accord avec le député de
Johnson que, d'une façon générale, le président
doit se tenir à l'écart des débats, même si, comme
il le dit, sur le plan juridique, il a totalement le droit de participer aux
débats des commissions parlementaires; mais je pense que le
président actuel qui préside nos travaux depuis 1970, à ma
connaissance, ne l'a jamais fait. Je pense qu'il faut faire une distinction
très importante en regard de la loi que nous sommes actuellement
à étudier. C'est également dans la tradition parlementaire
de tout notre droit, l'origine même de la présidence, l'Orateur en
Angleterre, le président de la Chambre est d'abord et avant tout le
gardien des droits et privilèges de la Chambre, des droits et
privilèges des députés. Où retrouve-t-on ces droits
et privilèges des députés, la base de ces droits et
privilèges? C'est dans la Loi de la Législature et c'est dans
notre règlement. Or, justement parce que le président est le
premier gardien des droits et privilèges de la Chambre, des droits et
privilèges des députés, il doit s'intéresser
directement et à la Loi de la Législature et aux
règlements. Le président actuel s'est intéressé
tellement aux règlements qu'il a été reconnu comme
l'auteur des règlements qu'il n'a pas faits seul qui
régissent nos travaux, justement parce qu'en raison de cette
responsabilité qu'il a, je pense que si c'est vrai pour le
règlement, ce doit être également vrai pour la loi qui est
le fondement de nos droits, la Loi de la Législature. Ecoutez, je vois
le député de Johnson faire signe que non. Je ne vois pas comment
il peut faire une distinction entre les règlements et la loi. La Loi de
la Législature est encore plus importante que les règlements.
M. BELLEMARE (Johnson): Je vois mal M. Lamoureux, l'ancien
président, venir siéger à une commission
parlementaire.
M. HARDY: Laissez-moi donc terminer!
M. BELLEMARE (Johnson): Je vois mal tous les présidents de toutes
les Législatures provinciales venir siéger. Il n'y a pas de
précédent.
M. HARDY: Excusez-moi...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, l'honorable
député de Terrebonne expose un problème. Encore quand il
dit qu'il est un des auteurs du code Lavoie, d'accord. C'est justement pour
cela qu'il faut absolument qu'il garde toute son autorité et son
intégrité. Si demain matin, ou ce soir, j'ai, avec le
président de la Chambre, une altercation, que je me prends avec le
président parce qu'il avance un argument, comment serais-je reçu
en Chambre demain?
M. HARDY: Est-ce que je peux finir ma question de règlement?
M. BELLEMARE (Johnson): Je pensais qu'elle était finie, M. le
Président.
M. HARDY: Bien non, vous m'avez coupé la parole !
M. BELLEMARE (Johnson): Je vous ai coupé la parole, moi M. le
Président?
M. HARDY: Bien oui, vous ne vous en êtes pas aperçu !
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre des Affaires culturelles sur
une question de règlement.
M. HARDY: M. le Président, continuant sur ma question de
règlement, ou essayant de reprendre le fil de mes idées au moment
où le député de Johnson m'a interrompu, je dis que le
président, tantôt, a été très prudent. Il a
dit qu'il n'interviendrait...
M. BELLEMARE (Johnson): Ah! Ah!
M. HARDY: ... que sur des questions de forme.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah! Ah!
M. HARDY: Mais je dis, M. le Président, et le
député de Johnson devrait être très prudent
là-dessus, lui qui a siégé dans un Parlement où le
premier ministre menait par le bout du nez le président.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela, M. le Président, je n'endurerai pas
cela. Non! Non!
UNE VOIX: C'est un fait historique.
M. BELLEMARE (Johnson): Même si c'est historique, ce n'est pas
véridique. J'ai siégé assez longtemps à la Chambre,
M. le Président, et j'en ai connu un autre premier ministre qui...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous pouvez parler...
M. BELLEMARE (Johnson): ... vous a menés par le bout du nez, vous
autres, et il s'appelait Jean Lesage.
M. HARDY: Je n'ai jamais été président à
l'époque de M. Lesage, ni vice-président.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais vous étiez son
député. Il y en avait un président. Il a changé
trois fois de président, lui. Il ne se soumettait pas toujours.
M.HARDY: Très bien!
M. BELLEMARE (Johnson): Ne parlez pas de dictature, M. le
Président.
M. HARDY: Je n'ai pas parlé de cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais ne dites pas, par exemple, que
Duplessis était un dictateur.
M. HARDY: Au contraire! Je n'ai jamais dit cela.
M. BELLEMARE (Johnson): ... les débats... ... les
députés par le bout du nez et les orateurs......M.
Taché.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que je peux intervenir dans le
débat?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, je vais m'asseoir. Lâchez-moi
Duplessis!
M. HARDY: Un homme pour qui j'ai beaucoup d'admiration...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, moi aussi, M. le Président, et je
lis de beaux articles de ce temps-ci qui lui rendent un peu justice.
M, HARDY: Alors, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vou- drais tout de même, à
titre de président de cette commission, rappeler certains faits, je
pense, que tous les parlementaires savent.
Il arrive régulièrement au Président de
l'Assemblée nationale, ou même au vice-président, de
dialoguer avec le parrain d'une motion, que ce soit quelqu'un de l'Opposition
ou quelqu'un du parti ministériel. Il arrive même c'est
notre devoir le plus strict de suggérer... On peut nous
présenter une motion pour considération, même avant
l'ouverture d'une séance, et on peut même apporter certaines
suggestions pour apporter des corrections. Tout à l'heure, je pense,
pour ne pas envenimer le débat inutilement... Moi, j'étais assis
là, tout à l'heure, et j'ai même discuté avec des
membres de l'Opposition concernant des formules qui pourraient être
acceptables ici. Or, le chef de l'Opposition officielle a vu l'honorable
président qui faisait la même chose que moi, j'avais faite avec
l'Opposition, quelques minutes avant...
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est dans nos rôles respectifs, et
je ne voudrais pas que...
M. BELLEMARE (Johnson): ... ce n'est pas pareil.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... ceci engendre un débat inutile,
parce que c'est dans mon rôle.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous n'êtes que le second...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Evidemment.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, l'Opposition officielle
peut-elle nous dire pour quelle raison elle s'oppose, ce soir, sereinement,
à ce qu'on discute l'article 5 et l'article ... Pendant 20 minutes, on
se l'est fait dire.
M. MORIN: Très franchement, c'est une question un peu
délicate. Je souhaiterais simplement que le président de
l'Assemblée ne soit pas mêlé à des débats qui
risquent d'être acrimonieux.
M. SAINT-PIERRE: ... acceptons cela, mais...
M. MORIN: Puis-je simplement exprimer cela comme un voeu? J'ai trop de
respect pour la présidence pour me mettre à faire une bataille
rangée sur une question comme celle-là.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce qu'on peut
répondre à la question que j'ai soulevée? Pourquoi,
sereinement, l'Opposition officielle ne veut-elle pas qu'on discute
immé-
diatement de l'article 5, puisque, pendant 20 minutes, on s'est fait
dire que c'était cela, l'article, la cheville ouvrière du projet
de loi! C'est cela qui déterminait le...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais apporter une
considération. Je pense que, peut-être, il est tard. Tout le monde
n'y pense pas en même temps. Pour arriver à l'article 5, il faut
suspendre les articles 2, 3, 4. C'est élémentaire.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela qu'on demande, le consentement unanime, pour
aller à l'article 5.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour tomber de l'article 2 à
l'article 5, il faut pour le moins suspendre trois articles.
M. HARDY: ... consentants...
M. LEGER: M. le Président, pour éviter...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour tomber à l'article 5, c'est
parce qu'on saute par-dessus les articles 2, 3, 4. Donc, il faut les
suspendre.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. LEGER: M. le Président, pour montrer notre grande
collaboration...
M. MORIN: Si vous riez, nous allons la retirer.
M. LEGER: Nous sommes d'accord, M. le Président...
M. HARDY: Soyons sérieux...
M. LEGER: Nous sommes d'accord...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Permettez-moi de rappeler à
l'honorable chef de l'Opposition officielle qu'il a même permis que
certains rient, au tout début de l'après-midi.
M. MORIN: ... l'occasion...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous avez dit que, quand ce serait
drôle, vous donniez la permission de rire.
M. MORIN: Je n'ai rien donné de tel. J'avais autorisé le
député de Louis-Hébert à me divertir...
M. LEGER: M. le Président, j'ai la parole?
M. MORIN: ... à me délasser de temps à autre avec
son sourire "mur à mur", mais je ne l'ai pas autorisé à se
moquer de toutes les propositions de l'Opposition.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Lafontaine.
Suspension des articles 2, 3 et 4
M. LEGER: Je voulais simplement dire, M. le Président, pour
montrer notre collaboration, que nous sommes prêts à suspendre les
articles 2, 3 et 4 pour discuter de l'article 5.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle adoptée?
M. LEGER: Cela va-t-il vpus montrer notre bonne foi?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté?
M. LEGER: Pas adopté, mais je veux dire, discuter de l'article
5.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. La motion que vous proposez...
M. DESJARDINS: Mon Dieu que tu es dinde ''comprenure"!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 5.
Article 5
M. MORIN: Voilà ma proposition sur l'article 5.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'article 5, il y a un amendement de
l'honorable chef de l'Opposition officielle, que l'article 5 soit amendé
en remplaçant, dans la septième ligne, le montant de $21,000 par
le montant de $15,600.
M. MORIN: Est-ce que le représentant du gouvernement aimerait
avoir le texte, M. le Président?
M. HARDY: M. le Président, si vous permettez, je dirai seulement
un mot. Je vois...
M. MORIN: Pourquoi dire un mot en dehors des règles?
M. HARDY: Vous n'aviez pas fini votre discours?
M. MORIN: Mais non, je n'ai pas encore terminé.
M. HARDY: II me semble que c'est telle-
ment clair, vous avez besoin d'expliquer cela longuement?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: Je le pense bien. Ce n'est pas si clair que cela, à
moins que vous ne disiez que vous l'acceptez?
M. HARDY: Je voulais tout simplement dire que cela prouvait
l'immobilisme de votre parti. Vous restez toujours au même point.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. MORIN: Voyons! M. le Président! En matière
d'augmentation du salaire des députés, effectivement, ce que nous
avons préconisé, c'est un certain immobilisme au niveau du
montant, mais cela ne veut pas dire qu'il ne puisse être
indexé.
Toutefois, cela serait possible avec les conditions que nous avons
décrites, c'est-à-dire indexation du salaire minimum et autres
conditions, amendement au code du travail autorisant la réouverture des
conventions collectives qui sont en cours de façon à permettre
l'inclusion de clauses d'indexation du salaire des syndiqués, maintenant
que j'ai fait cette mise au point, je voudrais expliquer les raisons qui
militent en faveur de cet amendement.
M. le Président, on ne peut juger de l'indemnité annuelle
qui doit être accordée à un député sans se
référer au contexte économique global qui sévit
dans la société...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! C'est
strictement au point de vue préventif. Je ne permettrai pas que l'on
fasse une motion de blâme au gouvernement sur toutes ses politiques. Vous
allez être restreint à parler du salaire des
députés.
M. MORIN: M. le Président, je n'avais pas l'intention de faire
une motion de blâme.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous préviens.
M. MORIN: Mais vous intervenez intempestivement parce que je voulais
expliquer le contexte économique dans lequel se situe cette question du
salaire des députés. Sans que je sois appelé ce soir
à faire une motion de blâme à l'endroit du gouvernement
je l'ai fait à maintes reprises à l'Assemblée et
cela suffit pour l'instant on peut néanmoins soutenir que ce
contexte économique est tel à l'heure actuelle que le moment ne
peut pas être plus mal choisi pour proposer l'augmentation de salaire des
députés. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, que j'ai
l'honneur d'avoir devant moi, nous a appris justement, dimanche dernier, que
l'année 1975 allait être une année difficile pour les
Québécois.
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai jamais dit ça.
M. MORIN: II l'a admis à mots couverts et quiconque...
M. DESJARDINS: Ah! Ah! Insinuation.
M. MORIN: Le ministre aura le loisir de me répondre tout à
l'heure et de nous dire dans quelle mesure l'année 1975 va être
une "bonne année". Il faut tout de même être
réaliste. Cette année commence sous de mauvais augures.
M. DESJARDINS: Avec le 1er janvier.
M. MORIN: Est-ce que le député de Louis-Hébert va
m'interrompre souvent avec des blagues plates comme celle-là?
M. DESJARDINS: II faut bien occuper votre temps. Vingt minutes.
M. MORIN: M. le Président, c'est vraiment la question
fondamentale et je prierais le député de Louis-Hébert de
me laisser parler. Qu'il me regarde avec son sourire béat, ça ne
me dérange pas trop.
M. DESJARDINS: Ah! Vous êtes gentil! Vous avez amené votre
fan club.
M. MORIN: Mais qu'il m'interrompe, cela je ne l'endurerai pas.
M. DESJARDINS: J'espère que cela n'a pas coûté trop
cher.
M. MORIN: M. le Président, le député de
Louis-Hébert devrait prendre connaissance des statistiques
récentes du sondage Gallup publié sur la question de
l'augmentation de salaire des députés. Il verrait que ce n'est
pas une mince question et qu'elle n'est pas réglée si facilement
que ça. On doit se pencher effectivement sur la situation
économique. En effet, on peut lire sur le mur, pour quiconque sait lire
un peu, à travers les indicateurs économiques, que nous sommes
devant les signes précurseurs de ce que les économistes
américains, dans leur jargon, appellent la "stagflation".
M. SAINT-PIERRE: II l'a aimé ce mot-là.
M. MORIN: Je pense même que le ministre l'a utilisé
à l'occasion.
M. SAINT-PIERRE: Jamais! Ce n'est pas un état de fait qui
caractérise notre économie dans le moment.
M. MORIN: Vous pourrez nous dire cela tout à l'heure et je vous
écouterai avec la plus
grande attention. Je dois dire qu'en Chambre vous ne m'avez guère
convaincu. Toujours est-il que la "stagflation", c'est la conjugaison, d'une
part, de la stagnation économique, c'est-à-dire la stagnation du
produit national brut et, d'autre part...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Je ne vous permettrai pas de
faire un cours économique sur la province de Québec. Parlez du
salaire des députés. C'est une loi sur le salaire des
députés. Je vous écoute depuis deux minutes. Avant, je
vous avais prévenu.
M. MORIN: On m'a interrompu aussi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Malheureusement, c'est une loi qui porte
le numéro 87, article 5, je vous limite à ça.
M. MORIN: M. le Président, j'estime que vous n'avez pas le droit
de me dire quels sont les arguments que je dois invoquer.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est-à-dire que je dois vous
prévenir et là vous dépassez un peu la mesure.
M. MORIN: Ecoutez bien.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je comprends le rôle que vous jouez,
mais je vous demande...
M. MORIN: Peut-être ne m'avez vous pas bien compris?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Certainement. Donnez-moi un minimum
d'intelligence.
M. MORIN: Je me pose des questions.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Moi aussi, je m'en pose parfois, mais je
n'ai pas le droit de les énoncer trop souvent publiquement.
M. MORIN: Moi non plus; je m'en garde bien. Je voudrais que vous
compreniez que l'augmentation de salaire des députés
dépend du contexte économique. Est-ce que c'est une proposition
que vous mettez en doute, M. le Président? On ne peut juger de cette
question en dehors du contexte économique. C'est bien clair. Si ce
contexte économique est déprimé, on voit mal les
députés se servir de gros salaires, de gras salaires. Si le
contexte est florissant, on peut toujours soutenir que les
députés ont droit à un certain rattrapage, surtout si
l'inflation sévit. Là-dessus, je l'ai bien dit en Chambre dans
mon discours de deuxième lecture, nous sommes sensibles à la
situation des députés, mais nous sommes également
sensibles à la situation des Québécois dans leur ensemble,
lesquels souffrent bien plus que les députés de l'inflation et de
la perte du pouvoir d'achat.
M. HARDY: C'est un discours de deuxième lecture.
M. MORIN: M. le Président, nous sommes sur l'article clé
de ce projet de loi et j'estime que j'ai le droit d'expliquer à mes
collègues pourquoi ce montant de $21,000, qui d'ailleurs n'est qu'un
montant de base par ce qu'on y ajoute aussitôt après un
supplément qui est fondé sur l'ensemble des activités
économiques du Canada, ce qui en réalité fait que le
salaire, l'indemnité annuelle, dès le 1er janvier prochain, va
être de $23,205 et pas de $21,000 est trop élevé. Donc,
dans les circonstances, je pense que je suis tout à fait justifié
de poser la question dans un contexte économique plus large. Si vous
estimez que ce n'est pas le cas, je vous demanderais de participer au
débat, mais pas en votre qualité de président.
M. le Président, apparaissent déjà dans le ciel
québécois des nuages fort sombres, la stagnation du PNB et une
inflation supérieure à 10 p.c. C'est d'ailleurs cette inflation
supérieure à 10 p.c. qu'on invoque pour faire augmenter le
salaire des députés. Peut-être allons nous être
appelés, nous de l'Assemblée nationale, au cours des mois qui
viennent, à demander des sacrifices aux Québécois.
Peut-être allons-nous être obligés de réduire les
dépenses budgétaires notamment dans le domaine social, dans le
domaine même de l'hospitalisation, des soins, si la situation
économique se gâte trop? Autrement dit, il risque d'y avoir moins
de fonds publics à dépenser et nous serons peut-être
appelés à dire aux Québécois qu'ils doivent,
hélas, se serrer la ceinture. D'après les économistes, ce
moment pourrait venir plus vite qu'on ne le croit. Nous pourrions être
assez rapidement, peut-être même d'ici trois mois, devant un
chômage en hausse rapide auquel s'ajouterait une inflation galopante, ce
qu'on appelle la "stagflation".
M. le Président, si l'Assemblée nationale, à la
requête du gouvernement, est appelée à réduire les
budgets sociaux, peut-être même à réduire certains
investissements publics, nous allons devoir exiger des sacrifices des
Québécois.
M. DESJARDINS: Si.
M. MORIN: Oui. Le député de Louis-Hébert,
même si c'est une interruption, a raison de dire "si" parce que c'est une
hypothèse. Mais c'est une hypothèse tout à fait
vraisemblable. Le député de Louis-Hébert en conviendra ou
alors qu'il me dise tout à l'heure, en réplique, pourquoi il
n'est pas d'accord avec moi.
M. le Président, j'estime que, dans les circonstances, un montant
de $23,205, c'est-à-dire le montant réel de l'indemnité
qui va nous être versée, n'est pas raisonnable. Cela
représente une augmentation de $7,600, soit près de 50 p.c. par
rapport au salaire des députés.
Peut-être commencez-vous à comprendre pourquoi nous nous
insurgeons contre cet article et pourquoi nous pensons qu'on doit revenir au
chiffre actuel pour l'indexer. Nous acceptons l'idée de l'indexation aux
conditions que j'ai décrites, c'est-à-dire l'indexation de tout
le monde, l'indexation de l'ensemble des salaires des revenus des
Québécois.
M. le Président, on ne peut pas choisir un moment plus
défavorable pour hausser d'une somme pareille des députés.
Permettez-moi de faire allusion à la situation que nous trouvons dans
les autres provinces du Canada par rapport à la situation de
l'économie. J'espère que le ministre de l'Industrie et du
Commerce va intervenir plus tard dans ce débat pour nous donner les
chiffres des revenus des particuliers per capita les plus récents, ceux
de 1974. Je crois qu'il avait d'ailleurs des chiffres provisoires dans les
indicateurs économiques dont il nous a fait part dimanche dernier.
J'aimerais comparer les indemnités et les allocations qui sont
versées aux députés des diverses provinces canadiennes
avec celles que nous nous apprêtons à verser au Québec
compte tenu du contexte économique de chaque province. Ce qui me frappe,
c'est que déjà...
M. SAINT-PIERRE: Seriez-vous assez gentil pour nous donner les jours de
session dans chacune des provinces également?
M. MORIN: C'est très variable, cela dépend des
années, M. le Président.
M. DESJARDINS: Les cinq dernières années.
M. SAINT-PIERRE: On est bien prêt à vous écouter
mais ça prend un minimum d'honnêteté intellectuelle.
M. HARDY: C'est beaucoup demandé.
M. MORIN: Je suis sûr que le ministre de l'Industrie et du
Commerce voudra compléter mes renseignements s'ils ne sont pas complets
et qu'il nous donnera, lui, le nombre de jours de session dans l'Ontario, je
n'ai pas de raison de croire que, dans l'Ontario, il soit moindre qu'au
Québec.
M. HARDY: C'est ça effectivement.
M. MORIN: Cela dépend encore une fois des années. Je sais
que l'objectif du premier ministre du Québec, ce sont des sessions
courtes et, en ce moment, la session n'est longue qu'à cause
précisément du projet de loi que nous avons devant nous. M. le
Président, si on considère les salaires, c'est-à-dire la
somme des indemnités, et allocations, pour être plus
précis, qui sont versées aux députés des diverses
provinces, nous constatons que le Québec, dans l'état actuel des
choses, vient déjà au second rang après la
Colombie-Britannique.
M. SAINT-PIERRE: Là où l'économie est encore bien
plus dans la "stagflation". Parce que là, c'est réel, ici c'est
imaginaire dans...
M. MORIN: Depuis un mois et demi, deux mois, la situation là-bas
commence à se gâter.
M. SAINT-PIERRE: Enormément.
M. MORIN: Je ne crois pas, M. le Président, qu'ils iront
adopter...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne
peux pas permettre un dialogue.
M. MORIN: ... des augmentations de salaire en faveur des
députés de cette province. Je ne voulais pas d'ailleurs lier le
dialogue avec le ministre, c'est parce qu'il m'a interrompu. Comme ce
n'était pas hors de propos, j'ai voulu lui répondre sur le
champ.
M. SAINT-PIERRE: C'est de la social-démocratie là-bas et
c'est à 100 p.c. d'augmentation qu'ils ont voté.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que vous pourriez demander au
ministre de ne plus m'interrompre parce que je vais me sentir...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est ça, je vais demander...
M. MORIN: ... obligé de lui répondre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous comprends.
M. MORIN: Merci.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous donne la parole.
M. MORIN: Merci, M. le Président. Il semble que nous soyons tous
dans de meilleures dispositions.
M. BELLEMARE (Johnson): Bon. Joyeux Noël.
M. MORIN: M. le Président, en Colombie-Britannique,
l'indemnité est de $16,000, c'est-à-dire guère plus qu'ici
où elle est de $15,600 et l'allocation est de $8,000,
c'est-à-dire près quand même de $860 da plus qu'au
Québec. Mais le total du Québec se compare fort bien avec le
total de la Colombie-Britannique. Le total est de $24,000 en
Colombie-Britannique et au Québec, il est de $22,740. Si on compare
maintenant nos chiffres avec ceux des autres provinces, lesquelles, on
le sait, sont plus riches que le Québec, surtout les provinces de
l'Ouest on constate que celles-ci viennent après le Québec
pour les salaires des députés. C'est quand même
éloquent, M. le Président.
Nous n'avons pas le droit de faire fi, de faire abstraction de ces
faits.
Comment peut-on faire abstraction du fait que l'Ontario, plus
prospère que le Québec, beaucoup plus prospère que
le Québec, le ministre le sait, surtout dans le revenu per capita, mais
aussi dans le PNB, dans tous les indicateurs, sauf peut-être l'inflation
où, maintenant, le Québec dame le pion à l'Ontario
comment peut-on admettre que l'Ontario...
M. SAINT-PIERRE: C'est vous qui me provoquez. Rappelez-vous les
thèses de l'ancien député de...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MORIN: M. le Président, j'avoue que j'attends avec beaucoup de
curiosité le discours, j'espère, bien étoffé, que
le ministre de l'Industrie et du Commerce va nous faire tout à l'heure
sur cette question. Combien de temps me reste-t-il, M. le Président?
M. DESJARDINS: Trop!
M. MORIN: Parce que j'ai tellement à dire sur cette
question...
M. SAINT-PIERRE: Vous n'avez pas dit grand-chose jusqu'ici.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Quelle heure est-il?
M. DESJARDINS: Si vous avez de quoi à dire, commencez, il est
grand temps.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous avez commencé à 11 h
18.
M. MORIN: Ah bon! Il me reste encore un gros dix minutes. C'est
cela?
M. DESJARDINS: J'ai résumé votre discours
là-dessus.
M. MORIN: ... Dix-huit...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II vous reste 12, 5, 3, 3 minutes.
M. MORIN: Trois minutes!
M. DESJARDINS: II serait temps que vous disiez quelque chose, hein?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Trois
minutes.
M. MORIN: M. le Président, c'est être de mauvaise foi que
de ne pas comprendre que, si nous sommes la deuxième province par les
salaires et les allocations pour des députés, alors que nous nous
situons beaucoup plus bas pour le revenu per capita que c'est pertinent.
Autrement, je me, demande bien ce qui va l'être, M. le Président.
Si les députés ont décidé, coûte que
coûte, et en faisant abstraction de toutes ces données, de se
voter une augmentation de salaire, c'est une autre affaire. Qu'ils le disent
tout de suite. On ne s'occupe pas de cela, "on veut rien savoir". Les
Québécois feront ce qu'ils voudront, nous autres, les
députés "on s'en vote une". Si c'est cela l'attitude, qu'on le
dise.
UNE VOIX: Le débat va être beaucoup plus court.
M. MORIN: Mais ces faits-là sont pertinents. L'Ontario vient au
troisième rang avec $22,500, ce n'est pas beaucoup moins que le
Québec, mais elle vient quand même après, bien que son
économie soit plus prospère. Et ensuite l'Alber-ta, et ensuite la
Saskatchewan. Egalement des provinces très prospères en raison,
comme on le sait, de leurs richesses naturelles.
M. le Président, je ne veux pas m'attarder à mentionner
tous les chiffres; peut-être conviendrait-il simplement de noter que,
dès qu'on atteint le quatrième rang, avec l'Alberta, les chiffres
font une chute spectaculaire, parce qu'en Alberta, pour $9,000
d'indemnité, les députés obtiennent $4,500 d'allocation.
C'est-à-dire en tout et partout $13,500. M. le Président, c'est
près de $10,000 de moins que les députés
québécois.
M. SAINT-PIERRE: II y a deux semaines de session à l'automne.
M. MORIN: Et au printemps?
M. SAINT-PIERRE: A peu près un mois et demi au plus.
M. MORIN: M. le Président, de toute façon, on nous dit
constamment que la tâche du député est une tâche
à temps plein, qu'il doit s'occuper de ses électeurs...
M. DESJARDINS: C'est très intéressant, mais c'est
assez.
M. MORIN: Je vais terminer maintenant, M. le Président. Ce sont
des questions sur lesquelles je devrai revenir, parce que je n'ai effectivement
pas terminé mon exposé. Pour la Saskatchewan, je tiens
simplement, en terminant, à indiquer que le montant, le total de
l'indemnité et de l'allocation reçues par les
députés est de $12,500, c'est-à-dire clairement $10,000 de
moins qu'au Québec. Mon temps est-il vraiment écoulé?
M. DESJARDINS: Oui. Oui. C'est ça. C'est ça.
M. MORIN: J'y reviendrai par la suite en d'autres occasions.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je suis surpris, parce
que je n'étais pas en Chambre, quand il a été
décidé par l'Assemblée nationale d'organiser un
comité spécial pour étudier, une fois pour toutes, en
dehors des responsabilités d'un parlementaire, son salaire et les
indemnités qui s'y rattachent. L'Assemblée nationale a
formé le comité qu'on a appelé le comité Bonenfant.
Et ce comité, M. le Président, a siégé, il a
reçu des mémoires, il a entendu des députés.
Après mon élection dans Johnson, j'ai été
convoqué par la commission Bonenfant pour donner mon opinion. J'ai
préparé à cette occasion-là un mémoire bien
particulier et, M. le Président, j'ai énuméré comme
il se devait les objections et les raisons pour lesquelles, je pense, et je le
pense encore, sans être un vendu, les députés devraient
être mieux payés.
Première raison: Quand on considère que, depuis la
confédération canadienne, tous les sous-ministres, à
l'échelon IV, maintenant au grade IV je ne parle pas des plus
hauts degrés, l'échelon I. ou II, je parle depuis 1928 au
service de l'administration provinciale ont toujours suivi le salaire du
député en place. Ce n'est pas une tradition qu'on a
établie, pas plus l'Union Nationale que le Parti libéral, c'est
un état de fait qu'on retrouve ici, dans l'appendice II: Evolution
historique des indemnités, allocations des membres de l'Assemblée
nationale de 1926 à 1974.
J'ai fait une recherche personnelle pour voir et me rendre compte que,
chaque fois qu'on augmentait le salaire du député, on avait un
salaire à peu près équivalant à celui d'un
sous-ministre, classe IV, c'est-à-dire non pas le sous-ministre en
titre, mais un sous-ministre adjoint.
M. le Président, pour vous en donner des exemples, la loi de 1922
accordait $2,500 aux députés et $3,000 à un sous-ministre.
Je saute plusieurs étapes. La loi de 1946 donnait aux
députés $4,000, à un sous-ministre en titre $8,000 et
à un sous-ministre ordinaire $5,000. Je saute encore plusieurs autres
années pour arriver en 1960 où notre salaire a été
porté à $10,000, celui d'un sous-ministre en titre à
$16,350, celui d'un sous-ministre ordinaire à $8,005. Je saute encore
quelques années pour arriver en 1971 où un sous-ministre en titre
avait $25,515, un député avait $22,000 et un sous-ministre de
classe IV avait $21,000.
Vous voyez que, d'année en année, tous nos
prédécesseurs ont suivi un peu cette harmonie qui veut qu'un
sous-ministre et qu'un député soient traités à
l'égal d'un...
Vous n'avez pas besoin de cela, je l'ai ici. Au moment où je
parle, certainement, laissez-moi finir. Je n'ai pas besoin de souffleurs. Au
moment où je parle, M. le Président et j'étais pour
le dire, parce que c'est dans mon argumentation actuellement, en 1971,
le salaire a été porté à $22,740; un sous-ministre
en titre avait, en 1971, $28,500 et le sous-ministre, classe IV, avait $23,500.
Mais si je regarde aujourd'hui le tableau qui vient d'être
déposé en Chambre à la suite d'une question que j'ai
posée et qui m'a été remis cette semaine, je
m'aperçois qu'un sous-ministre en titre reçoit $38,000 et $2,805
de dépenses. Je ne conteste pas la valeur d'un sous-ministre, je ne
conteste pas le travail qu'il fait auprès d'un ministre, pour s'occuper
de toute l'administration, surtout un sous-ministre en titre, je lui
concède certainement la valeur du salaire qu'il gagne, mais, pour lui,
il est assujetti à une convention collective, parce qu'il appartient aux
cadres.
Il y a là, en vertu d'un arrêté en conseil, une
redistribution des salaires, toujours comparativement à la convention
collective qui est établie dans les différents secteurs de
l'administration, soit l'éducation, le parasocial ou bien les
fonctionnaires.
Quand je vois le salaire d'un sous-ministre à $38,000, je suis
heureux de constater que le chef de l'Opposition reçoit $15,600
présentement, $7,140 comme allocation du député et je
pense que c'est mérité. Il travaille
énormément.
M. MORIN: C'est suffisant pour vivre.
M. BELLEMARE (Johnson): Je prends un état de fait. Si le
député n'en veut pas, il reçoit $15,600 d'indemnité
comme chef de l'Opposition, $3,000 de représentation comme chef de
l'Opposition et il a une auto à sa disposition, je ne lui reproche pas
cela. Pour le moment, il reçoit $41,400.
M. MORIN: Oui, mais je n'en veux pas $55,000.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous m'avez ôté cela. Il va
probablement recevoir environ $55,000. Si le chef de l'Opposition est logique,
en vertu de la loi de l'impôt, à l'article 2, on a le droit de
faire don à Sa Majesté, de faire des remises de son salaire.
Je sais qu'il s'empressera probablement après l'adoption de cette
loi de remettre une différence qu'il ne veut pas accepter, à
titre de dons déductibles de l'impôt sur le revenu.
M. MORIN: Vous allez vous servir?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, j'avais une pension de
$21,000 et je l'ai laissée tomber pour accepter un salaire de $15,000.
Je ne savais pas qu'il était pour avoir une augmentation.
M. MORIN: Maintenant, comment allez-vous recevoir?
M. BELLEMARE (Johnson): Combien je vais avoir?
M. MORIN: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Je vais avoir un salaire raisonnable comme vous.
Je ne le refuserai pas. Je ne ferai pas l'hypocrite, je vais l'accepter.
M. MORIN: Quel montant?
M. BELLEMARE (Johnson): Quel montant? Je ne l'ai pas calculé.
M. MORIN: Ah non?
M. BELLEMARE (Johnson): Je vous jure sur la tête de ma
mère, comme disait Mantha, c'est un grand homme aujourd'hui, Mantha, je
jure sur la tête de ma mère que je ne le sais pas. Je ne l'ai pas
calculé. Non, parce que la suggestion que je vais faire au gouvernement
tout à l'heure est bien contraire à ce que vous pensez. Je vais
faire une suggestion au gouvernement, qui est remplie de bon sens. Un homme qui
a été en politique comme moi et qui a gagné
déjà $2,700, parce que M. Duplessis avait baissé nos
salaires de $3,000 à $2,700 pour faire une oeuvre de
générosité... Il n'a jamais autant regretté d'avoir
baissé nos salaires, parce qu'un homme public est un homme qui sert sa
province avec bien des responsabilités. On sait dans quel sillage
s'engage un homme public quand il entre dans la politique active et surtout
quand il y demeure pendant plusieurs années. Je n'ai pas ici à
faire du folklore, comme dit mon collègue de Saint-Jacques, non, ce
n'est pas folklorique. J'ai entendu un bon député, un ministre,
un ancien collègue, M. Mailloux, qui a présenté à
l'Assemblée nationale un discours rempli de bon sens. Je dis et je
répète que le salaire qui nous sera payé... Toutes les
raisons qu'invoque le chef de l'Opposition, pour lui, c'est trop, $55,000, il
le remettra et cela sera déductible de son impôt, au lieu d'avoir
$41,400.
M. SAINT-PIERRE: On va lui permettre de garder $1,796.
M. MORIN: M. le Président, pourrais-je demander à mes
collègues, s'ils veulent vraiment que le débat soit serein, de
garder leurs insinuations pour eux, car elles sont fort malvenues?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, un sous-ministre, je
continue...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Un sous-ministre travaille très fort. Il
passe de longues heures au bureau pour servir les intérêts de son
ministère et répondre à tous les besoins de son ministre
quand celui-ci requiert ses services. J'admets...
M. MORIN: Ah oui! c'est bien ce que je craignais.
M. BELLEMARE (Johnson): ... que c'est véritablement un salaire
qu'il gagne. Quel sera le nouveau salaire du sous-ministre lorsqu'on aura
refait les conventions en 1975? Je sais qu'à cause de toutes les raisons
que vont invoquer les fonctionnaires, il y aura sûrement une
réévaluation des salaires et ceux aussi des sous-ministres. Mais
le sous-ministre peut donner 32 heures ou 40 heures de travail à sa
province, à son ministère. Quel est le député qui
ne donne pas 60 heures? Quel est le député qui ne travaille 70
heures par semaine? Un ouvrier ordinaire, en vertu des lois de la convention
collective, travaille 36, 38 ou 40 heures. En vertu de la Loi du salaire
minimum, c'est prescrit, beaucoup moins d'heures que nous-mêmes. Vous
allez dire: Vous passez votre temps à vous chicaner en Chambre. Il n'y a
pas de Parlement où cela n'arrive pas. J'ai déjà
assisté aux débats dans un autre Parlement, soit en France. Je
n'avais pas été édifié. Cela m'a montré que
cela n'était pas pire que chez nous. On y a le caractère latin.
En Italie, dernièrement, un député a tiré sur un
autre député en pleine Chambre.
M. HARDY: C'est du chantage.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela a été un peu plus loin que
nous autres, parce qu'il y a des fois où j'en aurais bien l'idée.
Si mes yeux étaient des revolvers, je les laisserais partir parfois.
M. MORIN: Vous n'êtes pas le seul à avoir de tels yeux!
M. BELLEMARE (Johnson): Pas pour moi, toujours? Je pense qu'on n'a pas
choisi des méthodes pour calquer notre salaire.
Il nous a été donné, en vertu d'une commission qui
a honnêtement siégé et j'ai récité,
à ce moment, M. le Président, tous les arguments que j'avais, et
que j'ai fait valoir... Un député est obligé de se faire
élire à tous les quatre ans. Cela, c'est une dure
responsabilité. Ce n'est pas une convention collective qu'on fait
renouveler. C'est une élection, et Dieu sait combien, avant les
élections, quelqu'un, qui est dans la vie publique, est obligé de
souscrire à toutes sortes d'oeuvres. Vous, le chef de l'Opposition,
comme moi et d'autres. Les professionnels ont continuellement les mains dans
leurs poches, mais très rarement, comparativement à un
député. C'est un feu dans un rang, c'est une mortalité,
c'est un cinquantième anniversaire de mariage, ce sont toutes sortes de
raisons, impossibles, aujourd'hui, de les citer devant vous. Vous les
connaissez toutes parce que vous vivez avec ce boulot.
Maintenant, pourquoi se cacher derrière des masques, même
les plus honorables? On est ce qu'on est. On est député, on doit
être l'élite. Si l'élite ne vaut rien, qu'est-ce que vaudra
demain la société? Si on est tous des crottés ou si on est
tous des sans-culottes, comme je l'ai dit en Chambre, du temps de la
révolution de Robes-
pierre, on a égalisé tous les bourgeois en leur coupant la
tête. La dernière tête qui a tombé, ce fut celle du
chef de la révolution, pour égaliser tout le monde, la tête
de Robespierre. M. le Président, si on veut égaliser tout le
monde, non, M. le Président, ce n'est pas moi qui l'ai enseigné.
Il y aura toujours des pauvres parmi nous. Il y en avait du temps de M.
Taschereau, quand ils gagnaient $0.10 de l'heure en vertu du salaire minimum,
parce qu'il n'y en avait pas de minounes dans ce temps-là. Mais il y
avait du salaire minimum, il n'y a pas si longtemps, à $0.40, et les
députés étaient bien payés.
Non, M. le Président, demain matin, mettez-nous tous
égaux, tous égaux au même point de départ, au
premier coup de fusil et laissez-nous partir. Demain soir, vous en aurez quatre
ou cinq qui seront en avant, deux ou trois en arrière.
L'inégalité va se former dès le lendemain matin,
dès le lendemain soir. Pourquoi? Parce qu'on a des talents
diversifiés. Parce qu'il y a des députés qui peuvent, eux,
être plus imaginatifs, se présenter, subir des élections,
et je peux vous en parler, M. le Président, j'en ai subi huit. Je vous
dis que ce n'est pas facile, d'abord de se faire élire, mais surtout
pendant notre mandat, de l'exercer très dignement. C'est après le
curé, dans une paroisse, même si vous pensez que la tradition s'en
va, après un maire, après un homme respectable, le
député doit être un homme d'élite, doit être
un gars transparent, et doit être un homme très digne. Pour
éviter toutes ces combines qu'on peut imaginer, qui nous reviennent
actuellement par toutes sortes d'échos, si on veut éviter tout
cela, il faut rester un homme translucide, transparent. Cela, M. le
Président, après 28 ans, après 30 ans de politique active,
je peux vous en parler en connaissance de cause.
Mon propos est celui-ci: Nous sommes, tous les jours le chef de
l'Opposition le sait les écorchés vifs de la place
publique. Votre famille, M. le chef de l'Opposition je n'ai pas le droit
M. le Président. Le chef de l'Opposition a une famille, et comme
cela doit être triste et lamentable de subir les attaques qu'un chef de
l'Opposition reçoit normalement. On en a vu d'autres, chefs de
l'Opposition. J'ai connu M. Daniel Johnson...
M. MORIN: Cela dépend s'il se sent innocent ou coupable...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je dirais à
l'honorable chef de l'Opposition, ce que lisent nos parents et notre famille,
ils n'ont pas l'écorce qu'on a, nous, pour endurer cela. On n'a pas tous
le même degré de réceptivité. On n'est pas tous
capables d'absorber ces insultes, ces accusations...
M. MORIN: Ces injustices.
M. BELLEMARE (Johnson): Ces injustices, si vous voulez bien, M. le
Président. Je le dis en toute sincérité. J'en ai connu
d'autres injustices...
M. DESJARDINS: Ah, que c'est drôle!
M. BELLEMARE (Johnson): Mais je n'ai jamais vu un gouvernement se faire
battre parce qu'il avait augmenté le salaire de ses
députés au moins à l'égalité des
sous-ministres, au moins.
M. le Président, de grands hommes deviennent souvent petits peu
de temps après leur disparition de l'Assemblée nationale. J'ai
connu des députés qui sont sortis de l'Assemblée nationale
après un mandat et qui ont été obligés d'aller
à l'assistance sociale. J'en ai connu un autre qui est venu me voir un
jour dans un état de mendicité épouvantable. J'ai
moi-même aidé un jour un whip libéral parce que
j'étais capable de le faire et parce qu'il était à la
dernière extrémité. J'ai réussi à lui faire
trouver du travail comme l'ancien député de Vaudreuil, comme
l'ancien député du Lac-Saint-Jean. J'ai aidé
déjà de ces députés parce que, à cette
époque, le salaire n'était pas extraordinaire et il n'y avait pas
de pension. Parmi ceux qui ont été élus en 1973,
peut-être quelques-uns ne reviendront-ils pas. Ils n'ont droit à
aucune pension. Ils ont joué le rôle pendant quatre ans
d'être de l'élite. Ils auront joué le rôle
d'être députés, d'être des hommes importants et, du
jour au lendemain, ils prendront peut-être la dernière des
dernières places pour faire comme le député de
Mégantic, retourner dans les mines, pour y gagner sa vie. Croyez-vous
que c'est juste?
Sans vouloir dire qu'on accapare des fonds publics, sans vouloir dire
que c'est injuste, qu'on est vendu parce qu'on défend une thèse
qui a du bon sens, je dis que les bourgeois les plus rangés sont
peut-être d'anciens révolutionnaires.
M. MORIN: Me permettez-vous une question? Je ne voudrais pas mal
interpréter le député. Je ne pense pas qu'il veuille
mépriser le métier de mineur?
M. BELLEMARE (Johnson): Ah, ah! Au contraire, M. le
Président.
M. HARDY: C'est de la démagogie.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, non, non, vous, parce
que vous avez votre poste garanti à l'université...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Le député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est si facile pour vous, parce que vous avez
un congé sans solde, vous y retournerez le lendemain.
M. MORIN: Ce n'est pas plus facile.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. MORIN: J'ai posé une question au député de
Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Elle est posée, votre question.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): Le chef de l'Opposition sait bien qu'un ouvrier
comme M. Maheu, j'ai beaucoup de respect pour lui j'ai
siégé dans cette Chambre avec lui comme il a beaucoup de
respect pour un ancien serre-freins. J'ai été serre-freins
pendant longtemps et je sais ce que c'est de gagner ma vie et surtout
d'appartenir au mouvement des travailleurs. J'ai communié moi aussi avec
eux pendant des années et je sais ce que pense ma population de Johnson
comme je sais ce que pense la population de Champlain, parce qu'au lieu de
rechercher le bien commun, on cherche plutôt la petite bête noire
et on se saisit d'un projet de loi qui est devant nous actuellement pour en
faire peut-être une espèce de propagande politique. Je vous
répète, M. le chef de l'Opposition, ça ne paie pas. Prenez
mon exemple. Prenez ma connaissance des événements, mon
expérience, ça ne paie pas.
M. MORIN: Ce n'est pas notre critère non plus.
M. BELLEMARE (Johnson): On est dans un climat extrêmement
défavorable.
M. MORIN: Le présent bill, il paie.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant! Je dis et je répète
que je suis maintenant rendu à ma proposition. Je serais favorable.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est-à-dire...
M. BELLEMARE (Johnson): Non, je ne fais pas de motion pour ne pas
permettre à d'autres de la débattre pendant vingt minutes.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous êtes sur une motion
d'amendement actuellement.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais je parle sur la motion d'amendement et, en
parlant dans ma motion d'amendement, je trouve parce que le salaire est
fixé à $21,000, je parle sur le salaire qu'il serait plus
juste que nous subissions la même indexation qu'ont subie tous les autres
depuis quelques années, depuis 1972, c'est-à-dire que
l'indexation normale, au lieu d'être à $21,000, et à cause
du rattrapage, devrait être à $19,000.
M. le Président, dans mon discours, c'est une très bonne
suggestion. Je dis, M. le Président, plus que cela. Au lieu, dans
l'article qui dit: Le 1er janvier 1975, je mettrais, M. le Président,
pour protéger tout le monde, le 1er janvier 1976, et là, ce sont
des suggestions qui sont très constructives. Je pense que personne ne
pourrait nous blâmer d'avoir accepté une indexation suivant le
coût de la vie, comparativement aux autres. Le rapport Bonenfant allait
jusqu'à $22,000; moi; je prétends qu'avec le coût de
l'inflation, nous devrions avoir une indexation jusqu'à $19,000 par ce
que cela répond véritablement aux critères d'augmentation
d'année en année de 1972 à 1974. Dans l'article de la loi,
il est dit ceci: La loi s'appliquera au 1er janvier 1975. Ici, à
l'article 5... Un instant. Il est dit que le salaire... Il y a une indexation
qui commence le 1er janvier 1975, qui fait qu'on va recevoir tout de suite un
autre montant.
M. MORIN: C'est l'article 5.
M. BELLEMARE (Johnson): Je dis, M. le Président, comme suggestion
à la commission, si mes honorables amis voulaient la regarder un peu,
bien tranquillement, qu'on devrait d'abord prendre l'indexation de 1972
à 1974. Pour cela, personne ne peut nous critiquer parce que c'est
l'indexation de tout le monde, toutes les conventions collectives qui ont
été rouvertes ont eu la même base. Deuxièmement, au
lieu de mettre cela le 1er janvier 1975, pour retirer deux autres $1,000, je
pense, M. le Président, que là, on devrait être raisonnable
à cause de toutes les questions économiques; on devrait la mettre
au 1er janvier 1976.
J'ai voulu apporter, M. le Président, dans ce débat sur
l'amendement à l'article 5, un peu d'expérience et je demande au
gouvernement de penser très sérieusement à cela. Je serai
donc obligé de voter contre l'article, M. le Président, s'il n'y
a pas d'amendement. Vous voyez que je ne suis pas un vendu. J'espère
qu'on va arrêter de me dire que je suis un vendu. C'est un terme qu'on ne
doit pas employer, surtout quand un homme comme moi a donné assez de
temps à sa province, a payé de sa personne, de sa santé et
de sa famille, pour être traité de vendu sur la place
publique.
Ce qui a fait mourir Jean-Jacques Bertrand, c'est parce qu'on lui a dit
que c'était un traître quand il a passé le bill 63, on lui
a répété qu'il était un traître, ça
l'a fait mourir.
M. le Président, pour terminer, je vous rappellerai qu'il n'y a
plus un seul député en Chambre de mon temps, de 1944. Je vous
rappellerai qu'il n'y a plus un seul député en Chambre de
l'élection de 1952. Je vous dirai qu'il en reste un ou deux de
l'élection de 1956.
UNE VOIX: Trois.
M. BELLEMARE (Johnson): Trois de 1956. Imaginez-vous que, de 1944
à 1956, le nombre de députés qui ont passé et qui
ont donné leur
vie à leur province, nous avons cinq premiers ministres dans
l'Union Nationale qui sont morts au devoir, les premiers ministres M.
Duplessis, M. Sauvé, M. Barrette, M. Johnson, M. Bertrand. Montrez-moi
un parti politique qui a été aussi éprouvé. Ce sont
des politiciens qui sont morts au devoir, qui ont payé de leur vie, qui
ont sacrifié leur famille. Ce n'est pas de la réthorique ni du
folklore, ce sont des faits, M. le Président. Je répète
pour le député que j'ai proposé que l'indexation des
salaires devrait être faite depuis 1972 à 1974 et qu'elle devrait
être fixée à $19,000, qu'on ne devrait pas être
payé au 1er janvier 1975, mais que ça devrait être
reporté au 1er janvier 1976. Ce sont les deux suggestions que je fais au
président et à la commission.
M. SAINT-PIERRE: Je veux proposer l'ajournement du débat.
M. LEGER: On peut dire qu'on ajourne sine die jusqu'à ce que la
Chambre nous...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons ajourner jusqu'à ce que
la Chambre convoque la commission à nouveau.
(Fin de la séance à 23 h 57)