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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Etude du projet de loi no 87
Loi modifiant la loi de la Législature
et la loi de l'Exécutif
Séance du mardi 24 décembre 1974
(Onze heures sept minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Puis-je m'informer s'il y a des changements?
M. LEGER: Oui, M. le Président. Je voudrais faire quelques
changements. Je voudrais que vous remplaciez M. Bédard (Chicoutimi) par
M. Lessard (Saguenay).
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un instant, je n'ai pas la bonne
liste.
M. LEGER: II faudrait remplacer M. Bédard (Chicoutimi), par M.
Lessard (Saguenay).
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Saguenay fait
déjà partie de la commission.
M. LEGER: Si je ne m'abuse, les noms des membres de la commission sont
permanents, et il faut les changer à chaque matin.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, mais le député de
Saguenay fait partie de la liste permanente.
M. LEGER: Non. Ce sont les députés de Chicoutimi, de
Maisonneuve...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II se peut qu'il y ait une erreur, en
fait. On me donne la liste permanente, mais il y a eu des amendements.
M. LEGER: C'est une erreur, le député de Saguenay n'est
pas sur la commission permanente. Ce sont les députés de
Chicoutimi, de Maisonneuve et de Lafontaine. De toute façon, ce qui est
important je ne veux pas faire un "filibuster" sur les noms c'est
que le député de Chicoutimi soit remplacé par le
député de Saguenay, que le député de Lafontaine
soit remplacé par le député de Sauvé; le
député de Maisonneuve s'en vient.
M. HARDY: Vous ne serez pas là ce matin! M. LEGER: Je suis
observateur, ce matin.
M. HARDY: Tant que vous ne parlez pas, cela va bien!
M. LEGER: Je parle des choses pour lesquel- les je suis convaincu. Quand
je parle, je dis de quoi je parle.
M. HARDY: Vous n'avez jamais été aussi authentique que ce
matin !
M. LEGER: J'ai toujours été authentique. M. ROY: J'ai un
amendement à proposer.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'avais déjà accordé
la parole au ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. ROY: Et après, vous me la donnerez.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. Maintenant, je vais
énumérer les membres pour qu'il n'y ait pas d'erreur: M. Lessard
(Saguenay), M. Bellemare (Johnson), M. Saint-Pierre (Chambly), M. Fortier
(Gaspé-Sud), M. Levesque (Bonaventure), M. Morin (Sauvé), M.
Caron (Verdun), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Hardy (Terrebonne), M.
Faucher (Nicolet-Yamaska), M. Burns (Maisonneuve), M. Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata), M. Pagé (Portneuf), M. Desjardins
(Louis-Hébert), M. Roy (Beauce-Sud), M. Sylvain (Beauce-Nord), M. Tardif
(Anjou).
Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Article 5 (suite)
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, nous avons entendu, hier,
à la fois le chef de l'Opposition officielle et le député
de Johnson nous parler sur l'article 5 qui est, comme nous l'avons
mentionné, l'article cheville dans l'ensemble de ce projet de loi,
c'est-à-dire celui qui établit le salaire de base, pour le 1er
avril 1974, à $21,000.
Avant d'aborder pourquoi nous devrions refuser l'amendement du
député de Sauvé, on me permettra quelques mots
brièvement pour répondre au chef de l'Opposition sur le portrait
très sombre qu'il nous a fait de la situation économique. Dans
son parti, il y a toujours une espèce de contraste; jusqu'à quel
point, à court terme, on peut voir très noir. Il se rappelle que,
en 1972, lorsqu'on était à la veille de la meilleure année
économique que le Québec a connue, en 1973, M. René
Lévesque n'hésitait pas à crier sur tous les toits que le
chômage serait terrible cet hiver-là, cela grimperait à 15
p.c.
Finalement, le Québec avait connu, cette année-là,
sa meilleure année sur le plan économique. D'ailleurs, le chef de
l'Opposition, en évoquant le spectre de la "stagflation", ne peut
sûrement pas s'inspirer de nombre de documents qui ont été
publiés.
En 1975, il ne faudrait faire peur à personne; je pense que c'est
un slogan qu'on aime à nous répéter de ce temps-ci. Nous
avons prévu Une
autre année de croissance modérée. Plusieurs
économistes, d'ailleurs, tant au Canada qu'aux Etats-Unis disent que les
taux d'inflation devraient commencer à diminuer. D'ailleurs, on a senti
que la croissance du rythme de croissance de l'inflation a commencé
à s'aplanir au cours des derniers mois. Plusieurs prévoient qu'en
1975 nous aurons une inflation en bas de ce que nous avons connu en 1974.
D'ailleurs, en s'inspirant peut-être des propos de l'ancien
député de Gouin, M. Joron, qui aimait à nous rappeler que,
sur le plan économique, il est bon de dépasser une seule
année, je pense que le chef de l'Opposition constatera jusqu'à
quel point l'économie du Québec est dynamique. Je lui cite
simplement quelques chiffres que le député de Johnson aimera se
rappeler, à savoir que, de 1966 à 1970, nos immobilisations, dans
le secteur manufacturier, ont décru de 9.12 p.c. alors que, depuis le
gouvernement libéral, en 1970, elles ont cru de 102.4 p.c; qu'au niveau
des chômeurs, le nombre de chômeurs s'est accru de 83 p.c, durant
le régime de l'ancien gouvernement, alors qu'il n'a augmenté, en
quatre ans, que de 2 p.c. sous le gouvernement libéral, après, on
se le rappelle, avoir diminué au cours des deux dernières
années.
M. le Président, pourquoi $21,000? Je pense que la
première raison, il faut...
M. LEGER: M. le Président, si le ministre m'excuse une seconde.
Je veux seulement faire une correction. Quand j'ai nommé le
député de Saguenay, il a été appelé
immédiatement en haut pour un autre projet de loi, un projet de loi sur
l'agriculture.
Est-ce qu'on pourrait seulement corriger et mettre à la place que
je vais remplacer le député de Saguenay?
M. HARDY: Pour toute la séance. M. LEGER: Oui, oui.
M. HARDY: II n'est plus question de changement pendant la
séance.
M. LEGER: C'est simplement parce qu'un projet de loi a été
appelé d'urgence en haut.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Lafontaine
remplace le député de Saguenay.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je disais donc que la
première raison qui pourrait justifier le traitement de $21,000 est
justement les résultats de ce que le chef de l'Opposition lui-même
appelle un rapport sérieux, un rapport fouillé, un rapport qui,
en profondeur, a examiné cette question et un rapport en particulier qui
a été fait par des gens qui n'étaient pas des
députés, c'est-à-dire des gens extérieurs à
la vie parlementaire. A la page 38 du rapport Bonen- fant, et je vous cite:
L'indemnité des députés, soit la moyenne entre le plus
haut et le plus bas de ces traitements, en parlant des cadres IV,
c'est-à-dire que l'indemnité des députés passerait
immédiatement de $15,600 à $22,000. Si notre système
était accepté, nous suggérons qu'il soit en vigueur
rétroactivement au 1er avril 1974, soit le début de l'exercice
financier. Il me semble qu'on a là, quand même, une raison majeure
pour retenir le chiffre que nous avons retenu. Voici des gens qui
s'étaient vu confier un mandat, des gens sérieux; on
connaît la composition, un ancien parlementaire, M. Jean-Charles
Bonenfant, il y avait également Mme Rousseau, des personnes qui avaient
été agréées par les trois partis de l'Opposition et
qui, à la page 38 de leur rapport, nous donnent cette recommandation
clef, c'est-à-dire que l'indemnité des députés
passerait immédiatement de $15,600 à $22.000.
On remarquera, pour différentes raisons, que le gouvernement n'a
pas accepté complètement cette recommandation et que l'article 5
du projet de loi porte seulement à $21,000, c'est-à-dire qu'il va
en deça des recommandations du rapport Bonenfant. Lorsqu'on fait des
comparaisons avec les autres provinces, il me semble, et j'ai tenté au
cours de la nuit d'obtenir des chiffres, je n'ai pas pu les obtenir et
le chef de l'Opposition, j'en suis certain, sera d'accord avec moi que
c'est quand même une comparaison qui cloche. Je reviens moi-même
d'un séjour dans l'Ouest canadien où j'ai rencontré des
parlementaires de Colombie-Britannique et d'Alberta. Je vous rappelle qu'en
Alberta la session d'automne a duré à peine sept ou huit jours,
que celle du printemps dure à peine un mois ou un mois et demi, et qu'on
ne peut pas dire qu'en Alberta ou en Colombie-Britannique, la fonction de
député en soit une à temps plein. D'ailleurs, si on
ajoute, non seulement la longueur des sessions, mais également la tenue
de commissions parlementaires, on voit que constamment les travaux des
commissions parlementaires augmentent, non seulement en nombre de commissions,
mais la durée de ses séances, le rapport Gauvin.
On voit encore qu'un projet de loi voté hier en matière de
travail prévoit des commissions parlementaires. Tout ceci contribue,
d'ailleurs, à augmenter énormément la charge du
député.
D'ailleurs, on se rappelle que le rapport Bonenfant faisait état
que, dans la province de Québec, la fonction de député est
perçue d'une façon différente par la population et qu'elle
tend à imposer un fardeau additionnel à l'horaire et au temps des
députés.
Une quatrième raison, M. le Président, pourrait toucher
l'augmentation du coût de la vie. Je l'ai signalé en
deuxième lecture, je le rappelle ici, l'augmentation de $5,260 qui est
recommandée représente une augmentation de 23.13 p.c, alors que
l'indice des prix à la consommation a augmenté d'un montant
supérieur, c'est-à-dire de 24 p.c. entre mai 1972 et
novembre 1974. Nous tentons donc de redonner aux députés
le pouvoir d'achat et pas plus qu'il y avait exactement il y a
deux ans lorsque nous avons voté l'autre loi. Si nous donnons moins que
les $21,000, c'est donc dire que, par rapport à il y a deux ans, il y
aura une perte effective du pouvoir d'achat.
M. le Président, je rappelle que le rapport Bonenfant, avait
établi une corrélation entre les parlementaires et les
administrateurs, classe IV. Je l'avais mentionné en deuxième
lecture, le premier ministre, M. Bourassa, l'a évoqué, il faut se
rappeler que, non seulement au niveau des échelles, mais au niveau des
traitements, il y a une différence, parce que, dans le cas des
fonctionnaires, il y a, au cours d'une période donnée de temps,
une augmentation dans l'échelle. J'ai signalé moi-même
qu'au ministère de l'Industrie et du Commerce, sur les quatorze
administrateurs de la classe IV que nous avons actuellement, sept seulement
étaient de la classe IV il y a deux ans; les autres étaient
auparavant, soit des adjoints aux cadres supérieurs, soit même des
professionnels ou des agents de recherche.
Donc, pour ces mêmes classes de fonctionnaires de la classe IV, il
y a eu, depuis la même période de temps dont nous parlons, une
augmentation de 44 p.c, qui doit se comparer, bien sûr, à
l'augmentation de 23.13 p.c. qui est donnée aux
députés.
M. le Président, on a évoqué, du côté
de l'Opposition, la fameuse question du salaire minimum. Dois-je
répéter qu'avec $21,000, ce qui représente encore une fois
23.13 p.c. d'augmentation, ceci doit se comparer à une augmentation du
salaire minimum, pour la même période de mai 1972 à
novembre 1974, de 33.3 p.c. C'est donc dire que, du côté du
salaire minimum, il y a, en pourcentage, un rattrapage important qui s'est
effectué.
J'étais curieux, lorsque le chef de l'Opposition nous a
mentionné que M. René Lévesque s'était tu. Je cite
textuellement, les Débats page R-5309, page 1, réponse de M.
Morin: "II s'est tu pendant ce débat" c'est-à-dire que M.
Lévesque s'était tu pendant le débat au conseil national
du Parti québécois sur l'augmentation des
députés.
Je ne sais pas si le fait de détenir le record
d'absentéisme comme député lui posait quelques remords de
conscience, mais j'aurais pensé que cela aurait pu être une autre
question, non seulement parce que lui-même en 1963 et 1965 s'était
élevé contre ceux qui faisaient de la démagogie avec le
salaire des députés, mais peut-être parce que M.
Lévesque qui, on le sait, retire actuellement une pension et je
ne lui en veux pas, ce sont les lois qui le permettent de plus de
$14,000 par année à ne rien faire, va peut-être comparer
son sort à Glen Brown, un de ses anciens collègues, élu
quatre ans avant lui, qui a siégé, qui continue de siéger,
qui continue de donner 60 heures par semaine et lui, Glen Brown, on lui demande
comme député de se contenter de $15,600 pour à peu
près 3,000 heures de travail par année alors que M.
Lévesque il est à sa retraite, donc il ne travaille pas
comme parlementaire obtient $14,074. Voilà bien des raisons qui
justifient pourquoi M. Lévesque s'est tu pendant ce débat.
D'ailleurs, est-ce que mes sources d'information sont précises et
appropriées et là, je pose une question, je ne fais pas
une affirmation, si M. Lévesque avait eu le courage de parler,
peut-être qu'au congrès national, lors du premier vote, le
résultat n'aurait pas été de 46 voix contre 46 voix et
peut-être que M. Lévesque aurait pu alors voter et changer
mais peut-être mes informations ne sont-elles pas aussi précises?
Mais je suis curieux de voir que s'il n'y avait pas eu cette
égalité...
M. MORIN: Ce sont des racontars. C'est toujours risqué.
M. SAINT-PIERRE: J'ai affirmé qu'elles ne me viennent pas du
président de l'Association libérale du comté de Chambly
qui a démissionné du Conseil exécutif mais de sources qui
sont généralement dignes de foi.
Revenons-en à d'autres données statistiques qui pourraient
justifier pourquoi...
M. BELLEMARE (Johnson): Le président de l'Association
libérale.
M. SAINT-PIERRE: Non, l'Association du Parti
québécois.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez dit libérale.
M. SAINT-PIERRE: II se fait battre partout. Moi, je ne le veux pas dans
mon parti. Il s'est fait battre à Boucherville et il a
démissionné.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est parce que vous aviez dit
"libérale".
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Il n'y a aucune possibilité.
Revenons-en à d'autres données statistiques qui pourraient
justifier ce salaire qui, je l'admets puisque nous parlons sur une
période de deux ans pendant laquelle il y a eu beaucoup d'inflation,
peut surprendre mais qui, je vous le répète, est en deça
des recommandations qu'avait formulées le rapport Bonenfant
lui-même.
J'ai ici une publication que nous connaîtrons, bien sûr,
"emplois, gains et durée de travail, juin 1974, catalogue 72002 mensuel"
où nous avons une foule de données statistiques sur non seulement
l'évolution de la main-d'oeuvre mais également sur
l'évolution des revenus, des salaires moyens, des salaires hebdomadaires
moyens.
Si je prends la page 85 de ce rapport, nous avons pour la même
période qui est touchée ici
car je tiens à répéter que la période
qui devrait nous préoccuper, je l'ai prise à partir de janvier
1971, donc lorsque le salaire du député était à
$15,000 janvier 1971 à avril 1974, nous avons, dis-je, les
données dans l'avant-dernière colonne de la page 85.
La rémunération hebdomadaire des employés du
secteur manufacturier est alors passée de $169.30 à $220.60 par
semaine, soit une augmentation de 38.4 p.c. alors que, pendant ce temps, le
salaire du député reste exactement le même, $15,000 par
année. Cette augmentation que je vous ai décrite, M. le
Président, représente, comme je le mentionnais, une augmentation
de 38.4 p.c. Si on donne au député...
M. MORIN: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. SAINT-PIERRE: Sûrement.
M. MORIN: Si, au lieu de se contenter de prendre le secteur industriel
qui est évidemment le plus fort...
M. SAINT-PIERRE: Le secteur manufacturier.
M. MORIN: Le secteur manufacturier, est-ce qu'il ne pourrait pas
maintenant nous donner des chiffres pour l'ensemble de la main-d'oeuvre? Est-ce
que ce ne serait pas plus éloquent?
M. SAINT-PIERRE: Je peux vous en donner. Vous allez voir que les
différences sont... Je suis un ingénieur qui a laissé sa
profession. Je n'avais pas de règle à calcul ni de machine
à calculer ce matin, mais je l'ai fait pendant la période de
questions pour le secteur manufacturier. On pourrait le faire pour l'autre
secteur. Les variations sont très faibles d'ailleurs. Sur une
période de temps plus longue, on se rendra compte qu'il y a des
fluctuations dans le secteur manufacturier qui corrigeraient cela. Je l'ai donc
fait pour le secteur manufacturier. Nous obtenons une augmentation de 38.4 p.c.
Si nous appliquons au salaire des députés en janvier 1971, pour
la même période, $15,000 plus 38.4 p.c, je l'ai fait ici, on
retrouve alors un salaire de $20,760. C'est donc dire qu'il y a tout juste un
écart de $300 entre la croissance des salaires du secteur manufacturier
par rapport à la croissance des salaires. Encore une fois, je vous
répète que nous ne tenons pas compte d'une augmentation de la
charge de travail évidente entre cette période de temps et
aujourd'hui du fait que les heures augmentent constamment alors que, dans le
secteur manufacturier, les heures diminuent, de telle sorte que si nous
ramenions ceci à un taux horaire, nous pourrions avoir des salaires
même assez différents.
D'ailleurs, en deuxième lecture, vous vous rappelez, M. le
Président, que peut-être pour donner bonne conscience encore
à M. Levesque, j'avais pris le salaire qui avait été
fixé en 1965 à $12,000 pour les députés et j'avais
dit: Le salaire moyen des salariés canadiens à cette
époque était de $90.62. Il est maintenant en mai 1974, toujours
pour la même période à $169.57. Si on prend le même
taux de croissance qu'on donne au salaire des députés, on
arriverait en mai 1974 à $23,000 par rapport aux $21,000 qu'on a
donnés. M. Lévesque se sentait bien à l'aise en 1965 de
voter $12,000 pour les députés, mais si la croissance du salaire
des députés avait été la même que pour celui
de l'ensemble des salariés canadiens, en mai 1974, les
députés devraient avoir $23,000 pour avoir le même taux de
croissance.
M. MORIN: C'est ce qu'on appelle de l'extrapolation.
M. HARDY: Non, ce sont des chiffres, non pas de l'extrapolation.
M. MORIN: De l'extrapolation de chiffres.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, que vaut un
député? Nous nous sommes entendus... Le rapport Bonenfant,
quelques pages plus loin, nous le décrit d'une façon assez
précise en nous disant que... Dans les entrevues, le chef de
l'Opposition nous a décrit hier jusqu'à quel point ces entrevues
étaient des entrevues en profondeur, jusqu'à quel point la
méthodologie suivie par le rapport Bonenfant était
sérieuse, si nous retenons le chiffre minimum que mentionne le rapport
Bonenfant, c'est-à-dire un travail de 60 heures par semaine. Là,
on ne parle pas de temps supplémentaire, on parle simplement de 60
heures par semaine; on ne parle pas non plus lorsque le député,
comme le mentionnait le député de Johnson, à 3 heures de
l'après-midi, doit lancer une partie et, finalement, voit son dimanche
complètement bousculé...
M. BELLEMARE (Johnson): Saboté.
M. SAINT-PIERRE: ... saboté complètement; on compte
simplement le temps donné. D'ailleurs, on voit, cette semaine, que les
60 heures ont été largement dépassées. Eh bien,
avec $21,000, M. le Président, 60 heures par semaine, ce qui fait 3,120
heures par année, le député reçoit $6.73 l'heure.
J'ai demandé à mon collègue de m'apporter le décret
de la construction; je l'attends d'une minute à l'autre. Mais on sait
que, dans le secteur de la construction, par décret, et un
décret, pour reprendre les mots de M. Bourdon ou de M. Daoust de la FTQ,
qui crie l'injustice aux travailleurs qui sont sous-payés... On s'attend
que le salaire, pour les premières quarante heures, dépassent,
dans nombre de métiers, ces $6.73.
M. le Président, l'été dernier, nous avons
envoyé des étudiants à la baie James. Il y en a
plusieurs, je suis certain, même dans le Parti
québécois, qui ont pris le chemin de la baie James. Or,
qu'arrivait-il pour les étudiants que nous avons envoyés à
la baie James? $5.29, la nourriture et la pension payées, $5.29 pour les
premières 37 heures et demie et temps double après. Je pense que
si, l'an prochain, au lieu d'être ici comme parlementaire, on
était étudiant à la baie James, en poussant un bouton sur
un chantier de gravier, on retrouverait des salaires beaucoup supérieurs
à ceux des députés. Je sais que, du côté de
l'Opposition, c'est peut-être difficile à comprendre, la notion de
donner 60 heures dans son comté pour obtenir $15,600, puisqu'on sait
que, du côté de l'Opposition officielle, en particulier, 4 des 6
députés n'ont pas ce salaire; ils ont plus que ça. Le chef
de l'Opposition a $41,000...
M. MORIN: Comme le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Comme le ministre, je le sais, mais je veux vous
rappeler que, de ce côté-ci de la Chambre, il n'y en a pas cinq,
il n'y en a pas deux comme dans votre parti, il n'y en a pas cinq, il n'y en a
pas dix, il y en a peut-être 40 ou 50, des députés
libéraux qui donnent leurs 40 heures, leurs 60 heures par semaine et
qui, eux, n'ont pas les suppléments que l'Opposition officielle...
M. MORIN: Vous avez la moitié des vôtres qui sont
stipendiés.
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. MORIN: Vous avez la moitié des vôtres qui touchent une
rémunération d'une manière ou d'une autre. Alors, ne
faites pas de comparaison.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes capable de compter, la moitié de
cela donne cinquante. Cela doit se comparer à deux.
M. MORIN: Bien sûr! Représentez-vous...
M. SAINT-PIERRE: Nous, on en a 55 qui sont capables de comprendre et on
en a 50 qui sont capables de comprendre ce qu'est la notion de
député de donner 60 heures par semaines...
M. MORIN: ...M. le ministre, la dépense...
M. SAINT-PIERRE: ...et de recevoir $15,600. M. le Président, cela
est un peu pour le passé. Le chef de l'Opposition nous a montré,
pour l'avenir, un spectre terrible, ce qui a rassuré la population, cela
ne se réalisera pas. Depuis trois ans le Parti québécois
se trompe invariablement sur au moins deux points, sur les résultats
d'élection, sur le pourcentage du vote et, deuxièmement, sur la
vie économique du Québec.
M. MORIN: Et la Conference Board s'est trompée aussi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous sortir les chiffres de la Conference
Board. Elle donne, pour 1974, plus que nous avons donné, 4 p.c, et elle
donne pour 1975, 1... Je vais aller les chercher.
M. MORIN: Bien, allez les chercher.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je vais en rediscuter
après. Mais, je vais les prendre comme une question de
privilège...
M. MORIN: II y a les chiffres de l'OCDE aussi.
M. SAINT-PIERRE: Les chiffres de l'OCDE... J'aimerais que vous le
rapportiez pour que cela en fasse des manchettes puisque, dans votre cas, cela
semble facile de faire des manchettes et dire que l'OCDE voit le Canada le pays
industrialisé où les perspectives économiques sont les
meilleures de tous les autres pays. Le Québec est encore dans le Canada
et il devrait avoir, en 1975, parmi tous les pays économiques les
perspectives économiques les plus intéressantes. Bien sûr,
nous ne sommes pas capables de nous couper des courants internationaux. Bien
sûr, puisque 70 p.c. de notre commerce extérieur se fait avec les
Etats-Unis et tout ralentissement là-bas va nous toucher. Je maintiens
encore qu'on ne peut pas parler de "stagflation" et que l'an prochain nous
aurons effectivement une croissance réelle, une croissance qui sera, au
moins, d'après M. Turner, à 4 p.c. mais au moins d'un minimum de
2 p.c. comme croissance réelle. Cela n'est pas de la "stagflation".
M. MORIN: Et d'après vous?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Si vous
voulez parler, adressez-vous à moi, s'il vous plaît !
M. MORIN: Vous avez raison, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, pour l'avenir, qu'en est-il?
L'article 5 que nous discutons a simplement rattaché le salaire des
députés à l'évolution des salaires et gages pour
l'ensemble des travailleurs canadiens. Je vous rappelle, encore une fois, M. le
Président, que dans une large mesure toute ma démonstration est
partie du salaire des députés, soit en 1963 ou soit en 1971 et
l'a amenée au 1er avril 1974. Je vous ai montré que si nous
avions pris certains indices qui sont mentionnés, c'est
$23,000 qu'on aurait dû avoir au 1er avril 1974. J'ai
mentionné que, dans le rapport, on nous parle de $22,000 et que, dans le
projet de loi, nous avons mis $21,000 jusqu'au 1er avril 1974. A partir du 1er
avril 1974, qu'est-ce qu'on fait, M. le Président? On suit
l'évolution de l'ensemble des salariés canadiens. Si cela va mal
pour tout le monde, cela va également aller mal pour les
députés, parce que, eux, leur croissance de salaire sera
reliée à la croissance de l'ensemble des salariés, de
l'ensemble des travailleurs canadiens.
M. MORIN: Le ministre me permettrait-il une question, M. le
Président?
M. BELLEMARE (Johnson): J'avais demandé la parole avant le chef
de l'Opposition.
M. MORIN: Je n'ai pas d'objection.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne veux pas manquer de respect pour le chef
de l'Opposition.
M. MORIN: Bien non, allez-y!
M. BELLEMARE (Johnson): Ma question est celle-ci. Est-ce que l'honorable
ministre pourrait nous donner parmi les 800 ou 900 conventions collectives qui
ont été signées cette année, quelle est la
proportion du pourcentage qu'on a accordé dans l'ordre de grandeur? M.
le Président, pour répondre moi-même à cette
question...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. BELLEMARE (Johnson): Je connais le ministre pour être un malin.
Je vais donc lui dire que, dans toutes les conventions collectives dont j'ai
pris connaissance, il y a une évolution de 10 p.c. à 12 p.c. dans
l'indexation pour les conventions qui ont précédé.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Si on l'applique à notre salaire...
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas cela que nous faisons.
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant! Vous n'avez pas accepté, non
plus, le rapport Bonenfant. Vous l'avez trouvé trop haut. Vous l'avez
baissé de $1,000. Mais, si la comparaison est bonne pour le
gouvernement, qu'il baisse de $1,000, je dis pourquoi ne pas l'indexer, nous
aussi, notre salaire, à ce que toutes les conventions collectives ont
donné comme augmentation, comme pourcentage de 12 p.c.
Si on donne cette indexation de 12 p.c, entre 1972 et 1974, en date
d'aujourd'hui, je dis, M. le Président, que cela représente
$19,000. Je pense que cela serait justifié devant l'opinion publique,
parce que les travailleurs auraient eu...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député de
Sauvé...
M. BELLEMARE (Johnson): Non pas de Sauvé.
M. SAINT-PIERRE: De Johnson, je m'excuse. Je pense qu'il est faux de
dire que la moyenne des conventions collectives obtenue, depuis le 1er janvier
1972 au 1er avril 1974, donc, pour une période qui dépasse deux
ans, a donné 12 p.c, parce que cela serait impossible. Cela ferait la
démonstration que les syndicats obtiennent moins dans nos
sociétés que ceux qui ne sont pas syndiqués, puisque,
depuis deux ans je vais vous donner les chiffres la
rémunération a augmenté de plus que cela.
Si vous me donnez un taux annuel de 12 p.c. au cours des conventions
collectives de 1974, je souscrirai peut-être à ce que vous dites.
D'ailleurs, il s'agit de voir l'indice. Un instant! je l'avais. Je l'ai ici.
Les traitements et salaires hebdomadaires moyens ce sont les
syndiqués et les non-syndiqués ont augmenté, en
1972, de 8.2 p.c; en 1973, de 7.2 p.c. et en 1974 c'est une estimation,
les chiffres définitifs ne sont pas entrés de 10.3
p.c.
On voit que, pour une période de deux ans et demi, en 1972, c'est
de 8.2 p.c; en 1973, de 7.2 p.c. et, en 1974, de 10.3 p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): De 23 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Si vous faites le calcul, ne dites pas 25 p.c, parce
qu'il y a évidemment un effet cumulatif de tout cela. Il faudrait faire
l'annuité composée. Même si on le fait de cette
façon, on va obtenir des chiffres qui sont très près des
$21,000. D'ailleurs, c'est, dans une large mesure, pourquoi, nous-mêmes,
nous n'avons pas donné suite au rapport Bonenfant sur les $22,000, car
nous nous en sommes tenus aux $21,000.
L'autre point sur l'indexation, le rapport Bonenfant nous reliait au
traitement des cadres. Je l'ai mentionné en deuxième lecture. Si
nous étions reliés même au traitement de professionnels,
c'est-à-dire ceux qui sont à l'intérieur d'une convention
collective, à la limite, il y aurait des gens qui pourraient dire :
Cette année, le gouvernement est généreux avec les
syndicats, parce qu'il sait, s'il donne une augmentation de salaire aux
professionnels, il s'en donne à lui-même.
Il nous a semblé qu'il était plus juste alors de relier
l'augmentation des députés à l'ensemble des industries,
c'est-à-dire à l'ensemble industriel. Je vous fais remarquer, en
trente secondes...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voulais vous informer...
M. SAINT-PIERRE: Mon temps est fini.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... dans trente secondes.
M. SAINT-PIERRE: ... dans trente secondes, que cet ensemble des
industries, en page 85, représente quand même l'évolution
générale des salaires des gens qui sont syndiqués et
non-syndiqués, parce que, si on prenait le salaire des syndiqués,
les augmentations seraient, je pense, beaucoup plus fortes. Au cours des
derniers mois nous l'avions dans nos documents on sent, face
à la croissance de l'inflation, des demandes beaucoup plus fortes et les
règlements des conventions collectives, qui ont été
obtenues dans les derniers mois, dépassent, sur une base annuelle, de
beaucoup les 12 p.c. annuellement que vous avez mentionnés, puisque les
règlements qui ont été édictés il y a
quelque temps, il y a quatre ou cinq mois, à 10 p.c. tenaient compte
d'un taux d'inflation moyen de 7 p.c. ou de 6 p.c.
Maintenant que le taux d'inflation est passé à 11 p.c, on
voit d'ailleurs qu'on veut rouvrir les conventions collectives, justement pour
obtenir plus de déboursés.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que le ministre me permettrait
la question que j'allais lui poser?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais vous informer que la
période de temps du minsitre était terminée.
M. MORIN: Oui, mais il m'avait dit qu'il autoriserait la question. En
fait, c'est une question assez brève.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous vous l'autorisez
vous-même...
M. MORIN: Oui.
M. HARDY: Cela prend le consentement unanime de la commission...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Cela prend le consentement unanime.
M. HARDY: ... parce que le chef de l'Opposition a fini son temps. Le
ministre veut-il le lui donner?
M. SAINT-PIERRE: Je vais le lui donner.
M. MORIN: Oui. Cela va être assez court. C'est parce que toutes
les statistiques sur le salaire moyen reposent sur des échantillons de
Statistique Canada, comme le ministre le sait, qui surévalue le salaire
moyen puisqu'il découle d'une enquête auprès, non pas de
toutes les entreprises, mais des grandes entreprises, c'est-à-dire
celles qui comportent vingt employés et plus.
M. SAINT-PIERRE: Vingt employés et plus.
M. MORIN: Oui, je vais vous lire ceci et j'en fais une question. Est-ce
que le ministre est conscient que cela peut introduire une distorsion
marquée dans les calculs, parce que, comme nous le dit Statistique
Canada, au chapitre de l'emploi, gain et durée de travail pour juin
1974, à la page 131: En règle générale,
l'enquête vise seulement les grandes entreprises, c'est-à-dire les
entreprises employant 20 employés ou plus au cours de n'importe quel
mois de l'année. Toutefois, les établissements d'une entreprise
à établissements multiples sont pris en compte, si l'entreprise
emploie 20 employés ou plus au total, au cours de n'importe quel mois de
l'année, même si un de ces établissements peut n'avoir eu,
dis-je, que quelques employés. Est-ce que cela n'est pas de nature
à introduire dans les calculs une distorsion, parce que nous nous
alignons en quelque sorte sur des salaires qui sont plus élevés
dans les entreprises où le taux de syndicalisation est supérieur
à la moyenne.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense bien que ce sont
simplement les limites de l'échantillonnage. Avec 20 employés et
plus, on ne peut pas parler de très grandes entreprises. Il y a quand
même nombre de petites et moyennes entreprises. Notre définition
généralement retenue est de 200 employés et moins dans le
secteur manufacturier, 20 employés et plus surtout lorsqu'on tient
compte de l'existence de plusieurs établissements. Je pense qu'on
admettra avec moi que c'est quand même une indication
générale de la tendance des salaires. Si le chef de l'Opposition
admet mon point de vue, il faudrait voir dans l'amendement qu'il nous a soumis
et contre lequel je me suis prononcé...
M. MORIN: Je n'admets pas votre point de vue.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, sur la motion qui est actuellement
déposée et qui est actuellement en discussion, la motion
proposée par le chef de l'Opposition, il est évident que, tel que
je l'ai mentionné à l'Assemblée nationale, je ne pourrais
accepter cette motion, parce que cette motion propose le statu quo actuel,
alors que j'ai bien indiqué que j'étais en faveur de l'indexation
normale du salaire. Je n'ai pas l'intention d'aller plus loin à ce
moment. Les raisons que nous avons invoquées sont connues.
Immédiatement après qu'on aura disposé de cette motion,
j'aurai un autre amendement à proposer. Je me réserve des
commentaires à cette occasion.
UNE VOIX: Vote.
Vote sur l'amendement de M. Morin
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vote sur l'amendement proposé par
le chef de l'Opposition officielle. M. Léger, si vous voulez voter.
M. LEGER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Bellemare?
M. BELLEMARE (Johnson): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Fortier?
M. FORTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Levesque? M. Morin?
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Giasson?
M. GIASSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pelletier?
M. PELLETIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pagé?
M. PAGE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Desjardins?
M. DESJARDINS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. ROY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Sylvain?
M. SYLVAIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tardif?
M. TARDIF: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour trois, contre treize. La motion est
rejetée.
M. MORIN: M. le Président, c'est un...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Beauce-Sud.
Motion d'amendement de M. Roy
M. ROY: M. le Président, comme je viens de l'indiquer, j'aurais
une autre motion à proposer. Cette motion se lit comme suit:
Proposé par le député de Beauce-Sud, appuyé par le
député de Johnson, que l'article 5 soit amendé à la
fin du deuxième paragraphe en remplaçant le nombre de $21,000 par
$19,000 et que, dans la troisième ligne du troisième paragraphe,
le millésime 1975 soit changé pour celui de 1976.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Voulez-vous faire du droit nouveau avec un
"secon-deur"?
M. ROY: C'est pour vous dire tout simplement que nous nous sommes
consultés. D'ailleurs, le député de Johnson l'avait
suggéré hier soir devant la commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je reprends la proposition proposée
par l'honorable député de Beauce-Sud: Que l'article 5 soit
amendé, à la fin du deuxième paragraphe, en
remplaçant le nombre de $21,000 par $19,000, et que, dans la
troisième ligne du troisième paragraphe, le mil...
M. BURNS: Le millésime.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... le millésime 1975 soit
changé pour celui de 1976.
M. ROY: M. le Président, si je fais cette proposition, je pense
qu'elle respecte un voeu et une position que j'ai prise devant
l'Assemblée nationale. On se rappelera qu'en 1970 le salaire des
députés a été porté à $15,000 et
qu'en
vertu d'une clause qu'il y avait dans la loi d'une indexation de 4 p.c,
il a été porté à $15,600 en 1971. On se rappelle
cela et, depuis 1971, le salaire est demeuré au même niveau. Or,
si on prend une indexation de 5 p.c, c'est-à-dire une augmentation
annuelle de 5 p.c. qui peut, en quelque sorte, se situer au centre des
augmentations qu'il y a eues et aussi au centre de l'augmentation moyenne des
revenus... Il n'y a pas seulement les augmentations de salaires. On va parler
des augmentations de revenu générales dans la
société, parce qu'il faut quand même regarder que, si on
joue au niveau du pourcentage, quand on parle de 8 p.c. ou de 10 p.c. dans les
classes défavorisées, dans la basse classe, et qu'on prend le
pourcentage le plus élevé vis-à-vis de ceux qui ont des
salaires beaucoup plus élevés, l'augmentation se fait de
façon beaucoup plus rapide que vis-à-vis de ceux qui ont de bas
salaires.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. ROY: Non, M. le Président, on pourra revenir tout à
l'heure.
Sur cette question, M. le Président, si on prend une moyenne
d'augmentation de 5 p.c. annuellement, qu'on se rappelle qu'en 1970 lorsque la
loi a été votée, il avait été question qu'on
maintienne le taux de 4 p.c. annuellement dans l'augmentation de salaire des
députés et que la question soit réglée pour un
nombre d'années à venir. Cette suggestion a failli être
adoptée. Mais nous nous sommes dit, à ce moment, qu'étant
donné qu'il y a un risque que l'économie puisse souffrir un
ralenti beaucoup plus prononcé ou encore que, d'un autre
côté, dans une autre direction, que l'économie puisse
prendre une expansion beaucoup plus considérable, il y aurait
peut-être lieu que ce taux de 4 p.c. soit révisé de temps
en temps. Alors, il avait été retenu uniquement pour 1971. Si on
prend une moyenne d'augmentation de 5 p.c, qui est de 1 p.c. supérieure
au taux que nous avions retenu en 1970, cela veut dire qu'en 1972 le salaire
serait de $16,370. En 1973, le salaire serait de $17,200 et, en 1974, le
salaire serait de $18,232, ce qui est encore près de $1,000
inférieur au montant que nous avons suggéré dans la motion
qui est actuellement en discussion. Ce qui veut dire que le taux d'augmentation
moyen serait un peu supérieur à 6 p.c. que nous avons retenu pour
fixer le montant de $19,000 dans notre motion, M. le Président.
Je pense, compte tenu de toutes les discussions qui ont eu lieu, compte
tenu également de la situation réelle dans laquelle nous nous
trouvons, c'est-à-dire de la situation économique du
Québec dans laquelle nous nous trouvons, compte tenu des perspectives
peu encourageantes de l'an prochain, je dis que nous devrions nous montrer
raisonnables; je dis bien nous montrer raisonnables et accepter cette base de
$19,000.
Vous savez, je pense bien qu'il est bien important de faire
connaître les deux côtés de la médaille. On parle
d'un certain secteur de l'activité économique, on parle de
déficience, des dangers qu'il y a, mais il faut également
regarder la sitaution dans tout son ensemble.
J'ai fait, un relevé dans les comptes publics, pour regarder les
salaires qui sont payés à l'intérieur de la fonction
publique. Je ne dis pas ça parce que je veux faire un grief. Non. Je ne
veux pas faire de grief, je veux constater tout simplement la situation qui
prévaut actuellement dans la fonction publique. Or, j'ai pris le livre
des comptes publics pour l'année 1972-73; l'année 1973-74, nous
ne l'avons pas encore en main. J'ai regardé combien il pouvait y avoir
de personnes dans chacun des ministères, en incluant les sous-ministres,
je suis bien d'accord, qui gagnaient plus de $18,000, à la fin de
l'année 1973, au 31 mars 1973, il va y avoir près de deux ans. Il
y a plus de 2,000 fonctionnaires-cadres dans la fonction publique qui
gagnaient, le 31 mars 1973, plus de $18,000. Il y en a quelques centaines qui
gagnent plus de $25,000. Je n'ai rien contre cela, mais je dis quand même
qu'il faut être réaliste; il faut prendre soin d'examiner cette
question. Lorsqu'on voit qu'il y a des personnes qui gagnent $18,000 et qui,
aujourd'hui, gagnent toutes un montant supérieur à $20,000, avec
l'indexation qui est survenue en 1973, avec l'indexation votée en 1974,
ces quelques milliers de personnes gagnent actuellement plus de $20,000. Elles
sont syndiquées, et nous n'avons rien contre ça; au contraire.
Elles font trente-deux heures et demie par semaine et leurs dépenses
sont payées séparément. C'est le cas que nous retrouvons
parmi les personnes qui peuvent travailler dans nos bureaux, pour celles qui
ont droit, par exemple, à avoir un secrétaire particulier. Le
secrétaire particulier gagne plus cher que le député. Ce
n'est un secret pour personne. Il faut quand même être
réaliste et je pense que c'est une question de justice.
C'est entendu que la tentation est grande et l'occasion est belle de
faire le procès du gouvernement avec cette question d'augmentation de
salaire. Maintenant, j'ai voulu aller plus loin. J'ai regardé dans les
concours de recrutement, les feuilles qui nous parviennent tous les quinze
jours, à nous les députés, de façon que nous
puissions informer les gens qui sont susceptibles ou qui sont
intéressés à faire une demande d'emploi dans la fonction
publique.
Concours de recrutement, ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, poste à Québec. Traitement de $20,000
à $28,000. Ce n'est pas pour un sous-ministre.
Ministère des Affaires sociales. Secrétaire du
secrétaire, de la secrétaire, c'est-à-dire. Ce n'est pas
le secrétaire de l'assistant-secrétaire du secrétaire
particulier.
M. BELLEMARE (Johnson): II ne la trouve...
M. ROY: C'est le secrétaire du comité de la santé
mentale. Alors, salaire de $19,000 à $25,000.
Ministère des Finances: directeur de la vérification des
systèmes. $19,000 à $25,000.
Ministère de l'Education: traitement pouvant atteindre
$22,000.
Ministère des Transports: $16,100 à $22,000. Bureau des
véhicules automobiles; $16,100 à $22,000. Bureau des
véhicules automobiles encore, $16,000 à $22,000.
C'est récent, c'est daté du 17 août 1974, M. le
Président.
Le ministère des Travaux publics et de l'approvisionnement,
service général des achats: $16,100 à $22,000.
Ministère des Travaux publics encore, service général des
achats, poste à Québec: $16,100 à $22,000.
Ministère des Affaires sociales, service de la dotation: $16,100
à $22,000. Prospection à l'investissement à l'expansion
des marchés à l'étranger: traitement pouvant atteindre
$20,288. Divers ministères, ministère des Finances, $15,841;
professionnels de la vérification fiscale salaire, pouvant atteindre
$19,535; ministère de la Justice, traitement pouvant atteindre $17,535;
agent d'information $15,036; ministère des Communications $17,274;
Assemblée nationale: deux postes, $17,274; ministère du Travail
et de la main-d'oeuvre, deux postes à Montréal: psychologue
industriel, $17,274; coordonna-teur des projets d'aménagement de locaux,
$20,198. Ministère des Travaux publics... et j'en passe, M. le
Président. Il y en aurait à citer jusqu'à ce soir.
C'est pour vous dire que le montant que nous avons proposé, que
le montant que nous proposons dans notre motion est plus que réaliste.
Je rappellerai aux membres de la commission qu'au moment où j'ai
rencontré les membres du comité qui avait été
formé pour étudier le traitement des députés et les
services qui se rattachent aux députés, j'ai proposé que
le salaire du député soit attaché à
l'administrateur classe IV. C'est ce que j'ai proposé que ce soit
rattaché à l'administrateur classe IV. Je me suis rendu compte
après avoir examiné les chiffres, après avoir
rencontré les membres du comité, que le poste d'administrateur
classe IV, qui n'est quand même pas un des postes les plus importants
dans l'administration publique de la province, on ne peut pas l'atteindre parce
que, si on pouvait mettre le montant moyen tel que proposé dans le
rapport Bonenfant, actuellement, avec l'indexation qui est prévue, il
est évident que la population l'accepterait très difficilement,
voire même elle ne l'accepterait pas du tout. Mais il faut quand
même commencer à s'interroger sérieusement.
Si le député, l'élu du peuple, celui qui est
mandaté par la population ne peut pas espérer avoir un salaire
équivalant à la classe IV de la fonction publique, je dis qu'il
est temps qu'on commence à se poser des questions. Qu'est-ce que cela
veut dire, M. le Président? Cela veut dire que les personnes qui ont ces
postes à la fonction publique et qui gagnent des salaires plus
élevés, à toutes fins pratiques ce sont des gens qui,
s'ils étaient sollicités demain pour se présenter candidat
et être élus députés ne seront pas
intéressés et cela veut dire également que ceux qui ont un
commerce, ceux qui ont des entreprises, qui sont des leaders dans leur milieu,
ne seraient pas intéressés à se présenter pour
venir représenter leurs électeurs, même si les gens
faisaient énormément de pression auprès d'eux. Je dis que,
si nous avons la responsabilité et le devoir de ne pas nous servir,
parce que c'est nous qui votons la loi, nous avons également la
responsabilité de nous assurer que le salaire qui est payé aux
députés soit un salaire qui correspond à un minimum de
conditions et qui offre un minimum de garanties à ceux qui seront
appelés à représenter leurs électeurs dans leur
comté.
C'est une double responsabilité que nous n'avons pas le droit
d'ignorer.
Je disais donc qu'il me paraît plus que raisonnable que ce salaire
de $19,000 aux députés, qui constitue quand même une
augmentation de $3,400 par rapport au salaire payé en 1971, qui comporte
également, en vertu des dispositions de la loi, une
rétroactivité au 1er avril 1974, qui permet quand même aux
députés de récupérer une certaine partie du salaire
qu'ils n'ont pas reçu depuis le début de l'année, je dis
que ça me semble tout à fait normal.
Le deuxième point sur lequel je veux attirer l'attention du
gouvernement, c'est le système de l'indexation. On parle d'une
indexation, j'en ai fait l'objet d'une modification dans la deuxième
partie de la motion: que l'indexation soit reportée au 1er janvier 1976
au lieu du 1er janvier 1975. Parce que là-dessus, je serai d'accord avec
le chef de l'Opposition car, lorsqu'on parle d'un salaire de $21,000 dans la
loi et qu'il y a tout de suite une disposition dans la loi qui prévoit
une indexation à partir du 1er janvier 1975, on aurait dû dire
tout simplement: C'est $23,000 dans la loi. C'est une petite subtilité
que le gouvernement a utilisée, une petite stratégie pour
tâcher de diminuer le salaire, camoufler.
M. HARDY: Le mot est fort.
M. ROY: Non.
M. BURNS: Le mot est exact.
M. BELLEMARE (Johnson): Emmitouflé.
M. ROY: Camouflé.
M. HARDY: Ah! il me semble vous voir avec votre gros manteau de
fourrure.
M. ROY: Je pense qu'en déterminant une formule
d'indexation...
M. HARDY: Les Québécois sont tous assez intelligents pour
savoir ce qu'il y a dans les lois.
M. ROY: On en reparlera avec le ministre des Affaires culturelles, on
pourra en rediscuter.
M. HARDY: Ah! Même les culturels comprennent ça.
M. ROY: Que celui qui est sans erreur, qui est sans tache, lance la
première pierre à l'autre.
On vient tout juste d'avoir une augmentation, il ne serait pas normal
d'avoir une deuxième augmentation immédiatement à partir
du 1er janvier. Il ne serait pas normal d'avoir une augmentation
immédiatement à partir du 1er janvier. C'est pourquoi je dis que,
de façon bien raisonnable, de façon bien réaliste,
j'invite mes collègues du côté ministériel, à
accepter la proposition que nous soumettons ce matin à la commission de
l'Assemblée nationale, de façon qu'on en vienne à un
compromis acceptable pour tout le monde.
M. HARDY: M. le Président, sur ces paroles pleines de sagesse, je
propose l'ajournement de la commission sine die.
M. MORIN: On pourrait peut-être obtenir une copie de l'amendement
pour la prochaine séance.
M. HARDY: Le chef de l'Opposition va faire sa méditation de la
nativité sur votre proposition d'amendement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à la prochaine convocation par l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 11 h 55)