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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Réforme électorale
Séance du mardi 28 janvier 1975
(Dix heures trente-huit minutes)
M. Lamontagne (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais, d'abord, vous aviser des changements qu'on a portés
à mon attention. M. Lachance (Mille-Iles) remplace M. Bienvenue
(Crémazie); M. Veilleux (Saint-Jean) remplace M. Brown
(Brome-Missisquoi); M. Bourassa (Mercier) remplace M. Ca-ron; M. Sylvain
(Beauce-Nord) remplace M. Lamontagne; M. Comellier (Saint-Hyacinthe) remplace
M. Levesque.
Il s'agirait, maintenant, de procéder à la nomination d'un
rapporteur.
M. Hardy: Je propose le député de Saint-Jean.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Jean. Adopté?
M. Roy: II faudrait savoir si le député de
Saint-Jean accepte.
Le Président (M. Lamontagne): Le premier ministre.
M. Veilleux: J'accepte cet honneur.
Financement des partis et des élections
M. Bourassa: M. le Président, on me permettra de dire
quelques mots, étant donné l'importance de cette réunion.
A la suite de l'abolition du caractère protégé de
certaines circonscriptions électorales, de l'adoption d'une toute
nouvelle carte électorale et de la constitution de listes
électorales permanentes, le gouvernement s'engage maintenant à
opérer une transformation radicale de notre système de
financement des partis politiques et des élections au Québec.
Au cours des années soixante, le Parti libéral du
Québec s'est fait l'artisan de la modernisation de notre droit
électoral, en introduisant, entre autres, pour la première fois,
le principe de la limitation des dépenses électorales et celui du
remboursement par l'Etat d'une partie de ses dépenses. En 1966, à
l'occasion de son congrès annuel, le Parti libéral du
Québec adoptait une importante résolution concernant le
financement des partis politiques et des élections.
Conformément à l'engagement que je prenais en 1970, le
gouvernement se propose aujourd'hui de soumettre à l'intention de cette
commission, et éventuellement à l'Assemblée nationale, une
série de propositions précises, afin d'opérer une
véritable démocratisation du financement des partis politi- ques
et des élections conduisant à l'abolition du système
traditionnel des caisses électorales. Les partis politiques modernes ont
besoin d'argent pour remplir efficacement leur rôle dans la
société.
C'est un devoir impérieux pour tout citoyen d'apporter son
soutien à celui des partis politiques qui correspond à ses
idées et qui propose un modèle de société qui
répond à ses aspirations. Les droits démocratiques
comportent, eux aussi, leurs exigences. Parlant du Parti libéral du
Québec, je suis fier de dire que, depuis toujours, des milliers et des
milliers de Québécois, de toute condition, ont su accorder
à leur parti un appui et une collaboration qui a permis au Parti
libéral du Québec d'être le bâtisseur du
Québec moderne.
Il y a bien des façons de participer à la vie politique et
tous ici, nous savons que les contributions financières à un
parti politique ne sont pas les seules, voire même les plus
décisives. Cependant, nous savons aussi qu'elles ont leur importance,
lorsqu'il s'agit de payer les employés, les frais de secrétariat,
de recherche, de déplacements, de diffusion du programme ou lorsqu'il
s'agit de faire face à une échéance électorale. Les
partis politiques modernes ont des dépenses. Ils doivent avoir, en
conséquence, des revenus correspondants. C'est là une exigence de
la vie d'une démocratie moderne.
C'est pourquoi, le 13 décembre dernier, j'annonçais que le
gouvernement avait décidé de proposer à cette commission
d'étudier de nouvelles propositions de financement des partis
politiques, d'abord le financement des partis politiques proprement dits, en
mettant à la disposition des partis reconnus, en dehors des
périodes électorales, une somme minimale nécessaire
à leur présence et à leur action continue dans la vie de
la société et ensuite le financement des élections.
Mon collègue, le député de Terrebonne, vous
indiquera tantôt les nouvelles modalités que nous avons
l'intention de soumettre maintenant à la réflexion des membres de
cette commission, de façon que l'Assemblée nationale puisse, dans
les prochains mois, adopter une loi en conséquence, ce qui permettrait
à tous les partis politiques québécois de connaître
en temps utile les modalités de leur financement en vue des prochaines
élections générales au Québec et de prendre les
dispositions nécessaires pour s'assurer d'avoir les ressources
financières nécessaires. Je pense qu'en toute justice pour tous,
il faut agir maintenant et c'est ce que le gouvernement propose.
Commission de contrôle
M. Bourassa: Les grands principes des propo-sitionsque nous
soumettons aujourd'hui s'inspirent des recommandations du rapport Barbeau et de
la résolution de 1966,de notre parti. Une commission de contrôle
des finances politiques sera créée. Des limites
impératives sont fixées quant au montant de chaque contribution
qu'un parti ou un candidat peut recevoir ou qu'une personne, association,
compagnie, syndicat peut verser à un candidat ou à un parti.
Cette limite existe déjà au sein du Parti libéral depuis
plusieurs mois.
Des responsabilités précises sont confiées à
l'agent officiel d'un parti et d'un candidat et un système de
vérification est établi. Des mesures de divulgation sont
prévues. Des sanctions sont imposées à quiconque
contrevient à la loi.
J'ai la conviction que les mesures de contrôle des contributions
électorales que nous proposons constituent un geste décisif en
vue d'accroître la qualité de la vie démocratique du
Québec. Aussi, les. caisses électorales traditionnelles seront
chose du passé. Les besoins financiers des partis politiques resteront.
Il appartiendra ainsi à chaque Québécois d'assumer
pleinement ses responsabilités en apportant au parti de son choix
l'appui dont il a besoin pour réaliser les objectifs qu'il propose
à l'ensemble des citoyens.
En abolissant les caisses électorales, le gouvernement fait une
nouvelle fois appel au sens du devoir des Québécois qui, comme
nous tous, ont à coeur le progrès et le développement du
Québec et la promotion d'une vie démocratique authentiquement
saine et juste pour tous.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Maisonneuve.
Commentaires des partis
M. Burns: M. le Président, il me semble qu'au moins deux
principes ont été retenus de nos précédents travaux
et qu'ils constituent un acquis pour la suite. Il s'agit d'abord de la
nomination, par chaque parti reconnu, d'un agent officiel permanent pour le
représenter envers qui de droit et, deuxièmement, de la
nécessité d'un contrôle impartial et indépendant des
mécanismes qui seront choisis.
Il me semble aussi que soit nécessaire une commission de
contrôle chargée de recueillir l'accréditation des partis
politiques, de leurs agents officiels et de prendre acte, voire de
vérifier les possibles états de dépenses et revenus
exigés par une loi à venir.
Face à cet acquis, M. le Président, je voudrais rappeler
brièvement nos remarques maintes fois répétées
depuis 1970.
Nous tenons d'abord à ce qu'un plafond soit fixé pour les
contributions à des partis politiques reconnus. Pour notre part, nous
avions avancé le montant de $1,000 comme plafond et avec une exception
de $2,000 pour les contributions en période électorale, les deux
n'étant pas cumulatifs.
Ce chiffre est discutable et, je l'admets, nous accepterions des
montants limitatifs de cet ord re. Je pense que c'est une question de
discussion. Il reste à fixer, d'autre part, la responsabilité,
c'est-à-dire établir si la loi doit défendre à
quelqu'un de donner un montant supérieur, ou si elle doit interdire
à un parti politique de recevoir un montant supérieur d'une
même source, ou encore les deux.
Pour ma part, compte tenu des difficultés de contrôle, il
me semble que la loi devrait interdire les deux offenses, c'est-à-dire
imposer le fardeau et sur le parti politique et sur la partie donatrice.
Deuxièmement, nous tenons à la nécessité de
la divulgation publique des fonds politiques selon le sens
général de la loi fédérale récente et, en
particulier, nous serions d'accord sur des dispositions s'inspirant de
l'article 13.4, en particulier au deuxième alinéa de la loi
fédérale concernant les dépenses électorales. En
deux mots, comme tout le monde le sait, il s'agit de fixer un montant de $100
au-delà duquel le nom du donateur doit êtredivulgué en bas
duquel ou en deça duquel on ne dévoile pas le nom, mais on
dévoile les catégories. Par exemple, le deuxième
alinéa de cet article, au paragraphe a), suggère que les
catégories suivantes de donateurs soient fournies, à savoir: les
particuliers, les corporations dont les actions sont librement
négociables, les corporations dont les actions ne sont pas librement
négociables, les gouvernements, les syndicats, les corporations n'ayant
pas de capital-actions, qui ne sont pas des syndicats, et les organisations ou
associations non constituées en corporation qui ne sont pas des
syndicats, ainsi que le nombre de donateurs de chacune de ces
catégories.
Quant aux dons excédant $100, la loi fédérale, au
deuxième alinéa, au paragraphe b), de ce même article,
spécifie que le nom de chaque particulier, corporation, syndicat, etc.,
devrait être mentionné. Nous nous rangerions facilement
derrière une disposition semblable à celle-là.
Troisièmement, M. le Président, je crois que le premier
ministre, dans sa conférence de presse, s'est montré un peu
fermé sur cette question. Nous tenons à ce que ces contributions
au financement des partis politiques soient déductibles, du moins en
partie, de l'impôt sur le revenu. La loi fédérale y
pourvoit déjà. Il est important, à notre avis, pour
assurer à tous les partis un financement sur des bases populaires les
plus larges possible, qu'une déduction partielle intervienne comme
stimulant incitatif envers les citoyens.
Quatrièmement, nous croyons que la loi devrait obliger les media
électroniques, et nous l'avions mentionné lors des premiers
travaux de la commission, à accorder un minimum de temps gratuit aux
partis politiques, temps réparti selon le pourcentage des votes
reçus lors de la dernière élection générale,
avec une disposition prévoyant ce qu'il adviendrait des nouveaux partis
politiques.
Ces quatre principes sont pour nous essentiels, si l'on veut assurer un
minimum de crédibilité aux partis politiques comme institutions,
crédibilité qui serait davantage assurée si l'on sortait
la politique des soupçons plus ou moins mérités
d'être le simple reflet des manoeuvres de coulisses et des bailleurs de
fonds. Quelle que soit la part de vérité dans cela, quand un
grand nombre de citoyens sont convaincus qu'il y a des affairistes qui
investissent dans un parti politique, comme ils pourraient investir dans des
compagnies minières ou autres, quand ces croyances sont dans l'air, il
est important pour tous les hommes politiques, indépendamment de leur
parti, de réagir et d'assainir l'atmosphère. Il ne faudrait pas,
à mon avis, attendre une prochaine affaire québécoise,
semblable à celle du comité pour la réélection du
président Nixon, pour bouger.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, mes commentaires seront
très brefs, parce que je préfère attendre pour voir
quelles seront les propositions du gouvernement concernant toutes ces lois. Il
y a une loi déposée devant l'Assemblée nationale. Il y a
également une loi inscrite au feuilleton de la Chambre, une loi dont
nous ne connaissons pas le contenu. Le seul point que je pose, à ce
moment-ci, c'est jusqu'où pouvons-nous aller, non seulement sur le plan
des principes, mais de façon pratique, pour être en mesure
d'appliquer et de respecter non seulement les principes, mais les dispositions
qu'il y a dans les lois.
Il y a une loi, actuellement, en vigueur au Québec, c'est la Loi
des dépenses électorales durant la campagne électorale. Il
suffit de regarder certains rapports publiés dans les journaux, tel que
le prévoit la loi, pour se rendre compte jusqu'à quel point, dans
certains cas, on passe a côté de la loi et on s'en contrefout
comme de l'an quarante.
Je pourrai présenter devant la commission, durant les prochains
jours, des preuves de mes avancés. Je n'irai pas tellement loin, je vais
aller seulement dans mon comté, durant la dernière campagne
électorale. On peut agir par personne interposée. Un parti
politique peut recueillir des fonds selon les dispositions de la loi. Mais il
peut avoir une personne complètement en dehors du parti politique, mais
tout de même en étroite relation, qui, elle, cette personne, va
recueillir des fonds et verra à assumer certaines dépenses ou
à payer certaines personnes, complètement en dehors des
dispositions de la loi.
Ce que je veux, ce que je souhaite...
M. Bourassa: C'est prévu dans la loi.
M. Roy:Vous pouvez le prévoirdans la loi, mais, à
ce jour, vous n'avez qu'une petite loi.
M. Bourassa: D'accord.
M. Roy: Je n'ai pas interrompu le premier ministre tout à
l'heure. Vous avez seulement une petite loi à ce jour sur les
dépenses électorales en période d'élections. Vous
savez comment on passe à côté de cette loi quand on fait
des campagnes électorales dans des comtés où des candidats
vont faire, par exemple, trois fois plus de publicité, trois fois plus
d'émissions radiophoniques, ils sont organisés sur le plan des
téléphones et à tous les niveaux. Dans les délais
prescrits par la loi...
M. Hardy: On fait de la petite...
M. Roy: ...ils présentent, après les
élections, un compte de dépenses auquel personne ne croit.
J'aimerais bien et c'est le seul voeu que je formule à ce
moment-ci que, si on travaille quelque chose, on travaille quelque chose
non pas pour masquer la réalité à la population, pour
permettre des ouvertures pour agir de façon subtile et hypocrite
d'autres côtés, mais qu'on fasse en sorte d'en venir à
trouver le mécanisme, à trouver des points sur lesquels on pourra
s'entendre. Mais qu'on voie aussi à prendre les dispositions qui
s'imposent, de façon que ce soit respecté et qu'on n'agisse pas
derrière la couverture, dans les coulisses, comme cela s'est fait.
M. le Président, je termine là-dessus; je vais attendre
pour voir de quelle façon le gouvernement entend proposer sa
législation, de quelle façon le gouvernement va nous faire
connaître ses intentions, ses lois, sa réglementation et on pourra
prendre part à la discussion au fur et à mesure de nos
travaux.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre des
Affaires culturelles.
M. Hardy: M. le Président, conformément à
l'attitude adoptée par le gouvernement jusqu'ici en matière de
réforme électorale, c'est notre intention, bien sûr, de
faire part des grandes lignes, des grands principes sur lesquels le
gouvernement veut appuyer cette réforme, d'exposer des modalités
découlant de ces principes, mais nous restons tout à fait ouverts
à la discussion de ces modalités.
Si on se le rappelle, relativement à d'autres réformes qui
ont été accomplies depuis 1970, nous avons toujours tenté
d'en arriver à un consensus à la commission, considérant
que le...
M. Burns: Sauf sur le financement des partis politiques.
M. Hardy: Cela s'en vient. On va en discuter. M. Bourassa: C'est
tout ce qui restait. M. Burns: Ouf! mon Dieu, il en reste.
M. Hardy: M. le Président, j'ai écouté
attentivement tantôt le député de Maisonneuve et je dois
dire que, contrairement à ce qui arrive souvent, j'ai l'impression que
le gouvernement, dans les propositions que j'ai l'intention de formuler
tantôt au nom du gouvernement, va en donner beaucoup plus que ce que le
député de Maisonneuve ne demande.
M. Burns: Tant mieux, c'est un minimum qu'on vous fixait.
M. Hardy: Et la même chose pour le député de
Beauce-Sud. Sauf que je voudrais dire ceci au député de
Beauce-Sud: Le législateur a l'obligation de s'efforcer de faire des
lois aussi réalistes que possible. Le député de
Maisonneuve se rappellera que, chaque fois que cette question a
été soulevée, j'ai toujours dit combien il était
difficile d'arriver à coucher dans un texte de loi des modalités
qui pourraient être respectées, parce que, là aussi, je
suis entièrement d'accord avec le député de
Beauce-Sud.
Rien ne sert de faire des lois, des textes de lois qui peuvent
être parfaits sur le plan juridique, qui peuvent satisfaire notre esprit
cartésien, si ces lois ne sont pas applicables.
M. Burns: Exemple: la loi 22.
M. Hardy: M. le Président, je vais demander au
député de Maisonneuve de rester dans la pertinence du
débat.
M. Burns: Pour vous donner un exemple précis, la loi 22
est un bel exemple.
M. Hardy: II faut que les lois que nous adoptons, que ce soit en
matière électorale ou dans d'autres domaines, soient applicables,
soient respectées. Je pense, M. le Président, que la série
de propositions que je veux soumettre, ce matin, à la réflexion
des membres de la commission respecte cet objectif primordial; d'une part,
assurer, comme le premier ministre l'a dit tantôt, la
démocratisation, la liberté des partis politiques, mais aussi
l'application concrète quotidienne de ces principes juridiques.
M. le Président, ce n'est pas notre intention, ce matin, de
discuter le fond de ces propositions. Je ne veux pas avoir l'air
prétentieux, mais je pense qu'il s'agit d'un ensemble de propositions
assez substantielles qui méritent considération. Donc, je ne
m'attends pas que les partis de l'Opposition, ce matin, nous donnent
immédiatement leur attitude sur ces propositions. Je les formule. Les
membres de la commission pourront réfléchir au cours des
prochains jours et, à l'occasion d'une séance ultérieure,
les membres des partis de l'Opposition pourront nous donner leur point de vue
sur les propositions que nous soumettons ce matin.
Encore une fois, je répète que, sur l'ensemble des
principes, notre lit est fait. Je pense bien que sur les principes il n'y aura
pas de divergence. Sur les modalités, nous pouvons discuter pour arriver
à une plus grande perfection.
Afin d'avoir un texte de loi étanche et complet, il faut d'abord
donner une définition suffisamment large du terme contribution
électorale. Pour y arriver, nous voulons couvrir toutes les
contributions électorales, que ce soient celles faites à un parti
reconnu ou à un candidat, celles qui consistent en une somme d'argent ou
bien même un service, parce qu'on peut totalement détourner les
fins de ceci si les services ne sont pas considérés comme une
contribution. Cela peut, à toutes fins pratiques, être une
contribution. A un moment donné, une firme ou un bureau ou quelque chose
peut ne pas donner un sou et fournir des services. Cela revient au même.
Cela serait une façon de contourner la loi.
Quant à celles faites sous la forme de dons, de prêts,
d'avances, de dépôts ou sous toute autre forme possible, c'est
notre intention que la loi couvre toute espèce de contributions
possible.
De la même façon, il faudrait que tous les souscripteurs
possibles soient dans le champ d'application de la loi, que personne ne puisse
y échapper; que toute personne physique ou toute personne morale soient
incluses, qu'il s'agisse de corporations, de syndicats, d'associations et
même du gouvernement puisque, en vertu de nos lois, le gouvernement
verse, au titre des dépenses électorales ou des services de
recherche, de l'argent aux partis.
Alors, dans la liste des contributions à un parti politique, il
faudra que ce que le gouvernement verse, soit par le financement permanent des
partis ou par le remboursement des dépenses électorales, il
faudra que ces sources soient également incluses.
En somme, le gouvernement se propose de réglementer toutes les
contributions électorales faites à un parti ou à un
candidat, quelles qu'en soient la nature, la forme et la source. Quant au
montant limite dont a parlé tantôt le député de
Maisonneuve le député de Maisonneuve a avancé un
montant de $1,000 en dehors des périodes électorales, $2,000
déjà, le parti ministériel a imposé pour sa
régie interne une limite de $2,000. Nous n'acceptons aucune souscription
de plus de $2,000. Pour le moment, nous n'avons pas de position absolument
ferme sur ce point. C'est sujet à discussion. Il s'agit d'arriver
à un montant qui, d'une part, soit raisonnable, compte tenu de la
situation économique actuelle, parce que le problème de
l'inflation joue dans ce domaine comme dans d'autres domaines. Je pense que ce
qui est important dans la fixation du maximum, c'est de faire en sorte qu'aucun
parti politique, en regard de quantum de la souscription ne soit lié de
quelque façon. C'est cela qui est le principe, je pense. Il s'agira de
déterminer à partir de quel montant ce danger peut exister.
Alors, nous pourrons en discuter.
Pour appliquer cette loi, pour justement répondre aux
inquiétudes du député de Beauce-Sud partagées par
tous, nous avons l'intention de mettre sur pied une commission de
contrôle qui verrait à appliquer la loi avec efficacité et
impartialité. Le gouvernement se propose donc de créer une
commission indépendante c'est bien important de
contrôle des finances politiques dont le mandat général
serait de voir à l'application de l'ensemble des dispositions de la loi
sur les contributions électorales et dont elle serait comptable devant
l'Assemblée nationale.
M. Burns: Est-ce que vous me permettez simplement une question?
Quand vous dites une commission indépendante de contrôle, vous
voulez dire quelque chose en dehors du président des
élections.
M. Hardy: Je veux regarder cela.
M. Roy: Vous voulez dire également que cette commission
serait responsable devant l'Assemblée nationale.
M. Hardy: Oui.
M. Roy: Donc, ce serait une commission qui serait nommée
par l'Assemblée nationale.
M. Hardy: Je vais vous donner les modalités. Nous songeons
à une commission de trois membres nommés par l'Assemblée
nationale. Pour être valables, de telles nominations, comme d'ailleurs
toute destitution possible, devraient recevoir l'adhésion des deux tiers
des membres de l'Assemblée nationale. Au fond, nous nous inspirons de
l'économie générale pour la nomination du président
général des élections, de l'Ombudsman, du
Vérificateur général. Quant aux membres, leur destitution
et leur
remplacement seraient faits par l'Assemblée nationale et sur un
vote des deux tiers. Il faudrait que les trois membres nommés à
cette commission, recueillent les deux tiers des votes de l'Assemblée
nationale.
M. Roy: Je suis bien d'accord qu'à un certain moment il
faut quand même fixer un nombre. Mais si on regarde les circonstances
actuelles et si la commission devait être formée demain, je pense
qu'il faudrait peut-être songer à un autre mécanisme. En
tout cas, on pourra y revenir.
Une Voix: 100%?
M. Roy: Sans prendre 95%, je pense...
M. Bourassa: Si le peuple peut nous donner 95% des
députés.
M. Roy: Je comprends. Je pense qu'il y a quand même une
question de logique là-dedans, parce que je pense que vous ne seriez pas
tellement crus par la population.
M. Hardy: M. le Président, je pense que, là-dessus,
il faut regarder ce qui se passe. Regardez aux Etats-Unis...
M. Bourassa: Aux Etats-Unis, ce sont les deux tiers.
M. Hardy: ...la ratification...
M. Bourassa: Vous êtes bien pessimistes.
M. Roy: On n'est pas pessimiste.
M. Hardy: Croyez-vous que le Parti libéral formera les
deux tiers de la Chambre pour l'éternité?
M. Roy: Non, je parle de demain matin.
M. Hardy: Les lois sont faites pour une certaine période.
Une loi semblable, le député de Beauce-Sud le sait très
bien, n'est pas faite pour un Parlement en particulier. Evidemment, je ne
voudrais pas partager le pessimisme du député de Beauce-Sud qui a
l'air de penser que le Parti libéral va être 100, 102
députés pour l'éternité.
M. Roy: Ce n'est pas cela. Je ne voudrais pas que le ministre
interprète mes propos.
M. Burns: Avez-vous peur que ce soit un autre parti qui
l'ait?
M. Roy: Non, ce n'est pas une question. Il faut quand même
être réaliste. Devant une commission qui aura un rôle aussi
important à jouer, je pense qu'il faudrait rechercher ensemble un autre
moyen de vote pour la nomination de la commission.
M. Bourassa: Oui.
M. Roy: Je pense qu'il serait normal, à ce moment, que les
autres partis...
M. Hardy: II faudrait me laisser terminer.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! L'honorable ministre des Affaires culturelles va terminer son
exposé et, par la suite...
M. Hardy: J'ai peut-être été trop
libéral en laissant...
Le Président (M. Lamontagne): ...vous continuerez votre
exposé.
M. Bourassa: C'est la première fois qu'au Québec un
parti au pouvoir abolit la caisse électorale.
M. Hardy: Ces mesures, de même que celles relatives aux
traitements, allocations, indemnités, à la durée du mandat
des membres de la commission et celle concernant les fonctionnaires de cette
commission, ont évidemment pour but de garantir l'indépendance
absolue de la commission, ce qui est essentiel à son bon
fonctionnement.
La commission de contrôle aurait donc pour fonction devoir
à l'application générale de la Loi sur les contributions
électorales. A cette fin, nous songeons à lui donner, entre
autres, les responsabilités suivantes:
Autoriser spécifiquement les agents officiels des partis et des
candidats à solliciter et à recueillir des contributions
électorales; donc, seuls les agents officiels des partis et des
candidats seraient aptes à recueillir de l'argent, des
souscriptions.
Recevoir et examiner les rapports annuels des agents officiels des
partis et les rapports des revenus des agents officiels des candidats.
Approuver le rapport détaillé de tout agent officiel et le
rapport général, et transmettre copie certifiée du rapport
général au président de l'Assemblée nationale qui,
évidemment, le déposerait.
Enquêter relativement à toute contribution qui lui semble
omise, irrégulière, illégale ou faussement ou
incorrectement rapportée.
La commission disposant alors des pouvoirs et immunités
prévus à la Loi des commissions d'enquête,
c'est-à-dire pouvoirs d'assigner des témoins...
M. Burns: Des documents.
M. Hardy: ...avec des documents.
Une Voix: En fait, c'est une commission quasi judiciaire.
M. Hardy: Rapporter au procureur général tout acte
ou émission contraire à la loi et recommander que des
procédures soient prises, auquel cas la commission doit informer le
président de l'Assemblée des faits en cause. Dès qu'il y a
une irrégularité, d'après l'enquête faite par la
commission, rapport au procureur général et rapport
également à l'Assemblée nationale, de façon que les
députés et les membres de l'Assemblée nationale puissent
vérifier si le procureur général donne suite aux
recommandations de la commission.
En somme, la commission de contrôle serait
chargée de l'application de la loi et elle aurait les pouvoirs
nécessaires. Une obligation serait évidemment faite, au
président de l'Assemblée nationale, de déposer les
rapports des activités qu'il reçoit de la commission de
contrôle de l'Assemblée nationale. Rapport de ses
activités.
Annuellement, la commission ferait rapport de ses activités
à l'Assemblée nationale, de même qu'un rapport particulier
de ses activités pendant une élection générale.
Alors il y a deux sortes de rapports: rapport annuel et rapport à
l'occasion d'une électron.
La loi confierait spécifiquement à un agent officiel la
responsabilité d'agir au nom et pour un parti reconnu et un candidat en
matière de contribution électorale. Déjà, de tels
agents ont, de par la loi, des responsabilités en matière de
dépenses électorales. Nous songeons à leur donner, en
surplus et en toute logique, celles des revenus électoraux.
Actuellement, les agents dépensent, ils auraient maintenant, en plus de
la responsabilité de dépenser, la responsabilité de
recevoir l'argent qu'ils sont appelés à dépenser.
Tout parti reconnu et tout candidat devraient avoir un agent officiel
pour des fins de revenus électoraux. Ainsi la loi prévoirait, en
outre des dispositions actuelles relatives aux dépenses, que nul ne peut
directement ou indirectement faire une contribution électorale à
une personne autre qu'un agent officiel. Comme corollaire, on pourrait
spécifier que nul agent officiel ne pourrait défrayer les
dépenses électorales autrement qu'à même les
contributions autorisées par la loi et à même les fonds
déjà prévus par la loi et qui viennent de l'Etat.
L'agent électoral ne peut dépenser que les sommes qu'il
recueille officiellement, selon les dispositions de la loi, et l'argent qu'il
retire de l'Etat, soit par remboursement ou par le financement permanent des
partis, loi à être votée par le Parlement.
Ainsi, en matière de contribution électorale, on aurait,
clairement identifié par la loi, un acteur principal, l'agent officiel
de tout parti reconnu et de tout candidat.
Vérification.
Tout parti reconnu aurait l'obligation de nommer, en plus de son agent,
un vérificateur qui ferait à l'agent officiel un rapport
relativement au rapport annuel des contributions et dépenses du parti,
pour un exercice financier, ainsi que tout rapport des dépenses
électorales de ce parti établi pendant son mandat. En fait, comme
toute compagnie, comme tout corps public, un vérificateur dirait: Nous
avons examiné les livres de l'agent officiel et nous certifions que tout
est en bonne et due forme.
Dans son rapport, le vérificateur indiquerait si le rapport du
parti représente fidèlement les renseignements contenus aux
écritures comptables du parti et si le parti a tenu une
comptabilité conforme aux règlements de la commission de
contrôle. Un vérificateur analogue serait également
nommé par tout candidat.
En vertu de la loi électorale, les agents officiels doivent
déjà faire des rapports relativement aux dépenses
électorales. Le gouvernement se propose de faire l'obligation aux agents
officiels de faire rapport relativement aux contributions
électorales.
Ce rapport comprendrait les choses suivantes: Un rapport
détaillé des revenus. Dans un délai raisonnable, tout
agent officiel d'un candidat aura l'obligation de transmettre à la
commission de contrôle un rapport détaillé des
souscriptions, des revenus pour un candidat dans une campagne
électorale.
Ce rapport détaillé des revenus devrait contenir le
montant et la valeur des contributions électorales et le nombre des
souscripteurs qui sont des individus, corporations, syndicats, associations,
organismes ou groupes, le nom de chaque souscripteur qui a fait une ou des
contributions dont le montant excède $100 et, dans chaque cas, ce
montant ou cette valeur, c'est-à-dire que, si quelqu'un souscrit $200,
le nom de cette personne devra être remis à la commission de
contrôle, ou même $105.
Ce rapport détaillé de l'agent officiel du candidat devra
être accompagné du rapport du vérificateur et du rapport
général contenant le montant total des contributions des
individus, des corporations, des sociétés commerciales et des
syndicats, le nombre total des souscripteurs de chaque catégorie, le
montant total des contributions reçues. Si on remarque ceci, c'est que
ce sera très facile, à ce moment-là. On voit qu'on ne
dévoile pas publiquement l'identité des souscripteurs ou le
montant de chacun, mais on dévoile le montant total des personnes qui
ont contribué et on dévoile le montant total qui a
été souscrit. Donc, en faisant la division, on a la moyenne.
L'agent officiel des partis reconnus. Le rapport des contributions et
des dépenses. En surplus du rapport prévu à l'article 383
de la Loi électorale actuelle relative aux dépenses
électorales, l'agent officiel de tout parti reconnu devrait transmettre
à la commission de contrôle, dans le mois qui suit la fin de tout
exercice financier d'un tel parti, un rapport détaillé des
contributions à ce parti.et des dépenses pendant cet exercice et
le rapport préparé à ce sujet par le
vérificateur.
A toutes fins pratiques, c'est que chaque agent électoral d'un
parti doit soumettre un rapport financier des opérations du parti,
recettes et dépenses.
Ce rapport de l'agent officiel d'un parti reconnu devra contenir le
montant des sommes et la valeur des contributions mises à la disposition
du parti au cours de l'exercice financier et le nombre des souscripteurs qui
sont des individus, corporations, syndicats, associations, organismes ou
groupes encore là, on peut avoir la moyenne de ce que les gens
ont souscrit le nom de chaque souscripteur qui fait, au cours de
l'exercice financier du parti, des contributions dont le montant ou la valeur
excède $500, le montant des sommes dépensées par le parti
ou toute personne en son nom, le montant total de toutes les autres
dépenses faites par le parti ou pour son compte, sauf les
dépenses électorales relatives à une élection
générale, parce qu'il y a déjà un autre rapport
pour les dépenses d'une élection.
Ce rapport de l'agent officiel du parti reconnu devrait être
accompagné du rapport du vérificateur, d'un rapport
général contenant le montant total des contributions
reçues des individus, corporations et sociétés
commerciales, le nombre total des souscripteurs de chaque catégorie, le
montant total des
contributions reçues, le montant total des dépenses
visées au rapport détaillé.
L'ensemble de ce système de rapports créerait, s'il
était adopté par la commission et, éventuellement, par
l'Assemblée nationale, un sain équilibre entre les exigences du
respect du droit au secret de l'option politique des électeurs et celles
de l'ouverture et de l'accessibilité pour tous aux finances des partis
politiques.
Il y a quand même une valeur qu'il faut respecter. Il y a parfois
eu des discussions là-dessus, mais je pense que le droit ou la
faculté de souscrire à un parti politique est un peu un
corollaire de l'option ou du secret du droit de vote. Si on n'assure pas une
certaine confidentialité à ceux qui souscrivent, on peut amener
d'autres abus en voulant corriger ceux-ci. Mais tout cela est
protégé parce que la commission de contrôle, elle,
connaît l'identité de toute personne qui souscrit plus de $100.
Dès qu'il s'agit de montants qui auront à être
déterminés, de montants plus élevés,
l'identité du souscripteur devra alors être connue. Mais pour les
gens qui veulent souscrire des petits montants, où il n'y a pas
d'attache quelconque, je pense qu'il est important encore une fois, je
considère que c'est un corollaire du secret du vote de garder un
certain caractère d'anonymat aux petites souscriptions.
Le rapport détaillé des partis et des candidats ferait
l'objet d'une surveillance éclairée d'une commission
indépendante de contrôle munie de tous les pouvoirs de
contrôle, de dénonciation des irrégularités, et de
sanctions de la part du procureur général. Le rapport
général des partis et des candidats serait transmis à
l'Assemblée nationale et tous pourraient prendre connaissance
d'informations précises et suffisamment complètes pour
connaître les différentes caractéristiques du financement
de nos partis politiques québécois. En sachant, par exemple,
combien de syndicats ont souscrit à un parti politique, combien de
corporations, combien d'individus on pourrait avoir, à ce
moment-là, le portrait exact de la source de financement des partis.
Comme le disait tantôt le député de Maisonneuve, beaucoup
de légendes disparaîtraient sûrement. On cesserait de dire:
Tel parti politique est le parti financé par tel groupe, le parti des
riches, le parti des pauvres, le parti des ci, le parti des ça. On
aurait un rapport détaillé qui dirait qui souscrit à tel
parti politique. Si, par exemple, un parti politique était
financé uniquement par des syndicats, on le saurait; si un parti
politique était financé uniquement par des corporations, on le
saurait. Mais le public, par les rapports déposés à
l'Assemblée nationale, saura exactement quels sont les souscripteurs
à un parti politique, individus, corporations, ou tout autre
organisme.
Enfin, il serait prévu, pour chacune des obligations faites dans
cette loi, une série de sanctions appropriées. Comme dans toute
loi, il faut qu'il y ait des sanctions. Cet ensemble de propositions relatives
aux contributions électorales est en conséquence soumis à
l'attention de la commission parlementaire de l'Assemblée nationale afin
que tous les membres de cette Assemblée puissent apporter leur concours,
commentaires et suggestions qui amèneront le gouvernement à
déposer, dès la prochaine session c'est très
important, dès la prochaine session un projet de loi sur les
contributions électorales qui satisfera aux exigences de justice et
d'équité pour tous et qui aura toutes les garanties
nécessaires à une application efficace des mesures de
démocratisation des finances électorales, que nous recherchons
tous, et que le gouvernement actuel s'est engagé à mettre en
vigueur à un moment suffisamment éloigné des prochaines
élections générales pour permettre à tous les
partis de se doter des structures nécessaires et de mener les actions
correspondant à leurs besoins financiers. Le gouvernement est pleinement
conscient de l'importance majeure des mesures qu'il annonce aujourd'hui. Il
souhaite que tous les partis politiques québécois les examinent
attentivement et y aillent, au besoin, de leurs suggestions. Nous pensons que
nous avons couvert l'ensemble du problème, mais, encore une fois, ces
propositions sont soumises à la commission de l'Assemblée
nationale dans un esprit de grande ouverture. Nous sommes tout à fait
disposés à une séance ultérieure, à entendre
les commentaires des partis d'Opposition afin, s'il y a lieu ce dont je
doute d'améliorer les propositions que nous avons
déposées ce matin, nous sommes...
M. Burns: The last...
M. Bourassa: On vous en donne plus que vous n'en demandez.
M. Burns: J'ai beau chercher, je ne trouve pas à quel
endroit vous en donnez plus.
M. Hardy: Je vais vous en donner. On a parlé tantôt
de télévision, d'exemptions fiscales. Je ne l'ai pas
mentionné d'une façon explicite dans mon texte, mais il s'agit de
questions sur lesquelles nous sommes prêts à discuter.
M. Burns: Vous n'êtes pas fermés, entre autres, sur
les dégrèvements pour fins électorales.
M. Hardy: Nous ne sommes fermés à rien.
M. Bourassa: Sur le dégrèvement, M. le
Président, il s'agit d'un plafond, parce que cela peut finir par
coûter cher.
M. Burns: Cela peut peut-être finir par coûter cher.
Cela dépend si...
M. Bourassa: Les campagnes électorales ne sont plus ce
qu'elles étaient. C'est 28 ou 30 jours. On a vu un parti qui s'est
enterré parce qu'il avait une grosse caisse.
M. Burns: M. le premier ministre, le ministre a dit tout à
l'heure que le projet s'inspirait largement du rapport Barbeau. Le rapport
Barbeau et la loi fédérale accordent ce
dégrèvement. Je vous réfère entre autres à
l'article 126.1 de la loi fédérale.
M. Hardy: Mais il y a un plafond.
M. Burns: II y a un plafond, d'accord, mais on comprend qu'il
faudrait être réaliste là-dedans, mais...
M. Bourassa: J'aime mieux donner cela aux politiques sociales
que... Cela peut finir... Si on admet des déductions, il faudrait
évaluer combien cela va coûter.
M. Burns: II faudrait évaluer ce que cela coûte,
mais je pense que, tout en étant bien favorable aux politiques sociales
et à toutes les autres mesures sociales auxquelles peuvent être
consacrés les fonds de l'Etat, je pense que, comme je le disais tout
à l'heure, cela sauvegarderait le principe incitatif pour les gens
à financer leur propre parti politique. Il me semble que, dans une saine
démocratie, c'est...
M. Bourassa: D'accord. Nous sommes prêts à discuter
et essayer d'évaluer comment cela pourrait s'appliquer.
M. Burns: Tout en respectant le voeu du ministre, exprimé
tout à l'heure, d'attendre une prochaine séance pour faire nos
commentaires, pour qu'on puisse examiner le détail de ce que le ministre
vient de nous dire, je peux vous dire, comme commentaire général,
simplement en ayant entendu ce que le ministre nous adonné comme
matière à réflexion, que cela me semble un pas dans la
bonne direction.
D'autre part, quant aux détails de chacune des recommandations,
nous allons les examiner pour vous faire part de nos réactions lors
d'une prochaine séance qui, j'espère, aura lieu à court
terme.
M. Hardy: A votre convenance, lorsque vous aurez terminé
vos réflexions.
M. Burns: Si mon collègue de Beauce-Sud est d'accord avec
moi, je suggérerais dès la semaine prochaine. En tout cas, cela
nous donnerait le temps de relire le journal des Débats.
M. Bourassa: On peut accepter, en principe, pour la semaine
prochaine.
M. Roy: Moi, je serais d'accord, à la condition que l'on
se réunisse mardi. Parce que j'ai bien l'intention... En ce qui me
concerne, je ne veux pas chambarder le calendrier des travaux des commissions
parlementaires, mais on est passablement surchargé par toutes les
commissions parlementaires, actuellement, et j'avais l'intention de prendre
quelques jours...
M. Bourassa: C'est normal qu'on gagne l'augmentation de salaire
qui a été accordée.
M. Roy: D'ailleurs, je pense que le premier ministre n'a
pas...
M. Bourassa: Ils l'ont réclamée pendant des mois
puis après, ils n'ont pas voulu la prendre.
M. Roy: ...de leçon à nous donner.
M. Bourassa: M. le Président, je voudrais attirer
l'attention de l'Opposition sur un point, soit le caractère
étanche d'une telle loi. Je pense que cela va être une discussion
très ouverte, de part et d'autre. Le député de Maisonneuve
est quand même conscient de toutes les possibilités de fraude.
Nous avons voulu la faire la plus étanche possible. Il peut y avoir des
organismes parallèles. Je ne voudrais pas que le député me
prête des arrière-pensées. Des organismes parallèles
d'un parti politique qui...
M. Veilleux: Un journal.
M. Bourassa: Je prends l'exemple du député de
Saint-Jean...
M. Hardy: SNQ.
M. Bourassa: SNQ, qu'est que c'est?
Une Voix: Un journal.
M. Hardy: Santé nationale.
M. Bourassa: II peut y avoir...
M. Hardy: C'est une filiale.
M. Burns: Voulez-vous faire un commercial pourle Jour, c'est
ça que vous voulez faire? Allez, on va vous donner le temps requis.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre! Je voudrais
d'abord...
M. Veilleux: On n'est pas intéressé à payer
de l'annonce dans le journal.
M. Bourassa: Je pense qu'il faudrait penser à cette
possibilité, c'est-à-dire que les souscriptions, si des partis
voulaient élargir leur financement, pourraient aller à des
organismes. Je crois que le député de Beauce-Sud a soulevé
cela indirectement tantôt dans le cas d'une campagne en particulier, mais
je pense que cela va être un problème à examiner de
très près.
M. Burns: Je comprends très bien que cette loi, d'une
part, doit être le plus étanche possible. Je comprends
également, comme le disait le député de Beauce-Sud, que
toutes ces lois peuvent être, par une espèce "d'esprit
brillant"...
M. Hardy: Un grand juriste.
M. Burns: ...peuvent être contrevenues; mais, comme je l'ai
dit, d'ailleurs, lors des travaux précédents, au ministre des
Affaires culturelles, ces lois ne sont pas faites dans le but de se dire: II va
y avoir nécessairement des gens qui vont y contrevenir. En
principe...
M. Hardy: II faut y penser.
M. Burns: Oui, il faut y penser sur le plan de
l'application; je suis entièrement d'accord avec le ministre.
M. Bourassa: C'est très important pour eux.
M. Burns: On part toujours du principe qu'une loi comme
celle-là devrait normalement, toute chose étant normale,
être respectée par la majorité des citoyens.
Peut-être qu'il y aura quelques "smart", comme on dit, qui
tâcheront de passer à côté, et c'est là
l'aspect d'étanchéité de la loi qui doit être,
à mon avis, surveillé. Là-dessus, on va collaborer
entièrement avec le gouvernement.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs! Il y a
des changements que j'ai omis de donner tout à l'heure. M. Carpentier
(Laviolette) remplace M. Parent (Hull).
M. Hardy: Je pense...
M. Burns: J'aurais une dernière question au ministre.
Vous avez exposé les grands principes, je conçois qu'on
puisse les retrouver au journal des Débats, mais, si on veut
véritablement avancer, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que vous nous
déposiez, tout au moins, un avant-projet de loiq ui, lui, même si
le texte n'était pas définitif...
M. Hardy: C'était très flou. Vous avez
remarqué que j'avais des notes, ce matin, mais j'ai souvent
débordé le texte. En fait, nous n'avons pas de texte
définitif, actuellement. Il y a des grands principes.
M. Bourassa: On peut commencer la discussion
immédiatement, à partir de déductions.
M. Hardy: II y a toujours le problème, vous savez... Les
points importants sont là, mais si le gouvernement arrive avec un texte
trop définitif, on est pris un peu dans un cercle vicieux. C'est que le
gouvernement est à ce point commis que, si on recule trop, on a l'air de
perdre la face, et c'est notre désir d'être très ouvert aux
suggestions de l'Opposition. C'est volontairement que nous avons, je pense,
quand même assez détaillé, mais ce n'est pas un projet
final de la part du gouvernement.
M. Bourassa: L'Opposition va être réaliste, quand on
voit les dépenses qu'elle a faites durant la dernière campagne
électorale.
M. Burns: On n'est pas gêné, on vous a même
déposé notre bilan.
M. Bourassa: II y a aussi un aspect...
M. Burns: On est le seul parti politique qui l'a fait.
M. Hardy: Je ne sais pas si c'est à cela que le
député de Maisonneuve faisait allusion tantôt quand il a
dit qu'il y avait bien des choses qui n'étaient pas comprises. Il y a un
aspect que nous n'avons pas traité, nous, le gouvernement, parce que
j'avoue que nous ne sommes pas aussi compétents, peut-être, que
les gens du Parti québécois dans ce domaine-là. Le premier
ministre y a fait un peu allusion tantôt.
Il s'agit de tout le domaine des organismes qui gravitent autour des
partis politiques, que ce soit un journal, que ce soient des
sociétés qui, à un moment donné, peuvent faire du
travail qui est encore plus politisé, plus partisan. Je vais vous donner
un exemple: dans mon comté, et cela doit exister ailleurs, la SNQ
je ne le lui reproche pas, c'est bien sa liberté est absolument,
totalement et intégralement une annexe du Parti québécois.
Cette société publie mensuellement un journal qui s'appelle Choc.
Le Canada d'autrefois, la Réforme, même le Jour, sont, sur le plan
partisan, un pâle reflet de ce journal.
M. Bourassa: Le Jour est libéral à
côté de cela.
M. Hardy: Le Choc, c'est un journal totalement
dévoué aux intérêts partisans du Parti
québécois. Les services fournis par le Choc au Parti
québécois, comment va-t-on les analyser dans une loi semblable?
Je vous avoue...
M. Burns: Est-ce qu'on peut dire la même chose de
Comité Canada pour le Parti libéral? Non?
M. Hardy: C'est-à-dire que, lorsque vous regardez
Comité Canada et que vous regardez la politique de souveraineté
culturelle dans notre gouvernement, il y a de jolies divergences.
M. Burns: Vous pensez?
M. Bourassa: Comité Canada s'est opposé au projet
de loi 22?
M. Hardy: Comité Canada...
M. Burns: C'est bien un des seuls cas.
M. Hardy: Votre exemple est très mal choisi. Je pense que
le Parti québécois...
M. Burns: II faudra se pencher là-dessus, c'est sûr.
Il faudra se pencher également sur le bénévolat.
M. Hardy: Oui.
M. Burns: C'est une affaire qu'on connaît, nous aussi.
M. Hardy: Oui, oui.
M. Burns: Le bénévolat des services...
M. Hardy: Tous les partis politiques connaissent le
bénévolat.
M. Burns: Comment devrait-on l'évaluer? Comment on peut
évaluer, par exemple...
M. Hardy: Oui.
M. Bourassa: Ceux qui endossent le déficit d'organismes.
ll doit y avoir des endosseurs. ll y a de gros déficits. Qui endosse
cela? Cela peut être une forme de contribution.
M. Burns: Si vous voulez réglementer le financement des
journaux, c'est une autre affaire.
M. Bourassa: Ce n'est pas cela.
M. Burns: Mais je pense que, jusqu'à maintenant, on
parlait du financement des partis.
M. Hardy: Oui, mais vous reconnaissez qu'il y a un
problème. Un journal, le Parti libéral n'en a plus maintenant,
mais c'était le cas autrefois avec le Canada. Le Canada était au
Parti libéral ce que le Jour est au Parti québécois
actuellement. Cela pose un problème quand on vient pour
réglementer les souscriptions aux partis politiques. C'est un
problème et je vous répète que vous êtes
peut-être plus compétents que nous sur ces questions-là,
à l'heure actuelle.
M. Burns: On vous livrera le fruit de notre
expérience.
M. Hardy: C'est cela. Quant au bénévolat, vous
remarquez qu'on en parle. Dans le texte que j'ai formulé tantôt,
nous parlons du bénévolat parce que, sur le plan du
bénévolat, je pense que, si on faisait une enquête
systématique, le bénévolat libéral pourrait
très avantageusement se comparer au bénévolat du Parti
québécois.
Là-dessus, nous sommes aussi compétents que vousi
Là où on l'est moins...
M. Burns: Ce n'est pas sûr.
M. Hardy: ...c'est quant à l'existence d'organismes qui
entourent les partis politiques. J'en ai mentionné quelques-uns, il y en
a peut-être d'autres.
M. Veilleux: Mais le journal ne sera peut-être plus un
problème à la fin de nos discussions.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Je disais, M. le Président, que le
problème qu'on semble soulever ce matin, en prenant, à titre
d'exemple, un journal quelconque, probablement qu'il ne sera pas...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Veilleux: ...très vivant à la fin de nos
discussions, parce que, si on entend la publicité qui se fait autour,
cela va joliment mal.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable...
M. Hardy: Même notre analyse pourrait peut-être aller
jusqu'à se poser la question suivante: Est- ce que tel individu, au
moment où il est dans un parti plutôt que dans l'autre, a
changé? Est-ce que la valeur de ses services a augmenté ou
diminué? Quelqu'un, par exemple, qui est dans le parti X, tout à
coup s'en va dans le parti Y; est-ce que son passage d'un parti à
l'autre a diminué la valeur de ses services ou l'a augmentée?
M. Burns: On se la posera.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Les questions que se pose l'honorable ministre et les
questions que se pose le leader parlementaire de l'Opposition officielle sont
en train de me donner raison sur les points que j'ai soulevés au tout
début.
M. Hardy: C'est cela, c'est sérieux. M. Bourassa: Non.
C'est majeur.
M. Roy: Je pense que c'est extrêmement sérieux et il
ne faudrait pas, non plus, partir d'une exagération et aller dans
l'autre. Quand on parle du bénévolat, par exemple, est-ce qu'on
va avoir une police, au Québec, pour surveiller les agissements des
individus qui veulent aller travailler, par exemple, à l'occasion d'une
tournée qu'un député fait dans son comté, de
façon à organiser les réunions et inviter les gens? Est-ce
qu'on se propose d'aller jusque-là? Si on se propose d'aller
jusque-là, je commence à être sérieusement inquiet
sur la liberté individuelle.
M. Roy: C'est pour cela que je dis que je continue d'être
très sceptique à ce sujet.
M. Hardy: C'est pour cela qu'on veut discuter.
M. Roy: Parce qu'il y a toujours des gens qui sont très
habiles, beaucoup plus habiles à contourner les lois qu'à les
rédiger. Je pense que je n'apprends rien à personne à ce
sujet.
M. Bourassa: A ce compte, on ne ferait rien.
M. Roy: II s'agit de faire quelque chose, mais je pense qu'il
s'agit de faire quelque chose de réaliste, quelque chose de pratique,
quelque chose qui s'applique de façon à ne pas jeter de la poudre
aux yeux des Québécois...
M. Bourassa: Faites-nous des propositions.
M. Roy: ...en disant ce que le premier ministre disait ce matin:
Nous sommes le premier parti qui fait ceci, nous sommes le premier parti qui
fait cela.
M. Bourassa: C'est vrai.
M. Roy: Je suis bien d'accord que le gouvernement tente, à
l'heure actuelle, d'offrir quelque chose de louable, quelque chose de nouveau
pouren venir à assainir le climat et à démocratiser
davantage,
mais, encore là je dis qu'il ne faudrait passe bercer d'illusions
et croire qu'on est ou qu'on va être en mesure, dans une semaine, dans un
mois ou même dans un an, de régler tous ces problèmes. Il y
a les journaux politiques, il y a les comités parapoliti-ques, il y a
les associations de toutes sortes; il y a le militantisme à
l'intérieur de différentes associations qui ne sont pas
politiques comme telles. On peut en citer qui sont du côté du
Parti libéral. Il y en a d'autres qui sont vis-à-vis
d'autres...
M. Veilleux: Un chansonnier.
M. Roy: ...partis d'Opposition. Il y a des artistes qui, à
un moment donné, à l'occasion d'émissions
télévisées ou d'émissions radiophoniques, font de
la réclame bénévole pourtel outel parti politique. Je n'en
vise pas un en particulier, mais on sait que ce sont des choses qui
existent.
Si, à un moment donné, on fait une loi ou on organise une
certaine législation avec une certaine réglementation de
façon à pouvoir permettre à la démocratie de
s'exercer dans toute sa dimension, est-ce qu'on est prêt à enlever
la liberté de tout le monde au nom de la démocratie? C'est une
question que je pose.
M. Hardy: Ce sont des questions qu'il faut se poser, mais je
pense que, d'une part, on réalise qu'il s'agit d'un problème
difficile, délicat. Ce qu'il faut retenir, c'est la volonté
absolument inébranlable du gouvernement, malgré toutes ces
difficultés, d'arriver à trouver des solutions pour faire en
sorte que les partis politiques oeuvrent d'une façon la plus libre
possible.
Nous sommes conscients des difficultés. Nous sommes tellement
conscients des difficultés que nous vous demandons, à vous les
partis de l'Opposition, de nous aider à arriver à des solutions
les plus valables. Je pense que le gouvernement a fait un effort
sérieux, vous l'avez reconnu vous-mêmes, en déposant une
série de propositions. Nous reconnaissons qu'elles peuvent être
améliorées, qu'elles peuvent être bonifiées, mais
c'est à cela que nous vous invitons au cours de séances
ultérieures.
M. Bourassa: Est-ce qu'on pourrait tenter de fixer la prochaine
séance de la commission à mardi ou mercredi prochain, quinze
heures? A moins de vérifier avec le...
M. Burns: Mardi ou mercredi prochain, cela
m'indiffère.
M. Hardy: Ce serait mieux mercredi, je pense. M. Bourassa: Oui,
mercredi, quinze heures.
M. Burns: Je sais que le député de Beauce-Sud
suggérait mardi. Je suis bien prêt à l'accommoder si cela
fait son affaire.
M. Roy: J'aurais préféré mardi, dix heures
trente. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je ne veux pas imposer
mes...
M. Bourassa: C'est parce que le conseil des ministres a des
réunions ou les comités interministériels ont des
réunions.
M. Roy: S'il n'y a pas possibilité de faire
autrement...
M. Bourassa: C'est une journée qu'on demande au
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ...on peut s'en accommoder. M. Burns: Mercredi, quinze
heures. M. Roy: Vous avez plusieurs journées.
M. Bourassa: Mercredi, quinze heures, sauf s'il y avait des
choses...
M. Burns: Je vous signale quand même, tout en vous disant
d'avance que je vais faire les efforts voulus pour arriver avec une critique
constructive de votre proposition, la difficulté qui se pose pour nous
d'avoir un texte qui, même s'il est précis à
certains...
M. Hardy: II va être tout consigné.
M. Burns: Je sais fort bien que le texte va être
retranscrit au journal des Débats, mais je vous signale la
difficulté pour nous; même si votre texte est précis
à certains endroits, il ne l'est pas à d'autres. Je veux dire
que...
M. Bourassa: Du moment qu'on est ouvert à la
discussion.
M. Burns: Vous nous demandez, à ce moment... M. Hardy:
C'est volontaire.
M. Burns: ...de faire notre lit, alors que le gouvernement n'a
pas encore fait le sien.
M. Bourassa: Vous pouvez faire les propositions et on va en
discuter.
M. Burns: On fera de notre mieux pqur le faire, mais je vous
avoue que j'aurais vu... Je comprends...
M. Hardy: Nous ne sommes pas rendus au projet de loi.
M. Burns: Oui, mais je ne parlais pas de projet de loi ; je
parlais d'avant-projet de loi. Il faut que cela ait une forme, parce que, si on
parle d'applicabilité' et si on parle d'étanchéité
d'une certaine loi, particulièrement celle qui nous concerne
actuellement, il me semble que le texte y est pour beaucoup. La façon
dont on aura approché telle ou telle mesure, je pense, va être
très importante quant à son applicabilité et quant
à son étanchéité.
M. Bourassa: On peut avoir une bonne discussion.
M. Burns: Je me demande si c'était possible, dans les
délais voulus, qu'au moins on ait un avant-projet qui puisse nous donner
à peu près le cadre d'un texte.
M. Hardy: C'est-à-dire qu'à ce stade-ci tout
document qu'on pourra vous faire parvenir n'aurait rien de plus que ce que vous
allez retrouver au journal des Débats.
Ce que nous avions à soumettre à votre réflexion,
je l'ai dit textuellement ce matin. S'il y a des points, comme le souligne le
député de Maisonneuve, qui sont moins précis que d'autres,
c'est volontairement que nous l'avons fait pour laisser autant de
liberté que possible. Je vous signale en particulier je ne
voudrais pas me répéter des points comme ceux que j'ai
mentionnés tantôt, où je considère que vous
êtes plus compétents que nous, parce que ce sont des choses que
vous vivez quotidiennement; l'expérience du journal Le Jour,
l'expérience des SNQ, l'expérience d'autres organismes, vous
vivez cela quotidiennement.
M. Burns: On peut vous en citer dans votre cas aussi. On peut se
parler. Le gouvernement libéral, le Parti libéral et le Parti
québécois ont une différence fondamentale, l'un
étant fédéraliste et l'autre étant
indépendantiste. Est-ce que vous voulez dire, à ce moment, que
tout organisme qui prône le fédéralisme rend des services
au Parti libéral?
M. Hardy: C'est un aspect bien particulier.
M. Burns: C'est un aspect bien particulier qui a fait l'objet des
principales discussions au cours de la dernière campagne
électorale.
M.Hardy: Non, souvent les organismes officiels qui prônent
le fédéralisme, ceux que je connais, prônent un
fédéralisme qui n'est pas tout à fait le nôtre.
M. Burns: Ouf! Mon Dieu.
M. Bourassa: Ce n'est pas aussi militant.
M. Burns: Oui, ce n'est pas aussi militant. En tout cas, on en
reparlera.
M. Roy: Je cherche la nuance. M. Burns: Moi aussi, je la
cherche.
M. Bourassa: Par exemple, M. le Président, qu'est-ce qui
endosse le déficit du Jour actuellement auprès des banques? C'est
quand même un déficit de $300,000. C'est intéressant, cela
peut être une contribution.
M. Burns: Je peux vous dire, en tout cas, que ce n'est pas le
Parti québécois. Je suis bien placé pour vous le dire, je
suis membre de l'exécutif.
M. Hardy: Entre autres, allez-vous prétendre que, parce
que le Ralliement créditiste est fédéraliste, le Parti
créditiste...
M. Burns: Non, parce que c'est un parti politique à ce
moment.
M. Hardy: ...aide le Parti libéral?
M. Burns: Non, mais votre exemple est mauvais, est boiteux, parce
que vous me parlez d'organismes qui gravitent autour des partis politiques.
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il y a un organisme chez les
créditistes à Rougemont...
M. Roy: Vous avez l'air bien renseigné; vous avez l'air
d'être très près, M. le ministre, peut-être que vous
pourriez nous fournir plus de détails.
M. Burns: Le député de Beauce-Sud aimerait cela
savoir en quoi cela l'aide.
M. Roy: Le ministre semble au courant.
Le Président (M. Lamontagne): Est-ce que vous êtes
prêts pour l'ajournement?
M. Bourassa: 15 heures mercredi.
Le Président (M. Lamontagne): La commission ajourne ses
travaux au mercredi, 5 février, quinze heures.
(Fin de la séance à 11 h 33)
Députés présents
Parti Libéral: MM. * Harry BLANK * Robert BOURASSA Lucien CARRON
* Prudent CARPENTIER * Fernand CORNELLIER Benjamin FAUCHER * Julien GIASSON *
Denis HARDY André HARVEY * Bernard LACHANCE * Robert LAMONTAGNE Guy
LEDUC * Marcel OSTIGUY * Denis SYLVAIN * Yvon VALLIERES * Jacques VEILLEUX
Parti Québécois: * Robert BURNS
Parti Créditiste: * Fabien ROY
Union Nationale: *membres de la Commission de l'Assemblée
nationale.