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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Réforme électorale
Séance du mercredi 5 février 1975
(Quinze heures quatorze minutes)
M. Blank (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Voici les membres de la commission e l'assemblée nationale, M.
Lessard (Saguenay) remplace M. Bédard (Chicoutimi), M. Faucher remplace
M. Bienvenu (Crémazie), M. Carpentier me remplace, M. Lachance remplace
M. Brown (Brome-Missisquoi), M. Cornellier remplace M. Levesque (Bonaventure)
et M. Bourassa remplace M. Parent (Hull).
M. Burns: Vous vous améliorez.
M. Bourassa: Merci, M. ledéputé. Avez-vousdes
problèmes de trop?
M. Burns: Non, est-ce que vous en avez, des problèmes?
M. Bourassa: Voulez-vo us que je vous en passe.
Exposé de l'Opposition M. Robert Burns
M. Burns: Je pense qu'aujourd'hui, vous vous attendiez à
une réaction de la part des membres de l'Opposition, relativement...
M. Hardy: Positive?
M. Burns: Oui cela va être positif comme toujours,
d'ailleurs. Toutes nos réactions le sont.
Ne voulant pas briser avec la tradition de l'aspect constructif de nos
remarques, je vais, très brièvement, en cinq points, vous livrer
le fruit de l'examen que nous avons fait des principes énoncés
par le ministre des Affaires culturelles, la semaine dernière.
Je tiens à souligner au départ que, comme je l'ai
mentionné également, la semaine dernière, il sera
difficile à certains égards, tant et aussi longtemps qu'un
avant-projet de loi ou un projet de loi ne sera pas déposé, de
cerner les problèmes d'applicabilité. On parlait, entre autres,
la semaine dernière, de l'étanchéité de la loi.
Quant à nous, l'aspect d'étanchéité de la loi, on
ne pourra véritablement la discuter que le jour où on aura un
texte devant les yeux. Je pense que le ministre des Affaires culturelles va
admettre que c'est assez difficile de parler de
l'étanchéité de la loi tant qu'on n'a pas ce que les
Anglais appellent "the four corners of the law". C'est assez difficile de voir
comment on va cadrer exactement les règles que nous voulons
établir.
Comme je l'ai mentionné la semaine dernière,
également, il est bon de rappeler que nous sommes entièrement
d'accord sur le principe de réglementer les caisses électorales,
les contributions électorales aux partis. Et une fois ces choses dites,
sans vouloir élaborer davantage, j'aimerais prendre les cinq points
précis sur lesquels j'ai des remarques à vous faire.
D'abord, sur la définition de la contribution électorale
elle-même, si j'ai bien compris les remarques du ministre, la semaine
dernière, la définition de la contribution électorale doit
inclure la valeur des services. Et là-dessus, c'est du moins...
M. Hardy: C'était une interrogation.
M. Burns: Oui, c'était une interrogation. En ce qui nous
concerne...
M. Hardy: Certains journaux ont traduit cela comme étant
une affirmation, mais c'était plutôt une interrogation.
M. Burns: Oui, en autant que cela n'a pas été, dans
l'esprit du ministre, comme un élément juste pour ramener les
problèmes du jour sur la table, parce que c'est à cette occasion
qu'on a parlé, entre autres...
M. Bourassa: Des éditoriaux du Jour. Les éditoriaux
d'Yves Michaud.
M. Burns: On aurait pu parler à ce moment
d'Information-Canada, de toutes ces autres histoires et des petits journaux
locaux. En tout cas, quant à nous, le problème est beaucoup plus
fondamental que des problèmes sur lesquels on pourrait pointer des
choses.
Nous sommes d'accord sur le principe d'inclure la valeur des services.
Ce que nous ne voudrions pas, cependant, c'est que le fait d'inclure la valeur
des services rende difficile ou même impossible le
bénévolat comme tel. Je pense que, dans la rédaction d'un
texte, il faudra tenir compte de cette position. Comme le disait le ministre
des Affaires culturelles, je tiens son affirmation pour véridique, je
prends sa parole je lui disais, à ce moment-là, que nous
avons une expérience de bénévolat assez importante, du
moins dans notre parti. Je pense que c'est le cas également du
Ralliement créditiste le Parti libéral a également
du bénévolat personnel. Je prends votre parole
là-dessus.
Je pense qu'il ne faudrait pas rendre difficile et même impossible
ce bénévolat d'individus qui décident, à un moment
donné, d'aller accorder leurs services gratuitement, librement à
un parti politique. Je pense que c'est peut-être un des fondements
mêmes de la démocratie. Si un individu, si un citoyen
décide que tel parti veut le voir au pouvoir, il va même y aller
de son temps. Je vous signale que même si on voulait réglementer
ça, ce bénévolat, il serait très difficile
d'évaluer ou de mettre un chiffre sur la valeur de l'individu qui vient
accorder son temps à un parti, particulièrementen
périodeélectorale. Et mêmecela se voit...
M. Bourassa: Cela va être difficile.
M. Burns: Oui. Même cela se voit en dehors des
périodes électorales.
M. Bourassa: Mais comment distinguer?
M. Burns: Comment distinguer? Oui, il y a des moyens de
distinguer. Je vais vous suggérer une distinction àfaire,
à un moment donné, que je retiens dans les remarques de la semai
ne dernière du ministre des Affaires culturelles. Entre autres, je vous
pose simplement le problème: Que vaut le fait qu'un avocat vienne
consacrer trois soirs à un comité électoral? A l'occasion,
j'ai vu même des avocats s'occuper de relevés de fiches
d'électeurs et de choses je dirais aussi bureaucratiques que
celles-là, qui ne sont pas dans leurs fonctions normales.
M. Hardy:... en période électorale, acceptent de
faire de la cuisine pour tout le monde.
M. Burns: Oui, oui, j'ai vu ça. Comment on
évaluerait également le salaire de l'employé de bureau qui
vient faire des appels téléphoniques, etc.? Alors, j'ai
l'impression qu'on se lancerait inutilement, d'une part, dans un micmac
administratif impossible à sui-vreet, d'autre part, jusqu'à un
certain point peut-être, cela aurait pour effet de décourager le
véritable bénévolat, qui deviendrait un problème
administratif intenable pour les partis politiques.
M. Bourassa: Mais il y a un problème, si le
député me permet. Admettons qu'il y aurait une firme
d'ingénieurs qui enverrait 30 à 40 personnes faire du
"bénévolat" pour une campagne électorale...
M. Burns: Oui. Là-dessus, Je suis entièrement
d'accord avec le premier ministre. D'une part, je vous réfère
à l'article 374.4 de la Loi électorale, où les services
personnels ne sont pas considérés comme des dépenses
électorales. Nous avons l'impression que c'est autour de cela qu'on
pourra trouver une solution. Les services personnels qui sont fournis librement
ne devraient pas être considérés comme une contribution
électorale.
Cependant et là je tente de répondre à cette
objection du premier ministre si quelqu'un paie quelqu'un d'autre pour
fournir ces services...
M. Hardy: La preuve?
M.Burns: La preuve demeurera quelque chose à examiner
éventuellement. Le ministre des Affaires culturelles dit: La preuve?
Encore, on tombe dans le domaine de l'étanchéité de la
loi. Quand vous nous soumettrez un projet de loi, on tentera de vous aider
à le rendre le plus étanche possible. On espère que les
légistes vont songer à ce problème.
Par exemple, vous me citez le cas de la firme d'ingénieurs qui
dit à un de ses juniors: Tu vas aller travailler dans le comté de
Mercier, disons. Prenons un cas au hasard.
M. Bourassa: Est-ce que j'en ai besoin?
M. Burns: Oui vous en avez besoin, comme tout le monde
d'ailleurs.
M. Hardy: II faudrait que vous commenciez par régler le
problème de la convention.
M. Burns: Le problème de la convention?
M. Bourassa: Qui va être candidat péquiste?
C'est...
M. Hardy: Vous l'avez déjà.
M. Burns: Ce sont nos membres qui vont régler cela. Ne
vous inquiétez pas. Vous voulez le savoir tout de suite? Cela vous
énerve à ce point?
M. Bourassa: Non mais je veux savoir qui le député
de Maisonneuve favorise. C'est Bourgault ou...
M. Burns: Moi, je ne favorise personne parce que je n'ai pas le
droit de vote dans le comté de Mercier.
M. Bourassa: Est-ce la fine gauche ou la gauche radicale que vous
favorisez?
M. Burns: Ce seront les membres. Chez nous, on n'a pas de
parachutage, vous savez, comme dans certains autre partis. Alors ce seront les
membres qui décideront.
M. Lacroix: Vous êtes tellement hauts que vous n'êtes
pas capables de descendre
M. Hardy: L'an passé, dans Mercier, ce n'était pas
un parachutage?
M. Burns: Non.
M. Hardy: Cela ressemblait à cela.
M. Burns: C'étaient les membres qui avaient
décidé tout à fait librement.
M. Hardy: ...
M. Burns: Le parachutage, c'est lorsque c'est le parti qui le
désigne, comme dans certains cas qu'on pourrait nommer. Mais on n'est
pas venu ici pour discuter de cela. Je vous dis tout simplement que si une
compagnie, par exemple, paie le salaire d'un bénévole, quant au
problème d'applicabilité, on en parlera un peu plus loin. On
verra, une fois qu'on aura un texte. Mais il me semble que cela doit être
considéré comme une contribution électorale parce qu'il y
a effectivement déboursé.
Ou encore, si vous voulez que je prenne un exemple qui est plus sujet
à s'appliquer chez nous que chez vous, si un syndicat décide de
continuer à payer le salaire d'un de ses permanents pour travailler
à temps plein pour un parti politique durant une campagne
électorale, nous sommes d'accord que c'est une contribution
électorale.
Maintenant, restera le phénomène de la preuve, restera le
phénomène de l'étanchéité. Je suis
prêt à l'examiner une fois que, encore une fois, on aura un texte
devant les yeux.
Quant au deuxième point que je voulais soule-
ver, c'est celui de la définition des organismes
réglementés.
A notre avis, la loi ne devrait s'appliquer qu'àd es partis
politiques qui recevront, d'une part pas qu'à des partis
politiques seulement, je vais vous parler des candidats après une
contribution, en vertu de la loi sur le financement des partis politiques
et je me réfère plus spécifiquement au projet de
loi no 81, qui a été déposé peu de temps avant
l'ajournement des Fêtes ou encore à des partis qui seront
des partis reconnus en vertu de la Loi électorale. Evidemment, je me
réfère, à ce moment-là, à des gens ou des
partis politiques qui présentent dix candidats ou plus. Ou encore, les
partis politiques qui voudront bénéficier de la
déductibilité pour fins d'impôt en nommant un agent
officiel. Evidemment, dans votre projet, vous n'aviez pas de
référence à la déductibilité pour fins
d'impôt, mais je vous en parlerai. C'est un des autres points que j'ai
l'intention de soulever. Mais, pour être logique avec moi-même, je
vous dis que les partis politiques, ou les organismes qui devraient être
réglementés, sont, à mon avis, ces trois
groupes-là, c'est-à-dire les partis politiques qui
bénéficieront de la loi sur le financement des partis, ceux qui
seront des partis reconnus, au sens de la Loi électorale et,
troisièmement, ceux qui voudront bénéficier de la
déductibilité pour fins d'impôt en nommant un agent
officiel.
En ce qui concerne les candidats, d'autre part, nous pensons que la loi
devrait s'appliquer à tous les candidats, qu'ils soient membres ou non
d'un parti politique reconnu. Il ne faudrait pas, en somme, qu'on permette
cette façon de passer à côté de la loi à un
parti qui n'en serait pas un techniquement, pour permettre de
privilégier certains de ses candidats. Partant du candidat
indépendant, jusqu'aux partis reconnus.
M. Hardy: Déjà, les dépenses
électorales sont limitées, même pour eux.
M. Burns: Oui, d'accord, mais là nous parlons surtout de
leur contribution, de leur financement. Je pense que le candidat lui-même
devrait être soumis à la réglementation à
prévoir dans la loi.
Enfin, et c'est un peu ce qu'avait soulevé le ministre des
Affaires culturelles, la semaine dernière, pour ce qui est des
organismes ou des entreprises qui ne sont pas des partis politiques comme tels,
dont la fonction première n'est pas de faire élire des
députés. A notre avis, c'est quelque chose qu'il est assez
difficile de réglementer. Nous nous demandons où serait l'endroit
où on trace la ligne. On a parlé de journaux, on a parlé
d'organismes sans but lucratif, on a parlé de mouvements nationalistes,
on a parlé de mouvements fédéralistes. Tout cela peut se
confondre. Ce qui est important, selon nous, c'est le fait que ces mouvements
ont une action qui peut avoir des connotations partisanes, c'est bien
évident.
Mais, le fait de les réglementer dans une loi qui régit
les contributions électorales et le financement des partis politiques,
à mon avis, risquerait d'être un empiètement très
sérieux sur l'exercice de la liberté d'opinion.
M.Bourassa:Cela peut être une voie d'évasion.
M. Burns: Cela peut être une voie d'évasion et si
c'est le cas...
M. Bourassa: Je ne parle pas seulement de leur
côté.
M. Burns: Non, non, si c'est le cas, encore une fois, ce sera
dans l'examen de l'aspect étanche, dans l'application de la loi qu'on
verra a trouver des mécanismes pour l'empêcher. C'est sûr
que si un parti politique, de façon déguisée, forme une
corporation sans but lucratif pour en arriver à se servir des services
de cette corporation sans but lucratif, et que c'est démontrable, encore
une fois je suis prêt à discuter des moyens qu'on va mettre de
l'avant pour le démontrer, mais si véritablement l'un et l'autre
font la même chose, à ce moment-là il me semble que cela
devrait être considéré et régi par la loi.
Ce que nous ne voulons pas... Prenons le cas des journaux. Vous avez
cité le cas du Jour, on pourrait vous citer un certain nombre de
journaux locaux, ruraux en particulier, qui...
M. Bourassa: Cela peut être un point. Je pense, moi, durant
la campagne électorale...
M. Burns: Oui.
M. Bourassa: II peut y avoir un organisme pour favoriser le
maintien du pétrole à bon marché...
M. Burns: Oui.
M. Bourassa: ... le monde c e pourrait être l'objet
d'une société saurait que si on vote pour la
séparation du Québec, ce ne sera pas du pétrole à
bon marché.
M. Burns: Bien, cela reste à voir.
M. Lessard: Le premier ministre vient de passer son message.
M. Bourassa: Non, non!
M. Lessard: Message commercial.
M. Bourassa: Non, non! mais je dis...
M. Lessard: Cela s'en vient sur le prix international.
M. Bourassa: Non mais ce n'est pas encore, cela va prendre
plusieurs années. Vous avez le temps de vous faire battre bien desfois
avant que ce soit le prix international. Mais ce que je dis au
député, c'est qu'il n'y a pas seulement cette question. Il y a
les sociétés qui pourraient être formées en
période électorale, par exemple, et qui pourraient constituer une
voie d'évasion importante. Je donne un exemple qui pourrait nous
affecter, nous, le Parti libéral.
Vous avez raison de dire que c'est un problème de
rédaction de loi, mais je pense qu'il n'est pas inutile qu'on en discute
ici pour voir...
M. Burns: Ce n'est pas inutile qu'on en discute,
et ce que nous, nous ne voulons pas, qu'il soit bien clair dans votre
esprit que nous ne pensons pas à permettre des façons de passer
à côté de la loi, au contraire. Mais, vous savez, à
un moment donné il arrive qu'en voulant réglementer quelque
chose, souvent on va en chercher plus que ce qu'on veut. Et nous croyons
qu'entre autres il y a un principe de base, c'est que la liberté
d'opinion de quelque société que ce soit, de quelque organisme
que ce soit, doit être respectée, de quelque faction politiqueque
ce soit.
Si c'est Comité Canada qui veut appuyer le Parti libéral
ouvertement, qu'il le fasse. Cela, en autant qu'on ne soit pas en mesure...
M. Bourassa: Pas de ce temps-ci.
M. Burns: Vous voulez dire, pas de ce temps-ci, à cause du
député Springate? Est-ce qu'il est mêlé à
cela? Non, il n'est pas mêlé à cela.
M. Bourassa: Non, non...
M. Burns: Les radiothons, par exemple, qui ont lieu; est-ce qu'on
va nous charger le radiothon de CJAD d'hier? Dans un cas concret, par exemple,
il s'oppose au bill 22.
M. Bourassa: ... il n'a pas été... M. Lacroix:
...
M. Bourassa: II a été arrêté hier? M.
Lacroix: Oui, il a été arrêté.
M. Burns: La quête du Jour? Ne vous mêlez pas de
cela, on parle entre grandes personnes, le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: Vous seriez aussi bien de vous lever. M. Burns:
Bon!
M. Bellemare (Johnson): Vous aviez pris des bonnes
résolutions.
M. Lacroix: Ah! j'en ai d'excellentes.
M. Burns: Continuez.
M. Lacroix: Mais je n'aime pas les
imbécillités.
M. Lessard: Des résolutions du premier de l'An?
M. Burns: Je vous signale simplement ceci, en terminant sur ce
point: à notre connaissance, à moins qu'on ne nous contredise
là-dessus, mais malgré nos recherches, aucune loi existante sur
le financement des partis politiques ne s'est aventurée jusqu'à
réglementer ce domaine que je dirais corollaire des partis
politiques.
M. Bourassa: Les fondations dans la nouvelle loi
américaine. Je crois qu'on me dit que c'est couvert par...
M. Burns: Les fondations de parti politique.
M. Bourassa: Non, les fondations pour...
M. Hardy: Par exemple, les amis de M. Untel...
M. Léger: Les fondations à but lucratif ou sans but
lucratif?
M. Hardy: ... les amis de X.
M. Burns: "The committee for the reelection of the President", je
ne sais pas trop quoi.
M. Hardy: Même pas, ce serait plus clair.
M. Burns: En tout cas, là-dessus, par exemple, mon
collègue de Saint-Jacques me signale le cas de "Youth for McCarthy",
lors de l'élection de 1968. On est prêt à examiner ces cas,
mais ce que nous ne voudrions pas, c'est qu'en réglementant les
organismes parapolitiques on brime la liberté individuelle. Ce n'est que
ça qu'on veut. Et encore une fois je m'excuse de me
répéter pour une troisième fois là-dessus
nous ne pourrons véritablement avoir une opinion définitive que
lorsque nous verrons un texte; et vous-mêmes, d'ailleurs, du
côté ministériel, n'aurez pu véhiculer votre
véritable pensée sur l'étanchéité de la loi
que lorsqu'un texte sera définitivement mis sur papier.
Alors, relativement à ce deuxième point, ce sont les
choses que j'avais à dire.
Troisièmement et là-dessus nous avons probablement
une différence d'opinion assez fondamentale c'est le
phénomène de la divulgation. Si j'ai bien compris, la semaine
dernière, le ministre des Affaires culturelles, il avait
mentionné que la modalité qui devait être appliquée
à la divulgation serait la suivante: l'agent officiel, selon lui, serait
tenu de citer nommément dans son rapport détaillé
l'origine de toute contribution de plus de $500 pour les partis et de $100 pour
les candidats.
Toutefois, nous disait-il c'est comme ça que je l'ai
compris cette origine ne sera pas divulguée dans le rapport
général qui seul est rendu public. Alors, ça pose tout le
problème de la publicité de cette fameuse divulgation ou,
à toutes fins pratiques, celui de savoir s'il y a divulgation ou non de
l'origine des sources de financement.
M. Hardy: L'identité des souscripteurs. M. Burns:
L'identité des souscripteurs...
M. Hardy: On a la révélation du montant global pour
les corporations, etc.
M. Burns: Exactement. J'ai bien compris que. si dans son rapport
l'agent officiel est obligé de dire: J'ai reçu $10,000, et cela
se répartit de la façon suivante: $2,000 de la part de syndicats,
$2,000 de la part de compagnies, etc., on pouvait arriver à faire une
espèce de calcul sans connaître l'origine. La divulgation à
la commission de contrôle serait, elle, faite nommément quant aux
dons ou quant aux contributions de plus de $500. Si j'ai bien compris,
c'était votre proposition. Notre position, je pense qu'on l'a
émise la semaine dernière dans notre décla-
ration préliminaire avant que le ministre nous fasse part des
différents principes. Nous maintenons cette déclaration à
l'effet que, pour tout don inférieur à $100, on est d'accord
qu'il soit placé dans le système suggéré parle
ministre, c'est-à-dire qu'à ce moment on ne divulgue pas les noms
des donateurs, qu'on ne divulgue que les catégories de donateurs. Nous
sommes entièrement d'accord là-dessus. Cependant, nous maintenons
notre position que pour un don de $100 et plus on devrait agir nommément
comme la loi fédérale le prévoit et comme, d'ailleurs, la
commission Barbeau le recommandait préalablement à la loi.
En ce qui nous concerne, c'est essentiel, parce qu'on ne voit vraiment
pas quel peut être véritablement l'intérêt de
divulguer les noms à une commission de contrôle qui, elle,
à son tour, n'a pas à rendre publics les noms des donateurs
lorsque ces dons excèdent $100 ou $500 selon le projet que semblait nous
suggérer le ministre des Affaires culturelles. Alors, nous croyons que,
s'il y a intérêt à la divulgation, cet intérêt
doit être poussé jusqu'au fait que, passé un certain
montant, $100 en ce qui nous concerne, cela puisse être rendu public.
L'utilité de cela, à mon avis, c'est que le grand public, qui est
celui qui a des raisons de douter de l'honnêteté du financement
des partis politiques, est alors à même de connaître les
sources de financement des partis.
Je pense qu'on manquerait complètement le but d'une telle loi si
on gardait secrètes les sources de financement, du moins les sources
importantes Nous, nous les fixons à $100, le gouvernement les fixe
à $500, les sources importantes de financement.
Je ne vois pas quel est l'intérêt de la commission de
contrôle, seule, de connaître l'origine des donations, des dons qui
sont faits à un parti politique. Ce qui est important c'est que le
public puisse s'en rendre compte et aussi c'est aussi un aspect dont il
faudra tenir compte que le public soit en mesure de venir contredire
certaines choses. Souvent, cela peut provenir d'un quidam, d'un anonyme, si
vous voulez, l'information à une commission de contrôle du
financement des partis politiques, une preuvequi pourrait l'aider à
prouver qu'il y a une erreur, voulue ou non, dans la divulgation qui lui est
faite.
Si le public n'est pas en mesure de jauger la valeur des informations
qui sont faites et surtout, en général, de connaître cette
valeur, il me semble qu'on manque sérieusement notre but. Je vous
signale en passant que là-dessus il y a des précédents; au
Canada, la loi fédérale et les Etats-Unis prévoient la
divulgation des noms.
M. Hardy:... s'inspirerconstammentdu fédéral.
M. Burns: Non, je vous dis que ce n'est pas une question de le
citer comme une bible, même quand vous autres, vous le citez. D'ailleurs,
on vous le dit.
M. Hardy: Vous m'avez déjà entendu citer le
fédéral comme une bible?
M. Burns: Je ne sais pas. On pourrait relever certaines de vos
remarques antérieures. Mais nous croyons sérieusement que cette
loi, au fédéral, a fait l'objet, avant d'être
adoptée, d'une étude assez im- portantede la commission Barbeau,
qu'on s'est penché longuement là-dessus, qu'il y a une
expérience déjà. Il me semble qu'on ne devrait pas aller
moins loin que la loi fédérale là-dessus ou que la loi
américaine qui s'appelle la "Federal Elections Campaign Act"
américaine.
Oui. Vous voulez m'interrompre?
M. Bourassa: Non. C'est un autre problème. M.
Léger: Encore?
M. Bourassa: Une autre question. Pour les petits épiciers;
c'est important aussi.
M. Burns: Vous avez bien des problèmes aujourd'hui, M. le
premier ministre. Vous avez l'air préoccupé, c'est effrayant.
M. Bourassa: Ah! non, pas du tout. Au contraire.
M. Burns: C'est la commission Cliche qui vous achale ou quoi?
M. Bourassa: Est-ce qu'elle vous inquiète, la commission
Cliche, vous?
M. Burns: Non, non, cela va bien.
M. Bourassa: La FTQ ne vous a jamais donné un coup de main
dans votre comté?
M. Burns: Ah! bien oui.
M. Bourassa: Oui, ah! La FTQ vous a donné un coup de
main?
M. Burns: Pas la FTQ, mais des syndicats de la FTQ. Je ne suis
pas gêné du tout de le dire.
M. Lacroix: La CEQ. Tout ce qui finit par Q. MNQ.
M. Burns: Quatrième point, M. le Président. En
somme, je résume là-dessus. Notre principale divergence
d'opinions, jusqu'à maintenant, c'est sur le fait que la divulgation, en
ce qui concerne le projet ministériel, ne devrait se limiter qu'à
des dons supérieurs à $500. et, deuxièmement, n'être
faits qu'à la commission de contrôle elle-même, alors que le
grand public ne pourrait pas prendre connaissance de cela.
Nous suggérons que la position ministérielle soit
révisée de façon que les dons excédant $100 soient
divulgués publiquement et nommément.
Quant à l'aspect des dégrèvements d'impôt que
je n'ai pas retrouvé dans la suggestion du ministre, la semaine
dernière, là...
M. Hardy: Je n'ai pas fermé la porte, j'ai
évoqué la possibilité.
M. Burns: Vous n'avez pas fermé la porte sur cela, je suis
d'accord, je vais être bien honnête avec vous là-dessus,
mais nous tiendrons sérieusement à ce que les donations qui sont
faites, les dons qui sont faits aux partis politiques, les contributions en
géné-
ral soientdéductibles pour fins d'impôt. Encore une fois,
là-dessus, nous pourrions, je pense, de façon très
constructive nous inspirer de la loi fédérale qui établit
un barème qu'on retrouve à l'article 126.1. Pour nous, nous
croyons, évidemment, sans vouloir nous vanter outre mesure, que nous en
avons fait l'expérience, entre autres, l'année dernière.
On pourrait vous citer les chiffres des années
précédentes, lors de nos campagnes de financement. Je peux vous
citer le chiffre de l'année dernière où nous avons
recueilli avec 31,000 souscripteurs, $739,000.
M. Hardy: C'est encaissé cela.
M. Burns: Non, ce n'est pas encaissé, c'est sur une
période d'un an.
M. Hardy: C'est la formule du député de Lafontaine
d'autrefois ou c'était seulement signé sur des cartes et parfois,
le montant...
M. Léger: Ce sont des chèques postdatés.
M. Burns: Non, non.
M. Hardy: ... annoncé le soir de la soucription
n'était pas la même chose que ce qui entrait dans les coffres
à la fin de l'année.
M. Burns: Voulez-vous entendre ce qu'on a à dire ou bien
si vous voulez commencer une polémique?
M. Bourassa: Non, non, ce que veut savoir le ministre des
Affaires culturelles...
M. Léger: Si vous voulez le savoir, les chèques
retournés représentent à peu près 5%.
M. Bourassa: Bon, c'est cela.
M. Léger: 95% des sommes qui ont été
signées sont entrées.
M. Hardy : Avec les revenus que la plupart de vos
adhérents ont, ils peuvent se permettre de ne pas avoir de
chèques qui n'ont pas de fonds.
M. Burns: Si vous voulez ne pas dévier, si vous ne voulez
pas partir sur une autre affaire; moi, cela ne me fait rien, je peux partir sur
d'autre chose.
M. Bourassa: Non, non, c'est parce qu'on regarde...
M. Burns: Là, je vous donne un exemple concret de ce que
je suis en train de dire. Je vous dis que, l'année dernière, avec
31,000 souscripteurs environ, on a obtenu $739,000... Est-ce que je vous
dérange, M. le ministre? Est-ce que cela vous dérange?
M. Léger: II affirmait que cela arrivait à une
moyenne de $100; cela arrive à une moyenne de $23 par souscripteur.
M. Hardy: C est cela, c'est comme nos dîners à $50
le couple.
M. Léger: II faut que ce soit payé par les
personnes qui assistent au souper.
M. Hardy: Bon, très bien. M. Léger:
D'accord?
M. Hardy: Vous interrompez le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Si je ne dérange personne, je vais continuer.
J'étais en train de dire qu'avec 31,000 souscripteurs on avait
réussi à obtenir $739,000. Je m'excuse de le
répéter pour la troisième fois. Mais ce qui est important,
selon nous, c'est que cela donne une moyenne de $23 par personne et c'est une
indication. Je pense que c'est quelque chose qui peut s'appliquer à
beaucoup d'autres partis. On n'est pas les seuls. Mais puisqu'on a ce chiffre
et qu'on est en mesure de le citer, ce qui est important, c'est de favoriser le
plus grand nombre de dons à un parti politique, toujours dans le but de
permettre au citoyen de contribuer à ce qu'il croit être
l'instrument le plus adéquat de ce qu'il voudrait voir comme
gouvernement. Si vous faites cela, à ce moment, on est obligé,
même si c'est la loi fédérale, de pencher en faveur d'une
déductibilité, comme au fédéral,
c'est-à-dire de façon décroissante à mesure que le
montant augmente.
Selon nous, on pourrait penser à un système tel que celui
qu'on retrouve à l'article 126.1 de la loi fédérale, soit
une contribution de $1 à $100, dégrèvement de 75%, de $101
à $550, 50% et de $551 à $1150, 33 1/3%, avec un maximum de
dégrèvement de $500.
M. Bourassa: Quand le député parle de $730,000 de
revenus...
M. Burns: Pas de revenus, de donations qui ont été
faites.
M. Bourassa: ... de donations, oui. c'est pour payer les
dépenses du Parti québécois, c est-à-dire que les
spacieux locaux...
M. Burns: Je vais vous donner... Oui.
M. Bourassa:... que vous avez sur Park Avenue, dans l'ouest de
Montréal, c'est payé à même ces revenus. Est-ce
qu'il peut y avoir des contributions?
M. Léger: Non, mais cela retourne aussi dans les
comtés, pour le financement des comtés: 35% retournent au
comté et 65% sont pour le parti en général.
M. Bourassa: Mais là, comment financez-vous vos locaux qui
sont sur Park Avenue, dans I ouest, qui sont quand même très
spacieux par rapport aux nôtres? Est-ce que vous avez d'autres
contributions? Est-ce que les gens réduisent le montant du loyer?
M. Lessard: Les cartes de membres... M. Léger: Les
cartes de membres...
M. Lessard: ... de $3.
M. Burns: Les cartes de membres.
M. Léger: ... de $3 et, parfois, ils donnent $5.
M. Burns: Les collectes au cours des assemblées.
M. Bourassa : Alors, cela est à part les $730,000.
M. Burns: Les soupers aux "beans". Nous, ce ne sont pas des
dîners-bénéfices; ce sont des soupers aux "beans".
M.Hardy: Moi, je me pose une question parfois. M. Roy: M.
le Président...
M. Lacroix: SaintJude, ce sont tous des hommes
d'église.
M. Hardy: Je me pose constamment une question. Depuis 1970, vous
avez, au centre de la ville de Sainte-Thérèse, un local dans un
édifice commercial où le loyer du bas est très
dispendieux. C'est une pharmacie en plein centre commercial. Vous avez pignon
sur rue. Je vous dis que je fais de la politique dans le comté de
Terrebonne depuis 1960. Je n'ai jamais vu l'Association libérale de
Terrebonne suffisamment riche pour avoir un local en permanence endehors des campagnes électorales.
M. Burns: Est-ce que vous êtes au courant du financement de
l'association du Parti...
M. Hardy : Je ne sais pas si c'est le propriétaire... M.
Roy: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. Hardy: Ah oui! Je sais que vous payez. Oui, oui, vous l'avez
dit.
M. Roy: Sur le point de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Bourassa: C'est un problème concret, ça.
M. Roy: Oui, c'est un problème concret, mais il y en
ad'autres. Je suis convaincu qu'il y en ad'autres et beaucoup d'autres.
M. Hardy: Si le député me le permet...
M. Roy: Seulement, le député de Maisonneuve est en
train...
M. Hardy: Ce n'est pas à vous, c'est à lui de le
dire s'il nous permet une question.
M. Roy:... de faire son exposé et il y ades délais
prévus, des périodes prévues à l'occasion de nos
commissions parlementaires. Alors, j'aimerais quand même qu'on
procède selon l'ordre établi de façon qu'il y ait du temps
pour tout le monde.
M. Hardy: M. le Président, je ne veux pas faire de
débat.
M. Roy: Si le ministre et c'est la coutume qui est
établie dans nos commissions et le premier ministre ont des
questions à poser, ils peuvent en prendre note. Tout à l'heure,
ils pourront échanger des propos avec le député de
Maisonneuve. J'ai également...
M. Bourassa: II n'est pas mal pris, il est capable de se
défendre. Il n'est pas...
M. Roy: ... une intervention de ce côté.
M. Bourassa: ... mal pris par ces questions.
M. Roy: M. le Président, on sait que le
député de Maisonneuve n'est pas mal pris.
M. Hardy: Vous bâillonnez le député de
Maisonneuve.
M. Roy: On sait que le député de Maisonneuve n'est
pas mal pris. Mais nous avons également quelque chose à dire
à cette commission et je suis convaincu que mon collègue de
Johnson en a également. Alors, qu'on procède...
M. Bourassa: II a de l'expérience... M. Roy: ...
donc de la façon habituelle. M. Hardy: Vous devriez le
consulter.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, parlant sur le
point d'ordre...
Une Voix: Les caisses, il connaît ça.
M. Bellemare (Johnson):... je voudrais simplement direqu'il
serait bien admissible que l'honorable député de Maisonneuve
fasse son exposé et qu'il n'y ait pas de question. L'honorable
député de Beauce-Sud va parler aussi. C'est à votre
demande, M. le ministre...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson):... que vous nous avez soumis...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): ... huit propositions, auxquelles nous
devons répondre aujourd'hui...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): ... vous donner notre point de vue.
M. Hardy: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): J'ai fait faire des copies de mon
rapport. Je voudrais bien...
M. Hardy: Cela va être bien.
M. Bellemare (Johnson):... vous en donner lecture.
M. Hardy: Je suis convaincu que cela va être bien.
M. Bellemare(Johnson): Ecoutez, avant de dire que cela va
être bien, on va laisser parler le député de Maisonneuve.
Le député de Beauce-Sud va expliquer les réponses qu'on a
à donner à vos huit questions. Je vais, après ça,
vous donner mon mémoire sur les huit questions. Je pense que ce serait
dans l'ordre.
M. Léger: Si cela peut vous satisfaire, on a
déjà promis d'ouvrir nos livres...
M. Hardy: M. le Président, très rapidement...
M. Léger: ...aux journalistes pourqu'ils viennent les
voir.
M. Hardy: ... sur la question de règlement.
M. Léger: Je pense que vous n'avez pas répondu
à ça.
M. Hardy: Je suis d'accord que le député de
Maisonneuve fasse son exposé.
M. Léger: Oui.
M. Bourassa: II n'y en a pas en dessous.
M. Léger: Non.
M. Hardy: D'autre part, le député de Johnson
connaît trop bien son règlement et le député de
Beauce-Sud commence à le connaître assez bien pour savoir que, si
l'opinant le permet, on peut lui poser des questions. Si l'opinant
considère que cela le dérange dans son exposé, il dit: Je
ne permets pas la question. Mais le premier ministre et j'ai posé
quelques questions a posé des questions et le
député de Maisonneuve y a répondu. Nous avons tenu
pouracquisqu'il permettait des questions. Si le député de
Maisonneuve ne veut pas répondre aux questions, j'attendrai pour les
poser par la suite.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que ce serait dans l'ordre qu'on
expose chacun notre point de vue.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Sur la question de
règlement. A l'ordre!
Une Voix: II ne faut pas faire de bataille...
Le Président (M. Blank): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Sur la question de règlement, M. le
Président, je pense que vous nous avez indiqué qu'il fallait
passer immédiatement à autre chose. En fait, ce n'est même
pas sur la question de règlement. Je dis tout simplement que c'est
sûr que je permettais les questions mais mes collègues de
Beauce-Sud et de Johnson ont probablement raison. Eux aussi veulent faire
valoir leur point de vue.
M. Hardy: ... ils n'ont pas de questions. M. Burns: En
tout cas, je dis ceci.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, s'il vous plaît.
M. Burns: De toute façon, j'achève, M. le
Président. Je suis sur le point de conclure, de sorte que mes deux
collègues pourront faire leur exposé et après cela, je
n'ai pas d'objection à recevoir des questions.
Le dernier point, M. le Président, sur lequel j'avais quelques
remarques à faire, c'est sur la limite maximum des dons ou des
contributions électorales. Là-dessus, je vous réponds
beaucoup plus par une question que par une affirmation. Vous vous souviendrez
que la semaine dernière, j'avais mentionné que nous trouvions
qu'une limite maximale à la contribution devrait se fixer à
environ $1,000 et on nous suggérait, du côté
ministériel, $2,000. Nous avions m is l'espèce de
tempérament suivant, à savoir qu'en cas de période
électorale, cela pouvait être porté à $2,000 mais
les deux montants n'étant pas cumulatifs, l'un à l'autre,
c'est-à-dire que le total d'une année d'élection devrait
se fixer à $2,000, de sorte qu'on n'est pas tellement loin, au point de
vue des chiffres. Je pense bien que j'ai laissé l'ouverture
là-dessus. On est en mesure d'en discuter.
La seule question que nous nous posons, nous la posons de façon
constructive en vue de la formulation du projet de loi. On se demande si cette
limite doit inclure les dons aux candidatsdes partis. Je vous pose le
problème de la façon suivante. Je dis aux candidats ou aux
associations de partis. Quand on dit aux candidats des partis, c'est
évidemment par le biais de...C'est cela, là. Je n'ai rien entendu
là-dessus dans l'exposé du ministre. Si on fixe un maximum, qu'il
soit de $1,000 ou de $2,000, peu importe le chiffre, est-ce que ce sont $1,000
au parti politique ou si on envisage, par exemple, une situation, comme
actuellement, avec 110 comtés, au cours de laquelle quelqu'un, qui ait
beaucoup d'argent à "investir dans un parti politique, l'investisse dans
chacun des comtés, qu'il donne les $1,000 dans les 110
comtés?
M.Hardy: Dans ce cas, est-ce cumulatif ou non?
M. Burns: Est-ce cumulatif d'un comté à un autre?
Là, le problème pratique, je vous le signale. Je n'ai pas encore
de position défitive, je le pose au niveaude laquestion pratique.
Jedonne un exemple. Mon collègue de Lafontaine, disons, reçoit un
don. Disons qu'on fixe le montant maximal de $1,000 pour mon collègue.
Son agent officiel reçoit un don de $1,000. dans son comté. Cette
même personne, qui s'adonne à avoir beaucoup d'affection pour moi
aussi, se présente à mon agent électoral et offre
à
celui-ci $1,000. Est-ce qu'à ce moment-là, cette personne
contrevient à la norme, au maximum fixé, en admettant qu'il soit
établi à $1,000?
C'est une question à caractère pratique que nous nous
posons et à laquelle on devra, je pense, trouver une solution.
M. le Président, c'étaient, grosso modo, les remarques que
nous avions à faire, en cinq points différents. Si, après
que mes collègues de Beauce-Sud et de Johnson se sont exprimés,
les ministériels ont des questions à me poser là-dessus ou
à mes deux collègues de Saguenay et de Lafontaine, je n'ai aucune
espèce d'objection à y répondre. Mais, globalement, grosso
modo, c'est notre position sur un éventuel projet de loi, encore une
fois que nous pourrons...
M. Hardy: C'est pas mal positif.
M. Burns: C'est très positif, je pense... préciser
notre pensée lorsque nous verrons un texte. Nous pourrons même
faire des recommandations quant à l'aspect qui nous préoccupe
tous, l'aspect ou le caractère étanche que nous voulons donner
à cette loi, pour qu'on ne puisse pas s'en servir à mauvais
escient.
Mais, d'ici à ce qu'il y ait un texte de loi précis qui
soit déposé devant nous, je crains bien que nous ne pourrons pas
aller beaucoup plus loin que l'énoncé des principes que je viens
de donner, tout en me disant tout à fait d'accord, encore une fois, sur
le principe qu'il y ait, le plus rapidement possible, une loi
réglementant les contributions aux partis politiques.
M. Bourassa: Juste une question, M. le Président, sur la
question de déductibilité. Le Parti québécois
a-t-il une position là-dessus? Serait-il prêt à
établir un plafond? Parce que ça peut venir à coûter
assez cher.
M. Burns: Oui, j'ai d'ailleurs mentionné, M. le premier
ministre, que nous...
M. Bourassa: Cela m'a échappé.
M. Burns: ...serions d'accord pour que le
dégrèvement maximum se situe à $500. C'est-à-dire
que, quelle que soit la méthode de calcul, mais ce serait probablement
la troisième formule...
M. Bourassa: Dégrèvement maximal,
c'est-à-dire que le montant ou la réduction de taxes...
M. Burns: Que le dégrèvement lui-même soit de
$500 au maximum. C'est un peu ce que vous retrouvez à 126-1 de la loi
fédérale. Dans le paragraphe c), on retrouve: "Peut être
déductible le moindre des montants suivants: lo, $300 plus 33 1/3% de la
différence entre $550 et la somme versée, si cette
dernière dépasse $550 ou $500."C'est-à-dire l'un des deux,
la moindre de ces deux sommes.
No us serions d'accord pour que le dégrèvement maximum se
situe à $500.
M. Bourassa: Cela va favoriser les contributions de certaines
catégories de contribuables.
M. Burns: Non, parce que la proportion de la déduction ou
de la déductibilité, si vous voulez, le pourcentage est plus
élevé avec les petits dons.
M. Hardy: Pour les derniers $100 de $500, on a moins pour les
premiers.
M. Burns: C'est cela, par exemple, dans le projet que nous vous
proposerions, vous auriez, de $1 à $100, 75% de
dégrèvement; $101 à $550, 50% de
dégrèvement, et, au-dessus de $551,331/3% avec le maximum de
$500.
M. Bourassa: La loi fédérale s'appliquerait
là aussi.
M. Burns: C'est-à-dire que nous serions prêts
à examiner un scheme semblable...
M. Bourassa: Une façon d'aller...
M. Burns: ...à celui qui est proposé dans la loi
fédérale.
M. Bourassa: Cela veut dire qu'il faudrait que ça
s'applique à la loi fédérale. Cela prendrait un amendement
à la loi fédérale.
M. Hardy: Pour que ça s'applique à l'impôt
fédéral.
M. Burns: C'est cela. Actuellement, le dégrèvement
est fait pour les partis politiques fédéraux, dans la loi
fédérale. Je pense bien qu'on ne se fera pas de querelle
là-dessus. Alors que nous, ce serait évidemment pour les partis
politiques provinciaux. Comme, par exemple, actuellement, si je donnais, par
erreur ou autrement, quelque chose au Parti libéral
fédéral, des fois, à un moment donné que je serais
complètement "maboul" un soir et que je donnerais quelque chose au Parti
libéral fédéral, je ne pourrais pas le déduire dans
mon rapport d'impôt provincial.
M. Hardy: On ne sait jamais, de nos jours.
M. Burns: Je vous dis cela, dans les faits, où je
donnerais...
M. Bourassa: D'accord, on n'a pas fait l'amendement.
M. Burns: Je pense qu'eux...
M. Bourassa: Ce serait le gouvernement du Québec qui
paierait totalement le coût du dégrèvement, si je comprends
bien.
M. Burns: C'est cela.
M. Bourassa: C'est là que j'ai des réticences.
M. Burns: Mais pour les contributions aux partis politiques
provinciaux.
M. Bourassa: C'est là que j'ai des réticences.
Parce q ue les dépenses ne sont pas à ce point im portantes sans
en ajouter. On va voter un projet de loi qui donne $400,000, $450,000 aux
partis politiques. Cela voudraitdireque le gouvernement du Québec aurait
un manque à gagner de je ne sais pas combien pour des dépenses
qui...
M. Bellemare (Johnson): La loi fédérale s'applique
pour le fédéral. C'est déductible pour le
fédéral et...
M. Bourassa: D'accord, mais je dis que ça voudrait dire un
manque à gagner pour le gouvernement du Québec.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais le fédéral le
fait quand même.
M. Burns: Ce sont toujours des sommes qui, individuellement, ont
une importance très relative, surtout qu'au fur et à mesure que
le montant augmente la proportion de déductibilité diminue.
M. Bourassa: Si on a $500,000 de moins en revenus, cela veut dire
qu'il faudrait ajouter aux $400,000 qu'on donne un autre $500,000. Je veux dire
que cela commence à...
M. Burns: Bien, la démocratie au Québec coûte
combien?
M. Bourassa: Non.
M. Burns: C'est cela, le problème.
M. Bourassa: Je me dis que la démocratie est assez forte
pour...
M. Burns: Bien, on n'en est pas sûrs, nous autres. Tant et
aussi longtemps...
M. Bourassa: Je ne dis pas qu'on va être contre.
M. Burns: Ah non, il y a encore bien des choses à faire
et, contrairement à ce que le premier ministre dit, sa réforme
électorale ne se termine pas là, elle n'est pas finie. Il y a
encore un tas de choses, si on veut que la démocratie soit
véritablement...
M. Bourassa: C'est la première fois. Est-ce que... M.
Burns: ...vivante au Québec.
M. Bourassa: ...l'Union Nationale a aboli sa caisse
électorale quand elle était au pouvoir? Jamais.
M. Burns: Laissez faire l'Union Nationale; dans le moment, on
discute d'un éventuel projet de loi.
M. Hardy: Est-ce qu'on est prêt à aller
jusqu'à réglementer certaines prises de décisions dans
certains partis politiques?
M. Burns: Si, à un moment donné, vous pensez que
c'est nocif à la démocratie...
M. Hardy: Par exemple, quand un projet de loi...
M. Burns: ...moi, je pense que c'est plutôt le contraire.
Je pense que, si vous aviez des membres chez vous qui participaient aux
décisions d'un parti...
M. Hardy: Oui.
M. Burns: ...comme le vôtre, vous verriez un tas de choses
qui n'arriveraient pas.
M. Hardy: L'exemple deLaval, l'assemblée
générale vote...
M. Burns: Oui.
M. Hardy: ...une résolution samedi et, le dimanche, M.
Lévesque et quelques autres vont renverser vos résolutions.
M. Burns: Oui, voulez-vous qu'on vous cite tous les cas qui
apparaissent...
M. Léger: Le rapport Gauvin.
M. Burns: ...dans le programme du Parti libéral depuis
1958 et qui n'ont jamais été mis en application...
M. Bourassa: 60%
M. Burns: ...et qui, même, ont été mis de
côté dans des projets de loi que le Parti libéral a
prônés lui-même?
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Bourassa: Pour...
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! M.
Bourassa: Ce que je veux dire...
M. Burns: Le rapport Gauvin, vous avez un bel exemple!
M. Bourassa: ...au député de Maisonneuve... Non, si
on parle de cela, on va parler des 60% des résolutions qu'on a
adoptées dans les textes de loi, c'est un record. Je ne dis pas au
député de Maisonneuve que le gouvernement est contre la
déductibilité, mais je veux faire prendre conscience de ceci au
Parti québécois: est-ce que les contribuables du Québec
il s'agit de voir si c'est une priorité, étant
donné qu'on donne déjà $400,000 à $500.000 ou qu'on
va donner $400,000 à $500,000 pour le financement permanent des partis
politiques au lieu que cela aille aux loisirs, aux politiques sociales,
doivent assumer un autre $500,000 à même leurs poches...
M. Burns: Est-ce que je peux répondre ceci au premier
ministre?
M. Bourassa: ...pour des dépenses assez limitées au
total?
M. Burns: Est-ce que je peux lui répondre ceci? Tout comme
vous étiez ouverts, selon les dires du ministre des Affaires culturelles
la semai ne dernière, à la discussion sur ces choses...
M. Bourassa: D'accord.
M. Burns: ...nous sommes ouverts.
M. Bourassa: D'accord.
M. Burns: Ce qui est clair et ce qui doit être clairement
établi par mon intervention d'aujourd'hui, au nom de mon parti, c'est
que nous tenons mordicus à ce qu'il y ait une forme de
déductibilité des dons faits aux partis politiques par le
citoyen. Cela, je pense que c'est un principe auquel nous tiendrons très
fortement.
Maintenant, si, à un moment donné, vous me dites que
d'ajouter le troisième élément cela coûte beaucoup
trop cher ou que d'ajouter le deuxième cela coûte beaucoup trop
cher, etc., on est ouverts à en discuter. Mais, à ce
moment-là, j'espère que vous aurez au moins une espèce
d'extrapolation de ce que cela peut coûter au Québec. Vous ne
pouvez...
M. Bourassa: D'accord.
M. Burns: ...pas arriver, M. le premier ministre, aujourd'hui en
nous disant: Cela va nous coûter $500,000 au Québec, parce que
vous ne le savez pas vous-même, à moins que vous ayez fait faire
les études nécessaires.
M. Bourassa: Non, mais cela peut constituer une incitation, c'est
le point que je veux soulever. Si on donne une déductibilité sans
examiner toutes les implications, pour tous les partis politiques, du moins les
deux principaux, cela peut vouloir dire des revenus énormes...
M. Burns: Oui mais...
M. Bourassa: ...parce que tout le monde va dire: On va
contribuer, on a une déductibilité.
M. Burns: Bien non, cela ne veut pas dire cela.
M. Bourassa: Cela va être une mauvaise
stratégie.
M. Burns: Cela ne veut pas dire cela, parce qu'il n'y a pas un
million de personnes au Québec qui sont en mesure de donner $500 par
année ou $1,000 par année à un parti politique. Il n'y en
a pas un million de personnes comme cela. Vous n'avez qu'à regarder les
statistiques quant au revenu moyen; il me semble que, logiquement, quelqu'un
qui gagne $4,000 par annéeestabsolumentincapablededonner$1,000de ces
$4,000 à un parti politique.
Or, c'est la grande moyenne au Québec, actuellement, qu'on le
veuille ou non, mais ce qu'il y a aussi d'important à retenir
là-dedans, c'est qu'une fois que vous aurez un plafond de
déductibilité, que ce plafond se fixe à $500, les gens qui
pourront bénéficier de ces $500 seront des gens qui,
habituellement, auront des revenus supérieurs, en tout cas, j'ose
avancer le chiffre de $15,000 à $20,000. Quelqu'un qui puisse risquer,
selon ce projet, d'obtenir une déduction maximale de $500 dans son
année, habituellement, j'oserais même avancer le chiffre de
$15,000 à $20,000 par année. Donc, ce n'est pas la
majorité des Québécois.
Et en plus, cela ne l'affectera pas à un point tel, que ça
va, par exemple, le faire changer de "bracket", de déductibilité
si vous me passez l'expression. Alors, ce sont des éléments dont
il faut tenir compte.
M. Bourassa: Ce que je veux éviter, moi, c'est de faire
des cadeaux à des gensqui n'en ont pas besoin.
M. Burns: Non, cen'est pas de faire des cadeaux à des gens
qui n'en ont pas besoin, à partir du moment où vous fixez un
maximum, mais c'est, d'autre part, de permettre au citoyen d'agir
démocratiquement, de supporter quelque parti que ce soit, librement,
selon qu'il rencontre ses vues, selon que cecitoyen croit qu'il est en mesure
de contribuer à la formation d'un meilleur gouvernement ou du meilleur
gouvernement possible. Alors, c'est ça, le principe de base qu'on veut
sauvegarder.
M. Bourassa: Je ne sais pas quels sont vos besoins, ce sont
à peu près les mêmes dans les deux cas, les dépenses
annuelles des deux partis, des deux fédérations...
M. Burns: Je ne suis pas certain.
M. Bourassa: C'est à peu près la même
chose.
M. Lessard: On n'a pas nous, de dons accumulés depuis des
années.
M. Léger: Quand vous parlez du manque à gagner pour
le gouvernement...
M.Bourassa:Vous parlez de l'Union Nationale.
M. Léger: Quand vous parlez du manque à gagner,
disant que vous avez préparé un projet de $400,000 à
$450,000, votre projet initial était quand même de $750,000, vous
l'avez baissé de $400,000, alors l'argument que vous apportez, dire que
ça peut coûter $500,000 de plus, vous avez déjà
baissé de $250,000.
M. Bourassa :Cela, je ne l'ai pas vérifié, il
faudrait faire des calculs là-dessus pour voir ça.
Une Voix: II est bon dans les chiffres. Quel est votre
meilleur?
M. Burns: Moi, j'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, si on me le permet, j'aimerais
apporter quelques observations à l'occasion de cette commission
parlementaire, suite aux invitations qui nous ont été faites par
le gouvernement. On a dit tout à l'heure, qu'on voulait procéder
de façon constructive, c'est bien mon intention de participer aux
travaux de cette commission de façon constructive et de façon
objective.
Et si on parle de construire, M. le Président, il faudrait qu'on
sache, avant de débuter, si on veut construire sur de la pierre, sur du
sable, ou dans la boue. Et je m'explique, M. le Président. Il y a une
loi, actuellement, au Québec qu'on appelle la Loi des dépenses
électorales et cette loi n'est pas appliquée, malheureusement.
Elle n'est pas appliquée. Il y aurait bien des choses à dire
là-dessus et il...
M. Bourassa: Vous faites sursauter le président des
élections.
M. Roy : J'ai vu que j'avais fait sursauter le président
des élections, on pourra y revenir, M. le Président, puis il yen
a peut-être d'autres qui vont sursauter.
M. Hardy: Attention au mépris de cour.
M. Bourassa: Attention au mépris de cour, c'est un
juge.
M. Roy: Je dis ceci...
M. Bourassa: Des coups de téléphone encore.
M. Roy: ...c'est que vouloir étudier le problème du
financement des partis, sans étudier en même temps les
dépenses électorales, c'est faire absolument fausse route. Le
problème, actuellement, réside dans l'abus qu'il y a dans les
dépenses électorales et, si ces abus ne sont pas corrigés,
il se trouvera des gens, on prendra toutes sortes de moyens pour tâcher
de contourner la loi par tous les moyens possibles, parce qu'évidemment,
on a à faire face à la loi de la jungle, lorsqu'arrive le jour de
l'élection.
Alors je dis qu'il nous semble préférable que cette
question soit étudiée en même temps que l'ensemble des
dépenses électorales et, pour apporter des solutions a ces deux
problèmes connexes, on peut s'inspirer du comité des
dépenses électorales ou comité Barbeau qui a fait une
étude très approfondie au niveau fédéral. Cette
étude est une des meilleures qui existent sur le sujet. Le comité
a fait plusieurs recommandations qui s'inspirent de quatre principes
généraux qui peuvent être énoncés comme suit,
mais ceci ne veut pas dire que j'endosse personnellement toutes ces
recommandations.
Il y a d'abord le coût des campagnes électorales qui
devrait être réduit. J'aurai l'occasion d'y revenir tout à
l'heure. On devrait prévoir une égalité financière
entre les candidats et les partis politiques. On parle de démocratie, je
pense qu'il devrait y avoir des dispositions à ce niveau. Les partis
devraient être reconnus par la loi et la commission de contrôle
devrait avoir les pouvoirs de faire respecter la loi électorale et les
rapports financiers des partis devraient être publiés.
Augmenter la confiance du public dans les finances des partis et
encourager les individus à participer au financement de ces partis. En
ce qui a trait aux dépenses électorales la Loi électorale
actuelle, aux articles 372 et suivants, impose un contrôle
sévère sur les dépenses électorales des partis
politiques et des candidats officiels à une élection
générale.
Pourtant, même s'il y a des limites imposées par la loi, il
y a encore des candidats qui se sont comportés à la
dernière élection sans tenir compte des limites imposées
par la loi et sans qu'il y ait de sanction. C'est justement le point sur lequel
je veux en venir; qu'on me cite une seule sanction qui a été
imposée au Québec suite aux élections du 29 octobre
dernier à l'endroit de candidats ou à l'endroit de choses qui se
sont passées dans la campagne électorale. Quand je dis que la loi
n'est pas respectée, que la loi n'est pas appliquée, qu'on nous
en cite des sanctions qui ont été imposées. On ne me fera
jamais croire, en ce qui me concerne, que cela a été parfait
partout durant la dernière campagne électorale et qu'il n'y a eu
aucun accroc à la loi. C'est là-dessus que je me suis basé
tout à l'heure pour faire ma déclaration. Autant de raisons qui
me font douter que les changements que le gouvernement se propose de soumettre
à l'Assemblée nationale ne changeront pas grand-chose à la
situation. Le gouvernement, on le sait, présentement, tente de se donner
une bonne image et tente de se donner bonne presse, parce qu'il a une grosse
caisse électorale à l'heure actuelle. On aurait pu
sursauter...
M. Bourassa: Des preuves!
M. Roy: ...lorsque le premier ministre nous a dit, l'autre jour,
candidement, s'il vous plaît, qu'il abolissait les caisses
électorales, en nous faisant croire que le Parti libéral allait
faire une distribution des deniers qu'il a accumulés depuis assez
longtemps. Ce n'est pas de la chinoiserie...
M. Bourassa: Des preuves!
M. Roy: Des preuves? Je mets le premier ministre, pas en demeure,
parce que je n'ai pas le droit...
M. Bourassa: II sait qu'il part en vacances.
M. Roy: Je demande au premier ministre de nous dire aujourd'hui
quel est le montant d'argent qu'il y a dans la caisse électorale du
Parti libéral.
M. Bourassa: Je n'ai pas le...
M. Roy: Non, quel est le montant d'argent que vous avez dans
votre caisse? Si vous pouvez me dire le montant d'argent, je vous dirai quel
montant il y a dans la nôtre, avec preuves à part cela. Si le
premier ministre veut être sérieux, quel est le montant que vous
avez dans votre caisse?
M. Bourassa: Le chef du Parti libéral, par tradition,
depuis des gêné rat ions le député de Johnson
peut le confirmer n'est pas au courant du montant de la caisse
électorale.
M. Roy: Bon. Le chef du gouvernement... M. Lessard: II ne veut
pas le connaître, non plus.
M. Bourassa: Ce qu'on veut faire, c'est inscrire dans la loi ce
qui se fait en pratique. Il n'y a eu aucune espèce d'influence de la
caisse électorale depuis que je suis au pouvoir, depuis cinq ans. On
veut inscrire cela dans la loi et abolir les caisses électorales.
Trouvez un autre parti qui agit de la même façon.
M. Roy: M. le Président, j'ai failli m'étouffer. Le
premier ministre, qui est chef du Parti libéral, nous dit qu'il n'est
pas au courant de ce qu'il y a dans la caisse électorale et c'est lui
qui nous propose des réformes. Je suis en train de me demander si le
premier ministre n'est pas venu nous dire, ici devant la commission
parlementaire, ce q ue les autres ont dit de nous di re.
M. Burns: C'est du oui-dire.
M. Roy: C'est du ouï-dire. Qu'on ne vienne pas nous faire
croire des choses comme cela.
M. Hardy: Les affirmations du député de
Beauce...
M. Roy: Cela ne sera pas suivi...
M. Bourassa: M. René Lévesque n'était pas au
courant, lui non plus, quand il était ministre du cabinet Lesage. Il
n'était pas au courant de ce qu'il y avait dans la caisse
électorale.
M. Roy: M. Lévesque, à ce que je sache,
n'était pas chef du Parti libéral.
M. Bourassa: Non, il faisait parti du conseil des ministres.
M. Roy: Le conseil des ministres, c'est autre chose. Je ne parle
pas du conseil des ministres.
M. Bourassa: II a proposé une résolution...
M. Roy: Je parle du chef du Parti libéral en l'occurrence
le premier ministre du Québec.
M. Bourassa: II a proposé...
M. Burns: M. René Lévesque fut le premier à
l'intérieur du Parti libéral à proposer cela.
M. Bourassa: D'accord.
M. Lessard: Avec Eric Kierans.
M. Bourassa: On ne parlera pas du cas particu-lierde M.
Lévesque, mais la résolution qu'il a proposée comme
député de Laurier en 1966, je crois, c'est cela qu'on adopte
aujourd'hui.
M. Hardy: Les grands principes de la résolution de M.
Lévesque au congrès du Parti libéral en 1966, alors que
nous étions dans l'Opposition, se retrouvaient dans un discours fait par
M. Lesage, alors qu'il n'était pas encore premier ministre, à
l'occasion d'un dîner-bénéfice. Ce n'est pas René
Lévesque qui a inventé cela.
M. Burns: Non, je ne vous dis pas que c'est lui qui l'a
inventé. Qu'est-ceque vous voulez? Cela existe un peu partout dans le
monde.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. Hardy: Pour une fois qu'on fait de l'histoire et le
député de Johnson est contre cela, lui qui nous rappelle toujours
les grands faits du passé.
M. Bellemare (Johnson): On va vous en rappeler, nous autres
aussi, tout à l'heure, quelques-uns. Préparez-vous à une
sainte patience.
M. Bourassa: Arrivez-vous de la Suisse?
M. Bellemare (Johnson): Comment? J'ai des nouvelles pour vous,
sur la Suisse.
M. Roy: M. le Président, est-ce que je peux continuer?
M. Bellemare (Johnson): Avez-vous une preuve qu'il y en a
déjà eu en Suisse?
M. Bourassa: Je vous pose une question.
M. Bellemare (Johnson): Non, vous faites une affirmation
gratuite.
M. Bourassa: Non, je pose une question.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): Vous vous permettez, un premier ministre
de la province de répéter des commérages, des
"mémérages". Voyons donc! ne faites donc pas le beau...
M. Hardy: Ce sont vos mémoires qui sont censés
faire la lumière là-dessus.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Attendez un peu sur cela.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'ai la parole, M. le Président?
Le Président (M. Lamontagne): Je vous la donne.
M. Roy: Je vous remercie. Il ne fait aucun cloute que la future
loi sur les dépenses électorales et sur le financement des partis
politiques je demande au ministre des Affaires culturelles d'en prendre
note sera pour le Parti libéral une occasion rêvée
de recycler sa caisse électorale et, de ce fait, de s'assurer une
suprématie incontestée pour contrôler les autres. Dans le
comté de Beauce-Sud parce qu'on ne peut pas prendre tellement
d'exemples de ce qui s'est passé durant la dernière campagne
électorale, parce que les survivants de l'Opposition n'étaient
pas tellement nombreux ...
Mais, dans le comté de Beauce-Sud, M. le Président, je
pense que ces choses-là doivent être dites. C'est l'endroit pour
le dire, une commission parlementaire qui est convoquée pour
étudier ces questions. Un organisateur libéral a
déclaré, c'est connu et admis par plusieurs personnes, qu'il est
venu dans le comté avec une somme de $200,000...
M. Bourassa: Oh!
M. Roy: Le premier ministre peut sursauter et il va sursauter
encore, j'ai autre chose à dire.
M. Bourassa: Bien oui. M. Hardy: ...
M. Roy: Continuer l'élection, alors que la loi
électorale ne permettait des dépenses que de $14,200. Nous avons
vu également des étrangers, envoyés par le Parti
libéral du Québec, en limousine, s'il vous plaît...
M. Bourassa: C'est votre débat sur le budget.
M. Roy: ...partir de Lévis et venir faire une campagne
électorale dans la Beauce. Je ne doute pas, M. le Président, que
ce monsieur était bénévole au cours de l'élection.
J'ai pu constater le premier ministre va sursauter encore que le
bénévolat, dans son cas, a fini après l'élection,
si on additionne les contrats que ses compagnies ont obtenus du gouvernement
depuis.
M. Hardy: Avec soumission.
M. Roy: Je ne crois pas que ce triste sire soit venu se
promenerdans Beauce-Sud aucoursde l'élection par philanthropie ou,
encore, en missionnaire. Il s'occupait d'élections pour le candidat
libéral. On ne réglera pas le problème des caisses
électorales en assurant le financement des élections et des
partis politiques. Il y a autre chose qui doit être fait et cela, on n'en
parle pas. Il s'agit de moderniser la loi électorale et
démocratiser les élections.
Si le coût des cam pagnes électorales est si
élevé, c'est que les citoyens ne croient plus à la
démocratie par la boîte du scrutin. Nous devrions plutôt
dire que la boîte est devenue, en quelque sorte, une sorte de
"démocrasserie". Comment faire croire à l'honnête
citoyen...
M. Hardy: Ce n'est pas gentil pour vos concitoyens.
M. Roy: Non, je ne suis pas gentil pour le gouvernement...
M. Hardy: Pour vos concitoyens.
M. Roy: ...que dire à l'honnête citoyen qui se
présente au bureau du scrutin, une heure après l'ouverture du
bureau, pour voter, et qu'on lui répond qu'il a voté, qu'un
honnête bénévole, rémunéré, a
voté à sa place?
Cela, M. le Président, s'est fait partout, dans tous les
comtés de la province de Québec et cela s'est fait
particulièrement dans le comté de Beauce-Sud, parce qu'on avait
mis une équipe spécialement pour cela. Où a
été et comment...
M. Hardy: 3,500,000...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Depuis tout à l'heure, le premier ministre et le ministre des Affaires
culturelles interviennent constamment, parce qu'ils n'aiment pas ce que le
député de Beauce-Sud est en train de dire. Le
député de Beauce-Sud n'est pas ici pour dire des choses qui
plaisent nécessairement au gouvernement.
M. Hardy: D'accord.
M. Burns: Je vous demanderais d'empêcher les deux ministres
d'intervenir.
M. Hardy: ...minimum de rigueur intellectuelle.
M. Burns: Vous pourrez y répondre aussi longtemps que vous
voudrez, après. Laissez-le faire.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le ministre cherche à se cacher derrière la
rigueur intellectuelle. Que de grands mots quand on a tant de choses à
cacher!
M. Hardy: Oh!
M. Roy: Alors, il y a des gens qui se présentent dans les
bureaux de scrutin, le matin du vote, et cela, même dans des
comtés ruraux, et on leur apprend qu'ils ont voté. Pourquoi?
Parce que d'autres personnes ont été engagées, ont
été mandatées pour aller voter à leur place.
M. Bourassa: Avez-vous des cas?
M. Roy: Oui, M. le Président, j'ai des cas.
M. Bourassa: Soumettez-les
M. Roy: Que le premier ministre prenne le risque aujourd'hui et
qu'il nous dise publiquement, devant la commission parlementaire...
M. Lessard: ...
M. Roy: ...qu'il s'engage aujourd'hui, publiquement, devant les
membres de la commission parle-
mentaire et devant le public québécois, à convoquer
un comité spécialement formé pour examiner ces
choses-là et vérifier la véracité de mes
propos.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Roy: ...et j'accepte de relever le défi, M. le
Président. Qu'on convoque une commission spécialement
mandatée à ce sujet. Jusqu'ici, ce sont des citoyens du
Québec qui avaient l'obligation de supporter l'odieux d'attaquer et de
poursuivre le gouvernement. Il y a des dispositions à prendre; que le
premier ministre prenne le temps de le faire.
M. Bourassa: Déposez une plainte.
M. Roy: Que le premier ministre s'engage publiquement à le
faire.
M. Bourassa: Déposez une plainte.
M. Roy: Qu'il convoque une commission parlementaire, on citera
des noms...
M. Hardy: Déposez une plainte, voyons!
M. Roy: On citera des faits et on pourra y aller, M. le
Président.
M.Hardy: Déposez une plainte et c'est le procureur de la
couronne qui mène la cause.
M. Bourassa: Déposez donc une plainte.
M. Hardy : S'il y avait eu des preuves de
"télégraphes." Quand un honnête citoyen a une preuve de
"télégraphe", son devoir, le lendemain des élections,
c'est de se présenter au greffe de la paix, d'assermenter une plainte et
dire: J'ai la preuve qu'un tel a voté alors qu'il n'avait pas le droit
de vote. Au lieu de faire du commérage et du salissage, comme le fait le
député de Beauce. C'est évident qu'il y en a des
"télégraphes" à toute élection. Si plus de citoyens
avaient le courage et assez de colonne vertébrale, lorsqu'ils ont eu
connaissance d'un "télégraphe", d'aller déposer une
plainte, cela ne leur coûterait absolument rien. Ils ont tout simplement
à assermenter qu'ils connaissent un tel et un tel, qui ont voté
et qui ont fait une supposition de personne. Automatiquement, c'est le
procureurde lacouronne qui va prendre la cause et qui va la mener jusqu'au
bout.
Qu'on cesse de nous raconter toutes sortes d'histoires.
M.Roy:Quelles sortes de moyens avez-vouspris jusqu'ici?
M. Hardy: Le problème, c'est...
M. Roy: Quelles sortes de moyens avez-vous pris jusqu'ici, pour
empêcher la situation de...
M. Hardy: Je ne pouvais pas déposer une plainte sur un cas
de "télégraphe" que vous avez vu, voyons donc!
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre! M. Hardy: C'est
à vous, si vous l'avez vu.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: Si vous ne l'avez pas fait, vous n'avez pas fait votre
devoir de citoyen.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Vous voyez! Je vous l'avais dit tout à l'heure que
le ministre sursauterait, et il a sursauté.
M. Hardy: Certainement.
M. Roy: II va sursauter encore, M. le Président.
M. Hardy: II y a des limites pour affirmer des choses et ne pas
avoir le courage d'être conforme à ses affirmations.
M. Roy: Le ministre sait toutes ces choses. M. Bourassa: M. le
Président...
M. Roy: Le premier ministre sait également toutes ces
choses. Toute la population du Québec le sait.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: Le premier ministre a eu connaissance de tous les
télégraphes qui sont passés.
M. Roy: II sait qu'il y en a.
M. Hardy: II a eu connaissance de toutes les actions
illégales que les péquistes ont faites.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Roy: Le premier ministre et le ministre des Affaires
culturelles savent très bien, actuellement, de quelle façon cela
marche au Québec et de quelle façon les élections se font
et de quelle façon les télégraphes se passent.
M. Bourassa: Soyez donc sérieux!
M. Roy: Qu'est-ce que vous avez fait jusqu'à maintenant?
Qu'est-ce que vous avez fait jusqu'à maintenant? Quelles sont les
intentions que vous avez? Vous préférez vous amuser, aujourd'hui,
et venir nous dire que vous allez contrôler les caisses
électorales, parce que vous êtes placés dans des situations
qui sont assez compromettantes pour ne pas dire plus, dans le Québec.
Vous tentez de vous donner bonne presse, en voulant vous servir de
l'Opposition, ici à l'Assemblée nationale, pour qu'on vous fasse
des suggestions, pour vous dire comment recycler votre caisse et, après
cela, pour pouvoir vous couvrir.
Je vois le ministre qui rit. On sait que le premier
ministre s'est vanté lui-même, à l'occasion de son
congrès, qu'il était un expert en stratégie. Mais vos
petites stratégies, vos petites manigances, on les connaît depuis
longtemps. Dans ces petits jeux, on ne fonctionnera pas.
M. Bourassa: Vous êtes des...
M. Roy: Si le gouvernement veut être sincère, si le
gouvernement veut être logique et si le gouvernement veut être
honnête dans les propos qu'il tient à l'effet qu'il parle de
démocratiser les élections au Québec, le gouvernement a
bien d'autres choses à faire que de commencer par la fin. C'est cela que
j'ai à dire au premier ministre.
M. Hardy: Vous êtes contre l'abolition des caisses
électorales?
M. Roy: Je ne suis pas contre, je l'ai dit, la semaine
dernière, que je n'étais pas contre l'abolition des caisses
électorales.
M. Hardy: Je comprends.
M. Roy: Mais je dis, aujourd'hui, que vous voulez abolir les
caisses électorales alors que vous avez cornbien de millions dans la
vôtre? Vous n'êtes même pas prêts à le dire
à l'électorat québécois combien de millions vous
vous attendez de recycler et vous voulez que nous vous fassions des
suggestions...
M. Bourassa: Voyons donc!
M. Roy: ...de quelle façon vous pourriez vous organiser
pour tâcher de sauver cet argent.
M. Hardy: N'en faites pas.
M. Roy: Pour faire en sorte que vous puissiez garantir une
suprématie absolue et tenter par toutes sortes de moyens de venir
à contrôler les autres.
M. Bourassa: Votez contre.
M. Roy: M. le Président...
M. Bourassa: Votez contre la loi.
M. Roy: Déposez votre loi.
M. Bourassa: Vous voterez contre.
M. Roy: On n'en a pas de loi jusqu'à maintenant. On a des
voeux pieux, des intentions du gouvernement. Il nous a dit: Maintenant,
l'Opposition, dites-nous ce que vous voulez, parce qu'on veut se faire
cautionner par vous autres. On veut s'abrier avec l'Opposition à
l'Assemblée nationale. Je dis au gouvernement, aujourd'hui...
M. Bourassa: Sortez. Vous n'êtes pas obligé
d'être ici. Vous êtes en vacances.
M. Roy : Vous les savez toutes ces choses. Je sais que je ne suis
pas obligé d'être ici, c'est mon devoir d'être ici et je
suis ici.
M. Bourassa: Pour dire des sottises.
M. Roy: Je dirai ce qui me plaît, que cela plaise ou non au
premier ministre du Québec. Le premier ministre du Québec a
besoin de se faire dire certaines choses, à un moment donné.
Je dis au premier ministre que si vous êtes sérieux
je m'adresse au gouvernement non seulement vous présenterez un
projet de loi pour régler la question pécuniaire concernant le
financement des partis politiques et les dépenses électorales,
mais c'est toute la loi électorale que vous devez réformer et
cela presse. La population ne croit plus et croit de moins en moins à la
vérité de la boîte du scrutin.
L'article 389 de la Loi électorale se lit comme suit: "Est
coupable d'une manoeuvre frauduleuse, tout agent officiel qui fait des
dépenses électorales dépassant le maximum fixé
à l'article 379... " Combien d'agents officiels ont été
condamnés après l'élection de 1973? Combien ont
été convoqués, de façon particulière, pour
donner des explications au gouvernement qui est chargé de
l'administration de la loi? A ma connaissance, il n'y en a eu aucun, M. le
Président.
Tout le monde sait, dans le comté de Beauce-Sud, en particulier,
que seulement le jour du vote, le Parti libéral a dépensé
plus d'argent que la Loi électorale ne le permet. Il faut donc refaire
toute la Loi électorale et ne pas seulement toucher à la question
de l'argent. Il est nécessaire d'abord d'établir un plafond pour
les contributions électorales nous sommes d'accord
là-dessus de divulguer la provenance des fonds électoraux,
de permettre à tous les citoyens qui le désirent de participer au
financement du parti politique de son choix, de répartir et accorder des
périodes gratuites par les media électroniques et les journaux,
d'enlever le monopole réservé au parti au pouvoir et à
l'Opposition officielle, pour ce qui a trait à la nomination des
officiers électoraux. Chaque année le parti de
l'Opposition officielle n'ayant pu recruter les recenseurs on a vu dans
mon comté deux bons libéraux faire la liste électorale
ensemble dans certains districts.
M. Hardy: II n'y avait pas de créditistes.
M. Roy: M. le Président...
M. Bosrassa: II n'y avait pas de créditistes.
M. Roy: M. le Président, le premier ministre veut
simplement faire le bouffon, je vais revenir sur la question des
dépenses électorales et je dis ceci au gouvernement.
Présentez une loi devant l'Assemblée nationale où nous
allons l'examiner. Mais nous savons que le passé est garant de l'avenir.
J'aimerais bien, moi, M. le Président, que le gouvernement prenne les
dispositions pour faire en sorte qu'il y ait une vraie réforme
électorale au Québec, et non pas une réforme de recyclage
de caisse électorale. C'est un recyclage de caisse électorale
qu'on se propose à
faire au Québec. Quand je vois ici le rapport des
élections on pourra sursauter encore de mon adversaire au
cours de la dernière campagne électorale, "dépenses
personnelles du candidat" c'est public 0, alors qu'il a admis
et tout le monde le sait dans la Beauce que cela lui a
coûté personnellement plus de $90,000...
M. Hardy: Vous n'avez rien fait?
M. Roy: Non, non!
M. Hardy: Vous avez laissé faire ça?
M. Roy: Ce n'est pas à moi, jusqu'à
présent...
M. Bourassa: Lâche!
M. Hardy: C'est bien plus facile...
M. Bourassa: Vous êtes un lâche!
M. Hardy: C'est bien plus facile...
M. Roy: Un instant, un instant, M. le premier ministre.
M. Hardy: ...avec l'immunité parlementaire de dire
n'importe quoi.
M. Roy: Le premier ministre est trop peureux. Le premier ministre
le sait. Parce qu'ils savent, à un moment donné,... Vous savez,
en regard des lois actuelles, de quelle façon elles sont
appliquées, de quelle façon elles fonctionnent. Dépenses
électorales: O.
M. Bourassa: Jamais!
M. Roy: Et on va venir me dire, à moi, qu'on respecte la
Loi électorale et la Loi des dépenses électorales! Qu'on
arrête donc de charrier. Et on va venir me dire que ce candidat a
dépensé $14,241.20 durant la campagne électorale alors que
des agents du gouvernement, fonctionnaires dans le gouvernement provincial,
dans des institutions paragouvernementales, ont admis, devant témoins,
que la caisse centrale du Parti libéral a investi $200,000 dans le
comté de Beauce-Sud. On a le culot de venir, après la campagne
électorale, faire un rapport assermenté, s'il vous plaît,
à l'effet qu'on a dépensé $14,241, quand un industriel du
comté de Lévis est venu dans le comté de Beauce-Sud, avec
certains de ses employés, passer quinze jours. A quel endroit figurent
ses dépenses dans les dépenses électorales des candidats?
Lorsqu'on parle des frais de services, par exemple, $7,065, quand on parle de
la publicité, $5,500 alors que mes dépenses, factures à
l'appui, n'ont été que de $2,575.68, tout le monde sait qu'on
peut multiplier les dépenses par quatre pour le candidat
libéral.
M. Bourassa: C'est de l'argent!
M. Roy: Malgré tout ça, M. le Président, il
y a quand même le fait que le premier ministre doit admettre,
malgré que je sache qu'il n'en est pas heureux, que seul le comté
de Beauce-Sud a réussi à vaincre la puissante machine du Parti
libéral sur la rive sud du Saint-Laurent.
M. Bourassa: Parce que vous avez...
M. Roy: Alors, je parle en connaissance de cause. Lorsque je cite
ces faits, je sais que je fais mal au premier ministre, que je fais mal au
gouvernement.
M. Bourassa: Ah! Ah!
M. Roy: Mais je dis au premier ministre et au gouvernement que
c'est de l'hypocrisie.
M. Bourassa: Vous me distrayez.
M. Roy: C'est de l'hypocrisie pure et simple.
M. Bourassa: Vous me distrayez.
M. Roy : Je n'ai peut-être jamais eu l'occasion de vous le
dire, mais à la commission parlementaire, je pense que c'est la place
pour le dire. Alors, il y aurait d'autres points que j'aimerais soulever. Quand
le gouvernement va-t-il présenter les modifications à la loi, de
façon qu'il y ait une carte d'identité électorale qui
pourrait servir en période électorale seulement? Cela, c'est une
suggestion positive, M. le Président. Je regarde le ministre...
M. Hardy: ...
M. Roy: ...des Affaires culturelles, député de
Terrebonne, une carte d'identité électorale est un moyen pour
éliminer les "télégraphes," pour éliminer les
substitutions de personnes.
Un deuxième point, M. le Président, dans le cadre d'une
vraie réforme électorale, des élections à date
fixe, de façon que le gouvernement cesse, à un moment
donné,...
M. Bourassa: Jamais.
M. Roy: ...d'utiliser la conjoncture...
M. Bourassa: II n'y en aura jamais.
M. Roy: Jamais?
M. Bourassa: Non.
M. Roy: Jamais. Parce que vous voulez choisir la date des
élections...
M. Hardy: C'est contraire à notre système. M.
Roy: ...quand cela...
M. Hardy: Non, c'est contraire à notre système. M.
Roy: ...fait votre affaire...
M. Hardy: On n'est pas dans un système
présidentiel.
M. Roy: ...pour tâcher d'utiliser les
événements...
M. Hardy: Votez pour les péquistes.
M. Roy: ...faire organiser toute la législation...
M. Hardy: Votez pour les péquistes, vous aurez un
régime présidentiel...
M. Roy: M. le Président, est-ce que j'ai la parole ou
non?
M. Hardy: ...et vous aurez des élections à date
fixe.
M. Roy: Est-ce que j'ai la parole ou non?
Le Président (M. Blank): Je penseque le
député de Beauce-Sud...
M. Roy: Des élections à date fixe... Le
Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! M. Hardy: II est hors du
sujet, de toute façon. Le Président (M. Blank): A l'ordre! A
l'ordre!
M. Roy: Cela, c'est un point.
Troisième point, réglementer les sondages. C'est un autre
point d'une vraie réforme électorale, d'une vraie réforme
démocratique dans la province de Québec.
Un autre point sur lequel je veux attirer l'attention du ministre, du
gouvernement et du premier ministre: l'utilisation de l'écoute
électronique pour des fins électorales. Le premier ministre va me
dire: Prouvez-le.
M. Hardy: C'est déjà réglé,
ça. M. Roy: Prouvez-le. M. Bourassa: II y a la loi. M. Roy:
Prouvez-le.
M. Bourassa: II y a une loi qui a été
adoptée là-dessus.
M. Roy: Prouvez-le. M. Burns: ...
M. Roy: Ce serait curieux de faire assermenter certaines
personnes...
M. Burns: J'aimerais bien ça voir comment elle est
appliquée, cette loi!
M. Bourassa: Est-ce que le député de Maisonneuve
est inquiet?
M. Burns: Non, non, je ne suis pas inquiet. M. Bourassa: II n'a
pas parlé à personne... Non?
M. Burns: Le ministre de la Justice nous a dit, à
plusieurs reprises, qu'il n'y avait aucun homme politique qui était
écouté.
M. Bourassa: Alors, vous êtes rassuré?
M. Burns: Jusqu'à preuve du contraire, on n'est pas
censé s'inquiéter.
M. Bourassa: Vous êtes rassuré, d'accord.
M. Burns: Je ne suis pas rassuré, mais je ne suis pas
censé m'inquiéter.
M. Roy: On n'est pas supposé s'inquiéter mais je
voudrais dire au premier ministre qu'on n'est quand même pas naïf
à ce point.
Il y a le fait qu'on...
Une Voix: ...des remords?
M. Roy: ...pourrait réglementer la publicité
pendant les élections. Cela serait un excellent moyen.
M. Hardy: Oui!
M. Roy: Ce serait un excellent moyen. EHes sont positives, ces
recommandations. Limiter les dépenses électorales. Pas limiter
les dépenses électorales de façon apparente mais limiter
les dépensesélecto-rales de façon réelle en
imposant des sanctions sévères à l'endroit des personnes
qui sont mandatées. Jusqu'à présent, vous avez des
sanctions dans la loi mais vous ne l'appliquez pas, votre loi, pas plus que
vous n'appliquez les autres lois. D'ailleurs, nous en avons des preuves, non
seulement dans la Loi électorale, mais dans la commission Cliche, dans
la commission sur le crime organisé. Cela nous démontre
très bien jusqu'à quel point le gouvernement se fout et passe
à côté de ses propres lois lorsqu'il est concerné
lui-même. Alors, on demande aux citoyens: Poursuivez votre gouvernement.
Il va falloir prendre d'autres mesures et prendre d'autres dispositions de
façon que les lois électorales existantes soient
appliquées, respectées et qu'il y ait des mécanismes de
façon qu'on n'aille pas exercer du chantage par la suite à
l'endroit des gens qui oseraient poursuivre le gouvernement de la province.
M. le Président, il y a toute la question du recensement. Nous
l'avons dit et nous l'avons répété à plusieurs
reprises. Dans mon comté, je n'ai pas un mot à dire en ce qui a
trait au recensement. C'est le gouvernement qui fait la liste avec l'Opposition
officielle, alors que nous avons demandé et le Parti
québécois l'a demandé à maintes et maintes reprises
qu'on procède de la même façon qu'au
fédéral, dans ce sens que le parti du député dans
le comté et celui qui s'est classé deuxième aient la
responsabilité de...
M. Hardy: Me permettez-vous une question?
M. Roy: Oui.
M. Hardy: En théorie, cela a l'air beau, mais voyez-vous
à quelle situation on arriverait aux prochaines élections? Ce
serait quel parti qui nommerait les recenseurs dans votre cas? Ce serait Yvon
Du-puis? Ce serait Camille Samson? Ce serait Fabien Roy ou X, parce que vous
avez le temps de changer deux ou trois fois encore d'ici 1977? Cela pose de
jolis problèmes pratiques!
M. Roy: Ce que vous êtes intelligent!
M. Hardy: II y a des partis bien établis dont le
chef...
M. Roy: Vous méritez un certificat d'intelligence.
M. Hardy: ...a une certaine pluralité. Mais
répondez-moi à cette question. La dernière fois, votre
parti...
M. Roy: Quand ai-je changé de parti?
M. Hardy: Ce n'est pas cela que je vous dis.
I M. Roy: Ecoutez, vous me dites que j'ai changé quatre ou
cinq fois.
M. Bourassa: Vous avez dit incorporé, une fois. Le
Ralliement créditiste incorporé.
M. Roy: Un instant. Vous poserez les questions à
d'autres.
M. Hardy: Je vous dis que, la prochaine fois, il peut y avoir
deux partis dans votre groupe, c'est-à-dire que le parti...
M. Roy: II peut y en avoir deux chez vous aussi.
M. Hardy: Oui, c'est vrai. Mais il y a un seul premier ministre,
par exemple.
M. Roy: Un instant. M. le Président, le ministre des
Affaires culturelles veut nous amener sur un tout autre terrain.
M. Hardy: Non, non. Cela s'est produit au
fédéral...
M. Roy: Vous avez copié...
M. Hardy: Cela s'est produit au fédéral, dans
Terrebonne, à un moment donné, le parti qui était
arrivé deuxième, c'est le Crédit social.
M. Roy: Des cas d'exception.
M. Hardy: Exception. Quand vous avez seulement deux...
M. Roy: On ne peut pas faire d'un cas d'exception une loi
générale. Cela, le ministre le sait. Je cite le ministre
lui-même, à d'autres occasions, alors qu'il a dit lui-même
qu'on ne peut pas prendre un cas d'exception pour en faire une loi
générale.
M. Hardy: Quand vous avez seulement deux députés
élus...
M. Roy: Je parle, M. le Président, d'un principe
général. S'il y a des cas particuliers, ils seront
examinés à leur mérite, compte tenu des situations,
à l'endroit où ils se présenteront. Mais qu'on ne prenne
pas un cas particulier pour en faire un cas de principe général
et pour s'excuser ou encore se justifier de ne rien faire.
M. Hardy: Je vous ai dit que, sur le principe, j'étais
d'accord.
M. Roy: II y a la question du recensement. Je dis qu'il doit
être fait de façon qu'on tienne compte du voeu de
l'électorat dans le comté concerné.
M. le Président, ce sont les recommandations et les remarques que
j'avais à faire à ce niveau au gouvernement, mais, encore une
fois je le dis en terminan t je me pose de sérieuses
questions sur la portée que pourrait avoir cette loi, sur la
façon dont elle pourrait être appliquée et sur les
intentions véritables du gouvernement. Le gouvernement a l'habitude de
nous faire connaître c'est une des caractéristiques du
gouvernement actuel certains voeux ou certains faits devant une
commission parlementaire et on se retrouve, un mois, six mois ou un an plus
tard, dans des situations qui ne sont pas tout à fait celles qu'on a
décrites.
M. le Président, nous sommes d'accord pour qu'il y ait quelque
chose de fait en ce qui a trait aux caisses électorales des partis, mais
faire une loi uniquement pour étudier le financement des partis
politiques sans faire une réforme globale, c'est de la foutaise. On ne
fait tout simplement que jouer sur les mots et encore vendre ou donner des
illusions à la population. Dans ce cas-ci, ce serait la vendre.
M. Bourassa: M. le Président, juste une question au
député, qui a fait des affirmations sérieuses au
début de son exposé. Est-ce qu'il a l'intention de déposer
une plainte? Le ministre des Affaires culturelles lui a dit que cela ne
coûterait rien, que c'est le procureur de la couronne qui se trouve
à assumer la cause. Il a affirmé qu'il y avait eu des
télégraphes contre lui, dans son comté. Est-ce qu'il a
l'intention de déposer une plainte pour donner suite à ces
accusations?
M. Roy: Je dis au gouvernement et au premier ministre, et je lui
répète ce que j'ai dit tout à l'heure: Que le gouvernement
forme un comité spécial...
M. Bourassa: Ce n'est pas cela que je demande.
M. Roy: Que le gouvernement forme un comité
spécial. Nous lui donnerons les noms des personnes...
M. Bourassa: Pas de patinage!
M. Roy: Non, non, il n'y aura pas de patinage, parce que
justement, vous voulez patiner.
M. Bourassa: Est-ce que. oui ou non...
M. Roy: On sait, M. le Président, que toutes ces
questions, dans le passé, se sont perdues dans des procédures.
Lorsque la campagne électorale suivante est arrivée, il n'y a
rien eu de réglé. Je demande au premier ministre s'il est
prêt, aujourd'hui, à s'engager devant la commission parlementaire
à former une commission spéciale. Nous lui donnerons des noms,
des adresses. Nous lui citerons des faits. Mais qu'on forme une commission
spéciale. Je n'embarquerai pas dans la procédure judiciaire
à ce sujet. C'est certain.
M. Bourassa: Non, non! N'essayez pas de faire du patinage.
M. Roy: Je ne jouerai pas.
M. Bourassa: Tout le monde voit votre jeu. Je viens de vous
démasquer. C'est évident. Avez-vous donné au
président des élections les noms de ces personnes,
conformément à la loi?
M. Roy : Que le premier ministre s'engage publiquement à
convoquer une commission.
M. Bourassa: Non, non, s'il vous plaît, non, non!
M. Roy: M. le Président, je ne jouerai pas au jeu du chat
et de la souris. Que le premier ministre s'engage devant la commission
parlementaire, ici, à convoquer une commission spéciale.
M. Bourassa: Vous avez beau faire l'insignifiant, vous
n'êtes pas pour rire du monde comme ça.
M. Roy: Je verrai, moi-même, à fournir les noms des
personnes, je fournirai les faits, mais que le premier ministre s'engage
à les convoquer.
Je n'irai pas écrire une lettre qui va rester dans les
tiroirs...
M. Bourassa: C'est la loi.
M. Roy: ...et qui va se perdre dans la procédure
parlementaire.
M. Bourassa: C'est ridicule.
M. Roy: Je veux que le premier ministre s'engage, en tant que
premier ministre du Québec, aujourd'hui, publiquement, à faire
une commission spéciale et on va prendre le temps de l'examiner. Vous
allez voir, M. le premier ministre, que nous allons y aller de façon
sérieuse.
M. Bourassa: Appliquez la loi et, l'application de la loi, c'est
que vous déposiez une plainte, ça ne vous coûtera pas un
cent, avec des faits. Si vous êtes sérieux, vous allez le faire.
Si vous voulez faire de la démagogie, vous ne le ferez pas.
M.Roy: M. le Président, je ne ferai pas de
démagogie, je ne jouerai pas au jeu du chat et de la souris.
Que le premier ministre s'engage à former une commission
spéciale.
M. Bourassa: C'est non, la réponse?
M. Roy: Que le premier ministre s'engage à former une
commission spéciale et ce sera oui.
M. Hardy: II n'est pas besoin de commission spéciale posr
déposer des plaintes.
M. Roy: Oui, j'exige une commission spéciale. M. Bourassa:
Pourquoi?
M. Ostiguy: Vous avez dit, tout à l'heure, qu'il y avait
des lois qui n'étaient pas respectées.
M. Bourassa: Oui, vous avez ditque la loi n'était pas
respectée. C'est la loi, pourquoi ne la respectez-vous pas, pourquoi une
commission spéciale?
M. Roy: Je veux une commission spéciale, dans les
circonstances; vous avez fait une commission spéciale dans le cas de la
commission Cliche.
M. Bourassa: Ah! M. le Président, on va clarifier
cela.
M. Roy: Nous n'avons aucun pouvoir.
M. Bourassa: Vous avez porté des accusations.
M. Roy: Nous n'avons aucune possibilité, à ce jour,
si on procède de cette façon, d'avoir la garantie que le
gouvernement ira jusqu'au bout.
M. Bourassa: Vous n'avez pas confiance aux tribunaux?
M. Roy: Je veux qu'il y ait une commission. M. Bourassa: M. le
Président, j'ai...
M. Hardy: Vous n'avez pas confiance au président
général des élections?
M. Roy: Une commission spéciale.
M. Bourassa: M. le Président, le député de
Beauce-Sud vient d'exprimer un désavoeu au président
général des élections parce qu'il a dit qu'il n'a pas
confiance qu'il ira jusqu'au bout s'il a des plaintes. Je lui disde
déposer une plainte, ça ne lui coûtera rien, c'est la
simple application de la loi. Il n'a pas justifié, d'aucune
façon, la création d'une commission spéciale. Il a
porté des accusations sérieuses ; je lui demande ou de retirer
ses accusations ou bien de déposer une plainte en donnant des noms au
président général des élections, comme la loi
l'exige.
M. Roy: M. le Président,...
M. Bourassa: Autrement, l'opinion publique le jugera.
M. Roy: Je veux dire ceci au premier ministre. Qu'il me donne
l'assurance que les personnes que je lui nommerai seront convoquées et
seront interrogées, c'est ça que je veux avoir comme garantie du
gouvernement.
M. Bourassa: C'est la loi qui va suivre son cours.
M. Roy: Vous avez d'autres dispositions dans d'autres lois.
M. Bourassa: Et les tribunaux...
M. Roy: Vous avez d'autres dispositions dans d'autres lois.
M.Hardy: Le premier ministre n'a pas besoin de dire cela, vous
n'avez qu'à consulter les archives des palais de justice des
différents districts et vous verrez que, fréquemment, il y a eu
des condamnations pour des gens qui sont accusées de supposition de
personne. Voyons, cela se fait régulièrement. Mais cela prend du
monde qui a plus de courage que le député de Beauce-Sud. Cela
prend du monde qui dépose une plainte.
M. Roy: Un instant, M. le Président...
M. Hardy: Pas des gens qui se cachent sous le couvert de
l'immunité parlementaire pour affirmer n'importe quoi, comme vous le
faites.
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas donné de
nom.
M. Bourassa: On sait pourquoi. M. Roy: Je n'ai pas donné
de nom. M. Bourassa: Donnez-en donc!
M. Roy: Et le premier ministre, lui-même, a admis
tantôt qu'il y avait des gens qui faisaient de la substitution de person
ne et que vous saviez qu'il y avait des substitutions de personne...
M. Hardy: II y a 3,500,000 d'électeurs. Il y a un certain
nombre de suppositions de personne dans une élection. C'est
évident.
M. Bourassa: M. le Président. M. Roy: Vous l'admettez.
M. Hardy: M. le Président, s'il y a beaucoup de citoyens
qui font comme le député de Beauce-Sud, qui cachent cela, qui ne
le disent pas, qui conservent leurs preuves pour eux plutôt que de
collaborer, comme d'honnêtes citoyens, comme des gens qui ont de l'esprit
civique, collaborer avec l'appareil judiciaire, pour faire condamner ces gens
c'est évident qu'il y a beaucoup de gens qui font de l'omission
comme le fait le député de Beauce-Sud cela encourage ces
mêmes personnes, lors d'une autre élection, à faire des
suppositions de personnes.
M. Roy: J'ai dit...
M. Hardy: Si vous aviez poursuivi les gens contre lesquels vous
avez une preuve, si ces gens avaient été condamnés, ces
mêmes personnes y auraient pensé à deux fois, la prochaine
fois, avant de faire de la supposition de personne.
M. Roy: J'ai dit ceci au premier ministre, encore une fois.
M. Hardy: Mais vous êtes complice.
M. Roy: Un instant, M. le Président, il n'est pas question
de complicité.
M. Hardy: Oui, vous êtes complice de ces gens. M. Roy: II
n'y a aucune question de complicité,...
M. Hardy: Vous êtes complice de ces gens qui ont enfreint
la loi.
M. Roy : Vous savez qu'il s'en fait. Tout le monde le sait dans
le Québec.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! C'est
assez. C'est assez.
M. Roy: Vous le savez qu'il s'en fait, M. le Président,
vous l'avez admis tout à l'heure.
M. Hardy: Si je connaissais quelqu'un qui a fait de la
supposition de personne, je déposerais une plainte contre lui.
M. Roy: Vous l'avez admis tout à l'heure, mais que le
premier ministre me donne des garanties, à ce moment-là...
M. Bourassa: M. le Président,...
M. Roy: C'est pour cela que j'ai dit que cette question devrait
faire l'objet d'un examen particulier...
M. Bourassa: Le député se rend-il compte de sa
question? Du sens de sa question? Quelle garantie veut-il que je lui donne sur
le fonctionnement des tribunaux? Il voudrait que j'intervienne auprès
des juges, que le pouvoir politique intervienne auprès du pouvoir
judiciaire? C'est cela que demande le député? Je voudrais le
savoir.
M. Roy: Je demande au premier ministre de s'engager, aujourd'hui,
en tant que premier ministre du Québec, et de prendre des dispositions
pour qu'un comité spécial soit formé, une commission
spéciale; c'est ce que je demande.
M. Bourassa: M. le Président, je dis, à mon tour,
au député, que c'est absolument inutile, dans le contexte actuel,
étant donné que la loi possède tous les moyens pour
répondre à l'inquiétude du député.
Admettons que nous assumons qu'il est de
bonne foi, admettons qu'il a été négligent,
après les élections, mais là, il peut je ne sais
pas s'il le savait déposer une plainte, ça ne lui
coûtera pas un cent; s'il a le courage de le faire en donnant des noms.il
peut être assuré, puisque c'est quand même un membre
élu de l'Assemblée nationale, que, normalement, ça va
suivre son cours, parce qu'il va être là pour... Il va pouvoir
exercer toute la vigilance nécessaire, à la face de l'opinion
publique.
M. Roy: M. le Président, ce n'est pas un point que je veux
examiner, je veux qu'on en examine plusieurs.
M. Bourassa: Réglons celui-là.
M. Roy: Non, non, pas un à la fois. On va régler le
problème dans son ensemble, M. le Président.
M. Bourassa: Ah! Ah! Bien là, ce n'est pas
sérieux.
M. Hardy: Vous noyez le poisson.
M. Roy: Non, non, je ne noie pas le poisson.
M. Hardy: ...c'est noyer le poisson.
M. Roy: Non, je vous connais. Je vous connais.
M. Bourassa: Alors c'est non?
M. Roy: C'est parce que je vous connais...
M. Bourassa: C'est non?
M. Roy: ...que j'exige que cette question soit examinée
dans son ensemble.
M. Bourassa: Oui, cela c'est...
M. Roy: C'est pour cela que j'ai dit que cela prenait un
comité spécial.
M. Bourassa: C'est de l'hypocrisie, M. le Président, si
vous me permettez de le dire.
M. Roy: Le premier ministre dira ce qu'il voudra. M. Bourassa:
Oui.
M. Roy: Le premier ministre dira ce qu'il voudra...
M. Bourassa: Vous venez...
M. Roy: ...il n'y a personne qui va vous croire dans le
Québec...
M. Bourassa: Oui.
M. Roy: ...lorsque vous venez dire, à un moment
donné, qu'il n'y a pas de substitution de personnes le jour des
élections et qu'il n'y a pas de télégraphes.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Roy: Personne ne va vous croire, M. le Président,
personne ne va croire le premier ministre lorsqu'il va...
M. Hardy: II n'y a personne qui a dit cela.
M. Roy: ...vouloirvenirabrierson candidatdans Beauce-Sud,
à l'effet qu'il n'a pas dépensé un seul sou durant la
campagne électorale.
M. Bourassa: M. le Président... M. Roy: Personne ne vous
croira.
M. Bourassa: M. le Président, ce n'est de cela qu'on
discute.
M. Roy: Dans l'opinion publique.
M. Bourassa: Le député fait de la diversion. Il est
inacapable de répondre à ma question d'une façon franche.
Je lui demande: Oui ou non...
M. Roy: J'ai posé...
M. Bourassa: Laissez-moi poser la question, s il vous
plaît. A-t-il le courage de déposer une plainte et de nommer les
noms des suppositions de personnes qu'il a affirmé connaître au
début de son exposé? C'est ce que je lui ai demandé et je
lui dis en terminant qu'actuellement la loi possède tous les moyens pour
faire respecter ce qu'il veut faire respecter.
M. Roy: M. le Président...
M. Bourassa: C'est oui ou c'est non?
M. Roy: M. le Président, je dis au ministre, et je
répète au premier ministre, je le répète au premier
ministre...
M. Bourassa: Oui, oui.
M. Roy: ...et, sur ce point, je ne lâcherai pas: Je veux
qu'il y ait un comité...
M. Bourassa: Ah! M. Roy: ...de formé. M. Bourassa:
Lâche!
M. Roy: Je m'explique. Que le premier ministre garde ses propos,
cela me passe vingt pieds au-dessus de la tête.
M. Bourassa: C'est tout ce que vous avez comme
réponse?
M. Roy: Quand vous me traitez de lâche. M. le
Président, je n'ai jamais traité le premier ministre de
lâche, j'aurais pu le traiterd'hypocrite bien des fois.
M. Bourassa: Oui, mais déposez la plainte.
M. Roy: J'ai du respect pour un collègue à
l'Assemblée nationale.
M. Bourassa: Déposez la plaintel
M. Roy: Je dis et je répète: que le premier
ministre s'engage publiquement à former un comité de façon
qu'on n'examine pas seulement le cas de la personne qui est allée voter
à la place d'une autre, mais qu'on convoque les responsables, les
organisateurs du Parti libéral. Ce sont eux que je veux voir devant un
comité spécial. Cela, le premier ministre veut les couvrir. C'est
la raison pour laquelle...
M. Bourassa: II n'y a pas de plainte. M. Roy: ...je n'utilise
pas... M. Bourassa: Ah! oui.
M. Roy: ...le mécanisme utilisé par le
gouvernement. C'est parce qu'il y a des responsables de ces choses et je veux
qu'ils comparaissent devant le comité. Ce sont vos organisateurs du
Parti libéral de mon comté...
M. Bourassa: C'est...
M.Roy: ...que je veux voirdevant le comité et que je veux
voir interrogés. C'est la raison pour laquelle j'exige un comité
spécial.
M. Bourassa: M. le Président, je ne sais pas ce qui arrive
aujourd'hui, ce ne sont pas les mécanismes du gouvernement, c'est la loi
de la population, c'est la loi du Québec. C'est la loi judiciaire du
Québec, ce n'est pas la loi du gouvernement. Est-il capable de
comprendre cela ou bien s'il veut faire de la démagogie?
M. Roy: Je ne veux pas faire de démagogie, je dis que le
premier ministre veut abrier ses organisateurs, c'est le point. Je veux que les
organisateurs et les responsables de ces choses soient
démasqués.
M. Hardy: Vous avez des preuves?
M. Roy: Qu'on forme une commission.
M. Bourassa: Ah! oui.
Le Président (M. Blank): Le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare M. Bellemare (Johnson): M. le
Président... M. Bourassa: Vous venez d'être
démasqué.
M. Bellemare (Johnson): ...je n'ai pas besoin de vous dire que
j'arrive avec une proposition dans un climat qui n'est pas tout à fait
favorable. Je voudrais plutôt vous dire qu'entre le passé,
où sont mes souvenirs, et l'avenir, où sont mes espoirs, il y a
le présent où sont mes devoirs. Le présent, M. le
Président, ce n'est pas de rappelertout ce qu'a fait l'Union
Natio-nalede bien ou de mal, ce n'est pas non plus l'avenir de tout ce qui peut
se produire en bien ou en mal dans un parti politique, c'est plutôt le
présent que nous sommes appelés à juger.
La Loi électorale, c'est sûr et certain qu'il faudrait
qu'il y ait certains amendements très sérieux. La commission
parlementairede l'Assemblée nationale pourrait entend re les
députés qui ont vécu des expériences,
particulièrement, et, à ce moment-là, on pourrait
peut-être faire certaines recommandations pour améliorer la Loi
électorale.
Je ne voudrais pas ici qu'on se mette à vider de vieilles
rancunes politiques au sujet de caisses électorales. Qu'on me parle des
fonds de l'Union Nationale pendant plusieurs années, qu'on me parle de
la Suisse, comme l'a fait le premier ministre tout à l'heure, je pense
qu'on n'est pas ici pour discuter de ces problèmes, même si c'est
archifaux et que le premier ministre n'a jamais eu de preuve officielle ni
officieuse à ce sujet.
On est ici, M. le Président, pourétudier un projet de loi
qui nous est soumis par le gouvernement, sur le financement futur des partis
politiques. L'honorable ministre des Affaires culturelles, le 28 janvier
dernier, nous a demandé de répondre à huit questions qui
sont contenues dans les galées de la dernière commission
parlementaire. D'abord, la contribution électorale; deuxièmement,
la création d'une commission de contrôle; troisièmement,
les devoirs et pouvoirs de la commission; les nominations d'agents officiels,
les nominations de vérificateurs; rapports des agents officiels;
sanction et société parapartis.
Il va de soi que cette initiative longuement attendue est un pas dans la
bonne direction pour moi, car, si elle est menée à bonne fin,
elle aura le résultat, nous l'espérons, de mettre fin à
l'hypocrisie des caisses électorales.
Cependant, je trouve surprenant que le gouvernement entame un dialogue
avec les partis de l'Opposition en nous disant, comme c'est rapporté
dans le journal des Débats, par le ministre des Affaires culturelles,
que, sur l'ensemble des principes, son lit est déjà fait. Il me
semble que la discussion devrait porter non seulement sur les modalités
d'application, mais aussi sur certains principes proposés par le
gouvernement, si nous voulons que le sujet soit véritablement
épuisé, une fois pour toute.
Il y a une grande différence, M. le Président, entre
prôner un principe et voir à l'application de certaines
modalités dans la législation. Tout le monde en connaît le
contenu et le contenant. Parmi les propositions qui ont été
faites par le ministre des Affaires culturelles, la semaine dernière,
celle qui a retenu le plus mon attention était la création d'une
commission de contrôle indépendante, telle que le suggérait
le rapport Barbeau en 1966.
Je suis d'accord sur la mise sur pied d'une telle commission, qui serait
nommée par l'Assemblée nationale. Je crois que les membres de
cette commission parlementaire devraient songer cependant, à un mode de
nomination qui donnerait le droit de participation à tous les partis
politiques qui sont représentés à l'Assemblée
nationale. Parce qu'il y a un danger bien évident, si une commission de
contrôle était nommée par l'Assemblée nationale, que
le gouver-
nement au pouvoir avec une majorité assez écrasante
pourrait peut-être, sans le vouloir, nommerdes gens qui ne feraient pas
véritablement, malgré toutes les bonnes recommandations qu'on
pourrait nous citer, puis la longueur des diplômes et le bagage
d'expérience, causer certains préjudices aux partis de
l'Opposition.
Parce que n'oubliez pas, messieurs, que cette création d'une
commission de contrôle indépendante devrait véritablement
être indépendante et non pas sous l'autorité du
gouvernement, qu'elle n'en soit pas seulement la face, "the front " et qu'elle
n'opère pas discrètement, par exemple, sous la recommandation ou
sous les gestesdu gouvernement. C'est pourquoi, en me disant d'accord sur le
principe selon lequel l'Assemblée nationale nomme cette commission, je
crois qu'il y aurait lieu d'adopter des procédures particulières.
Pour nommer les membres de cette commission de contrôle de trois membres,
d'abord l'Assemblée nationale formera un comité ad hoc
composé du président de la Chambre et d'un membre de chaque parti
politique, dûment représenté à l'Assemblée
nationale.
Chaque membre aurait un droit de vote, sauf le président de la
Chambre qui aurait le droit de vote prépondérant au cas
d'égalité des voix. Cette commission proposerait à
l'Assemblée nationale une liste de cinq noms, parmi lesquels
l'Assemblée nationale serait appelée à faire son choix. Il
y aurait plus de satisfaction pour les partis qui se verraient demain
contrôlés d'une manière non seulement partielle, mais
totale, quant aux revenus et dépenses et surtout, quant aux obligations,
devoirs et pouvoirs qu'aurait cette commission de contrôle.
Ce mode de nomination n'est pas nouveau, il existe déjà
dans le code des professions, pour la nomination des membres externes qui,
depuis l'adoption du code des professions par l'Assemblée nationale,
sont appelés à siéger aux bureaux de différentes
corporations professionnelles du Québec. Dans ce cas, c'est le conseil
interprofessionnel qui fournit à l'Office des professions une liste de
150 noms, parmi lesquels l'office doit choisir les membres externes.
Il me semble que ce mode de nomination assurera, à tous les
partis politiques représentés à l'Assemblée
nationale, non seulement le d roit de se faire entendre, mais aussi une
participation directe au choix des membres de cette importante commission de
contrôle. Il ne faut pas que les nominations de ces membres soient
l'apanage d'un parti au pouvoir.
Ce serait là une erreur grotesque et donner beaucoup moins de
poids à la crédibilité dans l'opinion publique et parmi
les partis de l'Opposition à cette commission de contrôle qui doit
être complètement indépendante.
Vous nous avezdemandé, messieurs, particulièrement le
ministre des Affaires culturelles, de vous fournir certaines réponses
à ces questions du début; c'est pourquoi je m'emploie
actuellement à ne soulever aucun débat qui soit contraire
à l'esprit de ce que je veux vous présenter, mais il n'est pas
question d'ouvrir certaines plaies ou de vouloir en fermer certaines autres. Je
crois q ue nous aurions avantage à parler de contribution politique dans
le texte de la loi, plutôt que de parler de contribution
électorale, vu qu'il s'agit de revenus qui sont employés non
seulement à des fins électorales, mais aussi à des fins
d'administration courante en dehors des périodes d'élection.
On emploie continuellement: Contributions à un parti politique.
Je pense que ce serait une contribution électorale qui serait
plutôt bienvenue. Pour ce qui est du plafonnement de la limitation des
contributions à un parti politique, je pense que je suis d'accord sur la
proposition du Parti québécois, à l'effet qu'il y ait le
plafonnement de $1,000 en dehors des périodes électorales et de
$2,000 pendant la période électorale, les deux n'étant pas
cumulatifs, cependant. Cela me semble raisonnable. Cependant, je ne suis pas
dupe. Je sais que la mise en application de ce principe fort louable, en soi,
serait extrêmement difficile. Il nous appartient, à nous, membres
de cette commission, de songer à des normes de divulgation et de
contrôle qui verront véritablement à donner des dents
à une loi éventuelle dans ce domaine. C'est bon, c'est
recommandable d'avoir une loi spéciale de financement des partis. C'est
bon d'y prévoir certains objectifs, certaines motivations. Il est bon,
c'est sûr, de mettre dans la loi certaines prescriptions, mais je pense
qu'il faudra aussi que la loi ait des dents qui soient punitives. La Loi
électorale, comme le disait tout à l'heure le
député de Beauce-Sud, est là pour en donner plusieurs
exemples. Je ne veux pas entrer dans ce débat, mais j'ai eu
personnellement l'occasion de faire de multiples élections, et Dieu sait
combien la loi... On fait comme Saint-Paul, je pense, on respecte la lettre,
mais on manque à l'esprit.
Cependant, je crois que nous ne pouvons pas ignorer le fait qu'une
commission aussi importante que celle qui avait rédigé le rapport
Barbeau en 1966 s'est prononcée contre toute limitation arbitraire des
contributions politiques à un parti. Toujours dans le domaine des
contributions politiques, je suis convaincu que nous aurions avantage à
adopter la recommandation du rapport Barbeau en faveurd'un
dégrèvement fiscal pour les particuliers,
dégrèvement qui se rapprocherait sensiblement de celui qui existe
à l'heure actuelle dans la loi fédérale sur les
dépenses électorales. Un tel stimulant fiscal encouragerait
sûrement les Québécois à participeractivement
à la vie politique du parti de leur choix, bien entendu, et permettrait
aux partis politiques de recueilli r des fonds additionnels. Par exemple, un
sujet qui est brûlant dans l'activité d'aujourd'hui, le
gouvernement fédéral fait un banquet-bénéfice
à Montréal. Tous ceux qui y souscrivent peuvent déduire
l'achat des billets comme contribution à un parti politique, $75 sur
$100. C'est exempté. Le Parti conservateur fait la même chose
à la fin du mois de février, c'est déductible de
l'impôt. Je pense que c'est un bon moyen pour aider les partis à
leur financement. Parmi les pouvoirs que le gouvernement est disposé
à donner à la commission de contrôle, figure celui
d'autoriser les agents officiels des partis et des candidats, non seulement
à recueillir des contributions politiques, mais aussi à les
solliciter. Est-ce que nous devons comprendre que seuls et c'est une
réponse que le ministre devrait me donner les agents
officiels pourront dorénavant solliciter des fonds?
M. Hardy: C'est dans notre intention actuellement.
M. Bellemare (Johnson): Que seul un agent d'un parti officiel
pourrait solliciter des fonds?
M. Hardy:C'est-à-direquej'imaginequ'il pourra avoir des
mandataires, mais il sera le seul à receuillir vraiment des fonds.
L'agent officiel du parti ne pourra pas être dans toutes les
municipalités du comté. Il aura des gens qui vont l'aider.
M. Bellemare (Johnson): Vu qu'il y a dans 110 comtés un
agent officiel, les 110 agents officiels auront droit de le faire et l'agent
officiel du parti aussi, cela en ferait 111.
M. Hardy: C'est cela, exactement.
M. Bellemare (Johnson) : Alors, cela en fera 111.
M. Hardy: II y aura une seule personne qui sera responsable des
finances du parti, c'est l'agent.
M. Bellemare (Johnson): D'accord. Je voulais vous faire
éclaircir ce point. Quant aux sollicitations, cela peut être les
111.
M. Hardy: Oui, les agents des candidats pourront solliciter pour
le candidat.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Roy: Les agents des candidats seront là seulement en
campagne électorale.
M. Burns:... avec les membres d'un parti politique qui
sollicitent...
M. Hardy: Toujours sous la responsabilité de l'agent.
M. Burns: C'est cela. La donation est faite... M.Hardy: A
l'agent. Le chèque est fait à l'agent.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que cela peut être, dans
un parti politique, plusieurs personnes qui sont autorisées, par un
mandat spécial de l'organisation centrale, de solliciterdesfonds.maisqui
doivent être remis, bien entendu, à l'agent officiel d'un parti
qui est reconnu, celui-là, pour faire les rapports qui seront
obligatoires d'après la loi. Est-ce que j'ai bien compris cela?
M.Bourassa: Lorsqu'on regarde l'article 390 au sujet du
député de Beauce-Sud.
M. Bellemare (Johnson): Soyez donc un petit peu avec moi de temps
en temps.
M. Bourassa: Non, c'est parce que...
M. Hardy: Quand on est avec le député de
Beauce-Sud, on est avec vous un peu.
M. Bourassa: II y a une infraction à la loi.
M. Bellemare (Johnson): Je ne partage pas, mon cher monsieur,
votre opinion.
M. Bourassa: Celui qui ne fait rien, quand il est témoin
de télégraphes, commet une infraction à la loi ici,
à l'article 390.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, la Loi
électorale est une chose et le député de Beauce-Sud
adonné son opinion sur la Loi électorale. Moi, je dis que je
donne la mienne sur le financement des partis. Vous nous avez demandé de
venir pour cela.
M. Hardy: Vous êtes pas mal plus dans l'ordre.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, je n'ai pas besoin de vos
compliments.
M. Hardy: Vous ne voulez pas qu'on soit avec vous?
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez une minute, je veux vousdire une
chose. C'est son privilège comme député de faire ce que
bon lui semblera autour de la table et vous n'avez pas le droit de traiter un
collègue de lâche et de ces choses-là, parce que...
M. Bourassa: II le mérite!
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Même s'il le
mérite, ce n'est pas parlementaire et ce n'est pas digne d'un premier
ministre.
M. Roy: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Je pense que le premier
ministre a dépassé sa pensée, il est choqué, il
n'est pas habitué aux débats, il n'est jamais en Chambre. S'il y
était plus souvent, il s'habituerait à ce rôle de
parlementaire.
M. Roy: Venant du premier ministre actuel du Québec, je le
prends pour un compliment, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Ni compliment, ni argument. Le
premier ministre n'est pas dans l'ordre et, en bon parlementaire, il devrait
rester en Chambre de temps en temps et subir le feu qu'on subit, nous autres.
Cela...
M. Bourassa : Qu'est-ce que le député a dit sur le
député de Saint-Jacques?
M. Bellemare (Johnson):... et la peau lui épaissirait.
M. Bourassa: Qu'est-ce que le député de Johnson a
dit sur le député de Saint-Jacques, le 28 décembre?
M. Bellemare (Johnson): J'ai été poli. Même,
je n'en ai dit seulement que le quart. J'ai même regretté d'en
avoir tant dit, parce qu'on ne doit pas faire cela entre parlementaires. Cela
ne devrait pas exister. Mais il m'avait tellement mis en maudit, mon cher
monsieur, la veille et je ne pouvais pas parler, parce que c'était un
article où j'étais personnellement intéressé. Je
lui avais réservé quelques petits accrochages raisonnables.
Relisez-cela et c'est encore bien poli pour Maurice Bellemare.
M. le Président, je dis que le député de Beauce-Sud
a parlé des accrocs à la Loi électorale, c'est son
privilège, on est en commission parlementaire. Vous auriez dû le
laisser faire, pas faire une tragédie pour rien.
M. Bourassa: La loi...
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi une tragédie? Une minute,
on reviendra sur la loi.
M. Roy: Cela lui a fait mal.
M. Bellemare (Johnson): II y aura du temps.
M. Roy: Cela lui a fait mal.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez là... J'ai assez de
misère avec moi. J'ai assez de misère à me contenir. M. le
Président, je pense...
M. Hardy: ... n'est pas consommé.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas vos affaires. Commencez par
ramasser les vôtres et on peut vous en nommer sept de file.
M. Hardy: Comme observateur.
M. Bellemare (Johnson): Sept de file, et vous allez avoir de la
misère avec elles.
M. Hardy: Ils sont en train de vouloir divorcer?
M. Bellemare (Johnson): Vos caucus sont pas mal plus longs
qu'avant.
M. Hardy: Je crois bien, avec 100 députés.
M. Bellemare (Johnson): Et je pourrais vous dire ce qui s'est dit
hier...
M. Hardy: Ils sont plus longs que les vôtres.
M. Bellemare (Johnson): Ils sont unanimes, les miens. Je pourrais
vous dire certaines phrases qui se sont dites hier à votre caucus, qui
n'étaient pas agréables.
M. Hardy: Correct.
M. Bellemare (Johnson): Alors, vous feriez mieux de faire
attention à la discrétion de certains de vos
députés. Maintenant, M. le Président...
M. Hardy: On n'a pas les pouvoirs que vous aviez dans le temps
que vous étiez whip.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais moi je n'ai pas l'écoute
électronique comme vous autres.
Maintenant, M. le Président, si les réponses sont
affirmatives... Je les ai eues. Vous m'avez dit que n'importe qui, dans un
parti autorisé par un exécutif, pourvu que l'agent officiel
puisse en contrôler le revenu et surtout, accuser, dans son rapport
officiel, des dépenses... Très bien.
Vous auriez peut-être avantage à étudier la
recommandation du rapport Barbeau sur le dernier point, pour ce qui est de la
nomination des vérificateurs. Est-ce que ces gens-là vont
être payés par le gouvernement, à temps plein? Les
vérificateurs et les agents officiels?
M. Hardy: Si j'ai bien compris le sens de mes propositions?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Hardy: C'est le parti. C'est chaque parti qui a son
vérificateur, comme une compagnie, comme une association, comme...
M. Bellemare (Johnson): Alors, vous allez nous imposer toutes ces
charges surérogatoires?
M. Hardy: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Vous faites des rapports et puis...
M. Hardy: Cela fait partie des dépenses électorales
et on rembourse une partie des dépenses électorales.
M. Bellemare (Johnson): Je vous pose une question. Tous les
agents officiels des partis seront payés par leur parti?
M. Hardy: Je pense que cela assure une plus grande liberté
aux partis, que chaque parti choisisse son vérificateur.
M. Bellemare (Johnson): Là, vous nous imposez un
vérificateur qui va faire rapport à l'agent officiel, qui lui,
fera rapport au gouvernement?
M. Hardy: Oui, oui. C'est-à-dire à la commission de
contrôle. Le vérificateur va faire comme...
M. Bellemare (Johnson): Voici pourquoi je vous dis que des
vérificateurs, ce ne serait peut-être pas nécessaire.
Regardez bien. Par les partis politiques et... Je me demande
sérieusement s'il ne serait pas mieux de confier à la commission
de contrôle, elle particulièrement qui va être la
responsable de tout le financement de nos partis, la tâche de faire la
vérification des dossiers financiers, des pièces justificatives,
des reçus, ainsi que de l'exactitude des rapports soumis par les partis
politiques et les candidats. Cela
devrait appartenir, cette vérification, à la commission de
contrôle. Je pense qu'elle, avec beaucoup plus d'autorité qu'une
vérification interne faite par nous, pourrait donner de bien meilleurs
résultats.
M. Hardy: Elle va être faite par la commission de
contrôle également.
M. Bellemare (Johnson): Un instant. Oui, ouil C'est là la
recommandation du rapport Barbeau. Regardez à la page 62 et vous allez
voir que le rapport Barbeau donne ici, dans son rapport, justement ces
précisions que la commission de contrôle devrait être, elle,
l'agent vérificateur de toutes les pièces justificatives et de
tous les reçus de tous les partis politiques. Je crois que cette
recommandation devrait être suivie.
Il existe également une autre recommandation du rapport Barbeau
que je trouve intéressante, et que nous aurions avantage à
discuter au cours des semaines qui viendront. Il s'agit de la recommandation
suivante: Le contrôleur dans notre cas, il s'agit de la commission
de contrôle devrait accorder priorité à toute
requête signée par vingt électeurs d'une circonscription
électorale quelconque. Dans une circonscription, quand il y aurait vingt
électeurs qui demanderaient une vérification, que la
vérification des comptes du candidat soit ordonnée et que la
commission de contrôle le fasse. Dès qu'il y a une demande de
vingt électeurs qui demandent que la commission de contrôle fasse
un examen, contrôle complet de la véracité des comptes.
M. Hardy: Cela va se faire automatiquement, vous n'avez
même pas besoin de le demander.
M. Bellemare (Johnson): Une minute!
M. Hardy: La commission de contrôle, d'après notre
projet, elle...
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, ne mettez pas trop de
délai, ne mettez pas trop de latitude non plus; la commission de
contrôle, si elle veut être efficace, il va falloir qu'elle
contrôle. On s'attend à cela.
M. Bourassa: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): Parce que là, vous autres, vous
êtes en train de vouloir savoir tout ce qui se passe chez nous. C'est la
manière que vous prenez.
M. Bourassa: Bien oui, mais vous dites qu'on a de l'écoute
électronique.
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Vous avez bien d'autres choses
aussi. Vous en avez eu dans Johnson une maudite gang de gars, je ne recommence
pas cela.
M. Bourassa: Tut! tut! tut!
M. Bellemare (Johnson): Tut! tut! tut! oui.
M. Hardy: Est-ce que vous avez, vous aussi, été
témoin d'irrégularités à la loi, puis vous n'avez
rien dit?
M. Bourassa: 390.
M. Bellemare (Johnson): Monsieur, j'ai été un homme
qui a gagné l'élection contre un parti tout-puissant.
M. Hardy :Avez-vous été témoin
d'irrégularités?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je ne suis pas
devant un juge pour répondre, je suis devant une commission
parlementaire.
M. Hardy: Ah! parce que vous êtes encore dans les
délais, vous.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, certain. M. Bourassa: 390.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je suis...
M. Bourassa: Ceux qui sont témoins et qui ne font rien
sont passibles...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai
été élu contre un gouvernement qui a pris tous les moyens
pour se fai re élire. Ne me commencez pas ce débat aujourd'hui.
L'honorable premier ministre a dit dans une grande déclaration: C'est le
prestige, la bonne réputation de l'ancien député de
Champlain... non, non, c'est une défaite, tout le temps.
M. Bourassa: Vous l'avez dit à "Appelez-moi Lise"
celle-là.
M. Bellemare (Johnson): Oui, puis je la répète,
parce que je ne sais pas si elle vous a fait mal, mais vous l'avez
écoutée.
M. Bourassa: Non, on me l'a rapportée en riant.
M. Bellemare (Johnson): En riant. Mais elle vous a fait mal
pareil, parce que cela a été une défaite qui vous a
humilié. C'est bien de valeur...
M. Bourassa: Ah!
M. Bellemare (Johnson): Ah! oui. Quand on voit...
M. Bourassa: Le député de Johnson s'est
vanté partout d'avoir l'appui des libéraux, comment est-ce qu'il
peut dire que...
M. Bellemare (Johnson): Moi, je me suis vanté d'avoir
l'appui des libéraux? M. le Président, quel blasphème
épouvantable! Il mériterait d'être excommunié. Je
n'ai jamais dit que j'avais l'appui des libéraux, M. le
Président. M. Paul Desrochers...
M. Hardy: ... qui ont voté pour vous...
M. Bellemare (Johnson): Les quelques-uns, peut-être pas si
nombreux. Mais en tout cas, M. Paul Desrochers
avaitétéquestionné parles journalistes et on lui a
demandé: Qu'est-ce que vous pensez de M. Maurice Bellemare? Il adit:
C'est le candidat à battre. Le lendemain, forts de cette réponse,
ils sont venus me voir et ils ont dit: II paraît que M. Desrochers adit
que vous êtes l'homme à battre. J'ai dit: C'est bien raisonnable,
l'élève ne peut pas dépasser son maître. Il a
déjà travaillé pour moi dans les élections
partielles. C'est sûr.
M.Hardy: II a déjà travaillé pour vous, puis
il a été battu.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Hardy: A une élection générale dans
Terrebonne, iltravaillaitpourvous, puissoncandidataété battu.
M. Bellemare (Johnson): Cela prouve...
M. Hardy: Cela prouve que quand il était avec vous autres,
il n'était pas aussi bon.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, il y a une chose
qui reste certaine, j'ai mal compris, immédiatement après
l'élection de Johnson, pourquoi il est disparu de la "map".
M. Bourassa: II avait démissionné; il a
démissionné depuis avril dernier.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il avait
démissionné dans Johnson?
M. Bourassa: II avait démissionné comme
conseiller.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il était dans un
motel?
M. Burns: II était pigiste. M. Hardy: Quel
motel?
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il était dans le
motel...
M. Burns: II était pigiste.
M. Roy: II était à temps partiel. Il avait
démissionné à temps plein, il était à temps
partiel.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, sa chambre, son
numéro et son lieu de résidence étaient bien connus, et
surtout, ses communications étaient très suivies.
M. Hardy : Vous aviez de l'espionnage électronique?
M. Bellemare (Johnson): Non, non! on avait du bon sens, on avait
du radar.
M. le Président, donc je continue. Que la commission de
contrôle ait le pouvoir de recommander à l'Assemblée
nationale la révision de la Loi électorale. Cela devrait
être très important, que la commission de contrôle ait le
pouvoir de recommander à l'Assemblée nationale
l'amélioration de la Loi électorale dans certains cas, parce
qu'elle va s'apercevoir de bien des failles, comme l'a dit le
député de Beauce-Sud, cet après-midi, des failles
difficiles. Elle, la commission de contrôle, devrait avoir le pouvoir de
transmettre au gouvernement certaines recommandations, comme le fait le
vérificateur de la province, quand il passe en revue toute
l'administration provinciale.
Alors, compte tenu des expériences vécues par celle-ci
dans l'application quotidienne des dispositions législatives, la
commission de contrôle aurait, entre autres, le mandat de suggérer
des change-mentsdans les limitationset les subventions prévues par la
loi afin de les ajuster aux réalités économiques. C'est la
commission de contrôle qui devra faire cela. Quant au quantum à
être payé, quant aux difficultés qu'on rencontre dans la
nomination, parexemple, la préparation d'une liste électorale
l'honorable député de Beauce-Sud en a parlé
c'est difficile pour un parti d'Opposition, qui ne peut pas être
représenté lors de la confection de la liste, d'avoir une liste
permanente aussi bonne. Mais on peut avoir des soupçons et c'est permis
d'en avoir.
Il nous faut, personnellement, refaire cette liste électorale
pour savoir, d urant l'année, si elle est bien exacte. Je pense que la
commission de contrôle pourrait faire, à ce moment-là, une
recommandation au gouvernement pour que, en ce qui regarde le recensement, qui
est une phase clef dans le système d'élection...
M. Hardy: Cela ne coûte rien aux partis. M. Bellemare
(Johnson): Pardon?
M. Hardy : Cela ne coûte rien aux partis, le
recensement.
M. Bellemare (Johnson): Le recensement ne coûte rien aux
partis?
M. Hardy: Cela n'a aucune incidence sur les finances des partis
politiques.
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Maiselle. la commission,
pourrait faire, quand elle aura constaté que c'est bien qu'il y ait au
moins un représentant des partis d'Opposition...Qu'est-ce que cela
changerait? Mais combien plus la Loi électorale...
M. Hardy: On est prêt à écouter
ça.
M. Bellemare (Johnson): Bon. Quand on reviendra sur la Loi
électorale...
M. Hardy: On en a fait beaucoup, depuis 1970. des réformes
électorales et on va continuer.
M. Bellemare (Johnson): Oui. oui.
M. Hardy: On n'arrêtera pas avec celle-là.
M. Bellemare (Johnson): Du temps de Taschereau, c'était
effrayant. C'est de ça que vous voulez parler?
M.Hardy: Bien, il y a eu la Loi Dillon du temps de
Taschereau...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Hardy :... et, après ça, il y a eu l'autre loi,
quand vous avez aboli le deuxième recenseur dans la villede
Montréal. Cela s'équivaut...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Hardy:... l'Union Nationale et le Parti libéral
là-dessus...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la Loi Dillon a
été retirée?
M. Hardy: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la Loi Dillon a
été retirée?
M. Hardy: Oui. Dans la nouvelle Loi électorale que les
libéraux ont adoptée en 1961...
M. Bellemare (Johnson): Un instant. C'est nous qui l'avons
retiré en 1946...
M. Hardy: Ah oui!
M. Bellemare (Johnson): ... le bill Dillon.
M. Hardy: Et vous avez...
M. Bellemare (Johnson): Quand on a fait supprimer le
deuxième recenseur, on l'a réparé, nous aussi. Vous
regarderez, mon cher; vous parlez trop vite, vous.
M. Hardy: Ah! Bien, vous aviez raison.
M. Bourassa: Vous l'avez réparé comment?
M. Bellemare (Johnson): On l'a changé et on est revenu au
texte.
M. Bourassa: Ah! Vous vous étiez trompés la
première fois.
M. Bellemare (Johnson): Oui, monsieur. M. Bourassa: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): Vous aussi, vous vous êtes
déjà trompé. Et vous allez vous tromper encore.
Errarum...
M. Hardy: Errare humanum est.
M. Bellemare (Johnson): Errare, c'est correct!
Je vais continuer. Je vous dirai: Sicut erat in princi-pio, comme vous
avez été au commencement, comme vous serez à la fin!
Alors, en ce qui concerne le rapport des agents officiels, je me demande
s'il est absolument nécessaire d'avoir le rapport détaillé
et le rapport général. De nature, je me méfie des
procédures bureaucratiques que je trouve aliénantes et
déshumanisantes.
M. Hardy: Je partage un peu votre point de vue.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Parce qu'il y a là quelque
chose qui nous laisse détecter un peu la couleur ou la manière de
voter d'une certaine personne. Pourquoi ne pas se limiter à un rapport
détaillé qui serait envoyé à la commission de
contrôle et déposé à l'Assemblée nationale
pour que tous les contribuables puissent en prendre connaissance, sans
exception? Je trouve que là vous faites de la bureaucratie et vous la
mettez plutôt déshumanisante.
Dans le domaine des sanctions, domaine pourtant extrêmement
important, j'ai été surpris de noter que le gouvernement n'a fait
aucune recommandation. En plus de prévoir des amendes
élevées pour tous ceux qui contreviennent à la Loi
électorale, je crois que nous aurions avantage à adopter
intégralement la recommandation du rapport Barbeau qui donne à la
commission de contrôle le pouvoir d'intenter des poursuites je
cite son propre texte "de son propre chef, à sa propre
discrétion et aux frais de l'Etat. "Cela, dans la loi, ce serait
effectif. Cela lui donnerait des dents, cela lui donnerait un pouvoir. Nommer
une commission de contrôle sans pouvoirs, vous ne me ferez pas
croire...
M. Hardy: C'est justement ce que le député de
Beauce-Sud aurait dû faire.
M. Bellemare (Johnson): Arrêtez-moi donc ça, M. le
Président. Pourquoi ne pas être sérieux pour une fois?
M. Hardy: Je suis sérieux.
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Vous badinez et vous
essayez...
M. Hardy: Vous dites exactement ce que le député de
Beauce-Sud aurait dû faire.
M. Bellemare (Johnson): ... de le blesser pour rien.
M. Roy: M. le Président, si le député de
Johnson me le permet, je veux dire ceci au député de Terrebonne,
ministre des Affaires culturelles.
M. Hardy: Oui.
M. Roy: Je ne jouerai pas votre petit jeu.
M. Hardy: II n'y a pas de jeu là-dedans.
M. Roy: Non, non, je ne jouerai pas votre petit jeu.
M. Hardy: 390.
M. Roy: Quand bien même que vous le répéterez
100 fois cet après-midi, 200 fois dans l'avenir, je ne jouerai pas votre
petit jeu.
M. Hardy: 390.
M. Roy: Quand vous aurez une commission de formée, qui
aura le mandat et le pouvoir de convoquer les organisateurs de parti s, qui
font du chantage auprès de certaines personnes... Vous voudriez que je
traîne devant les tribunaux des personnes pauvres de mon
comté...
M. Hardy: Continuez à patiner.
M. Roy: ... pour leur faire payer l'amende; je ne jouerai pas ce
petit jeu.
M. Bellemarre (Johnson): M. le Président... M. Roy:
Je dis à l'attention du ministre...
M. Bellemare (Johnson):... l'honorable député de
Beauce-Sud va me laisser finir...
M. Roy: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): D'accord. J'en ai pas pour longtemps. Je
suis, moi aussi, très émotif et je pourrais...
M. Hardy: Je n'admets pas ce que vous dites.
M. Bellemare (Johnson): Bon. Merci. C'est bon aussi ce qu'il dit
parce que cela vous a fait mal.
M. Bourassa: Oui. L'article 390.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, vous, là! M. le
Président, rappelez le premier ministre à l'ordre!
Le Président (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): En vertu du bill 22. vous avez le droit,
en français.
Une Voix: En français!
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Order, gentlemen,
please.
M. Bellemare (Johnson): Parce que vous en êtes un, vous,
sur le bord.
M. le Président, il y a trois choses...
M. Bourassa: Sur le bord de quoi? A cause du bill 22, il
laisserait le Parti libéral?
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Sur le bord d'être
nommé ministre. Vous avez mal compris!
M. le Président, il y a trois choses sur lesquelles je voudrais
attirer l'attention du gouvernement. Je crois que nous aurions avantage aussi,
M. le Prési- dent, à étudier les problèmes connexes
que représentent les sociétés parapolitiques. Est-ce que
les sociétés parapolitiques, cela pourrait être la longue
liste de la Société Saint-Jean-Baptiste, de la CSN, la FTQ, tout
cela, tous ces mouvements, la Ligue des droits de l'homme, l'aide juridique, le
parti communiste, le parti socialiste, les chambres de commerce...
M. Hardy: Vous n'aurez pas bonne presse en faisant des affaires
de même!
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, je ne tiens pas à avoir
bonne presse. Je dis qu'on étudie actuellement une loi de
fonctionnement...
M. Hardy: Vous êtes un homme courageux.
M. Bellemare (Johnson): Ne doit-on pas, M. le Président,
à cette occasion, regarder les problèmes connexes que
représentent les sociétés parapolitiques? C'est important
aussi dans le financement d'un parti. C'est important parce que...
M. Hardy: C'est difficile.
M. Bellemare (Johnson): C'est difficile mais c'était
difficile de faire la classification des 272.000 fonctionnaires.
M. Hardy: Je partage l'opinion du député de
Maisonneuve. C'est difficile.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais cela peut se faire. Comme le
bénévolat.
M. Bourassa: La FTQ-construction.
M. Bellemare (Johnson): Le bénévolat. M. le
Président. Si mon voisin a une grange à peinturer, je vais la
peinturer. Parce qu'il n'a que de la peinture rouge, je vais la peinturer en
rouge. C'est bénévole. Si, une fois que la peinture est faite, il
m'envoie un compte, ce n'est plus du bénévolat.
M. Hardy: Une grange rouge, cela paraît bien.
M. Bellemare (Johnson): Tant que cela ne dépasse pas le
coût, ce n'est pas dangereux.
M. le Président, il y a une autre chose qui est très
importante parce que le bénévolat, M. le Président, c'est
de l'éducation populaire. Il y a un parti, dans la province, qui nous en
a donné un exemple extraordinaire de bénévolat. C'est le
Parti créditiste. indépendamment de M. Samson, de M. Roy ou de
tous les autres chefs. Pas un, à cette commission, ne voudra pas
admettre que le Parti créditiste, sur cela, nous a donné une
excellente leçon. Ils ont motivé leurs troupes en leur
prêchant une doctrine bénévole.
M. Hardy: Ils sont tellement motivés qu ils passent leur
temps à se chicaner.
M. Bellemare (Johnson): Un instant. Cela, c est un autre
problème. Pourquoi ne pas rendre témoignage à la
vérité?
M. Hardy: M. Dupuis était un bon
bénévole.
M. Bellemare (Johnson): Ce serait, M. le Président...
M.Roy: II se cache derrière son intellectualisme.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, rendons
donc...
M. Roy: C'est à sa dimension.
M. Bellemare (Johnson): Soyons donc assez généreux
pour ne pas être partisans.
M. Bourassa: On n'a pas de rapprochement à faire, nous
autres.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, mais...Vous en avez
déjà à aller chercher, parce qu'il va vous en manquer
quelques-uns, la prochaine fois. Il va vous en manquer.
M. Hardy: On n'a pas à faire des fréquentations
plus ou moins...
M. Bellemare (Johnson): Comment, des fréquentations? J'ai
couché avec des créditistes, mon cher monsieur, dans Johnson, et
j'ai trouvé qu'ils couchaient bien!
M. Hardy: Evidemment, le partenaire...
M. Bellemare (Johnson): Ils ne sont pas comme vous autres. Ils ne
se mettent pas les mains où ils n'ont pas d'affaire!
M. Hardy: Cela dépend des exigences du partenaire, cela,
vous savez!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Hardy: ... plus ou moins exigeant pour le partenaire selon
notre situation.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, il y a une chose
qui reste certaine. Entre un lit et une crèche, il y a une grosse
différence. Il y en a qui couchent bien mieux dans des crèches
que dans des lits.
M. le Président, il y a une autre chose. Le
bénévolat, on devrait respecter cela, parce que c'est un
thème que, je pense, au point de vue de l'éducation, dans le
peuple, on devrait développer plus intensément. Mais il y a une
autre chose qui me fait mal, qui fait mal à tous les partis politiques.
Ce sont les maudits sondages.
Une Voix: ...
M. Bellemare (Johnson): Non, non! Je crois bien, M. le
Président, que cela ne fait pas mal au premier ministre quand c'est
favorable, mais quand cela va commencer à être...
M. Hardy: Quand c'est favorable, un sondage, cela peut faire mal,
si c'est trop favorable.
M. Bourassa: Parce que les gens vont dire: II est trop fort, on
vote contre.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai lu et j'ai
ici...
M. Hardy: Le sondage, en 1966, c'est grâce àcela que
vous aviez été élus.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je n'ai pas
besoin de vous dire...
M. Hardy: Vous avez été élus grâce aux
sondages, en 1966.
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc!
M. Hardy: Tout le monde disait: Lesage est trop fort. Il faut
voter pour...
M. Bellemare (Johnson): Bien là, ils vont dire la
même chose à la prochaine et on va être au pouvoir. Vous
allez voir!
M. Hardy: Et vous êtes contre les sondages?
M. Bellemare (Johnson): Pasde sondages, M. le Président.
Le sondage, dès que les avis vont être publiés, selon
lesquels les élections générales ou partielles sont
déclarées il y a un terme pour dire cela, les...
M. Hardy: Les brefs.
M. Bellemare (Johnson): L'émission des brefs. On devrait
alors interdire tout sondage possible. Je pense que, pour tous les partis
politiques, quels qu'ils soient...
M. Bourassa: Est-ce faisable? M. Bellemare (Johnson):
Oui.
M. Bourassa: S'il y a un sondage à Ottawa, qui est rendu
public à Ottawa?
M. Bellemare (Johnson): Comment, à Ottawa?
M. Hardy: Quelqu'un fait un sondage de New York.
M. Bellemare (Johnson): Mais si la province de Québec n'a
pas le droit de le publier dans la province de Québec.
M. Bourassa: Oui, mais par les ondes. Cela ne s'arrête pas
aux frontières.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, vous avez tout de
suite trouvé un argument pour défendre le système.
M. Hardy: Cela fait longtemps que nous sommes sur cela. Nous ne
faisons pas que commencer. Cela fait des mois et des années que nous
étudions ces questions.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, vous nous
invitez, cet après-midi, à répondre, à vous donner
des arguments.
M. Hardy: Oui, oui, c'est bon.
M. Bourassa: Nous y avons pensé, mais c'est parce que nous
nous demandons si...
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, consultez-nous aussi,
l'Opposition.
M. Bourassa: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): Nous allons vous faire des bonnes
suggestions.
M. Bourassa: C'est parce que c'est un problème...
M. Bellemare (Johnson): Je pense que ces trois choses-là,
les sociétés parapolitiques, le bénévolat et les
sondages après que l'émission des brefs est faite, ça
devrait être sérieusement discuté.
M. Hardy: Faites-nous des suggestions pratiques.
M.Bellemare(Johnson):Oui,je pense que nous allons pouvoir vous en
fournir d'ici à ce que la loi soit publiée. Parce que je
prétends que ça fausse, pour un bon pourcentage, la
mentalité de bien des gens. Je n'ai pas à me plaindre des
sondages qui ont été faits, surtout le dernier, par l'IQOP; on
m'a donné dix au lieudecinq, j'y ai gagné un peu; c'était
moi, Maurice Bellemare, ce n'est pas si mal.
M. Hardy: Cinq à l'Union Nationale et cinq à
Maurice Bellemare.
M. Bellemare (Johnson): Non. non, dix à Maurice Bellemare.
Ils avaient comparé...
M. Hardy: II y avait déjà eu cinq quand vous
n'étiez pas là.
M. Bellemare (Johnson): Bien plus que ça, dans ce rapport,
on dit: Quel est celui qui serait le meilleur pour administrer la province,
demain? J'ai passé avant le premier ministre.
M. Bourassa: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Oui. C'est effrayant, n'est-ce pas?
M. Bourassa: J'avais quatre fois plus d'appuis que vous en
aviez.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord, mais, pour mener la
province, ce n'était pas pareil.
Mais, les sondages, on devrait y penser très sérieusement
et mettre un holà à cela, comme on a mis certains freins à
d'autres abus; c'est devenu, aujourd'hui, un abus. Qui fait les sondages?
Quelles sont les personnes qui sont autorisées à les faire? Cela
peut être n'importe qui, demain matin.
Je pensais que, dans Johnson, celui qui était responsable des
troupes sortirait le rapport qu'il avait sur une enquête qu'il avait fait
faire.
M. Bourassa: Nous avions un sondage.
M. Bellemare (Johnson): Je l'avais, moi aussi.
M. Bourassa: II y avait 30% pour vous, 12% pour les
créditistes et vous avez eu le vote créditiste.
M. Bellemare (Johnson): Non, M. le Président,
l'élection a eu lieu le 28 août, le rapport est arrivé au
bureau le 16 au matin et il était archicontre le Parti libéral,
archicontre. On ne l'a pas sorti. J'ai envoyé quelqu'un voir les
autorités du Parti libéral, j'ai demandé de le
publier.
M. Bourassa: Le sondage des péquistes avant
l'élection?
M. Bellemare (Johnson): Non.
M.Bourassa: Pas celui qui a été
dénoncé par M. Lévesque lui-même, ce n'est pas de ce
sondage que vous parlez?
M. Bellemare (Johnson): Là, comme d'habitude, vous essayez
d'amener une digression.
M. Bourassa: II y avait un sondage...
M. Bellemare (Johnson): Lâchez-les donc, les
péquistes. Vous en avez donc bien peur! En Chambre, le premier ministre
ne fait pas ça.
M. Hardy: Je vais vous dire bien honnêtement
qu'actuellement, moi j'ai plus peur des péquistes que de vous.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord, on verra ça tout
à l'heure. Cela prouve aussi que vous en avez plus peur. Le premier
ministre n'est pas capable de se lever, en Chambre, une seule fois, pour
répondre à une question...
M. Bourassa: C'est parce que j'ai le député de
Maisonneuve en face de moi. C'est de sa faute.
M.Bellemare(Johnson): Non,ce n est pas de sa faute.
M. Burns: Je n'ai pas dit un mot. Pourquoi me mêlez-vous
à cette affaire-là?
M. Bellemare (Johnson): De toute façon. M. le
Président...
M. Bourassa: Sur l'application pratique, on peut en parler
tantôt, mais au sujet des sondages, nous y
avons pensé, quitte à prendre une décision au
mo-mentopportun, mais, en pratique, pourrions-nous le faire si, à Ottawa
ou à la frontière américaine, ça pouvait être
publié? Est-ce que légalement on peut forcer...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, d'abord, ceux qui
font les sondages devraient être habilités, reconnus, des gens
connus, pas n'importe qui. Si ce sont des universitaires ou des gens qui ont un
organisme pour le faire, peut-être que j'aurais beaucoup moins de...
Mais, quand c'est fait avec discrimination, sur certains groupes de la
population qu'on connaît presque à l'avance, dans un certain
territoire où l'on sait que la mentalité est différente de
celle d'un autre et que c'est fait volontairement... Ecoutez, il faudrait qu'il
y ait un contrôle et surtout que les personnes qui font ces sondages
soient habilitées par...
M. Bourassa: Une commission indépendante?
M. Bellemare (Johnson): Non, que la commission de contrôle
y voit. Ce serait une belle responsabilité à lui donner. Ou, si
vous aimez mieux, le président général des
élections. Mais je pense que le président général
des élections a une réputation extraordinaire, c'est sûr,
il est là depuis de nombreuses années.
M. Bourassa: Depuis 1944.
M. Bellemare (Johnson): D'ailleurs, son vénérable
père avait donné un témoignage probant
d'honnêteté dans la province et, aujourd'hui même, je pense
que personne ne peut lui faire de reproche, que je sache, dans l'exercice de
ses fonctions.
Il y a eu des tempêtes dans ce bureau, certains jours. Je n'ai pas
toujours été un gars bien bien poli; parfois, je suis correct,
mais modéré plutôt que poli, parce que j'ai
été poli à l'endroit du président.
Ce sont là, M. le Président, les quelques
réflexions que j'ai à faire en ce moment sur les mesures
législatives souhaitables se rapportant au financement des partis.
M. Bourassa: C'est parce que le député de
Beauce-Sud a soulevé la question des élections à date
fixe. J'ai dit, M. le Président, que, dans un régime
parlementaire, c'est très difficile d'avoir des élections
à date fixe, parce qu'il peut arriver que des projets de loi doivent
être adoptés à un moment donné; si on a des
élections à date fixe et si on prolonge le débat...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce que les
Etats-Unis n'ont pas une élection à date fixe?
M. Bourassa: C'est un régime...
M. Hardy: C'est un régime présidentiel.
M. Bourassa: ... présidentiel.
M. Hardy: II n'y a pas la responsabilité
ministérielle.
M. Roy: M. le Président, sur ce point, parce que le
premier ministre a cité...
M.Hardy: Dans notre système, les députés
pourraient renverser le cabinet n'importe quand.
M. Roy: M. le Président, si...
M. Hardy: II avait posé une question!
M. Roy: Oui.
M. Hardy: C'est vous qui l'avez interrompu.
M. Roy: C'est le premier ministre qui a posé la question,
je m'excuse.
M. Bellemare (Johnson): Ne lui cherchez donc pas noise pour rien,
vous êtes donc méchant!
M. Hardy: C'est un bon garçon.
Une Voix: Ils ne sont pas de bonne humeur.
M. Bellemare (Johnson): Le député de Beauce-Sud est
un gars honnête, c'est un bon garçon.
M. Hardy: C'est un gars honnête; il n'a qu'un
problème, il déraille de temps en temps.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, non! Dire que son argumentation
est fausse, ce n'est pas beau cela, M. le Président.
M. Hardy: Dérailler? C'est mieux que faux. M. Roy:Je veux
rassurer le député de Johnson...
M. Hardy: Parce que faux, cela implique une faute morale tandis
que dérailler, c'est...
M. Roy: Je veux rassurer mon collègue de Johnson,
déraillerdans l'espritdu député deTerrebonne, on ne peut
pas prendre cela comme un reproche parce que je pense qu'il aurait
lui-même de la difficulté à le définir.
Je veux répondre au premier ministre lorsqu'il a dit tout
à l'heure que j'ai parlé des élections à date fixe.
Il y aurait lieu de repenser tout cela. Je ne parle pas d'en venir à un
système présidentiel demain matin, mais, au niveau
législatif, pour quelle raison le gouvernement joue son prestige chaque
fois qu'il présente une loi devant l'Assemblée nationale?
M. Hardy: C'est notre régime, cela.
M. Roy: II y aurait un débat, à faire
là-dessus. Dans toutes ces choses, on ne parle pas des droits des
électeurs qui mandatent quelqu'un pour les représenter devant
l'Assemblée nationale. Toute la question de la législation,
à la minute où un projet de loi est déposé devant
l'Assemblée nationale par le gouvernement, ce projet de loi met en jeu
le prestige et l'avenir du gouvernement. Tous les députés du
côté ministériel sont obligés de voter pour; cela,
on
le sait, M. le Président. Cela fait que, justement, il y a bien
des lois qui ne sont pas celles désirées par la population.
M. Bourassa: II y en a qui ont voté contre. M. Roy: Je ne
veux pas faire un débat là-dessus. M. Bourassa: II y en a
qui ont voté contre.
M. Roy: Oui, pour la loi 22, mais on a vu quelle a
été votre réaction, M. le premier ministre, à ce
moment-là, quand les élus du peuple sont suspendus du caucus,
comme vous l'avez fait. Alors, vous n'avez pas à vous vanter de cet
exemple.
M. Bourassa: C'était la ligne...
M. Roy : Ce n'est pas un exemple de démocratie.
M. Bourassa: C'était la politique du gouvernement.
M. Hardy: Est-ce qu'il y a des députés
créditistes qui ont voté contre leur parti?
M. Roy: Je ne parle pas...
M. Hardy: Quand vous étiez douze ou treize, est-ce
arrivé une fois qu'un député...
M. Roy: Quand il y a eu des lois...
M. Hardy: Avant la chicane; je ne parle pas d'après la
chicane, avant la chicane.
M. Roy: Non, non, quand il y a eu des lois déposées
à l'Assemblée nationale, les députés
créditistes ont fait leur devoir.
M. Bellemare (Johnson): C'est mauvais, c'est mauvais. Ce n'est
pas parlementaire.
M. Hardy: Oui, oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): Arrêtez de radoter.
M. Hardy: Vous qui avez été là de 1944
à 1960.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai jamais fait cela, moi.
M. Hardy: Voyons donc!
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas de danger.
M. Hardy: Heureusement qu'il n'y avait pas de journal des
Débats!
M. Bellemare (Johnson): Heureusement qu'il y en a un pour
vous.
M. Hardy: Moi, j'étais étudiant et j'étais
dans les galeries et je vous voyais faire. Je me le rappelle.
M. Bellemare (Johnson): Puis?
M. Bourassa: C'était tout un spectacle.
M. Bellemare (Johnson): Mais je dois vous dire une chose...
M. Hardy: Quand M. Duplessis vous faisait cela de
même...
M. Bellemare (Johnson): Ouais, puis?
M. Hardy: ... vous deveniez tout rouge, vous retourniez et vous
lanciez des choses. Hein?
M. Bellemare (Johnson): C'est faux!
M. Hardy : Vous disiez à M. Lafrance: Ce n'est pas vrai,
cela? Moi, j'étais en haut.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, pensez-vous que
le député de Champlain, qui a eu le courage de se
présenter comme maire, malgré la défense formelle que
l'honorable premier ministre avait faite...
M. Bourassa: II n'a plus recommencé après.
M. Bellemare (Johnson): Bien non, il est mort l'année
suivante.
M. Hardy: C'est la seule faute que vous ayez commise de 1944
à 1960?
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas cela, M. Duplessis ne
voulait pas qu'on ait double mandat. Il a dit: Ecoutez, vous en avez assez d'un
mandat, exécutez-le comme il faut. Double représentation.
M. Bourassa: Vous n'avez pas écouté votre chef?
M. Hardy: Surtout vous...
M. Bellemare (Johnson): J'avais quelque chose à
régler.
M. Hardy:... qui aviez la tâche de distribuer les discours
aux députés qui avaient le droit de parler dans votre parti.
M. Bellemare (Johnson): C'est moi qui écrivais cela?
J'étais fin.
M. Hardy: Non, vous ne les écriviez pas, mais vous les
distribuiez.
M. Bellemare (Johnson): Je les distribuais ? M. Hardy: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Parce que je faisais de la polycopie.
M. Roy: Le député de Terrebonne se reconnaît.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Hardy: Non, j'étais étudiant et je regardais
cela.
M. Bourassa:... je ne veux pas que le député...
M. Bellemare (Johnson): J'espère.
M. Bourassa: On pourrait, on ne le fera pas et je voudrais que le
député de Beauce-Sud lise l'article 390 de la Loi
électorale.
M. Roy: Je l'ai lu.
M. Bourassa: II l'a lu?
M. Roy: Oui.
M. Hardy: Et cela ne vous inquiète pas?
M. Roy: Non.
M. Bourassa: Quelqu'un qui est...
M. Hardy: Vous êtes chanceux que les délais soient
passés.
M. Roy: Non, non, cela ne m'inquiète pas du tout et,
même si les délais n'avaient pas été passés,
j'aurais dit la même chose devant la commission parlementaire.
M. Bourassa: Celui qui tolère...
M. Roy: La même chose exactement.
M. Bourassa: ... les suppositions...
M. Roy: Je n'ai pas toléré, c'est vous autres qui
les avez tolérées.
M. Hardy: On ne le sait pas. On ne peut pas deviner.
M. Bourassa: Comme...
M. Roy: On ne peut pas blâmer le président des
élections, cette chose-là n'a pas été portée
à sa connaissance.
M. Hardy: C'était à vous de la porter.
M. Roy: On ne peut pas le blâmer. Mais je ne jouerai pas
votre jeu parce que, dans la Loi électorale, il y a des amendements qui
s'imposent de toute urgence.
M. Bourassa: Ah bon! Ah, un bel aveu! M. Roy: Je ne
jouerai pas votre jeu. M. Bourassa: Un bel aveu.
M.Roy: II y a des choses qui s'imposent de toute urgence.
M. Bourassa: Respectez la loi.
M. Roy: Je vous ai empêché de continuer à
faire les abus que vous faites.
M. Bourassa: Alors, M. le Président...
Le Président (M.BIank) A I'ordre! Est-ce qu'il y a d'autres
opinants?
M. Bourassa: Le député...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai
oublié, juste une remarque. Ce serait peut-être bon que
quelques-uns lisent l'article de la réforme du financement des partis de
M. Claude Ryan, dans le Devoir du 30 janvier.
M. Hardy: Ce n'est pas loin de notre projet.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est très sérieux et
je pense qu'on peut s'en inspirer pour certaines philosophies...
M. Burns: C'est un peu loin sur un point entre autres. Ryan parle
de la divulgation et là-dessus j'aimerais bien, si vous vouliez nous
dire ce que vous en pensez aussi de la déductibilité.
M. Bourassa: On va prendre la déductibilité, j'ai
des réserves pour les raisons que j'ai données. Je me demande si
les contribuables du Québec doivent assumer plus qu'ils assument
actuellement pour le financement des partis politiques. Ce n'est pas à
ce point; les dépenses des partis politiques ne sont pas à ce
point importantes, puis ce n'est pas...c'est fini le temps où on gagne
des élections avec de l'argent. Je ne veux pas citer le cas de l'Union
Nationale, elle avait une grosse caisse...
M. Roy: Pardon, est-ce que le premier ministre peut
répéter ça?
M. Bourassa: C'est fini, M. le Président, je prends
l'exemple de l'Union Nationale, si le député de Johnson me
permet, il a dépensé $600,000 ou $700,000. On se souvient dans
les annonces à la télévision, des dix, quinze annonces,
puis cela a donné quoi comme résultat?
Une bonne idée, un bon thème, je n'ai pas besoin de donner
d'exemples, cela vaut beaucoup plus que n'importe quel montant d'argent pour
gagner des élections.
Une Voix: Vous avez été habile.
M. Roy: Est-ce que le premier ministre veut répéter
la phrase qu'il a dite avant? J'aimerais avoir bien compris.
M. Bourassa: C'est fini l'époque au Québec,
où on gagnait des élections avec de l'argent.
M. Roy: Depuis quand est-ce fini?
M. Bellemare (Johnson): Alors distribuez vos biens...
M. Bourassa: Depuis qu'on est au pouvoir.
M. Bellemare (Johnson): ...le saint homme que vous êtes,
distribuez vos biens, puis on va commencer à croire en vous. Vous
êtes un saint homme, distribuez vos biens, puis on va commencer à
avoir confiance.
M. Bourassa: C'est ça, puis les vôtres?
M. Bellemare (Johnson): Les miens, il ne m'en reste presque plus.
Puis, je n'ai pas honte par exemple de dire ce que j'ai moi; et vous, vous ne
me le direz pas. Le saint homme qui est pur...
M. Bourassa: Vous dites ce que vous avez. M. Bellemare (Johnson):
Oui, ce que j'ai. M. Bourassa: Puis ce que vous savez.
M. Bellemare (Johnson): Vous aussi vous le savez. Mais vous
êtes un saint homme, rempli, mon cher monsieur, de vertus; distribuez-les
donc vos biens.
M. Bourassa: J'abolis la caisse électorale.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais vous gardez... Votre caisse
renverse par exemple.
M. Bourassa: Oh! C'est faux.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez la plus g rosse caisse
électorale qu'il n'y a jamais eue dans le Canada, la plus grosse.
M. Bourassa: Ah!
M. Hardy: Vous tombez dans le même folklore que vous nous
reprochez de faire au sujet de Gerry Martineau, même chose.
M. Bellemare (Johnson): Du folklore, vous avez fait du folklore
vous autres dans ce temps?
M. Hardy: Vous nous dites qu'on affirmait des choses
exagérées quand on parlait...
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, je ne dis pas, mon cher
monsieur, que c'est exagéré d'avoir $10 millions. Ce n'est pas
exagéré dans les temps actuels.
M. Bourassa: A mon avis, c'est que les caisses électorales
sont plutôt une source de division dans un parti qu'une source d'union.
On pourrait citer encore l'exemple de votre parti avec M. Barrette, en tout cas
vous vous en souvenez.
M. Hardy: Vous avez parlé aussi des vautours.
M. Bellemare (Johnson): Moi, je n'ai jamais eu de vautours.
M. Hardy: Les vautours autour de votre tête.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai jamais dit vautour, cela, ce
n'est pas...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs! Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, moi je voudrais qu'on
arrête de chercher des poux, puis qu'on essaie de trouver des solutions
plutôt. Alors je vous demande...
M.Hardy: D'ailleurs vous aviez très bien engagé le
débat.
M. Bourassa: Sur la déductibilité, quitté
à ce que nous reconsidérions avec des données
précises les implications financières, je trouve que si l'on
tient compte, et je suisouvert à la contradition, des dépenses
actuelles des partis, si l'on tient compte des montants qu'on donne
déjà, si l'on tient compte des limites qui sont faites aux
dépenses électorales, si l'on tient compte de tous ces facteurs,
je ne vois pas pourquoi le trésor public ajouterait à travers la
dé-ductibilité, un autre montant pour le parti politique.
M. Burns: Est-ce que le premier ministre peut nous promettre au
moins de faire faire une étude...
M. Bourassa: D'accord.
M. Burns: ...et qu'on ne rejette pas la suggestion du revers de
la main, en disant cela coûte trop cher sans l'avoir examinée?
M. Bourassa: Non, non, cela se fait ailleurs, on va...
M. Burns: ...et de l'examiner sous plusieurs angles? Je vous ai
suggéré ce qui existe dans la loi fédérale, mais on
peut peut-être trouver un terrain à mi-chemin entre ça. Je
ne sais pas, moi en tout cas, si véritablement c'est trop coûteux
pour les citoyens du Québec.
M. Bourassa: D'accord. Alors on va exeminer ça.
M. Burns: Et sur la divulgation, est-ce que vous avez
déjà un point de vue, ou bien si...
M. Bourassa: On va prendre note de ça, qu est-ce que
ça veut dire en pratique, quels effets ça pourrait avoir en
pratique pour un parti au pouvoir, puis un parti de l'Opposition? C'est
tellement facile de faire de la démagogie avec une contribution de $100
ou de $200.
M. Burns: Oui, mais le gouvernement fédéral, qui
est pris exactement dans la même position, le fait d'autre part.
M. Bourassa: On va voir ce que ça va donner. Ils viennent
à peine de commencer. On va examiner ça.
M. Burns: Bien non, je veux dire, ils ont quand même au
moins...
M. Bourassa: On va l'examiner.
M. Burns: ...pris le risque.
M. Bourassa: D'accord. On va examiner...
M. Burns: C'est cequ'on peut dire en leur faveur.
M. Bourassa: ...les propositions de l'Opposition.
M. Burns:Troisièmement, est-ce qu'on peut s'attendre
à avoir un avant-projet...
M. Bourassa: Oui.
M. Burns: ...du projet de loi?
M. Bourassa: C'est-à-dire que là le
député prend des vacances méritées. On pensait de
faire la réunion dans trois semaines...
M. Burns: Moi, j'aime ça. Voulez-vous que je me mette en
"shorts" devant tout le monde? J'aime ça quand vous dites des affaires
comme ça en commission parlementaire.
M. Bourassa: Non, non! mais je veux dire, je m'excuse, c'est
normal que le député...
M. Burns: D'accord.
M. Bourassa: ...puisse prendre quelques jours.
M. Burns: Oui.
M. Bourassa: Je pense qu'au moment où il va prendre ces
quelques jours de repos, on voulait faire cette réunion à ce
moment-là, ça veut dire qu'avant ce serait assez difficile, d'ici
deux semaines, d'avoir le projet de loi sous forme de document de travail
prêt.
On prévoyait qu'il serait prêt au début de mars. On
va attendre le retour du député et on pourra fixer la
réunion après.
M. Burns: On peut faire cela dans la semaine du 20.
M. Bourassa: On m'a dit que cela prendrait un petit peu plus de
temps, parce qu'il y a un problème...
M. Burns: ... c'est-à-dire.
M. Bourassa: ... d'étanchéité.
M. Burns: 24, 25 ou 26 février...
M. Bourassa: II y a la commission...
M. Hardy: Vous parlez du 20 février?
M. Burns: Excusez-moi, je me suis trompé. A compter du 20
ou du...
M. Bourassa: Du 24.
M. Burns: ... ou du 24 même, 24, 25, 26.
M. Bourassa: Le 24, cela va être la commission
parlementaire sur le chef de l'Opposition, dans cette semaine-là.
M. Burns: Ah bon!
M. Hardy: C'est la même commission de l'Assemblée
nationale. Pour ma part, je trouve que les partis d'Opposition en
général, sauf le député de Beauce-Sud qui s'est
éloigné un peu du sujet, le député de Maisonneuve
et le député de Johnson, il faut analyser les choses telles
qu'elles sont, les deux députés ont fait des propositions que je
considère sérieuses et qui méritent d'être
analysées. Alors, nous allons prendre à la fois...
M. Bellemare (Johnson): Je m'excuse, sur la proposition de la
formation de la commission de contrôle...
M. Hardy: Nous ne sommes pas prêts à nous
prononcer...
M. Bellemare (Johnson): Simplement la suggestion que pour ne pas
laisser pleine et entière discrétion au gouvernement...
M. Hardy: Nous allons l'examiner à son mérite.
M. Bellemare (Johnson): Pour qu'il n'y ait pas un soupçon
au moins qui pèse sur la nomination...
M. Hardy: Nous allons délibérer sur toutes les
propositions, et nous allons, pour répondre au voeu, qui est tout
à fait logique, du député de Maisonneuve, consigner le
fruit de nos délibérations dans un document de travail qui aura
forme de loi.
M. Bourassa: A la commission Cliche, on n'a pas nommé des
libéraux.
M. Bellemare (Johnson): Comment?
M. Bourassa: A la commission Cliche, on n'a pas nommé des
libéraux. Le député s'inquiète, à savoir si
on va nommer des libéraux à la commission de surveillance.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez nommé M. Mulroney, qui
est un conservateur, vous avez nom mé M. Chevrette, qui est un
séparatiste, vous avez nommé M. Cliche, qui est un NPD.
M. Bourassa: On n'a pas nommé des libéraux.
Pourquoi le député s'inquiète-t-il?
M. Burns: C'est un juge, il n'est plus censé avoir un
parti politique.
M. Bourassa: D'accord, il yen a quand même qui parlaient.
C'est parce que le député nous accuse de...
M. Bellemare (Johnson): Je ne vous accuse pas, je vous dis que je
ne voudrais pas avoir un doute.
M. Burns: II n'a même plus droit de vote, le pauvre M.
Cliche.
M. Hardy: Pardon?
M. Burns: Comme notre bon ami, le juge Drouin, il n'a même
plus le droit de vote.
M. Hardy: Un neutre, un péquiste et un conservateur.
M. Bourassa: C'est parce que le députéde Johnson
s'inquiétait qu'on nomme des libéraux à la commission de
surveillance.
M. Bellemare (Johnson): C'est possible, quand on vous
connaît. Je ne veux pas avoir...
M. Hardy: Dans votre esprit, les libéraux sont
automatiquement exclus.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais pour empêcher d'avoir des
doutes... Comment?
M. Bourassa: II ne resterait pas grand monde. M. Burns: Je
vous avoue que j'ai des craintes.
M. Hardy: On va avoir de la difficulté à trouver
des compétences si on exclut les libéraux.
M. Burns: Est-ce que je peux vous exprimer mes craintes sur le
sérieux que va avoir cette commission? Je considère que c'est un
problème sérieux.
M. Bourassa: Très sérieux.
M. Burns: Si on commence à se tirer de ce que vous
savez...
M. Bourassa: Ce n'est pas nous qui avons commencé.
M. Hardy: II ne faut pas non plus se prendre au sérieux au
point d'avoir des faces de carême.
M. Burns: Je ne me prends pas au sérieux, je suis capable
de sourire comme tout le monde quand cela mérite un sourire. Je suis
capable de rire quand cela mérite de rire.
M. Hardy: Question d'appréciation.
M. Bourassa: Vous allez être le plus bel homme parmi les
candidats pour le plus bel homme du Canada? Je voyais cela dans vos...
M. Burns: II y a bien du monde qui pense cela.
M. Bourassa: Vos secrétaires envoient votre nom?
M. Burns: Est-ce que je peux faire la suggestion suivante au
gouvernement? Qu'on ajourne la commission sine die en se disant que si c'est
possible qu'on se rencontre...
M. Bourassa: On m'a dit qu'on avait besoin de trois semaines,
parce qu'il y a le problème de l'étan-chéité qui
est extrêmement difficile.
M. Hardy: Le bénévolat. M. Bourassa: Le
bénévolat.
M. Burns: Sans vouloir tuer vos fonctionnaires qui vont
travailler au projet de loi, si jamais le projet était prêt avant
le 27, j'aimerais bien cela qu'on puisse siéger avant la session...
M. Bourassa: Sinon, ce sera immédiatement après le
début.
M. Burns: D'accord.
M. Bourassa: Parce que le député revient à
la mi-mars.
M. Bellemare (Johnson):... au moins sentir un peu.
L« Président (M. Blank): La commission ajourne sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 29)
DEPUTES PRESENTS
Parti Libéral: MM. Harry BLANK Parti Québécois: MM.
Robert BURNS
Benjamin FAUCHER Marcel LEGER
Prudent CARPENTIER Lucien LESSARD
Bernard LACHANCE
Lucien CARON Parti Créditiste: Fabien ROY
Julien GIASSON
Denis HARDY Union Nationale: Maurice BELLEMARE
Louis-Philippe LACROIX Robert LAMONTAGNE Fernand CORNELLIER Marcel
OSTIGUY Robert BOURASSA Yvon VALLIERES