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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Enquête sur la conduite du chef de
l'Opposition
Séance du vendredi 27 juin 1975
(Douze heures trente minutes)
M. Lavoie (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Avant d'entreprendre les travaux de cette commission, il y aurait
peut-être lieu de nommer un nouveau rapporteur. Est-ce qu'il y a des
changements dans la composition de la commission?
M. Lacroix: M. le Président, M. Bienvenue remplace M.
Brown, M. Quenneville remplace M. Hardy et M. Harvey (Jonquière) va
remplacer M. Mercier.
Je suggère le nom de M. Lamontagne comme rapporteur de la
commission.
Le Président (M. Lavoie): Est-ce que ces changements sont
acceptés, et, cette motion pour la nomination du rapporteur est-elle
adoptée?
M. Morin: Adopté.
M. Burns: C'est toute une promotion pour le député
de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, je voudrais faire
remarquer que dans le Lac-Saint-Jean, le nom de rapporteur est très
péjoratif?
Une Voix: Est-ce que c'est comique? Entente intervenue entre les
parties
Le Président (M. Lavoie): Messieurs, avant de commencer
les travaux de cette commission, je dois, en tant que dépositaire d'une
entente qui est intervenue le 11 juin 1975, dont j'ai copie ici pour la
bénéfice des membres de la commission, ainsi que pour les
courriéristes parlementaires, avec votre permission, je crois qu'il est
important de lire cette convention dont les signataires sont M. Jacques-Yvan
Morin, chef de l'Opposition officielle; M. Gérard-D. Levesque, leader
parlementaire du gouvernement; M. Robert Burns, leader parlementaire de
l'Opposition officielle et M. Jean Bienvenue, ministre de l'Immigration, en
présence de Jean-Noël Lavoie, président de
l'Assemblée nationale.
Voici le contenu de cette déclaration et entente: "La
présente Loi de la Législature doit faire l'objet d'une
révision en profondeur. Le gouvernement, l'Opposition officielle et tous
les membres de l'Assemblée nationale en conviennent. Dans cette
perspective, le parti ministérielle et l'Opposition officielle ont
convenu d'apporter une solution au problème soulevé par le
député de Crémazie et ministre de l'Immigration, M. Jean
Bienvenue, concernant la participation du chef de l'Opposition officielle, M.
Jacques-Yvan Morin, au dernier congrès de l'AIPLF.
Considérant que le problème a comme origine une erreur
technique, que toutes les personnes en cause ont agi de bonne foi et qu'il n'y
a pas eu de coup monté (frame-up) de la part de qui que ce soit;
Considérant qu'en équité, il apparaît que le
chef de l'Opposition officielle ne devrait pas avoir à défrayer
lui-même les dépenses entraînées par sa participation
au congrès de l'AIPLF;
II est convenu, en vue de régler ce problème, compte tenu
de ce qui précède et qui est reconnu par toutes les parties
incluant les signataires aux présentes: 1-Qu'un chèque de $1,796
soit émis par l'Assemblée nationale au chef de l'Opposition
à même l'item budgétaire que pourra indiquer le
Vérificateur général. 2- que ce chèque soit
aussitôt endossé par le chef de l'Opposition et remis au
président de l'Assemblée nationale. Signé à
Québec, ce 11 juin 1975, avec les signataires dont j'ai mentionné
les noms préablement. M. Morin.
M. Morin: M. le Président, comme je dois me rendre
à la commission de la justice pour terminer l'étude du bill 50
sur les droits de l'homme et bien que je ne sois pas membre de la
présente commission...
Le Président (M. Lavoie): La permission vous est
accordée.
M. Morin:... vous m'accorderez de prononcer quelques mots
très brefs sur le règlement de cette affaire.
Ce type de règlement a été souhaité
publiquement par vous-même, comme président de l'Assemblée
nationale, lors de l'étude de vos crédits, dans
l'intérêt même de nos institutions parlementaires. Ce
souhait du président a reçu un écho favorable, je pense,
dans l'opinion publique.
C'est pour nous conformer à ce voeu que mes collègues et
moi avons travaillé pour en arriver au règlement qui vient
d'être rendu public. Je ne commenterai pas ce règlement, le texte
en est clair et dit bien ce qu'il veut dire.
Je souhaite, pour ma part, qu'il mette un point final à cet
incident de parcours, pour employer l'expression que vous avez vous-même
utilisée.
A cet égard, la presse a rapporté les propos que j'ai
tenus à Baie-Comeau dans le cadre d'une réunion du Parti
québécois. Je tiens à dire, pour qu'il ne reste de cette
affaire, pour qu'il en reste le moins d'arrière-goût possible,
que, compte tenu de l'entente intervenue, les mots que j'ai utilisés
à cette occasion pour qualifier cette affaire ont dépassé
ma pensée.
Je ne voudrais pas que cela relance la controverse à laquelle
tous nous souhaitons, j'en suis sûr, mettre un terme.
Pour ma part, j'ai toujours insisté pour que l'on procède
rapidement et que la question soit vidée le plus tôt possible,
étant donné les tâches
constitutionnelles difficiles qui sont celles du chef de
l'Opposition.
Je ne puis donc que me réjouir qu'en fin de compte, cet incident
soit clos. Je vous remercie, M. le Président. Avec votre permission, je
vais rejoindre la commission de la justice.
Le Président (M. Lavoie): D'accord.
M.Bienvenue: M. le Président, vous m'avez peut-être
vu griffonner quelques notes au cours des dernières minutes et, par
souci d'exactitude envers moi-même, je m'y réfère
immédiatement.
M. Bienvenue: M. le Président, je prends acte des paroles
que vient de prononcer le chef parlementaire de l'Opposition officielle. Dans
les circonstances, ses propos me conviennent. Compte tenu du document d'entente
que vous avez lu au début de cette séance, auquel j'avais
déjà apposé ma signature, comme vous l'avez
indiqué, le 11 juin dernier, je crois personnellement que les
procédés de cette commission devraient être terminés
et qu'elle devrait faire rapport à l'Assemblée nationale.
Pour ma part, j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur cette
affaire que je considère, dorénavant, comme une chose du
passé. Je n'ai aucun autre commentaire à faire à qui que
ce soit et, à cette fin, je demande la collaboration des
représentants de la presse, quels qu'ils soient, afin qu'ils
s'abstiennent de me poser des questions, afin que je n'aie pas la tâche
désagréable de dire: Non, aucun commentaire, à l'un ou
l'autre d'entre eux.
Le Président (M. Lavoie): Messieurs, je vais demander au
rapporteur de préparer un rapport qui sera constitué, en somme,
de l'entente. Cet incident est clos. Si ma participation dans cette affaire a
été de tenter de rapprocher les parties, dans le respect et dans
la sauvegarde de nos institutions parlementaires, peut-être que c'est au
dam des journalistes que cette affaire se clôt. On a peut-être
dépensé une proportion d'encre disproportionnée à
l'importance de l'affaire. Dans le respect de ces institutions parlementaires,
je voudrais... C'est sans doute l'endroit, à l'Assemblée
nationale, pour qu'il y ait des luttes épiques, verbales, dures, mais,
encore une fois, même si cela déplaît à certaines
gens, je ne crois pas que l'Assemblée nationale soit l'endroit de
spectacles à sensation.
Je remercie tous les collaborateurs de l'Assemblée.
M. Burns: M. le Président, puis-je, au nom de
l'Opposition, vous adresser personnellement mes remerciements pour le travail
que vous avez fait en vue d'en arriver à ce règlement. Pour leur
collaboration certaine qui m'a été accordée, je remercie
également le leader du gouvernement et le ministre de l'Immigration en
particulier, ainsi que le premier ministre qui, tout au cours de ces
discussions qui ont mené à cette entente, étaient
présents. Je pense que je n'ai pas autre chose à ajouter non
plus.
Statut des employés occasionnels
Le Président (M. Lavoie): Après consultation, je
voudrais soumettre à la considération de la commission une
décision de la commission de régie interne relativement aux
employés occasionnels relevant de l'Assemblée nationale.
M. Burns: M. le Président, je me pose simplement un
problème légal dont j'aurais voulu vous faire part. Si c'est le
document de la régie interne auquel vous vous référez, je
me demande si la commission de régie interne de l'Assemblée
nationale peut soustraire de l'application un certain nombre d'articles de la
Loi de la fonction publique. C'est uniquement à ce niveau que c'est
prévu par la loi.
Le Président (M. Lavoie): C'est prévu par la Loi de
la Législature.
M. Burns: D'accord. A ce moment...
Le Président (M. Lavoie): Ecoutez, en deux mots, je
voudrais vous donner des explications, c'est que le ministère de la
Fonction publique et la Commission de la fonction publique ont passé des
règlements plus sévères, et à juste droit, je
crois, pour le statut des occasionnels qui s'applique, mais cela met
l'Assemblée nationale dans une situation vraiment difficile parce que
l'Assemblée n'est pas un milieu de travail qu'on peut comparer
strictement aux ministères. Les employés de l'Assemblée
nationale, nous en avons de toutes sortes, autant les pages, autant les
gardiens constables, autant même les personnes qui nous servent au
café du Parlement, qui ne sont pas encore intégrés dans la
fonction publique. Il y a du personnel de secrétariat ou du personnel
dans les cabinets, et si on applique strictement la convention ou la directive
en ce qui concerne les occasionnels, cela pourrait empêcher les travaux
normaux de l'Assemblée nationale.
Tel que la Loi de la Législature le prévoit, on peut se
soustraire à cette réglementation uniquement en ce qui concerne
l'Assemblée nationale, à la condition que la commission de
régie interne adopte un tel règlement, que ce règlement
soit soumis à la commission de l'Assemblée nationale et que
l'Assemblée en soit avisée.
Je profite de cette occasion pour le soumettre parce qu'il y aurait des
personnes, même les serveuses, qu'il faudrait remercier, et qu'on ne
pourrait pas rengager comme occasionnelles. Si vous êtes d'accord, on
pourrait adopter cet...
M. Burns: M. le Président, puis-je vous dire que je suis
d'accord maintenant que vous me rassurez sur le problème légal,
et je pense, je présume, sans l'avoir vérifié, que c'est
la référence à l'article 55 qui est faite à la Loi
de la Législature.
Le Président (M. Lavoie): Oui, dans le texte...
M. Burns: Je veux tout simplement dire que même si nous
sommes d'accord là-dessus, et
puisque nous reconnaissons le problème que vous venez de
mentionner à la toute fin, c'est-à-dire qu'à cause du
nouveau règlement des occasionnels dans la fonction publique, un certain
nombre d'employés affectés à l'Assemblée nationale
seraient forcément démis de leurs fonctions si on appliquait le
règlement de façon aveugle, c'est la raison qui nous motive
à appuyer cette suggestion que vous faites. D'autre part, je n'oublie
pas une suggestion que je vous ai déjà faite lors de
l'étude de vos crédits, qu'on devrait le plus possible, et
peut-être que cela pourrait être une mission à confier
à la commission de régie interne de l'Assemblée nationale,
ne pas oublier qu'il faudrait peut-être trouver une technique selon
laquelle un certain nombre de ces employés puissent être
intégrés à la fonction publique permanente.
Il y en a peut-être certains qui ne peuvent pas l'être, mais
il y en a, je pense, une partie qui doit l'être, et il me semble que cela
pourrait être un des problèmes sur lesquels devrait se pencher la
commission de régie interne de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lavoie): Je suis entièrement
d'accord. D'ailleurs, depuis quelques années, nous avons
intégré, déjà, du personnel du café du
Parlement ,qui était là depuis 18 ou 20 ans comme occasionnel. Il
y en a plusieurs qui ont été intégrés à la
fonction publique, et nous envisagions d'en intégrer d'autres, comme des
deuxièmes cuisiniers, des aides cuisiniers qui sont déjà
là depuis trois ou quatre ans comme occasionnels. Je crois que c'est
tout à fait normal qu'ils soient intégrés après un
certain nombre d'années, et, le plus possible, leur donner la
sécurité d'emploi et les mêmes bénéfices que
tout autre employé du gouvernement.
M. Burns: D'accord, M. le Président!
Le Président (M. Lavoie): Oui, M. Bellemare,
député de Johnson.
Loi de la Législature
M. Bellemare (Johnson): II a été question
largement, lors de l'affaire Morin, qu'il y aurait une révision
complète de la Loi de la législature. Est-ce qu'on peut
s'attendre qu'un comité particulier sera formé pour faire des
suggestions quant à l'amélioration et surtout quant aux
changements de certains articles qui ne correspondent plus à la
réalité, pour que, s'il y avait possibilité que cette loi,
qui est devenue vétuste, puisse être étudiée
à l'automne par un comité spécial ou bien par une
commission parlementaire?
Le Président (M. Lavoie): Je dois vous dire que, depuis
l'année dernière, depuis un certain incident de
l'été dernier, j'ai pris sur moi-même de confier à
M. Jean-Charles Bonenfant je l'avais d'ailleurs annoncé à
l'Assemblée une étude, une refonte ou une repensée
nouvelle de la Loi de la législature, qui date, on le sait, du
siècle dernier.
M. Bonenfant m'a remis un document de travail il y a un mois ou deux, ou
quelque temps avant la maladie qui l'a affecté dernièrement. J'ai
ce document de travail, et j'ai demandé au leader du gouvernement de
confier le mandat à un légiste, pour compléter ce projet
de loi. En ce qui me concerne, j'espère que, durant l'intersession, un
légiste ou une équipe de légistes pourra se pencher sur ce
projet de loi pour qu'il soit prêt à la reprise de la session,
dès cet automne. M. Bonenfant a déjà fait...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen que
certains leaders des partis en présence puissent simplement consulter ce
légiste...
Le Président (M. Lavoie): Sans doute.
M. Bellemare (Johnson): ... et peut-être apporter des
suggestions avant la rédaction définitive du projet de loi qui
pourrait être déposé à l'automne, pour le confier
ensuite à la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Lavoie): Etant donné que cela
concerne tous les députés, de la droite ou de la gauche, un peu
comme le règlement de l'Assemblée, je crois qu'il devrait y avoir
un avant-projet de loi.
Avant qu'il ne soit déposé à l'Assemblée,
que les leaders parlementaires soient consultés étant
donné...
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
Le Président (M. Lavoie): ... que cela concerne tous les
députés. C'est la charte des députés.
M. Lacroix: C'est seulement pour prévenir que la
commission permanente de la justice siège à la salle 8I-A et la
commission du travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration au salon
rouge, pour ceux qui en sont membres.
M. Lévesque: Les séances se termineront à 13
h 30 et reprendront à 14 h 30.
Le Président (M. Lavoie): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 45)