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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Audition du Protecteur du citoyen sur l'affaire
Seigle
Séance du jeudi 6 novembre 1975
(Dix heures onze minutes)
M. Lamontagne (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
La commission de l'assemblée nationale a été
convoquée ce matin, par avis donné à l'Assemblée
nationale, pour se réunir le jeudi 6 novembre à dix heures, en la
salle 91-A, aux fins d'entendre le Protecteur du citoyen sur les principes de
sa juridiction et particulièrement en regard du cas Seigle.
D'abord, pour le bénéfice de tous ceux qui sont ici, je
voudrais présenter les membres de la commission en indiquant
également les changements qu'on a portés à mon attention.
M. Bédard (Chicoutimi); M. Bellemare (Johnson); M. Blank (Saint-Louis);
M. Brown (Brome-Missisquoi); M. Burns (Maisonneuve); M. Caron (Verdun); M.
Marchand (Laurier) est remplacé par M. Veilleux (Saint-Jean); M. Hardy
(Terrebonne); M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine) est remplacé par M.
Sylvain (Beauce-Nord); M. Léger (Lafontaine); M. Levesque (Bonaventure);
M. Pagé (Portneuf); M. Mercier (Bellechasse); M. Ostiguy
(Verchères); M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Tardif (Anjou).
Je voudrais qu'on suggère le nom d'un rapporteur aux fins de la
commission.
M. Ostiguy: M. Tardif.
Le Président (M. Lamontagne): Vous suggérez le nom
de M. Tardif (Anjou)?
M. Ostiguy: M. Tardif.
Le Président (M. Lamontagne): M. Tardif, de
Montréal, unanimement nommé. A titre de président de cette
commission, je voudrais souhaiter la plus cordiale bienvenue au Protecteur du
citoyen. Je pense que c'est la première fois que nous avons l'avantage
de l'entendre à l'occasion d'une commission parlementaire. Il s'agit
d'un cas particulier et non pas d'un rapport annuel et officiel du Protecteur
du citoyen.
Pour la bonne marche de nos travaux, nous pourrions entendre le
Protecteur du citoyen en rapport avec la définition du mandat qui nous a
été donné et, par la suite, chaque parti ou chaque
participant à cette commission pourra faire un préambule ou poser
les questions d'usage.
Je pense que ce serait peut-être normal...
M. Léger: M. le Président, la tradition veut que,
quels que soient les personnages qui vien- nent à la commission
parlementaire, le gouvernement et le représentant de l'Opposition disent
un mot d'ouverture. Je pense que c'est normal qu'on continue aujourd'hui,
quitte par la suite à donner à M. Marceau l'occasion de faire une
représentation générale. De toute façon je voudrais
qu'on continue, comme dans n'importe quelle autre commission, à
permettre à chacun des partis, c'est-à-dire le gouvernement et
l'Opposition, peut-être les autres membres de l'Opposition qui ont des
choses à dire, de faire une entrée en matière.
Le Président (M. Lamontagne): Je voudrais inviter les
membres de la commission à réfléchir avec moi, si
possible, sur l'institution qu'est le Protecteur du citoyen. Je comprends ce
que le député de Lafontaine veut porter à l'attention de
tous les membres, mais j'ai l'impression qu'il est normal de donner la parole,
d'abord, à notre invité. Par la suite, je pense qu'il n'y a
personne qui va être privé de ses droits. Le Protecteur du
citoyen, on lui demande de venir, je pense qu'on doit lui donner la parole
d'abord. Par la suite, mon Dieu, cela n'empêchera aucun préambule
de la part des partis, des autres...
Oui?
M. Hardy: M. le Président, je concours entièrement
à vos paroles. Je pense que c'est une circonstance un peu
spéciale, compte tenu de la personne qui est invitée à
comparaître devant la commission. Si l'on veut à la fois respecter
nos institutions, respecter l'institution qu'est le Protecteur du citoyen,
respecter le parlementarisme, respecter les commissions parlementaires, il
faudrait tâcher d'accomplir le mandat qui nous a été
donné, avec le plus de sérénité,
d'objectivité possible. Et, dans ce sens, ne pas profiter de cette
séance de la commission parlementaire pour faire ce qu'on appelle
communément de la petite politique.
Alors, dans ce sens, on devrait commencer par entendre le Protecteur du
citoyen, et tous les membres de la commission auront l'entière
liberté que leur accorde le règlement pour poser des questions au
Protecteur du citoyen. Alors, moi je concours entièrement à votre
suggestion, dans l'intérêt de l'accomplissement du mandat qui nous
a été confié, dans l'intérêt également
du respect des institutions.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense que dans
l'intérêt du respect de nos institutions, pour prendre les
mêmes mots que le ministre des Communications et du cinéma, peut
avoir les mêmes raisons, mais pour des conclusions
différentes.
Pour le respect de nos institutions et du fait que cette commission
parlementaire a, pour la première fois, le plaisir de recevoir un
personnage aussi important que le Protecteur du citoyen, cette commission
parlementaire ayant été obtenue à la suite de l'initiative
première de l'Opposition et de celui qui vous parle...
M. Hardy: ... politique.
M. Léger: ... je pense normal qu'au départ nous
ayons un court préambule de présentation de façon à
éviter sans soulever de débat des conclusions
malheureuses, qui sont actuellement dans le paysage, de façon à
éviter justement de politiser inutilement le débat. C'est la
raison pour laquelle, M. le Président, je pense qu'on ne doit pas,
aujourd'hui, créer un précédent et changer l'habitude
d'une commission parlementaire qui est maîtresse absolue de ses travaux
et qui doit recevoir des personnages de quelque niveau que ce soit au
Québec. Elle a normalement pris l'habitude, la tradition je ne
vois pas pourquoi on changerait aujourd'hui de donner à chacun
des partis un mot d'ouverture, un mot de bienvenue pour commencer les travaux
de cette commission parlementaire.
Ce n'est pas en permettant immédiatement au personnage qui est
devant nous de faire un entrée que la commission parlementaire va garder
elle-même l'initiative du fonctionnement des travaux.
M. Hardy: II va faire son discours électoral et,
après cela, on passera aux travaux.
M. Léger: Je pense, M. le Président, qu'il serait
normal que l'on procède comme à l'habitude puisqu'on veut garder
nos traditions à l'Assemblée nationale.
M. Hardy: Votre petit discours électoral...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes bien nerveux!
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! Je voudrais que tous ensemble, ce matin...
Une Voix: Petit politicien!
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Lafontaine parlait de précédent.
Justement, c'est un précédent que nous vivons ensemble ce matin.
C'est la première fois que le Protecteur du citoyen est convoqué
non pas dans le cadre de son mandat général, à l'occasion
d'un rapport annuel, mais à l'occasion d'un cas particulier qui a fait
largement les manchettes dans tous les journaux.
Je crois de mon devoir, comme président, de rappeler ces faits
à tous les membres de la commission. Je pense que la publicité
qui a été faite autour de ce cas nouveau, d'ailleurs, a
attiré plusieurs visiteurs qui, dans d'autres circonstances, n'y
seraient pas; si c'était à l'occasion du rapport annuel du
Protecteur du citoyen par exemple. C'est donc dire que je n'entends pas que
l'on attaque indûment l'institution qu'est le Protecteur du citoyen.
Et j'invite, dès le début de cette commission, tous les
membres non pas à ne pas dire ce qu'ils ont envie de dire, loin de
là, mais à penser que, peut-être, ce matin, il y a beaucoup
de monde au Québec qui ont les yeux sur l'institution que, tous
ensemble, notre parlementarisme a fondée.
Pour répondre favorablement à votre demande, nous
commencerons, comme vous le souhaitez, le député de Lafontaine,
par un très bref préambule, pour souhaiter la bienvenue au
Protecteur du citoyen.
Le député de Johnson, d'abord.
M. Bellemare (Johnson): Alors, si on doit comprendre que ce sont
les partis de l'Opposition qui feront un bref exposé avant, je vais
réserver mon droit de parole après l'Opposition officielle...
Le Président (M. Lamontagne): Evidemment, je ne veux pas
paraître un dictateur, ce matin, je pense que nous pourrions souhaiter la
bienvenue au Protecteur du citoyen et lui demander s'il n'aurait pas quelque
chose à nous dire sur ce cas.
M. Hardy: Le Protecteur du citoyen...
Le Président (M. Lamontagne): Tout le monde a
parlé, sauf lui. Il a été convoqué pour cette
affaire, si on pouvait l'entendre, je pense que ce serait...
M. Bellemare (Johnson): Alors, je change ma proposition, je
parle.
Le Président (M. Lamontagne): Vous parlez. Le
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, en vertu...
Le Président (M. Lamontagne): Est-ce que vous voulez
parler...
M. Bellemare (Johnson): Ce sont seulement quelques remarques
préliminaires.
Le Président (M. Lamontagne): Nous allons commencer par le
député de Lafontaine et...
M. Bellemare (Johnson): C'est correct...
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Merci, M. le Président.
M. le Président, puisque cette commission est aujourd'hui
réunie à l'initiative première de l'Opposition et de celui
qui vous parle, vous me permettrez de tenter de situer ce que devrait, selon
nous, déterminer le contexte, l'atmosphère dont il serait
souhaitable de voir entourer nos discussions de tantôt.
Je voudrais d'abord remercier le Protecteur du citoyen d'avoir bien
voulu accepter de venir ici, aujourd'hui, pour nous aider à
éclaircir une affaire
qui, de son propre aveu, est plutôt spéciale. C'est la
première fois que le Protecteur du citoyen vient témoigner devant
cette commission et le gouvernement, je pense, est grandement coupable de cette
négligence, car à aucun moment le Protecteur n'a eu l'occasion de
venir dire au législateur les insuffisances de la loi qui le
régit. Il n'a jamais eu l'occasion de venir nous commenter ses
rapports.
Dans cette affaire qu'il est convenu d'appeler l'affaire Seigle, je
voudrais bien répéter les propos que nous avons
déjà tenus à l'effet qu'à aucun moment nous n'avons
mis en doute l'intégrité du Protecteur du citoyen, et surtout la
crédibilité du Protecteur comme institution nécessaire
pour corriger les débordements d'une machine gouvernementale
généralement lourde et peu soucieuse des exceptions. Nous ne
sommes pas ici pour avoir la tête de quelqu'un et il ne faudrait
absolument pas que nos travaux d'aujourd'hui soient entachés de cette
suspicion.
Le but de notre réunion aujourd'hui, M. le Président, est
de contribuer à faire la lumière sur ce que nous croyons
être et nous espérons le démontrer une
entreprise assez basse de favoritisme qui a mal tourné. Je voudrais
rappeler à tous que l'affaire Seigle a été soulevée
aux engagements financiers par le Parti québécois en mai 1974, il
y a seize mois, et reprise en mars 1975. Bien avant que l'affaire arrive devant
le Protecteur du citoyen, l'Opposition a tenté de savoir les dessous de
l'affaire Seigle et c'est par un ricochet dont nous ne sommes pas responsables
que le déroulement sinueux de cette histoire a impliqué, à
un moment donné, le Protecteur du citoyen.
Ce que nous voulons éviter, c'est que le gouvernement ne se cache
pas derrière le Protecteur du citoyen pour justifier une décision
qui demeure à ses yeux et à nos yeux, du moins, inadmissible. Il
faut retenir que ce que nous trouvons d'abord inadmissible, c'est bien moins le
rajustement du bail que le décollage premier de l'affaire Seigle en
1971.
Le rajustement n'est qu'un incident de parcours et ce serait errer
grandement, pour nous comme pour les commentateurs, de ne pas considérer
l'affaire Seigle, depuis le début, dans son entier. C'est pourquoi nous
profitons de la présence de quelqu'un qui a eu l'occasion de
pénétrer dans tous les méandres de l'affaire Seigle pour
tenter de savoir ce qu'il connaît.
S'il y a procès aujourd'hui, ce n'est pas celui du Protecteur du
citoyen, cela va de soi. S'il y a procès aujourd'hui, c'est bien le
procès de l'affaire Seigle, le procès des gens qui ont rendu
possible une telle situation de favoritisme. A ce propos, nous
considérons comme fort dangereuse une situation où le Protecteur
du citoyen soit seulement impliqué dans une telle manoeuvre, quand, au
moment où je vous parle, son mandat n'est pas renouvelé et qu'une
sorte d'épée de Damoclès plane au-dessus de sa tête.
Ce n'est pas un climat favorable, convenable pour un homme dont on a voulu
qu'il soit nommé par l'Assemblée nationale avec consentement des
deux tiers de ses députés.
Pour notre part, concernant le déroulement de cette commission,
nous avons l'intention d'interroger longuement le Protecteur du citoyen sur le
sens et le contenu de sa lettre au ministère des Travaux publics, ce qui
est le seul moyen pour le public de connaître dans ses détails le
contexte et toutes les raisons qui ont entouré la décision de M.
Marceau.
Pour reprendre l'expression de tantôt: Quand nous
connaîtrons ce qu'il connaît de l'affaire Seigle, nous pourrons
ainsi que la population juger de ce qui est arrivé. C'est la raison pour
laquelle nous espérons avoir une réponse à toutes les
questions que nous allons poser aujourd'hui, de façon que nous
corrigions, peut-être, notre impression ou que le Protecteur du citoyen
corrige l'impression que les personnes peuvent avoir actuellement dans
l'opinion publique.
M. Hardy: M. le Président, je voudrais également
soulever une question de règlement suite aux propos du
député de Lafontaine. J'aurais bien pu intervenir à toutes
les phrases de son exposé qui était complètement
irrégulier, hors d'ordre, mais, compte tenu de la personnalité du
député de Lafontaine, je sais que c'est une chose absolument
inutile.
Je veux bien, M. le Président, vous rappeler ceci, en tant que
membre de cette commission, et cela pour le bon ordre, pas pour brimer qui que
ce soit dans ses libertés. Je voudrais bien que la commission de
l'assemblée nationale s'en tienne au mandat qui lui a été
donné et ne confonde et ne mélange pas les choses.
Il s'agit pour nous d'interroger le Protecteur du citoyen pour clarifier
son rôle dans un dossier déterminé. Quant au
bien-fondé de gestes administratifs du gouvernement, je ne pense pas que
ce soit l'endroit pour le faire. Il y a d'autres endroits. Il y a la commission
des engagements financiers, il y a l'étude des crédits du
ministère des Travaux publics; il y a une foule d'endroits où on
peut discuter de l'à-propos, du bien-fondé de l'octroi de tel
contrat à des personnes et des conditions de l'octroi du contrat. Je ne
pense pas que l'on doive discuter du fond de l'octroi du contrat à cette
commission parlementaire. Il y a d'autres endroits pour le faire.
Ce dont nous devons discuter ici, à la commission de
l'assemblée nationale, c'est du rôle du Protecteur du citoyen dans
un dossier déterminé. Je vous rappelle, M. le Président,
que si j'ai laissé errer le député de Lafontaine encore
une fois c'est une chose absolument habituelle, ce n'est rien de nouveau
je n'ai pas l'intention que la commission de l'assemblée
nationale déroge au mandat qui lui a été donné.
M. Léger: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: Sur la question de règlement soule-
vée par le ministre qui se prépare à mettre des
"enfarges" durant le reste de la commission parlementaire, je dois lui dire que
nous allons...
M. Hardy: Vous vous "enfargez" assez facilement tout seul, on n'a
pas besoin de vous "enfar-ger"!
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Léger: ... rapidement, gentiment, doucement passer
à travers cette commission parlementaire...
M. Hardy: Selon le mandat.
M. Léger:... selon le mandat. Je dois le lire au ministre,
qui ne l'a pas lu, vraisemblablement; le mandat est le suivant: "Avis est
donné que la commission permanente de l'assemblée nationale se
réunira le jeudi 6 novembre à dix heures, en la salle 91-A, aux
fins d'entendre le Protecteur du citoyen sur les principes de sa juridiction et
particulièrement en regard du cas Seigle".
M. Hardy: C'est ce que je viens de dire. Vous n'avez rien
compris.
M. Léger: Quand on dit "du cas Seigle", cela ne veut pas
dire uniquement le limiter à la portion que le ministre voudrait qu'on
le limite. Dans les lettres que le Protecteur du citoyen a données et a
rendu publiques, il y a l'ensemble du dossier Seigle, et c'est là-dessus
que nous avons l'intention d'interroger. Cela entre exactement à
l'intérieur du mandat de la commission.
M. Hardy: ...
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense que ce
matin nous vivons un moment assez historique de notre parlementarisme.
On devrait, je pense, M. le Président, ce matin, dans un climat
très serein, pouvoir aborder un cas aussi délicat que
celui-là.
En 1969, le Parlement a décidé unanimement de voter la loi
créant le Protecteur du citoyen, loi sanctionnée le 14 novembre
1968. A ce moment-là on a voulu, tous les partis politiques et
l'administration en place, établir un poste de premier choix; un poste
qui devait être, à mon sens, relié directement à la
sauvegarde de notre parlementarisme et aussi à la sauvegarde des droits
des citoyens ordinaires ou des groupes.
En vertu de la loi, M. le Président, l'Assemblée nationale
a pris les précautions voulues et elle a dit qu'une telle nomination,
pour être valide, devait avoir été approuvée par les
deux tiers des membres de l'Assemblée nationale.
Depuis ce temps, le rôle bien particulier que doit jouer cet homme
et ce poste extraordinaire dans l'administration... C'est
particulièrement un homme dont la réputation et le sens de
l'équité seraient reconnus, et dans ses oeuvres et dans ses
jugements.
D'une part le gouvernement a établi un poste voulant
protéger la démocratie et voulant aussi protéger ceux qui,
dans l'administration de la chose publique, se sentant lésés,
pourraient avoir recours à une institution qui s'appellerait le
Protecteur du citoyen.
Il faut se mettre dans cet esprit, M. le Président, si l'on veut
véritablement remplir le mandat qui nous est dévolu ce matin.
Le Protecteur du citoyen a rendu de nombreux jugements. Je n'ai pas
besoin de vous signaler les cinq rapports, de 1969,1970,1971,1972 et 1973,
auxquels j'ai été personnellement mêlé, dans
plusieurs pages, comme président de la Commission des accidents du
travail. Nous avons reçu du Protecteur du citoyen certaines
recommandations que nous avons essayé de suivre à la lettre, mais
des jugements ont aussi été rendus avec équité
après de multiples auditions pour rendre justice à
l'accidenté. Cet accidenté a voulu se prévaloir de ce que
la loi lui offrait pour se présenter devant le Protecteur du citoyen et
jugement a été rendu.
Cela ne faisait peut-être pas l'affaire de l'accidenté qui
avait subi toutes les phases de la procédure de la Commission des
accidents du travail: examens, réexamens, convocation des parties,
entente préalable, auditions publiques. Et après la
dernière audition, peut-être la deuxième, la
troisième, il y avait une décision administrative d'émise
et l'accidenté, n'étant pas satisfait, a présenté
sa requête devant le Protecteur du citoyen. Dans la presque
généralité des cas, après étude très
sérieuse, un jugement était rendu. Mais le Protecteur du citoyen
n'est jamais intervenu sans que tous les moyens légaux, tous les recours
possibles aient été exercés. C'est en vertu de l'article
13 d'abord, où on lui confie sa responsabilité, c'est en vertu de
l'article 14 où l'on dit que non seulement une personne peut faire des
requêtes mais aussi des groupes, et c'est en vertu de l'article 17
où il est dit spécifiquement qu'aucune requête ne sera
acceptée sans que le Protecteur du citoyen ait demandé que tous
les recours aient été exercés.
On a un cas particulier ce matin, celui de Seigle. Ici, M. le
Président, il y a des centaines et des centaines de décisions qui
ont été rendues. Si on voulait regarder avec une loupe, on
trouverait peut-être des failles, on trouverait peut-être des
petits points à critiquer. Comme je l'ai dit au mois d'août
dernier, ici même à la commission parlementaire, je suis en faveur
de la défense et du respect intégral d'une institution aussi
importante que celle du Protecteur du citoyen, indépendamment des
erreurs humaines qu'on peut commettre, sans y rattacher de la partisanerie.
Cessons, M. le Président, quand il s'agit d'une telle institution, de
devenir des partisans pour trouver une faille.
Si on a des doutes sur la conduite d'un de nos collègues, on peut
se servir de l'article 80 de notre
règlement. Il y a, dans la hiérarchie des valeurs et
particulièrement des enquêtes qu'on peut subir, d'abord les
comptes publics; il y a aussi les engagements financiers; il y a aussi les
ministères auxquels on peut faire une lutte acerbe, accuser même,
M. le Président. Mais quand il s'agit d'une importance aussi capitale
que celle du Protecteur du citoyen, je dis: De grâce! n'allez pas saper
à sa base cette institution nécessaire parce que vous en paierez
les conséquences.
Aujourd'hui, si on perd confiance en cet homme, que je ne connais pas
mais qui a rendu de grands services à la province il m'a
donné, comme président de la Commission des accidents du travail,
des ordres et des recommandations que j'ai suivis à la lettre.
Il y a des décisions, en certaines circonstances que je ne
partageais pas entièrement mais je pensais que cette institution
était nécessaire, qu'elle devait, dans l'avenir, continuer
à jouer son rôle, sans hypothèque. Ce matin, M. le
Président, on a devant nous un homme qui doit être
respecté, avec lequel on ne doit faire aucune partisa-nerie. Ah! vous
allez me dire, peut-être: Vous êtes un grand prédicateur,
vous êtes un vieux, là vous, vous êtes de la vieille
méthode. Je suis content d'être un vieux, puis je suis content
d'être un parlementaire qui veut respecter ses institutions.
Qu'on me dise ce qu'on voudra. Je ne permettrai pas, pendant ce
débat, moi personnellement, et j'interviendrai, qu'on attaque
personnellement une décision comme celle-là, parce qu'il y a
d'autres endroits pour le faire et je n'ai pas été vu par le
Parti libéral, ce matin, pour vous dire cela.
Je pense, M. le Président, que c'est mon droit et mon
privilège d'avoir mon opinion sur les institutions démocratiques
et sur les institutions parlementaires. J'ai vécu dans ce Parlement
pendant trente ans et, pendant trente ans, j'en ai vu passer bien des choses,
mais, quand on est rendu à demander à cet homme qui doit
être complètement mis en dehors de toute partisanerie et de tous
les partis politiques, quels qu'ils soient, je me demande si on ne
dévalue pas le rôle important d'une section de nos institutions
parlementaires.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Me Louis Marceau, Protecteur
du citoyen.
Exposé de M. Louis Marceau
M. Marceau: M. le Président, messieurs, on vient de vous
le dire et de le répéter, c'est la toute première fois que
m'est accordé l'honneur de me présenter devant une commission
parlementaire. C'est pour moi, on le comprendra sans peine, un moment peu banal
et, si je ne puis que déplorer les circonstances qui ont suscité
cette convocation spéciale, je ne me réjouis pas moins de ce
qu'elle me fournit l'occasion de faire un peu mieux connaître à
ceux de qui elle dépend l'institution qu'on m'a demandé de faire
vivre, il y a près de sept ans, et que je dirige depuis.
Il n'y a, en effet, aucun doute dans mon esprit que c'est la pire
méconnaissance du rôle de l'ombudsman qui est à la base de
cet étonnement manifesté par certains, lorsqu'on apprit que je
m'étais permis de m'intéresser à ce cas Seigle,
étonnement qui m'a fait souhaiter au plus tôt cette rencontre
officielle. Je suis convaincu que les explications à son sujet
permettront assez rapidement de dépasser le cas lui-même et de
rejoindre, pour montrer de façon plus générale ce qui
m'importe vraiment, les objectifs du bureau, ses réalisations et ses
préoccupations.
Aussi, suis-je particulièrement heureux qu'on veuille bien me
laisser m'exprimer librement dès le départ, ce qui me permettra
de faire le point sur certains aspects touchant ma situation et ma
compétence face à une plainte comme celle dont il s'agissait dans
cette affaire Seigle et de dissiper, ce faisant, les équivoques et
doutes que l'on a prétendu pouvoir faire ressortir de mon attitude.
Ce n'est pas ma façon d'apprécier le cas lui-même,
une fois la plainte reçue et ses éléments mis en
lumière, que je veux défendre, pour le moment du moins. Il y
avait là une question de jugement qui demeure subjective et que je
saurais difficilement aborder autrement que je l'ai fait dans ma lettre du 15
mai, lettre que je me suis permis de rendre publique dès que j'en ai eu
l'occasion et qui me paraît suffisamment explicite sur la pensée
et les motifs qui m'ont conduit à la réaction qui fut la mienne.
J'en ai, du reste, préparé des copies que je pourrai tout
à l'heure, avec votre permission, M. le Président, distribuer aux
membres de cette commission.
Ce que je veux établir ici au départ et le plus clairement
possible, puisque vous m'y autorisez, c'est que la prise en
considération de la plainte des Investissements Seigle Inc. était
requise indubitablement tant par la loi qui régit mon activité
que par la nature même du rôle de l'ombudsman que l'on a introduit
chez nous. Un refus, a priori, de la recevoir et de la considérer aurait
constitué pour moi, et je fais attention à mes mots, un
manquement flagrant à mon mandat tel que je l'ai toujours compris. C'est
dans ce but que je m'emploi-rai à discuter les trois aspects sur
lesquels les commentateurs se sont attardés pour contester mon
attitude.
On s'est d'abord étonné que le Protecteur du citoyen
pût accepter de considérer une plainte venant d'un groupe
d'individus, membres actionnaires d'une compagnie. Je n'aurai pas besoin, je
pense, de m'arrêter longuement sur ce premier point qui a
été, depuis, suffisamment clarifié. On me permettra de
dire de nouveau, cependant, à quel point j'ai été
étonné qu'on s'étonne car je n'ai jamais vu là de
difficulté et je ne sache pas qu'aucun des quelque 45 ombudsmans qui
existent actuellement au monde en ait déjà vu de leur
côté. Rien, dans la loi, ne suggère une distinction
quelconque à cet égard, qui d'ailleurs, à mon avis, serait
imcompréhensible.
L'ombudsman est un intermédiaire entre l'administration publique
et les administrés dont la tâche est de susciter, en dehors de
tout litige et en faisant strictement appel au vouloir et à la
compréhension des autorités, la réparation des
torts que des bévues ou des faiblesses administratives peuvent causer.
Vu sous un autre angle, l'ombudsman est un "contrôleur" de
l'administration pour le compte d'administrés qui croiraient avoir
été abusivement ou injustement traités. Son action, non
judiciaire et démunie de toute autorité, est directement
rattachée au contrôle interne inhérent à toute
organisation hiérarchisée.
Comment pourrait-on tirer d'une telle définition la raison
d'être d'une distinction entre les différents administrés,
individus ou groupes, personnes physiques ou personnes morales, pauvres ou
millionnaires? C'est une erreur que le titre choisi ici pour le Québec,
celui de Protecteur du citoyen, n'était pas propre à dissiper, il
faut l'admettre, mais une profonde erreur quand même de voir, dans le
système d'ombudsman, le pendant d'un système d'assistance
juridique ou d'aide sociale.
Tous mes rapports et ceux de tous les autres ombudsmans, d'ailleurs,
sont au même effet, font état de multiples plaintes reçues
de groupes, de compagnies et même de corps publics locaux,
municipalités, commissions scolaires. Un des tableaux statistiques que
j'ai pris soin de présenter, à chaque année, depuis le
début, vise justement à distinguer les plaintes reçues
d'individus et les autres.
En fait, il est vrai que la grande majorité des plaignants est
formée d'individus et un grand nombre de ceux-ci se recrutent parmi les
classes moins privilégiées. Mais cette situation
éminemment heureuse s'explique par bien des raisons, les plus manifestes
étant qu'on a affaire à des gens qui sont plus en contact avec
les services de l'Etat, à cause des nombreuses lois sociales, et qui,
par surcroît, sont plus démunis, moins aptes à se
défendre et plus vulnérables. Mais cette situation n'a
strictement rien à voir avec le concept même d'ombudsman. Que la
plainte vienne d'un individu, d'un groupe, d'une compagnie ou d'un corps public
local, cela ne peut affecter aucunement sa recevabilité.
On a soulevé, en second lieu, une objection d'un autre ordre.
S'il était possible pour les plaignants de faire valoir leurs griefs
devant un tribunal de droit commun, n'y aurait-il pas là un motif
péremptoire de rejet ab initio, dès le début de leur
plainte? La question ici est plus compréhensible, mais la réponse
n'en est pas moins facile et claire.
Sur le plan des principes, cette réponse est acquise, pour nous,
depuis les tout premiers moments d'existence du bureau. J'en ai discuté
dès mon premier rapport à l'Assemblée, en 1969, et elle
est tirée non d'une interprétation de l'article 17 de la loi,
l'article qui est mis en cause, mais d'une pure compréhension de la
disposition qu'il édicte. Qu'on me permette simplement de lire ce que
j'écrivais à ce sujet dans mon rapport de 1969: "Reste cette
autre disposition de l'article 17 qui ordonne le rejet d'une demande lorsque le
plaignant dispose, en vertu de la loi, d'un appel ou d'un recours
également adéquat". Il s'agit probablement là de la
règle la plus déroutante de toute la loi. Deux remarques
suffiront à le démontrer.
Que le Protecteur du citoyen n'ait pas été
créé pour remplacer ou doubler d'autres contrôles est
incontestable. D'ailleurs, privé de toute autorité
hiérarchique et de tout pouvoir exécutoire, il ne saurait
guère le prétendre. Une règle de cette nature
n'était donc pas nécessaire pour garantir le caractère
subsidiaire de son action. Jamais celle-ci ne pourra avoir la même
portée ni être assimilée à celle d'un tribunal,
qu'il soit de droit commun ou autre.
Cette première constatation est évidente. La seconde ne
l'est pas moins. Il ne suffit sans doute pas qu'un autre recours soit possible
pour que l'exclusion joue nécessairement, car, autrement, l'article 26
n'aurait aucun sens, puisque la plupart des motifs d'intervention qu'il
prévoit formellement donnent déjà ouverture à un
recours devant la Cour supérieure sous l'autorité des articles
834 et suivants du Code de procédure civile. Il faut en conclure que
c'est l'appréciation du caractère également adéquat
du recours possible qui devient le fond du problème. Et on ne voit pas
de qui devrait relever cette appréciation, si ce n'est du Protecteur
lui-même, et, éventuellement, de l'Assemblée nationale
à qui il doit rendre compte.
Il est donc apparu illusoire d'établir ici des lignes de conduite
précises et rigides, et préférable de réserver
à chaque espèce sa solution. Appliquée de cette
façon, la règle devient fort compréhensible et sage, car
il est aisé de se rendre compte que les recours possibles, à
cause des formalités qu'ils exigent, du délai qu'ils impliquent,
des frais qu'ils font encourir ne sont pas toujours également
adéquats.
Des constantes se sont néanmoins pratiquement imposées.
Les recours spéciaux de caractère administratif portés
devant un tribunal ad hoc, de même que ceux existant en vertu d'une
convention collective, ont dans à peu près tous les cas
été jugés également adéquats. Au contraire,
les recours ordinaires de droit commun pouvant être intentés en
vertu du code civil ou du code de procédure civile n'ont
généralement pas empêché de recevoir la plainte et
de procéder à l'enquête. Et je termine la citation.
Il s'agit strictement j'insiste d'une question de
compréhension du texte car le lire autrement conduirait à enlever
tout sens à la loi et toute utilité au système. Dans la
plupart des autres législations, on a procédé autrement et
de façon plus claire en disant simplement que l'ombudsman peut refuser
d'agir si un autre recours existe. Mais malgré cette technique
législative différente, notre texte s'en rapproche lorsqu'on
l'analyse comme il se doit.
Il faut se rappeler que le système d'ombudsman est un
système qui fait essentiellement appel au pouvoir de révision
interne de l'autorité sur les décisions et les comportements
contestables de ses services ou de ses officiers ou encore, si on veut
s'exprimer de façon plus générale, un système qui
fait appel à la possibilité pour une autorité rendue
consciente de son erreur de se reprendre elle-même, s'il lui est encore
loisible de le faire.
Or, ce pouvoir de révision interne ne saurait évidemment
disparaître par le seul fait qu'un recours judiciaire serait ouvert aux
citoyens préjudi-ciés.
Dans le cas précis dont il est question, il y a même plus.
Le recours des Investissements Seigle auquel on a pensé est
évidemment le recours en nullité que prévoit le droit
commun des contrats civils au cas de vice de consentement.
Certes un tel recours aurait peut-être pu être
intenté, mais, à mon avis, il n'aurait pas réussi parce
que le dol sur lequel il aurait dû se fonder n'était pas
suffisamment caractérisé, et surtout le remède auquel il
aurait pu donner lieu n'était pas du tout celui qui paraissait
souhaitable en l'espèce puisque la seule possibilité du tribunal
saisi aurait été l'annulation pure et simple du contrat. Me
retrancher derrière cette disposition de l'article 17 pour me
libérer de la considération de la plainte parce qu'elle
m'apparaissait embêtante m'était donc impossible. La situation a
toujours été pour moi à cet égard parfaitement
claire et je n'arrive pas à comprendre, et n'y arriverai jamais sans
doute, comment certains journaux, à la suite de ma conférence de
presse du 29 septembre, ont pu conclure de mes explications que j'avais admis
sur cette base avoir excédé ma juridiction.
L'existence d'un recours possible de droit commun ne saurait conduire au
rejet d'une demande que si le recours est suffisamment direct et le
remède auquel il pourrait donner lieu, suffisamment
approprié.
Si vous voulez, pour mieux faire voir en pratique, j'en donnerai un
exemple et ce sera d'une pierre deux coups car mon exemple me permettra, en
même temps, de dissiper une autre équivoque qu'on a
soulevée dans les déclarations publiques faites autour de cette
affaire Seigle.
On a parlé d'une subvention, d'un premier ajustement de
$109,638.41 qui aurait été accordée aux Investissements
Seigle en février 1974 en trouvant intrigant que le Protecteur du
citoyen n'en ait fait aucune mention.
Peut-être n'en a-t-il pas été informé, a-t-on
pensé. M. le Président, ce paiement de $109,638.41 non seulement
j'en étais bien informé, mais il avait fait l'objet d'une plainte
spécifique et formelle de la part des Investissements Seigle. Cela
n'avait rien à voir, ni de près, ni de loin, ni directement, ni
indirectement, avec une subvention, ni, non plus, avec le problème du
coût du loyer que l'autre plainte devait mettre en cause.
Voici ce dont il s'agissait. Dans le contrat de location du 17 novembre
1972, il avait été expressément prévu, comme dans
tous les contrats de location du genre, une clause générale
stipulant que le preneur peut faire à ses frais toute transformation
dans les lieux loués et une clause spécifique prévoyant
que "toute nouvelle demande par le preneur, postérieure au 17 novembre
1972 date de la signature du bail quant aux modifications
d'aménagement convenues antérieurement sera sujette aux
dépenses occasionnées par cette demande", c'est-à-dire
sera aux frais du preneur bien qu'exécutées par les soins du
propriétaire. C'est l'une des clauses habituelles, dite "escalator."
Plusieurs mois après la signature du bail, au cours des mois de
mars et d'avril 1973, les discussions qui se poursuivaient entre le
ministère des Travaux publics et les représentants des divers
ministères intéressés au sujet de l'aménagement des
lieux devaient conduire à la décision de procéder à
une série de modifications des plans d'aménagement
déjà définis, la plus importante de ces modifications
étant le remplacement de l'arrangement paysager convenu par des cloisons
jugées plus adéquates aux besoins des différents
ministères.
Les services des architectes O'Keefe, Poirier et Dostaler furent alors
retenus par les Travaux publics pour préparer un projet et en surveiller
la réalisation. Les propriétaires présentèrent et
firent approuver l'estimation que la maison d'entreprise Régoma
Construction Inc. soumit, à partir du projet, et les travaux furent
entrepris sans délai parce qu'on souhaitait les voir
complétés au plus tôt, étant donné que la
date prévue pour la prise de possession était passée
depuis longtemps et que les locaux occupés jusque-là par les
divers services, dans plusieurs immeubles disséminés par la
ville, devaient être libérés.
Cette estimation, approuvée par les architectes, s'élevait
à $180,566.58. Cela comprenait les cloisons additionnelles, bien
sûr, et la réorganisation du système d'aération,
mais aussi des portes supplémentaires, des serrures spéciales,
une entrée particulière et des cellules en blocs de ciment pour
la sûreté, des installations spécifiques pour la Cour du
bien-être social, des tapis, des comptoirs et le reste.
Les transformations et additions furent achevées au cours de
l'été et les locaux occupés aussitôt, soit le 1er
juillet. C'est alors que Seigle réclama paiement, paiement dont le
principe n'a jamais fait aucun doute. On ne pouvait, évidemment, payer
que suivant le coût réel et les propriétaires produisirent
les factures reçues de l'entrepreneur, au montant de $159,736.22. Le
service de l'estimation de la direction générale de
l'approvisionnement du ministère procéda alors à une
analyse de toutes les factures et s'employa à réviser les
montants de chacun des articles inscrits, à partir du répertoire
des coûts de location de machinerie approuvés à l'avance
par le Conseil du trésor, des salaires prévus au décret de
la construction et à partir de ses propres listes de prix courants.
La révision aboutit à un chiffre total de $109,638.51 que
le ministère offrit aux propriétaires en règlement final.
Les propriétaires s'opposèrent, bien sûr.
Ils firent valoir, évidemment, que le projet avait
été approuvé, qu'il avait été
complété en vitesse et sous la surveillance des architectes du
ministère et qu'ils avaient droit incidemment les architectes
étaient les mêmes que ceux qui avaient construit l'édifice,
mais ils avaient été engagés par le ministère pour
les travaux de rénovation et de modification de réclamer
au moins ce qu'ils devaient effectivement débourser,
$159,736.22, tous ces travaux ayant été faits pour le
compte et à la charge du ministère.
La dernière lettre du sous-ministre est du 5 février 1974;
elle dit en substance: C'est à prendre ou à laisser, c'est un
règlement final.
Pressés par leurs créanciers, les propriétaires, en
février 1974, après neuf mois d'oppositions et de tergiversations
prirent le montant et me soumirent aussitôt une plainte.
Voilà donc ce qui en est de ce paiement de $109,638.51. Mais pour
en revenir au but premier de mon exemple, pour en revenir à la
comparaison que je voulais faire au sujet de l'application de l'article 17 sur
le recours adéquat, je signalerai simplement que cette plainte des
Investissements Seigle Inc., je l'ai rejetée, pour deux motifs. Le
premier, je reviendrai plus loin sur l'autre, est que la compagnie, si elle
prétendait n'être pas soumise au répertoire et listes de
prix du ministère à cause de son contrat, avait un recours direct
en Cour supérieure qui lui assurait un remède également
adéquat, soit le remboursement de ses dépenses.
La situation, par rapport à l'article 17, était, on le
voit bien, totalement différente de ce qu'elle était en regard de
la plainte relative au prix du loyer.
C'est l'existence même du bail qui a finalement fourni la base de
la troisième objection qu'on a cherché à faire valoir. Le
seul fait qu'il y ait contrat, a-t-on dit, exclut toute possibilité
d'agir du Protecteur du citoyen et l'obligeait à refuser, dès le
départ, de recevoir la plainte.
La prétention est plus sérieuse et peut paraître
plus subtile, mais elle résulte encore de confusions et ma
réponse sera aussi catégorique que celle formulée à
l'égard des deux autres objections mises de l'avant.
Je n'ai jamais pensé qu'une règle absolue d'une telle
portée pût exister et je crois que ni la loi
québécoise ni les lois étrangères qui l'ont
inspirée ni le concept même d'ombudsman n'appuient l'existence
d'une telle règle.
C'est le comportement contestable d'un service administratif ou de l'un
de ses officiers que l'ombudsman est chargé de déceler. Un tel
comportement peut se présenter quelle que soit l'activité
administrative mise en cause et il ne change pas de caractère parce
qu'il aurait abouti à un consentement ou à un contrat. Car, la
situation privilégiée de l'Etat se manifeste parfois en pratique
tout autant dans son activité contractuelle que dans ses autres
activités. La moindre expérience de la vie administrative suffit
pour s'en rendre compte et tous les administrativistes ne cessent de le
répéter.
Mais, là, attention! C'est, je le répète, le
comportement contestable d'un service qui concerne l'ombudsman et cela
seulement; s'il y a eu consentement ou contrat, c'est le comportement au niveau
de la négociation du contrat ou de son exécution, au niveau des
moyens pris pour obtenir l'accord ou en assurer le respect.
Ce serait parfaitement intolérable et même ridicule que
l'ombudsman intervienne sous le seul prétexte qu'un contrat lui
paraîtrait en lui-même inadéquat et jamais, jamais
l'idée ne m'en a effleuré l'esprit; c'aurait été de
ma part stupide.
Que la lésion qui résulte d'un contrat
déséquilibré, quoique normalement conclu, ou
l'imprévision qui le rend lésionnaire après coup, pour des
causes ultérieures indépendantes des parties, ne regardent pas
l'ombudsman, c'est parfaitement évident.
Je l'ai répété à maintes reprises, dans tous
mes rapports, et pas moins de trois fois dans ma lettre du 15 mai, au sujet de
l'affaire Seigle.
En tant que juriste, je pense qu'il en est peu qui soient plus
sensibilisés que je ne le suis au respect du principe de la force
contractuelle et le nombre de plaintes que j'ai rejetées en application
de ce principe est énorme. Il a toujours été parfaitement
acquis pour moi que la présence d'un consentement ou d'un contrat
crée la plus forte présomption qui soit contre la
recevabilité d'une plainte. Seulement, il est arrivé des cas
où ce consentement, des cas où ce contrat m'a semblé avoir
été donné ou conclu dans des conditions anormales, tenant
à un comportement contestable d'un service. Et là, j'ai toujours
pensé qu'il était de mon devoir de réagir.
Tous les rapports que j'ai soumis à l'Assemblée depuis
1969 contiennent des exemples types de cas de cette nature. Qu'on me permette,
pour illustrer, de tirer du rapport de l'an dernier deux sommaires
présentés à dessein dans le texte en regard l'un de
l'autre. On sait peut-être que mes sommaires dans ces rapports sont
inspirés, bien sûr, de dossiers, mais sont simplifiés
à l'extrême, leur but étant uniquement de
concrétiser une situation type en vue de mieux mettre en lumière
les principes d'agir du service.
Et je lis. S-179: Un exproprié se plaint de l'insuffisance de
l'indemnité qu'il a acceptée, prétendant qu'elle ne couvre
pas tous les dommages que l'expropriation lui a causés. La plainte n'est
pas fondée; l'évaluation des dommages pouvant donner lieu
à compensation a été faite suivant les règles et le
plaignant y a acquiescé en pleine connaissance de cause. En l'absence
d'erreur manifeste ou de consentement vicié, on ne saurait remettre en
question l'accord intervenu.
S-180: Le plaignant reproche au ministère de lui avoir fait
accepter une indemnité d'expropriation qui ne tenait pas compte du fait
qu'une servitude de non-accès au chemin public rendait plus difficile
l'exploitation du résidu de sa propriété. La plainte est
fondée. Lors des négociations, le plaignant n'avait pas
réalisé que sa ferme coupée par la nouvelle route, sur
laquelle il n'aurait qu'un accès indirect, serait beaucoup plus
difficile d'exploitation et, manifestement, l'indemnité qu'il avait
acceptée n'en tenait pas compte. Le ministère acceptera de
reprendre l'évaluation et de faire une nouvelle offre.
Un autre exemple, tiré du même rapport, montrera en page
100 ce qui en est de mon attitude à l'égard du système de
soumissions et des contrats qui en résultent, puisqu'on a parlé
je ne comprends pas comment, face à ma lettre du 15 mai, mais
enfin de perturbation possible que
mon action pouvait causer à ce niveau. Dans le même
rapport, S-197: Le plaignant, un entrepreneur, croit injuste qu'on le force
à respecter intégralement la soumission qu'il a souscrite en
réponse à un appel d'offre pour l'exécution d'un contrat
de voirie, même s'il est manifeste qu'une pure erreur de copiste s'est
glissée dans la compilation des chiffres où, au lieu de $800 et
$600, on a inscrit $8 et $6. Ce qui a naturellement conduit à un
coût total inférieur à la réalité. L'erreur,
fait-il valoir, portait sur le prix unitaire de lampadaires qu'il devait
acquérir d'un fournisseur; elle était évidente et
d'ailleurs attestée par le dossier car le contrat du fournisseur y avait
été lui-même versé. Puisque la correction n'aurait
nullement affecté l'ordre des soumissions, il n'admet pas que le
ministère s'y oppose aussi catégoriquement maintenant qu'il a
exécuté son contrat. La plainte comme telle n'est pas
fondée. Il faut d'abord se rappeler que ce n'est qu'avec une prudence
extrême qu'on peut accepter d'étudier ces demandes de
soumissionnaires qui déplorent, pour une raison ou pour une autre, les
conséquences que leur a values la rigueur des règles
adoptées par le système actuel de soumissions publiques, le
moindre accroc dans la procédure habituelle étant susceptible
d'avoir des conséquences en chaîne.
Mais s'il est un cas qui soit digne de considération,
malgré ces réserves de base, c'est bien celui mis en
lumière par la plainte, l'erreur dont on avait catégoriquement
refusé de tenir compte était manifeste et attestée par le
dossier lui-même.
Personne ne doutait qu'elle avait été commise de bonne foi
et sa correction n'aurait pas changé l'ordre des soumissions.
S'interroger dans les circonstances sur l'attitude intransigeante
adoptée est certes légitime. Partant du principe qu'un formalisme
n'a de sens qu'en tant qu'il peut aider a promouvoir un but précis que
l'on doit chercher à atteindre, on pourrait être porté
à plaider en faveur d'une certaine souplesse.
Il faut toutefois prendre garde que nous sommes en un domaine
particulièrement délicat et que la simple acceptation du principe
qu'une erreur de copiste affectant le prix unitaire d'un article et, partant,
le montant global d'une soumission peut être corrigée pourrait
fort bien ouvrir la porte à des manigances que le système veut
justement empêcher.
Ne pourrait-on pas, par exemple, simuler une erreur pour s'assurer une
position prioritaire et en demander par la suite la correction, après
s'être assuré que la marge qui sépare du deuxième
plus bas soumissionnaire est suffisante. La position du ministère sur ce
plan apparaît donc parfaitement justifiée et la conclusion force
à disposer de la plainte.
J'ajoute deux autres sommaires, tirés du rapport que je
déposais en juin dernier, qui, dans des domaines différents,
confirment encore ces préoccupations qui me guident, lorsque je me situe
dans le cadre de relations contractuelles.
S-48, des étudiants qui étaient à l'emploi d'un
ministère, au cours de la période de vacances, se plaignent du
salaire qu'on leur a versé parce que, eu égard aux heures de
travail qu'on exigeait d'eux, il aurait été inférieur au
salaire minimum. La plainte techniquement n'est pas fondée. Les
étudiants ont accepté librement le salaire qui leur était
offert, et le gouvernement n'est pas strictement soumis à la Loi du
salaire minimum.
La situation en elle-même n'en est pas moins troublante, les faits
invoqués étant exacts. Il faut savoir, cependant, qu'elle
résulte de ce qu'on n'a pas prévu, en déterminant les
échelles de salaire pour les emplois d'été, que quelques
étudiants seraient rattachés à des corps d'ouvriers et
appelés, en conséquence, à travailler 40 heures par
semaine, et non 32 heures et demie comme le veut la règle normale. Le
Conseil du trésor a convenu de procéder, pour l'avenir, à
une révision des échelles qui tiendra compte de ces
disparités.
Et enfin un dernier, M. le Président, S-49. Dans le rapport de
juin dernier, un groupe de professionnels, dont les services ont
été retenus par contrat, se plaignent de ne pouvoir obtenir un
réajustement de leur traitement qui tienne compte des nouvelles
échelles de salaire approuvées récemment par les
employés du gouvernement. La plainte est fondée sur le strict
plan du droit. Il est évident que la réclamation des plaignants
n'est pas recevable. Rien ne force le gouvernement à modifier les termes
d'un contrat librement consenti.
La situation n'est toutefois pas aussi simple sur le plan convenance et
équité. D'une part, il est de principe que les employés
occasionnels se voient offrir des traitements équivalents à ceux
accordés aux employés permanents. D'autre part, il s'agit ici de
contrats de renouvellement qui avaient été préparés
à l'avance, peu avant l'adoption des nouvelles échelles, pour
éviter plus tard et ce fut, en fait, après la mise en
vigueur des règles nouvelles une interruption d'emplois que l'on
craignait. Et le tout avait été fait dans des conditions telles
que les plaignants avaient manifestement l'impression que les
réajustements ne soulèveraient éventuellement aucun
problème. Le Conseil du trésor finalement autorisa les
corrections souhaitées.
Eh bien, le cas Seigle se situait, à mon avis, exactement dans
cette ligne de pensée que je viens d'expliquer et de concrétiser
par quelques exemples. Ma réaction, j'en résumais le motif de
base dans un paragraphe de ma lettre du 15 mai, à la fin de la lettre:
"Je ne crois pas, écrivais-je, dans ces circonstances que je viens de
relater, que la seule force du contrat soit suffisante pour autoriser le
gouvernement à profiter d'un prix de rabais aussi important. La
confiance qui doit présider au rapport, même d'affaires, entre
l'Etat et ses contractants, plus fondamentale et exigeante encore que dans les
rapports privés, serait, a mon avis, trop bafouée.
En revanche, je ne crois pas, non plus, que le contrat puisse être
tout simplement oublié et qu'une nouvelle négociation doive
être entreprise. Les promoteurs ont été naïfs et
imprudents et ils doivent assumer, dans une certaine mesure, les
conséquences de leur geste, car ce serait faire fi,
de façon excessive, du principe de la force contractuelle et
créer un précédent inacceptable. De nouveau, à ce
sujet, qu'on me permette, pour fins de comparaison additionnelle, de revenir
sur l'autre plainte de la compagnie Seigle relative au paiement des frais de
transformation.
J'ai dit, tout à l'heure, qu'il n'y avait pas que le motif de la
possibilité d'un autre recours qui m'avait conduit à la rejeter
purement et simplement. Il y en avait aussi un deuxième; ce
deuxième, c'était justement l'acceptation du montant en
règlement final auquel s'étaient résignés les
plaignants. Il y avait eu un accord auquel les propriétaires avaient
souscrit, sous la pression de leurs créanciers, peut-être
c'est ce qu'ils disaient mais qui n'était aucunement le
résultat d'un comportement abusif du ministère qui, lui, n'avait
que fait valoir sa prétention sur l'étendue de son obligation, ce
qu'évidemment tout débiteur est en droit de faire.
Il n'était pas question pour moi de faire abstraction de ce
consentement. La différence de réaction se comprend fort bien.
Ici, ce n'était pas le comportement discutable du service qui avait
conduit à l'acceptation, alors que là, dans le cas de la fixation
du prix du loyer, l'imprudence et la naïveté des promoteurs, au
moment de donner leur accord, avaient été, à mon avis,
doublées, pour ainsi dire, d'une sorte d'exploitation de la situation ou
d'un genre d'abus de confiance, peu importe qu'il ait été
involontaire de la part du service. Selon mes principes d'agir, les deux
situations exigeaient de ma part des attitudes nettement
différentes.
Je regrette d'avoir été si long, mais on comprendra,
à ce stade, que je fasse tout pour sauvegarder à l'institution
dont j'ai la responsabilité cette crédibilité qui
constitue, en définitive, son seul point d'appui. Si j'ai accepté
de recevoir la plainte que me soumettaient les actionnaires des Investissements
Seigle Inc. et je me permets de faire remarquer qu'il aurait
été, à ce moment-là, beaucoup plus avantageux et
facile pour moi de m'en débarrasser, ce dont je n'étais pas assez
inconscient pour ne pas me rendre compte dès le premier abord et
de l'examiner, c'est que j'aurais manqué à mon devoir en la
rejetant a priori sous le faux prétexte que les plaignants
étaient formés en compagnie et qu'ils pouvaient exercer un autre
recours également adéquat ou que je n'avais pas compétence
vu la présence d un contrat.
Si, après plusieurs semaines et même plusieurs mois
d'enquête, d'entrevues et de réflexion, j'ai exprimé l'avis
du 15 mai, c'est que je me suis finalement convaincu qu'indépendamment
des allégeances politiques des plaignants, que je connaissais
parfaitement bien, et des conditions dans lesquelles ils étaient,
à l'origine, entrés en contact avec le ministère, les
principes d'agir que j'ai toujours suivis depuis que je suis Protecteur du
citoyen exigeaient que je le fasse, peu importe ce qui pouvait en
résulter pour moi.
Voilà ce que je voulais dire le plus clairement possible. Avant
de répondre aux questions qu'on voudra me poser, je vous sais
gré, M. le Président, de m'avoir permis de le faire dès le
début de cette rencontre.
Le Président (M. Lamontagne): Merci beaucoup, M.
Marceau.
Commentaires et questions
M. Hardy: Je pense que l'exposé que vient de faire le
Protecteur du citoyen est très clair par lui-même. Quant à
moi, je n'ai pas de question à formuler. Toutefois, le voeu que je peux
faire, c'est que la diffusion que l'on pourra faire des propos du Protecteur du
citoyen soit placée dans la plus grande objectivité possible et
que l'on diffuse, d'une façon claire et précise ses propos.
Je pense bien que si tous les citoyens du Québec avaient pu, ce
matin, être ici et entendre cet exposé, il n'y aurait plus aucun
doute dans l'esprit des Québécois.
Le Président (M. Lamontagne): Avant de permettre quelques
questions et compte tenu de votre prise de position au début de votre
intervention, je dois rappeler que toute question doit se rapporter à la
juridiction du Protecteur du citoyen, à son mandat. Je pense que c'est
bien clair. D'ailleurs, tout à l'heure, vous avez mentionné, si
je me souviens bien je n'ai pas le texte qu'il ne s'agit pas de
faire le procès du gouvernement ou le procès d'individus mais
bien du rôle du Protecteur du citoyen, compte tenu du cas Seigle. C'est
strictement cela.
M. Léger: M. le Président, je remercie le
Protecteur du citoyen de son intervention et des sujets sur lesquels il a voulu
éclairer la commission parlementaire.
Je voudrais, au départ, situer nos interventions et les questions
que nous avons à lui poser, en expliquant que ce que nous
désirons, c'est parler surtout des faits et non pas spécialement
de l'interprétation de la loi.
En ce qui nous concerne, M. le Président, nous avons publiquement
reçu une lettre du Protecteur du citoyen. Dans cette lettre qu'il
adressait à M. Trudeau, sous-ministre des Travaux publics, il disait,
entre autres, au départ: "II est aisé de se rendre compte de
l'énorme difficulté que soulève la demande de la compagnie
Seigle et je ne vous ai pas caché la profonde réticence avec
laquelle j'avais accepté de la considérer." C'est donc dire que
c'était un sujet délicat et difficile, puisque le Protecteur du
citoyen lui-même admettait qu'il avait, au départ, une certaine
réticence.
Un peu plus loin, le Protecteur du citoyen disait: "Je ne crois pas
qu'il revienne au Protecteur du citoyen de se prononcer sur une question de
cette envergure qui est plus d'ordre politique qu'administratif. ' Et un peu
plus loin, un paragraphe très important de sa lettre: "Au début
de 1971, trois résidents de Saint-Jean, mis au courant je
souligne mis au courant 'un projet de regroupement de bureaux du
gouvernement jusqu'à ce
moment mal logés et disséminés dans la ville
voilà une occasion de faire une affaire rentable proposent
à des membres du gouvernement en mesure de les appuyer je
souligne en mesure de les appuyer d'assumer eux-mêmes la
construction de l'édifice requis. Ils sont alors mis en contact
je souligne mis en contact avec le directeur attaché au
contrôle des immeubles au ministère des Travaux publics, qui leur
explique que, pour obtenir l'adhésion qu'ils souhaitent et le bail de
longue durée dont ils ont besoin pour réaliser leur entreprise,
il leur faut s'engager à construire un édifice selon les
spécifications du ministère à un taux de location
n'excédant pas $3.75 le pied carré. Etant eux-mêmes sans
aucune expérience je cite à nouveau: sans aucune
expérience et se fiant aux calculs du directeur à qui ils
font confiance, comme ils y ont été invités je
souligne comme ils y ont été invités ils acceptent
de procéder, après une simple vérification superficielle,
sans connaître ni les normes et les spécifications exigibles, ni
même dans une grande mesure leur propre coût de construction."
Il ressort de ces faits que les bénéficiaires de ce
contrat n'ont pas, premièrement, d'expérience dans ce genre
d'activité, ce qui est très important, se fient
entièrement au fonctionnaire et à leurs amis politiques et,
troisièmement, n'ont pas l'argent nécessaire pour bâtir
l'immeuble, mais doivent l'emprunter sur la garantie du bail à long
terme conclu avec le gouvernement. Ce dernier point est capital, car c'est la
clef de toute l'affaire: Sans bail, avant le début de la construction,
pas de financement et donc pas de bâtisse à louer. Alors, ce
paragraphe est très important, parce que dans un tel système il y
a un inconvénient majeur. C'est le fait qu'il existe une période
assez longue entre la décision à prendre pour avoir cette
bâtisse et le moment où ils ont réussi à obtenir le
financement voulu.
Cela pourrait devenir catastrophique dans une période d'inflation
comme la nôtre. Et c'est là qu'on se demande, devant les
difficultés de départ, comment il se fait qu'on ait eu, à
ce moment, un an et demi plus tard, l'acceptation de réaliser un projet,
alors qu'il était évident pour les promoteurs que le coût
en serait plus élevé que prévu. Il s'élevait
à $730,000 et, après des études superficielles, à
$930,000. Comment se fait-il qu'on ait accepté de donner suite à
ce contrat qui, déjà, était déficitaire, et que,
par la suite on ait accepté un autre espace additionnel de 5,580 pieds
carrés comparativement aux premiers 24,000 et quelques pieds
carrés, au même prix qui était déficitaire?
Ce sont des questions qui me sont venues à l'esprit. Et ce qui
est le plus frappant c'est que le bail annuel était, à ce moment,
avec cette augmentation, un bail d'un coût de $111,300 par année.
La première intervention provenait du fait qu'on a obtenu, pour des
travaux de réaménagement, une somme qui équivaut à
peu près au même montant annuel du bail, et un peu plus tard, on
est revenu en 1975 avec un chiffre de cette même envergure.
Les premières questions qui me viennent à l'esprit c'est
qu'il n'y aurait pas eu de contrat s'il n'y avait pas eu de bail. Si on n'avait
pas eu un bail, aurait-on pu construire cette bâtisse puisque le bail
était la cause première pour amasser le financement voulu?
Ma question première au Protecteur du citoyen est la suivante:
Quelles sont les raisons de votre profonde réticence derrière les
deux affirmations de départ que vous avez accepté de
considérer et, deuxièmement est-ce que vous pourriez nous
expliquer l'affirmation que vous faites à la page 2 de votre lettre
quand vous dites: "Je ne crois pas qu'il revienne au Protecteur du citoyen de
se prononcer sur une question de cette envergure qui est plutôt d'ordre
politique qu'administratif."
L'aspect politique-administratif que vous mettez en évidence,
j'aimerais que vous l'expliquiez davantage et, par la suite, je pense qu'il y
aura peut-être d'autres questions plus détaillées sur
l'ensemble du dossier.
M. Marceau: La première affirmation de ma lettre qui vient
d'être relevée: "II est aisé de se rendre compte de
l'énorme difficulté que soulève la demande de la compagnie
Seigle, et je ne vous ai pas caché la profonde réticence avec
laquelle j'avais accepté de la considérer."
C'est tout simplement à l'ensemble du dossier que je faisais
allusion en terminant, tout à l'heure, mon exposé. Je ne suis pas
assez naïf pour ne pas réaliser ce que peut représenter un
dossier aussi délicat que celui-là.
Je sais comment le contrat a originé, si c'est ce qu'on veut me
faire dire, et je l'ai répété à maintes reprises.
Du reste, je n'ai rien à cacher là-dessus. Et je réalisais
fort bien, étant donné le caractère particulier de ma
réaction et peut-être la difficulté de la faire comprendre,
que l'on pouvait s'interroger. Je ne me suis jamais attendu à ce qu'on
le fasse de cette manière, mais je savais que ce dossier était
pour moi un dossier difficile. C'est en rédigeant ma lettre que cette
idée m'est venue et que je l'ai exprimée.
En second lieu, en soi même, indépendamment de ce à
quoi je viens de faire allusion, dans le cas où il s'agit d'analyser une
plainte qui a trait à un contrat, cela aussi j'ai essayé de
l'expliquer tout à l'heure, c'est pour moi toujours très
difficile. J'ai dit que j'étais un juriste et j'ai cela dans le sang. Le
principe du respect de la force contractuelle, je l'ai dans le sang. Et quand
j'arrive à une recommandation qui semble, en apparence, car ce n'est
qu'en apparence, je l'ai bien dit, qui semble mettre en question le principe,
cela me fait quelque chose et c'est pour moi extrêmement
embarrassant.
Voilà pour la première réflexion qui, du reste, est
une réflexion un peu plus de style.
La deuxième est plus importante. On n'a cité qu'une partie
de la phrase et je vais citer toute la phrase pour m'expliquer. Ce que je dis
c'est: L'imprévision n'est pas, en principe, une cause de
révision d'un contrat. Et même si sa prise en considération
en droit public est plus défendable qu'en droit privé, je ne
crois pas qu'il revienne au
Protecteur du citoyen de se prononcer sur une question de cette
envergure, qui est plus d'ordre politique qu'administratif. Voici
l'explication.
L'imprévision, comme chacun le sait, c'est la circonstance qui
rend un contrat déséquilibré après sa conclusion
pour des causes qui ne dépendent pas des parties, la plus notable, bien
sûr, la plus facile à imaginer étant ce que l'on
connaît maintenant, l'inflation. Un contrat est passé pour une
longue période, en vertu de conditions économiques
établies. Celui qui fait le contrat ne prévoit pas une inflation
galopante ou enfin une modification des conditions économiques et on se
rend compte, après un certain nombre d'années, que le contrat est
déséquilibré. C'est cela, l'imprévision.
L'imprévision, en droit public, en France, est une cause de
réformation des contrats. Dans le système anglo-saxon, c'en n'est
pas une. Ce que je dis ici, c'est que l'imprévision n'est pas une cause
de révision des contrats et même si en droit public on peut penser
que ce serait plus normal, de toute façon la décision de
l'introduire comme cause de réforme ou de réformation d'un
contrat est une décision politique et non administrative, et certes pas
qui dépend du Protecteur du citoyen.
C'est la première des trois fois où je précise que
l'imprévision, cela ne me regarde pas et que je ne veux pas y
pénétrer. Si l'Assemblée nationale, de qui cela
dépend, veut un jour introduire dans notre système juridique, en
matière de droit public, comme c'est le cas dans tous les pays
continentaux, en Europe, comme c'est le cas en France, l'imprévision
comme une cause de révision des contrats, elle le fera mais cela ne
dépend pas de nous. C'est cela que j'ai voulu expliquer ici.
Je crois que ce sont les deux questions qui ont été
posées.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, comme tous
les membres de la commission, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention l'exposé qui a été fait par le Protecteur du
citoyen. Il est clair que le Protecteur du citoyen est un homme qu'on doit
respecter, d'ailleurs, comme toutes les personnes qui ont à
témoigner devant les commissions parlementaires. C'était inutile
de le mentionner.
M. Veilleux: Pourriez-vous parler plus fort?
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que cela n'a jamais
été l'intention de qui que ce soit de vouloir manquer de respect
au Protecteur du citoyen comme à n'importe quel témoin qui vient
déposer devant une commission parlementaire.
Comme l'a dit le Protecteur du citoyen, il a la tâche importante
de sauvegarder la crédibilité de l'institution qu'il
représente et nous sommes d'accord là-dessus. Dans ce sens,
j'imagine qu'il n'aura aucune objection à répondre à
toutes les questions que nous aurons à lui poser.
Le Protecteur du citoyen a déploré les circons- tances qui
l'amènent, pour la premiere fois, aevant une commission parlementaire.
Nous aussi, nous le déplorons, mais je crois que le Protecteur du
citoyen n'a pas à s'offusquer ou à faire preuve de quelque
agressivité que ce soit. Nous nous épargnerons de le faire nous
aussi. Il n'a pas non plus, je pense, à se scandaliser d'avoir à
témoigner par rapport à ce cas spécial, comme il l'a
mentionné, à savoir les Investissements Seigle. Je crois que
personne n'a à s'offusquer de certaines interrogations que l'Opposition
ou même d'autres personnes, qui que ce soit, pourraient avoir concernant
le cas spécial dont il est question.
D'ailleurs, le Protecteur du citoyen lui-même a exigé
d'être entendu devant la commission parlementaire pour avoir l'occasion,
comme il l'a dit, de faire la complète lumière sur tous les faits
qui entourent ce cas spécial.
C'est d'autant plus normal que nous nous interrogions, M. le
Président, comme on l'a mentionné tout à l'heure et comme
l'a mentionné le Protecteur du citoyen dans sa lettre du 15 mai 1975
à M. Trudeau, sous-ministre aux Travaux publics et à
l'Approvisionnement, que lui-même, le Protecteur du citoyen, parlait dans
sa lettre il l'a mentionné encore tout à l'heure de
l'énorme difficulté que soulevait la demande de la compagnie
Seigle et de la profonde réticence qu'il avait eue à accepter de
la considérer. Lui-même, dans un premier temps, et c'est dans sa
lettre, mentionne: "Examiner dans ces conditions et en égard à ma
juridiction la possibilité de suggérer une révision
m'apparaissait, au départ, sinon impossible, du moins extrêmement
délicat" et ce n'est qu'après une longue enquête
personnelle, dont il est au courant de tous les faits, qu'il en est
arrivé à une conclusion.
Il est normal que des gens qui n'ont pas eu l'occasion de faire cette
enquête aient, également, cette première impression dont
parlait le Protecteur du citoyen.
Le Protecteur du citoyen nous a dit j'essaie de le citer le plus
textuellement possible qu'il était convaincu que c'était
par pure méconnaissance du problème que nous avions à nous
pencher sur le cas spécial qui a provoqué la commission
parlementaire et que la pure méconnaissance du problème
était, si je l'interprète bien, à la base de certaines
interrogations. Chose certaine, c'est qu'il en connaît plus que nous,
parce qu'il a eu l'occasion d'analyser ce dossier et de soupeser tous les faits
qui sont venus à sa connaissance. Dans ce sens-là, je le
répète, je suis convaincu qu'il répondra à toutes
les questions que nous aurons à lui poser.
Il y a un point, cependant, que le Protecteur du citoyen a
mentionné; entre autres, il s'étonnait que l'Opposition ou
certains journaux aient soulevé des objections concernant le fait qu'il
ait pu considérer la demande et je prends textuellement ce qu'il a
dit.
Je pense qu'à ce moment-là le Protecteur du citoyen, avec
tout le respect que je lui dois, situe mal l'étonnement. Nous ne sommes
pas étonnés que le Protecteur du citoyen ait accepté de
considérer le problème qui lui était soumis. Il n
avait,
comme vous l'avez dit d'ailleurs, même pas le choix; de par sa
fonction, il devait le considérer.
Je crois plutôt que l'étonnement, si on le situe à
la bonne place, vient du fait qu'après l'avoir considéré
le Protecteur du citoyen et c'est là-dessus qu'on se pose des
questions ait accepté de rendre jugement ou de faire des
recommandations très précises. Là-dessus, quitte à
entrer dans un débat juridique un peu plus poussé à mesure
que les travaux de la commission avanceront, je crois quand même que la
meilleure manière de se situer quant au droit, quant à l'attitude
du Protecteur du citoyen dans sa décision non seulement de
considérer, ce qui est normal, mais de rendre jugement ou de faire des
recommandations est de procéder par l'étude des faits, qui nous
permet ensuite de nous prononcer sur la situation de droit.
Dans ce sens, M. le Président, j'essaierai, dans l'ordre
chronologique, de poser certaines questions au Protecteur du citoyen et je m'en
tiendrai, d'une façon tout à fait spéciale, pour respecter
cette chronologie, à sa lettre du 15 mai 1975.
Mais auparavant, M. le Président, j'aurais deux demandes à
faire à la commission. Dans sa lettre de mai 1975, le Protecteur du
citoyen parle à un moment donné, à la page 3,
deuxième paragraphe, d'une offre écrite du 14 juin 1971.
J'imagine que c'est la lettre d'intention qui avait été, au
départ, signée entre les représentants des Investissements
Seigle et le ministère. Alors, je demanderais qu'on nous dépose
cette lettre d'intention, de manière à pouvoir offrir une
argumentation valable. Il est clair qu'il faut qu'elle soit
déposée et j'imagine...
M. Hardy: Est-ce que ça n'a pas déjà
été déposé à la commission des engagements
financiers?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non. Justement, en
référence à la commission des engagements financiers, tel
qu'on l'avait mentionné...
M. Hardy: De quelle lettre parlez-vous?
M. Bédard (Chicoutimi): La lettre d'intention de juin
1971.
NI. Hardy: M. le Président, sur cette demande, je suis
obligé de soulever une question de règlement qui se rattache
à ce que j'ai dit au début. Je pense que notre mandat est
d'examiner si le Protecteur du citoyen a agi conformément à la
loi, a respecté le mandat que lui donne la loi.
Quant à ce qui a entouré la conclusion du contrat, c'est
une question qui doit être discutée, qui l'a été
d'ailleurs aux engagements financiers, qui peut être discutée lors
de l'étude des crédits du ministère des Travaux publics ou
qui peut être discutée à l'occasion de la réunion de
la commission qui étudie le rapport du vérificateur. Mais nous ne
sommes pas ici je le répète pour discuter comme
telle de la politique du ministère des Travaux publics concernant
l'octroi de contrats ou les locations. Nous sommes ici strictement pour
discuter si le Protecteur du citoyen a, dans ce dossier, agi
conformément à la loi et à son mandat.
Pour cette raison non pas parce que je m'oppose à ce que
la lettre en question soit déposée, mais simplement pour qu'on
respecte les choses comme elles doivent être respectées la
lettre dont vous parlez, vous demanderez son dépôt en temps et
lieu. Je ne pense pas que ce soit l'endroit ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais si la...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Oui, je vous donnerai la
parole après. Tout à l'heure j'ai fait une certaine mise en garde
concernant le déroulement de nos débats. Il est évident
que nous ne sommes pas un tribunal d'appel d'une décision ou d'une
recommandation du Protecteur du citoyen. La commission doit parler de la
juridiction du Protecteur du citoyen et obtenir de lui certaines explications
concernant sa lettre du 15 mai 1975. Là, je crois personnellement que la
demande de l'honorable député de Chicoutimi a trait au dossier
lui-même alors que nous sommes ici pour nous informer, un peu comme
l'honorable député de Lafontaine a posé deux questions
tout à l'heure, à savoir: Quelle est le sens de votre opinion
lorsque vous écrivez telle chose et, à la page 2, quel est le
sens de votre opinion? Je crois personnellement que c'est là l'objet de
nos préoccupations ce matin et, en relisant le mandat, on parle de la
juridiction du Protecteur du citoyen concernant ce dossier.
On ne peut commencer à sortir tout le dossier, c'est clair. Je
demande à l'honorable député de Chicoutimi de se
référer à d'autres commissions auxquelles il peut
siéger.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je suis
très surpris de cette attitude, tant de votre part que de la part du
gouvernement, concernant cette demande que je crois, personnellement
avec tout le respect que j'ai pour l'opinion de mes confrères d'en face
essentielle et qui a son fondement même à partir de la
lettre du 15 mai 1975. C'est bien mal comprendre le débat, puisque vous
voulez tant le situer du point de vue juridique, que de ne pas accepter au
départ que des pièces qui ont trait à l'aspect juridique
soient déposées au dossier.
Je m'explique, M. le Président: Dans la lettre du 15 mai 1975, le
Protecteur du citoyen, après avoir fait part de ses réticences et
de la difficulté du problème, disait: "D'une part, nous sommes en
face au deuxième paragraphe d'une convention qui, à
sa face même, ne présente rien de particulier et semble pleinement
valable.
D'autre part, le contrat a été approuvé par le C.T.
59819 du 24 octobre 1971 et fut par la suite complété sous
l'autorité d'un arrêté ministériel.
Plus loin, M. le Président, à partir de ce
moment-là, le Protecteur du citoyen explique la difficulté
d'entrer dans ce dossier du point de vue juridiction, parce qu'il y a un
contrat civil qui est parfaitement valable de par son propre jugement.
Or, dans un contrat, il y a une base, il y a une entente et je pense que
le Protecteur du citoyen pourra nous le dire. Il a sûrement eu
connaissance, eu à sa disposition cette entente écrite du 14 juin
1971. C'est d'autant plus important juridiquement, M. le Président, que,
plus loin, pour expliquer ou pour justifier et là je ne me
prononce pas sur le fond, je m'en tiens simplement à la lettre
son intervention, le Protecteur du citoyen, à la page 2, à la fin
du deuxième paragraphe, mentionne ceci: "Mais l'écart à
mon avis, est dû à d'autres causes qui tiennent en grande partie
aux conditions inadéquates de formation du contrat et rejoignent le
consentement lui-même, et c'est là que je prétends trouver
la justification d'une révision partielle".
Alors, M. le Président, il me semble que lorsque l'Opposition
demande tout simplement de déposer ce document, elle va au fond
même du problème en exigeant que soit déposée la
preuve de ce consentement par écrit. Je ne vois pas quel objection on
peut avoir là-dessus, M. le Président. Deuxièmement,
j'imagine que Me Marceau, le Protecteur du citoyen, a été mis au
courant de cette lettre d'intentions et qu'il n'a pas d'objection à la
produire.
M. Hardy: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi finir ma phrase...
M. Hardy: C'est-à-dire que là vous dépassez
la question de règlement...
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi finir ma phrase... et
qu'il n'a pas d'objection à produire ce document de manière
à faire la lumière.
M. Hardy: A ce stade-ci, ce n'est pas la question.
Le Président (M. Lamontagne): C'est une question de
règlement.
M. Hardy: Sur la question de règlement, M. le
Président, encore une fois...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je voudrais, parce que je pense que justement, on s'en va vers des
choses pour lesquelles on n'a pas de mandat... Le député de
Chicoutimi, tout à l'heure, a mentionné que le président
ou des membres ministériels voulaient donner l'indication d'un mandat.
Moi, je n'ai pas à en donner une, je prends celui qu'on me donne. Or,
celui qu'on me donne, ce n'est pas d'examiner si le jugement du Protecteur du
citoyen est bon; c'est de savoir s'il a été fait en
conformité avec sa juridiction comme Protecteur du citoyen. La de- mande
du député de Chicoutimi de produire un document serait tout
à fait normale en d'autres circonstances et en d'autres commissions,
mais ici, je n'ai pas à acquiescer à une telle demande. Ce n'est
pas le rôle qui nous a été confié ce matin.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas à vous
d'acquiescer, M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Ce n'est pas à moi
d'acquiescer, c'est tout de même à moi de vous rappeler à
l'ordre, lorsque vous êtes à l'extérieur du mandat de la
commission.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, c'est ce que vous
prétendez.
Le Président (M. Lamontagne): Ecoutez, ou bien je suis pas
à la bonne place.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je trouve
que c'est très grave ce qu'on fait. S'il fallait...
M. Hardy: Justement, c'est très grave. C'est très
grave, vous avez raison.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
laissez-moi finir et vous allez peut-être changer d'idée.
M. Hardy: Oui c'est très grave, ce que vous faites
là.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi finir. M. le
Président, je trouve que c'est quand même une attitude qui peut
nous amener à des conséquences assez graves, non pas
vis-à-vis de la commission, mais vis-à-vis du Protecteur du
citoyen lui-même. Le Protecteur du citoyen lui-même nous a dit
qu'il n'a rien à se reprocher et qu'il est capable de justifier
juridiquement son intrusion dans le dossier et ses recommandations. Il a dit,
je pense, que la commission ne doit en aucune façon s'opposer à
la possibilité, pour le Protecteur du citoyen, de justement faire la
lumière sur tous les aspects et de répondre à toutes les
questions que nous pourrions lui poser, parce que ce n'est pas tant la
commission que le Protecteur du citoyen qui écoperait au bout de la
ligne.
Je ne vois pas. M. le Président, dans votre argumentation
juridique, la motivation ou la justification qui nous empêcherait
d'avoir, au départ, et puisqu'il s'agit d'un vice de consentement... C
est ce que nous a dit, tout à l'heure, le Protecteur du citoyen et c'est
ce qui l'a incité à s'introduire dans la cause.
Je ne vois pas comment on pourrait refuser, au départ, que la
base du consentement lui-même, que le document attestant ce consentement
lui-même ne soit pas déposé.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre de
l'Education.
M. Hardy: II y a deux réalités bien distinctes.
Je comprends que le député de Chicoutimi et le
député de Lafontaine ne comprennent pas ces deux
réalités ou ne veulent pas les comprendre.
M. Bédard (Chicoutimi): Amenez vos arguments, vous!
M. Hardy: Vous allez me laisser parler. Je vous ai
écouté.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que vous faites,
interrompre les autres, constamment.
M. Hardy: Je dis qu'il y a deux réalités bien
distinctes que le député de Lafontaine et le député
de Chicoutimi tentent de confondre. Une première réalité
apparaît dans le mandat qui est on ne peut plus clair: Commission de
l'Assemblée nationale aux fins d'entendre le Protecteur du citoyen sur
les principes de sa juridiction et, particulièrement, en regard du cas
Seigle. Le mandat de sa juridiction, c'est une réalité. L'autre
réalité, c'est d'attaquer le gouvernement sur ses façons
de procéder ou plus particulièrement le ministère des
Travaux publics. C'est une autre réalité.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que j'ai attaqué le
gouvernement?
M. Hardy: Laissez-moi... Je vous ai écouté.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes bien nerveux.
M. Léger: Vous êtes bien nerveux. M. Hardy: Ce que
le député...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes bien nerveux.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas attaqué
personne, on a demandé le dépôt d'un document.
M. Hardy: Dansez moins et vous verrez si vous êtes
nerveux.
M. Bédard (Chicoutimi): Probablement que vous en savez
plus que moi parce que, moi, je n'ai pas l'intention d'attaquer le
gouvernement.
M. Hardy: II y a deux réalités...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): Je demande simplement le
dépôt d'un document.
M. Hardy: Je répète qu'il y a deux
réalités bien distinctes: Etudier le mandat du Protecteur du
citoyen et savoir s'il a dépassé son mandat ou s'il l'a
respecté dans le cas Seigle; l'autre réalité est d'at-
taquer le gouvernement dans ses façons de procéder pour
l'adjudication de contrats ou la négociation de baux.
Actuellement, les membres de l'Opposition tentent de confondre les deux
et c'est cela que je trouve grave, c'est de se servir du Protecteur du citoyen
pour attaquer une politique gouvernementale. C'est là que vous
contribuez à saper une institution importante. Moi, je m'y refuse. Il y
a d'autres instances et je n'ai absolument aucune raison de vous empêcher
au contraire, je le favorise en tant que parlementaire d'attaquer
le gouvernement. C'est votre rôle, mais tâchez donc de le faire
honnêtement et suivant les voies normales prévues par la loi et
les règlements. Vous pourrez attaquer le ministère des Travaux
publics et le gouvernement à d'autres endroits, mais pas profiter du
Protecteur du citoyen, pas essayer de confondre les choses pour essayer de
jeter du discrédit sur une institution. C'est tout simplement cela que
je veux, que l'on s'en tienne aux réalités d'une façon
bien claire et bien distincte.
Que l'on étudie les principes de la juridiction du Protecteur du
citoyen, particulièrement en regard du cas Seigle, mais qu'on ne tente
pas via cette commission et via le Protecteur du citoyen d'attaquer des
politiques gouvernementales. Encore une fois, c'est votre droit d'attaquer les
politiques gouvernementales, mais vous le ferez en d'autres lieux.
M. Bédard (Chicoutimi): Attendez qu'on le fasse. Je ne
l'ai pas fait.
M. Hardy: Vous le ferez en d'autres lieux et en d'autres
endroits. Actuellement, vous essayez, malicieusement, de vous servir de cette
commission de l'Assemblée nationale et de vous servir de la
présence du Protecteur du citoyen pour faire un débat politique
et c'est cela qui est inadmissible. Tant que je serai ici, je m'y
opposerai.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Johnson.
M. Léger: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lamontagne): Sur la question de
règlement, l'honorable député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Oui, justement, sur cette question. Comme
il est question du dépôt de ce document, de leur offre
écrite du 14 juin 1971 et, ensuite, un contrat sanctionné, la
passation d'un bail le 27 octobre, je pense qu'il serait peut-être
nécessaire, pour que ce soit bien clair dans l'esprit de tout le monde,
pour ne pas qu'il y ait aucun doute, que l'ombudsman répète ce
qu'il nous a dit à la page 12 tout à l'heure, pourquoi il a
recommandé, après avoir hésité pour accepter le
cas, de changer le bail. C'est là qu'est le noeud de toute la
question.
Il l'a dit explicitement tout à l'heure et je voudrais, pour que
ce soit bien clair dans l'esprit de
tout le monde, pour ceux qui n'ont peut-être pas saisi ce
paragraphe de la page 12, qu'on relise particulièrement pourquoi
l'ombudsman, après avoir hésité à prendre cette
cause, a fait une recommandation pour changer le bail. Cela est clairement dit
dans son texte et cela fait partie de la demande de dépôt de
document; cela répond concrètement à cela.
Son devoir était de rendre une décision, mais il avait en
main ces documents. C'est cela que je voudrais entendre répéter,
parce que cela était la concrétisation de toute votre
décision après vos hésitations. Cela éclairerait la
commission plus que le dépôt d'un document.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai voulu, tout à l'heure,
M. le Président, poser la question au Protecteur du citoyen et on m'a
interrompu, on m'a empêché de le faire. Je ne vois pas pourquoi
quelqu'un d'autre pourrait, en dehors de la question de règlement...
Le Président (M. Lamontagne): Sur la question de
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): ... s'en aller sur les questions
au Protecteur du citoyen.
Le Président (M. Lamontagne): Pas pour le moment.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai très bien dit, tout
à l'heure, M. le Président, je laisse la question de
règlementse vider, que j'avais deux demandes à faire pour
dépôt de documents et qu'ensuite j'avais une question à
poser.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine, une question de règlement.
M. Léger: Sur la question de règlement, très
calmement, on n'est pas nerveux là-dessus. Je me demande si la raison
qui nous empêcherait d'avoir un document serait d'éviter de faire,
aujourd'hui et dans les jours à venir, la lumière sur un cas qui
est très important et qui est pertinent à l'avis de convocation
de la commission parlementaire. Il est bien dit que c'est aux fins d'entendre
le Protecteur du citoyen sur les principes de sa juridiction, et
particulièrement en regard du cas Seigle.
M. le Président, la demande du député de Chicoutimi
se réfère à un document qui est à la base
même du dossier qui a permis au Protecteur du citoyen de prendre une
décision. Alors, c'est parfaitement à l'intérieur de la
juridiction de la commission parlementaire. Je me pose des questions
sérieuses sur le refus de déposer un document aussi important
ainsi que d'autres dont nous avons besoin pour être capables
d'éclairer cette commission parlementaire pour arriver à
atteindre l'objectif premier de cette commission parlementaire, qui est de
clarifier les décisions qui ont été prises concernant le
cas Seigle.
M. le Président, je pense que la commission parlementaire ferait
fausse route et induirait réellement la population en erreur si on ne
permettait pas, à ce stade-ci, d'avoir les documents pour évaluer
les responsabilités qu'il y a à prendre, concernant le cas
Seigle. Cela fait partie de la convocation et je pense qu'on ne peut pas
l'éviter. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement serait nerveux et
refuserait de nous déposer ce document ainsi que d'autres que nous
demanderons tantôt.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, sur la
question de règlement...
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous prends à
témoin, et même tous les membres de la commission, qu'avant que je
ne demande le dépôt de ce document je n'ai en aucune façon,
je pense, prononcé le nom de gouvernement, en aucune façon
fait...
M. Hardy: Vous êtes suave.
M. Bédard (Chicoutimi): Dites le contraire, si vous en
êtes capable.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai en aucune façon
attaqué le gouvernement de quelque manière que ce soit...
M. Hardy: Attaquez-le plutôt que d'attaquer le
protecteur.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je suis
vraiment surpris de l'attitude du nouveau ministre des Communications. Le
ministre des Communications devrait nous communiquer quelques renseignements au
moins, ces renseignements que je crois nécessaires, au
départ.
M. Hardy: Vous êtes drôle.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis vraiment surpris, M. le
Président, de l'attitude du gouvernement, face à la demande que
nous faisons. Si on la refusait, je ne pourrais faire autrement
qu'interpréter cela comme étant une certaine peur, de la part du
gouvernement, de déposer...
M. Hardy: Je vous le déposerai n'importe où
ailleurs.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre! M.
Bédard (Chicoutimi): ...le document. Je
vous le dis sincèrement, pour le gouvernement, refuser de
déposer ce document, c'est le plus mauvais service qu'il puisse rendre
au Protecteur du citoyen, qui, lui, est certainement disposé, j'en suis
convaincu, à ce que la teneur de ce document soit connue. Je suis
convaincu, au départ, c'est pour cela que je suis surpris de l'attitude
du gouvernement, que le dépôt de cette lettre d'intention n'a
absolument rien qui puisse porter à un débat.
Le Président (M. Lamontagne): Je voudrais avoir une
information, une espèce de directive. Je suis lié, par le mandat
que nous avons tous ici, à la juridiction du Protecteur du citoyen, en
regard du cas Seigle. Le Protecteur du citoyen, dans une lettre du 15 mai 1975,
fait part au sous-ministre de l'offre écrite du 14 juin 1971. Nous
savons donc qu'il y a une offre du 14 juin 1971.
Je voudrais savoir en quoi la production de cette lettre pourrait nous
éclairer sur la juridiction du Protecteur du citoyen, car nous n'avons
pas à déterminer si le jugement est bon ou non, mais à
nous informer s'il y avait juridiction ou non. Ce n'est pas la même
chose. La production de documents s'inscrit dans l'étude d'un dossier;
or, ce n'est pas le rôle de la commission d'étudier ce dossier,
mais bien d'étudier la juridiction du Protecteur du citoyen en regard
d'un dossier. Ce sont deux choses fort différentes et, à ce jour,
je dois avouer que personne n'a réussi à me convaincre de
l'utilité, même minime, de la production d'un tel document, quel
qu'il soit. Un tel document peut être requis en d'autres circonstances et
en d'autres lieux, j'en conviens, mais je n'ai pas le mandat de...
M. Hardy: ... de le déposer.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
vous avez demandé des éclaircissements...
Le Président (M. Lamontagne): Oui, le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): ... sur l'aspect juridique. Je ne
croyais vraiment pas qu'on aurait un débat sur cette demande
préliminaire que nous faisions et que je trouvais, au départ,
inoffensive et surtout logique. Je vais essayer de vous les donner, à
mon humble appréciation, le plus rapidement possible.
Je référerais également au rapport de l'ombudsman
lui-même. C'est le rapport du Protecteur du citoyen de 1969, je crois,
où il faisait une analyse de chacun des articles de la loi et donnait
ses recommandations ou ses appréciations. Vous ferez la relation parce
que le Protecteur du citoyen a quand même fait une certaine
appréciation du cas, il a accepté, après
appréciation, de prononcer un jugement.
Le protecteur du citoyen, article 33, dit ceci: "II faut en conclure que
c'est l'appréciation du caractère également adéquat
du recours possible qui devient le fond du problème et..."
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît, on a beaucoup de difficulté à entendre.
M. Bédard (Chicoutimi): ... on ne voit pas de qui devrait
relever cette appréciation, si ce n'est pas du protecteur lui-même
et éventuellement de l'Assemblée nationale à qui il doit
rendre compte.
M. le Président, j'ajouterais à ceci l'argument suivant,
et je reste simplement sur l'aspect de juridiction: il me semble que le cas est
clair, le Protecteur du citoyen exprime très clairement que normalement
il n'aurait pas dû agir là-dedans, mais...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): Faut-il encore le
répéter, vous feriez mieux de lire la lettre...
M. Hardy: Vous feriez bien mieux d'écouter le Protecteur
du citoyen plutôt que de dire vos balivernes.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
M. Léger: II est nerveux.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes nerveux.
M. Hardy: Cela rend nerveux d'avoir des gibiers comme vous autres
devant nous.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Léger: Nous sommes nerveux depuis cinq ans de vous
subir.
M. Bédard (Chicoutimi): Le Protecteur du citoyen a
très bien dit...
M. Bellemare (Johnson): Le député devrait retirer
le mot gibier.
Le Président (M. Lamontagne): Je suggérerais
très fortement qu'il retire le mot gibier. A l'honorable ministre des
Communications, je suggérerais très fortement...
M. Hardy: Pardon?
Le Président (M. Lamontagne): Le mot gibier n'est pas
parlementaire.
M. Hardy: Prouvez-le moi. Ce n'est pas plus parlementaire
qu'acabit, dans le temps?
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais acabit, M. le
Président...
M. Hardy: Vous vous rappelez le mot acabit?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, à
moins que cela vienne de vous je ne sens même pas le besoin de faire
retirer ce mot de la part du ministre.
M. Hardy: Très bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais qu'il dit n'importe quoi,
alors une erreur de plus, ce n'est pas grave.
M. Hardy: C'est encore moins grave qu'acabit.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, l'autre
argument et je m'en tiens à la juridiction, c'est ce qui a
motivé le Protecteur du citoyen de s'insérer dans le dossier
c'est que, d'une part, à première vue, c'était un
contrat normal où il ne devait pas intervenir.
D'autre part, après avoir scruté, il nous dit que c'est
parce qu'il a décelé ou qu'il a la conviction qu'il y a eu une
erreur à la base même sur le consentement qu'à ce
moment-là il a cru bon d'intervenir. Cette erreur sur le consentement a
comme conséquence, en fait, un préjudice quand même assez
important aux administrateurs des Investissements Seigle.
Alors, examinons ce vice de consentement, M. le Président. La
base du consentement pour voir s'il y a un vice, c'est quand même le
document qui atteste qu'il y en a eu un, un consentement. Après analyse
du document et analyse des autres faits sur lesquelles nous poserons des
questions au Protecteur du citoyen, nous verrons jusqu'à quel point il y
a eu un vice de consentement, mais, préalablement, il faut avoir la
preuve, quand même, qu'il y a eu un consentement. C'est ce document qui
l'atteste, M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Sur la même question
de règlement? Nous sommes sur une question de règlement et je
dois rendre...
M. Veilleux: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Sur la question de
règlement?
M. Veilleux: Oui.
Le Président (M. Lamontagne): Sur la question de
règlement. J'ai demandé qu'on m'éclaire Je ne me
considère pas suffisamment éclairé.
M. Veilleux: Je vais vous parler, M. le Président, sur la
question de règlement pas comme un juriste, mais comme un simple
député qui lit attentivement le mandat de la commission, qui
regarde depuis un certain temps un des rapports du Protecteur du citoyen, celui
de 1974. Le principe de demander au Protecteur du citoyen de déposer des
documents sur des cas bien précis sur lesquels il doit se pencher, je
dis que c'est excéder le mandat que nous avons à cette
commission. Je pourrais fort bien demander au Protecteur du citoyen de
déposer des documents, que ce soit sur le cas S-13, S-15, S-49 ou
n'importe quel autre.
M. le Président, la très nette impression que j'ai depuis
la commission sur les engagements financiers, c'est qu'on essaie indirectement
je parle toujours sur la question de règlement de frapper
le député de Saint-Jean en passant par le Protecteur du citoyen,
ce que je n'accepte pas.
M. le Président, le député de Saint-Jean n'a
absolument rien à cacher là-dedans. Je suis persuadé que
le gouvernement n'a absolument rien à cacher là-dedans et
j'annonce aux membres de cette commission que je demanderai en Chambre, cet
après-midi, au ministre responsable de ce dossier, le ministre des
Travaux publics, de déposer tout le dossier concernant les
Investissements Seigle. En tant que député de Saint-Jean, parce
que des électeurs de mon comté ont senti un prejudice aux Travaux
publics, ont voulu recourir au Protecteur du citoyen, je ne voudrais pas
indirectement être responsable de la non-crédibilité du
Protecteur du citoyen dans la province de Québec.
C'est pourquoi, M. le Président, pour autant que je suis
concerné, Jacques Veilleux. député de Saint-Jean,
j'exigerai cet après-midi... Si on me laisse l'occasion de le faire en
faisant abstraction de certains articles du règlement, parce que,
normalement, une demande comme celle-là se fait de façon
écrite, je suis prêt, dès le début de la
séance le président de l'Assemblée me
désignera le moment voulu verbalement, à demander au
ministre des Travaux publics de déposer tout le dossier. Une fois pour
toutes, on arrêtera de critiquer la crédibilité du
Protecteur du citoyen, mais on ira attaquer ceux qu'il faut attaquer, si on
juge bon de les attaquer, au bon endroit.
Nous, M. le Président, notre mandat, ici. c est uniquement de
voir si le Protecteur du citoyen a excédé les pouvoirs qui
étaient prévus, comme la soulevé, lors de la commission
des engagements financiers, à l'époque, le député
de Johnson sur l'article 17. On s'interroge là-dessus. Ce que j'ai pu
comprendre du Protecteur du citoyen ce matin, cela a été de
donner sa réponse à l'article 17. Qu'on questionne le Protecteur
du citoyen sur lar-ticle 17.
On veut avoir les documents. Moi. Jacques Veilleux, député
de Saint-Jean, si lOpposition est prête à faire fi de certains
articles du règlement cet après-midi, je suis prêt à
demander au président de I Assemblée nationale de me donner la
permission d'exiger du ministre des Travaux publics de déposer tout le
dossier des Investissements Seigle Inc.
Une Voix: Très bien.
M. Léger: Sur la question de règlement. .
M. Hardy: Vous êtes bien mal pris, vous n'avez plus de
cause.
M. Léger: Je dois dire, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi faites-vous des
débats pour rien?
M. Léger: Je dois dire, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela montre, M. le
Président, la justification de notre demande.
M. Hardy: Pas du tout. Vous n'avez rien compris encore!
M. Bédard (Chicoutimi): C'était de dire tout
à l'heure, M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): ... cela aurait
évité un long débat, tout simplement qu'on
déposerait la lettre d'intention.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Hardy: M. le Président, je soulève une question
de privilège.
M. Léger: J'ai invoqué une question de
règlement avant.
M. Hardy: Moi, j'invoque une question de privilège.
M. Léger: J'ai invoqué ma question de
règlement avant.
M. Hardy: J'invoque une question de privilège et je passe
avant le règlement.
M. Léger: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
M. Veilleux: ... donner vous autres. M. Hardy: Question de
privilège.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas de
privilège...
M. Hardy: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Léger: J'ai invoqué une question de
règlement.
M. Hardy: M. le Président, je m'offusque...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre! Est-ce que je
peux parler à l'occasion...
M. Hardy: II n'est pas question de privilège en
commission, mais ce n'est pas si clair que cela.
Le Président (M. Lamontagne): Je vais soumettre mon cas au
Protecteur du citoyen.
M. Léger: C'est une question de règlement, parce
que la question de privilège ne peut pas être invoquée.
M. le Président, sur la question de règlement, je dois
dire au député de Saint-Jean qu'il arrive pas mal tard pour
proposer ce dépôt, puisque j'ai demandé moi-même,
à la dernière commission des engagements financiers, au ministre
responsable, le député de Hull, de déposer tous les
documents concernant les Investissements Seigle Inc.
M. Veilleux: Me donnez-vous la permission de le demander
aujourd'hui?
M. Léger: Cela a été demandé,
à la fin de septembre, cela fait déjà presque deux mois et
aujourd'hui, alors qu'on est en train de discuter d'une chose importante, on
n'a pas donné ces chiffres à l'Opposition. On n'a pas
donné à l'Opposition ces lettres. On n'a pas donné
à l'Opposition tous les renseignements pertinents nous permettant de
faire notre travail. Quand je vois le député de Saint-Jean, je
suis d'accord qu'il les demande aujourd'hui. J'aurais aimé aussi que le
député de Frontenac soit présent pour demander les choses
que le député de Saint-Jean a demandées parce que les deux
sont directement intéressés à faire la lumière sur
le dossier Seigle.
M. Veilleux: Contentez-vous de parler au député de
Saint-Jean.
M. Léger: Je ne crois pas qu'aujourd'hui ce que le
député de Saint-Jean demande, cela puisse être une occasion
de l'avoir plus tôt. Est-ce que cela veut dire que le
député de Saint-Jean, parce qu'il est membre du gouvernement,
peut obtenir plus tôt...
M. Hardy: A l'ordre! A l'ordre!
M. Léger: ... des documents que nous avons demandés
il y a un mois et demi pour nous préparer pour la commission
parlementaire d'aujourd'hui? Je trouve qu'il est aberrant de voir que ce que
nous avons demandé il y a un mois et demi, on essaie aujourd'hui de le
demander parce qu'on est du côté du gouvernement. Je pense que
l'on devrait ne pas s'attarder plus longuement là-dessus. Qu'on
dépose les documents, on a autre chose... Ce sont des méthodes de
diversion pour empêcher d'aller au fond des choses.
Le Président (M. Lamontagne): Le ministre des
Communications.
M. Hardy: M. le Président, juste un mot pour dire que,
contrairement encore une fois, à ce que dit le député de
Chicoutimi, et je suis obligé, je vous l'avoue, de me restreindre pour
ne pas qualifier son attitude...
M. Bédard (Chicoutimi): Bien, allez-y donc! Pensez-vous
que vous me faites peur?
M. Hardy: II y a toute une distinction, M. le Président,
entre, contrairement à ce que le député de
Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): II s'imagine impressionnant!
M. Hardy: ... tente de faire croire, déposer les documents
ici ou à la Chambre.
Une Voix: Ce n'est pas la même chose.
M. Hardy: II y a toute une différence entre faire
déposer les documents par le Protecteur du citoyen et les faire
déposer par celui qui doit les déposer, le ministre des Travaux
publics. Il y a toute une différence et tout cela tient encore au fait
que vous essayez de confondre deux choses. Vous essayez, encore une fois,
d'attaquer le gouvernement via le Protecteur du citoyen, d'autant plus
qu'après la déclaration...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez une idée
fixe.
M. Léger: Vous êtes confondu.
M. Hardy: ... du Protecteur du citoyen, vous n'avez plus de
cause, vous ne savez plus quelle question poser. C'est vous qui essayez de
faire des manoeuvres de diversion, vous essayez de faire...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez vraiment une idée
fixe.
M. Hardy: ... un procès politique alors que vous savez
bien maintenant que vous n'êtes plus capable de faire de procès au
Protecteur du citoyen. Alors, si vous n'avez plus de cause...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Hardy: ... dites-le donc et fermez le dossier.
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine sur une question de règlement.
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président. Cette méthode de diversion et cette façon du
ministre, qui agit comme un député "backbencher", d'essayer de
nous plaquer l'idée que nous voulons confondre le Protecteur du
citoyen... Nous avons dit depuis le début que ce n'est pas la question
du Protecteur du citoyen; nous croyons que le Protecteur du citoyen a fait un
travail fantastique... il y a un cas...
M. Hardy: On lève la séance! Une Voix: On va
lever la séance! M. Léger: ... en
général.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: Mais nous voulons parler, par exemple, d'erreur
humaine possible et c'est là-dessus que nous sommes aujourd'hui
concernant la juridiction, particulièrement en regard du cas Seigle.
Toute l'attitude du gouvernement actuel démontre qu'il veut faire de la
diversion pour cacher la vérité aux citoyens du
Québec.
Le Président (M. Lamontagne): A Tordre, messieurs! Je
voudrais reprendre immédiatement la parole pour montrer, justement, en
bon Canadien, qu'on serait un peu mal enligné et je voudrais citer
l'honorable député de Lafontaine qui vient de dire qu'il voudrait
examiner si une erreur humaine a été commise. Or, vous venez tout
juste de le mentionner, ce n'est pas le but de la commission; c'est de parler
de juridiction.
M. Léger: S'il y a une erreur humaine, il peut avoir une
erreur de juridiction par la suite.
Le Président (M. Lamontagne): Et je décide
immédiatement que ni ce document-là ni un autre ne sera
déposé ici à la présente commission.
M. Veilleux: Maintenant, je repose ma question aux membres de
l'Opposition...
Le Président (M. Lamontagne): C est terminé.
M. Veilleux: Est-ce qu'ils acceptent que cet
après-midi...
Le Président (M. Lamontagne): A I avenir, je veux que
chaque question n'ait pas comme conséquence de savoir si une erreur
humaine a été commise, mais de savoir s'il y eu juridiction.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
M. Léger: On accepte, M. le Président; on
accepte.
Une Voix: On pourra les remettre en Chambre et à ce
moment-là...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, comment
peut-on ne pas accepter, c'est nous qui avons demandé le
dépôt de ces documents.
Le Président (M. Lamontagne): L honorable
député de Chicoutimi peut savoir que...
M. Bédard (Chicoutimi): Profitez-en pour déposer
également le contrat de réaménagement de $109,000 qui n'a
pas été déposé...
M. Veilleux: Tous les documents.
M. Bédard (Chicoutimi): ... à la demande du chef de
l'Opposition en août 1974.
M. Veilleux: M. le Président, je vais exiger tout le
dossier à l'Assemblée nationale cet après-midi.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est tout.
M. Veilleux: Tout le dossier, au complet, c'est clair?
Le Président (M. Lamontagne): Vous aviez des questions
à poser tout à l'heure au Protecteur du citoyen et vous aviez la
parole.
M. Bellemare (Johnson): Juste une chose, M. le Président,
c'est que le ministre responsable des engagements financiers nous avait promis,
à ce moment-là, de le déposer dans le plus bref
délai possible.
M. Veilleux: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): M. Parent nous avait dit: On va le
déposer, on va déposer tous les documents. Il y a eu du retard
pour le dépôt, c'est un cas.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Cette question est close. L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j aurais
une question à poser et tel que je l'ai dit, j'essaierai de
procéder dans un ordre chronologique et en m'en tenant le plus possible
au contenu de la lettre du Protecteur du citoyen lui-même.
Je voudrais demander au Protecteur du citoyen...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): ... quand il a été
saisi pour la première fois s'il peut nous donner la date
du dossier Seigle et de quelle manière, par quelle personne. Dans sa
lettre du 15 mai 1975, à la page 2, le Protecteur du citoyen dit ceci,
au dernier paragraphe: "Au début de 1971, trois résidents de
Saint-Jean je lui demanderais de préciser les noms mis au
courant d'un projet de regroupement de bureaux du gouvernement jusqu'à
ce moment mal logés et disséminés dans la ville... '
Je voudrais savoir son enquête le lui a sûrement
indiqué quelles sont les personnes qui ont mis au courant ces
trois résidents de Saint-Jean du projet du gouvernement. Je voudrais
également savoir, puisque le Protecteur du citoyen mentionne: "Que ces
trois résidents de Saint-Jean voient une occasion de faire une affaire
rentable et proposent à des membres du gouvernement je lui
demanderais quels membres du gouvernement en mesure de les appuyer
d'assumer eux-mêmes la construction de l'édifice requis."
Sûrement, son enquête lui permet de répondre à
ces quelques petites questions préliminaires, quitte à
continuer...
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Est-ce que c'est une
question de...
M. Tardif: Oui, de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député d'Anjou, question de règlement.
M. Tardif: En fait, je ne veux pas être pointilleux outre
mesure, mais je me demande jusqu'à quel point cela touche à la
juridiction du Protecteur du citoyen lorsque le député de
Chicoutimi demande au Protecteur du citoyen certains renseignements qui ne sont
pas inclus dans la lettre. Jusqu'à quel point cela se rattache-t-il
à la juridiction du Protecteur du citoyen, et jusqu'à quel point
cela nous donne-t-il les renseignements nécessaires pour porter un
jugement de valeur sur la décision que le Protecteur du citoyen a prise,
c'est-à-dire d'intervenir dans ce dossier? J'aimerais attirer votre
attention sur cette question parce que, à mon avis, ce n'est pas
clair.
Le Président (M. Lamontagne): Je suis vraiment impatient,
depuis près d'une heure, d'entendre à nouveau le Protecteur du
citoyen nous donner un peu son appréciation sur certaines questions. Il
y a différentes choses qui ont été dites et
peut-être que le Protecteur du citoyen pourrait en profiter pour essayer
de répondre, à l'occasion d'une question de l'honorable
député de Chicoutimi, à d'autres questions
d'ailleurs dont les réponses sont déjà connues
puisqu'elles sont marquées dans la lettre du Protecteur du citoyen
des représentants du gouvernement.
M. Marceau: Merci, M. le Président. Je vais en profiter,
puisque vous me l'offrez, pour faire un certain nombre de précisions qui
m'importent de façon un peu plus directe. On a mentionné tout
à l'heure que j'avais exigé une commission parlementaire. Je n'ai
pas exigé une commission parlementaire. On a exigé ma
démission à moins que je ne m'explique devant une commission
parlementaire, c'était quand même naturel que je vienne
m'expliquer.
La deuxième chose, on a mentionné que dans mes remarques
j'avais parlé d'une pure méconnaissance du problème qui
avait amené l'étonne-ment.
J'ai dit: une pure méconnaissance du rôle de l'ombudsman,
à cause des motifs qu'on a invoqués pour expliquer que je n'avais
pas raison de m'en occuper. L'étonnement auquel j'ai fait allusion dans
mon exposé, tout à l'heure, ce n'est pas l'étonnement sur
la décision, c'est l'étonnement sur l'acceptation
d'étudier la plainte et de l'analyser. J'ai bien dit tout à
l'heure que, du moins, à ce moment-là je le ferai
peut-être dans un moment je n'essayais pas de défendre mon
jugement. Les faits étant mis en lumière, j'essayais de montrer
que je n'avais pas le choix. Il me fallait analyser la plainte, il me fallait
dégager les faits, puis il me fallait prendre une position à
partir des faits que je pouvais dégager. C'est cela que j'ai es-
sayé de démontrer. L'étonnement qu'on a
manifesté un peu partout, et dans les communiqués, et dans les
journaux, c'est un étonnement que je m'occupe de l'affaire. Je ne crois
pas que, jusqu'à ce matin, on ait directement critiqué le
jugement en tant que jugement, les faits étant là attestés
et mis en lumière.
C'étaient les trois points que je voulais préciser, mais
pour revenir a l'autre. On pose un certain nombre de questions précises,
au fait, et je vais essayer de passer à travers, quoique là c'est
un petit peu embarrassant. Mais je ne joue pas à l'en-contre de cela;
c'est strictement pour ne pas donner une fausse impression, parce que je ne
serai pas capable de répondre à toutes les questions
précises qu'on a posées. Il y a quand même une question de
discrétion qui se pose là-dedans.
Les plaignants, je les ai rencontrés, pour la première
fois, en mars. Je ne me souviens pas exactement de la date. C'était au
mois de mars et ils sont venus, les trois. Les noms des plaignants? La plainte
a été enregistrée à mon bureau au nom de
l'administrateur du groupe et les noms ont été publiés
dans les journaux et celui-là en particulier, c'est un nommé
Denault. Je n'avais jamais vu, ni connu, ni l'un ni l'autre des trois. Ce sont
les seuls que j'ai vus, à part les gens du ministère, bien
sûr, au sujet de la plainte.
Ils sont venus me voir directement, cela a été une
entrevue au départ et je leur ai demandé, de confirmer leur
demande et de l'appuyer, bien sûr, des documents qu'ils avaient en main.
Ils m'ont réécrit, une quinzaine de jours plus tard, je crois; la
lettre date du 1er avril ou du 2 avril. Voilà pour le temps.
Maintenant, quels sont les membres du gouvernement? Je ne le sais pas.
Je sais simplement que, dès le départ, je me suis rendu compte de
ce dont il s'agissait et j'ai posé les questions qui me permettaient de
me situer. Mais savoir si tel membre ou tel autre membre était mis en
cause, cela ne changeait absolument rien à ma façon de regarder
le dossier et au fait que j'avais à élaborer et à examiner
moi-même.
Je ne sais donc pas lesquels. Evidemment, le député de
Saint-Jean devait naturellement être mis en cause, mais je n'ai pas vu le
député de Saint-Jean là-dessus et je ne suis pas
entré pour essayer de connaître les relations qui pouvaient
exister entre ceux qui se plaignaient à moi et les gens de
l'extérieur; pour autant que cela ne regarde pas mon dossier, cela ne me
regarde pas moi, non plus.
Cela, c'est pour les questions précises qui ont été
posées. Pour l'ensemble, je reviens à une préoccupation
qui a été mise en lumière. Pourquoi j'ai changé
d'idée? J'ai changé d'idée tout simplement parce
qu'après avoir examiné les faits, interrogé les gens au
ministère à maintes reprises, examiné les documents, j'ai
réalisé, bien sûr, que les promoteurs avaient
été d'une naïveté et d'une imprudence
évidentes, mais je me suis dit qu'il n'était pas normal, pour un
service, de profiter d'une certaine manière de cette imprudence au
moment où le contrat a été négocié et c'est
cela que j'ai essayé d'expliquer ici.
A un moment donné ce n'est pas la première fois que
cela se fait, chacun le sait; c'est de la promotion pour la construction
d'immeubles et le ministère a quand même, dans certaines
circonstances, intérêt à procéder de façon
que ce ne soit pas lui-même qui construise ils ont pensé
avoir une affaire rentable. Ils n'étaient pas au courant. Il y a un
notaire, si mon souvenir est bon, il y a un courtier, il y a un
administrateur.
On les met en contact avec les experts du ministère où il
y a une série de gens qui s'y connaissent et ils disent: Votre projet
vise à regrouper les services; nous sommes prêts, nous, à
construire l'immeuble qui sera requis. L'offre faisait l'affaire du
ministère. On voit le directeur de l'aménagement. La discussion
commence avec lui; un certain nombre de rencontres se font.
Le directeur de l'aménagement regarde les baux qui existent dans
la région, il se rend compte que les baux vont jusqu'à un certain
montant et il leur dit; Si vous nous faites une offre qui ne dépasse pas
le coût des baux actuels, bien sûr, cela va marcher. La lettre
à laquelle je fais allusion, ce n'est pas un protocole d'entente
signé par l'un et l'autre, c'est une pure lettre venant de l'un du
groupe, disant: Je suis avec un certain nombre d'hommes d'affaires de
Saint-Jean, nous sommes prêts à construire l'immeuble dont vous
avez besoin et nous sommes disposés à passer un bail de longue
durée pour un coût de loyer qui n'excédera pas celui que le
directeur avait déterminé, $3.75 le pied. C'est ça qui est
la base.
M. Léger: Est-ce que vous me permettez? Vous avez
affirmé une chose et ce serait juste pour clarifier. Quelles sont les
deux autres personnes non mentionnées mais auxquelles vous avez fait
allusion en mars 1975 et qui étaient avec M. Denault? En 1971, vous avez
mentionné un notaire, un courtier et un administrateur. Quels sont les
noms de ces trois personnes?
M. Marceau: Je ne me souviens pas des noms. On les a
mentionnés, je crois, une fois dans les journaux.
M. Léger: Est-ce que c'était le notaire Desmarais?
Est-ce que l'autre homme d'affaires était M. Latour?
M. Hardy: Si vous les savez, pourquoi les demander?
M. Léger: Je veux confirmer si c'est cela ou pas.
Le Président (M. Lamontagne): On pourrait peut-être
s'informer à l'honorable député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Je n'ai pas été témoin des
démarches que les gens ont faites auprès du Protecteur du
citoyen. Ce que je peux dire aux honorables
collègues de la très honorable Opposition officielle,
c'est qu'ils m'ont donné leur accord pour que cet après-midi on
demande au ministre de déposer tous les documents pertinents à
cette chose-là. Les députés auront tous ces noms.
M. Léger: J'invoque le règlement.
M. Veilleux: Je dis que sur la question...
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lamontagne): Avant qu'il y ait une
question de règlement, je vais en soulever une à mon tour. Vous
comprendrez que la boutade que je viens de faire à l'endroit de
l'honorable député de Saint-Jean veut mettre ceci en relief: en
quoi des noms peuvent-ils influencer une juridiction? Là, tout de
même, c'est pousser un peu loin. Il n'y a aucune utilité qu'un nom
puisse influencer une juridiction. Tout de même!
M. Léger: Sur la question de règlement. Vous avez
posé une question au député de Saint-Jean à
laquelle il n'a pas répondu. Nous, c'est parce qu'il y a un
député, maintenant, qui était parmi les personnes
directement concernées en 1971. C'est important qu'on sache
jusqu'à quel point il y a eu un rôle joué par ces
personnages.
M. Hardy: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Hardy: ... j'invoque de nouveau le règlement.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre des
Communications.
M. Hardy: Est-ce qu'on va comprendre, une fois pour toutes? Je
repose toujours le même problème parce que le député
de Lafontaine a décidé, lui, de ne pas faire la distinction. Le
député de Lafontaine a décidé de continuer à
confondre les choses.
M. Léger: Question de règlement.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Léger: Le ministre n'est pas sur une question de
règlement, actuellement.
M. Hardy: Oui, je suis sur une question de règlement.
M. Léger: Alors, expliquez votre question de
règlement.
M. Hardy: Ecoutez donc! Je sais que même quand vous
écoutez avec vos deux oreilles, vous avez de la misère à
comprendre.
M. Léger: Parlez de la question de règlement, on
est tout ouïe.
M. Hardy: Ouais!
M. Veilleux: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Un à la fois.
L'honorable ministre des Communications.
M. Hardy: On en revient toujours au même problème.
Il y a deux réalités: la juridiction du Protecteur du citoyen et
un problème de politique gouvernementale. Je répète que
nous ne sommes pas ici pour étudier le bien-fondé des
décisions du gouvernement ou de ses politiques. Nous sommes ici pour
décider si le Protecteur du citoyen a, oui ou non, respecté sa
juridiction. Donc, la question ou les allusions formulées par le
député de Lafontaine n'ont rien à voir avec le mandat.
Je le répète. Si, après l'exposé du
Protecteur du citoyen, les députés de l'Opposition n'ont plus de
questions à poser sur le problème de la juridiction du Protecteur
du citoyen, qu'ils le disent donc, tout simplement. Le problème devant
lequel on est placé actuellement, c'est qu'après l'exposé
du Protecteur du citoyen, ces gens-là n'ont plus de questions à
poser, ils n'ont plus de cause, leur ballon est crevé. Bon, qu'ils
l'admettent et ils se reprendront ailleurs, d'une autre façon, d'une
autre manière.
M. Léger: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): Question de règlement. M.
le Président, je me demande où il a fait son cours de droit pour
se permettre de dire qu'avant de décider sur les faits... Avant de
décider sur le droit, il est normal de connaître les faits.
M. Hardy: II...
M. Bédard (Chicoutimi): D'ailleurs, c'est tellement vrai
qu'avant de décider sur le droit même, le Protecteur du citoyen a
fait une longue enquête sur les faits pour ensuite en venir à la
conclusion qu'il devait s'insérer, prononcer un jugement faire des
recommandations dans ce dossier.
Ce dont le ministre des Communications ne se rend pas compte, c'est
qu'en nous empêchant de parler des faits, il nous empêche tout
simplement de permettre, non seulement à nous, mais à tous les
membres de la commission et à tous ceux qui sont
intéressés par ce problème, d'apprécier la solution
de droit qui a été donnée par le Protecteur du citoyen.
C'est tellement vrai, M. le Président, que sur ce point, le Protecteur
du citoyen lui-même, dans ses recommandations, dans la recommandation no
33 de son rapport de 1969, disait très précisément
lorsqu'on l'analyse, c'est cela le juridique, savoir s'il y avait une autre
cour civile possible qu'à ce moment, lorsque le problème
se pose, l'appréciation du fond de ce problème relève du
Protecteur du citoyen lui-même et
éventuellement ce n'est pas moi qui le dis, c'est le
Protecteur du citoyen qui le dit dans son rapport de l'Assemblée
nationale, à qui il doit rendre compte.
Un raisonnement comme celui qui vient d'être fait par le ministre
des Communications n'a absolument aucun fondement et...
M. Hardy: Ce n'est...
M. Bédard (Chicoutimi): ... je soupçonne qu'on
essaie tout simplement de nous faire perdre notre temps en nous interrompant et
en provoquant des discussions pour nous empêcher de nous enquérir
des faits. Le Protecteur du citoyen, qu'il ne se rappelle pas certains faits,
qu'il ne se rappelle pas certains noms, est-ce que nous allons lui en tenir
grief, M. le Président? Il faudrait commencer par savoir si on lui en
tiendrait grief. Je vous dis sincèrement que ce n'est pas mon intention,
parce qu'il faut comprendre qu'après un certain temps dans un dossier
aussi compliqué, aussi difficile d'appréciation où tant de
gens sont mêlés, il est normal cela je l'accepte d'avance
que le Protecteur du citoyen puisse ne pas se rappeler tous les noms et
tous les faits. Mais, à ce moment, qu'on nous laisse poser des
questions. Si, sur les faits, le Protecteur du citoyen ne se rappelle pas ou
n'est pas capable de répondre, nous formulerons notre
appréciation du point de vue juridique, à partir des
réponses, des conclusions et des éclaircissements que nous
donnera le Protecteur du citoyen. Il faut arrêter, je pense, du
côté du gouvernement, de nous interrompre pour donner la chance au
Protecteur du citoyen de s'expliquer; comme il l'a dit lui-même, de faire
la lumière sur tous les faits.
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Je voudrais là... un
instant.
M. Léger: J'ai été interrompu sur une
question de règlement, j'ai le droit de répondre à la
question de règlement.
Le Président (M. Lamontagne): Je voudrais profiter de la
circonstance pour rappeler avec quelle prudence nous devons traiter d'un tel
sujet. Vous comprendrez que le Protecteur du citoyen a été saisi
d'un dossier et que là, il y a une demande à savoir... On a
même mentionné qu'il pourrait y avoir un député
là-dedans. Or, on est peut-être en train de sauter une
barrière qui pourrait laisser supposer que le Protecteur du citoyen
aurait pu être influencé dans son appréciation...
Une Voix: Ah!
Le Président (M. Lamontagne): Bien, écoutez! j'ai
dit: Aurait pu être... C'est pour cela qu'il faut être prudent dans
un tel dossier. Je ne crois pas comme président, j'ai tout de
même des responsabilités à faire là-dedans
qu'une juridic- tion puisse être influencée par le nom de
personnes. Ce n'est pas le nom de personnes qui influence le Protecteur du
citoyen quant à sa juridiction ou non dans un dossier. Je vous prie
à nouveau de relire le mandat qui nous a été
confié. Il nous a été demandé d'étudier les
principes de la juridiction. Les principes de la juridiction, c'est cela le
fond de la question.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
M. Léger: Un instant, juste une seconde.
Etant donné que j'ai été interrompu, M. le
Président, par une question de règlement, je ne vois à
aucun endroit dans le règlement, un article qui m'empêcherait de
demander les noms des propriétaires dans le cas particulier qui nous
touche. le cas Seigle. Qu'est-ce qui empêche, dans le règlement,
de me faire donner comme réponse: Les propriétaires des
Investissements Seigle en 1971 et en 1975 sont les suivants...? C'est une
question absolument normale. On étudie justement le cas Seigle. M. le
Président, je pense qu'il est normal qu'on donne la chance au Protecteur
du citoyen de nous donner une réponse. Quels sont ceux qui sont
propriétaires, actuellement, et qui l'étaient en 1971 des
Investissements Seigle?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je veux
simplement, peut-être d'une façon générale, vous
demander certaine directive, certaine appréciation. Comme vous l'avez
dit, je pense qu'il faut être soucieux et après cela être
honnêtes envers la personne qui a à témoigner devant une
commission ou qui a à répondre à des questions. Je suis
bien d'accord avec vous là-dessus, et c'est justement avec ce souci que
je me permets de poser des questions.
Encore une fois je me surprends de voir le gouvernement nous interrompre
continuellement, je me suis fait un devoir de poser les questions non à
partir de n'importe quel document, et vous allez vous en apercevoir, à
partir simplement d'une pièce quand même maîtresse à
l'intérieur du dossier, à savoir la lettre du Protecteur du
citoyen, le 15 mai, à M. Trudeau.
Je pars d'un document écrit non par n'importe qui, mais par le
Protecteur du citoyen lui-même qui nous fait nous poser certaines
interrogations.
Le Protecteur du citoyen a écrit cette lettre, c'est clair, en
toute connaissance de cause. Je dirais même qu'il est possible et qu'il
peut arriver que nous sortions des faits mêmes qui ne sont pas assez
expliqués dans cette lettre. Le Protecteur du citoyen lui-même
dit, à la page 3 de sa lettre à M. Trudeau, au dernier
paragraphe: "Se rappelle des faits que j'aurais pu présenter de
façon beaucoup plus complète". Ce qui veut dire qu'on peut se
poser la question en quoi c'est incomplet, premièrement, des questions
sur ce qu'il a dit exactement dans cette lettre, puis sur d'autres sujets qui
font que peut-être la lettre elle-même, le rappel des faits est
incomplet.
Le Protecteur du citoyen lui-même "se rappelle des faits que
j'aurais pu présenter de façon
Beaucoup plus complète et, ce qui est important aussi, beaucoup
plus complète et frappante (vous le savez)". Alors à partir de ce
moment on voit que le Protecteur du citoyen, dans sa lettre même de
recommandation au sous-ministre, M. Trudeau, se base sur les faits, sans la
nécessité et je le comprends à part cela de
relater tous les faits pour ensuite expliquer sa décision de droit.
C'est la logique normale de quelqu'un qui connaît le droit et
c'est en ce sens que je ne comprends pas du tout l'argumentation du ministre
des Communications qui est censé avoir fait un cours de droit.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
Je maintiens la décision qu'il ne nous intéresse
aucunement de connaître les noms des actionnaires de la compagnie Seigle.
Pourquoi? Parce qu'une compagnie et le Protecteur du citoyen nous l'a
expliqué tout à l'heure est une personne morale en soi, et
c'est à ce titre qu'il nous intéresse de savoir si le Protecteur
du citoyen a juridiction sur un tel dossier. Le nom des actionnaires, des
directeurs peut être requis, j'en conviens, à d'autres moments et
d'autres occasions et je pense que nous avons été
prévenus, en même temps, qu'une demande globale serait faite cet
après-midi à l'Assemblée nationale. Mais pour le moment,
nous avons à étudier le dossier d'une compagnie et le fait d'y
relier le nom des actionnaires ou directeurs est, à mon avis, de nature
à fausser nos débats et peut-être glisser, dans des
tentatives faciles, sur des noms au lieu de l'objet même de notre
réunion de cet avant-midi.
Dans ce cas, j'aimerais que le Protecteur du citoyen complète, si
possible pour cet avant-midi, ces informations et explications qu'il pourrait
donner au sujet des questions qui ont été posées, mais
que...
M. Bédard (Chicoutimi): Comment voulez-vous qu'il donne
des explications? Vous ne nous laissez pas poser les questions et vous ne lui
permettez pas de répondre.
Le Président (M. Lamontagne): Un instant, je n'ai pas
à être complice ni d'un côté, ni de l'autre. J'ai
à remplir mon mandat et le plus objectivement possible.
Il ne m'intéresse pas du tout ce matin de savoir qui est
actionnaire ou directeur de la compagnie Seigle. Il m'intéresse de
savoir les principes de la juridiction du Protecteur du citoyen, en regard du
cas Seigle, non en regard des actionnaires du cas Seigle. Si vous vouliez
l'avoir dans la motion, il fallait proposer un amendement hier.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Non, ma décision est
rendue.
M. Bédard (Chicoutimi): D'une façon globale parce
que les travaux peuvent être courts si vous décidez que nous
n'avons pas le droit de poser de questions.
Le Président (M. Lamontagne): Vous avez le droit de poser
des questions.
M. Bédard (Chicoutimi): D'une façon
générale, nous permettez-vous de poser des questions qui ont
rapport à la lettre même qui est la base de l'attitude du
Protecteur du citoyen?
Nous permettez-vous de poser des questions qui ont
référence, au moins, à cette lettre même qui est la
base?
Le Président (M. Lamontagne): Un instant. C'est
l'Assemblée nationale hier, qui a convenu que notre mandat serait aux
fins d'entendre le Protecteur du citoyen sur les principes de sa juridiction et
particulièrement en regard du cas Seigle. Je ne crois pas que cette
motion ait été faite en fonction de la lettre du 15 mai du
Protecteur du citoyen. Si les questions que vous voulez poser en rapport avec
la lettre du Protecteur du citoyen, qui est datée du 15 mai, concernent
sa juridiction, vous avez toute latitude pour les poser. Ce n'est pas moi qui
ai décidé du mandat. Je dois faire exécuter un mandat.
Si vous voulez, à un autre moment, faire changer un mandat, c'est
à vous, à l'Assemblée nationale, de le faire et non
à moi. Vous comprendrez que cela peut paraître un rôle
ingrat, que j'ai là, de refuser, refuser mais c'est d'abord qu'on a mis
un corridor très étroit à notre commission et mon devoir
est de suivre ce corridor.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, vous me
permettrez de différer d'opinion sur l'étroitesse du corridor
dont vous parlez. Vous me permettrez de différer d'opinion avec vous sur
l'étroitesse du corridor dont vous parlez parce que...
Le Président (M. Lamontagne): Mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Je respecte votre décision,
M. le Président, même si je ne partage pas votre argumentation.
Simplement le point de savoir trois noms au niveau de la compagnie, cela
n'équivaut pas à étudier le fonctionnement d'une
compagnie, comme vous l'avez dit tantôt.
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais continuer, M. le
Président.
Le Président (M. Lamontagne): ... esprit de vos
questions.
M. Mercier: M. le Président, c'est l'ombudsman qui avait
la parole.
M. Hardy: Oui. Le Protecteur du citoyen n'avait pas
terminé sa déposition.
Le Président (M. Lamontagne): Si vous voulez, nous allons
continuer.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, M. le Président.
On est là pour l'entendre.
M. Hardy: Cela va être plus intéressant que les
questions.
M. Marceau: Je disais, à ce moment-là, au sujet des
questions précises qui ont été posées, que pour
certaines je ne m'en souvenais pas, notamment les plaignants, qui sont les
actionnaires. Je ne sais pas si je vais à rencontre de la
décision du président mais je les sais, maintenant, les noms. On
vient de me les souffler, mon assistant qui a travaillé au dossier. Ils
ont été, du reste, publiés dans les journaux à
quelques reprises. Il n'y a aucun problème. Latour, agronome, Desmarais,
notaire, et Denault, administrateur.
Quant à savoir quels sont les membres du gouvernement, je disais
tout à l'heure que je ne le sais pas. Cela ne m'intéressait pas.
Je ne l'ai pas demandé parce que cela n'affectait d'aucune façon
la plainte telle qu'elle était formulée ni non plus
l'enquête telle que je l'entreprenais ni, bien sûr, les conclusions
auxquelles elle pouvait me conduire.
Que le député de Saint-Jean il vient de vous le
dire lui-même ait été intéressé
à ces gens, puisque c'étaient des gens qui étaient
près du parti, c'est normal, mais, quant à moi, cela ne m'a
nullement touché et je ne m'y suis nullement intéressé. Je
n'ai jamais vu le député de Saint-Jean là-dessus. Je n'ai
vu que les plaignants qui sont venus me voir à quelques reprises et
à qui j'ai parlé à quelques reprises au
téléphone également, plus les gens du
ministère.
C'est évident qu'au départ et j'ai tenté
tout à l'heure de m'expliquer le plus clairement possible la
plainte était délicate. Je répéterais exactement
les mots utilisés dans ma lettre. C'est évident qu'on est en face
d'un contrat en apparence parfaitement valable, on est en face
d'arrêtés en conseil. Il y a eu, dans ce dossier, trois ou quatre
CT ou arrêtés en conseil pour l'engagement de l'architecte, pour
les travaux supplémentaires, pour le bail au départ, pour
l'augmentation du bail, etc. Voici un dossier qui, pour le Protecteur du
citoyen, normalement, est certes un dossier extrêmement délicat
parce que cela met en cause des arrêtés en conseil et je ne suis
pas censé interroger au niveau des arrêtés en conseil,
simplement sur ce qui a conduit à tel ou tel arrêté en
conseil. C'est dans ce sens que j'ai dit que le dossier était
difficile.
En plus de cela, devant un contrat, ma réaction de juriste
qui, jusqu'à il y a sept ans, était un juriste de droit
privé et un professeur de droit contractuel c'est que devant un
contrat, j'ai un respect énorme; c'est cela que j'ai voulu expliquer en
disant qu'au départ, ils avaient une côte à monter, et une
drôle de côte, et je le leur ai dit.
Seulement, cette côte-là, j'ai eu l'impression qu'on la
montait et que petit à petit la façon dont cela s'était
passé se révélait à l'enquête. J'en suis venu
à la conclusion que c'est un contrat qui n'avait pas été
négocié de façon normale et qu'il y avait un
problème, dès le début, au moment de la signature du
contrat: on s'est fié à l'excès au directeur. Et le
directeur, involontairement et de bonne foi je n'ai accusé
personne dans la lettre, et j'ai fait attention au terme que j'ai
utilisé, parce que je fais attention aux termes que j'utilise
jamais...
Alors c'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'est-ce qui vous fait dire
qu'ils se sont fiés?
M. Marceau: Au directeur?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Marceau: J'ai interrogé le directeur à au moins
cinq ou six reprises et j'ai interrogé tous mes gens et des
témoins qui étaient là et je sais comment cela s'est
passé. Cela s'est passé qu ils se sont fiés et qu'ils ont
joué là-dessus strictement. Et pourquoi? C'est ce que vous voulez
me faire dire; parce qu'ils n'avaient pas raison de se méfier,
étant donné qu'ils étaient en confiance, c'étaient
des gens qui étaient près du gouvernement, c'est évident.
C'est la même situation que quelqu'un qui peut se faire jouer par son
frère, parce qu'il ne s'attend pas à être suffisamment
prudent. C'est ce qui est arrivé et je crois que si, dans le monde
privé, on peut l'admettre, je ne crois pas qu'un service public, dans le
cadre de l'éthique administrative publique, puisse jouer avec cela.
C'est cela qui m'a frappé et c'est cela que j'ai voulu exprimer ici.
J'ai dit, ils ont été naïfs et imprudents, je l'ai
dit en toutes lettres, naïfs et d'une imprudence évidente et
manifeste, mais un service public ne doit pas jouer avec cela. C'est ce que
j'ai essayé d'introduire depuis sept ans, dans tous les
ministères et les services publics, et c'est ma façon de
voir.
M. Léger: Maintenant, admettez-vous, entres autres, qu'ils
ont fait confiance parce qu'ils y ont été invités, comme
vous venez de l'affirmer, par des gens proches du parti? Maintenant, vous
affirmez aussi qu'ils n'avaient pas d'expérience, et parce que ces gens
n'étaient pas expérimentés, et vous l'admettez aussi dans
votre lettre, par la conclusion de ce que vous dites, ils ont dû, par la
suite, aller chercher le financement pour le faire.
Pensez-vous qu'un homme d'affaires normal, habitué dans le
domaine précis de la construction d'édifices comme
celui-là, aurait accepté de faire ce travail autrement qu'avec
l'assurance que des amis politiques lui ont donnée en lui disant; Vas-y,
tu auras un contrat, il n'y a pas de problème, aies confiance.
Est-ce qu'un homme d'affaire qui n'aurait pas été proche
d'amis politiques n'aurait pas fait des études plus sérieuses que
l'ont fait des hommes proches du gouvernement?
M. Marceau: M. le Président, je ne sais pas de quelle
façon je vais répondre à cela. En psychologue ou en homme
d'affaires? Je ne suis ni l'un ni l'autre, bien sûr. Si l'on
s'étonne parce qu'on avait
besoin d'un bail à long terme pour pouvoir financer, je crois que
c'est comme cela de façon régulière; cela fait une
construction qui coûte des millions, je ne connais pas beaucoup de gens
qui ont cela dans leur porte-monnaie pour y aller.
Maintenant, est-ce qu'ils auraient procédé de la
même manière s'ils ne s'étaient pas sentis un peu
appuyés? Si c'est cela la question, la réponse est: Je ne crois
pas qu'ils auraient procédé de la même manière. Je
crois que leur imprudence et leur naïveté évidentes, je le
répète, et pour lesquelles ils paieront encore pas mal
d'années, au fait, mais je ne crois pas que leur imprudence et leur
naïveté auraient été aussi grandes, dans des
circonstances totalement extérieures.
Mais, en même temps, je ne crois pas que cette seule situation
et c'est l'expression que j'ai utilisée peut autoriser le
gouvernement à bénéficier d'un prix de rabais aussi long,
d'un prix de rabais aussi important et qu'on mette dans le chemin trois
personnes pour ce motif. Je ne l'ai pas cru.
Vous dites: Vous vous êtes trompé; si j'avais
été là, je n'aurais pas jugé comme vous. C'est fort
possible. Je l'ai dit tout à l'heure: C'est un jugement subjectif. Ma
conception de l'éthique administrative, ma concoption du rôle d'un
service public, de l'éthique qu'on peut exiger de ces gens est
différente de l'éthique entre personnes de droit privé,
parce que le gouvernement n'est pas là pour faire de l'argent. Il n'est
pas là, non plus, à mon avis, pour jouer avec ce qui peut nous
apporter quelque chose. Il a un rôle, une éthique de service
public. Bien, ma conception de celle-là peut être
différente de celle du voisin, mais je ne puis pas ne pas l'appliquer
à l'étude des cas. Et c'est ce que j'ai vu là. J'ai
reconnu ce qui était au départ, ce que vous avez dans l'esprit,
je l'ai vu. Mais je me suis demandé pendant longtemps: Est-ce suffisant
pour permettre un statu quo et autoriser, dans une certaine mesure, un service,
au niveau du consentement pas par la suite, ce n'est pas de
l'imprévision, cela de jouer de cette manière? Et la
réponse à cela, j'ai cru que c'était non, dans une
certaine mesure.
Entre les deux, je l'ai bien dit à la fin de ma lettre;
j'insiste, je dis: II ne s'agit pas d'annuler le contrat; il ne s'agit pas, non
plus, de le renégocier à la lumière des conditions
actuelles. Il s'agit de lui donner strictement le sens qu'on lui aurait
donné au moment de sa signature si on avait accepté de prendre
tous les éléments en considération, sans égard
à l'engagement pris dans la lettre à laquelle on faisait allusion
tout à l'heure et qui était signée par l'un des hommes
d'affaires mis en cause. C'est mon point, mais si on veut dire
là-dessus: Vous n'avez pas raison, votre éthique administrative
n'est pas correcte, nous en avons une autre. Bien! soit, mais dans les
circonstances, qu'est-ce que vous voulez?
M. Bédard (Chicoutimi): Moralité du contrat,
moralité du cas. Vous dites d'ailleurs, et vous l'avez
répété à maintes reprises, que
l'imprévoyance, dans votre esprit, n'était pas une raison de
réviser le contrat, en soi, également. D'autre part, vous parlez
beaucoup et cela a joué dans votre décision de la
naïveté et de l'imprudence et même du manque de connaissances
des promoteurs.
Si je prends votre lettre, du point de vue chronologique, en juin 1972,
il y a eu le dépôt par le ministère des normes et exigences
concernant l'édifice. D'accord? Des discussions ont lieu entre les deux
parties pour arriver à une entente. Vous êtes d'accord
là-dessus?
M. Marceau: A une entente?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, dès juin 1972.
M. Marceau: On n'a jamais discuté pour arriver à
une entente sur le contrat. On a considéré la lettre.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, pas vous, pas vous.
M. Marceau: C'était déjà
commencé.
M. Bédard (Chicoutimi): Dès juin 1972, il y a eu le
dépôt par le ministère des normes et des exigences
concernant l'édifice et, nécessairement, il y a eu des
discussions entre les deux parties je ne vous mets pas là-dedans
entre les promoteurs, le gouvernement et le ministère,
naturellement. A ce stade-là, devant les normes et exigences concernant
l'édifice, que n'avaient pas prévues à ce moment-là
les promoteurs du projet, dès ce moment-là vous êtes
d'accord avec moi ils pouvaient se rendre compte que l'édifice
coûterait beaucoup plus cher et qu'il n'y aurait pas possibilité
de faire une affaire aussi intéressante que celle qu'ils pensaient.
M. Marceau: Dès le dépôt ils se sont rendu
compte...
M. Bédard (Chicoutimi): Dès le
dépôt.
M. Marceau: ... que cela dépassait de beaucoup ce que leur
architecte avait jusque-là préparé. Les discussions
auxquelles vous faites allusion avaient pour but, pour les promoteurs, de dire:
Cela n'a pas de sens de nous faire faire tout cela; pour le ministère de
dire: On peut en couper certains, mais il va falloir quand même que vous
en fassiez d'autres. Et, ils se sont rendu compte, tout de suite, que le projet
qu'ils avaient évalué, selon les chiffres, à quelque
$600,000 il en coûterait plus; effectivement, il a coûté un
million. Ils s'en sont rendu compte tout de suite. Ils ne voulaient pas signer
ce bail. Parce qu'il le fallait, la construction se poursuivait et avec l'achat
du terrain, d'abord les fondations, etc., ils ont été
obligés de l'avoir, le bail, pour se financer...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Marceau: ... comme on le disait...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Alors...
M. Marceau: ... et ils l'ont signé avec l'idée que
ce serait fait.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous sommes d'accord sur un point.
Dès le dépôt des normes et exigences du ministère,
ils se sont rendu compte qu'ils avaient une mauvaise affaire en main. On est
d'accord là-dessus.
M. Marceau: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le 9 août. Il reste,
même s'ils se sont rendu compte de cela, que le 21 novembre 1972 ils ont
signé tout de même le bail, d'accord, au taux initial.
M. Marceau: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... sachant là très
bien que ce serait déficitaire.
M. Marceau:... dit cela, j'ai tenté d'expliquer...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, mais me permettez-vous
de vous poser une question avec votre permission? Alors, ils ont quand
même signé le 21 novembre 1972, après s'être rendu
compte que ce n'était plus une affaire rentable. Ils ont signé le
bail, probablement en comptant sur des amis, pour régler la situation,
bien qu'à mon sens, le contrat ne laissait aucune ouverture pour une
majoration de prix dans les cinq premières années. Il s'agit
d'aller aux conditions spéciales. Voici ce que je voudrais
également, cela vous le savez. Ces mêmes promoteurs qui,
dès le dépôt des normes et exigences du ministère au
prix de $3.75, savaient qu'ils avaient une mauvaise affaire en main, le 9
août 1973 qu'est-ce qu'ils font?
Ils louent, au gouvernement, un espace additionnel. Est-ce qu'ils le
louent à un taux supérieur, parce que déjà ils
savaient qu'à $3.75 ils ne feraient pas leurs frais, est-ce qu'ils le
louent à un taux supérieur à $3.75? Non. Le 9 août
1973, ces mêmes administrateurs, promoteurs, avec toute la connaissance
des faits, louent au gouvernement, un espace additionnel de 5,580 pieds, au
taux de $3.75, alors que jamais, dans aucun contrat, il ne s'était
engagé à louer cet espace additionnel au prix
susmentionné.
Vous avez beaucoup parlé de naïveté,
d'imprévoyance. Cela peut se justifier au départ étant
donné leur inexpérience, mais comment cette location
additionnelle peut-elle se justifier alors qu'ils savent, en pleine
connaissance, les difficultés dans lesquelles ils sont placés?
Autrement dit. où situez-vous le vice de consentement? A quel moment le
situez-vous?
M. Marceau: Je vais répondre, d'abord, à la
première partie. Deuxièmement, je reprendrai la question en
résumé, à la fin de mon exposé. Quand les
spécifications du ministère ont été
déposées, en juin, comme je le disais tout à l'heure, les
promoteurs se sont rendu compte tout de suite, avec leurs architectes, que cela
dépassait ce qu'ils avaient prévu, que leur coût de loyer,
tel qu'inclus dans la lettre de juin, ne suffirait plus. Sur cela, tout le
monde était d'accord.
Arrivés à l'automne, alors que l'on discutait, d'une part,
pour essayer de réduire les exigences et, d'autre part, pour essayer de
réorganiser l'histoire, ils ont été requis de fournir le
bail, car, bien sûr, jusque-là, tout ce qu'il y avait,
c'était un CT qui autorisait le ministère à assurer le
regroupement des locaux en vertu d'un contrat de location qui ne
dépasserait pas le prix de $3.75, tel que contenu dans l'offre de juin.
Arrivés à l'automne, je dis bien, ils sont poussés parce
que les dépenses s'accumulent, étant donné que le projet
se poursuit malgré qu'on n'a pas encore déterminé les
spécifications. Le directeur du service leur dit: Ecoutez, le seul
moyen, pour moi, d'avoir le bail immédiatement, à cause des
problèmes internes vous savez qu'il y a plusieurs services mis en
cause, il y a plusieurs directions générales, il y a le Conseil
du trésor, puisqu'il y a eu, finalement, un arrêté en
conseil c'est de le signer comme tel. De cette manière, il n'y
aura pas de problème, mais on va revoir le coût du loyer.
Remarquez, en passant, que cela ne se fait plus comme cela.
Effectivement, à l'avenir, dans les contrats du genre, on
détermine le coût du loyer une fois la construction
terminée et d'une façon scientifique. Donc, de toute
façon, les gens, un peu pris, doivent aller à la banque et ils
signent le bail. L'augmentation dont vous parlez, ce n'est pas un contrat
nouveau.
Dans les spécifications, au moment où on construisait, le
ministère a eu besoin d'un espace additionnel, parce que le
ministère se sert de cela pour localiser divers bureaux ou divers
ministères. Il y a un certain accord des divers ministères
clients, comme ils les appellent. Ils ont eu besoin d'un espace additionnel, et
tout ce dont ils avaient besoin, à ce moment, était de greffer
l'espace additionnel sur ce qui était déjà prévu.
Il n'y a pas eu de nouvelle convention, et on a toujours continué sur
cette même équivoque. Les gens étaient convaincus qu'ils
obtiendraient une réorganisation ou une reprise du coût du loyer.
Ils étaient convaincus, eux, malgré tout cela, se disant que
c'était dans le processus strictement administratif et que tout le monde
reconnaissait, au ministère, qu'au moment de la signature du bail le
loyer n'avait pas de sens, n'était pas rentable, dès ce moment.
Donc, tout s'est fait sous le couvert de ce que j'essaie d'expliquer, un
certain nombres d'équivoques.
Et une fois la prise de possession, en juillet, ils ont tenté
d'obtenir puisque c'est à compter de ce moment que les paiements
entraient et que la location prenait effet ce à quoi ils
s'attendaient. C'est pourquoi ils étaient certains; je puis le dire,
même à l'intérieur, on avait dit: Ce sera possible de
réviser cela. A ce moment, ils se sont fait refuser. Ils ont
continué de cette manière à essayer d'obtenir une
révision des prix et ils ont été refusés
jusqu'à ce qu'ils viennent me voir. C'est cela qui est
arrivé.
Alors, vous parlez de la naïveté et de l'impru-
dence; il y en a une au début, je crois. C'est là que je
la situais, au moment où ils ont fait une offre dans une lettre
vous allez l'avoir cet après-midi avec le dossier, elle est là
devant moi une offre dans laquelle ils se sont fiés strictement aux
calculs du directeur, ce qui est établi. Ils ont fait un calcul
très général avec leurs architectes, ils ont dit: On est
prêt parce qu'il nous faut avoir immédiatement le CT qui permettra
le regroupement et la location. Par la suite, ce n'est pas le même genre
d'imprudence et de naïveté, pas du tout. Par la suite, c'est le jeu
des relations avec un immense ministère pour une construction de $1
million où les rencontres ont lieu toutes les semaines avec
l'architecte, d'un côté, et l'architecte du ministère de
l'autre où on change ci, on change cela, et finalement, les faits se
présentent comme ceci.
Je ne crois pas qu'on puisse, dans ces relations entre un service public
et un individu, regarder cela de la même manière que l'on regarde
des relations entre deux voisins, entre deux individus ou même encore
avec une compagnie privée. Je crois qu'il y a un aspect différent
qui est dû à la lourdeur de l'appareil administratif, lourdeur
absolument inévitable, jusqu'à un certain point, qui est dû
au partage des responsabilités, qui est dû au contrôle qui
va de bas en haut, à la fois horizontalement et verticalement. Tout cela
est extrêmement complexe. Et souvent des situations comme celle devant
laquelle on se trouve maintenant sont mal comprises de l'extérieur,
alors que, quand on a l'expérience de la vie administrative, on la
comprend.
Je peux vous dire, puisque encore là c'est une question de mon
jugement, que j'ai compris cela.
La naïveté et l'imprudence, c'est au départ, le reste
je l'ai compris.
M. Hardy: M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Tout en ajournant sine die,
je dois dire qu'on m'a fait part que l'Assemblée nationale, semble-t-il,
convoquerait à nouveau cette commission cet après-midi à
seize heures.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 28
M. Lamontagne (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Comme nous avions suspendu sine die, je voudrais faire part des
changements qu'on a porté à mon attention. M. Veilleux
(Saint-Jean) remplace M. Marchand (Laurier); M. Bédard (Montmorency)
remplace M. Lamontagne (Roberval).
Nous étions à la période des questions.
Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
voudrais quand même parler plus longuement sur cela. Là-dessus, le
Protecteur du citoyen sera d'accord. Jusqu'à maintenant les questions
que j'ai posées n'ont pas pour but, d'aucune façon ce
n'est pas le rôle dans lequel je me vois d'essayer de mettre le
Protecteur du citoyen en boîte, loin de là. Tout simplement
j'essaie de rechercher les motivations que le Protecteur du citoyen avait
à sa connaissance, étant donné qu'il connaissait beaucoup
plus de faits que nous en connaissons personnellement, qui l'ont amené
à conclure que, dans le cas Seigle d'une façon toute
particulière, légalement, il n'y avait pas d'autre recours qui
lui permettait d'intervenir parce qu'à partir du moment où il y a
une possibilité d'un autre recours, la loi est très explicite
là-dessus. Lorsqu'on a suspendu, nous avions établi ceci: c'est
que dès juin 1972 si le Protecteur du citoyen est d'accord avec
moi, si je fais erreur, il pourra corriger avec le dépôt
fait par le ministère des normes et exigences concernant
l'édifice mentionné, les parties, les promoteurs des
Investissements Seigle étaient déjà en possession de
suffisamment d'informations pour savoir qu'ils n'avaient pas une bonne affaire
en main avec leur location à $3.75. Par après, bien qu'ils
avaient ces informations en main, en novembre 1972, ils avaient quand
même signé un bail qui stipule que le contrat ne laisse ouverture
à aucune majoration de prix dans les cinq premières
années, selon ce que j'ai interprété.
Egalement, même s'ils étaient au courant de tous ces
éléments, ils ont quand même, le 9 août 1973
alors qu'ils n'étaient pas obligés, par le contrat
loué un espace additionnel au gouvernement du Québec,
représentant 5,580 pieds carrés, non pas à un taux
majoré, mais au taux de $3.75, alors qu'ils savaient déjà
et qu'ils pouvaient prouver au gouvernement qui est quand même
capable de comprendre les situations de temps en temps que ce taux de
$3.75, avec les nouvelles normes, n'était pas suffisant.
Malgré cela, ils ont quand même accepté de louer cet
espace additionnel au même taux.
Nous étions d'accord sur ces faits et je pense que la
réponse du Protecteur du citoyen si je l'interprète mal,
il me corrigera était que la naïveté, selon qu'on se
place dans le temps, la naïveté, l'imprévision ou
l'imprudence des promoteurs n'avaient pas le même caractère. Il y
avait une sorte de double naïveté, à savoir celle qui a
pu
prévaloir en juin 1972 et qui est différente un peu de
celle et c'est normal, parce qu'ils étaient au courant de tous
les éléments du ministère qui pouvait
prévaloir le 9 août 1973.
Le Protecteur du citoyen nous a dit que, même s'ils étaient
au courant que c'était une mauvaise affaire qu'ils avaient en main,
selon eux on y reviendra ils n'avaient presque pas le choix, pour
des motifs financiers, d'une part, et, également, parce que ces
gens-là avaient la conviction qu'une majoration leur serait
accordée par le ministère des Travaux publics.
Ce que je voudrais savoir... Et cette conviction, il est clair que le
Protecteur du citoyen la partageait puisque c'est ce qui lui permet
d'intervenir. Ce que je voudrais savoir, c'est: Quels faits les promoteurs
d'Investissements Seigle ont-ils mis à la connaissance du Protecteur du
citoyen, pour que celui-ci puisse en tirer la conclusion que les promoteurs
avaient raison d'avoir la conviction que le prix de leur loyer serait
majoré?
Je pense qu'on va au fond du problème. Ces gens ont-ils fait part
au Protecteur du citoyen de certains appuis très spécifiques
qu'il pouvait avoir ou, encore, y avait-il d'autres éléments qui
nous permettraient à nous aussi de nous faire une idée sur
là-propos de la décision du Protecteur du citoyen?
M. Bellemare (Johnson): M. le Protecteur, me permettriez-vous,
seulement pour mon bon...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai posé une question. Je
pense...
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais dire que votre question est
comprise dans le contrat avec un avenant...
M. Bédard (Chicoutimi): Question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Question de
règlement...
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai posé la question
à M. le Protecteur du citoyen. Je pense que j'ai le droit d'avoir une
réponse du Protecteur du citoyen. Même si je le respecte, je ne
tiens pas à la réponse pour le moment. En tout cas...
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais savoir si, dans le contrat
original, il y avait un avenant, oui ou non. Dans le contrat original, il y a
un avenant...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous le demanderez tout à
l'heure.
M. Bellemare (Johnson): Non, je le demande pour l'explication. Il
y a un avenant de 5,000 pieds
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, question
de règlement.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Chicoutimi a posé des questions.
Je conviens qu'il y en a d'autres qui en ont à poser également.
Je vous inviterais à répondre aux questions du
député de Chicoutimi.
M. Marceau: Je pense que cela va satisfaire... Ce matin, j'ai
essayé de m'expliquer, en mettant en lumière le caractère
un peu particulier des négociations, lorsqu'elles ont lieu avec un
service public. Il y a un fait que je voudrais mettre en lumière, cet
après-midi, parce qu'on y revient et qu'on semble attacher de
l'importance aux problèmes soulevés.
Au moment où les Investissements Seigle ont signé le bail,
ils ont convenu, dès ce moment, que le ministère pourrait
requérir quelque 5,800 pieds additionnels. Le CT du mois de mai suivant
je me trompe peut-être de mois, je ne sais pas si c'est du mois de
mai ou le suivant n'était que la suite de cet engagement qui
avait été assumé dès le moment de la signature du
bail. Cela n'a pas donné lieu à une nouvelle convention, ni
à un nouveau bail. Il n'y a rien de cela. Ils étaient
déjà obtenus.
M. Dédard (Chicoutimi): Ils l'ont inclus.
M. Marceau: Je me demande sur quoi je me suis fondé pour
dire que les promoteurs, enfin les plaignants, étaient, au moment de la
signature du bail, convaincus qu'ils obtiendraient une majoration. Il n'y a
évidemment aucun document qui atteste cela. Ils étaient en
communication avec le ministère depuis déjà plusieurs
mois. Les réunions se multipliaient.
Je pense que les procès-verbaux des réunions sont
extrêmement importants, extrêmement longs. J'en ai lu une bonne
partie. Ils avaient des discussions avec les diverses directions
générales du ministère qui sont impliquées, parce
que pour la construction d'un édifice comme cela, il y a tro s
directions générales et cinq ou six directions
particulières, je crois, chacune fonctionnant dans sa
spécialité.
Au moment de la signature du bail, tous les gens à
l'intérieur des diverses directions générales et du
ministère en général étaient convaincus que le prix
du loyer était trop faible, que cela ne correspondait pas à une
rentabilité tout à fait normale.
M. Bédard (Chicoutimi): Tous les...
M. Marceau: Tous les gens à l'intérieur du
ministère étaient convaincus de cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Y compris le directeur.
M. Marceau: Y compris le directeur. J'ai vu le directeur à
plusieurs reprises; c'est la conviction
que j'ai tirée. Du reste, ce sont exactement ses propos; tout le
monde était convaincu que le prix était trop faible; lors des
discussions je n'ai évidemment pas d'enregistrement qui me
permette de le dire que j'ai eues à la fois avec le directeur,
avec les membres du ministère qui ont participé à ces
discussions, et tout particulièrement avec les plaignants, j'ai compris
la conviction que les plaignants étaient certains que le prix du loyer
serait vérifié par la suite et majoré en
conséquence.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'ils vous ont fait
état d'autres promesses que celles reçues de la part de certains
fonctionnaires?
M. Marceau: Ils n'ont fait état d'aucune autre promesse
que celle résultant des échanges qu'ils ont eus et qu'ils avaient
régulièrement parce que c'est quand même pour eux un
projet d'une drôle d'importance avec le ministère. Pour ma
part, je suis absolument convaincu qu'ils étaient de bonne foi
lorsqu'ils m'ont affirmé qu'au moment de la signature du bail, il n'y
avait aucun doute dans leur esprit que le prix du loyer serait
vérifié et fixé à un chiffre valable.
M. Bédard (Chicoutimi): Si tous les représentants
des ministères, de même que les administrateurs d'Investissements
Seigle étaient, selon votre jugement, convaincus de la
nécessité d'augmenter le prix, est-ce que vous pouvez nous dire
pourquoi, si vous le savez, ils ont référé le tout au
Protecteur du citoyen?
M. Marceau: C'est justement parce qu'après la prise de
possession, le 1er juillet 1973, l'année suivante, où
effectivement le contrat se réalisait, les loyers étaient
dûs, il fallait qu'ils administrent la maison, la construction
était terminée, l'aménagement était fini.
A ce moment, et même auparavant, du reste, et
particulièrement là, ils ont tenté, par tous les moyens
qui étaient à leur disposition, d'obtenir que le prix du loyer
soit effectivement révisé, si l'on peut dire, et ils ont toujours
raté leur coup. Ce qu'ils ont fait pour l'obtenir, je ne le sais pas. Je
sais qu'ils ont pris les moyens qu'ils croyaient valables. Ils sont
allés voir, en autant que je me souvienne, toutes les autorités
possibles, avec lesquelles ils pouvaient entrer en contact, faisant valoir leur
point de vue, faisant valoir le fait qu'ils avaient signé avec la
conviction dont je parlais il y a un moment, et cela n'a jamais marché!
On a dit, à ce moment: On ne touche pas à cela. Tout est
terminé, et on n'a jamais voulu céder à leurs instances.
C'est là, je pense enfin c'est ce qu'ils m'ont dit qu'ils
ont dit: II y a une seule possibilité On va aller voir si l'Ombudsman
peut nous entendre, et je les ai entendus.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous parlez des
autorités qui étaient d'accord, est-ce que vous pourriez
m'identifier ces autorités qui étaient d'accord, comme vous le
dites, pour que le prix soit majoré?
M. Marceau: Vous voulez dire à l'intérieur du
ministère? Le directeur du service à ce moment.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous parlez de différents
ministères.
M. Marceau: Je ne parle pas de différents
ministères... Différentes directions
générales...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord! Je voulais simplement
préciser.
M. Marceau: Direction générale de
l'approvisionnement, direction... Le dossier, lui-même, qui a
été produit va le révéler, parce que les
communications entre les Investissements Seigle et le ministère se sont
faites par l'intermédiaire du directeur général de
l'approvisionnement ou de l'allocation de l'espace, je pense. De toute
façon, le dossier le révèle. Je ne me souviens pas, pour
le moment, du nom, mais le dossier le donne pour sûr, parce que c'est
avec lui que les discussions ont surtout eu lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites que vous
êtes allé voir toutes les autorités valables...
M. Marceau: Moi, je suis allé voir?
M. Bédard (Chicoutimi): Ou ils sont allés voir
vous me corrigerez toutes les autorités valables.
Pouvez-vous nous identifier...
M. Marceau: Je crois qu'ils ont tenté avec le
sous-ministre. Ils ont tenté, d'abord, évidemment, avec le
directeur général, avec le sous-ministre. Je crois qu'ils m'ont
dit aussi qu'ils avaient vu le ministre, et...
Ils ont essayé, bien sûr, comme ils le pouvaient,
puisqu'ils avaient quand même des contacts, de l'obtenir et ils ne l'ont
jamais obtenu.
M. Bédard (Chicoutimi):Est-ce qu'ils vous ont
mentionné qu'ils avaient pu voir aussi le député? Ce qui
est normal. Ce n'est pas...
Non, il ne faut pas que cela commence à crier pour rien de
l'autre bord.
M. Marceau: Remarquez que...
M. Hardy: ... jupon dépasse tellement.
M. Marceau: ... le nom du député, et dans les
conversations, car j'ai eu de nombreuses conversations et assez longues avec
les plaignants. J'ai essayé de tourner autour de toutes les
façons. Le nom du député a certainement été
mentionné, et que le député ait pu, à un moment
donné, prendre pour eux et essayer d'obtenir ce qu'ils ne pouvaient pas
obtenir seuls. C'est fort possible. Mais de toute façon, quant à
moi...
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous demande seulement les
faits. Je n'essaie pas de tirer des conclusions. Je pense que cela vient
après que les faits ont été établis.
M. Marceau: Remarquez qu'il est très fréquent que
j'aie à traiter de plaintes qui ont d'abord été soumises
à des députés et sans succès, quoi, une proportion
très forte, relativement parlant de plus en plus forte,
incidemment et, en chiffres absolus, qui montrent à
plusieurs...
Vous remarquerez que je travaille sur une base de 6,000 plaintes par
année. Cela veut dire une quarantaine de plaintes par jour ouvrable. Il
y en a beaucoup là-dedans. Et ce sont des plaintes que je reçois,
en très grand nombre, des députés.
Dans la plupart de ces cas, les députés c'est,
à mon avis, exactement leur devoir et leur rôle à
l'égard des électeurs ont pris en considération la
plainte de leur électeur et ont tenté de voir ce qu'il en
était. Finalement, ils me la soumettent...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M. Marceau: ... et je travaille comme tel, de sorte que cela ne
change rien.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque vous dites... Non, je
posais simplement la question.
M. Marceau: Oui, j'ai compris et je vais essayer de...
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque vous dites que, dans votre
enquête, tous les responsables de différents ministères que
vous avez rencontrés de même que, naturellement, les promoteurs
des Investissements Seigle semblaient être d'accord pour dire qu'il
devait y avoir une majoration, que le prix était trop bas... Je vous ai
demandé... Vous m'avez répondu... Même si tout le monde
était d'accord, on a référé au Protecteur du
citoyen. Je voudrais vous poser une autre question.
Comme tout le monde était d'accord pour dire que c'était
trop bas, d'après vous, y avait-il la possibilité pour les
Investissements Seigle d'en faire la preuve en cour et de pouvoir obtenir un
réajustement du prix de leur contrat, que cela soit en plaidant
l'enrichissement sans cause ou que cela soit en plaidant je ne le sais
pas le défaut de consentement suffisant, tel que vous l'avez
exprimé?
M. Marceau: Je suis convaincu que non. Je suis convaincu, d'une
part, qu'un tribunal n'a pas le droit de réajuster un contrat. Il ne
peut, dans un tel cas, que l'annuler ou le maintenir en rejetant l'action et je
suis convaincu que l'action en justice des Investissements Seigle n'aurait
jamais été maintenue parce qu'elle aurait dû se fonder sur
le dol qui est l'une des causes de nullité des contrats et non sur
l'imprévision ou la lésion comme on l'a très bien
signalé, sur le dol, et le dol, qui est reconnu chez nous comme
étant une cause de nullité du contrat doit être un dol
caractérisé qui frise la mauvaise foi.
Or, comme je disais ce matin, il n'y a personne qui a été
de mauvaise foi là-dedans. Je suis convaincu d'une part que le recours
n'aurait pas été admis et d'autre part que la seule suite du re-
cours ou la seule solution que le recours aurait pu apporter, c'est la
nullité pure et simple, à supposer que le recours eut
été valable, bien sûr. Je dis d'abord, qu'à mon
avis, jamais l'action en cour n'aurait été retenue.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans votre lettre, vous
référez assez souvent, directement ou indirectement, au
comportement du directeur, entre autres à la page 3 il y a
peut-être d'autres endroits, vous pourrez me les rappeler si c'est le cas
vous dites ceci à la fin du premier paragraphe: Etant
eux-mêmes sans aucune expérience et se fiant aux calculs du
directeur à qui ils font confiance, comme ils y ont été
invités... Pouvez-vous m'expliquer "comme ils y ont été
invités"? Par qui ont-ils été invités? Pour que
vous le mentionniez dans votre lettre, j'imagine que vous savez par qui ils ont
été invités à faire confiance au directeur?
M. Marceau: Ce que j'ai voulu dire par cela, ce sont les faits et
je vais simplement, je pense, exprimer ce qu'il y a dans l'esprit de tout le
monde. Bien sûr qu'au départ on a affaire à des gens qui
sont, pour prendre une expression générale des amis du parti qui
forme le gouvernement. Je sais bien que les premiers contacts que les gens ont
eus avec le ministère pour suggérer leur projet, qui était
tout à fait normal, remarquez bien, puisque le ministère
déjà, à l'avance, avait décidé de regrouper
les bureaux à Saint-Jean et déjà, à l'avance, avait
décidé d'avoir un immeuble pour le faire, donc, ils ont
été mis en contact avec des gens du ministère dans un
climat qui, à leurs yeux, était un climat favorable. Evidemment,
c'est cela qui est le point de départ de tout. Quand ils ont
été mis en contact avec les services administratifs du
ministère, ils y allaient en pleine confiance à cause de ce
climat dont je viens de parler. Je n'ai pas à le cacher, je l'ai dit en
toutes lettres dans mon rapport du 15 mai. C'est dans ce sens que j'ai
écrit que leur imprudence ou leur naïveté du moment
était la conséquence de ce climat, du fait qu'ils avaient
affaire, dans leur esprit bien sûr, à des amis.
Ce matin, c'est à dessein je sais bien que ce n'est pas
exactement ce qui en est, mais quand j'ai voulu m'expliquer, c'est un peu comme
quelqu'un qui se fait jouer par son ami ou par son frère. Dans les
rapports privés, on l'admet chez nous, on a un principe de la
liberté contractuelle et le grand principe que chacun doit surveiller
ses propres affaires correctement et cela ne nous émeut pas. Le
problème est de savoir si, au niveau des relations entre le service
public et les individus, la règle doit être la même. C'est
le sens aussi de la phrase incidente que j'écris, à un moment
donné, quand je dis que les rapports de confiance qui doivent exister,
à mon avis, entre un service public et les gens que le service doit
servir, même les rapports d'affaires, doivent répondre à
une certaine éthique qui est peut-être plus exigeante encore que
dans les rapports privés. A mon avis ce sera trop baffouer. C'est
ça qui en est tout le sens.
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous me dire,
qui sont ces personnes qui, comme vous le dites, au départ, ont
été mises en contact avec...
M. Marceau: Le groupe, sous la direction de l'un des plaignants,
Denault. Ils ont été mis en contact avec le directeur de la
direction générale de l'allocation de l'espace...
M. Bédard (Chicoutimi): Non...
M. Marceau: ... et vous le retrouvez dans le dossier, parce que
la lettre d'engagement a été écrite...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est peut-être que je me
suis mal exprimé. On en est toujours au groupe qui, selon vous, dans
votre lettre, les a invitées ces personnes à faire confiance au
directeur. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire quelles sont ces
personnes avec qui elles sont entrées en contact en tout premier lieu et
qui les ont incitées à faire confiance au directeur?
M. Marceau: Je n'ai aucun nom précis. Je sais simplement
ce que je viens de dire, que les gens ont été mis en contact dans
un climat et dans des conditions favorables, mais par qui en particulier, je ne
peux pas le dire. Bien sûr, chacun peut penser que le
député pouvait avoir... mais je ne le sais pas de façon
précise.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne pense rien...
M. Marceau: Remarquez que je ne le cache pas, je sais comment ils
sont entrés en contact, je sais que ce sont des amis du parti, je savais
ça dès le début, la première fois que je les ai
vus.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que je vous demande, vous
ne pouvez pas indiquer quelles sont ces personnes?
M. Marceau: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pouvez nous
indiquer quelles sont les personnes qui faisaient partie du groupe initial en
1971?
M. Marceau: J'ai toujours tenu pour acquis que c'étaient
les trois plaignants qui étaient venus.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, dans le cours de votre
enquête, vous vous êtes rendu compte qu'il y avait certaines
personnes qui faisaient partie de la compagnie en 1971 et qui n'en faisaient
plus partie ou encore qui avaient mis leurs actions en fiducie, lors de la
siqnature de l'entente du 14 juin 1971?
M. Marceau: Vous remarquez quand même...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! On revient encore pour nommer des gens qui sont, soit
actionnaires, soit directeurs d'une compagnie. J'ai rendu une décision
ce ma- tin, je voudrais qu'on la respecte, qu'on continue avec la compagnie
elle-même.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, M. le
Président.
M. Marceau: Vous remarquez, je vais répondre...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne suis pas d'accord avec votre
décision, mais je suis d'accord que vous soyez logique avec votre
décision. Oui.
M. Marceau: Je voudrais bien qu'on remarque, pour autant que la
plainte était concernée, pour autant que mon travail était
concerné, que les questions que vous posez, je ne m'y suis pas
arrêté, parce que ça ne pouvait avoir aucune influence sur
le jugement que je pouvais éventuellement porter sur la situation, que
les actionnaires aient été au début... que le groupe,
plutôt, puisqu'ils se sont incorporés par la suite.
C'était au départ un strict groupe d'hommes d'affaires.
Que le groupe ait été composé de telle ou telle personne
et qu'ils aient été mis en contact avec les membres du
ministère par untel ou un autre, cela ne change pas, effectivement. Dans
ma fonction, j'entends suffisamment de choses pour éviter de poser des
questions sur ce qui ne me concerne pas et ne me regarde pas directement.
Je veux simplement expliquer que je ne le sais pas. J'ai répondu
exactement ce que j'avais dans l'esprit et ce que je savais, mais il ne faut
pas s'étonner que je ne le sache pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans présumer et sans
même vous demander la réponse, j'imagine que, lorsque ces
personnes vous ont mentionné des noms de personnes qui leur avaient
promis appui, ces appuis devaient être suffisamment importants pour que
ces gens-là, dans un premier temps, aient la conviction qu'il y aurait
rajustement et pourraient, par la suite, vous convaincre également et
vous faire partager cette conviction.
M. Marceau: Ma conviction, que les gens pensaient fermement qu'il
n'y aurait pas de difficultés, ne vient pas des promesses qu'ils
auraient pu recevoir de l'extérieur ou des gens qui les avaient mis en
contact avec le ministère. Cela venait des discussions avec le
ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le directeur, vous en
faites mention également à un autre endroit. C'est le
deuxième paragraphe de votre lettre, à la page 3. Vous dites
ceci, et je cite: "Le 21 novembre 1972, pressés par le financement, les
promoteurs cèdent aux instances du directeur et signent le bail
conformément aux termes du CT du 27 octobre 1971."
Pouvez-vous m'expliquer quelle est la nature de ces instances, quelle
est l'intensité de ces instances qui auraient pu être faites par
le directeur, ce qui a eu comme effet, comme conséquence, de les obliger
presque, à signer le bail?
M. Marceau: Cela est venu des deux côtés. En autant
que j'ai pu retracer, avec les enquêtes, ce sont les promoteurs qui
souhaitaient avoir au plus tôt le bail, parce que la banque
n'oubliez pas que la construction se faisait pendant ce temps-là, les
sommes étaient investies et les emprunts à la banque
fonctionnaient exigeait les garanties et la garantie de base, c'est le
bail.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense qu'on essaie d'avoir tout
simplement... Vous dites que c'étaient les promoteurs, si j'ai bien
compris, qui voulaient signer le bail, j'imagine qu'ils avaient besoin de
cela...
M. Marceau:... qui voulaient avoir le bail
M. Bédard (Chicoutimi): ... pour un certain
financement.
M. Marceau: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, dans votre esprit, sur ce
point précis, est-ce que cela doit, d'après vous, entrer en
considération? Est-ce que c'est entré en considération
dans votre dépliant?
M. Marceau: Non. J'essaie d'expliquer. Vous dites...
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que beaucoup de plans qui
ont été...
M. Marceau: ... Dans votre lettre, vous dites que, sur les
instances du directeur, ils ont signé le bail, conformément aux
termes du CT de l'année précédente.
Vous me demandez: De quelle nature ont été ces instances,
que voulez-vous dire par là? J'essaie d'expliquer que les conversations,
à ce moment, ont d'abord pris naissance par une demande des
Investissements Seigle afin d'avoir le bail pour pouvoir assurer,
évidemment, la poursuite de ses entreprises et les garanties qui
étaient exigées d'eux.
A ce moment, je l'ai dit tout à l'heure, tout le monde
était d'accord pour dire que le prix n'était pas suffisant.
Seulement, le directeur du service n'était pas en mesure de majorer
cela. J'ai parlé ce matin des difficultés pour arriver à
une modification d'un CT du genre et même d'un arrêté en
conseil, puisque cela débouchait sur l'arrêté en conseil.
Ce qui est arrivé, c'est qu'on a dit: Ecoutez, signez le bail comme tel,
conformément au CT, ce qui peut se faire du jour au lendemain. Il n'y
aura aucun délai et aucun retard. De toute façon, pour ce qui est
du prix du bail tout au moins, c'est ce que les promoteurs ont compris
on y verra après. C'est dans ce sens que j'ai écrit. Et,
sur les instances du directeur, ils ont signé le bail. Mais le directeur
était lui-même de parfaite bonne foi. Il n'a pas cherché,
d'une façon volontaire et précise, à les pousser dans ce
cadre. C'est l'ensemble de la négociation qui a conduit à
cela.
Pour répondre de façon plus simple à votre
question, par instances, je ne veux pas dire une manigance quelconque pour les
amener à signer; ce n'est pas du tout ce que j'ai dans l'esprit. C'est
la façon dont les contacts se faisaient car, je le répète,
à ce moment, les rencontres entre les deux se multipliaient entre les
architectes, les promoteurs et les représentants du ministère car
l'entreprise se développait.
M. Bellemare (Johnson): Vous ajoutez ceci à votre lettre:
"...mais après avoir été laissés sous l'impression
qu'une révision serait apportée à un taux de location que
tous, y inclus les représentants du ministère, reconnaissent
être trop bas."
M. Marceau: C'est cela. C'est exact.
M. Bellemare (Johnson): Cela devenait peut-être la raison,
dans le temps où vous avez reçu ces gens, pour répondre
à la question du député de Chicoutimi.
M. Marceau: C'est exact.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous m'avez donné les
explications sur le sens des instances ou sur la nature des instances qui
auraient pu être faites par le directeur. Autrement dit, vous ne portez
aucun blâme contre le directeur et sa manière d'agir dans ce
contrat, dans les négociations de ce contrat.
M. Marceau: Le directeur était certainement de bonne
foi.
M. Bédard (Chicoutimi): Blâmez-vous...
M. Marceau: Si je voulais revenir sur ce dont je parlais ce
matin, sur des problèmes d'éthique administrative,
peut-être pourrait-on se demander si on n'aurait pas pu, à ce
moment, modifier les méthodes de négociation en disant aux gens:
Ecoutez, vous voyez bien que vous n n'y arriverez pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, comme vous dites, vous
semblez quand même lui faire un certain blâme. Il était
quand même de bonne foi?
M. Marceau: Oui, c'est ce que je dis, il était de bonne
foi. C'est un problème de morale ou d'éthique. C'est surtout
l'ensemble de la négociation qu'il faut avoir à l'esprit. Le
directeur dont je parle, c'est le directeur des contrats, de la direction des
contrats. Les spécifications dont je parlais, c'est une autre direction
totalement différente qui les établit. Il s'agissait d'un
immeuble qui recevait divers ministères, chacun d'eux ayant, bien
sûr, ses propres exigences pour entrer dans le local et pour pouvoir s'y
installer. C'est un jeu de plusieurs directions, qui vient de plusieurs
côtés. C'est sur le plan horizontal. En plus de cela, le directeur
général ne peut pas prendre une décision définitive
de cette importance. Il doit s'en remettre au sous-ministre. Celui-ci va au
ministre et au Conseil du trésor.
Là encore, c'est le même cabinet, puisque cela prenait un
arrêté en conseil. Alors, on voit l'espèce d'imbroglio qui
entoure des négociations qui, en somme, se font entre des individus,
mais des individus qui sont limités dans leur possibilité d'agir.
C'est cet ensemble, dans le cadre de la négociation, qu'il faut, en
somme, je pense, voir à plusieurs reprises depuis sept ans que je
vis là-dedans qui permet de comprendre ce qui s'est
passé.
Bien sûr, si vous transmettez cela ou si vous traduisez cela dans
des rapports normaux de voisins ou des rapports privés, il y a quelque
chose qui manque, il y a une dimension qui manque, mais les rapports avec
l'administration publique, au stade de l'artisanat, ce n'est pas comme les
rapports privés, même dans le cadre des relations
contractuelles.
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, vous ne doutez pas
de la bonne foi du directeur.
M. Marceau: Pas du tout.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, sur le plan de la technique
administrative, vous exprimez des réserves.
M. Marceau: Sur les techniques administratives, j'ai des
réserves. Mon rapport est rempli de pages de critiques à
l'égard de l'administration, mais il ne faudrait quand même pas
généraliser. Je dis que l'administration publique, par
définition et hypothèse, ne peut pas avoir des méthodes de
relations privées, si l'on peut dire. Ce sera toujours complexe. Ce sera
toujours soumis à des contrôles superposés. Il n'y a pas
moyen de jouer autrement. Je pense qu'il y a beaucoup de chemin à
parcourir pour améliorer et rendre parfaite l'administration publique,
mais même lorsqu'elle le sera, à supposer que cela soit possible
je ne connais aucun pays et nulle part où cela est parfait dans
ce sens même là, elle sera complexe, et même
là, elle pourra présenter des situations comme
celles-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais lorsque cette
complexité administrative a pour effet, dans un contrat donné, je
ne sais pas si vous avez des exemples, de trop subventionner des
intérêts privés, à ce moment, est-ce que vous avez
des exemples de correction par la suite?
M. Marceau: Je n'ai pas d'exemple. Je sais, néanmoins, que
c'est chez nous un principe acquis que, pour des motifs d'intérêt
public, l'administration peut se dégager d'un contrat qu'elle a
elle-même signé. C'est un pouvoir assez grand, en fait, quand on
parle des relations entre l'administration publique et les individus.
Voilà au moins un point qui peut se différencier des relations
contractuelles entre des individus ou une compagnie privée, mais je n'ai
pas d'exemple qui corresponde à ce que vous avez dans l'esprit.
M. Bédard (Chicoutimi): Ne mettant pas en doute la bonne
foi du directeur, il est clair que s'il y a vice de consentement à la
base, à partir de l'entente de 1971, si cela devait être
invoqué, il ne pourrait sûrement pas l'être contre le
directeur lui-même, dont vous reconnaissez la bonne foi.
M. Marceau: C'est dans ce sens que je dis que, devant une cour de
justice, on n'aurait jamais réussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'imputez le vice de
consentement qu'aux promoteurs d'Investissements Seigle?
M. Marceau: Oui, c'est cela, et résultant d'un ensemble.
Il n'y a pas de faits précis que je puisse relever ou de gestes
déterminés qui puissent être décisifs ou concluants.
C'est l'ensemble que j'ai essayé de décrire dans ma lettre et que
j'ai essayé aussi d'expliquer à la suite de vos questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites, dans votre lettre du
15 mai, toujours votre même lettre, que le prix de $3.75 inscrit dans
l'offre de juin 1971 a été fixé par le directeur.
Quels sont les éléments qui vous ont amené à
croire qu'il n'a été fixé que par le directeur, et sans
aucune appréciation ou possibilité d'appréciation pour les
chargés du projet Investissements Seigle?
M. Marceau: Pour deux choses...
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, je m'explique
difficilement que des gens étant promoteurs d'un projet aussi important,
ayant discuté avec le gouvernement, n'aient pas quand même
quelles que soient leur naïveté, leur imprévoyance, ou
encore leur imprudence, ou tout ce que vous voudrez participé
à une certaine évaluation du prix de location.
M. Marceau: Deux points, comme je le disais tout à
l'heure. Le premier, l'aveu même du directeur, qui m'a dit que c'est lui
qui avait fixé le prix de $3.75, à partir des baux qui existaient
à ce moment à Saint-Jean.
Quant à l'autre partie, la deuxième, les promoteurs,
à ce moment, ont fait, avec leur architecte, un calcul assez
général de ce que cela pouvait représenter. Ils n'avaient
pas en main les spécifications du ministère, et ils avaient une
idée générale de ce que cela devait représenter.
Ils ont fait un calcul, avec l'architecte, qui donnait un prix de $600,000 pour
la construction de l'édifice, plus les honoraires. Partant de là,
ils se sont dit: $3.75, puisqu'avec cela on peut avoir le contrat tout de
suite, on peut arriver. Mais lorsque les spécifications ont
été établies, le coût de l'immeuble est monté
à $1 million, et c'est là que tout à été
faussé.
J'admets bien, puisque je l'ai peut-être dit trop souvent, ce
matin, si les gens étaient ici, ils seraient peut-être un peu
embarrassés, mais j'ai bien admis qu'il y avait eu de la
naïveté et de l'impru-
dence, mais on les comprend dans des circonstances comme
celles-là. Là où la naïveté et l'imprudence
sont venues, c'est de ne pas exiger, à l'avance, les
spécifications, de ne pas faire leur calcul à partir d'un
coût de construction tenant compte de toute les spécifications, et
jouant, parce que le directeur a dit c'est un expert en immeuble, le
directeur et il ne fait, en fait, que cela à $3.75, c'est ce qui
peut vous donner un prix de rentabilité, et si vous l'offrez comme tel,
on fonctionne. Voilà le point.
M. Bédard (Chicoutimi): Avec des changements aussi
importants, qui ont totalisé quelque $109,000, c'est seulement ce que
représente...
M. Marceau: Non, c'est absolument en dehors. L'augmentation du
coût de construction est partie de $600,000, d'après leur
estimation de départ, jusqu'à près de $1 million.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais avec tous ces
changements, auxquels ils ont été astreints, étant
donné les normes du ministère et tout cela, pensez-vous que
je pose la question les promoteurs continuaient d'être
liés par leur lettre d'intention du 14 juin?
M. Marceau: Ah! C'est une belle question, mais au point de vue
juridique, et je pense que j'aurais, pour ma part c'est un peu cela que
j'ai voulu dire pris leur cause. Voilà!
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. Marceau: Là, j'aurais peut-être pris leur cause,
à ce moment. Vous voulez dire avant qu'ils signent le bail?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Marceau: Strictement à partir de leur offre
initiale?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça.
M. Marceau: Avec les spécifications qui s'ensuivaient?
Là, ça c'est une autre question! C'est un beau
problème de droit; c'est un beau problème juridique. Quand j'ai
dit à la conférence de presse que j'avais accepté leur
cause, c'est à ce moment, probablement, que je l'aurais prise, mais
quand ils sont venus me voir, rien de cela ne se posait, puisqu'ils avaient
signé le bail. Avant de signer le bail, si j'avais été
leur avocat, j'aurais dit: Oh! Un instant!
M. Bédard (Chicoutimi): On aurait du prendre la cause
conjointement.
M. Hardy: Je ne sais pas si vous n'auriez pas plus nui qu'autre
chose, vous.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour le nombre de questions
intelligentes que vous avez posées aujourd'hui, je pense que votre
silence est encore le plus éloquent.
M. Hardy: Justement! Quant à dire des bêtises, on se
tait!
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement, ça se comprend
que depuis, vous vous êtes fermé.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Hardy: Dire toutes les bêtises que vous dites, on est
mieux de se taire.
M. Bédard (Chicoutimi): ... la meilleure politique...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): ...que l'Union nationale ait
jamais...
M. Léger: Sur les dernières affirmations... M.
Bédard (Chicoutimi): Vos meilleures...
M. Léger: ... que vous venez de faire, normalement, quand
des promoteurs veulent faire une entente avec le gouvernement, s'ils sont plus
d'un groupe, il y aurait des soumissions, et à ce moment, le prix que le
directeur avait mis de l'avant qui était de $3.75 le pied carré,
en supposant qu'il y avait plus d'une personne, plus d'un groupe, qu'il y
aurait eu deux groupes, si les deux soumissionnaires avaient
présenté un projet plus élevé que $3.75, le
directeur aurait été obligé, soit de faire un nouvel appel
d'offres, soit d'accepter la plus basse soumission qui aurait été
plus élevée que $3.75.
Comme ce n'est pas le cas, puisqu'il n'y avait qu'un groupe qui avait la
connaissance de ce besoin et qui avait demandé de réaliser ce
projet, il restait, pour eux, une occasion de négocier, négocier
un tarif plus élevé et même, avant la signature du contrat,
ne pensez-vous pas que le fait qu'ils n'ont pas négocié
démontrait qu'ils faisaient eux-mêmes une erreur majeure à
ce moment?
M. Marceau: C'est rattaché à la question qui vient
d'être posée. Etaient-ils obligés de signer le contrat tel
qu'ils l'ont signé, en conformité avec le CT et leur propre offre
du mois de juin de l'année précédente, soit de 1971.
J'ai dit tout à l'heure que je me poserais des Questions
là-dessus, sur le plan juridique, puisque c'est cela au'on me demandait.
Il v a auand même un autre plan. Il y a un plan d'affaires
là-dedans.
La construction était commencée depuis déjà
longtemps. Des sommes étaient déià investies. Refuser,
à ce moment, sur une base légale et j'ai dit, tout
à l'heure que c'était un bel exemple juridique et c'est
certainement quelque chose qui pouvait se débattre qu'est-ce que
cela impli-
quait comme conséquence? Cela impliquait qu'on bloquait tout,
bien sûr.
Alors, on voit, au point de vue d'affaires, ce que cela peut
représenter pour eux.
En second lieu, ils ont je l'ai dit tout à l'heure
eu la conviction que le prix du loyer serait, éventuellement,
révisé et c'est pour cela qu'ils ne se sont pas opposés
carrément.
Votre question est de dire: N'ont-ils pas été imprudents,
à ce moment, de signer quand même le bail, conformément aux
clauses du CT? Il faudrait, évidemment, s'entendre sur le mot
"imprudents". Je m'explique.
Il y a un problème juridique. Je crois que leur problème
était beau et il ne pouvait pas être envisagé comme une
hypothèse d'école comme je l'ai envisagé tout à
l'heure, en répondant. Il y avait, quand même, le problème
d'affaires là-dedans. Il y avait leur situation. Il fallait qu'ils
tiennent le coup dans l'intervalle et, pour ne pas signer, il aurait fallu
qu'ils n'aient pas cette conviction que le prix du loyer serait,
éventuellement, révisé parce qu'avec cette conviction, il
n'y avait aucun intérêt pour eux de retarder.
Alors, tout cela mis en cause, vous dites encore: N'ont-ils pas
été imprudents. Je ne suis pas prêt à
répondre oui étant donné tout ce que je mentionne. Ils ont
peut-être posé un geste qui ne pouvait être
évité.
M. Léger: Mais leur conviction qu'ils pouvaient avoir une
augmentation du loyer, provenant de l'assurance qu'ils avaient par les amis du
pouvoir qui les avaient dirigés vers ces directeurs...
M. Marceau: Par les administrateurs, à l'intérieur
de l'administration, par le directeur général et au cours des
discussions et de la... Cela se passe comme ceci. On le sait bien. Je disais
tout à l'heure que j'essayais de traduire un peu la situation à
l'égard de ces administrations, mais les discussions se font quand
même sur une base très humaine, avec les gens qui sont
impliqués.
Vous pouvez fort bien imaginer et dire: Cela n'a pas de bon sens. On
n'arrivera pas. Bien sûr que ce prix ne fonctionnera pas, mais c'est une
chose qu'on essaiera de réparer, ce sont de telles choses qui se
produisent.
Finalement, l'un dans l'autre, pris avec ce que je viens de mentionner,
on suit et on aboutit à une situation où une fois la prise de
possession, on dit: Non. Il y a un contrat et c'est fini. On prend tous les
moyens, évidemment, les moyens auxquels je faisais allusion tout
à l'heure. On va voir l'un et l'autre, faisant allusion à la
situation réelle et cela n'arrive pas. On dit: Non. Voilà.
M. Bédard (Chicoutimi): A la suite de la lettre
d'intention et la signature du bail qui a suivi le débat
juridique reste entier pour montrer jusqu'à quel point ils
étaient obligés de signer le bail, étant donné les
exigences, à ce moment, du ministère vous nous dites que
s'ils ne le faisaient pas... Premièrement, ils ont signé le bail
sans fausse représentation. Je pense qu'on est d'accord
là-dessus.
M. Marceau: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a eu aucune fausse
représentation. Il y a eu surtout erreur d'appréciation de leur
part.
M. Marceau: Vous le qualifiez. Je n'ose pas le qualifier parce
que je mets en cause l'ensemble de cette négociation. Si vous commencez
à donner un qualificatif aussi précis, c'est là, sur
laquelle...
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que s'il y avait...
M. Marceau: J'admets qu'il n'y a pas eu fausse
représentation. Cela est sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends vos réticences
à répondre oui ou non, aussi carrément que cela. Parce que
s'il y avait seulement erreur d'appréciation, vous ne vous seriez pas
embarqué dans le dossier.
M. Marceau: Bien oui, voilà.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends vos
réticences, mais vous ajoutez ceci. S'ils n'avaient pas signé ce
bail, cela bloquait tout. Je dois comprendre que vous avez fait l'analyse,
à l'intérieur de votre enquête, des possibilités qui
auraient pu exister, au moment où ils ont signé le bail, pour ces
promoteurs, de faire des locations à d'autres locataires que le
gouvernement. Est-ce qu'il y avait des... Quand vous dites: Cela bloquait tout,
j'imagine que votre enquête vous permet de dire et d'être convaincu
qu'il n'y avait pas, à ce moment-là, de possibilité pour
eux, après avoir tenté certains efforts, j'imagine, de louer
à d'autres locataires à des prix qui soient plus...
M. Marceau: II y a deux choses. Je n'ai évidemment pas
fait d'étude de marché dans le coin. Il y a une chose qui est
certaine néanmoins, c'est que pour pouvoir poursuivre la construction il
leur fallait des garanties, et, la possibilité d'avoir des locataires
autres, ne leur fournissait pas ces garanties. C'est bien sûr. C'est bien
sûr que le bail à long terme du gouvernement constituait la seule
garantie possible. Alors, couper cela...
M. Bédard (Chicoutimi): Mais vous dites que vous n'avez
pas fait enquête sur tout cela. Vous ne pouvez pas nous affirmer qu'ils
n'avaient pas de possibilité de louer à d'autres.
M. Marceau: Mais tout dépend de la question que vous
posez, à savoir est-ce qu'ils auraient pu néanmoins construire
l'immeuble et laisser faire le gouvernement quant à la location, encore
qu'ils pouvaient se demander s'ils pouvaient les laisser de côté,
parce que j'ai dit tout à l'heure que c'était un beau
problème, mais je ne l'ai pas réglé le problème.
Laisser faire le gouvernement, dire au gouvernement: C'est bon, on ne signe pas
et vous n'entrerez pas dans notre immeuble, continuez à
le construire, et une fois terminé cherchez des locataires. Si
vous posez comme question: Etes-vous certain qu'ils n'auraient pas pu avoir
d'autres locataires? Je dis: Je ne suis pas certain, je n'ai pas fait
d'étude de marché sur cette base. Je dis néanmoins qu'ils
avaient besoin d'un contrat à longue portée, venant d'un
débiteur solvable comme le gouvernement et cela ils ne l'avaient pas. La
finance, à ce moment-là, requérait cette situation. Alors,
bloquer cela du jour au lendemain, ils se retrouvent devant quoi? Ils se
retrouvent devant l'obligation de chercher des locataires et est-ce que cela va
leur donner, effectivement, ce dont ils ont besoin? Et la construction
elle-même, elle arrête parce que cela faisait déjà un
bon moment, en autant que je me souvienne du dossier, qu'on demandait les
garanties en question et qu'on demandait le bail. Vous voyez bien comment cela
se passe. L'arrêté en conseil pour le bail a été
passé en 1971, si mon souvenir est bon, en septembre et ce n'est qu'un
an après qu'on signe le bail. Vous voyez bien, entre les deux, pourquoi
on a tant retardé. Pendant ce temps-là, la construction
marchait.
M. Bédard (Chicoutimi): Et cette situation difficile, du
point de vue financier, vous admettez avec moi que cela peut se retrouver
à l'intérieur de bien des compagnies. Ce n'est pas ce qui vous a
motivé.
M. Marceau: Ce n'est pas ce qui m'a motivé parce que
c'était là, mais cela peut être un élément
à prendre en considération dans le cas qui nous concerne. Vous me
demandez: Comment se fait-il qu'ils ont signé?
M. Bédard (Chicoutimi): Mais vous m'avez dit tantôt,
quand je vous ai posé la question, que vous n'aviez pas pris en
considération le fait qu'ils étaient pressé par le
financement, que définitivement vous n'aviez pas pris cela en
considération parce que ce n'était pas cet élément
qui vous permettait d'intervenir.
M. Marceau: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire: Je n'ai
pas pris cela en considération... C'est bien évident que ma
décision n'est pas fondée strictement là-dessus, mais
qu'ils soient pressés par le financement peut expliquer leur
réaction. C'est un élément qui entre en ligne de compte
pour comprendre comment la négociation s'est passée.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, mais ce que vous m'avez
dit, ce n'est pas... Vous admettrez avec moi qu'être pressé par le
financement ce n'est pas une cause de vice de consentement.
M. Marceau: Là, on ferait la moitié de nos contrats
affectés d'un vice.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour cela que je vous
pose... Tout à l'heure, c'est ce que vous m'avez dit. Là, vous
semblez le prendre plus en considération, on dirait.
M. Marceau: C'est parce que je me suis mal exprimé. C'est
bien évident que ce n'était pas parce qu'il était
pressé par le financement que cela a pu le conduire à une prise
de position comme la mienne.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on continue sur l'aspect
financier, quitte à revenir sur d'autres points, vous en êtes venu
à la conclusion de recommander de majorer le prix de $0.75 le pied
carré, ce qui le porterait à $4.50. Pouvez-vous nous dire
à partir de quelle étude de rentabilité ou à partir
de quel critère vous en êtes arrivé au chiffre très
précis de $0.75?
M. Marceau: Le ministère, par l'intermédiaire de
ses experts, m'a produit une étude que je n'ai pas ici, qu'on va
probablement retrouver au dossier, et qui avait un demi-pouce
d'épaisseur.
M. Bédard (Chicoutimi): A quelle date cette étude
avait-elle été faite?
M. Marceau: Elle avait été faite, si mon souvenir
est bon, un an avant que je sois mêlé au dossier...
M. Bédard (Chicoutimi): En 1974?
M. Marceau: Je crois que oui et j'avais en plus une étude
d'experts indépendants qui m'a été fournie par les
plaignants et qui coïncidait, en tout point, avec l'étude du
ministère. Sur ce plan, il n'y a jamais eu de doute. Les $4.50 auxquels
je suis arrivé ne résultent pas d'une étude
précise. Comme je l'explique dans ma lettre, je n'ai pas voulu prendre
la position de dire: Renégociez le contrat pour donner un prix de loyer
qui soit rentable. Je sais que ce n'est pas rentable. Seulement, à
$4.50, d'une part, on couvrait le déficit d'opération, et,
d'autre part, on arrivait à peu près au chiffre qui aurait pu
être exigé par les promoteurs avant la signature du bail en
prenant strictement en considération les spécifications qui
s'ajoutaient au projet initial à partir duquel ils avaient fait leurs
propres calculs. Parce qu'à $4.50, cela couvrait à peu
près ça. Cela n'était pas un prix de rentabilité.
Ils ne faisaient pas d'argent, mais cela coïncidait. Ce sont les deux
éléments que j'ai pris en considération pour
m'arrêter là.
J'ai dit: D'une part, vous ne renégocierez pas ce contrat pour
donner les $5.50 qui sont le coût de rentabilité acquis et admis
par tout le monde et par les deux études et, d'autre part, c'est le sens
de ma suggestion, vous allez couvrir le déficit, ce qui était
ajouté dans le cadre des spécifications comme je l'expliquais
tout à l'heure. Voilà comment nous en sommes arrivés aux
$4.50. Cela ne résulte pas d'une autre étude que la mienne, ma
propre réflexion, basée sur ce que je viens de dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que les $5.50, si je
comprends bien, sont le résultat d'une expertise faite tant par le
ministère que par une certaine firme indépendante...
M. Marceau: C'est ça.
M. Bédard (Chicoutimi): ... en 1974, sans préciser
plus, alors que la lettre d'intention est en 1971. Il est assez normal...
M. Marceau: Mais le rapport couvre le problème de
l'augmentation des prix entre les deux.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors que la lettre d'intention
avait été signée en 1971, je pense qu'il était
assez normal, vous deviez vous y attendre, que l'étude en 1974 puisse
représenter un taux d'occupation qui soit pas mal plus
élevé.
M. Marceau: Exactement, mais les experts...
M. Bédard (Chicoutimi): Parce qu'on a eu l'inflation qui a
touché ça comme autre chose.
M. Marceau: ... mais les experts...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui a touché d'autres
entrepreneurs que ceux-là.
M. Marceau: Les experts étaient évidemment au
courant du problème et l'étude qui a été faite
tenait compte de ça. Ce sont deux études d'un demi-pouce
d'épaisseur chacune dans lesquelles j'ai essayé de m'y retrouver
de mon mieux, mais je ne suis pas un expert en économie.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous auriez objection
à nous produire ces études?
M. Marceau: Je crois qu'elles sont au dossier, il y en a une qui
est au dossier.
M. Bédard (Chicoutimi): Quitte à ce que vous le
fassiez plus tard. Il s'agira de nous la faire parvenir.
Parce que je remarque qu'à des intervalles très
restreints, il y a des locataires à $5 également dans cet
édifice, le gouvernement fédéral, $5.50. En fait, dans des
espaces de temps très restreints, avec l'inflation, cela a
augmenté très vite.
Maintenant, je crois que, dans votre lettre, vous dites, par exemple,
que le directeur, quand il a fixé le prix, a considéré les
éléments et parties en se basant sur les taux qui
prévalaient à ce moment-là dans la région. C'est
quand même une base qui peut être une base valable, mais qui
n'était pas suffisamment valable dans le cas, puisqu'il s'agissait d'un
immeuble différent, d'une envergure différente, dont on demandait
la construction.
A votre connaissance, est-ce que des immeubles de la nature de celui qui
a été construit, il y en avait d'autres dans la région,
avec lesquels on pouvait établir une comparaison?
M. Marceau: Je ne crois pas. Remarquez que...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas
vérifié?
M. Marceau: Je ne crois pas. Dans le rapport que vous aurez du
ministère, je crois qu'on l'examine sous cet angle-là, si mon
souvenir est bon. Cet immeuble était unique, il n'y avait pas d'autre
immeuble dans la région qui correspondait à cela.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si, un jour, un
bail consenti il y a quelques années était à 2 1/4% et si
un propriétaire faisait une demande au ministère pour rajuster
son bail, parce qu'il vit actuellement dans une situation extraordinaire, si le
ministère refusait de reconsidérer ce bail, est-ce que l'individu
pourrait s'adresser au Protecteur du citoyen?
M. Marceau: II pourrait toujours s'adresser à lui, mais il
sortirait aussi vite qu'il serait entré, je pense.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Marceau: II pourrait toujours s'adresser à moi, mais je
ne le recevrais pas. C'est l'imprévision.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est-à-dire que vous
seriez obligé de considérer ce qu'il a à vous dire, mais
votre recommandation serait que vous, vous n'avez pas à intervenir
là-dedans.
M. Bellemare (Johnson): ... que ce ne serait pas de votre
juridiction de définir un bail.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont deux choses
différentes.
M. Marceau: Oui. Je serais obligé de l'écouter.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui.
M. Marceau: Mais, dans sa plainte, il n'y aurait absolument rien
qui me concerne. Comme je le disais ce matin, c'est le comportement contestable
d'un service que je puis, moi, chercher à déceler. Si quelqu'un
me présente une plainte dans laquelle il n'y a aucune accusation de
comportement contestable, je dis: Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec
cela? Il me dira: Je perds de l'argent avec mon bail. Je lui répondrai:
Mais ce n'est pas dû aux services, si vous perdez de l'argent, c'est
dû à l'inflation ou à l'augmentation des coûts, au
chauffage, aux taxes ou à tout ce que vous voulez. Ce n'est pas dû
aux services; ce n'est pas dû à l'administration publique
gouvernementale.
M. Bédard (Chicoutimi): Avant de décider qu'il y a
ou non un comportement contestable, vous analysez naturellement le cas.
J'imagine que, dans le cas des Investissements Seigle, vous avez noté un
comportement pour employer exactement votre expression
contestable.
M. Marceau: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Et ce comportement contestable se
base sur des promesses très valables j'emploie cette expression
qui auraient
pu être faites aux gens qui ont fait appel à vos
services.
M. Marceau: Ce que j'expliquais, c'est l'ensemble de la
méthode de négociation et c'est si vrai, du reste, qu'on ne
procède plus comme cela aujourd'hui.
Il y a encore des situations qui y ressemblent, mais le prix du loyer
est déterminé une fois la construction complétée,
construction qui est faite, bien sûr, sur les spécifications du
ministère et même surveillée par des architectes du
ministère. Une fois la construction terminée, alors qu'on est
capable d'établir les coûts, on établit un taux de
rentabilité qui est valable et correspond aux normes scientifiques en
question.
Ce que je trouve, dans ce cas-là, qui est un peu embarrassant,
c'est qu'on a pris une lettre d'intention, une offre de départ, à
un moment où les gens n'étaient pas en mesure de savoir
exactement dans quoi ils s'embarquaient et qu'on a joué constamment
là-dessus pendant un an, en leur faisant signer un bail au bout d'un an
et en essayant de le maintenir de façon définitive; c'est cet
ensemble que je trouve incorrect.
M. Bellemare (Johnson): Avec certaines équivoques.
M. Marceau: Avec certaines équivoques, comme je le disais
tout à l'heure.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que, malgré tout
cela, vous auriez pu légalement refuser aussi d'entendre les plaignants
et de faire des recommandations, si vous vous étiez basé, je
pense, sur un des articles de la loi que, lorsqu'il y a plus d'un an qui s'est
écoulé, de la connaissance des faits au moment où
l'individu se plaint, à ce moment, c'est un des éléments
qui peut vous permettre, en fait, de prendre la décision de ne pas faire
de recommandation.
Je sais pertinemment que, dans un rapport que vous avez fait à un
moment donné à l'Assemblée nationale, vous avez
indiqué votre intention de ne pas être aussi rigide que cela et
que vous vous proposiez d'y mettre beaucoup plus de souplesse, je pense.
M. Marceau: Vous me faites plaisir en disant cela, parce que je
vois que vous l'avez lu.
M. Bédard (Chicoutimi): II faut bien vous faire plaisir de
temps en temps.
M. Marceau: Oui, je vois que vous avez lu, mais ce n'est pas
exactement cela, ce n'est pas l'idée de mettre plus de souplesse. C'est
que là je ne vous ai pas parlé de cela, ce matin il
y a un autre problème. La loi dit qu'on peut prendre une plainte,
lorsqu'il ne s'est pas écoulé plus d'un an depuis le moment
où l'objet de la plainte s'est présenté.
Le gros problème là-dedans est de savoir à quel
moment...
M. Bédard (Chicoutimi): Non pas l'objet, la connaissance
de l'objet de la plainte...
M. Marceau: A quel moment...
M. Bédard (Chicoutimi): ... parce qu'on peut avoir un
préjudice et n'en être informé valablement,
légalement, que...
M. Marceau: Vous allez voir par mon explication que cela ne
change pas mon histoire.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Marceau: Le gros problème est de savoir à quel
moment commence à courir ce délai de prescription d'un an. Dans
le cas là encore, je mets en cause l'administration publique
d'une décision d'un officier subalterne de l'administration
publique et que le destinataire de la décision tente d'obtenir une
modification de la décision en s'adressant à une autorité
hiérarchique, à quel moment commence le délai de
prescription? Au moment de la première décision du fonctionnaire
ou au moment où l'autorité hiérarchique rejette le recours
interne? Je ne sais pas quand.
Pour donner une chance... C'est cela que je vous ai expliqué.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans ce cas, avec votre
permission, est-ce que ce n'est pas le moment du bail, le moment où le
bail est signé?
M. Marceau: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans ce cas, possiblement?
M. Marceau: Non, parce qu'ils avaient la conviction que le loyer
serait réévalué et rétabli. A un moment
donné, ils ont essayé, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, d'avoir recours aux autorités du ministère. A un moment,
ils ont eu une réponse qui était définitive. Ils ont dit:
Non, monsieur, on ne le fera pas. J'ai toujours pris en considération...
Ici encore, j'avais pu faire un autre... Ce matin, je vous ai tenu... trop
longtemps. Mais, un autre... pour dire: Depuis le début, je me suis dit:
C'est la dernière décision de l'autorité
hiérarchique...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne conteste pas votre
calcul.
M. Marceau: ... qui constituera, quant à moi, le point de
départ de ma prescription d'un an, parce que je trouve cela normal qu'on
tente d'obtenir par une autorité hiérarchique la modification
d'une première décision.
Dans ce cas, c'était lorsque les gens ont été
convaincus qu'ils ne pourraient pas obtenir... Cela faisait un peu moins d'un
an.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne conteste pas votre point de
départ de la connaissance des promoteurs. C'était simplement pour
vous permettre
d'expliciter peut-être... Si je vous pose quelques questions sur
un des aspects de votre décision, qui a été de recommander
une augmentation de $0.75 le pied carré, c'est que, à un moment
donné, il me semble que, pour l'appréciation du préjudice,
c'est quand même nécessaire parce qu'il fallait qu'il y ait
préjudice pour que vous interveniez je pense, d'avoir certaines
données que, malheureusement, nous n'avons pas complètement. Il y
avait certains calculs que j'avais faits, qui avaient éveillé mon
attention, pour ne pas dire qu'il n'y a rien de spécial ou de louche
à l'intérieur de cela, quoique cela m'a peut-être permis de
me poser certaines questions, à savoir que le bail, pour l'année,
avec le gouvernement, représente $111,000. Quand on additionne les
$109,000, plus une somme spéciale de $1,500, on arrivait à
$111,000. C'est le bail pour une année.
Egalement, quand on fait le calcul si je me suis trompé,
vous pourrez me corriger d e l'augmentation de $0.75 sur une
période de cinq ans où, selon les contrats, il n'y a pas
possibilité de révision, à ce moment, on arrive encore
à une somme de $111,000 qui représente un an de location.
Je voulais savoir, pour pouvoir évaluer correctement le
préjudice financier je dis bien financier si vous pourriez
me fournir les informations suivantes: Quelles sont les hypothèques
qu'il y a parce que vous avez fait un coût d'opérations,
vous nous avez parlé de certaines choses, j'ai vu les déficits,
etc... Est-ce que vous pourriez nous fournir si ce n'est pas maintenant,
ce peut être un peu plus tard le montant de l'hypothèque,
les taux d'intérêt, les modes de remboursement...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense qu'on étudie le dossier en profondeur, je ne
permets pas ces sortes de questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne voulez pas qu'on aille en
profondeur?
Le Président (M. Lamontagne): Ecoutez, cela fait 25 fois
que je le dis. Ce sont des principes de la juridiction du Protecteur du
citoyen.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon. M. le Président,
avec votre permission. C'est rattaché à un des principes de la
juridiction, parce que... Laissez-moi...
Le Président (M. Lamontagne): Peut-être dans votre
esprit.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi vous l'expliquer, vous
allez peut-être le comprendre. Vous êtes notaire.
Le Président (M. Lamontagne): Vous allez avoir de la
difficulté à me convaincre qu'un taux d'intérêt peut
influencer un principe de juridiction.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon. Très bien.
Le Président (M. Lamontagne): II ne faut pas pousser trop
loin non plus.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me permettez? Le Protecteur
du citoyen vient de le dire. S'il n'y avait pas eu un préjudice
financier à l'intérieur de ce problème, même s'il y
avait eu vice de consentement, il n'aurait pas eu lieu d'intervenir. Il faut
qu'il y ait un préjudice financier. Il faut que quelqu'un,
monétairement, ait souffert de certains comportements, en l'occurrence
comportements soit de ministères ou encore d'autres personnes. C'est
dans ce sens qu'il est important d'établir qu'il y a eu un
préjudice financier, sinon essayer de m'expliquer pourquoi le Protecteur
du citoyen serait dans le dossier. Si, autrement dit, cette transaction avait
été une transaction rentable pour les promoteurs, essayez de
m'expliquer, si vous êtes capable, qu'il y aurait eu lieu quand
même, pour le Protecteur du citoyen, d'entrer dans le dossier. C'est un
élément très important. C'est pour cela que je demande ces
renseignements. Il me les fournira peut-être plus tard s'il ne peut pas
dès maintenant.
M. Hardy: II me semble que ces renseignements sont tous dans le
dossier qui a été déposé en Chambre.
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, il est
peut-être en mesure de nous le dire...
M. Bellemare (Johnson): Vous l'avez dans les Investissements
Seigle, ici, dans l'état des revenus et des dépenses pour la
première évaluation, les annexes des détails, les
intérêts sur les emprunts, l'entretien des réparations.
Vous avez tous les frais d'administration, vous avez les pertes de
l'année, vous avez ensuite particulièrement le montant des
intérêts déterminés de la façon suivante et
les hypothèques déjà obtenues. Toute la description est
là.
M. Marceau: Tout le dossier.
M. Bédard (Chicoutimi): Je les demande tout
simplement.
M. Sylvain: Vous les avez dans le dossier.
M. Bédard (Chicoutimi): On vient d'avoir le dossier.
Durant qu'on pose des questions, il y en a qui regardent le dossier. Ne nous
énervons pas.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais je veux...
M. Hardy: Vous posez des questions sans connaître le
dossier. Très bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Ces questions sont tout à
fait normales.
M. Hardy: C'est comme d'habitude.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que s'il y
en a un qui connaît le dossier, c'est bien le Protecteur du
citoyen et non pas le ministre des Communications.
M. Hardy: C'est un aveu très éloquent! Vous parlez
à travers votre chapeau comme d'habitude, sans connaissance de
cause.
M. Bédard (Chicoutimi): Encore une fois, vous
continuez.
M. Léger: II faut que le ministre admette quand même
que le dossier vient de nous être confié, il y a à peine
une demi-heure. Il faut quand même...
M. Hardy: Oui, j'admets que vous avez lancé un ballon sans
rien connaître. Vous avez voulu faire un ballon politique. Vous vous
êtes servi d'une institution...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: ... québécoise à des fins de
petites politiques partisanes.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous allez arrêter de faire
de la démagogie. Vous voulez le passer...
M. Hardy: Vous en faites assez.
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis que vous vous taisez, on
commence à se comprendre. Restez donc tranquille.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le meilleur
intérêt du Protecteur du citoyen...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: Seulement une question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine, sur une question de règlement.
M. Léger: M. le Président, question de
règlement. Nous avons eu le dossier concerné il y a à
peine une demi-heure. Nous étions en Chambre à ce moment. On en a
eu une copie pour le parti. Nous sommes plusieurs personnes a discuter de cela.
Je pense que c'est une question bien normale. Cela allait bien. Que la question
soit posée à ce stade, je pense que le Protecteur du citoyen peut
nous donner une réponse qui va nous éviter des problèmes
inutiles de discussions. Je pense que cela allait bien à ce moment.
Continuons donc comme cela.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, sur les
renseignements que je demande, le Protecteur du citoyen est au courant qu'ils
sont dans le dossier, il me le dira. Ce n'est pas plus compliqué que
cela. Je parlais d'hypothèques, des taux d'intérêt, des
remboursements mensuels. Le gouvernement n'occupe pas toute la superficie de
l'immeuble dont on parle, la propriété des Investissements
Seigle. Est-ce que vous seriez en mesure de me dire la superficie totale de
l'immeuble.
M. Marceau: Le ton est bien. J'ai les chiffres. La superficie
totale, c'est près de 39,000 pieds carrés.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui est occupé par le
gouvernement?
M. Marceau: Non, le total.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, le total de ce qui est
occupé par le gouvernement.
M. Marceau: Par le gouvernement, je crois que c'est 29,000...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je voudrais, même si la commission le permet, rappeler, au
moins pour ma part, pour le journal des Débats, que vous êtes en
train de discuter du fond du dossier, que les questions posées ont comme
conséquence d'évaluer le bien-fondé d'une recommandation
du Protecteur du citoyen. C'est assez évident que des questions comme
celles-là... Si lorsqu'on évalue des chiffres...
M. Hardy: C'est pour cela que...
Le Président (M. Lamontagne): ...c'est pour évaluer
si les $0.75 auraient dû être $0.50, oui ou non...
M. Hardy: Ce n'est pas le mandat.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça que vous ne
comprenez pas, M. le Président. C'est...
Le Président (M. Lamontagne): Bien! Je comprends autant
que vous!
M. Bédard (Chicoutimi): Bien non, mais j'ai le droit... M.
le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Ce sont des principes...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne partageais pas votre
décision au début. Je l'ai respectée quand même. Je
voudrais bien que vous respectiez les motifs pour lesquels je fais cette
demande.
Le Président (M. Lamontagne): Oui, mais tout de
même...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas pour...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Tout de même, laissez-moi parler quand j'ai la parole.
Je maintiens que vos questions ont comme conséquences
immédiates d'évaluer si les $0.75 n'auraient pas dû
être $0.50, $0.45 ou $.30. Je maintiens ma position.
M. Hardy: Ce n'est pas le mandat.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je vous
respecte. Vous avez le droit de maintenir votre décision et de voir mes
questions sous cet aspect, mais ce n'est pas le cas.
Je vous l'ai dit. Toutes ces questions, je les pose dans le sens
suivant. C'est de savoir, au bout de la ligne, quel est le préjudice
financier qui a pu être occasionné aux représentants
d'Investissements Seigle. Et le préjudice financier est un
élément essentiel qui peut motiver le Protecteur du citoyen
à intervenir. Il faut qu'il y ait un préjudice quelque part.
Alors, c'est uniquement cela, M. le Président.
Au point de vue de l'occupation, vous disiez...
M. Marceau: Je disais que c'était 39,000, je crois, la
capacité de l'immeuble. Il y en a 29,000 occupés par la province,
6,000 ou 7,000, je crois, par le gouvernement fédéral, et le
reste par des particuliers.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Ces 7,000, à votre
connaissance, c'est au taux de $5.50 pour le gouvernement
fédéral?
M. Marceau: Oui, $5.50 pour le gouvernement
fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Etes-vous en mesure de nous dire
quel est le taux payé je ne vous demande même pas les noms
par les autres locataires?
M. Marceau: Pour évaluer le préjudice, pendant que
vous parlez, j'ai demandé et obtenu, et je crois qu'il est inscrit dans
nos dossiers, le bilan d'opération de la première année et
le bilan des premiers mois d'opération de la deuxième
année, avec les projections pour l'année courante. Je crois que
c'est même au dossier. Maintenant, si vous me demandez les chiffres
précis, je répète que... d'abord, cela a été
étudié il y a déjà plusieurs mois, puisque ma
recommandation est du 15 mai. Cela a l'air un peu drôle, mais je le dis
encore: Ce sont 40 plaintes par jour que j'ai à étudier et
à regarder. Je ne me souviens quand même pas de chiffres aussi
précis. J'avais les bilans et j'avais les études dont j'ai
parlé tout à l'heure, et le préjudice auquel vous faites
allusion m'est apparu comme étant absolument certain.
M. Bédard (Chicoutimi): Après la première
année d'opération, au taux de $3.75 je ne sais pas si tout
l'immeuble était occupé à ce moment la perte de
l'année n'a été que de $2,990.70.
M. Marceau: Les prévisions de la deuxième
année, si mes souvenirs sont bons, étaient aux environs de
$60,000.
M. Bédard (Chicoutimi): D'après vous, à peu
près $60,000 pour...?
M. Marceau: Pour la deuxième année, si mes
souvenirs sont bons remarquez que c'est un peu loin mais je crois
que les prévisions de perte pour la deuxième année
étaient de $60,000 avec l'augmentation, évidemment.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites l'autre
année, 1974, avez-vous fait la projection pour 1975?
M. Marceau: Je ne crois pas. Je ne me souviens pas de l'avoir
endossée. J'ai étudié le dossier pour l'année 1973
et cela a été occupé à partir du 1er juillet 1973.
Et la partie de l'année 1973... allusion à 1974, ou leur
année financière est-elle la même je ne me souviens
pas que l'année civile? Je crois que oui, mais je ne suis pas
certain.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est peut-être pas dans
le même ordre d'idées, mais quand vous dites dans votre lettre,
à la page 3puisqu'on a discuté des faits "... ce
rappel des faits que j'aurais pu présenter de façon beaucoup plus
complète et frappante, vous le savez... que voulez-vous dire par
"frappante"?
M. Marceau: La multitude des rencontres qu'il y avait eues entre
l'architecte et les promoteurs...
M. Bédard (Chicoutimi): "... plus frappante..."
M. Marceau: ... et les officiers. Oui, à cause des
conversations qui ont pu avoir lieu et l'impression qui a pu être
donnée à partir des conversations. Je trouvais que ce
n'était quand même pas utile que je commence à citer les
rencontres et les propos qu'on avait pu tenir au cours de ces discussions ou de
ces rencontres.
Le Président (M. Lamontagne): Pendant que c'est silence,
je voudrais rappeler, une fois de plus, que suivant le mandat confié
à la commission et les principes de sa juridiction, il ne s'agit pas
d'établir le montant du préjudice qui a été
causé, mais bien qu'il y a eu préjudice. Aussitôt qu'on
essaie de calculer le montant du préjudice, ce n'est plus dans le cadre
de notre mandat. C'est un dossier qu'on...
Je pense que c'est normal de demander au Protecteur du citoyen:
Croyez-vous qu'il y a eu injustice? Pouvez-vous dire pourquoi il y eu
injustice? Mais lorsqu'on se lance dans des savants calculs pour évaluer
ce préjudice, ce n'est pas dans le cadre de notre juridiction actuelle.
Je ne sais pas si vous allez...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas si... Le
Président (M. Lamontagne): Je sais que
vous ne pensez pas comme moi. C est parce que nous n'avons pas le
même rôle, un point, c'est tout.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je ne suis
pas d'accord.
Le Président (M. Lamontagne): En tout cas. Vous
n'êtes pas souvent d'accord avec moi, de toute façon. C'est
simple, ce que je dis là.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais, M. le
Président...
Le Président (M. Lamontagne): Je m'adresse à
l'avocat plutôt qu'au député.
M. Bédard (Chicoutimi): ... comment voulez-vous que je
sois d'accord pour admettre que c'est selon la position qu'on occupe, soit
comme président, soit du côté de l'Opposition...
Le Président (M. Lamontagne): Depuis ce matin que vous
dites que vous n'êtes pas d'accord avec mes décisions.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, et je persiste.
Le Président (M. Lamontagne): Ma décision est fort
simple. Vous, essayez, et c'est normal, mais en d'autres circonstances. Ici
nous n'avons pas à évaluer un préjudice. Notre mandat est
de constater ou non qu'il y a eu préjudice. Mais là, on tente,
par des calculs, d'évaluer le préjudice qui a
nécessairement une influence sur le montant de la recommandation du
Protecteur du citoyen. Or, nous l'avons établi ce matin, ce n'est pas
notre rôle d'évaluer si cette décision est bonne ou
mauvaise ou aurait dû être autre. C'est tout simplement
d'établir, à compter d'une lettre ou d'une recommandation
datée du 15 mai, si le Protecteur du citoyen avait juridiction et quels
étaient ses principes de base pour que, lui, il établisse qu'il
avait juridiction. C'est clair. Si on avait voulu marquer autre chose dans la
motion, sans aucun doute qu'on nous l'aurait indiqué.
M. Bédard (Chicoutimi): Simplement ce que je voulais dire,
M. le Président, lorsque je n'étais pas d'accord avec vous, c'est
que j'ai motivé, je pense, mon désaccord.
Le Président (M. Lamontagne): Comme j'essaie de motiver
mes décisions également.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je n'acceptais pas, c'est
que vous essayiez de me faire admettre que, plutôt que d'être
à un siège de l'Opposition, si j'étais au siège de
président de l'Assemblée, je n'aurais pas les mêmes
idées. Là-dessus, je ne peux pas souscrire à
l'évaluation...
Le Président (M. Lamontagne): Vos propos prêtent
pour le moins à confusion.
M. Bédard (Chicoutimi): ... d'objectivité que vous
faites.
M. Léger: M. le Président, ma question serait la
suivante. On parle des conditions qui ont prévalu à la formation
du contrat de départ et qui ont fait, comme vous l'avez admis
tantôt, que les trois propriétaires des Investissements Seigle, en
1971, se sont fiés, d'une façon naïve, à la
possibilité que ce contrat devienne lucratif. Est-ce que vous pensez que
l'affaire se serait engagée de la même façon, avec la
même naïveté, si ce n'avait été que, parmi ces
personnages, il y avait le beau-frère du député du
comté...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Léger: ... qui maintenant est député de
Frontenac.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: Mais c'est un élément important,
un abus de confiance...
Le Président (M. Lamontagne): Ce n'est pas un
élément important du tout, je refuse cette question. Vous voulez
mentionner par votre question que le député a eu une influence
quelconque. Ce n'est pas l'endroit pour poser ces sortes de questions. Je
refuse cette question.
M. Léger: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lamontagne): Question de
règlement.
M. Léger: La raison pour laquelle je veux soulever cette
question, c'est que le Protecteur du citoyen nous a bien dit que les personnes
qui se sont présentées pour accepter un contrat avec le
ministère avaient eu comme seul atout majeur, non pas
l'expérience, mais des amis qui leur ont présenté des
fonctionnaires en qui on leur a dit qu'ils devaient avoir confiance. Alors, la
question que je posais tantôt, c'est que cette personne qui a investi un
montant important et qui a remis ces sommes en fiducie à une autre
personne, qui est maintenant le notaire responsable parmi les
propriétaires actuels des Investissements Seigle, c'est: Est-ce qu'il y
a une incidence particulière...
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre des
Communications a une question de règlement.
M. Léger: Je n'ai pas terminé.
M. Hardy: Mais j'invoque le règlement.
M. Léger: Vous ne voulez pas qu'on donne de noms
là-dedans. Il y a une raison, il y a une incidence particulière
avec la formation du contrat.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je veux que vous fassiez les choses comme elles doivent être
faites...
M. Léger: Comme vous aimeriez que je le fasse.
M. Hardy: ... et selon les règlements, et selon un minimum
d'éthique et d'honnêteté.
M. Léger: Tout ce que j'ai affirmé est vrai.
M. Hardy: Evidemment...
M. Bédard (Chicoutimi): La grande...
M. Léger: Prouvez-moi que ce que j'ai dit n'est pas
vrai.
M. Hardy: Evidemment, c'est beaucoup demander.
M. Léger: Prouvez-moi que ce n'est pas vrai. M. Hardy:
M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: Un des motifs, et je pense que cela était
très clair dans l'exposé du Protecteur du citoyen, qui a
justifié son intervention est la naïveté ou la croyance des
personnes en cause qu'il pouvait y avoir un ajustement du taux de location. Que
cette naïveté, que cette croyance, que cette espérance
provienne de propos tenus par des fonctionnaires du ministère des
Travaux publics, que cette espérance provienne d'affinités
politiques ou de quelque autre ordre, ça ne regarde pas la source de la
naïveté, ça ne regarde pas le mandat actuel ou le mandat
accepté par le Protecteur du citoyen. Ce devant quoi il était
placé, c'est qu'il y avait des gens qui avaient cru, à un moment
donné, qu'il y aurait un ajustement des taux.
Mais la source de la naïveté, encore une fois, cela revient
au même, cela ne change rien au fond du problème, que ce soit
à partir de propos tenus par des fonctionnaires du ministère des
Travaux publics ou que ce soit à partir du fait que ces gens disaient:
Bon, on est des libéraux, le gouvernement est libéral, donc,
peut-être qu'on va pouvoir avoir un ajustement. De fait, je pense que le
dossier démontre très bien que le fait que ces gens
étaient des libéraux et que le gouvernement était
libéral n'a rien changé. Cela ne leur a absolument rien
apporté.
M. Léger: Cela a changé à la longue. M.
Hardy: Non, cela n'a rien apporté.
M. Léger: Oui, il y a eu des subventions
régulières.
M. Hardy: Cela n'a absolument rien apporté, leur
allégeance politique.
M. Léger: II y a eu des subventions
régulières par la suite, cela a changé des choses.
M. Hardy: Pardon?
M. Léger: II y a eu deux subventions
régulières, en 1974 et en 1975.
M. Hardy: Je comprends très bien que vous n'avez rien
compris depuis le matin.
M. Léger: Je n'ai pas compris ce que vous vouliez me faire
comprendre.
M. Harvey: M. le Président, je soutiens que la question du
député de Lafontaine est irrégulière, parce qu'elle
n'a rien à voir, ni directement, ni indirectement, au mandat de la
commission et aux motifs qui ont amené le Protecteur du citoyen
premièrement à étudier ce dossier et deuxièmement
à rendre une décision.
M. Léger: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Quand je pose la question au Protecteur du
citoyen, pour savoir si le règlement s'est engagé dans cette
direction, si le Protecteur du citoyen aurait eu à agir de la même
façon aujourd'hui, et si les citoyens de ce temps avaient comme
assurance que leur projet irait bien, qu'il y avait une personne qui a
été en 1973 un député capable de défendre
ces intérêts ici, ce député n'est pas le
député de Saint-Jean, c'est son beau-frère, le
député de Frontenac. Ma question est de savoir si l'opinion de
ces gens qui croyaient qu'il y aurait un rajustement provenait du fait qu'il y
aurait un des actionnaires, au moment même où on a signé le
bail, qui était député à l'Assemblée
nationale. Est-ce que ce n'est pas quelque chose qui change fondamentalement la
confiance que ces gens...
M. Hardy: Un actionnaire qui était député
à l'Assemblée nationale quand il a signé le bail?
M. Bédard (Chicoutimi): La lettre d'intention. M.
Léger: La lettre d'intention...
M. Hardy: II était député à
l'Assemblée nationale...
M. Léger: II a vendu ses actions...
M. Hardy: Vous avez dit qu'il était député
à l'Assemblée nationale?
M. Léger: Un instant, j'ai dit qu'il a transformé
ses actions, qu'il les a données en fiducie à un notaire et c'est
encore le notaire qui protège les actions d'un député qui
est à l'Assemblée nationale actuellement. Et cela a
été admis par un des propriétaires, M. Denault, qui admet
justement ici, et je cite: "On sait que la compagnie...
M. Hardy: M. le Président, on s'éloigne de la
question du règlement.
M. Léger: Laissez-moi expliquer cela. Les investissements
Seigle avait été formée en 1971 par des proches
collaborateurs du député Veilleux, M. Philippe Denault,
organisateur en chef, M. André Latour, président de l'association
libérale, ainsi que le Dr Henri Lecours, beau-frère du
député et devenu, depuis, député du comté de
Frontenac."
M. Hardy: Cela ne vous mènera pas loin.
M. Léger: "Ce dernier s'est toutefois départi de
ses actions en faveur du notaire Louis-Joliet Desmarais...
M. Hardy: La malhonnêteté ne donne rien.
M. Léger: "Le notaire Desmarais a en fiducie les actions
du député de Frontenac." Je pose la question suivante: Est-ce
que, parce que les personnes qui ont ce projet-là en main, qui n'ont pas
négocié avec le gouvernement, s'attendant à avoir un
rajustement dans le coût du loyer, est-ce que le fait qu'il y avait un
député qui avait auparavant des intérêts qui sont
entre les mains d'un notaire, en son nom, actuellement, cela ait pu affecter la
naïveté de ces gens-là pour les amener à croire qu'on
pouvait corriger cela facilement, parce qu'il y avait quelqu'un en place? C'est
ma question et je pense qu'elle est très recevable.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Encore une fois, je porte à l'attention des membres de la
commission qu'il y a différentes façons pour mettre en cause un
député et les actions qu'il pose.
M. Léger: On ne met pas en cause un député.
Cela met en cause un contrat.
Le Président (M. Lamontagne): Voulez-vous me laisser
répondre?
M. Léger: M. le Président, je n'ai pas
d'objection.
M. Bédard (Montmorency): On vous écoute, M. le
Président.
Le Président (M. Lamontagne): Ce matin, l'honorable
député de Johnson nous a référés à
l'article 80 de nos règlements. Je pense que les propos que vient de
tenir l'honorable député de Lafontaine nous y
réfèrent doublement.
Nous avons invité le Protecteur du citoyen à venir nous
rencontrer. La qualité de toute personne, quelle qu'elle soit, dans ce
dossier, ne peut influencer le Protecteur du citoyen, de quelque façon
que ce soit.
Si un ou des membres veulent attaquer cette qualité d'un des
membres qui est député à l'Assemblée nationale, ils
le peuvent, en vertu de nos règlements, mais pas à l'occasion de
cette audition dont le mandat est d'étudier les principes de la
juridiction du Protecteur du citoyen.
Il faut tout de même remettre les choses à leur place et
faire attention de lancer inutilement des noms qui peuvent peut-être
influencer, de quelque façon que ce soit.
Si vous avez quelque chose à dire sur un des directeurs qui est
un député de l'Assemblée nationale, vous avez des recours
qui vous sont permis par l'article 80.
Je maintiens, une fois de plus, pour la seizième fois
probablement, qu'il n'y a aucun intérêt à connaître
quelque nom que ce soit dans ce dossier et que le mandat qui nous est
confié ne mentionne aucun nom, mais une compagnie. Je voudrais que tout
le monde s'en tienne au nom de la compagnie. Point, à la ligne.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
espérant être replacé pour de bon selon votre optique, il
reste que les recommandations simplement une ou deux questions de
majoration du Protecteur du citoyen sont rétroactives. Elles sont
rétroactives à partir de la date de la signature du bail?
M. Marceau: Non, de l'entrée en possession.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon?
M. Marceau: De l'entrée en possession.
M. Bellemare (Johnson): Le 1 er juillet 1973.
M. Bédard (Chicoutimi): Le 1er juillet 1973. C'est quand
même important.
Le Président (M. Lamontagne): Je ne discute pas de
l'importance de votre question et des propos du député de
Lafontaine; loin de là. Je dis que ce n'est pas à la bonne
place.
Une Voix: C'est cela.
Le Président (M. Lamontagne): On serait ailleurs et, mon
Dieu, je n'interviendrais pas là-dedans.
M. Bédard (Montmorency): Portons des accusations.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je n'ai pas
besoin de vous dire qu'on a assisté, depuis le matin, à un
charme. Je n'avais jamais entendu plaider un avocat avec autant de
précision, de lucidité et, surtout, avec un
désintéressement aussi total.
Je rends hommage à ce grand citoyen qu'est l'Ombudsman. Puisque
je dis du bien d'un grand citoyen qui protège nos institutions
parlementaires, je pense que j'ai le droit de l'ajouter à la fin de
cette commission.
Jamais je n'aurai entendu, de ma vie, une mise au point faite avec
toutes les mesures, dans le langage, dans les expressions, dans la
portée, qui a été faite avec autant de clarté et,
surtout, qui a
mis en évidence les règlements, l'application
intégrale de la loi. Je félicite l'Ombudsman, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas terminé la
commission, M. le Président. Il n'y arien qui dit qu'on a quelque chose
contre le Protecteur.
Le Président (M. Lamontagne): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 23
M. Lamontagne (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs! Le
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, il y a eu
certaines représentations qui ont été faites par le
Protecteur du citoyen dans son exposé, si je peux employer l'expression
"d'ouverture" en ce qui a trait à certains des articles de la loi qui
régissent son mandat, entre autres concernant l'article 17 qui dit ceci,
je cite: "Le Protecteur du citoyen doit refuser de faire ou de poursuivre une
enquête lorsqu'il constate qu'il n'a pas compétence en vertu de la
présente loi, lorsque la personne qui lui demande de faire une
enquête dispose en vertu d'une loi, d'un appel ou d'un recours
également adéquat, ou qu'il s'est écoulé plus d'une
année depuis que la personne qui lui demande de la faire, a eu
connaissance de l'acte ou de l'omission qui en ferait l'objet, à moins
que cette personne ne démontre qu'elle a été, en fait,
dans l'impossibilité d'agir au plus tôt".
Nous avons eu l'occasion de parler et d'avoir des impressions, l'avis du
Protecteurdu citoyen sur l'interprétation du délai d'un an, avec
laquelle interprétation, en passant, je suis d'accord. Egalement, nous
avons eu l'occasion et nous y reviendrons de parler et d'analyser
les possibilités qu'il y avait d'un autre recours dans le cas
spécial qui nous concerne, pour lequel nous sommes en commission.
D'autre part, au tout début, concernant la première partie
de l'article où on dit que le Protecteur du citoyen doit refuser de
faire ou de poursuivre une enquête. Je crois que, à moins que
j'aie mal interprété, le Protecteur du citoyen a laissé
entendre qu'il y aurait peut-être avantage à ce que cet article
soit modifié. Au lieu de dire: Le Protecteur du citoyen doit, ce serait
peut-être préférable de dire: Le Protecteur du citoyen
peut.
Je voudrais savoir si j'ai bien saisi le sens, non pas de la
recommandation, mais de l'opinion exprimée par le Protecteur du citoyen
et, si c'est le cas, je lui demanderais d'expliciter peut-être davantage
les raisons ou les motivations qui l'amèneraient à
préférer un texte de loi amendé de cette façon.
M. Marceau: Le motif pour cela, M. le Président, c'est que
la loi québécoise, telle qu'elle est formulée, exige, pour
être respectée et appliquée à la lettre, toute une
série de distinctions subtiles, que j'ai tenté de faire
dès mon premier rapport en 1969, mais qui ne me paraissent pas comme
devant être dans le cadre d'un système d'Ombudsman.
L'Ombudsman n'a aucun pouvoir exécutoire. Tout ce qu'il peut
faire, ce sont des suggestions, des recommandations, et, ce matin, j'ai
essayé de le répéter à maintes reprises, parce que
c'est l'idée centrale. Le système est rattaché à la
possibilité, pour une autorité, de changer d'idée si
elle
constate qu'elle s'est trompée. l'Ombudsman, simplement, essaie
de convaincre une autorité qu'une décision qui a
été rendue n'était pas correcte. Alors, dans un
système comme celui-là, je ne comprends pas qu'une loi soit
exprimée de façon aussi rigide et exige toute une série de
distinctions subtiles au point de vue juridique, qui m'ont demandé, dans
le premier rapport, presque 50 pages, pour expliquer comment je lisais la
loi.
Dans la grande majorité des lois étrangères
correspondantes la nôtre, comme on le sait, a été
inspirée, sinon copiée, sur la loi néo-zélandaise
qui, elle-même, était tirée de la loi danoise; ici, au
Canada, on a huit lois correspondant à celle-ci dans la grande
majorité, on a prévu la possibilité d'un recours. On a
également prévu un terme de prescription, mais, dans les deux
cas, on a effectivement édicté le texte de façon à
en faire une règle de support.
On dit: L'Ombudsman peut refuser de faire une enquête, s'il y a un
autre recours. Il peut simplement dire à un plaignant: Prenez l'autre
recours. Cet autre recours est plus adéquat que mon travail, que ce que
je peux faire moi-même. Dans le cas de la prescription, on a fait
exactement la même chose. Cela devient des règles de support du
travail de l'ombudsman au lieu d'être comme ici des règles qui
limitent son activité de façon draconienne et autoritaire et
exigent de sa part des distinctions.
Je suis heureux que le député de Chicoutimi dise qu'il
était d'accord avec moi, mais on voit qu'au niveau de la prescription,
par exemple, on dit: II y a une prescription d'un an. Or, chacun de ceux qui
travaillent un peu avec le monde du droit sait bien que de tels brefs
délais de prescription soulèvent toujours des difficultés
énormes, la plus grande d'entres elles étant de savoir à
partir de quand part la prescription d'un an, à partir de quel
moment.
Vous m'avez repris quand j'ai tenté, cet après-midi, de
donner cette idée en me disant: C'est la connaissance et non pas le
fait, et je dis: Vous avez raison, mais cela ne change pas ce que je voulais
dire. Mais on voit déjà la distinction, connaissance, et non
l'objet même. Quant à l'objet ou quant à sa connaissance,
je vous ai dit quel était le grand problème. Est-ce la
première décision de l'officier subalterne ou est-ce la
décision de son supérieur hiérarchique qui n'accepte pas
de modifier ou qui n'accepte pas le recours? Vous voyez comment on est pris,
dans chacun des cas, pour respecter le texte, de faire des distinctions
subtiles et pourquoi.
Je n'ai pas d'autorité coercitive. Bien sûr, j'ai une
certaine autorité morale, du moins, je l'espère ou je
l'espérais, mais autrement je n'en ai aucune.
C'est le recours hiérarchique interne qui est mis en cause.
Pourquoi? Pourquoi compliquer l'action, compliquer l'application de la loi avec
des règles de ce genre? C'est cela que j'ai voulu expliquer dans mes
rapports et c'est cela que j'ai souhaité, qu'on modifie cela sur les
deux points du recours adéquat et, en second lieu, du délai de
prescription.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans allonger le débat
nous avons d'ailleurs eu l'occasion de discuter un peu de chacun de ces
points cet après-midi et avec les explications ou les motivations qui
nous sont amenées par le Protecteur du citoyen je crois qu'il y
aurait avantage, pour les motifs exposés par ce dernier et en dehors de
toute partisanerie politique, de présenter une motion au niveau de la
commission, qui aurait le sens suivant:
Que la commission recommande à l'Assemblée nationale,
suivant la suggestion du Protecteur du citoyen, de modifier la Loi du
Protecteur du citoyen, au chapitre 11 des lois de 1968 en remplaçant,
à la première ligne de l'article 17 de cette loi, le mot "doit"
par le mot "peut".
Je pense, à moins qu'il y en ait, au niveau de cette commission,
qui aient des restrictions concernant les motivations qui nous ont
été apportées par le Protecteur du citoyen, qu'il y aurait
lieu que la commission adopte cette motion de recommandation à
l'Assemblée nationnale d'une façon unanime. J'en fais la motion,
M. le Président.
M. Hardy: M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): Si vous voulez
l'écrire, je parlerai après. L'honorable ministre des
Communications.
M. Hardy:... parlant sur la motion, d'abord je me réjouis
de constater qu'enfin nos amis d'en face semblent avoir compris...
M. Bédard (Chicoutimi): Ne mêlez pas le
débat. Là, vous commencez. C'est un point particulier. Tout
à l'heure j'ai dit...
M. Hardy: J'ai dit trois mots. J'ai dit: Vous semblez avoir
compris.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, c'est le
genre d'argumentation qui mène à rien. Je viens de ledire, c'est
en dehors de toute partisanerie politique et vous voyez le début
d'intervention de la part du ministre des Communications. Je tiens à
dire au ministre des Communications, avant qu'il ne continue son intervention
et avec sa permission, que si je suis d'accord sur ce point, il se rendra
compte dans quelques minutes qu'il y a des points sur lesquels je ne suis pas
d'accord avec le Protecteur du citoyen, sur lesquels j'ai certaines
réticences, tout en le respectant et en ne mettant, en aucune
façon, en doute l'intégrité même du Protecteur du
citoyen.
M. Hardy: M. le Président, je reprends ma phrase en disant
que je suis heureux de constater qu'enfin les représentants de
l'Opposition officielle à cette commission semblent avoir compris que
les motifs qui les ont poussés à demander la convocation de cette
commission sont inexistants. Se voyant devant une absence de cause, ils doivent
bifurquer vers d'autres objectifs.
D'accord, M. le Président, je ne pense pas,
mais je ne m'attacherai pas à cela, que la motion qui vient
d'être présentée par le député de Chicoutimi,
relève du mandat qui nous a été confié.
Deuxièmement, je ne pense pas que dans l'économie
générale du parlementarisme que nous vivons, ce soit la
façon de légiférer que d'adopter d'abord une motion au
niveau d'une commission parlementaire, demandant à l'Assemblée
nationale d'adopter une loi ou d'adopter une modification à une loi
existante. C'est tout simplement aller à l'encontre du processus
législatif normal. Dans notre système parlementaire, il y a deux
façons de procéder. Ou bien un député, s'il s'agit
d'une loi qui n'implique pas de dépense de deniers publics, peut
proposer en son nom la loi à l'Assemblée nationale, ou bien,
l'autre façon, c'est l'exécutif, s'il s'agit d'une loi impliquant
des dépenses de deniers publics, c'est un membre du cabinet qui propose
une telle loi.
M. le Président, je ne me prononce pas sur le mérite de la
motion présentée par le député de Chicoutimi. Je
dis même qu'après avoir entendu les explications du Protecteur du
citoyen, je suis enclin à croire qu'il s'agirait d'amendements valables
et que personnellement, je suis tout à fait disposé à en
discuter au niveau du conseil des ministres ou au niveau du caucus de mon
parti. Mais je n'accepterai pas de voter en faveur de cette motion, parce que
je considère que c'est une façon non habituelle, non conforme
à notre pratique régulière de légiférer.
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, étant
donné qu'au début de la commission parlementaire ce matin,
j'avais justement noté que c'était la première fois que le
Protecteur du citoyen venait témoigner devant cette commission
parlementaire, j'avais même dit que le gouvernement était
grandement responsable de cette négligence, qu'à aucun moment, le
Protecteur n'a eu l'occasion de venir dire au législateur les
insuffisances de la loi. Le libellé même de l'objectif de cette
commission parlementaire était d'entendre justement et de discuter des
principes mêmes de la juridiction du Protecteur du citoyen en plus du cas
particulier des Investissements Seigle.
C'est donc dire que nous avions, dans cette commission parlementaire un
objectif double qui était celui de voir à éclaircir le
problème soulevé par une décision concernant le jugement
rendu par le Protecteur du citoyen dans le cas des Investissements Seigle, mais
aussi le gouvernement en a profité largement pour nous dire: II faut
parler du principe de la juridiction du Protecteur du citoyen.
C'est une attitude tangible et positive que prend le
député de Chicoutimi en proposant que la commission, qui est la
première à avoir entendu le Protecteur du citoyen, soit capable
d'apporter, entre autres, à la suite de cette commission parlementaire,
quelque chose de positif à l'Assemblée nationale. Il ne faut pas
rater l'occasion d'avoir eu le Protecteur du citoyen nous faire mention d'un
des problèmes. Il y en a probablement bien d'autres qui relèvent
de sa juridiction.
La proposition du député de Chicoutimi demande que la
commission recommande à l'Assemblée nationale, suivant la
suggestion du Protecteur du citoyen, de modifier la Loi du Protecteur du
citoyen, chapitre 11 des lois de 1968, en remplaçant, à la
première ligne de l'article 17 de cette loi, le mot "doit" par le mot
"peut"...
Qu'est-ce que le gouvernement aurait à craindre d'accepter cette
motion de la commission parlementaire qui a écouté le Protecteur
et au moins améliorer cette partie de la loi qui rendrait le travail
beaucoup plus facile à un homme qui en a vu de toutes les couleurs
depuis les sept années qu'il est à la tête de cette
responsabilité qui est celle de voir à protéger le citoyen
contre les abus gouvernementaux.
M. Tardif: Quels abus?
M. Léger: M. le Président, je pense que... C'est le
rôle du Protecteur du citoyen, de protéger le faible contre le
fort. C'est cela. Le gros et fort administrateur qu'est le gouvernement par
rapport au pauvre administré qui n'est pas capable de se
défendre. Devant cela, c'est une responsabilité du Protecteur du
citoyen. Je pense que c'est une occasion logique de voir le sérieux du
gouvernement d'accepter une recommandation qui est absolument légitime,
qui n'est pas irrégulière, qui ne demande pas de dépenses
de la part du gouvernement et qui montrerait la bonne volonté du
gouvernement, en acceptant de modifier ce point, à la suggestion
même du Protecteur du citoyen.
M. Hardy: Cela vous permettrait de sauver la face.
M. Léger: Peut-être que le gouvernement aurait
préféré que ce soit le ministre, aujourd'hui, qui a
tenté de nous enfarger régulièrement, mais, si
c'était venu de lui, est-ce que son parti aurait la même attitude?
Je pense que c'est parce que cela vient de l'Opposition et comme c'est nous qui
avions demandé cette commission parlementaire, il est normal qu'on en
bénéficie et qu'on réussisse à corriger au moins
certaines lacunes.
Sur ce point-là, j'appuie la motion du député de
Chicoutimi sur sa motion et j'espère que les autres membres de la
commission vont l'accepter.
M. Bédard (Chicoutimi): Le vote, M. le
Président.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Parce que cette motion n'est pas encore acceptée.
M. Hardy: Ce n'est pas sûr qu'elle soit
régulière.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous n'étiez pas
sûr, cela ferait longtemps que vous auriez grimpé dans les
rideaux.
Le Président (M. Lamontagne): Personnellement, je veux
vous informer que... Je voudrais m'interroger publiquement et peut-être
recevoir un éclairage additionnel de votre part. C'est que, dans mon
esprit, quitte à vous donner la parole par la suite, le Protecteur du
citoyen peut et doit, annuellement, produire un rapport à
l'Assemblée nationale. Dans son rapport il peut recommander directement
à l'Assemblée nationale d'apporter les modifications qu'il
désire aux lois régissant le Protecteur du citoyen.
Donc, le Protecteur a déjà lui-même ce droit. Nous
n'avons pas ici soumis directement, pour le Protecteur du citoyen, une
proposition en bonne et due forme. Nous parlons d'une suggestion. Vous allez
avoir la parole après. Je recevrais, sans être définitif
dans mon opinion, plutôt un voeu qu'une recommandation, dans cet esprit,
compte tenu de la possibilité qu'a le Protecteur du citoyen
lui-même... oui, un voeu plus général. Parce que le
Protecteur du citoyen a ce pouvoir, chaque année, de recommander
exactement ce qu'il désire pour sa propre loi. L'Assemblée
nationale peut en décider comme bon lui semble. Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté l'intervention du ministre des Communications.
Une Voix: Du cinéma.
M. Bédard (Chicoutimi): Je devrais dire du cinéma
aussi, après toute la mise en scène...
M. Hardy: Vous êtes contre cela?
M. Bédard (Chicoutimi): ... qu'il nous a faite, M. le
Président.
M. Léger: Le premier acteur.
M. Bédard (Chicoutimi): Du cinéma, il faut en faire
à la bonne place, ce n'est pas en commission qu'il faut en faire. M. le
Président, j'ai été surpris par son intervention qui,
à mon sens, est teintée d'une partisanerie vraiment surprenante.
Cela le met mal à l'aise qu'on ait présenté cette
motion.
Pour la contrer, on n'a qu'un argument. Le seul argument qui est
ressorti de ce qu'a dit le ministre des Communications, c'est de la
partisanerie. Ce n'est pas autre chose que cela. S'il pense avoir d'autres
arguments... Parce que, non seulement ce n'est que de la partisanerie qui
semble l'avoir motivé, mais, en plus de cela, il s'est même
permis, à mon humble opinion, d'avancer des arguments qui sont faux pour
essayer de faire en sorte que la motion telle que présentée ne
soit pas acceptée.
Quand il dit que la manière adoptée va à l'encontre
du processus normal de législation, à mon humble opinion, je ne
le crois pas, parce que, dans d'autres commissions, entre autres aux affaires
sociales où j'ai eu l'occasion également de siéger, il est
arrivé des exemples où une commis- sion a émis une
recommandation ou un voeu. C'est une motion de recommandation.
Le Président (M. Lamontagne): Si vous permettez, je
voudrais compléter ma pensée et je vais vous redonner la parole
immédiatement après. Il m'apparaît que la commission
pourrait suggérer au Protecteur du citoyen de le recommander à
l'Assemblée nationale dans son prochain rapport, et non de faire telle
chose, ou un voeu général.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, c'est
justement parce que...
Le Président (M. Lamontagne): Si on veut en faire une
guerre de mots...
M. Bédard (Chicoutimi): On ne fera pas une guerre de mots.
Je pense que l'utilité de cette recommandation ou de ce voeu est
d'autant plus importante que je pense que vous avez fourni le meilleur des
arguments pour que la commission accepte cette motion, parce que vous avez dit,
entre autres, que le Protecteur du citoyen avait l'occasion annuellement de
présenter un rapport. Or, ceci a été fait par le
Protecteur du citoyen. Dès 1969, il y avait des recommandations quand
même assez importantes dans le rapport, lesquelles recommandations n'ont
pas eu de suites en termes de législation. Je pense que c'est
peu-être malheureux que nous ayons à en prendre l'initiative. Pour
mieux informer la Chambre ou mieux attirer l'attention du conseil des ministres
auquel a référé le ministre des Communications, cette
résolution... Comme on sait que le Protecteur du citoyen ne
présentera pas son rapport annuel avant un certain temps, je pense que
cette recommandation pourrait avoir, puisqu'il semble bien que tout le monde
est d'accord au niveau de la commission de son bien-fondé, aurait
peut-être comme effet d'accélérer un...
M. Hardy: C'est sans doute les meilleures lois adoptées
par le...
M. Bédard (Chicoutimi):... amendement. M. le
Président, toujours en farces, le ministre des Communications.
M. Hardy: Ce n'est pas une farce.
M. Veilleux: Le député de Johnson a dit oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ... aurait pour effet, j'en suis
convaincu, pour autant que le conseil des ministres est attentif,
d'accélérer un amendement à la loi dans le sens qui a
d'ailleurs été suggéré. En cela, je ne suis que
l'écho du Protecteur du citoyen, ce qui a d'ailleurs été
suggéré par le Protecteur du citoyen lui-même avec des
motivations qui, je pense, pour l'ensemble des membres de la Commission, sont
très valables. Ce serait peut-être aussi un des effets, à
part les autres, positifs de cette commission parlementaire. Il y a assez que
ce dossier, même si on n'a pas pu aller au fond
des choses à cause du libellé de la motion
elle-même, a une forte saveur de patronage, une forte couleur de
patronage, il ne faudrait pas y ajouter la couleur de la partisanerie. Dans ce
sens, je suis d'accord pour accepter votre proposition ou votre suggestion,
c'est-à-dire que ce soit sous forme d'un voeu à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lamontagne): On pourrait le recomposer,
je pense...
M. Bédard (Chicoutimi): Au lieu de "recommande",
"émet le voeu".
Le Président (M. Lamontagne): "Emet le voeu". Ce ne sera
pas long. Je vais le relire.
M. Bédard (Chicoutimi): Exprime le voeu ou souhaite...
Peut-être que le...
Le Président (M. Lamontagne): Souhaite... M.
Bédard (Chicoutimi): C'est ça.
Le Président (M. Lamontagne): Bon! Que la commission
émet le voeu ou souhaite? Souhaite? Emet le voeu?
M. Bédard (Chicoutimi): Choisissez.
Le Président (M. Lamontagne): Ce n'est pas moi qui
rédige... Emet le... Bon! Que la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale émet le voeu que l'Assemblée
nationale, suivant la suggestion du Protecteur du citoyen, modifie la Loi du
Protecteur du citoyen, chapitre 2 des lois du Québec, 1968, en
remplaçant la première ligne de l'article 17 de ladite loi, le
mot "doit" par le mot "peut".
Des Voix: Vote! Vote!
Le Président (M. Lamontagne): Un instant!
M. Hardy: M. le Président, quant à moi...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, s'il y a un vote,
je voudrais...
Le Président (M. Lamontagne): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): ... demander la parole. S'il y a un vote,
je voudrais vous donner mon opinion à savoir pourquoi je voterai contre.
Parce que je ne crois pas que ce soit opportun de nous diviser sur une question
aussi capitale que celle-là.
L'Ombudsman a été le premier, ce matin, à parler de
cette législation qui existe dans d'autres provinces et dans d'autres
pays. Il a constaté qu'il y avait là, probablement, un manque
à légiférer, à décider.
Je pense que dans notre institution parlementaire, l'Ombudsman qui, lui,
est au-dessus de tous les partis, puisque cela prend les trois quarts de la
Chambre pour le destituer...
M. Léger: Les deux tiers...
M. Bellemare (Johnson): ... les deux tiers, pardon, en vertu de
la loi, il représente, lui, une institution qui est plus forte que
n'importe lequel de nous autres, même en commission et en séance,
parce que son autorité est particulièrement... Il a à
administrer une loi très contentieuse, et je pense que, fort de
l'expérience qu'il a, et après avoir assisté, aujourd'hui,
à cette commission parlementaire, déjà prémuni
contre certaines failles de la loi, il a en main, je pense, tout ce qu'il faut
pour faire ce voeu pieux, que tout le monde, peut-être, souhaite, si lui,
avec son expérience, sa grande compétence, son grand
discernement, peut faire la recommandation au gouvernement... Il s'agirait que
cela vienne de moi, par exemple, de l'Opposition, pour que le gouvernement dise
non.
M. Hardy: Ah non! Jamais! Voyons donc!
M. Bellemare (Johnson): Ah! Je ne suis pas sûr. Ah!
Vous savez, quand on trie des patates, c'est toujours des patates!
M. Hardy: Vous nous connaissez mal.
M. Bellemare (Johnson): Si j'avais fait le voeu pieux, M. le
Président, je verrais un tollé, probablement, en Chambre, et les
membres diraient: Cela vient du député de Johnson, non. Vous
n'avez pas d'orgueil.
Une Voix: ... de la partisanerie.
M. Bellemare (Johnson): Non, pas de la partisanerie. Ne dites pas
cela. Ce n'est pas joli. Ce n'est pas gentil. Non, pas par partisanerie. Non,
il ne faut pas les prendre comme cela. Ils ne sont pas... Non, ils ne
connaissent pas cela. Mais simplement, ils diraient: C'est le
député de Johnson, non. Il faut que cela vienne de nous. Moi, je
respecte le gouvernement. Je suis bien heureux de m'incliner devant ses sages
décisions, mais que les sages, par exemple, pas les autres.
Mais je me dis que nous, les législateurs, si nous recevions de
l'Ombudsman un voeu pieux, oh! je serais, moi, réellement
intéressé et surtout fidèle à la recommandation,
parce que je dirais: Voici une autorité qui a, elle, à exercer la
loi. Pourquoi lui embrouiller les choses?
Si c'était moi qui avais pensé au voeu pieux, cela
n'aurait pas passé en haut. Si c'est un autre de mes collègues de
l'Opposition, cela ne passera pas non plus. Je le sais.
Vous êtes assez orgueilleux de votre loi et fiers que cela ne soit
que vous qui fassiez des bons coups et jamais nous autres que vous allez dire:
Pas cette année.
C'est pour cette raison que, s'il y a un vote, je voterai contre, parce
que je veux que ce soit
l'homme le plus qualifié qui, lui, est dans la loi à la
journée et sait pourquoi...
Je commence à comprendre un peu. Depuis le matin que je vous
suis, M. l'Ombudsman, et j'ai beaucoup appris depuis le matin. Mais quand
quelqu'un dit que c'est teinté de patronage... Oh! On ne devrait pas
employer ce mot. Ce n'est pas joli, surtout devant l'Ombudsman, qui est sans
tache...
M. Bédard (Chicoutimi): II est en dehors de cela.
M. Bellemare (Johnson): II est en dehors et il faut le
dire...
M. Bédard (Chicoutimi): On le dira en temps et lieu.
M. Bellemare (Johnson): ... sans tache et il faut que cette
institution soit respectée comme cela. Sinon, si on ne respecte pas
cette institution... L'homme est peut-être un homme très
qualifié, mais l'homme lui-même ne représente rien pour
moi. C'est le poste. C'est dans la démocratie et dans le système
parlementaire. Si on change notre habitude de considérer et d'accepter
les décisions d'un homme aussi important, on commence alors à
s'en aller sur une fausse voie, indépendamment de l'homme!
Je dis que, dans les circonstances, je suis presque assuré que
l'Ombudsman, s'il le juge à propos, le fera, ce voeu pieux, pour
empêcher le député de Johnson ou le député de
Chicoutimi de se faire dire: Ce n'est pas à nous de faire cela.
Même si le député de Terrebonne se sent un peu
lésé dans sa grande priorité d'occuper la première
place dans la législation...
M. Hardy: Ce ne sont pas les hommes, c'est l'institution.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Hardy: Ce ne sont pas les hommes, c'est l'institution.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela, mais il ne faudrait pas que
l'institution ne comprenne que des hommes comme vous, parce qu'on ferait fausse
route. Je suis bien prêt à vous considérer pour un, mais
non pas pour plus. L'institution, c'est nous aussi.
M. Hardy: Tous nous autres.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas toujours cela. Il y a des
fois où vous fermez les yeux et dites: C'est nous autres, et cela vient
de finir. Il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
M. le Président, ie pense que le voeu pieux qu'émettrait
l'Ombudsman serait entendu, je l'espère, des amis qui gouvernent, dans
le plus grand intérêt de tous ceux que représente le
Protecteur du citoyen.
Il ne faudrait pas m'en vouloir, si je vote contre, parce que je n'ai
pas confiance dans les voeux pieux. J'ai assisté à une commission
parlementaire du travail l'autre jour; on y a fait une série de voeux
pieux et cela a fini en queue de poisson et le gouvernement a adopté la
loi. C'est ce qu'il voulait. C'était la loi concernant la CTCUM.
Arrêtons de nous prendre pour d'autres! J'allais dire le mot, mais
je ne l'ai pas dit.
S'il y a un vote, je voterai contre, laissant ce soin particulier de
voeu pieux à l'Ombudsman, qui est détaché de tous les
partis. Peut-être voit-il à l'application de l'article 17 une
amélioration à apporter, parce que tout le débat
d'aujourd'hui se fait sur l'article 17 et tout le débat d'aujourd'hui
est contenu dans le rapport de 1969.
L'Ombudsman a pris la peine, dès 1969, d'écrire et
je ne sais pas si vous les avez lues des pages et des pages pour
expliciter pourquoi il appliquerait l'article 17. On ne pensait jamais qu'en
1974, il aurait à l'appliquer, mais déjà, sa bonne foi
était connue.
Déjà, l'Ombudsman avait pris la précaution de dire:
L'article 17 est un article dangereux et voici pourquoi, je l'explique. Il a
pris la peine de le faire en 1969, cinq ans avant qu'arrive
l'événement d'aujourd'hui. Il l'a explicité et il a
visé ces données et vous allez voir comment il a
été prudent. Mais qu'on cesse de l'accuser indirectement. Je
voterai contre.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Chicoutimi.
Une Voix: On demande le vote, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): A la suite de l'intervention du
député de Johnson, j'ai bien pris la peine, avant de
présenter la motion de voeu à l'Assemblée nationale, de
dire que je ne me faisais que l'écho du Protecteur du citoyen. Ce qui
veut dire, très spécifiquement, que l'Opposition ne
réclame en aucune façon le mérite du fond du voeu qui est
exprimé. Je ne sais pas s'il faudrait aller jusqu'à s'en excuser
auprès du groupe gouvernemental, mais nous avons simplement le
mérite d'avoir pris l'initiative, M. le Président, d'acheminer
vers vous un voeu, parce qu'il fallait le faire sous forme de motion, qui avait
été très clairement exprimé par le Protecteur du
citoyen, de telle façon que je n'ai pas d'objection... Il me semble
qu'au niveau du fond, c'est suffisamment important et si, par partisanerie ou
autrement, ou parce que cela vient de l'Opposition, ceci a pour effet d'amener
le groupe gouvernemental à voter contre, M. le Président, je n'ai
aucune objection à ce que la motion soit présentée au nom
du gouvernement, si tel est son désir de la présenter.
M. Hardy: Vote.
M. Léger: Est-ce que vous avez écouté ce
qu'il a...
M. Hardy: Ah! Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne voulez même pas la
présenter.
M. Hardy: II me semble que j'ai été clair. Je vous
ai dit que ce n'était pas le processus normal de légiférer
au niveau d'une commission parlementaire. C'est clair.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. Hardy: Je ne suis pas pour répéter cela dix
fois.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes suffisamment
partisan.
M. Hardy: Vous ne comprendrez pas plus à la
neuvième fois qu'à la première.
Le Président (M. Lamontagne): Que ceux qui sont pour
lèvent la main.
Que ceux qui sont contre lèvent la main. Cette motion est
rejetée.
M. Hardy: Mais cela ne veut pas dire qu'on est contre le
fond.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez faire.
M. Léger: On vote contre, mais on est pour.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs! Je
crois que vous aviez demandé la parole.
Une Voix: C'est comme l'augmentation de salaire, vous
étiez contre, vous avez dit oui.
M. Bellemare (Johnson): Arrêtez donc cela. Il ne faut pas
faire de la peine à ces gens-là. Vous n'êtes pas
raisonnable du tout.
M. Hardy: Pourquoi dévoiler leur vrai visagel
M. Bellemare (Johnson): Encore une affaire qu'ils peuvent...
C'est méchant.
Le Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs! Est-ce
que vous avez d'autres interventions? L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je sais
que votre décision a été rendue. J'aurais peut-être
d'autres questions concernant l'aspect de préjudice
pécuniaire.
Le Président (M. Lamontagne): Toujours dans le même
esprit de mes décisions antérieures...
M. Léger: Dans le corridor.
Le Président (M. Lamontagne):... dans le cor- ridor, comme
dit le député de Lafontaine, ne connaissant pas votre question,
je ne peux la juger, mais vous connaissez mes prises de position
antérieures.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je suis victime du corridor, M.
le Président, je n'aurai pas d'autre question à poser.
Le Président (M. Lamontagne): Avec votre permission,
j'inviterais peut-être le Protecteur du citoyen à vous faire part
de son appréciation de cette première confrontation.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, comme vous
voudrez, je tiens quand même à résumer. Peut-être que
c'est...
Le Président (M. Lamontagne): Oui. Nous allons lui donner
la parole et les parlementaires termineront ensuite.
M. Marceau: Je peux parler à la suite, à la fin, M.
le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Oui, parfait.
Conclusions
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, sans
mettre en doute l'intégrité personnelle du Protecteur du citoyen,
il reste quand même certaines questions qui, à mon sens, auraient
dû être élucidées beaucoup plus clairement si la
possibilité nous en avait été fournie, si nous n'avions
pas été, d'une certaine façon, astreints à un
corridor que vous nous avez fixé; entre autres...
Le Président (M. Lamontagne): L'Assemblée
nationale.
M. Bédard (Chicoutimi): ... sur le dernier point que je
soulignais tout à l'heure, à savoir le préjudice
pécuniaire subi par les Investissements Seigle. Je pense que les
renseignements précis que nous avons ne nous permettent pas
d'évaluer d'une façon claire ce qui aurait dû être
fait, le préjudice pécuniaire qui a été subi par
les promoteurs de la compagnie des Investissements Seigle.
En effet, ce point était très important, parce que,
même juridiquement, il est clair que l'intrusion ou l'entrée du
Protecteur du citoyen dans ce dossier devait être au moins très
clairement justifiée par un préjudice financier qui aurait pu
être fait à un groupe particulier. Or, dans ceci, il n'a pas,
à mon humble opinion, été possible de clarifier nettement
la situation. Ce que nous avons comme preuve directe devant nous, ce que nous
avons pu avoir, c'est que cette compagnie, avec trois actionnaires principaux,
à la fin de sa première année d'exploitation accusait un
déficit pour l'année de $2,990. Pour ce qui est de l'année
1974, le Protecteur du citoyen nous a dit que cela pouvait, on me corrigera si
ce n'est pas le cas, se chiffrer par $60,000, mais nous n'avons pas eu
d'indication précise, en termes de chiffres, qui aurait pu
motiver ce montant avancé de $60,000.
Pour ce qui est de l'année 1975, le Protecteur du citoyen nous a
dit qu'il n'en avait pas fait l'évaluation. D'autre part, dans son
rapport, le Protecteur du citoyen dit, en fixant le taux de location et en
demandant une majoration du taux de location de $3.75 à $4.50, qu'il en
est arrivé à ce montant, avec les explications qu'il nous a
données. Il dit dans sa lettre, très précisément,
qu'il tenait à ce que les promoteurs des Investissements Seigle assument
quand même une partie des conséquences de leur
naïveté.
Nous reviendrons sur cette expression un peu plus loin. Or, la
majoration qui est recommandée représente un montant, au bout de
cinq ans, qui est quand même assez impressionnant.
A ce moment-là, si, d'une part, on a peut-être, selon ce
qui a été avancé, diminué d'une certaine
façon certains bénéfices que pouvaient appréhender
les promoteurs d'Investissements Seigle, d'un autre côté, on leur
donne suffisamment pour qu'effectivement, ils puissent assumer pleinement pour
écarter les déficits qui auraient pu s'accumuler, lesquels
déficits je le dis sous réserve on ne peut pas,
avec le corridor qui nous a empêchés d'avoir les chiffres dont
nous aurions eu besoin, qu'il aurait été nécessaire de
communiquer à la commission... Ce défaut de renseignements ne
nous permet pas honnêtement, du point de vue du préjudice
pécuniaire, de l'évaluer complètement.
Dans ce sens-là, M. le Président, on ne peut pas en venir
à la conclusion que les promoteurs d'Investissements Seigle ont
assumé pleinement les conséquences de leur naïveté,
ou encore de leur imprévoyance et nous nous posons encore des questions
sur l'aspect de pénalité envers ces promoteurs.
Concernant le vice de consentement, M. le Président, il a
été établi d'une façon très claire par le
Protecteur du citoyen qu'au point de vue des administrateurs et plus
particulièrement du directeur, il n'était pas question de mettre
en doute la bonne foi de ces administrateurs, de ces fonctionnaires et, d'une
façon particulière, du directeur, dont il est fait état
à plusieurs reprises dans la lettre du Protecteur du citoyen.
Le plus loin que va le Protecteur du citoyen, c'est de dire qu'il a agi
pour employer très précisément son expression
de façon contestable face à cet aspect de la preuve ou des
faits, si on veut employer cette expression qui a été mise devant
la commission. Nous nous posons et nous continuons de nous poser des questions
concernant l'à-propos des recommandations qui ont été
faites au sous-ministre des Travaux publics, M. Trudeau.
Pourquoi se pose-t-on des questions sur l'à-propos de ces
recommandations, M. le Président? C'est en référence
à l'interprétation de l'article 26 qui dit expressément
ceci et je cite: "Le Protecteur du citoyen doit aviser le chef du
ministère ou de l'organisme intéressé chaque fois qu'au
terme d'une enquête, il est d'avis qu'une personne a été
lésée dans les circonstances prévues au premier
alinéa de l'article 13, parce qu'un fonctionnaire, officier ou
employé ne s'est pas conformé à la loi".
Je ne crois qu'il y ait de preuve, devant la commission, montrant que
quelque fonctionnaire que ce soit ne se soit pas conformé à la
loi. Egalement, au paragraphe b) il est spécifié ceci: "a agi de
façon déraisonnable, injuste, abusive ou d'une manière
discriminatoire;" Encore là, M. le Président, je ne crois pas que
la preuve puisse nous permettre de voir qu'un fonctionnaire ait agi de cette
manière.
Paragraphe c): "a manqué à son devoir ou fait preuve
d'inconduite ou de négligence;"
Paragraphe d): "a commis une erreur de droit ou de fait, ou dans
l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire, a agi dans un but injuste en se
fondant sur des motifs qui ne sont pas pertinents, ou en n'en motivant pas
l'exercice lorsqu'il devait le faire."
M. le Président, peut-être que le Protecteur du citoyen
pourrait nous donner certaines explications là-dessus. Il me semble que
l'article 26 est très clair, premièrement, lorsqu'il
spécifie qu'il faut qu'il y ait une personne qui ait été
lésée dans les circonstances prévues au premier
alinéa de l'article 13 et que, deuxièmement, parce que
c'est une autre condition un fonctionnaire, officier ou employé
ne se serait pas conformé à la loi ou aurait agi contrairement
aux paragraphes b), c), d) et e) de l'article 26.
Il me semble qu'une recommandation je prends seulement l'aspect
juridique était juridiquement possible à condition quand
même de satisfaire aux conditions de l'article 26 qui est très
explicite.
Or, à moins qu'on n'ait pas suivi la même preuve ou d'une
façon différente, je ne vois pas tous les éléments
qui puissent répondre aux implications de l'article 26.
Concernant le vice de consentement en ce qui regarde l'autre partie du
cas spécial que nous avions à traiter, à savoir les
promoteurs des Investissements Seigle, le Protecteur du citoyen a fait
état en grande partie surtout de la naïveté de ces
promoteurs face au projet qu'ils voulaient promouvoir. Là-dessus, je
sais que c'est normal en droit, c'est normal lorsqu'on a à
apprécier une situation. Là-dessus, on ne peut pas faire
autrement que de se poser des questions non pas, encore une fois, sur
l'intégrité du Protecteur du citoyen et sur le jugement qu'il a
pu porter sur cette naïveté, avec la connaissance de tous les faits
qui ont été portés à son attention, mais, avec les
faits qui ont été portés à notre attention, il
reste quand même que nous nous posons et nous continuons de nous poser
des questions sur cette naïveté des promoteurs, parmi lesquels se
retrouvait quand même un administrateur ce n'est pas ce qu'il y a
de plus naïf normalement; c'est normalement un homme averti versé
dans les affaires voire un notaire. Vous en êtes un, M. le
Président, ce ne sont pas les gens qui, de prime abord, peut-être
pas par...
Le Président (M. Lamontagne): Je voudrais
mentionner que la preuve n'a pas été faite qu'il agissait
comme conseiller.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce ne sont pas les gens qui,
à prime abord, peut-être pas par...
Le Président (M. Lamontagne): Je voudrais mentionner que
la preuve n'a pas été faite qu'il agissait comme conseiller.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Ce ne sont pas des gens
qui, à prime abord, avec, soit l'instruction ou encore
l'expérience qu'ils peuvent avoir des affaires, sinon de leurs affaires,
au moins des affaires des autres, sont portés à la
naïveté. Il y a également dans ce trio un agronome.
Jusqu'à preuve du contraire, je ne crois pas non plus que ce soit le
genre de personne qui n'est pas normalement avertie quand il s'agit de parler
d'affaires ou de traiter de certaines affaires. Il y avait également un
courtier en immeuble. On me corrigera, si je me trompe, préalablement
à l'incorporation ou avant que ne soit signé le bail; il y avait
également un médecin comme l'administrateur le notait ou
l'agronome. Ils forment à eux quatre quand même un groupe d'hommes
qui, de par leur profession, ne sont pas portés plus spécialement
qu'il ne le faut vers la naïveté. Je le dis, et quand je le fais,
je veux bien que ce soit clair. Je me pose des questions sur ce point. En le
faisant, je ne veux pas avoir l'impression de me poser des questions encore une
fois sur l'intégrité du Protecteur du citoyen, sur les faits,
puisqu'il y a eu avec le Protecteur du citoyen bien des rencontres qui lui ont
permis peut-être de se faire un jugement sur cette naïveté,
à la lumière des faits qui sont à sa connaissance. Mais je
tiens à le dire, lorsque je me pose ces questions, je ne m'en pose pas
sur l'intégrité du Protecteur du citoyen qui, lui, a quand
même pris une décision sur cet aspect de la question.
Au nom de l'Opposition, je pense que la naïveté, c'est
difficile à comprendre. S'il n'y avait qu'un administrateur, cela
pourrait aller, mais quand on voit un trio, presque un quatuor de personnes
quand même assez versées normalement dans les affaires, pas plus
crédibles qu'il ne le faut, c'est assez difficile à accepter. Je
pense que l'Opposition a raison de continuer à se poser des questions
sur cet aspect. Il se peut que ces personnes aient donné une impression
très forte qui va jusqu'à la conviction, une impression
très forte de naïveté, de telle sorte que le Protecteur du
citoyen était justifié d'en venir à cette conclusion. Je
pense qu'on ne peut pas écarter aussi, avec un tel assemblage d'hommes
avertis, que tout cela ait pu être tout simplement un calcul pur et
simple des personnes qui ont été mentionnées, qui a tout
simplement mal fonctionné, parce qu'elles ont mal joué leurs
cartes d'appuis électoraux ou autrement.
M. le Président, je terminerai là-dessus, je comprends que
j'ai mentionné le préjudice pécuniaire.
Tenons pour acquis, pour les fins de la discussion, qu'il y aurait eu un
préjudice pécuniaire important et qu'à ce moment, le
Protecteur du citoyen, ayant à répondre à des
critères d'équité qu'il se doit de faire respecter, ait pu
juger bon d'intervenir. S'il y a l'équité, d'une part, il y a
aussi, d'autre part, l'aspect de moralité du contexte dans lequel cela
s'est passé, un contexte de patronage il ne faut pas l'oublier
et cela n'a pas un contexte de coulisses, un contexte d'appui de
personnes bien placées, que ce soit politiquement ou autrement.
D'ailleurs, ce contexte a quand même été admis, d'une
certaine façon, par le Protecteur du citoyen, qui a dit, à un
moment donné, qu'il est très clair qu'il y avait certaines
influences qui jouaient à l'intérieur du dossier. C'était
tellement clair qu'il en est venu à la conclusion d'intervenir, parce
que les administrateurs de la compagnie Les Investissements Seigle
Limitée avaient agi avec l'assurance très claire que leur taux de
location serait majoré. Alors, s'il y a l'équité, d'une
part, M. le Président, il y a quand même, d'autre part, la
moralité du contexte, et, dans ce sens, je crois que c'était une
situation, pour le moins qu'on puisse dire, qui pouvait commander une prudence
extrême.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson):... je me réjouis grandement que,
par votre haute compétence, M. l'Ombudsman, votre sens de la justice et
de l'équité, votre grande compréhension des
problèmes de l'administration publique, votre prudence à naviguer
quotidiennement à travers de nombreux cailloux, vous sortiez, ce soir,
après une journée fort épuisante pour vous, mais
très consolante pour ceux qui veulent que votre rôle continue dans
la province, et surtout que jamais personne n'ose attaquer
l'intégrité de votre conduite, avec les honneurs de la guerre, et
que ce soir, vous retourniez vers vos occupations journalières avec la
satisfaction du devoir accompli, et surtout, M. le Président, dans
l'exercice de vos hautes fonctions.
Le Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre des
Communications.
M. Hardy: M. le Président, je pense que
l'expérience que nous avons vécue aujourd'hui, et ce qui a
amené à cette séance de la commission aujourd'hui, peut
nous amener à tirer certaines conclusions.
D'une part, s'il est vrai que, dans une démocratie, il est normal
que les citoyens, les hommes publics et plus particulièrement
l'Opposition, les journalistes, que tous ces gens aient une totale
liberté de critiquer le gouvernement, ceux qui prennent des
décisions, critiquer même les institutions, parce que les
institutions ne doivent pas
être considérées comme ne pouvant pas être
modifiées, améliorées, donc il est tout à fait
normal de critiquer, il est normal d'accuser. Mais je pense que ce que nous
avons vécu aujourd'hui nous rappelle, d'autre part, que, si tout cela
est normal, il faut que ceux qui critiquent, ceux qui accusent, doivent le
faire avec un sens de responsabilité. Avant de lancer des accusations
à droite et à gou-che, il faut d'abord vérifier les faits,
vérifier dans quelle mesure ces accusations, que l'on lance, reposent
sur la réalité, ne sont pas simplement le fruit d'une
partisanerie sans limite. Encore une fois, c'est une valeur très
précieuse, dans une démocratie, que cette possibilité de
s'exprimer librement, cette possibilité de critiquer les gouvernements
et les institutions, il ne faut pas oublier que si cette prérogative est
exercée d'une façon irréfléchie, d'une façon
irresponsable, cela peut amener à détruire les institutions
elles-mêmes, peut amener à détruire les valeurs mêmes
qui nous permettent d'agir ainsi, de jouir de cette liberté.
M. le Président, après avoir assisté toute la
journée à cette séance, j'en conclus, pour ma part, que
l'accusation ou les accusations lancées par l'Opposition officielle
s'inscrivent précisément dans ce genre d'accusations
irresponsables, dans ce genre d'accusations qui sont faites uniquement dans un
but partisan, parce qu'on veut recueillir quelques fruits électoraux. On
est prêt à saper n'importe quoi, on est prêt à lancer
n'importe quelle sorte d'accusations sans qu'elles soient fondées. On
est prêt à confondre les choses, on est prêt même
à s'attaquer à des institutions parce que la valeur des
institutions dans une société peut varier, mais je pense que
l'institution du Protecteur du citoyen en est une très importante
je ne dis pas que c'est la plus importante, il y a les tribunaux, il y a
d'autres institutions mais c'est une institution très importante
qui peut rendre d'immenses services aux citoyens, surtout quand on fait face
à une administration de plus en plus complexe, de plus en plus grande
qui intervient, quotidiennement, dans la vie des citoyens.
Le Protecteur du citoyen joue maintenant et est appelé à
jouer un rôle de plus en plus considérable.
Or, encore une fois, s'attaquer... Je ne dis pas que, si on a des motifs
sérieux et valables de s'attaquer à la façon avec laquelle
le Protecteur du citoyen accomplit sa tâche... C'est normal, mais le
faire d'une façon irresponsable, sans preuve, comme on le fait,
actuellement, je trouve cela absolument indécent. Quand tantôt, le
député de Chicoutimi parlait de patronage, je ne sais vraiment
pas s'il a réalisé exactement la situation dans laquelle on est
placé.
Patronage... C'est du drôle de patronage devant lequel on est
placé. Bien sûr, il a été à peu près
admis par tout le monde qu'il s'agissait de personnes qui étaient
d'allégeance libérale, qui ont conclu avec l'Etat un bail pour
louer des édifices, mais qui en même temps et c'est l'aveu
même du Protecteur du citoyen... On découvre, qu'à un
certain moment, après avoir été à tous les
échelons de l'administration, même jusqu'au ministre, cela a
été non, on leur a refusé d'augmenter leur loyer, c'est du
drôle de patronage.
Qu'est-ce que c'est le patronage? Le patronage, c'est obtenir des
faveurs à cause d'une certaine affinité politique. Ces personnes
n'ont pas obtenu de faveur. Cela leur a été refusé et la
preuve a démontré qu'elles étaient dans une situation
pécuniaire extrêmement périlleuse et, malgré cela,
malgré cette situation, ceux qui, théoriquement, étaient
censés être leurs amis, qui étaient censés
être au pouvoir...
M. Bédard (Chicoutimi): ... un débat sur l'aspect
du patronage.
M. Hardy: ... leur ont refusé de modifier les conditions
du contrat. Alors venir du patronage... Au contraire. Je pense que ce dossier
est un cas typique d'antipatronage.
M. Léger: Ha, ha, ha!
M. Hardy: II n'y a pas eu de patronage. On a refusé de
leur accorder des faveurs.
M. Léger: Je ne suis pas d'accord.
M. Hardy: Je conclus en disant et j'espère que
l'événement que nous avons vécu aujourd'hui inspirera un
peu plus de sens de responsabilité à certains hommes publics,
inspirera aussi peut-être un peu de sens de responsabilité
à ceux qui se considèrent les leaders de l'opinion publique, soit
des éditorialistes ou l'ensemble du monde de l'information.
En terminant, bien sûr, je remercierai le Protecteur du citoyen,
d'abord, pour nous avoir éclairés et je pense...
A ce moment-ci, je parle, non pas comme membre du gouvernement, mais
comme parlementaire, j'espère que nous aurons, dans l'avenir, l'occasion
de rencontrer, dans d'autres circonstances, dans des circonstances plus
normales, le Protecteur du citoyen parce que je pense que l'exposé qu'il
nous a fait aujourd'hui et les réponses qu'il a données aux
questions qui lui ont été posées, tout cela a permis aux
parlementaires de mieux comprendre la loi, le champ d'action où il doit
intervenir et de comprendre, en fait, l'institution qu'est le Protecteur du
citoyen.
Pour cela, je le remercie et espère que nous aurons l'occasion de
le rencontrer à nouveau comme parlementaires.
M. Léger: Je voudrais moi aussi apporter certaines
conclusions et commencer en disant que, malgré les affirmations du
ministre des Communications et du cinéma, nous avons quand même
aujourd'hui été limités dans un corridor de discussion qui
nous a empêchés d'apporter beaucoup d'éléments
supplémentaires qui auraient amené des discussions beaucoup plus
raffinées concernant les méthodes de patronage du gouvernement
actuel.
Cependant, avant de m'attaquer à une conclusion, on me permettra
d'abord de rectifier certains faits qui pourraient laisser une mauvaise
impression quant à l'attitude adoptée dans cette affaire par
l'Opposition officielle. Il est inexact de laisser entendre que l'Opposition
s'est attaquée à l'institution et à
l'intégrité personnelle de l'Ombudsman. Autant j'ai
condamné fortement l'intervention de l'Ombudsman dans une affaire de ce
genre, autant j'ai évité d'en faire une question
d'intégrité de celui qui remplit cette fonction. Je suis revenu
plusieurs fois sur cette distinction en commission parlementaire
précédente et celle d'aujourd'hui. Dans mon esprit, Me Marceau en
tant qu'homme est au-dessus de tout soupçon, mais en tant que Protecteur
du citoyen, il a posé, selon nous, un geste qui était dangereux
et qui méritait qu'on étudie en profondeur le sujet dont nous
avons discuté aujourd'hui, celui des Investissements Seigle dans lequel
il est intervenu.
M. le Président, lorsque nous avons appris que la subvention de
$111,300, au cours de la dernière commission parlementaire des
engagements financiers, a été fondes sur une recommandation du
Protecteur du citoyen, nous nous sommes posé des questions sur
l'à-propos de cette intervention de l'Ombudsman dans un contrat comme
celui-là, que nous savions alors avoir été accordé
par patronage.
Le chef de l'Opposition, à la séance de la commission
parlementaire de l'année dernière, avait soulevé le cas de
la subvention de $109,000 suivie d'une autre de $1,500 en 1974. C'est par la
suite, M. le Président, que nous avons pu prendre connaissance des
raisons invoquées par le Protecteur du citoyen pour justifier son
intervention et notamment, nous avons pu prendre connaissance de sa lettre du
15 mai 1975. Nous avons pu constater, à la lecture de cette lettre, que
le Protecteur du citoyen lui-même s'était posé de multiples
questions sur l'opportunité d'intervenir dans cette affaire. Nous avons
cru qu'il était nécessaire que cette question soit
discutée plus amplement au niveau d'une commission parlementaire, car
nous n'étions pas convaincus, à le lecture de la lettre du 15
mai, que l'intervention du Protecteur du citoyen était justifiée.
Nous avons entendu, aujourd'hui, le Protecteur du citoyen et nous connaissons
beaucoup mieux maintenant les faits. Je dois dire tout de suite que bien que
nous comprenions mieux la position du Protecteur du citoyen, nous ne partageons
pas son point de vue quant à l'opportunité et même la
légalité de son intervention dans une affaire de cette nature. Le
député de Chicoutimi, tantôt, a parlé de l'article
26 et de notre interprétation de cet article qui, pour nous, ne
permettait pas nécessairement au Protecteur du citoyen, d'intervenir. Il
est clair, en effet, que le contrat dont il s'agit ici a été
accordé par voie de patronage politique. S'il na pas été
modifié en cours de route, si les promesses de certains fonctionnaires
n'ont pas été respectées, c'est qu'entre-temps, ce
patronage avait été exposé sur la place publique et
revenir devant la commission des engagements financiers pour modifier ce
contrat aurait soulevé un tollé de protestations et aurait fort
embarrassé le gouvernement.
Les promoteurs des Investissements Seigle étaient donc punis par
où ils avaient péché. Ils avaient comme atouts des atouts
politiques, ils n'avaient pas les atouts de compétence, ils n'avaient
pas les atouts financiers, ils avaient un atout politique.
M. Hardy: Ils ne faisaient pas...
M. Léger: A cause de cela, ils ne pouvaient plus revenir
une deuxième fois devant le ministère qui leur avait
refusé...
M. Hardy: Ils n'avaient pas le système des
enquêtes...
M. Léger: Nous croyons que ce n'était que justice,
par rapport à tous les citoyens du Québec qui n'ont pas la chance
d'être du bon bord, comme on dit. M. le Président, nul homme
d'affaires n'aurait agi de la façon dont les personnes
mentionnées dans le dossier qu'on nous a donné, MM. Latour,
Denault, Desmarais, etc., ont agi.
Ils auraient fait des études et ils auraient recommandé,
ils auraient négocié un contrat plus élevé, mais
ils se sont fiés à leur fortune politique, sachant que, parce
qu'ils étaient du bon bord et qu'ils pouvaient avoir les
députés avec eux, ils pourraient avoir des corrections.
M. le Président, le Protecteur du citoyen a jugé qu'il y
avait là une question d'équité basée surtout sur la
naïveté des promoteurs. Nous croyons moins que lui à cette
naïveté, nous ne croyons pas que l'actuel député de
Frontenac soit aussi naïf que cela, ni que l'homme de confiance du
député de Saint-Jean soit aussi un naïf. C'est pourquoi nous
croyons toujours que le Protecteur du citoyen aurait dû s'abstenir
d'intervenir sur le plan de la moralité sur lequel ce contrat avait
été conclu au départ. C'était clairement un cas
frontière et nous pensons que l'institution du Protecteur du citoyen
serait mieux servie par une plus grande prudence dans les transactions de
moralité douteuse, comme c'était le cas pour les Investissements
Seigle.
Le Président (M. Lamontagne): Me Marceau. Une Voix:
C'est pas mal fort.
M. Marceau: M. le Président, je vais être
très bref. Je ne veux pas revenir sur certaines des remarques que j'ai
pu faire quant au cas lui-même, mais je voudrais exprimer simplement en
terminant, deux souhaits. Le premier, du reste, rejoint un voeu qui a
été exprimé ici précédemment. Je souhaite
qu'à une autre occasion, il me soit donné la chance de parler de
l'institution du Protecteur du citoyen, des conditions dans lesquelles
l'institution se développe, de ses réalisations, ses
préoccupations et aussi de la loi. Ce dont on a parlé ce soir,
comme modifications possibles, n'est pas isolé dans la loi; il y a deux
ou trois autres points qui devraient être améliorés, je
pense.
L'an dernier, j'ai consacré, si mon souvenir est bon, 75 pages de
mon rapport à discuter de l'avenir de l'institution. Si, à une
autre occasion, dans des conditions meilleures, dans un climat plus favorable,
il m'était donné la chance de m'exprimer, je crois que ce serait
extrêmement bénéfique pour l'institution.
Un deuxième souhait, c'est que la convocation et la séance
d'aujourd'hui ne deviennent pas un précédent, car, d'une part,
encore que cela soit secondaire, mais je le souligne tout de même, il
faudrait alors délimiter les limites de mon serment de
confidentialité. Le problème ne s'est pas posé
aujourd'hui, parce qu'on avait fait état du cas en dé- tail, mais
j'ai l'impression que le problème se soulèverait vite. D'autre
part, et surtout, surtout, s'il fallait que chaque dossier délicat
susceptible de soulever les contestations risque de donner lieu à une
convocation du genre, et sur 6,000 dossiers par année, je vous prie de
croire qu'il y en a quelques-uns, c'en serait fait du système de
I'Ombudsman.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lamontagne): Merci beaucoup. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 39)