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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Etude du rapport sur la réforme des districts
électoraux
Séance du mercredi 28 janvier 1976
(Quinze heures dix minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'Assemblée nationale continue
aujourd'hui l'étude du rapport sur la réforme des districts
électoraux.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
les suivants: MM. Bé-dard (Chicoutimi), Bellemare (Johnson), Dufour
(Vanier), Brown (Brome-Missisquoi), Burns (Maisonneuve), Caron (Verdun),
Marchand (Laurier), Hardy (Terrebonne), Lacroix (Iles-de-la-Madeleine),
Massicotte (Lotbinière), Léger (Lafontaine), Assad (Papineau),
Bellemare (Rosemont), Perreault (L'Assomption), Faucher (Nicolet-Yamaska),
Samson (Rouyn-Noranda) et Tardif (Anjou).
Je suis sûr que je n'ai pas besoin de rappeler que l'honorable
député de Rosemont agit comme rapporteur.
L'honorable ministre des Communications.
Mémoire du parti ministériel
M. Hardy: M. le Président, tel que je l'ai annoncé
hier, le parti ministériel présente à la commission
permanente de l'Assemblée nationale son mémoire sur les nouvelles
propositions de délimitation des circonscriptions électorales du
Québec telles que formulées dans le troisième rapport de
la commission permanente de la réforme des districts
électoraux.
Le parti ministériel se réjouit du fait que, pour
l'essentiel, la commission a suivi la même approche que dans ses rapports
précédents. Nous voulons toutefois, comme en 1972, lui soumettre
un certain nombre d'observations et de recommandations.
A la suite du dépôt du troisième rapport de la
commission permanente en avril 1975, le parti ministériel a entrepris,
cette fois encore, l'étude exhaustive des propositions faites en mettant
à profit non seulement les analystes et recherchistes dont il dispose,
mais également et surtout, devrions-nous dire, les députés
ministériels, les responsables régionaux et locaux de notre
formation politique et les organismes et individus représentatifs du
milieu, c'est-à-dire, ceux-là mêmes qui connaissent le
mieux les réalités politiques, économiques, sociales et
culturelles de chacun des comtés du Québec.
La première démarche de toute réforme de la carte
électorale est évidemment de garantir l'égalité du
vote de chaque électeur. Ce premier principe est à la base
même de la Loi sur la révision des districts électoraux, et
le parti ministériel y souscrit pleinement, sous réserve du
maintien d'un juste équilibre entre les comtés urbains et
ruraux.
M. le Président, je déplore l'absence du chef de l'Union
Nationale, qui se préoccupait particulièrement de ce
problème, hier.
Le parti ministériel tient à exprimer son attachement
à un second principe qui, selon lui, doit présider à toute
révision des délimitations des circonscriptions
électorales à savoir le respect et la promotion de la vie
communautaire, autant en milieu urbain...
M. Burns: Le chef de l'Union Nationale arrive.
M. Hardy: Ah bon!
M. le Président, je suis très heureux de voir que le chef
de l'Union Naitonale fait son entrée.
Il y a quelques secondes à peine, je soulignais la
préoccupation du parti ministériel pour un juste équilibre
entre les comtés urbains et les comtés ruraux et je rappelais que
c'était une question que vous aviez soulevée hier, à juste
titre, et, sur ce point, le parti ministériel et votre parti sont sur la
même longueur d'ondes.
M. Bellemare (Johnson): J'espère qu'on ne nous coupera pas
sur les ondes sur cette interpé-tration.
M. Hardy: Si vous voulez vous fier à moi en ce qui
concerne les antennes, on va faire tout ce qu'il faut faire pour les
conserver.
Certaines exigences sur le plan de la permanence...
M. Bellemare (Johnson): J'ai même reçu une
confidence d'un membre de la commission aujourd'hui. Je ne dis pas de qui.
M. Hardy: ... et de la stabilité des délimitations
électorales.
En effet, dans cette période de transformation rapide des
valeurs, de l'organisation et du fonctionnement de la société
québécoise, il nous paraît extrêmement important de
fournir, dans toute la mesure du possible, aux citoyens, des points d'ancrage
suffisamment stables qui lui permettent de se reconnaître et de donner
à l'évolution de la société une
interprétation conforme à ses besoins et à ses
aspirations.
Dans cette perspective, il est évident qu'une certaine permanence
dans la délimitation de la circonscription électorale est
souhaitable. Elle est même nécessaire puisque, même en
milieu urbain, le comté est le plus souvent le cadre naturel et normal
de l'expression de la vie communautaire et que, très souvent, à
l'échelle de la province, il constitue la base de l'organisation d'une
très grande partie des services gouvernementaux.
Il faut donc faire preuve de prudence et de discernement avant de
s'engager à modifier de fond en comble les délimitations
électorales d'une collectivité.
Le parti ministériel se permet d'insister sur le principe du
respect d'un sain équilibre entre le nombre de circonscriptions urbaines
et rurales. Cet équilibre ne peut être atteint par une application
stricte qu'on ferait de critères mathématiques trop
contraignants. Les comtés ruraux ont des besoins particuliers dont il
doit être tenu compte. Nous nous réjouissons du fait que, dans son
troisième rapport, la commission a reconnu ce principe en ne modifiant
pas d'une façon significative le ratio entre comtés urbains et
comtés ruraux et les limites actuelles des comtés ruraux.
Ces trois principes fondamentaux étant établis, le parti
ministériel souscrit évidemment d'emblée à
l'idée d'une nécessaire et permanente révision de la
délimitation des districts électoraux.
Nous croyons à la nécessité d'adapter la carte
électorale aux nouvelles données démographiques de notre
société. Nous voyons dans cette nécessité une
condition essentielle à l'amélioration constante de notre
système électoral, un objectif que le parti ministériel a
voulu faire sien dans les tout derniers jours qui ont suivi l'élection
de 1970, et qui, on le sait, a donné lieu à toute une
série de mesures législatives et administratives
déjà inscrites ou qui sont sur le point de l'être au titre
de la réforme en profondeur de notre système
électoral.
C'est dans cet esprit qu'au niveau de cette commission de
l'Assemblée nationale, le parti ministériel entend continuer de
travailler sur la question de la délimitation des districts
électoraux et sur les autres aspects de la réforme
électorale qui lui seront soumis bientôt.
Ce souci de réforme et d'amélioration du système
électoral québécois nous amène aujourd'hui à
proposer à l'attention de la commission de l'Assemblée nationale
et de la commission permanente de la réforme des districts
électoraux des propositions d'amendements à son troisième
rapport.
Fondamentalement, nos propositions d'amendements sont formulées
sur la base même des délimitations des districts électoraux
consignés au troisième rapport de la commission permanente. En
nous attachant ainsi à la structure et à l'essentiel des
propositions du troisième rapport, nous facilitons la
compréhension des amendements que nous soumettons à l'attention
de la commission permanente et nous entendons promouvoir notre objectif d'une
certaine stabilité et permanence dans la délimitation des
districts électoraux.
L'essentiel de nos propositions d'amendements porte sur la région
de Montréal et de Québec, où il nous semble souhaitable
d'avoir un nombre d'électeurs généralement plus grand
qu'en milieu rural. Il nous apparaît, par ailleurs, normal de tenir
compte, même en milieu urbain, de l'impératif du respect du
sentiment d'appartenance à un "quartier" ou ce que d'autres appellent
les petites patries ou à une municipalité et de
l'évalution des données démographiques du comté, en
particulier en ce qui concerne sa définition présente ou
prochaine en termes de plutôt "résidentielle" ou de plutôt
"commerciale".
Nos autres propositions d'amendements sont fondées sur des
caractéristiques particulières du milieu ou sur des contraintes
inscrites dans la loi, auxquelles nous nous référons
spécifiquement dans l'énumération qui suit.
M. le Président, suit la série de propositions que nous
formulons, dont copie, je pense, a été distribuée aux
membres de la commission et aux membres de la presse. Je voudrais
également déposer la carte et les chiffres qui correspondent aux
modifications proposées dans le mémoire que j'ai
déposé. Je regrette, M. le Président, les sous-ministres
à la réforme électorale me disent que je n'ai pas...
M. Burns: Tiens, il y en a un nouveau aujourd'hui.
M. Hardy: ... de copies pour le moment, mais nous en aurons, pour
distribution aux membres de la commission, aux partis d'Opposition et à
la presse. Et j'espère, messieurs, que ce sera aussi rapide que
possible, afin que l'information du public soit valable.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que vous pourriez vous
enquérir auprès des sous-ministres des raisons...
M. Hardy: Je voudrais que la presse écrite obtienne ces
copies en même temps que la presse électronique.
Le Président (M. Gratton): Puis-je m'enquérir
auprès du ministre à quel moment on déposera les
copies?
M. Hardy: Aussitôt que possible.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que c'est cet
après-midi?
M. Hardy: Tout dépend de la longueur.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que je pourrais demander au
ministre, ça représenté actuellement, dans la proposition
qui est faite, combien de comtés en tout et partout?
Chapleau, Témiscamingue? Pointe-Gatineau, Chapleau, une
minute.
M. Hardy: Nous ne proposons la création que d'un nouveau
comté, un réaménagement par rapport au rapport de la
commission.
M. Beilemare (Johnson): C'est dans Pontiac Gatineau Chapleau?
M. Hardy: Oui, c'est dans ce... C'est-à-dire que ce n'est
pas un nouveau comté quant au nombre, mais c'est un
réaménagement.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne fait pas un nouveau comté,
mais vous prenez Témiscamingue et vous le rattachez à
Rouyn-Noranda et vous pre-
nez Pontiac et vous le rattachez à Chapleau, au lieu de
Témiscamingue.
M. Hardy: C'est un réaménagement, ça
n'ajoute pas de comté en nombre.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais ça change
énormément la vocation des gens qui y demeurent, parce que c'est
au point de vue numérique. Au point de vue mentalité, comment
est-ce qu'ils appelaient ça?
M. Hardy: Vous parlez du comté de Chapleau, des
propositions que nous faisons sur Chapleau?
M. Bellemare (Johnson): Oui, Chapleau, Pontiac, une partie qui
s'en va au Témiscamingue.
M. Hardy: Entre parenthèses, on me permet sûrement.
La dernière fois que nous avons étudié une carte
électorale, vos prédécesseurs, sur le plan de votre
formation politique, ont insisté pendant des heures et des heures pour
qu'on trouve un comté à M. Chapleau qui a été un
des plus brillants premiers ministres conservateurs et député de
Terrebonne.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, ne me donnez pas de
leçon d'histoire. En ce qui regarde mon parti, j'en connais pas mal.
M. Hardy: L'histoire du comté de Terrebonne aussi, vous
connaissez bien ça?
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez...
M. Hardy: C'est la raison pour laquelle vous avez
décidé de me laisser élire par acclamation.
M. Bellemare (Johnson): Non, je ne pense pas, non. Si vous
connaissiez votre adversaire, vous ne diriez pas ça. Vous allez avoir du
pain sur la planche.
M. Hardy: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Oui, certainement, c'est un jeune avocat
distingué, monsieur, du Barreau. On va faire une lutte de coqs.
M. Hardy: Vous m'avez déjà donné trop de
détails, je m'aperçois qu'il ne sera pas encore assez fort. Je
sais ça que quand on commence une élection...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! M. Burns: ...
en 1966, vous.
M. Hardy: C'est ça et je ne l'ai plus jamais dit
après.
M. Burns: Oui, c'est ça.
M. Hardy: En 1970 et en 1973, au début de la campagne, je
me considérais battu. Revenons aux choses sérieuses.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, il y a des
modifications importantes dans le comté de Berthier également.
Cela va être consigné...
Le Président (M. Gratton): Messieurs, la commission va
suspendre ses travaux pendant quelques minutes.
A l'ordre, messieurs! L'honorable ministre.
M. Hardy: M. le Président, bien sûr, loin de moi
l'intention de brimer ou de limiter de quelque façon nos débats,
sauf que, si on veut garder une certaine rationalité dans notre
démarche, je pense qu'à ce stade-ci, de même qu'on l'a fait
hier avec les propositions du Parti québécois, il serait
peut-être préférable de discuter de principes
généraux. Le tout est soumis à la commission permanente
qui nous dira ce qu'elle en pense et la discussion des détails,
c'est-à-dire des conséquences que cela peut avoir sur tel
comté ou tel autre, cette discussion aura lieu lors de l'étude
article par article de la loi.
C'est exactement ce que nous avions fait en 1972 et je pense que c'est
une méthode assez rationnelle.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre me permettrait
simplement une suggestion qui serait peut-être bien avantageuse avant que
le rapport de la commission de la révision des districts
électoraux soit étudié de nouveau?
J'aurais certains témoins à faire entendre sur certaines
propositions qui sont faites dans le cadre de ces changements. Je pense que
cela serait peut-être très utile de les entendre, puisque la
commission semble bien disposée à recevoir toutes les suggestions
possibles.
M. Hardy: Oui, mais je pense que...
M. Bellemare (Johnson): Je pense que, dans une séance
publique, avant que... C'était à la demande même de
l'honorable juge qui disait hier: Si vous avez des représentations
à faire qui sont d'intérêt public, ce serait
peut-être le temps de le dire, de le faire voir.
M. Hardy: Je pense que la dernière fois et la loi
le permet je pense que tous ceux qui ont des représentations
à faire, municipalités, corps publics ou autres, peuvent faire
leurs représentations directement à la commission. C'est la
raison pour laquelle nous avons une commission permanente.
M. Drouin: Oui. Evidemment, oui. Nous acceptons des
revendications, mais par voie de lettres.
M. Hardy: C'est cela. Publiquement. Pas en catimini, pas in
camera.
M. Drouin: Mais nous n'acceptons pas de témoins. Nous
n'entendons pas de témoins.
Motion pour assigner des témoins
M. Bellemare (Johnson): Mais la commission permanente, ici,
pourrait l'entendre. Par exemple, je donne un exemple: Le maire Aidas Boileau,
de Saint-Hubert. Je fais une proposition. Laissez-moi l'expliquer.
M. Hardy: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): Si vous dites non, non, non, je n'ai pas
d'affaire ici.
Le Président (M. Gratton): Quand je dis non, non, non, ce
n'est pas non, non, non à ce que vous voulez...
M. Burns: Je pense que vous devez quand même laisser le
député de Johnson s'exprimer.
M. Hardy: D'accord, oui, oui, oui. M. le Président, soyez
un peu libéral, de la démocratie.
M. Bellemare (Johnson): II n'a pas de misère à
l'être.
M. Burns: Forcez-vous pour être libéral dans le bon
sens du mot.
M. Hardy: M. le Président, vous savez qu'avec le
député de Maisonneuve je suis un des grands défenseurs des
libertés parlementaires.
Une Voix: Cela est vrai.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'êtes pas tout seul.
Le Président (M. Gratton): Maintenant que tout le monde
a...
NI. Hardy: Voyez-vous, c'est une vocation tardive dans votre
cas.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, non, non. Même Tardif,
mon cher, il est ici, alors il est...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson):... le député d'Anjou, mais
qui fait l'affaire de bien du monde. Il y a eu, de la part du maire Aidas
Boileau, un texte, une étude très sérieuse qui a
été faite pour protester contre la division qu'on impose au
nouveau comté de Longueuil. M. le Président, il y en a un autre,
par exemple, dans une autre municipalité, dans Pontiac ou dans Chapleau,
nouveau comté, ou dans Témiscamingue, qui s'oppose à ce
que le comté du député Samson soit transformé.
J'aimerais peut-être entendre ces gens, avant que les membres de la
commission puissent statuer définitivement. Dans le mémoire qui a
été présenté par le maire de Saint-Hubert, il y a
des choses auxquelles les membres de la commission de- vraient donner
réponse. Ces questions ont été soumises,
déjà, par le maire, M. Boileau, à la commission permanente
des districts électoraux. Il ne semble pas y avoir de
réponse.
Ce n'est pas que je veuille être un enfant gâté, mais
je voudrais simplement donner la chance, puisque vous parlez de
libéralité, de Parti libéral, de la
démocratie...
M. Hardy: Libéral fait partie de liberté; je n'ai
pas parlé du Parti libéral. Evidemment, dans votre esprit,
peut-être qu'il y a adéquation parfaite entre liberté et
Parti libéral.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas tellement d'années,
le représentant de votre comté avait honte de se présenter
à nouveau, après un voyage à Paris. L'honorable Athanase
David prêchait cela, mon cher monsieur. Il avait été, mon
cher monsieur, mis à l'index. Vous vous souvenez de cela. Ce n'est pas
si vieux que cela.
Une Voix: J'ai vu cela.
Le Président (M. Gratton): Vous voyez, quand on me demande
d'être libéral et que je le suis, où cela nous
mène.
M. Bellemare (Johnson): Qui a commencé, M. le
Président?
Le Président (M. Gratton): C'est lui.
M. Bellemare (Johnson): S'il veut faire de l'histoire, on va en
faire nous autres aussi.
M. Bellemare (Rosemont): ... Gabias.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je dis donc, en
toute conscience, que je serais heureux qu'au moins... J'en ai deux autres qui
seraient disposés à venir faire des représentations, qui
n'ont peut-être pas tout l'équipement voulu pour présenter
des mémoires aussi bien faits que celui du maire de Saint-Hubert.
La commission a, dans bien des circonstances, permis l'audition de
témoins ici, ce qui a été très fructueux. Les
interventions de M. Pepin et de M. Laberge, lors du bill 253 sur les services
essentiels, nous ont permis une certaine orientation nouvelle qu'a prise la loi
253. Je pense que c'était nécessaire, les ententes étaient
démocratiques.
Alors, si vous ne voulez pas les entendre, si vous dites, à la
suite du président de la commission: Soumettez-nous des mémoires,
nous les étudierons et nous déciderons ex cathedra sans entendre
personne, je trouve cela pas mal antidémocratique. Dans la ville de
Montréal, il y aura peut-être des gens qui auraient
intérêt à venir se faire entendre et parler de ces
comtés serpents, les comtés à fer à cheval ou des
comtés serpents tel que l'a si bien décrit hier le
député de Maisonneuve. Cela peut être ceux qui ne veulent
pas avoir, comme disait le député de Rosemont, des bouts de
comtés. Il y aurait peut-être intérêt à en
entendre quelques-uns.
M. Burns: Des "couettes"!
M. Bellemare (Johnson): Des "couettes", oui. C'était, je
le dis et je le répète... Hier soir, on a siégé sur
cela et on a relu le mémoire du "P Quiou". Qu'est-ce qu'il y a? Pourquoi
riez-vous? On ne dit pas Bar B.Q., on dit Bar B. Quiou, voyons donc!
M. Burns: Je n'ai même pas le coeur de me choquer.
M. Marchand: Vous êtes rendu au point où vous avez
peur du Q!
M. Bellemare (Johnson): Nous avons regardé cela hier et,
dans les remarques faites dans le texte qu'avait préparé le
député de Maisonneuve, il y avait réellement des choses
extraordinaires.
M. Hardy: Nous autres aussi on en a trouvé.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, j'espère que cela va vous
servir à vous amender, mais je pense qu'il y aurait peut-être lieu
de prendre une journée, mettre un temps délimité pour
entendre certains témoins. Pourquoi refuser à la
démocratie de se faire entendre? Vous êtes toujours à dire:
Le petit peuple ordinaire, on est près du petit peuple ordinaire.
Laissez-le venir le peuple pour l'entendre. C'est lui qui va avoir à
subir les bienfaits ou les désastres de votre loi. Je pense que ce
serait logique. Alors, ce sera non, je le sais d'avance, je me soumettrai.
Une Voix: Vous l'aurez dit!
M. Bellemare (Johnson): Bien oui, j'aurai essayé!
M. Marchand: Vous avez connu cela? Toé, tais-toi!
M. Bellemare (Johnson): Ah non!
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Dufour: Vingt fois sur le métier, remettez votre
ouvrage.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas critiquer le
document qui nous a été soumis par le parti ministériel...
Ah! Je m'excuse. Je n'ai pas entendu la proposition.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que vous avez fait une
proposition?
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'avais fait une proposition.
Le Président (M. Gratton): ... peut-être
régler cela.
M. Bellemare (Johnson): Je ne voudrais pas qu'on subisse un vote,
par exemple. Je suis prêt à la retirer si vous me dites non. En
tout cas, je sais que ce sera non. Vous n'avez pas besoin de me
répondre.
M. Hardy: Comment ça?
Une Voix: Ce n'est pas sûr. Je veux dire...
M. Hardy: Là, c'est vous qui voulez me
bâillonner.
M. Burns: Non, M. le Président, sur la proposition, je
m'excuse. Je n'avais pas bien entendu la proposition du député de
Johnson. Je suis entièrement d'accord. Je n'ai pas besoin d'expliciter
longtemps, mais les arguments qu'il nous a donnés tout à l'heure
selon lesquels ce type de commission parlementaire particulièrement est
celui où on peut entendre la plus large expression d'opinions, et
là-dessus, je ne pourrai qu'être d'accord avec la proposition du
député de Johnson.
Il me semble que, si on veut que ces travaux-ci soient utiles, tant pour
la commission parlementaire que pour la commission permanente elle-même,
s'il y a des experts qui doivent venir se faire entendre ou encore des gens qui
se sentent directement concernés, qui veulent venir se faire entendre,
à ce moment, je serai entièrement d'accord avec cette proposition
du député de Johnson.
M. Hardy: M. le Président, je regrette de ne pas avoir les
documents à la main, mais il me semble je dis cela sous toute
réserve que, la dernière fois, le parti que
représente mon bon ami, le député de Maisonneuve, avait
adopté, sur cette question, une position contraire, parce qu'il avait
aussi été suggéré d'entendre des témoins.
Nous n'avions pas accepté... Bien sûr qu'idéalement, cela
semble... Je comprends évidemment que, quand on est dans l'Opposition,
cela semble...
M. Bellemare (Johnson): ... jamais été dans
l'Opposition...
M. Hardy: Non, malheureusement, je n'ai jamais été
dans l'Opposition, et j'espère que dans 75 ou 80 ans, je me retrouverai
dans l'Opposition...
M. Burns: Cela arrivera bien la prochaine fois.
M. Hardy: ... je ne serai plus capable d'assumer de
responsabilités ministérielles...
M. Burns: Si jamais vous...
M. Hardy: J'aimerais bien continuer à siéger...
M. Bellemare (Johnson): Vous commencez à donner des
preuves de sénilité, monsieur.
M. Hardy: Oui? Là-dessus, j'aimerais mieux me fier
à quelqu'un d'autre que vous, parce que je serais enclin à croire
que vous faites peut-être de la projection.
M. le Président, théoriquement il est évident que
la proposition du député de Johnson, appuyé par le
député de Maisonneuve, peut sembler fascinante,
démocratique, etc. Mais, à partir du moment où on
accepterait la proposition du député de Johnson, il faut bien
voir tout ce que cela signifie. On ne peut pas accepter d'entendre seulement M.
le maire Aidas Boileau, M. X et M. Y. Si on accepte d'entendre des
témoins, il faudra entendre tous ceux qui voudront se présenter.
On n'est pas pour commencer à choisir les uns et les autres.
M. Bellemare (Johnson): Puis?
M. Hardy: Vous allez voir "puis"! Si on commence... C'est la
raison pour laquelle on avait refusé la dernière fois avec,
encore une fois je dis cela sous toute réserve il me
semble bien, l'appui du Parti québécois. Il n'y aura pas de carte
électorale, pour la prochaine élection, même si elle se
tenait en 1980.
Si on commence à entendre tous ceux qui ont quelque chose
à dire... Parce qu'il faut bien se rappeler une chose. Une carte
électorale ce que je dis là, cela a déjà
été dit et c'est peut-être bon de le rappeler ne
pourra jamais satisfaire pleinement chaque député et chaque
citoyen, parce qu'aucune circonscription électorale ne peut être
délimitée en soi.
Ce que le président de la commission expliquait hier, ce qu'il
avait déjà fait antérieurement avec beaucoup
d'à-propos, c'est qu'il faut commencer quelque part et que, dès
que vous avez pris une décision ici, cela a des répercussions en
chaîne.
En d'autres termes, on ne peut donner à personne le comté
idéal. Cela n'existe pas, le comté idéal. Si vous ouvrez
la commission parlementaire, nous pourrons tenir des auditions pendant cinq,
six, sept ou huit mois, peut-être un an, parce qu'il y a dans toute la
province, des gens, des chambres de commerce, des groupements qui auront des
représentations à faire et qui diront: Nous voulons telle sorte
de comté plutôt que telle autre.
Deuxièmement, si la commission parlememtaire devait commencer
à entendre des témoins, cela amènerait un
déséquilibre dans ce que j'ai tenté d'expliquer hier.
Dans mon introduction hier, j'ai tenté d'expliquer qu'on avait
réalisé un équilibre et que l'expérience avait
démontré que c'était un équilibre valable entre le
pouvoir parlementaire et le rôle d'une commission
indépendante.
Nous n'avons pas voulu aller à l'extrême, comme à
Ottawa, et remettre à une commission indépendante la
décision finale. Nous avons voulu garder le mot final pour les
députés, c'est-à-dire sauvegarder la souveraineté
du Parlement.
Mais si, un certain moment, la commission parlementaire se substitue
en entendant des témoins, cela serait un peu ce que nous fe-
rions à la commission permanente de la réforme, on
amène un déséquilibre dans l'espèce
d'équilibre qu'on a essayé d'instaurer et, encore là on
retourne avant 1970.
Alors, pour toutes ces raisons, même si, en apparence, la
proposition du député de Johnson peut paraître
démocratique, nous ne pouvons pas y souscrire. Premièrement, cela
serait pratiquement impossible, encore une fois, de concilier l'audition de
tous les témoins qui désireraient se présenter avec le
calendrier parlementaire. Cela veut dire qu'on garde la même carte que
nous avons présentement. Deuxièmement, cela serait amener un
déséquilibre dans ce que nous avons tenté de
réaliser entre le pouvoir ou le rôle de la commission permanente
et le rôle de la commission parlementaire.
Tous ceux qui ont des représentations à faire peuvent les
adresser à la commission permanente et cette dernière en tiendra
compte comme des représentations...
M. Bellemare (Johnson): Le ministre me le permet-il?
M. Hardy: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Je serais prêt à amender ma
proposition pour qu'on entende seulement ceux qui auraient
présenté un mémoire écrit.
M. Hardy: Encore là, cela serait injuste pour d'autres qui
pourraient dire: Nous ne le savions pas. Avoir su qu'on pouvait aller se faire
entendre... Vous le savez très bien.
M. Bellemare (Johnson): Lors de la dernière séance
en 1972, vous aviez convoqué des témoins.
M. Hardy: Non.
M. Bellemare (Jonson): Non? Je suis venu moi-même.
M. Hardy: Ce n'est pas sur la carte électorale. M.
Bellemare (Johnson): Sur la Loi électorale.
M. Hardy: Sur les modes de scrutin.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Mais, à ce moment, vous aviez
convoqué plusieurs témoins. M. Hardy: Pas sur la carte.
Jamais sur la carte.
M. Bellemare (Johnson): Regardez. Vous avez peut-être deux
mémoires; je ne sais pas s'il y en a plus que deux d'arrivés
à votre bureau, mais je suis convaincu qu'il y en a deux.
M. Drouin: Tous les mémoires que nous recevons...
Le Président (M. Gratton): Monsieur le juge aurait un
éclaircissement.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Drouin: Tous les mémoire que nous recevons...
M. Bellemare (Johnson): comment?
M. Drouin: Tous les mémoires que nous recevons, nous les
étudions. On y donne suite pour autant qu'on puisse y donner suite, mais
nous ne pouvons pas y donner suite tant et aussi longtemps que nous n'avons pas
reçu de la commission parlementaire les modifications qu'elle nous
suggère d'étudier.
Deuxièmement, j'attirerais l'attention du député
sur le fait qu'à l'article 10 de notre loi, il est
spécifié que, dans l'exercice de ses fonctions, la commission
ainsi que chacun de ses membres sont investis des pouvoirs et de
l'immunité des commissaires nommés en vertu de la Loi des
commissions d'enquête. Si nous jugeons nécessaire d'entendre
quelqu'un, nous pouvons le faire.
M. Bellemare (Johnson): Mais est-ce que c'est votre intention de
le faire?
M. Drouin: Cela dépend. Nous n'avons encore entendu
personne depuis que je suis nommé, depuis 1972.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que ce ne serait pas une bonne
chose, s'il y en a une demi-douzaine, par exemple, si
Sainte-Thérèse qui a produit un mémoire... Comment?
M. Drouin: Cela peut arriver que nous jugions...
M. Bellemare (Johnson): Non. M. Marchand: ...
M. Drouin: Cela peut arriver que la commission juge
nécessaire d'entendre des personnes. Je ne peux pas prendre position
pour la commission.
M. Hardy: Je soulève une question de règlement. Je
trouve qu'on s'aventure sur un terrain très délicat. Comme vient
de le rappeler l'honorable président, en vertu de la loi, il est investi
des pouvoirs d'une commission d'enquête. Si les députés
commencent à lui dire comment il devrait procéder, nous nous
immisçons dans la façon de procéder de la commission et
son indépendance devient moins grande.
M. Bellemare (Johnson): C'est là que je dis que le
président a son opinion, que le membre de la commission, ici, qui
représente le comté de Johnson, a la sienne, lui qui dit qu'au
point de vue démocratique, il serait peut-être... Vu que cela
serait un nombre incalculable de protestataires, je limiterais cela à
ceux qui ont...
M. Hardy: M. le Président, je ne voudrais pas faire de
leçon au député de Johnson d'ailleurs, Dieu m'en
garde mais si vous trouvez que la loi telle qu'elle est
rédigée, qui n'impose pas à la commission l'obligation
d'entendre les témoins... On pourrait amender la loi, mais là, il
faut...
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai aucun pouvoir, pas même
avec les articles 111 et 112 du règlement. Je n'ai pas le droit de faire
cela.
M. Hardy: Oui, mais vous pouvez faire un voeu, vous pouvez faire
une motion en vertu de laquelle l'Assemblée nationale émet le
voeu que la loi soit amendée. Vous pouvez faire cela. Vous ne pouvez pas
amender la loi directement, mais vous pouvez le faire...
M. Bellemare (Johnson): Pas aux articles 111 et 112.
M. Hardy: ... indirectement. Mais, M. le Président, nous
devons agir dans le cadre de la loi actuelle. Le député de
Johnson sait très bien, et le député de Maisonneuve le
sait également, qu'il y a toute une différence entre produire des
mémoires ou même éventuellement être entendu comme
témoin si la commission le juge à propos, il y a une grande
différence entre faire cela pour des témoins ou des organismes et
venir devant la commission parlementaire. Je répète qu'une des
raisons qui nous ont amenés, en 1971, à présenter cette
loi créant une commission, c'était pour dépolitiser et
départi...
M. Burns: "Départisaniser".
M. Hardy: ... la confection d'une carte électorale. Merci.
Si la commission...
Une Voix: Je ne travaille pas pour le journal des
Débats.
M. Hardy: Au contraire, ce sera très bien, une excellente
collaboration de l'Opposition avec le gouvernement pour réussir, sur le
plan linguistique, une collaboration.
M. Bellemare (Johnson): Ce sera une nouvelle occasion...
M. Hardy: Convoquer des témoins devant la commission
parlementaire, ce serait, M. le Président, ouvrir toutes grandes les
possibilités de par-tisanerie, d'intervention partisane dans la
confection de la carte électorale.
M. le Président, le député de Johnson, qui a bien
plus d'expérience que moi là-dedans, qui pourrait m'en apprendre
beaucoup dans les histoires de partisanerie, sait très bien quel forum
deviendrait la commission parlementaire si, à un moment donné, on
devait se mettre à entendre tout le monde.
M. Bellemare (Johnson): II y a bien des élèves qui
dépassent les maîtres.
M. Hardy: II y a bien des gens, M. le Président, qui
vendraient ici, non pas dans le but de faire une carte électorale
équitable, mais qui viendraient ici pour défendre des
intérêts partisans.
Alors, M. le Président, pour toutes ces raisons, même la
proposition...
M. Bellemare (Johnson): Ne me dites pas que le maire Boileau est
un partisan?
M. Hardy: Je ne sais pas, je ne le connais pas. M. Bellemare
(Johnson): C'en est un.
M. Hardy: Je ne le sais pas. De toute façon, la commission
indépendante va étudier son mémoire.
M. Bellemare (Johnson): Les gens de Sainte-Thérèse,
comté de Terrebonne, vous les connaissez?
M. Hardy: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ce ne sont pas des partisans?
M. Burns: Je me demande vraiment, M. le ministre, si vous avez
véritablement reçu c'est possible que vous ne l'ayez pas
reçue la pétition qui nous provient de la commission
scolaire de Sainte-Thérèse. Elle est, je pense, de votre
comté, et elle veut également faire entendre son point de vue par
la commission parlementaire. Des gens...
M. Hardy: La commission parlementaire ou la commission
indépendante?
M. Burns: Une ou l'autre, mais je pense que ce n'est pas
incompatible avec la proposition du député de Johnson. Vous avez
un organisme qui, en pratique, dans la région de
Sainte-Thérèse, veut nous faire entendre un certain nombre de
choses...
M. Hardy: II serait mieux de régler son problème de
transport scolaire au lieu de s'occuper de la carte électorale
actuellement.
M. Bellemare: On va vous accuser de partisa-nerie parce que vous
ne voulez pas entendre ces commissaires.
M. Burns: C'est ça, c'est ça.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: C'est un peu pour vous défendre qu'on fait
ça, nous.
M. Hardy: M. le Président, d'abord... Le
Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Hardy: M. le Président, là-dessus, je dis
immédiatement, et ça pourra être publié dans les
journaux, que la commission scolaire de Sainte-Thérèse...
M. Burns: Sainte-Thérèse, oui.
M. Hardy: ... a à s'occuper de bien d'autres
problèmes. D'abord, ce n'est pas du tout dans son mandat de s'occuper de
carte électorale. C'est là un autre problème, M. le
Président. Cela me permet d'ouvrir une petite parenthèse.
M. Burns: Depuis quand un citoyen au niveau...
M. Hardy: Ah, un citoyen!
M. Burns: ... au niveau d'une commission scolaire, n'a-t-il pas
le droit...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Burns: ... de s'occuper de ça? Voyons donc.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! Un instant, s'il
vous plaît!
M. Burns: Cela n'a aucun sens.
Le Président (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait avoir un
peu d'ordre? A l'ordre!
M. Marchand: Qu'ils aillent enseigner aux enfants, eux
autres.
Le Président (M. Gratton): Bon, là, ça va
commencer de ce bord-là! Est-ce qu'on pourrait débattre cette
question...
M. Bellemare (Johnson): ...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce que quelqu'un
pourrait me rappeler qui avait le droit de parole?
M. Hardy: C'est moi.
M. Burns: C'est à moi, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Allez-y.
M. Hardy: Au contraire, je répliquais au
député de Johnson et je n'avais pas terminé.
M. Burns: Je n'avais pas terminé non plus, M. le
Président.
M. Hardy: Vous n'aviez pas commencé. M. Bellemare
(Johnson): Oui, oui, oui. M. Burns: Oui, au contraire.
Le Président (M. Gratton): Le ministre des Communications,
suivi du député de Maisonneuve.
M. Hardy: Sur la motion du député?
M. Burns: Oui.
M. Hardy: Vous aviez le droit de parole?
M. Burns: J'étais en train de vous rappeler vos
responsabilités à l'égard de la commission scolaire de
Sainte-Thérèse.
M. Hardy: Vous avez commencé après, mais
j'exerçais mon droit de réplique à ce moment-là et
vous êtes intervenu.
M. Burns: Vous avez été interrompu?
M. Hardy: Oui.
M. Burns: Ah bon, allez-y, ça va.
M. Hardy: M. le Président, devant ce nouvel
élément qui est apporté par les gens qui siègent
à votre gauche, je dis, et je le leur dirais, même s'ils
étaient devant moi, que, bien sûr, les membres de la commission
scolaire de Sainte-Thérèse ou de toute autre commission scolaire,
comme individus, comme électeurs québécois, ont
parfaitement le droit de faire valoir leur opinion là-dessus. Mais je
dis que, dans la Loi de l'instruction publique, donc dans le mandat ou dans le
champ de juridiction qui est accordé à une commission scolaire,
il n'y a rien qui lui donne le mandat de s'intéresser aux cartes
électorales. Cela n'a aucune conséquence, en particulier dans le
cas de Sainte-Thérèse, mais il y a actuellement là une
grève du transport scolaire qui dure depuis trois mois et je pense que
les commissaires en ont suffisamment sur les bras à régler ce
problème pour permettre aux enfants de retourner à l'école
plutôt que de venir témoigner ici sur la carte
électorale.
M. Marchand: Ecoeurer des parents et des enfants.
M. Hardy: Cela ne regarde pas les commissions scolaires comme
telles et de façon directe, parce qu'une circonscription
électorale n'a aucune conséquence sur la commission scolaire
comme entité, aucune.
M. Bellemare (Johnson): C'est dans votre comté.
M. Hardy: Aucune. Je dirais la même chose si c'était
une commission scolaire de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, vous vous opposez trop
fermement, vous. Vous avez l'air inquiet.
M. Hardy: Je m'oppose fermement...
M. Burns: Vous avez l'air de vous sentir coupable.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, oui.
M. Hardy: M. le Président, si vous voulez savoir la
vérité, c'est que dans la commission scolaire de
Sainte-Thérèse, il y a d'excellents libéraux et il y a des
péquistes. Il y a seulement une chose qu'il n'y a pas, il n'y a pas
d'Union Nationale.
M. Bellemare (Johnson): Oh!
M. Hardy: Les libéraux, je les aime
particulièrement, et les péquistes, je les respecte.
M. Burns: Puisqu'ils sont la majorité de toute
façon. Est-ce qu'ils sont la majorité?
M. Hardy: A la commission scolaire de
Sainte-Thérèse?
M. Burns: Oui.
M. Hardy: Je n'ai pas fait d'examen...
M. Burns: Non?
M. Hardy: Non. Je ne pense pas que ce soit la
majorité.
M. Burns: Non?
M. Hardy: II y a des libéraux, il y a des péquistes
et il y a des gens qui ne sont pas engagés politiquement.
M. Dufour: M. le Président, je crois que nous avons perdu
la carte. Il faudrait revenir à la pertinence du débat.
M. Hardy: M. le Président, je regrette de différer
d'opinion avec le député de Vanier, mais je pense que nous sommes
toujours sur la pertinence du débat. Le député de Johnson
a proposé que nous entendions des témoins et je dis, en partant
du cas de la commission scolaire de Sainte-Thérèse... Je ne sais
pas si mes bons amis d'en face ont pensé me créer un gros
embêtement, mais vous manquez votre cible. Ce n'est pas cela qui va me
causer des gros problèmes.
M. Bellemare (Johnson): Cela vous fait mal.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que la commission est
prête à...
M. Hardy: M. le Président, je pense que, pour les raisons
que j'ai énumérées tantôt je les
résume: déséquilibre entre ce que prévoit la loi
80; impossibilité pratique d'arriver à fabriquer une carte
électorale si on faisait cela; introduction d'éléments
partisans dans l'élaboration de la carte électorale, ce que nous
avons voulu empêcher nous ne pouvons pas accepter la proposition
du député de Johnson.
Le Président (M. Gratton): Le vote sur la proposition du
député de Johnson. M. Bédard (Chicoutimi), M. Bellemare
(Johnson)?
M. Bellemare (Johnson): Pour.
Le Président (M. Gratton): M. Dufour (Vanier)?
M. Dufour: Moi, je suis contre.
Le Président (M. Gratton): M. Brown?
M. Brown: Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Burns?
M. Burns: Pour.
Le Président (M. Gratton): M. Caron? M. Marchand?
M. Marchand: Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Hardy?
M. Hardy: Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Mercier?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Massicotte?
M. Massicotte: Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Léger? M. Assad? M.
Bellemare (Rosemont)?
M. Bellemare (Rosemont): Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Perreault?
M. Perreault: Contre.
Le Président (M. Gratton): M. Faucher?
M. Faucher: Contre.
M. Bellemare (Johnson): Heup! Heup! Heup!
Le Président (M. Gratton): M. Samson? M. Tardif?
M. Hardy: Est-ce qu'il y a eu une tentative de
télégraphe?
M. Burns: D'habitude, il ne nous lâche pas. Là, il
nous a lâchés.
Le Président (M. Gratton): Pour: 2 Contre: 9.
La motion est rejetée.
Une Voix: La cinquième force.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Maisonneuve avait demandé la parole sur le
projet déposé par le parti ministériel.
Motion sur les critères démographiques
M. Burns: Oui, M. le Président. J'ai une simple
proposition à faire, dont j'ai des copies. J'ai une proposition qui, je
pense, est très simple, mais qui aiderait la commission à
si vous me passez l'expression se brancher, eu égard au rapport
qu'elle nous fera à nouveau, je présume, à la suite des
remarques qu'elle a entendues ici, à la commission.
Sans vouloir et je le dis à votre intention
particulièrement, M. le Président critiquer, je vais me
restreindre de ce côté-là, sans vouloir critiquer la
proposition qui nous est soumise par le parti ministériel, je veux
simplement tirer de ce document-là, comme je présume on pourra
tirer aussi un certain nombre de références du document que j'ai
soumis hier, un certain nombre d'éléments.
Ce n'est pas du tout dans le but d'argumenter, je vous avertis d'avance,
au cas où on soulèverait une question d'ordre ou de
règlement relativement à cela.
Je ne m'arrête qu'à deux faits. C'est, dans le fond, un
souhait, en tout cas, de l'Opposition officielle que la commission permanente
tienne compte d'un certain nombre de facteurs qui se retrouvaient hier dans la
déclaration que j'ai faite et qui se trouvent confirmés
jusqu'à un certain point par le document présenté par le
Parti libéral aujourd'hui. Sans aucun doute, après avoir entendu
les remarques du chef de l'Union Nationale, le député de Johnson,
j'ai l'impression qu'on n'est pas loin, tous les trois, sur un certain nombre
de choses, entre autres le fait qu'on ne tienne pas compte, dans la projection
de cartes, de l'expansion éventuelle, sur le plan démographique,
ce qui pourra c'était une des bases assez importantes de mon
argumentation d'hier éventuellement causer des problèmes
et, à toutes fins pratiques, rendre encore plus difficile la
réforme de la carte au fur et à mesure.
Je fais une parenthèse là-dessus en disant tout simplement
que j'ai toujours pensé que, lorsqu'on avait créé la
commission permanente de la révision de la carte électorale, on
s'était dit: Plus cela va aller, moins cela va être
compliqué; plus cela va aller, moins il va y avoir de changements
à faire. C'était avec ce principe que nous étions d'accord
d'emblée, sans aucune hésitation.
Si on ne tient pas compte d'un certain nombre de facteurs, que ce soient
les facteurs que la commission elle-même a annoncés dans son
rapport de 1972, c'est-à-dire les facteurs sociologiques,
géographiques et numériques qui, dans le dernier cas, sont
imposés par la loi elle-même, si la commission ne tient pas compte
de cela, je répète un peu ce que je disais hier: Comment, nous,
qui voulons faire une réforme de la carte électorale, sans aucun
élément de partisanerie politique, pourrons-nous nous accrocher
à des critères objectifs?
Je note simplement que c'est là-dessus, M. le Président,
que je vous adresse cette remarque à vous directement, sans vouloir
critiquer le document du Parti libéral. C'est qu'il semble qu'il y a eu
un consensus hier pour admettre que les documents et les remarques de chacun
des partis n'étaient pas assujettis à des remarques
préalables par les autres partis politiques représentés
à la commission, mais uniquement dans l'intérêt
d'éclairer la commission sur notre façon de voir un certain
nombre de choses. Il y a deux éléments, dans le document qui nous
est soumis par le Parti libéral, qui me frappent et qui
m'amèneront à faire à la commission une proposition
très précise. Premièrement, le président
général des élections, le juge Drouin, est venu nous dire
que l'on a fait suite à un certain nombre de représentations
parfaitement légitimes, d'ailleurs, de municipalités, de voir
à ce qu'il n'y ait pas de subdivision de municipalités à
l'intérieur d'un district électoral. A première vue, en
voyant le document qui nous est soumis par le parti ministériel, on
retrouve justement trois villes, entre autres, de la rive sud de
Montréal qui sont divisées entre deux comtés. Je vous cite
simplement ce cas. C'est uniquement pour vous aider comme guide, parce que
c'est vous qui, ensuite, allez "reconcocter", si vous voulez...
M. Hardy: Au fond, vous plaidez. M. Burns: Non, je ne
plaide pas. M. Hardy: ...
M. Burns: Non, je ne veux pas le faire. Je l'ai dit d'avance, je
ne veux pas dire que votre document n'est pas bon, mais je veux indiquer tout
simplement que...
M. Hardy: Nous mettre en garde.
M. Burns: ... cette remarque est partiellement en accord avec ce
que j'ai dit hier. Je cite simplement Saint-Lambert, où vous avez une
division de cette ville dans les districts électoraux de Laporte et de
Laprairie; il y a Saint-Hubert, divisé entre Taillon et Laprairie, et il
y a Brassard, divisé entre Taillon et Laprairie également. Je
vous le signale, je ne fais pas de critique. Je ne vous dis pas que ce n'est
pas bon, je vous dis qu'il y a un certain nombre de critères que j'ai
énoncés et qui partaient de votre rapport de 1972. Vous m'avez
répondu à cela qu'il fallait véritablement tenir compte de
l'opinion d'un certain nombre de municipalités qui veulent garder une
unité quelconque, une homogénéité à
l'intérieur d'un district électoral. Je vous dis: Si c'est cela,
à ce moment, il va falloir que vous vous branchiez d'une façon ou
d'une autre.
Mais il y a des recommandations qui sont faites actuellement dans le
document du Parti libéral qui font que Saint-Lambert est divisé
entre Laporte et Laprairie, Saint-Hubert entre Taillon et Laprairie et Brossard
entre Taillon et Laprairie. Je vous le laisse simplement pour votre
réflexion, M. le juge et MM. les commissaires. Je me demande s'il y a de
l'influence indue ou si c'est cela que vous appeliez des contraintes quand je
vois le whip du Parti libéral derrière vous, M. le juge.
M. Drouin: II ne m'a pas parlé.
M. Lacroix: On est si loin l'un de l'autre; il est si bleu, je
suis si rouge.
M. Drouin: J'ai dit hier évidemment...
M. Bellemare (Johnson): Merci du compliment pour le juge. On en a
toujours trouvé un.
M. Drouin: ... que nous respections les limites des
municipalités.
M. Hardy: II n'a pas le droit de vote.
M. Bellemare (Johnson): Mais il est sujet à
contrainte.
M. Drouin: Cela fait 30 ans à part cela que je ne l'ai
pas. J'ai dit qu'on respectait les limites des municipalités quand la
chose était possible; vous comprenez, une petite municipalité de
1,000 électeurs, on ne la subdivise pas. Quand vous arrivez avec la
municipalité de Montréal, évidemment, il faut la
subdiviser, elle. Entre cela, vous en avez.
M. Burns: Je ne veux pas véritablement argumenter avec
vous et tenter de vous convaincre d'un certain nombre de critères. Je
vous demande simplement ceci, très humblement d'ailleurs. Je n'ai pas
d'ordre à vous donner, que ce soit bien clair que ce n'est pas dans ce
sens...
M. Drouin: ... soumis, je vais l'étudier.
M. Burns: C'est cela. Je suis bien content de votre
réponse. C'est dans ce sens que je vous soumets quelque chose. Je n'ai
pas d'ordre à vous donner. Nous avons ici, en tout cas, fait un travail
dans tous les partis représentés à (a commission de
l'Assemblée nationale. On peut arriver à des conclusions
différentes, mais on peut aussi arriver à des conclusions qui
méritent d'être retenues par vous. C'est uniquement dans ce sens,
comme je vous le disais hier. Mes remarques, à l'origine, pouvaient
paraître un peu dures à l'endroit du rapport de la commission. Ce
n'est pas un vote de blâme à l'endroit de la commission. C'est
tout simplement une expression d'opinion. J'aurais été
malhonnête si je ne vous avais pas dit ce que je pensais
là-dessus. C'est le premier point que je relève dans le document
du parti ministériel.
M. Hardy: Est-ce que vous me permettez, sur ce premier point, de
faire tout de suite mes remarques? Cela serait peut-être plus...
M. Burns: Oui, il n'y a pas de problème.
M. Hardy: M. le Président, à la lumière de
ce que vient de dire...
M. Drouin: Est-ce que le député me permettrait de
lui rappeler non, là c'est à M. Burns que la
municipalité de Saint-Hubert comprend 23,000 électeurs? Vous
comprenez tout de suite la difficulté. Saint-Lambert en comprend 12,000
et Brossard, 17,000. Vous ne pouvez certainement pas grouper chacune de ces
municipalités dans un district.
M. Burns: M. le juge, ce n'est pas fou ce que vous dites, c'est
loin d'être fou, mais je vais vous rappeler ce que vous nous avez dit
hier. Non, écoutez, j'essaie simplement de vous faire le portrait
complet comme on le voit. On n'a pas nécessairement le monopole de la
vérité, mais en tout cas. C'est de la façon qu'on le
voit.
M. Hardy: Si tout le monde était comme vous dans votre
parti, cela irait bien mieux.
M. Bellemare (Johnson): Et dans le vôtre? M. Hardy: Comme
moi?
M. Bellemare (Johnson): Commencez à prêcher à
vos gens chez vous.
Une Voix: ... l'Union Nationale.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): Chez nous on a la paix.
M. Hardy: Depuis que vous avez lâché le PNP,
lorgnez-vous de l'autre côté?
M. Bellemare (Johnson): Comment, le PNP que j'ai
lâché? Je n'ai jamais rien lâché, je n'ai jamais rien
pris.
M. Lacroix: Rien pris, on n'est pas sûr. La tête,
c'est par accident.
Le Président (M. Gratton): Le ministre. M. Bellemare
(Johnson): II était jeune...
M. Lacroix: Votre père aurait dû se reculer une
demi-heure avant.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Le
député de Maisonneuve.
M. Lacroix: II s'est retiré trop tard.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Merci, M. le Président, vous êtes le
gardien de mes droits à cette commission. Je signale ceci sur ce premier
point uniquement au niveau du fait que nous croyons en toute humilité,
M. le juge et MM. les membres de la commission, que dans le projet que nous
avons soumis, sans vouloir nous prendre pour un gouvernement, nous respectons
les limites municipales. En tout cas, vous en tirerez les conclusions que vous
voudrez dans votre rapport ultérieur. On ne vous en tiendra pas rigueur
si jamais vous dites que cela ne tient pas debout ce qu'on vous propose, vous
aurez jugé. Je vous signale un deuxième point...
M. Hardy: M. le Président, sur votre premier point...
M. Burns: Vous voulez parler sur ce premier point?
M. Hardy: Je voulais répliquer et M. le juge est
intervenu.
M. Burns: D'accord!
M. Hardy: M. le Président, à la lumière de
ce que le député de Maisonneuve a déclaré hier dans
son document, à la lumière de ce qu'il vient de dire, tout ce que
je peux ajouter, c'est ceci: Je pense que, dans l'ordre des objectifs, nous
sommes totalement d'accord; d'ailleurs, je pense que je l'ai rappelé
ici. Nous voulons tous avoir une carte électorale qui soit aussi
représentative que possible et nous voulons également concilier
des impératifs d'ordre sociologique, d'ordre démographique. Mais
vous comprenez, d'une part, que c'est quasiment impossible vous le
reconnaîtrez, je le pense bien de concilier tout cela.
Deuxièmement, vous reconnaîtrez également que
l'appréciation que l'on peut avoir d'un facteur démographique, ce
n'est pas mathématique. La mathématique électorale, c'est
facile, mais, quand on arrive à déterminer s'il faut donner
préséance aux limites municipales plutôt qu'aux voies
ferrées et à d'autres choses, chacun peut avoir une idée.
Cela devient très subjectif.
Ce que je veux dire, c'est que je prétends que, même en
ayant les mêmes objectifs, je suis à peu près sûr
que, si nous faisions une analyse détaillée de votre document
d'hier, nous pourrions démontrer qu'à tel endroit ou à tel
autre vous n'avez pas respecté tel principe. Si vous faites une analyse
de notre document, vous pourrez également démontrer que, dans tel
cas, nous n'avons pas tenu compte de tel facteur sociologique, parce que
peut-être nous avons tenu compte d'un autre cas. On pourrait discuter ad
infinitum là-dessus.
Tout ce que je veux dire, c'est que, bien sûr, il s'agira
maintenant, pour la commission, d'apprécier pour voir, elle, qui est
détachée, je ne dirais pas des biens de la terre, mais
d'intérêts partisans... Les membres n'ont pas à se faire
élire. Tous les trois sont là, un jusqu'à 75 ans, le
président jusqu'à 70 ans et M. Prémont jusqu'à 65
ans. Ils ont la sécurité d'emploi. Ils sont complètement
détachés, contrairement à nous, je le reconnais. Nous ne
pouvons pas prétendre, à moins d'avoir atteint un degré de
vertu que je n'ai pas, qu'une carte électorale, cela nous laisse
indifférents. Si le député de Maisonneuve prétend
cela, c'est peut-être parce qu'il se prépare à quitter la
vie politique bientôt.
M. Bellemare (Johnson): Lui souhaitez-vous une "job" de juge?
M. Hardy: Cela ferait un excellent juge!
M. Burns: Je ne vous ai pas encore offert le poste
d'attaché de presse pour mon bureau.
M. Hardy: Mais autant vous feriez un bon juge, autant
peut-être je ferais un bon attaché de presse pour votre
bureau.
M. Burns: Là vous êtes après me caler, et
c'est vrai!
M. Hardy: Vous ne connaissez pas mes talents de journaliste?
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais on connaît les
autres.
M. Hardy: Vous savez que je suis allé à la bonne
école, le député de Johnson sait cela.
Bon! Alors, M. le Président, il appartient maintenant à la
commission permanente d'analyser nos propositions et il nous appartiendra
ultérieurement de décider ce que nous faisons du prochain rapport
de la commission.
Le Président (M. Grattton): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: Je viens d'avoir une communication du
député de Johnson qui aurait peut-être quelque chose
à ajouter sur le point que nous discutons. Je n'ai pas d'objection
à m'interrompre, pour autant, M. le Président, que vous me
redonniez la parole tout de suite après, sur le deuxième point
qui m'amènera éventuellement à une motion précise
dont la commission pourra disposer.
Le Président (M. Gratton): D'accord! L'honorable
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Sur le document qui nous est
présenté cet après-midi par le parti ministériel,
je remarque l'attention particulière qu'on apporte pour les ruraux. Je
m'en réjouis grandement, parce que je pense que c'est un point crucial
dans toute la redistribution de la carte électorale.
Mais, dans certains autres cas, je me pose des questions un peu
drôles, et cela a une espèce d'odeur partisane. Je vois, M. le
Président, avec quelle souplesse, dans un comté de la
région de Québec particulièrement, celui de
Louis-Hébert, par exemple, où il y a un candidat prestigieux
peut-être du Parti québécois, on enlève
l'Université Laval et on la rattache au comté de Jean-Talon. M.
le Président...
M. Hardy: Non, mais...
M. Bellemare (Johnson): Un instant, s'il vous plaît!
M. Hardy: Je vais vous laisser parler, mais ce serait juste une
phrase.
M. Bellemare (Johnson): Non, s'il vous plaît, M. le
Président!
D'abord, on scinde la municipalité de Sainte-Foy en partie, c'est
sûr, mais on prend surtout l'université où, selon ce qu'on
dit peut-être, je ne le sais pas; je n'ai pas fait d'enquête
il y aurait une forte représentation des membres du Parti
québécois. Je dis cela simplement parce que cela me surprend.
Il y avait 34,740 électeurs dans le comté de Jean-Talon
à la dernière élection et il y en avait 43,229 dans le
comté de Louis-Hébert et là, on enlève
l'université et on dit: Cela va aller dans le comté de
Jean-Talon.
M. Hardy: Me permettez-vous une question?
M. Bellemare (Johnson): Non. Vous allez me déranger! Je
pense que c'est un exemple où il y a eu des contraintes qui ont
été faites. Je suppose, mais j'en vois une là. On ne peut
pas avoir fait cela d'un coup sec et ne pas avoir laissé la
municipalité totalement dans... Non. Un instant, M. le
Président.
Avez-vous vu une impertinence pareille, M. le Président?
Le Président (M. Gratton): Sans borne!
M. Bellemare (Johnson): Je dis que c'est un exemple où on
touche du doigt une discrimination pour un parti politique et cela en est une.
On enlève l'université du comté de Louis-Hébert,
qui était bien là, bien située...
M. Hardy: Pour la mettre dans quel comté?
M. Bellemare (Johnson): Dans le comté de Jean-Talon.
M. Hardy: Voulez-vous sous-entendre que le parti
ministériel veut couler le ministre des Finances?
M. Bellemare (Johnson): Non. Cela ne serait pas gentil, mais cela
ne serait pas la première fois que le Parti libéral le ferait!
Vous avez là un exemple frappant où c'est pris à
même un territoire, une municipalité, celle de Sainte-Foy. On
enlève l'université qui est un bloc assez sérieux. On le
transporte dans le comté de Jean-Talon. Mais, selon les informations,
d'après les dernières élections, quand on regarde les
bureaux de votation, quand on regarde la majorité dans le comté
de Louis-Hébert et qu'on scrute les bureaux de votation qui faisaient
partie de l'université, on s'aperçoit que le Parti libéral
est en régression formelle, et on prend cela...
M. Hardy: Le Parti libéral est en régression?
M. Bellemare (Johnson): Oui. En perte de vitesse.
M. Hardy: Hum!
M. Bellemare (Johnson): ... et on l'envoie dans le comté
de Jean-Talon. On dit: Peut-être qu'ils vont s'améliorer de
l'autre bord. Il va y en avoir plus en tout cas. Mais, il y a un autre fait qui
me surprend énormément dans cette nouvelle division. On prend,
par exemple, la paroisse de Notre-Dame-du-Bon-Conseil qui est voisine de
Drummondville et on l'envoie dans le comté de Richmond.
M. Hardy: Nous, on fait cela?
M. Bellemare (Johnson): Oui. C'est dans votre mémoire de
cet après-midi. Je l'ai regardé et puis...
M. Hardy: Vous l'avez eu à 12 h 30?
M. Beliemare (Johnson): On est studieux!
M. Burns: On vous remercie. On l'a reçu avant...
M. Bellemare (Johnson): Cela nous a permis de jeter certaines
bases pour la discussion de cet après-midi.
Il y a une autre modification. Notre-Dame-du-Bon-Conseil, qui est
attachée à la ville de Drummondville depuis des années, on
l'envoie dans le comté de Richmond.
M. Hardy: Même dans le temps de M. Laferté?
M. Bellemare (Johnson): M. Laferté qui était
président du conseil législatif? Il n'avait plus droit de vote
depuis longtemps.
M. Hardy: Oui, mais c'est l'ancien député de
Drummond.
M. Bellemare (Johnson): Cela remonte à 1931, au temps de
Taschereau. Voyons donc! Je connais mon histoire. C'était le
ministre...
M. Hardy: Allez-vous laisser entendre que parfois je remonte plus
loin que vous?
M. Bellemare (Johnson): Non. Ma préparation politique a
commencé très jeune.
Le comté de Drummond aurait une population de 35,788. Dans la
division qu'on fait pour le comté de Témiscamingue... Je suis
sûr que j'aimerais bien entendre le député de
Rouyn-Noranda... Je comprends, mais un instant. Il n'a peut-être pas
été mis au courant de ces modifications importantes.
M. Hardy: Mais il a été mis au courant que notre
commission parlementaire siégeait.
M. Bellemare (Johnson): Oui, je comprends, mais on rattache la
partie de Témiscamingue qui faisait partie autrefois du comté de
Pontiac-Témiscamingue au comté de Rouyn-Noranda et je vous
garantis que là, on va chercher quasiment complètement à
l'ouest et on ramène du côté de Rouyn-Noranda toute une
partie qui me semble... Ce n'est sûrement pas pour faire battre le
député de Rouyn-Noranda. C'est sûr que cela n'est pas fait
pour cela. Je ne pense même pas à cela, mais je dis, par exemple,
qu'il y a un indice, là encore, qui semble ne pas être...
Comme le dit le député de Maisonneuve, je suis heureux de
voir que la commission va regarder très attentivement et la proposition
qu'a faite hier le député de Maisonneuve et celle qui nous est
faite présentement par le gouvernement.
Je suis sûr qu'il y aura une très longue discussion quand
arrivera la présentation du projet de loi parce qu'il y a des choses
contre lesquelles nous allons sûrement lutter parce qu'on ne pourra pas
permettre au gouvernement...
On félicite la commission d'être très objective,
mais hier, l'honorable juge nous a dit qu'il y avait eu certaines contraintes
normales. Quand il parle de contraintes, il a expliqué au
député de Rosemont que c'était des contraintes
numériques, des contraintes géographiques, des contraintes
sociales, économiques. Tout cela, ce sont des contraintes. Il n'a pas
voulu parler d'autres contraintes. Jamais. Je suis convaincu, le connaissant
comme je le connais, il n'y a pas d'autres contraintes, ni pour l'autre
commissaire, le bibliothécaire en chef de la province. Non. Mais, M. le
Président, je suis d'accord et d'avis que ces changements, qui nous sont
proposés aujourd'hui, sont...
M. Hardy: Discutables.
M. Bellemare (Johnson): ... discutables et nous rendent inquiets,
M. le Président, plus qu'hier.
M. Hardy: M. le Président, je reconnais d'emblée,
avec le député de Johnson, que nous pourrions, comme nous aurions
pu le faire hier, comme nous pouvons le faire aujourd'hui, que toute et chacune
des propositions que nous avons faites ici sont discutables. Je ne dis pas cela
pour être malin et désagréable, évidemment dans
votre cas, c'est plus difficile de discuter de vos propositions, vous ne les
avez pas encore formulées. On ne peut pas dire si elles sont bonnes ou
pas bonnes. On ne les a pas. Les nôtres et celles du Parti
québécois, c'est évident qu'on peut dire: Vous êtes
allés chercher une ville, une municipalité à
l'extrémité et vous l'avez rattachée à l'autre.
C'est sûr que c'est discutable. Encore là, je ne veux pas allonger
le débat sur ces discussions pratiques, parce qu'encore une fois, ce
sera à la commission de décider si ce qu'on propose a du bon sens
ou n'a pas de bon sens. Si ce que propose le Parti québécois a du
bon sens ou n'a pas de bon sens, ce qu'aurait pu proposer l'Union Nationale ou
le député de Rouyn-Noranda aujourd'hui. Mais ce qui est assez
amusant, c'est que, d'une part, tantôt, pendant la même
séance, vous nous avez demandé d'entendre des
témoins...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Hardy: ...Laissez-moi terminer. Or, cette proposition
précise, que vous critiquez, qui, encore une fois, peut être
critiquable, si nous l'avons incorporée à nos propositions, c'est
à la demande du conseil de comté et de la chambre de commerce de
ce coin-là.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais j'aimerais bien les entendre,
savoir qui est président et comment cela a été
inspiré.
M. Hardy: Là, évidemment, si vous commencez
à sonder les reins et les coeurs, ce n'est pas en 1980 qu'on va avoir
une carte électorale, c'est en l'an 2,000.
M. Bellemare (Johnson): A l'université, c'est cela.
M. Hardy: A l'université, à première vue,
cela peut être chicotant.
M. Bellemare (Johnson): Ah! bon. M. Hardy: Oui.
M. Bellemare (Johnson): II commence à
s'améliorer.
M. Burns: Remarquez que je n'ai pas dit un mot
là-dessus.
M. Hardy: Mais, M. le Président, le député
de Johnson aurait avantage à fouiller davantage, en fonction des
prochaines élections, la sociologie électorale.
M. Bellemare (Johnson): ... universitaire et libérale.
M. Hardy: Oui. On répète cela. On dit: Les
étudiants votent tous péquiste. Les CEGEP...
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas dit cela, par exemple.
M. Hardy: C'est cela que vous avez laissé entendre.
M. Bellemare (Johnson): Non. On m'a rapporté qu'il y en
avait plusieurs qui étaient du parti de l'Opposition.
M. Hardy: Si vous analysez les résultats de la
dernière élection d'une façon précise, vous allez
vous apercevoir que les gars, qui sont partis du principe que les
étudiants, qu'ils soient universitaires ou cegepiens, votaient
automatiquement pour le PQ, se sont légèrement trompés
parce qu'une analyse minutieuse démontre que les étudiants sont
loins d'être aussi uniformément déterminés à
voter pour un parti plutôt que pour un autre. Je ne sais pas...
M. Bellemare (Johnson): Ah non!
M. Hardy: ... mais, si c'était
l'arrière-pensée que vous présumiez, ce ne serait pas
très sérieux parce que nous avons analysé, de notre
côté, les résultats des dernières élections,
assez en profondeur. La sociologie électorale, on ne laisse pas cela
seulement aux professeurs d'université, on en fait de notre
côté aussi.
M. Bellemare (Johnson): Vous aviez fait cela aussi pour
l'accusé Boutin et vous vous êtes trompé en maudit.
M. Hardy: En sociologie?
M. Bellemare (Johnson): En sociologie et une étude...
M. Hardy: Parce que, dans notre étude sociologique, on
avait oublié un facteur.
M. Bellemare (Johnson): Oui, lequel?
M. Hardy: La présence de Maurice Bellemare.
M. Bellemare (Johnson): Oui, cela, c'est pour vous justifier
d'avoir perdu le comté. Savez-vous une chose? Je me suis
présenté sous le nom de l'Union Nationale et j'ai
été élu. Cela ne vous a pas surpris?
M. Hardy: Alors, M. le Président, je conclus ceci,
à partirde points précis. Je conclus en disant que toutes et
chacunes des propositions que nous avons faites doivent être
discutées et discutables. Mais je pense, encore une fois, qu'à
moins de partir de cas précis pour énoncer un principe
général, je ne pense pas qu'il soit souhaitable qu'à ce
stade de nos travaux, on discute en détail les propositions.
Nous pourrons le faire et, à ce moment, nous le ferons
d'une façon plus éclairée, je pense quand la
commission permanente se sera prononcée elle-même sur les
propositions des partis.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Merci, M. le Président. Toujours en accord, je
le dis au ministre que je suis d'accord avec lui. Ce n'est pas du tout, encore
une fois, mon intention de discuter en détail la proposition du parti
ministériel, à ce stade-ci. Cependant, je veux en tirer
simplement un certain nombre de conclusions qui, à mon avis, appuient
l'inquiétude que j'énonçais hier quant au respect du
critère numérique. Encore une fois, c'est à l'endroit de
la commission que j'adresse cette remarque que les membres de la commission
utiliseront comme ils le voudront bien, qu'ils mettront de côté,
s'ils le veulent bien, etc. Je vous cite simplement, du document qui nous a
été remis par le parti ministériel, un certain nombre de
chiffres. Par exemple, le comté d'Anjou, tel que proposé par le
parti ministériel, comporterait actuellement avec les chiffres
disponibles, 38,242 électeurs. Je ne pense pas que le
comté d'Anjou soit sclérosé, je ne pense pas que ce soit
un comté dont on peut dire qu'il est fermé, qu'il n'est pas
porté à prendre de l'expansion. Je pense que ça rencontre
justement l'inquiétude que je mentionnais hier, c'est qu'à
l'époque des prochaines élections, qu'elles aient lieu dans un
mois et demi ou qu'elles aient lieu dans deux ans...
M. Hardy: Attention, ne faites pas de jugement.
M. Burns: Ecoutez, est-ce qu'on a le droit de parler ici, cette
"moses" de place?
M. Hardy: Je veux vous empêcher...
M. Burns: Est-ce qu'on a le droit de parler?
M. Bellemare (Johnson): Dites-lui donc que son chef, en 1973,
avait dit qu'il n'y aurait pas d'élections et, le lendemain, il y en a
eu.
M. Hardy: Non, non, je voudrais...
M. Burns: Est-ce qu'on a le droit de parler franchement à
cette commission-ci sans avoir des sous-entendus?
M. Hardy: Je voudrais vous aider et empêcher...
M. Burns: Moi, j'essaie de ne pas faire de politique avec cette
commission-ci et vous faites tout en votre pouvoir pour que ce soit politique.
J'essaie de ne pas en faire depuis le début.
M. Hardy: Voyons donc! C'est de l'angélisme, un homme
politique fait toujours de la politique.
M. Burns: Je ne fais pas de politique à cette
commission-ci.
M. Hardy: Vous en faites et vous essayez de faire croire que vous
n'en faites pas, mais...
M. Burns: Non.
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi votre chef avait dit le
contraire, vous n'avez pas d'affaire à dire ça.
M. Hardy: Non?
M. Bellemare (Johnson): Le vôtre avait dit, en 1973, qu'il
n'y aurait pas d'élection; le lendemain, il émettait un bref.
M. Hardy: Vous n'avez pas compris ce que j'ai dit.
M. Bellemare (Johnson): C'est ça que vous avez dit.
M. Hardy: Je veux éviter...
M. Bellemare (Johnson): C'est de la politique, ça.
M. Hardy:... qu'il accrédite dans la population ce que
beaucoup de gens prétendent, qu'il y a une espèce d'antipathie ou
de contradiction entre le chef du PQ et le député de
Maisonneuve.
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce que ça vient faire dans
ça?
M. Burns: J'ai pris une résolution, M. le
Président, au début de l'année 1976, de ne pas me
fâcher inutilement et je pense que, jusqu'à maintenant, j'ai
maintenu ma résolution. Et le ministre fait tout en son possible pour me
faire mettre de côté ma résolution, mais je vous dis tout
de suite que je n'ai pas du tout l'intention de faire de la politique avec
ça et quand je dis tout simplement que les élections aient lieu
dans un mois et demi ou dans deux ans, je m'en balance. Mais il reste un
problème. Lorsque je vois dans le comté d'Anjou un chiffre
avancé, tel que proposé par le parti ministériel, de
38,242, j'ai des inquiétudes que d'ici quelques mois, si ce n'est pas
déjà fait, on dépasse le plafond de 40,000. Les
mêmes remarques s'appliquent à un comté comme Bourassa,
37,708, à un comté comme Crémazie, 38,054. Je me
réfère aux chiffres qui apparaissent au document du parti
ministériel. Dans le district électoral de Jacques-Cartier, ce
n'est quand même pas un endroit où c'est sclérosé
actuellement et où les gens sont en état d'exode du district
électoral, c'est plutôt un endroit où ça augmente
constamment, 37,897. C'est pas mal proche du plafond de 40,000. L'Acadie,
37,327. Lafontaine, ce n'est pas un comté où on pense
actuellement que le nombre d'électeurs va plutôt diminuer, c'est
plutôt le contraire, 38,149 électeurs dans la proposition.
Marguerite-Bourgeoys, 34,849. En tout cas, il y en a une série,
Pointe-Claire, 38,685; Robert Baldwin, 38,089; Rosemont, je ne pense pas que
Rosemont soit un comté où on dit que vraiment il n'y aura plus
d'autre expansion démographique...
M. Bellemare (Rosemont): Pratiquement, sauf si vous construisez
en hauteur.
M. Burns: Je ne pense pas, je suis un petit gars de Rosemont
à l'origine et j'y retourne régulièrement...
M. Bellemare (Rosemont): Oui, c'est un fait, le
député de Maisonneuve vient de Rosemont, il a travaillé
pour le Parti libéral en 1962.
M. Burns: Bien oui, c'est une de mes erreurs de jeunesse.
M. Bellemare (Rosemont): On travaillait ensemble d'ailleurs.
M. Burns: En tout cas...
M. Hardy: Oui, il était votre chef de secteur, le
député de Rosemont.
M. Burns: Est-ce que vous êtes prêt à dire la
date, M. le député de Rosemont?
M. Bellemare (Rosemont): En 1962, la date...
M. Burns: En 1962, le Parti québécois n'existait
pas à ce moment.
M. Bellemare (Rosemont): Je pourrais nommer aussi de vos
collègues qui étaient là.
M. Burns: Bon, laissez faire, on s'en reparlera.
Normalement, on ne s'attend pas que le comté de Saint-Jacques
rencontre une explosion démographique absolument extraordinaire. Mais il
y a des quartiers, il y a des coins du comté de Saint-Jacques qui
peuvent, à un moment donné, prendre de l'expansion. Je pense
simplement aux bâtisses en hauteur qui, de plus en plus, pullulent dans
le secteur. Avec la proposition du parti ministériel, le comté de
Saint-Jacques a 39,494 électeurs; Saint-Laurent: 38,372; Saint-Louis;
37,611, etc. Je pourrais vous en citer.
Il y en a un autre que je ne peux pas oublier, le comté de
Sauvé, le comté du chef de l'Opposition actuel. C'est un
comté où véritablement on s'attend à une expansion
démographique assez importante; c'est continuel. Encore une fois, on n'a
qu'à regarder ce qui se passe. On fixe, du côté
ministériel, à 38,888 le nombre d'électeurs. Je pense que
c'est absolument irréaliste.
Je cite ces chiffres uniquement pour en arriver à mon point de
vue que je vais vous proposer. Par exemple, dans la région de
Québec, Charlesbourg. Est-ce qu'on pense que l'expansion de Charlesbourg
est terminée? On fixe quand même, dans le projet du parti
ministériel, à 39,268 le nombre d'électeurs de ce
comté.
Je pense que c'est quasiment une incitation à la commission de
dépasser, dans l'espace de quelques semaines, si ce n'est pas
déjà fait, le plafond de 40,000.
Chauveau 39,330 et, finalement, le comté de Jean-Talon,
38,900.
M. le Président, il y en a d'autres que j'aurais pu citer, qui
sont moins proches de la norme de 40,000. Mais, comme je n'ai pas
été convaincu hier par les réponses que j'ai eues de la
part du président qu'il était impossible, lors d'un
deuxième rapport qui va nécessairement être la prochaine
étape qui va être suivie par la commission permanente, qu'on
tienne compte, entre autres, des chiffres beaucoup plus près de nous,
c'est-à-dire ceux du recensement de 1975, il me fait plaisir de proposer
à la commission que cette commission parlementaire demande à la
commission permanente de la réforme des districts électoraux
d'utiliser comme base de ses critères démographiques les
données fournies par le plus récent recensement annuel
disponible. J'en ai des copies pour tous les membres de la commission. Il me
fail plaisir de vous en remettre des copies.
M. le Président, en terminant, je dis simplement que je me suis
abstenu de critiquer le document qui nous a été remis cet
après-midi par le parti ministériel ce n'était pas
du tout l'inten- tion; je prenais des chiffres qui apparaissaient dans ce
document-là, avec des propositions qui ne font que confirmer les
craintes que j'exprimais hier quant au critère numérique qui
apparaît, lui, dans la loi. Ce n'est pas un critère qui a
été établi par la commission permanente elle-même
lors de son premier rapport de 1972; c'est un critère qui apparaît
dans la loi.
Je trouve, cependant, que ce serait absolument illogique, tant en vertu
d'une proposition du parti ministériel qu'en vertu d'une proposition de
l'Opposition, qu'on se retrouve avec des critères numériques,
dans certains comtés, dont nous savons d'avance qu'ils vont être
mis de côté dans l'espace de quelques semaines ou de quelques
mois, ou même dans une année.
Ce que je demande à la commission, c'est de donner une indication
parce que cela, je pense qu'on peut le faire à la
commission permanente de la réforme de notre façon de voir le
calcul ou l'application du critère numérique. A moins que
quelqu'un ne me dise que c'est contraire à la loi elle-même
j'ai eu beau regarder les textes de la loi je ne trouve pas de schisme
particulier dans ce que je suis en train de proposer à la commission, eu
égard aux dispositions législatives qui nous concernent. Je
demande simplement à cette commission, via un voeu que la commission lui
exprimerait, d'utiliser comme base de ces critères démographiques
les données fournies par le dernier recensement annuel qui est
disponible. On ne se le cachera pas, c'est celui de septembre 1975.
M. Hardy: M. le Président, immédiatement je dis au
député de Maisonneuve, par votre entremise, que nous ne pouvons
pas accepter sa proposition telle que rédigée. Les raisons sont
les suivantes; Le député de Maisonneuve admettra avec moi qu'il
est, sinon de... Je devrais dire que, sur le plan juridique et sur le plan
traditionnel, les commissions d'enquête ou une commission telle que celle
qui a été formée en vertu du bill 80 interprètent
elles-mêmes leur mandat. On peut être d'accord ou non avec
l'interprétation qu'elles font de leur mandat, mais ce sont elles qui
l'interprètent.
Ceux qui ne sont pas d'accord sur l'interprétation qu'elles font
de leur mandat peuvent évidemment recourir aux tribunaux, par toutes
sortes de procédures possibles. Or, le président de la
commission, hier, nous a dit très clairement, à moins que j'aie
mal saisi son argumentation, qu'il considérait que la loi ne
l'autorisait pas à le faire. C'est l'interprétation de son
mandat. Il a dit également...
M. Burns: ... non, non.
M. Hardy: Comme je vous dis, vous pouvez différer
d'opinion, comme juriste.
M. Burns: Ce n'est pas cela. J'ai demandé au juge, hier,
à quelle place il trouvait cela dans la loi. Il ne l'a pas
trouvé.
M. Hardy: Oui, il nous a dit où il le retrouvait.
M. Burns: Bien non.
M. Hardy: Deuxièmement, le président de la
commission nous a également dit, si mon souvenir est exact je
n'ai pas le texte du journal des Débats devant moi que
c'était pratiquement impossible de se fonder sur le dernier recensement.
Il a expliqué pourquoi.
Or, devant cette situation, M. le Président, je vois mal comment
la commission parlementaire formulerait un voeu à la commission
permanente alors que la commission permanente nous a dit hier que ce
n'était pas possible légalement et pratiquement. Toutefois, ne
rejetant pas les motifs profonds qui animent le député de
Maisonneuve, je serais prêt à accepter, quant à moi, une
proposition qui formulerait un voeu invitant le gouvernement à modifier
le bill 80 évidemment, cela ne pourrait pas s'appliquer pour tout
de suite, pour la refonte de la carte électorale actuelle
à étudier la possibilité de modifier le bill 80 pour en
arriver aux fins proposées par le député de Maisonneuve.
Cela voudrait dire qu'il faudrait examiner si c'est possible; c'est une chose
de faire une loi, mais il faut aussi voir si l'application de la loi est
possible.
Je voterais en faveur d'une proposition qui formulerait un voeu invitant
le gouvernement à étudier la possibilité d'amender la loi
actuelle pour en arriver aux fins proposées par le député
de Maisonneuve. Mais je ne peux pas voter en faveur de la proposition du
député de Maisonneuve telle que formulée, encore une fois,
parce qu'elle va contre la compréhension que la commission a de son
mandat, tant sur le plan juridique que sur le plan pratique.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, en vertu de
l'article 7, le président général des élections,
hier, nous a dit qu'il avait non seulement une obligation morale mais aussi une
obligation de légiste: La commission doit, dans l'année qui suit
les élections générales, déterminer si les
districts électoraux doivent être délimités de
nouveau pour être conformes aux principes indiqués dans la
présente loi. Là elle transmet son avis.
Dans le deuxième paragraphe, il est dit: Si la commission estime
que des changements doivent être apportés, elle doit, dans les six
mois qui suivent l'expédition de son avis au président
général des élections, lui présenter un projet
indiquant les nouvelles délimitations. Est-ce que, M. le
Président, vous qui êtes un juriste reconnu, vous ne trouveriez
pas, entre l'esprit de la loi et la lettre, quelque chose qui rendrait service
à la proposition que vient de faire le député de
Maisonneuve?
Je pense que si la lettre tue, l'esprit doit vivifier le
législateur ou celui qui l'interprète. Je suis d'avis que l'autre
proposition en amendement qu'a faite le ministre est un peu différente.
C'est d'amender la loi elle-même. La proposition faite par le
député de Maisonneuve est plus simple. C'est simplement de
prendre comme base des critères démographiques, les
données fournies dans le plus récent recensement annuel. Vous
l'avez celui-là. Il a été fait dernièrement. Ce
recensement annuel nous permettrait, à nous et à la commission
aussi, de rendre un meilleur jugement. Par exemple, vous savez
présentement quelle est la proportion, dans les nouvelles
délimitations des districts électoraux qui dépasse 40,000,
parce que vous les avez en main. Vous pouvez faire un tableau comparatif.
Si on vous le demandait demain matin, si la commission permanente
demandait au président de nous faire un tableau comparatif de ce qu'il
recommande, de ce qui existe en fait dans la dernière
énumération qui vient d'être faite, on aurait des surprises
considérables.
Mon comté est parti de 24,000 ou 25,000 et il est rendu à
28,000. C'est un petit comté de 39 paroisses rurales. Mais la
progression qui s'est faite dans la ville d'Acton et dans la ville de Valcourt,
dans la ville de Windsor et de Bromptonville, est considérable. Si, dans
un petit comté comme le mien, il y a une progression énorme de
3,000 nouveaux votants, je pense que, maintenant que vous avez en main le
rapport démographique des dernières statistiques qui vous ont
été données depuis le dernier recensement, vous pourriez
établir facilement que ce que vous recommandez aujourd'hui, 38,000 dans
différents comtés, ce que cela va représenter
après, ce que cela représente immédiatement, dans les
documents que vous avez en main. Cela serait plus juste pour nous autres de
décider si on doit oui ou non repenser le plafond, le maximum et le
minimum.
M. Drouin: Premièrement, la commission doit, dans
l'année qui suit les élections générales au
Québec, déterminer si ies districts électoraux doivent
être délimités de nouveau. Donc, en septembre 1974, en
octobre 1974, nous avons avisé, tel que prévu par la loi, le
président de l'Assemblée nationale qu'il fallait les changer. A
ce moment, nos changements étaient commencés. Pour les produire
dans six mois, il faut les faire imprimer. Il faut imprimer un atlas. Si la
proposition de M. le député de Maisonneuve avait
été en vigueur à ce moment, nous n'aurions pas pu, en
octobre, faire cela, parce qu'il aurait fallu recommencer à neuf, parce
qu'en septembre 1974, nous avons eu un recensement disponible. Là,
même en supposant qu'il existerait, nous serions obligés de
recommencer complètement la carte, parce que nous avons eu un
recensement en septembre dernier.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, permettez-moi de
vous interrompre. Vous allez avoir un quatrième rapport prochainement.
Dans le prochain rapport que vous allez nous soumettre, dans le
quatrième, je voudrais avoir les tableaux comparatifs entre ce que vous
recommandez pour tel ou tel secteur au point de vue des critères
numériques. Qu'est-ce que cela représente depuis le dernier
recensement pour qu'on puisse juger? C'est cela qu'on demande. C'est cela que
le député demande, d'avoir un exposé pour vous prouver,
pour nous donner la satisfaction de ne pas
nous tromper dans l'évolution des critères
numériques. Parce que c'est de là que vient la proposition du
député de Maisonneuve de nous fournir ce que vous recommandez
aujourd'hui, 39,000 dans certains districts électoraux, et, à
compter de cela, ce que représente le recensement qui vient d'être
fait au point de vue numérique. Là, on va pouvoir être
juge. Là, on va pouvoir véritablement exercer ici, autour de la
table, nos recommandations sur votre quatrième rapport.
M. Burns: Ce qu'on vous demande, M. le juge, dans le fond...
Soyons bien terre à terre dans notre langage. Ce que je vous demande ou
ce que je demande à la commission d'adopter, dans le fond, par la
proposition que je lui soumets, c'est de ne pas jouer le jeu de l'autruche.
Entre vous et moi, c'est cela la question de base. C'est qu'actuellement, alors
qu'on parle de critère numérique, qui n'est pas sujet à
votre interprétation, qui est sujet uniquement aux dispositions
législatives applicables, alors qu'on parle de critère
numérique, on se rend compte, alors que je ne suis pas convaincu que la
loi, ni à l'article 7 que vous m'avez cité hier à l'appui
de votre opinion, ni à l'article 9, et ni aux articles pertinents 8 et 6
qui peuvent peut-être nous donner une indication de cette approche, que,
nulle part, je ne trouve, et je le dis en toute humilité, je ne trouve
pas dans la loi actuelle d'obligation formelle, pour la commission, de s'en
tenir aux résultats des dernières élections ou à la
carte ou au nombre d'électeurs par comté aux dernières
élections.
Ce dont je me rends compte, cependant, c'est qu'à cause du
dernier recensement dont vous n'êtes pas responsable, c'est bien
évident, votre rapport a été déposé avant le
dernier recensement, c'est bien sûr, mais comme le disait le
député de Johnson, votre quatrième rapport va être
fait quand même, on peut présumer dans un certain nombre de mois.
Dans ce certain nombre de mois, vous aurez eu le temps, si ce n'est pas
déjà fait, je présume, connaissant votre
efficacité, vous avez déjà pris connaissance des
modifications du dernier recensement.
Ce qu'on vous demande par la proposition, c'est que, comme base du
critère démographique, des évolutions
démographiques ou de l'expansion démographique, vous utilisiez le
dernier recensement annuel. Je n'en veux comme exemple, quitte à me
répéter, parce que je l'ai dit hier, que quatre comtés
où, déjà, avec le recensement qui est entre nos mains
actuellement, cette norme est dépassée. J'ai pris la peine de
dire que l'étude que nous avions faite n'était pas exhaustive. Il
y a peut-être d'autres cas qui nous ont échappé, parce
qu'on l'a faite le plus rapidement possible, mais on a quand même
détecté quatre comtés, dans des endroits où,
véritablement, on ne peut pas dire que l'expansion démographique
est à un "standstill", si vous me passez l'anglicisme.
Vous avez le comté de Chambly déjà avec 44,297
électeurs; le district de Longueuil avec 40,787; L'Assomption, 42,659;
Jeanne-Mance avec 42,731, et j'ai cité trois autres comtés qui
sont tout près de dépasser cette norme ou ce plafond de 40,000,
soit Prévost avec 39,733, Terrebonne avec 39,608 et Marguerite
-Bourgeoys avec 39,309.
Dans ces sept cas, tant ceux qui ont dépassé eu
égard au dernier recensement que ceux qui s'apprêtent à le
faire, on n'est pas en mesure de dire: Ce sont des comtés qui ne
prendront pas de l'expansion. Au contraire, je pense que Chambly, Longueuil,
L'Assomption, Jeanne-Mance, Prévost, Terrebonne et Marguerite-Bourgeoys
sont des districts électoraux où on s'attend, très
rapidement, à voir une expansion.
C'est pour cela que je vous dis que la proposition que je fais à
la commission, actuellement, c'est de dire: Ne faisons pas le jeu de
l'autruche. Pourquoi dire que nous avons un critère numérique de
32,000, avec un possibilité de variante en plus ou en moins de 25% qui
nous porte à 40,000 ou à 24,000 en bas, et que
déjà, sachant un certain nombre de faits, on ne soit pas capable
de respecter la loi?
Je trouve que c'est un travail absolument inutile, quand on sait cela,
que l'on fait si on se cache derrrière des interprétations. Avec
tout le respect que j'ai pour vous, comme je le disais quand je plaidais, je
vous soumets respectueusement que, dans le texte de la loi, M. le juge, vous ne
trouvez pas une interprétation que vous, vous nous avez donnée
hier, c'est-à-dire celle qui fait que êtes "poignés"
à faire votre carte avec la dernière liste.
Je vous signale ceci: Cette loi a été adoptée avant
que la loi de la carte électorale permanente ait été
adoptée. C'est peut-être aussi un facteur que le
législateur devra corriger éventuellement. J'admets cela, mais il
va falloir aussi savoir une chose, soit que la loi qui vous donne ces guides,
ces bornes quant au travail que vous avez à faire, ne vous impose pas la
dernière liste électorale.
Lisons, tranquillement pas vite, l'article 7 ensemble. C'est la
première fois que j'ai la chance de dire à un juge: Attendez un
peu. Lisez après moi. D'habitude, ils me disent: Je l'ai lu et ferme ta
boîte! Là, pour une fois, je vais en profiter.
Non, non, c'est bien amicalement que dis cela au juge Drouin, parce que
j'ai beaucoup d'estime pour le juge.
M. Marchand: J'espère que vous n'aurez pas trois mois de
prison.
M. Burns: Non, mais il faut savoir à quelle place les
faire, les outrages au tribunal. Il y en a qui les font en dehors de la
Chambre.
Une Voix: Cela ne veut pas dire qu'il avait tort.
M. Burns: Lisons l'article 7. Je le dis non pas à
l'endroit du juge qui connaît sans doute le texte beaucoup mieux que moi,
mais principalement à l'endroit de nos collègues qui devront
voter sur la proposition.
M. Marchand: Comme vous vous appelez Burns et que lui portait un
autre nom, il aurait peut-être été mieux
protégé.
M. Burns: vous feriez mieux d'écouter ce que je suis en
train de dire. Cela vous aiderait peut-être à voter de
façon plus intelligente.
M. Marchand: Je vais vous répondre dans deux minutes.
M. Burns: C'est ça! Faites donc ça!
L'article 7, lisons-le bien calmement et bien paisiblement. "La
commission doit, dans l'année qui suit les élections
générales au Québec..." Je vous signale que c'est le seul
endroit où il y a une référence, dans les textes qui
suivent, à la date des élections. Les autres sont uniquement de
concordance. Qu'est-ce qui arrive? La commission doit déterminer si les
districts électoraux doivent être délimités de
nouveau pour être conformes aux principes indiqués dans la
présente loi et transmettre son avis au président de
l'Assemblée nationale, qui le communique aux députés dans
les cinq jours au cours desquels siège l'Assemblée après
réception de cet avis.
C'est le premier geste.
C'est sûr que ce premier geste doit être fait à
même l'élément qui vous est disponible, c'est-à-dire
la date des dernières élections et là-dessus, M. le juge,
on ne s'obstinera pas. On n'aura pas de problème du tout. C'est le seul
document que vous avez en main. C'est la liste électorale de la
dernière élection. Mais cela, c'est votre avis. Quand je dis
votre avis, c'est votre avis à l'Assemblée nationale qu'il y a
des modifications qui doivent être faites. Ce n'est pas là la
réforme elle-même. C'est l'étincelle qui met en branle la
réforme, mais...
M. Drouin: Elle est faite. Elle a six mois, huit mois de faits.
Elle a un départ à ce moment.
M. Burns: Elle a un an.
M. Drouin: Je demande à monsieur...
M. Burns: Elle a un an de fait, presque.
M. Drouin: Ah non!
M. Burns: Vous avez un an pour faire cela.
M. Drouin: Si nous suivons votre interprétation, M. le
député...
M. Burns: Oui.
M. Drouin: ... nous serons obligés, après les
élections générales de 1973, de ne rien faire et
d'attendre le recensement de septembre 1974 pour faire quelque chose...
M. Burns: M. le juge...
M. Drouin: ... parce que les chiffres changent.
M. Burns: ... ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je vous ai dit,
M. le juge, que vous aviez l'élément déclenchateur
si vous me passez l'expression ...
M. Drouin: Oui.
M. Burns: ... qui était la dernière
élection, puisque vous devez agir dans l'année. D'accord?
Là-dessus, on ne se querelle pas, on est entièrement d'accord.
Là où je ne vous suis pas, c'est que, par la suite, vous devez
vous fermer les yeux sur un recensement qui vous est alors disponible. C'est
cela que je dis que la loi ne prévoit pas, pour la bien bonne et bien
simple raison que la loi de la liste électorale permanente n'existait
pas quand on a adopté cette loi. C'est un petit élément
qu'on est obligé...
On ne pouvait pas vouloir dire quelque chose comme ça au moment
où on a adopté cette loi en vue d'une loi future. C'est contraire
à tous les principes de législation, je veux dire que c'est
incompréhensible au point de vue législatif.
M. Drouin: Même si la commission avait pu le faire, elle
n'aurait pu y arriver. La commission n'aurait pu y arriver. Pas plus. Regardez,
par exemple, la carte...
M. Burns: Monsieur le juge...
M. Drouin: ... électorale fédérale qu'on
vient de déposer en 1975. Sur les chiffres de 1971, nous avons un
district électoral de Longueuil qui a 99,000... Les 25%, c'est
100,000.
M. Burns: Puis-je vous arrêter?
M. Drouin: II n'y a pas d'erreur. Ils sont rendus à
110,000.
M. Burns: Avec votre permission, puis-je vous arrêter?
M. Drouin: Oui.
M. Burns: C'est simplement ceci, et je m'excuse de vous
arrêter, j'ai nettement l'impression que vous vous défendez contre
quelque chose dont je ne vous accuse pas. Je ne vous accuse pas de ne pas avoir
été efficace.
M. Drouin: Non.
M. Burns: C'est cela que je veux qui soit bien clair entre nous.
Je ne vous accuse de ne pas avoir été efficace. Vous avez
déposé votre rapport avant...
M. Drouin: On ne peut pas se servir du recensement. C'est
impossible.
M. Burns: Monsieur le juge, ne restez pas poi-gné sur
cette opinion, s'il vous plaît. Je vous le demande en toute justice. Je
vous demande simplement de reconnaître avec moi que, d'une part, je ne
vous demande pas de reconnaître que vous avez mal fait votre travail,
parce que ce n'est pas
cela que je dis. Je ne dis pas cela.
Vous avez déposé un rapport avant d'avoir en main un
élément que je trouve particulièrement pertinent à
ce dont on discute et là-dessus, vous n'êtes pas blâmable.
On ne peut pas...
Je vous demande, s'il vous plaît, de ne pas vous défendre
ou de croire que vous devez vous défendre à l'endroit de ma
motion. Ce n'est pas cela que je dis, mais là, vous allez nous
préparer un quatrième rapport c'est ce que je dis
cependant et vous avez en main des faits nouveaux qui vous viennent du
recensement annuel. Déjà, si on les applique au rapport que vous
avez fait, toujours sans vous blâmer, M. le juge, toujours sans vous
blâmer, mais si on applique à votre rapport le recensement annuel,
on s'aperçoit qu'il n'entre même pas dans les cadres de la loi.
D'autre part, je me rends compte que la loi ne vous oblige pas à vous
encarcaner dans la liste des dernières élections.
C'est mon humble opinion et c'est en vertu de cela que je formule la
demande, non pas à vous, mais à la commission, de vous indiquer
que, dans votre quatrième rapport, vous utilisiez comme base
démographique le dernier recensement annuel.
Il me semble que cela n'est pas compliqué et je reviens à
le dire uniquement dans le but de ne pas faire le jeu de l'autruche et de ne
pas dire: Oui, tous les comtés respectent la norme de la loi. On sait
déjà qu'il y en a quatre qui ne la respectent pas et qu'il y en
aura possiblement cinq, six, ou sept d'ici très peu de temps qui ne la
respecteront pas. On va donc se retrouver avec une carte électorale
qu'on devra à nouveau modifier et ceci en disant...
M. Drouin: A chaque élection.
M. Burns: Oui, chaque élection, mais le moins possible.
C'est cela l'affaire.
M. Drouin: Me permettez-vous une remarque?
M. Burns: Le principe derrière cela, c'est d'essayer de
prévoir, il me semble.
M. Drouin: Me permettez vous une remarque? M. Burns: Oui.
M. Drouin: Le recensement actuel que nous avons tenu en
septembre, avec les résultats que nous avons, il n'a pas
été tenu dans les districts électoraux tels que
délimités dans le projet.
M. Burns: Non, mais au moins il fait une projection.
M. Drouin: Ce n'est pas aussi facile que vous pensez, cette
projection.
M. Burns: Vous la faites vous-même dans votre rapport.
M. Drouin: En septembre prochain, si la carte était
votée, on aurait un recensement suivant le nouveau.
M. Burns: On peut vous aider là-dessus parce qu'on a fait
cette projection. On peut vous aider si vous voulez.
M. Marchand: M. le Président, sur la motion...
Une Voix: Je pense, M. le Président... Est-ce que je peux
dire un mot?
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Tout le
monde veut parler en même temps. M. Prémont, depuis longtemps, a
exprimé le désir...
M. Marchand: Je pense, M. le Président, que c'est sur la
motion et la motion...
Le Président (M. Gratton): Oui, mais on va laisser M.
Prémont réagir aux propos du député de Maisonneuve
et vous pourrez parler après. Alors, allez-y. L'honorable
député de Laurier.
M. Marchand: Justement, cela me fait plaisir, M. le
Président, parce que le député de Maisonneuve m'a
demandé de l'écouter et comme cela je pourrais mieux comprendre.
Si je n'avais pas réagi c'est que je n'aurais pas écouté.
Comme j'ai écouté, j'ai réagi. A plusieurs occasions, au
moins trois fois, le député de Maisonneuve a employé le
terme jeu de l'autruche, ne pas se cacher là-dessous. Mais dans son
mémoire d'hier qu'il nous présentait, le député de
Maisonneuve, à la page 17, n'était pas aussi catégorique
dans le fait de s'occuper des recensements les plus près. Donc, ces
statistiques, à la page 17: Secteur de recensement de 1971. Aujourd'hui,
il vient nous faire une proposition à l'effet qu'on doit s'occuper du
recensement le plus près.
M. Burns: Ecoutez, député de Laurier, vous allez
admettre qu'à la page que vous citez, la page 17 de mon texte
d'hier...
M. Marchand: Oui.
M. Burns: ... je vous cite cela comme un élément de
progression. Est-ce que vous êtes assez honnête pour admettre
cela?
M. Marchand: Je suis assez honnête, et d'ailleurs...
M. Burns: Je ne vous cite pas cela comme critère en vue de
la formation de la prochaine carte. S'il vous plaît...
M. Marchand: ... si vous relisez le journal des Débats
d'hier...
M. Burns: ... ne vous abaissez pas à ce
niveau-là.
M. Marchand: ... je suis celui qui vous a le plus contredit sur
les statistiques que vous donniez ici hier. Encore aujourd'hui, vous nous
revenez avec une proposition qui, je pense, d'après les membres de la
commission, n'est pas juste. Lorsque vous parlez du jeu de l'autruche, je me
demande où est le jeu de l'autruche.
Le Président (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait revenir
à M. Prémont? Il y a le député de L'Assomption qui
a demandé la parole depuis fort longtemps.
M. Burns: Ce n'est pas une contrainte. M. Perreault:
Depuis fort longtemps. Le Président (M. Gratton): M.
Prémont.
M. Prémont: Admettant qu'il y aurait possibilité de
faire ce que le député de Maisonneuve suggère, il faudrait
commencer quelque part et s'arrêter quelque part. Suivant la loi, nous
devons respecter certains délais. Dans l'année qui suit des
élections, nous devons aviser le président de la Chambre de
l'opportunité de modifier la délimitation des circonscriptions
électorales. C'est ce que nous avons fait. A ce moment-là, il
fallait nécessairement avoir fait un premier déblayage à
même le résultat, donc la dernière liste qui était
devant nous, liste qui avait servi aux élections de 1973.
M. Burns: Je ne vous ai pas blâmé là-dessus,
M. Prémont.
M. Prémont: Non, cela va. A ce moment-là, disons
qu'on prendrait le dernier recensement. Cela voudrait dire que notre travail
serait retardé de presque un an et le délai ne serait pas assez
long, à mon avis, à moins que je ne comprenne mal. Lorsqu'on
viendrait devant la commission parlementaire, il y aurait un nouveau
recensement qui arriverait. Alors, je verrais des gens ici autour de la table
nous dire: M. Prémont, vous manquez de logique. Vous nous faites valoir
le recensement de 1974, nous sommes en 1975 avancé. En fait, avez-vous
tenu compte du recensement qui s'en vient? Il y aura sûrement une
modification. Je comprends votre point de vue. Il s'agit de voir en
perspective...
M. Burns: Je vais vous dire ceci que vous ne connaissez
peut-être pas actuellement et c'est normal que vous ne le sachiez pas.
Votre rapport est sorti, je pense, au mois d'avril.
M. Prémont: Avril 1975.
M. Burns: Avril 1975. Notre rapport, que j'ai soumis hier,
était prêt au mois d'octobre. On n'a pas les facilités. Le
ministre a fait un gros baratin hier quand j'ai fait une blague et que j'ai dit
que c'était presque prêt en même temps. S'il veut
recommencer, il peut recommencer, mais je peux vous dire et le document
d'ailleurs est daté du 23 octobre 1975. On a réussi...
M. Marchand: C'est l'impression... Une Voix: C'est
postdaté.
M. Burns: Je ne vous dis pas qu'on a commencé le 2
octobre. On a commencé dès le dépôt du rapport, mais
on a réussi, avec des moyens, je pense, beaucoup moins grands que les
vôtres.
Premièrement, on a commencé au dépôt de votre
rapport. Et on a réussi, à l'intérieur de six mois,
à faire un projet, qui vaut ce qu'il vaut les gens le critiqueront.
D'ailleurs, c'est ce que je disais, les députés, les
commissaires, les journalistes pourront le critiquer. Mais vous avez
déjà un premier projet de fait, vous avez déjà
quelque chose de fait, vous avez des moyens que nous n'avons pas, tant sur le
plan géographique, démographique, etc., comme parti
d'Opposition.
Je vous demande tout simplement si ce ne serait pas possible et logique
que vous utilisiez l'élément statistique le plus vrai que vous
avez en main plutôt que d'utiliser celui qui est le moins proche de la
réalité. Quand je vous dis ça, je l'ai lue
également la loi, c'est sûr qu'il y avait des contraintes
législatives qui vous imposaient, à l'intérieur d'un an,
de faire un rapport, à l'intérieur de six autres mois de
déposer une carte. Est-ce que vous en avez maintenant? Est-ce qu'il y a
quelque chose qui vous dit que ce doit être fait dans les six mois ou
dans les deux mois, dans les trois mois, maintenant que vous avez posé
ces deux premiers gestes? Je prétends que non.
Je vous soumets, à votre examen, peut-être que vous avez
pas mal plus de possibilités...
M. Perreault: M. le Président, cela fait longtemps que
j'attends.
M. Burns: ... de travailler et d'espaces de coudes. Tout en
faisant ça dans un délai tout à fait normal, dans un
délai qui respecterait, d'une part, la réalité et, d'autre
part, la possibilité pour vous de faire un travail honnête,
consciencieux.
M. Prémont: Je pense, comme l'expliquait le
député de Terrebonne, que c'est peut-être au Parlement de
légiférer de nouveau et de modifier la loi 80, mais je pense que
nous avons fait ce que nous devions faire. Nous avons présenté un
rapport, nous ne pouvons pas soumettre un autre rapport, en fait, nous devons
étudier...
M. Burns: C'est ce que je vous dis, je vous demande de ne pas
vous défendre. Ne vous défendez pas, je ne vous attaque pas.
M. Prémont: Absolument pas, je ne me sens pas
attaqué.
M. Burns: Vous avez l'air d'avoir un complexe de
culpabilité pas possible.
M. Prémont: Je trouve votre intervention fort
intéressante, mais je dis qu'il nous reste à nous
pencher sur les recommandations qui arrivent devant nous, hier, du
l'art! québécois, aujourd'hui, du parti ministériel,
demain, sûrement du parti...
M. Burns: Entre-temps, M. Prémont et M. le juge, je
demande à la commission de vous donner une indication de notre
intention, c'est pour ça que j'ai fait ma motion.
Le Président (M. Gratton): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: M. le Président, je pense que nous sommes en
face de deux philosophies. La philosophie de la commission qui est une carte
électorale basée sur le recensement des électeurs de 1973,
avec un nombre de comtés en fonction de ceux-ci, et le Parti
québécois qui nous amène une nouvelle philosophie qui est
une carte électorale toujours en gestation qui tient compte d'une
augmentation de 8% du nombre d'électeurs et qui fait que, si on la
maintient toujours en agitation, il faudra ajouter des députés
à chaque rapport. Le Parti québécois, hier, nous
soumettait une augmentation de six députés; dans le rapport' on
mentionne même sept. Pour que la commission respecte le nombre de 40,000
plusieurs dépasseront, c'est vrai et pour en tenir compte,
le Parti québécois suggère six ou sept
députés nouveaux, en addition. Tandis que le gouvernement, par la
voix du ministre, a annoncé qu'au lieu d'augmenter le nombre de
députés, la norme augmenterait, la norme moyenne passerait
à 36,000, ce qui ferait que le minimum serait 27,000 et le maximum,
45,000. Ce qui fait que les projections du Parti québécois, pour
plusieurs des exemples qu'ils ont donnés, ne dépasseraient pas la
nouvelle norme de 45,000 dans les comtés urbains.
Je crois que la commission, pour avoir une carte qui n'est pas toujours
en gestation, doit prendre les chiffres de l'élection c'est mon
avis et que si le gouvernement voit, par les recensements
subséquents, que les normes doivent être changées, c'est
à lui de le changer dans la loi, ce qu'il s'apprête à
faire.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, la motion qui est
présentement en discussion devrait recevoir l'assentiment de tous les
membres, même ceux de la commission. En vertu de l'article 7, vous avez
très bien suivi la loi. Le troisième rapport a été
fait, je ne vous blâme pas, tel qu'exigé par l'article 7.
Maintenant qu'il va venir un quatrième rapport, c'est sur ça
qu'est basée la motion qui est en discussion, parce qu'en vertu de
l'article 12 de la loi vous la connaissez plus que n'importe qui, M. le
Président il est dit: "La commission doit, chaque fois que
l'Assemblée nationale ou que des commissions étudient un de ses
avis ou rapports c'est ce que nous faisons présentement
lui fournir tous les documents et renseignements dont elle dispose."
C'est là qu'il y a une obligation morale dans la loi de nous
fournir tous les documents dont vous disposez. Celui qui est le plus important,
que vous avez en main, c'est le dernier recensement qu'on vous demande de
déposer, parce que la loi dit: ... et à mettre à sa
disposition dans l'exécution de tous les travaux de la commission."
Je pense que la proposition qui est faite dans la motion de l'honorable
député de Maisonneuve, c'est justement en vertu de l'article 12
qui dit que la commission doit, à ses membres et à la commission,
répondre et donner tous les documents utiles. La motion qui est faite
veut qu'il y ait une statistique qui existe maintenant, que vous avez en main,
qu'on veut connaître.
On ne vous a pas blâmé pour ce qui a été fait
selon la loi dans le troisième rapport, mais, dans le quatrième
rapport qui sera prêt en août, on voudrait connaître au moins
les critères de base qui sont ceux qui ont donné le dernier
recensement.
M. Drouin: Si nous lisons la proposition telle que
libellée: "Que la commission parlementaire demande à la
commission permanente de la réforme des districts électoraux
d'utiliser, comme base de ces critères démographiques, les
données fournies par le plus réoent recensement annuel
disponible"...
Or, le plus récent, actuellement, c'est celui de 1975.
M. Bellemare (Johnson): 1975.
M. Drouin: Alors, quand j'aurai fait une nouvelle carte suivant
ce recensement et que nous l'aurons fait imprimer et qu'on aura l'atlas, on
aura dépassé le recensement de 1976. Il faudra recommencer.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, si...
M. Drouin: C'est un minimum certain de quinze mois. Je le demande
à mes géographes. Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, M. le Président, M.
Prémont disait tout à l'heure que ce serait sur les statistiques
de 1974. Non, ce n'est pas cela, c'est qu'on les demande beaucoup plus
près, celles de 1975.
M. Drouin: Si on veut nous demander que la commission permanente
de la réforme des districts électoraux fournisse à la
commission le résultat du plus récent recensement...
M. Bellemare (Johnson):... statistiques.
M. Drouin: Vous n'avez pas besoin de passer par la commission,
vous avez simplement à me le demander et je vais vous le donner.
M. Bellemare (Johnson): Cela va être ma proposition lorsque
celle de l'honorable député de Maisonneuve aura
été...
M. Drouin: D'ailleurs, tous les partis politiques ont,
présentement...
M. Bellemare (Johnson): Les listes. M. Drouin: ... les
listes électorales... M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Drouin: ... de tous les districts électoraux de la
province.
M. Betlemare (Johnson): Oui. Mais elles ne sont peut-être
pas compilées et additionnées.
M. Drouin: Non, non. Je comprends. M. Bellemare (Johnson):
C'est cela.
M. Drouin: Si vous voulez avoir le résultat dans chaque
district avec le nombre d'électeurs, je n'ai aucune objection, je vais
vous le donner.
M. Bellemare (Johnson): La motion, c'est d'utiliser, comme base
de ces critères démographiques, les données fournies au
dernier recensement. C'est la motion de l'honorable député. Moi,
je vais voter pour.
M. Drouin: Pour moi, c'est impossible.
M. Bellemare (Johnson): La mienne, ma proposition, cela va
être que vous déposiez le recensement de 1975. En vertu de
l'article 12, la loi vous demande de nous le donner si on en fait la
demande.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que la commission est
prête à se prononcer sur la motion du député de
Maisonneuve? Droit de réplique.
M. Burns: Je pense que oui, M. le Président. Je ne veux
pas éterniser le débat; je pense que tout le monde a eu la chance
de s'exprimer. Mais est-ce que je vous comprends bien, M. le juge, lorsque vous
dites, en réponse au député de Johnson, que, lorsque vous
déposerez votre quatrième rapport, vous seriez prêt, quand
même, à déposer même si vous ne les utilisez
pas comme base démographique en parallèle, les plus
récents résultats qui vous proviennent, comté par
comté, du recensement annuel le plus récent?
M. Drouin: Je suis consentant. C'est le président
général qui va vous parler, et non pas le président, parce
que le président de la commission ne les a pas, ces
chiffres-là.
M. Burns: Oui, c'est cela. Changez votre chapeau et
répondez-nous.
M. Drouin: Le président général des
élections va vous les fournir avant.
M. Burns: Avant?
M. Drouin: Bon. M. Burns: Bon.
M. Drouin: Cela ne tardera pas. Chaque chef de parti va en avoir
et, en plus de cela, je vais en envoyer ici pour que les membres de la
commission en reçoivent un exemplaire.
M. Burns: Merci. Je suis prêt à prendre le vote sur
ma motion, si vous le voulez bien.
M. Hardy: M. le Président, je résume encore, je
n'ajoute rien de nouveau. Je dis que moi, je me sens incapable de demander
à une commission de faire, ce qu'elle vient de nous dire très
clairement, ce qu'elle ne peut pas faire légalement. Nous serions dans
un cul-de-sac. On ne peut même pas plaider ignorance. Le président
de la commission vient de nous dire: Premièrement, je n'ai pas le droit
de faire cela légalement encore une fois, on peut discuter
là-dessus, mais c'est ce qu'il nous dit et, deuxièmement,
en pratique, ce n'est pas possible.
Moi, comme membre d'une commission parlementaire, je ne peux pas
demander à une commission permanente, une commission indépendante
de l'Exécutif, je ne peux pas lui demander de faire une chose qu'elle
considère ne pas avoir le droit de faire. C'est uniquement pour cette
raison.
Je veux bien qu'on comprenne exactement ma position. Je ne me prononce
pas sur le fond et sur les objectifs poursuivis par le député de
Maisonneuve. C'est uniquement une question pratique. Je considère qu'on
ne peut pas demander à une commission de faire ce qu'elle vient de nous
dire qu'elle n'a pas le droit de faire. C'est la seule raison pour laquelle je
vote contre la motion du député de Maisonneuve.
Retrait de la motion
M. Burns: M. le Président, pour donner le ton, en ce qui
nous concerne, à cette commission-ci, et pour vous montrer la bonne foi
avec laquelle j'aborde cette question, si le ministre n'est pas trop
occupé pour m'écouter, pour montrer, dis-je, la bonne foi avec
laquelle nous abordons le problème, devant l'engagement du
président général des élections, je suis prêt
à retirer ma proposition, je suis prêt à la sortir de
là, mais je pense que la commission prend acte de l'engagement du
président général des élections qui s'adonne
être en l'occurrence la même personne.
M. Drouin: C'est-à-dire que je vais faire parvenir la
liste complète des districts électoraux avec le nombre total
d'électeurs inscrits lors du recensement de 1975.
Le Président (M. Gratton): Est-ce clair?
M. Burns: M. le Président, dans ces circonstances, devant
l'engagement du président général
des élections, qui s'adonne être le président de !a
commission, je suis prêt à retirer notre proposition.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Maisonneuve retire sa proposition. J'ai bien l'impression que le
député de Johnson retire l'avis de motion qu'il avait fait,
puisqu'il a déjà une réponse.
M. Bellemare (Johnson): M. le juge, devant votre promesse
formelle de...
M. Drouin: Les membres nous...
M. Bellemare (Johnson): Le président me pose une question.
Il veut savoir si je retire ma proposition de vous demander de nous donner la
dernière statistique.
M. Drouin: Voici ce que j'ai en main.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous allez nous donner la
statistique comté par comté?
M. Drouin: Oui, je vais vous dire ce que j'ai en main.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais après?
M. Drouin: Oui. J'ai le recensement. J'ai Abitibi-Est. J'ai tous
les districts électoraux de la province, avec le recensement de 1973,
l'élection générale de 1973, le recensement de 1974, le
recensement annuel de 1975 avant la révision et le recensement annuel
après la révision. J'ai tous ces chiffres.
M. Bellemare (Johnson): Parfait.
M. Drouin: Je n'ai qu'à vous les faire photocopier et
à vous les envoyer. Je les ai au complet.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
Le Président (M. Gratton): Quelle patiencel Y a-t-il
d'autres questions?
M. Drouin: Remarquez bien, par exemple, que ce sont les districts
actuels et non pas les districts projetés.
M. Burns: On les projettera.
M. Bellemare (Johnson): On va faire la projection.
Le Président (M. Gratton): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Burns: Ne vous inquiétez pas pour nous, M. le juge, on
va projeter cela.
M. Marchand: M. le Président, est-ce qu'on en donne une
copie au député de Maisonneuve?
Le Président (M. Gratton): Ce n'est pas
nécessaire.
M. Drouin: Je veux dire tout de suite que c'est dans le
rapport.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, si c'est
là...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que cela vous intéresserait
d'avoir les dernières statistiques de l'université?
Le Président (M. Gratton): Je pense que vous pourriez
faire cela après la commission.
M. Bellemare (Johnson): Après la commission. Parce que
c'est intéressant: 136 contre 41, 161 contre 28, 120 contre 19, 194
contre 53, 204 contre 22.
Le Président (M. Gratton): Ce sont les comtés pour
quels partis?
M. Burns: Pour quels partis?
M. Bellemare (Johnson): Les petits pour le Parti libéral
et les gros pour le PQ.
Le Président (M. Gratton): Et l'Union Nationale?
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez. Je jugerai cela à la
prochaine.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, sur ces informations
très valables...
M. Burns: M. le Président, je dois dire que le
député de Johnson me permet de bien finir ma journée.
C'est la première fois que je me rends compte qu'on gagne quelque chose.
Cela me rassure. Je vais pouvoir... Oui, M. le juge?
M. Drouin: Si vous vouliez tout de même me donner quelques
jours pour faire la vérification exacte?
M. Burns: Bien oui! Vous nous avez dit avant votre prochain
rapport.
M. Drouin: Ah oui! On a l'habitude d'aller plus vite que
cela.
M. Hardy: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres membres
de cette commission qui désirent intervenir...
M. Bellemare (Johnson): Si on avait simplement, M. le ministre,
un document qu'on voudrait remettre, concernant certaines modifications, on
pourrait le remettre directement à la commission?
M. Hardy: Ce serait un document qui serait directement
présenté à la commission, mais qui ne serait pas
passé par le canal de la commission parlementaire. C'est en dehors... Je
ne peux même pas vous dire oui ou non, cela ne me regarde pas.
M. Bellemare (Johnson): M. le juge, est-ce que cela vous regarde?
Si on avait un document à vous présenter d'ici quelque temps au
sujet de cette nouvelle carte de distribution, on pourrait vous l'adresser?
M. Drouin: C'est la décision de la commission
parlementaire. Nous recevons les amendements que la commission parlementaire
décide de nous remettre pour décision.
M. Hardy: On va clarifier les choses. Je ne veux pas faire
d'avocasseries, mais je veux bien qu'on respecte les choses telles qu'elles
sont.
A l'heure actuelle, le Parti québécois ou le parti qui
forme l'Opposition officielle et le parti ministériel ont
déposé à la commission parlementaire des propositions qui
sont acheminées à la commission permanente. Si l'Union Nationale
veut en déposer, à ce moment ce sera comme individu ou comme
groupe de pression ou comme association, mais ce ne sera pas en tant que
parlementaire. M. Maurice Bellemare ou l'association de l'Union Nationale de la
province de Québec, comme la Chambre de commerce de la province de
Québec, peut fort bien faire parvenir un mémoire. Mais, à
ce moment, vous ferez parvenir un mémoire en tant que parti politique et
non pas en temps que parlementaire.
M. Bellemare (Johnson): Merci, frère directeur.
M. Hardy: Ce n'est pas une question de frère directeur,
c'est une question de respecter les institutions.
M. Bellemare (Johnson): Entre la lettre et la loi, vous auriez pu
me laisser passer quand même.
M. Burns: Juste entre les deux.
M. Hardy: Si vous faites cela trop souvent, essayer de passer
entre la lettre et la loi, c'est là que vous allez vous faire couper
quelque chose.
M. Bellemare (Johnson): Non, c'est là que vous allez
conserver l'esprit, au moins.
M. Burns: M. le Président, je veux simplement clarifier ce
point. Si je comprends bien, la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale a remis à la commission permanente de la réforme
électorale les deux documents et les annexes...
M. Hardy: C'est cela.
M. Burns: ... qui ont été déposés par
le parti ministériel et par l'Opposition.
M. Hardy: Si M. Maurice Bellemare ou l'asso- ciation de l'Union
Nationale de la province de Québec ou l'association à venir ou en
gestation ou sur le point d'accoucher des PNP désirent faire des
représentations, ils les feront, mais ce ne sera pas en tant que groupe
parlementaire. Cela respecte à la fois la lettre et l'esprit.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas besoin que vous le
répétiez, j'avais bien compris.
Le Président (M. Gratton): D'accord. M. le
président de la commission, oui?
M. Drouin: Si vous me permettez d'attirer l'attention de la
commission, avec l'ouverture que vous donnez, on peut recevoir 100
mémoires ou 1,000 mémoires.
M. Bellemare (Johnson): Vous dites 100?
M. Hardy: M. le Président, vous avez très bien dit
vous-même je ne veux pas agir auprès de vous comme
conseiller juridique que vous aviez les pouvoirs d'une commission
d'enquête. Or, c'est à vous de décider quand vous pouvez en
accepter ou ne pas en accepter. Ce n'est pas nos affaires.
M. Drouin: Non, parce qu'il faut siéger. M. Bellemare, si
vous avez quelque chose à nous faire parvenir en tant que citoyen,
faites-le parvenir d'ici une semaine.
M. Bellemare (Johnson): Je vous appelerai comme chef de l'Union
Nationale au téléphone.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, pour les fins du
journal des Débats, j'aimerais que M. le juge spécifie M.
Bellemare (Johnson).
M. Bellemare (Johnson): Oui, mon neveu.
M. Bellemare (Rosemont): On comprend plus vite que cela,
nous.
M. Bellemare (Johnson): Vous me rendez un grand service.
M. Bellemare (Rosemont): Rosemont comprend plus vite que
ça.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est pour cela que vous allez au
feu.
Le Président (M. Gratton): M. le Président de la
commission, MM. les membres de la commission et vos experts, nous vous
remercions de votre excellente collaboration. La commission ajourne maintenant
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 14)