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Contrôle et surveillance des
sociétés d'Etat
québécoises par le gouvernement
et
les membres de l'Assemblée nationale
(Vingt et une heure trente-neuf minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs!
Nous avons quorum. Je veux quand même souligner un certain nombre
de points avant que nous ne commencions les délibérations de
cette première séance de la commission de l'Assemblée
nationale.
Avant d'appeler les membres, d'après le mandat qui nous a
été donné par l'Assemblée nationale ce matin,
motion faite par le leader parlementaire du gouvernement, ce mandat suppose
qu'il y aurait deux séances si nous en avons le temps de
la commission de l'Assemblée nationale.
La motion se lisait comme suit: "Ce soir, à la même salle
c'est-à-dire 81-A il y aura réunion de la
commission de l'Assemblée nationale, tel que convenu avec les partis de
l'Opposition, sur la question des sociétés d'Etat c'est le
mandat de la première séance qui a été
soulevé par le chef de l'Union Nationale..." Nous avons d'ailleurs une
motion, depuis quelques semaines. "Si jamais la commission de
l'Assemblée nationale qui sera en réunion ce soir arrivait avant
24 heures c'est le règlement sessionnel à
s'entendre sur la proposition que le ministre d'Etat au développement
économique fera, nous profiterons du fait que cette commission est
réunie pour nous pencher à nouveau dans une nouvelle
séance quelques instants au moins, puisque le sujet le
mérite, sur le projet de réorganisation administrative de
l'Assemblée que vous nous ayez présenté."
Pour cette première séance, je vais appeler les membres de
cette commission. Je souligne qu'il y a déjà des
précédents. Il y a deux commissions qui sont des commissions
spéciales: Celle des engagements financiers et celle de
l'Assemblée nationale. Il y a cependant des précédents
voulant qu'au lieu d'avoir des intervenants puisqu'il n'y en a pas dans
ces commissions du consentement de la commission, nous puissions faire
des changements. Est-ce que ce consentement m'est accordé? Consentement
unanime.
J'appelle les membres et je fais les changements qui s'imposent.
M. Bellemare (Johnson) remplacé par...
M. Biron: M. Biron (Lotbinière).
Le Président (M. Cardinal):... M. Biron
(Lotbinière); M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Blank (Saint-Louis)?
M. Blank: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Burns (Maisonneuve)
remplacé par M. Landry (Fabre). M. Cardinal (Prévost). Je suis
tout à vous, votre serviteur pour la soirée. M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Gendron: ... vous laisser membre, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, d'accord. Mme Cuerrier
(Vaudreuil-Soulanges). M. Dussault (Châteauguay)?
M. Dussault: Avec plaisir, M. le Président. Une Voix:
Toujours au poste.
Le Président (M. Cardinal): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Présent.
Une Voix: Omniprésent.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît!
même si vous êtes de bonne humeur... M. Gendron
(Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Brochu: Remplacé par Brochu (Richmond).
Le Président (M. Cardinal): Remplacé par M.
Brochu...
M. Brochu (Richmond): ...
Le Président (M. Cardinal): ... (Richmond). M. Jolivet
(Laviolette)?
M. Jolivet: Après gourmandise, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. Lamontagne (Roberval)?
M. Blank: Remplacé par...
Le Président (M. Cardinal): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) ou...
M. Blank: C'est correct, d'accord.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Remplacé par
M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce). M. Lavoie (Laval)?
M. Blank: Remplacé par M. Forget (Saint-Laurent).
Le Président (M. Cardinal): Remplacé par M. Forget
(Saint-Laurent).
M. Blank: C'est seulement pour la première
moitié.
M. Forget: M. le Président, la première
moitié.
Le Président (M. Cardinal): La première
séance.
M. Forget: La première ronde.
Le Président (M. Cardinal): M. Proulx (Saint-Jean)? M.
Richard (Montmorency)? M. Richard préside à l'Assemblée
nationale. M. Vaillancourt (Jonquière)?
Une Voix: Absent momentanément.
Le Président (M. Cardinal): Nous avons la liste des
membres, il n'est pas nécessaire de nommer de rapporteur, puisque la
séance du 30 novembre un rapporteur avait été
désigné. C'est exact. Nous avions, au moment de l'ajournement de
cette commission, une motion qui venait de M. le député de
Lotbinière, chef de l'Union Nationale. C'est exact?
M. Biron: M. le Président, la motion était de M. le
député de Richmond.
Le Président (M. Cardinal): Ah! je croyais que
c'était de vous, c'était de M. le député de
Richmond. Il y avait donc un président, ce qui prouve ce qui vient
d'être dit.
Messieurs, nous pouvons commencer. M. le ministre d'Etat au
développement économique.
Motion pour la création d'une commission des
sociétés d'Etat (suite)
M. Bernard Landry
M. Landry: M. le Président, il serait peut-être
utile, dans les premières minutes de nos travaux, de rappeler ce que
nous avons fait dans la première partie du travail de la commission.
Nous avions fait en particulier un survol assez rapide, mais complet quant
à l'énumération de la situation des sociétés
d'Etat, des problèmes de contrôle et de surveillance de ces
sociétés qui existent tant pour le gouvernement que pour
l'Assemblée nationale et les élus.
Nous avions également rappelé les gestes
déjà posés par le gouvernement pour améliorer les
situations que je viens d'évoquer et quelques réflexions sur
l'immense travail qui reste à faire.
A l'issu de ces exposés, le député de Richmond
avait fait une motion et il est peut-être important que nous en
rappelions le texte. (21 h 45)
Le Président (M. Cardinal): Voulez-vous que je le
lise?
M. Landry: Je voudrais le lire et le commenter. Le
Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Landry: Les deux en même temps. Le député
de Richmond voulait que nous modifiions notre règlement pour que,
dès le début de la prochaine session de la présente
Législature, et c'est le mot clé de la résolution, une
commission élue permanente des sociétés d'Etat, donc une
commission élue comme celle qui nous réunit aujourd'hui,
permanente, mais spécialisée dans les sociétés
d'Etat, soit créée. Mais il assortissait cette création
d'une sous-commission qui étudierait et ferait des recommandations
à l'Assemblée sur le mandat, les pouvoirs et l'aide technique de
ladite commission élue.
Par conséquent, il invitait cette commission à accepter
dès maintenant le principe et à décider qu'il y aurait une
commission élue permanente des sociétés d'Etat. A l'appui
de sa motion, il a invoqué une argumentation sur laquelle nous
étions à peu près tous, en général, d'accord
et qui se référait aux difficultés de contrôle par
le gouvernement et par l'Assemblée des performances et des
activités des sociétés d'Etat. Il donnait un exemple qui
était central dans son argument. C'est l'exemple de la
Colombie-Britannique qui, effectivement, au mois d'août 1977 nous
avons pu approfondir un peu cet exemple a, par une loi, The Crown
Corporation Reporting Act", donc une loi, créé une commission
spécialisée dans l'étude des activités des
sociétés d'Etat.
Nous avons pu, à la faveur du délai survenu entre la
première séance et l'ajournement que nous reprenons aujourd'hui,
communiquer avec M. Bryan Crawley, peut-être que l'Union Nationale avait
fait la même chose, du reste, pour nous informer du fonctionnement et des
performances de cette commission et pour savoir le degré de satisfaction
qu'elle avait suscité en Colombie-Britannique. M. Crawley nous a
rappelé un peu les circonstances, qui sont extrêmement classiques,
d'ailleurs, de la création de cette commission.
Il y avait effectivement un certain nombre de sociétés
d'Etat qui, au changement de gouvernement, ont excité
énormément la curiosité de l'ancienne opposition devenue
gouvernement et qui ont voulu aller scruter les erreurs du
précédent gouvernement relativement à ces
sociétés d'Etat, ce qui est un motif louable, c'est hors de tout
doute. Je dis que la situation est classique, parce qu'après six ans
d'administration, la nouvelle administration hérite d'une situation qui
est pour elle une donnée et la tentation est forte, et c'est quand
même un devoir d'aller voir de quoi cela retourne, et surtout s'il y a
des sociétés qui donnent des signes de difficulté ou
d'essoufflement, d'aller voir ce qui s'y passe et de faire les corrections
nécessaires.
Effectivement, la commission de la Colombie-Britannique a
siégé mais, par ailleurs, le résultat escompté
je n'ai pas de doute qu'on serait plus chanceux peut-être dans nos
travaux si le mot chance s'applique de démontrer les erreurs de
fonctionnement du précédent gouvernement n'a pas
été atteint. Cependant, M. Crawley est d'avis que
l'expérience a été extrêmement positive et que les
parlementaires ont appris des choses per-
tinentes sur le fonctionnement des sociétés d'Etat et leur
performance. Mais, il y a par ailleurs une limitation pratique. Cette
commission élue de ce parlement-frère n'avait qu'à
examiner l'action de cinq sociétés d'Etat. Elle s'est
réunie sept fois, pour étudier l'action de trois; il y en a donc
deux qui dépassent après plusieurs mois de fonctionnement, mais
il n'y en avait que cinq qui étaient l'objet de l'examen.
Nous avons vu, dans la première partie de nos travaux, que notre
problème est d'une autre taille. Simplement en sociétés
d'Etat véritables, quand on se sera entendu sur une typologie, on en
aurait au moins quatre fois plus ici. Donc, en volume de travail pour cette
commission, on est déjà à une échelle
différente au Québec de l'échelle de la
Colombie-Britannique. Nous avons également réfléchi
à d'autres suggestions qui ont été faites sur le mandat
d'une commission de cette nature au Québec. Je rappelle le mandat qui
était souhaité autant par les porte-parole gouvernementaux que
par ceux de l'Union Nationale, l'évaluation de la performance de chaque
société suivant des critères acceptés par le
gouvernement, la revue des nouvelles législations concernant ces
sociétés. On avait également évoqué la
constitution d'un secrétariat léger, on ne s'est pas
prononcé sur le fait qu'il serait léger ou pas, mais je pense que
c'est dans la nature des choses, on n'est pas pour faire une commission plus
grosse que l'Hydro pour étudier l'Hydro, pour faciliter la tâche
technique de la commission, et on s'inspirait des expériences
américaines.
Après réflexion, je voudrais, à rencontre de la
motion, réitérer un certain nombre d'arguments spontanés
que nous avions employés lors de la première partie des travaux
et en ajouter un certain nombre d'autres.
Tous les porte-parole avaient reconnu la difficulté de
classification, ce que le représentant de l'Opposition officielle avait
appelé le problème des typologies et c'en est bien un. Qu'est-ce
qu'une société d'Etat? Qu'est-ce qui, aux yeux d'une commission
éventuelle mériterait d'être examiné? On ne peut pas
traiter de la même façon la Société de cartographie
du Québec, la société virtuelle qui détient les
actions du gouvernement à place Desjardins, l'Hydro-Québec qui
est un monde en soi, Sidbec ou la Société des alcools. Certaines
sociétés sont des monopoles. D'autres sont en concurrence,
doivent fonctionner sur des bases rigoureusement économiques et
commerciales. Par conséquent, je ne pense pas que dans un délai
comme celui qui nous était imparti, dans l'état de nos
réflexions et celles des deux Oppositions, ont ait pu, sagement,
établir le balayage permis par les projecteurs de cette commission que
nous avons les uns et les autres en tête.
Donc, première objection, si on veut faire une commission, il
faut qu'on sache à l'avance de qui et de quoi elle va s'occuper et
savoir si c'est raisonnable, par exemple, qu'une Assemblée nationale,
par une de ses commissions élues, examine 20 grosses
sociétés d'Etat dans un délai acceptable.
Si on est pour les revoir une fois aux dix ans, cela ne vaut vraiment
pas le coup, surtout dans le genre d'échéance politique des
mandats de gouvernement que nous avons. Donc, première objection: qui et
quoi et à quelle fréquence et à quel rythme et qu'est-ce
qui est raisonnable et qu'est-ce qui ne l'est pas?
Deuxième objection, sur laquelle une certaine unanimité
s'était faite peut-être pas sur l'objection, mais au moins
sur la problématique c'est l'examen des comptes. Nous avons
reconnu qu'il est difficile pour le gouvernement et la fonction publique de
jeter un regard cohérent sur l'ensemble des comptabilités des
sociétés d'Etat à cause des nombreuses variations de
méthodologie comptable, à cause du fait que certaines sont
soumises au Vérificateur général, d'autres sont soumises
à leur mécanisme de vérification interne et à des
comptables agréés, des vérificateurs externes... c'est
l'Union Nationale qui avait avoué et on a eu une
expérience analogue qu'après un certain nombre de semaines
de recherche, elle n'avait pas été en mesure de se faire donner
par la Bibliothèque nationale un aperçu convenable de la
comptabilité consolidée avec les séries historiques
suffisantes des sociétés d'Etat.
Donc, le problème est de taille et il y aura une option à
prendre. La suggestion avait été faite de soumettre toutes les
sociétés d'Etat au Vérificateur général.
Elle n'est pas rejetée d'emblée, mais avant de le faire, il
faudrait quand même voir pourquoi les gouvernements
précédents n'en ont soumis qu'un petit nombre d'entre elles et
quelle serait l'utilité, les coûts pour l'administration publique,
si on soumettait au Vérificateur général l'ensemble des
sociétés d'Etat. Quelle taille faudrait-il donner au bureau du
Vérificateur général? Regardez les expériences du
gouvernement fédéral qui vient de donner beaucoup d'ampleur au
bureau du Vérificateur général et celui-ci se plaint
encore de ne pas être en mesure de faire adéquatement son travail.
Encore là, il ne faudrait pas créer une bureaucratie monstrueuse
au Vérificateur général qui passerait le plus clair de son
temps à s'occuper des sociétés d'Etat et qui
négligerait ou qui aurait des difficultés à s'acquitter de
sa tâche première qui est celle de vérifier les comptes de
l'Etat.
Troisième objection, qui est également de nature
éminemment pratique: on demande que cette commission et je pense
que cela a du bon sens, le gouvernement le reconnaît soit pourvue,
comme les commissions sénatoriales américaines, d'un certain
support logistique, un petit secrétariat. Mais qu'est-ce que c'est un
petit secrétariat? Quel genre d'experts faut-il y mettre? Quels seront
les coûts inhérents à la constitution de ce
secrétariat? Est-ce qu'il sera constitué d'employés
permanents ou s'il sera constitué d'employés
détachés de la Fonction publique qui, pour l'étude de
dossiers ad hoc, viendraient se mettre au service des parlementaires? Il y a
encore là une série d'interrogations de nature tout à fait
pratique qui font que nous nous opposons à la
constitution d'un tel secrétariat sans un examen plus
poussé.
Quatrième série d'objections: les nombreux intervenants
impliqués. Là, M. le Président, je voudrais être
extrêmement réaliste. Au sein même de l'appareil
gouvernemental, il y a, nous l'avons évoqué la semaine
dernière, le ministre des Finances qui est actionnaire d'un certain
nombre de ces sociétés et qui a constitué, au
ministère des Finances, sous la direction d'un sous-ministre adjoint, un
certain nombre d'équipes pour s'occuper convenablement de son rôle
d'actionnaire. Cette chose a été faite au cours des douze
derniers mois. Il y a le ministère de l'Industrie et du Commerce qui,
à lui seul, à la tutelle de dix de ces sociétés,
qui s'est également doté, au cours des dix derniers mois, d'un
sous-ministre adjoint responsable de ces sociétés d'Etat. Il y a,
à la suite d'un arrêté en conseil sur les performances et
la planification triennale des sociétés d'Etat, une équipe
qui a été constituée maintenant au sein du
secrétariat général dirigé par un sous-ministre qui
est présent d'ailleurs ici avec nous.
Par conséquent, beaucoup de fonctionnaires, beaucoup de
responsables au niveau ministériel et, évidemment, beaucoup de
personnel dans les sociétés d'Etat qui, à mon avis,
devraient, avant qu'aucune position définitive ne soit prise par le
gouvernement, être consultés. J'ai entendu à certaines
occasions, à la Chambre, des propos extrêmement agressifs
vis-à-vis les sociétés d'Etat, l'une d'entre elles ou
l'ensemble des sociétés d'Etat. Il ne me semble pas que ce soit
de cette façon que l'on puisse établir un climat de dialogue
convenable entre l'Etat et les gestionnaires des sociétés
d'Etat.
Je comprends que le Parlement est souverain, que nous avons le pouvoir
d'ordonner n'importe quoi, n'importe comment, dans des cadres constitutionnels
que seuls les tribunaux pourraient sanctionner, mais ça ne veut pas
dire, parce qu'on a le pouvoir, comme Assemblée Nationale ou comme
gouvernement, de procéder sans un minimum de consultation avec nos
gestionnaires du secteur public, les ministres concernés et les
fonctionnaires concernés.
Je vous assure, je ne pense pas que ça puisse être l'objet
de quelque blâme que ce soit, que le gouvernement, en dépit de ses
efforts, n'a pas eu le temps de mener toutes ces discussions, toutes ces
consultations pour qu'on puisse établir les mécanismes que l'on
veut dans un climat harmonieux.
Ce serait extrêmement néfaste pour les
sociétés d'Etat si elles se sentaient brutalisées. Ce que
l'on veut, c'est du contrôle, c'est de l'examen, c'est de la
connaissance, mais ce n'est pas de transformer en "foutoir" nos relations avec
ces sociétés dont certaines, vous le savez, ont une extrême
importance en volume et en activités financières.
Il y a un cinquième ordre d'objection qui est beaucoup plus
juridique, celui-là, on l'a d'ailleurs retrouvé dans des
exposés faits dans des commissions parlementaires antérieures, on
l'a retrouvé dans des articles de juristes, on l'a retrouvé dans
des opinions émises par des parlementaires: nous sommes en
système britannique. Le genre d'institution que l'on veut greffer
à ce système est propre au système présidentiel et
en particulier au système américain. Si nous faisons cette
commission élue permanente dotée d'un support logistique, nous
introduisons un élément absolument nouveau dans notre
façon de voir les choses au sein du parlementarisme britannique, qui est
le nôtre.
Le ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire chargé de ces réformes institutionnelles avait
déjà, avant la motion du député de Richmond,
entrepris une étude qui est avancée, mais qui n'est pas
terminée et dont nous avons besoin avant de nous prononcer. Ce serait
vraiment lamentable d'avoir une étude en marche qui peut se terminer
on en a eu l'assurance parce qu'on a rencontré ces gens depuis
l'ajournement relativement vite, mais qui ne l'est pas et qui ne le sera
pas à la veille de Noël, c'est évident, et il serait
dangereux de foncer dans cette aventure, sans que les problèmes
inhérents aux institutions parlementaires n'aient été
réglés. (22 heures)
Sixième et dernier ordre d'objection qui reprend et résume
un peu les autres, toutes les formations politiques qui ont occupé le
pouvoir et qui ont agi dans l'Opposition depuis que les sociétés
d Etat sont devenues importantes en nombre et en volume au Québec, ont
déploré ces difficultés de contrôle et ces
difficultés de direction même gouvernementales et de
l'Assemblée nationale, sur les sociétés du secteur public.
Par conséquent, c'est un vieux problème, un problème
lancinant, reconnu par toutes les formations politiques et qui, là
encore, a été reconnu à cette table lors de notre
première rencontre.
Les parlementaires qui ont vécu plusieurs fois ces
expériences de convoquer d'énormes sociétés d'Etat
en commission parlementaire, ont souvent été déçus,
souvent été frustrés de voir les grands technocrates de
sociétés d'Etat, bardés d'experts, connaissant leur
société de A à Z parce qu'ils la président depuis
cinq, huit, dix ans, venir ici non pas se jouer des parlementaires, non, le mot
serait trop fort, mais, au moins, tenir un langage ésotéri-que
qui faisait que la commission se terminait sans avoir beaucoup plus
d'information qu'au début, mais avec un degré de frustration
considérable.
Ce que je veux dire par là et je suis d'accord avec le
chef de l'Union Nationale qui s'est exprimé sur cette question
c'est que le Parlement commence à être frustré par ce
problème lancinant, autant les parlementaires de la majorité que
les parlementaires de l'Opposition, et on a une chance peut-être de faire
diminuer considérablement le niveau de frustration, d'attaquer le
problème de façon sérieuse et, éventuellement, sans
prétention, de le régler pour la plus grande satisfaction de
toutes les formations politiques et de tous les parlementaires.
Pour cette raison, je ne peux pas, en conscience, souscrire à la
motion du chef de l'Union Nationale et accepter le gouvernement ne
peut
pas accepter dès maintenant après les travaux valables,
mais insuffisants que nous avons faits le principe de cette commission
élue permanente, avec son appareil logistique.
Pour cette raison, nous serions prêts à faire des
propositions alternatives. Le chef de l'Union Nationale a eu la gentilhommerie
de me prévenir qu'il a lui-même des propositions alternatives qui
nous seraient peut-être acceptables. Et si elles l'étaient, nous y
souscririons. Mais si elles ne sont pas acceptables, eu égard au cadre
général des objections que je viens de dire, le gouvernement se
verra dans l'obligation de faire, une fois qu'un sort convenable et honorable
aura été fait à la motion du député de
Richmond, une autre motion pour régler le problème d'une
façon qui lui paraît plus pratique et plus conforme à la
situation à laquelle nous avons à faire face.
Le Président (M. Cardinal): Je ne peux pas participer sur
le fond du débat, mais je pense qu'il y aurait certainement moyen de
s'entendre pour que ces travaux puissent être suivis par la prochaine
séance. Je n'utiliserai pas immédiatement l'article 65.2 pour
suggérer que la motion principale qui est devant nous soit
modifiée, devienne un voeu, ce qui changerait complètement la
conjoncture. Mais je le souligne quand même, comme...
D'accord. Je constate que c'est non. M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, si vous le permettez, je
remercie le ministre. J'ai cru comprendre une ouverture certaine à la
motion, ou à la proposition que nous avions faite, concernant un
meilleur contrôle, une meilleure gestion des sociétés
d'Etat, non seulement de la part du gouvernement, mais aussi de la part des
députés de l'Assemblée nationale.
Or, on se souvient qu'à la dernière réunion de
cette commission, le ministre nous avait déjà avisés qu'un
comité était en fonction présentement pour surveiller, au
nom du gouvernement, la gestion de ces sociétés d'Etat. Nous
avions apporté des arguments je le vois que le ministre a
acceptés, puisqu'il semble maintenant convaincu qu'il faille absolument
que l'Assemblée nationale elle-même, donc les
députés présents à l'Assemblée nationale
aussi, non seulement les ministres, puissent avoir leur mot à dire dans
la gestion des sociétés d'Etat.
Je suis heureux de voir que le ministre est d'accord sur mon
argumentation et celle du député de Richmond. Je vais reprendre
quand même quelques-unes de ses objections. D'abord, à la suite de
la lecture de la motion, si j'ai bien compris le ministre il pourra
peut-être me corriger en principe, je serais d'accord pour avoir
une commission élue permanente des société d'Etat, mais,
à l'heure actuelle, ce n'est pas le temps, il faut voir les nombreux
intervenants impliqués, soit le ministre des Finances, celui de
l'Industrie et du Commerce ou d'autres ministres, soit le secrétaire
général au Conseil exécutif, le personnel des
sociétés d'Etat. Je comprends ses préoccupations dans ce
domaine. C'est dire que dans ma motion, M. le Président, ou, dans celle
du député de Richmond, nous avions indiqué dès le
début de la prochaine session. Je comprends qu'il y avait une limite de
temps très brève pour mettre en marche quelque chose de tout
nouveau en fait dans notre système parlementaire de type
britannique.
Les autres objections du ministre, j'ai l'impression qu'en parlant de
ces objections il n'a fait que confirmer le bien-fondé de notre motion,
puisque, dans notre motion, nous avions, tout d'abord, le principe d'une
commission parlementaire, nous avions aussi, deuxièmement, le
mécanisme ou la tuyauterie pour y parvenir. C'est-à-dire que nous
proposions la création d'une commission parlementaire,
premièrement, et nous disions que, d'ici sept ans, une sous-commission
devrait être créée pour étudier et faire rapport
à l'Assemblée cela aurait pu être à la
commission en fait sur le mandat et les pouvoirs qui seront
confiés à cette nouvelle commission ainsi que l'aide technique
nécessaire à son bon fonctionnement.
Le ministre, dans ses objections, a répondu exactement à
la raison pour laquelle nous avions placé la deuxième partie de
notre motion, c'est-à-dire la création d'une sous-commission de
cette même commission à laquelle nous participons aujourd'hui pour
savoir justement de qui et de quoi elle va s'occuper.
Je comprends qu'il y a un grand nombre de sociétés d'Etat.
Je suis d'accord avec le ministre, on ne pourrait pas, demain matin, même
si nous avions une commission parlementaire élue permanente des
sociétés d'Etat, convoquer toutes les sociétés
d'Etat; ce serait impossible. On ne pourrait même pas les convoquer
toutes durant la première année d'expérience de cette
commission, mais il y aura peut-être des priorités à
établir. Justement, qui va-t-on convoquer? Pourquoi allons-nous les
convoquer? De quoi va-t-elle s'occuper? Quel sera le délai raisonnable
qu'on pourra donner aux sociétés d'Etat? Il ne s'agit pas non
plus d'agir en policier vis-à-vis des administrateurs de ces
sociétés d'Etat. Or, c'est une des raisons pour lesquelles nous
suggérions une sous-commission.
Nous avons, comme deuxième objection, l'examen des comptes. Le
ministre a noté, avec justesse aussi, tout ce problème de
vérification interne, externe. Si on confiait tout cela au
Vérificateur général du Québec, il y aurait une
bureaucratie extraordinaire; je le comprends aussi. Nous avons un grand nombre
de sociétés d'Etat. Il faut avec le temps quand même en
venir à établir une certaine méthodologie comptable sur
laquelle nos membres de l'Assemblée nationale, notre gouvernement pourra
se fier et comparer rapidement les performances des différentes
sociétés.
Le ministre nous parle aussi, comme troisième objection, du genre
de secrétariat dont nous aurons besoin. C'est sûr que si on forme
une commission élue permanente avec un "red tape"
épouvantable, cela n'améliorera pas le système, au
contraire. Ce que nous voulons, c'est que les députés puissent
avoir les renseignements nécessaires, dont l'aide technique
nécessaire, mais pas non plus avoir une bureaucratie tellement lourde
que, finalement, les députés seront perdus à travers leur
propre commission élue permanente. Là aussi, je crois que la
deuxième partie de notre motion pourrait répondre à cette
objection du ministre vis-à-vis des nombreux intervenants aussi.
Maintenant, il y a quelque chose d'important et de très
intéressant que le ministre a apporté comme cinquième et
dernière objection, c'est l'ordre juridique, le système
parlementaire de type britannique par rapport au système
présidentiel. C'est intéressant de noter qu'enfin, cette
commission pourra peut-être ressembler un petit peu plus au régime
présidentiel, bien sûr. Le système parlementaire de type
britannique n'a pas été conçu lorsque nous avions des
sociétés d'Etat. Le fait d'avoir, à l'extérieur du
Parlement, des sociétés d'Etat et des administrateurs de
sociétés d'Etat qui ne relèvent pas directement du
Parlement, qui ne relèvent pas directement du gouvernement, sauf
à travers un ministre qui est l'actionnaire de ces
sociétés d'Etat, finalement, on en vient à une situation
tellement absurbe que souvent, dans certaines sociétés, le
ministre responsable ne peut même pas, lui, avoir les renseignements
nécessaires si ces sociétés d'Etat n'ont pas besoin ou si
cette société n'a pas besoin de se présenter devant le
Parlement pour obtenir des fonds ou pour d'autres raisons ou pour des
changements à sa charte.
Finalement, le système parlementaire de type britannique,
certains diront, s'est amélioré, d'autres diront qu'il ne s'est
pas amélioré en créant des sociétés d'Etat,
mais nous avons aujourd'hui à faire face à ce
phénomène. Nous devons réajuster notre système
parlementaire de type britannique en conséquence, afin que les sommes
d'argent qui sont gérées par des fonctionnaires, à travers
les sociétés d'Etat, puissent aussi être
gérées ou être examinées par les
représentants dûment élus de la population. Quand on songe
au chiffre d'affaires et au budget énorme, aux actifs énormes de
toutes ces sociétés d'Etat qui sont quand même des sommes
d'argent payées par les contribuables de notre province, je crois que ce
serait normal qu'à la fois les députés et le gouvernement,
en tant que responsables de la gestion des fonds publics, des sommes d'argent
et des taxes des citoyens du Québec, puissent avoir un oeil, et un oeil
rapide, sur ces sommes d'argent. S'il fallait que le gouvernement soit aussi
mal surveillé par les députés que les
sociétés d'Etat le sont par le gouvernement et les
députés, et sans mauvaise volonté de la part du
gouvernement et des députés, j'ai l'impression que
l'administration s'en irait pas mal dans la mauvaise direction dans notre
province.
Dans le fond, ces objections du ministre m'amènent
peut-être à apporter une motion d'amendement à celle du
député de Richmond.
D'abord, je voudrais qu'on reconnaisse ici, à cette commission,
le principe que nous aurons besoin, dans le temps, à plus ou moins long
terme, d'un commission permanente des sociétés d'Etat pour
surveiller ou pour pouvoir examiner en temps et Jieu, lorsque la commission le
jugera à propos, le gouvernement le jugera à propos, la gestion
et l'administration de ces sociétés d'Etat. Pour que cette
commission élue permanente puisse faire un excellent travail, je me
rends aux objections du ministre et je me dis: II faut absolument qu'il y ait
une sous-commission qui, justement, réponde aux objections du ministre,
aux objections de mes amis du Parti libéral, aux objections de mes amis
du Parti québécois ou de l'Union Nationale ou d'autres membres de
l'Assemblée nationale et il faut qu'à l'intérieur d'une
sous-commission, nous puissions, justement, répondre à ces
objections. Si cela prend une semaine, un mois, trois mois ou six mois, il y
aurait moyen, à l'intérieur d'une sous-commission parce
que les débats à l'intérieur de cette sous-commission ne
seront pas publics. Les débats d'une sous-commission ne sont pas
publics; donc, ce sera à huis clos comme on l'a fait d'ailleurs avec
plusieurs sous-commissions qui ont été formées depuis deux
ans sous ce même gouvernement. C'est un peu une forme de comité ad
hoc composé de représentants ou de députés de
toutes les formations politiques qui puissent se réunir et
tranquillement déblayer le terrain.
La sous-commission pourrait facilement faire rapport à la
commission de l'Assemblée nationale, qui, elle, ensuite, fera rapport
à l'Assemblée nationale. Il n'y aura certainement pas d'ordres
donnés par la sous-commission à la commission et certainement pas
d'ordres de la commission à l'Assemblée nationale; ce sera tout
simplement des recommandations que la sous-commission pourrait faire à
la commission de l'Assemblée nationale, laquelle commission reverra le
travail de la sous-commission et fera les recommandations nécessaires
à l'Assemblée nationale.
En d'autres termes, il faut un peu, peut-être, sortir des cadres
du gouvernement vis-à-vis la gestion des sociétés d'Etat
et permettre plus à l'Assemblée nationale d'entrer de plein pied
dans son travail de gestion, dans le fond, la deuxième ou
première partie du mandat que les membres de l'Assemblée
nationale, les députés, ont reçu en étant
élus de la population de leur comté. Je comprends qu'il y a un
facteur temps de la part du ministre et il y a d'autres facteurs auxquels il
faudrait répondre à cause de ces objections.
Motion d'amendement
Voilà pourquoi, M. le Président, je serais prêt
à présenter une motion d'amendement à la motion du
député de Richmond qui dirait ceci: Que la motion
présentée par le député de Richmond soit
modifiée, premièrement, pour répondre aux premières
objections majeures de la part du ministre lorsque le ministre dit: Les mots
clefs seront dès le début de la prochaine session. Que cette
motion soit modifiée, premièrement, en retranchant dans
les deuxième et troisième lignes les mots "dès le
début de la prochaine session de cette législature";
deuxièmement, en remplaçant tous les mots après
"sociétés d'Etat" dans la cinquième ligne par les mots
suivants: si vous voulez suivre sur ma motion d'amendement parce qu'on a
voulu tout simplement la mettre encore plus souple pour répondre aux
objections du ministre "et que d'ici le 1er mars 1979, une
sous-commission, formée conformément aux dispositions de
l'article 143 du Règlement, siège pour étudier et faire
des recommandations à la commission de l'Assemblée nationale
voyez "recommandations" encore une fois sur le mandat et sur les
pouvoirs qui seront confiés à cette nouvelle commission
permanente ainsi que l'aide technique nécessaire à son bon
fonctionnement." (21 h 15)
La motion ainsi modifiée, M. le Président, se lirait comme
suit: "Que les membres de cette commission recommandent que le Règlement
soit modifié de manière à permettre la création de
la commission élue permanente des sociétés d'Etat et que
d'ici le 1er mars 1979, une sous-commission, formée conformément
aux dispositions de l'article 143 du Règlement, siège pour
étudier et faire des recommandations à la commission de
l'Assemblée nationale sur le mandat et sur les pouvoirs qui seront
confiés à cette nouvelle commission permanente ainsi que l'aide
technique nécessaire à son bon fonctionnement."
M. le Président, je termine sur ces simples mots en disant que
notre volonté, c'est d'accepter le principe que nous avons besoin d'un
outil quelconque au cours du prochain mandat, et, je pense bien, même
sans mentionner au cours du prochain mandat, et se donner l'outil
nécessaire au gouvernement, avec une sous-commission qui siégera
à huis clos pour travailler plus intensément à
répondre à chacune des objections du ministre, d'une part, ou des
députés de l'Opposition ou des députés du
gouvernement, d'autre part et, finalement, qu'on trouve les outils par cette
sous-commission. Je ne veux pas que nous donnions d'ordre à
l'Assemblée nationale, mais que cette sous-commission ne fasse que faire
des recommandations à la commission de l'Assemblée nationale qui,
elle, à son tour, jugera à propos de faire les recommandations
nécessaires à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le chef de l'Union
Nationale.
A moins que la commission ne désire faire un débat sur la
recevabilité, je peux vous dire que je suis suffisamment informé
pour la déclarer recevable ou irrecevable. J'ai lu attentivement la
motion principale, qui est une recommandation de modifier l'article 135 jadis
de notre règlement, déjà modifié par le
règlement sessionnel, qui a porté de seize à 27 le nombre
des commissions parlementaires, la 27e étant cette commission dont nous
sommes membres ce soir, et en vertu de l'article 70 du règlement sur la
technique d'amendement d'une motion, cette motion me paraît techniquement
très recevable.
Quant, non pas sur le fond de la motion principale, je dis simplement
ceci je ne donnerai pas un cours de droit parlementaire qu'elle
ne fait qu'y changer une date et y ajouter des éléments, et le
fait d'ajouter, ce n'est pas le fait de retrancher, ni d'exclure, par
conséquent, la motion est déclarée recevable.
M. Landry: Cela me rappelle le bon temps de
l'université.
Le Président (M. Cardinal): Sur ce nous allons parler de
la motion d'amendement de M. le député de Lotbinière et
chef de l'Union Nationale.
Sur la motion d'amendement, j'avais presque promis à M. le
député de Saint-Laurent de s'exprimer, mais je ne sais pas si,
dans les circonstances, il préfère attendre.
M. Forget: Non, s'il n'y a pas d'objection. Je vais être
bref, de toute façon.
Le Président (M. Cardinal): Alors, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vais être bref parce que, de toute
façon, cette commission n'aurait probablement que cette qualité
à son crédit, si on pouvait la lui conférer, c'est celle
de la brièveté, étant déjà acquis qu'elle
sera futile puisque, d'après les remarques du ministre, il y a quelques
minutes, il semble bien évident qu'il n'existe du côté
gouvernemental quelque désir que ce soit de déboucher de ce
côté. L'ensemble des arguments qui viennent de nous être
présentés ne sont pas vraiment sérieux et reflètent
beaucoup plus toutes sortes d'objections soi-disant techniques pour refuser de
considérer une vérité toute simple, soit que
l'Assemblée nationale, dans le passé, dans la période que
nous traversons et dans l'avenir prévisible, va continuer de tenir des
séances de toutes sortes en commission parlementaire pour entendre
l'exposé de problèmes propres aux sociétés
d'Etat.
Le ministre a lui-même indiqué que, lorsqu'elle le fait,
elle le fait dans des conditions insatisfaisantes, frustrantes,
déplorables, ce qui veut dire que ces conditions frustrantes
déplorables et insatisfaisantes vont se perpétuer pendant un bon
moment. J'ai été frappé par le souci du ministre de nous
faire l'exposé des consultations nombreuses qu'il veut faire parmi les
fonctionnaires, les employés des sociétés d'Etat et il
semble placer au dernier rang le désir des parlementaires de s'organiser
de façon intelligente pour participer à l'examen des
activités des sociétés d'Etat.
La notion selon laquelle l'Assemblée nationale, dans un
régime parlementaire, ne peut pas avoir d'employés, de
fonctionnaires qui l'aident à faire son travail, n'a même pas la
valeur du papier sur lequel elle pourrait être écrite, si elle
était écrite. L'Assemblée nationale a plusieurs centaines
d'employés à l'heure actuelle qui l'aident à faire toutes
sortes de tâches. Il n'y a personne ni aucun document qui nous permet
d'affirmer qu'un Parlement de type britannique doit nécessairement
être un organisme amateur, sans ressource,
sourd et aveugle, incapable d'évaluer par du personnel de soutien
des dossiers techniques. Prétendre que c'est cela le parlementarisme, je
pense que c'est se payer la tête des gens.
Ce qu'il faudrait qu'il y ait, pour que ces rencontres soient
fructueuses c'est du côté gouvernemental un désir
véritable de passer à l'action. Cela fait déjà deux
ans qu'on nous dit qu'on pense aux sociétés d'Etat, qu'on veut
améliorer les contrôles, l'évaluation. On vient de savoir
la raison pour laquelle cela ne se fera pas à l'Assemblée
nationale, M. le Président. On vient de nous dire qu'on a
déjà créé, dans différents
ministères, des postes, des structures pour faire ce travail-là
et, comme d'habitude, le gouvernement va préférer le faire
lui-même plutôt que de le faire dans le forum plus ouvert et plus
démocratique du Parlement.
C'est bien dommage, parce que c'est une occasion manquée, non
seulement pour les membres de l'Opposition qui le déplorent ouvertement,
mais pour les membres de la majorité qui, à un certain temps dans
le passé pas tellement éloigné, ont cru que le parti
auquel ils adhéraient et le gouvernement qu'ils appuyaient, avaient
l'intention de valoriser quelque peu le rôle du député.
Pour cela, il n'est pas besoin de 25 000 études, il est question
simplement de le décider, de décider d'équiper le
Parlement, au départ modestement pour la tâche qu'il va faire de
toute façon, sans délai, sans attendre. Cette semaine même,
la semaine dernière, nous avions des sociétés d'Etat qui
ont comparu devant l'Assemblée nationale et les députés
n'étaient pas les mieux équipés possible, c'est le moins
qu'on puisse dire pour faire honneur à leurs responsabilités dans
ce contexte-là. Donc, la même chose va continuer pendant qu'on
argumente sur la procédure, sur la question de savoir quel paragraphe de
notre règlement il conviendrait de modifier et quel mot changer sur
telle ligne ou sur telle autre. C'est, dans le fond, une discussion qui n'a pas
grand intérêt tant et aussi longtemps que le gouvernement
n'indique pas clairement ce qu'il va faire. Il n'y a pas besoin d'études
là-dessus.
Sur la question de la sous-commission, plus précisément,
on peut aussi se poser des questions. Il semble, d'après les
réponses du ministre, que rien ne pourra se faire tant que le
gouvernement n'aura pas décidé quelle envergure donner à
cette étude, combien d'effectifs lui attribuer, combien de
sociétés d'Etat et quel définition leur donner. Autrement
dit, on veut, dans cette commission parlementaire, hypothétique sur les
sociétés d'Etat, fonctionner comme on fonctionne dans toutes nos
commissions parlementaires, c'est-à-dire largement sous la houlette et
sous l'autorité du gouvernement.
Or, des commissions parlementaires qui ne se font que l'écho de
la majorité ne joueront pas un rôle plus important ou
différent de celui que joue déjà l'Assemblée
nationale puisque les résultats en sont acquis d'avance. Si c'est, dans
tous les cas, le leader parlementaire du gouvernement qui décide de la
convocation, de l'ordre du jour des travaux, des gens qui sont
convoqués, etc., et si une commission parlementaire constituée
sur le sujet des sociétés d'Etat en particulier n'a aucune
autonomie, n'a aucun personnel que celui que lui prêtent les
ministères, on s'amuse tout simplement et on perd notre temps.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, sans perdre
davantage le temps de tous ceux parmi nous qui ont passablement de
législation à adopter, je n'ai pas l'intention de
m'étendre plus longtemps. Je peux simplement prendre acte de la
futilité de la discussion qui se déroule ici et qui s est
déroulée depuis quelques jours en commission parlementaire. Cela
ne donnera rien, parce qu'il est évident que le gouvernement ne veut pas
que cela donne quelque chose.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, j'espère que le
député de Saint-Laurent ne parle pas au nom de son parti ce soir
puisqu'il est de passage simplement à la commission de
l'Assemblée nationale, n en étant pas un membre permanent.
D'ailleurs, j'excuse très volontiers l'ensemble de ses propos de ce
fait, du seul fait qu'il ne connaît pas, j'allais dire, la ligne de parti
qui a été développée jusqu'à maintenant ici
à cette commission depuis deux ans notamment, depuis ces deux ans que je
participe à cette commission.
M. Forget: Si vous vous enlignez sur cette ligne, vous allez
être interrompu souvent.
M. Fallu: ... du fait que justement...
M. Forget: J'aime autant vous avertir. Dites donc ce que vous
avez à dire!
M. Fallu: Justement.
M. Forget: Pour vous-même, sans faire de commentaires sur
les autres.
M. Fallu: Je regrette, je veux précisément repartir
de la ligne de parti du Parti libéral à cette commission
et...
M. Forget: Comme vous n'en avez pas vous-même, alors,
parlez donc de la ligne de parti des autres. Ce sera plus intéressant,
au moins.
M. Fallu: Non, elle est... Pour une fois...
Le Président (M. Jolivet): M. le député...
article 100.
M. Fallu: Pour une fois, elle est positive, donc puis-je en
parler? Sauf qu'il y en a qui l'ont oubliée, c'est autre chose. S'il y
en a qui ne lisent pas les galées, c'est autre chose.
M. Forget: Cela ne sert à rien pour nous d'avoir une ligne
de parti si le gouvernement refuse de faire quoi que ce soit.
M. Fallu: M. le Président, j'allais faire un compliment au
Parti libéral et pour une fois, je tombe mal.
M. Forget: Sauvez votre salive. De toute façon...
M. Fallu: Bon. J'allais néanmoins dire ceci, que depuis
deux ans à cette commission, nous cherchons un moyen, comme ce soir
d'ailleurs, d'orchestrer la relation entre les sociétés
nationales et l'Assemblée nationale comme telle. L'une de ces
recommandations qui nous a été faite et qui traîne dans le
paysage depuis deux ans, sur laquelle, d'ailleurs, comme whip, j'allais dire
"orchestrateur" des travaux, comme leader parlementaire je sais que du
côté de notre ancien leader, nous avons énormément
travaillé, en relations d'ailleurs et à la suggestion du leader
du Parti libéral. C'est une recommandation extrêmement
intéressante, extrêmement positive, c'était de touver par
le biais de l'étude des crédits, c'est-à-dire à
l'intérieur même du parlementarisme tel qu'on le connaît
présentement, parlementarisme de type britannique, au moment où
on interroge l'exécutif et non pas l'exécutant, attention! au
moment où on interroge les crédits, d'orchestrer d'année
en année, peut-être faire une expérience sur deux ans, avec
un calendrier de commissions parlementaires, des crédits qui pourraient
permettre de faire comparaître, selon les ministres ou les commissions
intéressées, les sociétés d'Etat, les unes à
la suite des autres, en choisissant une année ou l'autre, la
société qu'on préférerait voir comparaître
"cette année-là".
Donc, cette démarche n'est pas neuve, ici, à cette
commission de l'Assemblée nationale; déjà, le Parti
libéral y a apporté ce qui m'a toujours apparu comme une approche
intéressante, extrêmement prospective, se fixant
précisément d'ailleurs dans le sens même de la
démocratie de type parlementaire britannique. Je voulais faire au
départ cet énoncé d'une main, avant de toucher à la
proposition, voire même l'amendement que nous avons maintenant devant les
yeux, car il fallait bien que l'on rappelle à cette commission que ce
n'était pas la première fois qu'elle était saisie de ce
problème.
Nous avons toutefois une proposition en bonne et due forme, c'est
vraiment au sens propre, la première fois que cela apparaît. Je
crois que le ministre d'Etat l'a souligné tantôt, de notre point
de vue, cette proposition est un peu prématurée. Je ne dis pas
qu'elle n'est pas recevable, loin de là. Je ne dis pas que ce n'est pas
l'outil idéal, loin de là. Je dis tout simplement, comme le
ministre d'Etat l'a dit tantôt, avec force argument, qu'elle est un peu
prématurée. Peut-être que dans trois mois, ce sera
effectivement la proposition que, j'allais dire, du côté
ministériel, nous ferons. Toutefois, je crois qu'il faut être
prudent, il faut, au départ, tester autre chose, examiner de plus
près, soit la Loi de la Législature, examiner de plus près
des expériences faites ailleurs, il faut examiner également des
suggestions déjà faites ici, y com- pris, à mon avis,
celles que le Parti libéral faisait, de façon presque ferme
d'ailleurs, il y a un an, ici même, à cette commission. (22 h
30)
Si vous me le permettez, M. le Président, je serai bref à
partir de maintenant, en disant à peu près ceci: qu'il
m'apparaît prématuré d'apporter une proposition qui
détermine une solution précise, à savoir que l'on
recommande à l'Assemblée nationale de constituer une nouvelle
commission, avec des pouvoirs précis.
Je serais d'accord, par ailleurs, que l'on recommande à un
sous-comité qu'il étudie entre autres cette approche. C'est
peut-être d'ailleurs à cette solution que ce sous-comité
arriverait ou arrivera, éventuellement. Je n'en sais rien. Je dis que,
pour le moment, il est prématuré. Il est prématuré,
et à cela, il y a un argument fondamental qui arrive à mon esprit
au départ. C'est la tradition même dans laquelle nous sommes. La
tradition, le chef de l'Union Nationale l'a souligné, c'est la tradition
de type britannique. C'est, comme il le disait lui-même, à travers
un ministre que nous examinons une société d'Etat. Il avait tout
juste raison.
Le contrôle que les parlementaires ont sur les
sociétés d'Etat se fait à travers le contrôle que
les parlementaires possèdent sur l'exécutif. En
conséquence, il faut vraiment examiner la constitution-nalité, je
m'excuse de ce grand mot, M. le Président, mais il faut vraiment y
réfléchir à deux fois, il faut vraiment examiner la
constitutionnalité d'une telle commission.
Si, d'un commun accord, nous sommes prêts, après avis,
à fonctionner dans un tel cadre, je veux bien. Peut-être. Mais il
faut, au départ, pour des raisons de prudence, examiner la
constitutionnalité d'une telle recommandation.
C'est pour cela qu'il m'apparaît donc prématuré de
proposer une solution déterminée. Je demanderais, en
conséquence, de réfléchir plutôt à l'ensemble
des moyens. Quand je dis réfléchir, cela ne veut pas dire d'ici
un an, c'est vraiment d'ici quelques mois, réfléchir à
l'ensemble des moyens qu'on pourrait mettre sur pied pour arriver à un
meilleur contrôle, comme parlementaires, je dis bien, comme
parlementaires, des sociétés d'Etat, mais non pas d'une
façon exclusive, par le biais d'une commission élue permanente de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, très brièvement
également. Tout d'abord, vous me permettrez tout simplement de faire une
remarque à la suite des propos qui ont été tenus par le
député de Saint-Laurent tout à l'heure. D'abord, dans un
premier temps, si le député de Saint-Laurent avait relu le
galée de la première séance de notre commission
parlementaire à laquelle il n'a pas pu être présent,
peut-être pour des raisons valables, j'imagine, il aurait vu que nos
propos étaient loin d'être futiles, parce qu'on a quand même
établi certaines coor-
données en ce qui concerne la situation des
sociétés d'Etat. Les intervenants, d'un côté ou de
l'autre de la table, du côté du gouvernement, comme du
côté de l'Union Nationale, comme le représentant
libérai à ce moment-là, le député de
Gatineau, avaient clairement indiqué le bien-fondé de la motion
qui avait été adoptée à l'unanimité avant,
par l'Assemblée nationale, sur la proposition du chef de l'Union
Nationale, qui avait été votée également par les
autres membres du Parti libéral que représente le
député de Saint-Laurent à cette table.
Compte tenu de tout cela, je ne comprends pas tellement ce soir les
propos du député de Saint-Laurent, qui arrive devant cette
commission parlementaire, un peu comme un cheveu sur la soupe, et qui dit:
C'est une commission futile. Je comprends alors qu'il fait des remarques,
pendant que je parle, tout en lisant à moitié son discours, que
cela peut paraître futile, quand on n'a pas tout l'esprit consacré
à ce qu'on fait.
Par contre, M. le Président...
M. Forget: Là, c'est encore suffisant pour vous
comprendre, dans le moment.
Le Président (M. Cardinal): Je comprends qu'en commission
parlementaire, il y a une certaine souplesse, mais, quand même, ce n'est
pas la ligue du vieux poêle. M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je suis très content de constater que,
malgré sa demi-oreille, le député a quand même
réussi à mettre son journal de côté. Il y a donc une
coordination assez rapide du mouvement entre l'intellect et l'action... c'est
quand même assez bien.
Le Président (M. Cardinal): Ne me provoquez pas davantage,
revenez à la pertinence du débat.
M. Brochu: M. le Président, c'était simplement pour
vous rappeler que je ne comprenais pas tout à fait et que les propos du
député me semblaient, à ce moment-là, contraires
à ceux même tenus par ses collègues en Chambre et à
cette même commission parlementaire, concernant le besoin de s'attabler
autour de ce problème qui dure, comme l'avait indiqué le
ministre, lors de la première séance de la commission où
le député était absent, depuis une vingtaine
d'années. Tout le monde le déplore justement. On veut s'approcher
plus près du problème et trouver une forme d'approche qui
permette de donner des résultats dans la pratique. C'est essentiellement
le but de cette commission.
Pour démontrer également, pour le bénéfice
du député de Saint-Laurent qui est maintenant plus attentif, le
fait que cette commission parlementaire n'est pas tout à fait...
M. Forget: Je vais reprendre mon journal.
M. Brochu: ... futile, je prends simplement ici
l'éditorial du journal Le Soleil du 7 décembre; on dit ceci
c'est sous la plume de M. Paul Lachance "La motion
présentée à la reprise de la session d'octobre par M.
Rodrique Biron en vue de donner aux députés un droit de
contrôle et de surveillance sur les sociétés d'Etat a
heureusement donné lieu à la convocation d'une commission
parlementaire. Bien plus, fort conscient de l'envergure du problème
d'ailleurs souligné par le ministre Parizeau dans son discours du
budget, le gouvernement a ajouté une dimension nouvelle à la
demande originale et qui touche le contrôle qu'il peut exercer, lui, sur
ces sociétés d'Etat ". Il termine en disant: "Percer le secret
dans lequel, consciemment ou non, plusieurs de nos sociétés
d'Etat semblent vouloir fonctionner, voilà qui serait primordial dans
l'optique de la motion unioniste en donnant au contrôle parlementaire sa
pleine valeur, voire sa principale raison d'être. Espérons que le
débat sur le sujet n'aboutisse pas à un cul-de-sac politique,
c'est toujours le danger qui plane sur l'Etat providence". Il y a d'autres
éditoriaux qui vont dans le même sens également.
M. Bisaillon: Le "commercial" est passé? Le "commercial"
est fini?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Sainte-Marie, c'est normal, chaque parti le fait.
M. Bisaillon: Chaque parti fait son "commercial".
M. Brochu: Oui, vous aurez même le loisir, en vertu de nos
règlements...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Richmond, veuillez poursuivre s'il vous plaît.
M. Brochu: Je ne voudrais pas soulever la question, mais vous
aurez même le loisir d'en faire autant.
Le Président (M. Cardinal): Veuillez poursuivre.
M. Brochu: C'est simplement pour bien situer le
député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Richmond, adressez-vous à la présidence qui vous écoute
avec beaucoup d'attention.
M. Brochu: J'aimerais seulement revenir sur la proposition
d'amendement qui a été faite par le chef de l'Union Nationale et
rappeler à l'attention des membres de cette commission et du ministre
que la proposition qui est maintenant faite par le chef de l'Union Nationale,
celie de modifier la motion que j'avais proposée, en enlève en
fait la lourdeur, du fait qu'il y a une date fixe pour rendre un jugement
définitif sur la création de cette dite société de
surveillance ou de regard sur les sociétés de la couronne.
Finalement, ce qui est proposé dans le texte de la motion telle
que présentée par l'Union
Nationale, c'est qu'une émanation de notre commission qui peut
siéger à huis clos fasse un certain déblayage. Son mandat
était uniquement de faire ensuite des recommandations à la
commission de l'Assemblée nationale qui sera maître de les
appliquer ou non, mais, au moins, cela permettra, dans un premier temps, de
faire un certain déblayage à ce niveau, au niveau de toutes les
données que le ministre a indiquées, tant au niveau de la
typologie de l'ensemble des sociétés d'Etat que de leur mode de
gestion, etc., du moins à première vue.
Cette commission qui est demandée par la motion d'amendement du
chef de l'Union Nationale demande que, d'ici le 1er mars, on fasse un certain
rapport, ce qui ne voudrait pas dire essentiellement que la commission
c'est clair dans le texte ait fini son mandat. Cette sous-commission
pourrait même siéger pendant plusieurs autres semaines et
plusieurs autres mois et elle pourrait même arriver, paradoxalement,
à la conclusion que ce n'est même pas souhaitable, la
création de cette société, tel qu'on en a discuté
jusqu'à maintenant. Ce serait peut-être une autre formule. Je le
donne à titre théorique.
M. Bisaillon: Est-ce que le député me permettrait
une question?
M. Brochu: Un instant! Non. Si vous me permettez, je vais
continuer mon...
Le Président (M. Cardinal): Si... Il ne le permet
pas...
M. Brochu: Je ne la permets pas.
M. Bisaillon: II ne permet pas de question.
Une Voix: C'est bien théorique.
M. Brochu: Elle pourrait même théoriquement arriver
à cette conclusion ultime pour vous dire que le mandat qu'on
prévoit à l'heure actuelle par la motion d'amendement est
tellement large en permettant seulement un déblayage au point de
départ qu'après quelques semaines ou quelques mois, la
sous-commission ayant siégé, elle pourra proposer des
recommandations qui ne lient pas la commission actuellement, mais cela
permettra un premier travail là-dedans.
M. Bisaillon: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Brochu: Certainement. Il est tard, je vais vous laisser une
chance, cela va vous permettre d'aller vous coucher.
M. Bisaillon: S'il me le permet. C'est seulement pour vous
demander si ce que vous venez de dire correspond davantage à la motion
qui a été annoncée par le ministre qu'à la motion
amendée que le chef de l'Union Nationale vient de faire, parce que ce
que...
M. Brochu: Non, je m'aperçois que votre question n'est pas
nécessaire. J'ai lu les deux motions et ce qui est important... Je vais
répondre...
M. Bisaillon: J'ai fini l'intervention, M. le
Président.
M. Brochu: Ce qui est important, c'est que, dans la motion qu'on
m'a tendue tout à l'heure, celle que le ministre a
présentée, on ne reconnaît pas le principe de la
création d'une société de surveillance, mais on a besoin,
pour que la sous-commission repose sur quelque chose, qu'elle s'aligne vers un
mandat quelconque. C'est dans ce sens qu'on veut qu'on reconnaisse le principe
et le ministre lui-même, dans ses premières interventions, la
semaine dernière, a dit: Oui, il faut absolument qu'on trouve un mode de
contrôle. Cela pourrait être une avenue. La sous-commission
pourrait explorer cette avenue et faire les recommandations en ce sens qu'elles
ne lient pas l'Assemblée nationale, ni la commission comme telle
actuellement. C'est une nuance que je voulais apporter au ministre.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! J'avais
déjà reconnu M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je souligne justement un fait précis aux
membres de cette commission. M. le député de Lotbinière,
que j'ai suivi avec beaucoup d'attention, comme tous les opinants de cette
commission, avait déjà mentionné cette condition sine qua
non de l'amendement.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, ensuite, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Scowen: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, votre micro, s'il
vous plaît!
M. Scowen: Si je donne quelques commentaires à titre
personnel, j'espère que vous ne penserez pas que mes déclarations
vont à l'encontre de celles du député de Saint-Laurent. Il
a beaucoup d'expérience dans ces commissions parlementaires. Je suis
d'accord, en principe, avec les décisions qu'il va prendre quant
à notre appui ou non à votre amendement.
La première chose que je dois dire, c'est que je crois que c'est
une question hautement importante qu'on commence à faire quelque chose,
à la fin, à l'Assemblée nationale. Si c'est la meilleure
façon de démarrer, je ne sais pas, mais que quelque chose
commence et vite, je suis complètement d'accord. J'avais, il y a deux
ans maintenant, l'occasion de faire une espèce de recherche dans ce
domaine pour M. Saint-Pierre, le ministre de l'Industrie et du Commerce,
à l'époque. Il avait la responsabilité de deux ou trois de
ces sociétés d'Etat. J'ai remarqué qu'il existe
énormément de questions à résoudre dans la gestion,
le contrôle et la responsabilité de ces sociétés
d'Etat. Simplement à titre d'exemple, je nommerai Marine Indus-
trie, où vous avez un PDG, M. Brisson. Il faut décrire les
responsabilités de M. Brisson envers la société. Ensuite,
vous avez un conseil d'administration. Il faut, quand vous invitez des membres
à siéger à ce conseil d'administration, que vous donniez
des responsabilités à ce conseil d'administration et au
président, qui est aujourd'hui, M. John Dinsmore. Quelles sont ses
responsabilités? Ensuite, vous montez au PDG de SGF, qui était
à l'époque, M. David. Il faut que vous lui donniez quelques
responsabilités bien définies. Ensuite, vous avez un conseil
d'administration de la SGF, avec le président. C'était, à
l'époque, M. Massé. Vous étiez obligés d'inviter
des administrateurs de l'extérieur pour siéger et ils vous
demandaient: Quelles sont mes responsabilités? On est rendu à
quatre niveaux maintenant, quatre étages, et on vient de commencer,
parce qu'ensuite, on arrive au ministère.
A l'époque, il y avait la grande question, à savoir si ces
sociétés doivent relever directement du ministre et de son
cabinet ou du ministère même. Il y avait des possibilités
pour un sous-ministre, comme vous en avez maintenant. A l'époque, on
n'en avait pas. Alors, vous avez des responsabilités à donner
à ce sous-ministre, et ensuite, au ministre.
On est maintenant rendu à six étages. Ensuite, vous
arrivez au Conseil des ministres, au Conseil exécutif. A
l'époque, je pense que c'était M. Coulombe qui voulait avoir un
peu de contrôle sur ces sociétés dans le Conseil
exécutif. Vous avez le ministre des Finances et vous aviez très
souvent deux ou trois autres ministères qui avaient un certain
intérêt; par exemple, le ministère des Richesses
naturelles, et d'autres. Vous êtes maintenant rendus à huit ou dix
niveaux de responsabilités et ce n'est pas encore fini. Vous êtes
obligés de faire face à l'Assemblée nationale et aux
commissions. Ce sont beaucoup d'étages et beaucoup de
responsabilités. Vous voyez facilement la quantité énorme
de problèmes pour satisfaire tout le monde. Cela devient encore plus
compliqué, parce que vous avez des personnes comme le président
M. Gignac, qui n'a pas la même personnalité qu'un président
comme M. Jean-Roch Brisson; leurs personnalités, leur perception de
leurs responsabilités diffèrent. Cela ne veut pas dire qu'un ou
l'autre soit mauvais mais simplement qu'on travaille avec des êtres
humains. (22 h 45)
Quand je regarde ce problème aujourd'hui et quand je le regardais
il y a trois ans, j'ai su très vite que ce n'était pas facile
à résoudre. J'ai écrit certains documents qui existent
encore et qui faisaient des suggestions. J'ai été porté,
dans mes réflexions, à faire une comparaison avec l'entreprise
privée où vous avez, en quelque sorte, les mêmes
problèmes: vous avez des actionnaires, vous avez le conseil
d'administration, vous avez le président-directeur général
et, souvent, vous avez des filiales. Il existe selon moi une différence
très profonde entre le secteur privé et le secteur public, quand
on fait cette comparaison. La différence est que les actionnaires, les
pauvres action- naires des sociétés d'Etat ne peuvent
échapper à rien. Si je détiens des actions dans Marine
Industrie, une entreprise privée, et que je trouve que cela fonctionne
mal et que je n'aime pas l'administration, etc., je peux simplement aller
à la Bourse et vendre mes actions dans la société au prix
du jour et je peux acheter des actions dans une autre société.
Mais, si je suis un contribuable, je suis pris avec cette société
parce que le propriétaire est indivisible; ou le gouvernement retient la
société ou il ne la retient pas et le pauvre contribuable est
obligé de continuer là-dedans.
Pour moi, ce fait impose à l'Assemblée nationale une
certaine responsabilité qui est très importante. J'ai des
réserves sur les possibilités de l'Assemblée nationale ou
une commission de l'Assemblée nationale de faire un travail approfondi
dans ce domaine, et ce pour des raisons encore très humaines. Concernant
l'analyse des activités de telles compagnies, c'est bien difficile pour
une personne qui est, premièrement, énormément
chargée par d'autres responsabilités, qui n'a souvent pas les
connaissances dans le domaine de I'industrie et du commerce qu'une telle
analyse impose et qui est en plus privée du personnel de soutien qui
peut l'aider.
Une chose pour moi est certaine. Nous devons avoir un certain
contrôle de l'Assemblée nationale dans ce domaine. L'essentiel est
que l'Assemblée nationale ait un contrôle très serré
sur la mission de chaque société d'Etat. Avant qu'on accepte de
commencer ou d'acheter dans le secteur qu'on appelle société
d'Etat, nous devons avoir une mission bien définie et une acceptation
non seulement par une commission parlementaire mais par l'Assemblée
nationale qu'on doit y aller.
A titre de comparaison, je vous donne deux exemples. Je pense que
l'amiante est un sujet qui a été longuement discuté ici
depuis quelques mois. Je ne suis pas du tout d'accord avec la décision
qui a été prise ce soir mais, tout de même, il faut
admettre que l'Assemblée nationale avait l'occasion de discuter, de
débattre, de parler de l'avantage ou non de s'impliquer dans ce secteur
de l'amiante. A titre de comparaison, je veux parler un peu de la
pétrochimie. La SGF a annoncé dans les journaux, la semaine
passée, qu'elle avait l'intention de se lancer dans un nouveau secteur,
la pétrochimie, sans consultation avec l'Assemblée nationale ou
une commission parlementaire. Le démarrage dans un tel secteur peut
avoir des conséquences énormes d'ici 15, 20 et même 5 ans.
Je ne sais pas si quelqu'un a décidé que le gouvernement devait
s'impliquer dans les chantiers navals. Je ne sais pas quelle étude a
été faite, mais, aujourd'hui, nous sommes obligés de faire
face à des pertes de millions et de millions de dollars avec un avenir
incertain, et je suis persuadé que l'Assemblée nationale comme
telle, n'avait jamais approfondi la question de regarder de plus près ce
qui se passe dans les chantiers maritimes.
Pour moi, il y a une chose qu'on doit sortir de cette commission, une
chose que je pense que les députés peuvent faire d'une
façon acceptable et
efficace, c'est d'insister pour que chaque filiale, chaque
société d'Etat rende chaque année, ou tous les deux ou
trois ans, compte de son mandat. Il faut surveiller, cela dépend un peu
probablement de la société, pour qu'elle définisse
très précisément sa mission. Je pense que le document que
la SGF a déposé la semaine dernière est un départ,
mais c'est loin d'être assez précis pour moi. C'est simplement un
bon départ. Ces missions doivent être très bien
définies et tous les niveaux que j'ai décrits doivent être
tenus d'une façon très serrée à l'intérieur
de cette mission jusqu'à ce qu'elles proposent et que l'Assemblée
nationale l'accepte, un changement, un élargissement de cette
mission.
La mission doit comporter au moins deux aspects, deux volets.
Premièrement, des données écrites, qui décrivent la
mission, et, deuxièmement, des chiffres qui vont parler de l'ampleur du
marché défini, de la croissance du marché, du pourcentage
du marché que la société a l'intention de chercher, le
tout chiffré, en d'autres mots, un plan chiffré pour un an, deux
ans ou trois ans.
Avec un plan et une mission, je pense que c'est possible pour les
amateurs, des personnes qui ne sont pas professionnelles dans ce domaine, au
moins de comparer le plan, la mission avec les réalisations.
A part cela, une fois que cela est décidé, que la mission
est surveillée, j'ai certaines réserves sur la
nécessité ou même la possibilité d'aller plus loin.
Je pense que le gouvernement doit regarder de très près ce
problème à tous les niveaux que j'ai décrits et essayer
d'assainir cette situation parce que, pour au moins, moi, il y en a beaucoup
trop.
C'est assez pour le moment, je pense.
Le Président (M. Cardinal): Justement pour que l'on
continue dans le même ordre, M. le député de Sainte-Marie,
je vous avais reconnu et je reconnaîtrai ensuite le député
de Saint-Laurent, qui n'avait pas épuisé son temps.
M. Bisaillon: ...
Le Président (M. Cardinal): Non. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Depuis deux ans, j'ai trop discuté de
réforme parlementaire pour laisser passer cette question sans
intervenir. J'ai, entre autres choses, trop discuté de la question du
contrôle par les parlementaires des sociétés d'Etat, en
particulier avec le député de Saint-Laurent et le
député de Richmond, qui avaient participé à un
comité qui devait se pencher sur un certain nombre de réformes.
Au moment de nos discussions, je pense que tout le monde était d'accord
pour dire que ce contrôle des parlementaires devait exister.
Tout le monde était d'accord aussi pour dire que ce
contrôle ne pouvait et contrôle n'est pas pris au sens
péjoratif c'est un contrôle parlementaire se faire
sans une assistance technique quelconque, que le comité si le
député de Saint-Laurent s'en souvient bien n'avait pas
précisé outre mesure. Dans ce sens, la commission de
l'Assemblée nationale qui siège peut nous permettre de faire un
pas de plus. Je ne peux pas, quant à moi, accepter que le
député de Saint-Laurent laisse supposer une seconde que, du
côté ministériel, on ne soit pas d'accord avec la
démarche qui doit nous conduire à un contrôle des
sociétés d'Etat par les parlementaires. Au contraire, je pense
que l'objectif est là.
Quant aux modalités, si, pour l'instant, on ne s'entend pas sur
chacun des mots, l'objectif de la création d'une sous-commission doit
justement viser à faire en sorte qu'un certain nombre de parlementaires
puissent discuter plus à fond et rapporter au niveau de
l'Assemblée nationale ses recommandations.
Par ailleurs, dans la proposition du chef de l'Union nationale qui est
amendée, je me baserai sur l'argumentation du député de
Richmond pour dire que ce n'est pas, quant à moi, satisfaisant face aux
objectifs qu'on poursuit. Le député de Richmond a dit qu'il
s'agit d'étudier la question et on pourra se rendre compte, en fin de
compte, qu'il y a peut-être d'autres moyens que celui qu'on propose
maintenant, qui sont nécessaires. Or, d'autres moyens, cela va à
l'encontre même de la proposition, puisque, dès le départ,
dans la proposition du chef de l'Union nationale, on se fige dans la
reconnaissance du principe d'une commission permanente des
sociétés d'Etat. Or, l'analyse de la sous-commission pourrait
fort bien permettre aux membres d'en arriver à la conclusion que, comme
il y a des sociétés d'Etat de type différent, il faille
avoir deux ou trois commissions, dont une plus technique, qui nécessite
une aide technique particulière alors que les deux autres peuvent se
dérouler, se tenir, sans nécessairement avoir une aide technique
particulière.
Je donne un exemple, sans présumer des travaux d'une
sous-commission. Mais juste pour démontrer que l'argumentation du
député de Richmond et j'avais raison de vouloir lui poser
la question tantôt va à l'encontre de la proposition du
chef de l'Union Nationale, mais que, dans le fond, l'argumentation
développée par le ministre d'Etat tantôt, celle
développée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce et des représentants de l'Union Nationale
reconnaissent au moins une chose sur laquelle tout le monde s'entend, c'est le
principe qu'il faut que les parlementaires exercent un contrôle sur les
sociétés d'Etat, et c'est le principe sur lequel on s'entend.
Partons donc du principe sur lequel on s'entend pour créer une
sous-commission qui va se pencher sur les modalités d'application de ce
contrôle, et on reviendra, par la suite, pour faire les autres
débats.
Moi, M. le Président, c'est ce que je voulais dire. Je pense que
la proposition du chef de l'Union Nationale va trop dans le détail, peut
jusqu'à un certain point, même si elle présente au
départ l'avantage de vouloir tout englober, empêcher
jusqu'à un certain point une sous-commission d'aller plus loin, parce
qu'elle voudrait dépasser le cadre de ce qui est fixé dans la
proposition du chef de l'Union Nationale. Il exige la création
d'une commission, s'il y en avait trois, je pense bien qu'il ne dirait
pas non.
En terminant, M. le Président, je veux insister de nouveau
auprès du député de Saint-Laurent, pour qu'il ne nous
laisse pas sur cette note défaitiste, pessimiste, ce qui n'est pas son
habitude d'ailleurs, je dois reconnaître qu'habituellement il est
beaucoup plus positif que cela, qu'il ne nous laisse pas sur cette note et
qu'il reconnaisse que le gouvernement, depuis deux ans, non seulement a fait
des interventions dans le sens d'un contrôle par les parlementaires sur
les sociétés d'Etat, mais a réuni pour la première
fois, a forcé une société d'Etat qui s'appelait
Radio-Québec, à venir rendre compte devant une commission
parlementaire de son administration et de ses orientations et a, à la
suite de cette commission parlementaire, présenté ou
préparé à la Loi de Radio-Québec des amendements
qui vont forcer Radio-Québec à revenir chaque année devant
le Parlement comme, par exemple, Radio-Canada est obligée de le faire de
façon régulière au niveau fédéral.
Je pense, M. le Président, que, sur le principe, les
parlementaires s'entendent. On devrait rapidement passer à une motion
qui reconnaîtrait le principe et qui permettrait aux parlementaires
faisant partie de la sous-commission de vider la question et de nous faire des
recommandations précises quant aux modalités d'application.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Sainte-Marie. Avant de donner la parole d'abord
à M. le député de Saint-Laurent et ensuite à M. le
député de Richmond, je voudrais souligner un point technique, et
c'est M. le député de Sainte-Marie qui m'y amène. Depuis
tantôt, j'écoute les opinants, et je constate que l'on discute
autant de la motion d'amendement que de la motion principale,
c'est-à-dire que l'on discute du texte qui serait ceci s'il était
modifié. Je pense qu'il y a consentement pour que nous puissions
procéder de cette façon, ce qui sauverait du temps. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'avais pas, à
l'origine, l'intention de rien ajouter, mais comme on a effarouché bien
des bonnes gens à cette table, tout à l'heure, il faut
probablement faire un certain nombre de rappels. Comme on voulait remonter
à Mathusalem, il y a peut-être un certain nombre de choses qu'il
faut dire, justement pour aider à la compréhension, que je ne
qualifierai pas, par politesse, mais qui semble déficiente chez certains
de nos auditeurs, au moins. Il y a quand même une histoire à tout
cela, c'est vrai, et pour rassurer en premier lieu, peut-être le
député de Terrebonne, je dirais que, s'il se réfère
au communiqué que notre formation politique a publié en
septembre, on m'a confié la responsabilité des
sociétés d'Etat. Donc, je peux au moins avoir l'impression de
parler de façon autorisée. On me l'a peut-être
confié surtout parce qu'on envisageait ou on espérait qu'il y
aurait, sur le plan de la procédure parlementaire, à laquelle je
me suis intéressé, comme l'a dit le député de
Sainte-Marie l'an dernier, des développements intéressants. (23
heures)
II me semble que tout ce qu'on a réussi à dire,
jusqu'à maintenant, c'est magnifique de s'entendre là-dessus,
c'est que c'est un sujet important. Magnifique, magnifique! Je crois qu'on peut
féliciter l'Union Nationale qui souhaite recevoir nos
félicitations, évidemment, elle a soulevé un
problème important, cela ne lut arrive pas toujours, mais cette
fois-là, elle a touché juste. C'est un problème
important.
Mais ce n'est pas suffisant de soulever des problèmes importants,
on peut être très fort à diagnostiquer et voir tous les
patients mourir. C'est un peu ce qui est en train d'arriver au patient en
question.
Je vais revenir au passé. Il y a à peu près sept ou
huit semaines, il y a eu une motion de blâme présentée,
encore une fois, par l'Union Nationale qui, décidément, a
beaucoup de cohérence dans ce souci qu'elle apporte aux
sociétés d'Etat, depuis quelques semaines, motion de blâme,
dis-je, qui a été plaidée de part et d'autre, et au cours
de laquelle j'ai pris soin d'indiquer au porte-parole ministériel
à ce moment-là, celui qui avait la parole était le
ministre délégué à l'énergie de
façon répétée, et de préciser que lorsqu'il
y aurait une commission parlementaire, c'était le but de la motion
ce n'était pas une motion de blâme, c'était une
motion pour faire siéger une commission parlementaire, celle qui
siège ce soir qu'il y ait une proposition gouvernementale, qu'on
ne soit pas convoqué pour dire simplement entre nous que le
problème est important, mais qu'on ait des solutions apportées
par le gouvernement, qu'on se mouille du côté gouvernemental
vis-à-vis d'une solution.
Parce qu'il ne faut pas se faire d'illusion, si la majorité n'est
pas d'accord, on va travailler pour rien. Il commence à être temps
que le gouvernement se mouille, s'il veut faire quelque chose, qu'il dise ce
qu'il veut faire et qu'il ne convoque pas les parlementaires seulement pour les
faire tricoter. C'est ce que nous faisons ce soir. Il ne faut pas se faire
d'illusion, nous tricotons alentour du sujet.
M. Bisaillon: II y en a qui lisent, d'autres qui tricotent.
M. Forget: II s'adonne que dans certaines commissions
parlementaires, on peut lire, pendant de grands moments, sans perdre
grand-chose, comme certains de vos ministres l'ont illustré abondamment
d'ailleurs.
M. Bisaillon: Passez-moi votre journal.
M. Forget: Si vous le voulez, je vous le passe tout de suite.
Le Président (M. Cardinal): Pourvu que ce ne soit pas un
dépôt.
M. Forget: Alors, M. le Président, il reste que tout en
étant d'accord avec tout le monde, à savoir que c'est un sujet
important, tout en étant évidemment d'accord avec mon
collègue quant au genre de problèmes qu'il faudrait tirer au
clair dans une telle commission, il ne sert à rien de se dire tout
ça, il ne sert à rien d'écrire de savants mémoires,
il ne sert à rien de faire des commissions et des sous-commissions
indéfiniment, si la conception même de ce que peut être un
travail de parlementaires relativement aux sociétés d'Etat est
mise en échec et annoncée en quelque sorte par une liste de huit
ou neuf objections que le ministre nous a lues au début de la
séance de ce soir.
Si c'est dans cet esprit qu'on considère, à savoir s'il
faudrait une motion pour approuver d'avance le principe d'une commission sur
les sociétés d'Etat ou s'il faudrait seulement l'approuver en
principe après deux mois de travaux, alors, décidément, on
sera là, bien sûr, comme observateurs pour voir passer le train,
comme on a dit déjà, expression fort célèbre, on
ira voir passer les trains, mais on ne se fera pas d'illusion, il n'y a rien
dans le train, le train est vide. Tant que le train est vide, on discute,
encore une fois, pour rien. Cela fait de beaux débats, ça nous
donne l'air de s'en occuper, mais on ne s'en occupe pas. Pour cela, il va
falloir avoir du gouvernement une opinion, une position articulée qui
démontre qu'il croit vraiment que le Parlement a un rôle à
jouer là-dedans.
Sinon, on perd notre temps. C'est dans ce sens que j'ai fait mon
intervention au début, je regrette d'avoir offensé ceux qui se
sont cru offensés, mais il demeure que les bonnes intentions ne nous
mènent nulle part, il y en a trop eu de bonnes intentions.
M. Bisaillon: De 1970 à 1976.
M. Forget: Alors, est-ce que le gouvernement a quelque chose
à dire là-dessus? S'il n'a rien à dire pour l'instant et
qu'il nous invite seulement à délibérer en commun, je ne
suis personnellement pas très intéressé. Ce que je veux,
c'est de savoir si le gouvernement est prêt à se mouiller. S'il
n'est pas prêt à se mouiller, nous allons perdre notre temps.
Là-dessus, la motion du député de Richmond est valable.
Elle demande que la commission "se commette" en principe.
L'autre motion que s'apprête à nous présenter le
ministre refuse de "se commettre" en principe. Et c'est cela qui
m'inquiète M. le Président. C'est cela qui tire le bouton
d'alarme. Si on ne veut pas "se commettre" en principe, si on n'a pas, à
ce moment-ci, après nous l'avoir annoncée, après
même nous l'avoir promise, une position gouvernementale là-dessus,
c'est un noble effort; je veux en féliciter l'Union Nationale, cela nous
aura au moins appris que le gouvernement n'avait rien à dire. On est
donc un peu plus avancé qu'avant, parce que, avant, on pensait qu'il
avait peut-être quelque chose à dire, maintenant, on sait qu'il
n'a rien à dire. Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Très brièvement, pour revenir sur les
propos du député de Sainte-Marie, suite aux commentaires que j'ai
faits tout à l'heure, j'aimerais lui indiquer que lorsque j'ai dit que
la sous-commission, en dernier lieu, pourrait même recommander que ne
soit pas créée une commission de l'Assemblée nationale,
mon propos n'était absolument pas correct. Il avait raison de relever
mon propos dans ce sens-là. Cela ne tient pas du tout.
Ce que je voulais dire, essentiellement surtout, c'est que, au point de
départ, ce qui est important, comme vient de le souligner le
précédent opinant, c'est qu'on reconnaisse maintenant le principe
de la création d'une commission relativement aux sociétés
d'Etat et que, partant de ce fait, on ait un préjugé favorable,
en ce qui nous concerne, que la sous-commission qui siégerait
là-dessus arriverait à des résultats dans ce
sens-là.
C'est surtout ce que je voulais dire. Je veux rectifier ce fait pour
indiquer cela. Je crois que ce qui est important, à ce stade-ci, c'est
que la commission se prononce sur le bien-fondé de la création de
cette commission et que ce soit clair et net, qu'on sorte de la commission avec
quelque chose, avec la recommandation.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que c'est sur la motion
d'amendement? Oui, monsieur... Sur la motion d'amendement ou la motion
principale, selon ce que nous faisons présentement. M. le ministre.
M. Landry: D'abord, je retiens d'une intervention en particulier
que lorsqu'on veut s'impliquer profondément et sérieusement dans
le travail d'une commission parlementaire, il est mieux d'en suivre tous les
épisodes que de se contenter d'une seule partie. Le gouvernement a bien
exprimé, en première partie, comme on le retrouvera au journal
des Débats, son intention de pousser plus loin l'action qu'il a
entreprise, et sans qu'on ait les écrits pour le confirmer, le chef de
l'Union Nationale est ici pour le faire, nous avons essayé
d'établir un certain consensus, premièrement sur la
nécessité de l'action, ce qui n'a pas été
très compliqué, et nous avons même reconnu les
difficultés sérieuses que pose l'action, qui est une étape
supplémentaire.
Et je suis autorisé à dire, au nom du gouvernement, que
nous tenons absolument et les parlementaires de la majorité en
ont discuté et sont d'accord avec nous, ils ont été les
moteurs de cette attitude de notre part à ce que le
contrôle de l'Assemblée nationale sur les sociétés
d'Etat soit modifié, soit élargi, soit rendu plus consistant et
moins frustrant pour la députation de toutes les formations politiques.
Nous ne praticipons donc pas à cette commission dans l'esprit d'en faire
une aventure dilatoire pour rester dans la situation que,
particulièrement, le gouvernement libéral a connue et fait
connaître à l'Assemblée nationale
pendant les six dernières années où il a
été au pouvoir.
En ce qui a trait au contrôle gouvernemental, qui n'est pas ce qui
vous intéresse le plus, mais ce qui est également dans la motion
quand je dis vous, je parle des formations d'Opposition j'ai bien
indiqué, à la première partie de la commission, que nous
avons déjà franchi un certain nombre d'étapes et fait
certaines approches qui sont d'ailleurs dans la pensée d'un grand commis
de l'Etat qui tente de mettre en pratique aujourd'hui ce qu'il prêchait,
soit M. Coulombe, comme l'a rapporté M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Dans la foulée de l'effort de
réflexion de M. Coulombe, le gouvernement a posé un certain
nombre de gestes je ne les rappellerai pas aujourd'hui, ils sont au
journal des Débats et je veux bien que le député de
Saint-Laurent reconnaisse que des pas ont été faits dans la bonne
direction.
Si nous nous opposons à la motion telle qu'amendée
et le député de Sainte-Marie qui s'est intéressé
à cette affaire a bien illustré ma pensée en me prenant
les mots de la bouche c'est qu'il est présomptueux, limitatif de
reconnaître que c'est une commission élue il en faut
peut-être plusieurs de reconnaître que les commissions
spécialisées qui vont éventuellement naître des
travaux d'une sous-commission auront toutes besoin d'un support logistique.
C'est également présomptueux, c'est peut-être du
gaspillage. Examiner les petits comptes de SODEVIQ, par exemple, qui est une
des nombreuses sociétés d'Etat où l'activité de la
Société des traversiers, cela ne demande peut-être pas la
mobilisation de fonctionnaires, pourvu que les documents comptables convenables
soient mis entre les mains des députés dans un délai
raisonnable avant que la commission ne siège. Ce n'est donc pas dans un
désir de freinage ou de négativisme vis-à-vis de ce sur
quoi nous nous entendons en fait avec l'Union Nationale que nous ne voterons
pas pour la motion telle qu'amendée, c'est tout simplement pour qu'on
ait des chances de régler le problème une fois pour toutes sans
que nos travaux soient limités d'avance par une orientation qui n'est
peut-être pas la bonne.
La Grande-Bretagne est le pays qui a le plus de sociétés
d'Etat et depuis le plus longtemps, parce que le Parti progressiste a pris le
pouvoir en Grande-Bretagne à une date antérieure à la
plupart des autres pays occidentaux. Elle a encore essayé
péniblement c'est la mère des Parlements que je sache
dans un rapport du Chancelier de l'échiquier, qui date de mars
1978, de recerner cette question des sociétés d'Etat. C'est vrai
qu'elle en a beaucoup plus que nous, comme je l'ai dit et, comme chacun le
sait, il y en a même une qui est notre associée dans Normine
British Steel and Coal Corp. Elle a des sociétés d'Etat qui ne
sont pas plus reluisantes que certaines des nôtres ne le sont. On
pourrait même dire, sans méchanceté, que ce qui se
ressemble se rassemble.
Les Britanniques eux-mêmes, après des travaux
sérieux et une expérience beaucoup plus longue, n'ont pas pu
arriver à des conclusions définitives. C'est vrai que leur
problématique est plus grande. Nous, j'espère que nous pourrions
arriver à des conclusions plus sérieuses, mais ce ne serait pas
honnête qu'une commission de l'Assemblée nationale recommande
à l'Assemblée nationale quoi que ce soit, si on ne veut pas vider
de crédibilité ces commissions parlementaires, sans avoir
étudié tout l'éventail et l'avoir étudié le
plus à fond possible dans la problématique autant que dans les
solutions. Je ne veux pas faire de protestation de bonne foi
supplémentaire de la part du gouvernement, ni répéter ce
qu'a dit le député de Sainte-Marie, ni répéter ce
que j'ai dit dans la première partie de la commission. Si nous faisons
le sort que je pense que nous allons faire à la proposition du chef de
l'Union Nationale, j'en referai immédiatement une autre qui confirmera
l'intention du gouvernement de passer à l'action.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, je ne veux... Oui,
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Simplement quelques minutes, M. le Président,
pour ajouter quelques mots en espérant quand même que le ministre
et le parti ministériel pourront reconsidérer leur
décision. Il s'agit ici, dans l'amendement que j'ai
présenté à la motion du député de Richmond,
d'être le plus flexible possible, mais de reconnaître un principe,
de reconnaître la pertinence de la création d'une commission
parlementaire et d'une commission élue permanente des
sociétés d'Etat. C'est d'une reconnaissance de principe que nous
avons besoin, d'un instrument pour mieux surveiller la gestion des
sociétés d'Etat. Or, c'est dans ce but que nous avons même
amendé notre motion pour la rendre très flexible afin de
permettre finalement, après cette reconnaissance de principe, à
une sous-commission de nous suggérer les outils nécessaires, les
pouvoirs nécessaires, le mandat que cette commission devrait avoir. Ce
qu'il y a lieu de reconnaître ce soir par notre motion, la motion qui est
devant nous maintenant, c'est la pertinence d'un meilleur contrôle des
sociétés d'Etat en acceptant le principe d'une commission
parlementaire. On sait qu'une commission parlementaire est composée de
membres dûment élus, représentants de la population de leur
comté et aussi de leur province. C'est tout simplement sur ce dernier
argument que je voudrais que le ministre reconsidère sa position et
reconnaisse, ce soir, le principe de la pertinence d'une commission élue
permanente pour surveiller les sociétés d'Etat en laissant le
temps nécessaire après cela à la sous-commission de
pouvoir faire son oeuvre et de faire les recommandations
nécessaires.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Lotbinière. Est-ce que c'est...
M. Landry: M. le Président, brièvement...
Le Président (M. Cardinal): Oui. M. le ministre. (23 h
15)
M. Landry: Ce que je connais, c'est le principe de la
nécessité d'un meilleur contrôle. Je ne veux pas
m'embarquer dans les moyens et dans le "solutionnaire". C'est la seule chose
qui nous sépare et, par conséquent, pour cette raison, je voterai
contre la motion.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que ces messieurs sont
prêts à voter sur la motion d'amendement? Parce que, même si
nous en avons discuté en bloc, il me faut quand même deux votes.
Je vais prendre la liste.
Vote sur les motions
Nous votons sur la motion d'amendement proposée par M. le
député de Lotbinière, chef de l'Union Nationale. Je vais
faire l'appel des membres de la commission. M. Biron (Lobtinière)?
M. Biron: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Bisaillon
(Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Blank (Saint-Louis)? M.
Landry (Fabre)?
M. Landry: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Cardinal (Prévost),
on verra s'il y a égalité des voix; c'est une hypothèse.
M. Charron (Saint-Jacques)? Mme Cuerrier (Vaudreuil-Soulanges)? M. Dussault
(Châteauguay)?
M. Dussault: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Gendron
(Abitibi-Ouest)?
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Cardinal): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Scowen: Abstention.
Le Président (M. Cardinal): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Abstention.
Le Président (M. Cardinal): Abstention. M. Proulx
(Saint-Jean)? M. Richard (Montmorency)? M. Vaillancourt (Jonquière)? Le
résultat du vote est le suivant: Pour: 2. Contre: 6. Abstentions: 2. La
motion d'amendement est rejetée. Est-ce que vous êtes
disposés à voter sur la motion principale non amendée?
Une Voix: Même vote.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous prenez le
même vote? Non? Alors, je reviens... Est-ce que je pourrais avoir une
nouvelle liste, s'il vous plaît? Un instant. Nous allons reprendre le
vote. Je recommence pour la motion principale non amendée. M. Biron
(Lotbinière)?
M. Forget: Excusez-moi, M. le Président, je vous ai
probablement induit en erreur. Pour la motion principale, ce serait le
même vote. Je m'excuse.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que tout le monde est
d'accord?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Alors, même vote et sur
la motion d'amendement, M. le secrétaire, et sur la motion principale.
M. le ministre.
Motion pour la création d'une sous-commission
d'étude
M. Landry: Je veux maintenant faire devant cette commission une
motion que je vous soumets par écrit.
Le Président (M. Cardinal): Je lis la motion qui m'est
présentée. Qu'une sous-commission composée de membres de
chaque formation politique soit créée pour étudier la
création d'une commission élue permanente des
sociétés d'Etat pourvue du support technique nécessaire et
que cette sous-commission soit convoquée d'ici la prochaine session pour
étudier toutes propositions relatives à cette question. Est-ce
que vous avez besoin de photocopies, messieurs, ou si ma lecture a
été, par rapport à ce qui...
M. Landry: Elle a été amendée par rapport au
texte que j'ai distribué.
Le Président (M. Cardinal): Enfin, pas amendée,
c'est une...
M. Landry: Non, elle a été...
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas de proposition
formelle. C'est une nouvelle motion.
M. Brochu: On a noté les changements qui avaient
été...
Le Président (M. Cardinal): Voulez-vous que je
reprenne?
M. Biron: On a enlevé "l'opportunité de" et on a
ajouté "pourvue du support technique ".
Le Président (M. Cardinal): C'est cela. M. Brochu:
On reconnaît déjà le principe...
M. Landry: C'est-à-dire que cela peut être
négatif, mais on se rapproche de la création, disons, et de
l'Union Nationale.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, c'est votre
motion. Est-ce que vous désirez vous exprimer?
M. Landry: M. le Président, ce serait littéralement
faire perdre le temps à la commission que de reprendre toute mon
argumentation, puisque cette motion que je fais est conforme à tout ce
que j'ai dit précédemment et diverge de celle que nous avons
défaite sur le fait important et non négligeable que le
gouvernement ne reconnaît pas le principe de la création d'une
commission élue permanente, mais, par ailleurs, il veut bien et souhaite
vivement qu'une sous-commission de cette commission étudie la question
et toutes celles que nous avons évoquées, comme il est dit dans
la phraséologie assez générale qui termine la motion.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous êtes
disposés à voter? Je relis la motion pour que nous sachions tous
le texte. Qu'une sous-commission composée de membres de chaque formation
politique soit créée pour étudier la création d'une
commission élue permanente des sociétés d'Etat pourvue du
support technique nécessaire et que cette sous-commission soit
convoquée d'ici la prochaine session pour étudier toute
proposition relative à cette question. M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, je remarque j'en suis
satisfait d'ailleurs que le ministre et le gouvernement ont fait un pas
dans la bonne direction, mais je remarque aussi que cette sous-commission aura
comme mandat d'étudier la création d'une commission élue
permanente des sociétés d'Etat. J'aurais aimé, M. le
Président, que cette sous-commission fasse un petit peu plus,
c'est-à-dire détermine véritablement le mandat et les
pouvoirs qui seraient confiés à cette nouvelle commission
élue permanente et détermine aussi l'aide technique
nécessaire à son bon fonctionnement. Je serais prêt
à proposer un amendement à cette motion du ministre et, avec
l'amendement, personnellement, je serais en faveur de cette motion.
L'amendement se lirait comme suit, à la toute fin de la motion du
ministre...
Le Président (M. Cardinal): Après le mot
question...
M. Biron: Après le mot question, j'ajouterais "et faire
des recommandations sur le mandat et les pouvoirs qui seraient confiés
à cette nouvelle commission élue permanente ainsi que l'aide
technique nécessaire à son bon fonctionnement."
Une Voix: C'est ce que je viens de dire.
M. Biron: Pas du tout parce que... M. le Président, je
vais terminer mon argumentation.
Le Président (M. Cardinal): Pourriez-vous me
répéter quand même le texte, s'il vous plaît? Il faut
s'entendre auparavant sur la recevabilité.
M. Biron: D'accord. Avant cela je vais parler.
Le Président (M. Cardinal): "et faire des recommandations
sur le mandat et les pouvoirs qui seraient confiés..." Je vais la
répéter; nous avons la même motion que vous connaissez
déjà sauf qu'après le mot "question" on ajoute les mots
suivants: "et faire des recommandations sur le mandat et les pouvoirs qui
seraient confiés à cette nouvelle commission élue
permanente, ainsi que l'aide technique nécessaire à son bon
fonctionnement. " Un instant, si vous permettez. Est-ce que je pourrais, avant
de me prononcer sur la recevabilité faire une suggestion aux membres de
cette auguste commission de l'Assemblée nationale? Pour des fins de
concordance, est-ce qu'on ne devrait pas dire: "ainsi que sur l'aide"? Ceci,
fait en vertu de l'article 65-2 de notre règlement. Je vous dis tout de
suite, messieurs, que, personnellement, ayant assisté à tous vos
débats ainsi qu'à la première et à la seconde
séance, ayant vu le vote sur la motion d'amendement et la motion
principale, je dois dire que, contrairement à la suggestion de M. le
député de Sainte-Marie qui a précédé, que je
dois reconnaître que cette motion d'amendement est recevable. J'ai
entendu...
M. Biron: M. le Président, cette motion est jugée
recevable. Je tiens à expliciter que je comprends le point de vue du
ministre ne voulant pas accepter le principe d'une commission élue
permanente tout de suite sans savoir si cela serait véritablement la
recommandation, c'est une des recommandations possibles, c'est d'étudier
la création d'une telle commission, mais en l'étudiant, je
voudrais, M. le Président, que cette sous-commission détermine
véritablement le mandat. Si nous formons une commission et qu'elle n'a
pas de mandat, je me demande pourquoi on la formerait. Qu'on détermine
le mandat, et le pouvoir, qu'on détermine aussi les outils techniques
nécessaires, parce que cela serait intéressant pour le
gouvernement si en déterminant les outils techniques nécessaires
à travers la sous-commission, le gouvernement dit: Cela coûte trop
cher, cela n'a pas de bon sens, on ne peut pas y aller; cela peut être
une raison pour laquelle le gouvernement
retiendra la recommandation ou refusera la recommandation de la
sous-commission. Je voudrais finalement que le travail se fasse
véritablement en sous-commission d'un bout à l'autre. La
sous-commission fera le rapport nécessaire vis-à-vis de tout ce
qu'on suggère et, finalement, il restera à la commission de
l'Assemblée nationale je suppose que c'est une sous-commission de
l'Assemblée nationale qu'on veut former à l'heure actuelle
de prendre la décision de recommander au gouvernement et ce dernier
prendra finalement la dernière décision.
Le Président (M. Cardinal): Sur la motion... J'ai
déjà reconnu quelqu'un tout de suite après, sur la motion
amendée, en théorie, M. le député de Saint-Laurent
et M. le ministre d'Etat.
M. Landry: Cela pourrait régler le problème...
M. Bisaillon: On pourrait peut-être accélérer
le débat.
M. Landry: Si vous permettez ma brève intervention et cela
faciliterait la critique au député de Saint-Laurent, s'il en a
à faire. Je dois dire que la phraséologie était
peut-être laconique, mais l'amendement du chef de l'Union Nationale
était inclus dans mon esprit si ce n'était pas clair dans la
phrase.
Je serais disposé à l'inclure dans ma proposition. Cela
vous va?
Le Président (M. Cardinal): Nous pourrions faire quelque
chose de très simple. Au lieu d'avoir une motion et un amendement
nous l'avons déjà fait lors de l'étude du projet de loi
101 avec l'accord de la commission, je pourrais considérer qu'il
y a une motion qui est celle qui est devant nous, sans sous-amendement ou autre
fioriture.
Est-ce que tout le monde est d'accord?
M. Landry: Je considère que ce que vous proposez est une
explicitation de ce que j'avais cru mettre dans mon texte. Par
conséquent, cela ne fait que développer et donner une meilleure
intelligence du texte et dans ces conditions, je n'aurais aucune objection
à la considérer comme ma proposition.
M. Biron: Pour nos descendants, j'aimerais peut-être avoir
le privilège de présenter un amendement à votre
proposition.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs! Dans ce
cas...
M. Landry: Je ne voudrais pas frustrer les fils de
Sainte-Croix-de-Lotbinière d'un si beau fleuron à leur
contribution intellectuelle aux choses de l'Etat. Alors...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre! A l'ordre! Est-ce
que la motion de M. le ministre d'Etat au développement
économique est adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que la motion de M. le
ministre d'Etat au développement économique telle
qu'amendée est adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. le
député de Saint-Laurent a quelque chose à dire sur la
motion telle qu'amendée.
M. Forget: Nous allons voter de la même façon sur
cette motion que sur la précédente pour la raison que je tiens
à donner encore une fois. Il n'est plus suffisant, hélas, de
faire de belles promesses. Nous constaterons, lors de la création de
cette commission parce que nous sommes certains qu'en dépit de
deux abstentions, puisque telle est la volonté du ministre, cette
commission verra le jour; cela nous illustre très bien le style de
fonctionnement de nos commissions parlementaires, ce qui illustre
également peut-être le peu d'importance qu'on peut y attacher
à moins de voir changer cette procédure donc, nous verrons
les propositions que le ministre pourra faire. Si elles sont
intéressantes, il nous fera plaisir de les examiner. Si elles confirment
nos craintes, nous n'aurons pas à rougir d'avoir approuvé une
motion qui ne veut rien dire pour le moment.
Le Président (M. Cardinal): Alors, 8 en faveur, 2
abstentions.
Oui, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Est-ce qu'il y a eu une abstention du
côté du Parti libéral?
Le Président (M. Cardinal): Deux abstentions.
M. Brochu: Puis-je poser une question? L'Opposition officielle,
le Parti libéral, avez-vous l'intention de participer aux travaux de la
sous-commission qui vient d'être créée?
M. Forget: On verra. On va assister, de toute façon, aux
propositions gouvernementales au début. On verra si cela en vaut la
peine, mais certainement. C'est notre droit, comme parlementaires, d'y
assister, n'est-ce pas? Alors, nous y assisterons pour voir ce que le
gouvernement a à dire.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Ce n'est pas cohérent de croire que vous n'avez
rien à dire?
Le Président (M. Cardinal): Ça allait si bien, s'il
vous plaît! Ça allait si bien. M. le député de
Lotbinière.
A l'ordre!
M. Biron: J'aimerais avoir un vote enregistré
là-dessus, s'il vous plaît!
Le Président (M. Cardinal): Le vote enregistré, d
accord.
Alors, sur la motion telle qu'amendée, chacun dira s'il est pour
ou contre.
M. Biron (Lotbinière).
M. Biron: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Bisaillon
(Sainte-Marie).
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Blank (Saint-Louis).
Une Voix: II n'est pas présent.
Le Président (M. Cardinal): M. Burns (Maisonneuve)
remplacé par M. Landry (Fabre).
M. Landry: Pour.
Le Président (M. Cardinal): Pour. Le président ne
vote pas. M. Charron (Saint-Jacques). Pas présent. Mme Cuerrier
(Vaudreuil-Soulanges). M. Dussault (Châteauguay).
M. Dussault): Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Gendron
(Abitibi-Ouest).
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Brochu (Richmond).
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Jolivet (Laviolette).
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Cardinal): M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Scowen: Abstention.
Le Président (M. Cardinal): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Abstention.
Les autres étant absents, je le répète, c'est le
même résultat: 8 favorables, deux abstentions.
M. le député de Lotbinière. (23 h 30)
M. Biron: M. le Président, avant de terminer, je voudrais
en profiter pour dire que je suis très heureux de voir que nous en
soyons finalement venus à une entente sur la façon de travailler
pour atteindre les buts que nous nous sommes tous fixés à
l'Assemblée nationale en octobre dernier en acceptant une
première motion que j'avais suggérée. Je tiens à
remercier en particulier le ministre d'Etat au développement
économique d'avoir contribué, par ses recherches et sa bonne
volonté, à adopter une telle motion et j'ai l'impression que,
finalement, à long terme, tous nos concitoyens du Québec en
profiteront.
Le Président (M. Cardinal): Avant de quitter cette
deuxième séance, pour ce qui est du sujet, est-ce que les membres
de cette commission seraient disposés à désigner
immédiatement les membres de la sous-commission?
Une Voix: Oui, on y serait disposé.
Le Président (M. Cardinal): Alors, un instant, je suis
à votre service.
M. Landry: On ne veut bousculer personne non plus par
ailleurs.
Le Président (M. Cardinal): Non. Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: J'aurais une question pratique en ce qui concerne
l'éventuelle session de la sous-commission qui vient d'être
mandatée par la commission de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'on
peut prévoir que cette sous-commission pourra siéger dès
février, ou est-ce qu'il y a...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, il y a une
question que je n'appellerai pas préalable au sens de la question
préalable, c'est que, normalement, il ne faut quand même pas
créer des précédents à l'infini, les membres de la
sous-commission seraient des membres de la commission de l'Assemblée
nationale.
M. Gendron: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question?
Le Président (M. Cardinal): Certainement.
M. Gendron: Je n'ai aucune objection à ce que nous
fassions l'exercice de la nomination des membres de la commission, mais je
voudrais vérifier au préalable en quoi il est indiqué
quelque part qu'il soit du mandat de la commission de l'Assemblée
nationale de faire la nomination de cette sous-commission? Quelle est votre
interprétation pour conclure qu'il nous appartient dès ce
moment-ci...
Le Président (M. Cardinal): Non. J'ai simplement
suggéré, si vous le désiriez, que vous le fassiez.
M. Gendron: Si vous permettez, je poursuivrais un peu ma
pensée. Ce n'est pas que j'aie des
objections comme telles, mais, compte tenu qu'on s'est entendu qu'il y
aurait lieu, et on croit que c'est opportun, de nommer des gens à une
sous-commission, je préférerais qu'on ait quelque temps de
réflexion ou de consultation à l'intérieur de chacun de
nos partis.
Le Président (M. Cardinal): Je vous ai dit que
j'étais à votre disposition. M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, il me semble que la
commission, si on veut que cela progresse rapidement, pourrait au moins, si je
me réfère à la motion qu'on a adoptée... Car la
motion dit: Une sous-commission composée de membres de chaque formation
politique, donc, je comprends que cela ne doit pas nécessairement
être des membres de la commission...
Le Président (M. Cardinal): Normalement, c'est le cas.
M. Bisaillon:... de l'Assemblée nationale, mais des
membres de chaque formation politique.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais, normalement, c'est
le cas.
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
Le Président (M. Cardinal): Oui, je vous en prie.
M. Bisaillon: Merci. Donc, il serait possible que cette
commission puisse indiquer le type de formation ou la composition en termes de
nombre et le partage à faire quant à ce nombre pour chacune des
formations politiques et que chaque formation politique indique à la
présidence de l'Assemblée nationale ses représentants. Il
me semble que cela pourrait être une formule. A moins que vous nous
indiquiez, M. le Président, que, de façon automatique, cela doit
être des membres de la commission de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Cardinal): J'ai dit que c'était
l'usage.
M. Bisaillon: C'est l'usage?
Le Président (M. Cardinal): Seulement on pourrait... M. le
député de Sainte-Marie, je veux tout simplement éviter des
délais inutiles. Sans faire une motion formelle, vous avez, dans votre
exposé, fait une suggestion qui me paraît très heureuse. Ce
serait peut-être un précédent, mais, tant mieux, c'est
comme cela qu'on fait des réformes, il pourrait y avoir entente entre
les partis, il s'agirait de savoir si ce sont simplement les partis reconnus ou
même les gens qui ne sont pas membres de partis reconnus, mais qui sont
membres de cette Assemblée, il pourrait y avoir une rencontre des
leaders parlementaires, qui désigneraient le nombre de membres, les
partis qui en seraient membres et qui feraient rapport à la
présidence de cette commission parlementaire. Je n'en fais pas une
motion. Je le suggère pour... Oui, M. le député.
M. Gendron: Personnellement, M. le Président,
j'étais un de ceux qui prétendaient tantôt qu'il ne fallait
pas nécessairement nommer les gens, mais il m'apparaîtrait plus
expéditif que, dès ce soir, on puisse faire une très
légère discussion. Il m'apparaît qu'on a ce qu'il faut,
compte tenu qu'on était associé à cette discussion qui a
permis de cerner la nécessité de créer une
sous-commission, il m'apparaît que ce sont des gens qui ont
manifesté de l'intérêt pour étudier cette question.
Il me semble qu'on devrait être habilité pour cerner rapidement le
caractère représentatif au niveau numérique, la composante
de cette sous-commission, quitte à ce que les consultations après
se fassent pour faire la nomination des gens à la présidence.
Dès ce soir, si on partait et si on savait que la composante de
la sous-commission sera ce n'est pas une proposition que je fais, c'est
une hypothèse quatre, trois, deux, deux, je répète
que c'est seulement un exemple, il me paraît qu'on aurait quelque chose
d'acquis qui conférerait un caractère un peu plus
expéditif que de lancer ça dans de vastes consultations et,
éventuellement, être obligé de reconvoquer quelqu'un pour
statuer sur cette sous-commission.
Je serais d'accord pour qu'on s'entende tout de suite sur une
représentation numérique sans le faire nommément ce
soir.
Le Président (M. Cardinal): Je suis à votre
disposition si quelqu'un veut s'exprimer sur le sujet.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: S'il fallait, M. le Président, former la
sous-commission en fonction de l'intérêt manifesté par les
formations politiques, je serais obligé de proposer quatre membres du
parti ministériel, deux membres de l'Union Nationale et un membre du
Parti libéral.
M. Forget: Comment avez-vous dit, le "spot" publicitaire?
Là, c'est votre tour.
M. Landry: C'est de la contre-publicité.
M. Bisaillon: De la contre-publicité.
Sauf que je voudrais, avant de faire des propositions quant au nombre,
poser une question au ministre. Dans sa motion, il parle de formations
politiques, est-ce qu'on voulait indiquer des partis politiques reconnus au
sens de notre règlement
ou si on parle des formations politiques de l'Assemblée
nationale?
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous?
M. Bisaillon: Auquel cas, c'est cinq.
Le Président (M. Cardinal): Oui, mais il y a une question
de directive que je dois donner. Je l'ai dit au début de cette
séance, il faut quand même suivre un certain nombre de traditions
et, comme membres de la commission de l'Assemblée nationale, n'en sont
membres que les membres des partis reconnus. Je dois le dire au
départ.
M. Forget: M. le Président, quant à ce qui est du
nombre de membres au total, je suggérerais aussi, et je serais
sûrement conséquent avec moi-même, avec l'avantage de
réduire les coûts de l'Assemblée nationale et
d'accélérer les débats, puisque, moins on est nombreux,
plus ça va vite, du moins on peut l'espérer, que le nombre soit
réduit au strict minimum. Je pense que la tradition veut que la
majorité soit toujours la majorité, même dans la plus
petite réunion, ce qui pourrait signifier un membre de chacun des partis
d'Opposition et, forcément, trois membres du côté
gouvernemental.
Le Président (M. Cardinal): J'ajouterais, M. le
député de Saint-Laurent, qu'il y a quand même l'article 143
de notre règlement qui s'applique. Je me permets de le lire parce qu'il
est très bref: "Une commission peut nommer un comité directeur
ce n'est pas le cas et des sous-commissions ce qui est le
cas composés de quelques-uns c'est aussi large que
ça de ses membres".
M. Brochu: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: II me semble que c'est le sentiment de tout le monde.
On serait disposé à accepter ça, c'est logique. J'aimerais
demander qu'avant le 21 décembre, on soit fixé sur les personnes
qui seront responsables pour chacune des formations politiques, peut-être
à la réunion des leaders...
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'on s'entend...
M. Landry: ... il n'y a pas de problème, mais on ne peut
pas s'engager pour les autres.
Le Président (M. Cardinal): En faisant une motion
formelle: Que la commission serait composée de trois membres du parti
ministériel, d'un membre du parti de l'Opposition officielle et d'un
membre du parti reconnu de l'Union Nationale et que, d'ici le 21
décembre, on fera rapport à la présidence des gens qui ont
été choisis, selon ce que dit la motion, dans chacune des
formations politiques.
M. Gendron: Très rapidement, M. le Président. Cela
veut dire que, si le député de Beauce-Sud apprenait ça et
était intéressé à cette commission, il ne peut pas;
c'est ce que ça veut dire?
Le Président (M. Cardinal): Cela veut dire ça, oui.
Je m'excuse...
M. Gendron: J'avais compris qu'on allait suivre la tradition.
Alors, il me semblait que, selon la tradition, on ouvrait jusque... Alors, ce
n'est pasvrai, pas ici.
Le Président (M. Cardinal): Attention, non. M. Gendron:
Parfait, merci.
Le Président (M. Cardinal): Nous sommes dans une
commission particulière. M. le député de Richmond.
M. Brochu: Est-ce que ce n'est pas restrictif du
côté des autres membres de l'Assemblée nationale? A ce
moment-là, c'est la motion qu'il faudrait amender pour...
Le Président (M. Cardinal): D'accord, mais je suis
lié par le règlement.
M. Brochu: ... au lieu de dire formation politique... D'accord,
je comprends.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
député de Richmond, je termine là-dessus, il ne s'agit pas
d'exclure des gens. C'est simplement que, comme président, j'aurais de
la difficulté à accepter que l'on crée un
précédent qui s'étendrait sans arrêt. Messieurs,
est-ce que je puis conclure que cette séance des travaux de cette
commission parlementaire est ajournée sine die?
Des Voix: Oui.
M. Brochu: Juste avant d'ajourner, M. le Président, est-ce
qu'on doit rappeler que la deuxième partie de la commission où on
devait siéger sur la question administrative de l'Assemblée
nationale a été remise par consentement?
Le Président (M. Cardinal): Justement, il y avait
consentement, ce qui est d'ailleurs conforme à la motion adoptée
à l'Assemblée nationale, si nous avions terminé à
minuit ou à une heure raisonnable avant minuit. Je vois difficilement
qu'une nouvelle séance de la même commission puisse faire un
travail productif, d'autant plus que le règlement sessionnel nous oblige
à terminer à 24 heures.
M. Brochu: Je voulais que ce soit clair.
Le Président (M. Cardinal): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 41