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(Douze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Je déclare ouverts les travaux de la commission de
l'Assemblée nationale du Québec qui vient de recevoir mandat de
l'Assemblée d'étudier article par article les projets de loi nos
110 et 90. On me dit qu'une entente est intervenue pour que nous commencions
par le projet de loi no 110.
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
MM. Lachance (Bellechasse), Bertrand (Vanier), Blank (Saint-Louis), Brossard
(Lac-Saint-Jean), Guay (Taschereau), Bordeleau (Abibiti-Est), Gratton
(Gatineau), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
Grégoire (Frontenac), Levesque (Bonaventure), Marquis
(Matapédia), Lachapelle (Dorion), Pagé (Portneuf), Picotte
(Maskinongé), Vaugeois (Trois-Rivières), Vaillancourt
(Jonquière).
À ce stade-ci, il y aurait lieu de faire motion pour la
désignation d'un rapporteur.
M. Guay: Le député d'Abitibi-Est, M. le
Président, a beaucoup de talent en la matière.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Motion
adoptée avec le consentement de celui qui a été
proposé. D'accord.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Dites-le, M. le Président:
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle donc l'article 1 de la loi no 110.
Rémunération
M. Lalonde: Seulement, M. le Président, si vous le
permettez, avant d'aborder l'article 1, il est exact que le leader du
gouvernement m'a demandé de commencer d'abord par la loi no 110 au lieu
de la loi no 90. Je prends acte de cette demande et je ne formule aucune
opinion.
Quant à l'article 1, M. le Président, en ce qui me
concerne, il est adopté.
M. Guay: ... pour que l'on ajoute après 35 096 $ pour
chaque 32 heures et demi de travail sur une base annuelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 1 tel que libellé est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 2.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: ... si personne d'autre ne veut... Je propose que
l'article 2 soit retranché du projet de loi no 110.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Est-ce que cette motion-là... Cela va!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous n'auriez pas une demande à nous faire, M. le
député de Sainte-Marie avant qu'on entreprenne les travaux de la
commission?
M. Bisaillon: Quelle demande?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'être membre de la commission, d'avoir le droit de parole et ainsi
de suite.
M. Bertrand: Consentement...
M. Bisaillon: Je suis membre de la commission.
Une voix: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Eh bien,
j'ai désigné les membres tout à l'heure et vous n'y
apparaissiez pas.
M. Bisaillon: Je suis membre de la commission, M. le
Président.
M. Bertrand: Oui, il est membre, M. le
Président, nous avons fait à l'Assemblée nationale
une motion...
Une voix: II n'y a pas de changement.
M. Bisaîlion: Je suis membre de la commission, M. le
Président.
M. Bertrand: ... permettant au député de
Sainte-Marie d'être membre de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion a été adoptée à
l'Assemblée?
M. Bertrand: À l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi! Votre nom ne paraissait pas au...
M. Bisaillon: C'est très dommage, M. le Président,
mais j'apparais, moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais
pour les fins du journal des Débats, il est important que votre nom soit
inscrit. Ce que je fais à l'instant même.
M. Bisaillon: Merci, M. le Président.
Je ne sais pas si le leader de l'Opposition a d'autres commentaires
à formuler après la proposition à l'amendement qu'il a
faite. Je voulais seulement annoncer que, quant à moi, je serais
d'accord avec cet amendement pour autant qu'il puisse être
remplacé par un autre texte qui pourrait se lire comme suit: À
compter de la prochaine Législature, l'indemnité annuelle est de
42 195 $. L'article 1 détermine une base à partir de laquelle,
par la suite, un mécanisme automatique va s'appliquer. Or, il est
toujours odieux d'avoir à se prononcer pour nous. Le fait de fixer une
base pour la prochaine Législature, ce n'est donc pas pour nous. Le
montant de 42 195 $ est un montant qui est calculé, si je ne me trompe
pas, qui représente ce qui se serait appliqué aujourd'hui, si on
n'avait pas modifié la loi de 1974. L'article 2 deviendrait, à
compter de la prochaine...
C'est plus que cela?
M. Bertrand: 48 100 $
M. Bisaillon: Alors, je mettais 42 000 $. Alors d'où
viennent les 42 000 $? Dans les documents qu'on a consultés à la
sous-commission, il y avait un montant de 42 195 $. (12 h 30)
M. Bertrand: Ils doivent venir, peut-être, quand on lit les
articles dans les journaux, on parle souvent du 35 000 $, plus l'allocation de
dépenses de 7500 $, cela fait 42 500 $. Je ne sais pas si cela vient de
là.
M. Bisaillon: Peu importe le montant, s'il pouvait être
corrigé. Ce que je voulais souligner, c'est que l'article 2 pourrait
prévoir un montant appliquable à la prochaine Législature
et qui permettrait, par la suite, au mécanisme de continuer à
jouer. Donc, les parlementaires ne le voteraient pas pour eux, mais ils le
voteraient pour une prochaine Législature.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va
revenir, s'il vous plaît, à l'amendement qui a été
proposé par le leader de l'Opposition. Je ne voudrais trop faire de
procédures mais cela fait quand même plusieurs années que
je n'ai pas présidé de commission parlementaire. Il y a eu des
précédents, dans quel sens? Je l'ignore. Mais j'ai rendu des
décisions à l'effet que... Si on lit l'article 70, on dit: "Un
amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion proposée
et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les
remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est d'écarter la
question principale sur laquelle il a été préposé.
Il en est de même d'un sous-amendement par rapport à un
amendement". La question principale à l'article 2, c'est l'article 2. La
motion est à l'effet de retrancher l'article 2, non pas d'ajouter des
mots, non pas de retrancher des mots, mais de retrancher, d'écarter
totalement la question principale et, dans ce sens, je me dois de...
M. Lalonde: Je ne peux pas plaider?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
vous pouvez plaider, M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Je m'aperçois que vous êtes en train de
rendre une décision grave, M. le Président, vous en avez rendu
d'autres dans votre carrière, mais il reste que - je n'ai pas ici la
liste des précédents, je le sais, ayant participé à
l'étude de nombreuses lois depuis plusieurs années - la motion de
retrait d'un paragraphe ou d'un article a toujours été
considérée comme étant recevable. Maintenant, si vous vous
apprêtez à la déclarer irrecevable, j'aimerais plaider en
faveur de cette motion. Si vous me dites que vous êtes prêt
à la déclarer recevable, à ce moment-là, je ne
ferai pas perdre de temps à la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Allez-y,
je suis prêt à vous écouter.
M. Lalonde: L'article 70 couvre, justement, les amendements qu'on
peut
apporter. D'abord, la motion que je fais a pour effet de retrancher des
mots. Je pourrais vous lire tous les mots que je retranche, mais ce sont ceux
qui apparaissent à l'article. Maintenant, ils n'écartent pas la
question principale. La question principale qui est soumise à nous
actuellement, c'est, à la section I, la rémunération et,
toujours à la section I, l'indemnité. Là, on parle de
l'indemnité. On a déjà adopté l'article 1 qui dit
35 096 $. Le reste, c'est une augmentation que l'article 2 prévoit. Cela
n'attaque pas la nature de la proposition principale qui est la
rémunération. Cela touche à une modalité, à
une façon de la calculer à partir d'une certaine date. Si elle
était irrecevable, M. le Président, je ne sais pas comment on
ferait pour modifier le projet de loi qu'on nous propose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
j'aimerais qu'on fasse la distinction entre le principe du projet de loi et ce
qu'on appelle une question principale à l'article 70. Chaque article
constitue une question principale. La question principale de l'article 70,
c'est de dire: Le salaire du député est de X. La question
principale de l'article 2 est de dire: Cette indemnité sera
majorée à compter de. C'est elle, la question principale de
l'article 2. Ce n'est pas le principe de la loi, c'est la question principale
de l'article 2.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Dans le sens de ce que vous venez de dire, il me
semble que les ajouts que j'avais faits à la proposition d'amendement
vont exactement dans le sens de l'article 2. Cela indique une majoration, mais
une majoration qui va...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
sauf que là...
M. Bisaillon: ... avoir lieu à une prochaine
Législature.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
peux prendre la vôtre en considération, M. le député
de Sainte-Marie, avant de disposer de celle du leader de l'Opposition. Je
comprends que ce n'est pas un sous-amendement que vous avez fait. Je n'ai pas
encore déclaré recevable ou irrecevable l'amendement du leader de
l'Opposition, mais j'aimerais, avant de rendre la décision, dire que
j'en ai rendu des dizaines de semblables. Lorsqu'on parle d'une question
principale, on ne parle pas d'un principe du projet de loi, mais chaque article
est en soi une question principale. Lorsqu'un amendement a pour effet de
retrancher ou d'écarter la totalité de l'article ou de la
question principale, on écarte ainsi la question principale. On peut
ajouter des mots, en retrancher, mais le faire dans le sens de l'article 70 ne
veut pas dire de retrancher totalement l'article ou tous les mots de l'article
littéralement parlant, ce qui équivaudrait à dire,
écarter la question principale qui est la majoration. Je déclare
donc irrecevable la motion du leader de l'Opposition.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai une autre proposition
d'amendement pour retrancher, dans l'article 2, les mots: "à 37 202 $
à compter du 1er avril 1983. Il ne doit pas être tenu compte,
entre le 1er avril..." et le reste de l'article, je conserve:
"L'indemnité qui est prévue à l'article 1 est
majorée à compter de la prochaine Législature et
l'indemnité annuelle devient..." Et là je demanderais qu'on
puisse établir le montant en fonction de chiffres qui pourraient avoir
été donnés à...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'abord, j'aimerais que vous me fassiez un libellé de votre
amendement par écrit...
M. Bisaillon Certainement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... mais
je le déclare recevable puisqu'il n'écarte pas la question
principale, mais vient apporter des modalités à cette question
principale.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Si l'amendement était accepté,
je voudrais me prononcer contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Ah bien! Là on attend l'amendement, chaque député
pourra en parler, on en disposera et ensuite, on disposera de l'article. Nous
ne sommes pas rendus au moment du vote, M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Non, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'ailleurs - peut-être juste aux fins du journal des Débats -
il y a de nombreuses décisions de jurisprudence qui disent que,
lorsqu'on veut retrancher totalement un article d'un projet de loi, on ne peut
en faire un amendement, mais la seule façon de le faire, c'est de voter
contre l'article en question.
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je ne veux pas, en aucune
façon, que mes propos soient considérés comme une
remise en cause de ce que vous venez de dire. C'est là-dessus que je
voulais plaider, mais apparemment, c'est déjà
déclaré et là on est en train de consulter les
règlements. Alors, on attend.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais me
prononcer aussi sur la recevabilité. "Tout amendement provenant de
l'Opposition qui entraîne une dépense d'argent est
déclaré irrecevable. Seul un membre du gouvernement peut proposer
un amendement entraînant une augmentation des dépenses du
gouvernement."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement, je vous donne raison, M. le député de
Frontenac et vous n'êtes point membre du gouvernement, donc, il faudrait
que cela vienne d'un membre du Conseil exécutif.
M. Grégoire: Mais l'opposition à la
recevabilité peut venir de moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez raison.
M. Grégoire: Donc l'amendement est déclaré
irrecevable.
M. Bisaillon: Si je comprends bien, et je serais porté
à être d'accord, si je comprends le fait que je ne puisse pas
mettre de chiffres, je peux quand même introduire le principe de la
question à l'article 2...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, en
fait...
M. Bisaillon: ... en laissant au gouvernement, si on est d'accord
avec le principe, placer le chiffre. Ce que je dis, c'est que l'article 2
devrait être un article qui fixe une indemnité annuelle à
compter de la prochaine Législature. Cela veut dire que les
parlementaires actuels se prononceraient, pour ceux qui suivront, mais pas pour
eux. Cela les amènerait donc à fixer un montant raisonnable qui
peut se calculer, qui peut être déterminé, par exemple, par
ce qui existait dans l'ancienne loi ou encore par la comparaison avec des
fonctions exercées par des cadres. Donc, on pourrait trouver un montant
qui soit, à partir de la prochaine Législature, applicable aux
députés et qui, par la suite, permette que jamais plus le
Parlement - c'est cela l'objectif - ne soit obligé de se prononcer sur
ces questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Enfin,
M. le député de Sainte-Maire, si votre motion d'amendement a pour
but de fixer - que ce soit pour les députés actuels ou les
députés d'une autre Législature - un montant de salaire ou
montant pour salaire qui équivaut à une charge additionnelle sur
les revenus publics ou sur les contribuables en vertu de l'article 64.3 - il
serait irrecevable, à moins de venir d'un membre du Conseil
exécutif. Si c'est l'esprit de votre amendement de faire en sorte que,
pour les nouveaux élus d'une nouvelle Législature, on fixe un
montant qui serait supérieur à l'article 1 de la loi 110,
à ce moment-là, il deviendrait irrecevable.
M. Bisaillon: Pas à celui de l'article 1, M. le
Président, celui de l'article 2, mais à celui de l'article 2 pour
le 1er avril 1983 qui lui sera majoré selon les calculs prévus
à l'article 3. Cela veut donc dire que le montant qu'il faut que je
place n'est pas nécessairement - quand je disais 42 000 $ tantôt -
un montant supérieur. Si vous calculez que l'article 2 fixe à 37
000 $ et qu'il y a par la suite trois indexations qui vont jouer, deux
indexations qui joueraient, je prétends que mes 42 000 $ de tantôt
ne sont pas un montant supérieur à 37 202 $ et qu'en
conséquence ils ne provoquent pas de dépenses additionnelles pour
le gouvernement. Par ailleurs, cet article détermine une
indemnité annuelle pour d'autres que pour nous. C'est cela l'objectif
que je vise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Libellez votre amendement, s'il vous plaît.
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je ne doute pas de la sincérité du
député de Sainte-Marie, mais ce qu'il vient de dire
m'apparaît inexact. D'abord, on ne sait pas quelle va être
l'augmentation de l'indice des prix à la consommation à supposer
que l'article 3 soit adopté tel quel, si bien qu'on ne sait pas si le
montant de 42 000 $ est effectivement inférieur ou supérieur.
D'autre part, selon notre système, on ne sait pas non plus quand
commencera la prochaine Législature. On sait qu'au plus tard cela sera
à telle date mais au plus tôt... Comment peut-on présumer
que 42 000 $ ne seront pas supérieurs au montant prévu. Le
député de Sainte-Marie dit: Je pense, c'est une hypothèse
en se basant sur une durée normale de la Législature. Cela est
très hypothétique et à ce moment-là, cela peut
aller à l'encontre du règlement en ce qui a trait...
M. Bisaillon: Je suis conscient effectivement, M. le
Président, qu'une durée de Législature est très
hypothétique, c'est ce que je me fends à dire depuis un certain
temps. Mais il me semblait que le principe pouvait être retenu sans que
nécessairement on mette un montant.
M. Grégoire: Dans un tel cas, ce serait un amendement
redondant puisque, si on ne met pas de montant, on va demander à
quelqu'un plus tard, c'est-à-dire au prochain gouvernement, de fixer un
montant. Ce qui voudrait dire que nous l'obligerions à un principe et
qu'on légiférerait à l'avance pour lui en l'obligeant
à relégiférer. Cela devient un amendement redondant parce
qu'il pourrait être représenté de la même
façon à la prochaine Législature.
M. Bisaillon: Si l'article 2 se lisait comme suit:
"L'indemnité qui est prévue à l'article 1 est
majorée à compter de la prochaine Législature par
arrêté en conseil."
M. Brassard: Par décret?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voulez-vous le relire, s'il vous plaît?
M. Bisaillon: "L'indemnité qui est prévue à
l'article 1 est majorée à compter de la prochaine
Législature par arrêté en conseil."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'en
demeure pas moins que, dans votre motion d'amendement, vous demandez à
la nouvelle Législature de majorer le montant prévu à
l'article 2. Vous faites donc une motion qui a pour but d'amener une charge
additionnelle sur les revenus publics, mais en la faisant reporter sur ceux qui
seront partie de la nouvelle Législature.
M. Bisaillon: Non. Les membres de la Législature actuelle
se prononcent sur une majoration mais à compter de la prochaine
Législature, seulement par arrêté ministériel.
M. Brassard: M. le Président, vous savez que l'expression
"arrêté ministériel" n'est plus utilisée maintenant.
Le terme qu'il faut maintenant utiliser est "décret".
M. Bisaillon: Vous ne devez pas avoir quelque chose contre
cela.
M. Brassard: Sauf que cela me surprend de votre part de voir que
vous voulez que le gouvernement décrète le salaire des
députés. Si je me souviens bien de votre vote en deuxième
lecture sur la loi no 5, j'ai de la difficulté à trouver de la
cohérence dans votre comportement. (12 h 45)
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais expliquer au
député de Lac-Saint-Jean que, lorsqu'on est arrivé en
commission parlementaire sur ce projet de loi, le leader parlementaire avait
préparé un tableau où il expliquait que c'était
l'État employeur qui parlait aux législateurs, que c'était
l'État employeur qui paie la rémunération aux
législateurs.
M. Lalonde: Le "boss".
M. Bisaillon: Le "boss". C'est ce qu'il nous a expliqué
avec le tableau de la rémunération qu'il nous avait
présenté. À partir du moment où dans l'optique
gouvernementale, même pour les législateurs, le gouvernement se
voit comme l'employeur, à partir du moment où je ne peux pas
déroger au cadre que le gouvernement me propose, je n'ai pas d'autre
choix que de dire: Je ne veux pas de majoration avant la prochaine
Législature et cette majoration sera fixée par un
arrêté ministériel. Cela n'est pas ce qu'il y de plus
logique, mais c'est logique avec votre comportement qui, lui, nous a d'abord
placés dans une situation d'État employeur par rapport aux
législateurs et, dans un deuxième temps, qui nous empêche
de changer ou de modifier le cadre de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je m'aperçois
que le député de Sainte-Marie a de la difficulté à
présenter son amendement pour qu'il soit recevable. Je comprends un peu
ce qu'il veut dire, mais il ne sait pas trop comment présenter son
amendement pour que vous en acceptiez la recevabilité. Je conseillerais
au député de Sainte-Marie d'assister plus souvent à nos
travaux...
M. Bisaillon: Cela va, cela va, cela va, cela va.
M. Grégoire: ... de participer à nos commissions
et, à ce moment, il prendrait l'expérience comment et saurait
présenter un amendement qui serait recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Bisaillon: Est-ce que c'était dans l'ordre, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Non, non.
M. Bisaillon: Le millionnaire pourrait se taire un peu.
M. Grégoire: C'est dans l'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Tel que libellé, je déclare l'amendement
irrecevable pour la raison suivante. Tout d'abord, c'est que le
législateur parle par une loi et que le
législateur ne parle pas pour ne rien dire. Ou bien, dans une
loi, on change un montant, ce que le député de Sainte-Marie ne
peut faire par une motion parce que cela contrevient à l'article 64.3 du
règlement et, d'autre part, cet amendement est inutile puisqu'il
n'amène rien de nouveau à la loi, mais il demande à une
nouvelle Législature ou à ceux qui seront là à un
autre moment que nous, de fixer le traitement des députés.
Irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président,...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Seulement pour réagir aux propos du
député de Frontenac qui, j'espère, se voulaient une
blague. On ne peut reprocher à un député de ne pas pouvoir
faire recevoir tous ses amendements. Je pense que l'effort d'un
député est d'essayer de changer la loi. C'est vrai que les
dédales du règlement sont assez complexes. Je ne sais pas si cela
peut consoler le député de Sainte-Marie, mais la proposition
d'amendement qui précédait la sienne venait d'un
député qui a assisté à ces commissions
parlementaires pendant beaucoup d'années et elle a été
déclarée irrecevable. M. le Président, j'aimerais en faire
une autre.
M. Bisaillon: Vous parlez pour rien, le député de
Frontenac n'est plus ici.
Motion de report à janvier 1986
M. Lalonde: II est allé voir la manifestation des
travailleurs devant le parlement.
M. le Président, ma motion d'amendement se lit comme suit: Que
l'article 2 soit modifié en remplaçant dans la deuxième
ligne, les mots "avril 1983" par les mots "janvier 1986". C'est seulement la
deuxième ligne du premier alinéa.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De telle
sorte que, s'il était adopté, il se lirait de quelle
façon?
M. Lalonde: De la façon suivante: "L'indemnité qui
est prévue à l'article 1 est majorée à 37 202 $
à compter du 1er janvier 1986".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare l'amendement recevable.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Vous voyez que je dois
prendre une porte d'en arrière pour arriver à mes fins. Ce que je
voulais, c'est autre chose, mais je fais confiance aux législateurs pour
le corriger en cours de route. Je voulais que le salaire qu'on vient d'adopter
à 35 096 $ à l'article 1 soit gelé pour l'année
1983. C'est ce que nous avons demandé lors de nos discours en
deuxième lecture. Notre suggestion - nous avons aussi demandé
naturellement d'enlever l'indexation du premier janvier 1984, mais nous y
arriverons un peu plus loin dans l'étude du projet de loi - est la
suivante: qu'on gèle le salaire des députés pour
l'année 1983. Je ne reprendrai pas tous les discours que nous avons fait
en deuxième lecture là-dessus. Oui, il est vrai qu'on a dit que
c'était indécent d'augmenter le salaire des députés
en 1983, alors que la crise économique frappe tant de nos concitoyens,
alors que l'État, appauvri par la crise dont il a provoqué une
partie lui-même, n'a plus les moyens de payer ses propres travailleurs au
niveau auquel ils avaient droit par voie de conventions négociées
il n'y a pas tellement longtemps. À ce moment-là, oui, il est
indécent que les députés acceptent une augmentation si
mince soit-elle en 1983. Notre proposition était donc qu'à
compter de 1984, peut-être, peut-être pas, on laisserait le
législateur prendre en considération la situation à la fin
de l'an prochain, donc dans 12 mois d'ici, pour savoir s'il est indiqué
d'augmenter les salaires ou de conserver le gel. Mon amendement qui reporte en
janvier 1986 l'application de l'article 1, à savoir que le salaire
serait de 35 096 $ jusqu'à la fin de 1985, va plus loin que ce que nous
avons suggéré en deuxième lecture.
Je ne veux pas recommencer le débat que nous avons fait
là-bas, au Salon bleu, mais je ne peux m'empêcher de relever les
quelques propos que le leader du gouvernement a tenus dans sa réplique
lorsqu'il nous a prêté des motifs qui ne m'apparaissent pas
très dignes, à savoir que si nous voulons geler le salaire des
députés pour l'année 1983, c'est parce que nous avons le
secret désir ou la secrète intention de nous voter, en cachette,
l'an prochain, une augmentation indécente de 10%, 20%, 30%, je pense
qu'il a même dit 40%. Enfin, il est peut-être allé
au-delà de sa pensée mais, s'il a lu dans nos discours de tels
propos, je le prie de les corriger. Je ne les pense pas, à ce
moment-là on s'est mal exprimé. Ce qu'on veut, ce n'est pas
reporter d'un an le débat parce que nous voulons une augmentation de
10%, 20%, 30% ou 40% dans un an. Non, c'est que nous voulons que les
législateurs se penchent sur le problème dans un an en tenant
compte de l'évolution de la crise. À ce moment-là,
l'amendement que je propose fera en sorte que le salaire de 35 096 $ sera en
vigueur jusqu'à la fin de 1985. On sait très bien que cela
n'empêche pas le législateur, à la fin de l'an prochain, de
reconsidérer la situation. Si, par bonheur, la reprise économique
était plus réelle que celle qu'on prévoit, si la
croissance économique est vigoureuse à ce
moment-là, je suis convaincu que les législateurs, dans leur
ensemble, pourraient s'accorder une participation à la richesse
collective.
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que je propose mon
amendement. C'est central en ce qui nous concerne. C'est la raison principale,
en fait, la raison essentielle de notre vote contre le projet de loi no 110 en
deuxième lecture. J'ai dit très franchement, lors de mon discours
de deuxième lecture, que si on gelait le salaire des
députés pour l'an prochain, si on enlevait la clause d'indexation
qui commence en janvier 1984, nous aurions probablement, compte tenu des autres
petits changements qu'on devrait peut-être adopter, appuyé ce
projet de loi. Mais dans la situation actuelle, je pense qu'il est
indécent de se l'accorder, parce qu'au fond, le projet de loi,
même s'il repousse à l'article 2 de trois mois l'augmentation de
6%, a pour effet de confirmer cette augmentation de 6%. On me répondra:
Oui, mais si on vote comme vous et qu'on rejette le projet de loi no 110, quel
sera le premier résultat? C'est que, le 1er janvier 1983, les
députés auront une augmentation de 6%. Je le sais, mais je sais
aussi que le gouvernement a le pouvoir d'apporter une loi d'un seul ou de deux
articles qui dirait que l'indemnité qui est prévue à tel
article de notre Législature est majorée... Autrement dit, il y
aurait possibilité de proposer une loi seulement pour le gel de trois
mois que le gouvernement veut imposer. Donc, le fait de voter contre la loi
n'aurait pas dans mon esprit et ne peut être non plus le résultat
d'une intention de notre part d'avoir une augmentation le 1er janvier 1983. Au
contraire, nous demandons un gel pour toute l'année 1983.
M. le Président, je ne prendrai pas beaucoup plus de temps. Je
sais que nous avons des dispositions que je crois être plus importantes,
celles du projet de loi no 90 que nous devons aborder le plus tôt
possible et que j'aurais espéré voir aborder avant ces
dispositions plus terre à terre. Mais, j'espère que le
gouvernement est conscient que notre proposition n'est pas de la
démagogie. D'ailleurs, si on avait voulu en faire, on aurait fait comme
les péquistes en 1974, et on serait là pour une semaine
sûrement. Non, nous avons voulu simplement décemment dire au
gouvernement: Ne faites pas cette erreur de réduire la
crédibilité qui est très minée de nos
législateurs, de nos députés en nous votant...
Essentiellement, on se vote une augmentation au moment où il y a des
centaines de milliers de Québécois et de
Québécoises qui voient leur salaire réduit, non pas
seulement par l'effet du décret, ceux-là oui, mais aussi par
l'effet du chômage et par l'effet qu'une fois les dispositions de la loi
qui prévoit l'assurance- chômage sont épuisées, ils
se retrouvent avec des prestations d'aide sociale. C'est le message que nous
faisons très correctement, très posément et très
modérément.
Je n'aime pas la démagogie que j'ai vue dans la réplique
du leader. Nous ne voulons pas nous donner des augmentations indécentes
à la fin de 1983. Nous disons au gouvernement: Revenons à la fin
de 1983. Le gouvernement a décidé que le législateur doit
faire des gestes inédits, si on en juge par la loi no 105: des gestes
jamais vus. Le gouvernement a décidé qu'il doit intervenir
à cause de la crise. Bon! on reviendra à la fin de 1983 et
même si cela n'est pas très agréable d'étudier la
question du salaire des députés année après
année, cela constitue un cas où le gouvernement devrait faire
preuve d'une très grande prudence.
Dans l'esprit des Québécois, les législateurs et
les députés ne sont pas très hauts dans leur
échelle de valeurs et c'est considéré par ceux qui m'en
parlent comme étant un geste cynique. Je ne prête pas
d'intentions. Je sais qu'au fond c'est peut-être de la malchance; c'est
le "bad timing" qui fait qu'on étudie cela actuellement, mais c'est
considéré par nos concitoyens comme étant un geste cynique
d'accepter, même si on la repousse de trois mois, une augmentation de 6%
alors qu'il y a tellement de Québécois qui font face à la
crise avec beaucoup plus de difficultés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comte
tenu du fait que nos travaux doivent être suspendus à 13 heures,
il y a lieu de suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures, cet
après-midi.
M. Bertrand: Peut-on laisser nos choses là, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, on
va prendre les dispositions nécessaires pour qu'on puisse laisser des
documents en toute sécurité ici.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission de l'Assemblée nationale reprennent
l'étude, article par article, du projet de loi no 110. M. le leader du
gouvernement, vous avez demandé la parole.
M. Bertrand: Oui, M. le Président, sur l'article...
Une voix: ... 2...
M. Bertrand: ... 2 du projet de loi no 110. Je serai très
bref, d'autant plus que lors de mon discours en deuxième lecture et lors
de mon droit de réplique que j'ai exercé ce matin à
l'Assemblée nationale, j'ai tenté d'expliquer qu'il
m'apparaissait tout à fait raisonnable que des députés qui
avaient pratiqué la modération depuis bon nombre d'années
se sentent tout à fait à l'aise, même dans le contexte de
l'adoption de la loi 105 et dans celui de la crise économique, de
reporter de trois mois ce qui est déjà dans la Loi sur la
Législature, c'est-à-dire une augmentation qui, au départ,
était beaucoup plus élevée puisqu'elle permettait
l'indexation du salaire, mais qui a été plafonnée à
6% par une modification apportée à la Loi sur la
Législature en 1978, et que nous avons décidé de reporter
au 1er avril, donc, en gelant le salaire des députés pendant les
mois de janvier, février et mars. Je voudrais indiquer aussi que cette
augmentation doit être située dans un contexte plus global qui est
celui non seulement de l'indemnité que reçoit le
député de l'Assemblée nationale du Québec, mais
aussi du régime de retraite dont il jouit. Celui qu'il avait
était évidemment très généreux; il a
reçu tous les qualificatifs au cours des années. La proposition
que nous faisons dans ce projet de loi fait en sorte qu'au niveau de sa
rémunération globale, le député verra celle-ci
diminuer d'environ 19 000 $. Si nous n'avions pas livré la marchandise
au niveau du régime de retraite, que ce soit pour les
députés actuels ou pour les nouveaux députés qui
seront élus après le 1er janvier 1983, je crois qu'effectivement,
dans ce contexte, nous aurions été mal autorisés
d'introduire cet article 2 dans le projet de loi no 110 qui fait en sorte que
la majoration de notre indemnité soit de 2200 $ pour l'année 1983
et commençant le 1er avril.
Aussi, quand nous faisons la comparaison avec ce qui a été
consenti dans le secteur public, là-dessus les employés du
secteur public n'en portent pas la responsabilité, ou comment oserais-je
dire? dans le cadre des négociations, ils ont réussi à
aller chercher... Dans certains cas, cela a été
négocié et il y avait entente de part et d'autre; dans d'autres
cas, cela a été décrété: II n'en demeure pas
moins que, lorsqu'on regarde comment ont évolué les salaires des
employés du secteur public depuis le mois de janvier 1977, avec des
augmentations qui, fréquemment, arrivaient au cours du mois de juillet
de chacune de ces années, on constate qu'effectivement, à chaque
fois que le député ou bien gelait son salaire ou bien plafonnait
son augmentation à 6%, l'employé du secteur public avait en
moyenne des augmentations qui correspondaient au double de celles
accordées aux députés; l'inflation était aussi
à peu près le double de ce qui était accordé comme
salaire au député. (15 h 15)
C'est pour cela que j'ai dit ce matin que non seulement j'avais le
sentiment d'avoir vraiment la conscience en paix mais que j'étais
très heureux que nous ayons pu débattre cette question quelques
jours à peine après la discussion sur le projet de loi no 105.
Car je me sens tout à fait à l'aise de comparer ce que les
députés se sont accordés au cours des six dernières
années avec ce qui s'est passé dans l'ensemble de la
société, incluant les employés du secteur public, en
tenant compte aussi du contexte de crise économique que nous traversons.
Il m'apparaît que dans le cadre de cette crise, nous devons comme
députés consentir un effort. Si l'effort était de dire
nous adoptons l'article 2 qui prévoit une majoration à 37 202 $
de notre indemnité qui est actuellement de 35 096 $, je dirais: Comme
effort, ce n'est pas fort. Mais quand je constate que la
rémunération globale du député va diminuer de 19
000 $ au cours de l'année 1983, alors je dis que les
députés ont participé à l'effort de redressement
qui s'imposait dans le contexte de la crise économique.
Je veux simplement rappeler trois chiffres que j'ai donnés ce
matin. Au total en 1983, seulement au niveau du régime de retraite pour
les députés, ce sont plus de 3 000 000 $ qui ne seront pas
versés aux députés pour leur permettre de toucher plus
tard une pension en vertu de modifications que nous apportons à un
régime qui était effectivement abusif, trop
généreux. En même temps qu'il y aura 3 000 000 $ de moins
qui seront mis dans la rémunération globale des
députés pour leur permettre d'avoir une pension, il y aura bien
sûr des montants d'argent qui seront déboursés pour
permettre que s'applique l'article 2 du projet de loi no 110 et cela
équivaut à peu près à 200 000 $ comme
déboursés additionnels que l'État devra défrayer
pour permettre ces majorations de salaire du 1er avril 1983 au 31
décembre 1983.
Quel est le total de l'opération? Le total de l'opération
est une économie de 3 000 000 $ au niveau du régime de retraite,
un déboursé additionnel de 200 000 $ pour les salaires, donc au
total, 2 800 000 $ versés en moins aux députés de
l'Assemblée nationale du Québec. Cela fait partie de la
rémunération globale. C'est un concept connu, c'est un concept
dont tout le monde a parlé pour peu que les gens aient discuté un
jour de leurs conditions de travail. La rémunération globale
implique un salaire, cela implique une pension, la contribution en tous les cas
d'un employeur à une pension et cela implique des avantages sociaux.
Dans le cas du député, cela passe de 66 000 $ à 47 000 $,
une diminution de 19 000 $. C'est
cela la vérité, les chiffres. Je pense que si les chiffres
ont un sens, il convient que nous les prenions en considération.
Je n'aurais pas été capable de défendre cette
article 2 n'eussent été les décisions que nous avons
prises relativement au régime de retraite. Quand je considère les
décisions que nous avons prises relativement au régime de
retraite, je dis que non seulement j'ai la conscience en paix en adoptant
l'article 2, mais que j'ai aussi le sentiment d'être toujours dans la
même ligne de modération que n'ont pas prêchée, mais
pratiquée les députés de l'Assemblée nationale du
Québec depuis 1977, alors qu'ils ont, pour une année, gelé
leur salaire et que, par la suite, ils ont plafonné les augmentations
à 6% et que, pour les trois premiers mois de 1983, ils gèlent ce
salaire et reportent l'augmentation de 6% au 1er avril jusqu'à la fin de
l'année 1983. M. le Président, mes arguments étaient
déjà connus au moment du débat en deuxième lecture,
je ne viens qu'en répéter quelques-uns qui étaient
déjà connus et, à cause de cela, évidemment, nous
allons voter en faveur de l'article 2.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau, vous aviez demandé la parole?
M. Guay: C'était au moment où le
député de Marguerite-Bourgeoys intervenait. Enfin, c'est
simplement pour ajouter deux arguments. Le député de
Marguerite-Bourgeoys et sa formation politique ont fait la trouvaille du gel
pour un an qui, en fait, n'est pas une trouvaille, on a fait cette
opération en 1977. Il est difficile d'avoir deux poids deux mesures.
Comment intervenir dans les salaires à la négative et intervenir,
en même temps, dans les pensions à la lourdement négative,
moins de 20 000 $ par année par député? Il y a quand
même une certaine équité à respecter. Les chiffres
qu'a mentionnés le leader du gouvernement sont assez probants. Il me
semble que, quand on fait un effort aussi substantiel que celui que nous nous
apprêtons à faire en vertu de ce projet de loi, de demander aux
députés, après s'être serré la ceinture
pendant six ans, après avoir fait un effort plus que substantiel au
niveau des pensions, d'y ajouter un autre élément de recul, un
bon jour ce qu'on aura, cela sera un Parlement qui ressemblera peut-être
à ce qu'était le Parlement britannique au tout début du
parlementarisme britannique, c'est-à-dire des députés qui
n'étaient pas payés. C'était un club de gentlemen qui
étaient, de toute façon, au départ, des gens qui avaient
les moyens de faire cela puisqu'ils n'étaient pas payés. Si c'est
cela qu'on veut, cela va être un drôle de Parlement. Cela sera
quelque chose qui ressemblera étrangement au comité des sages de
la Chambre de commerce de
Montréal et du Board of Trade. Mais cela ne sera pas un Parlement
qui va refléter beaucoup la société
québécoise.
D'autre part - je l'ajoute, parce que j'en suis profondément
convaincu - quand on parle de l'augmentation du salaire des
députés, encore là, c'est une fausseté. Il n'y a
pas d'augmentation. Les salaires des députés ne sont pas
augmentés. Il est prévu dans le projet de loi sur la
Législature qu'ils sont indexés au salaire industriel moyen
canadien que nous avons, par ailleurs, plafonné à 6% pour ne pas
qu'il joue pleinement. Donc, c'est une indexation, il n'y a pas d'augmentation
comme telle. C'est une indexation et elle-même est plafonnée
à 6%. Si nous n'avions pas introduit, à ce moment-ci, au moment
où, en parallèle avec la loi no 105, on dit aux gens des secteurs
public et parapublic: II y a un sacrifice à consentir pour les
salariés de plus de 20 000 $, au même moment, il y a un sacrifice
substantiel à consentir du côté des parlementaires au
chapitre des pensions, si on n'avait pas fait cela, si on avait tout simplement
ignoré toute la question des salaires et pensions de l'Assemblée
nationale, si on avait tout simplement laissé porter, si on n'avait pas
présenté, soulevé, évoqué la question des
pensions, qu'est-ce qui se serait produit? L'indexation aurait joué au
1er janvier automatiquement, plafonnée à 6%. Il n'y a personne
qui en aurait parlé, au premier chef, du côté de
l'Opposition. Cela aurait joué, tout simplement, cela aurait fini
là. Pourquoi est-ce que, tout à coup, on fait un plat? Parce que,
au moment où on modifie les régimes de pension, on en profite
pour reculer l'indexation de trois mois au mois d'avril; donc, ce n'est plus 6%
sur 1983, mais 4,8. À partir de là, on ouvre la porte à
une certaine facilité, pour ne pas dire plus, du côté de
l'Opposition. Ils cherchent à marquer des points. C'est de bonne guerre,
je suppose. Mais, ce faisant, on ne revalorise ni le Parlement, ni la fonction
de parlementaire, dans l'immédiat et surtout pas pour les Parlements
à venir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je voudrais seulement ajouter quelques remarques, un
peu en réponse au député de Taschereau. C'est vrai ce que
le député de Taschereau dit, savoir que l'on doit payer nos
députés sinon on va avoir un gentlemen's club. J'ai toujours
prêché cela. Mais ce n'est pas comme procéder de la
façon dont on le fait ici. On doit les payer. Toute la question avec ce
gouvernement-ci, ce n'est pas ce qu'il veut faire, mais la façon de le
faire qui me cause des problèmes. Même le gel en 1977 et le
changement de l'indexation à 6% en 1978. Cela fait partie de l'image, du
show que le
gouvernement a fait, et il continue encore avec le bill aujourd'hui.
Si on avait laissé les choses comme en 1974, pour les gens qui ne
le savent pas, en 1974, c'était fait après une consultation de
gens de l'extérieur, même avec un représentant syndical. Et
même le gouvernement, à ce moment, a baissé les
recommandations de cette commission. La commission a recommandé 23 000
$, c'est 21 000 $ qui a été accepté par le gouvernement,
par l'aile parlementaire du Parti québécois et par ces gens.
L'Opposition était d'accord parce qu'on ne voulait pas procéder
sans le consensus absolu des députés en Chambre. C'était
la façon dont on l'a toujours fait au Parlement quand on a voulu
augmenter le salaire des députés. Cela s'est fait deux, trois
fois avant cela. C'est parce que cela fait longtemps que je suis ici que j'ai
eu des augmentations, parce que quand j'ai commencé ici, en I960,
c'était 6000 $ plus 2000 $ de dépenses. Mais cela a
augmenté et chaque fois qu'il y a eu une augmentation, c'était
avec le concours de tous les députés. Même en 1974,
c'était avec le concours de tous les députés, sauf un
samedi soir, à Montréal, le conseil national du Parti
québécois avait, après un vote, une majorité de
deux; ils ont eu instruction de dire non. Et après cela, on a eu tout le
débat, toute la démagogie et toute l'affaire de siéger ici
entre Noël et le Jour de l'An. Voilà ce que cela veut dire, c'est
le grand show du Parti québécois. Ici, il fait exactement la
même chose. Il essaie de créer l'impression qu'il donne une petite
augmentation, non pas une grosse augmentation. Il fait un gel. Il fait tout
dans la même loi sauf que, par des portes arrière, d'une autre
façon, il se donne tout ce qu'il veut. Voilà! II gèle pour
trois mois. Il garde les 6% après. Non pas comme il fait avec les
autres, qu'il coupe partout; cela ne fait rien. Mais en janvier, l'an prochain,
cela va être indexé au coût de la vie, non pas comme
l'indexation de 1974 alors que c'était le salaire moyen des gens de
l'industrie au Canada qui, vous savez avec la situation économique,
n'ont pas eu de très grosses augmentations de salaire... Mais le
coût de la vie monte. Cela veut dire qu'on nous donne quelque chose ici
qu'on n'a pas donné avant. Et aussi - je ne veux pas
répéter tout le plaidoyer de l'autre côté de la
Chambre -on nomme 68 personnes du côté ministériel qui vont
recevoir des salaires en plus, indexés encore par cette indexation
maximale... Cela veut dire qu'avec le grand show, il n'y a rien. Il donne une
grosse augmentation de salaire par la porte d'en arrière et je suis
certain que si on fait des calculs, on va trouver qu'au deuxième jour de
janvier 1984, vous aurez des augmentations d'environ 20% à 30%.
M. Guay: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau, sur une question de règlement.
M. Guay: Je m'excuse auprès du député de
Saint-Louis. Son envolée était belle mais c'est une
répétition de ce qu'on a entendu.
M. Blank: ...
M. Guay: On s'en est...
M. Guay: Voici ma question de règlement. À la
demande de l'Opposition et de certains députés de notre
côté, nous avons acquiescé à la scission du projet
de loi no 90 en deux projets de loi, le projet de loi no 110 et le projet de
loi no 90. L'histoire des adjoints parlementaires...
M. Blank: Vous donnez une augmentation ici. (15 h 30)
M. Guay: ... c'est dans le projet de loi. À l'heure
actuelle, la Loi sur la Législature qui est encore en vigueur - et il
n'y a pas eu de modifications d'adoptées - prévoit douze adjoints
parlementaires au maximum. Lorsqu'on étudiera article par article le
projet de loi no 90, on pourra débattre de cette question. Pour
l'instant, ce qu'avance le député de Saint-Louis est sans aucun
fondement puisque l'Assemblée n'a pas modifié la Loi sur la
Législature et que nous ne sommes pas à en train d'étudier
la loi qui concerne l'Assemblée nationale et qui, notamment, porte sur
les adjoints parlementaires. On parle des salaires et des pensions et
uniquement dans un projet de loi distinct, à votre demande. Alors,
tenons-nous-en au projet de loi.
M. Blank: Mais dans cette loi, on parle du salaire des
députés à partir du salaire de base; ici, on parle du
salaire de base. Si on suit la logique, on doit parler de ces affaires. Si cela
gêne le député de Taschereau, je ne le blâme pas. Je
serais gêné de siéger de ce côté aussi quand
on fait des choses comme celle-là.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: À l'article 7 de la loi no 110, au
sous-paragraphe 3 , on parle de "chacun des adjoints parlementaires", donc il
est tout à fait pertinent de nommer quiconque reçoit une
indemnité additionnelle dans un argument. D'ailleurs, la même
commission de l'Assemblée nationale sera appelée
après l'étude de ce projet de loi...
M. Blank: Je n'ai même pas parlé des adjoints
parlementaires, c'est lui qui l'a fait.
M. Lalonde: C'est cela, peut-être que vous craignez des
arguments, mais si vous voulez être aussi pointilleux, il faudra songer
à - je ne sais pas - opter pour une autre façon d'étudier
le projet de loi parce qu'on n'arrivera pas à le terminer.
M. Guay: Sur la question de règlement, M. le
Président, la dernière remarque du député de
Marguerite-Bourgeoys est quelque peu déplacée à mon avis.
Elle implique presque une certaine forme de chantage. Je suis sûr que ce
n'est pas ce qu'il voulait faire, mais quand même... Le fait est que,
à l'article 7 de ce projet de loi no 110, il est question de
l'indemnité additionnelle des adjoints parlementaires; il y en a 12
à l'heure actuelle. Quand le député Saint-Louis dit qu'il
y aura des augmentations de 20% et que 68 députés auront des
indemnités additionnelles, ce n'est pas en vertu de ce projet de loi que
c'est possible; en vertu de la loi, ce n'est pas possible à l'heure
actuelle. Je dis simplement pour la bonne tenue de nos travaux...
M. Lalonde: Bien, si vous voulez être pointilleux comme
cela, cela ne marchera pas.
M. Guay: J'ai la parole, si vous n'avez pas d'objection.
M. Lalonde: Écoutez, là, je comprends que le
nouveau leader parlementaire adjoint veuille se faire valoir, mais quand
même on n'a jamais été aussi restrictifs que cela dans
nos...
M. Guay: Le leader parlementaire de l'Opposition pourrait quand
même respecter le droit de parole des autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous platt!
M. Guay: Je n'avais pas terminé. Je disais simplement,
pour la bonne marche de nos travaux, puisque nous sommes à
l'étude article par article, que si, à chaque article...
M. Lalonde: Bon, d'accord, rejeté; argument
rejeté.
M. Guay: ... on fait un débat de fond sur l'ensemble des
deux lois, on n'en sortira jamais.
M. Lalonde: Objection rejetée.
M. Guay: Est-ce que le leader de l'Opposition est devenu
président de l'Assemblée nationale soudainement?
M. Lalonde: Non.
M. Guay: Alors, pourquoi se mêle-t-il...
M. Lalonde: C'est une suggestion que je fais.
M. Guay: ... de porter un jugement? M. Lalonde: Je
suggère qu'on avance. M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si on
veut faire du juridisme et du légalisme, il est vrai que le nombre
d'adjoints parlementaires est prévu dans la loi no 90. Par contre, il
est vrai également que l'article 7 parle des indemnités
additionnelles pour un certain nombre de personnes qui occupent des fonctions
additionnelles.
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
pas terminé...
M. Blank: Je n'ai pas mentionné l'adjoint
parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
conséquence, j'indiquerai tout simplement à l'ensemble des
députés de parler sur l'amendement qui a été
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys à
l'article 2 et de se contenter de parler de l'article 2.
M. Blank: M. le Président, comme je l'ai dit, je n'ai pas
parlé du tout des adjoints parlementaires; j'ai parlé des
indemnités additionnelles qui sont dans cette loi. Je
répète encore que 68 des 74 députés
ministériels auraient des indemnités additionnelles plus
l'augmentation de l'indexation au coût de la vie, le 2 janvier 1984, ce
qui fait, à mon avis, après calcul, entre 20% et 30%
d'augmentation par la porte d'en arrière, et il se vante de ne rien
faire ici.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Blank: Si on veut être très stricts, j'aurais pu
arrêter le député de Taschereau quand il a parlé du
régime de retraite. Même les régimes de retraite sont
basés sur...
M. Guay: Parlez donc sur l'article, arrêtez de
placoter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaîtl À l'ordre!
M. Blank: Oui, mais je réponds au député de
Taschereau...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaîtl S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Blank: ... qui parlait des pensions et qui s'est
vanté...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
voudrais pas que les débats de cette commission prennent une tournure
désagréable. L'article 160 prévoit qu'un
député a un droit de parole de 20 minutes sur chaque article,
chaque amendement et chaque sous-amendement qui est présenté. Le
leader du gouvernement, tout à l'heure, a parlé, à
l'article no 2, de pension. On ne parle pas de pension à l'article no 2.
Je pense que la présidence a toujours interprété de
façon très large, surtout en commission parlementaire,
l'interprétation de l'article no 60. Si vous me demandez d'être
strict sur l'application du règlement, à ce moment-là, des
deux côtés de l'Assemblée, je le ferai d'office. Mais, il
est généralement reconnu qu'en commission parlementaire on puisse
parfois, à l'article 2, déblayer des articles qui viendront plus
tard. Je pense que cela peut collaborer à la bonne marche de nos
travaux.
M. Lalonde: Je vous ferai remarquer que le leader du
gouvernement, tout à l'heure, a parlé des pensions, a
parlé de son argument, des rémunérations et que la
rémunération de base - et l'indemnité dont on parle
à mon amendement - est celle qui affecte les revenus de tous les autres
députés dans toutes les fonctions. Alors on peut parler...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le leader, je pense avoir répondu à tout cela.
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Je veux seulement continuer à répondre au
député de Taschereau à savoir qu'on coupe les pensions,
qu'on a peut-être droit à une augmentation, mais une augmentation
raisonnable quand on a de l'argent pour la payer. Nous, on prétend que
l'État, à ce stade-ci, après ce qu'il a fait avec les
projets de loi nos 70 et 105, n'a pas le moyen. Nous devrions être les
premiers à donner l'exemple d'un gel de salaire cette année, et
étudier l'affaire l'année prochaine pour savoir si vraiment on
pourrait se permettre cette indexation qui, comme je l'ai dit, serait une
indexation tellement importante... Ce n'est pas comme l'ancienne indexation
basée sur la moyenne des salaires au Canada, c'est sur le coût de
la vie. C'est complètement différent. Cela a toujours
été plus élevé. Quand le député parle
de la retraite, je trouve curieux qu'après toutes ses promesses à
l'élection de 1976, à savoir qu'il changerait le régime de
retraite, le Parti québécois ait attendu que tous les
députés et ministres élus en 1976 soient admissibles
à une pension de retraite avant d'arriver avec cette loi.
M. Guay: La deuxième lecture, vous avez seulement à
la faire en Chambre.
M. Blank: C'est une coïncidence, 22 ministres et 45
députés. C'est cela.
M. Guay: II y en a de votre côté.
M. Blank: Ah oui!
M. Guay: II y en a de votre côté aussi.
M. Blank: II y en a de notre côté aussi...
M. Guay: Ah!
M. Blank: Ce n'est pas nous qui l'avons demandé. Ce n'est
pas nous qui nous sommes vantés là-dessus. C'est vous autres qui
êtes des purs, qui vous êtes vantés que les pensions
étaient trop élevées. Mais vous attendez pensant que 67
gars vont se nourrir avec cela... vous arrivez avec un nouveau
système.
M. Guay: C'est tout à...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Est-ce que je peux poser une question au
député de Saint-Louis?
M. Blank: Oui, certainement.
M. de Bellefeuille: M. le député de Saint-Louis,
est-ce que vous seriez d'accord avec un gel de nos indemnités pour trois
ans?
M. Blank: Oui.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'en suis
étonné. Je ne pense pas que l'amendement soit sérieux. Je
pense que l'amendement est frivole...
M. Blank: Ce n'est pas frivole du tout.
M. de Bellefeuille: ... et je ne sais pas si le règlement
prévoit la chose, mais il
pourrait être écarté pour cause de frivolité.
M. Blank: Frivole... quand on demande...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît: M. le député de Bellechasse.
M. Lachance: Merci, M. le Président. Je n'ai pas raison de
douter de la bonne foi des gens de l'Opposition mais j'aimerais avoir une
preuve de leur part. Je m'interroge très sérieusement, par
exemple, sur leur attitude vertueuse présentement. La meilleure preuve
que je pourrais avoir c'est que, s'ils sont logiques avec eux-mêmes, une
fois qu'on aura adopté la loi, si cela demeure tel que prévu
à l'article 2, que ces gens-là décident de retourner au
ministre des Finances la différence d'argent.
Une voix: Pourquoi pas!
M. Lachance: On verra la bonne foi qu'ils manifestent
présentement, si c'est du "fling flang" ou si c'est réel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je n'avais pas l'intention d'intervenir. J'avais
cru comprendre, ce matin, que la partie était jouée, que les
interventions de deuxième lecture étaient faites, que chaque
parti était sur ses positions, présentait un amendement et
après cela chaque parti tenait ses positions sans faire le genre de
discours qu'on vient d'entendre. Je vais intervenir maintenant. Je vais
intervenir pour dire qu'il est difficile de tenir deux discours en même
temps. Un discours qui irait à l'encontre, dans le fond -là je
parle pour moi - de ce que j'ai pu défendre lorsque je parlais de la loi
no 70 ou de la loi no 105. Un discours aussi qui irait à l'encontre, en
même temps, de ce j'ai toujours pensé que devait être la
discussion qui entourerait les salaires et les rémunérations et
les conditions de travail des députés. Par ailleurs, ces
discours-là, ça se tient et ça doit se tenir dans des
circonstances particulières. Or, la dernière intervention du
député, à l'effet de dire: Bien, si vous n'êtes pas
contents, remettez-le, cela a déjà été fait. Cela a
déjà été essayé, cette démagogie et
puis cela a mené à des absurdités aussi. Alors, si on veut
se sortir du passé, commençons donc maintenant ici à cette
commission. Car cela c'est le discours qui a été tenu, entre
autres, par les gens du Parti libéral, une fois que les
députés du PQ à l'époque avaient fait leur
contestation; bien, ils leur ont dit cela. Ils leur ont dit: Si vous
n'êtes pas contents, si vous pensez que vous en avez trop - vous avez
fait un "filibuster" là-dessus - bien, remettez-le votre argent. Cela,
ce sont des discours qui ne nous mènent nulle part.
Moi, je veux bien comprendre, je veux bien qu'on soit clair. Quand on
s'est battu contre la loi 70, c'était parce qu'on prétendait que
la récupération se faisait sur le dos des mêmes personnes;
à partir du moment où le gouvernement avait des besoins et que
les gens des secteurs public et parapublic étaient conscients de ces
besoins, il y avait possibilité de procéder à un gel de
leur rémunération sans nécessairement faire de la
récupération. C'était cela le discours. Je ne peux pas
aujourd'hui prétendre que cela ne s'appliquerait pas de la même
façon aux députés que cela se serait appliqué,
selon mon discours à l'époque, pour les gens des secteurs public
et parapublic. Je ne peux pas dire non plus que les critères et je ne
peux pas invoquer que les critères qu'on doit utiliser quand on parle de
rémunération pour des travailleurs des secteurs public et
parapublic, cela ne doit pas aussi s'appliquer de la même façon
pour les députés, pour les membres de l'Assemblée
nationale.
Mais ce sur quoi on attire l'attention des membres du gouvernement,
c'est le moment où cela se passe, c'est de dire: à partir de ce
qui vient d'être voté, à partir de la loi 70 et à
partir de la loi 105, ou bien vous y allez carrément ou bien vous
arrêtez de fignoler les affaires et de faire des astuces. Pourquoi
à ce moment faire un gel de trois mois? Si toute l'argumentation du
leader du gouvernement est exacte, pourquoi n'a-t-il pas laissé la loi
actuelle jouer, c'est-à-dire à partir du 1er janvier? C'est l'un
ou l'autre, mais cela ne peut pas être les deux en même temps. Cela
ne peut pas être: D'un côté, je suis bon et pur; de l'autre,
c'est vous autres les salauds, mais je vais y trouver mon profit. La seule
argumentation par rapport à l'amendement qui est devant nous, c'est de
dire que le moment n'est pas propice à ce que le Parlement pose ce genre
de gestes. C'est juste cela. Ce n'est pas de dire que ce n'est pas
mérité, ce n'est pas de dire que ce n'est pas valable, ce n'est
pas de reconnaître le fait qu'il y a des gens trop payés et
surpayés, ce n'est pas cela du tout. C'est juste de dire: À ce
stade-ci, compte tenu de ce qui vient de se passer dans le même
Parlement, c'est ajouter une aiguille inutile. C'est uniquement dans ce sens,
M. le Président, et pas en allant à l'encontre des discours que
j'ai déjà tenus sur la question des salaires, du fonds de
retraite et des conditions de travail, de façon générale,
des députés que je serais prêt à examiner un
amendement qui va dans le sens de celui que le leader de l'Opposition a
présenté. Qu'on s'en tienne à cela, on est pour ou on est
contre. Mais qu'on arrête de se garrocher en pleine face, d'un
côté ou de l'autre de la
table, des arguments démagogiques qui vont faire juste une chose,
une escalade qui va nous amener à des situations que le passé
nous a déjà fait connaître.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, le député de
Sainte-Marie, qui a dit qu'il n'interviendrait pas là-dessus parce que
c'était réglé quant à lui au niveau du débat
en deuxième lecture - tout le monde avait fait son lit sur cette
question - a qualifié les propos du député de
Bellechasse.
Moi, sans lui prêter, et je sais très bien d'ailleurs quel
est son point de vue sur la question des salaires; je sais que le
député de Sainte-Marie considère qu'effectivement -si on
pouvait, dans un contexte, comment dirais-je, où on ferait totalement
abstraction de l'environnement qui ne permettrait pas qu'on discute très
"objectivement" de ces choses - le député devrait, sur la base
d'une hypothèse qu'on tiendrait, qui serait par exemple de le rattacher
à une classe de fonctionnaires, exemple administrateur classe IV, ou de
remettre en application les principes qui étaient contenus dans la loi
votée par le gouvernement libéral en 1974 ou autre chose, voir
son salaire replacé à un niveau décent. Il sait que sur la
décence, si on pouvait parler dans ce contexte, je pense que lui et moi,
on se rejoindrait; ce serait probablement quelque chose qui tourne autour de
chiffres qui sont connus d'à peu près tout le monde, si la loi du
gouvernement Bourassa s'était appliquée intégralement
depuis 1974 jusqu'à aujourd'hui, les salaires du député
seraient d'environ 48 100 $. Le salaire de l'administrateur classe IV est en ce
moment de 48 500 $. Donc, on ferait un calcul et je pense que, comme le dirait
le député ce matin un peu plus tôt, il ferait une
proposition qui en tout cas pour la prochaine Législature, pour
régler le problème une fois pour toutes comme il dit très
souvent, situerait probablement ce salaire à environ 48 000 $,
peut-être 50 000 $, quand on regarde ce qui est payé à
Ottawa aux députés fédéraux. (15 h 45)
Moi, je me permets de lui dire, sans vouloir être ni
méchant ni agressif à son endroit, que je considère que
c'est aussi de la démagogie que de dire que le "timing" est mauvais.
Parce qu'on en a beaucoup parlé du "timing". Ce n'est pas le bon moment
pour... Ce n'est pas le temps, quelques jours après avoir adopté
la loi 105, de procéder à cela et d'introduire un article dans la
loi 110 qui reporte... Parce qu'il y a une loi qui est en vigueur qui verrait
normalement le salaire du député passer de 35 096 à 37 202
$ au 1er janvier 1983, il faut donc faire quelque chose pour que pendant trois
mois il soit gelé et qu'à partir du 1er avril, il y ait 6% pour
les neuf derniers mois de l'année, ce qui représente, pour
l'ensemble de l'année 1983, 4,8% d'augmentation du salaire et un
déboursé pour l'État d'environ 200 000 $.
Le "timing"... J'ai dit ce matin, et je le pense sincèrement,
qu'au contraire c'est maintenant qu'il faut faire ce genre de
débat-là et que c'est bon, c'est sain, c'est correct qu'on puisse
le faire au moment même où nous, l'État-employeur,
décrétons des conditions de travail pour trois ans pour les
employés du secteur public, avec tout ce que cela comporte,
c'est-à-dire l'application de la loi 70 pour une partie des
employés du secteur public - pas tous, une partie - puis pas de
récupération pour environ 56 000, une récupération
qui varie entre 0% et 10% pour environ 110 000 et une
récupération qui varie entre 10% et 19,5% pour les autres 150
000. Tout cela sont des décisions que nous avons prises à
l'Assemblée nationale du Québec et dont le gouvernement porte les
responsabilités.
Je me sens cohérent quand, aujourd'hui, on prend le genre de
décision qu'on prend relativement à ce projet de loi no 110.
Cohérent avec les attitudes qu'on a eues au moment de l'adoption de la
loi 105. Je ne me sentirais pas capable de soutenir la même
argumentation, par ailleurs, si on avait vécu la même situation
depuis six ans que celle qu'ont connue les employés du secteur public;
si on avait touché des augmentations de 10,2%, 12,1%, 12,6%, 11,2%,
13,9%, entre 12% et 14% le 1er juillet jusqu'au 31 décembre dernier. Je
m'en sentirais pas capable. Là je sentirais qu'effectivement, si mon
salaire était de 48 000 $, 49 000 $ ou 50 000 $, il faudrait, si on
était sérieux, s'appliquer le même genre de médecine
que celle qu'on a finalement décidé d'appliquer pour les
employés du secteur public. La situation est loin d'être ce que le
député de Sainte-Marie décrit.
Le salaire des députés de l'Assemblée nationale -
ils l'ont décidé, ils ont pris cette responsabilité - a
été gelé pendant une année et il a plafonné
à 6% pendant une, deux, trois, quatre années consécutives
et il plafonne encore cette année - l'année prochaine, pardon -
avec un gel de trois mois, dans ce contexte et prenant en considération
le fait - parce qu'on recourt toujours à cette idée, et le
député de Saint-Louis y revenait tout à l'heure - que la
population n'a pas les moyens de payer. Je suis tellement d'accord avec ce que
dit le député de Saint-Louis, que la population qui n'a pas les
moyens de payer! Il a parlé du régime de retraite et il a dit que
cela avait pris du temps. Il a raison le député de Saint-Louis.
Cela a pris du temps mais cela aurait pu être fait en 1975, par exemple.
Cela aurait pu être fait.
M. Blank: On n'avait pas les mêmes problèmes
à ce moment-là.
M. Bertrand: Cela aurait pu être fait. En 1975, les
études que nous avons le prouvent, le coût que l'État
devait payer annuellement, par député, pour lui permettre de
toucher sa pension correspondait à 140% du traitement du
député. Au moment où on se parle, aujourd'hui, cela
correspond à 85%; avec les réformes, cela baissera à 31%.
Quand on parle de coût pour la population, de coût pour
l'État, de capacité de payer des contribuables, je fais remarquer
que si ce qu'on fait ici aujourd'hui a un sens et qu'on lit bien le projet de
loi tel qu'il est rédigé, les députés vont subir
une baisse de leur rémunération globale. Cela existe, une
rémunération globale. Le député de Sainte-Marie
connaît cela pour avoir été un gars qui a
négocié des conventions collectives et il parlait de la
rémunération globale quand il faisait de la négociation.
Il sait de quoi cela est fait. Quand on baisse une contribution de
l'État de 20 000 $ par député et qu'on augmente le salaire
pendant neuf mois de 2000 $, si on sait faire des calculs, on réalise
une chose, c'est que, effectivement, en 1983, il va en coûter moins cher
à l'État, donc à la population et aux contribuables, pour
un député qu'il en coûte à l'heure actuelle.
Dans ce contexte, le "timing" est loin d'être mauvais, il est au
contraire très bon, parce qu'il nous permet de mettre en relief ces
éléments qui sont relatifs aux députés, plus tous
les autres qui sont relatifs aux employés des secteurs public et
parapublic. Je ne me sens pas gêné du tout de faire les
comparaisons, tellement pas gêné de faire les comparaisons, que
quand je connais aussi... Tant mieux pour elles, tant mieux si elles ont
réussi, on parle des infirmières entre autres. Dieu sait que les
infirmières avaient besoin de faire un sérieux rattrapage au
niveau de leur salaire. Quand on regarde depuis 1974 jusqu'à
aujourd'hui, donc une partie de ces années étant sous le
gouvernement libéral et une autre sous le gouvernement du Parti
québécois, les conventions collectives signées sous deux
gouvernements différents, qu'est-ce qu'on constate au niveau des faits?
Un agent de bureau, classe nominale, échelon 2, en huit ans, a connu une
augmentation de salaire de 165%. Un journalier qui travaille au taux horaire a
connu une augmentation de 144,2%. Une infirmière, échelon 5 -
Dieu sait que je m'en réjouis, parce qu'il y avait du rattrapage
nécessaire de ce côté augmentation de 142,5% de son
salaire. Un ingénieur, classe II, échelon 4, 119,6%
d'augmentation.
Le salaire industriel moyen, le fameux salaire industriel moyen, pendant
ces huit années, de 1974 à 1982, a augmenté de 118,4%.
L'inflation - parce que le député de Saint-Louis parlait tout
à l'heure de l'inflation - pendant ces années, a
été de 110,7%. Donc, le salaire industriel moyen a
augmenté sur une période de huit ans plus que l'inflation: 118,4%
par rapport à 110,7%. L'enseignant qui a 17 ans de scolarité, 13
ans d'expérience, augmentation de 114,1%. Les députés
à Ottawa, j'en ai parlé dans mon discours ce matin, sur huit ans,
augmentation de 93,7% de leur salaire. Le salaire minimum au Québec,
augmentation de 90,5% sur huit ans. Puisqu'il faut y arriver, le
député à Québec, 67,1%. Le ministre à
Québec, 51,2%. Je veux bien qu'on parle de ces choses, mais je suis loin
d'être de l'avis du député de Sainte-Marie quand il dit que
le "timing" est mauvais.
Je pense que ce qui aurait été incorrect, cela aurait
été de ne pas faire ce genre de débat en même temps
qu'on discute du salaire, de la rémunération des employés
des secteurs public et parapublic. Je préfère le faire maintenant
que le faire dans un an. Je ne prête d'intentions à personne,
là-dessus je respecte tout à fait l'opinion qu'a émise le
leader de l'Opposisiton officielle ce matin, mais dans un an il est bien clair
qu'on aurait parlé de cela dans un tout autre contexte. Dieu sait que la
poussière sera retombée depuis un bon bout de temps dans un an.
Mais, le fait d'en parler aujourd'hui, cela permet d'être
confronté à une argumentation qui nous force à mieux
expliquer, à mieux faire comprendre un certain nombre de choses. Parce
qu'on vient d'adopter, tout récemment, la loi no 105, je pense que le
contexte ne pouvait pas être plus idéal pour faire en sorte que
les députés poussent jusqu'à leur extrême limite
leur réflexion, leurs argumentations sur cette question de la
rémunération globale des députés de
l'Assemblée nationale du Québec. Prenant le tout en
considération, non seulement j'ai la conscience en paix mais je ne me
sens pas gêné du tout, du tout de procéder à ce
moment-ci à ce qui m'apparaît être, même pas
l'application de la vertu même qui est la modération, mais
à quelque chose, moi je vais dire raisonnable mais il y a bien des gens
qui diraient: Au moins, tout en tenant compte de ce qui a été
accordé dans le secteur public depuis à peu près six ans,
si vous alliez simplement chercher quelque chose qui vous mettrait à peu
près au même niveau, vous iriez certainement chercher beaucoup
plus que les 2200 $ au premier avril 1983. Alors moi, le "timing" je le trouve
parfait.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais corriger cela, parce que
moi, je n'ai jamais parlé de "timing"?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est-à-dire que j'ai un ordre
d'intervenants, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II a le droit d'évoquer l'article 96.
M. Bisaillon: C'est parce que cela va arriver comme une mare
dans...
Je parle au président. Je dis seulement que le leader du
gouvernement est intervenu sur un certain nombre de choses en se
référant constamment au "timing" que j'avais invoqué. Je
n'ai jamais parlé de "timing".
M. Bertrand: Oui.
M. Bisaillon: Non, je n'ai pas parlé de "timing". J'ai
dit: Compte tenu de ce qu'on a vécu, on doit faire la même chose.
Ce n'est pas du "timing" cela. Ce n'est pas reprendre la même affaire
dans un an. L'amendement, c'est au premier janvier 1986; donc, c'est pour toute
la période que vont durer les conventions collectives qu'on vient de
prolonger par décret. C'est cela l'amendement qui est devant nous.
Alors, ce n'est plus une question de "timing" pour dire: On se reprendra dans
six mois ou dans un an quand la poussière sera retombée.
Deuxièmement, je n'ai jamais contesté les chiffres que le leader
du gouvernement vient de répéter et qu'il avait
déjà donnés. Je ne les ai jamais contestés. Je dis
seulement une chose, c'est que, si la rémunération du
député à Québec a si peu augmenté depuis un
certain nombre d'années, c'est parce qu'à un moment donné
le gouvernement a pris des mesures qui se justifiaient plus ou moins à
l'époque. Cela il faudrait peut-être qu'on le reconnaisse
aujourd'hui. Cela se justifiait plus ou moins à l'époque, compte
tenu de l'environnement. Aujourd'hui, je dis que si on prend un salarié
des secteurs public et parapublic avec une rémunération à
peu près égale à la nôtre, compte tenu de la
récupération qu'on va faire par la loi 70 et du prolongement
qu'on en fait avec la loi 105, il va se retrouver avec à peu près
le même salaire en 1985, c'est-à-dire en fin de convention
collective, que celui qu'il avait en juin dernier. Je dis: Appliquons-nous la
même chose. S'il y en a de l'autre côté qui ne se sentent
pas gênés, tant mieux. Mais l'amendement vise juste à dire,
sans prêter d'intentions à personne: On va faire la même
chose que ce que l'on a appliqué aux secteurs public et parapublic.
M. Guay: Article 100, M. le Président. Est-ce que je peux
poser une question au député de Sainte-Marie?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si le
député le permet.
M. Guay: Je voudrais poser une question au député
de Sainte-Marie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sans
débat, s'il vous plaît: (16 heures)
M. Guay: Non, non, sans débat. Le député
n'est-il pas d'accord, je comprends son argumentation, que prendre un
employé du secteur public au même taux de
rémunération qu'un député à l'heure actuelle
n'est pas tout à fait équitable et que, si on veut vraiment faire
le parallèle complet avec la loi no 105, il faudrait d'abord remonter
dans le temps, annuler effectivement les actions que le gouvernement a prises
pour limiter les augmentations de salaires des députés, qu'il a
prises dans le temps à tort ou à raison, comme il l'a
signalé, se donner à partir de 1976 ou de 1977, au moment
où les gels et ensuite le plafonnement d'augmentation sont intervenus,
se donner rétroactivement les augmentations qui ont été
consenties dans le secteur public, ce qui forcément nous donnait un
salaire beaucoup plus élevé aujourd'hui et, là à ce
moment, s'appliquer la loi 105, mais se l'appliquer dans les mêmes
conditions qu'on l'applique au secteur public et non pas prendre un
employé qui est actuellement au même niveau que les
députés, parce que cet employé depuis cinq ans a
été augmenté de beaucoup plus que 6%, 6%, 6%.
En d'autres mots, le député ne compare-t-il pas les choux
et les carottes et ne devrait-il pas plutôt prendre les employés
du secteur public qui, à l'époque, gagnaient le salaire que nous
gagnons et nous, nous donner rétroactivement la même règle,
qu'on l'applique intégralement mais sans être masochiste des deux
bords. Est-ce que le député ne pense pas qu'il y a une
espèce de jeu d'affaires croche dans son affaire?
M. Bisaillon: La réponse à votre question, si
effectivement c'est devenu des choux et des carottes, c'est que le
gouvernement, à quatre reprises, a pris des mesures pour que cela
devienne des choux et des carottes. Alors, qu'on subisse aujourd'hui les
conséquences des gestes qu'on a posés dans le passé, qu'on
vive avec le passé ou encore qu'on nous dise aujourd'hui: II nous est
arrivé quatre fois de faire des erreurs législatives, de proposer
des mauvais choix au Parlement, de profiter de notre majorité pour les
imposer au Parlement, qu'on dise cela aujourd'hui et peut-être que
là on pourra leur demander s'ils ont fait le même genre d'erreurs
avec la loi 70 et la loi 105. Pour l'instant, ce n'est pas cela le contexte. Le
contexte, c'est celui dans lequel le gouvernement s'est placé
lui-même. Partons de ce contexte et comparons-nous là où
nous sommes rendus. Les députés étaient d'accord en 1977
pour mettre cela à zéro. Ils étaient d'accord en 1978 pour
dire seulement 6%. Et
s'ils ne l'étaient pas, ils ne se sont pas exprimés. Mais
ils l'étaient supposément d'accord pour cela. À ce moment,
arrêtons de faire l'autruche et disons - ce qui se passe aujourd'hui,
c'est qu'on est à un niveau de rémunération de 35 000 $ et
par rapport à un travailleur des secteurs public et parapublic de
même niveau, il va se retrouver dans trois ans, lui, au même niveau
et nous aurons continué à augmenter. C'est la seule argumentation
que je tiens et je ne tiens pas à passer des heures là-dessus.
Personnellement, je serai prêt à voter.
M. Grégoire: J'avais demandé la parole. Le
député de Sainte-Marie est peut-être prêt à
voter. Cela fait à peu près trois-quart d'heure qu'il a la
parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y a
M. le leader de l'Opposition et le député de Frontenac par la
suite.
M. Grégoire: C'est correct, je n'étais pas
sûr.
M. Lalonde: En fait, j'écoute les arguments et j'en
conclus que le gouvernement n'est pas prêt à geler les salaires
des députés pour 1983. La motion, en effet, va jusqu'en 1986. Le
député de Deux-Montagnes la croit frivole, je respecte son
opinion, mais le député de Sainte-Marie a quand même
trouvé un argument pour son propre choix à lui, à savoir
que ce serait quand même conforme à ce qu'on a fait à des
dizaines de milliers de travailleurs, il y a quelques jours, à savoir un
gel effectif de rémunération pour cette même
période. Si vous n'aimez pas le 1986 et que vous dites -on n'est
prêt à geler pour 1983 - changez-la de 1986 à 1984. Je vais
être d'accord. Si personne ne le suggère de ce côté,
je comprendrai que vous n'êtes pas d'accord à le changer
même pour 1984.
Moi, ce que je voudrais simplement souligner, c'est la
rémunération globale invoquée par le leader du
gouvernement. C'est vrai que la rémunération globale par voie de
la pension est réduite mais c'est une réduction qui était
due depuis longtemps, qui aurait dû être faite il y a longtemps et
qui a tellement tardé que tout à coup, par hasard, on
s'aperçoit qu'un grand nombre de députés péquistes
de la fournée de 1976 se trouvent entrés dans l'enclos lorsqu'on
ferme la barrière. Cette rémunération globale ne doit pas
entrer en ligne de compte et encore là, ce que le leader du gouvernement
nous reproche, c'est-à-dire d'invoquer un mauvais "timing".
Lui-même invoque aussi un "timing" dans le sens qu'il dit qu'il faut
tenir compte qu'en même temps, on fait la réduction de la
rémunération globale en réduisant les pensions. Cette
réduction des pensions est tardive. Dans l'hypothèse où
elle aurait été faite il y a deux ans, elle aurait soulagé
le trésor public de façon beaucoup plus considérable que
maintenant mais ils décident de le faire maintenant. Cela va. Nous
sommes d'accord avec cette réduction de rémunération
globale. Nous avons des questions à poser; nous l'avons dit d'ailleurs.
Par exemple, pourquoi cela n'a-t-il pas été fait auparavant? Nous
avons peut-être même des suggestions à faire et j'aimerais
vous voir voter là-dessus.
M. le Président, quant au député de Taschereau, qui
efface tout ce qu'il a fait depuis quatre ou cinq ans et qui invoque ce qu'il a
lui-même rejeté afin d'appuyer l'argument qu'il tente de faire
pour justifier l'augmentation actuellement, cela s'appelle de la fabulation. On
doit tenir compte de la réalité actuelle pour porter un jugement
sur le bien-fondé de l'augmentation ou non. Naturellement, si on va
jusqu'à dire que si on n'avait pas fait ces changements, si cela avait
été la loi de 1974 qui était en vigueur, si notre salaire
était de 48 000 $ au lieu de 35 000 $, si et si... Cela n'est pas ce que
le monde se dit. Il me semble qu'on devrait respecter les gens.
Il me semble que les gens ont le droit d'être respectés.
Cela m'a frappé jusqu'à quel point, en plein débat
où le Parlement en a pris pour son rhume depuis jeudi dernier, ce qui
faisait la manchette, c'était l'augmentation du salaire des
députés. Cela veut dire que les gens en ont assez et qu'ils
considèrent qu'il est cynique pour les députés de passer
du temps à se confirmer une augmentation de salaire, même s'ils la
repoussent de trois mois, au moment où on vient de faire ce que le
gouvernement croyait justifié de faire. C'est seulement cela. Il me
semble qu'on devrait, quand on parle de "timing"... Moi, je n'ai pas
parlé de "timing", je dis que c'est indécent.
Je dis que cela n'est pas prudent de le faire maintenant. Cela n'est pas
indiqué de le faire maintenant. Chaque décision politique est
faite dans le temps et non pas dans l'abstrait. Si on voulait évaluer ce
qu'un député mérite de recevoir, par exemple, comme
rémunération et qu'on posait des questions aux gens ici autour de
la table, on aurait douze opinions différentes, compte tenu de ce que
chacun croit où la valeur doit être établie, etc. Il y en a
qui parlent d'administrateurs, classe 4, d'autres, c'est d'autre chose. Bon!
Moi, je constate que le gouvernement du Parti québécois est en
faveur de l'augmentation des salaires des députés pour
l'année 1983. Nous ne partageons pas cette opinion. Au contraire, nous
croyons qu'il est désirable que les députés s'imposent une
restriction à ce chapitre, compte tenu de la situation économique
et de l'incapacité du gouvernement de faire face à ses
obligations.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je ne sais pas si
j'ai bien compris. Je vais le demander au leader du gouvernement. C'est pour
cela que j'entends discuter et je me demande s'il n'y a pas erreur quelque
part. Ce qu'on demande, de par la loi, c'est une augmentation de 6% à
partir du 1er avril jusqu'au 1er janvier 1984; ce qui fait pour l'année
une moyenne de 4.5%, c'est...
Une voix: 4.8%.
M. Grégoire: Oui, alors 6% sur neuf mois, cela
équivaut à 4.5% ou, je ne sais pas, je me trompe un peu.
Une voix: 4.8%.
M. Bertrand: 6% sur neuf mois, cela équivaut à 4.8%
sur douze mois.
M. Grégoire: D'accord, 4.8%. Mais malgré tout cela,
au 1er avril, l'ensemble des secteurs public et parapublic va quand même
connaître une augmentation en moyenne de 5%.
Une voix: 5.8%.
M. Grégoire: 5.8%. Ce qui veut dire que, malgré
tout, on ne s'accorde pas plus que ce qui est accordé à la masse
salariale comme rémunération dans l'ensemble des secteurs public
et parapublic.
M. Bertrand: Par rapport au 30 juin 1982.
M. Grégoire: Non, l'ensemble. M. Bertrand: La
moyenne. M. Grégoire: La moyenne.
M. Bisaillon: Évidemment, la masse cela va s'appliquer
seulement à ceux qui gagnent moins de 20 000 $.
M. Grégoire: Oui, mais à nous aussi, parce que les
ministres n'ont une augmentation de 4.8% que sur leurs 35 000 $ et non pas sur
leurs... Alors, la même chose joue. Comme adjoint parlementaire, par
exemple, l'augmentation de 4.8% ne s'appliquera que pour la partie
député et non pas pour le reste; alors, cela joue. Donc, ce qu'on
fait et là, je ne sais pas si le député de Sainte-Marie
avait compris cela, ce qu'on fait c'est exactement ce qui est fait pour
l'ensemble des secteurs public et parapublic. Eux ont une augmentation de 5% et
nous de 5.8%. Disons que c'est la même chose. Ce n'est pas pour deux
dixièmes de 1% qu'on critiquera. Le député de Sainte-Marie
me dit que les 5% ne seront attribués qu'à ceux qui ont 20 000 $
ou environ, ce qui veut dire que ce sont les plus mal placés de
l'ensemble de la fonction publique, qui sont peut-être les plus nombreux,
qui en profiteront et peut-être pas ceux de la fonction publique qui ont
un salaire de 40 000 $ - 45 000 $. Pour nous, c'est la même chose: ce ne
sont pas les ministres, les adjoints parlementaires, le président de
l'Assemblée nationale ou les autres qui profiteront des 4,8%
d'augmentation. Ils en profiteront seulement pour leur échelon de 35 000
$, un point, c'est tout. Alors, je ne vois pas ce qu'on fait dans les secteurs
public et parapublic comme moyenne et comme pourcentage qu'on ne fait pas pour
nous. Je trouve que cela revient au même. Je trouve qu'on entre dans le
même plan d'action, dans le même pourcentage d'augmentation en
tenant compte des mêmes considérations, c'est-à-dire plus
pour ceux qui en ont moins et beaucoup moins pour ceux qui en ont plus. Je ne
vois pas du tout à quoi peuvent nous mener les arguments qui nous
viennent depuis le début puisqu'on fait la même chose pour nous
que ce qu'on fait pour la fonction publique?
M. Bertrand: Mais c'est plus que cela, M. le député
de Frontenac. Ce que vous dites est exact, c'est-à-dire qu'à
partir du 1er avril 1983, calculé sur une moyenne, par rapport au 30
juin 1982, l'augmentation sera d'environ 5,8% dans le secteur public. Mais tout
à l'heure, on a fait un amendement qui est relatif aussi aux
années 1984 et 1985, si ma mémoire est bonne. Or, on dit: Pour
faire comme dans le secteur public... Or, dans le secteur public, ce n'est pas
cela qui se passera au 1er janvier 1984 et au 1er janvier 1985. Ce sera l'IPC
moins 1,5%, mais j'en reparlerai, par exemple, du moins 1,5%. Avec le
député de Sainte-Marie, qui connaît bien ces choses, on
reparlera du moins 1,5% pour voir exactement ce que cela peut vouloir signifier
concrètement quand on a ensuite pris en considération les
avancements d'échelon.
M. Grégoire: M. le Président, même si je n'ai
pas terminé mon intervention, j'accepte...
M. Bertrand: D'accord.
M. Grégoire: ... l'explication, mais je n'ai pas
terminé mon intervention.
M. Bertrand: Non seulement le député de Frontenac
a-t-il raison de dire ce qu'il dit, quand il parle de ce qui arrivera pour la
moyenne des employés du secteur public par rapport à ce qui
arrivera pour les députés pour l'année 1983 mais
tantôt, le leader de
l'Opposition disait au député de Taschereau: Vous tentez
d'indiquer que si on devait s'appliquer le même raisonnement que celui
qu'on a appliqué pour les employés du secteur public en ce qui
concerne la récupération modulée entre le 1er janvier 1983
et le 31 mars 1983, on devrait, si on veut s'appliquer ce genre de
régime, considérer qu'on aurait acquis, depuis 1977, ce qu'ont
acquis les employés du secteur public. Le député de
Marguerite-Bourgeoys -là-dessus, je respecte son opinion - dit que cette
façon de raisonner... Écoutez, c'est vous-mêmes qui avez
décidé de ne pas vous donner, entre 1977 et 1983, ce que les
employés du secteur public ont obtenu dans le cadre des
négociations de conventions collectives. Mais si je le prends à
l'inverse complètement et que je prends l'employé du secteur
public qui, au 1er janvier 1977, gagnait le même salaire que le
député, alors là cela devient intéressant. Le
député gagnait, le 1er janvier 1977, 27 800 $. Celui qui dans la
fonction publique avait un salaire à peu près équivalent,
c'est un professionnel, agent de recherche socio-économique, qui gagnait
27 717 $, donc, 83 $ de différence. Je pars de là pour faire une
comparaison. Le député, avec les augmentations qu'il a eues, se
retrouve, au 31 décembre 1982, à 35 096 $. Le professionnel,
agent de recherche, qui était à peu près au même
salaire que le député, le 1er janvier 1977, lui, se retrouve, au
31 décembre 1982, à 47 727 $. Donc, il a, par rapport au
député, environ 12 700 $ de plus en ce moment, au moment
où l'on se parle: 12 700 $. Je ne lui en veux pas, on les lui a
consentis. Si nous avons décidé de nous appliquer 0%, 6%, 6%, 6%,
6%, c'est parce que nous l'avons décidé. (16 h 15)
Mais je pense qu'il est important d'établir qu'effectivement il y
a une différence et que même avec la récupération
qui va durer trois mois, pour cette personne qui gagne 47 727 $ au 31
décembre 1982, son salaire, pendant trois mois, va tomber à 38
438 $. Le salaire du député qui est gelé pendant ces trois
mois-là est toujours à 35 096 $. Même avec ce qu'on appelle
la fameuse piscine, cette personne qui avait le même salaire que le
député le 1er janvier 1977, aura quand même 3 400 $ de plus
en janvier, février et mars 1983. Quand le 1er avril va arriver, M. le
député de Frontenac, et que le député va passer
à 37 202 $...
Une voix: Cela ne nous dérange pas.
M. Bertrand: ... eh bien, cet agent de recherche
socio-économique qui était à 38 438 $ pendant janvier,
février et mars, il revient à son salaire du 30 juin 1982 qui
était de 43 277 $. Cela veut donc dire qu'entre le 1er avril 1983 et le
31 décembre 1983, celui qui gagnait le même salaire que le
député en 1977 va avoir 6 000 $ de plus que le
député pendant neuf mois en 1983. Il l'a eu, tant mieux pour
lui.
M. Gréroire M. le Président, c'est mon droit
de...
M. Bertrand: On ne se l'est pas donné, tant pis pour nous.
Voilà les chiffres.
M. Grégoire M. le Président, c'était mon
droit de parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: J'ai l'habitude de me faire interrompre par
l'Opposition mais...
M. Bertrand: C'était une parenthèse.
M. Grégoire: Cela ne fait rien. Comme j'aime bien le
ministre...
Alors, M. le Président, comme conclusion, ce qu'on se fait, on
fait exactement la même chose à la fonction publique et
parapublique. C'est pour cela que j'ai un peu plus de difficulté
à comprendre les propos du député de Saint-Marie. Je pense
qu'il n'avait pas tout à fait saisi l'opération qui est en train
de se mener puisque c'est exactement la même pour les
députés que pour la fonction publique et parapublique.
Il y a une autre chose que je voudrais faire remarquer au
député de Sainte-Marie, juste en passant, non pas pour provoquer
une discussion, c'est quand il a accusé mon collègue de tenir des
propos de démagogie. Je pense que c'est un peu de la démagogie en
soi que de dire cela, parce que quand le député de Saint-Louis
dit: On va geler nos salaires pour trois ans, cela... Il nous disait,
tantôt, que cela faisait 22 ans qu'il était député,
qu'il avait toujours assisté aux mêmes choses, que l'Opposition
proposait des gels. Les mêmes propositions ont toujours été
faites, cela a toujours été la même chose. L'Opposition a
toujours su que son salaire ne serait pas gelé.
J'ai vu un homme, dans ma vie politique, M. le Président, qui a
accepté que son salaire soit retourné. Il y en a seulement un que
j'ai vu qui a accepté cela: John Diefenbaker, en 1964. Il n'a jamais
accepté l'augmentation et, à sa mort, l'augmentation a
été accumulée. Il avait mis dans son testament que toutes
les augmentations accumulées depuis 1964 jusqu'à sa mort, en 1977
- je crois - serviraient à la création de la bibliothèque
John-Diefenbaker qui devait conserver tous ses mémoires. C'est la seule
fois où j'ai vu faire cela. Mais à toutes les fois qu'on a
discuté de salaire ou de fonds de retraite, il y a toujours eu un
côté qui a
dit: Oui, j'accepterais d'être gelé pour trois, quatre ou
cinq ans, et un autre côté qui a dit: Eh bien, retournez donc
cela. Cela a toujours été. Il y en a toujours un qui dit: L'autre
fait de la démagogie. Alors, les trois en faisaient dans ce
temps-là... Tout le monde en faisait, que ce soit d'un côté
comme de l'autre.
M. le Président, c'étaient là les deux remarques
que je voulais faire. Je dois ajouter une chose. En 21 ans - le
député de Saint-Louis a dû voir la même chose - on
s'est toujours dit: Là, on règle les affaires d'une façon
définitive. Cela n'a jamais été réglé d'une
façon définitive, parce que les conditions changent et cela
évolue. En 1974, la proposition qui a été faite
était peut-être bonne pour ce temps-là. Mais l'augmentation
du coût de la vie était de 1 1/2%, de 2% et les augmentations de
salaire étaient peut-être de 5%. C'était bon pour ce
temps-là, la proposition. Cinq ans plus tard, sans que personne ne s'y
attende, le coût de la vie était rendu à 12 1/2%. Les taux
d'intérêt étaient rendus à 20%. Les conditions
étaient changées, tout était changé, c'était
à recommencer. Je pourrais dire une chose au leader parlementaire de
l'Opposition. J'ai cru, une bonne fois, qu'ils nous réglaient les cas
des fonds de retraite à Ottawa, en 1964, quand ils ont voté cela.
Tout le monde disait: On vient de recevoir le plus gros fonds de retraite qu'on
n'a pas. Moi j'ai fait trois mandats. Soit dit en passant, hier, on a dit dans
l'Opposition - je ne l'ai pas compris, je l'ai lu dans les Débats,
aujourd'hui - Oui mais, il est revenu à Québec parce qu'il s'est
fait battre à Ottawa. Non, je n'ai jamais été battu
à Ottawa. J'ai gagné les trois fois et, quand je suis parti, je
suis parti de moi-même. J'avais eu 5 000 et 6 000 de majorité
chaque fois. Je suis parti de moi-même parce que je ne croyais plus
à cela. J'y ai été avec mes convictions et j'ai
laissé, dans ce temps là, à... Comment se fait-il?
M. Lalonde: J'allais vous poser une question. Comment se fait-il?
Le député de Frontenac est parti d'Ottawa parce qu'il croit
à l'indépendantisme et maintenant, son Parti veut aller à
Ottawa pour les mêmes raisons.
M. Grégoire: Ah, moi, je n'y retournerai pas. Moi, j'ai
connu cela et une fois suffit dans la vie. Toujours est-il qu'une fois on a
dit: On a réglé la question des régimes de pension pour la
vie. C'était bien installé et tout. Et on pensait voter le
Klondike. Trois mandats, c'est quand même assez, c'est plus que la
moyenne en général. Savez-vous ce que cela me donne aujourd'hui,
quatorze ans après, le Klondike qui a été voté
à ce moment? 143,77 $ par mois. Le même montant que le jeune de
18, 20 ans qui est sur l'aide sociale et qui reste chez lui, 143,77 $ par mois.
Il ne faut pas que j'oublie les 77 cents par mois. Dans ce temps,
c'était le Klondike. C'est évident que dans ces conditions il
faut que cela évolue continuellement. Il y aura toujours des
changements. Il y en eu en 1974, il y en a eu en 1977, il y en a eu cette
année et le député disait: Fixez cela une bonne fois pour
toutes. Ce ne sera jamais fixé une fois pour toutes parce qu'il y aura
toujours des changements dans tout cela et cela évoluera toujours. Ce
sera toujours à refaire et, à chaque fois qu'on va revenir pour
en discuter, cela va toujours se discuter longtemps. C'est dans le jeu et cela
va rester là-dedans. C'est cela que je dis. Il ne se fait pas de
démogagie, à mon avis, ici. Chacun exprime son opinion.
Peut-être que les gars de 1974, dans l'Opposition, en ont fait. Je trouve
que ceux de l'Opposition de 1982 en feront peut-être moins - et je dois
les féliciter - que ceux de l'Opposition en 1974. Ils déchirent
peut-être moins leur linge qu'en ce temps-là. C'est possible.
N'oubliez pas une chose, ceux de 1974 n'avaient jamais été au
pouvoir, n'avaient jamais su ce que c'était et n'avaient pas connu la
crise actuelle. C'est vrai. Vous savez que, quand vous arrivez comme tiers
parti, ce n'est pas du tout la même façon de
réfléchir. Moi, je n'ai jamais été dans un vieux
parti qui était habitué aux caisses électorales et aux
affaires sous la table. Je n'ai jamais été habitué
à cela. Je n'ai jamais été habitué à une
caisse électorale. Quand j'ai gagné trois fois, je faisais des
élections sans souscriptions du gouvernement; cela coûtait 500 $,
faire une élection. Le député de Jonquière le sait,
j'étais député de ce comté. Il sait que je n'ai pas
été battu au fédéral; au contraire, j'avais une
majorité comme on n'en avait jamais vu. Je n'avais pas pensé
à lui. J'étais son député, il n'avait pas le droit
de vote, c'était un jeune.
M. Lalonde: Est-ce que c'était avant ou après la
première guerre mondiale?
M. Grégoire: C'était pratiquement pendant la guerre
de Corée. C'était au début de la guerre du Vietnam. En
tout cas, ce que je dis, c'est que cela va toujours évoluer. Cela va
toujours changer. Cela va toujours revenir devant un gouvernement parce qu'on
ne réglera jamais cela d'une façon définitive. Il y aura
toujours des circonstances qui changeront, mais je prétends une chose
par exemple, et cela j'aimerais mieux le dire pour l'ensemble du projet de loi,
que ce soient les salaires ou les pensions. Je crois une chose, c'est que tous
ceux qui sont ici à l'heure actuelle, mais qui ne seront peut-être
pas là dans cinq, dix ou quinze ans, qui à ce moment retireront
leur pension, ceux qui sont ici, de
l'Opposition comme du parti au pouvoir, à cause de la crise,
auront été la génération sacrifiée des
députés. La situation va revenir comme avant et on se dira dans
cinq ans: En 1982, quand ils ont changé le régime de pension, ils
ont exagéré un peu, ils ont abusé. Entre autres, on dit:
Les gars se présentent de plus en plus jeunes, ils peuvent prendre leur
retraite après avoir été députés pendant
quinze ans, à quarante ans. Mais ils auront passé les meilleures
années de leur vie ici, ils auront étudié comme avocat,
par exemple, mais n'auront pas eu le temps d'établir un bureau
d'avocats, un bureau de médecins. Ils n'auront pas eu le temps de lancer
un commerce, d'accumuler assez d'ancienneté dans le domaine de
l'enseignement pour avoir la sécurité d'emploi, eux. À 40
ans, ils se retirent et on leur dit: Attends à 60 ans pour avoir ta
pension. Moi, cela ne m'affectera pas parce qu'en 1985 je vais avoir 59 ans, je
n'attendrai pas longtemps. Mais je dis pour les autres, par exemple, ceux qui
sont ici, qui auront été les députés... En 1985,
j'aurai 59.
M. Pagé: Rien que cela?
M. Grégoire: J'ai 56 ans. Je suis resté jeune, M.
le député de Portneuf. Je suis encore capable. Je suis encore
dans la moyenne des jeunes. Ce n'est pas seulement l'air, c'est la chanson.
Je dis que la génération de députés
aujourd'hui, autant ceux de l'Opposition que ceux du pouvoir, aura
été la génération sacrifiée par ces
amendements parce que je suis convaincu que, dans trois ans, quatre ans, on
arrivera et la crise sera terminée et on dira: Cela n'avait pas de sens
ce qu'ils ont voté là, cela n'avait pas de sens, et on refera
cela. Mais ceux qui y sont aujourd'hui ou qui y ont été hier
seront victimes; dans quatre ans, cinq ans, ils devront endurer ce qui a
été voté aujourd'hui. Comme ce n'est jamais
rétroactif, ceux qui seront là dans cinq ans, six ans, sept ans
ne penseront pas, ne vous inquiétez pas, à ceux qui auront
été sacrifiés aujourd'hui pour adopter une loi
rétroactive. Ils vont les oublier complètement. Est-ce vrai cela,
M. le député de Saint-Louis? Cela a toujours été
comme cela. On ne pense jamais aux autres. J'en connais qui ont
été députés à Ottawa pendant 15 ans, pendant
18 ans et pendant 20 ans et des hommes qui ont été ministres dans
les années cinquante et qui aujourd'hui reçoivent des pensions de
65 $ par mois. On n'a jamais pensé à eux. On a toujours
passé des lois pour ceux qui sont là actuellement mais jamais
rétroactives. La génération d'aujourd'hui, des
députés d'aujourd'hui, des deux côtés - je le dis
que cela s'adresse aux deux, et je vois le député de Saint-Louis
qui a de l'expérience comme moi, et qui en a vu comme moi, et il sait
que c'est vrai - la génération d'aujourd'hui des deux
côtés aura été la génération
sacrifiée dans cette affaire-là. Dans quatre ou cinq ans on n'y
pensera plus mais ceux qui seront là se favoriseront à leur tour.
C'est ce que je voulais dire, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion d'amendement du député...
M. Lalonde: Je voudrais simplement ajouter quelque chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: II y a une disposition qui m'apparaît
incohérente avec le refus de geler le salaire des députés.
Elle n'est pas loin, elle est dans le même article. Dans le même
article on gèle l'indemnité additionnelle prévue à
l'article 7 de tous ceux qui ont des fonctions additionnelles. On la
gèle au même niveau qu'en 1982, si on dit qu'on ne la calcule pas
sur l'augmentation prévue par l'article. Le gouvernement a cru bon - je
suis d'accord, s'il y a moyen de voter contre un alinéa et pour l'autre
je vais le faire - de geler l'indemnité additionnelle prévue dans
la loi. Je pense que j'aimerais vous en féliciter mais pour vous en
féliciter il faudrait que vous ayez le courage de vos choix, de vos
priorités. Si la priorité - c'est une des priorités
sûrement, c'est un choix -est à l'effet que l'indemnité
additionnelle en 1983 ne dépassera pas l'indemnité additionnelle
de 1982. Mais pourquoi le salaire de 1983 devrait-il dépasser celui de
1982? Expliquez-moi cela.
M. Bertrand: Parce qu'on veut aider les plus démunis parmi
les membres de l'Assemblée nationale. Le ministre n'est pas le plus
démuni parmi les membres de l'Assemblée nationale. Le
vice-président n'est pas le plus démuni parmi les membres de
l'Assemblée nationale. Le leader de l'Opposition n'est pas le plus
démuni parmi les membres de l'Assemblée nationale. Mais le
député, qui n'a aucune indemnité additionnelle, est le
plus démuni parmi les membres de l'Assemblée nationale. C'est
mutatis mutandis l'application de la loi 105.
M. Lalonde: C'est le jugement que vous portez à vos lois
que vous avez fait adopter depuis cinq ans sur l'indemnité, c'est que
les simples députés sont des démunis.
M. Bertrand: Les plus démunis.
M. Lalonde: Ils sont encore plus démunis.
M. Bertrand: Ce sont les plus démunis.
M. Guay: Dans les 122. On se rend aux arguments du
député de Sainte-Marie une fois encore qui, hier, nous proposait
cela en Chambre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys sera
adoptée?
M. Lalonde: L'appel des noms, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys est à
l'effet de modifier l'article 2 en remplaçant dans la deuxième
ligne du premier alinéa les mots "avril 1983" par les mots "janvier
1986".
M. Bisaillon: Au paragraphe 2.
M. Lalonde: S'il était voté, il faudrait faire une
concordance au deuxième alinéa.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion d'amendement est sur la première partie de l'article 2.
M. Lachance (Bellechasse).
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Blank
(Saint-Louis).-
M. Blank: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brassard (Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Guay
(Taschereau).
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, le Président comptera à la fin.
M. Bordeleau (Abitibi-Est). M. Gratton (Gatineau). M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde. (Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Levesque (Bonaventure). M. Marquis (Matapédia), M. Lachapelle (Dorion),
M. Pagé (Portneuf).
M. Pagé: Pour. (16 h 30)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Attendez
un peu. M. Vaugeois (Trois-Rivières).
M. Vaugeois: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Vaillancourt (Jonquière).
Une voix: Comment votez-vous?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bisaillon (Sainte-Marie).
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! La motion d'amendement est rejetée
à six contre quatre.
M. Grégoire: M. le Président. Je voudrais... Sur
une question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grégoire: Je voudrais rendre le député de
Sainte-Marie heureux. Il est pour le gel? Je vais "pairer" avec lui. On va
geler tous les deux. Je ne vais pas dire: Lui, il gèle. Je vais geler
avec lui jusqu'au 1er janvier 1986.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Bisaillon: Je suis d'accord. M. Grégoire:
D'accord.
M. Bisaillon: Pour autant qu'on crée un fonds
spécial pour le comté de Sainte-Marie.
M. Grégoire: Pour les deux comtés.
M. Bisaillon: Pour créer de l'emploi que le gouvernement
ne fait pas de ce temps-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît; Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
Motion de report à janvier 1984
M. Lalonde: J'ai un autre amendement à apporter et je le
présente tout de suite: Que l'article 2 soit modifié en
remplaçant, dans la deuxième ligne du premier alinéa, les
mots "avril 1983" par les mots "janvier 1984". Je vous dis tout de suite que
j'ai seulement changé 1986 pour 1984, parce que je veux donner la chance
au député de se prononcer sur le gel de l'an prochain et non pas
trois ans.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Amendement recevable.
M. Lalonde: Pour les mêmes arguments, je n'ai pas
l'intention de les répéter, s'il n'y en a pas d'autres qui
veulent s'exprimer, je demanderais le vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion d'amendement sera adoptée...
M. Bertrand: Même vote. M. Lalonde: Même
vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même vote. L'amendement est rejeté à six voix contre
quatre.
M. Lalonde: Les masques sont tombés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaîti Est-ce que l'article 2 sera adopté?
M. Bertrand: Adopté. M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté sur division. Article 3.
M. Lalonde: Un instant. Est-ce que vous ne mettez pas les deux
alinéas au vote séparément?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, je
vous ai demandé si l'article 2 était adopté, vous avez
dit: Adopté sur division.
M. Lalonde: Je pensais que c'était le premier
alinéa que nous votions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les deux
amendements ont été votés. C'est l'article qui...
M. Lalonde: Est-ce que c'est possible de mettre le premier
alinéa au vote et le deuxième alinéa au vote?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
c'est de la scission d'un vote, c'est un problème dont on a
déjà discuté avec...
M. Lalonde: Cela va. Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
3.
M. Bertrand: Je voudrais donner - si vous me le permettez -
quelques explications, parce qu'effectivement la question a été
député... Je vais commencer à être fatigué.
Savez-vous ce que je voulais dire ce matin, M. le Président? "M. le
projet de loi, je voudrais déposer le Président de
l'Assemblée nationale." Mais, on m'a arrêté avant que je
n'aille trop loin. Je voudrais expliquer - le député de
Saint-Louis a posé la question tout à l'heure - comment il se
faisait qu'à l'article 3 nous retenions l'idée, la notion
d'indice des prix à la consommation pour le Canada
déterminé par Statistique Canada? Pour deux raisons.
Premièrement, puisque cela fait partie maintenant de nos débats,
c'est ce que nous avons décidé de retenir comme paramètre
pour les employés du secteur public, l'indice des prix à la
consommation. Deuxièmement, c'est vrai que, lors de la commission de
l'Assemblée nationale au mois d'octobre, j'avais évoqué la
possibilité que nous retenions comme critère la
rémunération hebdomadaire moyenne au Québec. Enfin, toute
la notion qui était, d'ailleurs, je pense, contenue déjà
dans la Loi du salaire industriel moyen au Québec. Or, il arrive que cet
indice de la rémunération hebdomadaire moyenne au Québec a
été mis de côté pour la raison suivante: Statistique
Canada, en 1983, va modifier sa méthodologie d'enquête sur la
rémunération et, ainsi, les nouvelles données ne seront
plus comparables à celles de 1982. D'où l'impossibilité
d'obtenir, au plan technique, un indice d'augmentation fiable. Ce changement
d'indice a également été suivi, à cause des raisons
que je viens d'évoquer, entre autres, pour les offres faites aux
salariés des secteurs public et parapublic, puisqu'au départ, il
avait été proposé de se référer à
l'indice de la rémunération hebdomadaire moyenne au
Québec, mais on a finalement retenu comme paramètre l'indice des
prix à la consommation, et cela pour la même raison que celle que
j'ai explicitée précédemment, c'est-à-dire les
modifications que Statistique Canada a décidé d'apporter dans ses
méthodologies d'enquête.
Je voudrais souligner, parce que c'est une question qu'on nous a
posée... On dit: Bon, cela va. Vous fixez comme paramètre,
finalement, cette notion d'indice des prix à
la consommation, mais dans le cas des employés du secteur public,
c'est l'IPC (indice des prix à la consommation) moins 1.5%. Or, le 1er
janvier 1984 et le 1er janvier 1985, les travailleurs du secteur public auront
en moyenne, effectivement, une augmentation de IPC moins 1.5%, alors que les
députés auront l'indice des prix à la consommation.
Cependant, il faut faire remarquer, et cela n'est pas sans importance, que
l'IPC moins 1.5% qu'auront les employés du secteur public n'incorpore
pas l'augmentation imputable à la graduation dans les échelons,
ce qui équivaut à 1.5% en moyenne. Donc, le résultat net
de l'opération pour un fort pourcentage des employés du secteur
public, c'est que même si on a inscrit dans les décrets "indice
des prix à la consommation moins 1.5%," il va arriver qu'à cause
de la progression dans les échelons, cela va faire 1.5% d'augmentation
avec l'échelon; ce qui, au bout de la ligne, équivaut à
l'indice des prix à la consommation. La première raison, à
savoir pourquoi avoir substitué l'indice des prix à la
consommation au salaire industriel moyen, s'explique par l'absence des
données qui existera à compter d'avril 1983, si ma mémoire
est bonne, à Statistique Canada. C'est-à-dire qu'on ne se servira
plus de cette méthodologie pour calculer des données qui nous
permettaient dans le passé, effectivement, de fixer l'augmentation du
salaire des catégories d'employés qu'on voulait viser par cette
notion de rémunération hebdomadaire moyenne.
Il y a une chose que je veux dire aussi pour le bénéfice
des députés, c'est qu'effectivement il y a des périodes -
par exemple, celle que nous traversons - où on a un indice des prix
à la consommation qui est plus élevé que le salaire
industriel moyen. Mais entre 1970 et août-septembre 1981, par exemple, on
pouvait, quoique l'inflation était tellement élevée vers
1977, 1978, 1979, 1980, avoir des périodes où l'indice des prix
à la consommation était inférieur à l'augmentation
du salaire industriel moyen. C'est donc une donnée qui, dans le fond,
dépend beaucoup du contexte dans lequel elle se présente. Il peut
arriver des années où l'IPC soit plus élevé que le
salaire industriel moyen et il peut arriver qu'il y ait des années
où le salaire industriel moyen soit plus élevé que
l'indice des prix à la consommation. Dans ce projet de loi, nous avons
décidé de retenir l'indice des prix à la consommation pour
les raisons que j'ai évoquées, qui sont relatives aux
méthodologies utilisées par Statistique Canada et aussi parce que
c'est un critère que nous avons décidé de retenir aussi
pour les employés du secteur public.
M. Blank: M. le Président, il est difficile de discuter
l'argument technique qu'on n'aura pas de données l'année
prochaine sur le salaire moyen au Canada, mais je trouve très curieux de
faire ces changements en sachant qu'à ce stade-ci, comme le
député de Frontenac l'a dit, on fait des changements dans le
contexte, etc.. Dans le contexte actuel, avec les pressions de tous les
gouvernements, provincial et fédéral, pour les prochaines
années, cela a été limité à 6% et 5%, mais
le coût de la vie, l'indice de consommation va être plus
élevé que cela, on le sait. On nous donne une augmentation un peu
plus que celle qu'on a eue en 1974.
M. Bertrand: M. le député de Saint-Louis, si cela
peut vous intéresser, le Conference Board, dans ses prévisions -
ce sont des prévisions - indique pour 1983, 7,7%; pour 1984, 5,2% et
pour 1985, 5%.
M. Blank: Impossible.
M. Bertrand: Je vous donne les prévisions du Conference
Board. Ne me demandez pas les miennes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Cet article est le deuxième
élément qu'on trouve absolument inacceptable dans ce projet de
loi. Déjà, l'augmentation qui était prévue dans la
loi actuelle était de 6% au mois de janvier. Le gouvernement propose de
maintenir cette augmentation, mais seulement au 1er avril. Nous avons
lutté contre cette décision. La majorité, comme
d'habitude, l'a emporté et a rejeté notre proposition de geler le
salaire pour 1983.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi, M. le leader, je voudrais dire que tout à l'heure, je
m'étais trompé. Le vote, c'était quatre pour et sept
contre. Je m'étais trompé d'une voix dans mon calcul.
M. Blank: Un autre député qui ne sait pas
compter.
M. Bertrand: Le président de l'Assemblée nationale
n'est pas péquiste.
M. Lalonde: Non!
M. Blank: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, cet article touchant
l'indexation du salaire ajoute l'insulte à l'injure, pour employer un
anglicisme. C'est déjà assez inacceptable que
les députés, à cause de la majorité du Parti
québécois en Chambre, aient rejeté le gel du salaire, mais
en plus, venir proposer d'indexer le salaire à partir de 1984, c'est
cela qui a provoqué la réaction que nous avons eue et qui nous
est communiquée quotidiennement dans nos bureaux de comté et au
téléphone ici. Je pourrais vous répéter les
déclarations du vice-premier ministre lorsqu'il était dans
l'Opposition. J'en ai quelques-unes, je vais les retrouver, je vais les
chercher.
M. Vaugeois: Elles étaient très bonnes dans le
temps, on les aimait.
M. Lachance: On les a assez entendues en deuxième
lecture.
Une voix: On s'en souvient, oui.
M. Lalonde: Non, je vais vous les rappeler, il y en a de bonnes
là-dedans.
Une voix: Ce n'est pas toujours bon, cela!
M. Lalonde: II disait: Si nous consentons à nous indexer
nous-mêmes, nous devons faire la même démarche, à
tout le moins, pour l'ensemble des citoyens québécois. Où
est le vice-premier ministre aujourd'hui? Il est au Conseil des ministres. Je
veux dire qu'il siège encore au Conseil des ministres.
M. Bertrand: Oui.
Une voix: II est peut-être en Afrique.
Une voix: Même au comité des priorités.
M. Lalonde: Si c'était vrai autrefois, pourquoi n'est-ce
plus vrai maintenant?
M. Vaugeois: II faudrait le lui demander.
M. Lalonde: On le lui a demandé pendant le débat en
deuxième lecture, mais il est resté coi.
Des voix: Quoi?
Une voix: C'est bien lui.
M. Lalonde: Ce n'est pas son habitude.
M. Bertrand: ... interrompu ou un...
M. Vaugeois: II parlait plus dans l'Opposition. Il ne parle pas
pour ne rien dire. Ils sont tous comme cela. (16 h 45)
Motions d'amendement à l'article 3
M. Lalonde: Non, il ne parlait pas pour ne rien dire, cette fois.
Il disait: Si nous consentons à nous indexer nous-mêmes, nous
devons faire la même démarche, à tout le moins, pour
l'ensemble des Québécois, et pas seulement pour les travailleurs
des secteurs public et parapublic.
C'est tout à fait inacceptable. Je demande au gouvernement de
réviser sa position là-dessus. Cela pourrait apaiser la
colère que l'on voit dans la population devant le geste du gouvernement
actuel. D'ailleurs, c'est dans ce sens que je vais proposer un amendement, tout
en vous disant ma surprise, en plus de l'étonnement que le gouvernement
arrive avec cette proposition d'indexer le salaire des députés
à ce moment-ci, ma surprise que l'on ait choisi de l'indexer à un
indice d'inflation plutôt qu'à un indice qui serait la mesure de
la production. Autrefois, en 1974, on avait rattaché le salaire des
députés à une mesure de croissance, c'est-à-dire
l'indice d'augmentation des salaires industriels moyens au Canada; c'est un
indice qui nous dit, pour telle période de temps, quel a
été l'enrichissement produit par les travailleurs au Canada.
C'est un enrichissement collectif. On pouvait, à ce moment-là,
discuter. On pouvait appuyer une telle disposition qui disait: Les
députés pourront partager dans les mêmes proportions
l'enrichissement collectif.
Mais ce n'est pas ce qu'on nous propose ici. Ce qu'on nous propose,
c'est de partager dans un indice d'appauvrissement. On sait que l'inflation
appauvrit la population, surtout les plus démunis. Les
députés parlaient des plus démunis tout à l'heure,
eh bien, l'inflation appauvrit ceux qui ont des revenus fixes. Ce sont les
retraités, les salariés. C'est une majorité de la
population au Québec qui est concernée. Je me demande si le
ministre ne pourrait pas nous dire, au cas où l'indice calculé
actuellement devrait être calculé différemment et qu'on ne
pourrait plus y rattacher l'indice des salaires industriels moyens au Canada,
s'il n'y aurait pas une autre unité de mesure de la production, non pas
une mesure d'appauvrissement.
Je comprends que, d'une année à l'autre, cela peut
être l'un ou l'autre qui soit plus élevé. Je me demande
pourquoi on ne le fait pas pour les députés, si on devait le
rattacher à l'indexation.
C'est pour cette raison que je vais faire la motion d'amendement
suivante: "Que le premier alinéa de l'article 3 soit modifié en
remplaçant dans la première ligne le chiffre "1984" par le
chiffre "1986" et en ajoutant, dans la quatrième ligne, après le
mot "Canada", les mots "moins 3%".
L'alinéa amendé se lirait comme suit: "À compter de
l'année 1986, l'indemnité
annuelle est, le 1er janvier de chaque année, ajustée
selon le taux d'augmentation de l'indice des prix à la consommation pour
le Canada déterminé par Statistique Canada, moins 3%."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement est jugé recevable.
M. Lalonde: M. le Président, cet amendement ne me
satisfait pas complètement. J'aurais préféré
l'enlever complètement. Je craignais d'avoir le même jugement que
j'ai eu, ce matin, que je ne pouvais pas faire retirer un article. J'aurais
préféré proposer le retrait complet de l'indexation. Mais
vous avez déjà jugé qu'on ne peut proposer le retrait
d'une disposition complète. J'en suis réduit à proposer de
repousser de deux ans cette indexation, espérant qu'à l'avenir,
ou pendant cette période de temps, on trouvera une meilleure
formule.
Pourquoi ajouter les mots "moins 3%"? Eh bien, pour donner l'exemple et
aussi pour prendre l'exemple. On prend l'exemple sur les décrets. On
impose aux travailleurs cette réduction de 1,5%. Pourquoi pas 3% pour
les députés? Cela pourrait servir de mesure, non pas de tamisage,
mais réduire l'impact de la différence qu'il pourrait y avoir
entre le taux d'inflation, une année ou l'autre, et l'indice de
croissance. On le sait, au Québec actuellement, nous n'avons aucune
croissance. Nous avons la décroissance, un appauvrissement collectif
dans la production collective des travailleurs. Pourtant l'inflation va
peut-être se situer, au 31 décembre 1982, à un niveau qui
approcherait 10%. Une telle disposition serait absolument inacceptable. Non
seulement il n'y aurait pas de croissance mais une décroissance, un
appauvrissement de la population en général et, parce que le
gouvernement nous l'impose, les députés recevraient une
augmentation à cause du fait que les travailleurs, les citoyens sont
obligés de payer plus cher pour les produits.
Je ne sais pas ce que le ministre a à répondre
là-dessus. Est-ce qu'il est prêt à repousser à plus
tard l'indexation, s'il veut absolument augmenter le salaire des
députés en 1983 de 6% pour neuf mois et -j'imagine, je ne le sais
pas pour l'année suivante - comment on pourrait remplacer l'indexation,
peut-être le gel. Peut-être devrions-nous geler pour 1984 et 1985
et arriver en 1986 avec une indexation - si c'est justifiable à ce
moment-là. Pourquoi rattacher l'augmentation de salaire des
députés à l'indice des prix à la consommation pour
le Canada. S'il faut absolument le faire, pourquoi imposer aux travailleurs par
les décrets de la loi 105 une réduction de cet indice et on
laisse aller les députés. Il y a réellement quelque chose
de pas correct. De plus en plus, on a beau vouloir en discuter avec
modération, de plus en plus on devient impatient devant
l'incohérence du gouvernement. Je veux bien qu'on en discute
tranquillement, je veux bien que ce projet de loi - puisque le gouvernement est
fait pour gouverner - soit adopté dans une période de temps
raisonnable, mais il va falloir que le gouvernement bouge quelque part.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: Ma réponse est très, très
simple et je l'ai donnée dans la présentation que j'ai faite de
l'article 3. Là aussi, quant à moi, je ne comprends pas le
raisonnement du député de Marguerite-Bourgeoys. Il a parlé
des employés du secteur public. Or, ce qui sera appliqué à
compter du 1er janvier 1984 et aussi au 1er janvier 1985, c'est l'indice des
prix à la consommation. Donc là-dessus au moins on ne peut pas
faire une longue bataille. Le concept... Le front commun lui-même
à la table centrale avait parlé de rémunération
hebdomadaire moyenne. À un moment donné, ils ont changé
tout cela parce qu'ils se sont rendu compte effectivement, comme je l'ai
expliqué tout à l'heure, qu'on ne pouvait plus se servir de ce
paramètre pour évaluer ce que devaient être les
augmentations au cours des années à venir. L'indice des prix
à la consommation a été retenu. Au moins, là-dessus
c'est quelque chose qui m'apparaît cohérent.
Le deuxième aspect dit moins 3%. Ce n'est pas cela qu'on va
appliquer aux employés du secteur public, c'est moins 1,5%.
M. Lalonde: Pourquoi là?
M. Bertrand: Le moins 1,5%, je l'ai expliqué et si mon
explication à moi n'est pas convaincante parce que je suis un
député d'un parti politique ou que je fais des raisonnements
partisans et que je ne peux pas faire preuve d'honnêteté
intellectuelle...
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Bertrand: Non, non. Je me dis cela à
moi-même.
M. Lalonde: Au cas où...
M. Bertrand: Au cas où, prenons des précautions,
toutes les précautions. Ce matin je lisais le Soleil, comme tous les
matins d'ailleurs. Je remarquais qu'il n'y avait pas un seul article sur la loi
qu'on avait débattue à l'Assemblée nationale du
Québec hier et avant-hier.
M. Lalonde: Votre photo n'était pas là?
M. Bertrand: Non, mais la vôtre a fait la première
page du Journal de Québec et quelle photo!
M. Lalonde: Jaloux.
M. Bertrand: Très jaloux. Ceci étant dit, le
journaliste Pierre Pelchat, parlant ce matin des adoucissements à la loi
70 pour les bas salariés, avait un paragraphe justement
là-dessus. Il dit ceci: "D'autre part, les décrets
gouvernementaux prévoient le retour à l'indexation moins 1,5% au
début de 1984 et 1985. La réduction de 1,5% est compensée
par l'augmentation dont bénéficient plusieurs employés de
l'État à la suite de changement d'échelon." Il ajoute: "II
n'est toutefois pas question d'aucune forme d'enrichissement d'ici 1986,
même s'il y a une reprise économique dans les prochains mois." En
d'autres mots, ce qu'on se rappelle dans les anciennes conventions collectives,
qui s'appelait la clause d'enrichissement alors que la société
s'appauvrissait, cela n'a pas été retenu dans les décrets.
Il explique bien ici ce concept d'indice des prix à la consommation
moins 1,5% mais qui est compensé par la progression au niveau des
échelons ce qui fait que le moins 1,5% est à toutes fins utiles
enlevé puisqu'un échelon rapporte 1,5%. Ce que va toucher
l'employé du secteur public dans bien des cas, pour plusieurs de ces
employés de l'État, c'est l'indice des prix à la
consommation. On me dit: Soyez cohérent. Je dis que la proposition qui
est inscrite à l'article 3, c'est la cohérence même quand
on la compare avec ce qu'on a introduit pour les employés du secteur
public.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas faire une blague, mais il me
semble que ce serait beaucoup plus cohérent si on accrochait
l'augmentation du salaire des députés à la diminution du
taux de chômage. Il me semble que ce serait beaucoup plus
réaliste. Si le taux de chômage diminue d'un point, qu'on augmente
le salaire des députés de 1%. Ce serait bien. À ce
moment-là, on serait sûr de se rattacher à un indice
d'enrichissement parce que moins il y a de chômeurs, plus il y a de
travailleurs, plus il y a de travail, plus il y a de production.
M. Grégoire: Si les libéraux prenaient le pouvoir,
tel que je les connais, rendu au mois de novembre, ils feraient mettre tout le
monde à pied, ils feraient augmenter le chômage à 25% et,
à la fin de décembre ou au début de janvier, ils les
rentreraient tous au travail pour pouvoir bénéficier d'une
augmentation de 15%.
M- Bertrand: Vous ne feriez pas cela?
M- Grégoire: C'est dans votre genre, je vous ai venu venir
tout de suite.
M. Lalonde: Je comprends mal - et je ne suis pas le seul, je
présume - le député de Frontenac...
M. Grégoire: Si les députés libéraux
étaient au pouvoir, rendu au mois de septembre...
M. Lalonde: ... qui traite avec beaucoup de
légèreté, il me semble - naturellement, personne n'est
chômeur autour de la table, ici, grâce à Dieu - trop de
légèreté, la question du chômage. Je ne pense pas
qu'on puisse accuser personne...
M. Grégoire: Ce que je traite avec beaucoup de
légèreté, c'est votre proposition.
M. Lalonde: ... de créer volontairement du chômage.
On peut accuser un gouvernement de faire de mauvais choix qui contribuent
à l'augmentation du chômage. Mais le Parti libéral, puisque
le député de Frontenac a bien voulu s'y référer,
là-dessus, n'a pas de leçon à recevoir du gouvernement
péquiste. Le gouvernement du Parti libéral a fait la Baie-James;
de cela, vous ne vous en souvenez pas, n'est-ce pas? Avant les élections
de 1976, la Baie-James, c'était effrayant, c'était du gaspillage,
c'était épouvantable. Il fallait aller vers le nucléaire,
disait encore notre ineffable, notre inimitable vice-premier ministre : C'est
le nucléaire qui est l'avenir. Imaginez-vous! Aujourd'hui, il ne dit
plus un mot. Le député de Frontenac a-t-il d'autres
questions?
M. Grégoire: Non.
Une voix: Errare humanum est.
M. Lalonde: Le député de Deux-Montagnes pourrait
peut-être ajouter quelques mots là-dessus.
M. de Bellefeuille: Non.
M. Lalonde: Non. Tout le monde trouve bien correct d'indexer le
salaire des députés? Vous êtes bien d'accord avec cela?
Des voix: Oui.
M. Lalonde: C'est nouveau, cela. Ce n'était pas dans le
projet de réforme parlementaire.
Une voix: Exact.
M. Lalonde: Ce n'était pas dans les déclarations du
ministre lorsqu'il a fait son show au mois d'octobre...
M. Bertrand: C'est exact.
M. Lalonde: ... sur la réforme des pensions. C'est tout
à fait nouveau.
M. Bertrand: C'est exact.
M. Lalonde: Et c'est arrivé comme ça dans le projet
de loi, sans explication.
M. Bertrand: Je vous les donne maintenant.
M. Lalonde: II n'y a aucune explication. Le ministre dit: On
indexe ça à l'indice des prix à la consommation parce que
l'autre indice ne sera plus disponible. Point, à la ligne. Mais la
justification de l'indexation, c'est quoi?
M. Bertrand: Le pouvoir d'achat.
M. Lalonde: Aucunement.
M. Bertrand: Le pouvoir d'achat.
M. Lalonde: À un moment donné, il va falloir vous
le dire. Là, comme je l'ai dit, on devient de moins en moins patient.
Vous avez vous-mêmes, par votre choix, depuis 1976, enlevé ce
qu'il y avait dans la loi de 1974 qui était une indexation
accrochée à l'augmentation des salaires moyens dans le secteur
industriel au Canada.
M. Guay: Donc, ce n'est pas nouveau.
M. Lalonde: Mais vous avez vous-mêmes rejeté cela,
vous avez dit: C'est effrayant: C'est trop! Ce n'est pas possible! Vous avez
présenté une loi pour rejeter cette indexation des salaires des
députés. Vous avez dit: Cela ne sera pas indexé, ce sera
augmenté de 6% seulement. Pourtant, cette indexation de 1974
était justifiée, appuyée sur une argumentation qui,
elle-même, s'appuyait sur un rapport. Mais vous, il n'y a absolument
rien! Aucune justification! Pourquoi? Vous n'allez quand même pas changer
d'idée, changer de chemise comme ça sans nous donner de petites
explications. Vous allez quand même avouer que vous vous êtes
trompés. Il y a des limites à rire du monde! (17 heures)
En 1977, vous dites: L'indexation, ce n'est pas bon, c'est trop, c'est
effrayant. Là, en 1982, tout à coup, en pleine crise
économique, alors que les salaires sont indexés à la
baisse, alors qu'il y a des dizaines de milliers de travailleurs qui, eux, sont
indexés à 60% de moins parce qu'ils passent au chômage,
là je me réfère à des discours du premier ministre,
c'est bien beau de dire: C'est effrayant comme cela va mal! À entendre
les discours du président du Conseil du trésor, c'est effrayant
comme cela va mal, c'était l'apocalypse au début de ses discours.
Pourquoi? Pour justifier un geste comme la loi 105. C'est l'apocalypse, c'est
effrayant, il faut faire mal à tout le monde. Vous autres, vous arrivez
et tout est correct. Il n'y a plus d'apocalypse. Cela va très bien. On
s'indexe. Arrêtez de rire du monde. Votre vote, vous allez le donner un
par un.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: En parlant de rire du monde, la dernière
intervention du député de Marguerite-Bourgeoys est assez suave.
D'abord, la première des choses, il induit la commission en erreur.
L'indexation des salaires des députés, c'est la loi de 1974 qui
l'a introduite. Ce n'est pas quelque chose qui arrive comme cela du jour au
lendemain. La virginité offensée du député de
Marguerite-Bourgeoys est assez étonnante étant donné qu'il
faisait partie du gouvernement, du Conseil des ministres qui a
présenté cette loi en 1974. Lorsque le député de
Marguerite-Bourgeoys dit que nous avons enlevé l'indexation, il erre,
c'est inexact. C'est encore dans la Loi sur la Législature tel quel, mot
pour mot, et il y a un paragraphe d'ajouté disant que cela ne peut pas
dépasser 6%. L'indexation est toujours là. Advenant que
l'indexation du salaire industriel moyen soit inférieure à 6%, ce
serait l'indexation qui jouerait. Ce serait donc 5%, 4% ou 3% selon le cas.
L'indexation est toujours là. Ce n'est rien de nouveau. On ne l'a pas
inventée. C'est vous qui l'avez inventée. On fait simplement la
reprendre en l'ajustant sur un nouveau critère parce que l'ancien
critère n'existera plus à compter d'avril.
Là vraiment, je comprends que vous deviez faire des amendements
sur le coin de la table, improvisés, mais cela m'apparaît un peu
charrié.
M. Lalonde: On en a un petit amendement, un petit nouveau. Vous
aimez cela des 6%?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, pas deux en même temps!
M. Lalonde: Vous avez juré que c'était bon? On va
vous les remettre.
Le Président (M.
Vaillancourt,
Jonquière): Est-ce que la motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Une voix: Rejeté.
M. Lalonde: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On va me
permettre de demander les votes de ceux qui sont ici.
M. Lalonde: Certainement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Belle feuille: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Je suis contre.
Le Président (M. - Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion d'amendement est rejetée par six voix contre une.
M. Lalonde: J'aimerais savoir ce que les autres
députés en face pensent de cette indexation. Ils sont muets comme
des carpes. Pourtant, ils étaient tellement éloquents en 1977
lorsqu'il s'agissait de défaire ce que l'ancien gouvernement, le
mauvais, le méchant gouvernement précédent avait fait.
Là, ils sont muets. Ils votent. Une majorité servile. C'est un
spectacle qui cadre mal avec les discours que j'ai entendus il y a quelques
heures à peine soit sur la loi 105, soit sur la loi 90. Il y a deux
membres ici... Le député de Deux-Montagnes a invoqué son
droit à la dissidence sur la loi 105 quand il s'agissait d'appuyer quand
même le gouvernement, de ne pas voter contre cette loi qui brimait les
travailleurs. Tout à coup, c'est l'accord le plus total.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: ... je suis bien d'accord pour donner au
député de Marguerite-Bourgeoys son os et pour dire que ce qui a
été fait en 1977, ce n'était pas, pour employer une
expression qui est bien connue dans ces milieux, la trouvaille du
siècle. Cela a eu pour effet qu'on a perdu -je n'ai pas appris tous ces
chiffres par coeur - quelque chose comme 30% de pouvoir d'achat.
Une voix: Oui, je pense que c'est 30%.
M. de Bellefeuille: Oui. On a dégringolé
considérablement en termes de pouvoir d'achat, grâce à
nous. Vous avez raison, M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
c'est ce que je suis en train de dire. Il nous semble que c'est assez. Il nous
semble, au moment où il faut vraiment faire quelque chose, parce que
cela s'aggrave à chaque session qui passe, que cela a assez
dégringolé. Cela deviendrait absolument indécent, ce
serait une forme de mépris pour le Parlement que nous voulons
réformer. Nous parlons beaucoup de réforme parlementaire. Ce
serait une forme de mépris pour le Parlement que de laisser continuer la
dégringolade des indemnités des députés. Je ne
reprendrai pas tous les thèmes qui ont été
développés en deuxième lecture, mais ce serait, à
mon avis, une forme de mépris pour le Parlement et l'institution que de
laisser continuer cette dégringolade dont nous sommes responsables.
Donc, nous prenons la responsabilité de stopper la
dégringolade et, le meilleur moyen de stopper cette dégringolade,
sans la récupération des 30% que nous avons perdus, c'est
désormais de cesser de dégringoler d'après un indice qui
est tout à fait juste, qui est celui qui sera applicable dans les
secteurs public et parapublic. Il y a là un mutatis mutandis, comme on
le disait dans nos lois, parce que l'équivalence ne se fait pas
directement à cause des échelons. Nous n'avons pas
d'échelons. Tous les députés gagnent la même chose,
il n'y a pas d'échelons chez les députés. Là, nous
stoppons la dégringolade et, désormais, l'indemnité de
base des députés aura une croissance normale, mais
peut-être que plus tard ce sera à recommencer.
Je suis assez d'accord avec une des nombreuses choses que le
député de Frontenac a dites, quand il disait que ce n'est jamais
réglé pour tous les temps, parce
que les époques se succèdent et que les circonstances
changent. Je ne serais pas étonné que dans quelques années
ce débat recommence. Il me paraît tout à fait vraisemblable
que, si ce débat recommence plus tard, dans quelques années, ce
sera parce qu'il y aura une forte opinion qui réclamera une augmentation
des indemnités des députés, en particulier si nous sortons
de cette crise économique et que l'économie fonctionne mieux.
J'imagine qu'à ce moment-là on réclamera des
augmentations. Ce dont il s'agit dans le moment, ce n'est pas vraiment
d'augmentation. C'est de stopper la dégringolade, de faire en sorte que
le pouvoir d'achat extrêmement réduit - réduit de 30% - des
députés soit désormais au moins maintenu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, rapidement, deux ou trois
choses. La première, c'est que je ne suis pas capable d'établir
ce qui sera le plus avantageux dans l'avenir, si c'est l'indice des prix
à la consommation, la moyenne des hausses de salaire ou le PNB. Je pense
qu'on ne peut pas dire cela. On ne le sait pas.
Deuxièmement, la vie moyenne d'un parlementaire
québécois, ses années de vie parlementaire
s'établissent, si mon souvenir est bon, à huit ou neuf ans. C'est
notre espérance moyenne de vie comme parlementaires
québécois. Pour le député de Deux-Montagnes, comme
pour moi, on est entré dans la dernière partie. En tenant compte,
si vous voulez, de notre espérance de vie comme parlementaires
québécois, on s'en va vers la fin. Donc, à ce moment-ci,
on n'agit pas pour nous, on agit pour d'autres parlementaires à venir,
parce qu'on est à six ans. Cela ne s'applique par pour notre
septième année, cela s'appliquera éventuellement pour
notre huitième et notre neuvième année. Même si ce
n'était pas vrai comme individu, il reste que, pour la majorité
des gens de notre formation, on n'agit pas en ce moment en pensant à
nous.
Troisièmement, pour ce qu'il y avait peut-être de plus
piquant dans l'intervention du leader de l'Opposition quant à l'attitude
que nous prenons au moment du vote, je m'excuse vraiment d'avoir à le
répéter à un parlementaire expérimenté comme
lui, qui a dépassé son espérance moyenne de vie comme
parlementaire québécois...
M. Lalonde: Faites attention, je ne fais que commencer.
M. Vaugeois: Vous commencez à aimer cela. Je pense bien
que le Parlement verra ses parlementaires se comporter différemment le
jour où on pourra discuter, lors de nos commissions, de nos
réunions, de questions que nous aurons décidé
d'étudier de notre propre initiative. Aussi longtemps que les
parlementaires seront en face de propositions du gouvernement, de projets de
l'Exécutif, je n'ai rien à leur apprendre, il y a une tradition
qui vaut toujours. Cela ne veut rien dire au moment du vote. À 99% des
cas, on peut être en harmonie complète avec le proposition de
l'Exécutif, mais cela ne fait aucune espèce de différence
au moment où le vote s'exprime. C'est comme cela qu'un Parlement peut
fonctionner. Un gouvernement a droit à ses erreurs. Il s'appuie sur une
majorité parlementaire. Notre majorité parlementaire fait ce que
votre majorité parlementaire a fait dans le temps et ce qui se passe
dans tous les Parlements du monde. C'est comme cela que les gouvernements se
maintiennent en place entre les élections. Ce n'est pas à la
majorité ministérielle à remettre cela en question en
cours de mandat. Ce n'est pas cela, la règle du jeu. La règle du
jeu veut qu'à partir du moment où on étudie une
proposition de l'exécutif, comme majorité ministérielle,
nous l'appuyions. C'est cela, la règle du jeu et nous la respectons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Qu'en termes élégants ces choses sont
dites, c'est comme si on discutait du sexe des anges. On parle de
l'augmentation des salaires des députés. On parle d'indexer le
salaire des députés, alors que le chômage est dans la
période où ce sera le pire pour notre vie; autrement dit,
j'espère que cela ne pourra que s'améliorer. On dit: Voici, nous
autres, nous avons dégringolé, nous avons perdu notre pouvoir
d'achat un peu, beaucoup. On arrête la dégringolade. Allez dire
cela aux chômeurs, qu'on arrête la dégringolade. Il y a un
caractère d'irréalisme qui, je voulais dire, me fait peur; mais,
en fait, cela ne me fait pas peur, parce que c'est ce genre de
phénomène que l'on voit dans des gouvernements qui sont à
la veille de quitter les responsabilités.
Une voix: L'expérience!
M. Lalonde: Oui, je vous parle d'expérience, comme
observateur d'abord et aussi comme participant des deux côtés.
C'est comme cela que cela se passe. Vous êtes à la veille de
décrocher, même si vous ne voulez pas. C'est drôle de voir
cela. Il y a une petite chose ici dans cet article. On retrouve le mot "Canada"
quatre fois dans le même article. Comme c'est agréable de
s'accrocher au Canada quand cela paie et que cela remplit les poches des
députés. On est prêt à tout. Le Canada, c'est
bon.
Statistique Canada, c'est le "fun", parce que cela va nous permettre
d'augmenter nos salaires. On va dire: Ce n'est pas nous autres.
M. le Président, j'en connais assez, chez les
députés péquistes, qui vont accuser le
fédéral d'avoir augmenté leurs salaires. Ils vont dire:
Statistique Canada, c'est le fédérai.
M. Grégoire: Ne me regarde pas. Tu ne trouves pas que je
l'accuse déjà assez! Ne me fais pas en mettre plus.
M. Lalonde: C'est donc facile! Notre beau Québec n'est-il
pas capable de déterminer la moyenne de l'augmentation des salaires
industriels chez nous ou, est-ce qu'il en reste tellement peu, de salaire
industriel, que ce serait une mesure injuste? Le leader pourrait-il
répondre à cette question? N'a-ton pas chez nous...
M. Guay: Non.
M. Lalonde: L'appauvrissement général que le Parti
québécois a imposé à notre province est-il
tellement profond qu'il n'y aura jamais d'augmentation de salaire pour les
années imprévisibles?
M. Vaugeois: Est-ce que je peux poser une question au leader? Je
ne suis pas sûr qu'on puisse avoir ce genre de données, mais je ne
pense pas me tromper en disant que, si on peut établir cela, ce serait
probablement plus avantageux dans le sens où vous intervenez. Je suis
certain qu'une moyenne canadienne pondère l'indice davantage que si on
se basait sur une référence québécoise dans le
contexte fédéral dans lequel on vit.
M. Lalonde: Autrement dit, ce serait plus avantageux de
s'accrocher à un indice d'inflation au Québec qu'au Canada, parce
que l'inflation est plus élevée au Québec à cause,
justement, du genre de gouvernement qu'on a depuis si longtemps.
M. Vaugeois: À cause du système
fédéral canadien...
M. Lalonde: Oui.
M. Vaugeois: ... qui a pénalisé le Québec
depuis le début.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lalonde: Comment cela se fait-il que le système
fédéral canadien pénalise le Québec et que vous
vous accrochiez à un indice canadien?
M. Vaugeois: II faut être raisonnable.
M. Lalonde: Donc, quand on s'attache au Canada, c'est plus
raisonnable qu'au Québec.
M. Vaugeois: Cela fait une moyenne plus
pondérée.
M. de Bellefeuille: La commission est partie en orbite. Ne
pourrait-on pas... (17 h 15)
M. Lalonde: M. le Président, il y a le mot "Canada" quatre
fois. J'ai quand même le droit de poser des questions.
Une voix: M. le Président, le député de
Trois-Rivières ne devrait pas parler sérieusement au leader
parlementaire de l'Opposition.
M. Lalonde: L'indice des prix à la consommation, pour le
Canada, c'est une réalité.
M. Bertrand: Quand on appelle au Bureau de la statistique du
Québec, on nous donne l'indice canadien.
M. Lalonde: ... de Statistique Canada. Cela fait six ans que vous
êtes au pouvoir et c'est la première fois que vous posez la
question; comment cela se fait-il qu'ils ne sont pas capables de le faire?
M. Vaugeois: On paie pour ce service.
M. Bertrand: Parce qu'on vit dans un régime où,
à l'heure actuelle, des juridictions sont partagées entre le
fédéral et le provincial. Tant et aussi longtemps qu'on sera dans
ce régime, on va avoir des articles comme celui-là qui vont
contenir quatre fois le mot "Canada".
M. Lalonde: Le BSQ, cela n'existe pas? Et le Québec,
à l'intérieur du Canada, n'a pas le droit de faire des petits
calculs. Ah non!
M. Bertrand: II existe le Bureau de la statistique du
Québec.
M. Lalonde: Bon, et pourquoi ne faites-vous pas les calculs?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, ne parlez pas tous en même temps.
M. Bertrand: Parce qu'il réfère toujours à
l'indice canadien.
M. Lalonde: Je le sais. Mais le BSQ relève du
gouvernement. Vous devez être capable de proposer des lois qui vont
habiliter le Bureau de la statistique du Québec de faire ce genre de
calcul.
M. Bertrand: On irait dans le sens inverse de votre proposition,
c'est-à-dire que l'indexation serait plus élevée.
M. Guay: Vous voulez qu'on dépense notre argent?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Guay: Le député de Marguerite-Bourgeoys veut
qu'on dépense encore de l'argent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 3 sera adopté?
M. Lalonde: M. le Président...
M. Paradis: M. le Président, c'est là-dessus que je
voulais...
M. Lalonde: Oui, mais vous pouvez demander le droit de
parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais puisque vous n'avez pas le droit de parole, vous ne pouvez pas le
demander.
M. Paradis: ... intervenir sur le nom. Je demandais...
M. Lalonde: Est-ce que je peux demander le droit de parole pour
le député de Brome-Missisquoi.
Des voix: Non, non, non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
prend le consentement de la majorité de la commission.
Des voix: Jamais!
M. Lalonde: M. le Président, je réitère ma
demande. De toute façon, il reste trois quarts d'heure.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait évoquer ce qui a
été mis de l'avant par le leader du gouvernement, au moment de
l'étude en commission, avant le dépôt du projet de loi, de
la réimpression du projet de loi, à l'effet que, cette loi
touchant l'ensemble des députés, l'ensemble des parlementaires,
l'on pourrait permettre à l'ensemble des parlementaires
d'intervenir?
M. Lalonde: C'est très vrai cela. Une voix: C'est
très bien.
M. Guay: M. le Président, vous savez que nous sommes
toujours pendus aux lèvres du député de Brome-Missisquoi
et que nous n'attendons que son intervention marquée par la sagesse et
la modération.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: Pour des raisons de sentimentalité, que le
député de Brome-Missisquoi va comprendre...
M. Lalonde: On ne vous dérange pas toujours?
M. Bertrand: Non, non.
M. Lalonde: Voulez-vous qu'on reste?
M. Bertrand: ... qui n'ont rien à voir avec le
député, mais avec le comté. C'est avec évidemment
beaucoup de respect pour le droit de parole des membres de l'Assemblée
nationale que nous serions prêts à l'écouter.
M. Vaugeois: J'avais des raisons familiales semblables à
celles...
M. Bertrand: Oui, c'est vrai quant à toi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc, M.
le député de Brome-Missisquoi, vous avez la parole, mais sans
être membre de la commission. M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, je remercie la
majorité ministérielle pour les sentiments qui ont varié
d'un à l'autre, mais qui se rattachent tous à des sentiments
familiaux.
Lorsqu'on a discuté des augmentations de salaires et des
régimes de retraite en Chambre, j'ai été sensible, et je
partageais les sentiments de la majorité ministérielle et
même de mes collègues de l'Opposition officielle, à l'effet
que pour le nombre d'heures de travail qu'on doit y consacrer, comme
député, des efforts qui sont requis de la part des
députés, de quelque côté de la Chambre qu'il soit,
que nous sommes présentement sous-payés.
Si nous sommes présentement sous-payés, je pense que le
leader l'a souligné, et d'autres porte-parole du parti
ministériel l'ont également souligné, c'est
peut-être à cause d'une attitude que je qualifierais
d'irresponsable. En utilisant ce terme, je me réfère à des
propos de l'ancien leader du gouvernement et député de
Saint-Jacques. Il a préféré faire de la politique
plutôt que de l'administration, plutôt que d'apporter une
étude approfondie et sérieuse d'un dossier.
Tout cela étant dit, il demeure, comme député de
l'Opposition, que je sens
présentement - et ces questions vont s'adresser directement au
leader - qu'il y a une manigance derrière tout ce qui se trame, autant
dans le projet de loi no 90 que dans l'autre, depuis la session, à
l'effet que vous avez voulu régler premièrement vos
problèmes internes du côté ministériel. Vous avez
voulu les régler de deux façons: On sait, chez vous comme chez
nous, qu'il y a des gens qui ont besoin de plus d'argent comme
député, pour faire face à leurs obligations familiales et
pour pouvoir continuer à accomplir de façon quotidienne, sept
jours par semaine, 14 heures de travail en moyenne par jour, leurs obligations
de député. Vous avez, par des modifications au nombre des
adjoints parlementaires, réussi à satisfaire ces gens en leur
donnant des augmentations qui, pratiquement, se traduiront, lorsqu'ils seront
nommés adjoints parlementaires, par une augmentation de 26%.
On sait également, M. le leader du gouvernement, que parce que,
vous avez tardé à introduire les correctifs qui s'imposaient et
sur lesquels l'ensemble de la société, Parti
québécois, Parti libéral, les indépendants etc.,
s'entendaient sur un régime de pension qui était qualifié
de trop généreux. Vous avez permis à 45 des
députés ministériels de mettre les mains dans le "cash" -
que je pourrais dire - une vingtaine de ministres, entre autres, parce que
votre projet de loi ne s'applique qu'à partir d'aujourd'hui.
Lorsque, comme député d'un comté rural, je regarde
cela, en pleine période de crise économique, au moment où
l'on vient de couper les salaires des employés de l'État, au
moment où on ne peut plus nous garantir le minimum de services
essentiels, surtout dans les régions rurales du Québec, je vais
vous dire sérieusement que je trouve cela indécent, je trouve
cela carrément, comme député, comme représentant du
peuple, indécent.
Je vous dirai également que si on était en période
de croissance économique, de prospérité économique,
dans une période où il y aurait de l'argent pour tout le monde,
le fait que les députés mettent les mains dans le "cash" et s'en
mettent eux aussi un peu dans les poches pour le travail, pour les efforts,
pour le talent qu'ils consacrent à l'avancement de notre
société, de notre Parlement, etc., j'accepterais cela, moi, comme
député. Mais que, dans une période où on se
retrouve, présentement, on participe à cela, dans le contexte, en
disant: Du côté ministériel, il va rester cinq ou six
députés qui vont strictement avoir le salaire de
député, les autres vont tous avoir des allocations d'un autre
ordre qui va faire en sorte que leur salaire ne sera pas le salaire d'un
député, que cela va être majoré de quelque 1 000 $
dans certain cas et de plusieurs milliers de dollars dans d'autre cas. Qu'on
arrive avec une modification de régime de retraite où 45 des
vôtres se qualifient, parce que vous avez tardé, dont une
vingtaine de ministres, je me demande sérieusement et je vous pose la
question, M. le leader du gouvernement, en toute amitié, sans vouloir
faire de démagogie politique, sachant très bien qu'un jour, c'est
le Parti libéral du Québec qui sera au pouvoir et que cela peut
nous retomber sur le nez, ce genre de propos-là, je vous demande si vous
avez volontairement manigancé tout cela de façon à assurer
la paix à votre caucus en garantissant ou en promettant des postes
d'adjoint parlementaire à vos députés, ce qui
équivaut à des augmentations de 26%?
Est-ce que vous avez volontairement tardé à apporter la
réforme au niveau des pensions pour permettre à 45 des
vôtres de se qualifier, dont une vingtaine de ministres au cabinet? C'est
aussi simple que cela le problème. En pleine période de crise
économique, où on demande à l'ensemble des autres citoyens
de la population, qui eux aussi ont des retards à reprendre, est-ce que
vous avez manigancé cela et est-ce que c'est cela que vous nous
présentez à la veille des fêtes comme cadeau de Noël
à l'ensemble de la population du Québec? Si c'est cela, M. le
leader du gouvernement, c'est notre crédibilité à nous
tous, pas strictement celle des membres du gouvernement, c'est notre
crédibilité comme gouvernement, comme membres de
l'Assemblée nationale, comme système parlementaire, qui en prend
un dur coup. Malheureusement, même la scission que vous avez finalement
octroyée à la demande du leader de l'Opposition officielle ne
règle pas l'ensemble du problème, parce que, dans un des projets
de loi, il demeure qu'il y a encore ce soupçon d'augmentation du nombre
d'adjoints parlementaires pour satisfaire des demandes de certains
députés qui avaient besoin d'une augmentation de salaire de
26%.
M. Lachance: 90...
M. Paradis: II se retrouve dans les deux projets de loi, M. le
leader du gouvernement, et je vous soumets très respectueusement toute
cette trame-là encore.
M. Vaugeois: Vous avez voté pour.
M. Paradis: Je m'excuse, je m'inscris en faux. Je n'ai pas
voté pour ce matin. Je n'ai pas voté pour, pour une question de
conscience, M. le député de Trois-Rivières, parce que
c'est dans cette situation...
M. Vaugeois; Je suis obligé de répondre.
M. Paradis: On parle des augmentations de salaire, mais cela se
situe, M. le Président, et c'est là-dessus que j'aimerais
avoir les réponses du leader du gouvernement, dans le tableau que
je viens de vous décrire et c'est comme cela que je l'ai ressenti comme
député en cette Chambre. Je ne voudrais pas que cela affecte ni
la crédibilité, ni la réputation de tous et chacun des
membres qui y siègent.
M. Bertrand: Alors...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Ma réponse aux première et
deuxième questions que m'a posées le député de
Brome-Missisquoi, c'est non à la première, non à la
deuxième, c'est-à-dire qu'il n'y a eu aucune mauvaise foi et
aucune mauvaise volonté. Pour ce qui concerne la question du
régime de retraite, le premier ministre, dans son discours inaugural du
mois de novembre dernier, indiquait qu'au cours de la session qui venait, donc
celle dans laquelle nous sommes, nous apporterions des modifications au
régime de retraite. Voilà, nous y sommes! Quant à l'autre
aspect, pour solidariser un caucus qui aurait eu des problèmes à
ce niveau-là, là-dessus, est-ce que le député de
Brome-Missisquoi me permettra - et j'ai à ma droite mon whip, le whip en
chef du Parti québécois - de lui dire qu'évidemment il ne
me révélera pas les secrets des discussions qui se tiennent
à huis clos à son conseil des députés, pas plus que
moi je ne lui révélerai les secrets de nos discussions qui se
font à huis clos, mais il est évident qu'il y a des points de vue
qui s'expriment dans les conseils de députés, c'est très
clair. Il y a des divergences d'opinion, c'est clair. Il y en a sur mille et un
sujets, c'est très bon, c'est très sain. On vit dans un
système politique où fort heureusement ces conseils de
députés existent pour permettre que le débat se fasse.
Quand on arrive à l'Assemblée nationale, après avoir eu un
bon débat, un débat sain, positif, constructif, on adopte une
attitude où un autre principe important dans notre Parlement existe, qui
est celui de la solidarité ministérielle; il y en a aussi un
autre non moins important qui est le droit à la dissidence. Et le droit
à la dissidence, il y a des gens dans notre formation politique...
M. Vaugeois: L'article 3, M. le Président.
M. Bertrand: ... qui s'en sont prévalu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
permis au leader de répondre parce que...
M. Bertrand: Je pense à Mme la députée de
Maisonneuve sur le projet de loi no 105...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
s'il vous plaît!
M. Bertrand: ... et au député de Deux-Montagnes qui
a exprimé son opinion sur le projet de loi no 105. Je trouve que tout
cela est correct.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! J'ai permis au leader de répondre parce que j'avais
permis au député de Brome-Missisquoi de parler en dehors de
l'article 3. Les pensions viendront plus tard dans la loi et je me dois de
revenir à l'article 3.
M. Vaugeois: Le droit à la dissidence, M. le
Président, je vais parler là-dessus.
Une voix: Bonne idée!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'article 3, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Le salaire, pour la question des adjoints
parlementaires...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
non, il est question de salaire.
M. Grégoire: Sur la question des salaires. Ce que le
député de Brome-Missisquoi soulève sur les adjoints
parlementaires, c'est la question du salaire et non la question de la
pension.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je viens
de dire que j'ai permis à deux de parler de cela. À l'avenir, si
on me demande d'être rigide, je vais être rigide. C'est l'article
3.
Une voix: On ne le demande pas.
M. Grégoire: Je vais juste parler de la question des
salaires. Vous allez vous apercevoir que...
M. Lalonde: On n'y tient pas tellement à ce que vous soyez
rigide.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'indexation.
M. Grégoire: Je voudrais simplement dire que le projet de
loi a été déposé il y a quelques jours à
peine. Quand il a été déposé, on n'était
même pas au courant que le nombre d'adjoints parlementaires devait
augmenter. Je pense que cela rassurera le député de
Brome-Missisquoi.
M. Lalonde: Eh bien! vous êtes informés!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 3 sera adopté?
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais un amendement
à proposer à la fin de l'article 3. Que l'article 3 soit
modifié en ajoutant à la fin l'alinéa suivant: "Le taux de
cette augmentation ne peut toutefois excéder 5%."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare l'amendement recevable.
M. Lalonde: Je voudrais simplement par cet amendement donner la
chance au gouvernement de faire preuve une fois de cohérence et aussi de
modestie dans ses appétits. Il a choisi le plafond de 6% pour les cinq
dernières années. Ce n'étaient pas des années de
vache grasse, on le sait, mais pas aussi vache maigre que les années que
nous vivons actuellement. De là le changement de 6% à 5%, et
j'aurais pu le baisser à 3%. Mais pour tenter de satisfaire les
appétits des députés ministériels, l'appétit
vorace que l'on retrouve traduit ici dans l'article 2 qu'ils ont adopté
avec un enthousiasme qu'ils avaient de la difficulté à contenir,
puisque cet article 2 augmentait leur salaire à partir du 1er avril
prochain, j'aimerais leur donner la chance cette fois-ci de faire preuve d'un
peu plus de modestie, de mesure dans leur appétit. J'aimerais aussi
savoir comment il se fait, si on veut voter contre cet amendement, que les
fameux 6% étaient bien corrects, puisqu'ils les ont adoptés,
qu'ils les ont maintenus. Non seulement ils les ont maintenus, mais ils ont
gelé. Le parti ministériel a gelé le salaire des
députés en 1978, alors que la situation n'était pas
très rose, mais qu'elle n'était pas noire comme celle qu'on vit
actuellement et que des centaines de milliers de Québécois vivent
soit du chômage, soit de prestations de l'aide sociale, soit dans la
crainte de perdre leur emploi, soit à cause d'autres difficultés
économiques, des salaires qui sont gelés, des salaires qui sont
réduits à 5% ou 6%. (17 h 30)
Souvenons-nous de ce qui est arrivé à la Davie il y a
quelques jours à peine. Après un débat et plusieurs votes,
les travailleurs ont restreint leur augmentation à 6% et 5% de
façon à pouvoir obtenir un emploi, à avoir un emploi
assuré pour au moins quelques mois. Pourquoi ces 6% et 5%? Les 6%
péquistes de 1979-1980, de 1981-1982, les 6% et les 5% des travailleurs
de la Davie, pourquoi ça ne serait pas bon pour les
députés?
J'avoue que l'argumentation du député de Deux-Montagnes ne
m'a pas impressionné. C'est vrai qu'on a dégringolé, c'est
vrai qu'on a perdu du pouvoir d'achat, c'est vrai, mais, comparativement aux
autres, vous devriez avoir honte. On est en train de se partager ce qui reste
du gâteau, ce qu'on ne donne même pas aux autres, ce qu'on vient
d'enlever à 300 000 travailleurs. C'est cela que vous êtes en
train de faire.
Une voix: Ce sont des travailleurs qui ont la permanence et la
sécurité d'emploi.
M. Lalonde: C'est aussi indécent que cela.
M. Lachance: ... un peu.
M. Lalonde: Le député de Bellechasse veut que je
trouve ça drôle? Je regrette, mais, je ne trouve pas ça
drôle.
Une voix: Ce n'est pas drôle du tout.
M. Lalonde: Non, je regrette. Quand je parlais d'impatience, tout
à l'heure, c'est très vrai, c'est très réel. On
vous voit ici, tous bien confortablement installés autour de cette
table...
Une voix: Vous êtes mal assis?
M. Lalonde: ... cossue. Vous êtes tous bien... Oui, mais
pensez donc aux autres. Pourquoi 5% ne serait-ce pas assez? Que chacun des
députés ministériels explique pourquoi 5% d'indexation ne
seraient pas assez. Si l'indexation est moindre, ce sera 4% ou 3%. Pourquoi
profiter de l'inflation, cette misère noire chez la majorité des
citoyens? Pourquoi les députés profiteraient-ils de toute
l'inflation, souvent créée par les gouvernements eux-mêmes,
on le sait? Pourquoi les députés ne feraient-ils pas preuve de
mesure puisque c'est votre désir d'accrocher votre salaire à une
mesure d'appauvrissement collectif qu'est l'inflation? Au moins, ayez un petit
peu de décence dans ce geste indécent que vous faites
actuellement, cachez-en un bout! Cachez quelque chose! Seriez-vous prêt
à faire une restriction à 5%?
M. Bertrand: Cachez-moi ce cinq que je ne saurais voir!
M. Grégoire: Ah! Ah! Ah!
M. Lalonde: Je dirai aux électeurs avec quelle attitude le
leader du gouvernement a accueilli ma proposition de restreindre
l'enrichissement des députés à 5%.
M. Bertrand: Je voudrais dire que la dernière phrase que
j'ai prononcée, à moins que, sur cette terre, les boutades ne
soient plus permises, ne faisait que reprendre les mots que m'adressait, sous
forme de question, le député de Marguerite-Bourgeoys.
On peut, je pense, faire les choses sérieusement sans se prendre
au sérieux. Dans ce contexte, pour répondre cette fois
sérieusement à sa question, je dirai tout simplement ceci: II a
parlé de cohérence dans son intervention. Justement, parce que ce
sont deux débats que nous avons menés à peu près
dans la même semaine, c'est la cohérence qui fait que les
députés de l'Assemblée nationale du Québec
retiennent comme principe la hausse de l'indice des prix à la
consommation, comme c'est le cas pour les 330 000 employés du secteur
public. J'appelle cela de la cohérence.
Puisqu'il m'a invité à faire preuve de cohérence,
ma réponse ne peut être que celle que je lui donne, je n'ai pas
d'autre argumentation possible à lui fournir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: L'article 3 vise à répondre à
un voeu généralement exprimé par les parlementaires au
moment de la commission spéciale et à l'occasion d'autres
débats, c'est-à-dire de déterminer un critère dans
la loi qui permette par la suite de faire en sorte que le salaire des
députés se rajuste de façon automatique sans que
nécessairement, chaque fois, le Parlement soit obligé de s'y
référer. Je pense, entre autres, à l'intervention du
député de Deux-Montagnes, en commission parlementaire de
l'automne, qui avait été endossée par l'ensemble des
participants à ce moment. Je pense entre autres aussi à des
discussions à la sous-commission de Pointe-au-Pic où tout le
monde réclamait ce genre de critère qui nous empêcherait,
année par année, de nous reprononcer sur cette question. Dans ce
sens, je trouve que l'amendement proposé par le leader de l'Opposition
va à l'encontre et de ce qui s'était dit à la
sous-commission de Pointe-au-Pic et à l'encontre de ce qui s'est dit
à la commission parlementaire qui a précédé la
réimpression. Comme l'article vise à déterminer un
critère, on pourrait ne pas être d'accord avec ce critère
et vouloir en préférer un autre. Je pense que ce critère,
c'est un critère généralement reconnu qu'on utilise
abondamment dans d'autres domaines et qui me semble à première
vue satisfaisant même si, effectivement, comme on l'a déjà
souligné, c'est un critère qui se rattache à
l'appauvrissement plutôt qu'à la progression, c'est-à-dire
à l'enrichissement.
Comme il faut en retenir un, à moins d'en avoir de meilleurs,
celui-là me convient. Ce qui ne me convient pas, ce qui pour moi serait
un amendement acceptable, c'est le moment à partir duquel ce
critère va jouer. C'est une autre paire de manches. Or, les amendements
du député de Marguerite-Bourgeoys n'arrivent pas à
régler le problème de façon définitive. Ils visent
à empêcher que le critère qu'il réclamait trouve son
application indéfiniment. Je prétends que le seul amendement
possible à cet article est valable et qu'il répond aux objectifs
qu'on poursuit et qui répond aussi à l'ajustement qu'on doit
avoir, c'est de commencer en disant: À compter de l'année 1985,
et là on continue le texte. Cela nous ajuste mieux à ce qu'on a
déjà voté et cela place dans la loi un critère qui
lui va continuer à s'appliquer, mais à partir de l'année
1985, comme pour les autres travailleurs des secteurs public et parapublic.
M. Lalonde: Si le député de Sainte-Marie le permet,
j'avais déjà présenté un amendement qui vient
d'être battu, où on remplacerait 1984 par 1986. Lui propose 1985.
Je réduisais de 3% le taux d'inflation, l'IPC, à chaque
année, le taux moins 3%. Maintenant, cet amendement a été
battu. Peut-être que le député vaquait à ses
occupations.
M. Bisaillon: J'y vaquais, oui. Je voudrais juste corriger
quelque chose qui j'ai dit qui est faux. J'ai dit que, pour s'ajuster aux
secteurs public et parapublic, il faudrait s'ajuster à 1985. Il est
exact qu'à partir du 1er janvier 1984, l'IPC moins 1,5% va jouer dans le
cas des secteurs public et parapublic. Ce à quoi je me
réfère, par ailleurs, c'est au résultat de l'application
de ce calcul. Si je prends, par exemple, une classe, mettons un enseignant,
sept ans de scolarité, son salaire actuel est à 597,29 $. On
procède à des coupures de 116,23 $ par semaine ce qui va donner
au 1er avril 1983 un salaire de 553,56 $. Par la suite, au 1er janvier 1984, on
ajuste l'IPC moins 1,5% ce qui va le porter à 593 $ et, au 1er janvier
1985, l'IPC va encore jouer pour le porter à 615 $. Donc, si je compare
le salaire de cet enseignant entre le moment où on se parle,
c'est-à-dire le 31 décembre et le 1er janvier 1985, je me rends
compte qu'il n'y a quasiment pas d'augmentation dans son salaire entre ces deux
dates. C'est pourquoi je me référais à la date de janvier
1985 pour permettre aux députés de commencer à ajuster
leurs salaires selon un critère qui est le même que
celui-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Lachance: Réellement, aussi bien sur l'article 3 que
sur les deux articles précédents, j'observe que les commentaires
de l'Opposition ressemblent un petit peu à ce qu'on appellerait une
vendetta ou encore à l'oeil pour oeil, dent pour dent. Cela ressemble
à quelqu'un qui, à un moment donné, a vécu des
moments, soit en 1974, particulièrement, ou peut-être en 1976, qui
n'étaient pas tellement agréables et qu'on
veuille, à ce moment-ci, vous montrer de quel bois on se chauffe
maintenant. Moi, je ne trouve pas cela tellement sérieux dans le
débat. Ce n'est parce qu'à un moment donné, s'il y a eu de
la démagogie, qu'on est obligé de continuer d'en faire. Je vous
assure, je suis de ce côté-ci, le seul, je regarde cela autour de
la table, qui n'était pas là en 1977 et en 1974, de ce
côté-ci de la table, je l'ai bien précisé. Ce que
j'observe ici à l'Assemblée nationale ne me réjouit pas
trop. Je ne sais pas s'il faut s'habituer à ce style, mais ce n'est pas
le côté du parlementarisme qui, personnellement, m'égaie ou
me réjouit beaucoup. Je pourrais dire, M. le Président, que je
suis loin de blâmer l'attitude de mes collègues qui étaient
là en 1977. Dans ces circonstances, j'aurais probablement aussi fait la
même chose, mais, en terminant, je voudrais dire que, dans notre coin, on
a une petite phrase qui résume bien l'attitude de quelqu'un qui,
à un moment donné, est amené à changer d'opinion.
On dit: II y a seulement les cochons qui ne changent pas d'idée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: ... j'attendais la suite de l'argument du
député de Bellechasse sur ma proposition d'amendement. Il me fait
le reproche de vouloir changer le projet de loi et de faire de la
démagogie. Enfin! les reproches... Je ne reprendrai pas ses propos. Il
aurait dû être ici en 1974 pour comparer les deux Oppositions. Il
n'y était pas. Je ne peux pas lui en faire le reproche, mais je
répète que je le fais avec la plus grande modération. Ce
que je demande au gouvernement, c'est d'être cohérent. Est-ce
démagogique? Vous savez ce qu'est la démagogie, c'est faire appel
aux passions de la population. Est-ce faire appel aux passions des gens que de
demander à des députés d'être cohérents? Le
député de Bellechasse a-t-il été élu en
1976?
M. Lachance: En 1981.
M. Lalonde: Bon! En 1981. Je lui rappellerai que le parti dont il
est membre a cru bon, en 1977, en 1978 et en 1979, jusqu'à maintenant,
de limiter l'augmentation des salaires des députés à 6%.
Pourquoi ne pas, dans des temps encore plus difficiles, ceux d'aujourd'hui...
Est-ce faire de la démagogie que de rappeler qu'on ne vit pas sur la
lune? Est-ce faire de la démagogie que de lui rappeler, il y a à
peine quelques jours, que le premier ministre et le président du Conseil
du trésor ont décrit la situation en des mots qui, s'ils avaient
été employés par un membre de l'Opposition, auraient paru
une exagération épouvantable? C'était catastrophique.
C'étaient des centaines de milliers de chômeurs. C'étaient
des centaines de milliers de personnes - 600 000 personnes qui vivent ou qui
dépendaient des prestations de l'aide sociale. Ce sont des mots de vos
ministres, M. le député de Bellechasse. Est-ce qu'on ne doit pas
en tenir compte? Est-ce faire de la démagogie que de rappeler cela et de
dire au gouvernement qu'il prend ses décisions dans un contexte... Il ne
les prend pas dans l'abstraction. On ferait de l'angélisme qui est un
autre défaut si on oubliait tout ce qui se passe, toute la
réalité qui est dure et si on ne la rappelait pas. Je demande au
député de Bellechasse s'il veut - je ne sais pas, moi - parler
contre mon amendement, me dire: Bon! que 5%, ce n'est pas assez ou c'est trop.
Si c'est trop, à ce moment-là, j'accepterai des sous-amendements.
Je baisserai à 4% ou à 3%. Je demande au député de
Bellechasse s'il croit que ce que son gouvernement a fait depuis 1976, à
propos des salaires des députés, était quand même
pas si mal puisque cela a duré pendant cinq ou six ans. Je m'attendais
à un argument un peu plus concret. C'est pour cette raison que j'ai
hésité avant de l'interrompre, mais je mettrai son intervention
dans mon bagage et j'avoue que cela ne m'a pas convaincu. (17 h 45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: Brièvement, M. le Président. Je dois
dire que je comprends tout à fait le leader de l'Opposition d'avoir
débattu avec nous sur ces articles 2 et 3 depuis 15 heures et une
demi-heure ce matin. Il faut savoir une chose, M. le Président, c'est
que l'Opposition officielle n'est pas d'accord en partie sur le projet de loi
no 110.
Deuxièmement, je pense que cela a été une bonne
décision - là-dessus, je dois dire que le député de
Marguerite-Bourgeoys m'a finalement convaincu - d'avoir deux projets de loi
pour qu'on en adopte un à l'unanimité et qu'on
n'hypothèque pas la réforme parlementaire sur laquelle nous
avançons fort bien. Je savais bien aussi que, partant de là,
quand nous étudierions le projet de loi no 110, s'il y a deux articles
sur lesquels, forcément à cause même des attitudes, des
prises de position qu'elle a eues lors du débat en deuxième
lecture, l'Opposition officielle allait faire l'impossible pour nous amener
à modifier notre position et aussi expliquer le plus possible pourquoi
elle considère que les articles 2 et 3 ne doivent
pas être adoptés, mais modifiés, je crois que le
nombre d'heures que nous y avons mises est à la mesure de l'importance
que l'Opposition officielle y a accordée lors de l'étude du
projet de loi en deuxième lecture. Je terminerai simplement
là-dessus. Ceci étant dit, nous aussi, en deuxième
lecture, nous avons mentionné, sur ces deux articles qui, dans le fond,
ont constitué, je pense, pour une bonne part, l'essentiel du
débat que nous avons eu, nous avons signifié quelle était
notre position. Nous avons discuté. Nous avons expliqué pourquoi
nous allions proposer l'adoption des articles 2 et 3. Si, ici en commission
parlementaire, au moment où, d'amendement en amendement, nous disons
à l'Opposition que nous allons les rejeter, c'est parce que,
effectivement, nous avons fait notre lit en ce qui concerne ces deux articles.
Nous avons décidé de vivre avec cette décision parce que
nous ia trouvons tout à fait raisonnable, modérée,
correcte, cohérente et au-delà de cela, quant à moi, tout
en respectant l'opinion des membres de l'Opposition officielle, je dois dire
que nous ne nous sentons pas capables de nous rallier à leur
argumentation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Le leader du gouvernement a fait
référence à la division du projet de loi no 90 en deux
projets de loi. Je vais faire la même référence. Au mois
d'octobre, et peut-être avant, en sous-commission en 1980 ou 1981 - je ne
m'en souviens pas suffisamment pour l'affirmer, mais c'était en octobre
- à la Commission permanente de l'Assemblée nationale, que vous
présidiez, M. le Président, j'ai demandé au gouvernement,
au même ministre, de diviser, de faire deux projets de loi. J'ai eu une
fin de non-recevoir qui ressemble un peu à celle que je viens de
recevoir actuellement.
Si j'acceptais l'invitation du ministre de laisser passer. On y a
passé trois heures. On n'en serait pas rendu là où on en
est actuellement, avec deux projets de loi, ce qui est une amélioration
extraordinaire. Cela m'a pris des heures et des heures de discussion. Plusieurs
fois, il a fallu que je revienne à la charge, mais on ne s'est jamais
découragé et j'allais, je vous le dis, M. le Président,
inscrire au feuilleton, ce matin -je l'ai dit au ministre, je pense, hier soir
-une motion en vertu de l'article 152...
M. Bertrand: Que je ne connaissais pas. Tantôt, je suis
allé lire cela.
M. Lalonde: Le leader du gouvernement vient de dire qu'il ne
connaissait pas l'article 152. Bon. Tant mieux! Il va commencer à
apprendre son règlement, c'est très bien. Donc, l'article 152
m'aurait permis de faire une motion pour diviser le projet de loi. J'avais
répété cette demande en sous-commission de
l'Assemblée nationale. Naturellement, les travaux ne sont pas
enregistrés, mais je m'en souviens suffisamment pour l'affirmer. J'ai
refait cette demande en Commission permanente de l'Assemblée nationale,
à la salle 91-A, je ne me souviens plus exactement quand en novembre,
pour recevoir le rapport de la sous-commission. C'est là qu'il y a eu
une motion de réimpression du projet de loi. C'est à ce
moment-là que j'ai dit que je n'étais pas d'accord; que le projet
de loi no 90 continue son cours et qu'on fasse un autre projet pour
présenter à l'Assemblée ce que le gouvernement avait
décidé de présenter une réforme des pensions et du
salaire. Vous allez voir dans le rapport de cette commission que cette motion a
été adoptée sur division. Je suis revenu à la
charge à maintes reprises et c'est seulement tard hier soir que le
ministre a reconnu - et il l'a fait avec grâce - que c'était mieux
comme cela. J'imagine que ça devait être mieux comme cela,
puisqu'il l'a fait. J'imagine qu'il pensait que c'était mieux de diviser
le projet de loi puisque c'est le résultat qu'on a eu.
Ce qui veut dire, M. le Président, que ce n'est pas parce qu'on a
passé trois heures sur la question fondamentale, celle qui fait
scandale, c'est-à-dire l'augmentation du salaire des
députés et l'indexation du salaire des députés en
1984... Trois heures, M. le Président, mais c'est peu. Nous n'avons fait
que quelques amendements et déjà l'article 2 a été
adopté malgré notre opposition. Je ne pense pas qu'on puisse nous
accuser de faire une opposition systématique.
M. Bertrand: Je ne vous ai pas accusé.
M. Lalonde: Non, mais vous avez commencé à dire
qu'on avait passé un temps suffisant pour l'importance...
M. Bertrand: J'ai dit: Je comprends.
M. Lalonde: ... de la question. Cela me rappelle les propos que
j'entendais d'un leader du gouvernement qui vous ressemble beaucoup et qui
disait: On va vous passer sur le corps.
Alors, je l'ai averti. Trois heures c'est peu, c'est peu pour tenter de
convaincre un gouvernement têtu. On va passer le temps qu'il faut.
Actuellement, on a un amendement qui invite le gouvernement à la
cohérence. Naturellement, je mentirais, M. le Président, si je
vous disais que je m'attendais que le gouvernement allait sauter
là-dessus pour dire: Oui c'est vrai, on n'y a pas pensé, on va le
faire. Il ne faut quand même pas nous accuser de naïveté.
Mais, il reste que le processus mental d'un
gouvernement est beaucoup plus lent que celui d'un individu. C'est
très lent. Souvent, cela prend des circonstances pour l'amener tout
à coup à découvrir que ce n'est pas si bête, ce que
l'on propose: toutes sortes de circonstances. Alors, c'est pour cela que
j'aurais préféré que le ministre nous donne l'explication
du plafond de 5%. Les deux arguments qu'on vient d'entendre, celui du
député de Bellechasse qui nous fait des accusations de
démagogie et le ministre qui me dit que je me traîne les pieds...
Est-ce qu'il y a moyen de savoir ce que vous pensez des 5%?
M. Bertrand: Je n'ai pas dit cela. M. le Président, une
question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement, sur une question de règlement.
M. Bertrand: Je veux dire au député de
Marguerite-Bourgeoys que je n'ai pas dit cela.
M. Lalonde: Non, vous n'avez pas dit cela, mais c'est ce que j'ai
cru comprendre.
M. Bertrand: J'ai dit que je comprenais l'importance que
l'Opposition attachait au débat sur les articles 2 et 3, que je
comprenais. C'est cela que j'ai dit. Quant à cette scission des projets
de loi, je suis content, effectivement, d'avoir changé d'idée. Je
suis content d'être un gars qui est capable de changer d'idée. Si
je n'étais pas ce genre de personne-là, M. le Président,
je pense que je ne m'aimerais pas, effectivement, comme le dit le
député de Trois-Rivières.
M. Lalonde: J'ai admis que vous avez changé d'idée,
mais cela a pris beaucoup plus que trois heures. Alors, pour vous faire changer
d'idée sur ces 5%, même s'il faut prendre quelques jours, on les
prendra.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Je voudrais parler un peu, hors d'ordre, comme vient
de le faire le leader de l'Opposition, juste pour dire une petite chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme le
leader...
M. Vaugeois: Comme le leader de l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
comme le leader de l'Opposition, comme vous.
M. Lalonde: Merci de la correction.
M. Vaugeois: Je veux juste rendre hommage, au fond, au leader
actuel du gouvernement. Parce qu'effectivement, si le leader de l'Opposition a
été un peu frustré dans le temps de ne pas voir sa
proposition retenue plus tôt, je me permets de lui dire aujourd'hui,
publiquement, qu'on l'avait demandée bien avant, nous autres, à
notre leader. On n'avait pas eu plus de succès. Finalement,
l'aboutissement, c'est cela qui est important. On se retrouve aujourd'hui
devant un projet de loi no 90 qui est extrêmement intéressant et
un projet de loi no 110 qui démontre au moins une détermination
d'essayer de régler un vieux problème avec lequel on est
confronté depuis des années et des années. Vous avez
vécu des périodes pénibles qui ne sont pas encore
terminées, il y a des relents. Mon voisin de droite disait tout à
l'heure qu'à certains moments, vous nous plagiiez honteusement dans des
propos qu'on tenait autrefois. Il reste qu'il y a un courage dans le projet de
loi no 110. Il y a une tentative de trouver une avenue qui nous permettrait de
discuter dorénavant d'autres choses. Alors, je trouve qu'à cet
égard le comportement du leader actuel est admirable. Il nous met en
face de propositions intéressantes. Dans le cas du projet de loi no 110,
vous en discutez, c'est votre rôle comme opposition, mais peut-être
qu'on peut retenir de cela l'espoir que c'est une des dernières fois
qu'on en parle, nous, en tout cas, comme parlementaires.
M. Lalonde: Je comprends que vous ne vouliez plus en entendre
parler.
M. Vaugeois: C'est bien sûr.
M. Lalonde: Je comprends de vos propos que la mesure de votre
influence sur votre leader est inversement proportionnelle au parti auquel vous
appartenez, c'est-à-dire d'un côté ou de l'autre de la
Chambre. Je ne veux pas prendre le crédit du dernier coup qui a pu faire
changer d'idée le leader, mais puis-je faire l'hypothèse que, si
j'avais décroché à un moment donné, on aurait un
projet de loi seulement aujourd'hui? Naturellement, ce sont des propositions
intéressantes, mais c'est intéressant aux dépens des
autres, aux dépens de la population. Je pense qu'on a entendu trois
intervenants du côté ministériel et aucun ne m'a dit
pourquoi la limite de 5% est inacceptable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'ai été
profondément touché - j'en suis encore ému d'entendre le
leader parlementaire de
l'Opposition énumérer les nombreuses démarches, la
ténacité avec laquelle il a cherché à faire scinder
le projet de loi. C'est beau, c'est grand, c'est noble, c'est
généreux. Le leader parlementaire a tellement travaillé,
tellement bien mérité de la nation que je pense, outre les
félicitations que je lui adresse, qu'on devrait songer à majorer
son indemnité additionnelle parce que, vraiment, il travaille tellement
fort, le pauvre homme, cela prend tellement de temps pour obtenir des
résultats, cela prend tellement d'efforts, il est tellement tenace, il
travaille tellement dur qu'il n'est pas suffisamment payé.
M. Vaugeois: Faites-en un amendement, M. le
député.
M. Guay: Oui, à un autre article. Vraiment, le pauvre
homme...
M. Lalonde: M. le Président, serait-ce une offre de
m'acheter?
M. Guay: Je n'ai pas fini.
M. Lalonde: M. le Président, protégez mes
privilèges de membre de l'Assemblée nationale.
Une voix: On va mettre le prix qu'il faut.
M. Guay: J'achète généralement du neuf.
M. Lalonde: Vous n'aurez pas les moyens de payer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis... M. le député de Taschereau
n'a pas terminé. Excusez-moi.
M. Guay: Je n'ai pas fini.
M. Blank: Cela ne fait pas longtemps... Vous n'avez pas fini
encore?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Sur le fond de la question... M. Lalonde: Sur les
5%. M. Guay: Sur les 5%.
M. Lalonde: En voilà un qui va parler sur les 5%.
M. Guay: M. le Président, ces gens nous ont dit: Vous avez
fait en 1977, en 1978, en 1979, en 1980, et même en 1974, de
l'angélisme - on l'a entendu... C'est votre faute, vous avez fait de
l'angélisme en plafonnant à 6%. Le député de
Marguerite-Bourgeoys, leader parlementaire de l'Opposition, vient de nous
affirmer que l'angélisme est un défaut. Si nous avons fait de
l'angélisme à 6%, si c'était un défaut que de
plafonner à 6%, pourquoi le député de Marguerite-Bourgeoys
sombre-t-il dans le superangélisme et fait-il preuve d'un défaut
encore plus grand en voulant plafonner, de manière parfaitement
ridicule, à 5%, alors que, pour une fois, on peut peut-être
commencer à envisager même pas des augmentations de salaire des
députés, mais simplement un accroissement du salaire du
député en fonction de l'accroissement de l'indice des prix
à la consommation? Je retiens quand même la suggestion de
tantôt, que le député de Marguerite-Bourgeoys gagne
tellement bien son indemnité additionnelle que je pense qu'il va falloir
la majorer en plus de cela, peut-être simplement de 5%, par exemple.
M. Grégoire: M. le Président, c'est vrai que
c'était de l'angélisme, mais Pascal disait: L'homme n'est ni ange
ni bête, mais souvent qui veut faire l'ange fait la bête.
M. Lalonde: Comme c'est beau! C'est votre passage à Ottawa
qui vous a cultivé comme cela?
Des voix: Oh!
M. Grégoire: Pascal ajoutait un autre proverbe: Selon que
vous serez d'un côté ou l'autre de la rivière, vous aurez
tort ou raison.
M. Lalonde: M. le Président, quelqu'un a dit: La culture,
c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étalé.
M. Grégoire: Joseph Prudhomme dixit.
Le Président (M.
Vaillancourt,
Jonquière): Est-ce que la motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys sera adoptée?
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, je n'ai pas
fini.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Louis. (18 heures)
M. Blank: Je veux seulement demander ceci aux
députés ministériels: Le député de
Bellechasse m'a reproché de ne pas être sérieux, de faire
des choses frivoles, après avoir été rappelé
à l'ordre par le député de Sainte-Marie. On trouve que le
député de Taschereau, avant qu'il commence à parler de
l'affaire des 5%, a essayé de rire de l'Opposition. Nous sommes ici pour
essayer
de convaincre...
M. Guay: Non, je rends hommage au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Blank: Oui, mais c'est un peu sarcastique.
M. Guay: Allons donc! Ah! Il n'y a plus moyen de féliciter
sans se faire blâmer!
M. Blank: On doit être un peu sérieux ici; de temps
en temps, on doit être sérieux. Durant les années 1977,
1978, 1979, 1980 et 1981...
M. Lachance: On vit dans l'avenir, on ne vit pas dans le
passé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blank: Voilà, le député de Bellechasse
vit dans l'avenir et non pas dans le passé. Quand cela fait son affaire,
c'est ça; quand cela ne fait pas son affaire, c'est l'autre. C'est
exactement ce que le député de Marguerite-Bourgeoys reproche au
gouvernement, de ne pas être cohérent. En 1976, 1977, 1978, 1979,
1980 et 1981, il a dit: Nous, les députés, devons faire un
sacrifice: le coût de la vie est de 10%, 12%, on ne prendra rien en 1977,
on prendra 6% en 1978, en 1979, en 1980, en 1981 et en 1982. Aujourd'hui, c'est
changé. L'inflation est un peu descendue. Pourquoi augmenter? Parce que,
si on reste à 6% pour cette année et que l'on prend l'indexation
l'année prochaine, on augmentera. Durant toutes ces années, ces
gens ont prêché qu'on doit donner l'exemple, nous autres, les
représentants du peuple et les gardiens de l'argent de la population.
Aujourd'hui, ils sont tournés vers une autre direction. Au lieu de
garder cette pensée que, nous autres, en ce moment, on dit
angélique, les ministériels de ce temps, pour cinq ans ont dit:
Non, non, cela c'est notre politique. Notre politique est d'être toujours
en bas de l'indexation au coût de la vie, parce que c'est nous qui devons
donner l'exemple. Aujourd'hui, ils donnent l'exemple dans le sens contraire.
Ils mettent les mains dans le tiroir et ramassent un peu plus d'argent.
Pourquoi? Pourquoi ont-ils changé? Je ne comprends pas.
Je constate qu'il est six heures, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 03)