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(Dix heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Mathieu): Je déclare ouverte la
séance de la commission parlementaire. J'inviterais, selon le
règlement, le secrétaire de la commission à constater le
quorum.
Le Secrétaire: Les membres de la commission pour cette
séance sont: MM. Baril (Arthabaska), Beaumier (Nicolet),
Beauséjour (Iberville), Dupré (Saint-Hyacinthe), Gagnon
(Champlain), Le May (Gaspé), Mathieu (Beauce-Sud) et Picotte
(Maskinongé).
Calendrier des travaux
Le Président (M. Mathieu): Ayant quorum, nous allons
débuter. Je voudrais d'abord mentionner que nous participons à la
première séance officielle de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation depuis la réforme parlementaire.
Nous avons tenu quelques séances de travail à huis clos;
maintenant, c'est la première fois que nous nous réunissons
conformément au nouveau règlement. Je souhaite la bienvenue, bien
sûr, à tous les membres autour de la table, à M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, au
sous-ministre et toute l'équipe qui l'accompagne. Pour l'information des
gens qui suivent nos travaux par le biais du journal des Débats, je
voudrais mentionner que dans le cadre de la réforme parlementaire il y a
huit commissions parlementaires permanentes; cinq sont dirigées par des
députés du parti au pouvoir et trois sont dirigées par des
députés de l'Opposition. Le comité directeur est
constitué du président, votre serviteur, du
vice-président, M. le député de Saint-Hyacinthe, et du
secrétaire, M. Arsenault. Maintenant, le cadre dans lequel nous
évoluons est, bien sûr, dans le but de revaloriser le
parlementarisme, de redonner des pouvoirs aux membres de l'Assemblée
nationale et devenir un agent d'évolution dans le monde agricole.
Les commissions parlementaires se voient attribuer des fonctions par
l'article 116 de notre règlement. Elles doivent ainsi, à la
demande de l'Assemblée nationale, étudier les projets de loi,
étudier les crédits budgétaires - c'est ce que nous ferons
à l'occasion de ces séances - et étudier toute autre
matière qui leur est confiée. Maintenant, l'article 117 stipule
que de leur propre initiative - ce qui est nouveau - les commissions
étudient, premièrement, les projets de règlement et les
règlements, deuxièmement, les orientations, les activités
et la gestion des organismes publics, troisièmement, les engagements
financiers, quatrièmement, toute autre matière
d'intérêt public.
Ainsi, notre commission trace la voie dans le domaine de la
réforme parlementaire puisque, même si nous n'existons que depuis
quelques semaines, nous avons déjà un mandat d'initiative que
nous nous sommes donné à la double majorité, selon le
règlement, c'est-à-dire que notre mandat d'initiative consiste en
l'étude des problèmes de la relève agricole. C'est un
mandat qui fait consensus. Nous constatons qu'il y a des problèmes de
relève et, ici, autour de la table, nous nous sommes facilement mis
d'accord pour étudier ce problème au cours des mois qui vont
suivre. Alors, je voudrais en profiter pour inviter tous les intervenants, les
personnes intéressées dans le milieu agricole à nous faire
part de leurs commentaires quand le temps sera venu et que nous tiendrons des
séances.
Également, l'article 286 du règlement stipule que chaque
commission examine annuellement les orientations, les activités et la
gestion d'au moins un organisme public soumis à son pouvoir de
surveillance. Or, nous nous sommes également mis d'accord à la
commission pour que l'organisme qui fera l'objet de cette étude dans les
prochaines semaines soit l'Office du crédit agricole du Québec,
et ceci, en corrélation avec le mandat que nous nous sommes donné
relativement à la relève agricole.
Maintenant je voudrais donner quelques brèves explications pour
la procédure qui va suivre. D'abord, chacun peut faire une
déclaration d'ouverture de 20 minutes. J'invite les membres à se
limiter davantage, mais chacun a droit à 20 minutes. Notre
invité, ce matin, le ministre, a également droit à 20
minutes mais il ne s'agit pas de 20 minutes de réplique après
chaque intervention. Quand les interventions seront faites, le ministre aura
droit de prendre 20 minutes également, d'après le nouveau
règlement, et, quand nous étudierons ensuite programme par
programme ou élément par élément, à ce
moment, chaque membre de la commission, de même que le ministre, pourra
intervenir pendant 20 minutes à chaque élément de chaque
programme. C'est bien
sûr que, si chacun se prévaut de ce droit, on n'est pas
sortis des crédits; mais je pense, à toutes fins utiles, que cela
va se faire comme cela se faisait avant. C'est une question de bonne foi. Je
n'ai pas l'intention de faire de la procédure ici ce matin. Notre
objectif commun est d'y aller par consensus, avec bonne foi, et non par
procédurite et légalisme.
Avant d'aller plus loin, j'ai dit tout à l'heure que le ministre
pouvait parler à la fin. Le ministre sera autorisé, si je peux
employer le terme, à faire une déclaration d'ouverture,
après quoi chacun pourra faire sa propre déclaration avant que
nous attaquions les programmes. Donc, je donne la parole au
vice-président, le député de Saint-Hyacinthe, et,
après, s'il n'y a pas d'inconvénient, on laissera la parole au
ministre pour sa déclaration d'ouverture.
M. Dupré: Merci, M. le Président. Avant d'entendre
le ministre, je pense qu'il serait bon de partager le temps que nous allons
avoir: quatorze heures et demie de travaux. On sait que l'étude des
crédits amène un nombre considérable de hauts
fonctionnaires et d'apartés. À ce moment-là, il serait bon
de répartir le temps afin que les gens sachent à l'avance
à quelle période ou à quel jour ils devront accompagner le
ministre.
Nous avons décidé que, pour les pêcheries, c'est
supposé être quatre heures et demie, mais du fait que, jeudi
prochain, l'après-midi et la soirée donnent cinq heures, à
ce moment-là...
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Maskinongé, pour les fins de la transcription...
M. Picotte: ...à titre de suggestion, je ne sais si la
commission aurait objection à ce que, dans l'après-midi et la
soirée de jeudi, on consacre ce temps au domaine des pêcheries.
Cela veut dire que possiblement, nous, notre rôle pourra prendre fin, par
exemple, à 12 h 30, jeudi. Je verrais mal qu'on puisse revenir pour une
demi-heure, le temps de s'organiser et commencer. Finalement, il y a des gens
qui diront: On n'a pas eu nos heures. Je ne sais si cela pourrait aller comme
cela. C'est une suggestion que je fais.
Le Président (M. Mathieu): Est-ce qu'on peut
établir un consensus là-dessus? Il n'y a pas
d'inconvénients? Quitte à revenir pour ajuster, s'il y a
lieu.
M. Dupré: Les cinq dernières heures pour les
pêcheries.
M. Picotte: Est-ce que le député de Saint-Hyacinthe
a terminé?
M. Dupré: C'est sur le sujet. Vous pouvez y aller de vos
commentaires.
M. Picotte: Je voulais parler d'un autre sujet. Avant de
céder la parole au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, j'apprécierais que l'on nous présente chacun des
membres du ministère qui sont dans la salle afin de nous les identifier
et de les connaître.
Le Président (M. Mathieu): Je crois, M. le
député de Maskinongé, que M. le député de
Saint-Hyacinthe aurait un commentaire préalable.
M. Dupré: C'est une très bonne idée de
présenter les personnes présentes, mais je voulais aller un peu
plus en détail dans l'ordre du jour. Il y a des sujets jusqu'à
mercredi, jeudi soir tard. Je pense qu'il serait bon de décortiquer
davantage selon les programmes.
Le Président (M. Mathieu): Faites-nous part de vos
suggestions.
M. Dupré: II y a 10 programmes. Il faudrait au moins
diviser en deux groupes et indiquer les premiers que l'on entendrait. C'est
sûr, il y a les programmes 1, 2, 3, 4, que nous pourrions mettre le
mercredi, c'est certain, étudier le 5e mercredi et en prendre 4 jeudi.
Si nous n'avons pas eu le temps d'étudier les crédits du 5e
programme, nous pourrions le reporter au jeudi.
Le Président (M. Mathieu): On me fait part d'un
problème d'audition.
M. Garon: Nous n'entendons pas, mais cela ne dérange
pas.
Le Président (M. Mathieu): Comme cela, nous ne vous
dérangeons pas trop.
M. Picotte: Je comprends que cela ne dérange pas le
ministre, d'habitude il ne comprend rien.
Une voix: II y a des portes. Si cela dérange trop, on peut
toujours tirer les portes.
M. Picotte: Si l'on vous dérange, M. le ministre, on peut
fermer les portes.
M. Garon: Vous m'avez rappelé mon temps, lorsque
j'étais pensionnaire. On couchait dans un dortoir, il y avait deux
religieuses qui se promenaient en récitant leur chapelet et cela faisait
un genre de murmure. C'est le même genre de murmure
que nous entendons.
M. Picotte: J'ai l'impression qu'ils n'ont pas encore assez
prié pour vous, M. le ministre.
M. Garon: Ils n'ont pas besoin de prier beaucoup, car la
prière a une valeur infinie.
M. Picotte: II faut beaucoup de prières pour vous.
Le Président (M. Mathieu): Sur ces mots, nous allons
poursuivre nos travaux.
M. le député de Saint-Hyacinthe suggérait....
M. Dupré: ...5 programmes mercredi et les 4 autres,
jeudi.
Le Président (M. Mathieu): Alors, les 5 programmes de
mercredi pourraient être le programme 1. Planification, recherche et
enseignement; 2. Financement agricole; 3. Aide à la production agricole;
4. Assurances agricoles; 5. Commercialisation des produits agro-alimentaires.
Cela veut dire que, mercredi, les gens concernés par ces programmes
pourraient se présenter, si je comprends bien. Je crois que le but de M.
le député de Saint-Hyacinthe, c'est d'éviter de mobiliser
trop de gens à la fois, parce que le temps de tout ce monde est
précieux, je pense bien.
Pouvons-nous faire un consensus là-dessus?
M. Dupré: M. le Président, dans les années
antérieures, dans nos déclarations d'ouverture et dans les
discussions que l'on commençait, on identifiait certains gros
problèmes de fond, où le ministre avait à nous
répondre par la même occasion, pas tellement après, ce qui
faisait que bien souvent, quand il arrivait dans les éléments,
nous passions cela assez rapidement, car nous avions eu certaines discussions
en profondeur sur certains points. J'imagine que nous allons procéder
à peu près de la même façon.
Le Président (M. Mathieu): Puis-je suggérer
qu'à la fin de nos travaux, dans les 15 dernières minutes, l'on
se penche sur ce problème-là, pour tâcher d'indiquer les
personnes que nous souhaiterions voir mercredi avant-midi, mercredi
après-midi, jeudi matin? Peut-être serions-nous plus en mesure de
juger, selon la rapide ou la lente évolution de nos travaux.
Comme vous le constaterez, les locaux n'ont rien à voir avec la
réforme parlementaire, mais nous serons au salon rouge, mercredi, et
à la salle 81, jeudi; donc, nous aurons sûrement une meilleure
audition.
Je souhaite donc que les travaux de notre commission, tant ceux
d'aujourd'hui que ceux que nous allons entreprendre avec notre mandat
d'initiative et de surveillance d'organismes, soient bénéfiques
pour le monde agricole du Québec.
Là-dessus, sans plus tarder, j'inviterais M. le ministre à
nous faire part de sa déclaration d'ouverture, qui devrait normalement
durer à peu près 20 minutes. Il faudra être rapide, M. le
ministrel
Remarques préliminaires M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, permettez-moi d'abord de vous
dire que je suis très heureux de votre nomination et du fait que le
Parti libéral, qui a choisi la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, vous ait choisi comme président.
J'avais déploré, l'an dernier, avec sincérité,
votre déplacement comme critique officiel, en matière agricole,
pour le Parti libéral parce que j'avais estimé que vous aviez
fait un travail personnel louable dans la question du Nid-du-Corbeau. Vous
étiez parti du mauvais pied mais vous étiez rapidement
tombé sur le bon pied, après les réunions du mois de
novembre où il y avait eu une conférence socio-économique
sur les céréales. Vous avez manifesté une
indépendance d'esprit pour laquelle je voudrais vous rendre hommage.
J'avais senti que votre parti ne suivait pas. Lorsque vous avez perdu votre
poste de critique officiel, j'avais déploré cette situation.
Aujourd'hui, je suis content de voir que vous revenez comme
président.
Maintenant, vous remarquerez aussi que, comme président de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation, vous
aurez à vous battre un peu plus fort. Ce n'est pas un hasard, sans
doute, que nous ayons la plus mauvaise salle. J'ai remarqué, dans mon
travail comme ministre, que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation doit toujours se battre plus fort que les autres. Vous
savez que, dans le monde dans lequel nous vivons, la plupart des ministres
viennent des villes. Souvent, il faut faire entendre la voix de l'agriculture
et le ministre doit se battre très fort; pas souvent, tout le temps. Il
doit être vigilant. Et, si l'on veut que les intérêts du
monde agro-alimentaire soient défendus, cela prend beaucoup de vigueur.
Vous aurez besoin aussi de cette même vigueur comme président. Je
souhaite qu'on reconnaisse davantage, dans l'avenir, l'importance de
l'agriculture en lui donnant une salle appropriée à ses
délibérations.
On m'avait dit, ce matin, qu'on doutait que les procédures
seraient enregistrées car seulement les travaux de deux commissions sur
trois seraient enregistrés et que ce serait
les nôtres qui ne le seraient pas. Apparemment, cette
décision a été révisée ou ceci a
été révisé. Je trouve déplorable qu'on ait
même pensé, au niveau de l'Assemblée nationale et de la
direction de l'Assemblée nationale, à ne pas enregistrer les
débats de l'agriculture, ce qui démontre que, malgré les
efforts que nous avons faits depuis sept ans pour mettre l'agriculture sur la
carte à la place qu'elle doit occuper, il y a encore beaucoup de gens
qui ne comprennent pas le rôle économique du secteur
agro-alimentaire. Les gens qui sont députés du monde agricole au
Parti québécois savent à quel point nous avons mené
des combats ensemble parce qu'il faut que tous les députés du
monde rural soient vigilants. Nous avons fait des efforts pour faire occuper
une place plus grande à l'agriculture.
Je souhaite que, comme président de cette commission, vous
combattiez férocement pour que la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ne soit pas dans la garde-robe mais soit
vraiment sur la place centrale. Je suis persuadé que, dans cette
perspective, vous aurez un appui total des députés
ministériels qui font partie de la commission parce que je connais, au
sein du caucus agricole du Parti québécois, la force et la
vigilance qu'ils peuvent démontrer.
Maintenant, voici un texte d'ouverture qui devrait me permettre d'entrer
dans le cadre de la procédure de 20 minutes. Je ferai mon possible,
même en lisant trop vite s'il le faut, pour pouvoir le faire.
Le Président (M. Mathieu): Avant que vos 20 minutes ne
commencent, est-ce que vous me permettrez de faire un commentaire sur vos
propos fort élogieux à mon endroit? Il me revenait à
l'esprit une pensée de la littérature grecque qui disait: Timeo
Danaos et donna ferentes, c'est-à-dire: Je me méfie des Grecs,
surtout quand ils font des cadeaux.
Quoi qu'il en soit, j'accepte vos bons voeux, M. le ministre. En ce qui
concerne la garde-robe, vous craigniez tout à l'heure que nous placions
notre commission dans la garde-robe. Je peux vous dire qu'à ce jour
notre commission est le modèle, nous sommes les premiers à nous
être donné un mandat d'initiative personnelle et,
également, à avoir choisi l'organisme public qui fera l'objet du
mandat prévu à l'article 286. Nous sommes donc partis sur un bon
pied et je partage entièrement votre point de vue lorsque vous dites
qu'on ne fera jamais trop pour l'agriculture. C'est un monde pour lequel il
faut toujours se battre, se battre davantage, toujours avoir la tête sur
le billot. Sur ce point, la commission va facilement s'entendre dans ses
démarches pour faire évoluer la situation.
Ceci étant dit et pour ne pas vous priver de votre temps, je vous
laisse à votre déclaration d'ouverture.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: II y a eu plus tôt une suggestion du
député de Maskinongé à savoir si le ministre
pouvait présenter son personnel. Si le ministre n'a pas d'objection, je
pense qu'il serait de mise de le faire.
M. Garon: Cela ne comptera pas dans les 20 minutes.
M. Dupré: Non, en dehors de vos 20 minutes.
M. Picotte: Avant de commencer vos 20 minutes.
M. Garon: Cela aurait pu être une tactique pour me faire
réduire mes 20 minutes. Si cela ne compte pas dans mes 20 minutes, je
suis d'accord.
M. Dupré: Cela ne serait pas venu du
vice-président.
M. Picotte: M. le ministre, on aime tellement vous faire parler
qu'on ne vous empêchera pas de parler.
M. Garon: Je vais demander à chacun de se lever en
commençant par le sous-ministre, M. Ouellet.
M. Ouellet: Ferdinand Ouellet, sous-ministre, ministère de
l'Agriculture.
M. Abgral: André Abgral, service du budget.
M. Lavigne: Benoît Lavigne, Régie des marchés
agricoles du Québec.
M. Carré: Ronald Carré, ministère de
l'Agriculture.
M. Charbonneau: Jean-Guy Charbonneau, affaires
régionales.
M. Pelletier: Marcel Pelletier, administration.
M. Bilodeau: Yvon Bilodeau, coordination des budgets.
M. Vézina: André Vézina, recherche et
enseignement.
M. Dion: Marc Dion, affaires régionales.
M. Boivin: Alexandre Boivin,
Commission de protection du territoire agricole.
M. Arbec: André Arbec, Régie des
grains.
M. Laverdière: Yvan Laverdière, Office du
crédit agricole du Québec.
M. Burns: Julien Burns, service de planification, crédit
agricole.
M. Moreau: Camille Moreau, Office du crédit agricole.
M. Lachance: Armand Lachance, pêches maritimes.
M. Boudreau: Yvon Boudreau, pêches maritimes.
M. Marier: André Marier, SOQUIA et Raffinerie de sucre du
Québec.
M. Brulotte: Jacques Brulotte, Régie des assurances
agricoles.
M. Beaulé: Bernard Beaulé, Régie des
assurances agricoles.
M. Griffin: Terence Griffin, SOQUIA.
M. Levesque: Renald Levesque, Régie des assurances
agricoles.
M. Wagner: Robert Wagner, Régie des assurances
agricoles.
M. Jutras: Rosaire Jutras, Régie des assurances
agricoles.
M. Leclerc: Magella Leclerc, Régie des assurances
agricoles.
M. Saint-Pierre: Michel Saint-Pierre, SOQUIA.
M. Bouchard: Régis Bouchard, Direction de la planification
du ministère.
M. Beaulieu: Rolland Beaulieu, Direction de la planification du
ministère.
M. Richard: Jeannot Richard, Régie des assurances
agricoles.
M. Garon: II y a aussi Mme Denise Malouin, qui est à mon
cabinet.
Le Président (M. Mathieu) Je vous remercie. (10 h 45)
M. Garon: J'étais très heureux lorsque les
députés ministériels m'ont parlé d'un des sujets
envisagés, soit la relève agricole. Pour la question
d'initiative, c'est un sujet très vaste et qui mérite
d'être étudié. J'ai vu que vous aviez un peu
présumé des conclusions en parlant de la question de
relève. Je pense que l'étude de la question de la relève
va démontrer à quel point cette question s'est
améliorée. Au cours des dernières années, le nombre
d'établissements nouveaux a augmenté considérablement
malgré des taux d'intérêt très élevés.
Au point de vue de la relève, actuellement, le nombre des agriculteurs
augmente au Québec puisque le nombre de ceux qui s'établissent,
le nombre de naissances agricoles, est plus élevé que ceux qui
quittent l'agriculture de sorte que le nombre des agriculteurs augmente. Il y a
aussi le fait que l'Office du crédit agricole soit un organisme qui a
attiré l'attention de la commission, ce qui permettra de voir à
quel point il y a beaucoup de travail qui se fait à l'Office du
crédit agricole qui, à toutes fins utiles, est maintenant le seul
organisme de crédit agricole au Québec puisque la
Société fédérale de crédit agricole ne fait
que 4% des prêts au Québec. À toutes fins utiles, si demain
matin le Québec devenait souverain, l'Office du crédit agricole
pourrait à lui seul assumer toute la place au Québec.
Il faut dire que nous sommes dans une refonte des lois du crédit
agricole pour une plus grande efficacité administrative afin qu'au lieu
d'administrer huit ou neuf lois disparates, une à côté de
l'autre, nous puissions en arriver à analyser le crédit agricole
dans une seule loi. Nous y travaillons actuellement. Les consultations sont en
cours afin d'en arriver à une conférence socio-économique.
Les travaux de la commission parlementaire sur l'agriculture vont contribuer
à faire en sorte que cette refonte et les réformes, qui peuvent
s'y greffer pourront mettre un éclairage encore plus grand sur la
question du crédit agricole qui est, je pense, une question
fondamentale.
Si quelqu'un me disait qu'il devrait y avoir seulement deux programmes
au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
et me demandait quels seraient ces deux programmes, je lui dirais que cela
devrait être le crédit agricole et les assurances agricoles. Ce
sont deux politiques qui ont pour effet d'assurer une plus grande
stabilité à l'agriculture, une plus grande
sécurité. C'est évident que les programmes du
ministère d'incitation au développement sont excellents. Mais,
sans cette stabilité et cette sécurité qu'offrent le
crédit agricole et les assurances agricoles, je pense que les incitatifs
financiers au développement ne pourraient pas fonctionner
véritablement parce qu'il manquerait un volet très important que
les agriculteurs connaissent.
Je pense que si depuis 1981 nous avons pu traverser la crise avec moins
de dommage... Je ne dis pas sans dommage, avec des taux d'intérêts
de 25%. Ce n'est pas pour rien que les prêtres confessaient les usuriers
qui prêtaient à ces taux-là il y a quelques années,
dans le temps où le monde
était plus pratiquant. Aujourd'hui c'est le taux officiel du
Canada. C'est le gouvernement lui-même qui établit des taux
usuraires, condamnés par l'Église autrefois. Je pense que ce
n'est pas seulement l'Église catholique, mais il y a aussi la religion
musulmane; dans le Coran on interdit même de prêter avec
intérêt. Ce qui veut dire que dans l'ensemble des religions il y a
un oecuménisme qui existe au point de vue de l'abus des usuriers, des
requins de la finance. Mais, aujourd'hui, il semble que le maître requin
soit la Banque du Canada qui elle-même donnait des directives aux banques
de prêter à 25% en 1981, à 20% en 1982 et entre 15% et 20%
en 1983. Cela m'apparaît à moi, qui suis un gars qui vit le plus
près du monde à tous les jours, qui ne descend pas de parents
millionnaires, comme étant une véritable politique de Dracula que
de sucer le sang de la population, des entreprises, avec des taux
d'intérêt de 25%. Je pense que c'est une vraie politique de
Dracula. C'est pour cela que je pense que personne ne peut accepter ce taux
d'intérêt. On a essayé de faire croire que c'était
une politique nécessaire et c'est faux.
Au Japon, pendant toute cette crise, le taux d'intérêt n'a
pas dépassé 6% parce qu'eux ont considéré qu'il
était plus important de maintenir l'emploi que de créer du
chômage pour réduire l'inflation.
Au gouvernement fédéral, les millionnaires au pouvoir ont
décidé qu'il était plus important de réduire
l'inflation, pour sauver et protéger leurs avoirs, que de se
préoccuper de la vie de tous les jours des gens qui ont besoin de gagner
leur vie. C'est pour cela que je pense que, dans une prochaine élection,
on devrait se préoccuper d'élire des gens qui sont moins riches
mais qui vivent plus comme tout le monde des problèmes de tous les jours
et qui sont affectés également par des taux
d'intérêt élevés plutôt que de pouvoir tirer
dans le fonds gagné par leurs parents ou leurs grands-parents, ce qui
n'est pas le cas de la majorité de la population.
Après avoir été un facteur de stabilité
pendant la crise économique provoquée par la flambée des
taux d'intérêt, l'agriculture et les pêches ont
contribué, au cours de 1983, à la reprise de l'économie
québécoise. En effet, le secteur a connu une performance
intéressante.
Le revenu dans les situations difficiles. Le revenu net des agriculteurs
québécois, exprimé en dollars constants, est passé
de 627 000 000 $, en 1982, à 733 000 000 $ l'an dernier, soit une hausse
16,9%. Un accroissement d'efficacité de la production agricole,
associé à une baisse relative des coûts de production, a
permis au produit intérieur brut agricole, c'est-à-dire la valeur
ajoutée, d'atteindre 1 453 000 000 $, soit une augmentation de 7,8% par
rapport à 1982. Cela se compare avantageusement à tous les autres
secteurs du monde économique québécois.
Les recettes des agriculteurs québécois se sont maintenues
à près de 3 000 000 000 $ en 1983 grâce, entre autres,
à des paiements records de la Régie des assurances agricoles du
Québec. Les immobilisations en agriculture ont augmenté de 4,2%,
pour atteindre 647 900 000 $. En 1983, on a enregistré une augmentation
de 5,2% des superficies ensemencées en céréales.
Cependant, les mauvaises conditions climatiques ont entraîné une
baisse de 6,5% de la production; ce qui veut dire un dynamisme incontestable
car les superficies, malgré les conditions difficiles et les prix qui
étaient très bas à ce moment-là, augmentent de 5,2%
en 1983. C'est donc un dynamisme et une volonté de développement
de tout le secteur agricole québécois. La valeur des livraisons
de l'industrie de transformation alimentaire a atteint 10 700 000 000 $, en
hausse de 3,3%.
Cette bonne performance a pu être atteinte malgré les
effets négatifs de la politique laitière fédérale.
En effet, la réduction de 4,1% des quotas de lait industriel,
décrétée par la Commission canadienne du lait, s'est
traduite par une baisse des livraisons aux usines laitières et par le
plafonnement à 1 000 000 000 $ des recettes des producteurs laitiers. De
plus, pour la première fois, le total des retenues effectuées par
la Commission canadienne du lait, soit 146 000 000 $, a dépassé,
en 1983, les subventions fédérales à ces mêmes
producteurs; c'est un montant de 128 000 000 $. Ce qui veut dire que, au fond,
en redevances et pénalités, la Commission canadienne du lait
retirait des agriculteurs 146 000 000 $ alors qu'elle ne versait que 128 000
000 $; donc, cela lui rapportait plus, les prélevés auprès
des cultivateurs québécois, que tous les paiements qu'elle
faisait auprès des agriculteurs québécois. J'avais
déjà avisé le monde agricole, il y a trois ans, lorsque le
gouvernement fédéral avait pensé faire tomber les
subventions pour le lait au Québec. Devant la protestation, on avait
décidé, à ce moment-là, de geler les subventions
mais d'augmenter les prélevés pour arriver au même
résultat. On m'avait dit, à ce moment-là, que j'essayais
de faire peur au monde parce que j'étais pour la souveraineté du
Québec. Mais on voit, aujourd'hui, que, encore une fois, en 1983, les
chiffres donnent raison à ce que j'avais dit il y a trois ans. La
Commission canadienne du lait, actuellement, retire plus d'argent au
Québec qu'elle n'en verse.
En ce qui concerne les pêches maritimes, la valeur des
débarquements des produits marins a atteint 54 700 000 $ en 1983. Il
s'agit là d'une progression de 10,2%
par rapport à 1982, ce malgré les difficultés
liées à la restructuration du secteur de la transformation.
L'action gouvernementale pour soutenir la reprise dans le secteur de
l'agro-alimentaire et des pêches maritimes a été
marquée par le lancement de nouveaux programmes de soutien à
l'investissement dans les secteurs névralgiques des
céréales, des bovins de boucherie, de la remise en valeur des
terres, de l'amélioration de la conservation des fumiers des troupeaux
laitiers et de l'accélération de la modernisation de l'industrie
de transformation des produits marins.
Les dépenses du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Les dépenses du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, pour l'année
1983-1984, atteindront, selon les prévisions, 413 200 000 $,
comparativement à 422 000 000 $ en 1982-1983. Cette évolution
s'explique principalement par la baisse des subventions d'intérêt
versées aux agriculteurs par l'Office du crédit agricole en
raison de la baisse des taux d'intérêt. En effet, les paiements de
transfert de l'office ont diminué de 124 400 000 $ en 1982-1983 à
80 500 000 $ en 1983-1984, une diminution de 43 900 000 $, soit 35%. Je ferai
remarquer que les taux des prêts du crédit agricole ont
baissé en dessous de 8% puisque le taux variable qui avait joué
en faisant augmenter le taux au-dessus de 8% lors des hauts taux
d'intérêt, maintenant, cela baisse en dessous de 8%, selon la
variation dans le taux. Cela veut dire que nous subventionnons à peu
près à 6% du taux qui serait le taux normal du marché qui
serait d'environ 14%, entre 13% et 14%.
Cette baisse a été compensée, en partie, par
l'augmentation des paiements de transfert de la Régie des assurances
agricoles dont nous verrons les chiffres un peu plus loin.
Les programmes d'aide administrés par le ministère
lui-même ont également connu une augmentation, passant de 237 000
000 $ en 1982-1983 à 257 500 000 $ en 1983-1984.
La reprise économique a incité les producteurs agricoles,
pêcheurs et industriels à investir et recourir davantage aux
programmes du ministère. Ainsi, l'aide à la production
s'élèvera à 119 700 000 $ en 1983-1984 comparativement
à 115 600 000 $ en 1982-1983. L'aide à la commercialisation a
aussi augmenté, passant de 37 700 000 $ en 1982-1983 à 40 000 000
$ en 1983-1984. Enfin, l'aide au développement des pêches
maritimes a connu une très forte croissance, passant de 20 300 000 $ en
1982-1983 à 30 600 000 $ en 1983-1984, une augmentation de 50,7%.
J'espère que le député de Nelligan sera ici
aujourd'hui. Il lui sera beaucoup plus utile d'être ici qu'en
Gaspésie, à essayer de spéculer sur des règlements
qu'il ne connaît pas et à faire croire aux pêcheurs - on m'a
dit qu'il l'avait fait à Sainte-Thérèse, cette semaine -
que le règlement va faire que les pêcheurs vont devoir
pêcher à un endroit, qu'ils ne pourront se déplacer sur
l'eau et pêcher à certains endroits précis. Cela n'a aucun
sens. À ce moment-là, on pécherait sur des radeaux
plutôt que sur des bateaux si on n'a pas besoin de se promener. Cela n'a
ni queue, ni tête. On m'a dit que, dans le territoire maritime, M. le
député de Nelligan essayait de faire croire au monde que les
pêcheurs ne pourraient pas circuler, ni pêcher en se
déplaçant, mais auraient un endroit pour pêcher comme un
pêcheur d'éperlans sur le quai. Cela n'a aucun bon sens. J'aurai
l'occasion de revenir sur le sujet.
La part des dépenses consacrées au paiement de transfert
s'est élevée à 267 500 000 $, soit 64,5% des
dépenses totales. La diminution des subventions d'intérêt
explique la baisse dans la part des paiements de transfert dans les
dépenses totales qui était de 67,5% en 1982-1983.
L'aide à la production agricole. Les efforts du ministère
pour soutenir les actions des agriculteurs se sont poursuivis et même
intensifiés dans certains domaines au cours de la dernière
année. La plupart de ces interventions s'inscrivent dans le cadre du
programme de relance économique. Ainsi un budget de 50 000 000 $ a
été consenti à un plan triennal de développement de
la culture céréalière. Ce programme a pour objectif
d'accroître de 120 000 hectares, c'est-à-dire 300 000 acres, les
ensemencements de céréales et de les porter à 160 000
hectares en 1985, pour en arriver à un degré d'autosuffisance en
céréales de 70%. M. le Président, nous avons atteint 60%;
c'est dire que, si nous augmentons au même rythme en 1984 et en 1985,
nous atteindrons 70% tel que prévu. Ce programme, en treize points, est
articulé autour de six grands volets: amélioration de la
qualité des sols; intensification du processus de la mise en valeur de
terres non cultivées ou abandonnées; accroissement de la
capacité d'entreposage des céréales; amélioration
de la qualité des fourrages; transformation des céréales
en moulées sur les fermes; intensification de la recherche concernant
les céréales. Ce plan triennal générera des
investissements privés et publics de l'ordre de 180 000 000 $.
Au cours des six prochaines années, le ministère injectera
23 200 000 $ dans la mise en place d'un plan de développement du secteur
des bovins de boucherie. Le but poursuivi est de profiter de la crise actuelle
dans le secteur du boeuf pour augmenter de façon importante, rapide et
à moindre coût le cheptel d'élevage de boucherie, tout
en
améliorant la qualité génétique. Ce plan
comporte deux programmes: le premier est destiné aux producteurs
québécois de veaux d'embouche pour les aider à acheter, au
cours des trois prochaines années, environ 100 000 génisses de
vaches de boucherie d'une qualité génétique
éprouvée. L'aide financière équivaut aux
intérêts que l'acheteur de génisses de qualité
devrait payer au cours des trois prochaines années si l'achat
était financé par un prêt au taux prévu par la Loi
favorisant l'amélioration des fermes. Le deuxième vise à
l'amélioration des techniques d'élevage de vaches de boucherie et
à favoriser l'achat de taureaux reproducteurs. Ceci fera en sorte
qu'avec l'achat de génisses de qualité venant de l'Ouest on
pourra faire du boeuf de l'Ouest au Québec même puisque nous
aurons importé leurs taureaux et leurs vaches. (11 heures)
Le programme d'entreposage des fumiers s'adresse aux producteurs
laitiers qui devront ériger une structure d'entreposage des fumiers.
L'assouplissement de la réglementation concernant l'environnement a
rendu possible un tel programme qui jouira d'une enveloppe budgétaire de
32 000 000 $ au cours des sept prochaines années. Il
générera des investissements de l'ordre de 125 000 000 $.
Une aide financière de 2 200 000 $ est accordée aux
éleveurs de visons en difficulté financière. Cette aide,
doublée d'un programme d'encouragement, vise l'amélioration des
peaux et la diversification de la production. Évidemment, les prix ont
tombé un petit peu, tombé même beaucoup au cours des
dernières années parce que vous savez qu'en période
difficile, sur le plan économique, le monde pense moins à acheter
des manteaux de vison.
Les assurances agricoles. Les mauvaises conditions climatiques et le
fléchissement des prix dans plusieurs productions ont
entraîné le paiement d'indemnités records par la
Régie des assurances agricoles. Selon les estimations, 145 600 000 $
seront versés aux producteurs agricoles. La Régie des assurances
agricoles a ainsi joué un rôle important dans le maintien du
revenu agricole. Dans le cadre des programmes d'assurance-récolte, des
paiements seront effectués dans quinze des seize programmes pour la
dernière année-récolte. Au total, ceux-ci sont
chiffrés à 36 800 000 $, dont 34 200 000 $ ont déjà
été versés. Les conditions climatiques
particulièrement difficiles, pluies abondantes au printemps et
sécheresse au cours de l'été, expliquent l'importance des
indemnités versées.
Des modifications ont été apportées à sept
régimes d'assurance-récolte individuelle. Les modifications
s'appliquent à compter de l'année 1983. Elles visent à
améliorer la protection offerte et à rendre les régimes
à la fois plus souples et plus faciles à administrer. Les
modifications peuvent être regroupées en trois grandes
catégories: celles ayant pour effet d'élargir la protection
offerte en ajoutant des risques jusque-là non couverts ou en prolongeant
les délais pour s'assurer ou signaler des dommages, celles assouplissant
les régimes individuels afin de rendre plus facile l'évaluation
des rendements moyens et des pertes subies et, enfin, une augmentation
générale des taux d'indemnisation lorsque des travaux urgents
sont nécessaires pour sauver une récolte ou lorsqu'il y a abandon
de la production en raison de l'importance des dommages.
En ce qui concerne l'assurance-stabilisation des revenus des producteurs
agricoles, les versements d'indemnités s'élèveront
à 108 800 000 $, dont 70 200 000 $ ont été
effectués. Des paiements compensatoires vont être faits dans neuf
des dix productions couvertes par des programmes d'assurance-stabilisation.
L'action de la Régie des assurances agricoles a permis à
plusieurs producteurs de faire face à la crise économique et de
demeurer en production.
Les programmes d'assurance-récolte et d'assurance-stabilisation
sont indispensables en période de mauvaise conjoncture et évitent
la multiplication des interventions ponctuelles de la part du ministère.
Les agriculteurs sont conscients de leur importance puisque 15 150 ont
adhéré aux programmes d'assurance-récolte et 12 961 aux
programmes d'assurance-stabilisation en 1983. Les indemnités
versées par la Régie des assurances agricoles ont joué un
rôle de premier plan dans l'économie agricole en 1983 de la
même façon que le crédit agricole l'avait fait en 1982,
encore plus fortement. Il en ira de même pour la prochaine année,
si les mauvaises conditions devaient se reproduire.
Le financement agricole. L'Office du crédit agricole joue un
rôle de première importance dans l'économie agricole
québécoise en rendant disponibles aux agriculteurs les capitaux
nécessaires à leurs investissements à des taux
raisonnables. La reprise économique s'est manifestée dans le
secteur agricole par une augmentation des investissements. En effet, les
prêts de l'Office du crédit agricole se sont élevés
à 267 400 000 $, soit une hausse de 23 200 000 $ par rapport à
1982-1983. Les prêts à court et à moyen terme consentis par
l'Office du crédit agricole ont connu les plus fortes augmentations. Les
prêts à court terme ont atteint 61 300 000 $ comparativement
à 41 900 000 $ en 1982-1983, soit une hausse de 18,6%. Les prêts
à moyen terme sont passés de 45 100 000 $ en 1982-1983 à
77 500 000 $ en 1983-1984, soit une hausse de 53,2%. Cette augmentation des
prêts à court et à moyen
terme a été facilitée par les modifications
apportées aux lois de l'Office du crédit agricole en 1983-1984.
En effet, les maximums de prêts ont été augmentés
pour mieux répondre aux besoins des agriculteurs. Dans le cas du
crédit à moyen terme, les maximums de prêts sont
passés de 100 000 $ à 200 000 $ par exploitation. Les maximums du
crédit à la production agricole ont augmenté de 100 000 $
à 500 000 $ pour les producteurs céréaliers et de bovins
de boucherie. En ce qui concerne les crédits à long terme, il est
demeuré sensiblement au même niveau que l'année
précédente, 128 600 000 $ en 1983-1984 et 130 200 000 $ en
1982-1983.
Les agriculteurs ont renouvelé leurs machineries et outillages et
accru leurs marges de crédit plutôt que de procéder
à des investissements à long terme. En 1983-1984, l'Office du
crédit agricole a continué d'encourager la relève agricole
en accordant plus de 4 200 000 $ en subventions directes et 516 prêts en
vertu de la Loi favorisant l'établissement des jeunes agriculteurs par
un prêt sans intérêt de 50 000 $ pendant cinq ans, ce qui a
représenté des prêts pour l'année 1983-84 de plus de
25 000 000 $ aux agriculteurs. On se rend compte à quel point
l'engagement du gouvernement donne des résultats. Ces aides auront
contribué à établir 1148 personnes sur des exploitations
rentables. Dans une période de conjoncture difficile, on a eu un taux
moyen plus élevé que pendant toute la période de
1970-1976, qui était une période facile, où le taux
d'intérêt était bas. On a maintenu un niveau
d'accroissement des établissements, en 1983, plus élevé
que pendant les périodes où la situation économique
était facile. C'est quand même une réalisation très
importante.
Je suis persuadé qu'avec la reprise qui s'amorce le niveau des
établissements connaîtra un bond très important en
1984-1985.
Le programme de subventions en vertu de la Loi favorisant la mise en
valeur des exploitations agricoles a été prolongé jusqu'en
décembre 1985. Il s'agit de la subvention de 8000 $ par exploitant qui
s'établit. L'Office du crédit agricole a aussi consenti des
crédits spéciaux pour les producteurs de céréales
lors du dernier exercice financier pour un montant de 4 500 000 $. Enfin un
somme de 20 000 000 $ a été autorisée pour les
opérations de la banque de terres arables pour la rendre
opérationnelle. Ces activités commenceront au cours de cette
année.
Les pêches maritimes. Dans ce domaine, l'année fut
marquée par l'accélération du programme de restructuration
et de modernisation des usines de transformation de produits marins. Suite
à la disparition de la Fédération des Pêcheurs unis,
les intervenants du milieu ont manifesté le désir de s'impliquer
dans la transformation. Aussi, à Rivière-au-Tonnerre, ils ont
formé une coopérative régionale et acheté l'usine
des Pêcheurs unis du Québec dans cette localité. Ils ont
entrepris de la normaliser avec l'aide financière du ministère et
ensuite de la moderniser pour être prêts pour l'ouverture de la
pêche ce printemps sur la Côte-Nord, un peu plus tard au mois de
mai, pour ensuite terminer au cours de l'année. Le tout avec
équipements neufs, agrandissement, glace et entreposage.
C'est dommage qu'à cause de l'intervention fédérale
le même programme n'a pu être suivi dans les autres régions.
Il aurait été souhaitable que des coopératives
régionales soient aussi formées à
Rivière-au-Renard, à Newport et aux Îles-de-la-Madeleine.
Nous avions assuré les gens des Îles-de-la-Madeleine de notre
appui, ainsi que les gens de Newport et de Rivière-au-Renard. S'il n'y
avait pas eu l'intervention du gouvernement fédéral, on peut dire
qu'il y aurait en tout quatre coopératives régionales de
formées dans ces territoires. Heureusement, on a réussi avec une.
L'offre a été faite et, si cette même offre avait
été faite par Pêcheurs unis à des
coopératives régionales dans le territoire maritime aux trois
autres endroits, je suis persuadé qu'aujoud'hui il y aurait quatre
coopératives régionales, qui auraient permis la reprise en main
des pêches du milieu. Auparavant, on se plaignait qu'il y avait trop de
dirigeants qui venaient de Montréal; maintenant, ils viennent de
Toronto. C'est sans doute une amélioration dans la perspective du
gouvernement fédéral. On dit que c'est maintenant un M. Ferguson,
de Toronto, Price Waterhouse et d'autres personnes qui vont réussir
à déposséder complètement les Gaspésiens. Je
remarque qu'heureusement, au cours des dernières semaines, de nombreuses
délégations sont venues me rencontrer au bureau, souvent
accompagnées du député de Gaspé. Les gens veulent
vraiment faire la reprise en main des pêches du territoire maritime et
pouvoir compter sur l'entière collaboration, le support entier du
gouvernement puisque la modernisation des pêches, son
épanouissement ne peuvent se faire autrement que par la prise en main
par les leaders locaux et régionaux du territoire maritime. C'est
pourquoi la Société des pêches du Québec doit
respecter son mandat de rester minoritaire, de ne pas essayer d'accaparer la
majorité sauf au moment du lancement des entreprises - et ce n'est pas
certain - à Blanc-Sablon ou à Natashquan; il y a eu une
opération de transition avec Madelipêche. Toutes les
participations prises dans le territoire de la Gaspésie, actuellement,
sont des participations minoritaires puisque nous voulons que la direction soit
assumée par des gens du milieu.
Je ne veux pas être plus long car on aura l'occasion de revenir
là-dessus.
La Société des pêches de Newport a été
formée par un groupe d'une soixantaine de pêcheurs et
d'aides-pêcheurs locaux, d'investisseurs privés gaspésiens
et de la Société québécoise des pêches, cette
dernière, à titre d'actionnaire minoritaire. Le
fédéral essaie de nous devancer en rénovant une vieille
cabane évaluée à 300 000 $ aux livres, en mettant une
couple de millions là-dedans. Ce n'est pas cela qui empêchera le
projet de Newport de se réaliser. Le remplissage des terrains est
actuellement en train de se faire pour qu'on aille, par la suite, en appel
d'offres pour bâtir l'usine d'une dizaine de millions - peut-être
un peu plus de 10 000 000 $ - sur le territoire à Newport. On pourra
voir, à ce moment-là, côte à côte, une usine
dirigée de Toronto et une usine dirigée par les gens du milieu.
On verra celle qui a le plus grand succès. L'une sera le symbole de la
prise en main des pêches par les gens du milieu; l'autre sera le symbole
de la fin du colonialisme dans le secteur des pêches au
Québec.
Cette société construira une usine ultramoderne de
transformation de poissons de fond d'une capacité de 20 000 000 de
livres. Les contrats sont signés par les pêcheurs avec
l'entreprise. Des subventions couvrant 50% du coût du terrain, des
bâtiments et des équipements de l'usine de transformation, ainsi
que 75% du coût de la construction de l'usine à glace ont
été accordées par le gouvernement du Québec.
En juin 1983, une loi spéciale par laquelle le gouvernement du
Québec mettait provisoirement en tutelle Madelipêche Inc. a
été adoptée. Le capital-actions a été
augmenté de façon importante afin d'améliorer la structure
financière lui permettant ainsi de fonctionner normalement.
Finalement, en février 1984, le plan de modernisation de
Madelipêche à Cap-aux-Meules et de réparation de la flotte
des chalutiers de plus de 100 pieds attachés à cette usine a
été approuvé.
En ce qui concerne la mise en marché des produits marins, une
aide financière a été accordée au nouveau
consortium Exportation Gaspékured Inc. Cette aide a pris la forme d'une
garantie financière permetttant la négociation d'une marge de
crédit de 4 000 000 $ et de la prise en charge de la moitié des
salaires de deux contrôleurs de qualité. Comme le mode de
fonctionnement du consortium est le premier du genre au Québec, la
faible capitalisation et la fragilité financière de certains
membres rendent l'organisme très vulnérable. Il importe d'appuyer
le consortium jusqu'à ce que les commissions sur les ventes rapportent
des bénéfices et que la crédibilité de la compagnie
de mise en marché soit établie. Déjà, au cours de
1983, un profit intéressant a été réalisé et
je suis persuadé que dans quelques années le consortium aura pris
une place importante dans le poisson salé et séché, de la
même façon que ce genre d'opération a eu un grand
succès dans les pays Scandinaves, en Islande, aux îles
Féroé, en Norvège, qui ont ouvert la marche. Le
modèle que nous mettons en place est un modèle adapté au
Québec, un modèle de regroupement de l'offre au niveau des usines
de transformation.
La transformation et la commercialisation des aliments. Plusieurs
actions ont été entreprises au cours de la dernière
année pour améliorer la commercialisation des produits
alimentaires québécois. Ainsi la loi 49 modifiant la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments a été
sanctionnée le 22 décembre 1983. Les modifications
apportées permettront au Québec d'assumer la
responsabilité sur la qualité de la production et de la
transformation des aliments sur son territoire. Véritable charte de la
qualité des aliments au Québec, l'objectif poursuivi n'est, ni
plus, ni moins, que la "Qualité-Québec" soit identifiée
à ce qui se fait de mieux au monde à ce niveau. Par la loi 49, le
gouvernement du Québec a décidé d'assumer l'entière
responsabilité de l'inspection alimentaire sur son territoire.
Maintenant, avec des réglementations qui vont s'appliquer au fur et
à mesure, nous allons assumer cette juridiction en fonction du voeu qui
avait été exprimé lors de la conférence
agro-alimentaire du mois d'avril 1978 pour qu'il n'y ait finalement, sur le
territoire québécois, qu'une seule réglementation
alimentaire. La fusion des réglementations avec le Québec et les
municipalités est opérée. Comme nos normes sont des normes
supérieures à celles du gouvernement fédéral, notre
unification de la réglementation se fera par l'excellence,
c'est-à-dire par des normes de qualité supérieures
à celles du gouvernement fédéral de sorte que, le plus
comprenant le moins, la seule réglementation qui deviendra
opérationnelle sur le territoire québécois sera la
réglementation pour la qualité des aliments provenant du
gouvernement de Québec. À ce moment-là,
l'uniformité, l'unicité de la réglementation aura
été réalisée. (11 h 15)
Nous avons fait le même processus dans le domaine des
pêches. Confier l'inspection des aliments au gouvernement
fédéral a été un désastre au cours des
dernières années. On voit le résultat. Le rapport Kirby,
au fond, indique que cela n'a rien donné. Actuellement, notre
système de triage et d'inspection est en train de se mettre en place,
les gens ont été engagés, des cours ont été
donnés pendant tout l'hiver, des gens ont été
formés. Graduellement, des expériences de triage ont
été faites dans
cinq usines en 1982 et dans vingt-deux usines en 1983. Elles seront
généralisées au cours de cette année de sorte que
nos employés à temps partiel et à temps permanent sont
tous en train de s'implanter sur le territoire. La fonction d'inspection et de
triage sera entièrement assumée par le gouvernement du
Québec à partir de cette année, en fonction de la
réglementation qui a été adoptée. Les coûts
sont partagés, au point de vue du triage, à parts égales
entre les pêcheurs, les industriels et le gouvernement du
Québec.
Dans le domaine de la restauration, un concours du mérite de la
restauration a été lancé en mai 1983. Ce concours,
organisé en collaboration avec l'Association des restaurateurs du
Québec, vient mettre en valeur la restauration québécoise,
la cuisine régionale et leurs artisans, tout en faisant la promotion des
produits agricoles marins et alimentaires du Québec.
À sa première année d'existence, le concours a
suscité la participation de 321 établissements. À
l'occasion de Salon international de l'agriculture et de l'alimentation, tenu
à Montréal du 28 octobre au 6 novembre 1983, une nouvelle
publication, le Répertoire des vivres du Québec, a
été lancée. Ce document s'inscrit dans la campagne de
promotion des vivres du Québec et présente plus de 1200
entreprises québécoises oeuvrant dans la transformation
alimentaire. Le répertoire contient de plus la liste des produits
fabriqués par chaque entreprise et les marques de commerce
utilisées pour la mise en marché de ces produits afin que les
utilisateurs d'aliments connaissent toutes les entreprises qui produisent des
aliments au Québec.
La Société québécoise d'initiatives
agroalimentaires, SOQUIA, a continué à participer activement au
développement industriel du Québec. Elle a terminé
l'exercice financier 1983-1984 avec un bénéfice net de 2 188 000
$, comparativement à un déficit de 8 773 000 $ en 1982-1983.
Évidemment, on a beaucoup parlé de l'affaire Sodispro qui est
due, au fond, à un "effoirement" des prix de la protéine, mais on
n'a pas attribué autant de mérite à l'entreprise Culinar
qui a été gardée au Québec, à l'achat
d'Imasco par Culinar, qui est dû à notre activité
dès le début de notre mandat, en 1977. Culinar devait être
achetée par d'autres et on craignait qu'une partie des activités
s'en aillent vers Winnipeg ou l'Ouest. Aujourd'hui, avec la fusion
Culinar-Imasco, seulement avec cette entreprise-là, on pourrait
justifier l'action de SOQUIA pour faire un regroupement géant du monde
agroalimentaire. On se rend compte aussi que les profits, pour l'année
1983, ont été très élevés; il y a donc une
bonne implantation. Au Québec, dans le monde agro-alimentaire, on veut
être fort et solide. Il faut encourager les petites entreprises. Et je
peux vous dire qu'on encourage fortement les petites, les moyennes et les
grosses entreprises. Cela nous prend de tout pour véritablement occuper
toute la place qu'on doit occuper dans le monde agro-alimentaire.
Le Président (M. Mathieu): Cela paie d'investir dans la
Beauce.
M. Garon: Vous voyez que notre confiance dans la Beauce est
indiscutable. Vous savez, les gens de la Beauce, ce sont plutôt des gens
qui sont venus de la rive sud, de Lévis. Essentiellement, la
région de Lévis, au XVIIe siècle, a commencé
à être colonisée par les Couture, Guillaume Couture, et
ainsi de suite. Quand la population a commencé à augmenter, un
surplus de population de la rive sud est allé immigrer dans la Beauce.
Aujourd'hui, on peut dire que la rive sud de Québec, la région de
la Chaudière, au fond, nous sommes un peu les ancêtres des
Beaucerons. Nous ne rejetons pas notre progéniture! Au contraire, nous
en sommes fiers!
Des modifications ont été apportées à la loi
afin d'élargir son champ d'action. Ainsi, le 27 juin 1983,
l'Assemblée nationale du Québec modifiait la loi régissant
SOQUIA, apportant des modifications permettant d'accroître de 40 000 000
$ à 85 000 000 $ le capital autorisé de cette
société et prévoyant la création de deux filiales,
la Société québécoise des pêches, avec un
capital autorisé de 20 000 000 $, et la Société
québécoise des biotechnologies agro-alimentaires (BIO-AGRAL),
dotée d'un capital autorisé de 10 000 000 $; elle commencera ses
activités avant longtemps.
La nouvelle Société québécoise des
pêches se verra confier les actifs actuels de SOQUIA dans ce secteur,
tout en participant de concert avec le secteur privé au
développement de nouvelles entreprises. La société
BIO-AGRAL a pour mandat le développement des biotechnologies ayant trait
à l'agro-alimentaire. Par ce geste, le gouvernement du Québec
entend contribuer à la relance économique et au virage
technologique.
Comme je vois que j'ai épuisé mes 20 minutes et que
j'aurais d'autres commentaires à faire sur le budget que nous allons
étudier, quant aux nouveaux programmes et aux montants qui y sont
affectés, nous aurons l'occasion d'y revenir aux différents
éléments. Pour vous démontrer ma bonne volonté et
mon respect du règlement sur le droit de parole, je terminerai donc ici
mon exposé, M. le Président.
Le Président (M. Mathieu): Merci beaucoup, M. le
ministre.
M. le député de Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Sans vouloir en tenir
rigueur au ministre ou lui en faire grief - loin de là - je tiens
à souligner à quel point le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation est élastique non seulement quant
à son droit de parole mais aussi dans sa perception du règlement:
il prétend avoir utilisé ses 20 minutes alors qu'il parle depuis
37 minutes. Il a tendance à s'étendre, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation! Mais quand même,
M. le ministre, ce fut très agréable de vous écouter.
Je voudrais, dans le cadre de mes remarques préliminaires, M. le
Président, prendre quelques instants, moi aussi, pour vous
féliciter - nous l'avons déjà fait ici, autour de la table
de la commission - vous-même, comme président, de même que
mon bon ami le député de Saint-Hyacinthe, comme
vice-président. Je suis un de ceux qui sont fiers du travail
effectué malgré le peu de temps qu'ont duré nos
rencontres, à cause du manque de temps et à cause des nouvelles
règles parlementaires, et j'espère que nous allons continuer dans
ce sens. Nous voulons, je pense, tous et chacun autour de cette table,
identifier les problèmes agricoles et essayer d'y trouver les meilleures
solutions possible pour la classe agricole du Québec.
Un des seuls points que je partagerai peut-être avec le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sera d'admettre avec
lui qu'il est vrai qu'en agriculture il faut se battre et se battre fort.
Même ici, à l'Assemblée nationale - et peut-être que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation en est
un peu responsable - si on écoute les débats et qu'on examine les
mimiques de chacun des députés, on se rend compte qu'il n'y a pas
grand monde qui suit le dossier agricole avec beaucoup d'intérêt.
Souventefois, on voit des gens rigoler à l'Assemblée nationale
lorsqu'il est question d'agriculture. Je pense que l'agriculture vaut plus
qu'une rigolade.
Je suis d'accord avec le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation pour dire qu'on ne prend peut-être pas le sujet
assez au sérieux; j'espère que les hommes qui ont à en
parler feront des efforts pour essayer de démontrer que l'agriculture,
c'est sérieux. On aurait peut-être intérêt, à
l'Assemblée nationale, à avoir des chroniqueurs parlementaires
agricoles, ce qu'on ne trouve pas présentement à
l'Assemblée nationale. Souventefois, très peu d'espace est
consacré à l'agriculture dans les journaux; les gens qui sont
là, même avec la meilleure volonté du monde, ne sont pas
nécessairement connaisseurs des problèmes agricoles, et c'est une
lacune chez nous.
Nous espérons que cela s'améliorera dans les années
futures, dans la veine de l'amélioration de notre système
parlementaire.
M. le Président, je n'ai pas à vous démontrer
l'importance que nous attachons -nous, de notre formation politique - à
l'agriculture. L'élection des présidents et des
vice-présidents des commissions s'est faite par choix. Vous vous
souviendrez, M. le Président, que dans notre formation politique on
espérait drôlement avoir la présidence de la commission de
l'agriculture. On s'est dit: Probablement que les gens de l'autre formation
politique vont la choisir en priorité et qu'on devra se contenter d'une
vice-présidence. On a été heureux de voir que cela
intéressait peut-être moins l'autre groupe parlementaire et nous
avons accepté la présidence de cette commission avec joie. Tout
cela pour vous dire qu'on reconnaît l'importance de l'agriculture.
Je soulignerai aussi en passant que dans nos courtes réunions la
commission a décidé de se donner un mandat bien précis. On
a parlé de relève agricole. Cela a été à
l'unanimité des deux côtés de la table. On a parlé
aussi de l'Office du crédit agricole, de demander à l'Office du
crédit agricole de rencontrer la commission et de discuter de plusieurs
sujets. Je pense qu'on est déjà passablement bien avant
là-dessus. Il reste, évidemment, tout le processus. C'est donc
dire que nous sommes tous et chacun très intéressés
à ce que l'agriculture avance encore davantage au Québec.
Lorsque j'ai pris quelques moments de réflexion sur la commission
parlementaire comme telle en préparation de l'étude des
crédits, j'ai essayé de me faire un portrait du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation parce que je suis un de
ceux qui sont ici depuis... Je suis arrivé ici avant lui à
l'Assemblée nationale et je l'ai vu évoluer. J'ai essayé
de me faire un portrait du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Je l'ai vu arriver, moi, un peu à l'image d'un banquier,
d'un gérant de banque, et il nous disait: II n'y a pas grand-chose qui
s'est fait en agriculture. Maintenant, vous savez, c'est le début d'un
temps nouveau, on a de l'argent, on va pouvoir y aller et on va mettre de
l'argent là-dedans, allons-y, il n'y a aucun problème. Notre
gérant de banque national était déjà en marche. Je
l'ai vu évoluer. Tantôt, j'étais content qu'il fasse
allusion aux prêts usuraires, mais je dois dire que lui aussi a
participé à cela avec son Office du crédit agricole. Il a
été obligé de le subir, mais il aurait pu apporter des
correctifs. Je l'ai vu un peu comme un usurier. Je n'aime pas dire cela. Je
l'ai vu un peu comme cela participer à toute cette orchestration.
Même si ça dépendait d'autres personnes, il pouvait, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation du Québec, avec ses pouvoirs, apporter des
correctifs.
Évidemment, cela aurait été supporté par le
gouvernement du Québec. Le gouvernement du Québec perçoit
des taxes, il doit supporter certaines choses dans des périodes de
crise. Je l'ai vu comme cela. Quand je lis la Terre de chez nous, quand je
regarde les fermes et les porcheries qui sont en vente, je le vois comme syndic
de l'agriculture. Je l'ai vu évoluer et cela m'attriste de voir que tout
cela s'est fait sous son règne. Vous savez, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est égal
à lui-même dans ses déclarations d'ouverture. Il nous parle
de tout ce qui peut lui permettre de se vanter ou de se mettre en
évidence. Mais il identifie très peu les problèmes
agricoles. Je vais prendre quelques instants pour essayer de les identifier et
je vais essayer d'en discuter à l'intérieur des dix heures qui
nous sont allouées puisqu'il faudra consacrer du temps aux
pêches.
Le budget que nous présente le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation n'apporte, à mon avis, rien de
nouveau cette année. Mis à part le secteur des pêches qui
voit son budget grimper de 38,4%, une augmentation qui représente
à elle seule la moitié de l'augmentation totale du secteur de
l'agriculture et de l'alimentation, on ne peut que s'interroger, tout comme
l'Union des producteurs agricoles l'a fait à quelques reprises, M. le
Président, vous vous en souviendrez, sur la vocation première du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. On
semble beaucoup plus préoccupé de ce temps-ci - et cela depuis au
moins la moitié d'un an - par les pêches que par l'agriculture. Je
ne sais pas si le ministre a changé de cap, on semble beaucoup plus
s'occuper de cela.
Je qualifierai ce budget de statu quo par rapport à
l'année passée. Ce budget est décevant et, malgré
toutes les promesses ronflantes du ministre en termes
d'assurance-récolte, d'assurance-stabilisation, de recherche en
agriculture et de mise en marché, il y a un manque flagrant de
cohérence entre les intentions ministérielles et leur
concrétisation en termes de demande de crédits. Le ministre
pourra toujours vous dire que l'argent ce n'est pas un problème, il
pourra toujours aller en chercher en temps et lieu avec l'aide des
crédits supplémentaires comme il l'a fait d'ailleurs avec
l'assurance-stabilisation. Mais je peux vous dire, quant à moi, que de
vraies intentions au niveau agricole, on doit retrouver cela dans des
précisions, dans des prévisions budgétaires comme on fait
présentement. C'est là qu'on doit retrouver les vraies intentions
du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est
là qu'on peut voir l'orientation des politiques futures du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et non pas nous faire
dire, rendu au mois d'octobre ou au mois de novembre, qu'il faut des
crédits additionnels pour injecter dans le secteur de l'agriculture. (11
h 30)
Dans le budget qui nous est présenté ce matin, je ne vois
pas beaucoup d'amélioration pour les secteurs que nous connaissons
déjà, ni de développement additionnel. Ce qui me
déçoit un peu, c'est que le ministre va se vanter de
présenter une augmentation en assurance agricole de 29,1% par rapport
aux crédits de l'an dernier. C'est vrai, ça paraît bien,
une augmentation de plus de 17 000 000 $, mais ce qu'il ne faut cependant pas
oublier, c'est que de l'assurance-stabilisation et de
l'assurance-récolte, c'est quand ça va mal que ça
coûte plus cher. Quand ça va mal en agriculture, bien sûr,
ces budgets prennent de l'expansion. J'aimerais mieux que ces budgets soient
stables, en assurance-stabilisation et en assurance-récolte, et qu'on
puisse avoir des productions rentables.
Que le ministre ne soit pas responsable de la pluie et du beau temps, je
comprends cela. D'ailleurs, c'est peut-être la seule fois où il
n'a pas à apposer sa signature avant que ça démarre.
Encore là, on peut dire que tout le secteur de l'assurance commence
à coûter de l'argent. Par exemple, on augmente de 32,5% le budget
de gestion interne et de soutien afin de former des hommes et des femmes
compétents pour conseiller et travailler auprès des agriculteurs;
cela se paie! On sait justement, de façon proverbiale, que le ministre
ne regarde pas à la dépense; lorsqu'il achète, il
désire toujours ce qu'il y a de mieux.
C'est au niveau de l'assurance-stabilisation que l'augmentation est la
plus élevée - 10 300 000 $ - et la plus navrante aussi. Pourquoi
une si forte augmentation? Le ministre a manqué d'argent l'an
passé et il a dû aller en crédits supplémentaires
chercher tout près de 9 000 000 $. 1 500 000 $ ont été
glanés auprès du ministre des Finances dans ce qu'on appelle le
fonds de suppléance. Mauvaise planification budgétaire?
Peut-être. Mauvaise planification des productions? On se demande si le
ministre n'a pas mis la charrue devant les boeufs dans certaines productions,
s'il n'a pas encouragé l'implantation de nouvelles infrastructures
à grands coups de subventions ou de crédit agricole rendu
très accessible et qu'il ne va pas faire la planification après
dans les secteurs comme les centres de grain, le vison, la betterave à
sucre, l'élevage du porc. On aura d'ailleurs l'occasion de revenir sur
cette question lors de l'étude programme par programme.
Je m'interroge aussi sur la baisse de 3% du budget du financement
agricole. Est-
ce de la consolidation, des faillites, du pessimisme chez les
investisseurs, des difficultés rencontrées par la relève?
On aura également la chance d'étudier cette question du
financement agricole en commission permanente au cours de cette année.
Je vous l'ai d'ailleurs souligné au début de mon
intervention.
La gestion interne du ministère accuse une baisse encore cette
année. Que vous ayez vu à bien utiliser votre personnel, M. le
ministre, à rendre leur travail efficace et efficient, c'est tout
à votre honneur et à l'honneur du ministère mais,
attention, votre organisation commence déjà, depuis un certain
moment, à montrer des signes d'impatience et d'essoufflement. À
voir une présentation budgétaire aussi peu invitante, aussi peu
dynamique - appelez cela comme vous le voulez - moi, je commencerais à
me poser des questions si j'étais à votre place.
En terminant ce survol rapide du budget du ministère 1984-1985,
avant d'identifier des problèmes bien spécifiques, j'aborderai
très brièvement l'aspect de l'aide à la production et
à la commercialisation. Ces deux programmes voient leurs crédits
augmentés de 2,67% et de 1,1% respectivement. Si on calcule que
l'inflation joue autour de 5,5% ou 5,6%, c'est de baisse dont on doit parler et
non pas de hausse. Lorsqu'on lit, dans un communiqué du ministère
du 13 janvier 1984, que l'amélioration de la mise en marché sera
une priorité en 1984 et qu'on n'aura pas d'augmentation de budget ni
d'augmentation de personnel, ce que je comprends, c'est qu'avec les
crédits périmés de l'an dernier on va tenter de nous
livrer une marchandise qui nous avait été promise l'an dernier.
Là-dessus, je demande au ministre s'il peut s'expliquer dans une
réponse ultérieure.
Le ministre ne nous a dit tantôt que ce qu'il a bien voulu nous
dire, tout simplement. Il a fait état de ce qu'il voulait nous
démontrer à sa façon à lui, bien coutumière,
d'ailleurs. Il nous a dit que cela allait bien et que les endroits où
cela allait mal ce n'était pas sa faute. Les endroits où cela
allait bien c'était évidemment de son ressort. J'aurais
aimé entendre le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation parler beaucoup plus, dans sa déclaration, des points
chauds, en agriculture, qu'on connaît et qu'on discute depuis des
années. On a eu l'occasion de questionner le ministre l'année
passée là-dessus, il y a deux ans. Ce n'est pas la
première fois qu'on en parle. J'aurais aimé que le ministre nous
dise ce qu'il a fait et surtout ce qu'il entend faire, dans les années
futures, pour la crise qui sévit présentement dans certaines
productions, les céréales, le porc.
On sait que les agriculteurs ont investi massivement. Ils n'obtiennent
pas suffisamment de revenus pour leur permettre de rembourser leurs dettes. Ils
doivent abandonner leur ferme, je l'ai souligné. C'est lamentable de
voir, soit dans le journal Le Richelieu agricole, soit dans le journal la Terre
de chez nous, jusqu'à quel point il y a des reprises de fermes, des
fermes qui sont à vendre pour un prix ridicule. La crise du porc, je
pense que tout le monde l'a identifiée, tout le monde s'est
questionné là-dessus, tout le monde a demandé au ministre
d'intervenir. Il a joué à l'usurier à ce moment-là.
Il a fait des crédits spéciaux pour les producteurs de porc. Il
les a embarqués davantage. Il leur a trouvé une solution
où ils ne pouvaient pas s'en sortir. Un gars ne pouvait tellement pas
s'en sortir que justement on voit une foule de porcheries à vendre au
Québec. Les gens demandent au ministre d'intervenir, et ce, dans toutes
les régions du Québec.
Mon ami le député d'Arthabaska était ici
tantôt. Il y a trois semaines à un mois il y a eu une
manifestation, dans son comté, dans son propre milieu, sur la
stabilisation. On s'est dit nettement insatisfait de ce que le ministre a voulu
apporter comme correctif, nettement insatisfait. Les producteurs de porc ce
sont les gars dans le champ, ce sont les gars sur le territoire; ce ne sont pas
les gars qui sont en arrière du ministre, ce n'est pas le ministre non
plus. C'est préférable pour lui de vanter tout ce qui se fait au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Ce
n'est pas ce que les gars dans le champ disent. Ils trouvent que le ministre
n'intervient pas à temps. Ils trouvent qu'il n'intervient pas de la
bonne façon.
Mon collègue, le député de Champlain, qui aura
à prendre la parole après moi, j'en suis certain, va pouvoir
corroborer ce que je dis. Il y a même eu des représentations. Je
l'ai même entendu dire à la radio, dans la région de la
Mauricie, qu'il était assuré que les producteurs ne pouvaient pas
être satisfaits d'une décision semblable. C'est ce que le
député de Champlain a mentionné chez nous, dans notre
région, à la suite de la demande d'intervention des producteurs
de porc. Ils ont crié plus souvent qu'à leur tour. C'est certain
que c'est à la suite d'une crise, M. le Président. C'est
sûr qu'ils traversent des moments difficiles. Mais n'est-ce pas le
rôle du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation d'être présent au moment où les gars
traversent des crises, au moment où les gars ont besoin du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation?
Quand ils n'ont pas besoin de vous, sacrez-leur la paix, ils n'ont pas besoin
de vous. Ils aiment mieux ne pas vous voir. Mais, au moment où ils ont
besoin de vous, de votre intervention, de votre support, de votre
collaboration, c'est là qu'il faut que vous soyez à
l'écoute. Cela, vous n'avez pas répondu à ça. C'est
un problème qui a été
identifié l'année passée à l'étude
des crédits et qui perdure.
Malgré tout cela, encore cette année, je n'ai à peu
près rien compris parce que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation nous a dit qu'il pourrait donner un espoir
aux producteurs de porc. Évidemment, on a trouvé quelque chose de
bien beau à dire, que cela allait bien dans certains domaines et tout
ça, mais on les a laissés pour compte. Parallèlement
à cela, j'aimerais bien savoir du ministre ou des gens qui sont de
l'Office du crédit agricole de combien d'entreprises ils sont devenus
propriétaires au cours de la dernière année. Quelles
productions ont été le plus touchées par les reprises de
l'Office du crédit agricole? Ça aurait été
intéressant qu'on sache cela. On aurait pu faire le parallèle
à savoir si cela va bien en agriculture. Savoir si cela va
réellement bien, si tout le monde est heureux. On aurait pu faire le
parallèle avec cela. Combien de fermes l'Office du crédit
agricole a-t-elle revendues au cours de cette même période en plus
d'en avoir repris? Cela aurait été intéressant de le
savoir à l'étude des crédits pour qu'on puisse, sans
être partisan, essayer de trouver ensemble une solution, essayer de
trouver, à l'intérieur des crédits, ce qui ferait en sorte
qu'on arrêterait cette hémorragie. Peut-être que le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation va nous dire: Cela a
commencé à bien aller. Cela se peut. Il se peut qu'il y en ait un
peu moins en 1983. Il y a eu une certaine reprise. On a vendu l'idée aux
gens qu'il y a une certaine reprise. Mais qu'est-ce que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a fait durant le temps
où les gens avaient besoin d'aide, criaient après le
gouvernement, après le ministère de l'Agriculture? On n'a pas
entendu parler de cela.
J'aime bien qu'on vante le ministre. On peut même tous s'entendre
pour faire une motion de félicitations pour tout ce qu'il a pu faire,
à condition qu'on lui fasse une motion de blâme sur tout ce qu'il
a laissé porter à côté...
M. Gagnon: Adopté, M. le Président.
M. Picotte: Oui, très bien, M. le Président, la
motion de blâme, entièrement d'accord.
Une voix: En deux volets.
M. Picotte: C'est cela, en fait, et on n'a pas besoin d'aller
chercher midi à quatorze heures. On a identifié tous ces
problèmes depuis au-delà de deux ans. Ce n'est pas parce que le
ministre n'est pas au courant et ce n'est même pas parce que ses
députés ne sont pas au courant. Les députés, je
dois au moins leur donner ce crédit, ont été
informés de cela et ils ont essayé d'intervenir. Ils se sont
butés, probablement, au même mur auquel les députés
de l'Opposition se butent quand ils s'adressent au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation parce qu'il n'y a pas
eu de solution de trouvée, il n'y a pas eu d'aide d'apportée
à ces gens-là. Je les ai entendus s'interroger là-dessus.
Quelle était la valeur marchande des fermes vendues lors de la signature
de leur contrat avec l'office? Il aurait été intéressant
de connaître cela. Il a ces statistiques. Il a dû travailler
jusqu'à 2 heures la nuit passée - parce que c'est la coutume du
ministre, de travailler très tard dans la nuit, la veille, pour
préparer ses affaires. Il aurait pu nous fournir ces statistiques.
À quel prix se sont vendues ces mêmes fermes par l'Office du
crédit agricole? Ce sont toutes des questions auxquelles je voudrais
avoir des réponses. Je le dis d'avance aux gens de l'Office du
crédit agricole, on va vous poser ces questions à l'étude
des programmes. On voudrait avoir cela bien détaillé. On pourra,
après cela, s'interroger à savoir si c'est vrai que cela va si
bien au Québec, qu'il n'y a vraiment pas de problème' Combien
d'agriculteurs, au moment où l'on se parle, ont des arrérages de
paiements avec l'Office du crédit agricole pour les différentes
productions, depuis six mois ou un an passé? Cela est un indice. Quand
cela va bien et quand le gars est capable de faire ses paiements de maison, on
va à la caisse populaire où il a emprunté, et ses
paiements sont à temps, sont en ordre, il n'y a rien qui traîne.
Et, quand cela ne va pas bien, il a toujours deux ou trois paiements en retard.
Peut-être qu'il serait intéressant de savoir cela de la part de
l'Office du crédit agricole. À partir de ces statistiques, on
pourra soit proposer au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation de le vanter et faire une motion de felicitation, je serai
même en mesure de la faire s'il faut la faire; mais j'ai bien hâte
d'avoir toutes ces statistiques.
En matière de fiscalité agricole, M. le Président,
l'année passée, tous les députés ont dit au
ministre: C'est un voeu des plus chers pour l'agriculteur du Québec de
pouvoir transférer sa terre ou sa ferme à ses enfants. Il est
freiné par les impôts exorbitants sur les dons, les droits
successoraux. C'est le seul endroit au Canada où on n'a pas aboli ces
droits successoraux, qui causent des problèmes. L'existence d'une taxe
sur le capital investi, l'impossibilité, pour un parent, de prêter
à son enfant à faible taux. On a identifié ces
problèmes l'année passée. J'aurais aimé que le
ministre soit bien loquace là-dessus. D'abord, il est jasant, parlant;
on lui donnait tout le temps voulu. J'aurais été prêt
à lui accorder 15,
20, 30 minutes de plus pour qu'il nous parle de cela, ce qu'il veut
faire avec la fiscalité, pas nous raconter des sornettes et des folies
de ma grand-mère comme il fait régulièrement. Pas celai
Nous dire exactement ce que sont ses intentions, ce qu'il va faire en 1984, ce
qu'il aurait dû faire en 1983 mais qu'il n'a pas fait. Pas nous dire que
c'est en discussion et qu'il parle avec M. Untel et M. Untel, ou qu'il parle
avec le ministre des Finances. De toute façon, même si le ministre
des Finances prenait un engagement verbal là-dessus, on est porté
à moins le croire avec ce qu'on a entendu, en Chambre, ces jours
derniers, sur son livre blanc. Cela fait quatre ou cinq fois qu'il en remet la
publication. Le ministre des Finances, cela fait deux ou trois fois qu'il prend
des engagements. Il y a trois ans qui sont passés et il remet ça
d'une année à l'autre. (11 h 45)
Ce n'est pas un engagement que l'on veut. On aurait aimé que le
ministre nous dise: Cette année, la fiscalité... Malgré
que, s'il m'avait dit cela, j'aurais été sceptique parce qu'il
m'a dit cela dans d'autres domaines. Cela fait une couple d'années qu'il
nous parle de la réforme, de la refonte de l'Office du crédit
agricole. C'est toujours supposé être pour le printemps de la
même année. Au printemps, quand il parle, c'est pour l'automne de
la même année. Cela fait deux automnes et deux printemps. Il a
encore été muet comme une carpe. Quand est-ce qu'on va faire
cela? C'était, il y a deux ans, M. le Président, une obligation
morale de le faire. Il remet ça d'un printemps à un autre. Il
saute l'été, il n'est pas pire. Le temps qu'on n'en sera pas
rendus aux quatre saisons, on ne sera pas trop maganés. Il touche
seulement à deux saisons par année.
J'aurais bien aimé encenser le ministre et lui faire assez de
louanges pour le grossir davantage, le grossir d'orgueil. J'aurais bien
aimé qu'il nous parle de ça. Il n'en a pas été
question.
En matière de relève agricole, M. le Président, on
aura beau dire et faire n'importe quoi, on ne viendra pas nous faire accroire
que ça va bien en matière de relève agricole. La preuve
c'est que, l'autre fois, quand on a identifié les problèmes de
cette commission, tous les membres de la commission - évidemment le
ministre n'était pas ici, il ne fait pas partie de la commission comme
telle, il est seulement invité - étaient d'accord qu'il fallait
se pencher là-dessus parce que c'était vraiment un
problème. Ce n'est pas dans le sens qu'il a touché dans son
discours. Il n'y a pas trop, trop touché. Il n'a pas dit ce qu'il allait
faire. Il aime mieux rester coi là-dessus. Ç'aurait
été très intéressant de l'entendre sur la
relève agricole. Je me souviens de lui.
On a été obligés - pas nous - le premier ministre
du Québec a été obligé de se mettre à quatre
pattes en Chambre devant le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, pour tâcher de faire passer une petite clause sur la
relève agricole à cause de l'insistance du Parti libéral,
de l'Opposition. C'était drôle à mort de voir le premier
ministre à quatre pattes et le ministre de la Justice également
à quatre pattes devant le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, pour lui dire: Cède donc. Il a fini par nous dire,
à 2 heures du matin, que le plus fin cédait. Il avait
été fou trois ou quatre jours en essayant de ne pas comprendre ce
qu'on voulait faire inclure, faire modifier dans la loi, pour la relève
agricole. Je ne peux pas accepter qu'il vienne se péter les bretelles
aujourd'hui devant nous et nous dire que ça va bien et qu'il s'occupe de
cela quand tout le monde s'est mis à quatre pattes devant lui. Si on
n'avait pas tenu notre bout, si on n'avait pas essayé de bloquer, par le
système parlementaire, l'adoption de certaines lois, la relève
agricole, vous savez, même si elle avait été
demandée par l'UPA, par les jeunes, par toutes les instances agricoles
au Québec, le ministre l'aurait jetée par-dessus bord. Ce sont
toutes des choses que le ministre ne nous a pas dites et dont on aurait tous,
autour de la table - je suis certain, connaissant la bonne foi de tout le monde
et connaissant mes collègues, aimé entendre parler.
En matière de main-d'oeuvre agricole, il s'est souvent fait dire
sur le terrain qu'il y avait des choses à corriger. Au début de
l'étude des crédits - on est en avril - où tout le monde
va commencer à avoir besoin de main-d'oeuvre agricole, ça aurait
peut-être été le temps, à notre commission, à
l'étude des crédits, de nous dire qu'il apporterait des
corrections en matière de main-d'oeuvre agricole. M. Bégin aurait
pu faire cela. On sait à quel point le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation aime envoyer des communiqués.
Ç'aurait été le temps, s'il avait annoncé quelque
chose ce matin, pour dire aux agriculteurs: Votre saison s'en vient, on apporte
des modifications que vous avez demandées et qui vont être fort
intéressantes pour vous. On n'a pas entendu parler de ça.
En matière de protection du territoire agricole, le ministre est
très peu loquace, d'autant plus depuis qu'il a été mis en
minorité au Conseil des ministres. Je comprends que ce matin il nous ait
dit qu'il fallait qu'il se batte très fort parce qu'ils l'ont battu
très fort avec la multinationale Bell Helicopter au Conseil des
ministres dernièrement. J'aurais aimé entendre le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sur la Commission
de
protection du territoire agricole. J'aurais aimé même qu'il
nous lise un passage du secrétariat aux relations avec les citoyens et
citoyennes, un rapport qui a été commandé par son
collègue qui siège au Conseil des ministres, le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens. Il n'a que cela
à faire, se promener et aller voir comment cela fonctionne. J'aurais
aimé que le ministre de l'Agriculture nous dise ce matin: On a eu un
rapport, M. le Président, cela nous fatigue. Nous, qui sommes dans
l'Opposition, cela nous fatigue ce qui est dit là-dedans. Je ne
comprends pas que cela ne fatigue pas le ministre de l'Agriculture qui, lui,
est maître d'oeuvre. C'est lui qui peut dire quelque chose
là-dessus, c'est lui qui peut rassurer le citoyen. "La Commission de
protection du territoire agricole. Le plan soumis pourrait contenir davantage
d'actions à entreprendre à court terme sur la façon de
donner suite à la décision du Conseil des ministres, notamment
pour réduire les délais." Cela a été soumis par un
des ses collègues, non pas par un libéral, cela ne serait pas
bon. Cela n'a jamais été dit par un libéral, cela a
été dit par un péquiste notoire, un ministre comme lui.
Cela doit avoir de la valeur malgré que je ne sois pas certain que
beaucoup de collègues dans le cabinet des ministres aient bien de la
valeur aux yeux du ministre de l'Agriculture.
On ajoute que, de façon générale, il ne
témoigne pas d'une prise de conscience des problèmes et d'une
volonté de leur trouver des solutions. Ça, c'est la Commission de
protection du territoire agricole, les "smarts", les gars qui se prennent pour
d'autres en arrière; on aura l'occasion d'en reparler. Cela
m'intéresse d'en parler. Des gars qui ne répondent pas aux
citoyens. Ce n'est pas surprenant, ils ne répondent pas aux
députés, comment peuvent-ils répondre aux citoyens? Les
citoyens sont trop bas pour eux. Cela est écrit en toutes lettres, et ce
n'est pas dit par nous, c'est dit par un ministre du gouvernement qui
allé fouiner, qui est allé se fourrer le nez dans cela. S'il
avait le temps de se fourrer le nez dans bien d'autres domaines, on saurait
beaucoup d'autres choses.
Le ministre de l'Agriculture en sait beaucoup lui aussi, sauf qu'il fait
le mort. Il ferme les yeux. Il dort dans certaines circonstances. C'est
arrivé souvent, on l'a même vu dormir à certains endroits,
il doit dormir ailleurs aussi. La conformité à la protection du
territoire agricole ne devrait pas empêcher une simplification des
procédures. On le sait tous. Nos bureaux sont pleins de gens qui
viennent nous demander, non pas nécessairement d'intervenir, non pas
d'essayer d'influencer les décisions mais qu'il y ait au moins des
réponses qui ne soient pas remises de trois mois en trois mois pour
changer d'étape en cours de route. La personne attend après cela
chez elle pour bâtir ou s'agrandir, pour changer d'orientation.
Simplification des procédures, réduction des
délais, vulgarisation des formulaires, des décisions de
matière à les rendre plus accessibles à la population. Le
ministre délégué, responsable des citoyens, tel que je le
connais, il a dit ce qu'il pouvait dire de moins pire. Il ne pouvait aller plus
loin, cela aurait été une claque magistrale aux membres de cet
office et au ministre de l'Agriculture.
Il a essayé de farder cela le plus possible. Il a essayé
de maquiller cela le plus possible. Il s'est dit: Je ne peux pas ne pas en dire
du tout, c'est trop épouvantable. Je vais dire le simple minimum. S'il
avait fallu qu'il dise tout, M. le Président, cela aurait
été troublant, cela aurait doublé le nombre de pages
à ce chapitre.
Le Président (M. Mathieu): II faudrait conclure.
M. Picotte: Je termine, M. le Président. Il me reste trois
points à identifier.
M. Gagnon: II va battre le ministre.
M. Picotte: Je vais prendre le même temps que le ministre,
d'autant plus que je l'ai laissé aller.
Voici les trois points à identifier. Amélioration des
sols, en matière de protection de l'environnement. Le torchon
brûle depuis longtemps avec l'Environnement, les anciens ministres de
l'Environnement, on sait jusqu'à quel point c'était public. Il
reste encore bien des points de cela. On aurait aimé entendre le
ministre là-dessus.
En matière de rentabilisation des nouvelles productions, en
matière de relations fédérales-provinciales - on aura
l'occasion d'y revenir - j'aurais aimé savoir tout cela ce matin.
Évidemment, je suis déçu, je suis resté sur
mon appétit. On va essayer en cours de route d'interroger les gens qui
sont en arrière de lui, qui seront probablement plus transparents,
encore faudra-t-il qu'on les laisse parler. Évidemment, si le ministre
leur sert de haut-parleur, cela sera moins transparent. Il y aura du
gazouillage.
J'espère qu'on aura beaucoup plus d'éclaicissement sur les
points que j'ai pu identifier, tout au long de l'étude des
crédits de la commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le
député. Je dois reconnaître M. le député de
Champlain.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Bien, si le
député de Maskinongé est déçu comme il le
dit, qu'à chaque fois qu'on étudie les crédits il est
toujours déçu, il
reste sur son appétit. Je ne suis pas déçu
d'entendre le discours qu'il vient de faire ce matin parce que je ne me suis
pas fait d'illusions... Excusez, c'est moi qui ai la parole.
Le Président (M. Mathieu): Oui, poursuivez, M. le
député.
M. Gagnon: Je ne me suis pas fait d'illusion, même si on
dit que la réforme parlementaire devrait faire en sorte que la
commission parlementaire travaille avec un peu moins de partisanerie et que
l'on travaille ensemble pour faire avancer l'agriculture.
Alors, le discours du député de Maskinongé est un
discours habituel où il faut surtout ne rien voir de bon, critiquer sur
à peu près toutes sortes de choses; il faut surtout faire des
allusions sans donner d'explication, lancer devant la population toutes sortes
d'accusations sans donner d'explication. Cela ne m'a pas déçu
mais cela me déçoit, par exemple, par rapport à la
réforme qu'on doit faire ou par rapport au travail qu'on doit accomplir
ici, en commission parlementaire de l'agriculture.
Je voudrais juste dire quelques mots en ce qui concerne
l'intérêt des députés à l'agriculture. Je le
dis comme président du caucus agricole de ma formation politique. Je
pense que, depuis 1976, jamais on a eu autant de députés
intéressés à l'agriculture. Je voudrais en profiter pour
rendre hommage à tous les membres du caucus agricole du parti qu'on
représente. Je n'ai pas compté le nombre mais, à chaque
caucus agricole - on en a régulièrement - c'est au moins dix ou
douze députés qui viennent des quatre coins du Québec, qui
s'y intéressent. C'est un caucus sectoriel qui a continué depuis
1976 et qui continue aujourd'hui; il étudie les dossiers dont on entend
parler pour l'amélioration de l'agriculture.
Je ne suis pas déçu, M. le Président, de voir que
vous êtes président de cette commission parlementaire. Comme le
ministre et le député de Maskinongé l'ont fait, je
voudrais vous féliciter. Je suis persuadé que vous allez faire un
très bon travail. Je suis d'autant plus heureux que ce soit un membre de
votre formation qui ait été choisi comme président de
cette commission parlementaire que cela permettra au moins à un autre
député d'aborder l'agriculture. Parce que l'on sait que votre
chef, ancien nouveau chef, enfin M. Bourassa, a défendu aux gens de
l'Opposition de parler d'agriculture, à l'exception du
député de Maskinongé. Je trouve cela dommage. Et, comme
président de la commission parlementaire, je présume que cela
vous permettra de parler d'agriculture et de continuer d'en parler parce que,
comme a dit le ministre, vous avez eu l'occasion de le faire très bien.
Cela déplaira peut-être à votre chef, ce sera votre
problème. Mais, pour nous, cela nous donne deux membres de l'Opposition
qui pourront parler d'agriculture.
M. le député de Maskinongé a posé certaines
questions que j'aurais aimé poser. On connaît, par rapport aux
programmes d'assurance-stabilisation, d'assurance-récolte, les
problèmes qu'on a eus dans la région chez nous, à cause de
la sécheresse, des problèmes climatiques de l'an passé.
J'avais aussi certaines questions, qu'on posera probabalement lorsqu'on
abordera cet élément.
Il y a une chose que je voudrais dire, par exemple, ce que j'ai
mentionné aux agriculteurs qui sont venus chez nous, lundi passé.
C'est que je me souviens d'avoir été dans le syndicalisme
agricole et d'avoir fait des manifestations. À ce moment-là, on
manifestait et on se battait pour avoir l'instrument, pour avoir l'outil. On ne
l'avait pas. Aujourd'hui, au moins, les agriculteurs en ont convenu, lundi
passé, lorsqu'ils sont venus me voir pour savoir où on en
était rendus, parce que je m'occupe du dossier depuis
l'été passé; ils disaient: Aujourd'hui, on manifeste pour
améliorer un outil qu'on a. Je me souviens, quand on travaillait dans le
vide, lorsque le Parti libéral était au pouvoir, de 1970 à
1976, jusqu'à quel point on a fait des pressions, à l'UPA, pour
avoir ces programmes, pour avoir l'assurance-stabilisation,
l'assurance-récolte. Aujourd'hui, j'aimerais poser la question au
ministre -cela reviendra plus tard - à savoir: Combien de productions
sont maintenant couvertes par les régimes d'assurance? (12 heures)
C'est à peu près tout, M. le Président. Je voudrais
encore une fois dire que comme président du caucus agricole de mon
parti, je suis très heureux de dire publiquement jusqu'à quel
point les membres, les députés... D'ailleurs vous voyez combien
nous sommes ici ce matin pour représenter le parti au pouvoir, je ne
fais pas allusion à vous parce que vous êtes le président,
mais, en dehors de vous, il y a un membre de l'Opposition. Quand on vient me
dire qu'on ne s'intéresse pas à l'agriculture, je pense que s'il
y a un endroit où on peut prouver... Cela me fait penser à nos
caucus, à chaque fois qu'on parle d'agriculture, les gens de notre
formation sont toujours là. Je les félicite et je les remercie.
Je vous souhaite bonne chance dans votre mandat.
Le Président (M. Mathieu): Merci beaucoup, M. le
député de Champlain. Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui désirent intervenir sur le discours
d'ouverture? S'il n'y en a pas d'autres, nous allons commencer l'étude
des programmes. Alors, dois-je appeler... Nous devons conclure nos travaux,
d'après l'ordre de l'Assemblée nationale, à
midi trente, si je comprends bien. Oui, M. le député de
Gaspé.
M. Le May: M. le Président, il y a eu une entente au
niveau de la commission à savoir que nous parlerions des pêches,
mercredi et jeudi prochains, s'il y a lieu, si nous n'avons pas terminé.
J'aimerais profiter de l'occasion de l'ouverture de cette commission pour
insister, comme l'ont fait le député de Maskinongé et le
député ministériel, pour demander que lors de
l'étude des crédits sur les pêches on soit aussi nombreux
à la table qu'on l'est présentement pour parler de l'agriculture.
Le ministre, dans son discours d'ouverture, je pense qu'il a consacré
près de la moitié de son discours pour parler de la relance dans
le domaine des pêches. C'est un domaine qui intéresse beaucoup de
monde et de plus en plus de monde. On peut même constater que cela
intéresse l'Opposition par les déplacements que le
député de Nelligan fait actuellement. Il y a certainement un
intérêt marqué de leur côté. J'espère
bien que mercredi prochain on comptera autant de monde autour de la table qu'on
en a actuellement.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Gaspé, pour votre information, nous avons convenu au début,
quitte à nous rajuster, que nous traiterions des pêches le jeudi
19 avril pendant les deux dernières périodes, c'est-à-dire
de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 22 heures. Nous
gardons ces cinq heures pour compléter. M. le député
d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): Oui, M. le Président, très
rapidement parce que j'ai dû m'absenter pour aller à mon bureau
pour un problème d'usine dans mon comté. Je n'ai pas pu
écouter le discours du cher et éminent collègue, le
député de Maskinongé. Mais on m'a informé que le
député de Maskinongé s'en était tenu à dire
qu'il n'y a rien qui marche en agriculture, que tout va mal, tout est à
refaire, que différents programmes sont mal appliqués, etc. Je ne
veux pas interpréter, c'est parce qu'on m'a fait part de cela
rapidement. Mais, quand on regarde ceux qui sont en face de nous du Parti
libéral, il y a peut-être deux façons de voir cela. Est-ce
que vos collègues libéraux sont d'accord avec vos propos en
disant que tout va mal? Peut-être qu'il y en a qui s'aperçoivent
que ça va bien. Ou est-ce à cause de la décision du chef
qui a dit que, maintenant, seul le député de Maskinongé
avait le droit de parler en matière agricole parce que seul lui, pouvait
connaître le domaine agricole? À chaque fois que j'écoute
ou que je vois le député de Maskinongé poser une question
en Chambre sur différents sujets, je me demande bien comment le chef du
Parti libéral a pu trouver chez le député de
Maskinongé un intérêt marqué ou une connaissance
approfondie des dossiers en agriculture. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils
sont à court de personnes, mais j'aimais - en passant, M. le
Président -beaucoup mieux vous entendre comme critique de l'agriculture
que d'entendre un autre de vos collègues. Au moins vous, vous essayiez
d'approfondir vos dossiers et de poser des questions qui étaient plus
d'actualité et qui pouvaient, je dirais bien honnêtement,
participer à faire avancer l'agriculture. Donc, ce sont les propos que
je voulais tenir. C'est vrai que de ce côté-ci on est six ou sept
et, quand on voit l'autre bord, il me semble que sur une quarantaine de
députés libéraux il aurait pu y en avoir quelques autres
ce matin pour accompagner le député de Maskinongé.
Une voix: Ils ne pourraient pas parler.
M. Baril (Arthabaska): Même s'ils ne peuvent pas parler,
ils auraient pu le faire si leur chef leur avait dit qu'ils pouvaient parler.
Cela aurait été des propos personnels, de leur propre personne,
non engageants pour le parti.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Je vous dirai que je suis des plus heureux qu'on
attache autant d'importance à ma nomination, de même qu'aux
paroles dites par mon chef, et je pense que cela vaut la peine d'être
pris au sérieux puisque ce que le chef dit, vous scrutez cela. Vous vous
améliorez de plus en plus, mais j'aurais préféré,
M. le Président... D'abord, je voudrais rectifier certains faits, vous
me le permettrez.
À ma connaissance, je n'ai pas dit que tout allait mal. J'ai dit
que, sur les problèmes qu'on avait identifiés depuis deux ans, le
ministre était resté sourd, sourd et, par la suite, muet. C'est
ce que j'ai dit. Ce sont des problèmes sur lesquels on a
questionné dans les années passées. Tout le monde est
autour de la table. Ils se rappellent qu'on a questionné. Eux, cela ne
leur fait rien de ne pas obtenir de réponse. Cela ne me dérange
pas si ça ne leur fait rien. J'espérais en avoir. J'ai soumis
ça bien humblement et c'était des points où ça
allait plus mal. J'espère bien que, forcément, on aura des
réponses à la satisfaction de tout le monde. J'ai relevé
des critiques qui venaient d'Arthabaska. Le député n'en a pas
pris connaissance, ou il n'était pas là, ou cela ne
l'intéresse pas. De toute façon, si ça ne vaut pas la
peine de parler à cette commission des problèmes du comté
d'Arthabaska, je
tiens pour acquis que, pour le député d'Arthabaska, les
citoyens n'ont pas grand-valeur. S'il me reproche d'avoir parlé des
producteurs de porc de son propre comté, c'est qu'il considère
tellement peu ses citoyens qu'il ne veut même pas en entendre parler
à la commission. C'est ce que je dois déceler à la suite
de son intervention. Je tiens pour acquis que c'est ce qu'il a voulu dire et
j'enverrai le journal des Débats en conséquence.
Le Président (M. Mathieu); Rapidement, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Je ne peux absolument accepter les propos
du député de Maskinongé quand il vient dire que je ne
m'occupe pas de mon monde, des agriculteurs de mon coin.
Je me souviens, il y a à peine quinze jours ou trois semaines,
une douzaine de producteurs de porc sont venus à mon bureau pour me
faire valoir les problèmes que les producteurs-naisseurs vivent. Ils
sont également allés voir d'autres de mes collègues, en
région, et on est intervenus, ensemble, auprès du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de. l'Alimentation qui, d'ailleurs, dans
les jours qui ont suivi - une semaine à peu près - a
annoncé un versement additionnel de 20 $ par truie. Je ne voudrais pas
vous faire mentir, mais on a obtenu 20 $ par truie, à la suite des
démarches que, nous, on a faites et que d'autres producteurs ont faites
également auprès du ministre.
C'est évident que je n'utilise pas toujours la tactique comme le
fait le député de Maskinongé. Quand les coups sont faits
et que la solution est arrivée, il sort dans le journal, fait une
conférence de presse et dit: Je vais lui parler au ministre. Je vais
exiger qu'il sorte cela, et, moi, je m'en occupe des agriculteurs. Cela n'a pas
de bon sens. Je ne suis pas un "politicailleux". Je fais mes affaires à
ma façon, et envoyez-le le journal des Débats, chez nous, dans
mon comté, si vous le voulez. Je vous invite même - je vais
organiser une assemblée d'agriculteurs chez nous - à venir leur
parler et je serai là également. Quand vous parlerez contre eux,
vous verrez ce qu'ils vont vous dire.
M. Picotte: Je suis d'accord.
Le Président (M. Mathieu): M. le député, si
vous voulez, je ne peux pas permettre qu'un débat s'élève
à ce stade-ci. C'est contre notre règlement. Je voulais vous
donner l'occasion, peut-être, d'une courte réplique de quelques
instants. Maintenant je considère l'incident clos. Le
député de Saint-Hyacinthe et vice-président de la
commission m'a demandé la parole.
M. Dupré: C'est juste un avertissement ou une mise en
garde au député de Maskinongé. Quand vous dites qu'on a
compris l'importance de votre rôle de seul porte-parole de l'Opposition
en matière d'agriculture, il faudrait peut-être faire attention
parce que vous vous gargarisez d'avoir choisi la commission parlementaire de
l'agriculture. À ce moment-là, on verra par votre participation.
Si vous faites un peu comme le fédéral qui met beaucoup plus
d'argent à faire de la publicité dans les revues qu'il n'en donne
réellement aux cultivateurs du Québec, je pense qu'il faudrait
faire un peu attention, malgré que, moi, le premier, je déplore
qu'on n'ait pas choisi, nous, l'agriculture comme parti ministériel.
Effectivement, je le déplore fortement. Par contre, il ne faudrait pas,
parce que vous avez obtenu ce que vous avez choisi, vous gargariser. Il
faudrait attendre. On verra par vos actes, par votre participation.
J'espère que celle-ci sera plus fréquente dans l'avenir.
Une voix: C'est commencé.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe et vice-président de la
commission. Le ministre me demande la parole; dois-je conclure qu'il y a
consentement, qu'on la lui accorde avant d'attaquer l'étude des
programmes? M. le ministre.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, c'est évident que, dans
la brève période qui m'est allouée, on n'est pas pour
parler de toutes les questions et de tous les projets que nous avons au cours
de l'année 1984. Je n'ai pas eu le temps, j'ai fait tout simplement une
rétrospective. J'aurais pu dire que le budget du ministère va
atteindre près de 500 000 000 $ en 1984-1985 puisqu'il s'agit de 494 326
200 $. Si l'on compare au budget du ministère de l'Agriculture
fédéral, c'est presque la moitié du budget du
ministère fédéral de l'Agriculture, qui était de 1
250 000 $, 40% du budget du ministère de l'Agriculture d'Ottawa
seulement pour le Québec, alors que le budget du ministère de
l'Agriculture fédéral est de 1 250 000 000 $ pour tout le Canada,
ce qui veut dire qu'il y a un effort du gouvernement du Québec en termes
de budget.
On parlé aussi des crédits périmés; il y
aura toujours dans un budget des crédits périmés. Il est
impossible qu'il n'y en ait pas puisque on a une multitude de programmes. Hier,
on a justement approuvé un certain nombre de programmes. Au
ministère, on a une centaine de programmes de sorte qu'il est
évident qu'on ne peut pas dépenser dans chacun des programmes
toutes les sommes
qui nous sont accordées. Par ailleurs, quand il y a au cours de
l'année des budgets qui ont marché plus fort que d'autres et
qu'on ne peut pas faire de virements, on va en budget supplémentaire;
c'est ce que nous avons fait au cours des dernières années,
à chaque année, quand il y a eu des sommes importantes
nécessaires qui ne pouvaient pas s'obtenir autrement que par budget
supplémentaire; on ne pouvait pas le faire par virements. Si l'on
regarde l'ensemble du budget, il y a des sommes données au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui
ont été utilisées dans une immense proportion, ce qui veut
dire au fond une certaine efficacité au ministère.
Évidemment, moi aussi je déplore avec les
députés que le chef du Parti libéral ait dit qu'aucun des
députés n'était autorisé à parler, que cela
n'engageait personne. C'est un peu une dénonciation de ses propres
députés que le chef a faite. En fait, il a dit qu'ils
n'étaient pas assez responsables pour parler et qu'ils ne
représentaient pas le parti quand ils parlaient. Au fond, c'est comme
s'ils n'étaient pas des libéraux. C'est ce que cela veut dire,
c'est-à-dire qu'ils parlent comme n'importe qui. Or, moi au lieu de le
demander à un député du Parti libéral je peux
demander à n'importe qui sur la rue ce qu'il pense de l'agriculture et
cela vaut autant que ce que répondrait un député du Parti
libéral. Ce n'est pas plus reconnu, c'est son opinion personnelle tout
comme pour les autres députés. C'est un peu exceptionnel, cela
démontre à quel point le chef du Parti libéral a une
faible opinion de ses députés.
Je pense au député de Brome-Missisquoi, qui a
oeuvré dans le monde agricole, qui est arrivé deuxième
lors du congrès à la chefferie du Parti libéral, qui se
mêle beaucoup de questions agricoles, dont le bureau d'avocat prend des
causes contre le plans conjoints, ce qui indique que le député de
Brome-Missisquoi est le député qui s'est le plus occupé de
l'agriculture. C'est celui qui est normalement à même... Supposons
que demain il y ait un Conseil des ministres libéral; le
député de Brome-Missisquoi, qui s'est classé
deuxième à la chefferie, serait sûrement nommé
ministre. Vous pensez qu'au sein du Conseil des ministres le
député de Brome-Missisquoi n'essaierait pas de faire valoir ses
idées, qu'il n'essaierait pas de dire à quel point les plans
conjoints, c'est mauvais, puisqu'ils les a combattus toute sa vie? Cela
n'aurait pas d'importance parce que ce ne serait qu'une opinion personnelle;
cela ne compterait pas. Vous pensez qu'il n'y aurait pas aussi le
député de Huntingdon, qui est contre cela? Son opinion ne
compterait pas. Au Conseil des ministres libéral, le
député Picotte serait ministre et tous les autres ministres
n'émettraient que des opinions personnelles. Cela ne compterait pas au
Conseil des ministres. Le seul qui aurait droit de parole ce serait le
député de Maskinongé. Cela voudrait dire qu'il serait
toujours renversé. Cela n'a pas de bon sens. Au fond, je n'ai jamais vu
des députés ainsi publiquement désavoués par leur
chef. C'est un désavoeu public et total qui a été fait par
le chef du Parti libéral de ses députés, incluant le
député de Beauce-Sud. Je suis estomaqué. Je dirais que ma
confiance personnelle est plus grande dans le député de
Beauce-Sud que son chef. Je suis vraiment sidéré. J'ai appris
récemment que le chef du Parti libéral faisait des banquets
confidentiels à 1000 $ le couvert où il promettait que la
raffinerie de sucre - s'il devenait premier ministre -verrait la fin de ses
beaux jours. Je suis étonné que ce soit des banquets secrets
à 1000 $ le couvert. J'ai entendu dire des choses comme celles-là
à travers les branches. Je ne sais pas si c'est exact. Il semble que
c'est une drôle de façon de fonctionner en termes de politique
agro-alimentaire.
Notre politique est ouverte, publique, se fait en consultation et a pour
but de faire le développement du secteur agro-alimentaire. M. le
Président, je pense que la déclaration du chef du Parti
libéral est à l'image des années où il a
été chef du Parti libéral alors que l'agriculture ne
comptait pas. Il vient encore une fois d'admettre que cela ne compte pas. Je
pense que c'est une des grandes déclarations du nouveau chef du Parti
libéral ou de l'ex-nouveau chef. Je pense que c'est vraiment une
déclaration majeure où il vient de dire: Mes
députés ne sont pas compétents en matière agricole.
Ce qu'ils disent ne compte pas et je ne veux rien savoir. Les seuls
autorisés c'est le député de Maskinongé et moi. On
sait à quel point il connaissait cela. Sous M. Bourassa, lorsqu'il a
été chef du Parti libéral de 1970 à 1976, cela a
été le marasme le plus total dans l'histoire du Québec.
L'autosuffisance a baissé de façon considérable de 60%
à 46%. Cela a été des années noires. Le Moyen
Âge de l'agriculture a été les années du
gouvernement Bourassa. Il dit: À l'avenir, si je suis premier ministre,
celui qui parlera de l'agriculture ce sera moi; les autres
députés ne comptent pas et ils ne valent rien. Je suis
sidéré. On ne réalise pas à quel point c'est une
phrase importante. Le député de Maskinongé, franchement,
ne fait pas le poids face à ses collègues. Ce qui veut dire que
l'agriculture n'existe pas. La pensée agricole n'existe pas au sein du
Parti libéral. Essayez de me dire quelles sont les pensées du
député de Maskinongé.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le ministre. Nous en
sommes encore à l'étape préliminaire.
M. Picotte: Une courte remarque, M. le
Président.
Le Président (M. Mathieu): II y a eu des tolérances
à gauche et à droite. Vous permettrez que j'accorde la parole au
député de Maskinongé. Ensuite nous ferons l'état
des travaux à venir et nous devrons conclure.
M. Picotte: Je vous promets que ce ne sera pas long. Je vais
juste poser une couple de questions au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, qui réfléchira.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: II a fait allusion au député de
Brome-Missisquoi, qui a fait son travail comme avocat, qui a exercé sa
profession. On a le droit de se poser des questions. Est-ce que, parce qu'un
gars a exercé sa profession et qu'il arrive au Conseil des ministres, il
peut influencer tout le monde à changer d'idée? Si c'est comme
cela, si dans un Conseil des ministres il y avait un voleur, les ministres
deviendraient-ils tous des voleurs? Si dans un caucus de députés
il y avait un violeur, est-ce que tous les députés seraient des
violeurs?
M. Garon: Je n'ai jamais dit cela.
M. Picotte: Je pense que c'est prendre les coins un peu ronds et
raccourcir. Réfléchissons donc un peu à cela en fin de
semaine.
Le Président (M. Mathieu): MM. les membres, je vous
demande de revenir à la pertinence. Nous sommes un peu impertinents
depuis quelques interventions. M. le député de Nicolet, je vous
permets une courte intervention.
M. Beaumier: Tout simplement pour vous dire que j'aimerais qu'on
revienne à l'esprit et à la lettre de la réforme
parlementaire.
Le Président (M. Mathieu): J'apprécie, M. le
député.
M. Beaumier: Et à l'avenir.
Le Président (M. Mathieu): Maintenant, je pense qu'on
pourrait peut-être faire l'état des travaux, de quelle
façon nous allons les envisager. Est-ce qu'il y en a qui ont des
commentaires à faire là-dessus? Est-ce que vous
préférez que nous attaquions le programme 1
immédiatement?
M. Picotte: M. le Président, on a convenu tantôt -
il reste dix minutes - qu'on pourrait d'ici cinq minutes baliser, à
savoir combien de programmes on pourrait étudier mercredi et combien on
pourrait en étudier jeudi. Si on a le temps de tous les passer, on les
passera tous. Si on n'a pas le temps, on verra.
Le Président (M. Mathieu): Nos travaux vont commencer
à 10 heures mercredi. Donc, nous allons attaquer à ce
moment-là le programme 1 sur la planification et la recherche, le
programme 2 sur le financement, le programme 3 sur l'aide à la
production, le programme 4 sur les assurances agricoles...
M. Picotte: M. le Président, en ce qui nous concerne, j'ai
l'impression que, si on se gardait ces quatre programmes pour mercredi, cela
serait suffisant. On a quand même de bons dossiers.
Le Président (M. Mathieu): 1, 2, 3 et 4.
M. Picotte: Quitte à garder pour le lendemain les cinq
autres programmes qui resteront. Si, malheureusement, nous n'avons pas le temps
de les étudier, nous les adopterons, comme nous l'avons fait dans le
passé, étant donné les heures qui nous sont
allouées.
Si nous gardons les quatre programmes pour mercredi, cela nous
conviendrait.
Le Président (M. Mathieu): Ceci a aussi pour but de
permettre à M. le ministre d'amener le personnel requis. Il ne faut pas
mobiliser tout ce monde pendant toute l'étude des crédits tout en
sachant d'avance qu'on ne pourra les entendre tous.
Est-ce qu'il y a un consensus?
M. Dupré: On devrait prendre le 5e seulement car le
lendemain il ne nous restera que deux heures et demie pour l'agriculture.
M. Picotte: Par mesure de prudence, on peut demander aux gens qui
font partie du 5e programme d'être présents, au cas où on
déborderait, et en leur disant que c'est aussi possible qu'on ne touche
pas au 5e programme. On pourrait le faire.
M. Dupré: II sera sur la clôture.
Le Président (M. Mathieu) Donc, en s'entend pour
qu'à la reprise des travaux on attaque les programmes 1 à 5
inclusivement, et on invite le personnel concerné par ces programmes.
Nous recevrons les autres jeudi.
Est-ce que l'on conclut immédiatement?
Il y a consentement pour que nous suspendions nos travaux. Nous les
ajournons au mercredi 18 avril à 10 heures.
(Fin de la séance à 12 h 22)