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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Mathieu): Messieurs, la commission
permanente de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend,
ce matin, l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Nous attaquons, ce matin, le programme 3.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Mathieu): Oui, M. le député
de Maskinongé.
M. Picotte: Étant donné que, vers 11 heures, nous
procéderons à l'étude du programme 10,
Développement des pêches maritimes, j'aimerais qu'il y ait une
substitution chez les membres de la commission.
Le Président (M. Mathieu): Justement, je vais donner au
secrétaire l'occasion de nommer les membres de la commission et de faire
part des modifications, s'il y a lieu. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Je n'ai pas été
informé des modifications.
M. Picotte: II s'agirait de remplacer le député de
Richmond par le député de Nelligan, M. Lincoln.
Le Président (M. Mathieu): Je demande au secrétaire
de faire l'appel des membres de la commission.
Le Secrétaire: Les membres de la commission sont M. Baril
(Arthabaska), M. Beaumier (Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M.
Dubois (Huntingdon), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon (Champlain),
M. Houde (Berthier), M. Le May (Gaspé), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Maltais (Saguenay), M. Mathieu
(Beauce-Sud), M. Picotte (Maskinongé), M. Proulx (Saint-Jean), et M.
Lincoln (Nelligan).
Le Président (M. Mathieu): Nous commençons donc
l'étude du programme 3.
Est-ce que M. le ministre a une déclaration à faire
à ce moment-ci?
M. Garon: Le programme 3, c'est lequel?
Le Président (M. Mathieu): Aide à la production
agricole. Il nous reste une heure, si je comprends bien, pour terminer
l'étude des programmes 3 à 9 inclusivement. Alors, je compte sur
votre collaboration habituelle.
Aide à la production agricole
M. Garon: Cette année, ce programme va comprendre des
travaux considérables dans le domaine des cours d'eau. Cela va
continuer, puisque l'an dernier nous avons fait une année record en
signant des autorisations pour plus de 23 000 000 $ dont une certaine partie
s'est réalisée, soit une quinzaine de millions. J'ai ici pour 23
000 000 $ de lettres en 1983-1984, dont une partie a été
réalisée en 1983; l'autre partie va être
réalisée en 1984. Nous voulons profiter d'une période
où des travaux par les entreprises privées sont moins
considérables dans le drainage, parce que les taux
d'intérêt sont élevés, pour faire faire des travaux
qui dépendent entièrement du gouvernement. Également,
cette année verra la mise en oeuvre du programme sur les plates-formes
à fumier pour les animaux laitiers. Un montant de 6 000 000 $ est
prévu à cette fin dans le budget. Ce sera la première
année d'opération de ce programme, puisqu'il a été
annoncé l'automne dernier. Nous sommes persuadés que cela aussi
va faire beaucoup de travaux qui vont se réaliser dans le monde rural.
Je ne voudrais pas être plus long, parce que je sais qu'on n'a pas
beaucoup de temps. Je ne voudrais pas prendre les 20 minutes. Je vais permettre
les questions qui peuvent être posées par les membres de la
commission.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le ministre. M. le
député de Maskinongé.
Administration et services régionaux
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais m'attarder
à l'élément 4 du programme, entre autres, Administration
et services régionaux. J'aimerais que le ministre m'explique la
réorganisation des bureaux régionaux, les bureaux de
renseignements agricoles. On vient de créer, à ma connaissance,
24 postes de cadre comme chef de BRA dans les régions. J'aimerais
savoir,
pour ces 24 postes, la définition des tâches par rapport
à ce qui existait chez les coordonnateurs régionaux. La
définition exacte. Quelles sont leurs tâches? Qu'est-ce qu'ils
viennent faire à ce niveau? Est-ce que tout le monde sait exactement ce
qu'il y a à faire et s'il n'y a pas un peu... Quelle est la moyenne de
salaire des chefs de BRA qui ont été rajoutés dans les
bureaux régionaux? Leur niveau d'emploi? Combien de personnes ces chefs
ont-ils sous leur responsabilité?
M. Garon: Le changement que cela va vouloir dire, c'est
essentiellement sur le plan administratif. Jusqu'à maintenant, il y
avait des bureaux régionaux et, plus ou moins, entre 80 et 84 bureaux
locaux. Le coordonnateur régional en charge de chacune des
régions était souvent assisté de deux ou trois
coordonnateurs adjoints qui étaient ni plus ni moins que consultatifs,
si on veut, ou coordonnateurs régionaux. Habituellement, un des
coordonnateurs adjoints était un vétérinaire ou un
agronome. Il agissait comme adjoint au bureau régional pour le
coordonnateur régional.
Il y a deux changements importants qui vont se réaliser. À
la suite de la diversification de l'agriculture au Québec au cours des
dernières années, on se rend compte que nos bureaux locaux
avaient été conçus beaucoup plus dans une situation
quasiment de monoculture. La plupart étaient des conseillers en
production laitière; ils concevaient l'agriculture dans une perspective
de développement à la production laitière ou de production
laitière. Devant la diversification de l'agriculture, il faut avoir dans
les bureaux locaux maintenant des gens qui sont beaucoup plus
diversifiés, sans négliger la production laitière qui est
une production importante. On doit avoir des conseillers en horticulture, en
élevage du boeuf et en production végétale plus
diversifiée. Pour réaliser cet objectif, ce qu'on pense faire et
qui est en train de fonctionner graduellement, c'est de restructurer les
bureaux locaux et de faire en sorte que les bureaux régionaux soient
beaucoup plus une très petite équipe de coordination au niveau
régional, parce que les gens vont se retrouver surtout au niveau du
bureau local qui est le bureau de renseignement aux agriculteurs. (10 h 15)
Jusqu'à maintenant, les bureaux locaux n'avaient pas de
responsable administratif. On trouvait dans les bureaux locaux des
professionnels, des agronomes la plupart du temps, qui donnaient des conseils
aux agriculteurs ou administraient des programmes. Le Vérificateur
général nous a dit à quelques reprises qu'il devrait y
avoir des responsables administratifs au niveau des bureaux locaux, de sorte
que dans cette réforme que nous sommes à mettre au point et qui
sera mise en place très prochainement, au cours de l'année 1984,
les coordonnateurs adjoints vont disparaître, à toutes fins
utiles. Il ne s'agit pas de création de postes nouveaux, quand on parle
de 24 postes de coordonnateur. Il s'agit essentiellement d'avoir maintenant des
coordonnateurs adjoints qui vont être responsables de bureaux locaux.
Dans la structure d'une région, on trouvera normalement un bureau
régional avec un coordonnateur régional sur place, une
très petite équipe et cinq, six, sept ou huit bureaux locaux avec
des services plus diversifiés qu'auparavant, puisque les ressources
qu'on trouvait jusqu'à maintenant au niveau régional vont se
trouver au bureau local, parce que c'est là que le travail se fait avec
les agriculteurs.
À tous les deux bureaux locaux de renseignements agricoles, il y
aura un coordonnateur adjoint qui sera responsable -il pourra passer deux
journées dans l'un, trois journées dans l'autre - sur le plan
administratif, des deux, de sorte que, lorsqu'on voudra faire une rencontre au
niveau régional, le coordonnateur régional pourra réunir
ses coordonnateurs adjoints responsables des bureaux locaux ou des gens des
bureaux locaux et faire un genre de conférence régionale.
La conception doit être maintenant d'avoir des bureaux locaux
mieux organisés avec des services de conseillers diversifiés pour
correspondre aux besoins de l'agriculture d'aujourd'hui, mais en nombre moins
grand. Au lieu de 80 bureaux, on aura sans doute 50 ou 55. On a actuellement un
bureau à Baie-Saint-Paul et un autre à La Malbaie. On pense
fusionner les deux bureaux et, pour qu'il n'y ait pas de chicane, le mettre
entre les deux, à Saint-Hilarion - d'ailleurs, les agriculteurs sont
plutôt là - et offrir de meilleurs services.
Avoir une équipe plus diversifiée, c'est évident
que cela ne se fera pas d'un coup sec. On pense que le bureau local pourra
desservir un rayon d'environ 30 kilomètres. Ainsi, un cultivateur sera
toujours situé à moins de 20 milles du bureau local, à peu
près. C'est le but de la réforme qu'on veut faire sur le plan
administratif. Ce qui va apporter une meilleure coordination administrative,
une plus grande responsabilité administrative et de meilleurs
services.
M. Picotte: Le coordonnateur régional est le chef du BRA.
Prenons un exemple concret. Quel est le salaire de M. Denis Vinet, ex-directeur
général du génie, qui est maintenant rendu chef du
BRA?
M. Garon: II n'y a plus de directeur général du
génie. Tous les postes de directeur général au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation sont disparus. Nous avons fait disparaître un
palier administratif pour être plus efficaces. Avant, il y avait le poste
de sous-ministre, sous-ministre adjoint, directeur général,
directeur de services, et, lorsqu'une lettre partait, elle suivait chacune des
étapes et souvent il y avait une rivalité au plan administratif
entre le sous-ministre adjoint et le directeur général.
Le Président (M. Mathieu): Parfois avec le ministre.
M. Garon: Non. Ce qui arrivait, c'est qu'un sous-ministre ou un
sous-ministre adjoint avait rarement plus de deux directeurs
généraux. Cela veut dire que tout le personnel dont il
était responsable se divisait en deux groupes habituellement
dépendant de deux directeurs généraux. Le directeur
général disait: Si tu veux parler à mes gens, dis-le-moi,
c'est moi qui vais leur parler. Le sous-ministre adjoint avait l'impression
qu'il y avait seulement deux employés s'il ne parlait pas aux gens dans
la boîte. De là des conflits entre directeur général
et directeur adjoint qui ont été résolus il y a longtemps,
parce qu'on n'a pas fait disparaître véritablement de persannes.
Mais, au fur et à mesure, les postes de directeur général
sont disparus surtout quand des gens ont pris leur retraite. On n'a pas
renouvelé les directeurs généraux. Et on a
compensé, si ma mémoire est bonne, six postes de directeur
général par deux postes de sous-ministre adjoint. Le regroupement
s'est fait de la façon suivante. Tout le secteur de l'inspection des
aliments qui dépendait du sous-ministre au développement
industriel et commercial, toute la section de l'inspection des aliments et de
la santé animale va au sous-ministre responsable de l'inspection des
aliments et de la santé animale. C'est un vétérinaire.
Deuxièmement, nous venons d'ajouter le poste de sous-ministre à
la recherche et à l'enseignement. Donc, il y a des regroupements qui
vont être réaménagés différemment au sein du
ministère. Cela va réduire considérablement les
coûts administratifs. Vous comprenez qu'entre un directeur
général et un sous-ministre adjoint, il n'y a pas une grande
différence de salaire. On a fait disparaître les postes de
directeur général et on a gardé le poste... De sorte que
le directeur de service communique directement avec son sous-ministre adjoint.
Un sous-ministre adjoint au ministère est considéré
beaucoup plus comme une personne qu'on appelle "line" qu'une personne "staff".
La conception antérieure d'un sous-ministre adjoint était qu'il
prenait des décisions, mais ce n'était pas lui qui les
administrait. C'est beaucoup plus facile quand vous prenez des décisions
que vous devez vous-même mettre en oeuvre, lorsqu'il y a une
réunion des dirigeants du ministère; cela fait en sorte que les
décisions sont beaucoup plus concrètes. C'est en gros la
réforme qu'on a faite.
Quand les sous-ministres et les sous-ministres adjoints se rencontrent,
c'est beaucoup plus comme un conseil d'administration d'entreprise où
les différents vice-présidents d'une entreprise,
vice-présidents exécutifs - pas vice-président parlote -
exécutent ou font quelque chose de concret. Quand on a un
problème - j'en disais un mot hier - ou une grande question à
régler, habituellement, les chefs des organismes qui dépendent du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soit la
Régie de l'assurance agricole, le crédit agricole, le
sous-ministre en titre, les sous-ministres adjoints touchés se
réunissent, comme un conseil d'administration d'entreprise et on discute
ensemble de la question. C'est une conception bien différente de
l'autre, anciennement.
En termes de fonctionnement, c'est bien différent. C'est plus
efficace. De sorte que, pour certains directeurs généraux qui
n'étaient plus jeunes, on a fait disparaître les postes. Cela a
surtout touché deux personnes dont M. Vinet qui lui-même
était favorable et avait le goût de retourner dans sa
région. Les règles habituellement, dans ce cas-là, c'est
que son poste de directeur général est aboli, son salaire est
gelé au niveau auquel il était à ce moment-là et il
n'a pas d'augmentation de salaire tant que le salaire du poste qu'il occupe n'a
pas atteint ce niveau.
M. Picotte: M. le ministre, pour faire un cas bien concret, si ma
mémoire m'est fidèle, lorsqu'on avait parlé des directeurs
généraux, il s'agissait de gens classés 5 dans la fonction
publique, je pense.
M. Garon: Non, 2. Pour les adjoints, c'est 1.
M. Picotte: Qui commandaient un salaire de quel ordre? De 60 000
$ environ?
M. Garon: Pour le directeur général, c'est environ
55 000 $. Disons que certains sous-ministres adjoints gagnent environ 55 000 $
aussi. Pour dire cela autrement, un directeur général qui est
dans la partie supérieure des salaires gagne le même niveau de
salaire qu'un sous-ministre adjoint qui commence ou qui n'est pas dans le plus
haut niveau des sous-ministres adjoints. Alors, cela se rejoint comme
salaire.
M. Picotte: Mais, votre chef de BRA, le chef de BRA...
M. Dupré: M. le Président. J'aimerais que le
député de Maskinongé nous explique à
peu près... Même le président se demande ce qu'est
un chef de BRA.
M. Picotte: C'est un chef du bureau de renseignements
agricoles.
M. Dupré: Ah! Comme cela, ce n'est pas
péjoratif.
M. Picotte: Non. On appelle cela un chef de BRA, du bureau de
renseignements agricoles.
M. Garon: Personnellement, je n'utilise jamais cette expression,
je sais qu'elle a plusieurs emplois. Je trouve qu'elle a un caractère
non démocratique; j'aimerais mieux dire le responsable du bureau de
renseignements agricoles. Un chef de BRA, cela fait un peu "bouncer".
M. Picotte: C'est peut-être pour cela que les gens de votre
entourage appelle cela ainsi, "chef de BRA"; ils vous connaissent.
M. Garon: Ah!
M. Picotte: II faut être "bouncer" probablement, dans
certaines occasions, dans votre cas; alors c'est pour cela que les gens chez
vous l'appellent ainsi.
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement, les chefs de BRA
sont rarement en contact avec moi.
M. Picotte: Je dois dire que j'ai pris l'appellation des gens du
milieu agricole...
M. Garon: Non, non, les gens du milieu appellent cela des chefs
de BRA.
M. Picotte: C'est cela, chef de BRA. M. Garon: Ah!
B-R-A.
M. Picotte: Votre chef de BRA, du bureau de renseignements
agricoles... Comment se situe un chef du bureau de renseignements agricoles,
généralement, au point de vue de la classe et au point de vue du
salaire?
M. Garon: Administrateur 5. Ce que j'ai essayé de faire -
je serai bien franc avec vous - que voulez-vous, la fonction publique a de ces
exigences qui ne sont pas nécessairement rationnelles. Ce que j'aurais
souhaité, personnellement... Je trouve anormal que quelqu'un qui est
coordonnateur le soit pendant toute une vie, pendant 20 ou 25 ans. Je pense que
c'est nuisible, parce qu'il serait bon qu'il y ait du roulement. Ce que vous
appelez un chef de BRA, ou un coordonnateur adjoint, responsable de deux
bureaux de renseignements agricoles... Ce que j'aurais souhaité, c'est
que quelqu'un ait une affectation - un professionnel ou quelqu'un d'autre - et
une rémunération supplémentaire pour la période
où il occupe cette fonction. Et quand il ne l'occupe plus, qu'il n'ait
plus cette rémunération additionnelle pour responsabilités
administratives. Apparemment, faire bouger la fonction publique, c'est un peu
comme bouger une masse inodore et sans saveur. (10 h 30)
M. Picotte: Incolore.
M. Garon: C'est-à-dire que c'est à peu près
impossible. Comme les arguments de bon sens ne touchent pas tout le monde... Je
pense qu'il aurait été de beaucoup préférable, dans
un ministère comme le nôtre... Je ne dis pas dans tous les
ministères; il y a des ministères où il y a beaucoup de
roulement; il y a des professions où il y a beaucoup de roulement. Mais
vous chercherez à quel endroit, en dehors du ministère de
l'Agriculture, on engage un médecin vétérinaire. Il n'y en
a pas beaucoup, à part le Jardin zoologique de Québec. Il y a
aussi l'Office des professions et un autre endroit. Je pense que c'est tout. Il
n'y a pas de possibilité de roulement comme ailleurs. De la même
façon, pour des agronomes, c'est plutôt au ministère de
l'Agriculture. Si on nomme quelqu'un à un poste de coordonnateur adjoint
ou de coordonnateur régional à 35 ans - c'est un poste qu'on peut
atteindre à 35 ans - en pleine force de l'âge, c'est bien. Mais
s'il est là jusqu'à sa retraite, il n'aura pas
nécessairement le même "pep" à cet âge-là. Il
est préférable, à mon avis, que quelqu'un remplisse cette
fonction comme un service administratif, comme un doyen de faculté, par
exemple. Un doyen de faculté à l'université peut
être nommé pour deux mandats consécutifs.
Le Président (M. Mathieu): Comme un ministre.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Mathieu): Comme un ministre.
M. Garon: Oui, oui. Cela dépend. C'est comme pour le
président des États-Unis. Il y a toujours des exceptions, comme
dans le cas de Roosevelt, par exemple. Il peut toujours y avoir quelqu'un de
qui la population dit: On espère qu'il restera là.
Le Président (M. Mathieu): Deux mandats pour un ministre,
c'est suffisant.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Mathieu): Deux
mandats pour un ministre, cela doit être suffisant.
M. Garon: Moi, je dirais deux septennats. Je vais finir mon
premier septennat. En tout cas, je ne voudrais pas de règles comme
cela.
M. Picotte: Au Conseil des ministres.
M. Garon: On se rend compte, à un moment donné, que
quelqu'un qui occupe une fonction administrative... Une fonction
administrative, ce n'est pas une fonction politique. Cela consiste à
être responsable administratif d'une région ou de deux bureaux. Je
pense que cela ne serait pas mauvais qu'une personne ait une allocation
supplémentaire pour occuper cette fonction. Ensuite - parce que cette
personne a le goût, normalement, de revenir à sa profession, ou de
faire un changement - de façon automatique, en n'occupant plus la
fonction, qu'elle n'ait plus cette rémunération additionnelle.
Cela nous aurait permis sans doute de faire une plus grande rotation. Cela ne
veut pas dire que les gens qui sont là pendant 20 ans ne sont pas
excellents. Ce n'est pas cela que cela veut dire. Mais le dynamisme dont les
gens font preuve dans des fonctions comme celles-là est inégal.
Si quelqu'un est dynamique, il n'y a pas de problème. Mais, il peut
arriver qu'il soit souhaitable de faire des changements. Et dans la structure
administrative actuelle, de la façon dont sont conçues les
règles de la fonction publique, c'est difficile. Je pense que ce n'est
pas la meilleure façon de faire les choses. J'en suis persuadé et
les sous-ministres aussi; nous avions discuté de ces questions. Nous
pensions qu'il serait préférable d'avoir quelqu'un qui a une
rémunération additionnelle lorsqu'elle occupe la fonction de
coordonnateur régional, elle a une fonction additionnelle lorsqu'elle
occupe la fonction de coordonnateur adjoint responsable de deux ou trois
bureaux de renseignements agricoles. Lorsqu'elle n'occupe plus cette fonction,
elle perd cette rémunération additionnelle, retombe
professionnelle et occupe d'autres fonctions. Autrement, les gens changent
uniquement à leur retraite. Ce sont des fonctions administratives
à ce moment qui peuvent être occupées pendant 20 ou 25 ans.
Ce n'est peut-être pas bon. Mais on est en avant de notre temps. Vous
savez que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation c'est souvent le ministère qui préconise de
nouvelles idées. Vous savez que, dans le domaine où il y a le
plus de productivité, dans tous les secteurs de la vie, c'est le domaine
agricole. Depuis deux ou trois cents ans, tous les changements qui se sont
réalisés sur le plan socio-économique dans le monde
proviennent du milieu agricole. Les premiers économistes ont
été des économistes de l'agriculture, les premiers
statisticiens ont été des statisticiens de l'agriculture. Les
sciences sociales se sont développées à cause de
l'agriculture. L'urbanisation, les grands phénomènes en
Angleterre ou les phénomènes de colonisation ont eu lieu c'est
par les changements dans l'agriculture. Encore aujourd'hui, ce qu'on voit pour
l'avenir, même si on a les plus grandes augmentations de
productivité depuis deux ou trois cents ans, les projections pour les 25
ou 50 prochaines années indiquent que c'est encore l'agriculture qui va
avoir des augmentations de productivité encore plus considérables
avec le développement et la culture des micro-organismes et de la
biotechnologie qui vont être de plus en plus utilisés dans le
secteur agro-alimentaire.
M. Picotte: M. le ministre, vous savez, quand on fait du grand
ménage habituellement, quand on...
M. Garon: C'est pour cela que j'ai envie d'envoyer un
télégramme à mon collègue, le ministre Whelan, pour
lui dire en anglais juste deux mots sur le télégramme, je dirais:
"Show them".
M. Picotte: Vous savez, M. le ministre, quand on fait du grand
ménage, on se rend compte que plus les meubles sont lourds moins on les
déplace facilement et souvent. Je suis heureux d'avoir appris cela de
votre bouche, parce que, depuis que vous êtes ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, je vous ai toujours entendu dire que
l'agriculture était quasiment arrivée au monde avec votre
arrivée au ministère. Je suis heureux de constater que,
dès les débuts, les premiers statisticiens, les premières
personnes qui ont travaillé, fut avant que vous veniez au monde. Cela me
surprend même ce matin d'entendre cela. Vous avez dû passer un
bonne nuit.
M. Garon: Pardon?
M. Picotte: M. le ministre...
M. Garon: Je n'ai jamais eu cette prétention.
M. Picotte: Ce n'est pas ce qu'on lit quand on relit le journal
les Débats.
M. le ministre, M. Vinet est dans une région donnée,
quelle est-elle? Il doit y avoir un coordonnateur régionale. M. Vinet
est chef de BRA dans cette région. Il y a un coordonnateur
régional qui fait quoi?
M. Garon: II y a Jean Bertrand qui est le coordonnateur de cette
région, le coordonnateur régional.
M. Picotte: Pour les fonctionnaires du milieu, le patron
immédiat c'est qui? Qui fait quoi?
M. Garon: Jean Bertrand est le coordonnateur régional.
M. Picotte: Oui. Le travail de Jean Bertrand comparativement au
travail du chef de BRA est-il si bien planifié que cela? Est-ce que vous
avez une description de tâche, puisque vous avez organisé cela? Y
aurait-il possibilité d'avoir une description de tâche des chefs
de BRA?
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Est-ce qu'il y a aussi un organigramme de fait? Vous
avez sûrement un nouvel organigramme dans votre ministère?
M. Garon: Non.
M. Picotte: Vous n'avez pas de nouvel organigramme. Vous avez
tout fait cela au pifomètre?
M. Garon: On a un organigramme qui évolue constamment.
Quant à la réforme dont on parle, on est en train de s'organiser,
elle n'est pas encore opérationnelle. Plutôt que de faire de
grands organigrammes théoriques sur les murs, on procède à
l'inverse. Quand la réforme est terminée, on fait l'organigramme
et on le met sur le mur. On fait cela un peu à l'anglaise,
comprenez-vous? On essaie d'ajuster la réalité à cette
planification théorique par cas plutôt que par une planification
théorique. On procède tranquillement dans la
réalité. Quand la réforme est terminée, on dit
pouf. On fait l'organigramme, les gens voient tous ensemble
apparaître...
M. Picotte: Le style mystère. Mais votre personnel, vous
ne pouvez pas penser qu'en ayant...
M. Garon: Non, mais les tâches sont définies. Les
rôles des bureaux régionaux sont définis. Le rôle du
bureau régional, au fond, c'est la fonction de celui qui dirige un
bureau et la fonction d'un bureau d'enseignement agricole avec la fonction du
coordinateur adjoint qui est responsable de ce bureau, c'est défini.
M. Picotte: Ne pensez-vous pas que votre personnel, avec un
organigramme aussi flottant, peut manquer un peu de... Il n'y a personne qui se
plaint de cela? Tout le monde est heureux de cela au ministère? Cela ne
crée pas de problème? Vous menez un peu les fonctionnaires comme
vous l'entendez.
M. Garon: Je ne m'occupe pas de ces affaires-là.
M. Picotte: Non?
M. Garon: Non, non. Je n'ai pas le temps. Il y a 4000 personnes
au ministère. Si je commence à régler toutes les
questions! Il va y avoir des fusions de bureaux. On ne partira pas avec un
organigramme théorique, on va prendre les cas un par un pour les
régler comme il faut, pour ne pas qu'il y ait de problème.
M. Picotte: Vous m'avez dit 4000 personnes. Vous n'avez pas le
temps de les prendre un par un?
M. Garon: Non, non, les bureaux. Sur 84 bureaux, qui deviendront
entre 50 et 60 bureaux, selon ce qu'on prévoit, il y a douze
régions, on souhaite ramener cela à huit ou neuf régions
sur le plan administratif parce que ce qui va prendre beaucoup d'importance ce
sont les bureaux locaux. Le bureau régional va être moins
important qu'auparavant, c'est le bureau local qui sera le plus important.
C'est-à-dire que le bureau régional va jouer uniquement un
rôle de coordination. C'est le bureau local qui sera en contact avec le
monde, c'est là que se donnera de plus en plus de service. On veut
donner beaucoup d'importance à ces bureaux locaux qui seront plus
près des gens. C'est pour cela que, dans les regroupements des bureaux
régionaux, il est de notoriété publique qu'on souhaite les
regrouper en trois bureaux. C'est connu un peu publiquement aussi. On souhaite
que les régions de Châteauguay et de Saint-Hyacinthe fassent une
seule région parce que c'est le même genre d'agriculture.
Au fond, que le bureau régional soit ici ou là, ce n'est
pas cela l'important; l'important, c'est la localisation du bureau local. C'est
là que le monde...
M. Picotte: Quand vous parlez de la réorganisation des
bureaux locaux, cela va se faire en cours d'année 1984, j'imagine. Le
nombre va diminuer...
M. Garon: Tranquillement pas vite.
M. Picotte: Avez-vous un programme opérationnel de cela?
Savez-vous, par exemple, qu'au cours du mois de septembre, il y aura tant de
bureaux? Non, vous faites cela comme cela vient?
M. Garon: II y a des plans qui sont faits pour certaines
régions et qui vont se faire graduellement.
M. Picotte: Que veut dire "graduellement"? Avez-vous un objectif
qu'en
l'année 1984 vous en ayez regroupé tel pourcentage ou si,
à un moment donné, en cours de route, vous remarquez qu'il serait
préférable de ne pas les regrouper parce que c'est une
année avant les élections, supposons, puis vous allez attendre,
vous allez retarder cela. N'avez-vous pas un plan quelconque? Vous ne pouvez
pas procéder à une réforme majeure comme cela de vos
bureaux régionaux, des coordinations, des chefs de BRA, des bureaux
locaux, sans avoir un plan établi pour dire: On s'en va là, puis
on va arriver à telle place. Autrement, vous n'administrez pas votre
ministère. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Écoutez, on ne peut faire un changement... Ce que je vous dis
n'est pas péjoratif. Ce n'est pas un reproche. Mais j'imagine que,
lorsqu'on veut procéder à des changements aussi importants parce
que ce sont des changements importants... On se retrouve avec un groupe, par
exemple, comme M. Vinet qui a un salaire plus élevé que celui
qu'il ne devrait avoir normalement pour la fonction qu'il occupe et qui est
là avec un coordonnateur; il y a sûrement bien des gens qui se
posent la question à savoir qui fait quoi, à qui ils doivent s'en
remettre, et comment cela doit fonctionner.
M. Garon: C'est M. Vinet qui est responsable de deux bureaux de
renseignements agricoles et il relève d'un coordonnateur régional
qui est M. Bertrand. C'est simple.
M. Picotte: Alors, il relève de M. Bertrand.
M. Garon: Oui. Je vais vous dire une chose. C'est très
bon.
M. Picotte: II gagne plus cher que M. Bertrand et il
relève de M. Bertrand, non?
M. Garon: Je vais vous dire mieux que cela. J'ai
hésité longtemps parce que, vous savez, les gens souhaitent ces
réformes beaucoup plus qu'on ne le pense. M. Vinet est responsable de
deux bureaux de renseignements agricoles. M. Desjardins, qui était
responsable de la mise en marché, est responsable de trois bureaux de
renseignements agricoles dans le bout d'Iberville, de Marieville et il
était responsable de la mise en marché à Montréal.
Il est responsable de trois bureaux.
Je vais vous dire mieux que cela. J'hésitais à signer le
papier parce que j'ai dit: M. Desjardins doit être contre cela. Il quitte
une grosse fonction à Montréal. À un moment donné,
j'étais allé comme conférencier à une importance
réunion à Montréal de l'Association des détaillants
en alimentation. M. Desjardins y était. Il a demandé pour me
parler à l'écart et m'a dit:
Je sais que vous hésitez à signer mon papier. J'ai dit:
Oui. Je pensais que vous alliez considérer cela un peu comme une
rétrogradation et je ne voulais pas que vous sentiez qu'on voulait vous
maganer ou quelque chose comme cela. Il m'a dit lui-même: M. Garon, je
vous demande de signer le papier. C'est moi qui veux aller là. J'ai fait
un cheminement. Je pense que j'ai apporté une très bonne
contribution dans la fonction que j'occupais - son choix personnel s'est
modifié - j'ai le goût de faire ce que je vais faire là et
je vous demande de signer le papier. Par ailleurs, si, à un moment
donné, vous avez besoin de mes services quelque part, dans la fonction
que j'occupais avant, si vous pensez que je peux vous être utile, ne vous
gênez pas, cela me fera plaisir de le faire. M. Desjardins m'a dit, entre
autres: J'ai apprécié que vous ayez cette préoccupation
avant de signer le papier. (10 h 45)
Vous ne pensez pas qu'on peut fonctionner dans un ministère avec
des gens qui vont occuper des fonctions administratives importantes sans se
préoccuper que les gens aiment les fonctions qu'ils occupent. Je vais
vous dire bien franchement: Au ministère, quand j'entends parler de
quelqu'un qui est malheureux dans ses fonctions, je n'essaie pas de le
maintenir dans ces fonctions. Il arrive qu'il va être heureux ailleurs,
dans d'autres choses. Je me suis rendu compte souvent que dans des fonctions
où il y a des gens qui peuvent avoir des conflits avec des personnes et
toutes sortes de choses, ils aimeraient mieux être à un autre
endroit et que cela fonctionne mieux. Il faut encourager ces choses
plutôt que d'essayer de maintenir dans des fonctions des gens qui
préféreraient être ailleurs. Je peux vous dire que, dans
ces virements, c'est très sain. Je pense que c'est très sain dans
un ministère de procéder à cette forme de circulation dans
des fonctions administratives. Je suis persuadé que de cette
manière notre ministère va progresser. Imaginez-vous un gars
comme M. Vinet qui revient d'un bureau de renseignements agricoles avec la
connaissance acquise dans un niveau supérieur d'administration, un gars
comme M. Desjardins qui a occupé des fonctions importantes au plan de la
commercialisation, qui connaît des rouages et qui s'en va dans une
région maraîchère, imaginez les services que cet homme peut
rendre. Et en même temps, il permet à un jeune qui aurait attendu
en disant: Quand un jeune est adjoint, un jour il a hâte que celui qui
est en poste parte pour prendre sa place. Il ne le dira pas
nécessairement, mais il a hâte d'avoir une promotion. Cela permet
à un jeune d'occuper une nouvelle fonction. Quand je dis un jeune, je
veux dire relativement jeune. Quelqu'un qui a une vaste expérience va
aller rendre des services
dans une autre fonction. C'est très sain. Personnellement, je
vais vous dire bien franchement, mon sous-ministre et moi partageons cette
idée de mobilité et elle est souhaitable au sein du
ministère. Elle devrait être plus grande qu'elle ne l'est
actuellement.
M. Picotte: En conclusion, je voudrais dire au ministre que je ne
doute pas que la réforme puisse être bénéfique.
C'est d'ailleurs à l'usage qu'on va voir si le changement a
été pour le mieux. C'est aussi à la discrétion des
gens qui seront affectés à différents autres postes. C'est
de la façon que cela se déroulera qu'on saura si, effectivement,
le ministre a raison de faire une telle réforme. Ce qui
m'inquiète, par exemple, et je voudrais manifester cette
inquiétude au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, c'est que le ministre me dit qu'il va faire des changements,
qu'il va regrouper des bureaux locaux, mais qu'il n'a pas de plan pour cela. Il
a un plan dans la tête. Si le ministre me dit qu'il n'a pas de plan, cela
m'inquiète au point de vue de la qualité de son administration et
de ce que doit ressentir le personnel. Si le ministre me dit qu'il a un plan,
j'aimerais qu'il dépose ici son plan, parce que c'est
d'intérêt public, ce sont des deniers publics, c'est dans
l'administration d'un ministère et il n'y a pas de cachette à
regrouper des services, il n'y a rien de sorcier à faire en sorte qu'on
regroupe des bureaux locaux. Il me semble que c'est d'intérêt
public. Pour la population d'abord, qui serait desservie par ces bureaux, pour
les élus du peuple aussi de savoir exactement comment cela se passera
dans leur propre région. Mon collègue en face de moi, le
député de Champlain, un bon ami de ma région, on se
regarde depuis tantôt et on se dit: Chez nous, est-ce que cela va changer
ou est-ce que cela ne changera pas quelque chose? Je pense que c'est
d'intérêt public. Si le ministre a un plan, il devrait avoir la
décence de fournir ce plan à la commission ou de nous le faire
parvenir, s'il ne l'a pas.
S'il n'a pas de plan, je dis: M. le ministre, allez donc refaire vos
devoirs, assoyez-vous tranquille avec votre sous-ministre. Il est d'ailleurs
toujours d'accord avec vous, il n'a pas le choix et l'autre non plus à
côté. Assoyez-vous avec eux autres. Ils n'ont pas le choix, c'est
sûr, on sait cela depuis longtemps. On n'est même pas capable de
leur montrer une lettre qu'ils ont écrite sans que vous nous
questionniez à savoir ce qu'on fait avec lui pour lui parler. Vous avez
fait cela hier. Vous prenez un soin jaloux des gens qui vous entourent. Je ne
sais pas quelle sorte de jalousie c'est, je ne sais pas si c'est maladif ou
autre chose. De toute façon, je n'irai pas questionner pour savoir
pourquoi vous êtes jaloux de votre personnel si proche. Je ne veux pas
non plus en savoir les raisons, mais ces gens n'ont pas le choix d'être
d'accord avec vous; mais au moins retournez faire vos devoirs avec eux.
D'abord, il vont dire comme vous effectivement, ils n'auront pas le choix.
Donc, retournez faire vos devoirs avec ces gens et soumettez-nous un plan pour
qu'on sache, et pour que nos agriculteurs dans leur région sachent de
quelle façon ils vont être administrés avec les nouvelles
orientations du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il n'y a rien de caché dans cela. Je ne peux pas voir ce
qu'on veut cacher. Et si le ministre me dit qu'il ne peut pas me soumettre de
plan, c'est qu'il a quelque chose à cacher. Je ne peux pas voir ce qu'il
a à cacher. Quant à moi, cela parait inconcevable que le ministre
ne soit pas capable de nous fournir un échéancier de la
réorganisation de ses bureaux qu'il veut faire.
M. Garon: Vous le savez, vous n'avez jamais compris la
façon de fonctionner au ministère. Je vais vous en faire la
démonstration.
M. Picotte: M. le ministre, peut-être que si vous nous
mettiez au courant on comprendait mieux. Vous n'auriez pas à vous
plaindre de cela l'année prochaine.
M. Garon: Vous souhaiteriez...
Le Président (M. Mathieu): Brièvement, s'il vous
plaît, parce qu'il y a d'autres députés qui voudraient
également vous poser des questions.
M. Garon: Je pense que cette réponse va être
très intéressante pour éclairer la commission. Voyez-vous,
l'art de diriger un ministère, ce n'est pas de tout décider au
niveau du ministre et du sous-ministre. Le rôle est de définir des
orientations, des grandes lignes et souvent en consultation avec des gens. Il y
a aussi la participation des instances locales et régionales qui
s'inscrivent là-dedans. Le député de Maskinongé
indique par là sa façon de travailler qui est une conception de
la direction qui est moyenâgeuse, qui est dépassée.
Pourquoi je ne pourrais pas vous présenter de plan à
l'heure actuelle? Voici ce que nous avons décidé. Nous avons
étudié la situation selon le nombre d'années
d'expérience et on s'est dit que cela pouvait mieux fonctionner que cela
fonctionne maintenant en vertu d'un certain nombre de principes. Normalement,
un plus grand service aux agriculteurs, une plus grande présence dans le
milieu, mais en même temps une meilleure direction administrative et une
meilleure coordination régionale sur le
plan administratif.
On a établi des paramètres. C'est pour cela que j'ai
demandé à M. Whelan où est-ce qu'on en est au point de vue
des régions. Actuellement, les gens dans les régions
définissent leurs besoins, définissent comment cela devrait
fonctionner. Ils vont nous faire des propositions. C'est pour cela que le
réaménagement des bureaux ne vient pas. On ne dit pas: Je vais
prendre la carte et il va y avoir un bureau là, un bureau là et
un bureau là. On se dit: Notre but est de faire des bureaux locaux
polyvalents en fonction de la polyvalence actuelle de l'agriculture du
Québec. Les bureaux ont été mis en place il y a
déjà une quinzaine d'années alors que l'agriculture
était complètement différente de ce qu'elle est
aujourd'hui au Québec.
En fonction des paramètres qu'on a définis d'avoir des
régions agricoles basées sur des études qui ont
été faites au ministère qui disent qu'il y a trois grandes
régions au Québec. La région centrale à
Montréal en fonction du potentiel biophysique la région centrale
Nicolet, Québec et tout cela, sont des régions dont le potentiel
biophysique est à peu près semblable. Les régions
périphériques ont un autre genre de potentiel. Pour être
plus efficace, comment va-t-on faire le regroupement administratif au niveau
des régions? C'est pour cela qu'on dit qu'il devrait peut-être y
avoir huit ou neuf régions au lieu de douze.
Essentiellement, avoir au niveau local des bureaux plus polyvalents,
plus accessibles, mieux organisés. De là, est venue la question
de la fiche de l'agriculteur pour faire en sorte qu'il y ait... La fiche de
l'agriculteur existait déjà, mais l'organiser de façon
plus cohérente pour qu'elle soit un outil de travail, qu'elle nous
permette d'avoir au niveau de chacun des programmes moins de renseignements
à demander, car on a des renseignements de base à chaque
année. Cela va faire en sorte que notre personnel va mieux
connaître le milieu dans lequel il travaille. À partir de
là on voudrait, comme principe, qu'un bureau ne soit pas à plus
que 30 kilomètres des cultivateurs qu'il dessert. Évidemment, ce
n'est pas toujours possible partout. En règle générale,
c'est ce qu'on voudrait.
Pourriez-vous définir les besoins de votre bureau? Comment cela
devrait se situer dans votre région? Les gens font cet exercice et,
à la suite de cet exercice on va regarder si cela a du bon sens ou non.
Si cela a du bon sens et que cela semble que tout le monde peut être plus
heureux de cette façon, on va entériner cela. Si cela n'a pas de
bon sens, on va dire non. C'est cela une direction souple avec des orientations
bien définies. Les gens participent et sont beaucoup plus heureux.
Pensez-vous que je peux définir tout dans chacun des bureaux? M.
Charbonneau me disait que dans la région du CÔteau-du-Lac, il y a
deux bureaux qui sont regroupés. C'était deux bureaux faibles et
ils ont fait un bureau fort avec une meilleure organisation. Je ne suis jamais
allé dans ces deux bureaux. Je ne connais pas les gens qui travaillent
dans ces deux bureaux. Sauf, que j'ai demandé un paquet de raisons avant
de dire oui. On m'a dit que les bureaux seraient plus polyvalents voire
même avoir une meilleure organisation. C'est ce qu'on est en train de
faire et de le faire avec le moins de brasse-camarade possible. Vous savez
quand on change les bureaux, vous avez vu Jonquière et Chicoutimi il y a
même eu une question en Chambre là-dessus parce qu'on a
déplacé un agronome, un technicien et un agent de bureau alors
qu'il y aura 100 personnes qui n'auront plus d'appel interurbain à
faire, que ce sera mieux localisé. Les gens de Jonquière m'ont
dit qu'ils n'avaient pas d'argument, mais que c'était une question de
principe. On va essayer de faire du regroupement administratif pour que ce soit
mieux organisé.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant M. le député de Saint-Hyacinthe et
vice-président de la commission.
M. Oupré: M. le Président, deux courtes questions.
Est-ce que vous avez un échéancier pour compléter cette
transformation que je qualifie tout de même de majeure? La
deuxième: Y a-t-il un échéancier pour compléter
cette réforme? Vous êtes-vous fixé un temps pour...
M. Garon: Non, je n'ai pas fixé de temps. On va essayer de
bousculer les gens le moins possible. Actuellement, les chefs de bureaux de
renseignements agricoles, c'est une opération importante, le
regroupement des choses.
M. Dupré: Y a-t-il une relation entre vos régions,
les régions choisies ou que vous êtes en train de
déterminer, les MRC et le choix des régions et, peut-être,
la réforme électorale, si jamais...
M. Garon: On essaie de...
M. Oupré: ...la réforme du scrutin.
M. Garon: ...on essaie, avec un bureau de renseignements
agricoles, de couvrir le plus possible les MRC. Ce n'est pas toujours possible
parfaitement, mais on essaie et on dit que si les gens ont choisi de se
regrouper comme cela, cela semble être un milieu d'appartenance, alors
si, sur le plan agricole, on sent que cela colle, on essaie de le faire comme
cela. On en tient compte.
M. Dupré: Les bureaux locaux.
M. Garon: Oui, bureaux de renseignements agricoles ou bureaux
locaux, on en tient compte. Je ne dis pas que ce sera exactement cela, mais on
en tient compte, non seulement à cause des cours d'eau, mais pour une
foule de choses. Ce sera plus facile.
M. Dupré: D'accord.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, vous me
permettrez une question en ce qui concerne la région. Si je comprends
bien, le bureau régional de la Beauce est situé à
Saint-Joseph dans Beauce-Nord. Vous avez déjà émis
l'opinion qu'il serait déménagé à Lévis.
Remarquez que Lévis, c'est par pur hasard sans doute. Je vous demande
si...
M. Garon: C'est parce que le bureau régional ne sera plus
le bureau important. Avant, le bureau régional était le bureau.
À notre avis, le bureau local sera important. Au lieu d'avoir douze
bureaux régionaux en ville, environ 80 bureaux locaux anémiques
à la campagne, on aura entre 50 et 55 bureaux de renseignements
agricoles 'locaux importants et des bureaux régionaux qui n'auront
qu'une fonction de coordination, où il y aura peu de personnel.
M. Picotte: Des bureaux régionaux anémiques.
M. Garon: Pardon?
M. Picotte: Est-ce cela?
M. Garon: Non, non...
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, si vous me le
permettez...
M. Garon: Cela veut dire que le bureau régional de la
Beauce et le bureau régional de la région de Québec, au
fond, cela ne donne rien d'avoir deux bureaux régionaux dans ces deux
régions. Ce qui sera important, c'est d'avoir des bureaux locaux dans la
Beauce mieux organisés.
Le Président (M. Mathieu): Les bureaux locaux ne pourront
pas avoir tous les professionnels et tous les services que comportait le bureau
régional. Le bureau régional, bien sûr, donne moins de
services car il s'asphyxie petit à petit. Depuis 1977, je crois que onze
ou douze professionnels sont décédés,
déménagés ou ont quitté et ils n'ont pas
été remplacés. Chez Agribec, les chefs de la relève
agricole me disaient: On n'a plus de spécialistes pour la relève
à notre bureau régional; il n'y en a pas au bureau local non
plus. Les services comme chez Agribec, pour citer un exemple de la
relève, il n'y en a sûrement pas dans tous les bureaux locaux. Le
bureau régional déménagera à Lévis, alors
où allons-nous retrouver ce service?
M. Garon: Essentiellement, le but est d'avoir des
spécialistes dans des bureaux de renseignements agricoles le plus
possible. Quand il s'agit d'une discipline ou d'un domaine où il n'y a
pas suffisamment de clientèle au niveau d'un bureau local, il estévident qu'on le retrouvera plutôt au bureau régional
pour couvrir plusieurs bureaux de renseignements agricoles.
Par exemple, l'horticulture dans la Beauce n'est pas un secteur qui
demande autant de temps du conseiller horticole que dans d'autres
régions où l'horticulture est plus poussée. On ne pourra
pas avoir de conseiller horticole dans chacun des bureaux de renseignements
agricoles. Là, il y aura un conseiller horticole plus itinérant.
(11 heures)
Le Président (M. Mathieu): Vous me confirmez que le bureau
régional de Saint-Joseph sera complètement fermé à
plus ou moins brève échéance.
M. Garon: Là, on tombe dans les mots...
Le Président (M. Mathieu): Oui, dans des mots.
M. Garon: Si on parle en termes... Si, par exemple, un bureau
dans la région de Saint-Joseph de Beauce ou ailleurs est un bureau de
renseignements agricoles important, il est aussi important qu'un bureau
régional. Sauf, qu'il ne fera pas les mêmes fonctions, il donnera
des renseignements aux agriculteurs.
Le Président (M. Mathieu): Je ne veux pas prolonger le
débat. C'est seulement que j'ai eu beaucoup d'inquiétudes
manifestées de la part des ruraux, des cultivateurs, principalement de
la relève. Il n'y aura pas un spécialiste de la relève
dans chaque bureau local; donc, celui qui était à Saint-Joseph
déménagera à Lévis ou à Québec. Il y
a des services comme ceux-là dont les gens seront privés.
Je ne veux pas prolonger le débat. Je donne la parole à M.
le député...
M. Garon: Ce n'est pas cela, il ne faut pas raisonner de cette
façon. En faisant ces regroupements, on pourra donner plus de services.
On ne peut pas multiplier. On a douze régions théoriques sur
carte, sur papier, cela aurait pu être onze, quinze. On ne peut dire
qu'à un moment donné on mettra tant de services dans une
région,
dans une même place alors qu'il n'y a pas les mêmes besoins.
On veut tenir compte des besoins au niveau local pour couvrir ces nouveaux
besoins locaux et avoir, au bureau régional, des services pour couvrir
l'ensemble des besoins qui ne sont pas couverts par les besoins locaux.
Comme l'agriculture s'est beaucoup plus diversifiée au cours des
dernières années, on est assuré de meilleurs services au
niveau local avec quelques spécialistes au bureau régional dans
des domaines où il y a peu de gens qui sont touchés.
Le Président (M. Mathieu): Nous allons donc suivre vos
activités.
M. Garon: Cela se fera d'une façon... Vous ne vous en
apercevrez pas.
M. Dupré: C'est justement la question.
Le Président (M. Mathieu): Je donne la parole au
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je ne veux pas adresser
de reproches aux fonctionnaires en posant la question au ministre, mais est-ce
que le ministre peut m'assurer que les demandes de prêts qui sont faites
à certains fonctionnaires seront plus rapides? Est-ce que les
cultivateurs auront une réponse plus rapide, étant donné
que vous allez faire des regroupements comme ceux dont vous parlez?
M. Garon: II y a une chose que j'ai oublié de dire et vous
me permettez de le faire par votre question. On veut aussi faire ce
regroupement avec le crédit agricole, les assurances agricoles, pour ne
pas avoir le ministère, les crédits, les assurances, dans des
bureaux différents. Actuellement, l'accord de principe est fait dans
différentes institutions et cela veut dire qu'au fond il y aura un genre
de guichet unique dans le monde agro-alimentaire.
On aura donc des bureaux plus forts avec plus de services. Quand un
cultivateur ira là, il pourra régler tous ses problèmes.
C'est ce qu'on veut faire.
Le Président (M. Mathieu): Seulement une dernière
précision. Le bureau régional concernant la région de la
Beauce, où se retrouvera-t-il?
M. Garon: Le regroupement des bureaux dans la région du
Québec et dans la région de la Beauce n'est pas encore fait.
Le Président (M. Mathieu): D'accord. M. le
député de Berthier.
M. Houde: Est-il vrai que vous avez déjà
commencé à faire des tournées dans les régions du
Québec pour visiter des agriculteurs?
M. Garon: Je l'ai toujours fait.
M. Houde: Non, mais n'êtes-vous pas retourné, il n'y
a pas longtemps, pour visiter toutes les régions, comme le
Lac-Saint-Jean que vous avez visité, il n'y a pas longtemps? Voulez-vous
faire ces visites dans d'autres régions du Québec ou seulement
dans les régions du Lac-Saint-Jean?
M. Garon: Non. J'ai été dans différents
endroits, soit à Rimouski, à Drummondville, plus récemment
dans l'Outaouais, dans l'Abitibi. Je dois vous dire une chose. On fait
constamment des tournées pour rencontrer des agriculteurs afin de
pouvoir vérifier avec eux ce qui va bien ou moins bien, les choses qu'on
peut ajuster. C'est le phénomène de l'action, réaction,
rétroaction. Afin de savoir ce qui se passe exactement, je peux vous
dire que j'ai l'intention de prendre connaissance des documents que j'ai sur
mon bureau. Ensuite, dès le mois de juin, je serai en tournée
permanente jusqu'aux prochaines élections.
M. Houde: M. le ministre, est-il exact que, dans la
tournée que vous avez faite au Lac-Saint-Jean et dans d'autres
tournées semblables que vous allez faire dans d'autres régions,
lès personnes qui vont vous rencontrer devront être
appelées pour pouvoir vous rencontrer? Est-ce que c'est exact que ce
n'est pas n'importe quel agriculteur qui peut aller vous voir?
M. Garon: Cela dépend des réunions. M. Houde:
Cela dépend des réunions? M. Garon: Oui, oui.
M. Houde: II y a des demandes dans ma région de
Lanaudière. Les gens voudraient bien savoir quand vous allez venir pour
qu'ils puissent vous rencontrer. J'espère qu'ils seront avertis par
téléphone, parce qu'ils voudraient vous rencontrer. Ils auraient
des questions à vous poser. Est-ce qu'il y aurait possibilité que
ce soit public lorsque vous irez dans la région de
Lanaudière?
M. Garon: Cela dépend des réunions. M. Houde:
Ah!
M. Garon: II y a des réunions où on veut avoir...
On a fait des réunions, par exemple, sur le crédit agricole, cet
automne et au début de l'année 1984. C'étaient des
réunions de consultation où on voulait avoir une bonne
discussion, mais ce n'était pas des assemblées publiques. Je
n'étais pas là pour
faire des discours; j'étais là pour écouter ce que
les gens avaient à dire, les questions qu'ils avaient à poser.
Tous les principaux dirigeants du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et des organismes étaient
là. On était là pour susciter la discussion et pour poser
des questions aux gens. À ce moment-là, faire cela dans une salle
qui contient de 500 à 1000 personnes, cela se fait mal, cela ne marche
pas. On essayait donc d'avoir une réunion d'une centaine de personnes.
On essayait de restreindre l'assistance à un nombre où on peut
avoir une discussion intéressante. On a demandé à nos
bureaux de nous fournir une liste...
M. Houde: C'est cela.
M. Garon: ...de personnes diversifiées dans l'agriculture
pour qu'on puisse avoir un éventail vraiment représentatif des
clients du crédit agricole. Ce sont nos bureaux régionaux, nos
bureaux locaux qui nous ont fourni une liste de noms pour participer à
la discussion. Il aurait pu y avoir d'autres noms, mais on voulait avoir des
gens des secteurs du lait, du porc, des éleveurs de volailles, des
producteurs maraîchers, des gens plus jeunes, d'âge moyen, plus
âgés, vraiment représentatifs du milieu pour pouvoir
discuter sur...
M. Houde: Les femmes aussi?
M. Garon: ...comment ils voyaient... Des femmes autant que des
hommes.
M. Houde: D'accord.
M. Garon: Je peux vous dire que les femmes...
M. Houde: L'Association des femmes de la région de
Lanaudière aimerait bien le savoir parce que ses membres auraient des
questions à poser. C'est pour cela que je voulais savoir quand vous
viendrez dans la région. Moi, je n'irai pas. Ne soyez pas inquiet, je
n'irai pas.
M. Garon: Les femmes se rendent compte maintenant qu'elles ont
leur place au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation ce qui n'était pas le cas auparavant.
M. Houde: Ou du moins, elles voudraient l'avoir.
M. Garon: Auparavant, aucune femme n'occupait une fonction de
direction. Aujourd'hui, il y a plusieurs femmes qui occupent des fonctions de
direction...
M. Houde: Une question seulement et cela va être fini.
M. Garon: Maintenant, dans mon cabinet, il y a deux femmes, pour
que les femmes soient plus à l'aise aussi si elles veulent faire...
M. Houde: Moi, je...
M. Garon: ...faire des rencontres...
M. Houde: ...j'ai à coeur...
M. Garon: C'est possible aussi...
M. Houde: C'est cela.
M. Garon: ...qu'une troisième femme soit rajoutée
prochainement. Alors, j'ai un cabinet mixte qui va être...
M. Houde: M. le ministre.
M. Garon: Aujourd'hui, il faut dire que, dans le secteur
agricole, dans les instituts de technologie agricole, dans les cégeps,
à la faculté de l'agriculture à l'Université Laval,
il y autant de femmes que d'hommes. Autrefois, dans toutes les fonctions, on
considérait la force physique. Aujourd'hui, pour une grande partie,
c'est la machine qui fait l'ouvrage et surtout dans certains types de
production: les maternités porcines, l'horticulture, ce sont des
domaines où on voit de plus en plus de femmes diriger des
entreprises.
M. Houde: M. le ministre, étant donné qu'on n'a pas
le temps de toucher à d'autres programmes...
M. Garon: Moi, j'ai le temps.
M. Houde: On peut toujours avoir le temps, jusqu'à demain
matin, si vous voulez.
M. Garon: Vous faites votre choix. Vous avez choisi de parler de
ceci ou de cela.
M. Houde: Non, mais il faut laisser...
M. Garon: Après cela, vous dites que je passe trop de
temps dans le secteur du poisson, mais, si vous restreignez le temps de la
commission en ce qui concerne l'agriculture, c'est votre choix.
M. Houde: C'est parce que...
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre!
M. Garon: Moi, je suis là tant d'heures sur les sujets que
vous voulez.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Bon. M. le ministre, est-ce que vous pourriez me dire
si M. Laurier Tardif travaille encore à la protection du territoire
agricole. Si oui, pourquoi ne signe-t-il plus de rapports?
M. Garon: Je ne connais pas de Laurier Tardif au
ministère.
M. Houde: Vous ne le connaissez pas? Une voix:
Lauréat.
M. Houde: Excusez-moi, c'est Lauréat Tardif
plutôt.
M. Garon: Lauréat? Je ne connais pas de Lauréat
Tardif au ministère.
M. Houde: À la protection du territoire agricole.
M. Garon: Je ne connais pas de Lauréat Tardif.
Une voix: Laurien.
M. Houde: Laurien, si vous aimez mieux. Vous jouez sur les mots.
L-a-u-r-i-e-n T-a-r-d-i-f. Connaissez-vous cela?
M. Garon: R-i-e-n, il n'y en a pas non plus.
M. Houde: Non, non, arrêtez de jouer sur les mots.
Arrêtez de niaiser.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Houde: On vous connaît comme cela. Mais
répondez-moi, s'il vous plaît!
M. Garon: Dites-moi de qui vous parlez. Les noms, c'est quand
même important. On ne massacre pas le nom d'un homme. Dites-moi son nom.
Je veux le savoir. Si vous me dites n'importe quel nom, je ne peux pas savoir
de qui il s'agit.
Une voix: Le commissaire Tardif.
M. Houde: Le commissaire Tardif, M. le ministre. Il n'y en a pas
50 Tardif. Le commissaire Tardif à la protection du territoire agricole,
travaille-t-il encore là?
M. Garon: II est encore commissaire à la Commission de
protection du territoire agricole.
M. Houde: Oui? M. Garon: Oui.
M. Houde: Signe-t-il encore des rapports, oui ou non, des
décisions lorsqu'elles sont rendues?
M. Garon: C'est le président de la commission qui est en
charge des rôles. C'est lui qui décide de ses affectations.
M. Houde: Est-ce qu'il en signe encore? Il en signait avant et il
n'en signe plus depuis un certain temps. Qu'est-ce qui s'est passé? Vous
ne le savez pas.
M. Dupré: II vous donne la réponse, il n'en signe
plus.
M. Houde: C'est cela. Je veux savoir pourquoi il n'en signe plus.
Il ne semble pas le savoir, je vais essayer de lui dire. La raison, je ne la
connais pas, mais j'aimerais connaître la raison. Vous ne le savez pas?
M. le Président, d'acccord. C'est la meilleure façon de ne pas
répondre.
Le Président (M. Mathieu): C'est bien, merci, M. le
député.
M. le député de Maskinongé m'a demandé la
parole pour conclure le programme.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je pense que je ne
peux pas laisser passer le dernier commentaire du ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation qui nous a mentionné
tantôt qu'on pouvait lui poser des questions indéfiniment et qu'il
n'y avait pas de problèmes. D'abord, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation sait très bien qu'on a un temps
limité. Je pense que cela a été établi de
consentement avec les nouvelles règles de l'Assemblée nationale,
avec le nouveau règlement. Le ministre sait très bien aussi que,
dans son budget, on n'a pas tellement le choix. Il y a un programme qui
s'appelle les pêches sur lesquelles il y a des discussions
présentement et on a, de consentement, établi que ce programme
devait être étudié des deux côtés de la
Chambre.
Je pense que le ministre va un peu trop loin, M. le Président,
quand il nous mentionne qu'on pourrait lui poser des questions jusqu'à
demain. Hier, on a dépassé de quinze minutes et il était
déjà indisposé parce qu'on dépassait notre temps.
Je pense qu'on ne pourra pas laisser passer cela si facilement. Mais, de toute
façon, inutile d'en faire un plat. Je vous soulignerai, M. le
Président, que nous sommes heureux d'avoir étudié les
crédits de ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation le mieux possible. Le seul problème que j'y vois, c'est
qu'on a réussi à étudier seulement et non pas en
totalité trois programmes du vaste budget de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je vous souligne
immédiatement, M. le Président, que l'Opposition l'an
prochain va exiger un plus grand nombre d'heures et je suis persuadé que
cela va être partagé par tous les membres de cette commission. On
aurait aimé, entre autres, on arrivait dans les assurances agricoles, il
y avait beaucoup de questions du député de Champlain, du
député de Maskinongé. On aurait aimé poser des
questions à M. Brulotte et aux gens qui l'accompagnent. On aurait
aimé aussi poser des questions sur une foule d'autres choses.
Malheureusement, on ne pourra pas le faire. On aura l'occasion
évidemment en Chambre ou ailleurs de poser des questions sur ces sujets.
Mais, d'ores et déjà, je vous dis que l'an prochain on va
sûrement faire une demande, nous, de l'Opposition, pour qu'au lieu de
quatorze heures et demie accordées à la fois au ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, il y ait au moins
20 heures de consacrées pour tâcher d'être capable
d'analyser plus en profondeur un plus grand nombre de programmes, 20 heures
à la disposition de la commission lors de l'étude de ces
crédits.
Je remercie évidemment les fonctionnaires du côté du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui
y ont assisté. Je remercie même ceux qui se sont
déplacés et qui n'ont pas eu à apporter une participation
à cause peut-être de la lenteur de nos travaux ou parce qu'on ne
s'est pas rendu à ces programmes. Ce n'est que partie remise, on aura
l'occasion de vous poser des questions à nouveau. Merci quand
même. Je suis certain que vous auriez pu nous apporter des
éclairages additionnels.
M. le Président, c'est avec beaucoup de réticence que je
me verrai obligé de vous dire que des programmes sont adoptés
parce que je ne voudrais pas causer de problème dans le fonctionnement
de l'adoption des crédits. Mais, par force majeure, on est tenu
d'adopter des crédits qu'on n'a pas scrutés. Exemple: les
programmes 4, 5, 6, 7, 8 et 9. On va adopter cela pour le bon fonctionnement.
De toute façon, même si on les adopte sur division, cela pourrait
fonctionner quand même. J'estime qu'on aurait pu avoir plus de temps.
C'est la demande que nous ferons l'an prochain.
Merci, merci à tous.
Le Président (M. Mathieu): Si vous voulez, M. le ministre,
je vais donner la parole au député de Saint-Hyacinte;
après, vous pourrez conclure. Peut-être qu'il y aura de nouveaux
éléments.
M. le député de Saint-Hyacinthe et vice-président
de la commission.
M. Dupré: M. le Président, c'est tout simplement
pour dire que c'était le souhait que je voulais formuler et pour vous
dire que, dans ce domaine, il n'y a pas de doutes que nous aussi, l'an
prochain, on va appuyer et recommander que nous ayons au moins 20 heures pour
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
On a étudié le tiers des programmes. Je pense que ce n'est pas -
en ce qui me concerne -suffisant. Vous allez avoir entièrement notre
accord pour que cela soit porté à 20 heures, surtout après
notre première expérience comme nouvelle commmission. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre. (11 h 15)
M. Garon: M. le Président, vous savez que, dans la
nouvelle réglementation, c'est la commission parlementaire qui
détermine ce qu'elle veut étudier. Je ne partage pas l'opinion du
député de Maskinongé. Je pense que, selon le temps qu'elle
consacre à un sujet ou à un autre, la commission indique son
intérêt. On aura beau faire les discours que l'on voudra sur les
tribunes électorales, je constate que l'Opposition en particulier ne
nous a pas interrogés sur les assurances agricoles. Je suis fort aise de
le constater.
M. Picotte: M. le Président, point de
règlement.
Le Président (M. Mathieu): Un rappel au règlement
de la part du député de Maskinongé.
M. Picotte: Je ne peux pas permettre au ministre de parler de
cette façon. On ne s'est même pas rendu à cet
élément, parce que le ministre a jasé de fumier durant
plus d'une heure et parce que le ministre a décidé d'utiliser
tout son temps. Je ne lui reproche pas cela, le règlement le lui permet.
Je ne reproche rien au règlement. Pour autant qu'on s'y soumet, je n'ai
pas de reproche à faire.
Je ne reprocherai pas au ministre d'avoir parler 20 minutes sur le
règlement quand le règlement lui permet de le faire. Il a bien
fait, il l'a fait et ce n'est pas un reproche que je lui fais, mais qu'on ne
vienne pas dire que l'Opposition n'a pas posé de questions sur les
assurances agricoles quand ce programme n'a même pas été
appelé. Il y a toujours bien une limite. Il faut toujpurs bien
être dégrossi un peu, M. le ministre, et comprendre le
règlement.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: Je fais appel à la présidence. Quand j'ai
la parole, il n'y a pas de point de règlement là-dedans, M. le
Président. Je pense que, quand vous me donnez la parole, je ne voudrais
pas être un yo-yo,
on l'a fait hier, je l'ai toléré...
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: ...mais je vais vous dire une chose, M. le
Président. Je pense que, quand vous donnez la parole à quelqu'un,
vous devez lui laisser le temps de finir son intervention. Si cela fatigue
quelqu'un ce que je dis, parce que je pense que c'est la vérité,
que la personne l'endure tout simplement et elle parlera à son tour. Je
pense que c'est comme "cela qu'on doit fonctionner.
Le Président (M. Mathieu): Je dois vous dire, avant que
vous n'alliez plus loin, M. le ministre, que, lorsqu'il y a un rappel au
règlement, le président n'a pas d'autre choix...
M. Garon: Mais il faut dire en vertu de quoi.
Le Président (M. Mathieu): ...que d'écouter le
rappel au règlement.
Une voix: En vertu du règlement.
M. Garon: Mais ce n'est pas une question d'opinion et de couper
la parole aux autres, il s'agit tout simplement de savoir sur quel sujet on
fait appel au règlement. Autrement, si c'est comme cela que cela se
passe, on va vous dire bonjour et on s'entendra quand on pourra s'entendre sur
des règles de procédure normale, M. le Président.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, je ne pense pas
que vous ayez été lésé de la manière dont
j'ai appliqué le règlement, parce que souvent vous étiez
non pertinent vous-même et je vous ai laissé poursuivre. Alors,
j'ai accordé à peu près la même tolérance des
deux côtés. Je pense que tout le monde va le
reconnaître.
M. Garon: Ce n'est pas une question de pertinence, c'est une
question que vous m'avez donné la parole, qu'il n'y a pas de point de
règlement et que vous me l'enlevez.
Le Président (M. Mathieu): Eh bien, écoutez! II a
fait un rappel au règlement, il faut toujours bien que j'entende ce
qu'il avait à dire. Je ne devine pas, je n'ai pas la science infuse pour
deviner ce que...
M. Garon: Quand on fait un appel au règlement, on est
supposé dire en vertu de quoi.
Le Président (M. Mathieu): Le faites-vous toujours en
Chambre, M. le ministre?
Une voix: À l'ordre, s'il vous plaît! C'est moi qui
vais présider.
M. Gagnon: M. le Président, sur la même question de
règlement...
Le Président (M. Mathieu): Oui, M. le député
de Champlain.
M. Gagnon: ...je pense que le ministre a raison quand il dit
qu'il ne faut pas se servir d'un appel au règlement à tout moment
tout simplement pour enlever la parole à celui qui l'a et aussi pour
émettre des opinions personnelles. Alors, c'est un fait qu'on peut faire
un appel au règlement pour rappeler la pertinence du débat,
excepté quand c'est pour l'expression d'opinion ou pour empêcher
tout simplement quelqu'un d'exprimer son opinion; on ne doit pas le faire.
Mais, je comprends que ce n'est pas facile pour le président de saisir
d'avance quel sera l'appel au règlement.
Le Président (M. Mathieu): Je voudrais dire au ministre
que la commission parlementaire n'est pas sa chose. Je vous demande de
conclure.
M. Garon: M. le Président, je vous demande tout simplement
que, lorsque vous me donnez la parole, de me laisser dire ce que j'ai à
dire, même si c'est désagréable pour les gens du Parti
libéral. Je lis simplement, M. le Président...
Le Président (M. Mathieu): Je ne peux pas laisser passer
cela parce que, quand vous avez eu la parole, vous avez eu le temps de dire ce
que vous aviez à dire. Quand il y a des rappels au règlement, je
suis obligé de les entendre. Je vous donne la parole.
M. Garon: Bon! Je vous remercie de me la donner, mais ne me
l'enlevez pas tout de suite après me l'avoir donnée, parce que
qui donne, a donné et retient en même temps ne vaut pas en
droit.
M. le Président, c'est un vieux principe de droit. Comme notaire
de formation juridique, vous savez qu'on ne peut pas donner et retenir en
même temps.
M. le Président, je dirais ceci: la commission est
maîtresse de ses travaux. Il y a tant d'heures. Je pense qu'on analyse
l'intérêt de la commission en fonction des travaux qu'elle porte
et du temps qu'elle porte sur tel et tel sujet. Je suis ici à la
disposition de la commission pour répondre à ces questions
pendant tant d'heures. Si l'Opposition en particulier choisit de poser des
questions sur tel ou tel sujet, vous ne pouvez pas, comme ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, me blâmer, comme
l'a fait le député de Maskinongé, de porter tout le temps
qu'il
faut sur les fumiers, parce que, dans le domaine agricole, les fumiers
sont une question très importante. C'est peut-être une des
questions les plus importantes de l'heure, actuellement. Si, en parlant des
fumiers, j'ai donné toute l'attention qu'il faut, c'est parce que c'est
une question qui me préoccupe. J'aimerais qu'elle préoccupe aussi
les membres de la commission parce que les fumiers pour ceux... Je vais
demander au député d'Arthabaska qui est lui-même
agriculteur à quel point la question des fumiers est centrale dans toute
la question agricole actuellement.
On m'a dit aussi que, dans la Mauricie, on se posait des questions
concernant les assurances agricoles. Je constate avec une certaine satisfaction
qu'on n'a pas posé de questions sur les assurances agricoles et je pense
que c'est quand même révélateur du fait qu'on estime que
les gens de la Régie des assurances agricoles font un bon travail. Au
point de vue du temps, si on veut mettre tant d'heures sur les pêches ou
sur l'agriculture, c'est encore la commission qui décide et non le
ministre. Je veux dire qu'à ce moment ce choix est fait par la
commission.
Je dis tout simplement qu'on ne peut pas dire à ce moment que le
ministre a un rôle à jouer là-dedans. Il est un peu
prisonnier du choix qu'ont fait les gens de la commission. À ce moment,
si on passe tant d'heures sur tel ou tel sujet, cela veut dire que
l'intérêt de la commission porte sur ces sujets et que ce n'est
pas révélateur de l'intérêt du ministre. Il peut
simplement, par ses réponses, par le temps qu'il leur accorde, par le
souci de répondre précisément aux questions, indiquer
l'importance que lui aussi accorde aux questions par les réponses qu'il
donne et non pas par le temps que la commission y consacre.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, je pense que, tel qu'on
s'était entendu, cela fait déjà une demi-heure qu'on
devrait avoir commencé à discuter des pêches. C'est cela
l'entente qu'on avait. Je vous demanderais d'appeler le programme... Je ne sais
pas lequel.
Une voix: Programme 10.
M. Gagnon: Programme 10? ...le programme 10, de façon
qu'on puisse étudier le plus possible le domaine des pêches. C'est
le choix qu'on avait fait au début de la commission.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Une courte remarque, M. le Président. Je
soulignerai au ministre qu'il aurait avantage à aller voir exactement ce
qu'est la réforme parlementaire et que traiter cavalièrement la
commission et la présidence comme il l'a fait tantôt prouve tout
simplement une chose: c'est que le ministre est mal dégrossi, M. le
Président.
Le Président (M. Mathieu): Programme 3? Est-ce que le
programme 3 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): J'appelle le programme 4.
Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): J'appelle le programme 5.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): Adopté. J'appelle le
programme 6. Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): J'appelle le programme 7.
Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): J'appelle le programme 8.
Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): J'appelle le programme 9.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 10. Est-ce qu'on peut commencer l'étude du
programme 10? Il est environ 11 h 25. Je crois que nous devons suspendre
à 12 h 30 pour reprendre après la période des questions
jusqu'à 18 heures.
M. Lincoln: C'est le bureau du leader de l'Opposition qui m'a
informé que c'était de 11 heures à 13 heures,
c'est-à-dire qu'on aurait en tout cinq heures et ensuite on aurait la
période des questions à 18 heures. Donc, si l'on termine à
12 h 30, il me semble que cela ne nous donne pas beaucoup de temps. On a
à peine une heure maintenant et ensuite ce sera la période des
questions. Ce sera à peine trois heures.
M. Houde: M. le Président, le ministre a dit qu'il avait
du temps en quantité. Donc, il n'y pas de problème jusqu'à
13 heures.
Le Président (M. Mathieu): Quoi qu'il en soit, on va
attaquer immédiatement pour ne pas perdre de temps. Je compte sur la
collaboration des membres et également sur une courtoisie
élémentaire qui doit, je pense, régner entre nous. Je ne
crois pas avoir lésé personne dans son droit. J'ai
peut-être été un peu trop tolérant, mais je pense
qu'il n'y personne, d'un côté comme de l'autre, qui puisse dire
que j'ai été plus tolérant envers l'un que l'autre.
Est-ce que le ministre aurait une déclaration à faire en
ouvrant le programme 10?
Développement des pêches
maritimes
M. Garon: M. le Président, je vous ferai remarquer que
vous qui avez étudié saint Thomas d'Aquin, vous savez qu'il
était un gros homme et qu'il avait l'habitude de dire que l'important
n'était pas l'épaisseur de l'homme, mais la minceur ou
l'épaisseur de son cerveau. Il y a des gens qui sont moins gros
physiquement, mais qui sont plus épais dans le cerveau.
M. Houde: Cela commence bien.
Remarques préliminaires
M. Jean Garon
M. Garon: Je ne parle pas de vous. Les philosophes savent que
saint Thomas d'Aquin avait souvent l'habitude de faire des boutades à ce
sujet.
M. le Président, le budget consacré au secteur des
pêches maritimes pour l'année 1984-1985 est de 41 688 600 $. C'est
le plus important budget des pêches maritimes du Québec. Il
constitue une augmentation de 11 500 000 $ par rapport à celui de l'an
dernier qui avait lui-même été augmenté de 25% par
rapport à celui de l'année précédente. Il n'est pas
dénué d'intérêt de rappeler que, en 1976, les
crédits affectés au ministère des Pêches
étaient de 14 600 000 $ avec beaucoup de crédits
périmés. Ces quelques chiffres illustrent plus que n'importe quel
autre fait ou n'importe quel discours l'importance que le gouvernement du
Québec attache au secteur des pêches maritimes et l'effort qu'il y
consacre. C'est Jean Cocteau, je pense, qui disait: II n'y a pas d'amour, il
n'y a que des preuves d'amour. De la même façon, on a beau
parlementé avec attendrissement sur les pêches, les
pêcheurs, le développement régional, la relance
économique en milieu maritime, si l'on n'y affecte pas les ressources
financières au moment voulu, on ne respecte pas le monde des
pêches maritimes.
Nous avons élaboré minutieusement une stratégie de
développement du secteur des pêches maritimes et nous sommes en
train de l'appliquer de concert avec les pêcheurs, des industriels de la
pêche et des investisseurs de la région. Dans la mesure où
ces partenaires privés répondent à cet appel de la
modernisation du secteur des pêches, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est là avec les
politiques, le personnel et les budgets nécessaires.
L'effort budgétaire sans précédent que nous
déployons à l'égard des pêches est principalement
axé sur la modernisation du secteur des pêches maritimes. Nous
voulons mettre en place des instruments de production et des infrastructures
modernes, efficaces et durables qui vont donner une assise stable et dynamique
à l'industrie québécoise des pêches. C'est pourquoi
nous allons poursuivre en 1984 et 1985 nos efforts de modernisation de la
flotte de pêche, nous allons parachever des parcs d'hivernement des
bateaux de pêche et surtout consacrer 16 400 000 $ à la
modernisation et à la normalisation des usines de transformation des
produits marins.
L'objectif ultime de cette action est de rendre la pêche plus
productive et nettement plus concurrentielle que celle de nos concurrents afin
que nous puissions développer une production de très haute
qualité qui sera expédiée sur les marchés les plus
lucratifs. Nous avons toujours visé l'excellence. Les pêcheurs et
les industriels de pêche acceptent maintenant de relever ce défi
sachant qu'ils peuvent compter sur le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec pour les aider à
financer les bateaux de pêche, les usines nécessaires pour faire
une production de qualité. Les crédits que nous étudions
aujourd'hui les rassureront parfaitement à cet égard. (11 h
30)
L'année 1983. L'année 1983 a été
particulièrement turbulente pour le secteur des pêches maritimes,
et le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation fut particulièrement actif. D'abord, au plan
budgétaire, le ministère a dépensé 99% des
crédits qui lui furent alloués pour le secteur des pêches
en 1983-1984. L'Opposition qui, l'an dernier, avait fait des gorges chaudes
lors de l'étude des crédits en soutenant que le ministère
périmerait encore cette année le quart de son budget des
pêches, a illustré une fois de plus sa remarquable clairvoyance.
J'espère que, tout en ravalant leur gomme, les membres de l'Opposition
réserveront un accueil moins méprisant aux crédits que
nous avons apportés cette année au secteur des pêches.
Au plan politique, l'année 1983 fut celle de l'arrogance et de
l'improvisation fédérale. En juillet, le ministre des
Pêches et des Océans a décidé de mettre fin
à
l'entente de 1922 par laquelle le gouvernement du Québec
administrait les pêches maritimes sur son territoire. M. De Bané a
voulu priver le Québec des outils de gestion par lesquels le
gouvernement du Québec développe son industrie des pêches.
Comme d'habitude, ce fut un grand coup d'épée dans l'eau
salée parce que le gouvernement du Québec, au lieu de
démissionner, a plutôt décider d'exercer ses
compétences constitutionnelles, de poursuivre ses activités de
recherche scientifique, d'intensifier ses efforts de modernisation dans le
secteur des pêches et d'accroître son budget de 38% malgré
l'opposition du Parti libéral à ces prises de position
constitutionnelles. 1983 fut aussi l'année de l'improvisation du
ministre des Pêches et des Océans dans le secteur de la
transformation des produits de la pêche au Québec. Voulant
à tout prix ménager les pertes financières des financiers
de la Fédération coopérative des pêcheurs unis du
Québec, le ministre fédéral a soutenu cette
fédération en désespoir de cause et contre la
volonté même des pêcheurs membres de Pêcheurs unis du
Québec. En janvier, les Pêcheurs unis ont déclaré
faillite et le ministre fédéral des Pêches et des
Océans a poursuivi sa fuite en avant en achetant pour plus de 15 000 000
$ des actifs qui ne valaient à peine que 5 000 000 $. Aujourd'hui,
toujours à grands frais, il essaie de rouvrir certaines usines laissant
tout de même à leur compte leurs partenaires des
Îles-de-la-Madeleine, de Saint-Maurice et possiblement de Cloridorme
à qui le ministre fédéral avait promis la
prospérité.
D'ailleurs, ce n'est pas tout le monde qui a cru au mirage qu'a fait
miroiter le ministre fédéral des Pêches et des
Océans. À Rivière-au-Tonnerre, les pêcheurs se sont
sortis de cette aventure fédérale et ont décidé de
constituer leur propre coopérative avec le support financier du
gouvernement du Québec. À Newport, environ 65 pêcheurs et
aides-pêcheurs ont formé une compagnie qui construira au cours de
l'été 1984 une usine ultramoderne de transformation du poisson.
Je ne veux pas préciser les chiffres actuellement parce que je ne suis
pas encore allé en appel d'offres sur les plans, mais l'usine devrait
coûter plus de 10 000 000 $. Avec tous les millions qu'il a
flambés, le ministre fédéral des Pêches et des
Océans n'exploitera que trois usines de transformation en 1984, et
encore avec des retards considérables dans certains cas.
Un développement industriel ne s'improvise pas, en particulier
dans un secteur aussi spécifique et aussi difficile que celui des
pêches maritimes. On n'achète pas une usine en Gaspésie
parce que la firme Price Waterhouse de Toronto a calculé, à
partir d'hypothétiques considérations, que ce ne serait pas une
mauvaise affaire. A beau mentir qui vient de loin.
Crédits 1984 par direction. Analysons maintenant les
crédits budgétaires affectés aux diverses directions du
sous-ministériat des pêches maritimes. La Direction de la
recherche scientifique et technique verra ses crédits passer de 2 712
000 $ à 3 112 000 $. Cette augmentation est attribuable aux ajustements
salariaux des conventions collectives et à l'augmentation des
subventions de recherche. En rapatriant les pouvoirs qui furent
délégués au Québec en 1922, le gouvernement
fédéral espérait que le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation abandonnerait ses activités de
recherche scientifique. Nous avons même reçu des offres d'achat
des équipements de laboratoire. C'eût été une grave
erreur que de confier au ministre des Pêches et des Océans toutes
les responsabilités de la recherche en pêcherie. Nous avons
décidé de maintenir les équipes scientifiques à
l'emploi du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation parce qu'aucun développement ne peut être
engagé sérieusement sans un soutien de recherche. Certes, les
mandats de la Direction de la recherche scientifique et technique ont
été révisés pour tenir compte du rapatriement
fédéral.
À ma connaissance, les stocks de poisson, de mollusques et de
crustacés, la protection du milieu marin, la sélection des engins
de pêche, l'amélioration de la qualité des produits sont
des sujets qui conservent toute leur importance et nous allons continuer de
nous en occuper. La Direction de la protection, qui devait disparaître
selon les visées fédérales, sera maintenue bien que les
crédits dont elle dispose soient réduits de 740 000 $. Cette
diminution résulte de la réduction de 15 postes à cette
direction à la suite de l'abolition du mandat qui fut confié au
gouvernement du Québec en 1922. Cependant, pour appliquer les
compétences constitutionnelles du Québec sur le fond marin et la
protection des espèces anadromes et catadromes, le ministère
maintiendra un service de protection et lui donnera les moyens de faire
respecter ces prérogatives. Évidemment, s'il fallait que le
projet de loi 48 ne soit pas adopté, à ce moment-là il
faudrait congédier un grand nombre de personnes qui ne seraient plus
utiles dans la protection, puisque nous n'aurions rien à
protéger. Nous devrions fermer plusieurs bureaux en Gaspésie
principalement, puisque la loi 48 donnera le support à la protection que
nous devrons effectuer sur nos fonds marins. On verra d'ici le mois de juin si
la loi 48 est adoptée. Si elle n'est pas adoptée, plusieurs
personnes devront être congédiées.
À ceux qui s'inquiètent du fait que les systèmes de
protection surveilleront les
activités des pêcheurs, je tiens à vous signaler que
les pêcheurs consciencieux sont davantage préoccupés par
l'absence d'agents de pêcherie fédéraux pour appliquer les
morceaux de juridiction qu'ils ont arrachés au gouvernement du
Québec l'été dernier. Du ministère
fédéral des Pêches et des Océans, maintenant le seul
organisme habilité à faire inspecter tous les règlements
de pêche à l'exception de l'anguille et du saumon, M. De
Bané a, en effet, décidé qu'il pouvait, du jour au
lendemain, assumer à pied levé les responsabilités qui
étaient exercées par le gouvernement du Québec depuis 60
ans. Le résultat, c'est qu'à trois semaines de l'ouverture de la
pêche au homard, le ministère fédéral ne dispose pas
d'un seul bateau patrouilleur pour surveiller tout le territoire côtier
du Québec. Bonne nouvelle pour les braconniers!
La Direction des services administratifs, pour sa part, dispose de
crédits comparables à ceux de l'an dernier, compte tenu des
ajustements mécaniques consécutifs à l'application des
conventions collectives.
Quant à la Direction des services aux usagers qui administre des
programmes d'aide financière destinés aux pêcheurs, elle
dispose d'une enveloppe budgétaire de 7 700 000 $ comparativement
à 8 500 000 $ l'an dernier. La diminution est consécutive
à la vente des entrepôts frigorifiques aux associations de
pêcheurs et aux industriels de la pêche. Ces entrepôts
étaient exploités antérieurement par le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec.
Il y a lieu de souligner et que les budgets de transfert
administrés par la Direction des services aux usagers sont exactement du
même ordre cette année, soit 7 200 000 $. En 1983-1984, c'est la
construction de bateaux de pêche de plus de 35 pieds de longueur qui a
pris la part la plus importante du budget. 23 pêcheurs ont
bénéficié de subventions de 35% du coût de
construction d'un bateau de pêche, soit plus de 3 000 000 $. Des
prêts pour une valeur de 11 700 000 $ ont également
été consentis aux pêcheurs pour l'achat, la construction ou
la réparation des bateaux de pêche. Ces prêts portent
présentement un intérêt de 4% pour la première
tranche de 100 000 $ et de 6,1% pour l'excédent.
En 1984-1985, la construction de bateaux de pêche devrait
s'accélérer puisque nous avons apporté récemment
des modifications au programme d'aide financière de manière
à octroyer 15% de subventions additionnelles aux pêcheurs de
poissons de fond qui se font construire un bateau de pêche et 5% de
subventions additionnelles aux pêcheurs de crevettes qui se font
construire un nouveau bateau. Nous avons augmenté les mesures
incitatives afin de tenir compte du plafonnement actuel des prix des produits
de poisson de fond et de la crevette sur les marchés.
En 1984-1985, nous terminerons évidemment ces subventions seront
disponibles essentiellement pour l'industrie privée et les
coopératives - les travaux entrepris dans le cadre de l'entente
auxiliaire Canada-Québec sur les infrastructures industrielles. L'an
dernier, nous avons utilisé environ 6 500 000 $, principalement dans la
construction de parcs d'hivernement des bateaux de pêche à
Cap-aux-Meules, aux Îles-de-la-Madeleine, à Newport en
Gaspésie et à Blanc-Sablon sur la Côte-Nord. Nous avons
été en mesure de terminer la construction du parc d'hivernement
de Cap-aux-Meules - il ne reste actuellement que quelques petites retouches sur
le parc qui est, à toutes fins pratiques, terminé - de
compléter, à 75%, celui de Newport et, à 40%, celui de
Blanc-Sablon.
En 1984-1985, nous allons parachever les deux derniers parcs et
construire un parc d'hivernement plus modeste à
Rivière-au-Tonnerre. Des crédits de 3 500 000 $ sont
réservés à ces fins.
Il est bon de souligner qu'en réalisant ces projets le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
utilisé tous les crédits disponibles de l'entente auxiliaire.
C'est la première fois, me dit-on, dans toute l'histoire du
Québec dans le secteur des pêches, qu'une entente
fédérale-provinciale est respectée à ce point.
C'est d'autant plus digne de mention que nous avons construit, par
l'intermédiaire de cette entente, des infrastructures modernes et
durables qui constituent de véritables supports à l'industrie des
pêches. Après cela, ceux qui voudront nous parler
d'efficacité pourront se rhabiller.
Enfin, la note la plus encourageante et la plus spectaculaire des
crédits et des pêches maritimes 1984-1985 est l'affectation de 16
400 000 $ au programme de rationalisation du secteur de transformation des
produits de la pêche. Au cours des prochains douze mois, la très
grande majorité des entreprises de transformation de produits marins
normaliseront et moderniseront leurs installations et
bénéficieront, pour la plupart, de l'aide technique et
financière du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation. Nous avons reçu, au cours des dernières
semaines, environ 70 demandes d'aide financière dans la cadre de ce
programme. Cela représente des investissements de 42 000 000 $ dans le
domaine de la construction. On assiste à une véritable
ébullition qui conduit les entreprises québécoises
à relever le défi de la modernisation, de la qualité et de
l'excellence. Il s'agit là de projets de construction qui se
réaliseront tous d'ici un an. Il y aura un véritable chantier de
construction sur tout le territoire maritime. Il s'agit de la Gaspésie,
de la Côte Nord et
des Îles-de-la-Madeleine.
Il y a aussi eu deux interventions majeures du gouvernement du
Québec dans le secteur des pêches en 1983. Nous avons, en premier
lieu, assumé de façon très responsable la relève
des Pêcheurs unis dans l'entreprise Madelipêche Inc. aux
Îles-de-la-Madeleine en y investissant toutes les sommes d'argent
nécessaires pour qu'elle puisse fonctionner correctement. Aujourd'hui,
cette entreprise est en train de se moderniser, de diversifier sa production,
de prendre la place qu'elle doit avoir dans l'économie des îles et
le secteur des pêches québécoises.
D'autre part, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation a accordé une garantie de prêt au consortium
d'exportation Gaspé-Cured afin de soutenir la première
expérience québécoise de commercialisation ordonnée
des produits marins. Nous avons appuyé pour 4 000 000 $ ce consortium en
1983-84 et nous expédierons dans les prochaines heures une nouvelle
lettre pour 2 000 000 $ pour faire la période de transition avant de
connaître les véritables besoins pour l'année 1984-1985.
Nous allons donc continuer d'appuyer ce consortium en 1984-85.
Nous avons aussi assité en 1983 à la formation de la
Société québécoise des pêches, laquelle
prendra véritablement son essor en 1984-85 en coordonnant dans les
secteurs où elle participera. Cette participation sera le plus souvent
possible minoritaire, et c'est seulement l'exception où il y aura une
participation majoritaire. Nous ferons en sorte que cette participation soit
minoritaire et, quand elle sera majoritaire, nous devrons essayer de nous
associer à des groupes québécois ou des groupes
étrangers qui pourront nous apporter, ajouter quelque chose sur le plan
de la technologie afin qu'on connaisse un développement
accéléré dans le domaine des pêches.
Il faut que tous les efforts que nous déployons pour moderniser
la flotte de pêche et l'usine de transformation soient canalisés
vers la commercialisation des produits marins, sans quoi il n'est pas possible
de rentabiliser les investissements que requiert la modernisation.
C'est pourquoi la réalisation du consortium, du regroupement des
transformateurs de poissons séchés a été tellement
bienvenue et que nous le supportons et continuerons à le supporter. Nous
savons qu'au cours de cette année, il fera une action plus grande au
point de vue du contrôle de la qualité et bonifiera encore sans
doute, les prix obtenus jusqu'à maintenant.
Je ne voudrais pas être plus long, M. le Président. Je vous
ferai cependant remarquer que je n'ai pas écoulé tout mon temps
de parole.
Le Président (M. Mathieu): Merci. Je reconnais M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci. Pour bien me situer, je dois dire que c'est
pour moi un dossier nouveau et que je viens tout juste d'arriver dans le
dossier des pêches. Ma première préoccupation était
d'abord... Je viens d'une région côtière. Cette
région a un secteur des pêches qui est en train de se
développer, particulièrement dans mon comté. Je porte donc
un très grand intérêt à ce dossier.
Ma première préoccupation a été de
rencontrer aussi les gens des autres régions, principalement de la
Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, autres régions qui
vivent de pêches côtières et hauturières. Cependant,
cette tournée a aussi confirmé différents faits
rencontrés dans mon comté depuis mon élection.
D'abord, mes premières observations, lesquelles ont
été d'ordre général, au niveau de tous les
pêcheurs, cela a été la réalisation d'un climat
d'insécurité et d'un climat de confrontation. Je pense que les
pêcheurs québécois ont autre chose à faire que de
s'occuper d'une chicane fédérale-provinciale que le Parti
libéral a dénoncée depuis plusieurs années, sans
approuver d'aucune façon les deux paliers de gouvernement, qui font
prévaloir leur chicane et leur bagarre sur le dos des pêcheurs. De
cette façon, on n'avance en rien la cause des pêcheurs
québécois et l'amélioration de ce secteur. (11 h 45)
Des interrogations aussi venant de la part des pêcheurs concernant
leurs usines nous ont été soumises. Les pêcheurs
s'interrogent. Le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral s'apprêtent à investir dans le domaine des
pêches des sommes assez considérables et ces investissements ne
sont pas faits dans un climat sain; ils sont faits dans un climat de
confrontation et les pêcheurs ont beaucoup d'interrogations
là-dessus, particulièrement lorque le gouvernement du
Québec investit dans des usines et demande une participation des
pêcheurs. Si les pêcheurs sont dans l'incapacité au cours
des années de remplir leurs obligations, que va-t-il se passer? Est-ce
que les pêcheurs vont se retrouver devant une autre association telle que
Pêcheurs unis? Est-ce qu'ils s'en vont ves la faillite? Les
pêcheurs ont beaucoup de craintes concernant ces faux espoirs.
Une interrogation majeure de la part des pêcheurs, c'est d'abord
et avant tout la mainmise de l'État dans le secteur des pêches. Le
ministre se prend souvent pour les pêcheurs. Il ne cesse de
répéter que sa seule ambition est de fournir le support
nécessaire aux gens du milieu des pêches
pour qu'ils puissent gérer eux-mêmes leur industrie. Or,
depuis que le ministre a hérité de la responsabilité du
dossier des pêches maritimes, l'État n'a cessé de se
substituer aux entreprises et aux individus. C'est une interrogation que les
pêcheurs soulèvent et je pense que c'est avec beaucoup de craintes
qu'ils voient arriver ces investissements alors qu'on ne leur donne aucune
garantie à long terme.
Je pense que le tour d'horizon qu'on a fait dans le domaine des
pêcheries a démontré que les pêcheurs redoutent
énormément la centralisation, autant à Ottawa qu'à
Québec. Je pense que toute cette centralisation crée des
problèmes d'ambiguïté chez les pêcheurs. Ils ne sont
pas au courant principalement des modifications qu'on se propose de faire
à leur statut. Malheureusement, ces gens-là manquent
énormément d'information. C'est pour cette raison qu'il serait
grandement souhaitable que le ministre convoque une commission parlementaire,
ne serait-ce que pour les informer, afin que ces gens-là puissent avoir
l'occasion de poser les questions qui les concernent.
Je pense que décentraliser avec des mots, c'est une chose; mais
décentraliser dans les faits, c'est autre chose. Lorsqu'on voit ce qui
se passe sur le terrain, on a l'impression qu'on ne décentralise que des
pouvoirs mitigés, que les véritables pouvoirs demeurent au MAPAQ
ici à Québec et que les périodes d'attente et de
paperasserie sont très longues. On n'a qu'à voir de quelle
façon les pêcheurs réagissent aux normes dictées par
le ministère. Les pêcheurs ne sont pas des comptables; ils ne sont
pas des spécialistes dans les formulaires. Le temps qu'ils passent
à remplir ces formulaires - et souvent, ils sont obligés de faire
appel à d'autres associations ou à des professionnels - c'est du
temps qu'ils ne consacrent pas aux pêches. C'est du temps aussi qui leur
coûte de l'argent.
Une autre constatation que les pêcheurs ont faite, c'est que
l'industrie des pêches maritimes est affiliée au ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est une petite
boule dans le budget global de ce ministère. Les pêcheurs ont
l'impression d'être laissés pour compte dans ce ministère.
Ils demanderaient surtout que les pêcheries soient confiées
à un ministère un peu moins vaste, où le ministre ait plus
de temps pour s'en occuper et aussi où il y ait une véritable
décentralisation, soit un autre ministère ou une commission.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au ministre... On a suivi son exposé avec beaucoup
d'intérêt et on a été poli lorsqu'il a fait sa
déclaration. Je pense qu'on devrait donner la chance à mon
collègue de se faire entendre tout à fait librement. Il y a un
chuchotement; c'est la grande rigolade. Je pense que le ministre devrait
écouter au moins. S'il est tellement à l'écoute des gens,
s'il se dit tellement ouvert aux opinions des autres, peut-être que
lui-même devrait écouter dans un climat où mon
collègue pourrait se faire entendre beaucoup plus librement qu'il ne le
fait maintenant.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, on ne prendra pas du temps
pour faire de longs discours, parce que ce n'est pas cela qui intéresse
les pêcheurs.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, vous demandez
la parole. Je voudrais savoir en vertu de quel article.
M. Garon: M. le Président, tout simplement...
Le Président (M. Mathieu): Tantôt, vous m'avez
accusé de donner la parole sans justification. Je voudrais savoir en
vertu de quoi.
M. Garon: Je remarque, je pense qu'on peut sourire des propos
d'un député sans se faire appeler à l'ordre. On n'est pas
en prison, je pense, devant la commission. Simplement, si je trouve quelque
chose de drôle dans ce que dit le député, est-ce que c'est
possible de sourire?
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay, vous avez la parole.
M. Maltais: M. le Président, on n'a pas l'intention
d'empêcher de sourire le ministre. Ce n'est pas là du tout notre
intention. Je pense que, si les propos que les pêcheurs tiennent font
sourire le ministre, tant pis! Il en portera la responsabilité.
En conclusion, les pêcheurs du Québec sont pris dans une
situation telle qu'il faudra peut-être repartir à zéro dans
le domaine des pêches. On a une ressource inestimable au Québec,
mais elle est très mal développée. Elle n'est pas
concurrentielle et elle a une mauvaise orientation. À l'heure actuelle,
on va voir dans le cas de la Gaspésie et souvent de la Côte-Nord
des usines côte à côte, on va voir aussi qu'elles exploitent
le même genre de ressources, qu'elles font la même transformation
alors qu'on est pris avec de la concurrence au niveau du marché
international et qu'on sait qu'il serait beaucoup plus rentable pour les
pêcheurs que ces ressources soient manufacturées d'une
façon plus rationnelle, plus compétitive et beaucoup plus
développée, au lieu de faire et de refaire
des usines qui continuent à faire du marché qui est
déjà peu concurrentiel et dont la qualité souvent
empêche l'exportation. Je pense qu'on devrait accentuer le
développement des pêches, mais non pas au jour le jour comme le
fait actuellement le ministre. C'est toujours à recommencer avec ces
fameuses chicanes fédérales-provinciales qui n'apportent rien de
bon aux pêcheurs. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le
député de Saguenay.
M. le député de Gaspé.
M. Henri Le May
M. Le May: Merci, M. le Président. Je suis très
surpris de voir qu'après une tournée en Gaspésie, aux
Îles-de-la-Madeleine et sur la Côte-Nord, le député
de Saguenay tienne certains de ces propos. Je ne voudrais pas commencer un long
débat sur les pêches. On est ici pour étudier les
crédits du ministère. Je voudrais quand même relever
certains faits, certains dires du député de Saguenay, que je
trouve un peu curieux, surtout quand il parle de la centralisation du
ministère concernant les pêches. Depuis que le gouvernement
fédéral, en juillet dernier, a rapatrié
unilatéralement les pêches du Québec, après une
entente de 60 ans, nous n'avons eu aucune réaction parce que les
pêches juridiquement relèvent du gouvernement
fédéral. Nous nous sommes repliés sur les terrains qui
nous appartiennent dans le domaine des pêches, dans nos propres
juridictions. Nous ne sommes intervenus en aucun temps dans les usines, dans
les infrastructures que le gouvernement fédéral a bien voulu
mettre sur pied ou encore sur lesquelles il a mis la main.
De notre côté, plutôt que d'arriver avec un plan tout
fait qui sortirait du cabinet du ministre ou du ministère, nous avons
demandé aux pêcheurs de nous soumettre des plans de
développement. Nous ne sommes jamais allés en territoire maritime
imposer quoi que ce soit en matière de développement. La seule
chose sur laquelle nous nous sommes imposés - cela nous ne
lâcherons pas - c'est au niveau de la qualité. M. le
député de Saguenay nous disait que les usines étaient mal
développées, sous-développées peut-être,
qu'elles se faisaient concurrence l'une et l'autre. Ce sont toutes des choses
qu'on a constatées et ce sont toutes des choses qui sont en train de se
corriger. Je pense que, lorsqu'on a adopté la loi 36, au mois de
décembre 1981, concernant la qualité des produits marins, tout
était en oeuvre dans ce projet de loi, dans cette loi maintenant, pour
que ces usines qui sont désuètes - on en a visité, vous en
avez visité - qui sont inadéquates, qui ne peuvent donner un
produit de qualité sur le marché, je pense que, d'ici un an...
Comme le ministre le disait, nous avons déjà 70 demandes de
modernisation d'usines pour d'ici le 1er janvier 1985. Je pense qu'à
partir de ce moment-là nous pourrons facilement avoir un produit mieux
développé en région maritime, plus
développé, et arriver sur les marchés avec un produit
vraiment compétitif, un marché qui pourra peut-être faire
rougir de honte certaines autres usines qui n'ont pas encore de normes de
qualité, que ce soit ici en province ou dans d'autres provinces
canadiennes.
Alors, il n'y a jamais eu chez nous la moindre idée de
centralisation. Les pêcheurs qui ont bien voulu venir nous rencontrer
pour voir s'ils pouvaient profiter des programmes de développement dans
le domaine des pêches, on les a reçus; mais jamais le ministre et
moi-même ne sommes allés nous imposer Rivière-au-Renard,
à Saint-Maurice, à Newport, sur la Basse-Côte-Nord, la
Côte-Nord ou aux Îles-de-la-Madeleine.
M. le Président, c'est bien sûr qu'on vit actuellement une
année de transition. Ce n'est pas facile pour les pêcheurs qui
vivent cette année de transition; ce n'est pas facile non plus pour les
dirigeants d'usine qui ont à investir des sommes importantes pour se
moderniser et pour apporter sur le marché un produit vraiment de
qualité.
Le ministre et moi-même avons discuté longtemps sur la
possibilité d'une transformation phase 2, phase 3, c'est-à-dire
transformer entièrement le produit en territoire maritime. Je dois vous
avouer que je n'étais pas du tout d'accord avec le ministre il y a
peut-être deux ans ou un an et demi. Le ministre faisait le raisonnement
suivant: On va commencer par avoir un produit de qualité en le sortant
de l'eau et, ensuite, quand on aura ce produit, on pourra penser à une
transformation de deuxième ou de troisième phase. Actuellement,
dans le comté de Gaspé que je représente, je connais au
moins trois organismes qui actuellement investissent de l'argent dans le
domaine de la recherche en vue de développer ces deuxième et
troisième transformations. Tous acceptent qu'avant 1985 il nous sera
impossible de transformer adéquatement et de façon
compétitive les produits marins.
La loi 48 nous permettra, non seulement de développer et de
transformer les produits marins, comme la morue, qui est quand même un
poisson de base pour la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine et la
Basse-Côte-Nord, mais on pourra aller beaucoup plus loin, on pourra
s'assurer d'une qualité supérieure dans le domaine des
crustacés, tous les domaines qui touchent l'aquaculture. J'ai
trouvé curieux en fin de semaine, en lisant les journaux locaux de mon
comté, qu'on dise que malheureusement la loi 48 va brimer les
pêcheurs. Je ne pense pas que la loi 48 brime les pêcheurs.
J'ai
même rencontré un maire qui m'a dit: La loi 48, c'est une
chicane fédérale-provinciale. Il n'a jamais été
question, dans la loi 48... Elle représente simplement la prise de
possession des territoires qui appartiennent et qui ont toujours appartenu au
Québec. Là-dessus la loi est entièrement
constitutionnelle, elle ne sera jamais contestée. Alors, pas plus qu'on
a eu de réaction du gouvernement fédéral lors du
dépôt de la loi 48, pas plus ils n'ont eu de réaction de
notre part quand ils ont décidé de mettre la main sur tous les
permis de pêche ou sur toute la juridiction des pêches au
Québec en juillet dernier. On a trouvé cela désolant et
même amer qu'après 62 ans d'entente on décide
unilatéralement de briser ces ententes; mais juridiquement ils en
avaient le droit, comme la loi 48 nous donne le droit de gérer notre
terrain, qu'il soit marin ou autre. (12 heures)
M. le Président, j'aurais quelques questions à poser au
ministre, mais je reviendrai plus tard. Il y a une chose qui me fait un peu de
quoi dans ce que disait tantôt le député de Saguenay et, en
général, dans l'attitude que le parti d'en face a prise
concernant la loi 48.
D'ailleurs, il ne s'agit pas seulement de la loi 48, mais de toutes les
lois où on veut défendre les juridictions du Québec,
où on veut les droits du Québec, en général, en
tout cas depuis que je suis au Parlement en 1981. On s'aperçoit que le
Parti libéral s'oppose à ce genre de loi. Pourtant, c'est le
Québec qu'on défend, ce sont les Québécois, les
Québécoises. Puis on en a eu une preuve de plus avec la loi 48.
C'est qu'on a une opposition systématique de la part de l'Opposition.
Pourtant, la loi 48 est claire. Elle ne veut pas étouffer les
pêcheurs, loin de là, mais elle veut tout simplement venir en aide
aux pêcheurs pour être sûr de la qualité de ces
produits-là et pour être sûre aussi qu'il y aura un
contingentement du côté de la ressource pour qu'elle ne soit pas
épuisée.
Il y a deux semaines, je parlais avec un type de Bridgeville qui se
trouve secrétaire de l'Association des pêcheurs. Il était
au comité qui attribuait les permis. Le gouvernement
fédéral est venu le chercher pour faire exactement la même
chose pour eux: pour sélectionner, donner les permis à des
pêcheurs. Nous avions tant de pieds de filet qu'on donnait à des
bateaux; si le bateau mesurait quinze pieds, il avait droit à tant de
pieds de filet; si le bateau mesurait 25 pieds, on avait droit à tant de
pieds de filet. Maintenant, le gouvernement fédéral attribue les
permis, longueur illimitée, peu importe la longueur des bateaux.
Vous voyez tout de suite, M. le Président, qu'un pêcheur
qui a un bateau de 25 pieds peut maintenant mettre 1000 pieds de filet s'il le
veut, 2000 pieds de filet. Il n'y a plus aucune limite. Vous voyez ces
pêcheurs rentrer au quai, rentrer à l'usine, l'usine qui est
surchargée, qui est engorgée, et le propriétaire de
l'usine est obligé de dire à ces pêcheurs: Mon ami, pour ce
matin, je ne peux plus en prendre. C'est bien dommage. Alors, que fait le
pêcheur? Il va à d'autres usines ou, encore, il est obligé
de jeter le produit de sa pêche. Il y a là un manque de
contrôle, et la loi 48 vise expressément ce contrôle de la
gestion de la ressource.
M. le Président, actuellement, la loi que nous avons
adoptée en 1981 oblige les usines à se moderniser pour le 1er
janvier 1985. C'est le branle-bas général dans le domaine des
pêches, nous le savons. Nous savons que nous sommes en année de
transition, mais par contre je dois vous avouer que ce que disait le
député de Saguenay, que les pêcheurs sont inquiets... Ils
sont inquiets et ils ont raison parce que, quand les pêches sont
arrivées au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation en 1980, le ministre s'amusait à dire que les
pêches avaient un retard de 50 ans. Puis, après avoir fait le tour
du territoire, il s'est aperçu que c'était peut-être 100
ans.
On construit des usines, on rénove, on modernise des usines. On
modernise aussi les cales de bateaux pour en arriver à une
qualité supérieure. Mais ce qui est plus difficile à
changer, je l'ai déjà dit à l'Assemblée nationale,
ce sont les mentalités. Quand on pêche le poisson d'une certaine
façon depuis 100 ans ou depuis 200 ans, M. le Président, c'est
très difficile de changer la mentalité des gens parce que les
pêcheurs, souvent, sont des enfants de la balle, sont des gens qui
pèchent de père en fils. Alors, c'est très difficile
d'arriver et de dire à un pêcheur: Écoute, tu fais cela
comme cela depuis 60 ans. Eh bien! À partir de telle date, tu ne le
feras plus comme cela. Ce sera d'une autre façon.
Ce sont non seulement des habitudes à changer, mais toute une
mentalité. On s'aperçoit d'une chose, c'est qu'avec la
volonté politique que nous avons de développer les pêches
au niveau de la qualité comme au niveau de la quantité, on
s'aperçoit qu'il y a eu un changement énorme depuis six mois ou
depuis un an dans le changement de ces mentalités. On s'aperçoit
que de plus en plus les pêcheurs, les entrepreneurs s'aperçoivent
que ce qu'on demande ce n'est pas du caprice. On ne veut pas leur faire
dépenser des montants d'argent pour moderniser des usines par caprice,
mais on veut arriver sur un marché international, un marché
américain ou même un marché québécois avec
une qualité supérieure. Et je suis convaincu qu'à la fin
de 1985 et de la saison de pêche de 1985, avec tout ce qu'on va avoir mis
en oeuvre - que ce
soient les travailleurs, les protecteurs de la qualité à
l'intérieur des usines, les inspecteurs - on pourra facilement
concurrencer n'importe quel marché mondial. Je ne parle pas des autres
provinces, parce que déjà on les a dépassées
grandement, mais je parle des autres pays, en particulier des pays nordiques,
qui sont très avancés. C'est avec fierté que, dans le
comté de Gaspé, on aura à Newport l'usine de poisson la
plus moderne au monde. Je suis convaincu que cet exemple sera suivi par de
nombreux autres dans le territoire maritime. Je reviendrai, M. le
Président, avec mes questions. J'aimerais peut-être laisser la
parole au député de Nelligan.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, comme le ministre l'a
souligné plusieurs fois, je suis originaire d'un comté urbain. Ce
que je connaissais avant sur les pêches venait de mon expérience
d'avoir voyagé dans les provinces maritimes, d'avoir voyagé
beaucoup en Gaspésie pendant un certain temps. Je suis certain que je
connais très peu les gens du milieu de façon directe et
personnelle comparativement au député de Gaspé et au
ministre. Pourtant, depuis un an et demi que je m'occupe de ce dossier de
façon temporaire, quand le député de Bonaventure a
été nommé chef intérimaire de l'Opposition, j'ai pu
entendre des quantités de gens, je leur ai parlé au
téléphone, ils m'ont écrit, j'en ai rencontré
plusieurs, cette semaine quelques-uns sont venus me voir à mon bureau
tout comme ils ont essayé de rencontrer les gens du ministère.
Donc, nous avons aussi des sons de cloche.
C'est pourquoi je suis si surpris d'entendre les commentaires du
ministre et du député de Gaspé qui vit dans la
région, qui est tout le temps là, lorsqu'il dit que tout va bien
dans le meilleur des mondes, qu'on passe une année difficile de
transformation où il y a un remous qui durera un an, mais c'est tout
à fait temporaire. Lorsque ces gens leur parlent, est-ce que le ministre
et le député de Gaspé entendent quelque chose de
différent de ce que nous entendons? Est-ce que les lettres qui nous
arrivent sont différentes de celles que reçoit le ministre?
Nous recevons des lettres de gens que nous ne connaissons même
pas. J'ai reçu cette semaine copie d'une lettre qui a été
envoyée au ministre, d'une personne que je ne connaissais pas du tout
qui s'adressait à moi et me téléphonait ensuite.
C'était presque un cri du coeur. Elle disait: Est-ce que vous êtes
maintenant prêt à nous écouter? C'est une personne que je
ne connais pas, mais que le ministre connaît sans doute bien mieux que
moi. Mais ce n'est pas moi qui invente les paroles de cette personne. Je cite
son dernier paragraphe dans la lettre adressée au ministre:
"Peut-être qu'en complétant votre rapport d'impôt vous
penserez à comparer vos revenus aux nôtres, et de ce fait vous
cesserez peut-être de promouvoir un idéal sans distinction
même quand cela se fait sur le dos des plus démunis." C'est cela
qu'on dit toujours. Là, il y a une querelle, le ministre a passé
une grande partie de son intervention à parler du fédéral,
de tout ce que le fédéral fait. Si le fédéral fait
des choses qui ne sont pas acceptables, est-ce que cela veut dire que nous
devrions aussi faire la même chose pour faire une espèce de guerre
de clocher et de drapeau? Si, par exemple, le fédéral s'implique
beaucoup trop dans les pêches en Gaspésie, admettons que ce soit
le cas, je ne suis pas ici pour défendre le fédéral, je
travaille au niveau provincial, je n'irai pas poser de questions à M. De
Bané, on laissera cela aux députés fédéraux
ou aux députés du Parti nationaliste s'ils se font
élire.
Au niveau provincial, tout ce que je demande au ministre: Est-ce que ce
que vous faites, l'intervention de l'État qui se fait à un niveau
extraordinaire dans les pêcheries du Québec, ce ne sont pas des
patentes semblables à ce que l'on voit au niveau fédéral?
Là, ce qui est arrivé... Le fédéral s'implante dans
les usines autrefois appelées Pêcheurs unis tandis que le
gouvernement du Québec est en train de mettre des millions de dollars
à contrôler un secteur important des pêches. Le ministre
peut dire: Non nous ne faisons pas cela, nous donnons cela aux pêcheurs.
Écoutez, nous avons préparé des organigrammes et le
ministre, j'en suis sûr, en a de beaucoup plus beaux. Regardez la
quantité de fonctionnaires, la battée de fonctionnaires. Il y en
a 25 ou 30 qui viennent s'asseoir pour défendre les crédits de 41
000 000 $ pour les pêches qui ont été périmés
à 21 000 000 $ pendant les derniers cinq ans.
Voilà, on fait un inventaire de tout ce que le gouvernement du
Québec possède dans les pêches aujourd'hui. Peut-être
qu'il faudrait en faire un pour le gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral, et on verrait que ce sont deux grosses
machines, deux gros cuirassés, un mené par le ministre
très imposant de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
du Québec, l'autre mené par le grand capitaine
fédéral, M. De Bané; deux personnes qui ne peuvent pas se
sentir et qui se cognent la tête tout le temps; une grosse entreprise
d'un côté, une grosse entreprise de l'autre. Qui est coincé
entre les deux? Ce sont tous ces pauvres petits pêcheurs.
Qu'on ne nous dise pas à nous: Vous n'êtes pas près
du milieu, vous venez de Nelligan, de la région urbaine. J'en ai
parlé
à plusieurs. Mon collègue vit dans cette région.
Hier, il y en avait deux à mon bureau; ils disent toujours la même
chose -surtout les pêcheurs côtiers, les milliers de personnes qui
représentent la plus grande proportion des pêcheurs - qu'ils se
trouvent coincés dans cette grosse machine
fédérale-provinciale. Les ministres se cognent la tête et,
pendant ce temps, eux se font écraser dedans. C'est ce qu'on
répète et qu'on dit au ministre tout le temps.
J'entends le député de Gaspé me dire: La loi 48,
c'est formidable; les libéraux s'y opposent. Les droits du
Québec, ce n'est pas une question de confrontation ce n'est pas quelque
chose qui ira au plan juridique. Ce qu'on a demandé par rapport à
la loi 48, une, deux, dix et vingt fois, au ministre, au député
de Gaspé et aux autres députés du gouvernement, c'est:
Est-ce qu'on prend un risque de confrontation juridique, encore une fois,
fédérale-provinciale dans laquelle le milieu se sentira
coincé? Le député de Gaspé dit: Mais pas du tout,
on a toutes les chances de gagner. Mais je vais le référer
à son ministre de la Justice lui-même, le ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes, parce qu'il ne partage pas le point de vue
du député de Gaspé.
Il faudrait savoir qui a raison là-dedans: est-ce le ministre de
la Justice du Québec, la première autorité en justice, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec ou le député de Gaspé? Voilà ce qu'il
dit dans son cahier pour le budget du ministère des Affaires
intergouvernementales canadiennes: Pour ce qui est des pêches maritimes,
le gouvernement fédéral devrait normalement continuer d'affirmer
sa juridiction sur ce secteur. Il est réaliste de penser que le
gouvernement fédéral ne va pas quitter le domaine; il va rester
là, c'est sûr, surtout avec le présent ministre qui aime
faire, comme notre ministre provincial, la bataille des coqs. Alors, il va
rester dedans.
Il continue en disant: L'adoption par l'Assemblée nationale de la
loi 48 sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales et son application
devraient constituer l'événement marquant au plan politique. On a
demandé plusieurs fois au ministre si c'est politique. N'est-il pas vrai
que le ministre antérieur de l'Éducation, le Dr Laurin, a
été cité dans la Presse comme ayant dit: La loi 48 est une
étape vers l'indépendance. C'est lui qui a été
cité textuellement. J'ai demandé cela au ministre et il a dit: Ce
n'est pas politique. Maintenant, il dit: Cela constitue un
événement marquant, au plan politique, au plan
intergouvernemental - cela veut dire les provinces canadiennes et le
gouvernement fédéral - et peut-être même au plan
juridique.
Alors, qu'est-ce que le député de Gaspé vient me
dire? Son ministre de la Justice sait lui-même à l'avance que cela
pose des problèmes au plan politique, au plan intergouvernemental et,
peut-être même, juridique. En fait, c'est se berner, se boucher les
yeux, se fermer les oreilles de penser que cette affaire n'a pas de
conséquences juridiques importantes. Je pourrais citer un exemple, car
on a fait une tournée très rapide, naturellement, mais, en
même temps, nous avons pu écouter des gens des
Îles-de-la-Madeleine, par exemple, qui nous disaient: Nous sommes
beaucoup plus près; on est à 48 milles de la
Nouvelle-Écosse, à 180 milles de la Gaspésie, à 80
milles de l'Île-du-Prince-Édouard. Tout notre équipement
vient de la Nouvelle-Écosse, tout notre commerce qui est la survie
même de ces petites Îles vient des pêches. Tout cela
dépend des pêches. Tout notre commerce intra pour les pêches
se fait en commerce interprovincial. Pour nous, la Nouvelle-Écosse et
l'Île-du-Prince-Édouard sont plus près, plus accessibles.
Nos pêcheurs vont là-bas, leurs pêcheurs viennent ici et on
a toujours survécu ensemble très bien. Là, il nous
disent...
M. Garon: ...
M. Lincoln: C'est ce qu'ils nous ont dit, M. le ministre.
À les écouter, peut-être le sauriez-vous.
Ils nous ont demandé: Qu'est-ce qui va se passer avec cette loi
48, quand on va arriver avec nos patrouilleurs québécois qui vont
renforcer des juridictions pour les prises du Québec sur certains types
de pêche? Est-ce que la même chose va se passer quand on ira
là-bas? Un moment donné, ce sera le fouillis. Cela va
certainement être la contestation juridique indéniable,
inévitable. C'est cela qu'on a dit par rapport à la loi 48:
essayer d'éviter ces histoires qui sont une guerre constitutionnelle,
une guerre politique. Et voilà que le ministre lui-même le
confirme. (12 h 15)
II faudrait peut-être demander au ministre de faire un tour
d'horizon. La chose la plus frappante que tous les gens nous disent: On est
tanné de se faire imposer des lois et des règlements, tant par le
gouvernement fédéral que le provincial, des lois qui nous
viennent d'en haut. C'est M. le député de Gaspé et M. le
ministre de l'Agriculture qui disent que la loi 48 est formidable. Mais
à combien de gens a-t-on demandé si elle était formidable?
Est-ce qu'on est allé demander aux pêcheurs si elle était
formidable? Est-ce qu'on a consulté ces gens? Est-ce qu'on a fait des
commissions parlementaires au préalable? Si on a droit à des
commissions parlementaires pour écouter les gens dans le domaine de
l'éducation, les autochtones, les anglophones, les restaurateurs, les
municipalités, est-ce que
les pêcheurs sont des citoyens de deuxième classe? Le
ministre dit: On ne peut pas dépenser de l'argent dans les
pêcheries; on ne peut pas faire une commission parlementaire; cela va
coûter trop cher. Mais ne peut-on faire une commission itinérante
pour aller les voir les gens chez eux? Est-ce qu'on ne peut pas laisser ceux
qui veulent se bouger et venir ici se faire entendre? Je dis au ministre que,
s'il y avait une commission parlementaire, il n'y aurait pas assez de place
à l'Assemblée nationale, parce qu'il y aurait des centaines de
gens qui viendraient faire part au ministre de leurs doléances.
Tout ce qu'ils nous ont toujours dit... Les MRC, les gens des
municipalités, les gens des chambres de commerce, les pêcheurs
nous disent: On n'est pas consultés. On se fait imposer des choses d'en
haut, tant par le fédéral que par le provincial. Il y en a un qui
me disait: Dans mon village, je suis le seul qui puisse écrire le
français correctement et faire de la dactylographie. Je suis le seul qui
connaisse un peu les affaires. Tous les autres pêcheurs ne savent pas
écrire, etc. Ils sont débordés de règlements; ils
sont débordés de formulaires de quatre pages; ils sont
débordés par toutes sortes de choses qui leur arrivent des
ministères, tant fédéral que provincial. Ils ne savent
plus comment se dépêtrer de la bureaucratie, de la paperasserie,
de cette espèce d'écrasement du gouvernement. Le ministre va me
dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. On va transformer
les usines, on va rendre cela formidable.
Je demande au ministre... Depuis trois ans ans déjà, j'ai
vu la transcription mot à mot de ce qu'il a dit. Le ministre promet aux
gens de la Basse-Côte-Nord, de Natashquan, de Blanc-Sablon, une usine
pour 1981. J'ai des citations de lui, disant: Vous aurez votre usine en 1981,
dans quelques mois, cela démarre... Depuis trois ans, ces gens-là
attendent. L'une de ces personnes m'a envoyé une copie de la lettre
qu'il a envoyée au ministre: M. le ministre, consultez votre feuille
d'impôt et comparez-la à la mienne. Ces gens-là qui gagnent
de 4000 $ à 8000 $ par an. Il y en a un groupe à qui on a offert
un octroi de 10 000 000 $ pour faire repartir leur usine de salaison, pour
pouvoir se moderniser selon la loi 36 du ministre. Mais le ministre dit: Non,
on a des plans beaucoup plus grandioses pour vous. N'acceptez pas cela. La
seule condition qui est demandée, c'est de transférer des lots
sur le bord de l'eau. Dans un cas, c'est un terrain de 20 mètres sur 35
mètres qui appartient au Québec. Ah! non, cela, c'est à
nous. On ne transfère pas. C'est une subvention qui est faite aux
pêcheurs, aux associations elles-mêmes. Le gouvernement
fédéral ne va pas se mêler de cela. Il va donner cet argent
à ces gens. C'est de l'argent que nous payons avec nos taxes: 10 000 000
$. À présent, on gueule et on dit que le gouvernement
fédéral ne nous donne pas assez d'argent. Quand il donne, on ne
veut pas le prendre. La seule condition est de transférer certains lots
et certains bâtiments, ce qu'on refuse de faire. Ce sont quinze villages,
plus de 2000 personnes qui dépendent de ces subventions aujourd'hui. Le
ministre refuse de le faire. Il dit: On a un plan beaucoup plus grandiose. On
va bâtir une usine à Blanc-Sablon, une usine à Natashquan,
ne réalisant pas qu'il y a 250 milles de côtes. Les gens qui sont
au milieu, comment vont-ils aller à Natashquan ou à Blanc-Sablon
pour déposer leurs prises? On en arrive à une situation où
Environnement Québec va peut-être fermer ces unités de
salaison, qui ne sont pas salubres, reconnaissons-le. Pendant ce temps, on ne
veut pas accepter 10 000 000 $ de subventions et transférer des
bâtiments et des petits bouts de terrains qui appartiennent au
gouvernement provincial. Dans un cas, c'est tellement ironique que le transfert
de ce petit terrain de 35 mètres sur 20 mètres ne puisse pas se
faire. S'ils ont à bâtir une usine et à accepter ces
subventions, ils seront obligés d'aller bâtir sur un terrain
à un mille et demi de l'endroit, parce que le ministre refuse de
transférer un bout de terrain à ces mêmes gens à qui
il promet depuis trois ans des usines qu'il ne bâtit pas.
C'est très beau de parler de la qualité du poisson. C'est
très beau de dire qu'on va avoir l'usine la plus moderne du monde.
Parlons de l'usine la plus moderne du monde. Combien les pêcheurs
vont-ils mettre dans cette usine? Combien d'argent vont-ils avoir pour payer
les intérêts sur les prêts? C'est une affaire fictive, parce
que le gouvernement du Québec va mettre dans cette usine quelque chose
comme 12 500 000 $ si l'usine coûte 15 000 000 $. Il va mettre 50% de
subvention et le reste sera en actions. Les pêcheurs auront un tiers des
actions. En fait, est-ce que vous croyez que c'est une indépendance pour
les pêcheurs? Le Québec va les tenir à la gorge. S'ils ne
peuvent pas payer leurs prêts, s'ils ne peuvent pas mener
l'opération, s'ils n'ont pas les finances nécessaires, le
ministre va les saisir comme il a saisi le Nadine et le Rally dans votre propre
région. Il a saisi le Rally et là aussi il faudra poser des
questions. L'autre jour, je lisais dans le journal que vous disiez ceci: la
vente des bateaux à Madelipêche est loin d'être une chose
faite.
Il faudra aussi demander au ministre si c'est vrai ou non que cela aussi
va empêcher Madelipêche de devenir une espèce de gros
éléphant qui va toucher tous les gens.
Nous demandons, M. le Président, au ministre de commencer
à écouter les gens, d'arrêter de nous ressasser son affaire
en nous disant que la qualité du poisson va être
tellement fantastique que, dans quelques années, on va être
à l'avant-garde du monde, mieux que les autres provinces. On va faire
concurrence aux Scandinaves. L'usine de Newport, admettons que ce soit l'usine
la plus moderne du monde, je suis prêt à l'admettre. Là, il
faut aller la voir pour le croire. Vous avez une usine qui est en pleine
reconstruction par le fédéral. À côté, c'est
l'usine provinciale qui va presque toucher l'usine fédérale.
Alors, comme un homme raisonnablement intelligent et logique, je me serais
demandé si cette usine appuyée par le fédéral ou le
provincial, si l'une des deux faisait la transformation du poisson et que
l'autre usine allait faire la deuxième transformation du poisson, soit
les plats cuisinés, etc. Cela aurait eu du sens. Ce n'est pas comme
cela. Les deux usines vont faire exactement le même travail, c'est
réellement la logique actuelle. On va avoir l'usine
fédérale, l'usine provinciale, et les pêcheurs vont se
disputer à qui envoyer leurs prises et l'une des deux va avoir à
fermer ses portes. On va avoir l'usine la plus moderne du monde; une usine
à côté qui sera peut-être moins moderne, mais qui
sera très belle parce qu'ils auront dépensé une
quantité d'argent dedans. Il n'y a pas besoin de deux usines. Il n'y a
pas assez de poisson pour faire fonctionner deux grosses usines. Une de ces
usines va souffrir et, pendant ce temps-là, on met 15 000 000 $ dans
cette aventure.
Il faut se demander si on ne perd pas la raison dans toute cette
affaire. On va répéter au ministre, je pense, ce qu'il faut faire
avant de faire de grands discours pour avoir la meilleure qualité de
poisson au monde, les meilleures usines au monde: il faut commencer à
s'asseoir avec les gens. Les gens de la Basse-Côte-Nord commencent
à se demander s'ils vont avoir 2000 $, 4000 $, 5000 $ ou 8000 $ cette
année pour leurs revenus ou s'ils devront aller à l'aide sociale.
Il faut s'asseoir avec tous les pêcheurs côtiers que nous avons vus
et qui sont complètement tannés de toute l'affaire de la
réglementation. II faut se poser la question sur le dernier
décret du ministre, le no 52384, par lequel, d'une façon tout
à fait sournoise, comme c'est toujours le cas dans cette affaire de
ministère, on suspend tous les règlements qui ont trait aux
subventions. Il faut se poser beaucoup de questions là-dessus. Chaque
fois qu'on change la formule de subventions, il faut adopter un nouveau
règlement. C'est une formule formidable: on suspend le système de
subventions par le décret 52384 et cela va donner au ministre un autre
pouvoir discrétionnaire de jouer avec les subventions. Pour les gens qui
sont des copains, ce sera facile, mais, pour ceux qui ne seront pas avec nous,
il faut se poser beaucoup de questions. Ce n'est pas nous qui avons
découvert cela, mais ceux qui ont porté à notre attention
le décret 52384 et qui ont demandé au ministre ce qui va se
passer avec ce décret. Peut-être la chose la plus typique, c'est
qu'il y a une personne représentante de plusieurs associations de
pêcheurs aux Îles-de-la-Madeleine qui nous a dit: le Conseil
consultatif des pêches maritimes du Québec, cela sonne ronflant,
mais si on va voir la liste des organismes et des sociétés, c'est
inopérant. Cela a été créé en 1978 et cela
ne consulte personne parce que cela ne fonctionne pas. C'est typique de ce qui
se passe dans les pêches. C'est une grosse affaire qui est menée
par un seul homme. C'est une affaire centralisée.
Nous demandons au ministre de détacher les pêcheries de ce
gros appareil de l'agriculture, qui ne peut même pas étudier tous
ses crédits parce que c'est tellement gros. Les pêcheries, c'est
un petit appendice à cette affaire. Le ministre veut tout
contrôler. Tous les gens nous disent: II y a deux têtes, De
Bané et M. le ministre provincial. Ces deux hommes mènent leur
affaire, deux chefs de bataille qui se font la guerre. Les gens veulent
être écoutés, être entendus. C'est pourquoi on parle
de décentralisation, pas dans la forme, pas dans les mots, mais dans
l'action de tous les jours.
On demande que ces gens de la Côte-Nord, qui ont essayé de
rencontrer les gens du ministère, qui étaient ici depuis vendredi
jusqu'à hier ou aujourd'hui, je ne sais quand, qui n'ont pas pu avoir de
réponse à ce qu'ils demandent... C'est ce que nous demandons,
quand nous parlons de décentralisation. On demande surtout de
l'humanité dans le ministère des pêcheries. On va poser
plusieurs questions au ministre, qui vont faire ressortir que l'on pense que
cet élément est manquant dans le domaine des pêcheries.
Alors, si je fais une constatation en quittant ce dossier, c'est
vraiment cela, qu'il manque d'humanité, de rapprochement avec le milieu
du point de vue de l'humanité. Cela dit: Si on est avec nous, on vous
appuie, on vous donne des subventions. Mais si vous êtes contre nous,
"watch out"! C'est le climat, d'un côté et de l'autre. Et nous
blâmons autant le gouvernement fédéral que le gouvernement
provincial. Ce qui nous intéresse, c'est que ce milieu puisse survivre.
Actuellement, c'est un milieu enfermant, déstabilisé, confus et
qui cherche à se faire écouter par quelqu'un. Ce qu'il faudrait
faire, peut-être, c'est de mettre le député de Gaspé
comme ministre des pêcheries; je suis sûr qu'il serait plus
à l'écoute que son ministre, qui veut tout contrôler.
Une voix: ...
M. Lincoln: J'espère!
Le Président (M. Mathieu): Avant de
poursuivre, il est presque 12 h 30, d'après l'ordre de la
Chambre, nous devions suspendre à 12 h 30. Dois-je considérer
qu'il y a un consentement pour qu'on poursuive jusqu'à 13 heures ou si
on s'en tient à l'ordre de la Chambre, pour revenir après la
période des questions?
M. Lincoln: Je vais vous rappeler qu'on a un caucus, M. le
Président, à 13 heures.
Une voix: Nous également.
M. Lincoln: Oui. Alors, peut-être...
Le Président (M. Mathieu): Mais je laisse la commission
maître.
Une voix: On arrête.
Le Président (M. Mathieu): Avant d'arrêter, je peux
peut-être donner une couple de minutes à M. le ministre, si vous
êtes d'accord. M. le ministre.
M. Garon: Est-ce qu'on a la même heure? J'avais
plutôt 12 h 23.
Le Président (M. Mathieu): II est 12 h 28. Il resterait
deux minutes.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, ce que j'ai constaté, ce
sont les propos contradictoires des députés de Saguenay et de
Nelligan. On me reproche, voyez-vous, de ne pas avoir assez de temps pour
m'occuper des pêches, de m'occuper surtout d'agriculture; mais, en
même temps, on me reproche de tout mener dans les pêches, de tout
diriger, d'être en charge de tout et de voir à tout. Je voudrais
qu'il y ait un peu de cohérence dans le discours de l'Opposition. Ou
bien je m'occupe toujours des pêches et je m'occupe des pêches
partout et en tout; ou bien je ne m'en occupe pas. Mais je ne peux pas faire
les deux en même temps. Une porte ne peut pas être ouverte et
fermée en même temps.
Le discours de l'Opposition est un discours tous azimuts en disant: Le
ministre n'a pas le temps de s'occuper des pêches, cela devrait
être en dehors du ministère de l'agriculture; et dans un autre
discours, on dit: II mène tout, rien ne peut se faire sans qu'il le
voie.
En même temps, j'ai remarqué qu'on dit, au point de vue de
Madelipêche: On a peur que cela se fasse ailleurs qu'aux
Iles-de-la-Madeleine et, en même temps, le député de
Nelligan dit: J'ai peur que Madelipêche devienne une trop grosse
entreprise. Il y a quelque chose qui ne va pas. Comment peut-on craindre que
Madelipêche n'occupe pas sa place dans le golfe en craignant que ce soit
trop gros? Le député de Nelligan disait: On a constaté,
aux Îles-de-la-Madeleine, que les gens peuvent craindre par rapport aux
autres provinces. Lui-même aurait dû les rassurer parce qu'il a
peur que Madelipêche devienne trop gros. Alors, si Madelipêche
devient trop gros, c'est parce qu'elle va occuper une place importante dans le
golfe. Et si elle occupe une place importance dans le golfe, je suis convaincu
que les gens des Îles-de-la-Madeleine...
M. Maltais: ...écouter ce qu'on a dit.
Le Président (M. Mathieu): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Garon: Je pense que, à ce moment-là, si on a
peur que Madelipêche ne devienne trop gros, c'est parce que cela va
être une entreprise efficace. Le gouvernement du Québec a investi
des sommes considérables d'argent pour le développement de
Madelipêche, aux Îles-de-la-Madeleine, parce que c'est un fer de
lance important de tout le secteur des pêches au Québec. Il y a
trois grands territoires maritimes au Québec: Les
Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie et la Côte-Nord.
Madelipêche est au centre des Îles-de-la-Madeleine, au centre du
golfe. C'est une entreprise importante, la seule entreprise qui veut
véritablement aller chercher des quantités de poisson qui sont
disponibles dans le golfe. Pardon?
Le Président (M. Mathieu): En concluant, si vous voulez,
M. le ministre.
M. Garon: J'aimerais plutôt continuer au début de
l'après-midi parce que je n'ai eu que deux minutes.
Le Président (M. Mathieu): Oui. Vous avez droit à
votre temps.
M. Garon: J'aimerais mieux continuer mes 18 minutes à 15
heures.
Le Président (M. Mathieu): Bon. Tout le monde est
d'accord. Alors, je dois suspendre les travaux de cette commission
jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance à 15 h 57)
Le Président (M. Mathieu): La commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation reprend maintenant ses travaux. Nous
sommes à l'étude des crédits de ce ministère, au
programme 10, Développement des pêches maritimes. C'est M. le
ministre qui avait la parole. Il lui restait 18 minutes. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président. Veuillez m'excuser d'avoir
retardé un peu. Je vous parlais ce matin des plans de 70 entreprises de
pêche. J'étais justement en train de regarder les plans de l'usine
de Newport. La localisation des équipements est évidemment un
projet sur lequel nous avons beaucoup travaillé depuis quelques mois et
j'étais heureux de voir que le projet avançait rondement. Nous
visons véritablement à en faire la meilleure usine de sa
catégorie dans le monde. Il y a d'autres catégories d'usine, mais
de sa catégorie, pour traiter le poisson, comme la morue, le hareng et
pour en faire un produit pour les marchés que nous visons, nous pensons
faire un projet pour lequel les gens de Newport auront la plus grande
fierté, de même que tout le territoire de la Gaspésie.
Ce sera la même chose pour les Îles-de-la-Madeleine, M. le
Président, avec l'usine de Madelipêche. Des gens travaillent fort
à réaliser ces projets. C'est pour cela que le
député de Nelligan s'est échappé tantôt.
J'étais content. Quand on parle beaucoup, quelquefois, on dit une phrase
qui est révélatrice du fond de sa pensée.
Quand le député de Nelligan a mentionné qu'il
craignait que Madelipêche ne soit une entreprise trop importante, une
trop grosse usine, alors qu'il venait de dire qu'elle serait en lutte avec les
autres entreprises du territoire maritime, les autres provinces, j'ai
été vraiment surpris de son appréhension à savoir
que Madelipêche prenne tellement d'expansion qu'elle devienne l'usine
majeure dans le golfe. Nous, c'est notre ambition. C'est ce que nous souhaitons
voir se réaliser: un avant-poste québécois dans les hautes
mers du golfe, que l'usine de Madelipêche soit un phare avancé du
territoire québécois.
M. le Président, le député de Nelligan a fait
certaines affirmations et il est de ma responsabilité de rétablir
les faits. Il a mentionné, par exemple, que j'avais déjà
dit qu'une commission parlementaire sur les pêches coûterait trop
cher. Je n'ai jamais dit cela. Je ne me rappelle d'aucune façon avoir
dit qu'une commission parlementaire coûterait trop cher. Ce que je lui ai
dit, c'est que les personnes qui auront leur mot à dire sur la
réglementation qui suivra la loi 48 habitent tout le territoire maritime
et depuis le début, depuis qu'on s'occupe des pêches, nous avons
toujours consulté les gens du territoire par des conférences
socio-économiques, par des réunions où les principaux
intervenants étaient regroupés. Il y a toujours eu des
consultations.
Je peux vous dire, par exemple, que la loi qui a été
adoptée en décembre 1981 a fait suite à de nombreuses
consultations. Le règlement sur la qualité des produits marins a
fait suite à deux conférences socio-économiques, une en
1980, à Gaspé, et une en 1981, à Sept-Îles,
où il y a eu un consensus complet. Il y a eu également le
règlement sur le triage qui est mis en application cette année et
qui fait suite également à des consultations au cours desquelles
j'avais mentionné aux gens du territoire que, pour une plus grande
équité, chacun paierait sa part pour éviter qu'on retrouve
des trieurs choisis par les pêcheurs, des trieurs choisis par le
gouvernement et des trieurs choisis par les industriels.
Au moment où cette décision a été prise, le
gouvernement fédéral songeait à installer des trieurs
payés par les industriels, pour trier le poisson des pêcheurs. Je
vous dirai, M. le Président, que les consultations que nous avons faites
nous ont convaincus que les pêcheurs ne souhaitaient pas cela. Ils
souhaitaient que les trieurs soient autonomes, ne dépendent pas de l'un
ou de l'autre groupe ayant des intérêts opposés. Il est
évident qu'un industriel peut avoir tendance à classer moins bien
le poisson que le pêcheur, ou inversement; comme un va recevoir un
montant et l'autre va le payer, les intérêts sont
opposés.
Les consultations nous ont amenés à penser que les gens
voulaient des trieurs qui ne dépendent entièrement ni des
industriels, ni des pêcheurs. Idéalement, les gens auraient
souhaité que le gouvernement paie tout. Quand on paie tout,
actuellement, beaucoup trop de gens pensent que les fonds publics deviennent
une sorte de jeu de "Monopoly" imprimable à souhait. Nous avons
préféré établir un règlement où
chacun va payer sa part. C'est ce qui est en train d'être mis en place.
La réglementation est adoptée. Les directives
ministérielles sont faites. Le programme est appliqué et,
actuellement, la Direction de l'inspection des aliments au ministère est
en train de mettre en place des trieurs qui ont été
formés, encore cet hiver, par des cours additionnels.
En 1982, nous avons fait du triage dans 5 usines; en 1983, dans 22
usines et, cette année, toutes les usines connaîtront le
système du triage. Ce n'est pas quelque chose d'improvisé, au
contraire. La classification du poisson, les énumérations, les
catégories, tout cela a été expérimenté
pendant plus de deux ans après avoir étudié les
modèles de pays où le triage est effectué. Donc, quand le
député de Nelligan dit qu'il pourrait y avoir de l'improvision,
s'il y a de l'improvisation, ce n'est pas chez nous puisque ces choses ou ces
façons de faire ont été mises en place après de
longues années d'étude.
Par ailleurs, vous constaterez - et je ne l'en blâme pas puisque
je suis obligé de le dire, même si on n'a pas voulu le dire
publiquement - que M. Kirby a dit, dans un paragraphe de son rapport, que le
Québec avait pris les devants sur le plan de la qualité des
produits marins au Canada. M. Kirby dit que c'est le Québec qui est
en
avance. Si M. Kirby avait dit vraiment ce qu'il pensait ou ce que le
ministère des Pêches et des Océans pensait par son
ministre, il aurait dit que c'est le Québec qui a éveillé
l'Est du Canada à la question de la qualité des produits marins.
Quand on dit que M. Kirby vient de faire son rapport, nous, notre loi a
été adoptée en 1981, après deux ans de
consultation. Donc, ce n'est pas d'hier que cette chose est arrivée.
Si nous avons aujourd'hui 70 projets de modernisation, avec des plans
présentés au ministère, c'est parce que la transformation
des produits marins est enclenchée, en est à la dernière
phase d'approbation pour obtenir les contingentements en vue de procéder
aux appels d'offres ou aux contrats pour la réalisation et la
construction des usines et l'aménagement des équipements.
Je sais que pour vous, Beauceron de l'intérieur des terres, ces
questions doivent revêtir un certain mystère. Je vous entends
dire: Comme les gens de Lévis. Non. Les gens de Lévis sont des
marins. J'ai été élevé dans un village,
Saint-Michel-de-Bellechasse -c'est le même cas pour les gens de Lauzon,
Lévis, Saint-David, Saint-Romuald - où il y avait trois
façons de gagner sa vie, trois façons principales, dont
l'agriculture, car une grande partie du village ou de la paroisse était
agricole, et, deuxièmement, le travail au chantier maritime. À
chaque matin, il y avait un autobus de travailleurs qui partait de Saint-Michel
pour les amener au chantier maritime et en revenir le soir. Remarquez que, dans
le temps - je m'en souviens - cela coûtait 3 $ par semaine pour un
laissez-passer d'autobus. Vous voyez que cela fait un bon bout de temps que
cela ne fonctionne plus comme cela.
La troisième activité considérable dans nos
villages, c'était celle d'être pilote de bateau. Petit gars, je
peux vous dire que, quand je jouais au bord du fleuve, quand j'entendais cinq
petits coups de klaxon, je pouvais dire: C'est le capitaine Pouliot qui passe.
Quand c'était deux petits, trois grands, je pouvais dire que
c'était un autre capitaine, le capitaine Vézina. Quand
c'était un autre nombre de coups, c'était un autre capitaine.
Chaque fois qu'il passait sur le fleuve, le pilote saluait sa famille et,
habituellement, en regardant vers la maison, on savait si la famille
était là ou si l'épouse était là, parce
qu'elle montait le drapeau immédiatement derrière la maison.
Chacune des maisons de pilote avait un drapeau. Elle montait un drapeau du
Québec pour faire signe à l'époux qu'elle l'avait entendu
et que tout était bien. À ce moment-là, le bateau
répondait par un autre coup, un seul coup pour dire: Je t'ai entendu.
Ceci veut dire que, très jeune, comme résident au bord de l'eau,
j'ai été initié aux choses de la mer.
C'est pour cela que je disais évidemment, les espèces
étaient différentes, la pollution était moins grande, dans
ce temps-là - qu'on pouvait se baigner dans le fleuve sans danger, mais
il faut dire que cela commençait. Les poissons commençaient
à sentir - c'était dans les années quarante et cinquante,
ou à la fin des années quarante. C'était plutôt
durant la guerre, il aurait pu y avoir des obus, mais, en tout cas,
c'était à la fin des années quarante et cinquante. Comme
dans le lac Saint-Pierre, une marée aurait pu apporter des obus. Mais je
ne veux pas m'éloigner du sujet...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: C'est pour dire l'importance de la connaissance de ces
choses. J'ai remarqué que le député de Nelligan est
allé faire un tour dans le territoire maritime. Cela a dû
revêtir un certain aspect touristique car je suis persuadé que,
dans le cas de plusieurs de ces endroits, c'était la première
fois qu'il les visitait. J'ai entendu parler de certaines rencontres qui ont
été apparemment assez houleuses; les gens, qui sont de plus en
plus au courant de la loi 48, souhaitent l'avoir. On m'a dit que beaucoup de
citoyens avaient dit au député de Nelligan qu'il devait d'abord
défendre les intérêts des contribuables
québécois, des gens du Québec, avant de défendre
les intérêts des gens du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve ou
d'ailleurs.
Si j'essayais de défendre d'autres personnes que celles du
Québec, j'exprimerais une certaine considération
méprisante pour ces gouvernements puisque cela voudrait dire que je dois
défendre ces citoyens parce qu'ils n'ont pas de gouvernement pour les
défendre. Nous avons toujours dit, par rapport à ces mesures, que
notre rôle était de défendre les intérêts du
Québec. Notre rôle est d'assumer les droits du Québec, ses
droits constitutionnels.
J'ai déploré que le député de Nelligan ait
dit qu'assumer nos droits, cela signifiait de la chicane. J'ai
étudié l'abbé Groulx qui disait que prendre sa place, ce
n'était pas prendre celle des autres; qu'occuper sa place, ce
n'était pas occuper la place d'un autre et que les
Québécois avaient la responsabilité de développer
leurs ressources. Dans l'Évangile, il est dit: Je vais vous donner un
talent, cinq talents ou dix talents et, plus tard, l'intendant viendra faire la
mesure des talents. Celui qui aura enterré son talent et qui le sortira
dix ou vingt ans plus tard en disant: Voici, je l'ai bien gardé, il est
écrit que le Seigneur sera mécontent et vous dira: Vous auriez
dû le faire fructifier, le développer et non pas seulement
l'enterrer.
Quand le Québec cherche à s'approprier les droits qui lui
sont dévolus par la constitution, quand il veut développer au
maximum le secteur des pêches, au fond, il n'assume que sa
responsabilité. J'ai dit à
plusieurs reprises que c'était là mon plus grand
désir. C'est aussi le désir des gens du gouvernement que le
Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve, l'Île-du-Prince-Édouard et la
Nouvelle-Écosse adoptent des lois semblables pour qu'ensuite, autour
d'une même table, le Québec, Terre-Neuve, la
Nouvelle-Écosse, l'île-du-Prince-Édouard, le
Nouveau-Brunswick et le gouvernement fédéral, sur un pied
d'égalité, parce que chacun défendra ses droits, puissent
conclure des ententes en défendant bien leurs concitoyens
respectifs.
Ce n'est pas là faire preuve de dictature ou
d'impérialisme, c'est ce qu'il y a de plus normal. C'est même
inimaginable qu'on pense faire autre chose. C'est pour cela que j'ai dit au
Parti libéral: Si vous étiez au pouvoir, vous n'auriez pas de loi
48, vous n'assumeriez pas les droits du Québec, vous ne
défendriez pas les fonds marins, vous laisseriez faire
entièrement le gouvernement fédéral sans vous
préoccuper des juridictions qui vous ont été
octroyées par le Conseil privé de Londres dans des jugements,
notamment, le jugement de 192D concernant ces questions.
Si le Parti libéral estime que son rôle n'est pas d'assumer
les droits constitutionnels du Québec, que son rôle n'est pas de
défendre les pêcheurs du Québec , comme gouvernement
responsable des juridictions qu'il possède par la constitution, c'est
son choix et c'est sans doute pourquoi, en 1981, les électeurs ont
demandé au Parti québécois de continuer la lutte en
assumant la responsabilité du gouvernement au Québec.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le ministre.
M. le député de Nelligan. (16 h 15)
M. Lincoln: M. le Président, les diatribes du ministre
disent tout. Cela dit tout. On a à peine deux heures pour étudier
les crédits du ministère, on a à examiner et
vérifier quelque chose comme 41 000 000 $ de dépenses et on a
passé 18 minutes à écouter, entre autres, les origines du
ministre, le nom des villages dans lesquels il a vécu, le nom des
pilotes Vézina et Pouliot. C'est formidable! II a fait rire toute
l'armée de fonctionnaires de l'empereur; on rit à ses moindres
propos. Cela fait bien joli, mais, pendant ce temps-là, il y a des gens
du milieu... Si le ministre croit que les 30 personnes qui sont venues faire un
battage à une réunion à Gascons sont
représentatives de tout le milieu, je peux lui demander d'entendre
d'autres personnes aussi qui représentent beaucoup de gens, comme le
regroupement des pêcheurs côtiers, la commission des pêches
de la MRC des Îles-de-la-Madeleine, qui regroupe toutes les associations
de pêcheurs de pétoncle et de crabe, et des pêcheurs
côtiers de la Basse-Côte-Nord qui sont venus le voir et qui sont
venus nous voir aussi.
À cet effet, M. André Dionne disait, dans le Soleil du
mercredi 4 avril: "M. Jean Garon annoncera une hausse de l'ordre de 15% des
subventions accordées à un pêcheur de la flotte
hauturière pour le renouvellement de son bateau." Dans tout cela, je ne
vois pas grand-chose pour les pauvres pêcheurs côtiers qui
mènent une existence minable. C'est toujours le petit groupe de
pêcheurs hauturiers qui sont autour du ministre. Je comprends qu'ils
soient venus faire du battage, quand on leur donne 15 000 000 $ pour une
nouvelle usine, la plus moderne du monde, où le gouvernement va investir
12 500 000 $, plus de 85%.
M. André Dionne du Soleil disait lui-même:
"Déjà quatre pêcheurs, parmi les plus engagés au
plan politique, se sont prévalus de cette nouvelle entente." Il donne
les noms. Naturellement, ils sont venus faire un battage et ce n'est pas
étonnant, c'est un petit peu symptomatique; tout de suite, le ministre
est informé de ce qui se passe à ces réunions. On n'est
pas sitôt parti que ce sont les haut-parleurs du ministre. Je suppose que
toutes les questions qui nous ont été posées
étaient presque mises dans leur bouche. C'est étonnant que le
ministre sache tellement ce qui se passe, même quant aux questions qui
nous ont été posées sur les droits du Québec par
rapport à ceux des autres provinces. C'est un petit peu étonnant
que le ministre connaisse même le genre de questions qui nous ont
été posées là-bas, mais ça ne nous fait pas
peur que 30 pêcheurs pensent différemment des autres, ou 50
pêcheurs ou 120 pêcheurs. Il y en a sans doute des centaines qui
pensent différemment, qui pensent qu'ils ne se sont pas fait
écouter, qui pensent qu'il faudrait une consultation.
Le ministre dit que j'ai dit qu'on ne devrait pas assumer nos droits
s'il naît de la chicane. Je n'ai jamais jamais dit cela et c'est
déformer les propos des gens. Ce que j'ai dit au ministre, c'est que
toute la question des droits du Québec en est une de perception de ce
que sont les droits du Québec. C'est lui, l'empereur, qui décide
ex cathedra que les droits du Québec nous donnent automatiquement droit
au fond marin.
Il dit que le Parti libéral n'a jamais défendu les droits
du Québec. Est-ce le Parti libéral qui a perdu l'entente de 1922?
Pendant les gouvernements du Parti libéral, l'entente de 1922 est
restée au Québec. C'est vous qui l'avez perdue. Quand vous venez
me dire que l'entente de 1922 a été reprise en juillet 1983, ce
n'est pas vrai. En janvier 1982, 75% de l'entente de 1922 avait
été reprise sur tous les bateaux de 35 pieds et plus qui
représentent la plus grosse partie des prises au Québec.
Qu'est-ce que vous avez fait à ce moment-là? Est-ce que vous
avez fait une motion d'urgence en Chambre? Vous avez fait une
déclaration banale aux journaux pour dire que le gouvernement
fédéral avait enlevé les droits légaux. Ensuite,
vous venez dire: Qui défend les droits du Québec? Au moins, le
Parti libéral n'a pas perdu l'entente de 1922.
Nous disons que, si le Parti libéral est élu, on va aller
négocier ferme avec Ottawa pour retrouver l'entente de 1922. La loi 48,
qu'est-ce qu'elle règle? Cela va faire plus de conflits juridiques. Et
si on perd les conflits juridiques, qu'est-ce qui va se passer à ce
moment-là? Votre ministre de la Justice lui-même vous met en
garde. Il dit qu'il y a des possibilités de conflit juridique dans ses
propres cahiers. Il n'est pas trop sûr par rapport... S'il était
tellement sûr, pourquoi aurait-il parlé de contestation juridique?
Nous avons dit qu'on est en train de créer un cafouillis où
toutes les provinces vont aller se battre dans des juridictions, des guerres
stériles de permis, etc. C'est contre ça qu'on vous met en garde.
On ne fait que vous dire ça et on n'est pas les seuls à le dire.
Ce ne sont pas juste les gens du Nouveau-Brunswick qui le disent. Il y a
combien de gens, au Québec, qui ont envoyé des
télégrammes.
Il nous reste très peu de temps. Il nous reste à peine une
heure et demie pour étudier les crédits. Nous voudrions poser des
questions pratiques sur le budget de 1984-1985. Par exemple, au point de vue de
la normalisation, de la rationalisation du secteur de la transformation des
produits de la mer, là où le gros du budget est affecté,
16 000 000 $, est-ce que vous auriez pu nous donner une ventilation, des
détails, à savoir où vont les 16 400 000 $? Est-ce que
vous auriez pu nous dire à quelles usines les subventions vont
être données? Comment ces 16 400 000 $ vont-ils être
distribués?
Soit dit en passant, M. le ministre, avant que j'oublie, concernant
votre remarque sur Madelipêche, là aussi mes propos ont
été déformés. Je n'ai jamais dit qu'on avait peur
que Madelipêche devienne une trop grande entreprise. Ce qu'on a dit et ce
qui nous choque, c'est que Madelipêche devienne une grande entreprise
d'État. Ce n'est pas une grande entreprise d'État.
Madelipêche est aujourd'hui la propriété à 100%, 95%
ou 96%, du gouvernement du Québec, que ce soit par le biais de SOQUIA ou
du MAPAQ. Ce qu'on vous dit, c'est que le gouvernement du Québec
s'implique tellement dans Madelipêche et cela fait tellement de millions
de dollars qui y sont investis qu'à un moment donné, où
est l'intérêt des pêcheurs, où est
l'intérêt des travailleurs d'usine? Comment ces gens-là,
les Madelinots, à qui cela devrait appartenir...
Vous avez dit qu'on va reprendre Madelipêche des Pêcheurs
unis pour remettre cela au milieu. Comment le milieu va-t-il racheter
Madelipêche? C'est une grosse affaire. Vous y investissez des millions de
dollars tous les jours. C'est rendu à 20 000 000 $, 30 000 000 $.
Combien de millions? C'est ce dont on a peur, une espèce de grande
entreprise, une autre société d'État que vous allez
créer, un autre géant d'État qui va aller concurrencer
l'entreprise privée, les gens qui n'ont pas les moyens de bâtir
des usines. C'est cela qu'on vous reproche. Quand on examine l'organigramme, on
y voit un monstre qui est en train de se créer avec des millions de
dollars des contribuables. Ce n'est pas votre argent. C'est l'argent de tout le
monde. Madelipêche est une société d'État. C'est
cela qui nous fait peur, une grande société d'État qui
devient de plus en plus grosse, comme un gros éléphant. À
un moment donné, les Madelinots, où vont-ils prendre l'argent
pour ravoir ce qui leur appartient, ce qui devrait leur appartenir? C'est cela
la question. Ce n'est pas la grandeur de Madelipêche qui nous fait peur.
Ce sont des grandes sociétés d'État. D'un
côté, il y a vous, et, de l'autre côté, la
société fédérale, et les pêcheurs se
retrouvent entre les deux. D'abord, vous auriez peut-être pu nous dire
où vous allez distribuer les 16 400 000 $ et, dans un deuxième
temps, vous auriez pu nous dire combien le gouvernement du Québec a
investi dans Madelipêche jusqu'à présent, est en train
d'investir et va investir au cours de 1984-1985, en dehors du budget des
pêcheries.
Madelipêche
M. Garon: C'est une somme considérable. Vous semblez
penser que nous allons investir trop d'argent dans Madelipêche. Cela veut
dire que le Parti libéral considère qu'il en investirait moins.
Mais on ne peut pas en injecter trop et pas assez en même temps.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous poser une question alors?
M. Garon: Je vais y répondre.
M. Lincoln: Tous les arguments, vous les retournez à votre
goût. Je vais vous poser une seule question précise. Est-ce que
vous pensez que c'est juste que, pour la normalisation d'une usine, une usine
d'État se serve des fonds de l'État, parce que c'est une usine de
l'État comme Madelipêche, que tous les fonds de normalisation
d'une usine viennent directement de l'État et que, par contre, une
entreprise qui s'est prise elle-même en main, qui subsiste grâce
aux pêcheurs et aux entrepreneurs qui ont créé leur propre
usine, ne puisse pas prendre 100% des fonds de l'État? Pensez-vous
que
c'est juste?
M. Garon: Oui, et je vais vous dire pourquoi.
M. Lincoln: Ah!
M. Garon: Essentiellement, l'entreprise Madelipêche n'est
en concurrence avec aucune entreprise du Québec puisque...
M. Lincoln: Ce n'est pas croyablel
M. Garon: Oui. Voyonsl Savez-vous quel poisson Madelipêche
traite?
M. Lincoln: Oui, je sais quel poisson Madelipêche
traite.
M. Garon: Quel poisson?
M. Lincoln: Madelipêche traite le poisson de fond.
M. Garon: Lequel? Quelle sorte? M. Lincoln: II traite le
sébaste.
M. Garon: Quelle usine au Québec traite le
sébaste?
M. Lincoln: Écoutez! M. le Président, je ne suis
pas ici pour répondre aux questions du ministre. C'est à lui de
répondre à nos questions. On n'est pas dans sa chaise. Ma
question est très précise. On n'est pas à une leçon
d'école où vous allez me poser des questions et dire: Dix points
ou neuf points. Ce que je vous demande, c'est ceci: Combien allez-vous investir
dans Madelipêche?
M. Garon: Je vais vous dire cela.
M. Lincoln: Deuxièmement, quelle est la distribution des
16 400 000 $? Je ne suis pas ici pour répondre à vos questions.
Vous êtes ici pour répondre à nos questions.
M. Gagnon: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Dupré): On va laisser le ministre
répondre aux questions du député de Nelligan.
M. Gagnon: Vous allez le faire?
Le Président (M. Dupré): Oui, M. le
député de Champlain.
M. Garon: Vous comprenez que je ne partage pas du tout les propos
du député de Nelligan, puisqu'il a parlé des
pêcheurs côtiers qu'il a rencontrés. Il a parlé
essentiellement de l'Association des pêcheurs côtiers et de M.
Cauvier, sans doute. Dans cette municipalité, le député de
Gaspé pourrait lui dire combien de personnes résidant autour de
M. Cauvier ont signé la pétition en faveur de la loi 48. Je pense
que tous les voisins de M. Cauvier, sans exception, ont signé la
pétition en faveur de la loi 48. M. Cauvier, je pense, est le seul dans
son coin à ne pas l'avoir signée. Le député de
Gaspé lui-même pourra en informer cette commission, puisque ce
sont des gens du milieu qui ont réagi aux télégrammes
qu'envoyait M. Cauvier, qui avait l'habitude d'avoir les contrats du
gouvernement fédéral qu'il exécutait dans sa cave.
Maintenant, quand le député de Nelligan a dit que les
pêcheurs côtiers étaient minables, moi, je regrette, les
pêcheurs côtiers ne sont pas des gens minables. Les pêcheurs
côtiers...
M. Lincoln: Excusez. Je suis fatigué de voir le ministre
détourner mes propos.
Le Président (M. Dupré): Est-ce que c'est une
question de règlement?
M. Lincoln: Question de règlement. Je n'ai jamais dit que
les pêcheurs étaient minables. J'ai dit: Ils mènent un
existence minable. Il est bien important de le dire. Je n'ai jamais
accusé des gens d'être minables. Il faut que le ministre commence
à dire la vérité comme elle est. J'ai dit qu'ils
mènent une existence minable et c'est vrai. Je n'ai pas dit qu'ils
étaient minables. C'est cela la différence.
Le Président (M. Dupré): C'est une question
d'opinion.
M. Lincoln: Ce n'est pas une question d'opinion.
Le Président (M. Dupré): M. le ministre.
M. Garon: Je pense que les pêcheurs de la Gaspésie
ne mènent pas une existence minable. Ils gagnent leur vie de la
meilleure façon qu'ils le peuvent. Certains la gagnent très bien;
d'autres, moins facilement. Il y a 11 000 pêcheurs et
aides-pêcheurs, dont un grand nombre sont des pêcheurs
côtiers, qui gagnent leur vie dans le secteur. Les pêcheurs de
homard vont avoir l'occasion, bientôt, d'expérimenter la gestion
fédérale après avoir connu celle du Québec. Je les
laisse libres de juger. Je considère les pêcheurs comme
très intelligents, comme capables de voir ce qui se passe, comme
capables d'apprécier la gestion. Ils auront l'occasion de voir, en 1984,
la gestion fédérale après avoir connu la gestion du
Québec. Dans ce sens, les libéraux nous auront rendu
peut-être un certain service
malgré eux puisque, si nous avions adopté la loi 48 plus
tôt, nous aurions pu l'appliquer en 1984. Ainsi, les pêcheurs du
Québec pourront voir l'effet de la seule gestion fédérale
sur les pêches du Québec. Ils ne pourront pas se chicaner
seuls.
La protection du saumon en mer sera de la responsabilité
fédérale. L'administration des pêches en mer sera de la
responsabilité fédérale et ils seront à même
de comparer entre ce qui va se passer en 1984 et la gestion du Québec en
1983, en collaboration et en consultation avec eux. Je peux vous dire
qu'à chaque jour qui passe, des pêcheurs se rendent compte de
choses et notre appui de la loi 48 augmente à tous les jours. Je peux
vous dire qu'après Pâques je prendrai beaucoup plus de temps pour
aller leur expliquer cela. J'expliquerai en même temps les montants
d'argent que le gouvernement du Québec a investis, notamment, dans
Madelipêche. Le gouvernement du Québec a prêté 3 000
000 $ à Madelipêche pour moderniser ses bateaux de pêche et
3 000 000 $ ont été investis par Madelipêche, en 1983-1984
et au début de 1984. C'est donc dire que les bateaux sont prêts
maintenant à partir pour la pêche. Depuis janvier jusqu'à
maintenant, la modernisation des bateaux a été effectuée
à l'intérieur des bateaux; 3 000 000 $ ont été
investis.
Au cours de cet hiver, également, 3 000 000 $ ont
été investis dans de la machinerie, dans de l'équipement
sophistiqué et moderne. Je n'ai pas les derniers chiffres. 3 000 000 $,
c'est un chiffre rond. C'est ce que nous avions accepté, autour de 3 000
000 $ pour moderniser son équipement. Les plans doivent être
prêts actuellement, sur la modernisation des bâtisses à
partir de cet automne, une fois la saison terminée. Cela se fera au
cours de l'hiver 1984-1985 pour qu'à l'ouverture Madelipêche soit
une entreprise totalement modernisée, totalement normalisée.
C'est pourquoi nous sommes rendus à 9 000 000 $. (16 h 30)
Nous avons aidé aussi financièrement Madelipêche
afin que les dettes qui n'avaient pas été payées par
Pêcheurs unis ne pénalisent pas l'administration de
Madelipêche. Nous sommes justement à travailler là-dessus.
Cependant, Madelipêche devra rembourser au gouvernement du Québec
les sommes avancées durant cette période, afin de ne pas la
pénaliser sur le plan administratif, après avoir
récupéré un certain montant de la faillite de
Pêcheurs unis - on dit qu'on pourra récupérer quelques
centaines de milliers de dollars - et, ensuite, après les actions qui
s'imposent sur le plan juridique pour récupérer le reste. Nous
pensons avoir d'autres recours pour récupérer le reste et nous
souhaitons que Madelipêche récupère tout l'argent qui lui
était dû par
Pêcheurs unis et qui n'a pas été payé. Ils
s'étaient financés à même les revenus de
Madelipêche au cours de la dernière année.
Il y a aussi un autre projet pour lequel je suis autorisé par le
Conseil des ministres à écrire une lettre, offrant 3 000 000 $
additionnels à Madelipêche, que je n'ai pas encore écrite.
Je veux voir les différentes possibilités auparavant. Il s'agit
d'une usine de farine à poisson qui est désuète
actuellement, puisque l'usine actuelle a une quarantaine d'années. Nous
voulons étudier, dans les mois qui suivent, toutes les
possibilités pour voir la façon la plus rentable, la plus
économique et qui donne le plus de valeur rajoutée au
sous-produit. C'est une usine de farine à poisson. Actuellement, 3 000
000 $ sont disponibles pour un projet comme celui-là, si c'était
le meilleur projet.
M. le Président, ceci veut dire qu'à toutes fins utiles,
sous forme de subventions ou de prêts, cette année et l'an
prochain, on aura prêté à Madelipêche environ 15 000
000 $. Il s'agit, pour une bonne part, de prêts. Il s'agit simplement de
3 000 000 $ pour qu'elle puisse faire l'exploitation parce que Pêcheurs
unis ne l'avait pas payée. Ce ne sont pas des investissements, c'est
simplement temporaire. En termes d'investissements sur les bateaux et sur les
usines, il s'agira d'environ 12 000 000 $ dont une partie sous forme de
subventions, une partie sous forme de prêts.
M. Lincoln: M. le ministre, brièvement parce que, si vous
prenez 20 minutes pour répondre à chaque question, on n'a que
jusqu'à 18 heures. Tout ce que je veux savoir, c'est le total des
subventions et des prêts à Madelipêche. On n'a pas besoin de
savoir si vous allez acheter un équipement pour un moulin à
farine. Tout ce qu'on veut savoir, c'est le montant total.
M. Garon: II y a des emprunts là-dedans.
M. Lincoln: De combien sont les emprunts? De combien sont les
subventions?
M. Garon: II faudrait présenter un bilan pour donner de
tels chiffres, parce qu'il y a eu du financement temporaire par le
ministère des Finances pour ouvrir la saison de pêche l'an
dernier. Cela a été remboursé. Il y a eu du financement
temporaire aussi parce que Madelipêche n'avait pas été
payée par Pêcheurs unis. Cela sera remboursé parce qu'il y
aura une autre forme de financement, pour une période
intérimaire, si jamais il y a des poursuites et que cela donne des
résultats ou le paiement de la faillite.
Si on regarde les investissements eux-mêmes, pour les bateaux, il
s'agit d'un prêt de 3 000 000 $.
M. Lincoln: Sans entrer dans les détails, M. le ministre,
parce qu'on va perdre trop de temps. Je réalise que vous ne connaissez
pas les chiffres.
M. Garon: Bien oui, je connais les chiffres.
M. Lincoln: Vous dites vous-même qu'il faut un bilan.
Est-ce qu'on peut avoir un bilan?
M. Garon: Non, c'est qu'il y a eu des roulements dans ces
financements-là. Il y a eu...
M. Lincoln: On ne peut pas passer tout le temps à nous
donner des petits bouts de morceaux. On a envie de l'image totale. Est-ce qu'on
peut vous demander de déposer le plus tôt possible un bilan nous
montrant combien d'argent a été investi par le gouvernement du
Québec dans les entreprises de Madelipêche, que ce soit pour les
bateaux ou les usines, depuis la loi 23 par laquelle vous avez saisi les actifs
de Madelipêche?
M. Garon: Vous ne le verrez pas par cela. Ce que je vous
expliquais, au fond, c'est que la partie avancée par le gouvernement
pour le fonds de roulement a fluctué. Cela a été
remboursé; il ne s'agit pas de subventions ou de quoi que ce soit, il
s'agit de prêts temporaires pour faire fonctionner les
opérations.
M. Lincoln: On est en train de...
M. Garon: J'ai dit que c'est ce qui apparaît au bilan.
M. Lincoln: À ce moment-là, ne...
Le Président (M. Dupré): M. le
député!
M. Garon: Cela a tout été remboursé.
M. Lincoln: Si c'est remboursé, on ne le montre pas.
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Nelligan!
M. Garon: Bien oui, mais...
Le Président (M. Dupré): La commission veut
entendre le ministre.
M. Garon: J'ai dit ensuite: Pour la construction, je divise les
opérations en trois: du financement de fonds de roulement ou de marge de
crédit, si on veut; des réparations sur des bateaux et,
troisièmement, la construction d'usines ou l'achat d'équipement
dans les usines.
M. Lincoln: M. le Président...
M. Garon: Pour ce qui est du fonds de roulement, cela a
varié. Il s'agissait d'avances tout simplement. Pour la
réparation des bateaux, il s'agit de prêts de 3 000 000 $ pour la
modernisation des usines. Il y a des subventions et il y a aussi la prise de
capital sous forme de capital-actions.
M. Lincoln: M. le Président, tout ce que je dis au
ministre pour la 20ème fois, c'est qu'on n'a pas envie de passer toute
l'heure et demie qu'il nous reste à revoir en détail: 1 000 000 $
ici et 3 000 000 $ là-bas et si c'est pour les bateaux ou quoi. Tout ce
qu'on veut, c'est une image totale. S'il ne peut pas la faire maintenant, ne
donnez pas de petites bribes.
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Nelligan, vous posez les questions et le ministre y répond.
M. Lincoln: Mais non! Il ne répond pas à ma
question.
Le Président (M. Dupré): Oui, mais...
M. Lincoln: J'ai demandé au ministre, M. le
Président...
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Nelligan, le ministre a le choix de ses réponses.
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable!
M. Gagnon: M. le Président, sur une question de
règlement. La question qui a été posée par M. le
député de Nelligan m'intéresse grandement. Je pense que
vous avez posé une bonne question. Cela m'intéresse aussi de
savoir la ventilation des montants. C'est ce que le ministre est en train de
nous donner. Si on lui donne le temps de vérifier ce qui a servi
à la réparation des bateaux, ce qui a servi à la
réparation des usines et ce qui est allé au fonds de roulement,
je pense que cela va éclairer l'ensemble de la commission.
M. Lincoln: M. le Président, tout ce que je veux dire,
c'est qu'on a seulement une heure et demie pour tous les crédits. Est-ce
qu'on va passer 25 minutes à entendre seulement des petites bribes? Nous
sommes disposés à avoir cette information plus tard.
Le Président (M. Dupré): Je vous
répète...
M. Lincoln: Que le ministre nous dépose cela demain,
après demain ou la semaine prochaine, pourvu que ce soit...
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Nelligan, je vous répète...
M. Lincoln: II ne connaît pas les chiffres.
Le Président (M. Dupré): Je comprends, mais vous
posez vos questions, le ministre a le choix des réponses. C'est lui qui
est en titre. À partir de là, on ne peut pas discuter. Vous
pouvez toujours revenir sur d'autres questions plus précises.
Maintenant, si vous voulez que le ministre dépose le rapport
ventilé, demandez-le lui.
M. Lincoln: On lui a demandé...
Le Président (M. Dupré): Oui, mais la
réponse lui appartient à lui, et non pas à vous ni
à moi.
M. Maltais: M. le Président, sur une question de
règlement. Là-dessus, je suis d'accord avec le
député de Champlain, mais il y a une chose, c'est que le ministre
fait à mesure ses chiffres ou on les lui souffle. Je pense qu'on a
besoin d'avoir le bilan clairement déposé et on lui en fait la
demande pour la nième fois. Qu'il dépose le bilan la semaine
prochaine ou dans quinze jours, cela ne nous dérange pas, mais qu'il ne
nous donne pas des bribes de chiffres à gauche et à droite comme
cela; personne ne s'y retrouve, même pas lui. La preuve: il est à
gauche, il est à droite. C'est un prêt, c'est un faux prêt,
c'est ci, c'est cela. Personne ne se comprend, à commencer par lui.
Comment voulez-vous que les pêcheurs se comprennent. On lui
demande...
Le Président (M. Dupré): Monsieur...
M. Maltais: ...un dépôt du bilan, qu'il le
dépose. Changeons de sujet et qu'on continue l'étude des
crédits.
M. Gagnon: Je m'excuse. Les membres de l'Opposition peuvent bien
changer de sujet. Pour ma part, si la question n'avait pas été
posée par le député de Nelligan, je me proposais de la
poser. Je veux avoir la ventilation. Si le ministre peut aussi déposer
le bilan, on veut l'avoir. Mais je veux avoir la ventilation que le ministre
est en train de faire.
Le Président (M. Dupré): M. le ministre.
M. Garon: Le...
M. Houde: M. le Président, il me semble qu'on pourrait...
Est-ce qu'on m'a donné la parole?
M. Garon: Non, le président me l'a donnée.
Le Président (M. Dupré): Si c'est une question de
règlement, qu'est-ce que c'est?
M. Houde: Oui, oui. Tantôt, on a demandé de
déposer le bilan; ce n'est pas nécessaire qu'il soit
expliqué. On le lira.
Le Président (M. Dupré): Non! Vous ne faites que
répéter les questions des autres. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je vais vous lire le... Je peux
mentionner tous les chiffres sans aucune explication, alors...
Le Président (M. Dupré): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Houde: Dites-le!
Le Président (M. Dupré): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Garon: Appelez le neurologue, M. le Président.
Le Président (M. Dupré): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Berthier, à l'ordre! On
veut écouter le ministre.
M. Garon: Appelons le neurologue, M. le Président, le
député de Berthier s'excite.
M. Houde: M. le Président, question de règlement!
J'aime cela quand le ministre fait des - je ne dirai pas le mot exact... On a
une heure et demie pour terminer l'étude. On en aurait pour cinq heures.
Il me semble que, d'abord, le ministre devrait être sérieux.
Merci.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Dupré): Laissez au ministre le
temps de s'exprimer et de donner les réponses aux questions que vous
avez posées.
M. Garon: La question qui est posée est vaste et le bilan
ne répondrait pas à la question qu'il a posée. Je vais
énumérer toutes les avances qui ont été faites ou
tous les montants qui ont été octroyés ou
prêtés à Madelipêche, sans aucune explication.
La première avance a été une garantie bancaire de 2
000 000 $...
Le Président (M. Dupré): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Voici les interventions financières dans
Madelipêche Inc.
Premièrement, une garantie bancaire de 2 000 000 $ a
été accordée à Madelipêche
Inc. par le ministère des Finances comme marge de crédit
initiale pour ouvrir la saison de pêche au printemps 1983.
Deuxièmement, des subventions à la Société
québécoise des pêches au montant de 2 000 000 $, dont 1 000
000 $ en 1983-1984 et 1 000 000 $ en 1984-1985, pour l'acquisition de 20 000
actions de Madelipê-che Inc. pour lui permettre de rembourser le
prêt du ministre des Finances et, ensuite, un prêt de 950 000 $
pour permettre le remboursement de 950 000 $ dus au ministre des Finances. Il
s'agissait de tenir compte de la dette de Pêcheurs unis.
Troisièmement, des subventions au montant de 1 750 000 $ à
SOQUIA pour l'acquisition de 17 500 actions de Madelipêche Inc., parce
qu'il fallait des fonds pour ouvrir la saison de pêche au début de
l'année également. C'était une partie sous cette
forme-là.
Quatrièmement, un prêt de 3 000 000 $ pour financer les
réparations de bateaux de pêche 1983-1984, dont 2 000 000 $ en
1983-1984 et 1 000 000 $ en 1984-1985.
Cinquièmement, des subventions pour la modernisation des usines
par l'achat d'équipement. Il s'agit d'investissements d'environ 3 500
000 $, dont 1 226 000 $ ont été versés en 1983-1984, 50%
du montant qui sera investi. Est-ce que cela va être 3 000 000 $? Il y a
un engagement pour des investissements qui vont être d'environ 3 000 000
$ sur l'achat d'équipement.
Pour le reste, comme il s'agit d'engagements pour l'avenir - il ne
s'agit pas d'argent versé - je ne les mentionnerai pas pour ne pas
donner trop de chiffres à la fois et mêler davantage les gens de
l'Opposition.
Le Président (M. Dupré): Je vais passer la parole
au député de Gaspé.
M. Le May: M. le Président, j'aurais deux questions
à poser au ministre.
M. Lincoln: J'ai demandé aussi au ministre de
déposer la ventilation des montants...
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Nelligan, vous aurez l'occasion de revenir après.
M. Lincoln: Non, non. C'est une question à laquelle le
ministre n'a pas répondu.
Le Président (M. Dupré): Vous la poserez de nouveau
lorsque le temps viendra.
M. Lincoln: Ah non! Excusez-moi, M. le Président, mais
j'ai posé deux questions au ministre, une à propos de
Madelipêche et l'autre...
M. Garon: Ah oui! C'est vrai.
M. Lincoln: C'est vrai.
Le Président (M. Dupré): Bon! D'accord.
M. Garon: L'autre, ce sont les usines. On a une liste de projets
pour lesquels on pense avoir des investissements à peu près dans
des usines. Je pense que ces documents sont... Attendez un peu. Je n'ai pas
l'intention de déposer ces documents parce qu'il s'agit de
projets...
M. Lincoln: Ah!
M. Garon: Attendez un peu! Qu'est-ce qui se passe, donc?
Le Président (M. Dupré): On écoute la...
M. Garon: II s'agit d'entreprises qui parlent de projets avec le
ministère, qui ont des plans déposés. Elles sont en train
de rajuster leurs plans. Elles complètent leurs plans pour approbation
en vue de faire des investissements. Tout cela n'est pas définitif. Je
vous ai dit qu'il y avait 70 projets. Quand on additionne tous ces projets,
c'est de cette façon qu'on arrive à dire que cela va être
des investissements d'environ 42 000 000 $, actuellement. C'est approximatif,
mais pas avec de grandes marges d'erreurs, puisque c'est basé sur des
projets concrets qui ne sont pas finals et pour lesquels il va y avoir des
investissements. Dans certains cas, il s'agit de 20% et, dans d'autres cas, il
s'agit de 50%.
Essentiellement, 50% sont des cas d'entreprises qui ont
été mises sur la liste noire du gouvernement
fédéral parce qu'elles peuvent entrer en concurrence avec des
projets du gouvernement fédéral. Le gouvernement
fédéral ne veut pas payer sa part, essentiellement. Pour
Madelipêche, le gouvernement fédéral ne veut pas payer sa
part. Pour Newport, le gouvernement fédéral ne veut pas payer sa
part. Pour Rivière-au-Tonnerre, nous allons payer seuls aussi, puisque
le gouvernement fédéral ne veut pas payer sa part. Pour
Blanc-Sablon et Natashquan aussi, nous allons payer seuls, parce que le
gouvernement fédéral n'est pas intéressé à
des usines polyvalentes sur la Côte-Nord. Il aime mieux des usines
où les gens vont continuer à pelleter du sel sur la morue
seulement.
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Gaspé.
Modernisation des usines
M. Le May: Oui, M. le ministre. Je vous avais parlé
à deux reprises de 70
demandes pour moderniser les usines. Puis-je savoir combien, en
pourcentage, cela peut représenter sur le nombre total d'usines qui ont
l'intention de se moderniser? (16 h 45)
M. Garon: À notre grande surprise, à peu
près toutes les usines existantes ont des projets de modernisation.
M. Le May: Est-ce que cela veut dire que les usines qui n'ont pas
encore présenté de projet se proposent soit de fermer leurs
portes, soit de s'associer avec d'autres?
M. Garon: On ne peut pas connaître actuellement le portrait
à ce point de vue. Est-ce qu'il y a des projets dans ce sens? Je ne peux
pas vous le dire actuellement pour toutes les usines, mais une très
grande majorité des usines existantes ont des projets de modernisation.
Maintenant, il y a des offres de désuétude qui ont
été formulées. J'en ai encore d'autres à faire au
bureau. Cela porte sur certains équipements. Par exemple, si je prends
la Coopérative du Gros-Cap, aux Îles-de-la-Madeleine, nous lui
avons fait une proposition d'offre de désuétude, puisqu'elle
pense démolir les vieux équipements pour bâtir
entièrement à neuf. Puisqu'elle fêtait son 50e anniversaire
d'existence en 1983, elle a le goût de bâtir en neuf.
Dans d'autres endroits aussi, nous avons envoyé des offres de
désuétude pour faire disparaître des bâtiments
démodés. Lorsque ces bâtiments sont démolis, nous
allouons un montant pour une désuétude. Souvent, ces montants
sont appliqués à la construction de nouvelles usines. Je peux
vous dire que, depuis ce matin, à Newport par exemple, de vieux
équipements du ministère sont en démolition. Notamment,
l'usine à glace est en démolition. N'ayez pas peur, les
pêcheurs ne manqueront pas de glace. Mais comme l'usine à glace
est localisée sur le site de notre future usine de la
Société des pêches, à Newport, à ce
moment-là, nous approvisionnerons les gens de Newport avec de la glace
qui viendra d'autres localités, en attendant que les autres
équipements soient organisés. Il n'y aura pas de problème
au point de vue de l'approvisionnement de la glace. Actuellement, dans le
processus, il y a des démolitions et des constructions nouvelles, mais
on n'a pas le portrait assez complet pour dire quels sont ceux qui vont
abandonner de façon définitive.
Pour la demande de subvention pour la construction d'usines neuves, la
date limite était le 31 mars dernier. Pour la désuétude,
la date limite est prévue pour la fin de juin 1984. Ceci veut dire que
pour les prochaines modernisations, dans l'ensemble des projets que nous allons
subventionner, il y en a peut-être qui vont fonctionner sans subvention.
Mais il faudrait quand même que cela entre dans le cadre de
l'intérêt public. S'il n'y a pas d'approvisionnement disponible,
il n'y aura pas de permis non plus, si on ne veut pas multiplier les usines
au-delà de la capacité d'approvisionner ces usines. Plus tard, on
en saura davantage, disons vers la fin de juin, lorsque tous les projets de
désuétude, les demandes de compensation pour
désuétude seront entrés au ministère.
Ce qui est exceptionnel et enthousiasmant, c'est qu'aucune des personnes
ayant travaillé à ces projets n'aurait pensé qu'il y
aurait autant d'engouement ou d'enthousiasme dans la modernisation du secteur
des pêches au Québec. Autant de projets, je peux vous dire que
cela dépasse les espérances de tous ceux qui ont travaillé
à ce projet au ministère.
M. Le May: M. le ministre, ma deuxième question en est une
que je trouve primordiale. Chaque fois que je fais des rencontres avec les
organismes de pêcheurs, cela revient constamment. C'est le fameux
problème du froid et de la bouette.
M. Garon: Oui.
M. Le May: Cela inquiète les pêcheurs. Depuis deux
ans au moins, je rencontre des groupements de pêcheurs et ils me disent:
La bouette, quand est-ce que cela va se régler? Le froid? La
congélation? Les entrepôts frigorifiques qui sont démolis,
etc.? Cela inquiète beaucoup les gens. Cela inquiète aussi les
pêcheurs côtiers qui, eux, aimeraient fournir les associations
côtières en bouette. Ils voient les hauturiers, par exemple, aller
chercher le hareng ou le maquereau dans les autres provinces pour venir
l'entreposer ici, alors que nos pêcheurs côtiers sont
obligés de les jeter au bout du quai.
Croyez-vous que pour la saison de pêche - non pas celle qui vient,
bien sûr, mais celle de 1985 - les problèmes du froid et de la
bouette seront finalement réglés?
M. Garon: En 1984, les problèmes du froid et de la bouette
seront réglés. Quant au froid, je peux vous dire qu'on a pris des
dispositions pour que la glace soit disponible. Nous allons peut-être
aussi nous servir d'équipements que nous ne pensions pas faire
fonctionner en 1984, pour que la période transitoire de 1984 soit la
plus harmonieuse possible. Comme, dans notre projet, chaque usine doit fournir
son froid afin que le gouvernement ne soit plus un fournisseur de froid,
à partir de 1985, normalement, il n'y aura plus d'entrepôt
frigorifique dirigé par le gouvernement. Ces entrepôts seront la
propriété des entreprises dans tous les projets de normalisation;
pour qu'un projet
soit accepté, les entreprises doivent prévoir le froid
dont elles auront besoin. Il n'y aura plus de "frigidaires" gouvernementaux;
chaque entreprise aura les "frigidaires" dont elle aura besoin.
Pour la glace, il n'y a pas de règle absolue actuellement parce
que nous souhaitons la prise en charge par les gens du milieu des
équipements de fabrication de glace. Pour donner un exemple concret,
à Newport, la Société des pêches de Newport, qui est
constituée en partie des pêcheurs de Newport, à 80%,
puisqu'il y a 65 pêcheurs qui en sont membres, pourra fournir la glace
à ceux qui en auront besoin à Newport. Ce sera
l'équipement de la société, le gouvernement ne sera plus
là. Lorsque ces équipements seront en place, il y aura de la
fourniture de glace par les gens de Newport.
À Rivière-au-Renard, l'Association des pêcheurs et
capitaines hauturiers m'a demandé officiellement de diriger
elle-même un équipement de fourniture de glace. J'ai
acquiescé à sa demande en principe; actuellement, nous
étudions les plans, en collaboration avec elle, pour la construction de
l'équipement nécessaire à la fourniture de la glace
à Rivière-au-Renard qui sera la propriété des
pêcheurs.
Durant la période transitoire, nous dirigerons les
équipements de fourniture de glace à Rivière-au-Renard, ce
que nous ne pensions pas faire cette année. Aussitôt que
l'entreprise des pêcheurs sera prête, nous n'avons pas l'intention
de leur faire concurrence; nous avons l'intention de démolir les
équipements actuels où, possiblement, de les vendre, s'il y a des
intéressés. Nous n'avons pas l'intention de les laisser sur place
non plus, parce que nous ne voulons pas faire de concurrence déloyale ou
que quelqu'un d'autre, à même nos équipements, fasse une
concurrence déloyale aux pêcheurs qui veulent prendre en main leur
fourniture de glace. Je souhaite que les gens du gouvernement
fédéral, des Pêcheries Cartier, fassent de même et
laissent la fourniture de glace aux pêcheurs qui peuvent et souhaitent
s'organiser.
À Sainte-Thérèse, j'ai rencontré les gens et
ils m'ont dit que les gens du gouvernement fédéral ou les gens du
ministère des Pêches et des Océans leur ont dit: Si vous
vous organisez pour faire sortir les gens du Québec du domaine des
pêches et que vous exigez leur terrain, on a un projet pour vous. Comme
les gens de Sainte-Thérèse ne fonctionnent pas de cette
façon, cela les a choqués et ils ont répondu: Nous
préférons travailler avec un gouvernement qui est de notre
côté depuis des dizaines d'années. Ils sont actuellement
à mettre au point un plan avec beaucoup de dynamisme, d'ailleurs. Je
peux vous dire qu'il y a des moments de grande émotion dans le secteur
des pêches. La prise en main du secteur des pêches par les gens du
territoire est enthousiasmante. Ces gens de Sainte-Thérèse ont
conçu un plan où il y aura, côte à côte, de
l'équipement pour la glace et de l'équipement pour la bouette.
Ils dirigeront eux-mêmes l'entreprise, tous ensemble, comme
communauté, à l'intérieur d'une corporation qui sera la
propriété des gens de Sainte-Thérèse. Je comprends
que cela choque le député de Berthier, mais c'est ça, la
prise en main, M. le député. C'est un acte de foi de croire que
les gens vont prendre en main leurs équipements de cette
façon.
Actuellement, il y a une corporation formée des gens de
Sainte-Thérèse; des gens d'action y prennent part. Les
équipements seront bâtis et il y aura une intervention du
gouvernement du Québec pour que le projet se réalise et qu'il
devienne la propriété des gens de Sainte-Thérèse
dans le cadre d'une corporation dans laquelle ils investiront une partie des
fonds.
Il y a aussi un projet à Gascons.
M. Lincoln: M. le Président, vous savez qu'on est ici pour
étudier... Excusez-moi.
M. Garon: Cela concerne un entrepôt frigorifique. Là
aussi, j'ai rencontré les gens. Le projet est moins avancé un peu
à Gascons, mais nous avons l'intention de fonctionner selon le
même modèle, avec les variations particulières à
chaque localité. Nous avons aussi l'intention de fonctionner avec les
gens du milieu, à Gascons.
J'ai déjà fait des propositions à la
municipalité, Cloridorme. Je sais que la lettre d'offre était
valable pour un certain temps. Si des gens d'autres localités où
les pêches ont une certaine importance ont des projets du même
type, nous sommes intéressés à fonctionner avec eux.
Actuellement, c'est véritablement la reprise en main par les gens du
milieu de leurs opérations en s'impliquant financièrement. J'ai
posé la même condition aux gens, de s'impliquer eux-mêmes.
Je peux vous dire qu'ils ont des résultats au-delà de toute
espérance.
M. Le May: Une dernière question, M. le ministre. Dans vos
crédits, combien de dollars sont alloués à l'installation
ou aux subventions qu'on va accorder à ceux qui voudront avoir un
entrepôt frigorifique ou une machine à glace? Tantôt, on a
parlé de la modernisation d'usines, mais on n'a pas parlé du
froid. Est-ce que les deux sont inclus dans le même montant de 42 000 000
$?
M. Garon: C'est compris dans le montant de 42 000 000 $.
M. Le May: Vous n'avez pas la
ventilation?
M. Garon: Non, je n'ai pas la ventilation. Il y a une ventilation
pro forma, si on veut, mais c'est une ventilation un peu théorique. Ce
qu'on veut dire essentiellement, c'est que le froid va être assumé
par les usines, pour la glace; les modèles vont varier d'un endroit
à l'autre. Nous avons déjà des équipements, ne
disons pas qu'il n'y a pas de glace. À Cap-aux-Meules, il y a
déjà un équipement qui fournit la glace. A
Grande-Rivière, il y a déjà un équipement moderne
qui fournit la glace. Les équipements qui vont être mis en place
à d'autres endroits... A Matane, c'est l'entreprise elle-même qui
fournit la glace à ses pêcheurs. On connaît
différents modèles. À Newport, par exemple, c'est l'usine
qui veut fournir la glace à ses pêcheurs. On dit: D'accord, on
marche dans ce processus-là. A Rivière-au-Tonnerre, l'offre est
déjà faite; les équipements seront mis en place au cours
de l'été. Il s'agit, encore là, d'une coopérative
qui aura ses entrepôts frigorifiques et qui veut fournir elle-même
la glace aux pêcheurs de Rivière-au-Tonnerre.
C'est pour ça que je dis que les projets sont
entremêlés puisque, parfois, ça va être une partie
intégrante de l'usine; parfois, ça va être un projet
à part, dirigé par des groupes communautaires ou des groupes de
pêcheurs. En gros, c'est cela.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Une question très précise au ministre.
Dans le premier prêt que le Conseil du trésor ou le
ministère des Finances a accordé à Madelipêche, quel
était le taux d'intérêt?
M. Garon: C'était le taux moyen d'emprunt du
ministère des Finances auprès des banques, par obligations. C'est
pour ça qu'il y avait deux formes de participation. C'était le
prêt.
M. Maltais: C'est bien. J'en ai assez! J'en ai assez! Pouvez-vous
m'expliquer comment vous avez remboursé un prêt avec
intérêt - je ne sais pas combien de mois ou d'années vous
l'avez gardé - de 2 000 000 $ avec une subvention de 2 000 000 $, dont 1
950 000 $ sont retournés au Conseil du trésor?
M. Garon: Ce n'est pas ça.
M. Maltais: C'est ce que vous avez dit tantôt.
M. Garon: Bien non.
M. Maltais: Écoutez! on a noté vos chiffres
tantôt! M. le Président, je ne veux même pas de
réponse. Je vais lui poser une autre question.
M. Gagnon: C'est important, M. le Président, parce que la
question est enregistrée et, à ce moment-là, si le
ministre a une réponse à donner, je pense qu'il doit la donner
parce que la question est enregistrée.
M. Maltais: Non, non, non. Il l'enverra par écrit, il
n'est pas capable de répondre de toute façon.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre!
M. Maltais: Est-ce qu'on peut continuer avec les questions?
M. Garon: Je n'ai pas parlé d'un autre prêt, qui est
un peu temporaire, qui devait être refinancé. C'est le prêt
de la dette de Pêcheurs unis auprès de Madelipêche qui, au
départ, est un prêt, parce qu'il fallait que quelqu'un l'assume,
mais qui est refinancé autrement actuellement. (17 heures)
M. Maltais: Ce n'est pas cela que vous avez dit, M. le ministre.
Je m'excuse. Vous avez dit clairement: Une avance de fonds du ministère
des Finances de 2 000 000 $...
M. Garon: Oui.
M. Maltais: ...à un taux d'intérêt
courant...
M. Garon: Oui.
M. Maltais: C'est ce que vous venez de me confirmer. Tout de
suite après, vous nous avez dit: Une autre subvention de 2 000 000 $
pour rembourser le prêt au Conseil du trésor, au ministère
des Finances. C'est ce que vous avez dit. Si votre adjoint change d'idée
toutes les cinq minutes, il faudrait quand même le savoir. De ce montant,
vous allez rembourser 1 950 000 $, comme vous nous l'avez dit. Alors, il vous
manque 50 000 $ plus le taux d'intérêt. C'est pour cela qu'on a
besoin du bilan, parce qu'à mesure que vous l'écrivez on se
comprend moins.
M. Garon: II y a deux choses là-dedans. Il y a une marge
de crédit de 2 000 000 $.
M. Maltais: Ah! Parfait! Là, vous parlez d'une...
M. Garon: Je l'ai dit, 2 000 000 $.
M. Maltais: Non, ce n'est pas cela qu'il a dit.
M. Garon: Voyons! M. Maltais: Non.
M. Garon: J'ai dit: Une avance de 2 000 000 $ qui servait pour la
marge de crédit initiale pour démarrer les activités.
M. Maltais: Non.
M. Garon: J'ai dit cela. Aussi, il fallait qu'à un moment
donné la banque, les dettes de Pêcheurs unis... Il y avait des
fournisseurs. C'est 2 850 000 $ que Pêcheurs unis n'a pas payés
et, de l'autre côté, il y avait des créanciers. Alors, si
on voulait fonctionner, il fallait liquider cette dette. Pour cela aussi, il a
fallu du financement; c'était simplement pour liquider une dette de
Pêcheurs unis en attendant de voir ce qui arriverait. Il semble que, dans
la faillite, on va nous en rembourser une partie et il semble qu'on a des
recours aussi pour l'excédent. C'est un financement qui était
temporaire pour commencer les activités au début de
l'année 1983. Nous accordons actuellement un financement à moyen
terme, si on veut, en attendant ces remboursements pour qu'on puisse percevoir
les sommes qui nous sont dues.
Dans la faillite de Pêcheurs unis, quand les comptes seront-ils
payés? Dans quinze jours? Dans six mois? Je n'ai pas actuellement les
moyens de le savoir. À ce moment-là, on veut faire un financement
pour que cette entreprise ne fonctionne pas comme elle a fonctionné en
1983, en ne sachant pas trop ce qui arriverait, parce qu'elle était dans
une situation un peu curieuse. On est en train de réorganiser la
situation financière de Madelipêche qui, soit dit en passant, n'a
pas fait une mauvaise année, l'an dernier, si l'on tient compte de ce
qui avait été prévu par l'autre groupe. Je peux vous dire
que cela n'a pas été les déficits que l'autre groupe avait
prévus, même si on a manqué la saison du crabe. Si on
n'avait pas manqué la saison du crabe, cela aurait été une
très bonne année.
Donc, on est en train de réorganiser cette entreprise avec la
collaboration - je peux vous le dire - des travailleurs. Je veux leur rendre
hommage. Dans les négociations, on a eu une excellente collaboration des
travailleurs qui a fait qu'ils ont été sensibilisés, d'une
façon permanente, par la direction de Madelipêche au coût
d'opération pour faire en sorte que Madelipêche soit une
entreprise rentable. Contrairement à ce qu'a dit le député
de Nelligan, nous souhaitons, dans Madelipêche, une participation
financière des gens du milieu, mais pour ce faire, il faut
réorganiser la structure financière. Comme il y a une certaine
marge d'inconnu, actuellement, on est en train de s'organiser pour assurer un
financement permanent à Madelipêche comme une entreprise normale,
avec la capitalisation nécessaire. Dans le passé, le principal
problème dans les pêches a été une
sous-capitalisation des entreprises du territoire maritime. Je ne voudrais pas
qu'on fasse la même chose avec Madelipêche.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
Aide à la construction de bateaux de
pêche
M. Maltais: Je n'en avais pas demandé tant que cela et on
n'a rien su de toute façon, parce que ce qu'il vient de dire, il va le
contredire tantôt. Cela va bien.
Il y a une chose que j'aimerais savoir. Dans la ventilation des
dépenses, il y a 2 500 000 $ pour l'aide à la construction des
bateaux de pêche de 35 pieds et plus.
M. Garon: Oui.
M. Maltais: Est-ce que c'est bien cela? Est-ce que c'est
vrai?
M. Garon: Quoi?
M. Maltais: Voyez-vous? Il dit: Oui, c'est vrai, et il n'a rien
compris. Comment voulez-vous qu'on travaille avec cela. Il parle avec les
autres.
M. Garon: Non. C'est parce que...
M. Maltais: Pouvez-vous le laisser tranquille cinq minutes qu'on
lui pose des questions? Il vous répondra après.
M. Garon: M. le Président, si le député de
Berthier, qui est assis entre le député de Saguenay et moi,
arrêtait de marmonner, de bougonner et de faire du bruit...
M. Houde: M. le Président.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre!
M. Houde: M. le Président.
Le Président (M. Mathieu): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Houde: Qu'il retire ses paroles parce que je ne bougeais pas
du tout.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre!
M. Houde: Que le ministre retire ses paroles. Qu'il les retire,
là...
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Berthier.
M. Houde: ...parce que j'écoutais parler l'autre.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre, M. le
député de Berthier!
M. Houde: II va retirer ses paroles, le ministre? Oui?
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre!
Une voix: II ne bougeait pas. Il faisait juste...
Le Président (M. Mathieu): Je donne la parole au...
M. Houde: Qu'il ne dise pas n'importe quoi, le ministre, parce
que... Ce n'est pas parce qu'il s'appelle ministre...
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Vous dites 2 500 000 $ pour des bateaux de
pêche de 35 pieds et plus; plus bas, 500 000 $ pour les bateaux de 20
à 25 pieds.
M. Garon: ...
M. Maltais: Cela va?
M. Garon: Vous lisez le document bleu. Le document vert? On a
plusieurs documents. Je me demandais de quel document vous parliez.
M. Maltais: Dans la même veine, j'aimerais savoir quel est
le montant de ventilation pour les pêcheurs hauturiers, 45 pieds de long.
Cela n'apparaît pas à cet appendice.
M. Garon: 35 pieds et plus, c'est compris dans les 2 500 000
$.
M. Maltais: 45 pieds exclusivement.
M. Garon: C'est compris là-dedans. Il n'y a pas de
ventilation entre les deux.
M. Maltais: Pardon?
M. Garon: II n'y a pas de ventilation. On dit: Les bateaux de
moins de 35 pieds et plus de 35 pieds.
M. Maltais: Vous dites ici: 35 pieds et plus et 20 à 25
pieds. On sait que les pêcheurs hauturiers, c'est 45 pieds et plus.
M. Garon: C'est compris dans les 35 pieds et plus.
M. Maltais: Cela entre dans les 35 pieds et plus.
M. Garon: Oui. On a deux classifications. Les bateaux entre 20 et
35 pieds et les bateaux au-dessus de 35 pieds. Vous savez que ce sont tous, au
fond, des bateaux côtiers. Il s'agit de bateaux qui font tous la
pêche côtière parce que, quand on parle de pêche
côtière, on parle de bateaux de moins de 65 pieds. C'est un peu
par euphémisme qu'on parle de pêche hauturière quand il
s'agit de 35 à 65 pieds.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Nelligan.
Ventilation des dépenses et aide à
Madelipêche
M. Lincoln: J'ai quelques questions bien précises pour le
ministre. Peut-être pourrait-il aussi nous répondre
précisément. D'abord, j'ai demandé la ventilation de ce
montant qui est, en fait, 40% du budget. 16 400 000 $, c'est 40% du budget de
ce programme. Le ministre m'a répondu qu'il ne peut pas donner la
ventilation des montants qui vont former 16 400 000 $. C'est donc dire que,
quand on étudie le budget, on est obligé de croire, de bonne foi,
que les 16 400 000 $ vont se dépenser, vont être distribués
de façon efficace et équitable. Je voudrais avoir le
détail de ce montant. Il me semble qu'on a le droit de savoir comment
40% du budget va être dépensé, premièrement. Je
demande aussi au ministre de nous déposer... On n'a pas besoin de cela
aujourd'hui. On n'a pas besoin de cela demain. La semaine prochaine, cela ira
puisqu'il a déjà la liste des 16 400 000 $.
Deuxièmement, nous voulons une liste détaillée des
sommes que le gouvernement du Québec a versées à
l'entreprise Madelipêche; en gros, il s'agit des bateaux, des usines, de
tout ce qu'il y a depuis la loi 23, depuis la saisie de Madelipêche.
C'est tout ce qu'on demande.
Troisièmement, nous avons envie d'avoir une liste des usines qui
ont été normalisées d'après la loi 36
jusqu'à ce jour. L'année dernière, le ministre nous a dit
qu'il y en avait 15 qui avaient été normalisées.
Écoutez, vous n'avez qu'à prendre la transcription officielle.
Vous m'avez répondu qu'il y en avait 15. Si vous avez mal
répondu, corrigez ce que vous avez dit l'année dernière.
Vous disiez qu'il y avait 58 usines, qu'il y en avait 15 qui étaient
normalisées et qu'il en resterait 43. De ces 43, vous me dites que 25
avaient des projets de traitement actuellement. D'après vous, il y en
avait 58 qui étaient sous le coup de la loi 36. Il y en avait 15 qui
avaient été normalisées. Vous m'avez même
donné les noms, ce qui a fait rire beaucoup de gens parce que
c'était
Luculus de Beloeil. Il y avait une compagnie d'Amos. Il y en avait
beaucoup qui étaient dans le territoire non maritime, à
Montréal, etc. Il y avait 15 très petites entreprises qui avaient
été normalisées. Il en est resté 43. Des 43, vous
m'avez dit: 25 sont des projets en traitement. Donc, ce n'était pas
fini.
Ce qu'on vous demande, c'est ceci: D'après la loi 36, combien
d'usines ont rempli les obligations avant le 31 mars 1984 pour les plans de
normalisation, etc. Combien d'usines sont complètement
normalisées jusqu'à maintenant, c'est-à-dire qu'elles
répondent à tous les critères de la loi 36? Combien
d'usines ont fait les demandes nécessaires de normalisation
approuvée par le ministère au 31 mars 1984? Combien d'usines vont
être fermées parce qu'elles n'ont pas répondu aux
critères en date du 31 mars 1984? J'ai envie d'un détail complet
du nombre d'usines. Comment cela se rapporte-t-il aux 16 400 000 $ du
budget?
Le Président (M. Mathieu); Vous avez posé vos
questions? Vous voulez une réponse dans cet ordre. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je ne déposerai pas de
projets d'usine qui sont en discussion entre des entreprises privées et
le ministère. Je pense que ce n'est pas d'intérêt public.
Je peux dire le nombre d'usines, les montants que cela représente en
termes d'investissements et quelle sera la participation du gouvernement en
fonction des 20% de subvention, ce qui est un programme public. Je peux dire
aussi le nombre d'usines qui auront 50%; cela est public. Je pourrai donc
mentionner le nom des usines qui pourront recevoir 50% du ministère
parce que le gouvernement fédéral les a mises sur sa liste noire
et ne veut pas participer à la subvention de ces entreprises.
Je n'ai pas l'intention de dire, par exemple, que telle entreprise...
Tant que le projet n'est pas complété, je ne veux pas lancer des
rumeurs dans le décor alors que ces entreprises-là ont des
engagements avec d'autres personnes et que le projet est en cours. Pour les
projets qui sont terminés, ils ont été annoncés.
J'ai fait une distinction entre les projets normalisés, terminés
et ceux des usines qui avaient eu une lettre d'offre, dont les plans avaient
été approuvés, et qui étaient susceptibles de faire
les travaux selon les plans qui étaient approuvés et qui avaient
eu une offre de participation gouvernementale.
J'ai dit aussi qu'il y avait une troisième catégorie qui
était en traitement, c'est-à-dire des projets en discussion avec
le ministère. On peut additionner les chiffres de cette
façon-là pour vous dire quels sont les projets, le nombre de
projets. On peut les diviser par régions, par zones; on a des projets
par zones. Mais je ne veux pas identifier des projets individuels à ce
stade-ci, puisqu'il s'agit de données qui doivent être
gardées confidentielles parce qu'il s'agit de projets en discussion avec
des individus qui ne veulent pas voir leur projet rendu sur la place publique.
Il n'y a pas encore de fonds publics engagés. Il s'agit de projets pour
lesquels nous avons fait des prévisions budgétaires parce que
nous n'avons pas de raison de croire que ces projets-là ne se rendront
pas à terme. En fonction de cela, en fonction de ce que seront les
investissements, selon nous, il y a certaines prévisions
budgétaires au ministère.
Je ne sais pas de quelle façon on peut procéder. Je peux
dire que dans les entreprises qui ont fait... On peut bien rire de Luculus,
mais j'ai signé son permis cette année. L'an dernier, cette
compagnie avait eu une lettre d'offre, qui était en modernisation. Les
plans avaient été approuvés; ils avaient eu une lettre
d'offre et je viens de signer le permis de cette usine cette semaine. Les
travaux ont été approuvés par le ministère et c'est
une entreprise normalisée.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce qu'on peut vous poser des
questions très précises? D'abord, la date limite d'inscription
était le 31 mars 1984.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord là-dessus. C'est simple.
Selon la loi 36, on veut vous demander combien d'usines se sont inscrites au 31
mars 1984, sans les nommer. Combien?
M. Garon: 71 usines.
M. Lincoln: 71.
M. Garon: 71 exactement.
M. Lincoln: 71. Combien d'usines ne se sont pas inscrites et
seront fermées après la date limite qui est déjà
passée?
M. Garon: Je ne peux pas répondre à cela.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: Parce que je parle uniquement de celles qui sont
inscrites. Le 31 mars était la date limite pour l'inscription à
une aide financière. Je sais qu'un projet entre autres - je ne sais pas
le nom... Quelqu'un m'a dit: J'ai la possibilité, en vertu d'un projet
spécial du fédéral, d'avoir une subvention dans un cadre
spécial. J'ai dit: Parfait.
M. Lincoln: D'accord. On a donc 71
usines qui se sont inscrites. Les autres...
M. Garon: Pour une subvention du gouvernement du
Québec.
M. Lincoln: Les autres ont jusqu'en janvier 1985 pour se
normaliser. Nous sommes d'accord.
M. Garon: Un instant...
M. Lincoln: Un instant, je veux vous...
M. Garon: Ce n'est pas aussi simple que vous le dites. Vous
pensez que cela fonctionne comme cela, vous véhiculez cela sur le
territoire et vous induisez les gens en erreur. Ce n'est pas comme cela que
cela fonctionne. Premièrement, il faut avoir le permis; le permis n'est
pas automatique. On ne peut pas construire et dire: Venez voir mon usine et, si
elle est bonne, donnez-moi le permis. Cela ne fonctionne pas ainsi.
M. Lincoln: Je sais que cela ne fonctionne pas ainsi. Je n'ai
jamais dit que cela fonctionnait ainsi. Je n'ai induit personne en erreur; je
sais très bien comment cela fonctionne.
M. Garon: Alors, pourquoi le demandez-vous, si vous le savez?
M. Lincoln: Je n'ai pas les chiffres et c'est ce que je vous
demande. C'est ce à quoi je vous demande de répondre. Je pense
que M. Boudreau comprend très bien ce que je demande. Si vous ne
comprenez pas, je pense que lui comprend très bien ce que je demande.
(17 h 15)
M. Garon: Je ne peux pas comprendre votre question pour la raison
suivante...
M. Lincoln: Ne me dites pas que j'ai induit des gens en erreur.
Attendez! Je n'induis personne en erreur.
M. Garon: Une demande de permis...
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: II peut y avoir une demande de permis, mais il n'y aura
pas un permis automatiquement.
M. Lincoln: On a très bien compris cela.
M. Garon: Ils sont bien nerveux.
M. Lincoln: Tout ce que je vous ai dit, c'est que des gens font
des demandes d'inscription; certaines usines ont jusqu'à janvier 1985
pour se normaliser. Si elles ont des fonds qu'elles vont chercher à leur
banque, ce n'est pas votre affaire, pour autant qu'elles soient
normalisées pour 1985. Est-ce exact, oui ou non? C'est tout ce que je
vous demande...
M. Garon: Ce n'est pas exact!
M. Lincoln: C'est exactement cela.
M. Garon: Ce n'est pas exact.
M. Lincoln: D'accord. En tout cas, revenons aux 71 usines qui se
sont inscrites jusqu'à présent. Tout ce que je vous demande,
c'est ceci: combien d'usines ont complété la normalisation
jusqu'à maintenant? L'année dernière, vous avez dit 15;
combien dites-vous aujourd'hui?
M. Garon: Je n'ai jamais dit 15. M. Lincoln: Relisez la
transcription.
M. Garon: Lisez-la donc pour voir ce que j'ai dit.
M. Lincoln: Oui, je vais la relire, mais on va prendre encore 20
minutes; cela peut prendre une demi-heure.
M. Garon: Non, non, lisez exactement ce que j'ai dit, pas
à peu près.
M. Lincoln: Relisez vous-même. Je ne vais pas citer vos
paroles. Relisez vous-même, vous verrez que vous avez dit 15.
M. Garon: Non, non. J'ai parlé de deux choses, l'an
dernier. J'ai parlé d'usines normalisées et d'usines qui avaient
des plans approuvés et ayant reçu leur lettre d'offre.
M. Lincoln: D'accord. Je comprends cela. Vous avez dit que 15
usines étaient normalisées, que 25 autres avaient des projets en
traitement. C'est cela que vous nous avez dit. Et les autres n'avaient pas
encore soumis leurs plans. C'est cela.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Lincoln: Lisez le texte!
M. Garon: Lisez-le donc pour voir!
M. Lincoln: Je ne vais pas passer mon temps à
réciter trois ou quatre phrases de transcription.
M. Garon: Non. J'ai dit l'an dernier... Je n'ai pas pu dire qu'il
y en avait 15 de normalisées, il n'y en avait pas 15 de
normalisées l'an dernier. J'ai mentionné qu'il y avait tant
d'usines normalisées. Si ma mémoire est bonne, l'an
dernier...
M. Lincoln: Si je retrouve vos 15 usines, vous allez retirer vos
paroles n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Mathieu): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député!
M. Lincoln: Si...
Le Président (M. Mathieu): Nous allons écouter la
réponse du ministre.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: Si c'est marqué 15, il y a une erreur quelque
part. Ce n'est pas 15, je n'ai pas dit 15.
Le Président (M. Mathieu): Voulez-vous
compléter?
M. Garon: Je me rappelle très bien ce qu'on avait dit l'an
dernier. On avait parlé des usines modernisées et des usines qui
avaient reçu des lettres d'offre, dont les plans étaient
approuvés, qui étaient en processus, mais je ne savais pas
à quelle étape elles étaient rendues. J'ai parlé
d'autres usines, dont les entreprises pour lesquelles il y avait des projets en
traitement au ministère. Ce sont toutes des étapes
différentes dans le processus d'un projet.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Pour qu'il n'y ait pas de malentendu... Le ministre
va dire qu'on fait une erreur, qu'il n'a pas dit cela. C'est ce qu'il a dit, en
fait.
M. Garon: Ah! c'est cela!
M. Lincoln: Ah oui! Là, il y a 71 inscriptions au 31 mars
1984. Combien de ces usines ont complété leur normalisation? Pour
celles qui restent, combien de ces usines sont comprises dans les 16 400 000 $
du budget?
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: L'an dernier, ce que j'ai dû mentionner en
Chambre, ce sont les usines terminées, dont les plans étaient
approuvés et qui avaient reçu leur lettre d'offre. Les deux
ensemble, cela faisait 15. J'ai dû mentionner peut-être les deux
ensemble.
M. Lincoln: Ah!
M. Garon: Quand vous dites que 15 usines avaient eu leur permis,
non, je sais que ce n'est pas exact.
M. Lincoln: Je n'ai jamais parlé de permis. Vous jouez
encore sur les mots.
M. Garon: Vous dites qu'elles étaient normalisées,
je n'ai pas dit qu'elles étaient normalisées.
M. Lincoln: Écoutez...
M. Garon: L'an dernier, il y avait...
M. Lincoln: M. le Président, il m'a demandé de
lire, je vais lire. Je pense que cela va clarifier l'affaire. Voilà ce
que je dis.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Nelligan, lisez votre passage...
M. Lincoln: Je vais lire le texte exact.
Le Président (M. Mathieu): Ensuite nous entendrons le
ministre.
M. Lincoln: "S'il y a 58 usines dans le territoire maritime, on
exclut Canne à pêche, on exclut Luculus de Beloeil, on exclut
celle d'Amos. Vous en avez complété quinze. "Combien en
reste-t-il qui ne sont pas complétées? Si je comprends bien, sur
58, vous en avez complété 15. On vous donne le
bénéfice du doute, de toutes celles-là, il en resterait
43."
M. Garon répond: "Oui, il en resterait 43." Et vous avez
dit: "Si le 31 mars 1984, les 43 sont bâclées dans le
programme..."
Pourrez-vous, M. le ministre, avant le 1er janvier 1985, finir les
43?
Donc, 43 et 15, cela fait 58. Il a dit oui. "Ces projets sont en
traitement au ministère actuellement. Il y en a 25 qui ont des projets
en traitement actuellement."
Alors, d'après ce que je comprends quand je lis et relis cela, il
y en avait 15 de complétées à ce moment-là, il en
restait 43. De ces 43, il y avait 25 projets en traitement. Quant au reste, on
ne sait pas ce qui est arrivé. Aujourd'hui, ce n'est plus 58, chiffre
qu'il m'avait cité lui-même. C'est 71. Alors là, il faut se
demander si, pour ces 71, il y a de nouvelles usines qui ont été
bâties, mais de ces 71 - je vais lui poser une question bien simple -
l'année dernière, il y en avait quinze qui étaient
complétées, d'après lui. Combien sont
complétées maintenant et combien en reste-t-il? Combien sont en
traitement? Vont-ils arriver à échéance?
Le Président (M. Mathieu): Là, je donne la parole
au ministre. M. le ministre.
M. Garon: Ce que je demanderais, M. le Président, c'est
que tout le monde soit tranquille un peu et n'imagine pas la réponse
avant que je la donne. Je vais la donner telle qu'elle est. Tout ce que j'ai
dit l'an dernier est vrai et tout ce que je vais dire cette année est
vrai aussi, sauf qu'entre-temps, il y a des usines qui ont été
bâties et qui n'existaient pas. L'an dernier, ce que j'ai dit, c'est que
les usines ensemble, celles qui étaient terminées et celles qui
avaient reçu la lettre d'offre, dont les plans étaient
approuvés et qui étaient en construction ou en voie de
normalisation, pour nous, c'était quinze au total. Là-dessus, sur
les quinze, il y en avait deux qui avaient eu leur permis. Quand elles ont leur
permis, le processus complet est terminé. Les usines ont leur permis.
Quant aux treize autres, c'étaient des usines dont les plans avaient
été approuvés en vue de la normalisation. Si on regarde
maintenant cette année...
M. Lincoln: Allez!
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, si vous voulez
bien continuer.
M. Garon: Dix usines sont normalisées et terminées.
Cela veut dire qu'elles ont les permis pour opérer, comprenant les deux
de l'an dernier qui étaient Poisson salé gaspésien et
Crustacés de Gaspé, si ma mémoire est bonne.
Peut-être pas. Il y avait peut-être autre chose. En tout cas... .
Là-dedans, des usines nouvelles, je peux vous dire que dans les dix qui
ont leur permis, qui sont terminées, il y a la pisciculture des
Alléghanys, par exemple, ici, à Saint-Philémon qui
n'était pas une usine, mais qui est maintenant une des dix usines
normalisées et terminées, qui est une nouvelle usine. Les Fermes
de truite Saint-Mathieu, à Amos, en Abitibi, c'est une nouvelle usine
aussi.
M. Lincoln: Vous ne vouliez pas nous donner les noms tout
à l'heure. Maintenant, on ne s'intéresse plus aux noms. On
reviendra aux noms tout à l'heure. Là, on s'intéresse aux
chiffres. Pour le moment, ce sont les chiffres, pas les couleurs, pas les
noms.
M. Garon: II y a dix usines terminées, normalisées,
avec permis; 25 autres ont leurs plans approuvés.
M. Lincoln: 35?
M. Garon: On ne peut rien vous cacher.
Des voix: Ah! Ah!
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Et pour les 36 autres, les plans sont en
préparation. Les plans ne sont pas approuvés. Ils sont dans le
processus et la demande a été faite au ministère avant le
31 mars.
M. Lincoln: D'accord. Cela prend du temps, mais on arrive quelque
part. Cela prend du temps avec vous, fichtre!
M. Garon: Mais c'est parce que vos questions sont
imprécisesl
M. Lincoln: Ah bon! Oui, oui, je comprends. Vos réponses
sont très précises, je l'ai remarqué, oui. Là, je
vais vous demander quelque chose. Il y a dix usines qu'on oublie. Elles ont des
permis pour être opérationnelles. Il y en a 25 dont les plans sont
approuvés. Il y a 36 usines additionnelles dont les plans sont en
préparation. D'accord? D'abord, 25...
M. Garon: ...
M. Lincoln: Attendez une minutel Laissez-moi formuler ma
question. Après cela, vous allez jouer avec vos petites nuances encore.
Ce que je veux savoir, c'est: sur les 16 400 000 $ que vous allez
dépenser dans tous ces programmes de transformation et de
rationalisation, combien touche les 25 et combien touche les 36? Combien de ces
usines sont impliquées dans le programme de 16 400 000 $, de ces 25 et
de ces 36 usines?
M. Garon: C'est cela. C'est notre prévision.
M. Lincoln: Hein?
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Toutes?
M. Garon: Ce sont ces usines-là.
M. Lincoln: D'accord. Alors là, on dit que 71... Il y a 25
et 36. Cela fait 61 qui sont impliquées dans le plan des 16 400 000
$.
M. Garon: Pas nécessairement.
M. Lincoln: Ah! Vous voyez? Même vos députés
ne vous comprennent plus. C'est presque...
M. Garon: C'est-à-dire que... Disons oui. Si cela peut
vous faire plaisir, je vais dire oui, mais ce ne sera pas une réponse
complète. D'accord.
M. Lincoln: Mais dites oui et non, comme d'habitude.
M. Garon: De façon littérale, je vais
répondre oui à votre question. Pour la normalisation des usines,
l'argent va être pris à même ces 16 400 000 $.
M. Lincoln: Je crois que M. Boudreau comprend très bien la
question. Je vois qu'il comprend. Combien d'usines y a-t-il dans la liste que
vous avez et que vous avez refusé de nous remettre? Combien y a-t-il
d'usines nommées là-dedans.
M. Garon: Dans quelle liste? M. Lincoln: M. Boudreau a
compris. M. Garon: Dans ma liste, il y en a 73. M. Lincoln: Ah!
73, maintenant.
M. Garon: Un instant! Je vous ai dit tantôt, au 31 mars.
Cette liste-ci est au 2 avril 1984. Il y a deux autres projets qui sont
inscrits...
M. Lincoln: Mais le 31 mars est la date limite.
M. Garon: Mais s'ils ne sont pas inscrits dans le cadre du
programme, ils n'auront pas droit à des subventions.
M. Lincoln: Mais comment peuvent-ils être inscrits? Si vous
me dites que le 31 mars 1984, qui était la date limite selon la loi, il
y en avait 71, comment peut-il y en avoir 73 maintenant?
M. Garon: Depuis tantôt que je vous dis que vous ne
comprenez pas. C'est pour cela que vous dites cela.
M. Lincoln: C'est parce que vous expliquez bien mal. C'est
sûr.
M. Garon: Mais non. Écoutez ce que je vous dis. Au lieu
d'essayer de dire que je ne vous dis pas ce qui est correct. Le 31 mars 1984
est la date limite pour s'inscrire au programme d'aide financière pour
la modernisation des usines. Sauf que la loi ne dit pas que, pour avoir un
permis d'usine, vous avez besoin d'une subvention. Vous pouvez vouloir
bâtir une usine, être accepté au point de vue de
l'intérêt public, faire approuver votre projet dans un mois, deux
mois, trois mois, peut-être cinq ans d'ici, dans le cadre de la loi telle
qu'elle existe, mais si elle est justifiée sur le plan de
l'intérêt public en termes d'approvisionnement, si elle est
souhaitable par rapport au milieu, elle pourra avoir un permis alors que le
programme n'existera plus.
M. Lincoln: D'accord. On va arriver maintenant à des
choses concrètes. Il y a un montant de 16 400 000 $ qui servirait
à la rationalisation du secteur de transformation des produits de la
mer. Combien de ces usines ont fait leur inscription au 31 mars 1984? Combien
n'en ont pas fait? Il faut savoir quelque chose sur ces 16 000 000 $. On vous
demande...
M. Garon: Là, vous surestimez les prévisions
budgétaires. Quand on fait le programme sur les prévisions
budgétaires, on commence le processus au mois d'août. On a une
anticipation à ce moment qui est un peu un sondage. On a visité
toutes ces usines et on a un certain ordre de grandeur de leur projet. Ensuite,
on commence à faire des prévisions budgétaires. Plus les
choses se précisent, plus on rajuste nos chiffres. Il est évident
que ces chiffres ne peuvent avoir une précision totale.
On sait aussi que, dans les projets qui vont être acceptés,
il y en a qui vont commencer à construire seulement après la
saison de pêche et qui vont construire en janvier, février et en
mars. Ils n'auront pas alors leur permis accepté ou les plans
approuvés, mais la construction sera terminée seulement dans le
budget de l'an prochain. Ils ne seront même pas dans le budget de
1984-1985. Ils vont être dans le budget de 1985-1986. Ainsi, on ne peut
pas dire que le montant de 16 400 000 $ qui apparaît ici est le montant
exclusif total pour la modernisation des usines du secteur des pêches. Ce
que je vous dis alors, c'est qu'au fur et à mesure où tout cela
se précise, on a une prévision budgétaire qui se raffine.
Mais le budget est imprimé à un tel moment dans l'année.
Je me dis, à ce moment-là, si, du budget qu'il y a, il y en a
trop, possiblement que des virements seront faits pour d'autres formes
d'équipements. S'il n'y en a pas assez, possiblement que des virements
seront faits à partir d'autres éléments de programme pour
aller dans celui-ci. Si je ne suis pas capable de faire cela, ils peuvent
décider d'aller au budget supplémentaire.
Il est évident que dans un projet semblable, vous ne pouvez pas
mesurer tous les projets d'une façon parfaite. Imaginez-vous que chaque
projet qui est fait avec le maximum de précision, quand vous allez en
appel d'offres, le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec prévoient qu'entre les estimations et la
réalisation concrète, il peut y avoir des accords qui peuvent
aller jusqu'à 25% sur chacun des projets. Imaginez-vous, comme masse
d'ensemble, alors qu'on fonctionne uniquement sur des estimations au moment
où on fait les budgets. Il est évident que cela n'a pas le
caractère de précision dont parle le député de
Nelligan. Mais c'est au moment où on fait le budget, la façon la
plus précise que
l'on a de l'évaluer. (17 h 30)
M. Lincoln: M. le Président, dernière question.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: J'ai fait beaucoup de budgets dans ma vie, je sais ce
qu'est un budget. On ne demande pas au ministre des précisions exactes,
factuelles, on sait ce qu'est un budget. Il a fait une liste lui-même
pour en arriver à 16 400 000 $ et je redemande au ministre s'il peut
déposer cette liste. Même s'il retire les noms, tout ce qu'on
veut, c'est la ventilation des 16 400 000 $, pour combien d'usines, quels sont
les prix individuels qui sont budgétisés, qui sont
estimés. C'est la question no 1.
Question no 2. Une deuxième fois, je désire une
réponse catégorique de la part du ministre. Je désire une
liste de tous les montants qui ont été investis dans
Madelipêche à partir de la loi 23. Ce sont deux questions bien
précises, bien simples et je veux que le ministre me dise s'il va le
faire. S'il ne veut pas le faire, pourquoi? À ce moment-là, on
verra, s'il dit non.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: La ventilation des fonds qui ont été
injectés dans Madelipêche depuis la loi 23, c'est facile de la
fournir. On préparera le document et on peut le faire de
différentes façons. Désirez-vous que le document soit
transmis aux membres de la commission? On ne peut déposer de document
à la commission, c'est pour cela que je vous le demande.
Le Président (M. Mathieu): On peut déposer des
documents à la commission, mais il faut que la commission siège.
Maintenant, sans faire de dépôt formel, hors séance de
commission, vous pouvez les faire parvenir à chacun des membres par
courrier.
M. Garon: D'accord. Le document vous renseignera sur les montants
d'argent qui ont été avancés, prêtés ou
investis dans Madelipêche sous différentes formes depuis
l'adoption de la loi 23.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, si vous me le
permettez, sous un aspect pratique, vous pourrez le faire parvenir au
secrétaire de la commission qui se chargera de le distribuer à
chacun des membres.
M. Garon: Parfait.
Le Président (M. Mathieu): Je vous redonne la parole sur
l'autre aspect de la question.
M. Garon: Quant à l'autre document, cela n'a pas de sens.
La demande qui est formulée n'a pas de sens. Comme je vous le disais
tantôt, la liste, au 31 mars, avait 71 noms; au 2 avril, elle compte 73
noms. Ce sont des projets en évolution, les gens font des plans, nous
arrivent avec des projets de plan, on regarde cela avec eux et quand ils voient
ce que ça peut coûter, ils modifient leurs projets. Cela n'a pas
de signification, cela ne peut servir qu'à induire les gens en erreur.
Fournir un document comme celui-là, je pense que ça ne serait pas
correct pour les usines.
Je peux faire un total et dire qu'il y a tant d'usines, qui
représentent tant d'investissements et tant de subventions. Je peux bien
dire des choses comme cela, mais...
M. Lincoln: Nous voulons le détails des 16 400 000 $ et de
quelle façon vous allez les donner. On joue avec ces subventions et nous
voulons savoir...
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Oui, c'est vrai!
M. Garon: Non, non!
M. Lincoln: C'est vrai!
M. Garon: II y a un programme normé, arrêté
par le Conseil des ministres, par décret du gouvernement du
Québec...
M. Lincoln: Bien oui!
M. Garon: ...qui a été rédigé et
où il est dit dans quel cadre le gouvernement peut verser des fonds.
Voyons!
M. Lincoln: C'est ce qui nous fait peur.
Le Président (M. Mathieu): Je crois que le temps de M. le
député de Nelligan est écoulé. Je dois maintenant
reconnaître M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. Le Président. C'est maintenant
à moi la parole.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre! M. le
député de Saguenay.
La formation des trieurs
M. Maltais: J'aurais quelques petites questions, M. le ministre.
La formation des trieurs, qui s'est faite au cours de l'hiver, pour le
contrôle de la qualité - ce qui est très bien, entre
parenthèses - a été faite
où? Où s'est faite la formation de ces personnes? C'est
compliqué!
M. Garon: Le cours a été donné à
Québec...
M. Maltais: Merci.
M. Garon: Je n'ai pas fini, vous m'avez posé une
question.
M. Maltais: Je vous ai demandé où le cours
était donné.
M. Garon: Non, vous m'avez demandé par qui.
M. Maltais: Non.
M. Garon: Vous m'avez demandé autre chose.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre, continuez votre
réponse.
M. Garon: M. le Président, la raison, ici, est-ce
d'essayer d'avoir tort? On peut trouver quelque chose sur lequel on a tort.
Le Président (M. Mathieu): Non. Je vous donne la parole,
je vous dis de continuer votre réponse. Autrement dit, comme
président de la commission, je dois reconnaître un
député qui pose une question et il la pose comme il le veut. Je
dois reconnaître un ministre qui répond à la question et il
répond comme il le veut. Je demande la collaboration de tous.
Je vous donne la parole, M. le ministre.
M. Garon: C'est un cours qui a été
préparé en collaboration par le ministère et le
collège des pêches de la Gaspésie parce qu'on voulait les
mettre dans le coup pour qu'il y ait un "know-how" en Gaspésie qui
demeure au point de vue de toute cette question du triage, de l'inspection des
produits marins, des normes de qualité, etc. Le cours a
été homologué par le cégep. Il a été
reconnu comme un cours de formation par le ministère de
l'Éducation du Québec. Il a été donné cet
hiver de janvier au 15 avril pour ceux qui le suivaient pour la première
fois.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Dans l'esprit de décentralisation du ministre,
est-ce qu'il n'aurait pas été mieux que ces cours se donnent dans
des endroits où il y a des pêcheurs, où le ministère
possède sa propre école des pêcheries à
Grande-Rivière? Personne n'a pensé à ça?
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Maltais: L'école des pêcheries appartient
à qui?
M. Garon: D'abord il fallait qu'il y ait une sélection des
étudiants qui allaient suivre le cours, qui se présentaient comme
trieurs et qui avaient été sélectionnés en fonction
des meilleures qualifications de base. Il en venait de toutes les
régions du Québec. Je me rappelle entre autres que lorsque le
cours a commencé, le député de Gaspé m'avait
demandé pourquoi on ne donnait pas le cours à
Grande-Rivière? Je lui avais répondu que, pour un ensemble de
raisons, il avait été décidé de donner le cours
là.
Plusieurs professeurs viennent de différentes disciplines. Comme
on est en cours d'année scolaire, les professeurs, pour plusieurs,
étaient professeurs d'université qui sont venus donner ces cours
aux étudiants. Apparemment, pour l'ensemble des raisons, sur le plan
administratif, c'était plus simple de le donner dans un local qui
était disponible au ministère à Québec.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Une quatrième question. Dans la ventilation
des 23 334 000 $ dans le document bleu, dernière page, on parle de
crédits maritimes, 190 000 $. Est-ce qu'on pourrait nous expliciter ce
que c'est au juste, ça?
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: II s'agit de prêts consentis pour des bateaux de
moins de 35 pieds par des institutions financières privées et
pour lesquels on subventionne 50% des intérêts.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Est-ce qu'on retrouve des montants pour les parcs
industriels? On ne les voit pas dans cette ventilation, ils sont
peut-être ailleurs, je m'excuse si je ne les ai pas trouvés.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: Pendant qu'on cherche, j'aimerais vous donner
l'information concernant les étudiants, pour donner vraiment une
ventilation, parce que vous allez dire: Ils viennent tous de la même
place, c'est facile. Juste pour vous donner une idée, on en a 42 qui
sont engagés jusqu'à maintenant: cinq viennent de
Bonaventure; un de Bellechasse; trois de Drummondville; huit de
Gaspé; un de Lotbinière; trois de Matane; quatre de
Montréal; un de Sorel; trois de Rimouski; un de Rivière-du-Loup;
six des Îles-de-la-Madeleine; un de Charlesbourg; trois du comté
de Duplessis; un de Saguenay; un de Portneuf. Dans les 34 candidats à
venir qui ont été qualifiés aussi - on les engage au fur
et à mesure de nos besoins comme il était convenu avec eux - il y
en a deux autres de Bellechasse; trois de Bonaventure; deux de Gaspé; un
de Matane; deux de Matapédia; trois de Montréal; un de Rimouski;
deux de Rivière-du-Loup; un de Sainte-Foy; un de Kamouraska; un de
Frontenac; un de Shefford; un de Sherbrooke, six des
Îles-de-la-Madeleine, deux de Duplessis, deux de Saguenay, un de
Charlesbourg, deux de Lévis. Pensez-vous qu'à Québec c'est
un peu central?
M. Maltais: C'est parce que la question...
M. Garon: Voir arriver 70 étudiants qui ne sont pas
attendus dans une ville, les loger, les équiper pour suivre le cours qui
dure trois mois, pensez-vous que ce n'est pas si facile?
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Je pense que Gaspé, M. le ministre, est
capable de recevoir 70 personnes. Pas de problème.
M. Le May: L'école n'est pas à Gaspé. Elle
est à Grande-Rivière.
Parcs industriels
M. Maltais: Dans ce cas, avez-vous trouvé mes
crédits quelque part?
M. Garon: Oui.
M. Maltais: D'accord.
M. Garon: À la page 3, le premier chiffre que vous voyez
à droite, 100 000 $...
M. Maltais: Dans quel document, à la page 3?
M. Garon: C'est parce que j'ai un autre document.
M. Maltais: À quelle page dans le nôtre?
M. Garon: Le numéro 04, à gauche, ensuite 01, la
colonne à droite. Élément 2...
Une voix: 10-22, à la page 4...
M. Maltais: On n'a qu'à noter les chiffres.
J'espère qu'ils ne changeront pas encore... Les chiffres ont tendance
à...
Une voix: Page 180.
M. Garon: Page 180. Il y en a un autre. Il y a un montant de 100
000 $. À la page 180, élément 2, vous voyez à la
ligne, fonctionnement et autres, capital, 4, services. Voyez-vous cela?
M. Maltais: Services, oui, 100 000 $.
M. Garon: C'est pour des honoraires qui restent à payer.
Ce doit être des honoraires de surveillance. Les plans ont
été faits, ce sont des honoraires de surveillance qui restent
à payer pour ceux qui font la surveillance. Vous voyez un peu plus bas,
3 450 000 $, immobilisations. C'est là-dedans.
M. Maltais: Est-ce qu'on pourrait...
M. Garon: Les parcs d'hivernement. Pour terminer les parcs
d'hivernement.
M. Maltais: Est-ce qu'on pourrait savoir combien et à quel
endroit ces montants-là vont être distribués au cours de
1984-1985?
M. Garon: Tout est additionné, cela va faire 3 400 000 $
plus 100 000 $, c'est-à-dire 3 550 000 $. Il y a Blanc-Sablon, 2 077 000
$; Newport, c'est de l'argent déjà versé... Je pourrais
vous dire qu'il y a déjà 1 200 000 $ de versés à
Blanc-Sablon. Il reste 2 077 000 $. À Newport, il y a déjà
1 895 000 $ de versés. Ce qui reste, qui est inclus dans les 3 400 000
$, c'est 724 720 $. Aux Îles-de-la-Madeleine, il y a déjà 2
383 000 $ de versés et il reste 129 245 $. À
Rivière-au-Tonnerre, il y a actuellement 11 586 $ de payés. C'est
essentiellement des honoraires puisque le parc va se faire cet
été. Cela peut varier parce qu'on a un appel d'offres où
on a prévu 505 000 $ comprenant les honoraires de la construction.
Après les appels d'offres, on saura le montant précis. Aux
Méchins, il y a un montant de 113 100 $ pour relocaliser un tuyau
d'égout, un émissaire. Le total fait 3 550 000 $.
M. Maltais: D'accord. Est-ce que le pied carré du terrain
que vous allez allouer pour ces parcs industriels sera de combien parce que
cela vous appartient. Vous louez cela pour attirer de nouveaux investissements
et des usines, ainsi de suite.
M. Garon: Ne mélangeons pas les affaires.
M. Maltais: Je vous ai parlé de parcs
industriels tout le temps. (17 h 45)
M. Garon: J'ai parlé de parcs d'hivernement.
M. Maltais: On ne se comprend pas. On va laisser les parcs
d'hivernement de côté. On va parler de parcs industriels.
M. Garon: Je veux parler des investissements pour les parcs
d'hivernement installés dans le budget. Les parcs industriels sont
faits.
M. Maltais: Je vous ai demandé si vous aviez des sommes
prévues pour 1984-1985.
M. Garon: Ils sont faits.
M. Maltais: Ils sont faits. Maintenant, est-ce qu'ils sont bien
occupés? Est-ce qu'ils ont un taux d'occupation raisonnable?
M. Garon: II faut dire qu'ils sont occupés de plus en
plus. Dans le temps du Parti libéral, ils étaient restés
vides pendant quinze ans. Maintenant, alors qu'il n'y avait aucune construction
depuis 1968, il y a eu deux usines de construites dans le parc industriel de
Grande-Rivière. Je rencontrais justement M. Nicolas, il y a quelque
quinze jours, trois semaines, qui me disait qu'il reste peu d'espace dans le
parc industriel de Grande-Rivière. C'est sous notre gouvernement que les
deux usines ont été construites et qu'il y aura des
agrandissements prochainement dans le parc industriel de Grande-Rivière
puisque ceux qui ont construit se sont rendu compte que même s'ils
avaient eu des grandes idées, les projets ont été mieux
que prévus. L'an dernier, dans le parc industriel de
Rivière-au-Renard, l'usine les Pêcheries gaspésiennes s'est
spécialisées dans la vente de poisson frais. Elle songe à
faire une certaine diversification. Nous sommes en communications avec
elle.
M. Maltais: Comment est occupé celui de
Rivière-au-Renard?
M. Garon: II est très peu occupé. Il y a deux
usines dans le parc. Aux Îles-de-la-Madeleine, il y a Madelipêche
qui va faire des agrandissements dans le parc industriel. Une autre partie
à la limite du parc industriel, il y a le parc d'hivernement qui a
été construit. Ensuite, il y a Paspébiac.
Le Président (M. Mathieu): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Nelligan.
Projets de la Côte-Nord
M. Lincoln: Est-ce qu'on aurait pu parler un peu des projets de
la Basse-Côte-Nord que vous avez traité de "giddy" et de choses
antiques du Far West.
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Je parle des projets de la Basse-Côte-Nord.
Vous avez dit on revient en arrière de 100 ans. Je vais vous citer, si
vous voulez. Je vais encore une fois vous citer.
M. Garon: Oui, j'aime mieux.
Une voix: M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Oui. Vous direz à M. De Bané que
l'époque du Far West est terminée et qu'au Québec cela ne
passera pas. Je vous réfère à l'article de votre
haut-parleur officiel, M. Florent Plante, dans le Soleil du 9 septembre 1983:
"Construction de salines, De Bané veut faire régresser les
pêches québécoises." Le sous-chef ne se trompe pas. Si vous
lisez l'article, vous allez voir que vous dites qu'on revient en arrière
avec ces unités de salaison.
Je vous réfère à la lettre que M. Richard Forest
vous a envoyée le 6 avril et que j'ai citée tout à
l'heure...
M. Garon: Je sais que c'était celle-là.
M. Lincoln: J'ai cité celle-là, c'est bien clair.
On ne se cache pas.
M. Garon: Vous ne l'aviez pas nommé ce matin.
M. Lincoln: II a reçu la visite de gens...
M. Garon: Ce matin, vous ne l'avez pas nommé.
M. Lincoln: ...de la Basse-Côte-Nord. Ces gens disent: Vous
nous promettez depuis trois ans déjà - ce sont vos paroles
citées textuellement - qu'en 1981 vous deviez avoir commencé
l'usine de Blanc-Sablon. Vous deviez aussi avoir commencé l'usine de
Natashquan. Je peux vous citer vos propres paroles; si vous le voulez, je peux
vous faire écouter des cassettes de ce que vous avez dit. Depuis 1981,
on dit à ces gens-là au sujet de ces projets de Natashquan et de
Blanc-Sablon, que les plans sont en marche et que les travaux vont commencer
dans quelques mois. Nous sommes en 1984; ces gens vont arriver au point
où les unités de salaison qu'ils ont dans ces quinze villages
seront condamnées par le ministère de l'Environnement. Ils ont
besoin d'argent pour se normaliser, selon la loi 36, et vous n'admettez pas le
transfert de lots, de bâtiments du gouvernement du Québec qui
est une des conditions pour l'octroi du gouvernement
fédéral à ces associations et à ces
coopératives. Tout le projet est bloqué. Les gens se trouvent
dans une situation sans issue au début de la pêche. Ils sont venus
vous voir; vous connaissez le dossier. Vous leur dites: On va commencer
à construire des usines modernes, l'une à Natashquan, l'autre
à Blanc-Sablon.
Je vous demande ce que ces usines modernes font pour ces gens-là
à cette saison-ci en 1984. Deuxièmement, quand ces usines
vont-elles commencer? Depuis 1981 vous annoncez qu'elles doivent commencer.
Troisièmement, qu'est-ce que vous faites pour répondre à
M. Forest et à tous ces gens qui vous disent qu'ils ne pourront pas
exploiter leur industrie; ils sont dans une situation critique. Le gagne-pain
d'environ 2200 personnes est impliqué? N'est-il pas temps de vous servir
d'un peu de flexibilité, d'un peu d'humanité pour
considérer leur cas comme un cas urgent? Au lieu de leur répondre
à chaque fois que vous allez bâtir des usines magnifiques à
Blanc-Sablon et à Natashquan et d'année en année ces
usines sont reportées à l'année suivante.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je remercie le
député de Nelligan de me poser cette question. Je l'attendais
depuis le début de la commission parlementaire, depuis ce matin. Il me
la pose à la fin de la commission parlementaire, dix minutes avant la
fin...
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable. C'est toujours la même
démagogie, M. le ministre. J'ai le droit de poser ma question quand je
le veux. Vous savez très bien qu'on a passé la moitié de
l'après-midi à tourner en rond avec des réponses tout
à fait obtuses.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre, s'il vous
plaît'. À l'ordre'. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable.
M. Garon: II faut dire que les périodes d'excitation de la
part du député de Berthier et du député de Nelligan
ont consommé beaucoup de temps, mais je vais vous donner ma
réponse. Je suis content de la question. Je vous félicite.
M. Lincoln: Allez-y avec la réponse.
M. Garon: Je vous félicite de l'avoir posée.
J'aurais aimé mieux que vous la posiez plus tôt pour qu'on puisse
débattre cette question plus longtemps. Je vous dirai ceci. Quand je
suis allé voir les gens du territoire maritime, je leur ai dit que ce
qu'ils devraient avoir à Blanc-Sablon, c'est une usine polyvalente.
À Natashquan, le projet a évolué parce que le potentiel
des pêches dans cette région a évolué
considérablement au cours des dernières années. Le
potentiel des pêches dans cette région a évolué
considérablement au cours des dernières années.
Personnellement, j'ai vu à Natashquan des bateaux portuguais venir
à chaque année pour saler du poisson et repartir à la fin
de la saison. En 1976, on prenait entre 2000 et 3000 tonnes métriques
sur toute la Basse-Côte-Nord, ce qui ne justifiait pas
véritablement l'équipement dont on parle maintenant.
Quand vous dites qu'il faudrait faire des normalisations d'usines,
bâtir des usines dès ce printemps dans de petits projets, je peux
vous dire que l'usine en question dont vous parlez qui a justement des
problèmes avec l'environnement, c'est justement une usine qui a
été bâtie dans le cadre de ces petits projets. On retrouve
à peu près dans le même mètre carré d'eau la
prise d'eau et le rejet des eaux. Ce n'est pas très salubre. Vous avez
admis vous-même quand vous avez fait votre discours d'ouverture ce matin
que, pour ces usines-là, il ne s'agissait pas de projets avec un grand
caractère de salubrité.
M. Lincoln: Les usines actuelles; je ne vous parle pas des
projets.
M. Garon: Oui. Certaines ont été bâties
très récemment. Il faut dire que les projets du gouvernement
fédéral dans ces cas ont été faits un peu de
manière improvisée. Ce que cela a donné comme
résultat, on l'a. Les usines qui ont le plus de misère au point
de vue de l'environnement, c'est celles qui ont été bâties
de cette façon-là très récemment. J'ai dit,
à plusieurs reprises, que la problématique des pêches sur
la Côte-Nord, la Basse-Côte-Nord en particulier et la
Moyenne-Côte-Nord, est une problématique nouvelle qui va demander
des équipements nouveaux, mais pas entièrement, et dans toutes
les localités. Pour qu'il y ait le maximum de retombées
économiques sur la Côte-Nord, la Haute, la Moyenne et la
Basse-Côte-Nord, il va falloir que les entreprises qui vont s'y installer
puissent davantage traiter le poisson qui s'y pêche, ce qui n'exclut pas
la construction ou la modernisation d'un certain nombre de salines. À
certains autres endroits, il faudra avoir des usines polyvalentes qui vont
pouvoir travailler le poisson qui est pêché sur la
Côte-Nord. Autrement, on va assister à ce à quoi on assiste
actuellement, comme on a fait... Et je peux vous dire que c'est à la
demande des pêcheurs eux-mêmes, en consultation avec les
pêcheurs, que nous avons émis au cours des deux dernières
années les permis pour la Basse-Côte-Nord
répartis d'une façon différente pour la pêche
au crabe dans toutes les localités de la Basse-Côte-Nord. Les
projets qui devront voir le jour.,. On a dit qu'il devrait y avoir une usine
polyvalente à Blanc-Sablon et un séchoir. À Natashquan, il
devrait y avoir idéalement aussi une usine qui aurait un
caractère de polyvalence, ce qui ne nie pas la nécessité
d'une saline également.
Sur la Côte-Nord, la problématique est bien
particulière. On a découvert au cours des dernières
années - quand je dis "des dernières années", il s'agit
des deux ou trois dernières années - des espèces qu'on
n'aurait pas pensé pêcher auparavant. Le banc de Sept-Îles
est un banc de 3600 tonnes de crevettes. Le banc d'Anticosti est un banc de
5700 tonnes dont...
Une voix: ...
M. Garon: Pardon? 6000 tonnes.
Une voix: Non, 5700.
M. Garon: ...seulement un pourcentage est exploité
à l'heure actuelle et le banc l'Esquimalt qui est situé entre le
Québec et Terre-Neuve, et pourrait être exploité
conjointement, idéalement, d'une façon équitable, est un
banc encore de 6000 tonnes. Dans mon esprit, les usines qui vont se localiser
sur la Côte-Nord - pas partout, mais il devra y en avoir à
certains endroits - devront être capables de travailler des
espèces de poisson comme les crevettes qui sont pêchées
à ces endroits. Il y a aussi la pêche au crabe qui augmente dans
ce territoire et qui devrait être traitée sur la Côte-Nord
pour donner du travail aux gens de la Côte-Nord. Il y a aussi des
espèces variées qu'on peut pêcher dans l'ensemble d'un
port, d'un côté, du début à la fin de la saison de
pêche.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Mathieu): Un rappel au
règlement?
M. Lincoln: ...un rappel au règlement.
Le Président (M. Mathieu): J'ai un rappel au
règlement, M. le ministre.
M. Lincoln: Comme on a dix minutes, est-ce qu'on pourrait poser
quelques questions au ministre sans qu'il fasse un discours-fleuve? Il sait
qu'on n'a pas le temps. Il est en train de nous faire perdre du temps parce
qu'il ne veut pas faire face aux questions qui sont embarrassantes, comme la
lettre de M. Richard Forest. Il ne veut pas répondre. Il va faire un
discours-fleuve pendant 25 minutes sur la Côte-Nord. Nous aussi, on peut
faire cela. On veut des réponses précises. On veut savoir ce
qu'il fait. Puisqu'il dit lui-même qu'il y a un certain nombre de salines
qui sont requises, qu'est-ce qu'il va faire cette année pour donner
quelque chose à ces gens? Est-ce que ce sera le même programme que
le fédéral a proposé selon la loi 36? C'est ce qu'on lui
demande.
Le Président (M. Mathieu): M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je voulais donner un
aperçu de l'ensemble de la question sur la Côte-Nord.
M. Lincoln: Ah oui!
M. Garon: Je dis également qu'il y a une autre
espèce. Il y a la morue qui est en migration sur les territoires de la
Côte-Nord parce qu'elle suit le capelan pendant certaines semaines de
l'année. C'est une période très courte. Le poisson a une
consistance moins ferme et il doit être traité en le salant.
Nous souhaitons, dans la planification du développement des
usines de transformation sur la Côte-Nord, qu'il y ait le maximum de
retombées économiques. C'est pourquoi le gouvernement du
Québec, qui a des équipements, des bâtisses et des
terrains, a besoin de ces bâtisses et de ces terrains pour mettre en
place son propre projet de développement. Jusqu'à maintenant, le
ministre fédéral des Pêches a trop souvent tendance
d'enfermer les gens dans un dilemme décisif où il dit aux
pêcheurs, genre de procédé qui a mené à une
guerre pendant longtemps à Beyrouth, où on a comme façon
de faire ceci...
M. Lincoln: C'est pas croyable! (18 heures)
M. Garon:...de dire aux gens: Si vous demandez au gouvernement du
Québec de vous donner les terrains, moi, je vais vous donner autre
chose. Si vous demandez au gouvernement du Québec de vous donner ses
équipements, moi, je vais être prêt à faire autre
chose et toujours enfermer les gens dans un dilemme qui n'a pas de sens. Le
gouvernement du Québec, le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a ses propres projets, a
sa propre philosophie de développement et nous n'avons pas à nous
faire "hold-uper" par un ministère des Pêches et des Océans
qui, lui, a une philosophie de développement qui n'est pas la
nôtre.
M. Lincoln: Qu'est-ce que vous allez faire cette année
pour empêcher...
Le Président (M. Mathieu): Monsieur, je dois...
M. Lincoln: ...ces gens de crever de faim, M. le ministre?
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: C'est cela qu'on vous demande, cette année,
maintenant.
Le Président (M. Mathieu): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Je dois...
M. Lincoln: Pas pendant dix ans.
Le Président (M. Mathieu): Je dois constater que le temps
est écoulé. Il y a quelques membres de la commission qui m'ont
demandé une courte période pour conclure. Peut-être
pourrions-nous d'un commun accord... Il est 18 h 1. Quels sont ceux qui
désireraient... Peut-être pourrions-nous également accorder
à M. le ministre une période pour conclure. Avant ou
après?
Des voix: Après.
Le Président (M. Mathieu): À la suite?
M. Garon: Brièvement, parce qu'on devait finir à 18
heures et que j'ai pris des rendez-vous.
Le Président (M. Mathieu): Alors, je donne la parole
à M. le député de Saguenay pour conclure.
M. Lincoln: Mais il faut savoir... Ils ont fini...
Conclusions
M. Maltais: M. le Président, je pense que nous avons
assisté à une triste pièce théâtrale cet
après-midi pour un budget de 42 000 000 $. Je ne suis pas certain que
les pêcheurs québécois vont sortir grandis de ces
crédits. Ce fut un véritable scandale de la façon dont le
ministre n'a pas voulu répondre aux questions, aux véritables
questions. Il a déblatéré une partie de
l'après-midi. D'abord, on n'avait presque pas de temps. Il en a
profité pour faire ses discours électoraux. On lui conseille
d'attendre la prochaine campagne électorale. Il les fera et les gens
écouteront. Je trouve très malheureux que,
délibérément, un ministre qui a des responsabilités
ne les prenne pas. On était ici et on avait à peine deux heures
et demie pour discuter des véritables questions de fond des engagements
financiers et on n'a pas eu le temps de le faire par la faute du ministre.
"Malheureusement, les pêcheurs québécois - je cite un autre
article de son "haut-parleur", M. Plante - en ont ras le bol des bouderies de
Garon." Je pense qu'il n'y a pas seulement les pêcheurs
québécois. Les gens de l'Opposition aussi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Gaspé.
M. Le May: M. le Président, je voudrais profiter de la fin
de cette commission pour remercier, au nom des pêcheurs et au nom de la
commission, un homme qui nous quitte aujourd'hui. Il s'agit de M. Yvon Boudreau
du ministère qui a travaillé depuis 1976 pour les pêches au
Québec. C'est au nom de tous que je le remercie. Je voudrais lui
souhaiter bonne chance dans ses nouvelles fonctions. Il va nous manquer
grandement, parce que, si aujourd'hui on entrevoit un avenir prometteur dans le
domaine des pêches, c'est un peu beaucoup grâce à lui.
Je voudrais profiter de l'occasion également pour souhaiter bonne
chance à notre nouveau vis-à-vis, le député de
Saguenay, qui prend un dossier très intéressant et je suis
sûr qu'il s'y attachera grandement. M. le Président, ce sera
tout.
Le Président (M. Mathieu): M. le député
d'Arthasbaska.
M. Baril (Arthabaska): Très brièvement, M. le
Président. J'aimerais souligner l'intérêt que j'ai pris
à m'occuper du dossier des pêches. Je fais une comparaison
très rapide, très brève, parce que je ne veux pas abuser
du temps de la commission. Quand j'entends les députés de
l'Opposition craindre pour l'avenir et se demander ce que les pêcheurs
vont manger demain matin, ce qui va arriver et ce qui va se produire... Le
ministre défend cela; les députés ministériels
défendent la politique des pêches. Je me souviens... Je vais
comparer avec l'agriculture. Quand on est arrivé en 1976, le ministre
avait dit qu'on augmenterait l'auto-suffisance au Québec. L'Opposition
ne le croyait pas et il se faisait à peu près les mêmes
chicanes auxquelles on assiste aujourd'hui autour de la table. On est parti en
1976 avec environ 46% de notre autosuffisance. Aujourd'hui, on a atteint 67%.
Donc, on a augmenté de 20% l'autosuffisance alimentaire au
Québec. Personne ne croyait le ministre de l'Agriculture, sauf le
gouvernement, les ministériels, évidemment, qui ont appuyé
le ministre. Je suis convaincu qu'en prenant connaissance objectivement de ce
que le ministre veut faire dans le domaine des pêches, il accomplira ou
réalisera de nouveau ce qu'il a fait dans l'agriculture.
Je connais la pêche sportive mais je n'en connais pas plus.
Peut-être qu'une personne comme moi peut regarder cela de façon
plus objective pour voir l'avenir qui attend les pêcheurs, qui attend le
domaine économique au Québec. On sera capable
d'améliorer, de créer de l'emploi pour que les
pêcheurs puissent vivre décemment de leur production.
Le Président (M. Mathieu): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci. Quelques secondes pour dire que j'ai
participé avec beaucoup de plaisir à cette commission
parlementaire. Dans le domaine agricole et dans le domaine des pêches en
particulier, j'ai appris beaucoup. Lorsqu'on parle de pièce
théâtrale et qu'on voit les explications que le ministre a
données, l'avenir qu'on entrevoit pour les pêches, je pense que
c'est du très bon théâtre. J'ai l'impression que tout le
Bas-du-Fleuve, la Gaspésie et tout le territoire maritime trouveront que
c'est du théâtre payant. On n'a qu'à voir l'augmentation du
budget en ce qui a trait aux pêches qui passe de 19 000 000 $ à 31
000 000 $ pour la contribution à l'exploitation et transformation de la
ressource. Cela commence à faire du théâtre assez
payant.
Je souhaite, moi aussi, un gros avenir au domaine des pêches. Je
suis heureux que le député d'Arthabaska ait fait la comparaison
avec l'agriculture. Peu importe ce qu'on en dit, je pense qu'on a
augmenté le degré d'autosuffisance énormément et on
va faire la même chose dans le domaine des pêches.
Je voudrais en profiter pour vous féliciter, M. le
Président, pour la façon dont vous avez présidé
cette commission. Ce n'est pas facile; j'ai eu l'expérience à
titre de président de commission pendant assez longtemps. Je pense que
cela a été bien fait. Peu importe s'il y a des gens plus ou moins
satisfaits, il est bien certain que lorsqu'on pose des questions, on aimerait
suggérer la réponse. Le ministre, à mon point de vue, a
assez bien répondu, a très bien répondu aux questions pour
qu'on sorte plus éclairé dans le domaine des pêches qu'on
ne l'était avant. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Mathieu): Merci. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais me joindre au
député de Champlain pour vous remercier du travail que vous avez
fait comme président de la commission. Vous constatez que vos
collègues de l'Opposition vous ont donné un peu d'ennui, mais
essentiellement, je comprends que cela vous met dans une situation un peu
difficile. Vous avez fait un bon travail de président; même si,
à une reprise ou deux, je vous ai manifesté que vos deux
collègues enfreignaient le règlement, dans l'ensemble, les
travaux se sont bien déroulés sous votre direction.
J'aimerais dire que cette séance aurait été
beaucoup plus bénéfique si on avait voulu en savoir davantage
concernant les grandes orientations. Malheureusement, les questions ont trop
porté sur des petites questions qui ne touchaient pas l'ensemble du
secteur des pêches et qui ne pouvaient pas montrer les orientations qui
sont en train de se prendre. Au cours de l'année 1984, dans le domaine
des pêches, ce seront des orientations fondamentales. Évidemment,
tout ce qui se fera n'est pas écrit dans des livres. Il y a beaucoup de
travail effectué, de conception, de compréhension du milieu pour
en arriver à une stratégie de développement qui va
véritablement apporter du développement dans le territoire
maritime.
Au cours des prochaines semaines, j'aurai à rendre publics
certains travaux qui ont été faits et qui ne sont pas connus et
qui montreront à quel point les pêches québécoises
pourront prendre de l'envergure. Une envergure insoupçonnée parce
qu'il y a eu du travail fait, parce qu'on a pris une orientation fondamentale.
Vous savez que le secteur des pêches est un des mondes les plus
internationaux qu'il y ait. Nous allons adopter des lois, des règlements
et l'effort de modernisation que nous faisons paraît dans des revues
internationales. Quand je suis allé visiter Boston, les gens
étaient au courant que nous allions déposer une loi pour
moderniser le secteur des pêches et pour avoir le souci de l'inspection
des aliments dans les usines. Je peux vous dire qu'à Boston, j'ai
été félicité par des dirigeants d'usines, quelques
semaines après le dépôt de ces lois à
l'Assemblée nationale. Ce qui veut dire que les gens savent, que c'est
suivi parce qu'il y a beaucoup de revues internationales, si on veut
connaître le secteur des pêches... J'ai le sentiment parfois que la
Mer du Nord, l'océan Atlantique et les bancs de pêche de l'Est du
Canada forment un immense lac dans lequel plusieurs nations gagnent leur vie en
pêchant les produits marins et en les transformant.
Pour cela, il fallait d'abord établir une philosophie, ce que
nous avons fait. Le député de Gaspé a dit avec raison
qu'un de ceux qui y ont grandement contribué, c'est M. Boudreau. J'ai-
l'impression que ce n'est pas un départ, c'est un voyage avec un retour
le plus rapide possible, je l'espère.
Une voix: On dit cela, quand on meurt; je n'en ai jamais vu
revenir.
M. Garon: Ce fut véritablement un grand artisan dans le
travail que nous avons fait. Plusieurs personnes ont contribué; le
personnel du service de l'inspection des aliments, par exemple, celui du
service de la normalisation, au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, a joué un rôle
considérable au point de vue de la normalisation des usines, des
produits. Ce
sont des gens dont vous n'entendez pas parler souvent mais qui, sur leur
territoire, sont très connus, comme Me Emile Ducharme, pour n'en nommer
qu'un, avec M. Boudreau. Il y a eu un énorme travail de fait par des
personnes-ressources, au niveau du ministère, des gens qui ont
travaillé très fort.
J'ai déploré, j'ai été déçu,
car nous avons mis beaucoup de nos efforts là-dessus, sans sacrifier le
temps du secteur agricole, de voir qu'on a traité avec autant de
légèreté un secteur pour lequel nous avons consacré
autant de temps de part et d'autre. En 1984, nous y consacrerons encore
beaucoup du temps de la Chambre afin d'adopter diverses lois. Dans le secteur
des pêches, il n'y avait que deux articles dans une loi, la Loi sur la
préparation des produits de la mer. Il y avait l'article 1 et l'article
2, c'était la mise en vigueur de l'article 1. C'était ça,
la loi. Il n'y avait pas de cadre, rien n'était défini dans ce
secteur. Ce fut la création quasi totale d'un cadre, d'une
stratégie de développement, d'une conception des choses. Ce que
nous avons essayé d'inclure dans nos lois sur les produits marins, dans
la loi 49, dans la loi 48, dans la Loi sur le crédit aquacole qui a
été déposée aujourd'hui, et dans d'autres lois qui
seront déposées un peu plus tard, c'est une philosophie, une
façon de concevoir le développement du secteur des pêches
de façon moderne.
Je ne veux pas être plus long, je suis en train de vous retarder
en parlant un peu plus. Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est un
secteur qui va connaître une année marquante, l'année 1984
sera l'année des investissements majeurs dans le secteur des
pêches. On peut dire que c'est commencé depuis la fin de 1983.
1984 et le début de l'année 1985 verront des investissements
majeurs dans le secteur des pêches. Le territoire maritime sera un
véritable chantier de construction. Tout cela, c'est un peu
l'arrivée, mais ce n'est pas la fin de la transformation. Maintenant que
nous avons normalisé les équipements, nous nous attaquerons
à la normalisation du produit afin de servir des produits no 1 sur la
table du consommateur. C'est sur cette base, comme on le fait dans le secteur
agricole, que le secteur des pêches sera modernisé.
Concernant le secteur agricole, on a passé beaucoup de temps sur
la recherche et l'enseignement et avec raison puisque c'est un secteur qui
connaîtra un grand développement au cours des prochains mois. On
verra une orientation fondamentale dans les mois qui viennent. En posant
beaucoup de questions sur les fumiers, même si on fait des blagues
là-dessus, c'est une grande préoccupation du secteur agricole et
les députés ministériels qui se sont enquis des positions
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
par rapport à la disposition des fumiers et à leur utilisation
reflétaient véritablement les préoccupations du monde
agricole.
Je vous remercie, M. le Président, de même que je veux
remercier tous les fonctionnaires qui y ont travaillé. Je peux vous dire
que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation est une grande équipe où beaucoup de gens
travaillent et où on retrouve surtout une grande expertise. Les gens qui
ont été choisis pour travailler au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au cours des
dernières années l'ont été pour leur
capacité de travail, leurs talents, leur expertise. Celui qui est
paresseux ne peut tenir bien longtemps. Nous avons une très forte
équipe. J'ai eu l'occasion, au cours des dernières années,
de visiter différents endroits pour voir ce qui se faisait ailleurs. Mon
sous-ministre y a pris goût; lui qui partait toujours à regret en
voyage est parti seul un mois en Chine. Je ne pouvais pas le croire, mais il
est parti et il est allé voir ce qui se passait là-bas sur une
invitation de la Chine.
Nous avons, aujourd'hui - quand on regarde ce qui se passe dans le monde
et dans d'autres pays - la possibilité de voir ce qui se fait. Je peux
vous dire que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, on peut se comparer à ce qui se fait de mieux dans le
monde. On peut également aider beaucoup à des peuples qui veulent
développer leur secteur agroalimentaire puisque la production d'aliments
vers une population mondiale qui s'en va vers 10 000 000 000 d'habitants dans
une vingtaine d'années au lieu de 4 000 000 000 est un secteur dans
lequel nous pouvons aussi oeuvrer pour le Québec en termes
d'autosuffisance et aussi en aidant beaucoup de peuples à viser
également cette autosuffisance. Ce sera nécessaire dans beaucoup
de pays.
Les modèles que nous avonr développas au Québec au
cours des dernières années pourront servir à d'autres. Je
vous remercie.
Le Président (M. Mathieu): Merci M. le ministre. J'appelle
donc, pour adoption, le programme 10. Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): J'appelle également
l'adoption de l'ensemble des crédits du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Ces crédits
sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Mathieu): II me reste
à remercier les membres de la commission; remercier le
vice-président, M. le député de Saint-Hyacinthe, pour ses
bons et compétents services; notre secrétaire; remercier
également les personnes qui accompagnent M. le ministre: son
sous-ministre et les autres. Merci. Sur ce, les travaux de la commission sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 16)