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(Quinze heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre!
Mesdames et messieurs, je déclare la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ouverte. Pour votre gouverne, je tiens
à vous rappeler le mandat de la commission: étudier les
crédits budgétaires du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation pour l'année financière
1986-1987.
Je demande au secrétaire d'annoncer les remplacements pour cette
séance, s'il y a lieu.
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacement, M. le
Président, à ce moment-ci.
Ordre des travaux
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Je tiens à rappeler aux députés l'objet et les principales
règles de procédure régissant l'étude des
crédits budgétaires. Étant donné que nous
entreprenons la première séance de l'étude des
crédits cet après-midi, vous me permettrez de rappeler
brièvement quelques éléments importants qui pourront nous
guider dans l'exécution de ce mandat.
L'objet de l'étude des crédits, dont les modalités
se retrouvent aux articles 279 et suivants du règlement de
l'Assemblée nationale, permet aux commissions permanentes de scruter
méticuleusement les divers éléments contenus dans
l'ensemble des programmes budgétaires du gouvernement. Chacune des
commissions doit procéder à l'étude des crédits
correspondant aux programmes des ministères pour lesquels elle jouit
d'une compétence, article 282 des règles de l'Assemblée
nationale.
Les principales règles de procédure. La durée de
l'étude des crédits: ce sont les leaders qui déterminent
en réunion, conformément à l'article 287 du
règlement, le temps alloué à l'étude des
crédits de chacun des ministères. En ce qui concerne notre
commission, nous disposons de douze heures trente minutes, dont deux heures
trente pour le programme 10, Développement des pêches
maritimes.
Le temps de parole octroyé à chaque membre est
décrit à l'article 284 de la façon suivante: "Le temps de
parole dont dispose chaque membre d'une commission vaut pour chaque
élément d'un programme et peut être utilisé en une
ou plusieurs interventions. " Ce temps de parole est de 20 minutes, en vertu de
l'article 209. Le ministre qui répond de ses crédits devant la
commission peut, quant à lui, intervenir aussi souvent qu'il le
désire.
Ordre des programmes étudiés: Les programmes devraient
être étudiés dans l'ordre où ils apparaissent dans
le cahier des crédits. Une commission peut toutefois planifier comme
elle l'entend l'ordre de ses travaux. Rien n'empêche la commission de
procéder è l'étude des programmes dans un ordre
différent de celui de leur présentation. Quant à
l'adoption des programmes, même si les parlementaires étudient
chacun des éléments d'un programme, la pratique veut que seuls
les programmes fassent l'objet d'une adoption. A la fin de l'étude de
tous les crédits d'un ministère, l'ensemble de ces derniers est
mis aux voix. Cela étant dit, est-ce qu'il y a des questions sur
l'organisation des travaux?
M. Pagé: M. le Président, d'abord, je dois vous
faire part de ma surprise de constater que l'Opposition préfère
s'en tenir au règlement plutôt qu'à l'efficacité en
ce qu'il était une coutume qui s'est dégagée dans nos
travaux selon laquelle, lors de l'étude des crédits, le ministre
pouvait prendre une période de temps qui, généralement,
variait de 45 à 60 minutes, sans jamais dépasser 60 minutes -
cela va de soi - pour donner le profil de l'intervention de son
ministère et, par surcroît, quand le ministre arrivait pour
occuper cette fonction.
Or, si j'ai bien compris, M. le Président, l'Opposition
préfère s'en tenir au strict règlement. Vous comprendrez
que je voulais profiter de cette occasion pour échanger des propos avec
vous et avec mes collègues afin, dans un premier temps, de faire le
point, de faire connaître la perception du gouvernement et du nouveau
ministre en regard du contexte économique mondial, de la situation qui
prévaut au Canada, les échanges avec Ies États-Unis, etc.
Cela m'amenait à faire une déclaration d'ouverture d'une
cinquantaine de minutes environ, ce qui est tout à fait normal lorsqu'on
est à la tête d'un ministère comme celui de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. À moins que l'Opposition
ne
se ravise, je prendrai 20 minutes et je ferai comme d'autres,
c'est-à-dire que je prendrai trois périodes de 20 minutes pour
lire ma déclaration introductive, mais c'est bien regrettable, c'est un
manque de collaboration évident de l'Opposition et cela me surprend.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie,
M. le ministre. Je vais demander aux membres de l'Opposition s'ils maintiennent
leur décision.
M. Garon: M. le Président, avant que les nouvelles
commissions siègent et qu'un nouveau règlement soit
adopté, il y avait un temps de parole plus long. L'an dernier, j'ai
voulu faire une intervention dans ce sens et c'est le Parti libéral qui
a refusé. Je vous dirai que, la dernière phrase que j'avais
prononcée, c'était: "Comme le temps n'est pas plus long, M. le
Président, et que j'ai dû lire mon texte le plus rapidement
possible pour entrer au maximum dans le cadre des 20 minutes qui
m'étaient allouées, j'aurai l'occasion de revenir sur
différents points au cours de la période de discussion qui nous
est dévolue. "
Comme le règlement stipulait 20 minutes, l'Opposition, l'an
dernier, n'a pas voulu qu'on ait plus de 20 minutes. Je m'en suis tenu au
règlement, à 20 minutes. Comme la nouvelle tradition qui se
forme, au fond, a été commencée par le Parti
libéral et je l'ai vécue, je pense qu'il est normal que, si le
Parti libéral alors dans l'Opposition pensait que 20 minutes,
c'était assez pour le ministre, que le ministre maintenant au pouvoir
synthétise sa pensée dans 20 minutes, ce que j'ai réussi
à faire l'an dernier.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela dit, nous
allons maintenir les 20 minutes.
M. Pagé: M. le Président, c'est un manque de
gentithommerie. Vous savez, cela n'aurait pas coûté plus cher au
député de Lévis, mais je le reconnais, cela va de soi.
Trois fois 20 minutes, M. le Président, en ce qui me concerne, on en a
pour dix heures ensemble. Bon voyage!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon!
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant, je
demanderais à M. le ministre de prendre la parole. Ensuite, ce sera au
tour du porte-parole de l'Opposition et, ensuite, aux membres de la commission.
Je demanderais...
M. Pagé: M. le Président, je veux bien qu'on se
comprenne. J'ai l'intention de prendre 20 minutes. J'ai l'intention
d'écouter le député de Lévis pendant 20 minutes.
J'ai l'intention de revenir pendant 20 minutes, comme c'est mon droit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Pagé: J'ai l'intention d'écouter le
député de Lévis pendant 20 autres minutes et terminer mon
intervention, pour un total de 60 minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Il n'y a aucun
problème.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela entre dans les
normes à ee moment-là. Il n'y a aucun problème
là-dessus.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
M. le ministre, la parole est à vous et je vous écoute.
Remarques préliminaires
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais, dans
un premier temps, vous exprimer toute ma confiance, car vous siégez
comme président de cette commission importante responsable de
l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je voudrais souligner aussi la
contribution significative que sera susceptible d'y apporter l'honorable
député de Terrebonne, le vice-président de cette
commission, avec qui j'ai toujours eu des échanges cordiaux, francs et
ouverts. Je dois vous indiquer que j'ai confiance que les membres de notre
commission pourront créer une interaction dynamique et positive au cours
du mandat qui nous est actuellement confié, toujours dans la perspective
de renforcer le développement agricole, de renforcer le secteur
agro-alimentaire et l'agriculture au Québec.
Ces commentaires préliminaires étant faits, M. le
Président, je voudrais profiter de cette occasion pour vous
présenter mes collaboratrices et collaborateurs au ministère,
ceux et celles qui, dans leur vécu quotidien, soit au ministère
ou dans les différents organismes, régies ou
sociétés, assument et articulent te travail, les orientations, en
regard de notre politique et de nos interventions dans le domaine agricole.
Je suis accompagné cet après-midi de M. Ghislain Leblond,
sous-ministre; M. Guy Jacob, sous-ministre adjoint; M. André
Vézina, sous-ministre adjoint à la recherche; M. Gaston
Grammond, aux études économiques; Mme Agnès Jarnuszkiewicz
au développement commercial; le Or Louis Bernard, sous-ministre à
la santé animale; M. André Bédard, sous-ministre par
intérim à l'administration; M. Camille Moreau, président
de l'Office du crédit agricole; M. Fernand Beaudet, de la Régie
des grains du Québec; M. Jacques Brulotte qui est...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, M. le
ministre.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que ce
serait possible de faire lever chaque personne afin que les membres de la
commission puissent vraiment les connaître?
M. Pagé: Oui. Bien certainement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse,
j'aurais dû vous en parler avant.
M. Pagé: D'accord. M. Jacob, sous-ministre adjoint
à la production. M. Jacob s'est joint à notre équipe
récemment; M. Gaston Grammond, sous-ministre adjoint aux études
économiques; M. André Vézina, sous-ministre à la
recherche; Dr Louis Bernard, sous-ministre à la santé animale; M.
André Bédard, sous-ministre adjoint par intérim à
l'administration; M. Camille Moreau, président de l'Office du
crédit agricole; M. Fernand Beaudet, président de la Régie
des grains du Québec; M. Jacques Brulotte, président de la
Régie des assurances agricoles. Du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Daniel Chez, M. Jean Hébert
et M. Jean-François Bertrand. Oh! Je m'excuse, j'avais passé
Agnès. Pense pas que ce n'est pas terrible! Mme Jarnuszkiewicz, je
m'excuse. Mme Jarnuszkiewicz est sous-ministre adjointe à la
commercialisation.
Chez les autres membres de l'équipe, M. Kenneth Choquette, M.
Jean-Yves Lavoie, M. Roland Beaulieu, M. Jacques Landry qui s'occupe de
l'aménagement, M Gilles Guay, M. Jacques Saint-Hilaire, M. Bilodeau, M.
André Abgral au budget, le Dr Yvan Rouleau, M. André Gervais.
À la Régie des assurances agricoles, M. Magella Leclerc, M.
Bernard Beaulé, M. Raynald Lévesque. De l'équipe de
l'Office du crédit agricole, M. Julien Burns, M. Pierre Simard, M. Yvan
Laverdière. De la Régie des grains, M. André Harbec. Et
l'équipe de mon cabinet, M. le Président, dont je suis bien fier.
C'est une équipe jeune, dynamique, motivée, à la hauteur
du ministère, mais principalement composée d'agronomes. Cela
manquait dans le ministère et au cabinet, notamment. M.
Serge Grégoire, directeur du cabinet; Mme Léna Rouillard,
directrice adjointe du cabinet, agronome elle aussi; Mme Ann-Louise Carson,
agronome et attachée de presse; Mme Suzanne Pilote, agronome, s'occupe
des dossiers de la production; M. Paul Beauchamp, conseiller juridique au
ministère et M. Pierre Fortin, diplômé en
économie.
Le 12 décembre dernier, le premier ministre du Québec, M.
Robert Bourassa, me confiait la direction du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Je dois vous dire
que c'est avec enthousiasme que j'ai accepté de relever le défi,
malgré la période particulièrement difficile que doit
traverser le secteur agricole. À l'échelle mondiale, la fin des
années quatre-vingt est effectivement caractérisée par
l'accumulation de surplus de produits alimentaires et par la baisse des prix.
Pour protéger leur secteur agricole, la plupart des pays ont recours
à des mesures protectionnistes et à des subventions.
L'agriculture québécoise doit s'ajuster à ces nouvelles
conditions. Les orientations visant l'autosuffisance qui avaient
été mises en place dans un contexte de prix et de marché
que l'on croyait à la hausse doivent être revues et
corrigées puisque le précédent gouvernement n'a pas su les
adapter à la nouvelle conjoncture économique.
La crise économique qu'a connue le monde au début des
années quatre-vingt, conséquemment aux deux chocs
pétroliers, comme on se le rappelle, a grandement modifié la
conjoncture agricole mondiale. Les marchés en expansion des
années soixante-dix ont fait place à un resserrement
marqué des échanges de produits agricoles. De plus, certains pays
qui étaient historiquement importateurs ont amélioré leur
position sur le marché mondial. La Chine, l'Inde, l'URSS qui, au cours
des dernières années, étaient importateurs de produits
agricoles, notamment de céréales, ont sensiblement
amélioré leur production et ont réduit, par le fait
même, leurs achats sur les marchés mondiaux. Le Brésil et
l'Argentine qui étaient devenus au cours des années soixante-dix
de faibles exportateurs de céréales ont grandement
augmenté leur production pour devenir depuis quelques années
d'impartants exportateurs de céréales.
Pour ce qui est des pays du tiers monde, leur situation
économique est devenue presque catastrophique. Les taux
d'intérêt et leurs dettes très élevés, les
taux d'inflation exorbitants et la forte baisse de la valeur des
matières premières ont fait en sorte qu'un nombre important de
pays en voie de développement ont dû se retirer du marché
mondial des produits agricoles, faute de moyens financiers.
Du côté des pays occidentaux, le volume de production de
l'ensemble des
produits agricoles croît à un rythme continu depuis le
début des années quatre-vingt. Les dépenses
affectées à l'agriculture en Europe, aux États-Unis et au
Canada ont rendu la production moins sensible à l'évolution des
prix, à cause des politiques de soutien des prix; exemple: le maintien
du prix des céréales aux États-Unis et les subventions
à l'exportation qui sont très présentes dans ta
Communauté économique européenne.
Les pays occidentaux de même que l'Australie et la
Nouvelle-Zélande ont connu de bons rendements depuis quelques
années. Avec l'aide de subventions à l'exportation, ils ont
écoulé leurs surplus sur nos marchés. Il en résulte
donc une accumulation de produits agricoles pour lesquels les pays producteurs
ne peuvent trouver preneur. Il est à prévoir pour cette
année des surplus records de blé, de céréales
secondaires et de soya.
Quant au marché mondial des produits laitiers, il est
saturé. Les États-Unis et la Communauté économique
européenne disposent encore de stocks importants en réserve. La
récente politique laitière de ta Communauté
économique européenne a engendré une diminution du cheptel
laitier qui est venu augmenter de façon considérable les stocks
de viande bovine.
Ce déséquilibre généralisé, dû
en majeure partie à des prévisions erronées sur la
conjoncture économique entre l'offre et la demande de produits agricoles
entraîne des baisses marquées et substantielles de prix.
Aux États-Unis, le "Farm Bill" aura un effet négatif sur
les prix, particulièrement dans le secteur des céréales.
Le système américain de maintien des prix a entraîné
des accumulations de stocks de céréales sans
précédent. Dans le but de réduire ces stocks
financés par le gouvernement, le "Farm Bill" permet au Secrétaire
américain a l'agriculture de réduire les prix planchers du
blé et du maïs. Ces prix planchers déterminent le montant du
prêt que tes agriculteurs américains peuvent obtenir de la
"Commodity Credit Corporation" et qui déterminent par l'importance des
transactions, finalement, le prix mondial de ces céréales. Cette
réduction incitera donc les céréaliculteurs
américains à vendre leurs récoltes aux prix du
marché, créant ainsi une pression à la baisse sur les prix
du blé et du mais ainsi qu'une diminution des stocks.
Cette baisse du prix des céréales entraînera a sa
suite celle des viandes. Cette baisse proviendra de l'effet cumulatif des deux
tendances. La première provient d'une baisse du coût de production
des viandes a la suite de la baisse du prix des céréales qui en
est, il faut le dire, l'intrant principal. Le deuxième proviendra d'une
augmentation de la production de viande de la part des
céréaliculteurs qui préféreront très
probablement transformer sur place une plus grande partie de leurs
céréales en viande.
La réduction des prix de soutien des produits laitiers
prévue dans le cadre du "Farm Bill" américain entraînera
également une baisse des prix du lait et du beurre sur les
marchés mondiaux.
Les pays producteurs de produits agricoles ont de plus en plus tendance
à restreindre l'accès à leur marché
intérieur. La situation de surproduction qu'enregistrent l'ensemble des
pays producteurs engendre des pressions de la part des agriculteurs sur leurs
gouvernements respectifs pour restreindre le marché aux produits
d'importation. Aux États-Unis, l'utilisation des droits compensatoires
ou la menace de mettre en vigueur des droits compensatoires pour limiter
l'accès au marché américain aux produits agricoles
étrangers a augmenté de façon très importante
depuis quelques années.
Pour le Canada, les demandes de droits compensatoires pour plusieurs
produits nous laissent présager que l'accès au marché
américain pour nos produits soit de plus en plus difficile. Ces droits
compensatoires sont aussi utilisés pour limiter l'entrée aux
produits européens sur le marché américain.
Les guerres commerciales entre la Communauté économique
européenne et les États-Unis à propos d'un nombre
croissant de produits agricoles, entre autres, dans le domaine de la viande
bovine, le vin, le fromage, les pâtes alimentaires, etc., laissent
présager des conflits commerciaux de plus en plus évidents et qui
se poseront avec de plus en plus d'acuité.
L'élargissement de la Communauté économique
européenne, avec l'entrée du Portugal et de l'Espagne, limitera
encore plus l'accès de nos produits agricoles vers ces deux pays.
L'élaboration de barrières commerciales par la Communauté
économique européenne rend les pays membres quasi inaccessibles
aux produits agricoles québécois. Encore là, les
gouvernements européens cèdent aux pressions internes pour
protéger leurs marchés intérieurs de la part de la
concurrence étrangère.
Ajoutez à tout cela la crise financière qui secoue
violemment l'économie des pays en voie de développement et qui
n'ont plus les moyens de se procurer des produits agro-alimentaires et vous
obtiendrez le portrait réaliste de la situation commerciale dans
laquelle nous aurons à évoluer.
Les États-Unis, pour conserver leur part du marché, ont
mis en place des programmes d'aide à l'exportation. Ainsi, le "Farm
Bill" prévoit la création d'un fonds de 2 300 000 000 $ d'aide
à l'exportation de produits agricoles pour inciter les pays
étrangers a acheter davantage de céréales et d'autres
produits venant des États-Unis.
Cette loi autorise la "Commodity Credit Corporation" à garantir
des crédits de 5 000 000 000 $ par année aux pays qui
achètent des produits agricoles américains.
Avec l'aide de ce programme, ils ont déjà enlevé
à la Communauté économique européenne le
marché pour la fourniture du blé à l'Algérie et
à l'Égypte, un exemple concret de l'effet de cette mesure.
Pour répliquer à cette offensive américaine sur les
marchés mondiaux, la Communauté économique
européenne a réagi en réajustant les programmes d'aide
à l'exportation dans le but de protéger ses marchés de la
concurrence américaine. (16 h 15)
Le Canada devra, lui aussi, réajuster sa politique commerciale
sous peine de perdre une partie de ses marchés d'exportation. Les
États-Unis ont réussi à signer un accord commercial sur le
blé avec la Syrie qui était, depuis plusieurs années, un
client important du Canada. Cet état de guerre ou d'affrontement
commercial sur les marchés mondiaux va entraîner les productions
agricoles canadiennes orientées vers les marchés internationaux
dans une situation délicate et difficile. Il est donc à
prévoir des années difficiles pour les exportations de
céréales canadiennes sur le marché mondial.
Il en est de même pour les produits laitiers et pour les viandes.
La conjoncture mondiale prévalant dans le secteur agroalimentaire n'est
pas sans conséquence pour le Québec. Étant donné la
force de leur dollar, les États-Unis, le principal marché
d'exportation pour le Québec, sont aux prises avec de graves
difficultés dans le secteur agricole. Les producteurs en
difficulté font pression sur le gouvernement pour restreindre
l'accès a leur marché, et c'est légitime, c'est
explicable. Le porc, les pommes de terre, la framboise, certains légumes
frais ont fait l'objet de demandes de droits compensatoires. Il en
résulte soit une perturbation des marchés, comme dans le cas du
porc, ou un climat d'incertitude et d'anxiété.
Étant donné que la situation financière des
agriculteurs américains va continuer à être difficile dans
les prochaines années, à la suite de la mise en application du
"Farm Bill" et du resserrement des marchés, leur attitude
protectionniste risque fort de continuer, de se maintenir et même de se
développer. La période de la négociation d'un
éventuel accord de libre-échange canado-américain va
également contribuer à maintenir un climat d'incertitude.
La concurrence est également très vive sur les autres
marchés, chaque pays essayant légitimement d'écouler ses
surplus. Ainsi, le retour du Danemark sur le marché japonais a
freiné l'expansion des exportations québécoises de porc.
Au Canada, les difficultés du secteur des céréales dans
l'Ouest vont inciter les agriculteurs à se tourner davantage vers les
productions animales. D'ailleurs, déjà, en 1985, ceux-ci ont
accru de façon appréciable leur production de porc sans avoir
atteint leur plein potentiel. Il va sans dire que cette réorientation de
la production n'est pas à l'avantage des productrices et des producteurs
du Québec.
Le mouvement à la baisse des prix, conjugué à la
hausse du coût des intrants, entraîne des pertes de revenus pour
les producteurs. Les secteurs de production et de développement qui
étaient déjà en situation précaire, comme les
productions bovine et ovine, et qui sont les plus exposés à la
concurrence internationale connaissent de sérieuses difficultés.
Leurs perspectives de rentabilité plus que jamais sont remises en cause.
Des segments de ce secteur de production, comme ceux des productions
très bien établies, ne peuvent se maintenir que grâce aux
compensations versées par la Régie des assurances agricoles. Par
contre, les productions faisant l'objet de pians nationaux de
commercialisation, comme le lait, le poulet, le dindon et les oeufs, s'en
tirent mieux puisque les conditions de prix et de marché sont moins
influencées par la situation internationale.
La politique d'autosuffisance mise de l'avant au cours des
dernières années a consisté à vouloir produire
pratiquement n'importe quoi, à n'importe quelles conditions, en croyant
que les prix et la demande seraient en hausse continue. Maintenant que la
réalité économique a dissipé bien des illusions
chez la majorité, peut-être pas chez la totalité, mais au
moins chez la majorité, plusieurs se retrouvent en difficulté
sans beaucoup de perspectives d'améliorer leur sort à court et
à moyen terme. Des gens qu'on a encouragés, des gens qu'on a
incités, des gens chez qui on a fait naître beaucoup d'espoir,
qui, dans certains cas, voient l'oeuvre d'une vie y passer. Oui, l'oeuvre d'une
vie! On aura l'occasion d'y revenir.
Face aux nouvelles perspectives internationales, les politiques
d'intervention du ministère doivent être révisées,
sinon elles atteindront un coût prohibitif. On n'a qu'à penser aux
régimes d'assurance-stabilisation, qui sont devenus pour plusieurs des
instruments permanents de soutien du revenu. Dans ce contexte, l'aide
gouvernementale doit être appliquée avec circonspection, de
manière à éviter un gaspillage des fonds publics.
Dorénavant, l'objectif de la politique agricole ne doit plus
être l'augmentation de la production poursuivie comme une fin en soi. Il
s'agit d'abord et principalement de consolider nos entreprises agricoles en
prenant avantage des secteurs qui ont atteint un seuil de maturité
élevé, à retrouver et à occuper la place qui nous
revient sur les marchés.
Dans des productions telles que le lait, le porc, la volaille et
l'horticulture, nos
producteurs disposent d'une bonne expertise. Les infrastructures de
production et de commercialisation sont en place. La diversification de la
production ne doit pas se faire si les conditions technologiques et
économiques ne sont pas favorables.
Le ministère et les différents organismes qui y sont
reliés, comme la Régie des assurances agricoles, l'Office du
crédit agricole et la Régie des marchés agricoles,
administrent de nombreux programmes dont la cohérence et les
orientations méritent un examen attentif. Un effort de rationalisation
s'impose pour mieux concentrer les interventions sur les priorités.
L'agriculture étant une juridiction conjointe, le gouvernement
fédéral intervient de façon importante. Des divergences
d'opinions sont inévitables étant donné la
diversité des intérêts en cause. C'est explicable qu'il en
soit ainsi. Notre gouvernement, le gouvernement libéral de M. Bourassa,
n'abordera pas ces problèmes avec une attitude idéologique de
refus et de réclusion; cela ne nous empêchera pas, toutefois,
d'adopter une attitude ferme, positive et clairement exprimée dans la
défense des intérêts du Québec, laquelle est
beaucoup plus susceptible de mieux réussir et de donner des
résultats au bénéfice de nos productrices et de nos
producteurs que l'isolement et le fait de bouder dans le coin.
Nous serons présents dans toutes les instances
fédérales ou fédérales-provinciales où les
intérêts du Québec sont en jeu. La participation
québécoise sera sans arrière-pensée. Cette approche
est déjà commencée et elle va se poursuivre. Cependant,
quand les décisions fédérales nous sembleront
inéquitables, nous n'hésiterons pas à faire valoir avec
vigueur les positions du Québec. Nous l'avons fait dans les cas de la
stabilisation tripartite, où il y a eu une absence de leadership
politique évident. Nous l'avons fait dans le cas du refus de paiement
aux producteurs de pommes de terre, du retrait de la participation
fédérale aux frais de commercialisation du beurre et dans le
dossier du Nid-de-Corbeau.
M. le Président, je terminerai cette première phase de mon
intervention en vous disant que nos efforts vont dans le sens de la promotion
d'un véritable marché commun canadien agricole au Canada. Le
Québec est prêt à relever le défi de la concurrence,
les actions posées par le Québec, par son ensemble dans le
domaine agricole et agroalimentaire, s'inscrivent de plus en plus sous
l'égide de l'excellence.
M. le Président, mes 20 minutes sont écoulées.
L'autre aspect de cette intervention, qui est important pour les intervenants,
pour les interlocuteurs, parce que c'est une des premières occasions que
j'ai, comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, de définir notre position, notre perception, les
orientations, se doit d'être interrompu en raison d'un manque de
"fair-play" de l'Opposition, mais on la connaît. Je reviendrai dans 20
minutes. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie,
M. le ministre. Vous comprendrez que moi, en tant que président, je dois
observer les règlements et cela aurait pris, évidemment, l'appui
de l'Opposition afin que vous puissiez parler pendant une heure.
Cela dit, il faut s'en tenir à des remarques préliminaires
générales. Je pense que les gens savent ce qu'il en est, ce n'est
rien de nouveau. Je vais donner la parole au porte-parole officiel de
l'Opposition, le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai remarqué que c'est
un peu comme les coqs des villages: moins on a d'argent dans ses poches, plus
on pète de la broue. Le ministre n'a pas fait défaut de jouer les
matamores, sauf qu'il est cassé et que des 28 ministres il est le
deuxième à avoir le plus mal défendu son ministère.
Le ministère des Transports a baissé de 83 000 000 $ et de 27 000
000 $ à l'OPDQ. Son collègue de Charlesbourg, de la région
de Québec également, défendait deux ministères.
Comme dans le cas des Transports, il s'agit d'un budget de 1 715 000 000 $ qui
passe à 1 630 000 000 $; 85 000 000 $, cela représente une baisse
importante en chiffres absolus, mais en plus faible pourcentage. En chiffres
absolus, celui qui baisse le plus après, c'est le ministre de
l'Agriculture. Il dit qu'il connaît ça, qu'il va supporter les
gens, sauf qu'il n'a pas d'argent. La différence entre son
prédécesseur et lui, c'est que son prédécesseur
était capable de défendre ses budgets et qu'il ne se faisait pas
renvoyer du Conseil du trésor ou par le ministre des Finances ou par le
Conseil des ministres avec sa gomme à mâcher. Au contraire, quand
il négociait des budgets, il s'en revenait avec de l'argent dans ses
poches, ce qui permet de faire des choses. Quand on veut supporter les
agriculteurs, on peut les supporter avec des paroles ou avec des fonds.
Je remarque que votre nouvelle sous-ministre aimait beaucoup demander de
l'argent quand elle venait avec les producteurs de porc. Je constate qu'elle
aura peu à offrir maintenant qu'elle est au ministère, parce que
le ministre n'a pas défendu son budget.
Il est facile de parler. On peut parler de la conjoncture
internationale, beaucoup de gens écriront là-dessus sauf que, ce
qui nous concerne actuellement, c'est la conjoncture au Québec. Je pense
bien que le ministre ne
fera pas grand-chose par rapport au Brésil ou à
l'Argentine et que, si la production céréalière a
augmenté là-bas, il n'a pas eu grand-chose à faire
là-dedans. Si, au Québec, la production
céréalière a augmenté en même temps que celle
du Brésil et de l'Argentine, c'est en dépit du Parti
libéral qui n'y a jamais cru et qui ne semble pas y croire encore.
J'aimerais maintenant le ramener sur le plancher des vaches et je ne
prendrai pas 20 minutes pour la discussion. Au contraire, j'ai plutôt
l'intention de poser des questions. C'est un nouveau ministre, je m'attendais
qu'il ait beaucoup de choses à dire. II aurait pu déposer un
organigramme, puisque je connais à peu près tous les
fonctionnaires qui l'accompagnent, que j'ai connus au cours des
dernières années. Je connais les nouveaux aussi pour les avoir
connus è d'autres endroits. Le ministre a dit qu'il avait besoin d'une
heure sur la conjoncture internationale, je n'ai pas l'impression que c'est au
ministre que je vais poser mes questions pour savoir ce qui se passe dans le
commerce international des céréales ou dans le commerce
international de la viande. J'ai eu l'occasion de visiter ces marchés
à plusieurs reprises et je connais ces secteurs. Donc, je n'ai pas
l'intention de poser de questions là-dessus, mais j'ai l'intention de
demander au ministre, par exemple, comment il va administrer, comment il va
diriger, quelle orientation il va donner et s'il aura des fonds pour le
faire.
Je remarque qu'il y a beaucoup d'agronomes - je trouve cela sympathique
-mais qu'il n'y a pas de cultivateurs et que les clientèles du
ministère sont d'abord les cultivateurs. Tous ceux qui sont au
ministère de l'Agriculture sont là pour aider les cultivateurs,
mais il n'a pas jugé bon de s'entourer de cultivateurs.
Je vais lui poser une question concrète. Je ne connais pas toutes
les données à ce sujet, mais je sais qu'on peut tes retrouver
dans certains endroits. Je voudrais savoir, dans tous les changements qu'il a
faits aux postes de sous-ministres, qui a remplacé qui. Par exemple, qui
a remplacé M. Carré? Quand il a été
remplacé, quel était le salaire de M. Carré et quel est le
salaire de la personne qui a remplacé M. Carré? J'aimerais savoir
qui remplace M. Bertrand comme sous-ministre à la production. Quel
était le salaire de M. Bertrand quand il était sous-ministre et
la personne qui l'a remplacé, à quel salaire l'a-t-elle
remplacé? J'aimerais savoir également, dans tous les changements,
les personnes qui ont été remplacées, quel était
leur niveau de salaire et le niveau de salaire des personnes qui les ont
remplacées dans chacun des cas.
Le ministre des Finances, pardon le ministre responsable du
crédit au Conseil du trésor m'a dit que les ministres voulaient
eux-mêmes détailler les compressions budgétaires qui
étaient effectuées dans leur ministère puisque celles-ci
n'étaient pas précisées dans les documents. Il y a 25 300
000 $ de coupures qui doivent être effectuées. Des mesures prises
dans les crédits, des compressions vont être effectuées.
À l'assurance-stabilisation des revenus agricoles, un montant de 14 700
000 $, j'aimerais savoir où vont être pris ces 14 700 000 $ de
compressions. À la rationalisation interne et autres mesures, il y a 10
600 000 $ et j'aimerais savoir où ces 10 600 000 $ vont être
pris.
J'aimerais savoir également pourquoi le nombre des
employés occasionnels n'est pas mentionné dans les
crédits, alors qu'il y a seulement le nombre des employés
permanents. Chaque année, le nombre des employés permaments
était indiqué de même que le nombre des employés
occasionnels. Cela représente des chiffres assez importants puisque,
l'an dernier, le nombre des employés occasionnels était de 814,
814 personnes-année, et ce nombre n'apparaît pas au budget de
cette année, seulement le nombre des employés permanents; de
3288, il passe à 3222. J'aimerais savoir le nombre des employés
occasionnels cette année et pourquoi il n'a pas été
indiqué dans le budget.
Je reviendrai avec d'autres questions. Je pose celles-ci un peu comme
questions préliminaires. J'en aurai d'autres également, mais
c'est pour mieux effectuer l'étude des crédits du
ministère. (16 h 30)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je remercie le
député de Lévis. Je cède la parole au ministre.
M. Pagé: Combien de temps ai-je, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): 20 minutes, selon
le règlement.
M. Pagé: Je vais continuer mon intervention.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez la
parole, M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'aurai l'occasion
de revenir plus tard aux questions du député de Lévis,
mais je dois lui dire tout de suite que je reconnais là sa bonhommie
habituelle, laquelle ne m'impressionne pas, soit dit en passant. À la
longue, cela risque de lui jouer de mauvais tours, vous savez. Ce n'est pas
bien, vous savez - je vous le dis bien humblement - de vouloir laisser croire
que l'agriculture est née avec le député de Lévis
et qu'elle serait
susceptible de disparaître avec le député de
Lévis. Vous savez, M. le Président, il faut quand même un
minimum d'humilité.
Je le vois rougir un peu et c'est explicable. Et c'est tout à
fait légitime pour le nouveau ministre de faire un exposé de sa
perception de la situation. Il est possible que... Je n'enlève en rien
le droit du député de prétendre qu'il n'a plus à
apprendre sur la situation internationale. C'est son droit légitime de
le prétendre. Mais, peut-être que, si vous aviez été
aussi compétent que vous avez été humoristique, nos
agricultrices et nos agriculteurs auraient moins de problèmes.
Tout comme je ne peux m'empêcher, du commentaire
sévère que celui-ci vient d'employer à l'égard des
membres de mon cabinet dont certains ont travaillé sur la ferme comme
fils d'agriculteur - c'est important - et sont aujourd'hui agronomes et se
joignent à une équipe gouvernementale... Ce n'est pas bien
d'avoir des propos aussi affirmatifs, du revers de la main, que
celui-là. Le député de Lévis devrait comprendre que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est
très près des productrices et des producteurs agricoles. À
preuve, il a résisté aux vagues de 1976 et de 1981 parce qu'il a
eu un appui constant de ces femmes et de ces hommes qui lui ont fait confiance
malgré que seize de vos collègues du temps soient venus pour me
battre dans mon comté. On se tient près des agriculteurs et je
suis fier de les représenter. Je suis en mesure de comprendre et de
vraiment saisir la dimension de leurs préoccupations et de leurs
besoins.
Cela dit, M. le Président, j'en arrive à la situation
financière du Québec. Dans un document publié au
début de mars et intitulé "L'urgence d'un redressement", mon
collègue, M. Gérard D. Levesque, le ministre des Finances et
député de Bonaventure, a indiqué que nous avons
découvert, en prenant le pouvoir, que le déficit pour l'exercice
financier de 1986-1987 dépasserait ou risquerait de dépasser de 1
505 000 000 $ ce qui avait été prévu par l'administration
du précédent gouvernement dont le député de
Lévis était membre, cela va de soi, et qu'il pourrait atteindre
ainsi près de 4 500 000 000 $.
Nous savons tous qu'un déficit supérieur à 3 000
000 000 $ pour le Québec est inacceptable, comme nous savons que le
déficit a augmenté de 500 % en neuf ans avec ces supposés
bons administrateurs. Pourquoi le déficit de plus de 3 000 000 000 $
est-il inacceptable? C'est que c'est susceptible d'affecter directement notre
cote de crédit sur les marchés financiers internationaux et en
même temps de restreindre la capacité du gouvernement d'investir
dans tous les secteurs, tant sociaux qu'économiques. En termes bien
concrets, perdre notre cote de crédit se traduirait par un
déboursé supplémentaire de plusieurs dizaines de millions
de dollars en intérêts. On me dit que ce serait près de 100
000 000 $ en intérêts.
Pour revenir à ce niveau normal de 3 000 000 000 $, il nous
fallait trouver quelque 1 500 000 000 $, notamment par la réduction des
dépenses publiques. Tous les ministères et organismes ont en
conséquence été appelés à supporter l'effort
budgétaire du gouvernement. La plupart ont ainsi subi des
réductions de leur budget. Pour sa part, mon ministère a
contribué pour 54 000 000 $ à l'effort de redressement du
gouvernement de 674 000 000 $ pour l'année en cours.
Néanmoins, et comme j'aurai l'occasion de l'expliquer plus loin,
cette ponction ne viendra pas affecter le niveau des services offerts à
nos clientèles, grâce à divers réaménagements
budgétaires, à l'extinction de programmes non récurrents
et à la suppression de ces deux activités trop onéreuses
pour le Trésor public que constituaient le projet du Parc des
expositions agro-alimentaires et la Raffinerie de sucre du Québec. Au
contraire, une utilisation nettement plus intelligente du personnel en
régions, une élimination graduelle de toute cette paperasserie
auxquelles nos prédécesseurs nous ont conviés et ont
convié surtout les intervenants et les producteurs et productrices, une
plus grande part de responsabilité accordée aux producteurs et
aux productrices, tout ça viendra illustrer concrètement
l'efficacité administrative du gouvernement libéral et son
respect véritable pour l'agriculteur et l'agricultrice comme pour
l'utilisation rationnelle des fonds publics.
La situation de l'agriculture tant au Québec que dans le monde et
le contexte budgétaire difficile nous amènent
nécessairement à une redéfinition de nos objectifs, de nos
priorités et de nos modes d'intervention.
Il nous faut, dorénavant, à la fois consolider les acquis
et supporter par une aide technique et financière sélective les
éléments de la chaîne agro-alimentaire offrant le meilleur
potentiel.
Ce développement planifié de l'agriculture au
Québec supposait dans un premier temps que l'on mette fin à
l'improvisation et à la démesure, afin que les fonds publics
soient utilisés de la façon la plus rentable.
Ainsi, dès mon arrivée en poste, j'ai
réévalué la participation de mon ministère au
programme du Parc des expositions agro-alimentaires à l'île
Notre-Dame. Les besoins du ministère, principalement en termes
d'immobilisation, avaient en effet été fortement
sous-évalués. Ce projet, s'il avait suivi son cours normal,
aurait ainsi entraîné des déboursés de près
de 70 000 000 $ au
lieu des 40 000 000 $ prévus. Quoique de cela, je n'en suis pas
surpris. C'était monnaie courante chez l'ancien gouvernement d'avoir des
dépassements qui passaient bien souvent du simple au double. Nous ne
pouvions nous offrir un tel luxe. J'ai donc convenu avec notre partenaire, la
ville de Montréal, de ramener le programme à l'essentiel, soit la
promotion de l'horticulture ornementale au Québec; on sait qu'elle
constitue le cinquième secteur en importance en production agricole. De
40 000 000 $ et bientôt de 70 000 000 $, le projet fut ramené
à 10 500 000 $, à la satisfaction des deux parties.
Nous avons également réévalué la
participation du gouvernement à la transformation de la betterave
sucrière et on a signé un protocole d'entente qui conduira
à la vente de la raffinerie à des intérêts
privés, dans l'intérêt commun des
Québécois.
Cette entreprise publique avait en effet accumulé un
déficit de plus de 30 000 000 $ au 31 mars 1986. Elle était
virtuellement en faillite depuis un an et demi. Pour l'année 1984-1985,
le déficit d'exploitation de la raffinerie, incluant le soutien à
la production de betteraves s'y rattachant, a dépassé les 14 000
000 $ et tout indique qu'il en sera de même pour l'exercice 1985-1986. La
raffinerie faisait face à un grave problème d'effondrement du
prix du sucre sur le marché mondial. On sait que ce prix est
présentement inférieur à 0, 05 $ la livre alors que le
prix de revient de la raffinerie est largement supérieur. Par
surcroît, la consommation de sucre au Canada est en baisse.
Sans une véritable politique sucrière du gouvernement
fédéral, nous ne pouvions continuer de supporter
indéfiniment le déficit annuel d'exploitation de la raffinerie.
Cette entreprise d'État, chroniquement déficitaire, fut donc
vendue à la suite d'un protocole d'entente signé le 14 mars, afin
que nous puissions consacrer ces sommes à des projets plus rentables
pour les productrices et les producteurs.
Il s'agissait là de premiers gestes, à court terme, et
destinés à mettre fin rapidement à de telles entreprises
et à des choix politiques de l'ancien gouvernement que l'on doit juger
très sévèrement. Mais nous n'en sommes pas
évidemment restés là.
Après quelques mois d'exercice de mes fonctions de ministre, je
suis prêt à donner à l'agriculture du Québec de
nouvelles orientations qui tiennent compte davantage des réalités
économiques présentes et futures et qui la mettent, autant que
faire se peut, dans une position concurrentielle avantageuse.
Pour comprendre ces nouvelles orientations, il faut se rappeler ce qu'a
été l'agriculture au cours des dix dernières
années.
La politique agricole québécoise des dix dernières
années a été axée principalement sur le secteur de
la production. L'objectif était de maintenir certaines productions - le
lait, le porc - et d'en développer de nouvelles comme le boeuf, les
céréales, l'horticulture.
Le moteur principal de cette politique a été le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
appuyé par l'Office du crédit agricole et la Régie des
assurances agricoles, qui a joué son rôle de stabilisateur
automatique, réagissant en fonction de la conjoncture.
Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation est ainsi intervenu en agriculture par la mise en place de
programmes que l'on a désignés sous le titre
général d'aide aux producteurs agricoles, pour un montant de
subventions totalisant 928 000 000 $ de 1976-1977 à 1984-1985, les
versements passant de 52 000 000 $ à 165 000 000 $ par année.
Ces subventions visaient essentiellement l'aide à
l'investissement en vue de favoriser l'expansion des infrastructures de
production. À titre d'exemple, mentionnons la mise en place d'ateliers
vache-veau et de parcs d'engraissement, les silos pour entreposage de fourrage
et des grains à la ferme, la mise en valeur des sols agricoles et la
mise en place de programmes d'aide à la transformation pour un montant
de subvention totalisant 34 000 000 $ de 1976 à 1985 et qui portait
essentiellement sur la rationalisation du secteur des viandes, la modernisation
des usines laitières et la conservation des légumes.
Depuis la mise en application du programme de rationalisation du secteur
des viandes, 35 entreprises ont cessé leurs opérations pour cause
de feu ou de faillite. Quinze d'entre elles ont été vendues et
sont encore en opération.
La mise en place du programme d'aide à la commercialisation
totalise 122 000 000 $ de 1976-1977 à 1984-1985. Toutefois, la promotion
de l'agro-alimentaire ne compte que pour 8 % de ce montant, le plus gros
programme étant le lait école pour 64 000 000 $ au cours de cette
période.
Parallèlement, le ministère a cherché à
protéger la ressource sol, par le zonage agricole et a tenté
d'améliorer la mise en marché des produits en facilitant la mise
en place de plans conjoints.
Pendant cette période, le personnel du ministère a
été très actif dans l'administration des programmes, au
détriment de l'encadrement technique des producteurs. Les professionnels
et techniciens affectés à la recherche agro-alimentaire quant
à eux n'ont pas augmenté et les sommes affectées à
son fonctionnement ne représentaient qu'environ 2 % du budget du
ministère et de ses organismes en 1984-1985.
L'Office du crédit agricole est
intervenu quant à lui en subventionnant l'intérêt
sur les prêts aux producteurs pour 410 000 000 $ de 1976 à 1985.
Les montants annuels de subventions d'intérêt ainsi versés
par le gouvernement ont été multipliés par trois durant
cette période en suivant la fluctuation des taux d'intérêt
d'où des déboursés qui ont dépassé 100 000
000 $ en 1982-1983.
La Régie des assurances agricoles est intervenue par ses
programmes d'assurances agricoles, mais surtout pas ses régimes
d'assurance-stabilisation des revenus pour 235 000 000 $ de 1976-1977 à
1984-1985. Durant cette période de huit ans, les contributions
gouvernementales au fonds de la Régie des assurances agricoles ont
été multipliées par quarante, passant de 2 000 000 $
à 80 000 000 $. C'est donc plus de 1 500 000 000 $ qui ont
été affectés à stimuler les productions.
L'évolution des besoins en produits alimentaires et des
technologies de production sur le plan mondial influence
considérablement le secteur de l'agriculture, des pêches et de
l'alimentation. Le Québec n'échappera pas à cette autre
révolution agricole dont les effets commencent déjà
à se faire sentir.
La conjoncture internationale nous permet d'identifier des
éléments de problématique dont je voudrais rappeler tes
grandes lignes: Le débat actuel sur le libre-échange avec les
Américains, nous permet déjà de prévoir des
problèmes majeurs pour le Québec dans plusieurs secteurs de
production incluant ceux qui bénéficient d'un système
permettant une gestion de l'offre; la future ronde de négociations, dans
un deuxième temps, des accords du GATT pourrait modifier les
règles de fonctionnement du marché mondial et
éventuellement fermer des frontières à l'exportation de
certains de nos produits; le resserrement des marchés mondiaux, pour la
plupart des denrées agricoles transigées, peut mettre en jeu la
survie de certaines productions telles que le porc, le lait, la volaille.
Sur le plan intérieur, d'autres problèmes rattachés
aux politiques en place sont identifiables aussi: La mise en application de la
nouvelle loi C-25 sur la stabilisation tripartite des viandes rouges au Canada
pourrait désavantager des productions québécoises selon
que les plans de stabilisation sont basés sur des coûts de
production dans l'Est ou dans l'Ouest du pays; certains secteurs de production
dont on a encouragé le développement n'ont pas encore atteint
leur seuil de rentabilité; malgré la présence de plans
conjoints, les producteurs connaissent encore d'énormes
difficultés pour se doter de moyens leur permettant d'améliorer
la mise en marché de leur production.
Pour faire face aux éléments de problématique
évoqués précédemment et se préparer à
en affronter de nouveaux, tous les intervenants de la chaîne
agro-alimentaire seront mis à contribution et devront viser l'excellence
dans l'un ou l'autre des défis auxquels nous sommes confrontés:
Le maintien de la compétitivité des produits sur tes
marchés nationaux et internationaux, la satisfaction des besoins des
consommateurs, l'intégration des technologies nouvelles au secteur de
l'agro-alimentaire et la pratique d'une agriculture plus soucieuse de la
conservation et de la valorisation des ressources sol et eau.
Dans ce contexte, il est impératif que nous utilisions nos
ressources et notre leadership, non pas pour stimuler aveuglément la
production brute, mais bien plutôt pour amener toute la chaîne
agro-alimentaire à s'adapter aux contraintes et à tirer avantage
des opportunités des marchés.
C'est en ce sens que j'ai élaboré pour l'année en
cours le plan d'action, M. le Président, que j'aurai l'occasion de vous
présenter dans la prochaine période.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie,
M. le ministre. Il restait quand même cinq minutes. Je vais céder
la parole au porte-parole de l'Opposition, M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je vais continuer avec d'autres
questions. On va voir que le ministre critique beaucoup l'autosuffisance dans
l'agriculture, mais il préfère la pratiquer lui-même. (16 h
45)
Qu'il y ait des compressions dans un budget, personne ne va nier cela,
mais personne ne s'attend que te ministre réduise le déficit
à lui tout seul, avec le budget de son ministère qui est
diminué beaucoup plus qu'on ne le dit. On regarde les chiffre absolus.
Mais, si on regarde un peu les chiffres indexés de son budget qui, l'an
dernier, était de 561 000 000 $, il est diminué... On peut se
rendre compte, selon qu'on prend l'indexation québécoise ou
fédérale - ce n'est pas le même niveau -anticipée
dans les prévisions à Ottawa ou à Québec...
Évidemment, à Québec, il y a des négociations
où on prévoit des taux moins élevés: 3, 4 % ou 3, 5
%, cela fait l'affaire. À Ottawa, on prend d'autres chiffres. Selon
qu'on prend les chiffres de Québec ou d'Ottawa, ce n'est pas de 54 000
000 $ que son budget est diminué, c'est plutôt de 76 000 000 $, si
on prend l'indexation de Québec, ou de près de 90 000 000 $, si
on prend l'indexation d'Ottawa. C'est considérable. Dans son budget qui
est diminué, les fonctionnaires vont avoir leur augmentation de 3, 5 %
au moins, puisque
c'est cela qui est dans la balance - peut-être plus - et ces 3, 5
% vont venir gruger une partie de son budget, sans doute.
Le ministre nous a parlé du parc des expositions du simple au
double, mais je pense que le président du Comité exécutif
de la ville de Montréal lui a répondu que les chiffres
étaient exactement ceux qui avaient été prévus.
D'ailleurs, la partie qu'il a acceptée, ce sont exactement les chiffres
prévus. Ils n'ont pas changé et ils ne se sont pas accrus. Sauf
qu'il a bien dit - je l'ai vu dans deux ou trois journaux - plus tard: Il
faudrait que le parc, pour qu'il soit bon, soit plus grand. Là, on l'a
soufflé pour le tuer après. C'est évident que, si je dis
que je veux tuer mon chien, je vais dire qu'il est malade, qu'il ne vivra pas
vieux de toute façon et je vais le tirer après. Vous ne pouvez
pas tuer un chien en bonne santé sans avoir l'air vous-même
malade.
Le ministre a commencé par déprécier le Parc des
expositions agro-alimentaires, qui était un parc... Je m'en tiens au
témoignage de M. Lamarre, du Comité exécutif, qui a dit
lui-même dans les journaux - je l'ai vu dans les journaux de
Montréal -: Non, les prévisions étaient exactement celles
qui étaient prévues. Le ministre était contre. Il trouvait
que c'était trop grand pour l'agriculture, un Parc des expositions
agroalimentaires qui aurait positionné Montréal ou le
Québec pour tout l'Est de l'Amérique. II sera trop tard,
peut-être, dans quelques années. Il y en a dans l'Ouest.
Vancouver, qui est une ville quand même plus petite que Montréal,
avec une population pas mal moins grande que Montréal - la Colombie
britannique est moins grande que le Québec -va, après
l'exposition de 1986, avoir une exposition biannuelle. Il y aura une
exposition, un parc agro-alimentaire, après l'exposition de 1986
à Vancouver. Pourtant, l'agriculture est beaucoup plus petite, beaucoup
moins importante en Colombie britannique qu'elle ne l'est au Québec. Je
regarde une déclaration dans la Gazette du 22 janvier 1986
où M. Lamarre dit: "Farm within budget". Il dit que tout le projet
était vraiment en dedans des coûts prévus. Il dit "The
costs versus the estimates are about equal". C'est le président du
Comité exécutif de la ville de Montréal.
Alors, le ministre peut dire n'importe quoi, sauf que ce n'est pas la
réalité. On a vu après cela, dans les journaux qu'il avait
accru les superficies pour dire que cela coûterait tant et, après
cela, il disait que le projet devait être annulé.
Je vais vous dire, j'ai fait les "Floralies internationales" à
Montréal, en 1980, dans une période d'inflation, et on l'a fait
à l'intérieur des coûts, à tel point que le Conseil
du trésor est venu chercher un de nos fonctionnaires d'alors, M. Marcel
Miville-Deschênes, qui avait travaillé au projet. Il y avait M.
Pelletier aussi, M. Marcel Pelletier. Le ministre ne l'a pas trouvé
assez bon pour son ministère, mais l'Industrie et Commerce s'est
empressé de le prendre. Je peux vous dire que les "Floralies
internationales" ont été réalisées en dedans des
chiffres prévus. Il y a seulement eu un virement de 100 000 $, un seul
virement en deux ans, pour la plantation de fleurs les quinze derniers jours.
Tout le projet s'est presque payé à 100 %, fonctionnement et
investissement, la même année. Le Parc des expositions
agro-alimentaires était du même type, avec des coûts
contrôlés. D'ailleurs, la ville de Montréal le
confirme.
La Raffinerie de sucre. Je sais que le ministre va avoir ses experts,
mais je préférais les miens. Ceux qui le conseillent disaient que
le prix du sucre resterait stable pendant quatre ou cinq ans, à 0, 028 $
ou 0, 03 $ la livre. J'aimerais bien que le ministre regarde... Cela ne fait
pas longtemps, cela fait seulement quelques mois - pendant quatre ou cinq ans -
et le prix du sucre est déjà au-delà de 0, 08 $, il a
presque triplé. J'en ai vu des experts dans ma vie. Dans les
procès au criminel, ils ont des experts de chaque côté; la
défense en a et la couronne en a. Ils disent le contraire. Quand on
regarde la réalité actuellement, les prix du sucre ont
changé considérablement. C'est ce que nous avions anticipé
et c'est ce qui se produit, sauf que... Encore là, on peut dire que son
chien a la rage pour le tuer.
Le ministre dit également une phrase incroyable. Il dit: Je vais
m'occuper surtout de la commercialisation; dans le passé, ils se sont
occupés de production, moi je vais m'occuper de commercialisation.
Pourtant, dans la commercialisation son budget baisse. Ce sera de la
commercialisation gratis.
Au programme 5: Développement des entreprises de transformation,
le budget augmente un peu. Cela doit être ce que nous avions mis dans la
machine. Pour le Développement des marchés le budget passe de 17
178 000 $ à 16 752 000 $; avec l'indexation, cela veut dire que son
budget de commercialisation baisse de 1 200 000 $. En mettant une indexation
dans le montant, pour garder seulement le même niveau, on fait baisser
son budget de 1, 200 000 $. Ce qui veut dire que son budget baisse d'environ 8
%, ce qui est une baisse considérable en termes réels.
Après cela, il va dire: Oui, mais moi, mon avenir sera dans la
commercialisation. Encore là, il n'a pas d'argent pour avancer. Il est
comme un chanteur, pas de voix; comme un chanteur qui aurait eu une extinction
de voix. Il veut chanter, mais il n'a pas de musique pour soutenir tout cela.
Même dans le secteur qu'il dit "privilégié", il aura moins
d'argent, c'est quelque chose! II dit: Moi, je privilégie la
commercialisation. Je dis: Bravo! Allons voir les chiffres. Il n'a pas
d'argent. L'argent
baisse. Je ne sais pas comment il veut faire la commercialisation.
Peut-être en envoyant des signaux de fumée, comme autrefois. Cela
coûte moins cher que les communications modernes. Il a peut-être
des comités de bénévoles qui vont s'en occuper. Vous allez
vous apercevoir que la publicité, la promotion et tout cela, ça
coûte de l'argent. À moins qu'on fasse comme autrefois: des
signaux de fumée comme faisaient les premiers habitants du pays. Ils
envoyaient de la boucane pour faire savoir à leurs voisins ce qui se
passait. Cela coûte moins cher.
Même le secteur du reboisement sera diminué
considérablement par ce gouvernement. Ils pourront se vanter
après cela de nous avoir sortis du bois.
Le ministre parle des difficultés comme si nous étions le
seul endroit au monde où il y a des difficultés. Il nous parle du
commerce des céréales, il nous parle des difficultés de
nos producteurs. Je peux vous dire qu'il n'y a pas beaucoup de producteurs qui
font de l'argent avec le boeuf dans l'Ouest. Faudrait-il abandonner la
production dans l'Ouest parce que ces années-ci ne sont pas payantes?
Demandez aux producteurs de porc du Québec; je sais que le porc n'est
pas payant actuellement, en abandonnent-ils pour autant la production? Il y a
des années qui ne sont pas payantes, des années qui sont plus
payantes, mais elles sont encore moins payantes sans le soutien du ministre. Le
ministre dit: Je n'ai pas confiance à cela, cela ne paie pas. Je vous
dis que dans l'agriculture, s'il fallait abandonner chaque année les
productions qui ne paient pas, en dedans de cinq ans, nous n'en aurions plus.
On peut fermer la boutique, il n'y en aura plus. Si on décidait chaque
année de fermer les commerces ou les entreprises qui ne paient pas, il
n'y en aurait plus, ce ne serait pas long. On ne peut pas baser une entreprise
de cette façon.
Pour la plupart des productions, le développement qui s'est fait
au Québec l'a été dans un cadre de prix internationaux de
concurrence, sauf celles qui sont protégées par un plan conjoint
ou faites avec un plan national où il y a des contrôles.
Que l'Ouest du Canada veuille le libre-échange, cela ne
m'étonne pas. Il le veut depuis 100 ans et il a manqué son coup
depuis 100 ans... le libre-échange, traité de
réciprocité avec les États-Unis entre 1855 et 1865, parce
que, à moment-là, l'Angleterre avait décidé
d'abandonner ses accords préférentiels avec le Canada. On ne
traitait plus le Canada sur un plan privilégié. Votre
sous-ministre, s'il se rappelle, non, il est géographe... Si vous avez
un sous-ministre qui a fait des études en économie, il pourra
vous rappeler l'histoire du XIXe siècle. Au XIXe siècle, il y a
eu dix ans de traité de réciprocité et, même si cela
a été, on le dit, avantageux pour les deux, ces derniers,
ensuite, n'ont pas voulu poursuivre l'accord. Mais l'Ouest le voulait,
l'Ontario ne le voulait pas et le Québec faisait son possible, comme
d'habitude. Ce qui est arrivé, c'est que le libre-échange n'a pas
marché. Et à ceux qui se battent les flancs, comprenez-vous, en
disant que le libre-échange, c'est de la mélasse catastrophique
des années qui viennent, on dit; On verra cela. J'ai le sentiment que je
ne vivrai pas assez vieux pour voir ce traité signé. Pourtant,
j'ai l'intention de vivre assez vieux.
Je veux vous dire que cela fait longtemps que les gens essaient.
Laurier, en 1911, a été battu là-dessus. Il s'est
présenté avec, dans son programme, le libre-échange. Il a
été battu", même si les Américains... Il avait
commencé, même sans demander l'avis des Américains. Un peu
plus tard, en 1918 je pense, les Américains l'avaient voté; le
Canada ne l'a même pas voté parce que les gens n'étaient
pas d'accord. Vous avez vu, déjà, les manifestations sont
commencées.
Alors, il ne faudrait pas baser l'avenir de l'agriculture du
Québec sur des fantasmes, des Bonhommes Sept Heures qu'on ne verra
peut-être jamais et qu'on ne verra sans doute jamais, sauf qu'il y a une
réalité quotidienne dans laquelle les Québécois
sont capables de tirer leur épingle du jeu aussi bien que les autres,
à condition de ne pas dire sans arrêt que telle chose n'est pas
bonne, que cela est trop grand pour eux, que l'autosuffisance, c'est bon pour
les autres, mais pas pour nous.
C'est pourquoi je demanderais au ministre de quelle façon il va
développer sa commercialisation. S'il est au courant des prix du sucre,
actuellement, est-ce qu'il peut me dire - ses conseillers le lui disent - quel
niveau a atteint le prix du sucre? Quelle a été l'augmentation au
cours de la dernière année? Quelles étaient leurs
prévisions, depuis un an, au ministère des Finances qui l'ont
avalé? Quelles étaient les prévisions du prix du sucre au
ministère des Finances pendant un an? Quelle est la situation
réelle? Quelle était la situation qu'on disait, admettons au
printemps, déjà au ministère des Finances? Ils vous ont
traversé, ils ne m'avaient pas traversé.
Ces experts, je peux vous le dire, disaient: Le prix du sucre
s'accroît, de juin 1985 à juin 1986. Quelle est, en
réalité, le prix du sucre? Comment penser faire plus de
commercialisation avec moins d'argent?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je remercie le
député de Lévis. Je demanderais à M. le ministre de
répondre.
M. Pagé: M. le Président, dans ses 20 minutes pour
répondre à ses questions?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Actuellement, c'est
fini, il n'a plus de
temps.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je
répondrai plus tard.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Comment?
Une voix:...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah! dans les
programmes, d'accord! Mais, dans les remarques préliminaires, chaque
membre de la commission a droit à 20 minutes, mais le ministre a 20
minutes à chaque fois qu'il répond.
M. Pagé: M. le Président, je prends mes 20 minutes
pour terminer ma déclaration d'ouverture. Je comprends que cela fait un
peu à hue et à dia, mais c'est l'Opposition qui l'a voulu, je
répondrai à vos questions plus tard.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Blais: C'est la tradition qui l'a voulu.
M. Garon: Le règlement.
M. Pagé: Non, non, le règlement. Si vous aviez
respecté la tradition...
M. Blais: La tradition... M. Pagé:... la
coutume...
M. Garon: Telle qu'appliquée par Le Parti
libéral...
M. Pagé:... j'aurais fait ma déclaration au
complet.
M. Blais: La tradition du nouveau règlement, M. le
ministre.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais donc
à vous parler...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je demanderais au
ministre de continuer.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je tiens à
rassurer le député de Lévis que j'aurai l'occasion de
répandre à toutes ses questions. Je suis un homme très
patient. Il faut être patient, vous savez, avec le député
de Lévis. Juste une chose, j'ai été surpris qu'il me
demande et qu'il s'inquiète du fait que les fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
vont toucher une augmentation de 3, 5 % cette année. Dois-je comprendre
que, pour le député de Lévis, les fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ne
méritent pas les 3, 5 % d'augmentation qui leur est offerte,
après qu'il les eut coupés de 20 %, ces gens qui ont
travaillé pour lui pendant neuf ans? Cela n'a pas de bon sens, c'est
gênant.
Je reviens à ma déclaration. Bien oui, c'est vous qui les
avez coupés de 20 %. Là, il s'inquiète parce qu'ils vont
avoir 3, 5 % d'augmentation cette année, cela n'a pas de bon sens. Vous
devriez penser à cela, ceux qui travaillent dans la fonction publique de
votre comté, ils n'aimeront pas cela, et c'est légitime, mais ils
vont apprendre à connaître la position de leur
député.
J'en étais donc à vous parler du plan d'action que l'on se
donne. À la suite du développement de la capacité de
production au Québec et face à l'évolution de la
concurrence canadienne et étrangère, il nous apparaît
évident que nous devons circonscrire avec précision nos avantages
comparatifs actuels et potentiels, c'est-à-dire les productions ou les
facteurs de production jouissant d'une position intrinsèquement
avantageuse. (17 heures)
Compte tenu du fait que notre industrie agro-alimentaire s'appuie
essentiellement sur des petites et moyennes entreprises, des efforts importants
devront être consentis pour nous assurer que nos entreprises du primaire
et du secondaire soient constamment tenues informées des
développements et des tendances technologiques pouvant les affecter. Au
point de vue commercial, il en sera de même eu égard à
l'apparition de nouveaux produits et à l'identification de nouveaux
besoins potentiels et de nouvelles tendances dans les marchés. Cela, M.
le Président, est important en regard de la commercialisation. Ce n'est
pas le simple fait de se promener avec des chèques dans nos poches qui
est important; ce qui est important aussi, c'est de donner les moyens, les
méthodes et le soutien nécessaires et on va y revenir au moment
de parler de la commercialisation.
M. Garon: On va...
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous demander au
député de Lévis d'être calme, d'être serein?
Il serait peut-être plus efficace. On aura l'occasion d'y revenir.
M. Garon: Vous avez eu combien de chèques jusqu'à
maintenant?
M. Pagé: On aura l'occasion d'y revenir, M. le
Président, et je vais prendre tout le temps pour répondre, comme
je vous le disais. Je suis d'une patience exemplaire à son endroit.
On entend aussi encourager l'adaptation de nos produits, c'est
important. Mon ministère portera une attention particulière
à inciter l'industrie à adapter ses produits aux besoins actuels
et futurs de nos marchés internes et externes en regard des
paramètres qui sont la qualité, l'innocuité, l'emballage,
le format, etc. On pourra regarder ce qui aurait pu être fait par le
gouvernement précédent, entre autres, pour la commercialisation
de la pomme au Québec. Cela n'a pas été fait,
malheureusement. Une telle approche implique que non seulement les secteurs de
la transformation et de la commercialisation soient à l'écoute
des consommateurs, mais également que celui de la production primaire
s'éveille davantage à ces réalités.
On a comme objectif d'accroître la productivité de la
chaîne agro-alimentaire. Il ne suffira pas de mettre sur le marché
les produits que désire le consommateur, mais encore faudra-t-il les
produire à un prix que le marché acceptera. Mon ministère
maintiendra ce souci tout au long de la chaîne primaire et secondaire non
seulement par une sélection plus sévère des candidats
à ses programmes d'aide, mais aussi par les moyens suivants:
Premièrement, un programme de recherche et de
développement répondant aux besoins. On pourra revenir sur la
recherche parce que j'ai beaucoup de devoirs à corriger en regard de ce
qui s'est fait sous l'ancienne administration.
Deuxièmement, des mesures visant à améliorer la
capacité de gestion des chefs d'entreprise, tant sur le plan technique
que commercial et financier.
On a comme objectif aussi de protéger notre ressource.
L'accroissement de la productivité passe également par la
protection des ressources sol et eau. À ce titre, j'estime qu'il est
grand temps de déployer plus d'efforts à la valorisation de nos
sols, ressource fondamentale de notre agriculture.
On a aussi comme objectif de renforcer nos efforts de commercialisation.
Un tel plan d'action ne pourrait être complet sans accorder une attention
particulière à la commercialisation. Fonction longtemps
négligée à mon ministère, elle sera
dynamisée par une actualisation et une intensification de ses programmes
sur les marchés intérieurs. Quant à nos ventes à
l'étranger, tant de biens que de technologies et de services, elles
seront notamment supportées par une équipe renforcée de
délégués commerciaux, en étroite collaboration avec
les services du ministère du Commerce extérieur.
Si on revient au budget, le ministère que je dirige continuera de
fournir sensiblement le même niveau de services aux nombreuses
clientèles qu'il dessert et entreprendra même des actions de
développement, malgré les coupures budgétaires qu'il a
subies et ce, grâce à une stratégie budgétaire
appropriée.
Je dois d'abord préciser que la diminution de 54 300 000 $ de nos
crédits tient au fait que des dépenses encourues en 1985-1986 ou
budgétisées en 1985-1986 ne se répéteront pas au
cours de la prochaine année et ce, pour un montant total de 55 500 000 $
qui s'explique par quatre facteurs:
Dans un premier temps, il y a la baisse des taux d'intérêt
qui sont subventionnés et de la contribution au Fonds
d'assurance-prêts agricoles et forestiers par l'Office du crédit
agricole. Nous sommes tout à fait justifiés et
légitimés d'en arriver à la conclusion qu'il nous en
coûtera 26 902 000 $ de moins cette année.
Dans un deuxième temps, la fin du plan triennal des
céréales, 16 000 000 $.
Troisièmement, la terminaison du programme de transformation des
produits marins sur la Basse-Côte-Nord. Comme j'ai pu l'indiquer au
moment de l'agréable occasion qu'on a eue de discuter, le
député de Lévis et moi, lors de l'adoption du budget
provisoire, le député de Lévis avait
budgétisé, comme ministre responsable des Pêches, 12 000
000 $. Cela paraissait bien. Mais ce qui est important pour nous, les
libéraux, et ce qui est important pour le producteur et la productrice,
ce n'est pas ce qu'il y a sur le papier. C'est ce qu'il reçoit. C'est
pas mal différent. Vous aviez budgétisé 12 000 000 $; vous
n'avez pas dépensé un cent. On a budgétisé 4 000
000 $; il y a donc 8 000 000 $ qu'on n'aura pas à dépenser. La
compensation pour les pertes de fourrage en 1983, on n'est quand même pas
pour les payer deux fois, 4 500 000 $; cela totalise 55 000 000 $ de
dépenses qu'on n'a pas à faire comparativement à une
coupure de 54 300 000 $. Il en reste donc plus. L'ex-ministre qui est un
économiste et qui, par surcroît, m'a déjà
enseigné, semblait plus rigoureux que cela à l'époque
où il m'enseignait à l'Université Laval, M. le
Président.
Cette compression de notre budget est donc compensée par des
besoins moindres et ne réduit pas en soi nos moyens d'action pour
1986-1987, et les producteurs et les productrices en sont conscients. Ils me
l'ont dit fort éloquemment: Nous sommes satisfaits; vous ne faîtes
pas dix conférences de presse, mais vous êtes efficace; vous
êtes un des ministres qui s'en est le mieux sorti dans cet exercice de
compressions budgétaires. Je me sens sécurisé que le
député de Lévis me critique, mais je me sens surtout
sécurisé que les intervenants du milieu, les porte-parole de ce
grand mouvement qu'est le syndicalisme agricole et de cette grande organisation
qu'est le milieu
coopératif au Québec me disent: M. le ministre, vous
êtes physiquement plus petit, mais politiquement plus efficace. Ils sont
satisfaits et on va continuer. On n'a pas la prétention d'être
parfait et on ne l'aura surtout jamais. Je vous donne l'assurance aujourd'hui:
Je n'aurai jamais la prétention de croire ou de vouloir laisser croire
que l'agriculture est née avec moi.
D'ailleurs, si l'on compare les dépenses réelles du
ministère en 1985-1986 - là aussi, c'est important; on a vu des
budgets votés; ce qui est important, ce n'est pas ce qu'on vote en se
levant de notre auguste fauteuil, c'est ce qu'on dépense - avec le
budget total qui lui avait été autorisé, on constate que,
sur les 561 000 000 $ dont il disposait, le précédent ministre
n'a dépensé que 516 000 000 $, soit 45 000 000 $ de moins. Le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui m'a
précédé...
M. Garon:...
M. Pagé: Le ministre qui m'a précédé,
M. le Président, disait avec beaucoup d'emphase, beaucoup de
fierté: J'ai une augmentation de x % dans mon budget. Mais
c'était celui qui en périmait. Il faudrait vérifier cela
et on pourrait peut-être vous donner une identification ou une couronne
particulière. Le député de Lévis était celui
qui périmait le plus de ses crédits et il vient affirmer que le
Conseil du trésor ne pouvait pas passer à travers cela. Voyons
donc! 45 000 000 $ de crédits périmés l'année
dernière; il n'y a pas quoi se péter les bretelles.
L'agriculture au Québec doit être compétitive,
dynamique et accroître sans cesse sa productivité. C'est seulement
à ces conditions qu'elle pourra maintenir sa participation au
développement économique du Québec et contribuer ainsi au
bien-être de ses citoyens et de ses citoyennes. Pour l'assister, le
ministère consacrera cette année quelque 477 000 000 $ sans tenir
compte des 30 000 000 $ pour le développement des pêches maritimes
dont mon collègue, le ministre délégué aux
Pêcheries, M. Dutil, l'honorable député de Beauce-Sud, vous
entretiendra ultérieurement. Je pense que c'est prévu pour jeudi
matin.
Je ne ferai ici qu'énoncer certains faits saillants du budget de
mon ministère qui témoignent de notre intention de
réorienter l'agriculture au Québec, notamment par la recherche,
l'aide aux entreprises de transformation et le développement des
marchés.
La recherche. L'importance de la recherche pour le développement
de l'agro-alimentaire n'est plus à démontrer. Le Québec
dispose de personnel de recherche compétent et des ressources
matérielles importantes qu'il s'agit de mettre à profit.
Malgré un contexte financier difficile, des budgets additionnels vont
être consacrés tant à la recherche intra-muros, celle
effectuée par le personnel du ministère, qu'à celle
extra-muros, c'est-à-dire dans les universités.
Ainsi, à la suite d'un aménagement budgétaire, des
crédits additionnels de 2 500 000 $ seront affectés en 1986-1987
à la recherche et au dévelopement. Ces crédits seront
consacrés à l'accroissement de certains programmes d'aide
à la recherche ou de recherche et à la mise en place
d'activités nouvelles et cela en réponse à des besoins
devenus urgents. 24 % des crédits, soit 590 000 $, seront
consacrés à l'accroissement des sommes déjà
disponibles pour la réalisation de travaux de recherche extra-muros.
Voici d'ailleurs une description sommaire, j'en conviens, mais qu'on
doit formuler, des diverses mesures qui seront prises en 1986-1987.
Accroissement de 475 000 $ des enveloppes pour contrats de recherche.
Ces montants serviront en partie à la réalisation d'un programme
de recherche en médecine vétérinaire orienté vers
les objectifs spécifiques du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Ils serviront aussi
à la réalisation de divers projets de recherche ad hoc portant
sur divers aspects des productions végétales et animales et de la
transformation des aliments.
Accroissement de 115 000 $ de l'enveloppe du programme Aide à la
recherche. Ces montants d'argent permettront de financer des projets de
développement de logiciels dans les universités
québécoises sans grever les budgets déjà
disponibles pour la recherche.
Création - cela est important, M. le Président - parce
qu'il ne s'est pas fait beaucoup de choses dans le passé. Il ne s'en est
pas fait beaucoup et aujourd'hui, on doit corriger des devoirs. Création
d'un centre de recherche en acériculture. On y mettra 150 000 $ cette
année. Ce centre mettra sur pied un programme de recherche sur le
dépérissement des érablières. C'est pas mal plus
que ce que vous avez mis.
Intensification de la recherche en conservation et transformation des
aliments. On y mettra près de 100 000 $. Nous mettrons en place une
équipe de recherche qui travaillera, dans un premier temps, sur la
valorisation des produits de l'érable.
Intensification de la recherche en production animale, pour un montant
de 1 225 000 $. Des améliorations seront apportées aux
infrastructures de la station de Deschambault et du personnel additionnel sera
embauché en vue d'élargir le programme d'amélioration
génétique des espèces avicoles par l'addition d'un projet
de sélection des dindons à griller en regard du taux de
conversion alimentaire. Notre objectif est de
consolider les programmes en place et d'amorcer de nouveaux travaux de
recherche visant à optimaliser l'utilisation des ressources
herbagères et des céréales en alimentation animale.
Création d'un laboratoire de biotechnologie en protection des
cultures. On va y consacrer 110 000 $. Une unité de recherche à
l'avant-garde des développements technologiques sera consolidée
en vue de développer des techniques ultra-sensibles et sûres de
détection des organismes pathogènes des plantes et des techniques
de diagnostic imrnunologique et moléculaire des organismes
phytopathogènes.
Mise sur pied d'un programme d'évaluation des porcs commerciaux
et d'un centre d'analyse de la qualité de la viande. Ce programme
permettra de mesurer les performances zootechniques - croissance,
qualité des carcasses et qualité de la viande - de divers types
de porcs commerciaux élevés au Québec, et cela, en vue
d'accroître l'homogénéité et la qualité des
produits porcins.
Mise en place d'un centre et d'un réseau de diagnostic en
protection des cultures: un quart de million. Un service de diagnostic sera mis
en place. II pourra assurer un diagnostic précis, fiable et rapide des
problèmes associés à la présence des ennemis des
cultures. Il permettra d'améliorer la rentabilité des
interventions phytosanitaires des producteurs.
L'enseignement. Deuxième secteur qui est important, qui est
privilégié pour nous. La formation d'une relève agricole
est une préoccupation constante de notre équipe» Aussi,
l'apport dans ce secteur de crédits additionnels de 325 000 $ par suite
d'un aménagement budgétaire permettra à la fois d'offrir
à l'Institut de technologie agro-alimentaire de Saint-Hyacinthe,
dès septembre 1986, un nouveau programme d'établissement pour la
relève agricole qui sera caractérisé par une plus grande
souplesse, soit la reconnaissance des acquis de formation et formation
davantage adaptée aux besoins des étudiants. Ce programme nous
permettra aussi de développer des outils d'évaluation de
reconnaissance des acquis et d'augmenter de 35 à 65 le nombre de places
disponibles pour les étudiants désirant s'inscrire au programme
de zootechnologie à l'Institut de technologie agro-alimentaire de La
Pocatière.
Le développement du secteur de la transformation. La nouvelle
approche qu'on adopte au ministère vis-à-vis du
développement du secteur agro-alimentaire québécois doit
se refléter de façon prioritaire dans le secteur de la
transformation de nos produits. Ce domaine recevra donc une attention
particulière étant donné le rôle stratégique
dans le développement de l'ensemble du système
agro-alimentaire.
Dans le secteur horticole, l'accent sera mis sur notre implication dans
le développement des cultures et hydroponiques, de même que sur la
rationalisation du secteur des fruits et légumes pour lesquels nous
allouons un budget de 2 740 000 $, ce qui représente une augmentation de
132 % par rapport à votre dernier budget.
L'aide financière au développement technologique des
entreprises sera également privilégiée en 1986-1987. Dans
le but d'améliorer la position concurrentielle des entreprises
québécoises sur le marché nord-américain, le
ministère désire mettre en place un programme d'aide à
l'innovation et à la mise au point de produits et de
procédés nouveaux. Le budget affecté à cet aspect
est de 992 600 $, près de 1 000 000 $ et cela est près du double
de ce que vous y avez consacré dans votre dernier budget.
Il faudra, de plus, intensifier les activités-conseils
auprès des industriels. Comme il nous a été possible de le
faire en 1985-1986, nous avons pu développer et offrir un nouveau
logiciel s'adressant aux salles de coupe de viande qu'il nous sera
également possible d'adapter aux salaisons et charcuteries ainsi qu'aux
entreprises de transformation des produits de la pêche.
La Direction du développement commercial devra en 1986-1987
mettre l'accent sur la rationalisation et l'innovation dans la mise en
marché des produits agricoles québécois via des
systèmes de vente électroniques. (17 h 15)
Dans le cadre du programme d'aide à l'implantation d'un
système de vente de3 animaux vivants par enchère
électronique, 300 000 $ seront affectés en 1986-1987 afin de
concrétiser les efforts consacrés dans ce dossier.
Nous entreprendrons cette année la mise en place des
infrastructures du réseau électronique, immobilisations,
équipements, informatiques et logiciels. De façon
générale, le budget affecté aux entreprises de
transformation sera augmenté de 32, 6 % pour atteindre 8 200 000 $.
À eux seuls les paiements de transfert augmenteront de 42 %, soit une
augmentation de 1 800 000 $ qui sera affectée de la façon
suivante: Rationalisation du secteur des fruits et légumes, 1 060 000 $;
aide et développement du secteur laitier, 515 000 $; programmes de mise
en marché des fruits et légumes, 200 000 $.
En 1986-1987, nous prévoyons consacrer 1 526 700 $ à la
promotion des produits alimentaires québécois. Cela est
important. On va être très vigoureux. Il s'est fait des choses
intéressantes dans le passé. Je n'ai pas la prétention de
soutenir que vous avez fait seulement des mauvais coups. On va être
très vigoureux et très vigilant en regard
de la promotion de nos produits québécois. On va y
apporter des modifications en profondeur, cependant, afin de s'ajuster aux
réalités du marché et ainsi rentabiliser davantage les
sommes qui y sont consacrées. C'est important de mettre une piastre.
C'est important de mettre des dollars. Mais c'est aussi important de s'assurer
qu'ils seront bien dépensés. On pourrait revenir à cela
pendant l'étude des crédits des sommes qui ont été
investies par le député de Lévis sur sa proposition de
gouvernement et qui n'ont pas toujours donné des résultats
escomptés. On veut se convier à un exercice de rigueur
budgétaire beaucoup plus sérieux que ce qui a été
fait et ce qu'on aura là. On a l'agréable plaisir d'être
condamné à travailler ensemble, discuter ensemble non seulement
pendant quatre ans, mais aussi et surtout pendant une dizaine d'heures. On va
faire tout le tour de vos questions. II y a des choses intéressantes qui
vont sortir.
Depuis 1977, le ministère distribue une ration de 150 ml aux
écoliers et écolières -le lait à l'école -
des écoles publiques du Québec durant 130 jours de classe, au
coût de 90 000 $ par jour. Cette année encore le ministère
entend consacrer plus de 9 500 000 $ à ce programme.
D'autre part, des discussions ont déjà été
entreprises avec les producteurs, transformateurs et producteurs de contenants
ainsi qu'avec les commissions scolaires et les comités de parents pour
solliciter leur appui et ainsi d'en maximiser les effets
bénéfiques. La façon dont on investit nos piastres.
Lors de prochaines discussions avec ces partenaires, le programme pourra
aussi être revu et corrigé afin de mieux atteindre les objectifs
initiaux.
Nous entendons également accroître notre force de vente sur
les marchés extérieurs par une stratégie commerciale
appropriée et par le renforcement de notre représentation
à l'extérieur dans le cadre d'ententes de fonctionnement avec mes
collègues du ministère des Relations internationales ainsi que du
Commerce extérieur et du Développement technologique.
Le développement des marchés se verra lui aussi attribuer
des ressources additionnelles. La promotion des produits agroalimentaires,
l'information sur les marchés et l'accès aux marchés
d'exportation seront les axes privilégiés d'intervention.
À cet effet, les conseillers du ministère continueront
à fournir de l'aide technique aux producteurs, aux représentants
des fédérations ou d'associations de producteurs, aux grossistes,
courtiers, distributeurs, etc.
Comme il ne suffit pas seulement de mettre en marché les produits
que désirent les consommateurs ou les transformateurs, mais encore
faut-il que ceux qui Ies produisent en reçoivent un juste prix, il faut
mettre à la disposition...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Pagé:... M. le Président, il me reste quelques
minutes seulement. Le député pourra déborder.
Le Président (M. Tremblay,
Iberville): II faudrait
conclure.
M. Pagé: Le député pourra déborder.
Cela va prendre deux ou trois minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Blais: M. le ministre, vous avez dit trois ou quatre
minutes?
M. Pagé: C'est ça.
M. Blais: Consentement.
M. Pagé: Le vice-président est d'une
délicatesse, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excellent
procédé, M. le ministre.
M. Pagé: Comme il ne suffit pas seulement de mettre en
marché les produits que désirent les consommateurs ou les
transformateurs, mais encore faut-il que ceux qui les produisent en
reçoivent un juste prix, il faut mettre à la disposition de ces
intervenants de la chaîne agro-alimentaire toute l'information
adéquate sur les marchés au moment de la prise de décision
relative à des transactions commerciales. C'est pourquoi nous
prévoyons continuer et même intensifier au cours de 1986-1987 le
développement des banques de données, des méthodes
d'analyse et des outils d'information. Des crédits impartants ont
également été affectés à d'autres
activités de mon ministère, afin de poursuivre et de consolider
divers programmes. En matière de santé animale, secteur qui
recevra au total quelque 19 000 000 $, deux nouveaux programmes
nécessitant des dépenses de transfert seront créés.
II s'agit du programme d'aide au contrôle de la plasmocytose virale du
vison et du programme de certification sanitaire des exploitations piscicoles
productrices d'oeufs et d'alevins.
Par ailleurs, pour faciliter la gestion interne et permettre
l'instauration d'un réseau d'alerte sanitaire et de surveillance
épidémiologique, l'information du réseau des laboratoires
de pathologie animale sera poursuivie par l'analyse organique et fonctionnelle
du système à y être implanté. La consolidation du
réseau des laboratoires de pathoiogie animale se poursuivra par le
perfectionnement des professionnels qui y oeuvrent et par l'étude d'un
système expert
d'aide au diagnostic pathologique.
Au volet préventif du programme d'amélioration de la
santé animale, en plus des plans déjà existants: bovins
laitiers, bovins d'engraissement, vaches-veaux de boucherie, veaux lourds de
grain et à chair blanche, et porcs reproducteurs, un nouveau plan est
prévu pour les producteurs ovins. Cela a été très
apprécié, M. le Président. Enfin, avec l'entrée en
vigueur de la Loi sur la protection sanitaire des animaux, les activités
liées à la surveillance des opérations couvertes par ses
différentes sections seront mises en oeuvre.
II s'agit donc là d'autant d'activités qui
amélioreraient la qualité des aliments sans laquelle tout effort
de commercialisation est compromis. Pour sa part, le contrôle de la
qualité, au moyen notamment d'inspections et d'analyses, profitera cette
année encore d'un budget de quelque 22 300 000 $ et verra ses effectifs
augmentés de 14 postes, normalement, cela afin que nous puissions
maintenir la garantie d'excellence de nos produits chez les divers
acheteurs.
Le secteur de la production bénéficiera également,
au cours de la prochaine année, du support de mon ministère
principalement à des fins de consolidation. Nous poursuivrons notre
objectif de consolider les entreprises de production de viande bovine par des
programmes agricoles incitant les producteurs à adapter un plan de
régie d'élevage d'animaux reproducteurs de qualité. Les
principaux programmes qui encadrent cette production sont, premièrement,
l'aide à l'établissement de parquets d'engraissement par lequel
le ministère favorise la finition des bouvillons au Québec. Des
crédits de l'ordre de 700 000 $ sont prévus pour l'application de
ce programme qui serviront à finaliser le développement des
entreprises inscrites antérieurement à ce programme.
Deuxièmement, le développement des ateliers vaches-veaux
servant à consolider les entreprises d'élevage par une
modernisation des infrastructures déjà existantes. Une enveloppe
budgétaire de 1 300 000 $ est affectée à ce programme et,
pour l'année 1986-1987, aucune nouvelle inscription ne sera
acceptée.
L'élevage de génisses de qualité et l'achat de
taureaux qui stimulent la productivité des élevages en
fournissant une aide technique accrue aux participants, tout en rehaussant la
valeur génétique du cheptel. Pour ce programme, les budgets
alloués sont de l'ordre de 1 000 000 $. Même chose pour l'achat de
femelles reproductrices de qualité qui accélèrent la
croissance des troupeaux tout en lui donnant une qualité
supérieure. Même si les achats effectués après le
1er avril 1986 ne sont pas subventionnés, le ministère consacrera
quand même une somme de 400 000 $ afin d'effectuer le paiement des achats
des années antérieures.
Afin de compléter le réseau de stations
d'évaluation des taureaux de boucherie, qui permettent d'évaluer
le potentiel génétique des taureaux nécessaires au
remplacement annuel de ceux qui sont réformés, des
déboursés de l'ordre de 250 000 $ sont prévus pour
1986-1987, pour l'application de ce programme.
M. le Président, en conclusion, malgré un contexte
budgétaire difficile, j'entreprends l'année financière
1986-1987 avec optimisme, déterminé à soutenir les efforts
de tous les intervenants de la chaîne alimentaire pour faire de cette
véritable industrie une entreprise productive, innovatrice et capable de
concurrencer les divers marchés. Le3 crédits alloués
à mon ministère, de même que le plan d'action
élaboré pour les affecter aux points névralgiques,
permettront à l'industrie de s'adapter aux contraintes et à tirer
avantage des occasions de marchés.
Dans le contexte de la prochaine ronde de négociations du GATT,
de même que des discussions sur la libéralisation des
échanges avec les états-Unis, les gouvernements les plus
clairvoyants seront ceux qui auront révisé et adapté les
formes d'aide à l'agriculture. Déjà, dans le passé,
trop de critiques ont été formulées à l'endroit de
nos modes d'intervention et ce, afin de nous interdire l'accès à
différents marchés. Il nous faudra faire preuve de plus de
subtilité et de plus d'audace pour conserver nos marchés et en
conquérir de nouveaux»
Ce qui est exaltant, M. le Président, c'est que nous sommes
prêts à amorcer le virage de la consolidation de l'industrie
agroalimentaire. Nous sommes prêts à relever ce défi qui
est de stimuler l'industrie, de la rendre compétitive en y affectant les
ressources maximales et en assumant avec notre équipe tout le leadership
nécessaire.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Il y a une demande qui m'est faite: Est-ce que cela serait possible
d'avoir une copie de votre discours?
M. Pagé: Certainement, M. le Président, on va y
voir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous voulez combien
de copies? Trois ou quatre?
M. Pagé: Est-ce que vous la voulez autographiée?
Non? Je vous remettrai la mienne, M. le député, tout à
l'heure.
Le Président (M, Tremblay, Iberville): Bon.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis s'est inquiété dans un premier temps des
changements survenus à mon ministère.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi. Est-ce
que vous avez terminé, parce que je dois donner la parole, maintenant
à l'Opposition et à une autre personne?
M. Pagé: Oui, c'est vrai, c'est parce que je voulais
répondre à ses questions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je dois donner la
parole à l'autre côté, è l'Opposition, et à
une autre personne, parce que chaque membre de la commission a droit à
20 minutes à l'étape des remarques préliminaires
seulement; on s'en tient à cela.
M. Garon: En vertu du règlement, j'aimerais poser une
question au ministre, parce qu'il nous a fourni les documents sur les
crédits périmés. Or, dans les documents qu'il nous a
fournis, il est écrit: Total du ministère, 14 760 000 $. Cela ne
va pas avec les 45 000 000 $ qu'il mentionne. Sur les 14 760 000 $, c'est
écrit...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, ce
n'est pas une question de règlement.
M. Garon: Oui, parce qu'il est mentionné que les
crédits périmés étaient de 45 000 000 $ au
ministère.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, c'est
parce que...
M. Garon: Je n'ai pas interrompu son discours, mais, après
son discours, j'ai le droit de demander de rétablir des faits.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais
vous...
M. Garon: C'est parce qu'on nous a fourni des documents. C'est
son ministère qui nous a fourni des données, le ministère
de l'Agriculture, dans le cadre de l'étude des crédits, et
l'Opposition demande des renseignements au ministère qui les
fournit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, mais
vous pouvez quand même y revenir lors de l'étude des programmes
concernant cela.
M. Garon: Non, j'ai le droit, en vertu du règlement,
d'intervenir immédiatement après que cela a été
énoncé, sur une chose qui n'est pas exacte, parce que c'est comme
m'induire en erreur.
M. Pagé: Je vais répondre tout de suite.
M. Garon: Le total du ministère est de 14 760 000 $ dont
on dit que 8 500 000 $ sont pour des travaux que le présent gouvernement
ne veut pas faire faire à Rivière-au-Tonnerre, sur la
Basse-Côte-Nord. Ensuite, il y avait des crédits
supplémentaires de 25 000 000 $ à l'automne. Alors, cela ne
marche pas, votre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il y a un
consentement unanime, il va vous répondre. Est-ce qu'il y a
consentement? Tout le monde est d'accord? Alors, M. le ministre va vous
répndre.
M. Pagé: C'est très clair, M. le Président,
et je ne comprends pas que mon collègue de Lévis n'ait pas vu
cela. Le document que vous avez exclut les organismes. Alors, vous avez 14 000
000 $ au ministère et 30 000 000 $ a l'Office du crédit agricole.
C'est 44 000 000 $. Si on additionne le total, c'est 45 000 000 $. Cela
répond à votre question?
M. Garon: Au ministère, donc, il y a 14 760 000 $ dont 8
500 000 $ sur la Basse-Côte-Nord...
M. Pagé: Oui, mais vous avez voté...
M. Garon:... et Rivière-au-Tonnerre, parce que vous n'avez
pas voulu faire les travaux.
M. Pagé:... un budget de 561 000 000 $. Vous vous
êtes affirmé. Vous avez dit: Je suis fort, je suis ailé en
chercher beaucoup. Vous avez dépensé 45 000 000 $ de moins.
M. Garon: Oui, mais si les intérêts sont plus bas
vous ne pouvez pas nous forcer à dépenser l'argent.
M. Pagé: Ne me critiquez pas. M. le Président,
c'est parfait, ne me critiquez pas parce que mon budget baisse, parce que les
taux d'intérêt sont à la baisse. M. le
député, c'est le témoignage le plus éloquent, je
vous remercie.
M. Garon: Bien non, vous avez dit 45 000 000 $ au
ministère. C'est 14 000 000 $. C'était faux, ce que vous avez
dit. Là-dessus, c'est 8 500 000 $ pour des travaux que vous n'avez pas
faits et vous essayez de nous accuser de votre incurie.
M. Pagé: M. le Président, je ne voudrais pas en
arriver à une bataille de ruelle, ce n'est pas mon genre, mais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela. Je
m'excuse mais, de toute façon, vous pouvez quand même y revenir
lors des programmes. Actuellement, on en
est quand même aux remarques préliminaires et je crois
qu'il faut donner la chance aux autres de parler. J'ai reconnu le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord,
je voudrais féliciter - c'est la première fois que j'ai
l'occasion de le faire en tant que vice-président de la commission de
l'agriculture - le ministre de l'Agriculture pour sa nomination et lui dire
qu'on va essayer de travailler le plus positivement possible, tout en ne se
laissant pas leurrer par sa bonhommie et son grand talent d'orateur.
Je vais essayer de faire mon devoir de vice-président. On dira
peut-être que c'est difficile pour moi de passer de la culture à
l'agriculture, du microsillon au sillon. J'espère qu'on va très
facilement y aller ensemble et que le socle va se diriger dans la bonne
direction.
Je suis député de Terrebonne, vous le savez. Vous avez dit
que vous avez eu des succès électoraux. Je tiens à vous
dire en passant que, moi aussi, j'étais très écouté
dans mon comté. J'ai eu la plus grosse majorité dans la vague
rouge, près de 6000. J'en suis très heureux.
Ensuite, je suis né sur une ferme. Je connais un peu cela et j'ai
toujours été mêlé à ces choses. Ce que je
ferai? Je ferai mon devoir, ici, dans l'Opposition avec respect de l'adversaire
et je ne considérerai jamais les gens de l'autre côté comme
des ennemis. Ce sont des adversaires politiques, point.
Cependant, au tout début, il va falloir absolument que je fasse
une mise au point. Vous nous avez dit - je serais très heureux que ce
soit vrai - que vous vouliez remplir votre mandat dans le respect des droits du
Québec devant Ottawa et que vous ne seriez pas comme nous, boudeurs dans
un coin - je n'ai pas beaucoup aimé l'expression; elle est là, je
suis obligé de vivre avec elle - et que votre philosophie ne serait pas
orientée sur une base idéologique, comme si le
fédéralisme n'en était pas une.
Mais c'est vous qui l'avez dit. Je crois que vous allez orienter votre
affaire sur une base idéologique qui est le fédéralisme,
mais dire que vous n'orienterez pas votre politique sur une base
idéologique, c'est prêter bien peu de respect à cette
idéologie que vous défendez en disant que ce n'est pas une base
idéologique. Alors, c'est vous qui me l'avez dit. (17 h 30)
Personnellement, je suis complètement d'accord avec cela. Je suis
persuadé que ce n'est pas ce que vous vouliez dire, tout en vous disant
que j'aimerais bien que ce respect sait vrai durant votre mandat. Je tiens
à vous souligner que c'est un peu mal commencer quand même. Dans
votre comté qui est grand producteur de pommes de terre... 9 800 000 $
ont été versés pour la stabilisation des prix le 3 avril,
à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, et le
Québec a eu sa part habituelle, c'est-à-dire rien. Il y a
beaucoup de producteurs de pommes de terre au Québec. Je ne crois pas
que ce soit la façon de faire respecter les droits des cultivateurs
québécois, devant ce fédéralisme béat que le
Parti libérai a toujours défendu.
Lorsque nous étions au pouvoir, vous nous disiez...
Une voix:... de négocier. M. Blais: Pardon? Une
voix: De négocier.
M. Blais:... de façon constante que nous étions -
entre guillemets - pratiquement indignes de discuter avec le gouvernement
d'Ottawa. C'est ce qu'on nous disait en d'autres mots: que nous n'avions pas la
crédibilité, que nous n'étions pas aptes à discuter
avec Ottawa vu que notre idéologie était souverainiste. On se
l'est fait servir sous toutes les sauces, sous tous les angles, avec tout le
vocabulaire que l'adversaire politique se doit d'employer lorsqu'il ne partage
pas la même idéologie. Cependant, je tiens à vous dire que,
aujourd'hui, vous êtes, selon votre base de respect des parties adverses,
vous êtes selon vos dires, très dignes de discuter avec le
gouvernement fédéral. C'est très mal amorcé, au
moins pour la pomme de terre. Durant le règne du Parti libéral et
pendant que vous étiez dans l'Opposition, quand est arrivée la
bataille du domaine exclusif du Québec avec les municipalités,
vous n'étiez pas catégoriques là-dessus. J'espère
que, une fois au pouvoir, vous serez au moins catégoriques, pour que le
gouvernement fédéral ne vienne jamais se mêler des droits
municipaux. Lorsque les subventions directes aux municipalités sont
arrivées, selon la constitution, le gouvernement n'avait pas droit... Et
vous étiez très flous sur cette chose sinon complètement
opposés. J'aimerais bien que le respect des droits du Québec ne
soit pas de plus en plus amoindri sous votre gouverne. Je ne vous prête
pas de mauvaises intentions, je fais tout simplement reprendre ce que vous avez
dit au début. Je suis un député très souverainiste,
je ne m'en cache jamais. J'ai fait ma campagne électorale de cette
façon et j'ai eu la plus grande majorité. C'est donc dire que
cela paie d'être franc. Mais je ne voudrais pas que cette
idéologie que vous trouvez très anodine, parce que vous dites que
ce n'est pas une base idéologique pour travailler, j'aimerais au moins
que, dans cette idéologie, quelle qu'elle soit, vous
défendiez de façon très rationnelle les droits du
Québec. C'est mal commencé.
Il y a aussi un autre point de vue. Actuellement le gouvernement
d'Ottawa nous doit au moins 66 000 000 $ dans la péréquation. Si
ces 66 000 000 $ étaient versés pour l'agriculture, à
votre ministère, vous n'auriez à faire subir aucune coupure
à nos agriculteurs et j'en serais fort aise. Je me fie à vous, vu
que votre ministère a été bien coupé, pour
défendre la part du Québec dans la péréquation
parce qu'il nous manque 66 000 000 $ pour l'année en cours.
En plus, je me rappelle - je ne passerai pas une demi-heure
là-dessus, vu que vous nous avez dit que vous ne seriez pas boudeur dans
un coin - que de 1970 à 1976, il y a beaucoup de domaines dans lesquels,
par respect de votre idéologie, vous n'avez pas voulu mener de bataille
épique avec le gouvernement fédéral. Dans le domaine de
l'environnement seulement dont je suis le critique de mon parti, nous sommes
350 000 000 $ en dessous avec le gouvernement fédéral. Nous avons
un programme d'assainissement des eaux. Le gouvernement fédéral a
versé 16 2/3 % des dépenses à l'Ontario. Et nous, durant
notre mandat, avons demandé les 10 % que les municipalités se
doivent de verser et nous avons toujours eu une fin de non-recevoir. M.
Léonard l'a demandé à trois reprises et le nouveau
ministre des Affaires municipales, après le départ de M.
Léonard. À chaque fois, vous nous disiez que c'était parce
que nous n'étions pas crédibles devant ce gouvernement
supérieur et celui-ci nous disait toujours: non! Maintenant, vous qui
êtes censés être dignes de discuter, j'aimerais beaucoup que
vous alliez chercher de façon directe ou indirecte - mais j'aimerais
bien qu'on aille les chercher pour le bien du déficit
québécois - les sommes qui nous sont dues. Si dans un programme
de 4 200 000 000 $ pour l'assainissement des eaux, nous avions notre part, 16
2/3 %, comme il l'a donné à toutes les autres provinces
anglophones... Nous, n'avons rien reçu.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Terrebonne, j'aimerais autant que possible qu'on s'en
tienne à l'agriculture.
M. Blais: Ah! Je suis dans l'agriculture, monsieur, parce que
l'assainissement des eaux, c'est très bon pour faire pousser les
carottes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis d'accord,
mais je voudrais autant que possible...
M. Blais: L'assainissement des eaux, cela fait pousser les
carottes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... qu'on concentre
le discours autour de l'agriculture, s'il vous plaît.
M. Blais: Oui, oui. Il y a beaucoup d'agriculteurs qui souffrent
du programme d'assainissement des eaux. Ils sont obligés, de
façon indirecte, de payer des impôts supérieurs et de subir
eux-mêmes un déficit parce que notre part ne vient pas du
gouvernement fédéral. Je suis complètement dans la
pensée des remarques préliminaires.
M. le Président, dans ces remarques préliminaires, on peut
être en dehors de l'agriculture, on en a le droit et la tradition le
veut. Même, je peux tout rapporter à l'agriculture, vous savez, je
peux vous faire plaisir à tous si vous voulez. La part qui nous
revient... Il y a des agriculteurs là-dedans et ceux-ci ont le droit
d'avoir cette ristourne. Je me fie beaucoup à vous sur ce sujet et
à votre parti, quoique le passé est garant de l'avenir. Dans le
passé, vu qu'on a eu des manques flagrants de sommes
épouvantables, ce qui serait le plus simple, c'est que, en fait, les
deux partis deviennent souverainistes, vous, souverainistes de droite et nous,
souverainistes un peu plus de gauche. Il n'y aurait plus de bataille, nous
serions tous de vrais Québécois qui lutterions pour que cette
Assemblée nationale soit représentative du peuple
québécois. Les agriculteurs en seraient très fiers.
Durant le mandat de neuf ans de notre ministre, nous avons essayé
d'ennoblir le peuple québécois, surtout les agriculteurs. Je
reviens, M. le Président - je vois que vous frétillez -
directement à l'agriculture. Je tiens à vous dire que, durant les
neuf ans où M. le député de Lévis était
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, il n'avait
qu'une base pour regarder les dépenses de ses crédits et les
orientations de ses philosophies devant l'agriculture.
Il arrive ceci. C'était d'abord d'ennoblir l'agriculteur
lui-même, c'était cela, pour plusieurs raisons. Il fallait
reconnaître partout l'agriculteur et l'agricultrice comme exerçant
un métier aussi valable, sinon plus valable que les autres, parce que
c'est lui qui a la terre nourricière en main. C'est lui qui nous
nourrit. Et, anciennement, que l'on veuille ou pas, l'agriculteur n'avait pas
la noblesse qu'il a acquise dans les dix dernières années. Je
reconnais au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation d'avoir ennobli ce métier, le plus beau du monde parce
qu'il nourrit l'humanité. Cela a été fait.
De quelle façon est-ce que cela a été fait? Cela a
été fait dans différentes sortes de programmes et je
pourrais vous en énumérer plusieurs. Vous avez reconnu
vous-même qu'il y avait beaucoup de bons coups qui avaient
été faits de notre côté durant ces neuf ans. Je vous
remercie de le dire.
C'est entendu que vous avez toujours la marotte qui revient, celle du 1
500 000 000 $; elle est fausse et tous les experts le savent. Et vous l'avez
découvert! Seigneur, l'oeuf de Christophe Colomb, c'était en
1492. Tous les journaux, tous les experts le disaient. À chaque
année, en tant que député au pouvoir... Mon premier mandat
a commencé en 1981; les années d'euphorie, de 1976 à 1981,
je ne les ai pas connues, les années de prospérité qui
restaient, même si cela commençait déjà à
descendre. La prospérité, cela a été de 1960
à 1977, en fait. Mais, ces années qui avaient une certaine
prospérité, je ne les ai pas connues comme député.
À chaque année, comme député au pouvoir, les gens
venaient dans mon bureau et me demandaient différentes choses. Cette
année, il faut couper de 800 000 000 $. Cette année, il faut
couper de 700 000 000 $. Cette année, il faut couper près de 1
000 000 000 $. Alors, ce n'est pas une nouvelle.
M. Claude Forget lui-même, dans la rigueur budgétaire dont
vous nous parliez tantôt, vous conseillait, durant ta campagne
électorale, de ne pas traîner ce slogan de magicien, de semeur de
rêve, à savoir qu'il y avait une grosse marge de manoeuvre au
Québec. Il disait: Il n'y a aucune marge de manoeuvre au Québec.
Si vous n'aviez pas confiance en nous, qui étions clairs et francs, au
moins votre ancien ministre, qui vous le disait à tout rompre et sur
tous les tons, au moins lui, vous auriez dû le croire, cet homme en qui
j'ai toujours eu confiance, parce qu'il est justement parti du parti parce que
vous n'aviez pas le courage de prendre des décisions devant les
fonctionnaires dont vous parliez tantôt. Devant les dépenses
excessives, vous n'aviez pas de politique pendant que vous étiez dans
l'Opposition; aucune. On va essayer, de notre côté, d'en avoir
avec l'ancien ministre, au moins en agriculture, pour le temps qu'on sera
là.
Eh bien, au moins cela! Et tous les experts, M. Dubuc à La
Presse, tous les analystes financiers et qui plus est, M. Bourassa
lui-même... Je me souviens de l'image: il était à la sortie
d'un poste de radio, les journalistes lui demandent: Monsieur, vous dites qu'il
y a une grosse marge de manoeuvre, tout le monde dit qu'il n'y en a pas. Pour
justifier cela, après, vous allez dire que c'était une mauvaise
administration, qu'on vous avait caché des choses. Il dit: Je vous donne
ma parole. Jamais! Jamais, je ne dirai..
Une voix:...
M. Blais: Ils étaient là, tout le monde les
connaissait. On dit: II n'y a pas de marge de manoeuvre. Et à tous les
ans, depuis quatre ans, tout le monde sait qu'on coupe près de 1 000 000
000 $. Ce sera pareil l'an prochain. Devant ceci...
M. Messier: On pourrait s'en tenir aux remarques
préliminaires du ministre parce que là, il est en train de se
perdre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela est quand
même d'ordre général, c'est rattaché.
M. Blais: Si vous voulez parler, monsieur, allez-y!
M. Messier: J'aimerais que vous vous en teniez exactement
à l'agriculture et non partir sur une envolée spectaculaire.
M. Blais: D'abord il n'y a pas de spectateurs,
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, mais
il a le droit de parole.
M. Blais: Premièrement, il n'y a personne... Ce n'est pas
là, devant ces nobles galeries, que vous nous servez ces nobles
plaisanteries parce qu'il n'y a personne dans les galeries. Soyez bien
calme.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, messieurs,
je ne voudrais pas que ce soit un dialogue.
M. Blais: Si vous avez un peu d'esprit, regardez et
écoutez. Il n'y a pas de caméra, je ne travaille pas pour la
caméra. Je parle pour me contenter moi-même parce que je sais que
vous ne comprenez pas. Alors, laissez-moi aller!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Terrebonne, on s'adresse au président.
M. Blais: Excusez-moi. M. le Président, je vais le dire
à vous, vous comprenez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, voulez-vous
poursuivre, mais toujours vers l'agriculture?
M. Blais: Je suis complètement dans le sillon, il n'y a
aucun problème.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien!
M. Blais: Je peux même herser mes propos d'une ponctuation
qui vous ferait frémir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excellent!
Continuez!
M. Blais: Je peux semer à tout vent d'autres... Vous
parliez de rigueur
administrative. Je veux seulement répondre aux propos de votre
ministre. Si vous pensez que votre ministre qui parle d'agriculture a eu des
propos qui ne sont pas ni directement ni indirectement reliés à
l'agriculture, je crois que vous ne rendez pas hommage à ce monsieur que
je trouve très talentueux. J'ai bien aimé son exposé,
c'est pour cela que j'y réplique, sinon je n'aurais rien à dire.
Je vous remercie d'avoir été aussi clair, mais vu cette rigueur
administrative dont vous parliez tantôt, cela me peine beaucoup, qu'avant
l'élection, vous ayez dit: il y a beaucoup d'argent, et, une fois
revenus, que vous nous accusiez de n'avoir pas dévoilé les
chiffres qui étaient connus de tout le monde, sauf de vous. C'est cela
que je ne comprends pas.
En gros, je vais offrir ma collaboration parce que ce qui compte, c'est
le bien de l'ensemble du peuple québécois dont les agriculteurs
et les agricultrices font partie. Je vous dis, parce que c'est la
première fois qu'on étudie les crédits, qu'il me peine
-parce que vous avez le talent de défendre les agriculteurs, j'en suis
persuadé - que votre chef et "l'inside cabinet" ne vous aient pas
donné les crédits et l'argent voulus pour que le budget que vous
avez soit à la hauteur du talent que vous vouez à l'agriculture.
Je sais que vous aurez le talent, mais ce sont les autres qui vous coupent.
C'est encore, avant l'élection, le grand rêve et après
l'élection, la réalité. Je vous souhaite bonne chance
quand même et je collaborerai avec vous, cela me fera
énormément plaisir.
M. le Président, j'espère que j'ai été assez
agricole. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Terrebonne. Je demande à M. le ministre s'il
veut bien...
M. Michel Pagé (réplique)
M. Pagé: J'apprécie les paroles adressées
à mon endroit par le député de Terrebonne qui me
témoigne de beaucoup de confiance et je l'en remercie. Sans reprendre
les petites pierres qu'on s'est lancées ou que je leur aurais
lancées dans mon intervention et qu'il interprète, il y a
cependant une chose intéressante, c'est lorsqu'il dit que Ies deux
partis devraient avoir la même philosophie politique. Mais pour moi on
l'avait, nous étions tous les deux fédéralistes avant
l'élection. M. Johnson, votre chef, l'était. Je comprends qu'il y
en avait deux qui avaient un peu plus d'épine dorsale en regard du
respect du programme, c'étaient le député de Lévis
et le député de Terrebanne. Je respecte ça, des
adversaires, M. le Président, même si je suis en désaccord.
J'ai beaucoup plus de respect pour ceux qui, dans ce parti, disent clairement
leurs intentions que ceux qui ont tenté de naviguer avec les
résultats qu'on connaît - vous n'êtes que 23 - soit votre
chef, M. Johnson. Je n'ai jamais, personnellement, mais jamais qualifié
ce gouvernement d'indigne. J'ai toujours considéré que le
gouvernement était légitime malgré qu'il se trouvait
placé dans une dualité, d'une part, l'article 1 de son programme
de faire du Québec un pays souverain avec tout ce que cela implique, sa
monnaie, son armée, etc., et, d'autre part, il allait négocier
avec Ottawa. Je craignais, chaque fois qu'il en venait avec des ententes avec
Ottawa, que cela fasse la preuve contraire de sa thèse et c'est - ce
pourquoi j'ai parlé - ce qui est arrivé. On a vu des ministres
qui boudaient dans leur coin.
Le respect des droits du Québec, la défense des droits du
Québec. Je suis persuadé que c'est avec toute la
détermination qui peut m'animer que je vais assumer le leadership
politique qui revient au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation en regard des grands dossiers qui préoccupent le Canada,
les agriculteurs canadiens et québécois. Le député
réfère au dossier de la pomme de terre. C'est vrai que c'est
inacceptable, inexplicable, inopportun, inapproprié, illégitime,
ce que le gouvernement conservateur d'Ottawa, le gouvernement
fédéral est en train de faire, lui qui a versé 9 800 000 $
aux Maritimes. Je dois retenir de l'exercice que cela n'a pas eu beaucoup de
succès pour l'élection à
l'Île-du-Prince-Édouard, mais on s'est inscrit dans la
défense des intérêts des producteurs. Dans un premier
temps, on a autorisé, comme gouvernement, des paiements de stabilisation
aux producteurs et aux productrices pour s'assurer que les banques soient moins
voraces et faire passer ces craintes-là; qu'ils sèment cette
année, qu'ils produisent. Nous sommes toujours en contact avec Ottawa.
Ce n'est pas arrivé souvent qu'un ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, je pense - on pourra me
corriger si c'est le cas; c'est peut-être arrivé à mon
prédécesseur - écrive à chacun des
députés pour leur dire: Écoutez! Vous avez un dossier
important; cela nous touche. Il y a d'autres démarches qui se font
actuellement et on verra, en fin de course, quels seront les résultats.
Les résultats devront être analysés globalement; c'est
normal. Je suis certain, M. le député de Terrebonne, que vous
n'avez pas jugé le curé de votre paroisse à l'occasion de
son premier prône, sa première intervention, son premier sermon.
Vous l'avez écouté religieusement et vous vous êtes fait
une opinion de lui à partir de l'action globale qui l'a conduit. Je vous
remercie de l'appui. J'espère que vous avez parlé au
député conservateur de votre comté si tel est le cas, en
fin de semaine. (17 h 45)
Une voix:... voir.
M. Pagé: Vous avez de la difficulté à le
voir. Je vous invite à le contacter pour le sensibiliser.
M. le Président, pour répondre à la première
question de l'honorable député de Lévis qui
s'inquiétait, à savoir qui avait remplacé qui, je dois
dire que M. Ghislain Leblond qui était sous-ministre adjoint à la
commercialisation est devenu sous-ministre en titre à mon
ministère en remplacement de M. Ferdinand Ouellet. M. Guy Jacob est
devenu sous-ministre adjoint en remplacement de M. Jean Bertrand. M. Gaston
Grammond est devenu sous-ministre adjoint en remplacement de M. Ronald
Carré. M. André Bédard remplace actuellement M. Marcel
Pelletier. Mme Agnès Jarnuszkiewicz a pris la place de M. Leblond comme
sous-ministre adjointe à la commercialisation. L'ex-ministre et
député de Lévis semblait s'inquiéter des montants
qui étaient payés aux sous-ministres. Je dois dire que,
globalement, l'enveloppe budgétaire pour le traitement des
sous-ministres, sous le précédent gouvernement, dans le cadre du
dernier budget, impliquait des déboursés de 381 000 $. Pour ceux
qui sont impliqués dans les mouvements, cela coûtait 381 000 $. En
ce qui nous concerne, maintenant, c'est 356 000 $. Pardon?
M. Garon: Le salaire de celui qui est encore... M. Carré
gagnait combien? Il est remplacé par M. Grammond.
M. Pagé: Bien, je pourrais vous donner cela en
début de séance. Je sais que M. Ouellet gagnait 87 000 $ et M.
Leblond gagne 79 000 $.
Les autres questions du député...
M. Garon:... gagnait combien?
M. Pagé: Je vais regarder tout cela ce soir avec vous,
à 20 heures, si vous voulez. D'accord?
M. Garon: Et M. Jacob?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va laisser finir
le ministre.
M. Pagé: En début de séance, M. le
député. Sur la question du sucre, il est vrai que le prix du
sucre est passé de 0, 028 $, en avril 1985, à 0, 08 $ en avril
1986. Pour couvrir les coûts de 1984-1985 de la raffinerie de sucre, il
faudrait un prix de près de 0, 28 $ US. Bien oui! Vous dites non, je dis
oui.
M. Garon: À condition de raffiner au détail.
Une voix: Moi, je dirais peut-être.
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: II faudrait un prix de 0, 28 $ et on a un prix de
0, 08 $. On se reprendra. Écoutez... M. le Président, le
député de Lévis, je comprends qu'il a droit à ses
interprétations, à ses convictions, à ses propres
perceptions de ces analyses, mais il ne faudrait pas qu'il se croie
infaillible. Le député de Lévis dit: Non. Ce n'est pas
non, c'est oui.
M. Garon: Le dites-vous dans les conditions où la
raffinerie fait son sucre, le raffine elle-même au détail, pour le
vendre au détail ou non?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse...
M. Pagé: On va pouvoir revenir à tout le dossier de
la raffinerie tantôt. Essentiellement, le problème de la
raffinerie de sucre, M. le député, ce n'est pas
compliqué...
M. Garon: Non, non. Je vous pose une question simple: Quand vous
dites 0, 28 $, c'est du sucre brut ou du sucre...
M. Pagé:... cela nous coûtait 910 $ pour produire
une tonne de sucre brut.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse.
Ici...
M. Garon: Je vous pose une question simple. Vous affirmez 0, 28
$ Je vous demande si 0, 28 $, c'est du sucre brut vendu au prix de
Londres ou bien du sucre vendu au marché au détail, qu'on raffine
jusqu'à la fin.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Je m'excuse, il faudrait laisser
répondre...
M. Pagé: Du sucre brut.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse.
M. Garon: C'est évident.
M. Pagé: Bien, c'est évident! Qu'est-ce qui est
évident?
M. Garon: Oui, mais pourquoi pensez-vous qu'on voulait faire le
raffinage jusqu'à La dernière étape? C'est parce que les
opérations payantes, c'est l'opération de raffinage au sucre
blanc et, deuxièmement, le conditionnement, la mise en sac, etc. C'est
évident que, si vous dites 0, 28 $ le sucre brut sans compter la
dernière phase, au lieu de faire raffiner par ses concurrents, cela veut
dire n'importe quoi. Sauf qu'il faut
demander si le projet de modernisation de la raffinerie était
pour déterminer le prix raffiné au détail et vendu au
détail avec toutes les opérations faites par la raffinerie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, je m'excuse. C'est parce qu'on va quand
même avoir la chance éventuellement de vider toute cette
question.
M. Garon: Non, on n'aura pas ta chance.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, vous allez
avoir la chance.
M. Garon: Non, non. La raffinerie n'est pas dans les
programmes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: II faut parler de la raffinerie dans les mesures
préliminaires parce qu'elle ne fait pas partie du budget.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Vous avez
posé des questions et le ministre va répondre à toutes les
questions qu'il peut. Après cela, on reviendra.
M. Pagé: Là, j'ai 20 minutes pour
répondre.
M. Garon: Vous parlez 20 minutes. Répondez, mais ne faites
pas de sophismes. C'est évident que 0, 28 $, cela n'a pas de bon
sens.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. Qu'est-ce
que vous avez dit, M. le député?
M. Garon: Ne faites pas de sophismes. M. Pagés
D'accord.
M. Garon: Lorsque vous dites 0, 28 $ le sucre brut, c'est
évident que ce n'est pas payant de faire du sucre brut parce que ceux
qui font de l'argent, ce sont ceux qui font les autres opérations. Or,
le projet qu'il y avait à la raffinerie, c'est de la moderniser pour
qu'elle puisse faire la dernière opération de raffinage et
qu'elle fasse aussi les opérations de conditionnement pour la vente au
détail.
M. Pagé: M. le Président, je suis prêt
à répondre. Je ne peux pas comprendre le député de
Lévis. Je ne peux pas le comprendre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant!
J'aimerais qu'on respecte quand même la procédure parce que cela
va devenir un dialogue et on n'en sortira pas.
Je voudrais qu'il finisse quand même.
M. Garon: C'est cela, l'étude des crédits.
Une voix: Non, mais, M. le Président, cela semble
être beaucoup plus un monologue.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Poursuivez, M. le
ministre.
M. Garon: On n'est pas obligé de parler chacun pendant 20
minutes. On peut se poser des questions. Il y a une réponse. Cela peut
être des échanges brefs. Ce n'est pas nécessaire que ce
soient des échanges longs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut quand
même noter que nous en sommes encore aux remarques préliminaires.
Cela n'est pas terminé.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Actuellement, M. le
ministre a la parole.
M. Pagé: Après que tous ceux et celles qui se sont
penchés sur ce dossier en viennent à la conclusion que les sommes
investies dans cette production et dans son raffinage s'inscrivaient dans le
cadre d'un déficit structurel, qu'il faudrait toujours réanimer
à chaque année en y injectant des sommes importantes, on
produisait - le problème fondamental n'est pas compliqué
-à la raffinerie une tonne de sucre brut à 910 $ et elle nous en
coûtait 225 $ livrée sur le marché de Montréal en
sucre de canne et le député nous dit, pour tenter de justifier
les millions de dollars payés par les citoyens et les citoyennes du
Québec en taxes et en impôts: Ah! le processus devait nous
conduire à faire du sucre blanc.
Que ce soit un député qui le soutienne, peut-être.
Mais pas te député de Lévis. C'est lui-même qui,
comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
à l'époque est allé accepter une subvention de 7 500 000 $
du gouvernement du Canada à la condition qu'on ne procède pas au
raffinage du sucre blanc avant le 31 décembre 1986.
J'aimerais qu'il m'écoute. Il pose des questions et il
n'écoute pas. Je fais motion, M. le Président, pour que le
député de Lévis m'écoute.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, je
ne peux pas l'obliger à vous écouter.
M. Pagé: Je peux toujours faire une motion. Comment
pouvez-vous soutenir cela? Que ce soit l'honorable député de
Terrebonne
ou un autre qui le dise, que, la rentabilité, on l'aurait
retrouvée dans le raffinage du sucre blanc, d'accord, mais pas vous.
C'est vous-même, comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, comme ministre titulaire, responsable de la raffinerie, qui
avez signé les autorisations. Vous êtes allé chercher 7 500
000 $ du fédéral. Il y avait une condition à cela: Que la
raffinerie ne produise pas de sucre blanc avant le 31 décembre 1986.
Cela a eu quoi comme effet? Cela a eu un effet direct sur la marge de
manoeuvre. Cela a coïncidé avec une baisse des prix. Cela a
impliqué des engagements gouvernementaux qui sont allés
jusqu'à 115 000 000 $. Cela a épuisé le fonds de
réserve de 13 000 000 $ et engendré une perte de 600 emplois au
Canada, juste au Québec. Et vous allez venir me faire la leçon de
morale! Je m'excuse, M. le député! Nous aurons l'occasion d'en
parler longuement...
M. Garon: II parle comme un peewee.
M. Pagé:... jusqu'à minuit le soir du mois de
juin.
M. Garon: Dans le sucre, je vous écoute parler, vous
parlez comme un peewee. Vous ne conaissez pas cela.
M. Pagé: M. le Président, que le
député de Lévis m'attribue les qualificatifs qu'il voudra,
je vais demeurer aussi patient...
M. Garon: Mais non, vous ne connaissez pas cela.
M. Pagé: Je connais le député de
Lévis et cela me rappelle le bon vieux proverbe...
M. Garon: Vous avez trouvé cela tellement bon de vous
faire poser des conditions que vous êtes allé chercher le
fonctionnaire fédéral qui était là.
M. Pagé: Cela me rappelle le bon vieux proverbe:
Qu'à vouloir être drôle, on devient ridicule.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse! M. le
député de Lévis, l'article 36 est clair et net.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Poursuivez, M. le
ministre.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'en étais
à dire au député de Lévis, avant qu'il monte le
ton, qu'il aura beau m'attribuer les qualificatifs qu'il voudra, cela ne
m'inquiète pas. Vous voyez, il n'écoute pas encore. Ce n'est pas
bien, vous savez, de lancer des qualificatifs comme cela. Cela n'est pas
à la hauteur du respect que commande les citoyens et les citoyennes de
Lévis que je connais. Ce n'est pas bien cela. Vous devriez être
plus gentilhomme. Ce serait peut-être bon pour vos objectifs de
cheminement de carrière. C'est ça.
La question sur le parc agroalimentaire...
M. Garon:... qui demandent de l'entendre tous les matins à
la radio.
M. Pagé: Nous regarderons les cotes d'écoute.
M. Garon: On regardera cela.
M. Pagé: Oui, oui, on regardera cela. Relativement au parc
agro-alimentaire, le député de Lévis soutient, à
tort, qu'on a surévalué les dépenses qui auraient dû
être faites.
Je veux dire ceci au député. Le projet a été
élaboré de façon précipitée. Vous avez mal
fait vos devoirs. Je prends comme exemple le pavillon des expositions. Vous
aviez calculé que cela devait impliquer des déboursés de
10 500 000 $, et le pavillon du génie, 6 000 000 $. C'est beau de faire
un pavillon des expositions, mais encore faut-il qu'il soit conforme aux
normes, aux types, aux superficies de construction pour de tels
équipements sur la scène internationale. Une fois qu'on eut
précisé le projet, à partir de la signature du projet de
loi, etc., on a constaté qu'il y avait un écart de 18 428 000 $,
seulement sous le volet des deux pavillons.
Les coûts unitaires n'ont pas changé, mais par la
description technique des besoins de l'ouvrage, du type d'ouvrage à
faire, on s'est aperçu que ce que vous aviez défini et ce que
vous aviez présumé n'était pas conforme aux normes et aux
standards équivalents dans de tels équipements.
Je comprends que, pour la ville de Montréal, l'idéal
aurait été d'en arriver à un montant de 40 000 000 $. Mais
l'étude sérieuse, rigoureuse, de la part des fonctionnaires du
ministère affectés à ce dossier indiquait clairement, hors
de tout doute dans mon esprit, que c'est près de 70 000 000 $ qu'on
aurait dû y consacrer.
Vous me dites: Vancouver en a un. Ces gens n'ont pas eu de gouvernement
péquiste pendant neuf ans, eux! Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va suspendre
dans quelques secondes. Si vous voulez ajouter quelque chose; on va
suspendre.
M. Pagé: Non, on pourra poursuivre les réponses et,
par la suite, parler des employés
occasionnels, du nombre d'emplois, des millions de dollars prévus
en moins dans l'assurance-stabilisation. On vit un exercice intéressant
qui, je l'espère, sera utile.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Je vous remercie, M. le ministre. Je suspends la séance jusqu'à
ce soir, à 20 heures.
(Suspension à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mesdames et messieurs, je déclare la
séance ouverte. Nous reprenons où nous étions avant le
souper. M. le ministre, est-ce que vous aviez terminé ou s'il vous
restait...
M. Pagé: M. le Président, il me restait quelques
réponses à donner à M. le député de
Lévis, à qui je souhaite la bienvenue. On a attendu quelques
minutes. Je me suis dit: Soit qu'il ait fait un somme après le souper ou
que ce soit un partisan des Canadiens. Un des deux. J'apprécie sa
présence.
Vous vous interrogiez sur le salaire ou le niveau de
rémunération des sous-ministres.
M. le Président, est-ce qu'il pourrait m'écouter?
Vous écoutez, c'est bien.
M. Garon:... et écoutez en même temps.
M. Pagé: C'est bien.
M. Garon: II y en a qui mâchent de la gomme et qui marchent
en même temps, mais...
M. Pagé: Pardon?
M. le Président, je ferais motion pour qu'il parle plus
clairement.
M. Garon: Qu'est-ce qu'il dit?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Allez-y, M. le
ministre.
M. Pagé: M. le Président, le niveau de
rémunération des sous-ministres, c'est public, il n'y a pas de
problème. M. Carré avait une rémunération de 70 640
$. M. Grammond avait une rémunération de 75 000 $. M. Pelletier
avait une rémunération de 77 938 $. M. Bédard, qui occupe
la fonction par intérim, j'en conviens, a une rémunération
de 59 816, 50 $. Mme Jarnuszkiewicz a une rémunération de 62 500
$, alors que M. Leblond avait une rémunération de 77 938 $. M.
Bertrand avait une rémunération de 67 400 $, alors que M. Jacob
est à 78 920, 16 $. M. Ouellet avait une rémunération de
87 470 $, alors que M. Leblond en est à 79 800 $.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
avez terminé?
M. Pagé: Pour cette question, oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, d'accord.
Maintenant, vu que les membres de l'Opposition ont utilisé leurs
vingt minutes, je demanderais s'il y a des députés
ministériels qui ont quelque chose à ajouter concernant les
remarques préliminaires, d'ordre général?
Je reconnais le député de Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Seulement quelques mots pour faire mention au
ministre que je me sens fort à l'aise avec les remarques
préliminaires. Je pense que c'est un ministre qui tient compte des
réalités mondiales, c'est-à-dire qu'on est tributaire des
fluctuations économiques.
M. Blais: M. le Président, question de règlement,
s'il vous plaît.
Je voudrais demander au député de Saint-Hyacinthe de s'en
tenir à l'agriculture, s'il vous plaît.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Il parle de
l'agriculture en générai, tel que...
M. Blais: Je lui rends la monnaie de sa pièce.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II parle du
marché mondial de l'agriculture. Allez.
M. Messier: Merci, M. le Président. Comme je le disais, on
est tributaire des fluctuations mondiales, c'est-à-dire qu'on ne peut
pas aller à l'encontre des conjonctures économiques, soit l'offre
et la demande. Lorsque l'on fait mention ici de 2 500 000 $, en page 31 du
document qui nous a été remis, je pense que le ministre a
très bien compris la réalité de la recherche et du
développement. D'ailleurs, je vois qu'il y a des sommes substantielles
accordées à l'école de médecine
vétérinaire, dont on va fêter le centième
anniversaire cette année. Enfin, l'ITAA va se voir reconnaître
davantage un rôle de formateur pour la relève agricole. Je pense
d'emblée que le ministre a toute ma crédibilité et je
souhaite longue vie au ministère de l'Agriculture.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mer-
ci, M. le député de Saint-Hyacinthe.
Est-ce que le ministre a quelque chose à ajouter? Normalement,
après, c'est le ministre. Après l'intervention d'un membre, non,
d'accord.
M. Pagé: Usez, M. le Président, de mon temps.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Alors, je demanderais au député de Terrebonne de continuer. Vous
avez apparemment encore sept minutes.
M. Blais: Oui, j'aurais une question à poser au ministre.
Est-ce que vous pourriez déposer le protocole d'entente de la vente de
la raffinerie de sucre?
M. Pagé: Je ne l'ai pas ici, M. le Président. Ce
n'est pas d'intérêt public de déposer ce document à
ce moment-ci. Lorsque le gouvernement du Québec jugera qu'il est
d'intérêt public et opportun de déposer le document, il
sera déposé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):...
M. Blais: Sur quelle base vous...
M. Pagé: Sur la base de ma discrétion
ministérielle.
M. Blais: Oui, d'accord. Mais l'intérêt public est
jugé par le ministre seulement.
M. Pagé: Pardon?
M. Blais: L'intérêt public, ce n'est que vous qui en
déterminez les bases.
M. Pagé: L'intérêt public est jugé par
le ministre et le ministre est jugé par la population.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une autre question,
M. le député de Terrebonne?
M. Blais: Non, je n'ai pas d'autres questions parce qu'au rythme
où les réponses viennent... Je pensais qu'il répondrait 20
minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, je pense que
cela termine... Excusez, oui.
M. Garon: J'aurais quelques remarques à faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez
écoulé votre temps, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, mais tantôt, le ministre a
dépassé son temps et, en contrepartie, quand il a
dépassé ses 20 minutes, on a dit...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II va falloir que
je demande l'autorisation de l'autre côté...
M. Garon: On avait accepté...
Le Président (M, Tremblay, Iberville): ... parce que,
là, on est hors règlement.
M. Garon: C'est lui-même qui l'avait proposé,
d'ailleurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous voulez avoir
trois minutes additionnelles?
M. Garon: Trois ou quatre minutes, oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'on est
d'accord...
M. Pagé: M. le Président, ma gentilhommerie qui
devient presque proverbiale m'indique que je vais acquiescer, cela va de
soi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, tout le
monde est d'accord. Vous pouvez y aller, M. le député de
Lévis. Je vous écoute.
M. Garon: Ce que je voulais dire, c'est que je comprends mal
qu'il n'y ait pas de chèque. Moi, j'avais des chèques dans mes
poches, je pouvais en sortir durant les conférences de presse, j'en
avais. Avec le gouvernement fédéral, le ministre venait
même me les porter à Québec et me les donnait de main
à main. J'observe, actuellement, que faire profession de foi sur le
fédéralisme à outrance, cela ne paie pas beaucoup. Est-ce
que, au cours de l'automne dernier, on avait obtenu les remboursements des
assurances agricoles pour un montant d'environ 40 000 000 $ et,
également, un montant spécial d'assurance-récolte pour des
dommages dans différentes régions qui atteignait lui aussi
environ 40 000 000 $? Ce qui veut dire que le Parti libéral, qui disait
que c'était un parti de bons négociateurs, n'a pas eu un cent
à ce jour, au contraire, il en a perdu. Nous, ce n'est pas qu'on
trouvait que tes 80 000 000 $ étaient exceptionnels, mais, au moins, il
y avait cela. Ce n'est pas nécessairement en se mettant à genoux
que les gens paient davantage à Ottawa.
Deuxièmement, au sujet des enchères électroniques,
je pense que c'est un bon système que nous avons mis en place. Le
programme et les budgets sont autorisés. Même le système
comme tel a été conçu en
1983-1984 et mis en place. Maintenant, le ministre ne fait pas beaucoup
de déclarations. Au mois de décembre dernier, il a fait une
grande conférence de presse, à grands frais, il a fait publier un
grand communiqué, un grand texte avec sa photo dessus, beau cartable,
pour annoncer la nomination de Mme Suzanne Dion qui - il pourra me le confirmer
ou non - a été nommée correspondante des femmes au
ministère en janvier 1985. Elle avait même été
photographiée dans le journal La Terre de chez nous - tantôt, je
voyais quelqu'un de la Terre de chez nous qui était ici - comme
correspondante des femmes au ministère de l'Agriculture. Elle avait
été engagée pour un contrat de trois ans d'ailleurs,
autorisé par le Conseil du trésor, contrat signé en
janvier 1985.
II y avait eu aussi une entente avec l'Association des femmes en
agriculture pour l'organisation de leur association, entente qui avait
été signée en août ou en septembre 1985, et aussi
différentes mesures dans le processus pour lesquelles on n'avait pas
trouvé nécessaire de faire des annonces, comme de mieux
renseigner les femmes en agriculture sur les avantages qu'il y avait au
crédit agricole pour elles. D'ailleurs, le président de l'Office
du crédit agricole... On pourra en dire un mot tout à l'heure,
quand on va parler des 50 000 $ pour l'établissement. À ce
moment, des prêts sans intérêt pendant cinq ans avaient
amené l'établissement de femmes en agriculture dans des
sociétés avec la grande majorité, avec un grand
pourcentage, avec 50% des actions. Il y avait autant de femmes qui avaient plus
de 50% qu'il y en avait qui avaient moins de 50% des actions dans des
prêts sans intérêt pour cinq ans.
Cela a amené un changement complet. Contrairement aux primes,
c'était la mesure qui avait permis les prêts sans
intérêt pendant cinq ans; 50 000 $ sans intérêt
pendant cinq ans et l'établissement de l'épouse et l'époux
sur un pied d'égalité. De plus en plus, il y a eu des changements
depuis l'adoption de cette mesure. On ne doit pas rencontrer le même
monde, parce que les gens qu'on a rencontrés ont dit: Le nouveau
ministre fait des conférences de presse pour annoncer des mesures que
vous avez déjà mises en place, dans certains cas, depuis un an ou
depuis plusieurs mois. Il fait rire des personnes, quand il fait une
conférence de presse. J'annonçais peut-être mes mesures,
mais je n'annonçais pas celles des autres. J'annonçais celles que
j'avais conçues.
J'ai été un peu étonné, je dois le dire.
J'aimerais qu'on me dise à quelle date exactement Mme Suzanne Dion a
été engagée au ministère de l'Agriculture, ta date
d'autorisation du CT pour l'engagement de Mme Dion pendant trois ans et la date
de son engagement au ministère, lorsqu'elle a été
engagée pour trois ans. De mémoire, je dis que c'est autour de
janvier 1985. Je me demande pourquoi le ministre a jugé bon de
réannoncer cela au mois de décembre 1985, presque un an plus
tard, si ce n'est pour essayer de se donner le mérite du travail des
autres. Je vois cela dans le journal Le Soleil du jeudi 30 janvier 1986.
Une petite plaquette est publiée, on y voit le nom du ministre, mais, au
fond, ce sont toutes des décisions qui ont été prises, des
choses qui ont été mises en oeuvre au cours de l'année
1985, avant le changement de gouvernement. Tout était déjà
là. Les ententes étaient signées, les commandes
étaient passées dans les différents services pour la mise
en oeuvre de ce mouvement en faveur des femmes dans le domaine agricole.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
concluez? Vous avez conclu?
M. Garon: Oui, surtout qu'on va regarder les programmes, un
à un. La seule chose, c'est que j'aimerais réserver du temps
demain pour qu'on reparle de la raffinerie de sucre, parce que le
député de Verchères va être présent et il
m'en a glissé un mot. Il voudrait qu'on réserve du temps pour
discuter de cette question au cours de la journée de demain. Dès
l'ouverture, demain, j'essaierai de mentionner à quel moment cela
pourrait être au cours de la journée de mercredi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Actuellement, il
faut suivre les programmes tels quels. On a de 1 à 10 vers lesquels on
s'en va. Il faut suivre la procédure.
M. Garon: Non, on peut faire ce qu'on veut, au fond.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il y a
unanimité des deux côtés, mais là, le ministre n'est
pas prêt concernant la raffinerie.
M. Pagé:... ce qu'on décide ensemble. C'est
différent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est sûr.
Alors...
M. Garon: Vous avez besoin de bien plus d'autorisation de ma part
que je n'en ai besoin de votre part d'ici au mois de juin.
M. Pagé: On verra ça à l'usure. Je n'ai
aucune objection à discuter de la raffinerie demain. Aucun
problème.
M. Garon: Je vous dis...
M. Pagé: Jeudi matin, ce sont les
pêches.
M. Garon: Au lieu d'en parler tout de suite, on en a dit un mot
seulement. Je voudrais en discuter quand le député de
Verchères sera présent. C'est un sujet qui l'intéresse
tout particulièrement. Quand on faisait la commission parlementaire,
auparavant, il est arrivé occasionnellement au député de
Portneuf de venir faire un tour pour parler un peu de Deschambault.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais demander au
ministre de répondre à votre question et, ensuite, nous allons
procéder au niveau des programmes.
M. Pagé: Je peux donner l'assurance au
député de Lévis que son collègue de
Verchères pourra poser des questions et échanger des propos avec
mes adjoints et moi en regard de la question de la raffinerie de sucre. Aucun
problème.
Vous faites des commentaires selon lesquels nous sommes à genoux
devant le fédéral. Vous avez évoqué le fait que
vous aviez des chèques avec lesquels vous vous promeniez, qu'on venait
même vous les porter à Québec; c'est arrivé une fois
au hasard dans le cadre d'une rencontre formelle.
Vous savez, M. le Président, j'ai clairement indiqué que
nous allions être très vigilants, très présents, en
regard de la défense des intérêts des producteurs du
Québec. Cependant, je peux vous donner le commentaire suivant: le
député de Lévis, vous savez, je ne crois pas qu'il ait de
morale à faire concernant les négociations, les discussions ou
tes échanges entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
du Canada. Je retiens de l'exercice - il y a 130 jours que nous sommes au
pouvoir - que les échanges se sont amorcés: une équipe
importante du ministère de l'Agriculture est au travail avec des
équipes des autres provinces et du gouvernement du Canada. L'emploi du
temps est très chargé, on a le défi, au Canada, de
réécrire une politique agricole canadienne; le Québec va y
participer étroitement. Le Québec doit non seulement prendre la
place qui lui revient, mais surtout reprendre la place qui lui revient. Et si
je suis animé par autant de détermination, c'est directement
connecté sur le manque de leadership manifesté sous l'ancienne
administration, plus particulièrement par mon collègue de
Lévis.
S'il fallait que l'on fasse le tour de chacun des dossiers, M. le
Président, on pourrait poser des questions au député de
Lévis, mais je n'ai pas l'intention de lui en poser. Cependant, je peux
faire un commentaire. Dans le fameux dossier de Mirabel, j'ai ici copie de la
lettre qui lui était adressée par le ministre des Travaux
publics, M. Roch LaSalle, qui disait à mon prédécesseur:
Je comprends mal que vous ayez soumis à votre Conseil des ministres un
document qui n'avait pas, contrairement à ce que vous prétendez,
fait l'objet d'un consensus entre les partis. Le dernier projet que vous avez
vous-même discuté avec mon chef de cabinet, etc. Ce n'est pas le
genre de relations que j'entends amener et conduire avec mon homologue
fédéral et les intervenants du gouvernement du Canada. J'entends
remplir le rôle qui me revient, discuter à fond des dossiers,
être présent, être vigilant et faire rapport, dans le sens
exact, de l'état des relations que j'ai avec eux à mes
collègues du Conseil des ministres.
Vous avez longuement parlé de la conférence de presse que
j'ai tenue le 29 janvier. J'ai entendu des échos. Je suis
persuadé que c'est soit un but des Canadiens ou des Whalers, ou encore
ce sont très probablement les rires de la Tribune de la presse. S'il y a
un député dans cette Chambre qui n'a pas de leçon de
morale à faire aux autres en regard des conférences de presse,
pour annoncer, dans certains cas, cinq ou six fois la même chose, c'est
bien le député de Lévis. D'ailleurs, è la fin, il
n'y avait pas beaucoup de monde à ses conférences de presse, et
c'est explicable*
J'ai donné, effectivement, une conférence de presse, le 29
janvier, pour indiquer clairement aux femmes du Québec -ces femmes qui
ont investi beaucoup de capital humain dans le développement de
l'agriculture, lesquelles travaillent en moyenne 32 heures et demie par semaine
sur la ferme, en plus de vaquer à leurs responsabilités
familiales - que j'entendais m'inscrire en plus, que j'entendais m'inscrire en
mieux, que j'entendais, au nom du gouvernement et comme ministre de
l'Agriculture des Pêcheries et de l'Alimentation, passer de la parole aux
actions, et j'étais tout à fait légitimé de le
faire, M. le Président. Il y a seulement le député de
Lévis, évidemment, qui peut me le reprocher, mais ce n'est pas
cela qui va m'ébranler, soit dit en passant. (20 h 30)
Je me devais de faire part aux femmes du Québec, plus
particulièrement à celles qui oeuvrent dans des organismes qui
ont comme objectifs la promotion et la défense des intérêts
des agricultrices... J'ai déposé, à ce moment-là,
un document - j'en conviens et je n'ai pas voulu m'attribuer quelque
paternité que ce soit - et j'ai clairement indiqué que nous
allions agir en fonction du plan d'action qui vise non seulement au partage des
tâches, mais aussi au partage des pouvoirs.
Deuxièmement, j'ai annoncé - je m'excuse, vous
n'étiez plus au pouvoir, M. le député, depuis le 2
décembre - dans le cadre
du présent budget que j'administre, que j'entendais maintenir
l'aide financière aux organismes. Surtout, ce qui m'anime dans ce
dossier, c'est d'agir. Le gouvernement précédent a effectivement
ouvert trois ou quatre postes occasionnels, mais c'est le même
gouvernement qui a maintenu des clauses discriminatoires à
l'égard des femmes dans ses lois et dans ses règlements.
L'article 23 de la loi sur les subventions à l'établissement,
c'est votre gouvernement qui l'a écrit. Vous le savez.
M. Garon: C'est le vôtre.
M. Pagé: Vous l'avez maintenu.
M. Garon: Non, cela disparaissait pour nous.
M. Pagé: Ah! Cela disparaissait, au conditionnel. Bien
voyons donc!
M. Garon: Bien oui! Cela disparaissait le 31 décembre et
cela devait être remplacé par un prêt de 100 000 $ à
un taux d'intérêt décroissant. C'est pour cela que la
loi...
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis pourrait nous entretenir toute la soirée sur ce qu'il
aurait fait. Vous n'avez pas reçu de mandat de la population. Vous avez
reçu le mandat de siéger dans l'Opposition et vous y
êtes.
M. Garon:... pendant six mois et vous avez maintenu la
discrimination.
M. Pagé: Vous pouvez dire... M. le Président,
est-ce que le député pourrait avoir la déférence
minimale de me laisser terminer?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, vous allez avoir l'occasion tout à
l'heure, dans le même programme, de discuter de ce sujet. Allez M. le
ministre.
M. Pagé: C'est cela. Le fait d'avoir des échanges
n'empêche pas le député d'être poli, vous savez. M.
le Président, ce qui est important pour nous, c'est non seulement
d'écrire des documents, mais de donner vraiment et de s'inscrire
vraiment en faveur des droits de la femme: des femmes et des agricultrices du
Québec. J'aurai ['occasion, dans ce mandat, d'en témoigner fort
éloquemment par des mesures législatives qu'on adoptera en cette
Chambre. Je n'ai pas abusé des conférences de presse et,
même si j'en abusais, il y en a un seul, je pense, qui ne devrait pas
m'en tenir rigueur, c'est le député de Lévis. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Pour respecter le droit de parole de chacun, je demande s'il y a
d'autres personnes qui n'ont pas utilisé leurs vingt minutes et qui
aimeraient ajouter quelque chose concernant les remarques
préliminaires.
M. Houde: M. le Président, merci. À moins qu'il n'y
en ait de l'autre côté? Non, ils l'ont fait, eux.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, M. le
député de Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: J'aimerais dire, ici, ce soir, devant les
fonctionnaires et les membres du cabinet du ministre, que les remarques qui ont
été faites par des groupes qui sont venus rencontrer le ministre
ou que le ministre est allé rencontrer dans le champ, depuis
l'élection du 2 décembre 1985, que les commentaires que j'ai eus
ont été élogieux en sa faveur, contrairement à ce
qui existait dans le passé. Ils ont dit: Ce qu'on pouvait dire au
ministre depuis neuf ans, qui ne nous écoutait presque jamais... Lui,
c'est le contraire. Il y a un accueil, une chaleur, qu'on ressent à
l'intérieur de ses bureaux lorsqu'on va le voir. Et son entourage, bien
entendu. Non pas seulement lui, mais le ministre surtout. Tout cela pour vous
dire que le climat est bien meilleur. Avoir les montants d'argent qu'eux
avaient, au début, ce serait bien le "fun" d'administrer, mais du fait
qu'on en a moins il faut faire plus attention et les gens sont conscients aussi
de cela. Encore une fois, félicitations, M. le ministre, et continuez
dans le même sens. C'est ce que les gens veulent dans le champ, nos
agriculteurs rencontrés depuis un bon nombre d'années. Merci, M.
le Président.
Une voix: Félicitations pour votre beau programme!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Berthier. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Blais: La porte est trop grande, M. le Président, je
n'entrerai pas dedans, mais je tiens à dire: Félicitations pour
votre beau programme, M. le ministre.
Planification, recherche et enseignement
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, si vous
permettez, mesdames et messieurs, s'il n'y a pas d'autres interventions
concernant les remarques préliminaires, nous allons passer maintenant
à l'étude des programmes. Nous allons commencer par le programme
1.
M. Pagé: M. le Président, ce programme touche
l'ensemble de la planification, de la recherche et de l'enseignement. Ce sont
des crédits de 43 946 000 $ qu'an vous demande d'adopter,
comparativement à 41 000 000 $.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'aimerais ajouter
quelque chose. Si les gens sont d'accord, on va discuter programme par
programme et non élément par élément.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que tout le
monde serait d'accord? Oui? Tout le monde est d'accord? Alors, nous allons
procéder programme par programme.
M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui,
excusez-moi.
M. Garon: À une condition, c'est que le temps de parole ne
soit pas limité à 20 minutes, dans mon cas. Si le temps de parole
est limité à 20 minutes, j'aime autant adopter ces crédits
élément par élément.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est parce que,
normalement, c'est 20 minutes pour chaque...
M. Garon: Non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, si vous
voulez...
M. Garon: Non, non, pas dans l'étude des
crédits.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est 20 minutes
par personne.
M. Garon; Dans l'étude des crédits, il n'y a jamais
eu de...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Par membre.
M. Garon:... limitation de temps pour le critique officiel de
l'Opposition.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Il n'y a jamais eu de limitation.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, non, il faut
s'en tenir... À ce moment-là, on peut revenir à
l'étude élément par élément, si vous
vouiez.
M. Garon: Alors, allons-y élément par
élément.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, je ne crois
pas qu'il y ait de problème là. Dans un premier temps... Vous
savez, j'ai siégé d'abord dans l'Opposition. Je n'ai jamais vu
cela, que le critique de l'Opposition puisse bénéficier du temps
qu'il voulait.
Cependant, je peux vous dire que, pour l'ensemble de l'exercice, il
serait probablement plus utile de discuter programme par programme et cela
n'implique pas nour autant que le député de Lévis n'ait
qu'un seul droit de parole. Vous pouvez avoir autant de droits de parole de 20
minutes que vous le jugez opportun - moi aussi, d'ailleurs - mais pour
l'ensemble du programme.
M. Garon: Non, non. Oui, mais ce n'est pas cela qui...
M. Pagé: Je crois que cela serait
préférable, plutôt que d'avoir seulement 20 minutes par
élément.
M. Garon: C'est ce que je dis. À ce moment-là, il
n'y a pas...
M. Pagés Nous sommes d'accord, M. le député.
M. Garon:... de limitation quant aux programmes. Ce que j'ai
entendu tantôt, c'est que le président disait qu'il voulait
appliquer les 20 minutes, alors... Je dis qu'il n'y a jamais eu de limite de
temps de 20 minutes pour le critique officiel de l'Opposition. Pour les autres
membres, il y a eu des limites de 20 minutes, mais jamais pour le critique
officiel.
M. Pagé: Bien, voyons donc!
M. Garon: C'est la tradition qui a toujours existé en
commission parlementaire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Écoutez, si
tout le monde est d'accord, cela ne me fait rien, mais il faut que j'aie
l'autorisation de tout le monde parce que, dans les procédures, c'est un
temps de 20 minutes par membre de la commission, à l'exception du
ministre qui peut intervenir quand il le veut.
Alors, est-ce que...
M. Pagé: M. le Président, je vous propose qu'on
aborde l'étude de l'ensemble du programme. Je vais faire une
brève présentation de ce que contiennent nos programmes. Le
député pourra intervenir pour 20 minutes. Je pourrai
répondre. Le député pourra revenir pour 20 minutes. On
l'adoptera. Si d'autres députés veulent intervenir, ils
peuvent le faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, puisque cela
fait l'unanimité, nous allons procéder comme vous l'avez dit tout
à l'heure. À ce moment-là, il aura 20 minutes
additionnelles, s'il le veut, concernant les différents
éléments.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: J'étais à vous dire que ce premier
programme, qui concerne la planification, la recherche et l'enseignement, est
très important, essentiel à l'activité, à l'action
de notre ministère. Nous vous demandons, ainsi qu'à
l'Assemblée nationale, d'accepter les crédits pour un montant de
43 946 000 $, une augmentation de 4, 7 %. Essentiellement, les actions que
commande ce programme...
Je peux vous indiquer, dans un premier temps, qu'il y a toute la
question de la planification et des études économiques. Ce
service a pour but de préciser les objectifs, Ies programmes du
ministère, d'établir les priorités, d'étudier les
divers secteurs, primaire, secondaire et tertiaire, afin d'orienter le
développement de la production en fonction des besoins actuels et futurs
du milieu québécois, des exigences des marchés
internationaux, des tendances, d'analyser ce qui se fait dans d'autres
provinces, les sommes qui sont imputées par les autres gouvernements
provinciaux au développement de tel ou tel autre programme, leurs
orientations, l'effet des politiques des autres provinces sur la
commercialisation de nos produits.
Il y a le volet de la recherche qui est contenu dans ce programme et qui
vise à promouvoir, à aider financièrement la recherche, la
formation et le perfectionnement de nos chercheurs dans le domaine de
l'agriculture, des pêcheries, et de l'alimentation.
Essentiellement, l'objectif de la recherche, c'est d'accroître
l'efficacité des productions agricoles et des élevages et la
qualité des produits agro-alimentaires québécois. Nos
programmes de recherche visent à la consolidation des acquis par la
recherche de solutions aux problèmes et l'expansion des principaux
secteurs de développement par l'amélioration des moyens, des
techniques et des approches utilisés. Les projets de recherche portent
sur les activités relatives à l'amélioration
génétique des plantes et des animaux, la régie des
cultures, les troupeaux, la protection phytosanitaire, la cartographie, la
classification des sols, la fertilité, l'aménagement des sols, la
régie agricole et acéricole et la transformation des produits
agro-alimentaires.
Comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer à plusieurs reprises,
depuis ma nomination, si on veut prendre position de façon plus forte,
si on veut vendre davantage nos produits et au Québec et à
l'extérieur, on se doit de déployer des efforts bien concrets,
bien tangibles en regard, dans un premier temps, de la qualité de nos
produits. Nous aurons l'occasion d'y revenir. J'ai indiqué, comme
ministre, que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et le gouvernement ne permettraient aucun relâchement en
regard des contrôles de la qualité des aliments. Il y va de
l'ensemble de la crédibilité de la production
québécoise. Donc, pour conclure une transaction, il faut, dans un
premier temps, mettre en marché un produit de qualité. Il faut
aussi produire à un bon prix. C'est à ce moment-ci que la
recherche intervient. Nous entendons déployer des efforts concrets au
chapitre de la recherche dans la perspective, évidemment, de
rentabiliser davantage des productions, de diminuer les coûts de
production et de s'associer davantage aux productrices et aux producteurs pour
les aider et les appuyer.
Le volet de l'enseignement agricole est, lui aussi, très
important. On a l'obligation de fournir un enseignement en matière de
technologie agricole, de gestion et d'exploitation de l'entreprise agricole.
Les instituts de Saint-Hyacinthe et de La Pocatière sont chargés
de dispenser tes programmes d'enseignement. Une aide financière sous
forme de subvention est accordée aussi au collège Macdonald pour
financer le coût du programme de formation d'exploitants de fermes.
Là aussi, j'ai été très surpris de constater
que dans plusieurs de nos instituts, ou au cégep, le nombre
d'étudiants diminuait substantiellement. Il nous apparaît qu'un
des éléments principaux de la relève agricole, si on veut
que celle-ci puisse traverser les périodes délicates qu'on vit
actuellement, c'est de s'assurer que davantage de formation soit
diffusée chez les jeunes du Québec et on entend déployer
des efforts bien concrets. On entend tout faire, finalement, ce qui est
humainement et politiquement possible pour convier davantage nos jeunes
concitoyennes et concitoyens à investir dans la formation agricole,
meilleur gage de succès.
Je prie donc les collègues de cette Chambre d'accepter de voter
les crédits demandés au montant de 43 946 100 $.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je reconnais le
député de Lévis et je tiens à mentionner qu'il faut
que l'intervention ait toujours rapport au programme. À vous la
parole.
M. Garon: Allez dire cela au ministre qui parlait plus de
commercialisation que de recherche. Je voudrais dire qu'ici, au fond, le
montant qui est demandé, c'est à peine l'indexation des montants
en cours. Cela veut dire, à toutes fins utiles, qu'il n'y a pas
d'augmentation de budget à ces différents éléments
puisque cela représente à peine l'indexation, en dollars
courants, des montants de 1985-1986 à 1986-1987. J'aimerais lui
demander... Il y a des études économiques qui ont
été faites au service des études économiques
concernant le libre-échange au cours des dernières années.
Maintenant que le débat est engagé, est-ce que le ministre a
l'intention de rendre ces études publiques? (20 h 45)
Deuxièmement, j'aimerais également savoir, relativement
aux études économiques, quels sont les principaux travaux qui
vont être effectués au cours de cette année? J'aimerais lui
demander, également, combien il va y avoir d'employés
occasionnels puisque l'an dernier, en 1985-1986, apparaissait le nombre de 157
personnes-année. J'imagine que, s'il n'y a rien d'indiqué, ce
n'est pas parce qu'il n'y en pas. Il doit y avoir des personnes-année
occasionnelles. L'an dernier, dans ce secteur-là, il y avait 157
personnes-année.
Autres questions. Au niveau de l'équipement, en capital, on
remarque que le montant va passer de 883 000 $ à 1 610 000 $. C'est le
seul élément qui augmente pour la peine alors que la plupart des
autres diminuent; notamment, les immobilisations vont diminuer. J'aimerais
savoir que représente ce montant en dépenses de capital au cours
de l'année? J'aimerais aussi, puisque le ministre dit que le nombre
d'étudiants dans les cégeps a diminué - il a toujours
fluctué, d'ailleurs - qu'il puisse nous dire quel a été,
au niveau de l'enseignement par correspondance du cégep de La
Pocatière, le nombre d'étudiants inscrits au cours en 1985 et
quel est le nombre d'étudiants anticipés pour 1986. Quels sont
les cours nouveaux qui vont être développés au cours de
l'année 1986 et quels sont les cours nouveaux qui ont été
anticipés en 1985?
Maintenant, j'aimerais savoir, tout particulièrement en ce qui
concerne l'inscription des femmes, sur le nombre total, quelle est la
répartition entre les femmes et les hommes aux cours par correspondance
de l'Institut de technologie agro-alimentaire de La Pocatière, où
le nombre des inscrits était considérable.
Le Président (M. Philibert): M. le ministre, la parole est
à vous.
Planification et études
économiques
M. Pagé: Merci, M. le Président. Effectivement,
l'équipe de la planification des études économiques
remplit un rôle de recherche, d'analyse, de conception, qui est
très important pour nous.
Vous me demandez spécifiquement, dans votre première
question, si j'ai l'intention comme ministre de rendre publiques les analyses
que nous effectuons, que nous rédigeons actuellement concernant le
dossier du libre-échange. Je peux vous dire tout de suite que la
contribution du Québec, elle est là.
M. Garon: L'étude qui a été faite depuis
deux ans, mettons, depuis que le sujet se traite et éventuellement
celles qui se font aussi.
M. Pagé: Je n'ai pas l'intention de les publier. Vous
allez me dire que je veux m'en attribuer la paternité. Je n'ai pas
l'intention de les publier. Vous savez, ce sont des documents de
référence. Surtout, ce que je veux vous dire, c'est que je n'ai
pas l'intention de publier des livres rose, gris, blanc, etc. Les auteurs des
études économiques du ministère de l'Agriculture
travaillent à fond concernant l'analyse du libre-échange, ses
effets, ses impacts. D'ailleurs, cela ne devrait pas vous préoccuper
plus qu'il ne le faut, parce que ai je me réfère aux propos que
vous avez tenus, vous nous avez indiqué que jamais je ne verrais cela ou
on ne verra jamais cela. Mais nous, cela nous préoccupe. Ces
études vont nous servir, au ministère de l'Agriculture, pour fins
de consommation interne, pour fins de position à adopter dans le cadre
des échanges que nous avons, les dix ministres de l'Agriculture du
Canada et notre homologue fédéral, M. Wise. D'ailleurs, ce sujet
était inscrit à l'ordre du jour de la conférence
fédérale-provinciale du 30 janvier dernier. Ce sujet sera
abordé lors de la rencontre des 21 et 22 mai prochain. Nous
prévoyons que ce sujet devrait retenir une partie importante de l'agenda
de ta rencontre annuelle des ministres de l'Agriculture qui est prévue
pour le mois d'août prochain, à Vancouver.
Pour répondre à votre question, à savoir si on a
l'intention de rendre publiques nos études, nos analyses, c'est
tellement au coeur même de la stratégie qu'on doit adopter pour
s'inscrire véritablement dans la défense des
intérêts des producteurs et des productrices qu'il ne me
paraît pas opportun de les publier. Parmi les études qui sont
actuellement en cours, sans que la liste soit limitative, il y a te dossier du
libre-échange, il y a le dossier, évidemment, tout l'aspect... On
se fait dire souvent au Québec que le gouvernement du Québec, par
ses programmes d'assurance-stabilisation, est susceptible de changer les
règles du jeu de la commercialisation des produits agricoles, etc. Nous
sommes actuellement à effectuer
une analyse qu'on veut la plus exhaustive possible, la plus rigoureuse,
la plus adéquate de ce que les gouvernements des autres provinces font,
directement ou indirectement, par des programmes pour leur agriculture. Tout le
volet de la position adoptée par les États-Unis pour limiter
l'accès des produits canadiens à leur marché, avec
l'imposition de droits compensatoires, fait aussi l'objet d'analyses
actuellement au service de la planification et des études
économiques.
Votre troisième question portait sur le nombre d'employés
occasionnels. Les indications que je possède à ce moment-ci,
c'est qu'en 1985 nous avions 157 employés occasionnels; cette
année, nous en aurions 185. La différence de 28 de plus est
directement reliée au nouveau projet de recherche que j'ai
annoncé aujourd'hui.
Enfin, la quatrième question concerne les cours, notamment les
cours par correspondance. Du 1er avril 1985 au 31 mars 1986, nous avions 2300
étudiants d'inscrits et la proportion était de 45 % de femmes et
de 55 % d'hommes. C'est un cours qui reçoit un très bon accueil
de la part des producteurs et des productrices.
M. Garon: Les prévisions de 1986...
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Les prévisions.
M. Pagé: Les prévisions pour la prochaine
année, nous sommes à voir cela actuellement. On a tous les motifs
raisonnables et probables de croire que le programme devrait recueillir autant
de réceptivité chez les clientèles concernées.
M. Garon: Les chiffres concernant la progression depuis
l'institution du programme. Cela fait quelques années seulement,
d'ailleurs, et ce ne sera pas une grande série chronologique.
M. Pagé: Je pourrais vous déposer le document un
peu plus tard. Il faut qu'on fouille, qu'on voie la proportion, les
courbes.
M. Garon: Les courbes depuis l'organisation du programme, il y a
quelques années seulement - c'est trois ou quatre ans, cinq ans à
peu près - combien il y a eu telle et telle année pour montrer la
croissance ou la fluctuation.
M. Pagé: Si on voit la croissance, on va voir la
courbe.
M. Garon: Ce n'est pas tellement la courbe que je veux voir que
les chiffres. Il est possible que cela baisse dans les cégeps, mais cela
ne veut pas dire que cela baisse dans les ITAA.
M. Pagé: Par institution?
M. Garon: Non. Je parle des cours par correspondance de
l'Institut de technologie agricole de La Pocatière.
M. Pagé: D'accord. M. Garon: II y a eu...
M. Pagé: M. le Président, les données que
j'ai ici m'indiquent que, depuis 1982, 9200 personnes ont suivi des cours, cela
fait une moyenne de 2300 par année.
M. Garon: Par année? 1982, 1983 et 1984.
M. Pagé: Je vais demander à mes collaborateurs et
collaboratrices de consigner ces informations par année, ce soir, et de
vous les remettre demain matin. D'accord? Cela me fait plaisir.
M. Garon: J'aimerais aussi avoir la proportion de femmes et
d'hommes inscrits à ces cours par correspondance de l'institut de
technologie, qui ont connu un grand succès. J'ai été un
peu surpris d'entendre ce que le ministre a dit concernant les documents-Dans
les autres provinces, les documents sur le libre-échange sont assez
accessibles. Aux États-Unis, je suis convaincu qu'ils vont être
facilement accessibles. Lorsque le ministre est entré au
ministère, il s'est dépêché de faire rapailler tous
les volumes accessibles qui avaient été publiés sur te
financement agricole, de sorte que les gens doivent m'appeler à mon
bureau afin que je leur donne des photocopies de documents.
On m'a dit que le ministre avait retiré de la circulation tous
les documents qui avaient été publiés sur le financement
agricole - des documents consultatifs qui étaient disponibles - et que
toutes les caisses ont été ramenées. Maintenant, les gens
des institutions financières m'appellent à mon bureau et me
disent qu'au ministère on refuse de leur donner des copies de ce
document qui aurait été retiré de la circulation alors
qu'il y en avait encore en grande quantité. Il semble assez
recherché parce que j'ai reçu plusieurs appels
téléphoniques d'institutions financières, de même
que d'étudiants qui font des thèses et qui viennent me rencontrer
pour me demander de les aider dans leur travail. Je me demande pourquoi le
document n'est pas disponible.
Ces documents-là, normalement, sont des études
économiques ou des documents de référence. Ce ne sont pas
des secrets de bombe atomique au fond; vous l'avez dit, ce sont des documents
de référence. Les documents de référence sont des
documents de référence à la condition qu'on puisse s'y
référer, mais je ne vois pas pourquoi...
J'ai administré pendant un certain temps, la loi sur
l'accès à l'information gouvernementale parce que je voulais voir
quelle sorte de demandes on recevait. Je vous dis que, pendant tout le temps
où j'ai administré cette loi-là, on n'a jamais
refusé un seul document parce qu'il faut de bonnes raisons, normalement,
au ministère, pour dire qu'on refuse l'accès du public à
des documents qui ont été préparés avec des fonds
publics.
M. Pagé: Combien de demandes avez-vous eues?
M. Garon: Je ne me rappelle pas le nombre, mais il y en a eu
régulièrement. La directive était de rendre les documents
publics et non pas d'essayer de les garder confidentiels. Surtout des documents
qui sont des études économiques. D'ailleurs, vous remarquerez
qu'au cours des années où j'ai été au
ministère on a publié un grand nombre de documents justement
parce qu'il y a un besoin de données, de compilations et que les gens
ont besoin de ces compilations. J'espère que votre nouvelle
équipe n'a pas de complexes vis-à-vis de l'équipe que
j'avais dans le domaine des sciences économiques parce que nos documents
étaient rendus publics et on n'était pas gênés de
les rendre publics et de les comparer à ceux d'ailleurs.
Les gens des autres provinces aussi étaient très contents
d'échanger des documents, car comment voulez-vous qu'il y ait un
véritable débat dans la population, de véritables enjeux
qui soient connus si les documents du principal fournisseur de données
statistiques ne sont pas accessibles? Vous savez qu'en vertu - à moins
que cela n'ait été changé, je ne pense pas que cela l'ait
déjà été - des fins statistiques, le Bureau de la
statistique du Québec fournissait certaines compilations, à
l'époque, et celui qui avait à fournir
régulièrement les statistiques du domaine sectoriel, du secteur
agro-alimentaire, c'était le ministère, depuis que le bureau de
la statistique était accroché au ministère des Finances.
Ces données sont nécessaires pas seulement pour le
ministère, mais pour nous aussi, quand les gens discutent des
coûts de production, dans leurs négociations. (21 heures)
Les statistiques ne peuvent pas être confidentielles. On serait
sans doute le seul endroit au monde où les études
économiques auraient des chiffres confidentiels comme si c'était
le secret d'une bombe atomique. Je suis un peu étonné. Est-ce que
les statistiques du Québec sont en train de devenir secrètes?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je remercie le
député de Lévis. Je demanderais à M. le ministre
s'il veut bien répondre au député de Lévis.
M. Pagé: Très certainement, M. le Président.
Les études qui étaient entreprises par l'équipe de mon
prédécesseur produisaient principalement des documents de
statistiques dans le domaine agricole. Alors que ce à quoi j'ai
convié l'équipe, la nouvelle administration, c'est de nous
produire des tableaux statistiques des différentes tendances et
évolutions. Je veux aussi et surtout mettre davantage à
contribution cette équipe de professionnels, avec comme objectif
d'interpréter ces tendances, d'analyser la position des
différents gouvernements en rapport avec certains problèmes
donnés et d'élaborer des scénarios de réactions et
d'interventions. C'est cela, en fait, le rôle principal d'un service ou
d'une équipe qui a comme mandat de voir à la planification et aux
études économiques, beaucoup plus que de compiler purement et
simplement des statistiques.
Ne parlant pas de la même chose, je comprends l'inquiétude
du député de Lévis. Cependant, je peux lui dire que de
tels documents statistiques étaient publiés sporadiquement. Le
dernier document préparé devrait normalement - toujours sur le
volet des statistiques - être publié d'ici quelques semaines,
d'ici peut-être à la fin de juin. Cependant, la question ne
portait pas sur les études statistiques. Elle portait sur les
études économiques. J'ai clairement indiqué tout à
l'heure à mon collègue que je n'ai pas l'intention de publier ces
études qui constituent l'essentiel de l'analyse du gouvernement du
Québec et du ministère face à des problèmes ou
à des questions comme le libre-échange et la position du
Québec, par exemple, dans les échanges qu'on a avec les autres
provinces et le gouvernement du Canada. Et je présume que le
député de Lévis va s'associer à moi dans cette
position. On ne peut pas, évidemment, rendre publics de tels documents
et ce n'est pas dans l'intérêt public de le faire.
Vous avez évoqué - je dois vous avouer, M. le
Président, que je suis très surpris - le fait que j'aurais ou que
quelqu'un chez nous aurait émis des directives pour que ne soit pas
diffusé le livre que vous auriez déposé... Est-ce que vous
parlez du livre qui a été rédigé par l'Office du
crédit agricole et vous?
M. Garon: Le document consultatif sur le financement
agricole.
M. Pagé: Est-ce que l'Office du crédit agricole
avait été mis à contribution?
M. Garon: Oui, il avait été mis à
contribution, mais il n'était pas rédigé par l'Office du
crédit agricole. Ce sont des groupes qui avaient fait un document
consultatif; l'état de la situation était indiqué
dans le volume, mais il n'y a pas de paternité directe reliée au
volume, parce que beaucoup de groupes de travail ont collaboré à
un document comme celui-là. Il y a de l'input qui provient des
différents intervenants du monde agricole. Ensuite, c'est un document
consultatif. On en a publié plusieurs au cours des dernières
années, on a fait au moins une quinzaine de conférences
socio-économiques. On a publié au moins une quinzaine de
documents où, dans certains cas, les données n'existaient
même pas et où il fallait commencer à trouver une
façon de les compiler.
Je n'ai pas dit tantôt qu'il s'agissait uniquement de
statistiques. J'ai dit qu'il y a des études économiques, des
compilations statistiques et des analyses économiques. Si le
Québec ne les rend pas publiques, on aura celles des États-Unis
ou celles du gouvernement fédéral. Si on pense faire des
négociations sur le libre-échange avec des documents secrets,
cela va être une étude publique. Même le comité des
finances du Sénat américain a indiqué bien clairement les
enjeux en cause de façon publique et les négociations sur le
libre-échange se feront très largement sur la place publique.
Elles pourront peut-être être même un enjeu électoral,
aux prochaines élections fédérales, comme cela a
été le cas dans plusieurs élections au Canada. Le
Québec sera le seul à penser que ces études seront
secrètes. On aura l'air drôle un peu parce qu'on sera le seul qui
aura... Les gens penseront beaucoup plus qu'on n'en a pas parce qu'elles sont
secrètes alors que tous vont publier leurs données ou leurs
compilations. Il ne faut pas penser qu'on va discuter de libre-échange
de bord en bord de l'Amérique du Nord à partir de documents
secrets. C'est bien naïf de penser cela parce que c'est clair que les
documents seront publics et tout le monde va les connaître. Il va y avoir
des commandites dans les universités, des débats publics; il y a
même des manifestations qui sont commencées.
Je vais vous donner un seul exemple: dans le débat sur les
ententes du Nid-de-Corbeau, on m'avait même fait parvenir le
mémoire - qu'on appelle, à Ottawa, "mémorandum" - de
Jean-Luc Pépin au cabinet fédéral. C'est vous dire
à quel point les documents sont publics. Lorsque arrive un débat
comme celui sur le libre-échange en Amérique du Nord cela est
aussi important comme débat que celui sur les ententes du
Nid-de-Carbeau. Je ne comprends pas trop le fait de dire: les études du
ministère... Si on me dit que les études sont secrètes, je
penserais plutôt que c'est parce qu'il n'y en a pas. Ma question ne
concernait pas uniquement les compilations de statistiques qui sont, au point
de départ, un prérequis, mais également les études
statistiques et les analyses économiques.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député.
M. Pagé: J'ai pris la question du député
selon son libellé et mes professeurs de droit m'ont bien appris à
me référer au libellé d'une question posée. Le
député de Lévis m'a demandé: Avez-vous l'intention
de publier les études que vous avez faites sur le libre-échange?
Je vous ai dit: Non, pas pour le moment. Tout l'aspect de l'analyse, de
l'interprétation, des recommandations, des hypothèses internes
produites par le service de planification et des études
économiques, j'ai à juger, comme ministre, s'il est
d'intérêt public ou non de rendre cela public. Je vous ai dit, que
les échanges avec les collègues des autres provinces et du
gouvernement du Canada... II n'est pas opportun de rendre publiques de telles
études pour l'instant. Cependant, rien n'empêche la
possibilité, éventuellement, au moment opportun, de produire de
tels documents.
Deuxièmement, j'ai clairement indiqué que toutes les
analyses statistiques en regard des différentes tendances seraient
publiées d'ici quelques semaines, tout comme on a publié une
étude sur l'industrie sucrière, tout comme on publie les
coûts de production, toute la mécanique, les points d'appui en
regard des coûts de production.
Pour revenir au document sur le financement auquel s'est
référé le député de Lévis, je peux
indiquer qu'aucun ordre n'a été donné par moi pour retirer
ce document de la circulation, mais je dois vous dire qu'on ne fait pas la
queue à la porte et qu'on ne se bataille pas dans l'ascenseur pour venir
le chercher.
M. Garon: Je peux vous dire que j'ai reçu un grand nombre
de téléphones.
M. Pagé: Mais, M. le député, si vous recevez
des demandes, sans présumer de ce que vous répondez,
j'espère que vous ne dites pas: Ils ont été retirés
de la circulation. Parce qu'ils n'ont jamais été retirés
de la circulation, à ma connaissance.
M. Garon: Ce sont les gens eux-mêmes...
M. Pagé: Vous devriez tes adresser au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et au ministre, au
643-2525. Je vais voir où sont ces documents. Quand je suis
arrivé dans votre suite, je ne me suis pas enfargé dans les
caisses, il ne restait plus rien.
M. Garon: J'ai laissé ça comme je l'ai pris, une
feuille de papier en moins. Moi, il restait une feuille de papier dans les
classeurs, une feuille blanche.
M. Pagé: Moi, il me restait un clou, vous l'avez
oublié.
M. Garon: Non, je n'ai rien laissé. Je pense que
c'était la meilleure façon de laisser l'endroit propre. Je dois
dire que, quand je suis entré dans mes bureaux, j'ai dû faire le
ménage. Cela a pris quelques mois parce que, juste à laver un
meuble, l'eau de la chaudière est devenue noire.
M. Pagé: On ne pariera pas des chaudières, ce soir,
parce qu'on pourrait en parler longtemps.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'insiste pour
qu'on s'en tienne à des interventions pertinentes.
M. Garon: Vous ne pouvez pas dire... Les tapis étaient
propres, tout était propre. On m'a dit que vous aviez fait des travaux,
vous n'aimiez pas les lieux. On m'a dit que vous aviez fait beaucoup de
travaux.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Apparemment, vous avez fait des travaux.
M. Pagé: Fait des travaux?
M. Garon: Oui, on m'a dit cela, qu'il y a eu des travaux.
M. Pagé: M. le Président, je dois dire que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je tiens à
vous rappeler à l'ordre. Il faudrait revenir au programme 1.
M. Pagé: On a lavé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Lisez les trois
éléments.
M. Garon: On avait lavé avant.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je dois
répondre à la question en regard des travaux?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. Garon: Bon!
M. Pagé: Quant à votre livre, si vous avez des
appels, envoyez-les-moi.
M. Garon: Au sujet du livre, je peux vous dire que j'en ai eu
plusieurs. À quelle place peuvent-ils se le procurer?
M. Pagé: On va essayer de trouver les caisses.
M. Garon: Les caisses, les documents sur le financement
agricole.
M. Pagé: Lorsqu'un document est retiré de la
circulation, il part d'une place et it s'en va à l'autre. Je n'ai jamais
vu d'où il est parti et je ne sais pas plus où il est
allé.
M. Garon: Je vais dire aux différentes banques qui m'ont
appelé que vous...
M. Pagé: Qu'elles appellent chez nous et on va tenter de
trouver votre document et on va tenter de le leur faire parvenir, M. le
Président. Je vous dis de mon siège que je n'ai jamais
donné aucune directive de retirer ce document de la circulation.
M. Garon: II a été retiré, mais je peux vous
dire que...
M. Pagé: Oui, mais je ne sais pas où il est
passé. Il n'y avait rien quand je suis arrivé chez nous.
M. Garon: Non, mais il n'était pas distribué par
votre cabinet. Ce n'était pas le cabinet qui distribuait les
documents.
M. Pagé: C'est un document que vous avez rendu public, si
ma mémoire est fidèle...
M, Garon: Oui, mais le service....
M. Pagé:... le 5 décembre ou le 4 décembre,
quelques jours après l'élection. C'est bien de ce document qu'on
parle?
M. Garon: C'est le document sur le financement agricole.
M. Pagé: Oui, le document blanc?
M. Garon: Oui. C'était avant le 4 décembre.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: C'était avant le 4 décembre. Le document
a été rendu public aussitôt qu'il a été
publié; mais quand il a été publié, il était
prêt pour consultation. C'est un document de réflexion. Ce n'est
pas un document politique. Ce n'est pas un document de politique partisane.
M. Pagé: J'en ai une copie. J'ai trouvé cela
intéressant.
M. Garon: Oui, c'est intéressant aussi.
M. Pagé: Mais je ne sais pas où ils sont.
M. Garon: En tout cas, ils ne sont plus là parce que les
gens...
M. Pagé: Où étaient-ils? Dites-moi ils
étaient.
M. Garon: Trois organisations bancaires au moins m'ont
téléphoné, des étudiants, des universités,
des professeurs. Ils ont dû appeler à votre cabinet aussi,
sûrement. J'ai pensé qu'ils vous avaient appelé chez vous
avant d'appeler chez nous parce qu'ils disent que notre document a
été retiré de la circulation et qu'ils ne
réussissent pas à en avoir de copie. Il y avait encore un
étudiant à mon bureau la semaine dernière à ce
sujet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse. Ce qui
arrive, c'est qu'on est ici pour étudier les crédits.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je pense que cela
suffit sur les documents.
M. Pagé: M. le Président, indirectement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais il
me semble que...
M. Garon: Ce sont des publications faites avec ces
fonds-là.
M. Pagé: Ce que je veux dire ce soir, c'est que je n'ai
jamais, mais jamais donné d'instructions de retirer ce document de la
circulation, d'une part. Deuxièmement, peu importe le nombre de volumes
qui ont été reliés, j'aimerais bien le savoir.
Troisièmement, j'aimerais savoir où ils étaient et
où ils sont allés et, quatrièmement, je confirme au
député que s'il peut m'indiquer où ils étaient je
vais peut-être être capable de trouver où ils sont
allés. S'il y a des gens qui s'adressent à lui, qu'il
n'hésite pas à me les référer, non pas à mon
cabinet, mais au ministère, et à mon cabinet au besoin. Je veux
témoigner de beaucoup de disponibilité et on va tenter de
régler le problème.
M. Garon: Je me méfie. Mme Bacon veut affamer les
bibliothèques et, vous, vous retirez les volumes de la circulation, ou
quelqu'un qui vous entoure.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Il y a quelqu'un qui vous entoure qui l'a fait. Vous en
avez contre les livres?
M. Pagé: Oui, mais si ce document a été
retiré.
M. Garon: Oui, mais je ne sais pas par qui.
M. Pagé: Il faudrait le savoir. C'est important.
M. Garon: Il a été retiré... On m'a dit:
Aussitôt que vous avez été parti, on a eu l'ordre, des
ordres ont été donnés pour que le volume soit
retiré de la circulation. C'est ce qu'on m'a dit au
téléphone, en tout cas.
M. Pagé: On va tenter de trouver les caisses.
M, Garon: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres questions pertinentes au programme 1?
M. Garon: Dans la recherche.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Lévis.
Recherche agricole
M. Garon: Vous avez annoncé ce que vous avez appelé
des centres de recherche tantôt: 100 000 $ ici, 50 000 $ là. Cela
ne fait pas de gros centres, 50 000 $. Cela a peut-être commandité
une recherche. Ce ne sont pas de gros montants. Quand vous parlez de faire un
centre de recherche sur la culture hydroponique, qu'est-ce que vous appelez un
centre? (21 h 15)
M. Pagé: M. le Président, de façon
générale, j'ai clairement indiqué que notre gouvernement
entendait privilégier la recherche. C'est pourquoi on y consacre des
sommes importantes, ajoutées aux enveloppes existantes, pour financer de
nouvelles initiatives. Je n'ai pas multiplié la création des
centres. Il ne faudrait pas que les propos frôlent la démagogie.
C'est une mauvaise habitude chez vous, de l'autre côté. C'est une
mauvaise habitude.
M. Garon: Quand vous parlez de trois ou quatre centres, 110 000 $
à une place, 500 000 $ à l'autre...
M. Pagé: J'ai parlé de la construction d'un centre
de grain.
M. Garon:... quoi?
M. Pagé: Des crédits et dépenses non
récurrentes pour la construction, le parachèvement, d'un
centre de grain à Saint-Hyacinthe. Cela nous permet de
récupérer 2 500 000 $...
M. Garon: Quel centre de grain?
M. Pagé:... pour en arriver à l'accroissement des
enveloppes de soutien pour la recherche, le développement, le transfert
technologique, 590 000 $. J'ai parlé d'un centre de recherche en
acériculture. Il n'y en avait pas.
M. Garon: II y en avait un.
M. Pagé: II ne s'en est pas fait.
M. Garon: Bien oui, il y en avait un à Arthabaska.
M. Pagé: II ne s'en est pas fait. On met 150 000 $ cette
année. C'est important pour mener des expériences sur le
terrain.
M. Garon: Près d'Arthabaska, il y avait un centre de
recherche.
M. Pagé: Intensification de la recherche en conservation
et transformation des aliments, près de 100 000 $. Intensification de la
recherche en production animale, 1 225 000 $. Laboratoire de biotechnologie en
protection des cultures, 110 000 $. Programme d'évaluation des parcs
commerciaux et d'un centre d'analyse de la qualité de la viande, 90 000
$. Réseau de diagnostic en protection des cultures, 240 000 $. C'est ce
à quoi j'ai fait référence, pour un total de 2 500 000 $.
Où est-ce que vous avez pris vos affaires hydroponiques?
M. Garon: Vous m'avez parlé d'hydroponie à un
moment donné. Je vais vous demander ceci. Quand vous parlez d'un centre
en acériculture, il y a déjà un centre où travaille
M. Allard du ministère, un centre de recherche dans le domaine des
érables et de l'acériculture dans la région de - si ma
mémoire est bonne - Saint-Norbert.
II y a un centre déjà. C'est la même chose ou si
c'est quelque chose d'autre?
M. Pagé: On avait une érablière à
Saint-Norbert.
M. Garon: Bien oui. M. Pagé: Un employé. M.
Garon: Oui.
M. Pagé: Selon les informations que je possède et
qu'on m'a transmises, c'est ce qui nous a motivés pour adopter cet
élément, ce programme, l'érablière étant
à maturité. Avec ces montants d'argent, on va louer une autre
érablière et on sera en mesure d'embaucher trois personnes pour
faire la compilation des analyses et la recherche dans ce dossier.
M. Garon: II y a déjà des centres de recherche
privés dans ce secteur également. Par exemple, les Industries
Provinciales à Saint-Damien, ont déjà leur propre
érablière expérimentale pour les fins de leur production
de différents matériaux de plastique pour la cueillette du sirop
d'érable. On n'a pas besoin de posséder une
érabiière pour faire faire des recherches. Ma façon de
faire c'était de donner des contrats de recherche dans ces
érablières existantes sans que i'on soit obligé de
posséder des érablières où les travaux se
faisaient. Aussi, quand le ministre a parlé de centre de grain, il
existe de la recherche sur les grains à Saint-Hyacinthe; il y a
déjà, à Saint-Hyacinthe, des serres pour tripler ou
quadrupler la rapidité des recherches pour qu'on puisse le faire en
serre plutôt qu'en plein champ. À ce moment-là, on peut
faire trois rotations dans l'année et tripler le rythme des recherches.
Cela a été bâti il y a un certain nombre d'années,
en 1978 ou 1979, à Saint-Hyacinthe. Il y a une grainerie aussi. Mais,
quand vous parlez d'un nouveau centre de recherche sur les grains à
Saint-Hyacinthe, de quoi s'agit-il?
M. Pagés D'accord, M. le Président. Je m'excuse. J'ai
indiqué que la part de ce budget pour 540 000 $ qui étaient non
récurrents nous permettait, avec d'autres éléments
auxquels je pourrai faire référence, de dégager 2 500 000
$ pour enclencher de nouvelles initiatives.
Ce qui nous distingue d'avant, on travaillait uniquement avant et les
recherches étaient orientées vers l'exploitation.
M. Garon: Cela n'est pas vrai.
M. Pagé: Même si vous dites non, c'est oui. Je
m'excuse. Vous étiez là.
M. Garon: Non, mais...
M. Pagé: Alors que, maintenant, le programme de 150 000 $
va porter principalement sur le dépérissement. Cela est
important.
M. Garon: Oui. M. Pagé: Bon.
M. Garon: Mais il y a des travaux qui se font sur le
dépérissement au ministère de l'Énergie et des
Ressources. Actuellement,
d'ailleurs, une étude va être rendue publique incessamment
par le ministère de l'Énergie et des Ressources qui a fait des
travaux sur le dépérissement. Nous avons eu justement l'occasion
d'interroger les gens du ministère de l'Énergie et des
Ressources, dans te cadre d'un programme auquel je participe à CFLS, le
matin. J'ai entendu ce fonctionnaire de l'Énergie et des Ressources nous
résumer les travaux qui se faisaient sur le dépérissement,
au ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. Pagé:... travaillé en
complémentarité.
M. Garon: C'était comme ça avant.
M. Pagé: Les gens du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, les gens des universités, les
gens de l'Énergie et des Ressources vont être conviés
à l'érablière que nous louerons pour qu'on puisse
compiler, analyser sur place, l'effet des pluies acides, le pourquoi du
dépérissement, etc.
M. Garon: Oui, mais pourquoi êtes-vous obligés de
louer une érablière pour aller voir ce qui se passe? Vous pouvez
faire faire un contrat de services sans être obligé de louer une
érablière?
M. Pagé: Faire les...
M. Garon: Elle sera louée à quel endroit?
M. Pagé: Je ne le sais pas. On est en train de voir cela.
Vous alliez nous en proposer une dans le comté de Lévis?
M. Garon: Non, mais je sais à quel point il y a des
érablières considérables qui appartiennent au
ministère de l'Énergie et des Ressources. C'est un peu pourquoi
il dirigeait les ressources. Il y a beaucoup de domaines, par centaines
d'acres, par milliers d'acres, d'érablières, qui appartiennent
déjà au ministère de l'Énergie et des Ressources.
Certaines sont louées, certaines lui appartiennent en propre. Je ne
comprends pas trop... si c'est ça la nouvelle façon. Je trouve
que c'est un peu emberlificoté. Tous ces travaux se faisaient
antérieurement et non seulement se faisaient-ils, mais ils
étaient faits, puisqu'il y aura une publication incessamment. Si ma
mémoire est bonne, c'est au cours du mois de mai que la publication de
l'Énergie et des Ressources sera faite.
Sûrement que des gens du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation sont au courant, puisqu'ils y ont
collaboré.
M. Pagé: On a besoin de pousser plus en avant nos analyses
sur place, sur le terrain, et on ne construira pas une érablière.
Nous en louerons une.
M. Garon: C'est long à construire.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: C'est long à construire.
M. Pagé: Non, mais je veux parler des équipements
et tout ça. Nous louerons les équipements en place et nous
pousserons davantage nos analyses, en fonction de la problématique du
dépérissement. Le miniscère de l'Énergie et des
Ressources travaille davantage sur les inventaires, alors que nous travaillons
sur les causes et les correctifs à apporter, pour s'assurer que nos
érables puissent continuer a nous donner du bon sirop en bonne
quantité. C'est important dans l'économie du Québec. Vous
pouvez être en désaccord.
M. Garon: Personne ne nie cela. Alors, M. le Président, si
vous te voulez, nous pouvons ajourner ce programme et passer au programme 2.
Nous pourrions attendre à la fin, parce que s'il est nécessaire
d'y revenir... Si on l'adopte, on ne peut pas y revenir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La procédure
que nous avons établie, c'est qu'on les adopte au fur et à
mesure, un après l'autre. C'est ce que nous avons adopté tout
à l'heure.
M. Garon: Non. Nous avons dit que nous passerions programme par
programme. Pas nécessaire de les adopter. Une fois qu'on en a fini
l'étude... S'il arrivait qu'on ait besoin d'y revenir... Normalement, on
n'y revient pas.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela prend le
consentement de tout le monde.
M. Garon: Non, non, mais normalement nous n'y revenons pas, mais
cela peut arriver. On parle d'un sujet et on dit: On aurait dû en parler
à tel moment. Et, là, nous sommes bloqués. Ce n'est pas
pour emmerder qui que ce soit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si tout le monde
est d'accord, cela ne me dérange pas. C'est parce que, d'après la
procédure établie, nous étions censés les adopter
après les discussions, nous étions censés les adopter un
après l'autre. Mais si...
M. Garon: On peut les adopter. Mais passer programme par
programme. On suspend l'adoption.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui. Si les gens
sont maintenant d'accord, on peut procéder autrement.
M. Garon: Comme les articles d'un projet de loi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut que les
gens soient d'accord. Si de l'autre côté ils sont d'accord, si
tout le monde est unanime, à ce moment, on pourra procéder dans
le sens que vous le voulez. Sinon, il faudra rester comme on était.
M. Pagé: M. le Président, quel est
l'intérêt pour le député de Lévis de
suspendre l'adoption du programme 1? Est-ce que c'est pour y revenir
éventuellement? Si tel est le cas, dites-le-nous et on...
M. Garon: Au cas où il y aurait une question. S'il est
adopté, on ne peut pas y revenir. Normalement, on n'y revient pas, mais
il peut arriver, mettons, dans le cours d'un autre programme, qu'on adopte
à la fois 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 le temps de le dire. Ce n'est pas
pour retarder. Au contraire, souvent, cela nous permet d'aller plus rapidement
parce qu'on sait que, si on a besoin d'y revenir, on peut le faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Je vous comprends
mais, moi, ça me prend l'unanimité pour procéder de cette
façon. Ce n'est pas de cette façon qu'on l'avait prévu.
Oui? Alors, si tout le monde est d'accord, on l'adoptera à la fin.
Maintenant, avant de terminer ce programme, je reconnais le
député de Saint-Hyacinthe qui voudrait intervenir sur le
sujet.
M. Messier: Merci, M. le Président. Deux questions au
ministre, une question à l'élément 2 et une question
à l'élément 3. On voit qu'il y a une variation à la
hausse de 3, 7 %, qui totalise environ 1 000 000 $. Je voudrais savoir s'il y a
une portion de ce million de dollars qui va directement à la
transplantation embryonnaire à l'école de médecine
vétérinaire?
À l'élément 3, concernant l'enseignement, c'est 855
000 $. J'aimerais connaître la répartition pour Saint-Hyacinthe et
l'ITAA de La Pocatière et dans quel secteur d'activité cet
argent-là s'en va: côté enseignement ou côté
recherche?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie,
M. le député. Est-ce que M. le ministre a compris les trois
questions?
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, nous
étions à faire des transpositions physiques de l'occupation des
sièges.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que M. le
député de Saint-Hyacinthe voudrait répéter?
M. Messier: Avec plaisir, Je vais essayer de m'en souvenir. Je
disais qu'il y avait deux questions: une question à
l'élément 2 et une à l'élément 3. Voici ma
première question: II y a une variation de 3, 7 % qui totalise 1 000 000
$ à l'élément 2, recherche. Je voulais savoir s'il y a une
portion de cet argent qui s'en va directement dans la transplantation
embryonnaire à l'école de médecine
vétérinaire.
 l'élément 3, qui concerne l'enseignement, il y a
une augmentation de 6, 7 %, soit 855 000 $. Je voulais connaître la
répartition pour Saint-Hyacinthe et l'ITAA de La Pocatière. Je
voudrais aussi savoir si c'est dan9 les secteurs "enseignement" ou "recherche"
que s'en vont ces sommes d'argent?
Le Président (M, Tremblay, Iberville): D'accord, merci, M.
le député. M. le ministre, est-ce que vous pouvez répondre
aux questions?
M. Pagé: M. le Président, je voudrais remercier le
député de Saint-Hyacinthe, qui s'inscrit farouchement dans la
défense des intérêts de ce beau coin du Québec
qu'est Saint-Hyacinthe.
Pour le bénéfice du député et de mes
collègues - je suis persuadé qu'il va me le permettre, compte
tenu du caractère très particulier des questions soulevées
par le député - je demanderais à mon sous-ministre
adjoint, M. Vézina, de répondre plus particulièrement
à ces questions.
M. Vézina (André): Pour ce qui est des montants
alloués à la recherche, il est prévu l'attribution...
M. Pagé: M. Vézina, je m'excuse. En tenant pour
acquis que M. Vézina parle en mon nom.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. Vézina.
M. Pagé: J'ai pleinement confiance en lui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je n'en doute pas
du tout.
Enseignement agricole
M. Vézina: Merci, M. le Président. Je suis
très honoré de parler au nom de M. le ministre. Pour ce qui est
des montants alloués à la recherche, il y a, dans les contrats de
recherche que va attribuer le ministère, en 1986-1987, une somme de 300
000 $ en contrats qui doit aller à la
faculté de médecine vétérinaire sous six
thèmes différents, dont l'un des thèmes pourrait
être la transplantation embryonnaire. Ce qui viendrait, dans le cas de la
transplantation embryonnaire, compléter le programme déjà
en cours à la faculté de médecine et qui est
déjà subventionné. Il y a donc une grosse partie du
montant qui va aller pour d'autres thèmes dans le domaine de la
médecine vétérinaire.
Pour ce qui est des sommes additionnelles qui vont dans le secteur de
l'enseignement, une partie de ces montants vont soutenir la croissance des
clientèles étudiantes dans les programmes de technologie
existants. Ces sommes sont réparties à peu près
également entre les deux instituts. Sur les 855 000 $, 355 000 $ vont au
financement de deux initiatives nouvelles. À l'ITAA l'Institut de
technologie agro-alimentaire de Saint-Hyacinthe, sur ces 355 000 $, 165 000 $
vont en grande partie pour le financement d'un nouveau programme destiné
à la relève agricole. Ce programme dans cet institut est
implanté pour la première fois au Québec. Ce programme
d'attestation d'études collégiales est caractérisé
par son extraordinaire souplesse; il permet, d'une part, à un candidat
ou une candidate à la relève de suivre une formation sans
être présente de façon permanente en institution; d'autre
part, il permet de faire reconnaître comme partie de sa formation toutes
ses expériences antérieures dans la mesure où elles sont
pertinentes au programme et toutes ses formations antérieures prises
soit au niveau de l'éducation des adultes ou au niveau de la formation
à distance ou par correspondance. C'est ce qui va comme initiative
essentiellement nouvelle à l'Institut de technologie agro-alimentaire de
Saint-Hyacinthe et trente étudiants pourraient s'inscrire à ce
programme dès septembre.
II est prévu que ce programme, une fois expérimenté
à Saint-Hyacinthe, pourrait s'étendre à toute la province
dans les années suivantes, y compris, bien sûr, à La
Pocatière et dans les cégeps qui offrent la formation de la
relève agricole. (21 h 30)
Pour ce qui est des 160 000 $ additionnels, 355 000 $ vont à des
initiatives nouvelles ou à l'accroissement des activités, le
solde de 160 000 $ va à l'Institut de technologie agro-alimentaire de La
Pocatière pour financer un accroissement de la clientèle au
programme de zootechnologie existant. Il faut comprendre que, dans ce
programme, les demandes d'admission dépassent de beaucoup les places
disponibles actuellement. À La Pocatière, il y avait 35 places
disponibles dans le programme et 90 demandes d'admission l'année
dernière. Ce qu'on fait, c'est qu'on augmente le nombre des places
disponibles de 30, c'est-à-dire qu'on passe de 35 à 65 places
disponibles dans ce programme de zootechnologie, donc de production animale.
C'est un programme où le taux de placement frise les 100 % à
chaque année. Grosso modo, c'est de cette façon que seront
utilisées les sommes d'argent dans ces secteurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On remercie M.
Vézina. Je reconnais maintenant le député de
Lotbinière.
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez avant,
vous avez évoqué tout l'aspect des transferts d'embryons avec la
faculté de médecine vétérinaire?
Une voix: Oui.
M. Pagé: Ce qui est important, c'est que le programme
d'analyse du transfert d'embryons est financé en majorité par le
programme... C'est une action structurante du ministère de
l'Éducation et du ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science. Ce programme consacre une somme de 1 200 000 $ sur trois ans, de
1985 à 1988, et porte spécifiquement là-dessus.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre, pour cette mise au point. Je reconnais maintenant le
député de Lotbinière.
M. Camden: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre. J'aimerais prendre connaissance de la contribution du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au
financement de l'école d'agriculture de Sainte-Croix, dans ma
circonscription de Lotbinière.
M. Pagé: M. le Président, l'école de
Sainte-Croix est financée à 100 % par le ministère de
l'Éducation. C'est une école secondaire qui donne le cours, au
niveau du secondaire IV et du secondaire V, d'ouvrier agricole, qui a
joué et qui joue un rôle utile, important, pour ces jeunes qui
veulent acquérir une formation dans l'Est du Québec. Je pourrais
peut-être demain matin, si l'honorable député a besoin de
commentaires ou d'information additionnelle et beaucoup plus précise au
nom de mon collègue, le ministre de l'Éducation, lui faire part
des montants exacts qui sont investis et des perspectives de
développement. Cependant, je dois vous dire que nous sommes conscients
du rôle important et actif que joue cette institution qui dispense ses
services au monde agricole depuis 1934, depuis 52 ans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Maintenant, si vous n'avez pas d'objection, on va passer au programme
2.
M. Garon: J'ai seulement une remarque à faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'espère que le député de
Lotbinière sera capable de protéger son école de
Sainte-Croix davantage que le député de Beauce-Nord n'est capable
de protéger la prison de Saint-Joseph et, éventuellement, lepalais de justice. J'ai l'impression que les députés de la
rive sud du Parti libéral n'ont pas été très
vigilants pour préserver les institutions de leur région.
M. Camden: J'espère que je défendrai les
intérêts de mon comté aussi bien que mon
prédécesseur a pu préserver certains intérêts
qui sont mis en cause actuellement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Ceci dit, nous allons passer maintenant au programme...
M. Pagé: Ai-je le droit de poser une question au
député de Lotbinière pour qu'il ajoute
là-dessus?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, vous avez
raison, vous pouvez poser une question. Je vous écoute, M. le
ministre.
M. Pagé: D'accord, je m'excuse, M. le
député. Je dois dire que j'ai bien apprécié les
démarches que vous avez faites dans un délai de 24 heures, si ma
mémoire est fidèle, concernant l'école de Sainte-Croix et
des problèmes qui touchent votre comté et le mien. Qu'il suffise
de faire référence au projet de la ligne de transmission. Mais
qu'est-ce que vous évoquiez quand vous pariiez de votre
prédécesseur dans votre comté?
M. Camden: Je pense surtout, M. le ministre, à cette
fameuse ligne de transmission qui traverse de nombreuses terres agricoles dans
ma circonscription et qui fait aussi l'objet de contestations de la
majorité de ces agriculteurs. Je constate que c'est le
précédent gouvernement qui a voté, par décret
ministériel, la décision de traverser dans la circonscription de
Lotbinière, une circonscription agricole, avec un potentiel touristique.
En ce qui nous concerne, c'est l'agriculture. L'actuel député de
Lotbinière s'est chargé de défendre la cause des gens de
l'UPA, des agriculteurs de mon comté et des gens qui sont dans ce
secteur. Je pense que, là-dessus, je n'ai pas de leçon à
recevoir.
M. Pagé: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Parce que
nous sommes en train de sortir du programme.
M. Garon: II faudrait donner des renseignements exacts. Il faut
faire une distinction entre une ligne et un corridor. Le corridor est
simplement une emprise très large qui permet de bien situer la ligne
à l'intérieur. Ce n'était pas rendu au-delà d'un
corridor dans votre région.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
On va discuter des questions de gestion du territoire au programme 7.
Alors, à ce moment-là, s'il y a d'autres questions concernant
cela, on y reviendra, si vous êtes d'accord.
M. Garon: J'ai l'impression que le député
embrouille ses électeurs plutôt que de les
démêler.
M. Camden: Je ne m'engagerai pas dans un débat de
sémantique.
M. Garon: II y a une grande différence.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous le voulez
bien, nous allons revenir à l'ordre des choses et l'ordre des choses
c'est le programme 2, "Financement agricole", qui comprend six
éléments. Alors, je cède la parole au ministre de
l'Agriculture.
Financement agricole
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais
à ce moment-ci de nos travaux souligner toute la fierté qui peut
m'animer et qui doit animer mon prédécesseur et ceux et celles
qui nous liront dans le Journal des débats et qui ont eu à
assumer des responsabilités gouvernementales au ministère ou
à l'office. Vous savez que c'est le cinquantième anniversaire de
l'Office du crédit agricole, cette année. L'office joue un
rôle de premier plan, de premier niveau, pour appuyer et
développer la production agricole du Québec. C'est 367 543
prêts de toutes sortes qui ont été effectués depuis
1936. Cela représente 4 200 000 000 $ qui ont été
consentis ou autorisés. Actuellement, c'est 1 667 200 000 $ qui sont
engagés. Il y a eu, pendant ces cinquante ans, plus de 5300
assemblées du bureau de direction. Alors, je ne peux, M. le
Président, que m'associer à ceux et celles qui soulignaient et
qui veulent souligner cet anniversaire, cette année, pour faire part de
toute mon appréciation en regard de la contribution de l'Office du
crédit agricole au développement de l'agriculture au
Québec.
La demande de crédits budgétaires de l'office, pour le
présent exercice financier, au programme 2, s'élève
à 105 000 000 $
en regard de 132 000 000 $ pour l'exercice 1985-1986. L'écart est
donc de 27 000 000 $ en moins. Nous retrouvons cette diminution plus
particulièrement à l'élément 3, la Loi favorisant
le crédit agricole à long terme par les institutions
privées. À cet élément, l'écart
représente le résultat net des opérations reliées
aux prêts consentis en vertu de cette loi, soit 46 700 000 $,
résultant d'une baisse des taux d'intérêt et des versements
effectués au fonds d'assurance-prêts agricoles et forestiers,
estimée à 16 00O 000 $, comparativement au budget total de cet
élément, pour l'exercice 1985-1986, qui s'élevait à
87 900 000 $.
M. le Président, essentiellement, comme j'ai eu l'occasion de
l'indiquer dans mon propos initial, pour expliquer et justifier la diminution
des montants bruts, un des éléments majeurs, c'est que presque 50
% de cette diminution est le résultat d'une diminution des taux
d'intérêt. Cela va bien. On prévoit que les taux vont se
maintenir à la baisse et cela nous permettra d'épargner de
l'argent.
Je suis persuadé, M. le Président, avant de terminer, que
mon vis-à-vis, M. le député de Lévis, va ajouter sa
voix à la mienne pour souligner la contribution de l'Office du
crédit agricole au cours de ses cinquante ans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Je voudrais me reprendre. J'ai dit qu'il y avait six
éléments alors qu'il y a huit "zéléments". C'est
parce qu'il y a deux éléments sur l'autre page!
M. Pagé: Huit éléments.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Huit
éléments.
M. Pagé: M. le Président, vous êtes comme le
chef de l'Opposition, aujourd'hui...
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Huit
éléments.
M. Pagé:... qui avait des liaisons avec des "s".
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: D'accord.
M. Pagé: On appelle cela des liaisons douteuses!
M. Garon: Il commence déjà à se
préparer pour l'Opposition.
M. Pagé: Huit "zéléments"! C'est huit
éléments.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Huit
éléments.
M. Garon: Ce sont les députés clairvoyants qui se
préparent pour l'Opposition!
M. le Président, je dois dire que je collaborerai d'autant plus
au cinquantième anniversaire de l'office que lorsque je suis
arrivé, c'était son quarantième anniversaire. Cela veut
dire que, depuis qu'on a fêté ensemble le quarantième
anniversaire, on a ajouté dix années qui ont été,
à toutes fins utiles, les dix années durant lesquelles j'ai eu
l'occasion de travailler avec les gens de l'office. J'ai remarqué
d'ailleurs que la direction de l'office n'a pas changé et que vous avez
de bonnes données en partant. Il me plaisait toujours de travailler avec
l'office - étant de formation économique, j'ai toujours
aimé beaucoup plus les chiffres que les propos littéraires
dépourvus de chiffres -parce que les statistiques de l'office
étaient toujours très intéressantes.
J'aurais un certain nombre de questions à vous poser. La
première, c'est que j'ai lu dans les journaux récemment que les
amis de votre parti, qui étaient les grévistes de la faim de
Saint-Cyrille-de-Wendover, sont allés faire un tour à votre
bureau et ont demandé à vous rencontrer surtout pour voir de
quelle façon vous respecteriez les engagements que vous, et
peut-être plus M. Picotte, aviez pris à leur endroit, car ils
avaient été bien utiles au Parti libéral en commission
parlementaire. Cette utilité, je pense bien que les grévistes de
la faim de Saint-Cyrille sont venus voir de quelle façon elle serait
rétribuée. Maintenant que vous êtes en fonction, j'aimerais
savoir de quelle façon vous avez l'intention de vous comporter à
leur endroit. C'est ma première question.
Deuxièmement...
M. Pagé:... ah! non, il a vingt minutes.
M. Garon: Pardon? Je ne voudrais pas... J'aime autant en poser
plusieurs, j'ai des chances d'avoir plus de réponses durant vos vingt
minutes. Je vois aussi le crédit agricole qui passe de 9 460 000 $
à 6 157 000 $. J'aimerais savoir ce qu'on trouve sous cette
diminution.
Troisièmement, le crédit agricole par les institutions
financières privées où il y a une baisse de 25 000 000
$...
M. Pagé: Est-ce que le député pourrait...
Pourriez-vous réitérer votre deuxième question, M. le
député?
M. Garon: La baisse à l'élément 2,
crédit agricole, qui passe de 9 400 000 $ à 6 100 000 $. L'autre,
à l'élément 3, on voit une baisse de 87 920 000 $ à
62 700 000 $. Cela me paraît beaucoup, 25 000 000 $ de subventions
d'intérêts à cet élément, Crédit
agricole par les institutions privées, et je me demande s'il y a
seulement une baisse
d'intérêts anticipée ou s'il y a autre chose, une
restriction du crédit dans les montants qui sont alloués ici, ou
s'il y a des politiques particulières qui font que cela va vous
coûter moins cher.
Quatrièmement, je vois également que
l'établissement de jeunes agriculteurs augmente de 5 000 000 $ à
6 600 000 $. Ici, je reviendrai avec un certain nombre de questions sur des
statistiques à ce sujet. Je peux bien les poser tout de suite.
J'aimerais savoir maintenant quel a été le nombre
d'établissements par année depuis le début, y inclus 1985,
et quel est le nombre anticipé en 1986. Je voudrais savoir
également, en chiffres absolus, le nombre, combien comme
propriétaires individuels, combien en sociétés ou en
compagnies et combien dont la société ou le partenariat dans les
compagnies se fait entre l'épouse et l'époux, où les
partenaires dans la compagnie ou la société sont l'homme et la
femme. Quelles sont les proportions de propriété dévolues
à chacun? Combien à 50 %, combien en bas de 50 % et combien
au-dessus de 50 % pour l'épouse, pour voir l'évolution depuis le
début de l'établissement de cette forme de prêt en
1981.
Enfin, je voudrais également demander au ministre si le Conseil
du trésor... J'avais expédié un mémoire concernant
la possibilité de refinancer certains prêts de la
société fédérale qui est à un taux
d'intérêt beaucoup plus élevé que l'Office du
crédit agricole du Québec. Il ne s'agissait pas pour l'Office du
crédit agricole du Québec de reprendre tous les prêts qui
sont non rentables qui ont été consentis par la
société, mais de faire bénéficier possiblement du
taux de l'Office du crédit agricole des emprunteurs... (21 h 45)
Vous avez dit beaucoup compatir sur le sort des agriculteurs, mais ceux
qui ont eu des crédits à taux d'intérêt très
élevé de la société fédérale... Si
vous avez repris à votre compte des mémoires que j'avais
expédiés pour que l'office puisse étudier les demandes et
qu'elles puissent être refinancées dans leur ensemble par l'Office
du crédit agricole afin de jouir du taux de l'Office du crédit
agricole plutôt que du taux très élevé de la
société, même s'il est moins élevé que du
temps de M. Trudeau puisque les conservateurs ont baissé le taux du
crédit fédéral alors que du temps où les
libéraux étaient au pouvoir - je vois M. Grammond qui sourit
parce qu'il a dû connaître ça - ils prêtaient à
des taux d'intérêt très élevés, à
Ottawa...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, je demanderais au ministre de
répondre aux questions.
M. Pagé: M. le Président, j'apprécie les
questions du député. Le dossier du finance- ment agricole est au
centre de nos préoccupations, de nos réflexions, de nos analyses,
d'autant plus que je dois faire part au député que comme suite de
la rencontre fédérale-provinciale des ministres de l'Agriculture
où il était en juillet ou septembre 1985, si ma mémoire
est fidèle, il y a eu un consensus sur l'obligation de convier les
ministres de l'Agriculture du Canada à voir ensemble toute la dynamique,
toute la problématique du financement agricole au Canada. Depuis, on y
participe étroitement. J'ai bon espoir que ce travail en comité
donne des résultats tangibles. Vous savez que l'ensemble des provinces
sont confrontées à des problèmes épineux,
délicats et on s'est fixé comme obligation d'en arriver à
des résultats avant la fin de l'année 1986. On n'a pas
créé des comités pour mettre cela, comme on dit, sur la
voie d'évitement.
Le député fait référence au fameux dossier
des grévistes de la faim. Ceux-ci et leurs représentants se sont
inscrits dans les démarches auprès de mon cabinet à
quelques reprises depuis ma désignation. Ils se sont effectivement
présentés à mon cabinet, il y a environ trois semaines. Je
n'y étais pas. Si on m'avait demandé une rencontre formelle et
qu'on m'avait donné un préavis, j'aurais pu y être.
J'étais à ce moment-là au Comité ministériel
permanent de l'aménagement et du développement régional,
au COMPAOR, où on m'a dit que vous n'étiez pas tout te temps.
M. Garon: C'est-à-dire que j'ai été membre,
à un moment donné, du COMPADR et, à un moment
donné, je ne l'étais pas.
M. Pagé: Ah! Moi, je tiens à être membre, je
vais y être et j'y suis.
M. Garon: Chaque fois que cela touchait le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, j'y allais.
J'étais invité; j'y allais.
M. Pagé: Je peux dire au député que
j'entends être très actif dans ce comité parce qu'on parle
des municipalités, de l'énergie et des ressources. On
évoque toute la question de l'aménagement de notre territoire, la
conservation des sols. Je me suis fait un point d'honneur d'être
présent. C'est la meilleure façon d'être partie au
débat, la meilleure façon d'avoir une meilleure connexion entre
le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est important.
M. Garon: Là, vous pensez que j'y étais parce que
je vois les articles de M.
Francoeur qui dit que je bloquais tout en faveur de l'agriculture.
M. Pagé: Je n'ai pas dit que vous n'y étiez pas,
parfois, mais qu'il aurait été important que vous y eussiez
été présent.
Cela dit, M. le Président, je reviens. Ce matin-là,
j'étais au COMPADR. J'ai pris connaissance du dossier. J'ai des bons
conseillers dans le dossier. C'est un dossier qui a été
chargé au coin de l'émotion, au coin des procédures
judiciaires, de part et d'autre. J'ai indiqué que j'ai l'intention,
comme ministre responsable, de laisser la justice suivre son cours.
La deuxième question...
M. Garon: Je pourrais peut-être vous dire un mot. Je
comprends peut-être pourquoi vous dites que la dernière
année, parfois, je n'étais pas présent. J'avais
confié le dossier à mon adjoint parlementaire, le
député d'Arthabaska, Jacques Baril, parce qu'on parlait des cours
d'eau et du reboisement le long des rivières. Il y a deux comtés
qui devaient servir à l'étude, dont le comté d'Arthabaska
qui est traversé par plusieurs rivières.
M. Pagé: L'autre comté, c'était lequel? Cela
doit être un comté péquiste.
M. Garon: C'est un comté dans la région de
Montréal.
M. Pagé: D'accord.
M. Garon: C'était principalement le comté
d'Arthabaska parce qu'il y a beaucoup de rivières qui le traversent.
M. Pagé: La deuxième question du
député concerne la diminution de 9 460 000 $ à 6 000 000 $
pour les subventions d'intérêts, l'élément 2, la Loi
sur le crédit agricole. Cette diminution est strictement due à la
diminution du nombre de prêts et de l'encours. Il y a de plus en plus de
remboursements qui se font...
M. Garon: Ce sont les anciens prêts.
M. Pagé: Ce sont les vieux prêts. La confiance
renaît avec l'arrivée du gouvernement libéral. Les gens
remboursent leurs prêts.
M. Garon: Ils ont peur de vous. M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Ils ont peur de vous. Ils se dépêchent
à les rembourser.
M. Pagé: Non, ce n'est pas cela.
M. Garon: Ils disent: Qu'est-ce qui peut nous arriver si on reste
là?
M. Pagé: Ce n'est pas cela du tout. C'est exactement le
contraire. La confiance est là. La troisième question concerne la
diminution de 62 000 000 $ à 46 000 000 $ pour les subventions
d'intérêts. C'est la différence du taux
d'intérêt qui est à la baisse, qui se maintient à la
baisse et aussi, il faut le dire, une tendance vers une diminution des demandes
qu'on constate actuellement et qu'on a constaté au début de
l'année.
M. Garon: Je vous avais dit que c'est cela qui arriverait.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Je vous avais dit, quand vous votiez vos 8000 $, que
les gens attendraient vos 15 000 $.
M. Pagé: On ne parle pas de la même chose.
M. Garon: Cela ne fait rien. Les jeunes...
M. Pagé: Et je dois vous indiquer qu'on me fait remarquer
que cette tendance se constate depuis trois ans.
M. Garon: Bien non. Regardez les chiffres de l'an passé.
On a les chiffres de l'an passé ici.
M. Pagé: Concernant les...
M. Garon: Je pourrais dire au ministre que, si on regarde les
chiffres de l'an dernier, en 1984-1985, c'étaient 71 450 000 $; en
1985-1986, cela passait à 87 920 000 $. Ce n'était pas une
tendance depuis... L'an dernier, les chiffres augmentaient de 16 500 000 $.
M. Pagé: Quand j'évoque la tendance, c'est
concernant le nombre de demandes d'emprunt à long terme: 1980-1981,
4453; 1981-1982, 4208 - il y avait très probablement beaucoup de
demandes de refinancement, compte tenu de la crise économique durement
ressentie qu'on a vécue à ce moment - 1982-1983, 2241; 1983-1984,
2278; 1984-1985, 2081; prévisions 1985-1986, 2000. C'est effectif au 31
mars 1986. Et on prévoit...
M. Garon: Oui, mais cela comprend tout: le moyen terme, le long
terme. Cela n'est pas seulement le long terme.
M, Pagé: Seulement le long terme. Je parie des demandes.
M. Garon: Ah! Ce ne sont pas les prêts. Des demandes de
prêt à long terme
par année? Ce ne sont pas des prêts effectués.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Les prêts effectués, ce n'est pas si haut
que cela.
M. Pagé: Et nos prévisions concernant les
demandes...
M. Garon: Ce sont peut-être des demandes, mais ce ne sont
pas les prêts effectués. Les prêts à long terme,
c'est moins que cela.
M. Pagé: Les prêts effectués en 1985-1986 ont
été au nombre de 1644, pour un montant de 135 000 000 $, sur 2000
demandes.
M. Garon: L'an dernier. L'année d'avant, combien y a-t-il
eu de prêts?
M. Pagé: 1680.
M. Garon: 1680. Et l'année d'avant?
M. Pagé: 1625.
M. Garon: Oui. Puis, l'année d'avant?
M. Pagé: 1731.
M. Garon: Ah! Oui. Alors, il faut faire une distinction entre les
demandes et les prêts acceptés.
Une voix: Ce sont là des prêts acceptés.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Les prêts acceptés, cela se maintient.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La quantité
est moindre.
M. Garon: Ouf! Pas pour la peine, n'est-ce pas? Quand cela passe
de 1625 à 1680, 1644, c'est pas mal se maintenir. Cela se maintient, si
on tient compte que les taux d'intérêt étaient
élevés, ces années-là. Est-ce que la baisse de la
subvention de 87 000 000 $ à 62 000 000 $ est attribuable uniquement
à la baisse des taux d'intérêt? Cela me paraît
élevé. C'est plus que 25 %.
M. Pagé: Les taux sont à la baisse...
M. Garon: Oui, mais pas de plus de 25 %.
M. Pagé:... de façon constante.
M. Garon: Quel a été le taux moyen, en 1985-1986,
et quel va être le taux moyen, en 1986-1987 tel que prévu?
M. Pagé: Le taux moyen de 1985-1986, on va vous le donner.
Je pourrais, à ce moment-ci, pendant qu'on va consigner les
informations, donner la réponse à la question 5, concernant la
Société du crédit agricole. Je n'ai pas non plus
retrouvé le mémoire que vous aviez adressé au Conseil des
ministres. Cependant...
M. Garon: Conseil du trésor.
M. Pagé:... je peux vous indiquer que nous sommes
préoccupés de constater que des productrices et des producteurs
sont liés par des emprunts contractés auprès de la
société canadienne à des taux d'intérêt assez
élevés. On me dit que c'est 5 % de plus. La
différence.
M. Garon: II faut dire que, le fait qu'on soit autorisé
à refinancer tous ceux qui avaient un écart de plus de 5 % a
contribué, si ma mémoire est bonne - c'est en janvier ou
février 1985 - à faire en sorte que le ministre
fédéral compense cette différence. J'ai ensuite
envoyé un mémoire au Conseil du trésor pour demander de
réduire l'écart à 1 % entre les prêts
fédéraux et les prêts au Québec. Peut-être que
ça ne fera pas 1 %, mais je me disais que s'il accepte un écart
de 2 % ou 3 %, peut-être que ça va contribuer à faire
baisser le fédéral encore une fois, une deuxième fois.
Le document était, à ce moment, dans le circuit. Je ne
vous dis pas cela pour péter de la broue, mais tout simplement pour dire
qu'on avait déjà réalisé certaines choses dans un
premier temps et possiblement que, si vous continuez à faire le
même cheminement, cela pourrait continuer aussi concrètement
à faire baisser le prêt fédéral.
M. Pagé: J'ai d'ailleurs eu des pourparlers avec mon
collègue, M. Wise, sur le sujet. Eux aussi se préoccupent de
constater et de voir les tendances. Si ma mémoire est fidèle, il
y a eu environ 3000 prêts accordés en 1982 et 87 prêts en
1985. C'est quand même évocateur d'un problème donné
dans le contenu des programmes de la société canadienne. Nous
sommes en discussion avec eux sur le sujet.
Cependant, je peux vous indiquer que l'écart entre notre taux et
le taux de la commission s'est réduit. Il est en deçà des
5 %, de sorte que nous ne sommes pas habilités à intervenir dans
le moment. La réponse à cette problématique sera
donnée à la suite des pourparlers que nous avons actuellement
avec le palier de gouvernement fédéral, notamment, par la vote du
président
de l'Office du crédit agricole qui agit, si ma mémoire est
fidèle, comme coprésident de cette équipe-là.
M. le Président, il me fera plaisir demain, à la
première heure, de déposer les chiffres exacts et précis
concernant les demandes à l'établissement et d'ajouter le
complément de réponse à la question 3.
M. Garon: Si c'était possible d'avoir... Je connais
l'office, ils sont assez efficaces pour nous fournir des données. Si
c'était possible d'avoir cela sur une page ou deux, d'avoir comme un
tableau.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mesdames,
messieurs, nous allons ajourner à demain matin, 10 heures. Bonne nuit
à tous.
(Fin de la séance à 22 heures)