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(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je déclare
ouverte la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation.
M. Maltais: Juste avant d'entreprendre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député.
M. Maltais: M. le Président, je dois noter que la
commission commence 25 minutes en retard. Je déplore
énormément le manque d'intérêt de l'Opposition
concernant les dossiers aussi importants que les pêcheries qui
représentent quand même 6 % du produit brut au Québec. Je
déplore également l'attitude de l'Opposition de faire attendre et
de retarder indûment les travaux de la Chambre. Je pense que dans
l'intérêt commun de l'ensemble des Québécois
l'Opposition a manqué à son devoir. Merci, M. le
Président.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet:... je m'excuse auprès du gouvernement. Les
députés de l'Opposition, vu leur nombre, ont des obligations. Le
député de Duplessis est appelé à une autre
commission parlementaire. Il doit s'en venir au moment où on se parle.
Quant au député de Lévis, il devrait être ici dans
quelques instants.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Merci.
Nous allons procéder. Est-ce qu'il y a des remplacements ce
matin?
Le Secrétaire: Oui, il y a un remplacement. M. Maltais
(Saguenay) remplace M. Beaudin (Gaspé).
Pêcheries
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Merci.
Avant de procéder aux remarques préliminaires, je vais
demander au ministre délégué aux Pêcheries de nous
présenter ses principaux collaborateurs.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Je vais demander
à M. Claude Diamant, le sous-ministre adjoint aux Pêcheries, de
vous faire la présentation de nos collaborateurs au ministère,
à la section déléguée aux Pêcheries. M.
Diamant, s'il vous plaît!
Présentation
M. Diamant (Claude): Je vais commencer par mon collègue
ici à la gauche du ministre, M. Louis Bernard, sous-ministre adjoint
à l'inspection et à l'amélioration de la qualité
des aliments; à côté de lui, Me Émile Ducharme,
directeur à la normalisation; à l'autre bout, M. Michel Lemay,
directeur à l'inspection; tout près de lui, M. André
Abgral, directeur du service programmation et gestion du budget; M.
André Bédard, sous-ministre adjoint par intérim à
l'administration; M. Jean-Paul Lussiaa-Berdou, conseiller sénior en
pêche; M. Robert Lemieux, directeur du développement industriel et
M. Jean-Marc Bélanger, directeur du service de consultation et aide
financière.
M. Dutil: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vous présenterai également M. Rodrigue Desmeules, mon chef de
cabinet et Mme Isabelle Lessard, à l'arrière, mon attachée
de presse.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Comme vous le savez, dans les remarques préliminaires, le
ministre a 20 minutes pour son exposé et, ensuite, le porte-parole de
l'Opposition a également 20 minutes. Je demanderais à M. le
ministre de procéder.
M. Dutil: Une personne n'a pas été
nommée.
M. Diamant: II y a une autre personne, M. Laforêt, qui est
responsable des opérations qualité.
Remarques préliminaires
M. Robert Dutil
M. Dutil: Avant de faire mon discours,
M. le Président, une demande de renseignements avait
été faite hier par l'Opposition concernant l'agriculture que je
voudrais livrer ce matin. La question était: Quel est le salaire de
Gilles Leblanc, vice-président de la Régie des marchés
agricoles du Québec? La réponse est: 62 296 $. Avant son
entrée en fonction comme vice-président, sa
rémunération était de 54 111 $.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre.
M. Dutil: Quant à ma présentation, dès ma
nomination comme ministre délégué aux Pêcheries, ma
première préoccupation a été de faire un tour
d'horizon de ce secteur. J'ai pu ainsi constater sur le plan des
débarquements que la saison 1985 avait été une bonne
année avec une valeur des produits débarqués atteignant
près de 63 000 000 $ contre 58 000 000 $ en 1984. L'ensemble de
l'industrie de la transformation a présenté d'assez bons
résultats avec une valeur des produits transformés estimés
à 116 000 000 $ par rapport à 107 000 000 $ en 1984. Cependant,
je me suis rapidement rendu compte qu'il y avait des ombres au tableau.
Les dossiers de normalisation de certaines entreprises n'étaient
pas assez avancés pour espérer qu'elles soient conformes aux
normes du ministère le 1er avril 1986. Les propositions pour le
développement de la Basse-Côte-Nord faites par mon
prédécesseur présentaient des failles, ce qui expliquerait
d'ailleurs pourquoi elles n'avaient pas été acceptées par
le Conseil des ministres de l'ancien gouvernement.
L'entreprise Madelipêche, des Îles-de-la-Madeleine, avait
connu une saison très difficile avec une importante réduction de
ses approvisionnements, les débarquements de sébaste passant de
12 600 tonnes en 1984 à 9000 tonnes en 1985. Quant à
Pêcheries Cartier, de Rivière-au-Renard, on était dans
l'expectative face à sa réouverture au printemps. De plus,
l'industrie de la transformation et les pêcheurs étaient
insatisfaits du système de triage des produits marins à l'usine.
Face à ce constat, j'ai décidé de prendre toutes les
mesures qui sont du domaine de l'État pour assurer un démarrage
le plus harmonieux possible de la saison de pêche 1986.
La situation de Madelipêche était désastreuse avec
un déficit de fonctionnement de 4 800 000 $ réduit à un
déficit net de 3 500 000 $ après impôt. Â cela, il
faut ajouter une perte nette de 740 000 $ de la filiale de Madelipêche,
Crustacés-des- Î les.
Après analyse, il semblait certain que les difficultés
d'approvisionnement seraient du même ordre en 1986. Cette entreprise
souffrait de plusieurs faiblesses importantes. J'ai donc décidé
de former un conseil d'administration de sept membres comprenant trois
représentants expérimentés du milieu mais aussi des
gestionnaires chevronnés de l'extérieur. J'ai demandé
à ce conseil d'administration de préparer un plan de redressement
de la situation financière, de négocier avant la reprise de la
saison les conventions collectives avec les employés et les ententes
avec les capitaines et les pêcheurs et d'implanter une structure
administrative dans l'entreprise capable d'assurer une gestion quotidienne
efficace.
Face è la situation pessimiste concernant les approvisionnements,
aussi bien pour Madelipêche que pour ses filiales, j'ai entrepris des
discussions avec mon collègue fédéral pour faciliter une
diversification des débarquements qui rendrait l'entreprise moins
dépendante du sébaste.
Sur la moyenne Côte-Nord, la coopérative de
Rivière-au-Tonnerre, Sheldrake faisait face elle aussi à des
difficultés. J'ai approuvé une aide financière de 298 000
$ pour permettre à cette entreprise de commencer la saison dans des
conditions acceptables en attendant la fin de la révision d'un projet de
reconstruction.
Une autre coopérative de pêcheurs, celle de Carleton,
n'avait pas encore vu aboutir le dossier de la rationalisation de ses
installations. Cela est aujourd'hui réglé et les travaux ont
débuté depuis peu. Les immobilisations s'élèveront
à 1 615 000 $ et l'aide financière gouvernementale, à 323
000 $.
Au total, c'est environ 7 000 000 $ qui ont été
versés en 1985-1986 sur un budget de 15 700 000 $ dans le cadre de
l'aide financière à la rationalisation des usines de
transformation des produits marins.
Concernant le démarrage de la saison de pêche et la
transformation des produits marins, il m'a fallu, à peine en poste,
faire face aux doléances unanimes des transformateurs et des
pêcheurs en ce qui concerne le tri des débarquements à
l'entrée des usines. J'ai rencontré à plusieurs reprises
des représentants des industriels et des pêcheurs. Il n'est pas
question pour mon gouvernement de relâcher l'effort d'inspection
déjà mis en place. Nous tenons à protéger la
santé des consommateurs. Cependant, pour ce qui est du triage, je
considère que certaines plaintes peuvent être
justifiées.
Je fais mien l'objectif de favoriser l'amélioration de la
qualité des produits québécois de la pêche mais je
veux concilier cet objectif de qualité avec l'objectif de
rentabilité poursuivi par les intervenants du secteur.
En somme, ils désirent que le tri serve d'arbitrage sur la
qualité des produits sur le lieu et au moment de la transaction. C'est
pourquoi j'ai décidé, après consultation du milieu de la
pêche, de faire deux projets
pilotes pour cette saison de pêche: Le premier, une comparaison
entre la méthode du ministère et la méthode
préconisée par le ministère des Pêches et des
Océans. Le deuxième projet pilote sera fait avec la collaboration
d'une entreprise en vue de faire une étude pour établir les
coûts-bénéfices d'un programme d'amélioration de la
qualité dans une usine donnée. Ensuite, je me suis engagé
à accélérer, selon les moyens disponibles, la mise en
place du triage sur certains quais de façon à évaluer la
meilleure place possible pour effectuer cette opération.
Les conclusions de ces études pourraient conduire,
éventuellement, à des ajustements de la réglementation.
Enfin, j'ai décidé d'enlever la quote-part des pêcheurs et
des transformateurs du coût du triage des produits marins pour 1986. De
plus, le ministère a amorcé des discussions avec le
ministère des Pêches et des Océans afin d'assurer une
inspection des produits de la pêche efficace tout en minimisant les
coûts. J'ai bon espoir qu'une entente profitable pour tous intervienne
à ce sujet en 1986.
Il me paraît essentiel que toutes les ressources gouvernementales
disponibles pour l'inspection des produits marins soient utilisées
rationnellement. Toujours pour assurer un début de saison de pêche
profitable en 1986, j'ai dû faire le tour de la question de la
normalisation des usines de transformation. Toutes les usines de transformation
des produits marins existantes devaient répondre aux normes du
ministère avant le 1er avril 1986 à l'exception des entreprises
de la Basse-Côte-Nord. C'est le cas pour la majorité d'entre
elles. J'ai examiné cas par cas Les entreprises du milieu maritime qui
n'étaient pas en mesure d'être conformes aux normes avant le 1er
avril.
Il s'agit de neuf entreprises. Pour la plupart, elles ont
déjà fait la preuve de leur volonté de normaliser leurs
installations au plus vite. J'ai donc demandé au Service d'inspection du
ministère, pour ces cas particuliers, d'agir avec une vigilance accrue
jusqu'à ce que la normalisation soit terminée. Pour en terminer
avec le démarrage de la saison de pêche, je suis heureux que les
actifs de la société Pêcheries Cartier aient trouvé
un acquéreur. Je suis sûr que l'amélioration de
l'atmosphère dans les relations du Québec avec le gouvernement
fédéral a joué un rôle dans la décision de la
coopérative Purdel de faire cette acquisition.
Notre collaboration, dans ce dossier, bien que mineure, était
nécessaire à la réalisation de cette importante
privatisation dans le domaine des pêches.
J'en arrive à la Basse-Côte-Nord. L'entreprise
Madelipêche, chargée par mon prédécesseur de
préparer un plan de rationalisation des installations de transformation
des produits marins dans cette région, a remis son rapport le 18
février dernier. J'ai examiné ce rapport et j'ai entrepris des
discussions avec mon homologue fédéral, le ministre Tom Siddon,
pour que ce projet soit pris en considération dans une entente
auxiliaire pour le développement des pêches au Québec.
J'ai confiance dans l'avance rapide de ces négociations qui
devraient aboutir à une action concertée des deux ordres de
gouvernement pour la modernisation de l'industrie des pêches le long de
la Basse-Côte-Nord.
Toutefois, je tiens d'abord à mentionner que ce plan
d'investissement m'apparaît beaucoup trop coûteux. Je me
réfère, bien sûr, au plan d'investissement qui avait
été préconisé par mon prédécesseur et
dont le coût s'élevait aux alentours de 40 000 000 $, plus
précisément è 38 250 000 $. De plus, je tiens è
m'assurer des conditions minimales avant d'accepter l'une ou l'autre des
suggestions qui ont été faites dans ce plan, afin d'éviter
les erreurs passées.
Parmi les conditions, je ne mentionnerai que les principales. Qu'on ait
une assurance d'approvisionnement en eau douce, ce qui n'est pas le cas
actuellement dans certaines entreprises qui ont été
subventionnées par le gouvernement, qu'on soit assuré de
l'approvisionnement en produits marins et qu'on soit assuré d'une
participation du milieu d'une capacité de gestion adéquate.
Toujours dans une entreprise de concertation, dans une perspective de
concertation des relations entre les deux ordres de gouvernement, en plus de
l'entente auxiliaire dont je viens de parler, j'ai identifié cinq champs
d'harmonisation, soit la recherche, le développement de l'aquiculture,
le développement technologique, l'amélioration de la
qualité des produits et l'inspection, les statistiques.
Cette harmonisation devra aboutir à une meilleure utilisation des
ressources gouvernementales au bénéfice de l'industrie des
pêches au Québec. Pour 1986-1987, le budget du programme 10,
Développement des pêches, sera de 30 400 000 $,
c'est-à-dire une hausse de 2, 3 % par rapport aux dépenses
réelles de 29 700 000 $ en 1985-1986.
Par rapport au budget de 39 200 000 $, c'est donc près de 9 500
000 $ qui n'auront pas été dépensés en 1985-1986.
Un gel des crédits de 500 000 $ avait été imposé au
programme de rationalisation du secteur de la transformation des produits
marins par le gouvernement précédent.
D'autre part, les projets concernant la Basse-Côte-Nord n'ont pas
été réalisés et les sommes qui y avaient
été affectées n'ont pas été
dépensées. En 1986-1987, il est prévu de dépenser
plus de 3 000 000 $ pour la
construction d'un nouveau bateau de pêche et près de 10 400
000 $ seront consacrés à la poursuite de la rationalisation des
entreprises de transformation.
Le budget de transfert pour l'aide a l'innovation passe de 231 000 $
à 331 000 $. Au total, les prévisions de dépenses de
transfert pour les pêches sont de 15 000 000 $ contre des dépenses
de 12 200 000 $ pour l'exercice précédent, soit une hausse de 23
%. Ces dépenses de transfert représentent maintenant près
de 50 % du total du programme budgétaire consacré au
développement des pêches.
J'ai indiqué au commencement les quelques mesures que j'ai
déjà prises depuis mon entrée en fonction,
j'évoquerai maintenant les orientations que je compte donner à
l'action du gouvernement du Québec dans le domaine des pêches
commerciales et de l'aquiculture en 1986.
Un point essentiel est de déplacer les efforts mis jusqu'à
présent dans la modernisation des infrastructures de transformation pour
améliorer la qualité des produits marins vers une
amélioration des comportements. L'amélioration de la
qualité doit devenir une préoccupation de tous les instants chez
tous les intervenants du secteur des pêches. Cette préoccupation
de qualité doit être intégrée dans une politique
plus large d'augmentation de la valeur ajoutée des produits
pêchés et transformés.
Pour des raisons d'efficacité d'administration et
d'économie budgétaire, il m'est apparu approprié de
rationaliser l'intervention des sociétés d'État en
intégrant les activités de la Société
québécoise des pêches à celles de SOQUIA.
Dorénavant, les participations de la Société
québécoise des pêches seront administrées par SOQUIA
comme c'est déjà le cas pour Pêches nordiques. De plus,
SOQUIA pourra éventuellement vendre ses intérêts dans des
entreprises de pêche et de transformation dans la mesure où les
offres qu'elle recevra du secteur privé seront compatibles avec notre
politique de privatisation. Ainsi, nous espérons libérer des
capitaux qui pourront être disponibles pour entreprendre de nouveaux
projets.
De plus, j'envisage d'encourager le milieu à s'organiser pour
améliorer la commercialisation des produits québécois de
la pêche. Une politique d'amélioration de la qualité des
produits, pour porter fruit, doit s'accompagner d'efforts de commercialisation
pour que le milieu en tire un bénéfice convenable.
Dans le même esprit, je désire modifier en profondeur le
programme d'aide financière à la construction des bateaux de
pêche de façon à le rendre plus performant tout en
évitant un vieillissement de la flotte.
Enfin, comme les ressources marines disponibles sont limitées, je
favorise le développement de la pêche commerciale dans certains
plans d'eau douce, en particulier par les autochtones et le
développement de l'aquiculture au Québec. Sur ce dernier point,
j'espère d'ici peu régler le problème de la
commercialisation de la truite mouchetée avec mon collègue du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et
présenter bientôt une politique aquicole québécoise.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. J'invitais le porte-parole de l'Opposition à prendre la
parole.
M. Jolivet: D'abord, M. le Président, je remercie les gens
qui accompagnent le ministre et qui vont avoir à lui donner des
informations peut-être plus techniques à un moment donné.
Le ministre aura à répondre de façon précise aux
questions que l'Opposition a à lui poser. Je ferais juste une petite
remarque pour contrebalancer celle du député de Saguenay.
J'essayais d'écouter avec beaucoup d'attention, malgré le fait
que je n'avais pas le discours du ministre entre les mains, mais j'ai
remarqué que des gens de l'autre bord étaient en train de lire le
journal. Alors, je trouvais qu'ils étaient un peu moins...
M. Maltais: On a eu le temps de le lire avant que tu arrives.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Procédons;
c'est antiparlementaire.
M. Jolivet: Non, mais c'est normal de relancer le
député de Saguenay.
M. Maltais Vous êtes arrivé une heure en retard.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Poursuivons, s'il
vous plaît!
M. Jolivet: Je veux simplement dire...
M. Maltais: On se lève le matin et on sort des postes de
radio. À l'ordre!
M. Jolivet: M. le député de Saguenay, oui, s'il
vous plaît!
M. Blais: C'est devant les idées qu'on doit être
debout et non pas seulement le matin, monsieur.
M. Jolivet: La question que j'aimerais poser au ministre concerne
l'ensemble de son programme. Ordinairement, dans les crédits
budgétaires présentés par le président du Conseil
du trésor, on parle toujours des occasionnels. Je ne vois pas, dans le
document qui nous a été présenté, le nombre
d'occasionnels. J'aimerais savoir par rapport
a l'an passé et par rapport à cette année le nombre
de personnes occasionnelles que vous avez l'intention d'utiliser dans
l'année qui vient. Je ne le vois pas dans votre budget.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je voudrais d'abord
vous faire remarquer, M. le député de Laviolette, maintenant que
vous ne faites pas de réplique à son entrée en
matière, que nous procédons à l'étude du programme
10, "Développement des pêches maritimes".
Développement des pêches
maritimes
M. Jolivet: J'aurai l'occasion... Vous m'avez dit critique de
l'Opposition. Je dois vous dire, M. le député d'Iberville et
président de la commission, pour l'avoir bien dit tout à l'heure,
que le député de Duplessis, compte tenu - je suis obligé
de le dire comme tel - des délais encourus à une autre
commission, devait être ici pour donner des répliques en
même temps que le député de Lévis au ministre
délégué aux Pêcheries. Il arrive. La seule chose que
je voulais dire, c'est que le député de Duplessis était
occupé à une autre commission qui, malheureusement, continuait
ses travaux ce matin. Il ne pouvait être à deux places à la
fois. C'est dans ce sens que j'ai fait l'excuse tout à l'heure, parce
que le député de Duplessis aurait dû être ici. II y a
donc quelqu'un qui fera une réplique au discours présenté
par le ministre, mais j'aurai quand même entretemps des questions
concernant le programme... L'une des premières questions, c'est la
question des employés occasionnels. (10 h 45)
Le Président (M. Tremblay, Iberville):...
M. Dutil: C'est 89.
M. Jolivet: Par rapport à l'année
passée.
M. Dutil: L'année passée, il y avait 75
occasionnels. Maintenant, c'est un budget; il est possible qu'il y ait des
fluctuations en cours d'année. Je mentionne tout de suite qu'une partie
de nos occasionnels sont au service de froid et que nous avons annoncé
que nous abandonnerions è la fin de la saison le service de froid ce qui
fait qu'en cours d'année, il y aura possiblement moins
d'occasionnels.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord...
Je pense que je n'ai pas à m'excuser de mon retard, parce que je ne peux
pas être à deux endroits en même temps. Je pense que tout le
monde comprend cela.
Dans le domaine des pêcheries, est-ce que le ministre - je parle
du dossier global -pourrait me donner des informations sur les crédits
périmés, combien y en a-t-il eu pour 1985-1986?
M. Messier: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que la réplique se faisait sur le discours d'ouverture et la on
passe au programme. Il faudrait peut-être avoir une
procédure...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Hyacinthe, mais nous procédions...
Une voix: II n'y a pas de réplique en commission
parlementaire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... directement au
programme 10. La parole...
M. Messier: Alors il n'y aura pas de réplique au discours
d'ouverture du ministre.
M. Jolivet: M. le Président...
M. Messier: Est-ce qu'on entend bien?
M. Jolivet:... une question de règlement. Le
député est jeune. J'ai eu l'occasion de présider en
plusieurs occasions. C'est le droit de l'Opposition de faire un discours ou de
ne pas en faire. C'est le choix du ministre d'en faire ou de ne pas en faire.
En commission parlementaire, il n'y a jamais de réplique, si le
député veut bien le savoir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est exact, M. le
député de Laviolette, et...
M. Jolivet: Et, d'une façon ou d'une autre, je ne vois pas
comment un discours d'un membre de l'Opposition deviendrait une réplique
au discours du ministre. Une réplique est toujours, si on regarde bien
le règlement, une réponse de celui qui est le premier
interlocuteur, en l'occurrence le ministre, lequel aura une réplique
à faire sur ce qu'on a dit. Mais, pas...
M. Messier: D'accord.
M. Jolivet:... dans le sens où le député le
comprend.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, je
demanderais à M. le député de Duplessis de
procéder, s'il vous plaît!
M. Jolivet: II procède.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
La question?
M. Dutil: On me demande une réponse à la question
des crédits...
Le Président CM. Tremblay, Iberville): Oui, d'accord. Mais
est-ce que la question était terminée.
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord,
allez-y.
M. Dutil: De 9 475 000 $. Alors, le budget de l'année
dernière était de 39 151 000 $ et les crédits
utilisés ont été de 29 67Ê 000 $, la
différence étant les 9 475 000 $ non utilisés.
M. Perron: Les crédits périmés le sont-ils
du fait que le ministre a décidé, dans le temps, à la
suite de l'élection du nouveau gouvernement, de procéder à
une réévaluation de l'ensemble des dossiers des pêcheries?
Je crois que tout le monde a été informé qu'à un
certain moment donné, l'ancien ministre responsable des Pêcheries
avait transmis au Conseil du trésor demande qui a été
refusée d'ailleurs - un plan, pour une période de deux ans, de
déboursés de l'ordre d'à peu près 39 225 000 $ de
la part de toutes les parties; cela se rapportait surtout à la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, c'est-à-dire à
l'est de Havre-Saint-Pierre.
La demande, qui avait été déposée au Conseil
du trésor, était échelonnée sur une période
de deux ans. Le Conseil du trésor a refusé la demande du ministre
et s'est retourné en disant: Allez préparer une nouvelle demande
et lorsque cette dernière sera un peu moins élevée ou
établie dans le temps, à ce moment-là, nous
reconsidérerons le dossier.
M. Dutil: M. le Président, il y a deux questions. La
première question: Pourquoi est-ce qu'il y a 9 475 000 $ de
crédits périmés cette année? Il y a 5 500 000 $ qui
avaient été périmés par l'ancien gouvernement. Il y
a effectivement une partie de ces crédits qui a été
périmée par nous, entre autres le projet de
Rivière-au-Tonnerre que j'ai retardé volontairement parce que je
trouvais que les coûts étaient très élevés et
qu'il y avait certaines conditions qui n'étaient pas remplies, à
mon avis, pour aller immédiatement de l'avant avec ce projet. Ces deux
points font la majorité des crédits périmés. II y a
eu quelques autres crédits périmés dans divers programmes,
mais c'était à coups de 100 000 $ et c'est ce qui complète
les 9 475 000 $. J'ai énuméré tout à l'heure les
conditions, pour Rivière-au-Tonnerre comme pour la
Basse-Cûte-Nord, pour que le gouvernement investisse
éventuellement là-dessus. Toutefois, je tiens à mentionner
qu'au niveau de Rivière-au-Tonnerre, j'avais assuré le
député qui m'avait posé la question au mois de
décembre - j'ai d'ailleurs réalisé ce point-là -
nous nous sommes assurés qu'elle puisse être ouverte quant
à des normes minimales d'hygiène et quant à tous les
aspects qui qui concernaient, nous le gouvernement. C'est pourquoi j'ai fait
débloquer un montant de 300 000 $ par le Conseil du trésor,
montant qui a été dépensé à
Rivière-au-Tonnerre pour permettre l'ouverture de cette
année.
Pour ce qui est du projet de la Basse-Côte-Nord, que le
député vient d'évaluer à 38 225 000 $ - je pense
que c'est pas mal le montant - effectivement, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, ce projet est remis en question à la
lumière des erreurs passées et suivant des principes
différents quant à la dépense des sommes publiques dans
certains secteurs, qu'ils soient de la pêche ou d'ailleurs: on insiste
davantage pour qu'il y ait implication du milieu ou de l'entreprise
privée. Cela peut paraître aléatoire dans le domaine des
pêches que des entreprises privées s'y impliquent et on pourrait
penser que sur la Basse-Côte-Nord c'est encore plus difficile, mais je
suis en mesure de vous mentionner que des intérêts privés
regardent actuellement très attentivement la possibilité de s'y
installer. À ce moment-là, le gouvernement serait très
ouvert à des projets et à accepter de participer à ces
investissements.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur
un des deux dossiers qu'a mentionnés le ministre
délégué aux Pêcheries, en rapport avec
Rivière-au-Tonnerre. II y avait un litige dernièrement face
à une convention collective où les travailleurs et les
travailleuses avaient décidé, presque à
l'unanimité, la reconduction de l'ancienne convention collective, et la
partie patronale était en demande sur certains aspects de la convention
collective. Est-ce que le ministre peut faire le point sur cette situation
à Rivière-au-Tonnerre?
M. Dutil: Oui, M. le Président. La convention a
été signée par la négociation entre les deux
parties. Je ne suis pas intervenu autrement que d'une façon très
informelle pour mentionner qu'il était important que
Rivière-au-Tonnerre fonctionne cette année si on voulait
envisager éventuellement un projet de reconstruction pour l'année
prochaine.
Rivière-au-Tonnerre est une usine qui appartenait initialement
à Pêcheurs unis, qui a donc une histoire assez longue quant
à la transformation du poisson. Il y avait divers problèmes
à régler. Rivière-au-Tonnerre est une coopérative.
Il y a 89 propriétaires, qui
sont des gens du milieu d'ailleurs. lis se sont entendus avec les
employés et ont signé une convention collective qui allait
davantage, semble-t-il, dans le sens des demandes patronales que des demandes
syndicales. Cela portait, entre autres, sur le temps supplémentaire. On
sait que dans le domaine des pêcheries il y a une période
très active durant une saison de l'année et que durant l'autre
saison de l'année il n'y a pas de travail. La partie patronale
était en demande face à cet aspect de temps
supplémentaire, face au transport et face à un troisième
point qui était, je pense, les journées de congé. Encore
là, étant donné que c'est une période très
active, le côté patronal semblait insister pour que les jours de
congé ne soient pas pris.
Je ne suis évidemment pas au courant de tous les détails
de cette convention collective puisque, comme je l'ai mentionné, elle
s'est négociée entre les deux parties. Je tiens à
répéter que, contairement à ce qu'on pourrait retrouver
dans d'autres milieux de travail, ce n'est pas une multinationale
méchante contre de pauvres employés. Il s'agit d'une
coopérative appartenant aux gens de Rivière-au-Tonnerre en grande
majorité, ils sont très nombreux, et des employés qui
viennent également en grande partie de Rivière-au-Tonnerre. Je
pense que cela s'est réglé avec certaines difficultés,
bien sûr, mais finalement à l'amiable et, semble-t-il, avec une
grosse majorité du vote syndical pour l'acceptation.
M. Perron: Toujours dans le même dossier, M. le
Président, je voudrais juste faire une remarque en passant pour le
bénéfice des membres de la commission. Sans dévoiler le
contenu, je pense que le ministre peut confirmer qu'on a discuté de ce
dossier à huis clos tous les deux la semaine dernière, car il
semblait très important de sa part et de ma part qu'on s'entende sur
certaines choses pour faire en sorte que le litige soit réglé. Je
sais que le ministre a fait tous les efforts pour régler ce dossier,
comme je les ai faits aussi dans le comté de Duplessis, face à
certains intervenants et surtout face à la partie syndicale.
Toujours dans le dossier de Rivière-au-Tonnerre, le ministre a
mentionné tout à l'heure qu'il avait des intentions fermes de
réviser l'ensemble du dossier de Rivière-au-Tonnerre a la suite
du projet qui avait été présenté au cours de 1985
et qu'il lui semblait que les coûts de ce projet étaient trop
élevés par rapport aux besoins du milieu et par rapport aux
approvisionnements, si ma mémoire est bonne; je le dis sous toute
réserve, M. le Président. Par la suite, le ministre a
mentionné qu'il avait l'intention d'aller de l'avant, à la suite
d'une révision du dossier, au cours de l'année 1987 ou
peut-être à la fin de 1986. Je voudrais qu'il m'informe, qu'il
précise cette question concernant l'usine de Rivière-au-Tonnerre,
parce que, selon les évaluations qui ont été faites par
des firmes de consultants, il apparaissait à ce moment-là, au
cours de 1984-1985, que cela coûtait plus cher ou aussi cher de
rénover l'usine qui est là présentement plutôt que
d'amener une nouvelle construction comme celle qui était
préconisée. Lorsque les coûts exorbitants de la
réfection de l'usine actuelle ont été mentionnés,
il y a eu un changement de direction dans ce dossier de la part de toutes les
instances, autant la coopérative que les instances gouvernementales,
chez les fonctionnaires et au niveau politique, à savoir que ce soit une
construction nouvelle. Est-ce que le ministre pourrait préciser ses
intentions concernant le dossier spécifique de
Rivière-au-Tonnerre quant à la reconstruction, parce qu'il l'a
mentionnée tout à l'heure? Il a parlé, je crois, d'un
montant de 1 200 000 $ ou 1 300 000 $.
M. Dutil: M. le Président, en réponse à la
première remarque du député concernant notre rencontre
pour Rivière-au-Tonnerre, effectivement on s'est rencontré. C'est
très appréciable qu'on ait mis de côté toute
partisanerie. Je pense que cela a aidé à régler le
problème de Rivière-au-Tonnerre, le fait qu'on ait pu s'informer
mutuellement des difficultés éprouvées lors de cette
négociation.
Pour ce qui est de la nouvelle construction d'une usine à
Rivière-au-Tonnerre, j'ai dit aux gens de Rivière-au-Tonnerre que
j'ai rencontrés au mois de janvier qu'il y aurait une réponse cet
été. Je leur ai dit également qu'il y avait certaines
conditions qui ne concernaient pas que le coût. Le coût est un
aspect important du problème, évidemment, puisque ce sont les
deniers de la population que l'on investit dans une usine et cela doit
être pris en considération.
Tout à l'heure, j'ai mentionné certaines conditions qui
m'apparaissaient très impartantes au début d'un projet et je les
répète rapidement. J'insisterai davantage sur un de ces quatre
points. Je parlais de l'approvisionnement en eau douce. On sait qu'à
Newport, particulièrement, il y a un problème. Une usine a eu des
subventions énormes du gouvernement. Elle a un approvisionnement en eau
douce déficient. Cela coûtera énormément cher pour
aller en chercher. Ce n'est pas que les gens manquent d'eau douce, c'est que
l'usine est loin et cela prendra des infrastructures dont le coût
dépasse plusieurs milions de dollars. On veut éviter que le
problème se reproduise ailleurs. Je ne crois pas que ce soit le cas,
d'ailleurs, à Rivière-au-Tonnerre.
Il y a également l'approvisionnement en produits marins. Je vais
revenir sur ce point
qui m'apparaît majeur. Il y a, bien sûr, l'implication du
milieu, ce qui semble un acquis à Rivière-au-Tonnerre. Il y a
également une question de gestion et de rentabilité future de
l'investissement. Je le répète, parce que cela pourrait ne pas
être évident, pour nous cela doit être une entreprise
privée, que ce soit sous forme de coopérative ou sous forme de
propriété à capital-actions. Quelle que soit la formule,
pour autant que ce soit une entreprise privée, à ce
moment-là, cela nous facilite drôlement la tâche pour nous
impliquer en tant que gouvernement.
Je reviens à l'aspect des produits marins et je pense que le
député va me comprendre. Il n'est pas question que le
gouvernement aille investir dans une usine de transformation des produits
marins sans qu'il y ait un approvisionnement assuré sur une
période suffisamment longue - je parle de quelque chose comme cinq ans,
par exemple - une usine qui risque d'être fermée faute de produits
marins. Je m'explique. (11 heures)
À la suite d'une décision qui avait été
prise par l'ancien gouvernement, nous allons ouvrir, puisque c'est en
construction, une usine qui est très coûteuse à
Havre-Aubert, aux Îles-de-la-Madeleine. Il a fallu que je fasse des
démarches personnelles et importantes pour m'assurer qu'à cette
usine, cet été, il y ait des approvisionnements en produits
marins, particulièrement en crabe. Je pense que c'est une faille
énorme dans la planification d'un projet que de ne pas s'être
assuré auparavant, avant d'effectuer une construction de plusieurs
millions de dollars subventionnée grassement par l'État, qu'il y
avait une entente avec ceux qui détiennent des permis de pêche
pour assurer les approvisionnements de cette usine.
À Rivière-au-Tonnerre, le problème risque de se
présenter. On connaît actuellement - je suis certain que le
député va soulever le problème tout a l'heure - le
problème du crabe qui est vendu par les pêcheurs de la
Côte-Nord au Nouveau-Brunswick. Alors, il y a des camions du
Nouveau-Brunswick qui viennent chercher du crabe le long de la Côte-Nord
et qui l'amènent pour le transformer au Nouveau-Brunswick, privant ainsi
les usines de transformation qui existent actuellement, un peu tout le long de
la Côte-Nord, de leur matière première, donc de leur
travail.
On peut soulever divers points là-dessus qui partent, d'un
côté, de la libre entreprise des pêcheurs qui ont le droit
de vendre leurs produits à qui ils veulent jusqu'à la conscience
sociale que doivent avoir peut-être les citoyens du Québec en
tenant compte du fait que de vendre à des gens du Nouveau-Brunswick,
cela prive nos Québécois d'emplois alors que souvent les bateaux
de ces pêcheurs ont été subventionnés par le
gouvernement provincial et, en plus, le nombre de permis de pêche qu'ils
ont est contrôlé, ce qui protège un peu leur travail en
tant que pêcheurs. Est-ce que cela ne devrait pas amener des obligations
à ces pêcheurs? C'est une question importante.
Quoi qu'il en soit et quelle que soit la solution qu'on trouve à
cela, je mentionne comme condition importante, avant d'investir dans une usine
de transformation, que ce soit sur la Côte-Nord ou ailleurs, que
l'approvisionnement en produits marins soit assuré pour une
période qui est plus longue que du court terme, qui est du moyen terme
et, si possible, du long terme.
Je laisse les formules au choix des entreprises. Cela peut être
l'implication même des pêcheurs dans le capital-actions de ces
entreprises de transformation. C'est une formule qui pourrait être
intéressante. Cela pourrait être un contrat à long terme
d'approvisionnement avec un prix qui pourrait varier en fonction de la demande
ou qui pourrait être en fonction du prix du marché. Je fais
confiance à la créativité et à l'imagination de
ceux qui pourraient s'entendre ensemble pour bâtir un projet d'une
éventuelle implantation d'usine dans leur milieu pour trouver un moyen
de donner au gouvernement cette assurance qu'on ne manquera pas de produits
marins avant l'ouverture d'une usine payée par les subventions des
contribuables du Québec.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. M. le ministre a
mentionné le problème d'approvisionnement qui pourrait être
suscité par le Nouveau-Brunswick et ses acheteurs concernant la
Côte-Nord et, en particulier, dans le secteur de la
Moyenne-Côte-Nord, c'est-à-dire à l'est de Sept-Îles,
entre Sheldrake et Havre-Saint-Pierre.
Il y a aussi un autre problème qui se glisse, mais beaucoup moins
cette année que par les années passées, se rapportant
à l'approvisionnement de crabe. À un moment donné, il y
avait ce qu'on appelle dans le jargon des chevaliers d'industrie qui venaient
de différents endroits du Québec et, en particulier, de la
Côte-Sud, qui achetaient au nom du Nouveau-Brunswick sur la
Côte-Nord, qui achetaient sur la Côte-Sud et, par la suite... En
fait, c'étaient des intermédiaires, avec des permis
québécois. Je ne sais pas de quelle façon ils pouvaient
fonctionner dans le temps. Est-ce que cela s'est reproduit en 1985 dans
l'ensemble du Québec par rapport au Nouveau-Brunswick?
En passant, je voudrais faire une remarque au ministre. Puisqu'il a
parlé de l'ancien gouvernement, comme c'est l'habitude du nouveau
gouvernement de parler
énormément et de mettre la faute sur l'ancien
gouvernement, je voudrais lui souligner deux choses qui sont très
importantes et qui se sont passées au cours de 1976-1977. Dans la
période de 1970 à 1976, l'ancien gouvernement,
c'est-à-dire celui qui nous a précédés, avait
pratiquement laissé pour compte le domaine des pêcheries dans
l'ensemble de l'Est du Québec, autant aux Îles-de-la-Madeleine que
sur la Côte-Sud ou la Côte-Nord, Lorsque le nouveau gouvernement a
été élu en 1976, après avoir regardé
l'ensemble du dossier et après avoir constaté qu'il y avait
énormément de problèmes dans le domaine des bateaux de
pêche, parce que la flotte était désuète, dans le
domaine de certaines industries de production, certaines usines de production
qui étaient aussi désuètes et où on demandait des
subventions gouvernementales, c'est sûr que le gouvernement du temps
à dû prendre des décisions par rapport à certaines
usines, par rapport à son implication financière en subventions,
ou même en capital-actions majoritaire dans certaines usines pour sauver
les meubles que nous avait laissés l'ancienne adminstration
libérale de 1970 à 1976, je peux vous assurer qu'à ce
point j'ai été très satisfait de la façon dont on a
dû procéder... Lorsque le ministre parle de la participation de
l'entreprise privée dans le domaine des pêcheries, je lui donne
parfaitement raison. Mais par contre, il faut constater que lorsqu'on doit
sauver des meubles, lorsqu'on doit investir énormément dans le
domaine des usines, pour les rénover, pour en reconstruire de nouvelles
en vue d'une production accrue à la suite d'approvisionnments accrus,
parce que la flotte avait été accrue et rénovée en
plus, je pense qu'alors le gouvernement est en droit d'intervenir. Mais je ne
discute aucunement, et je voudrais bien qu'on soit clair là-dessus, le
fait que les intentions du ministre soient que les entreprises privées
participent au maximum dans le cas des usines de transformation des produits de
la mer.
Je ne discute aucunement cette façon de procéder parce que
je crois fermement que le ministre a raison. Cependant, lorsqu'on n'a aucune
solution de rechange, face à des offres ou face à des
négociations avec l'entreprise privée, pour maintenir les
emplois, pour maintenir les usines en production face aux demandes du
marché, à un certain moment donné il faut qu'un
gouvernement prenne des décisions. C'est sûr que ces
décisions sont politiques. Je crois que le ministre, au cours de son
mandat, va avoir l'occasion, comme il l'a eue antérieurement au cours
des derniers mois, de prendre des décisions politiques se rapportant
à divers dossiers et il l'a dit carrément tout à l'heure
dans le cas de l'usine de Rivière-au-Tonnerre. Il a donné son
opinion concernant l'usine de Newport en rapport avec l'eau potable. Il a
donné son opinion qui est très ferme en rapport avec le plan de
développement des pêches maritimes en Basse-Côte-Nord du
golfe Saint-Laurent.
Lorsqu'on parle de la Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent - je
pense que le député de Saguenay qui m'écoute attentivement
va pouvoir le confirmer - il y a un certain mélange. Je voudrais faire
ici une petite rectification concernant la Haute-Côte-Nord, la
Moyenne-Côte-Nord et la Basse-Côte-Nord. À titre
d'information, la Haute-Côte-Nord part de Tadoussac et elle se dirige
jusqu'à la rivière Moisie en partie dans le comté de
Saguenay et en partie dans le comté de Duplessis quand je parle de la
rivière Moisie. La Moyenne-Côte-Nord, c'est à partir de la
rivière Moisie jusqu'à pointe Parent qui est è l'est de
Natashquan. La Basse-Côte-Nord part de Kégashka jusqu'à
Blanc-Sablon. C'est là l'habitude générale pour les gens
de notre milieu, malgré qu'il y ait une autre école de
pensée qui permet de tirer la ligne ailleurs.
Dans le cadre du développement des pêcheries - je reviens
là-dessus, et je voudrais bien que le ministre regarde la période
de 1970 à 1976 par rapport à celle de 1977 à 1985 - bien
sûr, j'admets d'emblée que certaines erreurs ont été
commises en cours de route, mais qui ne travaille pas ne fait pas d'erreur. Je
vais revenir maintenant, spécifiquement, au dossier de
Rivière-au-Tonnerre. Dans le cas de Rivière-au-Tonnerre où
il a mentionné 89 coopérateurs, ce sont les pêcheurs qui
sont propriétaires de la coopérative - est-ce que le ministre,
s'est informé, à la suite des problèmes qu'il a
mentionnés concernant les acheteurs du Nouveau-Brunswick, à
savoir s'il y aurait certains pêcheurs de Rivière-au-Tonnerre,
membres de la coopérative, qui iraient vendre leur production à
des acheteurs du Nouveau-Brunswick ou d'ailleurs? Est-ce que c'est le cas,
parce qu'il y a des rumeurs qui courent à cet effet?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Dutil: Pour la première question concernant Mingan, il
y a quelques minutes de cela: actuellement, sur onze pêcheurs qui ont
reçu des subventions il y en a sept qui ont des soldes dus au
gouvernement pour des prêts sur des bateaux. Il était prévu
que ces pêcheurs débarqueraient à des usines de
transformation au Québec, ce qui ne semble pas être le cas. Cela
nous permettrait, éventuellement, de faire une mise en demeure non pas,
malheureusement, de livrer à l'usine, mais peut-être de nous
rembourser nos subventions. Quoi qu'il en soit, nous avons un petit moyen,
étant donné que ces pêcheurs ont été
subventionnés par le gouvernement, de les obliger à livrer
leur
production à Mingan. Je dois m'assurer de cela. Je veux vous
assurer qu'on prendra toutes les mesures possibles pour que nous puissions
garder les emplois au Québec et non pas dans d'autres provinces.
Pour ce qui est de Rivière-au-Tonnerre, je suis au courant qu'il
y a effectivement eu des crabiers qui ont vendu de leur production au
Nouveau-Brunswick. Ce n'était pas anormal jusqu'à ce que la
convention collective se règle, puisque l'usine n'était pas
ouverte, et il y a des discussions qui se font actuellement afin que les
pêcheurs, puisqu'il y a eu une entente, viennent livrer leur produit
à Rivière-au-Tonnerre. J'attends les résultats de ces
discussions.
Quoi qu'il en soit, en ce qui concerne nos moyens d'obliger les
pêcheurs à livrer aux usines du Québec, ils relèvent
surtout des subventions que nous leur avons données et de la
façon dont ces subventions leur ont été données.
S'il n'était écrit dans la lettre d'offre que les pêcheurs
doivent débarquer au Québec, on a peut-être une faille qui
va être difficile à combler, c'est-à-dire que les
pêcheurs débarquant au Québec peuvent peut-être
vendre à des camions du Nouveau-Brunswick. À ce moment-là,
on n'a aucune prise. Si c'est bien écrit qu'ils doivent livrer à
une usine au Québec, ce n'est pas la même question et cela nous
donne un moyen d'agir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu le
député de Saguenay.
M. Maltais Merci, M. le Président.
M. Dutil: On m'avise qu'il est maintenant écrit depuis
1984 que les pêcheurs doivent livrer dans les usines du
Québec.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. J'ai reconnu le député de Saguenay.
Agents de pêcheries
M. Maltais: J'aurais trois courtes questions à poser au
ministre. Dans un premier temps, on sait que les agents de pêcheries
qu'il y avait au ministère depuis quelques années ont perdu ni
plus ni moins leur rôle depuis l'avènement de certains projets de
loi. Quelles sont les intentions du ministre vis-à-vis de ces
employés?
M. Dutil: Actuellement, M. le Président, nous sommes en
discussion avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de ia
Pêche. D'ailleurs, c'est le ministère du Loisir, de la Chase et de
la Pêche qui fait l'utilisation la plus considérable de ces agents
de pêcheries. Effectivement, quand il y a eu le rapatriement de la
délégation que le fédéral nous avait
accordée, il n'y a pas eu d'entente pour régler la question des
agents de pêcheries, ce qui fait que le gouvernement provincial s'est
retrouvé avec une situation difficile.
Actuellement, il se fait déjà du travail par le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Perron: Vous parlez de la position De Bané, face au
retrait de l'entente de 1922?
M. Dutil: La chicane De Bané-Garon, pour être plus
précis.
M. Perron: Oui, on peut en parler longtemps de cela.
M. Dutil: Sur le plan des agents de protection, c'est ce qui se
fait actuellement, c'est ce qui se faisait l'année passée. Et on
envisage une entente avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour régler cette question le mieux possible, dans les
circonstances. Mais, vous savez, M. le Président, c'est difficile de
rentrer de la pâte à dents dans un tube, et quand un ancien
ministre a sauté à pieds joints sur le tube de pâte
à dents et qu'il nous redemande de remettre la pâte à dents
dans le tube après, c'est encore plus difficile.
M. Maltais: Merci. M. le Président, il y a eu une
époque qu'on a appelé la ténébreuse affaire du
Rallye et du Nadine, deux bateaux de pêche qui avaient été
saisis pour une valeur d'environ 1 500 000 $ et qui avaient une valeur
réelle de 5 500 000 $, à Comeau Seafood. Quelles sont les
intentions du ministre vis-à-vis de ces deux bateaux?
M. Dutil: M. le Président, on a une poursuite
là-dessus. Si vous permettez, je ne donnerai pas mes intentions, mais je
vais peut-être donner un historique. Effectivement, ces bateaux qui ont
une valeur approximative de 5 000 000 $ ont été saisis par le
gouvernement du Québec, parce qu'il y a des paiements qui
n'étaient pas faits, semble-t-il, pour 1 500 000 $. Nous avons
actuellement une poursuite avec Comeau Seafood pour 4 000 000 $.
Il y a un contentieux à régler, évidemment, et je
vais prendre des informations auprès de nos avocats là-dessus.
Mais ce n'est pas une situation facile.
M. Maltais: Dans le cas des deux autres bateaux de pêche
qui appartenaient au gouvernement du Québec, le Kristina Logos et le
Lumaaq, quels sont les intentions du ministre?
M. Dutil: M. le Président, j'ai la même
intention que l'ancien ministre, c'est-à-dire privatiser ces deux
bateaux aux meilleures conditions possible et le plus rapidement possible.
Alors, je pense que les intentions n'ont pas varié de ce
côté. Actuellement, c'est examiné par le ministre
délégué à la Privatisation. Il regarde les avenues
et, semble-t-il, il y a des acheteurs éventuels. (11 h 15)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. J'ai reconnu le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Madelipêche
M. Farrah: Merci, M. le Président. D'abord, quelques
remarques concernant la comparaison que faisait le député de
Duplessis sur la période de 1970 à 1976 et celle de 1976 à
1985. Il y avait sans doute du travail à faire en 1976 au niveau des
pêches, mais je pense que ce travail n'a pas été
effectué ou ne l'a pas été dans le bon sens. Compte tenu
de l'héritage que nous avons maintenant, nous devons quand même
admettre que le problème n'a pas été réglé,
loin de là. Dans mon comté spécifiquement, si on prend les
usines que l'État a nationalisées, qu'on parle de
Madelipêche ou des Crustacés-des-Îles, nous sommes aux
prises avec des déficits cumulatifs d'environ 5 500 000 $ cette
année. C'est une preuve tangible qui permet de dire que la
réforme que l'ancien gouvernement a faite au niveau des pêches n'a
pas été une réussite parfaite, loin de là.
J'aimerais aussi poser une question au ministre concernant
Madelipêche. On sait les intentions du parti au sujet de la
privatisation. Dans ce dossier, je ne sais pas quel délai le ministre
s'est fixé pour élaborer le plan de privatisation de
Madelipêche.
M. Dutil: M. le Président, c'est le premier dossier que
j'ai remis au ministre délégué à la Privatisation.
Le comité de privatisation travaille là-dessus actuellement. Il
est bien difficile, toutefois, d'établir des délais. On sait que
le gouvernement fédéral a privatisé dernièrement
Pêcheries Cartier qui est une grosse installation et on semblait se poser
la question à savoir s'il était possible de la privatiser. On
s'est rendu compte que oui, c'est possible. Il y a des entreprises
privées qui ont des intérêts dans le domaine des
pêches et qui sont prêtes à y investir. C'est ce qui est
examiné actuellement et, pour ma part, je souhaiterais qu'une prochaine
saison de pêche se fasse avec une usine privatisée. Maintenant, je
ne dis pas cela comme une échéance finale et formelle.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. D'autres questions?
M. Farrah: J'aurais une autre question concernant la
privatisation de Madelipêche également. Avez-vous l'intention
d'intégrer dans cette privatisation les bateaux et l'usine ou si cela va
se faire de façon séparée?
M. Dutil: M. le Président, toutes les portes sont ouvertes
de ce côté. Il y a possibilité de le faire de façon
fractionnée ou globale. Cela dépendra de plusieurs variables que
nous ne contrôlons pas, la principale étant évidemment les
offres. Encore là, je mentionne que Pêcheries Cartier avait
regardé les diverses hypothèses de le faire, de façon
fractionnée ou unifiée. Finalement, elle a pris la
décision, parce qu'il y avait une offre en conséquence, de vendre
le tout globalement. Elle a toutefois dissocié le chantier maritime de
Gaspé de l'ensemble puisque le chantier maritime appartenait
également à Pêcheries Cartier. C'est ce qu'elle a fait en
tenant compte des offres qui se présentaient. Nous attendrons
éventuellement d'avoir un plan de privatisation, nous attendrons de voir
s'il y a des acheteurs possibles et de quelle façon ils veulent nous
faire des offres. Je souhaite personnellement qu'il y ait des
intérêts du milieu qui s'impliquent dans la privatisation de
Madelipêche. Cela pourra orienter nos décisions quant à la
décision de fractionnement ou non. Si on vendait Madelipêche
globalement, il serait peut-être difficile pour des gens du comté
des Îles-de-la-Madeleine d'être acquéreurs. C'est un point
que j'ai l'intention de prendre en forte considération avant de faire
une suggestion au ministre délégué à la
Privatisation. Si un fractionnement nous permet - si c'est cela la condition -
de nous assurer qu'il y a des capitaux du milieu, des gens du milieu qui
s'impliquent, je pense que cela devrait être notre orientation.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, allez-y.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Je vous posais la
question concernant la flotte parce qu'on sait que la flotte comme telle
englobe une bonne partie du déficit de Madelipêche.
Êtes-vous en mesure de nous dire quel pourcentage du déficit de
Madelipêche est affecté par la flotte?
M. Dutil: De mémoire, si je me rappelle bien, c'est
environ 2 000 000 $.
M. Farrah: Donc près de 50 % du déficit.
M. Dutil: Près de 50 % du déficit. Je voudrais
ouvrir une parenthèse là-dessus. Les bateaux appartiennent
à Madelipêche et livrent leur poisson selon un prix
prédéterminé à l'usine de Madelipêche. Je
n'ai pas fait d'analyse à savoir si le prix
était juste; si on augmente le prix, évidemment, cela
diminue le déficit de la section de la flotte et cela augmente celui de
la section de la transformation. Une petite variation du prix fait une grosse
différence au bout de la ligne. Cette analyse est en cours actuellement
au niveau du comité de privatisation. Évidemment, il va falloir
tenir compte de la réalité et de la capacité de faire la
privatisation, soit de la flotte séparément de l'usine, en tenant
compte des facteurs de rentabilité de la flotte par rapport à
l'usine.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une dernière
question, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Le triage
M. Farrah: Dans un autre ordre d'idée, concernant le
triage, vous avez mentionné que le gouvernement du Québec a
conservé le triage, cette année, de façon
expérimentale peut-être, mais vous avez dit que le gouvernement va
payer 100 % du triage qui va être fait. Auparavant, je pense que le
triage était payé un tiers, un tiers, un tiers, soit les
pêcheurs, les producteurs et le gouvernement.
M. Dutil: M. le Président, le triage n'est pas
expérimental. Ce qui est expérimental, c'est la méthode
fédérale de triage dans un endroit, de façon à
vérifier sur le plancher des poissons, si je peux m'exprimer ainsi -
j'allais dire sur le plancher des vaches, mais étant donné qu'on
n'est pas à l'Agriculture mais aux Pêcheries, je vais dire sur le
plancher des poissons - si cette formule est plus facilement adaptable. On
m'informe, dans mon ministère, que l'une ou l'autre formule, quant
à la qualité du produit, n'apporte pas d'inconvénient.
Donc, l'exercice est pour vérifier, sur le plan pratique du triage, le
bon fonctionnement de celui-ci.
M. Farrah: Ma question est la suivante: Étant donné
que c'est le gouvernement qui va payer l'ensemble de l'activité du
triage, quel sera le montant accordé cette année concernant le
triage?
M. Dutil: Pour ce qui est du triage, le gouvernement va payer
l'ensemble pour 1986, comme je l'ai déclaré dans mon discours
tout à l'heure. Le coût de l'année dernière
était ce 1 004 000 $. On facturait, dans le passé, les deux tiers
de ce montant, c'est-à-dire autour de 630 000 $. Donc, cette
année, le coût supplémentaire pour le gouvernement serait
de l'ordre de 630 000 $, auxquels devront s'ajouter les divers autres projets
pilotes que l'on fera et, particulièrement, le triage sur le quai. Cela
ajoutera quatre ou cinq employés supplémentaires de façon
à amener davantage de triage sur le quai, décision que j'ai prise
à la suite de la consultation qui avait été faite
auprès des pêcheurs et des transformateurs de poisson. Je l'ai
encore exprimé dans mon discours d'ouverture tout à l'heure,
l'objectif est d'en arriver à ce que les gens du milieu, qui n'ont
peut-être pas le même objectif que nous pour le triage... Quant
à nous, il faut nous assurer que le produit soit de qualité pour
le consommateur. Je pense que c'est la responsabilité du gouvernement.
Le but visé par les gens du milieu, c'est d'avoir un arbitre
indépendant pour déterminer, finalement, le prix qui sera
payé entre le pêcheur et l'usine de transformation. Le trieur se
retrouve là et identifie la classification du poisson. Cela permet de
faciliter la transaction entre les deux. Il est donc nécessaire que ce
triage se fasse au moment de la transaction et cela se produit très
souvent sur les quais. J'ai d'ailleurs envoyé un télex à
tous les gens du secteur de ia transformation et aux pêcheurs disant que
je recommanderais, au cours des prochains jours, au Conseil des ministres,
d'adopter un décret autorisant le ministre à assurer la
quote-part des pêcheurs et des transformateurs du coût du triage
des produits marins pour 1986. Pour fins de comparaison avec la méthode
de triage utilisée par le MAPAQ au cours de la présente
année, un projet pilote sera mis sur pied en utilisant la méthode
de triage proposée par le fédéral. Un second projet pilote
sera réalisé en 1986 avec la collaboration d'une entreprise, sur
une base volontaire, en vue d'établir les
coûts-bénéfices d'un programme d'amélioration de la
qualité dans une usine donnée. Au lieu d'un seul projet pilote de
triage à quai, tel que proposé initialement à la suite de
représentations faites par les pêcheurs et les transformateurs, te
ministre s'engage selon ses moyens à accélérer la mise en
place du triage sur certains quais visant à juger de l'endroit le plus
approprié pour effectuer cette opération et modifier, s'il y a
lieu, par la suite, la réglementation en ce sens.
Je termine en disant qu'il est clairement établi de part et
d'autre que la réglementation du triage doit être
respectée. Il en est de même quant à l'inspection des
usines et de l'application des règlements sur les aliments. Il y a
présentement des discussions entre les deux niveaux de gouvernement sur
l'harmonisation des deux systèmes d'inspection.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je reconnais le
député de Lévis.
M. Garon: Vous venez de parler de faire le triage sur les quais.
Avez-vous l'intention de faire cela en plein soleil, en
plein jour, en plein air? Cela prend des bâtisses, cela prend des
installations. En Europe, à certains endroits, ils font du triage sur
les quais, mais il y s des bâtisses. Le poisson est d'abord
acheminé vers les entrepôts, il est ensuite trié et il va
vers les usines. Avez-vous l'intention de bâtir des équipements
sur chacun des quais pour que le triage se fasse à l'abri du soleil, du
vent et de la pluie? Vous savez que beaucoup de ces quais sont en terre; ils ne
sont même pas en asphalte. Alors, si le poisson attend au soleil pendant
tant de temps avant d'être trié, le vent va pousser la
poussière sur le poisson. Je ne vois pas... Si vous voulez parler de
projets expérimentaux vous allez expérimenter avec l'inspection
en faisant des constructions sur les quais.
M. Dutil: M. le Président, à ce sujet, je tiens
è répéter que nous n'allons pas faire le triage sur tous
les quais, mais seulement sur quelques-uns. Il y a une liste que je peux donner
au député s'il désire l'obtenir.
M. Garon: Vous pouvez me donner la liste si vous le voulez, mais
je veux savoir si cela va se faire...
M. Dutil: Oui, j'allais...
M. Garon:... sur le quai en plein soleil...
M. Dutil:... répondre précisément à
cela. La raison pour laquelle on ne le fait pas sur tous les quais, c'est
justement parce qu'il y a des quais où ce n'est pas adéquat pour
les raisons qui ont été mentionnées par le
député. Évidemment, tous les quais reçoivent du
soleil, mais tous les quais ne sont pas faits en terre, tous les quais ne sont
pas inadéquats pour cela. Alors, il y a des installations minimales qui
seront faites à divers endroits. Je peux donner un exemple,
peut-être, si on me...
M. Garon: Cela va coûter beaucoup plus cher.
M. Dutil: Non, je voudrais le document qui parlait des
installations que nous allions faire sur un quai. Est-ce qu'on pourrait me
fournir le document où on dit que sur tel quai, on fera telle chose, il
manque telle installation et ainsi de suite? On peut y revenir si vous avez une
autre question, M. le...
M. Garon: Je ne connais pas beaucoup de quais où il y a
des installations pour faire le triage.
M. Dutil: Je pense qu'on va être en mesure...
M. Garon: C'est pour cela que je vous demande sur quels quais
vous verriez des installations, quel genre d'installations vous allez y placer
et à quel coût.
M. Dutil: M. le Président...
M. Garon: Deuxièmement, les quais...
M. Dutil:... si on me laisse deux minutes pour retrouver le
document, cela me fera plaisir; je voulais tout simplement gagner du temps et
permettre au député de poser d'autres questions.
Maintenant...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: Deuxièmement...
M. Dutil:... on peut retrouver le document.
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: Si vous voulez, M.
le député, ils vont trouver le document.
M. Garon:... j'aimerais savoir... Les quais appartiennent au
fédéral, la bâtisse va appartenir à qui, en vertu de
quelle entente? Car la plupart des quais sont des quais fédéraux,
il y a très peu de quais qui appartiennent au gouvernement du
Québec. À ce moment-là, si vous mettez une bâtisse
sur le quai, avez-vous des ententes avec le gouvernement fédéral
pour faire cela ou est-ce que cela veut dire que, tranquillement, vous glissez
vers un transfert au fédéral de la juridiction sur l'inspection
du poisson? Parce que vous savez qu'en vertu de deux arrêts de la Cour
suprême du Canada, qui ont été rendus en 1979, au
Québec, l'arrêt Labatt, et l'arrêt Dominion en 1980, en
Ontario, c'est le gouvernement du Québec qui a juridiction sur
l'inspection de la production alimentaire et sur le commerce local. C'est
simplement sur les exportations... Le gouvernement fédéral n'a
pas encore vraiment trouvé sa juridiction. Il y a eu de la
correspondance. Depuis les jugements de la Cour suprême, le gouvernement
fédéral ne sait plus exactement comment établir sa
juridiction sur l'exportation et sur le commerce interprovincial, une fois que
le contrôle de la production est bien effectué, selon les
juridictions de la province de Québec.
C'est pour cela que je demande dans quel cadre, il ne s'agit pas
seulement de mettre un trieur au bout du quai mais cela suppose tout un
aménagement. J'aimerais savoir...
M. Dutil: M. le Président, la raison pour laquelle on ne
fera le triage que sur quelques quais, c'est pour régler cet
ensemble de problèmes et, pour l'instant, il n'est pas question
d'installer des bâtisses permanentes. II peut se faire diverses choses.
Le député, tout à l'heure, se référait
à un transfert de juridiction et il semblait craindre que nous laissions
aller peut-être une juridiction supplémentaire. Je voudrais lui
faire remarquer que si on applique notre juridiction, c'est la nôtre, sur
les quais du fédéral, c'est nous qui allons chercher des
juridictions au fédérai, puisqu'on est sur son terrain et
à ce moment on regagne des pouvoirs pour le Québec, ce avec quoi
il sera certainement d'accord.
M. Garon: Est-ce que ces ententes sont faites? Où en
êtes-vous?
M. Dutil: Actuellement, j'ai autorisé que le plan pour
faire le triage sur les quais soit mis en branle. Il ne se fera que lorsque
tous ces problèmes seront réglés. Actuellement, le triage
se fait en usine comme le règlement le prévoit. Et, au fur et
à mesure qu'il y aura des quais qui seront prêts à
permettre le triage à quai, en réglant les problèmes
physiques bien sûr, juridiques s'il y en a, à ce moment, on
procédera.
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, j'ai reconnu
le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
revenir, dans un premier temps, sur ce qu'a mentionné tout à
l'heure le député des Îles-de-Ia-Madeleine. Je vais juste
faire un commentaire, il va être assez court. Compte tenu que le
député des Îles-de-la-Madeleine ne semble pas plus
informé qu'il ne le faut de ce qui s'est passé dans le domaine
des pêcheries, de 1970 à 1976 et de 1977 à 1985, je crois
qu'il lui serait bon d'aller faire un inventaire de ce qui s'est fait au cours
de ces deux périodes afin qu'il puisse faire une mise au point de ce qui
existait dans le temps et de ce qui existe aujourd'hui. Je suis parfaitement en
désaccord avec lui lorsqu'il mentionne que pratiquement rien n'a
été fait au cours des dernières années. (11 h
30)
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez. Quel
article?
M. Perron: Quel article?
M. Farrah: Je pense que le député de Duplessis
interprète mal ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas
quelque chose à faire en 1976. J'ai dit qu'il y avait quelque chose
à faire en 1976 sauf que cela n'avait pas été fait de la
façon dont cela aurait dû être fait. C'est ce que j'ai dit.
Le bilan de 1985 nous le prouve. C'est ce que j'ai dit, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Vous n'avez probablement pas regardé le bilan
en 1985.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Poursuivez, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Oui. Je voudrais toucher certains aspects des
pêcheries. D'abord, le ministre a mentionné tout à l'heure
le dossier de Rivière-au-Tonnerre à savoir qu'au cours de
l'année fiscale 1986-1987 il ferait des déboursés
d'è peu près 300 000 $ pour l'aménagement de l'usine de
Rivière-au-Tonnerre en vue de sa production de cette année.
Est-ce que le ministre peut nous dire quelle sera la répartition des 300
000 $ en question dans le cas de Rivière-au-Tonnerre
spécifiquement?
M. Dutil: M. le Président, on ne doit pas dire "quelle
sera" puisque c'est un déboursé qui est fait d'une façon
déjà importante. De mémoire - si vous voulez plus de
détails, il me fera plaisir de les donner, quand j'aurai le document -
il y avait 75 000 $ prévus pour de la glace, 40 000 $ prévus pour
payer des intérêts sur une machine qui avait déjà
été acquise bien qu'il n'y ait pas eu d'autorisation par la
corporation, en supposant qu'on allait construire l'usine, et une partie
importante, è peu près le reste, a été investie
pour apporter des améliorations minimales de façon à
augmenter l'hygiène de cette usine.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais maintenant
passer à un dossier qui est en cours depuis un certain nombre
d'années, en particulier depuis les trois dernières
années. Cela se rapporte au fameux problème de la CSST,
c'est-à-dire les primes très élevées actuellement
payées par les propriétaires de bateaux et les pêcheurs.
Lorsque le ministre est venu au colloque sur la Côte-Nord en mars
dernier, je crois, ce dernier a pris un certain engagement, celui de regarder
attentivement ce dossier et même d'aller jusqu'à parler à
son collègue du ministère du Travail pour voir ce qui pourrait
être fait pour diminuer substantiellement le taux de 100 $ que doivent
payer les pêcheurs actuellement. Est-ce que le ministre pouvait nous
donner des informations là-dessus pour l'ensemble des pêcheurs du
Québec et des propriétaires de bateaux?
M. Dutil: M. le Président, je ne suis pas intervenu dans
ce dossier. La CSST est un problème extrêmement complexe qui
mérite de subir un examen non seulement
pour le domaine de la pêche, mais pour l'ensemble des industries
du Québec. On sait que les plaintes qui nous proviennent du domaine de
la pêche nous proviennent également de la plupart des industriels
qui exploitent une usine de transformation quelconque ou même au niveau
primaire. C'est un peu en ce sens que j'ai eu des discussions avec le ministre
du Travail. Cela s'est fait. Il y a à regarder le dossier global de la
CSST pour l'avenir. Je ne m'attends donc pas, pour les quelques mois à
venir, qu'un règlement intervienne de ce côté.
Malheureusement, nous devrons continuer avec la formule qui existe depuis
quelques années qui est prohibitive, on le sait, qui n'est sans doute
pas très adaptée et qui ne récompense peut-être pas
suffisamment ceux qui n'ont pas d'accident, mais c'est la situation
malheureuse.
M. Garon: J'aimerais demander ceci au ministre. Le nombre
d'employés permanents baisse de 241 à 217, d'après le
programme 10. Alors qu'en 1985-1986 les prévisions indiquaient 244
permanents, là - on en a 241 - vous baissez à 217. J'aimerais
savoir dans quels secteurs les 14 postes permanents seront enlevés.
Deuxièmement, j'aimerais savoir le nombre d'occasionnels prévus.
Il n'est pas indiqué.
M. Dutil: Vous remarquerez que je donnerai la même
réponse que tout à l'heure, quand le député de
Duplessis m'a posé la même question, soit 89. Je
répète également la remarque que j'ai faite tout è
l'heure pour l'information du député de Lévis. Il est
possible que ce nombre soit réduit éventuellement parce qu'on a
pris la décision d'abandonner le service du froid à la fin de la
saison 1986 et plusieurs occasionnels sont engagés dans le service du
froid. C'est la réponse à sa deuxième question.
Quant è fa répartition des 24 postes qui sont
coupés, je rappelle qu'une abolition de postes vacants a
été faite le 17 décembre. Une bonne partie des postes qui
étaient vacants à ce moment-là, précisément
17 sur les 24, ont été pris là-dessus. Il reste donc sept
postes qui sont des postes excédentaires non comblés.
M. Garon: Dans quel service étaient les sept postes
vacants?
M. Dutil: Je pourrais vous donner le détail si vous le
désirez absolument. Est-ce qu'on a cette information?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pendant qu'on
cherche...
M. Garon:... des services du froid que, dites-vous, vous allez
abandonner l'automne prochain, il n'en reste pas beaucoup. Il n'en reste plus
aux Îles-de-la-Madeleine. Qu'est-ce que vous voulez abandonner?
M. Dutil: Particulièrement, il y a Sandy-Beach qui est
peut-être le plus important, si on regarde cela par rapport au nombre
d'occasionnels.
M. Garon: Oui, il y a déjà des offres d'achat de la
part de l'Association des pêcheurs de poisson salé.
M. Dutil: Chacun des dossiers est traité selon son
mérite. Si on trouve un acheteur, évidemment on pourra le faire,
mais le principal problème concernant Sandy-Beach, c'est qu'ils
approvisionnent Sainte-Thérèse et Rivière-au-Renard. Or,
Rivière-au-Renard et Sainte-Thérèse auront tous leurs
besoins en glace et, deuxièmement, c'est une vieille entreprise de
fabrication de glace. Il existe des techniques qui sont beaucoup plus modernes
et qui exigent, pour donner le même rendement, beaucoup moins
d'employés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata.
Le plan de pêche
Mme Dionne: M. le Président, j'aimerais poser deux
questions à M. le ministre. La première concerne le plan de
pêche. Comme on le sait, le plan de pêche est géré
par le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Quelles sont ses
intentions afin de protéger les intérêts des pêcheurs
professionnels, que ce soit la pêche à l'anguille ou autres? Dans
le même sens, concernant l'allocation des permis de pêche, il
semble que la réglementation présentement en vigueur ne soit
peut-être pas suffisamment précise ou pourrait être
améliorée. Est-ce que le ministre a l'intention de
préparer une nouvelle réglementation dans ce sens-là?
M. Dutil: M. le Président, concernant les pêches
contrôlées par le plan de pêche du MLCP, il y a plusieurs
difficultés qui se présentent au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche qui sont bien connues, particulièrement -
je le mentionne - dans le domaine du saumon. Il y a une protection qui doit
être assurée par le ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche pour ce qui est du saumon, et cela a malheureusement des
implications sur plusieurs pêches. Je dis malheureusement et je donne ici
un exemple: les pèches à fascines. On a, dans le passé,
retardé la date. Le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche m'a donné des arguments qui lui faisaient dire qu'on devait
continuer à maintenir cette date si tardive
pour les pêches à fascines, parce que les prises
accidentelles de saumon, malheureusement, n'étaient peut-être pas
toujours remises à l'eau et on avait besoin de géniteurs dans les
rivières à saumon. Malheureusement, le retard de la date
pénalise tous les adeptes de la pêche à fascines parce que
quelques-uns ne remettaient pas leurs prises accidentelles à l'eau.
C'est un problème que nous aurons l'occasion de discuter plus en
profondeur, mon confrère et moi-même. Pour cette saison-ci, la
réglementation concernant les pêches à fascines a
été maintenue.
Quant à la deuxième question, concernant l'émission
des permis, il y a des permis qui relèvent de nous. On n'a pas
analysé... Je ne suis pas au courant de tous les problèmes
concernant les émissions de permis de pêche en eau douce
particulièrement. Je pense que c'est le problème qui est
soulevé. J'ai demandé à mon ministère de se
concentrer, jusqu'à tout récemment, sur les problèmes qui
concernaient l'ouverture de la saison de la pêche. C'est ce qu'ils ont
fait. Puisque la saison de la pêche est ouverte presque partout et que
les problèmes sont relativement réglés - cela s'annonce
d'ailleurs une assez bonne saison de pêche au niveau des prix et j'en
profite pour le dire -nous allons maintenant nous consacrer aux autres
problèmes, entres autres, celui des permis de pêche,
particulièrement en eau douce.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
Normalisation des usines en Gaspésie
M. Garon: Dans vos fonctions, vous avez dû voir
l'état de la modernisation des usines. Pourriez-vous nous dire
maintenant quel est le nombre d'usines conformes à la
réglementation sur le territoire de la Gaspésie et qui ont leur
permis en vertu de la loi, ou qui prétendent avoir leur permis en vertu
de la nouvelle loi, ou s'il y a des entreprises qui fonctionnent sans
être conformes à la réglementation, en Gaspésie et
aux Îles-de-la-Madeleine? On sait que sur la Côte-Nord il y a un
délai additionnel jusqu'en 1987.
M. Dutil: M. le Président, il y a plusieurs usines qui,
actuellement, fonctionnent sans permis et sans avoir complété
leur normalisation. Toutefois, j'ai jugé qu'il n'était pas
nécessaire, étant donné l'état d'avancement des
travaux de normalisation dans la plupart d'entre elles, de retarder la date au
1er avril 1987, comme cela avait été retardé les
années antérieures.
Premièrement, je pense que la volonté de normaliser les
dernières usines qui restent est là. Deuxièmement, cette
volonté n'est certainement pas mise en doute lorsqu'il s'agit des
entreprises d'État parce que, malheureusement, il y a entre autres des
entreprises d'État qui sont dans cette situation, c'est-à-dire
qui sont dans la situation de fonctionner sans permis parce qu'elles ne sont
pas tout à fait conformes à la réglementation.
Toutefois, j'ai demandé... Par exemple, à Newport
l'entreprise n'a pas de permis d'exploitation, faute d'avoir eu son
autorisation de l'Environnement, étant donné qu'elle manquait
d'approvisionnements en eau douce. C'est un exemple.
Havre-Aubert, actuellement...
M. Garon: C'est un peu théorique. Ils ont
fonctionné toute l'année dernière.
M. Dutil: Je sais que, sur le plan pratique, è Newport,
cela semble fonctionner de façon relativement bien, sauf lorsqu'il y a
une légère sécheresse et là où il y a risque
de manquer d'eau. C'est parce que le député...
M. Garon: Oui. Mais ils n'ont jamais manqué d'eau.
M. Dutil: Le député me demandait quelles sont les
usines qui n'ont pas de permis. Je dis qu'il y a des usines qui n'ont pas de
permis actuellement et que nous n'empêcherons pas de fonctionner parce
que, justement, sur le plan pratique, quand bien même Newport manquerait
d'eau pendant quelques jours durant la saison à cause d'une
sécheresse, je ne pense pas qu'on doive priver les employés de
cet endroit de leur emploi pour une question strictement juridique.
Évidemment, on fait une temporisation administrative dans les cas
qui ont du bon sens. On ne va pas faire de mise en demeure, on ne va pas fermer
d'usines pour des raisons comme celles-là. Je pense qu'à Newport
ce serait, entre autres, si on prend cet exemple, particulièrement
désastreux si jamais on allait fermer une usine parce qu'elle manque
d'approvisionnements en eau douce sous prétexte qu'elle n'a pas encore
eu son permis à cause de cela. C'est un aspect.
M. Garon: En vertu...
M. Dutil: Maintenant, le député me posait cette
question: Combien y en a-t-il qui ont leur permis? J'ai un tableau ici. Alors,
les entreprises fonctionnant sous permis dans les régions maritimes, il
y en a 18; dans les autres régions, particulièrement, on sait
qu'il y a des besoins de permis et également dans les régions
urbaines. Il y a des entreprises qui font de la transformation également
dans les régions urbaines. Il y en a 14, ce qui nous donne un total de
32 au
Québec.
Les entreprises dont le plan est approuvé, il y en a 28 en
régions maritimes et 19 dans les autres régions, ce qui nous
donne un total de 47. Les entreprises qui ont été reconnues
d'intérêt public mais qui n'ont pas encore de plan
approuvé, il y en a 17 en régions maritimes et 22 dans les autres
régions, ce qui nous donne un total de 39. Les entreprises non encore
reconnues d'intérêt public, c'est-à-dire où il y a
des demandes, il y en a 52 en régions maritimes et 19 dans les autres
régions, pour un total de 71. Ceci fait un grand total en régions
maritimes de 115 et dans les autres régions, de 74, pour un grand total
de 189.
Maintenant, si on parle des entreprises dans les régions
maritimes, sur la Côte-Nord, en Gaspésie et aux
Îles-de-la-Madeleine, il y a neuf entreprises actuellement qu'on peut
considérer comme étant moins avancées que les autres sur
le plan de la normalisation. Comme je l'ai dit dans mon discours d'ouverture,
dans le cas de ces neuf entreprises, pour autant qu'il y ait une volonté
de la part des entreprises de fonctionner, de nous donner un
échéancier adéquat, nous allons faire une tolérance
administrative, mais nous allons augmenter la supervision de l'inspection pour
s'assurer que les citoyens du Québec et les consommateurs de ces
produits, à la sortie, aient un produit de la meilleure qualité
possible. (11 h 45)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous voulez dire qu'actuellement, vous n'appliquez pas
la loi. Vous êtes le ministre responsable de l'application des
inspections sur les aliments et vous dites, au fond, que vous appliquez des
tolérances et que vous ne respectez pas la loi. C'est ce que vous dites,
en réalité. J'aimerais vous demander: Dans le comté de
Bonaventure, combien d'usines ou d'entreprises fonctionnent sans permis, sans
avoir été déclarées d'intérêt public
ou sans avoir présenté de plan? J'aimerais savoir, par exemple,
entre autres, si Assel a présenté des plans qui ont
été approuvés et si Journeau a présenté des
plans qui ont été approuvés? Où en est
l'état de la construction de la Coopérative de Carleton?
M. Dutil: Je vais donner les détails concernant les
demandes précises du député de Lévis. Maintenant,
quand il dit que je n'applique pas la loi, je vais lui mentionner que je
n'applique pas les pénalités prévues à la loi
actuellement. C'est à ma discrétion de le faire ou non, parce que
j'estime qu'il est plus important actuellement de travailler en collaboration
avec ces usines qui ont quand même un minimum d'hygiène, pour
plusieurs, où on assure une supervision supplémentaire afin
d'éviter qu'il y ait des pertes d'emplois durant la saison de
l'été. Ces usines sont exploitées, en
général, depuis très longtemps. Ce ne sont pas - je tiens
à le préciser - de nouvelles usines qui ne seraient pas
normalisées. Ce n'est pas le cas.
Il s'agit de fermer un dossier qui dure depuis quelques années.
Il y a quelques usines qui s'en viennent vers la normalisation le plus
rapidement possible et plutôt que de retarder l'application de la loi,
comme cela a été fait dans le passé, j'ai jugé
préférable de maintenir la pression de la loi. Normalement, elle
devraient être normalisées le 1er avril 1986. Cette pression
existe. Cette pression, on la maintient et celles qui ne voudront pas faire le
travail dans un délai normal, dans un délai adéquat, ou
qui n'ont pas de raison valable de retarder la normalisation, verront que le
ministre sera beaucoup plus exigeant et beaucoup plus sévère
là-dessus.
Pour répondre à la question du député de
Lévis, et plus, je vais lui mentionner les neuf entreprises sur
lesquelles nous travaillons particulièrement. J'en nomme plusieurs qui
ne sont pas nécessairement dans l'ordre que me donnait le
député de Lévis et qui n'ont pas nécessairement
été nommées non plus par le député de
Lévis. Les Pêcheries GPS à Cloridorme; actuellement, il y a
des inspections journalières pré-opérationnelles qui sont
faites, inspections journalières des opérations de
vérification de la matière première, lors de la
transformation, et ainsi de suite: donc, des éléments qui se
veulent plus sévères que d'habitude.
Pêcheries Coop à Rivière-au-Tonnerre: on en a
parlé tout à l'heure. Je ne pense pas qu'il soit
nécessaire de répéter qu'on a investi 300 000 $ pour
s'assurer qu'il y ait une amélioration de la qualité, en
attendant de réaliser ou non le programme de construction d'une usine
neuve. Il y a les Crustacés de Mingan où i1 y a également
des vérifications journalières qui sont faites et où il y
a certains problèmes. À Pêcheries Cartier, à
Rivière-au-Renard, c'est l'entrepôt du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui est en
défaut. Vous comprenez qu'on n'applique pas la loi, dans notre cas, avec
la sévérité qui est prévue dans cette loi, de peur
de nous punir nous-mêmes. Pour l'Association des pêcheurs de
Carleton, actuellement, les subventions - j'en ai parlé tout à
l'heure - ont été débloquées.
On me rappelle que, dans le cas de' Pêcheries Cartier, la
normalisation sera faite par le nouvel acquéreur qui est Purdel. Dans le
cas de Carleton, la construction, si elle n'est pas commencée,
commencera incessamment. Elle est commencée, à ce qu'on me dit.
Dans le cas des Crustacés-des-Îles, à Havre-Aubert, on sait
qu'il y a une nouvelle construction qui est entreprise. J'ai mis des
réserves quant à son coût et quant
au fait qu'il n'y ait pas eu d'approvisionnements de poisson
assurés avant d'autoriser cette construction. Toutefois, je n'ai pas de
réserve quant à la qualité de la bâtisse et quant
à la normalisation de cette nouvelle bâtisse. Elle sera
très hygiénique et très adéquate.
Quant à M. Journeau, la bâtisse des
Crustacés-des-Îles, pour répondre à la question que
je viens d'entendre, devrait se terminer incessamment. On fonctionne
actuellement dans la vieille usine et, dès qu'on pourra faire le
transfert, on le fera.
M. Garon: Cela a été en construction tout l'hiver.
Cela a commencé à l'automne.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Normalement, cela devait être terminé pour
le printemps. Cela doit être à peu près terminé.
M. Dutil: Normalement. Mais vous comprenez que je ne suis pas
chef de chantier, je suis ministre délégué aux
Pêcheries. Alors, je n'ai pas surveillé les travaux.
M. Garon: Vous êtes un peu responsable de la surveillance
des travaux en vue de l'application de la loi. C'est évident que si le
ministre fonctionne avec une forme de laxisme comme cela, il ne joue pas son
rôle vis-à-vis de l'inspection des aliments. Je regrette, c'est
comme cela qu'est arrivé le scandale du thon, vous savez. Le ministre
n'a pas fait son job vis-à-vis de l'inspection des usines. Si vous vous
comportez comme vous vous comportez, en disant que ce n'est pas important de
suivre l'inspection du poisson et qu'on exerce des tolérances - vous
n'avez pas Pair trop au courant où s'en vont les chantiers, de la
manière dont vous parlez, alors que vous avez un petit budget à
administrer d'une trentaine de millions - je suis un peu estomaqué de
voir que vous prenez cela avec autant de légèreté.
II y a une loi sur l'inspection des aliments, mais c'est évident
qu'avec le genre de déclaration que vous avez faite au mois de
décembre, tout le monde s'est mis en première vitesse quand vous
avez dit que, vous, vous exerceriez des tolérances et que ce n'est pas
pressé et que vous ne bâtiriez pas en fonction de
l'esthétique.
Aujourd'hui, on voit les résultats. Parce que quand j'ai
quitté le ministère, tout était en cheminement pour
s'appliquer le 1er avril 1986 en général, en Gaspésie et
aux Îles-de-la-Madeleine, tel que prévu. Je suis un peu
estomaqué de ce que vous dites ce matin.
M. Dutil: M. le Président, il y a beaucoup de remarques
qui sont faites. J'aimerais répondre à chacune d'entre elles.
Je pense qu'elles sont importantes, puisque cela concerne quand
même la qualité. D'abord, si cela fait plusieurs fois que
j'estomaque le député de Lévis, vous comprenez que je ne
croyais pas qu'il avait l'estomac aussi fragile, il ne me donnait pas cette
impression. Alors, j'en suis désolé. Je vais essayer
d'éviter de l'estomaquer davantage.
M. Garon: Dans l'affaire du thon, ils ne pensaient pas que les
consommateurs avaient l'estomac fragile.
M. Dutil: Pour ce qui est du thon, justement, je tiens à
mentionner que...
M. Garon: Mais si vous voulez conserver des emplois.
M. Dutil:... dans le cas de la décision du thon, le
ministre a pris une décision en vue d'autoriser la vente de marchandises
qui étaient sous enquête dans son ministère. Je n'ai pas...
et je n'autoriserai pas la vente de marchandises que mon ministère aura
décidé de mettre sous enquête, je peux en assurer la
population. Je pense qu'il est important de ne pas faire de démagogie
là-dessus.
C'est très important pour la crédibilité d'une
marque de commerce qu'on ne se mette pas à dire à tort et
à travers qu'il n'y a pas d'inspection. Qu'il n'y ait pas de
surveillance de la qualité, c'est faux. Il y a une inspection et il y a
une surveillance de qualité. Je répète que, contrairement
à ce qu'a fait le député de Lévis lorsqu'il
était ministre de l'Agriculture alors qu'il retardait la mise en
application de la normalisation d'une façon légale, j'ai
refusé de la retarder, justement dans le but d'accroître,
contrairement à ce qu'il disait tout à l'heure, la pression
auprès des usines qui ne sont pas encore normalisées.
Je suis le dossier de près mais, évidemment, je le suis de
Québec ou de mon bureau de Gaspé. Je ne le suis pas directement
sur les chantiers. Ce que je voulais tout simplement dire, c'est que
peut-être que le député de Lévis se prenait pour un
chef de chantier à l'époque, mais je ne pense pas que ce soit le
rôle d'un ministre. Son rôle est plutôt de s'assurer que le
travail soit bien fait partout et qu'il se fasse de la façon la plus
rapide possible. Particulièrement sur le plan de la normalisation, je
n'ai jamais dit que nous exercerions, avant le 1er avril, une tolérance
envers ceux qui ne veulent pas se normaliser.
J'ai effectivement parlé des fleurs et du gazon. Quant aux
fleurs, au gazon et à l'esthétique, à mon avis, cela doit
être la responsabilité des municipalités. Si elles veulent
adopter des règlements pour que chaque usine ait son bouquet de fleurs
pour faire plaisir au ministre de l'Agriculture ou
qu'elles mettent du gazon... Évidemment, je caricature; vous
comprenez que je prends un peu l'exemple du député de
Lévis; je pense que pour se comprendre il faut parler le même
langage et c'est pour cela que je...
M. Garon: Non, parlons un langage précis. Du gazon, oui.
Mais des fleurs, il n'a jamais été question de cela. Je vais
revenir sur le gazon.
M. Dutil:... voudrais terminer, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Laissez terminer le
ministre, s'il vous plaît!
M. Dutil: C'est vrai que le député de Lévis
n'a jamais parlé de fleurs dans ses lettres. Quand je dis que je
caricature, c'est ce que je veux dire.
M. Garon:... précisément.
M. Dutil: II parlait de gazon ou d'asphalte, de l'apparence
extérieure des bâtiments. C'est bien évident. Je pense que
le député de Lévis comprend certainement ce qu'est une
caricature. Il a été souvent caricaturé et ce sera sans
doute mon tour un jour. Une caricature, c'est une exagération pour mieux
faire comprendre un défaut. Le défaut, à mon avis, dans ce
cas, c'était que le député de Lévis demandait des
choses pour donner des subventions qui n'avaient rien à voir avec
l'hygiène et la protection du consommateur. Il demandait des choses pour
que son coup d'oeil, lorsqu'il descendait de sa limousine ou qu'il allait
inaugurer les usines, soit meilleur. Il est bien sûr qu'il est
préférable d'avoir du gazon, de l'asphalte et une belle apparence
extérieure. Je suis d'accord en principe avec cela, mais il est plus
important de s'assurer qu'à l'intérieur des usines on ait des
équipements et un processus de transformation adéquats parce que
notre rôle à nous, en tant qu'État, c'est cela, c'est
d'être dans l'usine, de s'occuper de ses affaires et de laisser les
entreprises s'occuper des affaires qui nous concernent moins et qui sont
souvent une question de goût et d'opinion personnelle.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. J'ai reconnu le député de Lévis.
M. Garon: Je suis estomaqué d'entendre parler le ministre
parce que, s'il consulte les gens spécialisés dans l'inspection
des aliments, il vient de faire des déclarations d'une complète
incompétence. Vous saurez que si du gazon est exigé autour des
usines, non seulement cela, mais du gazon coupé
régulièrement et de l'asphalte, c'est pour des raisons
d'hygiène. Vous parlez comme un "peewee" quand vous parlez comme cela
parce que vous savez que le principal lieu... Quand des usines, construites
sous le régime du gouvernement Bourassa, ont été
démolies, la vermine s'est acheminée vers les villages,
comprenez-vous? Dans les pans de mur, c'était plein de vermine. Il faut
dire une chose: Ce sont exactement les gens du service d'hygiène qui
m'ont dit que c'était nécessaire de mettre du gazon ou de
l'asphalte autour des usines pour que la vermine n'y vive pas et ne fasse pas
son lieu d'opération autour de l'usine dans des herbes d'une certaine
hauteur. C'est uniquement... Vous montrez votre incompétence.
Peut-être que vous connaissez les bicycles, mais dans l'alimentation,
vous ne connaissez pas grand-chose. C'est uniquement pour des raisons
d'hygiène qu'autour des usines on a exigé du gazon ou de
l'asphalte parce qu'il se ramasse des nids de mulots, des nids de vermine. S'il
n'y a pas d'asphalte ni de gazon ou s'il y a de la poussière, les
camions circulent et, quand les portes de l'usine sont ouvertes, cela fait des
poussières qui entrent. Aussi, quand les portes sont ouvertes, les
mulots n'attendent pas la permission du gouvernement et ne demandent pas de
permis - de toute façon, vous n'avez pas l'air d'en avoir même
pour les usines - pour entrer dans les usines. C'est uniquement pour des
raisons d'hygiène, pas pour des raisons d'esthétique que nous
avons exigé du gazon ou de l'asphalte autour des usines. Si vous allez
voir ailleurs ce qui se passe, vous allez voir que, la où il y a un
minimum d'hygiène, il y a du gazon ou de l'asphalte.
J'aimerais vous dire une chose: Vous n'êtes pas libre...
M. Outil: Puis-je répondre, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce
terminé?
M. Garon:... d'appliquer ou de ne pas appliquer la loi. C'est une
loi de l'Assemblée nationale que vous avez le devoir d'appliquer. Si,
pour des raisons quelconques, vous n'êtes pas capable d'appliquer la loi,
vous devez revenir devant l'Assemblée nationale, ce que j'ai fait quand
on a eu besoin d'une année additionnelle parce que les taux
d'intérêt étaient élevés à ce
moment-là. Tout était en cheminement pour fonctionner le 1er
avril 1986 en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. Je suis
estomaqué de constater que vous vous servez avec autant de
légèreté d'une loi de l'Assemblée nationale dont
vous êtes chargé de l'application et vous dites: Moi, je ne
l'applique pas et je ne fais pas comme le ministre, je ne viens pas faire
d'amendements devant l'Assemblée nationale.
Au contraire, votre devoir, si vous sentez que vous n'êtes pas
capable d'appliquer la loi, c'est de revenir devant l'Assemblée
nationale et de modifier la loi en fonction de ce que vous voulez faire. La loi
n'est pas votre propriété, c'est celle de l'Assemblée
nationale, elle a été mise en vigueur légalement et vous
êtes obligé, comme ministre responsable de son application, de
l'appliquer.
Actuellement, je dis que vous êtes en train de mettre en danger la
sécurité des gens au point de vue de la qualité de
l'alimentation au Québec en agissant de la façon dont vous le
faites. En faisant les commentaires que vous faites, vous nuisez au milieu qui
se faisait une obligation d'être en conformité pour le 1er avril
1986 sur l'ensemble du territoire de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine. Au point de vue de la glace, vous faites des belles
affaires, mais cela ne devait pas être retardé, cela devait
être fini l'automne dernier, l'affaire de la glace. Quand vous dites que
vous ne voulez pas pénaliser les entrepôts dont on a
hérité, que j'ai liquidés en grande partie - et le reste
devait être liquidé au cours de cet hiver - vous avez fait quoi?
Vous avez maintenu des équipements pendant un an de plus qui ne se
conforment pas aux standards et que nous ne devions pas mettre en marche parce
qu'à partir du 1er avril 1986 la loi s'appliquait autant pour le
gouvernement que pour l'entreprise privée.
Je suis estomaqué de la légèreté avec
laquelle vous considérez comme responsable... Il est vrai que ce n'est
pas vous qui êtes responsable, mais je demande comment les partages se
font entre le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et le ministre délégué aux Pêcheries
parce que ce n'est pas vous qui êtes le responsable. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est responsable de la
loi sur l'inspection des aliments. Vous n'êtes pas, comme ministre
délégué aux Pêcheries, responsable de l'application
de la loi sur l'inspection des aliments. Je constate que vous administrez une
loi que vous n'avez pas la responsabilité d'administrer. Allez voir dans
le texte de la loi. Voyez quelles sont vos responsabilités. Le ministre
responsable de l'inspection des aliments est le ministre de l'Agriculture et
non le ministre délégué aux Pêcheries. Je suis
estomaqué de voir... (12 heures)
M. Dutil:... estomaqué.
M. Garon:... qu'actuellement, au gouvernement, c'est le ministre
délégué aux Pêcheries qui applique une loi dont il
n'a pas la responsabilité en vertu de la loi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je cède la
parole au ministre.
M. Dutil: II y a beaucoup de choses là-dedans, M. le
Président. Je suis un peu craintif de voir le député de
Lévis s'exprimer de cette façon. Il y a un risque pour sa
santé. Je pense qu'il aurait pu nous dire tout cela d'une façon
beaucoup plus calme de façon à éviter de faire monter sa
tension artérielle à un niveau qui risque d'avoir des
conséquences énormes sur sa santé. Je voudrais savoir
pourquoi le député, qui nous dit que c'était bien
important d'avoir du gazon, de l'asphalte et une apparence extérieure,
ne l'a pas mis dans ses règlements tout simplement et l'a mis seulement
dans ses lettres d'offres lorsqu'il accordait une subvention. Si cela avait une
telle importance pour les fins de la réglementation, c'est à mon
tour de l'accuser de laxisme et c'est è mon tour de l'accuser de ne pas
avoir mis toutes les normes requises et nécessaires pour que ces usines
soient vraiment adéquates. Le député de Lévis
m'accuse de ne pas appliquer la loi. Je voudrais savoir ce qu'il a fait
à Newport alors qu'il est allé inaugurer une usine qui est
quasiment à 100 % la propriété de l'État - si on
regarde les investissements à cet endroit - et qui n'avait pas de permis
d'exploitation. La loi n'existait pas pour Newport, parce que c'était
une usine où le gouvernement avait investi grandement? Sur la
Basse-Câte-Nord, je voudrais savoir pourquoi le député de
Lévis, lorsqu'il était ministre, n'a pas mis en application
l'émission de permis provisoires pour les salines, tel que requis par la
loi. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait dans le passé?
Est-ce que le député de Lévis se moquait de
l'Assemblée nationale en ne faisant pas respecter toutes les lois au
pied de la lettre comme il les avait lui-même fait voter et comme il les
avait lui-même prévues?
C'est tout ce avec quoi je vis actuellement. Je vis avec des dossiers
non complétés, mal planifiés, des dossiers où on
garrochait l'argent à une vitesse effarante dans certains secteurs et
où on en privait d'autres. Il s'est investi des millions de dollars,
pour ne pas dire des dizaines de millions de dollars dans quelques usines et
très peu ailleurs. Lorsque le député de Duplessis
soulève le problème qu'il n'y a pas suffisamment d'argent pour la
Basse-Côte-Nord, je tiens à mentionner que si l'argent investi
dans le domaine des pèches depuis cinq ans avait été
investi d'une manière plus planifiée, nous n'aurions pas le
problème aujourd'hui de manquer autant d'argent dans le domaine des
pêches; nous pourrions exercer et aller plus rapidement de l'avant au
niveau de projets dans d'autres coins qui ont été, à
toutes fins utiles, complètement négligés par
l'ex-ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Merci, M, le ministre. J'aimerais, avant de continuer, dire que le
règlement 35 à l'article 7 dit: "se servir d'un langage violent,
injurieux ou blessant à l'endroit de qui que ce soit... ". Alors, cela
s'applique.
Une voix: Cela s'applique.
M. Garon: II n'y a pas de langage blessant lorsque je dis que le
ministre n'applique pas la loi. C'est vrai; c'est ce qu'il vient de
déclarer lui-même.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous donne... Je
reconnais...
M. Garon: Je n'ai employé aucun langage violent, aucun
langage impoli à l'endroit du ministre. Vous pourrez lire les
galées.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je
reconnais...
M. Garon: Sauf que j'ai le droit de dire que je considère
que le ministre ne fait pas son travail.
Deuxièmement, en vertu de quoi à Newport...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi.
M. Dutil: M. le Président, au sujet de ce
règlement, lorsque le ministre dit que c'est un "peewee" ou que c'est un
débutant, etc., moi, je pense que c'est blessant et insultant; moi, je
ne dis pas à M. Garon que c'est un gros personnage...
M. Garon: Les gens de votre parti me l'ont dit pendant neuf
ans...
M. Dutil: Je lui dis que je ne suis pas d'accord avec son point
de vue.
M. Garon:... mais, à un moment donné, ils se sont
aperçus que les gens s'en rendaient compte par eux-mêmes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous donne
raison, M. le ministre.
M. Dutil:... un grossier personnage, excusez-moi, je voulais dire
un grossier personnage.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, si vous
voulez continuer, M. le député de Lévis.
L'usine de Newport
M. Garon: À Newport, en vertu de quel article du
règlement ne délivre-t-on pas de permis? La construction doit
être conforme.
L'usine de Newport ne manque pas d'eau. Vous savez - à moins que
vous ne le sachiez pas - que la municipalité voudrait se faire payer une
partie de l'approvisionnement pour des fins de développement
domiciliaire plutôt que de bâtir un équipement pour des fins
industrielles. Actuellement, l'usine ne manque pas d'eau; elle a
fonctionné toute l'année dernière et, essentiellement, si
la municipalité fait sa demande en vertu de l'entente
fédérale-provinciale qui permet de faire des réseaux
d'aqueduc pour des fins industrielles, alors l'usine pourrait avoir, et tout le
parc industriel pourrait avoir son approvisionnement en eau uniquement pour des
fins industrielles. Mais la ville de Newport elle-même essaie... Je ne
sais pas si vous êtes au courant de tous les conflits
d'intérêts qu'il a pu y avoir à Newport et dans lesquels
j'ai été bien prudent.
M. Dutil: Oui, oui.
M. Garon: Et il y a des gens qui savent qu'il y a eu des
expropriations parce qu'on a voulu nous vendre des terrains 35 fois le prix
qu'on les avait payés trois ou six mois avant. On a dû agir d'une
certaine façon. Mais, dans ce cas-là, dans le cas de l'eau
à Newport, l'usine n'a jamais manqué d'eau, elle a
fonctionné toute l'année, elle a même eu au-dessus de 500
employés l'an dernier, alors qu'habituellement elle en avait moins de
400. Elle a eu des "peaks" de main-d'oeuvre très importants et elle n'a
pas manqué d'eau. C'est évident que la municipalité, qui
voudrait profiter de la nouvelle usine pour faire bâtir en
prévision que l'autre usine à côté puisse ouvrir...
Mais là je ne comprends pas pourquoi le ministre pénalise
Newport, qui est une usine modèle, la plus moderne au monde dans sa
catégorie, c'est reconnu par tous ceux qui l'ont visitée.
Actuellement, pour des fins politiques sans doute, le ministre refuse de lui
donner son permis.
M. Dutil: M. le Président...
M. Garon: Si on dit "seulement pour des fins d'approvisionnements
en eau", alors qu'elle ne manque pas d'eau... Je n'en reviens pas, M. le
Président.
M. Dutil: Je peux répondre sans doute à la
question...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Dutil: Je pénaliserais Newport si je faisais ce que me
recommande le député de Lévis aujourd'hui,
c'est-à-dire de les fermer parce qu'ils n'ont pas de permis. La raison
pour laquelle ils n'ont pas de permis, c'est qu'ils n'ont pas le certificat de
l'Environne-
ment. La raison pour laquelle ils n'ont pas le certificat de
l'Environnement, c'est qu'on craint un manque d'eau. Le certificat de
l'Environnement était nécessaire pour que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, de par la loi,
émette un permis à Newport. C'est cela qui se passe. Je ne dis
pas que cela a du bon sens, je dis que c'est la loi.
Si je faisais ce que je me suggère le député de
Lévis, actuellement, on ne permettrait pas à Newport de
fonctionner, ce qui n'a aucun bon sens. Je pense que tous les citoyens du
Québec vont le comprendre, particulièrement ceux qui travaillent
dans cette usine, que cette usine, sur l'aspect de l'hygiène, est
très adéquate, je le reconnais; c'est une usine très
moderne, qui a été construite, à mon avis, trop grosse
pour les besoins. Il aurait pu y avoir des sommes d'argent de réparties
peut-être ailleurs. Mais il ne s'agit pas de revenir
là-dessus.
Ce que soulevait le député de Lévis, c'est: Est-ce
que le ministre fait appliquer la loi ou ne la fait pas appliquer? Ce que je
dis au député de Lévis, c'est que, s'il me recommande
d'appliquer la loi et me dit, étant donné qu'il a une vaste
expérience à l'Assemblée nationale, que toutes les lois
doivent être appliquées au pied de la lettre, qu'on doit employer
tous les moyens juridiques pour la faire appliquer au cas ou certaines
personnes ne voudraient pas s'y conformer, cela aurait comme conséquence
qu'on aurait fermé les salines l'année passée sur la
Basse-Côte-Nord, qu'on aurait interdit à Newport de fonctionner
cette année, que les neuf usines que j'ai mentionnées, dont celle
de Havre-Aubert qui nous appartient, auraient été fermées
et elles le seraient encore jusqu'à l'ouverture de ta nouvelle usine.
Cela aurait toutes ces conséquences.
Si le député de Lévis, quand il était
ministre, ne s'organisait pas pour avoir une planification législative
pour améliorer la situation du côté de l'hygiène
dans les usines, on est bien d'accord avec cela, mais pour faire des lois qui
sont applicables, au lieu de tout le temps les retarder ou de ne pas les
appliquer comme il l'a fait lui-même... Si le député de
Lévis avait agi conformément à ce qu'il me reproche -de
faire, des emplois dans le secteur de la transformation des pêches, il
n'y en aurait pas eu beaucoup depuis quelque temps.
M. Garon: Et si le ministre....
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre, Le...
M. Garon:... a besoin de six mois additionnels, c'est a lui de
changer la loi afin de les obtenir ces mois. Dans le cas de la
Basse-Côte-Nord, le délai est le 1er avril 1987. Tout le monde
sait que...
M. Dutil:... mais provisoire.
M. Garon:... sur la Basse-Côte-Nord, les distances sont
très grandes. Deuxièmement, tout le monde sait que les dangers
sont moins considérables parce que la température aide beaucoup
dans le secteur, excepté qu'il n'y avait pas d'équipements sur la
Basse-Côte-Nord; il n'y avait rien, c'étaient des "shacks". C'est
la première fois qu'un gouvernement s'intéressait vraiment
à bâtir quelque chose sur la Côte-Nord, c'était notre
gouvernement. Auparavant, ce n'était rien. Je peux vous dire aussi qu'on
a repris l'inspection du poisson, en partie parce que le fédéral
ne faisait pas son travail sur la Basse-Côte-Nord. J'ai
déjà vu l'approvisionnement en eau et le rejet des eaux
usées dans le même mètre carré. Je peux vous dire
une chose, si on a repris l'inspection des aliments, c'est pour faire un
travail correct. Mais, si vous avez besoin de six mois additionnels, vous devez
les demander à l'Assemblée nationale. Vous devez dire pourquoi et
spécifier les cas, parce que dans tous ces cas... Je comprends que
Havre-Aubert peut être en retard dans sa construction de quinze jours,
trois semaines ou un mois, c'est une affaire. Je vous ai demandé des cas
précis parce qu'il y avait des gens qui n'avaient pas
présenté de plans et ils étaient moins
préoccupés par la modernisation de leurs installations. Si, pour
des fins politiques, on utilise des arguments fallacieux... À mon avis,
Newport c'est la meilleure usine; qu'elle manque d'eau ou non, c'est une autre
affaire, ce n'est pas une question d'inspection des aliments. Le
règlement, c'est un règlement et une loi sur l'inspection des
aliments...
Le ministère de l'Environnement, parce qu'il y a des
développements domiciliaires et qu'une municipalité doit fournir
l'eau et qu'elle s'est engagée à le faire, veut se servir d'une
pression additionnelle en se servant d'une usine qu'il va prendre en otage pour
dire: On veut avoir aussi dans notre projet un projet qui servira à
alimenter des développements domiciliaires avec des gens de la
municipalité qui pourraient être avantagés et qui sont dans
des conflits d'intérêts. C'est une autre affaire, c'est une autre
question. Je peux vous dire qu'à Newport actuellement l'usine est
conforme et qu'elle devrait avoir son permis.
Vous dites que vous avez une crainte qu'ils manquent d'eau. S'ils
manquent d'eau le ministère de l'Environnement fermera l'usine parce
qu'ils manquent d'eau, mais à ce jour ils n'ont jamais manqué
d'eau. Pourquoi refuser un permis? Ce n'est pas de l'eau contaminée. On
dit qu'on craint qu'ils ne manquent d'eau. Si le ministère de
l'Environnement a des problèmes d'eau il agira è ce
moment-là ou qu'il agisse en attendant pour régler le
problème de l'eau.
On ne peut pas pénaliser l'usine pour des responsabilités
qui ne lui reviennent pas alors qu'elle est conforme à la
réglementation sur l'inspection des aliments.
L'état des projets
Enfin, je dis que j'aimerais que le ministre accepte de déposer -
je sais qu'il n'y a pas de dépôt en commission parlementaire; s'il
ne veut pas le faire en commission parlementaire on inscrira une question pour
qu'il en fasse le dépôt a l'Assemblée nationale - je lui
demande s'il veut déposer l'état d'avancement de tous les projets
qu'il y a actuellement sur le territoire québécois en termes de
réalisation, d'intérêt public de toutes les usines en
exploitation. Je comprends qu'il a appliqué la politique qu'il m'a dit
que j'appliquais, de ne pas permettre de nouvelles constructions qui ne
respectent pas les normes prévues à la loi et aux
règlements, mais dans les cas des usines existantes j'aimerais qu'il me
dépose l'état d'avancement des travaux, dans chacun des cas, pour
chacune des usines en exploitation pour l'année 1986 qui n'ont pas de
permis. Quel est l'avancement des travaux? Est-ce qu'elles ont reçu
leurs lettres pour l'intérêt public? Est-ce qu'elles ont soumis
leurs plans? Est-ce que leurs plans ont été approuvés? Il
serait anormal actuellement qu'une usine soit en exploitation et qu'elle n'ait
même pas fourni ses plans alors que l'année 1986 commence. Un
délai a été donné à ce moment-là et
l'ensemble des usines était capable de respecter ce délai. C'est
une chose de laisser fonctionner une usine qui n'a pas fait de travaux de
construction et c'en est une autre de laisser fonctionner une usine qui aurait
dû terminer ses travaux le 1er avril et qui les termine le 15 avril.
C'est différent. Vous savez qu'à la fin des travaux, avant de
donner le permis, il peut y avoir quelques discussions sur... J'ai
déjà vu, par exemple, un cas où les deux ne s'entendaient
pas sur la façon de faire.
Dans mes lettres d'offres où on parle de gazon et d'asphalte, la
loi et les règlements disent bien que les lieux doivent être dans
un état qui assure l'hygiène. En certains endroits on n'a pas
voulu spécifier et le sous-ministre pourrait vous dire à quel
point, dans le débat sur la réglementation avec la
Communauté urbaine de Montréal et le ministère, il y avait
deux approches différentes; et il y a deux approches possibles. Il y a
celle où on peut avoir un règlement qui indique les objectifs
visés de façon très précise sans indiquer les
modalités, parce qu'il peut y avoir différentes modalités
pour réaliser un même objectif. Il y a l'autre approche où
on spécifie les modalités pour réaliser l'objectif. Le
sous-ministre sait à quel point ces deux approches existent parce qu'il
y a eu un grand débat entre le ministère et la Communauté
urbaine de Montréal. C'est une chose, ça, mais c'est une autre
chose de dire que la loi ne prévoit pas ça. La loi prévoit
à tous les stades, à partir de la pêche... Il y a des
endroits où on l'a mis, même, parce qu'on n'a pas le pouvoir
légal mais comme on payait on l'a mis également... Celui qui paie
a le droit de poser des conditions. Pour tous les bateaux en construction on a
fait nos normes pour les cales, alors qu'on n'avait aucune juridiction sur les
cales de bateaux, parce qu'on considérait que le fédéral
ne faisait pas son travail. Parce que c'était le gouvernement du
Québec qui investissait des fonds ça ne donnait rien de faire
toute la chaîne si on ne faisait pas la cale des bateaux. Parce qu'on
donnait de l'argent on spécifiait que les cales des bateaux devaient
être conformes à nos spécifications pour assurer la
qualité du poisson. Notre montant d'argent n'était pas
payé tant que la cale du bateau n'était pas conforme à nos
standards. (12 h 15)
Je comprends qu'on n'a pas de pouvoir là-dessus, mais on a
même essayé de faire en sorte que, dans le domaine des
pêches, même dans les secteurs où on n'avait pas
juridiction, l'argent qu'on mettait dans le secteur des pêches... C'est
vrai qu'on a mis de l'argent dans le secteur des pêches et il fallait en
mettre, parce qu'on n'en avait jamais mis. Vous savez que votre gouvernement,
en 1976, a voulu donner 75 000 $ pour la construction de bateaux, la
réparation de trois grosses chaloupes. C'est vrai que c'est par millions
de dollars, mais regardez la flotte aujourd'hui; les gens sont fiers de la
flotte. La modernisation a été faite dans le secteur des
pêches. Avant que je sois responsable des pêches, il a fallu que
les gens viennent à mon bureau tellement, auparavant, c'était
difficile. Les gens ne voulaient pas qu'il y ait des toilettes et des douches
à bord des bateaux, que ce soient des bateaux les plus misérables
possible, parce qu'on pensait que la pêche, il fallait que cela ait l'air
misérable. II a fallu que j'autorise cela. Les gens sont venus à
mon bureau parce qu'ils n'étaient pas habitués à cela dans
le secteur des pêches, pour qu'on mette des toilettes à bord des
bateaux, des douches à bord des bateaux, des équipements pour que
le confort des pêcheurs soit le meilleur possible. On est en 1986. On
n'est pas dans le temps où les gens partaient dans la brume pêcher
avec des petites chaloupes et que quelqu'un criait du cor pour ne pas qu'ils se
perdent dans la brume, parce que quand ils n'entendaient plus de cor ils
étaient perdus et ils étaient morts. C'était fini. On
n'est plus dans ce temps-là. Aujourd'hui, on est en 1986. Il y a des
radios. On pourrait dire comme autrefois: Pas besoin de radio pour aller
à la pêche. C'est vrai, pas besoin de radio. Pas besoin
de moteur non plus; on peut y aller à la rame. On pourrait y
aller aussi à la voile, mais on a pensé qu'en 1986 il fallait que
ces équipements-la soient modernes, autant au niveau des bateaux qu'au
niveau des usines. On a complété. Oui, on a
complémenté nos juridictions parce que celui qui paie a le droit
de dire un mot. Comme le gouvernement de Québec, celui du Parti
québécois, mettait des fonds...
M. Dutil: Concernant la durée du droit de parole, cela
achève.
M. Garon:... on pensait qu'il avait le droit aussi de poser des
conditions et il posait précisément ces conditions-là pour
faire en sorte que la qualité soit respectée au maximum pour
qu'on ait un produit de qualité standard supérieur.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Avant de donner la
parole au ministre, je voudrais dire, concernant le dépôt de
document, que l'article 162...
Une voix: II me reste 20 minutes...
M. Garon: Je sais, M. le Président, qu'il n'est pas
obligé de le faire. J'ai demandé s'il peut le faire
volontairement. Il peut nous distribuer des documents volontairement, mais si
le ministre veut les distribuer volontairement, parfait. S'il ne le veut pas,
je vais en faire une question à l'Assemblée nationale.,
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais quand
même vous lire l'article: "Un document ne peut être
déposé en commission qu'avec la permission de son
président. " Je l'autorise, si le ministre le veut bien.
M. Dutil: Ma première intervention, c'est celle qui
concerne Newport. On voit que le député a deux langages, selon
qu'il parle de son administration ou de la nouvelle administration. Quant
à l'usine de Newport, qui est une usine moderne et très
adéquate sur le plan de l'hygiène, pour fonctionner, si le
ministère de l'Environnement n'a pas émis de permis, ce n'est pas
grave. Nous autres, au ministère de l'Agriculture, sous le régime
du député de Lévis, on rouvre pareil; ce n'est pas grave;
le ministère de l'Environnement ira où je pense. C'est exactement
comme cela que le député de Lévis traitait les autres
ministères, le Conseil du trésor et le fédéral. On
voit que le langage revient aujourd'hui. C'est la faute du
fédéral si cela ne fonctionne pas. C'est la faute du
ministère de l'Environnement si le permis n'a pas été
émis. Cela n'a pas de bon sens pour les employés de Newport que
le méchant ministère de l'Environnement... Je dois rappeler, M.
le Président, que le méchant ministère de l'Environnement
fonctionnait avec les lois qui ont été faites de 1976 à
1985 par le gouvernement du parti du député de Lévis. Je
voudrais savoir pourquoi il y avait des lois qui n'avaient pas de bon sens
s'ils ont eu neuf ans pour tes modifier et les adapter à leur
idéologie et à leur façon de penser et pourquoi le
député de Lévis n'était pas en mesure de se
conformer, lui, aux méchantes lois que faisait le ministère de
l'Environnement pour s'assurer... Remarquez bien que, personnellement, cette
loi, je l'approuve et j'ai justement eu l'occasion de l'appliquer. Je pense que
je vais en donner l'exemple.
Parlons des investissements dans le domaine des pêches. Il est
prévu par la loi que le certificat de l'Environnement doit être
émis pour l'approvisionnement en eau - pour les rebuts, les
déchets, cette partie est, bien normale - pour s'assurer qu'elle soi
suffisante par rapport au besoin. Parce qu'une entreprise de pêche,
même si elle est dite sèche - c'est le cas de Newport, on. dit que
c'est une entreprise de pêche sèche -prend trois fois plus d'eau
que le village en entier quand elle fonctionne. Imaginez-vous que quand on
disait que c'est la faute de la municipalité, c'est la faute du
fédéral, c'est la faute des autres, je pense que le
député de Lévis était tout à fait
inconscient du fait qu'un gouvernement travaille en coordination, les
ministères les uns avec les autres. Il était tout à fait
inconscient que deux paliers de gouvernement dans un régime
fédéral, cela doit être capable de s'asseoir autour d'une
table, peut-être déchirer quelques feuilles, donner quelques coups
de poing sur la table et se fâcher quand nos intérêts sont
en jeu, mais pas sortir en claquant la porte faire la grève et
publiquement dire: C'est la faute du fédéral, le
fédéral ne collabore pas.
On voit que le député de Lévis et le Parti
québécois tiennent le même langage qu'ils tenaient
lorsqu'ils étaient au pouvoir. Ce n'était jamais leur faute.
C'étaient toujours les autres. Nous autres, on travaille fort. On ne
négocie pas avec ces gens du fédéral. Ce sont des
méchants. Nous autres, nous réglons nos problèmes.
Le député de Lévis, tantôt, disait: Les
bateaux ne sont pas sous notre juridiction. Ils sont sous la juridiction
fédérale. Quand on accorde des subventions, puisque c'est le seul
moyen qu'on a d'augmenter l'hygiène et la qualité, on doit donc
s'assurer que les bateaux répondront à des normes minimales, ce
avec quoi je suis tout à fait d'accord. Il a trouvé une
façon d'obliger une amélioration de la qualité des bateaux
et c'est très bien.
Dans le cas des bateaux, c'est exact. Mais, dans le cas des usines, je
voudrais comprendre l'explication pour laquelle il procédait
également par lettre d'offres puisque c'est là un pouvoir
provincial. Quant aux usines de transformation, le fédéral
n'a
pas la juridiction qu'il a sur la construction des bateaux, les bateaux
et éventuellement le transport maritime. Alors, pourquoi se sentait-il
obligé? Pourquoi n'a-t-il pas pensé de mettre plus de
précisions dans la loi? Il s'est donné une discrétion
finalement, une discrétion de décider quelles seront les
modalités exactes, par lettre d'offres, lorsqu'il donnerait des
subventions.
Est-ce que c'est pour faire ce qu'il m'accuse de faire, de la politique,
par exemple, d'avoir des normes plus sévères pour ceux qu'il
n'aime pas, moins sévères pour ceux qu'il aime? Est-ce que c'est
ce que voulait faire le député de Lévis?Pourquoi n'a-t-il pas présenté une loi claire à
l'Assemblée nationale au niveau de la normalisation des usines? Ce n'est
pas difficile de dire que, puisque cela semble être si important, cela
prend du gazon, qu'il ne doit pas y avoir de terre autour des usines. Ce n'est
pas difficile de dire que cela prend de l'asphalte pour les routes et non pas
de la terre autour des usines. Si c'est si important que ça, pourquoi
s'est-il gardé la discrétion, en tant que ministre, lors d'une
lettre d'offres, lorsqu'il donnait des subventions à des citoyens du
Québec? Est-ce qu'il avait des amis à servir ou est-ce que
c'était trop difficile de discuter de ces normes à
l'Assemblée nationale? C'étaient quelques petits mots à
ajouter.
C'est dans notre pouvoir. C'était le pouvoir provincial. Je
voudrais que le député de Duplessis ne s'en fasse pas. II reste
sept minutes et j'ai l'intention de les occuper, j'en ai le droit. Le
député de Lévis a parlé pendant tout près de
20 minutes. Je pense qu'il est tout à fait normal que j'exerce
maintenant mon droit de parole et que je m'attende que de l'autre
côté on soit très attentif à ce que je vais dire,
comme j'ai été très attentif - j'ai pris des notes -
à ce qu'a dit le député de Lévis. Il
profère, il fait des déclarations à tort et à
travers et ces déclarations risquent... Je vais saluer le
député de Lévis qui s'en va, en passant. Je vais quand
même m'adresser à lui et puisque les pêches ne sont pas
assez importantes et que la normalisation, ce n'est pas assez important pour
qu'on en fasse un débat et qu'on n'en fasse pas de la démagogie
parce que c'est de la démagogie qui s'est faite tout à l'heure...
Le député de Lévis se retire. Cela m'amène à
dire que le député de Lévis, je le juge finalement bien
après quatre mois dans mon ministère. Le député de
Lévis méprisait les pêcheurs. Le député de
Lévis a toujours pensé que ces gens n'étaient pas capables
par eux-mêmes de créer, d'imaginer des choses. Il fallait leur
tenir la main comme à des petits enfants, voyez-vous. Ces pauvres
pêcheurs, il faut les bousculer dans le coin quand ils ne font pas ce
qu'on veut. Il faut leur tenir la main parce que ce sont de pauvres petits
enfants.
Cela a été comme cela depuis cinq ans dans le domaine des
pêches avec le député de Lévis. Cela a
été comme cela pendant cinq ans.
Imaginez-vous comme cela a été long et pourquoi ça
criait si fort dans le domaine maritime et pourquoi le Parti libéral
s'est engagé à nommer un ministre délégué
aux Pêcheries. Vous savez, le député de Lévis
disait, tout à l'heure: Vous avez juste un petit budget et vous pouvez y
aller, ce n'est pas grave. C'est facile. Administrez-moi cela. Je donnais un
exemple tout à l'heure. Essayez donc de remettre - il faudrait que le
député de Lévis fasse cet exercice puisque c'est un
spécialiste - de la pâte à dents dans un tube quand on l'a
expulsée avec force. Essayez donc de faire cela si vous en êtes
capables. C'est ça que le député de Lévis a fait
dans le domaine des pêches. Il est arrivé comme un - je vais
essayer de trouver un terme parlementaire - éléphant dans un
magasin de porcelaine, un éléphant dans un aquarium et le
député de Lévis a bousculé tout le monde et il
s'étonne aujourd'hui que les gens du milieu des pêches soient
extrêmement frustrés, que les relations soient extrêmement
détériorées.
Je passe mon temps, M. le Président, depuis que je suis ministre
délégué aux Pêcheries, à essayer de calmer
les gens, tellement ils sont exaspérés par les lois qu'a fait
adopter le ministre qui, à certains points de vue et à certains
égards, se sont faites sans consultation, de façon trop
sévère et avec des échéances trop rapides,
premièrement; également par le style dictatorial du
député de Lévis, du temps où il a été
ministre des pêches, parce qu'il n'était plus ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation durant les trois
dernières années. C'étaient ses fonctionnaires qui
s'occupaient de l'agriculture; lui', il s'occupait des pêches à sa
façon et avec mépris pour les pêcheurs. Il s'occupait des
pêches et il s'occupait d'essayer de se faire élire chef du Parti
québécois. Mais je pense que les gens du Parti
québécois connaissaient plus le député de
Lévis que nous.
J'avais une certaine admiration pour lui quand j'étais dans mon
village. J'écoutais, à certaines occasions, la période de
questions. Tout le monde sait que c'est la partie la plus intéressante
à l'Assemblée nationale et il était très
drôle. Tout à l'heure, il faisait des caricatures tout à
fait excellentes. Je l'admire toujours pour cela et j'essaierai de l'imiter
pour avoir des caricatures aussi intéressantes. Cela fait rire les gens
et cela fait mieux comprendre.
Mais j'ai perdu rapidement cette admiration quand j'ai vu dans quel
état et de quelle façon le député de Lévis
administrait, parce qu'il s'agit bien d'administration quand on est ministre
dans un gouvernement. Il s'agit de voir de quelle façon doivent se
faire les choses. Il s'agit de s'entendre avec des partenaires.
M. Perron: Est-ce que je peux poser une question au ministre
avant que le temps ne s'écoule? Avant que le temps soit
écoulé, est-ce que je pourrais poser une question au ministre,
une importante question?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez. S'il veut
bien, oui.
M. Perron: Parce que, là, c'est lui qui fait de la
démagogie.
M. Dutil: M. le Président.
M. Perron: J'ai des questions à poser et cela
relève directement des pêcheries et j'aimerais bien les poser, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant. S'il
veut bien.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais faire 30 secondes
d'intervention.
M. Perron: Les gens de la Côte-Nord sont
intéressés à connaître des réponses à
des questions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Il
demande 30 secondes et il va vous permettre de répondre à une
question.
M. Dutil: J'ai deux remarques. Si le député de
Lé vis était arrivé à 10 heures,
premièrement, et, deuxièmement, s'il n'avait pas pris 20 minutes
de parole, comme il l'a fait tout à l'heure - je pense que le
député de Duplessis aurait pu lui donner un coup de coude tout
à l'heure. Je donnerai une minute de plus au député. de
Duplessis quand j'aurai fini mon intervention - si le député de
Lévis avait été raisonnable, j'aurais été
raisonnable. J'admets que je ne suis pas raisonnable en faisant l'intervention
que je fais. Je ne fais que faire et répéter ce que le
député de Lévis a fait et il n'a même pas eu la
politesse de m'entendre, il s'est retiré. Allez-y.
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, la parole est
au député de Duplessis.
M. Perron: On va laisser de côté ce qui s'est
passé depuis à peu près une heure. Je voudrais revenir sur
la question des pêcheries elles-mêmes concernant certains dossiers
sur lesquels je voudrais parler. Cela va autant pour le ministre que pour
d'autres.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je tiens à
vous dire que nous devons adopter également le programme 10 tout
à l'heure.
Usine construite sans approbation des plans
M. Perron: D'accord. Concernant les poissons et crustacés
d'Anticosti. Une usine est en construction sans avoir fait approuver les plans
par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, faute de connaissance de la part du propriétaire actuel,
M. Omer Rail. Dans la lettre que le ministre m'a transmise en date du 7 mars
dernier, au deuxième paragraphe, il mentionnait: "Comme vous le
constaterez à la lecture de la décision, ce refus n'est pas
définitif parce que je sais qu'il existe un certain malaise au niveau de
la transformation du poisson dans la région de Mingan. " Le ministre a
tout à l'heure soulevé la question à savoir que des
acheteurs du Nouveau-Brunswick s'en venaient à Mingan et dans le
district de Mingan pour acheter de la production, des approvisionnements, pour
les transférer au Nouveau-Brunswick. Comme M. Orner Rail est d'accord et
qu'il voudrait continuer à aller de l'avant avec son plan de
développement, de son usine directement à
Longue-Pointe-de-Mingan, le ministre pourrait-il m'informer à savoir ce
qu'il entend faire en rapport avec ce dossier.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je tiens à
vous dire que c'est la dernière question parce que, après, il
faut adopter les crédits du ministère.
M. Dutil: Je remercie le député de sa question et
je suis très heureux de voir que le ton est revenu à ce qu'il
devrait être et avec des questions raisonnables. Le député
de Duplessis ne me verra jamais élever le ton, je suis certain, car il
discute d'une façon très raisonnable. D'ailleurs, j'aimerais que
le Parti québécois - je lui fais la suggestion -le nomme critique
aux Pêcheries; je pense qu'il serait beaucoup plus adéquat, il y
aurait beaucoup moins de démagogie. Je ne sais pas d'ailleurs pourquoi
il ne l'est pas, puisque le député de Lévis est
déjà critique aux Finances.
Pour revenir à la question précise qu'il pose au sujet de
M. Orner Rail, c'est justement un exemple frappant d'une occasion où le
ministre pourrait appliquer la loi dans toute sa rigueur, c'est-à-dire
qu'on aurait pu dire à cette personne: Écoute, tu t'es construit,
tu avais oublié qu'il y avait une loi d'intérêt public, tu
ne t'es pas informé, tu n'ouvres pas et tu n'opères pas.
Actuellement, on cherche des solutions avec cette personne, évidemment,
il est en train de pêcher actuellement, c'est la saison du crabe, il
n'est pas question d'aller le déranger pendant qu'il est dans sa saison
et que le crabe est là.
M. Perron:... professionnel. (12 h 30)
M. Dutil: Dans dix semaines, ce sera fini, et on aura l'occasion
de s'asseoir avec lui et de régulariser la situation. La raison du refus
dans ce cas précis, c'est qu'on trouve que c'est une unité trop
petite. Non seulement on est d'accord qu'il y ait une opération qui se
fasse à cet endroit dans le crabe, mais on souhaiterait, pour
éviter l'éparpillement des usines, qu'elle se fasse de
façon plus considérable et, peut-être, avec d'autres
pêcheurs afin qu'on puisse éventuellement avoir une usine qui a
une certaine économie d'échelle. Comprenez-vous?
Je peux rassurer le député de Lévis, M. le
Président, là-dessus. Premièrement, il n'est pas question
qu'on empêche, pour autant que des normes d'hygiène minimales
soient suivies, M. Rail d'ouvrir cette saison-ci, c'est en plein cours de
saison.
M. Perrons Comme pêcheur.
M. Dutil: Comme pêcheur et comme opérateur, il y a
certaines petites opérations qui seront faites cette année.
M. Perron: II ne peut pas fonctionner actuellement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant, je
regrette, si on doit continuer quelques minutes, cela me prend
l'unanimité. Autrement, il faut que je mette fin aux travaux.
M. Dutil: Dix secondes.
M. Perron: M. le Président, sur la question que vous venez
de soulever, est-ce que les membres de la commission seraient d'accord pour
terminer cette partie sur M. Rail?
M. Outil: Je suis d'accord.
M. Perron: J'aurais une ou deux questions à poser par la
suite et on pourrait terminer.
M. Dutil: M. le Président, je donnerais mon...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait
limiter...
M. Perron: Pour le député de Duplessis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela me prend
l'unanimité.
M. Messier: II n'avait qu'à arriver à l'heure,
à 10 heures.
M. Farrah: C'est une question de dossier personnel. Je n'ai
aucune objection à ce que...
M. Perron: Un dossier général.
M. Farrah: Si vous parlez d'une personne en particulier...
M. Dutil: J'apprécierais qu'on prenne cinq minutes
supplémentaires seulement. Êtes-vous d'accord?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que tout le
monde est d'accord pour cinq minutes?
M. Perron: Parfait, M. le ministre.
M. Dutil: En cinq minutes on peut régler cela. Je vais
faire des réponses brèves.
M. Farrah: Pour vous appuyer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Nous
continuons pendant cinq minutes additionnelles.
M. Dutil: Pour venir à votre question, je termine en
disant que M. Rail, dès qu'il aura fini la saison de la pêche, on
va le rencontrer. On va essayer de trouver une solution qui soit convenable
pour lui, pour nous, pour l'hygiène et pour les travailleurs. C'est
notre objectif. Je disais tout à l'heure au député de
Lévis qu'il est bien sûr que les pénalités de la loi
peuvent être appliquées dans toute leur rigueur, mais qu'il y a
peut-être moyen de s'asseoir avec les gens et de s'entendre. Je
préfère fonctionner avec la persuasion plutôt qu'avec la
coercition.
S'il y a des gens qui ne respectaient pas l'objectif de la loi...
L'objectif, c'est qu'il y ait de l'hygiène dans la transformation de
l'alimentation. Soyez assuré, M. le Président, que je vais
appliquer la loi avec toute sa rigueur. Si cet objectif est respecté, on
est prêt à avoir des modalités administratives
adéquates pour ne pas étouffer les gens.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Je voudrais informer le ministre qu'il y a un
inspecteur de son ministère qui est passé tout
dernièrement pour étudier le cas spécifique dont on parle.
Il doit faire un rapport au ministre éventuellement, dans les prochains
jours, se rapportant à cela.
J'aurais une question à poser se rapportant au
développement industriel dans le domaine des pêches. Actuellement,
il y a des entreprises de transformation de produits
marins qui sont désireuses de moderniser leurs installations, il
en reste encore, en Basse-Côte-Nord, en Moyenne-Côte-Nord, pour se
rendre conformes aux normes de construction et surtout aux normes
d'hygiène se rapportant à la Loi sur les produits agricoles, les
produits marins et les aliments. Est-ce que le ministre a l'intention de
maintenir le programme que nous avions à cet effet et que, je pense,
nous avons toujours au cours de l'année 1986-1987 et est-ce qu'il a
l'intention de modifier ce programme au cours des prochains mois?
M. Dutil: J'ai l'intention de maintenir le programme quant aux
subventions, M. le Président, si c'est la question précise.
Concernant la réglementation, on envisage certains accommodements pour
les salines parce qu'il y en a qui ont été normalisées par
le fédéral. On me dit que, sur le plan de l'hygiène, c'est
très adéquat. Nos textes étant légèrement
différents, il y aura peut-être certains accommodements pour
éviter de dépenser quelques centaines de milliers de dollars dans
ce cas sans nuire à ces salines.
Sur le plan des subventions, la réponse est oui. Sur le plan de
la réglementation, pour l'instant, c'est la même qui s'applique,
mais on regarde certains aspects qui pourraient être adoucis
éventuellement.
M. Perron: Sur le plan de la réglementation de la
qualité, puisque le ministre a mentionné les usines de
transformation, Newport et les salines, la Basse-Côte-Nord, est-ce qu'il
a l'intention de faire deux normes différentes, c'est-à-dire une
norme pour les salines concernant la qualité et une norme se rapportant
aux usines de transformation des produits de la mer?
M. Outil: J'ai demandé, M. le Président, qu'on
regarde cet aspect, évidemment, toujours dans le cadre d'avoir une
hygiène adéquate. J'ai demandé qu'on regarde cela parce
qu'il semble que ce sont deux opérations extrêmement
différentes et qu'elles pourraient peut-être avoir des normes
très adéquates et mieux adaptées à chacune de ces
opérations.
M. Perron: Je remercie le ministre de sa réponse.
Maintenant, une dernière question concernant l'approvisionnement des
usines. Vu que le ministre a mentionné, à plusieurs reprises au
cours de certaines interventions que les usines devraient avoir un
approvisionnement sûr avant d'émettre les permis ou avant de
permettre la construction d'une usine, est-ce qu'il a l'intention
d'établir l'approvisionnement dans le sens où certains
pêcheurs seraient dans l'obligation d'apporter leurs productions à
une usine X? Est-ce que le ministre a l'intention de faire en sorte que cette
politique touche l'ensemble du Québec? Par exemple, l'usine de Newport
serait approvisionnée par un nombre X de pêcheurs qui
pêchent dans un secteur donné. Est-ce que l'usine de
Rivière-au-Tonnerre serait approvisionnée par un nombre X de
pêcheurs dans un district donné? C'est le sens de ma question.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est la
dernière question.
M. Dutil: Oui. La dernière question. La réponse,
rapidement, M. le Président, est que cette formule existe dans des pays
Scandinaves, particulièrement. Je pense que la Norvège a cette
formule, c'est-à-dire que les pêcheurs sont obligés d'aller
précisément à une usine déterminée. Pour ma
part, je voudrais éviter qu'on soit amené à aller aussi
loin que cela. Je pense que ce n'est pas nécessaire. Ce que je
mentionnais dans ma réponse tout à l'heure, c'est que
l'approvisionnement en produits marins peut être assuré de
diverses façons, à savoir un contrat entre l'usine
éventuelle et les pêcheurs pour - pendant un certain délai
-les assurer ou que les pêcheurs soient eux-mêmes les
copropriétaires ou même les propriétaires de l'usine de
transformation, ou d'autres formules très diverses qui pourraient
être trouvées par les pêcheurs eux-mêmes, par les
transformateurs eux-mêmes, de façon que les deniers publics soient
bien employés, mais, par contre, de façon aussi à
éviter des mesures qui seraient peut-être exagérées
et qui élimineraient toute compétition et toute
flexibilité dans l'approvisionnement des usines par un pêcheur ou
l'autre.
M. Perron: Remarquez que je posais la question au ministre non
pas parce que je croyais à cette solution, mais plutôt parce que
je voulais avoir des renseignements de la part du ministre quant à ses
intentions. Je remercie le ministre pour les réponses qu'il m'a
données.
Adoption des crédits
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Maintenant que nous avons écoulé notre temps, il faut adopter
l'ensemble des crédits du programme 10. Est-ce que le programme 10,
"Développement des pêches maritimes", est adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président. À moins
que le ministre ne veuille pas l'adopter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le ministre n'a pas
à voter.
M. Perron: Non, mais, il peut recommander à son monde de
voter contre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant, je dois
aussi demander, parce que cela met fin à l'examen des dix programmes du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, si
l'ensemble des crédits du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, pour l'année financière
1986-1987, sont adoptés.
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie.
La-dessus, je lève la séance et je vous remercie.
(Fin de la séance à 12 h 35)