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(Onze heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Houde): Je déclare la commission
ouverte. Je vais rappeler le mandat de la commission: Procéder à
une consultation particulière dans le cadre de l'étude du projet
de loi 69, Loi modifiant la loi sur la protection sanitaire des animaux.
Je voudrais donner le nom des associations qui vont être entendues
aujourd'hui: l'Association des médecins vétérinaires
praticiens du Québec; l'Ordre des pharmaciens du Québec; la
Confédération de l'Union des producteurs agricoles; le
Regroupement professionnel d'interventions en santé animale; la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec; la Fédération de l'UPA de Sherbrooke; la
Corporation professionnelle des médecins vétérinaires du
Québec; la Corporation professionnelle des diététistes du
Québec; l'Office des professions du Québec. Ce sont leurs
mémoires qu'on devrait entendre aujourd'hui.
Je devrai rappeler les ententes intervenues concernant le partage du
temps entre les deux formations politiques. Je suis nouveau, M. le
député trouve cela drôle. C'est la première fois,
mais on va apprendre.
M. Garon: Je trouve cela sympathique.
Organisation des travaux
Le Président (M. Houde): C'est è l'école
qu'on apprend. Durant chaque audition, d'abord, le temps de parole sera
réparti de façon égale entre les deux formations
politiques, excluant naturellement le temps pris par l'organisme pour faire son
exposé.
Est-ce que les deux partis se sont entendus pour le temps, M. le
ministre et M. le député de Lévis?
M. Pagé: M. le Président, je voudrais tout d'abord
nous excuser auprès de nos invités ce matin pour avoir
été en retard de quelques minutes. Comme vous le savez sans
doute, nous sommes dans une partie de la session qui est dite intensive, ce qui
nous amène à siéger pendant des heures additionnelles. Ce
matin, on devait terminer le débat en deuxième lecture sur le
projet de loi 85 à l'Assemblée. M. le Président, nous
avons 56 minutes de retard pour nos travaux. Cependant on s'était
donné une marge d'environ une demi-heure. Le mandat donné par le
leader du gouvernement à l'Assemblée est très clair. Notre
commission se réunit aujourd'hui et doit - non pas peut mais doit -
terminer à minuit ce soir.
Je voudrais remercier les groupes, les associations, les corporations
qui ont accepté de venir nous formuler leurs commentaires concernant le
projet de loi 69 qui a été déposé à
l'Assemblée nationale à la mi-mai, qui a été
étudié en deuxième lecture la semaine dernière et
pour lequel un avis de convocation a été envoyé à
plusieurs groupes. Il y a neuf groupes, M. le Président, neuf
associations...
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Pagé:... dont nous aimerions vraiment entendre et
recevoir les commentaires, non seulement concernant le projet de loi 69, mais
aussi évidemment concernant les dispositions prévues au
règlement sur les prémélanges et les aliments
médicamenteux destinés aux animaux.
Je proposerais qu'on amorce nos travaux dans les meilleurs délais
sans plus de préambule. Nous sommes conviés à
échanger de façon utile et intéressante des points de vue
avec l'Association des médecins vétérinaires praticiens du
Québec.
Je comprends qu'il est midi et on doit compléter à 13
heures. Je propose qu'on poursuive jusqu'à 13 h 30 de façon que
l'Ordre des pharmaciens du Québec puisse aussi être entendu. Si
les deux associations requièrent le maximum d'une heure pour discuter
avec nous, à ce moment-là on devra demander à l'Ordre des
pharmaciens de revenir à 15 heures purement et simplement. Je veux dire
que je suis ouvert. Si le député de Lévis en convient avec
moi, d'ici 13 h 30 on pourrait certainement entendre les deux premières
associations, qui sont ici depuis 11 heures ce matin.
Le Président (M. Houde): Je demanderais au porte-parole de
l'Opposition, M. le député de Lévis, s'il a quelque chose
à dire.
M. Garon: M. le Président, je voudrais d'abord, au nom de
mes collègues qui sont membres de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation et qui ne peuvent pas être
présents parce qu'ils sont occupés à d'autres commissions
dont ils sont membres, le député de Laviolette, M. Jean-
Pierre Jolivet, qui siège è la commission parlementaire de
l'éducation sur le projet de loi 58 sur les enfants dits
illégaux, également le député de Dubuc, M. Hubert
Desbiens, qui est à la commission de l'aménagement et des
équipements sur des projets de loi privés et également
deux collègues dont un pourra peut-être se joindre prochainement
à nous, le député de Terrebonne, M. Yves Blais, qui est en
Chambre actuellement pour l'étude du projet de loi 19 sur lequel il doit
s'exprimer bientôt; le député de Duplessis, M. Perron, est
en Chambre également.
Il ne me sera pas possible de continuer après une heure parce que
j'ai pris des engagements - comme vous le voyez dans cette partie intensive de
la session, nous devons meubler toutes les commissions à 23
députés alors que c'est plus facile pour les libéraux
à 99 députés - et il faut que les affaires tournent en
même temps. Je ne ferai pas de préambule pour qu'on puisse
commencer immédiatement. Je pense qu'il faudra respecter l'ordre de la
Chambre, c'est-à-dire terminer à 13 heures, reprendre à 15
heures et entendre les mémoires le plus rapidement possible.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Est-ce que d'autres membres ont des commentaires à
faire? Tout est correct.
M. Pagé: Juste un commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Je suis bien heureux de voir la
délégation importante de notre groupe politique. Nos
députés ne meublent pas les commissions, ils y participent.
Le Président (M. Houde): Je voudrais d'abord...
M. Garon: Je remarque, M. le Président, que le ministre se
sent obligé de le dire parce que, comme nos meubles, ils ne parlent pas
souvent.
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous avez une
déclaration d'ouverture à faire, M. le ministre?
Déclarations d'ouverture M. Michel
Pagé
M. Pagé: M. le Président, je vais m'abstenir au
point de prendre seulement une minute pour indiquer aux intervenants ce matin
la volonté très claire, très ferme de notre gouvernement
d'intervenir sur une base législative et nécessairement
réglementaire pour renforcer les mesures visant à s'assurer que
la qualité des aliments mis en marché au Québec soit
encore plus... Notre qualité est déjà reconnue, on
s'inscrit sous l'égide de l'excellence, mais on a l'intention de
renforcer les dispositions qui s'appliquent et qui appuient non seulement cet
objectif, mais cette volonté très claire du gouvernement.
La présente loi a été préparée, je
peux le dire, de longue haleine. Sa rédaction, sa préparation ont
été amorcées è l'époque où le
gouvernement était formé par un autre collège
électoral. Nous avons repris les travaux là où ils en
étaient, nous les avons complétés, on y a ajouté un
peu du nôtre en ce qui a trait à certaines sections de la loi.
J'ai cru comprendre que la très grande majorité des intervenants
était favorable au principe de l'adoption d'une telle loi qui vient
régulariser une certaine problématique entre l'Ordre des
pharmaciens et ceux qui ont à administrer ou à procéder
à l'exercice de l'acte ou qui, par leurs actes, touchent à des
médicaments.
On a imposé un moratoire en vertu de la loi qui a
été adoptée en décembre 1985 jusqu'au mois de
septembre prochain. Notre objectif, M. le Président, c'est de faire en
sorte que les dispositions de la loi 69 soient adoptées avant
l'ajournement de nos travaux pour qu'elles puisssent recevoir application
dès le 1er septembre prochain.
Cependant, je crois que l'exercice d'aujourd'hui est utile. Je
m'étais engagé à le faire en décembre. Nous sommes
ici pour vous entendre. Si vos commentaires doivent déboucher sur des
modifications, sur des approches différentes, sur des libellés
différents, je voudrais vous témoigner toute l'ouverture qui peut
m'animer comme ministre et qui peut animer mes collègues dans un tel
débat. Bienvenue chez nous, chez vous!
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Comme vous
avez déjà pris place, je demanderais, s'il vous plaît, au
porte-parole... Est-ce que M. le député de Lévis a quelque
chose à ajouter?
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, les amendements à la Loi
sur la protection sanitaire des animaux étaient un des
éléments importants de la conférence
socio-économique sur la santé animale qui a eu lieu en
février 1985, qui s'était tenue ici à Québec, qui
avait regroupé tous les secteurs, les intervenants qui pouvaient
s'intéresser au domaine de la santé animale: du consommateur
jusqu'à l'éleveur en passant par les vétérinaires,
le ministère de l'Agriculture, ceux qui fabriquent des produits
pharmaceutiques, l'Ordre des
pharmaciens, l'Office des professions, tous ceux qui sont, de
près ou de loin, reliés à la santé animale au
Québec.
Plusieurs mesures ont été mises en place en 1984-1985,
notamment dans le domaine de la prévention, en plus des plans de
santé animale contributoires. En juin 1985, avait été
déposée la Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des
animaux. À ce moment-là, elle n'avait pas été
adoptée. C'est vrai qu'elle avait été
déposée dans les derniers jours de la session et que l'Opposition
pouvait dire qu'elle n'avait pas suffisamment de temps pour se faire une
idée.
Entre-temps, à l'automne 1985, le gouvernement a adopté la
liste des médicaments vétérinaires dans le cadre de la loi
sur les professions, afin d'indiquer quels étaient les produits qui
devaient nécessiter des prescriptions et ceux qui n'en
nécessitaient pas, c'est-à-dire que la liste des
médicaments prescrits a été faite. Il s'est
révélé que c'était un moyen qui pouvait permettre
un meilleur contrôle des médicaments et des résidus
médicamenteux, surtout par une meilleure connaissance de la posologie
des médicaments.
Je dois vous dire que j'ai travaillé pendant de nombreuses
années dans ces secteurs. Vous savez, lorsqu'on est dans l'Opposition,
on apprend bien des choses que les gens craignent un peu de nous dire quand on
est au gouvernement, car ils ont peur de se faire dénoncer. Je dois vous
dire qu'au cours des derniers mois j'ai encore été plus convaincu
de la nécessité de cette loi. On m'a donné de nombreux cas
où on avait peur que les animaux ne réussissent pas à s'en
tirer. Même dans le cas d'engrais sur les fermes, d'insecticide ou
d'herbicide, certaines personnes ne respectent pas la posologie. Quand on parle
de la protection sanitaire des animaux, c'est important. De la même
façon que l'Ordre des vétérinaires a été
très attentif, je souhaiterais que l'Ordre des agronomes soit aussi
attentif. Actuellement, dans le public, beaucoup de gens se posent des
questions sur la généralisation de l'épandage des
pesticides et des herbicides, notamment sur les pelouses des villes.
Évidemment, je n'ai plus qu'une responsabilité plus large dans
l'Opposition et j'en profite pour dire qu'on commence à voir de
l'inquiétude dans les journaux. Souvent, les associations
professionnelles se demandent s'il y a d'autres moyens d'occuper de la place.
Je pense qu'il y a un secteur où l'Ordre des agronomes pourrait occuper
de la place; c'est justement dans ce type de protection du public qui commence
à être inquiet des dosages, de la posologie dans l'épandage
des produits chimiques dans les campagnes, mais aussi et surtout dans les
villes où les citadins commencent à être sensibles à
ces questions.
Pour ma part, j'ai remarqué qu'on voit dans les journaux des
photos de gens qui épandent, au pistolet, des produits chimiques forts
sur les pelouses. Combien de temps après les enfants peuvent-ils jouer
sur ces pelouses? On sait que, souvent, un enfant esssaie de goûter
plusieurs choses pour voir ce que cela goûte, pour se former
tranquillement le goût. Je suis inquiet de penser que certains enfants
peuvent être sur des pelouses, quelques heures après
l'épandage d'herbicide ou d'insecticide, prendre une poignée de
foin ou prendre des herbes, jouer avec cela, s'en servir peut-être comme
cure-dents, etc., pour s'amuser.
Je voudrais féliciter l'Ordre des vétérinaires et
surtout l'Association des médecins vétérinaires praticiens
du Québec -ils doivent être nos prochains interlocuteurs -pour la
vigilance qu'ils ont manifestée et surtout pour le travail qu'ils ont
fait au cours de ces dernières années pour sensibiliser le
public. Je peux dire que certaines personnes ont soutenu que s'il y avait une
plus qrande protection sanitaire des animaux, c'était par pur
impérialisme professionnel, mais il faut dire aussi qu'il y a un
rôle à jouer. La protection du public est importante. Les gens
sont beaucoup plus inquiets aujourd'hui qu'ils ne l'étaient autrefois
vis-à-vis les résidus médicamenteux ou les produits
chimiques qu'on peut trouver un peu partout disséminés dans la
nature et qui peuvent se retrouver dans les aliments que l'on consomme, comme
les poissons qui boivent l'eau à l'année et qui ingurgitent des
produits chimiques. Par exemple, dans les Grands Lacs, dans le lac Ontario, on
dit que 60 % des saumons qui ont été ensemencés, peu
d'années après, se sont retrouvés avec le cancer des
parties sexuelles parce que, apparemment, chez le saumon, le cancer commence
par les parties sexuelles, le cancer de la gonade. Les eaux qui nous viennent
des Grands Lacs contiennent souvent des doses de produits chimiques assez
fortes; on s'en est aperçu avec la contamination des anguilles du lac
Ontario. Sur les terres et dans les eaux, on voit les pluies acides atteindre
des taux très élevés; on parle de 65 à 90 livres
par l'hectare, alors que les seuils de tolérance qui seraient
apparemment trop élevés à 50 livres, à l'hectare,
qui devraient être diminués, sont largement dépassés
par les précipitations de pluies acides. En plus, on parle de trop de
médicaments ou de trop de produits chimiques dans le soin des animaux.
Tout le monde s'entend sur une chose, pour dire que c'est l'accumulation de ces
produits qui présente un danger. Occasionnellement, cela peut ne pas
être grave, mais l'accumulation présente un danger.
Alors, cette loi, contrairement à ce que les gens pensent, ne
vise pas surtout à protéger les animaux, mais elle commence
par les animaux pour mieux protéger les humains. Cette loi est
une loi très importante. Je ne m'attends pas que beaucoup de gens soient
contre le principe de la loi parce que, habituellement, tout le monde est pour
la vertu. Mais, ce que je souhaite, c'est que les gens qui vont venir nous
expliquer leur point de vue nous expliquent l'étude rapide qu'ils ont pu
faire en partie de la loi et des règlements -comme ils avaient
déjà commencé à étudier le projet de loi qui
avait été présenté au mois de juin 1985... Il y a
certaines modifications dans le projet de loi qui est présenté
actuellement par le gouvernement, par le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Il y a des règlements et
j'aimerais que les associations qui vont venir devant nous, nous disent en
même temps leur point de vue général sur le principe de
protection sanitaire des animaux envisagé, mais aussi nous disent ce que
les modalités sont selon elles.
À la suite de ces rencontres, on doit étudier le projet de
loi article par article. Les revendications que vous allez nous faire au point
de vue des différentes applications des articles vont être
très importantes pour l'étude du projet de loi article par
article. Comme vous savez, le rôle de l'Opposition est de trouver ce qui
est mauvais dans quelque chose et le rôle du gouvernement, c'est de nous
dire que tout est bon le plus possible: Alors, nous allons être
très attentifs à ce que vous allez nous dire, afin, si vous nous
convainquez, de présenter des amendements au projet de loi, puisque le
principe est adopté en deuxième lecture. Nous allons vous poser
des questions concernant votre façon d'envisager les différentes
modalités qui sont contenues dans la loi et les règlements qui
vous ont été présentés.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Je demanderais au porte-parole de bien vouloir s'identifer; et
de présenter ceux qui l'accompagnent, s'il vous plaît. Par la
suite, je demanderais à la personne qui doit nous présenter le
mémoire, de le faire immédiatement. Je rappelle toujours que nous
disposons d'une heure, comprenant les déclarations d'ouverture, la
présentation de votre mémoire et la discussion qui s'ensuit. M.
le président.
AMVPQ
M. Labrosse (Pierre): Mon nom est Pisrre Labrosse. Je suis
médecin vétérinaire praticien à Clarenceville, au
Québec. Je suis aussi président de l'Association des
médecins vétérinaires praticiens du Québec. Le Dr
Blaise Soucy, directeur général de l'Association des
médecins vétérinaires praticiens du Québec et le Dr
Robert Gauthier qui est membre de l'AMVPQ et qui oeuvre dans le domaine de
l'industrie animale m' accompagnent. (12 h 15)
Le Président (M. Houde): À vous de commencer, s'il
vous plaît!
M. Labrosse: Juste avant de sauter au mémoire, je me
permettrais de parler un peu de l'Association des médecins
vétérinaires praticiens du Québec, pour situer notre
groupe par rapport à l'Ordre et pour expliquer un peu ce qu'est
l'Association des médecins vétérinaires praticiens du
Québec. Notre association regroupe 450 membres ou à peu
près, présentement, qui sont tous des médecins
vétérinaires praticiens qui exercent dans le cadre du programme
ASAQ du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. C'est le principal de notre représentation, et nous
avons comme principale tâche aussi de négocier cette fameuse
entente avec le ministère de l'Agriculture pour s'entendre sur un
programme ASAQ. Sans plus tarder, je vais procéder à la lecture
du mémoire qu'on vous a présenté et dont vous avez copie
ce matin.
Nous sommes heureux de constater que la Loi sur la protection sanitaire
des animaux au Québec fait l'objet de certaines modifications qui ne
manqueront pas de la rendre plus efficace et plus adéquate.
L'Association des médecins vétérinaires praticiens du
Québec croit en effet que le projet de loi 69 est de nature, entre
autres, à inciter les producteurs et les utilisateurs de
médicaments à faire un usage plus rationnel de ces substances. Il
s'agit là d'un acquis important.
L'intensification des productions agricoles nous oblige de plus en plus
à mettre l'accent sur la protection sanitaire. Pour les
différents types de production, il est nécessaire qu'on rende au
parc d'engraissement ou à l'abattoir un animal en santé,
prêt à produire de la viande. Pourtant, l'état de
santé de nos animaux laisse souvent à désirer. En effet,
les pertes de toutes sortes restent importantes et se calculent à coup
de millions! On évalue, par exemple, à quelque 50 000 000 $ par
année les pertes entraînées par les décès
d'animaux à la ferme et à 8 000 000 $ les carcasses
confisquées dans les abattoirs. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg,
car ces coûts ne s'appliquent qu'aux maladies mortelles.
On sait, en effet, que les pertes de production et les baisses de
rendement causées par certaines maladies ou problèmes de
santé se chiffrent à environ 240 000 000 $ de pertes
annuellement, soit plus de 10 % des recettes à la ferme provenant
d'animaux et de produits d'animaux. D'autre part, il ne faut pas oublier que
l'amélioration génétique de notre cheptel a accru
sensiblement, ces dernières années, la part d'animaux à
haute
performance et de grande valeur qui exige, comme chacun le sait, un
contrôle encore plus rigoureux des maladies contagieuses ou parasitaires.
Nous croyons ici que c'est là que la prévention prend tout son
sens chez ces animaux à haute performance. C'est pourquoi nous ne
pouvons qu'être d'accord avec les modifications apportées à
la section I de la Loi sur la protection sanitaire des animaux visant à
assurer qu'une maladie contagieuse ou parasitaire dépistée par le
propriétaire ou le possesseur d'un animal, ou par un médecin
vétérinaire, soit déclarée sans délai
è un fonctionnaire désigné.
D'autre part, l'Association des médecins
vétérinaires praticiens du Québec se réjouit de
l'ajout d'une section sur les médicaments vétérinaires
stipulant qu'une personne ne peut vendre ou fournir un médicament
à moins d'être titulaire d'un permis délivré
à cette fin par le ministre et qu'elle ne peut le faire que sous forme
d'un prémélange médicamenteux ou d'un aliment
médicamenteux. Cette section est d'autant plus importante que les
médicaments sont très et souvent trop largement utilisés
en santé animale quand on sait que la présence de résidus
en quantité importante dans la viande peut entraîner des
conséquences néfastes pour la santé humaine. De plus, une
utilisation médicamenteuse abusive ou mal contrôlée est
aussi susceptible de se répercuter sur les ententes commerciales,
risquant même d'affecter la rentabilité des productions.
Le fait d'exiger qu'une personne détienne un permis pour
préparer un aliment médicamenteux pour ses propres animaux ou les
animaux dont elle a la garde nous semble une excellente initiative à
l'article 55. 3. Il s'agit là d'une mesure de contrôle qui vient
circonscrire le cadre d'action des meuniers, étant donné que
ceux-ci fabriquent des aliments médicamenteux susceptibles de laisser
dans la viande, les oeufs et le lait des résidus nocifs pour la
santé de l'homme.
De même, l'article stipulant qu'une personne ne peut administrer
à ses propres animaux ou aux animaux dont elle a la garde un
médicament dont le nom apparaît sur la liste visée à
l'article 9 de la Loi sur les médecins vétérinaires ou
leur servir un aliment médicamenteux composé d'un tel
médicament, è moins de le faire sur ordonnance d'un
médecin vétérinaire, nous apparaît tout a fait
pertinent. En effet, seul le médecin vétérinaire a la
compétence nécessaire pour prescrire les médicaments
nécessaires à la santé des animaux, principalement ceux
mentionnés dans la liste de l'article 9.
De même, les articles 55. 6 et 55. 7 concernant le délai
d'attente obligent le propriétaire ou le possesseur d'un animal qui a
absorbé un médicament à déclarer ce fait à
l'acheteur au moment de la vente, si le délai d'attente fixé par
l'ordonnance d'un médecin vétérinaire ou par le fabricant
n'est pas expiré et à ne pas le diriger vers l'abattoir durant
cette période. Nous croyons qu'une telle mesure est de nature à
garantir une meilleure qualité des produits animaux mis sur le
marché.
Dans cette section sur les médicaments
vétérinaires, seul l'article 55. 8 nous laisse très
perplexes. Nous voulons bien concéder au ministre une certaine marge de
manoeuvre pour établir des programmes sanitaires autorisant la vente et
l'administration des médicaments destinés à des
catégories d'animaux. Nous souhaiterions que soient identifiés
plus clairement les programmes auxquels va s'appliquer le nouveau
règlement. De plus, en ce qui concerne la formation d'un comité
susceptible de le conseiller dans cette démarche, nous croyons qu'il est
nécessaire de mieux définir la composition d'un tel
comité. Étant donné que la tâche de préparer
des programmes sanitaires revient normalement au médecin
vétérinaire, il serait important que ce comité puisse
compter sur l'expertise des médecins vétérinaires.
Cependant, en référence à l'article 29 de la Loi
sur les médecins vétérinaires, l'article 55. 8 et
l'alinéa 2 de l'article 55. 9 de l'actuel projet de loi vient permettre
à des personnes ne possédant pas de permis -ce permis est
décrit à l'article 10 de la Loi sur les médecins
vétérinaires - et n'étant pas inscrit au tableau de
l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec - les
articles 1 et 29 de la Loi sur les médecins vétérinaires -
de faire l'exercice de la médecine vétérinaire au
Québec. Nous croyons qu'il est inconcevable d'autoriser des personnes
non habilitées par la Loi sur les médecins
vétérinaires et la Loi sur la pharmacie à vendre ou
à administrer ces médicaments et à émettre des
ordonnances vétérinaires. Nous croyons que de tels actes faisant
partie de programmes sanitaires constitueraient, tels que définis
à l'article 32 de la Loi sur les médecins
vétérinaires, un exercice illégal de la médecine
vétérinaire.
Par ailleurs, nous ne pouvons qu'approuver les différentes
dispositions proposées dans le projet de loi 69, concernant
l'inspection, les saisies, la confiscation, les permis et les infractions. Il
s'agit, à notre avis, d'un pas en avant vers une législation plus
cohérente et articulée en matière de protection sanitaire
des animaux.
M. Pagé: Merci beaucoup, M. Labrosse, de l'Association des
médecins vétérinaires praticiens du Québec. Je
voudrais très brièvement, parce que c'est une des
premières occasions que j'ai de vous rencontrer officiellement en
commission parlementaire, vous remercier et vous témoigner mon
appréciation en ce qui a trait
au travail positif et à la contribution significative en termes
d'apport au contrôle de la santé animale au Québec.
Je prends note, évidemment avec beaucoup d'intérêt,
des commentaires et propos que vous nous formulez aujourd'hui. Vous vous
montrez favorable au principe de l'adoption de ce projet de loi. Vous
évoquez évidemment l'importance que le législateur
prévoit et accorde au gouvernement, les moyens de contrôle les
plus efficaces possible, compte tenu des enjeux non seulement pour la
protection du consommateur, qui est un objectif fondamental, mais aussi pour
l'économie agricole et agro-alimentaire du Québec. C'est le cas,
malheureusement encore aujourd'hui, malgré que nous soyons de plus en
plus raffinés dans les techniques et dans les méthodes de
contrôle, que nous devons subir; les agriculteurs et les agricultrices
doivent toujours subir des pertes importantes chaque année.
De plus, on constate que l'on se doit d'être vigilant et
rigoureux, même innovateur, prévoyant dans certains cas, parce
qu'avec le resserrement des marchés à l'échelle mondiale,
les pays sont de plus en plus tentés de déjouer les accords
bilatéraux ou multilatéraux entre les pays, en adoptant des
normes se rapportant par exemple aux ajouts de médicaments pour limiter
l'accès de produits provenant du Canada, notamment du Québec.
J'apprécie donc le commentaire favorable de votre association.
Vous exprimez des réserves. Je serai bref parce qu'il est
déjà 12 h 25. Je passerai donc aux sujets qui sont davantage
préoccupants pour vous. Vous faites référence, entre
autres, à l'application des articles 55. 8 et suivants du projet de loi
où vous vous inquiétez du fait que le gouvernement peut, dans
certains programmes, par son pouvoir réglementaire, passer outre
à la Loi sur la pharmacie ou à la Loi sur les médecins
vétérinaires, afin de permettre à certaines personnes de
poser des actes qui relèvent normalement du champ d'exercice exclusif
des professions respectives. Je comprends votre inquiétude. Cela peut
paraître, de prime abord, aller carrément à contre-courant
des dispositions précédentes dans le projet de loi qui visent
plus de contrôle et plus de rigueur et s'assurer que le tout soit fait
par des professionnels ou encore comme suite de l'obtention d'un permis. Je
comprends votre inquiétude.
Essentiellement, l'objectif de ces dispositions, c'est de pouvoir, dans
un premier cas, pallier des situations d'urgence qui peuvent survenir. Un
exemple bien concret d'une situation qu'on pourrait... Je vais le dire entre
parenthèses, j'espère qu'on ne sera pas obligé de se
prévaloir de ces dispositions mais il est possible qu'on soit
obligé de le faire.
Essentiellement, il est possible que, dans une région
donnée une épidémie survienne et qu'on doive agir de
façon urgente et immédiate, auquel cas, si on n'avait pas ces
dispositions, le ministre de l'Agriculture pourrait être convié
à requérir la présence de tous les
vétérinaires praticiens du Québec dans une même
région, une même journée, pour administrer des vaccins sur
une très grande échelle.
Ce que les dispositions de la loi prévoient. Elles
prévoient qu'un programme peut être adopté qui permettrait
à d'autres personnes que les vétérinaires d'administrer un
vaccin ou un médicament, toujours sous surveillance ou en collaboration
avec les officiers et les représentants du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
L'objectif vise une intervention urgente qui commande un acte
posé dans l'immédiat. Je n'ai pas l'intention comme ministre de
l'Agriculture de me prévaloir... Je crois que tout ministre de
l'Agriculture, peu importe qui occupe la fonction, ne pourrait se
prévaloir d'une disposition comme celle-là à la
légère.
Nous prévoyons un comité consultatif qui sera
consulté pour l'élaboration d'un programme qui pourrait permettre
d'urgence de soustraire de l'application de la loi certaines personnes. Je
voudrais, cependant, porter ceci à votre attention: les dispositions de
la loi prévoient que le gouvernement et le ministre peuvent recommander
l'intervention par règlement.
La disposition aurait pu être plus forte, si je peux utiliser le
terme. Le libellé aurait pu dire que "le ministre peut", ce qui aurait
impliqué qu'une étape comme celle du Conseil des ministres pour
l'adoption du règlement aurait été mise de
côté. J'aimerais vous entendre en regard du propos que je viens de
vous tenir, premièrement.
Deuxièmement, qu'on prenne le cas des vaccins qui s'appliquent
aux petits poulets d'une journée, la maladie de Marek des poussins. Les
dispositions prévoient que le vaccin peut être administré,
parce que c'est quand même sur une grande échelle. Là
aussi, dans un cas comme celui-là, si les mesures ou les dispositions de
la loi étaient très fermes, très restrictives, etc., ce
serait très lourd pour les médecins
vétérinaires.
Nous croyons que le législateur est légitimé
d'accorder de tels pouvoirs au ministre dans le cadre de l'application d'un
pouvoir réglementaire. C'est la réaction que je veux donner, que
je veux livrer aux inquiétudes que vous manifestez ce matin. Je
comprends vos inquiétudes. Je serais assis à votre table, je
questionnerais très certainement le ministre sur le sens qu'il veut
donner à l'application concrète d'une telle disposition.
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous avez quelque
chose è dire, M. le président?
M. Labrosse: Dans un premier temps, M. le Président, si
vous permettez, je diviserais l'article 55. 8 en deux volets. Au fameux article
55. 8, on parle, premièrement, de former un comité consultatif,
comme vous l'avez mentionné, qui le conseille dans l'élaboration
d'un programme.
Il est sûr que ce comité est d'ordre consultatif, mais
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de mentionner qui devrait être membre de
ce fameux comité? Qui, hormis les médecins
vétérinaires, possède l'expertise pour déterminer
si tel ou tel médicament devrait être appliqué dans des cas
très précis, par exemple? (12 h 30)
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, je conviens que les
vétérinaires sont et seront appelés à jouer un
rôle très actif dans la mise en oeuvre de l'ensemble de cette
loi.
Cependant, au niveau du comité consultatif, le ministre pourrait
juger opportun de consulter ou d'asseoir autour de la même table non
seulement les vétérinaires, mais aussi les pharmaciens ou des
représentants de ceux qui sont directement concernés, les
clients. On pourrait le demander à des représentants d'un
institut, comme l'Institut Armand-Frappier qui est un exemple concret. Je dois
vous dire que ce n'est pas définitif encore; le but de la
démarche d'aujourd'hui, c'est de bonifier l'ensemble de notre action par
des commentaires que les groupes vont formuler. L'essentiel de l'objectif,
c'est que le comité consultatif joue pleinement son rôle. On ne
veut pas de consultation bidon ou pro forma. On souhaite - c'est normal qu'il
en soit ainsi - que ceux et celles qui agissent dans le cadre de ce
comité consultatif soient une contribution importante et significative
à l'exercice. Je prends bonne note de vos commentaires.
Le Président (M. Houde): M. le président.
M. Labrosse: Dans un deuxième volet de l'article 55. 8, on
parle de chaque programme qui doit indiquer la nature des médicaments,
la catégorie d'animaux concernés, les personnes autorisées
à vendre ou à administrer ces médicaments et s'il doit y
avoir ordonnance d'un médecin vétérinaire.
Encore là, dans l'exemple que vous avez cité, l'exemple
d'urgence, je ne pense pas, à ma connaissance, que ce type de situation
se représente très fréquemment. On connaît la
portée d'une loi, les complications qu'il peut y avoir à modifier
des articles de loi? on le sait très bien, on est en train d'essayer
d'en modifier un présentement, on connaît la pertinence d'un tel
exemple en référant à l'article du projet de loi qui est
présenté ici.
Pour ce qui est de l'exemple de la maladie de Marek, je passerais la
parole au Dr Gauthier qui pourra sûrement vous répondre sur ce cas
bien précis.
Le Président (M. Houde): M. Gauthier.
M. Gauthier (Robert): M. le Président, le cas de la
maladie de Marek est un exemple qui a été cité très
souvent, parce qu'il s'agit d'une maladie dont la prévention est
impérative. C'est quelque chose qui est universel, qui est obligatoire.
Sans vaccination contre la maladie de Marek, pas d'élevage de poulets,
c'est aussi simple que cela. Par contre, au Québec, il existe à
peu près une quinzaine de couvoiriers, de producteurs de poussins qui
sont actifs. Dans les règlements de la corporation des médecins
vétérinaires, le règlement sur l'ordonnance dit qu'elle
s'applique à des animaux dont quelqu'un est propriétaire au
moment de l'application d'un traitement ou d'une recommandation. Il n'est
vraiment pas compliqué de recommander ou de faire une ordonnance pour
quinze couvoiriers au Québec, qui couvoiront l'ensemble des poussins
pour une année. Il faut noter qu'en ce qui concerne la Loi sur les
médecins vétérinaires on a prévu des
règlements pour ce qui est de l'ordonnance; justement, on donne toute la
flexibilité nécessaire. On a dit que lors de programmes de
médecine préventive ou de prophylaxie une ordonnance, dans des
cas particuliers, peut se prolonger jusqu'à une année. Faire une
ordonnance pour quinze couvoiriers au Québec, valable pour une
année, ce n'est vraiment pas une tâche tout à fait ardue.
Par contre, là où il y a un petit problème, c'est en ce
qui a trait à la commercialisation de ce produit. Ce produit est
conservé dans l'azote liquide, qui doit être transporté de
façon assez particulière. C'est un produit qu'on peut
considérer comme dangereux.
Le volet de l'exemple de la maladie de Marek, à mon point de vue,
n'est pas un volet d'ordonnance, mais bien un volet de commercialisation.
Comment faire pour que le produit voyage en dehors des circuits qui sont
prévus par les lois actuelles? Autrement dit, comment faire pour que le
vaccin de Marek passe directement du fabricant à l'usager final qui est
le couvoirier, sans passer par le circuit vétérinaire ou le
circuit pharmacien? C'est strictement le problème. Â mon point de
vue, ce n'est pas un problème d'ordonnance.
Un autre exemple serait peut-être plus
approprié, car il implique une tout autre structure. II s'agit
des coccidiostatiques chez la volaille qui doivent s'utiliser sur une
très large échelle. Encore une fois, c'est une maladie
parasitaire qu'on n'est pas encore arrivé à éliminer
complètement et je ne crois pas que cela se fasse dans un avenir
prévisible.
Lors de la réglementation ou de l'application de l'article 55. 8,
l'inclusion peut-être d'exceptions qui seront faites des
coccidiostatiques chez la volaille devra, à mon point de vue, être
considérée de façon beaucoup plus impérative que la
considération du vaccin contre la maladie de Marek.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, le programme ne
prévoit pas seulement les conditions établissant
l'émission de l'ordonnance. Le programme qui sera établi dans les
cas auxquels réfère l'article 55. 8 touche l'ensemble de
l'opération, entre autres les conditions préalables ou les
conditions dans lesquelles le vaccin sera transmis, par qui il pourra
être administré, soit l'ensemble de l'exercice et de
l'opération. Je voudrais vous rassurer là-dessus.
Comment réagissez-vous à l'exemple que je vous donnais
d'une intervention urgente qui doit être appliquée dans le cas
d'une épidémie qui survient dans une région donnée?
Vous référez au deuxième alinéa de l'article 55. 8
qui dits "Chaque programme doit indiquer notamment la nature des
médicaments, la catégorie d'animaux concernés, les
personnes autorisées à vendre ou à administrer ces
médicaments et s'il doit y avoir ordonnance d'un médecin
vétérinaire. " Je vous donne l'exemple suivant. Il se pourrait
que l'ordonnance soit émise par le directeur de la santé
animale.
Le Président (M. Houde): M. Gauthier.
M. Gauthier (Robert): Personnellement, je n'y vois pas
d'objection. Nous avons vécu dernièrement, dans la région
de Saint-Félix-de-Valois, une épidémie de
laryngotrachéite infectieuse aviaire, où les
vétérinaires qui oeuvrent dans cette région se sont
concertés pour appliquer un traitement de masse, une vaccination
massive.
C'est vrai que, s'il y avait eu un organisme qui avait pu concerter
toute l'action, on aurait pu agir encore plus vite. Si la déclaration de
cette maladie avait été obligatoire, on aurait sans doute
évité l'épidémie. Mais, à un moment
donné, il faut que quelqu'un le prescrive et établisse un
diagnostic. La technique pour administrer un vaccin, ou des choses comme
celles-là, n'est pas nécessairement l'acte professionnel de
prescrire. C'est qu'à un moment donné, on suggère des
choses et, souvent, un technicien peut facilement faire le travail quand on lui
a bien montré.
Vous me citez l'exemple du directeur du service
vétérinaire qui pourrait émettre une prescription dans des
cas d'urgence. Personnellement, je suis tout à fait d'accord avec votre
point de vue. Par contre, dans le libellé de la phrase, quand on dit
"pour des raisons pratiques", ce sont des mots qui me font peur. Des raisons
pratiques, est-ce que ce sont des raisons pratiques influencées par les
us et coutumes, par la tradition, par des pressions politiques ou par toutes
sortes de choses comme cela?
Je préfère que vous disiez: "pour des raisons d'urgence";
ce sont vraiment les termes appropriés, selon moi.
M. Pagé: Je prends bonne note de votre commentaire en
regard des raisons pratiques. Lorsqu'il écrit des lois, le
législateur doit être le plus clair passible. Il n'est pas
supposé parler pour ne rien dire par surcroît, quoique, parfois,
il se fasse peut-être un peu de parlote inutile, mais, en tout cas, c'est
une autre affaire.
Je prends bonne note de votre commentaire. D'ailleurs, on y reviendra
à l'étude article par article de ce projet de loi. Et à la
suite de l'adoption en deuxième lecture de la semaine dernière,
nous reviendrons très probablement mardi prochain, dépendant de
l'intensité avec laquelle sera conduite l'obstruction de l'Opposition
sur le projet de loi de la raffinerie de sucre. D'ici là, nous aurons
l'occasion de...
M. Garon: M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, la parenthèse est
fermée, donc le micro doit demeurer fermé.
Le Président (M. Houde): Merci. Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous savez que le
député de Portneuf ne peut pas prêter d'intentions à
d'autres collègues. Là, il prête des intentions. Le
règlement ne lui permet pas de nous prêter des intentions.
Le Président (M. Houde): Entendu, M. le
député. À vous, M. le ministre.
M. Pagé: Mon expérience parlementaire m'a toujours
enseigné qu'un député soulève une question de
règlement de cette nature lorsqu'on lui prête des intentions qui
ne sont pas bonnes. Alors, je retiens du commentaire du député de
Lévis que s'il fait un "filibuster", cela voudra dire que ce sont des
intentions assez discutables. Je l'apprécie. Pas de "filibuster", ainsi?
C'est bon, merci.
Le Président (M. Houde): La parole...
M. Pagé: Un dernier commentaire. Je voudrais vous assurer
que vos commentaires, vos propositions et vos inquiétudes seront bien
analysés. On aura l'occasion d'y réfléchir et de
travailler là-dessus cette semaine. On va tenter de faire en sorte que
le texte soit plus clair et qu'il dise exactement ce que l'on veut et
l'objectif qui nous anime. Comme mon temps est écoulé, M. le
président, je vous remercie.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
est maintenant au député de Lévis.
M. Garon: J'écoutais vos recommandations et je trouve
intéressant de voir que les endroits que j'avais soulignés et
où je me posais des questions, étaient justement ces
points-là. Comme je le faisais remarquer au député de
Duplessis, c'étaient les endroits où j'avais mis des points
d'interrogation. Je me demande tout simplement si, en vertu de la loi, le
ministre ne peut pas faire tout cela actuellement sans avoir les dispositions
qu'on retrouve à l'article 55. 8. Dans le passé, le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
fait ces choses-là, quand c'était nécessaire, sans avoir
de dispositions juridiques. Le ministre n'a pas besoin d'un article de loi pour
élaborer un programme. La loi du ministère lui permet de le
faire. Pour le reste, il n'a qu'à demeurer assujetti aux lois normales,
disons la Loi sur les médecins vétérinaires et la Loi sur
la pharmacie. Par ailleurs, à ce moment-là, surtout avec les
nouvelles dispositions qu'on va adopter dans ce projet de loi concernant les
médicaments, il me semble que ces articles sont inutiles. S'il y a
véritablement une épidémie, il ne s'agit pas de
réunir un conseil; II s'agit de se réunir immédiatement.
Quand il y a eu des problèmes dans le passé, il a toujours
été facile de réunir des représentants de l'Ordre
des vétérinaires, de l'Association des médecins
vétérinaires praticiens, de la direction générale
des vétérinaires du ministère et tous ceux que l'on
voulait greffer à ce groupe, pour conseiller le ministère dans
les actions à entreprendre.
Deuxièmement, il y a un grand nombre de
vétérinaires à l'emploi du ministère qui peuvent
participer à une action d'urgence. De même, l'ordre ou
l'association peuvent fournir des noms de personnes qui peuvent agir en cas
d'urgence. De grandes urgences -j'ai quand même vécu pendant dix
ans au ministère - je n'en ai pas vu très souvent où on
aurait eu besoin d'une disposition comme celle-là pour agir. Je ne vois
pas de cas où l'on doive écarter ces dispositions pour agir. La
meilleure preuve, c'est que dans le projet de loi qu'on avait
déposé au mois de juin 1985, je pense qu'il n'y avait pas de
telles dispositions. Où? À quel article? Je n'en ai pas
trouvé.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, mes conseillers me disent
que, dans le projet de loi 65, de telles dispositions apparaissaient.
M. Garon: Où? Ne pouvez-vous pas me donner la
référence?
M. Pagé: À l'article 81 où il était
dit: Le ministre peut élaborer des programmes autorisant la vente et
l'administration de médicaments destinés aux animaux,
malgré l'article 17 de la Loi sur la pharmacie et les article 9 et 24 de
la Loi sur les médecins vétérinaires. Chaque programme
doit indiquer notamment la nature des médicaments, la catégorie
d'animaux concernés, les personnes autorisées à vendre ou
à administrer ces médicaments et s'il doit y avoir ordonnance de
médecin vétérinaire. Chaque programme est soumis à
l'approbation du gouvernement qui peut le modifier. C'est l'article 81 du
projet de loi 65 qui avait été déposé.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le député
de Lévis, la parole est à vous.
M. Garon: Je vous demanderais, sur le plan pratique, si l'on peut
imaginer des situations où ces dispositions seraient nécessaires.
Cela m'apparaît la combinaison de deux dispositions. Aux articles 55. 9
et 55. 8, est-ce qu'on peut imaginer vraiment des situations où l'on
aurait besoin de telles dispositions? Le ministre a parlé d'un cas.
Mais, est-ce qu'il y a d'autres cas où on peut voir vraiment que ces
dispositions peuvent être nécessaires? (12 h 45)
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, est-ce que vous aimeriez que M. Gauthier vous réponde?
M. Garon: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Houde): M. Gauthier, la parole est
à vous.
M. Gauthier (Robert): Oui, M. le Président. De
façon générale, jusqu'à aujourd'hui, quand il se
présente des cas vraiment urgents dans le champ, les praticiens, de
concert avec les gens des laboratoires provinciaux ou fédéraux...
Comme le disait si bien M. Garon, parfois, former un comité, cela peut
être quelque chose d'un peu long, il faut réagir plus vite
que cela.
Ce que j'avais cru comprendre du bien-fondé de cet article,
c'était pour pallier d'autre chose. Il y a, dans la liste des
médicaments vétérinaires qui ne doivent être vendus
que sur ordonnance, des médicaments qui sont d'utilisation quasi
obligatoire. À un moment donné, cet article a dû être
pensé en fonction de cela. Si on avait un mécanisme très
rapide d'évaluation de la liste des médicaments
vétérinaires - je vais revenir avec mon exemple des
coccidiostati-ques chez la volaille - pour soustraire une partie de ces
produits à l'ordonnance, on n'aurait pas besoin, en fait, de cet
article. C'est une porte pour pallier une liste qui, dans certains cas, est
peut-être un peu trop exhaustive, mais dont le mécanisme de
réévaluation est actuellement inexistant.
L'Office des professions ne semble pas avoir en place les
mécanismes qu'il faut pour évaluer rapidement la liste. Donc, cet
article vient pallier cela, permettrait au ministre de pallier des
déficiences ou des excès de la liste, dans des cas très
particuliers, qui sont peu nombreux, je dois dire.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Ce qu'on m'avait souligné dans le temps,
concernant la liste, c'est que le problème était que, certains
médicaments étant sur la liste, il était facile pour les
fabricants de produits pharmaceutiques de fabriquer d'autres produits, souvent
plus virulents, et qui n'étaient pas sur la liste et qui se donnaient
sans ordonnance. Je me rappelle qu'on me donnait l'exemple, dans le temps, de
carbadox - je peux peut-être me tromper dans le nom, il me semble que
c'était cela. Le carbadox avait remplacé un autre produit qui
était contrôlé; on avait sorti ce carbadox qui était
beaucoup plus fort, pour remplacer un produit qui était
contrôlé.
Le problème - c'est la première fois que j'entends dire ce
que vous me dites là -ce serait d'enlever des médicaments sur la
liste? J'ai toujours entendu dire que le problème, c'était
d'ajouter, très rapidement, de nouveaux produits qui seraient
inventés par les fabricants pour remplacer des produits qui seraient
déjà sur la liste. Finalement, ce serait la difficulté de
contrôler le système.
Le Président (M. Houde): M. Gauthier.
M. Gauthier (Robert): II faut bien comprendre qu'inventer un
nouveau produit, cela ne se fait pas comme cela en criant lapin. Il y a quand
même tout un processus. D'accord, c'est un processus qui a lieu à
Ottawa. On le contrôle peut-être moins bien d'ici, mais il semble,
jusqu'à présent, être suffisamment efficace.
Dans les projets d'amendement au code de déontologie de la
Corporation des médecins vétérinaires, on a aussi
tenté de pallier cette chose. C'est qu'on a mis une petite phrase,
à un moment donné, qui est lourde de conséquences; c'est
qu'on défend à un médecin vétérinaire de
prescrire des médicaments qui ne sont pas approuvés au Canada.
Cela vient régler le problème des nouvelles inventions qui
changeraient de nom rapidement. Si le produit n'est pas approuvé au
Canada, un médecin vétérinaire est passible de poursuite
par sa corporation, s'il le prescrit. C'est très lourd de
conséquences, mais cela protège aussi très bien le
public.
À ce moment-là, si on a une liste qui est vraiment ce
qu'elle doit être et qu'elle est bien appliquée en vertu du
règlement sur l'ordonnance et le code de déontologie de la
profession, l'article 55. 8 perd énormément de sa
nécessité, si on veut, ou peut être mitigé en
donnant des pouvoirs peut-être un peu moins grandioses que
ceux-là.
M. Garon: Si l'article était amendé pour dire "pour
des raisons d'urgence" au lieu de "pour des raisons pratiques ou
d'intérêt public" ou "pour des raisons d'urgence
d'intérêt public", non "d'urgence et d'intérêt
public", mais "pour des raisons d'urgence d'intérêt public"?
Le Président (M. Houde): M. Gauthier.
M. Gauthier (Robert): Déjà, on précise.
Beaucoup de gens ont tendance à croire ou à se faire croire que
des choses qui se sont toujours faites depuis vingt ans sont des choses
pratiques. Les traditions, c'est bon, mais souvent il faut qu'elles changent,
car on est dans une société en évolution très
rapide. Il faut que les pratiques changent, justement. Donc, à notre
avis, le mot "pratiques" ne cadre pas du tout dans ce sens.
Encore une fois, passez par-dessus les articles 21 et 24. Nous
considérons que c'est l'exercice de la médecine
vétérinaire. Il faudrait que cet article soit beaucoup mieux
défini pour qu'on sache exactement dans quel cadre cela
évolue.
Le Président (M. Houde): Vous voulez dire par là
que, il y a 15, 20 ou 25 ans, on employait le sel de médecine, la
mélasse et que, aujourd'hui, on ne l'applique plus, qu'il y a autre
chose qui remplace plus efficacement et plus rapidement?
M. Gauthier (Robert): Oui, mais, des gens croient encore que
c'est la bonne méthode, alors que ce ne l'est plus et que cela pourrait
être quelque chose d'intérêt pratique. Poussons-le au
ridicule, mais ce n'est pas nécessairement ce qu'il faut, par
exemple, "urgence" serait le mot approprié. M. Pagé:
"urgence" et "intérêt public". M. Gauthier (Robert):
Oui.
M. Pagé: J'en prends bonne note, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, encore, oui.
M. Garon: Deuxièmement, il peut en outre former un
comité qui le conseille dans l'élaboration d'un programme. Vous
ne voyez pas beaucoup d'utilité à cette phrase, si j'ai bien
compris. Le comité peut être formé en tout temps par le
ministre sans qu'il n'y ait de dispositions légales.
M. Labrosse: C'est exactement ce qu'on a...
Le Président (M. Houde): M. Labrosse.
M. Labrosse:... Excusez-moi, M. le Président, si vous me
le permettez. Il est sûr qu'un comité consultatif demeure un
comité consultatif, mais, comme vous l'avez mentionné
tantôt, je pense que le ministre a déjà le pouvoir de
former les comités qu'il voudra pour déterminer les choses qu'il
voudra. Je ne crois pas qu'on ait besoin de préciser cette chose dans un
article de loi.
Pendant que j'ai la parole, je me permettrai de poser une question quant
à la pertinence du deuxième alinéa de l'article 55. 9.
Le Président (M. Houde): Au ministre? M. Labrosse:
Oui, au ministre.
Le Président (M. Houde): D'accord. Allez-y.
M. Labrosse: Pour quelle raison voudrait-on soustraire une
catégorie de personnes de l'obligation d'être titulaire d'un
permis pour préparer un aliment médicamenteux pour ses propres
animaux? Est-ce qu'il n'y a pas là place à une
interprétation qui pourrait apporter éventuellement des
problèmes de résidus? Je pense au problème des
résidus.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Garon: J'aurais aimé qu'on finisse l'article 55. 8 et
passer à l'article 55. 9 par après.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Je comprends là aussi que vous vous
interrogez sur l'article 55. 9, deuxièmement. Dois-je comprendre de
votre intervention que vous exigeriez, un exemple bien concret, un permis
à l'un de vos clients agriculteurs à qui vous auriez prescrit,
pour ses animaux malades, un médicament mélangé à
l'alimentation, comme par exemple de l'eau, pour une journée?
Devons-nous comprendre de votre intervention que le texte de loi devrait
prévoir que cet agriculteur, à qui vous prescrivez et demandez
d'ajouter telle quantité de médicaments aux aliments pour une
journée, s'il n'a pas de permis, c'est "just too bad", il ne peut le
faire?
Ce sont des cas comme ceux-là auxquels fait
référence le deuxième alinéa de l'article 55. 9.
Encore une fois, je peux vous donner l'assurance, comme ministre - sur quoi
vous pourrez peut-être répondre: Oui, mais le ministre change
physiquement. C'est vrai - que pas un ministre de l'Agriculture n'utilisera de
façon abusive les dispositions d'un tel article. Ce à quoi on
fait référence, c'est à des cas spécifiques comme
ceux-là.
Le Président (M. Houde): M. Labrosse.
M. Pagé: Est-ce que cela répond à votre
question? Est-ce que cela vous sécurise ou si... ? Ne bougez pas. Je
suis plus intéressé à sécuriser entre autres les
vétérinaires que le député de Duplessis, car le
député de Duplessis ne travaille pas souvent
là-dedans.
M. Perron: M. le Président, je suis parfaitement d'accord
avec le ministre dans un certain sens, mais non dans l'autre. On est des
êtres humains, nous aussi, même si l'on fait partie de
l'Opposition. Lorsque des problèmes comme ceux-là arriveront, ce
n'est pas nécessairement seulement nous qui allons en subir les
conséquences, c'est tous les autres, les hommes et les femmes.
M. Pagé: J'ai clairement indiqué la volonté
du et des gouvernements de renforcer les mesures de contrôle de la
qualité des aliments. C'est pourquoi on présente une loi comme
celle-là aujourd'hui, qui vient bonifier et améliorer les
conditions qui y sont prescrites.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela va, M.
Labrosse?
M. Labrosse: La réponse que j'aurais à vous faire,
c'est que je suis d'accord avec vous, mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
préciser l'article de la loi?
M. Pagé: Par le règlement? M. Labrosse: Par
le règlement.
M. Pagé: Bien oui.
M. Labrosse: II faudra donc voir. Il faudrait attendre la
réglementation.
Le Président (M. Houde);... pour ajouter? Oui, M.
Gauthier.
M. Gauthier (Robert): Peut-être un éclaircissement.
À la section IV. 1, article 55. 1, on définit ce dont on parle.
On parle exclusivement de "prémélange médicamenteux" et
d"'aliment médicamenteux"; on les définit là. L'exemple du
ministre est pertinent, mais est-ce que c'est nécessaire d'aller aussi
loin que cela? Dans la présente section, à moins que le contexte
n'indique un sens différent, "prémélange
médicamenteux": un mélange de substances, etc., on définit
pas mal ce dont on parle. Est-ce que l'article 55. 9, paragraphe 2, est
superflu? C'est peut-être plus une question de syntaxe qu'autre
chose.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Premièrement, je prends note de votre
commentaire. Deuxièmement, à l'analyse de la
complémentarité de telles dispositions, je vais voir si on
s'apprête è parler pour rien à l'article 55. 9. Si tel est
le cas et si notre objectif est atteint et qu'on en est certain sous toutes les
coutures, on supprimera l'article purement et simplement, témoignant
ainsi d'une volonté ferme et d'une ouverture très claire de la
part de notre gouvernement.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
est-elle au député de Lévis ou bien à vous? Au
député de Duplessis?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Houde): Allez-y,
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier le représentant de l'Association des médecins
vétérinaires praticiens du Québec pour leur
présence aujourd'hui. Tout comme vous, nous sommes assez inquiets du
libellé des artices 55. 6 et 55. 9. Si j'ai bien compris vos
interventions, elles ont démontré que c'est une question
très délicate qui ouvre des portes, en particulier en rapport
avec des personnes qui seraient "autorisées à". Je crois qu'il y
a un énorme danger là-dedans, dû aux fonctions et aux
connaissances que vous avez. C'est la raison pour laquelle l'article 55. 8
devrait, selon moi, être amendé dans le sens que le
député de Lévis a exprimé et même dans le
sens avec lequel vous sembliez d'accord.
Je voudrais parler maintenant du deuxième alinéa de
l'article 55. 9. Je préfère de loin que, au lieu de
préciser le tout par règlement, on le fasse directement à
l'intérieur de la loi. Cela lui donne une force plus grande à
l'intérieur d'une loi qu'à l'intérieur d'un
règlement. On sait que les règlements peuvent être
amendés très souvent. La plupart du temps, les règlements
sont amendés par le Conseil des ministres, sur recommandation d'un ou de
certains ministres, peu importe le gouvernement qui est en place. Je ne fais
pas allusion au gouvernement qui est là au moment où l'on se
parle, pas plus qu'à l'ancien gouvernement, peu importent les
gouvernements. Pour ce qui est du libellé de l'alinéa 2 de
l'article 55. 9, est-ce que vous pourriez préciser de quelle
façon cet article pourrait être amendé - si on ne le fait
pas sauter - pour permettre de rencontrer les objectifs que vous visez dans
votre mémoire?
Le Président (M. Houde): M. Gauthier.
M. Gauthier (Robert): M. le Président, il y aurait
peut-être une façon assez simple. Tantôt, on a donné
l'exemple de l'eau contenant une substance X, pour traiter des animaux. Si,
dans nos définitions du début, on parlait de cette forme de
traitement et si on ne l'appelait pas "aliment médicamenteux", cela
pourrait se régler. D'après moi, ce n'est pas si pire. On essaie
de ne pas prêter des intentions. En lisant cela pour la première
fois, on s'est dit: Tiens...
M. Pagé: II ne faut pas non plus, Dr Gauthier.
M. Gauthier (Robert):... l'article 55. 9, paragraphe 2, c'est
sans doute pour faciliter le travail des gens qui sont en recherche dans des
universités et qui auront à faire des expériences sur des
médicaments et des choses comme ça. À la première
lecture, on l'a vu comme ça. Dans telle université, on n'exigera
pas que ces gens-là aient un permis pour mélanger cinq kilos d'un
aliment contenant un médicament pour faire des expériences sur
les animaux. Dans ce contexte-là, on est tout à fait d'accord
avec le libellé. Par contre, il ne faudrait pas que cela sorte de ce
contexte. Comment concilier l'exemple que vous avez donné où on
recommande à une personne de faire une pâtée pour un animal
une journée et l'exclure d'un permis? Il y a un très beau mot qui
existe en pharmacologie, on appelle cela des préparations
extemporanées, c'est-à-dire des préparations qui doivent
être faites et administrées immédiatement à un
animal, qui ne sont pas faites par une tierce personne. Cela se fait à
tous les jours. Les vétérinaires vont recommander des choses
à leurs clients. C'est préparé sur place. C'est
administré à l'animal. C'est donné
immédiatement pour une journée, pour deux jours. C'est sûr
que personne n'osera jamais penser à exiger un permis de ces
personnes-là. Il s'agira de vérifier. C'est un terme qui
s'emploie couramment en pharmacie, c'est-à-dire des médicaments
qui sont préparés et administrés immédiatement sur
place. Il y aurait moyen, j'ai l'impression, avec vas conseillers au
ministère, de tout concilier cela pour que ça donne quelque chose
qui ne soit pas équivoque.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu qu'avec une nouvelle
définition, on étendrait beaucoup plus que ce que vous voulez
cerner. Vous craignez, au fond, et je comprends cela, des pressions politiques
et ça ne vise pas le ministre qui est là, en particulier. De
façon générale, je parle des pressions qui peuvent arriver
à un moment donné pour écarter certaines pratiques par des
programmes spécifiques. Je vous dirais, parce qu'on est en train de
terminer... Je ne sais pas si vous avez l'intention de partir
immédiatement ou de rester ici pour entendre ce que les autres vont
dire, mais si vous pouviez nous indiquer, aux articles 55. 8, 55. 9, des
propositions d'amendement qui pourraient, à votre avis, écarter
les dangers que vous prévoyez... Je pense que si, au lieu de dire "pour
des raisons pratiques ou d'intérêt public", on se
référait à l'urgence, ce serait une façon, parce
que j'ai remarqué que le ministre s'est référé
surtout à des cas d'urgence. Deuxièmement, je pense aussi que si
on pouvait éliminer l'alinéa 2 de l'article 55. 9, qui a un
caractère beaucoup plus permanent, d'après ce qu'on peut voir, et
maintenir le caractère de l'urgence de l'article 55. 8, cela ouvrirait
le caractère spécifique de l'article 55. 8, alors que l'article
55. 9 semble plus général. Il semble que dans le deuxième
alinéa, comme vous l'avez mentionné, l'article 55. 8 peut
englober l'article 55. 9. Déjà là, il y aurait un
caractère d'urgence. Il pourrait y avoir aussi au lieu de dire
"formation d'un comité après consultation de l'Association des
médecins vétérinaires praticiens ou de l'Ordre des
médecins vétérinaires praticiens, spécifiquement...
" Cela n'empêche pas le ministre de consulter d'autres personnes et
d'avoir un comité, sauf que, dans un comité je verrais mal des
gens qui ne sont pas des spécialistes de la question être
directement dans un comité alors qu'ils peuvent faire leurs
recommandations au ministre. Il me semble que le carcan serait trop dangereux.
Il serait peut-être mieux de référer directement à
une consultation de l'association et de l'ordre, mettre les deux parce que
l'ordre a des choses à envisager, les médecins
vétérinaires praticiens ont d'autres choses et le ministre aurait
le point de vue de ceux qui ont la charge de protéger
l'intérêt public en ce qui concerne la médecine
vétérinaire au Québec. Je me demande si cela ne serait pas
par une référence de cette nature... Cela n'empêche pas le
ministre de former tous les comités qu'il veut, même sans la loi,
mais on doit garder l'obligation de prendre l'avis des
vétérinaires qui, eux, ont comme profession de protéger la
population concernant ces fins.
Le Président (M. Houde): Est-ce que le ministre a quelque
chose à ajouter?
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, j'ai pris bonne note des recommandations, des commentaires
et des propos formulés par les représentants de l'association ce
matin. Je crois que cela va se traduire par des modifications à
l'écriture du projet de loi en regard de certains des articles pour
lesquels vous vous êtes inquiétés et je vais me limiter
à remercier nos intervenants de ce matin. Je crois que vous allez vous
retrouver dans les modifications qu'on va apporter.
Merci, messieurs.
Le Président (M. Houde): Merci, messieurs de l'Association
des médecins vétérinaires praticiens du Québec,
d'avoir présenté votre mémoire. Je voudrais m'excuser
auprès de l'Ordre des pharmaciens du Québec: compte tenu de notre
retard au début, nous allons reprendre cet après-midi.
Nous allons suspendre les travaux de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, pour les reprendre cet après-midi
à 15 heures.
M. Pagé: 15 heures précises. (Suspension de la
séance à 13 h 5)
(Reprise à 15 h 16)
Le Président (M. Houde):... le mémoire suivant:
Ordre des pharmaciens du Québec. Je demanderais à M. le
président s'il veut bien s'identifier et identifier les personnes qui
sont avec lui et par la suite, donner le contenu de son mémoire.
Ordre des pharmaciens
M. Marquis (Jean-Claude): Merci, M. le Président. Mon nom
est Jean-Claude Marquis, président de l'Ordre des pharmaciens du
Québec. À ma gauche, on retrouve M. Romuald Cloutier,
deuxième vice-président à la corporation et à ma
droite M. Jean-Pierre Grégoire, administrateur à l'ordre.
Je regrette, M. le Président, M. le
ministre, de ne pas vous remettre une copie du mémoire qu'on va
vous présenter, tout simplement parce que j'ai dû, ce matin,
è la dernière minute, y apporter des corrections. Toutefois, nous
pouvons vous assurer que dès jeudi matin vous aurez le texte tel que je
l'ai corrigé ce matin.
J'aurais un voeu à exprimer, M. le Président, M. le
ministre. J'aimerais qu'aux périodes de questions, on m'interroge sur le
rôle de la corporation depuis 1974. J'ai en main le texte des
débats parlementaires du 19 décembre dernier où on a
parlé beaucoup de l'absence de la corporation dans l'application de sa
loi. Je comprends que ça déborde peut-être un peu du mandat
de cette commission parlementaire, mais si des fois vous voulez plus
d'éclaircissements là-dessus, cela me fera grand plaisir d'y
répondre.
À la suite du dépôt du projet de loi 69 modifiant la
Loi sur la protection sanitaire des animaux, et en vue des travaux de la
commission parlementaire fixée aujourd'hui, nous nous permettons de vous
soumettre, M. le Président, les commentaires suivants. De prime abord,
j'aimerais souligner que l'Ordre des pharmaciens du Québec est
entièrement d'accord avec l'esprit de la loi. Nous aurons
évidemment certaines recommandations à faire qui
présentent pour nous beaucoup d'importance. Quand je dis pour nous, je
pense toujours - vous savez qu'une corporation est là pour
protéger le public - à la santé des
Québécois. Un petit commentaire sur l'article 1 où on va
rejoindre peut-être un peu une position que l'Office des professions
avait prise. Il nous semblait opportun d'ajouter à la définition
du mot "animal", les mentions suivantes: gibier, poissons et crustacés
d'élevage, trouvant peut-être un peu limitatif la
définition du mot "animal".
Quant à l'article 55. 1, nous suggérons la
définition suivante: "aliments médicamenteux": un mélange
de substances, composé notamment d'un nutriment et d'un
médicament ou d'un pré-mélange médicamenteux et
présenté pour être administré aux animaux sans
transformation, dans un but thérapeutique, préventif ou curatif
ainsi qu'à des fins de diagnostic ou de stimulants de croissance.,
Où on a des divergences avec le texte législatif et aussi
le projet de règlement qu'on a déposé, c'est aux articles
55. 2, 55. 3, et aux alinéas 1 et 5 de 55. 9, et évidemment sur
le projet de règlement qui devrait être adopté, je pense,
sous l'empire de l'article 55. 9.
Ces diverses dispositions concernent les permis que le ministre sera
autorisé à délivrer à certaines personnes pour
vendre, fournir ou préparer un médicament sous forme d'aliment
médicamenteux.
L'article 55. 9 de la loi prévoit un pouvoir
réglementaire. À l'alinéa 1°, il est prévu
qu'un tel règlement pourra comporter les conditions de délivrance
et de renouvellement d'un permis ainsi que sa forme et son coût. À
l'alinéa 5°, on constate qu'un tel règlement pourra
déterminer les qualités requises d'une personne qui fait une
demande de permis ainsi que les qualités requises d'un employé
affecté aux activités pour lesquelles ce permis est
exigé.
Or, le projet de règlement qui nous a été transmis
comporte, è notre avis, une lacune sérieuse. Rien dans ce
règlement ne traite des qualités requises d'une personne qui
demande un tel permis. Le règlement projeté ne dispose que de
matières procédurales. Il nous paraît d'une importance
capitale que les qualités professionnelles et les compétences et
expertises appropriées soient clairement identifiées et
exigées de toute personne requérant la délivrance d'un tel
permis.
Compte tenu que l'objet ultime de cette loi concerne la santé et
la sécurité publiques, il nous paraît essentiel, M. le
ministre, qu'à défaut de qualités professionnelles et de
compétence et expertise appropriées de la part de tout
requérant, nous croyons primordial que les actes pharmaceutiques
posés - parce que le fait de préparer des aliments
médicamenteux, on appelle cela en jargon pharmaceutique, des
prescriptions magistrales - donc, que les actes pharmaceutiques posés
par tout détenteur d'un permis se fasse sous le contrôle et la
responsabilité d'un pharmacien ou d'un médecin
vétérinaire, à temps plein ou à temps partiel,
selon les besoins, évidemment, du détenteur de ce permis. Je
pense que c'est important.
Dans les règlements qu'on a lus, on donne différentes
techniques. Je pourrais peut-être m'amuser un peu, M. le ministre. Sans
vouloir taquiner mes amis du ministère, si je regarde les normes
d'équipement et de fonctionnement d'un établissement, j'y lis en
10 que l'équipement doit assurer une teneur en médicament dans un
aliment médicamenteux et en 11, que l'équipement doit permettre
une distribution homogène du médicament. Si jamais on a des
problèmes, est-ce que la responsabilité professionnelle va
être rattachée à l'équipement? J'ai de la
misère à comprendre pourquoi on exige de l'équipement
qu'il rende des services, je ne sais pas trop comment. Je comprends qu'il doive
répondre à des normes, mais on semble imputer la
responsabilité de la préparation des aliments
médicamenteux à l'équipement et non pas è celui qui
doit en assurer la préparation.
Avec les articles 55. 3 et 55. 9 et l'article 21 du projet de
règlement, ici évidemment, on rejoint un peu ce qui a
été dit ce matin. L'article 21 du projet de règlement ne
semble cadrer d'aucune façon avec l'article 55. 9, puisqu'on n'y
prévoit
aucune catégorie de personne. L'exception qui y est prévue
vise tout le monde en regard de la seule quantité d'aliments
médicamenteux préparés sans égard à la
nature des médicaments utilisés, sans égard à la
fréquence des préparations, etc. Je pense qu'il n'y a pas
concordance. J'aimerais que soit étudiée la concordance entre
l'article 55. 5 du projet de loi et l'article 21.
Je retiens un peu ce qui avait été suggéré
ce matin. On pourrait peut-être parler dans le cas de préparation
par l'éleveur lui-même de préparation extemporanée
ou peut-être pourrait-on prendre ici un terme qu'on emploie souvent en
pharmacie, un mode d'administration des médicaments. Si par exemple, la
mère de famille décide de mettre dans les céréales
de son enfant un médicament quelconque, pour autant que le
médicament n'est pas détruit, je ne pense pas qu'il soit
nécessaire qu'un pharmacien soit à côté pour
s'assurer qu'elle le fasse bien. C'est peut-être un peu dans cette
optique-là qu'il serait intéressant d'aligner cette
orientation-là.
Enfin, à l'article 55. 8, là aussi, je pense qu'on rejoint
un peu ce qui a été dit ce matin. Nous ne pouvons pas nous
rallier à l'idée que "des raisons pratiques", M. le ministre,
puissent à elles seules amener le ministre à mettre en veilleuse
des dispositions légales d'intérêt public. L'article 17 de
la Loi sur la pharmacie tout autant que les articles 9, 21 et 24 de la Loi sur
les médecins vétérinaires ne peuvent être
écartés pour la seule raison que le ministre ne trouverait pas
leur application pratique dans une situation donnée. Que des motifs
imprévus, tels épidémies, séismes, etc.,
compromettent une race, un troupeau important et que l'ordre et
l'intérêt public réclament une intervention ponctuelle
particulière, cela justifie assurément une intervention
spécifique exceptionnelle, mais pas "des raisons pratiques". Dans ce
domaine-là, M. le ministre, vous pourrez toujours compter sur l'appui
total et la collaboration totale de l'Ordre des pharmaciens du
Québec.
Nous croyons également que la formation du comité
prévue à cet article devrait être coercitive et, davantage,
que sa composition soit prévue légisiativement. À cet
égard, nous sommes d'opinion qu'une majorité des membres du
comité devrait être composée de médecins
vétérinaires et pharmaciens du secteur privé. Si en temps
normal, le législateur croit nécessaire et important que la vente
et l'administration d'un médicament soient effectuées sous le
contrôle ou la surveillance de pharmaciens ou de médecins
vétérinaires, nous croyons, à plus forte raison, qu'en
période exceptionnelle, dans le cadre de programmes spéciaux,
leur intervention soit encore plus indispensable, puisque leur
compétence professionnelle en cette matière est
définitivement la plus appropriée.
Assuré de l'attention et de la considération que vous
porterez à la présente, je vous prie d'accepter l'expression de
mes sentiments distingués. Merci.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Merci, M. Marquis, messieurs. Bienvenue à
cette commission. Il va de soi qu'on s'est fait un point d'ordre de vous
inviter à venir témoigner devant cette commission en regard des
dispositions prévues au projet de loi 69, mais, aussi, afin de vous
entendre sur le projet d'un règlement qui a été
déposé avant l'adoption en troisième lecture du projet de
loi et ce, par souci d'ouverture et de transparence de notre gouvernement.
C'est vrai.
M. Garon: Pardon? M. Pagé: C'est vrai. M. Garon:
De quoi?
M. Pagé: C'est vrai que notre gouvernement est
transparent.
M. Garon:... des compressions budgétaires.
M. Pagé: Comme elles ne nous ont pas beaucoup
affectés.
M. Perron: Ce n'est pas sur cela que l'on siège.
M. Pagé: Pardon?
Sur les compressions budgétaires? Je vous remercie de rappeler
à l'ordre votre collègue de Lévis. C'est bien cela.
M. Marquis, le libellé de la loi antérieure
conférait des droits importants aux pharmaciens. L'ensemble de
l'économie agricole, le vécu quotidien de l'agriculture implique
des actes posés par des vétérinaires, entre autres, des
actes posés par les agriculteurs eux-mêmes, des actes posés
par les meuniers, actes qui se réfèrent à la consommation
ou l'absorption de médicaments soit dans les aliments, soit
administrés directement aux animaux.
Aujourd'hui, vous indiquez la volonté de votre ordre de
participer davantage à la faisabilité ou à la
réalisation de la loi. Force nous est, cependant, de constater que
l'Ordre des pharmaciens du Québec n'a pas été capable, par
le passé, de remplir la responsabilité qui lui incombait
normalement. Et cela, je crois que tout le monde est unanime à le
constater.
Aujourd'hui, vous vous inscrivez en regard de vos acquis. Vous vous
inscrivez en demande. J'ai eu, comme ministre, et mes
collègues ont eu plusieurs représentations
formulées par des membres de l'Ordre des pharmaciens du
Québec.
Je constate qu'environ 70 pharmaciens ont un compte ou un contact avec
le Centre de distribution des médicaments vétérinaires, ce
qui est peu, selon moi.
Vous nous faites part de votre intention de déposer un
mémoire qui nous sera livré jeudi. Je peux vous assurer que nous
allons en prendre connaissance avec beaucoup d'intérêt. On va le
regarder. On va analyser vos représentations. On va les analyser aussi
en fonction des représentations formulées par d'autres groupes ou
d'autres entités ou personnes directement concernés par
l'application du projet de loi.
À cet égard, j'aurais peut-être une question
générale avant d'aborder les sujets spécifiques auxquels
vous faites référence. J'aimerais vous entendre sur les
responsabilités qui ont été assumées par l'Ordre
des pharmaciens du Québec vis-à-vis la préparation et la
vente des médicaments vétérinaires, en particulier au
chapitre des aliments médicamenteux. Qu'est-ce qu'il s'est fait depuis
1973?
M. Marquis: En 1973, l'Ordre des pharmaciens du Québec, de
par sa loi, avait le pouvoir de contrôler l'ensemble de la distribution
des médicaments qu'ils soient pour usage humain ou
vétérinaire.
À ce moment-là, j'ai la nette impression - je
n'étais pas là à cette époque - que si l'Ordre
avait décidé de contrôler et d'empêcher les meuniers
de préparer des aliments médicamentés, le tonnerre serait
tombé sur la tête de l'Ordre des pharmaciens du Québec. Il
faut accepter une chose dans le principe, c'est que la Loi sur la pharmacie ne
permet pas à un pharmacien de travailler pour un non-pharmacien. Cela
veut dire qu'à ce moment-là, il aurait fallu que les pharmaciens
du Québec achètent toutes les meuneries du Québec du jour
au lendemain pour, après cela, distribuer les médicaments. (15 h
30)
Si on ne faisait pas cela je pense qu'on se faisait drôlement
débouter par les gouvernements et les dirigeants en place à ce
moment-là, dont vous étiez M. Pagé. C'était le
premier problème. Le deuxième problème qui s'est
présenté c'est que l'Office des professions du Québec a
été mandaté en vertu de la loi sur les médecins
vétérinaires pour dresser une liste de médicaments qui ne
peuvent être prescrits que par un médecin
vétérinaire. Pour préparer la liste des Pr, en principe -
pour les gens qui étaient là, je me mets dans leur peau, je
n'étais pas là - cela prend un an, deux ans au maximum. Je
regrette cela a pris douze ans. Quand je suis arrivé à l'ordre en
1981, des comités avaient siégé, on avait mis les rapports
sur les tablettes, on les a ressortis en 1981 et cela a été
accepté en 1985.
Il ne faut pas dire que tout cela dépend de l'Ordre des
pharmaciens du Québec. Le problème qui se présente c'est
que les pharmaciens, aussi bête que cela puisse paraître, ne
pouvaient même pas s'approvisionner dans l'industrie pharmaceutique. On
refusait de leur vendre. Certains m'ont même dit qu'ils ne voulaient pas
choquer des vétérinaires. On voulait acheter au CDMV,
c'était fermé. C'est un organisme créé par le
gouvernement qui servait aussi les vétérinaires dans le cadre de
l'assurance santé animale. Les pharmaciens ne pouvaient pas
s'approvisionner. Je me suis battu pour que le règlement, les
médicaments Pr soient finalement édictés par l'Office des
professions du Québec. Vous le demanderez à M. Desgagné ce
soir. On s'est réellement battu pendant quatre ans pour que cela se
fasse. C'est long quatre ans, mais on n'avait pas le pouvoir décisionnel
à ce moment-là.
Maintenant que c'est présent, que la loi est là, qu'il y a
des médicaments Pr, on a immédiatement, aussitôt que vous
avez débloqué, M. Pagé, le CDMV, formé, à
l'Ordre des pharmaciens du Québec, un comité d'enquête
spécial qui travaille là-dessus. J'ai parlé à mon
syndic la semaine passée, et il y a 59 visites qui ont été
faites dans des meuneries. Je ne vous dirai pas ce qui s'est passé,
c'est mon secret, mais il y a des causes qui seront déposées pour
pratique illégale de la pharmacie. Il va y avoir aussi certains
vétérinaires dont les causes seront référées
à l'Ordre des médecins vétérinaires du
Québec. Je peux vous dire que nos enquêteurs et mon syndic ont
rencontré l'Ordre des médecins vétérinaires du
Québec et c'est dans cet esprit qu'on veut une fois pour toutes mettre
de l'ordre dans le système. Mais avant que la liste soit acceptée
on n'avait pas ce pouvoir-là. Ce sont les délais. D'année
en année on se disait l'office va nous donner une liste l'année
prochaine et c'était toujours l'année prochaine et cela a pris
douze ans. Je ne pense pas qu'on puisse blâmer l'Ordre des pharmaciens du
Québec pour ce retard inouï qui a fait définitivement tort
à la population du Québec.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Ce n'est pas un blâme ni un reproche que
j'adressais à M. Marquis, loin de moi de telles intentions, mais
c'était un constat.
M. Marquis: Je voulais vraiment vous expliquer pourquoi il y
avait eu un problème. Il y avait des problèmes
d'approvisionnement, il y avait des problèmes législatifs qui
n'accouchaient pas, il y avait un paquet de
phénomènes en même temps qui ont retardé tout
le monde.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Vous référez dans le projet de
règlement aux qualités professionnelles requises pour qu'un
permis puisse être obtenu par une personne autre qu'un professionnel pour
appliquer un médicament. À votre avis quel genre de
qualifications devrait-on requérir de telles personnes?
M. Marquis:... parce que j'ai conclu un peu plus loin que cela
semblait difficile de commencer à classifier les meuniers pour savoir
s'ils ont réellement les qualités requises. C'est la raison pour
laquelle on recommande tout simplement que des professionnels qui
légalement peuvent le faire soient habilités à exercer
cette surveillance. Vous savez qu'actuellement - je ne sais pas, mais si le Dr
Gauthier pouvait revenir il pourrait peut-être nous donner des chiffres
-la plupart des meuneries importantes ont à leur emploi à temps
plein des vétérinaires qui peuvent très bien prendre la
responsabilité de ces mélanges, s'assurer qu'ils soient bien
faits. Il va rester certaines meuneries, et je me dis - on fonctionne à
vacation - qu'il y a moyen de se rencontrer quant à une
réglementation, M. le ministre, pour qu'on établisse des normes.
Cela prendra la présence d'un pharmacien. J'ai des comparaisons qui sont
peut-être un peu boiteuses, cela peut vous faire sourire. On le fait dans
les centres d'accueil, on a des pharmaciens qui vont là à
vacation, une heure, deux heures, trois heures par semaine et qui assurent le
contrôle et la responsabilité des actes pharmaceutiques qui sont
posés. Je pense que c'est important. Au niveau des budgets, il ne
faudrait pas s'énerver, ce ne sont pas des montants faramineux que cela
peut représenter. Il y a moyen d'établir des normes dans ces
cas-là. Que ce soit un pharmacien ou un vétérinaire, cela
ne me dérange pas parce que les deux sont habilités par la loi
à le faire, mais je pense qu'il faut qu'il y ait un professionnel
responsable des actes qui seront posés là.
C'est dans cette optique qu'on vous suggère cela et cela peut se
faire par une réglementation. Si la décision du gouvernement est
d'accepter ce principe, je peux vous garantir, M. le ministre, que rapidement
on va s'asseoir avec vous autres et on va en érrire des normes et cela
va être quelque chose qui va se tenir et on va réellement
travailler. Ce qu'on veut nous, tout simplement, c'est travailler à
protéger la santé publique. On m'accuse souvent en disant que je
veux faire faire de l'argent aux pharmaciens. Dans le dossier des
vétérinaires, pour le moment, je ne pense pas qu'il y ait des
pharmaciens qui deviennent millionnaires. Étant donné que le
médecin vétérinaire a le droit de prescrire, il a le droit
de vendre ses médicaments. Alors, il y a ceux qui décident de
prescrire et il y a ceux qui décident de prescrire et de continuer
à vendre. Ce n'est pas dans cette optique... d'abord, ce n'est pas "ma
job", je ne suis pas président d'un syndicat. "Ma job", c'est de
m'assurer que le public est bien protégé. Ce n'est que cela. Si
jamais il y a des négociations a faire sur une vacation quelconque, il y
a des syndicats de pharmaciens, il y en a deux; vous pouvez vous adresser
à eux pour les négociations.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Dans les dispositions de la loi et du
règlement, on prévoit l'obtention ou l'octroi d'un permis
à un producteur agricole qui va mélanger lui-même les
médicaments à de la moulée, par exemple. Vous iriez
jusqu'à enlever purement et simplement le droit à un producteur
ou une productrice d'obtenir un tel droit?
M. Marquis: II pourrait avoir un permis mais, à la
condition qu'un pharmacien ou un vétérinaire fasse la
surveillance de ce qui se fait. Je reviens là-dessus, dans nos centres
d'accueil, c'est évident qu'on ne mettra pas un pharmacien s'il y a cent
personnes âgées qui vivent là, 45 heures par semaine, mais
deux heures ou trois heures par semaine, selon des normes établies pour
assurer un contrôle judicieux de la médication qui est
distribuée. C'est tellement important, M. le ministre, pour la
santé humaine. On est arrivé à réduire la
consommation de 50 % par cette présence de deux ou trois heures par
semaine. Alors, il y a moyen d'exercer un contrôle judicieux
là-dessus aussi.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Vous demandez beaucoup, monsieur.
M. Marquis: Dans le domaine du producteur?
M. Pagé: Oui.
M. Marquis: Excusez-moi. Dans le domaine du producteur, j'ai
parlé tantôt d'administration extemporanée ou encore j'ai
parlé de... Pour moi, c'est un mode d'administration d'un
médicament, tout simplement. Je ne vois pas la nécessité
qu'il y ait un pharmacien à côté de chaque producteur pour
ses propres animaux. Là, vous pourriez m'accuser de charrier et vous
auriez raison, M. le ministre.
M. Pagé: J'aurais dit que cela serait exorbitant.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Marquis: Assurément, je suis d'accord avec vous.
M. Pagé: Je n'aurais jamais dit que c'était
charrié. Vous savez bien que ce n'est pas mon genre. Merci, M.
Marquis.
Vous comprenez que par le projet de loi, l'encadrement législatif
qu'on donne à cette situation, l'encadrement réglementaire aussi,
on a un objectif très clair: C'est de s'assurer que le consommateur et
le bien produit, c'est-à-dire entre la ferme et la table, que le produit
alimentaire soit de qualité garantie, exceptionnelle, excellente,
etc.
Cependant, nous avons des réserves et c'est normal. Nous avons
des réserves à l'égard de la mise en place d'une structure
très contraignante, si je peux utiliser le terme, très
"fonctionnarisée", entre guillemets, si je peux utiliser le terme aussi,
et nous croyons que l'économie ou le fonctionnement qui prévaut
actuellement où les vétérinaires ont des
responsabilités, les meuniers ont des droits, on a imposé un
moratoire en 1984 qui a été reconduit en 1985. Ce moratoire avait
comme objectif d'en arriver au projet de loi auquel nous sommes conviés
aujourd'hui.
Vous soutenez - et c'est votre droit le plus strict, le plus
légitime - que l'Ordre des pharmaciens, de par ses pouvoirs, par les
pouvoirs qui sont dévolus au pharmacien devrait être davantage
impliqué dans l'ensemble de l'opération. On prend acte de vos
recommandations, on va lire votre mémoire et on va voir jusqu'où
le gouvernement du Québec peut aller dans le sens des recommandations et
des propositions que vous formulez.
Vous avez évoqué tout à l'heure les situations
d'urgence tout comme vos prédécesseurs. J'ai l'intention de
donner un cadre plus précis, qui référera à la
notion d'intérêt public et d'urgence. Donc, des amendements seront
apportés à l'article auquel vous vous êtes
référé, je peux vous en donner l'assurance.
Quant au comité consultatif, qui est à l'appui de cette
intervention, qui vient étoffer cette intention du ministre ou du
gouvernement, vous avez formulé des recommandations ou des commentaires
pour que cela soit plus contraignant ou... Je n'ai pas très bien saisi
le commentaire ou la recommandation que vous vouliez formuler.
M. Marquis: Sur les?
M. Pagé: Sur le comité consultatif.
M. Marquis On voulait que ce soient des pharmaciens et des
médecins vétérinaires en pratique privée, en
majorité. M. le ministre, vous pourriez bien prendre tous vos
fonctionnaires et former le comité avec eux; je n'ai rien contre eux, je
les aime bien, mais j'aimerais quand même que ce soient des gens de
pratique privée qui soient à ce comité.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: D'accord, c'est intéressant.
M. Marquis: J'aimerais ajouter une chose, M. le ministre. Il y a
un autre problème qu'on commence à vivre présentement.
Comme le gouvernement du Québec est responsable de la distribution des
produits au Québec, médicaments ou autres choses, est-ce qu'il
serait possible de penser à réglementer le système de
distribution par les grossistes? Actuellement, n'importe qui vend n'importe
quoi. On veut mettre de l'ordre là-dedans. Notre problème, c'est
que vous avez énormément de "pedleurs" qui font du
porte-à-porte et qui vont vendre des Pr, des médicaments sur
prescription, à des éleveurs. On n'a plus aucun contrôle
là-dessus. Je pense qu'il faudrait penser à avoir une
réglementation pour obliger ces gens à détenir un permis
et à ce moment on pourrait davantage les surveiller.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: M. Marquis, j'ai été
sensibilisé à ce problème. Je me propose de porter cette
problématique à la connaissance du comité du Conseil des
ministres qui est chargé de voir à ce point. Le problème
existe, j'en suis conscient.
M. Marquis: Cela existe aussi pour les êtres humains.
M. Pagé: Oui, oui, la même chose. J'ai l'intention
de sensibiliser mes collègues à la nécessité qu'il
y aurait pour le gouvernement du Québec d'intervenir dans le sens d'un
contrôle beaucoup plus rigoureux de la distribution de tels
médicaments sur notre territoire.
Le Président (M. Houde): Merci.
M. Marquis: Merci.
Le Président (M. Houde): La parole va au
député de Lévis.
M. Garon: M. Marquis, avant que j'arrive - je suis arrivé
quelques minutes en retard - vous avez parlé d'ajouter dans les
définitions les mots "gibier, poisson" et il y a un autre terme,
à ce qu'on m'a dit.
M. Marquis: C'est une suggestion de l'Office des professions,
dans une lettre qu'elle vous avait fait parvenir, M. le ministre, je pense que
c'est l'automne dernier; c'était: gibier, poisson et crustacés
d'élevage. C'était pour préciser tout simplement la
définition du mot "animal". Remarquez bien que, pour moi, c'est assez
secondaire, mais je trouvais que cela avait un certain sens. Des fois, quand
l'office fait de bonnes choses...
M. Garon: Vous dites que, maintenant, il y a de plus en plus
d'espèces de gibier qui sont élevées, de poissons aussi.
Les crustacés qui sont élevés au Québec, je n'en
connais pas encore, mais cela pourra venir. Ah oui! Il y a des homards qui sont
pris petits aux Îles-de-la-Madeleine pendant la saison et qui sont
élevés jusqu'à l'automne. Je ne sais pas s'ils ont des
médicaments!
M. Pagé: M. le député, c'est couvert. M.
Garon: Pardon?
M. Pagé: C'est couvert par la définition de
l'article 1, premièrement, qui dit: "Animal" désigne tout animal
d'élevage, ainsi que ses oeufs et ovules fécondés. "
Dès le moment où c'est... La définition est plus
générale, mats ce à quoi vous référez est
couvert.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît.
M. Pagé: C'est pour vous rassurer. M. Garon: Oui.
Le Président (M. Houde): La parole est à vous, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Je regarde justement cela. Alors, vous avez fait des
remarques aussi au sujet de la définition des aliments
médicamenteux. Pourriez-vous me dire quels changements vous voudriez
voir apporter?
Le Président (M. Houde): M. Marquis, s'il vous
plaît.
M. Marquis: On ajoute tout simplement à la fin, si ma
mémoire est bonne: Dans un but thérapeutique, préventif ou
curatif ainsi que pour des fins de diagnostic ou de stimulant de croissance.
Cela apporte un peu de précision à la définition, tout
simplement.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Voudriez-vous lire peut-être moins rapidement? On
peut avoir des galées, mais j'aimerais le prendre en note. (15 h 45)
M. Marquis: Nous ajoutons, à la fin de la
définition: "... dans un but thérapeutique, préventif ou
curatif, ainsi que pour des fins de diagnostic ou de stimulant de croissance. "
Il me fera plaisir, M. le député de Lévis, de vous faire
parvenir le texte de notre mémoire dès que je l'aurai.
Le Président (M. Houde): Vous allez nous le faire
parvenir, M. Marquis?
M. Marquis La même chose. Même adresse?
M. Garon: Pardon?
M. Marquis: Êtes-vous è la même adresse que M.
le ministre?
M. Garon: Non, non. C'est beaucoup plus proche maintenant. C'est
dans la bâtisse.
M. Marquis: À l'Hôtel du gouvernement, notez
bien.
M. Garon: Je suis dans la bâtisse.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, c'est à vous.
M. Garon: C'est intéressant, les stimulants de croissance,
car je pense que tous les gens sont un peu inquiets de ces produits qu'on donne
aux animaux pour les fins de croissance.
Vous avez indiqué avec raison que l'article 21 n'était pas
vraiment une catégorie, que les qualités n'étaient pas
déterminées par rapport aux exigences de l'article 55. 9,
alinéas 1 et 5. Pensez-vous qu'il est facile de déterminer ce
type de personne?
Le Président (M. Houde): M. Marquis.
M. Marquis: Je veux juste souligner qu'il n'y a pas concordance
entre l'article 55. 9 et l'article 21.
M. Garon: Non.
M. Marquis: À l'article 55. 5, tout le monde peut
fabriquer ses propres aliments médicamentés pour ses animaux.
 l'article 21, on bloque, à un moment donné, sur des
quantités. Il n'y a pas concordance et c'est le seul point que je veux
souligner là-dessus. J'ai dit tantôt que je n'avais pas
d'objection. Remarquez bien, de toute façon, que je manquerais de
main-d'oeuvre si je voulais avoir un pharmacien chez chaque cultivateur.
Ce n'est pas "ma job", c'est celle du syndicat. Je pense, encore une
fois, qu'il faudrait prendre cela comme un mode d'administration ou, comme le
disait le docteur Gauthier ce matin, selon l'expression qu'il a
employée, les préparations extemporanées, J'appelle cela
des modes d'administration d'un médicament. Qu'on l'incorpore dans de
l'eau ou qu'on l'incorpore dans un aliment, on donne la quantité de
médicament à un animal ou à un troupeau. À ce
moment-là, il faut peut-être s'assurer de vérifier que
l'appareillage qu'ils ont pour faire les mélanges soit convenable, pour
que ce ne soit pas le même porc qui absorbe tout le médicament et
que tous les autres n'en aient pas. C'est un peu dans ce sens-là, mais
c'est sa responsabilité à lui. Il ne refile pas à d'autres
personnes ces aliments médicamentés, ce qu'un meunier fait. C'est
ce qui est totalement différent.
M. Garon: Mais comment effectuer le contrôle?
M. Marquis: Le contrôle va se faire par la prescription. Si
c'est un éleveur, le vétérinaire va lui prescrire de la
tétracycline ou un autre antibiotique à incorporer dans ses
aliments, dans telles ou telles proportions. Quant à la prescription, si
elle est remplie à la pharmacie, vous allez avoir le dossier et si elle
est remplie par le vétérinaire, lui aussi aura ie dossier. S'il
n'a pas le dossier, on va peut-être aller le visiter pour lui dire: II
faut que vous gardiez un dossier de vos patients. C'est la Loi sur la pharmacie
qui veut cela.
Le contrôle se fera au niveau de ces dossiers, comme vous l'exigez
pour le meunier.
M. Garon: Supposons qu'une prescription est donnée
à un meunier.
M. Marquis: Le meunier devra tenir des registres et des dossiers
de la même façon,
M. Garon: Comment allez-vous pouvoir vous assurer, comme vous
venez de dire, que le mélange est fait correctement et qu'il est
dispersé entièrement et également dans les aliments?
M. Marquis: C'est exactement pour cela que je vous demande qu'un
professionnel responsable soit là, occasionnellement ou à temps
plein, selon les besoins de la meunerie. Cela existe dans 50 % des meuneries.
Je ne veux pas charrier, mais c'est à peu près cela aujourd'hui,
ou peut-être 35 %. Elles ont déjà des
vétérinaires à temps plein qui travaillent pour elles. Ce
n'est pas compliqué de s'assurer que ce soit bien fait.
Le ministère devrait aussi songer à avoir des inspecteurs,
éventuellement, qui seraient des gens qualifiés. Mais, si des
inspecteurs se promènent au Québec, il va leur falloir du temps
pour faire le tour des meuneries, à moins que vous n'ayez une
armée d'inspecteurs. Quand vous arriverez avec une conclusion de
l'inspecteur, le troupeau sera peut-être déjà pas mal
contaminé. C'est pour cela qu'il est important d'avoir un professionnel
sur place, une fois par semaine, deux ou trois heures, peut-être pas
plus. Il s'agira d'établir des normes. Cela se fait. Je ne pense pas que
ce soit tellement complexe. Ce n'est pas onéreux.
M. Garon: Cela se fait déjà pour les abattoirs. Les
petits abattoirs qui font de l'abattage sous inspection ont des horaires. Ils
n'ont pas l'inspecteur vingt-quatre heures par jour, cinq jours par semaine.
Les petits abattoirs s'entendent pour le moment où ils vont faire
l'abattage, et l'inspecteur se rend sur les lieux à ce moment-là.
Est-ce cela que vous vouiez dire?
M. Marquis: Ce que je voudrais, c'est qu'un pharmacien soit
attaché à une meunerie, un certain nombre d'heures limité,
pour en prendre la responsabilité. Il y a une responsabilité
professionnelle là-dedans. Si on donne des aliments
médicamenteux, il y a donc une responsabilité quelque part. Je
pense que les gens qui ont fait des études pour connaître les
médicaments, que ce soit des vétérinaires ou des
pharmaciens, connaissent ça. Chez les meuniers, cela se fait par
pratique. Ce sont des techniciens du médicament. Ils ne sont pas des
spécialistes du médicament. J'y vois une différence, je
peux me tromper, remarquez bien, mais cela ne serait pas tellement
onéreux. Si on vous disait: On veut des pharmaciens partout, vous
diriez: Marquis charrie, et vous auriez raison. On demande d'avoir un
contrôle judicieux là-dessus et je pense qu'il y a moyen de
trouver quelque chose dans la réglementation, avant le 1er septembre,
pour satisfaire M. le ministre.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous avez indiqué aussi que, dans les centres
d'accueil, la présence d'un pharmacien à temps partiel a
diminué en forte proportion... J'aimerais que vous nous en disiez
davantage.
M. Marquis: Partout où arrive un pharmacien, cela ne
coûte rien au centre d'accueil de l'engager. C'est aussi simple que cela.
Par ses économies de médicaments, il est déjà
payé et il reste de l'argent dans les fonds du centre d'accueil.
À Lac Etchemin, par exemple, 50 % de réduction de la
consommation de médicaments. On a diffusé un vidéo
là-dessus. On a pris du Lac Etchemin aux Îles-de-la-Madeleine. Aux
Îles-de-la-Madeleine, la même chose. Réduction sensible de
la consommation des médicaments. Évidemment, il y a un travail
d'équipe qui se fait entre le médecin, l'infirmière et le
pharmacien. On arrive à habituer les gens à moins consommer.
Concernant une autre note que j'avais prise tantôt, et que, je
n'ai pas mentionnée encore, il serait peut-être judicieux de
penser à abolir la publicité sur les médicaments
vétérinaires Pr. Est-il normal qu'on fasse de la publicité
sur les médicaments Pr? Si seuls les vétérinaires ont le
droit de les administrer, qu'on fasse de la promotion, de l'information
vétérinaire, j'en suis, mais pas de la publicité
auprès du cultivateur pour l'inciter à donner des
médicaments à tort et à travers, à rejoindre un
"pedleur" puis aller en Ontario en acheter s'il n'est pas capable, parce que
celui-ci lui a dit que c'était bon pour son troupeau. Il y a tout un
phénomène là-dedans aussi qui est important.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je trouve cela intéressant ce que vous dites.
Est-ce que vous voulez dire, par exemple, que pour les médicaments
vétérinaires qui sont sous souscription en vertu de la liste, il
devrait y avoir une interdiction dans cette loi-là, une interdiction de
faire de la publicité ailleurs qu'auprès...
M. Marquis: Des consommateurs. De l'information
vétérinaire, il faut en faire. Mais auprès du
consommateur, cela ne devrait plus exister. Ce n'est pas permis pour usage
humain non plus.
M. Garon: Comment verriez-vous cela? L'interdiction n'est pas
dans cette loi-là, soit de faire de la publicité pour des
médicaments qui doivent être prescrits ou qui sont sur
prescription autrement qu'au pharmacien et au vétérinaire.
M. Marquis: Interdire de faire de la publicité sur les
médicaments qui ne se vendent que sur prescription.
M. Garon: Si vous voulez m'attendre, je veux prendre une note.
Avez-vous d'autres bonnes idées?
M. Marquis: J'en ai tant que vous en voulez, mais je ne voudrais
pas retarder mes collègues, là derrière.
M. Garon: Oui, mais vous avez encore quelques minutes.
M. Marquis: Non, tout simplement ce qu'on veut faire, on veut
mettre de l'ordre dans le système. On m'a reproché d'avoir pris
trop de temps, mais je pense que, de toute façon, c'était
très difficile dans le contexte législatif dans lequel on vivait.
Présentement, on est prêt. On est décidé et on va
faire "une bonne job". Si on ne la fait pas, M. le ministre, vous viendrez nous
blâmer et on prendra le blâme, mais je suis convaincu qu'on ne le
prendra pas.
M. Garon: Au fond, ce que vous dites, je trouve cela
intéressant. Il n'appartient pas aux meuniers de faire la
publicité des médicaments qu'ils vont mettre dans la
moulée. Au contraire, ça revient aux médecins
vétérinaires, aux pharmaciens, de prescrire un remède. Au
fond, c'est un peu selon la façon de le prendre, par la bouche ou par
piqûre, quand on dit de le mettre dans un aliment. Au fond, c'est juste
une façon de l'administrer.
M. Pagé: Si le député de Lévis me le
permet...
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé:... M. le Président, j'aurais un dernier
commentaire à formuler aux représentants de l'Ordre des
pharmaciens concernant tout le volet de la vente de médicament. J'ai
clairement indiqué que j'allais sensibiliser mes collègues du
Conseil des ministres, et notamment la ministre de la Santé et des
Services sociaux, aux conditions pour permettre et autoriser une personne, une
entité, une société à vendre de tels
médicaments. J'ai bon espoir que ce contact puisse déboucher sur
une intervention dans les délais que j'espère les plus brefs.
Cependant, à l'article 55. 9 du projet de loi, 8°, il est
indiqué que le ministre a le pouvoir d'établir et de recommander
au Conseil des ministres la réglementation appropriée pour
déterminer les normes relatives à la publicité faite par
le titulaire d'un permis. Alors, il serait probablement possible d'intervenir
à ce chapitre. Cependant, la problématique dans le domaine de la
publicité est davantage le véhicule publicitaire que... Le
véhicule est aussi problématique que la publicité
elle-même ou le contenu, et on doit retenir que, dans la santé
animale, il y a souventefois de la publicité qui vient de
périodiques, de journaux, provenant de l'extérieur du
Québec. Alors là, il y a une problématique
particulière.
En conclusion, je veux vous remercier d'avoir sensibilisé les
membres de la commission à ce problème. On en prend, non
seulement bonne note, mais j'ai l'intention de m'y référer dans
les représentations
ultérieures que je ferai à mes collègues du
Conseil.
Le Président (M. Houde): Merci. Je voudrais céder
la parole à M. le député de Duplessis, s'il vous
plaît.
M. Perron: Merci, M. le Président. M. Marquis, j'aurais
trois questions très précises à vous poser se rapportant
à l'énoncé que vous avez fait tout à l'heure. Dans
un premier temps, en ce qui a trait à l'article 55. 9, deuxième
alinéa, qui se lit comme suit: "Soustraire une catégorie de
personnes de l'obligation d'être titulaire d'un permis pour
préparer un aliment médicamenteux pour ses propres animaux. " On
a aussi une référence qui est faite dans le projet de
règlement è l'article 21. Et là, on ajoute une question de
kilos, etc. Est-ce que votre organisme endosse l'opinion qui a
été exposée ce matin par l'Association des médecins
vétérinaires se rapportant au deuxième alinéa et
aussi à certains ajustements de l'article 55. 8 dont vous avez
parlé tout à l'heure?
M. Marquis: Oui, on ne voit pas de problème dans cela. La
seule exigence qui serait nécessaire là-dedans serait de
s'assurer, évidemment, si un éleveur, selon le volume des animaux
qu'il peut élever... S'il en a seulement un, le mélange se fait
très bien, mais s'il en a 2000, cela peut être différent et
s'il a un appareillage, qu'il ait au moins un appareillage adéquat pour
que les mélanges soient bien faits. Je pense que c'est le seul point qui
serait important là-dessus. Mais ce que J'ai souligné tout
à l'heure, c'est qu'à 2, on dit qu'on les élimine et
après cela, dans le règlement, on dit non. C'est seulement ceux
qui font des volumes de moins d'un kilo ou quelque chose de ce genre-là.
Alors je dis qu'il y a une contradiction entre les deux. Ce serait
peut-être intéressant de s'arranger pour qu'il y ait
concordance» À ce moment-là, évidemment si
l'éleveur fait ses propres mélanges et qu'il a un troupeau
considérable, il faudra qu'il ait les appareillages adéquats, car
je pense qu'autrement cela n'a pas de bon sens.
M. Perron: Merci...
M. Pagé: Si vous me le permettez...
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre.
M. Pagé:... est-ce que vous convenez que le
médicament administré en vertu de l'article 21 fait l'objet d'une
ordonnance toujours?
M. Marquis: Absolument. C'est là que vous avez votre
contrôle.
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: La deuxième question, M. Marquis: Vous avez
mentionné textuellement que - j'en ai pris note ici compte tenu qu'on
n'avait pas le texte de votre énoncé - "rien dans ce
règlement ne traite des qualités requises des personnes pouvant
obtenir un permis". À ce moment-là, c'est que vous faites
référence au cinquième alinéa et, en quelque sorte,
au deuxième alinéa de l'article 55. 9, aussi. Est-ce que vous
pourriez donner un exemple assez précis se rapportant à cette
affirmation que vous avez faite?
Le Président (M. Houde): M. Marquis, s'il vous
plaît. (16 heures)
M. Marquis: On dit: "... déterminer les qualités
requises d'une personne qui fait une demande de permis ainsi que les
qualités requises d'un employé affecté aux
activités pour lesquelles un permis est exigé. " Et on s'en va
sur les règlements, on lit cela, et il n'y a absolument rien qui parle
des qualités d'une personne. Je me demande comment on va être
capable... Il y a 300 meuniers au Québec, allez-vous faire passer des
examens aux meuniers pour savoir s'ils ont la compétence pour faire des
mélanges. Ce ne sera pas facile tantôt. Il va falloir que vous
augmentiez l'effectif du ministère.
M. Perron: Cela m'amène, M. Marquis, à une autre
question sur le même sujet. Est-ce que vous préférez que
cette définition dont vous parlez soit dans le règlement ou dans
la loi elle-même, pour être plus précise?
M. Marquis: J'aimerais mieux qu'elle soit dans la loi, c'est
évident.
M. Perron: Vous aimeriez mieux qu'elle soit dans la loi?
M. Marquis: Évidemment.
M. Perron: D'accord. Merci de votre réponse. Il y a une
troisième et dernière question que je voudrais vous poser. Vous
avez parlé de la formation d'un comité auquel on fait
référence, dans l'article 55. 8, à la fin du premier
paragraphe, à la formation de ce comité, par la loi, avec une
majorité de professionnels du milieu, c'est-à-dire les
pharmaciens et les médecins vétérinaires. Est-ce que vous
pourriez parler quelque peu de ce comité? Par exemple, combien
pourrait-il y avoir de pharmaciens? Combien de médecins
vétérinaires? Le comité lui-même, de combien de
personnes serait-il formé? On sait très bien que, si
vous avez un comité formé de 32 personnes, cela va prendre
du temps à régler des problèmes quand on* veut les
régler rapidement. Dans le cas qui est mentionné dans la loi que
le ministre propose, il est bel et bien indiqué que ce comité
doit conseiller, pour l'élaboration d'un programme, dans des cas
précis comme, par exemple, l'urgence d'intérêt public,
etc.
M. Marquis; D'abord, je n'ai pas l'intention de demander au ministre de
me fournir des jetons de présence. Je ne veux pas un comité
énorme. Je pense que, à un moment donné, ce qui
m'apparaît important... Pardon?
M. Pagé: II ne m'en reste plus.
M. Marquis: Ha! Ha! Ha! Ce qui m'apparaît important
relativement è ce comité, c'est que les professionnels
concernés soient majoritaires. J'ai bien confiance en M. Pagé,
mais si, demain matin, il y en a un autre qui est là, je n'ai plus
confiance, et il décide de me "paqueter" un comité, il va faire
ce qu'il va vouloir. Tandis que là, si on dit: Vous avez plus de 50 %
des gens qui siègent au comité qui sont des
vétérinaires et des pharmaciens, des gens qui sont dans le bain,
à ce moment-là, on pourra discuter honnêtement avec le
ministre et en arriver à des conclusions plus logiques que si la
présence au comité reste floue. Vous savez, je n'ai rien contre
certains bonshommes, mais si on amène des gens comme ceux du Conseil
consultatif de pharmacologie pour siéger à un comité comme
celui-là et qui soient majoritaires, ils n'ont pas été
souvent dans le champ, ils ne connaissent pas bien bien les médicaments
et j'aimerais mieux avoir des vétérinaires à leur place.
C'est un peu dans ce sens qu'on dit... J'ai même spécifié
que ce sont des gens de la pratique privée qui devraient être
là.
M. Perron: Si j'ai bien compris lorsque vous avez parlé de
ce comité, vous aimeriez aussi que l'on précise la question
concernant ce comité à l'intérieur de la loi
elle-même pour que ce soit clair et précis.
M. Marquis: Je ne veux pas forcer la main de mon ministre, mais
à un moment donné c'est toujours plus sûr quand c'est dans
la loi que quand c'est dans le règlement. Le règlement, il vient
après et il change rapidement. La loi, c'est beaucoup plus difficile de
la changer.
M. Perron: Parce qu'on aura à revenir à
l'Assemblée nationale pour la changer.
M. Marquis: Oui, tandis que le règlement...
M. Perron: Parfois, l'Opposition n'est pas d'accord.
M. Marquis:... il n'y a que le Conseil des ministres qui peut le
changer, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Pagé: Le règlement, le pouvoir
réglementaire a un certain mérite.
M. Marquis: Oui, une fois qu'il est adopté, mais vous
pouvez le changer assez facilement, M. le ministre.
M. Pagé: Vous êtes en train de me gagner à
votre cause, là! Cela va mieux.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
va au député de Saint-Hyacinthe, s'il vous plaît.
M. Messier: Juste un point de clarification, M. Marquis. À
l'avant-dernière page de votre mémoire, vous parlez du
comité de l'article 55. 8. Est-ce que c'est un comité coercitif
ou un comité consultatif. J'ai mal compris le...
M. Marquis: Non, c'est consultatif. M. Messier: D'accord.
M. Marquis: Le ministre a un problème majeur et il veut le
régler rapidement, il convoque son comité. Il se dit: II faut des
gens qui connaissent cela pour siéger au comité majoritairement.
Ce n'est que cela. C'est consultatif. Je pense bien que la décision
restera toujours réservée au ministre.
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Houde): M. le député
de...
M. Garon: Le député de Saint-Hyacinthe se
réfère à l'avant-dernière page de votre
mémoire.
M. Messier: Non, j'ai vu qu'il adressait ses remerciements au
ministre. C'est à la dernière que, par logique... La logique
libérale voulait que ce soit l'avant-dernière page.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Messier: C'est fort, hein! Parfait.
M. Marquis:... copie, je n'en ai qu'une.
Le Président (M. Houde):... oui? Bien, la parole...
M. Messier: En faisant l'intervention...
M. Pagé: Est-ce que le député pourrait nous
dire combien le mémoire avait de pages?
M. Messier: On va y aller pour 7.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Saint-Hyacinthe. La parole est au député de Lévis, pour
environ une minute, s'il vous plaît.
M. Garon: J'aimerais vous demander, M. le président, de
nous indiquer le plus précisément possible - dans le
mémoire, vous avez indiqué que vous le feriez parvenir jeudi -
comment vous souhaitez que certains articles soient changés. Il y a
différents groupes qui vont le faire, qui l'ont fait ce matin. Je pense
que cela nous aiderait. Et les raisons, si c'était possible d'indiquer
les raisons de façon précise car, lorsqu'on fera l'étude
article par article, on pourra se référer à notre
mémoire pour les articles sur lesquels vous aurez fait des
représentations.
M. Marquis: D'accord. On va vous en mettre le plus possible.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Une remarque à M. le président Marquis. Lorsque
vous ferez parvenir vos mémoires, pourriez-vous les faire parvenir au
secrétaire de la commission? Celui-ci les acheminera à chacune
des personnes. Encore une fois, je vous remercie beaucoup de votre
exposé.
M. Pagé: Merci de votre contribution à nos
travaux.
M. Marquis: Bonjour et merci beaucoup.
Le Président (M. Houde): J'appellerai maintenant la
Confédération de l'Union des producteurs agricoles. Si vous
voulez prendre place, s'il vous plaît! Vous êtes seul, je crois? Si
vous voulez vous présenter, s'il vous plaît, et, par la suite,
nous faire part de votre mémoire.
Confédération de l'UPA
M. Pellerin (Laurent): J'en ai des copies pour les gens. Je suis
Laurent Pellerin, membre de l'exécutif de la Confédération
de l'UPA. Je représente ici, aujourd'hui, la
confédération. Je suis aussi président de la
Fédération des producteurs de porcs du Québec.
Le Président (M. Houde): SI vous me permettez, on a trente
minutes pour vous écouter et pour donner la chance aux personnes qui
sont de chaque côté de moi de poser des questions.
M. Pellerin: Cela va.
Le Président (M. Houde): Merci.
M. Pellerin: Le texte que nous présentons se veut bref. Il
se veut dans l'esprit général d'un commentaire sur le projet de
loi qui est étudié. Les points qui sont mentionnés dans le
texte sont d'ordre général. Chacun des articles de loi sur
lesquels nous avons des remarques plus pertinentes à faire sera
représenté par le comité des intervenants, le
comité qui sera entendu après nous.
L'Union des producteurs agricoles tient d'abord è remercier les
membres de cette commission de l'avoir invitée à venir exposer
son point de vue relativement au projet de loi 69 modifiant la Loi sur la
protection sanitaire des animaux. Comme autre remarque préliminaire,
l'Union des producteurs agricoles tient également a préciser
qu'elle est membre du Regroupement professionnel d'interventions en
santé animale et qu'à ce titre elle appuie les positions qui vous
seront communiquées par ce groupe dans les heures qui viennent. Notre
présentation sera donc relativement brève, se limitant à
quelques grandes questions touchant de plus près les agriculteurs et
agricultrices du Québec.
L'Union des producteurs agricoles est, bien sûr, en accord avec
les principes qui sous-tendent l'adoption du projet de loi 69,
c'est-à-dire une meilleure santé animale, des produits
alimentaires de plus grande qualité, etc. Cependant, elle n'est pas
certaine que la voie choisie pour y parvenir soit la meilleure. Le projet de
loi 69 viendra en effet s'ajouter à une réglementation
déjà fort volumineuse et fort complexe sur le sujet. Pour mettre
fin à un nombre extrêmement limité de pratiques
incorrectes, on est à mettre en place une vaste toile
réglementaire qui embêtera tout le monde sans peut-être
régler le problème. L'Union des producteurs agricoles a toujours
cru qu'en cette matière, comme pour plusieurs autres, c'était
d'abord une question d'information et d'éducation. La très grande
majorité des agriculteurs et agricultrices est prête à
collaborer, consciente qu'il est de son intérêt de le faire. Quant
aux récalcitrants, qu'on ne se trompe pas, la plus étanche des
législations ne parviendra sans doute pas è les arrêter.
Pour ce petit groupe, une seule solution existe, des contrôles plus
stricts assortis de fortes sanctions. La production laitière est un bel
exemple de ce qu'on peut faire pour corriger rapidement des choses en ce qui
concerne l'éducation et l'information.
Ces remarques étant faites, venons-en maintenant au projet de loi
69. Un certain nombre de dispositions de ce projet de loi visent les maladies
contagieuses ou parasitaires. Comme on sait les dommages
considérables pouvant résulter de ces maladies, on
convient aisément que toutes les dispositions doivent être prises
pour les empêcher ou les arrêter. Nous sommes donc
généralement d'accord avec les mesures proposées.
Cependant, nous tenons à attirer votre attention sur le premier
alinéa de l'article 3. 1 proposé. Cette disposition, vous le
remarquerez, fait obligation au propriétaire ou au possesseur d'un
animal de déclarer "... la présence d'un symptôme d'une
maladie contagieuse ou parasitaire déterminé par
règlement... " C'est sans doute un objectif fort louable, mais nous
croyons qu'il s'avérera tout simplement inapplicable. Nous en
recommandons donc le retrait.
Nous voudrions également souligner que le projet de loi à
l'étude ignore complètement l'une des facettes absolument
centrales de la protection contre les maladies contagieuses ou parasitaires,
c'est-à-dire, les mesures d'indemnisation pour les producteurs et les
productrices touchés. Certes, des mesures existent déjà -
liste des maladies désignées et montant d'indemnisation - mais
elles s'avèrent désuètes et incomplètes. Les
montants prévus correspondent à une autre époque. Il est
extrêmement difficile d'obtenir une couverture pour les maladies
nouvelles. Le législateur aurait dû profiter de l'occasion pour
permettre au ministre responsable d'intervenir plus efficacement en ce domaine.
Ces changements sont depuis longtemps requis. Leur adoption est donc chose
urgente.
D'autre part, même si la question sera examinée plus
à fond par le Regroupement professionnel d'interventions en santé
animale, l'Union des producteurs agricoles tient a formuler certains
commentaires quant au contrôle des médicaments
vétérinaires.
À la suite des amendements apportés à diverses
lois, à la suite de l'adoption de divers règlements, les
agriculteurs et les agricultrices du Québec ont de plus en plus de peine
à se retrouver dans les règles régissant l'utilisation des
médicaments vétérinaires. Ils sont également
vivement inquiets, craignant que la lourdeur administrative soit inutilement
coûteuse, craignant surtout de ne pouvoir intervenir efficacement quand
la santé de leur troupeau est menacée.
À la base du problème, il y a la liste
démesurément exhaustive de médicaments ne pouvant
être vendus que sous ordonnance d'un médecin
vétérinaire. Un autre règlement prévoit une longue
liste d'éléments que doit contenir cette ordonnance. Des
amendements proposés au code de déontologie des médecins
vétérinaires viendraient préciser les obligations
préalables à l'établissement d'un diagnostic. Et comme si
cela ne suffisait pas, le projet de loi 69 comporte une disposition, l'article
55. 4, qui nous laisse particulièrement perplexes.
En effet, pour permettre aux agriculteurs et aux agricultrices de
remédier rapidement aux situations d'urgence pouvant survenir, un
certain nombre de soupapes ont été prévues:
possibilité d'obtenir des ordonnances verbales, possibilité de
constituer une réserve de médicaments dans le cadre d'un
programme d'élevage. Dans ce contexte, l'article 55. 4 nous
apparaît particulièrement dangereux. S'il signifie, comme sa
formulation actuelle le laisse entendre, qu'à chaque fois qu'un
médicament visé par la liste sera administré à un
animal il faudra obtenir une ordonnance spécifique d'un médecin
vétérinaire, cet article est nettement abusif et sera tout
simplement inapplicable. Il signifie sans doute plutôt que les
médicaments doivent être administrés conformément
aux instructions fournies par un médecin vétérinaire. Des
amendements doivent donc être apportés de toute évidence
à cet article.
En terminant, il est heureux que le législateur semble vouloir
introduire un peu de souplesse en cette matière par l'adoption de
l'article 55. 8. Pour l'heure, des problèmes de toutes sortes se posent
et les restrictions prévues ne sont manifestement pas toujours
nécessaires. Les pouvoirs prévus par l'article 55. 8 pourraient
éventuellement permettre d'en arriver à un meilleur
équilibre entre l'intérêt public et les exigences de la
réalité quotidienne des fermes. C'est du moins ce qu'il faut
souhaiter.
Un certain nombre d'autres dispositions vont dans le même sens:
possibilité de soustraire certaines personnes de l'obligation de
détenir un permis pour la fabrication d'aliments médicamenteux,
exemption prévue pour les personnes qui fabriquent des aliments
médicamenteux pour les animaux non destinés ou dont les produits
ne sont pas destinés à l'alimentation humaine, etc. De telles
mesures devraient guider l'ensemble de l'action gouvernementale en cette
matière.
Ce sont là les principaux commentaires que l'Union des
producteurs agricoles désirait porter à l'attention des membres
de cette commission. Nous vous remercions de votre attention et nous comptons
sur votre collaboration pour corriger les lacunes décelées.
Le Président (M. Houde): Merci. La parole est à M.
le ministre.
M. Pagé: Merci. M. Pellerin. Je voudrais tout d'abord vous
remercier. Il était explicable que nous invitions l'Union des
producteurs agricoles à se faire entendre malgré son appartenance
au regroupement attendu qu'une fédération particulière, un
groupe particulier de la région de Sherbrooke de l'Union des producteurs
agricoles avait insisté pour être entendu aujourd'hui. Vous nous
avez demandé un minimum d'environ une demi-heure. Nous sommes heureux
de
pouvoir échanger des points de vue avec vous. Votre
mémoire est bref, il est clair, il est précis, il exprime les
satisfactions que vous avez è l'égard de la loi et aussi les
réserves que vous avez. (16 h 15)
Dans un premier temps, à la page 3 de votre mémoire, vous
voulez attirer notre attention sur le premier alinéa de l'article 3. 1
qui est proposé, où on fait obligation au producteur de
déclarer au fonctionnaire désigné par le ministre la
présence d'un symptôme - d'une maladie contagieuse ou parasitaire
déterminé par règlement et qui se manifeste chez cet
animal. Il nous apparaît très clairement que l'obligation ici
faite au producteur ou à la productrice de divulguer, de dénoncer
une situation de fait que la personne constate est tout à fait
justifiée.
Vous savez, quand j'évoquais ce matin l'obligation qu'on a de
renforcer les règles, de renforcer nos dispositions visant une
santé animale plus palpable, plus visible, cela coûte, et on l'a
dit ce matin - je pense que tout le monde est unanime à le constater
-des dizaines et des dizaines de millions de dollars aux producteurs et aux
productrices chaque année en termes de perte. Cela affecte gravement
notre économie. Cette disposition vient limiter le pouvoir ou le droit
pour un producteur de vendre l'animal, de le transporter, de le céder,
etc. Sans que cela soit généralisé, on doit constater et
retenir de l'exercice que dans certains cas ceux que vous qualifiez de
récalcitrants se sont conviés à des situations comme
celles-là et nous sommes tout à fait justifiés, comme
gouvernement, de vouloir encadrer, de vouloir limiter une telle situation de
fait qui est déplorable. C'est pourquoi nous demandons et nous
exigerons... Vous devez comprendre que nous n'aurons pas un inspecteur par
ferme au Québec, ce n'est pas vrai. Vous référez à
l'obligation qu'on a de se fier, de faire confiance à
l'éducation, au changement des mentalités. Nous croyons qu'une
disposition comme celle-là se retrouve d'ailleurs dans d'autres lois et
si ma mémoire est fidèle c'est dans la Loi modifiant la Loi sur
les épizooties qu'à l'article 9 il était indiqué
que dès que tout propriétaire, éleveur, marchand d'animaux
ou toute personne qui amène des animaux au Canada voit se manifester des
symptômes de quelque maladie à déclarer parmi les animaux
qu'il possède, il est tenu d'en donner immédiatement avis au plus
proche inspecteur vétérinaire du ministère de
l'Agriculture. Telle disposition existe au gouvernement fédéral
et reçoit son application là-bas.
Dans un deuxième temps vous évoquez la
problématique des mesures d'indemnisation pour les producteurs qui sont
touchés. Effectivement on a un programme où le ministère
s'associe au vide sanitaire et aussi fournit une indemnité qui, si ma
mémoire est fidèle, dans le cas d'une maladie qui est
nommée peut aller jusqu'à 25 000 $ au maximum. Je vous indiquerai
qu'en vertu de la présente loi... Le droit existe d'ailleurs
déjà, il est reconduit dans la présente loi, le droit pour
le gouvernement de déterminer l'indemnité qui peut être
payée à des propriétaires d'animaux abattus sous l'empire
de la présence section ou d'un de ses règlements.
Je prends acte et je prends note de vos représentations disant
que les montants d'indemnité ne sont pas suffisants. Je conviens que ce
n'est pas le Pérou, comme on dit chez nous, cela pourrait probablement
être rajusté, mais vous comprenez que cela implique là
aussi des déboursés. Je prends note de votre
représentation.
Vous avez manifesté de l'inquiétude en vertu de l'article
55. 4 et je voudrais y référer. Il est dit: "Une personne ne peut
administrer à ses propres animaux ou aux animaux dont elle a la garde un
médicament dont le nom apparaît à la liste visée
à l'article 9 de la Loi sur les médecins
vétérinaires ou leur servir un aliment médicamenteux
composé d'un tel médicament à moins de le faire sur
ordonnance d'un médecin vétérinaire. " Vous avez
donné deux interprétations; celle qui était bonne et
valable est la deuxième, à savoir que la personne qui a la garde
d'un tel animal pourra administrer un tel médicament, mais pour autant,
évidemment, qu'il a fait l'objet d'une ordonnance d'un
vétérinaire. Nous croyons que c'est tout à fait
légitime et "secure" d'agir ainsi.
M. Pellerin: II faudrait peut-être corriger
l'ambiguïté que laisse croire la rédaction, la forme
actuelle de cet article.
M. Pagé: Vous y avez donné deux
interprétations: II s'agit de renforcer... Avec les représentants
de mon contentieux, je vais voir à m'assurer que le texte soit bien
compris dans le sens de ce qu'on veut dire, que pour autant que le
médicament fait l'objet d'une ordonnance d'un professionnel, il n'y a
pas de problème.
Pour le reste, vous êtes d'accord avec le principe de la loi?
M. Pellerin: Les plus grandes craintes qu'on a à
l'égard de cette loi... Le prétexte est sûrement
très bon, le prétexte est sûrement très valable. On
l'a vu par d'autres intervenants. C'est tout à fait bien reçu par
le public. Il faudrait faire bien attention de ne pas tomber dans le
piège de certains intervenants en santé animale qui vont en
saisir l'occasion pour prendre un contrôle plus certain sur la
distribution et la vente de ces médicaments vétérinaires.
C'est notre grande crainte, la question des prix. Ayez la certitude que cela se
confirmera facilement
dans les prochains mois ou les prochaines années.
Je suis heureux de constater que vous nous prêtez une expertise
très grande au niveau de la déclaration des maladies
épidémiques. Vous confirmez que c'est au producteur de
déclarer la maladie épidémique. On reconnaît ici
dans la loi que le producteur a la formation professionnelle pour
déclarer une maladie épidémique, mais il n'aurait pas la
formation professionnelle pour soigner ses animaux. Je suis très heureux
de cette confirmation.
On a parlé tantôt d'ajouter è la loi -un dernier
commentaire un peu plus acide -les stimulants de croissance. On aurait
peut-être dû ajouter le mot "stimulant" tout simplement. On pense
que dans le cadre de cette loi, il y a quelques intervenants qui ont fait un
usage abusif de stimulants sans prescription. On aurait dû plutôt
leur prescrire de façon contrôlée des doses massives de
calmants. On s'aperçoit qu'on va probablement avoir un meilleur
contrôle des médicaments vétérinaires qu'on a le
contrôle des médicaments pour les humains.
M. Pagé: J'ai clairement indiqué, lorsqu'on a
amorcé avec mes collaborateurs et mes adjoints au ministère
l'étude de ce projet, qu'autant pour l'objectif à atteindre on se
doit de prendre des moyens pour l'atteindre, autant cependant on doit
être le moins contraignant possible auprès de ceux et celles qui
produisent sur la ferme et je crois que le projet de loi reflète
vraiment ces intentions. D'ailleurs, on permet la pharmacie d'urgence à
la ferme où le producteur ou la productrice pourra communiquer avec son
vétérinaire, lequel lui indiquera quoi faire exactement, etc.
Donc, on a voulu associer à cette démarche d'ensemble ceux
et celles qui y travaillent et je suis farouchement convaincu qu'on va
être capable d'atteindre des objectifs encore plus
élevés.
M. Pellerin: Peut-être une précision qui a
été lancée tantôt par le précédent
intervenant. Il ne faudrait pas laisser croire aux gens que les meuniers au
Québec se résument à 300 opérations. Il y a
au-delà de 2800 meuniers producteurs et meuniers commerciaux qui
fabriquent de la moulée 6oit è la ferme, soit en usine au
Québec. Alors, quand on parle de permis, on ne parle pas de 300 permis,
on parle plutôt de 2800 permis dans la loi, à ce jour. Cela
pourrait aller jusque là. On espère que non, que cela ne se
rendra jamais jusque là, mais il faut bien que vous ayez dans la
tête que c'est ce que ça veut dire. Il y a 2500 moulanges à
la ferme et il y a au-delà de 300 meuniers industriels, si on peut
parler d'industriels.
M. Pagé: Cependant, là-dessus, M.
Pellerin, si vous le permettez, il y a deux catégories de permis
qui sont différentes: Le permis qui sera délivré pour le
meunier, lequel vend, commercialise est différent de celui qui
procède à un mélange pour la consommation de son propre
cheptel.
M. Pellerin: Mais toujours dans la restriction de deux kilos ou
je ne sais pas quel pourcentage...
M. Pagé: Mais non, ce n'est pas cela.
M. Pellerin: Dans le règlement, c'est cela qu'on voit.
À un moment donné, on voit que l'exemption est exemptée,
mais exemptée...
M. Pagé: À l'article 21 du règlement, c'est
en regard de l'exemption de permis.
M. Pellerin: Oui. Il est exempté si on fait usage de moins
de tant de kilos.
M. Pagé: C'est cela.
M. Pellerin: Les 2800 ne sont pas exemptés, è ce
moment-là.
M. Pagé: Non. Cependant, la catégorie de permis, le
permis qui va leur être accordé...
M. Pellerin: Est différent.
M. Pagé:... est différent, moins contraignant,
moins restrictif que celui...
M. Pellerin: Oui, mais la loi laisse supposer la disposition des
lieux, l'équipement, et laisse supposer certaines contraintes dans cela
aussi.
M. Pagé: Mais c'est incontestable que le permis va
s'appuyer sur des conditions à remplir ou à maintenir pour son
opération. Il n'y a pas de...
M. Pellerin: Je veux bien que ce soit clair dans votre esprit
que...
M. Pagé: Cela va de soi.
M. Pellerin:... vous n'embarquez pas dans le contrôle de
300 meuneries. À ce moment-là, vous embarquez dans le
contrôle de 2800.
M. Pagé: Cependant, vous conviendrez avec moi que le
contrôle sera appliqué différemment, compte tenu des normes
différentes qui régiront chacun de ces deux volets importants de
notre économie.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
est au député de Lévis.
M. Garon: Oui. Actuellement, M. Pellerin, j'aimerais savoir, dans
votre esprit comme dans l'esprit de ceux que vous représentez, quelle
est la fonction du meunier ou de celui qui mélange les
médicaments aux aliments? Dans votre esprit, est-ce que c'est une
façon - si on était humain - de donner le remède à
la cuillerée, par piqûre, par suppositoire ou quelle que soit la
façon de l'injecter dans le corps humain et en l'occurrence, dans le
corps de l'animal? Ou est-ce que vous considérez, pour le meunier ou
celui qui s'occupe du moulange, que son rôle va jusqu'à
déterminer le type de produits qui doit aller dans les aliments?
M. Pellerin: Spécifiquement, pour certaines productions au
Québec, je suis obligé de vous dire que les meuniers connaissent
plus leurs affaires que beaucoup de médecins vétérinaires
et sûrement beaucoup plus que les pharmaciens. D'ailleurs, ces
gens-là, dans certains cas, ont un médecin
vétérinaire à leur service qui ne fait qu'une production
ou deux productions, à la limite, mais qui est vraiment
spécialisé dans le domaine. Ils ont mesuré les effets des
médicaments qu'ils utilisent. Ils ont expérimenté les
médicaments qu'ils utilisent. Mais je ne suis pas certain que ce soit le
cas pour d'autres intervenants qui pourraient par ailleurs être capables
de nous faire des prescriptions demain matin ou qui pourraient revendiquer de
pouvoir nous faire des prescriptions demain matin. Je ne suis pas sûr
qu'ils aient l'expertise, la pratique et l'usage pour recommander l'utilisation
de médicaments dans des productions spécialisées: poulet,
porc, volaille. On pourrait en nommer d'autres; je pense aux lapins ou à
d'autres petites productions sur lesquelles à peu près la
majorité des intervenants ne sont absolument pas formés. Je
serais plus tenté de faire confiance à certains meuniers qui ont
les services. Évidemment, si les gens n'ont pas les services... Mais
s'ils ont les services vétérinaires, ils ont l'expertise.
M. Garon: Je pense que lorsque les meuneries ont les services de
médecins vétérinaires, personne ne conteste le cas.
M. Pellerin: Le cas où, je pense, on veut leur
ajouter...
M. Garon: II s'agit plutôt des meuniers ou des
propriétaires de moulanges qui n'ont pas de médecin
vétérinaire à leur service. C'est cela qui est en cause
actuellement. Dans le cas où il n'y a pas de médecin
vétérinaire a l'emploi d'une meunerie ou de propriétaires
de moulanges, comment voyez-vous la relation au point de vue de prescription de
médicaments et de l'application ou l'opération de... Quelle
distinction faites-vous?
M. Pellerin: Le producteur fera la suggestion au médecin
vétérinaire de lui prescrire tel médicament et le
médecin vétérinaire aura à dire si oui ou non il
prescrit le médicament, parce que le producteur, dans plusieurs cas,
pourrait être plus au courant de ce qui s'utilise et de ce qui est
efficace pour le traitement de tel ou tel type de maladie. Le médecin
vétérinaire aura à dire oui ou non et prescrire le
médicament. Dans bien des cas, ils ne sont même pas capables de
prescrire le médicament de leur propre chef à moins de s'informer
à ses confrères qui sont spécialisés dans le
domaine ou dans d'autres... Il y a toujours cette possibilité, mais sur
le champ, il ne sera pas capable de faire la recommandation. Je n'ai aucun
doute là-dessus. Il y en a plusieurs qui ont essayé de nous
prouver le contraire, mais je n'ai aucun doute là-dessus; j'ai
vérifié à de nombreuses places dans le champ. Ce n'est pas
applicable.
M. Garon: Qu'est-ce qui n'est pas applicable?
M. Pellerin: La prescription du médicament par les
médecins vétérinaires te! que cela existe aujourd'hui pour
des productions spécialisées. Ils ne sont pas en mesure de
prescrire les médicaments adéquats. Tout ce discours laissent
supposer qu'il y a un usage abusif de médicaments. Au prix où se
vendent les médicaments, soyez convaincu qu'il n'y a pas d'usage abusif
dans la très grande majorité des fermes. (16 h 30)
M. Garon: Quand j'étais au ministère, les
fonctionnaires me disaient que, dans les réunions consultatives qui ont
précédé la Conférence socio-économique sur
la santé animate, l'Union des producteurs agricoles avait admis tous les
chiffres qui avaient été montrés aux cultivateurs quant
aux résidus excessifs dans différents types de produits animaux.
À ce moment-là, lors de tournées consultatives, des
discussions avaient eu lieu - remarquez, qu'elles n'étaient pas
publiques comme celles d'aujourd'hui - et tous avaient admis qu'ils avaient
besoin d'un contrôle.
M. Pellerin: C'est évident qu'ils ont besoin d'un
contrôle, mais les lois qui étaient en place avaient
déjà le pouvoir de faire une certaine forme de contrôle:
saisie de viande, procédures contre certaines gens. Malheureusement,
cela ne s'est pas fait dans le passé. La loi qui était en place
avait le pouvoir de le faire. Mais, cela ne s'est pas toujours fait. Je ne vous
dis pas que cela ne s'est pas fait du tout, mais cela ne s'est pas
toujours fait.
Même si on mettait 25 lois en place, si on ne prend pas plus de
procédures contre ceux qu'on qualifie de récalcitrants, on va
embêter tout le monde avec une forme de réglementation encore plus
ardue, on va sûrement augmenter les coûts et on n'atteindra pas
plus l'objectif qui est valable au bout de la ligne. Cet objectif valable,
l'UPA y a toujours souscrit, c'est d'avoir des produits de qualité et de
protéger l'ensemble des gens à qui l'on vend les produits.
M. Garon: Quelles sont les modifications que... Cela peut
être contrôlé è deux endroits. Lorsque vous
étiez contrôlés dans les abattoirs, il était
impossible d'inspecter chaque animal, cela aurait coûté trop
cher.
M. Pellerin: Peut-être, faut-il en contrôler la
distribution?
M. Garon: La distribution de quoi?
M. Pellerin: Des médicaments. Par les maisons de
distribution, les maisons de fabricants de médicaments. Cela a toujours
été dans la loi, d'ailleurs. Cela pouvait se faire, mais cela ne
s'est pas toujours fait. Â ce moment-là, cela limite les permis et
les inspections à peut-être 10, 15 ou 20 fournisseurs au lieu de
2800 utilisateurs directs. Si on prend tous les producteurs qui devront se
faire prescrire des médicaments, on ne parle plus de 2800, on parle
plutôt d'environ 50 000.
M. Garon: Que pensez-vous de l'affirmation qu'a faite
tantôt le président de l'Ordre des pharmaciens qui disait que,
dans les maisons d'accueil, après avoir établi un certain
contrôle pharmaceutique, l'utilisation par les êtres humains qui
consultaient dans ces centres d'accueil a été réduite de
plus de la moitié?
M. Pellerin: Le problème des centres d'accueil est
probablement tout à fait différent de celui des animaux.
J'espère qu'il est différent. Les personnes dans les centres
d'accueil, autant les infirmières, les médecins et les patients
qui prennent des médicaments, n'ont, la plupart du temps, pas à
défrayer le coût de ces médicaments. Cela permet
probablement aussi un usage plus abusif.
Les producteurs agricoles ont à payer pour les
médicaments. Et vous connaissez sûrement les prix de certains
médicaments qu'on utilise. Il n'en est pas fait un usage abusif. On
recommande des doses et ces doses sont strictement respectées. Je pense
que personne n'a tendance à doubler les coûts à la tonne
pour l'usage des médicaments quand on en met dans la moulée.
M. Garon: Comment expliquez-vous que la consommation de
médicaments vétérinaires soit beaucoup plus forte au
Québec que dans d'autres provinces du Canada?
M. Pellerin: Il faudrait vérifier.
M. Garon: Les statistiques de consommation de médicaments
vétérinaires.
M. Pellerin: De consommation brute, de consommation par
tête de...
M. Garon: Brutes, chiffre total.
M. Pellerin: Chiffre total. Le cheptel québécois
est probablement plus élevé. C'est la première explication
qui me vient à l'idée, si vous parlez de consommation brute.
M. Garon: Non, en tenant compte des unités, pas en
comptant seulement... en tenant compte des unités.
M. Pellerin: II n'y a pas de raison qu'il y ait une consommation
plus importante au Québec qu'ailleurs. Il n'y a pas plus de maladies au
Québec qu'ailleurs, je l'espère.
M. Garon: Non, il y en a moins. Est-ce que le regroupement qui
viendra après vous aura des précisions sur les articles. Vous
dites que l'article 55. 4 vous apparaît dangereux, mais vous ne
suggérez pas d'amendement précisément ou...
M. Pelierin: L'amendement, c'est que son sens, à sa
lecture, on dit: Comme sa formulation actuelle le laisse entendre, cela suppose
qu'il faudrait avoir une ordonnance chaque fois qu'on utilise un
médicament qu'on a déjà dans une pharmacie à la
ferme. Si c'est cela, c'est tout simplement abusif, c'est absolument
inapplicable. Probablement que cela veut dire autre chose que cela. Cela veut
probablement dire qu'à partir du moment où on a une ordonnance
pour une pharmacie, par exemple, d'un médicament de routine, de la
pénicilline pour les injections sur les vaches... Quand tu as un
problème de mammite, tu appliques la pénicilline et tu
règles ton problème. Tu n'as pas besoin d'une visite du
vétérinaire pour diagnostiquer qu'il y a mammite et
déterminer que cela prend trois, quatre, cinq ou dix cc de
pénicilline. C'est une opération de routine. Je vais plus loin
que cela. Dans le cas du porc, vous savez qu'on injecte trois cc de fer au
porcelet à la naissance parce qu'il a une carence en fer. Ce n'est pas
un médicament, c'est un ajout...
M. Garon: De vitamines.
M. Pellerin:... vitaminique. Est-ce qu'on va être
obligé d'avoir une ordonnance chaque fois qu'on a une portée de
cochons qui vient au monde? Imaginez les producteurs qui ont 400 truies
chez-eux, 800 è 900 portées par année, ils vont faire
venir le vétérinaire 800 ou 900 fois pour se faire prescrire du
fer à injecter aux porcelets. Cela devient un peu ridicule. À ce
moment-là, on prétend que c'est la deuxième
interprétation qui devrait être utilisée dans l'article 55.
4, si je ne me trompe. À ce moment-là, il faudrait la mettre plus
claire. L'amendement serait de clarifier le texte de sa formulation actuelle
pour qu'il ne laisse pas entendre la première hypothèse. Le
ministre va vérifier avec les...
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. La parole est au député de Duplessis.
M. Perron; J'ai deux questions, M. le Président. Vous
mentionnez à la page 3 de votre mémoire la question des
récalcitrants, je lis textuellement: "Quant aux récalcitrants,
qu'on ne se trompe pas: la plus étanche des législations ne
parviendra sans doute pas à les arrêter. " Est-ce que vous pouvez
donner des exemples de récalcitrants? Est-ce que ces
récalcitrants sont à l'intérieur de votre groupement,
d'autres groupements, etc. ?
M. Pellerin: Je pense qu'à l'intérieur des
producteurs agricoles, les récalcitrants se répartissent de la
même façon que dans la société en
général. Il y en a parmi les plus hautes classes sociales, dans
les plus basées classes sociales, il y en a dans l'intermédiaire,
dans toutes les classes sociales, dans toutes les professions. On s'en rend
compte assez facilement.
M. Perron: Mais récalcitrants dans quel sens?
M. Pagé: Dans le vrai sens.
M. Pellerin: De ne pas respecter les règlements...
M. Perron: Ce n'est pas au ministre que je pose la question,
c'est à Monsieur...
M. Pellerin:... qui sont en place. C'est ce qu'on veut dire.
Après les avertissements...
M. Perron: À toute la réglementation, même
en...
M. Pellerin: Toute la réglementation ou des points
particuliers de la réglementation. Par exemple, le dosage des
médicaments ou l'utilisation, ou le respect - ce qui se produit de
façon régulière - des périodes de retrait avant
abattage.
M. Perron: L'abattage?
M. Pellerin: C'est toujours les mêmes. Ce n'est pas la
totalité des producteurs qui ont ces problèmes. Ce sont toujours
les mêmes. Il n'y a pas de besoin d'une loi pour embêter tout le
monde. Réglez le problème avec ceux qui ne respectent pas.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Duplessis, en terminant, s'il vous plaît.
M. Perron: Oui, M. le Président. Lorsque vous parlez de
l'article 3. 1 dont vous avez, je crois, lu la teneur à un certain
moment donné quant au projet de loi du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, vous dites è un certain moment que
"c'est sans doute un objectif fort louable, mais nous croyons qu'il
s'avèrera tout simplement inapplicable. " Selon vous, est-ce que vous
pourriez préciser sur le fait que cet article serait inapplicable parce
qu'on lit à l'article 3. 1: "Le propriétaire ou le possesseur
d'un animal... " etc.
M. Pellerin: C'est la remarque que j'ai faite au ministre
tantôt. Je suis très reconnaissant de l'affirmation du ministre
qui nous reconnaissait une expertise professionnelle pour déclarer des
maladies épidémiques. Cela ne sera pas applicable. Les
producteurs n'ont pas l'expertise professionnelle pour déclarer des
symptômes de maladies épidémiques, sauf qu'au point de vue
de la loi, on va être tenu responsable si on ne les déclare pas.
C'est ce qui est écrit dans la loi.
M. Perron: Oui.
M. Pellerin: Cela ne sera pas applicable. Tu ne peux pas tenir
quelqu'un responsable de quelque chose qu'il n'a pas l'expertise de
diagnostiquer.
M. Perron: C'est parce que le producteur n'est pas médecin
vétérinaire, si je comprends bien.
M. Pellerin: En tout cas, dans l'autre partie de la loi, on ne
veut pas lui prêter les qualités de médecin
vétérinaire ou de pharmacien et dans celle-là, on voudrait
lui prêter des qualités de médecin
vétérinaire. Il y a sûrement ambiguïté.
M. Perron: D'accord.
Le Président (M. Houde): Merci beaucoup.
M. Pellerin: Merci monsieur.
M. Garon: Mais, là...
Le Président (M. Houde): Oui, mais soyez bref.
M. Garon:... je voudrais ajouter quelque chose. Si le meunier ou
celui qui s'occupe de la moulange à la ferme ne peut pas diagnostiquer
les maladies, comment peut-il prescrire les médicaments?
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Vous voulez ajouter un mot, M. Pellerin?
Je voudrais d'abord vous remercier, M. Pellerin, pour le mémoire
que vous avez présenté.
Une voix: Merci, M. Pellerin.
Le Président (M. Houde): Maintenant, j'appellerai le
Regroupement professionnel d'interventions en santé animale. Si vous
voulez prendre place, s'il vous plaît.
M. le président, si vous voulez vous identifier et identifier
votre groupe et par la suite, prendre la parole pour donner le compte-rendu de
votre mémoire.
Comme vous le savez, nous vous demandons de ne pas être trop long.
Je sais que la famille est grande comme on dit.
RPISA
M. Duval (Bernard): M. le Président, étant
donné qu'on fait partie d'un regroupement de onze organismes, les
personnes qui m'entourent représentent chacune un organisme. Je les
inviterai à se présenter en commençant par ma droite.
M. Rhéaume (Maxime): Je me présente. Je suis Maxime
Rhéaume. Je suis le procureur du regroupement pour les fins de
l'étude du projet de loi.
M. Labelle (Gilles): Gilles Labelle, médecin
vétérinaire, secrétaire du Regroupement professionnel
d'interventions en santé animale.
M. Robichaud (Normand): Normand Robichaud, de l'Institut canadien
de santé animale et méchant manufacturier de produits
pharmaceutiques.
M. Landry (Marc): Marc Landry, représentant de
l'Association professionnelle des meuniers du Québec.
Le Président (M. Houde): Merci. Vous pouvez disposer.
M. Duval: Bernard Duval, producteur agricole,
vice-président de l'UPA et président du Regroupement
professionnel d'interventions en santé animale.
Il y a d'autres personnes ici qui représentent des organismes,
mais parce que la table avait seulement... Je pense que c'est à
souligner, l'Ordre des agronomes est avec nous, représenté par
son président, M. Lagueux.
Le mémoire que vous avez devant vous, M. le Président,
ainsi que les membres de la commission, M. le ministre, fait état de
tout ce que nous avons pu vivre depuis ces derniers temps. En fin de session
comme vous l'êtes habituellement en juin, un projet de loi qui a dix
jours, c'est probablement un vieux projet de loi, mais pour nous autres, cela
nous oblige à faire vite pour regrouper onze organismes et être
capables d'intervenir sur le fond du projet de loi. Je parle du document qu'on
a reçu et de la rapidité avec laquelle on a fonctionné
afin de pouvoir intervenir.
Je passe au mémoire et les personnes pourront répondre
éventuellement à toutes les questions que les membres de la
commission voudront bien nous poser.
Le Regroupement professionnel d'interventions en santé animale
tient à vous remercier, M. le ministre, ainsi que les membres de cette
commission, de l'avoir invité à venir exposer son point de vue
relativement au projet de loi 69; Loi modifiant la Loi sur la protection
sanitaire des animaux.
Le Regroupement professionnel d'interventions en santé animale
comprend les compagnies et les organismes suivants: On vous les lit parce qu'il
y en a qui ne sont pas présents. L'Association canadienne de l'industrie
de l'alimentation animale, l'Association des couvoiriers du Québec,
l'Association professionnelle des meuniers du Québec, Canada Packers
Incorporée - division Shur-Gain, le Conseil des viandes du Canada,
section Québec, la Coopérative fédérée du
Québec, l'Institut canadien de la santé animale, Nutribec
Limitée, l'Ordre des agronomes du Québec, Ralston Purina Canada
Inc. et l'Union des producteurs agricoles.
Le regroupement tient de plus à remercier de façon
très particulière le ministre, Michel Pagé, de l'avoir
officiellement reconnu à titre d'intervenant et de groupe
représentatif en l'invitant è venir exposer ses vues sur le
projet de loi.
À titre préliminaire, le regroupement tient à faire
remarquer à cette commission que les délais qui lui ont
été octroyés - et c'est égal pour tous les autres -
pour évaluer l'impact du projet de loi 69 ont été
anormalement courts, compte tenu de l'importance considérable des
changements qu'apportera l'adoption du projet de loi 69 à
l'activité commerciale et agricole reliée à ce domaine de
la santé animale. (16 h 45)
Les membres du regroupement ont un
intérêt commun en matière de santé animale,
lequel consiste principalement à l'élimination de tous les
résidus médicamenteux ou autres pouvant se retrouver dans les
produits alimentaires d'origine animale destinés à la
consommation humaine. À cette fin, les membres du regroupement se
concertent activement depuis plus de deux ans et demi sur ce vaste domaine de
la santé animale, lequel sera grandement affecté par l'adoption
du projet de loi 69 dans sa forme actuelle. Durant toute cette période,
le regroupement s'est penché là-dessus, a fait valoir son point
de vue à l'occasion et a fait des représentations relativement
à divers dossiers reliés à ce sujet. À cet
égard, nous devons mentionner l'adoption et la reconduction des divers
moratoires qui ont été adoptés depuis le mois de juin
1984, le sommet économique tenu en 1965, l'adoption de la liste des
médicaments vétérinaires au Québec, qui ne peuvent
maintenant être vendus que sous ordonnance d'un
vétérinaire, ainsi que le projet de loi 65 qui avait
été adopté en première lecture à la
Législature précédente et dont on semble s'être
grandement inspiré pour l'élaboration du projet 69.
Le premier point du projet de loi 69 sur lequel nous désirons
attirer votre attention concerne la numérotation des nouvelles sections
qu'il apporte sur la protection sanitaire des animaux. Nous considérons
qu'il serait beaucoup plus approprié que les sections traitant des
médicaments vétérinaires, de l'inspection, de la saisie et
de la confiscation des permis, de l'appel et des dispositions pénales
soient incorporées à la Loi sur la protection sanitaire des
animaux comme sections V, VI, VII, VIII et IX. De par une telle
présentation, il serait possible de changer la numérotation
actuelle des articles 55. 1 è 55. 50, ce qui permettrait une
consultation de la loi beaucoup plus efficace et compréhensible.
En ce qui a trait aux changements de substance qu'entend adopter le
projet de loi 69 à la Loi sur la protection sanitaire des animaux, nous
désirons vous faire part de nos commentaires relativement à
chacune des sections de cette loi affectées par ce projet de loi. Au
niveau de la section I, De la prévention des maladies chez les animaux.
À l'article 3. 1, paragraphe 1, le regroupement réitère
les commentaires apportés par l'Union des producteurs agricoles à
l'égard du premier paragraphe du nouvel article. Le . regroupement
considère que le médecin vétérinaire est la seule
personne en mesure de déterminer et de déclarer à un
fonctionnaire désigné qu'un animal est atteint d'une maladie
contagieuse ou parasitaire. En effet, il n'est pas souhaitable que le
propriétaire ou le possesseur d'un animal doive rapporter à tel
fonctionnaire désigné la présence d'un ou plusieurs
symptômes d'une maladie contagieuse, tel que pourraient le
déterminer les règlements è être adaptés
à cet égard. En conséquence, le regroupement recommande
l'abolition du premier paragraphe de l'article 3. 1.
Au sujet des maladies contagieuses ou parasitaires, le regroupement
tient à rappeler qu'en vertu du paragraphe 1 de l'article 3 le
gouvernement détient les pouvoirs réglementaires
nécessaires afin de désigner les maladies contagieuses ou
parasitaires qui peuvent affecter le cheptel québécois. Sur ce
point, nous constatons que le gouvernement n'a jamais déterminé
par règlement, à notre connaissance, quelles peuvent être
ces maladies contagieuses ou parasitaires. Il y aurait actuellement lieu non
seulement d'établir une telle liste, mais aussi de prévoir de la
tenir a jour afin d'y indiquer toutes les nouvelles maladies contagieuses ou
parasitaires dont on veut éviter les épidémies; pour n'en
nommer que quelques-unes qui ne sont pas sur la liste, que le
fédéral détient un peu, la leucocytose hemophilus et la
gale. Peut-être est-ce une question financière, mais, si on veut
vraiment protéger les troupeaux du Québec, la qualité du
cheptel, il s'agirait de le prévoir. Ce sont les épidémies
qu'il faut prévoir et non des économies d'argent.
Section II, De la surveillance des étalons. Le regroupement n'a
aucun commentaire à faire à l'égard des modifications
qu'entend apporter le projet de loi à cette section II de la Loi sur la
protection sanitaire des animaux. Toutefois, le regroupement s'interroge sur la
pertinence de conserver la présente section qui, dans le cadre de la Loi
sur la protection sanitaire des animaux, semble anachronique, puisqu'il n'y a
plus lieu de nos jours qu'une section particulière soit
réservée au cheval, alors que pour toutes les autres
espèces d'élevage il se retrouve de tels reproducteurs.
Sur la section III traitant de l'insémination artificielle des
animaux, le regroupement n'a aucun commentaire particulier à faire
è l'égard des changements qu'apportera la loi 69 à cette
section III de la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Le regroupement
tient cependant à souligner que le point primordial que devrait
rechercher le gouvernement au moyen de cette section est l'amélioration
de la qualité du sperme et des ovules fécondés
plutôt que de légiférer sur les catégories de
personnes qui seront autorisées à inséminer au
Québec. À cet égard, le regroupement soutient que
l'article 23a de la loi 42, la loi de base, la Loi sur la protection sanitaire
des animaux devait être amendé afin de couvrir les ovules
fécondés.
À la section IV traitant de la vente aux enchères des
animaux vivants, le regroupement n'a pas de commentaire particulier à
apporter à l'égard des changements qu'entend faire le projet de
loi
69 à la section IV de la Loi sur la protection sanitaire des
animaux. Le regroupement profite de la présente occasion pour rappeler
au gouvernement qu'il serait grandement temps que les règlements qui ont
été adoptés en vertu de cette section et notamment de
l'article 45 soient finalement appliqués de façon
concrète.
À la section IV. I traitant des médicaments
vétérinaires, le regroupement réitère les
commentaires déjà faits au début de la
présentation, et suggère que cette section et les sections
subséquentes doivent se suivre et devraient être
identifiées sous la section V et les suivantes. On commence à la
section 55. 4 et 55. 3. 1. Le regroupement n'est, en principe, aucunement
opposé à l'obligation de détenir des permis ni à ce
que les détenteurs de ces permis prévus au projet de loi 69
soient soumis à certains contrôles au niveau de la qualité
de leurs équipements et de leurs produits. Le regroupement trouve
cependant absolument nécessaire que toutes les. personnes qui pourront
être impliquées dans la préparation d'un mélange
médicamenteux ou d'un aliment médicamenteux soient soumises au
même contrôle de qualité. En conséquence, il ne
devrait pas être prévu d'exemption en faveur des médecins
vétérinaires et des pharmaciens qui pourraient être
impliqués dans la préparation de tels produits.
Le regroupement tient à ajouter à cet égard qu'il
ne met nullement en cause l'éthique professionnelle tant des pharmaciens
que des médecins vétérinaires, mais ces dernières
personnes comme tous les autres détenteurs de permis sont
dépendants de leurs équipements et des résultats qu'ils
peuvent en obtenir. Le regroupement est d'avis que tous ceux pouvant être
impliqués dans la préparation de prémélanges
médicamentaux ou d'aliments médicamenteux devront être
assujettis à l'obtention d'un permis et aussi sujets aux contrôles
pouvant être attachés à chacun de ces permis.
En ce qui concerne l'article 55. 4, le regroupement constate qu'une
liste de médicaments vétérinaires a été
adoptée et qu'elle est effective depuis le 1er novembre 1985. Le
regroupement a toujours contesté le contenu exhaustif de cette liste et
ce depuis les tous premiers temps où une telle liste a fait l'objet de
discussions. Le regroupement tient à souligner qu'il est
fondamentalement en désaccord avec le contenu de cette liste,
d'où le désaccord dont a fait état l'Union des producteurs
agricoles dans le mémoire qui vous a été remis
précédemment. Le regroupement prône encore la modification
de cette liste afin qu'elle devienne une liste permissive comme le regroupement
le suggère depuis longtemps. En ce qui concerne l'article 55. 5, le
regroupement pour les raisons ci-après exposées, est
opposé à la tenue de registres. Cependant, le regroupement serait
disposé à accepter une disposition qui obligerait è rendre
disponibles tous les documents nécessaires pour fins de contrôle
et on reviendra sur les commentaires plus spécifiques quand on
commentera le projet de règlement.
Les articles 55. 6 et 55. 7: Le regroupement entend souligner de
façon particulière que ces articles reprennent l'objectif
principal que défend le regroupement à savoir:
l'élimination de tous les résidus médicamenteux ou autres
qui peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire.
Article 55. 8: Le regroupement serait disposé è approuver
l'adoption de l'article 55. 8 tel que présentement rédigé
à la condition toutefois que le ministre se prévale des pouvoirs
que l'article lui confère et que, simultanément è
l'adoption de cet article, un programme sanitaire, pour des raisons pratiques
et d'intérêt public, soit mis en place pour permettre
l'utilisation du recueil des notices sur les substances médicatrices et
du vaccin de Marek chez la volaille. Il est évidemment entendu que
l'application du recueil des notices sur les substances médicatrices de
même que le vaccin de Marek se ferait en dépit de la liste sur les
médicaments vétérinaires et de l'obligation d'obtenir des
ordonnances vétérinaires.
À l'article 55. 9. 7, le regroupement est d'avis que ce
paragraphe ne devrait pas être retenu, puisqu'on ne peut faire
abstraction du marché nord-américain dans lequel nous
évoluons. C'est tout le dossier des homologations et de l'état
des véhicules qui se fait dans cela. À la section IV. 2:
Inspection, saisie, confiscation. À l'article 55. 20, premier point, le
regroupement soumet qu'un délai de 30 jours devrait être retenu
plutôt que le délai de 90 jours tel que proposé. Un tel
délai de 90 jours est nettement exagéré et peu
réaliste.
À la section IV. 3 qui devrait être rendue fort
probablement à notre section VIII qu'on mentionnait tout à
l'heure, "Permis", le regroupement fera valoir ci-après ses commentaires
a l'égard des permis et notamment è l'égard des projets de
réglementation dont il a eu communication il y a à peine quelques
jours. Cela suit aux pages 12 et 13.
À la section IV. 4 "Appel", le regroupement n'a aucun commentaire
à apporter quant aux procédures d'appel des décisions qui
pourront être prises par les instances en autorité en vertu de la
Loi sur la protection sanitaire des animaux.
En ce qui a trait à la section IV. 5, "Dispositions
pénales", on n'a pas de commentaire particulier à apporter
à l'égard des dispositions pénales auxquelles seront
sujets les contrevenants è la Loi sur la protection sanitaire des
animaux.
Ce qui précède complète l'essentiel des
commentaires du regroupement à l'égard du
projet de loi 69.
M. le Président, on s'est permis d'ajouter des points directement
reliés à des articles de la loi mais dont on a retrouvé
l'essence même de l'application dans le projet de règlement et on
a pensé pouvoir autant commenter les articles qui s'inscrivent à
l'intérieur du projet de règlement que de constater des choses.
C'est tout probablement la section la plus vertueuse de notre
mémoire.
Le regroupement tient maintenant à faire part à la
commission de ses commentaires à l'égard du projet de
règlement sur les prémélanges et les aliments
médicamenteux destinés aux animaux suivant le projet de
règlement dont il a récemment eu connaissance. Cela est du
concret.
Le projet de règlement tel que soumis prévoit deux
catégories de permis, soit un permis pour la préparation et la
vente de prémélanges médicamenteux et d'aliments
médicamenteux et un second permis pour la préparation d'aliments
médicamenteux. Pour les mêmes raisons que celles
mentionnées aux commentaires que nous avons faits à
l'égard des articles 55. 2 et 55. 3, le regroupement considère
qu'il est essentiel que les contrôles qui s'exerceront à
l'égard des détenteurs de permis et notamment à
l'égard de leur équipement, tel que prévu aux articles 10
et 11 du règlement, s'appliquent non seulement aux détenteurs
d'un permis permettant la préparation et la vente de
prémélanges médicamenteux et d'aliments
médicamenteux mais aussi aux détenteurs d'un permis permettant la
préparation d'un aliment médicamenteux. C'est pourquoi le
regroupement considère que les articles 1 è 13, avec les
modifications que nous allons suggérer ci-après concernant
l'article 12, devraient s'appliquer aux détenteurs de chacun des deux
permis créés aux termes de la loi.
En ce qui a trait aux exigences posées par l'article 12 du
règlement, le regroupement soutient qu'il est absolument
irréaliste de penser à assujettir les détenteurs de permis
à une vérification mensuelle des équipements de
façon à assurer un contrôle des normes établies aux
articles 10 et 11. Cette vérification mensuelle est irréaliste
d'une part à cause des coûts qui seraient impliqués par une
telle vérification, par le temps qu'elle exigera des différents
détenteurs de permis, du personnel supplémentaire qui pourra
être nécessaire et du temps de production qui sera inutilement
consacré à des contrôles d'ordre administratif.
Pour ces raisons, si le regroupement est en principe d'accord avec les
normes de qualité établies aux articles 10 et 11, il devra y
avoir des modifications substantielles apportées aux modalités de
contrôle de ces normes. Le regroupement soutient que le gouvernement
devra s'occuper et assumer les frais des vérifications qu'il jugera
appropriées. À cet égard, le regroupement considère
comme raisonnable que la méthode qu'entend utiliser le gouvernement pour
procéder aux vérifications soit d'une part connue et
acceptée et qu'un traceur conventionnel soit utilisé à
cette fin.
En ce qui a trait à la fréquence des vérifications
qui pourraient être affectées et compte tenu de toutes les
contraintes auxquelles devront être assujettis les détenteurs de
permis, le regroupement considère qu'il serait réaliste de
permettre une vérification semi-annuelle des équipements
utilisés.
En ce qui a trait aux équipements utilisés par les
détenteurs de permis, le regroupement tient è porter à
l'attention de la commission que certaines catégories de personnes
peuvent être impliquées dans la distribution de
prémélanges médicamenteux ou d'aliments
médicamenteux sans nécessairement en être les fabricants
et, en conséquence, n'utilisent aucun équipement à cet
effet. Il sera donc nécessaire d'assurer que la réglementation
qui sera adoptée permettra l'octroi d'un permis aux personnes qui font
la distribution de prémélanges médicamenteux ou d'aliments
médicamenteux sans pour autant être impliqués au niveau de
leur fabrication. (17 heures)
En ce qui a trait aux registres et autres documents à être
maintenus par les détenteurs de permis, le regroupement s'oppose
à ce que les renseignements qui sont prévus aux articles 15 et 16
soient compilés et contenus dans les registres tel que prévu a
ces articles. On l'avait mentionné pour l'article de la loi. Le
regroupement n'a aucune objection à ce que le gouvernement puisse
consulter ces informations qui sont déjà disponibles sous
d'autres formes, mais considère qu'une seconde compilation des
mêmes renseignements constitue un exercice bureaucratique inutile,
puisque les renseignements recherchés sont déjà
disponibles.
En conséquence des commentaires qui viennent d'être faits
à l'égard des règlements, le regroupement considère
que la seule différence qui devrait exister entre le détenteur
d'un permis permettant la préparation et la vente d'un
prémélange médicamenteux et d'un aliment
médicamenteux et le permis permettant la préparation d'aliments
médicamenteux se situe à l'article 23 où il est
prévu une obligation additionnelle, qui est de 2 % ou 20 kilos à
la tonne.
En guise de conclusion, le regroupement est d'avis qu'il devra
nécessairement y avoir une période de transition entre l'adoption
du projet de loi 69, dans sa forme "amendée" -
on souligne amendée, on souhaite que cela soit amendé pour
vous aussi - et des règlements qui seront adoptés sous son empire
et l'émission des permis prévus è la section IV, partie 1
- qu'on devrait changer après cela -traitant des médicaments
vétérinaires.
Je me permettrai d'ajouter une chose qu'on n'a peut-être pas
soulignée très particulièrement. Principalement durant
cette période de transition, on demande au ministère de
l'Agriculture et responsable de cette formule de mettre en place un programme
de vulgarisation, d'information et de conscientîsation à
l'intention de tous les intervenants. Je dis "Tous" avec un grand T. Je peux
prendre position en tant que producteur agricole, mais cela doit être
fait auprès de tous les intervenants, incluant les médecins
vétérinaires en pratique, n'importe où dans le champ,
qu'ils soient chez des meuniers ou qu'ils soient à la disposition des
producteurs agricoles à la ferme. Si on insiste beaucoup sur cela, c'est
parce qu'on s'aperçoit qu'il y a une méconnaissance et un manque
de conscientîsation chez tous les intervenants. Tout le monde veut
s'enfarger dans un tas de paperasses en pensant que la population va être
mieux protégée et va sûrement manger un meilleur steak
parce qu'il y a un papier qui dit qu'il n'y a peut-être pas de
médicaments dedans. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le président.
Nous avons environ jusqu'à 18 heures pour débattre ce
mémoire. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord remercier M. Duval et le regroupement ainsi que les
représentants des différents groupes et associations qui ont
travaillé et déployé des efforts et qui viennent
témoigner devant nous cet après-midi.
Je voudrais, dans un premier temps, souligner la représentation
très valable de votre regroupement. Il va de soi que votre groupe
constitue un interlocuteur important non seulement pour le gouvernement mais
aussi pour notre commission. Vous avez indiqué, M. Duval, les efforts
qui ont été déployés par les membres du
regroupement depuis deux ans pour tenter de dégager des consensus, pour
voir les écritures à faire pour bonifier le projet de loi qui,
originalement, était le projet de loi 65 qui a été
déposé sous l'ancienne Législature, comme vous le dites
dans votre mémoire, que j'ai trouvé sur la table de travail, en
arrivant, qu'on a repris, qu'on a modifié et qu'on a
déposé à la mi-mai. Je voudrais vous faire part que le
fait que vous ayez eu à vous revirer de bord assez vite, comme on dit,
est indépendant de notre volonté, le projet de loi ayant
été déposé le 15 mai, si ma mémoire est
fidèle, et étudié en deuxième lecture la semaine
dernière. Je m'étais engagé comme ministre, en
décembre, au moment de la prolongation du moratoire, è vous
entendre sur le projet de loi et sur le projet de règlement, avant
l'adoption en troisième lecture. Compte tenu que nous sommes, en
principe, à douze jours de l'ajournement de nos travaux ici, compte tenu
que plusieurs commissions doivent siéger en même temps et,
finalement, l'agenda de nos travaux est assez imposant, vous savez, les
députés ne font pas de plaie de lit ces temps-ci. On travaille
très tard et on se lève très trop. C'est normal, on a
été mandaté pour ce faire. C'est ce qui explique le court
délai qui vous a été imposé, mais je constate quand
même que vous étiez très préparés, compte
tenu de la qualité particulière et même exceptionnelle de
votre mémoire qui est exhaustif. Je vous en remercie.
Le Président (M. Houde): Ils sont toujours rapides, M. le
ministre. Continuez.
M. Pagé: Merci, M. le Président. »
Le Président (M. Houde): Je m'y connais pas mal.
M. Pagé: On ne vous rappellera pas à l'ordre.
Une des premières réserves que vous formulez comme la
numérotation des articles. Vous souhaitez, dès le début,
une numérotation différente avec des sections V, VI, VII, VIII et
IX, plutôt que de 55. 0 à 55. 50, si ma mémoire est
fidèle. Je vais voir avec mes légistes, car il faut convenir
qu'il y a d'autres dispositions dans la loi qui, dès le moment où
on procède à une renumérotation, impliquent qu'on change
l'ensemble. Il faudrait changer la loi actuelle. II sera possible de concilier.
Sinon, je suis persuadé que vous ne me ferez quand même pas une
guerre d'usure et que l'Opposition ne fera pas une guerre d'usure non plus,
s'il n'y a pas de changement dans la numérotation.
Si je reviens aux questions de fond auxquelles vous me
référez et sur lesquelles vous avez des inquiétudes, vous
recommandez l'abolition du premier paragraphe de l'article 3. 1 de la loi et
vous allez, ce faisant, dans le sens même des revendications
formulées par M. Pellerin qui vous a précédé
à la même table.
L'article 3. 1 commande une obligation qui peut paraître excessive
ou très contraignante. Cela peut sembler être une imputation de
responsabilité assez imposante, lorsqu'on demande que le
propriétaire ou le possesseur d'un animal déclare sans
délai à un fonctionnaire la présence d'un symptôme
d'une maladie contagieuse ou parasitaire
déterminé par règlement.
Je vous confesserai le premier que je n'ai pas la prétention de
croire ou de vouloir laisser croire que je suis un spécialiste de ces
questions. Je suis un humble avocat, tout comme l'était mon
précédesseur lorsqu'il a été désigné
ministre. Cependant, je puis vous dire que j'ai sursauté quand j'ai vu
cette disposition. Par contre, je retiens que cet article s'inscrit dans
l'approche générale qu'on veut donner aux actions à
conduire au lendemain de l'adoption de la loi, et je m'explique.
On doit tout faire et prendre toutes les dispositions pour s'assurer que
le producteur lui-même, qui connaît ses animaux, qui les soigne,
qui les alimente et qui y veille continuellement, dès le moment... Je
suis convaincu personnellement que le producteur ou la productrice
connaît suffisamment son cheptel et ses animaux pour savoir si un animal
ne va pas bien. Il est déjà le détecteur, pas le
détecteur de fumée, mais l'espèce de détecteur de
santé. Il est dans son intérêt de producteur de porter
à la connaissance d'une personne désignée, de porter
à la connaissance de son vétérinaire, le constat qu'il
fait.
Il est arrivé parfois - votre prédécesseur à
la même table parlait tantôt des récalcitrants. et je ne
veux pas généraliser - selon les informations que je
possède, qu'un producteur, voyant qu'un animal ne filait pas trop, se
dépêchait de le passer. Il était peut-être enclin
à l'acheminer vers l'abattoir, à le vendre, etc. On veut
créer une obligation.
On n'a pas l'intention - vous connaissez les capacités
financières très limitées de l'État - de mettre sur
pied une équipe de policiers qui circuleront sur chacune des fermes. Ce
qu'on dit dans cet article, et je suis persuadé qu'il va être
appliqué avec jugement et discernement, vise à ce que le
producteur porte à l'attention d'une personne désignée,
qui va être trè9 probablement un vétérinaire du
coin, la problématique qu'il constate. C'est concernant votre premier
commentaire.
M. Duval: M. le ministre, je comprends votre... C'est parce que,
nous autres, on fait un tout de la loi. Tout à l'heure, on n'aura
peut-être pas les compétences, en plein mois de février,
dans une tempête, de faire un mélange de moulées
médicamenteux chez nous, mais on serait capable d'avoir le pif de
déceler un symptôme d'une maladie contagieuse. Dans le paragraphe
suivant... Je ne voudrais pas tomber dans l'aspect juridique, parce qu'on a un
procureur pour cela. Il paraît que c'est le type qui nous coûte le
moins cher quand on utilise le mot "procureur". C'est que, dans l'autre
paragraphe qui implique les médecins vétérinaires. Eux,
ils peuvent avoir des motifs sérieux. Ce sont eux les professionnels. Je
peux bien ressortir les membres du groupement de cette section-là parce
que c'est vraiment toucher les producteurs agricoles. Je pense que, M. Pellerin
et le groupement... Mais si, comme producteur agricole, je peux
soupçonner des symptômes, mon médecin
vétérinaire que je paie, qui est un professionnel, il peut avoir
des motifs sérieux. Mais, à qui dois-je me fier? À qui
va-t-on se fier, nous, comme producteurs agricoles, si un professionnel peut
avoir des motifs sérieux et que, nous, nous devions déclarer des
choses. C'est le genre de piège que vous aurez à discuter, M. le
ministre, en fonction de la proposition qu'on fait, qui vient autant de l'Union
des producteurs agricoles dans son contenu qu'elle vient du regroupement qui,
au moins dans cette section-là... C'est sûr que c'est
peut-être plus la partie UPA qui a soutenu cet aspect-là. On pense
que, si les professionnels peuvent avoir des motifs sérieux et qu'un
agriculteur qui connaît seulement ce qu'il peut connaître soit
obligé de déclarer des symptômes... En tout cas, je laisse
cela à l'Assemblée nationale avec son grand pouvoir, et la
commission fera sûrement de bonnes recommandations là-dessus.
M. Pagé: Oui, mais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Duval: Nous, ce que nous visons, c'est qu'il n'y ait pas de
maladie contagieuse et qu'elles puissent être décelées
à temps par les bonnes personnes, au bon moment et que cela aille au bon
endroit. Si vous pensez que les 45 000 agriculteurs peuvent faire cela, alors
on va tenir le même langage partout dans le projet de loi 69. On va
mettre le même poids partout.
M. Pagé: Là-dessus, je prends note de la
distinction du texte entre l'obligation qui est imposée aux
vétérinaires et celle qui est imposée aux producteurs. Je
vais voir avec mes légistes d'ici la semaine prochaine. Cependant, ce
que je veux vous indiquer, c'est ceci. On veut que le producteur, sans
délai, signale, avertisse, informe, divulgue, c'est cela qu'on veut.
L'objectif recherché, c'est cela.
Deuxièmement, il va de soi que, dès le moment où
l'information est transmise, la divulgation est faite, la responsabilité
maintenant de la décision incombe aux professionnels à qui le cas
aurait été soumis. Dès le moment, dans ma perception
à moi, où le vétérinaire est saisi d'une telle
information, l'acte médical, l'acte professionnel tombe sous la
responsabilité du professionnel, c'est-à-dire du
vétérinaire.
Je voudrais revenir sur la question de
l'objectif. On doit s'associer les producteurs. On évoquait des
chiffres ce matin, ce sont près de 50 000 000 $ par année qui
sont perdus. C'est beaucoup d'argent si on regarde strictement l'aspect de
l'impact pour les producteurs. Vous avez évoqué à la fin
de votre mémoire l'occasion que nous aurions -je vous le confirme tout
de suite - de diffuser de l'information, de sensibiliser tous les intervenants,
non seulement les producteurs, mais tous les intervenants, à
l'obligation d'agir avec plus de rigueur, et que l'ensemble de nos actions
soient marquées le plus possible au coin du professionnalisme.
Je vous confirme tout de suite que j'ai l'intention... D'ailleurs, mon
équipe au ministère a déjà travaillé sur un
plan de diffusion, et on fera tout ce qui est possible pour s'assurer de la
meilleure pénétration du message qu'on veut passer, qui est
essentiellement le suivant: l'économie agricole en
général, d'une part, les intervenants, d'autre part, les
producteurs, les professionnels, on a tous intérêt à ce
qu'on fasse mieux, è ce qu'on atteigne des niveaux de performance plus
valables à cet égard. (17 h 15)
Je comprends votre inquiétude, je l'ai partagée lorsque je
l'ai lu, lorsqu'on m'a formulé les propositions. Cependant, je voudrais
vous rassurer et vous indiquer, pour clore cet article, que je vais voir au
libellé précis d'ici la semaine prochaine avec mes
légistes.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, est-ce que je pourrais
donner la parole à M. le député de Lévis sur le
premier article qu'on est en train de débattre.
M. Pagé: L'Opposition et le gouvernement travaillent sous
l'égide de la bonne collaboration et de la bonne entente.
Le Président (M. Houde): J'aime cela, merci.
M. Pagé: Dans ce projet-ci.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je comprends M. Duval de cette obligation, ce n'est pas
l'obligation pour l'éleveur d'essayer de faire des diagnostics. S'il se
rend compte que ses animaux sont malades... Ces contagions peuvent être
transporté de différentes façons. Je ne me rappelle pas la
maladie qui avait été transportée, il y a un certain
nombre d'années, par un immigrant venu de Vancouver, une maladie qui
était inexistante en Amérique du Nord et qui est devenue...
M. Pagé: La fièvre aphteuse.
M. Garon: La fièvre aphteuse est devenue, vers 1950, une
épidémie dans le Canada, dans l'Ouest surtout.
Ce que je comprends de cette obligation, ce n'est pas que le cultivateur
regarde dans l'oeil de ses animaux tous les matins pour voir s'ils ont quelque
chose. S'il se rend compte qu'ils ont quelque chose et que c'est une maladie
qu'il sait, par ses connaissances, être une maladie contagieuse ou
parasitaire, qui peut créer une épidémie -je pense que
c'est ce qui va être déterminé par règlement - qu'il
ait une obligation de la déclarer pour protéger les autres.
Je me demande en quoi vous trouvez que cette obligation serait
exorbitante. Je ne pense pas que le but soit de faire exprès pour rendre
la vie difficile aux cultivateurs. Un sytème de déclaration ou un
système d'avertissement où tout le monde est dans le
réseau, les gens vont être protégés eux-mêmes
par les déclarations des autres. Il me semble que si j'étais
éleveur, j'aimerais, si les autres troupeaux ont une maladie, que les
cultivateurs seraient obligés de la déclarer pour ne pas l'avoir
chez moi, surtout si je suis un des voisins.
Il me semble que cela protège les agriculteurs et cela demande
une collaboration de chacun, mais pas en vue de les embêter. C'est ce qui
est recherché par cet article du projet de loi,
M. Duval: M. le Président, nous aussi c'est ce qu'on
recherche. Si on lit le texte, il dit: Un agriculteur doit déclarer,
sans délai. Quand on regarde l'autre paragraphe, le
vétérinaire peut déclarer sans délai, mais il peut,
en même temps, soupçonner, dans le même paragraphe, le
deuxième paragraphe. Dans le reste de la loi, si on a des
compétences pour déclarer des symptômes, on va donner un
quitte ou double pour tout le monde partout.
Tout à l'heure, quand on va parler des médicaments, si je
peux déceler une maladie... Chez nous, quand j'ai un animal de malade,
je signale 839-2508 et il vient régler cela. Les autres agriculteurs
c'est un autre numéro de téléphone, mais ce n'est pas
grave. C'est eux qui ont la compétence pour régler cela.
Quand il y a une maladie contagieuse... Je pense qu'au Québec on
peut se vanter que l'ensemble du cheptel québécois est de
qualité extraordinaire. On veut continuer. Je pense que les agriculteurs
souscrivent à cela. Si on nous accorde des compétences pour
déceler des maladies contagieuses è ce moment-ci, qu'on soit
conséquent, et qu'on nous accorde les mêmes compétences
ailleurs, qu'on touche d'autres sections de la loi.
M. Garon: Si je comprends bien, ce que vous vouiez dire à
l'article 3. 1, alinéa 1, c'est que le propriétaire ou le
possesseur doit, sans délai, déclarer à son
vétérinaire. Est-ce cela que vous vouiez dire?
M. Duval: À son vétérinaire.
M. Garon: Qui lui verra si cela vaut la peine de...
M. Duval: En réalité, le diagnostic, M. Garon, va
se faire par le vétérinaire.
M. Garon: Pardon! Ou lui donner le choix. S'il n'y en a pas
partout, lui donner le choix. Le propriétaire ou le possesseur de
l'animal doit, sans délai, déclarer au vétérinaire
ou à un fonctionnaire désigné par le ministre. S'il y a un
vétérinaire dans le coin, il le déclare à son
vétérinaire qui, lui, avise. S'il calcule que c'est correct, il
utilise le paragraphe 2 ou bien... Est-ce que je comprends bien en disant
cela?
M. Duval: Ce qu'on proposait, c'est de le retirer et d'accorder
plein pouvoir comme compétence professionnelle à un
médecin vétérinaire et quand un agriculteur, que ce soit
pour n'importe quel type d'animal - chez nous, j'ai des vaches laitières
et ce matin, il y en avait 80, des grands visages longs noir et blanc qui
avaient l'air toutes bien correctes...
Le Président (M. Houde):...
M. Duval: Oui, à 5 h 10, ce matin c'était comme
cela. Je ne suis pas allé voir s'il y en avait une qui avait une maladie
contagieuse. Mais mon épouse quelque temps après les a vues et a
appelé le vétérinaire et s'il y a une maladie contagieuse,
elle va m'appeler tout à l'heure.
M. Garon: C'est vrai que les yeux des vaches, cela me fait penser
à un vers de Victor Hugo qui disait, en regardant l'oeil des vaches,
qu'elles poursuivent le rêve intérieur qu'elles n'achèvent
jamais. Je trouve que c'est un oeil rêveur un peu.
M. Pagé: C'est le cas de notre taureau, c'est un "buck"
cela. C'est parce qu'il n'en voit pas souvent.
M. Garon: Vous voyez l'intention au fond. Ce n'est pas une
question de parti. Si vous aviez des suggestions de façon à
atteindre l'objectif. Au fond, quand quelqu'un découvre une maladie, au
lieu de la garder secrète et que cela puisse
dégénérer en une grande épidémie, que les
gens soient au courant et qu'ils puissent immédiatement réagir
avant qu'il soit trop tard. C'est le but de l'article. Si vous avez quelque
chose à suggérer à la commission, le but recherché,
c'est d'empêcher une contagion, une maladie contagieuse ou parasitaire.
Les parasites peuvent se transporter très facilement aussi. Quand on va
dans d'autres pays, je sais à quel point on prend des
précautions. Quand je suis allé dans d'autres pays, je n'ai
jamais été visité aucune ferme pour ne pas être
accusé d'avoir ramené une maladie, pas ramené, mais
rapporté une maladie.
Une voix: On avait compris quand même.
M. Garon: Au fond, c'est ce qui est recherché. Je pense
que le but, l'idéal ce n'est pas d'abolir l'article, c'est de
l'aménager de telle façon que les gens sachent que quand on
constate qu'il y a une maladie, que ce soit un éleveur ou un
vétérinaire, qu'il soit obligé de la déclarer.
Si vous aviez une formulation à nous proposer qui soit moins
contraignante, parce que le but ce n'est pas de l'abolir, c'est de faire en
sorte que tout le monde joue son rôle un peu dans l'ensemble du
Québec pour se protéger les uns, les autres. Autrement, si on dit
que c'est seulement le rôle du gouvernement, batèche...
Une voix: Batèche...
M. Garon: Batèche, j'ai dit. Je ne voudrais pas être
accusé d'avoir dit autre chose.
M. Pagé: Pas de commentaire.
M. Garon: II paraît que batèche, c'est
parlementaire.
M. Duval: M. le Président, en tout cas, on accepte toutes
vos interventions à l'effet de pas rendre cette section caduque. On
voulait soulever les points aberrants où le producteur était
impliqué. Que vous trouviez une méthode pour que les
vétérinaires soient aussi responsables comme professionnels qu'un
producteur peut l'être et les fonctionnaires et qu'on mette à jour
la liste des maladies contagieuses et parasitaires et que principalement pour
cette loi-là, comme on le soulève en haut de la page 5, que
certaines nouvelles maladies contagieuses et parasitaires ne soient pas
handicapées pensant qu'on ne paiera pas les agriculteurs. Entre autres,
il y a de nouvelles maladies contagieuses telles que la leucose
hémophilus ou la gale, pour vous en nommer d'autres, qui ne sont pas sur
la liste des maladies contagieuses et parasitaires du Canada dont le
Québec se sert et que l'on soit rassuré qu'on ne paie pas et que
ce ne soit pas l'agriculteur qui absorbe la facture. Mettez tout cela dans la
section 1 et vous allez voir qu'on va bien s'en sortir. Mettez cela bien
clair que la loi doit permettre d'ajouter des maladies contagieuses.
On veut protéger la population, on veut protéger le
cheptel, qu'on les mette toutes et qu'on trouve un mécanisme souple et
que cela s'ajoute rapidement et s'il faut compenser le ou les agriculteurs
à la suite d'un autre règlement, qu'on le fasse. C'est seulement
ce qu'on veut. Qu'on ajoute et qu'on actualise cela, qu'on ne mette pas des
rémunérations de 1925 alors qu'on est rendu en 1986, ce que M.
Pellerin soulevait et que je souligne. C'est seulement dans ce sens-là
pour la section 1. C'est ce que nous avions à dire.
Le Président (M. Houde): Merci, M. Duval. M. le
ministre.
M. Pagé: D'abord, on s'entend, on a eu un échange
intéressant sur l'application de 3. 1 et très probablement que
cet échange va résulter en des modifications au libellé
pour vraiment définir la responsabilité de chacun.
Je veux revenir aux propos initiaux. On n'a pas l'intention par cet
article d'embêter tout le monde, on a strictement l'intention d'imposer
une obligation de divulgation, purement et simplement. Je crois qu'on va
s'entendre.
Vous parlez des maladies. Je vous rappelle l'application de l'article 3
de la loi actuelle qui dit que le gouvernement peut faire des règlements
pour, premièrement, désigner les maladies contagieuses ou
parasitaires auxquelles s'applique la présente section; c'est un pouvoir
qui nous appartient actuellement.
Deuxièmement, l'obligation à laquelle on se
réfère à 3. 1 existait déjà, mais dans le
règlement, à l'article 3, septièmement,
c'est-à-dire que le pouvoir existait par règlement: obliger tout
propriétaire ou possesseur d'un animal atteint ou
soupçonné d'être atteint de maladie contagieuse,
c'est-à-dire que le ministre avait le pouvoir d'intervenir par
règlement, alors que dans la modification qu'on apporte à 3. 1 on
y va plus ouvertement, plus clairement dans le libellé de la loi.
Vous avez parlé aussi, et là, je reprends chacun des
commentaires formulés, de la section sur la surveillance des
étalons en vous interrogeant sur l'opportunité de maintenir les
dispositions particulières pour ce noble animal qu'est le cheval. Il est
possible que j'y apporte des modifications un peu plus tard, d'ici à la
fin de l'année, compte tenu de la révision que nous sommes
à faire des régies, sociétés, organismes et
comités. Il est possible que le comité de surveillance sur les
étalons soit revu. Cependant, je peux vous faire une confession. Cela va
choquer ou cela va affecter particulièrement mon sous-ministre, qui
apprécie beaucoup les chevaux, et le ministre aussi.
Une voix:...
M. Pagé: Oui, on a un petit penchant particulier. Vous
avez parlé de l'amélioration de la qualité du
sperme...
M. Duval: Peut-être qu'on trouverait que les autres sont
brimés.
M. Pagé: D'accord. C'est juste une affaire, c'est
historiquement familial, si je peux utiliser le terme. Vous avez
évoqué la question d'améliorer la qualité du
sperme. Je ne comprends pas trop votre commentaire ou les réserves que
vous avez formulées. Nous sommes conscients que l'amélioration de
la qualité génétique de nos cheptels s'appuie
principalement sur l'excellence qu'on a atteinte en ce qui concerne
l'insémination artificielle, le transfert d'embryons qui se
développe de plus en plus. Notre centre d'insémination, à
Saint-Hyacinthe, a fait du très bon travail. On s'est donné un
réseau d'inséminateurs par une structure de cercles
d'amélioration du bétail.
Les dispositions et les pouvoirs qu'on se donne ici ont un objectif, M.
le Président, M. Duval. L'objectif vise à assurer un meilleur
contrôle de la qualité du sperme mis en marché au
Québec. Je vais aller plus loin. Si comme ministre j'avais
recommandé au Conseil des ministres l'adoption de mesures visant
à contrôler uniquement la qualité du sperme vendu ou
commercialisé au Québec, mais provenant de l'extérieur du
Québec, mon action - et votre procureur pourra le confirmer - ou mon
règlement aurait pu être invalidé devant les tribunaux
comme étant une atteinte directe au commerce interprovincial. Ce que
j'ai fait -on en a longuement discuté avec mes procureurs, mon
contentieux, au ministère -nous y allons de façon
générale et globale, c'est-à-dire que les normes, les
contrôles en regard de la production, de la conservation et de la mise en
marché du sperme seront régis généralement pour
l'ensemble du sperme mis en marché au Québec. Il n'y a pas de
danger de se faire attaquer pour quelque motif ou quelque recherche
d'invalidité que ce soit è ce moment. Entre parenthèses et
en confidence je vous dirai que, sur les contrôles qu'on imposera, je
suis pas mal certain que le sperme produit au Québec va répondre
à la très grande majorité de ces contrôles. Je crois
que vous me comprenez. On a du bon sperme... (17 h 30)
Le Président (M. Houde): On ne parle pas de... On parle
des animaux, là.
M. Pagé: Vous me comprenez. On a le même objectif et
c'est important pour l'ensemble de l'économie. Je suis conscient,
nous sommes conscients au ministère qu'il y a du sperme qui se
vend actuellement, qui devrait être davantage réglementé et
contrôlé et c'est l'objectif de la disposition qu'on adopte
aujourd'hui.
M. Duval: Le seul point qu'on a soulevé dans cela, M. le
ministre, c'est strictement qu'on trouve que vous réglementez bien mais
fort probablement qu'il s'établit présentement à
l'intérieur du Québec... Cela peut venir d'ailleurs n'importe
comment. Le seul point qu'on voudrait que vous ajoutiez, - là-dessus, au
moins dans cette partie, les problèmes constitutionnels quand on parle
de sperme et d'ovule, cela nous préoccupe moins qu'il faut. On parle de
qualité. - on voudrait que vous ajoutiez "ovule" à cause de tout
le système des transplantations embryonnaires et tout cet
aspect-là.
Présentement, l'article 23a de la loi 42 qui est la base de cette
section ne vous permet pas de légiférer sur les ovules, tandis
que dans la section 1, qui touchait des maladies parasitaires, vous aviez
changé la définition du mot "animal" pour "animal qui touche les
oeufs et ses ovules fécondées"; cela veut dire tout ce que cela
comprenait.
On vous propose de modifier l'article 23 et d'ajouter ce que vous aviez
fait à l'article 2. 1 de la section 1 pour que vous touchiez les ovules
fécondés. Cela va toucher tous les aspects des transplantations
enbryonnaires et éventuellement tous les commerces internes ou
interprovinciaux et intraprovinciaux.
M. Pagé: M. Duval, j'apprécie que vous me
sensibilisiez à ce problème. Premièrement, je suis bien
conscient qu'on se dirige dans l'avenir de plus en plus vers le transfert
d'embryons. Deuxièmement, je suis conscient aussi que, pour
l'exportation, cela va devenir éventuellement très
intéressant. Au lieu d'exporter la vache Holstein, on va en amener sept
dans une petite mallette, éventuellement. Cependant, vous allez convenir
avec moi qu'il y a une problématique actuellement au niveau du transfert
d'embryons. Les inséminateurs prétendent au droit de la
possibilité, au droit de faire du transfert d'embryons. Les
vétérinaires s'y objectent, selon les informations que je
possède. Il y a une dynamique, il y a une dualité et je suis
à voir l'ensemble de cette question et dès que notre processus
d'analyse va être complété, notre processus de
réflexion comme suite à l'analyse, on va agir en
conséquence. Je voudrais vous sécuriser et vous dire que c'est
sur la table, c'est au fourneau actuellement et quand cela va être
prêt, on va intervenir, parce que je suis bien conscient de ce
problème.
M. Duval: En tout cas, M. le ministre, vu que vous êtes
à la modification de la loi - et cela a l'air assez compliqué -
je voudrais bien vous enlever des cheveux gris éventuellement ainsi
qu'à tout le monde: faites-la donc complète, vu
qu'éventuellement vous aurez à réglementer. Vous
n'êtes pas obligé de réglementer tout de suite.
M. Pagé: Cependant.
M. Duval: Si on veut faire de beaux vieux, il faut commencer
jeune.
M. Pagé: Comment dites-vous cela?
M. Duval: Si on veut faire de beaux vieux, il faut commencer
jeune, alors ajoutons ces deux ou trois mots à la loi et on va
être correct. C'est la proposition qu'on vous fait.
M. Pagé: Je prends note. Cependant, je n'ai pas
l'intention de précipiter. Il y a une dynamique actuellement et on va
vider, on va bien étudier la question et on va agir. Cela ne
traînera pas des années, vous en avez ma parole. Dès le
moment où on aura tous les éléments pour se forger une
opinion, on va agir. C'est important, ce transfert-là.
M. Duval: Parce que vous savez, M. le ministre, qu'il s'en
transige beaucoup de ce temps-là.
M. Pagé: On m'a dit cela.
M. Duval: J'ai l'impression que cela dépasse la loi.
M. Pagé: Tout comme les biostats à la ferme,
actuellement.
M. Duval: C'est une excellente chose.
M. Pagé: Bien oui, c'est pour cela qu'on le ratifie. Je
n'étais pas prêt pour l'autre disposition. Cela s'en vient.
M. Duval: Enfin.
M. Pagé: II faut avoir confiance en l'avenir.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, continuez.
M. Pagé: À la page 8, vous référez
à l'article 55. 4. Vous dites: Le regroupement constate qu'il y a
l'adoption d'une liste de médicaments vétérinaires qui est
adoptée et qui est effective depuis le 1er novembre 1985. Le
regroupement a toujours contesté le contenu exhaustif de cette liste et
ce, depuis les tout premiers temps où une telle liste a fait l'objet de
discussions. Le regroupement reste fondamentalement en désaccord avec
le
contenu de cette liste, d'où le désaccord dont vous fait
état l'Union des producteurs, etc.
Le regroupement prône encore la modification de cette liste afin
qu'elle devienne une liste permissive comme le regroupement le suggère
depuis longtemps.
M. Duval, je n'ai pas la prétention de croire ou de vouloir
laisser croire que je suis un spécialiste dans l'extrême limite de
tous ces détails. Pourriez-vous me donner des exemples concrets? En quoi
la liste est-elle exhaustive et pourquoi une telle liste devrait-elle
être amputée de tel ou tel aspect? Expliquez-moi cela.
M. Duval: II faut prendre les 435 noms qu'il y a là-dessus
et vous les donner. Il y a des gens qui me fournissent... Je suis pris
quasiment comme vous, M. le ministre. Tout ce qui comporte les facteurs de
croissance et les - dis-moi donc ce beau mot - anti-coccidiostates...
M. Pagé: Les anticoccidiostates?
M. Duval: Oui, toute la section qui est dans cette partie. J'en
ai une, aussi, qui touche les abeilles. Ils m'ont envoyé cela l'autre
jour. C'est...
Une voix: Fumagiline.
M. Duval: Fumagiline, merci. Je ne sais pas au juste à
quoi cela sert en ce qui concerne les abeilles. Mais, en tout cas, c'est dans
cette partie. Il faut peut-être lire le texte du paragraphe 55. 4, ce que
cela touche. On voudrait seulement savoir ce qui va se passer pendant les 23
heures où le vétérinaire n'est pas là. C'est cela:
"Une personne ne peut administrer à ses propres animaux... ".
Vous n'avez qu'à nous dire ce que cela veut dire, M. le ministre,
et peut-être que cela va être bien le "fun". Mais c'est vous qui
l'avez écrit. Nous, on dit: II est fort probable que pendant les 23
heures où le vétérinaire n'est pas là... Comment se
comporte-t-on? Comment cela se passe-t-il à la ferme?
M. Pagé: Comme cela se passe?
M. Duval: Oui, j'aimerais dire cela à ma femme tout
à l'heure, quand je reviendrai parce que c'est elle qui opère
chez nous. Mais il y en a 45 000 autres qui sont comme cela. Comment
voulez-vous qu'on vive avec cela?
M. Pagé: Essentiellement, le médicament
administré aurait dû faire l'objet ou devra faire l'objet d'une
ordonnance. Il va émettre son ordonnance dans l'heure où il va
passer et dans les 23 autres heures, vous allez pouvoir l'appliquer.
M. Duval: Tout à l'heure, j'ai entendu des intervenants et
on n'avait pas nécessairement toutes les compétences. Faut-il
tenir la seringue de la main gauche ou de la main droite?
M. Pagé: Je vous en prie, M. Duval.
M. Duval: J'exagère, M. le ministre, mais il y en a dans
le champ qui sont aussi "bébêtes" que cela. Présentement il
y a également des litiges, parce que je peux parler è autant de
médecins vétérinaires et il va y avoir autant
d'interprétations d'un article semblable à cela. Je suis aussi
"bébête" dans mes exemples, mais c'est cela qui se passe. Je
m'excuse, M. le ministre.
S'il y en a un "smart" qui, lui, interprète cela
différemment et qu'il me laisse un tube, parce que ma vache a la mammite
et qu'il revient le lendemain matin à 5 h 30, c'est fort probable que
votre "clic-clic" de l'ASAQ... Vous allez voir que votre budget va sauterl
Tout à l'heure, comme agriculteur, si cela me prend toujours un
professionnel pour chacune des choses, je vais avoir bien du "fun". Quelqu'un
va venir étendre mes engrais chimiques; quelqu'un va venir
étendre mes pesticides; quelqu'un va venir soigner mes animaux; tout
à l'heure, je ne sais pas, je vais peut-être mettre de l'essence
dans le tracteur et faire des paiements dessus. Il va... s'il faut que ce
soient seulement des professionnels qui aillent dessus.
Cela est un article où on va se retrouver. Dites-nous comment
cela va se passer, M. le ministre, et je n'aurai pas de problèmes. Il y
a du monde bien "smart" qui se promène dans le champ et qui a toutes les
raisons.
M. Pagé: Je peux vous dire que, tant qu'il y aura des
humains, il y aura des "humaineries". Cependant, on va faire tout ce qui est
possible - et c'est une volonté très claire que j'exprime - pour
diffuser, pour informer, pour partager les responsabilités de chacun des
intervenants.
Vous vous référez à la liste. C'est un guide qui
est important et il doit être là. Les fumagilines pour les
abeilles qu'on a vus tantôt, l'effet de ce médicament, c'est que
cela donne un résidu dans le miel. Je comprends que l'application d'une
loi comme celle-là, si quelqu'un quelque part dans la machine
décide de l'appliquer de façon exhaustive, à la lettre, en
coupant les cheveux non pas dans le sens de la largeur, mais de la longueur,
cela va créer des problèmes. Cela ne fonctionnera peut-être
pas tout le temps comme cela devrait fonctionner.
M. Duval: En tout cas, M. le ministre, je pense que dans cette
section, il y a deux articles qui sont très importants. Ce sont
justement les articles 55. 6 et 55. 7. Ce sont des choses fondamentales. Il n'y
a pas un animal qui devrait se promener s'il a encore des résidus de
médicaments. Nulle part.
M. Pagé: Parfaitement d'accord.
M. Duval: Bon. C'est cela le point fondamental, d'après
notre regroupement. On essaie d'empêcher les gens de penser que parce
qu'on a, par tous les autres articles en dehors de ces articles, toutes sortes
de réglementations et qu'on a épaissi la paperasse, tout le monde
se sent rassuré. Il y a 6 000 000 de Québécois et une
partie des millions de Canadiens qui peuvent manger de la viande qui vient du
Québec ou consommer des aliments du Québec et qui se sentent
rassurés parce qu'il y a ça d'épais de paperasse et qu'on
n'a rien réglé à 55. 6. Ce que M. Pellerin vous a dit tout
à l'heure, c'est, je pense bien, qu'il y a des gens qui font du commerce
et qui ont beaucoup d'animaux. On fait beaucoup de commerce d'animaux dans le
regroupement et on insiste là-dessus, comme producteurs agricoles. Il
faut prendre position au nom des producteurs agricoles. Quand le gars se fait
prendre avec un chargement de viande... C'est comme les producteurs de lait qui
ont adopté dans leurs propres règlements, en plus de la
réglementation provinciale, des pénalités très
sévères. Le gars n'en perd pas tellement souvent des "bulk
tanks". Il se met à l'ordre. Ce n'est pas long. Vous allez me dire qu'il
y a quelques intervenants. Oui, mais cela... Moi aussi, ce matin, si la police
avait toujours été sur la 40, je ne serais peut-être pas
encore rendu ici.
Ce n'est pas un alambic, ce qu'on propose là. Il s'agit de
médicaments qui sont dangereux et on veut vraiment s'astreindre à
des choses. Qu'on en paie les conséquences! Mais qu'on ne dise pas
à tous les corps professionnels: Vous êtes bien beaux, bien fins,
bien jolis et on va vous enterrer dans la paperasse. Et là, pour la
population, cela va être clair. Elle sera rassurée parce que le
gouvernement va avoir fait remplir tout cela et il va y avoir 56 fonctionnaires
qui vont avoir compilé cela. Ce n'est pas cela qu'on a
réglé. On n'a rien réglé. Je pense que tout le
monde est prêt à fournir les renseignements qu'il faut, au bon
moment, pour cette section. On est prêt à s'assujettir. Tout
à l'heure, vous commenterez fort probablement le règlement parce
qu'on s'est donné des règlements très
sévères. C'est seulement dans ce sens que je voulais
l'aborder.
M. Pagé: Mon délai est terminé, je
crois.
Le Président (M. Houde): C'est cela.
M. Pagé: Je me réserve le droit de revenir tout
à l'heure pour d'autres recommandations que vous avez
formulées.
Le Président (M. Houde): D'accord. La parole est au
député de Lévis.
M. Garon: Je vais revenir sur la surveillance des étalons.
Vous ne dites pas pourquoi vous pensez que la section est plus pertinente. Vous
vous interrogez sur la pertinence de conserver la présente section qui
semble anachronique. Pourquoi est-elle anachronique dans votre esprit?
M. Duval: Parce qu'il est tout seul. M. Garon: Oui,
mais...
M. Duval: Je suis d'accord. Je n'ai rien contre le fait qu'il y
ait quelque chose sur les étalons. Qu'il y en ait donc sur les boeufs,
sur les boucs ou sur les coqs. Ces pauvres petits mâles. Pourquoi y en
a-t-il sur les étalons? Probablement qu'en 1909, ce n'était pas
pire. Mais, aujourd'hui, il y en a encore, des chevaux, mais pour un autre
motif qu'en 1909. Il y a plus de taureaux dans le centre et on pourrait aussi
bien régir cela parce qu'on l'a fait par insémination
artificielle ou toute autre affaire. Mais dans les autres secteurs, pourquoi
est-ce qu'il y a le cheval et qu'il n'y a pas les autres? Pourquoi? C'est
anachronique, parce qu'il est tout seul. Je me suis fait expliquer cela. C'est
un beau grand mot.
M. Garon: C'est la seule raison.
M. Duval: On n'est pas réfractaire à l'ôter,
mais on dit: Vu qu'il est tout seul.
M. Pagé: Vu qu'il est isolé.
M. Perron: C'est de la discrimination envers les autres.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis. (17 h 45)
M. Garon: Voulez-vous étendre la surveillance des
étalons aux autres mâles animaux ou aimez-vous mieux faire
disparaître la section de ceux qui jouissent de cela, de cette
surveillance?
M. Duval: On vous laisse cela dans votre sagesse, messieurs de la
commission, messieurs, dames. Je m'excuse. Je n'ai pas encore rentré
cela dans mon langage, M. le ministre. Je fais amende honorable.
M. Garon: Sur les embryons, vous avez parlé longuement. Il
est possible que, dans le
secteur du droit, le travail ne soit pas encore assez
élaboré pour faire des recommandations. Est-ce que, dans votre
esprit, la procédure actuelle pour le transfert des embryons est assez
établie pour faire l'objet d'une recommandation de votre part? Vous
dites de couvrir les ovules fécondés. Dans votre esprit, cela
devrait-il aller plus loin que de les mentionner à un article ou,
voulez-vous avoir une section de la loi qui devrait couvrir le transfert des
embryons?
M. Duval: Je pense, M. Garon, que, quand on a ainsi écrit
cela a l'intérieur de la section de l'insémination artificielle,
c'est que ce sont des techniques qui ne sont pas pareilles, mais qui se font
à la même place. Dans un autre temps, on voudrait bien
s'assujettir, vu qu'il se fait un trafic - pas dans le sens illégal;
c'est à vous de juger -mais on mentionne que le ministère de
l'Agriculture devrait justement être avant-gardiste, prendre les devants
et ne pas se laisser dépasser par la concurrence qui pourrait venir de
l'extérieur du Québec, parce que nous autres on n'est pas
réglementés: cela se fait à hue et à dia, personne
ne tient les guides. Je pense qu'on a atteint un degré de qualité
du sperme dans l'insémination artificielle, mais contrôlons,
même si l'expertise n'est peut-être pas tout à fait
adéquate, entre autres pour les bovins laitiers et pour d'autres
animaux. Il y avait un excellent article sur les chevaux, la semaine
dernière, dans La Terre de chez nous. On y montrait une petite pouliche
avec trois de ses mamans...
Une voix: Avec ses trois mamansl
M. Duval: Donc, ce n'est pas si méchant que celai Dans
d'autres secteurs, aussi. C'est une technique spéciale. On dit: Le
ministère de l'Agriculture, faisons-lui jouer le jeu d'être
avant-gardiste dans cela! Il n'y a peut-être pas grand ministère
dans les autres provinces et dans les États américains qui ont
cette législation et cette réglementation qui nous ont
accordé, dans le cas du sperme, cette qualité-là. C'est
rien que cela qu'on vous souligne. Ce n'est pas plus grave que cela.
M. Garon: Je comprends. À la page 7, sur l'article 55. 2,
alinéa 4...
M. Duval: M. le Président, ce paragraphe a
été oublié par erreur, dans notre vitesse. L'article 55.
3, chapitre I, c'est l'article 55. 2 et l'article 55. 4. On le relit dans notre
commentaire sur l'article 55. 3, premier point.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai compris de cette disposition qu'ils ont
déjà ces pouvoirs en vertu de leurs droits et cela ne donne rien
de les couvrir par une autre loi qui n'est pas leur loi constitutive. Les
vétérinaires sont déjà couverts par la Loi sur les
médecins vétérinaires et les pharmaciens par la Loi sur la
pharmacie. J'ai compris qu'il n'était pas nécessaire d'ajouter
des dispositions dans la Loi sur la protection sanitaire des animaux, parce
qu'ils sont déjà habilités par d'autres lois, la Loi sur
les médecins vétérinaires et la Loi sur la pharmacie.
Est-ce qu'il y a d'autres points que vous voulez faire valoir?
Le Président (M. Houde): M. Duval.
M. Duval: M. Garon, c'est le seul point qu'on voulait souligner
à la page 7. On pense que tout le monde qui va préparer des
aliments ou des prémélanges médicamenteux, est à la
merci de son équipement. Je pense qu'un mélangeur, que le
départ et l'arrêt soient faits par un vétérinaire ou
par un pharmacien, par un producteur agricole ou par n'importe qui, il est
assujetti à ses équipements. On ne met aucunement en doute leur
compétence professionnelle de médecin vétérinaire
et de pharmacien, mais ils sont assujettis à leur équipement.
Pourquoi, dans une loi, se retrouverait-on avec une kyrielle d'obligations
comme quoi nos équipements, il faut qu'ils mélangent comme il
faut, que cela aille bien, il ne faut pas qu'ils redivisent les
éléments après qu'ils sont remélangés et
tout? Et pourquoi y a-t-il des gens qui, à cause de leurs
qualités professionnelles, alors qu'ils achètent des
équipements à la même place que nous, sont toujours bons
parce qu'ils ont titre de professionnels au bout de la ligne? Si vous
êtes capable de m'assurer que, dans leur loi, ils ont les mêmes
règlements, qu'ils sont assujettis aux mêmes affaires, il n'y a
pas de problème, mais s'ils ne l'ont pas... Quand je commande un
équipement ou que ce soit n'importe qui, on a la même facture et
il faut qu'il fonctionne de la même façon pour fournir le
même stock ensuite. C'est seulement dans ce sens-là.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Pour le bénéfice de la discussion,
je dois dire que je suis très réceptif à votre remarque.
Et on va s'assurer des dispositions applicables dans les autres lois, sinon, on
va tenter de faire en sorte que les conditions soient les mêmes.
M. Duval: C'est ce qu'on soulevait.
Le Président (M. Houde): D'accord. M. le
député de Lévis.
M. Garon: II me semble que si on pouvait se retrouver dans le
fond un médecin vétérinaire ou comme aujourd'hui il y a
des éleveurs qui sont des vétérinaires ou des agronomes,
qui soient dans les mêmes conditions que les autres dans ces
cas-là, s'ils ont des moulanges ou des choses comme cela.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, est-ce que vous avez terminé?
M. Garon: À la page 8, sur l'article 55. 4, je m'attardais
tout à l'heure à discuter après la commission ce matin
avec des vétérinaires qui me disaient qu'un certain nombre de
produits sur la liste font problème. Ils me disaient surtout sans me
dire les noms, parce que j'ai vu tantôt le produit "fermu... " je ne sais
quoi...
Une voix: Fumagiline.
M. Garon: Cela peut être un produit pour faire de la
boucane avec un nom bien scientifique pour... Cela arrive des fois que l'on
voie un produit avec un nom compliqué, le nom scientifique, mais, quand
on sait le nom d'usage commun, on se retrouve avec quelque chose à peu
près aussi compliqué qu'un cure-dents. Je me souviens de la
première liste. Quand je passais dans des expositions agricoles et que
je demandais à des vétérinaires qui faisaient la pratique
quotidienne: Êtes-vous d'accord avec la liste? Et ils me nommaient des
produits. J'avais pris note d'un certain nombre. Ils pensaient que ce
n'était pas nécessaire qu'ils soient sur la liste. Je remarquais
ce matin en discutant que les vétérinaires disaient que, si un
certain nombre de produits étaient enlevés de la liste, cela
faciliterait les choses.
Y a-t-il eu des rencontres entre vos deux groupes pour la concordance
entre ces produits? Remarquez bien, ils ne parlaient pas de la moitié de
la liste, ils parlaient de quelques produits. Je ne sais pas si, quand ce sera
l'Ordre ou d'autres qui viendront devant nous, c'était discuté...
Je sais que ce n'est pas le ministre qui est directement responsable de la
liste des produits vétérinaires, mais son opinion devant le
Conseil des ministres peut être très importante, à
condition que le ministre responsable des consommateurs n'y trouve pas
d'objection, c'est évident. Est-ce qu'il s'agit d'un grand nombre de
produits dans votre esprit, quand vous parlez d'une modification de la liste,
que vous voulez faire enlever de la liste?
M. Duval: La seule chose que je vais ajouter, et M. Labelle
complétera, c'est ce que j'ai pu entendre, ce matin, ce qu'il faut bien
éviter, c'est que les vétérinaires, sur une
quantité - je ne pourrais pas vous dire si c'est 15, 20, 30, 40 ou 100 -
disent: Parce que c'est tel produit, on va faire une ordonnance pour un an.
Là, on va se sentir bon parce que le médicament est sur la liste
et qu'on a fait une ordonnance pour un an et qu'on n'a pas
nécessairement suivi où il en est rendu, parce que c'est un
médicament plus ou moins dangereux ou d'utilisation tellement courante
qu'on le traîne dans nos poches. Si c'est cela, on fait perdre la
crédibilité à ceux qui sont vraiment à la bonne
place. C'est cela qu'on a dit. Si par hasard, on veut penser se cacher,
c'est-à-dire en disant que pour tout ce qui n'est peut-être pas
tellement dangereux, on va faire une prescription at large...
M. Garon: Dans votre esprit, y a-t-il plusieurs produits comme
cela ou s'il y en a seulement un petit nombre?
M. Duval: Je n'ai pas la compétence. Je vais demander
à M. Labelle.
M. Garon: Dans les gens qui vous conseillent.
M. Duval: Justement, M. Labelle, qui est médecin
vétérinaire et secrétaire du regroupement, a
peut-être un petit mot à dire là-dessus parce qu'il a la
compétence.
M. Labelle: Je ne sais pas si j'ai la compétence...
M. Houde: S'il vous plaît.
M. Labelle:... mais disons que l'opinion qu'on voudrait
émettre ici, qui avait été discutée au niveau du
regroupement, c'est que c'est sûr qu'on reprend des thèmes qui ont
été, je pense, discutés longuement et vous en êtes
certainement très bien informés pour avoir participé
à toutes ces discussions. Le point est fondamental. Ces deux
écoles de pensée ne sont pas contradictoires, mais touchent un
certain nombre de produits. Si vous voulez avoir un chiffre précis du
nombre, si vous voulez écouter, je vais vous le donner.
Une voix:...
Le Président (M. Houde): Je m'excuse.
M. Labelle: D'accord. Le nombre de produits dans le MIB, on peut
mettre un ordre de grandeur d'à peu près 60, si on utilise les
fiches officielles des données des substances médicatrices. De
ces 60 produits, il y en a qui ont des allégations en combinaison avec
d'autres produits qui sont
acceptés par le gouvernement fédéral. Mais ces 60
produits ne sont pas tous utilisés su Québec. Ce qui fait qu'on
peut parler possiblement de 20 à 30 produits qui sont à
utilisation massive - volume d'utilisation - et rationnelle. C'est la
distinction qui n'a jamais été apportée quant è
l'utilisation des drogues, aux additifs alimentaires, et à certaines
règles très précises qui étaient reliées
à l'usage et à l'étiquetage selon les normes du recueil
des données médicatrices par le gouvernement
fédéral.
C'est sûr que pour les autres produits, on est d'accord avec vous.
De toute façon, dans la loi fédérale, c'était
déjà couvert. Quand le médecin vétérinaire
doit utiliser deux produits qui ne sont pas homologués, même dans
le MIB, c'était déjà sous ordonnance
vétérinaire. Le vétérinaire devait émettre
cette ordonnance.
M. Garon:... ils ne sont pas homologués.
M. Labelle: Par exemple, si pour une raison quelconque un
vétérinaire décidait de mettre un produit pour un
contrôle de dysenterie et qu'en même temps, en élevage il y
avait un problème de pneumonie et que pour une raison médicale il
décidait de mettre les deux produits dans la même moulée,
c'était sous ordonnance vétérinaire.
Le Président (M. Houde): M. Labelle.
M. Garon: II s'agit de deux produits homologués.
M. Labelle: Deux produits homologués, mais s'ils
n'étaient pas homologués, pour être mis ensemble de
façon officielle, cela nécessitait l'ordonnance
vétérinaire. Cela a toujours été comme cela.
M. Garon: Correct. J'étais étonné de vous
entendre dire cela parce que tous les produits doivent être
homologués par le gouvernement fédéral pour être
utilisés au Canada.
M. Labelle: Mais pas nécessairement ensemble.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Je vais céder la parole au député de
Prévost pour une courte question avant de terminer, s'il vous
plaît.
M. Forget: Merci. Concernant les maladies contagieuses, il y a
certaines maladies, qui sont contrôlées par les producteurs
laitiers au niveau du lait. S'il y a des maladies contagieuses dans un troupeau
quelconque, le résultat est connu à la laiterie, et nous sommes
avisés. Il y a une autre petite question qui m'inquiète un peu
aussi.
M. Garon:... vous dites là.
M. Forget: Oui, oui, la brucellose, la tuberculose et c'est
contrôlé par le lait.
M. Garon: Oui, sauf que les inspections dans le lait sont
beaucoup moins coûteuses...
M. Forget: D'accord. Cela permet automatiquement...
M. Garon: II y a des milliers et des milliers d'inspections. Dans
les viandes, ce n'est pas le même coût. Une inspection pour tel
produit chimique dans une viande, je pense que cela peut aller jusqu'à
120 $ l'inspection du test. Je pense qu'il n'y a aucun doute.
M. Pagé: La moyenne dans la viande est de 68 $.
M. Forget: Dans les 70 $.
M. Garon: Ce qui veut dire que le taux, le coût c'est un
facteur important. S'il était possible de faire le même type
d'inspection dans les viandes au même coût que dans le lait,
personne ne se poserait de question.
M. Forget: Oui, je l'admets, mais cela ne serait pas facile.
Le Président (M. Houde): Votre question, M. le
député de Prévost, s'il vous plaît,
immédiatement. (18 heures)
M. Forget: L'autre question, ce sont les agriculteurs
éloignés. On sait que le service de vétérinaires
est réellement un problème. Je vais vous dire bien franchement
que, lorsque les animaux sont malades, que vous appelez un
vétérinaire et qu'il n'y en a pas et qu'il n'y a pas de
médicaments, on taponne en tabarouetteî C'est une chose que je
vis. Mon copain agriculteur dont je parlais tout à l'heure a 80
têtes de bétail et, moi, j'en ai 225. Je peux vous dire que,
lorsque je ne peux pas avoir le vétérinaire, je jongle
sérieusement sur quoi faire. Je suis desservi par le
vétérinaire de Lachute. Le vétérinaire de M. Duval,
qui n'est pas loin de chez nous, ne veut pas venir dans mon coin, il ne veut
rien savoir.
M. Garon: Pourquoi?
M. Forget: Parce que je suis isolé, je suis seul. Alors,
il y a un problème de services.
Le Président (M. Houde): C'est complet, M. le
député de Prévost?
M. Forget: Oui.
M. Pagé: Je retiens que l'honorable député
de Prévost, en bon producteur agricole, a profité de cette
commission et de son propos pour sensibiliser le ministre de l'Agriculture aux
préoccupations qui l'occupent.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre.
M. Garon: Est-ce que cela veut dire qu'il est sur la liste noire
des vétérinaires? Ils ne veulent pas aller chez lui?
M. Pagé: II est isolé.
Le Président (M. Houde): Je voudrais remercier M. Duval et
son équipe, les quatre personnes qui l'accompagnent...
M. Pagé: Avant, si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Houde): Oui, M. le ministre.
M. Pagé:... je voudrais réitérer mes
remerciements au regroupement pour le travail qu'il a fait, les consensus
auxquels il en est venu. C'est regrettable, le temps qui nous est imparti est
déjà complété. Je peux cependant vous donner
l'assurance... Vous avez, entre autres, référé à
55. 20 concernant les délais, la saisie de 90 jours. Il y a
peut-être possibilité de corriger cela jusqu'à ce que la
personne en autorité constate qu'il n'est pas opportun d'entreprendre
des poursuites. Nous prenons note de vos commentaires, de vos recommandations
aussi en ce qui concerne l'application des règlements et le contenu du
règlement. Je présume que vous vous retrouverez dans certaines
modifications qui seront apportées au projet de loi. Merci.
M. Duval: M. le Président, au nom des onze organismes
membres du regroupement, il y a des points que nous aurions aimé
discuter avec la commission, principalement sur la partie réglementaire.
Nous sommes à la disposition des membres de la commission et du
ministère de l'Agriculture pour en rediscuter ultérieurement et
je pense que ce sera sujet à discussion aussi pour la mise en place,
l'opérationnalisation de cela.
Le Président (M. Houde): Bien. Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais également vous remercier
d'être venu nous rencontrer, mais aussi pour le travail que vous avez
fait en un si court laps de temps. Vous pouvez être certain que, lors de
l'étude article par article, il y aura des discussions sur les points
que vous avez mentionnés. C'est le but des rencontres, d'essayer
d'améliorer le projet de loi pour réaliser les objectifs voulus
sans créer de contraintes inutiles, si c'est possible de le faire.
M. Duval: Merci beaucoup.
Le Président (M. Houde): Encore une fois, merci. Je pense
que les deux partis, les deux côtés ont pris bonne note de vos
commentaires afin de compléter le travail qu'on n'a pas pu faire cet
après-midi, tenant compte de la limite de temps.
Je voudrais, si les deux partis sont d'accord, qu'on entende un autre
représentant qui semble ne pas avoir déposé de
mémoire. Il pourrait dire quelques mots et on pourrait prendre environ
vingt minutes. Est-ce que vous êtes d'accord? On pourrait par la suite
continuer à 20 heures et terminer pas trop tard.
M. Pagé: M. le Président, je crois comprendre de
votre proposition que M. Racicot, le représentant de l'association des
consommateurs, qui est présent depuis ce matin, serait désireux
de venir témoigner pendant vingt minutes dès ce soir.
Le Président (M. Houde): Oui.
M. Pagé: Moi, je n'y vois aucune objection.
M. Garon: Ce serait pour lui rendre service.
Le Président (M. Houde): Oui. Est-ce que vous êtes
d'accord, MM. les députés de l'Opposition?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Houde): M. Racicot, de la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, nous vous entendons immédiatement.
FNACQ
M. Racicot (Pierre): M. le Président, M. le ministre, Mmes
les députées, MM. les députés, je tiens à
vous remercier d'avoir bien voulu entendre la Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec. Le
problème qui s'est posé - bien sûr, vous le devinez
maintenant - c'est qu'on ne pouvait pas vous remettre un mémoire dans
les délais prévus. Cependant, ce n'est pas notre habitude de nous
présenter en commission parlementaire ou devant des autorités
décisionnelles sans mémoire. Ce pourquoi on s'est
résigné à le faire - et c'est avec plaisir malgré
tout qu'on le fait -c'est pour manifester à la commission que la
Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec est d'accord avec les principes de la
loi.
Nous prions le gouvernement, le ministre ainsi que la commission de
procéder dans les plus brefs délais humains possible. En ce sens,
même si on a été pris de court et qu'on a été
victime de votre rapidité, on ne vous en veut pas, on ne vous en veut
pas, on est même très heureux que vous procédiez.
Toutefois, si vous me le permettez, j'aimerais rappeler certains
éléments qui nous ont touchés énormément
comme groupe de consommateurs, surtout au moment du sommet économique
qui a discuté de la santé animale. Souvent, comme groupe de
consommateurs, on n'a pas les moyens techniques de faire les inventaires par le
biais soit des hôpitaux, soit des DSC, sur la question des
empoisonnements ou sur la question des empoisonnements dûs plus
spécifiquement à la question des médicaments.
Comme consommateurs vous avez eu aussi cette expérience
qu'à un moment donné un de vos amis ou un parent ou un enfant est
victime d'un empoisonnement. On se dit: C'est une allergie. On entre à
l'hôpital d'urgence, on est inquiet, on se demande ce qui se passe. Or,
le ministère de l'Agriculture a quand même, lors du sommet...
J'aimerais rappeler ces chiffres parce que c'est la première fois que
notre fédération était saisie de chiffres officiels
à ce propos-là. Je vous rappellerai ces chiffres parce que
souvent - je notais tantôt les discussions - c'est à propos de
sujets très concrets et très précis pris dans la vie
quotidienne quand le législateur doit légiférer. Je pense
qu'il serait important que l'ensemble des intervenants ait des objectifs
à portée plus générale qui est la protection du
consommateur.
Si on prend par exemple les résidus de sulfamide, de 1978
à 1981 le pourcentage des carcasses de porc contenant plus d'une partie
par million de sulfamides a été successivement de 4, 9 %, 16 %,
13 %, 8 % pour atteindre moins de 2 % en 1984 à la suite des efforts
concertés et soutenus du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Autrement dit, à un moment
donné on s'est rapproché d'une zone critique et, grâce aux
autorités, une action a été entreprise et la situation
s'est rétablie.
De 1977 à 1981 le taux de contamination du miel par le
sulfathiazole excédant. 2 parties par million a atteint respectivement
19 %, 33 %, 14 % 18 % et 5, 9 %. Même si aucun échantillon de
lapin ne dépassait la norme de. 1 partie par million, cette viande
analysée de 1981 à 1982 s'est avérée
contaminée par des résidus de sulfamide dans 22 % et 16 % des cas
respectivement.
Autres résidus. En septembre 1979 une étude
révélait que 28 % des oeufs d'un échantillon de 75 lots
contenaient une ou des substances antimicrobiennes. Une étude
effectuée en 1979 portant sur 130 carcasses de porcs
révélait que 4, 7 % d'entre elles contenaient plus de, 03 partie
par million d'acide quinozaline finalement une étude effectuée
entre juillet et septembre 1981 démontrait que 5 % des 38 carcasses de
porcs examinées contenaient des résidus détectables de
nitrofuran, 26 % de 31 carcasses de plus de. 03 partie par million d'acide
quinozaline et 3 % de 32 carcasses de trace de choramphévécol. Ce
sont des termes un peu compliqués. Je ne vous lirai pas la suite du
chapitre mais ces données du ministère indiquent qu'il y a des
problèmes que nous ne sommes pas capables, comme consommateurs de
détecter; on a probablement perdu notre flair pour détecter cela
avant de manger. Cela indique que s'il y a des exigences sur le terrain du
côté des producteurs et aussi au niveau des corporations
professionnelles, il y a aussi en définitive des problèmes
importants qui peuvent se poser du côté de la consommation humaine
et il serait bon de ne pas l'oublier.
Par exemple, je citerai un paragraphe du comité d'étude
sur la santé animale. Les risques que fait courir aux consommateurs la
présence de résidus médicamenteux dans les denrées
d'origine animale sont trop nombreux pour qu'on ne les prenne pas au
sérieux. Parmi ceux que la recherche inventorie présentement,
signalons les allergies à la pénicilline, les cancers, les
malformations embryonnaires, les déformations génétiques,
les diminutions d'immunologie, les risques neurologiques et endocrinologiques,
les empoisonnements hépatiques et rénaux et la résistance
aux antibiotiques. C'est un problème de plus en plus reconnu
évidemment, par les médecins qui soignent les humains et les
consommateurs et les consommatrices sont de plus en plus sensibles à la
contamination de leur système par le biais soit des
végétaux, soit des animaux. Vient s'ajouter à cela dans un
contexte où les phénomènes d'intoxication, mais par
d'autres voies... On se rappelle, il n'y a pas quinze jours, il y avait une
carte dans les journaux qui détectait au Québec, sur l'ensemble
du territoire, les zones qui étaient contaminées par les
déchets industriels et qui menaçaient éventuellement les
eaux du Québec, les eaux potables du Québec. En
conséquence, on croit que c'est un problème qui est devenu
urgent. Ce n'est pas parce que le problème dans le domaine animal est
plus urgent qu'ailleurs, mais il est simplement aussi urgent qu'ailleurs et il
faut qu'il y ait une intervention de la part des autorités.
Nous avons pris connaissance, lors du sommet, des documents et des
recommandations et il y a un élément que
nous aimerions souligner à la commission. C'est la
prévention. Ce n'est pas tout de donner des médicaments aux
animaux, mais si c'était possible de s'organiser pour en donner moins,
je pense que ce serait encore meilleur pour les consommateurs. En
conséquence, s'il y avait une meilleure collaboration entre les
ingénieurs en ventilation, en chauffage, ainsi qu'avec les
vétérinaires, peut-être qu'il y aurait possibilité,
au point de départ, de donner des conditions sur le plan de
l'hygiène, de créer des conditions pour rendre les
médicaments un peu moins nécessaires.
Dans le domaine de l'éducation, on en fait beaucoup comme
organisation de consommateurs et de la conscientisation, et on est bien
d'accord. Toutes les interventions qui ont été faites cet
après-midi qui allaient dans ce sens-là, on est bien d'accord
aussi avec cela, mais on pense qu'au bout du compte il y a aussi des
contraintes qu'il est nécessaire d'appliquer pour réglementer une
production qui a pour objectif, de toute façon, le profit pour que les
gens puissent vivre, ce qui est très normal.
Je terminerai en disant rapidement que je voulais simplement apporter
quelques points, notre point de vue sur un certain nombre d'articles. Je me
suis aperçu que je risquais de tomber dans un drôle de nid et que
je risquais de me faire piquer en me pointant là-dessus, parce que je
n'ai pas tout simplement la pratique sur le terrain. Malgré tout,
même si je n'ai pas la pratique sur le terrain, je ne suis pas un
producteur, il y a des choses que j'aimerais simplement, en tant que
représentant de la FNACQ, indiquer aux membres de la commission.
Par exemple, nous sommes entièrement d'accord avec l'esprit de
l'article 3. 1, et on irait même plus loin. On se demande pourquoi et on
souhaiterait qu'en ce qui concerne les maladies contagieuses le gouvernement
ajoute à la liste les maladies qui avaient été
déterminées par le comité d'étude. Je vais
reprendre mon texte à la page 29. Je ne veux pas vous faire
l'enumeration des noms très compliqués, mais il y en avait six ou
sept, dont la salmonellose qui faisait partie des recommandations, et on
souhaiterait qu'on élargisse la détermination de maladies
contagieuses. Ce que j'ai compris, c'est qu'il y a des maladies qui existent,
qui ne sont pas considérées comme contagieuses, mais qui peuvent
prendre quand même des proportions assez importantes. C'est tout pour
l'article 3. 1.
Le deuxième, c'est l'article 55. 6, Â l'article 55. 6, je
vais réagir en consommateur. "Le propriétaire ou la personne qui
a la garde d'un animal, auquel on a administré un médicament ou
qui a consommé un aliment médicamenteux, qui vend ou fait vendre
cet animal lorsque n'est pas expiré le délai d'attente
fixé dans l'ordonnance d'un médecin vétérinaire ou
celui fixé, dans les autres cas, sur l'emballage ou sur un document
accompagnant ce médicament ou cet aliment médicamenteux, doit
avertir l'acheteur par écrit de ces faits. " Nous autres, on aurait
plutôt tendance à dire qu'il ne doit pas, tout simplement, vendre
les produits en question ou, à tout le moins les livrer. Finalement, il
va y avoir des papiers qui vont accompagner l'animal. Il va falloir que
l'animal, que le sujet soit marqué pour être repéré
parmi les animaux sains, à moins qu'il ne soit isolé et qu'il n'y
ait une réglementation spéciale là-dessus. Mais on pense
que ce serait tout simplement plus simple, peut-être pas
économiquement, mais plus simple de dire que, lorsqu'un animal est
encore sous l'effet de l'ordonnance, il ne devrait tout simplement pas faire
objet de commerce. Ce serait peut-être plus sûr pour tout le monde.
(16 h 15)
L'autre point, c'est l'article 55. 9: "Le gouvernement peut, par
règlement... ". Notre tendance comme fédération - on l'a
déjà dit à d'autres gouvernements, mais c'est une position
régulière qu'on tient, dans l'ensemble - nous
préférons que le ministre ait le moins de pouvoirs
réglementaires possible, c'est-à-dire qu'il puisse régler
le plus de problèmes possible au moment où la loi est
adoptée. C'est mieux que de devoir surveiller le ministre pour voir s'il
s'est conformé à la loi. C'est une remarque à
portée générale, cela ne s'adresse pas seulement à
vous, M. le ministre.
M. Pagé: Pas personnellement.
M. Racicot: Non.
M. Pagé: Ah, cela va.
M. Racicot: En ce qui concerne l'article 55. 5, nous avons
été assez surpris, comme groupe de consommateurs, que les
qualités requises ne soient pas définies. J'ai compris au cours
de l'après-midi que cela a surpris d'autres personnes. Quant à
nous, nous préférerions que les professionnels soient au centre
du contrôle de la qualité. Évidemment, il y a des
problèmes pratiques pour les meuneries qui n'ont pas de professionnels,
mais je pense que des formules ont été évoquées,
par exemple le temps partiel, comme point de référence. Un
vétérinaire pourrait être rattaché à une
entreprise à temps partiel si l'entreprise n'a pas les moyens de s'en
payer un à temps plein. Là-dessus, nous sommes très
favorables au fait que les qualités soient définies et que ce
soit entre les mains de professionnels.
L'autre élément, c'est: déterminer les normes
relatives à la publicité faite par le titulaire d'un permis. Dans
l'ensemble, sur la
question des médicaments, que ce soit pour les humains ou, comme
dans ce cas-ci, pour les animaux, nous sommes défavorables à la
publicité. Vous serez obligé d'établir des normes; sinon,
vous irez à l'encontre des dispositions de la Charte des droits et
libertés disant que tout le monde a le droit de faire de la
publicité. Vous devrez établir des normes, mais il faudra que ces
normes soient plutôt contraignantes en la matière.
C'est tout ce que nous avions à dire. Nous vous remercions de
nous avoir entendus malgré votre marathon.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le ministre.
M. Pagé: Merci, M. Racicot. J'aimerais vous indiquer que
j'étais très heureux lorsqu'on m'a informé que vous
acceptiez notre invitation de venir témoigner devant nous. La
Fédération nationale des associations de consommateurs a
participé à la Conférence socio-économique sur la
santé animale en mars 1985. De plus, j'ai pris bonne note du
télégramme que vous m'aviez fait parvenir en décembre 1985
concernant le prolongement du moratoire. Je peux vous indiquer
immédiatement que vos représentations ont servi à diminuer
le délai de prolongation du moratoire, lequel aurait facilement pu
courir jusqu'à décembre 1986 ou jusqu'au début de
l'année 1987. Sur la foi de vos représentations et sur la foi
aussi, j'en conviens, des recommandations qui m'ont été
formulées par l'Opposition, j'ai ramené ce délai au mois
de septembre et on devrait être en mesure de respecter ce délai,
de nouvelles dispositions législatives ayant cours en septembre
1986.
Vous avez très certainement noté la préoccupation
du gouvernement en regard de l'objectif qu'on se doit de poursuivre dans une
société dynamique comme la nôtre de protéger de plus
en plus le consommateur. C'est dans ce sens que des dispositions très
claires, très précises qui sont contraignantes, j'en conviens,
sont formulées, mais l'essentiel du projet de loi a comme objectif
d'atteindre de nouveaux sommets en termes de qualité de produits et, par
conséquent, plus de sécurité pour le consommateur.
Vous évoquez toute la question du contrôle, du
dépistage et des méthodes de contrôle qui doivent
être appliquées par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Vous évoquez la question des
médicaments et des résidus de médicaments. Vous
évoquez la question des délais d'attente entre le moment
où un médicament est administré et la période
où l'animal est acheminé vers l'abattage. Vous confirmez que nous
sommes bien conscients de cela. D'ailleurs, je peux indiquer aujourd'hui et
c'est avec beaucoup de fierté que je le fais, que les politiques
adoptées par les gouvernements qui se sont succédé
à Québec nous ont permis d'être la province au Canada qui a
le plus de leadership sur ces questions, encore cette année. Il faut
convenir que cela implique des sommes très importantes. Une
méthode de dépistage, de contrôle, c'est 25 000 $ de
coût minimun à consacrer pour la mise au point de la formule et de
la technique. Cette année, on sera capable de dégager au moins
200 000 $ environ dans ce sens-là. Je dois vous dire que les autres
provinces viennent nous voir souvent pour analyser notre manière de
faire pour être aussi performants.
Il en reste encore à faire. J'en conviens. Je veux vous confirmer
aujourd'hui que c'est une préoccupation fondamentale de notre
gouvernement et de l'ensemble, finalement, des députés de
l'Assemblée nationale du Québec.
À l'article 3. 1, vous êtes d'accord avec l'esprit. Nous
l'apprécions. En fait, vous avez participé è nos
échanges cet après-midi. Vous connaissez è quel enseigne
les députés autour de cette table se logent. Cela impliquera des
contrôles, mais on doit être plus rigoureux.
Vous soutenez le principe - et nous y adhérons - qu'un animal qui
est sous l'effet de médicaments ne puisse pas être mis en
marché, en regard du délai d'attente. C'est très clair,
très précis dans le projet de loi. Les règlements vont
l'étoffer davantage et surtout le vécu de la loi va le
confirmer.
À l'article 55. 9, vous voulez un peu moins de règlements.
Vous comprendrez que le pouvoir réglementaire doit être maintenu,
même si c'est un pouvoir qui peut apparaître exorbitant, même
si un ministre se donne le pouvoir d'intervenir en fonction de la loi et
d'intervenir par arrêté en conseil, purement et simplement par
décret ministériel. Mais il faut convenir que, dans plusieurs
cas, on se doit de maintenir un pouvoir réglementaire, entre autres,
pour les cas d'urgence et pour les cas où il faut faire très
rapidement.
Vous êtes défavorables à la publicité. Vous
avez certainement entendu les réserves que j'ai formulées
concernant la publicité pour les médicaments. Nous prendrons les
moyens pour sensibiliser mes collègues du Conseil des ministres pour
qu'une intervention puisse aboutir dans les délais que j'espère
et que je souhaite les plus brefs.
J'aurais une question à vous poser, parce qu'on n'a pas le
privilège de vous recevoir souvent ici, à notre table, comme
représentants de tous ceux et celles qui consomment au Québec. Je
voudrais profiter de cette occasion pour vous poser cette question? Est-ce que
vous avez déjà fait des analyses ou des études sur le
projet de l'irradiation des aliments?
Le Président (M. Houde): M. Racicot.
M. Racicot: Oui.
M. Pagé: J'apprécierais, si vous avez fait des
rapports, si vous avez écrit là-dessus, que vous nous les
acheminiez.
M. Racicot: Notre fédération n'a pas pris position,
n'a pas fait encore le tour de la documentation qui concerne l'irradiation des
aliments. C'est une chose qui est, dans le milieu des consommateurs, en tout
cas, je dirais, très contestée. Nous n'avons pas pris position
parce que les recherches et les études faites avant que l'irradiation
des aliments ait été adoptée, mise en marché, ont
été malgré tout sérieuses - ce ne sont pas des
irresponsables dans la société qui ont fait les analyses
concernant la validité des irradiations. Est-ce qu'ils ont fait le tour
de la question? Probablement que non. Les organisations de consommateurs non
plus. La semaine dernière, à l'occasion du congrès
international des organisations de consommateurs qui a eu lieu à New
York, il y a eu une intervention par la délégation italienne sur
le problème de l'irradiation des aliments. Le centre de recherche qui
est assez bien structuré n'avait pas encore non plus terminé les
études, mais une conclusion s'est dégagée dans les groupes
qui étaient présents, c'était qu'au moins, les
consommateurs soient informés à très court terme que les
aliments irradiés, c'est-à-dire que les aliments qu'ils
achetaient et qui étaient irradiés soient indiqués,
c'est-à-dire qu'on soit informé par un sigle qui
apparaîtrait sur l'emballage. Alors, faute d'étude, de
contre-expertise sérieuse en ce qui nous concerne, on s'est
rallié à cette position des associations de consommateurs
d'autres pays. Je ne dis pas que c'était un concensus qui était
partagé par l'ensemble des pays qui étaient
représentés - il y en avait 35 - mais ceux qui étaient
présents se sont ralliés è cette position pour l'instant:
l'obligation d'informer le consommateur par une signe bien distinctif que les
aliments qu'il consommait étaient irradiés. Merci.
M. Pagé: Merci, M. Racicot, de votre contribution,,
Le Président (M. Houde): La parole est maintenant au
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: Je vais être assez court. M. Racicot a
peut-être eu l'occasion d'être présent à la
conférence sur la santé animale - Je pensais que c'était
en février ou mars. - en 1985? Il a dû constater en même
temps que moi à quel point - et tous ceux qui sont présents dans
la salle - il y a eu un grand cheminement depuis cette période. Cela
avait brassé assez, à la conférence. Il y avait eu
beaucoup d'arguments, beaucoup de dis- cussions et en l'espace de quelques
mois, au fond, il y a eu un cheminement très important dans les esprits.
Je pense que cette conférence a joué un rôle en posant les
véritables questions, en mettant un certain nombre de chiffres, en ne
mettant pas tous les chiffres pour ne pas trop nécessairement ameuter
plus qu'il ne le fallait, mais assez de données pour que les gens
puissent évaluer correctement la situation. Aujourd'hui, je me rends
compte qu'on est en train de faire des ajustements à un projet de loi,
où il y a quelques différences avec celui du mois de juin 1985
que nous avions déposé à l'Assemblée nationale, qui
vise les mêmes objectifs et où il y a des modalités qui
sont en discussion actuellement avec la commission parlementaire qui rencontre
les différents intervenants.
Je pense que si on garde la même mentalité, la même
disposition d'esprit... Le Québec était il y a quelques
années un des endroits, on pourrait dire, un peu "sloppy", un peu
laxiste sur le plan de l'inspection des aliments et où le contrôle
de la qualité des aliments est en train de devenir en Amérique du
Nord, sans doute, un des endroits où il y aura peut-être une des
plus grandes sécurités au point de vue du contrôle de la
qualité des aliments qui aujourd'hui veut dire beaucoup de choses,
notamment la dernière question que vous venez de discuter sur
l'irradiation.
Maintenant, je pense qu'à ce point de vue, il faut
féliciter les médecins vétérinaires pour le travail
qui a été fait et le rôle qu'ils ont joué; ils ont
assumé, à mon avis, au Québec, de plus en plus de place
depuis une dizaine d'années. Ils sont plus nombreux qu'ils
l'étaient aussi; ils étaient une centaine de personnes il y a dix
ans, aujourd'hui ils sont 450 dans l'Association des médecins
vétérinaires praticiens du Québec. C'est une corporation
qui est jeune. Moi, ce qui m'a frappé dans les dernières
années, dans les rencontres - je suis allé les voir -est-ce que
c'était une corporation très jeune, une association très
jeune avec des gens dont la moyenne d'âge était beaucoup plus
proche de 30 ans que de 35 ans et avec une façon moderne d'envisager les
choses. Je pense que la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec que vous représentez, avec le rôle
aussi important qu'elle a joué depuis quelques années, y a
contribué beaucoup.
Maintenant, l'analyse. Il y a un point qui me fait dire que pour des
questions d'urgence, je ne suis pas persuadé que l'article 55. 9 va
être l'article approprié, parce que je pense qu'il vaudrait mieux
que les questions d'urgence soient déterminées dans la loi
plutôt que dans les règlements; dans les modalités s'il y a
des modalités puisque le règlement dit: "Le gouvernement publie
un projet de règlement à la Gazette
officielle du Québec après avis qu'à
l'expiration d'une période d'au moins 45 jours suivant cette
publication, il pourra être adopté avec ou sans modification. Le
règlement entre en vigueur le quinzième jour qui suit sa
publication à la Gazette officielle du Québec ou à
une date ultérieure qui y est fixée. "
Je pense qu'il y a des modalités qu'il sera
préférable d'avoir dans la loi elle-même, qui créent
un caractère plus permanent et qui, aussi, évitent toutes sortes
de possibilités de pression, parce que c'est moins facile de changer une
loi. S'il y a des conditions particulières qui sont prévues dans
la loi, les gens vont se sentir davantage protégés. Il y a
toujours lieu pour le ministre, même sans disposition légale, de
réunir les principaux intervenants, si le besoin se fait sentir, pour
régler un problème, comme vous l'avez mentionné, en
faisant appel surtout aux professionnels du milieu qui ont habituellement une
bonne connaissance et surtout une responsabilité, comme association,
face à des problèmes qui peuvent survenir. D'ailleurs, l'ordre
n'est pas encore venu, mais l'Association des médecins
vétérinaires praticiens et l'Ordre des pharmaciens ont
indiqué ce matin - et vous venez de l'indiquer vous aussi - qu'ils
seraient prêts à collaborer entièrement pour jouer ce
rôle, si nécessaire, de consultation rapide dans les cas
d'urgence.
Ayant, pendant plusieurs années, côtoyé la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, je connais un peu votre point de vue et les remarques que vous
avez faites me sont apparues très claires. C'est la raison pour laquelle
je ne vous poserai pas de questions additionnelles, afin de vous libérer
le plus rapidement possible, car vous devez partir pour Montréal. Cela
nous a fait plaisir de vous recevoir immédiatement pour vous faciliter
la tâche dans votre horaire.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Je vous remercie M. Raci-cot de vous être
présenté devant nous cet après-midi. Je voudrais suspendre
les travaux jusqu'à 20 heures...
M. Pagé: Continuez à être vigilant, M.
Racicot.
Le Président (M. Houde): Jusqu'à 20 heures. Tenant
compte qu'on a dépassé un peu le temps cet après-midi,
nous donnerons jusqu'à 20 h 15 ce soir, mais commençons à
20 h 15. Cela va bien? On continuera dans le même sens. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance è 18 h 33)
(Reprise à 20 h 32)
Le Président (M. Houde): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte pour entendre le
mémoire de la Fédération de l'UPA de Sherbrooke.
Étant donné que vous avez pris place, je vous demanderais de bien
vouloir vous nommer, M. le président et vos compagnons, s'il vous
plaît, et, par la suite, nous présenter votre mémoire.
Fédération de l'UPA de
Sherbrooke
M. Larrivée (Germain): Germain Larrivée,
vice-président de la Fédération de l'UPA; Adrien Girard,
président du Syndicat des producteurs de porc de l'Estrie; Victor Blais,
producteur de porc et président du Syndicat de base de Coaticook, et
Robert Trudeau, permanent à la fédération.
Le Président (M. Houde): On l'a dit au tout début
de l'après-midi, vous avez trente minutes pour la présentation de
votre mémoire et la discussion des deux côtés, en tenant
compte des questions que vous allez avoir à poser et des questions qu'on
voudra bien vous poser. Â vous la parole.
M. Larrivée: Je vais commencer la première partie
et, ensuite, pour la deuxième partie, M. Girard va continuer.
Aux membres de la commission. La Fédération de l'UPA de
Sherbrooke s'oppose à ce que tout autre projet de loi et de
règlements qui viendrait étouffer davantage nos producteurs soit
adopté par le présent gouvernement. Les producteurs agricoles ont
toujours été aux prises avec une multitude de directives,
règlements et lois qui ont considérablement nui au
développement de l'agriculture. Plusieurs producteurs ont fait faillite
et ont dû abandonner l'agriculture tellement il était difficile de
diriger et d'exploiter leur entreprise.
Depuis quelques mois, les producteurs sont assujetis à un nouveau
règlement sur les ordonnances des médecins
vétérinaires. La mise en application de ce règlement n'a
absolument rien réglé jusqu'à maintenant. Nous sommes
plutôt pris avec d'autres problèmes contraignants que nous
n'avions pas auparavant. Pour ne citer que quelques exemples, il semble que les
producteurs de moutons soient obligés de faire installer les
éponges par des vétérinaires, ce qui occasionne des
coûts supplémentaires aux producteurs et vient diminuer d'autant
la rentabilité de cette production. Les producteurs laitiers et de
bovins se sont fait refuser des médicaments d'utilité courante
parce que aucun vétérinaire n'avait vu les animaux. Actuellement,
certains vétérinaires exigent des coûts
supplémentaires aux producteurs pour faire les prescriptions. Ce qui est
d'autant plus alarmant, c'est que les coûts varient selon les
vétérinaires.
La diminution du budget du MAPAQ a pour effet de diminuer les montants
octroyés
dans d'autres programmes et vient réduire ainsi directement les
revenus des producteurs. De plus, une évaluation rapide des coûts
supplémentaires engendrés par les visites obligatoires pour les
prescriptions amèneront des augmentations de dépenses
énormes pour le gouvernement. Ces visites obligatoires sont des enfarges
inutiles dont les producteurs pourraient se passer, surtout lorsqu'il y a
urgence et que le vétérinaire ne peut venir pour diverses
raisons.
Plus il y a de visites inutiles du vétérinaire, plus les
dangers de contamination et d'épidémie sont grands. Les ententes
du gouvernement avec les vétérinaires en rapport avec le maximum
de kilométrage permis pour une visite amènent des
problèmes de relations et de contacts entre le vétérinaire
et le producteur, dans plusieurs régions.
Malheureusement, comme c'est à peu près toujours le cas,
le producteur est celui qui en paie la note finale. L'obligation d'avoir des
prescriptions signées et que le vétérinaire voie les
animaux amène inévitablement des augmentations de coûts de
production. Nous trouvons qu'il est tout à fait normal qu'un certain
nombre de médicaments soient vendus uniquement sur prescription.
Cependant, la liste actuelle est beaucoup trop exhaustive et ne règle
absolument rien.
Ceci encourage davantage le marché noir. Nous croyons que l'enjeu
qui se cache sous ce règlement est très sérieux. Comme en
médecine humaine, il est fort probable que, d'ici peu de temps, les
vétérinaires ne vendront plus de médicaments et que ce
seront les pharmaciens qui en contrôleront la vente et augmenteront ainsi
les revenus de leur commerce.
On constate fort bien qu'on ne réglera rien avec ce genre de
contrôle. C'est uniquement par l'éducation des producteurs avec
leurs vétérinaires et des inspections à l'abattoir que
nous pourrons en arriver à une meilleure utilisation des
médicaments.
M. Girard (Adrien): Mon nom est Adrien Girard, je suis
président du Syndicat des producteurs de porc de l'Estrie. La
Fédération de l'UPA de Sherbrooke réaffirme sa position de
non-accord avec tout projet de règlement sur les
prémélanges et les aliments médicamenteux destinés
aux animaux et les changements proposés dans le projet de loi 69, qui
viendraient entraver les producteurs dans leurs activités de production
et qui nuiraient à la fabrication des moulées
médicamentées à la ferme.
Le cadre du projet de loi nous semble très large et permet au
gouvernement de réglementer, en tout temps, à son bon vouloir. Le
producteur est actuellement plus ou moins visé par le projet de loi,
mais nous y voyons quand même un danger pour l'avenir. Les producteurs de
porc, de volaille et d'oeufs seraient les plus touchés par ce
règlement, par exemple, les coûts des intrants pour les
producteurs de porc du Québec sont plus élevés qu'aux
États-Unis. En plus, nous vendons moins cher notre porc abattu que les
Américains. C'est pourquoi toute forme de contrôle fastidieuse
entraînerait des charges de travail et des charges financières
supplémentaires à ces producteurs. Si le projet de
règlement et ie projet de loi 69 sont adoptés tels quels, les
producteurs auront, de toute évidence, à en payer la note, car
les meuneries qui devront répondre à différents
critères de contrôle supplémentaire transmettront ces
coûts au producteur directement.
Un producteur qui achète directement è un meunier paiera
ses coûts sur sa moulée finie. Par contre, tel que décrit
dans le projet de loi 69, le producteur qui fabrique ses moulées
à la ferme pourra être assujetti, lui aussi, à plusieurs
contrôles et obligations mentionnés à l'article 55. 9. Le
gouvernement peut, par règlement, par exemple, et je cite: "...
déterminer les livres, comptes et registres, déterminer les
qualités requises à une personne, établir les conditions
de délivrance de permis". Connaissant bien les producteurs, ceux-ci sont
capables d'utiliser leurs moulanges sans y ajouter des contrôles
gouvernementaux qui, à la fin, coûteront très cher aux
contribuables. Pour utiliser ce type d'appareil, il n'est pas nécessaire
de détenir des diplômes spécialisés, mais
plutôt d'être conscient et honnête dans ce que l'on fait. De
plus, le producteur connaît ses propres animaux et sait quoi et quand le
faire. On sait depuis longtemps que l'agriculture a toujours été
faite par des gens tenaces et sobres d'un niveau moyen par rapport à la
société et qui ont, avec conscience et-clairvoyance et d'une
façon professionnelle, développé des productions qui ont
satisfait la population et même débordé les
frontières. Ceci, à cause du contrôle efficace que les
producteurs s'étaient donné et qui a entraîné des
bénéfices énormes pour la province.
Tous les contrôles qui pourraient être imposés par
règlement sont vraiment de trop et inutiles, surtout depuis le
règlement sur les ordonnances des médecins
vétérinaires où toute utilisation de médicaments
est bien contrôlée. D'ailleurs, à la ferme, contrairement
à la meunerie, ce sont de petites quantités de moulée
médicamenteuse qui sont fabriquées, donc l'utilisation des
médicaments est aussi restreinte.
Il est aussi exagéré que le gouvernement,
c'est-à-dire le Conseil des ministres, puisse statuer pour
déterminer les qualités requises d'une personne qui fait une
demande de permis, ainsi que les qualités requises d'un employé
affecté à ce type d'activité. Nous trouvons inacceptable
qu'à un moment donné des fonctionnaires ou d'autres
personnes viennent imposer aux producteurs des règles à
suivre sur des choses qu'ils ne connaissent à peu près pas. Les
producteurs sont suffisamment expérimentés pour savoir ce qu'ils
ont à faire. D'ailleurs, il n'y a aucun intérêt à
mettre trop de médicaments pour plusieurs raisons d'ordre médical
pour nos animaux et aussi parce que ceci augmenterait les coûts de
production et réduirait d'autant notre concurrence sur le marché
et n'amènerait rien de mieux aux consommateurs.
Comme il a été mentionné auparavant, il ne faudrait
pas augmenter davantage les pertes des producteurs en imposant des contraintes
supplémentaires è celles que nous avons actuellement. La
situation actuelle de l'agriculture et des producteurs agricoles est
déjà assez fragile sans venir y imposer des restrictions
supplémentaires. Nous croyons plutôt que le ministre devrait se
pencher sur l'éducation pour améliorer les techniques de
production afin d'éviter des problèmes tels que la surutilisation
des médicaments dans les prémélanges et aliments
médicamenteux, ainsi que la contamination possible de la fabrication. Le
gouvernement devrait aussi voir à la surveillance et au
professionnalisme de certains vétérinaires dans la vente de
médicaments. Nous croyons aussi que le contrôle à
l'abattoir demeure encore le moyen le plus efficace pour faire prendre
conscience à tous les producteurs qu'une utilisation adéquate des
médicaments est essentielle. Pour tous ces motifs, nous nous opposons
à ce que les producteurs soient visés personnellement par quelque
règlement que ce soit.
Pour ce qui est de la page suivante, je vais laisser mon confrère
en production, Victor Blais, vous expliquer ce schéma.
M. Blais (Victor): Bonsoir. Disons que ce qu'on a fait comme
schéma peut vous paraître assez simpliste, mais il ne faudrait pas
que vous soyez insultés parce que, pour des gens comme vous qui recevez
un schéma comme cela...
Le Président (M. Houde): On le comprend.
M. Blais (Victor): D'accord. Pourquoi veut-on vous expliquer
comment la fabrication des moulées à la ferme se fait? C'est
parce que, en 1984-1985, j'ai participé personnellement à un
comité, è un sous-comité du CPAQ qui traitait de
l'utilisation des moulanges à la ferme. J'ai pu constater, bien surpris,
que très peu de gens comprenaient la technique de fabrication et
deuxièmement, que les intérêts des multinationales
étaient très bien défendus à ce comité, de
sorte que cela aurait été bien difficile pour les agriculteurs de
comprendre ce qui se passait dans le système.
On vous a fait un croquis en trois étapes. La première
étape, c'est la fabrication du prémélange; la
deuxième étape, la fabrication de la moulée et, la
troisième étape, l'entreposage avant l'alimentation. Les
moulées è la ferme, c'est fabriqué normalement et toujours
de grains, de céréales, normalement de tourteaux de soja. C'est
complété par des concentrés qui sont fabriqués par
des compagnies qui comprennent le médicament, les minéraux et les
protéines. Ou c'est fabriqué avec du soja auquel on ajoute des
minéraux achetés fabriqués par des compagnies qui vont
être tenues d'avoir un permis comme fabricantes de
prémélange médicamenteux. Ou, depuis 1980, il s'est
développé une technique qui vient de notre région et qui
est la fabrication de minéral è la ferme. Je ne sais pas si le
ministre concerné sait que cela existe la fabrication de
prémélange d'aliments à la ferme. C'est pour cela qu'on en
parle. (20 h 45)
En 1980, avec quelques producteurs de l'Estrie, on s'est mis à
fabriquer nos prémélanges à la ferme. Ce sont des recettes
qui sont simples. Ce sont des maxima. On fabrique 100 kilos de minéral
è la fois; c'est un maximum. À partir de ces 100 kilos, on va
fabriquer de 2. 3 è 3 tonnes de moulée. La composition consiste
en du phosphore, du calcium, du sel auquel on ajoute un
prémélange vitaminé qui comprend des
éléments mineurs et d'autres éléments. On y
additionne un médicament quand c'est nécessaire. Le tout est
brassé pendant quelques minutes. Ensuite, notre "batch" mixée
prend dix minutes à se vider et, à chaque rotation, il en tombe
un peu. C'est pour cela qu'on a fait le dessin, pour vous montrer la
simplicité de notre fabrication. Il n'y aurait pas lieu de mettre des
contrôles, lorsque c'est simple. Le prémélange est
fabriqué et tombe; il prend dix minutes à se vider. Même si
la fabrication - j'ai dit "même" - n'est pas exacte, il va se
mélanger parce qu'il retombe dans une vis qui s'en va dans la botte de
réception de la moulange. Vous pouvez constater sur le dessin que le
remplissage se fait comme cela et que la vidange se fait comme cela. Cela
corrige les erreurs.
Quand vous fabriquez votre moulée, cela fait encore la même
chose: cela se remplit d'une façon et cela se vide de l'autre. C'est
contraire - admettons - aux moulées achetées, si vous voulez, de
type farine qui se démêlent dans les bennes; on n'a pas ce
problème. C'est une technique intéressante parce qu'elle est
simple. C'est logique et c'est économique. S'il y a des erreurs dans une
partie, cela se corrige nécessairement dans l'autre - je dis bien "si"
il y a des erreurs. S'il y a des problèmes dans un élevage, il y
a une possibilité d'intervention rapide, parce que, contraire-
ment aux gens qui achètent des concentrés ou des
"pre-mix", le médicament est déjà inclus. Il faut qu'ils
aillent chercher de nouvelles "batch" de "pre-mix" avec une autre sorte de
médicament. Pour nous, il s'agit d'avoir une prescription du
vétérinaire, de se procurer le médicament et de le mettre
dans notre "pre-mix". Cela peut aller jusqu'à l'utilisation minimale des
médicaments.
À partir de là, on se demande, nous qui fabriquons nos
prémélanges médicamenteux, où on va se retrouver
là-dedans. On demande à la commission: Pourquoi donner le pouvoir
au Conseil des ministres de réglementer, le pouvoir d'exiger un paquet
de paperasse? Quelles exigences les fonctionnaires vont-ils formuler pour qu'on
puisse avoir des permis de prémélange et à quel prix? Pour
une technique aussi simple, pourquoi toutes ces charges pour donner une fausse
sécurité au consommateur? Nous pensons que c'est encore
l'éducation et le contrôle des abattoirs et, surtout, le
développement des techniques ou des types d'élevage pour
réduire au minimum l'utilisation des médicaments.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M.
Larrivée, M. Girard, M. Blais, M. Blondeau, bienvenue à
l'Assemblée nationale, bienvenue à la commission
parlementaire.
Dans un premier temps, je voudrais profiter de l'occasion que j'ai de
vous rencontrer, parce que c'est la première fois officiellement, pour
vous demander, la prochaine fois que vous tiendrez une réunion et
où vous inviterez les députés de la région et le
ministre de l'Agriculture - vous en avez tenu une il n'y a pas longtemps
-d'avoir l'amabilité d'envoyer une lettre plutôt que d'envoyer une
circulaire. Deuxièmement, auriez-vous la délicatesse de faire
parvenir l'invitation dans un délai raisonnable? Ce n'est pas
personnellement, mais vous conviendrez que les ministres, à quelque
gouvernement qu'ils appartiennent, sont assez occupés, ont des agendas
chargés et, souventes fois, ont des agendas remplis pour trois semaines,
un mois et même deux mois à l'avance. Par surcroît, quand on
se contente d'envoyer une telle missive dans un délai très bref
avant la réunion, on est mal placé, je pense, pour
dénoncer l'absence du ministre comme cela aurait été le
cas, selon les informations qu'on m'a transmises, à la suite de la
dernière réunion que vous avez tenue. Cela étant dit,
bienvenue.
Vous êtes contre le projet de loi 69, comme vous étiez
contre le projet de loi 65, comme il nous semble que vous êtes
farouchement contre toute mesure visant à faire en sorte que le
gouvernement puisse assumer la responsabilité qui est la sienne. C'est
votre droit le plus légitime, le plus strict que je ne peux contester.
Cependant, je dois vous exprimer ma surprise de voir une position aussi claire
adoptée par une fédération comme la vôtre, qui va
à contre-courant de tout ce que les gens concernés nous ont
signalé. L'Union des producteurs agricoles, l'organisme qui vous
représente, a été associée aux démarches de
consultation, d'analyse et même d'écriture, par conséquent,
du projet de loi. Face au regroupement de ces personnes qui ne sont pas les
dernières venues, le regroupement de onze organismes aussi
impliqués les uns que les autres dans une démarche qui vise
à réaliser un objectif, soit celui de continuer à mettre
en marché au Québec un produit alimentaire de qualité non
douteuse, non discutable - je pense que vous êtes d'accord avec cet
objectif - du moins, que les gens mangent des aliments qui sont sains, qui sont
exempts de résidus de médicaments et dont la qualité est
contrôlée et certifiée. C'est là le premier
objectif.
Le deuxième objectif, c'est de prendre les moyens - vous devez
être d'accord avec cela - pour que l'économie agricole, les
agriculteurs et les agricultrices arrêtent de souffrir, chaque
année, de pertes importantes, significatives, qui coûtent cher, en
piastres et en cents, pour elles et pour eux. Pas plus tard qu'il y a trois
quarts d'heure, j'étais à échanger des propos avec
certains de mes adjoints au sujet d'un dossier dans lequel un producteur du
Québec risque d'être en faillite demain matin et de perdre
l'oeuvre d'une vie, parce que la maladie s'est installée dans son
troupeau, purement et simplement, et que cela a traîné longtemps.
Ce sera peut-être une faillite familiale, un demi million de dollars de
perdus. On va être souple? On va diminuer les contrôles? Je ne
crois pas que ce soit la meilleure des perspectives. MM. les producteurs de
porc, vous êtes dans un domaine où il y a des contrôles,
où il doit y en avoir. Vous êtes très certainement au fait
de ce qui est arrivé au Danemark: la maladie s'est intallée
là-bas. On livrait environ 75 000 tonnes de porc, par année au
Japon. La maladie s'y est installée. Allons voir aujourd'hui.
Malgré que le Danemark subventionne 17 $ par tête de porc
exportée vers le Japon, qui viennent des coffres du gouvernement, les
livraisons ont chuté à 10 000. Il faut combien de temps à
un pays aussi durement frappé pour récupérer sa
crédibilité et sa force sur les marchés?
Je dois donc vous dire que je ne suis pas d'accord avec vous.
Malgré tout le respect que j'ai pour la Fédération de
l'UPA de Sherbrooke, je ne partage pas votre opinion. Essentiellement, ce qu'on
dit dans ce projet de loi, relativement à la santé animale, c'est
que le producteur devra, en vertu de l'article 3. 1, qui a amené cet
après-midi un débat assez intéressant - qui aurait
très certainement été intéressant pour vous, si
vous y aviez été ou, si vous y étiez, vous avez dû
le trouver intéressant - le producteur sera obligé de le
divulguer, dès le moment où il en prendra conscience, qu'un
animal dans son cheptel est affecté d'une maladie. C'est contraignant,
j'en conviens, mais c'est une protection qu'on lui donne. C'est en même
temps une protection qu'on donne à celui ou celle qui, normalement,
pourrait l'acheter. Parce que, entre parenthèses, vous savez que c'est
déjà arrivé au Québec. Sans
généraliser, cela a dû arriver. Probablement que vous le
savez aussi. Dans certains cas, un producteur voyant que sa vache était
malade, ce qu'il faisait, il se dépêchait à la vendre. Qui
payait pour cela? C'était le voisin d'à côté.
Vous soutenez qu'on devrait avoir le moins de contrôle possible,
le moins de règlements possible, le moins de paperasse possible et le
moins de visiteurs possible. Je ne sais pas à quelle page, je pense que
c'est à la page 2 ou 3 ou 4; c'est à la page 4, vous dites: "Nous
trouvons inacceptable qu'à un moment donné des fonctionnaires ou
une autre personne viennent imposer aux producteurs des règles à
suivre sur des choses qu'ils ne connaissent à peu près pas. "
Bon! Les inspecteurs, les fonctionnaires, les vétérinaires ne
connaissent pas celai Cela me fait un peu penser à la maman dont le
petit garçon est le seul qui n'a pas le pas dans la parade; son
garçon est formidable, il fait très bien cela. Ce sont tous les
autres qui se trompent, tous les autres qui n'ont pas le pas.
Vous dites - et je vais terminer là-dessus avant de vous poser
quelques questions - que plutôt que d'imposer une structure visant le
contrôle au niveau de l'alimentation, visant à éliminer le
mal à sa source, dans l'étable, lorsqu'on le détecte, vous
devriez imposer une contrôle plus rigoureux à l'abattage et des
services d'inspection. J'ai le commentaire suivant: Un tel système
d'inspection systématique, d'abord, aurait beaucoup d'implications. Il
faudrait construire de nouvelles chambres froides pour conserver les carcasses.
Il faudrait ralentir et mettre un frein à toutes nos chaînes
d'abattage, parce que l'inspection de tous les lots immobiliserait
complètement les chaînes d'abattage au Québec. Il faut
être conscient de cela. Il faut être conscient aussi des
coûts que cela impliquerait.
D'après nos estimations - on pourra y revenir pour en faire la
ventilation, si vous le jugez opportun - cela coûterait, demain matin...
Vous avez déploré et vous vous êtes inquiétés
de l'augmentation des coûts une fois que la loi 69 serait
appliquée. Nous en arrivons à une évaluation, si demain
matin tous les lots étaient systématiquement inspectés,
d'au-delà de 60 000 000 $ de dépenses par année. C'est
cela que cela coûterait, en plus de paralyser complètement nos
abattoirs.
D'une part, c'est une mesure qui serait non efficace et beaucoup plus
onéreuse que l'application de la loi 69. On pourra y revenir si vous le
jugez utile. Essentiellement, les intervenants - plus particulièrement
les producteurs agricoles - nous ont dit qu'ils étaient prêts
à s'associer à l'ensemble de cette démarche parce qu'ils
visent essentiellement les mêmes objectifs que nous. Je dois vous
exprimer ma surprise. Vous allez peut-être vous dire: Ce ministre, on le
rencontre pour la première fois, il est bête comme ses deux pieds.
On a les défauts de nos qualités; quand j'ai quelque chose
à dire, je le dis. Je dois vous exprimer ma surprise de voir la position
que vous adoptez; je suis très surpris.
Avec une telle approche, à savoir d'enlever les contrôles,
vous croyez qu'on pourrait garantir aux consommateurs qu'ils consomment un bien
de qualité. Économiquement, vous êtes conscients de la
mesure, de l'effet que pourrait avoir ce que vous nous proposez. Imaginez-vous,
demain matin, s'il y a une épidémie qui entre dans la production
porcine au Québec, cela fait mal! (21 heures)
M. le Président, vous me dites que mon temps est
écoulé. Je vais donner la parole à l'honorable
député de Duplessis. J'aurais peut-être quelques questions,
brièvement, par la suite.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
est maintenant au député de Duplessis.
M. Perron; Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord remercier
les représentants de la Fédération de l'UPA de Sherbrooke
pour leur présence à cette commission. Cependant je comprends
très bien et l'on comprend très bien aussi, du côté
de l'Opposition, que les invitations ont été faites quelque peu
tardivement et que ce projet de loi devait être adopté avant la
fin de session à l'Assemblée nationale.
Je vais toucher quelques points concernant votre mémoire. Je peux
vous assurer, tout comme vous et tout comme d'autres qui en ont parlé,
au cours des dernières années, je suis parfaitement contre ce
qu'on appelle une surréglementation.
Lorsqu'on parle de réglementation simple, qui découle d'un
projet de loi, la position que j'ai toujours eue à cet effet, c'est
qu'il était nécessaire que nous ayons des réglementations
surtout face à la protection des consommateurs. Je pense que,
là-dessus, le gouvernement autant que nous, on se rejoint très
bien et même depuis plusieurs années.
Comme vous le savez, l'ancien gouvernement avait préparé,
déposé et adopté le projet de loi 5 - je crois que
c'était en juin 1985 - et, comme j'ai voté pour ce projet de loi
au moment où il a été déposé en
première lecture, qu'il a été adopté en
deuxième lecture ainsi qu'en troisième lecture, je peux vous
assurer que loin de moi est l'idée de faire en sorte que l'Opposition
vote contre ce projet de loi parce que, sur plusieurs points, il répond
aux objectifs que nous nous étions donnés au cours des
dernières années face à l'agriculture et à
l'élevage au Québec.
Si nous avons voté pour le principe du projet de loi 69, cela ne
veut pas dire pour autant qu'on n'est pas d'accord avec certains amendements,
en particulier ceux qui ont été proposés par certains
organismes qui se sont présentés, aujourd'hui, devant cette
commission et où, d'ailleurs, le ministre de l'Agriculture a
démontré vraiment une ouverture face à certains articles.
Autant l'Opposition que le gouvernement, on est même allés
jusqu'à demander à certains organismes de préparer des
amendements face à certains articles de la loi et même face
à certains articles de la réglementation que nous avons en annexe
à la loi. Là-dessus, l'Opposition va faire son travail aussi en
apportant sûrement certains amendements, surtout au niveau de la loi
elle-même.
Comme vous le savez, lorsqu'un projet de loi est étudié
à l'Assemblée nationale, et que ce projet de loi n'inclut pas
l'ensemble de ce qu'on voudrait, mais qu'on retrouve, par contre, d'autres
éléments à l'intérieur d'une réglementation
permise par la loi, je préfère, de loin, dans certains cas, que
certains articles de la réglementation soient inscrits dans la loi.
D'autre part, c'est sûr que je suis d'accord sur quelques points
de votre mémoire, mais pas sur l'ensemble. Je ne ferai pas un
relevé de l'ensemble de ce que vous avez touché dans votre
mémoire. Je pars de l'idée fondamentale que, lorsque par exemple
vous parlez de perte ou de faillite, c'est sûr qu'on peut mentionner
différents cas qui sont très souvent non pas causées par
certaines réglementations, mais très souvent parce qu'il n'y a
pas de réglementation faisant en sorte de régler certains
problèmes et, lorsqu'il y a surréglementation, cela n'aide pas
les entreprises, peu importent les entreprises que nous avons au
Québec.
Si on se rapporte aux pertes ou aux faillites qui se sont produites au
cours des dernières années - ce n'est pas d'hier d'ailleurs - il
y a des cas qui tiennent vraiment de la mauvaise administration. Il y a des cas
aussi qui font en sorte que certains troupeaux sont mal entretenus et la
santé de ces troupeaux est très mauvaise par rapport à ce
qui est obligatoirement prévu dans la réglementation et dans la
loi. Bien sûr qu'il y a d'autres raisons qui font qu'il y a des faillites
et que des pertes sont encourues.
J'aurais deux questions à vous poser. Si le ministre me le
permet, je vais les poser tout de suite. Il pourra peut-être continuer
par la suite avec ses questions. C'est au sujet de la réglementation et
de la législation. La question que je vous pose est la suivante: comment
pouvez-vous contrôler la qualité et en même temps
protéger la santé de nos concitoyens et de nos concitoyennes du
Québec, en plus de la qualité et de la santé des citoyens
et des citoyennes de l'extérieur du Québec qui reçoivent
dans plusieurs cas par l'exportation de la production du Québec, s'il
n'y a pas de lois et s'il n'y a pas de règlements qui accompagnent ces
lois? C'est ma première question. Je poserai ma deuxième question
après votre réponse, si vous jugez bon de me répondre.
M. Larrivée: Premièrement, nous ne sommes pas
contre le contrôle des maladies, c'est sûr. Pour contrôler la
qualité, nous, on dit que c'est à l'abattoir, c'est là que
l'inspecteur va voir si la viande est bonne ou si elle n'est pas bonne. Ce
n'est pas en contrôlant les médicaments chez le gars. Moi,
même si mon vétérinaire me donne une prescription et que
c'est moi qui donne le médicament, cela change quoi à l'animal,
à l'abattoir? Ce n'est pas ce règlement qui va changer la
qualité de la viande. Qu'on donne comme exemple... Moi, je suis
producteur de lait. Mon lait est contrôlé à l'usine pour
savoir s'il y a de l'eau, s'il y a des antibiotiques dedans, etc., et s'il y en
a, je paie l'amende. Quand j'ai payé l'amende deux ou trois fois, si
vous prenez le gars par le portefeuille, c'est bien mieux que d'aller le
contrôler par les médicaments. Les médicaments, je les ai.
Si je mets de la pénicilline dans un quartier et que j'envoie le lait,
je suis pénalisé. Cela ne m'empêche pas d'en mettre, mais
je suis pénalisé. Là, j'y pense deux fois avant de le
faire. C'est pour cela qu'on dit que le contrôle devrait se faire
à l'abattoir. C'est là qu'on voit si le produit est bon ou s'il
ne l'est pas. S'il n'est pas bon, le producteur, quand il sera
pénalisé, il va faire attention, c'est automatique. C'est pour
cela qu'on dit que ce serait un contrôle plus simple. Pas
nécessairement tous les inspecter à la chaîne mais, qu'on
en choisisse quelques-uns, puis... Nous autres, on pense que ce serait plus
facile de même.
M. Perron: D'accord, vous avez droit è votre opinion comme
représentant et vos membres ont droit à leur opinion aussi.
Maintenant, il y a une autre question qu'on a le droit de se poser aussi et
qu'on a le
droit, je pense, de vous poser. Si on ne contrôle pas la
chaîne d'alimentation dès le début, soit par
réglementation ou par imposition juridique, comment peut-on en
arriver... Vous parlez des abattoirs actuellement. On sait qu'avant que cela
arrive à l'abattoir, il y a une chaîne qui est produite à
partir de la ferme, si on parle des animaux. Si on parle des poules, si on
parle des oeufs, etc., la production commence là et elle s'en va par la
suite sur le marché des consommateurs mais, s'il n'y a pas de
réglementation ni de législation au début, justement pour
protéger en partant la production, parce que cela se dirige vers le
consommateur, ne trouvez-vous pas que c'est là surtout qu'il y a des
dangers que les agriculteurs fassent des pertes financières et aient, en
fin de compte, un produit qui arrive dans les abattoirs ou ailleurs et qui ne
soit pas un produit fini, qui ne soit pas un produit de qualité? C'est
là qu'il peut être refusé par les abattoirs.
Le Président (M. Houde): Est-ce que M. Blais veut
répondre? Tantôt, il m'a demandé la parole. C'est à
vous.
M. Blais (Victor): MM, les députés et M. le
ministre, on aimerait faire une mise au point en commençant. On a
été invité à venir en commission parlementaire
concernant le projet de règlement sur les permis. Ce dont on a
parlé tout à l'heure, cela concerne les permis. On n'a pas
parlé de la loi. On n'a pas reçu de projet de loi 69 dans notre
invitation, c'était sur le permis. Toute la discussion qu'on a eue
depuis le début concernait les permis. Je ne sais pas s'il y a eu erreur
ou s'il s'est glissé une erreur.
En ce qui concerne la fabrication des aliments à la ferme, on
dit: Si tu marches avec une prescription, tu n'as pas besoin d'avoir des
contrôles à n'en plus finir du gouvernement. Les
médicaments, tu es obligé de les mettre dans tes moulées.
Si ce sont des moulées de début, tu les mets dans tes
moulées de début, tu ne peux pas t'en servir pour n'importe quoi.
Si tu as une prescription de ton vétérinaire, tu te procures le
médicament et tu le mets dans ton prémélange. On ne parle
pas de la même chose. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
M. Perron: En partie, oui. Vous venez de me confirmer que vous
n'avez pas eu le projet de loi. Je ne sais pas ce qui est arrivé;
peut-être que le ministre peut répondre à cela.
M. Pagé: Je présume que vous avez
déjà pris connaissance du projet de loi. Si vous n'avez jamais
pris connaissance du projet de loi, comment avez-vous pu le dénoncer
à Sherbrooke?
M. Blais (Victor): À Sherbrooke, on a
dénoncé la liste des médicaments. C'est dit dans le
début du texte: une liste trop exhaustive. Dans notre région,
pour avoir des pilules de "spéciale délivrance", cela prenait une
prescription.
M. Pagé: Si vous êtes en désaccord avec les
règlement, vous êtes, par conséquent, très
probablement en désaccord avec la loi, puisque les règlements
sont adoptés en vertu de la loi.
M. Larrivée: C'est la liste que l'on trouve trop longue.
On n'a rien contre...
M. Blais (Victor): On n'a rien contre le contrôle des
spermes.
M. Larrivée: On n'a rien contre le fait qu'il y ait
quelques médicaments très dangereux qui soient listés,
mais jusqu'au sel qui est inscrit sur la liste.
M. Pagé: À la page 3 du document, vous dites: Si le
projet de règlement et le projet de loi 69 sont adoptés tels
quels, les producteurs auront de toute évidence à en payer la
note.
M. Blais (Victor): L'article 55, c'est le 55. 2 et c'est le 55.
3
M. Pagé: Oui, mais vous avez pris connaissance de la
loi.
M. Blais (Victor): Oui, on en a pris connaissance...
M. Pagé: D'accord, merci.
M. Blais (Victor):... par le biais de l'UPA provinciale.
M. Perron: Si vous me permettez, M. le Président, j'ai une
deuxième question. À la page 2 du mémoire, vous
mentionnez, au deuxième paragraphe: "Les ententes du gouvernement avec
les vétérinaires en rapport avec le maximum de kilométrage
permis pour une visite amènent des problèmes de relation et de
contact entre le vétérinaire et le producteur dans plusieurs
régions. " Est-ce que vous pourriez parler de ces fameuses ententes que
vous mentionnez entre le gouvernement et les vétérinaires?
M. Larrivée: Dans l'entente, il ne faut que le
vétérinaire fasse plus de 55 kilomètres. Dans certaines
régions éloignées, il n'y en a qu'un. D'autres prenaient
des vétérinaires un peu plus loin, à peut-être 60,
65. Là, ils sont obligés de prendre celui qui est le plus proche
et il ne fournit pas. Par
exemple, à Lac-Mégantic, il n'y en a qu'un et il est seul
à son bureau. II y en avait qui prenaient ceux de Disraeli; ils sont
trois ou quatre. Ils ne peuvent plus les prendre parce qu'ils sont à
plus de 55 kilomètres. C'est cela qu'on veut dire sur cette
entente...
M. Perron: Ma question s'adresse maintenant au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Est-ce que le ministre
peut expliquer ce genre d'entente? Est-ce que c'est un décret?
M. Pagé: Non, ce n'est pas un décret.
M. Perron: Est-ce que cela vient des groupements en question, des
médecins vétérinaires ou quoi?
M. Pagé: L'entente a été signée, elle
est signée avec les médecins vétérinaires.
C'était une proposition de l'association des médecins
vétérinaires dans le but de répartir différemment
et équitablement la masse monétaire et de l'affecter davantage
aux soins des animaux plutôt qu'à des compensations de
déplacement. C'est ce pourquoi il y a eu une limite de 55
kilomètres de payée. Cependant, dans les régions où
il n'y a pas de vétérinaire disponible, on paie les
dépenses selon le millage effectivement parcouru. C'est clairement
indiqué dans l'entente sur la santé animale, le programme de la
SAQ, l'amélioration de la santé animale du Québec,
laquelle entente a été renouvelée tout récemment.
On paie au-delà. Ce n'est pas exact de dire qu'on se limite à
payer 55 kilomètres seulement. Dans les cas où il n'y a pas de
vétérinaire disponible, on peut payer au-delà des 55
kilomètres en vertu de l'entente signée avec les
vétérinaires.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Vous acquiescez, vous êtes d'accord?
M. Larrivée: Ce sont les commentaires des producteurs dans
le coin de Lac-Mégantic qui nous ont amené cela. Chez nous, il
n'y a pas de problème, il y a trois ou quatre bureaux à
l'intérieur des 55 kilomètres, mais il n'y a qu'un
vétérinaire dans ce coin-là et il ne fournit pas. Ils en
ont un à l'intérieur des 55 kilomètres.
M. Pagé:... l'éloignement de celui qui est
là.
M. Larrivée: C'est un problème parce qu'il n'y en a
qu'un pour desservir le territoire.
M. Pagé: D'accord.
M. Larrivée: Habituellement, les producteurs en prenaient
d'ailleurs, soit de Sherbrooke ou de Disraeli, qui sont plus loin. C'est ce
qu'ils nous disent, mais, moi, je ne l'ai pas vécu.
M. Pagé: Si votre vétérinaire, à
Lac-Mégantic, ne fournit pas, comme on dit, il a trop de travail, il a
trop de volume, le producteur agricole peut communiquer avec un autre, et, dans
ce cas, nous sommes habilités à payer au-delà de 55
kilomètres. (21 h 15)
M. Larrivée: On l'a mentionné dans le
mémoire parce qu'on a eu des plaintes...
M. Pagé: Le député me posait la question.
Pour répondre à votre question concernant l'inspection
après l'abattage, si on se réfère au nombre de lots, c'est
96 000 000 de têtes qui ont été abattues au Québec
en 1984. Le nombre approximatif de lots qui ont été
expédiés dans les abattoirs du Québec en 1984-1985 - pas
deux ans, mais sur une base d'année financière -dans le boeuf et
dans la vache de réforme on a eu 90 000 lots. Dans le bovin de
boucherie, 55 050 lots; dans le veau, 11 418 lots; dans le porc, 126 100 lots
acheminés à l'abattoir; dans le mouton et la chèvre, 6004
lots; dans le poulet, 88 500 lots et, dans la poule, 4600 lots.
Si on regarde les médicaments qui doivent être
contrôlés et qui sont susceptibles d'être absorbés
par de tels animaux, dans le bovin de boucherie, il y en a cinq: entre autres,
le zéranol, la tétracyeline, la pénicilline, le
dexomé-thasone, la monessin, cinq médicaments. Pour la vache de
réforme, c'est sensiblement la même chose, sauf le
sulfa-méthazine qui vient s'y ajouter, il y en a quatre. Dans le mouton,
trois médicaments; dans le poulet, trois médicaments; dans la
poule, un médicament, la pénicilline.
Le Président (M. Houde): En conclusion, M. le ministre,
s'il vous plaît!
M. Pagé: Dans le porc, il y en a quatre - je me
dépêche, mais c'est important - il y a le carbadox, le
sulfaméthazine, le démitrizole, et le ronidazole.. Dans le veau,
H y en a quatre aussi. Le coût moyen d'une épreuve en laboratoire
- on le sait, c'est nous qui payons - est estimé à 68 $. Cela
comprend les salaires, les frais de fonctionnement, les immobilisations, le
prélèvement des échantillons. De plus, pour plusieurs
médicaments, aucune méthode analytique n'existe en laboratoire.
Le développement d'une seule méthode peut entraîner des
dépenses de l'ordre de 25 000 $ en moyenne, et c'est ce à quoi je
me référais cet après-midi quand j'ai indiqué qu'on
développerait encore cette année huit
méthodes et qu'on était plus avancé au
Québec à ce chapitre que partout ailleurs au Canada.
Ce qui veut dire que le nombre d'épreuves nécessaires
seulement pour la vache de réforme, c'est 9000 lots et quatre
médicaments, 36 000 épreuves. Dans le bovin de boucherie, 5050
lots, cinq médicaments, 25 000 épreuves; dans le veau, 45 000
épreuves, dans le porc, 504 000 épreuves; dans le mouton et la
chèvre, 18 012 épreuves.
Quant aux implications financières pour le gouvernement d'un tel
système de contrôle des résidus au moment de l'abattage, en
se référant seulement à 10 % des lots, pour quatre
médicaments au maximum, cela nous coûte 899 988 épreuves
à 68 $. C'est donc 61 000 000 $ que votre proposition coûterait
è l'État pour seulement 10 % des lots. Cela peut être
facile, je m'excuse, mais je ne peux pas comme ministre, au nom du
gouvernement, permettre que vous véhiculiez comme association l'argument
que vous invoquez. Vous dites: À quoi bon se convier à de la
paperasse, à des contrôles, à des inspecteurs, à des
permis, à des déclarations! Inspectons donc les aliments au
moment de l'abattage. Quand vous soutenez cet argument, vous devriez le
soutenir jusqu'au bout et dire clairement que cela coûterait 61 000 000
$. Et pour cela, on n'a pas les moyens. En plus, cela contribuerait à
paralyser tous les abattoirs du Québec. C'est cela, le dilemme auquel
nous faisons face. Vous réagissez comment?
Le Président (M. Houde): Trente secondes, s'il vous
plaît, parce qu'on est déjà 20 minutes en retard. Cela veut
dire qu'on va finir à 3 heures du matin, et on voudrait bien entendre ce
soir toutes les personnes qu'on a convoquées. Trente secondes de
grâce, je vous l'accorde.
M. Blais (Victor): Pour faire suite à ce que je vous ai
dit tout à l'heure concernant les permis, nous pensons que vous devriez
commencer par le début. On a parlé d'éducation, on a
parlé de favoriser des types d'élevage. Au Québec, on n'a
pas favorisé les types d'élevage qui permettraient l'utilisation
minimum de médicaments. De cela vous n'en teniez pas compte. Maintenant,
c'est certain que si on veut inspecter 10 % des animaux, cela coûte trop
cher.
Avec votre prescription, comment puis-je faire pour mettre des
médicaments dans ma moulée? Cela me prend une prescription,
à ce moment-là, cela limite déjà le nombre. C'est
bien plus dangereux. Quand vous dites: tout le monde a tort, selon nous autres
les vétérinaires ne connaissent rien. Je n'ai pas vu cela dans le
document, pourtant je l'ai relu. Quand vous dites qu'on ne veut rien faire. On
vous propose d'étudier des méthodes pour empêcher les
contaminations de moulée. Je pense que les vétérinaires
pourraient vous dire que la majorité des problèmes a
été la contamination des moulées, entre les "batch". Il y
a un paquet de choses. L'éducation, la bonne volonté des gens,
c'est encore ce qu'il y a de mieux.
M. Pagé: Je l'ai indiqué clairement cet
après-midi: plusieurs des dispositions recevraient une application
positive si l'ensemble des intervenants, à partir du producteur
jusqu'à la fin de la chaîne, étaient associés
à notre démarche visant un meilleur contrôle de la
qualité.
On va diffuser, on va tenter de s'assurer une bonne
pénétration des informations qu'on va diffuser. On va vulgariser
et on va surtout sensibiliser les gens. C'est votre gagne-pain, et c'est dans
plusieurs cas l'oeuvre d'une vie qui passe comme cela. On doit quand même
s'appuyer sur des mesures de contrôle auxquelles j'ai
référé et auxquelles nous avons
référé.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Je
regrette, c'est terminé, mais je voudrais apporter une rectification
avant de terminer.
M. Pagé: On s'entendra plus la prochaine fois que vous
allez revenir. La prochaine fois, vous m'inviterez en me donnant un peu de
temps pour y aller.
M. Blais (Victor): Comme vos députés...
M. Pagé: On a été invité à la
dernière minute, et on a même un de nos collègues qui est
allé, je pense.
M. Blais (Victor): Les députés de notre
région, cela fait déjà quelques mois que la
fédération les a invités et ils n'ont jamais le temps.
M. Pagé: On est très occupé ici.
Après la fin de la session, ils vont aller vous voir.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, s'il vous
plaît! Je voudrais seulement apporter une rectification à ce que
vous avez avancé tantôt venant de la part du secrétaire de
la commission. Télépost Québec, le 5 juin 1986. M. Jacques
Blais, Fédération de l'UPA de Sherbrooke, 1300 boul. Bourque,
Sherbrooke. Je vais lire seulement un paragraphe. L'objet de cette* audition
est de recevoir l'opinion de votre organisme dans le cadre de l'étude du
projet de loi 69, Loi modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux.
Vous devez avoir reçu cela.
M. Blais (Victor):... on n'a pas reçu la
loi 69,
Le Président (M. Houde): Non, mais vous avez reçu
l'invitation telle que je vous l'ai lue.
M. Perron: M. le Président, j'ai une courte question au
représentant de l'UPA de Sherbrooke. Est-il exact que vous avez
rencontré au moins deux députés de notre parti, soit Mme
Juneau de Johnson et M. Blais de Terrebonne?
M. Larrivée: II n'y s seulement que M. Vaillancourt qui
s'est présenté.
M. Perron: M. Vaillancourt, Jacques. C'était le 30
mai.
Une voix: Vendredi, le 30 mai.
M. Perron: D'accord, ce n'était pas vous autres.
Le Président (M. Houde): Encore une fois, on vous remercie
beaucoup de vous être présenté devant nous...
M. Pagé: Donnez-nous un plus long délai, on va
aller vous voir.
CPMVQ
Le Président (M. Houde): Pour continuer, je demanderais
à la Corporation professionnelle des médecins
vétérinaires du Québec de bien vouloir prendre place, s'il
vous plaît!
M. le Président, si vous voulez bien vous identifier et
identifier les personnes qui vous accompagnent ce soir, et par la suite nous
faire part de votre mémoire, s'il vous plaît!
Comme vous le savez, nous avons à votre disposition environ une
heure, cela peut être un peu moins long, cela va dépendre de la
longueur de votre exposé. À vous la parole.
M. Desrosiers (Paul): Je vous remercie. Je suis Paul Desrosiers,
président de la Corporation professionnelle des médecins
vétérinaires du Québec. À ma gauche, le directeur
Henri-Paul Girouard qui est directeur général de la corporation,
et à ma droite vous avez reconnu le Dr Robert Gauthier qui est
administrateur et responsable des techniques de production animale dans une
entreprise d'aliments du bétail et d'intégration.
Le Président (M. Houde): Avez-vous dit Henri-Paul
Grégoire ou...
M. Desrosiers: Girouard.
Le Président (M. Houde): Girouard, merci.
M. Desrosiers: Le Dr Gauthier, si je retourne à lui, est
administrateur au bureau de la corporation; il est également
président du Comité des médicaments de la corporation.
Le Président (M. Houde): Allez, vous pouvez commencer.
M. Desrosiers: D'abord, je suis heureux de pouvoir participer aux
audiences de la commission parlementaire sur le projet de loi 69, qui est
appelé à modifier la Loi sur la protection sanitaire des
animaux.
Je voudrais, si vous me permettez, avant de commencer, remercier les
membres de l'Assemblée nationale pour les propos élogieux qu'ils
ont tenus à l'endroit de la médecine vétérinaire,
surtout de la Faculté de médecine vétérinaire
à l'occasion de son centenaire. Ces propos sont relatés dans le
Journal des débats du 8 mai et ils ont été amenés
par le député de Saint-Hyacinthe, M. Messier. Vous comprendrez le
bonheur que nous avons eu devant l'unanimité de la Chambre à
reconnaître l'importance de la médecine vétérinaire
dans l'agriculture québécoise. Premièrement, de
façon générale, on se réjouit de l'unanimité
et, surtout, parce qu'il est rare que soit affiché aussi clairement le
rôle du médecin vétérinaire dans la santé et
dans la production animale. On démontre si rarement l'évidence
qu'on finit par l'oublier. Je veux souligner aussi que, même si cela a
été remis en doute assez souvent, aujourd'hui le
vétérinaire peut remplacer fort avantageusement les
médicaments.
Pour pouvoir atteindre les objectifs de la protection confiée par
l'État, la corporation a mis tout en oeuvre pour sensibiliser les
intervenants a un certain nombre de moyens: l'usage rationnel des
médicaments et la médecine préventive.
L'application des méthodes de la gestion de lasanté est
dictée par l'économie acquise par la prévention. L'usage
rationnel des médicaments combiné à un programme de
médecine préventive est économiquement rentable. D'un
usage rationnel des médicaments, il résulte un aliment sain et
plus facile à vendre sur le marché. Il est reconnu que la valeur
de la médecine préventive l'emporte sur celle de la
médecine curative. La liste des médicaments qui doivent
être vendus sur ordonnance d'un médecin vétérinaire
a été approuvée et est entrée en vigueur le 1er
novembre 1985. Le médecin vétérinaire, avant de prescrire
ces médicaments, doit poser un diagnostic et du moins, dans certaines
circonstances, avoir une connaissance du troupeau ou de l'animal.
Cette nouvelle réglementation per-
mettra donc un usage rationnel des médicaments tout en
réduisant les risques des résidus de médicaments dans les
produits carnés et tout en diminuant considérablement les risques
de prolifération des bactéries résistant aux
antibiotiques.
L'autodiscipline de la profession a commandé à la
corporation l'adoption de règlements sur les ordonnances, Ce
règlement de régie interne dicte aux membres de la profession la
ligne de conduite à suivre pour rédiger une ordonnance.
L'ordonnance, étant un acte constituant l'exercice de la médecine
vétérinaire, devrait être réglementée au
même titre que tous les actes constituant l'exercice de la
médecine vétérinaire.
Un projet d'amendement au règlement sur le code de
déontologie des médecins vétérinaires est en voie
d'être adopté. Le but visé par cet amendement est
d'établir des relations claires entre le professionnel, le client et
l'animal à traiter.
Comme commentaires généraux, au sujet des maladies
contagieuses et parasitaires, il faut assurer la lutte aux maladies
transmissibles, tant chez l'homme que chez les animaux. La Loi sur la
protection sanitaire des animaux existait et la corporation est heureuse qu'un
effort soit fait pour l'améliorer. La corporation souhaite que les
maladies comme la salmonellose et la leptospirose fassent l'objet d'un
règlement. Pour aider à un meilleur contrôle des maladies,
un règlement sur l'identification de tous les animaux devrait être
adopté. Un cheptel exempt de maladies contagieuses assure la production
d'aliments sains que le publie consommateur est en droit d'avoir et que les
importateurs recherchent. (21 h 30)
Au sujet des lieux de rassemblement des animaux, la corporation est
d'avis que la présence d'un grand nombre d'animaux dans ces lieux de
rassemblement est l'origine de problèmes sanitaires dont le coût
dépasse largement les avantages économiques. Il faudrait
prévoir des façons adéquates pour protéger le
cheptel dans ces lieux.
L'usage rationnel des médicaments vétérinaires est
l'objectif visé. II faut utiliser le bon médicament. Il faut agir
avec un vaccin dans une région où la maladie est présente.
La période d'attente doit être respectée. Il faut
administrer la dose optimale. Il faut voir à la bonne voie de
l'administration. Le producteur désire les meilleurs résultats et
le consommateur exige le maximum de sécurité.
La corporation s'est donné des moyens pour répondre aux
exigences sur les médicaments. L'approbation par le gouvernement d'une
liste de médicaments qui ne doivent être vendus que sur ordonnance
par un médecin vétérinaire, l'approbation d'un
règlement sur l'ordonnance et une modification au règlement sur
le code de déontologie sont des moyens que la corporation s'est
donnés pour s'assurer que l'usage des médicaments sera rationnel,
qu'il sera tenu compte des programmes de prévention et des techniques
modernes d'élevage et que la prescription soit soumise à une
démarche contrôlée par la corporation.
Il y a des réactions article par article. Au tout début,
nous nous réjouissons que les modifications à
l'interprétation de "animaux", section 1, soit plus complète et
plus conforme aux impératifs de la biotechnologie, tel que Je transfert
d'embryon.
Le contrôle des maladies, en fonction du lieu d'origine, compte
sur l'identification des sujets; ce règlement devrait être
approuvé et devrait avoir pour titre: "Règlement sur
l'identification obligatoire de tous les animaux".
La circulation de l'information entre le gouvernement et la corporation
sur tous les sujets concernant les épreuves, les contrôles, les
statistiques, etc., sur les maladies des animaux, serait un instrument
indispensable à la corporation pour assumer son rôle de protection
du public.
À l'article 3. 1, voici le commentaire que nous formulons: Nous
considérons que l'obligation de déclarer des maladies
contagieuses ou parasitaires par le vétérinaire est un
progrès sur le passé, étant donné que le
vétérinaire a l'habileté nécesaire pour poser le
diagnostic.
Cependant, l'application de cette obligation apparaît plus
difficile, nous l'avons vu cet après-midi, pour le propriétaire,
pour le possesseur, étant donné qu'il n'a pas l'habileté
diagnostique du professionnel.
Cependant, il y a lieu ici de faire une précision que je ferai
à la lumière de ce qui s'est passé cet après-midi
et de faire une nuance entre le diagnostic et la déclaration de
symptômes.
Un symptôme, c'est quelque chose que n'importe qui est capable de
percevoir chez un animal tandis qu'un diagnostic c'est l'interprétation
de ces symptômes en fonction des connaissances acquises. Pour donner un
exemple fort simple, si quelqu'un, avant d'embrasser quelqu'un sait qu'il a des
symptômes de coryza, même s'il n'a pas posé le diagnostic,
il serait prudent pour lui de s'en abstenir.
Le troisième et le quatrième paragraphe de cet article...
Je m'excuse, je saute ce paragraphe pour faire des questions de concordance.
L'article 55. 8 est celui sur lequel nous avons le plus de commentaires
à formuler. Cet article prévoit que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation peut élaborer des programmes
sanitaires nonobstant les lois des vétérinaires, des pharmaciens
et du Code des professions -actuellement, je sors du texte que je vous ai
remis. C'est pour cela que vous vous y retrouvez moins - pour des raisons
pratiques,
après une consultation avec un comité à venir.
Nous sommes d'avis qu'une provision législative peut
prévoir des situations d'urgence au cours de laquelle on doit faire
exception à la liste des médicaments dressés par l'Office
des professions du Québec ou en vertu de l'article 9 de la Loi sur les
médecins vétérinaires, laquelle a été
approuvée, par règlement, par le gouvernement. C'est le Conseil
des ministres qui l'a acceptée.
Cependant, le libellé ne mentionne pas le concept d'urgence. Le
terme utilisé est: pour des raisons pratiques. Or, n'importe qui peut
trouver plus pratique de faire venir le vétérinaire. Nous
aimerions donc voir stipuler le concept d'urgence dans cet article.
Bien que des intervenants aient vu dans cet article la
possibilité de soustraire des médicaments de façon
permanente à la liste des médicaments dressés par l'Office
des professions, si c'est le but visé, nous croyons que ce n'est pas le
lieu pour le faire. S'il faut modifier la liste, qu'on la modifie, mais je ne
crois pas qu'une exception dans une loi soit le lieu pour le faire.
Quelques modifications s'imposent à l'usage et le sens pratique
dont nous parlions tout è l'heure s'impose à la liste. Retournons
à nos pupitres et apportons ces légères corrections.
En ce qui a trait aux mesures d'urgence auxquelles nous faisions
référence tout à l'heure, s'il faut y faire exception,
nous sommes d'accord, mais nous insistons pour que le comité qui doit
conseiller le ministre sur ces questions soit formé dès
maintenant et que nous y soyons représentés, vu qu'il s'agit
là de notre compétence. Une telle mesure ne fait pas exception,
à notre sens, au champ exclusif d'exercice de la médecine
vétérinaire. Nous demandons donc que soit biffée de
l'article 55. 8 la référence aux articles 21 et 24 de notre loi.
Pour nous situer dans le contexte, je vais lire l'article 21, il est fort
court: "Nul ne peut exercer la médecine vétérinaire au
Québec, à moins qu'il ne soit porteur d'un permis et à
moins qu'il n'ait satisfait aux exigences de la présente loi et du Code
des professions. "
L'article 24 dit qu'il est interdit d'exercer la médecine
vétérinaire sous un pseudonyme ou sous le nom d'une personne qui
n'est pas inscrite au tableau; ce qui confère aux actes
vétérinaires la responsabilité à laquelle on
s'attend. Si cet article donne une garantie aux consommateurs par rapport
à la responsabilité professionnelle, l'article 21 définit
qui doit l'exercer et nos règlements que nous ferons appliquer
garantissent la qualité des actes.
De plus, cette provision donne au gouvernement par règlement un
pouvoir de faire exception à une loi qui procède du
Parlement et encore dans des conditions qui restent mal définies.
Si nous sommes d'accord pour que le gouvernement fasse exception à
l'article 9, sous réserve de consultation, c'est que le gouvernement
fait exception à un règlement du gouvernement, mais ce n'est pas
la même chose lorsqu'il fait exception aux articles 21 et 24 où le
gouvernement fait exception à une loi qui fut votée par le
Parlement.
En terminant, je voudrais faire un commentaire sur les règlements
qui nous ont été soumis avec le texte pour dire que, dans
l'ensemble, nous sommes tout à fait d'accord avec les règlements
que vous avez présentés. Nous nous réjouissons qu'ils
soient simples et claires et qu'ils créent une obligation de
résultat plutôt qu'un imbroglio de situation à
définir. M. le ministre, je vous remercie.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le ministre, à
vous la parole.
M. Pagé: M. le Président, je veux remercier les
représentants de la Corporation professionnelle des médecins
vétérinaires du Québec et leur adresser sensiblement le
même message que je livrais ce matin à l'association en regard de
mon appréciation pour la contribution importante qu'ils ont
apportée à l'amélioration et au développement de la
santé animale au Québec.
Vous avez été associés au processus
d'élaboration du projet de loi. Merci de votre contribution là
aussi. Je retiens de vos commentaires que vous êtes
généralement satisfaits des dispositions du projet de loi. Vous
vous associez pleinement à ses principes. Vous êtes d'accord avec
plusieurs des façons d'intervenir qui y sont formulées et
proposées; cependant vous exprimez certaines réserves dans le
document que vous nous déposez au volet B. J'aurais passé
plusieurs minutes sur les commentaires au volet A où vous parliez des
maladies contagieuses, des lieux de rassemblement, des médicaments,
etc., et où vous semblez témoigner très clairement de
votre appréciation des mesures. Je me limiterai aux
réactions.
Dans votre document, à l'élément "2-5 ", en vous
référant au contrôle des maladies en fonction du lieu
d'origine, vous dites ceci: "La circulation de l'information entre le
gouvernement et la corporation sur tous les sujets concernant les
épreuves, les contrôles, les statistiques, etc., sur les maladies
des animaux serait un instrument indispensable à la corporation pour
assurer le rôle de protection du public. " J'en conviens, mais nous
devons retenir que la Loi sur l'accès à l'information, même
si son principe est de diffuser et de rendre le plus possible accessibles les
informations, elle contient quand même des contraintes et des limites qui
ne nous permettent pas de nous associer
à une telle démarche sur l'échange de
renseignements.
Vous indiquez concernant l'article 55... D'abord, j'apprécie
votre précision concernant l'application et le sens à donner
à l'article 3. 1, premier et deuxième alinéa, concernant
les symptômes et le diagnostic. C'est exactement ce que cela veut dire.
Je me suis engagé d'ailleurs à préciser l'intention du
législateur en regard de l'application de cet article-là.
Concernant l'article 55. 3, vous dites, sur le paragraphe 2 de l'article
55. 9, à moins que ce soit clairement précisé dans ta loi,
les personnes visées par une telle exception, vous dites qu'il faudrait
tout simplement biffer l'article 55. 9, deuxième paragraphe que cette
exception est trop vague et qu'il faudrait indiquer clairement dans la loi les
personnes visées. J'ai eu l'occasion de m'y référer ce
matin et j'ai l'intention très probablement de présenter des
amendements dans ce sens-là lors de l'étude du projet de loi,
article par article, soit la semaine prochaine.
Vous évoquez l'application ou l'applicabilité ou non des
articles 9, 21 et 24 de la Loi sur les médecins
vétérinaires en regard des dispositions prévues à
l'article 55. 8 du présent projet de loi qui confère au ministre
un pouvoir d'intervention dans des situations d'urgence. J'ai eu l'occasion
d'en parler ce matin, et vous étiez présent, je crois. Dans
l'article 55. B, il est dit: "Malgré l'article 17 de la Loi sur la
pharmacie et les articles 9, 21 et 24 de la Loi sur les médecins
vétérinaires, le ministre peut, pour des raisons pratiques ou
d'intérêt public. " Je vous ai indiqué là aussi mon
intention de revoir avec mes adjoints la justification de l'emploi du terme
"pratiques" et avec l'Opposition aussi. Nous sommes ouverts. C'est un vent
nouveau qui souffle sur ce Parlement avec l'arrivée du nouveau
gouvernement. Fermons la parenthèse...
M. Perron: Ne commencez pas à charrier.
M. Pagé: C'est un constat unanimement
formulé...
Une voix:... pendant neuf ans et demi.
M. Pagé: Tout cela pour vous dire qu'on va revoir cet
article-là. Très probablement que cela va aller dans le sens de
maintenir un tel pouvoir au ministre, avec toute l'implication, avec toute la
portée d'un tel pouvoir. Le ministre en est bien conscient et toute
personne qui occuperait la fonction de ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation en serait bien consciente.
Cependant, on doit et je dois me garder un pouvoir d'intervention en cas
d'urgence, en cas de catastrophe. Ce pouvoir sera utilisé,
évidemment, avec discernement et dans les cas où et l'urgence et
l'intérêt public le commanderont. Je peux vous rassurer
là-dessus.
M. Desrosiers: Est-ce que je peux...
M. Pagé: Oui, vous pouvez y aller, je vous en prie. La
discussion va être plus fructueuse.
M. Desrosiers: Depuis ce matin, je cherche des situations
d'urgence qui nécessitent qu'on soit obligé de sortir les
non-vétérinaires de partout pour faire le travail des
vétérinaires. À la limite, encore là, parce que je
n'ai même pas trouvé de situations où on ne pourrait pas
prendre le temps d'aller chercher les médicaments chez le pharmacien
pour les donner aux personnes qui vont les utiliser. Dans notre conception de
l'acte vétérinaire, le fait d'administrer un médicament ou
un vaccin n'est pas un acte qui est considéré comme un acte
vétérinaire dans tous les cas. C'est la décision de
choisir cette chose à faire. (21 h 45)
Vos vétérinaires, qui sont membres du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, sont membres de la
corporation et ont plein pouvoir aussi pour agir. En aucun cas, je n'ai
trouvé de justification à faire abstraction à la Loi sur
les médecins vétérinaires, à l'article 21 qui dit
que les gens doivent satisfaire aux règlements de la corporation et de
l'Office des professions pour exercer le métier de
vétérinaire. À la limite, on ira dire qu'il est possible
que les vétérinaires qui travaillent pour le ministère le
fassent sous le pseudonyme du ministère et que ce soit la
responsabilité du ministère qui soit engagée. Je dis,
à la limite, parce que effectivement ce sont des gens qui font partie de
votre personnel. Pratiquement, l'article 21 traite de l'exercice de la
médecine vétérinaire dans sa définition: Nul ne
peut exercer la médecine vétérinaire à moins qu'il
ne soit porteur d'un permis et à moins qu'il ne satisfasse aux exigences
de la présente loi et du Code des professions. À ce point de vue,
je ne vois pas de justification pour l'inscrire dans une mesure d'exception qui
fait l'objet d'un règlement. C'est ce point qui accroche. Pour le reste,
dans l'ensemble, je suis...
Le Président (M. Houde): Merci, M. Desrosiers. M. le
ministre.
M. Pagé: Vous comprendrez, M. Desrosiers, que la
définition de l'acte médical posé, l'acte professionnel
posé par le vétérinaire se définit par
l'association, par la corporation des vétérinaires et pour
l'Office des professions du Québec. C'est d'ailleurs
dans la Loi sur les médecins vétérinaires. Vous
pourriez donner un encadrement plus limitatif aux droits pour une personne
autre qu'un vétérinaire de s'inscrire dans la pratique
médicale. Nous considérons tout è fait légitime...
Comme je l'ai dit ce matin, j'espère ne jamais avoir à me
prévaloir d'une telle disposition, parce qu'elle témoignera
clairement d'une situation grave, dangereuse: épidémies, etc.,
qui commandera une action urgente que je devrai toujours justifier ou que le
ministre ou le titulaire devra toujours justifier, cela va de soi, parce qu'on
est tributaire, évidemment, de l'application des lois devant le
Parlement.
Le Président (M. Houde): M. Desrosiers.
M. Desrosiers: Est-ce que nos imaginations réunies ici
pourraient nous préfigurer une occasion où cela se
produirait?
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Une occasion? Alors, vous me demandez à
moi, humble ministre, de vous fournir une occasion, c'est bien cela?
M. Desrosiers: Ou en imaginer une.
M. Pagé: Bon.
M. Desrosiers: En imaginez-vous une?
M. Pagé: On m'a indiqué un cas. On s'est
interrogé là-dessus aussi. Évidemment, on s'est
tourné vers les vétérinaires du ministère et on m'a
donné un exemple qui n'est peut-être pas... Je parle d'actes
médicaux, on m'a donné l'exemple des dispositions applicables en
regard de la vaccination des chiens dans le Grand Nord où, a la suite
d'une requête faite par le ministère de la Santé et des
Services sociaux, il a fallu autoriser l'élargissement de l'acte
médical porté. C'est le cas de l'exemple sur lequel on
arrive.
Ce matin, ce à quoi j'ai rapporté plus
précisément, c'était le cas d'une épidémie
complètement répandue dans une région donnée et la
situation commandait d'intervenir d'urgence, d'autoriser des personnes à
poser des gestes qui normalement seraient posés par des
vétérinaires en vertu des dispositions des articles 9, 22 et 24,
des actes qui seraient posés sous l'autorité d'un responsable du
ministère ou d'un vétérinaire de la région.
Êtes-vous à ce point craintif du pouvoir
conféré à cet article, du pouvoir qui peut être
exercé par le ministre que vous demanderiez le retrait pur et simple de
l'article?
M. Desrosiers: Plutôt, M. le ministre, jaloux du champ
d'exercice dans lequel nous exerçons la pleine responsabilité par
rapport à la société.
M. Pagé: D'accord.
M. Desrosiers: Mais c'est le seul point auquel je fais mention
et, encore, que j'y fasse mention parce qu'il est dans la loi et que ce serait
une mesure exceptionnelle, d'une part. D'un autre côté, il va sans
dire que, pour nous, le fait d'administrer le vaccin prescrit par le
vétérinaire au moment où il est prescrit... Vous comprenez
qu'on parlait du vaccin de Marek parce que tout le monde parle du vaccin de
Marek. Ce ne sont pas les vétérinaires qui vaccinent tes poussins
d'un jour avec le vaccin de Marek. Les vétérinaires les
prescrivent et les techniciens piquent. C'est dans ce sens-là.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le ministre.
M. Pagé: Je demeure convaincu qu'un pouvoir comme
celui-là doit être conféré au ministre. Je vais vous
donner un exemple concret du type d'inquiétude qui peut m'animer.
Il n'y a pas longtemps, j'ai demandé à mes adjoints, face
à une situation donnée où une maladie contagieuse est
apparue dans un troupeau donné. Le ministre de l'Agriculture n'a pas les
pouvoirs d'ordonner ou de faire abattre un troupeau quand il constate qu'une
maladie contagieuse est dans un troupeau et que cette maladie est susceptible
de se propager. Si une disposition venait dans une loi en ce sens-là, je
suis certain qu'il y a beaucoup de gens qui diraient: C'est terrible le pouvoir
que le ministre se donne. Cela n'a pas de bon sens.
Il faut quand même retenir qu'il faut généralement
s'attendre - je pense que je n'ai aucun reproche à adresser à
quiconque dans ce sens-là. Un ministre, avant de poser un geste comme
celui-là, y pense deux et trois fois. Il analyse rigoureusement son
dossier, réfère aux conclusions auxquelles les professionnels en
viennent. Il est responsable devant la Chambre et devant ses
collègues.
Je ne considère pas que le pouvoir est exorbitant, d'autant plus
que j'ai manifesté l'intention de retirer le volet des cas pratiques
pour référer uniquement à l'urgence.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, merci. Je vais
passer la parole au député de Lévis pour aller dans le
même sens de ce qu'on a discuté tantôt. Je reviendrai tout
de suite après.
M. Pagé: On pourra revenir si c'est nécessaire.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais référer à l'exemple du
Grand Nord. Il me semble, si ma mémoire est bonne, que toute cette
vaccination a été faite sous l'autorité des
vétérinaires.
M. Pagé: C'est deux vétérinaires qu'on y a
envoyés.
M. Garon: Oui, ils s'occupaient de la vaccination de tout le
monde. Ils étaient là parmi les populations isolées; ils
coordonnaient la vaccination de tous les chiens. Ce n'est pas vraiment un cas
d'urgence.
M. Pagé: Dans un cas comme celui-là, si le
vétérinaire n'est pas là, qu'est-ce qui arrive?
M. Garon: Ce n'est quasiment pas imaginable de dire que cette
situation d'urgence doit être faite par un vétérinaire. De
façon automatique, à ce moment-là, il va y avoir une
rencontre, une réunion quelconque pour établir un
procédé, une façon de faire. À partir du moment
où cela est fait, les gens se rencontrent pour établir ce
procédé, cette façon de faire. Normalement, les
associations professionnelles sont dans le coup.
M. Pagé: Ce qu'il faut retenir, c'est que, dans
l'application de cet article, le diagnostic et l'acte, la décision de
poser l'acte médical, le vaccin, le médicament, etc., sera
posé par un professionnel, cela va de soi. C'est une forme de
délégation de son pouvoir qui peut être autorisée
par le pouvoir d'urgence que se donne le ministre.
M. Garon: Pas vraiment. C'est un peu comme un médecin, qui
dit à une garde-malade de donner une piqûre. L'acte est
déterminé par le médecin. L'autre personne fait l'acte,
mais c'est un acte technique, à ce moment-là.
M. Pagé: II est délégué.
M. Garon: Oui, mais le diagnostic, ta décision est prise
par le médecin. À quoi réfère, à mon avis,
les médecins vétérinaires, ce n'est pas tellement au fait
de donner la cuillerée à soupe de médicaments ou de donner
la piqûre, mais c'est ce qu'il y a dedans. Exemple: la même
façon pour les aliments médicamenteux, les
vétérinaires demandent de faire la prescription. Ils ne demandent
pas de brasser la moulée.
C'est pour cela qu'il m'apparaît que ce pouvoir d'urgence, ce que
les anglais appellent "irrelevant" n'est pas nécessaire parce que,
à la base, il y aura une décision du vétérinaire et
le reste, le procédé administratif, c'est un
procédé, point. L'article 55. 8 de la loi ne réfère
pas à l'acte administratif, il réfère à l'acte
décisionnel. Ce que je comprends c'est que les médecins
vétérinaires ne souhaitent pas qu'il y ait des exceptions au
point de vue de l'acte décisionnel. Est-ce que j'ai bien compris?
Le Président (M. Houde): M. Desrosiers.
M. Desrosiers; Oui, c'est exactement cela. Je crois qu'au
ministère, vous avez plusieurs vétérinaires en qui nous
avons pleine confiance aussi. Vous avez des services de
vétérinaires qui sont capables de donner des avis sur une foule
de choses. Cela fait belle lurette que ce ne serait pas applicable ni
ça, ni la liste des médicaments, ni quoi que ce soit, s'il
fallait que chaque injection soit donnée techniquement par un
médecin vétérinaire ou considérée comme
faisant partie de l'exercice de la médecine vétérinaire.
Par rapport à cela, on manifeste une souplesse pour permettre que des
actes bien concrets soient posés...
M. Pagé: Pratiques.
M. Desrosiers:... pratiques et prescrits, mais qu'ils soient
posés par les gens qui sont proche du troupeau. Le gars qui donne une
injection le soir ne va pas retourner nécessairement le lendemain matin
s'il n'a pas besoin de réévaluer la condition. C'est dans ce sens
que je pense que la médecine vétérinaire n'est pas
pratiquée par d'autres personnes que des médecins
vétérinaires au ministère.
M. Garon: Je pense à un cas qui est peut-être un bon
exemple, le cas du vison. On avait un programme au ministère - si ma
mémoire est bonne - pour le "distamper". Il me semble que c'était
cela. Je me rappelle qu'on donnait une subvention qui était à peu
près 0, 25 $ du vaccin ou de l'injection. Je ne vois pas le
médecin vétérinaire commencer à piquer les visons
un par un à 0, 25 $ du coup. Il devait y avoir quelqu'un d'autre qui
donnait le vaccin. Excepté que la décision, l'acte médical
ou la prescription médicale relevait du médecin
vétérinaire et après cela, cela pouvait possiblement
être le cultivateur ou l'éleveur lui-même qui donnait
l'injection sous le contrôle vétérinaire. Est-ce que je me
trompe?
M. Desrosiers: C'est cela. Vous ne vous trompez pas.
M. Garon: C'est cela que j'ai compris. Pour la préparation
de programmes, il n'y a pas de problème. Le ministre n'a pas besoin de
cette loi pour préparer des programmes. C'est le deuxième
paragraphe qui dit: "Chaque programme doit indiquer notamment la nature des
médicaments, la catégorie d'animaux concernés, les
personnes autorisées à vendre ou a administrer ces
médicaments et s'il doit y avoir ordonnance d'un médecin
vétérinaire. " Les médecins vétérinaires
veulent garder leur responsabilité de médecins
vétérinaires, mais ils acceptent que le ministre prépare
un programme d'autant plus qu'il serait inimaginable un peu que ces programmes
ne soient pas... D'ailleurs, tous les programmes de cet ordre, les programmes
sanitaires, ont été préparés au ministère
avec les médecins vétérinaires. C'est pour cela que je le
dis en étant d'autant plus à l'aise. Il y avait des dispositions
quasiment semblables dans l'autre projet de loi. Ce n'est pas inimaginable de
penser que cette disposition soit possiblement superflue, étant
donné les ressources qui existent au ministère et les ressources
qui existent dans le champ. Si cette situation se présente, on n'a pas
besoin de faire exception. C'est toujours odieux de faire exception à
une loi générale en disant: C'est malgré l'article 17 de
la Loi sur la pharmacie et les articles 9, 21 et 24 de la Loi sur les
médecins vétérinaires. Si l'on peut s'en tenir aux normes
générales applicables à tout le monde, c'est toujours
mieux. Il en est de même à l'article 55. 9, paragraphe 2, qui dit:
"soustraire une catégorie de personnes de l'obligation d'être
titulaire d'un permis pour préparer un aliment médicamenteux pour
ses propres animaux. " Là encore, on a vu que cela posait des
problèmes et que c'était toujours ces deux articles qui
étaient mentionnés par à peu près tous les groupes
qui sont venus nous rencontrer depuis le début de la journée.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. M. le ministre. (22 heures)
M. Pagé: M. le Président, si je me
réfère à la Loi sur les médecins
vétérinaires à l'article 7, il est dit ceci et c'est
important dans le débat; "Constitue l'exercice de la médecine
vétérinaire tout acte qui a pour objet de donner des
consultations vétérinaires, de faire des examens pathologiques
d'animaux, d'établir des diagnostics vétérinaires, de
prescrire des médicaments pour animaux, de pratiquer des interventions
chirurgicales vétérinaires, de traiter des affections
médicales vétérinaires en faisant usage de
procédés mécaniques, physiques, chimiques, biologiques ou
radiothérapiques, et d'approuver' ou de condamner d'office les viandes
d'animaux domestiques pour fins de consommation. "
Qu'est-ce que cela veut dire concrètement? Cela veut dire que
votre corporation peut è juste titre prétendre et soutenir dans
telle ou telle circonstance que l'acte que l'on propose de poser ou qui peut
être posé doit s'inscrire sous l'application de l'article 7 de la
Loi sur les médecins vétérinaires. D'ailleurs, on
m'indique - je ne peux pas vous dire si ma mémoire est fidèle, je
n'étais pas là - quand est venu le temps de la question à
laquelle je me référais tantôt: nos chiens dans le Grand
Nord, que votre corporation a eu beaucoup de réserve pour permettre
qu'un vétérinaire s'y rende et supervise les vaccinations une
fois par année. Dans ce cas concret auquel j'ai fait
référence, les vaccins sont laissés au dispensaire. Ce
n'est pas le cas où une fois par année les Inuit amènent
leurs chiens au dispensaire et le vétérinaire passe. Ces
gens-là se déplacent, font du trappage et sont partis pour
longtemps, etc. Lorsque l'animal reçoit une injection ou un vaccin.., Le
député de Lévis, avec l'humour qui le caractérise,
est en train de me faire perdre le fil de mes idées. Le
député de Lévis tente de me déstabiliser dans
l'étude du présent projet de loi.
M. le président, j'en étais à vous dire ceci...
M. Desrosiers: L'humour n'est pas un exercice exclusif, de toute
façon.
M. Pagé: II ne faudrait pas! Ce que j'étais en
train de vous dire, c'est que dans ce cas concret vous avez exprimé des
réserves. II a fallu négocier entre le ministère et votre
corporation. C'est donc risquer, si on n'a pas le libellé prévu
à l'article 55. 8 et si une situation d'urgence arrivait, de ne pas en
arriver à une solution rapide. Plus souvent qu'autrement, vous me
corrigerez si je me trompe, docteur, dans une situation d'urgence, le
problème ne se situe pas dans le diagnostic, mais bien dans le curatif.
D'accord?
Il ne faudrait pas que, face à une épidémie dans
une région qui commande une situation d'urgence, au lieu d'intervenir en
vertu de l'article 55. 8, qui vous confère ou qui confère au
ministre le pouvoir de le faire, qu'on s'assoie à une table et que l'on
négocie qui va faire quoi.
M. Desrosiers: Vous avez de l'événement de la rage
dans le Grand Nord la même mémoire que moi. Ceux qui nous
précèdent ont négocié quelque chose et cela
fonctionne très bien à l'heure actuelle. Ce que je vous propose
est tourné vers l'avenir et nous sommes en 1986.
M. Pagé: Farouchement tournés vers l'avenir et on
veut éviter toute possibilité d'affrontement ou encore, pas
des
affrontements mais des dualités entre les dispositions de la loi
sur la santé animale et les pouvoirs conférés aux
vétérinaires en vertu de la Loi sur les médecins
vétérinaires.
M. Desrosiers: Je m'excuse, je veux faire une autre petite
correction. Dans le contexte actuel, la difficulté d'intervention en cas
d'épidémie est aussi et beaucoup dans le diagnostic et repose
beaucoup sur les services de laboratoire que le ministère met à
la disposition des médecins vétérinaires et qui sont
largement appréciés. C'est une "plug" pour vos laboratoires qui
interviennent de façon efficace et de plus en plus efficace. Plus il va
y en avoir, plus il va y avoir d'argent là-dessus, mieux cela va
être.
M. Pagé: Vous défendez vos membres, c'est
légitime, c'est normal.
M. Desrosiers: Mais, c'est une question de diagnostic. Pour le
traitement, on s'arrange.
M. Pagé: Docteur, je vous remercie pour vos commentaires.
L'honorable président m'indique que mon temps est
épuisé...
M. Desrosiers: Est-ce que je peux vous faire un commentaire au
sujet de la publicité sur les médicaments
vétérinaires?
M. Pagé: Oui.
M. Desrosiers: Nous verrions d'un très bon oeil que soit
abolie toute publicité destinée aux consommateurs et visant
à favoriser l'augmentation de la vente des médicaments
directement aux consommateurs, bien que nous réalisions aussi la
difficulté qui consiste à avoir l'"input" de l'extérieur,
mais quand même toute loi qui ira en ce sens sera appuyée par
nous.
M. Pagé: Je peux vous dire que pas plus tard qu'à
la fin de la séance de cet après-midi j'ai donné des
ordres très clairs pour qu'une documentation portant ma signature soit
acheminée à mes collègues intéressés par
cette problématique et que nous puissions prendre position comme
gouvernement dans des délais qu'on espère les plus brefs. Merci
de votre contribution encore une fois. Merci de votre participation à
nos travaux.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
est au député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je vais juste faire un
commentaire. Au cours de la journée d'aujourd'hui, il y a eu plusieurs
organismes qui ont fait allusion à ce fameux article 55. 8 de la loi 69,
incluant les premier et deuxième paragraphes. Ce que je voudrais vous
dire, en particulier, compte tenu des discussions qu'il y a eu ici entre votre
organisme, le ministre et le député de Lévis, il est
très probable - le ministre va sûrement le prendre en
considération - il est très probable que, lorsque nous allons
étudier le projet de loi 69 article par article, l'Opposition va
demander le retrait complet de cet article pour le bénéfice de
votre corporation et de tout ce qui peut découler de certaines
décisions qui pourraient être éventuellement prises. Pour
nous, de l'Opposition, ce sont surtout des actes médicaux
délégués par des gens intéressés, soit les
médecins vétérinaires, et le niveau politique ne devrait
pas décider dans ces cas-là. C'est le seul commentaire que je
voulais faire, M. le Président, pour le bénéfice du
ministre.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député.
Est-ce que M. le député de Lévis veut intervenir? Est-ce
que vous avez terminé, M. le député de Lévis?
M. Garon: Essentiellement, le gros argument qui m'a
frappé, c'est qu'on ne trouve pas vraiment de situations d'urgence au
cours des dernières années où les
vétérinaires n'aient pas été là. On ne voit
pas le ministre prendre une telle décision sans la recommandation des
vétérinaires. Comme la recommandation des
vétérinaires serait là, il n'y aurait pas lieu d'avoir une
façon différente de faire les choses, sans doute, à moins
qu'entre-temps il arrive des situations vraiment urgentes où il n'y
aurait pas de vétérinaire sur les lieux.
Dans tous les cas, on dit que la décision vient du ministre. On
ne peut quasiment pas imaginer le ministre prendre une telle décision
sans un diagnostic du vétérinaire. Donc, la source
vétérinaire serait là. Je pense qu'il est possible que
tout le monde soit content: les pharmaciens, les vétérinaires, le
publie et le ministre. Je pense que tout cela est en discussion actuellement,
c'est dans la marmite ministérielle et cela va mijoter.
M. Pagé: Cela mijote, cela ne bouillonne pas. Cela va
bien
M. Garon: Le couvert n'est pas complètement fermé,
il y a un petit peu d'espace pour faire sortir la vapeur. Je pense que ces
discussions ont été très intéressantes sur les
articles 55. 8 et 55. 9 Je suis convaincu qu'il est toujours plus
intéressant pour un ministre de ne pas avoir d'exception, quand il n'est
pas obligé d'en avoir.
M. Pagé:... moins de décisions à
prendre.
M. Garon: Pardon? Cela fait moins de décisions à
prendre? Cela fait moins de pression aussi vis-à-vis de l'administration
qui peut être tentée de prendre des "shortcuts". Je pense bien
que, comme il a été proposé, la consultation de l'Ordre
des vétérinaires, de l'Ordre des pharmaciens et de ceux qui
doivent être consultés pour une décision couvre le ministre
assez bien pour que les gens ne sentent pas qu'ils vivent dans un régime
d'exception. Même dans le Grand Nord, je me rappelle avoir
été mêlé à ces questions des chiens
esquimaux, les chiens du Grand Nord. À la base, il y avait une
décision de vétérinaire.
Je voudrais vous remercier d'être venus et de nous avoir
parlé franchement et je suis persuadé que pour nous tous, les
remarques que vous avez faites ont été bénéfiques.
Je dois vous dire que depuis le début de la journée, ces
délibérations ont été, à mon avis,
très fructueuses en montrant des consensus qui sont assez près
les uns des autres, de la part des différents intervenants, puisque tous
visent les mêmes objectifs.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. Je voudrais remercier M. Desrosiers, M. Girouard et M.
Gauthier de leur magnifique exposé.
CPDQ
J'appellerais maintenant la Corporation professionnelle des
diététistes du Québec.
M. Garon.
Si vous voulez bien prendre place, s'il vous plaît! Bonsoir. Cela
nous fait plaisir de voir des dames après avoir presque terminé
la journée.
Je voudrais, madame, que vous vous présentiez et que vous
présentiez votre compagne, s'il'vous plaît!
Mme Desaulniers (Louise): Je suis Louise Desaulniers,
présidente de la Corporation professionnetle des
diététistes du Québec et ma collègue est Pierrette
Bergeron, administratrice de la région 03 pour la Corporation
professionnelle des diététistes du Québec.
Le Président (M. Houde): Si vous voulez procéder
maintenant, à vous la parole.
Mme Desaulniers: On va peut-être faire un peu
différent des groupes qui nous ont précédées
puisque ce qu'on vous remet à l'instant est loin d'être un
mémoire. On n'a pas la prétention d'avoir une expertise
très poussée du côté des médicaments pour la
production animale. Toutefois, nous sommes quand même ravies qu'il y ait
un projet de loi en vue de favoriser de meilleurs contrôles aussi bien de
la vente que de la préparation de mélanges médicamenteux.
Nous félicitons en fait le gouvernement et tous les organismes
intéressés qui ont participé à la
préparation de ce projet.
Par contre, à la lecture de ce projet de loi et aussi è la
lecture d'autres documents qui traitent de la santé animale, il ne nous
apparaît pas évident que ce projet de loi garantira la
qualité des denrées animales. Certes, c'est une direction qui
s'imposait, c'est un premier jalon mais permettez-nous de vous manifester
certaines inquiétudes que vous retrouvez dans notre liste
d'attendus.
Si nous sommes ici, c'est vraiment parce que ce projet de loi touche de
très près ce qui nous intéresse le plus, la santé
des humains. Alors, nous trouvons que c'est quand même via la saine
alimentation que nous nous intéressons à la santé
publique. C'est pour cela que nous avons accepté votre invitation
à nous présenter devant cette commission.
Il nous semble que les recommandations et les pratiques courantes en
alimentation animale favorisent l'utilisation systématique
d'antibiotiques et/ou de médicaments comme stimulants de croissance.
À la suite de ces recommandations et de ces pratiques courantes,
il y a danger de présence de résidus dans la viande. Cette
présence de résidus dans la viande peut entraîner des
risques pour la santé humaine. Il nous semble aussi que le
contrôle è l'abattage ou que les contrôles è
l'abattage soient insuffisants et qu'il en résulte l'augmentation des
risques de présence de résidus nocifs pour l'humain. (22 h
15)
II nous apparaît aussi que très peu d'efforts soient
entrepris pour la recherche d'alternatives aux antibiotiques et aux
médicaments comme stimulants de croissance pour l'alimentation
animale.
Bien qu'elle puisse être remplacée par des aliments de
valeur équivalente sur le plan nutritif, la viande fait partie des
habitudes alimentaires des Québécois. En effet, selon des
études de consommation, on sait que les Québécois sont des
consommateurs de viande. Mais elle peut être remplacée dans un
régime équilibré. On sait aussi que des pratiques de
production de viande de qualité auront toujours des retombées
économiques positives.
Alors, nos recommandations vont dans ce sens. Que la politique de
santé animale soit axée vers les objectifs de santé
publique. Nous recommandons de bannir l'utilisation systématique
d'antibiotiques ou autres médicaments qui laissent des résidus
nocifs pour les humains comme stimulants de croissance en alimentation animale.
Nous recommandons l'utilisation thérapeutique judicieuse des
médicaments chez les animaux. Nous recommandons aussi de favoriser la
recherche de stimulants de croissance
inoffensifs pour la santé humaine. Nous recommandons de
contrôler le respect des délais prescrits à la suite de
l'administration des médicaments, toujours dans le but d'éliminer
les résidus possibles qui seraient nocifs. Nous souhaitons et nous
recommandons l'élaboration d'un programme d'éducation
auprès des responsables de l'alimentation animale. Nous recommandons
enfin l'implantation d'un programme d'assurance-qualité de la viande en
concertation avec tous les intervenants intéressés et à
toutes les étapes de la production. Ces recommandations afin que la
viande produite au Québec puisse être recommandée en toute
confiance professionnelle par nos membres.
Voilà à peu près le ton de nos inquiétudes
et de nos recommandations, toujours dans le but d'assurer la santé
publique.
Le Président (M. Houde): Merci, madame. La parole est
maintenant au ministre s'il vous plaît!
M. Pagé: Merci beaucoup, Mme Desaulniers et Mme Bergeron.
J'apprécie comme ministre et, au nom du gouvernement, je voudrais vous
indiquer notre intention très claire d'associer une corporation comme la
vôtre à toutes mesures législatives, études,
analyses, symposiums ou consultations concernant les contrôles de la
qualité des aliments mis en marché au Québec et produits
au Québec. Vous avez tout mon respect comme association. J'ai le
même propos à l'endroit de votre corporation. Je Pavais cet
après-midi pour la Fédération nationale des associations
de consommateurs du Québec. Vous êtes là pour vraiment
veiller au grain, en regard de la qualité des aliments consommés
par nous, citoyens et citoyennes. Vous me semblez favorables au projet de
loi.
Mme Desaulniers: Dans l'ensemble, on voit que c'est un pas dans
une bonne direction mais cela nous semble insuffisant. Ce qui nous
inquiète vraiment le plus, c'est cette pratique systématique et
courante d'utiliser des antibiotiques ou des médicaments comme
stimulants de croissance- C'est un peu comme si, chez l'humain,
automatiquement, on le farcissait de minéraux et de vitamines pour
assurer sa croissance d'une façon idéale. Ce n'est pas le
procédé qu'on privilégie, surtout parce qu'il laisse des
résidus et qu'il peut amener certaines résistances aux
antibiotiques chez l'humain. On sait qu'il existe des cas où on n'a pas
trouvé les solutions. Alors, on se dit: Est-ce vraiment la façon
idéale comme pratique? Est-ce qu'on ne pourrait pas regarder du
côté d'autres solutions qui seraient des stimulants de croissance
qui ne laisseraient pas de résidus offensifs pour l'humain? II semble y
avoir des pays qui ont trouvé des moyens d'éliminer ces
résidus dans la viande. Si c'est possible ailleurs, c'est certainement
possible aussi, surtout avec le souci de qualité qu'on veut bien donner
à l'alimentation québécoise.
M. Pagé: Sur cela, Mme Desaulniers, je dois vous dire
ceci: Nous partageons pleinement l'inquiétude que vous nous formulez ce
soir. C'est d'ailleurs dans ce sens que nous avons développé au
Québec des avenues d'interventions dont certaines sont
précisées dans le projet de loi 69.
C'est définitif que notre objectif c'est: Consommation
zéro. Cependant, nous n'en sommes pas encore là, et on se doit
d'encadrer la consommation de médicaments par nos animaux. On tente de
l'encadrer de la façon la plus adéquate possible, et il nous
suffisait d'entendre aujourd'hui les réserves de plusieurs groupes en
regard des contraintes établies, ce à quoi finalement on convie
ceux et celles qui occupent dans la production animale au Québec, par
l'obtention de permis, par des conditions à remplir, par des limites qui
leur sont imposées en regard de certains droits au chapitre de la
médication, etc. C'est un créneau d'intervention particulier.
Le deuxième: On doit de plus retenir, et il faut en être
satisfait et on peut même en être fier, le fait que l'on ait
développé au Québec une expertise qui fait l'envie de
plusieurs autres pays industrialisés. Nous assumons un rôle de
leadership à l'intérieur du Canada ici au Québec en ce qui
concerne le contrôle de la santé animale. Des maladies se sont
propagées pendant certaines années. Nous avons réussi
à éliminer certaines de ces maladies bien avant certaines autres
provinces. Nous n'avons pas la prétention de croire ou de vouloir
laisser croire que la situation est parfaite. Je sais qu'il y a encore des pas
à faire. Dans une route longue, les pas les plus importants à
faire, ce sont les premiers et on a bien dépassé les premiers
pas.
Vous évoquez toute la question des résidus de
médicaments. Vous êtes très inquiets et je vous comprends.
Nous prévoyons dans le projet de loi des mesures très strictes et
très fermes avec des sanctions appropriées en regard de
l'obligation faite aux intervenants de s'assurer que la période
d'attente entre le moment où un animal absorbe un médicament et
le moment où il est acheminé vers l'abattoir, que le délai
d'attente soit passé. Il y a des mesures très strictes la-dessus.
On pourra continuer à échanger. Vous évoquez un fait ici
qui est intéressant quand vous dites que: Peu d'efforts sont entrepris
pour la recherche d'alternatives aux antibiotiques et aux médicaments
comme stimulants de
croissance pour l'alimentation animale. Je dois dire que c'est une
problématique à laquelle fait face l'ensemble des pays
industrialisés qui veulent produire et rentabiliser davantage leur
production, etc. Il y a de la recherche qui se fait. Je conviens tout de suite
que les sommes affectées à la recherche ne sont peut-être
pas suffisantes. L'entreprise privée, même les entreprises
pharmaceutiques font des recherches dans ce sens-là. Vous dites: "Le
contrôle à l'abattage est insuffisant. Il en résulte une
augmentation des risques de présence de résidus nocifs pour
l'humain. "
Nous voulons, par le projet de loi, contrôler davantage à
sa source, c'est-à-dire au moment où la médicamentation
est prescrite, au moment où elle est absorbée, le suivi de
l'animal ou le cheptel qui a absorbé tel type de médicament. Tout
à l'heure j'ai clairement indiqué qu'il en coûterait des
sommes jugées par nous comme étant faramineuses si on devait
implanter un système complet et systématique de
prélèvement ou de contrôle sur les lots d'animaux qui sont
acheminés vers les abattoirs.
Alors, essentiellement j'apprécie vos commentaires comme
ministre. On en prend note. J'aurais cependant une question à poser.
Vous avez très certainement pris connaissance du projet de loi et vous
avez probablement regardé les règlements aussi. Quelle serait la
mesure que vous nous recommanderiez de renforcer pour obtenir des dispositions
que l'on entend faire adopter par l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Houde): Mme
Desaulniers, la parole est à vous.
Mme Desaulniers: Justement dans le projet de loi, et je vous
avoue que c'était quand même un jargon qui n'était pas
habituel pour nous, mais on l'a lu aussi souvent qu'on pouvait le lire dans
l'espace de temps qu'on avait pour le lire et on apprécie l'effort qui
semble assez évident d'un côté, d'augmenter des
contrôles du côté des permis que l'on va donner. Mais ce qui
nous inquiète le plus, c'est justement qu'on ne trouve pas dans ce
projet de loi, à moins que cela nous ait échappé, qu'on
mettait en question cette utilisation systématique d'antibiotiques comme
stimulants de croissance parce qu'on sait qu'ils laissent des résidus
dans la viande. En ce qui concerne les méthodes de contrôle
à l'abattage, je ne suis pas certaine que ces méthodes de
contrôle seront faites pour vérifier les résidus ou
plutôt pour vérifier s'il y a des résidus de
médicaments à des fins thérapeutiques. Les résidus
qui sont là à la suite de l'utilisation toute la vie d'un animal
de stimulants de croissance. Je ne suis pas certaine que ces contrôles
sont exercés. Ça, je ne le retrouve pas de façon
évidente dans le projet de loi. Comme je vous le disais, du
côté humain, on ne peut pas favoriser l'utilisation
systématique de stimulants de croissance. C'est pour moi une
façon facile d'arriver à des fins, je pense, une façon
facile qui a malheureusement des inconvénients. Et on se dit que la
santé animale elle est là pour la santé humaine, et ce
n'est pas évident pour nous que la santé humaine prime dans ce
projet de loi.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Là-dessus, madame, les stimulants de
croissance sont considérés comme des médicaments, et
l'absorption par l'animal d'ajouts de médicaments dans sa nourriture se
fait à partir d'un acte professionnel posé par un professionnel
responsable qui est le vétérinaire, dans un premier temps. Dans
un deuxième temps, la loi donne et accorde le pouvoir au ministre
d'intervenir dans le cas de certains médicaments ou de certains ajouts.
S'il apparaissait que l'absorption de tels médicaments pouvait
être préjudiciable à la santé humaine, je comprends
que vous vous inscriviez dans un commentaire de réserve au regard de
l'absorption de médicaments et des possibilités que cela ait un
effet sur la qualité des aliments. Cependant, pour les motifs que je
vous indiquais dans mon commentaire préliminaire, nous avons fermement
l'intention, par le projet de loi, de se donner des moyens accrus pour
contrôler davantage et mieux l'ensemble de l'excercice. J'espère
que cela pourra contribuer à vous rassurer d'ici à la prochaine
étape.
Le Président (M. Houde): Oui, oui, certain. Merci,
monsieur... Allez madame.
Mme Desaulniers: Je voudrais juste relever rapidement l'exemple
que vous me donniez que c'est un acte professionnel. C'est vrai que c'est un
acte professionnel. Je peux aussi vous donner l'exemple du médecin qui
va prescrire beaucoup de médicaments à mon avis qui sont
très souvent inutiles pour l'humain et qui sont des fois une
béquille. Alors, je peux penser que, dans ce cas, cela me fait penser
à la... Je ne suis pas convaincue, par ce que j'ai vu, que c'est la
meilleure façon d'assurer... Comme vous dites ce sont des antibiotiques,
je sais, qui sont là comme stimulants de croissance mais aussi pour
prévenir des maladies. Je pense que je serais plus satisfaite si, dans
le projet de loi, on pouvait voir un plus grand effort pour la recherche
d'autree moyens.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Merci, Mme la présidente, de votre
commentaire, de votre comparution devant notre commission.
Le Président (M. Houde): Merci beaucoup. La parole est
maintenant au député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président, je vaudrais, de la part
de l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale, remercier ces
dames qui se présentent devant nous et qui sont représentantes
d'un organisme qui, selon moi, est très important pour l'ensemble du
Québec, pour ces hommes et ces femmes qui, très souvent,
s'alimentent è partir de vos directives. C'est ce que je trouve
intéressant. En passant, je pourrais peut-être faire la même
chose.
M. Garon: Je regarde du côté des
ministériels, je pense que plusieurs pourraient avoir un bon
régime diététique.
M. Pagé: Merci, M. le député, le ministre
donne l'exemple. (22 h 30)
M. Perron: M. le Président, je réalise que j'aurais
dû passer à coté de ce que j'ai dit. Je crois que vous
réalisez sûrement qu'au cours des dernières années
et en particulier au cours de 1985, avec la loi 65 qui a été
déposée et adoptée par l'ancien gouvernement et
même, de mémoire, avec l'accord de l'Opposition du temps...
J'ai l'impression que le projet de loi que nous avons devant nous - qui
n'est pas encore à l'étude article par article, mais qui le sera
sûrement au cours des prochains jours pour son adoption avant la fin de
la session - améliore nettement les choses. Vous avez mentionné
une phrase très intéressante dès le début de votre
intervention à savoir que le projet de loi 69 ne garantissait pas la
qualité des produits par rapport à la santé humaine. Je
crois qu'on ne peut pas être en désaccord avec cela, malgré
qu'au cours des dernières années, en particulier avec ce projet
de loi et celui qui a été déposé l'an dernier, il y
a tout de même un cheminement; c'est bien en marche, tout le monde le
sait à cette table. On a entendu des représentants d'autres
organismes qui sont allés exactement dans le même sens.
Quant à l'Opposition, c'est sûr que lorsqu'il s'agit de
santé humaine, on préfère de loin que les articles
concernés qui touchent directement la santé humaine soient
plutôt dans le projet de loi que dans un projet de règlement ou
dans la réglementation. Tout le monde sait, en particulier les
consommateurs et les consommatrices, que la loi elle-même a deux aspects
positifs. D'abord, lorsqu'on parle de la force de loi, cela a plus de poids
dans l'opinion publique, et lorsqu'on parle de réglementation, cela peut
être changé à tout bout de champ, selon l'évolution
de telle ou telle chose.
À moins d'en avoir d'autres en cours de route, j'aurais quatre
questions à vous poser en rapport avec vos recommandations. Dans votre
deuxième recommandation touchant l'utilisation systématique
d'antibiotiques, vous parlez de stimulants de croissance. Est-ce que comme
représentante de votre organisme, vous pouvez nous informer de cas
précis è savoir que les stimulants à la croissance sont
nuisibles à la santé des hommes, des femmes et des enfants, bien
sûr?
Mme Desaulniers: Ce ne sont pas les stimulants de croissance, ce
sont les résidus qu'ils laissent ou cette résistance aux
antibiotiques qui peut en résulter chez l'humain qui utiliserait les
mêmes antibiotiques. Cela, ce n'est pas moi qui le dis, je l'ai lu dans
la documentation que vous avez probablement tous déjà lue. Nous
ne sommes pas, je pense, les seules à s'inquiéter de cette
probabilité de présence de résidus qui se retrouvent dans
la viande après avoir été traitée aux antibiotiques
comme stimulants de croissance. Il y a des résidus qui vont
entraîner une certaine résistance aux antibiotiques chez
l'humain.
M. Perron: D'accord. Merci de votre réponse, madame, cela
peut sûrement aider dans l'évolution de ce dossier. Tout le monde
est assuré, puisque le ministre l'a confirmé ce matin, dès
l'ouverture de la commission parlementaire, que certaines choses mijotent dans
une marmite gouvernementale pour en arriver à des solutions
précises se rapportant à des cas précis, face à la
réglementation et face à certains objectifs prévus dans la
loi elle-même, dans l'ancienne et dans la nouvelle.
Une autre question que je voudrais vous poser. Lorsque vous parlez de
favoriser la recherche de stimulants de croissance inoffensifs pour la
santé humaine - je vous avoue honnêtement que je suis d'accord
avec la question lorsque vous la posez et avec l'affirmation que vous faites
dans votre recommandation - est-ce que vous connaissez des organismes qui font
des recherches spécifiques sur cette question, soit au Québec ou
ailleurs et si on a des résultats se rapportant à ces
recherches?
Mme Desaulniers: Malheureusement, nous n'avons pas cette
expertise. J'ai parlé à certaines personnes qui en avaient plus
que nous. Je pense même que c'est parmi les médecins
vétérinaires, certaines recherches se font. Je ne suis pas
certaine si cela se fait dans l'industrie ou si cela se fait individuellement,
mais je sais qu'il y a des travaux de recherche. Toutefois, ce n'est pas assez
intense, il n'y a peut-être pas
suffisamment de fonds consacrés è ces recherches et on
n'en entend peut-être pas assez parler.
Malheureusement, je ne suis pas l'experte pour vous le dire. Je pense
que les personnes qui m'en ont parlé m'ont suggéré des
noms de stimulants de croissance, avec lesquels on faisait des études,
qui ne produisaient pas ou qui ne laissaient aucune trace de résidu
nocif pour l'humain.
M. Perron: La recommandation que vous faites est dans le sens
où on devrait mettre l'accent sur plus de fonds nécessaires pour
en arriver à régler ce problème qui serait causé
par les stimulants de croissance et les résidus, plutôt que des
stimulants de croissance.
Mme Desaulniers: Les antibiotiques comme stimulants de croissance
peuvent laisser des résidus. D'autres stimulants de croissance qui ne
seraient pas des antibiotiques ne laisseraient pas de résidus ou alors
les résidus ne seraient pas nocifs pour la santé, mais auraient
les mêmes effets sur le plan production et élimination de maladies
possibles. Je pense qu'il n'y a pas qu'une seule solution. Il y en a
peut-être d'autres et c'est de ce côté-là qu'on ne
retrouve pas assez d'efforts.
M. Perron: Merci de votre réponse, madame. Une
troisième question se rapporte au programme d'éducation que vous
mentionnez dans une de vos recommandations. Est-ce que, comme organisme, vous
avez déjà préparé ou avez-vous l'intention de
préparer des documents se rapportant à ce genre de programme
d'éducation face à tous les intervenants quant aux responsables
de l'alimentation animale?
Mme Desaulniers Ce qu'on sous-entendait dans notre recommandation
d'un programme d'éducation - dans le fond, je vois mal des
diététistes qui, encore une fois, n'ont pas l'expertise du
côté de l'alimentation animale faire un programme
d'éducation - c'était précisément que pour toute la
chaîne qui est impliquée dans l'alimentation animale, le
vétérinaire, le producteur, l'éleveur, le meunier, enfin
tous ceux qui sont impliqués dans l'alimentation animale, on devrait
s'assurer de l'éducation par rapport aux dangers d'utilisation de
médicaments, du non-respect des contrôles, leur dresser un
programme d'éducation qui va les motiver au point qu'on va vouloir
à tout prix avoir une viande de qualité. Une viande qui n'est pas
de qualité... Sans faire absolument aucun chantage, on est là
pour recommander à la population un régime alimentaire
équilibré. Si nos doutes et si nos doutes persistaient à
un point où on en arrivait à ne pas pouvoir, en toute conscience
professionnelle, croire en la qualité de la viande, on ne pourrait pas
la recommander. Je pense que cela aussi pourrait avoir des retombées
négatives et ce n'est pas du tout un souhait. Ce qu'on demande, c'est:
Assurons-nous dans nos moyens, sur le plan économique, d'être
compétitifs avec l'étranger, mais pas seulement pour les prix,
etc., mais il faut que la qualité y soit. Cette
qualité-là, ce n'est pas juste un goût, une saveur, une
texture, c'est avant tout une qualité sécuritaire où on ne
sera pas malade à manger de la viande. C'est à peu près
cela qu'on demande.
M. Perron: Merci. J'ai une dernière question, madame. Vous
parlez dans votre dernière recommandation de l'implantation d'un
programme d'assurance qualité de la viande. Est-ce que vous pourriez
préciser, parce que c'est la première fois que j'entends parler
de ce genre de programme d'assurance? Qui pourrait être touché par
ce programme?
Mme Desaulniers: Je pense que ce sont les mêmes groupes,
les mêmes intervenants qui sont impliqués dans le processus
actuel. Si on établit des cercles de qualité, si chaque
intervenant dans la chaîne alimentaire qui élève l'animal
et qui l'amène à l'abattoir et même à
l'épicerie... qu'on soit assuré, qu'on ait une sorte de sceau
nous garantissant que chaque étape est une étape qui garantit une
qualité. Quand c'est au niveau de l'éleveur, que les pratiques
d'alimentation utilisées, que les pratiques de thérapie, etc.,
soient toujours faîtes selon un souci de qualité et, à
chaque chaînon, que cette assurance qualité soit constante et
présente. C'est probablement au gouvernement, en concertation avec tous
les intervenants impliqués dans la santé animale, de voir
à mettre sur pied ou d'implanter un programme d'assurance qualité
de sorte qu'on n'aura pas à s'inquiéter de la qualité en
fin de compte.
M. Perron: Cela m'amène à une dernière
question. Puisque vous parlez de concertation entre les organismes du
gouvernement, est-ce que votre organisme serait prêt à participer
à la préparation de ce genre de programme?
Mme Desaulniers: On aimerait certainement y participer puisque
nous, on est au bout de la ligne et c'est nous qui vivons avec le produit
final; on a à le recommander et à voir à ce qu'il soit
intégré dans une alimentation équilibrée.
Certainement que cela nous ferait grand plaisir de participer à un tel
programme.
M. Perron: Je voudrais remercier ces
dames pour leur présence ici au nom de leur organisme. Je crois
que ce que nous avons lu, ce que l'organisme nous a lu et ce que nous avons
entendu comme réponse à nos questions a été
très positif. Je vous remercie beaucoup au nom de l'Opposition et je
vous souhaite bonne chance, ainsi qu'à votre organisme.
Le Président (M. Houde): Je céderai la parole
à M, le député de Lévis. Il me l'a demandée,
après M. le député de Duplessis.
M. Garon: Je voudrais demander, avant d'interroger nos
intervenants, au député de Prévost, qui a une grande
expérience, il a un grand troupeau d'animaux laitiers, 225 vaches et je
sais qu'il est aussi un éleveur de porcs: À quelle étape
les éleveurs utilisent-ils surtout les antibiotiques dans les
moulées, comme d'aliments préventifs, médicamenteux, mais
pas comme curatifs, plutôt comme préventifs ou encore les
stimulants de croissance? Comme producteur, vous êtes dans le domaine,
vous pouvez nous renseigner beaucoup mieux que tout autre peut le faire.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Prévost.
M. Forget: Merci, M. le Président. M. le
député de Lévis, pour le bétail comme tel, je pense
que les stimulants de croissance pour les animaux, on ne s'en sert pas du tout.
Et même dans les parcs d'engraissement, on ne s'en sert pas non plus.
Pour ce qui est de la viande, le nombre de ceux qui s'en servent au
Québec présentement est limité. D'ailleurs, on se sert de
plus en plus du mais humide présentement. Tous ces stimulants de
croissance, on ne s'en sert plus. Dans le domaine du porc, c'est lorsque les
porcs sont jeunes. Encore là, de plus en plus de producteurs de porcs
utilisent le ma?s humide et de moins en moins se sert-on des stimulants de
croissance. On a quand même un progrès immense de fait depuis
quelques années et cela continue à s'améliorer. Je peux
quand même rassurer madame; à l'avenir, on va avoir de plus en
plus du boeuf et du porc de qualité.
Mme Desaulniers: Vous m'en voyez ravie.
Mme Legault: Je voudrais justement faire valoir la même
ligne de pensée que madame. C'est vrai qu'on devrait diriger beaucoup
plus la recherche au niveau des médicaments pour que ce soient des
médicaments plus naturels que l'on administre aux animaux. Cela serait
bien meilleur pour la santé des gens. À ce moment, quand on
mangerait de la viande, on serait sûr qu'elle est saine. J'envisage la
même politique que madame à ce sujet. On devrait accorder des
sommes d'argent à la recherche pour que nos techniciens, nos chimistes,
travaillent dans le but de trouver des médicaments qui seraient beaucoup
plus naturels et meilleurs pour la santé de nos animaux et meilleurs
pour la nôtre aussi.
Le Président (M. Houde): Merci, Mme la
députée. Oui.
M. Garon: II ne faudrait tout de même pas confier cela
à nos chimistes parce qu'ils vont trouver des moyens chimiques. Je dois
vous dire qu'il y a quelques années, j'ai rencontré des gens au
Danemark et les aliments médicamenteux étaient
complètement interdits au Danemark, pour les mêmes raisons que
vous venez de mentionner. On croyait que cela élevait le seuil de
tolérance pour les humains qui en consomment. En consommant ces viandes,
ils deviennent plus résistants aux antibiotiques pour eux-mêmes,
quand ils en ont besoin. Je me rappelle l'expression qu'avait employée,
à ce moment, le chef de l'inspection au Danemark, qui est
considéré comme le pays le plus sévère en ce qui
concerne la nutrition animale. Il appelait cela une bombe à retardement.
C'est-à-dire qu'il employait à peu près les mêmes
termes que vous employez: De donner des aliments médicamenteux aux
animaux, utiliser des stimulants de croissance ou des injections de produits
chimiques d'une façon préventive, c'est un genre de bombe
à retardement que l'accumulation pendant un certain nombre
d'années. Cela fait que les seuils de tolérance deviendront de
plus en plus élevés et, à ce moment-là, qu'est-ce
qu'on fera pour combattre la maladie lorsque les seuils de tolérance
seront à un niveau inacceptable? (22 h 45)
Je pense que vous avez raison, plus les consommateurs vont être
conscients de ce que veut dire la qualité... L'assurance-qualité,
au fond, c'est peut-être cela, c'est que les consommateurs refusent des
produits qui n'ont pas une complète assurance-qualité, en ce sens
qu'ils sont exempts entièrement de résidus chimiques ou
médicamenteux ou d'antibiotiques. Habituellement, les gens, dans notre
contexte de concurrence, s'ajustent aux besoins du marché et si, par
l'action des fédérations de protection de consommateurs ou des
diététistes ou de ceux qui s'occupent de la nutrition ou de la
santé des gens, l'ensemble de la population est conscient qu'il y a des
dangers, la demande va suivre et les corrections vont venir presque
automatiquement. Il y a déjà, dans ce sens, un pas de
géant de fait au Québec, depuis quelques années; les gens
sont beaucoup plus conscients, notamment par le rôle que vous jouez aussi
- je vous ai rencontrées plusieurs fois, au cours du mois de la
nutrition - dans des. écoles auprès des jeunes. Je pense que,
plus les jeunes vont être conscients, en bas âge, de la
signification d'une nutrition saine, plus le climat général du
marché va être changé.
Je voudrais vous féliciter pour le travail que vous faites. En
tant que corporation professionnelle des diétistes, j'ai eu l'occasion
de vous connaître dans la fonction que j'ai occupée comme ministre
de l'Agriculture. Vous avez fait un travail exceptionnel et si on a atteint ce
niveau-là au Québec actuellement, je pense que vous avez
joué un rôle très important pour que les consommateurs
québécois soient davantage conscients du rôle de la
nutrition et de l'alimentation. Je me rappelle, il y a un certain nombre
d'années, quand on parlait de maladies cardiovasculaires, de cancer,
etc., personne ne parlait de la nutrition ou de l'alimentation comme cause, ou
du moins c'était des exceptions. Aujourd'hui, on commence à
entrevoir que le corps humain est un composé chimique comme la tomate:
90 % d'eau et 10 % de je ne sais pas trop quoi et que, si les produits
chimiques s'additionnent mal, il arrive des problèmes.
Je pense que votre association a joué un rôle très
important pour faire comprendre des notions qui ouvrent une perspective tout
à fait nouvelle et, surtout, permettent beaucoup plus de liberté
qu'auparavant. Quand on pensait que c'était de la fatalité, il
n'y avait rien à faire. Quand les gens savent, aujourd'hui, qu'en
arrêtant de fumer ils viennent d'éliminer la principale cause de
cancer ou de maladies cardiovasculaires - je regarde mon voisin quand je dis
ça - ou que, selon les aliments qu'on consomme de telle ou telle
façon, nous sommes physiologiquement différents, cela veut dire
qu'avec la liberté dont on parlait, qui est la liberté
essentielle de choix comme consommateurs, toute la perspective de vie est
différente.
Je voudrais vous féliciter pour le travail que vous faites, je
sais que c'est du travail à petits pas, c'est pas la botte de sept
lieues, mais c'est considérable le chemin qui a été
parcouru au Québec. J'ai pu l'observer de proche et c'est incroyable, le
chemin qui a été parcouru depuis quelques années. Je vous
remercie.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lévis. La parole est è Mme la députée de
Deux-Montagnes, s'il vous plaît!
Mme Legault: M. le Président, il faudrait peut-être
penser plus, à ce moment-là, biologiquement que penser
chimiquement.
Le Président (M. Houde): Merci.
M. Pagé: Mesdames, je voudrais vous remercier de votre
comparution devant notre commission au nom de la majorité, comme
ministre, et vous inviter à nous acheminer - n'hésitez pas
à le faire - vos représentations, vos inquiétudes. Vous
avez, par votre présence ce soir, contribué à nous
sensibiliser à des choses intéressantes, je peux vous l'assurer,
madame. Merci.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. En mon
nom, je voudrais vous remercier bien sincèrement de tout ce que vous
avez apporté ici ce soir, le sourire! On vous remercie beaucoup.
Mme Desaulniers: C'est nous qui vous remercions.
Le Président (M. Houde): Je voudrais appeler le dernier et
non le moindre, l'Office des professions du Québec. Si vous voulez bien
prendre place, à la suite du départ de ces dames. M. le
président, si vous vouiez vous présenter et présenter
votre directrice, s'il vous plaît!
Office des professions du Québec
M. Desgagné (André): M. le Président, comme
vous l'avez bien deviné, je suis le président de l'Office des
professions, André Desgagné. À mes côtés, la
directrice par intérim des affaires juridiques, Me Maryse Beaumont.
Le Président (M. Houde): On vous invite à nous lire
votre document, s'il vous plaît, votre mémoire.
M. Desgagné: II va sans dire, M. le Président, et
messieurs et mesdames les membres de cette commission, qu'il nous fait
particulièrement plaisir, au nom de l'Office des professions...
Le Président (M. Houde): Est-ce qu'on peut avoir des
copies additionnelles du mémoire? Non? Allez.
M. Desgagné: Ce sont vraiment des notes.
Le Président (M. Houde): D'accord, allez-y.
M. Pagé: Allez, je vous en prie.
M. Desgagné: II me fait plaisir, disais-je, au nom de
l'Office des professions, de vous faire part de nos commentaires, ce que nous
avons déjà eu l'occasion de faire, d'ailleurs, auprès du
ministère de l'Agriculture, sur le projet de loi qui est
présentement à l'étude à cette commission. Selon
l'usage, nous allons articuler nos brefs commentaires autour d'une distinction
qui vous est familière. Parlons, d'abord, du principe du projet de loi
et parlons ensuite des modalités que comporte ce projet de loi.
Quant aux principes, je dois vous dire que l'office est
entièrement d'accord avec les principes que comporte ce projet de loi et
cela, depuis assez longtemps, d'ailleurs. Lorsque nous avons assumé
sérieusement la responsabilité qui nous incombait depuis 1973 de
dresser, comme le dit l'article 9 de la Loi sur les médecins
vétérinaires, une liste de médicaments qui ne peuvent
être vendus que sur ordonnance du médecin
vétérinaire, en 1981, nous nous sommes aperçus qu'il
était bien beau de dresser cette liste, mais qu'il fallait, pour
être réalistes, assurer également un contrôle de la
vente des médicaments vétérinaires et, en assurant ce
contrôle» veiller à ce que le réseau de distribution
qui comprend des meuniers et qui comprend évidemment, les
professionnels, médecins et pharmaciens, soit préservé
dans la mesure où il est utile pour le consommateur et le producteur
d'animaux en particulier.
Ceci est tellement vrai que, dès 1981, nous faisions circuler un
projet d'avis auprès des principaux intervenants qui se sont ensuite
regroupés dans ce qu'on a appelé le regroupement de la
santé animale et des corporations professionnelles. Nous avons fait
circuler un document où nous préconisions, sur le modèle
de ce que nous avions observé à l'extérieur, en
particulier, dans les provinces de l'Ontario et de la Colombie britannique, un
système de permis, une loi qui prévoirait que dans le
réseau de distribution, il y aurait les professionnels
premièrement concernés, les médecins
vétérinaires et les pharmaciens, mais il y aurait
également ce qu'on appelle les meuniers qui pourraient posséder
la possibilité de participer au réseau de distribution des
médicaments vétérinaires, soit via les aliments
médicamenteux surtout. Dès 1981, nous prévoyions aussi que
ce contrôle devait comporter des éléments de souplesse.
Nous parlions vaguement à ce moment-là de programmes,
déjà. Nous parlions de programmes parce que nous pensions qu'il
était bon de prévoir que l'intervention du médecin
vétérinaire n'était pas toujours nécessaire et
même peu indiquée dans le cas où, par exemple, le
mélange de médicaments aux aliments était une question de
routine, en quelque sorte, ou, en tout cas, était automatique et
nécessaire, allait de soi, en quelque sorte. On parlait vaguement de
programmes à ce moment et on préconisait une loi qui permettrait
de décréter ces programmes, de les définir. Cette loi nous
paraissait déjà devoir être sous la responsabilité
du ministère de l'Agriculture.
Nous avons répété ces données ou ces
principes à chaque intervention qu'il nous a été
donné de faire: en 1982, devant le comité d'étude et de
consultation sur la santé animale; ensuite, au ministère de
l'Agriculture lui-même qui, par la suite, a assumé sa
responsabilité en proposant des lois. En résumé, le
principe ne nous fait pas de difficultés; au contraire, il nous
réjouit. Nous nous réjouissons également de voir que le
gouvernement par son ministère de l'Agriculture entérine en
quelque sorte les vues qui sont les nôtres depuis 1981.
Venons-en maintenant aux modalités de cette loi. Nous avons eu
l'occasion, à l'invitation du ministère de l'Agriculture et
à la faveur de plusieurs rencontres avec les hauts fonctionnaires de ce
ministère, d'émettre des commentaires, de faire part de nos vues
sur certaines modalités de cette loi, qui a pris plusieurs formes,
d'ailleurs. Même sur la dernière forme, nous avons eu l'occasion
d'émettre des commentaires. La plupart de ces commentaires ont eu des
suites et ont été reconnus comme bien fondés puisque le
ministère a incorporé les suggestions que nous faisions dans sa
loi. Il y a quand même quelques recommandations qui n'ont pas
été suivies. Nous voulons récidiver ce soir... les
réitérer, pardon.
M. Pagé: C'est un lapsus particulier.
M. Desgagné: C'est la déformation professionnelle,
vous en savez quelque chose.
Quelques modifications que nous avions suggérées n'ont pas
été suivies, sans doute pour de bonnes raisons, mais, par acquit
de conscience, nous voudrions les renouveler ce soir et les justifier devant
cette commission.
Le premier commentaire porte sur l'article 55. 8. Nous avons
exprimé dans le passé et nous croyons toujours que l'intervention
et la recommandation du médecin vétérinaire sont
nécessaires pour la mise en oeuvre et le suivi de tout programme- Pour
les mêmes raisons que nous avons préparé une liste, que
nous avons établi des permis et qu'il est bon qu'il y ait un
contrôle par ceux qui ont l'expertise, nous pensons que les programmes
qui ajoutent une souplesse dans ce réseau de distribution de vente de
médicaments doivent demeurer quand même sous la supervision de
celui qui a la première expertise, le médecin
vétérinaire. C'est pourquoi nous pensons que l'article 55. 8,
deuxième alinéa, devrait prévoir l'intervention d'un
médecin vétérinaire pour la mise en oeuvre et le suivi du
programme élaboré par le ministère. (23 heures)
Nous pensons également que, dans ce deuxième
alinéa, le contenu du programme devrait être plus précis,
que certains éléments, outre ceux qui sont
énumérés dans la loi, devraient aussi faire partie de tout
programme. Je lis le texte que nous suggérions et que nous
suggérons toujours: Nous pensons que chaque programme devrait indiquer,
en outre de ce qui est déjà prévu, l'objectif visé
par le traitement dont il est question au programme; que ce programme
devrait comporter une durée; qu'il y ait aussi
détermination du délai d'attente à respecter, car on sait
que c'est important, et qu'on mentionne les contre-indications. Dans le cas
d'aliments médicamenteux, nous pensons que les règles
d'incorporation des médicaments aux aliments, ainsi que ies teneurs
minimales et maximales, bien que ce soit dans les règlements, devraient
faire plutôt l'objet de la loi; que les teneurs minimales et maximales
admises des médicaments devraient aussi être mentionnées
dans le programme et, enfin, qu'il devrait être exigé un
diagnostic au préalable et aussi l'intervention ultérieure du
médecin vétérinaire durant le traitement. Voilà
autant d'éléments, pensons-nous, qui doivent être inclus
dans le programme parmi les éléments
énumérés au deuxième alinéa comme faisant
partie du programme.
Un autre commentaire que nous estimons assez important, et je le dis
abstraction faîte du ministre en place, parce que les mêmes
commentaires ont prévalu dans notre esprit tout au cours de
l'élaboration de ce projet de loi. Nous pensons que le ministre qui se
voit autorisé à décréter un programme, pour les
raisons que l'on sait, ne devrait pouvoir approuver ce programme ou l'acheminer
au gouvernement pour approbation qu'après prise d'avis obligatoire du
comité qui est prévu. Nous pensons que le comité devrait
être consulté obligatoirement, donc, avant l'élaboration du
programme ou en cours d'élaboration du programme.
Nous pensons aussi que la composition de ce comité devrait, au
minimum, en tout cas, être définie en un certain sens. Son profil
devrait faire l'objet de la loi. Il devrait comprendre, évidemment, des
médecins vétérinaires et aussi des représentants du
comité de pharmacologie, organisme du ministère des Affaires
sociales, pour les raisons évidentes et conformes aux vues qui ont
été exprimées par l'intervenant précédent et
avec lesquelles vous étiez d'accord. Donc, le profil du comité
devrait, sinon être défini au complet, en tout cas comporter des
éléments de définition, un ou des médecins
vétérinaires, un représentant du comité de
pharmacologie. Pour le reste, nous réitérons que le comité
devrait être consulté obligatoirement.
Enfin, un détail, mais qui a son importance. C'est qu'on ne
prévoit pas dans le projet de loi qui vous est soumis ce qui arrive des
médicaments qui sont saisis. On ne prescrit pas les modalités de
disposition de ces médicaments. Je vous fais observer que, dans des
situations semblables, pour vous montrer l'importance de ne pas laisser les
médicaments saisis à la disposition de tout le monde, sous la Loi
sur la pharmacie, aux articles 28, 29 et 30, on prévoit que les
médicaments saisis soient disposés sous le contrôle et la
surveillance personnels du pharmacien. Comme il s'agit de médicaments
ici, nous pensons à l'office, en tout cas, lorsque les
médicaments sont saisis, on devrait prévoir qu'on en dispose sous
le contrôle et la surveillance personnels d'un médecin
vétérinaire.
Nous avons examiné aussi le projet de règlement qui est
annexé à la loi. Je dois vous dire que nous n'avons aucun
commentaire particulier a fournir sur ce projet de règlement. Il nous
semble conforme, il ne nous semble pas soulever, en tout cas à nos yeux,
de difficultés.
Voilà, M. le Président, nos commentaires et je m'excuse de
leur décousu, mais nous avons voulu susciter la discussion plutôt
que l'enfermer dans un cadre rigide.
Le Président (M. Houde): Merci, M. Desgagné. La
parole est maintenant au ministre.
M. Pagéî Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier Me Desgagné et Me Beaumont de leur comparution devant notre
commission ce soir afin d'ajouter au processus d'échanges, d'analyse, de
commentaires que nous avons amorcé ce matin et pour lequel on a eu un
exercice que je juge et que je qualifie d'utile, qui débouchera
très certainement sur des modifications au projet de loi.
Vous exprimez votre accord de principe et votre satisfaction face au
contenu général du projet de loi 69 qui est présentement
à l'étude, lequel a été le résultat, il faut
en convenir, d'échanges nombreux entre votre organisme et,
évidemment, les représentants de mon ministère.
Je n'ai pas l'intention d'insister très longtemps sur le fait que
vous êtes d'accord avec nous. Cependant, j'ai des questions ou des
commentaires à faire en regard des modalités avec lesquelles vous
semblez être plus ou moins d'accord.
Cependant, avant d'aborder la question de l'article 55. B qui semble
inquiéter beaucoup de gens, j'aurais peut-être une question
d'appréciation. Si vous croyez qu'il n'est pas dans
l'intérêt public de me répondre, je vous prie,
d'emblée, de me le faire valoir. L'application des lois, de la loi sur
la santé animale depuis quelques années a débouché
sur une dualité professionnelle où étaient directement
impliqués les pharmaciens, cette dualité a obligé le
gouvernement, par la voix de mon prédécesseur, à
décréter un moratoire en 1984, lequel s'est prolongé
jusqu'en 1985 et a été reconduit jusqu'en septembre 1986.
C'était le ministre responsable de l'Ordre des professions... Je
m'excuse, M. le Président, mais de toute façon l'objectif
était tout à fait louable. Pour les fins du Journal des
débats, c'est le ministre responsable de
l'Office des professions...
M. Garon: Le ministre de l'Éducation du temps, Yves
Bérubé.
M, Pagé:... le ministre de l'Éducation, M.
Bérubé, qui avait proposé un tel moratoire, lequel,
d'ailleurs, avait été accepté.
Avec les dispositions contenues au projet de loi 69, pourriez-vous nous
donner votre perception de ce que ce sera parce que vous avez très
certainement eu l'occasion d'analyser quelle sera la contribution de l'Ordre
des pharmaciens ou des professionnels de la pharmacie dans l'articulation de ce
projet de loi? Ce matin, M. Marquis, le président de l'Ordre des
pharmaciens, nous indiquait la disponibilité de ces professionnels pour
vendre de tels médicaments. Il nous indiquait, de plus, que près
de 70 professionnels pharmaciens sont déjà inscrits au Centre de
distribution de médicaments vétérinaires. Il nous
soumettait, d'ailleurs, la possibilité que les pharmaciens puissent agir
à l'acte auprès des regroupements de producteurs.
Ce matin - et je pense que c'était le te commentaire de
l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale, 'des
députés autour de cette table - j'ai dû constater que les
pharmaciens n'ont pas été en mesure depuis 1973 d'articuler ou
d'adapter, finalement, leurs services aux dispositions de la loi sur la
santé animale.
Je ne veux pas vous placer dans l'embarras, M. le président; loin
de moi une telle intention. Cependant, si vous vous croyez
légitimé de me donner votre appréciation en regard de ce
que cela sera demain à compter de l'adoption de la loi -est-ce que les
problèmes seront réglés, jusqu'où la participation
des pharmaciens y sera visible, y sera concrétisée?
j'apprécierais bien vous entendre.
M. Desgagné: M. le ministre, au cours de toute cette
opération, liste de médicaments vétérinaires et
préparation de la loi dont il est question maintenant, nous avons eu
l'occasion de travailler en concertation suivie avec toutes les corporations
concernées et une des premières fut celle des pharmaciens. Ce
n'est pas une surprise pour les pharmaciens, que je sache en tout cas, de
constater qu'une partie de leur champ exclusif se trouvera envahie par ceux qui
détiendront le permis, comme il en est pour les médecins
vétérinaires. Tout le monde était d'accord, lorsqu'on a
discuté autour d'une table de ces questions. Tout le monde, y compris,
évidemment, les représentants de cette corporation - M. Marquis
étant toujours présent - était d'accord pour comprendre
qu'il fallait prévoir une place pour les gens comme les meuniers qui
sont dans le circuit depuis Noé et qui sont dispersés dans le
territoire de façon beaucoup plus commode pour le producteur. Dans la
mesure où le permis est restrictif, si je peux m'exprimer ainsi,
défini et comporte des éléments qui encadrent bien
l'opération de ces meuniers, je ne pense pas que cela cause des
difficultés chez les pharmaciens, qui ne sont pas, de toute
façon, équipés pour brasser des tonnes et des tonnes de
médicaments et des tonnes et des tonnes de moulées. Ce sont les
meuniers qui sont les mieux placés pour cela. Les pharmaciens
l'admettent volontiers et l'ont toujours admis.
D'ailleurs, cela est compensé par le fait que, lorsque
l'opération liste de médicaments vétérinaires a
été lancée, les pharmaciens étaient à toutes
fins utiles complètement absents du dossier. Ils se trouvent
injectés maintenant dans le dossier des médicaments
vétérinaires et ils trouvent une place qu'ils n'occupaient pas du
tout avant l'opération, de sorte que, s'il y a lieu de penser que
c'était un champ réservé, il y a une certaine compensation
du fait qu'ils ont envahi un champ qu'ils n'occupaient pas et qu'ils peuvent
maintenant s'organiser, au même titre que les médecins
vétérinaires, pour distribuer les médicaments
vétérinaires. Je ne prévois pas, M. le ministre, de
difficulté avec les pharmaciens.
M. Pagé: Tant mieux.
Le Président (M. Houde): Merci. M. le ministre.
M. Pagé: Tant mieux. Je pense qu'il n'y a personne autour
de cette table qui souhaite des difficultés. Vous recommandez que
l'article 55. 8 soit modifié de façon que le médecin
vétérinaire intervienne au moment de la mise en oeuvre du
programme prévu à l'article 55. 8 et aussi lors de l'application
du programme. Ne croyez-vous pas, M. le président, qu'en ce faisant on
vient défaire ou annihiler complètement l'objectif de la
disposition qui est de pouvoir recourir dans des cas d'urgence à
l'établissement, évidemment, du diagnostic par le
vétérinaire, mais aussi au suivi par des personnes autres que
celles habilitées à poser un tel geste en vertu des articles 7,
21 et 24 de la loi?
M. Desgagné: Je ne le pense pas, M. le ministre, pour la
bonne raison qu'en même temps que nous avons préparé la
liste des médicaments vétérinaires, en même temps
que le ministère de l'Agriculture, préparait cette loi-ci, il y a
tout un réseau, évidemment, de données juridiques
nouvelles qu'il a fallu mettre en place. Il y en a une qu'il ne faut pas
ignorer, c'est le règlement sur le contenu de l'ordonnance du
médecin vétérinaire. Ce règlement dispense de
l'ordonnance dans les cas d'urgence et permet à un médecin
vétérinaire d'édicter une ordonnance valable pour une
période et un temps donné, ou une catégorie d'animaux et
ainsi de suite.
M. Pagé: M. le Président, si ma mémoire est
fidèle, ce pouvoir vise une ordonnance applicable à un animal ou
à un lot d'animaux et non pas à un territoire.
M. Desgagné: C'est exact, ce n'est pas par territoire. (23
h 15)
M. Pagé: Alors que la disposition prévue à
l'article 55. 8 vise à donner au ministre le pouvoir d'intervenir pas au
gré de sa décision un bon matin, mais pour des motifs s'appuyant
sur l'urgence, sur l'intérêt public.
M. Desgagné: Dans des cas d'urgence, nous pensons que, de
toute façon, c'est prévu par le règlement sur le contenu
de l'ordonnance, comme je vous le disais tout à l'heure. Nous pensons
qu'il n'y a pas lieu de recourir au médecin vétérinaire
s'il y a urgence. Cependant, lorsque nous sommes dans des situations normales,
même s'il s'agit d'un territoire, je pense qu'il y a lieu d'assurer
l'intervention du médecin vétérinaire. D'abord, il y a des
médecins vétérinaires un peu partout dans le territoire.
Deuxièmement, ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un territoire que le
contrôle de la vente du médicament vétérinaire ne
s'avère pas nécessaire.
M. Pagé: De tels commentaires ont été soumis
à l'appréciation de la commission aujourd'hui. On va y
réfléchir. Je ne voudrais pas revenir avec mon exemple des chiens
dans le Grand-Nord, mais c'est un cas. Au moment de l'étude du projet de
loi article par article, compte tenu, évidemment, que l'Opposition m'a
signifié, par la voix du député de Duplessis, son
intention de présenter un amendement afin de biffer purement et
simplement cet article, nous aurons l'occasion, en commission parlementaire qui
siégera d'ici une semaine, avant la fin de nos travaux,
évidemment, de voir ensemble l'applicabilité de cet article en
fonction d'une foule d'exemples, ou de plusieurs exemples, tout au moins, qui
commanderaient l'intervention du ministre.
Toujours en regard de l'article 55. 8, dans les représentations
que vous avez formulées auprès du ministère et dans une
missive que vous nous faisiez parvenir le 31 juillet 1985 concernant le projet
de loi 65, vous indiquiez à la page 4: "Nous proposons la suppression
des mots "et s'il doit y avoir ordonnance d'un médecin
vétérinaire" et la modification suivante: Chaque programme doit
indiquer notamment l'objectif visé par le traitement, la durée du
programme, la dénomination des médicaments et leur posologie, le
délai d'attente à respecter, les contre-indications et, dans le
cas d'aliments médicamenteux, les règles d'incorporation ainsi
que les teneurs minimales et maximales admises des médicaments, la
catégorie d'animaux concernée, les personnes autorisées
à vendre ou a administrer ces médicaments ainsi que la
nécessité d'exiger le diagnostic préalable ou
l'intervention ultérieure du médecin vétérinaire
durant le traitement. " Ne croyez-vous pas que l'inclusion d'une telle
disposition aussi exhaustive dans la loi, dans le cadre de la
définition, de la juridiction ou de l'étendue du programme, si je
peux utiliser le terme, viendrait là aussi remettre en question le
caractère ou l'aspect, d'une part, d'une intervention, et, d'autre part,
d'une référence à un comité consultatif?
Finalement, ne croyez-vous pas qu'on risquerait, comme on dit en bon canadien,
de se ramasser au moment où le train serait passé et que
l'épidémie serait répandue?
M. Desgagné: Vous pensez toujours aux cas d'urgence, mais
on ne fonctionne pas toujours dans des cas d'urgence.
M. Pagé: J'en conviens.
M. Desgagné: Dans les cas d'urgence, je pense qu'on peut
se dispenser de tout cela.
M. Pagé: Ah! Je vous avais mal compris.
M. Desgagné: Oui.
M. Pagé: Vous acceptez le fait que le programme n'ait pas
à être défini de façon aussi précise dans le
cadre d'une intervention d'urgence.
M. Desgagné: Oui.
M. Pagé: D'accord.
M. Desgagné: Nos remarques ne valent que dans un contexte
normal et non pas, par opposition, dans un contexte d'urgence.
M. Pagé: Vous recommandez que la formation du
comité consultatif soit non seulement possible, mais qu'elle soit
obligatoire. Je dois vous dire, M. le président, que je suis très
réceptif à votre proposition pour le moment. On va l'analyser. Je
dois vous dire que comme...
M. Desgagné: Évidemment, vous parlez de la
présence nécessaire de l'office à ce comité. Ha!
ha!
M. Pagé: J'ai cru comprendre que l'office ne sera pas
offusqué s'il est invité.
M. Desgagné: Remarquez qu'on n'a pas cherché la
responsabilité qui nous a incombé en 1973, en vertu de l'article
9, mais on l'a assumée, cependant, cette responsabilité.
M. Pagé: Je n'en doute pas et on l'apprécie.
Cependant, je peux vous indiquer, toujours dans le sens des
représentations qui m'ont été faites et qui nous ont
été faites, aujourd'hui, parce qu'on travaille en
collégialité, que j'ai clairement l'intention de faire en sorte
que les professionnels de la santé dans ce secteur soient
majoritairement présents. Cela va de soi. Alors, M. le président,
madame, merci.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. La parole
est maintenant au député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, au cours de nos
délibérations, j'ai appris qu'une fois la liste établie,
même si l'article 9 de la Loi sur les médecins
vétérinaires prévoit que l'"Office des professions du
Québec dresse périodiquement, par règlement, après
consultation du Conseil consultatif de pharmacologie, de l'Ordre des
médecins vétérinaires du Québec et de l'Ordre des
pharmaciens du Québec, une liste des médicaments qui ne peuvent
être vendus que sur ordonnance d'un médecin
vétérinaire", apparemment, certains sentiraient actuellement le
besoin d'amender cette liste. Dans des discussions un peu à bâtons
rompus, on a fait savoir qu'il n'y a pas de mécanisme prévu, sauf
que l'office dresse périodiquement cette liste, par règlement,
après consultation. Si, par exemple, les médecins
vétérinaires souhaitaient voir cette liste amendée par
l'élimination de certains médicaments, de la liste ou l'ajout
d'autres médicaments quel serait le processus à suivre dans les
circonstances pour faire ces amendements à la liste autre que pour en
saisir, si vous voulez, l'office?
Le Président (M. Houde): M. Desgagné.
M. Desgagné: M. le député, je dois vous
répondre que, d'abord, quant à la périodicité de la
révision, il n'y a pas de normes, évidemment. Nous n'avons pas
l'intention de prendre des initiatives; nous attendons des demandes. Nous
n'avons pas encore eu de demandes officiellement. Dès que nous en
aurons, nous allons procéder à la révision de la liste.
Voilà en ce qui concerne la révision périodique.
En ce qui concerne la procédure, je pense que nous allons
pratiquer, ici, un principe qui est bien connu de la part des juristes, le
principe du parallélisme des formes. Nous allons respecter pour
réviser la liste exactement la même procédure que nous
avons suivie pour la dresser. Je pense que c'est normal. Ce sont les
mêmes intervenants qui sont concernés par cette liste quelle
qu'elle soit. Bien que ce ne soit pas écrit, s'il faut l'exprimer, on va
l'exprimer par écrit, mais ce n'est pas notre habitude. C'est notre
habitude, cependant, de faire intervenir tous les intervenants dans un dossier.
Dans ce dossier-ci, les intervenants sont bien identifiés et ce sont les
mêmes que nous avons l'intention d'impliquer dans la révision de
la liste.
M. Garon: Je l'ai demandé uniquement un peu comme
messager, si l'on veut. J'avais senti qu'il y avait une interrogation. Je
pensais, un peu comme ce que vous dites que, ce serait sans formalité
précise autre que d'en saisir l'Office des professions.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, sur le même sujet,
si le député de Lévis me le permet. Je ne comprends pas,
M. le président de l'Office des professions du Québec, que vous
décidiez d'attendre qu'une requête vous soit
présentée dans ce sens puisqu'en vertu de l'article 9 de la Loi
sur les médecins vétérinaires, c'est une obligation qui
vous est impartie. Si je réfère au libellé, il est bien
dit à l'article 9: "L'Office des professions du Québec dresse -
non pas peut dresser -périodiquement par règlement, après
consultation du Conseil consultatif de pharmacologie, de l'Ordre des
médecins vétérinaires du Québec et de l'Ordre des
pharmaciens du Québec, une liste des médicaments qui ne peuvent
être vendus que sur ordonnance d'un médecin
vétérinaire. " Devons-nous comprendre que vous vous croyez
légitimés d'attendre qu'une requête soit
présentée et que vous ne voulez pas vous convier à
l'exercice auquel la loi vous oblige?
M. Desgagné: Remarquez qu'en principe on pourrait penser
qu'on peut prendre l'initiative. Je pense qu'on serait, quand même,
téméraires d'y aller sans demande. Une fois que la demande est
formulée, cependant, on est tenu de dresser cette liste.
L'opération est enclenchée. De peur de manquer d'expertise et de
prendre des initiatives qui ne seraient pas pertinentes parce qu'elles ne
correspondraient pas à un besoin, on s'en remet à la demande
habituellement.
M. Pagé: M. le président, quand un
médicament est ajouté, il l'est comme suite d'une requête
qui est présentée ou comme suite d'une décision de
l'office qui révise la liste?
M. Desgagné: II a été question, à
un
moment donné, M. le ministre, de faire une liste fermée,
c'est-à-dire d'inclure dans la liste tous les médicaments
présents, ceux qui sont là, qui ont été choisis
pour être dans la liste, et, en plus, de fermer la liste en disant: Tous
les médicaments à venir aussi seront soumis à une
ordonnance. Nous avons exclu cette hypothèse parce qu'on attendait
précisément que le milieu nous fasse signe plutôt. On a
pensé que c'était plus prudent. On aurait pu prendre une autre
position, mais, après consultation des intervenants, on a pensé
que c'était la position la plus sécuritaire.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, s'il vous plaîtï
M- Garon: C'est parce que le mot "périodiquement" chatouille un
peu le gouvernement depuis la taxe sur l'essence, la taxe sur la bière
et la taxe sur le tabac. La loi disait que le ministre peut,
périodiquement, lever des taxes.
M. Pagé: Et, nous, périodiquement, on les a
baissées.
M. Garon: Non. Comme le mécanisme aurait fait
baissé les taxes, on a enlevé le mécanisme
périodique de la loi pour laisser les taxes au plafond.
M. Pagé: Ne soyez pas inquiet, l'ascenseur va redescendre,
M. Je député.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Pagé: Il ne peut remonter.
M. Garon: C'est vrai que, dans ce cas-ci, périodiquement,
qu'est-ce que cela veut dire? Un an? Deux ans? Trois ans? Quatre ans? parce
qu'il n'y a pas de schéma de référence.
M. Desgagné: En somme, pour résumer notre
pensée, M. le ministre et M. le député, nous pensons ici
qu'on doit s'en tenir à une certaine passivité et attendre qu'on
frappe à notre porte pour dresser périodiquement... Le travail de
la liste étant notre initiative, nous l'avons fait, la liste est
là. Pour la révision, cependant, la passivité nous semble
plus indiquée que l'interventionnisme.
M. Garon: Comment considérez-vous votre rôle
vis-à-vis des professions? Quand on parle, par exemple, de
possibilité législative ou par règlement de dessaisir les
médecins vétérinaires d'actes qui, en vertu de la loi,
relèvent des médecins vétérinaires, comment est-ce
que cela vous fait réagir comme président - je ne dis pas cela
pour vous embêter - de l'Office des professions du Québec,
responsable des lois professionnelles qui confient - en tout cas, c'est dit
dans les lois: dans l'intérêt public - des responsabilités
à des ordres professionnels d'assumer certaines responsabilités?
Qu'on vienne les en dessaisir dans d'autres lois, pour des motifs qu'on appelle
ici, par exemple, pratiques ou d'intérêt public, en dehors de leur
loi constitutive ou de la loi qui encadre leur profession spécifique,
que pensez-vous de cela?
M. Desgagné: C'est toujours d'intérêt public,
M. le député. L'exclusivité n'est pas une fin en soi.
L'exclusivité, si vous parlez du champ professionnel - c'est
l'exclusivité dont vous parlez - n'est pas une fin en soi à nos
yeux, c'est un moyen de protection du public. Si ces moyens s'avèrent,
à certains moments, insuffisants ou inadéquats pour des raisons
d'intérêt public, je pense, et c'est notre avis è l'office,
qu'il y a lieu de remettre en question dans cette mesure l'exclusivité,
pour des raisons d'intérêt public. Remarquez que ce que nous
suggérons ici, c'est que, s'il y a lieu à l'édiction de
programmes, donc, et à l'émission de permis en faveur de
personnes qui ne sont pas membres de la Corporation des médecins
vétérinaires, nous exigeons, cependant, que tout cela se passe
sous la supervision - en définitive, ce sont les remarques que j'ai
faites tantôt - d'un médecin vétérinaire,
l'élaboration du programme, le suivi du programme, et ainsi de
suite.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, est-ce que vous avez terminé?
M. Garon: Est-ce que cela voudrait dire, au fond, qu'à ce
moment le pouvoir du ministre viendrait d'une façon indirecte faire
contrôler par les fonctionnaires les actes de pratique normale de
médecine vétérinaire?
M. Pagé: C'est prêter beaucoup d'intentions.
M. Garon: Mais c'est écrit.
M. Pagé: D'intérêt public, dans des cas
d'urgence.
M. Garon: "Pour des raisons pratiques ou d'intérêt
public. "
M. Pagé: Mais j'ai indiqué toute mon ouverture
concernant la possibilité, même la probabilité du retrait
du mot "pour des raisons pratiques".
M. Desgagné: Tous les intervenants autour de la table ont
convenu, en cours de négociation concernant toute cette affaire,
qu'il y avait lieu d'introduire de ia souplesse dans la distribution ou
la vente, compte tenu qu'il y avait une liste de médicaments et qu'il y
avait, dans le réseau de distribution, non pas seulement des
médecins vétérinaires et des pharmaciens, mais qu'il y
avait également des meuniers, des gens qui n'étaient pas
nécessairement membres de corporations professionelles. On a convenu
que, pour des raisons de commodité, pour des raisons pratiques comme le
dit la loi, pour assurer aux producteurs un service efficace, il y avait lieu
de prévoir l'intervention de personnes autres que des membres des
corporations professionnelles. Et cela, de l'avis même des membres des
corporations professionnelles.
On a l'exemple de l'étranger, si vous pensez à l'Ontario
où il y a des permis, des catégories de permis. On ne fait pas
exception là-dessus; ceci existe ailleurs.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Duplessis, s'il vous plaît!
M. Perron: M. le président, je n'ai pas de questions
à vous poser. Je voudrais vous remercier de votre présence ici,
ainsi que madame. J'ai un commentaire à faire, puisque le ministre
s'adressait à vous. Tout à l'heure, il a mentionné que
l'Opposition avait l'intention supposément ferme de faire sauter
l'article 55. 8 de la loi actuelle.
Je voudrais vous souligner ceci. Lorsque j'ai mentionné cet
article 55. 8, il faudrait peut-être que le ministre se souvienne que
j'ai dit qu'il était possible que l'Opposition aille jusqu'à...
Mais, comme le ministre a montré l'intention d'apporter des amendements,
on va regarder les amendements et, après, on verra.
M. Pagés C'est bien, cela.
M. Perron: Cela fait partie des négociations et cela fait
partie des pouvoirs de l'Opposition.
M. Pagé: C'est bien!
Le Président (M. Houde): C'est bien. Merci, M. le
député de Duplessis. Je voudrais vous remercier, monsieur et
madame, de vous être présentés ici ce soir. C'est
terminé pour vous. Avez-vous quelques mots à ajouter, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Je voudrais vous remercier, Ma Desgagné comme
président de l'Office des professions et madame, et vous rappeler tout
le chemin qui a été parcouru depuis les discussions sur les
listes de médicaments vétérinaires et la conférence
de février ou mars 1985 sur la santé animale. Il y a eu des
débats assez vigoureux. Mais les délibérations que nous
avons eues ici depuis le matin nous ont indiqué que des consensus sont
en train de s'établir. Il y a beaucoup moins d'animosité.
Graduellement, je pense que tout le monde s'entend pour faire en sorte qu'il y
ait une gestion la plus efficace possible du contrôle de la
qualité des viandes et des produits qui en originent et pour faire un
certain partage des responsabilités de chacun dans l'administration de
ces dispositions législatives et réglementaires qui ont
été élaborées et qui sont en train d'être
élaborées.
Je pense que l'Office des professions a joué un grand rôle
la-dedans. Ce n'était pas toujours facile, d'autant qu'il y avait
beaucoup d'appréhension. Je ne pense pas, non plus, que le chemin
è parcourir soit terminé. Mais, par ailleurs, cela m'a
frappé de voir è quel point l'état d'esprit était
beaucoup plus positif et qu'il y avait beaucoup moins d'appréhension
qu'il y en avait, il y a un an ou deux. Je pense que vous devez en tirer une
bonne partie des mérites en tant qu'Office des professions du
Québec, vous qui avez travaillé dans tout ce processus. Je vous
remercie.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le
député. Merci, M. le ministre. Je voudrais, en tout dernier lieu,
remercier les membres de cette commission, le ministre, le secrétaire,
les pages et tous les groupes qui se sont présentés ici,
aujourd'hui. C'est pour moi une première. Pour ceux qui sont en avant,
ils le savent...
M. Pagé: M. le Président, vous me permettrez
également de remercier mes honorables collègues de leur
participation à nos travaux, et aussi, évidemment, la loyale
Opposition de Sa Majesté, il ne faut jamais l'oublier. Je voudrais
présenter une motion pour vous féliciter. C'étaient vos
premières armes en tant que président. Vous avez fait cela avec
beaucoup de doigté, beaucoup de dignité, et vos actions ont
commandé le respect.
Le Président (M. Houde): Cela m'a fait plaisir de
travailler avec vous. Cela m'a fait plaisir que cela ait fonctionné si
bien que cela. Je vous remercie.
M. Garon: Je voudrais ajouter aussi que le député
de Duplessis prend de plus en plus d'assurance à cette commission, et
si, à Sept-Îles, il se sent souvent comme un poisson dans l'eau,
maintenant, il se sent de plus en plus sur le plancher des vaches.
Le Président (M. Houde): La commission ayant
terminé son mandat, j'ajourne sine die.
(Fin de la séance à 23 h 37)