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(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mesdames et messieurs, je déclare la séance de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte.
Notre mandat est de continuer à étudier le projet de loi 71. Nous
étions à l'étude de l'article 14 et nous sommes rendus
à adopter cet article.
M. Pagé: Avant, M. le Président, je crois qu'il
serait opportun de revoir la liste des membres.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II y a un
remplacement? On me dit qu'il y a un remplacement. Le député de
Laviolette va être remplacé par le député de
Verchères, M. Charbonneau.
M. Pagé: J'en aurais un autre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute.
M. Pagé: L'honorable député des
îles-de-la-Madeleine sera remplacé par le député
d'Outremont. Nous recevons le mandat de notre commission. On a reçu
l'ordre de la Chambre de siéger à compter de maintenant et
très probablement pour plusieurs jours afin d'étudier le projet
de loi 71, le projet de loi 85 et le projet de loi 69.
On peut présumer que le projet de loi 85 peut être
appelé, aujourd'hui, possiblement cet après-midi, si on termine
l'étude du projet de loi 71 avant 13 h. Lors de l'étude du projet
85, je crois que les honorables députés de l'Opposition voudront
poser des questions au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et aussi, très probablement, au ministre
délégué à la Privatisation. II est probable, de
plus, si la commission siège lundi pour étudier le projet de loi
85, que le ministre délégué à la Privatisation -
j'en ferai une demande, à ce moment-là, à l'Opposition -
il pourra agir pour et au nom du gouvernement. Si l'Opposition avait un bloc de
questions à lui adresser, on pourrait peut-être profiter de la
journée de lundi, étant donné que je devrai me rendre,
lundi, au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Édouard et
à Saratoga, dans l'État de New York, dans la même
journée.
M. Garon: II y a un petit problème, au fond. Le ministre
responsable de la loi, c'est le ministre de l'Agriculture.
M. Pagé: J'en conviens.
M. Garon: On serait mieux de ne pas siéger cette
journée-là, plutôt que de...
M. Pagé: On ne peut pas se le permettre vu que l'objectif
est pour chacun et chacune qui siègent à l'Assemblée.,, Je
crois que cela a été clairement exprimé entre les deux
leaders. L'intention des deux partis est d'ajourner la présente session
très probablement le vendredi 20 juin avant minuit ou vers minuit. De
telle sorte que, si on ne siégeait pas lundi, il faudrait que je voie
immédiatement quelles sont les procédures prévues pour la
clôture, parce que je veux vous indiquer très clairement
l'intention de notre gouvernement d'adopter le projet de loi 85. Si c'est ce
qu'on appelle un "filibuster" en règle...
M. Garon:... un "filibuster", on n'a pas encore commencé
l'étude.
M. Pagé: Écoutez! M. le Président, le
député de Lévis sait pertinemment que je suis tout
à fait légitimé d'évoquer cette possibilité
aujourd'hui, compte tenu des commentaires qui ont été faits. Je
ne peux m'engager à ce que la commission ne siège pas lundi. Ce
n'est pas mot qui suis leader, d'abord.
M. Garon: Vous ne pouvez pas demander non plus...
M. Pagé: Ensuite, je ne peux pas vous confirmer que je
serai ici. Troisièmement, je dois cependant vous indiquer que vous aurez
très probablement des questions à poser à mon honorable
collègue, le ministre délégué à la
Privatisation. Vous aurez très probablement des questions. Vous devriez
profiter de la période de lundi pour le questionner.
M. Garon: Non. Il faut poser les questions au ministre qui est
responsable de la loi.
M. Pagé: Parfait!
M. Garon: Le ministre délégué à
la
Privatisation, ce n'est pas lui qui est le ministre responsable de la
loi.
M. Pagé: Comme vous voulez. La clôture viendra plus
tôt.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour le projet de
loi 85, le ministre délégué à la Privatisation et
député d'Outremont va faire partie de la commission.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant, nous
sommes au projet de loi 71. Est-ce qu'on peut procéder? Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: II y a un point dont il faut parler.
Déjà, le ministre de l'Agriculture parle de clôture. Au
fond, il aurait pu présenter ces projets de loi dès le mois de
mars puisqu'il avait déjà annoncé ses intentions
dès le 10 mars. Le projet de loi n'est venu devant l'Assemblée
nationale que le 15 mai, alors qu'il avait déjà fait des annonces
publiques le 10 mars. Si on a voulu garder le secret et cacher les conditions
pendant deux mois et demi pour arriver dans le feu de l'action pour que cela se
fasse à la sauvette...
M. Pagé: Bien non!
M. Garon: Bien voyons donc! Cela paraît clairement.
M. Pagé: Bien nonl
M. Garon: On arrive à la dernière semaine. Ce n'est
pas nous qui appelons les choses. Actuellement, on suit les... Vous voyez
à quel point...
M. Pagé: Mais c'est vous qui les bloquez.
M. Garon: Non, non, non! C'est le leader du gouvernement qui
appelle les projets de loi. S'il a appelé à la dernière
minute le projet de loi sur la raffinerie, c'est son choix politique.
M. Pagé: Oui, mais nous sommes ici pour l'étudier.
On va l'étudier, vous savez. Aujourd'hui, nous avons un mandat d'environ
sept heures de travaux en commission. Demain et jeudi, c'est la même
chose. Vendredi, il est possible qu'on requière le consentement pourse rendre jusqu'à minuit. Lundi, jusqu'à minuit, cela veut
dire presque vingt-cinq heures de débat.
M. Garon: II y a plus de problèmes que cela.
Écoutez, je peux vous montrer mon dossier sur la raffinerie, il est long
comme cela. Il a à peu près trois pieds de long. Un tiroir
complet d'un classeur sur la raffinerie; ce n'est pas un petit dossier.
Deuxièmement, il y a la Loi sur la protection sanitaire des
animaux qui doit être adoptée avant. On n'en a pas commencé
l'étude, mais c'est une étude qui est assez importante. Il doit y
avoir des amendements.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: On a entendu des gens. Et là, on veut retarder
à la fin, pour escamoter l'étude de ce projet de loi...
M. Pagé: Du tout!
M. Garon:... qui est fondamental pour les consommateurs.
M. Pagé: Du tout, M. le Président.
M. Garon: Alors qu'avec la raffinerie vous avez
déjà commencé à mettre des annonces dans les
journaux, à annoncer qu'elle est fermée et à placer les
gens. J'ai le sentiment que des choix ont été mal faits à
certains endroits et qu'on essaie de mettre sur la voie d'évitement la
Loi sur la protection sanitaire des animaux...
M. Pagé: Du tout, du tout.
M. Garon:... qui touche tous les Québécois, alors
que le projet de loi sur la raffinerie de sucre, actuellement, ne touche pas
tous les Québécois.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: Là-dessus, très brièvement
parce que j'apprécierais qu'on amorce nos travaux, si nous voulons
terminer. Je dirai au député de Lévis que, hier, la
commission parlementaire de l'agriculture a siégé pour entendre
dix ou onze groupes qui sont venus témoigner devant elle. Si j'avais
recommandé au leader d'appeler l'étude du projet de loi 69 ce
matin, je suis persuadé - et l'Opposition aurait eu raison....
L'Opposition se serait inquiétée de voir le projet de loi
déposé dès le lendemain. Vous savez, j'en ai
déjà entendu, des discours d'opposition. L'Opposition nous aurait
dit: Vous ne voulez pas profiter de la séance d'hier pour corriger votre
loi. Cela a été une consultation bidon, cela a été
une consultation pro forma. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On travaille de
façon très raisonnable, de façon efficace. Nous avons
entendu les groupes hier et j'ai passé des commandes très claires
à mes sous-ministres - hier, en fin de soirée, comme nous avons
ajourné vers minuit - afin de
procéder aux écritures des corrections que j'entends
apporter au projet de loi 69. C'est donc dire que cela va se faire. On peut
profiter de la période où la commission siégera pour
étudier le projet de loi 85 afin d'effectuer les corrections a apporter
au projet de loi 69, lesquelles seront déposées lorsqu'on
amorcera son étude, je l'espère, peut-être lundi ou
mardi.
M. Garon: II y a une façon, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait quand
même qu'on n'éternise pas le débat là-dessus.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, allez-y.
M. Garon: II y a une façon beaucoup plus simple, au fond.
Dans le projet de loi 69, il y a quelques articles qui demandent des
modifications. Il est facile de les laisser en suspens. On vient d'entendre la
commission parlementaire; c'est tout frais à notre mémoire. Il y
a quelques articles qui demandent des modifications, non pas tous les articles,
mais peut-être quatre ou cinq articles. À ce moment-là, il
est facile, lors de leur étude, de laisser en suspens ces articles et de
dire: On va étudier le projet de loi 69 et, quand on aura
terminé, les amendements seront sûrement prêts. La
discussion sur le reste du projet de loi va aider en même temps à
établir, j'en suis persuadé, les amendements que le ministre a en
tête et que ses fonctionnaires vont lui suggérer en
écoutant les discussions sur le projet de loi 69. Il y a une grande
partie du projet de loi 69 où il n'y aura pas d'amendement.
C'est une autre affaire. Il y avait déjà un projet de loi
qui ressemblait beaucoup au projet de loi 69, au mois de juin. Si on a attendu
pour le déposer le 15 mai, ce n'est pas la faute de l'Opposition. Il
aurait pu être déposé au mois de mars. Les séances
que nous avons eues hier pour entendre les mémoires auraient pu
facilement avoir lieu n'importe quand, depuis mars ou avril. Si on a attendu la
partie intensive de la session, c'est parce qu'il y a eu une mauvaise
prévision. Oui, c'est cela la prévision parlementaire. On a mal
préparé les travaux de la Chambre et des commissions
parlementaires et, ensuite, on dit: On va escamoter l'étude des projets
de loi. Cela ne peut pas fonctionner ainsi. Si le leader du gouvernement et le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avaient
voulu, ils auraient pu déposer ce projet de loi 69 facilement au mois de
mars. Il aurait pu y avoir l'étude même, au mois de mars ou au
mois d'avril, et ce serait déjà réglé. M.
Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute.
M. Pagé: Deux choses, très brièvement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, parce qu'il
faudrait avancer nos travaux.
M. Pagé: Un, lors de la précédente
Législature, alors que le député de Lévis
était mon prédécesseur, les règles parlementaires
prévoyaient que le dépôt des projets de loi pour fin
d'adoption avant l'ajournement des travaux se faisait le 1er juin. On se
rappellera que mon prédécesseur avait l'habitude, comme les
autres ministres, de déposer des projets de loi le 1er juin. Deux...
M. Garon: Ce n'est pas cela. C'était le 15 mai.
M. Pagé: Non, c'est avancé au 15 mai, maintenant.
Sous l'ancien gouvernement, le dépôt des projets de loi se faisait
le 1er juin.
M. Garon: Ce n'est pas séparé, cela. (12
heures)
M. Pagé: Pour la dernière session. Vous avez
été huit ans où le dépôt des projets de loi
se faisait le 1er juin; c'était le 1er juin et le 1er décembre.
Cette année, le projet de loi a été déposé
le 15 mai. Le député de Lévis qui connaît
très probablement aussi bien que moi le règlement, sait
pertinemment que les mois de mars et d'avril sont consacrés, dans notre
système parlementaire, au débat sur le discours sur le budget,
à l'étude des crédits. Trois ou quatre commissions
siègent quotidiennement et la Chambre ne siège pas. Mais la
période du mois de mai est la période où les
parlementaires sont conviés à l'étude des projets de loi,
de la législation comme telle.
Notre projet de loi a été déposé le 15 mai,
bien avant le 1er juin, deux semaines avant, et on a indiqué à
l'Opposition que, pour certains projets de loi, c'était un "must" pour
nous, que ces projets de loi devaient être adoptés avant
l'ajournement de nos travaux. J'ai indiqué qu'il y a trois projets de
loi que j'ai déposés sur quatre qui doivent être
adoptés. Nous y tenons et je demande la collaboration de l'Opposition
pour que le débat soit utile et qu'on ne soit pas convié à
brûler du temps pour le plaisir de brûler du temps. Si tel
était le cas, je me devrais de recommander au leader du gouvernement
d'imposer la clôture purement et simplement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant, je
pense qu'il ne faudrait pas s'éterniser là-dessus parce que,
premièrement, ce n'est pas le mandat de la commission actuellement de
faire un débat sur toute cette chose; on est complètement
à l'extérieur. J'aimerais, s'il vous plaît, que vous alliez
au plus court possible pour qu'on passe è autre chose parce que ce n'est
pas notre mandat de renégocier toutes ces ententes. M. le
député de Lévis, je vous écoute.
M. Garon: M. le Président, il est facile de faire le
décompte actuellement. Sur trois projets de loi étudiés en
deuxième lecture, vous regarderez le nombre d'orateurs et le nombre
d'heures qu'on a passé sur la deuxième lecture, cela n'a pas
été un nombre d'heures effarant.
M. Pagé: Cela bloque.
M. Garon: Non, attendez un peu. Quant au projet de loi 71, on a
dit qu'on était d'accord sur le principe et qu'on étudierait les
modalités en commission parlementaire. On a dit également que
nous étions d'accord sur le projet de loi 69 et on a voté pour le
principe. On a dit qu'il y avait quelques modalités qui devaient
être regardées plus attentivement. Je pense qu'on a eu un bon
éclairage en commission parlementaire hier.
Sur le projet de loi sur la Raffinerie de sucre du Québec, le
principe a été adopté le jour même de son
dépôt. Le vote a été remis, mais le débat
était terminé la journée même ou le soir de son
dépôt. On ne peut pas dire que l'Opposition a fait un gros
"filibuster". Ce n'est pas cela qu'on appelle un "filibuster"...
M. Pagé: Je ne parle pas d'un "filibuster" sur le parquet
de la Chambre, c'est en commission que cela bloque. Le projet de loi 71, qui
est un bon projet de loi, pour lequel vous allez voter, cela fait une semaine
qu'on est dessus.
M. Garon: Oui, mais il y a des modalités et vous vous
donnez des pouvoirs de réglementation que jamais dans le passé on
ne s'est donnés.
M. Pagé: Je reconduis les pouvoirs de
réglementation qui étaient prévus, qui sont analogues
è ceux qui sont dans la Loi favorisant l'établissement de jeunes
agriculteurs et que vous avez présentés vous-même.
M. Garon: Je ne suis pas de cet avis. On va en débattre
justement en parlant de cet article et on veut présenter plusieurs
amendements.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous êtes
d'accord, je pense que ce débat serait suffisant. Nous pourrions amorcer
l'étude...
M. Pagé: Nous en étions à l'article 14 et je
suis prêt à procéder aux commentaires en regard de
l'article 15.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je voudrais faire
une mise au point. Tout à l'heure, j'ai oublié de dire que M.
Fortier (Outremont) va remplacer le député des
Îles-de-la-Madeleine pour l'étude du projet de loi 85.
M. Pagé: C'est bien cela, M. le Président.
Pouvoir de réglementation du gouvernement
(suite)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Maintenant, si vous voulez bien, procédons. L'article 14 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Pagé: Adopté.
M. Houde: Tout indiquait qu'il était adopté.
M. Pagé: Tout le contenu de l'article... M. Houde: Oui, au
complet.
M. Pagé:... 14, soit les dispositions prévues
à l'article 29.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je veux parler sur l'article 14
puisque, encore une fois, le ministre m'oblige à dire quelque chose. Il
dit que ce sont exactement les mêmes termes qu'il met en place.
M. Pagé: J'ai dit "analogues", je n'ai pas dit
"exactement".
M. Garon: Je ne suis pas de l'avis du ministre de l'Agriculture
sur l'article 14. Pourquoi? Parce qu'essentiellement l'article 14, qui remplace
l'article 29 de la Loi sur la mise en valeur des exploitations agricoles,
change complètement la façon d'envisager les choses. Dans la Loi
sur la mise en valeur des exploitations agricoles, dont il limite maintenant
l'application des articles 2, 5 et 7 au 1er juillet... Quand on consulte la
loi, on voit que la Loi favorisant là mise en valeur des exploitations
agricoles, aux articles 2, 5 et 7, n'était pas de même nature que
ce qu'il veut faire. Au contraire, les fins étaient
précisées dans la loi. Actuellement, par l'article 14, le
ministre veut éliminer de la loi les fins qui étaient
prévues. Ainsi, les articles 2, 5 et 7 ne
connaîtront plus d'application. On ne pourra plus recevoir de
demandes après le 1er juillet 1986. Toutes les demandes qui vont
être faites après le 1er juillet 1986 vont être faites en
vertu des articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 et 16. 3. Dans les articles 2, 5 et 7, il
est indiqué comment les subventions devaient être affectées
à des fins d'améliorations générales sur la ferme,
à des fins d'améliorations foncières sur la ferme et
même les montants qui doivent être affectés à chaque
fin. Tandis que le ministre, par l'article 29, veut que les fins - je lui ai
démontré lors de l'analyse que nous avons faite vendredi dernier
- soient définies par règlement. Elles ne seront plus contenues
dans le projet de loi. J'en ai fait la lecture, même si ces articles sont
longs. Les articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 et 16. 3 ne prévoient aucune
finalité aux subventions. Tout simplement, comme dans le nouvel article
29, on trouve des dispositions, qui disent: "3 déterminer les fins pour
lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1,
16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée et la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention. "
Cela veut dire, au fond, que, contrairement aux engagements qu'a pris le
Parti libéral au cours des dernières années, le pouvoir
réglementaire, au lieu d'être restreint, d'être
limité, est étendu considérablement. Il est étendu
même jusqu'à prévoir les fins des subventions dans les
règlements plutôt que dans le projet de loi. Cela veut dire, M. le
Président, qu'on se retrouve devant une situation un peu aberrante. Je
dis que, si le gouvernement actuel veut procéder de cette façon,
il pourrait y avoir un article général qui dirait: Le
gouvernement peut verser des subventions dont les fins seront
déterminées par règlement. Ensuite, le gouvernement pourra
déterminer dans n'importe quelle matière les fins où il
veut verser des subventions. Pourquoi y a-t-il actuellement des lois
précises et particulières? C'est justement à des fins de
subvention, parce que les finalités des subventions sont toujours dans
le projet de loi, mais ne sont jamais dans le règlement. Les
modalités sont dans le règlement, mais non pas les
finalités. Actuellement, on est en train de mettre, non seulement les
modalités de versement, mais les finalités. Les fins auxquelles
les subventions sont versées ne sont pas dans le projet de loi.
C'est-à-dire qu'on adopte un principe général, on donne au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation le pouvoir
de verser des subventions, sans, comme législateur, avoir une
préoccupation sur les finalités des subventions. Je vais vous
dire bien franchement, depuis dix ans que je siège dans ce Parlement, je
n'ai jamais vu un tel projet de loi. Jamais je n'ai vu un projet de loi fait de
cette façon. Je pense qu'il est anormal que le gouvernement veuille
faire voter des articles, des dispositions qui lui donnent un pouvoir
général de verser des subventions en indiquant le montant, mais
sans prévoir le cadre et surtout les fins auxquelles ces subventions
seront versées. On se retrouve devant une façon incroyable de
légiférer où on ne veut pas préciser les fins
auxquelles les subventions vont être versées.
De plus, on veut établir un pouvoir réglementaire nouveau
qui est beaucoup plus vaste qu'auparavant par huit paragraphes qui sont
prévus dans le projet de loi. Ces huit paragraphes du nouvel article 29
remplaceraient l'article 29 actuel. Or, on sait que, dans le projet de loi
antérieur, beaucoup de dispositions qui s'appliquaient vont continuer de
s'appliquer pour les subventions de 2000 $ et de 6000 $, pour un total de 8000
$, sur la mise en valeur des exploitations agricoles aux fins
d'établissement. Les fins et l'encadrement étaient prévus
dans la loi, alors qu'avec le nouveau projet de loi l'encadrement va être
entièrement prévu par règlement. Même les
définitions prévues antérieurement vont devoir être
réadoptées et sans que l'on sache exactement comme cela va
être fait. On pourra dire qu'avant il y avait certains types de
règlements, sauf qu'aujourd'hui ce que l'on essaie de faire c'est de
donner un pouvoir réglementaire total et vider la loi de son sens et de
son contenu, mais tout en la laissant là. Cela veut dire que tout
l'encadrement qui était prévu par les articles 2, 5 et 7, par
lesquels d'autres articles s'expliquaient sur le plan des modalités, ne
s'appliquera plus après le 1er juillet 1986. Le seul cadre qui sera
prévu sera aux articles 5. 1, 16. 1, 16. 2, 16. 3 qui prévoient
un cadre juridique et, à l'article 29, un pouvoir réglementaire.
À toutes fins utiles, le reste de la loi va devenir inopérant. Le
gouvernement aurait dû dire: J'abroge la Loi sur la mise en valeur des
exploitations agricoles puisque la plupart des articles de cette loi vont
devenir inopérants en vertu des amendements qui sont contenus dans le
projet de loi 71. Mais enfin, s'il avait fait cela, il aurait
démontré à quel point il n'y avait plus d'encadrement dans
sa loi et qu'il y avait seulement une loi avec quelques articles pour permettre
des subventions et un vaste pouvoir réglementaire.
M. le Président, si j'ai pris tout le temps qu'il m'a
semblé nécessaire pour expliquer ces notions, c'est que je n'ai
pas senti de réactions du côté des députés
libéraux qui, depuis des années, se plaignent du pouvoir
réglementaire des lois et qui ont promis de restreindre le cadre
réglementaire. Au contraire, actuellement, on est en train de faire ce
qu'on n'a jamais fait auparavant, ce qu'aucun gouvernement antérieur n'a
fait, c'est d'éliminer le cadre législatif en faveur
d'un cadre réglementaire. Tout ce qui va rester dans le projet de
loi actuel, c'est un principe général de verser une subvention de
15 000 $ en déterminant que le gouvernement déterminera par
règlements de quelle façon ces 15 000 $ pourraient être
versés, pour quelles fins ils pourraient être versés.
C'est absolument anormal que le pouvoir législatif se vide
entièrement de ses responsabilités. Je regarde les
députés qui sont ici et qui normalement devraient être
intéressés par ces questions, qui sont des députés
qui viennent des comtés ruraux - je vois le député de
Kamouraka-Témiscouata, le député de Berthier, le
député de Prévost, le député de
Deux-Montagnes, le député de Huntingdon, un peu moins le
député de Gaspé mais encore un peu, et le
député de Lotbinière - et qui ne semblent pas
intéressés à faire en sorte que les engagements de leur
parti politique, qui disait que le pouvoir réglementaire serait
restreint au profit d'un cadre législatif plus vaste et qui disait qu'il
protégerait le pouvoir des élus soient respectés. Ils sont
en train eux-mêmes - parce que cela va prendre leur vote - de se vider de
leurs responsabilités au profit des fonctionnaires et du gouvernement en
disant que les élus n'ont pas de responsabilités. C'est ce qu'on
est en train de faire notamment par l'adoption de l'article, 14 qui a pour but
de remplacer l'article 29.
Deuxièmement, je comprends que cette loi qui a été
adoptée en 1969 sous le gouvernement de l'Union Nationale et dont les
montants ont été augmentés considérablement sous le
gouvernement du Parti québécois est une loi qui n'a pas une forte
origine libérale. Elle n'a à peu près aucune origine
libérale, mais cependant elle a connu une application au cours des
différents régimes politiques depuis 1969 et il y a quand
même une tradition, une façon de concevoir les termes qui sont
définis, les termes qu'on retrouve, qu'on a dû utiliser au cours
de ces années pour appliquer ce projet de loi. Le mot
"établissement", les expressions "principale occupation",
"activité principale", "culture du sol", "élevage d'animaux de
ferme", "programme d'améliorations générales" et
"programme d'améliorations foncières", sont des termes qui ont
connu une application pendant 17 ans, dont la teneur est connue de l'Office du
crédit agricole et du monde agricole québécois. (12 h
15)
Actuellement, voulant redéfinir par de nouvelles dispositions, on
prend la chance de faire en sorte qu'il n'y ait plus de cohérence et
d'harmonisation entre des régimes qui vont se retrouver dans la
même loi. Antérieurement, il y avait des articles de la loi qui
s'appliquaient et dont on fait sauter l'application è partir du 1er
juillet 1986.
Je veux bien me faire comprendre.
Dans ce projet de loi qui a mis en place un système en 1969, par
son abrogation sans le dire puisqu'il n'y aura plus de demande possible en
vertu des articles 2, 5, et 7 qui étaient les seuls articles qui
permettaient une demande pour une subvention de 8000 $ de la part des jeunes
agriculteurs, ces articles ne s'appliqueront plus à partir du 1er
juillet 1986 pour permettre des demandes de la part des jeunes agriculteurs.
C'est seulement par l'article 5. 1 que les jeunes agriculteurs vont pouvoir
faire une demande dont aucune des finalités, aucun des encadrements ne
seront prévus dans la loi, sauf l'encadrement juridique. C'est vraiment
une façon un peu théorique de faire un projet de loi.
Essentiellement, un cultivateur ce n'est pas un encadrement juridique au
point de départ. Une ferme, au point de départ, c'est
essentiellement une entreprise économique, une entreprise agricole. On
nie le caractère par cette loi. On ne fait aucune
référence au caractère d'entreprise économique que
constitue une ferme en maintenant, par les articles 16. 1, 16. 2 et 16. 3,
seulement l'encadrement juridique. Y a-t-il une façon plus
évidente de vivre en dehors du monde réel? Là, on va
déterminer qu'un cultivateur ce sont des actionnaires, ce sont des
sociétaires, ce sont des coopératives, c'est un cadre juridique,
peu importe le type de ferme exploité.
Dans les années passées, même dans les semaines
passées, le ministre de l'Agriculture indiquait qu'il voulait
privilégier certains types d'entreprises, mais le discours et l'appareil
législatif c'est le jour et la nuit. Il n'y a aucune correspondance
entre les deux puisque le cadre législatif est un cadre qui est à
peu près vide. C'est une coquille, une faible coquille qui ne balise pas
le fonctionnement du régime de subvention pour les jeunes agriculteurs
au Québec.
Motion proposant de reporter à 1990
l'application de l'article 14
M. le Président, je pense que cette disposition ne devrait pas
être acceptée, immédiatement tout au moins, pour voir s'il
n'est pas possible de fonctionner - non pas si ce n'est pas possible, c'est
possible - dans le présent cadre. C'est pourquoi, une des façons
pourrait être de modifier la ligne 14 de l'article 29 qui dit: "L'article
29 de cette loi est remplacé par le suivant", pour modifier cette
disposition - c'est un amendement que je vais proposer, M. le Président
- en ajoutant, après "est remplacé par le suivant", les mots
"à partir du 1er janvier 1990". Cela permettra au moins un certain
nombre d'années d'application du régime actuel pour opérer
une transition afin d'éviter le pire. Autrement, il n'y aura pas de
transition entre les deux.
Une voix: Quelle année?
M. Garon: 1990. À partir du 1er janvier 1990 pour
permettre une période de transition.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député pourrait déposer son amendement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une seconde!
M. Pagé: Pour voir s'il est recevable, avant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait que je
l'écoute avant. Peut-on à ce moment-ci?
M. Pagé: Qu'est-ce qui est modifié?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je dois
l'écouter avant. M. le député, continuez pour qu'on
comprenne votre amendement au complet. Veuillez le répéter.
M. Garon: "L'article 29 de cette loi est remplacé par le
suivant...
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Garon:... à partir du 1er janvier 1990. "
M. Pagé: Est-ce que c'est un amendement à l'article
29 ou à l'article 14 qui est présenté?
M. Garon: À l'article 14.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'article
14. Tout a été discuté, actuellement, on ne peut pas
présenter d'amendement aux autres articles.
M. Garon: À l'article 14.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'article
14. D'accord, je vous écoute.
M. Garon: La première ligne de l'article 14 se lit comme
suit: "L'article 29 de cette loi est remplacé par le suivant". Je
voudrais remplacer cette phrase par la phrase suivante: "L'article 29 de cette
loi est remplacé par le suivant à partir du 1er janvier 1990. "
Pourquoi? Pour permettre... Je plaiderai par la suite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'article
14, il est écrit: "L'article 29 de cette loi est remplacé par le
suivant". Il s'agit d'ajouter "à partir du 1er janvier 1990". Cet
amendement est recevable.
M. Garon: Voici pourquoi je présente un amendement de
cette nature. Comme je viens de vous l'expliquer, le régime
d'établissement par la Loi sur la mise en valeur des exploitations
agricoles a été élaboré en 1969. Il a
été appliqué à des milliers et des milliers
d'agriculteurs dont plusieurs frères et soeurs ne se sont pas encore
établis. Plusieurs familles ont connu un régime et on va
établir, par ce projet de loi, un régime complètement
nouveau. Cet amendement permettrait de maintenir un cadre et d'ajuster le cadre
existant dans une perspective possiblement évolutive, si on veut le
faire, mais en étant bien conscient qu'on part d'un cadre donné,
avec des milliers de personnes qui sont déjà établies dans
ce cadre donné. Je ne sais pas si on voit clairement ce que je veux
dire. Il y a des milliers de personnes qui se sont établies en vertu des
articles 2, 5 et 7 de la loi. Il ne sera plus possible, après le 1er
juillet 1986, de faire des demandes en vertu des articles 2, 5 et 7. On veut
établir un nouveau régime, mais, en plus du nouveau régime
législatif, on veut établir un nouveau système
réglementaire total. Les articles 16. 1, 16. 2 et 16. 3 se
réfèrent, à toutes fins utiles, à ce qui existait
auparavant, en ayant un multiple de quatre agriculteurs au lieu d'un multiple
de cinq.
Pour le reste, le cadre juridique, c'est à peu près la
même chose. On l'a vu quand on a étudié les articles en
commission parlementaire, le cadre ne subissait pas de grands changements. Il
n'y avait pas véritablement de changements dans le cadre juridique, sauf
que le cadre juridique prenait une importance considérable puisque cela
constituait à peu près les seules conditions qui étaient
établies dans ce nouveau système. Il est nécessaire,
à mon avis, d'établir... Je ne veux pas revenir sur ces articles,
parce que le ministre me dirait, si je lis de longs articles deux ou trois
fois, que je parle pour parler. Je suppose que les députés ont lu
ces articles et qu'ils les connaissent un peu mieux qu'ils les connaissaient
antérieurement. Ce sont des articles très complexes. Ils ont subi
l'usure du temps, non pas dans le sens péjoratif, mais en ce sens qu'ils
ont été améliorés, dans le temps, pour mieux
décrire la réalité juridique que peut prendre une ferme
agricole.
Cependant, il n'y a pas seulement la réalité juridique
dans une ferme agricole; c'est seulement un aspect et non le plus important
pour des fermes. Il y a le cadre opérationnel, le cadre de la ferme en
tant qu'entité agricole et économique, en tant qu'entreprise
économique. Si vous lisez sur ce qui a été fait depuis
2000, 3000 ou 4000 ans, vous verrez que le plus important dans
l'agriculture, c'était le cadre, l'agriculture comme entreprise.
C'est tellement important que toute la révolution industrielle, à
partir du 17e siècle, est due aux changements dans l'entreprise
agricole. Seulement au sujet du phénomène des clôtures en
Angleterre - et je vois M. Bernier, économiste, qui est un de mes
conseillers dans l'Opposition - tous les économistes s'entendent pour
dire que le grand développement industriel qui s'est produit en
Angleterre et dans les pays qui se sont industrialisés par la suite,
c'est le phénomène de clôturation. Avant, il y avait des
champs communs et on a commencé à déterminer que les
familles vivraient dans un cadre donné en clôturant leur ferme, en
se les appropriant pour des fins de développement économique,
mais comme entreprises individuelles. Le cadre de l'entreprise, c'était
des entreprises communautaires, des pacages communs, une façon de penser
qui était différente et qui permettait de faire vivre beaucoup de
monde. Mais, par le phénomène des clôtures au 17e
siècle, la ferme est devenue une entreprise complètement
différente. Elle a évacué des centaines de milliers de
personnes vers les villes, qui ne pouvaient plus gagner leur vie sur la ferme.
Cela a provoqué, sur le plan économique, une augmentation
considérable de la productivité. Et ce fut une révolution.
On ne peut pas estimer facilement comment il se fait... C'est le
phénomène d'entreprise qui est fondamental et c'était une
révolution au 17e siècle. Aujourd'hui...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, j'aimerais qu'on soit très pertinent.
M. Garon: C'est parce qu'on est dans l'établissement.
Une voix: On est dans les clôtures.
M. Garon: Selon que l'établissement réfère
ou non à des cadres dans les projets de loi, cela a de l'importance.
Qu'est-ce que c'est une entreprise en agriculture? Je me rappelle que les plus
grands débats qui ont eu lieu devant cette commission parlementaire pour
les fins du crédit agricole ont justement porté là-dessus.
Tous les grands débats, qu'il s'agisse des grévistes de la faim,
qu'il s'agisse de cas que le Parti libéral venait discuter en commission
parlementaire, de son projet d'initiative sur les crédits agricoles, la
discussion portait toujours sur l'entreprise agricole. La forme de l'entreprise
agricole, la grandeur de l'entreprise agricole, entreprise familiale ou
entreprise industrielle. De quoi parle-t-on au fond?
Je vois le député de Huntingdon. Les plus grands et les
meilleurs discours qu'il a faits - je ne vous dis pas que j'étais
nécessairement d'accord avec lui - portaient sur ces notions. Jamais je
n'ai discuté avec lui sur notre conception de l'entreprise. Jamais je ne
l'ai blâmé de parler de ces questions parce que c'est la notion la
plus fondamentale. Le reste est quasiment accessoire. C'est la notion de base.
Dans ce projet de loi, on ne fait plus référence à cela.
Il n'y a plus du tout de cadre. Quand les gens sont venus devant la commission
parlementaire, ils nous blâmaient parfois pour des choses qui
n'existaient pas, mais ils considéraient qu'on aurait dû
être beaucoup plus rigides pour déterminer le cadre de
l'entreprise. Je peux vous dire que j'ai essayé, à plusieurs
reprises, de faire faire des travaux au ministère sur ce qu'on entend
par "ferme familiale". Toujours dans le cadre d'une ferme familiale, je dois
vous dire qu'entre ceux qui voyaient... Il y en a pour qui une ferme familiale,
c'était 10 000 pondeuses et, pour d'autres, 500 000 pondeuses,
c'était encore une ferme familiale. Je vous dirai bien que, dans les
différents types d'élevages, dans l'élevage du porc, par
exemple, plusieurs disaient qu'une ferme familiale pouvait aller jusqu'à
plusieurs milliers de porcs. On était toujours dans le cadre d'une ferme
familiale. On se référait è certaines notions. (12 h
30)
Dans ce projet de loi, qui met en place des montants beaucoup plus
considérables qu'antérieurement, il n'y a aucune
référence à ces notions-là, alors que la loi sur
l'établissement des jeunes agriculteurs réfère à
ces notions. On disait, à ce moment-là, qu'on trouvait que les
balises n'étaient pas assez fortes. Pourtant, ces lois se
référaient à ces notions. Aujourd'hui, on ne retrouve
aucune référence à des notions de ferme familiale ou
d'encadrement de l'entreprise agricole. Tout cela disparaît, n'est plus
contenu. On veut éliminer toute la pratique réglementaire qui
existait en faisant un cadre réglementaire complètement nouveau
qui ne s'accroche plus à rien. Si, au moins, on pouvait maintenir
l'encadrement qui existait en vertu de la loi existante, quitte à
définir plus tard; c'est possible en vertu de la loi existante, de
l'actuel article 29, de faire des amendements, mais on partirait au moins d'un
cadre qu'on pourrait modifier en cours de route, mais non pas
l'établissement d'un cadre complètement nouveau, qui n'existe
pas, auquel personne ne va pouvoir se référer.
C'est pourquoi je dis que, si on prend une certaine période de
transition, il sera possible de pallier au moins, je ne dis pas pour le mieux,
parce qu'il aurait été mieux de faire ce projet de loi d'une
façon différente, mais au moins d'éviter les
embûches majeures qui ont été définies par le Parti
libéral lorsqu'il était dans l'Opposition. Pendant toutes ces
années, vous n'avez
pas idée à quel point le Parti libéral est revenu
sur ces questions; il nous a blâmés et il a indiqué qu'il
aurait fallu un cadre législatif plus serré, ne pas encourager
les fermes trop grosses, ne pas être incitatif afin de ne pas
développer des exploitations agricoles trop fortes. Vous savez, par
exemple, dans l'élevage du porc au Québec, on a souvent
été blâmé par le Parti libéral d'avoir
été trop incitatif; on blâmait surtout l'Office du
crédit agricole. On disait qu'il fallait que le gouvernement
enlève ou fasse en sorte que cet incitatif soit moins fort. Le ministre
lui-même a dit, à quelques reprises, que nous avions
été trop incitatifs. Normalement, ces balises se trouvent dans le
cadre des projets de loi. Actuellement, dans le cadre de ce projet de loi, on
ne retrouve aucune balise qui sous-tende la pensée qui avait
été exprimée par le Parti libéral ou, en tout cas,
par ses porte-parole au cours des dernières années.
C'est pourquoi je dis: Au moins, faisons une transition avec le
régime actuel, lui qui prévoyait un certain nombre de balises
avec lesquelles il n'y a pas désaccord. Le principal point de
désaccord... Je pense qu'il est heureux que ces changements soient
faits, ceux qu'on apporte a l'article 23 où on prévoit la
possibilité d'une subvention pour le conjoint. Nous avions mis ces
dispositions; elles étaient de nature différente parce qu'on se
basait sur l'entreprise dans le projet de loi sur l'établissement des
jeunes agriculteurs. Nous ne l'avions pas fait parce que, pour nous, la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles devait être
abrogée incessamment et aurait cessé de s'appliquer parce que
l'on voulait se servir à l'avenir de la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs qui prévoit les
différentes modalités. L'encadrement est prévu dans cette
loi. Les modalités et les fins sont définies. Je vous donne un
exemple: le pouvoir réglementaire contenu dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs. Pourtant, c'est une loi qui
commençait à neuf, à zéro. On disait: On peut
adopter tout règlement pour 1° définir les expressions
"principale occupation", "activité principale", "culture du sol",
"élevage d'animaux de ferme" et "morcellement d'une ferme"; 2°
déterminer la durée du bail prévu par l'article 6 et
prescrire les formalités relatives à son renouvellement - vous
voyez, ce sont des modalités; 3° déterminer les
caractéristiques que doit comporter un contrat de société
pour que la société qui en fait l'objet soit une
société d'exploitation agricole au sens du paragraphe 1° de
la définition d'une telle société - on mentionne l'article
1; vous voyez, une modalité juridique; 4° déterminer les
éléments devant composer un plan d'établissement
visé dans l'article 6 ou pouvant en faire partie. Encore là, il
s'agit d'une modalité, mais une modalité dans la formule de ce
qu'il faudrait demander comme renseignement. 5° fixer les conditions
auxquelles doit satisfaire l'agriculteur visé à l'article 6 ou
l'agriculteur ou l'exploitant agricole visé à l'article 7 ou
à l'article 16 quant à sa scolarité, à son
expérience agricole ou à sa formation professionnelle, points
auxquels on ne s'est pas opposé, parce qu'on pense que cela peut varier
dans le temps. La formation professionnelle et la scolarité peuvent
varier dans Je temps, parce que les formules adoptées par le
système d'éducation au Québec peuvent varier et il peut y
avoir des équivalences. C'est mieux de le faire par règlement
pour maintenir la flexibilité nécessaire. 6°
déterminer les époques et les modalités de paiement d'une
subvention. On ne s'est pas opposé à cela non plus; ce sont des
modalités. 7° prescrire les conditions auxquelles doit satisfaire
une exploitation de groupe pour être admissible à une subvention
prévue à l'article 14. Encore là, il s'agit de
modalités pour un groupe. 8° prescrire les documents et
renseignements à produire et le délai de leur production. 9°
déterminer toute autre mesure utile à l'application de la
présente loi.
Vous voyez, quand vous comparez ce règlement de la loi qui vient
d'être adoptée en 1982, vous ne constatez pas un pouvoir
réglementaire, par exemple, pour définir le mot
"établissement". C'est la base de la loi. C'est cela qu'on vise:
l'établissement. Ici, on dit: On va définir le mot par
règlement. La base du but de la loi, l'établissement, on ne le
définit même pas dans la loi.
Après cela, on dit: "déterminer les fins pour lesquelles
une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 et 16.
3 peut être utilisée". Les fins de la subvention, encore
là, c'est dans le règlement. Après cela, on dit:
déterminer les caractéristiques du contrat. On ne s'est pas
opposé à cela.
Voyez-vous? Les façons de faire qui sont à la base de la
loi vont se retrouver dans les règlements plutôt que de se
retrouver dans le cadre de la loi. C'est cela qui est anormal. On n'a pas
parlé, par exemple, des types de renseignements nécessaires. On a
voté les articles rapidement, comme les paragraphes 5°, 6°,
7° et 8° qui sont des dispositions normales pour un pouvoir
réglementaire qui ne peut pas prévoir toutes les
modalités. Mais on a dit: Les objectifs fondamentaux, ce sont lequels?
Les définitions sont fondamentales là-dedans. Les types de
programmes sont fondamentaux là-dedans également. Le programme
d'améliorations générales et le programme
d'améliorations foncières, c'est fondamental là-dedans.
Les fins pour lesquelles les subventions vont être accordées, cela
aussi, c'est fondamental.
On est prêt à laisser "la teneur du programme d'utilisation
d'une telle sub-
vention", parce que c'est possible. Cela peut faire partie du pouvoir
général du ministre d'établir des programmes. Mais, dans
un projet de loi, il y a des dispositions centrales et des dispositions
accessoires. Actuellement, il y a un ensemble de dispositions qui sont
centrales dans un projet de loi qui devraient se retrouver dans la loi et qui,
par l'effet de ce projet de loi, se retrouvent dans le règlement. C'est
pourquoi, M. le Président, je dis: Au moins, si on maintenait le cadre
réglementaire avec lequel les gens sont habitués, parce
qu'essentiellement l'engagement libéral a été d'augmenter
la subvention de 8000 $ à 15 000 $. Cela n'a pas été de
changer le cadre pour faire en sorte que les montants soient moins
applicables.
Qui vous dit que, demain matin, tous ces nouveaux règlements qui
vont s'appliquer n'auront pas pour effet de réduire les montants? Vous
ne le savez pas. Comme législateurs, vous n'avez aucune idée de
cela. C'est facile par des dispositions. On en verra une tantôt quand on
reviendra à l'article 16. Vous allez voir à quel point l'article
16 vient limiter le budget applicable pour l'établissement, alors qu'il
n'y a jamais eu de limitation de budget. Il s'agissait de mettre l'accent sur
le cadre de l'entreprise en fonction de sa rentabilité économique
pour les jeunes qui avaient la formation et les qualifications requises pour
s'établir. Aujourd'hui, cela va être le cadre budgétaire
qui va définir comment on va établir les jeunes. C'est quelque
chose. Qui nous dit, demain matin, que ces règlements qui vont
être nouveaux, en vertu de nouvelles dispositions, n'auront pas pour
effet de modifier complètement le système d'établissement
au Québec, parce qu'il n'y a aucun cadre dans le projet de loi?
Le rôle des législateurs, c'est véritablement de
faire en sorte que le projet de loi protège les jeunes agriculteurs qui
vont s'établir. Je vais vous dire une chose. Le ministre - on l'a vu, on
a étudié un autre projet de loi, sur la fermeture de la
raffinerie - je ne suis pas convaincu que c'est lui qui voulait la fermeture de
la raffinerie. II a été obligé de faire contre mauvaise
fortune bon coeur, puis après d'être solidaire. Autrement, il est
obligé de démissionner.
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui. Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: Le propos du député de Lévis
est faux. Il me prête des intentions, et ce n'est pas le cas. J'ai
clairement indiqué que c'était un des premiers dossiers que j'ai
fait venir sur mon bureau. On l'a analysé et regardé et j'ai
déposé le projet de loi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
député de Lévis, il faudrait conclure. Il vous reste une
demi-minute.
M. Garon: Le ministre nous a proposé tantôt que ce
soit le ministre délégué à la Privatisation qui
vienne défendre le projet de loi.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II reste une
demi-minute pour finir.
M. Pagé: Ce n'est pas ce que j'ai indiqué, j'ai
indiqué que le député d'Outremont et ministre
délégué à la Privatisation serait avec nous. Je
suis persuadé que, si je n'avais pas posé un tel geste, j'aurais
été critiqué par l'Opposition.
M. Garon: Nous croyons qu'il est possible que le ministre, le
député d'Outremont, soit membre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, autant que
possible, il faudrait s'en tenir à la pertinence du débat.
M. Garon: M. le Président, ce que je veux essentiellement
dire, c'est qu'avec des dispositions comme celles-là il sera facile,
quand on va faire adopter des règlements, de changer la nature des
règlements et de faire en sorte qu'une loi soit moins facilement
applicable, qu'il y ait moins de personnes qui puissent en profiter. On sait
à quel point -on l'a vu dans les derniers mois - le ministre de
l'Agriculture s'est fait avoir dans ses budgets, pour des demandes de coupures
et...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, votre temps est fini. Concluez, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je conclus en disant que l'amendement que je propose
ici est au fond une protection pour le ministre même contre ses
collègues, entre autres les collègues voraces du Conseil du
trésor qui peuvent décider d'avaler l'Agriculture.
Traditionnellement, tous savent que les ministres de l'Agriculture ont
été obligés de se battre férocement contre le
Conseil du trésor, parce que souvent le Conseil du trésor veut
mettre moins de fonds dans l'agriculture. Tout le monde sait cela. L'amendement
que je propose a pour but d'aider l'application dans une plus grande
sécurité, mais aussi de faire en sorte que le ministre ne soit
pas obligé de passer une autre fois sous les Fourches Caudines de la
déréglementation.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Y a-t-ii d'autres
interventions sur cet amendement? Aucune autre intervention. " Alors,
est-ce que l'amendement tel que...
M. Pagé: M. le Président, j'ai un très bref
commentaire a faire, si vous me le permettez. Je crois que l'ensemble de cette
question a longuement été débattu la semaine
dernière. L'étude de l'article 14 qui modifie l'article 29 de la
loi actuelle a fait l'objet de discussions, de débats et
d'échanges nombreux, de plusieurs amendements qui ont été
présentés par l'Opposition, notamment vendredi. C'est au moins
sept ou huit heures de nos travaux qui ont été consacrés
à l'étude de cet article et le député de
Lévis s'est fait un devoir d'intervenir aujourd'hui et de prendre
presque une heure de nos travaux pour apporter une modification additionnelle
et ultime.
J'ai clairement indiqué que le libellé et le contenu de
l'article 14 prévoyaient pour nous de donner le détail des
interventions que le gouvernement et que le ministre de l'Agriculture pourront
faire en vertu du pouvoir réglementaire. Il nous paraît
préférable de donner le détail, parce que c'est plus
limitatif que d'accorder un pouvoir général de
réglementation au ministre. Alors, pour ces motifs, parce que j'ai eu
l'occasion de vous faire valoir pourquoi à de nombreuses reprises, je
n'ai pas l'intention d'abuser davantage du temps de cette commission et nous
sommes prêts à voter sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Alors...
M. Pagé: 1990 ou 2090 dans la modification?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 14
disait: "L'article 29 de cette loi est remplacé par le suivant... "
L'amendement était: à partir du 1er janvier 1990.
M. Garon: Est-ce que je peux poser une question au ministre?
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Non.
Alors, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Pagé: Rejeté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Rejeté.
M. Garon: Enregistrez le vote, s'il vous plaît!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous demandez le
vote enregistré. Alors, vote enregistré. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M, Houde: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata?
Mme Dionne: Contre. (12 h 45)
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf).
M. Pagé: Contre,
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville).
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc).
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis).
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement est
rejeté. Maintenant, est-ce que... Oui, M. le député.
M. Garon: On revient sur la proposition principale. Je n'ai pas
épuisé mon temps tout è l'heure.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II vous restait
trois minutes sur la proposition principale.
M. Garon: Je voudrais poser une question au ministre. J'ai
entendu une réflexion qu'il vient de faire. Est-ce parce
qu'il trouvait le délai trop long qu'il a voté contre
l'amendement ou s'il aurait aimé mieux avoir un délai plus court?
Au lieu du 1er janvier...
M. Pagé: C'est sans délai que les dispositions
prévues à l'article 29 doivent être adoptées. J'ai
clairement indiqué que le pouvoir réglementaire défini et
détaillé de façon exhaustive et, par conséquent,
limitative prévu dans le projet de loi constitue l'essentiel ou la
façon pour le gouvernement de mettre de la chair sur l'ossature
constitué par la loi sur la mise en valeur. Il n'est pas de question de
délai, M. le Président. Cette disposition aura effet lorsque la
loi entrera en vigueur, et les règlements vont suivre par la suite.
M. Garon: M. le Président, nous allons devoir voter contre
cette proposition, contre cet article, pour les raisons que j'ai
mentionnées en présentant l'amendement. Je ne veux pas les
répéter. Je les ai expliquées comme il le faut, je pense.
J'ai fait le tour de la question. Comme disait mon professeur de latin
autrefois "qui potest capere capiat", que ceux qui peuvent comprendre
comprennent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors,
est-ce...
M. Garon: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Garon: Mais vu que je n'ai pas réussi à
convaincre les députés ministériels dont j'avais besoin de
l'appui pour faire accepter cet amendement qui aurait été
bénéfique, je ne veux pas inutilement présenter d'autres
amendements. Je crois que l'objectif recherché était
présent dans cet amendement. Les députés, par ailleurs,
n'ont pas voulu appuyer cette proposition. Je souhaite que l'application
rencontre les voeux qu'ils espèrent. Nous aurons peut-être
l'occasion au cours des prochaines années d'avoir un mandat d'initiative
qui couvrira l'Office du crédit agricole. Sans encadrement ou avec une
loi qui se vide complètement de sa signification pour confier tout au
pouvoir réglementaire, on verra tantôt à quel point il y
aura un manque d'équilibre entre les pouvoirs des élus, les
pouvoirs du gouvernement et de l'administration. Quand il y a un manque
d'équilibre entre les pouvoirs des élus, parce que la loi est la
seule façon pour les élus de manifester leur pouvoir, et quand
les élus comme le font les députés ministériels
actuellement essaient de ne plus assumer leurs fonctions, de ne plus assumer
leur pouvoir et de les confier à l'administration, au gouvernement ou
à l'administration bureaucratique sans vouloir eux-mêmes
définir les cadres dans lesquels tout cela va se manifester,
éventuellement, il arrive des problèmes et il arrive que la
balance penche trop d'un même côté. Cela a justement
été le problème dans le premier mandat du gouvernement
libéral de M. Bourassa - on aime mieux que je l'appelle par son nom de
comté - du député de Saint-Laurent entre 1970 et 1976.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, votre temps est écoulé.
M. Garon: Je termine en disant que j'aurai prévenu les
députés ministériels et les dispositions auront
été inscrites dans les amendements que j'ai proposés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, est-ce que
l'article 14 est adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Adopté sur vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
vote enregistré?
M. Garon: Je veux que les gens qui font ces gestes... Quand un
jour les gens m'écriront pour me dire qu'ils ne sont pas contents de
l'application de la loi, je pourrai leur envoyer le papier avec le vote de leur
député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, vous
allez avoir le vote enregistré. Alors, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe).
M. Messier: Je réfléchis longuement. J'appuie mon
ministre. Je suis pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière).
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé).
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes).
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost).
M. Forget: Tel qu'il est présentement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela. Tel
qu'amendé.
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier).
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf),
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville).
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc). M. Desbiens: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis). M. Garon: Contre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, l'article
14...
M. Pagé: M. le Président, je ferai parvenir aux
nombreuses personnes de Lévis qui m'écrivent pour m'appuyer dans
l'application de cette loi, pour exprimer leur satisfaction devant le geste du
gouvernement qui vise à augmenter substantiellement l'aide aux jeunes
agriculteurs une copie du Journal des débats démontrant
clairement toute l'opposition de la part de leur député. Je leur
dirai que j'ai regretté cette opposition vigoureuse du
député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Maintenant, l'article 14 est adopté tel qu'amendé.
M. Pagé: À l'article 15, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais dire un mot sur l'article 15 pour dire que,
cette fois-ci, je suis pour cet article en espérant qu'il demeurera...
Je vais expliquer pourquoi. J'avais dit que l'article 15 dépendait de
l'prticle 14. J'avais annoncé mes couleurs dès vendredi dernier
et nous allons voter pour l'article 15, logiquement, puisque l'article 15 dit,
au fond... Cela vous montre à quel point l'amendement que j'avais
proposé à l'article précédent était
possible. "Les dispositions du règlement d'application de la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, adopté en
vertu de l'article 29 de la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles - donc, adopté sous l'ancienne loi -tel qu'il se lisait avant
le (indiquer ici la date d'entrée en vigueur de cette loi) demeurent en
vigueur jusqu'à ce qu'elles soient abrogées par un
règlement adopté par l'Office du crédit agricole du
Québec. " Ce règlement doit être soumis à
l'approbation du gouvernement.
Vous voyez que la proposition que je présentais était
possible puisque les règlements vont rester en vigueur peut-être
pendant quinze jours, trois semaines, un mois ou deux mois, tant que le
ministre n'aura pas présenté les nouveaux règlements. La
meilleure preuve que l'amendement que j'ai présenté était
possible se trouve à l'article 15 lui-même, puisque les
règlements actuels, en vertu de l'article 15, vont rester en vigueur
tant qu'ils n'auront pas été remplacés. Ce qui veut dire,
au fond, M. le Président, que même ici il serait possible de
maintenir la durée de ces règlements. Je ne ferai pas
d'amendement. Le ministre dirait que je veux prendre trop de temps. Je pourrais
proposer un amendement pour suggérer une date de maintien en vigueur,
dire tant de temps. J'ai proposé le principe à l'article 14. Je
ne veux pas faire voter inutilement les mêmes affaires. Je pourrais le
faire. Si je faisais un "filibuster", c'est ce que je ferais. Comme je ne fais
pas de "filibuster", j'ai étudié sérieusement le projet de
loi et j'ai proposé le principe à l'article 14 exactement parce
que je pense que les articles 14 et 15 vont ensemble. L'article 15
démontre à quel point ce que je disais est vrai puisque la
réglementation d'application de la loi actuelle, sans amendement, va
être maintenue pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'il y ait un
nouveau règlement. Comme ces règlements étaient possibles
pendant un certain temps, ils auraient été possibles pendant
beaucoup plus longtemps. Cela démontre également
l'inutilité de l'article 14. Dans le fond, si on avait voulu
véritablement que la loi encadre davantage et que le règlement
encadre moins, on aurait eu une disposition comme l'article 15, sans
disposition comme l'article 14. Cela aussi aurait été possible.
On n'aurait pas eu de besoin de l'article 15 à ce moment-là. Il
aurait suffi d'utiliser la réglementation existante et l'amender au fur
et à mesure des besoins. Actuellement, les députés, de la
façon qu'ils ont voté, prennent un risque. Dans les semaines, les
mois ou les années qui viennent, si, à un moment donné,
les gens vous disent que la loi ou les règlements ne vont pas dans le
sens de ce qu'ils voulaient, vous vous rappelerez cette journée
d'aujourd'hui et, à ce moment-là, vous pourrez dire: Je suis un
des responsables de cette situation parce que j'ai délégué
mon pouvoir de légiférer à ceux qui peuvent avoir
le pouvoir de réglementer que l'on veut bien leur confier. Avec
le pouvoir réglementaire, si on ne veut pas en donner du tout à
d'autres, il n'est pas nécessaire qu'ils en aient. C'est simplement
parce que - non pas nous du Parti québécois - le Parti
libéral aura voulu se délester de ses pouvoirs et confier ses
pouvoirs à d1autres, en disant: D'autres feront sans doute un
meilleur travail que nous. Ou encore: On ne veut pas mettre le temps qu'il faut
pour prévoir certaines modalités dans le cadre de la loi. Les
modalités ou les grandes lignes, dans le cadre de la loi,
établissent les balises, telles que les ont voulues ceux qui ont
été élus dans les différentes régions du
Québec, balises que doivent suivre par la suite l'administration et
même le gouvernement, mais surtout l'administration et les
fonctionnaires.
Aujourd'hui, vouloir se libérer entièrement par l'article
14 et confier le pouvoir d'encadrement ailleurs que dans le Parlement et
qu'à l'Assemblée nationale, c'est, en fait, un acte
antiparlementaire. Vous savez, dans l'histoire du monde, les parlementaires se
sont battus pour avoir ces pouvoirs. Vous savez que des grandes batailles ont
été menées par des hommes célèbres dont les
portraits ornent les murs du parlement. Qu'il s'agisse de Papineau, qu'il
s'agisse de Parent, qu'il s'agisse de tous nos grands présidents,
qu'ont-ils voulu? Ils ont voulu, au cours des années
précédentes - c'était cela, les batailles - faire en sorte
que ce ne soit pas l'Exécutif qui dirige, mais l'Assemblée
nationale - qu'on appelait, à ce moment-là, l'Assemblée
législative - et qu'elle ait les pouvoirs. Ce furent les grandes
batailles que nos ancêtres dont les noms sont les plus
célèbres dans notre histoire ont menées.
Aujourd'hui, par je ne sais quel geste de l'esprit, les gens du Parti
libéral viennent nier ces grandes valeurs, pour dire: Nous autres, on
n'est pas intéressés à légiférer; cela ne
nous intéresse pas, on veut redonner ces pouvoirs à
l'Exécutif, les donner à l'administration pour lui permettre
d'être sur le pilote automatique en ne mettant aucun encadrement dans la
loi. Je le disais tantôt, tout ce qu'il y a dans cette loi, c'est un
principe comme quoi il est possible de verser des subventions de 15 000 $; le
reste se fera par règlement. À toutes fins utiles, c'est ce que
l'on retrouve dans cette loi et je trouve que c'est malheureux. C'est un jour
sombre pour le parlementarisme au Québec, où nos
députés décident de ne pas assumer leurs fonctions, de ne
pas assumer leur rôle, de ne pas assumer, par leur travail de
consultation dans le champ, les volontés et les aspirations de nos
agriculteurs et décident de faire en sorte que ces
responsabilités soient assumées par les fonctionnaires.
M. le Président, je vois qu'il est 13 heures et qu'il me reste un
peu de temps. Combien de temps?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Dix minutes.
M. Garon: Je vais essayer de convaincre encore une fois mes
collègues. Je pense que c'est très important. C'est un des points
fondamentaux. Ce n'est pas pour rien que je me réfère aux grands
principes du parlementarisme. M. le Président, je vais demander
l'ajournement du débat.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, nous n'ajournons pas, nous suspendons la
séance jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise è 15 h 22)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaîtï Mesdames et messieurs, je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte.
M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je transmets mes
excuses aux membres de la commission. C'est bien involontaire, c'est bien
indépendamment de ma volonté que j'ai été
retardé. Comme on le sait, on siège au Conseil des ministres Je
mercredi et immédiatement après la séance, j'avais des
rendez-vous auxquels je ne pouvais me soustraire. J'avais également une
rencontre au bureau du leader, il y a quelques minutes. C'est ce qui explique
mon retard.
Article 15.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exactement. C'est
l'article 15 qu'on a commencé ce matin.
M. Pagé: Est-ce que l'Opposition avait terminé ses
commentaires, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je crois que oui.
Est-ce que vous aviez terminé?
M. Garon: On m'avait dit qu'il me restait dix minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, on
vérifie. Vous avez absolument raison, il vous reste dix minutes.
M. Garon: Je ne comprends pas tous ces jeunes hommes dont la
mémoire flanche.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, c'est parce
que je ne me suis pas viré de bord.
M. Garon: Habituellement, c'est en vieillissant que la
mémoire faiblit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, vous avez la parole.
M. Garon: M. le Président, je disais donc ce matin avant
d'ajourner - cette charmante jeune fille originaire du même village que
moi, de Saint-Michel-de-Bellechasse, d'une nombreuse famille et qui travaille
à cette commission parlementaire, après avoir fait ses
études juridiques - que l'article 15 aurait dû être le seul
article à permettre de maintenir en vigueur la réglementation
existante plutôt que de faire un article 14 en vue de faire une nouvelle
réglementation avec tous les risques que cela comporte sur le plan de
l'interprétation...
On a dit qu'on continuait ce soir.
Une voix: II y a un avis qui vient d'être donné.
Une voix: Quel avis?
Une voix: On termine à 18 heures.
M. Garon: Les libéraux sont fatigués. On pensait
qu'on allait jusqu'à 18 heures et qu'on recommençait à 21
heures jusqu'à minuit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour l'information
de tout le monde, on vient d'émettre un avis en Chambre en ce sens qu'on
termine la commission à 18 heures.
M. Garon: La commission ajourne à 18 heures.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact.
M. Garon: Qu'est-ce qu'ils ont dit exactement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II y a une autre
commission qui a préséance sur nous. J'imagine qu'ils ont
décidé que l'autre commission était plus...
M. Pagé: Très probablement, M. le Président,
que le bureau du leader a constaté qu'on n'était pas
pressé ici.
M. Garon: Je trouve que cela va bien, moi. Comme disent les
Italiens: Qui va piano va sano: qui va lentement va sûrement.
M. Houde: C'est cela. Lentement, mais sûrement.
M. Garon: Cette disposition à l'article 15 avait
été la meilleure disposition pour maintenir en vigueur
jusqu'à ce que soient modifiés plutôt qu'abrogés les
règlements existants. Sans article 14, qui aurait permis, è ce
moment-là, d'avoir véritablement le même règlement
qu'antérieurement pour l'application des articles 2, 5 et 7 et le
ministre aurait pu modifier la réglementation et les règlements
existants pour s'ajuster aux nouvelles subventions mises en vigueur par ce
projet de loi une fois adopté. Mais de refaire toute la
réglementation par l'article 14 et c'est là qu'est le
problème. Nous avons voté contre l'article 14 et contre les
différentes dispositions du nouvel article 29, qui remplacera l'article
29 de la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles.
Cependant, l'article 15 démontre, à la face de tout le
Québec, que les règlements élaborés en vertu de la
Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles étaient
possibles et qu'il n'était pas nécessaire d'adopter une nouvelle.
réglementation ou un nouvel article habilitant pour faire une nouvelle
réglementation. Les dispositions de l'article 15 le démontrent
puisqu'elles font obligation de maintenir en vigueur jusqu'à ce que soit
abrogé par l'Office du crédit agricole et le gouvernement le
règlement d'application de la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles.
M. le Président, je sais que vous êtes heureux d'être
président, actuellement, car vous n'avez pas à parler sur le
sujet. Si vous n'aviez pas été à la présidence,
vous auriez sûrement été tenté de nous appuyer,
parce que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je pourrais quand
même faire savoir au député de Lévis que, dans les
commissions parlementaires, le président a droit à ses opinions
sur les différents sujets discutés et pourrait les
émettre. Poursuivez.
M. Garon: Mais c'est plus difficile. J'ai remarqué que
même les députés qui sont ici présents, le
député de Saint-Hyacinthe, de Lotbinière, de Gaspé,
de Huntingdon, de Deux-Montagnes, de Prévost, de Berthier et de
Kamouraska-Témiscouata ne disent met, ce qui veut dire qu'ils n'appuient
pas vigoureusement les dispositions présentées par le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et les subissent en
silence. On constate qu'ils ne parlent pas beaucoup pour l'appuyer.
Évidemment, l'article 15 serait facile à appuyer parce que
nous-mêmes allons voter en faveur de cet article. Nous considérons
que c'est l'article qui aurait dû tenir lieu des deux articles 14 et 15.
Le seul qui aurait dû être adopté et qui devrait être
adopté, c'est l'article 15.
L'article 14 n'était pas nécessaire.
Je ne voudrais pas parler plus longuement, puisque, connaissant le
ministre, il va dire que je parle trop longtemps. Comme nous allons parler en
faveur de l'article 15 et que j'ai fait valoir mon point de vue, je vais
laisser à mes collègues libéraux et à ceux de mon
côté le soin d'indiquer les raisons qui motivent leur appui ou
leur non-appui à cet article. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. J'ai reconnu le député de
Lotbinière.
M. Camden: M. le Président, en répondant à
l'appel du député de Lévis, je constate, à la
lecture de la loi à laquelle nous sommes en train d'apporter des
modifications, qu'à l'article 29 on peut lire que l'office peut
édicter tout règlement conciliable avec les dispositions de la
présente loi pour en assurer l'exécution et le bon
fonctionnement. C'est étonnant, M. le Président, que le
député de Lévis nous dise qu'on laisse trop de place
à l'office pour réglementer. Cela m'étonne pas mal. Quand
on tente de véhiculer un tel message et qu'on se reporte è
l'article 29 de la loi de base, on constate qu'à l'époque le
ministre responsable du dossier avait aussi laissé passer un tel
article. Non seulement il l'a laissé passer, mais on constate que c'est
inscrit à l'intérieur de la loi. C'est assez étonnant de
concilier cela avec les propos du député de Lévis
aujourd'hui.
Je dois vous dire une chose, on m'a toujours laissé entendre
qu'une loi était là pour appliquer un principe
général. Je pense que dans la loi qu'on étudie
actuellement on a un principe général, celui du passage de 8000 $
à 15 000 $ pour la prime à l'établissement. Je constate
également, quand je regarde cela, que la réglementation est
là aussi pour donner peut-être davantage de souplesse.
Étant un jeune parlementaire, je constate que c'est fort long, pour
ainsi dire pénible, à l'occasion, d'entendre des
récriminations pendant de longues heures qui ont pour effet de limiter
le temps et de ne pas permettre de voir en application une loi aussi rapidement
qu'on le souhaiterait. Je constate également qu'avec un règlement
il est possible de faire un lobby auprès du ministre. C'est d'ailleurs
notre lobby. On fait des représentations auprès du ministre pour
le voir assouplir et modifier, alors que, modifier une loi... Si jamais on
s'inscrivait dans un processus de modification d'une loi dans l'avenir et qu'on
ait droit à un "filibuster", encore une fois, on viendrait bloquer le
processus d'application d'une loi, en retarder l'application, celle de son
principe général. Je trouve que les propos qui ont
été tenus auparavant sont, ma foi, assez incohérents.
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi. Je
vous écoute, M. le député de Lévis. Quel article
soulevez-vous?
M. Garon: L'article central de notre règlement qui dit
qu'un député n'a pas le droit d'imputer de motifs à ses
collègues. Nous n'avons aucunement l'intention de faire un "filibuster".
La preuve en est que nous nous en allons vers l'adoption de ce projet de loi.
Nous en sommes à deux articles de la fin, deux ou trois...
Une voix: Trois.
M. Garon:... et je viens d'annoncer que nous allions voter pour
l'article 15. C'est donc une drôle de façon de faire un
"filibuster". Au contraire, nous concourons à améliorer le projet
de loi. Je ne voudrais pas que le député nous dise qu'on fait un
"filibuster". Quand on en fera un, je le dirai. Je n'ai jamais fait de
"filibuster" jusqu'à maintenant.
Une voix:...
M. Garon: Pardon?
Une voix:...
M. Garon: Je n'ai pas l'intention de faire un "filibuster" sur la
loi 71. Maintenant, on ne peut pas retarder l'application non plus,
contrairement à l'intention que m'a prêtée le
député, puisque la loi ne peut pas s'appliquer avant le 1er
juillet 1986 et que la réglementation va être adoptée en
adoptant l'article 15, parce que cet article 15 a pour but de maintenir en
vigueur la réglementation actuelle. Il est donc impossible de
"filibuster" ce projet de loi avec ce que j'ai dit jusqu'à maintenant.
Au contraire, j'ai dit que la loi serait adoptée, qu'on essayait de
l'améliorer. Elle va être adoptée en temps utile et la
réglementation va être maintenue en vigueur par l'article 15.
Qu'est-ce que vous pouvez demander de mieux?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon. Alors,
si...
M. Camden: Pour terminer, M. le Président, d'abord, je
n'impute rien au député de Lévis. Je ne fais que
constater, ce qui est différent, et je dois dire aussi que je trouverais
déplorable qu'on ne puisse adopter en troisième lecture un tel
projet et qu'on soit dans l'obligation de le reporter à l'automne
à cause d'un retard indûment apporté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je voudrais
demander au député de Lotbinière de rester à
l'article 15. Avez-vous fini?
M. Camden: C'est terminé, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. D'autres
interventions sur l'article 15? Non? Alors, est-ce que...
M. Pagé: Le député de Dubuc s'agita. M.
Desbiens: Et le ministre parla.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Toujours sur
l'article 15.
M. Pagé: M. le Président, il est 15 h 50.
M. Desbiens: Oui, bien sûr. Jamais je n'oserais ne pas
être pertinent, M. le Président. Évidemment, j'ai
manifesté mon appui, comme l'a souligné le député,
à l'article 15 et M. le député de Berthier en est
très heureux, j'en suis sûr. Comme l'a dit le député
de Lévis cet avant-midi, bien sûr que l'article 15 vient, d'une
certaine façon... On comprend mieux maintenant pourquoi, lorsqu'on avait
suspendu un certain temps l'étude de l'article 14 et qu'on a fait
l'étude de l'article 15, le député de Lévis a voulu
attendre que l'article 14 soit d'abord adopté avant de procéder
à l'étude et à l'adoption de l'article 15.
On aurait pu, si le ministre et la majorité ministérielle
l'avaient accepté, apporter des modifications, toujours dans le but
d'améliorer le projet de loi et de le rendre plus efficace et plus
cohérent avec la politique qui a été manifestée par
le parti au pouvoir, par le gouvernement, tel que cela avait été
exprimé par la vice-première ministre lors de la lecture du
message inaugural en décembre dernier et tel que cela a
été manifesté clairement par le premier ministre
lui-même en désignant, en créant également ce poste
de ministre responsable de la Déréglementation.
Donc, cet article 14, qui est maintenant adopté contre la
volonté de ce côté, bien sûr, aurait pu rendre
l'article 15 ou 14 inutile, comme le dit le député de
Lévis. Mais, étant donné que l'article 14 a
été adopté malgré tout par un vote majoritaire du
gouvernement, c'est bien sûr que l'article 15 m'apparaît absolument
nécessaire pour assurer qu'il n'y ait pas de retard et que les
bénéficiaires possibles de cette mesure qui favorise la mise en
valeur des exploitations agricoles puisse s'appliquer dès le 1er juillet
prochain. C'est pourquoi, M. le Président, l'article 15 permet - pour
rassurer le député de Lotbinière - au ministre de pouvoir
mettre en application rapidement, immédiatement, sans qu'il n'y ait
aucun retard pour les bénéficiaires possibles, le projet de loi
71. C'est pourquoi également, de ce côté, on va appuyer
l'article 15. Je vous remercie, M. le Président
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
concernant l'article 15? M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on a déjà
déclaré antérieurement que nous étions d'accord
avec le principe du projet de loi lui-même et en particulier avec
l'article 3, qui est très important pour les agriculteurs
eux-mêmes. Malgré cela, on pense que le ministre aurait dû,
au mois de décembre, au lieu de parler de ses 8000 $ parler plutôt
de ses 15 000 $ pour en arriver, dès le mois de décembre,
à faire les corrections qui s'imposaient en rapport avec cette loi.
M. Pagé: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, un instant. M.
le ministre, je vous écoute.
M. Pagé: M. le Président, l'Assemblée
nationale a été renouvelée, c'est-à-dire la
présente Législature a été renouvelée le 2
décembre. Le gouvernement a été désigné le
12. La session s'est ouverte le 16 décembre.
Le projet de loi a effectivement été apporté pour
reconduire les dispositions actuelles jusqu'au 30 juin 1986. Si nous avions
amorcé les modifications visant à majorer la prime de 8000 $
à 15 000 $, on n'aurait pas pu terminer le 23 décembre.
M. Perron: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Pagé: Bien oui, puisque c'est déjà depuis
une semaine que nous sommes en commission parlementaire pour étudier le
présent projet de loi.
M. Perron: Je m'excuse, M. le Président, mais...
M. Pagé: C'était impossible, compte tenu de
l'opposition qui est systématique.
M. Perron: Non, je m'excuse, M. le Président, mais ce
n'était pas d'abord une question de règlement de la part du
ministre, parce qu'il ne peut justifier à cette commission parlementaire
ce que nous aurions pu faire au mois de décembre en rapport avec la loi
qu'il a reconduite, il est vrai. Cependant, il aurait pu apporter les
amendements nécessaires concernant ce
projet de loi dès le mois de décembre. Rien ne dit que
l'Opposition n'aurait pas collaboré directement avec le gouvernement,
à ce moment, pour bonifier le projet de loi. Cela aurait pu prendre
quelques heures. Mais il a décidé...
M. Pagé: Donc, vous pouvez faire cela sur le projet de loi
65?
M. Perron: Non, pas sur le projet de loi 65.
M. Pagé: Sur le projet de loi 69?
M. Perron: Non, pas sur le projet de loi 69. Je m'excuse, mais on
ne peut pas faire cela sur le projet de loi 69, ni sur le projet de loi 71.
M. Pagé: Mais pourquoi ne le faites-vous pas là?
Cela fait une semaine qu'on est ici, des heures et des heures de
débat.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, à
l'ordre! Si vous voulez bien...
M. Perron: M. le Président, est-ce que je peux continuer
mon intervention?
M. Pagé: Un exemple concret...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez...
M. Pagé: Pourriez-vous...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je pense...
M. Pagé:... me résumer le principal de la
dernière intervention du député de Dubuc?
M. Perron: M. le Président, j'ai justement dit...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît! Il faudrait continuer à mettre de l'ordre un peu, si
on veut que les travaux avancent. Je pense bien qu'une discussion comme cela,
complètement inutile...
Une voix: II ne faut pas qu'ils reculent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Il ne faut pas
qu'ils reculent, surtout pas. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: II faudrait que le ministre se fasse une
idée. Il nous reproche de retarder et il nous reproche également
de parler en faveur. C'est quoi, è la fin?
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, je pense
que ce sont des mises au point qui sont inutiles. Je demanderais au
député du comté de Duplessis de poursuivre sur l'article
15.
M. Perron: Oui, M. le Président. Comme le ministre m'a
interrompu, je vais donc recommencer ce que j'étais en train de dire. M.
le Président, il y a certains membres du gouvernement qui nous
reprochent notre façon d'agir lors de cette commission parlementaire.
Ils vont même jusqu'à dire que nous sommes en train de faire une
obstruction systématique...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, je
voudrais qu'on discute de l'article 15.
M. Perron: Oui, c'est cela. Je voudrais dire à l'ensemble
des membres de cette commission que l'Opposition est d'accord avec les
principes généraux de ce projet de loi, c'est-à-dire le
projet de loi 71...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 15
aussi?
M. Perron:... incluant l'article 15, M. le Président. Il
ne faut tout de même pas oublier que, à cet article 15 - je l'ai
mentionné l'autre jour et je répète aujourd'hui - il est
toujours question de réglementation, comme dans à peu près
tous les articles de ce projet de loi.
Seulement dans le projet de loi 71, on mentionne trois fois le mot
"règlement" et on parle toujours de réglementation qui est
approuvée sur recommandation de l'office et qui est approuvée par
le ministre. Par la suite, le ministre l'amène au Conseil des ministres
pour approbation.
Tout cela pour vous dire que ce qui m'inquiète le plus dans toute
cette affaire, c'est surtout de ne pas avoir les règlements
déposés ici en cette commission parlementaire. Dieu sait comment
l'ancienne Opposition que nous avions au cours des neuf dernières
années faisait en sorte, pour à peu près toutes les
commissions parlementaires que nous avions, d'obtenir l'ensemble de la
réglementation sur à peu près tous les projets de loi qui
étaient déposés.
Je sais que même si je fais la demande expresse au ministre pour
savoir s'il peut déposer le fameux règlement dont il est question
à l'article 15, probablement que ce sera une réponse
négative que j'aurai, parce qu'il va probablement me répondre que
c'est dans la marmite, etc., etc. Rien n'empêche
qu'il manque certains éléments, en particulier la
réglementation que nous n'avons pas et qui est mentionnée
à cet article 15.
Quant à moi, je termine en disant qu'il ne faut pas oublier que
chacun des membres de l'Assemblée nationale, autant les membres de
l'Opposition que les membres du gouvernement, ont des droits en cette
Assemblée nationale et en commission parlementaire. Si on est là
aujourd'hui pour travailler sur le projet de loi, incluant l'article 15, c'est
bien sûr pour faire en sorte de bonifier le projet de loi et d'y apporter
les amendements nécessaires. D'ailleurs, la grande majorité des
membres du gouvernement ont fait en sorte de voter contre tous les amendements
que nous avons proposés.
Peut-être que plus tard, quant à ces amendements qui ont
été proposés et qui ont été refusés
par le gouvernement, il y aura des gens qui réaliseront qu'ils auraient
dû effectivement voter pour ces amendements que nous avons
apportés à certains articles. On n'a pas du tout l'intention
d'apporter des amendements à l'article 15. Comme l'ont mentionné
le député de Lévis et le député de Dubuc,
nous allons voter pour cet article. Merci, M. le Président. (15 h
45)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Duplessis. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
là-dessus? S'il n'y en a pas, est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre
demande le vote enregistré. J'appelle le vote par le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, l'article 15
est adopté.
M. Pagé: C'est pour vraiment montrer le caractère
ambigu de votre démarche. L'article 16, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'appelle l'article
16. M. le ministre, je vous écoute.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une modification
à apporter, que je vais distribuer.
Une voix: II ne faut pas oublier M. Desbiens.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, l'article
16. Voulez-vous...
M. Pagé: Oui. Essentiellement, M. le Président.
"Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'intitulé
"Dispositions finales" de la section VI, de l'article suivant: 30. 1. L'article
30. 1, proposé par le projet, est modifié par le remplacement,
dans les première, deuxième et troisième lignes, des mots
"le montant des engagements pris en vertu de la présente loi durant un
exercice financier atteint le montant des crédits votés à
cette fin" par les mots "avant la fin d'un exercice financier le montant des
déboursés
relatifs aux engagements déjà pris en vertu de la
présente loi atteint le montant des crédits votés". "
Alors, essentiellement, la disposition a pour effet d'obliger l'Office
du crédit agricole à reporter à un exercice financier
subséquent le traitement des demandes de subvention, lorsque le montant
des engagements pris en vertu de la loi atteint celui des crédits qui
sont votés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Considérant
que tout le monde en a reçu une copie, je ne le lirai pas. Est-ce qu'il
y a des interventions? On vous écoute avec attention.
M. Garon: C'est au ministre d'abord à parler sur
l'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Une question d'information. Est-ce que le mot
"lorsque" reste là?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le mot
"lorsque"?
M. Desbiens: Oui.
M. Pagé: Où est le mot "lorsque"?
M. Desbiens: À la fin de la première ligne.
M. Pagé: L'expression "lorsque le montant des
engagements... " Il reste là.
M. Perron: "Nonobstant les dispositions de la présente
loi, lorsque...
M. Desbiens: "... avant ta fin d'un exercice financier... ",
est-ce cela?
M. Pagé: Oui.
M. Desbiens: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Question ou
intervention ou information additionnelle?
M. Pagé: Essentiellement, M. le Président, c'est
que chaque fois que l'office, comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer, formule
une recommandation de subvention, chaque fois que le ministre accorde une
subvention recommandée par l'office, cela constitue un engagement. Par
exemple, lorsqu'une demande est présentée, elle est
formulée, une lettre d'acceptation est envoyée au
requérant. À partir de ce moment, l'envoi d'une telle
confirmation constitue un engagement. Cependant, le déboursé
d'une telle subvention s'effectue rarement à l'intérieur d'un
même exercice financier. D'ailleurs, si on a adopté des mesures
transitoires de façon à s'assurer du versement ou du
complément des dossiers déjà ouverts... Pour vous donner
un exemple concret, en vertu des 8000 $ actuellement, c'est possible que des
jeunes qui se sont établis aient requis ou aient demandé le
versement partiel de la subvention jusqu'à maintenant et qu'ils aient
obtenu seulement 6000 $. Comme on se réfère ici à une
subvention de 15 000 $ qui sera versée en vertu d'un plan de
développement qui sera déposé à l'office, on doit
donc prévoir que de tels travaux s'étaleront là aussi sur
un an ou sur deux ans et cela peut aller même un peu plus.
M. le Président, il en résulte donc que les engagements au
cours d'un exercice dépassent généralement le montant des
déboursés, alors que les crédits votés le sont en
fonction des déboursés à faire. Les dispositions qu'on
vous demande d'accepter cet après-midi font en sorte que le montant des
engagements ne pourra excéder celui des crédits votés.
C'est tout à fait légitime qu'il en soit ainsi, compte tenu d'une
volonté très ferme et très claire de notre gouvernement
d'assumer une meilleure gestion des fonds publics. C'est une mesure
administrative qui doit être adoptée et qu'il est
d'intérêt public d'adopter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a des députés ministériels qui
veulent poser des question sur cet amendement? Oui, M. le député
de Lotbinière.
M. Camden: Est-ce à dire que dès le début de
l'autre exercice financier, les subventions seront versées?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Pagé: C'est-à-dire que les engagements de
l'autre exercice financier devront tenir compte de ce à quoi vous faites
référence.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce clair? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je comprends que l'ancienne formulation était
basée sur les engagements. De quelle façon le ministère
va-t-il pouvoir développer des engagements sans limites fonctionnant
seulement sur des déboursés? Je comprends que l'autre formule
n'était pas la meilleure formulation sans doute non plus. On disait: "Le
montant des engagements pris en vertu de la présente loi durant un
exercice financier atteint le montant des
crédits votés... " On sait qu'on peut s'engager sans
dépenser le montant. On peut s'engager pour 5 000 000 $ et vous avez
raison de dire qu'il y a des travaux qui peuvent se faire pour 3 000 000 $,
donc, de limiter l'accès aux programmes alors qu'on ne dépensera
pas tout l'argent. Je pense que la nouvelle formulation à ce point de
vue est meilleure mais elle laisse un trou aussi important, a savoir dans
quelle limite à ce moment l'Office du crédit agricole va traiter
les dossiers. L'Office du crédit agricole va dire: Est-ce qu'on peut
créer des engagements indéfiniment sans limites, la limite
étant uniquement le montant des déboursés? Est-ce que cela
veut dire que s'il y a un budget de 5 000 000 $ et qu'on prend les engagements
pour 10 000 000 $, on débourse 5 000 000 $ et on arrête de payer
quand on a atteint les 5 000 000 $ et on continue à faire des
engagements et l'an prochain on est rendus à 20 000 000 $ d'engagements
et encore là avec un budget de 5 000 000 $? On va arriver rapidement
à une situation qui n'aura ni queue ni tête.
Je pense que l'ancienne formulation ne permettait pas d'utiliser les
budgets existants préparés au début de l'année
puisqu'il est exact... Souvent le Conseil du trésor avait comme objectif
d'imposer une formulation comme celle-là, mais nous avions pris
l'habitude au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, dans mon temps, justement pour utiliser les crédits
qu'on avait adoptés, d'obliger les cultivateurs à tel
délai, à dire s'il allait se prévaloir de son engagement
pour faire en sorte qu'il ne nous fasse pas faire un engagement financier
imputé au budget alors qu'il n'utilisera pas les fonds, parce qu'il
prenait la place d'un autre et nous empêchait de réserver ces
fonds pour un autre, alors qu'il n'avait pas l'intention de les utiliser. On
avait pris l'habitude de fixer un délai au-delà duquel il fallait
se commettre au point de vue des engagements budgétaires.
Dans ce cas-ci, il semble qu'il n'y aura pas de limitations dans les
engagements pris en vertu de la loi, en vertu de l'amendement que vient de
présenter le ministre, mais le montant des déboursés
relativement aux engagements sera limité.
M. Pagé: Le montant des engagements aussi sera
limité.
M. Garon: Ce n'est pas dit.
M. Pagé: Je vous le dis mot. Le montant des engagements ne
pourra pas excéder le montant ou la somme des crédits
votés.
M. Garon: Non, ça ne dit pas cela. L'amendement ne dit pas
cela.
M. Pagé: II faut le lire dans son ensemble.
M. Garon: L'amendement dit: Avant la fin d'un exercice,
nonobstant les dispositions de la présente loi, lorsque avant la fin
d'un exercice financier, avant le 31 mars, le montant des
déboursés relatifs aux engagements déjà pris en
vertu de la présente loi atteint le montant des crédits
votés. Ce qui veut dire que l'on pourrait dans une année prendre
pour 10 000 000 $ d'engagements, mais ce sont les déboursés par
rapport aux engagements qui seront limités.
M. Pagé: Oui, mais l'office ne peut dès lors
pendant ce même exercice recommander au ministre d'accorder une
subvention.
M. Garon: Non. Oui, par rapport aux déboursés, mais
pas par rapport aux engagements.
M. Pagé: Mais c'est lorsque l'on confirme la subvention
qu'on prend l'engagement.
M. Garon: Non.
M. Pagé: Mais oui.
M. Garon: C'est encore pire. À ce moment-là cela
veut dire que la disposition n'a plus de sens.
M. Pagé: Comment cela? Expliquez-nous cela.
M. Garon: Cela n'a plus de bon sens. C'est comme si on se mettait
des menottes aux pieds. Regardez bien. L'office va recevoir des demandes; il va
prendre des engagements jusqu'à un certain niveau et s'il est
limité par les crédits votés, cela n'a plus de bon sens.
Si c'est ce que vient de dire le ministre, cela ne marche plus.
Essentiellement, la technique des engagements par rapport aux
déboursés, c'est que l'office accepte des projets ce qui
constitue les engagements de l'office à payer, mais il n'y a pas de
déboursés tant que les travaux ne sont pas effectués. Ce
qui veut dire qu'il peut y avoir des montants d'engagements plus
élevés par rapport aux déboursés qui vont
être effectués et que si le ministre vient de donner l'explication
qu'il vient de donner, son amendement ne traduit pas ce qu'il veut faire.
II faut être bien clair. Prenons un autre exemple que le
crédit agricole. Si vous voulez faire des travaux
mécanisés, vous venez demander au ministère de
l'Agriculture, dès Pêcheries et de l'Alimentation pour 1000 $ de
travaux mécanisés. Il y a un engagement vis-à-vis du
ministère qui est prêt à payer 1000 $, mais
cela ne veut pas dire que le cultivateur est obligé de faire les
travaux. Il peut arriver pour un ensemble de raisons qu'il ne puisse pas faire
faire les travaux ou qu'il puisse en faire seulement une partie, de sorte que
l'engagement de 1000 $ à payer au cultivateur puis imputé par
rapport au budget est réservé. Donc cela veut dire qu'on
réserve 1000 $ à ce cultivateur. S'il dépense 300 $, on
aura déboursé 300 $, on aura pris un engagement de 1000 $, mais
il restera 700 $. Si on laisse l'engagement ferme à son nom, c'est 700 $
qu'on ne pourra pas dépenser dans l'exercice financier.
C'est la même chose pour les crédits agricoles. L'office va
accepter un programme d'un jeune qui veut s'établir, mais le jeune ne
sera pas obligé de réaliser cela dans tel délai et
à ce moment-là c'est seulement la partie qu'il va effectivement
réaliser, qui va être "subventionnable" sous forme de
déboursés, même si l'engagement est plus
élevé. Mais si le niveau des engagements est bloqué au
niveau des crédits adoptés au début de l'année, ce
sera toujours impossible pour l'Office du crédit agricole d'effectuer
les paiements de tous les crédits votés. Ce sera le fouillis.
D'après moi, ce n'est pas ce que le ministre veut dire. Il y a vraiment
un problème dans cet article-là et ce que je voulais souligner,
c'est que le problème existe parce qu'on essaie de limiter un budget qui
était établi.
Il faut dire qu'un budget au début de l'année, c'est une
prévision. Quand on donne à un ministre un budget de tant, quel
que soit le programme, quel que soit l'endroit, on lui donne tant de dollars, 1
000 000 $, 2 000 000 %, il peut dépenser ce montant, il peut utiliser ce
montant; mais quand le Conseil du trésor lui demande de ne pas
dépenser plus, il faut affecter les engagements à payer au fur et
à mesure où on accepte des demandes sans savoir si ces demandes
qui ont été acceptées seront effectivement
réalisées et s'il y aura paiement à faire. C'est une
question budgétaire qui m'a obligé, moi, au ministère,
à piger un programme pour pouvoir utiliser tous mes crédits, le
maximum des crédits pour ne pas bloquer des crédits par des
demandes de cultivateurs qui voudraient réserver des crédits
à leur nom alors qu'ils ne feraient pas les dépenses et bloquer
toute la machine administrative. Il fallait leur donner un délai pour se
prévaloir des dispositions. C'est pourquoi je pense que cet article - je
ne sais pas si le ministre veut suspendre temporairement pour parler avec les
présidents, les gens de l'office? Je ne veux pas lui créer un
problème inutile - fait problème, l'amendement fait
problème parce que d'abord il ne reflète pas ce que le ministre a
mentionné. (16 heures)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que M. le
ministre veut répondre avant? Non?
M. Pagé: Nous écouterons le député de
Dubuc.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Je ne sais pas si mon collègue...
M. Garon: Je n'ai pas fini. Je lui disais: pour une
réponse du ministre.
M. Desbiens: C'est parce que je veux m'assurer que je comprends
bien. J'ai l'impression que le ministre s'est aperçu qu'il y avait une
difficulté avec l'article et en le corrigeant, je pense qu'on tombe
peut-être dans une autre difficulté mais je vais voir si j'ai bien
compris le sens de l'amendement.
Il y a un budget de - je vais prendre un exemple - 10 000 000 $. Je vais
d'abord poser une question. Est-ce que la subvention de 15 000 $ peut
être payable en deux versements ou en plusieurs versements?
M. Pagé: Elle peut être étalée.
M. Desbiens: Étalée comment? Y a-t-il une limite de
temps, quand même?
M. Pagé: Non.
M. Desbiens: II n'y a pas de limite de temps?
M. Pagé: Il n'y a pas de limite de temps. En moyenne
souvent cela peut aller à trois ans, parfois deux ans. Dans certains
cas, cela peut dépasser, à preuve on a dû adopter une
disposition obligeant ceux qui n'ont pas complété leur plan de
développement à le faire et à nous le déposer avant
le 1er juillet 1987.
M. Desbiens: Pour les cas passés?
M. Pagé: Oui.
M. Desbiens: Et à l'avenir, allez-vous en fixer? II n'y a
pas de temps non plus de fixé?
M. Pagé: Non.
M. Desbiens: Mais c'est une moyenne de trois ans, disons.
M. Pagé: C'est cela.
M. Desbiens: Bon. Alors, c'est 15 000 $, supposons donc 5000 $.
Cela peut aussi bien être 1000 $ aussi, il peut commencer son plan en
investissant 1000 $?
M. Pagé: Mettons 5000 $ sur 15 000 $. Oui.
M. Desbiens: Donc le ministre, si je saisis bien le sens de son
amendment, selon l'article tel qu'il était rédigé, s'il
avait un budget de 10 000 000 $ il ne pouvait pas dépasser 10 000 000
$?
M. Pagé: C'est cela.
M. Desbiens: Ce qu'il veut modifier, c'est justement de pouvoir
dépasser ce 10 000 000 $ - supposons que c'est 5000 $, que tout le monde
fait 5000 $ par année, trois ans - autrement dit pouvoir prolonger son
budget d'une certaine façon, de prise d'engagements jusqu'à 30
000 000 $, trois fois; disons trois fois, c'est théorique quand
même. Il pourrait prendre des engagements par exemple cette année
pour 30 000 000 $...
M. Pagé: Oui.
M. Desbiens:... sachant qu'il ne dépensera pas plus de 10
000 000 $, qu'il n'en utilisera pas plus c'est-à-dire - dépenser
n'est pas le bon terme.
M. Pagé: C'est ça, et je ne pourrai subventionner
pour plus de 10 000 000 $.
M. Desbiens: Mais vous pourrez subventionner pour 30 000 000 $,
théoriquement'
M. Pagé: Non, c'est-à-dire que dans le cadre du
présent exercice financier, du premier exercice financier, je ne pourrai
pas donner plus que 5 000 000 $ de subventions en paiements.
M. Desbiens: 10 000 000 $, si votre budget est de 10 000 000
$?
M. Pagé: Si mon budget est de 10 000 000 $, oui.
M. Desbiens: Si le budget est de 5 000 000 $, vous allez
pouvoir... 5 000 000 $... Le montant du budget, d'accord.
M. Garons Comme engagement.
M. Desbiens: Non, pas comme engagement, comme
déboursé. C'est cela que je comprends.
M. Garons Vous avez dit comme engagement tantôt.
M. Pagé: On ne peut pas s'engager pour une année
plus que ce qu'il y a de voté. C'est définitif que d'après
le plan, on ne dira pas au jeune agriculteur: On te donne 15 000 $, on serait
intéressé à te donner 3000 $ la première
année, 4000 $ la deuxième et 5000 $ l'autre année. On va
lui dire: Tu as un plan de développpement, tu nous demandes une
subvention, tu veux t'établir en agriculture? Vous êtes, par
exemple, quatre agriculteurs ensemble; vous avez droit à 60 000 $.
Pourriez-vous nous indiquer... et là l'office... Je comprends que ce ne
sera pas facile et j'abonde dans le même sens que le député
de Lévis tout à l'heure. C'est particulièrement
délicat pour une société comme l'Office du crédit
agricole. Il ne peut pas prévoir au dollar près les
déboursés qu'ils auront à faire. Cependant, on doit
nécessairement budgétiser et on doit faire des prévisions.
Cette année, nos prévisions sont de l'ordre d'environ 12 000 000
$ dans le cadre du présent exercice financier.
Une voix: Pour ce programme...
M. Pagé: Pour ce programme.
M. Garon:...
Une voix:... d'engagements.
M. Pagé: C'est-à-dire 12 000 000 $ pour la
LEJA.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de...
M. Pagé: La Loi sur la mise en valeur des exploitations
agricoles, c'est 12 000 000 $ cette année.
M. Desbiens: La LEJA?
M. Pagé: On avait prévu environ 5 000 000 $ dans le
cadre du budget régulier et le ministre des Finances a annoncé un
budget additionnel de 7 000 000 $, ce qui fait un budget global de 12 000 000
$.
M. Desbiens: Alors, je reprends ma question au ministre. Donc,
théoriquement... Il n'écoute pas.
M. Pagé: Si on compare les deux libellés, le texte
tel qu'il apparaît dans le projet de loi déposé
était très limitatif pour l'Office du crédit agricole
puisqu'il limitait les engagements aux crédits votés. Alors,
c'était se convier très certainement à des crédits
périmés importants alors que, avec la disposition qui a
été adoptée, l'Office du crédit agricole va prendre
des engagements et le ministre ne peut donner en subventions pour une
année plus que ce qu'il y a de voté. Un exemple: il y a 15 000
000 $ d'engagés et il y a 12 000 000 $ de votés,
donc, le ministre ne peut pas verser plus de 12 000 000 $. Par contre,
si on se référait au libellé de l'article 30. 1 qui
apparaît dans le projet de loi dans le cadre, par exemple, du
présent exercice financier, on peut facilement soutenir que,
malgré 12 000 000 $ d'engagements de crédits votés, si on
avait limité les engagements à 12 000 000 $, on aurait pu avoir
une situation où seulement 6 000 000 $ ou 7 000 000 $ auraient
été déboursés. Pour nous comme gouvernement
libéral et comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer souvent, ce qui est
important -vous savez ça paraît bien de voter des crédits -
c'est de voter les crédits avec une certaine adéquation entre ce
qu'on va voter et ce qu'on va dépenser.
M. Garon: Je vais être franc avec vous. M. Pagé:
Vous ne l'étiez pas avant?
M. Garon: Non. J'étais franc, oui. Je pense qu'on a le
choix comme Opposition de vous laisser aller. Moi, je crois sincèrement
que vous vous embarquez actuellement. Je ne blâme pas l'Office du
crédit agricole, ils n'ont jamais été pris dans ce carcan
que vous proposez. C'est la première fois qu'un carcan comme cela est
proposé à l'Office du crédit agricole. Le ministère
était obligé à des dispositions comme celles-ci dans ses
programmes. L'Office du crédit agricole n'a jamais été
embarqué dans cela parce qu'il a toujours fonctionné selon la
demande. On allait en budget supplémentaire s'il manquait d'argent et
s'il y avait de l'argent en trop, parce que les intérêts
étaient plus bas, il en restait en périmé. C'est pour cela
que, lorsque le ministre nous parle des crédits périmés,
je n'ai jamais trop parlé sur cela parce que je m'organisais pour avoir
assez d'argent.
Remarquez bien que je pourrais dire: Vendu. Mais je vous le dis: dans
cela vous vous mettez une corde au cou, vous l'attachez après le
tracteur et vous mettez le tracteur en marche. Avec cela, vous avez tout ce
qu'il faut pour vous pendre. Ceux qui vous ont conseillé sur ces
dispositions ne sont pas familiers avec ce genre de fonctionnement. L'Office du
crédit agricole n'a jamais fonctionné dans des cadres comme cela.
Si les articles disent ce qu'ils veulent dire actuellement, vous ne serez
jamais capables de dépenser votre budget à moins que les taux
d'intérêt augmentent considérablement. Un cultivateur qui
va prendre un engagement et s'il va è l'Office du crédit
agricole, il dit: J'ai un programme de 15 000 $... Je le dis parce que je suis
un partisan de la politique... J'aurais pu faire la politique du pire, et dire:
Envoyons fort, cela va mal aller après! Le monde va être
mécontent, mais je n'ai jamais été comme cela.
Je vais vous dire comment va être le fonctionnement. Regardez ce
qui va arriver. Un jeune arrive à l'Office du crédit agricole et
demande un prêt pour s'établir. Il a droit aux 15 000 $ avec un
programme. L'Office du crédit agricole va lui consentir tout cela; il
aura l'autorisation du ministre et tout est fait correctement. Sauf que, dans
la préparation de son programme, il arrive un paquet de circonstances
où le jeune va dépenser plus vite ou un peu moins vite que ce qui
était indiqué à son programme. Cela va tout chambarder la
comptabilité, parce que s'il arrive pour une raison ou pour une autre -
cela peut être un paquet de raisons, le tracteur est plus cher qu'il
pensait, telle dépense qu'il va faire faire va retarder d'un an. Alors,
l'engagement à son nom il ne le dépensera pas et, è ce
moment, cela va avoir gelé un montant d'argent au nom de quelqu'un.
Alors, il faut qu'on comptabilise les deux, les engagements puis les
déboursés. On suit les deux, mais il faut par rapport aux
engagements pris qu'il y ait un suivi constant, mensuel quasiment, autrement
jamais on ne dépensera I'argent qu'on a, parce que ou bien on va engager
plus d'argent et on va en dépenser seulement une partie, ou bien on
limite les engagements au montant des crédits votés et il est
impossible de dépenser les crédits votés. On va paralyser
la machine de façon épouvantable, è moins - c'est
là le dilemme - qu'on vous donne des montants aussi élevés
que les engagements, sachant que vous allez déclarer
périmé un bon montant dans l'année, parce que c'est
évident que tous les engagements ne pourront pas être
dépensés. Je n'ai jamais vu cela l'ensemble des engagements
dépensé. Il arrive toujours des circonstances de toute nature
où vous avez tant d'engagements et l'ensemble n'est pas
dépensé.
Pour donner seulement un exemple - on pourra vérifier aux travaux
mécanisés comment il fallait prendre d'engagements pour
dépenser - on avait un budget de 11 000 000 $ ou 12 000 000 $ pour
l'année, mais il y avait un suivi pour arriver à
déterminer comment on avait d'engagements qui seraient effectivement
déboursés dans l'année. Il y a des gens au printemps qui
pensent faire un travail, mais il pleut ou il ne pleut pas, il faut qu'ils
sèment tout de suite, il faut qu'ils fassent tel genre de choses sur la
ferme et tel genre de travail qu'ils pensent faire, ils ne peuvent pas le
réaliser. On arrivait souvent à la situation que, dès la
fin de juin, les crédits étaient engagés. Mais s'il avait
fallu rester sur les engagements pris à la fin de juin, bonne
mère! on aurait dépensé la moitié de notre budget,
parce qu'il y a des gens qui se dépêchaient d'arriver les premiers
pour avoir l'engagement à leur nom, disant: Si je ne dépense pas,
au moins j'ai tenté ma chance. Mais si je dépense l'argent, il
aura été
réservé à mon nom. Alors, ils se
dépêchaient d'aller faire une imputation de budget à leur
nom dès le début de la saison.
L'article tel que formulé... et l'office une fois cette
chose-là votée ne pourra pas faire ce qu'il veut, parce qu'il va
ête obligé de respecter la loi. Je suis persuadé que ce
n'est pas le genre d'engagement venu de l'office. Je gagerais n'importe quoi
que ce n'est pas l'office qui a suggéré cet article, c'est le
Conseil du trésor. Après, l'office essaie de s'ajuster en
fonction d'une demande du Conseil du trésor. Mais il faudrait voir
quelle a été la directive du Conseil du trésor par rapport
aux engagements ou par rapport aux déboursés et quelle est la
mécanique administrative qu'il faut mettre en place pour pouvoir
réaliser l'objectif.
C'est fort de mettre cela dans la loi. Je ne l'ai jamais vu mis dans la
loi. On met cela dans des programmes. Est-ce nécessaire de le mettre
dans la loi? Je pense que le mettre dans la loi, c'est se mettre un carcan
terrible.
M. Pagé: Ne voulez-vous pas mettre cela dans le
règlement?
M. Garon: Non, c'est une politique administrative. C'est une
directive du Conseil du trésor. Quand le Conseil du trésor donne
des directives au début de l'année, on est obligé de les
suivre. En tout cas, sur le plan administratif, je ne peux pas dire au Conseil
du trésor de faire ceci ou cela, c'est à lui de prendre ses
responsabilités. Mais je pense personnellement que c'est très
difficilement administrable pour l'office, parce qu'il y a trop de variables
dans une année. Cela fait quelques années que j'ai fini mon cours
en économie. J'ai fait ma maîtrise en 1958 ou en 1962, mais des
économistes qui ne se trompaient pas, je n'en ai pas vu beaucoup et des
économistes qui pouvaient prévoir des taux d'intérêt
un an d'avance...
M. Pagé: Est-ce que vous étiez... ?
M. Garon: J'ai un conseiller qui est économiste et je me
souviens que lorsque j'allais suivre des conférences à l'ACFAS,
je posais toujours la question: Quel est le pourcentage d'erreurs? Des fois, on
me disait 40 %. À 40 %, je pense qu'avec mon nez je suis capable de
faire mieux. Ce n'est pas toujours facile de prévoir des choses. Qui
peut me dire quel va être le taux d'intérêt dans six mois?
Il n'y a pas beaucoup d'experts qui sont capables de dire cela. Au fond, quand
l'office fait des prévisions au début de l'année, le
gouvernement... C'est pour cela quand je parle avec le ministre des Finances,
au fond, on s'obstine sur des prévisions différentes, mais
excepté...
M. Pagé: Avec chacun 40 % de marges.
M. Garon: Oui, avec un pourcentage d'erreur. C'est à la
fin de l'année que l'on peut voir celui qui a raison. En début
d'année, on a chacun des arguments, sauf que l'on demande à
l'office quasiment une mission impossible. Pratiquement, on lui demande de
marcher sur des prévisions réelles. Le ministre des Finances ne
marche pas sur des prévisions réelles, il demande une chose
actuellement à l'Office du crédit agricole qu'il ne s'applique
même pas à lui-même. Le ministre des Finances n'arrête
pas de payer ses comptes demain matin, parce qu'il a dépassé les
crédits votés. Il n'arrête pas de payer les
intérêts, parce qu'il dit: dans l'année, j'avais
prévu tant de paiements en intérêts; cela coûte 25 %
plus cher; je me suis trompé; je ne les paie pas. Mais il paie quand
même. Alors, on demande à l'office de fonctionner sur des
prévisions en début d'exercice financier et, après, on
dit: Vous n'aurez pas d'échappatoire; c'est là-dessus que vous
allez marcher pendant toute l'année. C'est mission impossible. Je le dis
d'autant plus à l'aise que je connais ce genre de raisonnement. (16 h
15)
Vous m'avez vu parfois assez critique à l'endroit du
ministère des Finances ou du Conseil du trésor. Je suis assez
passé devant ces institutions et je vois souvent des gens qui, avec
orgueil, pensent parfois que la réalité, ils contrôlent
cela. Quand une rivière part au printemps, vous ne savez pas exactement
où elle va couler. Dans l'économie, on n'est pas toujours capable
de prévoir parfaitement. Quand des gens sont assez orgueilleux pour
penser qu'ils prévoient assez bien ou demandent de prévoir assez
bien pour après passer dans le canal et ne pas en sortir, cela n'a pas
de bon sens. Je pense qu'actuellement, le carcan qu'on veut imposer - je le dis
de bonne foi - si le ministre y tient, on va lui proposer un amendement. On
aura un amendement tout à l'heure pour voir venir, pour donner plus de
chances. Si le ministre tient à son amendement, on ne pourra pas
l'empêcher. Je vous dis et je le dis sincèrement, je ne voudrais
pas être à votre place comment demander voter, parce que vous
allez être mal pris.
M. Pagé: Le député de Lévis va quand
même confirmer l'interprétation que je donne à la
modification par rapport au texte actuel. Le texte actuel, le libellé
qu'on retrouve dans la loi, le texte que vous avez, indique... La
modification...
M. Perron: La modification, c'est mieux que l'article que nous
avons.
M. Pagé: La modification vise davantage l'objectif que
tout le monde poursuit que le libellé de la disposition de l'article 30.
1, telle qu'elle apparaît au projet
de loi actuel. En vertu de l'article 30. 1 actuel, les engagements ne
pouvaient dépasser le budget alloué. C'est donc dire qu'on se
dirigeait infailliblement vers un pourcentage important de crédits
périmés. D'accord?
M. Perron: J'ai une question à poser au ministre.
M. Pagé: Pour répondre au député de
Lévis, je comprends que cela établit un encadrement administratif
à l'Office du crédit agricole. Cependant-Une voix: Et à
vous aussi.
M. Pagé: Mais oui. C'est la façon dont on veut
travailler et c'est une première occasion qu'on a comme
législateur, comme gouvernement, de formuler une proposition de cette
nature. Cela impliquera un contrôle, un suivi plus constant et des
déboursés effectués en vertu des engagements pris et de
notre budget, pour une adéquation qu'on espère la plus exacte
possible. Mais vous comprenez l'objectif qui nous anime. On ne peut
débourser plus que ce qu'on a de voté.
M. Garon: Oui, mais...
M. Pagé: Cette année, je ne crois pas que, dans le
cadre du présent exercice financier, on arrive a beaucoup, on se
retrouve avec une situation de crédits périmés, compte
tenu de trois éléments: d'abord, l'année courante, les
activités courantes; deuxièmement, il est à prévoir
que des personnes ont probablement attendu en juillet 1986 pour-Une
voix:...
M. Pagé:... s'installer, c'est-à-dire pour
s'établir; et aussi la disposition qui réfère aux
engagements pris en vertu de l'ancienne loi, à 8000 $. Là
où on a une disposition où il faut intervenir avant juillet 1987,
cela impliquera - nous en sommes persuadés - la dépense totale
des crédits qui ont été votés au montant de 12 000
000 $ pour cette année. Je comprends que, pour l'Office du crédit
agricole, c'est peut-être un peu plus astreignant, mais c'est le genre
d'exercice auquel on doit se convier pour respecter l'objectif que nous avons
d'une gestion très rigoureuse des fonds.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, j'avais commencé
tantôt à poser une question au ministre. Cela veut donc dire,
cette année, que vous pouvez accorder... Je pourrais donner le
même exemple, 15 000 $. Le plan qui est fourni par l'agriculteur qui va
présenter la demande, c'est très souple -c'est ce que je
comprends - dans l'utilisation qu'il peut en faire et c'est presque...
M. Pagé: Pas dans l'utilisation, mais dans
l'étalement. Oui, c'est cela.
M. Desbiens: Dans l'étalement, oui. C'est tellement souple
que le ministre ou l'office qui aura à l'appliquer aura beaucoup de
difficulté à prévoir les déboursés annuels.
Peut-être que pour la première année cela va aller. Quand
ils font la demande, j'imagine qu'ils disent que, pour la première
année, on utilise tant, je veux tant, je vais utiliser tant de ma
subvention. Mais, une deuxième année, pour toutes sortes de
variables qui peuvent se produire, dont quelques-unes ont été
mentionnées tantôt par le député de Lévis, il
me semble que cela va devenir difficile, en tout cas, comme je le
comprends.
M. Pagé: Je n'ai pas la prétention de croire que
cela sera facile, mais c'est très clair qu'on ne pourra pas
débourser davantage que ce qui a été voté.
M. Desbiens: Et le ministre pourrait engager, donc... Cette
année, il nous dit que son budget est de 12 000 000 $. Je suppose que ce
sera encore 12 000 000 $ l'an prochain, et ainsi de suite. À la rigueur,
il pourrait engager, pour autant que cela ne dépasse pas le montant de
12 000 000 $ qui a été voté, 15 000 000 $, 20 000 000 $,
30 000 000 $ C'est cela?
M. Pagé: Oui, cependant que vous convenez avec moi que le
ministre qui engagerait 30 000 000 $ avec un budget de 12 000 000 $ se
convierait à un exercice assez délicat en fin de mandat, n'est-ce
pas?
M. Desbiens: C'est cela que je voulais souligner.
M. Pagé: Cependant, notre moyenne de requérants
était de 478 pour les deux dernières années. Alors,
mettons-en 500 à 15 000 $, cela fait 7 500 000 $. Par contre, il faut
convenir qu'en abrogeant les clauses discriminatoires le nombre sera plus
appréciable. Je crois à ce moment-ci que nous avons les sommes
nécessaires pour respecter les obligations qu'on s'imposera par
l'acceptation des demandes de subvention. Je conviens avec vous que c'est
exiger de l'office un effort particulier et additionnel au chapitre du suivi
des déboursés par rapport aux engagements formulés. Mais
je connais leur capacité, je connais leur performance, je suis bien au
fait de leur compétence et je suis d'ores et déjà
persuadé qu'ils vont être capables de réaliser
l'objectif auquel je les convie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela va?
M. Desbiens: N'aurait-il pas été plus simple...
M. Pagé: M. le Président, excusez-moi. Trente
secondes. Pourriez-vous nous indiquer pour quel motif vous nous faites lire un
immense tableau pour le bénéfice du Journal des débats?
Alors que nous parlons, alors que nous avons des échanges utiles et
intéressants, on s'apprête à poser un immense tableau en
arrière du fauteuil du président. C'est vous, M. le
Président, qui avez fait venir cela?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, ce n'est pas
moi. Il a été commandé par un des membres.
M. Garon: C'est moi qui l'ai commandé parce que je vais
faire un scénario budgétaire pour vous demander de quelle
façon cela va fonctionner.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait y aller
par ordre. On va y aller par ordre.
M. Pagé: Pour le bénéfice du Journal des
débats, la venue du grand tableau dépend du député
de Lévis.
Le Président (M, Tremblay, Iberville): Exact. Alors, je
vous demanderais, M. le député de Dubuc, de compléter,
s'il y a lieu; sinon, on va passer à M. le député de
Duplessis.
M. Desbiens: Je voudrais soulever auprès du ministre qu'il
n'aurait pas été mieux d'apporter un amendement qui avertisse le
ministre, une fois le budget de 12 000 000 $ engagé comme
déboursés pour l'année en cours, qu'il en avertisse le
ministre pour les demandes qui viendront après cela et qui seraient en
supplément du budget.
M. Pagé: Je ne crois pas qu'il soit nécessaire
d'ajouter une telle disposition dans le projet de loi, compte tenu que l'Office
du crédit agricole, par son président et ses
vice-présidents, est en contact constant avec le ministre. Il n'est de
l'intérêt ni de l'office ni du ministre de s'abstenir de
communiquer ensemble sur un sujet aussi important que l'aspect
budgétaire. Mais cela va de soi et je peux vous en donner l'assurance,
M. le député, que le ministre de l'Agriculture est en contact
régulier et soutenu avec l'office pour voir l'évolution des
budgets, comment se comporte celui ou celle qui peut bénéficier
de nos programmes.
M. Desbiens: Ce n'est pas tout à fait le sens de mon
intervention. Je ne doute pas qu'il faut qu'il y ait des relations très
serrées entre les deux. Ma question, mon but c'est... Parce que
l'article, tel qu'il était rédigé, était
vraiment...
M. Pagé: Très astreignant.
M. Desbiens:... très astreignant. En modifiant pour
permettre... L'office aurait pu dire: Telle demande est acceptable, et, sur la
formule ou je ne sais pas quoi, la lettre, le document officiel qui se transmet
entre le ministre et l'office ou l'office et le ministre sur ces sujets, il
aurait pu y avoir une indication. La loi pourrait permettre une indication,
donc, c'est tentant. Cela ne veut pas dire que cela oblige le ministre à
s'arrêter là. Vous saisissez. C'est le sens de...
M. Pagé: D'accord. M. le Président, on est
prêt pour l'adoption, en ce qui me concerne.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai une autre
intervention qui est enregistrée. M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Oui. Je crois que l'intervention du
député de Lévis, tout à l'heure, était
conforme. Je pense qu'elle était vraiment faite d'une façon
honnête pour expliquer au ministre et à l'office que cet article,
de la façon dont il est libellé et surtout à la suite des
interventions, des explications qui ont été données par le
ministre, complique l'affaire du ministre, complique l'affaire de l'office
aussi. Je vais finir par vous poser une question et j'aimerais bien avoir la
réponse à cette question. On sait qu'actuellement...
M. Pagé: Vous les avez toujours.
M. Perron: Non, ça...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Pagé: C'est fouler au pied la contribution et
l'ouverture que j'ai pu manifester auprès du député. Je
vous ai toujours répondu.
M. Perron: Je vais finir mon intervention. Lorsqu'on parle de
budget, on en arrive à des programmes à chacun des
ministères, et, dans chacun des programmes, il y a des
éléments. Actuellement, à moins qu'il y ait une directive
qui ait été émise
par le Conseil du trésor, c'est que cela a toujours
été de rigueur que le ministre - sur approbation, je crois, du
Conseil du trésor, au lieu de venir à l'Assemblée
nationale parce que ce n'était pas un programme -pouvait prendre des
montants d'argent d'un élément et les transférer dans un
autre élément du programme. La question que je pose au ministre:
De la façon dont l'article est libellé à la suite de
l'amendement, c'est-à-dire l'article tel qu'amendé, est-ce que
cet article n'empêche pas le transfert de fonds d'un
élément à l'autre comme cela a toujours été
le cas? Et je crois vraiment que c'est cela qui va arriver. Le ministre va
être dans l'obligation avec cet article, s'il a besoin de fonds
nécessaires pour, disons, l'année 1986-1967, de revenir à
l'Assemblée nationale, parce que, justement, c'est dans la loi parce
qu'il ne pourra pas transférer des crédits d'un
élément à l'autre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre,
est-ce que vous voulez répondre à la question du
député de Duplessis?
M. Pagé: Non, ce n'est pas vrai. Ce que le
député de Duplessis... La crainte du député de
Duplessis n'est pas fondée.
M. Perron: Amenez-moi la preuve que ce n'est pas
fondé.
M. Pagé: Amenez-moi la preuve. Je ne vous amènerai
pas les 12 000 000 $ sur la table.
M. Perron: Non, non. Allez-y.
M. Pagé: Moi je vous dis ceci. Soyez calme, soyez serein.
Nous sommes agressifs cet après-midi.
M. Perron: Je ne suis pas agressif, moi, je parle fort.
M. Pagé: Pardon?
M» Perron: Je ne suis pas agressif, je parle fort.
M. Pagé: Pour le bénéfice du
député, un budget est alloué et voté. On fait
référence ici dans l'article à un crédit
voté. Dès le moment où les crédits ont
été votés, ils peuvent être
dépensés.
M. Perron: Mais pas plus que cela en vertu de cet article.
M. Pagé: C'est une contrainte, ce n'est pas une limite. Si
le gouvernement, sur représentation du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation décide, autorisé par les
Finances et le Trésor, de faire des virements de crédits,
décide de majorer l'enveloppe, eh bien, oui, on peut. Voyons, M. le
Président. Voyons donc.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Moi, je pense que le député de
Duplessis...
M. Pagé: Vous êtes en train de dire qu'il n'y aura
pas de budget supplémentaire, aucun budget supplémentaire pour
améliorer? Voyons donc!
M. Garon: Non, non. Ce n'est pas ce qu'il dit.
M. Perron: Je parlais dans l'hypothèse où il n'y
aurait pas de budget supplémentaire. À ce moment, c'est un
réalignement budgétaire et un réalignement de
crédits qui se fait parce qu'il y s des périmés qui s'en
viennent dans des éléments, des programmes d'un ministère
par rapport à l'autre. Je ne veux pas dire autre chose que cela. Le
ministre n'a pas raison en disant que cela ne le bloquera pas. Cela va le
bloquer carrément, et, d'après moi, il va être
obligé de revenir à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Pagé: Je n'ai pas indiqué... Je ne pense pas que
le député ici soutienne qu'on peut prendre une partie du budget,
par exemple, qui est dans le programme Sol-Plus et le verser dans la Loi sur
l'Office du crédit agricole. Ce n'est pas comme cela que cela
fonctionne, M. le député, je m'excuse.
M. Garon: Ce n'est pas cela qu'il dit non plus. (16 h 30)
M. Pagé: C'est ce que vous dites.
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: Bien oui, c'est ce que vous dites.
M. Garon: Je vais le dire différemment.
M. Pagé: De la part d'un économiste,
peut-être.
M. Garon: Ce que le député de Duplessis dit est
très clair pour moi. Ce qu'il veut dire, au fond, c'est qu'en vertu des
règlements ou des lois du Conseil du trésor ou de la Loi sur
l'administration financière, il n'est pas possible de faire des
virements de programme a programme. Il est possible de faire des virements
d'élément à élément.
M. Perron: C'est cela.
M. Garon: À ce moment-là, le crédit agricole
est un programme et les différentes lois qu'il administre - il y en a
huit ou neuf, je n'ai pas les lois devant moi - constituent autant
d'éléments différents. À ce moment-là, il
est possible de faire des virements d'élément à
élément. En vertu de la disposition de cette loi-ci, il ne sera
plus possible de faire...
M. Pagé: Oui, ce sera possible.
M. Garon: Non. Parce que la loi l'interdit. L'article de la loi
dit... Écoutez bien, je vais le lire... Avant la fin... Regardez. La loi
le disait avant aussi et l'amendement dit ceci: "Nonobstant les dispositions de
la présente loi, lorsque, avant la fin d'un exercice financier, le
montant des déboursés relatifs aux engagements déjà
pris en vertu de la présente loi, atteint le montant des crédits
votés, l'office ne peut dès lors, durant ce même exercice,
recommander au ministre d'accorder une subvention. "
Cela veut dire qu'on vient d'isoler l'élément
établissement, mise en valeur des exploitations agricoles et on ne
pourra pas utiliser les autres éléments pour faire des virements
si cet élément fonctionne plus vite que les autres. Il peut
arriver, en vertu de la Loi sur le crédit agricole, pas toutes les
années, mais une année où les taux d'intérêt
n'augmentent pas, mais baissent un peu, où vous avez de la bonne
disponibilité, parce qu'une fluctuation de 1 % dans le taux
d'intérêt représente des coûts d'environ 20 000 000 $
pour l'Office du crédit agricole. Environ, parce que l'encours doit
être autour de 2 000 000 000 $ actuellement, peut-être un peu moins
que cela, peut-être 1 600 000 000 $, je ne me rappelle plus au juste.
Cela veut dire 1 % de différence, c'est 16 000 000 $. Si le taux
d'intérêt est de 1 % moins élevé que ce qui avait
été prévu, il y a 16 000 000 $ qui vont être
périmés. Si le taux d'intérêt est plus bas que
prévu, normalement il va y avoir plus d'établissements que
prévu, parce que le taux d'intérêt étant bas, les
jeunes vont avoir le goût de s'établir cette
année-là. À ce moment-là, on va avoir besoin de
plus d'argent à l'élément qui porte sur la mise en valeur
des exploitations agricoles, pour donner les 15 000 $, mais comme il y aura eu
cette disposition dans la Loi sur la mise en valeur des exploitations
agricoles, il ne pourra pas utiliser... Il va devoir rester figé avec
son élément.
Le Président (M.. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, il vous reste trois quarts de minute.
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: II ne pourra pas aller piger dans la section, dans
l'élément...
M. Pagé: Je suis à réfléchir...
M. Garon:... sur les taux d'intérêt, les
remboursements d'intérêt.
M. Pagé: Je suis à réfléchir à
l'argumentation du député de Lévis. En droit pur, elle
apparaît iIntéressante. Cependant...
M. Garon: C'est la règle générale pour tout
le gouvernement. On ne fait pas de virements de programme à
programme.
M. Pagé: Je n'ai jamais soutenu le contraire.
M. Garon: C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a des
périmés.
M. Pagé: C'est comme cela que j'avais
interprété le commentaire du député de Duplessis,
parce que son commentaire laissait croire que des virements de programme
à programme étaient possibles.
M. Garon: Non. J'ai dit qu'on ne pouvait pas.
M. Pagé: Mais oui. C'est comme cela que je l'ai
interprété. Vous avez parlé du ministère, vous avez
parlé de l'office...
M. Garon: C'est possible d'élément à
élément.
M. Pagé: D'élément à
élément, c'est possible.
M. Garon: C'est cela qu'il disait et que ce ne serait plus
possible à cause de cet article-là.
M. Perron: M. le Président, je voudrais faire une
correction. J'ai bel et bien dit... Peut-être qu'à la fin, il y a
eu une mauvaise interprétation quand j'ai parlé de
ministère à ministère, etc, mais je parlais de programmes.
Parce qu'il fallait revenir, à ce moment-là...
M. Pagé: De toute façon, on n'en parlera pas
pendant trois heures! C'est l'interprétation que je lui ai
donnée.
M. Perron:... avec un budget supplémentaire. Mais j'ai bel
et bien dit que... D'ailleurs, je vais finir en demandant au ministre d'aller
regarder quelque chose dans l'article tel qu'amendé, un autre bout de
phrase. J'ai bel et bien dit qu'on ne pouvait pas faire de transfert d'un
programme à un
autre programme, mais que la règle générale
administrative des ministères était qu'on pouvait - et le Conseil
du trésor le permet -prendre de l'argent dans un programme
spécifique, on pouvait prendre de l'argent d'un élément et
le transférer dans un autre élément, sans être dans
l'obligation de revenir à l'Assemblée nationale. Je voudrais que
le ministre porte une attention toute spéciale à ce qu'il y a
d'écrit antérieurement à son amendement. Lorsqu'on parle
du montant des crédits votés "à cette fin.... " Si vous
avez 15 000 000 $ votés à cette fin, vous ne pourrez pas
dépenser plus de 15 000 000 $ à moins de revenir devant
l'Assemblée nationale avec cet article-là. C'est clair. C'est
clair?
M. Pagé: Par un budget supplémentaire.
M. Perron: À moins d'avoir un budget
supplémentaire. Mais vous ne pourrez pas prendre de l'argent, des
montants d'un élément du même programme et le
transférer dans un autre élément du même programme
et ça c'est un blocus que vous vous donnez vous-même et que vous
donnez à l'office en même temps et que vous donnez aux gens qui
vont avoir besoin de ces programmes.
M. Pagé: Oui, mais...
M. Garon: Je ne peux pas croire que c'est le ministre
lui-même qui ait donné ça, je suis convaincu...
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La parole est au
ministre.
M. Pagé: L'objectif que nous poursuivons c'est de nous
assurer de l'adéquation entre les crédits votés et les
déboursés à effectuer et à cela on se doit. Je
comprends qu'il était d'usage de périmer les crédits pour
des sommes très importantes dans un budget gouvernemental mais on doit
rechercher une meilleure adéquation et je vous propose et c'est
évident que vous allez accepter l'article modifié qui nous permet
d'atteindre davantage nos objectifs que l'article tel que libellé
initialement. Je me réserve la possibilité de soumettre une
modification peut-être au moment de la prise en considération du
rapport, si besoin en est, je vais voir.
M. Perron: II faut que vous alliez voir la consigne du Conseil du
trésor!
M. Pagé: Non, non, non. Je vais parler avec les gens de
l'office, je vais voir quels sont les moyens qu'on peut se donner pour une
meilleure adéquation des prévisions du budget voté avec
les déboursés et sur la foi de cela j'aviserai.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Le ministre a très bien exprimé qu'il
veut absolument éviter qu'il y ait des crédits
périmés, mais si je comprends bien il veut vérifier
certaines choses. II vient de nous le dire. Ce que je comprends de l'article et
de son amendement, C'est qu'il veut éviter les crédits
périmés, d'accord, mais il se bloque une marge de manoeuvre
à l'intérieur du programme de l'Office du crédit agricole.
Ce qu'ont exprimé le député de Duplessis et le
député de Lévis me paraît exact. Il ne pourra pas
transférer de l'argent d'un élément, parce qu'il est bien
écrit "à cette fin"; à cette fin c'est à cette
fin-là. L'office ne peut pas recommander, une fois qu'il a atteint...
C'est bien indiqué: "à cette fin. " L'office ne peut dès
lors, durant le même exercice, recommander au ministre d'accorder une
subvention.
M. Pagé: Non. Cela est modifié. C'est
enlevé; "à cette fin"; cependant...
M. Garon: Non, ce n'est pas enlevé.
M. Pagé: Oui, c'est en vertu de la présente
loi.
M. Perron: Atteint le montant des crédits votés par
la Législature et l'office ne peut - ne peut - dès lors, durant
ce même exercice, recommander au ministre d'accorder une subvention.
Quand cela aura atteint le maximum.
M. Pagé: Attendez, M. le Président, on
enlève les mots: "le montant des engagements pris en vertu de la
présente loi durant un exercice financier atteint le montant des
crédits votés à cette fin". On enlève ça. On
les remplace par: "Lorsque, avant la fin d'un exercice financier, le montant
des déboursés relatifs aux engagements déjà pris en
vertu de la présente loi atteint le montant des crédits
votés. "
M. Desbiens: Oui, mais par la Législature, l'office ne
peut dès lors, alors une fois que cela a atteint les crédits
votés...
M. Pagé: Cela veut dire la même chose, dès le
moment qu'on réfère a la loi, on parle de la loi de mise en
valeur, cela implique l'impossibilité d'engagements de crédits
additionnels, parce que lorsqu'on réfère au virement entre
éléments on réfère à des programmes
différents et la loi de mise en valeur applique les programmes de
subvention pour l'établissement des jeunes agriculteurs. C'est une
contrainte j'en conviens, c'est une limite et c'est ce à quoi
on s'est convié comme administrateur public et ce à quoi
on convie l'office. On comprend que c'est astreignant, que c'est exigeant, mais
l'office devra se soumettre à un meilleur suivi, un meilleur
contrôle et d'une part des déboursés en fonction des
engagements faits par rapport aux crédits votés.
M. Desbiens: Ce n'est pas juste une contrainte pour le ministre
et le président du Conseil du trésor surtout, c'est une
contrainte...
M. Pagé: N'allez pas penser que le Conseil du
trésor est quelque chose qui existe quelque part entre le
deuxième et le troisième étage! Ce sont des ministres qui
siègent au Conseil du trésor. J'y suis
régulièrement. On a une interaction dynamique,
intéressante et motivante. Nous sommes tous animés par le
même objectif. Cet objectif est de s'assurer que l'argent des
Québécois sera bien dépensé.
M. Desbiens: Une fois qu'il y a 500 demandes de subvention ou
d'utilisation de ce programme, c'est fini. Il n'y a plus d'autres jeunes ou
d'agriculteurs qui peuvent se lancer. Est-ce que c'est cela que cela veut
dire?
M. Pagé: Non. Cela ne limite pas les engagements.
M. Desbiens: Oui.
M. Garon: Oui. Voyons donc: "L'office ne peut dès lors...
" D'accord?
M. Pagé: Cela parle de déboursés. Les
déboursés ne doivent pas...
M. Garon: Non, non, non.
M. Pagé: Bien oui. On ne recommencera pas le débat
qu'on tient depuis une heure.
M. Garon: Écoutez, c'est écrit: "L'office ne peut
dès lors, durant ce même exercice, recommander au ministre
d'accorder une subvention. "
M. Desbiens: Dès qu'il atteint des déboursés
qui sont égaux aux crédits votés. C'est limité
là!
M. Pagé: Oui, mais l'office... Écoutez, on a 12 000
000 $ de budgétisés. On a eu 478 demandes pour les deux
dernières années. D'accord? Mettez-les à 15 000 $. Vous
allez rejoindre à peu près les engagements. De plus, je vous ai
dit tantôt, je vous ai donné l'exemple: 15 000 000 $ par
année, pendant trois ans. On pourrait recevoir des demandes totalisant
des engagements de 15 000 000 $ par année avec un crédit
voté de 12 000 000 $, mais un engagement pour un nombre
d'établissements totalisant 15 000 000 $ n'implique pas
nécessairement que les 12 000 000 $ vont être
dépensés. Le ministre qui en pelleterait, si on utilise le terme,
d'une année à l'autre, se retrouverait en fin de mandat avec un
budget assez appréciable, merci. D'abord, les crédits ont
été votés... On n'a pas sorti 7 000 000 $
supplémentaires comme on sort un lapin d'un chapeau. On a fait une
évaluation, une estimation et des prévisions et nous en sommes
arrivés au constat qu'il nous en coûterait, sur une base
prévisible, une somme de 7 000 000 $ de plus, en majorant la subvention
de 8000 $ à 15 000 $, par rapport aux 5 000 000 $ déjà
votés. Je suis d'accord avec vous que c'est contraignant et que cela
oblige l'office à un suivi beaucoup plus mensuel, si je peux utiliser le
terme, beaucoup plus constant des dépenses qui sont effectuées,
de la réalisation des plans de développement et
d'aménagement proposés par les jeunes agriculteurs et
agricultrices qui vont s'établir. J'en conviens. Mais l'office est
capable d'atteindre cet objectif-là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, aviez-vous une autre question?
M. Desbiens: Je comprends ce que dit le ministre. En
établissant son raisonnement, il se fie aux prévisions que lui ou
l'office ont fixées. Cela peut quand même être variable. Si,
comme il dit, il peut y avoir 15 000 000 $ en demandes, il peut n'en avoir
à débourser que 12 000 000 $. Il n'y a donc pas de
problème; il a ce qu'il faut dans la loi. Mais s'il y a pour 20 000 000
$ en demandes, cela veut dire qu'il y a 15 000 000 $ de déboursés
qu'il doit faire.
Il est bloqué.
M. Pagé: La limite est de 12 000 000 $.
M. Desbiens: II y a ceux qui vont demander, au-delà des 12
000 000 $...
M. Pagé: On ne peut pas en débourser plus qu'on en
a voté.
M. Desbiens: Bien oui, c'est cela. Mais, si ce n'était pas
dit comme cela dans la loi, il pourrait faire un virement d'engagement. Il
pourrait utiliser les 3 000 000 $ qui manquent pour satisfaire les demandes des
agriculteurs.
M. Pagé: On peut toujours adopter un budget
supplémentaire.
M. Desbiens: Oui, c'est cela. À moins de revenir devant
l'Assemblée nationale,
comme a dit mon collègue, soit d'une façon ou d'une autre,
par budget supplémentaire ou autrement.
M. Garon: Le président du Conseil du trésor s'est
engagé à ce qu'il n'y ait pas de budget supplémentaire.
Vous vous rappelez, vous étiez là.
M. Pagé: Vous vouliez parier 1000 $. Vous vous en
souvenez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-IL d'autres
interventions concernant...
M. Pagé: Vous vouliez parier 1000 $, M. le
député, à ce moment-là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... cet amendement
à l'article 5?
M. Desbiens: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: J'ai été interrompu par mes
collègues. Finalement, le ministre nous dit... Oui, c'est correct. Cela
confirme ce que le député de Duplessis a voulu démontrer
tantôt. Il faudrait que vous reveniez devant l'Assemblée
nationale, soit pour modifier la loi soit pour un budget supplémentaire.
Mais vous serez obligés de revenir...
M. Pagé: C'est contraignant, nous sommes d'accord et nous
convenons avec vous que c'est contraignant. Mais c'est le... (16 h 45)
M. Desbiens: Ce n'est pas le plus sûr moyen d'accorder aux
agriculteurs ce qu'ils demandent.
M. Pagé: Vous êtes les premiers à constater -
et le député de Lévis l'a confirmé - que ce n'est
pas parce qu'il y a 15 000 000 $ de votés qu'il s'en dépense 15
000 000 $. Cela dépend de la conjoncture.
M. Perron: Vous allez avoir de fortes réactions à
compter du 1er juillet. Vous allez en avoir des demandes.
M. Pagé: Oui, mais ces demandes n'impliqueront pas des
déboursés pour la totalité des demandes dans le
présent exercice financier. Vous le savez.
M. Perron: Mais additionnez toutes les demandes pour la
première année, vous allez voir ce qui va vous arriver.
M. Pagé: On va voir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une autre question
du député de Lévis. Excusez.
M. Garon: La question que je veux poser au ministre est mise sur
le tableau, ce sont les trois années 1986-1987, 1987-1988 et 1988-1989.
Supposons que les crédits votés en 1986-1987 sont de 7 000 000 $
- je pense que c'est cela - pour cette fin.
M. Pagé: 5 000 000 $ plus 7 000 000 $ égale 12 000
000 $.
M. Garon: Oui, d'accord. Les déboursés ne pourront
pas dépasser... Ce ne sera pas 12 000 000 $, ce sera 7 000 000 $. Oui,
les deux ensemble, c'est la même loi, c'est vrai. Les crédits
votés seront de 12 000 000 $.
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: Les déboursés ne pourront pas
dépasser 12 000 000 $. Les engagements pourront atteindre quel
niveau?
M. Pagé: Les engagements vont pouvoir atteindre un niveau
plus élevé que 12 000 000 $.
M. Garon: Comment? Quand la loi dit: L'office...
C'est-à-dire que c'est évident qu'en cours de fonctionnement, il
n'y aura pas beaucoup de déboursés au début, alors il va
pouvoir énoncer autant d'engagements qu'il veut. À un moment
donné, les déboursés vont atteindre le niveau
prévu. Le montant des engagements peut être beaucoup plus
élevé que le montant des déboursés. Mais comment
cela va-t-il fonctionner à partir de ce moment-là? Il va y avoir
un "backlog" d'engagements qui sera terrible par rapport aux
crédits.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis n'est pas conséquent avec lui-même, avec ce qu'il
affirmait tout à l'heure. Je m'excuse, vous avez dit exactement le
contraire ou presque tout à l'heure en indiquant que les crédits
votés donnaient régulièrement suite à des
crédits périmés. Pourquoi? Parce qu'on fait une
prévision et les jeunes qui désirent s'établir
s'établissent, ils font leur demande, ils étalent leur programme
d'établissement et cela n'implique pas nécessairement que la
totalité des crédits votés va déboucher sur un
déboursé. Même si elle débouchait sur un
déboursé, cela veut dire quoi concrètement? On a 12 000
000 $ de votés pour cette année. Supposons que le matin du 8
février 1987, on a déboursé 12 000 000 $ - bonjour Albert
-premièrement, nos activités courantes; deuxièmement,
comme je l'ai indiqué tout è l'heure, des personnes ont attendu
au 1er juillet 1986 pour se prévaloir des dispositions de cette loi;
troisièmement, il est à prévoir
aussi des déboursés, parce que l'on crée une
disposition dans la loi où on incite ceux qui se sont déjà
inscrits et qui ont déjà été admis à une
subvention de 8000 $ à se commettre dans les meilleurs délais,
Tenons pour acquis que le 8 février au matin, il ne reste plus d'argent
en caisse. Qu'arrive-t-il?
Une voix: On en met d'autre.
M. Pagé: L'office ne peut plus me recommander de verser
des subventions. Les subventions qui normalement auraient dû faire
l'objet d'une recommandation de l'office entre le 8 février et le 31
mars vont m'être acheminées le 1er avril. On va payer le 1er
avril.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Dubuc...
M. Pagé: Mais je ne crois pas que cela arrive, parce que
je me fie aux prévisions des gens de l'office qui vivent avec cette loi,
qui sont en contact dans les régions avec les jeunes, qui voient et qui
devront, je suis d'accord et j'en conviens, être plus rigoureux afin de
suivre les déboursés en fonction des engagements pris et des
crédits votés. Cela va prendre un suivi. On ne regardera pas cela
une fois par trimestre ou une fois par six mois. On va regarder cela à
la fin de chaque mois, mais je me fie à leur compétence.
M. le Président, j'ai apprécié de voir le
député de Lévis au tableau. Cela me rappelait 1970 ou il
me donnait mon cours d'institutions financières. Je me l'imagine, tout
jeune è l'époque, tout jeune à ce moment-là. Ce que
la politique peut faire vieillir!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que le
député de Dubuc...
M. Pagé: Je dois dire qu'il était plus convaincant
à ce moment-là.
Une voix: Parce qu'il était plus sincère à
ce moment-là.
Une voix: Wow! Une minutel
M. Pagé: Le député de Lévis a
toujours été sincère, sauf qu'il est moins objectif
aujourd'hui qu'il ne l'était avant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, est-ce
que le député de Dubuc veut intervenir ou si...
M. Desbiens: Je commence à douter qu'on va faire modifier
quelque chose au ministre. Je pense qu'il comprend que l'objectif de mes
remarques et de celles de mes collègues, c'est de s'assurer qu'il ait
lui- même, comme ministre, avec l'office la possibilité de
répondre véritablement aux demandes qui peuvent lui être
adressées par les jeunes agriculteurs et, trois mois, même si
ça va au 8 février, qu'il dise que l'office lui présentera
cela le matin du 1er avril, il y a tout de même trois mois de jeu. Dans
certaines circonstances, pour certains de ces agriculteurs, cela peut avoir une
signification bien différente. Qu'est-ce qui nous dit qu'entre le 8
février, pour reprendre son exemple, et le B avril il n'y aura pas eu
une hausse de 2 % des taux d'intérêt, ce qui modifiera la
situation pour ces agriculteurs-là qui auront dû attendre trois
mois que le ministre change d'année financière?
M. Pagé: Nos prévisions ne sont pas trop mauvaises
jusqu'à maintenant.
M. Desbiens: Les prévisions...
M. Pagé: On a prévu une diminution des taux
d'intérêt. C'est ce qui nous a permis de proposer une diminution
des crédits de l'office de 26 000 000 $, si ma mémoire est
fidèle. Ce qui se passe exactement, c'est actuellement ce qu'on avait
prévu.
M. Desbiens: Oui, ça...
M. Pagé: Je n'ai pas la prétention de vouloir
laisser croire qu'on prévoira toujours de façon exacte.
M. Desbiens: J'espère.
M. Pagé: Mais, comme le disait le député de
Lévis, même les économistes ont une marge d'erreur de 40 %.
Je dois dire que l'office est pas mal plus performant.
M. Garon: Je n'ai pas dit que les économistes avaient une
marge d'erreur de 40 %...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, je m'excuse, mais la parole était
au député de Dubuc.
M. Desbiens: Une deuxième remarque pour
compléter... Il va finir par me la faire perdre. Le budget du ministre,
en 1986-1987, était de 5 000 000 $ à ce sujet-là.
M. Pagé: Pour une loi qui prévoyait une subvention
de 8000 $ et qui était discriminatoire pour lesépouses.
M. Desbiens: C'est une autre affaire qui a été
démontrée différemment. Je remarque que ce budget de 5 000
000 $ a été élevé à 12 000 000 $ par une
décision du ministre des Finances, lors du budget. L'an prochain, il n'y
a rien qui indique au
ministre qu'il ne reviendra pas à ses 5 000 000 $ de
départ.
M. Pagé: Vous êtes terrible.
M. Desbiens: En tout cas, on verra. Je voulais faire la
remarque.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'autres
interventions concernant cet amendement à la loi? Votre temps est
écoulé, M. le député de Lévis.
M. Pagé: Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Garon: Ce que je demande, c'est un vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, d'accord. M.
le député de Dubuc.
M. Desbiens: Avant qu'on passe au vote, je voulais dire...
M. Pagé: Son temps n'est pas écoulé. Je dois
dire, pour le bénéfice de ceux qui nous liront, que le
député de Dubuc n'abuse pas du temps
généralement.
M. Desbiens: Merci, M. le ministre. J'espère qu'il dira
toujours la même chose.
M. Pagé: Dans le cadre de l'étude de ce projet de
loi, j'entends.
M. Desbiens: Pour que ce soit très clair pour le Journal
des débats, constatant que cet article-là va créer un
empêchement pour les agriculteurs qui auront à l'utiliser, moi, je
voterai contre, en tout cas.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
ministre, avez-vous autre chose à ajouter?
M. Pagé: Là-dessus, on m'a indiqué... Les
propos du député de Dubuc semblent... Le député
semble croire que de jeunes agriculteurs ne pourront bénéficier
de la subvention à laquelle ils ont droit en vertu d'un engagement
déjà formulé comme suite d'une dépense
M. le Président, je dirai ceci là-dessus. Malgré la
conjoncture qui favorise l'intervention de plusieurs éléments
cette année, bien qu'on ait un budget de 12 000 000 $, on va avoir des
crédits périmés peut-être. Autant...
M. Garon: Je suis sûr.
M. Pagé: Si vous êtes sûr, M. le
député de Lévis, le député de Dubuc n'est
pas sûr.
M. Garon: Le député de Dubuc ne parle pas seulement
pour cette année.
M. Pagé: Bien oui, il parle pour cette année.
M. Garon: Non.
M. Pagé: Vous m'avez offert de gager 1000 $ pour le
crédit supplémentaire. Je vous offre de gager 10 $.
M. Perron: Le député de Dubuc a dit tout à
l'heure peut-être pas cette année.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Chacun son
tour.
M. Pagé: On avait mal compris. Vous avez manqué de
vigueur dans votre propos.
M. Perron: Vous comprenez ce que vous voulez, M. le ministre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs. Est-ce
que le député de Dubuc a fini son intervention.
M. Pagé: M. le député, vous êtes
insultant.
M. Desbiens: Oui, sauf pour clarifier ce que le ministre vient de
dire. Si on vote une loi, ce n'est pas juste pour un an. C'est une application
qui va s'étaler sur X années.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant cet amendement.
M. Pagé: M. le député de Berthier ne parlait
pas lui.
M. Houde: Je n'ai rien à dire, tout est correct. Vous en
avez assez dit, M. le ministre, pour leur faire comprendre, je pense qu'ils
l'ont bien compris. C'est parce qu'ils ne sont pas pressés pour
l'adopter tout simplement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, messieurs,
est-ce que l'amendement est adopté tel que rédigé?
M. Perron: Vote.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
secrétaire, appelez le vote, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: J'appelle le vote. M. Messier
(Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Sans partisanerie politique, avec toute
l'objectivité, vous me connaissez, je vais voter pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour, M. le Président.
M. Desbiens: Votre collègue de Saint-Hyacinthe, cela fait
trois fois qu'il fait cela aujourd'hui, il n'a pas le droit de donner des
commentaires à son vote.
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrive, M. le Président, je
n'ai pas entendu?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît, on recommence le vote. M, le député de
Saint-Hyacinthe, votez seulement.
M. Messier: C'est pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthîer)?
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouras-ka-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour.
Le Secrétaires M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens Contre.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est
adopté.
M. Pagé: L'article tel que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tel
qu'amendé.
M. Garon: L'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez,
l'amendement.
M. Pagé: L'amendement est adopté. On va maintenant
adopter l'article tel qu'amendé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. À
ce moment, est-ce... Oui.
M. Perron: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Actuellement,
l'amendement est adopté. Maintenant, on revient sur l'article.
M. Pagé: Je présume, M. le Président, qu'on
est prêt à voter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je cède la
parole au député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, le ministre vient de
présenter un amendement. On avait un amendement également
à présenter, mais on était à le dactylographier et
on ne pouvait pas prévoir l'amendement du ministre.
Donc, l'amendement que nous présentons a pour but de modifier,
à l'intérieur de l'article 16, l'article 30. 1 pour remplacer,
à la quatrième et a la cinquième lignes...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, je vais vous écouter et ensuite je vais statuer.
Continuez, je vous écoute.
M. Garon: Je tiens compte de l'amendement qui a été
présenté. Mon amendement ne vise pas le même bout de
phrase. C'est un autre amendement. Ce n'est pas un amendement au
même...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, vous proposez
un amendement à l'amendement qui était adopté. (17
heures)
M. Garon: Non, à l'article tel qu'amendé. L'article
est amendé maintenant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. C'est
à l'article.
M. Garon: Je propose un nouvel amendement à l'article
amendé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, je vous
écoute.
M. Garon: Dans l'article 16, amender l'article 30. 1 à la
quatrième et cinquième lignes en biffant tous les mots qui
suivent le mot "office", c'est-à dire l'office "ne peut dès lors,
durant ce même exercice, recommander au ministre d'accorder une
subvention" et en les remplaçant après le mot "office" par les
mots "doit indiquer avec sa recommandation d'accorder une subvention, le fait
que le montant des déboursés relatifs aux engagements pris en
vertu de la présente loi durant cet exercice financier atteint le
montant des crédits votés à cette fin par la
Législature", ce qui fait que l'article se lirait de la façon
suivante si l'amendement est adopté: "Nonobstant les dispositions de la
présente loi lorsque, avant la fin d'un exercice financier, le montant
des déboursés relatifs aux engagements déjà pris en
vertu de la présente loi atteint le montant des crédits
votés par la Législature, l'office doit indiquer avec sa
recommandation d'accorder une subvention le fait que le montant des
déboursés relatifs aux engagements pris en vertu de la
présente loi durant cet exercice financier atteint le montant des
crédits votés à cette fin par la Législature".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
avez votre amendement écrit? Non.
M. Garon: Je l'ai simplifié en l'énonçant.
II était déjà prêt à être
dactylographié, mais je ne pouvais pas prévoir l'amendement du
ministre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):Si vous voulez lui
donner, il va l'écrire et après cela on va regarder ce qu'il en
est pour voir s'il est recevable.
Mesdames et messieurs, on va suspendre pour quelques minutes, le temps
que le texte soit rédigé correctement et qu'on regarde ce dont il
en est exactement.
M. Pagé: L'Opposition va se démêler.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 16)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reçu
l'amendement proposé à l'article amendé. Personnellement,
je crois que cela vient en contradiction... Excusez!
M. Desbiens: Vous avez l'amendement entre les mains?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Voulez-vous que je
le lise?
M. Desbiens: Est-ce que vous pourriez nous le lire, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement se lit
comme suit: "Biffer à la quatrième ligne de l'article 30. 1
amendé introduit par l'article 16, les mots "ne peut dès lors,
durant ce même exercice, recommander au ministre d'accorder une
subvention" et ajouter après le mot "l'office" les mots "doit indiquer
avec sa recommandation d'accorder une subvention, le fait que le montant des
déboursés relatifs aux engagements pris en vertu de la
présente loi durant cet exercice financier atteint le montant des
crédits votés à cette fin par ia Législature". Moi,
je crois...
M. Desbiens: Est-ce que je peux parler sur la
recevabilité, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord,
écoutez...
M. Desbiens: J'attends votre décision.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute. Soyez court, très court.
M. Desbiens: Oui, je vais essayer d'être très bref,
M. le Président. J'aurais peut-être trois points à vous
souligner. Premièrement, je vous ferais remarquer que l'amendement
apporté par le député de Lévis ne porte pas sur la
partie qui a été amendée par le ministre.
Deuxièmement - je fais juste soulever sèchement les points pour
être bref - l'article 30. 1 de maintenant, on doit le considérer
comme étant la présentation de la loi. C'est l'article.
L'amendement proposé par le député de Lévis ne peut
pas être considéré comme un sous-amendement. C'est la
proposition du ministre telle qu'elle est maintenant exprimée qui est
l'article en question. Troisièmement - vous m'avez pressé, je
vais vite - c'est le fait que ce qui est important dans cet article, c'est la
qualité que se donne le ministre de pouvoir ou de ne pas pouvoir faire
accepter telle ou telle demande. Quand le député de Lévis
dit par son amendement: "l'office doit indiquer avec sa recommandation
d'accorder", cela ne change pas du tout le pouvoir du ministre. C'est que
l'office peut faire sa recommandation quand même, mais en indiquant que
c'est rendu au sommet du budget, que le budget est complet, ce qui laisse toute
latitude au ministre.
Je voulais faire ressortir ces trois éléments.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, soyez court.
M. Garon: M. le Président, il faut dire que cet article ou
cet amendement se lit
non pas comme un article tout seul, mais il va faire partie d'une loi
qui va vivre dans l'économie générale de l'administration
financière du gouvernement. Le but de l'article n'est pas de faire en
sorte qu'on dépasse les crédits votés. Le ministre ne
pourra pas, s'il y a recommandation, aller au-delà des crédits
votés. Mais c'est lui qui a la marge de manoeuvre, c'est lui qui peut
aller au Conseil du trésor, c'est lui qui peut aller au Conseil des
ministres, c'est lui qui peut agir.
On dit comme amendement que l'office doit indiquer, avec sa
recommandation d'accorder une subvention, le fait que le montant des
déboursés relatifs aux engagements pris en vertu de la
présente loi, durant cet exercice financier, atteint le montant des
crédits votés è cette fin par la Législature. Ce
qui veut dire que le ministre ne peut pas voter, dans l'état actuel des
choses. Il ne peut pas signer cette recommandation, sauf qu'il le sait.
Là, il peut à ce moment-là aviser, le Conseil du
trésor et dire au Conseil des ministres: Voici, on a atteint la limite.
Je ne peux pas signer des demandes qui sont devant l'office, je commence
à avoir des recommandations qui vont au-delà de mon budget. Il
peut demander alors un budget supplémentaire, il peut demander un
transfert, aller au fonds de suppléance pour un certain montant. Il peut
demander certaines choses au Conseil du trésor. Autrement, pour
l'office, tout simplement, qu'est-ce qui va arriver? L'office va donner des
directives dans le champ et c'est là, dans chacun des bureaux, que les
subventions vont bloquer et le ministre ne saura pas ce qui se passe. Je pense
qu'il est important que le ministre sache ce qui se passe. Ce n'est pas au
bureau de Québec qu'on va refuser les subventions. C'est dans les...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, restez sur la question de la
recevabilité et non sur l'argumentation.
M. Garon: Alors ce que je veux dire, c'est que l'amendement est
recevable, parce qu'il va dans le même sens que ce qui est indiqué
dans l'article qui était proposé. Sauf qu'il place l'office dans
l'obligation d'indiquer au ministre, lorsqu'il lui fait la première
recommandation qui vient au-delà des crédits votés, que
les crédits votés ont été utilisés et que
maintenant les engagements additionnels qu'il prend vont au-delà des
déboursés. Il faut bien comprendre qu'on est dans une
mécanique. Il y a des engagements et des déboursés et le
ministre doit être au courant de ce qui se passe. Cela ne peut pas se
faire simplement d'une façon administrative sans que le ministre le
sache.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Là vous
argumentez, je m'excuse. Il faut rester sur la recevabilité seulement.
Concluez, s'il vous plaît!
M. Garon: Ce que je veux dire au fond, c'est que cet amendement
n'implique aucunement que le ministre doive signer. Au contraire, malgré
cet article, le ministre ne pourra pas signer, parce que le ministre ne peut
pas (dépenser des crédits qu'il n'a pas. Alors, cet
amendement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
arrête, parce que là vous ne parlez pas de la
recevabilité.
M. Garon: Mais, oui. C'est en se basant sur cela que vous
pourriez dire qu'il est irrecevable, mais l'amendement ne vient pas dire cela.
Il vient simplement dire que... Écoutez, regardons l'article 5. 1. C'est
vraiment l'économie de la loi qui dit que c'est le ministre qui peut ou
non recommander...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, mais
vous ne discutez pas de la recevabilité, pas du tout.
M. Garon: Bien oui, vous pourriez dire qu'il est irrecevable si
on voulait aller au-delà de la loi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais vous
expliquer pourquoi...
M. Pagé: II est irrecevable...
M. Garon: C'est le ministre qui décide...
M. Pagé: M. le Président, j'attends...
M. Garon:... au lieu de dire que c'est l'office, c'est le
ministre qui décide, parce que c'est lui qui décide dans
l'article 5. 1.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis d'accord
avec vous.
M. Garon: À l'article 5. 1, c'est le ministre qui peut,
sur la recommandation de l'office accorder une subvention. Il faut que cela
reste dans le même cadre, autrement on revient au schéma hypocrite
qui existait avant, où le...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous argumentez, ce
n'est pas là-dessus du tout, je m'excuse.
M. Garon: L'office dit non, le ministre dit oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Voici, c'est que
tout à l'heure, à l'article
30. 1, on a adopté un amendement qui est complet. Là,
maintenant, avec ce que vous proposez, vous venez complètement à
{'encontre d'une des choses qui dit, dans l'amendement, qu'actuellement
l'office ne peut pas, et là, vous proposez un amendement pour que
l'office puisse. C'est une contradiction fondamentale. L'article 30. 1, c'est
un article qu'on a adapté amendé.
M. Garon: Non, on a adopté l'amendement, on n'a pas
adopté l'article.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je ne parle pas de
l'article, je parle de l'amendement qu'on a adopté. L'article 30. 1 a
été adopté tout à l'heure, amendé.
M. Garon: Non, non, non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: Oui, c'est...
M. Garon: M. le Président, je regrette...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, un
instant.
M. Garon: On a adopté l'amendement du ministre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: Â l'article
seize, on a pris l'article 30. 1 qui est l'amendement apporté par le
ministre. Ça, c'est le texte de loi, d'accord?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, le ministre
soumet un amendement qui est différent de ce qui est écrit
là. On a adopté cet amendement. Maintenant, vous arrivez avec un
sous-amendement qui vient contredire...
M. Garon: Non, un autre amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je regrette, je ne
le considère pas du tout comme ça.
M. Garon: L'amendement est voté, il ne peut y avoir un
sous-amendement alors que l'amendement est voté. Un sous-amendement
vient amender un amendement qui n'est pas adopté...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais il
n'est pas recevable du fait qu'il vient contredire l'amendement
adopté.
M. Desbiens: Bien non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bien oui.
M. Garon: Ce n'est pas possible, cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bien oui, c'est un
élément important. Je regrette, mais je maintiens ma
décision là-dessus, cela vient changer un élément
fondamental de l'amendement qu'on a approuvé, de l'article
amendé. Je maintiens ma décision.
M. Pagé: On va suspendre la séance pour quelques
minutes, M. le Président. Je respecte votre décision, je
l'accepte, elle est bien fondée, mais je vous demanderais une suspension
de quelques minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si c'était
un détail, ce serait... Alors, on suspend la séance pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise à 17 h 29)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Maintenant, j'apporte
une précision. Il est sûr que l'article 30. 1 n'a pas
été adopté, on a simplement adopté l'amendement
proposé par le ministre. Par contre, ce que vous proposez - ce qui est
là, c'est une proposition du ministre - vient complètement en
contradiction avec ladite proposition du ministre. Donc, c'est irrecevable dans
ce sens.
M. Chevrette: Est-ce que vous me permettez, avec le consentement
de la commission, M. le Président, de clarifier une question de
règlement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tout cela, c'est
une proposition du ministre; cela vient en contradiction...
M. Chevrette: M. le Président, je vous pose une
question.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Allez-y,
M. le député de Joliette, on vous écoute sur votre
question de règlement.
M. Chevrette: Premièrement, je ne voudrais pas contester
votre décision, mais je voudrais bien savoir dans quelle mesure on peut
apporter un amendement ou un autre amendement; c'est pour clarifier.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II ne faudrait
quand même pas s'embarquer dans un débat de procédure pour
le reste de l'après-midi.
M. Chevrette: Non, notre objectif, c'est
de terminer l'adoption du projet de loi pour 18 heures. C'est clair, on
en a parlé entre nous et entre les leaders; c'est clair aussi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Chevrette: Cependant, on veut faire "la job" le plus
correctement possible.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mais, quand
même, je tenais...
M. Chevrette: C'est le pourquoi...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... à
vous...
M. Chevrette:... de mon déplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Chevrette: C'est de faire en sorte qu'on puisse respecter
à la fois notre parole...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis convaincu
que vous ne vous déplacez pas pour rien, mais je tenais à
apporter cette précision quand même.
M. Pagé: Oui. Êtes-vous membre permanent de notre
commission?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute.
M. Chevrette: J'ai malheureusement trop de commissions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II se
promène d'une commission à l'autre, de ce temps-ci. Je vous
écoute.
M. Chevrette: Je voudrais comprendre le pourquoi de votre
décision, sans la remettre en question.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon!
M. Chevrette: Cela peut m'indiquer pourquoi on ne peut pas
apporter tel autre type d'amendement pour qu'il soit recevable. Si je lis
bien... Je vais vous dire la compréhension que j'en ai, pour essayer de
comprendre la divergence de points de vues qui a existée. En vertu de
l'article 30, l'office ne peut plus faire de recommandation au ministre
dès que la somme globale est atteinte. C'est ce que je comprends de
l'article, tel qu'écrit. Le ministre arrive avec un amendement qui ne
remet pas ce principe en cause du tout. On a voté sur cet amendement et
il a été adopté.
Le député de Lévis arrive avec un amendement qui ne
change pas l'esprit de l'amendement, mais qui dit: Pourquoi ne pas donner plus
de pouvoirs discrétionnaires au ministre, qui peut, à
l'intérieur de ces sommes, faire... Cela pourrait même permettre
au ministre de faire une sélection s'il le voulait. Il dit que c'est au
ministre de prendre la décision et non pas à l'office.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'en excuse,
mais c'est en complète contradiction. La proposition du ministre, c'est
de limiter ce que l'office demande, et, ce que M. le député de
Lévis veut, c'est d'aller complètement dans le sens contraire de
la proposition du ministre. C'est irrecevable.
M. Garon: Contraire en quoi?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contraire...
M. Chevrette: Irrecevable...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contraire parce
que, dans un cas...
M. Chevrette: Elle peut être battue, je m'excuse, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bien oui! Dans un
cas...
M. Chevrette: Je sais que c'est...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Dans un cas, on dit qu'on
ne veut pas que l'office ait le droit et ensuite lui, il arrive avec un
amendement qui dit oui, sur recommandation du ministre. C'est
complètement...
M. Chevrette: Entre vous et moi, est-ce que c'est à
vous...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vote contre,
cela revient au même.
M. Chevrette: Je vais poser ma question bien clairement. Est-ce
que c'est à la commission de trancher un point de vue -je dis bien un
point de vue - qui pourrait déplacer un type de pouvoir ou si c'est
à la présidence de juger qu'une proposition est recevable ou
pas?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Parce que je vais vous donner un cas de
jurisprudence où la
commission est maître de ses délibérations ou pas.
Un amendement qui vient déplacer un pouvoir ne vient pas enlever
l'économie du pouvoir. C'est cela qui est posé comme question
fondamentale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Joliette, s'il y a unanimité ici,
l'Assemblée peut être maître, et si le ministre est
d'accord... Mais je vous dis qu'au point du vue du règlement,
actuellement, cela vient en contradiction avec la motion du ministre qui est
inscrite dans le projet de loi, ici.
M. Chevrette: La contradiction du ministre n'est pas grave. Ce
n'est pas le fait d'avoir une contradiction avec un ministre qui fait que c'est
recevable ou pas, M. le Président. Ce que je veux vous expliquer c'est
que la commission est libre de trancher s'il y aura ou pas déplacement
de pouvoir. Ce n'est pas à la présidence de juger. On vient de
trancher un cas identique en haut. Ce n'est pas à la présidence
d'une commission, et même pas à la présidence de
l'Assemblée nationale, de juger de la pertinence ou de la non-pertinence
d'un amendement, c'est juger sur le fond, alors que sur la forme, ce que vous
auriez a trancher, c'est si l'amendement est irrecevable quant à sa
forme. Mais, là, vous plaidez sur le fond en ne donnant même pas
l'occasion de justifier pourquoi c'est mieux que ce soit le ministre que
l'office.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis en
désaccord complet avec vous. Complètement. J'ai appliqué
des règles de procédure et, actuellement, même le Code
Morin vient en contradiction...
M. Garon: Le Code Morin ne touche pas cela du tout!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous dis cela
entre autres. C'est parce que cela vient en contradiction. Actuellement, le
projet déposé par le ministre dit que l'office ne peut pas et
dans l'amendement suggéré on dit que l'office peut. Alors, c'est
une contradiction complète. C'est irrecevable dans ce sens.
M. Garon: Non, c'est que...
M. Houde: Le leader. l'avait expliqué, le
député de Joliette, c'est bien, ce qu'il a fait, c'est fait. Mais
je pense qu'avec ce que vous dites: un dit oui et l'autre dit non... Il faut en
finir avec cela.
M. Pagé: Si c'est plus court de l'accepter, on va
l'accepter.
M. Garon: Qu'est-ce qu'il dit
Beauchesne?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je peux revenir,
mais cela ne donne rien. En réalité, on a eu un peu le même
cas la semaine passée. C'est comme faire une contre-proposition sur une
motion. Tu votes contre et cela revient au même. Ce n'est pas
nécessaire de faire une contre-proposition, c'est la même chose ou
à peu près.
M. Chevrette: M. le Président, je vais poser une question
au ministre de l'Agriculture. L'objectif n'est-il pas qu'on ne défonce
pas l'enveloppe? C'est un premier principe. C'est le principe fondamental de
l'article 16. C'est ce que je comprends et c'est la motion principale de
l'article 30. 1. Au point de vue de toute procédure - sortez-moi le code
que vous voudrez - l'objectif fondamental, c'est de ne pas défoncer
l'enveloppe.
Au deuxième, là, cela devient une modalité, que ce
soit la commission, l'office ou le ministre ou cela pourrait être un
comité. Cela devient de l'accessoire à la proposition et cela ne
contredit pas le principe du non-défoncement de l'enveloppe qui est
l'objet de la motion principale. Quand vous interprétez en disant que
c'est contraire à l'office, vous venez donc d'interpréter que
chaque élément de cette proposition 30. 1 constitue une
principale. Cela n'a aucun sens sur le plan de l'interprétation.
M. Pagé: M. le Président, afin
d'accélérer nos travaux, sans que ce soit un
précédent...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je ne suis pas
d'accord du tout avec le député de Joliette, parce que c'est un
élément important de la loi que de limiter l'action de l'office
là-dedans. Ce n'est pas un fait divers ou une nuance à
l'intérieur.
M. Chevrette: Vous argumentez sur le fond.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est un
élément important. Si vous changez cela, vous venez contredire
complètement...
M. Chevrette: Oui, mais vous argumentez sur le fond. Vous avez
à argumenter sur la forme.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas sur le
fond, c'est sur la recevabilité de... Je donne la parole au
ministre.
M. Garon: Non, parce que le ministre lui-même m'a dit qu'il
ne voulait pas limiter les engagements, seulement les
déboursés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mais là,
c'est un autre élément.
M. Garon: Justement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est juste la
question que, sur la proposition du ministre, cela dit que cela limite l'office
et, dans l'autre, que cela contredit complètement. Alors, M. le
ministre, je vous écoute.
M. Pagé: M. le Président, afin
d'accélérer le déroulement de nos travaux, c'est avec
beaucoup de satisfaction que j'ai pris connaissance et que j'ai entendu
l'engagement formulé par l'honorable leader de l'Opposition et
député de Joliette exprimant sa volonté de voir les
travaux complétés à 18 heures, tel que l'ordre de la
Chambre l'édicte et ainsi, que la loi soit adoptée.
M. le Président, si le fait de donner notre consentement du
côté de la majorité a pour résultat
d'accélérer l'étude du projet de loi, nous sommes
prêts, sans que cela constitue cependant un précédent qui
pourrait avoir des conséquences pour toute autre commission ou tout
autre amendement proposé analogue à celui formulé par le
député de Lévis, nous sommes prêts, à
accepter votre amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si le ministre
l'accepte, je vais l'accepter, mais je continue à dire et je vais le
répéter: c'est seulement un élément...
M. Chevrette: Après consentement, on est maître de
notre procédure; vous n'avez qu'à l'appliquer, je m'excuse.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Vu que je
suis un vrai démocrate et puis que je préside dans le but de
faire avancer les choses, alors, passons maintenant! On va vous écouter,
mais je maintiens ce que je disais. Non, non, il n'y a pas de problème,
le ministre l'a suggéré, on y va.
M. Garon: Le but de l'amendement est de maintenir dans la loi la
même économie qui existe depuis le début. C'est l'office
qui recommande et c'est le ministre qui accepte ou qui refuse. Je comprends
qu'en réalité le ministre ne refuse pas. Si on regarde l'article
5. 1, on y dit: "Le ministre peut, sur la recommandation de l'office,
accorder... " Cela prouve simplement que l'obligation de respecter le budget
est une obligation ministérielle, mais que l'office doit l'indiquer au
ministre. Autrement, que va-t-il arriver? L'office, à un moment
donné, va bloquer toute la machine dans le champ, partout, dans tous les
bureaux, parce qu'elle ne pourra plus faire de recommandations au ministre. Le
mécanisme...
M. Chevrette: M. le Président, on le comprend tous, il y a
eu consentement. Il faudra que vous vous rendiez a l'évidence, sinon
donnez votre place à d'autres.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'abord, M. le
député de Joliette, je ne vous ai pas donné la parole.
M. Chevrette: Non, mais ne la prenez pas vous non plus,
cependant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, allez.
M. Garon: Alors, le but de l'amendement n'est pas d'embarrasser
mais au contraire de créer un mécanisme logique dans tout cela.
Vous allez être les premiers embêtés si la disposition telle
qu'elle est actuellement reste en place, parce que l'office ne pourra plus
faire de recommandations. Alors, c'est fini, il n'y aura plus d'engagement. Les
engagements vont être limités là.
M. Houde: Est-ce qu'on peut prendre le vote à ce
moment-ci?
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! La parole est au député de Lévis.
M. Houde: Je demande si vous nous donnez le vote.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je regrette.
M. Garon: À ce moment-là, c'est ce qui va arriver
si l'article reste tel qu'il est. On dit: "... l'office ne peut dès
lors, durant ce même exercice, recommander au ministre d'accorder une
subvention. " Accorder une subvention, ce n'est pas un déboursé,
c'est un engagement. Ce qui veut dire que toute la machine est bloquée.
L'Office du crédit agricole est bloqué dans l'ensemble du
Québec si cette disposition reste telle qu'elle est. Tandis que si le
ministre veut faire ce qu'il veut faire et ce qu'il nous a dit qu'il voulait
faire, ils ne peut pas garder l'article tel qu'il est. Il faut, au contraire,
qu'il continue à faire fonctionner l'office. Mais l'office doit
indiquer, avec sa recommandation, d'accorder une subvention, le fait que le
montant des déboursés relatifs aux engagements pris en vertu de
la présente loi, durant cet exercice financier, atteint le montant des
crédits votés à cette fin par la Législature. Le
ministre pourra dire aux emprunteurs, aux jeunes qui veulent
s'établir
qu'il n'a plus les crédits et les aviser qu'ils pourront faire
valoir l'engagement sur l'exercice financier suivant. Il pourra aussi demander
des crédits supplémentaires; il aura une marge de manoeuvre. Mais
si l'article de la loi reste tel qu'il est, c'est fini. Quand un jeune va aller
au bureau de l'office, on devra lui dire: On n'a plus d'argent; on ne peut plus
accorder de subventions.
Pensez-vous que les gens vont se mettre à - il y a assez
d'ouvrage à l'office - monter des dossiers alors qu'il n'est pas
possible de donner des subventions? Ils savent que les crédits
votés ont été épuisés. Toute la machine va
être bloquée dans tout le Québec. C'est pour cela que la
proposition d'amendement permet à la machine de continuer de
fonctionner. Elle permet au ministre d'évaluer, parce que si cette
première liste de recommandations de l'office arrive au mois de
décembre ou au mois de janvier, il est facile pour le ministre de dire:
On va pouvoir payer à telle date dans l'exercice financier qui vient.
Mais si cela arrive au mois de juillet ou au mois d'août, j'ai le
sentiment que le ministre va vouloir aller en crédits
supplémentaires; il ne voudra pas bloquer sa machine pendant six, huit
ou neuf mois. L'article, tel que libellé, dit: "... l'office ne peut
dès lors, durant ce même exercice, recommander au ministre
d'accorder une subvention". Pensez-vous que les fonctionnaires - et le
député de Huntingdon a une longue expérience dans ce genre
d'affaires - qui ont de l'ouvrage en quantité vont commencer à
monter des dossiers, sachant qu'ils ne peuvent plus accorder de subventions?
C'est toute la machine administrative qui va bloquer d'un coup sec. Quand elle
va rouvrir, quand on va décider de l'ouvrir parce qu'il y a de nouveaux
crédits, cela va arriver comme dans un entonnoir. Toute
l'économie de l'établissement des jeunes va fonctionner
d'entonnoir en entonnoir.
La proposition que je fais a pour but d'aider sur le plan administratif
à ne pas bloquer la machine. Elle n'a pas pour but d'embêter qui
que ce soit. Au contraire, elle donne un avertissement. Elle va donner au
ministre un pouvoir qu'il n'a pas actuellement. Elle va lui donner le pouvoir
d'aller voir ses collègues au Conseil des ministres pour leur dire: On
est rendu à telle période de l'année - remarquez qu'il n'y
a rien de bloqué à ce moment-là - on envisage qu'il y a
encore tant de jeunes qui s'établissent. Si on bloque la machine
immédiatement parce qu'on leur dit d'arrêter d'accorder des
subventions... Il peut le faire par une directive; il peut le faire. Mais si la
loi le fait de façon automatique et qu'il n'y a pas d'autres
possibiités... La loi le détermine et en vertu de la loi, il n'a
pas d'autres possibilités, parce que le ministre ne peut pas aller
contre la loi. C'est un carcan épouvantable. C'est comme si on allait
courir le marathon de Boston avec un bandeau sur les yeux en espérant
faire vingt-six ou vingt-sept kilomètres sans sortir de la route et sans
rentrer dans le bois.
Le ministre a fait un premier changement. Le premier amendement que
lui-même a proposé est meilleur que ce qu'il y avait avant. Mais
ce qui est là est encore mauvais, parce qu'il faut distinguer ce qu'on
va faire par rapport aux crédits votés. Est-ce qu'on va
fonctionner sur les engagements ou sur des déboursés uniquement?
Si on fonctionne sur des déboursés uniquement, cela va être
un goulot d'étranglement. Politiquement, votez ce que vous voulez, c'est
vous qui allez avoir les problèmes. Quant à cela, je suis certain
qu'il va y avoir des problèmes. Je veux vous dire - et c'est inscrit
dans le Journal des débats - que si la disposition reste telle qu'elle
est, la machine va bloquer systématiquement et ne pourra plus
fonctionner au point de vue de l'établissement des jeunes. La
mécanique qui aura été prévue dans la loi à
l'article 30. 1 qui est inséré après l'intitulé:
"Dispositions finales" de la section VI, ajoute, l'article 30. 1 aux
dispositions actuelles de la loi. Je ne veux pas plaider inutilement, mais je
suis convaincu que, si l'amendement est refusé, c'est une erreur. On
verra à ce moment et on pourra indiquer à la période des
questions qu'on avait spécifiquement proposé un amendement pour
empêcher que la machine ne bloque sur le plan administratif. (17 h
45)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Pagé: Juste une question, M. le Président,
très brièvement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Pagé: Je ne comprends vraiment pas l'approche du
député de Lévis qui, dans un premier temps, cet
après-midi, nous indique très clairement... Il a
été ministre de l'Agriculture pendant neuf ans. Il me confirme,
il indique aux membres de cette commission qu'il est fréquent,
régulier, normal que des crédits soient périmés en
fin d'année. À preuve, le ministre de l'Agriculture du Parti
québécois de 1976 à 1985 a été un ministre
qui a périmé des dizaines et des dizaines, quelques centaines de
millions de dollars.
La disposition que j'ai fait adopter vise essentiellement à
s'assurer qu'il n'y aura pas plus de déboursés que de
crédits adoptés. Il pourra y avoir des engagements de
façon que les jeunes producteurs et productrices puissent s'inscrire,
s'établir, déposer un plan de développement
échelonné sur un certain
nombre d'années, tout le monde en convient. Nous avons des
crédits de 12 000 000 $ d'adoptés pour cette année. J'ai
clairement indiqué de plus qu'à compter de maintenant, à
compter de l'entrée en vigueur de la loi, c'est-à-dire le 30 juin
19B6... mais déjà l'Office du crédit agricole se
prépare à établir les méthodes, les moyens visant
à s'assurer que les crédits, les subventions versées
correspondent aux engagements de crédits, aux crédits
adoptés. Cela impliquera, comme je l'ai formulé à
plusieurs reprises cet après-midi, plus de vigilance, plus
d'adéquation entre les déboursés et les sommes
adoptées, un meilleur contrôle de la part de l'office et il est
capable de le faire.
Ce que nous propose l'amendement du député de
Lévis, c'est d'informer le ministre, de dire au ministre: Si vous voulez
l'autoriser, vous allez être en dépassement par rapport aux
crédits adoptés. Alors qu'on sait pertinemment qu'en vertu de la
Loi sur l'administration financière les crédits sont
adoptés par l'Assemblée nationale et un ministre n'est pas
légitimé de dépenser et de dépasser ses
crédits sans qu'il y ait un budget supplémentaire ou qu'il y ait
un virement d'élément.
Le député de Lévis, par sa proposition, nous
suggère encore une fois que le législateur parle pour ne rien
dire, alors que de telles dispositions sont prévues en vertu de la loi,
en vertu du serment d'office que j'ai prêté comme ministre, en
vertu de la Loi sur l'administration financière qui régit nos
règles.
M. le Président, je propose qu'on défasse, qu'on batte
l'amendement du député de Lévis. J'ai indiqué que
j'allais réfléchir à l'ensemble de la problématique
concernant l'aspect spécifique et particulier du virement d'un
élément à l'autre, mais j'ai la conviction, à la
lumière... On n'a pas tiré le montant de 12 000 000 $ à
travers un chapeau; des prévisions ont été faites par
l'office... pas des prévisions conservatrices, des prévisions
vraiment ouvertes: quantification, prévision du nombre de personnes qui
peuvent faire une demande et déboursés qui peuvent être
effectués. Nous avons un budget de 12 000 000 $ et j'ai l'impression
qu'on va être placé face à l'obligation de périmer
des crédits dans ce programme, encore une fois. Rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je veux faire valoir que cette
proposition ne touche en aucune façon à la Loi sur
l'administration financière à laquelle est soumis et que doit
respecter le ministre de l'Agriculture. C'est pour cela que j'ai dit tout
à l'heure que la proposition d'amendement s'inscrit dans le cadre
général de toutes les lois du gouvernement. Les obligations
auxquelles est assujetti le ministre en vertu d'autres lois ne sont pas
touchées par cet amendement. C'est évident que le ministre ne
pourra pas, bien qu'il y ait une recommandation de l'office d'accorder une
subvention, si l'amendement est adopté, mais que l'office lui indique en
même temps qu'il n'a pas les sommes... Cela signifie que l'office dit que
la demande de subvention, s'il avait eu l'argent, aurait été
acceptable au point de vue de la loi, mais parce que les sommes ne sont pas
là, il lui indique qu'il ne peut pas se fier à la subvention. Il
faut dire que, à ce moment, il n'y a pas de copie d'envoyée nulle
part. Les listes - et le ministre a dû en signer quelques-unes depuis le
temps qu'il est en fonction - que lui envoie l'office pour être
signées sont des listes de décisions qui ont été
prises à l'office avec recommandation, avec les signatures des officiers
qui ont siégé et le ministre accepte ou n'accepte pas de signer
la recommandation de l'office. Il n'est pas obligé de signer. Surtout,
s'il n'a pas l'argent, il ne peut pas signer. Justement, en vertu de la Loi sur
l'administration financière - je ne nie pas cela, au contraire - j'ai
spécifié tantôt que cet amendement s'inscrivait dans le
cadre de l'ensemble des lois qu'il y a au gouvernement et que le ministre va
respecter.
L'amendement n'a pas pour but de l'obliger à signer, mais il a
pour but la franchise. D'abord de ne pas revenir à l'ancien
système où l'on fait dire non aux fonctionnaires ou, si le
ministre dit oui, les fonctionnaires disent non, premièrement;
deuxièmement, de l'aviser en temps opportun, avant que la machine soit
bloquée, qu'il y a des demandes qui sont acceptables, mais qu'il n'y a
plus les fonds requis et pour permettre au ministre d'agir avant de bloquer sa
machine. Autrement, qu'est-ce qui va arriver? L'office va bloquer la machine,
il n'y aura plus de prêts d'accordés et il n'y aura plus de
subventions d'accordées ni de recommandées et la machine va
bloquer.
L'office ne continuera pas à analyser des dossiers pour lesquels
elle ne peut pas verser d'argent parce qu'elle n'a pas les crédits
voulus. Autrement ce serait un gaspillage, à moins que cela lui soit
indiqué. Si cela ne lui est pas indiqué, elle ne le fera pas.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis convient que lorsqu'un jeune va voir son représentant de
l'office dans une région, c'est dans la perspective de formuler une
demande de subvention, de s'établir, de déposer un plan de
développement et de faire des investissements, tout cela sur une
période de trois ans, quatre ans dans certains cas. Ce que le
député de Lévis nous dit aujourd'hui, c'est comme si le
fait qu'un
fonctionnaire de l'office, un employé de l'office dans une
région indique: Nous sommes su début mars, et je ne sais pas
compter tous les cents et je ne sais pas si on va pouvoir vous autoriser.
Voyons donc, ce n'est pas comme cela du tout. Je ne comprends pas le
député de Lévis. Je ne le comprends pas du tout. Je n'ai
pas l'intention de passer la soirée à tenter de le comprendre. Je
vais voter contre point.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Je cède la parole au député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, je crois que l'argumentation
du député de Lévis est assez claire. Ce qu'il veut
éviter, c'est qu'il y ait un blocage et que le ministre ne soit
même pas au courant, qu'il y ait des demandes dans le champ et qu'il ne
puisse pas aller en budget supplémentaire, comme il nous mentionnait cet
après-midi, ou qu'il ne puisse pas aller demander des crédits ou
faire des virements possibles. C'est lui qui aura à vivre avec sa loi,
c'est lui qui est responsable. Je n'ajouterai rien d'autre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Pas d'autres interventions! Est-ce que l'amendement
soumis par le député de Lévis est adopté?
M. Pagé: Rejeté, M. le Président. M.
Garon: Vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On appelle le
vote.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Sans préambule.
Le Secrétaire: Oui.
M. Messier: Je suis contre.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)?
M, Assad: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement est
rejeté.
M. Garon: M. le Président, j'ai une autre proposition
d'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Lévis.
M. Garon: C'est: L'article 16 du projet de loi 71, Loi modifiant
la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, est
modifié en ajoutant à l'article 30. 1 un deuxième
alinéa qui se lit ainsi: "L'office doit, au plus tard le
trentième jour qui suit la fin d'un exercice financier transmettre au
ministre le nombre et les montants des demandes de subventions qui n'ont pas pu
être recommandées au ministre en vertu du premier alinéa de
cet article. Le ministre doit déposer cette liste dans les quinze jours
de sa réception à l'Assemblée nationale ou, si elle ne
siège pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante
ou de la reprise de ses travaux. "
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est
recevable.
M. Blais... ce rire-là, ah! ah! ah!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Qu'est-ce qu'il lui
arrive? Alors, tout le monde a compris l'amendement apporté?
M. Dubois: Vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instantl
M. Dubois: C'est cela. Il n'y a personne qui parle. Vote
enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous êtes
prêt à voter' Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement
ou si le vote est demandé?
M. Garon: Je vais donner quelques explications. Le but de
l'amendement est de faire en sorte que la machine n'arrête pas de
fonctionner, que l'office continue à monter les dossiers des jeunes qui
demandent des subventions et qu'on transmette au ministre le nombre et le
montant des demandes de subventions qui n'ont pas pu être
recommandées au ministre en vertu du premier alinéa de cet
article que le ministre a tenu à faire adopter, et qu'on sache où
on s'en va exactement. Autrement, je pense qu'on va bloquer le
développement de l'agriculture, parce que les gens ne pourront pas avoir
d'argent. Je ne veux pas être plus long, mais je suis prêt à
voter sur cet amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. le ministre, voulez-vous intervenir?
M. Pagé: Je suis prêt à voter, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le vote est
demandé. Est-ce un vote enregistré que vous vouiez avoir?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'amendement est adopté.
M. Pagé: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, ïberville):
Alors, l'amendement est rejeté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur division?
Alors, l'amendement est rejeté sur division. Il est maintenant 18 heures
moins une minute.
M. Chevrette: Moins deux minutes à l'horloge. M. le
Président, voici ce que je proposerais au ministre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez. Un
instantl J'écoute le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a possibilité, étant
donné que le député de Lévis n'a pas d'autres
amendements... Il reste un article en suspens, excusez. Je suggère de
régler celui-là au plus vite et avec le consentement des deux
groupes, qu'il y ait quatre ou cinq minutes à la fin pour parler d'une
clause sans qu'il y ait amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous
suggérez actuellement qu'on continue les débats après 18
heures?
M. Pagé: On va suspendre pour quelques minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, on suspend la
séance pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 18 h 1)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ajourne les
travaux de la commission sine die, mesdames et messieurs. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 1)