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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation ouverte. M. le secrétaire,
a-ton des remplacements?
Le Secrétaire: Oui. M. Khelfa (Richelieu) remplace M.
Camden (Lotbinière) et M. Charbonneau (Verchères) remplace M.
Perron (Duplessis).
Projet de loi 85
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je rappelle aux
membres de la commission que notre mandat est d'étudier la loi 85, Loi
sur la vente de la Raffinerie de sucre du Québec.
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Je veux vous indiquer qu'il y aurait
possibilité qu'il y ait un autre remplacement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Aujourd'hui?
M. Charbonneau: Oui. M. Perron devait venir, mais il est pris
avec la commission parlementaire ayant trait à la fermeture de
Schefferville. C'est moi qui le remplace, sauf que M. Blais est aussi absent et
on va essayer de le faire remplacer.
M. Fortier: On va collaborer, M. le Président.
M. Charbonneau: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À ce
moment-là, on le remplacera...
M. Fortier: Son travail est tellement efficace qu'on aurait
maille à partir si on ne collaborait pas.
M. Charbonneau: Si je comprends bien, la fin de semaine a
porté conseil.
Reprise du débat sur la motion de
sous-amendement du député de Lévis
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vendredi dernier,
nous en étions au sous-amendement du député de
Lévis.
M. Fortier: À savoir que?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À savoir
que... Oui? Je vous écoute.
M. Desbiens: La motion elle-même,
premièrement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La motion
elle-même?
M. Desbiens:... est amendée et sous-amendée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Alors...
M. Desbiens: On va recommencer la semaine...
M. Fortier: Vous n'avez pas travaillé là-dessus en
fin de semaine?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La motion
elle-même est que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 85, Loi sur la vente de
la Raffinerie de sucre du Québec, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet et qu'à cette fin elle
entende: le Syndicat des producteurs de betteraves sucrières du
Québec. En amendement: Et la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec. En sous-amendement: Et la firme
Landell Mills Commodities Studies, de Londres, de même que les
consultants allemands de BMA, responsables du design de l'usine de 1978.
M. Jolivet: D'après ce que je peux comprendre, c'est moi
qui aurais à demander la parole, si vous me le permettez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, parce que le
député de Lévis avait parlé 30 minutes. Alors
maintenant, c'est aux intervenants sur le sous-amendement. Je vous cède
la parole, M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je vous remercie, M. le Président, de me
permettre d'appuyer ce
sous-amendement qui a pour effet de demander que viennent ici, è
cette commission, pour qu'on puisse leur poser les questions pertinentes, les
gens qui ont eu à travailler sur la Raffinerie de sucre du
Québec, c'est-à-dire la firme Landell Mills Commodities Studies,
de Londres, de même que les consultants allemands. Vous avez raison
d'avoir de la difficulté à prononcer le nom parce que, lorsqu'on
le lit, j'aurais moi aussi de la difficulté à le prononcer. On va
le simplifier, même si je n'aime pas les sigles, au mot BMA, qui est la
compagnie responsable du design de l'usine depuis 1978.
On sait que cette firme de consultants allemands avait prévu
l'installation d'équipements de raffinage et d'emballage, mais il faut
dire pourquoi aussi. À ce moment-là, elle avait été
contactée dans ce but-là, parce que c'était un
investissement prévisible de 12 000 000 $ dans le plan de l'ensemble de
l'usine telle qu'on la connaît actuellement. Les questions pourraient
fuser de toute part auprès de la société allemande, en ce
qui concerne le problème principal auquel la raffinerie était
confrontée depuis 1980. On est maintenant en 1986 et on se souvient que,
depuis 1980, le problème principal auquel était confrontée
la raffinerie était qu'elle s'était vu interdire, jusqu'en
octobre 1985, la production de sucre raffiné blanc.
Dans ce contexte, c'est sûr que cela a des effets sur l'ensemble
des montants d'argent à être dépensés par la
raffinerie vu que le raffinage du sucre blanc est quand même une
activité intéressante. Donc, il s'agissait à ce
moment-là d'une anomalie de taille. La Raffinerie de sucre du
Québec, comme vous le savez très bien puisqu'on en a souvent
parlé jusqu'à maintenant, était ainsi la seule sucrerie de
betterave dans le monde entier à ne produire que du sucre brut. Donc, la
compagnie, les consultants allemands qui sont habitués dans ce genre
-j'aurai l'occasion de l'expliquer tout à l'heure - pourraient nous
expliquer les difficultés que peut avoir une sucrerie comme
celle-là à ne fabriquer que du sucre brut.
Cette condition, on s'en souvient, avait été
imposée par le gouvernement fédéral et là, on
l'indique bien, sous les pressions qui avaient été
exercées par ce qu'on appelle communément le "club des
raffineurs". La conséquence première de l'imposition de cette
condition du fédéral d'empêcher, à ce
moment-là, la raffinerie d'aller au raffinage du sucre blanc et de ne
faire que du raffinage de sucre brut, de ne produire que du sucre brut, a
été d'empêcher la raffinerie de profiter des marges brutes
élevées prises par les raffineurs à l'étape du
raffinage en blanc. Donc, le fait de ne pouvoir raffiner jusqu'au bout son
sucre de betterave l'empêche à ce moment-là de raffiner
également du sucre brut de canne comme les autres concurrents de la
raffinerie le font. Je pense que c'est important et on pourrait poser la
question à cette firme de consultants ainsi qu'à celle venant de
Londres. Comment voyaient-ils ce problème à ce moment-là?
Cela a-t-il eu des effets néfastes sur la capacité de concurrence
de la raffinerie et, deuxièmement, sur les profits?
On sait très bien que la raffinerie, telle qu'elle existe, ne
peut alors amortir ses immobilisations que sur une campagne d'au plus 133
jours. Donc, elle travaille 133 jours alors que les équipements
mêmes pourraient servir 300 jours par année si la raffinerie
pouvait raffiner du sucre brut de canne pendant les 167 jours restants. On doit
faire abstraction, bien entendu, des congés et des périodes
normales d'entretien des équipements parce que cela demande de
l'entretien et, à ce moment-là, la production s'arrête.
Pendant les congés qui sont prévus par les conventions
collectives ou par la loi, on s'assure que l'équipement reste en bon
état.
On disait que si on avait pu avoir 450 tonnes de sucre raffiné
blanc par jour, l'usine produirait annuellement 135 000 tonnes de sucre
raffiné blanc. Je pense que cela a une importance capitale et
primordiale sur la rentabilité de l'usine, de la raffinerie. Les
consultants avaient été saisis de cela.
Donc, ce qui avait été prévu pour permettre
à la raffinerie de faire elle-même le raffinage en sucre blanc
était un investissement nécessaire de 12 000 000 $. Le programme
d'investissement qui avait été prévu comprenait trois
volets. Le premier concerne les équipements nécessaires pour
produire le sucre blanc proprement dit, le sécher et le classifier sur
tamis. C'est une première opération qui devait être faite.
Les estimations qui avaient été faites à partir des
schémas de procédés, des études de détail
d'implantation, étaient de 4 500 000 $. Ces schémas, avaient
été faits par les consultants allemands BMA responsables du
design de l'usine depuis 1978, tel qu'on le dit dans la motion de
sous-amendement.
Le schéma retenu avait été révisé par
les ingénieurs travaillant avec l'union coopérative
betteravière française et il est pratiquement analogue à
celui d'une autre usine - je crois qu'il aurait été
intéressant de poser la question qui s'imposait - è celui de
l'usine d'Artenay près d'Orléans. Les coûts, à ce
moment-là, sont aussi très voisins des estimations faites par une
firme appelée Agro-Technip, la filiale alimentaire de la firme
d'ingénieurs français Technip. Donc, effectivement, on
était dans les coûts prévisibles et on ne voyait pas
pourquoi on n'arriverait pas à vivre à l'intérieur des
capacités prévues.
Le second volet, qui prévoyait l'emballage, avait
été estimé à 2 550 000 $ compte tenu des
soumissions qui avaient été reçues des consultants de
machineries et des estimations des ingénieurs, quant au coût de
réfection du bâtiment dans lequel les machineries seraient
installées.
Enfin, une dernière somme de 2 950 000 $ serait consacrée
à la mise en place de l'espace minimal requis pour l'entreposage du
sucre brut, du sucre blanc et des produits finis. Il y avait donc, dans
l'étude qui avait été proposée, des montants
d'argent prévus pour trois volets. Encore là, quand on parie
d'estimation du coût, elle a été faite à partir des
soumissions de fournisseurs, quand il s'agit d'équipements, et
d'études d'engineering lorsqu'il s'agit de travaux de génie
civil, et une somme supplémentaire de 2 000 000 $ a été
ajoutée pour couvrir les frais d'engineering ainsi que, comme on le voit
toujours dans les soumissions, les imprévus.
Il faut donc noter qu'en plus de ces investissements de 12 000 000 $ qui
avaient été prévus par la firme, reliés à
l'installation des capacités de raffinage, la Raffinerie de sucre du
Québec, d'une façon ou d'une autre, même si cela n'a pas
été fait, aurait dû investir 3 500 000 $ au cours des trois
prochaines années dans des immobilisations reliées au
fonctionnement de l'usine de betterave et au traitement des eaux usées.
D'une façon ou d'une autre, il y avait des travaux de 3 500 000 $ qui
étaient prévus. Il aurait été intéressant,
justement, de les questionner sur ce qu'ils avaient proposé pour
rentabiliser l'usine.
Signalons au passage que le coût total du programme
d'investissement nécessaire au raffinage, même si cela constitue
une somme importante, est relativement faible pour un type de projet comme
celui-là. Il représente moins du tiers de ce que coûterait
aujourd'hui une raffinerie d'une capacité semblable en regard de la
disponibilité des services, de l'espace et des équipements,
notamment ceux qui avaient été acquis de l'usine Triple-A Sugar
en 1978. On dit que cette usine n'était pas seulement
équipée pour traiter des betteraves, mais qu'elle raffinait
également du sucre de canne.
J'arrête là, M. le Président, parce que vous me
faites signe que mon temps est terminé. Mais je dois vous dire qu'il
aurait été intéressant d'avoir ces deux firmes, en
particulier celle dont les consultants sont Allemands, pour nous donner le
meilleur éclairage possible sur la décision qui devra être
prise dans les délais impartis par l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire après l'étude article par article pour passer
ensuite à l'étape de l'adoption du principe après avoir
adopté le rapport à l'Assemblée nationale.
M. le Président, j'aurai l'occasion d'y revenir et d'indiquer
pourquoi il faudrait absolument que la commission soit prête à
consulter des gens qui connaissent le dossier. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Laviolette. Je cède maintenant la parole au
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonrteau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Mon
collègue de Laviolette a particulièrement expliqué les
raisons qui nous incitent à demander, entre autres, la convocation des
consultants allemands qui ont travaillé pour la raffinerie de sucre
pendant plusieurs années et qui ont collaboré, en fait qui ont
aidé la raffinerie de sucre à moderniser ses équipements
et à construire des équipements ultra-modernes. Je me demande
d'ailleurs, à l'égard des équipements, combien de membres
du gouvernement et combien de ministres particulièrement
intéressés au dossier sont allés visiter les installations
de Saint-Hilaire pour se rendre compte de la capacité de l'usine, de sa
modernité et de son potentiel.
Je voudrais particulièrement insister sur l'importance de l'autre
groupe qui a été réclamé par le
député de Lévis; il s'agit de la firme Landell Mills
Commodities Studies. C'est important parce que, dans le document qui a
été préparé par la direction de la raffinerie de
sucre en juin 1985 pour rétablir les faits et dans l'argumentation qui
avait été préparée par le ministère des
Finances, on se rend compte de l'importance de convoquer et d'entendre les
spécialistes de cette entreprise, en particulier, à
l'égard du prix du sucre brut et de son évolution et, donc, des
possibilités d'évaluer une éventuelle rentabilisation de
l'industrie de la betterave sucrière au Québec à
l'égard de l'évolution des cours mondiaux du prix du sucre. (10 h
30)
On pouvait lire d'ailleurs, à la page 8 de ce rapport, au
paragraphe 4: "Le prix du sucre brut, énoncé du ministère
des Finances. La raffinerie de sucre estime que le niveau actuel du prix du
sucre, moins de 0, 03 $ US -au mois de juin, il y a un an - est temporaire et
s'appuie sur l'évolution passée du prix du sucre. Le
ministère des Finances estime, de son côté, qu'il est
imprudent de se baser sur le passé pour prévoir l'avenir dans ce
domaine et que, compte tenu des surplus actuels de sucre brut à
l'échelle mondiale, la tendance sur ce prix est à la baisse. Par
ailleurs, la FAO prévoit le maintien de la situation actuelle
jusqu'à l'an 1990. Il est ainsi peu probable qu'un redressement des prix
s'effectue".
L'argumentation de la raffinerie est la suivante: "À cet
égard, les affirmations du
ministère des Finances sont fausses. En effet, bien que les
analystes prétendent qu'il soit imprudent de se baser sur le
passé pour prévoir l'avenir, ils s'en remettent à une
étude de la FAO qui constitue essentiellement en un historique
détaillé des tendances observées sur le marché
depuis 1960 et des accords internationaux du sucre de l'après-guerre.
"Le but premier de l'étude de la FAO préparée en
collaboration avec l'Organisation internationale du sucre et dont la version
préliminaire a été présentée en octobre 1983
était justement de convaincre les pays membres de l'organisation de la
nécessité de remettre en place des mécanismes de
régularisation de l'offre dans le cadre d'un nouvel accord
international. Son titre est d'ailleurs significatif: "Sugar, major trade and
stabilization issues in the eighties". "Le prix du sucre brut sur le
marché libre est trop changeant et volatile pour que quiconque puisse
s'aventurer à en prévoir l'évolution sept années
à l'avance, disent les gens de la raffinerie de sucre. "Les bas prix
actuels sont essentiellement causés par un surplus de stock de l'ordre
de 10 000 000 à 15 000 000 de tonnes. Alors, il suffit que de mauvaises
conditions climatiques sévissent chez plusieurs grands producteurs pour
que la production mondiale de 100 000 000 de tonnes chute dans des proportions
correspondantes. C'est ce qui est arrivé en 1980 alors que des mauvaises
conditions climatiques en URSS, en Inde et en Thaïlande, associées
à une réduction d'acrage à Cuba et au Brésil, ont
eu pour effet de réduire la production mondiale de 5, 4 %, ce qui a
entraîné une flambée immédiate du cours mondial,
jusqu'à 0, 42 $ US en octobre 1980. " M. le Président, si on se
le rappelle.
Ici, j'ouvre une parenthèse: À l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture le ministre de
l'Agriculture a reconnu que les derniers incidents en Union soviétique
et, en particulier, en Ukraine, avaient eu un impact sur le cours mondial et
sur les stocks mondiaux, ce qui a fait en sorte que l'Union soviétique
achète beaucoup plus de sucre que prévu à cause de la
détérioration des récoltes et des cultures causée
par l'accident de l'usine nucléaire de Tchernobyl.
M. le Président, je ferme la parenthèse et je reprends les
commentaires de la raffinerie de sucre à l'égard des
prétentions du ministère des Finances. "L'étude de la FAO
reconnaît que "it is not possible to predict the course the market will
take between 1985 and 1990 in terms of stocks and prices because this will
depend primarily on random factors". "L'étude ne contient d'ailleurs
aucune prévision de prix. Il est vrai que le prix de base du sucre
utilisé dans les états pro forma est de 0, 06 $ US et
qu'actuellement il est à un creux historique de 0, 03 $ US. C'est
exactement è cause de ces fluctuations imprévisibles du
marché mondial qu'il faut travailler avec une moyenne basée sur
plusieurs années. L'hypothèse de 0, 06 $ est donc
extrêmement timide face à la moyenne du cours mondial des quinze
dernières années, 0, 12 $ US courants, ou celle des dix
dernières années, 0, 15 $ US. "
À cet égard, l'hypothèse de 0, 06 $ - je le
rappelle, M. le Président - c'est l'hypothèse à partir de
laquelle la raffinerie de sucre et le ministère de l'Agriculture sous la
direction de M. Garon, le député de Lévis, avaient
préparé leurs états pro forma. Autrement dit, on n'avait
pas fait des hypothèses è partir d'un prix du sucre très
élevé, mais à partir d'un prix du sucre relativement bas,
toutes proportions gardées, par rapport à ce qui s'était
passé au cours des dix ou quinze dernières années alors
que le prix du sucre, selon les années qu'on prend, avait
été en moyenne de 0, 12 $ US à 0, 15 $ US en dollars
courants.
Dans l'industrie du sucre, la firme Landed Mills Commodities Studies de
Londres est considérée comme le gourou du marché,
rappellent les gens de la raffinerie. Sa revue, Sugar Quarterly - celle-ci,
entre autres, M. le Président - qui, d'ailleurs, se vend à un
prix assez extraordinaire - je pense qu'un abonnement annuel coûte 1000 $
- constitue une des références professionnelles les mieux
acceptées, avec celles de Connell Commodities et F. O. Licht's, par
exemple, qui sont des négociants en sucre.
Or, les pronostics publiés dans le dernier numéro de cette
revue, celui d'avril 1985, font paraître bien conversatrices les
hypothèses de 0, 06 $ US la livre retenues par la raffinerie et presque
ridicule la prétention des agents du ministère des Finances. Ici,
on a une citation de ce rapport du mois d'avril 1985. Sugar Quarterly indiquait
qu'à la fin de 1985 le prix du sucre pourrait se situer autour de 0, 05
$, que pour 1986-1987 il devrait y avoir une progression qui situerait le prix
du sucre dans un corridor entre 0, 05 $ et 0, 08 $ la livre et qu'à
l'approche de 1987 on atteindrait sans doute la barrière de 0, 10 $ US
la livre.
M. le Président, quand on regarde l'évolution du prix du
sucre depuis que le gouvernement a fait son annonce et depuis l'élection
du 2 décembre, on se rend compte qu'en fait le prix du sucre a
varié à peu près dans les proportions qu'avait
prévues cette firme. Les gens du ministère des Finances ont
toujours prétendu que les pronostics et les prévisions de la
raffinerie de sucre étaient trop optimistes et qu'ils se basaient sur
des calculs qui n'étaient pas sérieux. Quand on regarde la
situation, on se rend compte que la raffinerie de sucre a basé ses
calculs et s'est appuyée sur les données les plus fiables et les
plus sérieuses
qui existent actuellement dans le secteur du sucre et dans l'industrie
sucrière.
Devant ces faits, il nous semble important que cette entreprise soit
reçue par la commission pour qu'on puisse, de part et d'autre, la
questionner, puisqu'elle est considérée comme le gourou dans le
secteur du sucre. Nous aurions ainsi une idée un peu plus précise
de l'évolution qu'a pu subir le marché du sucre au cours des
dernières années. Encore là, M. le Président, vous
savez qu'à un moment donné il suffit de mauvaises conditions
climatiques ou d'accidents comme celui qui est arrivé en Union
soviétique pour que tous les pronostics soient déphasés
par rapport à de nouvelles situations. À cet égard, on
pense qu'il serait non seulement utile, mais important, compte tenu des
citations et de l'utilisation qu'en avait fait le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour réfuter les
arguments du ministère des Finances, qu'on invite, entre autres, cette
entreprise qui est considérée comme l'un des gourous dans le
marché du sucre.
J'espère que la fin de semaine aura permis au ministre
délégué à la Privatisation de lire les documents
qu'on a déposés à la commission vendredi, peut-être
de changer d'opinion et de se rendre compte que les gens qu'on voulait et qu'on
veut toujours inviter, par les motions qu'on a présentées et par
celles qu'on présentera, sont tous très directement
concernés par la situation. L'expertise qu'ils pourraient nous apporter
-je termine avec cela - pourrait nous être fort utile avant que nous nous
engagions trop loin dans la liquidation de la Raffinerie de sucre du
Québec. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Verchères. J'ai reconnu M. le ministre
délégué è la Privatisation.
M. Fortier: Rapidement, je crois qu'on doit disposer du
"sous-sous-sous-amendement" prochainement: M. le Président, si je
comprends bien, du sous-amendement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À moins
que... Ah! on a encore un intervenant qui vient d'arriver.
M. Fortier: Ah! Alors, allez-y, mon cher.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je cède la
parole au député de Dubuc.
M. Desbiens: Je pensais que le ministre voulait intervenir tout
de suite afin d'accepter le sous-amendement; j'en étais tout fier.
M. Fortier: Peut-être que vous allez apporter des arguments
supplémentaires.
M. Desbiens: On va essayer, M. le Président, parce que
cela me paraît...
M. Garon: Il faudrait acheter des oreilles au ministre.
M. Fortier:... je comprends vite.
M. Desbiens:... extrêmement important. Alors que ce
gouvernement a choisi... M. le Président, voulez-vous rappeler mon
collègue de Lévis à l'ordre, s'il vous plaît? Il me
dérange dans mon intervention.
M. Garon:...
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: M. le Président, je disais donc que ce
gouvernement a choisi comme orientation politique de privatiser certaines
sociétés d'État et, dans le cas présent, on sait
que cela équivaut à liquider une société
d'État. C'est une politique qui renverse, si on peut dire, la vapeur par
rapport à ce qui se fait depuis le tout début de la
révolution tranquille, et même avant, puisque dans le cas de la
Raffinerie de sucre du Québec il s'agit d'un organisme qui a quelque 42
années d'existence, tout près de 43 ans maintenant. C'est une
société qui, selon les dires du gouvernement, coûte
énormément cher à l'État québécois.
II me semble qu'il aurait été extrêmement facile pour le
gouvernement d'utiliser cet exemple de la Raffinerie de sucre du Québec
pour bien montrer à toute la population du Québec que cette
politique de privatisation jouait en sa faveur en général quant
à l'utilisation des taxes et impôts des Québécois,
quant à la protection que le gouvernement est censé assurer par
le biais du ministère de la protection du consommateur. Cela aurait
été l'occasion idéale pour le gouvernement de faire la
preuve que sa politique de privatisation, au moins dans ce cas-ci, était
très valable. Mais, pour en faire la preuve, il aurait fallu et il
faudrait encore, parce que j'espère toujours convaincre le ministre, que
tous les experts intéressés, qui ont travaillé au dossier,
qui l'ont vécu dans certains cas -comme on l'a dit, jeudi et vendredi,
et comme on a essayé de le faire valoir - les producteurs, l'organisme
constitué pour la survie de la Raffinerie de sucre du Québec et
les membres du conseil d'administration... On sait qu'il y a au Québec,
et au conseil d'administration et à la haute direction de la raffinerie
de sucre, des experts qui sont reconnus au-delà des frontières du
Québec, bien largement, lesquels ont étudié la situation
du sucre, de l'industrie du sucre dans tous ses détails, un peu partout
dans le monde. Alors, ce sont des experts très
compétents dans le domaine. Les organismes de travailleurs
impliqués ont pu faire part aussi, parce qu'ils ont soumis des
représentations, de la façon dont ils voyaient cette disparition
de la raffinerie de sucre.
Finalement, après avoir proposé d'entendre
particulièrement le Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières, les associations de consommateurs du Québec, la
direction, le conseil d'administration... Il y a deux autres firmes d'experts
que mon collègue, le député de Lévis, a
proposé de faire venir, deux firmes internationales
particulièrement importantes qui ont une connaissance très
approfondie de l'industrie sucrière et qui ont eu à intervenir et
à donner leur avis, et même à travailler à la
planification pour la construction d'une usine prévue dans le plan de
relance et de rentabilisation soumis par le ministère de l'Agriculture,
è l'époque du gouvernement du Parti québécois. (10
h 45)
II serait important aussi, je pense - ce seraient deux sources
très importantes et intéressantes - que puissent jeter un
éclairage absolu sur l'ensemble de ce dossier de la Raffinerie de sucre
du Québec la firme Landell Mills Commodities Studies de Londres et les
consultants allemands BMA, M. le Président, qui étaient
responsables du design de l'usine depuis 1978. Je pense que ces deux firmes
auraient sûrement une place importante à tenir dans une discussion
de fond sur l'ensemble des thèses qui prévalent depuis quelques
années et qui sont avancées depuis quelques années, soit
celle du ministère de l'Agriculture du Québec qui
privilégiait une reprise, une relance de cette industrie au
Québec, et celle du ministère des Finances qui prétend
qu'il est préférable de liquider cette industrie.
Les études qui ont été menées et que nous
possédons portent sur les coûts évalués de ces deux
thèses, et même du statu quo, et on sait que les chiffres... Les
deux groupes ne s'entendent d'aucune façon sur la décision finale
a privilégier. Je prétends toujours que, si la privatisation est
une politique qui a une réelle valeur pour l'ensemble de la population
du Québec, l'occasion serait excellente pour le gouvernement de faire sa
preuve une fois pour toutes, en tout début de mandat, avec un premier
cas facile, selon lui, puisque non seulement il privatise, mais cette
privatisation équivaut à une fermeture, une liquidation. C'est
donc que le dossier semble très clair dans son esprit et il aurait donc
été facile de faire la preuve, me semble-t-il, que la politique
de privatisation était vraiment la voie de l'avenir, l'orientation la
plus favorable pour l'ensemble de la population du Québec.
Or, depuis deux jours, le ministre de l'Agriculture et son
collègue, le ministre délégué à la
Privatisation, ne semblent pas du tout être intéressés
à faire cette preuve. Cela laisse à penser, justement, que cette
fameuse politique de privatisation qui est choisie comme orientation par leur
parti politique et leur gouvernement n'est peut-être pas aussi profitable
et aussi valable qu'ils voudraient bien nous le laisser croire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II vous reste 15
secondes.
M. Desbiens: C'est fini? Alors, c'est pour cela, M. le
Président, c'est pour toutes ces raisons» finalement, que
j'interviens encore une fois auprès du ministre
délégué à la Privatisation. Je sais que son
collègue de l'Agriculture est plus fermé mais je crois que, lui,
il est capable de faire preuve de plus d'ouverture, et c'est pourquoi je
reprends ce matin auprès de lui ces demandes présentées
sous forme d'amendements et de sous-amendements. Je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je remercie le
député de Dubuc. Y a-t-il d'autres interventions? M. le
ministre.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Brièvement, M. le Président. J'ai
écouté le député de Dubuc avec beaucoup d'attention
parce que je l'ai toujours reconnu comme un député venant d'une
région et que j'ai beaucoup de respect pour les gens des régions.
Comme le sait le député de Laviolette, je me suis toujours
intéressé aux régions en tant que critique dans le domaine
de l'énergie et des ressources. J'ai appris que, sans les régions
du Québec, le Québec ne pourrait pas vivre et c'est la raison
pour laquelle, lorsque j'entends un député d'une région
comme celle-là, j'écoute avec beaucoup d'attention.
Malheureusement, le député ne m'a pas convaincu. Dans ce
débat que nous avons ici, nous essayons de vous convaincre et,
malheureusement, les arguments se retournent contre vous à l'occasion.
Vendredi, j'ai échangé avec le député de
Lévis; il a essayé de me convaincre que la canne à sucre
était en perdition. Je vois qu'il est en train de remplir les papiers
pour obtenir son passeport. Probablement qu'il a décidé d'aller
en république Dominicaine, a Cuba ou ailleurs pour faire les
vérifications d'usage, parce qu'il a probablement des interrogations. Il
se pose des questions à la suite des débats que nous avons eus
vendredi. Je suis sûr que, samedi et dimanche, il s'est posé la
question: Mais se pourrait-il que le ministre délégué
à la Privatisation ait raison? Si on peut semer un doute dans son
esprit, je crois qu'on aura accompli un grand pas.
En ce qui concerne les propositions
devant nous, entre autres, de faire venir la firme, que certaines
personnes ont appelé des firmes d'ingénieurs-conseils, il
faudrait corriger: ce sont des fabricants allemands spécialisés
dans ce genre d'équipements. Probablement qu'ils ont, en leur sein, des
ingénieurs compétents. Pour avoir été
ingénieur-conseil moi-même, s'ils sont des
ingénieurs-conseils, je peux vous dire que, lorsqu'un client nous
demande de venir, on essaie toujours de le convaincre que le projet devrait se
réaliser parce que, en fin de compte, cela va nous donner des honoraires
additionnels et si, on est fabricant, cela va nous permettre de vendre de
l'équipement. Alors, je ne suis pas certain que l'objectivité
soit tout à fait celle que nous recherchions dans ce
débat-ci.
La raison pour laquelle je crois qu'on devrait refuser, c'est que cela
serait gênant. Vous savez, ce sont ces mêmes ingénieurs qui,
en 1979... J'ai ici le mémoire que le ministre a envoyé au
Conseil des ministres, en 1979, et ce sont ces gens-là qui avaient
justement recommandé que des investissements se fassent à
Saint-Hilaire pour un coût, disaient-ils, de 32 000 000 $. Ils
ajoutaient: Cet investissement est beaucoup plus important que les montants de
10 000 000 $, 12 000 000 $ ou 15 000 000 $ sommairement estimés l'an
passé. En 1978, c'était 10 000 000 $, 12 000 000 $ et 15 000 000
$; en 1979, c'était 32 000 000 $; en 1980, c'était passé
à environ 40 000 000 $. Quand tout était terminé,
c'était rendu à 58 000 000 $.
Cela serait gênant de faire venir ces experts internationaux pour
leur dire: Comment cela se fait-il que vous vous soyez trompés d'une
façon si remarquable? Je comprends qu'il y a des explications. On peut
donner comme raison l'inflation et tout cela mais, quand même, c'est de
1978 à 1981. Quand cela a été terminé, c'est
passé de 1 000 000 $ à 4 000 000 $, de 10 000 000 $ ou 12 000
000$ à 48 000 000 $. Cela serait gênant, je crois, de faire venir
ces gens d'Europe pour les griller, pour leur poser des questions difficiles.
Somme toute, on se rend bien compte, que cela soit eux ou le
député de Lévis, que dans le fond ces gens-là
essaient de faire la démonstration que les décisions qu'ils ont
prises à ce moment-là étaient les bonnes.
Mais la question n'est pas là; la question est la suivante: En
1986, à la lumière des informations que nous possédons et
que l'Opposition possède, est-il dans le meilleur intérêt
des Québécois de continuer les activités de la raffinerie?
Je ne crois pas que faire venir ces spécialistes pourrait ajouter quoi
que ce soit aux volumineux dossiers qui ont été
développés soit par les experts du ministère de
l'Agriculture, soit par les experts du ministère des Finances, soit par
les expertises que l'on peut lire ou que l'on peut voir, ou que l'on peut
obtenir par simple consultation. Par conséquent, M. le Président,
je vais être dans la pénible obligation de recommander le rejet de
cet amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre.
M. Desbiens: Ils ne sont pas gênés de venir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant nous
allons mettre aux voix le sous-amendement. Est-ce que le sous-amendement est
adopté?
M. Fortier: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Rejeté.
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
secrétaire, si vous voulez bien appeler les gens pour le vote.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)?
M. Assad: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)? M. Jolivet:
Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Une voix: Rejeté.
Le Secrétaire: Oui.
M. Garon: On va avoir le résultat du vote.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est
rejeté, évidemment.
Une voix: C'est cela.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous revenons
maintenant à l'amendement.
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Fortier: J'aimerais savoir qui a parlé sur la motion
d'amendement et combien de temps de parole reste-t-il?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement
était du député de Dubuc et il a parlé 30 minutes.
M. le député de Duplessis a parlé 10 minutes et M. le
député de Lévis a parlé 10 minutes. Il reste deux
personnes à parler sur cet amendement.
M. Fortier: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je ferai remarquer aux membres de cette commission que cela
fait déjà onze heures que nous sommes en commission parlementaire
et, avec ce matin, je pense bien que cela fera treize heures. J'ose
espérer que nous puissions faire le travail que l'Assemblée nous
a demandé de faire, soit de procéder à l'étude
article par article. Il y a un projet de loi qui est devant nous et je crois
que le but de cette commission parlementaire, c'est d'en faire l'étude
article par article. Je crois que nous avons assez échangé
d'information, de part et d'autre, pour nous permettre de faire cette
étude législative qui est le but premier d'une commission
parlementaire comme la nôtre. J'ose espérer, M. le
Président - c'est ma question de règlement, puisque notre mandat,
si j'ai bien compris, était de faire l'étude article par article
- que les membres de l'Opposition seront tout à fait d'accord avec nous
pour procéder à cette étude et que nous procédions
à l'étude de l'article 1.
M. Charbonneau: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais faire remarquer que nous sommes
exactement, comme le prévoit le règlement en vertu de l'article
244, à l'étape préliminaire. D'ailleurs, quand on regarde
le projet de loi, ce n'est pas bien compliqué. Ce sont tous des articles
qui, finalement, donnent les moyens au gouvernement de liquider la raffinerie.
Cela prend deux temps trois mouvements pour adopter ces articles-là,
mais le problème de fond...
Une voix:...
M. Charbonneau:... ce n'est pas cela. Avant d'en arriver
là, nous croyons que nous devons avoir un éclairage
approprié et, à cet égard, le ministre tente de
dévaluer - je pense que le règlement ne peut pas lui permettre de
le faire à ce moment-ci -disons, les motions qui ont été
débattues ici depuis plusieurs heures, nous en convenons, et qui vont
l'être encore pour un certain temps. D'une part, je pense que ces motions
ne sont pas antiréglementaires. D'autre part, elles sont exactement
comme le prévoit le règlement, préalables à
l'étude détaillée des articles. De plus, à notre
avis, elles sont fondamentales parce qu'elles vont permettre aux
députés, avant de donner le feu vert au gouvernement pour
liquider une entreprise, pour liquider des emplois, pour revenir sur sa parole
et pour mettre fin à une industrie agro-alimentaire au Québec et
créer un monopole... Je pense qu'il était de mise que nous
demandions d'être informés tous et chacun, toutes et tous, de
l'ensemble du dossier compte tenu précisément des renseignements
dont on dispose et des opinions contradictoires qui circulent sur le sujet.
M. le Président, je comprends que si le gouvernement s'obstine
à refuser d'écouter les gens, de consulter les gens et
d'entendre
toutes les opinions, c'est son choix politique à lui. Le
nôtre, c'est de ne pas donner la possibilité au gouvernement de
facilement liquider une entreprise sans qu'on entende au moins les personnes
concernées, les experts.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est une question
de règlement que vous m'avez posée. Alors, je pense que c'est un
peu long...
M. Charbonneau: Je pense que ni l'une ni l'autre n'était
vraiment une question de règlement.
M. Fortier: Non, mais c'est une question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Charbonneau: C'était une mise au point. (11 heures)
M. Fortier: Je crois que c'est important, la discussion que nous
avons présentement. Ce que le député de Verchères
vient de dire, c'est que, lui, il croit que la question de principe, on n'en a
pas encore disposé. Je lui ferai remarquer que le principe concernant le
projet de loi 85 a été adopté à l'Assemblée.
Si, comme il vient de le dire, l'objectif qu'il poursuit présentement
est d'obtenir des renseignements sur la possibilité ou non de disposer,
de vendre la raffinerie, il va complètement à l'encontre du
règlement parce que le principe même du projet de loi 85 a
été adopté è l'Assemblée et l'ordre que nous
avons de l'Assemblée est d'étudier les articles un par un. Alors,
s'il demande présentement d'avoir des consultations avant de disposer du
principe, il est parfaitement antiréglementaire car il aurait dû
demander d'entendre les gens... Peut-être qu'il l'a demandé et
qu'on l'a refusé. C'est peut-être le ministre qui en a
disposé, mais cela aurait dû être fait avant l'adoption du
principe. Comme le principe du projet de loi 85 a été
adopté et que celui-ci est très clair, soit la Loi sur la vente
de la Raffinerie de sucre du Québec... Alors, le principe a
été adopté et les débats que nous avons
présentement sont tout à fait déplacés dans la
mesure où ils remettent en question le principe même de la vente
puisque le principe a été adopté.
Donc, M. le Président, j'implore l'Opposition de comprendre
qu'elle se trouve complètement en porte è faux et que le principe
du projet de loi, sur la vente, a été adopté
démocratiquement par les gens élus, par des députés
qui représentent tous les comtés du Québec. Je crois que
l'Opposition ne voudrait pas se mettre dans une situation où elle
remettrait en question l'esprit démocratique qui anime
l'Assemblée nationale du Québec et qui fait que le principe
même de la vente a déjà été adopté et
que l'ordre de la Chambre que nous avons est d'étudier le projet de loi
85 article par article justement pour pouvoir disposer de la meilleure
façon possible des articles de loi qui sont mentionnés ici dans
le projet de loi 85.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est
évident qu'on ne peut pas mettre en cause la question du principe.
M. Charbonneau: M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président, c'est tout simplement pour
dire que j'ai demandé la parole sur l'amendement proposé par mon
collègue de Dubuc è l'effet de faire comparaître ici devant
nous l'association des consommateurs. Est-ce que je peux avoir le droit de
parole vu qu'en...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Jolivet:... vertu de l'article 244...
M. Houde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Oui,
M. Houde: Vendredi passé, le député de
Verchères me disait que je ne connaissais pas le dossier et qu'il le
connaissait.
M. Jolivet: M. le Président.
M. Houde: Pourquoi aujourd'hui...
M. Jolivet: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Houde: M. le Président, j'ai...
M. Jolivet: M. le Président, s'il veut prendre son droit
de parole...
M. Houde: Le député de Laviolette...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez.
M. Jolivet: M. le Président, si le député de
Berthier veut prendre la parole, qu'il la prenne donc, mais qu'il ne fasse pas
une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas une
question de règlement.
M. Jolivet: Effectivement. C'est moi qui ai droit de parole.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
Maintenant, l'amendement...
M. Houde: Oui, pour ne rien dire, vas- y.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... est: "Et la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec. " C'est l'amendement présentement.
M. Jolivet: Effectivement, M. le Président. J'aurais
l'intention de parler là-dessus si vous me le permettez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous accorde le
droit de parole, M. le député de Laviolette.
M. Charbonneau: Si le député de Laviolette me
permet juste un commentaire rapide sur la dernière intervention du
ministre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non.
M. Charbonneau: Je lui ferai remarquer deux choses.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non.
M. Charbonneau: Écoutez, M. le Président, vous avez
permis au ministre de poser une question qui n'est pas une question de
règlement...
M. Fortier: Oui, mais monsieur...
M. Charbonneau:... qui lui a permis de faire des commentaires, je
pense que c'était normal...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je pense que
c'était...
M. Charbonneau:... que le ministre fasse ce type de commentaires
à ce moment-ci après 11 heures.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est parce que si
on commence à échanger des commentaires, cela ne finira plus.
M. Charbonneau: Je comprends, mais dans la mesure où on
permet un commentaire il faut au moins, en équité, permettre une
réplique au commentaire. Je ne veux pas engager un long débat
avec le ministre, mais je voudrais au moins que. »
M. Fortier: C'est parce qu'on vient de refuser la parole au
député de Berthier...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
M. Fortier:... alors si on fait un tour de table...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, c'est
cela.
M. Charbonneau: Écoutez, je pense que si...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tout à
l'heure, c'était quand même... Je t'ai donné plusieurs
minutes pour exprimer ton opinion sur une question de règlement qui n'en
était pas une.
M. Charbonneau: Je m'excuse, M. le Président, j'aimerais
qu'en commission on se vouvoie, d'une part, et d'autre part que...
M. Houde: M. le Président, vous avez rendu votre
décision?
M. Charbonneau: J'ai toujours la parole, M. le Président?
D'autre part, je crois que le ministre a eu droit à deux explications,
deux interventions sur des questions de règlement portant sur
l'opportunité de faire ce que nous faisons à ce moment-ci. Je
crois que nous n'avons eu qu'une réplique. Nous devrions, en toute
équité, selon même la tradition parlementaire, M. le
Président, avoir quelques instants rapides...
M. Houde: Non.
M. Charbonneau:... pour remettre en perspective les propos du
ministre.
M. Houde: Pas pour le député de Verchères
non plus. Je regrette.
Une voix: Tu n'es pas président.
M. Houde: Je le dis quand même. Tu parles, tu as le
droit!
M. Charbonneau: Calmez-vous les nerfs ce matin. On commence.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant...
M. Charbonneau: Vous en avez encore pour la semaine.
Une voix: Un peu de décorum.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant! Je vais
vous le permettre, M. le député, mais soyez très
court.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je vais être
très court, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Parce que je vais
vous arrêter.
M. Charbonneau: Je voudrais d'abord signaler au ministre que si
l'Assemblée a adopté le principe d'une loi qui s'intitule "Loi
sur la vente de la raffinerie... " on n'a pas nécessairement
adopté le principe de la liquidation, d'une part. Il y a une
différence entre la vente et la liquidation. On ne s'oppose pas
nécessairement à la vente, mais on s'oppose à la
liquidation. Cette liquidation n'est pas inscrite dans le projet de loi, elle
est inscrite dans une décision que le gouvernement nous a
annoncée le 10 mars dernier. D'autre part, à l'égard de
l'esprit démocratique...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'y a rien de
nouveau là.
M. Charbonneau: Non, je ie sais, pas plus qu'il n'y avait du
nouveau dans les propos du ministre, mais je pense que pour les fins du
Journal des débats... D'autre part, M. le Président,
à l'égard de l'esprit démocratique, je rappellerai au
ministre que la première légitimité d'un gouvernement,
c'est son élection. C'est ce qui lui a permis de se faire élire
et c'est la parole qu'il a...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Là,
c'est...
M. Charbonneau:... donnée aux gens pour se faire
élire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous voulez
bien, M. le député, vous revenez à toute l'argumentation
du début.
Une voix: J'aimerais bien avoir la parole, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, s'il vous
plaît, je cède la parole maintenant au député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. On va "s'enganser",
comme on le dit chez nous, dans une discussion qui n'en finira plus entre le
ministre et le député de Verchères. Ils ont tous les deux
des opinions opposées et je suis d'accord avec le député
de Verchères. Je serais tenté de le laisser parler, mais c'est
mon droit de parole. Donc, oui...
M. Desbiens: M. le Président, est-ce que le
député de Laviolette pourrait répéter le mot qu'il
a utilisé?
M. Jolivet: "Enganser".
M. Desbiens: Comment écrit-il cela?
M. Jolivet: Mettre cela dans une ganse.
M. Fortier: Est-ce que c'est un terme parlementaire?
M. Jolivet: C'est très parlementaire. C'est typiquement
mauricien. On met cela dans la ganse, e'est-à-dire que l'on met cela
dans sa petite poche.
M. Fortier: Là, ce n'est pas parlementaire!
M. Jolivet: En tout cas, d'une façon ou d'une autre, il
est sûr et certain que, chez nous, ils comprennent.
Donc, on veut faire venir ici les représentants de la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, un groupe de personnes qui doivent protéger le
consommateur, au Québec. Je pense qu'il serait intéressant de les
entendre. J'ai entendu M. le ministre, tout è l'heure, dire une chose
qui m'a inquiété. Il a dit: Moi, comme membre d'une firme
d'ingénieurs-conseil s, je propose des choses dans la mesure où
je sais que je vais avoir un salaire, où je sais que je vais faire de
l'argent avec cela. Cela veut quasiment laisser sous-entendre qu'il serait
même prêt à proposer des choses qui ne sont peut-être
pas nécessaires, mais qui, en fin de compte, seraient un moyen, pour
lui, de faire de l'argent. Je ne pense pas qu'il ait voulu dire cela. Loin de
moi l'idée d'interpréter ses paroles, mais je voudrais bien
clarifier cette partie.
Écoutez, nous sommes dans le domaine du raffinage. Si l'on va
auprès des consommateurs et qu'on leur dit; Écoutez, nous allons
liquider une compagnie de raffinage et on va l'envoyer en vente -comme ils
disent - à une autre raffinerie qui s'appelle Lantic, je pense qu'il y a
un problème. Sans vouloir parler de monopole, je reprendrais le terme de
l'ex-rninistre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le
député de Lévis, qui parle d'oligopole, qui dit que c'est
oligopolistique.
M. Garon: On ne parle pas du raffinage en général,
là.
M. Jolivet: Non, mais il reste quand même qu'il faudrait
bien que les consommateurs soient avertis des dangers que peut comporter une
vente comme celle-là, une liquidation comme celle-là. Il faudrait
peut-être, à ce moment-là, se pencher sur le sujet et dire:
Est-ce qu'il y a un ministre, dans ce cabinet, qui est responsable des
consommateurs? Pour vous donner un exemple, M. le Président, on se
souvient, la semaine passée, une question a été
posée en regard du conflit de la construction par un collègue de
notre formation politique, le
député de Shefford, au ministre de la Justice qui est, en
même temps, le ministre responsable des consommateurs. Il lui a dit:
Est-ce que vous avez prévu quelque chose qui protégerait les
consommateurs qui, le 1er juillet, vont se retrouver hors de leur maison, soit
qu'ils aient vendu la maison qu'ils habitent actuellement pour le 1er juillet,
soit qu'ils soient hors de leur logement parce qu'ils ont selon la loi
été obligés de donner un avis disant que le 1er juillet
ils ne seraient plus là, et qui se retrouveront dans des maisons qui ne
sont pas finies ou qui, à ce moment-là, seront tellement peu
avancées qu'ils vont devoir, dans certains cas, vivre dans une tente,
vivre dans un motel? II y en a qui l'ont dit. Or, il y a un ministre
responsable des consommateurs. Ce ministre responsable des consommateurs dans
le cabinet de M. Bourassa qui existe actuellement, qu'a-t-il dit à son
collègue, dans le contexte où ie danger est majeur de faire non
pas un monopole... Je fais attention aux termes que j'emploie, il y a un
ministre qui, d'une certaine façon, a déjà eu des propos
malheureux sur la décision d'un juge, même si le juge a rendu une
décision en n'ayant pas tous les faits devant lui. Il reste que ce
ministre du cabinet de M. Trudeau a été obligé de
démissionner, vous vous souvenez, c'est M. André Ouellet de
Montréal. Je ne voudrais pas être accusé non plus d'avoir
dit des choses qui ne sont pas exactes. Donc, c'est pour cela qu'ici on dit: Un
quasi-monopole, les dangers d'un quasi-monopole, de faire en sorte que,
finalement, la liquidation, telle que proposée, en arrive à
augmenter le coût pour le consommateur.
Je vous donne un exemple. On dit qu'en moyenne les Canadiens utilisent
92 livres de sucre par année. Est-ce que ce sont bien les chiffres
exacts? On parle d'une centaine de livres, au Québec, par individu.
C'est une moyenne, bien entendu, au point de vue individuel. On aurait des
grosses caries dentaires, mais je parle d'une moyenne générale.
Or, on sait qu'une augmentation de un cent la livre coûte aux
consommateurs, si on se base sur les 92 livres annuellement, ou un ensemble de
100 livres par personne, 6 500 000 $ de plus. C'est important de se demander si
la vente ou la liquidation de la raffinerie de sucre à la compagnie
Lantic n'amènera pas une augmentation d'un cent, deux cents, trois
cents, quatre cents.
Prenons l'exemple de trois cents. Trois cents, cela fait: 6 500 000 par
trois cents, par 100 livres, cela fait 19 500 000 $. Est-ce qu'on n'aurait pas,
sur 19 500 000 $, été capable, pendant une seule année,
pour faire ce que disait la compagnie qu'on mentionnait tout à l'heure,
de prendre 12 000 000 $ et de permettre la rentabilisation de l'usine. Est-ce
que cela n'aurait pas été mieux de le mettre là
plutôt que de le mettre sur les coûts aux consommateurs? Il est
évident que vous allez me dire: Écoutez, un cent, ce n'est pas
ça qui va changer le monde. Un cent pour chacun des consommateurs, mais
un cent additionné à un cent, cela fait de l'argent. Cela veut
dire que le gouvernement du Québec par l'intermédiaire du
ministre de l'Agriculture qui était là à ce
moment-là, le député de Lévis, aurait pu, au lieu
de faire ce que fait le ministre de la liquidation, une liquidation de l'usine
qu'on appelle la Raffinerie de sucre du Québec, prendre les 18 000 000 $
ou 19 000 000 $ et les employer à la rentabilisation de l'usine.
Une voix: Il y a 1500 emplois, là-dedans.
M. Jolivet: Vous parlez de quoi, 1500 emplois? Quand on regarde
cela de façon directe et indirecte, il y a les gens qui travaillent
à la raffinerie, il y a ceux qui font le transport de l'un à
l'autre, des betteraves à partir du sucre; dans d'autres cas, il y a les
gens qui sont eux-mêmes à l'intérieur de la mise en terre,
donc les agriculteurs qui cultivent soit en totalité soit en partie...
On dit toujours que c'est en partie parce que ce ne serait pas rentable si
c'était en totalité. Dans ce contexte, je ne vois pas pourquoi on
ne ferait pas venir la fédération nationale des consommateurs du
Québec qui pourrait nous dire les dangers qu'il y a d'aller dans le sens
proposé par M. le ministre, représentant un peu les finances, le
ministre délégué à la Privatisation qui a
gagné sur son collègue de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
Mon collègue de Dubuc dit qu'il n'y a pas de danger à les
faire venir parce qu'ils pourraient peut-être nous convaincre de
l'inverse. Ils pourraient peut-être nous dire à nous de
l'Opposition: Vous êtes dans le mauvais chemin, vous devriez
peut-être prendre le chemin présenté par le ministre
-peut-être pour nous convaincre. Si on n'a pas l'accord du gouvernement,
peut-être va-t-on garder notre façon de voir les choses,
peut-être n'est-elle pas la bonne. Bien que, quand on parle d'une
augmentation d'un cent la livre, 6 500 000 $ en argent que les contribuables
auront à payer comme consommateurs de sucre sous différentes
formes, je pense qu'il y aurait intérêt à se faire
conseiller. Compte tenu aussi du fait que nous avons une politique
sucrière qui n'existait pas à l'époque, que des annonces
ont été faites qui nous permettraient de regarder cela plus
à fond, M. le Président, j'aimerais faire un sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député.
Motion de sous-amendement
proposant d'entendre le
ministre fédéral de
l'Agriculture
et ses principaux conseillers
M. Jolivet: Que la motion d'amendement de mon collègue de
Dubuc à l'effet d'inviter la fédération nationale des
consommateurs du Québec soit amendée et qu'elle soit
modifiée en ajoutant à la fin les termes: "et le ministre
fédéral de l'Agriculture, M. John Wise, et ses principaux
conseillers". Si vous acceptez ma proposition, M. le Président, que je
relis, soit d'ajouter à la fin "et le ministre fédéral de
l'Agriculture, M. John Wise, et ses principaux conseillers", j'aurai l'occasion
de dire pourquoi il serait important de le faire venir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, en
sous-amendement: "et le ministre fédérai de l'Agriculture, M.
John Wise, et ses principaux conseillers".
M. Jolivet: En effet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Et c'est
recevable.
M. Jolivet: C'est recevable. Ai-je le droit de parole?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, vous avez
trente minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Pour bien comprendre
pourquoi on ferait venir le ministre John Wise, qui est le ministre actuel de
l'Agriculture, on aurait pu ajouter aussi, M. le Président, le ministre
d'État à la Commission canadienne du blé, parce cela a des
impacts à ce niveau, M. Charles Mayer. Pour ce faire, il faut parler
d'abord du prix sur le marché mondial. Cela ne sert à rien de
parler d'une politique sucrière canadienne si on ne la met pas dans un
ensemble international et, à côté de cela, la politique
canadienne et les impacts sur une politique québécoise en ce qui
concerne la raffinerie de sucre. (11 h 15)
On sait très bien que l'industrie sucrière mondiale jouit,
d'une certaine façon, d'un marché immense et stable, mais,
à l'intérieur de ce marché, les producteurs de betteraves
sucrières peuvent concurrencer, en ce qui concerne les coûts de
production, les producteurs de la canne à sucre. Donc, il y a une
concurrence qui se fait entre les deux et cela se situe sur l'ensemble de la
politique mondiale.
Alors, il faudrait se poser la question. Dans ce contexte, pourquoi la
raffinerie de sucre dont on fait mention actuellement connaît-elle tant
de difficultés à rentabiliser ses opérations? Elle a droit
de faire concurrence à la canne à sucre. Donc, on doit dire:
Écoutez, la Raffinerie de sucre du Québec ayant des
difficultés, qu'est-ce qui l'empêche de rationaliser et de
rentabiliser ses opérations? Donc, quelle est la cause fondamentale dans
ce cas? Cela ressemble, d'une certaine façon, à un paradoxe. On
dit: On a droit de concurrencer la raffinerie à partir des betteraves et
à partir de la canne à sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, je me pose la question: Quelle est la relation entre M.
John Wise et ses principaux conseillers, et ce que vous disiez?
M. Jolivet: Ah! D'accord. I! faut bien comprendre, je l'ai dit
dès le départ, M. le Président. Je veux faire venir
quelqu'un, après que le ministre délégué à
la Privatisation et le ministre de l'Agriculture eurent proposé, avec
des annonces à l'Assemblée nationale et un peu partout, de se
départir de la raffinerie de sucre, qui leur dise qu'ils ont
peut-être agi trop vite, parce que, juste après cela, le ministre
John Wise et son collègue Charles Mayer, qui est responsable, comme
ministre d'État, de la Commission canadienne du blé, ont
proposé toute une politique sucrière au Canada. C'est dans ce
sens. Je veux quand même bien camper le sujet en vous disant: D'abord, il
y a le point de vue mondial, le point de vue canadien. Là, vous allez
voir pourquoi, pour la raffinerie de sucre, en fin de compte, il faut les faire
venir, parce qu'au niveau mondial il y a une concurrence normale qui se fait
dans un marché stable de l'ensemble du sucre, que ce soit la canne
à sucre ou la betterave à sucre. Donc, s'il y a concurrence, il y
a des gens qui doivent se dire: Pourquoi la Raffinerie de sucre du
Québec n'est-elle pas capable de rentabiliser ses opérations?
Cela a un impact sur ce que je vais dire en cours de route de la nouvelle
politique présentée au fédéral, même si c'est
un premier pas en avant. Ce n'est peut-être pas un pas qui n'est pas
à être considéré. Au contraire, il faut le
considérer, mais il faudrait aller plus loin. C'est pour cela que M.
Wise pourrait nous dire où ils s'en vont dans la politique canadienne du
sucre et pourquoi nous prenons la décision au Québec de fermer
quelque chose qui pourrait, à cause de cette politique, devenir rentable
et, à ce moment, sauvegarder les emplois qu'il y a dans le milieu,
empêcher les consommateurs de voir l'augmentation de 0, 01 $ la livre,
admettons, du prix du sucre et de voir 6 500 000 $ par année
donnés à des compagnies dont le siège social est en partie
en Ontario, même si on dit qu'il va être amené au
Québec. Je pense qu'il faut protéger les consommateurs
québécois dans ce sens.
On sait très bien que la raffinerie quant au paradoxe dont je
faisais mention,
ce paradoxe réside dans le fait que la raffinerie est directement
exposée aux fluctuations quand même chaotiques du prix du sucre
sur le marché mondial. Là, on pourrait vous donner,
d'année en année, les cotes maximales, les cotes minimales et les
cours moyens de l'évolution du prix du sucre de 1972 à 1984 et on
verrait qu'en 1972, c'était 0, 0741 $ U5 la livre de sucre brut. On s'en
va, en 1974, à 0, 2991 $, 0, 2044 $. On redescend à 0, 0782 $ en
1978. On remonte à 0, 29 $ en 1980 et on redescend à 0, 0518 $ en
1984.
Toutes ces fluctuations ont des effets sur la Raffinerie de sucre du
Québec, sur sa capacité de rentabiliser. Quand vous regardez les
années 1974, 1975 et 1976, à l'époque, il y a eu
contestation du monopole au niveau fédéral faite par le directeur
général responsable des enquêtes et des recherches sur les
monopoles et sur ce que cela a produit au niveau de l'addition, dont je faisais
mention il y a quelques instants, de M. André Ouellet qui était
ministre à l'époque...
On sait très bien que l'industrie mondiale du sucre ne
possède pas de mécanisme efficace permettant la régulation
de l'offre et de la demande ou de ce qu'on appelle l'écoulement des
excédents de production. Le cours mondial du sucre est établi
quotidiennement à deux Bourses, soit la Bourse de Londres ou celle de
New York, exclusivement - remarquez bien - en fonction des pénuries,
d'un côté, ou des excédents de production, de l'autre. Non
seulement ce prix ignore-t-il les coûts de production du sucre, qu'il
soit de la canne ou de la betterave, mais il est le résultat des
transactions qui portent sur une fraction de la production mondiale. Vous allez
très bien comprendre pourquoi il joue comme cela. C'est parce que cette
production mondiale, en plus d'être une faible fraction, qui
prévoit les excédents et les pénuries pour baser le cours
mondial aux Bourses de New York et de Londres, bien, cette fraction est la plus
volatile de cette production mondiale.
En effet, on dit que 72 % de la production mondiale est destinée
à la consommation intérieure de chacun des pays producteurs et,
en conséquence, cette production mondiale n'est pas l'objet d'un
commerce international. Si elle n'est pas l'objet d'un commerce international,
dans une politique complète canadienne du sucre, on va devoir en tenir
compte. À ce moment-lè, si, de ce solde de la production
mondiale, on enlève 10 %, qui fait l'objet d'échanges
préférentiels, qui sont des échanges à long terme
entre les gouvernements, que ce soit l'exemple typique que vous connaissez
sûrement, M. le Président, de la Russie avec Cuba, ou des accords
de Lomé, il ne reste qu'à peine 18 % de cette production qui est
dite "échangée librement". Donc, c'est à partir de cela
que le cours mondial est déterminé, soit à Londres, soit
à New York.
En plus de cela, si on tient compte des quotas accordés à
34 pays historiquement fournisseurs des États-Unis, il n'y a plus, au
maximum, qu'une quinzaine de millions de tonnes de sucre qui sont
échangées sur le cours mondial, soit à peu près 15
000 000 sur 100 000 000. Quand on regarde bien honnêtement le cours
mondial, vous comprenez pourquoi il y a, de façon volatile, des hauts et
des bas dans les cotes maximales et les cotes minimales pour un cours moyen qui
varie de 5 $ è 30 $ américains, pas canadiens.
On comprendra très bien que le marché mondial n'en est un
que d'excédents, parce qu'il y a des excédents qui s'en vont
ailleurs. Il y a les accords entre les pays, Russie-Cuba en particulier, les
pays fournisseurs des États-Unis. Donc, il ne reste que ceux qui vont
faire partie du cours du marché mondial, ce sont les excédents,
ce marché d'excédents sur lequel ne s'échange que le
septième de la production mondiale. Les statistiques réelles de
la demande, la conjoncture à moyen terme, la compétitivité
des producteurs ne sont, alors, en aucune façon, prises en
considération. On s'en remet donc à des Bourses de
matières premières, fonctionnant strictement selon les
règles de la spéculation pour, à ce moment-là,
fixer les prix mondiaux. Là, je vous donnais des exemples en vous
parlant des cotes maximales, des cotes minimales et du cours moyen - j'avais
fait mention du cours moyen - et, là, cela indique très bien ce
qui en est.
Dans un marché qui est très étroit, il suffirait,
à ce moment-là, d'une très bonne récolte, sur une
production mondiale de l'ordre - dont je faisais mention tout à l'heure
- de 100 000 000 de tonnes, pour que l'offre se gonfle de 8 000 000 ou de 9 000
000 de tonnes, soit un accroissement marginal de l'offre de plus de 50 %, parce
qu'on dit que c'est à peu près 15 000 000 de tonnes par
année sur 100 000 000 qui font l'objet de ces échanges.
Donc, l'affaissement du prix depuis un bon nombre d'années
résulte de ce que le niveau d'inventaire mondial, grâce à
des récoltes exceptionnellement élevées de par le monde,
est passé de 24 000 000 de tonnes, en 1981 - si on prend 24 000 000 par
rapport à 100 000 000, c'est plus du quart, c'est 28, 2 % de la
consommation annuelle -à 39 500 000 tonnes en 1984 - vous voyez les
années dont on a fait mention tout à l'heure - soit près
de 40 % de la consommation. Parallèlement, en même temps, le cours
mondial du sucre brut s'est effondré à son plus bas niveau depuis
1940, dégringolant de 0, 29 $ US la livre, au début de 1981,
à 0, 028 $ US, au début de 1985. On se retrouve en 1986 avec une
raffinerie qu'on veut fermer et, là, il y a eu de
grosses discussions, à ce moment, entre les provinces et le
Canada pour arriver à une politique sucrière nationale. M. Wise,
qui a été l'un des principaux artisans et représentants du
fédéral sur la question de la politique sucrière
nationale, pourrait nous dire pourquoi il le fait en regard de la partie dont
je viens de parler, au niveau mondial. C'est la première partie.
La deuxième partie concerne la politique avant celle
annoncée. Elle était incohérente. Il y avait des
incohérences dans cette politique canadienne. S'il y avait des
incohérences, cela a eu des effets sur la raffinerie de sucre. Et si
cela a eu des effets sur la Raffinerie de sucre du Québec,
peut-être que la décision du Parti libéral... Le ministre
actuellement devant nous afin de liquider la raffinerie faisait certainement
partie de ce dont avaient à discuter deux autres de mes collègues
à l'époque, soit le ministre des Finances, M. Duhaime, et le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de
l'époque, qui était le député de Lévis.
Vous allez voir que, quand j'ai dit l'autre jour que les finances ont
gagné sur l'agriculture, c'est effectivement cela qui s'est produit.
Mais il fallait tenir compte du fait qu'à l'époque il n'y avait
pas de politique canadienne réelle, mais il y en a une maintenant qui a
été déposée. Je l'ai dit tout è l'heure,
c'est un premier pas en avant. Ce ne sont peut-être pas les pas qui
auraient dû être faits - ceux dont je vais parler, je vais parler
de ceux qui ont été faits - mais, effectivement, il aurait
dû y en avoir d'autres. Mais au moins il y a eu ceux-là de
posés. Ce qui est arrivé, c'est qu'entre les deux, avant
même d'attendre cette politique sucrière qui, malheureusement, se
faisait attendre depuis longtemps, il est arrivé que le Parti
libéral, en campagne électorale, dise: Nous allons maintenir la
raffinerie de sucre en vie, parole donnée. Après
l'élection, c'est une des premières à sauter. On parle de
privatisation. Moi, je dis qu'on parle plutôt de liquidation. C'est dans
ce contexte qu'on pourrait voir s'il n'y aurait pas moyen de maintenir la
raffinerie malgré la proposition faite par le ministre avant la
politique fédérale sur la question.
Je disais donc, en deuxième partie de mon argumentation, que la
politique canadienne du sucre était incohérente. On a
mentionné, tout à l'heure, que les prix en vigueur sur le
marché mondial n'ont aucun rapport avec les coûts de fabrication
du sucre, qu'ils proviennent de la betterave ou de la canne. Tous les pays
désireux de se doter d'une industrie sucrière viable doivent
nécessairement protéger cette industrie de certaines variations
irrégulières, je l'ai mentionné tout à l'heure, et,
dans certains cas, irrationnelles, basées sur des excédents de
production et non pas sur une politique stable. Donc, des variations
irrégulières et irrationnelles sur les Bourses de Londres ou de
New York. Tous les pays qui produisent du sucre, è l'exception du
Canada, appliquent une politique interne. Parce qu'on a dit qu'il y a deux
sortes de marchés: un marché interne et un marché
extérieur. Le marché interne varie selon le marché
intérieur, sauf qu'il doit aussi subir les contrecoups des
excédents qui viennent sur le marché quand ils viennent de
l'extérieur comme excédents de production ailleurs. (11 h 30)
Dans ce contexte, le Canada n'avait pas de politique. C'est
évident que la raffinerie de sucre a eu ses difficultés. Il
faudrait poser la question au ministre fédéral parce qu'il
était là, à ce moment-là, à savoir pourquoi
cela lui a pris tellement de temps à amener une politique
sucrière et quels sont les effets, maintenant, de la politique
sucrière canadienne? Je vais vous donner un exemple: l'industrie
sucrière américaine produit annuellement plus de 5 500 000 tonnes
de sucre, dont 45 % de la production vient des betteraves. Même cette
industrie américaine n'aurait pu survivre si elle avait
été confrontée avec un prétendu prix mondial qui
n'a aucun rapport avec ses coûts de production locale.
Seulement un autre exemple que je me suis fait souvent servir par des
gens qui sont producteurs d'oeufs. Seulement un exemple pour ce que peut
être de la production interne d'un pays. Nous avons la FEDCO au
Québec et l'OCCO au niveau national qui maintenaient une certaine
stabilité des prix en ce qui concerne les- oeufs canadiens et
québécois, malgré la difficulté qu'on avait eue
à l'époque, on s'en souvient, avec des gens qui voulaient
produire et vendre leur production sur le marché libre alors qu'on avait
un plan conjoint. Si demain matin, soit par le libre-échange ou autre
chose, on décidait de tout laisser tomber, l'excédent de 1 % de
production américaine suffirait à combler le marché
québécois. Il n'y a plus personne qui vivrait au Québec.
Je pense que les agriculteurs qui sont ici comprennent très bien ce que
je veux dire. Pour le sucre, c'est cela. On est en train de dire de laisser
tomber la production canadienne et de prendre l'excédent
américain. Prenons l'excédent même des pays que les
États-Unis pourraient acheter d'ailleurs et amener sur le marché
américain. Ils nous vendraient cet excédent et ils feraient de
l'argent avec nous. Qu'est-ce qui les en empêcherait? Si on avait une
politique sucrière canadienne convenable, on protégerait notre
production intérieure et on irait chercher le manque à gagner
ailleurs. Au moins, on protégerait nos producteurs canadiens et
québécois.
La grosse question, c'est de savoir si c'est bon ou non. L'histoire des
chemises, l'histoire des gants chez nous en sont la
preuve. Les souliers. Tout. C'est la vieille bataille qu'on a. Le
consommateur veut acheter une chemise à 5 $ plutôt que d'en
acheter une à 15 $. Celle de 15 $ est peut-être bien faite et elle
peut durer plus longtemps, sauf que celle de 5 $, la mode changeant, quand elle
est finie, on en achète une autre. Les serviettes qu'on voit... Avant on
avait des serviettes faites par Wabasso; elles duraient, ces serviettes.
Regardez celles qu'on a maintenant, elles s'échiffent, ce n'est pas
long. Quand on regarde cela bien honnêtement, on a laissé tomber
une industrie. Est-ce que c'est cela qu'on veut? Est-ce que c'est cela que les
gens cherchaient? C'est la question que je me pose et j'ai des craintes. Avec
une politique sucrière canadienne, M. Wise pourrait nous informer dans
le sens que ce qu'il recherche, c'est la protection de nos consommateurs dans
le marché interne et qu'il irait chercher ce qui manque sur le
marché externe. Même les États-Unis n'auraient pu survivre
s'il n'y avait pas eu de politique en ce sens. C'est important de poser la
question à notre ministre fédéral.
Par ailleurs, orr parle de régularisation du prix du sucre, ce
qui a permis à la Communauté économique européenne
de développer autour de cette denrée un secteur agricole et une
infrastructure industrielle extrêmement importante et dynamique, sa
production de sucre à partir de la betterave passant de 12 000 000
à 20 000 000 de tonnes de 1973 à 1983. Le premier ministre, lors
de ses contacts à travers le monde, il nous parlait toujours de la
Communauté économique européenne. Vous ne me ferez pas
accroire que, s'il nous dit que le Canada est une communauté
économique, il ne pourrait pas y avoir la même chose. Si, de 1973
à 1983, alors que nous, on a eu des difficultés avec notre
production québécoise, Us ont été capables de faire
passer de 12 000 000 à 20 000 000 de tonnes leur production de betterave
à sucre, je ne vois pas pourquoi nous n'en serions pas capables, mais
à condition de protéger notre marché interne et de le
protéger contre les fluctuations du marché externe à la
Bourse de Londres et à celle de New York.
Cela serait important de demander au ministre si c'est cela qu'il vise,
lui aussi. S'il vise cela, pourquoi vendre la raffinerie de sucre à
quelqu'un qui va devenir le seul è en fabriquer au Québec
à part Redpath en Ontario? Pourquoi leur donnerait-on la capacité
de faire cela alors qu'on avait quelque chose qui aurait pu permettre aux
cultivateurs de notre milieu, à partir de la betterave à sucre,
de faire comme la Communauté économique européenne a fait,
en permettant de développer autour de cette denrée un secteur
agricole? Je suis sûr que les agriculteurs de Prévost et
d'ailleurs seraient contents de cela et, en particulier, de Saint-Hyacinthe. Le
député à qui on a demandé de faire venir certains
individus, ce qu'il nous proposait de faire, a dit non une fois qu'il s'est
aperçu qu'on l'avait pris à son propre jeu. Mais il reste quand
même que c'est ce qu'on proposait: un secteur agricole important et une
infrastructure industrielle que nous proposions tout à l'heure par
l'intermédiaire de BMA, les gens d'Allemagne qui étaient venus
nous proposer la façon dont ils l'ont fait dans le secteur
français. Je ne vois pas pourquoi on ne se permettrait pas cela.
On dit que - imaginez-vous, écoutez bien cela - 95 des 96 pays
producteurs de sucre dans le monde stabilisent les prix du sucre sur leur
marché intérieur, le Canada étant le seul qui laisse
encore ses prix domestiques entièrement à la merci des caprices
d'un marché boursier d'excédents. Imaginez-vous, si on permettait
aux États-Unis, concernant le marché des oeufs, comme je le
mentionnais tantôt, d'entrer sur le marché
québécois, a partir de ses excédents. Ils feraient mourir
tous les producteurs d'oeufs. Il n'y aurait plus d'oviculture au Québec.
Pourquoi? Sapristi! Ils l'amèneraient des États-Unis, cela ne
serait pas long. Personne ne peut contester cela. Demandez-le à tous les
oviculteurs du Québec. Une chance qu'ils ont établi le taux; sans
cela, ils seraient morts depuis longtemps.
Cette politique qui était en vigueur était responsable de
toutes les sucreries de betterave dans l'Est canadien, à Wallaceburg et
à Chatham. Les sucreries de l'Ouest canadien ne se maintiennent que
grâce -écoutez bien - au monopole de fait que BC Sugar exerce sur
ce marché. Est-ce cela qui était prévu par la vente de
Lantic, qu'il y ait une sorte de monopole? Ou peut-être le
protéger, je ne le sais pas. J'aimerais qu'on me le dise. On a
demandé d'inviter les gens de Lantic et on nous l'a refusé, mais
il serait intéressant de savoir cela.
La politique canadienne est essentiellement fondée sur
l'importation, en franchise de droit et au cours mondial, de sucre brut de
canne en provenance de pays... il s'agit de quel endroit? Savez-vous où?
De pays du Commonwealth. Les deux tiers du sucre importé par le Canada
proviennent des pays du Commonwealth. Le sucre brut est en provenance de...
Une voix: L'Afrique du Sud est-il là-dedans?
M. Jolivet: De l'Afrique du Sud?
Une voix: Oui.
M. Jolivet: Je ne le sais pas.
Une voix: C'est dans le Commonwealth.
M. Jolivet: Oui, mais vous connaissez les difficultés
qu'ils ont avec les ententes au niveau du Commonwealth. Donc, le sucre brut en
provenance des autres pays est assujetti à un léger droit de 23,
18 $ la tonne. Il est bien clair que, dans ces conditions, le sucre de
betterave, de production locale, est en concurrence directe avec les
excédents écoulés à des prix souvent
dérisoires. Vous vous imaginez que, n'ayant pas une politique
sucrière canadienne, étant dans un pays où une province en
produit, à partir de cela et en recevant du Commonwealth... Cela fait
probablement partie des ententes avec le Commonwealth d'acheter leurs
excédents à des prix dérisoires. Je ne voudrais pas faire
toute la nomenclature de ce que disait mon collègue, le
député de Lévis, sur la façon dont on les oblige
à faire ces productions. Il est bien clair que, dans ces conditions, la
betterave à sucre ou le sucre de la betterave de production locale est
vraiment en concurrence directe avec ces excédents écoulés
à des prix souvent dérisoires, je le rappelle.
La quasi-totalité des producteurs des pays exportateurs,
étant assurés d'un marché à prix
protégé pour l'essentiel de leur production, ils se
débarrassent de leurs surplus, à n'importe quel prix plutôt
que d'en assumer l'entreposage et les frais financiers. Pensez-vous que ce
n'était pas une politique de laisser faire, une politique où la
Raffinerie de sucre du Québec, dans les années les plus
difficiles, n'a pas mangé sa gratte, comme on le disait?
C'est dans ce sens que sont arrivées les décisions
difficiles à prendre pour le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui défendait son point de vue, et
le ministre des Finances qui défendait le sien. J'ai moi-même
été membre du comité interministériel permanent de
développement économique. Ayant les deux thèses devant
nous, on était en difficulté de prendre des décisions
parce qu'on se demandait si on devait protéger un marché
québécois, en parlant de la Raffinerie de sucre du Québec,
éviter des monopoles, mais le faire à quel prix? Au prix
d'exercer des pressions sur le gouvernement fédéral pour qu'il
fasse une politique canadienne sur le sucre. Si le gouvernement canadien avait
fait sa politique canadienne...
M. Fortier: II a raison.
M. Jolivet:... à ce niveau, peut-être qu'aujourd'hui
on ne parlerait pas de fermeture, on parlerait d'expansion.
M. Fortier: Exactement.
M. Jolivet: Sauf que c'est là mon problème. Le
ministre me dit: Exactement.
J'ai donc une argumentation logique puisque c'est ainsi qu'on l'a vu. Il
est évident que le ministère des Finances, d'un
côté, voulait se débarrasser de cela, car il
prétendait que cela coûtait trop cher et que c'était un
canard boiteux. De l'autre côté, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation disait: Bien non, ne
perdons pas ce marché, prenons le temps nécessaire et demandons
au gouvernement fédéral de faire une politique sucrière.
Là, il la dépose. Mais, avant le dépôt de cette
politique sucrière, qu'est-il arrivé? Vous proposez la
liquidation de la Raffinerie de sucre du Québec sans tenir compte de la
politique fédérale.
C'est là qu'intervient l'arrivée du ministre
fédéral et de ses collaborateurs qui viennent nous dire pourquoi
la décision que nous allons prendre peut être dangereuse pour le
Québec, pour la production, comme ce fut le cas en Europe, sur un
marché agricole important et une infrastructure nécessaire et
importante. Le gouvernement fédéral a annoncé, le 12 mars
1986, à 15 h 30 de l'après-midi, heure normale de l'Est, qu'il
venait d'établir une politique sucrière nationale visant à
maintenir le secteur canadien de la betterave à sucre. Cela a
été annoncé par John Wise et Charles Mayer. Au coeur de la
politique proposée se trouve un programme à coûts
partagés de stabilisation des prix de la betterave à sucre. Pour
l'année 1986, le gouvernement fédéral entreprendra des
négociations avec les producteurs et partagera avec eux le coût du
programme de stabilisation.
Je reviens à ma question de tout à l'heure à propos
des oeufs. Il y a un programme de stabilisation, il y a FEDCO, au
Québec, et OCCO, au niveau canadien, ce qui permet aux gens de survivre
et de vivre honorablement. Pour les années suivantes, par exemple, il
négociera avec les producteurs et les gouvernements provinciaux de
l'Alberta, du Manitoba et du Québec. Je vais vous dire une chose, ils
vont arrêter de négocier avec vous autres. Si on ferme, si on vend
et si on liquide, il va s'entendre avec les deux autres provinces, l'Alberta et
le Manitoba, et ces dernières vont pouvoir établir une politique
sucrière convenable dans leur marché intérieur, et, nous
autres, on va être encore...
Une voix:...
M. Jolivet:... moins autosuffisants qu'on ne l'était
à ce niveau.
Ces programmes à frais partagés proposés et la
participation facultative garantiront aux producteurs de betterave à
sucre des paiements calculés selon une formule conforme aux principes
actuariels et à un niveau de soutien établi sur une
période plus longue que celle prévue dans les autres programmes
de stabilisation. Donc, au lieu
d'être a la merci de la vente des excédents avec des 20 $,
30 $ et 40 $ par rapport à 8 $, 9 $ et 10 $, on va se retrouver avec une
stabilisation qui va permettre de garantir les frais de production et de
s'assurer que les gens ne mourront pas de faim au Québec et, bien
entendu, qu'il n'y aura pas d'augmentation subite pour les consommateurs
canadiens, je pense que c'est important.
Tout à l'heure, on parlait de faire venir - c'est de cela que
j'ai parlé - la fédération nationale des consommateurs du
Québec. Le gouvernement fédéral, dans sa politique, va
accorder de l'aide aux producteurs afin d'encourager ceux-ci à
entreprendre l'ensemencement ce printemps. Cette aide sera offerte aux
producteurs de l'Alberta, du Manitoba et du Québec et elle va se
refléter sur la production de 1986.
Vous me faites signe, M, le Président, qu'il me reste deux
minutes. Je vais terminer par une partie que je trouve essentielle, qui est un
premier pas dans la bonne direction, qui est proposée par le Canada et
qui a pour but de compléter le plan de stabilisation. Le Canada,
à ce moment-là, va continuer de chercher à établir
une entente internationale sur le sucre pour favoriser une concurrence loyale
et la stabilité des marchés mondiaux. On est donc sur deux points
de vue proposés par la politique canadienne, très
intéressants quant à l'entente qui pourrait être
négociée internationalement tout en tenant compte d'une
stabilisation au niveau national. Je pense qu'on n'a pas à se cacher. M.
Wise pourrait venir nous dire quels sont les buts recherchés par cette
politique et il aurait pu permettre aux agriculteurs du Québec de
continuer leur ensemencement, mais on se trouve tard en sapristi dans la
saison.
On dit que le gouvernement fédéral propose que les
producteurs de betterave à sucre aient directement accès au
contingent d'importation de sucre aux États-Unis à partir de
l'année prochaine. Dans ce contexte, je dois vous dire qu'il aurait
été, je pense, très intéressant de connaître
davantage cette nouvelle politique parce qu'elle va permettre aux producteurs
de betterave à sucre d'obtenir un engagement du fédéral
pour la mise en place d'un programme de stabilisation. On dit que de tels
programmes existent pour les producteurs de maïs - vous le connaissez tous
- étant donné que le maïs constitue un produit
dénommé en vertu de la loi sur la stabilisation des prix
agricoles. Dans ce contexte, il me semble que M. John Wise ne serait pas de
trop pour venir renseigner les membres de la commission et faire en sorte de
vraiment s'assurer que la décision que nous allons prendre soit la
meilleure. J'ai cru comprendre que le ministre était d'accord avec les
arguments que j'ai apportés.
J'espère que non seulement il sera d'accord avec les arguments,
mais qu'il va aussi être d'accord sur la conclusion. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Laviolette.
Je cède maintenant la parole au député de
Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. Quelques mots seulement
pour ne pas retarder le débat plus qu'il ne le faut. Je pense que,
jusqu'à présent, on a assez retardé le débat pour
être capable d'arriver aux choses sérieuses. (11 h 45)
D'abord, comme le ministre l'a si bien dit tantôt, nous
étions rendus à étudier le projet de loi article par
article. C'est la mission qu'on avait è remplir à ce stade-ci. On
ne semble pas, du côté de l'Opposition, vouloir accéder
à cette demande.
M. le Président, lorsqu'on parle, de l'autre côté,
de faire venir la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec, je pense que, surtout, les associations de
consommateurs du Québec...
M. Jolivet: M. le Président, qu'il n'est pas sur la bonne
longueur d'onde.
M. Houde: Oui, je vais y revenir. Tout à l'heure, on ne
vous a pas dérangé, M. le député de Laviolette: Pas
du tout! Vous avez charrié è gauche et à droite et...
M. Jolivet: Jamais!
Le Président (M. Tremblay, Iberville); S'il
vous plaît... Voulez-vous que je vous relise le sous-amendement?
Une voix: Tu vas te faire parler. M. Houde: Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): "Et le ministre
fédéral de l'Agriculture, M. John Wise, et ses principaux
conseillers. "
M. Houde: J'y reviens. Lorsqu'on parle du ministre John Wise, du
fédéral, pour qu'il vienne tenter de convaincre les gens d'ici,
au Québec, de garder la raffinerie de sucre ouverte ou encore de ne pas
la liquider, je pense que nous avons des gens assez compétents au
Québec pour savoir ou l'on s'en va.
On voyait l'ancien ministre de l'Agriculture se lancer à corps
perdu, voulant tenter d'obtenir l'autosuffisance dans certaines productions,
quand on sait très bien que, pour certaines productions, il n'y a
même pas de débouchés, mais il fallait
produire. Il fallait viser l'autosuffisance, mais à quel prix?
C'est cela qui est bien important.
Je pense qu'aujourd'hui un ministre fédéral viendrait nous
dire des choses qui seraient peut-être gênantes pour l'Opposition
officielle; de leur dire: Écoutez, les gars, avez-vous un crayon et un
papier pour calculer? Si c'est cela que les députés d'en face
veulent, qu'on vienne perdre plus de temps pour être capable de nous
faire revenir à la raison, de grâce, essayons de nous comprendre
nous-mêmes, pour qu'on puisse en arriver à faire autre chose avec
l'argent des Québécois et des Québécoises à
l'intérieur d'un investissement aussi important que celui-là. Si
on regarde le passé - on dit souvent que le passé est garant de
l'avenir -je crois que cela fait plusieurs années qu'il se
dépense des millions et des millions...
On sait très bien que le ministre de l'Agriculture actuel
était prêt - et même est encore prêt - à donner
des montants d'argent pour lancer ces producteurs dans d'autres productions
afin qu'on puisse un jour avoir une agriculture rentable. Je pense que c'est
cela que les cultivateurs veulent aujourd'hui. Il y a des cultivateurs qui
m'ont rencontré, il n'y a pas tellement de semaines, pour me dire: Vous
avez raison, ne lâchez pas parce que c'est vrai que ce n'est pas
rentable! On pourrait avoir des productions plus rentables, se perfectionner
avec l'aide de recherchistes pour être capables d'arriver à des
productions qui pourraient un jour être bien vues, non pas seulement par
un petit groupe mais par l'ensemble du Québec, pour faire de
l'agriculture du Québec une agriculture rentable.
Je vois très mal venir encore une fois... Je me
répète pour l'Opposition qui ne semble pas vouloir comprendre
qu'on pourrait s'organiser soi-même sans se faire dire des choses qu'on
n'aimerait pas. Malheureusement, lorsque vous allez entendre, vous les gens de
l'Opposition, les remarques que le ministre Wise ou d'autres ministres du
fédéral vont venir dire, il va falloir les écouter, vous
aussi. Ne prenons pas de chance et arrivons à quelque chose de concret,
à quelque chose de sérieux pour qu'on puisse enfin reprendre
après le dîner, à 13 heures - on termine à midi -
après la période de questions et étudier le projet de loi
qui ne semble pas tellement long, et l'étudier article par article pour
qu'on en finisse pour le bien de l'agriculture du Québec. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie,
M. le député de Berthier. J'ai reconnu le député de
Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau M. Charbonneau: M. le
Président, je dois malheureusement dire que ce ne sont pas les arguments
du député de Berthier qui vont me faire changer
d'idée.
M. le Président, il y a deux raisons fondamentales qui militent
pour la venue à cette commission du ministre fédéral de
l'Agriculture et de ses conseillers. D'abord, M. le Président, c'est
clair que le contexte idéal pour opérer la Raffinerie de sucre du
Québec et pour avoir une situation intéressante et un
développement intéressant de l'industrie du sucre de betterave au
Québec et au Canada, c'est le contexte d'une politique de
régularisation des prix intérieurs, comme il en existe, à
peu près, dans tous les pays producteurs de sucre au monde.
À cet égard, je crois bien que tout le monde s'entend
autour de la table pour dire que c'est évident que c'était le
contexte idéal.
Par ailleurs, il faut savoir, M. le Président, que les
hypothèses qui avaient été faites par la direction de la
raffinerie de sucre et le ministère de l'Agriculture, à
l'égard de la rentabilisation de la raffinerie et de
l'intérêt qu'il pouvait y avoir à poursuivre le programme
de modernisation pour permettre à la raffinerie de concurrencer
efficacement, à armes égales, ses principaux concurrents,
c'est-à-dire de pouvoir, elle aussi, faire le sucre blanc, donc, faire
la dernière opération de raffinage et, par la suite, l'emballage,
c'est le contexte d'une politique de régularisation des prix. Ces
hypothèses avaient été faites comme s'il n'y avait pas de
politique de régularisation. Les études qui avaient
été faites par la direction de la raffinerie et par le
ministère de l'Agriculture étaient fondées sur
l'hypothèse qu'il n'y aurait pas, à Ottawa, une politique de
régularisation des prix. Je crois que l'on doit reconnaître que ce
que le gouvernement fédéral a annoncé le 12 mars, ce n'est
pas encore une politique de régularisation des prix.
Par ailleurs, M. le Président, comme l'a indiqué le
député de Lévis, l'ancien ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, le gouvernement fédéral,
néanmoins, avait franchi un pas important en disant que le Canada
continuerait à chercher à établir une entente
internationale sur le sucre pour favoriser une concurrence loyale et la
stabilité des marchés mondiaux. Le député de
Lévis avait fait valoir la semaine dernière que c'était
là le pas premier qui devait être franchi et que, dans la mesure
où le gouvernement fédéral acceptait de faire des efforts
importants pour l'établissement d'une entente internationale sur le
sucre, c'était, à cet égard, une ouverture nouvelle et
significative qui devait être prise en considération par tous ceux
qui sont intéressés par l'industrie du sucre de betterave au
Canada et au Québec.
Ce que l'on constate, M. le Président, c'est que la
réponse qu'a donnée le gouvernement du Québec actuel
à cette ouverture est venue très rapidement. En fait, la
décision du gouvernement du Québec était peut-être
déjà prise au moment où !e gouvernement
fédéral a fait ses annonces et son ouverture. Quand on regarde la
chronologie des événements, on se rend compte que le gouvernement
du Québec, le gouvernement Bourassa, nous a dit, au mois de janvier,
qu'il attendrait la politique nationale du sucre; il a dit cela le 29 janvier.
Sauf que ce que l'on constate, c'est qu'il ne s'est pas comporté comme
il l'avait dit. Il n'a pas attendu que le gouvernement fédéral
prenne sa décision. Le 10 mars, on a annoncé une entente avec la
compagnie Lantic, alors que le gouvernement fédéral n'avait pas
encore annoncé ses intentions à l'égard de l'industrie du
sucre et de ses interventions dans ce secteur. On a appris, par la suite, dans
les jours qui ont suivi, quelque temps plus tard, que c'était depuis le
10 janvier au moins que le gouvernement du Québec avait
déjà conclu une entente avec la compagnie Lantic.
Alors, M. le Président, le gouvernement qui, aujourd'hui, nous
présente ce projet de loi disait publiquement aux gens: Écoutez,
on va attendre la politique canadienne du sucre, on va attendre que le
gouvernement fédéral se branche, parce que c'est un
élément majeur dans notre prise de décision, alors qu'en
privé il avait déjà négocié avec la
compagnie Lantic et qu'il en était arrivé à une entente.
Là, M. le Président, on peut douter de la bonne foi du
gouvernement, de la compréhension et de l'intérêt qu'il
pouvait avoir à l'égard d'une politique canadienne du sucre,
contrairement à ce que le premier ministre avait indiqué aux
producteurs de betterave au mois de novembre, durant la campagne
électorale, alors que l'on avait dit aux producteurs, à l'ITAA de
Saint-Hyacinthe: Ne vous inquiétez pas, le gouvernement du
Québec, Bourassa, version deux, va lui aussi réclamer et faire
des interventions vigoureuses auprès du gouvernement
fédéral pour l'obtention d'une politique. Or, il n'y a pas eu
d'intervention vigoureuse de la part du gouvernement du Québec. Il n'y a
pas eu de démarches significatives, il y a eu des négociations
rapides auprès de la compagnie Lantic pour en arriver à une
entente.
Quand le ministre délégué à la Privatisation
et le ministre de l'Agriculture reprennent en coeur les propos de leur premier
ministre, voulant que, pendant la campagne électorale, les engagements
électoraux étaient assortis de la condition qu'il devait y avoir
une politique canadienne du sucre, nulle part il n'était question d'une
telle politique dans les engagements libéraux; dans aucun texte, dans
aucune déclaration, il n'était question de conditionner la
réalisation de ces engagements à une politique canadienne du
sucre.
M. le Président, là, on a devant nous un gouvernement
fédéral qui ne va pas aussi loin qu'on l'aurait souhaité
à ce moment-ci, mais qui, de l'avis d'un certain nombre, a ouvert une
avenue importante. Puis, on a un gouvernement qui, de toute façon, ne se
préoccupait pas tellement de cette question-là et qui,
publiquement, disait une chose et, en privé, faisait autre chose. Je
crois que la commission serait justifiée de demander au ministre
fédéral et à ses conseillers de venir nous expliquer dans
quelle mesure ils considèrent que leur déclaration du 12 mars est
une déclaration qui doit être prise en considération d'une
façon sérieuse pour qu'au Québec et au Canada on prenne
les dispositions pour assurer la survie et l'expansion de cette industrie de la
betterave sucrière.
M. le Président, quand on regarde le potentiel de
développement économique que pouvait avoir sur la création
d'emplois une politique qui viserait à ce que les
Québécois et les Canadiens en général
s'approvisionnent en sucre fait à partir d'une matière
première produite ici, on comprend difficilement comment on n'a pas
encore réussi à mettre en place les mécanismes. On doit
reconnaître, à l'instar du député de Lévis,
que l'ouverture qui a été faite dans cette déclaration du
12 mars, en vue d'établir une entente internationale sur le sucre, est
peut-être effectivement un changement d'attitude de la part du
gouvernement fédéral, un changement de cap qui nous permettrait
de penser que le gouvernement du Québec a sous-estimé l'impact de
ces possibilités, d'une part, et a sous-estimé la volonté
du gouvernement fédéral d'en arriver à mettre en place des
mécanismes et des politiques. qui permettraient à cette industrie
de la betterave de continuer de vivre, mais surtout de prospérer et de
se développer pour avoir un impact sur la création d'emplois et
le développement économique.
M. le Président, c'est la raison pour laquelle on croit opportun
à ce moment-ci, compte tenu que cela a été, selon les
propos officiels, un des éléments majeurs dans la prise de
décision du gouvernement du Québec actuel... On croit que, si on
veut faire un débat éclairé et ce que l'on avait promis en
campagne électorale, c'est d'entendre toutes les parties
concernées et d'évaluer l'ensemble des questions. Comme on s'est
refusé à le faire jusqu'à maintenant, nous croyons
qu'à ce moment-ci il est opportun de le faire avant d'étudier le
projet de loi d'une façon détaillée. D'ailleurs, cela
n'est pas pour rien que, dans notre règlement, il y a un article qui
prévoit que l'on peut faire des consultations particulières
à cette étape-ci. C'est d'autant plus important, comme je le
disais tantôt en réplique au ministre, que le
projet de loi qui est devant nous est relativement simple et assez
technique. Finalement, ce sont quelques articles pour permettre au gouvernement
de liquider et de vendre. Cela n'est pas la fin du monde de parler de cela. Ce
qui est important pour nous, c'est qu'en commission parlementaire se fasse un
débat et une discussion sur les thèses en présence. C'est
ce que l'on a fait jusqu'à maintenant et c'est ce que l'on va continuer
de faire. D'autant plus qu'en faisant cela on fait ce que le gouvernement avait
promis de faire pendant la campagne électorale et qu'il s'est
refusé de faire jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Verchères. Maintenant, mesdames et messieurs,
nous allons suspendre nos travaux jusqu'à cet après-midi,
après la période de questions.
Une voix: On n'a pas d'ordre de la Chambre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi, sine
die. On n'a pas d'ordre de la Chambre.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 14 h 29)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre
s'il vous plaît!
Je déclare ouverte la séance de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation.
Nous reprenons, ce matin, au sous-amendement.
La parole est au député de Dubuc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Nous reprenons
où nous en étions ce matin, vous avez les termes exacts: essayer
de convaincre le ministre délégué à la
Privatisation de l'occasion qui nous semble perdue, en tout cas, dans le
premier dossier de privatisation où le gouvernement aurait pu faire
preuve de la justesse de sa politique dans ce domaine, de façon plus
précise, sur le sous-amendement de mon collègue
député de Laviolette qui vise è inviter le ministre
fédéral de l'Agriculture, John Wise et ses principaux
conseillers. Mon collègue a soulevé, par cette proposition de
sous-amendement, un autre aspect de la privatisation de la Raffinerie de sucre
du Québec. Cet autre aspect du problème est important dans le
décor. Le ministre délégué à la
Privatisation l'a lui-même reconnu ce mAtin par suite des propos du
député de Laviolette. Le fait pour le Canada de ne pas avoir de
politique sucrière est une situation presque unique au monde. On sait
que, si le Canada avait une politique sucrière semblable à celle
de 96 autres pays au monde, la situation de la raffinerie de sucre serait
complètement différente.
Par suite des représentations répétées,
entre autres, en tout cas, de la part du gouvernement du Québec
sûrement, le gouvernement fédéral a finalement
décidé, par l'entremise de son ministre de l'Agriculture, M.
Wise, de présenter un embryon - et c'est le mieux qu'on puisse dire - de
politique fédérale, ce qui pourrait être le début
d'une politique fédérale dans ce domaine. Ce qui n'est pas encore
la politique véritablement salvatrice que l'on espérait, mais qui
est quand même une manifestation de leur volonté d'en arriver
à une politique sucrière.
Un phénomène assez curieux, pour ne pas dire troublant,
s'est produit. Au moment où le gouvernement fédéral a
annoncé qu'il ferait la présentation de cette politique
fédérale, le gouvernement libéral du Québec,
contrairement à ce qu'on aurait pu s'attendre, c'est-à-dire qu'il
regarde quelle était cette politique sucrière et dans quelle
mesure elle pourrait influencer une relance de la Raffinerie de sucre du
Québec, s'est empressé, avant que le ministre
fédéral puisse même faire connaître la position du
gouvernement d'Ottawa, de nous annoncer -on a d'ailleurs senti qu'il le faisait
en catastrophe - avant même de connaître cette politique...
On peut donc, à partir de ce moment-là, se poser la
question à savoir si cette décision de vendre la raffinerie de
sucre peu importent toutes les considérations possibles, quand on
regarde l'accumulation des demandes qu'on fait depuis jeudi dernier à
cette commission pour entendre toutes les catégories d'experts qui
seraient en mesure d'informer convenablement les membres de cette commission et
la population du Québec sur le bien-fondé de la liquidation de la
Raffinerie de sucre du Québec, est une décision dont le
gouvernement est incapable de soutenir la valeur.
Comme Opposition et en tant que membres de l'Assemblée nationale,
on croit qu'il est absolument important d'avoir tout l'éclairage
nécessaire pour qu'une décision, puisqu'elle aura des
répercussions possibles, sinon probables, du côté des
consommateurs, si, pour toute cette politique, il n'y a pas moyen, d'aucune
façon, d'obtenir du gouvernement l'éclairage voulu. Cela nous
laisse sous l'impression très nette, je pense... Finalement, cela
renforce notre conviction que cette politique n'est pas bonne, justement. Si le
gouvernement n'est pas capable de la soutenir, qu'il ne veut entendre aucun des
groupes d'experts dont on a demandé la présence à la
commission afin de
connaître tous les éléments qui nous permettraient,
très rapidement, d'adopter ce projet de loi, si les informations se
révélaient assez éclairantes pour nous confirmer dans
notre conviction comme Opposition ou pour nous faire modifier notre point de
vue sur ce dossier... Encore une fois, c'est une décision qui a un
impact sur 93 emplois. Le ministre aurait voulu ramener cela à 93
emplois, il a fini par accepter qu'il y avait 143 emplois directement
touchés, sans compter les emplois indirects, sans compter les emplois de
ceux qui s'occupent du transport. Selon l'étude que j'ai et dont j'ai
fait part des résultats à la commission, l'étude du groupe
des 24 organismes, c'est quelque chose comme 1500 emplois directs et indirects.
La réaction de cette politique, c'est à peu près à
coup sûr sur le dos des consommateurs que cela se fera, lesquels vont
payer - les Québécois et les Québécoises - le
double et le triple de ce qu'ils auraient payé en taxes ou en
impôts pour permettre une relance de la Raffinerie de sucre du
Québec.
La conséquence... Évidemment, l'absence de politique
canadienne dans le domaine sucrier était un élément
important et cela avait un impact sur la position du gouvernement du
Québec vis-à-vis de la Raffinerie de sucre du Québec.
Alors, il me semble que si le gouvernement avait l'intention d'agir dans les
meilleurs intérêts de l'ensemble de la population du Québec
-les consommateurs, les citoyens et les citoyennes du Québec,
finalement, c'est toujours le même monde - il y aurait avantage à
recevoir ici le ministre fédéral de l'Agriculture, M. Wise, et
ses principaux conseillers afin qu'ils nous fassent part, d'abord, de ce qu'ils
ont comme intentions à ce moment-ci et voir avec eux dans quelle mesure
ils pourraient travailler auprès de leur gouvernement pour influencer le
Conseil des ministres du gouvernement fédéral afin d'obtenir une
véritable politique du sucre qui assurerait... M. Wise pourrait
peut-être nous donner des indications assez claires, nettes et certaines
pour que le gouvernement du Québec puisse - il n'est jamais trop tard
pour bien faire, comme on dit - modifier sa position à cet égard.
Il est toujours préférable de reconnaître une erreur. C'est
toujours plus valorisant d'être capable de reconnaître une erreur.
Personne n'en voudrait au gouvernement de reconnaître son erreur, dans le
cas présent. On ne le saura jamais, puisque les ministres ne veulent pas
que quoi que ce soit soit connu dans ce dossier.
Alors, j'appuie, bien sûr, M. le Président, le
sous-amendement qui consiste à convoquer le ministre
fédéral. Comme mon temps est terminé, je vous
remercie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je
reconnais le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Pourquoi avez-vous ce sourire, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est parce que,
probablement, j'anticipais votre intervention.
M. Garon: M. le Président, vous comprenez que nous sommes
obligés de multiplier les interventions, parce que les ministres
changent. Nous avons essayé de convaincre le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Il s'est fait remplacer vendredi - je
suppose qu'il était fatigué - par un frappeur de relève en
la personne du ministre délégué "à la liquidation"
et à la Privatisation. Aujourd'hui, ce dernier remplace encore le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ce qui
nous oblige, évidemment, à utiliser des arguments vis-a-vis du
ministre délégué à la Privatisation parce que le
ministre a changé. Cela nous oblige à faire le point avec le
ministre délégué à la Privatisation alors que son
expérience dans le domaine agro-alimentaire est plutôt
réduite et que son intérêt est récent. Nous sommes
obligés de lui faire valoir un certain nombre de points de vue.
La motion sur laquelle j'interviens vise è inviter le ministre de
l'Agriculture fédéral. Je m'attends bien qu'au terme de nos
discussions et quand nous prendrons le vote... Le Parti libéral qui a
fait profession de foi au fédéralisme et à une
collaboration avec le gouvernement fédéral ne peut pas nous
reprocher une telle requête; on se serait même attendus qu'il nous
l'offre et que nous n'ayons pas besoin de le demander ni d'essayer de
convaincre le Parti libéral de recevoir le ministre
fédéral devant cette commission parlementaire. II serait
important que les gens puissent connaître le cheminement du gouvernement
fédéral vers l'élaboration d'une politique
sucrière.
Nous avons eu l'occasion, jusqu'à maintenant, de discuter un peu
de cet aspect. J'ai indiqué vendredi que je trouvais que l'amorce de
politique fédérale dans le domaine du sucre par le gouvernement
conservateur indiquait au moins une orientation, ce que nous n'avions jamais
perçu au moment où le Parti libéral fédéral
était au pouvoir è Ottawa. Malgré les
velléités de bonne volonté du ministre Whelan, nous nous
rendions bien compte que, dans la politique sucrière, il était un
figurant. Lui-même admettait assez facilement d'ailleurs que les billes
étaient tirées par quelqu'un d'autre et qu'il n'avait
pas un grand pouvoir décisionnel. J'avais eu l'occasion de le
rencontrer à plusieurs reprises et, à un moment donné, je
fus quasiment obligé de le courir dans un hôtel Sheraton Centre.
L'ayant vu passer je suis allé cogner à sa porte parce qu'il
devait m'appeler depuis plusieurs semaines. Il a admis, ce soir-là, que
le dossier n'était pas dirigé par lui et qu'il était
d'accord avec les principes que je défendais, à savoir, des
quotas d'exportation aux États-Unis qui devraient être
réservés à un sucre 100 % canadien. D'ailleurs, cela
touchait des producteurs du Québec et des producteurs de l'Ontario, des
producteurs de betteraves du Québec et des producteurs de maïs de
l'Ontario. Il voyait, dans cette proposition que je lui avait faite, une
logique, mais it se sentait un peu coincé dans le temps et il estimait
que, pour cette année, c'était difficile à changer parce
qu'il y avait trop de forces et trop de lobbies à Ottawa.
C'était clair que le lobby, c'était celui de l'industrie
sucrière: les vieux compagnons qui, depuis des années, se
partageaient le gâteau, les compagnies Redpath et Lantic; c'était
clair que les pressions venaient de là et qu'elles avaient leur
influence à différents endroits. Le ministre Whelan m'indiquait
que j'avais la bonne perspective. Lui aussi m'affirmait que l'on devrait
travailler dans ce sens, puisqu'il y aurait plus de retombées
économiques au Canada si l'on suivait ce que je lui proposais.
Ce que je lui proposais, au fond, c'était de réserver le
quota d'exportation de sucre aux États-Unis, à du sucre 100 %
canadien, qu'il ait été produit à partir de betteraves de
l'Ouest, de maïs de l'Ontario, de betteraves du Québec,
plutôt qu'à un sucre brut importé qui passait par une
petite opération de raffinage pour le blanchir. (14 h 45)
Le gouvernement fédéral a annoncé qu'il voulait
tenter de rétablir l'entente commerciale internationale sur le sucre. Je
pense que c'était la bonne approche. La première phase, à
mon avis, d'une politique sucrière canadienne doit être une
politique internationale sur le sucre. Pourquoi? Pour des motifs humains
d'abord, parce qu'un des secteurs où il y a le plus d'exploitation dans
le monde, c'est le domaine de la production de la canne à sucre.
Deuxièmement, le Canada a un rôle à jouer au point de vue
international afin d'améliorer les conditions de vie dans le monde.
Troisièmement, même en établissant une politique
sucrière canadienne à partir de produits d'intrants agricoles 100
% canadiens, on aurait besoin, pendant une partie de l'année, d'utiliser
de la canne à sucre, mais pas de la canne à sucre de l'Afrique du
Sud. Le député de Portneuf essayait de dire en Chambre que
j'avais un projet qui contenait une partie de canne à sucre. Mais ce
n'était pas de la canne à sucre de l'Afrique du Sud. Il faut
quand même être complet dans ses affaires. . Jamais cela n'a
été dans nos intentions d'importer de la canne à sucre de
l'Afrique du Sud. Il y a quand même une quarantaine de pays qui font de
la canne à sucre. Je pense que dans l'établissement des
conditions, le Canada jouait la bonne carte de vouloir d'abord faire une
entente internationale au point de vue du sucre et des conditions de
commercialisation du sucre sur le plan international plutôt que de vivre
une session de dumping, actuellement, qui ne sert pas les pays qui font de la
canne à sucre et qui sont pour la plupart des pays pauvres. Je pense que
cette approche du fédéral est intéressante parce qu'elle
permet sur le plan économique de tuer trois moineaux du même coup
de fusil.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Premièrement, d'avantager les conditions
économiques, d'aider à améliorer les conditions de vie
dans les pays moins développés ou en voie de
développement. Comme le disait Gustave Thibont Autrefois, il y avait des
pays pauvres; aujourd'hui, il n'y a pas de pays pauvres, il y a seulement des
pays en voie de développement. Cela paraît moins pire.
Une voix: Cela a l'air plus riche.
M. Garon: Oui. C'est un peu comme les vendeurs d'automobiles qui
ne vendent pas des "chars" usagés, mais ils vendent des automobiles
préutilisées. Cela a l'air plus neuf!
Mais cela aiderait les pays moins riches à avoir un meilleur prix
pour leurs produits de la même façon que lorsque les
Américains importent sur le marché américain du sucre du
Canada et l'importent au prix du marché déterminé
administrativement aux États-Unis. Ils ne l'importent pas au prix de
dumping international. Quand le Canada vend du sucre aux États-Unis, il
le vend au prix fixé sur le marché intérieur. Il me semble
que l'approche canadienne d'en arriver à éliminer... Et
c'était cela le but de l'approche internationale - le temps passe vite
quand on a quelque chose à dire -c'était d'éliminer le
dumping pour faire en sorte que l'on puisse faire une entente pour
éliminer le dumping et deuxièmement, faire en sorte qu'ici, le
sucre et la canne à sucre qui va compléter notre production de
produits agricoles qui sera transformée en sucre comme le maïs ou
la betterave ou la betterave ou le maïs puisse être dans des
conditions du marché intérieur, comme les États-Unis le
font. Cela permettrait également d'établir une véritable
politique sucrière au Canada.
Je pense qu'il serait important que M.
Wise puisse venir discuter avec nous de ces perspectives et de son
échéancier de réalisation qui est évidemment un
échéancier sur le plan politique et qui n'est pas écrit
dans aucun livre, à aucun endroit et qu'il nous dise quelles sont les
étapes qu'il entend poursuivre dans ce cheminement. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec n'a
pas attendu même l'annonce du ministre fédéral, puisqu'il a
annoncé la vente de la raffinerie trois jours avant l'annonce de la
politique fédérale, sans donner beaucoup de chance au
gouvernement fédéral de se manifester dans une politique
sucrière.
Vous remarquerez. C'est moi qui ai eu l'occasion de discuter avec les
gens du gouvernement fédéral antérieurement et jamais je
n'avais posé un tel ultimatum en un si court délai, parce que
c'était au fond irréalisable. C'est pourquoi il serait bon
d'inviter le ministre fédéral à venir nous rencontrer,
parce qu'il n'y a pas eu, à mon avis, de discussion avec le nouveau
gouvernement dans une perspective d'une véritable politique
sucrière, sauf un ultimatum à court terme qui n'avait aucun sens,
qui était irréalisable et qui était un prétexte
pour pouvoir accuser la personne au fédéral. Ceci prouve que les
nationalistes peuvent négocier avec le gouvernement
fédéral beaucoup plus harmonieusement que les
fédéralistes qui utilisent ces négociations-là pour
leurs fins personnelles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. J'ai reconnu M. le ministre.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, le débat va en
s'améliorant, parce que là on est rendu au coeur du
problème. De fait, je crois que nos collègues, en nous
suggérant de parler au ministre responsable de l'Agriculture à
Ottawa, nous amènent sur le terrain qui est réellement le vrai
terrain, qui est le vrai problème. En fait, et le ministre vient d'en
faire la preuve, il s'agit pour ma part d'un certain réalisme
économique, puisqu'il est bien certain que ces politiques de soutien du
sucre dans plusieurs pays du monde - le marché commun, les
États-Unis - ont tendance à encourager la production du sucre
à l'intérieur même de ces pays. Ici, j'ai un article de M.
Philippe Chalmin, un expert du Monde, qui résume assez bien la
situation. Je crois que cela vaut la peine que l'on prenne quelques minutes
pour résumer cet article. Le titre de l'article, c'est "Les cours du
sucre s'effondrent" et il essaie d'expliquer pourquoi. Il dit: "Face à
une consommation à faible augmentation, la production mondiale s'est
maintenue depuis cinq ans à des niveaux records. " C'est vrai, je
regarde les derniers chiffres et c'est environ 100 000 000 de tonnes par
année. Les inventaires en fin d'année sont de l'ordre de 50 000
000, c'est-à-dire à peu près 50 % de la production. Selon
certains experts, semble-t-il qu'il serait peut-être normal d'avoir 25 %
d'inventaire pour pallier des périodes de crise, mais 50 % c'est
beaucoup.
Le problème, bien sûr, c'est que pour avoir des politiques
sucrières à l'intérieur de ces pays, il faut qu'on
garantisse un prix assez élevé: 0, 18 $ à 0, 20 $
américains. C'est ce qui fait qu'il y a même surproduction. Mais,
malheureusement, comme il l'a dit, chacun de ces pays qui ont une politique
sucrière ne permet pas l'importation et c'est à peu près
impossible. Dans le fond, il y a un petit marché. Autrement dit,
malgré l'ampleur du marché mondial... Le ministre, vendredi,
faisait allusion à l'ampleur du marché mondial, mais ce sont des
chiffres qui ne s'additionnent pas, parce que chacun de ces pays avec une
politique sucrière ne permettra jamais que nous exportions chez lui.
Alors, il faut déduire tous ces pays-là qui ont leur propre
politique sucrière et sur un marché de 100 000 000 de tonnes, M.
Chalmin nous dit que le marché réel où on peut exporter,
c'est seulement de 18 000 000 à 20 Û00 000 de tonnes. Alors, on
s'aperçoit qu'avec un surplus de production annuelle de 50 000 000 de
tonnes et alors que le marché réel où on peut exporter
n'est que de 18 000 000 à 20 000 000 de tonnes, les politiques de
stabilisation des prix du sucre ont été tellement efficaces qu'on
a créé une surproduction des inventaires accrus et que ce
marché-là ne peut alimenter que des petits marchés, parce
qu'il faut déduire tous les marchés où les politiques
sucrières permettent une autonomie absolue et ne permettent pas les
importations.
Mais il y a un deuxième problème. C'est que, lorsqu'il y a
une politique de stabilisation des prix comme aux États-Unis, de l'ordre
de 0, 22 $ la livre, le prix du sucre est déterminé de telle
façon que cela rentabilise les opérations. Alors, c'est une bonne
chose. Le ministre vient de le dire, si on avait une stabilisation du prix du
sucre, cela permettrait de rentabiliser les opérations de la raffinerie
du sucre de Saint-Hilaire, mais en même temps - c'est ce qui est cocasse
- c'est une bonne mesure, mais cela encourage les produits de substitution.
Autrement dit, à ce prix-là, 0, 22 $ la livre, on
s'aperçoit que, depuis quelques années, le sucre issu de la canne
et de la betterave, le saccharose, ne sont plus les seuls sucrants. On retrouve
l'hydrolyse de l'amidon, de maïs surtout, qui permet de produire un sirop
de glucose à haute teneur en fructose, l'isoglucose, qui a le même
pouvoir que le sucre.
Chose assez cocasse, c'est qu'en
maintenant le prix du sucre assez élevé pour rentabiliser
les exploitations de betterave à sucre et autres, on encourage la
production de substituts qui viennent concurrencer la consommation de sucre
issu de la betterave ou de la canne. Il y a un autre problème qui
arrive, c'est que certains pays qui voyaient un marché ou qui croyaient
pouvoir bénéficier du marché dont je parlais tout à
l'heure, Cuba en particulier - Cuba a un programme - veulent augmenter leur
production de canne à sucre de beaucoup, justement pour améliorer
leur rentabilité ou les marchés extérieurs de leur pays.
Ce faisant, ils produisent de plus en plus dans un marché qui est
déjà suraccaparé.
Il y a eu d'autres pays, à l'inverse de Cuba, un nombre d'autres
pays comme le Brésil, la Thaïlande, qui se sont tournés en
cultivant soit de la canne soit des betteraves. Ils ont essayé de suivre
le miracle brésilien. Pour le miracle brésilien, ou
qu'étant donné que le pétrole coûtait tellement
cher, on allait produire du méthanol. De fait, je suis allé au
Brésil, je me souviens, c'était quelques mois avant que j'arrive
en politique, au moins de septembre 1980. On sent ça au nez, quand on se
promène à Rio de Janeiro. C'est qu'ils ont
développé la canne à sucre ou la betterave et, avec cette
production, ils font l'éthanol, ils mélangent ça avec du
pétrole, donc, de cette façon-là, ils ont coupé
leurs importations de pétrole. Cela valait quand le prix du
pétrole était en ascension, parce qu'il fallait que le
méthanol produit soit meilleur marché que le produit
importé. Depuis que le pétrole baisse et, maintenant, qu'il est
rendu à des prix extrêmement bas, cela coûte plus cher de
faire le méthanol et moins cher d'importer du pétrole. Ces pays
qui avaient beaucoup développé leur canne à sucre pour
produire du méthanol, eux aussi sont pris avec des surplus de sucre
qu'ils viennent "dumper" sur le marché qui est un marché
restreint, dont celui du Canada en particulier.
Il est certain qu'à cause de toutes ces raisons, je dirais que
les politiques de soutien du sucre ont justement favorisé la production
de betterave à sucre, comme en France. Il faut savoir l'origine de la
betterave à sucre. La betterave vient du fait que, lorsque
Napoléon avec sa conquête de l'Europe, s'est trouvé pris
avec un blocus continental en France, il y a eu des agronomes qui ont dit: M.
Napoléon Bonaparte, ne vous en faites pas, étant donné
qu'on ne peut plus importer des Caraïbes, nous allons planter de la
betterave à sucre et nous allons produire notre propre sucre. Je dirais
alors que c'est depuis 1805 qu'il y a une politique de soutien du sucre en
France, et c'est la raison pour laquelle c'est si développé. Mais
chacun des pays qui s'est donné une politique comme celle-là
justement a encouragé la surproduction, et, de fait, il est certain
qu'un pays comme le Canada qui n'a pas de politique sucrière, selon
certains, bénéficie dans le sens qu'on peut acheter des surplus
de sucre à bon marché - je parle du sucre brut. D'un autre
côté, si on le voit sous l'angle des producteurs agricoles, cela a
un impact négatif sur la production de la betterave à sucre
puisque c'est à peu près impossible de la rentabiliser. Je crois
que nos collègues, depuis une demi-heure, une heure, nous apportent le
véritable argument, c'est que, sans politique sucrière
canadienne, il est impossible de rentabiliser quelque exploitation que ce soit.
Eux disent: Vous n'avez pas été assez patients. Moi, je crois que
l'ex-ministre de l'Agriculture avait fait de nombreuses démarches. Je
sais que mon collègue de l'Agriculture, le ministre actuel, a
également fait de nombreuses démarches. Je peux vous dire qu'au
ministère des Finances et au ministère de l'Agriculture,
au-delà des rencontres officielles, nous avons eu de nombreuses
rencontres non officielles, des contacts avec de nombreux membres du Parlement,
parce qu'on savait bien que c'était le parti conservateur qui
était au pouvoir. On savait bien que leur politique ne va pas tout
à fait dans le sens d'intervenir dans le marché. Toute leur
politique économique va plutôt dans le sens de s'éloigner
de politiques qui seraient des politiques directives, d'intervention dans les
marchés. Pour eux, aller vers une politique de soutien du sucre
malgré, j'imagine, les demandes du Québec et d'ailleurs,
c'était marcher sur leur propre politique de base qui est une politique
de non-intervention dans le marché. (15 heures)
Je ne dis pas qu'ils ont raison; je constate. À un moment
donné, mon collègue de l'Agriculture et moi-même avons
constaté, malgré toutes les déclarations qu'ont pu faire
M. Wise et autres personnes que, dans le fond, on n'était pas prêt
d'avoir une politique sucrière.
Si M. Wise a fait une déclaration, comme il en a fait une, c'est
qu'il y avait une élection provinciale au Manitoba et qu'il était
important de faire une déclaration publique pour que les conservateurs
paraissent bien au Manitoba. Je crois que, malgré cela, ils ont
été battus.
Alors, ce fut un jugement politique. C'était tout simplement une
décision de réalisme économique et je crois que la
dynamique qu'ont définie mes collègues d'en face et qui rejoint
l'article de M. Philippe Chalmin, du Monde, va dans le même sens. C'est
que, sans politique sucrière canadienne, il est impensable que l'on
puisse rentabiliser l'exploitation d'une raffinerie et c'est une des raisons
fondamentales pour laquelle nous avons cru qu'il fallait tirer la ligne,
arrêter les déficits encourus et déterminer qu'il n'y
avait pas d'avenir pour la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, face
è une décision fédérale qui, malgré ses
tergiversations, et en laissant courir l'idée que, peut-être, l'an
prochain, ou dans deux ans, il y aurait une politique sucrière...
Je crois qu'il y a eu assez de tergiversations de la part du
gouvernement fédéral qui précédait et de la part de
celui qui est devant nous et que nous avons dû conclure, à la
lumière de nos responsabilités économiques au
Québec même, que la décision, quoique malheureuse - je le
répète, cela n'a pas été une décision
facile; cela n'a pas été une décision que nous avons prise
de gaieté de coeur - était une décision de réalisme
économique. Malheureusement, je ne crois pas qu'en faisant venir ici le
ministre de l'Agriculture, cela va changer les choses, parce que vous
comprendrez bien que, si le ministre de l'Agriculture fédéral
avait une déclaration ministérielle à faire, ce n'est
certainement pas au banc des accusés ici qu'il en ferait une. Je crois
que si le ministre de l'Agriculture avait une déclaration
ministérielle à faire, il la ferait è la Chambre des
communes, comme le font les ministres québécois. Je crois
également, M. le Président, que, malheureusement, nous devons
rejeter la proposition qui est devant nous, non pas parce que je ne crois pas
que le bien-fondé d'une politique sucrière nous permettrait
d'assurer la survie de Saint-Hilaire - je crois que nos collègues d'en
face ont raison de le souligner et, là-dessus, ils ont raison - mais
que, malheureusement, le gouvernement fédéral, à notre
avis, a fait son nid et, maintenant qu'il a fait son nid, il s'agit pour nous
de faire le nôtre. C'est le débat que nous avons eu depuis
quelques jours à ce sujet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M, le
ministre. M. le député de Papineau.
M. Assad: Si vous me permettez, juste une question. J'ai lu de la
documentation en fin de semaine. Ce matin, le député de
Huntingdon m'a éclairé davantage sur la politique sur les
raffineries. Sachant qu'il y a une surproduction mondiale, je ne comprends pas
pourquoi la France et d'autres pays subventionnent davantage pour une
production accrue, donc déficitaire parce que, de toute façon,
les raffineries sont déficitaires. La question que je vous pose, c'est:
Pourquoi cette augmentation de production, sachant d'avance qu'il va y avoir
une surproduction et que cela va être déficitaire?
M. Fortier: À qui posez-vous la question?
M. Assad: À vous-même.
M. Fortier: Je ne sais pas si c'est dans les règles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Disons que
c'est...
M. Fortier: Je pense que c'est une question très simple.
Si l'Opposition le permet. Tout simplement, il faut comprendre - comme je l'ai
dit depuis le blocus de la France par l'Angleterre - que la France s'est
donné une politique sucrière. Le ministre l'a dit, et avec
raison, ils ont développé une industrie très
prospère en France, en établissant le prix du sucre.
Alors, il faut savoir que, pour les producteurs, une fois que le prix du
sucre est déterminé, c'est rentable pour les producteurs. Eux,
ils ne font pas de pertes. Quand j'ai dit qu'ils avaient tendance à
faire une surproduction, c'est quand vous établissez un prix stable qui
est rentable. Tout le monde veut embarquer dans le marché, parce que
c'est rentable.
Ce n'est pas tellement pour le marché intérieur que c'est
un problème, c'est pour les pays comme le nôtre, car nous n'avons
pas une politique sucrière canadienne, qui fait que tous les pays qui
ont des surproductions et qui ont tendance à en avoir, ajoutés
à ceux qui produisent la canne à sucre, exportent, vers notre
pays les surplus mondiaux.
M. Assad: Mais quasiment tous les pays sur les 96 ont des
surplus?
M. Fortier: Je n'ai pas la réponse à cela. Comme je
l'ai dit tout à l'heure - j'ai les chiffres ici - pour les douze mois,
è la fin de mars 1986, la production mondiale a été de 96
077 000 tonnes. Les stocks, les inventaires à la fin de la même
période étaient de 53 300 000 tonnes. Il est évident qu'il
y a une surproduction mondiale qui se fait à Montréal et qui,
j'imagine, s'explique par les politiques sucrières qui existent dans
différents pays. Mais, comme je l'ai dit tout è l'heure, il faut
que chaque pays qui a une politique sucrière protège son propre
marché. Donc, quand il y a eu surproduction, ils ont tendance à
vouloir les écouler à l'extérieur. De la même
façon, au Québec, quand on a des surproductions de lait, on
cherche à les écouler dans d'autres pays qui peuvent acheter du
lait. Le malheur, c'est qu'il y a trop de pays, j'imagine, qui produisent du
sucre. Alors, il y a peu d'acheteurs possibles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autres
interventions, nous allons disposer de l'amendement, du sous-amendement,
excusez-moi. Le sous-amendement se lisait comme
suit: "Et le ministre fédéral de l'Agriculture, John Wise,
et ses principaux conseillers. "
M. Fortier: C'est rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vote
enregistré. Alors, M. le Secrétaire.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)?
M. Assad: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Cela me fait de la peine, mais je vais être
obligé de voter contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le sous-amendement
est rejeté. Alors, on revient à l'amendement et M. le
député de Verchères a demandé la parole sur
l'amendement.
Reprise du débat sur l'amendement M.
Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, l'amendement que vient de
présenter mon collègue de Dubuc à la motion principale
était pour demander à la Fédération nationale des
associations de consommateurs de se présenter. Je ne crois pas que
lorsqu'on a commencé à plaider sur cet amendement le ministre
délégué à la Privatisation était avec nous.
Je voudrais lui rappeler un certain nombre de chiffres que l'on retrouve dans
l'analyse qui accompagnait le mémoire de l'ancien ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au mois d'avril 1985 et
qui indique assez clairement l'état de la situation de la raffinerie de
sucre qui est de l'industrie québécoise du raffinage et aussi un
peu finalement du fonctionnement è l'égard des consommateurs du
marché et entreprises de la situation ou de la nature oligopolistique de
l'industrie.
Je vais relire quelques passages que d'autres de mes collègues
avaient lus à ce moment, que j'avais lus moi aussi pour justifier une
autre demande que nous avions faite, mais je crois que le ministre pourrait
peut-être profiter de cette lecture pour voir pourquoi nous craignons
tant les conséquences des gestes qu'il s'apprête à
poser.
On y dit, M. le Président, que la nature oligopolistique de
l'industrie sucrière canadienne permet aux raffineurs de fixer leur
marge de profit brut. Malgré les nombreuses fluctuations des coûts
mondiaux depuis les quinze dernières années, la marge des
raffineurs n'a cessé de s'accroître. Dans ce système
où, théoriquement, toute fluctuation du prix du sucre brut se
répercute chez les consommateurs, la marge brute des raffineurs est
ajoutée au prix du sucre brut pour constituer le prix officiel du sucre
raffiné.
Cette marge, qui s'était maintenue autour de 110 $ par tonne
entre 1974 et 1979, s'est depuis accrue constamment pour atteindre 307 $ au
début de 1985 et, exprimée en pourcentage du prix de revient du
sucre brut, la marge des raffineurs est passée de 19 % en 1980 à
128 % en 1985. Donc, il y a 307 $ de marge par rapport au prix de 240 $ la
tonne de sucre brut.
C'est ce système de fixation du prix qui a permis aux raffineurs
canadiens de sucre de canne de réaliser des bénéfices nets
que l'on a pu évaluer au cours des dernières années
à près de 50 000 000 $ représentant un rendement net sur
l'avoir des actionnaires supérieur à 40 %.
C'est au chapitre des escomptes consentis aux différents
acheteurs que le jeu de la concurrence se manifeste. De façon
générale, ces escomptes sont maintenus à un niveau normal
tant que les parts de marché de chaque raffineur membre de l'oligopole
demeure stables et non menacées.
On comprend que dans ce contexte de chute dramatique du prix du sucre
brut et d'une accélération rapide des marges des raffineurs
canadiens à partir de 1979, la
Raffinerie de sucre du Québec ait estimé essentiel
d'entrer à son tour dans le marché du sucre en 1983 et ait
provoqué à cet égard une guerre d'escomptes d'une ampleur
sans précédent. Il faut souligner que de semblables guerres
d'escomptes s'étaient déjà produites en 1976, par exemple,
lors de l'arrivée dans l'industrie de Cartier Sugar et de Westcane
Sugar. En 1983, il s'agissait d'une société d'État et, en
plus, de sucre de betterave, ce qui est encore plus important pour
l'avenir.
Pour conserver leur part d'un marché aussi lucratif, les
raffineurs ont donc exercé des pressions continuelles sur les prix en
accordant des escomptes considérables aux différents acheteurs du
Québec. Connaissant la situation financière précaire de la
raffinerie de sucre, Sucre Atlantic Ltée a annoncé en mars 1984,
un escompte spécial applicable au Québec seulement de 70 $ la
tonne pour ralentir les activités de la raffinerie de sucre sur le
marché de détail. Cette tactique, imitée par les autres
raffineurs, a provoqué un manque à gagner de 4 200 000 $ pour la
Raffinerie de sucre du Québec.
Malgré cette guerre et les nombreuses mesures de
harcèlement à son endroit, la Raffinerie de sucre du
Québec a quand même pu prendre position sur le marché et
établir une marque jouissant d'une précieuse
notoriété, en l'occurrence la marque Marie perle. On dit, un peu
plus loin: Cette guerre d'escompte prendrait fin si la raffinerie de sucre
pouvait produire elle-même une quantité raisonnable de sucre
raffiné puisque les grandes raffineries manipulent un trop grand volume
pour se permettre de maintenir leurs escomptes au niveau actuel sans
connaître des pertes considérables. Avec son plus faible volume,
la raffinerie pourrait soutenir cette concurrence et demeurer présente
sur le marché.
En d'autres termes, M. le Président, parce que, depuis 1983, la
raffinerie oeuvre dans le marché de la commercialisation, il y a eu des
escomptes aux acheteurs. Je crois qu'il faut s'interroger, dans la mesure
où la raffinerie quitte le marché, disparaît, à
savoir ce qu'il va arriver des escomptes. C'est évident que la guerre
des escomptes va cesser et qu'on va se retrouver, finalement, avec des
acheteurs qui devront payer leur sucre plus cher.
D'autre part, on a constaté que l'absence de politique de
régularisation des prix du sucre aurait normalement dû faire en
sorte que les consommateurs québécois et 'canadiens paient leur
sucre moins cher que dans les pays ou il y a une politique de
régularisation, comme aux États-Unis ou en France. En fait, quand
on a fait des analyses sur de longues périodes, on se rend compte que
les consommateurs québécois et canadiens ont payé leur
sucre, tout compte fait, pas plus cher et pas moins cher que dans les endroits
où il y a un prix régularisé.
En somme, les consommateurs n'ont pas bénéficié des
marges de profit considérables dont je vous parlais tantôt. C'est
un peu la raison pour laquelle on voulait convoquer le directeur
fédéral des enquêtes sur les coalitions, et maintenant,
nous voulons convoquer également la Fédération nationale
des associations de consommateurs du Québec. Nous pensons que les
consommateurs ont été les principales victimes de la situation
oligopolistique, si on veut être poli, et de la situation quasi
monopolistique de cette industrie au Québec et au Canada. Ce sont eux
qui en ont fait les frais.
Voici les arguments qu'invoquent les raffineurs privés et
l'Institut canadienne du sucre: Écoutez, les consommateurs canadiens
sont avantagés parce que les raffineurs privés s'approvisionnent
sur le marché international du sucre, qui est un marché de
dumping. Donc, quand les prix du sucre sont bas, les consommateurs en
bénéficient. Quand on fait l'analyse sur une longue
période, on se rend compte que les consommateurs n'en ont pas
profité. Autrement dit, quand le prix international baissait, ce qui
aurait justifié une baisse des prix chez les consommateurs, il n'y a pas
eu de baisse du prix. Mais quand le prix international montait, les
consommateurs payaient parce que les raffineurs privés haussaient leurs
prix.
Nous croyons qu'il est tout à fait normal, compte tenu de ce qui
se passe depuis très longtemps dans cette industrie et de ce qui, de
toute évidence, va se passer avec la disparition de la Raffinerie de
sucre du Québec et la consolidation de la situation ou de la nature
oligopolistique du marché de l'industrie sucrière qui est
maintenant une industrie de "sucre brut importé, nous pensons qu'il est
important, pertinent et approprié de convoquer l'organisme qui regroupe
l'ensemble des associations de consommateurs au Québec. Je crois que ces
gens ont quelque chose à dire. Je pense que ces gens pourraient remettre
en question la façon dont le gouvernement s'apprête à se
comporter. On l'a dit au ministre à quelques reprises et il était
d'accord avec nous pour qualifier ce projet de loi qui n'est pas un projet de
loi de privatisation mais bien un projet de liquidation. (15 h 15)
M. le Président, dans 1a mesure où on a une entreprise
qu'on liquide et que le gouvernement choisit de liquider ou de vendre non pas
à un tiers ou à quelqu'un qui n'est pas encore engagé dans
cette industrie mais qui pourrait venir concurrencer et garder un
élément de compétition et de concurrence à
l'intérieur de ce marché, ce que l'on constate, c'est que le
gouvernement choisit de vendre à une entreprise du cartel, de
l'oligopole, et de consolider cette
situation avec tous les risques qu'on peut entrevoir pour les
consommateurs.
Si vous voulez me permettre seulement un instant.
M. le Président, c'est la raison pour laquelle on pense que cette
demande est justifiée. J'aurais pu et je pourrais, à ce
moment-ci, proposer un sous-amendement qui serait par exemple d'inviter les
autres groupes qui font partie du front commum à venir. Je vais le faire
mais je n'ai pas l'intention de plaider longtemps, voyant de toute
façon, comment nos demandes ont été accueillies
jusqu'à maintenant. Je vais le faire pour qu'au moins cela soit inscrit
et au cas où tout è coup, la lumière jaillirait et que le
ministre change d'idée.
Motion de sous-amendement proposant d'entendre
d'autres intervenants
Je voudrais proposer une motion de sous-amendement qui fait en sorte que
la motion qui est devant nous et sur laquelle je viens de plaider,
c'est-à-dire de faire venir la Fédération nationale des
associations de consommateurs, soit modifiée en ajoutant à la fin
les termes: "... et les municipalités régionales de comté
de la Vallée du Richelieu, des Maskoutains et de Rouvilie, la ville de
Mont-Saint-Hilaire, la Chambre de commerce de la Vallée du Richelieu, la
Chambre de commerce de Saint-Hyacinthe, l'Association des gens d'affaires de
Saint-Hilaire et la SIDAC Centre-ville de Saint-Hyacinthe. "
M. le Président, j'ai des copies si...
M. Portier: Mon Dieu, on est efficace.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le sous-amendement
est recevable. Je relis: "... et les municipalités régionales de
comté de la Vallée du Richelieu, des Maskoutains et de Rouvilie,
la ville de Mont-Saint-Hilaire, la Chambre de commerce de la Vallée du
Richelieu, la Chambre de commerce de Saint-Hyacinthe, l'Association des gens
d'affaires de Mont-Saint-Hilaire et la SIDAC Centre-ville de Saint-Hyacinthe.
"
M. Fortier: J'aurais une question à poser au
député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
ministre.
M. Fortier: La motion précédente était pour
entendre les consommateurs. Le plaidoyer a été fait en ce sens.
Est-ce que la motion qui est faite maintenant est dans le même sens?
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Elle va dans le même sens que les
représentations qu'on a faites dans plusieurs motions. On a
demandé que la plupart des organismes qui font partie du front commun ou
front d'aide - les deux expressions sont utilisées - le Front d'aide de
la raffinerie de sucre, soient entendus. D'ailleurs, ces gens ont
demandé à être entendus. On a procédé
individuellement pour un certain nombre d'autres organismes, par exemple la
Fédération nationale des associations de consommateurs qui n'est
pas membre du front commun. Les organismes dont je viens de vous parler sont
membres du front commun. C'est la raison pour laquelle on souhaite
également les entendre. C'est évident que par rapport à
l'intérêt... L'intérêt de ces gens est important. Ce
sont des organismes qui ont surtout appuyé les démarches des
principaux intéressés, c'est-à-dire ceux qu'on a
déjà demandés d'une façon plus spécifique
mais également d'une façon très distincte.
M. le Président, je vous rassure, je ne prendrai pas mon 30
minutes pour plaider. Je veux simplement expliquer au ministre qu'il y a des
conséquences importantes pour la ville de Mont-Saint-Hilaire qui depuis
une quarantaine d'années voit sur son territoire la présence de
la raffinerie de sucre. Il y a des pertes de taxes municipales qui sont
encourrues. Les municipalités régionales de comté de la
région ont toutes appuyé les démarches ainsi que les
associations d'affaires qui ont peut-être fait entendre une voix
différente de celle de leurs associations provinciale ou nationale alors
que le Conseil du patronat et la Chambre de commerce du Québec ont
toujours parlé contre la raffinerie. La chambre de commerce locale ainsi
que l'Association des gens d'affaires de Mont-Saint-Hilaire et la SIDAC ont
appuyé la démarche. Ceci étant dit, je crois que nous ne
prolongerons pas plus longtemps le débat sur l'audition de ces
organismes. On a préféré faire un débat plus
intense sur les organismes qui étaient directement concernés,
soit les associations de producteurs ou d'employés, la direction de la
raffinerie ou des spécialistes qui auraient pu nous éclairer
très directement sur l'ensemble du dossier.
M. Fortier: Est-ce que vous retirez votre motion?
M. Charbonneau: Non, je ne la retire pas. Je l'ai faite, mais je
ne suis pas obligé de parler durant 30 minutes. Donc, nous
n'interviendrons pas plus longtemps sur ce sous-amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Je cède la parole à M.
le ministre.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: À ce moment-ci, est-ce que je dois parler sur
cette motion? Je voudrais dire seulement quelques mots. On l'a dit avant cette
motion et je l'ai toujours reconnu, d'ailleurs, je ie dis publiquement, le
député défend son coin de terre. Je crois qu'il doit le
faire; chaque député doit, quand sa région subit des
impacts économiques, le faire et je crois que le député a
démontré une vigilance dans ce dossier qui doit être prise
en exemple par tous les députés de l'Assemblée nationale,
quoique le gouvernement a fait son lit et, je l'ai dit, nous sommes conscients
de l'impact sur la région de Saint-Hilaire. Nous avons pris des
dispositions pour rendre les choses le plus facile possible.
Dans le cas des mises à pied, nous avons fait plus qu'un
employeur ordinaire aurait fait; nous avons, d'une part, établi des
conditions plus généreuses que celles qui avaient
été négociées dans la convention collective qui
régissait les relations entre la raffinerie et les employés. Le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, quant
à lui, aura un plan qui permettra aux agriculteurs de passer à
d'autres types de culture et qui les encouragera à le faire tout en
essayant d'éponger certains des coûts qu'ils auront à
subir.
J'aimerais revenir à l'argument qui mérite d'être
souligné et qui concerne la protection des consommateurs. Je l'ai dit,
d'une part, nous ne croyons pas, puisque la Raffinerie de sucre du
Québec était en déficit technique depuis deux ans, qu'il
revient au gouvernement du Québec ou à tout autre gouvernement de
maintenir d'une façon artificielle une compagnie qui, de toute
évidence, pour des raisons que nous venons de discuter et qui ont trait
è la politique sucrière canadienne, donc, des raisons qui
débordent de beaucoup le pouvoir de réglementer du gouvernement
du Québec... Nous ne croyons pas qu'il appartenait au gouvernement du
Québec de maintenir artificiellement la Raffinerie de sucre du
Québec.
Je vous rappelle les chiffres, M. le Président. Elle encourait
des déficits de l'ordre de 12 000 000 $ par année. Par ailleurs,
le plan de stabilisation de la culture de la betterave était
également déficitaire de 2 000 000 $ à 3 000 000 $ par
année. Nous en avons fait le débat - et je ne voudrais pas
revenir là-dessus - lorsque l'Opposition a demandé de faire
entendre le directeur des coalitions. L'analyse du dossier et le fait que le
directeur des coalitions n'ait pas fait de déclaration publique à
ce jour nous portent à croire qu'il se rend compte que les conditions
qui pourraient exister pour prétendre qu'il y a eu connivence ou qu'on
va créer un monopole n'existent peut-être pas. De fait, M. le
Président, si la raffinerie de sucre était à ce point
déficitaire, on se demande quel genre de concurrence était
créée. Nous ne croyons pas qu'il soit bon pour ie gouvernement de
supporter artificiellement une société sous prétexte qu'il
faille absolument maintenir une concurrence.
Mais je crois que l'argument de fond du député
mérite d'être souligné en s'interrogeant sur les conditions
qui seront créées lorsque cette transaction sera
complétée. Bien sûr, il n'y a pas de réponse
définitive à cette question, mais il faut quand même
regarder la situation qui a prévalu de 1974 è 1985. Lorsqu'on
fait certaines comparaisons aux États-Unis et à Vancouver en
particulier, on arrive à des constats qui ne nous permettent pas
d'être aussi pessimistes que le député l'a
été, quoique j'admets que personne n'a la vérité de
l'Évangile là-dessus. Il reste néanmoins que ce constat
nous permet d'affirmer qu'il existe des situations semblables où les
prix du sucre, malgré le fait qu'il y ait un certain monopole, n'ont pas
augmenté ou ne sont pas plus élevés que ceux qui
prévalent à Montréal.
Le député a fait allusion à des rabais qui avaient
été accordés, dus à la guerre entre Lantic et la
Raffinerie de sucre du Québec. Mais, en dépit du fait qu'à
Vancouver, en Colombie britannique, il existe un monopole de fait, il est assez
curieux que, depuis quelques années, les prix du sucre au détail
y soient moins élevés qu'à Montréal. Je n'ai pas de
réponse à ce constat-là, mais il faut quand même
faire ce constat. Je vous donne les prix: en 1982, en particulier, le prix de
détail du sucre à Montréal était de 0, 358 $,
à Vancouver il était de 0, 344 $; en 1983, à
Montréal, il était de 0, 385 $, à Vancouver de 0, 371 $;
en 1984, il était de 0, 405 $ à Montréal et de 0, 362 $
à Vancouver; en 1985, de 0, 374 $ à Montréal et de 0, 328
$ à Vancouver. Donc, c'est assez cocasse, puisque cela contredit
l'argument du député, è savoir qu'alors qu'il existe un
monopole en Colombie britannique, les prix du sucre au détail y sont
moins élevés qu'à Montréal, alors qu'il est vrai
qu'à Montréal il y a eu concurrence et compétition entre
Lantic et la Raffinerie de sucre du Québec.
Par ailleurs, il est vrai également que les prix du sucre ont
été plus bas ces dernières années, au Québec
qu'aux États-Unis. Je ne nie pas le fait qu'il se peut que les
raffineurs québécois aient une marge de profit plus grande qu'aux
États-Unis, mais, en définitive, les prix du sucre au
Québec ont été meilleur marché qu'aux
États-Unis en particulier. Ainsi - excusez-moi - on dit: Même si
les écarts entre le prix de détail et
le prix mondial dont profitent les raffineurs de sucre au Canada se sont
accrus fortement entre 1974 et 1985, ces écarts ont été,
neuf fois sur douze, inférieurs à ceux que doivent supporter les
consommateurs aux États-Unis: 0, 428 $ la livre en 1985.
De fait, j'ai les chiffres ici, M. le Président. Aux
États-Unis, les prix de détail du sucre - cela vient des
statistiques du ministère de l'Agriculture des États-Unis - si
l'on prend 1982 en particulier, ils étaient de 0, 48 $ aux
États-Unis, de 0, 411 $ à Montréal; en 1982, de 0, 438 $
aux États-Unis et de 0, 358 $ à Montréal; en 1983, de 0,
45 $ aux États-Unis et de 0. 385 $ è Montréal; en 1984, de
0, 47 $ aux Etats-Unis et de 0, 405 $ à Montréal; en 1985, de 0,
486 $ aux États-Unis et de 0, 374 $ à Montréal.
Donc, qu'on se compare aux États-Unis ou à la Colombie
britannique, on s'aperçoit que, depuis cinq ou six ans, les
Québécois ont quand même profité d'un sucre à
meilleur marché. On ne peut prétendre qu'automatiquement,
à la suite de cette transaction, les consommateurs
québécois devront nécessairement payer davantage. Et je le
redis, nous ne croyons pas, quant à nous, qu'il soit utile ou même
urgent ou nécessaire pour le gouvernement du Québec de continuer
à payer les déficits de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire
afin de maintenir, artificiellement, une compétition qui, de toute
évidence, ne serait pas arrivée si cette dernière avait
été une société privée, parce qu'elle est en
faillite technique depuis au moins juin 1984.
En ce qui concerne la demande qui nous est faite par le
député de Verchères, je le redis, je ne crois pas que de
permettre à ces gens de venir nous poser des questions... Je crois que
l'Opposition, depuis quinze heures que nous sommes en commission parlementaire,
a très bien fait son travail. Elle a posé de nombreuses
questions, elle a fait de nombreuses propositions, malgré le fait que
certains de mes collègues prétendent qu'il y a eu "filibuster".
Je crois que l'Opposition a posé des questions auxquelles mon
collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, et moi-même, depuis vendredi, avons du répondre.
Somme toute, je crois que le débat s'est fait ici et que, il faut bien
se l'avouer, en définitive - cela a été l'argument
principal que nous avons débattu, il y a environ une heure - la solution
au problème pourrait venir de l'optique d'une politique sucrière
cpnadienne. Devant l'évidence qu'il n'existe pas de politique
sucrière canadienne et que le gouvernement fédéral n'a pas
l'intention d'en adopter une, ces audiences ne régleraient à peu
près rien... Je voudrais quand même assurer le
député de Verchères qu'il sera aux prises et que,
nous-mêmes, nous sommes aux prises avec cette situation
économique, j'aimerais l'assurer que nous ferons tout pour aider ceux
qui subissent les décisions du gouvernement. (15 h 30)
J'aimerais aussi, au nom du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, lui dire que. dans cette usine qui
existe, je suis sûr que le ministre de l'Agriculture voudra
développer, dans l'avenir, un autre type d'entreprise. Comme vous le
savez, le protocole d'entente que nous avons signé avec Lantic nous
permettra, d'ici à quelques mois, de rapatrier la totalité du
terrain et des édifices qui y sont érigés. En
conséquence, sans faire de promesse formelle - je crois qu'il revient au
ministre de l'Agriculture de le dire éventuellement - je suis certain
qu'il fera tout en son pouvoir pour trouver une industrie de substitution pour
lui permettre d'occuper ces locaux et ces terrains et pour assurer le
développement économique de la région de
Saint-Hilaire.
Donc, j'aimerais assurer le député de Verchères que
le gouvernement est conscient de l'impact négatif, dans une certaine
mesure, qu'il commet en prenant sa décision. Je parle de la
région de Saint-Hilaire proprement dite. Le gouvernement est conscient
de ses responsabilités et le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation en particulier voudra faire tout en son
possible pour aider la région, d'une part, pour permettre aux
agriculteurs d'aller vers d'autres types de culture - on m'indique que ceci est
déjà commencé, c'est en bonne voie de réalisation -
et, d'autre part, pour trouver éventuellement une industrie de
substitution à celle qui existe présentement dans les locaux de
la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Aucune autre
intervention.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
passer au vote sur le sous-amendement, sur l'amendement et sur la motion
principale?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Avant de passer au
vote, j'aimerais régulariser une situation qui s'est produite tout
à l'heure. On avait enregistré M. Khelfa comme remplaçant
de M. Carnden (Lotbinière). M. Camden a voté tout à
l'heure, et ce n'était pas légal. S'il y a unanimité, on
va rectifier la chose. Est-ce qu'il y a des gens qui s'opposent è cela?
II redevient membre de la commission, automatiquement. D'accord? Très
bien. Est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Fortier: Rejeté, M. le Président.
Mise aux voix du sous-amendement,
de l'amendement et de la
motion principale
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Rejeté. Sur
vote par appel nominal? M. le Secrétaire, nous appelons le vote par
appel nominal.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Non, ce n'est pas accepté.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)?
M» Fortier: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)? M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, le
sous-amendement est rejeté. Maintenant, nous revenons à
l'amendement.
M. Charbonneau: Le même vote, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Le
même vote?
M. Charbonneau:... sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: Enregistré
aussi?
M. Charbonneau: Le même vote, c'est automatiquement
enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour l'amendement,
c'est le même vote enregistré. Alors, c'est rejeté. Nous
revenons à la motion principale.
M. Charbonneau: Même vote, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Même
vote?
M. Fortier: Même vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, la motion
principale est rejetée.
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Verchères.
Motion réclamant le dépôt
des documents relatifs à
l'entente entre le gouvernement
et Sucre Lantic
M. Charbonneau: M. le Président, comme je l'ai
indiqué au ministre, à ce moment-ci, avant d'entreprendre
l'étude détaillée et de participer à ce travail,
nous avons une autre motion préliminaire à présenter. Je
pense qu'elle est recevable, en vertu de nos règlements. Je vais vous en
faire lecture. Je vous dis immédiatement que, pour nous, c'est une
motion importante et qu'elle est dans la logique des travaux que l'on
mène depuis trois jours maintenant: "Que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation et le ministre
délégué à la Privatisation déposent à
la commission tous les documents relatifs à l'entente entre le
gouvernement du Québec et Sucre Lantic Ltée, y compris le
document préparatoire. "
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous allons
suspendre pour quelques minutes pour vérifier la recevabilité de
la motion. D'accord?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 38)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Débat sur la recevabilité
Concernant la recevabilité de la motion qui se lit comme suit:
"Que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
le ministre délégué à la Privatisation
déposent à la commission tous les documents relatifs à
l'entente entre le gouvernement du Québec et Sucre Lantic Ltée, y
compris les documents préparatoires. "
On est disposé à entendre les arguments concernant la
recevabilité; ensuite, je prendrai la décision concernant cette
motion. Je vous écoute, M. le député de
Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: La motion qui est devant vous est, à notre
avis, non seulement recevabie, mais elle est dans la logique de l'article 244,
sauf que je n'invoque pas l'article 244, j'invoque les précédents
qui ont eu lieu en commission il n'y a pas tellement longtemps. Il y a à
peine une semaine, une semaine et demie, à la commission de
l'éducation, il y a eu des motions qui ont été
présentées. Ce que cette motion vise à faire, c'est
à demander un certain nombre de documents qui vont nous permettre de
faire une étude plus poussée. On sait tous que, et le
gouvernement ne s'en est pas caché, il a annoncé le 10 mars
dernier qu'une entente était intervenue entre le gouvernement et une
entreprise privée, la compagnie Lantic. Le projet de loi qui est devant
nous ne fait nullement mention de la compagnie Lantic. Cela permet au
gouvernement de donner suite à cette entente. Pour qu'on saisisse bien
la portée de l'ensemble des articles, qui est les pouvoirs que le
gouvernement se donne à l'égard de la vente, le moins qu'on
puisse dire, c'est que c'est recevable qu'à ce moment-ci on fasse cette
demande. Le gouvernement peut avoir des raisons de s'opposer ou d'acquiescer
par la suite. C'est une autre question, mais, sur la question de la
recevabilité, je crois que cette motion est tout à fait recevabie
et je vous signale qu'encore récemment, à la commission de
l'éducation, des motions préliminaires, qui n'étaient pas
des motions pour entendre des organismes, donc, pas des motions en vertu de
l'article 244 qui permet à la commission de demander de tenir des
consultations particulières, mais des motions ont été
présentées dans le cadre de l'économie
générale du règlement qui ont permis à des
commissions, notamment celle de l'éducation, d'entendre des motions
diverses qui ont été jugées préliminaires à
l'étude détaillée.
II faut faire la distinction entre les arguments que le gouvernement
pourrait avoir, pour ou contre, de donner suite à cette motion-là
et les arguments qui doivent militer ici pour considérer que nous
pouvons discuter de cette motion avant d'entreprendre l'étude
détaillée. Légalement, la commission est maîtresse
de ses travaux. Elle peut décider de prendre connaissance d'un certain
nombre de documents avant d'entreprendre ou d'effectuer des travaux qui sont,
par exemple, une étude détaillée, article par article de
projet de loi. C'est d'ailleurs à partir de cette économie
générale du règlement que les motions dont je vous parle
ont été reçues à d'autres commissions. Autrement
dit, la commission étant maîtresse de ses travaux, le
règlement prévoit qu'elle peut faire des consultations
particulières, mais le règlement permet aussi de faire toute
autre motion qui pourrait faciliter les travaux de la commission. Si la
commission décide que, pour exécuter son mandat, qui est
d'étudier en détail le projet de loi, elle a besoin d'un certain
nombre de documents, elle peut décider de les demander. Elle ne peut pas
forcer le gouvernement à les donner. Elle ne peut pas forcer un autre
organisme vraisemblablement à lui fournir ces documents-là, mais
je crois que la commission est habilitée à faire la demande de
ces documents et qu'à cet égard la motion est recevabie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Avez-vous autre chose à ajouter? Oui?
M. Charbonneau: Un dernier argument, M. le Président. Mes
conseillers juridiques me signalent que, dans ce genre de motion, s'il y a un
doute, la tradition veut que le doute aille dans le sens que ce soit la
commission qui tranche sur le fond de la motion, plutôt que cela soit
tranché par manque de recevabilité. Mais, je crois de toute
façon que les arguments que je vous ai donnés au préalable
devraient militer en faveur de la recevabilité de la motion.
S'il y avait consentement, peut-être que cela pourrait aller plus
vite.
M. Fortier: Sur la recevabilité...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, merci. Je
vais laisser la parole à M. le ministre.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Sur la recevabilité, M. le Président,
j'ai un doute. À l'article 244, il est clair que toutes les autres
motions que vous avez apportées s'inscrivaient au deuxième
alinéa de l'article 244, et je cite: "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son mandat". De
fait, l'Opposition a présenté de nombreuses résolutions
dans ce sens.
Je croyais que le dépôt de document,
s'il devait se faire, se faisait à l'Assemblée nationale.
Mais, je dois vous avouer que j'ai un doute là-dessus. Je vous laisse
donc le soin de statuer sur la question, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre.
M. Desbiens: M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Dans la partie de l'intervention du ministre, et je
pense qu'il a raison là-dessus, en tout cas, à ma connaissance du
règlement, les dépôts se font à l'Assemblée
nationale, ce qui n'empêche pas... Il n'y a pas de dépôt en
commission parlementaire, mais cela n'empêche pas que des documents
soient référés à...
M. Fortier:... s'il n'y a pas de dépôt en commission
parlementaire la motion n'est pas recevable, car on demande de déposer
en commission parlementaire.
M. Desbiens: Elle n'est pas négative. Ce que je veux dire,
M. le Président, c'est qu'il a possibilité de tes remettre quand
même à la commission parlementaire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Charbonneau: M. le Président, la semaine
dernière, il y a eu consentement et j'ai déposé et le
ministre a déposé. Actuellement, on demande au gouvernement de
déposer les documents. Je crois que...
M. Fortier:...
M. Charbonneau:... On les a déposés. La preuve,
c'est qu'ils sont inscrits au procès-verbal des travaux de la
commission. Je pense, M. le Président, et je vous le
répète, que, la commission étant maître de ses
travaux, elle peut demander; le gouvernement peut refuser, mais la commission
peut demander. Si la commission peut demander, c'est aux membres de
décider, à la limite, s'ils veulent demander.
Je ne crois pas qu'on puisse empêcher, à ce moment-ci, la
commission... Écoutez, cela voudrait dire que, si les membres
étaient tous unanimes, par exemple, néanmoins on ne pourrait pas
demander de dépôt de documents ou des documents au gouvernement.
Je crois qu'il faut faire la distinction entre le fait qu'on puisse demander
à ce moment-ci et que la personne à qui l'on demande soit
prête ou non à acquiescer, ou encore que les membres de la
commission soient dans leur ensemble unanimes ou partagés à
l'égard de cette demande. Mais, la motion de demander, non seulement est
recevable, mais elle doit être débattue en commission. C'est
à la commission de dire: Écoutez, nous, majoritairement ou
unanimement, on considère qu'on a ou qu'on n'a pas besoin de ces
documents pour faire le travail qui nous a été confié.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Me donnez-vous deux minutes? Alors, je suspends de
nouveau pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 54)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je déclare
la séance réouverte. Concernant la question de
recevabilité de la motion, je la considère irrecevable, parce
qu'elle vient à rencontre de l'article 162 qui est une
prérogative du président. Il n'est pas nécessaire de faire
une motion pour faire une demande de déposer des documents. Par contre,
à l'article 214, si la demande est faite en vertu du l'article 214 et si
le ministre veut le déposer, je l'accepterai, mais il n'est pas
nécessaire de faire une motion pour demander un dépôt de
document.
Une voix: Ce n'est pas nécessaire?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pas du tout, ce
n'est pas recevable parce que cela vient à l'encontre de l'article 162.
Alors, c'est techniquement irrecevable. On ne fait pas de motion pour exiger
des dépôts de documents.
M. Fortier: Alors la décision est rendue.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Oui,
la décision est rendue comme irrecevable.
M. Charbonneau: M. le Président, je voudrais poser une
question de directive. L'article 162 dit qu'un document ne peut être
déposé en commission qu'avec la permission du
président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact. Alors, si
vous faites une motion...
M. Charbonneau: Le ministre peut faire allusion à un
document ou un membre de la commission peut avoir en main un document...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela est une autre
chose, c'est un autre article.
M. Charbonneau: C'est quel article?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est l'article
214...
M. Charbonneau: Parce qu'à plusieurs reprises, le ministre
conviendra que son collègue d'abord, avant qu'il n'arrive, et
lui-même ont fait référence à l'entente qui
était intervenue avec la compagnie Lantic.
M. Fortier:... on n'a pas cité.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'autre article que
je vous ai mentionné, c'est l'article 214. Évidemment, pour cela,
le ministre doit s'exécuter sauf s'il juge que cela serait contraire
à l'intérêt public.
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre a bien pris
le soin de ne pas citer de document, mais il a fait, à plusieurs
reprises, référence à une entente, M. le Président,
qui a fait l'objet d'une conférence de presse, d'une annonce publique du
gouvernement. Donc, il n'y a pas eu de citation de document mais il y a eu,
à plusieurs reprises, référence à un document.
Je me demande, M. le Président, en vertu de quel article un
membre de la commission, de n'importe quelle commission, peut demander le
dépôt d'un document. Je ne veux pas contester votre
décision, mais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est exact que
quelqu'un peut le demander mais il n'est pas nécesaire de faire une
motion pour cela. C'est pour cela que la motion est irrecevable parce que
déjà le règlement prévoit ce genre de choses.
M. Charbonneau: Donc, M. le Président, dans ce
cas-là, si j'ai votre permission, si je comprends bien, si
j'interprète bien l'article 162, je pourrais faire une demande au
ministre et si le ministre acceptait...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous faites une
demande au président...
M. Charbonneau: Au président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... et à ce
moment-là, je peux décider que oui, cela peut être
déposé si le ministre veut bien, en vertu de l'article 214.
M. Charbonneau: Entendons-nous bien, à l'article 214,
lorsqu'un ministre cite...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'article
162, c'est la prérogative du président d'accepter.
M. Charbonneau: Je comprends, mais je ne pense pas que l'article
214 s'applique - et le ministre va en convenir - il n'a pas cité de
document. Le ministre a parlé du document à plusieurs reprises,
il a parlé de l'entente mais il n'a pas cité l'entente et il n'a
pas exhibé l'entente.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais il y
a aussi l'article 59. L'article 59 dit que les ministres peuvent déposer
tout document qu'ils jugent d'intérêt public.
M. Charbonneau: C'est de leur propre initiative, cela est le
pouvoir d'initiative du ministre. Il pourrait décider que tel
document...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais
actuellement tu ne peux pas...
M. Charbonneau: "Vous" ne pouvez pas, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non. Tu ne peux
pas... Elle est irrecevable parce que déjà j'ai l'article 162 qui
donne le privilège au président d'accepter le dépôt
de documents.
M. Charbonneau: Écoutez...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si le ministre est
d'accord, évidemment, à ce moment-là....
M. Charbonneau:... ce que je voudrais... Je veux bien vous faire
une demande, mais je veux la plaider et je voudrais que le ministre
réponde.
M. Fortier: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Charbonneau: C'est cela, l'affaire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez.
M. Charbonneau: II y a quelque chose qui n'est pas clair dans
l'interprétation du règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon!
M. Charbonneau: Si le ministre -entendons-nous bien...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous allons parler
de détails de technicités...
M. Charbonneau: Oui, oui, c'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... c'est que vous
ne pouvez pas faire une motion pour exiger un dépôt de documents,
alors que l'article 162 dit que c'est seulement la prérogative du
président.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela est une
chose.
M. Charbonneau:... pour avoir votre permission...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Charbonneau:... il faut d'abord la demander...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est pour cela que
la motion est irrecevable dans ce sens-là; ce n'est pas
nécessaire de faire une motion pour cela.
M. Charbonneau: Écoutez, on peut demander dans ce
cas-là sans qu'il y ait de motion.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact.
M. Charbonneau: Est-ce que le gouvernement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, sans qu'il y ait de
motion...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Charbonneau:... est-ce que je pourrais au moins avoir le
consentement afin de formuler une demande au ministre, qui aura...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Charbonneau:... la liberté de répondre comme il
le voudra.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exactement, vous
pouvez faire une demande; il n'y a pas de problème.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, on ne s'enfargera pas dans
les fleurs du tapis.
M. Fortier: Juste pour statuer... Une question de
règlement, juste pour que l'on...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le ministre.
M. Fortier:... sache où l'on s'en va. Il y a eu une motion
de présentée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Et elle est
irrecevable.
M. Fortier: On a plaidé quelque peu avant que le
président statue. Le président a délibéré
avec ses associés. Là, il nous dit qu'elle est irrecevable.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact.
M. Fortier: Est-ce que ce dossier est clos en ce qui concerne la
recevabilité?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est clos
concernant la recevabilité de la motion: Elle est irrecevable.
M. Charbonneau: Bon! Donc, avec votre permission, je peux
demander au ministre, sans faire de motion...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact.
M. Charbonneau:... le dépôt de certains documents?
Le ministre peut me répondre: Oui, je vais vous les donner ou non, je ne
vous les donnerai pas.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
M. Charbonneau: Très bien.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce sont les
articles 59 et 214.
M. Charbonneau: À ce moment-ci, M. le Président,
sans faire de motion, je voudrais expliquer au ministre la demande que je fais,
la justifier.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
accorde...
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Nous avons un
projet de loi qui est présenté par le ministre et son
collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, lequel comporte 20 articles. Pour l'essentiel, ce sont des
articles relativement techniques, le ministre va en convenir; ils abrogent des
parties de la loi actuelle sur la raffinerie, en tout cas, ils font en sorte
que le gouvernement va pouvoir procéder à la vente de la
société d'État en question, la vente de la Raffinerie de
sucre du Québec.
Par ailleurs, le ministre convient avec nous que, le 10 mars dernier,
avant le dépôt
même du projet de loi et, par la suite, lorsqu'on a débattu
le projet de loi quant au principe, en deuxième lecture et lorsqu'on a
débattu la motion de report - en particulier, je me rappelle très
bien, je pense que le ministre va s'en souvenir également - le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avait dit que toutes
les informations que l'on pourrait vouloir avoir lors de l'étude
détaillée du projet de loi en commission parlementaire, on les
aurait et on pourrait voir les raisons pour lesquelles le gouvernement a pris
cette décision et ce qui va arriver. (16 heures)
M. le Président, on a en main un document qui a été
déposé à la commission, datant du 10 octobre 1985, qui est
une analyse faite à la fois par des hauts fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture et par les dirigeants de la Raffinerie de
sucre du Québec, ce document fait état d'une façon claire
et assez intéressante d'une proposition qui aurait été
faite au ministère des Finances au cours de l'été dernier,
proposition qui, incidemment, n'a pas été acceptée et qui
n'a même pas franchi les différentes étapes - de toute
façon, elle avait été écartée par le premier
ministre à l'occasion de la campagne électorale et des
engagements qu'il avait pris - de la compagnie Lantic: on y donnait les
éléments d'information les avantages que cette compagnie
retirait, également sur les conséquences pour le gouvernement et
sur ce à quoi le gouvernement était prêt a consentir
à la compagnie pour lui céder cette entreprise, cette
société d'État, comme le souhaitait l'entreprise Lantic
depuis des années.
Il y avait, entre autres, annexé à ce document qui est
maintenant partie des textes de la commission, du procès-verbal de nos
travaux, une feuille qui s'intitulait: "Intérêt pour Lantic
d'acquérir la Raffinerie de sucre du Québec".
Je pourrais faire la lecture de certains passages, M. le
Président, pour qu'on situe bien le problème. On lisait, entre
autres, dans une transaction de vente-achat... Ce n'est pas très long.
Je vais juste pour rapporter...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II ne faudrait pas
passer vingt minutes là-dessus.
M. Charbonneau: Non, je n'ai pas l'intention de passer trois
heures sur cela, M. le Président, je vous en assure tout de suite. Mais
je vais vous dire immédiatement, par ailleurs, que, pour nous, la
façon dont le gouvernement va répondre à notre demande
-par votre entremise, si on comprend bien la directive que vous venez de nous
donner selon le règlement - va également condi- tionner notre
attitude pour la suite. Dans ce texte, on dit clairement que la compagnie
Lantic va retirer des profits ou des avantages financiers importants; qu'on va
consentir des avantages fiscaux; que la compagnie va être en mesure de
récupérer son investissement dans l'espace d'un an ou deux et va
s'assurer, par le fait même, des marges de profits substantielles.
On y dit, entre autres, dans ce contexte, qu'il apparaît utile
d'établir l'ordre de grandeur des bénéfices additionnels
qui résulteraient pour Lantic de l'acquisition de la Raffinerie de sucre
du Québec. En effet, Lantic acquérerait un achalandage de 60 000
tonnes s'ajoutant è ses 400 000 tonnes actuelles, lui conférant
ainsi 77 % du marché de l'Est du Canada.
Cette transaction se traduirait pour Lantic par des revenus
supplémentaires provenant de la réduction des escomptes
spéciaux consentis par elle pour contrer la concurrence de la Raffinerie
de sucre du Québec. Ces escomptes sont de 70 $ la tonne sur la facture
et de 30 $ la tonne sous la forme de promotion spéciale, soit un total
de 100 $ par tonne que Lantic récupérerait en
bénéfices.
Lantic deviendrait titulaire des quotas d'exportation vers les
États-Unis actuellement détenus par la raffinerie et
réaliserait annuellement 1 600 000 $ de bénéfices
additionnels sur la vente de ses 4000 tonnes au prix intérieur
américain, soit quelque 800 $ canadiens à la tonne.
De plus, Lantic rapatrierait le "trading" de 60 000 tonnes de sucre brut
supplémentaire auquel se rattache un bénéfice de "Edging
Trading" un minimum de 30 $ la tonne, soit 1 800 000 $. Ainsi, Lantic
réaliserait - j'achève - dès la première
année, des bénéfices additionnels de 19 400 000 $, M. le
Président.
Or, pour ce flux de bénéfices additionnels, Lantic paie 52
000 000 $. C'était selon l'offre initiale et il semble que c'est
maintenant 50 000 000 $. Mais seulement 40 000 000 $, si on exclut de cette
somme la valeur des inventaires irrecevables sur lesquels elle met la main. Or,
de ces 40 000 000 $ que le gouvernement lui prête pour douze ans, elle va
récupérer 32 000 000 $ en crédits d'impôt, ce qui
équivaut à quelque 20 000 000 $ en valeurs
actualisées.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, vous êtes en train de refaire toute l'argumentation
que vous avez déjà faite. Vous allez avoir l'occasion à
l'Assemblée nationale, de la faire de nouveau, mais il me semble qu'on
se répète.
M. Charbonneau: Non, mais, M. le Président, je termine
pour vous dire...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est parce
que...
M. Charbonneau: Écoutez, c'est important!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est certainement
important, mais vous vous répétez...
M. Charbonneau: Je justifie au ministre la demande que nous
faisons.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Charbonneau: J'ai dit très sérieusement au
ministre que nous avons devant nous un projet de loi, tout compte fait,
très technique. On nous convie à étudier article par
article un projet de loi qui, dans les faits, va donner la possibilité
au gouvernement de vendre la compagnie à une entreprise qu'il a
déjà choisie, mais dont on ne parle pas dans le projet de loi,
pour des avantages importants à cette entreprise.
Ce qu'on demande au ministre, c'est de respecter ce qu'on nous a dit,
lors du débat sur la motion de report, soit qu'en commission
parlementaire, nous aurions tous les documents et que nous aurions tout
l'éclairage que nous voudrions. Depuis trois jours, nous avons
demandé d'entendre tous les organismes et les experts concernés
qui ont produit ou qui ont aidé à produire les différents
documents que nous avons rendus publics, du côté de l'Opposition.
Ce que nous voulons maintenants c'est que le gouvernement, avant que l'on
entreprenne l'étude détaillée du projet de loi,
dépose les documents relatifs à la transaction, auquel cas, je
pense qu'on va être obligés de laisser le gouvernement adopter
techniquement des articles qui n'ont pas une grande signification pour nous.
Pour nous, ce qui est important dans ce projet de loi, et c'est la raison pour
laquelle on a tenu le discours que l'on a tenu en deuxième lecture, lors
de la motion de report, et que l'on a fait depuis quinze, seize heures
maintenant, sinon dix-sept, des demandes, non pas des demandes farfelues... Je
pense que le ministre a reconnu, en fin de discussion tantôt, qu'on avait
fait notre travail. Les organismes qui étaient moins directement
intéressés, on en a fait une motion, à la fin. On n'a pas
débattu, on n'a pas pris cinq minutes, M. le Président, pour
présenter une argumentation. Mais sur tous les organismes et les experts
directement intéressés, on a débattu longuement parce
qu'on considérait qu'en vertu de l'article 244, on pouvait le faire et
on devait le faire.
M. Fortier: Question de règlement, M. le
Président.
M. Charbonneau: Maintenant, dans la même logique, M. le
Président...
M. Fortier: M. le Président! M. le Président!
M. Charbonneau:... on voudrait que le ministre dépose tous
les documents.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! Bon!
M. Fortier: Vous avez permis au député de vous
poser une question.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
M. Fortier: Là, on est en train de faire un débat.
Je crois que le règlement dit très clairement qu'on ne doit faire
un débat que sur une motion. Alors, il n'y a pas de motion sur la
table.
M. Charbonneau: M. le Président, question de
règlement.
M. Fortier: Je vais être obligé de répliquer
à cinquante arguments. Entre autres, il a dit qu'on avait promis de
déposer des documents. Cela n'a jamais été le cas. On a
dit qu'on donnerait tout l'éclairage voulu.
M. Charbonneau: Bien voyons donc! M. le Président, sur la
question de règlement du ministre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, juste une
seconde.
M. Charbonneau: Écoutez, cela fait presque dix minutes
maintenant que je plaide. Je plaide parce que, en vertu de l'article 162, vous
m'avez dit que je pouvais faire ce plaidoyer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai dit votre
demande. À un moment donné, il ne faut pas...
M. Charbonneau: Oui, je comprends, mais je fais ma demande et je
l'explique.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Charbonneau: Est-ce que vous voyez, M. le Président,
une demande de cette importance non justifiée et non
expliquée?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Charbonneau: M. le Président, je fais ma demande. Le
ministre pourra, par la
suite, vous dire... Cela vous permettra, en vertu de l'article 162, de
dire: Écoutez, je ne peux pas donner ma permission. Actuellement, on
demande au ministre, par votre entremise, de déposer des documents qui
vont nous permettre de faire un travail important et éclairé. M.
le Président, on nous demande de faire l'étude d'un projet de loi
qui permet au gouvernement de vendre une société d'État et
de mettre le X sur une industrie agro-alimentaire qui existe depuis 45 ans et
on a annoncé publiquement que ce projet de loi était pour vendre
la société d'État en question à une compagnie qui
va créer un monopole au Québec...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi! M. le
député!
M. Charbonneau:... et le ministre l'a reconnu. Il a dit: Les
monopoles, dans d'autres provinces, cela a peut-être servi les
consommateurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, je vous arrête quand même. Vous recommencez
encore votre argumentation. Il faut justifier votre demande. Maintenant, ce
sera au ministre de répondre si, oui ou non...
M. Charbonneau: M. le Président, la demande se justifie de
la façon suivante.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez
argumenté.
M. Charbonneau: Nous, de l'Opposition, nous n'avons pas pris
trois jours pour demander au gouvernement d'accepter d'entendre les experts et
les parties intéressées, comme il s'était lui-même
engagé à le faire durant la campagne électorale...
M. Fortier: M. le Président, rappelez le
député à l'ordre, parce que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, vous revenez encore...
M. Charbonneau:... pour ne pas, M. le Président...
M. Fortier: À l'ordre, à l'ordre, M. le
Président!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II était
juste question de demande de documents. Ce n'était que cela. Je
voulais...
M. Charbonneau: Mais, M. le Président, on n'a pas fait
tout cela pour ne pas demander maintenant les documents. On demande les
documents parce que c'est la suite logique, après avoir demandé
d'entendre les principaux intéressés...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Charbonneau:... les experts. Là, M. le
Président, on va avoir les documents pertinents.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concluez, s'il vous
plaît.
M. Charbonneau: Je conclus, M. le Président, parce que
nous voulons avoir les documents qui vont nous permettre de savoir quelle est
la valeur et la signification des vingt articles que l'on nous demande
d'étudier de façon détaillée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai bien
compris.
M. Charbonneau: Autrement, M. le Président, on
considère que l'on n'est pas en mesure de faire ce travail,
d'étudier en détail vingt articles qui sont, dans les faits,
techniques, mais qui, dans le fond, cachent une volonté politique de
vendre une entreprise...
M. Fortier: II fait de l'argumentation, là.
M. Charbonneau:... à une société
privée qui, elle, constitue un monopole. Ce que l'on veut, M. le
Président, c'est être en mesure de faire un travail efficace,
d'étudier vingt articles qui...
M. Fortier: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concluez,
là.
M. Charbonneau:... ont une conséquence cachée. On
veut des documents qui vont nous permettre de faire cette étude
détaillée, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, merci...
M. Charbonneau:... et on voudrait que le ministre nous donne ces
documents-là, comme son gouvernement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On a compris votre
demande.
M. Charbonneau:... s'est engagé à la transparence,
lors du débat en deuxième lecture sur la motion de report, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député, on a compris votre
demande. Maintenant, je cède la parole au ministre qui l'avait
demandée. Alors, s'il veut...
M. Fortier: M. le Président, je ne pensais pas...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... c'est lui qui
va répondre à la question.
M. Fortier:... que le député de Verchères
entrerait dans un plaidoyer parce qu'il n'y a pas de motion sur la table.
Alors, il allait complètement à rencontre du règlement de
faire un plaidoyer. Il a dit, étant donné que le climat
était serein, et je vais essayer d'être le plus serein
possible...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour remettre les
choses en ordre, M. le ministre, j'ai quand même autorisé le
député de Verchères à donner les raisons pour
lesquelles il voulait absolument avoir ces documents. Nous l'avons
écouté; je vous écoute maintenant.
M. Fortier: II n'aurait pas dû utiliser cette façon
parce qu'il a suscité un débat. Je ne crois pas qu'en posant une
question comme celle-là, on aurait dû susciter un débat
parce qu'il n'y a pas de motion sur la table. Il a dit, entre autres, que j'ai
dit tout à l'heure que le ministre de l'Agriculture aurait dit qu'on
fournirait tous les documents. C'est faux. On a dit qu'on fournirait tout
l'éclairage nécessaire. II a dit que j'avais reconnu que depuis
trois ou quatre jours, j'avais fait un travail très utile. J'ai
parlé de la dernière motion en particulier lorsque j'ai reconnu
que le problème de fond était celui de la politique
sucrière canadienne. Je croyais qu'à ce moment-là, on
touchait vraiment le fond du problème puisque, de fait, la
politique...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
ministre...
M. Fortier: M. le Président, vous avez permis au
député de faire...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, d'accord.
M. Fortier:... des accusations et j'aimerais y répondre
moi aussi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je
voulais juste vous dire quand même que la demande était faite pour
les documents. Alors, répondez en fonction de cela et...
M. Fortier: Je veux simplement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... on passera
après cela à autre chose, è des motions.
M. Fortier: Oui, d'accord. Simplement, je voulais relever ce que
le député avait dit et qui était faux, à mon avis,
en nous faisant dire des choses que nous n'avions pas dites.
Sur la question qui est posée, M. le Président, j'aimerais
dire ceci. D'une part, j'aimerais dire au député, par votre
entremise, M. le Président, que ce que nous avons communiqué en
conférence de presse, mon collègue et moi-même - je peux
lui en donner l'assurance - reflète l'essentiel du protocole d'entente
que nous avons signé. Le député me demande de donner plus
de détails. Je suis bien prêt è lui donner plus de
détails. Je peux lui dire, en particulier, qu'en ce qui concerne les
avantages fiscaux, il n'y a absolument rien dans le projet de loi et il n'y a
absolument rien dans le protocole d'entente. Il n'y a absolument rien dans
l'entente que nous avons signée avec Lantic qui donnerait des avantages
fiscaux à Lantic. Comme je l'ai dit è l'Assemblée
nationale puisque je crois que le député m'avait posé une
question è l'Assemblée nationale, il est certain qu'une compagnie
qui achète une autre compagnie peut penser se prévaloir
d'avantages fiscaux provenant de la loi. Mais je peux lui dire que dans la loi,
il n'y a rien comme il le dit. Dans le protocole d'entente, il n'y a absolument
rien non plus.
De fait, M. le Président, le projet de loi qui est devant nous,
même si le député s'insurge contre celui-ci est un projet
de loi technique. C'est que, de fait, la Raffinerie de sucre du Québec
comme telle n'a pas le pouvoir législatif de vendre ses actifs ou de
vendre ses actions sans qu'il y ait un projet de loi et c'est ce que nous
sommes en train d'étudier. Alors, il est faux de prétendre que la
commission n'a pas un rôle utile. Il s'agit pour le Parlement de donner
un pouvoir au ministre des Finances de disposer ou de vendre la Raffinerie de
sucre du Québec. Je crois que c'est là le pouvoir. Autrement dit,
si le gouvernement a décidé de proposer ce projet de loi, c'est
que les avocats, les experts juridiques nous ont dit qu'il était
impossible de procéder sans avoir ce pouvoir juridique. Depuis deux
jours et surtout cet après-midi, depuis une heure ou deux, nous avons eu
des échanges plus intelligents, je dirais, plus pertinents lorsque nous
avons parlé de la politique sucrière. De fait, nous avons
échangé et nous avons pu, dans une certaine mesure, donner un
éclairage qui vous permettait, qui nous permettait, qui permettait aux
députés ministériels de comprendre pour quelle raison le
gouvernement est arrivé à sa décision.
En ce qui concerne les conditions de vente, je peux vous assurer, M. le
Président, qu'elles ont été révélées
lors de la
conférence de presse que mon collègue et moi-même
avons donnée au mois de mars. Il n'y a aucun avantage fiscal
spécifique. De fait, je crois que le député de
Verchères devra se contenter de ce que nous avons dit en commission
parlementaire. La transaction n'est pas complétée. Nous avons
négocié avec la compagnie Lantic un protocole d'entente. Nous
attendons pour conclure la transaction que le projet de loi soit adopté,
puisque nous n'avons pas le pouvoir juridique de procéder. De fait, je
ne crois pas qu'à ce moment-ci, il serait d'intérêt public
de déposer des documents, puisqu'il s'agit d'une entente et d'un contrat
qui n'est pas encore conclu.
Cela me surprend qu'on fasse cette demande, parce que l'an dernier, lors
de la création du Parc des expositions agro-alimentaires - c'est un cas
pertinent -l'Opposition avait demandé justement un dépôt de
documents et cela avait été refusé. Il s'agissait des
études préalables et des documents explicatifs pour son projet de
40 000 000 $. On n'avait jamais pu obtenir des explications sur le projet de 40
000 000 $.
M. Garon: Non, non. M. le Président...
M. Fortier: Dans notre cas, M. le Président...
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tout de suite
après.
M. Garon: Oui, mais c'est inexact. Tout a été
déposé. (16 h 15)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Écoutez, on
n'est pas pour commencer un débat là-dessus.
M. Fortier: Dans tous les cas, l'information que j'ai est en ce
sens que cela n'avait pas été déposé. De toute
façon, dans ce cas-ci 1a transaction n'est pas complétée.
Il s'agit d'une transaction que nous ne pourrons compléter qu'une fois
que le projet de loi sera adopté. Nous avons donné toute
l'information qu'il était utile de donner en public et je ne crois pas,
M. le Président, comme l'article...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 214.
M. Fortier:... 214 le dit, qu'il soit d'intérêt
public de donner l'information.
M. Charbonneau: Voyons donc! Franchement! Vous vous êtes
créé un monopole et cela n'est pas d'intérêt public
de savoir. C'est le bout.
Le Président (M. Tremblay, iberville):
S'il vous plaît! Messieurs!
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais quand même
déposer, puisque... ou faire circuler l'information parce que je croyais
qu'on ne déposait pas d'information. Tout à l'heure le
député nous a dit qu'il avait fait circuler certaines
informations qu'il avait dans l'Opposition, et je dois vous avouer qu'il avait
de l'information que moi-même je n'avais pas et qui était une
information que l'Opposition possédait. Je me demande comment il se fait
qu'il possédait ce genre d'information, mais de toute façon, il
me fait plaisir de faire circuler le décret du gouvernement du
Québec concernant un protocole d'entente relativement à la vente
des actions de la Raffinerie de sucre du Québec è Sucre Lantic.
Ce décret est un document public qui donne le sommaire de l'information
et qui est ni plus ni moins ce que nous avons communiqué lors de la
conférence de presse. Si cela peut être utile aux
députés de la commission, M. le Président, on peut en
faire faire des copies et les distribuer. C'est le décret signé
par le greffier du Conseil exécutif qui permet à tous les
députés de connaître l'essentiel de la transaction, mais je
ne crois pas qu'il soit d'intérêt public de déposer le
protocole.
Une voix: Bien voyons donc!
M. Fortier: Je ne peux pas déposer le contrat parce qu'il
n'est pas encore signé.
M. Charbonneau: Vous avez une entente; ne venez pas me dire
que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, en fonction
de l'article 214, il ne dépose pas de document; alors il n'y a pas de
motion. C'est une question de règlement ou... ?
M. Garon: C'est une question de directive. Au fond,
essentiellement, si on regarde de quoi il s'agit, il s'agit d'une compagnie
publique en vertu de la loi qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis d'accord,
mais en fonction de quoi? On n'a pas de motion sur la table...
M. Garon: C'est pour cela que je vous demande une directive. Vous
demandez: Comment voulez-vous qu'on procède? Je me fous de la
façon dont on va procéder techniquement; normalement on ne
devrait même pas demander cela. Quand le gouvernement a
nationalisé l'électricité en 1962, tous les documents
avaient été rendus, publics et là actuellement il s'agit
d'une dénationalisation. On procède à rebours. Que
l'on dise que ce n'est pas d'intérêt public alors que le
public est le propriétaire de la raffinerie - cela n'est même pas
le gouvernement...
M. Fortier: II y a un débat là. Il n'y a pas eu de
nationalisation en 1962. Il est complètement perdu. Il y a eu un achat
de gré à gré d'Hydro-Québec.
M. Garon: Mais les documents ont été publics.
M. Fortier: C'était par...
M. Garon: II y a eu une élection sur cette question. Ici
il y a eu une loi aussi. Alors, il ne faudrait pas mélanger les
concepts, je regrette. Vous avez dit vendredi qu'on était dans une
affaire privée. Cela n'est pas une affaire privée, c'est une
compagnie qui appartient au public. La preuve, c'est que cela prend une loi de
l'Assemblée nationale, parce que c'est l'Assemblée nationale qui
a décidé qu'il y aurait... Au fond, c'est l'Assemblée
nationale qui autorise la vente. Ce n'est pas le gouvernement, c'est
l'Assemblée nationale.
M. Fortier: M. le député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. S'il vous
plaîtï
M. Garon: L'Assemblée nationale, avant de décider
de la vente, ne pourrait pas connaître la transaction? Cela n'a ni queue
ni tête. Il faut bien se mettre dans le contexte, qui est exceptionnel;
où on est dans le cas d'une compagnie publique qui appartient au
gouvernement...
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je comprends tout
ce que vous...
M. Garon:... qui appartient à l'État du
Québec. Le gouvernement ne peut même pas, de son propre chef,
vendre cette entreprise sans que l'on adopte une loi. Les députés
qui vont voter la loi ne pourraient pas avoir les données de la
transaction, alors que tout cela a été fait publiquement...
M. Fortier: M. le Président, à l'ordre, s'il vous
plaît! Il n'y a pas de motion sur la table, il faut procéder.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, maintenant,
à ce moment-ci, vous avez demandé une directive?
M. Garon: On ne procédera pas dans des conditions comme
celles-là.
Une voix: Non certain!
M. Garon: Si vous pensez qu'on va voter une vente sans savoir les
conditions de la vente, vous nous prenez pour des imbéciles.
M. Fortier: Mettez donc une motion sur la table, on verra.
L'article 1, M. le Président.
M. Garon: Vous devriez de vous-même... On ne devrait
même pas être obligés de téter ces renseignements...
Vous devriez de vous-même nous offrir ces renseignements.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaîtl
M. Garon: C'est l'Assemblée nationale qui autorise la
vente.
M. Fortier: M. le Président, voulez-vous rappeler le
député de Lévis à l'ordre, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, voici, pour
répondre aussi è votre question, nous sommes à
étudier le projet de loi article par article, mais à chaque
article il y a quand même des amendements qui peuvent être
demandés en fonction des choses que...
M. Charbonneau: M. le Président, cela n'est pas une
question de faire... Vous l'avez vu comme nous, vous avez 20 articles, mais
c'est tout technique. Ce que l'on veut c'est avoir les documents pour savoir ce
que le gouvernement va faire une fois qu'il aura ces articles en main.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela a
été clair actuellement. Le ministre l'a dit.
M. Charbonneau: Pour nous aussi c'est clair, on n'embarquera pas
dans ce petit jeu-là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député.
M. Charbonneau: Ce sont les Québécois qui sont
propriétaires, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous êtes en
train d'argumenter.
M. Charbonneau: Si les propriétaires ne sont pas capables
de savoir ce que leur Exécutif a décidé...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Verchères, vous argumentez complètement
inutilement. Nous sommes à
étudier cela article par article.
M. Charbonneau: Ils vont I'étudier tout seuls, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Que voulez-vous que
je vous dise? Mon mandat est d'essayer de présider la séance et
c'est ce que je fais en fonction des règlements. C'est aussi simple que
cela et c'est ainsi qu'on va procéder. Il n'y a pas d'autre
façon.
M. Charbonneau: Écoutez, est-ce comme cela que vous allez
procéder pour toutes les privatisations et toutes les liquidations, en
refusant les consultations particulières et en refusant tout
document?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non. Vous
faites...
M. Fortier: Si vous voulez entrer dans un débat, vous avez
bien vendu Volcano et Forano et on n'en a jamais entendu parler. Voyons
donc!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous faites un
débat de fond pour rien.
M. Charbonneau: Franchement!
M. Garon: Ce n'étaient pas des compagnies en vertu de la
loi.
M. Fortier: Voyons donc! Qu'est-ce que cela fait?
M. Garon: Bien non!
M. Charbonneau: Bien voyons donc!
M. Fortier: Cela appartient au public quand même, voyons
donc!
M. Garon: II ne voit pas la différence.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Écoutez, si
vous voulez qu'on suspende la séance quelques minutes, cela ne me
dérange pas.
M. Garon: Suspendons quelques minutes. M. Fortier:...
suspendre... à l'article 1.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, nous
suspendons la séance quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 22)
Étude détaillée
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je déclare la séance réouverte
à l'article 1 du projet de loi 85. Et je rappelle le mandat, Loi sur la
vente de la Raffinerie de sucre du Québec. En fonction de l'article
1...
M. Garon: M. le Président, ce qu'on demande à
l'article 1, il faut bien le comprendre, c'est une vente, et on veut nous
demander d'autoriser une vente comme un chèque en blanc. Lisez l'article
1 avec nous.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: "Le ministre des Finances est autorisé è
verser à la Raffinerie de sucre du Québec un montant que le
gouvernement détermine pour un nombre équivalent d'actions
entièrement acquittées de son capital social. Ce montant est
versé en un ou plusieurs versements et aux autres conditions
déterminées par le gouvernement. " Voyez-vous tout ce qui a
été prévu dans la loi de la raffinerie a été
prévu publiquement avec un capital-actions autorisé. Tout est
prévu dans la loi actuelle.
Si vous regardez l'article 3: "Le ministre des Finances peut, à
la date et aux conditions déterminées par le gouvernement, vendre
les actions de la Raffinerie de sucre du Québec. " Tout ça est
fait de telle façon que vous ne pouvez savoir aucune des transactions de
la vente, ce qui est anormal. Depuis quand un gouvernement qui est
propriétaire, pas un gouvernement, un État qui est
propriétaire d'une entreprise peut vendre sans que le public, qui a
payé, ne puisse avoir quelque idée que ce soit de la transaction.
On ne devrait pas être obligé de demander de choses comme
ça. On devrait avoir les documents - le protocole d'entente a
été signé - d'une façon normale sans qu'on soit
obligé de le demander. Comment se fait-il que le gouvernement veuille
vendre en blanc? Il nous demande au fond un chèque en blanc total...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je tiens à
vous dire...
M. Garon: On ne peut pas être les complices d'une telle
opération.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste une mise au
point, M. le député, vous pouvez parler vingt minutes sur ce
thème et faire un amendement si vous voulez, il n'y a aucun
problème, je vous écoute.
M. Charbonneau: M. le Président, il ne s'agit pas de faire
un amendement, il s'agit d'avoir les documents pour évaluer la
portée des articles. Qui est propriétaire? Est-ce le gouvernement
ou le public en général?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, tout à l'heure, on a tranché la question.
La ministre n'a pas voulu les déposer en fonction de...
M. Charbonneau: M. le Président, nous ne donnons pas de
chèque en blanc. Le gouvernement nous avait dit qu'on aurait toutes les
réponses en commission parlementaire, on n'a pas été
capable d'avoir une réponse.
M. Fortier: Posez les questions, on va vous les donner.
M. Charbonneau: Là, on veut avoir le détail du
protocole d'entente. Nous avons déposé, ce n'est pas è
l'Opposition de faire ça, M. le Président...
M. Fortier: Monsieur... Je demande la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député.
M. Charbonneau:... mais on a déposé les documents
sur un projet qui avait été présenté à
l'ancien ministre des Finances, on les a déposés les documents,
M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant, M. le
député, parce que cela ne marchera plus.
M. Charbonneau: II faut des limites.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Absolument. Si on
n'est pas capable d'avoir de l'ordre pour un débat, en fin de compte on
va passer aux mesures qui s'imposent. Ce qui arrive actuellement, j'ai pris une
décision c'est que, si le ministre ne veut pas les déposer, c'est
réglé cette question. À ce moment là, on est rendu
à l'article 1 et je vous entends en fonction de ça. Je ne peux
pas aller plus loin que ça.
M. Fortier: M. le Président, je demande la parole, il est
normal je crois...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, je
vous écoute.
M. Fortier: II est normal que, lorsqu'on procède à
l'étude article par article, le ministre donne quelques mots
d'explications.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Fortier: À l'article 1, c'est bien simple, nous
demandons l'autorisation pour que le ministre des Finances puisse
procéder. Cela autorise le gouvernement à déterminer les
conditions de vente des actions qu'il possède dans le capital-actions de
la Raffinerie de sucre du Québec. Le ministre des Finances qui, comme
vous le savez, exerce les droits attachés à ses actions, est
autorisé à les vendre aux conditions fixées par le
gouvernement. Par application de l'article 9 de la Loi sur l'Exécutif,
le ministre délégué à la Privatisation a
été autorisé à exercer cette fonction pour le
ministre des Finances et à signer le document nécessaire à
la vente des actions. Donc, c'est une autorisation technique afin de permettre
au gouvernement de procéder, puisque c'est le ministre des Finances qui
est l'actionnaire de la Raffinerie de sucre du Québec. Cet article
permettra à l'actionnaire de procéder dans sa demande.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Verchères, oui, je vous écoute.
M. Charbonneau:... est-ce que le ministre, à ce moment-ci,
au moment où on a entrepris l'étude
détaillée...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Charbonneau:... veut revenir sur sa décision de ne pas
accepter de dévoiler les documents relatifs à l'entente qui est
intervenue entre le gouvernement du Québec et la compagnie Lantic, ce
qui a été annoncé en conférence de presse, à
Montréal, le 10 mars dernier? D'autant plus, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Là,
n'argumente pas.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une question
finale.
M. Charbonneau: Voyons donc!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On revient toujours
à la même chose, à un moment donné...
M. Charbonneau: Je voudrais vous signaler, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... parce que
autrement...
M. Charbonneau:... je ne veux pas vous vexer...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, mais...
M. Charbonneau:... quand vous vous adressez au
député de Verchères, on n'est pas en privé,
j'aimerais qu'on ait un certain...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député.
M. Charbonneau:... décorum...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis toujours
poli avec vous.
M. Charbonneau: Je n'aime pas me faire tutoyer, de part et
d'autre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
député...
M. Charbonneau: M. le Président, ce que je veux ajouter,
c'est que le gouvernement, à ce moment-ci, a devant lui, à la
table de la commission, des documents qui établissent quels seront les
conséquences et les avantages pour la compagnie Lantic et pour le
gouvernement concernant la transaction qui était demandée
l'été dernier et qui n'a pas eu lieu. On sait très
bien...
M. Houde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Charbonneau:... compte tenu des informations, que c'est le
même genre de protocole.
M. Houde: Question de règlement, M. le
Président.
M. Charbonneau: Là, M. le Président, on veut avoir
les détails, on veut connaître les détails du
protocole...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous
répétez la même question...
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... que tout
à l'heure. Maintenant, si M. le ministre n'a pas changé
d'idée, cela reste comme cela.
M. Fortier: J'aimerais quand même...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On ne peut pas
argumenter là-dessus.
M. Fortier:... que le député comprenne ceci. Vous
nous demandez les documents -là, je souligne ce que vous venez de dire
-qui énumèrent les bénéfices éventuels pour
la compagnie Lantic. Je dois vous dire que certaines personnes ont fait des
évaluations; vous avez fait état de certaines d'entre elles qui
avaient été faites l'an dernier, alors que nous n'étions
pas là. Lorsque nous avons négocié, nous-mêmes, nous
avons tenté de voir quels seraient nos bénéfices et ce
qu'il serait raisonnable de demander. Nous n'avons pas, en main, vous le
comprendrez, les études que Lantic a faites pour évaluer ses
bénéfices...
M. Charbonneau: Voyons donc!
M. Fortier:... car pour évaluer ses avantages fiscaux, en
particulier pour prendre l'exemple de ce que nous disait le
député de Verchères, il faudrait connaître
l'état des profits et pertes de Lantic. Personnellement, je dois vous
dire que je n'ai jamais vu les états financiers de Lantic, je ne connais
pas la position finale et réelle de la compagnie comme telle. J'essaie
de répandre à la question honnêtement.
Une voix: Oui, mais...
M. Fortier: Ce que j'essaie de vous dire, c'est que le protocole,
la documentation que vous avez demandée ne contient pas l'information.
Dans le fond, c'est celle que vous voulez avoir...
M. Charbonneau: Les documents préparatoires,
également, M. le Président.
M. Fortier:... vous voudriez avoir l'évaluation
financière qu'a faite Lantic pour elle-même et...
M. Charbonneau: Non, non.
M. Fortier:... je dois vous dire que cette évaluation, je
ne l'ai pas, parce que dans une transaction comme celle-là, le vendeur
et l'acheteur font leur propre évaluation. Le vendeur fait
l'évaluation selon les hypothèses qu'il peut faire, mais
l'acheteur fait les évaluations pour lui-même. Je dois vous dire
que le protocole d'entente ne fait aucunement allusion aux évaluations
qui ont pu être faites de part et d'autre.
Donc, le fait même de déposer le protocole ne vous
donnerait aucune information additionnelle sur les avantages qui,
éventuellement, pourraient être accordés à Lantic.
J'ai le regret de vous dire que le genre d'information que vous recherchez
n'est même pas dans le protocole.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon:... je vais être bien clair. Ce que le
gouvernement nous demande, c'est d'adopter une loi pour l'autoriser à
vendre la Raffinerie de sucre du Québec. Dans l'état
des connaissances qu'on a comme commission, on ne peut pas savoir si la
vente est plus intéressante que la non-vente. Actuellement, par la
récupération des pertes de la raffinerie, le genre de projet de
loi que vous faites actuellement, il est possible que ce soit plus payant pour
le gouvernement de ne pas vendre. Actuellement, nous sommes dans
l'incapacité d'évaluer si la vente est plus intéressante
que la non-vente ou que la non-exploitation de la raffinerie.
Le gouvernement peut décider de ne pas exploiter la raffinerie,
c'est une affaire. Mais, les avantages qui semblent être contenus dans
toute l'affaire peuvent faire en sorte que la non-vente serait plus
intéressante pour le gouvernement que la vente. Cela pourrait être
encore plus intéressant même de mettre le feu dedans, aux
conditions où vous la vendez.
M- Fortier: Bien, voyons donc!
M. Garon: Bien oui! Non, non, un instant. On vous dit
qu'actuellement... Vous n'avez même pas fait l'étude des
récupérations des pertes fiscales, nous dites-vous.
M. Fortier: Vous savez que les compagnies paient leurs
impôts à Ottawa bien plus qu'à Québec. (16 h 30)
M. Garon: Oui. Son rapport...
M. Fortier: Vous savez cela! M. Garon: Oui, ce sont...
M. Charbonneau: Cela n'a pas empêché le
ministère des Finances, avant, d'évaluer les pertes et les
possibilités.
M. Garon:... si vous n'avez pas honte de cela, déposez les
documents. On vous dit, par exemple, qu'est-ce que c'est en termes de
récupération de pertes fiscales? On sait que les 10 000 000 $
pour lesquels vous voulez vendre, c'est 10 000 000 $ d'actifs
récupérables à court terme. C'est de la vente
d'inventaire, au fond. Vous auriez pu faire cela vous autres mêmes. C'est
comme si vous ne vendiez pour rien.
Deuxièmement, vous parlez...
M. Fortier: Puisqu'on en débat, M. le
député, il n'est pas question de pertes fiscales...
M. Garon:... toute l'opération...
M. Fortier:... dans le protocole d'entente. Mettez-vous cela dans
la tête.
M. Garon: Non, je le sais, mais il va y en avoir. Je le sais
qu'il n'y a pas besoin d'en avoir dans l'entente. M. Fortier: Oui,
oui.
M. Garon: Oui, mais il y a toute une opération
actuellement...
M. Fortier: En fin de compte, si je vous donnais le texte de
l'entente, cela ne vous donnerait absolument rien.
M. Garon:... où vous nous demandez d'autoriser le
gouvernement a vendre la raffinerie. Nous voulons savoir si c'est plus
intéressant de vendre que de ne pas vendre même si le gouvernement
ne la fait pas fonctionner. Il est possible que ce soit mieux, que cela ait
été mieux de ne pas fonctionner actuellement au prix qui
était, il y a six mois. Mais que cela soit plus intéressant de
vendre, ce n'est pas certain. C'est loin d'être certain aux conditions
dont on entend parler dans les journaux. Ce qu'on veut évaluer - c'est
le normal des choses -c'est si comme parlementaires qui allons autoriser le
gouvernement à la vendre, c'est si cette vente est plus
intéressante que la non-vente ou si nous devrions démolir et
vendre pour les matériaux. Actuellement, on nous demande un
mandat...
Une voix: Oui, oui.
M. Garon: Je ne veux pas avoir de réponse comme cela, je
veux avoir les documents.
M. Charbonneau: M. le Président, il y avait des
évaluations qui existaient auparavant.
Une voix: On parle sur quoi là?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On parle toujours
sur l'article...
M. Charbonneau: On les a déposées. On a
demandé les études préparatoires...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On parle de
l'article 1.
M. Charbonneau:... pas juste l'entente elle-même, les
études préparatoires, les évaluations qui ont
été faites. Vous ne viendrez pas nous faire accroire que
même si dans l'entente il n'est pas question de pertes fiscales ou
d'avantages fiscaux, au ministère des Finances et au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, il n'a pas
été question de cela et qu'on n'a pas évalué. Si on
le faisait avant, j'imagine qu'on l'a fait après le 2
décembre.
M. Garon: Si on n'a pas fait l'évaluation, c'est
pitoyable.
M. Charbonneau: Franchement.
M. Garon: J'imagine qu'on l'a faite. Ce serait
incompréhensible qu'on ne l'ai pas fait...
M. Fortier: Si je peux me permettre de répondre, je vais
répondre à la question.
M. Garon:... parce que les pertes de la raffinerie dans les
années récentes sont connues.
M. Fortier: Je suis prêt à répondre à
toutes les questions, M. le Président.
M. Charbonneau: Bon, on veut les documents.
M. Fortier: M. le Président, est-ce que c'est moi qui ai
le droit de parole?
M. Garon: On ne peut avoir seulement une bride.
M. Fortier: C'est parce que, M. le Président... Question
de règlement, M. le Président.
M. Garon: Ce qu'il faut...
M. Fortier: Est-ce que vous pourriez statuer à savoir qui
a le droit de parole. Si on veut que je réponde aux questions, qu'on me
donne le droit de parole.
M. Garon: Allez-y. Non, c'est parfait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Où on en est
actuellement, cela ne donne rien de continuer un tel débat tout
l'après-midi. On en est à l'article 1. C'est en fonction de
l'article 1.
M. Garon: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez droit
à 20 minutes chacun et le ministre peut répondre à chaque
intervention.
M. Fortier: M. le Président, le sujet qui est sur la
table, c'est de savoir: Est-ce qu'il est dans le meilleur intérêt
des contribuables du Québec que cette transaction se fasse? Je crois que
c'est une question intelligente et je vais essayer d'y répondre.
On a établi dans les discussions que nous avons eues
préalablement que les conditions économiques étaient
telles que la raffinerie de sucre n'était pas rentable. Les preuves sont
là. Nous perdions 12 000 000 $ par année. Le programme d'aide aux
producteurs agricoles était également déficitaire. On a
établi je crois, et je disais au cours de la dernière heure avant
celle-ci, vers la période de 15 heures où nous avons eu un
débat un peu plus structuré et qui tournait autour... Le
député de Lévis n'était pas la, mais on a eu une
discussion un peu plus éclairée et structurée parce qu'on
a parlé justement de la politique sucrière canadienne et on a
parlé de la politique sucrière dans les autres pays. Je crois
que, de part et d'autre, on s'est rendu compte que le fait que le Canada n'ait
pas de politique sucrière était un élément
clé, un élément très important.
Donc, devant ces faits, le gouvernement du Québec a
décidé de vendre la raffinerie de sucre. Nous obtiendrons de
cette transaction les avantages suivants. Il me fait plaisir de donner certains
chiffres puisque vous posez la question à savoir: Est-ce que cela va
être bénéfique pour le gouvernement? Je crois que la
réponse à cela est oui. Vous n'apprendrez pas grand-chose de
nouveau dans ce que je vais vous dire. Mais quand même, je peux vous dire
quel serait... 5i je peux trouver mon document, ce n'est pas celui-là.
C'est le document qui donne le sommaire et quelques chiffres. Nous allons
obtenir quelque 50 000 000 $ qui vont nous permettre d'éteindre une
grande partie de la dette qui a été engendrée dans le
passé. Par la vente, c'est 50 000 000 $... qu'est-ce que c'est...
Un instant, s'il vous plaît, M. le Président.
M. Garon: Pendant que le ministre fouille...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le député de Lévis.
M. Garon: On est à l'article 1. Il doit avoir une
idée, le ministre délégué à la
Privatisation. On dit: "Le ministre des Finances est autorisé à
verser à la Raffinerie de sucre du Québec un montant que le
gouvernement détermine pour un nombre équivalent d'actions
entièrement acquittées de son capital social. Ce montant est
versé en un ou plusieurs versements et aux autres conditions
déterminées par le gouvernement. "Les sommes requises pour
l'application du présent article sont prises sur le fonds
consolidé du revenu. "
Par cette opération, qu'est-ce que le ministre des Finances vise?
Quel montant va-t-il verser pour des actions entièrement
acquittées?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, une
question précise vous est adressée par le député de
Lévis concernant le montant visé à l'article 1.
M. Fortier: Le montant qui est visé, M. le
Président - il me fait plaisir de le préciser - c'est 57 853 000
$, qui est soit
le capital-actions déjà versé, soit le
capital-actions qui sera versé...
Une voix: À être versé.
M. Fortier:... à être versé lors de la
transaction.
M. Garon: Combien allez-vous verser? On dit: Le ministre est
autorisé à verser un montant. Ce ne sont pas des montants
déjà versés. Ce sont des montants à verser.
M. Fortier: Le capital-actions qui sera versé, on me
précise que ce sera 57 853 000 $.
M. Garon: Vous allez verser 57 000 000 $ pour recevoir en retour
10 000 000 $...
M. Fortier: Nous allons recevoir, d'une part, une
débenture de 40 000 000 $ qui est payable sur un certain nombre
d'années, comme vous le savez, et les actifs à court terme seront
remboursés pour une valeur de 8 000 000 $. C'est donc dire que la
différence en est une d'environ 10 000 000 $, entre le capital è
être versé et ce que le gouvernement reçoit.
M. Garon: Ce que vous avez annoncé publiquement, c'est 10
000 000 $. Ce n'est pas 10 000 000 $ comptant. C'est 10 000 000 $ pour des
actifs réalisables à court terme.
M. Fortier: C'est cela. Alors, c'était sujet... Je vais
vous donner l'explication.
M. Garon: Quels sont les actifs réalisables à court
terme?
M. Fortier: Je ne sais pas si on peut me donner les actifs
à court terme. Vous les connaissez. Dans le protocole, on disait que les
actifs à court terme devaient être vérifiés par les
comptables agréés et on avait mentionné un chiffre...
Une voix: Le compte de Revere, 3 000 000 $.
M. Fortier: C'est cela. Il y avait le compte de Revere en
particulier, mais les autres actifs è court terme...
M. Garon: Combien vous doit-il? Une voix: II ne vaut pas
cher.
M. Fortier: Ce que je veux dire, c'est que, dans le protocole
d'entente, il était défini que les comptables
agréés devaient faire cette évaluation et le chiffre qui a
été finalement retenu est le chiffre de 8 000 000 $ en actifs
à court terme.
M. Garon: Ce n'est plus 10 000 000 $. M. Fortier: II ne semble
pas. M, Garon: Ce serait 8 000 000 $. M. Fortier: Tel qu'entendu par...
M. Garon: Cela veut dire que vous avez 8 000 000 $ pour des
réalisations que la raffinerie va faire, des ventes qu'elle va faire,
d'actifs, de comptes à recevoir, des choses comme celles-là. Cela
veut dire qu'au fond, vous vendez la raffinerie uniquement pour 40 000 000 $
payables plus tard.
M. Fortier: Non. 48 000 000 $.
M. Garon: Mais, en attendant, vous enlevez toutes les dettes de
la raffinerie en payant 57 000 000 $.
M. Fortier: II faut savoir aussi, M. le Président, que
nous avons dans le protocole une possibilité de ravoir tous les actifs
de la raffinerie pour 1 $ dans quelques mois d'ici. C'est pour cela que la
vente de la raffinerie de sucre sera faite pour un montant d'environ 50 000 000
$ qui est maintenant, me dit-on, de 48 000 000 $, soit une débenture
plus les actifs à court terme tels que définis par les comptables
agréés.
M. Garon: J'essaie de comprendre l'intérêt de ia
transaction.
M. Fortier: L'intérêt de la transaction...
M. Garon: Attendez un peu! Je n'ai pas fini. Je vais vous poser
ma question. Ce que vous nous demandez de voter au fond, c'est que le ministre
des Finances dépense 57 000 000 $ pour acheter les actions de la
raffinerie pour qu'elle libère ses dettes. En contrepartie, vous allez
vendre, pas 8 000 000 $... Oublions-le; 8 000 000 $, vous réalisez des
comptes avec cela; donc, vous n'avez pas un cent pour cela; vous auriez pu
faire cela vous autres mêmes. Mais vous vendez pour 40 000 000 $ que vous
lui prêtez je ne sais pas pendant combien d'années: payables, je
pense, dans une dizaine d'années. Je ne suis pas capable de comprendre
l'intérêt de la transaction. C'est la première chose qu'on
voit. Cela veut dire, au fond, que vous payez plus cher que Lantic ne paie.
Alors, ce serait aussi bien de mettre le feu dedans, quasiment. Qu'est-ce que
cela va donner au juste? Vous payez 57 000 000 $. Vous seriez aussi bien - je
dis "mettre le feu dedans"; c'est une façon de parler - de la vendre par
morceau, de vendre des morceaux. Qu'est-ce que cela va vous donner de payer 57
000 000 $ pour la
raffinerie et, après, la revendre 40 000 000 $ payables plus
tard? On ne sait pas à quelles conditions.
M. Fortier: M. le Président.
M. Garon: On ne sait pas à quel taux
d'intérêt.
M. Fortier: Ce que le député ne comprend pas, c'est
qu'il y a des dettes. Au cas où vous ne le sauriez pas, il y a des
dettes à la raffinerie de sucre. Quel montant doit-on à la banque
présentement? Le versement de capital permet de rembourser les dettes
que nous devons è la banque. C'est compris? Le but de la transaction, M.
le Président, c'est bien simple. Il s'agit d'arrêter
l'hémorragie, d'arrêter les opérations et de tenter de
remettre le plus d'argent possible aux banques, et le plus tôt possible.
Je suis d'accord avec le député de Lévis qu'une partie du
montant qui va nous être payé le sera sur une période
d'années, quoique, dans le moment, au ministère des Finances,
nous cherchons à escompter cette débenture que nous recevrons de
Lantic. C'est donc dire que nous pourrons peut-être obtenir au comptant
les 40 000 000 $ escomptés maintenant; il y a des négociations
qui se font de ce côté-là. Le but de la transaction est
bien simple, c'est d'arrêter l'hémorragie de la raffinerie de
sucre et d'obtenir le maximum d'argent en liquidant les actifs à court
terme et en obtenant une débenture de 40 000 000 $ qui va nous permettre
de payer à nouveau la plus grande partie des dettes que la raffinerie de
sucre a encourues dans le passé.
M. Garon: Vous constatez que si vous mettiez les 57 000 000 $
dans la raffinerie, cela voudrait dire qu'elle serait entièrement
payée, qu'elle fonctionnerait à profit immédiatement.
M. Fortier: Bien voyons! Vous savez bien, M. le Président,
que...
M. Garon: Vous êtes prêts à mettre 57 000 000
$ pour la donner à Lantic qui va la fermer, alors que si vous mettez les
57 000 000 $ pour la libérer de ses dettes entièrement, elle va
pouvoir opérer è profit immédiatement.
M. Fortier: M. le Président, je pense que ce qu'il faut
expliquer au député de Lévis, c'est que de la façon
que nous faisons les choses, financièrement pariant, ceci est
relié à la façon dont les comptes publics sont tenus. Nous
avons cherché, au ministère des Finances...
M. Garon: Comment?
M. Fortier: On parle des procédés comptables qui
sont utilisés au gouvernement du Québec en ce qui concerne les
comptes des sociétés d'État en particulier. Vous savez
que, dernièrement, le gouvernement a adopté de nouvelles
procédures comptables. Nous avons cherché à
procéder de telle façon que cela ait un impact positif maximum
pour le gouvernement, lors d'une transaction comme celle-là. Si vous
voulez que je vous donne les détails, je les ai ici. La vente des actifs
et autres, à court terme, pourrait nous rapporter... C'était de
l'ordre de 8 500 000 $; on parle maintenant de 8 000 000 $. Il y avait la vente
des actions proprement dites qui donne 40 000 000 $. Il y a la valeur de
récupération des actifs, à long terme. J'ai dit, tout
à l'heure, que, non seulement ce sera peut-être possible, mais
que, éventuellement, nous pourrons obtenir à nouveau les actifs
pour 1 $. Donc, éventuellement, on pourra disposer de ces actifs qui,
selon l'évaluation municipale, je crois, sont de l'ordre de 15 000 000
$, mais, très probablement, nous pourrons aller chercher beaucoup plus
que l'évaluation municipale. Il y a le compte de Revere qui est de 3 000
000 $, mais on espère aller chercher au moins 800 000 $ pour cela. C'est
donc dire que l'on espère, en tout et partout, aller chercher un montant
d'environ 64 300 000 $. Avec cela, il nous faut rembourser des dettes. Les
dettes étaient à peu près de 61 900 000 $. Il y a des
comptes à payer, des frais de vente, des compensations aux producteurs
et aux employés, comme vous le savez. En définitive, les recettes
éventuelles sont de l'ordre de 64 300 000 $ et les
déboursés éventuels, après le remboursement des
dettes que nous avons et des autres paiements que nous ferons aux
employés 'et aux producteurs agricoles, seront de l'ordre de 78 600 000
$. C'est donc dire que, une fois que l'opération sera terminée,
le coût net pour le gouvernement du Québec sera de l'ordre de 15
000 000 $ et l'hémorragie sera arrêtée.
M. Garon: Mais il n'y a pas d'hémorragie, justement!
M. Fortier: Non? Il n'y a pas d'hémorragie? Bien...
M. Garon: Bien non! De 1943 à 1982, elle a fait 1 000 000
$ de profits de plus que de pertes, mais sauf qu'elle n'a pas été
capitalisée. Si elle est capitalisée, comme vous dites, avec les
57 000 000 $, quant à les mettre dedans... Si vous les mettez dedans,
c'est fini; la raffinerie de sucre va opérer à profit, sans
problème, même dans les pires années du prix.
M. Fortier: M. le Président, j'ai expliqué que les
technicités que nous
pourrons utiliser pour tenir compte des comptes publics n'ont rien
à voir avec la rentabilité, telle qu'elle existe maintenant. Ce
que je lui ai dit, c'est que la totalité des recettes ne parviendront
pas à payer la totalité des dépenses et du remboursement
des dettes que nous avons et que le déficit, en définitive, une
fois que l'opération sera terminée, sera de l'ordre de 15 000 000
$. Est-ce que c'est clair?
M. Garon: Oui, mais c'est une transaction qui n'a pas de bon
sens. Vous dites...
M. Fortier: C'est une transaction qui est faite, justement, pour
arrêter les hémorragies puisqu'on a évoqué tout
à l'heure - et mes collègues étaient d'accord avec moi -
que, à moins qu'il n'y ait une politique sucrière canadienne, on
ne va nulle part. Comme il n'y a pas de politique sucrière
canadienne...
M. Garon: Ce n'est pas cela qu'on a dit, pas du tout.
M. Fortier:... nous avons pris la décision d'arrêter
les opérations.
M. Houde: Vous avez raison, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Garon; Prenons les chiffres; 8 000 000 $, c'est pour vendre
quoi? Pour les 8 000 000 $ réalisables à court terme, qu'est-ce
qu'on va vendre?
M. Fortier: C'est le stock qui est à l'intérieur de
l'usine, à ce moment-ci.
M. Garon: Le sucre entreposé? (16 h 45)
M. Fortier: C'est cela. Le sucre entreposé et tout cela.
Alors, ce sont des actifs monnayables à court terme, M. le
Président.
M. Garon: Au fond, la raffinerie aurait pu le faire. Les
employés qui étaient là à ne rien faire auraient pu
le faire depuis le mois de mars.
M. Fortie: M. le Président, il n'y a rien de
différent ici que ce qu'on aurait fait dans l'entreprise privée.
Il y a des actifs à court terme, et les actifs à court terme vont
rapporter 8 000 000 $.
M. Garon: Revoyons la transaction comme il faut. Les
employés sont là depuis le mois de décembre. Il y a encore
une trentaine d'employés qui auraient pu facile- ment vendre ce
sucre-là. Cela n'avait pas besoin d'entrer dans la transaction avec
Lantic. Cela apparaît comme un montant comptant, parce qu'on s'est dit
que le public ne comprend pas grand-chose là-dedans. Au fond, tout ce
que vous vendiez, c'était du sucre entreposé, alors que vous
êtes encore propriétaire de la raffinerie. Est-ce qu'il est vendu
le sucre actuellement?
M. Fortier: M. le député de Lévis...
M. Garon: Est-ce qu'il est vendu le sucre actuellement?
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
n'êtes pas raisonnable. Vous savez fort bien qu'un commerce qui est
vivant doit avoir des inventaires. Vous avez raison de dire qu'il s'agit de 8
000 000 $ d'inventaire, mais il est vrai que lorsqu'on arrête
l'exploitation d'une compagnie, on n'a plus besoin d'inventaire. Donc, il y a
une valeur de 8 000 000 $ qu'on peut vendre.
M. Garon: Vous vendez à partir de quelle date?
M. Fortier: Au moment de la transaction. La transaction...
M. Garon: Comme ça, vous gardez le sucre comme boule de
Noël.
M. Fortier: Non, mais vous devez savoir que le moment de la
transaction... je peux vous donner la date.
M. Garon: D'accord, mais est-ce que le sucre est vendu
actuellement ou s'il n'est pas vendu?
M. Fortier: Mon recherchiste va me donner la date de
référence. La date de référence du protocole est la
date où le protocole a été signé, mais la date
effective de réalisation sera celle de la transaction, et ce sera au
cours du mois de juillet.
M. Garon: Oui, mais le sucre qui est à l'entrepôt,
le gardez-vous dans l'entrepôt depuis tout ce temps ou s'il n'y en a plus
de sucre?
M. Fortier: M. le député de Lévis me pose
des questions très spécifiques. Est-ce qu'il reste encore du
sucre dans l'entrepôt? Vous me permettrez de ne pas savoir s'il y aencore du sucre dans l'entrepôt. On m'indique que non. Il semblerait
que maintenant, depuis que la transaction a été passée, la
Raffinerie de sucre et Lantic se sont mis d'accord pour continuer les
opérations commerciales de Lantic; mais comme le sucre venait de Lantic
de toute façon, ils ont dû faire une entente à l'effet
de minimiser les inventaires.
M. Garon: Non, mais, ce que vous nous avez bien dit - et le
ministre de la Justice nous l'a dit en Chambre - c'est que la transaction ne
sera pas opérationnelle et finale tant que le projet de loi ne sera pas
adopté.
M. Fortier: C'est vrai.
M. Garon: Vous me dites actuellement que le sucre est vendu et
que c'est Lantic qui l'a vendu, alors que c'est le sucre de la Raffinerie de
sucre.
M. Fortier: La compagnie est opérationnelle jusqu'au
moment de la signature finale du contrat.
M. Garon: Le sucre est...
M. Fortier: Tout ce qui peut être fait entretemps n'est pas
final.
M. Garon: Qui a vendu le sucre?
M. Fortier: Ne me demandez pas cela. Le sucre Marie perle est
vendu par la raffinerie de sucre, bien sûr, parce que la transaction
n'est pas finale. Donc, quels que soient les bénéfices, j'imagine
qu'ils doivent aller à la raffinerie de sucre, à ce
moment-ci.
M. Garon: Dans votre protocole d'entente, vous n'avez pas besoin
de vendre du sucre qui est déjà vendu par la raffinerie, dont le
gouvernement est actionnaire à cent pour cent. Je ne vois pas pourquoi
cette transaction comprend du sucre déjà vendu. Je ne suis pas
capable de comprendre.
M. Fortier: II faut comprendre qu'il y a un roulement et on a
établi les inventaires à un moment donné pour avoir un
point de référence. Il me semble que c'est clair. Toute compagnie
qui vend sa compagnie dit: Voici mes inventaires, et à partir de
maintenant on va tenir compte des achats et des ventes. C'est un point de
référence, tout simplement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Plus le ministre parle, plus c'est clair qu'on
avait besoin des documents. Je rappellerai au ministre que les documents qu'on
a demandés, c'est non seulement l'entente, mais ce sont les
études préparatoires. On a un document devant nous, qui a
été déposé et qui dit très clairement: "Or,
pour ce flux de bénéfices additionnels - dont je parlais
tantôt 19 400 000 $, Lantic va payer 52 000 000 $ - c'était dans
sa première offre - mais seulement 40 000 000 $ si on exclut de cette
somme la valeur des inventaires et des recevables sur lesquels elle met la
main. Or, de ces 40 000 000 $ que le gouvernement lui prête pour douze
ans, elle va récupérer 32 000 000 $ en crédit
d'impôt. " Que le ministre ne vienne pas nous dire qu'il n'a pas
analysé les avantages que Lantic va retirer en terme fiscal. Cela
équivaut à 20 000 000 $ en valeur actualisée. Autrement
dit, Lantic, pour 20 000 000 $, mais sans débourser un cent,
réalise des bénéfices supplémentaires de 20 000 000
$ annuellement. Le ministre vient nous dire qu'il n'a pas besoin de
déposer les documents, pas besoin de déposer l'entente, pas
besoin de déposer les études préparatoires.
On a un document ici, des analyses qui ont été faites par
des gens à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. Ce qu'on
vous dit: C'est bien de valeur, vous ne viendrez pas nous faire croire que vous
avez conclu une entente avec Lantic sans avoir fait des évaluations,
sans avoir fait des études, sans avoir fait des estimations, è la
fois des avantages que Lantic aurait et des avantages que le gouvernement
pourrait avoir, les avantages et les inconvénients. Dans le même
document, on dit clairement: les Finances et le ministère de
l'Agriculture... si on s'en tient à la proposition du ministère
des Finances, entre les années financières -parce que cela devait
être fait initialement selon la volonté de Lantic, et cela ne
s'est pas fait comme ça - 1985-1986 a 1988-1989, cela coûterait au
gouvernement 78 300 000 $; dans l'autre hypothèse, c'est-à-dire,
celle où on donne le feu vert au projet de moderniser la raffinerie pour
lui donner les moyens de concurrencer à armes égaies, cela nous
aurait coûté, pour la même période, 18 300 000 $. Le
gouvernement vient nous dire: Écoutez, nos documents, les études
préparatoires, on les garde pour nous.
M. Fortier: Le député de Verchères fait
allusion à des commentaires qui ont été faits par des gens
qui ne voulaient pas que la raffinerie soit vendue. Il est bien évident
que ces gens ont maximisé les retombées économiques qu'ils
croyaient favorables è la raffinerie. On ne peut pas leur en vouloir,
ils cherchaient des moyens de défendre la raffinerie. Je crois que
d'autres personnes, dans les mêmes circonstances, auraient agi de la
même façon, mais il est bien évident que nous ne sommes pas
d'accord avec les évaluations qui ont été faites par les
dirigeants de la raffinerie à ce moment-là...
M. Charbonneau: Alors, déposez vos
contre-évaluations.
M. Fortier:... on n'est pas d'accord
avec cela. Le montant que nous avons obtenu, qui est d'environ 40 000
000 $, plus la valeur de récupération, plus la valeur des actifs
à court terme, représente... C'est pour cela que je vous dis que
ce que nous avons dit en conférence de presse au mois de mars, c'est
exactement ce qui va se faire. Il n'y aura pas de surprise. On n'ira pas
chercher des millions et des millions de dollars de plus. Nous savons
exactement ce que nous devons à la banque. Nous savons exactement
quelles sont les dettes de la raffinerie, et les montants d'argent que nous
irons chercher sont d'environ 50 000 000 $, plus la valeur de
récupération à court terme, plus peut-être le compte
de Revere qui est en suspens. Sans parler de la valeur de
récupération des actifs a court terme, on parle d'environ 50 000
000 $, mais on sait qu'on a des dettes et d'autres dépenses à
encourir pour un montant d'environ 78 600 000 $. Ce sont toujours les
mêmes chiffres. On mentionne les mêmes chiffres depuis trois ou
quatre mois. C'est pour cela que je vous dis: Arrêtez de chercher des
poux. Dans les revenus, vous ne trouverez rien de plus que ce qui a
été négocié et dans les déboursés non
plus. En définitive, c'est bien clair, et je l'ai dit, il s'agit d'une
opération qui vise à faire cesser les activités de la
raffinerie qui était déficitaire pour aller chercher le maximum
d'argent que nous croyions qui était le maximum et que M. Duhaime,
d'ailleurs... L'entente que nous avons signée s'apparente de beaucoup,
est très près de celle que M. Duhaime avait
négociée...
M. Charbonneau: Un instant! Un instant!
M. Fortier: Nous avons revu les négociations qui ont
été faites par M. Duhaime et nous pouvons vous dire que, quelle
que soit la formation politique qui a présidé à cette
évaluation, nous arrivons aux mêmes négociations et nous
sommes satisfaits des revenus que nous obtiendrons lors de la vente des actifs
et des actions de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire.
M. Garon: Tout d'abord, il n'y a jamais eu de décision par
qui que ce soit. Ce que les fonctionnaires ont fait, c'est tout simplement de
voir s'ils étaient capables de négocier une vente au secteur
privé en maintenant la raffinerie ouverte, point. Il n'y a jamais eu
autre chose que cela dans toutes les discussions auxquelles j'ai pris part et
il n'a jamais été question de mandat de qui que ce soit pour une
raffinerie fermée.
Vous vous demandez pourquoi le député de Verchères
est au courant? Parce qu'il a assisté è ces réunions. Il
n'a jamais été question d'une raffinerie fermée, d'aucune
façon. Ce que vous venez de nous dire, vous semblez dire que c'est la
même chose, c'est faux. Il n'y a jamais eu quoi que ce soit. Les
fonctionnaires ont été autorisés à voir s'ils
pouvaient vendre à l'entreprise privée, trouver quelqu'un qui
serait intéressé dans le secteur privé, mais ils n'ont
jamais été autorisés è vendre une entreprise qui
fermerait. C'était très clair qu'elle devait être
ouverte.
M. Fortier: Je n'étais pas au gouvernement à ce
moment-là.
M. Garon: Deuxièmement, il n'y a jamais eu autre chose, la
liquidation d'une entreprise, point. On a dit: S'il peut y avoir une
participation au privé... C'est tout ce qui a été
mentionné et les fonctionnaires du ministère des Finances ont
été autorisés à fouiller et à gratter
cela.
Maintenant, j'aimerais vous poser une question. Le contrat avec Provigo
et Métro, à combien l'avez-vous évalué? II
était fait pour plusieurs années. Il représente des
fournitures de dizaines et de dizaines de millions de dollars de sucre a
Métro et à Provigo et, en achetant la raffinerie, Lantic met la
main sur ce contrat. À combien évaluez-vous ce contrat? Je sais
à combien on l'évaluait dans le temps. À combien a
été évalué ce contrat dans la transaction? En
devenant propriétaire, en succédant aux droits de la raffinerie,
on succède aux droits du contrat... Il y a un contrat de fourniture
à Métro et è Provigo dans cette transaction et qui vaut
plusieurs millions de dollars. À combien l'avez-vous
évalué aux fins de la transaction?
M. Fortier: M. le Président, la transaction ne fait pas de
distinction entre les différents bénéfices que nous
retirerons de cette vente. Nous avons évalué l'ensemble des
bénéfices que nous croyions pouvoir obtenir è 40 000 000
$, sans parler des autres ventes d'actifs à court terme. Je serais bien
embêté de donner au député la ventilation de ces 40
000 000 $. L'ensemble des bénéfices que nous retirons de la vente
s'élève a 40 000 000 $ et je dois vous dire que nous sommes
très satisfaits d'obtenir ce montant.
M. Garon: Sauf que si on regarde l'opération, on vend pour
8 000 000 $ ce qui vaut 8 000 000 $: les actifs réalisables du sucre
è l'entrepôt. Vous dites qu'il n'y a pas de prix
d'évalué pour un contrat de fourniture; ce qui comporte des
dizaines de millions de dollars par année à Métro et
à Provigo. Vous n'avez aucune évaluation de la raffinerie,
pourtant il y a deux ans une évaluation a été faite, on a
évalué la valeur aux livres, la valeur de remplacement à
135 000 000 $, en termes de terrains, de bâtisses, de
l'équipement...
M. Fortier: On va tout récupérer pour 1 $?
M. Garon: Non, non. M. Fortier: Mais oui.
M. Garon: Seulement ce qui était acheté, le
Triple-A en 1977 ou 1978, valait à ce moment-là 12 000 000 $. Il
y a des valeurs dans la raffinerie, il y a des équipements, il y a
toutes sortes de choses, et il n'y a aucune évaluation de ce que vaut
cette entreprise. C'est ce que je ne comprends pas.
M. Fortier: M. le Président, c'est clair à
comprendre. Il s'agit d'une société qui était
déficitaire depuis deux ans et même si on me disait qu'on aurait
investi environ 130 000 000 $, il est bien certain que l'on ne peut pas vendre
une compagnie qui est en faillite technique depuis deux ans pour le même
montant que ce qui a été investi dedans. À ma
connaissance, M. le Président, d'autant plus qu'on a... Je le dis au
député, dans le protocole d'entente on a une option qui fait
qu'éventuellement le gouvernement va redevenir propriétaire des
terrains, des bâtiments et tout cela, donc nous redeviendrons
propriétaire de ces actifs qui sont des actifs immuables et nous sommes
très satisfaits d'avoir obtenu 40 000 000 $ pour les autres
bénéfices. Mais vous conviendrez avec moi, M. le
député de Lévis, qu'il s'agit d'une compagnie qui
était en faillite technique et n'eût été...
M. Garon: Cela ne veut rien dire ce que vous me dites
là.
M. Fortier: Pour vous cela ne veut rien dire, mais pour nous cela
veut dire quelque chose.
M. Garon: J'ai vu à Lévis combien de garages qui
étaient en faillite technique, qui ne faisaient pas d'argent dans les
dernières années quand l'automobile ne se vendait pas.
Aujourd'hui, ils sont florissants et cela fonctionne. Cela veut dire quoi? Il
peut arriver dans n'importe quelle entreprise que pendant un an ou deux cela
aille mal pour les raisons du marché, mais est-ce que cela veut dire
d'un coup sec? C'est évident qu'on l'évalue cette
journée-là, non pas "as a growing concern" mais on l'arrête
dans le temps, on prend une photo et on dit: À ce moment-ci. Alors que
cela ne paie pas à ce moment-ci, cela ne vaut rien. Voyons donc!
À ce moment-là, Ford et Chrysler auraient dû être en
faillite technique. Combien de grandes entreprises ont été en
faillite technique? Hydro-Québec, sans l'augmentation de 5, 4 % cette
année était en faillite technique. Elle ne faisait pas de profit
cette année par rapport à ses ventes aux États-Unis.
M. Fortier: Hydro-Québec en faillite technique...
M. Garon: Par rapport à ses ventes aux
États-Unis.
M. Fortier: Cela ne se peut pas.
M. Garon: Elle ne faisait pas d'argent. Mais est-ce que cela veut
dire qu'une entreprise qui ne fait pas d'argent temporairement - pour
Hydro-Québec, je voulais dire par rapport à ses ventes aux
États-Unis - est une compagnie en faillite technique?
M. Fortier: M. le Président, la réponse à la
question est bien simple. Il est bien évident quand on fait
l'évaluation d'une compagnie - vous et moi avons été dans
le secteur privé, on sait pertinemment que ce que le
député de Lévis dit n'a pas de bon sens - il n'est pas
question à un moment donné de dire: La société est
en difficulté financière pour un mois, à ce
moment-là on décide de tout fermer. La compagnie est en faillite
technique depuis deux ans; elle était tenue par des lettres du
sous-ministre des Finances depuis cette période. Depuis ce
temps-là, j'ai su qu'au gouvernement tout le monde cherchait des
solutions et quand nous sommes arrivés, on a regardé
également et on a évalué la situation. Nous avons
constaté qu'il s'agissait d'un problème structurel et que sans
l'appui d'une politique sucrière canadienne, qui que ce soit qui aurait
pu espérer diriger ces opérations n'aurait pas mieux
réussi que la raffinerie de sucre. La-dessus je ne jette pas de
blâme nécessairement sur le plan opérationnel aux gens de
la raffinerie. Même les producteurs agricoles qui ont fait une offre
arrivaient dans leur offre avec un déficit d'opération de 15 000
000 $ par année. C'est donc dire que même les producteurs
agricoles qui ont fait le bilan et qui ont engagé un bureau de
comptables agréés pour faire l'évaluation eux-mêmes
arrivaient avec un déficit de 15 000 000 $ par année, et,
disaient-ils, espéraient le combler en négociant avec les
commerçants de sucre comme Lantic et autres.
M. le Président, les études ont été faites.
Les gens qui ont soumissionné, dont les producteurs agricoles, sont
arrivés aux mêmes conclusions que nous. Il s'agissait d'un
problème structurel, puisque les producteurs agricoles nous ont fait une
offre avec 15 000 000 $. Ils évaluaient que le déficit serait
structurel pendant au moins sept ans puisqu'ils multipliaient 15 000 000 $ par
sept. (17 heures)
M. Garon: Pourquoi?
M. Fortier: Mais pourquoi? C'est cela.
M. Garon: Parce qu'il n'y a pas eu de capitalisation?
M. Fortier: Cela n'est pas la capitalisation, c'est le fait qu'il
n'y a pas de politique sucrière au Canada.
M. Garon: Bien non.
M. Fortier: Bien voyons donc! On est en train de reprendre le
débat qu'on a fait avant, M. le Président. J'étais en
train d'expliquer que, pour nous, cela n'a pas été le jugement en
fonction d'une mauvaise performance pendant un mois, pendant deux mois ou
pendant trois mois. Il y a, depuis trois années, vous le savez, une
mauvaise performance financière, et le jugement que nous avons
passé, c'est que, sans politique sucrière canadienne, il
était impossible de rétablir la rentabilité de la
Raffinerie de sucre du Québec parce qu'elle était dans une
situation de déficit depuis deux ans.
M. Garon: Oui, depuis deux ans...
M. Fortier: Il n'y avait aucun espoir de rentabiliser ses
activités à court terme ni à moyen terme.
M. Garon: Voyons donc! Elle a fait, de 1943 à 1982, 1 000
000 $ de profits de plus que de pertes. Trouvez-vous normal que vous rendiez
publics seulement les bouts du protocole qui font votre affaire, plutôt
que de le rendre public au complet? Là, on est obligé de vous
tirer les vers du nez, morceau par morceau. Vous avez fait cela de telle ou
telle façon. On n'a aucun document sur lequel se fier. On est
obligé de prendre votre parole. On n'a aucun document actuellement
et...
M. Fortier: M. le Président, question de
règlement.
M. Garon: Non. Attendez un peu. M. Fortier: Question de
règlement. M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Garon: Dans un protocole d'entente, il y a un ensemble de
choses. Pourquoi ne pas rendre public le protocole au complet plutôt que
d'en prendre des bribes? C'est ce que vous faites actuellement et depuis
tantôt. Vous en prenez des bribes que vous sortez comme cela. On aimerait
cela voir les obligations telles quelles, comment elles sont
rédigées. Quelles sont les obligations exactes que vous avez
contractées tant au point de vue des paiements que vous allez faire?
Là, on apprend que vous allez payer 57 000 000 $ pour acquitter le
capital-actions et que vous allez avoir 40 000 000 $ que vous allez recevoir.
Dans quelles conditions? À quel moment allez-vous le payer?
M. Fortier: M. le Président...
M. Garon: Quand va-t-il vous être payé? Pendant
combien de temps allez-vous prêter l'argent?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Fortier: Cela me fait plaisir de réitérer les
explications que j'ai données au député. Les montants que
nous allons obtenir, je l'ai dit, sont du même ordre de grandeur, toutes
choses étant égales, compte tenu de la vérification par
les vérificateurs agréés des montants que nous avons
mentionnés en conférence de presse au mois de mars. Il n'y a
aucun changement là-dessus. Je peux vous assurer que les dettes sont
aussi importantes qu'elles étaient. Elles sont un peu plus importantes
parce que les intérêts continuent à courir sur les montants
que nous devons à la banque. Les revenus sont exactement du même
ordre de grandeur, et, là-dessus, je vous ai donné toute
l'information que nous avions. Je vous ai dit que le montant de 40 000 000 $ en
particulier que nous recevrons éventuellement sur une période
d'années - j'en conviens encore, cela a été rendu public -
compense pour ce que nous croyons être les avantages que nous vendons. Il
n'y a pas de différence là-dessus. Si vous lisez le protocole
d'entente, vous n'en saurez pas plus que cela, parce que le protocole d'entente
ne fait pas l'évaluation que vous voudriez que nous fassions, que vous
nous conviez à faire. Ces renseignements, cela a été fait
pour nous, cela fait partie de la négociation que nous avons eue avec
Lantic. La transaction n'est pas terminée. Vous disiez: On doit prendre
votre parole. C'est bien sûr qu'on doit prendre ma parole, M. le
Président. Je peux assurer l'ex-ministre et député de
Lévis que les renseignements que nous avons donnés en commission
parlementaire et ceux que nous donnons maintenant représentent
l'essentiel de la transaction et qu'il n'y a absolument aucune cachette qui
pourrait modifier, de façon substantielle, l'information qu'on vous a
donnée publiquement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur ce sujet?
M. Garon: J'ai une dernière intervention.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: Quand on a rédigé le projet de loi sur la
raffinerie de sucre, qui est une société d'État, qui
appartient au public, on a prévu que les biens de la
société font partie du domaine public, mais que
l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ces biens.
Également, le financement prévoit des chiffres précis, des
montants précis aux articles 16, 17 et 18. Tout cela a été
fait ouvertement sur la table. Les comptes rendus annuels ont été
rendus publics. Pendant toutes ces années, la raffinerie a
fonctionné dans un climat public avec des documents qui ont
été rendus publics. Je ne vois pas comment on peut poursuivre
l'étude d'un projet de loi sur l'opportunité de la vente de la
raffinerie - c'est cela qu'on nous demande de faire - laissant carte blanche,
un chèque en blanc total au gouvernement, sans avoir comme document de
référence, pour l'étude de ce projet de loi, le protocole
d'entente qui a été signé entre le ministre de
l'Agriculture, le gouvernement... On ne sait même pas entre qui, en plus;
peut-être le ministre, peut-être que vous aussi, vous avez
été partie au protocole, peut-être que le gouvernement l'a
été. À ce moment-là, on ne peut pas faire
l'étude d'un projet de loi sur la vente, parce qu'on parle bien de
vente. Normalement, il y a un prix pour une vente. La première chose
qu'on fait, quand on vend un produit, il y a un prix. On ne peut pas savoir le
prix de la transaction. On ne peut pas savoir les conditions de la transaction.
On nous demande de vendre...
M. Fortier: J'ai donné les chiffres.
M. Garon; Un instant. Vous rappelez-vous vos notions de droit? Je ne
sais pas s'il y en a qui ont fait un cours de droit. Peut-être que le
député de Saint-Hyacinthe se rappelle que, dans un contrat
synallagmatique, il y a des obligations de part et d'autre. Dans ce contrat, ce
qu'on nous demande, c'est de vendre sans savoir ce qu'il y aura de l'autre
côté. On regarde tout cela. On dit que tout cela est en blanc. Je
ne vois pas l'opportunité et je vais faire rapport personnellement de
notre côté que, dans des conditions semblables, on ne peut pas
étudier un projet de loi de façon sérieuse, en
défendant les intérêts du public, dans des conditions
semblables.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Oui, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, j'ajouterais un mot.
Depuis le début de la commission, tous les documents qui auraient pu
permettre un éclairage ont été déposés par
l'Opposition qui n'avait rien à cacher dans ce dossier, à
l'exception d'un petit document d'une page et demie d'un attaché
politique. Lorsqu'on l'a demandé dans la motion qui ne pouvait pas
être présentée selon la forme sous laquelle elle l'avait
été au départ, c'était non seulement le protocole
d'entente, mais c'était aussi les études préparatoires.
Quand le ministre, tantôt, disait: oui, il y a eu des évaluations,
mais nous, nous en avons fait des comptes, c'était cela. C'est que les
évaluations que le nouveau gouvernement a faites à l'encontre de
sa parole politique pendant la campagne électorale, qu'il les
dépose. Autrement, on n'est pas en mesure d'évaluer la
signification et la portée de ces articles. En plus de cela, M. le
Président, on a un projet de loi qui, dans le fond, est un projet
tronqué. Ils appellent cela: vente de la raffinerie de sucre. On ne vend
pas, on liquide. On vend pour consolider à une entreprise qui, elle, va
fermer. C'est l'entreprise en question qui va fermer et qui va faire en sorte
qu'on va créer, dans les faits, un monopole. Avec les conditions qu'on a
expliquées au ministre et aux membres de la commission pendant trois
jours, et c'est nous qui avons déposé les briques de documents.
Imaginez-vous! Là, on voudrait qu'on continue sur l'étude
détaillée du projet de loi sans qu'aucun texte, aucune
évaluation, aucune étude ne soit déposée. Voyons
donc! Ce n'est pas sérieux.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Fortier: M. le Président, les députés de
l'Opposition ont toujours été contre la vente de la raffinerie.
Ils essaient de faire un "show" pour tenter de démontrer qu'ils ont
lutté jusqu'à la fin et, dans le fond, les raisons pour
lesquelles nous avons décidé de vendre la raffinerie sont
très claires. Nous l'avons dit en conférence de presse au mois de
mars dernier. Les chiffres sont là. Il est bien clair que nous
arrêtons les activités. Nous n'avons pas caché nos
intentions. Nous avons dit à qui nous vendrions. Nous avons dit que nous
irions chercher environ 50 000 000 $; c'est exactement, approximativement, le
montant que nous obtiendrons - sujet à des vérifications par les
vérificateurs - donc 40 000 000 $ en "débentures" et je le dis,
ceci ne compensera pas les dépenses que nous avons à encourir et
à payer le remboursement des dettes et qu'en définitive, une fois
que les recettes auront été complétées et que les
dépenses seront payées, il y aura un manque à gagner
d'environ 15 000 000 $. Cette situation n'a pas changé depuis six mois,
elle n'a pas changé depuis trois mois et les raisons qui
nous ont motivés à ia vendre sont exactement les
mêmes. J'ai de la difficulté à comprendre les
député de l'Opposition dans ce dossier.
Départ des députés de
l'Opposition
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: J'aurais peut-être des commentaires à
apporter à la suite du départ des membres de l'Opposition. Je
pense qu'il mérite d'être souligné et consigné au
rapport.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je tiens quand
même à vous dire qu'on est à l'article 1.
M. Camden: Absolument, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut que ce soit
dans le cadre de l'article 1.
M. Camden: Cela vient renforcer la position face à
l'article 1 et à l'ensemble du projet de loi qui fait actuellement
l'objet de la discussion et est pour venir renforcer les propos du ministre.
Dans les débats de l'Assemblée nationale consignés ici, en
date du 21 mars 1985, on peut lire que M. Charbonneau, le député
de Verchères, avait demandé, dans le cadre de la période
de questions, au ministre de l'Agriculture, sa position quant à une
politique sucrière au Canada. Si on en extrait un passage, on peut y
lire: La semaine dernière, on a rendu publique l'existence d'un fonds
d'aide pour la raffinerie de sucre de la région Richelieu-Yamaska.
À ce moment, on a demandé au niveau gouvernement
fédéral la mise en place d'une politique de régularisation
des prix du sucre au Canada, comme il en existe dans 95 des 96 producteurs de
sucre au monde. C'était, en substance, le noeud de la question du
député de Verchères. On peut lire à
l'intérieur des mêmes débats du 21 mars 1985 è la
page 2599, la réponse du ministre de l'Agriculture de l'époque.
On peut y lire entre autres que le ministre répondait: "Encore
aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de parler à un ministre
fédéral à qui on a confié le mandat de travailler
sur une politique qui améliorerait la situation dans le sucre au Canada.
" Un peu plus loin, on peut lire également une déclaration du
même ministre: "À cause d'ineptie du gouvernement
fédéral, il n'y a pas de politique sucrière et on souhaite
qu'il y en ait une parce que des milliers d'emplois pourraient se
développer au Canada, et en particulier au Québec, s'il y avait
une véritable politique sucrière. "
On peut lire également, toujours dans la même page une
autre réponse du ministre de l'époque, M. Garon, et je cite le
texte où il déclare: "J'ai précisément
été en contact aujourd'hui avec un ministre fédéral
à ce sujet. " La date è laquelle il fait référence
est le 21 mars 1985, pour le Journal des débats. On peut y lire:
"... avec le ministre fédéral à ce sujet, le ministre
Mayer, ministre d'État à la Commission canadienne du blé,
pour lui parler de l'intérêt qu'il y aurait à avoir une
politique fédérale de stabilisation des prix qui s'appliquerait
au moment de la saison des sucres". On peut y lire également - c'est le
ministre qui parle -"Comme on est en 1985, il faudrait avoir une politique en
1985, plutôt que d'avoir une politique en 1987, deux ans plus tard. "
Cela vient nous révéler la justesse et l'importance d'une telle
politique sucrière au Canada dans l'esprit toujours du maintien de la
Raffinerie de sucre du Québec.
On peut y lire également et c'est important: "On va se contacter
dans les prochaines semaines et, éventuellement, avoir une rencontre
tous ensemble pour discuter de cette question... " - là, ce qu'on doit
retenir, c'est ce qui suit - "... ce qui va nous permettre, a ce
moment-là, au Québec et à la raffinerie d'établir
des prix, mais une politique sûre plutôt qu'une politique de
"gambler".
M. le Président, c'est assez révélateur quand on va
à l'intérieur du Journal des débats et qu'on puise les
positions d'alors du député de Lévis, qui était
ministre et qui occupait le fauteuil du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui vient nous prouver hors de tout doute,
qui nous démontre qu'à ce moment, une politique sucrière
au Canada s'imposait.
M. le Président, on peut s'interroger très
sérieusement sur l'attitude et la position du député de
Lévis, à l'heure actuelle, qui fonde son argument sur des
prétendues recherches ou des documents que le parti ministériel
ne dépose pas, alors qu'on constate que le tout se fonde sur une
politique sucrière.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Lotbinière. M. le député de Huntingdon, à vous
la parole.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais suggérer
que les membres de la commission ont pris connaissance du projet de loi 85. Les
membres en ont vu les articles 1 à 20. Donc, je propose respectueusement
que le projet de loi 85 soit adopté article par article, de 1 à
20 intégralement et, finalement, que le projet de loi au complet soit
adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On m'a dit qu'il y
avait une proposition
d'adopter les articles de 1 à 20. Si vous vouiez...
M. Dubois: Depuis fort longtemps, n'est-ce pas?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, la seule
chose, c'est que ce serait plus réglementaire de les prendre un par un.
Si vous voulez, s'il vous plaît, on va les prendre un par un.
M. Dubois: Je propose que l'article 1 soit adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que tout le
monde est d'accord?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 1 est
adopté..
M. Dubois: Je propose que l'article 2 soit adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant.
J'appelle l'article 2. Il y a une proposition pour que l'article 2 soit
adopté.
M. Fortier: Sur l'article 2, on a un papillon.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le ministre.
M. Fortier: L'article ae lit comme suit: "La
société délivre des certificats d'actions au ministre des
Finances en retour de paiements effectués en vertu de l'article 1 au fur
et à mesure de leur versement". Mais, malheureusement, les mots "La
société" ne sont pas définis dans le projet de loi et on
m'indique qu'on devrait - je crois qu'on distribue le papillon - remplacer,
è la première ligne, les mots "La société" par les
mots "la Raffinerie de sucre du Québec".
Je crois que le but de cet amendement est très clair. C'est pour
éviter toute ambiguïté. L'article 2 devrait se lire: "La
Raffinerie de sucre du Québec délivre des certificats d'actions
au ministre des Finances en retour des paiements effectués en vertu de
l'article 1 au fur et a mesure de leur versement. " (17 h 15)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il des
interventions en vertu de cette modification? C'est un amendement à
l'article 2. Y a-t-il des demandes? Y a-t-il besoin d'information
supplémentaire? Non. L'amendement à l'article 2 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je relis
l'amendement soumis: "L'article 2 du projet de loi 85 est modifié par le
remplacement, dans la première ligne, des mots "La
société" par les mots "La Raffinerie de sucre du Québec".
" L'amendement est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement est
adopté. Merci. L'article 2 est-il adopté tel
qu'amendé?
M. Dubois: M. le Président, à l'article 2 on dit
que "La société" est remplacée par "La Raffinerie de
sucre... ".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, c'est
l'amendement.
M. Dubois: Elle délivre des certificats d'actions au
ministre en retour des paiements effectués en vertu de l'article 1. Cela
signifie que les 40 000 000 $ du montant total des ventes de la raffinerie
payés par versements sur une base de dix ans, je crois... ?
M. Fortier: Oui.
M. Dubois: Alors, c'est à chaque échéance
annuelle qu'un certain montant d'actions sera livré au ministre des
Finances. C'est cela?
M. Fortier: Non; je crois que, techniquement parlant, il va y
avoir un versement de capital-actions maintenant parce que nous devons
rembourser les dettes de la banque avant que le transfert se fasse. Donc, il va
y avoir achat de capital-actions et c'est la raison pour laquelle, comme je
l'ai indiqué tout à l'heure, il va y avoir un versement de
capital-actions pour un montant de 57 853 000 $.
Donc, c'est un versement qui va être fait maintenant par le
ministre des Finances et qui va permettre de rembourser les dettes, parce que
Lantic achète, mais ne prend pas les dettes qui se sont
accumulées au cours des ans. Les 40 000 000 $ vont venir par la suite.
Il faut comprendre qu'une fois que les actions vont être vendues à
Lantic, ce n'est plus le gouvernement du Québec qui va être
propriétaire des actions, cela va être Lantic. Autrement dit, une
fois la transaction complétée, la propriété des
actions va être... Alors, pour nous débarrasser des dettes dues
à la banque maintenant, il faut capitaliser. C'est pour cela que
j'expliquais au député de Lévis tout à l'heure
qu'il ne s'agit là que d'une opération financière: le
gouvernement avance de l'argent pour payer les dettes. Autrement dit, au lieu
de payer les dettes, on préfère le faire sous forme de
capital-actions. Ceci
a un certain avantage dans le traitement comptabie qui va être
fait de la vente de la société d'État dans l'ensemble des
comptes du gouvernement du Québec. D'accord?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'y a pas
d'autres interventions concernant l'article 2? L'article 2 est-il adopté
tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle l'article 3. Avez-vous de l'information, M. le ministre, concernant
l'article 3?
M. Fortier: L'article 3 dit que le ministre des Finances peut,
è la date et aux conditions déterminées, vendre les
actions. Il s'agit tout simplement de permettre... Comme je l'ai indiqué
tout à l'heure, nous avons signé au mois de mars un protocole
d'entente. Pour que la transaction puisse se faire, la loi doit être
adoptée et promulguée. Au cours du mois de juillet, j'imagine,
nous devrions décider d'une date parce que, lorsque la date sera
déterminée, il y a un ensemble d'opérations comptables
à être effectuées pour connaître exactement en
dollars et en cents les montants à être payés de part et
d'autre. Je pense en particulier au fait que la totalité du personnel,
malheureusement, devra être mis à pied. Donc, à un moment
donné, il faut calculer les fonds de retraite, il faut calculer les
salaires, il faut calculer les primes de séparation et ceci doit
être fait en fonction d'une date bien précise. Alors, une fois que
la date sera déterminée et qu'on aura convenu avec Lantic de
passer devant les avocats - j'étais pour dire chez le notaire -à
ce moment-là, on pourra faire tous les calculs de détail et c'est
la raison pour laquelle le gouvernement décidera d'une date
éventuelle, soit au cours du mois de juillet soit au cours du mois
d'août. L'article 3 nous permettra de procéder en fonction d'une
date déterminée pour compléter l'opération.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres... Oui, j'avais reconnu le député de Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'aimerais savoir de la part du
ministre, lorsqu'il a dit tantôt qu'il y aurait des employés qui
seraient apparemment mis à la retraite: est-ce que, dans ce nombre
d'employés qu'il y a actuellement ou qu'il y avait
précédemment à la raffinerie de sucre, il va y en avoir
qui vont être relocalisés auprès de la compagnie Lantic ou
à la raffinerie de St. Lawrence Sugar? Est-ce qu'il y a des personnes
qui vont pouvoir avoir la chance de travailler? Est-ce qu'il y a des
démarches qui ont été faites dans ce sens?
M. Fortier: II y avait environ 95 employés à la
raffinerie. Il y en a environ 14 qui ont été relocalisés,
il y en a quelques uns qui ont pris une retraite anticipée, il y en a
d'autres qui cherchent un emploi. Il faut comprendre que ce n'est pas tout
è fait le même genre de travail. Dans le cas de la raffinerie de
sucre, c'est du raffinage de betterave à sucre; dans le cas de Lantic,
il s'agit de traiter de la canne à sucre. En définitive, il y a
très peu d'employés qui vont être replacés. Il
s'agit des responsables. II faut comprendre que, dans le fond, ce qu'on vend,
c'est plutôt la commercialisation du sucre Marie perle, puisque les
opérations en tant que telles arrêtent. Les quelques
employés - on parle de deux ou trois, on ne parle pas de beaucoup
d'employés - ceux qui vont trouver un emploi chez Lantic, ce sont ceux
qui étaient dans le marketing, ceux qui étaient dans la
commercialisation du sucre Marie perle et qui vont être
intégrés au bureau des ventes de Marie perle.
M. Houde: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions? J'ai reconnu le député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Oui, il y avait une copie de lettre que j'ai
reçue, copie d'une lettre envoyée à M. Michel Pagé,
ministre de l'Agriculture, concernant possiblement deux cadres de
mémoire, M. Thuan et un autre cadre supérieur, concernant leur
fonds de retraite. Est-ce que le problème a été
réglé? Ils demandaient à être entendus par une
commission permanente.
M. Fortier: Oui, on en a discuté l'autre jour -
malheureusement, le député était absent - le cas a
été soulevé. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il s'agit d'un
problème pertinent à tous ceux qui étaient dans un cas
semblable, c'est-à-dire des gens de plus de 45 ans. Il y a une offre qui
a été faite, je crois, en plus de payer une année de
salaire, la raffinerie de sucre versait, je pense, 75 % du montant d'argent qui
était confiné dans le fonds de retraite...
Une voix: Non pas 75 mais 25 %.
M. Fortier: 25 %, oui. De fait, il y avait six cas semblables.
Des six cas, quatre ont accepté l'offre qui a été faite
par la raffinerie de sucre et il reste deux cas en suspens. Ce que j'ai
indiqué l'autre jour, lorsque nous avons discuté du détail
de ces cas, c'est que les discussions continuent toujours. La raison de
l'attitude de la raffinerie de sucre était à l'effet que, si dans
quatre cas sur six l'offre que Lantic
avait faite semblait satisfaisante, on espérait que les deux cas
restants puissent accepter les mêmes conditions. On parle de gens qui
étaient plus âgés que 45 ans. Vous devriez savoir que -
ceci, je crois, est pertinent à n'importe quel fonds de retraite -
lorsqu'on est plus âgé que 45 ans, on n'a pas la liberté.
Moi-même, quand je suis entré en politique en 1980, j'avais
été employé du groupe SNC, j'avais plus de 45 ans et je
n'ai pas eu la liberté de sortir l'argent que j'avais versé au
fonds de retraite du groupe SNC. Je crois qu'il s'agit là de la loi des
fonds de retraite qui ne permet pas... En fait, cela a été fait
par les gouvernements fédéral et provincial, cela a
été fait justement pour protéger les gens de plus de 45
ans qui avaient peut-être dans le passé trop l'attitude de
récupérer leur argent, de le dépenser et de se retrouver
devant rien par la suite lorsqu'ils prenaient leur retraite. C'était la
même règle pour le fonds de retraite de la raffinerie de sucre,
mais pour alléger quelque peu et dû au fait que les
intérêts ne continueront pas à courir jusqu'à ce
qu'ils prennent leur retraite, nous avons offert de payer jusqu'à 25 %
de l'argent qui avait été payé par ces employés.
C'était donc un don bénévole, non exigé par la loi,
de notre part ou de la part de la raffinerie de sucre qui permettait, à
notre avis, de régler le problème.
Nous allons tenter de régler le problème des deux autres
cas qui restent sur six en prenant en considération, j'imagine, que, si
on donne plus à ces deux-là qu'aux autres, il faudra
également donner davantage aux autres qui ont déjà
accepté l'offre qui avait été faite par la raffinerie de
sucre, mais j'ai indiqué que je ne croyais pas que c'était en
entendant des cas privés en commission parlementaire où les gens
vont discuter de leur situation particulière, de leur situation
privée, je crois que c'est le ministre de l'Agriculture qui s'occupe
plus particulièrement de ces cas-là et j'ose espérer
qu'avec la collaboration des fonctionnaires du ministère des Finances on
pourra résoudre ces problèmes à la lumière des
principes que je viens d'évoquer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: En complémentaire, M. le Président. Il
y a une firme de consultants qui a été engagée pour aider
à la relocalisation des employés et tout cela. Est-ce que la
firme est encore à l'oeuvre ou son mandat est-il terminé?
M. Fortier: Oui, j'aimerais donner quelques détails
là-dessus. Le 10 mars dernier, il y avait 93 employés permanents;
32 personnes sont présentement à l'emploi de la raffinerie, parce
que la raffinerie doit garder sa comptabilité, la commercialisation et
tout cela; 34 sont à la recherche active d'un emploi, 13 ont pris leur
retraite et 14 ont déjà trouvé un emploi. En ce qui
concerne les 34 personnes à la recherche d'un emploi, il y a de
très fortes possibilités que, d'ici à deux semaines, plus
d'une dizaine d'entre elles obtiennent un emploi. C'étaient les
informations qu'on me donnait il y a quelques jours; l'information que j'ai
date déjà du 6 juin. Quant à celles qui ont trouvé
un emploi, plus de la moitié d'entre elles se retrouvent sur la rive sud
ou à Montréal même. Disons que c'est encourageant.
La firme à laquelle vous faites allusion est Woods, Gordon,
Caron, Bélanger qui, après trois mois de travail, a
indiqué que le processus allait bon train. La firme continue de faire le
suivi jusqu'en septembre prochain et elle a bon espoir d'atteindre un taux de
succès de 70 % à 85 %. Nous avions retenu, je crois, les services
de la firme Woods, Gordon pour une période de six mois et on m'a
indiqué que cela avait facilité les choses non seulement sur le
plan technique, mais également sur le plan psychologique, parce que les
employés qui étaient à la recherche d'un emploi se
voyaient réellement appuyés par une firme
spécialisée qui leur indiquait comment préparer leur
curriculum vitae, à qui s'adresser, à quel endroit ils pouvaient
s'adresser pour trouver un emploi. Autrement dit, il y a eu un encadrement qui
a facilité l'opération et on m'a indiqué que cela a
été très bien perçu de la part des employés
qui ont eu recours aux services de la firme Woods, Gordon, Caron,
Bélanger. Pour répondre plus spécifiquement à la
question, la firme va continuer à faire ce travail encore jusqu'au mois
de septembre.
M. Messier: Une autre question, M. le ministre. Combien va
coûter le licenciement, la relocalisation, au total, la partie des
employés, cadres et cadres intermédiaires?
M. Fortier: En ce qui concerne les employés de la
raffinerie comme telle, parce que le ministre de l'Agriculture va
déployer un autre plan d'aide aux agriculteurs... Vous comprendrez que
les agriculteurs ne sont pas des employés, ce sont des producteurs
agricoles qui, très souvent, ont d'autres types de production, donc, qui
devront trouver une façon de faire la transition vers d'autres types
d'ensemencement et on m'indique que c'est déjà fait. En ce qui
concerne les employés comme tels, c'est 1 800 000 $.
M. Messier: Pour l'ensemble des...
M. Fortier: Pour l'ensemble des bénéfices...
M. Messier:... des bénéfices...
M. Fortier:... qui seront payés aux employés, soit
en salaires ou en compensations, comme je l'ai indiqué...
M. Messier: Compensations financières.
M. Fortier:... dans le fonds de retraite, pour les primes de
séparation et tout cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si on est
prêt à adopter cet article, on va l'adopter et, ensuite, on va
suspendre les travaux jusqu'à 20 heures.
M. Forget: Est-ce que je pourrais poser une question avant?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Prévost.
M. Forget: De combien est la compensation des agriculteurs?
M. Fortier: Je pense qu'on a indiqué qu'on avait une
enveloppe de 3 000 000 $ et je lisais dans une correspondance que l'aide ou la
gestion des 3 000 000 $ ne serait pas incluse dans les 3 000 000 $. Ce sera
donc réellement 3 000 000 $ d'aide aux producteurs agricoles.
M. Forget: Juste pour les producteurs?
M. Fortier: Je crois que le ministre de l'Agriculture sera ici ce
soir et il pourra vous donner plus de détails sur le programme qui sera
mis sur pied.
Je crois qu'il y a déjà eu des discussions informelles
avec les producteurs agricoles, et très bientôt le ministre sera
en mesure de vous donner des informations beaucoup plus précises sur
l'aide qui sera donnée aux producteurs agricoles comme tels. Mais c'est
une enveloppe de 3 000 000 $.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concernant
l'article 3, est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Maintenant, nous allons suspendre la séance jusqu'à 20 heures ce
soir, toujours sur la loi 85, pour autant que la Chambre ne nous donne pas un
ordre contraire.
(Suspension de la séance à 17 h 31)
(Reprise à 20 h 3)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mesdames et messieurs, je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte. Nous en étions à l'article 4. Je tiens
à mentionner que nous n'avons aucun représentant du parti de
l'Opposition depuis 17 heures.
Alors, nous procédons. J'appelle maintenant l'article 4. Je
demande au ministre s'il a des informations pertinentes concernant cet article
4.
M. Pagé: M. le Président, je dois vous dire que
c'est avec beaucoup d'intérêt que je reviens siéger
à cette commission pour y avoir été absent aujourd'hui,
retenu que j'étais au Nouveau-Brunswick et à
l'Île-du-Prince-Édouard, pour discuter avec mes homologues
provinciaux de ces deux provinces de sujets très importants, dont toute
la question de la mise en marché de la pomme de terre au Canada,
notamment. Je suis fort surpris de constater, à 20 heures, que les
députés de l'Opposition, qui sont là pour bonifier nos
lois, sont absents. Leurs actions s'inscrivent pleinement dans l'insouciance
qui les caractérise depuis le 2 décembre dernier, ceux-là
même qui nous ont présenté des motions dilatoires pour
retarder systématiquement les travaux depuis jeudi dernier. Et, à
la première occasion qu'ils ont d'étudier valablement les
articles contenus dans le projet de loi, ils préfèrent
plutôt s'abstenir et quitter.
C'est regrettable et très pénible. De toute façon,
ils seront jugés sur leurs actes, comme en décembre dernier.
Beaucoup de blabla, beaucoup de motions, beaucoup de requêtes, mais leur
absence témoigne d'une chose très claire et très
précise, ils n'étaient pas intéressés, entre
autres, par le programme d'indemnité aux producteurs. Cela aurait
été intéressant de discuter aussi avec eux de tout ce qui
s'est fait pour les employés là-bas, ils auraient pu soulever ou
porter à mon attention, comme ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, des questions très précises
qui leur ont très certainement été adressées par
des citoyennes et des citoyens de cette région, de façon tout
à fait légitime.
Alors, je suis heureux de voir devant moi des députés, les
honorables députés de Berthier et de Lotbinière, qui, j'en
suis persuadé, vont soulever des questions parce que les
députés libéraux, dans l'ensemble de cette
démarche, ont toujours été très
intéressés par le contenu de ce projet de loi.
M. le Président, à l'article 4, nous modifions l'article 2
de la Loi sur la Raffinerie de sucre du Québec afin d'établir que
la société a son siège social dans le district judiciaire
de Saint-Hyacinthe. On dit dans la loi actuelle que le siège social de
l'entreprise est établi à la suite d'une décision du
lieutenant-gouverneur en conseil. On le précise en indiquant que le
siège social de l'entreprise est dans le district judiciaire de
Saint-Hyacinthe, purement et
simplement; ce n'est pas plus compliqué que cela.
Une question était demeurée en suspens, M. le
Président. J'ai cru comprendre, par les questions posées par les
honorables députés de la majorité, soit les
députés libéraux, cet après-midi, qu'ils
s'interrogeaient à savoir quelles allaient être les
indemnités versées aux producteurs. Je serai en mesure de signer
ou de confirmer, dans les jours qui viennent, un programme en vertu duquel le
gouvernement verserait une aide spéciale aux producteurs de betterave
sucrière. Ce programme est à deux volets. Le premier volet
prévoit une compensation aux producteurs qui ont produit des betteraves
sucrières en 1983, en 1984 ou en 1985. Cette indemnité leur est
versée pour la désuétude qu'a subie leur machinerie
servant spécifiquement è cette production. Cela veut dire
concrètement que les propriétaires d'équipements servant
à la culture de la betterave sucrière, en date du 7 mars, se
verront offrir un programme d'indemnité qui est essentiellement
basé sur la valeur non dépréciée de tels
équipements. Le deuxième volet prévoit, pour les
mêmes années de production, une aide financière pour les
aider à faire, à verser ou à combler les investissements
nécessaires pour convertir à une autre culture la superficie
antérieurement utilisée pour la betterave sucrière.
Essentiellement, ce sont encore une fois des sommes importantes qui sont
versées aux producteurs par souci du gouvernement du Québec
d'être le plus juste et le plus équitable possible envers ces
producteurs et ces productrices. Je dois dire que les échanges ont
été très fructueux entre le Syndicat des producteurs de
betteraves à sucre et les représentants de mon ministère
qui ont discuté des écritures à donner au programme
d'indemnité. Par ce programme, nous verserons une somme de 3 000 000
$.
Le Président (M. Houde): M. le ministre, est-ce qu'une
aide technique est apportée aussi à ces gens pour pouvoir se
recycler dans d'autres productions?
M. Pagé: J'avais clairement indiqué, M. le
Président, lors de ma déclaration ministérielle, que
l'aide technique des fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec serait offerte et
qu'aucun effort ne serait ménagé pour les aider à se
réorienter et à s'assurer que ces belles terres qui constituent
une partie des jardins du Québec soient réorientées et
cultivées pour une meilleure rentabilité non seulement de
l'économie agricole et agro-alimentaire, mais aussi pour ceux et celles
qui étaient dans la production de la betterave sucrière.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela a
été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme?
M. Pagé: C'est-à-dire qu'ils étaient
très intéressés. Ils étaient satisfaits. Cependant,
ils auraient souhaité avoir plus. Je dois vous indiquer qu'il devenait
particulièrement délicat d'exiger plus parce qu'il faut quand
même retenir que le déficit du fonds d'assurance-stabilisation est
très important, très imposant: c'est 9 000 000 $. Je n'ai pas
l'intention, comme ministre, de leur signifier quelque réclamation que
ce soit encore, pour le moment. Ils ont tenu compte de cela et ils
étaient satisfaits des 3 000 000 $ qu'on leur accordait.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres personnes qui voudraient prendre la parole? M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Combien de temps faut-il pour adopter un
règlement final à partir du moment de la demande?
M. Pagé: On le souhaite dans les meilleurs délais.
Je serai en mesure, dans les jours qui viennent, d'ici à la fin de la
semaine, de leur confirmer tous les éléments du programme
d'indemnité par écrit. Déjà, les fonctionnaires de
mon ministère sont prêts à les rencontrer et à
prendre l'inventaire de leurs équipements. Je vais vous donner des
exemples concrets.
Si je prends un défoliateur de marque Lockwood de quatre ans, on
pourra verser une compensation pouvant aller jusqu'à 5000 $ ou quelque
chose comme cela. On a dressé une liste des équipements
utilisés. On a regardé la dépréciation de tels
équipements et on a établi des indemnités à leur
verser.
Alors, cela impliquera évidemment une visite systématique
de chacune et chacun des productrices et producteurs. On veut faire diligence,
parce qu'avec notre gouvernement les gens n'attendent pas. Sans
précipiter les choses, sans être trop expéditifs, nous
sommes efficaces. Les cahiers de signature ne traînent pas sur le bureau
du ministre.
Vous aviez une autre question, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Toujours sur l'article 4, non. Est-ce qu'il y a d'autres interventions. M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Une fois vendus les actifs de la
société, il n'y aura qu'une entité juridique à la
suite de la vente de l'ensemble des actifs?
M. Pagé: Pardon, je m'excuse.
M. Camden: Lorsqu'on dit qu'il y aura vente des actifs de la
raffinerie de sucre...
M. Pagé: La vente des actions.
M. Camden: La vente des actions. Cela veut dire qu'à la
suite de cela il n'y aura qu'une entité juridique qui restera. C'est la
raison pour laquelle on constate à l'article 4 que la
société a son siège social dans le district judiciaire de
Saint-Hyacinthe, mais qu'il pourra être redéfini è la suite
d'un décret du Conseil des ministres?
M. Pagé: C'est cela. C'est-à-dire qu'une fois que
nous aurons disposé des actions, que le gouvernement aura vendu les
actions à la société Sucre Lantic Ltée, la
société pourra établir son siège social dans la
localité de son choix, pourvu que ce soit dans le district judiciaire de
Saint-Hyacinthe. Comme on le sait, en vertu du protocole d'entente signé
avec Lantic le 10 mars dernier, le gouvernement s'est réservé
certains droits en regard de la possibilité de racheter les
équipements, les immeubles, etc.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Non? Est-ce que l'article 4 est adopté, tel que
rédigé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle l'article 5.
M. Pagé: M. le Président, cet article est
strictement complémentaire à l'article 2 du projet de loi et
devient inutile et doit disparaître de la loi actuelle pour que l'on
puisse considérer la société comme une
société privée après l'acquisition des actions de
cette société par les intérêts privés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Merci, M.
le ministre. Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Pagé: Adopté. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
L'article 6, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, l'article 7 de cette loi
est abrogé. Essentiellement, dans l'ancienne loi, les membres du conseil
d'administration étaient nommés par le gouvernement pour une
période qui ne pouvait pas excéder cinq ans. Alors, les nouveaux
actionnaires de la société pourront élire eux-mêmes
les administrateurs de la société conformément aux
dispositions applicables de la loi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 6? M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: II y a combien de membres actuellement au sein du
conseil d'administration de la société?
M. Pagé: Quatre membres.
M. Camden: On peut lire qu'ils ont été
nommés pour une période de cinq ans. À quel moment leur
mandat se termine-t-it?
M. Pagé: C'est-à-dire que certains d'entre eux ont
démissionné. Is ont été remplacés par le
gouvernement. Leur mandat se terminera à la suite de la vente des
actions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant l'article 6? Est-ce que l'article 6 est
adopté, tel que rédigé? (20 h 15)
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Pagé: M. le Président, l'article 7 vient
modifier l'article 8 de la loi en supprimant les deuxième et
troisième alinéas. Ce sont strictement des articles de
concordance.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il des
interventions concernant l'article 7? Pas d'intervention? Est-ce que l'article
7 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Adopté.
J'appelle l'article 8.
M. Pagé: M. le Président, l'article 8
prévoit que les articles 10, 11 et 12 de cette loi sont abrogés.
Cela concerne la rémunération et les autres conditions d'exercice
des fonctions de président-directeur général. On faisait
référence, à l'ancien article 10, au contrat que devait
signer le P. -D. G. avec la société. On disait que le contrat
devait être ratifié par le gouvernement, etc. Alors, il n'est plus
opportun de maintenir un tel libellé de ces articles. Cela c'est
abrogé purement et simplement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il des
interventions concernant l'article 8? Non? Alors...
M. Camden: M. le Président, est-ce qu'il reste une partie
"résiduelle" au contrat
actuellement?
M. Pagé: C'est-à-dire que le
président-directeur général occupait ces fonctions
à mi-temps pour la Raffinerie de sucre du Québec et à
mi-temps pour la Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires, SOQUIA. Dès le moment où le projet de loi sera
adopté et que le suivi du projet de loi sera assumé,
c'est-à-dire la vente des actions de la raffinerie, le président
de la raffinerie de sucre deviendra président à temps plein de la
Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions concernant l'article 8?
Une voix: Non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 8 est adopté, tel que rédigé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 9. M. le ministre, on vous écoute
attentivement.
M. Pagé: M. le Président, j'attendais que vous me
le demandiez. Pour les articles 14 et 15, l'article 14 prévoyait toute
la procédure entourant les procès-verbaux et les séances
du conseil d'administration et l'article 15 prévoyait les conditions de
nomination et de rémunération du secrétaire et des autres
officiers employés par la société. Alors, ces articles ne
seront plus nécessaires. C'est pourquoi on demande au législateur
de les abroger.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions concernant l'article 9?
M. Camden: M. le Président, les documents seront
déposés auprès de quel organisme ou bureau d'archives?
M. Pagé: Une fois que la société aura
cédé les actions, que les actions seront vendues par la
raffinerie, j'entends faire en sorte que tous les documents reviennent au
ministère titulaire, le ministère de l'Agriculture.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lotbinière. Y a-t-îl d'autres
interventions?
M. Forget: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Prévost.
M. Forget:... fonctionnaires ou bien sont-ils tout simplement...
?
M. Pagé: Non, non, c'est-à-dire qu'un programme
d'indemnité couvrait les cadres aussi. D'ailleurs, pour démontrer
que notre programme a quand même des résultats, j'avais
l'intention de proposer à un des cadres d'occuper une fonction ailleurs
dans un organisme sous ma juridiction. Je communiquais avec lui la semaine
dernière et il m'indiquait qu'il avait déjà trouvé
un emploi ailleurs.
M. Forget: Comme cela, cela va bien?
M. Pagé: Cela ne va pas si mal. Cela va mieux que
l'Opposition ne le croît ou ne le crie sur les toits, mais on est
habitué à cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions concernant l'article 9? Est-ce que l'article 9 est adopté,
tel que rédigé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Pagé: M. le Président, comme on le sait,
l'ancien article 16 prévoyait une limite au fonds social autorisé
à la société qui était de 50 000 000 $. Il est
modifié. Mon collègue, M. le député d'Outremont, a
eu l'occasion d'intervenir sur le sujet. C'est de concordance avec l'article 1.
Cette modification vise à permettre à la société
d'émettre un nombre illimité d'actions ordinaires d'une valeur
nominale de 100 $ chacune.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 10?
M. Camden: Est-ce que cette modification est motivée de
par le fait de la vente de l'ensemble des avoirs qui sont estimés
à environ 50 000 000 $?
M. Pagé: C'est cela. Alors, l'objectif des dispositions de
cet article, c'est de s'assurer de la couverture des pertes, auxquelles j'ai eu
souventefois l'occasion de faire référence, par la souscription
de capital-actions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant l'article 10? Est-ce que l'article 10 est
adopté tel que rédigé? Adopté. Maintenant,
j'appelle l'article 11. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, comme suite de l'article
16, les articles 17 à 21 prévoyaient la façon
d'émettre le capital-actions qui était autorisé
jusqu'à concurrence de 50 000 000 $. Ils n'ont plus leur
nécessité. C'est ce pourquoi on vous demande de les abroger.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 11? Est-ce que l'article 11 est
adopté tel que rédigé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 12.
M. Pagé: M. le Président, les chapitres IV et V de
la loi sont abrogés parce que les chapitres en question faisaient
référence aux pouvoirs spéciaux et aux conditions
d'exercice des activités de la société, entre autres, le
droit de détenir des actions, de contracter des emprunts, de prendre des
engagements financiers, d'acquérir et de louer des immeubles etc. Et le
chapitre V visait la production de l'exercice financier de la
société qui devait se terminer à telle date et qui devait
être produit et déposé.
Par exemple, l'article 26 disait: "La société doit, au
plus tard le 31 juillet de chaque année, produire au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ses états
financiers ainsi qu'un rapport écrit de ses activités de
l'exercice financier précédent. "
Alors, nécessairement, lorsqu'on aura cédé les
actions de la raffinerie, ces articles n'auront plus leur raison
d'être.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant l'article 12?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 12 est adopté tel que rédigé? Adopté.
J'appelle maintenant l'article 13.
M. Pagé: M. le Président, en vertu des dispositions
de l'article 31, le législateur prévoit que la
société peut demander sa prorogation comme société
régie par la Loi sur les sociétés commerciales canadiennes
et ce, compte tenu que la société...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous êtes
à un article trop loin. C'est l'article 13 et non 14.
M. Pagé: Bon, c'est cela. C'est de faire en sorte que la
société puisse être placée sous la même
juridiction que la société qui achète, soit la
société Lantic.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vois.
M. Pagé: Vous voyez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant cet article 13? Il n'y a pas d'intervention.
Est-ce que l'article 13 est adopté tel que rédigé?
Adopté. J'appelle maintenant l'article 14.
M. Pagé: Même disposition, M. le Président,
même objectif.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 14? Il n'y a pas d'intervention. Alors,
est-ce que l'article 14 est adopté tel que rédigé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 15.
M. Pagé: M. le Président, on abroge l'article 36 de
cette loi, lequel mentionnait que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation est chargé de l'application de la
présente loi. Il va de soi qu'une fois que la transaction sera
complétée, je n'aurai plus juridiction sur cette
société, les actions ayant été vendues.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est
évident. Est-ce qu'il y a des interventions concernant l'article 15?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 15 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle l'article 16 de la Loi sur la vente de la Raffinerie de sucre du
Québec.
M. Pagé: M. le Président, c'est le grand
ménage par cet article-là, dans le sens suivant. Dans la refonte
de la loi, le 1er juillet 1982, les articles 35 et 38 avaient été
omis. Là, on abroge les articles 35 et 38 qui, en fait, étaient
vides de tout sens. Le législateur était moins rigoureux à
l'époque, en 1982.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des...
Une voix: II s'agit de l'article 17, mais
c'est l'article 16.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 16. Vous
avez répondu à l'article 17, mais j'ai appelé l'article
16.
M. Pagé: M. le Président, vous aurez compris que
nous étions à abroger les articles 35 et 38 de la loi sur la
raffinerie en vertu de l'article 17. L'article 16, c'est pour abroger la Loi
sur la Raffinerie de sucre du Québec dans les statuts et l'article 17,
la Loi sur la Raffinerie de sucre du Québec à la suite de la
refonte de 1982, chapitre 28.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 16? Est-ce que l'article 16 est
adopté tel que rédigé?
Une voix: Oui, M. le Président. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Adopté.
Est-ce qu'il y a des interventions concernant l'article 17? Est-ce que
l'article 17 est adopté tel que rédigé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
J'appelle l'article 18.
M. Pagé: M. le Président, à la suite de la
vente des actions de la Raffinerie de sucre du Québec, il y aura lieu,
pour que le gouvernement nettoie ses livres, de radier le montant inscrit comme
placement dans ses états financiers. En contrepartie de la radiation de
cet actif, un montant équivalent doit être inscrit au passif, soit
la dette nette de ladite société, comme on l'a fait dans d'autres
cas, par exemple dans le cas de l'Office des autoroutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela veut dire que
les actions sont "moins" au lieu d'être "plus".
M. Pagé: Cela a coûté assez cher.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): N'est-ce pas?
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 18?
M. Camden: M. le ministre, a combien estimez-vous l'augmentation
de la dette nette dans le cadre de l'article 18?
M. Pagé: Environ 56 000 000 $ au total.
M. Houde: Vous avez le même chiffre que l'autre ministre,
cet après-midi: 56 000 000 $. Alors, cela vaut la peine de passer
l'éponge là-dessus et de parler d'autre chose.
M. Pagé: Oui. Ce n'est pas drôle...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Pagé: II s'agit de l'argent gagné durement par
des femmes et des hommes qui ont travaillé très fort pour payer
des taxes et des impôts à ce gouvernement qui avait
créé tellement d'espoirs et qui a été défait
le 2 décembre dernier, de façon tout à fait
légitime et justifiée, par la majorité de nos concitoyens
et concitoyennes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 18?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 18 est adopté tel que rédigé? Adopté.
J'appelle l'article 19.
M. Pagé: M. le Président, tout à l'heure, on
abrogeait la loi des statuts. On a abrogé la loi à la suite de la
refonte de 1982. Cet article vise a faire disparaître les dispositions
des trois premiers articles, une fois qu'ils auront été
appliqués et que la transaction sera conclue. On fait disparaître
la loi actuelle, ce n'est pas compliqué.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon!
M. Pagé: La loi qu'on va voter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La loi qu'on va
adopter va disparaître automatiquement après que cela va
être...
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela va être
la transaction.
M. Pagé: Oui. Quand la transaction va être faite, il
ne sera pas nécessaire pour nous de revenir devant le Parlement se
convier à un exercice comme celui auquel...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pénible.
M. Pagé:... nous sommes actuellement. Non, c'est
agréable, M. le Président. J'apprécie la compagnie des
députés qui sont avec nous ce soir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions sur
l'article 19? Est-ce que l'article 19 est adopté tel que
rédigé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Maintenant, j'appelle le dernier article, soit l'article 20.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 20, on
se donne l'échéancier, on se donne les moyens en vertu desquels
nous pourrons faire entrer en vigueur les dispositions de tel et tel article,
et aussi d'abroger d'autres articles au besoin. Si vous me demandez à
quel moment et en vertu de quoi nous pourrons abroger l'article 20, je vous
répondrai qu'on songe très sérieusement à adopter
une disposition dans ce sens-là très spécifique dans un
bill omnibus qui pourrait être présenté par un beau mois de
décembre ou un beau de juin d'une fin de session donnée dans le
temps.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant l'article 20 ou des questions au ministre?
M. Forget: Une chose qui est certaine, c'est que cela va
être en juin...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Prévost, on vous écoute.
M. Forget:... ou en décembre.
M. Pagé: C'est-a-dire en décembre prochain ou en
juin 1987.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Est-ce que l'article 20 est adopté tel que
rédigé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Est-ce que le projet de loi 85, Loi sur la vente de la Raffinerie de sucre du
Québec, est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le titre...
Excusez.
M. Pagé: De l'ensemble?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le titre et,
après cela, on va revenir avec l'ensemble. Est-ce que le titre du projet
de loi 85, Loi sur la vente de la Raffinerie de sucre du Québec, est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi 85 tel qu'amendé est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
Une voix: Vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un vote
enregistré? Alors, M, le secrétaire, j'appelle le vote.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Je suis pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)?
M. Assad: Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay (Iberville): Pour.
M. Pagé: M. Garon (Lévis) deux fois, M. Garon
(Lévis) trois fois.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, le projet de
loi est adopté.
M. Pagé: M. le Président, on voudrait
vous remercier de la patience dont vous avez témoigné. On
a eu à siéger pendant plusieurs heures. Je voudrais remercier les
députés de la majorité qui, en plus de s'être
souven-tefois questionnés sur le contenu du projet de loi lors de nos
séances de travail, lors de nos séances d'analyse et de
réflexion... Je veux les remercier aussi pour la contribution à
nos travaux. Vous ne m'en voudrez très certainement pas, M. le
Président, de déplorer l'absence des députés de
l'Opposition officielle de Sa Majesté qui ont
préféré quitter à la sauvette - comme dit souvent
le député de Lévis: d'un coup sec - alors qu'on abordait
l'étude article par article du projet de loi et qu'il leur aurait
été loisible de nous questionner sur le contenu des dispositions
des programmes d'indemnité, etc.
Alors, M. le Président, le rapport de la commission sera
déposé en Chambre aussitôt que faire se pourra. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Maintenant, la commission a accompli son mandat qui était
d'étudier le projet de loi 85. Je suspends la séance.
M. Pagé: Vous appelez, M. le Président, le...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Après.
M. Pagé: Je vous inviterais à l'appeler tout de
suite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
(Suspension de la séance à 20 h 35)
(Reprise à 20 h 49)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre
s'il vous plaît!
Mesdames et messieurs, si vous voulez prendre place. La séance de
la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation est
maintenant ouverte.
Projet de loi 69
Cette commission a pour mandat d'étudier le projet de loi 69, Loi
modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que vous faites
l'appel nominal des membres de la commission?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais faire
l'appel nominal des membres.
Les membres présents sont M. Beaudin (Gaspé), M. Camden
(Lotbinière), M. Dubois (Huntingdon), M. Forget (Prévost), M.
Houde (Berthier), Mme Legault (Deux-Montagnes), M. Pagé (Portneuf), Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Assad (Papineau) et moi-même,
Jacques Tremblay (Iberville).
Nous avons quorum. Nous pouvons donc procéder.
Remarques préliminaires M. Michel
Pagé
M. Pagé: M. le Président, je voudrais vous exprimer
ma satisfaction qu'on puisse aborder à ce moment-ci l'étude
article par article d'un projet de loi dont la deuxième lecture s'est
déroulée à l'Assemblée nationale il y a
bientôt deux semaines. Ce projet de loi a essentiellement comme objectif
d'étendre l'application de la section 1 de la Loi sur la protection
sanitaire des animaux à tout animal d'élevage ainsi qu'à
ses oeufs et ses ovules fécondés. On a parlé, comme vous
vous le rappelez sans doute, de tout le développement du transfert
d'embryons.
Les modifications à cette section visent aussi à assurer
qu'une maladie contagieuse ou parasitaire qui est dépistée par le
propriétaire ou le possesseur de l'animal et confirmée par le
diagnostic d'un médecin vétérinaire soit
déclarée sans délai à un fonctionnaire
désigné. Je crois que cette disposition recueillait, elle aussi,
l'appui significatif de la très grande majorité des intervenants.
Il élargit les pouvoirs réglementaires. On a eu plusieurs
débats sur cela. C'est normal qu'il en soit ainsi. Les dispositions de
la loi visent à élargir les pouvoirs réglementaires
relativement, entre autres, à l'insémination artificielle des
animaux: une pratique qui est de plus en plus courante, une pratique qui s'est
développée avec les années et qui a atteint un très
haut niveau de professionnalisme. Le projet de loi en parle, cela va de soi. De
plus, le projet de loi fait que soit établi un encadrement au regard de
la possession et de l'utilisation du sperme d'animal qui est impropre à
l'insémination, d'un bien ou d'un équipement pour les
opérations reliées è l'insémination, qui ne
répondent pas à certaines normes qui seront établies par
règlement. En outre, le projet de loi, comme mes collègues se le
rappelleront, ajoute une section sur les médicaments
vétérinaires pour prévoir qu'une personne titulaire d'un
permis pourra préparer, vendre ou fournir des médicaments sous
forme de prémélange médicamenteux ou d'aliments
médicamenteux, un sujet qui a été longuement
discuté lors des travaux préparatoires à
l'élaboration du projet de loi,
mais aussi la semaine dernière, soit mardi, lorsqu'on a eu le
privilège de recevoir de nombreux intervenants qui ont été
invités à venir nous faire part de leurs commentaires concernant,
non seulement le projet de loi, mais aussi le règlement que j'ai
déposé comme ministre titulaire de cette loi et comme ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec.
Le projet de loi oblige le propriétaire, le possesseur d'un
animai qui a absorbé un médicament è déclarer ce
fait à l'acheteur au moment de le vendre, si le délai d'attente
n'est pas complété. Il permet au ministre, pour des raisons
d'intérêt public, d'élaborer des programmes sanitaires pour
autoriser la vente et l'administration des médicaments destinés
aux animaux. Il regroupe différentes dispositions concernant
l'inspection, les saisies, les confiscations, les permis, les infractions, les
montants d'amende, etc., dans une dernière section.
Le projet de loi prévoit un mécanisme d'appel à la
Cour provinciale d'une décision relative au refus de délivrer ou
de renouveler un permis, à la suspension et à la
révocation de celui-ci. Évidemment, compte tenu des nombreux
impacts que comporte un tel projet de loi, il prévoit aussi des
dispositions transitoires.
M. le Président, voilà l'essentiel du commentaire initial
que j'avais à faire. Je dois profiter de cette occasion pour remercier
tous ceux et celles qui ont contribué è l'élaboration de
ce projet de loi. Quand je suis arrivé comme ministre, une partie des
devoirs étaient faits, une partie restait à faire et certains
volets restaient à corriger. Cela a été fait. Mon
sous-ministre, le Dr Bernard, et son équipe ont travaillé avec
beaucoup de rigueur, beaucoup de professionnalisme dans ce dossier. Je suis
satisfait et fier aujourd'hui de présenter aux députés,
pour l'adoption article par article, les dispositions du projet de loi 69.
Motion proposant la suspension de la
séance
Cependant, compte tenu de l'absence de l'Opposition officielle, je
voudrais faire motion, à ce moment-ci, pour qu'on suspende nos travaux
afin qu'ils viennent s'asseoir avec nous et rejoindre les deux
députés, les honorables députés de Berthier et de
Lotbinière qui sont, de façon circonstancielle et bien
occasionnelle, de l'autre côté de cette table.
Alors, M. le Président, je fais motion pour qu'on suspende
quelques minutes. Puisque la motion est débattable, j'ai le droit
d'intervenir et j'ai l'intention d'intervenir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
ministre, on va suspendre simplement les travaux pour quelques minutes.
M. Pagé: J'ai le droit d'intervenir sur ma motion de
suspension, M. le Président. Ma motion est-elle recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Votre motion est
recevable.
M. Pagé: Ma motion étant recevable, M. le
Président, je désire intervenir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, je vous
écoute. D'accord, intervenez.
M. Pagé: Le but de la présente motion, M. le
Président, est de m'assurer que les députés de
l'Opposition qui, j'en suis persuadé - peut-être pas eux
personnellement mais par la voie de leurs secrétaires ou de leurs
adjoints - ont très certainement une oreille collée sur ce qu'on
appelle ici, en jargon parlementaire, le perroquet... Et voilà, M. le
Président, que ma motion commence déjà à faire
effet.
Essentiellement, M. le Président, pour les spectateurs qui
s'ajoutent à notre commission ici à la salle Papineau, j'en
étais à vous dire que je présente cette motion de
suspension de nos travaux pour que l'Opposition officielle soit
sensibilisée à l'opportunité et la nécessité
qu'elle vienne se joindre à nous pour remplir ainsi le mandat qui lui a
été confié et que ses députés se sont
engagés à bien remplir et à fidèlement remplir,
compte tenu du serment d'office qu'ils ont prêté.
C'est tout à fait douteux, inélégant, reprochable
et je suis persuadé qu'ils vont se sentir coupable, M. le
Président, de ne pas participer à des travaux aussi importants
que ceux de notre commission ce soir, soit la Loi modifiant la Loi sur la
protection sanitaire des animaux, une loi qui est importante, une loi qui est
le fondement même, finalement, de la santé de notre cheptel
québécois, une loi qui prévoit des dispositions, qui
corrige une loi déjà existante, un projet de loi qui a fait
l'objet de consultations auprès de nombreux intervenants qui sont venus
se faire entendre ici. Je peux vous assurer, M. le Président, que ce
soir je démontrerai, comme ministre, au nom de l'équipe
gouvernementale qui a bien étudié ce projet de loi, notre
volonté de modifier plusieurs articles, allant ainsi dans le sens de
ceux et celles qui nous ont fait des représentations et on
témoigne de l'ouverture à laquelle j'avais d'ailleurs
convié les intervenants lors de mon propos initial de mardi dernier.
Alors, M. le Président, pour tous ces motifs et afin de m'assurer
que vous preniez (es moyens peut-être pour sensibiliser les
députés de l'Opposition officielle au fait
qu'ils peuvent maintenant revenir, Je projet de loi 85 étant
terminé en termes d'étude article par article - toutefois, je ne
vous incite pas à les supplier - vous pourriez peut-être
communiquer avec eux pour leur indiquer que nous sommes prêts à
procéder à l'étude du projet de loi 69, que les propos
initiaux du ministre sont terminés et que vous appelez l'article 1.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions sur la motion?
M. Houde:... pour qu'on commence immédiatement avec, bien
entendu, l'Opposition afin qu'on puisse faire du projet 69 le meilleur pour
toutes les personnes qui sont concernées. Dans l'agriculture, il est
important que tous les gens soient toujours bien renseignés et qu'ils
sachent ce qu'ils peuvent utiliser parce qu'en fin de compte, on travaille avec
de la vie. Et je pense qu'aujourd'hui, à l'heure actuelle - il est
déjà 21 heures - l'Opposition devrait être parmi nous pour
que le projet de loi 69 soit adopté le plus rapidement possible afin que
les gens qui sont touchés puissent en bénéficier le plus
rapidement possible, pour la santé des animaux.
M. Pagé: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Merci,
M. le député de Berthier. Y a-t-il d'autres interventions? Pas
d'autres interventions?
M. Pagé: La motion est-elle adoptée?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La motion est-elle
adoptée?
M. Pagé: Adopté. M. le Président, pour
quelques minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La séance
est suspendue pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 59)
(Reprise à 21 h 21)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mesdames et messieurs, je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte. Je rappelle le mandat que j'ai cité tout
è l'heure, savoir l'étude du projet de loi 69, Loi modifiant la
Loi sur la protection sanitaire des animaux.
Nous étions rendus a l'article 1. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, les propos
préliminaires sont terminés. Je voudrais aborder l'article 1 et
vous faire part de ma satisfaction de constater que notre motion de suspension
a porté ses fruits puisque l'honorable député de
Lévis est maintenant avec nous.
M. Garon: M. le Président, si le ministre...
M. Pagé: La modification à l'article 1 vise...
M. Garon:... a fini ses propos préliminaires, je n'ai pas
fait les miens. Alors...
M. Pagé: Ah, mais l'article 1 a été
adopté!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 1
n'était pas adopté, là.
M. Pagé: II a été appelé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'était
pas appelé encore, mais on peut demander...
M. Pagé: Ah, M. le Président! Compte tenu de la
générosité et de l'ouverture d'esprit qui me
caractérisent, je vais accepter. Je dois dire que j'étais heureux
d'un état de fait que les observateurs de ce soir auront
constaté: comme on le sait, les honorables députés de
Berthier et de Lotbinière occupaient les banquettes à votre
gauche, vu les questions qu'ils m'ont posées lors de l'étude du
projet de loi 85 et j'ai cru comprendre que le député de
Lévis, à juste titre, comme membre de l'Opposition officielle de
Sa Majesté, a formulé le désir d'occuper la banquette qui
est normalement occupée par l'Opposition. J'en viens donc a la
conclusion que, peut-être, les journalistes qui ont vu cela pourraient
titrer: Garon veut se rapprocher de Pagé! Très bien, c'est
appréciable. On est prêt. Mes propos préliminaires sont
terminés et, à l'intention du député de
Lévis, j'ai indiqué que j'aurais des amendements à
apporter, allant dans le sens des représentations qui nous ont
été faites par ceux et celles qui ont témoigné la
semaine dernière.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci M. le
ministre. Alors, je cède la parole au porte-parole de l'Opposition. M.
le député de Lévis.
M. Garon: Avant de faire mon allocution préliminaire,
j'aimerais demander si le ministre peut déposer les amendements...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Garon:... qu'il veut faire valoir au cours de l'étude
ds ce projet de loi.
M. Pagé: Oui, M. le Président. Dans les minutes qui
vont suivre, je pourrai déposer les propositions d'amendement que
j'entends formuler lorsque ces articles seront appelés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que...
M. Garon: C'est aussi bien de toutes les avoir, au
début.
M. Pagé: Vous les aurez toutes dans les minutes qui
viennent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon! D'ici
quelques minutes, on va...
M. Pagé: D'ici quelques minutes, M. le
Président.
Remarques préliminaires (suite)
M. Jean Garon M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon:,.. au cours de la semaine dernière, nous avons
eu l'occasion d'entendre en commission parlementaire différents groupes
qui étaient intéressés par la Loi sur la protection
sanitaire des animaux, notamment la Corporation professionnelle des
médecins vétérinaires du Québec, l'Ordre des
pharmaciens du Québec, la Confédération...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste une seconde,
je voudrais juste me reprendre. C'est que les amendements ne seront pas
déposés, mais ils vont être distribués. Cela a un
effet différent pour...
M. Garon: C'est correct.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... le
procès-verbal.
M. Garon: C'est cela qu'on voulait dire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Très bien, vous pouvez continuer, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Alors, M. le Président, au cours de la semaine
dernière, nous avons entendu en commission parlementaire, l'Association
des médecins vétérinaires praticiens du Québec,
l'Ordre des pharmaciens du Québec, la Confédération de
l'union des producteurs agricoles, le Regroupement professionnel d'intervention
en santé animale, la Fédération nationale des associations
de consommateurs du Québec, la Fédération de l'UPA de
Sherbrooke, la Corporation professionelle des médecins
vétérinaires du Québec de même que la Corporation
professionnelle des diététistes du Québec et l'Office des
professions du Québec.
Le projet de loi 69 est, pour une grande part, une reproduction du
projet de loi que nous avions déposé le printemps dernier, au
mois de juin 1985, le projet de loi 65, Loi modifiant la Loi sur la protection
sanitaire des animaux. On a remarqué que certains des points qui
créaient des problèmes étaient justement des articles qui
avaient été changés de ce projet de loi et qui avaient
été modifiés pour se retrouver dans le projet de loi 69
comme des articles modifiés du projet de loi 65. On n'a pas
été étonné de voir, d'après les
commentaires, que des intervenants demandaient que des changements soient
effectués pour éviter que la Loi sur la protection sanitaire des
animaux devienne une passoire qui permette au gouvernement, par des
règlements ou par des soupapes placées ici et là, de faire
en sorte que la protection sanitaire des animaux soit évitée sous
toutes sortes de prétextes qui relèvent d'une perspective qui
semble vertueuse, mais qui aurait eu pour but d'éviter les objectifs de
la loi. C'est pourquoi différents organismes nous ont souligné
qu'ils aimeraient voir certains articles abrogés ou modifiés pour
que la loi reflète davantage les objectifs de protection sanitaire des
animaux qui sont souhaités par les différents intervenants.
Certains ont fait état de réserves par rapport aux
modalités proposées par la loi, mais sans véritablement
proposer de solutions. Souvent, comme dans bien des domaines, la beauté
est dans le principe et la difficulté est dans l'application. On a
constaté que certains organismes voyaient arriver ce projet de loi comme
une contrainte, mais une contrainte nécessaire pour la meilleure
santé, comme on dit, des animaux, mais, en réalité, pour
une meilleure protection des humains qui vont consommer ces produits animaux ou
ces viandes animales.
M. le Président, nous allons procéder à
l'étude de ce projet de loi. En cours de route, nous allons observer si
les articles proposés è la suite des rencontres que nous avons
eues avec les différents intervenants correspondent aux désirs ou
aux objectifs
envisagés. Si les amendements semblent rencontrer les objectifs
envisagés, nous allons voter pour. Si nous pensons qu'ils ne permettent
pas d'atteindre les objectifs envisagés, nous allons proposer des
amendements pour faire en sorte que ce projet de loi soit adopté par
l'Assemblée nationale avant l'ajournement de la Chambre.
Étude détaillée
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce que, maintenant, nous pouvons
procéder à l'étude de l'article 1? J'appelle l'article 1.
M. le ministre, la parole est à vous. (21 h 30)
Interprétation
M. Pagé: M. le Président, essentiellement, on a eu
l'occasion d'y revenir quelques fois, la modification apportée à
la définition du mot "animal" a pour objet d'étendre la partie de
la section 1 du projet de loi à tous les animaux qui sont l'objet
d'élevage, de même qu'à leurs oeufs et à leurs
ovules fécondés. La section 1 du projet de loi regroupe des
articles qui ont pour but de permettre de lutter efficacement contre
l'apparition et la propagation des maladies contagieuses ou parasitaires.
Evidemment, cette lutte ne doit pas se limiter à l'égard
des seuls animaux qui traditionnellement faisaient l'objet d'élevage.
Elle doit aussi porter sur toutes les espèces animales auxquelles sont
appliquées les méthodes d'élevage, de même que sur
les oeufs et les ovules fécondés des animaux, puisque ces objets
sont également devenus sujets à de nombreuses transactions qui
peuvent favoriser ou conduire à la propagation des maladies.
On peut citer, entre autres, comme exemple nouvellement soumis aux
méthodes d'élevage à l'instar des animaux de ferme, le
faisan, les cailles, la grenouille, le sanglier, le poisson, les
crustacés, le bison, les mollusques, etc.
Quant aux modifications proposées aux paragraphes 2° et
3° de l'article 2, j'y reviendrai tout à l'heure.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant l'article 1?
M. Pagé: Au paragraphe 2°, M. le Président,
concernant les modifications, on se réfère au pouvoir
réglementaire. C'est pour faire des concordances avec le texte du
paragraphe 1°, purement et simplement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions?
M. Garon: Auparavant, on disait dans le projet de loi que les
animaux comprennent les chevaux, les bovins, les moutons, les porcs, les
volailles, les chiens, les chats et les animaux à fourrure
élevés en captivité. Maintenant, on les désigne
par: "tout animal d'élevage". Il y a des animaux qui peuvent être
élevés pour des fins d'élevage commercial et pour des fins
d'élevage domestique sans qu'il y ait nécessairement
commerce.
Comme on n'indique pas qu'il s'agît d'animaux élevés
pour des fins de commerce, est-ce que cela veut dire que tous les animaux
élevés en captivité, que ce soit pour des fins domestiques
ou commerciales, sont couverts?
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je me demande si cela veut dire que tous les animaux,
qu'il s'agisse d'élevage pour fins domestiques ou commerciales sont
couverts. Avant, on les énumérait. Comme les espèces
étaient énumérées, on pouvait voir les chevaux, les
bovins, les moutons, les volailles, les chiens, les chats et les animaux
à fourrure élevés en captivité.
Maintenant, c'est: "tout animal d'élevage". Avant, on le
précisait: Les chats et les animaux à fourrure
élevés en captivité. On ne mentionne pas les chats ou les
chiens élevés en captivité. Maintenant qu'on dit "tout
animal d'élevage, ainsi que ses oeufs et ovules fécondés",
est-ce qu'on veut indiquer que les animaux d'élevage incluent des loups?
Il y a des gens qui élèvent des loups - pas beaucoup, mais il y
en a quelques-uns - pour des fins domestiques. Il y a beaucoup d'animaux
élevés par des gens pour des fins domestiques, mais qui ne sont
pas élevés pour des fins commerciales. Est-ce que cela veut dire
que les animaux élevés pour des fins domestiques sont
couverts?
M. Pagé: Oui, M. le Président. Le libellé de
l'article, tel que modifié par le projet de loi se veut plus
général de façon à couvrir davantage les
différentes hypothèses qui peuvent se rencontrer. Alors, c'est
moins limitatif à certaines catégories d'animaux et c'est plus
général. Donc, tout animal qui fait l'objet d'élevage est
sujet à l'application des dispositions du présent projet de
loi.
M. Garon: Cela me va pour cela. Le reste, les deux autres
paragraphes où on dit: "est désignée par
règlement", était déjà désigné par
règlement à l'article 3 du projet de loi. Alors, cela ne change
rien.
Le Président (M. Forget): L'article 1 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Forget); L'article 1 est adopté.
Êtes-vous tous d'accord? On passe à l'article 2. M. le
ministre.
M. Pagé: Très bien, M. le Président.
M. Garon: Pensez-vous qu'il y en a qui ne sont pas d'accord?
M. Pagé: M. le Président, pour le Journal des
débats, il faut reconnaître que le fauteuil est occupé par
un député autre que celui qui préside normalement nos
travaux. Un député qui est tout aussi motivé à
faire adopter le projet de loi, qui est compétent et qui, par
surcroît, est un producteur agricole, l'honorable député de
Prévost. Vous faites bien cela.
Réglementation
Le Président (M. Forget): M. le ministre. À
l'article 2.
M. Pagé: M. le Président, l'article 2 du projet de
loi vient modifier l'article 3. L'article 3 de la loi actuelle dit que le
gouvernement peut faire des règlements pour: premièrement,
désigner les maladies contagieuses ou parasitaires ou
deuxièmement, régir la vente, la mise en vente, l'exposition et
la détention, le transport pour fins de vente ou d'échange;
troisièmement, statuer sur les conditions de salubrité des
écuries.
Nous modifions cela. Les dispositions prévues au projet de loi
ont pour objet de permettre au gouvernement de déterminer les
symptômes d'une maladie contagieuse ou parasitaire, selon le premier
alinéa de l'article 3. 1 de la loi, obligeant le propriétaire ou
le possesseur d'un animal à déclarer à un fonctionnaire
désigné la présence de tel ou tel symptôme. Alors,
essentiellement, comme on l'a vu lors de l'échange, très
fructueux et que je considère utile, avec les représentants qui
ont témoigné devant nous mardi dernier, il y avait des
inquiétudes. D'ailleurs, si je me souviens bien, le représentant
de l'Union des producteurs agricoles, qui était le président de
la Fédération des producteurs de porcs, nous disait: Vous nous
donnez une obligation qui est exhaustive, parce que nous ne sommes pas des
vétérinaires. Quand vient le temps de détecter, vous nous
donnez les pouvoirs, vous nous investissez presque des pouvoirs de
vétérinaires. Cependant, quand vient le temps de soigner,
là, il faut des permis, il faut la visite d'un
vétérinaire, etc.
Je voudrais clarifier dans le sens suivant. Il y a deux choses bien
différentes qui sont établies dans le projet de loi. Dans un
premier temps, il y a le symptôme. II peut être vu par celui ou
celle qui s'occupe d'une telle activité et qui connaît très
bien son cheptel, etc. Cependant, l'obligation faite au producteur ou à
la productrice est, dès le moment qu'apparaît un symptôme,
un signe qu'un de ses animaux est malade, qu'il y a certaines obligations qui
lui sont imparties. Cependant, il faut faire la distinction très nette
entre le symptôme et le diagnostic. Le diagnostic devra toujours
évidemment être ratifié, confirmé et établi
par le professionnel de santé animale, soit le médecin
vétérinaire.
Alors, ce nouvel article 3. 1 de la loi vient obliger le possesseur d'un
animal, son propriétaire ou son possesseur, à déclarer
à un fonctionnaire désigné la présence d'un tel
symptôme. Ici, je suis persuadé que tout député ou
le député de Lévis pourrait soulever: Comment
définissez-vous un symptôme? Les symptômes vont être
définis - et je m'en suis bien assuré, parce que je sais que
l'exercice ne sera probablement pas facile - par règlement. Alors, on
fait référence à l'obligation qui est impartie ou
établie pour un producteur en regard de certains...
M. Garon: M. le Président, j'aimerais qu'on fonctionne
comme une commission parlementaire normale. S'il y a des gens qui veulent faire
des caucus, qu'ils aillent les faire ailleurs. Cela n'est pas un hôtel,
une commission parlementairel
M. Pagé: C'est l'Hôtel du Parlement.
Le Président (M. Forget): À l'ordre. Silence, s'il
vous plaît!
M. Garon: La commission parlementaire elle-même n'est pas
un hôtel.
M. Pagé: M. le Président, dois-je comprendre que
c'est l'arrivée du député de Limoilou qui pertube le
député de Lévis?
M. Garon: Non, non. Il y a toutes sortes de caucus. On entend
murmurer sans arrêt. Alors, il serait bon qu'on fasse une commission
parlementaire normale avec...
Le Président (M. Forget): Je pense que cela va être
pas mal...
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis disait que nous n'étions pas dans un hôtel. Je
tiens à lui rappeler que nous sommes dans l'Hôtel du
Parlement.
M. Garon: Non, vous ne serez pas dans
un hôtel dans cette pièce.
M. Pagé: Cette pièce est dans l'Hôtel du
Parlement. Ah! vous parlez d'un autre type d'hôtel, je m'excuse.
D'accord. M. le Président, voilà l'essentiel du commentaire que
j'avais à faire à l'égard de l'article 3.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le ministre.
Maintenant, est-ce que j'ai le droit de poser une question comme
président? Oui? J'aurais quand même une petite question à
poser. C'est... Non? Ce n'est pas cela?
M. Pagé: Oui, oui. Vous avez le droit.
Le Président (M. Forget): Voici: Je vois: nettoyer les
écuries. Est-ce que c'est le mot réel qu'on devrait employer?
Vous m'avez mentionné cela à un moment donné.
M. Pagé: Je parlais du texte actuel qui...
Le Président (M. Forget): Oui. Ce ne serait pas mieux
"étables" plutôt qu'écuries?
M. Pagé: Oui, oui. Ce texte, nous le modifions par le
projet de loi qu'on présente.
Le Président (M. Forget): Ah bon! Parfaitl Alors, il y
aura des modifications s'il y a lieu. M. le député de
Lévis, est-ce que...
M. Pagé: Ici, dans le texte tel que modifié et dans
le texte original aussi, on parle de statuer sur les conditions de
salubrité des écuries, étables et autres lieux
d'élevage...
Le Président (M. Forget): Ah! Excusez-moi. Je n'avais pas
compris le mot "étables".
M. Pagé:... des véhicules transportant les animaux
et des lieux de rassemblement et déterminer les mesures à prendre
pour enrayer la propagation de ces maladies. Et, au paragraphe 6
"désinfecter les bâtiments et autres lieux où ces animaux
ont séjourné, de même que tout véhicule, fourrage et
litière souillés par ces animaux".
Le Président (M. Forget): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Comme vous n'avez pas déposé les
règlements, comme le ministre n'a pas déposé les
règlements, M. le Président, j'aimerais qu'il me donne des
indices sur la façon dont vont être rédigés les
règlements pour déterminer les symptômes d'une maladie,
parce que la description des symptômes peut être assez
complexe.
M. Pagé: M. le Président, il faut établir,
pour le bénéfice du député de Lévis et de
mes autres collègues, que l'applicabilité de cette disposition
s'appuie sur un nombre de maladies qui seront nommées et
déterminées par règlement. Nous prévoirons dans le
règlement, autant que faire se peut, évidemment, les principaux
symptômes qui apparaissent indiquant que la maladie à laquelle
nous faisons référence, que l'animal est porteur de cette
maladie, de ce virus.
Le Président (M. Forget): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député de Lévis?
M. Pagé: Par exemple, M. le Président, dans le cas
d'une salmonellose, on sait que les vaches ont la diarrhée, qu'elles ont
des pertes, perte d'appétit, etc. C'est là un symptôme pour
le propriétaire lorsqu'il constate que sa vache a des diarrhées
successives et qu'elle mange moins qu'avant. Cela peut être un
symptôme de la salmonellose. Cela va être décrit comme cela
dans le règlement.
M. Garon: Est-ce que les règlements sont prêts?
M. Pagé: Les règlements sont rédigés
actuellement, M. le Président.
M. Garon: Ils ne sont pas encore rédigés.
M. Pagé: Le règlement s'en vient, M. le
Président. Ces règlements devraient être
déposés assez rapidement. On se rappellera, pour ceux qui ont
à vivre avec cette loi, que depuis 1958 les règlements n'ont
jamais été déposés, les règlements qui
devaient s'appliquer pour mettre de la chair, finalement, sur l'ossature
législative qui a été adoptée et qui avait cours
n'ont jamais été adoptés. Je prévois être
plus diligent.
Le Président (M. Forget): Est-ce que cela répond
è votre question, M. le député de Lévis?
M. Garon: Bien, souvent, les documents avaient été
déposés. Il arrive parfois que des règlements ne soient
pas prêts et parfois ils le sont. Alors, je vous demande dans ce
cas-là si les règlements sont prêts ou non.
Le Président (M. Forget): II semble que les
règlements vont être prêts sous peu. Ils sont en train
de...
M. Garon: Ce n'est pas à vous que j'ai posé la
question.
Le Président (M. Forget): Non, mais...
M. Pagé: M. le Président, dans les délais
que je souhaite les plus brefs - on sait qu'il est prévu que la loi
devra s'appliquer en septembre - les règlements seront
déposés pour l'application de la loi. Au niveau des
symptômes, on sait que dans le cas de l'hémophilus, cela
entraîne des troubles respiratoires, cela entraîne des saignements
de nez. Alors, ce sont des détails qu'on veut les plus concrets, les
plus identifiés possible, auxquels nous faisons référence
pour obliger le producteur ou le possesseur de l'animal è en aviser un
fonctionnaire désigné.
Le Président (M. Forget): Merci. Cela répond à
votre question, M. le député de Lévis? (21 h 45)
M. Pagé: M. le Président, je tiens à vous
rappeler que la portée de cet article est moins considérable
qu'elle peut sembler a priori ou à sa face même parce que ce ne
sont pas, dans un premier temps, toutes les maladies contagieuses ou
parasitaires, mais seulement celles qui seront désignées par
règlement qui font l'objet d'une déclaration obligatoire. Donc,
cela devient plus restrictif pour les producteurs, c'est-à-dire moins
restrictif et plus limitatif. Deuxièmement, on doit retenir que les
symptômes que l'éleveur devra déclarer seront
déterminés, eux aussi, par règlement en vertu du nouveau
paragraphe 1. 1 de l'article 3 de la loi. Cela s'inscrit dans la perspective ou
dans le constat que le devoir du gouvernement, c'est de protéger la
santé du cheptel. S'il détermine et si on détermine
à cette fin les symptômes devant être
déclarés, ceux-ci seront facilement observables par le
propriétaire ou le possesseur de l'animal. Le système de
dépistage de la maladie serait inefficace sans cela, on doit
établir cette obligation. Pour faciliter la tâche du
propriétaire ou du possesseur de l'animal, celui-ci pourra
déclarer à son médecin vétérinaire un
symptôme déterminé par règlement au lieu de le faire
à un officier ministériel.
Le Président (M. Forget); Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Forget): Adopté.
M. Pagé; L'article 2 du projet de loi qui modifiait l'article 3.
Est-ce que c'est ce!a?
Le Président (M. Forget): Oui, c'est cela. J'appelle
l'article 3. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, è l'étude
de l'article 3 du projet de loi...
M. Garon: L'article 2.
Le Président (M. Forget): Non. L'article 2 a
été adopté.
M. Garon: Non, on a fait le premier paragraphe. On était
rendu au deuxième paragraphe.
M. Pagé: Non. C'est adopté, M. le
Président.
M. Garon: Non, on a parlé sur le premier paragraphe.
Après, on passe au deuxième paragraphe et au troisième
paragraphe avant d'adopter l'article. On n'a parlé ni de l'un ni de
l'autre. On était rendu au deuxième paragraphe.
M. Pagé: II est adopté, M. le Président. En
tout cas, je suis prêt à répondre aux questions du
député, mais il est adopté.
M. Garon: Oui, mais "adopté", un instant. On regardait le
premier paragraphe.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: On venait de regarder le premier paragraphe. On vient
d'adopter le premier paragraphe.
Le Président (M. Forget): C'est justement. Tout à
l'heure, on a quand même parlé sur l'article 2.
M. Garon: Mais non. On a parlé de déterminer les
symptômes de maladies contagieuses ou parasitaires pour les fins de
l'article 3. 1. Après, on était rendu au deuxième
paragraphe. On n'avait pas dit un mot sur le deuxième paragraphe.
M. Pagé: M. le Président, je tiens pour acquis que
l'article est adopté, mais je suis disposé à discuter de
toute question qui pourra m'être posée par l'honorable
député de Lévis. M. le Président, le
député de Lévis devrait retenir que le ministre est
patient, qu'il est disponible, qu'il est disposé à travailler en
collaboration avec lui. Je comprends que cela...
Le Président (M. Forget): On a adopté l'article 2
et on revient avec l'article 3.
M. Pagé: M. le Président, auprès du
député de Lévis, dois-je comprendre que cela n'a pas bien
été pendant que j'étais parti? Cela a bien
été?
Le Président (M. Forget): Sans cela, il va falloir avoir
le consentement des participants.
On revient à l'article 3?
M. Garon: Un instant! On va finir de regarder l'article 2. Je
pensais que vous appelleriez le premier paragraphe. De toute façon,
c'est trois paragraphes complètement différents.
Est-ce qu'il y a des choses différentes? C'est la même
affaire que...
Le Président (M. Forget): D'accord? Parfait.
M. Pagé: L'article 3 ou l'article 2,
troisièmement?
M. Garon: À l'article 3, il avait été
question d'amendement à ce paragraphe-là.
M, Pagé: Nous y arrivons, M. le Président. Je voudrais
déposer le texte, M. le Président - excusez les bruits - une
copie pour vous, M. le Président, une pour le secrétariat, trois
pour l'Opposition, une pour moi et le reste pour mes honorables
collègues.
M. le Président, l'article 3. 1 vient prévoir, vient
constituer un ajout où on dit que "le propriétaire - pour le
bénéfice de la discussion - ou le possesseur d'un animal doit
sans délai déclarer à un fonctionnaire
désigné par le ministre la présence d'un symptôme
d'une maladie contagieuse ou parasitaire déterminé par
règlement et qui se manifeste chez cet animal. "Un médecin
vétérinaire doit sans délai déclarer à un
fonctionnaire désigné par le ministre une maladie contagieuse ou
parasitaire qu'il a diagnostiquée ou dont il soupçonne, pour des
motifs sérieux, la présence chez un animal. "
La nouvelle disposition limite l'objet de la déclaration aux
symptômes de maladie qui seront déterminés par
règlement, comme je vous le disais tantôt. L'objet de la
déclaration antérieure consistait dans la présence ou dans
le soupçon d'une maladie contagieuse ou parasitaire. C'était une
exigence beaucoup trop grande pour que l'éleveur puisse y satisfaire. Il
convenait de la réduire à une limite telle que l'éleveur
puisse y satisfaire sans difficulté. Le nouvel article impose au
médecin vétérinaire, qui a diagnostiqué ou qui
soupçonne la présence d'une maladie contagieuse chez un animal,
l'obligation de déclarer ce fait au fonctionnaire désigné
par le ministre.
Le médecin vétérinaire est plus en mesure que
l'éleveur de satisfaire è cette exigence. Par cette mesure, on
espère obtenir en temps utile l'information pour déceler une
épidémie dans les premières manifestations de la maladie
et pour être en mesure d'empêcher sa propagation et de
prévenir des conséquences fâcheuses pour les humains aussi
bien que pour les animaux qui ont pu être en contact avec un animai
malade.
M. le Président, je tiens à rappeler qu'il s'agit de la
présence chez un animal, mais seulement dans les cas où il y a
des motifs sérieux d'avoir de tels soupçons. Cette disposition
aura donc pour effet d'éviter des déclarations impertinentes et
d'empêcher l'amorce de démarches inutiles par le ministère
responsable de l'application de la loi.
Cet article est modifié de façon que le médecin
vétérinaire soit tenu de déclarer à un
fonctionnaire désigné et consacre la modification proposée
au premier alinéa. Cette disposition donne plus de latitude au
propriétaire ou au possesseur d'un animal.
Le Président (M. Forget): Est-ce qu'il y en a qui veulent
intervenir sur l'amendement?
M. Pagé: L'amendement, c'est l'insertion, dans la
deuxième ligne, après le mot "ministre", des mots "ou à un
médecin vétérinaire" et par l'addition, à la fin du
deuxième alinéa, des mots "ou dont un symptôme a
été déclaré conformément au premier
alinéa".
Le Président (M. Forget): Est-ce que vous intervenez sur
l'amendement?
M. Garon: Cela marche.
Le Président (M. Forget): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement?
Non? Est-ce que l'amendement est adopté à l'article 3?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Forget): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
M. Garon: II n'y a rien de spécial là-dedans?
Adopté.
Le Président (M. Forget): Adopté. M. le ministre,
l'article 4.
M. Pagé: L'article 3 est-il adopté tel
qu'amendé, M. le Président?
Le Président (M. Forget): Tel qu'amendé, c'est
cela.
M. Pagé: M. le Président, la disposition
prévue à l'article 4 vise à abroger l'article 5 de la loi.
L'abrogation est rendue nécessaire par le fait que la substance se
retrouve dans une section particulière relative à l'inspection ou
à la section IV. On se rappellera que l'ancien article 5 disait que
"toute personne autorisée - c'est-à-dire l'article 5 actuel qu'on
modifie - par le ministre à agir comme inspecteur pour les fins de la
présente loi peut, dans l'exercice
de ses fonctions, visiter les lieux visés au paragraphe 3° de
l'article 3 et y examiner les animaux qui se trouvent, arrêter en cours
de route toute expédition d'animaux et en faire l'examen. " Dans le
projet de loi, on retrouve ces dispositions à 55. 10. Section IV,
2°, c'est le regroupement de toutes les dispositions visant l'inspection,
la saisie, la confiscation de biens, etc. D'ailleurs, l'article 55. 10 dit:
"Toute personne autorisée par le ministre è agir comme inspecteur
ou analyste pour les fins de la présente loi, qui a des motifs
raisonnables de croire qu'un animal, un produit ou un équipement
auxquels s'applique la présente loi se trouve dans un véhicule ou
dans un lieu visé au paragraphe 3° de l'article 3 ou au paragraphe c
de l'article 30 ou dans un lieu exploité pour les fins visées aux
articles 24, 55. 2 ou 55. 3, peut, dans l'exercice de ses fonctions:
pénétrer è toute heure raisonnable dans ces lieux et en
faire l'inspection; faire l'inspection d'un véhicule qui transporte un
produit et cela va comme cela; procéder à l'examen de cet
animal...; prendre des photographies du véhicule, de ces lieux, de cet
animal... exiger la communication pour examen, etc.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M, Forget): Adopté.
M. Pagé: M. le Président, c'est sensiblement la
même chose.
Le Président (M. Forget): J'appelle l'article 5.
M, Pagé: C'est essentiellement la même chose, M. le
Président. L'article 5 vient abroger l'article 7, puisque l'essentiel de
l'article 7 ancien ou actuel est reproduit è la section IV-2 aux
articles 55. 11 et 55. 12. Le texte étant devenu superflu, on en
recommande l'abrogation.
Le Président (M. Forget): J'appelle l'article 6. Est-ce
que l'article 5 est adopté? Y a-t-il des interventions?
M. Pagé: L'article 5 abrogeant l'article 7 de la loi
actuelle?
M. Garon: Celui que vous abrogez est plus long que celui qui le
remplace.
M. Pagé: Les articles 55. 11 et 55. 12. L'article 55. 11
dit que le propriétaire ou le responsable d'un véhicule ou d'un
lieu qui fait l'objet d'une inspection, ainsi que toute personne qui s'y
trouve, sont tenus de prêter assistance à l'inspecteur. Sur
demande, l'inspecteur doit s'identifier et exhiber son certificat qui est
signé par le ministre. L'article 55. 12 dit qu'il est interdit
d'entraver de quelque façon que ce soit... J'allais penser tout haut.
J'allais vous dire qu'il est interdit d'entraver de quelque façon que ce
soit les travaux d'une commission parlementaire. Il est interdit d'entraver de
quelque façon que ce soit l'exercice des fonctions d'un inspecteur ou
d'un analyste, de le tromper par des fausses déclarations ou de refuser
de lui fournir un renseignement qu'il a droit d'obtenir. " C'étaient les
dispositions. Nous reprenons dans 55. 11 et 55. 12 l'article 7 actuel et ancien
à compter de l'adoption du projet de loi 69. (22 heures)
Le Président (M. Forget): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Garon: II y a une disposition qui a été
enlevée. L'inspecteur était obligé de s'identifier, on
enlève ça. Je trouve ça un peu curieux. L'article 7,
deuxième alinéa.
M. Pagé: 55. 11, au deuxième paragraphe, M. le
Président.
M. Garon: D'accord, adopté.
M. Pagé: L'inspecteur est toujours obligé de
s'identifier.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Prévost.
Maintenant j'appelle l'article 6, M. le ministre.
M. Pagé: Est-ce que l'article 5 a été
adopté?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
Peine pour infraction
M. Pagé: À l'article 6, M. le Président, on
prévoit que l'article 11 de la loi actuelle est abrogé. L'article
11 de la loi prévoit les infractions aux dispositions de la section I de
la loi ou des règlements pris en application de ces dispositions de
même que les peines, les contrevenants en cours. Ces infractions, ces
peines se retrouvent maintenant prescrites dans la section IV. 5 à
l'article 55. 43 où on dit que quiconque contrevient è l'un des
articles - je pourrais vous les énumérer: 8, 9, 10, 55. 2, 55. 3,
55. 4, bon ou à une disposition réglementaire
déterminée en vertu de l'article 3 ou 55. 9 ou e une disposition
d'un décret approuvant un programme visé à l'article 55. 8
est passible, outre le paiement des frais, d'une amende de 200 $ à 2000
$ dans le cas d'un individu, et de 500 $ à 5000 $ dans le cas d'une
personne morale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 6?
M. Garon: Est-ce qu'on adopte...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tel quel.
M. Garon: C'est l'article 6 que vous avez dit?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est ça,
l'article 6.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 6 est adopté tel quel, tel que rédigé?
Adopté?
M. Pagé: M. le Président, j'ai omis de vous faire
part d'un commentaire aussi, je dois le faire. C'est que les dispositions de
l'ancien article 11 sont reproduites dans les dispositions de la section IV,
cependant on enlève l'emprisonnement.
M. Garon: Dans la révision des lois, ils enlèvent
ça un peu partout.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 6 est adopté?
M. Garon: Ce n'est pas sa disposition qui rendrait le centre de
détention de Saint-Joseph moins valable. Le centre de détention
de Saint-Joseph dans la région de Québec va être
fermé alors que la prison d'Orsainville est pleine. Le centre qui est le
troisième meilleur marché au Québec, c'est la prison
Saint-Joseph. Ce n'est pas ce qui va l'empêcher...
M. Pagé: Orsainville est vraiment plein, est-ce que vous
êtes allé récemment?
M. Garon: Non, j'ai vu les chiffres et les rapports des
ministères: Orsainville est plein et Saint-Joseph, une prison efficace
est fermée. La prison de New-Carlisle qui est beaucoup moins efficace
subit des travaux de 1 000 000 $.
M. Pagé: La prison de New-Carlisle va rester ouverte?
M. Garon: Je ne voulais pas dire qu'elle devrait être
fermée, mais ce que je veux dire c'est que la prison qui était
efficace ferme alors qu'elle gardait 70 prisonniers avec 32 cellules et la
prison de New-Carlisle avec 63 places en avait seulement 28.
M. Pagé: Elle n'avait plus de cellules? M. Garon: Non.
M. Pagé: Elle n'avait plus de prisonniers.
M. Garon: Elle n'avait plus de prisonniers alors qu'elle aurait
pu s'occuper de 63.
M. Pagé: Cela va peut-être permettre à ceux
qui occupent la prison de Saint-Joseph de voir les beautés de la
région de New-Carlisle.
M. Garon: Je ne pense pas. M. Pagé: Non?
M. Garon: Cela ferait un peu loin pour aller faire son
procès è 5aint-Joseph. Cela ne serait sûrement pas une
économie.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président, je peux
vous indiquer que l'honorable ministre de la Justice a eu l'occasion de
répondre à plusieurs questions soulevées dans ce
sens-là.
M. Garon: II n'a pas répondu aux questions, ce n'est pas
lui qui s'occupe du dossier.
M. Pagé: Le Solliciteur général a
participé au débat. On se rappellera que le gouvernement
précédent se proposait de fermer 32 bureaux d'enregistrement.
M. Garon: Mais il n'en a pas fermé un.
M. Pagé: II n'en a pas fermé un parce que les gens
se sont fait entendre. Les gens ont vraiment démontré au
gouvernement que le devoir était mal fait. Notre gouvernement a
corrigé ce devoir et on en ferme seulement dix ou onze, si ma
mémoire est fidèle. De toute façon, l'honorable
député de Lévis aura d'autres occasions pour discuter de
ces questions avec les autres ministres responsables de ces questions.
M. Garon: Je ne parlais pas des bureaux d'enregistrement parce
qu'on était plutôt dans l'emprisonnement. Je parlais plutôt
des prisons.
M. Pagé: M. le Président, quant à toucher
d'autres sujets...
M- Garon: Le ministre est impertinent.
M. Pagé: Pardon?
M, Garon: Le ministre est impertinent parce qu'on parlait de
l'emprisonnement.
M. Pagé: Non, le ministre est très patient.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pourrait-on revenir
à l'article 6, si vous voulez bien? Y a-t-il des... ?
M. Garon: II a été adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II a
été adopté? Alors, adopté.
M. Pagé: M. le Président, l'article 7 vient
modifier l'article 13. Si on prend le libellé exact, l'honorable
député de Lévis qui est avocat lui aussi pourra voir
comment le libellé était fait; c'est intéressant. L'ancien
article 13 disait: "Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation peut nommer des inspecteurs compétents... " Et lorsqu'on
réfère à la notion de droit, lorsque c'est "peut", c'est
possible, ce n'est pas "doit".
Tel que rédigé - et je suis persuadé que nos
professeurs d'interprétation des lots nous le diraient - étant
donné qu'ils pouvaient, ils n'étaient pas obligés de
nommer des inspecteurs compétents.
M. Garon: Je vous ferai remarquer que cet article a
été rédigé en 1964 et en 1973. Le seul...
M. Pagé: Peu importe qui l'a écrit.
M. Garon: S'il a été écrit dans le temps des
libéraux, c'est peut-être pour cela qu'il était mal
rédigé.
M. Pagé: Je ne suis pas convaincu de cela.
M. Garon: Oui, parce que le seul mot qui a été
changé en 1979, c'est le nom du ministère, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui a été
changé dans toutes les lois. Vous voyez que les seuls amendements ou les
articles qui avaient...
M. Pagé: M. le Président, ce n'était pas en
1973, c'était avant, c'était dans les Statuts refondus.
M. Garon: Oui, en 1964 et en 1973 alors qu'en 1979,
c'était le nom du ministère qui changeait seulement.
M. Pagé: Je n'ai pas fait de reproche à mon
prédécesseur.
M. Garon: Non, mais le ministre aime essayer de dire que...
M. Pagé: La correction est tout è fait
appropriée. On dit dans le nouveau texte: "Les inspecteurs,
nommés aux fins de la présente section, agissent sous la
direction du comité de surveillance. " L'engagement des inspecteurs et
la détermination de leurs conditions de travail relèvent de la
Loi sur la fonction publique et des règles établies par le
Conseil du trésor ou découlent des conventions collectives
applicables. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Quant à leur
pouvoir d'inspecteur, c'est le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation qui le leur délègue et les autorise à
agir en vertu de l'article 55. 10. La modification de l'article 13 a pour objet
de reformuler cet article pour faire ressortir la situation
précédemment décrite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il des
interventions sur l'article 7?
M. Garon: Je comprends que le ministre, ayant constaté que
tous les inspecteurs que j'avais nommés étaient
compétents, il n'était pas nécessaire de marquer
"compétents" à côté "d'inspecteurs", alors
qu'autrefois on se sentait obligé, dans le temps des libéraux, de
marquer "des inspecteurs compétents".
M. Pagé: Dois-je comprendre, M. le Président, que
le député de Lévis voudrait se laisser aller ou succomber
à la tentation d'être un tantinet démagogue?
M. Garon: Non, non. M. Pagé: Non?
M. Garon: On sait que les inspecteurs nommés
étaient toujours compétents quand je les ai nommés. On ne
dit, par exemple: "Les inspecteurs, nommés aux fins de la
présente section, agissent sous la direction de... " Ils sont
nommés par qui? Spécifîe-t-on à quelque part par qui
ils sont nommés? L'article 13...
M. Pagé: Ils sont nommés suivant les dispositions
de la Loi sur la fonction publique où chacun des ministères ou
des ministres a des responsabilités.
M. Garon: Oui... M. Pagé: Oui.
M. Garon: Les inspecteurs nommés habituellement ont un
mandat par le ministre, un mandat d'inspection. Partout ailleurs, on voit que
le...
M. Pagé: M. le Président, le règlement sur
les affectations et la classification des inspecteurs est adopté en
vertu de la Loi sur la fonction publique et ce règlement prévoit
comment de tels inspecteurs sont investis des pouvoirs qui leur incombent en
vertu de la loi. Je ne crois pas qu'il y ait lieu que le député
s'inquiète è ce sujet, M. le Président.
M. Garon: D'accord.
M. Pagé: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 7 est
adopté tel que rédigé.
J'appelle maintenant l'article 8. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, l'article 8 vient
modifier l'article 21 de la loi. Cette modification vise à modifier
l'article 21 par l'ajout d'un alinéa. L'article 21, comme on le sait,
habilite le comité de surveillance des étalons è faire des
règlements pour l'application de la section II de la loi et le nouvel
alinéa a pour objet d'étendre l'habilitation
précédente et de permettre au comité de surveillance de
déterminer parmi les dispositions des règlements celles dont la
violation constituera une infraction entraînant les peines qui sont
prévues à l'article 55. 44. La loi ne peut prévoir quels
seront les articles précis du règlement dont Ia violation sera
punissable aux termes de la loi. Il faut donc que la législation
autorise l'autorité réglementaire à le prévoir
à l'intérieur même du règlement. Une disposition
semblable se retrouve déjà à l'article 49 de la Loi sur
les pêcheries et l'aquaculture commerciales et à l'article 31 de
la Loi sur la prévention des maladies de la pomme de terre. Le projet de
loi 65 qui modifie la Loi sur la protection sanitaire des animaux a
également une disposition semblable à l'article 80.
M. Garon: Je trouve cela un peu fort. Le pouvoir d'un
comité de déterminer des infractions qui peuvent apporter des
amendes de 200 $ à 2000 $ et de 500 $ à 5000 $ dans le cas d'une
personne morale, par comité, cela me paraît un peu fort.
M. Pagé: Qu'est-ce qui vous apparaît fort?
M. Garon: Ce sont des amendes qui peuvent aller jusqu'à
2000 $ et 5000 $ et qui sont déterminées par un comité en
fonction... Regardez bien l'article 21: "Le comité de surveillance peut,
avec l'approbation du gouvernement, faire des règlements pour
l'exécution de la présente section et, en particulier, diviser le
Québec en districts d'inspection, classifier les étalons
inspectés, émettre des permis différents pour chaque
classe, en fixer la durée, déterminer la rédaction, la
forme et la couleur de permis ainsi que des rapports des inspecteurs. "Faire
des règlements pour l'exécution de la présente section",
vous savez que les cultivateurs se demandaient même si la section devait
exister. Là, on est rendu que le comité, parce que ces
règlements un peu techniques ne sont pas appliqués, pourrait
imposer des amendes qui pourraient aller jusqu'à 2000 $ ou 5000 $. Je
trouve cela...
M. Pagé: C'est le juge qui établit l'amende, M. le
député.
M. Garon: Le comité peut. M. Pagé: C'est le
juge.
M. Garon: Non, non: "Le comité peut, de la même
manière, déterminer, parmi les dispositions d'un
règlement... - tel que dit au premier alinéa - celles dont la
violation est punissable aux termes de l'article 55. 44. "
M. Pagé: D'accord. Je vous arrête là.
M. Garon: Que dit l'article 55. 44? L'article 55. 44 stipule que
les amendes peuvent aller jusqu'à 2000 $ ou 5000 $.
M. Pagé: Oui, mais là, M. le Président, je
pense que...
M. Garon: C'est un peu fort.
M. Pagé: Je voudrais être bien clair avec le
député. Le comité peut, par les dispositions modifiant
l'article 21...
M. Garon: On ne fera pas une grosse bataille. Cela pourrait
être adopté sur division. (22 h 15)
M. Pagé: M. le Président, dans le cas qui nous
occupe, c'est... Le règlement est adopté par le comité,
est approuvé par le gouvernement et le règlement vient
prévoir quelles sont les violations... Quelles sont les dispositions du
règlement qui constituent des violations. Ce sont les mêmes
dispositions que dans d'autres lois auxquelles j'ai
référé.
M. Garon: Ce ne sont pas des lois où les amendes sont de
ce montant-là.
M. Pagé: Attendez un peu! Je comprends que vous pouvez
vous interroger, vous pouvez ssoutenir le contraire. J'ai le droit
d'intervenir.
M. Garon: Non, je ne vous ôte pas le droit
d'intervenir.
M. Pagé: Je suis à intervenir et je vais
continuer.
M. Garon: Bon, eh bien, intervenez! M. Pagé: J'interviens.
Parfait.
M. Garon: Sauf que si vous voulez vous référer
à des articles d'un règlement qu'on n'a pas avec nous,
produisez-en donc des copies pour voir si cela dit la même chose.
M. Pagé: M. le Président, j'interviens
toujours.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: Premièrement, j'ai indiqué que
l'ensemble des règlements qui viendront mettre de la chair sur cette
ossature seront adoptés dans les délais que je prévois les
plus brefs, après l'adoption de cette loi. Deuxièmement, les
règlements ou les dispositions réglementaires régissant le
contrôle ou la surveillance des étalons existent depuis longtemps.
La modification à l'article 21 vient prévoir quelles dispositions
du règlement constitueront une violation. Violation en vertu de laquelle
des poursuites seront entreprises, lesquelles poursuites seront jugées
et pour lesquelles des sanctions ou des pénalités, des amendes
seront imposées. Ce n'est pas le comité qui va établir les
amendes. Ce n'est pas le comité qui va fixer les amendes. Cela se fera
devant un juge, évidemment.
M. le Président, quand on parle des amendes et que le
député de Lévis me dît que c'est beaucoup, je dois
renvoyer le député de Lévis au projet de loi 71 qui avait
été adopté en 1984, la Loi sur la prévention des
maladies de la pomme de terre où il était stipulé à
l'article 33: "Quiconque contrevient aux articles 4, 7, 9, 10, 11, 16, 17, 18
ou 20, à une disposition réglementaire déterminée
en vertu du paragraphe 6° de l'article 31 ou à un
arrêté ministériel pris en vertu de l'article 12 est
passible, outre le paiement des frais, d'une amende de 200 $ à 2000 $,
dans le cas d'un individu, et de 500 $ à 5000 $ dans le cas d'une
personne morale. "
M. Garon: La contamination des pommes de terre, c'est pas mal
plus sévère, pas mal plus sérieux...
M. Pagé: Que quoi?
M. Garon:... que ce que vous réglementez par ces articles.
Vous pouvez contaminer toute une région...
M. Pagé: M. le Président, les étalons
peuvent propager une maladie.
M. Garon: Ce n'est pas de cela qu'il est question.
M. Pagé: Bien oui.
M. Garon; Vous ne savez même pas de quoi il est
question!
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Vous ne savez même pas de quoi il est question!
C'est le comité qui va le dire.
M. Pagé: Le comité existe déjà. On a
un comité. On a un règlement.
M. Garon: Non, non, non. "Le comité peut, de la même
manière, déterminer, parmi les dispositions d'un règlement
visé au premier alinéa... ". Cela pourra être parce que
quelqu'un fait quelque chose en retard, cela pourra être quelque chose de
banal, tandis que, dans le cas de la pomme de terre, c'est chaque contamination
de la pomme de terre. C'est pas mal différent. Vous ne savez pas ce que
cela va être. Vous donnez un pouvoir "at large" au comité. " Le
comité peut, de la même manière...
M. Pagé: Oui, mais ce règlement va être
ratifié par le gouvernement.
M. Garon:... j'ai la parole, M. le Président. J'aimerais
cela terminer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! Un après l'autre.
M. Garon: "Le comité peut, de la même
manière, déterminer, parmi les dispositions d'un règlement
visé au premier alinéa, celles dont la violation est punissable
aux termes de l'article 55. 44. " Et si vous regardez le premier alinéa,
ce sont les règlements généraux pour l'exécution de
la présente section. Il y a lè-dedans des choses qui ne sont pas
très graves et il y en a d'autres qui sont plus graves. Alors, vous
laissez au comité le soin de dire ce qui va être punissable de
2000 $ ou 5000 $ d'amende. Tandis que, dans la loi concernant les pommes de
terre, c'était uniquement la contamination. C'était
spécifique. C'était autre chose. Mais, si vous voulez l'adopter,
je n'ai pas d'objection.
M. Pagé: Adopté, M. le Président. M.
Garon: On va dire sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Alors,
l'article 8 est adopté sur division.
M. Pagé: Alors, je retiens, M. le Président, que
pour mon ami d'en face la propagation d'une maladie chez les étalons est
moins grave que dans les pommes de terre.
M. Garon: Ce n'est pas cela. N'essayez pas! Arrêtons de
faire des sophismes. Je regrette. Vous donnez un pouvoir général
qui ne renvoie à rien. "Le comité peut, de la même
manière, déterminer, parmi les dispositions d'un règlement
visés au premier alinéa... " Et quels sont les règlements
visés au premier alinéa? Je vais vous le lire. "Le comité
de surveillance peut, avec
l'approbation du gouvernement, faire des règlements pour
l'exécution de la présente section, en particulier diviser le
Québec en districts d'inspection, classifier les étalons
inspectés, émettre des permis différents pour chaque
classe, en fixer la durée, déterminer la rédaction, la
forme et la couleur des permis ainsi que les rapports des inspecteurs. " On est
dans autre chose. On pourrait même, seulement sur des règles
administratives banales, mettre des amendes de 2000 $ à 5000 $. Il n'y a
rien de précisé là-dedans. Tandis que l'autre loi
était très précise, c'était la contamination des
pommes de terre. Il y avait des conséquences terribles è
cela.
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: II ne faut pas... Arrêtez de faire des
sophismes.
M. Pagé: Quand le député dit, pour des
raisons administratives, qu'on pourra payer de 200 $ à 2000 $, c'est ce
pourquoi dans le règlement proposé par le comité, mais
ratifié par le gouvernement, il est prévu que pour certaines
choses ce ne sera pas considéré comme étant une violation
de la loi; exemple, les raisons administratives, purement et simplement. C'est
parce qu'on dit la même chose. On l'interprète de façon
différente. On lit la même chose, mais on n'est pas d'accord.
M. Garon: C'est que vous n'avez pas lu la section sur les
étalons pour parler comme cela. Il faut lire la section sur les
étalons. La surveillance des étalons, essentiellement...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, un après l'autrel
M. Garon: Je suis en train de parler.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais le
laisser... Chacun son tour.
M. Garon: Quand on regarde, de quoi s'agit-il?
M. Pagé: Le député, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste une seconde.
On va quand même...
M. Pagé: Je comprends que je suis très
patient...
M. Garon: Non, non. J'étais en train de parler.
M. Pagé: Moi aussi, je suis en train de parler.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! On n'avancera pas comme cela.
M. Pagé: Nous parlons et vous parlez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, je vous écoute.
M. Garon: À tel point que, quand les cultivateurs sont
venus ici nous rencontrer...
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): En
réalité, il est adopté, c'est sûr. Écoutez,
on peut l'arrêter parce que de toute façon ce règlement est
adopté. Je ne sais pas pourquoi on continue cela.
M. Pagé: Ce que je n'accepterais pas, vous savez...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M, Garon: C'est justement. Après qu'on l'eut
adopté, le ministre a continué à faire des
commentaires.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Si vous
voulez, on va passer à l'article...
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... suivant. Je
vous écoute, M. le ministre. Quel article?
M. Pagé: Sur ce fameux article. Je veux rétablir
certains faits. Vous savez, le député... Ma patience ne permet
pas au député d'être insultant. Le projet de loi, on le
connaît et on n'interprète pas de la même façon le
libellé. Grand bien me fasse que le moins possible d'inquiétudes
vous animent et qu'on l'adopte, c'est tout.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est
adopté.
M. Pagé: Parfait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'y a pas autre
chose à ajouter? On va passer à l'article suivant, si vous voulez
bien. Est-ce que M. le député de Lévis est d'accord pour
passer à l'article suivant?
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon. L'article 9.
M. le ministre, vous avez la parole sur l'article 9.
M. Pagé: En vertu de l'article 9 de la présente
loi, l'article 22 de la loi est abrogé. L'article 22 de la loi
prévoit les infractions à la section II de la loi ainsi que les
peines qui doivent être imposées aux contrevenants. Or, ces
infractions et les peines correspondantes seront, a la suite des modifications
de la loi qui regroupent les dispositions pénales, dans une même
section, la section IV entre autres, l'article 55. 44. L'article 22 de la loi
actuelle devenant ainsi superflu, on le supprime purement et simplement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 9?
M. Garon: Je vous ferai remarquer et j'en profite pour faire des
interventions à ce moment-ci sur toutes les sections. Il faut savoir de
quoi on parle dans cette section. Ce qu'on vise dans cette section quand on
parle de la surveillance des étalons, ce n'est pas essentiellement,
uniquement la santé des étalons, mais c'est la classification des
étalons. Quand le ministre nous parle de la santé des
étalons, je regrette, ce n'est pas cela. Je dois dire qu'à
l'article 17 on spécifie les devoirs du comité de surveillance.
On ne peut pas dire n'importe quoi devant cette commission, à moins
que...
M. Pagé: Question de règlement. C'est plutôt
le député de Lévis qui dit n'importe quoi à ce
moment-ci»
M. Garon: L'article 17 dit quoi? "Il est du devoir du
comité de surveillance; "1° De classifier les étalons
inspectés de façon à faire connaître leur valeur au
public; "2° De tenir un registre contenant le signalement, la
classification, le nom du propriétaire ou du possesseur de chaque
étalon et tous autres détails jugés nécessaires.
"3° D'accorder ou de refuser un permis de monte. "
C'est cela le but du comité, ce n'est pas autre chose. On a beau
dire n'importe quoi, excepté que le comité de surveillance des
étalons, c'est un comité de classification des étalons
avec des permis, avec des classifications en vue d'améliorer la race
chevaline. C'est cela le but, au fond. Ce n'est pas l'autre disposition
concernant les maladies chez les animaux. C'est pourquoi les cultivateurs qui
sont venus devant cette commission la dernière fois ont indiqué
qu'ils souhaiteraient avoir cela pour toutes les races pour que les mâles
reproducteurs des différentes races soient de meilleure qualité.
Ils ne voyaient pas pourquoi, si cela n'existait pas pour les autres animaux,
cela existerait pour les chevaux.
Là, que le comité de surveillance qui va faire des
règlements pour la classification et il va déterminer des amendes
de 2000 $ a 5000 $. Je ne peux m'empêcher de trouver cela un peu
fort.
Quand le ministre dit qu'il compare cela à la contamination par
les maladies de la pomme de terre, je pense qu'on est dans deux mondes
différents. Quand on parle de la classification des étalons pour
la monte et quand on parle de la contamination par les maladies de la pomme de
terre, notamment de la pomme de terre de semence, on parle du jour et de la
nuit.
Qu'on indique qu'on veut mettre des amendes..
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le...
M. Garon:... de 5000 $ dans ce but, ou qu'on dise qu'on veut
changer, comme on veut le faire en abrogeant l'article 22, des emprisonnements,
car il y avait des petites amendes qu'on enlève... On a remplacé
cela au fond, à toutes fins utiles, par le pouvoir réglementaire
qu'on vient d'adopter à l'article 21 et on enlève l'article 22.
Je vous ferai remarquer quelles étaient les peines de l'article 22:
"Toute personne contrevenant aux dispositions de la présente section de
quelque règlement du comité de surveillance est passible sur une
poursuite sommaire, pour une première infraction, d'une amende de 10 $ a
25 $ avec dépens et au paiement de l'amende et des dépens, et,
à défaut du paiement de l'amende et des dépens, de
l'emprisonnement de huit jours à un mois et, pour toute récidive,
d'une amende de 25 $ à 50 $ avec dépens. "
C'est maintenant remplacé par des amendes de 2000 $ ou de 5000 $.
L'amende de 25 $ va passer à 2000 $ et celle de 50 $, à 5000 $.
Que voulez-vous? Il me semble que le ministère sera sur le pilote
automatique. Allons-y. Mais, cela va être sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Pagé: M. le Président, je vais ajouter un
commentaire et j'ai le droit de le faire...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, Monsieur.
M. Pagé:... à ce moment-ci, compte tenu que le
député de Lévis s'est prévalu lui aussi du droit
d'intervenir. J'apprécierais beaucoup, cependant, qu'il
m'écoute.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'était sur
l'article 9, n'est-ce pas?
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévîs devra reconnaître avec moi que la classification
des étalons s'appuie aussi sur des critères de santé.
C'est là qu'il est important d'intervenir. Le député de
Lévis doit aussi probablement, je présume, après neuf ans
à la tête du ministère, être bien informé de
la valeur économique des étalons au Québec.
Qu'il suffise de référer, par exemple, au domaine des
chevaux de course. Le permis de monte, c'est-à-dire le permis qui
autorise le propriétaire d'un étalon à faire produire des
saillies pour des juments appartenant à autrui, doit peut-être
être refusé dans le cas d'un étalon qui présente des
maladies transmissibles. Quand je parle de valeur économique, qu'on
prenne Boomer Drummond qui est un étalon de qualité, la saillie
coûtait 3000 $. Qu'on prenne Bob Hilton qui vient d'être
retiré du marché de la ferme Grade dans la région de
Saint-Hyacinthe et qui est rendu sur une autre ferme dans la région de
Québec, si ma mémoire est fidèle, sa saillie a
déjà coûté jusqu'à 5000 $.
Qu'est-ce que cela implique? Cela implique qu'avant qu'un permis de
monte soit octroyé, on doit s'assurer que l'étalon -n'a pas de
maladie transmissible. Malgré les insultes et les insinuations du
député de Lévis, je tiens à lui dire que je le
prierais de s'excuser, mais je n'irai pas jusque là, sachant
pertinemment qu'il ne le fera jamais. Mais, les étalons et les chevaux,
je connais cela pas mal plus qu'il peut le penser.
Ceci étant dit, M. le Président, je suis prêt
à passer à l'autre article. S'il veut qu'on profite, à un
moment donné, d'un débat pour faire le tour de la qualité
de la race chevaline dans le domaine des courses, car j'ai bien
référé à la valeur économique de tels
chevaux, on pourrait s'en parler durant plusieurs heures.
Quand je parle de courses de chevaux, je ne parle pas seulement du volet
des paris, je parle surtout de la qualité des chevaux et des
étalons. Je parle aussi des juments et de ce qui s'est fait en termes de
promotion du cheval et des chevaux québécois. Je tiens à
rappeler au député que les amendes à la section à
laquelle il réfère n'étaient pas de 25 $, mais bien de 100
$ à 500 $. Ceci étant dit, M. le Président, pour le
bénéfice de ceux qui nous liront, je présume que ce sera
en mesure de les sécuriser et de bien comprendre que les insinuations du
député de Lévis n'étaient pas fondées.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant cet article 9?
M. Garon: M. le Président, je connais assez bien la
question des étalons, puisque c'est moi qui ai mis sur pied un programme
pour l'amélioration des étalons et de la race chevaline au
Québec au cours des dernières années. On a fait un
changement avec le gouvernement libéral qui envoyait les chevaux en
Floride durant l'hiver, aux frais de la princesse, et aux frais de
l'État. Alors, vous comprenez que je suis assez au courant de cela,
puisque je fais partie de ceux qui ont voulu que cette ferme soit fermée
et que les chevaux soient élevés au Québec plutôt
qu'en Floride et qu'on cesse de subventionner l'élevage de chevaux qui
étaient expédiés en Floride par leurs propriétaires
aux frais du gouvernement. Je suis assez familier avec la question. (22 h
30)
II n'empêche que je pense qu'on donne un pouvoir trop
général et qu'on aurait dû distinguer entre des infractions
sommaires et des infractions importantes; l'absence de distinctions, c'est la
responsabilité du gouvernement. Je vais vous dire: sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
L'article 9 est adopté sur division. J'appelle maintenant l'article
10.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 10,
nous modifions l'article 24, par la suppression du deuxième
alinéa, car la suppression de cet alinéa est rendue
nécessaire à ia suite du regroupement de toutes les dispositions
portant sur le permis dans une section particulière touchant les permis;
il s'agit de la section IV. 3. L'article 55. 29 de cette nouvelle section
reproduit la substance du second alinéa de l'article 24 qu'on
supprime.
Une voix: Quel article?
M. Pagé: L'article 55. 29.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 11.
Insémination artificielle
M. Pagé: L'article 11, M. ie Président,
prévoit que l'article 25 de la loi est modifié par la
suppression, dans les quatrième et cinquième lignes, des mots "ni
d'un éleveur qui procède, dans les cas prévus par les
règlements, à l'insémination artificielle d'un de ses
animaux".
Règle générale, l'éleveur n'est pas
autorisé à procéder à l'insémination
artificielle d'un bovin, que celui-ci fasse ou non partie de son
élevage. Exceptionnellement, dans les cas prévus par
règlement, un éleveur peut procéder à
l'insémination. L'objet de cet article, c'est de faire disparaître
la règle générale et l'exception, de manière qu'un
éleveur, moyennant un
permis, puisse procéder à l'insémination
artificielle dans son troupeau. On se rappellera que j'avais indiqué la
volonté du législateur d'introduire une disposition nouvelle
permettant l'insémination par le propriétaire, le producteur
lui-même. Cela permet donc le biostat à la ferme. On doit
constater que plusieurs - on quantifie une centaine de producteurs, environ
possédaient un tel équipement. On sait que c'est un
équipement dont le coût est assez onéreux, assez
dispendieux. On sait que, pour être capable de rentabiliser un tel
équipement, il faut pratiquer un nombre assez important
d'inséminations. De plus, on sait que pour pratiquer un tel acte, il
faut une certaine compétence, cela va de soi. Si ce n'est pas bien fait,
évidemment, le producteur se convie lui-même à des
déboursés assez appréciables. D'autres provinces
permettent le biostat à la ferme et l'insémination par le
producteur lui-même. Alors, on va exactement dans le sens de ce qui
était demandé et souhaité, donc, de ce qui était
souhaitable de faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur cet article. L'article 11...
M. Garon: Quels sont les cas prévus par
règlement?
M. Pagé: Actuellement?
M. Garon: La loi dit: "... ni d'un éleveur qui
procède, dans les cas prévus par les règlements, à
l'insémination artificielle... " Il doit y avoir des cas prévus
par règlement; quels sont ces cas?
M. Pagé: Les cas qui sont prévus par
règlement, actuellement - on parle toujours du règlement actuel,
qui est modifié... La loi actuelle autorise dans les cas où il
n'y a pas de CAB, de cercles d'amélioration du bétail, dans une
région, de délivrer un permis permettant au producteur
d'inséminer lui-même. C'est dans la loi actuelle. Cela constituait
l'exception.
Maintenant, on a des cercles d'amélioration du bétail sur
l'ensemble du territoire. Au lieu de créer une exception, on crée
un pouvoir en vertu duquel le propriétaire pourra poser un tel acte,
mais en détenant un permis et en se conformant à certaines
conditions.
M. Garon: Ce sera indiqué où?
M. Pagé: Ce sera indiqué où, quoi?
M. Garon: Ce pouvoir-là, dans le permis.
M. Pagé: Quel pouvoir?
M. Garon: La possibilité de donner un permis.
M. Pagé: À l'article 28, où l'on dit: "Le
gouvernement peut adopter des règlements pour: 1°, déterminer
les conditions dans lesquelles une personne peut faire le commerce du sperme
et...
M. Garon: À quel paragraphe?
M. Pagé: Premièrement, déterminer...
M. Garon: Non, mais je cherche seulement celui qui correspond
à l'article que vous abrogez, où l'on parle des dispositions,
dans la deuxième partie de l'article 25.
M. Pagé: Dans l'article tel que rédigé, on
pouvait, par règlement, prévoir des cas d'exception - comme je
vous le disais tantôt - dans les régions où il n'y avait
pas de cercles d'amélioration du bétail. Alors que, actuellement,
on supprime ce pouvoir d'intervention réglementaire,
premièrement, en disant, dans les quatrième et cinquième
lignes, de supprimer les mots "ni d'un éleveur qui procède, dans
les cas prévus par les règlements, à l'insémination
artificielle d'un de ses animaux" et l'on accorde le pouvoir au producteur de
procéder lui-même à l'acte d'insémination. Cet acte
est encadré par les dispositions de l'article 28, où il est dit:
"Le gouvernement peut adopter des règlements pour: 1°,
déterminer les conditions dans lesquelles une personne peut faire le
commerce du sperme d'un animal, en garder en sa possession- ou pour restreindre
ces activités ainsi que l'insémination artificielle d'un animal
à des catégories de personnes qu'il détermine. "
L'ensemble de l'article 28 a d'autres dispositions. En deuxième
lieu, on mentionne les catégories de permis, les droits, les conditions
et les restrictions aussi, à l'égard de chaque permis, que ce
soit un permis de commerçant ou un permis de producteur, etc. Si l'on va
plus loin, au quatrième point, on a le pouvoir de déterminer les
qualités requises d'une personne qui fait une demande de permis ainsi
que les qualités requises d'un employé affecté aux
activités pour lesquelles un permis est exigé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Prévost,
M. Forget: Est-ce qu'il va falloir que l'agriculteur suive des
cours d'inséminateur pour avoir le droit d'inséminer son
troupeau?
M. Pagé: C'est-à-dire qu'il aura à
répondre à certaines conditions qui seront
déterminées par règlement. Nous sommes à travailler
là-dessus actuellement. Cependant, on doit reconnaître qu'environ
cent
producteurs, au Québec, sont détenteurs ou
propriétaires d'un biostat. Ils posent donc de tels gestes.
M. Forget: Merci.
M. Pagé: Pour toute autre personne... Vous savez, je ne
serais pas favorable à proposer l'adoption d'un règlement qui
soit restrictif ou qui impose des conditions analogues à celles qui sont
imposées à un inséminateur professionnel. C'est un choix
que le producteur aura à faire. Le producteur qui, demain matin, se dote
d'un biostat fait des déboursés appréciables. S'il manque
ses saillies et qu'il doit répéter, dans certain cas, à 30
$ et à 35 $ la paillette... Le prix moyen des paillettes, l'an
passé, était de 7, 07 $, il n'y a pas d'intérêt
à être obligé de répéter ses saillies
è tout bout de champ. Il faut aussi convenir et retenir - et c'est bien
important - que le propriétaire d'un biostat à la ferme ne pourra
pas inséminer pour le voisin; il va inséminer seulement ses
animaux. Donc, il y a des conditions moins exorbitantes que pour
l'inséminateur professionnel.
M. Forget: Cela m'amène à vous poser une autre
question. Est-ce qu'on va faciliter les choses pour l'agriculteur qui veut
suivre des cours?
M. Pagé: II n'y a aucun problème. Cela va de
soi.
M. Forget: Aucun problème. D'accord. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On se rend compte
que le député de Prévost est un expert dans le
domaine.
M. Garon: Vous voulez dire comme quoi? À quel titre?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Évidemment
comme un agriculteur important dans sa région il a affaire à ces
choses.
M. Pagé: Pour ceux qui s'inquiètent des poursuites,
je dois dire qu'il n'y a jamais eu de poursuites d'intentées contre ceux
ou celles qui possédaient un biostat à la ferme jusqu'à
maintenant. On clarifie une situation et on la légalise.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 11?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
L'article 11 est adopté.
M. Garon: Sous réserve que le règle- ment soit bien
fait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'appelle
maintenant l'article...
M. Pagé: M. le Président, je vais nVassurer que
dès le moment où le règlement aura été
adopté, j'en ferai tenir une copie - malgré que cela peut
être pendant l'été ou entre les sessions. On sait qu'on
termine la session lundi soir prochain, le 23 juin, pour reprendre normalement
en octobre je peux vous l'assurer, une copie personnelle...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Au
député de Lévis.
M. Pagé:... au député de Lévis sous
ma signature. Cela me fera plaisir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excellent.
J'appelle maintenant l'article 12, l'article 26.
M. Pagé: Par l'article 12, on remplace les articles 26
à 29 de la loi par les suivants.
M. le Président, voulez-vous me donner 30 secondes pour bien
remettre en ordre les documents à l'appui des articles
précédemment étudiés.
M. Garon: On est à l'article 26 ou à l'article
12?
M. Pagé: M. le Président, nous sommes à
l'article 12 qui vient...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Les articles
12-26.
M. Pagé: Nous sommes à l'article 12 qui remplace
les articles...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le numéro
26.
M. Pagé:... 26 a 29 de la loi actuelle.
M. le Président, les articles 26 et 27 qui sont
insérés dans la loi par l'article 12 du projet de loi
reproduisent essentiellement des règles qui sont fondamentales et qu'on
retrouve présentement dans le règlement sur l'insémination
artificielle. Selon nous, ils ont leur place non pas dans le règlement
mais dans le texte de loi. Je suis persuadé que cela va recueillir
l'approbation du député de Lévis. Le règlement sur
l'insémination artificielle prescrit des normes relatives aux
reproducteurs, aux lieux de récolte, de préparation et de
conservation de semence animale ainsi qu'aux activités de distribution,
de transport et d'utilisation.
À l'article 26, il est dit que nul ne peut, pour
l'insémination artificielle d'un
animal, prélever, détenir, préparer, etc. L'article
précédent disait que le gouvernement pouvait adopter des
règlements pour déterminer les qualités requises, etc. La
loi est plus claire. Il nous apparaît que semblable matière devait
être contenue au projet de loi.
Même chose pour l'article 27.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il des
interventions concernant l'article 26 contenu dans l'article 12?
M. Pagé: À l'article 27, on disait que toute
personne autorisée par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation agissait comme inspecteur pour les fins de la
présente section peut dans l'exercice de ses fonctions
pénétrer dans tout établissement ou lieu de...
L'article 27 disait plutôt, je m'excuse. Bien non, c'est ce qu'il
disait. On vient interdire les activités et les opérations non
conformes aux normes en vigueur ainsi que l'utilisation des lieux, des
reproducteurs et des équipements qui ne sont pas conformes aux normes
applicables.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
avez des interventions?
M. Garon: Le tout va dépendre de la réglementation.
C'est un pouvoir général de réglementation qui est
donné par l'article 26.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Évidemment.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Sauf qu'auparavant, c'était beaucoup plus
précis que cela dans la loi. (22 h 45)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'était
déterminé par règlement.
M. Garon: Les articles 26, 27, 28 et 29 avaient quand même
presque deux pages.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. L'ancien
article 26... Quand je dis "je m'excuse", cela n'est pas parce que je fais
amende honorable, c'est plutôt pour inviter le député
à s'excuser.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon!
M. Pagé: C'est une expression quand on dit
spontanément: Je m'excuse. M. le Président, si on le lit, le
texte parle par lui-même. L'article actuel de la loi dit, avant
modification que le gouvernement peut adopter des règlements pour les
paragraphes a, b, c, d, e, f, g et h; c'est beaucoup. Alors que le projet de
loi qu'on étudie actuellement vient modifier cet article où le
législateur l'inclut non pas dans le règlement mais dans la loi.
Dans ce sens-là, le député de Lévis devrait
être satisfait. Il nous a longuement entretenu depuis le début de
nos travaux sur le pouvoir réglementaire - qu'il qualifie d'exorbitant -
que l'on utilise. Là, on dit dans la loi: "Nul ne peut, pour
l'insémination artificielle d'un animal, prélever,
détenir, préparer, utiliser, acheter, échanger ou donner,
mettre en vente ou en dépôt, vendre dans un lieu quelconque,
transporter, faire transporter du sperme d'animal qui est impropre à
l'insémination ou qui ne répond pas aux conditions de
salubrité, de qualité, de prélèvement, de
conditionnement et de marquage déterminées par règlement.
" Je conviens que l'on fait référence au règlement, mais
ce que l'on veut, en fait, et ce que l'on établit, est beaucoup plus
substantiel, si je peux utiliser le terme, dans la loi que dans le texte
antérieur.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Prévost.
M. Forget: M. le Président, pour le sperme qui est
acheté dans d'autres centres d'insémination comme, par exemple,
en Ontario, va-t-il falloir qu'il passe par le centre du Québec ou bien
des agriculteurs... ?
M. Pagé: M. le Président, je peux vous indiquer
ceci: L'ensemble du sperme d'animal mis en marché au Québec devra
répondre aux mêmes normes. Nous aurons un centre de
contrôle, qui ne sera pas au centre d'insémination à
Saint-Hyacinthe, qui sera là pour valider si le sperme... D'ailleurs, le
CIAQ devra se soumettre et répondre aux critères et aux normes
édictés à l'article 26 et suivants et dans les
règlements qui vont venir étoffer cet article-là. Alors,
le sperme du Québec et le sperme venant de l'extérieur seront
régis par les mêmes dispositions et on aura un centre de
contrôle pour nous en assurer entre autres. On ne doute pas du tout de la
qualité du sperme mis en marché par le Centre
d'insémination artificielle du Québec, mais on veut
évidemment contrôler le sperme venant de l'extérieur. Si on
limitait le contrôle de la qualité d'un tel sperme à celui
provenant de l'extérieur, cela pourrait être jugé
illégal et inconstitutionnel parce que interprété
possiblement comme étant une façon indirecte de limiter le
commerce interprovincial. Ce qui nous est défendu par la constitution du
Canada. Alors...
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Prévost.
M. Forget: J'ai une autre question. Il y a quand même une
partie du Québec où des vendeurs - si on peut les appeler comme
cela - se trouvent à vendre de la semence à des agriculteurs au
Québec.
M. Pagé: Oui.
M. Forget: Je ne sais pas si des inspecteurs du Québec
surveillent ces gens-là.
M. Pagé: M. le Président, à l'article 28, il
est dit que le gouvernement peut adopter des règlements pour
déterminer les qualités requises et les normes de
compétence exigées de toute personne qui fait une demande de
permis; la forme, la teneur des demandes, les honoraires exigés;
déterminer les conditions dans lesquelles une personne peut faire le
commerce du sperme d'un animal, en garder en sa possession ou pour restreindre
ces activités ainsi que l'insémination d'un animal à des
catégories de personnes qu'il détermine.
Alors, ces personnes-là, M. le député de
Prévost, vont être contrôlées et soumises à
l'obligation de remplir certaines conditions. Cela va de soi.
M. Forget: Si je comprends bien, cela va leur prendre un permis
aussi.
M. Pagé: Ah oui! Absolument.
M. Forget: À ce moment-là, c'était une
espèce de marché noir qui existait.
M. Pagé: M. le Président, je ne peux le qualifier
de noir ou de gris, mais cela ressemble pas mal à ce que vous soutenez.
On va mettre de l'ordre dans la commercialisation du sperme au Québec.
On ne peut pas se permettre, avec la qualité exceptionnelle du produit
qu'on met en marché par le centre d'insémination artificielle,
permettre un accès aussi facile. Il n'y a aucun problème pour
l'accès, mais pour autant qu'ils répondent aux mêmes normes
de qualité que nous, par exemple. Celles-ci seront établies par
les règlements qu'on va adopter. Cela répond-il à votre
question, M. le député?
Une voix: Oui, merci.
M. Pagé: Cela vous a-t-il sécurisé?
Une voix: Je suis d'accord.
M, Pagé: Je l'apprécie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, il
va falloir attendre quelques instants.
M. Pagé: M. le Président, je vais aller à la
même conférence que vous. On va suspendre pour deux minutes?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va suspendre la
séance pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 51)
(Reprise à 22 h 55)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La séance
est rouverte et nous étions évidemment à l'article 12,
paragraphe 26. Est-ce qu'il y a des interventions concernant l'article 12.
26?
M. Garon: 26, adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): 26, adopté.
Paragraphe 27.
M. Garon: L'article 27 se lit drôlement et j'aimerais avoir
des explications. "Il est interdit d'utiliser, selon le cas, pour la
production, le conditionnement ou la conservation du sperme d'animal ainsi que
pour la mise en place de ce sperme dans le tractus génital d'une femelle
animale, un lieu ou un équipement qui n'est pas conforme aux normes
établies par règlement. " Le lieu ou un équipement, c'est
quoi? Est-ce à dire que, pour la mise en place du sperme dans le tractus
génital d'une femelle, il va falloir que le lieu où cela se fait
soit conforme aux règlements? Cela me paraît un peu drôle.
Que l'équipement utilisé soit conforme aux règlements,
j'admets cela. Va-t-il falloir que ce soit une table ou un lit double?
Je comprends qu'on puisse déterminer: "II est interdit
d'utiliser, selon le cas, pour la production, le conditionnement ou la
conservation du sperme d'animal ainsi que pour la mise en place de ce sperme
dans le tractus génital d'une femelle animale... " Je comprendrais qu'on
dise: Un équipement qui soit conforme aux normes établies par
règlement, mais qu'on dise: "Un lieu ou un équipement qui n'est
pas conforme aux normes établies par règlement", je me demande ce
que le lieu vient faire là.
M. Pagé: M. le Président, on parle de deux choses
distinctes. On parle dans un premier temps de l'équipement. C'est le
genre d'équipement qui devra, évidemment, répondre
à certaines normes et on parle du lieu où cet équipement
devra être utilisé, remisé, etc. Exemple bien concret: le
stock ne peut pas être dans le grenier.
M. Garon: Ce n'est pas évident à la
lecture.
M. Pagé: Entre autres, pourquoi le
pouvoir réglementaire concernant le lieu? C'est pour s'assurer de
l'accessibilité des équipements.
M. Garon: Je comprends tout cela. M. Pagé: Bon,
parfait.
M. Garon: Sauf que l'article tel que rédigé ne veut
pas dire grand-chose. Le lieu, on ne sait pas à quoi il renvoie. Est-ce
le lieu de production, le lieu de conditionnement, le lieu de conservation du
sperme, alors qu'on dit après cela: "ainsi que pour la mise en place de
ce sperme dans le tractus génital d'une femelle animale, un lieu ou un
équipement qui n'est pas conforme aux normes établies par
règlement". On ne sait pas si le lieu...
M. Pagé: C'est le règlement qui va le
déterminer.
M. Garon:... s'applique à la mise en place du sperme dans
le tractus ou si c'est l'équipement pour faire la mise en place dans le
tractus ou encore l'équipement de conservation, de conditionnement ou de
production. À mon avis, on mélange trop de choses. Il faudrait
faire deux alinéas: un pour parler de la production, du conditionnement
ou de la conservation du sperme et il faudrait en avoir un autre concernant la
mise en place du sperme dans le tractus génital d'une femelle. Cela fait
un petit peu général comme article.
M. Pagé: C'est cela, l'article est général
parce qu'il va être précisé par le pouvoir
réglementaire. On parle de la production, du conditionnement, de la
conservation, de l'utilisation et, pour l'utilisation, de la localisation des
équipements qui vont permettre de s'en servir.
Je comprends que le député nous dise que c'est
général; c'est vrai que c'est général. Nous
pourrons par règlement préciser chacun des objets, des sujets
plutôt, mentionnés à l'article 27.
M. Garon: Regardez bien ce qu'on y lit.
M. Pagé: Mais, oui, je le lis. Je l'ai non seulement lu,
je l'ai écrit avec mes fonctionnaires.
M. Garon: II faut lire... Je vais le lire différemment.
Voyez-vous, on dit: II est interdit d'utiliser un lieu ou un équipement
qui n'est pas conforme aux normes établies par règlement selon le
cas, pour la production, le conditionnement ou la conservation du sperme ainsi
que pour la mise en place de ce sperme dans le tractus génital d'une
femelle animale. Cela fait drôle parce que cela veut dire qu'il va
falloir que le lieu où va se faire la mise en place du sperme dans le
tractus génital d'une femelle soit conforme aux règlements. Il me
semble que c'est un peu fort.
Je comprends qu'on peut le lire autrement, mais la formule est tellement
syncopée.
M. Pagé: Est tellement quoi? M. Garon:
Syncopée.
M. Pagé: Syncopée. Est-ce que le
député pourrait expliquer la définition du mot
"syncopée".
M. Garon: Regroupée, cela vient du mot "syn", c'est un mot
grec qui veut dire avec, synthèse, comme on trouve le mot
"synthèse" avec "syn" dans les racines gréco-latines. (23
heures)
M. Pagé: M. le Président, l'article 27 est
général. Dans le règlement, évidemment, on devra
distinguer les normes applicables à la production, au conditionnement,
à la conservation, è l'application dans le tractus de la femelle
animale. On aura une section particulière aussi pour le remisage de
l'équipement, où il sera accessible. On syncope, mais on n'en
mourra pas.
Le Président (M. Tremblay, Ibervîlle):
Alors, M. le député de Lévis, est-ce que la
réponse est suffisante?
M. Garon:... ce n'est pas bon. Je comprends qu'il y a un lieu
pour la production. C'est plutôt pour le conditionnement ou la
conservation du sperme, pour la production du sperme. Le lieu ne peut pas
être tellement... Il faut avoir le site pour faire cela. Il y a des
appareils spéciaux dans lesquels le sperme est introduit au moment de sa
production, excepté que le lieu doit être conforme aux
règlements pour la production du sperme. Pour la mise en place du sperme
dans le tractus génital d'une femelle animale, j'aimerais savoir ce que
le règlement va dire à ce sujet. Est-ce que les règlements
sont abordés pour dire quel genre de lieu cela va être? Cela n'a
pas de bon sens.
Une voix: Adopté.
M. Garon: Avez-vous une place, M. le député de
Deux-Montagnes? Pas M. le député de Deux-Montagnes, pardon, c'est
parce que vous avez pris le siège du député de
Deux-Montagnes. Vous êtes à côté habituellement.
J'aimerais savoir si vous avez un lieu spécial pour faire
l'insémination de vos vaches.
M. Forget: Non, présentement, je fais faire
l'insémination pour moi-même. On est
intéressé...
M. Pagé: M. le Président, pour répandre
à la question du député de Lévis, lequel, je suis
persuadé, s'il était invité par le député de
Prévost...
M. Garon: Non, je sais que vous n'en faites pas pour
vous-même.
M. Forget: C'est-à-dire pour ma ferme. Vous donnez les
explications...
M. Pagé: M. le Président, est-il nécessaire
de poursuivre cet échange fort intéressant entre le
député de Prévost et le député de
Lévis? Je suis persuadé que, si le député de
Prévost l'invitait, le député de Lévis se ferait un
plaisir d'aller voir cela, comment cela va être
aménagé.
M. Garon: Non, je ne pense pas que les cultivateurs... C'est fait
dans l'étable, la mise en place du sperme dans le tractus. On laisse
entendre qu'il va y avoir un lieu qui va être
réglementé.
M. Pagé: M. le Président, on va établir par
règlement des conditions, des normes où chacun des aspects
contenus à l'article 27 pourront être précisés.
Concernant la question spécifique de l'insémination comme telle,
c'est certain que c'est dans l'étable. Cependant, on devra
prévoir, comme les articles actuels qui prévalent se
réfèrent à la production, a la mise en place de la
semence, on établira par règlement les conditions applicables. Un
exemple bien concret, on sait que lors de l'application du sperme dans le
tractus de la femelle, il faut évidemment laver la vulve par la suite,
il faut de l'eau. Ce sont des conditions comme celles-là qui seront
établies par règlement. Ce n'est pas plus compliqué que
cela.
M. Garon: Mais le lieu, ce n'est pas le tractus. C'est le lieu
où la mise en place se fait.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Cela veut dire la bâtisse.
M. Pagé: Mais oui!
M. Garon: Ou bien...
M. Pagé: L'équipement. Il faut que
l'équipement soit accessible.
M. Garon: Je suis d'accord sur l'équipement, mais c'est le
lieu que je ne comprends pas. Un lieu qui n'est pas conforme aux normes...
Une voix: Cela dépend. Vous voulez pour entreposer quoi?
La bonbonne?
M. Garon: Je ne veux rien entreposer. Je dis qu'actuellement...
Je comprends que cela s'applique.
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait s'abstenir de parler, M. le
Président? On pourrait s'abstenir de s'y référer. Mais
qu'est-ce que cela voudrait dire concrètement? Cela voudrait dire que
l'espace physique dans lequel un tel acte est appliqué ne pourrait
être régi par aucun règlement. On tient pour acquis, on
n'inventera pas le soleil, mais on tient pour acquis que cela va se passer dans
l'étable.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Cependant, on peut établir comme
conditions qu'il y ait de l'eau chaude, qu'il y ait ceci, qu'il y ait cela dans
ce lieu-là, par exemple. Ce n'est pas plus compliqué que cela. On
ne rebâtira pas le monde, vous savez.
M. Garon: Un genre de description d'une chambre nuptiale.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Pagé: Pourquoi pas?
M. Garon: Je ne vois pas trop...
M. Pagé: Pourquoi pas?
M. Garon: Je vois que pour la production...
M. Pagé: Pour s'assurer que...
M. Garon:... pour le conditionnement, à la conservation,
le fonctionnement de la conservation...
M. Pagé:... les conditions de la chambre nuptiale vont
faire en sorte que de l'insémination du sperme va résulter en la
naissance d'un petit. Alors, il faut que toutes les conditions entourant cette
démarche soit contrôlées, non pas de façon
exorbitante mais de façon minimale. Cela vous sécurise, M. le
député?
M. Garon: Non.
M. Pagé: Je m'attendais à cette réponse.
M. Forget: M. le Président, voici par exemple les
étables à logettes...
M. Garon: À quoi?
M. Forget: Les étables à logettes où
les animaux sont "lousses". M. Garon: Oui.
M. Forget: Ces producteurs, naturellement, ils ont un endroit
lorsqu'ils vont faire inséminer une vache. Ils attachent la vache a un
endroit, je ne sais pas si c'est cela que vous voulez savoir. Par contre, ce
qu'on a mentionné tout à l'heure, c'est qu'il y avait certains
éleveurs qui avaient des étables à logettes. C'est un
hangar où ils mettent les vaches en chaleur au lieu de les laisser
dehors; elles sont attachées. Ce sont des endroits où on place
une vache qu'on veut faire inséminer. Naturellement, on la marque
également. Je ne sais pas sur quoi...
M. Garon: Ce n'est pas l'affaire du gouvernement de
déterminer le lieu où va se faire l'insémination.
M. Forget: Je ne pense pas qu'on devrait réglementer
ça...
M. Garon: C'est ça.
M. Forget:... pour savoir où on va mettre une vache, la
placer.
M. Garon: On dit: II est interdit d'utiliser, pour la mise en
place du sperme, de ce sperme dans le tractus génital d'une femelle...
On parle d'un lieu ou un équipement qui n'est pas conforme aux normes
établies par le règlement. Un équipement, je comprends,
mais un lieu pour la mise en place du sperme dans le tractus génital de
la femelle, il va falloir décrire le lieu où cela va se passer.
Dans le fond, moi, je ne le sais pas. Le député de Huntington qui
trouvait qu'on réglementait trop, il doit trouver que la... Il faut tout
de même avoir une place pour mettre les pattes, je ne sais. Je ne vois
pas à quoi on veut mener. Je comprends qu'on veuille contrôler le
lieu pour le conditionnement ou la conservation du sperme de l'animal. Pour la
consommation, il doit y avoir certaines règles. J'ai toujours entendu
dire ça que ça... Les instruments, les équipements, tout
ça... Mais là, c'est pour faire l'insémination.
M. Pagé: C'est un pouvoir réglementaire qu'on se
donne, ce n'est pas un devoir.
M. Garon: Non, mais habituellement le gouvernement ne donne pas
des pouvoirs qui vont toujours de soi.
M. Pagé: Si jamais les circonstances commandaient une
intervention et qu'une telle disposition n'apparaissait pas à l'article
27, on pourrait la contester, on pourrait être obligé de rouvrir
le projet de loi. Il n'y a pas anguille sous roche, ne vous inquiétez
pas.
M. Garon: Non, il n'y a pas anguille sous roche, mais c'est
réglementer pour rien. C'est réglementer pour
réglementer.
M. Pagé: Non, ce qu'on veut couvrir, on profite...
M. Garon: Réglementer la production.
M. Pagé:... on profite des modifications apportées
à la présente loi pour couvrir toutes les situations pour
lesquelles le pouvoir nous est donné...
M. Garon: Habituellement, c'est l'équipement...
M. Pagé: Je peux continuer, M. le Président?
M. Garon:... l'équipement dans lequel ça se
trouve.
M. Pagé: Vous avez terminé? M. Garon: Allez-y
donc.
M. Pagé: J'y vais. J'étais à indiquer au
député, avant qu'il intervienne, qu'on se donne le pouvoir
d'intervenir, qu'on se donne le pouvoir de préciser les lieux où
l'acte de l'insémination peut être... Ces lieux peuvent être
régis par certaines normes. J'étais à dire à
l'honorable député qu'on ne réinventera pas le monde, on
sait que ces gestes ou ces actes médicaux ou professionnels,
plutôt, s'appliquent dans un espace physique, et s'il devenait
impérieux et nécessaire pour n'importe quel motif de
préciser par règlement à quelles conditions ces lieux
doivent répondre, je suis persuadé que le député de
Lévis ne voudrait pas que la loi ou les règlements soient
contestés. On se verrait très probablement dans l'obligation de
rouvrir la loi. On sait quand on dépose les lois et on ne sait pas quand
on les adopte. Vous savez ça.
M. Garon: Si je comprends, après avoir visité le
centre d'insémination artificielle...
M. Pagé: Oui.
M. Garon:... quand on dit "réglementer le lieu où
la production se fait et les équipements", considérez-vous que le
"dummy", le mâle castré sur lequel montent les animaux dont on
prélève la semence...
M. Pagé: Oui.
M. Garon:... devrait être réglementé lui
aussi. Parce qu'il est pas mal "magané". Je
vais vous dire une chose, il a le cuir du dos usé, il ne reste
pas beaucoup de poils.
M. Pagé: Je vais aller voir ça.
M. Garon: J'ai l'impression qu'on aurait envie, des fois, de
faire une plainte à la Société protectrice des animaux. Je
trouve qu'il est surutilisé.
M. Pagé: On va aller voir ça, très
certainement. M. Chicoine va me sensibiliser à ces besoins.
M. Garon: Quand on voit les lieux, c'est-à-dire que le
lieu... Au fond, la semence est bien conservée tant qu'elle n'est pas
produite. Quand elle est produite, elle est produite dans un équipement,
dans un appareil. Je ne vois pas trop pourquoi on réglementerait le
lieu. Au fond, c'est l'appareil qui reçoit la semence, le sperme, qui
doit être de bonne qualité. Ensuite, c'est acheminé dans un
endroit pour la conservation. Ce que je comprends mal, c'est la
réglementation du lieu de production et du lieu de la mise en place du
sperme dans le tractus génital d'une femelle animale. Je trouve cela
fort en péché.
M. Pagé: M. le Président, un exemple qui
peut-être n'arrivera pas. C'est possible. Mais, légiférer,
c'est prévoir. On sait que les animaux à inséminer ne
peuvent pas être gardés dans un lieu contaminé. C'est
fondamental. Il se pourrait qu'on doive intervenir par la définition du
mot lieu et fixer un encadrement tel que cela nous permette d'éviter
cette situation. Il y a toujours la relation entre le lieu, l'hygiène,
l'état de santé des animaux et la qualité du sperme. Si je
dois avoir un "filibuster" sur cet aspect-là de la disposition, quitte
à ce qu'on soit obligé de revenir devant le Parlement pour en
modifier la loi... Je pense que ce n'est pas exorbitant de conférer au
gouvernement un tel pouvoir, compte tenu des hypothèses qui peuvent
survenir, en vous disant toutefois et en rappelant toutefois qu'on n'inventera
rien sous le soleil. On n'obligera pas les producteurs à se doter de
chambrettes particulièrement décorées.
M. Garon: Comme le ministre se donne un pouvoir de
réglementation, à notre avis, abusif, qui n'est pas
nécessaire, sur division.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Oui...
M. Forget: J'aurais quand même une explication à
donner là-dessus concernant la salubrité.
M. Garon: Ah non, pas la salubrité, ce n'est pas cela.
M. Forget: Non, non mais voici. Il y a quand même dans des
régions, on voit cela partout, des producteurs qui ont des animaux qui
vivent "lousses". Naturellement, un inséminateur arrive, il y a en deux
pieds d'épaisseur. La bête n'étant pas attachée,
l'inséminateur fait quoi? Il y a un autre problème aussi.
À un moment donné, un inséminateur arrive sur une ferme et
l'agriculteur a mis sa vache au champ. La vache n'est pas là, et il a
des problèmes. Cela vient contrecarrer...
M. Garon: Quand elle n'est pas là, il y a sûrement
des problèmes pour l'insémination.
M. Forget: II y a des problèmes. C'est que la vache est
dans le champ, elle n'est pas dans l'étable. Il y a un problème.
L'inséminateur qu'il paie s'est déplacé. Cela implique une
responsabilité.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Prévost, pour les quelques
éclaircissements. L'article 27 est adopté sur division, n'est-ce
pas?
M. Pagé: C'est bien cela, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'appelle l'article
28.
M. Garon: Cela pourrait aller plus rapidement si on passait
paragraphe par paragraphe. De toute façon, il va falloir passer
paragraphe par paragraphe, et on dira "adopté" dans chacun des cas. Cela
pourrait aller plus rapidement. Je ne dis pas cela dans le but de retarder les
travaux.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. On peut
discuter paragraphe par paragraphe mais, ensuite, il faudra adopter
l'ensemble.
M. Garon: Oui, d'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord? Cela va.
À l'article 28, vous pouvez y aller avec le premier paragraphe, ou un,
deux, trois, comme vous voulez.
M. Pagé: L'article 28 remplace l'article 26. Il s'agit
d'une disposition pour que le gouvernement puisse adopter des
règlements, pour, premièrement, "déterminer les conditions
dans lesquelles une personne peut faire le commerce du sperme d'un animal". II
s'agit d'une disposition qui autorise le gouvernement à
réglementer de nombreux aspects de la production, de la
préparation,
de la conservation, ainsi que du commerce et de l'utilisation de
semence.
Deuxièmement, le règlement sur l'insémination
artificielle des animaux est en vigueur depuis 1970. Il prévoit
déjà des catégories de permis, comme celui
d'établissement de production de semence, de mise en place de semence ou
celui d'inséminateur. Le gouvernement peut, par règlement,
"déterminer les catégories de permis ainsi que les droits,
conditions et restrictions relatifs à chaque catégorie. " (23 h
15)
M. Garon: On va les étudier un par un parce qu'on va
être obligé de revenir là-dessus.
M. Pagé: Troisièmement. Oui, mais en file.
M. Garon: J'aime autant les voir un par un.
M. Pagé: D'accord. Dois-je comprendre que le premier
paragraphe est adopté?
M. Garon: Non, attendez un peu... Déterminer les
conditions dans lesquelles une personne peut faire le commerce du sperme d'un
animal, en garder en sa possession... Qu'est-ce que vous voulez faire avec le
premier paragraphe?
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: On veut se donner le pouvoir
réglementaire. Entre autres, on voulait... Tout à l'heure, on a
fait référence au fait que des gens de l'extérieur ou des
gens d'ici vendaient, dans certains cas, directement à un producteur un
sperme provenant de l'extérieur mais ne répondant pas
nécessairement à nos normes de contrôle, de
sécurité en matière de qualité,
d'authenticité, etc. On veut s'assurer que toute personne qui va faire
le commerce du sperme d'un animal réponde à certaines
conditions.
Le député de Prévost a porté à mon
attention, à juste titre, des cas où de véritables
commerçants de sperme importé interviennent sur le territoire de
l'extérieur du Québec. Ceux-ci seront obligés, pour
l'obtention d'un permis, de répondre à certaines conditions. On
veut s'assurer que la qualité exceptionnelle à laquelle nous en
sommes arrivés du sperme mis en marché, produit, diffusé
par le Centre d'insémination artificielle du Québec, en fait que
notre cheptel ou que les conditions et les objectifs ne soient pas mis en cause
par le fait que certaines personnes, corporations, sociétés
mettent en marché un sperme de l'extérieur qui ne répond
pas nécessairement aux mêmes conditions de qualité de mise
en marché par nous.
C'est d'ailleurs ce que je vous ai répondu tout a l'heure quand
je vous ai donné, en réponse a votre question, ies dispositions
prévues aux articles 28. 1, 28. 2 et suivants.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela répond
à vos attentes, M. le député de Lévis?
M. Garon: Quand on dit: "... ou pour restreindre ces
activités ainsi que l'insémination artificielle d'un animal
à des catégories de personnes qu'il détermine, " quelle
catégorie de personnes a-t-on en vue?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis, si vous voulez répéter, s'il vous plaît.
M. Garon: Dans l'article, au paragraphe 1, on dit: "ou pour
restreindre ces activités ainsi que l'insémination artificielle
d'un animal à des catégories de personnes qu'il détermine.
" Quelles sont les catégories de personnes envisagées?
M. Pagé: Quand on parle des catégories de
personnes, on parle, dans un premier temps, d'inséminateurs, du
producteur lui-même qui devra obtenir un permis moins restrictif
cependant, comme je l'indiquais tout à l'heure, le commerçant,
celui qui vend. Terminé.
M. Garon: C'est tout? M. Pagé: Pardon?
M. Garon: C'est tout? Les inséminateurs et les
commerçants?
M. Pagé: Inséminateur, commerçant,
producteur aussi. Le producteur qui va inséminer lui-même devra
obtenir un permis, comme je l'ai indiqué, parce que cela va se limiter
à ses propres animaux seulement, ne pouvant pas inséminer la
vache du voisin. Cela va être moins exorbitant.
M. Garon: Comment va-t-on être capable de
déterminer, par exemple - la valeur est différente pour le
contrôle des animaux - quand le producteur va inséminer tout seul
ses animaux, que telle vache a été inséminée par
Tempo ou par quelque petit géniteur bâtard qui n'a pas de
renommée?
M. Pagé: Pas un géniteur bâtard, M. le
Président. Il y a des...
M. Garon: Je veux dire qui n'a pas de grande renommée.
M. Pagé:... taureaux en voie d'épreuve qui ne
sont...
M. Garon: Non, non. Je veux dire un ragoton comparativement
à un grand géniteur.
M. Pagé: C'est un Star buck ou un Tempo.
M. Garon: Tempo a été à peu près le
meilleur de tous les temps.
M. Pagé: II a tout mon respect. M. Garon:
Pardon?
M. Pagé: Oui, oui. Il a tout notre respect.
M. Garon: Comment va-t-on pouvoir savoir quelle vache a
été inséminée par tel géniteur plutôt
que par tel autre?
Une voix: Pas de problème.
M. Garon: Bien oui, pas de problème!
M. Pagé: M. le Président, le comité conjoint
des races laitières...
M. Garon: J'achète une génisse, par exemple, qui a
été saillie par un Tempo. Comment faire pour avoir la preuve de
cela?
M. Forget: Par une prise de sang.
M. Pagé: M. le Président, la certification, si je
peux utiliser le terme, se fait par l'épreuve de laboratoire, le type
sanguin, par les prises de sang.
M. Garon: Ce n'est pas sûr.
M. Pagé: Bien oui. C'est ce qui se fait.
M. Forget: C'est très sûr. C'est ce qu'il y a de
plus sûr.
M. Pagé: Certain. Qu'est-ce qu'il y a de plus sûr?
C'est encore plus précis et plus identifiable chez les bovins que chez
les humains, M. le député. Je m'excuse. Pour l'information du
Journal des débats, je tousse!
Le Président (M. Houde): M. le député de
Prévost, aviez-vous quelque chose à demander?
M. Forget: M. le Président, est-ce que cela va leur
prendre un permis aux agriculteurs qui font le commerce de la semence?
M. Pagé: Oui.
M. Forget: Est-ce que cela va prendre un permis aux agriculteurs
qui font le commerce de la semence aussi?
M. Pagé: Oui. Je l'ai indiqué tout à l'heure
et on devra tenir un registre. On me dit que la preuve de parenté ou de
filiation dans le cas du bovin est infaillible. On peut voir qui est le
père et la mère.
M. Forget: Je suis d'accord. Maintenant, cela m'amène
à une question.
M. Pagé: La mère, ce n'est pas très
compliqué à voir.
M. Forget: Après ce que le député de
Lévis a mentionné, est-ce que vous prévoyez des
pénalités ou des amendes à ceux qui sont
arrêtés après avoir remplie de faux rapports concernant le
père de la génisse ou du taureau qui s'en vient?
M. Pagé: Oui.
M. Forget: Vous le prévoyez dans vos
règlements?
M. Pagé: Oui. On prévoit être beaucoup plus
restrictif. Vous savez, ils devront se convier à des... Certains diront
que c'est de la paperasse et tout cela, mais c'est important.
M. Forget: Oui, c'est très important, cela touche
l'élevage directement.
M. Pagé: C'est très important qu'on contrôle
la validité et l'exactitude du sperme mis en marché au
Québec. Ce contrôle sera exercé au meilleur de notre
jugement, mais avec comme objectif de ne pas se tromper. Si on va un plus loin,
aux dispositions de l'article 28. 6, et je lis: Pouvoir de "déterminer
des normes relatives à la race, à la provenance et aux autres
caractéristiques des animaux qui peuvent être soumis a
l'insémination artificielle et de ceux sur lesquels on peut
prélever du sperme ainsi qu'aux croisements qui peuvent être
effectués par l'insémination artificielle de l'animal;
déterminer les méthodes qui doivent être suivies par tout
titulaire d'un permis pour l'insémination artificielle des animaux ainsi
que pour le prélèvement, la conservation, la distribution et le
transport du sperme", etc. Nous serons très rigoureux
là-dessus.
M. Garon: Oui, mais si...
M. Pagé: Quant à la falsification des documents,
"that's it, that's all".
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Si j'achète une génisse qui a
été saillie par un grand géniteur. Je ne veux pas juste
avoir la parole du cultivateur ou de l'éleveur qui l'a lui-même
saillie avec une ampoule sans savoir s'il a utilisé la bonne ampoule. Je
ne veux pas être obligé de faire toutes sortes de tests, de prises
de sang, 56 tests, pour vérifier. Il me semble que dans le commerce des
animaux on devrait quand même être capable d'avoir une certaine
preuve indépendante par un professionnel quand il a posé son
acte, qui dit que telle bête a été saillie par... et a
été fécondée. Si chaque cultivateur peut faire
cela, alors la preuve de cette insémination par tel géniteur va
rester à faire. Quelle va être la méthodologie
utilisée pour faire cette preuve sans qu'on soit obligé de faire
une enquête? C'est cela que je veux dire. On est dans le commerce.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, on doit quand même
convenir qu'en vertu de la loi fédérale sur la
généalogie des animaux les comités conjoints ont certains
pouvoirs de reconnaissance, de validation etc. De plus, on doit retenir que
celui qui possédera son biostat devra se convier à un permis,
à la tenue d'un registre et cela fera l'objet d'une inspection. On peut
toujours se référer... Je comprends que si on installe le doute
et que personne n'a confiance en personne on devra procéder à ce
moment-là à des épreuves sanguines» L'exemple auquel
se réfère le député, c'est toujours possible, mais
je ne crois pas que cela ait cours parce que personne n'a intérêt
à falsifier ou à agir de la façon à laquelle on se
référait tout à l'heure. Je comprends que, dans certains
cas, cela peut arriver, mais ils vont se faire cogner sur les doigts et ils ne
recommenceront pas. Il ne faudra pas qu'ils recommencent non plus.
M. Forget: Ils n'ont pas le choix, ils sont obligés de
faire un rapport. D'ailleurs, lorsque l'inspecteur vient porter la semence,
automatiquement il fait la vérification qui correspond avec
l'enregistrement. Il n'a pas le choix, l'agriculteur est obligé de faire
son rapport; sans cela, il n'aurait pas de semence. Il n'y a aucun
problème là-dessus.
M. Pagé: L'acheteur, le producteur auquel se
référait le député de Lévis, s'il a un doute
sur la génisse ou qu'il se pose des questions sur la paternité,
peut de façon légitime demander une épreuve sanguine. Cela
coûte 35 $, j'en conviens, mais c'est quand même une somme minime
s'il y a un doute dans son esprit par rapport à la validation de
l'animal ou de la génisse qu'il se propose d'acheter et qui peut
nécessiter des déboursés très
élevés.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député de Lévis? Est-ce que
vous passez à la deuxième?
M. Garon: C'est-à-dire que cela répond...
Une voix: Partiellement. M. Garon:... sans
répondre.
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé: Qu'est-ce que le député de
Lévis voudrait? Concrètement, dites-moi cela?
Le Président (M. Houde): M. le député de
Prévost.
M. Forget: Je pense qu'en temps normal, présentement, vous
faites inséminer par exemple une vache, vous avez un rappel et à
un moment donné l'inséminateur vient et vous n'avez pas le
même taureau. Lorsque la vache vèle, elle a son veau,
automatiquement on fait une vérification, on prend quand même une
prise de sang. On fait cela régulièrement - il ne faut pas se le
cacher -pour voir réellement si c'est bien tel numéro qui est le
père de la génisse. On le fait régulièrement
déjà. C'est quelqu'un qui s'occupe de son troupeau,
naturellement.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela vous va, M. le
député de Lévis?
M. Garons Pas vraiment, mais en tout cas.
Le Président (M. Houde): On passe au paragraphe 2. M. le
ministre.
M. Pagé: On se donne le pouvoir de déterminer les
catégories de permis, les droits, conditions et restrictions relatifs
à chaque catégorie. Je m'y référais tout à
l'heure.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela va, M. le
député de Lévis, pour l'alinéa 2?
M. Pagé: Troisième paragraphe.
M. Garon: Les catégories de permis, on n'a pas
senti le besoin... C'est-à-dire que dans la loi, quand on dit "les
catégories de permis", j'imagine que c'est le permisd'inséminateur, le permis de...
M. Pagé: On établit les catégories de
permis comme établissement de production de semence, celui de
mise en place de semence ou celui d'inséminateur. II y aura
différentes catégories de permis.
M. Garon: Pourquoi ne le dit-on pas spécifiquement dans ia
loi?
M. Pagé: À l'article 24, on se réfère
aux permis qui sont requis. On di que: "Nul ne peut prélever du sperme
sur un animal, garder en sa possession du sperme d'animal, en livrer à
quiconque ou en faire le commerce, ni procéder à
l'insémination artificielle d'un animal, s'il ne détient un
permis délivré à ces fins par le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. "
Ici, l'objet du présent projet concerne les catégories de
permis auxquelles je me référais: production,
établissement de production, semence. Mais il y a d'autres types de
permis qui sont susceptibles de s'ajouter dans le cadre établi par la
loi, comme celui permettant à un éleveur d'inséminer ses
propres animaux. Il faudra laisser au gouvernement le pouvoir d'établir
des catégories de permis par règlement afin de répondre
adéquatement aux changements qui sont proposés dans le
présent projet de loi.
Il faut dire qu'une disposition permettant d'établir des
catégories de permis par règlement existe déjà dans
la Loi sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Houde): Troisièmement, s'il vous
plaît, M. le ministre.
M. Pagé: À troisièmement, on y dit qu'on
peut "établir les conditions de délivrance et de renouvellement
d'un permis ainsi que sa forme et son coût".
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Houde): Quatrièmement? (23 h
50)
M. Pagé: On peut "déterminer les qualités
requises d'une personne qui fait une demande de permis ainsi que les
qualités requises d'un employé affecté aux
activités pour lesquelles un permis est exigé. "
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Houde): Cinquièmement?
M. Pagé: On peut "établir des normes applicables
à l'organisation, è la tenue et au fonctionnement de tout lieu
exploité pour les fins visées à l'article 24", lequel fait
référence au type de permis qui peut être émis.
Le Président (M. Houde): Cela va, M. le
député de Lévis? Est-ce que ce cinquième paragraphe
est adopté? Cela va? On va au sixième?
M. Garon: Cela va. Sixièmement.
Le Président (M. Houde): Sixièmement? M. le
ministre.
M. Pagé: Alors, on peut "déterminer des normes
relatives à la race, à la provenance et aux autres
caractéristiques des animaux qui peuvent être soumis à
l'insémination artificielle et de ceux sur lesquels on peut
prélever du sperme ainsi qu'aux croisements qui peuvent être
effectués par l'insémination artificielle d'un animal. " J'y ai
d'ailleurs fait référence tout à l'heure.
Le Président (M. Houde): Cela va, M. le
député?
M. Garon: Cela va.
Le Président (M- Houde): Septièmement? M. le
ministre.
M. Pagé: On peut "déterminer les méthodes
qui doivent être suivies par tout titulaire d'un permis pour
l'insémination artificielle des animaux ainsi que pour le
prélèvement, la conservation, la distribution et le transport du
sperme. " Ce n'est pas compliqué. On reprend...
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Houde): Huitièmement? M. le
ministre.
M. Pagé: On peut "déterminer les normes de
salubrité et de qualité du sperme destiné è
l'insémination d'un animal et les conditions dans lesquelles il peut
être prélevé, conditionné et marqué. "
Le Président (M. Houde): Cela va?
M. Garon: Vous dites "les normes de salubrité et de
qualité - c'est nouveau, n'est-ce pas? - du sperme destiné
à l'insémination d'un animal et les conditions dans lesquelles il
peut être prélevé, conditionné et marqué. "
Pour les normes de salubrité et de qualité du sperme, quelle est
la différence entre les deux mots: salubrité et
qualité?
M. Pagé: La qualité génétique et
le
nombre de spermatozoïdes par ampoule. Cela, c'est la
qualité.
M. Garon: C'est la qualité. Le mot "salubrité",
c'est lui qui...
M. Pagé: La salubrité, c'est s'assurer qu'il n'y a
pas de bactéries.
M. Garon: Oui, mais c'est compris dans le mot "qualité".
Alors, on va savoir le nombre de bactéries dans le sperme.
M. Pagé: Bien oui, qui pourraient être... M. Garon:
Une maladie.
M. Pagé: Oui. Le député va convenir avec moi
qu'on doit avoir une absence complète de bactéries. Alors, on
impose des normes de salubrité en regard de sa manipulation. C'est tout
à fait normal.
Le Président (M. Houde): Cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Houde): Neuvièmement? M. le
ministre.
M. Pagé: On peut évidemment, par règlement,
"déterminer la nature, le nombre et le fréquence des
épreuves auxquelles peuvent être soumis les reproducteurs pour
établir leur état de santé, leur valeur
génétique ou leur fécondité. "
M. Garon: Cela est nouveau aussi.
M. Pagé: Oui. C'était dans le règlement
avant, cependant.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Houde): Cela va, M. le
député? Accepté?
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Houde): Est-ce que c'est
accepté?
M. Garon: C'est correct.
Le Président (M. Houde): Dixièmement? M. le
ministre. Vous avez droit à un exercice.
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Houde): Vous avez droit à un
exercice...
M. Pagé: M. le Président, à cet article, le
gouvernement se donne le pouvoir de "soustraire à l'application de la
présente section toute catégorie d'animaux qu'il
détermine. " Alors, cette disposition existe déjà au
paragraphe e de l'article 26 actuel. Il est nécessaire puisque les
obligations de la loi en matière d'insémination ne s'appliquent
pas è toutes les variétés d'animaux. Cela va de soi.
M. Garon: Pour passer à quoi?
M. Pagé: Ce n'est pas... Si on fait
référence actuellement à l'article 26, paragraphe e, on y
dit que le gouvernement peut soustraire è l'application de la
présente loi toute catégorie d'animaux qu'il détermine.
Alors, ce pouvoir était dans le texte même, il existait dans la
loi qui avait cours avant...
M. Garon: Oui, oui.
M. Pagé:... et dans le règlement...
M. Garon: Mais quels étaient ceux qui étaient
exemptés ou qui y ont été soustraits?
M. Pagé: Les chevaux, les ovins et les porcs.
Le Président (M. Houde): Est-ce que cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Houde): Donc, 11°, M. le ministre. M.
le ministre, 11°...
M. Pagé: Oui, oui, j'y arrive, M. le Président. Je
suis à prendre mon café, je suis à déchirer mon
petit sachet Marie perle, comme les autres collègues vont faire.
J'aborde 11°.
M. Garon: Gardez-le comme souvenir! Dans l'avenir, ce ne sera
plus du sucre de canne qu'il y aura dans ces petits sachets, cela va être
du sucre de betterave...
Des voix: Ha! Ha!
M. Pagé: C'est exactement du sucre de canne, M. le
Président.
M. Garon: Cela ne sera pas du sucre de betterave, cela va
être du sucre de canne.
M. Pagé: Quel lapsus évocateur d'une
réalité! Le sucre que j'absorbe et que le député
prend dans son café est du sucre de canne, il vient de le dire
lui-même. Quel lapsus...
M. Garon: Non.
M. Pagé: C'est vrai!
M. Garon: Vous voyez, déjà, Toronto est apparu,
M. Pagé: Lui qui livre bataille et qui fait appel à
la solidarité internationale, à la communauté des peuples
bien sensibilisés à l'esclavagisme. Je reviens au paragraphe 11,
M. le Président.
M. Garon: La ferme.
Le Président (M. Houde): Revenons au projet de loi.
M. Pagé: Là, je comprends que le
député se propose de ne plus prendre de sucre.
M. Garon: Cela fait longtemps que j'ai arrêté
cela.
M. Pagé: Ah!
M. Garon: De mettre du sucre dans le café, cela fait
longtemps.
Le Président (M. Houde): II a l'idée de le
conserver, il n'a pas l'idée de l'utiliser ce soir.
M. Pagé: Est-ce que le député veut nous dire
qu'il prend des substituts? Non?
M. Garon: Non, jamais de substitut dans rienl
M. Pagé: M. le Président, pour revenir à
notre article...
Le Président (M. Houde): Oui, 11°.
M. Pagé:... on veut "prescrire les modalités
d'inspection, de saisie ou de confiscation. " C'est tout à fait normal
que le gouvernement se donne ces pouvoirs. Adopté.
Le Président (M, Houde): D'accord. Est-ce adopté, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Lequel?
Le Président (M. Houde): Le 11°.
M. Pagé: Le 11°.
M. Garon: Cette disposition se trouvait à quel article,
auparavant?
M. Pagé: Cette disposition, M. le Président - j'y
arrive... C'est de droit nouveau, si je peux utiliser le terme. C'est pour
établir la façon dont vont se faire les inspections, la saisie,
la confiscation dans certains cas. Un exemple bien concret: Comment un
procès-verbal doit-il être rempli à la suite d'une
inspection où on constaterait une quelconque infraction? Ce n'est pas
plus compliqué que cela.
M. Garon: Douzièmement!
M. Pagé: Alors, M. le Président, on veut...
M. Garon: Adopté.
M. Pagé: Merci. Donc, 13°...
M. Garon: Non, non, on en est à 12°, c'est le 11°
qui est adapté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On ne les adopte
pas, on...
M. Pagé: La générosité du
député...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... on les passe un
par un.
M. Pagé:... me surprenait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On les discute et
on va les adopter en bloc.
M. Pagé: À 12°, on entend "prescrire les
méthodes, conditions et modalités de prélèvement et
d'analyse d'échantillons de sperme d'animal ou de toute autre substance
et de déterminer le lieu où doit être analysé un
échantillon. " On m'indique que c'est la reproduction, in extenso, du
11°. C'est cela.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le 13°.
M. Garon: Est-ce que le ministre a des explications sur le
paragraphe 13?
M. Pagé: M. le Président, je voyais le
député qui le lisait et, compte tenu que cela se comprend sur sa
face même, on était à même de constater qu'il n'avait
point besoin de commentaire, mais je vais y ajouter. Alors, comme on
l'indiquait à la suite de la question de l'honorable
député de Prévost, on, veut s'assurer que seront bien
déterminés les livres, les registres, les comptes que doit tenir
un titulaire de permis; les lieux aussi où il doit les conserver, parce
qu'ils devront nous être accessibles. C'est important.
M. Garon: Cela va faire bien du papier, hein?
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: On va être dans le papier. Je pensais que le
nouveau gouvernement voulait éviter la réglementation, enlever du
papier.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, mais c'est
dans le libellé actuel, à l'article 26, paragraphe g.
M. Garon: Je pensais que vous vouliez faire mieux. Je pensais que
vous vouliez juste reproduire les articles existants.
M. Pagé: C'est-à-dire que dans la loi actuelle vous
aviez ce pouvoir-là et, s'il était utilisé, probablement
que vous auriez exigé des rapports en 22 copies, alors que, pour nous,
ce sera peut-être seulement 10. C'est normal qu'il y ait un tel
contrôle. On s'y référait tout à l'heure dans la
question tout à fait justifiée et légitimée du
député de Prévost. Ma réponse répond
à la question du député?
M. Garon: Le député de Prévost trouve qu'il
n'y a pas assez de papier?
M. Pagé: Non, ce n'est pas cela. Le député
de Prévost, tantôt, nous indiquait qu'on devait prendre les moyens
pour que les registres soient tenus par l'inséminateur, par le
producteur, et on le fait par les dispositions de cet article.
M. Garon: Cela va faire du papier. Je pensais que le gouvernement
avait promis de moins réglementer, d'éliminer du papier.
M. Pagé: Dois-je comprendre du commentaire du
député de Lévis qu'il souhaiterait qu'i ne soit pas tenu
de registre?
M. Garon: Non, non, mais je voulais savoir.
M. Pagé: Parfait, merci.
M. Garon: Non, je voulais savoir. Quand le gouvernement a fait
ses promesses, il n'a pas demandé l'opinion du député de
Lévis. Il a dit: Avec nous autres, il y aura beaucoup moins de
règlements et beaucoup moins de papier. On voit qu'il y autant de papier
qu'avant.
M. Pagé: Cela, on le verra en fin de course.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'on
passe...
M. Garon: Bien du papier, bien de la police.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Les Boubou macoutes, les Gratton macoutes, le papier et
tout cela.
M. Pagé: M. le Président, un peu de respect pour
les honorables collègues du député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'on passe
à l'article suivant?
M. Camden:... M. Garon: Hein? M. Camden:...
M. Garon: Attention qu'on dise: le négrier
Pagé.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Avec la canne à sucre.
M. Pagé: Si, M. le Président, le
député de Lévis veut s'amuser à de tels
commentaires, il devrait savoir pertinemment qu'il ne pourra commenter ni
sourire longtemps compte tenu qu'il a lui-même contribué à
l'exploitation systématique de milliers de personnes comme Jean-Pierre
qui, avec leur hachette, travaillaient pendant des mois et des mois pour gagner
70 $. C'est comme cela qu'il voulait financer sa raffinerie?
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: C'est comme cela qu'il voulait la rentabiliser?
Et le sucre que je viens de mettre dans mon café, identifié
à Marie perle, est très probablement du sucre de canne,
très probablement; 88 000 tonnes qu'on devait prendre en 1987-1988 par
rapport à 33 000 tonnes provenant de la betterave.
M. Garon: Non, non, le projet n'a pas été
accepté, premièrement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, il
faudrait revenir...
M. Garon: Le projet n'a pas été accepté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... au projet de
loi en question.
M. Garon: Deuxièmement, ce n'était pas du sucre
d'Afrique du Sud qu'on devait prendre.
M. Pagé: M. le Président, par rapport aux
transactions sur le marché libre, l'Afrique du Sud produit pour 1, 02 %
du sucre. C'est ce qui se vend sur le marché libre.
M. Garon: Plus que cela.
M. Pagé: Sur le marché libre? 1, 02 %. Une voix:...
c'est possible.
M. Pagé: Oui, c'est 1, 02 %. Je ne me trompe pas.
M. Garon: Le marché libre international?
M. Pagé: Bien oui!
M. Garon: Oui, mais on en achète beaucoup plus que cela.
Il faut voir les statistiques fédérales où c'est beaucoup
plus considérable ce qui était acheté par le Canada.
M. Pagé: Le député de Lévis ne
conteste pas mon chiffre, 1, 02 % sur le marché libre de la part
du...
M. Garon: Oui, mais cela ne veut rien dire. Je ne m'occupe pas du
sucre qui est acheté ailleurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, on
devrait revenir à notre projet de loi, si vous le voulez bien, s'il vous
plaît!
M. Houde: Entièrement d'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous êtes
d'accord?
M. Houde:... les ramener à l'ordre. C'est correct.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va les ramener
dans le sillon.
M. Houde: Continuez à faire votre bon travail.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On était
rendu au paragraphe 14.
M. Garon: Déterminer le lieu où un éleveur
doit conserver le sperme d'animal.
M. Pagé:... qu'on a eu, c'est le suivant. M. Garon: Quel
sera le règlement?
M. Pagé: Le règlement, ce sera d'établir
qu'il devra être dans un endroit, un espace physique autre que sa
résidence, parce qu'on a eu des problèmes avec certains biostats.
Pour entrer dans une résidence, il faut un mandat...
M. Garon: Vous voulez pouvoir y aller n'importe quand, sans
violer le domicile...
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon:... de l'éleveur et de sa conjointe.
M. Pagé: Alors, on voudrait que ce soit gardé au
domicile de la vache, dans l'étable ou quelque part, dans un espace
attenant ou... Le problème qu'on a eu - cela, vous le savez, vous avez
occupé la fonction que j'occupe... On a eu des fameux problèmes
de mandats de perquisition. Adopté, M. le Président?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le paragraphe
15?
M. Garon: Là, on tombe dans le jus. L'article 55. 4, cet
article puissant qui permet des amendes de 2000 $ et 5000 $. Correct.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'ensemble de l'article 28 est adopté?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
M. Garon: Il y a un dernier paragraphe. Il y a un paragraphe
à la fin qu'il faut regarder.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le
gouvernement?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous ne l'aviez pas
regardé?
M. Garon: Non, c'est parce que j'avais adopté le
paragraphe 15, mais cela est à part, ce n'est pas dans 15.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi.
M. Garon: Le dernier paragraphe, ce n'est pas dans 15.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela fait partie de
l'ensemble.
M. Garon: Cela fait un deuxième alinéa.
M. Pagé: "Le gouvernement publie un projet", c'est
cela?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Garon: Dans la deuxième phrase,
vous parlez de la deuxième publication, je pense? "Le
gouvernement publie un projet de règlement à la Gazette
officielle avec avis qu'à l'expiration d'une période d'au
moins de quarante-cinq jours suivant cette publication, il pourra être
adopté avec ou sans modification. Le règlement rentre en
vigueur... " Enfin, il y a publication du projet et publication du
règlement quinze jours après, si le règlement est correct.
Cela va.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'ensemble de l'article 28 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
M. Pagé: Lequel est adopté?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 28.
M. Pagé: Les articles 26, 27 et 28.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'ensemble de l'article 12, qui comprend les articles 26, 27 et 28, est
adopté?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville); L'article 12 est
adopté.
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait suspendre pour trente
secondes, M. le Président, s'il vous plaît?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui. À la
demande du ministre, nous suspendons pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 45)
(Reprise à 23 h 53)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation rouverte.
M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, en vertu des dispositions
de l'article 13, on abroge les dispositions des articles 32 à 34, 36 et
37, compte tenu que ces articles deviennent superflus. La substance de chacun
d'eux est reprise dans la nouvelle section IV. 3 intitulée "Permis".
Ainsi, l'article 32 a son équivalent aux articles 55. 26 et 55. 27.
Quant à l'article 33, il est reproduit à l'article 55. 29, et
l'équivalent de l'article 34 se retrouve à l'article 55. 30.
Quant à l'article 36, il est repris au libellé de l'article 55.
31. Et l'article 37 est reproduit à l'article 55. 32.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 13 est
adopté avec les changements qui ont été apportés,
avec les amendements appropriés.
M. Garon: Non. Il n'y a pas eu d'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, il n'y a
pas eu d'amendement sur cela.
Adopté. L'article 14.
M. Pagé: M. le Président, l'article 14 modifie
l'article 45 de la loi. Comme on le sait, l'article 45 établit le
pouvoir réglementaire que le gouvernement s'accorde, tout comme c'est le
cas dans la loi actuelle. Ce pouvoir réglementaire qu'il s'est
accordé, on le modifie, premièrement, par l'addition dans le
premier alinéa après le paragraphe n du suivant. On se
réfère à...
M. Garon: Adopté.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'arrivais au
paragraphe o.
M. Garon: Adopté.
M. Pagé: Devant un tel empressement, je
répète "oh!".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 14 est
adopté. J'appelle l'article 15. À vous, M. le ministre.
M. Pagé: Je suis à l'article 14,
deuxièmement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, le
deuxièmement est adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela que j'ai
compris.
M. Pagé: Premièrement et deuxièmement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Pagé: Merci. Nous continuons de ce pas, derechef comme
on disait. L'article 15.
M. Garon: Adopté.
M. Pagé: L'article 15 prévoit l'abrogation des
articles 46 à 53. L'article 46 prévoit, entre autres, quels sont
les pouvoirs généraux des inspecteurs autorisés aux fins
de la section IV. Il s'agit des pouvoirs de visite, d'examen, des pouvoirs
d'immobiliser un véhicule pour fins d'examen, des pouvoirs d'examen des
livres, des registres. Cet article prévoit également le devoir
d'aider un inspecteur dans le cours de ses fonctions. Alors, M. le
Président, voilà.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que les
interventions concernant l'article 15...
M. Garon: Ces pouvoirs-là vont se retrouver où?
Une voix: Ils sont abrogés.
M. Garon: Ils sont abrogés, mais ils vont se retrouver
quelque part. Ils vont se retrouver à quel article?
M. Pagé: L'article 55. 10 et les suivants vont
regrouper...
M. Garon: C'est cela. L'inspection, la saisie et la
confiscation.
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: Y a-t-il des changements majeurs?
M. Pagé: Non.
M. Garon: Est-ce seulement une transposition?
M. Pagé: C'est cela, purement et simplement.
M. Garon: Adopté.
Des médicaments
vétérinaires
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors l'article 15
est adopté, tel que rédigé. J'appelle l'article 16.
Sous-article 55. 1. Alors on va commencer par le sous-article 55. 1.
M. Pagé: L'article 16.
M. Garon: Avez-vous des amendements?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela commence au
sous-article 55. 3. Il n'y en a pas au sous-article 55. 1.
M. Pagé: M. le Président.
M. Garon: À l'article 16, on va étudier article par
article.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bien oui. Ils sont
identifiés comme cela; il n'y a pas de problème. On
l'étudié article par article et, ensuite, on va adopter l'article
16 au complet.
M. Garon: On peut peut-être faire un petit bout, mais on
peut aussi arrêter là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant qu'il
est minuit.
M. Pagé: On fait motion. Il est 23 h 59.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est 24 heures,
oui.
M. Garon: II est minuit. On a la loi spéciale en haut,
puis...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
voulez prolonger de quinze minutes?
M. Pagé: On peut faire motion pour suspendre
l'horloge.
M. Garon: Oui, mais il faut aller faire un tour en haut.
M. Pagé: Oui, mais on a jusqu'à...
M. Garon: II faut recommencer demain. Même si on avait un
quart d'heure, cela va aller aussi vite demain. On va avoir lu les amendements
entre-temps.
M. Pagé: D'accord, M. le Président. Je note que le
député de Lévis se déclare satisfait d'avoir obtenu
les amendements qui n'ont pas été déposés, mais qui
ont été distribués à ce jour. Si, demain, on peut
aborder l'ensemble de ces nouvelles sections ajoutées, cela pourrait
être utile à tout le monde.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Alors...
M. Garon: Je sais que j'ai eu du courrier où les gens ont
indiqué les projets d'amendement qu'ils suggéraient et comme je
ne savais pas que l'on verrait cette loi aujourd'hui...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, mesdames et
messieurs, nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)