Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation débute. Je vous rappelle le mandat qui est d'abord
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 132, Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole et, je
ne sais pas quand, procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 117, Loi modifiant à nouveau la
Loi sur la protection sanitaire des animaux.
M. le représentant de l'Opposition et député de
Lévis, vous avez votre droit de parole.
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'il y a des
changements aux membres de la commission pour la journée?
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on a des changements
de part et d'autre?
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez faire lecture...
M. Blais: On en aura peut-être, nous, pour la
deuxième section, cet après-midi.
Le Président (M. Richard): La lecture des noms des
membres?
M. Pagé: ...des membres.
Le Président (M. Richard): Oui, est-ce que vous pourriez
faire la lecture des noms des membres qui sont...
M. Garon: On pourrait, cet après-midi, peut-être
faire... Est-ce qu'il faut l'annoncer ce matin ou peut-on l'annoncer à
l'ouverture de la séance de cet après-midi?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Richard): Quoique je pense qu'on a
maintenant admis que, lorsqu'il y a un ajournement, on pouvait, au début
de l'autre... non?
M. Pagé: En fait, pour plus de sécurité, M.
le Président, au cas où il y ait des substitutions, et que cela
entraîne des règlements et des procédures, car il faut
quand même retenir que, malgré tout le contenu agréable des
échanges qui nous occupent depuis hier matin, nous sommes dans un
processus de "filibuster" systématique et que...
M. Jolivet: M. le Président... M. Pagé: Qui
sont les membres?
M. Jolivet: ...dans ce cas, s'il y a des changements qui doivent
être annoncés immédiatement, on vous dit que nous sommes 23
et que nous avons un travail à faire à différents niveaux.
Nous avions une vérification à faire à l'heure du
dîner pour cet après-midi; compte tenu de cela on peut vous
demander la permission de dire que, oui, il y aura une personne nouvelle qui
s'ajoutera, mais cet après-midi, et on vous donnera son nom à 15
heures.
M. Pagé: Est-ce qu'on pourrait au moins savoir qui sera
remplacé à 15 heures? C'est tout ce qu'on vous demande.
M. Jolivet: Actuellement, les membres de la commission sont M.
Blais (Terrebonne), M. Garon (Lévis), M. Jolivet (Laviolette) et M.
Perron (Duplessis). Donc, la dernière personne qui nous
représente sera remplacée.
M. Pagé: Donc, c'est M. Perron. M. Jolivet: Non,
monsieur.
M. Garon: II y a une personne additionnelle.
Le Président (M. Richard): II y a aussi M. Desbiens
(Dubuc) qui est identifié à la commission.
M. Garon: On a le droit à cinq.
M. Jolivet: C'est ce qu'on dit. M. Desbiens (Dubuc) sera
remplacé cet après-midi.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Blais: Si on fait remplacer une personne, cela ne lui donne
pas le droit de reparler 20 minutes en remarques préliminaires.
Une voix: Ah! non.
M. Blais: Aux remarques préliminaires, il n'y a
qu'à moi à qui il reste une minute. Les autres ont
écoulé leur temps de notre côté. Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Président (M. Richard): Ne soyez pas inquiet, M. le
député de Terrebonne, votre minute est en réserve.
M. Blais: Merci, ce n'est pas ce que dis. Les gens n'auront pas
un autre 20 minutes.
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Richard): Non. Cela convient?
M. Jolivet: L'étape des remarques préliminaires est
terminée.
M. Pagé: On ne se chicanera pas avec cela, M. le
Président.
Projet de loi 132
Le Président (M. Richard): Cela va. M. le
député de Lévis, vous aviez commencé votre
intervention de 30 minutes sur le sous-amendement qui était le suivant,
c'était de convoquer...
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez lui demander, M. le
Président?
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez demander au
député de Lévis de formuler à nouveau son
amendement?
M. Garon: Facilement, mais on va me redonner 30 minutes si je le
formule à nouveau.
M. Pagé: Vous ne les aviez pas prises.
Le Président (M. Richard): II avait pris cinq minutes.
M. Garon: J'avais pris quatre minutes.
M. Pagé: Je retiens que le député de
Lévis ne se rappelle pas trop de son amendement.
M. Garon: Je me rappelle très bien de mon amendement. J'ai
même des formules ici. J'ai proposé ceci comme amendement: Motion
pour sous-amender une motion d'amendement d'une motion pour consultations
particulières: Que la motion d'amendement soit modifiée en
ajoutant, à la fin, les termes "la Coopérative
fédérée et le Mouvement coopératif agricole".
Le Président (M. Richard): C'est tout à fait exact.
M. le député de Lévis, vous devez terminer votre
intervention initiale. Vous aviez droit à 30 minutes, au maximum. Selon
ce que j'ai noté, vous avez utilisé près de cinq minutes.
Il vous reste donc, au minimum, 25 minutes pour votre présentation de
sous-amendement. À vous, M. le député de Lévis.
Reprise du débat sur la motion de
sous-amendement proposant d'entendre
aussi la Coopérative
fédérée et le
Mouvement coopératif agricole
M. Jean Garon (suite)
M. Garon: M. le Président, je constate que si, chaque
jour, on perd autant de députés libéraux qu'aujourd'hui,
on va finir par avoir la majorité à cette commission
parlementaire. Si les gens de l'assistance restent ici toute la journée,
ils pourront constater que les députés libéraux ne parlent
pas souvent. Ils reçoivent le même salaire que les
députés de l'Opposition, mais ils restent assis. Et qui
s'essouffre le plus? C'est le parti sur lequel ils sont assis. Au moins, nous
souhaitons qu'ils acceptent que le Mouvement coopératif puisse
être consulté dans le cadre de l'étude article par article
du projet de loi 132 par lequel le gouvernement du Québec et le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation veulent modifier la
Loi sur la protection du territoire agricole qui est l'un des joyaux
législatifs que ce Parlement a vu adopter depuis son existence.
Aujourd'hui, elle protège ce que nos ancêtres ont
développé. Je suis convaincu que les millions de personnes qui
ont contribué à la mise en valeur de la terre
québécoise ne souhaiteraient pas la voir retourner à la
friche ou la voir recouverte d'asphalte ou de béton, alors qu'il s'agit
d'une richesse non renouvelable.
La terre n'est pas une ressource renouvelable et chaque morceau que nous
dilapidons disparaît à jamais de la surface du sol. Je disais
hier, en terminant, que le Seigneur disait, dans l'Évangile, qu'il avait
donné des talents et qu'il y avait des mauvais intendants et des bons
intendants: ceux qui avaient développé les talents et ceux qui
les avaient enfouis. Je suis persuadé qu'il y avait une pensée,
quant à l'enfouissement, pour ceux qui recouvrent la terre d'asphalte,
alors que ceux qui font produire les talents, ce sont ceux qui mettent en
valeur les terres agricoles du Québec.
Parmi ceux-là, il y a principalement le Mouvement
coopératif québécois qui a joué un rôle
considérable depuis une centaine d'années au Québec. Je
suis à même de le dire, d'autant plus que sa partie la plus
vigoureuse est originaire de mon comté. C'est sans doute
l'endroit du Québec, au mille carré, où il y a le plus de
coopérateurs et de personnes qui ont développé le domaine
coopératif. Dans le monde entier... Le comté de Lévis,
Lévis même, est un nom symbolique dans l'histoire du
Québec, puisque Lévis n'a jamais rendu ses drapeaux. C'est
pourquoi, aujourd'hui, c'est avec une grande fierté que je
représente le comté de Lévis, mais aussi, je suis un
représentant important du mouvement coopératif, en termes de
nombre d'électeurs, de gens qui oeuvrent dans ce secteur, chez nous.
La consultation, avec le monde coopératif, sera
bénéfique puisque l'on remarque que le domaine agricole et le
domaine des institutions financières sont les deux secteurs où la
coopération s'est le plus développée au Québec.
Les gens du mouvement coopératif pourraient venir nous dire
à quel point ils tiennent à la protection des sols et à
quel point ils souhaitent que les mesures que nous avons mises en place le 9
novembre 1978 ne soient pas battues en brèche, ne soient pas
dilapidées et qu'on n'assiste pas à un émiettement graduel
de la Loi sur la protection du territoire agricole. J'ai dit après la
conférence de presse du ministre du 23 septembre 1986 que le plan
annoncé à ce moment était un plan qui ferait
disparaître la protection des terres agricoles au Québec. Il ne
ferait pas seulement l'ébrécher ou l'écrémer, mais
la ferait disparaître. Je connais la théorie du "spot zoning" du
président du groupe de travail qui porte un nom en français
vraiment évocateur au moment où on fait les études ici
à l'Assemblée nationale actuellement. Le "spot zoning" se traduit
en français par "zonage discriminatoire".
Je connais les théories du président du groupe de travail
qu'a mis sur pied le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il se nomme M. Lorne Giroux. C'est un confrère de
travail à la Faculté de droit de l'Université Laval. M.
Giroux n'a jamais vraiment cru a la protection des terres agricoles. Il a le
droit de penser comme il veut, sauf que sa façon de penser, si elle est
mise en application, sera néfaste à l'agriculture et
amènera, j'en suis convaincu, la disparition de toute forme de
protection du territoire agricole au Québec. Je rencontrais justement,
récemment, un collègue qui connaît Lorne Giroux aussi bien
que moi. Il me disait: C'est incroyable que le gouvernement du Québec
ait confié cela à M. Giroux, qui est un excellent avocat, mais
qui ne croit pas à la protection des terres agricoles et a
souhaité depuis le début pouvoir adopter la technique du "spot
zoning" ou du zonage discriminatoire.
Confier la Loi sur la protection du territoire agricole à M.
Lorne Giroux, c'est l'équivalent de confier la garde du poulailler
à un loup ou à renard. Non pas que M. Giroux soit un mauvais
garçon, sauf que le secteur agricole n'est pas sa force. Il ne
connaît pas ce secteur. Il va avoir tendance à remettre les
pouvoirs à tous ceux qui vont les dilapider avec des techniques bien
connues et qui vont détruire la Loi sur la protection du territoire
agricole. Je l'ai dit comme je le pensais immédiatement après la
conférence du ministre, le 23 septembre 1986. Je dis qu'aujourd'hui, la
loi 132 que nous avons devant nous va ouvrir une brèche et va
créer une division incroyable dans le monde rural. Le projet de loi n'a
pas seulement pour but de retarder l'échéance ou le délai
prévu initialement pour se servir de l'article 31, il a pour effet aussi
de modifier l'article 31. Et, avec les amendements prévus dans la loi
132, on comptabilise et on fait l'inventaire, on enregistre les intentions de
construire plutôt que des constructions réelles et on donne des
droits acquis dans des endroits et on maintient des droits acquis même
quand l'objet du droit acquis sera disparu.
Quand on regarde dans le droit coutumier avec lequel nous vivons, on ne
trouve pas ces différentes formules, parce que la jurisprudence a
établi d'une façon très claire la signification des droits
acquis, leur application, leur prolongation et leur durée dans le temps.
Actuellement, le projet de loi a pour but, au-delà de la jurisprudence,
dans le deuxième alinéa de l'article 1 et par l'insertion d'un
troisième alinéa à l'article 31, de mettre de
côté la jurisprudence fermement établie au Québec
pour créer un nouveau régime juridique en dehors de toute la
tradition coutumière jurisprudentielle au Québec, pour maintenir,
en dépit de la destruction de bâtiments, des droits acquis
à la non-agriculture, c'est-à-dire au dézonage agricole de
secteurs même dans le milieu des terres, parce qu'il y aura eu une
bâtisse un jour. Alors que si les bâtisses n'existent plus, ont
été détruites depuis un certain temps ou n'ont pas
été construites, les droits acquis s'éteignent. Il est
souhaitable, dans le milieu agricole, que des droits acquis qui ne sont plus
utilisés s'éteignent, pour que la terre sous-jacente à ces
bâtiments ou a ces résidences puisse retourner à
l'agriculture. On voit aujourd'hui des endroits, des rangs, où la
production céréalière s'est développée; je
pense à plusieurs endroits comme, par exemple, à la paroisse
Saint-Denis dans la vallée du Richelieu où on peut voir que les
clôtures ont été enlevées, que les élevages
d'animaux ont été remplacés par des productions
céréalières et, aujourd'hui, l'aspect physique même
du territoire agricole a été complètement modifié
depuis la mise en valeur des terres agricoles pour la production
céréalière au Québec. Qu'on songe
seulement que, depuis 1976, alors que la production était de 800
000 tonnes, la production a atteint en 1985 près de 3 000 000 de tonnes,
c'est-à-dire presque quatre fois plus qu'en 1976. Quand j'ai eu
l'occasion de conter cela à des ambassadeurs de
délégations de pays étrangers, ils trouvaient que
c'était un miracle économique que d'avoir quadruplé la
production céréalière dans l'espace d'une dizaine
d'années.
Le Québec a des avantages sur le plan biophysique, mais à
condition d'y croire. De la même façon il a des avantages sur la
plan de l'aquaculture, à condition d'y croire. Le Conseil
économique du Canada disait que, pour développer l'aquaculture au
Canada, cela prendrait de dix à quinze ans. Je vais vous dire que nous
l'avons fait au cours des dernières années. Aujourd'hui, on a mis
en place des lois qui permettent le développement de l'aquaculture qui
peut se faire dans les cours d'eau et aussi dans toutes sortes de territoires
qui sont près de l'agriculture.
Pourquoi consulter les coopératives ou le monde
coopératif? Parce que le monde coopératif a été au
centre du développement de l'agriculture au Québec, parce que le
monde coopératif a appuyé la Loi sur la protection du territoire
agricole au moment où nous l'avons déposée. J'avais
demandé à ce moment-là l'appui de tout le monde
agro-alimentaire et je l'avais obtenu: qu'il s'agisse du monde syndical
agricole, du monde de la coopération agricole, du monde industriel, des
différents secteurs de la population agro-alimentaire du Québec
qui, à l'unanimité, avaient appuyé le projet de loi que
nous avions déposé à l'Assemblée nationale le 9
novembre 1978. Aujourd'hui, alors qu'on veut détruire cette loi, il
serait important que le monde coopératif puisse venir ici, à
l'Assemblée nationale, connaître les intentions du gouvernement et
savoir ce que le gouvernement projette de faire avec une loi qui a
été bénéfique. Les coopératives ont
profité de ce développement. Qu'on regarde aujourd'hui des
institutions dynamiques pour voir, par exemple, même une certaine
concurrence qui commence à s'établir entre les
coopératives qui ont occupé un champ de plus en plus important,
ce qui a eu pour effet de tasser un peu l'entreprise privée au niveau de
la production et de la transformation de certains produits
agro-alimentaires.
Qu'on regarde dans le secteur laitier maintenant où la
très grande partie de la production et de la transformation des produits
laitiers au Québec est faite par les coopératives. Dans le lait
de consommation où elles ont davantage tardé à occuper le
terrain, elles occupent aujourd'hui une grande place et principalement avec la
dernière transaction qui était, d'ailleurs, une autre
coopérative lorsque la ferme Saint-Laurent a été acquise
par Purdel. On voit aussi que Agropur, ne voulant pas rester à
l'écart d'un territoire où elle n'était pas active
actuellement, vient d'acheter la laiterie De Choix, à Amqui, dans la
vallée de la Matapédia, qui desservait le territoire
gaspésien, ce qui veut dire qu'il y aurait une concurrente d'Agropur
avec Purdel dans le Bas-Saint-LaurentGaspésie.
Je ne dis pas que l'entreprise privée ne jouait pas un rôle
important et je ne suis pas convaincu que ces concentrations vont être
bénéfiques, mais c'est une réalité qui fait qu'il y
a eu une concentration de la production laitière dans des institutions
coopératives et on peut dire que la production laitière est, en
termes d'"acrage", celle qui occupe la plus grande partie du territoire
québécois.
Aujourd'hui, les troupeaux laitiers du Québec prennent de moins
en moins de place, à cause de l'augmentation de la productivité
des animaux, mais la production laitière occupe encore la plus grande
partie du territoire québécois. Les coopératives ne sont
pas insensibles à ce que la production laitière demeure
vigoureuse et à ce que les coûts de production des agriculteurs
soient le plus bas possible pour que l'industrie laitière
québécoise soit la plus concurrentielle possible, parce qu'on
produit plus que notre consommation et qu'il faut exporter une grande partie de
la production.
On produit près de 140 % de notre consommation de produits
laitiers au Québec et il y a environ 40 % de notre production
laitière qui doit être exportée. Je vous dirai
également que, M. le Président, lorsqu'il y a eu la bataille du
Nid-de-Corbeau, le mouvement coopératif m'avait dit à ce
moment-là qu'il était urgent pour le Québec de
développer sa propre production céréalière. Je me
rappelle à quel point certains dirigeants du mouvement coopératif
n'étaient pas sûrs si le Québec avait une vocation
céréalière au moment où nous avons mis en place nos
programmes, à l'automne 1977. Mais, par la suite, devant les
résultats obtenus, tous sont devenus beaucoup plus sûrs, beaucoup
plus convaincus par la démonstration concrète qui était
faite du développement de cette production au Québec
Lorsqu'est arrivée la question du Nid-de-Corbeau où,
à ce moment le député de Lotbinière était
dans le camp de ceux qui essayaient de nous faire avaler le Nid-de-Corbeau,
comme adjoint d'un député libéral où les
députés libéraux avaient essayé par tous les moyens
possibles d'écraser le cultivateur québécois et avaient
été trop mous pour se tenir debout, c'est le peuple
québécois, à l'occasion de tournées, qui avait dit:
Non, cela ne passera pas.
Je dois souligner le courage du député de Beauce-Sud,
Hermann Mathieu, qui avait
pris le risque d'être expulsé de son parti pendant une
période de temps où les grands ténors du Parti
libéral recevaient la visite des délégations d'Ottawa,
comme le député de Papineau, M. André Ouellette et
d'autres, qui venaient ici pour essayer de convaincre le Parti libéral
de ne pas combattre les politiques fédérales du
Nid-de-Corbeau.
Nous avions convaincu le député de Beauce-Sud qui
était venu à notre conférence socio-économique de
l'automne et qui y avait adhéré. Le milieu coopératif,
devant cette attaque pernicieuse et vicieuse du gouvernement
fédéral m'avait dit à ce moment: M. Garon, la seule
solution, c'est d'accélérer notre autosuffisance dans le domaine
des productions céréalières, pour que nous cessions
d'être dépendants de l'Ouest.
J'étais très heureux de voir qu'en 1985... Je salue, au
passage, la députée de Bellechasse. Je remarque qu'elle assiste
toujours à mes discours en Chambre, à l'Assemblée
nationale. Je pense qu'elle a demandé au président de
présider les travaux à ce moment et qu'elle vient jeter un coup
d'oeil, encore une fois, au moment où je prends la parole...
Une voix: La porte était barrée. M. Garon:
Je suis persuadé que...
Une voix: ...intéressé.
M. Pagé: Cela ne veut pas dire, pour autant, que c'est
intéressant, ce qu'elle entend, mais quand même... (12 heures)
M. Garon: Elle sait à quel point le comté de
Lévis et le comté de Bellechasse ont vécu au cours des
années passées, des relations amoureuses indéfectibles. Je
suis bien placé pour le connaître. Étant originaire de
Bellechasse et vivant aujourd'hui dans Lévis, je sais à quel
point les rapports entre Bellechasse et Lévis sont harmonieux. M. le
Président, je dirais que...
M. Pagé: Pouvez-vous en dire autant avec
Lotbinière?
M. Camden: Oh! non. On pourrait le qualifier d'incestueux
à certains égards.
M. Garon: II y a des pratiques dans Lotbinière que nous ne
connaissons pas.
Une voix: ...violenté, évidemment.
M. Garon: Quand les députés donnent des coups de
poing sur le nez à leur président de comté ou quand des
députés libéraux deviennent secrétaires de
députés fédéraux, qu'ils viennent au provincial un
peu, je dois dire que nous ne sommes pas habitués a ce genre de
pratique.
M. Camden: Pour venir démêler les choses qui
étaient en désordre.
M. Garon: En tout cas, je voulais dire qu'à ce point de
vue, la Coopérative fédérée considérait
important, essentiel et nécessaire que l'autosuffisance
céréalière des Québécois soit
accélérée. Car, avec le rejet de la règle de
l'équité dans le commerce des céréales, en 1979,
par les libéraux fédéraux et cette tentative de lui passer
le. Nid-de-Corbeau, les subventions aux agriculteurs de l'Ouest, par la suite,
avec des milliards de subventions par année à l'agriculture de
l'Ouest, avec un régime de stabilisation à 75 % dans l'Ouest,
où le gouvernement fédéral paie 75 % des paiements et les
agriculteurs 25 %, alors que les provinces ne paient pas, et qu'on a fait un
régime discriminatoire pour les gens de l'Est où on a
établi que ce sera un tiers, deux tiers, c'est-à-dire que les
cultivateurs devront en payer un tiers, on veut faire payer un tiers aux
provinces et que le gouvernement fédéral paie un tiers, en
établissant deux régimes au Canada, un pour l'Ouest et l'autre
pour l'Est, deux régimes totalement discriminatoires, c'est le premier
ministre qui pensait établir une charte des droits de l'homme qui a
établi le plus grand régime de discrimination entre l'Est et
l'Ouest du Canada. C'est Pierre Elliott Trudeau, avec un tas de suiveux qui
n'ont pas eu le courage de se tenir debout à ce moment-là et
c'est la population qui a dit non.
Je me rappelle quand ils étaient allés à Rimouski
faire des assemblées; c'est la population qui a dit non à ces
grands ténors qui, aujourd'hui, essaient de faire la valse nationaliste
à Ottawa, quand ils ont toujours combattu le mot même sous la
férule de leur maître qui les traitait comme des innocents.
Aujourd'hui, le mouvement coopératif serait à même de venir
devant cette commission parlementaire pour nous dire à quel point il est
important de protéger le sol agricole pour que les terres soient
disponibles pour le développement de la production
céréalière.
On n'a pas encore les chiffres de 1986; avec la température
difficile, il est possible qu'il n'y ait pas eu d'augmentation cette
année, mais ce n'est pas certain. Ce n'est même pas certain qu'il
n'y ait pas eu une augmentation cette année. Mais, en 1985, nous avions
atteint un niveau d'environ 3 000 000 de tonnes, ce qui était presque
quatre fois la production de 1976. Il y avait un développement
intéressant dont 85 % dans l'alimentation animale, et le
développement commençait à se faire dans la
céréale pour la consommation humaine. Plus on développait
cette production, plus on développait la production
céréalière avec un organisme comme la Régie des
grains qui veillait à travailler pour l'amélioration et le
contrôle de la qualité, et tout un régime de mise en
place de vulgarisation pour que nos céréales obtiennent de plus
en plus les meilleurs prix.
Un régime discriminatoire. On n'a pas idée à quel
point il y a eu des batailles vicieuses et pernicieuses. J'emploie mes mots
volontairement. Quand il y a eu de la fusariose dans les céréales
de l'Ontario, je dois vous dire que les normes fédérales ont
été changées immédiatement pour permettre de... Les
seuils de tolérance ont été enlevés. On a
changé le point d'un chiffre pour multiplier par dix les normes de
tolérance pour l'Ontario. Je vous dis qu'il n'y a pas eu beaucoup de
publicité pour dire qu'il y avait de la fusariose, alors que le
degré était beaucoup plus élevé qu'au
Québec. Quand il y en avait eu au Québec, on avait fait une
publicité épouvantable pour essayer de faire croire au monde que
les céréales du Québec n'étaient pas bonnes. On
n'avait pas changé le seuil de tolérance pour l'alimentation
animale en fonction de proportions à respecter dans les recettes
d'alimentation comme on l'avait fait pour l'Ontario. Encore là,
c'était la discrimination avec un groupe de députés
à Ottawa qui, comme d'habitude, ont été mous et incapables
de défendre les Québécois. Je pense
également...
Une voix: ...une minute.
M. Garon: II ne me reste qu'une minute? Je pense
également... Je vais finir ma minute...
M. Camden: Est-ce que vous lui indiquiez que ce n'était
pas pertinent, ou...?
Une voix: II reste une minute.
Le Président (M. Richard): Non, je lui indiquais de
terminer, que le temps est passé.
M. Camden: Ah bon! d'accord.
M. Garon: Je pense également à quel point il serait
important que le Mouvement coopératif vienne ici, car le Mouvement
coopératif est le grand distributeur de céréales au
Québec. On sait qu'il s'est établi, sous le gouvernement
précédent, 20 centres régionaux de traitement des
céréales et de traitement des grains, alors qu'on était
habitué à voir des silos à grain uniquement dans les
ports, pour traiter les céréales de l'Ouest.
Sous le gouvernement du Parti québécois, nous avons
établi 20 centres régionaux de grains pour traiter les
céréales produites au Québec. Nous avons vu un
développement incroyable. Il y a les centres régionaux, mais
j'oubliais de mentionner les quatre ou cinq centres de traitement des
céréales de semence. Aujourd'hui, plus de 50 % des ensemencements
se font avec des semences certifiées et le monde coopératif est
au centre de ces transformations. Il joue un rôle important puisqu'il a
travaillé beaucoup à établir le programme gouvernemental
qui subventionnait à 70 % le développement de ces centres de
grain. Ses représentants pourraient vous dire à quel point la
protection des terres est importante, non seulement pour l'industrie
laitière mais également pour l'industrie
céréalière au Québec qui demande un nombre d'acres
important. Quant aux terres qui ont été mises en valeur par des
travaux mécanisés, par le drainage souterrain, sous le
règne du Parti québécois, entre 1976 et 1985, il s'est
drainé deux à trois fois plus de terres qu'entre 1908 - qui est
le début du drainage au Québec - jusqu'à aujourd'hui.
Le Président (M. Richard): En terminant, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: C'est pourquoi, aujourd'hui, la mise en valeur de ces
sols qui a coûté beaucoup d'argent en termes de fonds publics doit
être protégée pour l'agriculture. Le Mouvement
coopératif et la Coopérative fédérée
pourraient, à mon avis, venir éclairer cette commission avant
l'étude article par article du projet de loi 132.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre, voulez-vous utiliser
votre droit de réplique?
M. Pagé: M. le Président, j'utiliserai mon droit de
réplique lorsque les intervenants auront terminé. On va laisser
aller le pilote automatique. Faites-vous valoir, messieurs.
Le Président (M. Richard): Pour une question d'alternance,
je retiendrais le député de Prévost. M. Forget...
M. Pagé: J'ai une demi-heure, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Vous avez une demi-heure.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Forget.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Prévost, je m'excuse.
Une voix: II n'a pas encore donné son nom...
M. Forget: Voici, M. le Président...
M. Pagé: M. le Président, quelques années
après le départ de l'honorable député de
Prévost, grand producteur agricole, famille renommée,
crédible, homme de son milieu, homme près de son monde...
Une voix: Voici, M. le député de...
M. Pagé: ...il saura très certainement, très
possiblement, donner son nom au comté.
M. Garon: M. le Président, je voudrais saluer la
présence de Mme Forget, l'épouse du député de
Prévost, qui est ici dans les tribunes. Je voudrais vous dire, Mme
Forget, que je souhaiterais que vous soyez ici à tous les jours parce
que votre mari parle beaucoup plus quand vous êtes là que quand
vous n'y êtes pas.
M. Forget: Voici, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Nous nous allions facilement au
député de Lévis pour, au nom de la commission, vous
saluer, Madame.
M. le député de Prévost.
M. Forget: Oui, voici. Le député de
Lotbinière aurait une question à poser avant moi, s'il vous
plaît.
M. Camden: M. le Président, si le député de
Lévis accepte, j'aurais une question à lui poser. Ce serait,
évidemment, pour avoir une clarification à la suite de son
exposé fleuve.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Est-ce en fonction
de l'article 212 que vous...
M. Pagé: L'article 212 et l'article 213. M. Jolivet:
Oui, article 213.
Le Président (M. Richard): Cela va, d'accord. M. le
député de Lotbinière, vous avez la parole.
M. Camden: Merci, M. Jolivet. Je voudrais savoir... Lorsque le
député de Lévis a fait allusion à M. Lome Giroux,
il nous a laissé entendre qu'il avait rencontré un autre eminent
collègue, un individu qui lui aurait fait des commentaires quant
à M. Lorne Giroux. Alors, on voudrait savoir qui a fait cette
déclaration - et quand - concernant M. Giroux.
M. Garon: Non, M. le Président, je ne pourrais pas...
M. Camden: Pour l'intérêt général...
On peut citer n'importe qui et je pense que c'est d'intérêt de
connaître qui fait ces déclarations ou si c'est simplement des
ouT-dire qui sont véhiculés au bon gré d'une allocution.
Je pense que pour l'intérêt et le bénéfice de
l'ensemble de la population et de mes concitoyens de Lotbinière, ce
serait intéressant.
M. Garon: M. Le président, je vous dirai que si le
député savait la différence entre du ouï-dire et du
voir-dire, il saurait que, dans ce cas-ci, il ne s'agit pas de ouï-dire,
puisque ces commentaires m'étaient faits à moi, personnellement.
Deuxièmement, je vous rappellerai un proverbe mexicain qui dit: "Tant la
cruche va à la rivière qu'à la fin, elle se casse".
Troisièmement, c'est quelqu'un qui a eu à travailler beaucoup
dans le domaine de la législation et de la protection des terres et qui
connaît très bien la pensée de M. Giroux, qui, d'ailleurs,
a le droit de penser ce qu'il veut. Remarquez bien, je ne ferai pas de reproche
à M. Giroux de penser ce qu'il pense, sauf que de lui confier la
protection du territoire agricole, à ce point de vue-là, ce n'est
pas sa ligne de pensée. C'est un peu, comme disait un ministre à
Ottawa, confier la banque de sang à Dracula.
M. Camden: J'ai rapporté des propos que les gens me
communiquent concernant le député de Lévis. Je n'ai pas
à chaque fois cette poussée fièvreuse qui me monte. Je
réserve mes commentaires.
M. Jolivet: Dehors, il faut beau. Prendre un peu d'air frais
serait bon pour vous. Cela baisserait la température.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Je pense
que...
M. Camden: Non. Je contrôle la température.
M. Jolivet: Ah! bon.
Le Président (M. Richard): ...le député de
Lévis a répondu à la question du député de
Lotbinière.
M. Jolivet: Je n'ai pas d'intérêt à refuser
qu'il réponde, M. le Président. Ce sont ses affaires.
Le Président (M. Richard): Non, mais en fait, vous savez
qu'il y a aussi un article de notre règlement qui dit que nous ne
pouvons pas exiger d'un député une réponse autre que celle
qu'il veut bien donner. Vous avez eu, je pense, votre commentaire à
votre interrogation. Maintenant, je donne la parole au député de
Prévost.
M. Paul-André Forget
M. Forget: M. le Président, je suis heureux de voir que le
député de Lévis nous parle de la coopérative
fédérée. Pendant 16 ans, comme président d'une
coopérative, je n'ai pas eu beaucoup de consultation du
député de Lévis. Lorsque vous parlez de la protection du
territoire agricole, on n'a jamais été consulté au niveau
de la coopération. Jamais! On n'a jamais reçu une lettre.
À un moment donné, lorsqu'on a eu un problème, au sujet du
lait, avec La Québécoise, le député de
Lévis, qui était ministre de l'Agriculture à ce
moment-là, est intervenu auprès de la coopérative La
Québécoise, auprès du groupe qui s'était
formé, pour combattre Agropur qui était une coopérative
existante, avec un prêt de 950 000 $ où les agriculteurs ont
participé également. Vous savez très bien que cette
coopérative a fait faillite et que tous les producteurs ont perdu leur
argent et le gouvernement du Québec aussi, tout simplement pour
favoriser la compagnie Sealtest, une compagnie américaine qui a permis
de prendre du marché dans la région de Montréal. Je suis
très heureux de voir aujourd'hui que vous êtes sensibilisé
au mouvement coopératif. J'en suis très heureux.
Une voix: C'est une volte-face. M. Garon: M. le
Président...
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Prévost.
M. Garon: ...en vertu de l'article 212, je suis obligé de
rétablir les faits.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je dois dire, M. le Président, qu'en tant que
ministre de l'Agriculture, j'ai aidé beaucoup de coopératives qui
se sont organisées et notamment Agropur à Granby par une
subvention de 4 500 000 $, lorsqu'elle a bâti son usine de 19 000 000 $.
Quand vous avez mentionné qu'au point de vue de la coopérative La
Québécoise, c'est une autre coopérative... Je n'ai pas
à choisir les coopératives, les coopérateurs et les gens
qui veulent eux-mêmes se former en coopérative, mais on doit leur
donner un coup de main. Je ne comprends pas l'affirmation que vous avez faite,
puisque, la coopérative La Québécoise une fois dissoute,
tous les actifs ont été achetés par le mouvement
coopératif. Comment pouvez-vous dire que les actifs de La
Québécoise ont été perdus par le mouvement
coopératif au profit de Sealtest, alors que tous les actifs sans
exception de La Québécoise ont été acquis par des
institutions du mouvement coopératif? On ne peut pas dire n'importe
quoi, on ne peut pas affirmer n'importe quoi.
M. Forget: Je vais vous donner les explications.
M. Garon: Je ne choisissais pas les projets. De la même
façon, j'ai aidé à plusieurs projets comme Purdel, qui
avait un projet de 6 000 000 $ à la coopérative de la Côte
Sud à Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Il y a eu des subventions. Si vous
regardez les années 1979, 1980 et 1981, ce fut l'âge d'or
où presque toutes les usines de l'industrie laitière
québécoise ont été modernisées,
principalement les usines du mouvement coopératif.
M. Forget: Vous savez très bien, M. le
député de Lévis...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Prévost.
M. Forget: ...qu'à ce moment-là, il y avait une
crise et qu'un groupe d'agriculteurs se sont groupés pour former une
coopérative. On achetait des laiteries à ce moment-là deux
fois le prix qu'elles valaient. Vous étiez conscient de cela et vous
êtes venu en aide à ce mouvement-là avec un prêt de
950 000 $. Vous saviez très bien que celui qui profitait de tout cela,
c'était Sealtest, qui entrait entre les deux coopératives et qui
pouvait vendre plus facilement sur le marché de Montréal.
À un point tel qu'à un moment donné, ces laiteries et
cette coopérative allaient s'alimenter chez Sealtest. (12 h 15)
Par contre, il faudrait réfuter autre chose également.
Lorsqu'on parle de la recherche présentement, en ce qui concerne la
coopération, vous n'avez jamais collaboré pendant neuf ans avec
la Coopérative fédérée dans le domaine de la
recherche, absolument pas et non plus dans les marchés
extérieurs. Jamais, vous n'êtes venu aider la Coopérative
fédérée en ce qui concerne le commerce extérieur.
Nous sommes sur le marché du commerce extérieur depuis 1949. Nous
n'avons jamais eu la collaboration du gouvernement du Québec pendant
neuf ans.
Une voix: Allez-vous en avoir maintenant?
M. Forget: Oui, je peux vous dire une chose: on va organiser une
rencontre avec les ministres concernés pour s'occuper du commerce
extérieur. Vous savez très bien, qu'en 1985, la
coopérative a exporté pour 150 000 000 $ de produits
québécois dans le domaine agro-alimentaire. C'est une chose
importante. Nous, Québécois qui nous disons nationalistes, nous
avions une entreprise
complètement québécoise avec laquelle le
gouvernement du temps n'a pas voulu collaborer!
M. Garon: M. le Président, je dois dire que le
député, comme président de sa coopérative, ne
pouvait pas renseigner ses membres, s'il n'était pas plus au courant de
cela lui-même. D'abord, je dois dire qu'il y a eu des
délégations du Québec à l'étranger et
notamment avec des coopératives laitières. Je peux vous dire que
des délégations japonaises sont venues ici. Elles ont
rencontré des gens du mouvement coopératif à des
réunions où j'ai assisté. La coopérative Agrinove,
par exemple, a eu des ententes que nous avons organisées avec le
Vénézuela à tel point qu'elle a pu exporter toutes les
vaches qu'il y avait sur son territoire, des vaches ROP et qu'elle avait
à vendre des organisations de commercialisation auxquelles nous avons
travaillé avec Agrinove qui a pu exporter des animaux exportables, soit
les vaches qu'elle avait sur son territoire. Constamment dans les missions, il
y avait des gens du mouvement coopératif qui y étaient
associés. Lorsqu'il venait des gens ici, on leur faisait rencontrer les
gens du mouvement coopératif. Je suis étonné de vous
entendre dire ce que vous dites là. Que ce soit dans le
Bas-Saint-Laurent, qu'il s'agisse de la Côte-Sud du Québec, qu'il
s'agisse d'Agrinove, qu'il s'agisse d'Agropur et qu'il s'agisse des
différentes associations coopératives, nous avons
travaillé avec elles pour faire la commercialisation des produits
agro-alimentaires et pour l'exportation des produits agro-alimentaires. Il y a
eu de nombreuses subventions d'accordées dans cette perspective, non
seulement pour la transformation mais aussi sous la forme d'aide à la
commercialisation. Aujourd'hui, je suis étonné que vous ne soyez
pas au courant qu'il y a eu une collaboration constante avec le mouvement
coopératif. Quand il y avait des divisions au mouvement
coopératif et quand il y avait des groupes qui ne s'entendaient pas,
comme ministre, je n'avais pas à intervenir dans ces chicanes ou
à prendre la part de l'un ou de l'autre, de sorte que j'ai aidé
tous les groupes coopératifs dans le domaine de la transformation et de
la commercialisation des produits laitiers.
M. Forget: Quand môme pour répondre au
député de Lévis.
Le Président (M. Richard): Un tout petit commentaire, M.
le député de Prévost.
M. Forget: Tout simplement dans le domaine de la vente du
bétail, je pense que la Coopérative fédérée
n'est jamais intervenue dans cela, elle n'a jamais été dans ce
commerce.
M. Garon: Non, mais la coopérative Agrinove, oui.
M. Forget: Mais pas la Coopérative
fédérée, elle n'était pas engagée dans
cela.
M. Garon: Oui, c'est une coopérative aussi, Agrinove.
M. Forget: II y a une autre chose aussi. Lorsque je vous parle du
commerce extérieur, en ce qui concerne la Coopérative
fédérée, jamais vous n'êtes intervenu pour nous
aider. J'ai vérifié les dossiers.
M. Garon: Comment est-ce que vous me diriez cela, ce n'est pas
exact:
Des voix: Ah!
M. Garon: Les gens qui faisaient la commercialisation savent
à quel point on leur a permis de rencontrer des gens des
délégations, rencontres qui étaient organisées par
le gouvernement du Québec, par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Vous devriez aussi savoir que nous avions
mis en place des conseillers économiques agro-alimentaires dans les
délégations du Québec. Ces entreprises aussi se
prévalaient de leurs services. Lorsque j'ai organisé des missions
commerciales à l'étranger, des membres de la Coopérative
fédérée ou du mouvement coopératif faisaient
souvent partie de ces missions.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Prévost.
M. Forget: Juste une petite réponse.
Le Président (M. Richard): D'ailleurs, vous avez le droit
de terminer vos . dix minutes.
M. Forget: Tout simplement, je ne sais pas si le
député de Lévis est au courant que la Coopérative
fédérée a maintenant sa maison, maison qui
représente les intérêts de la Coopérative
fédérée au Japon. Il va y en avoir une en Chine aussi. Il
n'y a personne pour s'occuper de nous.
M. Garon: II faut comprendre une chose. Le gouvernement n'est pas
là seulement pour un organisme. Il est là pour l'ensemble des
gens qui font des affaires.
M. Forget: Vous n'avez jamais collaboré, jamais,
jamais.
M. Garon: II est obligé de tenir compte de l'ensemble. Il
ne peut pas être à l'usage exclusif d'un groupe mais de l'ensemble
des citoyens qui oeuvrent dans ce domaine sur le territoire
québécois.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis, merci, M. le député de
Prévost. M. le député...
M. Jolivet: M. le Président, j'ai trouvé cela
intéressant, moi.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, j'admets, M. le
député de Laviolette, qu'il y
M. Garon: On devrait convaincre le président qu'une partie
du salaire aille à Mme Forget, de sorte que le député de
Prévost parlerait tous les jours si elle était ici tous les
jours.
Le Président (M. Richard): Ce n'était pas une
question de règlement, M. le député de Lévis.
M. Pagé: M. le Président, je trouve cela tout
à fait disgracieux et cela manque de délicatesse, cela ne me
surprend pas du député de Lévis. Cependant, celui-ci
devrait convenir avec nous que le député de Prévost
contribue de façon importante, utile et significative aux travaux de la
commission depuis qu'il a été élu par la population de
Prévost pour la représenter. J'aurai l'occasion dans mon propos,
tout à l'heure, de souligner la contribution importante de notre
député, qui, d'ailleurs, vous en fait voir de toutes les couleurs
ce matin, qui vous place sur la défensive, qui vous place dans une
situation où vous vous sentez mal à l'aise, M. le
député.
M. Jolivet: M. le Président, on pourrait permettre au
ministre de faire des petits cinq minutes, s'il le veut, il fera trente minutes
au total, cela ne me dérangerait pas.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Laviolette...
M. Garon: En vertu de l'article 212, sur ce que le ministre vient
de dire, le ministre vient de m'attaquer et je dirais que je n'ai pas de
leçon à recevoir du député de Portneuf, qui a
déjà sali toute l'Assemblée nationale avec le faux
scandale des films pornos.
M. Pagé: M. le Président, j'ai déjà
eu l'occasion de dire au député de Lévis qu'il ne devrait
pas cracher en l'air dans ce dossier.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, messieurs, si vous
permettez, on va...
M. Pagé: Vous ne devriez pas cracher en l'air, cela va
vous tomber sur le bedon.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, messieurs, si vous
le permettez, le "coffee break" étant terminé, même avec le
respect, M. le député, de l'alternance, M. le
député des îles-de-la-Madeleine, avait... Est-ce que c'est
une question de règlement?
M. Farrah: Pas nécessairement, c'est qu'hier j'avais
manifesté le désir d'intervenir et de poser une question;
même notre collègue, M. le ministre de l'Agriculture, l'avait
mentionné également...
M. Jolivet: C'est vrai.
M. Farrah: ...et je n'avais pas eu le droit de parole. Alors, je
demande juste si je peux intervenir.
Une voix: Vous oubliez vite.
M. Jolivet: On lui avait dit d'attendre à la fin.
Le Président (M. Richard): Je n'ai pas d'objection...
M. Jolivet: Je témoigne, M. le Président,
effectivement...
Le Président (M. Richard): C'est exact.
M. Jolivet: II y avait le député de
Lotbinière et le député des îles-de-la-Madeleine qui
voulaient poser une question. On lui avait dit: Attendez le moment où
l'ex-ministre, le député de Lévis aura terminé.
Le Président (M. Richard): Alors, vous désirez
poser votre question, M. le député des
îles-de-la-Madeleine, à M. le député de
Lévis?
M. Georges Farrah
M. Farrah: C'est un commentaire et peut-être une question
en même temps. Je suis quand même estomaqué d'entendre le
député de Lévis qui nous a fait la morale hier quant
à la consultation, qui a demandé de rencontrer l'UMRCQ, l'UMQ,
les coopérateurs et le reste, et le reste, alors que je sais
pertinemment ce qui concerne le dossier du zonage agricole aux
Îles-de-la-Madeleine. On sait qu'il n'y a pas de zonage aux Iles. La
commission n'a pas statué en ce qui concerne les
Îles-de-la-Madeleine. On sait que la MRC, qui est un groupe quand
même très important... Même le député de
Lévis mentionnait hier que c'étaient des groupes très
importants, qu'il fallait considérer ces gens. Ils pourraient nous
apporter des choses très bénéfiques dans un débat.
La MRC, en ce qui concerne les îles, a manifesté souvent le
désir d'arriver à une entente en ce qui concerne le zonage
agricole et compte tenu du contexte particulier des
Îles-de-la-Madeleine. La MRC avait amené des amendements
considérables, je dois l'avouer, quant à un éventuel
zonage qui serait applicable aux Îles-de-la-Madeleine. À ce sujet,
le député de Lévis a toujours été à
l'encontre des revendications de la MRC des Iles et je trouve cela vraiment
drôle de l'entendre aujourd'hui dire qu'il faut rencontrer ces gens et
les avoir en consultation. Alors qu'il était au pouvoir et qu'il avait
un pouvoir décisionnel, il a toujours réfuté du revers de
la main ce que ces gens avaient à dire.
Cela a été très négatif en ce qui concerne
l'agriculture aux Iles, pour les agriculteurs et les agricultrices car,
étant donné qu'on n'a pas de zonage aux
Îles-de-la-Madeleine, on sait que tous les programmes normés ne
sont pas applicables. Alors, l'agriculture a reculé aux Iles, compte
tenu des décisions de l'ancien ministre, le député de
Lévis. Comme le disait hier notre collègue de Portneuf et
ministre de l'Agriculture, je pense que c'est la preuve de l'incohérence
qui est véhiculée de l'autre côté de la Chambre, de
l'autre côté de la table. Je me demande aujourd'hui pour quelle
raison on demande des consultations alors que, dans votre temps, vous ne
preniez aucunement en considération ces gens.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. M. le député
de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je dois dire que, en vertu de
l'article 212...
Une voix: Non, c'est une question de règlement. Vous avez
posé une question...
M. Garon: ...- 212 ou 213 ou les deux en même temps - le
député ne semble pas connaître le dossier agricole.
Aujourd'hui, il y a un abattoir qui fonctionne aux Îles, un abattoir qui
satisfait aux normes...
M. Farrah: Fédérales.
M. Garon: Les normes québécoises également,
parce qu'un abattoir ne peut pas fonctionner au Québec s'il ne satisfait
pas aux normes québécoises. Si le député des
Îles-de-la-Madeleine veut se renseigner, je lui dirais de lire deux
causes, une du Québec en 1979 et une en 1980 de la Cour suprême du
Canada, la cause Labatt et la cause Dominion qui lui expliqueront comment cela
marche dans ce domaine. Je comprends que le député peut affirmer
n'importe quoi. Je lui conseillerais de demander aux municipalités
régionales de comté ce qui se passe dans le cas de la
privatisation de Madelipêche, cela pourrait peut-être le renseigner
et lui montrer que, justement, c'est lui qui ne suit pas...
M. Farrah: M. le Président, question de
règlement.
M. Garon: ...l'Union des municipalités régionales
de comté.
M. Farrah: ...la pertinence des débats. M. Garon:
...de son comté.
M. Farrah: ...on parle de zonage agricole et M. le
député de Lévis parle de Madelipêche.
M. Garon: Ils sont très inquiets de la privatisation de
Madelipêche parce qu'ils savent que cela va amener des centaines...
M. Farrah: Je comprends que cela lui fait mal.
Le Président (M. Richard): Un instant!
M. Farrah: La pertinence des débats, M. le
Président. Il ne veut même pas répondre aux questions.
Le Président (M. Richard): Attendez juste un instant si
vous permettez. En fonction de...
M. Garon: Le député des Iles-de-la-Madeleine me
fait penser au Manneken-Pis de la Belgique.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, messieurs, de part
et d'autre. Vous savez que, dans les articles 212 et 213, on écrit
"brèves" explications ou "brèves" réponses. Je me
permettrai à ce moment-ci de transférer la parole au
député de Terrebonne pour l'utilisation de ses dix minutes pour
ses commentaires sur le sous-amendement. M. le député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. La motion pour
faire venir les coopératives pour nous renseigner et nous aider, soit
parce que nous voulons que cette loi soit retirée, soit pour renseigner
le ministre qui croit que cette loi doit être adoptée. Je crois
que, actuellement, les cultivateurs demandent partout... Et leur dernier
congrès de l'UPA était de conserver leurs acquis et la protection
du territoire agricole. Je ne parle pas pour Ies galeries, moi, je n'ai pas
visite.
Les agriculteurs veulent absolument conserver leurs acquis. Il est
sûr qu'à travers une décennie, on pourra toujours trouver
quelque part un gouvernement qui a cassé une pinte de lait quelque part.
C'est
possible. Mais une chose, par exemple, c'est l'ensemble d'un dossier
qu'on se doit de regarder. Il est difficile de trouver des côtés
négatifs dans l'administration agricole des dix dernières
années, parce que l'ancien ministre de l'Agriculture a pris les
agriculteurs au neuvième rang selon les revenus. En dedans de quelques
années, il a amené l'agriculteur québécois au
premier rang, au début des années quatre-vingt, et cela s'est
maintenu là plusieurs années. Les agriculteurs
québécois sont passés du neuvième rang sur dix
provinces du côté des revenus, au premier rang, et ce, depuis
plusieurs années. Il y a certainement quelque chose de bon qui a
été fait quelque part, je veux bien jouer à la vierge
offensée de temps en temps et essayer de passer du boudin dans le cou de
Dracula, il reste un temps qu'il y a des moments que c'est un peu trop lourd
à porter.
Le député de Lévis nous dit que la protection du
territoire agricole, c'est le plus beau joyau législatif qui n'a jamais
été voté à cette Assemblée nationale. Je
suis complètement d'accord et tout le monde l'est. Le ministre actuel
est aussi d'accord sur cela. D'ailleurs, dans son esprit, il veut absolument
protéger cette loi. Mais nous disons que la loi qu'il nous apporte
aujourd'hui peut faire des entailles dans cette loi qui est un acquis des
agriculteurs et cultivateurs, des agricultrices et des cultivatrices, et que
l'ensemble des producteurs et des productrices agricoles tiennent à ce
projet de loi comme à la prunelle de leurs yeux.
Pour amener cette loi à l'Assemblée nationale, il faut
d'abord dire que le député de Lévis a eu un courage
remarquable à l'époque. Il fallait avoir beaucoup de courage
à cause du lobbying des spéculateurs qui était très
fort et que vous sentez encore derrière vous aujourd'hui.
M. Garon: Je n'ai pas été renvoyé pour faire
mes devoirs.
M. Blais: Même des spéculateurs
québécois, il y en avait, et beaucoup de spéculateurs qui
venaient de l'extérieur de la province dont Toronto qui n'était
pas absolument absente de cette spéculation. Dans le bout de
Saint-Hyacinthe, entre autres, beaucoup de terres en friche appartenaient
à de gros propriétaires de l'extérieur du Québec.
Je n'ai honte en rien à le dire ici. Je le dis en toute quiétude.
Cette protection du territoire agricole demandait un courage de premier plan de
la part de l'ancien ministre de l'Agriculture. Le ministre de l'Agriculture
actuel aura des gestes courageux à poser lui aussi. On le jugera
à ses gestes comme on juge l'arbre à ses fruits.
En plus du courage, cette loi, les cultivateurs la demandaient. Je suis
persuadé que le député de Prévost et les autres
cultivateurs la demandaient aussi à l'époque, cette protection du
territoire agricole, par reconnaissance pour nos aïeux et du travail
qu'ils ont fait pour protéger notre sol. (12 h 30)
Anciennement, le travail sur le sol québécois était
très difficile comparativement à aujourd'hui. Nos aïeux,
malgré les spéculateurs, ont protégé ce sol du
mieux qu'ils ont pu. J'ai l'impression que lorsqu'on chante O Canada... Je ne
dis pas O Canada, je dis sol québécois, terre de nos aïeux,
ton front est ceint. C'est sol québécois qu'il faut dire, ce
n'est pas O Canada; ils nous ont même volé le nom. On dit: Sous
l'oeil de Dieu, près du fleuve géant, le Canadien grandit dans
l'espérance. Ce n'est pas au Yukon que coule le fleuve Saint-Laurent, le
fleuve géant, ni en Ontario, ni à Terre-Neuve, ni au
Nouveau-Brunswick, ni en Saskatchewan, ni en Alberta, ce fleuve géant
qui est l'hymne national. On nous a même volé l'hymne national du
Québec pour l'appeler le O Canada parce que le O Canada, c'était
le Québec, anciennement, il faut tout de même qu'on se le dise. Il
faut que quelqu'un, de temps en temps, se lève debout pour qu'on
retourne à nos racines afin qu'elles ne pourrissent pas en terre sous
des gouvernements qui ne respectent même plus notre langue.
En plus de vouloir spolier les agriculteurs de leur richesse
première qui est leur sol natal, on veut, de l'autre côté,
spolier les enfants de soins dentaires et on veut, en plus - c'est la
vice-première ministre - nous couper notre langue française dans
nos relations. C'est incroyable. II y a tout de même une limite à
être tolérant du côté de l'Opposition. Je suis un
type qui est strictement tolérant, de nature. J'ai un respect total et
absolu des minoritaires parce qu'au Québec, je me sens très
majoritaire: nous sommes 80 %. Du côté agricole, j'ai aussi du
respect pour les minoritaires qui sont les spéculateurs dans le cas de
l'agriculture, mais il faut d'abord respecter la majorité agricole, les
producteurs agricoles, et non pas essayer de faire adopter des lois pour sauver
les minoritaires encore qui domineraient chez les agriculteurs. Cela a
duré assez longtemps, la période des spéculateurs.
Personnellement, par respect pour nos aïeux qui ont, à la
sueur de leur front, conservé ce sol, conservé la foi que nous
avons, conservé la langue et sauvé le peuple par des familles
nombreuses, je me demande pourquoi ici on n'essaierait pas de protéger
les terres et la grandeur de territoire qu'ils ont su conserver malgré
la spéculation et malgré les pressions de l'extérieur,
malgré que nous soyons toujours des vassaux dans ce vaste pays, comme
peuple. Le peuple
québécois est un peuple dominé, subordonné,
colonisé et, malgré tout cela, nos aïeux ont su sauver un
sol et nous nous devons de le défendre. Et, moi, je ne dis pas O Canada.
Pas parce que je déteste les Canadiens, je les adore. J'aime les
Américains, j'aime les Italiens. Je suis un homme tolérant qui
aime tous les minoritaires mais ici, je dis toujours: Sol
québécois, terre de nos aïeux et c'est cela que l'on devrait
chanter. Ce ne 3erait pas gênant de se lever et de chanter: Sol
québécois, plutôt que de chanter O Canada. Cela ne me
gênerait pas. Je me lèverais debout, très facilement et ce
serait par respect pour nos aïeux qu'on le ferait.
Il faut se rappeler que chaque pouce de terrain perdu à
l'agriculture ne se retrouve plus. Chaque concession que l'on fait à la
spéculation ne peut plus être reprise. Lorsqu'on bâtit une
maison ou une industrie... et ce n'est pas drôle, je ne trouve pas cela
drôle du tout! Surtout quand on est agriculteur, on devrait se lever pour
défendre ce sol et non pas rire de quelqu'un qui en parle avec
fièvre, avec effervescence et avec conviction. Je vous disais hier qu'il
y a 3 000 000 de terrains prêts, de lots prêts à recevoir
une maison au Québec. 3 000 000 dont 410 000 sont déjà
viabilisés. Comment peut-on venir défendre la position
d'ôter dans les zones vertes d'autres terrains pour construire. Nous
avons de la place pour doubler la population du Québec sans toucher
à un iota de la terre verte que nous avons. Pourquoi? Pourquoi adopter
des lois ou essayer de faire adopter des lois qui priveraient la classe
agricole d'une terre riche, prospère, mais qui ne couvre que 5 % de la
superficie du Québec? Il y a 95 % de la superficie du Québec
où l'on peut construire. J'aimerais beaucoup qu'on la protège. Je
suis persuadé que le ministre ne demande que notre intervention, il ne
veut que nous écouter là-dessus. Cette loi qui est là,
s'il tient à la garder, qu'il la rende plus acceptable pour la classe
agricole. C'est pour cela que j'aimerais que les coopératives viennent
nous renseigner là-dessus. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Est-ce qu'il y a d'autres inteventions? Je
m'excuse. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: C'est sur l'article... J'ai une question à
poser au député de Terrebonne, s'il vous plaît.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Le député faisait
référence à l'hymne national. J'ai deux petites questions
au député, s'il s'en souvient: Qui a composé l'hymne
national et à quel endroit?
M. Blais: Pardon? Je n'ai pas compris votre question.
M. Messier: Qui a composé l'hymne national et à
quel endroit, M. le député de Terrebonne?
M. Blais: Je ne me souviens plus de cala du tout. Moi, la
chanson, je ne connais pas cela.
M. Messier: Non? C'est à Saint-Hyacinthe et par Calixa
Lavallée.
M. Jolivet: Basile Routhier. M. Blais: Je ne le savais
pas.
M. Messier: C'est sur les bords de la rivière Yamaska.
M. Blais: Est-ce vrai? Ils disent cela dedans: Sur la Yamaska
près du... C'est cela qu'on chante? Je pensais qu'on chantait: Sous
l'oeil de Dieu, près du fleuve géant. C'est une autre question
idiote qui fait que vous aimez bien mieux dire des idioties que vous occuper de
l'agriculture. Un point c'est tout! Qu'est-ce que cela peut bien foutre la
question que vous venez de me poser là? On peut badiner parfois, mais
quand des choses importantes comme cela sont en jeu, on ne pose pas des
questions stupides comme celle-là.
M. Jolivet: On prend son droit de parole.
M. Messier: M. le Président, c'était juste pour
montrer l'ignorance du député en la matière. Il fait des
affirmations et il ne sait même pas de quoi il parle.
M. Pagé: M. le Président, dans un esprit de
conciliation, m'est-il permis de recommander un duel devant la porte de
l'Amérindien, à treize heures, entre les deux
députés? On va continuer à lire.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis, vous avez droit à votre droit de parole de dix minutes sur le
sous-amendement. À vous, M. le député.
M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, le projet de loi 132 modifie,
même s'il n'y a seulement que deux articles, la politique agricole et
cela de façon assez substantielle. On remarque que ces deux articles et
en particulier le premier - il a deux alinéas -touchent le territoire de
l'agriculture du Québec. Si ce projet de loi 132 est adopté
à l'Assemblée nationale, on se dirige nettement vers l'inconnu
face à l'aménagement du
territoire ainsi que face à nos terres agricoles. Je crois
fermement que ce projet de loi est une porte ouverte à tout le patronage
qui pourrait y exister et ' à toute la spéculation qui pourrait
survenir. Il faut aussi démontrer en même temps toutes les
inquiétudes provenant de différents milieux, incluant bien
sûr l'Union des producteurs agricoles, les MRC, l'Union des
municipalités du Québec, mais en ajoutant à cela la
Coopérative fédérée et le Mouvement
coopératif du Québec.
Quant à nous, nous savons très bien que le gouvernement
libéral que nous avons à l'Assemblée nationale depuis le 2
décembre dernier n'est pas le même parti politique qui avait
annoncé la transparence, qui avait annoncé les
négociations et qui avait annoncé, par le biais de toutes sortes
de promesses, une meilleure économie au Québec. Les
négociations se font actuellement en catimini et ce, sans l'implication
des vrais intéressés que j'ai mentionnés tout à
l'heure. Il ne faudrait pas que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation oublie que, lorsqu'on parle de ce secteur
économique du Québec, on parle de 14 000 000 000 $
d'immobilisations, de 4 000 000 000 $ de production, de 400 000 emplois directs
et indirects, de 1,5 % du produit intérieur brut
québécois, de 5 % de ce même produit intérieur brut,
si l'on ajoute l'agro-alimentaire et de milliards de dollars pour l'achat de
matériel et de produits pour les fermes du Québec. Des millions
de dollars sont aussi payés en taxes par nos agriculteurs et nos
agricultrices.
Le ministre semble oublier que tout le secteur agricole a
démontré, par ses activités économiques, qu'il
pouvait remonter la pente au cours des dernières années, passant
d'un peu plus de 40 % d'autosuffisance à 73 % au cours de 1986. On parle
bien sûr aussi du fait qu'il y ait 8 % de toutes les exportations
internationales du Québec dans ce secteur. M. le Président, tout
comme l'UPA, je dis que s'il doit y avoir une révision de la loi 90, la
Loi sur la protection du territoire agricole, tous les organismes qui furent
mentionnés au cours de cette commission auraient des suggestions
pertinentes à faire pour renforcer la loi elle-même au lieu de
l'amoindrir comme le fait l'actuel projet de loi 132. Il la modifie d'une
façon assez substantielle, mais sans que cela n'y paraisse. Il n'est pas
dit que le gouvernement libéral ne fait pas en catimini certaines
spéculations politiques à travers tout le réseau que le
ministre de l'Agriculture connaît très bien. Je crois qu'il faut
prendre garde à l'exagération ambiante qui grossit à
dessein des détails d'application de la loi au détriment de toute
la philosophie qui sous-tend l'homogénéité du territoire
agricole, en particulier du territoire québécois.
Tout le monde sait que la pression est énormément forte,
notamment de la part des MRC et cela même au détriment de cette
loi qui est connue de tous et de toutes. Sur les 136 000 000 d'hectares de
superficie totale du sol québécois, il ne faut pas oublier que 2
500 000 hectares sont défrichés, soit 1,8 % du sol. Le potentiel
de terres cultivables se chiffre selon le ministère de l'Agriculture,
c'est-à-dire le ministère du ministre de l'Agriculture
lui-même et député de Portneuf, à 6 800 000
hectares, soit 5 % du sol québécois. C'est donc dire qu'au
Québec seulement 35 % du potentiel agricole est exploité. Mais,
si on veut changer les choses qui existent actuellement à
l'intérieur de la Loi 90 sur la protection du territoire agricole, il ne
faut surtout pas faire ces changements en catimini, sans écouter
attentivement toutes les personnes, c'est-à-dire les agriculteurs, les
agricultrices et, bien sûr, tous les représentants de la
Coopérative fédérée et du mouvement
coopératif du Québec. C'est ce que nous voudrions
connaître, nous, en tant qu'opposition. Je suis même assuré
de la grande majorité des organismes dont les noms ont été
apportés devant cette commission par l'Opposition. Que je sache, il n'y
a pas un ministériel qui s'est chargé de présenter quelque
motion que ce soit ou quelque amendement prévisionnel que ce soit en vue
de bonifier le projet de loi. Il est sûr, quant à nous, que le
fait que ce gouvernement ne démontre aucune transparence envers les
vrais intéressés du domaine de l'agriculture, nous
inquiète énormément.
Je pourrais peut-être rappeler au ministre de l'Agriculture que
non seulement l'UPA, mais aussi d'autres organismes, sont extrêmement
inquiets de l'attitude gouvernementale. Je n'ai pas l'intention de
répéter ici le discours qui a été fait par le
président-directeur général de l'Union des producteurs
agricoles à l'occasion du 62e congrès général de
l'UPA, mais on sait, par exemple, qu'il y a plusieurs organismes qui sont
parfaitement d'accord avec la position de l'UPA et c'est l'ensemble des
coopératives du Québec, par le biais de fédérations
ou autres, qui étaient intéressées à appuyer la
position de l'UPA dans un premier temps et, dans un deuxième temps,
à faire valoir auprès du ministre de l'Agriculture et de son
gouvernement, des positions concrètes quant au territoire agricole et
à son aménagement.
M. le Président, je voudrais citer ici en passant des paroles du
président-directeur général de l'UPA qui mentionnait au
début de son exposé, de son allocution, lors de ce 62e
congrès: "Les lendemains qui chantent, cette phrase ne figurera plus
dans la liste des espoirs des agriculteurs et agricultrices
du Québec. Non, mes amis, l'agriculture et ceux et celles qui la
font vivre sont confrontés à une véritable symphonie qui
prend des airs de requiem." Le représentant de tout ce secteur agricole
mentionnait, par le fait même, les attitudes gouvernementales
libérales se rapportant à l'ensemble du dossier agricole. Bien
sûr, lorsqu'on parle du dossier agricole, on parle de
l'aménagement du territoire, on parle de la loi elle-même
concernant la protection de ce territoire agricole et qui est essentielle
à l'économie de l'ensemble de nos agriculteurs et agricultrices.
(12 h 45)
On parle d'un ensemble de lois, d'un ensemble de réglementations
qui existent actuellement et où on voudrait voir de part et d'autres des
modifications quant à certaines des réglementations, mais on
voudrait surtout modifier les choses pour que cela soit plus profitable, non
pas au gouvernement, non pas à ses ministres, non pas à
l'Opposition, non pas aux ministériels dans l'ensemble, mais que cela
soit plus profitable pour les Québécois et les
Québécoises qui fonctionnent dans le domaine agricole. M. le
Président, vous me permettrez sûrement de souligner que la grande
majorité des cas qui ont été soulevés lors du
discours de M. Proulx, en ce 62e congrès, étaient des cas
apportés sur la place publique et qui concernaient directement chacun et
chacune des personnes touchées par ce dossier. Quand on parle de
l'état de l'agriculture, face au gouvernement du Québec, nous
savons très bien que c'est le cadre par lequel l'on fait confiance et si
ce gouvernement prend n'importe quelle décision sans consultation et en
catimini, avec l'accord des ministériels que nous avons en face de nous,
je me demande où les prochaines années vont nous conduire en ce
qui concerne le domaine agricole et quant à ceux et celles qui y
oeuvrent, jour après jour, semaine après semaine, mois
après mois et année après année. Merci M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis. Autres interventions? M. le
député de Laviolette, vous avez le droit d'utiliser vos dix
minutes.
M. Jolivet: M. le Président, avant de faire mon
intervention de départ, j'aurais seulement une remarque à faire.
J'ai vécu, à l'éducation, ce que j'ai vécu ce
matin, c'est-à-dire, quand les députés libéraux
amènent des gens dans l'assistance pour les écouter, ils parlent.
Le ministre de l'Éducation, lorsque mon collègue, le
député d'Arthabaska, a eu à prendre la parole, a
présenté les gens en disant: M. le député
d'Arthabaska a son "fan club". J'inviterais tous les autres membres de la
commission du côté libéral à amener leur "fan club",
parce qu'on aurait la chance d'écouter de bonnes interventions comme le
député de Prévost tout à l'heure, une intervention
dans laquelle il a fait valoir son opinion. Cela ne veut pas dire qu'on est
d'accord avec lui. C'était une petite remarque préliminaire que
je faisais, mais espérant que les autres vont maintenant suivre
l'exemple du député d'Arthabaska et du député de
Prévost en faisant venir des gens.
Maintenant je dois vous dire que, et mon intervention commence, M. le
Président...
M. Camden: M. le Président, j'aurais aussi peut-être
une remarque...
M. Jolivet: Vous pouvez y aller. Cela ne compte pas dans mon
temps?
Le Président (M. Richard): Cela ne compte pas dans votre
temps.
M. Camden: Si M. le député me le permet...
M. Jolivet: Oui.
M. Camden: Je manifesterai évidemment le même
souhait qu'il a fait de pouvoir avoir des gens de leur comté sur place.
Probablement que ceci mettrait davantage de rigueur intellectuelle dans leurs
interventions.
M. Jolivet: M. le Président.
M. Perron: On pourrait faire venir les gens de Schefferville qui
viennent de subir une tutelle de votre gouvernement, parce qu'il n'y a rien qui
a été fait au cours des six derniers mois par ce gouvernement que
nous avons en face de nous et qu'ils ont en face d'eux. Il s'agit de 1200
personnes.
M. Pagé: Qui a relancé ITT?
M. Perron: II ne s'agit pas de 99 ministériels.
M. Pagé: Qui a relancé ITT dans le propre
comté du député de Duplessis?
Une voix: Qui a relancé Cascades?
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, je
m'excuse, juste un petit instant. Je voudrais vous rappeler, même si cela
semble intéressant de part et d'autre, que l'article 211 de notre
règlement est très court et dit ceci: "Tout discours doit porter
sur le sujet en discussion". Si ma mémoire est bonne, nous parlons d'un
sous-amendement en ce qui a trait à l'audition, ici en commission, de la
coopérative fédérée et du mouvement
coopératif agricole et
j'avais permis à M. le député de Laviolette
d'utiliser son droit de parole de dix minutes. Question de règlement, M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: Je ne suis pas un type qui s'occupe beaucoup de
procédure, parce que je ne prête jamais de mauvaises intentions
aux gens. Mais est-ce qu'on a le droit, de l'autre côté, de nous
accuser ici de manquer de rigueur intellectuelle? Est-ce que c'est
parlementaire? Ensuite, qui va juger si le député de
Lotbinière a le jugement voulu pour parler ainsi. Je ne sais s'il y a
une question de règlement là-dessus.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, je ne vais pas en profondeur, à savoir si vous aviez raison
pour la question de règlement, mais je pense que de part et d'autre,
chacun s'est un peu défoulé, ce qui est bon moralement.
Maintenant, je transmets la parole pour ses dix minutes au député
de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Oui, M. le Président, je vais la prendre en
disant au ministre de l'Agriculture qu'ils ont peut-être fait repartir
ITT, mais ils ont oublié une chose importante, c'est qu'en contrepartie,
ils ont de la difficulté avec Matane qui est encore aussi important,
sinon plus...
Une voix: À qui s'adresse votre question?
Une voix: Ils ont juste signé le document.
M. Jolivet: C'était simplement une réflexion sur ce
que le ministre de l'Agriculture avait dit. Mais vous voulez que j'arrête
sur ce sujet, alors j'arrête.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, je préférerais que vous y alliez sans
préambule, pour prendre des mots de mon collègue de
l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Avant que le député de Laviolette
amorce son intervention, parce que je n'ai pas l'intention de le
déranger. À la suite des propos du député de
Duplessis, qui se faisait très violent et très critique à
l'égard de l'action du gouvernement, dois-je comprendre qu'il est
insatisfait de la décision du gouvernement en regard de l'annonce de la
relance de cette entreprise, une des premières décisions que
notre gouvernement a prises? Le gouvernement dans lequel il était - et
par surcroît il était membre de la majorité - n'a jamais pu
faire avancer le dossier. Vous n'étiez même pas
écouté, M. le député, il faut en convenir.
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez de...
Le Président (M. Richard): En fonction de l'article
212.
M. Perron: ...rappeler le ministre dans la bonne direction.
Lorsqu'il mentionne le dossier de l'ITT, les devoirs avaient été
faits, la décision avait été prise, les
négociations ... Je m'excuse, mais là c'est à moi. Vous
avez eu votre droit de parole, tout de même.
M. Pagé: Vous n'étiez même pas au Conseil des
ministres, quand même!
M. Perron: Non, non, mais je suivais très bien le dossier,
M. le Président. Je peux vous affirmer que le dossier qui a
été signé par le gouvernement libéral de Bourassa,
cela a été pratiquement le même dossier qui avait
été entériné par mon collègue qui
était au Conseil des ministres dans le temps, qui est à ma droite
ici, c'est le député de Laviolette. Je voudrais bien que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation n'induise
pas les membres de cette commission en erreur en disant n'importe quoi à
cette commission. Je sais très bien de quoi je parle quand je parle du
dossier de l'ITT.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. Je ne dis
pas n'importe quoi autour de cette table.
M. Perron: Oh non!
M. Pagé: D'ailleurs, je ne cause pas souvent autour de
cette table, je vous écoute.
M. Perron: Vous êtes pire que lorsque vous étiez
dans l'Opposition.
M. Pagé: Cependant, je dois dire ceci au
député de Duplessis: C'est bien beau cela, mais pourquoi ne
l'avez-vous pas réglé? Pourquoi n'était-ce pas
réglé le 2 décembre? C'est parce qu'il n'y avait pas de
volonté politique. Vous n'aviez pas le poids politique pour influencer
une telle décision. C'est après, c'est après. Voyons!
Le Président (M. Richard): M. le député.
M. Perron: M. le Président, si le député de
Portneuf et ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
veut entreprendre une conversation on peut peut-être lui parler des films
pornographiques que lui-même avait annoncés à
l'Assemblée nationale pendant que cela n'existait même pas.
L'écoute électronique de nos téléphones,
cela n'existait pas. La preuve a été faite.
M. Pagé: Une question de règlement.
M. Perron: II a toujours dit n'importe quoi et il continue de
dire n'importe quoi aujourd'hui.
Le Président (M. Richard): Une question de
règlement, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous le retenir?
Que le député lise le rapport déposé par le
ministre de la Justice à l'époque. Qu'il se réfère
au nombre de cassettes manquantes. Si vous voulez relever ce vieux
débat, n'importe quand! Vous ne devriez pas cracher en l'air, cela va
vous tomber sur le "coco". Vous ne devriez pas cracher en l'air dans ce dossier
et vous le savez.
M. Perron: Vous ne devriez pas être ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, vous devriez aller
pelleter dans les étables.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez...
M. Jolivet: M. le Président, j'ai été mis en
cause comme ancien ministre. J'ai l'intention de parler.
M. Pagé: Alors, ma réponse à la question sur
ITT, c'est quoi?
M. Jolivet: M. le Président, j'ai été mis en
cause comme ancien ministre et j'ai l'intention de dire qu'effectivement le
dossier était prêt.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, en fonction de l'article 212?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Richard): Cela semble être un
numéro assez pratique.
M. Jolivet: Oui, c'est très privilégié.
Le Président (M. Richard): Allez-y.
M. Blais: On bout à 212; alors, il y en a qui sont
bouillants ici.
M. Jolivet: Simplement pour vous dire une chose, M. le
Président: Effectivement, les deux dossiers, Matane et Port-Cartier,
étaient prêts quant à la négociation. Celui de
Port-Cartier était prêt en termes de décision. Cependant,
nous les reliions à la négociation avec le fédéral
dans les deux cas, ce que le Parti libéral a refusé de faire. Il
a signé la partie qui était complétée et qui a
été appelée ITT, mais il a oublié en contrepartie
qu'il s'enlevait tous les moyens de négocier Matane. Vous avez le
résultat actuellement: un an après leur arrivée, Matane
n'est même pas encore dans l'embryon de la possibilité d'arriver
à sa fin. Je reprends, M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous reprenez vos dix minutes. Il y a quelques minutes
d'écoulées. Il doit vous en rester, je ne le sais pas, à
"l'oeilomètre", cinq ou six.
M. Garon: II n'a même pas commencé. M. Jolivet:
Je n'ai pas commencé.
Le Président (M. Richard): II y avait quand même
certaines remarques préliminaires.
M. Jolivet: Non, non, j'ai dit les remarques préliminaires
et le député a dit une remarque préliminaire. Je n'ai pas
commencé, je m'excuse. Je n'ai pas dit un mot.
Le Président (M. Richard): Cela va. Allez-y.
L'idéal... Je dois vous dire, M. le député de Laviolette,
que ce qui me plairait beaucoup comme président actuellement, ce serait
premièrement qu'on commence. Je vous donne la parole, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Donc, mes dix minutes commençant, M. le
Président, la proposition qui est présentée par mon
collègue, le député de Lévis, est en ce sens
d'amener ici à cette commission les gens qui font partie de la
Coopérative fédérée et de l'ensemble de
l'organisation du Mouvement coopératif agricole du Québec.
Effectivement, il y a beaucoup de personnes qui sont dans ces mouvements et qui
sont à la fois, il faut en convenir, membres de l'UPA. Dans ce contexte,
on avait dit: On fera venir l'UPA. Je suis sûr que les gens, parce que
l'UPA viendrait, seraient ici à cette Assemblée. Ils ont des
choses à dire et ensuite s'ils ont besoin de donner des renseignements
additionnels ou répliquer dans certaines occasions, cela pourrait se
faire lors de leur intervention. Quand on fait une consultation
particulière pour une journée, il arrive souvent qu'il y a
beaucoup de gens dans la salle qui écoutent ce qui est en train de se
dire et cela permet de bonifier leur intervention. Or, à l'UPA, les gens
des coopératives et du mouvement coopératif pourraient vous le
dire, on se bat actuellement pour des acquis. Mon collègue vient de
parler du 62e congrès de l'UPA du Québec qui s'est ouvert dans
une forme d'optimisme qui, en réalité, était juste en
apparence, parce que les gens n'étaient pas du tout de bonne
humeur, et c'est d'ailleurs, comme le disait mon collègue, le
président Jacques Proulx qui a donné le ton à l'ensemble
des délibérations qui ont suivi dans ce congrès qui s'est
terminé il y a quelques jours.
Mon collègue le rappelait, et je pense que cela vaut la peine de
le faire, il lançait, comme président, un message bien important;
il donnait le ton à l'ensemble des délibérations en
disant: L'agriculture, et celles et ceux qui la font vivre, sont
confrontés à une véritable symphonie qui prend des airs de
requiem. Pourquoi? Parce qu'en un an, les appréhensions que les
cultivateurs avaient se sont transformées en une lutte pour leur survie.
Ce ne sont pas des mensonges, c'est cela qui est la réalité.
Ce que disaient les gens dans ce congrès, les deux ministres qui
représentaient, l'un le fédéral et l'autre le provincial,
en l'occurrence le ministre qui est devant nous aujourd'hui pour le
Québec, ont des mandats populaires, on doit en convenir. Donc, on ne va
pas les changer, l'un a pris le pouvoir en 1984 et l'autre en 1985, dans des
conditions que vous connaissez et qui font qu'effectivement, ils ont des
mandats populaires. Le problème, c'est que ces gens, avec leurs mandats
populaires, sont devenus des experts en double langage. Il y a des gens des
coopératives, ils pourraient venir vous le dire. Effectivement, ce sont
des gens qui ont un double langage.
Je rappelle à ce moment les paroles du président Jacques
Proulx, de l'Union des producteurs agricoles du Québec. Il ajoutait que
les agriculteurs doivent maintenant se battre sur plusieurs fronts.
Imaginez-vous, pour essayer de les diviser, on a ouvert plusieurs fronts pour
être capable, dans la bataille, de préserver leurs acquis.
Là, on peut parler de l'ensemble fédéral-provincial dans
la question, que ce soit le libre-échange canado-américain, les
politiques nationales de production et de protection agricole, qui sont de
compétence fédérale, mais, du côté du
Québec, on faisait mention, dans les discussions, de zonage agricole.
C'est ce dont on parle, M. le Président, aujourd'hui, de privatisation -
on en a quelques-uns qui sont devant nous et vous voyez ce qui se passe avec
Cambior actuellement, vous étiez gênés ce matin - de
déréglementation ou d'abandon de plusieurs programmes d'aide
à l'agriculture.
Ce ne sont pas des mensonges qu'on dit, on a reçu des
communiqués dans nos bureaux nous disant que les programmes
étaient arrêtés. On a envoyé des lettres pour dire
ce qui s'était passé avec les programmes dans le domaine de
l'agriculture, qui servaient à des creusages, à des travaux de
drainage. Réponse: Plus d'argent: Le Président du Conseil du
trésor a arrêté tout cela. Le ministre de l'Agriculture a
dit: C'est bien de valeur, je n'ai pas d'argent, on va arrêter cela.
Les gens avaient l'habitude d'avoir cela pendant un laps de temps durant
l'année, et en plein mois de juillet, plus rien. Les programmes qu'on
mijote à Québec, on ne les connaît pas. Ces programmes, on
ne les connaît pas, et cela fait en sorte que les producteurs, selon les
dires des gens, ne savent plus sur quel pied danser. C'est grave ces
accusations. En un an, pas seulement le fédéral, le
fédéral, lui, cela fait deux ans, mais, en un an, ils ne savent
plus sur quel pied danser.
Une voix: Fédéral, fédéral...
M. Jolivet: Moi, je pense que ce que les
délégués attendaient à ce moment, c'était de
voir ce que disait le ministre actuel de l'Agriculture et M. La Salle, qui
représentait le fédéral dans la question, pour savoir si
ces gens auraient été capables plutôt, de donner l'heure
juste. Mais non, mais non, les agriculteurs ont été, selon ce
qu'on a connu, ce qu'on a atteint, déçus.
Lors de ce congrès, ils s'attendaient qu'on leur donne, dit-on,
l'heure juste. Mais non, le double langage s'est continué pendant le
congrès. Comment voulez-vous que ces gens, aujourd'hui, ne se posent pas
de sérieuses questions sur l'avenir de l'agriculture et, en particulier,
avec les projets de loi qu'on leur présente, qui semblent anodins? Ils
ont l'impression de donner a ces gens une chose alors qu'en
réalité, ils ouvrent une porte de grange toute grande. Moi, je
pense qu'effectivement, il y a quelque chose qui ne va pas.
Que disait le ministre, lors du congrès, pour donner un exemple
du double langage? Il leur disait: Je peux vous affirmer que les principes
sous-jacents de la Loi sur la protection du territoire agricole demeureront et
ne seront pas remis en question. Première partie de la bouche gauche.
Partie de la bouche droite, double langage: toutefois, elle nécessite
d'être révisée afin d'en éliminer les irritants et
d'en démocratiser son application. D'un côté il ne faut pas
y toucher et de l'autre côté, touchons-y. Quelles sont les raisons
qu'on donne? On donne comme raison: pour en éliminer les irritants et en
démocratiser son application. Mais tout le monde dans le secteur rural
sait très bien que notre collègue de Lévis a fait ces
changements pour éliminer les irritants de la loi, semblerait-il, en
1985.
Pourquoi faut-il la changer sinon pour la rendre compatible à la
philosophie du Parti libéral du Québec? J'aurai, M. le
Président, compte tenu de l'heure, l'occasion de revenir pour terminer
mon intervention après la reprise à quinze heures.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Maintenant, vous comprendrez que nous
allons suspendre jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 14)
Le Président (M. Richard): Je vous rappelle le mandat de
la commission, au cas où on l'aurait oublié, ce qui est
peut-être possible: Procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 117, la Loi modifiant à nouveau
la Loi sur la protection sanitaire des animaux et aussi à l'étude
détaillée du projet de loi 132, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole. M. le député de Laviolette,
vous aviez votre droit de parole à terminer. Il vous reste quelques
minutes. S'il vous plaît, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais les prendre, M. le Président, en vous
disant qu'effectivement je suis intéressé à entendre ces
gens du groupe de la Coopérative fédérée ainsi que
le Mouvement coopératif agricole du Québec. On disait, ce matin,
que l'UPA...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Laviolette, j'aurais seulement un petit commentaire.
Est-ce qu'on a le remplacement dont on parlait ce matin?
M. Jolivet: Oui, c'est M. le député de
Saint-Jacques, M. Boulerice.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques remplace M. Desbiens?
M. Jolivet: C'est cela.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette, la parole est à vous.
M. Jolivet: Tout ce que je disais, c'est que les membres qui
composent l'UPA ou qui sont dans des organismes comme la Coopérative
fédérée ou dans d'autres organismes de coopération
au Québec disent que, depuis un an, le secteur agricole est privé
d'oxygène au Québec. Le ministre attend les rapports de huit
comités consultatifs dont la plupart, comme ceux du financement
agricole, de l'assurance-stabilisation ou de l'assurance-récolte
touchent aux acquis les plus importants des agriculteurs
québécois depuis quinze ans. Les producteurs agricoles sentent
bien, à ce moment, comme ils l'ont dit et répété,
que l'avenir que leur prépare le gouvernement est loin de leur plaire ou
d'être intéressant. Il reste une chose, c'est qu'on parle d'un
réalisme économique dans ce gouvernement et les gens croient que
ce principe de réalisme économique risque de se buter à
une très dure réalité dans peu de temps. Des milliers
d'agriculteurs viendront faire, ici, devant l'Assemblée, ce que d'autres
ont fait pour la construction, ce que d'autres ont fait pour les personnes
handicapées, c'est-à-dire venir devant le parlement et dire
exactement qu'ils ne sont pas d'accord et ne sont pas contents de ces
choses.
Et un des moyens que les agriculteurs ont réussi à trouver
et qui, j'en suis assuré, a été utilisé par des
organismes tels que l'Office des personnes handicapées... Enfin, pas
l'office mais les personnes qui dépendent de l'Office des personnes
handicapées, le Regroupement des personnes handicapées du
Québec qui ont dit que, finalement, pour eux, le seul moyen
c'était d'investir, de façon globale, l'ensemble des bureaux des
députés du Parti libéral pour enfin avoir une oreille
attentive de la part du premier ministre.
Or, j'espère, M. le Président, qu'il n'est pas question
qu'on en arrive à ces choses. En conséquence, je vous demande
d'accepter qu'il y ait, de la part de votre gouvernement et de votre
ministère, une attente et une entente attentive de la part de ces gens
qui ont des choses à dire.
Je vous remercie, M. le Président, et je dois vous dire que je
devrai vous quitter. J'enregistre mon vote pour la motion de sous-amendement et
pour la motion d'amendement, parce que mon travail me demande d'aller
écouter ce que le ministre de l'Éducation a à dire de
l'autre côté. Comme porte-parole de l'Opposition, je dois lui
répliquer. Alors, je veux entendre et savoir ce qu'il a l'intention de
dire sur le projet de loi en discussion à l'Assemblée nationale.
Enregistrez dès le départ mes deux votes.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette, je vous souhaite de bien
l'écouter.
M. Jolivet: Vous allez voir que je vais bien
l'écouter.
Le Président (M. Richard): Maintenant, puisque tous les
intervenants ont terminé, s'il n'y a pas d'autres intervenants sur le
sous-amendement qui était celui traitant de la Coopérative
fédérée et du Mouvement coopératif agricole, est-ce
qu'on est d'accord pour que ce groupe soit entendu par la commission?
M. Pagé: M. le Président?
Le Président (M. Richard): Oui, M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je me dois d'intervenir
à ce moment, cela va de soi, compte tenu de la motion qui a
été déposée par l'Opposition. Essentiellement, je
dirais ceci, dans les quelques minutes que j'entends utiliser: C'est vraiment
dilatoire. L'Opposition n'a pas fait de référence depuis le
matin, au projet de loi parce qu'on a embrassé toute la situation du
zonage agricole au Québec, l'aménagement du territoire, etc. Je
l'ai clairement indiqué hier: on n'a pas abordé
particulièrement et spécifiquement les mesures qui sont
proposées pour adoption à l'Assemblée. L'Opposition s'est
contentée de tenter de susciter des débats avec mes
collègues de la majorité, d'une part. D'autre part, on a
demandé à cette commission d'entendre des groupes pour lesquels,
d'ailleurs, des votes ont été exprimés par la
majorité des députés ici. On a demandé l'Union des
producteurs agricoles, on a demandé l'Union des municipalités
régionales de comté, on a demandé l'Union
représentant les cités et villes du Québec, on a
demandé les vétérinaires, on n'a pas encore demandé
l'Ordre des agronomes, mais très probablement que cela va venir. On
demande, par la motion qui est présentée par le
député de Lévis, je crois, d'entendre le Mouvement
coopératif au Québec.
M. le Président, je peux vous donner l'assurance que l'Opposition
m'a surpris un peu ce matin, en présentant une telle motion, parce qu'il
est de commune renommée que le précédent gouvernement n'a
pas entretenu de relations étroites avec le milieu de la
coopération au Québec, dans ses deux derniers mandats.
J'étais très surpris de voir le député de
Lévis indiquer l'importance qu'il donne à ce secteur et
l'obligation que nous aurions de les entendre, compte tenu des gestes nombreux
- auxquels d'ailleurs a référé très habilement mon
collègue de Prévost, ce matin - qu'il a posés
lui-même comme ministre, en égard au milieu coopératif du
Québec.
Je dois dire, M. le Président, que, pour nous, de ce
côté-ci de la table, et pour vous aussi au centre, j'en suis
persuadé, le visage de l'agriculture et de l'agro-alimentaire au
Québec ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui, n'eût
été d'une prise en charge par les producteurs eux-mêmes, au
sein d'une structure coopérative, d'activités majeures, non
seulement au niveau de la production mais au niveau de la transformation, de la
mise en marché, de la. commercialisation et de la vente des produits.
N'eût été la contribution importante, essentielle
même, des coopératives agricoles du Québec, nous ne serions
pas rendus aussi loin et certainement pas aussi performants. Ce qui est
intéressant, évidemment, dans le système
coopératif, c'est que cela appartient aux productrices et aux
producteurs, elles-mêmes et eux-mêmes. C'est motivant; ces gens
sont devenus vraiment à la fine pointe des technologies nouvelles. Ces
gens sont animés par beaucoup de détermination, beaucoup
d'agressivité, en regard de la pénétration des
marchés et aussi dans l'innovation de produits mis en marché par
de telles entreprises.
M. le Président, j'ai eu l'occasion d'entretenir des
échanges constants, soutenus et étroits avec le milieu de la
coopération. Encore tout récemment, j'étais directement
associé avec eux dans le règlement d'un imbroglio qui
était susceptible d'engendrer des affrontements et des situations
très conflictuelles dans le milieu de la coopération, plus
particulièrement entre le Conseil de la coopération
laitière et le Conseil de l'industrie laitière, avec
évidemment la Fédération des producteurs de lait du
Québec. Le ministre de l'Agriculture n'a pas fait de grandes
déclarations, il n'a pas fait trois ou quatre conférences de
presse sur le sujet. Le ministre de l'Agriculture a fait son travail, il a
contribué, je pense, là, je rapporte ceux qui ont eu à
commenter mes décisions ou mon approches les gens étaient
satisfaits finalement de ce rapprochement entre les parties, de cette forme de
"prémédiation" et de conciliation entre des blocs importants dans
l'économie du Québec qui étaient susceptibles de
s'affronter et, finalement, de faire mal à l'ensemble de l'industrie.
Tout comme on a eu plusieurs échanges sur la volonté très
claire des coopératives au niveau de l'innovation, du
développement de nouveaux produits, parce que notre gouvernement - on a
une attitude bien différente de celle de nos prédécesseurs
- est farouchement déterminé à faire en sorte qu'on adapte
davantage la production, la transformation des produits pour répondre
aux goûts des consommateurs et des consommatrices, lesquels sont
évolutifs.
On a, au Québec, une situation je dirais sociologique qui est
particulière, parce qu'on a une population qui n'est pas en croissance,
d'une part et d'autre part, parce qu'on a une population vieillissante, on a
aussi de plus en plus de familles monoparentales et les besoins des
consommateurs évoluent. Les consommateurs et les consommatrices sont
beaucoup plus exigeants, beaucoup plus raffinés évidemment dans
leur sélection, leur choix de produits alimentaires, d'où
l'obligation pour l'industrie de s'y adapter. C'est dans ce sens que des
contacts très étroits ont cours encore actuellement avec le
milieu de la coopération.
Les contacts sont tellement étroits que je ne crois pas qu'il
soit opportun ou utile de les convoquer ici en commission parlementaire. Ces
gens, ces hommes et ces
femmes savent pertinemment que le gouvernement de l'honorable Robert
Bourassa, son équipe de députés, son ministre de
l'Agriculture, sont profondément attachés à un principe
voulant que nos sols agricoles soient bien protégés et ils sont
conscients de plus que les dispositions qui viendront au printemps, le projet
de loi qui viendra au printemps, s'inscriront sous le chapiteau de la prudence,
d'un peu plus de bon sens, d'un peu plus de logique, d'un peu plus de
"raisonnabilité" et les droits des producteurs seront renforcés,
le droit individuel de ces femmes et de ces hommes qui font vivre l'agriculture
quotidiennement par leur travail. Et, tout comme le milieu de la
coopération, les gens seront bien conscients que la mesure
proposée par le projet de loi 132 est bien particulière, bien
spécifique en ce qu'elle a reconduit, selon certaines modalités,
un privilège.
Alors, M. le Président, pour ces motifs je ne crois pas qu'il
soit nécessaire de requérir la présence de ces gens ici.
C'est pourquoi notre groupe parlementaire votera contre la motion
présentée par le député.
Le Président (M. Richard): Alors, est-ce que tout le monde
est contre la motion?
M. Blais: Pour la motion, bien sûr.
Mise aux voix du sous-amendement et de
l'amendement
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a un vote ou un
appel nominal?
M. Blais: Un appel nominal.
Le Président (M. Richard): M. le secrétaire, s'il
vous plaît!
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville):
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf):
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis):
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne):
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Richard): Or, c'est donc rejeté
comme sous-amendement. Maintenant, puisque tous les intervenants ont ici fait
valoir leur position en rapport avec l'amendement qui avait été
présenté par M. Jolivet qui était d'ajouter après
les mots "Union des producteurs agricoles": "et aussi l'Ordre des
vétérinaires du Québec sommes-nous d'accord pour ce que ce
groupe soit auditionné par la commission?
M. Pagé: Un vote, M. le Président.
M. Blais: Même vote.
Le Président (M. Richard): Appel nominal. M. le
secrétaire, s'il vous plaît;
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville):
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf):
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis):
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne):
M. Blais: Pour.
Reprise du débat sur la motion
principale
Le Président (M. Richard): L'amendement est donc
rejeté. Maintenant, nous en revenons, vous comprendrez, à la
motion préliminaire qui avait été présentée
par M. le député de Lévis. Je donne donc te droit de
parole pour les dix prochaines minutes à
M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous
revenons à la motion principale: que l'Union des producteurs agricoles
vienne nous visiter. C'est bien cela, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Tout à fait exact.
M. Blais: À cause du nombre très important de
groupes, d'associations, de syndicats et de fédérations
coopératives qui s'intéressent à l'agriculture, je dois
vous demander quelle motion... C'est l'Union des producteurs agricoles. Cela
adonne très bien parce que l'Union des producteurs agricoles vient tout
juste de tenir deux jours de congrès à Québec, ici,
où la plupart des députés sont allés faire un tour
pour rencontrer ces gens et leur président disait: Les lendemains qui
chantent, cette phrase n'existe plus dans la liste des espoirs des agriculteurs
et agricultrices du Québec. C'était il y a deux jours.
Non, mes amis, l'agriculture et celles et ceux qui la font vivre sont
confrontés à une véritable symphonie qui prend des airs de
requiem. C'est très lugubre. Est-ce que ces gens sentent
qu'à l'avènement d'un nouveau gouvernement on mettrait une
épitaphe sur l'aide agricole? Je ne le sais pas.
Mais, pour que l'on chante, qu'on pense aux airs de requiem - il faut y
penser -requiem aeternam dona eis Domine, il faut qu'on se le rappelle, donnez
à ces gens le repos éternel. Est-ce qu'ils croiraient que tous
les programmes de subventions et tous les programmes d'aide à
l'agriculture, dorénavant, tomberaient dans la fosse de l'oubli et on y
dresserait une épitaphe et on écrirait requiem, R.I.P.,
Requiescat in pace sur tous les programmes que le Parti québécois
avait apportés pour le grand bien de l'agriculture? Je ne le crois pas
non plus. Mais de la façon dont le président de l'UPA parle, cela
nous fait penser à cela. Il dit: II n'y a plus de lendemains qui
chantent". Cela voudrait donc dire, aussi, qu'il n'y a pas très
longtemps, ces gens chantaient des Te Deum et des allelluias et sont
réduits, après à peine un an de pouvoir du nouveau
gouvernement libéral, à entonner des requiem mortels, lugubres,
où les oriflammes à couleur sombre se promènent. (15 h
30)
Je ne suis pas de ceux qui, de nature, sont de tendance pessimiste,
mais, quand je vois une personne en autorité, le président, tout
de même, de l'Union des producteurs agricoles du Québec, qui dit:
L'agriculture, et celles et ceux qui la font vivre, n'ont pas de lendemains qui
chantent, mais des requiem qui dansent, eh bien là, on a bien beau
s'esbaudir, crier au scandale, feindre que ces paroles nous touchent
profondément, mais il semblerait que la machine gouvernementale est
immuable. Elle est là, les deux pieds dans le ciment, stoïque. On
jurerait que ce ne sont pas des cultivateurs qui sont devant nous, mais des
gens de la construction qui ont manipulé le ciment depuis qu'ils sont au
monde et on les trouve tous des cimenteurs. Ils ont tellement manipulé
le ciment à la truelle, à la spatule, dans toutes les
bétonnières du monde, qu'on dirait que, devant nous, ce ne sont
pas des défenseurs agriculteurs, mais des cimenteurs.
Eh bien, moi, je regarde ce projet, et je voudrais qu'on le rende plus
alléchant. Il faudrait absolument que vous alléchiez ce projet de
loi vous aussi. Il faudrait que vous le regardiez et que vous
l'alléchiez. Ce projet de loi doit être amélioré de
toute façon. Je ne comprends pas pourquoi vous laissiez aller ce projet
comme il est. Ce n'est pas en faisant miroiter devant nous quelques
boustifailles et quelques menus fretins qu'on nous fera changer d'idées
de ce côté-ci. Nous sommes déterminés ici à
défendre la classe agricole, l'Union des producteurs agricoles. Et,
point n'est besoin de vous dire que le président ajoute, après
cet air de requiem, sur un ton tout autre que badin, sur un ton qui
I'étreignait dans son oesophage guttural: Je ne dramatise pas...
J'entends quelques murmures, M. le Président. Est-ce qu'il y a
une demoiselle de l'autre côté qui se sent plus forte que les
Américains, plutôt que d'essayer de passer le mur du son, elle
passe à peine le murmure du son? J'entends mal. Et le président
dit: Je ne dramatise pas, j'analyse la réalité. Cela voudrait
donc dire que, depuis un an à peine de l'arrivée de ce
gouvernement, les résultats néfastes sur l'agriculture commencent
déjà à se faire sentir sur le territoire
québécois. Quelle horreur! Quelle horreur! Je vous vois
frémir, M. le Président. Je sens que vous trouvez que
l'avertissement de ce président de l'union des agriculteurs vous
inciterait à regarder davantage ce projet de loi qui semble tellement
anodin au premier son de grelot.
Après avoir fait tinter sur la paroi des reins de ce projet, un
peu plus profondément ou un peu plus durement, ce marteau, un son se
dégage, c'est le son de renoncement à ce projet de loi. Je ne
dramatise pas, j'analyse la réalité. En un an nos
appréhensions se sont transformées en lutte pour la survie.
Écoutez! C'est vrai que vous ne prenez pas de votre côté
une succession facile, parce que, du côté agricole, nous avons
tellement fait, nous avons tellement fait, et je vois des sceptiques devant
moi, des gens qui feignent. Ce sont des personnes qui ne sont
pas des vrais sceptiques, je vais le répéter, ce sont des
personnes qui sont des fausses sceptiques, ce ne sont pas des réelles
sceptiques, ce sont des fausses sceptiques, ces personnes, elles ne sont pas
réellement des sceptiques, ils feignent d'être sceptiques, mais je
suis persuadé que vous ne l'êtes pas, et, en un an, nos
appréhensions se sont transformées en lutte pour la survie. On
parle déjà de survie agricole, après seulement un an de
tolérance gouvernementale libérale. Selon les agriculteurs ici,
on ne vous accepte pas comme tels, on vous tolère. Ces gens ne sont que
tolérés - ils ne nous écoutent pas, on parle ensemble -
ils nous tolèrent seulement, c'est une tolérance qu'on leur a
donnée, parce que ces gens ne nous écoutent pas du tout, mais pas
du tout, mais pas du tout. Le président de I'UPA leur dit: Ceux qui de
Québec détiennent des mandats populaires sont devenus des experts
du double language. Ah bon! Cela vient de qui?
Une voix: Ah! Ah!
M. Blais: On essaie par toutes sortes de machinations d'opprimer
l'opposition qui fait bloc derrière ce projet de loi. Mais moi,
personnellement, j'épouse les recommandations du président de
l'union des producteurs et des productrices agricoles du Québec.
J'épouse ses demandes parce que je les crois d'un réalisme
tendre. Ce n'est pas une revendication, même si on parle de requiem, ce
n'est pas une revendication morbide, encore moins mordante, c'est une
revendication tout à fait naturelle. Dans cette lutte que les
agriculteurs veulent faire, ce qui surprend le plus, c'est qu'à environ
un an à peine de leur arrivée au pouvoir, ils se sentent
déjà en période de survie.
Motion d'amendement
proposant d'entendre aussi
l'Ordre des agronomes du Québec
M. le Président, j'aimerais absolument que nous fassions
comparaître devant nous -c'est pour cela que je présente un
amendement à la motion - en plus de l'Union des producteurs agricoles,
l'Ordre des agronomes du Québec. Si vous me le permettez...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, je trouve que cela a du bon sens, c'est recevable, l'Ordre des
agronomes du Québec.
M. Saint-Roch: C'est recevable. Cela a nécessairement du
bon sens.
Le Président (M. Richard): C'est recevable. Alors, M. le
député de Terrebonne, vous avez donc trente minutes pour exprimer
pourquoi vous voudriez que la commission reçoive l'Ordre des agronomes
du
Québec. À vous la parole, M. le député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Et c'est là que le sérieux de
l'après-midi commence. Moi, je tiens à dire, M. le
Président, à vous aussi et à tous ceux qui, de l'autre
côté, me regardent d'un oeil d'envie, jaloux, jaloux du fait que
je puisse défendre mon parti, jaloux que je ne sois pas
bâillonné moi, comme ils le sont eux, parce qu'ils ne sont
là que pour suivre le cabinet qui leur impose les vues... Moi, je suis
là pour défendre des positions personnelles et pour expliquer
aussi pourquoi. Je veux que vous compreniez la raison de la lutte
déjà entamée par l'Union des producteurs agricoles, et je
veux que les agronomes viennent constater avec nous ici ce qui se passe,
pourquoi déjà chez les agriculteurs, après un an seulement
du Parti libéral, on parle de lutte de survivance des programmes et du
statut des cultivateurs. C'est incroyable! Pourquoi? C'est simple. Ils ont
connu le gouvernement dirigé par le même homme, de 1970 à
1976, c'est cela le problème, tout est là. Dès 1970,
Robert Bourassa, le premier ministre actuel, faisait de la protection du
territoire agricole durant la campagne de 1970 un engagement majeur en
agriculture. Pourtant, jamais les meilleures terres arables du Québec,
celles de Laval, des plaines du Saint-Laurent, de Mirabel, etc., n'auront
été aussi massacrées que sous son règne de 1970
à 1976, jamais. Je vais le répéter une autre fois. Jamais.
Les terres arables du Québec disparaissaient au profit de l'urbanisation
sauvage et de la spéculation au rythme d'environ 180 000 acres par
année entre 1970 et 1976. Si ce n'est pas là un germe de
scandale, si ce n'est pas là une réminiscence... Le nouveau
président de I'UPA, M. Proulx, se souvenant de cela, crie
déjà à la survie, voyant l'immobilisme gouvernemental et
les cisailles "gobeilliennes" couper dans tous les programmes
déjà installés en agriculture depuis la dernière
décennie. Est-ce que vous ne nous chanteriez pas un requiem si vous
voyiez venir un tel cortège funèbre?
En 1975, dans les seules plaines du Saint-Laurent, on évaluait -
écoutez bien ce chiffre scandaleux - à 840 000 acres les
superficies rurales en spéculation. Juste dans les plaines du
Saint-Laurent, en 1975, une part importante de la richesse collective du
Québec était sacrifiée aux intérêts des
"développeurs" amis du régime et souscripteurs, pour la plupart,
à la caisse électorale productive.
M. Garon: Les rouges.
M. Blais: Ce sont des rouges, de 1970 à 1976, dont je
parle. C'est pour cela que le
président de l'UPA sent que la tombe se creuse. Il prépare
une épitaphe: R.I.P. Souvenons-nous que l'agriculture avait
été bien défendue de 1976 à 1985. Qu'elle dorme en
paix jusqu'au changement de gouvernement. L'épitaphe est prête,
l'inscription est là. Bourassa et ses ministres, dans le temps -
aujourd'hui, je dirais le premier ministre -auraient-ils eu des
velléités de protéger le territoire agricole devant cette
hémorragie qui, même pour eux, a pu être une source
d'inquiétudes? Ils se seraient heurtés à des
intérêts trop puissants, surtout à l'idée dominante
au sein du Parti libéral que l'agriculture - écoutez bien, M. le
Président - pour le Parti libéral, l'agriculture c'est juste bon
à occuper la main-d'oeuvre et le territoire en attendant d'avoir mieux
à faire. C'était ainsi de 1970 à 1976.
Dans Lotbinière comme ailleurs, c'était la belle
époque des maires "développeurs" et des réseaux d'aqueduc
et des eaux chromées. On s'expropriait nous-mêmes et on se payait
nous-mêmes, de 1970 à 1976. Alors, le président de l'UPA,
aujourd'hui, a peur de voir revenir ce temps et il pleure déjà,
il pleure des requiem et chante des Libra, comme si tous les programmes
agricoles, comme on dit à la fin d'un service funèbre, "a porta
inferi", apportez-les ils sont finis, c'est comme cela qu'on le traduit. C'est
terrible quand on y pense.
La protection du territoire agricole demeure le fleuron de notre
politique agro-alimentaire de 1976 à 1985. C'est le plus beau fleuron de
la politique agro-alimentaire du Québec et l'UPA en est fière et
elle veut protéger ses acquis. Et les agronomes peuvent venir soutenir
ce programme.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, il y a quelqu'un qui parle sans
arrêt. C'est fatigant cela, on a l'impression d'entendre des chuintements
permanents. S'il y en a qui veulent parler, ils peuvent aller dans le
vestibule. Le député de Terrebonne fait un discours longuement
préparé, on voit toute la documentation devant lui. C'est vrai,
il a de la documentation devant lui et je pense que cela vaut la peine de
l'écouter parce qu'il esssaie de convaincre ses collègues,
notamment son collègue cultivateur. C'est celui qui devrait être
le plus intéressé et c'est celui qui écoute le moins. Il
est vrai que sa femme n'est plus là pour le surveiller, mais je pense
que cela serait bon que le député de Prévost écoute
davantage et qu'il arrête de parler un peu parce que là, cela n'a
pas de bon sens: les oreilles nous silent.
Le Président CM. Richard): Merci, M. le
député de Lévis, de votre constatation. Alors, je demande
aux gens d'être attentifs. M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Oui, il pourrait peut-être dire au
député Forget que le "pré vaut" autant de champ libre pour
l'agriculture.
La protection du territoire agricole demeure le fleuron de notre
politique agro-alimentaire, c'est sûr, mais pas juste dans un sens, dans
plusieurs sens. Elle a marqué un tournant psychologique tant
auprès des agriculteurs, qui se sont sentis sécurisés par
cette loi face à l'avenir, que des urbains qui ont reconnu dans cette
loi l'importance de l'agriculture dans notre société et le droit
pour elle de passer avant et non après les autres modes d'utilisation
des territoires ruraux. (15 h 45)
Cela, le président de l'Union des producteurs agricoles le sait.
Il connaît aussi, c'est pour cela qu'il a peur, M. le Président,
les acquis et le côté protecteur du producteur et de la
productrice, le côté protecteur et notre côté
valeureux, le côté que nous avons toujours eu au Parti
québécois, pendant que nous étions au pouvoir, de soutenir
ces gens. Il a peur et il dit: Les lendemains qui chantent sont
terminés, les alléluias et les Te Deum ne sont plus dans l'air,
voici des requiem et des Libera et des épitaphes en vue. Voilà ce
qu'il dit. Qu'on ne vienne pas me dire que cet homme n'est pas une homme
sérieux, c'est un homme qui connaît l'agriculture, il a
été élu deux fois par ses pairs, ah oui, oui!, par ses
pairs, c'est beaucoup, un gars en qui les agriculteurs ont confiance. Eh bien!
Voici ce qu'il a peur de perdre. Il y en a qui vont dire: Eh bien! En un an,
nos appréhensions se sont transformées en lutte pour la survie.
Après un an, c'est incroyable. Pourquoi? Parce qu'on sent les cisailles
"gobeilliennes" y aller à grands coups dans tous les plans agricoles,
les plans de soutien, les plans de protection, tous les plans d'aide, les plans
d'initiative, les plans pour que nos terres deviennent fécondes de
façon permanente, par le drainage, etc. C'est ce dont il a peur, la
survie de la classe agricole, la survie de notre domaine le plus productif,
c'est-à-dire toutes nos terres.
Les réalisations du Parti québécois dans la
dernière décennie sont là pour prouver, pour stimuler ces
craintes à cause de l'immobilisme le plus total et le plus absolu depuis
un an. Tout ce qu'on fait, c'est couper, couper, couper. Coupure, coupure,
quand tu nous tiens! Quand arrêteras-tu? Cela ferait presqu'une chanson
dans le musée des horreurs qu'on fera une fois que vous serez partis de
ce pouvoir.
Regardons un peu. Le Parti québécois a une série de
réalisations qui ferait frémir
d'envie et qui fait frémir d'envie toutes les autres provinces et
tous les autres ministres de l'Agriculture, depuis la dernière
décennie, qui ont rencontré le ministre, l'ancien ministre, M. le
député de Lévis. Les agriculteurs et les
représentants des syndicats des autres provinces ont toujours dit
publiquement, sans se cacher: Nous aimerions que l'Ontario, par exemple, ait
les mêmes services, les mêmes plans d'aide et la même
détermination que votre gouvernement, le Parti québécois,
a eu pour sauvegarder et aider l'agriculture.
L'an passé, à l'hôtel Hilton, à
Québec... Ah oui, soit dit en passant, dans un congrès, H y a
quelques années, à l'hôtel Hilton justement, je me
souviens, avant cela, M. le ministre de l'Agriculture arrive à
l'hôtel Hilton et s'aperçoit que le beurre était du beurre
de l'Ontario. Vous devez vous souvenir de cela. Il a refusé de rester et
il a fait changer le beurre de l'hôtel. Est-ce que ce n'est pas par souci
de défense des gens, de nos agriculteurs du Québec, de nos
producteurs laitiers? Hein! Si vous étiez plus confiant, vous aideriez
nos producteurs laitiers. Mais, comme vous ne l'étiez pas avant de vous
présenter, comment pouvez-vous l'être aujourd'hui? Ils ne le sont
pas et la visite de M. Garon, il y a deux ans, à l'hôtel Hilton,
au 61e congrès - pas celui-là - à 11 h 45 - on va vous
donner les détails: Visite du ministre Jean Garon, "item" 19 à
l'ordre du jour, l'arrivée du plus grand ministre de l'Agriculture que
le Québec ait connu. Pas besoin de vous dire que les trompettes
"clarinaient" et cela allait bien, c'était l'air de la fête, parce
que c'était celui qui a mis l'agriculture sur la voie du grand
développement qui arrivait. C'était le dimanche des rameaux pour
les agriculteurs, le grand sauveur arrivait. C'est simple à comprendre
et pas un d'entre vous n'a mérité la palme; lui, il les a toutes
eues cette journée-là parce qu'on reconnaissait en lui celui qui
les a sauvés. C'est lui qui a sauvé l'agriculture, et le Parti
québécois et sa philosophie; cela prenait une volonté du
cabinet et cela prenait une volonté, aussi, de tous les
députés en Chambre pour cela. Ce que ce ministre pouvait faire
pour les agriculteurs, il l'a fait. Pourquoi? Parce qu'il y avait des gens qui
le soutenaient.
Comme exemple, si, dans mon comté, j'avais une raffinerie de
sucre et si, autour de mon comté, les députés avaient des
gens qui vivent de la betterave, est-ce que vous croyez que j'aurais
laissé fermer la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire? Jamais!
M. Garon: Jamais!
M. Blais: Répétons-le: Jamais!
M. Saint-Roch: À moins qu'il ne soit devenu ministre des
Finances; là, il l'aurait fermée.
M. Blais: C'est vrai: Jamais! Dites-le avec nous, diacres ou
sous-diacres si vous voulez: Jamais! Il faut être complètement
irresponsable. C'est pourquoi le président de l'UPA dit:
Véritable symphonie qui prend des airs de requiem. Pourquoi de requiem?
A cause des fermetures. Je vois des sourires tout béats, mais c'est
votre première année. Attendez qu'on vous juge! On va vous juger
sur les choses que vous avez fermées, non pas sur les choses que vous
avez ouvertes. En tout cas, non pas sur votre bouche, vous n'avez pas
parlé depuis que vous êtes arrivés. Vous ne l'ouvrez pas
souvent, en tout cas.
On voit que vous êtes des gens qui fermez bien plus que vous
n'ouvrez, personne ne parle.
M. Garon: II y a un danger à ne jamais parler.
Une voix: Ah oui!
M. Garon: Quand on n'utilise jamais un muscle, il est dangereux
qu'il s'atrophie.
M. Blais: C'est bien possible, merci, M. le ministre. Eh bien! A
11 h 45, en compagnie de MM. Maurice Tremblay et Ferdinand Ouellet, le ministre
Garon s'adresse aux congressistes en faisant un bilan de ses
réalisations et en assurant les producteurs et les productrices de sa
collaboration et ce, même dans l'Opposition. Attendez un peu là,
le ministre Garon a loué le dynamisme des femmes ,en agriculture et
souhaite que l'UPA leur fasse plus de place. Le président
général a remercié le ministre Garon pour le travail
immense qu'il a accompli au ministère de l'Agriculture et a
souligné, particulièrement, qu'il a réussi à donner
une place de choix à l'agriculture, et il était dans
l'Opposition. Attention! Ce n'était pas un hommage cupide,
égocentrique et un tantinet revendicateur par la bande. C'était
gratuit, une appréciation après coup, sans que la personne
louangée, sans que la personne à qui on faisait des Te Deum de
louanges, pour rester dans le même genre de requiem, on va rester dans
les mêmes termes... On vous disait un Te Deum de louanges. On chantait
autour de lui: O vos omnes! Pourquoi? Il n'avait aucun pouvoir, il
n'était plus ministre de l'Agriculture et les gens de l'UPA lui ont dit
et on avait des pancartes - je me souviens - dans la salle qui disaient:
"Garon, c'est le meilleur." Il y avait des agriculteurs à qui, lorsqu'on
s'approchait un peu, les yeux tournaient dans l'eau - les yeux tournaient dans
l'eau - parce qu'ils voyaient venir la période sombre, la période
lugubre, la période des enterrements des plans, des requiem de
désespoir.
Une voix: Ce sont eux?
M. Blais: On n'est plus à la parade de l'aide effarante et de
l'aide rationnelle, de l'aide nécessaire, de l'aide
étudiée que le Parti québécois donne aux
agriculteurs et aux agricultrices, la période de l'aide aux
agriculteurs, aux producteurs et aux productrices et on sait pourquoi. C'est
bien simple, parce que le Parti québécois a donné à
la classe agricole des Dutils extraordinaires et j'espère, autant que
l'ancien ministre de l'Agriculture, que le parti qui est actuellement au
pouvoir ne sera pas là assez longtemps pour tout annihiler des dix ans
d'efforts que la collectivité, avec les agriculteurs, a mis pour donner
à l'agriculture une place de choix et la mettre sur la route de la
réussite la plus totale, parce que nos agriculteurs ont le plus haut
revenu de tous les agriculteurs canadiens. Ce n'est pas laisser une
situation dans la débandade, cela, c'est la laisser dans un état
extraordinaire. Hé bien! pourquoi? Parce que nous avons donné des
Dutils, des Dutils qui auraient permis... Je voudrais souligner
l'arrivée de la députée de Deux-Montagnes; cela nous fait
bien plaisir qu'il y ait des dames de l'autre côté qui
s'intéressent à l'agriculture, cela nous fait plaisir, je vous
souhaite la bienvenue, d'autant plus que vous êtes de ma région.
Hé bien, nous avons laissé... La Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires était
inopérante depuis 1976, l'année où nous sommes
arrivés au pouvoir; elle était inopérante, on l'a fait
revivre.
Je ne parlerai pas de la Raffinerie de sucre du Québec, parce que
cela va partir un débat de l'autre côté. Cela demeure quand
même que c'est un fleuron qui est déjà coupé, on a
laissé cette fleur sans corolle, on l'a coupée à ras du
pistil. Envoie! Pétales à terre! On a coupé cette fleur
"p'tonk" à ras du pistil, pétales à terre. Il ne reste que
le pistil tout sec. Que voulez-vous qu'un pistil fasse seul, sans sa fleur?
C'est malheureux qu'on atrophie des choses qui ont demandé des
sacrifices et des investissements collectifs. Il restait la bataille à
faire, c'était la bataille devant Ottawa, mais vu que ce sont des gens
qui ont toujours été rampants devant la capitale - eux, ils
appellent cela leur capitale nationale, imaginez! - qui ont toujours
été rampants devant Ottawa, ils ont le noeud de la cravate
usé, quand ils se rendent à Ottawa pour demander quelque chose.
Donc, ils ne pouvaient pas se permettre de demander à Ottawa d'avoir une
politique sucrière.
M. Garon: Non, parce qu'à Ottawa ils se servent d'une
cravate comme une laisse.
M. Blais: C'était la raison, c'est en fait une laisse.
Hé bien! c'est malheureux et on avait pourtant beaucoup de
députés du côté du pouvoir qui auraient pu
défendre au moins leurs producteurs de betteraves.
M. Garon: II y avait même le député de
Lotbinière qui était le secrétaire de comté du
député fédéral, M. Dubois.
M. Blais: Hé bien! il y a une chose aussi qu'on a faite de
1976 à 1985. En 1976, l'assurance-stabilisation des revenus agricoles ne
couvrait qu'une production et ce, avec un régime tellement mal
conçu qu'il incitait les éleveurs de bovin de boucherie à
faire abattre leurs animaux à l'extérieur du Québec.
C'était rendu terrible. C'était à l'extérieur qu'on
faisait abattre. Aujourd'hui, c'est le gouvernement intérieur qu'on
essaie d'abattre.
Depuis, la sécurité financière face aux chutes des
prix agricoles que permet la stabilisation des revenus a été
étendue à douze productions et touche maintenant 13 530
producteurs.
Le nombre d'utilisateurs - une autre affaire - de
l'assurance-récolte était passé de 11 890 en 1970 à
6850 en 1976. C'était la "bourasso-débandade". De 1970 à
1976, c'était la "bourasso-débandade". À la fin de son
régime, c'était cela, passer de 11 890 utilisateurs de
l'assurance-récolte à 6850. Grâce à l'introduction
de l'assurance et à l'effort du gouvernement du Parti
québécois durant ces neuf années, nous avons
regrimpé et dépassé cela. Nous étions rendus
à 14 000 agriculteurs qui avaient l'assurance-récolte. C'est
extraordinaire.
M. Garon: II y en avait plus que cela.
M. Blais: Alors, oui, plus que cela, je parle de la fin de 1984,
je n'ai pas tout relevé, parce que je n'étais pas ministre dans
ce temps.
M. Garon: En 1985, c'était rendu à 35 000.
M. Blais: Une chose qu'on doit se dire, comprenez-vous maintenant
les ères squelettiques dont le président de l'UPA parlait?
Impossible de ne pas comprendre. Ensuite, il y a beaucoup d'outils qui sont
dans les coffres, dans les stalles, dans les granges, dans les écuries,
dans les maisons et dans les silos de nos agriculteurs et dans leurs sillons.
Comme le dit la chanson de Ferland "Si on s'y mettait", j'ai bien hâte
que le gouvernement libéral se mette à la tâche pour aider
les agriculteurs, comme nous l'avons fait durant dix ans, parce que
l'agriculteur n'est plus défendu comme il l'était. Il est
abandonné, et les personnes autorisées de parler en son nom s'en
rendent déjà compte. Après un an, on commence à
regarder et on parie de la lutte de la survie. Ils sont
déjà presque asphyxiés par une seule année
où on manque d'oxygène dans ce ministère. C'est
incroyable, ce n'est pas en leur fournissant de l'azote aux poumons qu'on fait
vivre les bovins. Cela, c'est sûr. (16 heures)
Ensuite, il faut dire une chose, c'est que l'Office du crédit
agricole était limité dans son action par l'obligation qui lui
était faite de recourir au pouvoir d'emprunt du gouvernement, afin de
répondre aux demandes de fonds des agriculteurs. Il y a beaucoup de
choses qui ont été changées pendant les dix ans et il y a
beaucoup de champs qui ont été ouverts aux agriculteurs du
Québec. Moi, je veux revenir à l'analyse que nous faisait, il y a
quelques jours, M. Proulx, président de l'Union des producteurs
agricoles. Écoutez, il y a déjà des choses
négatives qui cumulent, les unes derrière les autres, à ce
gouvernement nouvellement élu. La fermeture de la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire, sans aucune défense - de tous les députés
qui l'entourent, y compris celui de Saint-Hyacinthe. Ensuite, l'abolition du
parc des expositions agro-alimentaires à l'île Notre-Dame, qui
avait donné une vitrine aux agriculteurs en pleine ville de
Montréal. Cela va être la seule grande capitale du monde qui
n'aura sa vitrine en plein centre urbain. Et, en plus, on comprend pourquoi
votre parti qui a promis 80 000 emplois par année - nous, nous avions
créé 82 000 emplois nouveaux, la dernière année -
vous n'êtes même pas capables d'en réaliser 60 000, cette
année. On voit sur la caricature: Mentez, mentez, il en restera toujours
quelque chose. Employez, employez, il y aura du monde qui vont l'utiliser.
Là, il y a 800 emplois qui auraient été
créés, il y aurait 800 emplois nouveaux au parc d'expositions
agro-alimentaires. On est même dépassé par la Colombie
britannique, par Vancouver, qui va avoir le sien. C'est une ville qui n'a pas
la moitié de la population de Montréal. Boston, toutes les
grandes villes du monde! Montréal n'aura pas son comptoir. Incroyable!
Incroyable!
Ensuite, la destruction de la Régie des grains du Québec.
Vraiment, les agriculteurs s'inquiètent aussi. L'abolition du
comité de surveillance des étalons, cela, vous en avez entendu
parler. C'est tout de même une autre chose négative dans les
réalisations agricoles et les moyens de recours pour les agriculteurs.
Les agriculteurs connaissent la devise du Québec: Je me souviens. Pas
"je m'en souviens", en parlant des étalons, c'est: Je me souviens.
La réduction de la distribution du lait dans les écoles de
cinq à trois jours - un peu plus, "pantoute" - et à quel prix?
Cela va durer combien de temps? On me dit que c'est arrangé. Bien oui,
il y a eu des bonnes âmes qui sont venues vous soutenir, non la
volonté, car la volonté du ministère était
d'abolir. Ce sont des gens de l'extérieur qui sont venus faire
l'aumône au ministre de l'Agriculture. Alors, comment voulez-vous que le
président de l'UPA ne dise pas qu'il est en lutte pour la survie, quand
on voit couper tous ces moyens de gagner sa vie pour les agriculteurs.
Ensuite, on est à parler, aujourd'hui, d'une autre chose qui peut
porter comme un crêpe à la porte du Parti libéral, c'est un
autre crêpe pour amplifier la tristesse, la lourdeur du requiem, un
crêpe, en plus, à la porte, avec toutes les fleurs sombres, c'est
l'assouplissement de la Loi sur la protection du territoire agricole. Cela,
c'est une autre chose triste, lugubre, un programme, une loi
"lacrymogénique" qui est source "alimentatrice" de larmes. Je n'irai pas
trop loin, parce que M. Bourassa, qui veut endiguer toutes les sources d'eau,
viendrait me faire des barrages au creux de mes yeux, je ne veux pas en parler
trop, parce que...
Ensuite, dans plusieurs domaines, dans plusieurs plans, l'incertitude
règne. Il y a une incertitude qui règne et cette incertitude, les
cultivateurs la sentent, ils la sentent tranquillement. Croyez-vous que nous
allons rester endormis de ce côté? Jamais! Nous sommes là
pour nous réveiller. Nous sommes là pour défendre les
agriculteurs. Nous sommes là pour que justice soit faite. Nous sommes
là pour que la richesse collective soit également
répartie. Nous sommes là pour que les programmes que nous avons
installés, qui ont été des programmes à
succès, demeurent. L'homme meurt, mais les programmes demeurent.
Parfois, on peut avoir des partis politiques qui dépensent et, d'autres
fois, des partis politiques qui pensent. Nous sommes un parti politique qui
pensons. C'est pour cela que les cultivateurs, après à peine un
an, se sentent orphelins, ils sentent qu'ils n'ont plus de soutien de l'autre
côté de la Chambre, et, M. le Président, que je comprends
donc que les agronomes devraient venir ici pour nous dire qu'on a absolument
besoin d'eux pour orienter ce gouvernement, lui faire comprendre que cette loi
devrait être retirée pour le grand bien de la classe agricole
québécoise. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Je demanderais à M. le
député de Lévis si vous avez un commentaire.
M. Garon: Peut-être que les députés
ministériels voudront prendre la parole dans une perspective
d'alternance, mais, s'ils ne le souhaitent pas, je suis prêt à
commencer.
Le Président (M. Richard): Cela va. Je m'excuse. Oui, M.
le député de Lotbinière.
M. Camden: Mes interventions sont brèves et, en
résumé, hier, mes propos, je pense, ont été concis
et précis, alors, je ne voyais pas l'utilité, voyez-vous, de
m'étirer dans un discours-fleuve et débordant.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lotbinière. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre
qui veut intervenir? Oui, M. le député.
M. Tremblay (Iberville): Je veux intervenir, mais, si le
député de Lévis veut passer avant, cela ne me
dérange pas du tout.
Le Président (M. Richard): Alors, non, M. le
député d'Iberville, c'était à vous la parole et je
reviens par la suite avec vous, M. le député de Lévis, si
vous êtes d'accord. Alors, M. le député d'Iberville.
M. Jacques Tremblay
M. Tremblay (Iberville): Bon, voici, M. le Président, je
n'ai pas de chance d'être drôle comme mon ami de Terrebonne, mais
j'ai quand même quelques faits.
M. Blais: ...M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je ne crois pas qu'il y ait eu quelque chose de
drôle dans tout le discours que je viens de faire. Au contraire, c'est un
discours d'un très grand sérieux. Vous relirez les textes
après. S'il y a eu quelques gestes autour de moi de gens qui ont
trouvé cela drôle, ce n'était pas moi qui l'étais.
Si jamais vous l'avez interprété comme tel, cela prouve
exactement que vous ne comprenez pas ce que je dis.
Le Président (M. Richard): Merci de votre commentaire, M.
le député de Terrebonne. Maintenant, je reviens à M. le
député d'Iberville, s'il vous plaît, pour votre
opinion!
M. Tremblay (Iberville): Bon, voici, M. le Président, je
suis tout à fait contre l'amendement apporté par le
député de Terrebonne et j'ai relevé quelques faits qui ont
été dits. Je pense aussi que l'Opposition fait de la chasse aux
sorcières concernant ce projet d'amendement, alors que le projet
d'amendement à la loi de zonage est quand même très minime,
on ne change absolument rien dans son contexte général. C'est
très minime dans son ensemble.
Je pense qu'au Québec les droits individuels, c'est quand
même important et, depuis dix ans, on semble s'être foutu des
droits individuels d'une façon un peu spéciale, à toutes
les sauces, au nom de toutes sortes de théories, je dirais. Nous sommes
pour la loi du zonage, mais il reste quand même que les droits
individuels au Québec, c'est important. Cet amendement à la loi
va permettre à un père qui avait un petit lopin de terre, qui
voulait demeurer tout près de son fils, parce qu'il avait vendu la terre
au fils et il voulait aider le fils à travailler et à garder
cette ferme rentable... Alors, je pense que cela a quand même un effet.
Ceux qui n'ont pas pu construire sur un petit lopin de terre qui leur
appartenait avant la loi, qui ne restent pas loin, qui ont vendu ou qui ont
l'intention de vendre pourront le faire. Cela donne quand même un atout
important à ces agriculteurs.
Je pense que ce sont des points assez positifs. On a parlé de
marasme en agriculture, je pense bien que tout le monde est au courant
qu'actuellement il existe une guerre commerciale entre les Américains et
le Marché commun car, tout dernièrement, j'apprenais que
même en France on a été forcé d'imposer des quotas
parce que les réserves dans le domaine de l'agriculture sont
énormes, entre autres, le beurre et le lait en poudre, il y en a pour
trois ans d'avance. Alors, c'est assez. C'est ainsi en France actuellement. On
pense imposer des quotas comme au Québec, ce qui n'existait pas en
France alors qu'il y avait un programme de développement de
l'agriculture à pleine vapeur et peu importe la production, ce
n'était pas important, il fallait produire.
Actuellement, on se retrouve a l'échelle mondiale avec une
agriculture aux prises avec des surplus incroyables. C'est beaucoup plus ce
contexte qui fait que certains agriculteurs ont des problèmes car les
prix se sont effondrés aussi, avec cela. Je pense qu'il ne faut pas le
nier. Il y a un contexte mondial de surproduction qui va exister pour plusieurs
années et cette guerre que les Américains mènent au
Marché commun influence les prix au Québec et pose des
problèmes au gouvernement du Québec et à
l'assurance-stabilisation, entre autres.
J'ai relevé quelques points du député de
Terrebonne; on parlait des années de 1970 à 1976 où il y
avait de la construction dans le domaine, dans les régions agricoles du
Québec. Premièrement, je pense qu'entre les années 1970 et
1976 il y avait un bon gouvernement au pouvoir et, à ce moment, les gens
avaient confiance dans l'économie et les investissements se faisaient
sans arrêt, ce qui n'a pas été le cas des dix
dernières années. Je pense que ce contexte est
complètement différent maintenant. À cette période,
les Québécois ont suivi ce que certains Américains ont
fait; il y a eu un retour a la campagne et ce retour à la campagne s'est
accentué, a mis de la pression sur du développement en milieu
rural. Or, le contexte actuel est complète-
ment différent du contexte de 1970 à 1976. Je pense qu'il
ne faut pas le nier, il faut le regarder tel qu'il est actuellement et
l'amendement proposé au projet de loi ne mettra pas de pression à
ce sujet.
Également, il y a eu la crise énergétique qui a
changé aussi le comportement des Québécois. Ce
comportement du retour à la campagne des années 1970 à
1976, il est passé. C'est une toute autre chose présentement et
l'on oublie trop facilement. Actuellement d'amendement très mineur on
fait un combat rangé. Je pense que c'est complètement superflu.
C'est un combat inutile parce que le contexte est complètement
différent. On est à une autre époque et c'est très
différent.
Je pense qu'on essaie d'ameuter les agriculteurs inutilement parce que
la loi du zonage agricole est là pour rester et pour deux raisons
majeures - tout le monde le dit depuis des années - c'est qu'en
définitive le territoire agricole cultivable au Québec est entre
2 % et 4 % du territoire total du Québec. C'est très peu et c'est
certain que la loi du zonage est là pour rester et elle va rester
même si on essaie de soulever les passions avec une modification
mineure.
Je pense qu'en deuxième lieu il y a aussi la question de
retourner à du développement anarchique en milieu rural. C'est
complètement illogique, pour toutes les raisons qu'on sait, de limiter
des investissements publics dans les régions. Il y a, quand même,
ce côté positif aussi. Il n'est pas question du tout de revenir
à ce que c'était. Alors, je pense bien qu'on veut toujours
ameuter les gens pour les faire grimper dans les rideaux. Laisser percevoir que
les libéraux sont contre la loi du zonage, c'est complètement
faux; il faut quand même rétablir les faits. Pour le zonage
agricole je pense qu'il y avait des "drafts" qui avaient été
préparés au cours de l'année 1976 et lorsque le nouveau
gouvernement est arrivé, il s'en est inspiré. Je vois le
député de Lévis qui dit non, mais, quand même, je
sais que M. Kevin Drummond en a parlé à plusieurs reprises. (16 h
15)
Je pense que cela est important. On a parlé de ce qui a
été fait au cours des dernières années, mais on a
oublié de dire que, parmi les acquis les plus importants que les
agriculteurs et agricultrices du Québec ont, certains ont
été faits aussi sous le règne de M. Robert Bourassa. On
n'a qu'à mentionner l'assurance-stabilisation, entre autres, qui a
été quand même le point majeur de l'agriculture au
Québec. Je pense que les libéraux n'ont pas de leçon
à recevoir du parti actuel de l'Opposition.
L'autosuffisance, il en a été question à toutes les
sauces. C'est beau comme objectif, mais pas l'autosuffisance à n'importe
quel prix. Il y a des agriculteurs qui se sont fait embarquer. Il y avait
évidemment une certaine équité sur des fermes où
deux ou trois générations ont payé et construit quelque
chose de prospère. En faisant miroiter de la production à
n'importe quel prix, ils se sont embarqués financièrement. Il y a
certaines familles qui ont perdu leur ferme parce qu'on les a poussées
à s'embarquer au-delà de ce qui aurait dû être. En
fin de compte, on sait que dans le domaine économique, comme dans les
autres domaines, il y a des périodes de croissance ou d'expansion
où les prix sont bas, mais il y a toujours une période de
décroissance des prix ou des surplus, ce qui fait que les prix
s'effondrent; et je pense que le gouvernement a une responsabilité
envers les gens.
On n'embarque pas les gens dans des expansions sans limite sans
prévoir, à un moment donné, qu'il va y avoir des
effondrements. On a fait perdre à certains agriculteurs et agricultrices
du Québec ce qui avait été amassé par plusieurs
générations dans certains cas, en les poussant au-delà du
bon sens.
Une voix: Est-ce depuis un an, cela?
M. Tremblay (Iberville): Je parle des dix dernières
années. Je pense que leurrer le peuple, ce n'est pas mieux non plus. Il
faut mettre les cartes sur la table. Moi, cela m'a surpris. Quand on a
reçu des gens du ministère, ici, au début de
l'année, une des questions que j'avais posées, c'est s'il avait
déjà existé au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, dans les dix dernières
années, un plan de développement stratégique de
l'agriculture et de l'agro-alimentaire au Québec. Personne n'a
été capable de me dire oui, alors qu'on investit des milliards
dans l'agriculture. On semblait s'en aller au jour le jour, sans politique ou
avec des politiques à courte vue. On a les résultats, aussi,
quand on va plus loin qu'il ne le faut.
Je pense bien, M. le Président, que concernant le but de la loi,
actuellement, l'amendement est minime et, là encore, c'est en fonction
des droits individuels, afin de donner la chance à certains agriculteurs
de se prévaloir de ces droit qu'ils n'ont pas eus. Je ne crois pas que
cela va modifier sensiblement le développement au Québec. Le
nombre de ceux qui vont bénéficier de cet avantage est
très minime. Il reste que les droits individuels, au Québec, ont
été assez longtemps bafoués. Il est quand même temps
qu'il y ait des gens qui le disent. Surtout de 1976 à 1985, on s'est
foutu, sur le principe du droit collectif...
M. Blais: ...emprisonné par son patron. Cela est un droit
individuel. Lui est emprisonné.
M. Tremblay (Iberville): On ne posait même pas de
questions.
M. le député de Terrebonne, je vous ai laissé
parler, alors, s'il vous plaît.
M. Blais: C'est parce que vous n'êtes pas
intéressant.
M. Tremblay (Iberville): Plus souvent qu'autrement, le
gouvernement a été marqué par l'intolérance envers
les Québécois et les Québécoises. Je crois au droit
collectif, mais il faut aussi que ce soit en concordance avec des droits
individuels qui sont sensés. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Iberville. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, finalement le chat est sorti du
sac et il était laid. On a pu voir au fond les arguments pour justifier
le manque de politique. Le député d'Iberville a commencé
à dire qu'il ne fallait pas l'autosuffisance à n'importe quel
prix, ce que nous n'avons jamais nié. Nous avons toujours dit qu'il
fallait concevoir l'autosuffisance du Québec dans la perspective
d'équilibrer les importations et les exportations et de
développer nos productions dans les secteurs où nous avions des
avantages comparatifs et non pas dans des productions où nous n'avons
pas d'avantages comparatifs. C'est pourquoi nos politiques ont eu pour but de
développer le secteur agro-alimentaire dans les secteurs où nous
étions capables de concurrencer les autres.
Le député d'Iberville dit que nous sommes dans un contexte
mondial différent. Le contexte mondial qui existait il y a quelques
années et celui qui existe maintenant est un contexte dans lequel le
Québec est essentiellement un importateur de produits agro-alimentaires,
et non pas un exportateur. Pour donner seulement un exemple: en 1976,
après six ans de régime libéral, le Québec
exportait pour 400 000 000 $, 412 000 000 $ exactement, de produits
agro-alimentaires et, alors, on a fait passer ce chiffre de 1976 à 1982,
en l'espace de six ans, à plus de 1 400 000 000 $. C'est trois fois et
demie plus entre 1976 et 1982. Pourquoi? Parce qu'on a cessé d'avoir
peur, on a cessé de penser qu'on n'était pas concurrentiel. Et
comment peut-on penser faire de la concurrence et développer des
marchés extérieurs quand, au point de départ, on raisonne
comme le député d'Iberville et qu'on pense qu'on n'est pas
capable, qu'on est dans un contexte différent, qu'on est dans un
contexte de surplus mondiaux?
On est dans un contexte de surplus mondiaux. Ce qui ne veut pas dire que
le
Québec, lui, est dans un contexte de surplus. Le Québec,
essentiellement, quand on parle de développer la production de
l'élevage du boeuf au Québec, importe pour 800 000 000 $ par
année, environ 750 000 carcasses de boeuf par année. On mange au
Québec 1 000 =000 de carcasses de boeuf par année avec 6 500 000
de population. On fait venir de l'extérieur 750 000 carcasses pour
environ 800 000 000 $. Est-ce qu'il faut se dire avec un air défaitistes
Le boeuf doit être importé?
Autrefois, le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Saint-Pierre,
disait qu'il fallait faire venir nos céréales de l'Ouest, d'un
air fataliste et prétendument savant. Alors que c'était le
raisonnement de l'ignorance, du manque de perspective de croire qu'il n'y avait
pas d'avantage économique à produire au Québec, alors
qu'il y a des avantages économiques à produire dans le domaine
agro-alimentaire au Québec. La preuve, aujourd'hui, j'ai des
données statistiques de chercheurs dans le domaine des
céréales qui démontrent qu'actuellement la croissance dans
le domaine des céréales se fait plus rapidement au Québec
que dans le reste de l'Amérique du Nord, que cela se fait plus
rapidement en Chine par rapport au Canada. Pourquoi? Parce que, contrairement
à ce qu'on pense, à part d'avoir subi la propagande de cent ans,
les avantages naturels de l'Ouest, c'est de la foutaise. Parce que les
avantaqes naturels de l'Ouest reposent sur des milliards de dollars de
subventions par année. Dans le sud de la Saskatchewan, c'est un endroit
où c'est la sécheresse. J'ai rapporté cet
été, un immense cactus et je pourrais l'apporter en Chambre un de
ces jours. Je n'ai pas pris le plus gros parce que je n'avais qu'un
siège sur l'avion. J'ai rapporté un gros cactus. Je peux vous
dire que dans les terres de la Saskatchewan, dans le sud, on voit beaucoup de
sauterelles et de cactus. Essentiellement, j'ai dit déjà, lors
d'une conférence fédérale-provinciale à Saint-Jean,
Terre-Neuve, en juillet 1985, que le sud de la Saskatchewan serait plus
profitable si on laissait courir les bisons comme auparavant et qu'on
organisait des safaris a 5000 $ le bison. Ce serait plus payant que d'essayer
de faire de l'agriculture dans une partie du territoire canadien qui est
impropre à l'agriculture parce qu'il y a trop de sécheresse. Je
vous dis que, quand j'ai dit cela, je me rappelle avoir vu les yeux des gens de
l'Ouest grands comme des cinquante cents ou des dollars canadiens ronds. Les
yeux ronds.
Je peux vous dire, par ailleurs, qu'il y a trois semaines environ,
j'écoutais un programme agricole et on commençait à dire:
Ce serait peut-être plus payant d'élever des bisons dans le sud de
la Saskatchewan pour la chasse que de faire de l'agriculture.
Je peux vous dire, M. le Président, que
pour établir les paramètres à venir, cela prend des
gens qui ont de la vision, pas des gens qui voient à peine beaucoup plus
loin que le bout de leur nez. M. le Président, vous comprendrez que
quand on dit qu'il y a des surplus mondiaux, cela ne veut pas dire qu'on doit
faire venir nos céréales d'ailleurs. C'est dans ce contexte de
surplus que nous sommes devenus autosuffisants de 30 % à 85 % dans le
domaine des céréales, en passant de 800 000 tonnes en 1976
à près de 3 000 000 de tonnes en 1985, et en subventionnant
beaucoup moins les céréales du Québec que le gouvernement
fédéral ne , l'a fait pour les céréales de
l'Ouest.
Comment pouvez-vous développer un secteur au Québec, quand
vous avez le raisonnement que vient de tenir le député
d'Iberville qui dit: Que voulez-vous, le fédéral subventionne
beaucoup l'Ouest? Comme si c'était une bataille perdue d'avance, comme
s'il fallait se soumettre, comme s'il fallait promener son mouton à la
Saint-Jean-Baptiste, sans couvrir! M. le Président, il faut, au
contraire, devant ces situations, combattre. Nous avons établi des
politiques de développement économique. Nous n'avons pas
commencé à penser que nous n'avions pas d'avantage, on a
regardé; on m'a même dit, je me rappelle, dans l'Abitibi, que des
agronomes français qui étaient de passage au mois de juin et qui
voyaient la température demandaient quand l'hiver venait de finir et
quand il allait recommencer et qu'ils ne pensaient pas que les gens pouvaient
faire des récoltes, sauf qu'en Abitibi, à dix heures le soir, il
fait encore clair, il y a beaucoup d'heures d'ensoleillement, il y a des pluies
en abondance et la végétation est plus rapide qu'ailleurs; on
peut penser qu'il y a, en Abitibi, des millions d'acres de terres qui
pourraient permettre de produire des centaines de milliers de bêtes
à cornes, aussi avantageusement, et je dirais, plus avantageusement que
dans l'Ouest du Canada, mais à condition de vouloir en faire le
développement.
Quand le député d'Iberville nous disait tout à
l'heure qu'il y avait un plan, du temps du gouvernement
précédent. Oui, on m'a dit qu'il y avait un plan qui avait
été fait dans l'espace de quelques jours pour répondre
quelque chose au Conseil du trésor qui leur demandait s'ils savaient
où ils s'en allaient. Ils savaient véritablement où ils
s'en allaient, puisque le degré d'autosuffisance qui était, avec
M. Robert Bourassa qui a pris le pouvoir en 1970, de 65 %, avait baissé
à 47 % en 1976. C'est un plan d'abandon, de laisser-aller, sans vision,
de la part de personnes qui ne croyaient pas au développement de ce
secteur. Je me rappelle, quand je suis arrivé au ministère en
1976 et que j'ai rencontré pour la première fois l'UPA, le
président m'avait demandé: Est-ce que vous et votre gouvernement
croyez à l'agriculture? Pour vous dire, j'étais tellement surpris
de la question que je l'ai fait répéter au moins deux à
trois fois, parce que je ne comprenais pas pourquoi on me posait cette
question. Finalement, on m'a dit: Vous savez, le gouvernement antérieur,
lui, n'y croyait pas et on voudrait savoir si votre gouvernement, lui, y croit.
C'est pour cela que le président actuel de l'UPA, qui est assez vieux
pour avoir connu la période antérieure, sait ce que cela voulait
dire un gouvernement qui n'y croyait pas, qui ne croyait pas au
développement de ce secteur, qui ne pensait pas que, sur le plan
économique, il y avait quelque chose à faire.
Motion de sous-amendement proposant
d'entendre aussi la FSAA de l'UL
C'est pourquoi, M. le Président, je vais faire une motion en vue
de pouvoir entendre d'autres organismes qui vont peut-être avoir l'heur
de plaire à la commission parlementaire. En ce moment, vous avez, M. le
Président, une motion d'amendement à une motion pour
consultations particulières; je dirais que la motion d'amendement soit
modifiée en ajoutant à la fin les termes: "la Faculté -
pardon, des représentants ou la Faculté d'agriculture et
d'alimentation de l'Université Laval".
Le Président (M. Richard): C'est recevable, on clarifiera
cela plus tard. Alors, nous sommes d'accord, c'est recevable, M. le
député de Lévis. Maintenant, vous avez le droit d'exposer
votre position en utilisant votre droit de parole de 30 minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je vous dirai qu'il serait
à peu près normal que nous invitions la seule faculté
d'agriculture et d'alimentation de langue française en Amérique
du Nord. Évidemment, ce ne sera pas le seul organisme, nous aurons
l'occasion de revenir un peu plus tard avec d'autres propositions. Je sais
qu'on va pouvoir parler également de la Faculté de
médecine vétérinaire, du Collège MacDonald de
l'Université McGill, qui sont d'autres organismes qui ont un rôle
important à jouer sur le plan scientifique et qui sont
déjà préalablement impliqués dans le
développement agro-alimentaire. (16 h 30)
J'ai entendu le député d'Iberville tantôt qui disait
qu'il y manquait un plan. J'y ai pensé, parce que j'ai pensé
faire un amendement pour inviter l'autre association qui a toujours
été très favorable à la protection des terres
agricoles, l'Association des manufacturiers de produits alimentaires du
Québec, mais cela viendra plus tard.
Comme j'ai vu qu'il y a plutôt une préoccupation sur le
plan scientifique, j'ai alors indiqué au député
d'Iberville que nous pourrions immédiatement voter pour inviter la
Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de
l'Université Laval pour venir nous rencontrer, parce qu'on sait que
l'Université Laval a joué un rôle très important sur
le plan du développement agro-alimentaire au Québec et que, comme
seule faculté d'expression française dans le domaine alimentaire,
elle serait la bienvenue ici.
On a eu l'occasion de parler de la recherche scientifique et de la
comparaison possible entre le développement agro-alimentaire au
Québec et ailleurs. La Faculté des sciences de l'agriculture et
de l'alimentation de l'Université Laval a déjà eu
l'occasion d'envoyer des missions de soutien technique à
différents endroits dans le monde, qu'il s'agisse des Antilles
françaises, de l'Afrique ou, encore, de l'Amérique du Sud. De
nombreuses délégations d'universitaires et de scientifiques ont
eu l'occasion de faire des échanges.
Personnellement, j'ai pu rencontrer à quelques reprises des
scientifiques, des délégations ou des dirigeants du
ministère de l'Agriculture. Il y a celui du Mexique, par exemple, avec
lequel j'ai signé un accord, il y a quelques années, pour
entretenir des relations privilégiées avec le Mexique, dont la
population approche 100 000 000 d'habitants, qui a un besoin
considérable d'aide technique, éducative et scientifique. Sur le
plan des échanges, cet apport scientifique joue un rôle
important.
La Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de
l'Université Laval pourrait indiquer aux membres de cette commission,
principalement au député d'Iberville qui avait des doutes, le
potentiel biophysique du territoire québécois qu'on a souvent
été porté à déprécier. Souvent, des
développeurs ou encore leurs consultants payés pour essayer de
prouver autre chose ont tenté d'établir des zones à
développement différé un peu partout sur les terres
agricoles du Québec, au détriment de nos bons sols agricoles.
Parfois, l'appât du gain à court terme d'un agriculteur qui
n'avait pas de relève et qui succombait... L'appât du gain a fait
qu'un certain nombre de terres à fins agricoles sont disparues.
Qu'on se rappelle qu'il y avait en la vallée du Saint-Laurent,
selon l'inventaire mené - pas dans mon temps - juste un peu avant qu'on
prenne le pouvoir en 1975, plus de 1 000 000 d'acres de terre sous
spéculation. Le besoin de protection des terres agricoles s'était
fait sentir depuis des années. J'aimerais vous dire, pour les besoins de
l'enregistrement des débats, que, contrairement à ce qui a
été dit à quelques reprises, j'ai vu des travaux - non pas
ceux du ministre Toupin, je n'ai pas vu ses travaux, je n'ai pas vu de document
à ce point de vue - des documents qui en indiquaient la
nécessité et qui montraient qu'il y avait beaucoup de terres qui
étaient sous spéculation ou encore qui faisaient la convoitise de
spéculateurs qui s'en étaient rapprochés, contribuant
à faire une déstructuration du territoire agricole
québécois. Je n'ai jamais vu de projet de loi ou de projet pour
réaliser cette protection des terres agricoles qui était
seulement un objet de discours, mais où rien de concret n'avait
été fait dans cette direction.
Par ailleurs, sous le ministre Drummond, un projet avait
été fait. Je dois dire, pour les fins de l'histoire, que nous
n'avons pas pris ce projet et que nous n'avons pris d'aucune façon la
méthodologie qui avait été élaborée sous les
libéraux. Le ministre n'avait pu avoir la confiance du gouvernement,
principalement parce qu'il n'avait pas eu le support du caucus du Parti
libéral et que les députés pusillanimes, sans vision,
purpurins, n'avaient accordé d'aucune façon leur appui au
ministre qui était peut-être trop honnête pour son parti.
D'ailleurs, ils se sont chargés de faire en sorte qu'il ne puisse pas
être candidat dans les élections qui ont suivi en
l'écartant de façon systématique des comtés
où il aurait pu être candidat.
Par ailleurs, je dois dire que nous n'avons pas suivi cette
méthode, parce que la protection des terres agricoles aurait pu se
faire... Il y a plus d'une méthode et d'une manière de la faire.
Nous avons privilégié une autre manière, en l'absence d'un
cadre d'aménagement du territoire, délimitant des zones urbaines
par rapport à des zones agricoles, c'est-à-dire des zones non
agricoles et des zones agricoles.
Je peux vous dire, pour ceux que cela peut intéresser, que
l'idée m'est venue de procéder de cette façon lors d'une
conversation que j'avais eue peu de temps après avoir été
affecté à ce poste avec un haut fonctionnaire qui, depuis, a
quitté la fonction publique et qui, je le pense bien, n'a jamais su
qu'il m'avait été précieux comme source d'inspiration
lorsqu'il parlait devant moi des différentes possibilités de
faire la protection des terres agricoles ou de mieux aménager le
territoire québécois. Comme j'étais toujours à
l'affût de renseignements et que j'aimais beaucoup écouter les
gens qui parlaient pour avoir des idées et qu'à ce
moment-là ce haut fonctionnaire avait parlé des
différentes méthodes qu'il pourrait y avoir, selon lui, afin
d'empêcher l'éparpillement urbain, c'est dans ce cadre-là
que j'ai pensé au périmètre d'urbanisation d'un territoire
non agricole qui pourrait ceinturer une ville pour réserver le reste du
territoire à l'agriculture. Cela me semblait une méthode plus
appropriée, dans
mon esprit, que le projet qui avait été
élaboré sous les libéraux mais qui n'avait jamais
été nulle part puisque les caucus des députés
libéraux n'appuyaient pas le ministre. C'est pourquoi aujourd'hui, ceux
qui voudraient chercher une paternité dans un projet
élaboré sous les libéraux, ce n'est pas le projet que nous
avons pris parce qu'il m'apparaissait trop tatillon et trop administrativement
difficile d'application. Mais c'était une méthode possible. Nous
avons préparé une méthode qui nous apparaissait plus
souple avec des périmètres d'urbanisation, avec des
périodes transitoires possibles et également avec
différentes phases pour réaliser l'ensemble de la protection du
territoire agricole dans l'ensemble du Québec.
Nous pensions qu'il serait sans doute difficile de commencer dans tout
le territoire du Québec en même temps, et c'est pourquoi nous
avons privilégié - c'était un argument de vente dans mon
esprit - de montrer qu'il pouvait y avoir plusieurs étapes plutôt
que d'énerver trop ceux qui étaient défavorables ou qui
étaient hésitants en disant que nous voulions commencer par les
1500 municipalités d'une claque. J'ai préféré
commencer par 600 disant qu'il y aurait des étapes additionnelles, ce
qui nous a permis d'avoir plus facilement l'appui unanime de tous ceux qui ont
eu un mot à dire à ce moment-là.
M. le Président, aujourd'hui, il est extrêmement important
de consulter une faculté de scientifiques dans le domaine de
l'agriculture et de l'alimentation, parce que ces gens vont pouvoir nous
conseiller et nous dire ce qu'ils en pensent et, surtout, nous rappeler
à quel point c'était un monde anarchique avec lequel était
confrontée l'agriculture dans les années qui ont
précédé l'arrivée au pouvoir du gouvernement du
Parti québécois. Les gens étaient dans le désarroi
le plus complet parce qu'ils ne savaient jamais quand les forces de la
spéculation viendraient accaparer les terres des voisins et mettre en
péril leur propre exploitation.
Vous savez qu'un système de drainage ne peut pas être
seulement un système de damier et qu'un système de drainage peut
être efficace d'autant plus qu'il couvre un certain territoire. Dans le
temps des libéraux, on faisait faire des plans par des
ingénieurs. On avait de beaux plans, sauf qu'il n'y avait pas de
drainage. Cela coûtait 3000 $ ou 4000 $ pour faire des plans de drainage
et, par la suite, les contrats étaient donnés à des firmes
d'ingénieurs. Les cultivateurs avaient seulement à déposer
10 $ pour que leur plan de drainage de ferme puisse être
réalisé sans qu'ils aient besoin de faire du drainage, ce qui
voulait dire des contrats de 3000 $ à 5000 $ par ferme pour des bureaux
d'ingénieurs. À tel point, M. le Président, que j'avais
appris, peu de temps après ma nomination, qu'on était le
deuxième ministère à donner le plus de contrats aux
ingénieurs, le premier étant le ministère des Transports.
Je me demandais comment cela se faisait et j'ai demandé quels
étaient les montants. Alors que le ministère des Transports
donnait des contrats pour 8 500 000 $ ou 9 000 000 $ aux ingénieurs, le
ministère de l'Agriculture en donnait pour 6 500 000 $. Sur les 6 500
000 $, 4 800 000 $ allaient à deux firmes d'ingénieurs qui
avaient eu l'insigne honneur de démarrer avec, comme ingénieur en
chef, un ex-député libéral.
Le sous-ministre me demandait si j'avais l'intention de continuer - sans
me donner toutes ces informations, par ailleurs -à spécialiser
les bureaux d'ingénieurs comme le gouvernement précédent
l'avait fait. En entendant le mot "spécialiser", j'avais compris qu'une
certaine sélection se faisait en fonction des affinités
naturelles des partis. En posant un certain nombre de questions, j'avais appris
quels montants allaient aux cinq ou six bureaux d'ingénieurs qui
faisaient du drainage. Nous avons ouvert le système et avons
accordé des subventions sur des plans, mais seulement à ceux qui
faisaient du drainage, non pas pour payer des plans seulement. Le
système que nous avons mis en place était beaucoup plus
efficace.
C'est pourquoi, quand le député d'Iberville parle de
plans, il faut d'abord avoir une vision, une perspective et souhaiter le
développement agro-alimentaire du Québec, ce qui n'était
pas une décision du gouvernement précédent. Le
gouvernement qui nous a suivis, qui est actuellement au pouvoir,
démontre actuellement le même genre de perspectives. Que
souhaite-t-il sur le plan du développement agro-alimentaire? Personne ne
le sait. Quels sont ses objectifs? Personne ne le sait, sauf que chaque fois
qu'ils ouvrent la bouche, c'est pour dire qu'il ne faut pas que les objectifs
soient trop ambitieux, que c'est dangereux, qu'on doit avoir l'autosuffisance
mais pas à n'importe quel prix, comme si l'autosuffisance pouvait
être réalisée à n'importe quel prix. Ils nous
parlent des difficultés financières que pourraient
connaître les cultivateurs, alors que tout le monde qui a
étudié le moindrement la question dit que la situation
financière des agriculteurs du Québec est la meilleure au Canada.
C'est ici qu'il y a le moins de difficultés financières parce
qu'il y a un crédit agricole efficace, un régime
d'assurance-stabilisation efficace et même les plus grands prêteurs
d'institutions financières le confirment. Ils l'ont admis à
plusieurs reprises. Je peux même me référer aux
spécialistes agricoles de la Banque Nationale du Canada
présidée par Michel Bélanger, qui est un membre du
comité des sages et des bénévoles du Parti
libéral...
Une voix: Ah oui!
M. Garon: ...qui n'est pas reconnu pour ses affiliations avec le
Parti québécois. Pourtant, ses spécialistes ont dit que
c'est le Québec qui a le mieux traversé la crise
financière des années 1981-1982-1983 à cause des
programmes d'assurance-stabilisation et de crédit agricole qui ont
été assurés par le gouvernement du Parti
québécois qui savait que ça coûtait de l'argent,
mais qui ne passait pas son temps à se plaindre en disant que cela
coûtait trop cher. II ne passait pas son temps à faire des
discours pour dire que le gouvernement n'a pas d'argent. Il savait affecter les
priorités aux bons endroits. Pendant ces années difficiles, alors
qu'autour de nous, en Amérique du Nord, il y avait un
dépérissement, il a fait en sorte qu'il y ait un accroissement de
la production. Pourquoi? Parce qu'il avait de bonnes politiques. (16 h 45)
M. le Président, vous qui venez d'un comté rural, vous
avez pu voir au cours de ces années les cours d'eau qui ont
été creusés, le drainage qui s'est fait dans votre
comté de Nicolet parce que les productions se sont transformées.
Une région herbagère est devenue de plus en plus productrice de
céréales à cause de la confiance des agriculteurs qui
savaient que leurs terres étaient protégées et qu'ils
pouvaient investir dans ces terres sans crainte d'être ceinturés
par des spéculateurs qui viendraient leur faire perdre la valeur de
leurs investissements. C'est pourquoi, pendant ces années, l'on a connu
du drainage dans tout le Québec.
Actuellement, depuis que le nouveau gouvernement est en place, des
compagnies de drainage font faillite. Plusieurs sont en difficulté
financière parce qu'il ne se fait plus de drainage. La
sécurité, la perspective du domaine terrestre ne sont plus
là.
De la même façon, dans l'assainissement des eaux, alors
qu'il n'y a pas un seul contrat-entente de signé avec les
municipalités, vous avez vu des bureaux de jeunes
spécialisés dans ce domaine fermer. Les gens ont
été renvoyés chez eux. Ils doivent être
réaffectés dans d'autres secteurs. L'avance que le Québec
avait prise dans le domaine de l'assainissement des eaux est en train de se
perdre. Pourquoi? Parce que les gens savent qu'actuellement il n'y a aucune
perspective de la part du Parti libéral. Comme il n'y a pas de
perspective et que ces gens savent qu'il n'y aura pas d'élection avant
deux ou trois ans, cela ne leur donne rien de poireauter dans un secteur
où il n'y aura pas de développement ni de décision.
Dans le domaine agro-alimentaire, c'est la même chose. Je vois
même que la main-d'oeuvre disponible est en train de baisser de
façon radicale, de mois en mois. De novembre 1985 à novembre
1986, la main-d'oeuvre active, dans ce secteur, a baissé de 9000
personnes. Pourquoi? Parce que les gens commencent déjà à
fuir le secteur agro-alimentaire au Québec. Ils savent que sous le
gouvernement actuel, il n'y aura pas de développement. C'est pourquoi,
après un an seulement de régime libéral, au dernier
congrès, le président de l'UPA a parlé d'un enterrement de
première classe, d'une messe de requiem.
M. Boulerice: Le "dies irae" de l'agriculture.
M. Garon: M. le Président, c'est pourquoi nous devons,
comme Opposition, combattre de toutes nos forces, non pas les politiques du
gouvernement, mais l'absence de politiques du gouvernement, les mesures
suicidaires que le gouvernement veut adopter. Vous savez à quel point
cela a pris de la détermination pour faire la Loi sur la protection du
territoire agricole; je n'ai pas besoin de vous le dire. Je me rappelle le
nombre d'articles de journaux écrits avant le mois de novembre 1978,
moment où j'ai déposé la Loi sur la protection du
territoire agricole. Les gens disaient à qui mieux mieux que le
député de Lévis jouait sa tête et que c'était
un suicide politique que de faire une telle loi parce que c'était
difficile, que cela heurterait des intérêts très forts,
très puissants et que l'on réagirait. Malgré cela, le
gouvernement a eu le courage d'adopter cette loi.
Tout ce que nous demandons actuellement, ce que le monde agricole
demande, ce n'est pas de faire une loi qui est déjà faite, mais
c'est de ne pas la détruire, de ne pas défaire ce qui a
été fait, de ne pas dilapider les acquis d'un secteur qui s'est
développé considérablement au cours des dernières
années.
Je n'invente pas ce que je dis. Un des meilleurs éditorialistes,
à mon avis, sinon le meilleur par son jugement et sa connaissance du
milieu rural dont il est issu, M. Vincent Cliche du Soleil, dans un
éditorial récent du 7 décembre 1986 - on ne peut pas dire
que c'est vieux - disait: "L'UPA se bat pour ses acquis." Selon cet
éditorialiste, l'UPA, dans le secteur agricole, ne se bat pas
actuellement pour développer, mais pour ne pas perdre ce qui a
été acquis au cours des dernières années, sous le
gouvernement antérieur. Actuellement, quand on parle de zonage agricole,
de privatisation, de déréglementation et d'abandon de plusieurs
programmes d'aide à l'agriculture qui mijotent à Québec,
les producteurs agricoles ne savent plus sur quel pied danser.
M. le Président, nous ne pouvons pas, comme Opposition, pas plus
que sur le plan de la langue, abandonner le fort. On ne peut pas laisser le
fort à des gens qui ne veulent
pas le défendre mais qui veulent tout de suite baisser le
pont-levis et laisser rentrer de l'intérieur ce cheval de Troie de la
spéculation qui est prêt à nous envahir comme une
vipère, comme une pieuvre dont les tentacules couvriraient l'ensemble du
territoire québécois et dont la tête et le coeur pourraient
être maître dans ce Parlement même.
M. Blais: Une honte!
M. Garon: M. le Président, tout le monde sait que la
protection des terres agricoles peut venir d'ici ou peut cesser de se faire
d'ici également. Personne, sérieusement, n'a cru que d'autres
instruments que l'Assemblée nationale ne pouvaient réaliser cet
objectif. C'est un objectif national. À plusieurs reprises, des gens ont
dit: On ne pouvait pas décentraliser, confier ici, confier là,
pourquoi? Pour affaiblir. Nous avons toujours dit que la protection des terres
agricoles était un objectif politique national. Le mot "politique" est
un mot noble et grand quand il s'agit de véritable politique. Une
politique de protection des terres constitue un objectif national et c'est
à l'Assemblée nationale du Québec de déterminer
s'il y en aura une ou pas, mais non pas de faire comme on est en train de faire
actuellement, c'est-à-dire de lézarder la muraille, d'ouvrir des
portes de grange ici et là et de cesser d'être vigilants et de
veiller un peu comme Vercors dans la nuit du 12 au 13 septembre à
l'entrée des portes d'Abraham...
M. Blais: Vercors?
M. Garon: II n'a pas pu garder le fort et l'entrée du
passage de l'Anse au Foulon vers les Plaines d'Abraham. M. le Président,
je sais que l'analogie est forte...
M. Boulerice: ...mais pertinente.
M. Garon: ...mais elle est pertinente et c'est parce que c'est le
même genre de choses qui sont en train de se passer. Il faut avoir un
certain idéal pour protéger la langue des
Québécois. Mais il faut avoir aussi un certain idéal pour
protéger le territoire national des Québécois et non pas
se comporter comme 3i on se trouvait dans le milieu d'un dépotoir qu'on
peut utiliser pour les charognards. M. le Président, regardons le manque
de perspective. Je disais tantôt que de 1970 à 1976,
l'autosuffisance au Québec a baissé de 65% à 47% et de
1976 à 1985, elle est passée de 47% à 75%. Nous nous
nourrissons nous-mêmes de plus en plus. Les cultivateurs, comme ils le
disent, veulent de plus en plus nourrir les Québécois et exporter
les surplus vers d'autres peuples pour compenser les produits alimentaires que
nous importerons parce que nous ne pouvons pas les produire mais que nous
voulons consommer.
Par ailleurs, il faut cesser de voir aussi notre climat comme un
handicap et voir les ressources dont nous disposons. On aurait pu dire... 0e me
rappelle quand je suis arrivé au gouvernement en 1976, je me suis
demandé ce qu'on faisait dans le domaine de l'aquaculture. Les gens
m'avaient dit, à ce moment, qu'il n'y avait pas beaucoup de monde qui
croyait à cela parce qu'ils pensaient que même les truites en
élevage, l'hiver, pouvaient rapetisser plutôt que grandir.
M. Blais: Voyons donc!
M. Garon: Oui.
M. Blais: II y en a qui pensaient celai
M. Garon: II y en a qui pensaient cela.
M. Blais: Ce doit être des rouges.
M. Garon: Je dois dire qu'à ce moment-là on m'avait
dit qu'il y avait un nommé Boulanger qui croyait que c'était
possible; je lui ai demandé où il demeurait et il m'a dit
Saint-Philémon.
M. Blais: II était dans le pétrin.
M. Garon: J'ai dit: Essayons donc un projet avec quelqu'un qui y
croit plutôt qu'avec quelqu'un qui n'y croit pas. Nous avons
modifié des lois - le Conseil économique du Canada disait que
cela prendrait quinze ans à modifier - en travaillant jour et nuit pour
faire en sorte que ces lois rendent possible l'élevage du poisson ici.
De la même façon, nous l'avons fait dans le domaine agricole pour
faire de plus en plus de développement agricole, de développement
des élevages en utilisant nos ressources mais les heures
d'ensoleillement et d'énergie électrique que nous avons, non pas
pour les exporter aux Américains ni pour importer leurs produits
fabriqués chez eux avec notre électricité, mais pour
accorder des tarifs spéciaux aux producteurs en serres pour que, de plus
en plus, nous nous nourrissions nous-mêmes de nos produits des serres et
que nous commencions à exporter vers la Nouvelle-Angleterre qui, de
toute façon, importe ses produits horticoles de la Californie et de plus
en plus loin avec les coûts accrus de l'énergie.
M. le Président, aujourd'hui, on commence à dire un peu
partout que, de plus en plus, dans le domaine des serres, une augmentation
considérable se fait grâce au programme d'aide que nous avons mis
en place pour ceux qui veulent faire de la production horticole. Le
député d'Iberville dit: Oui, mais c'est dangereux, il y en a
qui
ne réussiront pas. On juge toujours les projets sur la masse qui
réussit et non pas en se disant qu'il y en a qui ne réussiront
pas. Il arrive toujours que certains ne réussissent pas. On ne fermera
pas les écoles du Québec à cause de certains
élèves qui ont de la misère ou qui ne passent pas la
même année. Même dans nos écoles, il y a des enfants
qui ne passent pas tout de suite et qu'on doit aider également autant
que possible. On ne base pas des politiques en disant qu'on a peur de tout et
qu'on ne voit jamais de possibilités.
C'est pourquoi, M. le Président, si j'ai fait tout ce grand tour,
c'est pour en arriver à dire qu'il est important de consulter les
organismes scientifiques. Le coeur même des scientifiques au
Québec, l'endroit de formation privilégié, pas le seul,
mais un endroit important, c'est la Faculté des sciences de
l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval et la
Faculté de médecine vétérinaire dans lesquelles le
gouvernement précédent a investi des sommes considérables
d'argent pour leur modernisation, en y investissant plus de 8 000 000 $, avec
des équipements de recherche qui ont été
développés et qui ont permis à la Faculté de
médecine vétérinaire de se classer au Québec plus
forte qu'en Ontario, avec une pleine reconnaissance de l'American Veterinarian
Association, alors qu'il y a une semi-accréditation en Ontario.
S'il avait fallu avoir peur, on se serait peut-être dits On ne
peut pas réussir au Québec où l'Ontario n'a pas
réussi. Mais, voyons-donc! II faut cesser d'avoir peur de notre ombrage.
Je lisais dans la revue Commerce qui vient de sortir cette semaine que
M. Marcel Gagnon a refusé d'aller travailler dans l'aluminium dans le
domaine international. Il disait à ce moment-Ià - et il passait
pour un fou - que les vermouths que nous consommons au Québec seraient
produits un jour au Québec. Aujourd'hui, on dit: Plus de la
moitié des vermouths consommés au Québec sont produits
ici. Je me rappelle qu'on parlait de faire des vermouths au Québec
à base de nos jus de pommes. Qui le croyait à ce
moment-là? Personne. Mais cela prenait des visionnaires pour être
capables de voir un peu en avant de leur nez et dire: Le possible d'aujourd'hui
est déjà fait et l'impossible se fera. Même que, dans le
domaine des vignes, il est possible de produire de plus en plus de vin au
Québec, à condition que la politique des vignes ne soit pas
pensée uniquement par le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
Je vois aujourd'hui un projet de loi que nous discuterons prochainement
qui permet de donner quelques permis à des artisans vignerons. Ce projet
avait été accepté sous le gouvernement antérieur,
mais pour commencer graduellement, pas trop vite, alors qu'au fond, si
l'industrie des boissons relevait du ministère de l'Agriculture, on
arrêterait de penser que c'est un commerce pour penser que c'est une
production et on ferait comme dans tous les pays du monde, on confierait au
ministère de l'Agriculture le secteur des boissons, comme cela se fait
dans tous les pays du monde.
Je n'ai pas eu le temps de le faire au complet, mais je peux vous dire
qu'on avait au moins transféré les chevaux et qu'on était,
sous le gouvernement de M. Bourassa, le seul pays au monde où les
chevaux dépendaient du ministre des Finances. Il avait pensé
qu'il fallait peut-être envoyer les chevaux en Floride, puisque les
banquiers y allaient l'hiver. De sorte qu'on avait même une ferme
québécoise en Floride et nos chevaux partaient en même
temps que les banquiers ou que les hommes d'affaires à l'automne vers la
Floride pour aller s'y faire élever et revenir au printemps. On a
fermé la ferme de la Floride. On a ramené les chevaux au
Québec et, aujourd'hui, ces chevaux se font élever au
Québec. (17 heures)
C'est tout ce que je dis, M. le Président, au fond. Il y a, au
Québec, une foule de possibilités dans le développement du
secteur agro-alimentaire, à condition d'avoir les yeux ouverts et
d'arrêter de voir un verre à moitié plein et de le
considérer comme à moitié vide, de voir la partie vide
comme la partie qui peut être remplie, de ne pas penser que nos
capacités sont à la dimension d'un dé à coudre pour
ce qui est du cerveau. C'est peut-être beaucoup plus gros et avec un
potentiel beaucoup plus grand de développement.
M. le Président, je sais que vous, qui venez du comté de
Nicolet, n'êtes pas habitué à entendre de tels propos dans
votre parti. Je ne désespère pas qu'avant la fin de votre mandat
vous vous posiez un certain nombre de questions et que vous vous disiez:
Peut-être que je ne suis pas dans le bon parti pour les besoins de mon
comté.
Une voix: II y pense, il y pense.
M. Garon: Aujourd'hui, tout ce que je demande à cette
commission parlementaire, au fond, c'est d'entendre la Faculté des
sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval. Je
ne pense pas que les parlementaires aient l'âme assez basse pour refuser
d'entendre la principale faculté dans le domaine agricole, la seule
faculté d'agriculture francophone de l'Amérique du Nord. Je ne
pense pas que des députés, dont la plupart n'ont pas comme
spécialité l'agriculture, disent: Non, non, nous ne voulons rien
savoir. Ils en savent trop pour nous autres. Je pense, au contraire, que les
députés vont vouloir être éclairés, par au
moins cette Faculté d'agriculture et d'alimentation de
l'Université Laval.
À ce jour, ils ont refusé d'être
éclairés par l'Union des municipalités du Québec,
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec. Possiblement qu'ils ont pensé que ce n'était pas
des corps intermédiaires appropriés. J'ai constaté avec
surprise qu'en ce qui concerne l'ordre des vétérinaires la
commission avait défait cette proposition, de même que la
Coopérative fédérée et le Mouvement
coopératif agricole. Même le député de
Prévost, qui me reprochait de ne pas avoir assez consulté le
Mouvement coopératif, a voté contre le fait qu'on entende le
Mouvement coopératif agricole en cette Chambre, devant cette commission
parlementaire.
M. Blais: C'est une honte!
M. Garon: C'est pour cela que le président de l'UPA parle
de gens qui parlent des deux coins de la bouche.
Le Président (M. Richard): En terminant, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, aujourd'hui, nous allons du
côté des scientifiques et vers l'Ordre des agronomes qui a
été proposé. Peut-être y aura-t-il un plus grand
faible de la part du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation par rapport aux agronomes parce qu'on m'a dit qu'il y a plus
d'agronomes dans son cabinet depuis qu'il a été nommé. On
s'est dit: Peut-être qu'on lui fera plaisir, si on dit l'Ordre des
agronomes. C'est pour cela que le député de Terrebonne a
ajouté l'Ordre des agronomes.
M. Blais: Pour lui faire plaisir.
M. Garon: J'ai pensé qu'en ajoutant la Faculté
d'agriculture et d'alimentation de l'Université Laval qui est un des
principaux centres scientifiques dans le domaine agro-alimentaire au
Québec, j'aurais l'avantage de plaire aux députés
ministériels. Il me semble qu'on ne voit personne qui trouve grâce
à leurs yeux. Ils pensent qu'ils ne doivent pas consulter qui que ce
soit. Ils ont la science infuse. Ils sont meilleurs que tout le monde. Ils ne
veulent rien entendre, ils ne veulent rien savoir. Aller de cette façon,
M. le Président, c'est le contraire de l'esprit, c'est le contraire de
l'être humain qui veut voir, comprendre, consulter, parce que
l'être humain se distingue de l'animal par le fait qu'il est un
être social. Un être social, c'est un animal qui consulte, qui
parle, qui vit en société. On ne peut pas rejeter les principaux
cerveaux que nous avons bâtis au Québec avec des fonds publics qui
ont coûté cher. Je ne peux pas imaginer que des
députés ministériels auront l'âme assez basse pour
voter contre notre proposition de sous-amendement pour entendre les
scientifiques et les représentants de la Faculté d'agriculture et
d'alimentation de l'Université Laval.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis.
Maintenant, avec le principe d'alternance, je reconnais Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme France Dionne
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Depuis hier,
j'écoute avec attention les propos de l'Opposition. Il y a des choses
qui m'apparaissent incohérentes. Justement, j'ai devant moi un article
de La Tribune de Sherbrooke, du 22 octobre 1981. Au mois d'octobre 1981,
on avait eu le congrès de l'UPA de Sherbrooke qui préparait au
congrès provincial de l'UPA. On discutait de certaines
résolutions qui, à mon avis, sont importantes. On citait
effectivement des paroles de M. Jacques Proulx. Si vous me le permettez, je
vais citer certaines parties qui vont vraiment expliquer pourquoi je dis qu'il
y a de l'incohérence chez l'Opposition.
M. Blais: C'est incohérent. Ah bon! Vous voulez dire que
M. Jacques Proulx est incohérent. Il ne dit pas la même chose
aujourd'hui qu'il y a cinq ans.
Mme Dionne: M. le Président, le député de
Terrebonne a parlé à maintes reprises. On l'a laissé
parler. Est-ce que je pourrais le faire à mon tour?
Le Président (M. Richard): Je vous donne la parole,
madame.
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Dans cet article, on
dit - et ce sont les paroles de M. Proulx parce que c'est cité: Le
budget du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation a subi des diminutions inacceptables pour nous tous,
agriculteurs du Québec, a-t-il exprimé. Il a ajouté que le
moment était très inopportun de procéder à de
telles réductions budgétaires.
Alors, c'est le budget qui devait être sorti en mai 1981. La
récession a frappé en 1981; donc si les budgets avaient
été réduits, ils auraient pu être réduits en
1982 et en 1983, mais, là, ce sont vraiment les budgets de 1981 qui ont
été réduits de cette façon.
Alors, on parle aussi d'autres résolutions qui étaient
importantes pour les gens de l'UPA de la région de Sherbrooke et on
parle aussi de celle qui était peut-être la plus cocasse, une
résolution qui, si elle est acceptée, prendra le chemin du
congrès provincial de décembre 1981 et vise à demander la
démission du ministre Jean Garon. On se dit insatisfait des politiques
du
ministère, de même qu'on y lit que le ministre Garon ne
défend pas convenablement le développement de l'agriculture
devant le cabinet auprès de ses collègues. On l'accuse en outre
de prétendre que l'agriculture au Québec est mieux servie que
dans les autres provinces et que les producteurs d'ici se tirent bien d'affaire
alors que tel n'est pas le cas, indique le texte d'un projet de
résolution. C'est écrit noir sur blanc.
M. Garon: Cela a été battu.
Mme Dionne: Cela ne fait rien, on y pensait quand même.
M. Blais: C'est vous qui étiez là.
M. Garon: Ce doit être un rouge qui avait proposé
cela.
Mme Dionne: Non, je viens de Kamouraska-Témiscouata. Ce
n'est pas dans la région de Sherbrooke.
M. Blais: II y en avait un autre quand même.
Mme Dionne: On dit également...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. On parle de
qui a été battu par qui?
M. Blais: On ne le sait pas, mais il semble qu'il y a eu une
bataille, puis il y avait deux grands blonds qui se sont donné une
maudite volée.
M. Pagé: En 1981 à Sherbrooke? Parlez-vous de
l'année 1981 où le Parti québécois a rejeté
du revers de la main le député de Sherbrooke, M. Gosselin, de
Sherbrooke, qui défendait pourtant les gens qui n'étaient pas
riches, les gens de faible revenu, qui était, en fait, la voix sociale
dans le Parti québécois? Est-ce de cela que vous parlez?
M. Blais: La voie, la vérité, la vie.
Une voix: On voulait vous le prêter, mais...
M. Blais: Non, c'est un gentil monsieur.
M. Garon: On ne parle pas des gens. Je parle d'une réunion
qui avait lieu à Sherbrooke.
M. Pagé: Je m'excuse. Je pensais que c'était la
réunion du PQ où vous aviez tassé M. Gosselin.
M. Garon: Non. Vous n'écoutez pas votre collègue,
parce que vous signez des cartes de Noël. Si vous écoutiez votre
collègue, vous verriez que ce n'est pas d'une réunion du Parti
québécois qu'elle parle.
M. Pagé: M. le Président, j'écoutais ma
collègue bien attentivement, mais j'ai entendu quelques grognements
venant de l'autre côté.
M. Garon: Je pense que c'était une réunion
où il y avait plutôt une majorité de libéraux.
M. Pagé: À l'UPA de Sherbrooke?
Mme Dionne: Dans la région de Sherbrooke.
M. Pagé: II faut dire que l'UPA de Sherbrooke a toujours
eu des prises de position très particulières à
l'égard des ministres de l'Agriculture, quels qu'ils soient.
M. Blais: Question de règlement.
Le Président (M. Richard): Question de règlement,
M. le député de Terrebonne. Une vraie question de
règlement?
M. Garon: J'ai toujours été en très bons
termes avec la fédération des producteurs de Sherbrooke.
M. Pagé: Elle a toujours été très
sévère envers tous les ministres, dont vous.
M. Garon: Elle n'a pas tort.
M. Pagé: Quoique dans votre cas c'était un peu plus
légitime.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, sur une vraie question de règlement?
M. Blais: Une vraie question de règlement.
M. Pagé: Parce que les autres ne l'étaient pas?
M. Blais: M. le ministre, M. l'ancien ministre et moi-même
avons interrompu de façon inopportune, de façon disgracieuse et
inconvenable Mme la députée. Je tiens à dire que nous
étions en dehors du règlement et je me rappelle moi-même
à l'ordre.
Le Président (M. Richard): Je vous félicite, M. le
député de Terrebonne. Vous avez tout à fait raison. C'est
même la première fois, depuis que je suis président ici,
que c'est vraiment une question de règlement.
Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata, vous avez
donc la parole.
Mme Dionne: Merci, M. le Président. Je dois remercier le
député de Terrebonne pour sa franchise. Alors, je continue dans
les résolutions qui étaient présentées. Cela se
passait à Ascot-Corner.
M. Garon: À quelle période de l'année?
Mme Dionne: Le 22 octobre 1981, M. le député de
Lévis. Effectivement, je l'avais dit tout à l'heure au
début de mon intervention. D'autres résolutions qui avaient
été...
M. Garon: C'est un article écrit par qui?
Mme Dionne: Je regrette, je n'ai pas le nom. C'est un journaliste
du journal La Tribune de Sherbrooke.
M. Garon: C'est un article qui n'est pas signé?
Mme Dionne: II m'en manque peut-être un bout. Je n'ai pas
le nom ici.
Une voix: C'est à...
M. Garon: Pardon? La réunion avait lieu où?
Mme Dionne: A Ascot-Corner, oui. Est-ce que cela vous dit quelque
chose?
M. Pagé: C'était dans le coin d'Ascot.
M. Garon: Ascot, c'est dans le comté de
Saint-François.
Mme Dionne: J'ai mentionné qu'il y avait une
déclaration bien précise de M. Proulx qui était
effectivement à ce moment-là à l'UPA.
M. Blais: Bien oui. Vous avez dit qu'il était...
Mme Dionne: J'aimerais continuer en parlant des autres
résolutions qui ont été discutées. On retrouve des
résolutions concernant le financement, la participation des femmes, la
condition féminine, la relève agricole et la reconnaissance du
producteur agricole, entre autres. Ce qui est assez cocasse, c'est qu'on se
retrouve en 1986 avec, enfin, quelque chose pour la relève agricole,
sous un gouvernement libéral, une augmentation de la prime à
l'établissement de 8000 $ à 15 000 $.
On regarde aussi l'accessibilité des femmes en agriculture, ce
qu'on ne voyait pas avant. Ce sont des demandes de 1981, alors, c'est cinq ans
plus tard. Je me demande si le député de Lévis n'a pas
oublié certaines des demandes de l'UPA au cours des années. On
parlait tantôt de consultations, parce que tous les amendements et les
sous-amendements qui ont été apportés, c'était pour
demander des consultations.
On pense à la réforme du financement agricole qui est
amorcée, et un projet de loi sera déposé dans ce sens.
Là, je peux dire qu'il y a eu une consultation de base, mais la
réforme n'a jamais abouti sous l'ancien gouvernement.
Maintenant, nous sommes décidés à faire une vraie
réforme et on fait des consultations. On rencontre l'UPA, on rencontre
les autres intervenants. Dans ce sens, sur le plan des consultations, le
gouvernement libéral et le ministre de l'Agriculture n'ont, à mon
avis, rien à apprendre du gouvernement précédent et je
pense que les consultations, quand elles doivent être faites, le sont de
façon très démocratique, et on va continuer dans ce
sens.
M. le Président, je vais voter, bien sûr, contre le dernier
sous-amendement déposé, comme contre les autres d'ailleurs.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. M. le
député de Lévis.
M. Garon: En vertu de l'article 212.
Le Président (M. Richard): En vertu de l'article 212, M.
le député de Lévis.
M. Garon: J'ai écouté les propos de la
députée de Kamouraska-Témiscouata. Elle a peut-être
une idée de l'héritage que nous avions eu lorsque nous sommes
arrivés au gouvernement en 1976, parce qu'un grand nombre de choses ont
été faites. Vous savez que, quand on est arrivé au
gouvernement en 1976, on se tirait au fusil dans les abattoirs, les
vétérinaires étaient en grève, le diable
était aux vaches à peu près dans tout le territoire
agricole.
Mme Dionne: En 1981 aussi?
M. Garon: En 1981, les gens nous ont réélus pour
continuer l'ouvrage.
Mme Dionne: Vous avez diminué le budget.
M. Pagé: M. le Président, s'il y a une place pour
tirer du fusil, c'est bien dans les abattoirs.
M. Garon: Je dois dire que, concernant les femmes en agriculture,
tout le travail avait été fait, de sorte que le ministre a eu
juste à faire une autre conférence de presse pour annoncer ce que
j'avais annoncé au cours de l'année 1985...
M. Pagé: Ce n'est pas vrai.
M. Garon: Même la nomination de Mme Suzanne Dion,
même le protocole d'entente signé avec l'association au mois
d'août 1985 pour annoncer les mêmes choses qui avaient
été faites et annoncer un programme qui était en trois
phases. Il n'a pas dit qu'il y avait déjà la première
phase qui avait été faite la première année. C'est
peut-être facile, sauf que les gens savent cela.
La députée parle des propos qui étaient
tenus en 1981. On n'avait pas fini de faire l'ouvrage; il y avait beaucoup de
choses qui avaient été faites et il y avait beaucoup de choses
à faire. La plupart des récriminations en 1981 ont
été réglées entre-temps.
Mme Dionne: Beaucoup n'ont pas été faites
également.
M. Garon: Vous n'en trouverez pas beaucoup. Faites l'addition de
ce que vous avez fait depuis un an et on trouvera que le bilan n'est pas
fort.
Mme Dionne: La diminution des budgets de 1981...
M. Garon: Les budgets n'ont pas baissé en 1981. Les
budgets n'ont jamais baissé pendant tout le temps que j'ai
été au ministère de l'Agriculture. Ils ont toujours
augmenté d'année en année. L'année où ils
ont augmenté le plus, c'est l'année 1981...
Mme Dionne: Est-ce que vous douteriez des paroles de Jacques
Proulx?
M. Garon: ...à cause des taux d'intérêt qui
ont été maintenus et qui ont augmenté principalement en
1981. Le budget du ministère de l'Agriculture au point de vue du
crédit agricole a augmenté d'une façon fulgurante et le
budget supplémentaire a dû arriver quelques semaines après,
au cours du mois de novembre 1981, parce que les taux d'intérêt
qui étaient à 14 % au mois d'avril étaient rendus à
21 % au mois de juillet.
Les gens trouvaient la situation très difficile, avec raison,
parce que les taux d'intérêt dépassaient 20 % depuis le
mois de juillet 1981. Le gouvernement s'était engagé dans des
avances de stabilisation, dans des crédits agricoles qui ont
représenté des sommes considérables où une
année - je ne me rappelle pas si c'est 1981 ou 1982 -les subventions au
crédit agricole se sont établies à 150 000 000 $.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez, puisque vous
vous êtes expliqué de part et d'autre, je donnerai maintenant la
parole au député de Saint-Jacques pour ses dix minutes de
commentaires sur le sous-amendement qui a été
présenté par M. le député de Lévis.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je vous remercie et je dois
surtout vous souligner l'immense fierté que j'ai d'intervenir à
la commission de la culture en tant que député de
Saint-Jacques.
Mme Dionne: Agriculture. Ce n'est pas la culture ici.
M. Boulerice: Ah, vous savez, entre le sillon et le microsillon,
il y a peu de différence! Là aussi, il y a des luttes importantes
à faire et le député de Saint-Jacques va les faire, M. le
Président. Que les gens de l'autre côté se le tiennent pour
dit. (17 h 15)
J'avoue lire l'étonnement des gens de voir le
député d'une circonscription urbaine, une circonscription
d'asphalte, de béton, de ciment et de néon intervenir sur
l'agriculture. J'interviens sur l'agriculture et je suis fier de mentionner, M.
le Président, que je suis petit-fils d'agriculteur et c'est ma plus
grande fierté. Si on ne saccage pas la protection des terres agricoles,
je réaliserai peut-être un jour mon rêve, qui est celui de
reprendre les terres qui appartenaient à ma famille et qui existent
encore, fort heureusement, à des fins agricoles, grâce à la
loi qu'a présentée le ministre de l'Agriculture du gouvernement
précédent.
Si nous sommes préoccupés d'agriculture dans le
comté de Saint-Jacques, malgré que ce soit un territoire urbain -
je dis "malgré" mais ce n'est pas le bon mot, l'agriculture doit
concerner tout le monde - c'est grâce, sans aucun doute, à
l'extraordinaire effort de sensibilisation qu'a fait auprès des
Québécois et des Québécoises l'ancien ministre de
l'Agriculture, sans doute le meilleur ministre de l'Agriculture que le
Québec ait jamais eu et n'aura jamais, mon collègue, le
député de Lévis. Il a véritablement mis - et
l'expression est consacrée - l'agriculture sur la carte et en a fait une
préoccupation nationale au Québec.
Il est intéressant qu'un député de Saint-Jacques
intervienne sur l'agriculture parce que la dernière intervention d'un
député libéral de Saint-Jacques sur l'agriculture date
d'une bonne cinquantaine d'années. Le dernier député
libéral à temps plein de Saint-Jacques, tout le monde va se le
rappeler, c'était l'honorable Vautrin, passé à l'histoire
sous l'appellation des "culottes à Vautrin". Vous vous rappelez cela? II
s'était acheté, pour aller visiter les terres de l'Abitibi, des
culottes, des "breeches", comme on le disait à l'époque, aux
frais de l'État, à 12,50 $. Il est donc passé à
l'histoire.
M. Pagé: II n'était pas ministre de l'Agriculture,
il était ministre de la Colonisation.
M. Boulerice: Justement, quelqu'un parle de colonisation. On
colonisait justement l'Abitibi pour développer l'agriculture. Vous me
donnez raison, M. le ministre...
M. Pagé: Non, c'était pour une partie de golf.
M. Boulerice: ...et je vous en remercie. La dernière fois
qu'un député de Saint-Jacques a parlé d'agriculture...
M. Pagé: 3,75 $.
M. Boulerice: ... il n'en demeure pas moins que c'est encore
Vautrin, passé à l'histoire sous l'appellation "les culottes
à Vautrin", toujours avec les fameuses "breeches" à 12,50 $...
C'est le cas de dire, il s'est retrouvé les culottes baissées. Il
ne faudrait pas que l'actuel gouvernement se retrouve dans la même
situation. On va faire en sorte que ça n'arrive pas.
Donc, après 50 ans d'absence de débat sur l'agriculture
dans le comté de Saint-Jacques, enfin, un député prend la
relève et c'est en continuité avec le programme de son parti,
c'est le député de Saint-Jacques qui le fait. On a de
l'intérêt pour l'agriculture, mais je suis vraiment
sidéré de voir que le ministre, par consigne à ses
collègues de la commission, ait refusé d'entendre l'Union des
producteurs agricoles, l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec, l'Union des municipalités du
Québec, l'Ordre des vétérinaires du Québec, la
Coopérative fédérée et le Mouvement
coopératif agricole. Va-t-il refuser d'entendre la Faculté
d'agriculture et d'alimentation de l'Université Laval?
Cet homme, qui se disait tantôt à l'écoute des
propos de sa collègue, la députée de Kamouraska...
Mme Dionne: Témiscouata.
M. Boulerice: ...Témiscouata, un homme qui est à
l'écoute, on l'a vu, qui est tellement à l'écoute qu'il
n'y a pas tellement longtemps, il écoutait les conversations des
ministres péquistes, il me semble qu'un homme d'écoute comme lui
ne devrait pas se refuser à écouter ceux qui comptent comme
intervenants dans le domaine de l'agriculture au Québec. S'il
était prêt à écouter les conversations des ministres
péquistes, peu importe le sujet, il me semble qu'il devrait avoir la
décence d'écouter la Faculté d'agriculture et
d'alimentation de l'Université Laval, la seule faculté de la
première université de langue française en Amérique
du Nord. Cela me paraîtrait pour le moins indécent qu'il se refuse
à écouter ces gens-là.
Dans le domaine de l'agriculture - et les lapsus ont des fondements
psychologiques - comme dans le domaine de la culture, on se refuse à
entendre les intervenants. Je l'ai malheureusement vécu vendredi soir
dernier avec sa collègue, la ministre de la Santé et des Services
sociaux, qui refusait d'entendre des intervenants dans le domaine de la
santé. Mais de quoi ont-ils peur? De ne pas vouloir entendre les gens,
surtout ceux qui dans ce pays du Québec ont une expérience, ont
une expertise, ont fait des études, savent de quoi ils parlent parce
qu'ils sont quotidiennement...
M. le Président, j'arrête mon chronométrage
personnel de façon à pouvoir m'arrimer avec la personne qui a la
gentillesse de le faire au nom de la commission et je vous demande de demander
aux gens d'en face de bien vouloir faire silence de façon que je puisse
exercer mon droit de parole. Si on ne veut pas entendre les intervenants on va
quand même entendre les membres de la commission, c'est le moindre des
respects parlementaires qu'on peut avoir.
Le Président (M. Richard): Vous avez tout à fait
raison, M. le député de Saint-Jacques. Nous avons deux choix: ou
nous écoutons les gens qui jasent entre eux ou nous vous
écoutons. Comme président, vous comprendrez que mon choix est
fort simple. Je vous donne la parole, M. le député de
Saint-Jacques pour que vous complétiez.
M. Pagé: M. le Président, je dirais même,
comme ministre, que vous devriez prendre les moyens pour que les propos et la
jasette cessent autour de la table parce qu'on veut écouter le
député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques, continuez votre temps.
M. Boulerice: M. le Président, je me réjouis
qu'à l'exemple de vos collègues vous rappeliez à l'ordre
les membres du parti majoritaire. J'apprécie les propos du ministre qui
veut écouter. Je lui souhaite d'ailleurs de pouvoir écouter mes
conversations dans quelques années. S'il continue avec le zonage
agricole c'est ce qui risque de lui arriver.
Comment se fait-il qu'on s'y refuse; qu'est-ce qu'on a à cacher
et qu'est-ce qu'on craint? Pourquoi refuser d'écouter, je le
répète une autre fois, des gens qui ont, dans ce domaine de
l'agriculture, une expertise? La Faculté des sciences de l'agriculture
et de l'alimentation de l'Université Laval n'est pas constituée
de deux de pique, M. le Président. C'est la première
faculté de la première université française en
Amérique du
Nord. Je trouve ça inconcevable et surtout dans un domaine aussi
essentiel que l'agriculture. L'agriculture nous intéresse à
Montréal parce que nous, citadins, avons besoin de manger. Vous savez
fort bien que ce n'est pas au coin des rues Sherbrooke et Amherst qu'on va
commencer à cultiver, malheureusement. C'est dommage que ces belles
terres agricoles ne soient pas dans mon comté. C'est la raison pour
laquelle je défends les comtés où il y en a encore.
Il n'y a pas tellement longtemps, je pense qu'on a sensiblement le
même âge, M. le Président, je me rappelle cette belle
ceinture verte qui entourait Montréal: l'île de Lavai et la rive
sud de Montréal, dont, notamment, le comté de Laprairie, qui est
le comté représenté par notre vice-président, votre
collègue, M. Saintonge. Cela a failli disparaître
complètement. Heureusement, l'ancien ministre de l'Agriculture,
l'honorable Jean Garon, député de Lévis, collègue
et ami, est intervenu après des hésitations, des tergiversations
et surtout l'inaction du gouvernement libéral précédent et
on a réussi à stopper cela. Mais si on est pour recommencer cette
vague de spéculations, et Dieu seul sait que je suis bien placé
comme député de Saint-Jacques pour vous parler de
spéculations, si on est à la veille d'avoir une
spéculation sur les terres agricoles pour en faire je ne sais trop
quoi... Nous vivons actuellement une affreuse spéculation
immobilière dans notre comté, qui nous vient d'ailleurs de
l'inaction et des propos inopportuns du ministre responsable de l'Habitation.
J'espère que le ministre de l'Agriculture aura beaucoup plus de prudence
que son collègue responsable de l'Habitation et qu'il n'aura pas cette
crainte d'écouter, encore une fois, Ies gens qui, dans le domaine de
l'agriculture, ont des choses à nous dire.
Vous savez, aujourd'hui - quelqu'un nous disait: Mon Dieu! si on avait
ça, qu'on serait donc riche - on parle des puits de pétrole
-Koweït, Arabie, Irak, Iran, etc, Qatar, Omar et tous ces émirats.
L'arme de demain, quand on sait que les deux tiers du monde ne mangent pas
à leur faim, les pays riches de demain sont les pays qui seront capables
de produire les denrées nécessaires à l'alimentation de la
population mondiale. Nous avons, la chance inouïe et
inespérée au Québec d'avoir des terres arables - et
françaises - des terres cultivables, un territoire agricole qui peut
nous permettre de produire encore plus qu'on le fait actuellement.
Mon collègue, le député de Lévis, a
parlé d'aquaculture et d'hydroculture qui sont de nouvelles formes de
culture. On est bien placé, dans le domaine de l'agriculture, pour non
pas atteindre un degré d'autosuffisance mais aller bien au-delà
de ça, d'être l'un des pays nourriciers de la planète,
demain, ce qui va nous procurer des avantages économiques
incommensurables. Ceux qui sont riches de pétrole aujourd'hui seront
pauvres, malheureusement pour eux, à comparer à nous qui serons
énormément riches, parce que nous aurons des productions
agricoles vendables ici, pour notre population, et vendables pour l'ensemble du
monde entier.
Je demanderais au ministre de prendre en considération
l'amendement et le sous-amendement qu'a présentés mon
collègue, le député de Lévis, ancien ministre de
l'Agriculture et, sans aucun doute, futur ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Mon temps est fait.
M. Boulerice: Vous allez me passer l'Agriculture? Saint-Jacques
sera heureux de s'occuper de l'Agriculture, monsieur mon collègue.
J'aimerais que le ministre qui, j'espère, ne se refuse pas à
écouter, c'est un homme d'écoute, je l'ai dit tantôt: il
écoute tout... J'aimerais bien que le député de Portneuf
et actuel ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
écoute les gens du département de l'agriculture et de
l'alimentation de l'Université de Montréal. Je suis
persuadé que cela va enrichir sa réflexion et que ce sera pour le
meilleur de l'agriculture au Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Maintenant, M. le député
de Lotbinière?
M. Camden: Oui, s'il vous plaît. Si le député
de Saint-Jacques me le permet, j'aurais une question à lui poser.
Le Président (M. Richard): En rapport avec l'article 212,
M. le député de Lotbinière?
M. Camden: À la suite de sa dernière allocution, M.
le Président, oui.
Le Président (M. Richard): C'est tout à fait exact.
Vous avez la parole, M. le député de Lotbinière.
M. Camden: Le député de Saint-Jacques le veut bien,
oui?
M. Garon: C'est l'article 213.
Le Président (M. Richard): C'est l'article 213, à
ce moment-là.
M. Boulerice: Écoutez, à un député
libéral qui a perdu ses culottes dans Saint-Jacques, on n'a rien
à cacher. Il peut poser une question s'il le veut.
Une voix: ...Vautrin.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques accepte. Alors, votre question, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Je l'apprécie beaucoup, vous savez. Je veux
savoir de la part du député de Saint-Jacques à combien il
évalue, en dollars, l"'incommensurabilité" de la production
agricole qu'il laisse entendre.
M. Boulerice: M. le Président, sans aucun doute, puisque
le sujet nous préoccupe, cela fait longtemps que l'on discute
d'agriculture, au lieu d'aller d'étude en étude et de tablette en
tablette comme cela se fait dans les différents ministères du
gouvernement actuel et comme nous sommes confiants dans l'avenir du
Québec, comme nous croyons que l'avenir nous appartient, au
Québec, dans plusieurs des secteurs de pointe, autant en agriculture
qu'en culture, je pourrais lui répondre sans aucune hésitation
que nos évaluations sont très nettement supérieures
à ce qu'il a pu imaginer, s'il l'a imaginé, ou calculer, s'il a
été capable de calcul, parce que l'on a foi en la
compétence du Québec et le développement agricole du
Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: M. le Président, j'ai un peu de
difficulté à cerner le point entre la "commensurabilité"
de nos évaluations et l"'incommensurabilité" des siennes.
M. Pagé: Dans une question additionnelle, M. le
Président, il faut poser une question.
M. Boulerice: Ha! Ha! Ha!
M. Camden: Pour satisfaire le député de Portneuf et
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation...
M. Pagé: "Est-ce que".
M. Camden: "Est-ce que", en prime.
Une voix: Oui ou non?
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a des
commentaires là-dessus? Vous voulez poser votre question sous
forme...
M. Camden: Je crains manifestement d'être obligé de
rester sur mon appétit des chiffres et de me rabattre, pour le combler,
sur l'agriculture, sur la production agricole.
Le Président (M. Richard): Pour autant que vous ne vous
rabattiez pas sur la présidence. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je suis heureux de
constater ce renversement de situation inespéré, à savoir
que le parti gouvernemental ne reconnaît plus son propre ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
préfère maintenant poser les questions sur l'agriculture au
député de Saint-Jacques. Je pense que mes concitoyens vont
être très heureux de cela.
M. Garon: L'évolution. Je leur ai toujours...
M. Boulerice: L'évolution... Je leur ai toujours
montré je suis toujours préoccupé...
M. Pagé: Tout Saint-Jacques doit être en transes au
moment où l'on se parle.
M. Boulerice: Effectivement, tout Saint-Jacques. D'ailleurs,
Saint-Jacques écoute tout. C'est cela qui l'a motivé dans son
choix du 2 décembre. Je vous promets plusieurs autres Saint-Jacques
à la prochaine élection. D'ailleurs, Saint-Jacques se rappelle,
M. le Président, puisque c'est dans le comté de Saint-Jacques
que, malheureusement, on a coupé le Parc des expositions
agroalimentaires qui avait été projeté par le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du gouvernement du
Parti québécois. Donc, oui, nous l'aurons dans la mémoire
longtemps, comme le dit cette bonne chanson québécoise. (17 h
30)
Quant à la question du député de Lotbinière,
M. le Président, encore une fois, je vous fais part de mon
étonnement de voir qu'il refuse d'emblée la compétence du
ministre de l'Agriculture actuel et adresse des questions au
député de Saint-Jacques. J'aurais bien le goût d'engager
très longuement un débat sur l'agriculture avec lui, mais
justement, M. le Président, vous m'empêchez de le faire et je
comprends que vous avez un code de procédure à respecter, sauf
que je suis toujours à la disposition de mon honorable collègue,
le député de Lotbinière, qui doit toujours venir me voir
à mon bureau. Mais je lui dis qu'il ne lui reste que trois ans, qu'il
fasse vite, qu'il vienne me voir à mon bureau...
Une voix: Peut-être deux.
M. Boulerice: ...peut-être deux, et à ce moment, je
me ferai un plaisir de discuter de l'agriculture, parce que c'est un sujet qui,
personnellement, me passionne et que j'ai à coeur, et je lui
répéterais que s'il est resté sur son appétit, nous
nous battons, nous, en commission parlementaire, pour la protection des
territoires agricoles de façon qu'au Québec on ne reste pas sur
notre appétit, point!
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Camdem: J'aurais préféré jeter
plutôt mon dévolu intellectuel sur la bibliothèque du
parlement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lotbinière. Maintenant, M. le
député de Terrebonne, vous voulez intervenir pendant dix minutes.
Je suggérerais que ce soit en fonction de la visite ici de
représentants de la Faculté d'agriculture et d'alimentation de
l'Université Laval.
M. Blais: Vous êtes très pertinent, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député, à vous la parole pour les dix prochaines
minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: Alors, je vous remercie beaucoup, M. le
Président. C'est avec une fébrilité et un goût
apparents que je prends la parole pour la trente-troisième fois à
cette commission parlementaire.
M. le Président, nous demandons de faire venir des
représentants de la Faculté d'agriculture de l'Université
Laval. Monseigneur François de Montmorency Laval, qui a donné son
nom à cette université, est arrivé, je crois, en
1659..,,
M. Garon: II venait de Saint-Germain-en-Laye.
M. Blais: ...mais, pour être pertinents... M. Garon:
...à Paris.
M. Blais: ...je vais reculer en 1608, où le premier
agriculteur qui a mis les pieds à Québec, M. Louis Hébert,
est arrivé ici - il est mort du scorbut d'ailleurs en 1609, au
printemps...
Une voix: Est-ce vrai?
M. Blais: Oui...qui, lui, a été le premier
agriculteur et tous les agriculteurs et les producteurs agricoles
québécois marchent dans son sillon aujourd'hui. C'est lui qui a
semé la première graine en terre québécoise et
c'est lui qui est un peu le modèle, c'est lui qui a appris à
faire prendre racine à nos agriculteurs en terre
nord-américaine.
Québec, 1608, fondation, Champlain, souvenir, beauté, Cap
Diamant, fleuve immense...
M. Pagé: ...considération, attachement profond.
M. Blais: ...profond, lumière tamisée...
M. Pagé: ...c'est le "fun" à mort...
M.
Blais ...et histoire.
M. Pagé: ..."fun" à mort.
M. Blais: ...et voici que la faculté de
l'Université Laval rappelle à tout Québécois cette
histoire qui est nôtre, parce que, en Amérique du Nord, ce sont
les francophones et c'est à Québec que la main de l'homme a mis
pour la première fois le pied, par l'arrivée, justement, de
Champlain. Nous avons développé une ville superbe, une ville
extraordinaire et la seule ville avec portes, la seule ville avec mure, en
Amérique du Nord, la seule ville d'Amérique du Nord avec des murs
et la seule ville en Amérique du Nord avec des portes, c'est la seule.
On aura beau murmurer autour de moi, faire les sceptiques, grogner, grommeler,
roucouler, boubouler même, parce qu'à cette heure, je crois qu'on
peut boubouler - boubouler, pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est parler
comme des hiboux qui jacassent lorsque le soir tombe. On appelle cela
boubouler; ce n'est pas parler comme M. Bourassa, c'est parler comme un hibou,
le soir, des mots imperceptibles et incompréhensibles. Il peut y avoir
analogie, mais ce serait par partisanerie que je le dirais, et dans des
discussions comme celle-là, je ne suis pas partisan du tout.
M. Garon: Une chance que vous avez donné des explications,
parce que je ne suis pas certain qu'il y ait des hiboux aux
Îles-de-la-Madeleine.
M. Blais: Non. Est-ce en vertu de l'article 212 qu'il y a un
hibou là? On demande ici de faire venir les représentants de la
Faculté de l'agriculture de l'université. Ce serait une bonne
chose, pour rappeler que ce sol québécois a été
conquis après de durs labeurs. Cela semble bien dur en tout cas. Quand
on lit l'histoire, on se rend compte que nos ancêtres ont eu beaucoup de
difficultés. D'abord, ils ont eu beaucoup de difficultés à
se rendre à Québec. La traversée à ce moment
prenait trois mois et demi à quatre mois et combien de ces nobles
personnes qui désiraient venir ici pour rendre hommage à cette
terre arable toute nouvelle, combien de ces personnes sont mortes en cours de
route? C'est incroyable.
Dire qu'aujourd'hui, on est assis ici dans un grand confort,
après que ces gens ont dû peiner pour nous, combien de temps, pour
nous donner cette sécurité et ce confort moderne que nous avons.
Faire venir les gens de la Faculté de l'agriculture de
l'Université Laval serait comme une espèce de rappel historique
pour rendre hommage en
même temps qu'aux agriculteurs dont Québec est le berceau
en Amérique du Nord, le berceau de l'agriculture, à ceux qui ont
fait qu'au Québec nous commençons à vibrer au son de
l'histoire, parce que c'est la plus vieille ville emmurée de
l'Amérique du Nord. D'autant plus que cette ville vient
d'être reconnue mondialement comme une ville patrimoniale. C'est un
grand honneur qui échoit à la ville de Québec.
Aussi, lorsqu'on se promène par des soirs paisibles comme
aujourd'hui et qu'on voit les calèches...
M. Pagé: Bravant la tempête.
M. Blais: ...qui, à n'importe quelle température,
à longueur d'année, se promènent. On entend le "clic-
clouc", c'est donc joli d'entendre les sabots des chevaux sur nos pavés
antiques. C'est un son qui, en soi, porte à se rappeler l'histoire. On
voit les caléchiers se promener et expliquer tous les monuments
historiques qui s'offrent à notre vue.
M. Pagé: Un cheval qui est en santé. Un
étalon qui est en santé.
M. Blais: On voit pas loin d'ici aussi, pas loin de
Québec, où, en 1664, est arrivé Pierre Blais, mon
ancêtre. Il venait du Poitou. Il s'est installé là, il
était cultivateur et Pierre Blais, mon ancêtre dont je suis fier -
c'est loin l'agriculture dans mes veines, 1664. Aujourd'hui, sur l'île,
il y a des cultivateurs, il y a aussi des poètes. Il y a le philosophe
de l'île. Vous connaissez le vieillard au regard bleu, Félix
Leclerc. Il est là. II attend. H surveille comme un phare
l'entrée. Il est là sur le bout de l'île, perché au
haut de son socle, regardant le Québec de son oeil bleu. Le grand
philosophe qui nous dit: Attention, peuple du Québec, regardez ce
territoire immense que les nôtres possèdent. Regardez ce
territoire de choix, ce sol arable et productif, cette terre nourricière
qu'on doit protéger. Il nous dit: J'ai chanté cette terre sur
tous les tons. Elle m'a charmé depuis ma tendre enfance. Beaucoup de
personnes avec la charrue, la herse, l'ont renversée sur leur passage.
Combien de personnes y ont mis le germe de la culture de demain!
Attention à vous, législateurs du Parlement d'aujourd'hui,
conservez notre patrimoine de façon intacte! N'allez pas permettre
à certains législateurs de briser
l'homogénéité qui existe dans ce territoire et qui rend
à l'agriculture cette noblesse qui est sienne depuis la fondation de
Québec en 1608, avec l'arrivée de Louis-Hébert et depuis
l'arrivée de mon ancêtre, Pierre Blais, à l'île
d'Orléans. Depuis ce temps, noblesse oblige, respect de la terre,
respect de ceux qui la cultivent, respect de tous ceux qui, ce soir, nous
écoutent et respect aussi pour tous ceux qui demandent aux
législateurs de retirer cette loi que les cultivateurs ne peuvent pas
voir. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Maintenant, je mets donc aux voix le
sous-amendement.
M. le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'est l'appel
nominal ou si...
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Richard): ...vous prenez le même
vote que tout à l'heure?
M. Pagé: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Appel nominal, M. le
ministre.
M. le secrétaire, si vous voulez faire l'appel nominal.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine):
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe):
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes):
Mme Legauit: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata):
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Pour.
Des voix: Bravo!
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
Une voix: II a un sens de la décision.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Pour celui qui enregistre... ce lapsus.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Moi, je suis pour.
M. Garon: Je dois dire que je suis pour à 100 %, M. le
Président...
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...d'autant plus que c'est ma proposition.
Le Président (M. Richard): Tout à fait. Votre
proposition étant rejetée, nous revenons à l'amendement
qui avait été présenté, à ce
moment-là, par M. Blais de Terrebonne qui était celui-ci: La
motion préliminaire est modifiée par l'ajout de faire venir ici
en audition l'Ordre des agronomes du Québec.
M. Garon: Je n'avais pas parlé là-dessus, je
pense.
Le Président (M. Richard): Oui. M. Blais qui était
proposeur avait parlé. M. Garon avait parlé. Donc, s'il n'y a pas
d'autres intervenants, je devrai appeler...
M. Pagé: On passe à l'article 1.
M. Garon: M. le Président, il y a le député
de Laviolette. Si vous voulez me donner une seconde, il ne peut être
à deux endroits en même temps. Il est membre de cette commission,
mais à cause du projet de loi sur l'éducation qui est
appelé en même temps... Il est venu vérifier ici et il est
retourné à l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Si le député de Laviolette court
deux lièvres à la fois, ce n'est pas notre problème.
M. Garon: Ce n'est pas sa faute. C'est que les projets de loi
sont appelés par le gouvernement et ils ont été
appelés en même temps. Alors, je vais aller chercher rapidement le
député de Laviolette parce qu'on sait que...
M. Pagé: Les péquistes de la première heure,
qui n'étaient que sept - oui, pour commencer, on en a eu sept, ensuite,
six -étaient de véritables indépendantistes, des vrais,
des purs. Aujourd'hui, ils sont tous un peu faiblards,
néo-fédéralistes une journée, souverainistes le
lendemain, indépendantistes, oui, mais plus tard. Là, on vient de
voir encore une fois le sens de l'indécision qui les anime. Un proposeur
qui vote non, qui dit oui, qui affirme très clairement ni oui, ni non,
bien au contraire et qui nous demande de suspendre quelques minutes pour
entretenir un "filibuster". Vous savez, on est bons, on est
généreux, on est patients, mais ne nous en demandez pas trop,
Seigneur! On est prêts à passer à l'article 1, M. le
Président.
M. Blais: Non, non. Il y a des votes à prendre avant.
Prenez le vote.
Le Président (M. Richard): Je dois spécifier
que...
M. Pagé: Mais votons.
Le Président (M. Richard): ...le vote serait
appelé, à ce moment-ci, sur l'amendement. Mais cela ne serait pas
immédiatement l'article 1, parce qu'après cela nous revenons
à la motion préliminaire qui a été
présentée par M. Garon...
M. Blais: Allez-y, allez-y.
Le Président (M. Richard): ...et sur laquelle M. Garon a
parlé, ainsi que M. Jolivet et M. Blais.
M. Saint-Roch: Les droits de vote sont complètement...
Le Président (M. Richard): Non, mais ils ne sont pas tout
à fait complétés sur la motion préliminaire...
M. Pagé: Mais votons.
Le Président (M. Richard): ...sauf qu'on voterait à
ce moment-ci sur l'amendement qui était l'amendement de M. Blais,
député de Terrebonne, à l'effet de faire venir
l'Ordre des agronomes du Québec. Est-ce que nous sommes d'accord
avec cela?
M. Blais: Appel nominal, allez-y.
Le Président (M. Richard): M. le ministre?
M. Pagé: Votons.
Mise aux voix des motions de sous-amendement
et d'amendement
Le Président (M. Richard): M. le secrétaire, appel
nominal sur la motion d'amendement qui avait été
présentée par M. le député de Terrebonne à
l'effet de faire venir l'Ordre des agronomes du Québec. (17 h 45)
Le Secrétaire: M. Farrah (Iles-de-la-Madeleine):
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe):
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes):
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata):
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville):
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf):
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis):
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne): M. Blais:
Pour.
Le Président (M. Richard): La motion est donc
rejetée.
Maintenant, nous revenons à la motion préliminaire qui
avait été présentée par le député de
Lévis. Actuellement, le député de Lévis avait
épuisé son droit de parole de 30 minutes, le député
de Laviolette, 10 minutes, le député de Terrebonne, 10 minutes.
S'il s'y a pas d'autres intervenants, je n'aurai pas d'autre solution que celle
de demander le vote.
M. Blais: Merci.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, est-ce que vous
avez des commentaires avant de demander le vote?
M. Pagé: Non plus.
Le Président (M. Richard): M. le secrétaire, s'il
vous plaît, le vote sur la motion préliminaire
présentée par le député de Lévis.
Le Secrétaire: M. Farrah (Iles-de-la-Madeleine):
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe):
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Pourriez-vous lire la proposition, M. le
Président?
M. Garon: Vous n'avez pas lu la proposition, on ne peut pas
savoir où on en est rendu.
Le Président (M. Richard): ...préliminaire
était celle-ci: Que la commission tienne...
Une voix: Le vote était appelé, M. le
Président.
M. Garon: Oui, mais...
Une voix: On ne sait plus sur quoi on vote.
Le Président (M. Richard): ...Je m'excuse. Que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 132, Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire
agricole, des consultations particulières quant à tous les
éléments dudit projet de loi et qu'à cette fin,
elle entende l'UPA, l'Union des producteurs agricoles du Québec. M. le
secrétaire, vous pouvez continuer le vote.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé):
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes):
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata):
Mme Dionne; Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Richard): Donc, la motion
préliminaire est rejetée, et nous allons commencer l'étude
du projet de loi...
M. Blais: M. le Président, un instant, s'il vous
plaît! Je tiens à vous rappeler une chose d'une importance
capitale. Autant pour la personne qui chronomètre que pour vous, il me
reste une minute à moi sur les remarques préliminaires avant de
commencer, s'il vous plaît, et je veux la prendre. J'ai fait, à
deux reprises, remarquer qu'il me restait une minute.
Le Président (M. Richard): Vous avez raison, M. le
député de Terrebonne. Vous avez donc la parole pour une minute
sur la motion préliminaire.
M. Blais: J'ai une minute pour faire un amendement, et je
demanderais qu'on reçoive ici M. Jacques Parizeau.
Le Président (M. Richard): Juste un instant.
M. Tremblay (Iberville): II y a un problème, car on vient
de voter.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, mais on vient de
voter la motion préliminaire.
M. Tremblay (Iberville): Normalement, le droit de vote est
fini.
M. Blais: Très bien, mais j'ai une minute et j'ai le droit
de présenter une motion dans ma minute. Il me reste une minute de
remarques préliminaires. Alors, j'ai le droit de présenter une
motion. Que la commission tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 132, Loi modifiant... les
éléments dudit projet de loi et qu'à cette fin on
reçoive M. Jacques Parizeau. Voila!
Le Président (M. Richard): Vous avez le droit, dans votre
minute, de faire une motiono Toutefois, selon les normes, elle n'est pas
recevable parce que c'est une motion d'amendement à la motion
préliminaire.
M. Garon: Mais non.
M. Blais: Absolument pas.
M. Garon: Elle est votée.
M. Blais: Elle est votée, et il me reste une minute de
préliminaires. J'ai le droit de faire une nouvelle motion.
M. Garon: Vous n'avez pris que dix secondes pour la faire.
M. Blais: J'ai pris dix secondes et j'ai encore 50 secondes de
préliminaires. Je peux en faire dix encore.
M. Tremblay (Iberville): ...en fonction d'un droit de vote...
M. Pagé: Voulez-vous prendre cela en
délibéré, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Non, je pense que le...
M. Blais: M. le Président, je poserais une question de
règlement, s'il vous plaît, pour qu'on s'éclaire
mutuellement.
M. Pagé: Levez-vous qu'on vous regarde.
M. Blais: Hier et aujourd'hui, à deux reprises, de
façon scientifique et voulue, je
vous ai demandé, j'ai demandé au secrétaire et j'ai
demandé à la personne qui chronomètre de bien marquer
qu'il me restait toujours une minute dans mes remarques préliminaires.
Deux fois, le secrétaire, vous-même et la demoiselle qui
chronomètre avez dit: II vous reste toujours une minute dans vos
remarques préliminaires. Maintenant que les gens ont
épuisé les choses, j'ai toujours ma minute de remarques
préliminaires. Durant cette minute, vu qu'il n'y a aucune proposition
sur la table, il m'est loisible, de façon technique, de présenter
un amendement et de présenter une motion préliminaire - en voici
une - et je l'ai présentée. Je ne peux pas voir pourquoi elle ne
serait pas recevable, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Techniquement, c'est
évident qu'il vous restait une minute.
M. Blais: J'ai pris quoi? 15 ou 20 secondes.
Le Président CM. Richard): D'accord. Vous avez le droit de
l'utiliser. Vous avez le droit de demander de présenter une motion, sauf
que, maintenant, il s'agit pour moi, comme président, de vérifier
si elle est recevable ou non.
M. Blais: C'est cela.
Le Président (M. Richard): Ce n'est pas parce que vous
aviez une minute qu'elle est automatiquement recevable.
M. Blais: Vous avez raison.
M. Garon: II a pris seulement dix secondes sur sa minute.
M. Blais: Vous avez raison.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, on
suspend les travaux quelques minutes. On va faire seulement une
vérification technique, et je vais porter mon jugement sur la
recevabilité ou non de votre motion.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 52)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, je porte
le jugement sur votre demande...
Une voix: Tout le monde debout.
Le Président (M. Richard): ...et je me dois de la rejeter
pour les raisons suivantes. Il est très clair dans la jurisprudence,
dans ce qu'on appelle ici le règlement annoté Geoffrion et dans
toutes les références que nous avons ici que cette motion
d'amendement dans un cas similaire est irrecevable car elle a les mêmes
effets que la motion présentée ou que les motions
présentées précédemment. Selon la coutume, une
motion ne doit pas soulever une question identique au fond à une
question dont la commission a déjà décidé, à
moins qu'elle n'indique des faits nouveaux.
Alors, c'est tout à fait la même chose que tous les
amendements et les sous-amendements qui ont été
présentés et, comme président, je dois rejeter
votre...
Une voix: M. le Président...
M. Blais: On n'a pas le droit de discuter.
Le Président (M. Richard): Non, je regrette. D'ailleurs,
il y a une autre décision qui s'ajoute à cela, selon l'article
185, qui est tout à fait conforme à ce que je mentionnais
précédemment. L'amendement est tout a fait dans le même
type, la même forme d'amendement, la même forme de sous-amendement
que ce...
M. Pagé: ...chose jugée.
Le Président (M. Richard): ...que la commission par vote
majoritaire a rejeté dans trois ou quatre exemples et jusqu'à la
motion préliminaire. Je dois, selon les références qu'on
me fait ici, selon la jurisprudence et la réglementation annotée,
rejeter votre amendement.
M. Blais: M. le Président, je me conforme volontiers
à votre jugement, mais est-ce que j'aurais pu présenter, dans la
minute, une motion qui aurait pu être recevable? Et si j'avais pu
présenter une motion recevable, de quel ordre pouvait-elle être?
En premier lieu, je croyais que nous faisions venir des groupes, des
associations, des formations et, vu que ces groupes ont été
refusés, nous croyions amener une proposition tout à fait
différente en faisant venir des individus, des spécialistes. Je
crois que les deux étaient complètement différentes. C'est
pour cela que j'y suis allé avec le nom d'une personne qui est un grand
spécialiste. Alors, je ne comprends pas pourquoi on dit que c'est de
même nature. Je ne crois pas que ce soit de même nature. Je suis
obligé de me plier à votre décision, mais...
M. Garon: II y a une enquête qui est faite par l'Union des
municipalités dans tout le Québec actuellement.
M. Blais: Je dis qu'on a demandé de
recevoir des groupes. On a invité des groupes avant, des
associations et, là, on demande une personne. Donc, c'est très
différent. Le parti ministériel ne veut pas recevoir des groupes
ou des associations, par son nombre, je ne le sais pas, H a ses raisons pour ne
pas vouloir recevoir ni l'union des cultivateurs ni toutes les
différentes associations ou les syndicats, l'UPA, etc. Hé bien!
J'ai dit: Ils ne veulent pas recevoir les groupes, donc, peut-être qu'ils
pourraient recevoir des spécialistes en la matière. Alors, j'ai
décidé de faire venir une chose nouvelle, le nom d'une personne,
un grand spécialiste. On m'a dit que c'est de même nature. Je n'y
comprends rien.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, dans le sens où vous vous interrogez, à l'article
244, il est bien stipulé ceci: "Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission peut décider de tenir des
consultations particulières dans le cadre de son mandat."
C'est sous cet article que l'on présente depuis plusieurs heures
des amendements et des sous-amendements. Le législateur avait
prévu à l'article 244 que des consultations particulières
pouvaient être faites avec des individus ou des groupes ou les deux
à la fois ou indépendamment l'un de l'autre ou ensemble. Donc, ce
sont, soit des consultations privées d'individus, soit des consultations
de groupes. Alors, malheureusement, comme président, j'ai le droit de
dire que c'est non recevable.
M. Blais: Je dis que je m'incline devant votre décision.
Je ne la discute pas, mais je demanderais seulement une explication pour ma
propre gouverne. Je ne le sais pas, il est six heures moins quatre minutes.
Hé bien! Nous recommencerons à 20 heures, si vous le voulez
bien.
Le Président (M. Richard): Si vous n'avez pas d'objection,
est-ce que cela va? Cela veut dire que nous allons passer, à 20 heures,
à l'étude article par article...
M. Pagé: M. le Président, je serais disposé
à ce qu'on suspende tout de suite pour autant que vous appeliez
l'article 1 formellement.
Le Président (M. Richard): On appelle donc, dans le projet
de loi...
M. Blais: Un instant, M. le Président. Un instant!
M. Pagé: Projet de loi 132.
Le Président (M. Richard): Projet de loi 132.
M. Blais: Un instant, M. le Président. En suspendant
immédiatement, est-ce qu'on est obligé de dire qu'on... On n'est
pas obligé. L'article n'est pas appelé encore.
M. Pagé: L'appelez-vous ou si vous ne l'appelez pas, M. le
Président?
M. Blais: Un instant. C'est moi qui ai la parole.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Pagé: C'est lui qui préside.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Je demande la parole avant que vous n'appeliez
l'article 1, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Sur une question de...?
M. Blais: Peu importe, celle que vous voudrez, mais je veux
parler. Question de règlement.
M. Pagé: M. le Président, il ne peut pas parler sur
autre chose que sur le projet de loi, voyons donc!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, actuellement, au moment où nous sommes, nous sommes à
l'étude article par article du projet de loi.
M. Blais: M. le Président. Non. C'est parce que je
voudrais vous demander une chose. Je voudrais qu'à cette loi nous
mettions un préambule avant l'article 1 et je vais vous demander de
façon technique de quelle façon un préambule peut
être mis.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à cette question et vérifier si vous voulez modifier le
préambule et le titre, c'est après l'adoption des articles.
M. Garon: Non, non, non. M. Pagé: Oui.
M. Garon: Le titre, c'est une affaire, mais le
préambule...
M. Blais: Je voudrais ajouter un préambule...
M. Pagé: Après.
M. BIais:...avant l'article 1. Cette loi modifiant la protection
du territoire agricole, c'est le titre, je voudrais qu'il y ait là,
avant, un préambule qui dise le respect que nous devons avoir
pour la classe agricole québécoise. Je veux cela comme
préambule avant d'attaquer leur territoire.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne, normalement, les us et coutumes disent qu'un préambule fait
particulièrement et normalement partie des projets de loi privés
et, normalement, il n'y a pas de préambule dans les projets de loi
publics. C'est un cas d'exception, si toutefois il y en a.
M. Blais: M. le Président, je vous...
Le Président (M. Richard): Mais massivement, c'est
normalement dans les projets de loi privés.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Blais: Je vais vous demander, pour ma propre gouverne,
j'aimerais... Voulez-vous me laisser finir, M. le député? M. le
Président, j'aimerais introduire un préambule avant l'article
1.
M. Pagé: Et le ministre n'a déjà pas le
droit de faire un préambule.
M. Blais: M. le Président, je vous demande cela. Je sais
qu'en tant que député, j'ai le droit d'apporter n'importe quel
amendement, n'importe quel préambule à n'importe quelle loi,
à la condition que cela ne touche pas quelque chose de
pécuniaire. J'en ai le droit. Si c'est quelque chose qui touche
l'argent, seul un ministre peut l'apporter, mais j'ai le droit d'apporter des
amendements à tous les projets, à tous les articles et partout,
et j'ai le droit d'amener, si bon me semble, un préambule à ce
projet de loi. Je vous demande, M. le Président, de recevoir un
préambule que j'aimerais vous donner avant d'attaquer l'article 1 de ce
projet de loi.
M. Pagé: Allez délibérer jusqu'à 20
heures, M. le Président. C'est ce que je vous propose.
Le Président (M. Richard): Maintenant...
M. Blais: Je suis prêt à accepter une
délibération.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez, puisque
je...
M. Blais: Je vous permets tout, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Puisque nous reconnaissons de
part et d'autre qu'il n'est pas habituel et coutumier d'avoir un
préambule dans un projet de loi public, je prends en
délibéré cette possibilité ou cette interrogration
de la part du député de Terrebonne et nous suspendons
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Richard): La commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation reprend donc ses travaux. Comme
président, je vous rappelle le mandat de cette commission. Il s'agit de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi - je m'excuse, nous en avons deux...
M. Blais: 132, M. le Président.
Le Président (M. Richard): ...117, Loi modifiant à
nouveau la Loi sur la protection sanitaire des animaux, et aussi à
l'étude détaillée du projet de loi 132, Loi modifiant la
Loi sur la protection du territoire agricole.
L'étape des motions préliminaires étant
terminée, nous en sommes à l'étude détaillée
de la loi. À ce moment-ci, j'appellerais l'article 1.
M. Blais: M. le Président, vous aviez suspendu nos travaux
pour rendre une décision sur le fait que le préambule doit
être présenté à la fin, je crois, et non au
début.
Le Président (M. Richard): Vous avez tout à fait
raison, M. le député de Terrebonne. Je vais rendre un jugement
à la suite de votre interrogation. Effectivement, votre motion - parce
que vous aviez présenté cela dans le sens d'une motion - est
irrecevable.
M. Blais: C'est grave, cela. M. Jolivet: M. le
Président.
M. Blais: Avant de dire qu'elle est irrecevable, est-ce que l'on
peut plaider?
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Jolivet: Est-ce que je peux vous poser une question? Vous
allez rendre un jugement. Ce n'est pas une question, il n'a pas rendu sa...
Est-ce que vous pourriez me dire si, dans le temps, vous pourriez la rendre
recevable, mais non pas acceptable à ce moment-ci? Je pense qu'il y a
une différence à faire. Irrecevable, c'est dans le
sens qu'elle n'est pas recevable du tout. Vous pourriez dire qu'elle est
recevable, mais qu'elle n'est pas discutable maintenant; je vous comprendrais
mieux.
Le Président (M. Richard): Au départ, oublions
toute la mécanique. Ce que le député de Terrebonne
demandait, c'est si l'on peut préparer et discuter pour avoir
éventuellement, à cette loi modifiant... C'est une loi qui
modifie une autre loi; donc, ce n'est pas la loi initiale, c'est une
modification. Pour une loi qui modifie, il n'y a pas lieu d'y avoir un
préambule. Selon la jurisprudence, nous avons constaté que, d'une
part, il n'y a pas de préambule; donc, on ne peut pas parler de
modification du préambule existant; il n'existe pas comme tel. D'autre
part, les préambules sont à la fin, après...
M. Jolivet: Après l'article.
Le Président (M. Richard): ...les articles comme tels;
après vérification autant au niveau provincial qu'à la
Chambre des communes, dans Geoffrion que dans...
M. Pagé: Wade.
Le Président (M. Richard): Exactement, en plus de May.
Pendant l'heure du souper, nous avons relevé toutes les
vérifications. On pourrait vous les montrer, si vous voulez les
consulter éventuellement.
M. Jolivet: Est-ce que je pourrais vous faire une demande de
directive, M. le Président? Je pense que vous avez complètement
raison. On ne discutera pas le fait qu'il pourrait y avoir une proposition dans
ce sens à condition qu'elle soit présentée une fois qu'on
aura étudié article par article.
Une voix: Non. Non.
M. Jolivet: Oui, c'est ce qu'il vient de dire.
Le Président (M. Richard): Je veux simplement ajouter
quelque chose au niveau des préambules. Il est indiqué ici, au
niveau de la notation en ce qui concerne, entre autres, la Chambre des communes
et la jurisprudence qu'on identifie comme étant de Beauchesne: II n'est
pas loisible de joindre un préambule à un projet ou à une
proposition de loi qui n'en comporterait pas à l'origine.
M. Jolivet: D'accord. On pourrait modifier, mais non pas en
ajouter. D'accord.
Donc, comme il n'y en a pas, ce n'est pas présentable.
M. Blais: Parce que cette loi vient modifier une loi
déjà existante. Si c'était une loi toute nouvelle, on
pourrait mettre un préambule parce que ce serait sa première
apparition en Chambre.
Le Président (M. Richard): C'est une hypothèse.
M. Blais: D'accord.
Le Président (M. Richard): En pratique, selon ce que nos
juristes nous ont mentionné, c'est normalement le ministre
impliqué qui juge si, oui ou non, à la base il doit y avoir un
préambule. N'oublions pas qu'un préambule, c'est pour expliquer
d'une façon plus précise les articles qui vont suivre, qui
souvent sont des articles un peu plus complexes au point de vue technique.
M. Jolivet: M. le Président, si c'est exact ce que vous
dites, nous sommes rendus à l'étape de l'étude article par
article...
Le Président (M. Richard): L'étude article par
article et j'appellerais l'article 1. Pardon?
M. Blais: Écoutez, avant de passer à l'article 1,
je pourrais - il me reste 40 secondes - faire une proposition qui serait
recevable, mais je ne la ferai pas dans le contexte actuel.
Le Président (M. Richard): Par contre, M. le
député de Terrebonne, en ce qui a trait aux quelque 40 secondes
qu'il vous reste, je dois dire ceci. Même si on alloue un maximum de 10
minutes par intervention, 30 minutes lorsque vous êtes le proposeur d'une
motion, vous n'êtes pas dans l'obligation - ce n'est pas une banque - de
consommer tout votre temps, vous pouvez arrêter après 19 minutes
comme vous pouvez arrêter après 21 minutes. Ce qui s'est
passé dans votre cas, c'est qu'il vous a semblé important
d'utiliser le maximum de votre temps, mais il n'y a pas d'obligation à
cela. Il n'y a pas de banque parce qu'il pourrait arriver que, techniquement,
tout le monde fasse exprès, par exemple, pour garder deux, trois minutes
pour faire un genre de rappel en phase finale.
M. Blais: Je suis complètement d'accord avec vous.
Cependant, je vous ai demandé à différentes reprises et je
l'ai fait noter de façon spécifique pour être sûr que
si j'arrive avec cela vous l'acceptiez... D'ailleurs, vous l'avez
accepté pour une première, mais je ne m'en sers pas pour la
deuxième. Je crois que c'est probablement vrai qu'on ne peut pas faire
de banque, mais, pour le moment, j'ai l'expérience qu'il y en avait. Je
me fie là-dessus pour l'avenir. Cela fait jurisprudence que vous ayez
accepté de me laisser faire une proposition dans la minute qui me
restait, en me disant qu'il me restait 43
secondes, malgré qu'il ne m'en ait resté qu'une et que
j'aie pris 17 secondes pour faire une proposition. C'est donc qu'en principe,
dans la jurisprudence, on peut dire qu'est noté le fait que je pourrais
une prochaine fois, dans une commission et surtout celle-ci, me garder une
banque d'une minute. Puisque cela a déjà été fait
une fois, cela peut se faire une deuxième fois. On verra dans le temps
comme dans le temps, M. le Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 1 du
projet de loi 132. M. le ministre, avez-vous des commentaires sur l'article
1?
M. Pagé: L'article parle par lui-même.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Moi, ce que je proposerais pour accélérer
l'étude, pour simplifier, en tout cas, c'est d'étudier le premier
alinéa et ensuite le deuxième alinéa, parce qu'il s'agit
de deux questions complètement différentes.
Des voix: Accepté.
Le Président (M. Richard): Cela va.
M. Blais: Comme si c'étaient deux articles.
Le Président (M. Richard): Cela fonctionne. Nous parlons
donc de l'article 1, paragraphe 1: "par le remplacement dans les sixième
et septième lignes du premier alinéa..." Cela va?
M. Blais: Avez-vous des amendements, M. le ministre?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Richard): Donc, aucun papillon.
M. Jolivet: Je voudrais savoir, comme directive, maintenant qu'on
est rendu à l'étude article par article, les droits de parole de
chacun sont de 20 minutes, si j'ai bonne souvenance?
Le Président (M. Richard): C'est 20 minutes par personne,
par intervenant.
M. Garon: Moi, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Par paragraphe.
M. Jolivet: Oui, oui.
M. Garon: Je voudrais proposer un amendement.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Lévis. Cet amendement se lirait comment?
Motion d'amendement
M. Garon: Je ne change pas 1 qui dit: "L'article 31 de la Loi sur
la protection du territoire agricole (LRQ, chapitre P-41.1) est modifié:
1 par le remplacement, dans les sixième et septième lignes du
premier alinéa, de "le faire avant le 31 décembre 1986" par "le
faire avant le 1er juillet 1987", et biffer le reste du paragraphe.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, si je comprends bien, vous voulez enlever "déposer
auprès de la commission" et enlever...
M. Garon: Je vais lire comment cela se lirait. Ce sera plus
simple. Premièrement, par le remplacement, dans les sixième et
septième lignes du premier alinéa, de "le faire avant le 31
décembre 1986" par "le faire avant le 1er juillet 1987".
M. Jolivet: Donc, j'ai mal compris, M. le Président. Ce
serait par le remplacement, dans les sixième et septième lignes
du premier alinéa, de "le faire avant le 1 juillet 1987". C'est ce que
vous proposez, M. le député.
M. Garon: Mais non. M. Jolivet: Non.
M. Blais: Mais non, tu ne comprends pas. II 8te l'intention,
seulement la réalisation sera acceptable. C'est toute la
différence du monde, parce qu'on peut avoir des intentions, l'enfer est
pavé de bonnes intentions.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous comprenons le
sens?
M. Jolivet: Je ne le comprends pas, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on pourrait le
rédiger? Je pense que ce ne serait pas tellement long.
M. Jolivet: Oui, c'est ce que je dis. Ce que je viens de lire,
c'est ce que je pensais. Moi, je pense que le nouvel article se lirait de la
façon suivante: 1 Par le remplacement, dans les sixième et
septième lignes du premier alinéa, de "le faire avant le 1er
juillet 1987". Avec toutes les choses et le reste tomberait. C'est cela?
M. Garon: Non, attendez un peu!
M. Blais: Le député de Lévis l'a vraiment
bien lu.
M. Garon: II y a un article existant qui dit qu'il faut le faire
avant le 31 décembre 1986. Alors, je dis que l'alinéa se lirait:
premièrement, par le remplacement, dans les sixième et
septième lignes du premier alinéa de "le faire avant le 31
décembre 1986" par "le faire avant le 1er juillet 1987".
M. Jolivet: D'accord, parfait.
M. Tremblay (Iberville): Au lieu d'une année, donner six
mois tout simplement.
M. Jolivet: On remplace, dans l'article qui existe, le 31
décembre par le 1er juillet.
M. Pagé: M. le Président, je pense qu'il serait
opportun que le député de Lévis, celui qui présente
la motion d'amendement, nous fasse valoir les arguments qu'il invoque. II est
acceptable.
Le Président (M. Richard): C'est recevable, M. le
député de Lévis.
Maintenant, si vous voulez exposer votre vision, en deux mots.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Richard): En deux mots!
M. Garon: Remarquez bien que la date peut être
modifiée en fonction du délai qui est accordé. Je fais une
première proposition pour indiquer si on est d'accord là-dessus.
Au lieu de déclarer des intentions, c'est pour faire en sorte que les
gens puissent avoir un délai additionnel. C'est le but du projet de loi:
que les gens puissent avoir un délai de six mois, sans qu'il soit
nécessaire de déclarer des intentions. Évidemment, je ne
peux pas proposer comme amendement plusieurs chiffres différents.
Actuellement, je pense que, dans le cadre de ce projet de loi... Un
instant!
Le Président (M. Richard): Une clarification pour tous les
intervenants.
M. Garon: Le but, essentiellement, c'est de donner un
délai additionnel de six mois. Évidemment, je ne pouvais pas
demander les intentions du ministre, à savoir si c'est six mois qu'il a
voulu donner? Est-ce qu'il a voulu donner un an ou un an et demi? Il a voulu
donner un délai additionnel. Je me dis: Ce qu'il a fait, il n'a pas
seulement donné un délai additionnel par cet article, il a
créé un nouveau régime où il s'agit de
déclarations d'intention plutôt que d'un délai additionnel.
Maintenant, je suis bien conscient...
Si les gens veulent prendre un "break", cela ne me fait rien. Si les
gens veulent avoir une interruption de cinq minutes, s'ils ont quelque chose
à se dire, qu'ils se le disent. S'ils veulent faire leurs besoins qu'ils
les fassent. À un moment donné, on est en commission
parlementaire ou on ne l'est pas. J'ai l'impression qu'on est dans un
hôtel actuellement, où tout le monde vient chercher sa clé
pour aller dans sa chambre.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, si vous me le permettez, avant de continuer, pour une question de
clarté, chaque personne qui interviendra à partir de maintenant,
puisqu'on en est à l'étape de l'étude article par article,
aura droit jusqu'à un maximum de 20 minutes, que vous les preniez ou
non, pour chaque intervention, que ce soit le parti ministériel ou le
parti de l'Opposition.
M. le député de Lévis, je m'excuse.
M. Garon: M. le Président, le but est de ne pas changer
l'esprit de la loi qui donnait un délai. J'ai compris dans toutes les
explications que le ministre a données ici et ailleurs, à ce
qu'on m'a dit, qu'il voulait donner un délai additionnel. Il nous a dit
qu'il ne voulait pas changer l'esprit de la loi, sauf qu'avec la proposition
d'amendement qu'il a ici il a changé l'esprit de la loi parce qu'il fait
des déclarations d'intention plutôt que des déclarations de
construction. La loi, jusqu'à maintenant, tant qu'elle ne sera pas
modifiée - je peux lire l'article 31 pour bien l'indiquer - fait
seulement état des constructions réelles. La loi dit: Dans une
région agricole désignée, le propriétaire d'un lot
vacant, en vertu d'un titre enregistré le 9 novembre 1978, peut y
construire, sans autorisation de la commission, une seule résidence et
utiliser à cette fin une superficie n'excédant pas un
demi-hectare à la condition de le faire avant le 31 décembre
1986. Je n'ai pas l'amendement précis, mais c'est à peu
près ce que ça dit essentiellement. On dit également
à l'article 32 qu'il n'a pas besoin d'avoir une autorisation
spéciale, ni un certificat d'autorisation; il n'a qu'à faire une
déclaration.
Si on veut garder le même esprit... Le ministre a dit tout le
temps que tout ce qu'il voulait, c'est de donner un délai additionnel
parce que les taux d'intérêt avaient été
élevés vers 1980-1981-1982 et que les gens n'ont peut-être
pas eu un délai aussi long qu'il pense que les amendements
antérieurs avaient pour effet de leur donner. Si le ministre veut
augmenter le délai, il dit: Nous présentons un premier amendement
où le délai est augmenté de six mois. A ce
moment-là, les gens pourront, jusqu'au
dernier jour de juin 1987... M. Jolivet: Le 30 juin.
M. Garon: ...obtenir leur permis de construction de la
municipalité sans demander l'autorisation à la commission, sans
faire de déclaration auprès de la commission, à la
condition d'en faire la demande qu'ils pouvaient faire dans les huit
années antérieures depuis le dépôt du projet de loi,
c'est-à-dire depuis le début de l'année 1979. Ils
pourraient donc le faire pendant une durée de six mois additionnels,
jusqu'au 1er juillet 1987.
Je pense que cela correspondrait exactement aux intentions
définies par le ministre, tandis que, si le projet de loi demeure ce
qu'il est actuellement, il peut se retrouver, je le dis sincèrement...
Je n'essaie pas de jouer la politique du pire ici parce que je dirais: Sur
division, adopté, et c'est fini. S'il y a 50 000, 75 000, 100 000
enregistrements auprès de la commission au printemps prochain parce que
les avocats ou les notaires ont conseillé à leurs clients, les
députés ont conseillé à leurs électeurs,
etc., de faire des enregistrements d'intention immédiatement au cas, par
précaution, en laissant entendre qu'ils ont l'intention de construire
avant le 1er juillet 1988, même s'ils n'en ont pas l'intention, toute une
dynamique nouvelle sera créée par rapport à la protection
du territoire agricole. Avec les déclarations du ministre du 23
septembre 1986, dans lesquelles il demande à la Commission de protection
du territoire agricole de tenir compte de ces déclarations d'intention
dans la révision des zones agricoles dans le cadre des schémas
d'aménagement, dans le cadre des discussions avec la Commission de
protection du territoire agricole et les municipalités régionales
de comté en vue de l'établissement des schémas
d'aménagement, cela pourrait avoir un effet désastreux sur le
plan de la protection du territoire agricole.
C'est pour cela que, s'il est question de délais additionnels,
nous proposons six mois dans un premier amendement. Si le ministre veut que
cela soit trois mois, on n'a pas d'objection, mais il faut à un moment
donné que ces délais aient un certain caractère
d'arbitraire, parce que ce ne sont pas des vérités de
l'évangile que les délais doivent être de tant de mois ou
de tant de mois. Comme il y avait six mois pour faire une déclaration,
nous disons qu'avec six mois additionnels, les gens sauront que c'est le
dernier délai et qu'ils doivent prendre les dispositions
nécessaires, après l'adoption du projet de loi, pour faire en
sorte qu'ils puissent faire leur déclaration de construction, de droit
aux privilèges de l'article 31 dans la demande de leur permis de
construction auprès de la municipalité.
Alors, M. le Président, c'est le but de l'amendement que je
propose, fait dans une intention de collaboration et non pas dans une mauvaise
intention puisque, comme je l'ai fait au cours de l'étude d'un projet de
loi antérieur, je pense que la politique du pire, c'est la pire des
politiques et c'est pourquoi, en cette commission parlementaire, j'ai toujours
étudié les projets de loi dans le sens de les bonifier, de les
améliorer avec un éclairage de l'Opposition qui recherche les
points que nous croyons ne pas fonctionner dans un projet de loi, pour les
mentionner, parce que c'est notre rôle de voir à faire la
critique, dans les projets, de ce que nous pensons ne pas être une mesure
parfaite.
M. le Président, je sais que vous écoutez attentivement
mes propos, même si je vous vois signer vos cartes de Noël, et je
suis convaincu que, dans l'esprit des fêtes où... Je ne suis pas
capable de lire...
M. Blais: Est-ce qu'on peut suspendre pour quinze minutes, M. le
Président?
Une voix: ...cartes de Noël.
M. Blais: Suspendre une minute, s'il vous plaît.
Le Président (M. Richard): Oui, les travaux sont suspendus
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 33)
(Reprise à 20 h 37)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. M. le député de
Lévis, il vous reste dix minutes et quelques secondes. Vous avez droit
de parole. M. le député de Lévis.
M. Garon: J'ai pas mal expliqué clairement ce que j'ai
dit. Je pense bien que ce que je pourrais ajouter ne clarifierait pas davantage
ce que j'ai dit jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: J'aurais juste deux choses à ajouter quant
à moi. Premièrement, le ministre m'avait posé une
question, vous vous en souviendrez, lors de mon intervention dans les remarques
préliminaires. Je n'avais pas répondu. J'avais dit: On verra plus
tard. Le plus tard est maintenant parce que la question qu'il me posait
était dans le sens de l'amendement proposé par mon
collègue de Lévis. J'ai dit: Je fais mes remarques
préliminaires et, quant aux amendements sur ce que je voulais dire, on y
reviendra plus
tard. Donc, la réponse au ministre, c'est l'amendement qu'on
apporte. Je pense que c'est important de bien le clarifier. Vous vous en
souvenez? Ah! Vous n'étiez pas là, c'est vrai. C'était le
député de... Non, vous avez commencé presque en môme
temps. C'est vrai. Mais, en tout cas, c'était au début de la
commission.
La deuxième raison pour laquelle je suis d'accord avec le 1er
juillet 1987, c'est que cela enlèverait un certain embarras au
député de Berthier. Vous vous souvenez que le
député de Berthier avait marqué dans son dépliant,
qui est sorti aujourd'hui, exactement la date du mois de... Il faudrait que je
reprenne le texte exact. Il disait: Le 30 juin 1987. Donc, en mettant le 1er
juillet... On aurait pu mettre le 30 juin 1987, cela aurait été
la même chose, mais en mettant le 1er juillet 1987, cela sort d'embarras
le député de... Vous ne pensez pas? Cela ne vous tente pas de le
sortir d'embarras?
M. Garon: Ce n'est pas cela. Ce n'est pas cela du tout.
M. Jolivet: Non, non, je ne parle pas de cela. Je parle de la
date. Je ne parle pas de ce qu'il propose. C'est autre chose. Je ne suis pas
d'accord du tout avec ce que le député de Berthier propose. Je
veux seulement dire que c'est la date. Il disait que le projet de loi entrerait
en vigueur le 30 juin 1987.
M. Garon: II faut qu'il entre en vigueur avant la fin de...
M. Jolivet: Donc, à ce moment-là, cela ne
règlera pas le problème du député de Berthier. Dans
ce cas-là, j'enlève mon argumentation, M. le Président, en
vous disant que je suis d'accord avec l'amendement de mon collègue, le
député de Lévis.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais beaucoup que le ministre considère
l'amendement proposé par le député de Lévis parce
que c'est celui qui obtenait le consensus du côté de
l'Opposition.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement proposé par M. le député de
Lévis?
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on pourrait -
malheureusement, les circonstances ont voulu que je m'absente pendant quelques
secondes - m'indiquer très clairement si je me trompe en
interprétant votre amendement de la façon suivante: Vous demandez
purement et simplement que le privilège soit prolongé jusqu'au
1er juillet 1987, qu'il n'y ait pas d'obligation pour un tel
propriétaire de formuler une déclaration auprès de la
Commission de protection du territoire agricole pour obtenir un délai,
pour gagner du temps jusqu'en 1988? Vous voulez que le privilège
s'éteigne purement et simplement le 1er juillet 1987 aux mêmes
conditions qu'avant, où il devait faire une déclaration selon
laquelle il entendait se prévaloir du privilège et il se
construisait. Ce privilège ne courrait pas jusqu'au 1er juillet 1988,
mais bien jusqu'au 1er juillet 1987. C'est cela?
M. Garon: Un seul amendement. M. Pagé: D'accord.
M. Garon: Le but n'était pas de choisir principalement le
délai parce que le délai, cela peut être six mois, huit
mois. Cela pourrait être, théoriquement, le 31 décembre
1987. C'est ce que je veux dire. Essentiellement, le danger est dans la
déclaration d'intention alors qu'il n'y a pas de construction, ce n'est
pas qu'il y ait un délai additionnel de six mois. Quand bien même
il y aurait un délai ou qu'à l'intérieur de six mois il se
construise 300 ou 400 maisons, ce n'est pas cela qui va changer la situation.
Le danger, ce sont les milliers de déclarations d'intention qui viennent
changer la dynamique.
M. Pagé: M. le Président, j'ai écouté
avec beaucoup d'attention les propos du député de Lévis et
les propos du député d'Abitibi-Ouest vendredi après-midi
dernier. Je les interprétés comme étant un peu malicieux,
mais, en fin de semaine, j'y repensais et je me disais: Si j'étais dans
l'Opposition, j'en arriverais peut-être aux mêmes craintes ou au
moins aux mêmes interrogations.
Ce que les députés disaient, c'est ceci: La proposition
fait en sorte que toute personne qui détient un tel privilège,
possédant un tel privilège, doit faire une déclaration
à la CPTA avant le 1er juillet 1987, auquel cas elle a le droit de
construire pour autant qu'elle le fasse avant le 1er juillet 1988. Les
députés, à la lumière d'un communiqué que
j'ai rédigé, craignent ou soupçonnent la
possibilité qu'il y ait massivement des déclarations qui soient
faites et que la révision des zones agricoles et urbaines commande de
tenir compte de ces déclarations.
La volonté du gouvernement et de l'équipe de la
majorité, c'est la suivante: ce n'est pas - je vous en donne l'assurance
- de favoriser des déclarations pour le plaisir de favoriser des
déclarations. Ce n'est pas non plus de tenter indirectement de
contourner l'objectif qui nous anime et qui doit nous animer, nous tous, de
donner une protection
rigoureuse, bonne, forte et valable, avec un peu d'épine dorsale,
aux sols agricoles. Notre intention n'est pas de contourner indirectement cela
en provoquant des milliers et des milliers de déclarations de la part de
gens qui n'auraient pas, mais pas du tout, l'intention de se construire, pour
"dézoner" ou déclarer comme zone blanche ou profiter de la
renégociation pour les "dézoner". Je vous dis que ce n'est pas
notre intention.
Partant de là, j'ai même pensé pendant un bout de
temps exiger, en plus de la déclaration, qu'on requiert de la personne
qui détient un tel privilège, le permis de construction de la
municipalité. Cela nous aurait au moins donné un peu plus
d'assurance comme quoi la personne qui fait une déclaration est
sérieuse. On sait qu'un permis de construction, tu ne vas pas chercher
cela comme tu vas te chercher un billet d'autobus. Il faut que tu
déposes un plan. Il faut que tu indiques si ta construction va
"traverser" - entre guillemets - le plan d'urbanisme ou d'aménagement
local. Il est question de superficie, de services municipaux, d'infrastructure,
etc.
Par contre, pour qu'une personne puisse obtenir son permis - je pense
que le député de Lévis peut me le confirmer - de
construction d'une résidence sur un sol agricole, même si elle a
un privilège en vertu de la loi, il faut qu'elle dépose sa
déclaration pour obtenir son permis auprès de la
municipalité. Il faut que tu déposes ton "O.K." de la Commission
de protection du territoire agricole.
M. Garon: Bien non, l'article 32...
M. Pagé: Oui.
M. Garon: L'article 32...
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Pas en vertu de l'article 31.
M. Pagé: Le problème qu'on avait, M. le
Président - je ne voudrais pas qu'on s'embarque dans un débat
artificiel - c'est: Qu'est-ce qui vient en premier? De plus, on m'a clairement
indiqué que le permis de construction n'impliquait aucune obligation de
construire. On n'est quand même pas pour demander un mandamus pour
obliger une personne à se construire.
C'est pourquoi je crois et nous croyons de notre côté que
la déclaration à être faite, parce que pour faire une
déclaration, d'abord, il faut envoyer un montant d'argent, il faut
signer un formulaire, il faut s'inscrire... Il faut en faire la demande si on
veut faire une déclaration. On n'envoie pas cela sur un bout de
papier.
M. Garon: Non. L'article 32 est clair. "Une corporation
municipale, une corporation de comté ou une municipalité ne peut
émettre un permis de construction sur un lot situé dans une zone
agricole désignée, à moins que la demande ne soit
accompagnée d'un certificat d'autorisation de la commission"...
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: Ce n'est pas le cas de l'article 31. Je continue:
"...ou d'une déclaration du requérant à l'effet que le
projet faisant l'objet de la demande ne requiert pas l'autorisation de la
commission." Alors, s'il n'a pas besoin d'une autorisation...
M. Pagé: Oui, mais, laquelle vient en premier: la demande
de permis ou la déclaration? C'est cela le problème.
M. Garon: En vertu de l'article 31, s'il est dans le cadre de
l'article 31...
M. Pagé: Oui.
M. Garon: S'il est propriétaire d'un lot vacant, il y aura
une construction de résidence. À condition de ne pas prendre plus
d'un demi-hectare, il n'aura pas besoin de faire de demande à la
commission. Il déclare son droit.
M. Pagé: II faut qu'il fasse une déclaration
à la commission.
M. Garon: C'est cela.
M. Pagé: Ce n'est pas une demande, c'est une
déclaration.
M. Garon: C'est une déclaration.
M. Pagé: C'est ce à quoi je fais
référence. Mais pour être capable d'obtenir son permis - je
voudrais bien que le député me suive - de construction de la
municipalité, il faut qu'il mette en preuve à la
municipalité ou qu'il dépose sa déclaration, alors que
j'ai pensé - et c'est ce que je vous disais avant - à un moment
donné, pour être certain que ceux qui se prévaudront de
cette disposition soient sérieux, exiger de ces personnes qu'au moment
où elles feraient leur déclaration elles déposent leur
permis de construction. Lequel serait venu le premier? La loi est claire. Elle
dit: Tu obtiens ton permis de construction lorsque tu as fait ta
déclaration.
M. Houde: II faut que ce soit sérieux. Il ne faut pas que
le gars déclare seulement pour le plaisir de déclarer et dise: Je
veux avoir la permission de me construire jusqu'en 1988, puis qu'à un
moment donné...
M. Garon: Vous avez un droit ou vous ne l'avez pas. Si vous avez
un droit, vous l'utilisez et si vous ne l'avez pas, vous ne pouvez pas
l'utiliser.
M. Pagé: Oui, mais ce ne sont pas toutes les
personnes...
M. Garon: Le privilège, c'est un droit aussi.
M. Camden: Non, ce n'est pas pareil.
M. Garon: Quoi?
M. Pagé: On ne fera pas de...
Une voix: On va aller chercher le dictionnaire.
M. Pagé: Le privilège... Qui parle à
qui?
M. Garon: Le privilège, c'est un droit.
M. Pagé: Le privilège n'est pas un droit, tandis
qu'un privilège confère un droit pour une certaine
période, un droit limitatif et provisoire. Mais un privilège et
un droit, vous le savez, vous êtes avocat, ce n'est pas la même
chose.
M. Garon: On ne parle pas des privilèges du Code de
procédure civile. Ce n'est pas cela.
M. Pagé: Bien non, je ne parle pas des privilèges
dans le Code de procédure civile.
M. Garon: C'est le privilège de construire dans une
période de tant d'années.
M. Pagé: Vous étiez bien mieux quand vous
enseigniez le droit de la protection du consommateur en 1971.
M. Garon: C'est un droit que vous donne la loi. L'article 31 vous
donne un droit de construire dans...
M. Blais: Un droit temporaire.
M. Pagé: L'article 31 vous donne un privilège de
construire.
M. Garon: Qui est un droit.
M. Pagé: Qui est un droit provisoire et limitatif.
M. Garon: C'est cela.
M. Pagé: D'accord. On s'entend. Bingo! Tout cela pour vous
dire, M. le député, que je retiens de votre amendement qu'il a
pour but de restreindre davantage le caractère provisoire de l'exercice
du droit. Il nous apparaît important que l'on donne le temps
nécessaire et suffisant et j'ai très clairement indiqué
ici - je l'ai dit aux intervenants, à ceux qui se sont
inquiétés du report - qu'il n'est pas question pour notre
gouvernement de revenir là-dessus.
Il est très probable et possible que vers les 26, 27 juillet
1987, j'aie des représentations comme député, ou encore
que d'autres députés aient des lettres disant: M. le
député, on s'excuse, on ne le savait pas. On avait pensé
que... On vous avait envoyé... On sait que la loi nous obligeait
à faire une déclaration à la CPTA le 1er juillet, mais mon
petit-fils était malade et j'ai été obligé d'aller
chez ma belle-mère et je n'ai pas pu. C'est bien de valeur, cela sera
"just too bad". Il n'y aura pas de prolongation.
Je ne crois pas, connaissant, par surcroît, la hantise de mes
concitoyens et concitoyennes à signer des paperasses et des formules
pour le plaisir d'en signer - ils ont assez d'en remplir quand ils y sont
obligés -que ce soit le cas de milliers de personnes qui signent des
déclarations à la commission strictement pour le plaisir de voir
leur privilège étendu.
Je vous le dis très clairement et je vous invite à me
rappeler à l'ordre si jamais les circonstances faisaient en sorte que
l'on semble s'éloigner de ce que je dis ce soir. Il n'est pas question,
mais pas question du tout, de favoriser massivement des déclarations
pour justifier que de tels lots soient exclus de la zone agricole ou urbaine,
dans le cadre de la révision des zones agricoles. C'est dans ce sens que
les propos et l'inquiétude soulevée par le député
de Lévis et ses collègues, quand ils ont pris connaissance de
l'erreur vraiment technique qui était reprise dans le document
d'information diffusé par mon honorable collègue de Berthier...
Je vous remercie de l'avoir portée à mon attention parce que ce
n'est pas cela, notre intention. Dans la publicité ou dans les
informations que l'on dispensera, je m'engage à dire très
clairement: La loi a été modifiée de façon à
vous donner un délai additionnel pour construire une résidence,
etc. C'est un dernier délai. Si vous n'avez pas l'intention de
construire, ne faites pas de déclaration, point final, à la
ligne.
M. Houde: Ne dépensez pas d'argent pour rien. Ce permis
coûte de l'argent, en fin de compte. Le permis qui va être
demandé à la municipalité coûte de l'argent.
M. Pagé: C'est tout. Je comprends, M. le Président,
que dans le contexte de la dualité des partis politiques, dans le
système parlementaire dans lequel nous vivons, il est d'usage, et c'est
normal, que l'on s'inscrive en critique. L'Opposition est là pour se
faire le porte-parole des inquiétudes de ceux qui
ne sont pas ici. Je voudrais vous assurer de ma bonne foi et de mes
intentions très claires dans ce dossier.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Sans être un avocat, M. le ministre, j'aimerais
apporter une précision. Il ne faudrait pas dire qu'un privilège
est un droit provisoire. Un privilège, c'est un droit temporaire, dans
ce cas-ci. On va dire qu'un privilège est parfois un droit provisoire
quand ce droit est remplacé par un autre. Vu que c'est la
dernière fois que vous voulez que cette permission soit mise en cause,
à ce moment-là, il faudrait dire: par un droit temporaire. Cela
va?
M. Pagé: J'accepte le propos de mon honorable
collègue.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Terrebonne. Maintenant, s'il n'y a pas d'autres
interventions sur l'amendement proposé par M. le député de
Lévis, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Blais: Adopté.
M. Pagé: Rejeté, M. le Président. J'ai
hâte de vous...
M. Garon: Vote enregistré.
Le Président (M. Richard): Vote enregistré. S'il
vous plaît, M. le secrétaire, voulez-vous faire l'appel
nominal?
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay (Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Richard): L'amendement est donc
rejeté. Nous revenons au paragraphe 1. Est-ce qu'il est adopté
tel quel?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on fait l'appel
nominal ou si l'on prend le même vote?
Une voix: Même vote inversé.
Le Président (M. Richard): Même vote inversé?
Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Pagé: Pour autant que l'article soit adopté, M.
le Président, je suis d'accord; il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Richard): L'article 1, paragraphe 1, est
donc adopté, tel que présenté dans le projet de loi.
Une voix: Adopté sur division. M. Pagé:
Adopté sur division.
M. Garon: Non, pas celui-là. Vote enregistré.
M. Blais: On a voté contre.
Le Président (M. Richard): C'est cela, vous avez
voté contre. J'appelle, toujours à l'article 1, le paragraphe 2.
L'article 1, paragraphe 2° se lit comme suit: "par l'insertion,
après le troisième alinéa, du suivant: "Lorsqu'une
résidence a été construite conformément aux
dispositions du présent article, le droit d'usage résidentiel
conféré est conservé après les délais
d'exercice mentionnés précédemment, et n'est pas
éteint par la destruction partielle ou totale de la
résidence."
M. Garon: J'aimerais poser une question, demander une
explication.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je trouve que vous êtes bon en droit, sans jamais
l'avoir étudié.
Une voix: Posez la question.
M. Garon: On dit "après les délais d'exercice
mentionnés précédemment"; je ne sais pas qui a
rédigé ce projet de loi, mais je n'ai jamais vu une telle
formulation dans le droit. À quels délais d'exercice se
réfère-t-on exactement?
M. Pagé: On se réfère au délai
d'exercice pour les personnes qui ont construit en respectant évidemment
les conditions pour se prévaloir du privilège,
c'est-à-dire en respectant le délai du 1er juillet 1987 pour la
déclaration et du 1er juillet 1988 pour la construction. Toute personne
qui détient le privilège... Il n'écoute pas quand on
parle...
M. le Président, on rouvre la séance et on reprend.
Le Président (M. Richard): On n'avait pas suspendu
vraiment. M. le député de Terrebonne, avez-vous une question
à poser à M. le ministre?
M. Blais: Oui. Quand on dit ici "et n'est pas éteint par
la destruction partielle ou totale de la résidence", il est possible, et
je le comprendrais, que quelqu'un qui étudie le mot à mot puisse
trouver certains embêtements là-dedans.
Il n'est pas éteint par la destruction partielle. Supposons que
quelqu'un se prévale de ses droits, selon les dates d'exercice
indiquées - je le comprends très bien - et qu'il construise juste
son carré dans les dates, il fout le feu, accidentellement, disons, et
en brûle une partie, alors, il a un droit éternel de construire...
Vous saisissez ce que je veux dire. Cela pourrait être
interprété de cette façon. Tandis que, selon la
jurisprudence juridique ou les avocasseries si vous voulez...
M. Pagé: Je m'excuse, monsieur...
M. Blais: Excusez.
M. Pagé: ...un peu plus de respect!
M. Blais: Selon la jurisprudence juridique...
M. Pagé: Si les avocats n'y étaient pas...
M. Blais: J'aurais beaucoup...
M. Pagé: ...les débats seraient plus longs.
M. Blais: ...plus de plaisir, parce que...
M. Pagé: Cela ne paraît pas tout le temps.
M. Blais: II n'est pas nécessaire d'être avocat pour
comprendre les choses parfois. J'ai l'impression que - là, je me
réfère au juridique - dans un cas comme celui-là, les
droits acquis durent un an de façon générale, selon la
jurisprudence, oui ou non?
M. Pagé: D'accord. Je comprends l'inquiétude que
vous avez, premièrement. Deuxièmement, je m'engage à
passer la commande et à vous donner une sécurité hors de
tout doute, lors de la prise en considération du rapport. Je ne voudrais
pas que l'application des dispositions prévues à l'article 31
débouche sur des situations comme celle à laquelle vous faites
allusion.
Cependant, ce qu'on recherche, c'est ceci. La disposition de l'ancien
article 31 pouvait - je ne dis pas qu'elle portait -porter à confusion
dans certains cas, et je m'explique. On a, dans la jurisprudence d'application
municipale, de nombreux cas où des privilèges ont
été consentis en vertu des droits acquis. Exemple concret: vous
aviez sur la rue principale de la municipalité X, dans une zone qui
pouvait être considérée comme résidentielle, un
salon de coiffure. Entre-temps, ce secteur de la municipalité
était zone purement et simplement résidentiel. Le plan
d'aménagement et le plan d'urbanisme décrétaient cette
partie du territoire de la municipalité zone résidentielle. Pas
de commerce, point final. Monsieur ou madame X qui avait déjà son
salon de coiffure depuis deux générations avait un droit acquis.
L'immeuble passe au feu. On a vu de nombreux cas de contestation où la
municipalité disait: Monsieur ou madame, c'est regrettable, vous aviez
un droit en vertu de l'ancienneté, etc., mais vous ne l'avez plus.
M. Blais: Même Houde connaît cela. (21 heures)
M. Pagé: La même chose est susceptible ou
était susceptible d'arriver, si la résidence construite en vertu
de l'article 31 de l'ancienne loi était incendiée. Ce qu'on dit
ici, c'est que si la personne s'est conformée aux règles de la
déclaration et de la construction avant délai, si la
résidence est incendiée, aucune municipalité, groupe ou
entité ne pourra contester le droit pour le propriétaire de se
reconstruire. Je peux vous indiquer aussi que j'ai fermement l'intention de
faire en sorte qu'il n'y ait pas de trou dans la loi. Et je m'explique. Je ne
veux pas avoir un solage construit le 30 juin 1988 à la hâte et
qu'au 30 juin 1989, ce soit encore là et qu'au 1er avril 1990, il y ait
deux murs. Non, non, ce n'est pas cela.
Je m'en rennets - et j'ai demandé à mon contentieux qui
m'a donné toutes les assurances nécessaires - à
l'obligation... Parce que, dans les municipalités du Québec, il
n'est pas question de partir un solage et de le laisser en chantier pendant 20
ans. Il y a des délais impartis pour terminer la construction. Et je
m'appuie là-dessus.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Plus le ministre parle -même si je ne suis pas
un avocat - plus je m'embourbe. C'est clair. Je vous donne un exemple. Dans une
municipalité, quelqu'un passe au feu. C'est arrivé chez moi, un
hôtel est passé au feu. Il y a eu des changements au niveau
municipal, dans l'ensemble des règlements, qui font que la personne a le
droit de construire selon certaines conditions, à condition de se
reculer du trottoir. Le gars a essayé autant comme autant devant le
juge, il n'a pas été capable de gagner parce que les changements
ont eu lieu en cours de route.
Ce que je peux comprendre, c'est qu'il s'agit d'un droit à vie
qu'on donne à quelqu'un à partir d'un changement. Le ministre
dit: Ne vous inquiétez pas, faites-moi confiance. C'est la
première fois que je vois un ministre devant nous essayer de nous
expliquer un article de loi - même s'il est avocat - sans son
contentieux, qui veut nous expliquer ce qui se passe. J'ai de la misère
à comprendre, j'ai de la misère à saisir.
M. Pagé: Je m'excuse mais...
M. Jolivet: Non, mais j'ai le droit...
M. Pagé: ...je vous l'explique très clairement, je
vous fais part de mes intentions.
M. Jolivet: Oui, vos intentions. Je dois dire, comme
législateur, que, vos intentions, je peux bien les regarder, je peux
bien les entendre, mais je ne suis pas obligé de les accepter. C'est ce
que je vous dis. Je ne suis pas obligé d'accepter vos intentions. Ce ne
sont pas vos intentions qui sont dans la loi. Demain matin, devant un juge, il
ne jugera pas de vos intentions, M. le ministre, il va juger de ce qui est
inscrit dans le texte de loi. S'il juge selon ce qui est inscrit dans le texte
de loi, il va arriver ce que le ministre de l'Éducation nous disait
quand il était dans l'Opposition sur certains points: Moi, je ne suis
pas un juriste, mais j'ai consulté et on me dit que, si on adopte cette
loi, on va avoir des problèmes. Effectivement, avec la loi 3, on a eu
des problèmes. Il a fallu reculer et, actuellement, elle est sur la
glace, elle n'est pas applicable parce qu'un juge a déterminé
que, une partie de la loi n'étant pas bonne à cause de
Montréal et de Québec, toute la loi n'est pas bonne. C'est ce
qu'il a dit. Il a dit: On ne peut pas enlever un tout d'une partie. Donc, la
partie qui n'est pas bonne gâte le reste. La loi n'est pas
applicable.
Une voix: ...une partie d'un tout.
M. Jolivet: Oui, vous avez compris, et vous êtes capable de
faire la distinction. Ce que je dis, c'est que la partie qui n'était pas
bonne a fait que le tout n'est pas bon.
M. Pagé: D'accord. Ce que...
M. Jolivet: Non, non. J'ai 20 minutes et je vais les prendre pour
essayer de m'expliquer, à mon tour.
M. Pagé: Prends-les! Je vais aller
téléphoner, mon chum, et tu auras les réponses quand tu
les voudras.
M. Jolivet: Non, mais, M. le ministre... M. Pagé:
Continue, tu as 20 minutes. M. Jolivet: M. le ministre... M.
Pagé: Continue, tu as 20 minutes.
M. Jolivet: ...ce n'est pas dans ce sens que je le dis.
M. Pagé: Continue, tu as 20 minutes.
M. Jolivet: M. le ministre, ce n'est pas dans ce sens. C'est
votre loi; il faut que je vous explique comment je la comprends pour que vous
m'expliquiez comment vous la comprenez. Si le ministre s'en va, moi,
j'arrête.
M. Pagé: Tu as 20 minutes, parle 20 minutes.
M. Jolivet: Bien non, ce n'est pas cela que je dis.
M. Pagé: Bien...
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est laissez-moi la chance de
m'expliquer dans le temps que j'ai. Si je prends 20 minutes, je prendrai 20
minutes, si je prends 5 minutes, je prendrai 5 minutes. Le but, pour moi, c'est
d'essayer de vous faire comprendre que j'ai un doute. Ce doute ne peut
m'être expliqué par quelqu'un d'autre que vous. Comme ministre,
vous me dites: Je suis avocat, je peux vous l'expliquer et je vais vous
l'expliquer.
M. Pagé: Je tente de vous l'expliquer et vous me dites:
Laissez-moi aller, j'ai 20
minutes.
M. Jolivet: Bien non, ce que j'essaie de vous dire...
M. Pagé: Puis-je faire un commentaire?
M. Jolivet: Allez-y donc, d'abord, si ça peut vous
satisfaire.
M. Pagé: C'est un droit d'usage résidentiel d'un
terrain donné. D'accord?
M. Jolivet: J'ai compris cela.
M. Pagé: Premièrement, si la personne, le
propriétaire du terrain répond aux conditions de
propriété avant l'entrée en vigueur du décret,
deuxièmement, si elle formule sa déclaration avant le 1er juillet
1987, troisièmement, si elle construit conformément aux
règles régissant la délivrance des permis de construction
des municipalités, c'est-à-dire déposer les plans, etc.,
et termine sa construction dans le délai imparti, qui est habituellement
d'un an, la maison va finir par être construite.
M. Jolivet: Elle est là, bon. M. Pagé: II va
l'habiter. M. Jolivet: D'accord.
M. Pagé: Le droit actuel... Le président de notre
commission qui a été maire et vice-préfet peut vous le
confirmer, dans le cas de l'utilisation d'un tel privilège - c'est un
privilège, ce n'est pas un droit acquis en vertu du droit municipal - si
l'immeuble est en partie détruit, une analyse se fait et il y a
quelqu'un quelque part qui dit: Monsieur, madame, votre immeuble est
détruit à 42 %, vous pouvez reconstruire. Et le même cas
peut arriver dans le village voisin, sur la rue voisine ou dans le rang voisin.
Et la même personne ou une autre personne vient dire: Bien, vous, votre
immeuble est incendié et est détruit à 52 %, vous n'avez
pas le droit de vous construire. Ce que je dis et ce qu'on dit ici, afin
d'éviter des situations...
M. Blais: Pourquoi...
M. Pagé: À moins que vous ne recommandiez qu'on
crée un tribunal d'appel qui pourrait, pour ces cas et pour les cas de
litige des affaires municipales, juger en appel d'une décision de
quelqu'un qui décrète que c'est 42 %, 52 %, 49 % ou 57 %, nous
disons, et c'est très clair: Lorsqu'une résidence a
été construite conformément aux dispositions du
présent article, donc, en vertu de la loi, de ses limites et de ses
paramètres, le droit d'usage résidentiel du lot en question est
conservé après les délais d'exercice mentionnés
précédemment, donc après le 1er juillet 1988, et n'est pas
éteint par la destruction partielle ou totale de la
résidence.
Une voix: Si je comprends bien...
M. Pagé: Alors, que cela brûle à 100 %,
à 30 % ou à 65 %...
Une voix: II y aura toujours...
M. Blais: ...le droit à vie de reconstruction. C'est
là-dessus qu'on bute ici. C'est qu'en disant cela...
M. Pagé: D'accord. On se comprend tout de suite.
M. Blais: Vous comprenez bien ce que je dis.
M. Pagé: Vous autres, ce que vous voulez, c'est que...
M. Blais: ...par le temps.
M. Pagé: II est limité par le temps pour le
construire. Si cela brûle...
M. Blais: Limité par le temps aussi.
M. Pagé: Mon chum, c'est bien de valeur, va te construire
au village. C'est cela que vous dites.
M. Blais: Non, non, non. Pas du tout! M. Pagé: Bien
oui!
M. Blais: Bien écoutez. Peut-être que je comprends
mal. Supposons que je rebâtisse dans les délais, etc., j'ai une
maison. Elle passe au feu à 50 %, à 70 %, si vous voulez. Le feu
prend dedans. Cela brûle le 1er décembre 1989. Bon. Je dis qu'il
n'y a pas de problème, je peux reconstruire, j'ai un droit. Je peux
reconstruire parce que cela a brûlé de façon partielle ou
totale. Alors, je dis à mon gars: En 2037, tu pourras construire si cela
te tente. D'ici à ce temps, mon droit est inaliénable même
si cela a partiellement brûlé. C'est là qu'on dit que c'est
curieux. C'est juste cela. Cela a peut-être l'air... Vous comprenez bien
ce qu'on veut dire?
M. Pagé: D'accord. Je comprends de votre propos que vous
n'êtes pas contre le fait qu'une personne se prévale du
privilège et obtienne ainsi un droit d'usage résidentiel de la
maison qui est entièrement détruite. Vous ne voulez pas que ce
propriétaire soit privé du droit de se reconstruire.
M. Blais: Absolument pas. Je ne veux
pas du tout le priver de son droit de reconstruire.
M. Pagé: D'accord. Et si je comprends bien...
M. Blais: Mais je ne veux pas que son droit de reconstruire soit
éternel.
M. Pagé: Si je comprends bien, vous voulez que son droit
soit quand même limité dans le temps...
M. Blais: Voilà.
M. Pagé: ...bien que la destruction soit de 100 %. C'est
cela?
M. Blais: Pour moi, c'est cela en tout cas.
M. Garon: II l'est par la jurisprudence. M. Blais: Pas
nécessairement.
M. Garon: Oui, il a un an pour se reconstruire.
M. Pagé: Non, non.
M. Garon: Un droit acquis, une fois qu'il a construit, cela
devient un droit; il a exercé son privilège. Cela est devenu un
droit. Alors, si c'est un droit... S'il brûle, il va falloir qu'il
reconstruise dans le même laps de temps normalement dévolu aux
droits acquis.
M. Jolivet: Regardez, on a dans les règlements
municipaux... Le maire de Bécancour, le sous-préfet pourrait le
dire, il y a des gens qui ont des obligations de construire, mais avec certains
délais. On ne peut pas laisser une bâtisse incendiée sans
avoir fait quelque chose.
M. Pagé: Je suis d'accord avec cela. C'est un an mais
c'est un an dans les cas où c'est détruit à moins de 50 %.
C'est cela qu'on vit dans le moment.
M. Jolivet: Oui, mais...
M. Pagé: C'est cela qu'on veut contrer par la disposition
qu'on amène au deuxième alinéa de l'article 31.
M. Blais: Le vote, M. le Président. On est contre.
M. Jolivet: À moins qu'il n'amène un amendement qui
puisse le corriger.
M. Pagé: Oui, mais là je m'en remets aux
règlements municipaux.
M. Garon: Les droits acquis ne sont pas dans les
règlements municipaux. Vous avez un droit acquis ou vous n'en avez
pas.
M. Blais: C'est redondant qui est droit acquis...
M. Garon: Là, vous n'avez pas un droit acquis, c'est un
privilège. Mais une fois que vous avez exercé votre
privilège...
M. Pagé: C'est un droit que vous avez.
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: C'est un droit que vous avez.
M. Garon: C'est devenu un...
M. Pagé: Oui, oui. C'est un droit.
M. Garon: Un droit que vous avez exercé.
M. Houde: Ce qu'il veut dire, c'est que...
M. Blais: Le droit ne meurt pas avec le "brûlage".
M. Houde: Disons que la personne passe au feu, elle aura un an
pour se reconstruire. Si elle ne se reconstruit pas, elle perd son droit.
Est-ce que c'est ce qui arrive? J'aimerais savoir. Je suis ici pour
écouter, pour entendre, pour me renseigner. Donc, c'est cela?
M. Jolivet: C'est la jurisprudence.
M. Garon: C'est la jurisprudence. Il y a beaucoup de cas
différents là-dedans. Il y a une jurisprudence volumineuse... Je
n'ai pas exercé beaucoup le droit dans ce domaine, mais je me souviens
des consultations qu'on a faites dans le temps où tout le monde me
disait qu'il y avait une jurisprudence volumineuse et constante dans ce
secteur, dans le domaine des droits acquis. Les droits acquis, ce droit acquis
n'est pas une notion ambiguë. Les délais pour les exercer, quand il
y a des problèmes comme ceux-là qui se présentent,
imaginez-vous que c'est arrivé souvent. Cela est arrivé
très souvent et la jurisprudence a été
déterminée par les tribunaux.
M. Jolivet: Même si le président n'a pas le droit de
parole, il a une expérience dans cela et on pourrait lui permettre de
nous raconter ce qu'il a vécu comme maire.
Une voix: II a un droit de parole.
M. Jolivet: Non, il est président de séance. Mais
on pourrait le lui donner parce
que je pense que c'est important.
M. Pagé: Consentement. Maurice.
M. Houde: Donnez-nous la lumière, faites la
lumière.
Le Président (M. Richard): Je sais que dans le monde
municipal... Ce qui nous préoccupe ici, c'est un incendie. Vous avez une
maison; il y a deux scénarios possibles. Elle est dans un zonage
permissible avec toutes les limites de voisins et toutes les distances
réglementaires et elle passe au feu. Qu'elle passe au feu à 60 %
ou à 20 %, c'est secondaire parce que même s'il n'y avait pas de
maison on aurait le droit d'avoir une maison là, éventuellement,
parce qu'il y a un espace, il y a la surface nécessaire. Donc, à
ce niveau-là, ce n'est pas un problème. Là où c'est
plus un problème, c'est lorsque c'est dans une zone normalement non
permise, comme cela serait notre cas. Une résidence serait dans une zone
agricole où normalement il ne doit pas y avoir de résidentiel
comme tel; dans ces cas, s'il y a un incendie et que la maison est
brûlée à plus de 50 %, il n'y a pas droit de reconstruire.
Si la maison est brûlée en bas de ce pourcentage, il y a droit de
reconstruction.
Normalement, dans les règlements municipaux, quoiqu'il y ait
beaucoup de tolérance à ce niveau-là, c'est une
année pour des raisons de salubrité et de sécurité
et on émet à ce moment-là un nouveau permis pour
reconstruire. Il a un an pour demander un permis de rénovation, en fait,
et il a un an pour reconstruire parce que le permis a toujours une durée
d'un an.
M. Garon: Est-ce qu'on trouve normal -on est dans le cadre d'une
loi sur la protection du territoire agricole - de faire des articles qui vont
réglementer le droit municipal? Cela n'a pas de bon sens.
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: Jamais, dans tout le cadre de la loi, on ne trouvera de
dispositions qui ont pour but de venir réglementer le droit
municipal.
M. Pagé: ...
M. Garon: C'est une loi de protection du territoire agricole qui
n'a pas pour but d'établir des dispositions qui viennent corriger le
droit municipal.
M. Pagé: M. le Président, cette loi n'a pas pour
but de régir les activités et le cadre des réglementations
municipales, mais il faut toujours avoir à l'esprit...
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: II faut toujours, M. le Président, avoir
à l'esprit que la réglementation municipale s'inscrit en
complémentarité des droits qui peuvent être...
M. Blais: ...l'appui de mon confrère que je vous ai
interrompu.
M. Pagé: Je n'en doute pas. La réglementation
municipale s'inscrit en complémentarité des droits qui sont
exercés en vertu de la Loi sur la protection du territoire agricole. Un
exemple concret: le droit acquis qui est consenti en vertu de l'article 40, le
propriétaire devra construire, devra aménager, par exemple, une
fosse septique, à partir de règlements de superficie et de
surface.
C'est la même chose pour cela.
M. Garon: Non, vous voulez changer cela justement parce que vous
dites que n'êtes pas d'accord avec les réglementations municipales
alors que, nous, tout ce nous avons fait jusqu'à maintenant dans le
cadre de la Loi sur la protection du territoire agricole, c'est
réglementer au point de vue de la protection du territoire agricole sans
jamais intervenir par rapport aux permis municipaux. Si le droit municipal dit
que cela prend un permis, et qu'il y a telle condition et telle
réglementation, jamais la protection du territoire agricole n'est venue
jouer avec cela. Elle a dit: Moi, je règlemente au point de vue du
zonage agricole la protection des terres agricoles et c'est pourquoi vous avez
besoin de votre permis de construction municipal. Et vous pouvez avoir votre
autorisation de la Commission de protection du territoire agricole alors que la
municipalité ne veut pas vous donner de permis. À ce
moment-là, vous n'avez pas le droit de construire, même s'il n'y a
pas d'empêchement au point de vue de la protection du territoire
agricole.
M. Pagé: Dois-je comprendre...
M. Garon: Cet article vient essayer de régir le droit
municipal.
M. Pagé: On le définit, on le précise et cet
article vient enlever une épine non pas du pied, mais du crayon des
municipalités qui devaient décider ou juger, à partir de
leurs ressources disponibles, si c'était détruit à 49 %,
à 49,5 % ou à 50,5 %. Cela confère un droit. Je ne veux
pas lancer de débat, mais dois-je retenir de l'intervention du
député de Lévis que celui-ci, ex-ministre, qui a le
mérite - et cela j'en conviens et je le salue avec toute la
cordialité qui m'anime -d'avoir fait adopter la Loi sur la
protection
du territoire agricole à l'Assemblée nationale, comme
ministre, se fait aujourd'hui le défenseur des municipalités? (21
h 15)
M. Garon: Non, j'ai dit qu'on n'a jamais essayé
d'intervenir dans le droit municipal et la réglementation municipale. Le
but de la Loi sur la protection du territoire agricole, c'est de dire si, oui
ou non, vous pouvez le faire en fonction de la protection du territoire
agricole. La commission peut dire oui ou peut dire non, mais sans affecter le
droit municipal de dire oui ou non lui-même.
Dans les municipalités, il y a toutes sortes de
règlements: des règlements d'urbanisme, toutes sortes de
règlements, mais qui n'interviennent pas avec le droit de la protection
du territoire agricole. La commission vient dire: Vous pouvez ou ne pouvez pas,
à tel endroit sur le territoire agricole, faire telle ou telle chose.
Mais, une fois que vous avez l'autorisation, cela ne vous libère pas de
toutes vos obligations vis-à-vis du droit municipal et de la
réglementation municipale. Cela vient juste dire qu'en vertu de la Loi
sur la protection du territoire agricole, vous êtes autorisé ou
non pour les fins de la protection du territoire agricole mais si le droit
municipal ou les règlementations municipales disent non, alors c'est
non, même si la commission ne l'interdit pas.
M. Pagé: Cela ne change rien, M. le député.
Je vais vous donner un exemple concret.
M. Garon: Parce que les notions dont on parle ici sont
très précises en termes de jurisprudence au point de vue du droit
municipal.
M. Pagé: M. le député, je vais vous donner
un exemple concret. Au moment ' où on se parle - et on me corrigera -
dans la très grande majorité des municipalités du
Québec... Je soutiens que l'inquiétude du député
est légitime, mais non fondée, en ce qu'elle ne modifie rien.
Exemple concret, et là j'apprécierais que le député
de Lévis m'écoute...
M. Garon: Je vous écoute avec mes deux oreilles.
M. Pagé: J'aimerais que les deux oreilles écoutent
la même personne en même temps.
M. Blais: C'est ce qui se passe entre les deux oreilles qui est
important, de toute façon.
M. Pagé: C'est cela. Prenons un exemple: 1986, nous y
sommes, les dispositions régissant le droit de construire une habitation
s'appuient sur, par exemple, une superficie de 30 000 pieds carrés pour
le champ d'épuration. C'est ce qu'on retrouve dans la très grande
majorité des municipalités du Québec où il n'y a
pas d'aqueduc et d'égout. Supposons qu'en 1989 ou 1990, peu importe
quand, la norme alors au Québec, peu importe pour quel motif, ce n'est
plus 32 000 pieds ou 30 000 pieds carrés, mais c'est 75 000 pieds.
Une voix: ...
M. Pagé: Non, non. Cela, c'est en vertu des
règlements de contrôle intérimaire adoptés par les
MRC et applicables dans les municipalités à la suite de
discussions avec le ministère de l'Environnement. Supposons qu'en 1990
tout le monde ait décidé que ce n'est plus 32 000 pieds, mais
bien 90 000 pieds carrés. D'accord? C'est 90 000 pieds carrés,
c'est la règle, c'est l'usage. La personne qui se sera construite le 1er
juin 1988, qui aura fait sa déclaration, voit sa résidence
brûler en 1989. Le législateur lui aura donné le droit de
se reconstruire en vertu de l'article 31, deuxième alinéa, mais
la municipalité pourra toujours refuser le permis de construction, parce
qu'on prescrit seulement 52 000 pieds carrés de terrain. La
municipalité pourra toujours légitimement dire: Vous avez
construit sur un lot ou vous avez un droit sur un lot de 52 000 pieds
carrés seulement. Donc, vous ne répondez pas à la norme de
90 000 pieds carrés. On ne vous émet pas votre permis de
construction. Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire
que l'argument du député de Lévis, à savoir
qu'indirectement on vient réglementer le droit municipal, n'est pas
fondé. Je vous disais donc au début que votre inquiétude
est légitime, mais non fondée.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Juste pour dire que j'appuie vraiment mon
confrère de Lévis et je suis plutôt de son
côté juridique. L'exemple que le ministre vient d'employer prouve
justement le contraire de ce qu'il veut prouver.
Dans une municipalité, lorsqu'on fait une loi d'exception comme
celle-là, pour le zonage agricole pour donner la permission de
construire, il pourrait ne pas y avoir de construction si la ville ne le
permettait pas. Si, dans une ville, on décide que c'est 90 000 pieds
carrés et qu'une personne construite sur un lot de 50 000 pieds qui n'a
pas été dézoné par cette loi à l'article 1
du premier paragraphe passe au feu, on ne lui donnera probablement pas, selon
la ville, la permission de reconstruire. Pourquoi viendrait-on s'ingérer
dans les affaires
municipales en permettant à celui qui, par exception, dans la
même ville, a eu la permission de se construire sur un terrain de 52 000
pieds, parce qu'il a été exempté par cette loi de se
construire, tandis que son voisin qui le voudrait n'aurait pas le droit? Donc,
je ne crois pas que ce soit de bon aloi et, personnellement, je suis prêt
à passer au vote, mais je tiens à dire au ministre que je vais
voter contre.
M. Pagé: Vote.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement est
adopté? Je parle du deuxième paragraphe.
M. Garon: Cela prend un vote.
Le Président (M. Richard): Vote nominal?
M. Jolivet: On est contre la proposition qui est
là.
Le Président (M. Richard): Contre. Alors, le même
vote que tantôt, inversé.
M. Jolivet: M. le Président, juste une petite...
Le Président (M. Richard): Excusez-moi. Je termine,
cela va?
M. Jolivet: Oui, cela va. C'est sur autre chose.
Le Président (M. Richard): Le deuxième paragraphe
est donc adopté tel que présenté? Sur division?
M. Jolivet: M. le Président. En fait, c'est le même
vote que tout à l'heure, mais à l'inverse.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté.
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais faire une
vérification. Nous avons devant nous la loi...
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous, avant de
reconnaître le député de La violette, reconnaître le
député d'Iberville qui avait un commentaire très
intéressant à faire?
M. Tremblay (Iberville): J'aurais un commentaire à
formuler. Je ne veux pas jeter de l'essence sur le feu...
M. Jolivet: N'oubliez pas que cela a été
accepté.
M. Tremblay (Iberville): Je voudrais simplement dire qu'une
municipalité dans mon comté a zoné la région verte
pour empêcher la construction de porcheries. C'est allé devant les
tribunaux et l'UPA a perdu. Donc, le droit municipal passe au-dessus
d'elle.
M. Blais: C'est ce qu'on dit.
M. Garon: C'est ce qu'on dit.
M. Tremblay (Iberville): Indépendamment de nos
amendements, globalement...
M. Blais: Cet article dit le contraire de ce que vous avancez.
Vous êtes un plaideur qui "scorez" dans vos buts.
M. Tremblay (Iberville): Non, non, ce n'est pas une
question...
M. Blais: Mais vous comptez parfois dans vos buts.
M. Tremblay (Iberville): II y a quelque chose que je ne comprends
pas. L'inquiétude...
M. Blais: II y a deux "pucks" au bout de votre hockey, à
part cela. C'est bilingue.
M. Tremblay (Iberville): On n'entrave pas du tout...En tout cas,
personnellement, je ne vois pas comment on peut entraver le Code municipal.
M. Pagé: M. le Président, on vient de
référer au cas de Sabrevois et je ne voudrais pas y
référer trop longtemps, mais seulement pour vous dire que notre
gouvernement ne partage pas la décision qui est intervenue dans
Sabrevois. On s'est inscrit en appel et nous entendons, comme ministère,
appuyer pleinement et entièrement les requérants.
Une voix: L'UPA.
M. Pagé: Oui, l'UPA, et on va défrayer,
évidemment, les services juridiques pour en appeler d'un tel jugement.
Nous prévoyons, si besoin en est, aller même jusqu'à la
Cour suprême du Canada parce qu'il nous apparaît tout à fait
inacceptable que les municipalités puissent déterminer le zonage
de production. Comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, il n'en est pas question, en ce qui nous concerne. Je ne peux
en dire davantage.
M. Jolivet: M. le Président, mon intervention a trait au
fait que nous en sommes à la Loi sur la protection du territoire
agricole (LRQ, chapitre P-41.1). J'ai entre les mains ce projet de loi et je
vais à l'article 31. Si vous voulez bien y
aller, si vous l'avez. L'article 31 vient d'être amendé en
faisant un remplacement aux sixième et septième lignes du premier
alinéa - on a bien accepté cela - et on a inséré,
après le troisième alinéa, un autre alinéa.
Si je regarde l'article 31, il me semble qu'il devrait y avoir un autre
amendement à la proposition qui est faite là, à l'effet de
décaler le troisième alinéa au quatrième
alinéa, car, si je lis bien mon projet de loi, il y a, au premier
alinéa: lots vacants; au deuxième alinéa: - lots vacants
contigus; au troisième alinéa: ensemble de lots non contigus et
vacants et, ensuite, au quatrième: lots assujettis. Il me semble que, si
on veut être concordant avec les autres, on devrait faire une
concordance.
Si on ne le fait pas dans ce projet de loi, il y aura un alinéa
qui sera dans les airs.
M. Pagé: Oui, mais le deuxième alinéa...
Le Président (M. Richard): Ce ne sera pas long, M. le
député de Laviolette, nous allons faire la vérification
technique.
M. Pagé: C'est cela. On ajoute, après le
troisième alinéa.
M. Jolivet: Oui, c'est cela. Après le troisième
alinéa, on ajoute un autre alinéa.
M. Pagé: Le deuxième. M. Jolivet:
Pardon?
M. Pagé: On ajoute ce qui est le deuxième de notre
loi. Je m'excuse. Il faut dire qu'il n'y aura pas de numérotation.
M. Jolivet: Non. Regarder bien, là.
M. Pagé: Ce n'est pas premier paragraphe, c'est premier
alinéa. Le premier alinéa n'est pas numéroté.
M. Jolivet: On dit, deuxième alinéa, dans la
proposition que vous faites dans le projet de loi 132. Vous dites par
l'insertion, après le troisième alinéa, du suivant.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: D'accord. Donc, si je prends le projet de loi,
actuellement, on a quatre alinéas. Donc, cet alinéa que vous
ajoutez deviendra le quatrième et le quatrième actuel deviendrait
le cinquième.
M. Pagé: II n'y a pas de problème.
M. Jolivet: II n'y a pas de problème? D'accord. Je voulais
juste m'assurer que c'était correct.
Le Président (M. Richard): Je tiens donc pour acquis que
l'ensemble de l'article 1 est adopté?
Une voix: Adopté. M. Blais Sur division. M.
Jolivet: Oui, mais...
Le Président (M. Richard): Sur division
évidemment.
M. Blais: Sur division.
Le Président (M. Richard): Oui, oui c'est exact.
M. Blais: On a voté contre.
Le Président (M. Richard): Les mêmes enregistrements
qu'on avait tout à l'heure d'une façon inversée.
Une voix: D'accord.
M. Pagé: Est-ce que vous voulez faire un appel
nominal?
Le Président (M. Richard): Préférez-vous
faire un appel nominal?
M. Blais: Ce n'est pas nécessaire, c'est le même
vote.
Le Président (M. Richard): Non, c'est parce que quelques
députés se sont ajoutés, mais ils peuvent ne pas
s'être ajoutés.
M. Pagé: Certains sont arrivés...
M. Jolivet: Ah! Vous pouvez mettre leurs noms à la liste,
cela ne nous dérange pas.
M. Blais: Nomine, nomine. In nomine patris.
M. Pagé: Patris et fili et spiritui sancti... Amen...
Le Président (M. Richard): Alors, appel nominal M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe):
Une voix: II pourra revenir.
Le Président (M. Richard): D'accord.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost):
M. Forget: Sur quoi?
M. Jolivet: Sur votre proposition.
Le Président (M. Richard): Si vous êtes favorable
à la proposition du projet de loi. Sur l'ensemble de l'article 1 tel que
présenté par M. le ministre.
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon):
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la Madeleine):
M. Farrah: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière):
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes):
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
M. Tremblay (Iberville): Pour
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour, cher monsieur.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette).
M. Jolivet: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Contre.
Le Président (M. Richard): C'est l'article 1. Maintenant,
j'appelle l'article 2. La présente loi entre en vigueur...
M. Jolivet: Le 30 juin 1987. Une voix: Adopté.
M. Pagé: Elle va entrer en vigueur avant le 31
décembre probablement. Je vais prendre un scotch chez le
lieutenant-gouverneur.
M. Blais: Lors de la sanction du présent projet de
loi.
Le Président (M. Richard): D'accord.
M. Blais: On n'a pas le choix là-dessus, parfait.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 2 est
adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que le titre et
l'ensemble du projet de loi sont adoptés? Le titre, premièrement,
vous plaît-il?
M. Blais: Pas tellement, mais on va le prendre.
Le Président (M. Richard): Donc, le titre est
adopté unanimement?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Ah! je vous félicite!
Alors, c'est donc adopté comme titre. L'ensemble du projet de loi avec
la numérotation...
M. Blais: Le numéro du projet de loi aussi. Le
numéro a été adopté à
l'unanimité.
Le Président (M. Richard): Le numéro du projet de
loi est adopté à l'unanimité. Unanimité pour
l'ensemble du projet de loi?
M. Blais: Non, non. Comme le dernier vote.
Le Président (M. Richard): D'accord. C'est donc le projet
de loi 132 qui est adopté sur division dans son ensemble.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je voudrais
remercier mes collègues des deux côtés de la Chambre pour
leur collaboration dans l'étude de ce projet de loi qui nous a permis
des échanges fructueux mais combien trop brefs, et nous sommes
disposés à amorcer immédiatement l'étude du projet
de loi 117 portant sur la qualité de la race chevaline.
Le Président (M. Richard): Aimeriez-vous qu'on suspende
quelques minutes?
M. Pagé: On peut suspendre cinq minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Alors, cinq minutes, s'il vous
plaît, pour les problèmes techniques.
(Suspension de la séance à 21 h 28)
(Reprise à 21 h 45)
Projet de loi 117
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! Pour commencer l'étude du projet de loi 117, dont nous
avons le mandat comme commission, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires concernant ce projet de loi? Si c'est le cas, je vous
demande de nous en faire part.
Remarques préliminaires M. Michel
Pagé
M. Pagé: À plusieurs reprises, j'ai indiqué
quels étaient les principes recherchés par le projet de loi 117
qui a été déposé. J'ai fait valoir aussi le fait
que ces dispositions ne modifiaient en rien - en rien était un terme
peut-être un peu trop fort -enfin, ne modifiaient pas de façon
substantielle la protection donnée en vertu de la Loi sur la protection
sanitaire des animaux et garantissaient le maintien de la qualité
exceptionnelle de notre cheptel chevalin.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, représentant de l'Opposition, est-ce que vous avez des
commentaires ou des remarques préliminaires à faire?
M. Garon: Je vais laisser faire mon collègue, M. le
député de Laviolette, excellent père de famille. Il a cinq
enfants.
M. Jolivet: Six.
M. Garon: Vous alliez dire, je vous entendais dire qu'il est un
étalon en son genre. Quant à moi, le député de
Laviolette connaît quelque chose. Je vais lui laisser l'honneur et le
privilège insigne de s'exprimer le premier sur ce projet de loi
historique qui vient amender une loi et changer une pratique qui existe depuis
1920. Depuis 66 ans. Ce Comité de surveillance des étalons qui
aurait fêté dans 9 ans son 75e anniversaire n'aura pas le bonheur
de connaître cet anniversaire, ces noces... Ce sont des noces de... pour
75 ans?
Une voix: Diamant.
M. Garon: Diamant, c'est 60 ans.
M. Jolivet: Diamant, c'est 25 ans. M. Garon: Diamant, 60
ans. 75 ans... M. Jolivet: Noces d'argent?
M. Garon: En tout cas, c'est un anniversaire très
spécial qui ne sera pas fêté par ce comité qui
l'aurait mérité.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, pour des remarques préliminaires.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Mes remarques vont être brèves.
Même si le député de Lévis indique ou par erreur
mentionne toujours cinq enfants, il oublie que nous avons, mon épouse et
moi, six enfants, simplement pour les besoins du Journal des débats,
pour que ce soit bien clair.
M. Pagé: Je ne dirai pas comme le député de
Lévis à l'égard du député de Laviolette
parce qu'il a fait une comparaison un peu grivoise, selon moi. Je voudrais dire
que le député de Laviolette a joué un dernier coup
d'archet sur le violon.
M. Jolivet: Le député de Lévis a joué
un coup d'archet?
M. Pagé: Le député de Laviolette.
M. Jolivet: Simplement, parce que je ne voulais pas dire que le
ministre en a cinq. Souvenez-vous de la fois où il en a eu trois, d'un
coup sec. Des triplets. Oui, oui, il a cinq enfants. Un premier, trois enfants
et un enfant, parce qu'il a eu des triplets d'un coup sec. Son épouse,
bien entendu. C'est cela. Trève de plaisanterie sur le sujet, la
question qui nous préoccupe est beaucoup plus importante que le nombre
d'enfants que nous pouvons avoir, le ministre et moi. C'est beaucoup plus le
fait que le projet de loi amène une forme de réglementation qui
est, à mon avis, incompréhensible par rapport à ce que ces
gens nous ont dit, lorsqu'ils étaient dans l'Opposition, lorsqu'un
comité est apparu nous expliquant qu'il fallait absolument
déréglementer et en arriver à faire en sorte que,
finalement, on ait le moins de réglementation possible.
Une des choses qui nous surprend au départ, c'est le fait que le
Conseil des ministres, imaginez-vous, le gouvernement peut, par
règlement - vous avez cela à l'article 24, qui fait partie des
dispositions de l'article 1... On dit à l'article 11 "Les dispositions
de la section II de la Loi sur la protection sanitaire des animaux sont
remplacées par les suivantes..." Là, vous avez l'article 24; non
21, excusez-moi,
j'aurais dû apporter mes lunettes, mais c'est 21. "Le gouvernement
peut, par règlement: "1° déterminer la forme d'une demande de
permis, les renseignements qu'elle doit contenir et les documents qui doivent
l'accompagner; "2° déterminer les critères et les
barèmes d'examen d'un étalon; "3° déterminer la forme
du rapport d'examen et les renseignements qu'il doit contenir; "4° fixer le
seuil de passage aux fins du classement des étalons; "5°
établir les classes d'étalons et déterminer leurs
caractéristiques; "6° établir des conditions de
délivrance et de renouvellement d'un permis ainsi que sa forme et son
coût; "7 fixer les frais que doit verser celui qui requiert un second
examen; "8 déterminer, parmi les dispositions d'un règlement
adopté en vertu du présent article, celles dont la violation est
punissable aux termes de l'article 55.44" - de la loi actuelle.
Quand je vois ça, M. le Président, et que nous nous
retrouvons avec un gouvernement qui disait qu'il n'agirait pas par
règlement, vous voyez huit règlements déterminés
par l'article 21 tel que changé, parce qu'on dit qu'ils sont
remplacés par les suivants. Donc, on remplace un article qui existe
déjà. Si vous prenez cet article par rapport à l'article
1, on dit: "Les dispositions de la section II de la Loi sur la protection
sanitaire des animaux (L.R.Q., chapitre P-42) sont remplacées par les
suivantes..." Si on va à l'ensemble des modalités de la loi
actuelle, on dit que c'est le comité de surveillance qui peut, avec
l'approbation du gouvernement, faire des règlements pour
l'exécution de la présente section et, en particulier, diviser le
Québec en districts d'inspection, classifier les étalons
inspectés, émettre des permis différents pour chaque
classe, en fixer la durée, déterminer la rédaction, la
forme et la couleur des permis ainsi que des rapports des inspecteurs. Vous
savez ce que cela veut dire, M. le Président, la procédure qu'on
amène ici à l'intérieur du projet de loi? Cela veut dire
que chacun des ministres, lors d'un Conseil des ministres, devra
déterminer la teneur de ces règlements établis à
l'article 21.
Je pense que par rapport à ce qu'on a dit avant la campagne
électorale et pendant la période électorale... On en
arrive à faire en sorte que, finalement, par règlement, qu'on ne
connaît pas au moment où on se parle... Je ne sais pas, M. le
député de Lévis, je ne pense pas que vous ayez, comme
membre de l'Opposition, reçu les règlements. Je vais attendre un
instant puisque c'est important de le savoir, car peut-être que je n'ai
pas eu de renseignements. Dans mes documents, je ne l'ai pas. Est-ce que vous
avez reçu, en vertu de l'article 21 de l'article 1 du projet de loi 117
présenté par le ministre, Loi modifiant à nouveau la Loi
sur la protection sanitaire des animaux, les règlements?
M. Garon: Non.
M. Jolivet: Boni Si vous n'avez pas reçu les
règlements - je vais vous poser une autre question - est-ce que vous
avez reçu les synopsis des règlements?
M. Garon: Non.
M. Jolivet: Donc, si je me fie au document présenté
par un des collègues du ministre qui est responsable de la
déréglementation, en vertu de la loi que vous avez
vous-mêmes adoptée comme gouvernement, normalement, on aurait
dû avoir entre les mains les synopsis. C'est d'ailleurs une des motions
qui a été faite au niveau de la loi 150 où on a
demandé au ministre... Il les a déposés ou, enfin, il est
a la veille de déposer les synopsis. Il nous a répondu à
l'Assemblée nationale qu'il nous déposerait les règlements
ou, du moins, s'il ne peut pas les déposer, les synopsis des
règlements.
Or, ces gens-là qui étaient à l'époque dans
l'Opposition nous disaient: Ça n'a pas de bon sens, vous ne nous donnez
pas les règlements, on est obligé de regarder l'ensemble de la
loi sans savoir ce que vous ferez ensuite par règlement. Ce sont ces
mêmes personnes qui viennent nous proposer ça. Je suis sûr
que vous ne refuserez pas cette expression, M. le Président, mais ils ne
manquent pas de culot.
M. Garon: Ça n'a pas de bon sens d'étudier le
projet...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Pagé: ...mais je comprends très mal le propos du
député de Lévis et celui du député de
Laviolette. On dénonce l'application du pouvoir réglementaire
dans un premier temps.
M. Jolivet: Juste un instant: J'étais en train de faire
mes remarques préliminaires. Le problème que j'ai, c'est que je
ne sais pas de quel article du règlement le ministre se sert pour
m'interrompre.
M. Pagé: Je ne veux pas vous interrompre, mais le
député de Lévis et vous dites qu'il n'y a pas de
règlement, qu'il va en faire un, l'avez-vous déjà vu, on
ne l'a jamais vu. Je m'excuse, c'est très clair. J'ai
en main un règlement sur le Comité de surveillance des
étalons...
M. Jolivet: Je m'excuse, c'est Justement ce que je disais tout
à l'heure, vous n'avez pas écouté ce que j'ai dit.
Actuellement, un règlement est prévu en vertu de la loi actuelle
à l'article 21. On dit que le comité de surveillance qui peut,
avec l'approbation du gouvernement, faire des règlements. On donne des
indications ensuite. Je vous dis simplement que l'actuelle loi vient remplacer
cet article-là. Elle ne dit pas: Le comité de surveillance peut,
avec l'approbation du gouvernement. On dit: Le gouvernement peut, par
règlement.
M. Pagé: C'est ça.
M. Jolivet: S'il peut par règlement fixer ce oui est
inclus à 1°, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°,7°,8°et
que je ne le vois pas comme ça dans le texte actuel de la loi, je ne
peux pas présumer dès le départ que le ministre adoptera
les mêmes règlements que le comité de surveillance avait,
ou bien il n'aurait pas mis cela dans la loi.
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que je dis: Ce que
je ne comprends pas, c'est qu'il nous disait, dans le temps qu'il était
dans l'Opposition, que s'il présentait dans un projet de loi la
formulation de règlements on devait déposer ces règlements
avant l'adoption, avant l'étude article par article. La seule
argumentation que j'apporte, c'est que je me retrouve aujourd'hui dans la
même position qu'il dénonçait à l'époque,
mais eux au gouvernement et nous dans l'Opposition. Là, on leur dit:
Vous nous aviez dit à l'époque qu'on ne devait pas faire cela et
que, si vous étiez au pouvoir, vous ne feriez pas cela. Vous l'avez dit
pendant la campagne électorale, semblerait-il, de telle sorte que vous
avez fait un cadre de la façon dont un règlement doit être
adopté. Il y a une loi qui a été adoptée au mois de
juin dernier. Cette loi a été présentée par le
ministre responsable de la Justice. On dit: Si on n'a pas le règlement
aujourd'hui avant de faire l'étude article par article, on aurait
dû au moins avoir un synopsis des règlements tels que
proposés dans le document qui est maintenant la loi actuelle sur le
cadre réglementaire. Je faisais allusion au fait qu'on a eu le
même problème au moment de la loi 150 où on a dit au
ministre délégué aux Forêts: Nous aimerions
connaître vos règlements. Il a répondu affirmativement lors
de la commission. Nous avons reposé la question en Chambre et il nous a
répondu affirmativement. Au moment où on se parle, on attend
encore le règlement, mais, ce midi, il me disait que c'était une
question de temps parce qu'il était en train de fignoler les
règlements. On va les avoir.
Tout ce que je dis, c'est que le ministre nous parle de
règlements dans sa loi. Il pourrait bien me dire, en réplique
quand il prendra son droit de faire des remarques préliminaires, s'il le
désire, à la suite du droit que j'ai pris, qu'effectivement ce
règlement existe. Mais cela ne me dit pas que je les ai. S'il me disait
que ce sont les règlements qui existent déjà pour le
comité de surveillance, je dirais: Oui, c'est correct. Mais, en vertu de
la loi, vous allez devoir les changer, les modifier ou du moins les adopter
tels qu'ils sont en disant: Les règlements qui existaient avant
deviennent les règlements nouveaux.
Je vous dis tout simplement, M. le Président, que je trouve
drôle qu'on vienne nous donner une réponse comme celle-là,
si c'était celle-là qu'on me donnait. Ce n'est pas cela que la
loi dit. Je ne l'ai pas devant moi, malheureusement. J'aurais dû
l'apporter. J'étais sur un autre dossier. Dans l'autre dossier, j'avais
le document entre les mains qui indiquait exactement quelle est la
procédure pour faire connaître les règlements.
Peut-être que le ministre pourrait me dire: Écoutez, M. le
député, on va les déposer immédiatement et on va
prendre le temps qu'il faut pour les étudier. Mais je trouve cela
anormal qu'on vienne faire huit règlements. Si je les prenais un par un
par rapport à la loi actuelle, la loi actuelle dit: "Le comité de
surveillance peut, avec l'approbation du gouvernement, faire des
règlements pour l'exécution de la présente section et, en
particulier, diviser le Québec en districts d'inspection, classifier les
étalons inspectés - c'est le deuxième, troisième -
émettre des permis différents pour chaque classe, en fixer la
durée, déterminer la rédaction, la forme et -imaginez-vous
- la couleur des permis ainsi que des rapports des inspecteurs." C'est ce que
la loi actuelle dit. Mais le projet que le ministre propose - je le
répète pour les besoins - c'est que "le gouvernement peut, par
règlement..." Cela veut dire tous les membres du Conseil des ministres,
hommes ou femmes de ce gouvernement qui composent le Conseil exécutif,
pourront "déterminer la forme d'une demande de permis, les
renseignements qu'elle doit contenir et les documents qui doivent
l'accompagner; 2° , déterminer les critères et les
barèmes d'examen d'un étalon".
Vous vous imaginez, M. le Président, un Conseil des ministres
discuter des critères et des barèmes d'examen d'un étalon?
Combien, en temps, cela coûterait-il d'argent par rapport à ce que
cela coûtait avant? Le comité d'inspection, m'a-t-on dit, dans les
textes que j'ai lus, dans les discours que j'ai entendus, coûtait 2000 $
par année. C'est bien cela, M. le député?
M. Garon: Le comité.
M. Jolivet: Le comité coûtait 2000 $ par
année. Si on prend les 27 personnes, plus le premier ministre, ce qui
fait 28, qui sont autour d'une table et qui prennent deux heures à
discuter des critères et des barèmes d'examen d'un étalon
pour savoir si le règlement qu'ils vont présenter est bon ou pas,
ils vont ensuite faire cette annonce dans les journaux...
M. Garon: Mme Bacon va parler de cela.
M. Jolivet: ...faire ensuite l'annonce publique pour l'adoption
finale et peut-être même avoir une commission parlementaire pour
faire venir les gens qui sont les examinateurs.
M. Garon: II y a des chevaux qui comprennent juste le
français.
M. Jolivet: C'est vrai. "Wo back!" Donc, vous vous imaginez le
coût pour le Conseil des ministres d'étudier cela.
M. Garon: Je ne sais pas s'ils vont avoir droit aux services en
anglais.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
(22 heures)
M. Jolivet: "Back up!" On parle aussi de "déterminer la
forme du rapport d'examen et les renseignements qu'il doit contenir." Vous vous
imaginez, M. le Président? Prendre une heure au Conseil des ministres
à 28 personnes, aux salaires qu'ils sont payés et aux conditions
qu'ils ont, avec tout le monde qui travaille autour...
M. Garon: II y a des exceptions dans la loi 142.
M. Jolivet: Bien non, c'est pour la question des soins de
santé. Ce ne sont pas de3 vétérinaires dont on parle. La
loi 142, ce ne sont pas les vétérinaires; ce sont les soins de
santé. "3 déterminer la forme du rapport d'examen et les
renseignements qu'il doit contenir; "4 fixer le seuil de passage aux fins du
classement des étalons..."
Est-ce qu'on va devoir faire une arène où les chevaux vont
devoir passer devant le Conseil des ministres? Non, mais écoutez: fixer
le seuil de passage aux fins du classement des étalons pour savoir
quelle sorte de classement on doit faire pour telle et telle sorte
d'étalon.
M. Garon: ...voir cela.
M. Jolivet: Mais on n'a pas de règlement. On ne sait pas
comment cela marche.
M. Garon: Qu'est-ce qu'ils vont mesurer?
M. Jolivet: M. le Président, je ne sais pas. Je n'ai pas
le règlement entre les mains, mais, par rapport au règlement
actuel, ce n'est pas du tout... "5° établir les classes
d'étalons et déterminer leurs caractéristiques..."
Peut-être qu'on pourrait avoir les chevaux blancs, les beaux chevaux qui
sont venus dernièrement.
M. Garon: ...longueur des instruments.
M. Jolivet: Je pense qu'effectivement établir les classes
d'étalons et déterminer leurs caractéristiques... Les
chevaux, dans le temps de la guerre, on avait eu - on les a
préservés - les "épizzans", c'est cela. D'ailleurs,
l'annonce dans le journal, si vous avez remarqué, n'était qu'en
anglais.
M. Garon: Ah oui?
M. Jolivet: Oui. Vous n'avez pas vu cela? Cela m'a surpris.
L'annonce de la visite des chevaux "épizzans"...
M. Garon: Lipizzans.
M. Jolivet: Lipizzans. L'annonce était en anglais dans le
journal. Dans tous les journaux, je l'ai lue et je l'ai relue; elle
n'était qu'en anglais.
M. Garon: Ce sont des chevaux autrichiens.
M. Jolivet: Et, même à la télévision,
quand l'annonce se faisait, toute l'annonce sous-titrée était en
anglais.
M. Garon: Pas dans mon temps.
M. Jolivet: Non, mais c'est la semaine passée.
M. Garon: Dans notre temps, nous avions des chevaux lipizzans. On
les faisait venir donner des spectacles dans le cadre du salon international de
l'agriculture et tout se faisait en français.
M. Jolivet: Tout en français. Je vous le dis,
dernièrement, tout est en anglais.
M. Garon: Ils ont dû envoyer l'équipe anglaise
depuis le nouveau gouvernement.
M. Jolivet: Cela doit être ça. "6°
établir des conditions de délivrance et de renouvellement d'un
permis ainsi que sa forme et son coût..." Vous vous imaginez? La
discussion, un peu comme l'étude qu'on a
faite pour régler la paix au Viët-Nam, combien de temps cela
a pris pour savoir quelle serait la forme de la table: devait-elle être
carrée, rectangulaire, ovale, ronde, qui devait être dans tel coin
et qui devait être à telle place. Souvenez-vous de ce nombre
d'heures, de journées et de temps que cela a pris pour déterminer
la forme de la table.
Imaginez-vous! Les ministres, hommes ou femmes, devront établir
des conditions de délivrance et de renouvellement d'un permis ainsi que
sa forme et son coût. Une année, ils auront besoin d'argent et ils
diront: C'est 10 $ le permis. Une autre année, comme ils ont fait des
surplus, ils pourraient dire que c'est 8 $. La discussion s'engendre autour de
cela. Finalement, les ministres disent: Un instant! On devrait laisser cela
à 10 $. Ne le baissons pas, le monde est habitué de payer 10 $.
On devrait le laisser à 10 $. Si on le laisse à 10 $, les 2 $
qu'on va faire de plus, on peut les mettre ailleurs. On peut les mettre sur des
routes. Dans votre comté, d'ailleurs, vous savez qu'il y a plusieurs
routes qui doivent être réparées, M. le Président.
Un peu partout au Québec, il y a des routes qui doivent être
réparées de temps à autre. Peut-être que le ministre
des Transports pourrait dire: Écoutez, laissez-moi cela. Ou, encore,
peut-être que la ministre des Affaires culturelles pourrait dire: Pour
l'OSM, ce serait intéressant d'avoir l'argent pour construire la
bâtisse qui sera la salle de concert. "7° fixer les frais que doit
verser celui qui requiert un second examen..." Comme si un premier examen
n'était pas suffisant. Cela veut dire que, dans certains cas, cela
demande un deuxième examen et, là, on dit les frais.
Peut-être, pour éviter qu'il y ait un deuxième examen comme
on en a dans les soins dentaires, qu'on fixera le prix plus fort. Si on le
fixait plus fort...
M. Garon: Ils ont le droit. Les chevaux ont droit à un
deuxième examen, mais les enfants n'ont pas droit à cela.
M. Jolivet: Oui, les chevaux ont droit à deux examens.
M. Garon: Mais, selon le projet de loi 124, les enfants n'auront
pas droit à un deuxième examen dentaire.
M. Jolivet: Mais, dans ce cas-ci, on a droit a deux
examens...
M. Garon: Mais le cheval... M. Jolivet: Un instant:
M. Garon: On va le faire analyser, parce qu'on regarde
l'âge d'un cheval par ses dents. Il faut examiner les dents pas mal.
M. Jolivet: Oui, monsieur...
M. Garon: L'enfant, en vertu du projet de loi 124, ne pourra pas
être examiné deux fois par année, tandis que le cheval
pourra l'être,lui.
M. Jolivet: Oui, mais s'il l'est une seconde fois, il pourrait y
avoir quelqu'un dans un Conseil des ministres qui détermine qu'une
seconde fois, c'est trop.
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
avoir un jeu de cartes de façon à ne pas déranger le
caucus péquiste? Continuez à échanger, continuez à
vous...
M. Garon: On est habitué à travailler en
équipe. Vous autres, c'est surtout des monologues. On est habitué
de...
M. Pagé: Nous voulons travailler en équipe aussi et
on travaille en équipe.
M. Jolivet: Mais on ne vous dérange pas pour le moment. On
vous explique...
M. Pagé: Parfait: Salut:
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, continuez. Vous avez encore quelques minutes à votre
disposition.
M. Jolivet: "9° déterminer, parmi les dispositions
d'un règlement adopté en vertu du présent article, celles
dont la violation est punissable aux termes de l'article 55.44."
Si on va à l'article 55.44, on va voir ce qui en est exactement.
Ce ne sera pas long, je vais vous le retrouver - mais quel article 55.44?
M. Garon: II va falloir que les étalons se tiennent le
corps raide et les oreilles molles pour passer des examens comme cela.
M. Jolivet: Quant à moi, l'article 55.44, j'ai la
loi...
M. Garon: Une fois qu'ils auront établi...
M. Jolivet: ...j'ai la loi, M. le Président, j'ai la loi,
mais l'article 55.44 n'existe pas. Ah! C'est dans le règlement que je
n'ai pas, c'est vrai. Le ministre a le règlement, c'est le
règlement que je n'ai pas, vous m'excusez, je pense que c'est l'article
du projet de loi qui dit: "Déterminer, par les dispositions d'un
règlement adopté en vertu du présent article, celles dont
la violation est punissable aux termes de l'article 55.44."
M. le Président, je dois dire que tout cela m'inquiète,
parce qu'on pense, par ce projet de loi, diminuer les coûts, alors
qu'en
réalité on risque de les augmenter. Si on les augmente, M.
le Président, à quoi cela sert-il d'avoir dépensé
tant de temps à l'Assemblée nationale pour cela? À quoi
cela servirait-il de dépenser tant de temps au Conseil des ministres,
aux hommes et aux femmes du Conseil des ministres qui ont -c'est bien entendu -
à prendre des décisions sur chacun des huit règlements qui
sont là?
Alors, M. le Président, j'insiste auprès du ministre pour
qu'il nous fasse connaître au plus vite les règlements pour qu'on
puisse les étudier. Si je suivais la loi déposée par le
ministre qui est responsable de la déréglementation, je suis
sûr qu'on aurait devant nous le temps nécessaire pour analyser non
seulement le projet de loi tel que déposé, la loi existante, mais
aussi les règlements tels que déposés. J'insiste
auprès du ministre pour qu'il les dépose au plus vite, dès
ce soir, dès ce moment, puis on va prendre un temps de suspension s'il
le faut pour étudier, mon collègue et moi, les règlements
et faire les recommandations qui s'imposent. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? M. le ministre.
M. Michel Pagé (réplique)
M. Pagé: M. le Président, le ministère de
l'Agriculture que je dirige depuis le 12 décembre dernier, à la
suite de l'"appointement" qu'a effectué le premier ministre du
Québec...
M. Jolivet: "Appointement"... M. Pagé:
Désignation. M. Jolivet: Merci.
M. Pagé: Je m'excuse de vous avoir insulté,
monsieur, si j'ai osé utiliser le terme "appointement".
M. Jolivet: Non, vous ne m'avez pas insulté, c'est juste
pour les besoins du Journal des débats.
M. Pagé: Ce ministère administre une loi qui
s'appelle la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Là, je vais
être très clair, je vais être bref, parce que je dois vous
dire que l'heure avance et si l'objectif de la démarche, c'est de causer
pour le plaisir de causer, bien, on causera, mais on causera sans ma
participation, au débat tout au moins.
Une voix: Pardon?
M. Pagé: On causera. Si l'objectif de la démarche
de ce soir, c'est de causer pour le plaisir de causer, on causera, mais sans ma
participation au débat. J'ai le droit de ne pas y participer et je veux
être très clair.
M. Jolivet: Vous allez être ici?
M. Pagé: Oui, je vais être ici, mais je ne
m'associerai pas à des démarches superfétatoires.
M. Jolivet: Compilatoires, dirait le ministre de
l'Éducation.
M. Pagé: J'ai entendu beaucoup de propos, beaucoup de
commentaires depuis le dépôt de ce projet de loi et de son
étude en deuxième lecture. On semble se bidonner, on semble
rigoler, on veut mettre en relief le contrôle sanitaire des animaux et
particulièrement des chevaux du Québec - il faut appeler les
choses par ce qu'elles sont -le contrôle sanitaire des étalons du
Québec, on en fait des gorges chaudes, le sourire en coin, on compare
aux MTS, on compare aux enfants, etc. Je dois vous dire que, pour plusieurs
collègues, c'est nouveau, et j'entendais d'ailleurs en deuxième
lecture des députés dires Imaginez-vous donc qu'à
l'avenir, c'est le Conseil des ministres et c'est le ministre qui vont
contrôler les étalons au Québec.
Voyons donc! C'est tout à fait démagogique, comme si
c'était du droit nouveau. Comme si c'était du droit nouveau! La
loi a été adoptée en 1919. L'objectif de la loi... A
l'époque, la motricité mécanique ou les
équipements, les tracteurs, etc., qu'on connaît aujourd'hui,
n'existaient pas; donc, l'élément important pour aider le
producteur dans l'exploitation de son entreprise et pour défricher,
c'était le cheval. Nous en avions à l'époque beaucoup
plus, évidemment, que les quelque 30 000 que nous avons au Québec
actuellement. Il était important de s'assurer que la santé du
cheptel chevalin soit maintenue, bien protégée, tout comme il est
encore aujourd'hui important de s'assurer d'un contrôle très
rigoureux de la santé de nos troupeaux. Un exemple concret: il suffit
dans bien des cas qu'une maladie s'installe dans un troupeau donné et
c'est tout le troupeau qui y passe. C'est 25 000 000 $. Par exemple,
strictement dans la production laitière, c'est plusieurs millions et on
m'indique à mon ministère que c'est 25 000 000 $ par année
qui sont perdus par les producteurs à la suite de maladies dans les
troupeaux dans différents cheptels. C'est pourquoi on veut créer
l'assurance bétail.
J'ai déposé ce projet de loi qui a un seul objectif:
abolir un comité qui était devenu inutile, selon moi, avec tout
le respect que j'ai pour les gens qui y étaient. Je m'explique: La loi a
été adoptée en 1919.
Le règlement que j'ai ici...
Une voix: On ne l'a pas.
M. Pagé: ...que je n'avais pas moi non plus et que j'ai, a
été adopté le 27 mai 1919, a été
modifié le 13 octobre 1921, le 12 février 1923, le 16 avril 1925,
le 8 avril 1926, le 28 janvier 1928, le 28 mars 1930 et, dernière
modification du règlement, le 4 décembre 1939, exactement dix ans
avant que je vienne au monde. C'est le même règlement qui s'est
appliqué pendant toutes ces années. C'est le même
règlement que vous, comme député de Lévis, avez
administré, peut-être sans le savoir, pendant neuf ans. C'est le
même règlement que j'applique depuis le 12 décembre et
c'est le même règlement qui va s'appliquer au moment de l'adoption
de la loi. Il n'y a pas de droit nouveau.
Je peux vous lire le règlement pour votre bénéfice.
Je vais le déposer. "Le Comité de surveillance des étalons
du Québec est composé de cinq personnes nommées par le
ministre de l'Agriculture." C'est certain que l'article 1 va être
modifié parce que le comité est aboli par la loi. "Les officiers
sont: le président, le vice-président, élus chaque
année, et le secrétaire du comité." Cela aussi va sauter.
C'est ce en quoi le règlement sera modifié.
Mais le règlement établit des critères. Par
exemple: "tout étalon visité par les inspecteurs - écoutez
bien ce que je vous dis - est classé par le comité d'après
la classification suivante..." Alors, cela veut dire quoi concrètement?
Cela veut dire que ce ne sont pas les membres du comité - et le
député de Lévis, je m'excuse, a erré en droit et
dans les faits lorsqu'il a dit à l'Assemblée nationale du
Québec, il y a trois semaines environ, qu'à l'avenir ce seraient
les inspecteurs gouvernementaux qui se promèneraient au lieu des
bénévoles membres des comités et que cela allait faire des
comptes de dépenses explosifs. Je m'excuse. Vous avez
littéralement charrié ou vous ne connaissiez pas le contenu du
règlement. Jamais les membres du comité de surveillance n'ont
fait le tour de la province pour aller classer les étalons. Ce sont les
inspecteurs qui travaillent au ministère de l'Agriculture qui
travaillaient dans votre temps et qui étaient là dans votre temps
et, si vous aviez visité le 200, chemin Sainte-Foy de haut en bas pour
saluer vos employés et les remercier, vous auriez probablement vu dans
le bout, derrière un petit écran, deux personnes qui travaillent
avec les chevaux. Leur responsabilité: Classer. "Classe AA:
étalons de race pure." Et le député de Laviolette pourrait
écouter: c'est l'équivalent de deux hommes comme inspecteurs.
"Classe AA: étalon de race pure, sain, bien conformé -
rappelez-vous ce terme-là - ayant le poids voulu, bonnes allures,
typique de sa race et éprouvé comme étant un bon
raceur. "Classe A: étalon de race pure, sain, bien conformé,
ayant le poids voulu, bonnes allures, typique de sa race, mais non
éprouvé comme bon raceur." Un peu comme nos taureaux qui sont
éprouvés comme Hanoverhill Starbuck, celui qui est très
prometteur, et d'autres qui sont en voie d'épreuve.
Ce règlement ce n'est pas nous, ni vous qui l'avez fait, c'est le
gouvernement du Québec au fil des ans qui l'a fait. Il va être
modifié, mais pas pour y ajouter des pouvoirs réglementaires.
Pour répondre à votre propos quand vous disiez: Ah! les
libéraux avaient dit qu'ils réglementeraient moins! On n'a jamais
dit qu'il n'y aurait plus aucun règlement au Québec. Il faut
être un peu logique, à moins que l'on ne veuille tout simplement
être démagogique. (22 h 15)
Cependant, ce qu'il faut retenir, c'est que l'on a clairement
indiqué que l'on serait beaucoup plus transparent. C'est une
volonté de notre gouvernement. À preuve, la loi 12 qui oblige des
délais de prépublication, des droits, pour toute personne
visée par un règlement, de s'inscrire, d'être entendue et
même de venir ici en commission parlementaire. Il me fait plaisir et il
me fera plaisir de le déposer, si mes collaborateurs sont prêts,
évidemment, à écrire le règlement tel qu'il sera.
Je pense que l'on est capable de le faire avant la fin de la session.
Test de conformité, c'est cela. L'inspection des
équidés, sous-ministériat de la qualité des
aliments et de la santé animale: nom du sujet, la race, le sexe, la date
de naissance, le numéro d'enregistrement ou de tatouage. M. le
Président, pour le bénéfice du Journal des
débats qui ne voit pas, vous avez un cheval imagé de son
côté droit, un cheval imagé de son côté
gauche. Vous avez la ligne supérieure des yeux. Au cas où le
député de Laviolette ne le saurait pas, la ligne
supérieure des yeux est très importante quand on veut
détecter le caractère sain ou non d'un cheval. Un exemple
concret: on va être capable de voir - ce n'est pas un règlement,
je vous parle de mon expérience -si un cheval est facile à
conduire, à diriger ou à apprivoiser, généralement,
à partir de la largeur des yeux, de l'espace entre les deux yeux.
M. Jolivet: M. le Président, juste pour le ministre...
M. Pagé: Je termine. Je vais compléter; je ne vous
ai pas interrompu.
M. Jolivet: Non, d'accord.
M. Pagé: On a l'encolure, vue inférieure, si le cou
est levé. On a le nez, les antérieurs, vue postérieure du
côté droit, c'est-à-dire les pattes. Et on a toute une
série de détails. On a exactement 89 critères, à
partir du brachygnatisme, du prognatisme, des défauts à la
tête, des défauts aux oreilles, des cataractes congénitales
- cela arrive chez les chevaux -des défauts à l'auge ou à
la gorge, des défauts à l'encolure, si le cheval a une
épaule courte ou non, l'épaule trop droite, l'épaule trop
inclinée, le genou trop creux, le brassicourt, le genou de boeuf, cela
arrive.
M. Garon: ...le député de Berthier, là.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Arrêtez de regarder le député de
Berthier. Quand vous dites toutes ces choses, ne regardez pas le
député de Berthier parce qu'il est...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Pagé: M. le Président, pour le
bénéfice du Journal des débats, je dois vous dire que je
vois, par mes yeux, le député de Lévis.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Vous voyez, par la largeur entre les yeux, que ce n'est
pas un député vicieux.
M. Pagé: Mais je vois, par sa gorge, qu'il est dur
à contenir.
M. le Président, tout cela pour vous dire - je pourrais les
énumérer - que ce sont 89 critères qui servent non pas aux
membres du comité de surveillance, mais aux inspecteurs.
M. Garon: Continuez, parce que l'on n'a pas les
règlements, là.
M. Pagé: Vous avez la panardise des
postérieurs.
M. Garon: Ah bon!
M. Pagé: Vous avez la panardise des postérieurs qui
est différente.
Une voix: Qu'est-ce que c'est, cela?
M. Pagé: Vous avez les jarrets coudés...
M. Garon: ...député de Terrebonne à venir
pour les définitions qui nous manquent.
M. Pagé: ...les jarrets ouverts, il n'y en a pas de
noirs.
M. Jolivet: C'est dommage que le député de
Terrebonne ne soit pas là.
M. Pagé: Les jarrets clos, les courbes, les jardes, les
jardons, les éparvins osseux, en ce qui concerne le premier membre ou le
deuxième membre, l'éparvin sec, c'est ce que l'on appelle le
"harper".
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: Vous avez les jarrets grossiers.
M. Jolivet: Les jarrets noirs.
M. Pagé: L'éparvin sec est plus connu, dans le
jargon, sous le nom de "harper".
M. Garon: Est-ce que c'est écrit "harper" dans le
règlement?
M. Pagé: Non, pas dans le règlement, que Dieu nous
en garde!
M. Jolivet: Que Dieu nous en garde?
M. Garon: Je me demandais si vous aviez déjà
commencé à bilinguiser les règlements.
M. Pagé; Bon! Quelle contribution à cet aspect du
règlement! Tout cela pour vous dire, M. le Président, que cela
est en application. Savez-vous qui a appliqué tout cela? Le
député de Lévis.
M. Garon: Non! M. Pagé: Oui!
M. Garon: Le Comité de surveillance des
étalons.
M. Pagé: Ah! Dont les règlements...
M. Garon: Je n'aurais pas cette prétention, M. le
Président.
M. Pagé: ...étaient approuvés. Les
règlements du Comité de surveillance des étalons, pour
avoir force de loi, devaient être ratifiés. Ils l'étaient
par le député de Lévis. Oui! Il proposait au Conseil des
ministres d'approuver tel ou tel règlement.
Cependant, je dois vous dire...
M. Garon: C'est le Comité de surveillance des
étalons qui faisait les règlements.
Une voix: Qui faisait les règlements.
M. Jolivet: Oui, monsieur.
M. Pagé: Oui, mais ces règlements
étaient approuvés par le conseil.
M. Jolivet: Excusez-moi. Le Conseil supérieur de
l'éducation a le même système. Au comité catholique
et au comité protestant, ce sont eux qui ont le pouvoir d'adopter les
règlements.
M. Pagé: L'actuel article 21 de la loi...
M. Garon: M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, c'est important.
L'article 21 de la loi dit très clairement: "Le comité de
surveillance peut, avec l'approbation du gouvernement, faire des
règlements..." Donc, de tels règlements portant sur les
façons de classer, sur les types d'inspection, pour s'appliquer,
devaient avoir reçu l'approbation du gouvernement et, à ma
connaissance, le gouvernement, pendant les dix dernières années,
était représenté par le député de
Lévis comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Qu'on vienne me dire que c'est du droit nouveau, qu'on vienne
me dire que cela ne s'est jamais fait, qu'on vienne faire des gorges chaudes en
disant: Aie! Imaginez-vous donc, les étalons vont être
inspectés, c'est le ministre Pagé qui va se mêler de cela.
Voyons donc! C'est soit de l'ignorance, soit de la démagogie, ou encore
les deux.
M. le Président, ce que le projet de loi vient faire, le projet
de loi ne change absolument rien de substantiel. Le projet de loi vient dire
ceci. La façon dont cela fonctionnait n'est pas compliquée. Nos
deux inspecteurs ou deux personnes par année faisaient le tour, parce
qu'il est très clair -cela n'est pas du droit nouveau; cela existe
depuis 1919. Le propriétaire d'un étalon ne peut offrir son
étalon pour monter une jument qui ne lui appartient pas, à moins
d'avoir un permis. Pour que la monte d'une jument soit légale, si
l'étalon qui la monte est la propriété d'autrui, il lui
faut un permis. Et cela n'est pas compliqué. Pourquoi le permis? Ce
n'est pas pour achaler le monde avec des formules. C'est pour s'assurer que la
qualité de notre cheptel soit maintenue, qu'on n'ait pas de maladies
transmissibles qui viennent affecter sévèrement ou gravement
notre race. Là, on aura des commentaires qui pourraient dire: Ah bien!
on est plus sévère ou les animaux sont mieux
contrôlés que les humains. Mais je dirai que les humains sont
intelligents. Je dirai que les animaux, selon un vieux principe de philosophie,
sont intelligibles mais non intelligents.
M. Garon: Ils sont un peu parfois libéraux.
M. Pagé: Pardon? Il ne faudrait pas assimiler
libéral et libertinage, mon cher ami.
M. Garon: C'est la même racine latine.
M. Pagé: Imaginez-vous donc que j'étais
offusqué et un peu peiné. Offusqué quand j'ai entendu le
député de Lévis, avec la verve qu'on lui connaît, le
style néo-créditiste qu'on lui connaît, nous dire à
l'Assemblée: On protège les chevaux et on ne fait rien pour les
MTS, on ferme la seule clinique de la région de Québec, dans mon
comté. J'étais peiné pour les gens de Lévis, parce
que je suis certain que les gens de Lévis se sont dit: Voyons, notre
député charrie un peu. Cela n'est pas bon pour l'image d'un
député, surtout lorsqu'on a des prétentions
d'accéder, légitimement ou non - je n'ai pas à en juger -
à la chefferie d'un parti.
M. Garon: Merci.
M. Pagé: M. le Président, je note que chaque chose
vient à point à qui sait attendre et que le député
de Lévis est très persévérant. Le
député d'Anjou a peut-être péché par
excès d'enthousiasme, c'est peut-être arrivé trop vite. Je
pensais que j'étais le seul à le penser. Je conviens que le
député de Lévis le pense aussi, mais il ne le dira pas et
c'est normal; c'est explicable.
J'en étais à vous dire, M. le Président, que
c'était important de protéger la qualité de notre cheptel.
Je vous dirai aussi avant de terminer et c'est là où j'en
étais avant d'être perturbé par le député de
Lévis, j'en étais à vous dire que cela existe depuis 1919,
sauf qu'il y a un paquet de gens qui ne le savaient pas. Malgré tous les
efforts, malgré tout le professionnalisme des deux honorables
fonctionnaires qui travaillent à mon ministère dans ce secteur et
qui ont toute ma confiance, il y a certaines personnes qui ne le savaient pas.
Il y a des personnes qui siègent ici, à l'Assemblée
nationale qui m'ont dit: Qu'est-ce que c'est? J'ai un poulain, j'ai un
étalon et je vais être obligé d'avoir un permis. Cela a
toujours existé, mon cher ami. J'ai même deux de mes colloques,
dans la même région, dont l'un avait un étalon et l'autre
une jument, qui se disaient surpris de l'application d'une telle loi, alors que
cela existe depuis 1919 et que nul n'est censé ignorer la loi.
M. Garon: Allez-vous les poursuivre?
M. Pagé: Je me suis donné l'assurance qu'une
inspection rigoureuse de la qualité de leur cheptel soit
effectuée. Je n'ai pas dit de quel parti ils étaient, je n'ai pas
à le dire non plus, car l'application de la loi...
M. Garon: Ce qu'ils ont commis, c'est un acte
répréhensible sur le plan de la loi.
M. Pagé: Non, non...
M. Garon: Sur le plan juridique.
M. Pagé: ...ils m'ont fait part de leur intention de
bonifier leurs rapports par une rencontre de leurs chevaux respectifs.
Des voix: Ha! Ha!
M. Garon: Des fréquentations, quoi!
Des voix: Ha! Ha!
M. Garon: Est-ce que c'était pour le bon motif ou pour la
bagatelle?
M. Pagé: On m'a dit que l'acte n'avait pas
été consommé, M. le député. Tout cela pour
vous dire que c'est bien anodin, la manière dont cela se passait dans le
passé.
M. Garon: Tout vient à point à qui sait
attendre.
M. Pagé: Comme vous! Ce que je veux vous dire, ce
n'était pas compliqué. Nos deux inspecteurs faisaient le tour et
émettaient des certificats. Exemple? ils pouvaient classer un
étalon en classe A, purement et simplement. Si le propriétaire,
lui, voulait offrir son étalon et faire valoir le fait qu'il
était très bien classé, si le propriétaire
prétendait à un classement AA...
M. Garon: Vous comprendrez, M. le ministre, que c'est insultant
pour un propriétaire d'avoir un animal classé 8, parce qu'on dit
qu'un étalon, avec les années, en vient à ressembler
à son maître.
M. Pagé: Je dois dire que le cheval est plus qu'un ami, il
est un compagnon de l'homme. Imaginez-vous, comme le dirait le
député de Lévis, le pauvre citoyen dont l'étalon
était classé B. Il prétendait, lui, que son étalon
avait un potentiel de classe A. Qu'est-ce qu'il faisait? Il le signifiait
évidemment à son inspecteur et son inspecteur ayant jugé,
il pouvait porter le tout en appel au Comité de surveillance des
étalons, formé de personnes compétentes, j'en conviens,
lesquelles siégeaient, à ce qu'on me dit, une ou deux fois par
année. Lors de ces séances, ils entendaient de un à deux
cas par année.
Ce que le projet de loi prévoit, c'est que cela continue
exactement comme c'était, sauf que... Parce qu'il faut convenir que tout
le travail préparatoire d'analyse par exemple, du caractère
sérieux d'un appel logé par un propriétaire
d'étalon au comité de surveillance, était fait par des
fonctionnaires. Le comité de surveillance est aboli et c'est le ministre
qui agira.
On va me dire: Cela n'a pas de bon sens, le ministre est
prétentieux - on m'a dit cela - c'est le ministre qui va signer les
permis et les classifications, tout cela, pour que les étalons puissent
monter les juments, tranquille et légalement. Tous les permis
d'insémination artificielle sont signés par le ministre de
l'Agriculture, les permis de charcuterie, les permis d'abattoir, etc. Cela va
en faire une petite série de plus, ce n'est pas plus grave que cela. M.
le Président. Voilà l'essentiel des propos liminaires que j'avais
à formuler et nous sommes prêts à procéder.
Le Président (M. Richard): Est-ce que quelqu'un d'autre a
des remarques préliminaires sur le projet de loi 117? M. le
député de Lévis.
M. Jolivet: Avant que le député de Lévis ne
prenne la parole, M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous avez quelques commentaires?
M. Jolivet: Ce ne sera pas tellement long, c'est simplement pour
dire que le ministre ne m'apprend rien. Au début de son intervention, je
voulais intervenir parce que, quand j'étais jeune, alors que nous
demeurions à Richelieu, nous avions des chevaux et nous avons eu
l'occasion de voir comment se faisait l'élevage des chevaux. Le ministre
ne m'a rien appris de nouveau à ce sujet et je voulais juste le
souligner en passant.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le député de Lévis,
vous avez des remarques préliminaires?
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, vous avez remarqué que
le ministre a indiqué à quel point cette loi est importante. Dans
le temps du premier ministre Taschereau, les règlements étaient
changés à peu près à chaque année. Depuis la
défaite du premier ministre Taschereau aux élections, en 1916, le
règlement a été changé une fois, en 1939, et n'a
pas été modifié par la suite. (22 h 30)
On se rend compte actuellement que le ministre veut pratiquer une sorte
d'eugénisme équin ou eugénique équine, puisque la
langue française reconnaît les deux termes, eugénique ou
eugénisme, pour l'amélioration de cette science qui étudie
et met en oeuvre des méthodes susceptibles d'améliorer les
caractères propres essentiellement fondées... On dit que
l'eugénisme, c'est surtout pour les populations humaines, mais, si on
l'emploie dans le sens équin, c'est le caractère des populations
chevalines
essentiellement fondé sur les connaissances acquises en
hérédité. Le ministre nous a indiqué certaines
caractéristiques héréditaires, mais il ne nous a pas
encore produit des règlements.
Quand on étudiera le projet de loi article par article, on verra
qu'il y a des modifications dans les articles. On voit, par exemple, quand il a
parlé du passé, qu'il a parlé des chevaux qui devaient
avoir été examinés pour pouvoir jouer leur rôle de
géniteurs. On voit que, dans le nouveau projet de loi, par exemple, le
ministre dit que le propriétaire ou le possesseur d'un étalon
doit soumettre sa demande de permis ou de renouvellement avant le 1er
août de l'année précédant celle pour laquelle le
permis est requis, sauf lorsque la date d'acquisition ou de prise de possession
d'étalons est postérieure à cette date. Cela peut vouloir
dire qu'un étalon devra avoir son permis ou son renouvellement de permis
annuellement. À ce moment-là, il s'agit d'un permis qui a une
portée assez importante et il faudra faire la correspondance des
articles anciens avec les nouveaux ou les nouveaux articles avec les anciens
pour voir à quel point les nouveaux articles modifient la façon
de faire antérieure qui a prévalu de 1919 à 1986. Je ne
doute pas que ce projet de loi sera adopté avant les fêtes de
Noël. II n'y aura pas de "filibuster" de l'Opposition, au contraire. Nous
voulons, pour plus de clarté, étudier ce projet de loi comme il
faut.
Nous aimerions que le ministre produise une copie des règlements
et qu'il nous indique quels sont les règlements qui seront
modifiés et ceux qui ne seront pas modifiés, puisque
antérieurement, contrairement à ce qu'a dit le ministre, les
règlements étaient adoptés par le Comité de
surveillance des étalons, et non pas par le ministre, et qu'ils devaient
subir une approbation, ce qui voulait dire, à toutes fins utiles, qu'on
les acceptait ou qu'on les refusait.
De la môme façon que le Comité de surveillance des
étalons devait produire des règlements, ce ne pouvaient pas
être les règlements du ministre, c'étaient les
règlements du comité, de la même façon que quand la
Fédération des producteurs de lait, en vertu de la Loi sur la
Régie des marchés agricoles, a le droit de faire un
règlement, quelles que soient les fins de la mise en marché, ce
n'est pas le règlement du ministre, c'est le règlement de la
Fédération des producteurs de lait. Le ministre ne peut pas faire
le règlement à la place de ladite fédération
puisque le pouvoir est dévolu à la Fédération des
producteurs de lait de faire ce règlement et de le soumettre, par la
suite, à l'approbation de la Régie des marchés agricoles
qui peut l'accepter ou le refuser. Comme ce sont des règles de
fonctionnement professionnel adoptées par un organisme professionnel
dans le cadre de l'exercice de ses fonctions, si le règlement est
adopté correctement, s'il ne connaît pas d'abus, normalement, la
Régie des marchés agricoles va l'adopter à moins qu'il n'y
ait des objections majeures parce que la loi prévoit qu'un organisme
professionnel peut faire des règlements pour la bonne gestion de la mise
en marché du lait dans le cadre des plans conjoints.
De la même façon, la Loi sur la protection sanitaire des
animaux donnait le pouvoir au Comité de surveillance des étalons
de faire des règlements. Il ne s'agissait pas des règlements du
ministre, c'étaient des règlements d'une association où le
comité de surveillance ou des professionnels de la profession,
c'est-à-dire de l'industrie plutôt que de la profession,
établissaient des règlements en collaboration avec des gens du
ministère de l'Agriculture. Ce qui veut dire que le Conseil des
ministres, à moins qu'il n'y ait des raisons majeures, n'intervenait pas
dans la confection de ces règlements, non plus que dans leur
modification. Le fardeau de la confection des règlements est
changé. Du Comité de surveillance des étalons
essentiellement composé de professionnels de l'industrie, il est
maintenant donné au ministre lui-même maintenant. Ce n'est plus
l'industrie qui va s'autoréglementer, c'est le ministre qui,
bureaucratiquement, avec ses fonctionnaires, va faire maintenant les
règlements. Là, le Conseil des ministres ne jouera plus le
même rôle qu'il jouait antérieurement parce qu'auparavant le
comité faisait des règlements qui étaient approuvés
par le Conseil des ministres. Il aurait fallu une raison importante pour que le
ministre recommande au Conseil des ministres de ne pas approuver le
règlement puisqu'il s'agissait d'un pouvoir d'approbation.
On dira ce qu'on voudra, à l'article 17, par exemple, on dit: "II
est du devoir du comité de surveillance: "1° De classifier les
étalons inspectés de façon à faire connaître
leur valeur au public; "2° De tenir un registre contenant le signalement,
la classification." On disait: Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation peut nommer des inspecteurs
compétents pour inspecter les étalons sous la direction du
comité de surveillance et fixer leur rémunération.
Voyez-vous, on dit: Tout propriétaire ou possesseur d'étalons
destinés à la reproduction doit en faire la déclaration au
comité de surveillance avant le 1er septembre de chaque année. Le
ministre propose maintenant de faire un changement et de mettre cela le 1er
août plutôt que le 1er septembre.
Le pouvoir réglementaire à l'article 21 dit jusqu'à
maintenant: "Le comité de surveillance peut, avec l'approbation du
gouvernement, faire des règlements pour l'exécution de la
présente section et, en particulier, diviser le Québec en
districts d'inspection, classifier les étalons inspectés,
émettre des permis différents pour chaque classe, en fixer la
durée, déterminer la rédaction, la forme et la couleur des
permis ainsi que des rapports des inspecteurs." Vous voyez que c'était
le comité qui devait faire la réglementation, qui devait
surveiller son application, tandis que dans le nouveau projet de loi les
représentants de l'industrie ne seront plus nommés par le
ministre et le ministre va s'instituer inspecteur-chef des étalons. Le
ministre va devenir un peu l'inspecteur-chef des étalons.
Je pense que c'est une erreur, M. le Président. De la même
façon qu'on aurait pu dire, par exemple, que la Fédération
des producteurs de lait fasse ses propres règlements de gestion du lait,
le ministre pourrait dire demain matin: Je n'ai pas besoin des cultivateurs
pour faire cela, je suis capable de faire cela moi-même.
De la même façon - je vois le député de
Prévost qui est ici - si, demain matin, on disait aux producteurs de
lait: "On n'a pas besoin de votre fédération; on a
déjà la Régie des marchés agricoles qui approuve
les règlements; on est capable de faire les règlements
nous-mêmes au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation et, ensuite, vous les appliquez", cela ferait un holà
un peu spécial. On dirait: La profession de l'industrie laitière,
les agriculteurs, est capable de se discipliner et d'établir son
régime de la même façon qu'on a confié au Barreau le
rôle de faire l'inspection et la surveillance de ses membres, de la
même façon qu'on a confié aux notaires le pouvoir de faire
l'inspection de ses membres. Je dirais même, je dirais plus que nous
étudions actuellement en commission parlementaire du budget et de
l'administration les façons d'inspecter le commerce des valeurs
mobilières tout en se demandant si le gouvernement ne pourrait pas faire
en sorte qu'au lieu que ce soit la Commission des valeurs mobilières du
Québec qui inspecte, qui surveille certaines choses, il y ait certaines
réglementations adoptées par les gens du secteur des finances
pour s'autodiscipliner davantage.
Je remarque que, dans le domaine des étalons, le gouvernement
fait un pas en avant et dit: Dans le domaine des étalons, fini
l'autoréglementation de l'industrie. Nous avons décidé
qu'à l'avenir, c'est le ministre qui proposerait les règlements,
c'est le Conseil des ministres qui approuverait la réglementation et
qu'il n'y aurait plus cette autodiscipline, cette autoréglementation
afin d'améliorer la race chevaline qui viendrait de l'industrie
chevaline elle-même. C'est une orientation, M. le Président, qui
représente une façon de voir les choses, mais qui ne va pas dans
le sens d'une autodiscipline qu'on retrouve dans beaucoup de secteurs de
l'activité économique. On veut remplacer cette façon de
faire de l'industrie, même s'il y avait une grande collaboration avec le
ministère comme il y a collaboration dans beaucoup d'autres segments de
l'activité agricole ou de l'élevage entre le monde de l'industrie
agricole et le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Cependant, pourquoi? Je comprends que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation se fait bousculer par toutes sortes de
comités qui viennent lui dire comment gérer son ministère,
que le président de Provigo, M. Pierre Lortie, que le président
de la Banque Nationale, M. Bélanger, que l'ex-président de la
Banque d'épargne de la cité et du district de Montréal, M.
Marcoux, que M. Jean-Claude Rivest, conseiller politique du premier ministre,
ont une grande connaissance de l'élevage des chevaux, de l'analyse de la
capacité reproductrice des chevaux dans une perspective
d'eugénisme équin ou d'eugénique équine puisque la
langue française admet les deux terminologies. Je dirai, M. le
Président, que je suis surpris parce qu'au fur et à mesure que
les populations deviennent plus responsables, on a tendance à se
reposer, le gouvernement a tendance à déléguer certains
pouvoirs d'autodiscipline à ces secteurs de l'activité
économique. (22 h 45)
Je remarque que les gens du secteur des chevaux, des
équidés, de l'élevage équestre avaient... Je vois
que le député des Îles-de-la-Madeleine tousse de plus en
plus. Je ne voudrais pas, M. le Président, qu'il attrape la gourme parce
qu'il faudrait appeler un vétérinaire. Mais je vous dirais, M. le
Président, que cette petite toux que j'entendais et qui venait de lui
ressemblait un peu à cette toux que les équidés ont
lorsqu'ils ont un début de gourme. Ce n'est pas creux, c'est
plutôt un frémissement des babines lorsque la maladie s'installe
et qu'elle montre ses premiers phénomènes. C'est un peu comme
lorsqu'un rhume de cerveau commence à se manifester par un
écoulement des orifices nasaux.
M. le Président, je ne voudrais pas faire étalage de mes
connaissances dans le domaine de la médecine vétérinaire.
Je dois dire que j'ai eu l'occasion de préfacer récemment un
excellent volume sur l'histoire de la médecine vétérinaire
au Québec du Dr Michel Pépin et que je sais à quel point
la médecine vétérinaire a joué un grand rôle
au Québec dans l'élevage des chevaux et l'amélioration de
la qualité des chevaux. Mais la façon de faire que manifeste le
gouvernement dans ce projet de loi va dans le sens contraire des orientations
de tous les gouvernements du monde occidental qui ont tendance à
remettre à l'industrie certains
pouvoirs d'autodiscipline dans le domaine de l'élevage et de
l'amélioration des races animales. L'industrie chevaline a
sûrement été la première industrie de
l'élevage québécois à avoir ce genre de
décentralisation où les professionnels, les meilleurs
représentants de l'industrie engagés par le ministre, avaient un
pouvoir réglementaire pour assurer la qualité du cheptel
équin du Québec. Aujourd'hui, on rétrograde! On
enlève à l'industrie, aux représentants de l'industrie, ce
pouvoir pour le confier aux bureaucrates et au ministre, au bureaucrate-chef,
le ministre de l'Agriculture.
Je peux vous dire, M. le Président, que je n'ai jamais
pensé personnellement à faire ce mouvement qui, d'ailleurs, n'a
pas été pensé par le ministre de l'Agriculture. Il a
été recommandé par le président de Provigo, le
président de la Banque Nationale, le président de la Banque
d'épargne de la cité et du district de Montréal, le
conseiller politique du premier ministre et le président du
comité, le président du Conseil du trésor,
ex-vice-président de Provigo dans les fruits et légumes. Vous
comprenez, M. le Président, que cela fait un drôle de groupe
consultatif pour déterminer l'orientation - j'allais dire "sexuelle" -
dans l'élevage des chevaux et dans l'accouplement des juments avec les
étalons sur le territoire national québécois. Ce mouvement
m'apparaît contraire à l'histoire et contraire aux tendances qu'on
observe dans l'industrie agricole.
M. le Président, j'aurais souhaité que le ministre
résiste à cette bureaucratisation de l'élevage chevalin au
Québec. Si j'étais le député de Prévost, je
serais gêné, parce que demain matin, qui empêchera le
gouvernement, dans le même manque de confiance, de retirer les pouvoirs
de réglementation de la Fédération des producteurs de lait
ou d'autres fédérations des races laitières ou d'autres
races animales dans la même perspective et pour les mêmes raisons
que le gouvernement retire actuellement le pouvoir réglementaire,
l'existence et le suivi assuré par le Comité de surveillance des
étalons au Québec depuis 1919?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, je vous remercie pour vos remarques préliminaires. Est-ce
qu'il y a d'autres...
M. Garon: J'ai posé une question au ministre dans le cadre
de mon exposé, à savoir s'il y aura un dépôt de
règlements, car nous n'avons pas les moyens de savoir quels sont les
règlements que le ministre veut changer, quels sont ceux qu'il veut
approuver intégralement. Nous aurons l'occasion de voir, dans le cadre
de l'étude article par article du projet de loi, qu'on retrouve des
pouvoirs réglementaires à différents endroits qui ne sont
pas repris de la même façon que dans les anciens textes. M.
Pagé: Deux choses, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: J'espère qu'elles contribueront à
sécuriser le député de Lévis. Premièrement,
j'ai dit tout à l'heure que le règlement actuel qui existe depuis
1939 était un règlement tout à fait valable qu'on n'a pas
l'intention de modifier substantiellement puisqu'il fut appliqué, qu'il
n'est pas contesté et qu'il nous permet d'atteindre les objectifs qui
nous sont impartis en vertu de la loi. Cependant, le règlement devra
être modifié évidemment pour soustraire les
privilèges qui sont consentis au Comité de surveillance des
étalons, puisque ce comité n'existera plus.
De plus, il est très clair dans notre esprit que le Conseil des
productions animales du Québec, organisme consultatif qui relève
du ministère, comprend différents comités, dont un
comité cheval, en plus du Comité de surveillance des
étalons. C'est un comité qui est formé de douze
membres.
M. Garon: ...de chevaux? M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Ce n'est pas un comité de chevaux.
M. Pagé: C'est un comité de
propriétaires.
M. Garon: De propriétaires de chevaux.
M. Pagé: C'est un comité formé de
personnes.
M. Garon: Vous aviez dit le comité cheval.
M. Pagé: On appelle cela le comité cheval, comme il
y a le comité de tel autre type d'animaux.
Ce comité est formé de douze personnes. Près de la
moitié sont généralement des éleveurs
d'élite, l'autre moitié, des fonctionnaires ou des universitaires
ou encore des spécialistes de l'hippologie, de la zootechnie ou de
l'hippiatrie. Les membres du comité cheval... Le comité cheval
n'est pas aboli, évidemment. Le comité cheval va continuer au
sein du grand comité formé de M. Anicet Brault de l'ITA de La
Pocatière, M. Yves Bernatchez qui a sa maison d'affaires à
Québec et qui demeure dans mon comté de Portneuf que vous
connaissez très probablement; M. Jean-Paul Lemay, du département
de zootechnie au Pavillon Comtois de l'Université Laval, M. Pierre
Lévesque, de Bedford, qui est un producteur
d'élite, M. Michel Grégoire, du ranch des montagnards
à Auclair, qui vient du comté de Témiscouata, M. Normand
Caron, de Bromont, M. Jean Desrochers, du MAPAQ, M. Dominique Rony de la
station de recherche de Deschambault, M. André Vrins de la
Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe,
M. Réal Sorel de Roxton-Pond, M. René Bouthiller de
Montréal et M. Jean Beaudoin de South-Durham dans le comté de
Drummond.
Ce comité agit comme conseiller, comme consultant ou comme
conseil auprès du ministère quand vient le temps d'adopter des
mesures susceptibles de concerner ou de promouvoir la race chevaline au
Québec. Ce comité est consulté lorsque vient le temps
d'adopter des règlements ou d'apporter des modifications aux
règlements. Je peux donner l'assurance au député que le
comité cheval du Conseil des productions animales du Québec sera
consulté pour la préparation du règlement. Je suis
prêt à faire ceci parce qu'on m'indique la
quasi-impossibilité de pouvoir prendre le temps qu'il faut pour
rédiger le règlement avant l'ajournement de nos travaux.
Cependant, je peux m'engager à distribuer, avant son dépôt,
avant sa prépublication, aux membres de cette commission et
particulièrement au député de Lévis le projet de
règlement que je déposerai ultérieurement pour m'assurer
que le député de Lévis soit bien sécurisé.
Je peux lui donner l'assurance que ce ne sera pas fait sur le coin de la table.
Ce sera fait en consultation avec des gens qui sont particulièrement
concernés, intéressés et motivés par cet aspect de
la question.
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela répond
à vos attentes, M. le député de Lévis?
M. Pagé: Probablement pas complètement, mais c'est
mieux...
M. Garon: Non, cela n'y répond pas vraiment. Le ministre
encore là nous demande un chèque en blanc mais il ne veut pas
nous donner copie des règlements qu'il a l'intention de faire adopter
dès l'adoption du projet de loi. Au moins, il devrait y avoir une
première version des règlements qui devraient être
adoptés assez rapidement et elle devrait être
déposée à la Gazette officielle pour
consultation.
Il serait intéressant d'avoir une copie des règlements. Le
ministre pourrait nous la déposer dans le cadre de l'étude de ce
projet de loi, puisque je ne connais pas personnellement les
intérêts profonds et les intentions profondes du gouvernement dans
ce projet. Il nous dit que les règlements seront à peu
près les mêmes. Le comité coûtait 2000 $ par
année. Cela donnait une expertise à l'industrie de
l'élevage. Quel aurait été l'intérêt de faire
ce projet de loi, d'aller à travers tous les dédales de la
première et de la deuxième lecture, de la commission
parlementaire, du rapport de commission et de la troisième lecture pour
abolir un comité qui coûte 2000 $ au gouvernement et qui permet
l'expertise des chevaux? Le ministre nous dit qu'il ne veut pas changer la
réglementation, sauf abolir le comité et faire en sorte que le
pouvoir de nomination du ministre soit aboli puisqu'il veut remplacer
lui-même les personnes qu'il nommait dans le cadre de son projet de
loi.
J'essaie de comprendre le but de ce projet de loi et je ne suis pas
capable de le saisir. Cela me paraît inutile. Ou bien c'est inutile ou
bien il y a des intentions importantes du gouvernement par rapport à
l'industrie chevaline et ce nouveau projet de loi va amener une
réglementation nouvelle. Autrement, je ne sais pas. Est-ce pour faire un
projet de loi de plus dans le bilan de l'année? Je ne suis pas capable
de voir le but véritable et c'est pour cela que je vous pose la
question: Quelles sont les véritables intentions du gouvernement? C'est
un comité qui existe depuis 1919 et qui coûte 2000 $ par
année.
Vous-même, M. le Président au "pif...
M. Pagé: La question ne m'est pas adressée; elle
vous est adressée.
M. Garon: ...prima facie, quand vous regardez cela..
M. Pagé: A sa face même.
M. Garon: ...à sa face même...
M. Pagé: Comment réagissez-vous, M. le
Président? Que pensez-vous de cela, Maurice? La question ne m'est pas
adressée. Je ne peux pas prendre fait et cause à votre place.
M. Garon: D'autant plus, M. le Président, quand vous
pensez à cela, on va avoir le moyen de faire deux inspections pour les
chevaux, alors que l'on coupe l'inspection dentaire des enfants à une
seule par année.
M. Pagé: M. le Président, j'ai mis des
barrières et des balises à la démagogie du
député.
M. Garon: Non, non, c'est vrai. M. Pagé: Vous
êtes glissant.
M. Garon: Le cheval aura droit à un appel...
M. Pagé: Ne glissez pas trop vite, vous allez vous casser
un genou comme moi.
Faites attention.
M. Garon: Le propriétaire du cheval, sur l'analyse de son
cheval, pourra dire: Je vais en appel parce que je ne suis pas content de
l'inspection faite. L'inspecteur devra regarder le cheval. Il devra le mesurer.
Il y a 89 critères, nous disait le ministre tantôt, à
regarder en passant par la largeur des yeux. C'est seulement un critère,
la largeur entre les deux yeux.
M. Pagé: Ce n'est pas moi qui ai défini ces
critères.
M. Garon: Quand vous commencez, on dit: II faut qu'il examine
toutes sortes de choses. Tantôt vous avez dit... Pas les cuissardes,
mais... Si vous mesurez les cuisses du cheval, vous ne faites pas cela en 30
secondes. Il y en a qui aiment cela se faire mesurer mais il y en a qui
n'aiment pas cela. (23 heures)
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Je me rappelle la première fois, la
première année de la mise en oeuvre de Rosalie. Il y avait un
photographe officiel du ministère pour photographier les taureaux. Les
fonctionnaires du Trésor nous expliquaient qu'il fallait passer par
Rosalie et le premier client dont le nom était sorti n'avait jamais
photographié un boeuf de sa vie.
M. Pagé: II devait être dans le trouble un peu,
oui!
M. Garon: Imaginez-vous! Cela n'a toujours pas de bon sens. Il
faut mettre les deux pieds d'en arrière ensemble et les deux pieds d'en
avant ensemble et un taureau, comprenez-vous, on ne lui donne pas juste une
petite tape sur la tête pour lui dire: Regarde un peu plus à
gauche ou penche un peu l'épaule pour mieux mettre en valeur ta
musculature.
M. Pagé: Le député décrit bien la
réalité.
M. Garon: II y avait un spécialiste de la photographie des
taureaux.
M. Pagé: ...
M. Garon: C'était un dénommé Rose. Je ne
l'ai jamais rencontré, je l'ai peut-être déjà vu,
par exemple, il me semble que c'est un dénommé Rose qui
était spécialiste de la photographie des animaux.
M. Pagé: II l'est encore.
M. Garon: Imaginez-vous, le premier photographe venu pour
photographier les taureaux et leur, faire prendre la pose
caractéristique pour pouvoir évaluer, à vue, le potentiel
génétique du boeuf, du bovidé... Je vous dirai que j'ai
appris, en lisant des revues, qu'on peut voir, en regardant un animal, son
degré de fertilité, selon la position de certaines parties de son
anatomie.
M. Pagé: C'est vrai, les trois triangles, par exemple,
chez la vache.
M. Garon: On peut évaluer cela. Mais quelqu'un qui n'est
pas familier avec cela...
M. Pagé: II passe à côté.
M. Garon: C'est un peu comme l'enfant qui visitait l'exposition
agricole avec son père. Son père lui a montré une vache.
L'enfant lui a demandé: Pourquoi le pis de la vache? Il a
répondus Mon petit garçon, c'est là que se trouve le lait.
Le petit garçon regarde cela; il avait l'air impressionné par le
pis de la vache. Le petit garçon continue à marcher avec son
père et un peu plus loin, il dit: Papa, regarde, cette vache ne doit pas
donner beaucoup de lait. Ce n'était pas une vache, c'était un
boeuf et le pis était moins gros. C'est pour dire que, dans toutes ces
questions, on ne peut pas procéder de n'importe quelle façon.
C'est pour cela que je posais des questions au ministre sur ses intentions. Je
ne suis pas capable, dans tout cela, de saisir les intentions du gouvernement.
Vous-même, M. le Président, avez l'air un peu estomaqué
quand je vous pose la question. Je suis persuadé que si je demandais
à la députée de Kamouraska-Témiscouata...
M. Pagé: Elle va se faire un plaisir de
répondre.
M. Garon: Oui, j'aimerais cela. Ou le député de
Prévost pourrait-il me dire ce que cela va donner, cette loi?
M. Pagé: C'est simplement pour simplifier l'appareil de
l'État, M. le député, pour diminuer la taille de
l'État, un comité dont le mandat peut facilement être
remplacé par un mandat d'activité du ministère. Je l'ai
dit très clairement, je comprends que cela coûte seulement 2000 $
par année mais, pour nous, toutes les piastres sont importantes,
à partir de la première.
M. Garon: Ce ne sont pas les 2000 $ qui me frappent, c'est
l'orientation, c'est le fait de liquider les représentants de
l'industrie chevaline...
M. Pagé: Le comité pour le cheval.
M. Garon: ...faire disparaître le Comité de
surveillance des étalons.
M. Pagé: La surveillance sera assumée par le
ministère. Le comité pour le cheval...
M. Garon: Oui.
M. Pagé: ...va continuer de me donner des avis et on va
économiser...
M. Garon: Vous avez le comité conjoint des races
laitières; allez-vous continuer à lui faire confiance ou si le
comité conjoint des races laitières va être
éliminé au profit d'un permis donné par le ministre?
M. Pagé: Non.
M. Garon: Pourquoi, dans le cas du comité conjoint des
races laitières, ce sont des éleveurs qui forment le
comité et c'est bon alors que, dans le cas des chevaux, ce n'est plus
bon? C'est cela que je ne comprends pas.
M. Pagé: II nous est apparu que cela ajoutait à la
lourdeur de l'Etat; c'est un comité de plus, une société
de plus, un organisme de plus.
M. Garon: Oui, mais il y a le comité des races
laitières; là, les comités sont bons.
M. Pagé: Dans le cas spécifique des chevaux,
semblable responsabilité peut être assumée par le
ministère sans causer d'inconvénients ou de préjudices aux
objectifs poursuivis par notre démarche. Ce n'est pas plus grave que
cela, ce n'est pas plus compliqué que cela.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous en avons
terminé, messieurs, de part et d'autre...
M. Pagé: Mesdames, aussi, M. le Président.
Le Président (M. Richard): ...et mesdames, en ce qui
concerne les remarques préliminaires? Est-ce que quelqu'un d'autre veut
intervenir?
M. Garon: La députée de
Kamouraska-Témiscouata devait nous donner une réponse, mais je ne
l'en ai pas entendue encore.
M. Houde: C'est parce qu'elle n'avait rien à faire mesurer
hier soir.
M. Pagé: Albert:
Le Président (M. Richard): II ne semble pas y avoir de
réponse, est-ce que...
M. Garon: Je ne veux pas faire de commentaire sur la remarque du
député de Berthier, mais aux Îles-de-la-Madeleine, est-ce
qu'il pense que cela sera mieux comme ça?
M. Farrah: Cela dépend si tu éternues ou si tu as
la grippe.
M. Garon: Pardon?
M. Farrah: Cela dépend si tu as la grippe ou si tu
éternues.
Des voix? Ah! Ah! Ah!
M. Garon: II ne faudrait pas que le député
transmette des maladies aux animaux.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Farrah: Consultez votre clinique pour les MTS.
M. Garon: Le besoin en est-il si grand? M. Farrah: Pardon?
M. Garon: Parce qu'il y a une clinique de trop dans Québec
où il y a 750 000 de population, il s'est ouvert une clinique de trop.
Voulez-vous dire que cela en prendrait une aux Îles-de-la-Madeleine, de
la manière dont vous parlez?
M. Farrah: Non, c'est juste pour aller la chercher chez vous.
Le Président (M. Richard): Je constate que c'est
peut-être complet pour les...
M. Pagé: ...préliminaires.
Le Président (M. Richard): ...préliminaires,
maintenant, est-ce que nous pouvons...
M. Pagé: On a fini les préliminaires, passons aux
actes.
Le Président (M. Richard): ...considérer qu'on peut
passer à l'étude de la loi article par article?
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Nous sommes disposés, M. le
Président.
M. Pagé: J'apprécie les bonnes dispositions du
député.
Le Président (M. Richard): Merci. Maintenant, nous passons
à l'article 1 qui semble relativement...
M. Garon: L'article 244 sur les consultations, si ma
mémoire est bonne, permet des consultations particulières
préalables à la commission, mais est-ce que le ministre a
l'intention de demander à certaines personnes de venir rencontrer la
commission? Je ne veux pas l'en...
Le Président (M. Richard): L'en empêcher?
M. Garon: Je ne veux pas l'en empêcher et avant de me
prononcer personnellement, j'aimerais mieux entendre de sa bouche s'il entend
faire venir des groupes pour nous conseiller.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: Je n'entends pas, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis demandait, si on...
M. Pagé: Non, non, il m'a demandé si j'entendais,
j'ai dit que je n'entendais pas.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: J'ai ' le sentiment qu'il entend, mais qu'il ne
comprend pas.
M. Pagé: Non, mais, c'est-à-dire, que j'ai entendu
sa question, laquelle était: Est-ce que le ministre entend appeler des
groupes pour qu'ils se fassent entendre? J'ai répondu que je n'entendais
pas. Il fallait comprendre que je n'entendais pas faire venir de groupes.
Le Président (M. Richard): J'ai l'impression, M. le
député de Lévis, qu'il n'a vraiment pas l'intention de
faire venir de groupes.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Alors?
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): Vous me permettrez, mesdames,
messieurs; maintenant, j'appelle l'article 1 qui se répartit - encore
une affaire qui nous complique la vie - en 21 sections...
Une voix: Pardon?
Le Président (M. Richard): Introduit 21...
M. Garon: Vous faites bien cela, M. le Président.
Occasionnellement, on voit des présidents qui se prennent pour d'autres,
mais vous, vous êtes naturel...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: ...et vous faites cela très
agréablement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. Merci, M. le ministre.
M. Pagé: Je me permettrai de dire que je souscris
pleinement aux propos du député de Lévis et j'ajouterai
même que j'étais à dire à mes collègues
ministériels que le député de Lévis est de commerce
très agréable, lorsqu'il le veut bien.
M. Garon: Mais, sous la présidence du député
de Nicolet, c'est plus facile.
Le Président (M. Richard): Merci, messieurs, de part et
d'autre.
M. Pagé: A l'article 1, M. le Président...
M. Garon: Est-ce qu'il y. aurait moyen de scinder les articles,
qu'on les passe un par un...
M. Pagé: On les passe l'un après l'autre.
M. Garon: ...plutôt que voir l'ensemble, parce que
l'article 1 est volumineux.
M. Pagé: Je suis d'accord, M. le Président, avec le
député, on va traiter, par exemple, de l'article 12 du projet de
loi, de l'article 13, individuellement et successivement. C'est cela?
Le Président (M. Richard): D'accord.
M. Pagé: Alors, à l'article 12, M. le
Président...
Le Président (M. Richard): À vous, M. le
ministre.
M. Pagé: ...cela renvoie à l'article 15 de la loi
actuelle. L'article 15 de la loi actuelle disait ceci: "Depuis le 1er janvier
1920, aucun propriétaire ou possesseur d'étalon ne peut l'offrir
ou l'employer pour la monte des juments appartenant à autrui, avant de
l'avoir présenté à l'inspection et d'avoir obtenu un
permis de monte du comité de surveillance."
Le nouvel article 12 dit ceci: "Le propriétaire ou le possesseur
d'un étalon ne peut l'offrir ou l'employer pour la monte des juments
appartenant à autrui, à moins d'être titulaire d'un permis
de monte pour cet étalon délivré par le ministre."
M. Garon: Est-ce qu'on avait peur que, dans l'ancien article, on
pense que le permis, c'était pour monter le comité de
surveillance? Là, on a changé la monte du comité de
surveillance par la monte des juments!
M. Pagé: Comment la monte du comité de
surveillance?
M. Garon: C'est vrai.
M. Pagé: C'est le même texte, M. le
Président.
M. Garon: Non, avant.
M. Pagé: Le comité de surveillance pouvait parfois
démonter, mais il n'était jamais monté.
M. Garon: On disait: Un permis de monte, avant "d'avoir obtenu un
permis de monte du comité de surveillance". Là, on dit que cela
prend un comité pour la monte des juments.
M. Pagé: Le comité de surveillance est aboli, mais
les juments vont demeurer.
Le Président (M. Richard): Une chose est certaine, c'est
qu'on voudrait démonter le comité, en tout cas.
M. Garon: Ah ouiï Comment avez-vous dit cela, M. le
Président?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. J'ai l'impression
qu'on veut démonter le comité. Est-ce que nous sommes d'accord
à l'article 12.
M. Pagé: II faut lire l'article 12 avec l'article 14,
parce qu'on dit à l'article 14 du projet de loi que "le permis est
délivré ou renouvelé, conformément à la
section 1V.3, après que le demandeur a soumis l'étalon à
l'examen fait par toute personne autorisée par le ministre à agir
comme examinateur aux fins de la présente section".
M. le Président, le commentaire que j'ai à faire, c'est
que les deux conditions préalables à la monte publique sont
demeurées les mêmes, soit l'examen de l'étalon et le permis
de monte qui est délivré.
M. Garon: Les articles 12 et 14 remplacent l'article 15?
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous sommes d'accord
à l'article 12?
M. Garon: Cela veut dire que cela prend deux articles pour
remplacer l'article 15?
M. Pagé: C'est-à-dire que le législateur
parle autrement. Dans certains cas, le législateur précise les
nouvelles dispositions qui s'appliquent et il en résulte la
rédaction de deux articles. Il faut lire 12 avec les autres. Je
présume qu'en adoptant l'article 12, très probablement, on va
adopter l'article 14.
M. Garon: Moi, cela va pour l'article 12.
Le Président (M. Richard): Adopté, pour l'article
12. J'appelle l'article 13...
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division.
M. Garon: Parce qu'on est déjà favorable au permis
délivré par le comité.
Le Président (M. Richard): Je tiens donc pour acquis que
ce sera sur division sur chacun des articles éventuellement.
M. Pagé: Peut-être pas. M. Garon: On
verra.
Le Président (M. Richard): Mais par habitude. En tout cas,
c'est cela d'habitude. Je m'excuse!
M. Garon: M. le Président, vous ne pouvez pas m'attribuer
des habitudes ou un comportement...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député.
M. Pagé: M. le Président, je retiens que
l'Opposition est comme la...
Le Président (M. Richard): L'article 13.
M. Garon: Vous êtes en train de me démonter.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 13, s'il
vous plaît, M. le ministre.
M. Pagé: Je retiens que l'Opposition est comme la
cigarette. Le danger croît avec l'usage.
M. Garon: Voulez-nous dire que l'Opposition ne fume point.
M. Pagé: Elle fait beaucoup de fumée.
M. Garon: Tu ne fumes pas, toi non plus?
Une voix: Non, je ne fume pas.
M. Pagé: De la fumée dans le sens beaucoup...
M. Garon: Dans l'Opposition, nous sommes deux membres qui ne
fumons pas, ni l'un ni l'autre, parce que nous croyons à la protection
de l'environnement. Nous voulons le pratiquer nous-mêmes dans notre vie
quotidienne.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 13 à
nouveau.
M. Pagé: C'est comme le reste. On peut faire de la broue
sans bière. On appelle quel article, M. le Président?
Le Président (M. Richard): L'article 13. M.
Pagé: L'article 13.
M. Garon: On peut faire de la fumée sans cigarette!
M. Pagé: C'est ce que vous faites tous les jours. Vous
mettez le feu partout. M. le Président, la loi actuelle à
l'article 14 prévoit que "tout propriétaire ou possesseur
d'étalon destiné à la reproduction doit en faire la
déclaration au comité de surveillance avant le 1er septembre de
chaque année".
M. Garon: Cela remplace quel article? (23 h 15)
M. Pagé: L'article 13 remplace l'ancien article 14. Le
projet de loi à l'article 13 dit que "le propriétaire ou le
possesseur d'un étalon doit soumettre sa demande de permis ou de
renouvellement avant le 1er août de l'année
précédant celle pour laquelle le permis est requis sauf lorsque
la date d'acquisition ou de prise de possession de l'étalon est
postérieure à cette date".
Cela veut dire que la déclaration - la description - de
l'étalon se fera désormais dans le cadre d'une demande de permis
dont la formule sera déterminée par règlement pour plus
d'uniformité. Si la date du 1er septembre a été
remplacée par celle du 1er août, c'est afin de donner un
délai supplémentaire aux examinateurs, puisque les examens se
font à l'automne en vue de l'émission du permis le ou vers le 1er
janvier. Le matin du 1er janvier le ministre commence son année sur le
bon pied et délivre des permis.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous sommes d'accord
sur l'article 13?
M. Garon: Nous sommes d'accord sur l'article 13.
Le Président (M. Richard): Non sur division?
M. Pagé: II est d'accord. C'est adopté. Le
Président (M. Richard): Adopté?
M. Garon: Auparavant, à l'article 14, ce n'est pas
indiqué mais est-ce que c'était précisé dans le
règlement? Est-ce qu'on devait faire la demande de permis ou de
renouvellement ou si, une fois qu'on avait le permis, il n'était pas
obligé de le renouveler chaque année?
M. Pagé: On le renouvelait chaque année.
M. Garon: Oui? M. Pagé: Oui.
M. Garon: Nous sommes d'accord pour l'article 13.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 14.
M. Pagé: L'article 14 du projet de loi
réfère à l'article 15 de la loi actuelle qui dit: "Depuis
le 1er janvier... aucun propriétaire ou possesseur d'étalon ne
peut l'offrir ou l'employer pour la monte des juments appartenant à
autrui avant de l'avoir présenté à l'inspection", etc.
Alors que l'article 14 tel que j'y référais tout à l'heure
dit: "Le permis est délivré ou renouvelé,
conformément à la section IV.3, après que le demandeur a
soumis l'étalon à un examen fait par toute personne
autorisée par le ministre", etc. Cela veut dire que tous les permis
visés par la présente loi sont délivrés par le
ministre en vertu des articles 55.26 et suivants, c'est-à-dire permis
d'insémination, de vente à l'enchère, permis
octroyé au propriétaire pour le cheval.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous sommes
d'accord, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Richard): L'article 14 est donc
adopté. J'appelle l'article 15.
M. Pagé: L'article 15 est de droit nouveau en ce que
l'examen d'un étalon se fait selon les critères et les
barèmes déterminés par règlement. "L'examinateur
peut exiger du demandeur qu'il soumette l'étalon à toute
expertise; il peut, de plus, exiger tout document et renseignement relatif
à l'examen."
II s'agit d'un examen préalable de l'étalon qu'il faut
distinguer de l'inspection a posteriori en vue de la recherche d'infraction
tel que prévu à la section 4.2 applicable à
l'ensemble de la loi.
Le règlement actuel ne prévoyait de façon explicite
que 19 critères d'évaluation des étalons alors qu'en
pratique depuis 1982 les inspecteurs...
M. Garon: Ou 1989.
M. Pagé: Le règlement ne prévoyait que 19
critères sauf que, depuis 1982, les inspecteurs s'appuient, se basent
sur une grille beaucoup plus étendue et détaillée: c'est
89 critères depuis 1982. Ce sont les 89 critères auxquels je
référais tantôt. Notre objectif est de faire adopter ces
critères par règlement, lesquels s'appliquaient, dans les faits,
depuis 1982.
M. Garon: Est-ce qu'ils avaient été modifiés
à ce moment-là ou est-ce qu'ils étaient appliqués
dans les faits?
M. Pagé: Ils étaient appliqués dans les
faits, sans modification.
M. Garon: Le règlement comportait 19 critères mais,
en réalité, ils en appliquaient 89?
M. Pagé: C'est ça.
M. Garon: Au fond, c'est l'examen prénuptial.
M. Pagé: Exactement.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous êtes en
faveur de ça, M. le député de Lévis? Je veux dire
de l'article 15.
M. Garon: Les critères ou barèmes sont
passés de 19 à 89. C'est quelque chose, n'est-ce pas?
M. Jolivet: II y a eu de gros changements.
M. Garon: Je n'ai pas l'impression que tous les
députés passeraient l'examen. 89 critères!
M. Pagé: II faut quand même avoir à l'esprit
que ces critères n'ont pas été développés au
"pif". Ils ont été développés à partir
d'expertises, à partir d'usages et à partir d'une volonté
très ferme d'en arriver à un contrôle beaucoup plus
rigoureux qui confère évidemment un titre de qualité
davantage certifié. Ces 89 critères auraient pu, on pourrait
même dire qu'ils auraient dû être inclus dans la
réglementation à compter de 1982. Cependant, on devait avoir
d'autres chats à fouetter et cela n'a pas été fait. Ce
n'est pas un mal. Les inspecteurs, dans les faits, se sont inspirés de
ces 89 critères pour appliquer les 19 prévus au règlement.
L'article 15 établit de façon très claire l'actualisation
de telles normes.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse. J'ai
été obligé d'aller à l'Assemblée nationale
pour faire un discours sur le projet de loi 142 qui veut faire des services
parallèles en anglais, dans la santé et les services sociaux.
J'aurais un renseignement à demander. Est-ce que le ministre, pendant
que je me suis absenté, a fait faire les photocopies du règlement
existant ainsi que du document qu'il avait entre les mains? Cela nous
permettrait de poser des questions.
M. Pagé: J'ai répondu à la question tout
à l'heure. Je me suis engagé auprès de mes
collègues à déposer copie du règlement, avant qu'il
soit déposé pour publication.
M. Jolivet: Je voudrais avoir au moins celui que vous avez entre
les mains. Est-ce que l'on pourrait en avoir une photocopie?
M. Pagé: Le règlement actuel?
M. Jolivet: Oui, c'est cela.
M. Pagé: Très certainement, M. le
Président.
M. Jolivet: Ainsi que l'autre document.
M. Pagé: Le document d'inspection des
équidés?
M. Jolivet: Oui. J'aimerais cela.
M. Pagé: Très certainement. Pour le bénéfice
du Journal des débats, la gentille dame qui nous écoute
avec beaucoup d'intérêt et beaucoup d'attention s'approche, je les
lui remets, elle les prend et elle vous les distribuera après
photocopie.
M. Jolivet: Cela veut dire qu'en ce moment vos collègues
ne les ont pas non plus.
M. Pagé: Mes collègues ont eu l'occasion
d'échanger...
M. Jolivet: Ils n'en ont pas besoin.
M. Pagé: C'est pour tout le monde. M. Jolivet: Pour
tout le monde.
M. Pagé: Quand je dis "vous", cela inclut des personnes
autres que la vôtre.
M. Jolivet: D'accord. On aura les copies tout à l'heure,
merci.
M. Pagé: Elles s'en viennent; cela galope. L'article 15,
M. le Président, je crois qu'il est adopté.
Le Président (M. Richard): À l'article 15, est-ce
que vous avez des questions, M. le député de Lévis?
M. Garon: On va être obligé de voter contre. On sait
que c'étaient des barèmes déterminés par
règlement. Un peu plus loin, on dit: "le gouvernement peut, par
règlement". Ce sont des critères, des barèmes du
gouvernement plutôt que de l'industrie chevaline. Il me semble que le
comité de surveillance ou l'industrie chevaline aurait pu établir
des règlements qui auraient pu être approuvés par le
ministre.
Au fond, quand on dit que les barèmes vont être
déterminés par règlement par le Conseil des ministres,
c'est une façon irréaliste de voir les choses. On sait que le
Conseil des ministres n'a pas les qualifications pour discuter de ces
questions. Ce sont des questions très techniques. Je me demande comment
il se fait que l'on n'ait pas dit que ce serait un règlement qui
émanerait des producteurs, qui recevrait une approbation et dont les
critères et les barèmes seraient établis par les meilleurs
représentants de l'industrie chevaline, avec l'approbation du ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, qui a des
fonctionnaires capables d'analyser les critères et les barèmes de
ces règlements.
Je vois difficilement Mme Bacon, Mme Thérèse Lavoie-Roux,
M. Ryan ou M. Bourassa commencer à étudier les critères et
les barèmes déterminés par un règlement du Conseil
des ministres pour l'examen prénuptial des étalons. Cela
m'apparaît un peu irréaliste. Il me semble qu'il serait
préférable que ce règlement connaisse l'approbation du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Autrement,
le Conseil des ministres devient un genre de tampon de caoutchouc - traduction:
"rubber stamp" - pour l'approbation d'un règlement qu'il ne regardera
même pas.
M. Pagé: M. le Président, je ne veux pas me
référer évidemment au genre de discussions qui avaient
cours au Conseil des ministres du gouvernement précédent, mais il
va de soi qu'aux réunions qui sont présidées par
l'honorable premier ministre, à tous les mercredis, un ministre,
lorsqu'il a un règlement à faire adopter, est susceptible de
devoir expliquer de long en large et de haut en bas le contenu de son
règlement. Je dois dire que le Conseil des ministres qui siégeait
le 4 décembre 1939, lorsque cela a été adopté,
s'est certainement penché sur le sujet, comme mes collègues
auront à le faire.
M. Jolivet: On était moins nombreux qu'aujourd'hui. Quand
on regarde la pièce, qu'on appelle, dans notre langage, le 101-B du
Pamphile-Le May où siégeait jusqu'en 1970 le gouvernement
même de M. Bourassa à l'époque, avant de transférer
au complexe de l'autre côté de la rue, sur la Grande-Allée,
les ministres n'étaient pas nombreux comme aujourd'hui.
M. Pagé: Cela veut dire combien, concrètement?
M. Jolivet: Quand ils étaient quinze, cela veut dire que
cela prenait moins de temps à étudier l'ensemble des
documents.
M. Pagé: Oui, mais cela veut dire que, maintenant que nous
sommes 28, le forum va être plus large.
M. Jolivet: Plus cher aussi, si vous êtes 28 personnes, au
salaire que vous gagnez, pour discuter d'un règlement pendant deux
heures.
M. Pagé: Oh! Vous savez, au salaire qu'on gagne... Vous le
savez pertinemment, on n'est pas payé à l'heure, n'est-ce pas?
Parce que, si on était payé à l'heure, on gagnerait pas
mal plus cher que ce qu'on gagne.
M. Jolivet: Oui, mais cela coûte plus cher que 2000 $ par
année pour le comité qui aurait pu le faire.
M. Pagé: Je pense que c'est là couper les cheveux
dans le sens de la longueur. C'est encore pire que de les couper dans le sens
de la largeur.
M. Jolivet: Mais, M. le président du Conseil du
trésor, que j'ai vu de l'autre côté étudier la loi
142, quand on parle des ressources additionnelles en santé, coupe pas
mal aussi.
M. Pagé: Le président du Conseil du trésor
doit être en forme.
M. Jolivet: Oui, il avait l'air tranquille.
M. Pagé: II est en forme. C'est un gentilhomme.
Le Président (M. Richard): Excusez-moi. Est-ce que...
M. Pagé: C'est un gentilhomme, le président du
Conseil du trésor. Il a toute mon appréciation et on travaille,
on est deux jeunes ministres.
M. Jolivet: Un "peewee".
M. Pagé: On demanderait du respect pour le
député.
M. Jolivet: C'est la rumeur qui circule. M. Pagé: Vous
devriez être... Pardon?
M. Jolivet: C'est une rumeur qui circulait, une discussion.
M. Pagé: Quelle rumeur?
M. Jolivet: Parfois on dit "peewee" en négociation.
M. Pagé: Pardon?
M. Jolivet: C'est un "peewee".
M. Pagé: Non, non. C'est un professionnel.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Richard): Article 15, adopté sur
division. J'appelle donc l'article 16. M. le ministre.
M. Pagé: C'est un Tueros. C'est un bon cigare, parce qu'on
le fait à La Havane* Ils m'ont été gracieusement remis par
le président de la commission qui, dans un geste spontané, a
failli en offrir à l'Opposition, mais à la suite du commentaire
des députés...
M. Houde: Le député de Lévis fait
pitié parce que je pense qu'il en prendrait un.
M. Pagé: Le député de Lévis...
M. Jolivet: Le député de Lévis a
arrêté de fumer.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: ...protégeant son environnement.
M. Houde: II se frotte les yeux, il commence à...
M. Pagé: Alors, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 16, s'il vous
plaît.
M. Pagé: M. le Président, il ne faudrait quand
même pas s'étouffer, n'est-ce pas? M. le Président, les
deux députés se regardant avec un sourire à peine
voilé, dois-je comprendre qu'ils avaient gagé entre eux sur le
moment où le ministre s'étoufferait avec son cigare? Non?
J'espère que non.
M. Garon: Êtes-vous père encore une fois? Vous venez
de perdre le sourire d'un coup sec.
M. Pagé: Article 16.
Le Président (M. Richard): Nous appelons l'article 16.
M. Pagé: M. le Président, c'est qu'il n'est fait
aucune mention dans la loi actuelle que les examinateurs fassent rapport de
leurs constatations afin que les étalons puissent être
classifiés sur la base de ce rapport. C'est strictement une question de
concordance ou d'être beaucoup plus clair, moins contestable. Le
propriétaire de l'étalon recevra dorénavant une copie
dudit rapport. Alors, le projet de loi dit que l'examinateur prépare,
conformément au règlement, un rapport d'examen et en transmet une
copie au demandeur, pas à celui qui demande le rapport mais à
celui qui demande le permis. Donc, ils vont automatiquement être
acheminés.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on
considère cela comme adopté?
M. Garon: Conformément au règlement...
M. Jolivet? Quel règlement?
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Jolivet: Quel règlement?
M. Pagé: Le règlement que je vous ai fait
distribuer.
Une voix: On ne l'a pas eu encore.
M. Pagé: II s'en vient. Tout le monde est au trot, au
galop.
M. Jolivet: C'est parce qu'il y a une question que je me pose. On
dit: "L'examinateur prépare, conformément au règlement, un
rapport d'examen et en transmet copie au demandeur". Donc, conformément
au règlement qui existe déjà, mais dont le ministre dit
qu'il va falloir l'amender parce qu'il y a des choses qui doivent
disparaître. On l'a maintenant entre les mains. Est-ce que vous pouvez
nous dire à quel article du règlement actuel cela fait allusion?
(23 h 30)
M. Pagé: A la page 8461 du texte qui vous est remis il y a
une annexe qui dit: ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, Comité de surveillance des étalons, rapport
d'inspection. À l'avenir, cela va être: ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Rapport
d'inspection. Nous, inspecteurs du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, certifions, par les présentes,
avoir examiné, ce jour, l'étalon de race X, numéro,
propriété de, adresse, comté. Nous retrouverons la
description suivante: Signalement... C'est le rapport.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'on peut
considérer l'article 16 comme adopté, messieurs, madame?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
17.
M. Pagé: À l'article 17, M. le
Président...
M. Garon: L'article 16 était de droit nouveau.
M. Pagé: Oui. À l'article 17, on modifie l'article
19 de la loi actuelle. L'article 19 de la loi actuelle dit ceci: "Le
propriétaire ou possesseur d'un étalon, qui n'est pas satisfait
de l'inspection, peut en appeler au comité de surveillance en
déposant un montant suffisant pour couvrir les frais d'une nouvelle
inspection. Cette dernière inspection est finale."
Le texte du projet de loi, s'il est adopté, va dire: "Le
demandeur qui n'est pas satisfait de l'examen peut, dans les 15 jours de la
réception du rapport d'examen - à un article
précédent, on a établi l'obligation d'acheminer un rapport
au demandeur -demander au ministre un second examen pourvu qu'il verse, lors de
cette demande, les frais fixés par règlement.
Cet examen est final." Ce n'est pas plus grave que cela.
M. Garon: Auparavant, c'était l'article 19.
M. Pagé: Oui. Ce qui est modifié, c'est...
M. Garon: Vous mettez une limite de quinze jours.
M. Pagé: Non. Le propriétaire de l'étalon
qui n'est pas satisfait aura quinze jours pour demander un deuxième
examen.
M. Garon: À l'article 19, il n'y avait pas de délai
de prévu. Ici, on donne un délai de quinze jours. C'est un
délai très court pour faire une demande. Pardon?
M. Pagé: M. le Président, si le
député est inquiet du délai de quinze jours... Je
comprends que c'est assez bref. Si le rapport est produit et si, par exemple,
pendant ce temps le propriétaire a quitté avec un autre cheval de
son cheptel pour une activité ou une démonstration
quelconque...
M. Garon: II peut être en voyage.
M. Pagé: Voilà. M. le Président, je serais
prêt à indiquer 30 ou 45 jours.
Le Président (M. Richard): Auriez-vous une suggestion, M.
le député de Lévis?
M. Pagé: II faut quand même avoir à l'esprit
que le permis doit être émis le 1er janvier. On pourrait mettre 30
jours.
M. Jolivet: Par rapport au texte actuel de l'article 19, quand on
dit: aucun protêt n'est considéré, s'il n'est fait dans les
30 jours qui suivent l'avis officiel de classification, est-ce que je comprends
que les 15 jours...
M. Pagé: Où cela? Je m'excuse. Comment, le texte
actuel? Le texte actuel de quoi?
M. Jolivet: Vous dites faire référence à
l'article 19.
M. Pagé: De la loi.
M. Jolivet: De la loi ou du règlement?
M. Pagé: De la loi.
Le Président (M. Richard): De la loi.
M. Jolivet: Excusez-moi! J'avais le règlement, c'est pour
cela que...
M. Pagé: On ne modifie pas le règlement par un
projet de loi, M. le député.
M. Jolivet: Je le sais, mais je cherchais... D'accord, cela
va.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Pagé: M. le Président, je serais disposé
à faire un amendement et à changer, à cet article - je
n'ai pas de papillon - le chiffre "15" pour le chiffre "30". Le
propriétaire ou le possesseur aura 30 jours, à compter de la
réception de son rapport, pour loger un appel en vue d'un
deuxième examen. Ce qui est important aussi, c'est que le coût du
deuxième examen n'est pas fixé de façon
discrétionnaire; il est fixé par règlement.
M. Jolivet: Est-ce que je peux poser une autre question?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: J'ai vu un cas comme celui-là, cet
après-midi, à l'Assemblée nationale, au sujet de la Loi
sur l'instruction publique. Normalement, le règlement doit
équivaloir à la loi. Justement, au sujet du régime
pédagogique - je vous donne un exemple - il y avait de prévu,
dans le règlement sur le régime pédagogique, une date pour
l'entrée à l'école, à partir de l'âge de cinq
ans ou de six ans. Dans la loi, c'était autre chose. Donc, on a fait une
correction à la loi pour qu'elle devienne équivalente au
règlement, alors que le règlement qui avait été
fait ensuite dépassait la loi et un imbroglio existait. Dans le
règlement actuel, on dit: "Le demandeur qui n'est pas satisfait de
l'examen peut, dans les quinze jours de la réception du rapport de
l'examen, demander au ministre." Dans le règlement actuel, on dit: "Tout
propriétaire ou possesseur d'étalon qui n'est pas satisfait de
l'inspection peut en appeler au comité en déposant entre les
mains du secrétaire le montant de 25 $," alors qu'on dit que ce montant
sera déterminé par règlement, pour aider à couvrir
les frais encourus par une nouvelle inspection, si la nouvelle classification,
etc.
J'y arrive. On dits "Aucun protêt n'est considéré,
s'il n'est fait dans les 30 jours qui suivent l'avis officiel de
classification." Dois-je comprendre que l'article, même, il y en a 19, si
cela adonne que c'est comme cela, par rapport à la loi, quand le
règlement parle de 30 jours, dans la loi actuelle, je ne l'ai pas entre
les mains, je m'en excuse...
M. Pagé: Dana; la loi actuelle, il n'y avait pas de...
M. Jolivet: Le règlement, s'il parle de 30 jours.
M. Pagé: Dans la loi actuelle, il n'y avait pas
d'obligation pour les inspecteurs de déposer auprès du
propriétaire ou du possesseur le rapport d'inspection de l'étalon
en question, alors que là, à un article précédent,
M. le député, les inspecteurs devront acheminer copie de leur
rapport au propriétaire ou au possesseur. À partir de ce rapport,
le propriétaire ou le possesseur peut requérir une
deuxième inspection, alors que, quand on référait au
protêt tout à l'heure, on devait référer au refus
d'émettre soit un permis ou encore d'émettre un permis de telle
catégorie. Est-ce cela?
Le législateur, au cours des années, depuis 1939, n'a pas
jugé opportun de modifier la loi pour en arriver à une
période de 30 jours. Maintenant, je viens de modifier par papillon, M.
le Président, changer le chiffre 15 par le chiffre 30, à
l'article 17,
Le Président (M. Richard): Nous avons actuellement sur la
table un amendement présenté par M. le ministre.
M. Jolivet: ...un petit moment. Je suis en train de l'examiner en
l'attendant.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Jolivet: Je voudrais bien parler, mais comme le ministre m'a
demandé un instant, je vais prendre le temps de le regarder.
Le Président (M. Richard): On suspend quelques instants
pour des raisons techniques.
(Suspension de la séance à 23 h 38)
Reprise à 23 h 40)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, la commission reprend ses travaux. Nous sommes
toujours à l'étude de l'article 17. Nous avons actuellement un
amendement pour qu'à l'article 17 le délai de 15 jours soit
porté à 30 jours. Est-ce qu'il y a des commentaires à ce
sujet ou des suggestions autres que 30 jours? Est-ce que cela satisfait
l'ensemble? Si nous sommes d'accord, est-ce que nous recevons l'amendement?
M. Jolivet: Je crois comprendre qu'actuellement, M. le
Président, en vertu du règlement qui découle de la loi
actuelle, il y a une inspection annuelle qui est faite. L'inspection annuelle
étant faite, on dit que le propriétaire, à l'article 19 du
règlement -je fais bien attention à ce que je dis - fait appel au
comité s'il n'est pas satisfait. Là, il peut y avoir un
protêt dans un délai de 30 jours. C'est dans le cas du premier
examen annuel.
Dans le cas où il fait la demande d'un deuxième examen
annuel - là, on arrive à l'article prévu dans le nouveau
projet de loi - on dit que l'examinateur peut exiger du demandeur qu'il
soumette l'étalon à toute expertise; il peut, de plus, exiger
tout document et renseignement relatif à l'examen. On arrive à
l'article 17 où on dit: "Si, après avoir remis entre les mains le
rapport de cette inspection", qui semble être la deuxième, si j'ai
bien compris, ou si c'est la première?
M. Pagé: Cela peut être la première.
M. Jolivet: Ah bon! Si c'est la première, je ne faisais
pas un mauvais raisonnement tout à l'heure en disant qu'à
l'article 19 du règlement, dans le cas où il n'est pas satisfait
du premier examen, qui est l'examen annuel, il y avait un deuxième
examen. Dans le règlement, c'était dit que ce deuxième ne
pouvait pas être fait s'il dépassait 30 jours. On dit: "Aucun
protêt
n'est considéré s'il n'est fait dans les 30 jours qui
suivent l'avis officiel de classification." Donc, ce que je crois comprendre,
c'est que la loi venait diminuer à 15 jours ce qui était
déjà prévu dans le règlement à 30 jours.
M. Pagé: Si on retardait trop, il y avait danger que le
permis ne puisse être émis pour le 1er janvier.
M. Jolivet: C'est à cause de cela.
M. Pagé: Cependant, je ne vois pas d'inconvénient
à revenir à 30 jours tel que la modification le propose.
M. Jolivet: Si mon collègue était d'accord, je
serais d'accord pour accepter 30 jours Je ne sais pas si mon collègue
est d'accord.
M. Pagé: Je pense que oui.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, est-ce que vous êtes d'accord avec l'amendement
proposé par M. le ministre pour qu'à l'article 17 les 15 jours
passent à 30 jours?
M. Garon: Oui, cela améliore.
M. Jolivet: En fait, M. le Président, on pourrait
même ajouter pour le Journal des débats: à la suite
d'une demande expresse de l'Opposition.
M. Pagé: Une demande expresse de l'Opposition officielle
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Richard): D'ailleurs, M. le
député de Lévis avait fait un commentaire à ce
sujet.
M. Pagé: Cela témoigne du souci constant de la
majorité de travailler en collaboration avec les élus du
peuple.
Le Président (M. Richard): Donc, l'amendement est
accepté. Ainsi, l'article 17 est donc adopté tel
qu'amendé? C'est donc adopté.
M. Jolivet: La seule chose que je veux ajouter, M. le
Président, c'est que, comme on ne connaît pas encore les frais qui
vont être fixés par règlement, c'est évident que
cela va être plus cher que 25 $. Le président du Conseil du
trésor a besoin d'argent. Il va demander que ce soit plus cher puisque
cela va au fonds consolidé. Cela va servir à payer d'autres
dépenses. Donc, c'est une façon d'augmenter les taxes sans que
cela paraisse.
Le Président (M. Richard)s Je pense que c'est une
réflexion très logique de votre part, M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Je vous remercie, M. le Président,
malgré l'heure avancée.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
18.
M. Pagé: Qui impute cependant des motifs.
M. Jolivet: Je suis presque assuré que cela va être
plus cher que 25 $. On le verra quand le règlement sera
adopté.
M. Pagé: Je me ferai un plaisir de vous le signifier si
vous êtes propriétaire d'un étalon.
M. Jolivet: Mais, d'une façon ou d'une autre, une chose
est certaine, c'est que, comme vous avez adopté un projet de loi 12 qui
indique comment cela va se produire, on va certainement le connaître
avant.
M. Pagé: Je n'en doute pas, compte tenu que la Gazette
officielle constitue votre livre de chevet.
M. Jolivet: Cela, j'en suis assuré pour ceux qui nous
permettent d'avoir une meilleure consultation possible de tout ce qui se passe
dans ce gouvernement. D'ailleurs, le ministre de l'Éducation, cet
après-midi, était tout surpris de voir que j'avais un document
entre les mains qu'un de ses collègues m'avait donné,
semblerait-il, par inadvertance.
Une voix: Article suivant, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je me permets de renouveler
à mes collègues...
M. Pagé: À l'article 18.
Le Président (M. Richard): ...l'article 18.
M. Pagé: M. le Président, l'article 17 de la loi
actuelle prévoit au premier paragraphe: "II est du devoir de
comité de surveillance: "1° De classifier les étalons
inspectés de façon à faire connaître leur valeur au
public..." Il faut se rappeler que c'est le législateur de 1919 qui
parle.
Le projet de loi dit ceci: "Après avoir pris connaissance du
rapport d'examen et donné au demandeur l'occasion de présenter
ses observations, le ministre - évidemment, par la voie de ses
fonctionnaires - évalue l'étalon selon les critères et les
barèmes
d'examen et classifie, conformément au règlement, celui
qui atteint le seuil de passage fixé par règlement. "Le demandeur
est avisé de l'évaluation et, le cas échéant, du
classement lors de la transmission de la décision du ministre sur la
demande de permis."
M. le Président, on doit retenir qu'aucune procédure n'est
prévue dans la loi actuelle pour encadrer la prise de décision de
classer un étalon. Dorénavant, certaines règles devront
être observées. Par exemple, le propriétaire de
l'étalon recevra une copie du rapport de l'examen. Il pourra
présenter ses observations, ce qui n'était pas contenu dans la
loi actuelle. Le ministre évaluera l'étalon selon les
critères et barèmes fixés par règlement, lesquels
étaient au nombre de 19 et deviendront au nombre de 89, puisque c'est
une pratique courante depuis 1982, les barèmes, les critères
étant beaucoup plus spécifiques. Un seuil de passage sera
également fixé par règlement et le propriétaire
sera avisé de la décision finale. En fait, c'est mettre un peu
plus de chair sur l'ossature de la loi actuelle.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet; M. le Président, le ministre a ajouté une
réflexion qui n'est pas contenue dans l'article 18 quand il dit ceci;
Après avoir pris connaissance du rapport d'examen et donné au
demandeur l'occasion de présenter ses observations, le ministre, et
là il a ajouté "comprendre le fonctionnaire". Comme ils ont dit
qu'ils voulaient rendre les lois explicites, pourquoi le ministre n'inscrit-il
pass le fonctionnaire au nom du ministre évalue l'étalon selon
les critères et les barèmes. Pourquoi serait-ce le ministre qui
évalue? Cela laisse sous-entendre que le ministre va peut-être
faire comme le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et aller
dans la forêt voir des gens qui font du braconage alors qu'on sait
très bien que le ministre n'est même pas capable de prendre
quelque décision que ce soit car en vertu de la loi, le ministre ne peut
pas arrêter quelqu'un qui est pris pour braconnage, car il n'est pas en
vertu de la loi un... Voyons, le nom ce n'est pas...
Une voix: ...agent de conservation.
M. Jolivet: II n'est pas quoi?
M. Pagé: II n'est pas agent de la paix.
M. Jolivet: Oui, c'est ça, il n'est pas agent de la paix.
Dans ce contexte là, quand on dit: le ministre évalue, je suis
sûr que le ministre n'est pas celui qui va évaluer. Il l'a dit
d'ailleurs lui-même. C'est le fonctionnaire. Pourquoi n'inscrit-on pas
exactement la réalité?
Dan3 la Loi sur le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, on dit que c'est l'agent de la paix, l'agent de conservation de la
faune qui a la responsabilité légale. Pourquoi ici dit-on que
c'est le ministre et qu'on ne dit pas le fonctionnaire? Je ne sais pas, c'est
l'inspecteur dans ce cas-ci le fonctionnaire? Qui va faire
l'évaluation?
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à cette question, le député doit certainement comprendre,
à la lumière des dix années d'expérience qu'il a
à l'Assemblée nationale, que l'administration d'une telle loi
revient au ministre et que le ministre s'appuie sur le travail de ses
fonctionnaires et les évaluations qui sont établies soit par la
loi, soit par le règlement. C'est normal que le législateur parle
ainsi. Même chose pour le permis qui est délivré par le
ministre et les études qui sont faites par les fonctionnaires. Cela a
toujours été comme cela.
M. Jolivet: La raison pour laquelle j'ai posé la question,
c'est que le ministre a fait la réflexion. S'il n'avait pas fait la
réflexion, peut-être que je n'y aurais pas pensé. Il m'a
aidé à y penser. C'est simplement la raison pour laquelle j'ai
posé la question.
M. Pagé: Je n'ai pas fait la réflexion, j'ai lu le
texte de loi.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Richard): Cela va! Est-ce que l'article
18 est considéré comme adopté?
M. Garon: M. le Président, l'article 18 remplace quel
article? Vous avez dit l'article 17?
M. Pagé: L'article 17, premièrement. M. Garon:
Seulement premièrement.
M. Pagé: Oui. Le deuxièmement est remplacé
par l'article 19.
M. Jolivet: C'est ce qui est drôle. L'article 17 remplace
l'article 19 et l'article 18 remplace l'article 17.1. Ils ont mis cela à
l'envers.
M. Pagé: L'article 18 remplace l'article 17.1 et l'article
19 remplace l'article 17.2.
M. Jolivet: Non, mais l'article 17 qu'on avait tout à
l'heure, il remplaçait l'article 19 de la loi actuelle et l'article 18
remplace
l'article 17.1 et l'article 19 va remplacer le 17.2. On marche à
l'envers.
M. Pagé: On marche par ordre chronologique.
M. Jolivet: Ah bon!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis, est-ce qu'on considère que c'est adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle donc l'article 19.
M. Pagé: A l'article 19, M. le Président, c'est
essentiellement la reformulation du même article parce que l'article 17
dit: "II est du devoir du comité de surveillance: 2° De tenir un
registre contenant le signalement, la classification, le nom du
propriétaire ou du possesseur de chaque étalon et tous autres
détails jugés nécessaires." Le nouveau libellé dit:
"Le ministre tient un registre des permis et y inscrit notamment le signalement
et le classement de l'étalon ainsi que le nom et l'adresse du
propriétaire ou du possesseur."
M. Garon: La question que je voudrais poser au ministre est: Le
permis dans la nouvelle réglementation ou dans la nouvelle loi sera
délivré au nom de qui?
M. Pagé: Du propriétaire de l'étalon.
M. Garon: C'est un changement majeur puisque,
antérieurement, en vertu de l'article 14, un permis de monte
était délivré au nom de l'étalon. Autrefois, le
permis de monte était au nom de l'étalon. Maintenant, cela va
être...
M. Pagé: Non. Le permis qui est envoyé, non pas
à l'étalon mais au propriétaire concerne... Je suis
d'accord avec vous que le permis ne sera pas...
M. Garon: C'est un permis pour la monte des juments...
M. Pagé: Oui, mais le permis n'est pas rattaché
à la personne du propriétaire. Il est émis...
M. Garon: J'espère!
M. Pagé: Bien non. L'article 15 actuel dit - on l'a vu
tantôt - que depuis le 1er janvier 1920, aucun propriétaire ou
possesseur d'étalon ne peut l'offrir ou l'employer pour la monte des
juments appartenant à autrui avant de l'avoir présenté
à l'inspection et d'avoir obtenu un permis de monte du comité de
surveillance.
M. Garon: Quel article?
M. Pagé: L'article 15 actuel.
M. Garon: L'article 15 qu'on vient de voir.
M. Pagé: Non, c'est la loi actuelle. Le projet de loi dit,
au premier article, que le propriétaire ou le possesseur de
l'étalon ne peut l'offrir ou l'employer pour la monte des juments
appartenant à autrui, à moins d'être titulaire d'un permis
de monte pour cet étalon. C'est la même chose. Il n'est pas
nécessaire de délivrer le permis au nom de l'individu.
M. Garon: Le titulaire du permis, c'est maintenant le
propriétaire du cheval plutôt que l'étalon
lui-même.
M. Pagé: Non, c'est le même libellé.
C'est-à-dire que le permis est restrictif à un étalon,
mais c'est évident qu'on le fait parvenir au propriétaire.
M. Garon: Oui, je comprends. Mais quand on parle du titulaire du
permis, qui est le titulaire?
M. Pagé: En droit, l'étalon.
M. Garon: Quand on arrive à l'article 20, on dit que le
titulaire du permis doit l'exhiber à l'époque de la monte
lorsqu'il en est requis.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: II y a confusion, puisque le titulaire du permis, dans
l'ancien règlement, c'était vraiment le cheval qui était
le titulaire du permis. On dit qu'un permis de monte peut être
délivré au nom de tout étalon. Mais, là, on se
retrouve avec des anomalies lorsqu'on dit que le titulaire du permis doit
montrer son permis.
M. Jolivet: Cette loi est mal faite.
M. Pagé: M. le Président, c'est le
propriétaire qui agit pour et au nom de l'étalon.
M. Garon: M. le Président, je dois dire que le
député ministériel éternue de plus en plus!
M. Jolivet: II n'a pas entendu. M. Garon: La gourme se
répand.
M. Pagé: C'est pour cela que...
M. Garon: II faudrait faire venir un peu d'avoine.
M. Pagé: M. le Président, l'inquiétude du
député de Lévis n'est pas fondée, puisque l'article
20 de la loi qu'il a administrée pendant dix ans dit très
clairement... C'est l'article 15 et l'article 20 de la loi actuelle reprend les
mêmes dispositions.
M. Garon: Non, on le disait dans l'article 20 de l'ancienne loi
d'une façon beaucoup mieux. Je pense bien qu'on disait que le
propriétaire ou le possesseur d'un étalon doit exhiber son
permis.
M. Pagé: C'est cela. C'est le même texte que
l'article 20 actuel et l'article 20 ancien.
M. Garon: Cela ne marche pas. M. Pagé: Bien oui,
cela marche.
M. Garon: Bien non, puisqu'on dit que le propriétaire ou
le possesseur doit exhiber son permis alors que le règlement à
l'article 14 dits Un permis de monte doit être émis au nom de tout
étalon. Alors, c'était le permis de l'étalon.
M. Pagé: Bien oui. C'est émis au
propriétaire, mais au nom d'un étalon. Le propriétaire
agit pour et au nom de l'animal visé par l'octroi du permis, parce que
ce n'est pas l'animal qui peut exhiber le permis, ce n'est pas l'animal qui
peut analyser le rapport et ce n'est pas l'animal qui peut s'inscrire en
appel,
M. Garon: Non, on a compris cela.
Une voix: La charte des droits, ce n'est pas l'animal qui l'a,
non?
M. Pagé: Non. Une voix: ...
M. Pagé: Oh! Qu'est-ce que j'ai entendu? M. le
Président, les membres de la commission, malgré tout le
caractère sérieux qui nous anime, ont quand même un sourire
aux lèvres à peine voilé.
M. Jolivet: M. le Président, vous voyez ce qui pourrait
arriver autour de la table du Conseil des ministres, lorsque l'on va
étudier le règlement. Quand les ministres seront fatigués,
il arrivera ce que l'on voit ce soir. À un moment donné, on dira:
Mon Dieu! Cela coûte cher d'adopter un règlement avec le nombre de
personnes autour de cette table.
M. Pagé: Si vous vous dépêchiez, cela
coûterait moins cher.
M. Jolivet: Nous examinons cela avec attention.
Une voix: C'est vrai.
M. Pagé: M. le Président.
M. Jolivet: On a apporté de bons amendements
jusqu'à maintenant.
M. Pagé: L'article 19 est-il adopté?
M. Garon: L'article 19 m'apparaît...
M. Pagé: Acceptable.
M. Garon: ...correct.
Le Président (M. Richard): Adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Garon: Vous, M. le député de Laviolette?
Oui?
M. Jolivet: Cela va.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
20.
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: C'est là qu'il y a un dilemme.
M. Pagé: L'article 20 nous réfère à
l'obligation de reproduire le contenu exact du permis. Ce n'est plus compatible
avec les médias électroniques modernes. En vue de la protection
du public, certains éléments du permis doivent cependant
apparaître dans toute publicité. Ici, on se réfère
à l'obligation qu'a le titulaire du permis d'exhiber son permis à
l'époque de la monte, lorsqu'il en est requis. Il doit, dans toute
publicité, mentionner le fait qu'il est titulaire d'un permis, le
numéro de ce permis, la date de naissance de l'étalon et la
classe de celui-ci.
M. Garon: Pourquoi emploie-t-on l'expression "à
l'époque de la monte" plutôt que "au moment de la monte" ou "avant
la monte"?
M. Pagé: C'était déjà dans la loi, M.
le Président.
M. Garon: L'article 20 remplace quel article?
M. Pagé: C'est le mot à mot de l'ancien texte.
Comme on le sait, d'habitude,
la monte se fait entre la mi-janvier et avril. C'est pourquoi l'on se
référait "à l'époque". Autant ils n'ont pas le
privilège ou l'occasion de monter tout le temps pendant
l'année... L'habitude fait que la monte s'effectue principalement entre
janvier et avril. Cela se réfère à une époque,
à une période. Que l'on prenne le cas des chevaux de course, la
monte se fait généralement en février et mars au plus
tard, pour qu'ils soient capables de se qualifier à l'âge de 18
mois ou, par exemple, à 26 mois ou à 27 mois, dans les classes de
deux ans, dans certains cas. Je ne pense pas que ce soit un problème. II
n'y a jamais eu de conflit, depuis 1920, sur cette question.
M. Garon: Non?
M. Pagé: Non. Je ne peux pas me porter garant pour
les années 1939 à 1949.
M. Garon: ...1939 non plus. M. Pagé: Difficilement.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Pourquoi la deuxième partie de la preuve
présentée dans l'article 20 de la loi actuelle est-elle
enlevée? Est-ce qu'il y a une raison pour qu'elle ne soit plus
là? "Dans toute poursuite pour infraction au présent article le
défaut pour l'inculpé de produire le permis de monte est une
preuve suffisante qu'il ne lui a pas été octroyé." Y
a-t-il une raison à cela?
M. Pagé: Tout simplement, on irait à rencontre de
la Charte des droits et libertés de la personne en imposant le fardeau
de la preuve au titulaire.
M. Jolivet: Ah bon! C'est une bonne nouvelle.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté?
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je tiens à vous
mentionner qu'il est...
M. Jolivet: Qu'il est 22 heures.
Le Président (M. Richard): ...24 heures moins une
fraction. Sauf que je vois l'article 21 en huit sections. Je ne veux pas
présupposer... À moins que vous ne vouliez continuer.
M. Garon: Je vois dans l'ordre du jour de la Chambre que demain
matin on a prévu de commencer par l'agriculture.
M. Pagé: Cependant, M. le Président, on va venir
ici vers 11 h 15, 11 h 20. Si on était capable de terminer pour 13
heures...
M. Garon: Je pense que oui. M. Pagé: II reste un
article.
M. Garon: Essentiellement, le plus important, c'est l'article
21.
M. Pagé: Oui, il est important en ce qu'il est exhaustif,
mais il n'est pas exagéré.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, est-ce que l'on
continue ou si...
M. Pagé: M. le Président, à moins d'un
consentement, on va terminer demain. On va dormir là-dessus.
Le Président (M. Richard): Je me joins à vous tous
et à vous toutes pour dire que nous ajournons nos travaux sine die. Je
vous souhaite une bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à minuit)