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(Onze heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mesdames,
messieurs, veuillez vous asseoir, s'il vous plaît!
Alors, mesdames et messieurs, je déclare la séance de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte.
Je tiens à rappeler aux membres qu'il y a eu une entente pour qu'elle se
poursuive jusqu'à 13 h 30.
Nous étions rendus hier au programme 4, élément 1.
Alors, allons-y. M. le député de Lévis.
Assurances agricoles Assurance-récolte
M. Garon: Est-ce qu'il y a de nouveaux programmes
d'assurance-récolte individuels ou collectifs qui ont été
mis en place en 1986-1987? Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont prévus
pour 1987-1988 à l'élément 1?
M. Pagé: D'accord. M. le Président, je dois
indiquer qu'en 1986, plus que jamais, les circonstances ont
démontré très clairement l'importance pour les
productrices et les producteurs agricoles du Québec d'avoir un
régime d'assurance-récolte. Comme on le sait, nos régimes
d'assurance-récolte constituent une sécurité importante
pour la production car jamais la température ou les conditions
climatiques au Québec n'auront eu autant d'impact sur notre production.
Pour une des premières fois, toutes les régions du Québec
ont été affectées en même temps et aussi, la
quasi-totalité des productions a été affectée.
En 1986, les contacts que j'ai eus, pour répondre à la
question spécifique du député de Lévis avec...
Une voix: ...
M. Pagé: Mais c'est bien, M. le Président, de faire
un préambule. Généralement, l'Opposition en fait, des
préambules, lorsqu'elle pose des questions.
M. Garon: Non, mais c'est parce que ce n'est pas très
utile de nous dire que l'assurance-récolte est importante - on sait cela
- ou que la température est plus importante cette année que
l'année passée.
Je pense que la température est importante chaque
année.
M. Pagé: Comment dites-vous cela, M. le
député? Je m'excuse.
M. Garon: Je pense que la température est importante
chaque année. On peut bien vous écouter parler de cela,
mais...
M. Pagé: Elle est importante.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre...
S'il vous plaît:
M. Garon: Ma question c'est: Est-ce qu'il y a eu de nouveaux
programmes en 1986-1987 et est-ce qu'il va y en avoir en 1987-1988?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, laissez donc le ministre répondre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Oui, mais à la condition qu'il
réponde.
M. Pagé: II faudrait que le député soit
serein.
M. Garon: C'est brumeux dehors, vous savez. Je peux bien
spéculer là-dessus un bout de temps, mais qu'est-ce que cela va
me donner?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! Alors, M. le ministre, si vous voulez procéder.
M. Pagé: Alors, M. le Président, en 1986-1987, les
modifications qui ont été apportées à nos
régimes sont surtout des ajustements apportés aux régimes
déjà existants, par exemple, pour circonscrire davantage les
risques. Et cela, les officiers de la Régie des assurances agricoles
pourront en parler.
En 1987-1988, on prévoit des modifications au programme
concernant surtout les productions maraîchères, notamment en
assurant la grêle comme risque circonscrit. Comme on le sait, cela avait
été... On me dit que le libellé exact doit être: un
programme général, mais avec un risque optionnel. C'est la
terminologie exacte qu'il faut utiliser. Tout cela est le
résultat de rencontres. Je me rappelle très bien que les
producteurs maraîchers de la rive sud de Montréal ont
été visités par le ministre et l'honorable
député de Huntingdon à plusieurs occasions en 1987.
L'essentiel des représentations des producteurs maraîchers portait
principalement sur la couverture ou une meilleure adéquation qu'on
devait faire entre les régimes d'assurance et les besoins et les risques
qu'ils ont. Pour répondre plus précisément, je demanderais
aux officiers de la Régie des assurances agricoles d'intervenir.
M. Saint-Pierre (Michel R.): M. le Président, les
principales modifications qui ont été apportées au
régime des cultures maraîchères ont été
d'abord une modification assez importante à la grille
d'établissement du taux de cotisation qui s'est traduite par une baisse
assez importante du taux de base des écarts plus considérables,
écarts qui reflètent davantage l'historique de paiement chez les
producteurs, directement. Donc, il s'agit d'une moins grande
pénalisation des producteurs qui n'avaient pas touché
d'indemnités au cours des années par rapport à ceux qui
avaient touché année après année des
indemnités importantes. Il y a eu aussi l'ajout, comme le disait le
ministre, du risque grêle qui est une option offerte aux producteurs
maraîchers. Ce sont les principales modifications apportées cette
année au régime des cultures maraîchères.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse. Pour
le Journal des débats, j'aimerais que l'on identifie les
personnes.
M. Pagé: M. Michel Saint-Pierre, président de la
Régie des assurances agricoles.
M. Saint-Pierre: Et à ma gauche, M. Norbert Dubé,
vice-président aux opérations de l'assurance-récolte.
M. Garon: Cela répond à mes questions pour
l'élément 1.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Est-ce qu'il y a d'autres... Oui, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci, M. le Président. Une courte question
à propos de l'assurance-récolte. On sait qu'il y a
énormément de faillites qui peuvent survenir. Je voudrais
connaître l'implication de cela sur l'emploi. Hier, on a parlé de
l'implication sur l'emploi dans le secteur agro-alimentaire et dans le secteur
agricole. Est-ce que vous pourriez me donner quelques chiffres de la perte
d'emplois ou de la hausse d'emplois en fonction de l'assurance-récolte
et de tout ce qui se passe?
M. Pagé: On peut convenir qu'il est certain que les
conditions climatiques de 1986 ont eu une répercussion sur les emplois
en agriculture. C'est évidemment avec beaucoup d'intérêt
que le député de Lévis mettait en relief hier, si ma
mémoire est fidèle, ou avant-hier, la diminution du nombre
d'emplois en agriculture. Cela s'expliquerait en partie par la question que
vous posez et aussi en raison d'autres facteurs; dans un premier temps, la
conjoncture à l'égard des prix.
Vous savez, quand les prix sont à la baisse, quand les
marchés sont insécures à l'échelle internationale,
quand le producteur n'est pas certain de pouvoir trouver un
débouché pour son produit et par surcroît qu'il n'est pas
certain du prix, quand on a à faire face à une instabilité
comme celle engendrée par les États-Unis notamment, ce n'est
certes pas favorable aux investissements et par conséquent,
évidemment, aux emplois. Tout comme on doit retenir de plus que
plusieurs programmes d'investissements ont été conduits à
terme, qu'il suffise de parler de l'entreposage des céréales
à la ferme. Cela aussi a eu une répercussion, c'est certain.
C'est sûr que cela a eu une répercussion sur les investissements.
On peut dire aujourd'hui que les investissements ont diminué. Cependant,
il faut retenir que ces programmes étaient complétés.
Aussi, vous savez que, quand les producteurs de bleuets du
Lac-Saint-Jean, par exemple, perdent peut-être 60 % ou 70 % de leur
production, ils n'embauchent pas de monde pour les cueillir et ils n'embauchent
pas d'employés pour y travailler. Lorsque les producteurs de pommes
perdent 42 % ou 43 % de leur production, ils n'embauchent pas d'employés
pour les faire attendre dans des salles d'attente et leur payer un salaire les
fins de semaine. C'est certain qu'il y a une connexion directe entre la
récolte et le nombre d'emplois en agriculture. On doit aussi avoir
à l'esprit que les statistiques concernant l'emploi en agriculture,
selon tous les spécialistes qui m'ont fait part de leurs commentaires,
s'avèrent assez imprécises. Est-ce qu'on réfère
à la main-d'oeuvre rémunérée, est-ce qu'on
réfère à la main-d'oeuvre permanente, est-ce qu'on
réfère à la main-d'oeuvre occasionnelle? Il faudrait se
donner un système, que ce soit à Statistique Canada ou dans les
autres organismes. Les gouvernements devraient avoir un programme beaucoup plus
poussé pour qu'on ait une lecture plus fidèle de la
situation.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à propos de
l'élément 1?
M. Garon: Non, à l'élément 1, il n'y aura
pas d'autres questions.
Assurance-stabilisation des revenus agricoles
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va passer
à l'élément 2.
M. Garon: L'élément 2? Je voudrais poser des
questions et je ne suis pas maître des réponses, mais je dirais au
ministre, quand il nous dit que c'est dû aux prix qui n'ont pas
augmenté, de réviser ses statistiques sur l'augmentation des prix
et d'en parler avec le ministre des Finances. Le ministre des Finances nous a
dit que c'était dans le domaine alimentaire que les prix avaient
augmenté le plus en 1986. L'inflation a peut-être
été de 4,9 % au Québec, mais dans le domaine alimentaire,
pour les consommateurs, les prix ont augmenté plus que cela. C'est dans
le domaine alimentaire qu'il y a eu le plus d'augmentation de prix l'an dernier
pour les consommateurs. Alors, ce n'est sûrement pas cela. Si les emplois
ont baissé de 8000 en janvier, février, mars et avril dans le
domaine agricole, ce n'est pas à cause des bleuets. Les bleuets ont
été bien tranquilles en janvier, février, mars et avril.
Au contraire, si en janvier, février, mars et avril il y a une baisse
d'emploi chez les cultivateurs, c'est parce qu'ils se sentent
"insécures" sur le plan économique et ils sentent qu'ils n'ont
pas la même marge de manoeuvre qu'ils avaient antérieurement. En
janvier, février, mars et avril, ce ne sont pas les récoltes, ce
ne sont pas les semences. Les investissements baissent. On constate que
l'agriculture n'a plus le même dynamisme et cela se reflète dans
les investissements, cela se reflète dans les emplois. Il y a deux
grands intrants dans l'économie, dans n'importe quel secteur
économique, ce sont le capital et le travail. Les grands auteurs
économiques ont écrit essentiellement sur ces deux grands
facteurs. Et on voit que, pour ce qui est du capital, les investissements
diminuent depuis que le ministre est là. Pour ce qui est de l'emploi, du
travail, cela baisse beaucoup aussi. Cela baisse à un rythme deux fois
plus grand dans les quatre premiers mois de 1987 que dans les quatre premiers
de l'année précédente, en 1986.
De toute façon, à l'élément 2, je voudrais
poser une seule question: Est-ce que le ministre a établi de nouveaux
régimes d'assurance-stabilisation en 1986-1987 et est-ce qu'il a
l'intention d'en établir en 1987-1988?
M. Pagé: Aucune modification en 1986-1987 en termes
d'addition, aucun nouveau régime en 1986-1987. En 1987-1988, distinction
des régimes de veau de grain et de veau de lait.
M. Garon: Des modifications?
M. Pagé: Oui. Distinction de régime pour les
producteurs de veau de grain et les producteurs de veau de lait, par
conséquent.
M. Garon: Oui. Cela marche. Je suis prêt à aller
à l'élément 3.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'y a pas
d'autre intervention sur l'élément 2? Alors,
élément 3.
Gestion interne et soutien
M. Garon: Dans l'élément 3, Gestion interne et
soutien, on voit qu'il y a une baisse de 11 000 000 $ à 10 800 000 $.
Est-ce que c'est parce que le nombre d'employés à la Régie
des assurances agricoles a diminué, pour ce qui est des contractuels? On
voit dans les services que les chiffres passent de 5 666 000 $ à 4 965
000 $. Donc, une baisse de 700 000 $. Est-ce que c'est parce que maintenant on
a moins de contractuels pour vendre de l'assurance en espérant
économiser de l'argent et qu'on se dit que, si on a moins de vendeurs
sur la route, il y aura moins d'assurés et on va économiser de
l'argent? (12 heures)
M. Pagé: Non, ce n'est pas cela. Alors, diminution de
l'emploi: 18 à 20 emplois environ de moins par année sont requis
pour assurer la même...
M. Garon: Année. Mais qu'est-ce que cela veut dire en
nombre d'occasionnels et de contractuels?
M. Pagé: Cela, pour assurer la même quantité
et la même qualité de services. Deuxièmement, il y a des
façons différentes de procéder, la révision de
certaines façons de faire, par exemple, des inscriptions ou des ventes
par téléphone plutôt que par une visite sur le terrain.
Cette seule modification a impliqué une économie de 500 000 $ au
niveau de la gestion interne et du soutien. Vous me direz que les ventes ont
diminué. Non, nous en sommes à 102 % des ventes comparativement
à l'année précédente.
M. Garon: Mais le nombre d'emplois permanents n'a pas
changé. C'était 96 l'an dernier et c'est 96 cette
année.
M. Pagé: Nous faisons référence à
hommes-femmes-emplois-années.
M. Garon: Quel était le nombre d'occasionnels en 1985-1986
et quel est le nombre d'occasionnels prévu pour 1986-1987 et 1987-1988,
et la même chose pour les contractuels?
M. Pagé: Nous avons 90 emplois
permanents à la Régie des assurances agricoles, nous en
avons 96 d'approuvés, ce qui veut dire qu'on a six postes en
réserve pour des emplois permanents. Ils ont été
comblés depuis. Nous avions 36 occasionnels en 1986-1987.
M. Garon: En quelle année? M. Pagé: En
1986-1987.
M. Garon: Combien d'occasionnels, l'année
antérieure?
M. Pagé: En 1985? M. Garon: Oui.
M. Pagé: Si vous voulez, je vais compléter les
permanents, les occasionnels et les contractuels et pendant ce temps-là
on va tenter de trouver pour 1985. Permanents, 90, 6 d'alloués qui sont
à l'emploi, ce qui veut dire 96. Nous avions 36 occasionnels, on en a 45
d'alloués, pour 1986-1987. Concernant les contractuels, c'est là
qu'on a eu une diminution de 184 à 160.
M. Garon: De quelle année à quelle année? De
184 à 160, c'est pour quelle année?
M. Pagé: En 1987 pour 184 et en 1988 pour 160.
M. Garon: Les occasionnels, en 1986-1987 et en 1987-1988?
M. Pagé: Je vous l'ai indiqué tout à
l'heure: 36 possibles et en 1987-1988, 45.
M. Garon: Cela augmenterait les occasionnels.
M. Pagé: Neuf de plus.
M. Garon: De 36 à 40, cela fait 4.
M. Pagé: De 36 à 45, cela fait 9. De 184 à
160, cela fait 24. Cela fait donc moins 15.
M. Garon: Combien y en avait-il en 1985?
M. Pagé: On va vous le donner précisément,
M. le député.
M. Garon: Je vois 35, pour les occasionnels. Et les contractuels?
L'an dernier, on nous avait dit 35 en 1985-1986, on avait dit 30 en 1986-1987
et, là, vous venez de dire que 36 ont été engagés.
Les contractuels, seulement pour 1985-1986... Mais si c'est trop long, on va
passer à autre chose.
M. Pagé: Ce sont sensiblement les mêmes choses, mais
on y arrive. Les voilà. En 1985-1986, 95 emplois réguliers, 36
occasionnels, 209 contractuels.
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: II y a eu 209 contractuels,
personnes-années totales utilisées en 1985-1986.
M. Garon: Bon. Alors...
M. Pagé: Alors, cela a été 209 en 1985-1986,
184 en 1986-1987 et les prévisions sont de 160 pour 1987-1988, à
partir des nouvelles façons de faire. M. Saint-Pierre pourra
ajouter...
M. Garon: Je suis prêt à passer au programme 5.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions du côté ministériel concernant le
programme 4? Non? D'accord. Est-ce que le programme 4 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Commercialisation des produits
agro-alimentaires
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté. Nous
procédons maintenant à l'étude du programme 5,
élément 1.
M. Garon: Est-ce que le programme...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant, M. le
député. On va s'organiser. On va les identifier. Oui, pour le
Journal des débats, M. le ministre, pourriez-vous identifier la personne
qui vous accompagne?
M. Pagé: D'accord. Mme la sous-ministre adjointe à
la commercialisation et au développement industriel, Mme Agnès
Jarnuszkiewicz.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bonjour.
M. Garon: Pour l'année 1986-1987, est-ce qu'on peut me
dire le nombre de crédits périmés pour le
développement des entreprises de transformation? Ce sont des
crédits de 8 257 700 $ qui avaient été
demandés.
M. Pagé: Certainement, M. le Président. 1 600 000 $
de périmés.
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: 1 600 000 $ de périmés pour
l'ensemble des programmes applicables en vertu de
l'élément 1.
M. Garon: Bon. Principalement à quel endroit?
M. Pagé: C'est le résultat surtout de deux projets,
un projet de serre industrielle à Rouyn-Noranda dont l'offre a
expiré le 31 décembre 1986 pour au-delà de 500 000 $; le
projet ne s'est pas réalisé. Aussi un autre projet de serre
industrielle à Mirabel, sur lequel, d'ailleurs, vous m'aviez posé
des questions lors des engagements financiers. L'offre expirera dans ce
cas-là le 26 septembre 1987. Nous aurions souhaité faire les
déboursés en 1986-1987, et, là aussi, cela
représente 681 000 $ qui auraient pu être
déboursés.
M. Garon: Est-ce que le projet de Mirabel a des chances
d'être réalisé?
M. Pagé: Je ne crois pas.
M. Garon: C'étaient les serres Sprung -Sprong ou Sprung -
de l'Alberta que nos fonctionnaires, quand ils étaient allés les
voir en 1985, n'avaient pu visiter?
M. Pagé: C'était le groupe Sprung et le groupe
Cedels. On sait qu'ils ont éprouvé des difficultés
particulières de financement concernant, d'une part, la part à
laquelle ils devaient contribuer et aussi le financement comme tel. Cependant,
je peux vous indiquer qu'une autre entreprise a pris le relais pour des projets
analogues qui sont présentement étudiés au
ministère.
Pour le projet Sprung, si ma mémoire m'est fidèle, les
promoteurs se sont dirigés vers les Maritimes et plus
particulièrement vers Terre-Neuve.
M. Garon: Ils vendent des illusions. M. Pagé:
Pour?
M. Garon: En 1987-1988, par exemple, les crédits
demandés sont un peu moins importants; ils passent de 8 200 000 $
à 7 300 000 $. Est-ce que des programmes ont été
annulés par rapport à ceux qui existaient antérieurement
ou est-ce qu'il y a de nouveaux programmes?
M. Pagé: On doit convenir qu'en 1986-1987 les
interventions du ministère pour le développement des entreprises
se faisaient ad hoc, à partir de chacun des projets tels que
présentés; l'analyse se faisait au ministère. On devait
évidemment se référer aux organismes centraux. La
façon de faire était assez délicate, car elle impliquait
une appréciation de chacun des dossiers, mais à partir de
critères ou de paramètres plus ou moins définis ou plus ou
moins établis. Actuellement, nous sommes à bâtir ou
à rédiger un programme formel en vertu duquel nous pourrions
intervenir à l'avenir avec davantage de normes, de points d'appui, de
façons de faire, etc. Je prévois être en mesure d'annoncer
cette programmation qui constitue, là aussi, une réforme assez
importante au niveau du développement industriel, probablement à
la fin de juillet ou au début d'août, ou peut-être avant,
mais incessamment. L'objectif qu'on recherche, c'est premièrement,
d'établir des règles plus claires pour l'ensemble des
intervenants et, deuxièmement, d'intervenir en ce qui concerne les
garanties de prêts sans exclure pour autant la possibilité de
participer sous forme de subventions. Ce que je veux dire, c'est qu'à
l'avenir la participation du ministère ne se fera plus
nécessairement tout le temps sous forme de subventions. Dans les cas des
serres, notamment, on sait qu'on en a fait une priorité, M. le
Président; comme j'y référais tout à l'heure, on a
constaté un problème particulier de financement et des
réserves ont été présentées par les
institutions financières concernant la faisabilité, les
techniques, les technologies etc. D'où l'importance pour nous
d'intervenir et de renforcer nos interventions dans les garanties de
prêts.
N'eut été de ces deux ou trois projets de
développement industriel qui devaient se réaliser et qui ne se
sont pas réalisés, nos crédits auraient été
complètement engagés, cela va de soi. Mais nous sommes
persuadés que les nouveaux critères d'intervention, le nouveau
programme pour le développement des entreprises, devraient nou3
permettre de dépenser la totalité de nos crédits, je
l'espère bien, en ce qui nous concerne. C'est quand même
décevant et ce, quel que soit le ministre qui est là. C'est
toujours décevant de s'associer à une démarche par
l'analyse d'un dossier, de prendre position de faire une offre de subvention et
de constater un peu plus tard, en milieu de course ou en fin de course, que le
projet ne se réalise pas pour des considérations
extérieures.
M. Garon: Je n'ai pas d'autres questions sur cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pas d'autres
questions, alors...
M. Garon: On pourra passer à l'élément
2.
Développement des marchés
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous passons
à l'élément 2.
M. Garon: II y a une légère augmentation des
crédits à l'élément 2. Est-
ce que c'est uniquement l'inflation ou y a-t-il des programmes nouveaux
qui doivent être annoncés en 1987-1988?
M. Pagé: La hausse des crédits est attribuable,
entre autres, à une croissance qu'on veut marquée de l'aide
à l'exportation. Dans un premier temps, j'ai annoncé, il y a
quelques semaines, le réseau d'attachés commerciaux qui nous
permettra d'avoir une représentation du ministère de
l'Agriculture dans plusieurs pays du monde, dans les endroits qu'on veut les
plus névralgiques, les plus stratégiques pour la
pénétration de nos produits agricoles québécois.
Nous prévoyons l'établissement et on aura des postes à New
York, Boston, Chicago, Toronto, Tokyo, Caracas et Londres. Tout cela va se
faire en cours d'année, tout comme...
M. Garon: Mais à New York c'est déjà fait.
M. Tougas est là depuis plusieurs années.
M. Pagé: Je me réfère au nombre de postes.
Nous en avions deux avant. Nous en aurons maintenant sept. Je vous dis que nous
aurons des gens en poste à New York, Boston, Chicago, Toronto, Tokyo,
Caracas et Londres et cela, en cours d'année. Il y a aussi une
augmentation de l'enveloppe pour un programme auquel nous tenons tout
particulièrement qui est le programme du lait-école.
M. Garon: Qu'avez-vous dit? Je n'ai pas compris.
M. Pagé: Les augmentations de budget...
M. Garon: Pour le lait-école.
M. Pagé: ...pour un programme auquel nous tenons beaucoup
au ministère et au gouvernement et auquel je tiens comme ministre, c'est
le programme du lait-école.
M. Garon: Je suis heureux de l'entendre. Vous vous étiez
surtout manifestés en voulant le réduire de cinq à trois
jours.
M. Pagé: Cela a été une méprise, M.
le député, en ce qui vous concerne. Comme vous posez la question,
je sens l'obligation d'y répondre.
M. Garon: C'est une méprise pour tout le monde. (12 h
15)
M. Pagé: Vous savez, dans le budget de cette année,
la somme qui est consacrée, c'est environ 12 000 000 $. C'est quand
même beaucoup d'argent. Ce que j'ai fait l'année dernière,
c'est que nous avons rencontré les intervenants à partir des mois
de mars, avril, etc., et on a demandé à ceux qui sont dans
l'industrie laitière, notamment l'industrie privée, le Conseil de
l'industrie laitière, le Conseil de la coopération, de voir
à la possibilité de contribuer, de mettre l'épaule
à la roue avec nous dans cette démarche qui permet d'atteindre
plusieurs cibles: premièrement, la qualité de l'alimentation,
évidemment, de nos enfants à l'école, deuxièmement,
de s'assurer d'un minimum dans la distribution et la consommation du lait; le
renforcement des habitudes alimentaires aussi n'est pas négligeable.
L'enfant est habitué à prendre un produit du Québec, un
bon produit, par surcroît.
M. Garon: Vous n'avez pas besoin de nous convaincre, c'est nous
autres qui l'avons établi.
M. Pagé: Oui, je suis d'accord et je le reconnais, M. le
député. Cependant, ce qu'on a voulu faire, c'est de s'assurer que
ces gens-là embarquent avec nous dans cette démarche. Quel en a
été le résultat? Cela a été une contribution
de 2 000 000 $, 2 000 000 $ épargnés au Trésor public
québécois. Nous, je l'ai dit et je le répète, M. le
député, nous administrons l'argent avec beaucoup de
précautions comme s'il nous appartenait. Tous les dollars sont
importants à partir du premier. Cette année, je l'ai
annoncé, le programme est maintenu sur cinq jours avec la même
quantité. On ne diminuera pas la quantité, vous le savez. Cela
avait été, comme dirait mon plus vieux, un "petit mauvais coup"
que vous avez fait, d'aller changer la quantité dans le berlingot. On ne
touche pas à la quantité dans le berlingot et le lait va
être distribué.
M. Garon: Cela a été fait selon les recommandations
des diététistes qui avaient eu beaucoup d'hésitations
entre 250 ml et 200 ml.
M. Pagé: Non.
M. Garon: Et comme ils ont dit...
M. Pagé: C'est la faute des diététistes.
M. Garon: Non, il y avait eu un grand débat, si vous lisez
la documentation. Faites-vous venir la documentation!
M. Pagé: On va dire cela à Mme Desaulniers. Elle va
dire: M. Garon m'a dit que c'était votre faute.
M. Garon: Non, c'est qu'il y avait de grands débats chez
les diététistes entre 250 ml et 200 ml.
M. Pagé: Mais je tiens à vous faire remarquer
qu'ils ne sont pas passés de 250 ml à 200 ml. Vous les avez fait
passer de 200 ml à 150 ml.
M. Garon: Non, c'était de 250 ml à 200 ml.
M. Pagé: Non.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: En tout cas. 250 ml à 200 ml... C'est
possible.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Pagé: Oui.
M. Garon: En tout cas, c'est un nombre. On parlait d'onces
à ce moment-là. On discutait beaucoup plus des onces et les
diététistes n'étaient pas sûrs, étant
donné tel volume, si les enfants consommeraient tout le lait. Ils
trouvaient que c'était une mauvaise idée. On a essayé le
plus gros volume au début, mais c'était une mauvaise
éducation si les enfants laissaient trop de lait dans les berlingots et,
alors, s'habituaient à considérer le lait comme un produit qu'on
gaspille. Il était préférable, à ce moment-la, de
baisser les quantités.
M. Pagé: Je ne manquerai pas d'aborder ce sujet avec mes
amis de la Corporation professionnelle des diététistes du
Québec quand je les rencontrerai.
M. Garon: IIs vont dire qu'il y a eu un grand débat quand
les gens...
M. Pagé: De 250 ml à 200 ml, possiblement. Mais je
ne crois pas que cela a été le cas pour 200 ml à 150
ml.
M. Garon: Non, mais il a été baissé une
seule fois. Il est passé d'un volume à l'autre et il a
été baissé pas longtemps après, pour des raisons
comme celles que je vous ai mentionnées. D'ailleurs, vou3 pourrez lire
les délibérations du comité qui avait été
mis sur pied en 1977 et qui posait ces questions, dès le point de
départ, sur la quantité qui devait être distribuée.
Alors...
M. Pagé: D'accord. Pour cette année, le programme
lait-école va impliquer des budgets additionnels évidemment.
M. Garon: Bon, je suis prêt à passer à
l'élément 3.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des questions sur l'élément 2? Oui, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Oui, merci. Les concours, il y en a quatre. Pour la
restauration, je crois que le député de Lévis voudrait
être juge. Concernant Villes, villages et campagnes fleuris, l'ordre du
mérite... Il y a quatre concours. J'ai mentionné celui de la
restauration, parce que j'ai pensé que le député de
Lévis voudrait être juge à ce concours.
M. Pagé: II a de grandes activités.
M. Messier: Villes, villages et campagnes fleuris; après
cela, il y a l'Ordre du mérite agricole dont on a eu l'honneur d'avoir
le Commandeur à Saint-Hyacinthe, et le Lys d'or. Est-ce qu'on peut
évaluer l'impact économique de ces concours? Pour Villes,
villages et campagnes fleuris, je regarde la ville de Saint-Hyacinthe qui est
en train de s'embellir du jour au lendemain en vue du concours. Est-ce qu'on
peut voir les retombées économiques de ces concours sur
l'ensemble des produits tels quels, comme les roses et les autres fleurs?
M. Pagé: Je dois dire que le concours de l'Ordre du
mérite agricole est un concours qui est très important en
agriculture auprès des producteurs et des productrices. C'est un facteur
de motivation important. C'est un concours qui aura bientôt 100 ans, qui
est profondément enraciné, finalement, non seulement
auprès des agriculteurs et des agricultrices, mais dans l'ensemble de la
société québécoise et le concours de l'Ordre du
mérite de la restauration qui a été relancé
l'année dernière, parce qu'il avait été interrompu,
a donné beaucoup de résultats pour une première
année. Cette année, le concours a été
relancé avec des modifications, modifications qui n'ont pas
été unilatérales, mais qui sont le résultat
d'échanges avec les différentes associations dont, notamment,
l'Association des restaurateurs du Québec qui a contribué de
façon significative aux échanges et au processus de
réflexion, etc. Le Lys d'or est un concours vieux d'une douzaine
d'années, si ma mémoire est fidèle.
Une voix: II est plus vieux que cela.
M. Pagé: II est plus vieux que cela, mais, au
ministère, cela fait environ une douzaine d'années. C'est un
concours qui vise à reconnaître l'amélioration de ta
qualité des produits chez les industriels et qui met à
contribution, particulièrement, les employés qui s'associent
à une démarche d'amélioration qualitative de leur
production. Aussi, le concours Villes, villages et campagnes fleuris donne
déjà de bons résultats et il est susceptible de nous
permettre d'atteindre encore davantage des niveaux d'excellence concernant
l'horticulture.
On doit constater que ces concours, en plus de nous permettre de
reconnaître et d'apprécier les efforts réalisés par
certains intervenants, nous donnent aussi une promotion très importante
auprès de la population quant à l'excellence de nos produits et
de ce qui se fait chez nous. Nos intentions sont évidemment de leur
donner encore beaucoup plus de visibilité parce qu'ils constituent un
reflet significatif de ce qui se fait en agriculture, et de mieux informer nos
concitoyens et nos concitoyennes sur l'objet de la tenue de ces concours ainsi
que sur les événements susceptibles de les intéresser.
À cet égard, je crois que la participation des villes, des
villages et des campagnes au concours Villes, villages et campagnes fleuris est
en constante croissance et on veut en maximiser l'impact sur les secteurs
concernés. On tente aussi d'en augmenter le nombre de participants en
haussant le prestige découlant de la participation à ces
concours. Si on se réfère, par exemple, au concours Villes,
villages et campagnes fleuris, 470 municipalités y participent. Ce sont
2 800 000 citoyens, presque 50 % des citoyens et des citoyennes du
Québec. C'est donc une activité économique importante en
ce qu'elle amène des transactions et des achats, mais c'est aussi et
surtout, dans le cas de Villes, villages et campagnes fleuris, des
activités qui améliorent la qualité environnementale de
nos citoyens et de nos citoyennes dans nos villes et nos villages et, un autre
élément aussi, cela rapproche le citoyen de l'horticulture. Bien
souvent, on constate que c'est par leur participation à des concours
comme celui de Villes, villages et campagnes fleuris que les gens vont
s'adonner à un nouveau loisir qui est celui de l'horticulture
ornementale.
M. Messier: ...semaine que je passe chez nous en train de planter
des fleurs.
M. Pagé: Comment dites-vous?
M. Messier: Cela fait deux fins de semaine de suite que je plante
des fleurs chez nous. Je vois cela, oui.
M. Pagé: C'est bien, je vous incite à continuer,
d'ailleurs.
M. Messier: Merci beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il n'y a pas
d'autres interventions, nous allons passer à l'élément
suivant qui est l'élément 3.
M. Garon: Je ferais remarquer que le mérite de la
restauration n'a pas été véritablement interrompu,
puisque, une année, les restaurants n'ont pas voulu y participer
à cause de l'affaire des pourboires. L'année suivante, nous avons
adopté la Loi sur le mérite de la restauration pour faire en
sorte que ce soit un concours basé sur une loi de l'Assemblée
nationale comme la Loi sur le mérite agricole. C'est pour cela qu'il n'a
pas été présenté cette année-là.
M. Pagé: M. le Président, on ne fera pas un
débat de deux heures là-dessus, mais je retiens que pour le
député, le concours n'a pas été interrompu, mais
qu'il n'y a pas eu de participant.
M. Garon: Non. C'est qu'on a adopté la loi. La loi a
été adoptée à l'Assemblée nationale...
M. Pagé: Je le sais, j'y étais.
M. Garon: ...pour lui donner une base légale. Quand le
gouvernement du Parti québécois a adopté une loi sur le
mérite de la restauration, au contraire, c'était pour lui donner
le degré de permanence qu'il n'avait jamais eu avant.
Maintenant, j'aimerais passer à l'élément 3. La
première question que j'aimerais poser concernant
l'élément 3, c'est...
Contrôle de la qualité des
produits
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant! Je
voudrais aussi que M. le sous-ministre s'identifie pour le Journal des
débats.
M. Pagé: Dr Bernard, sous-ministre adjoint à la
santé animale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci. Allez-y, M.
le député de Lévis, maintenant.
M. Garon: J'aimerais savoir si c'est le ministre de l'Agriculture
qui actuellement s'occupe du secteur de l'inspection des produits marins, si
toute l'inspection des produits selon les lois relatives à l'inspection
des produits agricoles, des produits marins et des aliments est toujours sous
l'autorité complète du ministre de l'Agriculture ou si
l'inspection des aliments est scindée entre l'autorité partielle
du ministre de l'Agriculture et une autre autorité.
M. Pagé: Pour répondre à la question de M.
le député de Lévis, je dois dire que par décret
l'honorable député de Beauce-Sud a été
désigné, évidemment, comme ministre
délégué aux Pêcheries. Nous avons convenu que sa
responsabilité s'étendrait à tout le secteur des
pêcheries. Cependant, je peux rassurer le député en lui
indiquant que nous travaillons en étroite collaboration. Ce sont
les mêmes fonctionnaires qu'antérieurement, les mêmes
responsables de l'application de nos lois et de nos règlements à
cet égard qui s'en occupent et qui y travaillent. Il n'y a pas de
problème.
M. Garon: Je vous pose une question claire, là.
M. Pagé: Oui, c'est clair. C'est lui.
M. Garon: Non, ce n'est pas clair. Quand il s'agit de
l'inspection des produits marins, je vous demande si elle est toujours sous la
responsabilité du sous-ministre adjoint à l'inspection des
aliments et à la santé animale. Est-ce que le sous-ministre
adjoint, responsable de l'administration de ces lois, relève uniquement
de l'autorité du ministre de l'Agriculture, ou si concernant
l'inspection des produits marins, il relève de l'autorité du
ministre délégué aux Pêcheries, non pas par entente
entre eux, je dis en fonction des lois de l'Assemblée nationale et des
décrets du gouvernement?
M. Pagé: L'inspection des produits marins relève
toujours du sous-ministre responsable de la santé animale.
M. Garon: Relève-t-il, quand il s'agit des produits
marins, du ministre de l'Agriculture ou du ministre responsable des
Pêcheries?
M. Pagé: M. le sous-ministre adjoint, le Dr Bernard,
relève évidemment du sous-ministre, M. Leblond, et le secteur des
pêches est assumé... Le ministre est appuyé par M. le
sous-ministre adjoint aux Pêcheries, M. Diamant,...
M. Garon: Je ne parle pas...
M. Pagé: ...qui, lui, lorsqu'il a à être
identifié, travaille aux Pêcheries. Et, lorsqu'il a un
problème, il fait ses représentations à mon sous-ministre
responsable. Je vous confirme ce matin que toutes nos interventions, le
contrôle, l'application des lois et des règlements concernant la
santé, la qualité des produits, etc., relèvent du
sous-ministre adjoint à la santé animale, le Dr Bernard. Et cela,
je veux que cela soit très clair dans votre esprit, parce que chez nous
cela l'est.
M. Garon: Je veux demander ceci au ministre. Cela va être
plus clair. Le ministre délégué aux Pêcheries nous a
dit qu'il n'appliquait pas entièrement la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments. II a déjà
laissé entendre qu'il n'appliquait pas la loi telle qu'elle devait
être appliquée et qu'il exerçait des tolérances et
que des usines qui, en vertu de la loi, devaient avoir des permis, n'avaient
pas de permis. Elles fonctionnent sans permis. Il semble que l'administration
de la loi, pour lui, c'est secondaire. C'est pour cela que je demande ceci:
Concernant l'inspection des produits marins et les établissements qui,
en vertu de la loi, doivent avoir des permis, la directive de ne pas appliquer
la loi a-t-elle été donnée par le ministre de
l'Agriculture ou par le ministre délégué aux
Pêcheries?
M. Pagé: Vous dites que la loi n'est pas appliquée,
mais il faudrait voir dans quel contexte. Je m'excuse, M. le
député, mais je n'étais pas présent à cet
échange...
M. Garon: Je vais vous dire dans quel contexte.
M. Pagé: Non, mais, écoutez...
M. Garon: Cela va être clair. Dans quel contexte? C'est
qu'il y a des permis...
M. Pagé: Non, non, M. le Président, quand
même!
M. Garon: Toutes les usines qui oeuvrent au Québec, en
vertu de la loi qui n'a pas été changée, doivent
actuellement avoir des permis et se conformer aux standards prévus par
la loi et les règlements. Le ministre nous a dit qu'il tolérait
que des usines fonctionnent sans permis, alors qu'elles ne se conforment pas
aux standards prévus par la loi et les règlements. (12 h 30)
M. Pagé: Je peux vous dire ceci, M. le Président,
pour répondre à la question du député. La
responsabilité que j'assume est comme ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, premièrement. Deuxièmement,
un décret adopté lors de la formation du cabinet en
décembre 1985 indiquait la délégation de l'administration
des programmes et des politiques concernant les pêcheries à mon
collègue le ministre délégué aux Pêcheries
avec qui nous travaillons en étroite collaboration, évidemment;
on est sur le même étage, etc.
Troisièmement - et je suis bien conscient de cela, M. le
député - j'ai une responsabilité vis-à-vis, entre
autres, de l'aspect alimentation du ministère à l'égard de
l'innocuité et de la qualité des aliments, des systèmes
d'inspection, etc. Je confirme ce matin au député de Lévis
que le ministre adjoint à la santé animale, le Dr Bernard,
relève de mon équipe sous-ministérielle et qu'il a la
responsabilité de l'application du contrôle des règlements
et des lois. Cela relève de lui et non pas, par exemple, du
sous-ministre adjoint aux Pêcheries. Je voudrais sécuriser le
député. Je ne sais pas dans quel contexte le ministre
délégué aux
Pêcheries aurait pu indiquer, faire part ou formuler - je ne sais
trop, je n'y étais pas -que la loi n'était pas respectée.
Mais j'en serais fort surpris, M. le député. D'ailleurs, j'ai cru
comprendre que les crédits des pêcheries allaient être
étudiés cet après-midi ou demain. Cela sera le moyen ou le
moment privilégié pour éclaircir cette question avec lui.
Cependant je peux vous donner l'assurance que la responsabilité de
l'application de la loi et des règlements relève toujours du
sous-ministériat à la santé animale dont le sous-ministre
relève du sous-ministre, M. Leblond, et de moi-même comme
ministre.
M. Garon: Je dois dire au ministre que cela ne se passe pas tout
à fait comme cela. Quand un ministre reçoit une affectation, ses
pouvoirs sont décrits dans une loi. Quand on forme un nouveau
ministère...
M. Pagé: Ce n'est pas un nouveau ministère,
excusez-moi!
M. Garon: Je comprends, ce n'est pas un nouveau ministère.
Sauf que le Conseil des ministres ne peut pas changer les autorités des
ministres sans éventuellement présenter une loi devant le
Parlement pour les changer.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Selon moi.
M. Pagé: II n'y aura pas de loi parce qu'il n'y a pas de
changement d'autorités.
M. Garon: Cela veut donc dire que vous avez toute
l'autorité dans le domaine de l'inspection des produits agricoles, des
produits marins et des aliments.
M. Pagé: C'est ce que je vous dis depuis tantôt.
M. Garon: Je veux vous demander combien d'usines, dans le secteur
des pêches, sont exploitées sans permis, en contravention de la
loi, combien fonctionnent avec permis et combien fonctionnent sans permis?
M. Pagé: On va vous dire tout cela. On peut, M. le
Président, passer... On a 61 usines de transformation avec permis
actuellement. On m'indique que les établissements de préparation
de produits marins qui sont exploités, mais qui n'ont pas de permis
seraient au nombre de 73.
M. Garon: En vertu de quelle autorité pouvez-vous ne pas
respecter la loi et faire en sorte que 73 usines soient exploitées sans
permis, sans changer la loi?
M. Pagé: Dois-je comprendre que la recommandation du
député de Lévis, ce matin, en date du 4 juin, est que le
gouvernement ordonne la fermeture immédiatement de ces 73
établissements?
M. Garon: Non. Je dis au ministre de faire respecter la loi ou de
la faire changer. C'est cela que le ministre délégué aux
Pêcheries est venu indiquer l'an dernier en commission parlementaire. Il
est venu indiquer que lui, il tolérait cela, qu'il n'y avait pas de
problème. C'est évident que, si les usines savent qu'elles...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je peux
répondre à la question?
M. Garon: Je donne une explication, là. Si elles savent
qu'avec ou sans permis...
M. Pagé: Si je comprends bien, vous vous répondez
vous-même!
M. Garon: ...c'est indifférent, elles ne feront pas les
efforts nécessaires pour se conformer à la loi et aux
règlements. Quand il y avait des délais prévus dans la
loi, tout fonctionnait normalement. Mais, aujourd'hui, on dit qu'il y a des
usines qui sont exploitées sans permis. J'aimerais savoir du ministre
combien il y a eu de nouvelles usines qui ont été mises sur pied
et qui sont exploitées depuis la date à laquelle la loi a
été adoptée et qui n'ont pas de permis. Je parle des
nouvelles usines. Je fais une distinction entre les usines qui étaient
déjà exploitées avant et qui devaient se conformer pour
avoir un permis et les usines qui se sont établies après
l'adoption de la loi et qui devaient avoir un permis dès le
départ pour fonctionner. Combien d'usines ont été
établies, s'il y en a... Combien de nouvelles usines se sont
implantées sans respecter la loi et les règlements, donc, sans
permis?
M. Pagé: M. le Président, après la date
fixée dans la loi, aucune nouvelle usine ne 3'est installée pour
fonctionner sans permis. L'objectif qui nous anime, c'est certainement - et je
veux que cela soit très clair; mon collègue, le ministre
délégué aux Pêcheries, pourrait y répondre
plus spécifiquement, plus longuement cet après-midi - d'en
arriver au fonctionnement de nos entreprises de transformation,
évidemment, avec permis. L'objectif de normalisation des usines est
très clair, très présent. Cependant, vous devez comprendre
que cet objectif de normalisation varie en fonction des changements
d'orientation des exploitants. On a des problèmes d'environnement dans
certains cas où on a, par exemple, des problèmes
d'approvisionnement en eau.
M. Garon: C'est de la théorie.
M. Pagé: On a toute la question, dans certains cas
spécifiques, de l'élimination des déchets. Je peux vous
indiquer que notre intention est d'augmenter le nombre d'entreprises
fonctionnant avec licence, avec permis. Je peux vous indiquer de plus que dans
certains cas... En ce qui concerne les poursuites ou le contrôle
rigoureux de l'application de nos lois et de nos règlements, je vais
demander au Dr Bernard qui est le sous-ministre responsable qui relève
de moi, M. le député, de donner plus de détails.
M. Garon: Est-ce qu'il y a... Je voudrais poser une petite
question...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant, il va
parler, s'il vous plaît!
M. Garon: J'aimerais en même temps préciser mon
idée pour que le Dr Bernard puisse y répondre. Est-ce qu'il y a
eu des plaintes portées par le ministère de l'Agriculture au
ministère de la Justice pour le non-respect des lois sur l'inspection
des aliments et l'exploitation sans permis?
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Pour chacune des usines?
M. Pagé: Non, vous m'avez demandé si j'avais eu des
plaintes et je vous ai dit oui. Et, M. le Président, je n'ai pas
l'intention... Ce serait contraire à l'ordre public, ce serait
totalement irresponsable que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, ou encore que mon collègue le ministre
délégué aux Pêcheries s'amène ici avec les
dossiers des poursuites et tout cela. On n'a pas l'intention de traiter de ces
cas spécifiques ici.
M. Garon: Quelle était la date limite pour obtenir son
permis d'exploitation en vertu de la loi, dans le cas des produits marins?
M. Pagé: Le Dr Bernard, M. le Président, va
répondre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Dr
Bernard.
M. Bernard (Louis): Tout dépend des régions. Il y a
eu...
M. Garon: Gaspésie, Îles-de-la-Madeleine et
Côte-Nord.
M. Bernard: La date limite était le 1er avril 1986.
M. Garon: Pardon?
M. Bernard: 1986. En premier lieu, c'était le 1er avril
1985, mais la loi a été modifiée pour la porter au 1er
avril 1986 pour cette région particulièrement, la
Basse-Côte-Nord étant exemptée et la limite reportée
au 1er avril 1987, et pour l'Île-Verte qui regroupe un certain type de
transformateurs.
M. Garon: Il y a des gens qui se sont conformés aux
exigences, qui ont fait des investissements et qui respectent la loi. Il y en a
d'autres qui n'ont pas fait les investissements requis et qui ne respectent pas
la loi. On est rendu en 1987, dans les territoires où les gens doivent
avoir un permis, est-ce qu'il y a eu des plaintes portées au
ministère de la Justice dans chacun des cas, pour ceux qui n'ont pas de
permis et qui ne respectent pas la loi et les règlements parce qu'ils
n'ont pas les règles de construction requises et qu'ils ne se conforment
pas aux dispositions requises pour avoir leur permis?
M. Pagé: M. le Président, je vous ai indiqué
tout à l'heure que la non-conformité aux lois et aux
règlements de certaines entreprises a fait l'objet de poursuites.
Certains dossiers sont encore à être étudiés. De
plus, c'est certain que le contact se fait à ce moment-là entre
le ministère et le ministère de la Justice. Je vous ai
indiqué, de plus, que ce n'est pas mon intention - ce serait tout
à fait contraire à l'ordre public et tout à fait
irresponsable - de mettre en relief ici des cas particuliers de poursuites.
M. Garon: Est-ce que le ministre peut nous fournir la liste des
usines qui ont leur permis et de celles qui ne l'ont pas - c'est
d'intérêt public, je pense que c'est public parce que le permis
doit être affiché - pour chacun des territoires du
Québec?
M. Pagé: La liste, je vais demander au ministre
délégué aux Pêcheries qu'il la produise.
M. Garon: Cet après-midi?
M. Pagé: Bien, cet après-midi, je ne sais pas quand
se tiendra votre séance, je m'excuse.
M. Garon: Cet après-midi. M. Pagé: Aujourd'hui?
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Je vais lui demander si on peut la
confectionner.
M. Garon: Je vais demander maintenant au ministre à partir
de quand il a l'intention de faire respecter la loi concernant les
permis d'usines de transformation de produits marins.
M. Pagé: Je vous ai indiqué la volonté de
notre gouvernement de tout faire pour que, dans les délais qu'on
espère les plus brefs, l'ensemble de nos usines puissent se conformer
aux réglementations et aux lois,,
M. Garon: Quand?
M. Pagé: II y va évidemment d'un aspect important,
soit la santé des gens, la qualité des produits, la certification
de la qualité de tels produits, l'accès plus facile à
certains marchés qui deviennent ouverts lorsqu'une entreprise
répond à de telles normes et produit avec licence et permis. Je
vous dis: Dans les meilleurs délais.
M. Garon: Quand?
M. Pagé: A compter de maintenant, dans les meilleurs
délais.
M. Garon: La loi a déjà fixé des
dates...
M. Pagé: Oui.
M. Garon: ...qui ne sont pas respectées.
M. Pagé: Oui, nous en convenons.
M. Garon: Quand allez-vous faire respecter cela? D'autant plus
que le ministre a dit qu'il manquait de poissons pour les usines. Il serait
peut-être mieux de commencer à approvisionner les usines qui ont
leur permis avant d'approvisionner celles qui n'ont pas de permis.
M. Pagé: Je peux indiquer que les officiers du
ministère travaillent avec de telles entreprises pour qu'elles puissent
en arriver, dans les délais qu'on souhaite les plus brefs, à
être conformes à nos lois.
M. Garon: Est-ce que le ministre a l'intention de changer la loi
pour fixer une autre date où les usines devront se conformer et avoir
leur permis pour fonctionner dans le secteur de3 produits marins?
M. Pagé: Pas pour l'instant. Cependant, je vais demander
à mon ministre délégué aux Pêcheries d'y
répondre plus complètement cet après-midi.
M. Garon: Je ne poserai pas la question au ministre
délégué aux Pêcheries, parce que c'est vous qui
êtes responsable de la loi, ce n'est pas lui.
M. Pagé: Oui, je sais, monsieur.
M. Garon: Alors, cela ne me donne rien de poser des questions
à un ministre qui n'est pas responsable de l'application d'une loi.
C'est vous qui êtes responsable de l'application de la loi sur
l'inspection.
M. Pagé: Bien, ne la lui posez pas.
M. Garon: Sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. Il n'y a pas...
M. Pagé: Vous dites: Dans quel délai a-t-on a
l'intention de rouvrir la loi? Je n'ai pas l'intention de rouvrir la loi pour
le moment et, si nécessaire, on avisera en conséquence.
Actuellement tous les efforts sont déployés pour que ces
entreprises puissent se conformer dans les délais qu'on espère
les plus brefs. Mais dois-je comprendre... Cela je le répète:
vous savez, le parlementarisme est un système de représentation
en vertu duquel on doit créer une interaction, et la plus dynamique,
entre l'Opposition et le gouvernement. L'Opposition doit aussi assumer ses
responsabilités. Je vous pose la question: Dois-je comprendre de vos
questions ce matin que vous me recommandez, comme ministre, d'ordonner la
fermeture de ces entreprises?
M. Garon: Je pense que... Je veux être franc avec vous. Au
moment où il y a manque de quotas, manque de poissons, on devrait
d'abord approvisionner les usines qui ont des permis et le gouvernement devrait
faire respecter ses lois ou les changer. Il est anormal, dans une
société civilisée où c'est la règle de droit
qui est la règle de justice et d'équité, qu'on ait des
lois et qu'on ne les fasse pas respecter, alors que des personnes qui ont fait
des millions et des millions de dollars d'investissements, qui ont droit
à leur permis, ne l'ont pas. Je ne prends pas pour excuse... Je sais que
te ministre aime bien nous parler de l'usine de Newport qui est la plus moderne
au Québec et sans doute au Canada, qui n'a pas son permis...
M. Pagé: J'allais vous le dire. Envoyez!
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Vous m'avez vu venir.
M. Garon: Pour des niaiseries, parce qu'elle fonctionne et on dit
qu'elle pourrait manquer d'eau. L'usine est conforme en termes d'inspection des
aliments et on dit qu'elle pourrait manquer d'eau, alors, on ne veut pas lui
donner son permis. Je trouve cela épouvantable! Voyez-vous l'usine qui
respecte les normes, qui est la plus moderne, qui fait parler du Québec
un peu partout dans le monde, qui fait des revenus intéressants,
où on veut se départir...
SOQUIA veut se départir de ses actions et les revendre aux
actionnaires; à ce moment, on ne veut pas donner de permis à
l'usine parce qu'on suppose qu'elle pourrait manquer d'eau alors qu'elle
fonctionne et qu'elle n'en manque pas. Je trouve cela épouvantable! Cela
montre à quel point on a l'impression de se retrouver dans des
républiques de bananes avec un fonctionnement de cette nature où
c'est la règle de droit... Si la règle de droit n'est pas bonne,
qu'on change la règle de droit. Si la règle de droit est bonne,
qu'on l'applique. Actuellement, il existe une loi votée par
l'Assemblée nationale et le ministre ne l'applique pas. Je dois vous
dire, M. le Président, qu'il faudra se référer sans doute
à celui qui est responsable de l'application de la justice dans
l'ensemble du Québec. On est dans une société
civilisée où c'est la règle de droit qui fonctionne. Si le
ministre me dit qu'il ne veut pas changer la loi et qu'il ne veut pas
l'appliquer non plus, il y a quelque chose qui ne va pas. (12 h 45)
M. Pagé: Je vous ai dit que pour le moment, M. le
Président - parce que je tiens à y répondre et je
comprends qu'on a le droit d'échanger à partir d'un commentaire
comme celui-là... Je vous ai indiqué qu'il n'était pas
dans mes intentions, ni dans l'intention ministérielle à
l'Agriculture, aux Pêcheries et à l'Alimentation de rouvrir la loi
pour le moment, qu'on faisait tout pour en arriver à l'émission
des permis à partir de critères, de normes à
respecter.
L'assurance que je veux donner au député, les entreprises
qui fonctionnent au Québec, même si elles fonctionnent sans permis
- vous donnez le cas de Newport, on va y revenir tout à l'heure - c'est
que I'ensemble de ces entreprises, même si elles n'ont pas un permis dans
73 cas, comme je l'ai indiqué tantôt, elles répondent quand
même aux normes de salubrité parce que nos gens sont là.
Plus souvent qu'autrement, ce sont des cas de problèmes techniques,
comme à cette usine à Newport qui a été
inaugurée par le premier ministre et le député de
Lévis en 1985, si ma mémoire est fidèle, oui, au printemps
1985. C'est une usine qui fonctionne sans permis. C'est une usine où
travaillent 400 employés. C'est une usine où on traite du poisson
de fond. C'est une usine qui, selon le député de Lévis,
devrait soit être fermée ou voir ses approvisionnements
déplacés vers une usine où il y a un permis. Dans ce cas,
c'est strictement un problème au ministère de l'Environnement
entre autres, je dis bien entre autres comme le disait le député,
qui exige une garantie d'approvisionnement en eau donnée, en termes de
quantité, de volume, etc., pour le nombre de tonnes de poisson, etc.,
l'élimination des déchets. Bon, on n'embarquera pas dans l'aspect
technique, M. le Président. Je ne suis qu'un humble
député, un humble ministre et un humble avocat. Cependant, je
peux vous indiquer que les gens de mon ministère travaillent avec le
ministère de l'Environnement. On a bon espoir que des problèmes
particuliers comme ceux-là pourront en arriver à un
règlement utile qui pourra déboucher sur l'émission de ces
permis.
Pour le bénéfice du député de Lévis,
je dois vous dire qu'entre le ministère de l'Environnement et le
ministère que je dirige avec mon collègue, M. Dutil, on se parle,
on ne communique pas ensemble par communiqués de presse. On a des
rencontres statutaires au niveau sous-ministériel. On est bien conscient
de la dualité entre les deux ministères. On est bien conscient de
cela, et pas seulement dans le secteur des pêcheries, dans le secteur
agricole aussi. Cependant, j'ai comme principe que, même si une route est
longue, les pas les plus importants sont les premiers. Les premiers pas sont
déjà faits. J'ose même prétendre que ce mandat-ci
nous permettra d'en arriver à une harmonie beaucoup plus palpable,
beaucoup plus visible entre les ministères de l'Agriculture et de
l'Environnement.
Pas plus tard qu'hier matin nous rencontrions les représentants
du gouvernement, l'Union des producteurs agricoles et on a discuté de
cette question, notamment. Ils nous témoignaient leur
appréciation. Ils commencent déjà à sentir la
qualité et la quantité nettement améliorées des
rapports entre les deux ministères. Cela commence à profiter aux
agricultrices et aux agriculteurs du Québec.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
avez d'autres questions là-dessus?
M. Garon: Non. Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous n'avez pas
terminé?
Irradiation des aliments
M. Garon: Non. Concernant l'irradiation des aliments...
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Le ministre a déjà dit à
l'Assemblée nationale que cela n'était pas sous sa
juridiction.
M. Pagé: Qu'il a quoi?
M. Garon: Que cela n'était pas sous sa juridiction mais
sous la juridiction fédérale.
M. Pagé: Non, ce n'est pas ce que j'ai indiqué.
M. Garon: Ah oui! C'est inscrit. J'aimerais savoir si
maintenant...
M. Pagé: Non, non. Vous interprétez tout.
M. Garon: Bien non. J'ai posé la question à
l'Assemblée nationale. C'est inscrit dans le Journal des
débats de l'Assemblée nationale. Maintenant, je vois que le
ministre semble être revenu à de meilleurs sentiments. Est-ce que
le ministre a réalisé maintenant qu'il a juridiction sur la
réglementation concernant l'irradiation des aliments qui circulent sur
le territoire québécois?
M. Pagé: M. le Président, je voudrais profiter de
la question pour fournir une réponse complète au
député et revenir à la fin de ma réponse à
ce que vient d'indiquer le député comme quoi j'aurais fait part
à l'Assemblée nationale qu'on n'avait pas de juridiction. Je
m'excuse, non, non, non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Vous ne m'écoutez
pas assez.
M. Garon: On va aller chercher les galées, pas de
problème.
M. Pagé: Vous devriez être plus attentif à
mes propos. Cela vous porterait grand bien et à moi aussi parce que la
critique serait certainement moins nombreuse si vous étiez plus
attentionné à ce que je fais.
L'irradiation des aliments. Je ne référerai pas à
la technique. C'est une technique qui est acceptée, qui a
été éprouvée depuis plusieurs années.
Même les organisations internationales ont accepté, ont
validé en quelque sorte l'utilisation de cette façon de traiter
non seulement les aliments mais d'autres biens. On sait qu'Énergie
atomique du Canada contrôle une bonne part du cobalt nécessaire
pour l'utilisation d'irradiateurs. On sait que cette technologie est
utilisée à plusieurs fins, que ce soit pour la
stérilisation des fournitures médicales, la stérilisation
des instruments de laboratoire ou la conservation des aliments, parce que
l'irradiation détruit les bactéries et les autres
micro-organismes responsables de la perte des aliments et empêche la
germination de certains légumes, comme les pommes de terre, les oignons.
C'est appliqué surtout aux pommes de terre de semence. Elle permet
l'élimination de microbes pathogènes très dangereux pour
l'homme. H suffit de penser aux salmonelles dans le poulet et dans les oeufs,
comme on en a trouvé l'année dernière, à la
trichine dans le porc, qui a quand même des effets chez un certain nombre
de personnes chaque année. On peut peut-être difficilement
quantifier ces effets, mais c'est ce qu'on dit.
Ce que j'ai indiqué, c'est ceci. J'ai indiqué que, en ce
qui concerne l'irradiation, le consommateur, la consommatrice avait et a le
droit fondamental d'être informé si le produit qu'il ou qu'elle
consomme a été l'objet d'irradiations, compte tenu,
évidemment des craintes, des appréhensions de certains citoyens,
fondées ou non, mais il y a des gens selon lesquels utiliser un produit
qui a été irradié peut être dangereux, c'est leur
perception et ce n'est pas mon intention de la changer. Ils ont le droit
fondamental d'apprécier ou de ne pas apprécier un produit ou un
autre. Cependant, selon moi, comme ministre, ces gens ont le droit d'en
être informés. Mais toute la question de l'étiquetage
relève aussi de Consommation et Corporations Canada et une
réglementation de niveau provincial pourrait être contestée
ou encore interprétée comme étant une limite au commerce
interprovincial, d'où l'intérêt pour nous, comme
gouvernement et chez nous, au ministère, de nous assurer que les
règles du jeu soient les mêmes partout à l'échelle
canadienne. J'ai donc porté ce sujet à la connaissance de mes
homologues fédéraux, j'ai- donné un préavis
à M. Wise, afin qu'il s'assure que les gens de Santé et
Bien-Être social et de Consommation et Corporations Canada soient
présents à la conférence qu'on a eue avec les ministres -
si ma mémoire est fidèle, c'était le 30 mars dernier. On y
a discuté de cette question et j'ai fait valoir, au nom du
Québec, l'obligation que nous aurions, au Canada - et non pas
isolément à droite et à gauche, mais collectivement
-d'adopter des règles uniformes régissant l'information à
donner aux consommateurs susceptibles d'acheter un tel produit. On a
apprécié la position du Québec et on m'a fait part que
nous recevrions un rapport incessamment, que chacune des provinces serait
consultée, associée à la démarche, etc. Pour
ajouter, je dirais que je rencontre M. Wise pas plus tard que demain, et
j'entends aborder ce sujet avec lui.
Entre-temps, vous m'avez posé une question, à
l'Assemblée nationale, je vous ai indiqué que j'avais
demandé au contentieux du ministère d'étudier en
profondeur l'ensemble de cette question, établissant jusqu'où
vont les droits du ministère que je dirige, qu'est-ce qui peut
être fait, etc., quelles sont nos limites à l'utilisation et
à l'application de ce droit, cet avis juridique doit me parvenir
incessamment.
Le Président (M. Tremblay Iberville): J'ai reconnu...
M. Garon: Le ministre n'est pas plus avancé que cela.
M. Pagé: L'autre élément aussi, parce que,
M. le Président...
M. Garon: II ne connaît pas encore ses pouvoirs.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Vous ne savez même pas quels sont vos pouvoirs,
à l'heure où l'on se parle, avec toute la question qui a
été soulevée.
M. Pagé: Non, on sait, M. le Président. Ce sont des
affirmations gratuites. Je m'excuse, M. le Président, cela allait
bien.
M. Garon: Vous dites que vous discutez avec le ministre
fédéral ... J'avais la parole, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay Iberville): Oui, je
m'excuse.
M. Pagé: Cela allait bien jusqu'au moment où
l'honorable député de Lévis a fait de3 affirmations
gratuites. On connaît l'état de nos pouvoirs.
M. Garon: Un instant, M. le Président, j'avais la parole,
il a fini son intervention. J'ai commencé la mienne, il veut
répliquer sur celle que j'ai commencé à faire. Laissez-moi
le temps de finir mon intervention.
Le Président (M. Tremblay Iberville): Est-ce que vous avez
autre chose à ajouter, M. le ministre?
M. Pagé: Non.
M. Garon: Non, non, j'avais la parole.
Le Président (M. Tremblay Iberville): D'accord. Alors, M.
le député de Lévis, posez...
M. Garon: Je dis simplement ceci. Le ministre vient de nous
annoncer qu'il est en train de demander au contentieux, sans doute à la
suite de la question que j'ai soulevée en Chambre, où je lui ai
demandé...
M. Pagé: Non, cela a été fait avant, M. le
député.
M. Garon: Oui, je lui ai demandé trois fois s'il avait une
opinion juridique à ce sujet, parce qu'il laissait entendre clairement
que c'était une question dont le fédéral s'occupait. J'ai
demandé s'il avait eu une opinion juridique établissant ses
juridictions en cette matière. Là, il vient de me dire qu'il a
demandé une opinion juridique et qu'il ne l'a pas encore. Cela veut dire
que le ministre n'est pas très avancé s'il ne sait même pas
quelles sont ses responsabilités, ses juridictions.
Je voudrais poser au ministre une question très simple. Je
comprends que les gens qui sont dans le domaine de l'irradiation
nucléaire peuvent dire qu'on a fait des débats sur la
congélation sauf que, quand un consommateur veut manger des produits
congelés, il sait si c'est congelé ou si ce ne l'est pas. Il a le
choix d'acheter des produits frais, il a le choix d'acheter des produits
congelés. Dans le domaine de l'irradiation, il ne voit pas
l'irradiation. Il y a des consommateurs en très grand nombre. On sait
aussi que la commission qui a siégé à Ottawa, pendant de
nombreux mois, vient de faire son rapport qui porterait plutôt du
côté des réserves considérables, après avoir
examiné les 400 études qui ont été faites dans le
monde. Il y en a qui disent que c'est correct et il y en a d'autres qui disent
que c'est dangereux. Je ne veux pas entrer dans le débat parce que je ne
suis pas un expert en irradiation, sauf qu'il y a des gens qui ne veulent pas
manger de produits irradiés et qui estiment qu'ils sont en droit de
savoir si les produits l'ont été ou non, parce qu'ils veulent
choisir des produits qui ne l'ont pas été. Je pense que c'est un
droit fondamental. Je demande simplement au ministre s'il a l'intention de
donner satisfaction... Il n'est pas en charge de l'Alberta et on va laisser les
Albertains avec eux-mêmes. Est-ce que le ministre est capable de dire
quand il va s'assurer que, sur le territoire québécois, les
consommateurs québécois sauront si les produits qu'ils
achètent ont été irradiés ou non?
M. Pagé: D'accord.
M. Garon: Je n'ai pas fini. Un instant.
M. Pagé: La réponse est prête.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas fini.
M. Pagé: C'est oui.
M. Garon: Deuxièmement, quels garanties et contrôles
du Canada s'est-il assuré pour que, quand le produit arrive sur le
territoire québécois, une fois qu'il est arrivé ici, on
sache s'il a été irradié dans telle ou telle condition ou
dans tel et tel pays. Vous savez, les inspecteurs américains, avant
qu'on puisse vendre du porc aux États-Unis, viennent inspecter nos
établissements. Ils viennent voir s'ils respectent leurs normes. Si ces
établissements ne respectent pas leurs normes, on ne peut pas vendre aux
États-Unis.
M. Pagé: C'est cela. En Europe aussi.
M. Garon: C'est pour l'inspection de la qualité des
produits. Rendus là, ils inspectent les produits, mais ils se sont
d'abord assurés que les établissements étaient
conformes,
qu'il y avait une certaine réglementation, pour être
sûr de la qualité des lieux dans lesquels les produits
étaient fabriqués. Je demande quelle garantie il y a,
actuellement. Le débat est récent, il prend place. Je comprends
qu'il y a des scientistes qui sont en faveur de l'irradiation, je comprends que
le Canada aimerait vendre du cobalt un peu partout dans le monde. Les
consommateurs sont intéressés de savoir demain matin, et
aujourd'hui et même hier, si les produits qui entrent ici ont
été irradiés et dans quelles conditions, pour ceux qui
veulent consommer des produits irradiés. Je comprends que, dans certains
pays qui n'ont pas trop le choix parce qu'il n'y a pas de système de
congélation organisé, l'irradiation peut paraître comme un
moindre mal, mais dans un pays où la congélation est
organisée ou même la distribution de produits frais est
organisée... Il y a beaucoup d'endroits où les consommateurs se
sont prononcés. Je vais vous dire qu'il n'y en a pas beaucoup qui
semblent avoir un goût prononcé pour les aliments irradiés,
à tort ou à raison. Ce que je dis... Pardon?
M. Pagé: Êtes-vous pour cela ou contre cela, vous?
Êtes-vous pour ou contre l'irradiation, vous?
M. Garon: Je n'ai pas à me prononcer là-dessus.
M. Pagé: Ah! Ah!
M. Garon: Je vais vous dire que, comme consommateur, je vais
consommer des produits qui ne sont pas irradiés. Je vais attendre que
les gens en aient consommé pendant 30 ans pour voir s'il n'arrive
rien.
M. Pagé: Mais dépêchez-vous!
M. Garon: Comme, dans 30 ans, les os ne me feront sans doute plus
mal, je n'en mangerai pas en attendant. C'est une question de choix et il y a
tellement de rapports contradictoires sur les expériences d'accumulation
que je pense qu'il y a une certaine prudence à avoir de la part des gens
qui ont la responsabilité de s'assurer de la qualité des aliments
pour les consommateurs. Je ne vais même pas là, je dis simplement
ceci. Les gens qui veulent ou ne veulent pas consommer d'aliments
irradiés ont le droit de savoir si ces aliments sont irradiés ou
non et dans quelles conditions. Là aussi, les travaux disent que c'est
différent selon qu'ils ont été irradiés dans telle
ou telle condition. (13 heures)
Je comprends que la Chine, qui n'est pas organisée en
systèmes de congélation, puisse considérer que ça
peut être correct. Je comprends que le Pakistan, principalement dans le
domaine des cuisses de grenouilles, songe que l'irradiation peut être un
moindre mal. Mais, moi, je dis: Le consommateur, ici, qui, lui, a le choix des
produits veut savoir -il y a des milliers de personnes qui s'interrogent
là-dessus - si un produit a été ou n'a pas
été irradié. II faut que ces gens-là aient le
choix. Je pense que c'est la responsabilité - parce qu'il y a une
chaîne là-dedans - du ministre de l'Agriculture de faire en sorte
que son collègue fédéral dans le commerce international...
Le commerce provincial, actuellement, ne doit pas avoir beaucoup de
problèmes. Il peut en avoir, parce que des usines d'irradiation
commencent à s'organiser, même ici, surtout financées pour
des fins expérimentales et pour vérifier certaines choses au
point de vue de l'irradiation. Mais c'est la responsabilité du ministre
de faire savoir au consommateur, pour les produits qui proviennent de certains
pays où on pratique l'irradiation, quand ils entrent ici, exactement ce
qui leur est arrivé au point de vue de l'irradiation. Si le ministre de
l'Agriculture du Canada n'est pas capable de lui donner ces garanties, c'est
à lui de s'assurer que, dans le commerce local, au niveau du
Québec, qui est sa responsabilité... N'attendez pas les opinions
juridiques, je vais vous les donner. C'est sa responsabilité totale et
entière, dans le commerce local, de s'assurer de la qualité des
aliments sur le territoire québécois. Il pourrait se
référer à des causes de jurisprudence qui ont
déjà été en Cour suprême. Mais, lui,
qu'est-ce qu'il va faire pour s'assurer que les consommateurs
québécois sachent ce qu'ils consomment au point de vue de
produits irradiés ou non irradiés?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, il vous restait seulement 30 secondes
d'intervention et j'ai actuellement trois députés
ministériels qui ont demandé à prendre la parole. M. le
ministre, répondez en premier.
M. Pagé: Première question, qu'est-ce que vous avez
fait avant même que ce sujet soit porté à la connaissance
de l'Assemblée nationale ou que des questions soient posées? J'ai
établi, au nom du gouvernement et comme ministre responsable de
l'Alimentation, des communications avec le gouvernement du Canada. Cela a
été porté à l'attention des ministres réunis
et je vous ai indiqué l'expression très claire du gouvernement du
Canada, pour que le consommateur soit informé de l'irradiation des
aliments, avant l'achat, évidemment, et avant la consommation, et ce,
d'ici à la fin de l'année 1987, donc en cours d'année.
Deuxièmement, j'aurais pu... Vous savez, je l'ai dit combien de
fois et je vais vous le répéter encore une fois, nous
préférons l'efficacité au spectacle. J'aurais pu
faire une déclaration disant: Cela va être contrôlé
par le Québec. Parce que je m'imagine très bien que ce genre de
spectacle aurait pu être fait. Je vous dis ceci, moi: Je suis allé
me chercher une opinion juridique. Deuxièmement, je ne veux pas que
l'annonce que je ferai comme ministre ou qu'on fera comme gouvernement soit
invalidée, soit l'objet de poursuites, soit l'objet de
représentations juridiques selon quoi c'est une limite au commerce
interprovincial, etc., ou une limite ou un problème quant à la
juridiction qui est partagée entre les deux paliers de gouvernement.
J'ai demandé à mon équipe sous-ministérielle
de s'assurer que, premièrement, les actions posées par le
Québec s'appuyeront sur une base juridique solide dans la perspective
d'atteindre notre objectif: que l'information soit donnée au
consommateur en termes de publicité sur le fait que le produit est
irradié. Ce, sans obliger ce même consommateur à avoir un
cours de chimie ou de physique, que ce soit vulgarisé, que ce soit une
information facilement accessible.
Deuxième élément, il va de soi que toute mesure
visant à diffuser de l'information doit être accompagnée -
ce n'est pas nécessaire d'en faire un plat; cela va de soi - d'un
contrôle ou de la certification du type de traitement qui a
été apporté à l'aliment ainsi vendu chez nous comme
répondant à des critères normaux dans le cadre de
l'opération d'une telle activité d'irradiation.
Le Japon. J'étais dans un abattoir la semaine dernière.
Les représentants du Japon étaient là pour voir si nous
répondions à leurs critères, à leurs normes. C'est
la même chose en ce qui concerne les produits qui entrent au Canada. On
se doit évidemment de voir si c'est conforme à nos normes,
à nos critères. On a arrêté l'entrée de miel
au Québec l'été passé. Pourquoi? Ce n'est pas
compliqué. Cela ne répondait pas à nos critères. Je
réfère à toute la problématique du
sulfathiazole.
Quand, l'année dernière, des cuisses de grenouilles venant
du Bangladesh ont été arrêtées ici, c'est parce que
cela ne répondait pas à nos critères. On ne fait pas des
conférences de presse tous les matins pour dire cela. Bon.
L'irradiation, c'est cela. Mon intention, je vous le dis, d'ici à la fin
de 1987, et on va prendre nos responsabilités... Mais quand je prendrai
mes responsabilités comme ministre de l'Agriculture, M. le
député, j'aurai un bon solage juridique pour m'appuyer. Je n'ai
pas l'intention de voir mes règlements et mes dispositions
réglementaires être contestées.
Autre élément. Vous référez à
l'utilisation de ces irradiateurs potentiels. On sait que l'intention qui anime
Énergie atomique du Canada et l'Institut Armand-Frappier vise à
la vente de cette technique, parce que le Canada est un grand producteur de
cobalt 60, vendre cette technique dans des pays qui ne sont pas
installés comme nous ici. Ceux et celles qui craignent ou qui voyaient
l'inauguration, pas plus tard que vendredi dernier, de l'irradiateur de
l'Institut Armand-Frappier, à Laval, comme étant une application
de ce procédé à l'ensemble des produits du Québec
à compter de lundi, bien je m'excuse, ils se sont trompés.
Personnellement, et les avis de mes spécialistes me l'indiquent
très clairement, j'hésite à croire à
l'intérêt qu'aurait pour l'industrie alimentaire du Québec
l'usage de l'irradiation. Nous sommes équipés pour la
conservation de nos aliments, entre autres avec des chaînes de froid.
C'est la base même de la distribution et de la mise en marché de
nos produits entre l'abattoir, par exemple, dans le boeuf ou dans le porc et le
comptoir des viandes dans un supermarché.
Autre élément, on ne peut pas, comme gouvernement, se
priver d'une technologie comme celle-là chez nous au Canada. Je
m'explique. Cela paraîtrait peut-être populaire dans certains
milieux de dire qu'on ne veut pas de tel procédé d'irradiation au
Québec. Ce serait populaire, possiblement. Qu'est-ce qui arriverait, M.
le Président, demain matin, si, par exemple, parce que de plus en plus
les barrières commerciales entre les pays sont des barrières non
tarifaires, établir à partir de normes applicables quant à
la façon dont le produit a été conditionné, dont il
a été traité, etc., si les États-Unis
décidaient, demain matin, de limiter l'accès au porc canadien,
dont le porc du Québec? On sait qu'ils ont exigé des droits
compensatoires pour les porcs vivants. Cela a affecté surtout l'Ontario
l'année passée. Mais si cette année, pour écouler
leurs céréales, pour transformer leurs céréales en
viande, ils décidaient, par exemple, en 1988, de dire le porc qui
entrera aux États-Unis doit être irradié afin
d'éliminer tout risque avec la trichine, qu'est-ce qui arriverait
à l'économie du Québec alors qu'on produit 160 % de notre
capacité de porc? Notre principal marché demeure les
États-Unis. Le marché du Japon, comme on le sait, le Danemark l'a
repris quelques années après qu'ils eurent contrôlé
leur problème de fièvre aphteuse.
On se doit d'être prêt si jamais c'est exigé par les
pays qui achètent nos produits. On pourrait être prêt plus
que jamais. J'espère que cela répond aux questions du
député. Je veux qu'il me comprenne bien pour que dans deux jours
il ne succombe pas à la tentation d'interpréter mes propos. Oui,
on va prendre nos responsabilités. On va cependant le faire avec une
bonne assise juridique. C'est notre objectif d'ici à la fin de 1987.
M. Garon: Je pourrais poser juste une question.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, non. Non, non.
C'est parce que je viens de reconnaître un député
ministériel.
M. Garon: J'ai encore du temps.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse mais,
en fin de compte, il y en a trois qui ont demandé la parole. Je vais
accorder la parole au député de Gaspé.
M. Beaudin: M. le ministre, j'aurais voulu intervenir tout
à l'heure lorsqu'on parlait de la loi sur la normalisation des usines.
Je voudrais un peu corriger l'impression qu'a voulu laisser le
député de Lévis en ce qui concerne une question qu'il
avait posée au ministre délégué aux Pêcheries
lors d'une séance de la commission sur les engagements financiers.
Le député de Lévis a dit tout à l'heure que
le ministre délégué aux Pêcheries semblait se ficher
éperdument de la loi sur la normalisation des usines. Il faudrait
absolument corriger l'impression qu'il a voulu laisser, parce que c'est loin de
la réalité et des propos qui avaient été tenus lors
de la séance de cette commission parlementaire. Le député
de Lévis avait posé à ce moment-là, une question au
ministre délégué - il n'y avait personne du Service de la
qualité des aliments du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation - afin de connaître la raison pour
laquelle certaines usines, et particulièrement les usines de la
Gaspésie, fonctionnaient sans permis. La réponse du ministre
délégué aux Pêcheries, à ce moment-là,
avec exemple à l'appui, a été: II est vrai que certaines
usines fonctionnent sans permis, mais, en aucun cas, la qualité des
produits n'est mise en cause. Il s'agissait, comme vous l'avez
précisé tantôt, de problèmes techniques, soit
d'approvisionnement d'eau ou de problèmes posttransformation. Il a
donné des exemples: Pêcheries Sheeham Cap-d'Espoir, où il y
avait un engagement formel du propriétaire de l'usine de se conformer
à certaines hypothèses mises de l'avant par l'Environnement. Pour
l'information du député de Lévis, on doit dire que, depuis
ce temps, Pêcheries Sheeham, c'est réglé.
Dans le cas de Pêcheries GPS, qui éprouvait
également un problème technique, pour l'information du
député de Lévis, ce problème est
réglé. Quant à Purdel, à Rivière-au-Renard,
où l'usine emploie 500 personnes, je dois dire qu'on est sur le point
d'y trouver une solution. Je voulais surtout vous suggérer une question
à l'endroit du député de Lévis, étant
donné qu'il a mentionné Newport. S'il n'y avait pas de
problème à accorder un permis à Newport, pour quelles
raisons, entre juillet 1985 et décembre 1985, alors qu'il était
ministre responsable, n'at-t-il pas accordé un permis à cette
usine? C'est la question que je voulais que vous lui posiez.
M. Garon: La réponse est très simple. Elle avait
jusqu'au 1er avril...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député...
M. Pagé: Nous allons savoir...
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: Nous allons savoir pourquoi. Vous savez, quand
tantôt je parlais...
M. Garon: II n'a pas de... Le ministre a dit que c'était
simplement une question d'environnement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
ministre...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un instant! M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Pagé: Pourriez-vous dire au député de
Lévis qu'il est dans l'Opposition et qu'il n'est plu3 ministre?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
ministre.
M. Pagé: La question est adressée au ministre.
Bon.
Quand je vous disais tout à l'heure... Je vais vous
répondre en une phrase. Nous préférons l'efficacité
au spectacle. L'usine de Newport en est un bel exemple, je crois. Inauguration
en grandes pompes avec M. le premier ministre, M. Lévesque, au mois de
juin 1985, mais il n'y avait pas d'assurance que les permis seraient
émis. L'usine fonctionne sans permis. Nous préférons
travailler pour faire en sorte que cette usine ait ses permis dans les
meilleurs délais. On va être capable de régler ce
problème. C'est un problème d'environnement concernant
l'approvisionnement en eau. Cela se règle. C'est possible de le
régler. On va tout faire pour le régler. Mais votre question
était très pertinente. Comment me reprocher ou reprocher à
mon ministre délégué aujourd'hui que certaines usines
fonctionnent sans permis, alors que mon prédécesseur en a
inauguré en grandes pompes et qu'elles n'avaient pas de permis?
M. Garon: Elles respectaient toutes les normes du
ministère de l'Agriculture au point
de vue de l'inspection des aliments. Elles respectaient toutes les
normes et...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Pagé: C'est strictement une question
d'approvisionnement en eau pour le ministère de l'Environnement.
M. Garon: L'eau, je vais vous dire une chose. Essayez de
m'expliquer, en ce qui concerne l'eau, si la responsabilité du
ministère de l'Environnement vis-à-vis des usines...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis...
M. Garon: ...n'est pas de s'assurer que l'eau qui entre dans
l'usine est correcte, point. Newport ne manque pas d'eau. Elle fonctionne et
elle ne manque pas d'eau.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, votre...
M. Garon: On refuse de lui donner un permis actuellement, alors
qu'elle respecte toutes les normes de construction des usines de transformation
des produits marins, sous le prétexte qu'elle pourrait manquer d'eau.
Parce qu'en plus...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon,
excusez-moi.
M. Garon: Là, je vais soulever la question, parce que,
quand les gens vont approfondir la question, ils vont voir tout le grenouillage
qu'il y a là-dedans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concluez, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Des conflits d'intérêts avec des gens qui,
comprenez-vous, voudraient se bâtir des systèmes d'aqueduc pour
faire des développements résidentiels dans la place, avec tout ce
qui va avec cela... Attendez un peu. On va la soulever la question, sauf
que...
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon.
(13 h 15)
M. Garon: ...les gens qui respectent les lois ont le droit
d'avoir leur permis. Quand la loi exige des permis pour ceux qui vont
opérer, on respecte la loi ou on la change. C'est cela la règle
dans une société civilisée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur cet
élément, M. le député de Lévis, vous n'avez
plus de temps. M. le ministre, est-ce que vous avez autre chose à
ajouter? Juste une seconde. Ce n'est pas fini.
M. Pagé: Le sous-ministre va parler sur le sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. M. le
sous-ministre Bernard.
M. Bernard: Une précision en ce qui concerne Newport. Il
s'agissait dans le cas de Newport... La loi prévoyait... Quand j'ai
parlé des dates tantôt, soit le 1er avril 1986, on faisait
référence à des établissements déjà
existants, des constructions déjà en place avec des permis
existants. On faisait allusion à des permis émis par le
fédéral, à l'époque. C'est ce genre d'usines qui
devaient être normalisées pour le 1er avril 1986. Dans le cas d'un
nouvel établissement, comme Newport, il fallait évidemment qu'en
se mettant à fonctionner il possède le permis.
M. Garon: Est-ce que Newport... M. Pagé: II fallait avoir
un permis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, c'est tout. Il
va falloir....
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu M. le
député de Gaspé pour une autre question.
M. Garon: Oui, il manque juste une question. À Newport, au
point de vue du ministère de l'Agriculture, quant aux normes de
construction, est-ce que l'usine respecte les règles au point de vue de
la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments, si on
excepte la question du ministère de l'Environnement pour
l'approvisionnement en eau?
M. Bernard: II y a des normes, comme on a dit tantôt, pour
tous les établissements qui fonctionnent et qui sont
tolérés à l'heure actuelle. Elles sont conformes aux
normes de salubrité et de construction du ministère de
l'Agriculture. Ce qui nous empêche d'émettre le permis dans la
majorité des cas, dans bien des cas, ce sont des considérations
comme celles exigées par l'Environnement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu le
député de Gaspé.
M. Garon: Dans les 73 usines?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, j'ai reconnu...
M. Garon: Vous affirmez cela?
M. Bernard; Non.
M. Garon: Pour les 73 usines, cela dépend du
ministère de l'Environnement?
M. Bernard: ...les établissements de tout le territoire du
Québec.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, votre temps est écoulé
là-dessus.
M. Bernard: Et en grande partie...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Procédez
monsieur.
M. Bernard: ...des établissements qui ne font que de la
transformation sur...
M. Garon: Grosse affirmation.
M. Bernard: ...le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, entre autres, qui sont découverts au jour le jour, des
gens qu'on ne connaît pas, qui font des transformations pour fins de
vente en gros et qui font des transformations mineures. Donc, la
comptabilité des 73 établissements...
M. Pagé: Inclut cela.
M. Bernard: ...inclut cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Gaspé...
M. Garon: Pouvez-vous donner des adresses?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ...vous avez une
question?
M. Beaudin: M. le Président, je pense qu'il faudrait
être plus respectueux de la vérité. Avant la construction
de l'usine de Newport, les promoteurs de l'usine dont faisait partie
indirectement le gouvernement, par le biais de SOQUIA, ont intimé la
municipalité de passer une résolution stipulant que la
municipalité s'engageait à fournir l'eau en quantité
nécessaire pour faire fonctionner cette usine alors qu'à ce
moment-là le réseau d'aqueduc de la municipalité de
Newport fournissait à peine le volume qui était commandé
par la nouvelle usine. Qu'on ne vienne pas nous dire aujourd'hui que c'est un
problème hypothétique d'approvisionnement d'eau à Newport.
On avait déjà un réseau d'aqueduc à Newport qui
avait de la difficulté à fournir le service domestique. On ajoute
une usine qui peut transformer 20 000 000 de livres de produits marins par
année et on vient dire que c'était une question
hypothétique et que cela l'est encore. Voyons donc! Il faudrait quand
même être plus respectueux de la vérité que cela.
M. Garon: M. le Président, respectons la
vérité. L'usine de Newport a remplacé une usine existante
qui n'opère plus.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, il ne faudrait
pas que ce débat continue. M. le député de
Lévis.
M. Garon: II n'y a pas plus de volume.
Une voix: ...à ce moment-là.
M. Garon: Non, non.
M. Beaudin: Mais voyons donc!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ...de revenir.
M. Garon: Bien oui, c'est une usine nouvelle qui a
remplacée une usine existante. Ce n'est pas une usine additionnelle en
termes de volume d'eau.
Une voix: Bon!
M. Garon: Dites la vérité.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, maintenant,
je reconnais...
M. Beaudin: Les deux usines fonctionnaient. Lorsque vous avez...
Voyons donc!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, on va
simplement... Je vais reconnaître la députée de
Kamouraska-Témiscouasta qui aurait une question.
Mme Dionne: Je veux revenir à l'irradiation, M. le
ministre. Vous avez parlé tantôt de l'inauguration des
irriadiateurs à l'Institut Armand-Frappier. Est-ce que vous pouvez nous
dire exactement s'il y a eu une contribution gouvernementale?
M. Pagé: Oui.
Mme Dionne: De combien?
M. Pagé: Le gouvernement du Québec y a
contribué pour une somme de 5 700 000 $. On sait que c'est une entente
entre Énergie atomique du Canada, l'Institut Armand-Frappier et le
gouvernement du Québec. Celui-ci, pour la construction des
bâtiments, entrepôts, laboratoires, salles de cours et bureaux, a
contribué pour 3 200 000 $. Pour le fonctionnement du centre
d'irradiation, le gouvernement du
Québec y contribue pour 2 500 000 $. C'est donc une somme globale
de 5 700 000 $ venant du trésor public québécois. Il y a
une somme de 400 000 $ venant de l'Institut Armand-Frappier et une somme de 8
000 000 $ venant d'Énergie atomique du Canada, qui verse 3 000 000 $
pour la construction des irradiateurs et du bâtiment qui les abrite, 5
000 000 $ pour le fonctionnement des irradiateurs, ce qui fait 8 000 000 $.
Alors, c'est 5 700 000 $. Je tiens à vous dire, de plus, que cette
contribution ne se fait pas par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, mais par le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, à
la suite d'un décret adopté par le Conseil des ministres en
octobre 1985, sous le précédent gouvernement, à la suite
d'une recommandation formulée par le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie qui, dans la liste de ses
attendus... J'ai le décret ici. C'est le décret 2207-85 où
il est très clairement indiqué que le ministère de
l'Agriculture, de3 Pêcheries et de l'Alimentation appuie fortement la
réalisation de ce projet. C'est avant que nous arrivions, madame.
Mme Dionne: Donc, l'ancien gouvernement était
déjà prêt à procéder dans ce dossier.
M. Garon: ...recherche, point.
M. Pagé: Est-ce que je peux répondre à Mme
la députée, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, M. le ministre.
M. Pagé: La question de Mme la députée est
très pertinente. Je dis que le gouvernement y a mis 5 700 000 $ sur un
projet global de 14 100 000 $: 8 000 000 $ d'Énergie atomique du Canada,
400 000 $ de l'Institut Armand-Frappier et nous, 5 700 000 $. Donc, cela fait
14 100 000 $ et, sur ce montant, on y a mis 5 700 000 $. Cela fait tout
près de 40 %. Cela vient du gouvernement du Québec, mais cela ne
vient pas de nous, je m'excuse. C'est une décision avec laquelle...
Peut-être auriez-vous préféré que ce soit fait sous
notre administration, mais cela a été fait par le
précédent gouvernement. Cela s'est terminé en octobre,
alors que l'ensemble de la procédure et des autorisations a
été donné. Ce n'était pas le commencement du
dossier. L'ensemble des procédures de financement et de contribution du
gouvernement a été terminé par le décret
ministériel du 31 octobre 1985. Cela a été scellé
au Conseil des ministres. Et le ministre de l'Enseignement supérieur, de
la Science et de la Technologie voyait sa voix appuyée par celle du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Dans le décret, on indique très clairement que le
ministère - donc, je présume, le ministre, il est solidaire de
ses collègues - appuie fortement la réalisation de ce projet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je tiens à
vous rappeler qu'il reste présentement sept, huit minutes. Dans six
minutes, je devrai appeler tous les programmes. Il en reste quatre. Il faudra
procéder à l'adoption, programme par programme.
M. Garon: Je voudrais passer immédiatement au programme
7.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que le
programme 5 est adopté?
M. Garon: Le programme 5 est adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
M. Garon: Je ferais remarquer au ministre...
Le Président (M. Tremblay, Ibervîlle): Vous voulez
passer au programme 7 maintenant?
M. Garon: Je voudrais juste dire au ministre, en terminant le
programme 5, que j'ai ici le décret du 13 décembre 1985. Le
ministre délégué aux Pêcheries n'a aucune
responsabilité concernant l'inspection des aliments. Les lois qui
tombent sous sa responsabilité sont toutes indiquées, il ne
touche pas à cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! On ne recommencera pas le débat après avoir
adopté le programme.
M. Garon: Non, non. J'ai dit que je suis allé aux
renseignements.
Commission de protection du territoire
agricole
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Programme 7. Est-ce
que vous avez des questions, M. le député de Lévis?
M. Garon: Le programme 7.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour le
bénéfice du Journal des débats, M. le ministre, est-ce que
vous voulez nous présenter vos collaborateurs.
M. Pagé: Certainement. M. Pierre-Luc Blain,
président de la Commission de protection du territoire agricole, qui
accomplit un très bon travail à la tête de
l'organisme et qui est ici pour répondre aux questions de Mmes et de MM.
les députés, avec moi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bonjour,
monsieur!
M. Garon: M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre et au responsable de la Commission de protection du territoire
agricole, qui est un organisme quasi judiciaire. A la suite de la
conférence de presse du ministre du 23 septembre 1986, je crois, au
cours de laquelle le ministre imposait des directives formelles quant à
la façon dont la Commission de protection du territoire agricole devait
rendre ses décisions - alors que la loi, comme telle, ne comporte aucun
article qui permet des directives du ministre de l'Agriculture à la
Commission de protection du territoire agricole - j'aimerais savoir si les
directives qui ont été annoncées ou si les façons
de faire les choses par la commission qui ont été
énoncées, lors de cette conférence de presse par le
ministre de l'Agriculture sont suivies lors des décisions que rend la
Commission de protection du territoire agricole comme si c'étaient des
directives qui avaient été imposées en vertu de la loi ou
si la Commission de protection du territoire agricole ne s'en préoccupe
pas. On me dit que vous étiez présent - je n'étais pas
présent - à cette conférence de presse.
M. Pagé: M. le président, allez-y.
M. Blain (Pierre-Luc): Je ne connais pas de directives du
ministre ou du ministère sur les décisions que nous rendons
toutes les semaines ou tous les jours. Je pense, pour avoir assisté
à la conférence de presse du ministre, que les directives - ce
que vous appelez directives en fait, il faut lire tout le texte parce que le
texte est plus nuancé que cela - portaient sur ce qui devrait être
dans la zone agricole une fois que nous aurions renégocié avec
les MRC. Nous n'avons jamais pris connaissance, ou eu connaissance, d'aucune
forme de directive du ministre pour nous dire quelle décision on doit
rendre sur la demande de M. Jos Bleau qui veut faire dézoner son
terrain. C'est sur la façon de renégocier les zones agricoles. Ce
n'est pas sur les décisions.
M. Garon: Je n'ai pas dit à quel sujet les directives.
C'étaient des directives justement dans le cadre de la
renégociation des zones agricoles et de terrains qui devraient
être inclus ou exclus, plus particulièrement exclus, dans
certaines conditions.
M. Blain: J'apporterai peut-être l'élément
d'une réponse. À la même conférence de presse, le
ministre disait que le rapport d'un premier comité était
confié à un second comité qui devrait en tenir compte dans
ses recommandations globales, et le rapport du second comité n'est pas
encore publié. Deuxième élément de réponses
à la lecture au mérite des directives, non! de la suggestion d'un
premier comité au ministre d'une directive possible sur une philosophie
ou une méthodologie de renégociation des zones agricoles, quand
on l'examine au mérite, on constate qu'elle avait été
préparée avec des techniciens et des gens qui connaissaient le
travail, et, presqu'à peu près à 100 %, c'est ce que la
commission faisait ou ce que la commission fait constamment parce que cela a
bien de l'allure.
Concrètement, il faut se placer dans la situation. Nous
négociions avec l'Abitibi, la semaine dernière, pour la
renégociation des zones agricoles et, l'autre semaine, dans un milieu
urbanisé, le milieu des Cantons de l'Est. Les directives sont assez
vastes pour correspondre exactement à un genre de travail bien fait et
une philosophie bien faite pour trouver un terrain d'entente entre les MRC et
la commission sur une zone agricole qui aurait de l'allure à long
terme.
M. Garon: J'aurai une autre question plus précise. Dans
les déclarations d'intention, c'est à cela que je me
réfère principalement, le ministre avait dit en conférence
de presse que les gens seraient appelés à déclarer leur
intention de construire et que la commission, dans la négociation des
zones agricoles avec Ies MRC, devait tenir compte de ces intentions de
construire alors qu'on sait qu'une intention ne se matérialisera pas
nécessairement. Quelqu'un peut avoir l'intention et ne pas construire.
Le ministre disait, à cette conférence de presse, que la
commission, dans l'élaboration des zones agricoles, devait tenir compte
des intentions de construire, point.
M. Blain: C'était quand même indicatif... Nous
n'avions aucune donnée précise sur le nombre de terrains vacants
qui restaient encore non construits et sur lesquels les gens voulaient
bâtir une maison. Avant de renégocier un coin d'une zone agricole
avec une MRC, il est encore aujourd'hui intéressant de savoir si nous
avons reçu des avis d'intention de gens de bâtir des maisons dans
ce secteur. La MRC nous dit: Ce coin, on devrait le dézoner et le
convertir au résidentiel, ou bien on ne le vous demande pas et
laissez-les faire. Effectivement, à l'exercice, à chaque fois que
nous rencontrons les MRC nous tenons compte, d'une part, de ceux qui se sont
bâtis en vertu de l'article 31, ce à quoi vous
référez, des quelques-uns - parce qu'il n'y en
a pas beaucoup finalement...
M. Garon: Combien y a-t-il eu de déclarations d'intention
enregistrées jusqu'ici?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais être
obligé d'arrêter les travaux de la séance.
M. Garon: Seulement deux réponses. %
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais seulement
le laisser répondre et après j'appelle les programmes.
M. Garon: Parce qu'il y a, je pense, un délai jusqu'au 1er
juillet 1987.
M. Pagé: Les déclarations d'intention, M. le
Président, pour répondre à cette question, du 15
décembre 1986 au 2 juin 1987: 148 à Québec et 184 à
Montréal.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors merci. Je
vais être obligé d'appeler les programmes maintenant. Est-ce que
le programme 1 est adopté?
M. Garon: Le programme 1 est adopté, oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Programme 1,
adopté. Est-ce que le programme 6 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Est-ce que le programme 7 est adopté?
M. Garon: Le programme 7 est adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Est-ce que le programme 8 est adopté?
M. Garon: Le programme 8 est adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Est-ce que le programme 9 est adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le programme 9 est
adopté sur division. Est-ce que l'ensemble des programmes...
M. Garon: Non.
Une voix: On le fait à la fin?
M. Garon: On va le faire cet après-midi, j'ai
encore...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Alors
l'ensemble des programmes sera adopté cet après-midi lors de
l'étude du programme 10 avec le ministre délégué
aux Pêcheries.
Sur ce nous levons la séance jusqu'à 15 heures, cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 31)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Je rappelle le mandat de la
commission, qui est de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère avec le ministre
délégué aux Pêcheries.
M. Garon: On ne peut rien vous cacher, M. le
Président.
Pêcheries
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous étions
rendus au programme 10. Avant de commencer l'étude du programme, je
cède la parole au ministre délégué aux
Pêcheries pour ses remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Robert Dutil
M. Dutil: Merci, M. le Président. Je voudrais faire une
brève rétrospective de 1986 et annoncer quelques perspectives de
1987, rapidement, pour nous situer.
Relativement aux captures, l'année dernière, il y a eu une
légère diminution de 2,8 %, soit 87 690 tonnes par rapport
à 90 190 en 1985. Toutefois, la valeur des débarquements a
progressé de l'ordre de 21,2 % pour passer de 68 000 000 $ en 1985
à 82 000 000 $ en 1986. C'est 14 000 000 $ de plus pour les
pêcheurs à la suite des augmentations de prix qu'a connues ce
domaine.
Quant à la valeur des exportations des produits aquatiques, elle
a connu une augmentation de 41,3 % pour les trois premiers semestres de 1986,
soit 114 000 000 $ par rapport à 80 000 000 $ un an plus tôt. Ceci
représente 34 000 000 $ de plus pour l'industrie des pêches. Quant
à l'aquaculture, l'année 1986 a marqué les premiers
résultats tangibles dans ce secteur des produits marins. Il y a eu 70
tonnes de moules bleues aux Îles-de-la-Madeleine et 15 tonnes de saumon
à la baie des Chaleurs.
Quant aux perspectives pour l'année 1987, elle sera
marquée par une raréfaction
de la ressource halieutique. Cependant, le Québec s'en tire mieux
que d'autres régions; par exemple, il y a eu une baisse des prises
totales admissibles de 18 % en 1987 comparativement à 1986, à
cause des réajustements des stocks. Cependant, les contingents
exploités par les pêcheurs québécois ne
diminueraient globalement que de l'ordre de 7 %. Dans le nord du golfe, les
contingents de morue dans lesquels pèchent presque uniquement des
pêcheurs québécois sont passés de 47 500 tonnes
à 47 100 tonnes, une réduction de moins de 1 % pour 1987. Alors
que les prises totales de sébastes dans le golfe ont été
réduites de 5000 tonnes, les pêcheurs du golfe, quant à
eux, ne subiront aucune réduction, celle-ci étant absorbée
par les pêcheurs hors golfe.
Pour continuer avec les perspectives de 1987, il y a un nouveau permis
qui a été accordé, comme je l'ai déclaré
récemment, concernant la crevette du nord, à la suite de nos
revendications auprès du gouvernement fédéral. Ce permis a
été accordé aux autochtones du Nouveau-Québec et
à Fruits de mer de l'Est du Québec, à Matane, qui a
acquis, comme on le sait, Pêches nordiques. Au total, les accords entre
les entreprises concernées par la pêche à la crevette du
nord offrent un potentiel minimum de débarquement de près de 5000
tonnes au Québec, ce qui permettrait à Matane d'avoir le
potentiel pour devenir la plus grande usine de transformation de la crevette de
l'Est du Canada.
Quant aux bateaux, les apports du gouvernement actuel ont permis de
réactiver deux chantiers maritimes de la Gaspésie, un à
Paspébiac, qui donne de l'emploi à 63 personnes à l'usine,
plus 15 personnes en sous-traitance, et un autre chantier maritime, à
Gaspé, dont l'ouverture prochaine, vers la fin de juin 1987,
créera 12 emplois, au tout début, pour atteindre le chiffre de 25
à la fin de l'année. Le nombre de bateaux en chantier passe de
15, en 1984, à 14 en 1985 et à 18 en 1986, et la valeur totale
des navires en construction passe de 6 200 000 $, en 1984, à 10 000 000
$ en 1985 et 15 000 000 $ en 1986. En 1987, le nombre de bateaux qui seraient
mis en construction, selon nos informations, est estimé à 30 et
atteindrait une valeur de 18 700 000 $. Plusieurs de ces bateaux font
également appel à des technologies nouvelles, ce qui est
très intéressant au niveau de la qualité, tels les cales
à eau de mer réfrigérées et les doubles ponts
permettant l'utilisation de bacs, deux méthodes qui contribueront
à améliorer la qualité du poisson à bord.
Ce sommet dans la construction maritime sera atteint en 1987, même
avec la diminution du budget au programme de construction de bateaux,
grâce à l'étalement du versement de la subvention sur les
premières années du prêt, afin de tirer avantage au maximum
du crédit d'impôt fédéral. Nous reviendrons, de
toute façon, sur le programme de construction de bateaux, qui est un
aspect important de notre budget et sur lequel on a eu une modification fort
importante. Je l'expliquerai davantage tout à l'heure. 11 y a
également une amélioration considérable de la situation de
la normalisation depuis 1985. En ce qui concerne cette normalisation, sur les
61 principaux établissements de transformation, 17, ou 28 %, ont
été normalisés en 1985; 41, ou 67 %, l'ont
été en 1986, et 49, ou 81 %, le seront en 1987. Nous avons
également un nouveau programme qui vient remplacer le programme à
la rationalisation des usines de première transformation, un nouveau
programme qui est le programme des produits bioaquatiques, qui sera mis en
vigueur en 1987-1988 et qui comprend trois volets: une aide de 50 % pour les
dépenses destinées à renforcer les fonctions de direction,
de gestion financière et de production; une aide de 33 %, soit le tiers,
permettant un renforcement du marketing et de la concertation pour la mise en
marché et une aide de 50 % au développement technologique visant
à l'amélioration de la productivité, à
l'implantation d'un système de gestion ou à la mise au point de
nouveaux produits ou de nouveaux procédés.
Nous avons procédé l'année dernière à
quatre privatisations. Deux moins connues, Pêcheries gaspésiennes
et Crustacés de Gaspé, deux qui sont plus connues, Pêches
nordiques et Madelipêche. Je tiens à mentionner que c'est la
première fois que le gouvernement fait entièrement confiance aux
gens des Îles-de-la-Madeleine. Dans le cas de Madelipêche, ce sont,
comme on le sait, deux groupes des Îles-de-la-Madeleine qui sont
finalement devenus les acquéreurs de ces importantes usines et qui, pour
le moment, selon les informations dont nous disposons, les administrent d'une
façon très efficace, et cela devrait donner les résultats
que nous escomptons. À Pêches nordiques, la privatisation devrait
également donner des retombées très intéressantes
pour Matane. On sait que c'est notre actionnaire minoritaire, Fruits de mer de
l'Est du Québec, propriété de Clear Water, qui en est
devenu le propriétaire. À la suite de cela, il a obtenu, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, un permis fédéral
pour la crevette du nord et il s'apprête à faire des
débarquements fort importants à Matane pour la transformation de
la crevette.
En 1987, nous mettrons également la priorité sur le
développement aquicole. Une politique globale a été
élaborée et les divers milieux ont été
consultés en mars et avril dernier sur les contraintes de
développement, les orientations et les moyens proposés.
Cette politique n'est pas terminée, elle sera soumise au Conseil
des ministres au cours des prochaines semaines et fera certainement l'objet de
demandes incessantes de la part de certains producteurs qui semblent
prêts à faire des investissements de ce
côté-là, des investissements intéressants.
En ce qui concerne les relations fédérales-provinciales,
une entente de développement des pêches dans le cadre de l'EDER,
entente auxiliaire - dernière entente, d'ailleurs, dans le cadre de
l'EDER - sera signée le 11 juin prochain avec le gouvernement
fédéral, permettant de partager le financement de programmes de
l'ordre de 35 000 000 $ d'ici à 1991. C'est donc 17 500 000 $
additionnels, soit près de 4 400 000 $ de plus par année, que le
fédéral sera amené à dépenser dans les
pêches au Québec, et en collaboration, non pas en
compétition avec le gouvernement du Québec. Une entente
d'harmonisation - j'en ai parlé tout à l'heure - en aquaculture
faisant du Québec le guichet unique en ce qui concerne les
démarches d'un promoteur devrait également être
signée avec le gouvernement fédéral prochainement. Le
fédéral pourrait déléguer au Québec
certaines responsabilités administratives de la Loi sur les
pêcheries.
En terminant, concernant le budget, il était de l'ordre de 30 000
000 $ l'année dernière, il sera de 20 000 000 $ cette
année. Je tiens à mentionner que cette différence provient
de trois facteurs qui sont importants et qui font justement que les divers
paliers de gouvernement mettront tout autant de ressources dans le domaine des
pêches que par les années passées.
La première distinction importante à faire, c'est que dans
la modification de notre programme de construction de bateaux, plutôt que
de subventionner les bateaux à 35 %, nous faisons un rabattement
d'intérêt sur une période allongée, sur plusieurs
années. Cela fait évidemment que, la première
année, les coûts seront bien inférieurs à ce qu'ils
seraient si on avait déjà accumulé la construction de
bateaux pendant plusieurs années, donc payé ces rabattements sur
plus de bateaux. L'équivalent du budget, si on le compare à celui
de l'année passée, serait plutôt de l'ordre de 5 600 000 $
pour le programme de construction de bateaux, plutôt que de 1 000 000 $.
Cela porterait le budget, si on le comptabilisait de la même façon
que l'année passée, à 24 600 000 $. L'entente auxiliaire
viendra également ajouter, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, un montant de 4 400 000 $, un équivalent de 4 400 000 $ dans le
domaine des pêches, ce qui porterait le budget à 29 000 000 $. Et,
dernier point, la Direction de la protection a été
transférée à la suite de la perte de la
délégation de 1922, perte qui a été subie en 1983.
Nous avons dû prendre la pénible décision 'de
transférer les agents de protection au MLCP, de façon qu'ils
puissent avoir un mandat beaucoup plus complet, et nous avons également
transféré des crédits de l'ordre de 3 000 000 $. Tout cela
ferait que le budget serait normalement de 32 000 000 $ et de 20 000 000 $. Ce
sont les explications, je pense, pertinentes quant au budget actuellement.
En terminant, je voudrais, M. le Président, si vous me le
permettez, présenter les gens qui m'accompagnent ici et qui pourront
être en mesure de répondre aux diverses questions et de nous aider
dans l'étude des crédits du ministre délégué
aux Pêcheries. À ma gauche, M. Claude Diamant, sous-ministre
adjoint aux Pêcheries; à ma deuxième gauche, M. Emile
Ducharme, à la direction de la normalisation; derrière moi, M.
Michel Lemay, de la direction de l'inspection; M. Pierre-J. Vagneux, conseiller
au bureau du sous-ministre; M. Gilles Bourget, adjoint administratif au
sous-ministre; M. Lucien Poirier, directeur à la recherche, à
Gaspé; M. Robert Lemieux, directeur du développement industriel;
M. Jules Poirier, directeur administratif à Gaspé
également; M. André Abgral, directeur de la gestion
financière; également, Mme Isabelle Lessard, mon attachée
de presse, et M. Jacques Poulin, un attaché politique de mon cabinet.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Je cède la parole au critique de l'Opposition, le
député de Lévis. (15 h 30)
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, au cours des deux heures et
demie qui vont suivre, j'aurai l'occasion de poser un certain nombre de
questions au ministre délégué aux Pêcheries et de
constater - il l'a constaté lui-même d'ailleurs - que la
construction des bateaux avait été bonne en 1986. Il a omis de
dire que la plupart des lettres pour la construction de ces bateaux avaient
été expédiées en 1985. J'aurai l'occasion de lui
demander tout à l'heure, combien d'engagements de constructions de
bateaux ont été pris en 1985 pour 1986, et pour quel montant.
J'aurai l'occasion aussi de parler avec lui de ce qu'il appelle la
privatisation, mais qui sont uniquement des ventes de participations de la
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires
dans des entreprises qui étaient privées. Pêcheries
gaspésiennes n'a jamais été une entreprise d'État,
cela a toujours été une entreprise privée dont le
financement a été permis par une prise de participation au
capital-actions. Selon sa loi, SOQUIA doit prendre des participations dans le
capital-actions; autre-
ment, elle ne peut pas prêter d'argent. D'avoir vendu - on parlera
de cela - les actions détenues par SOQUIA dans Pêcheries
gaspésiennes, cela ne fait pas une privatisation, puisque le
contrôle majoritaire appartenait déjà aux gens de la
Gaspésie. La même chose dans le cas de Crustacés de
Gaspé, il s'agissait d'une entreprise privée. Il ne s'agit pas de
privatisation, mais essentiellement d'une participation pour permettre la
construction de l'usine au moment où celle-ci s'est faite.
Maintenant, il serait intéressant de demander au ministre quel a
été le montant payé pour les actions détenues par
SOQUIA dans Pêcheries gaspésiennes et, de même, le montant
payé pour les actions achetées par le gouvernement pour permettre
le démarrage de l'entreprise Crustacés de Gaspé, et
combien plus cher le gouvernement a revendu ses parts au propriétaire
très peu d'années après. Il pourra constater à quel
point les choix du gouvernement du temps ont été judicieux
puisque, dans certains cas, je pense que les parts ont été
vendues jusqu'à sept fois plus cher au propriétaire. Le ministre
a oublié de mentionner ces faits. Dans chacun des cas, il peut
s'attendre que je demande, autant pour Pêcheries gaspésiennes que
pour Crustacés de Gaspé, à quel prix il a vendu les
actions. Remarquons aussi que, dans le cas de Madelipêche, il semble que
le ministre ait agi selon des normes différentes, puisque, dans le cas
de Madelipêche, il a, à toutes fins utiles, donné l'usine.
Dans l'autre cas, je n'ai pas compris le nom, Pêches nordiques, le
quatrième, il a vendu les bateaux, à toutes fins utiles.
Nous aurons l'occasion aussi de discuter du nouveau programme
d'aquaculture. Il y avait déjà un programme d'aquaculture au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
mais il semble que le nouveau ministre l'ait arrêté pour en
établir un autre. Il ne s'agira sans doute pas d'une innovation, mais
j'aimerais savoir quand ce programme va être annoncé, le nouveau
programme, et quand il sera opérationnel. Dans l'intervalle, l'ancien
programme qui avait été mis en place fonctionne-t-il ou non et
quand a-t-il été arrêté? Quel est l'avantage, sauf
pour économiser de l'argent, de l'arrêter en attendant un
programme qui n'est pas encore arrivé et qui n'est pas encore
opérationnel? Quelles sont les espèces que couvrira ce nouveau
programme d'aquaculture? L'ancien programme couvrait la truite, le saumon et
les moules. La vente des moules aurait commencé en 1986 et, comme les
moules ne se produisent pas en quinze jours, il s'agit de moules qui ont
commencé à être produites sous le gouvernement du Parti
québécois, parce qu'elles n'auraient pas pu être vendues en
1986. Il faut plus de temps que cela pour produire des moules. Il s'agira de
voir quel sera le nombre de nouvelles piscicultures établies en 1986.
Des nouvelles, j'entends bien, pas des entreprises existantes qui se sont
développées, mais de nouvelles piscicultures... M. Tremblay, vous
n'êtes pas au bon étage. Vous essayez de vous rendre à la
commission où siègent le premier ministre et le chef de
l'Opposition? Prenez l'ascenseur et allez dans la salle un étage plus
bas. Je les ai vus en passant.
J'ai constaté avec étonnement qu'une personne accompagne
le ministre. On l'a présentée et c'est M. Michel Lemay,
directeur... J'ai compris: direction X de l'inspection. Nous aurons des
questions à ce sujet, puisque l'inspection ne relève pas du
ministre délégué aux Pêcheries, mais plutôt du
ministre de l'Agriculture en vertu de la loi. Nous allons demander si le
fonctionnaire de la direction de l'inspection, M. Michel Lemay, relève
de lui ou du ministre de l'Agriculture et quelles sont ses fonctions.
Le ministre nous a dit que ça allait bien avec le gouvernement
fédéral et qu'il voulait faire l'harmonisation dans le domaine de
l'aquaculture, sauf que, dans le domaine de l'aquaculture, les juridictions du
Québec sont considérables. C'est plutôt le gouvernement
fédéral qui a des juridictions limitées. C'est facile
d'harmoniser, mais j'aimerais savoir de quelle façon se fait cette
harmonisation, puisque nous avons développé l'aquaculture durant
les années passées, à notre rythme, en fonction des
besoins et des programmes. II n'y avait pas d'entente d'harmonisation avec le
gouvernement fédéral et le développement de la
pisciculture et de l'aquaculture se faisait. Le Québec avait même
pris une certaine avance, selon ce que nous disaient nos fonctionnaires qui
allaient dans les autres provinces.
Le ministre nous a dit que le volume des pêches avait
diminué en 1986 par rapport à 1985. La valeur a augmenté,
parce que les prix sur les marchés internationaux ont augmenté.
Le Québec n'a pas grand-chose à dire, au fond, en fonction des
petits volumes péchés par le Québec dans le golfe, sur le
niveau des prix. On sait que tant le prix du homard, le prix de la crevette, le
prix du crabe, que le prix de la morue ne sont pas déterminés par
le Québec. Le ministre est chanceux que le niveau des prix ait
été bon en 1986. Le niveau des prix internationaux a
été bon. D'ailleurs, les consommateurs s'en rendent compte,
puisqu'ils achètent à des prix assez élevés dans
les poisonneries du poisson qui, en grande partie, est importé. Qu'il
s'agisse de turbot, de plie, de morue, les prix ont considérablement
augmenté au cours des dernières années et ils ont
été plus élevés que jamais l'an dernier.
Ce qui m'inquiète, c'est la diminution des quotas et le ministre,
qui nous dit que le Québec tire bien son épingle du jeu, aurait
dû nous dire qu'en 1987-1988 les quotas vont
diminuer de façon considérable pour le Québec qui
n'a pas déjà de gros quotas. Nous aurons des questions a lui
poser là-dessus et nous lui demanderons selon les différentes
espèces, quels ont été les quotas en 1985, 1986 et 1987.
Je pense, par exemple, au sébaste et à la morue. Quels seront les
prises ou les quotas qui seront permis au Québec, dans Ies
différentes espèces, et lesquelles représentent les plus
grands volumes pour le Québec?
Je constate une diminution importante, et non seulement importante, mais
considérable, du budget. Il a diminué, à toutes fins
utiles, de 10 000 000 $ par année sous la direction du nouveau ministre.
Au même rythme, en 1989, il n'y aura plus de budget.
Une voix: Ha! Ha!
M. Garon: Si ledit budget diminue au même rythme, alors, le
ministre pourra dire qu'il a atteint un niveau d'efficacité totale. Nous
aurons l'occasion de lui demander si le budget utilisé en 1986-1987 est
le même que celui qu'il entend utiliser en 1987-1988.
M. le Président, je ne veux pas étirer indûment les
remarques préliminaires, mais vous comprendrez que le règlement
ne pourra pas être appliqué de façon traditionnelle, parce
qu'il y a deux éléments dans le programme 10,
l'élément 1 et l'élément 2. Nous allons d'abord
poser des questions sur l'élément 1, ensuite sur
l'élément 2. On pourra peut-être procéder plus
facilement de cette façon, mais il s'agit d'un seul programme qui
regroupe toutes les statistiques et les données du ministère des
Pêcheries. Je suis prêt à commencer à poser mes
questions immédiatement au ministre des Pêcheries.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Avant, je vais
demander au ministre s'il a des choses à ajouter sur ce que vous avez
dit.
M. Garon: Pardon? Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah! Vous n'avez pas
terminé? D'accord. Vous parliez de poser des questions, alors, c'est
pour cela que j'ai pensé que vous aviez terminé. D'accord, si
vous voulez continuer, vous pouvez le faire,
M. Garon: Ce que je veux lui dire, c'est une déclaration
qui peut constituer une question. J'ai été étonné
qu'il se soit départi de son service de la protection. Il m'a dit qu'il
y avait des ententes, qu'il y avait eu des actions au fédéral en
1983, des actions fédérales unilatérales. Par ailleurs,
une loi 48 a été adoptée; elle permet au Québec
d'utiliser ses pleines juridictions dans le secteur des pêches et c'est
ce même genre de mécanisme ou de loi qui a été
adopté avec la loi 48 sur les pêcheries et l'aquaculture
commerciales, qui a permis au Québec d'obtenir la juridiction dans le
domaine des pêches au début du XXe siècle. C'est à
juste titre que le Québec a des droits par rapport au fond marin et
certaines juridictions ont fait que la porte unique ou le guichet unique dont
il parlait a pu exister dans le domaine des pêches, comme,
traditionnellement, le Québec l'avait exercé depuis 1921 ou 1922.
Mais on n'a pas maintenu en place les juridictions qui avaient
été établies antérieurement. Je pense que c'est au
cours des années soixante, sous le gouvernement de l'Union Nationale,
que cette loi québécoise dans le secteur des pêches a
été abandonnée, estimant que l'entente
fédérale suffisait. Le gouvernement fédéral a pu
exercer une action unilatérale et le Québec exerçant ses
juridictions avec les lois que nous avons adoptées en 1984 ou 1985 dans
le domaine des pêches et de l'aquaculture commerciales, le ministre, s'il
abandonne l'idée d'appliquer ces lois, vient se mettre dans une position
de faiblesse terrible au point de vue de l'administration des pêches au
Québec. (15 h 45)
Je suis d'autant plus étonné que, dans les nouvelles
négociations qui ont eu lieu au lac Meech et, je ne sais pas où,
il y a deux ou trois nuits passées à Ottawa, on indique qu'il y
aura des négociations sur le plan constitutionnel dans le secteur des
pêches et, possiblement, une répartition des pouvoirs. Je suis
estomaqué car, avant même que ces négociations n'aient eu
lieu, le ministre a jugé bon de faire disparaître son service de
protection, alors que Terre-Neuve a réussi à obtenir qu'au niveau
fédéral-provincial on discute à nouveau le partage des
juridictions dans le domaine des pêcheries, le ministre s'est
déshabillé, s'est dépouillé. Et, là, il se
trouve dans la position de quelqu'un qui, après s'être
déshabillé ainsi, peut difficilement sortir. Il n'est plus en
état de sortir pour aller négocier des choses, puisqu'il s'est
départi de ses instruments de négociation.
Il serait peut-être bon, vu la loi qui a été
adoptée, qu'il fasse l'historique sur le plan juridique du secteur des
pêches. Il se rendra compte que le Québec, antérieurement,
pour avoir l'entente de 1922, avait occupé des juridictions et que le
gouvernement fédéral avait dû reculer. Ces lois ont
été abandonnées à la fin des années
soixante. C'est avec un rétablissement de ces juridictions
québécoises de même qu'avec l'occupation de terrains qui
étaient en voie de développement dans le monde moderne de
l'aquaculture, que le Québec, avec la Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales, se plaçait d'une façon extraordinaire
par rapport à l'ensemble du Canada. Le ministre
pourra lire avec avantage les écrits qui ont été
faits au Conseil économique du Canada où on dit que, pour
déterminer certaines choses qui ont été faites au
Québec avec la Loi sur les pêcheries et l'aquaculture
commerciales, cela prendrait de dix à quinze ans de travaux de recherche
pour établir des positions juridiques solides concernant ce secteurs. Ce
travail a eu l'avantage d'être fait. Je sais les mois que j'ai
consacrés, chaque année, dans les années quatre-vingt,
pour en arriver à établir ces lois qui sont très complexes
et qui ont demandé des efforts de recherche juridique
considérables. Je suis estomaqué de voir que le ministre a
décidé d'abandonner ces pouvoirs. I! me fait penser à
quelqu'un qui, au cours d'une guerre, déciderait de se battre sans arme,
au cas où les gens diraient! Bon, bien, c'est correct, celui-là
n'a pas d'arme, donc, on va jeter les nôtres. À ce point de vue,
la loi qui établit les juridictions du Québec est une loi
fondamentale qui doit être appliquée. La réglementation
était très avancée, elle n'était pas
terminée, lorsque nous avons quitté le gouvernement, mais
beaucoup de travaux avaient été faits pour établir comment
une réglementation devait être faite.
Je sais qu'au début beaucoup de personnes ont mis en doute la
légalité d'une telle loi. Je peux vous dire, et vous le savez
peut-être maintenant, que, même au niveau fédéral et
dans les autres provinces, on a étudié cette loi et on a dû
se rendre à l'évidence que la loi adoptée par le
Québec était correcte et constitutionnelle, et qu'elle agissait
dans le cadre des pouvoirs du Québec. Maintenant, il y en a qui ont mis
cela en doute, disant que les règlements, eux, ne le seraient pas. Je
suis convaincu que les règlements peuvent être aussi
légaux, corrects et constitutionnels que la loi. Je crains fort que,
dans les prochaines négociations constitutionnelles qui vont porter sur
les pêcheries, un ministre aussi dépouillé puisse vraiment
bien conseiller le premier ministre dans ses négociations au niveau
fédéral-provincial...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, vous devez conclure, votre temps est
écoulé.
M. Garon: Oui, d'accord. Les deux principales armes du ministre
seront la loi qui établit les juridictions du Québec et son
service de protection dont il s'est départi et qui était un
organisme très bien situé pour lui fournir des données
qu'il ne pourrait pas avoir véritablement autrement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concluez.
M. Garon: Je conclus là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
M. Garon: Nous serons prêts à entamer l'étude
de l'élément 1 du programme 10.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci. Je
cède la parole au ministre délégué qui a quand
même un droit de réplique concernant votre intervention.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Je pense que le
député de Lévis a fait le tour des points que j'avais
soulevés d'abord et de quelques autres également. Je serais
prêt et disposé à répondre à chacune des
questions plutôt que de repasser tous les commentaires qu'il a faits sur
chacun des sujets. Je pense que cela serait plus fonctionnel et cela nous
permettrait d'avoir un débat plus précis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon! Vous
êtes prêts à entreprendre l'étude du programme 10,
élément 1? Si les gens n'ont pas d'objection, le critique de
l'Opposition a demandé de passer de l'élément 1 à
l'élément 2, sans avoir terminé l'élément 1.
C'est ce que vous m'avez demandé tout à l'heure? Si personne n'a
d'objection, on va procéder de cette façon, même si ce
n'est pas dans l'ordre normal des choses. On va lui accorder ce
privilège.
Je cède la parole au député de Lévis.
Développement des pêches
maritimes
M. Garon: Le ministre a dit tout à l'heure que la
principale baisse de son budget était attribuable au transfert du
service de la protection à un autre ministère. Je constate cela
avec surprise et c'est pourquoi je demande des explications. À
l'élément 1, Gestion des ressources, développement et
administration, on voit des montants pardon, je me suis trompé de ligne
- on voit que le montant passe de 10 000 000 $ à 5 646 500 $. Est-ce que
cela veut dire que toute la baisse est attribuable au service de la protection?
Est-ce qu'il pourrait nous dire quel est le montant qui a été
transféré au MLCP, le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, et le nombre de postes qui ont été
transférés au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, puisqu'on voit ce nombre de postes passser de 162, en 1986-1987,
à 158 en 1987-1988?
M. Dutil: Le transfert représenterait environ 3 000 000 $.
On va vous donner le détail des autres choses. Pour le transfert de
responsabilité, rémunération régulière, 1
855 000 $; temps supplémentaire 36 000 $. C'est ce qui a
été transféré. Autres rémunérations,
378 000 $;
fonctionnement et autres dépenses, 880 000 $; capital et autres
dépenses, 150 000 $. Le total est de 3 300 000 $. Cela
représente, M. le Président, 55 postes en transfert.
M. Garon: Comment se fait-il que cela ne se retrouve pas dans le
nombre de postes qu'on voit à la page 4-12 où on dit que cela
passe de 162 à 158?
M. Dutil: Je pense que ce à quoi se réfère
le député de Lévis, M. le Président, c'est à
une analyse qui a été faite sans tenir compte de la protection.
Les postes étaient de 217, si je me rappelle bien...
M. Garon: Ah bon!
M. Dutil: ...et non pas de 162.
M. Garon: C'est correct. Vous avez raison. Il a dû y avoir
une erreur là. Il a dû y avoir une erreur, parce qu'en dernier
c'était écrit 217 postes pour 1986-1987 et, là, on voit
que c'est écrit 162.
M. Dutil: C'est que, dans les données qu'on vous a
fournies, on a procédé comme si la protection n'était plus
là pour faire une comparaison, sans la protection, entre l'année
dernière et cette année.
M. Garon: Les 3 300 000 $ de baisse? M. Dutil: Oui.
M. Garon: Alors, cela veut dire qu'il y a encore une baisse
au-delà de 1 000 000 $. À quoi est-elle attribuable?
M. Dutil: De 500 000 $ plutôt. Le budget, cette
année, est de 5 646 000 $. Ah! Vous le comparez au budget et non pas aux
dépenses probables; celles-ci seront de 9 420 000 $.
M. Garon: De 9 420 000 $.
M. Dutil: Les crédits périmés, donc,
seraient de 607 000 $ à l'élément 1.
M. Garon: Quels sont les postes pour lesquels l'argent n'a pas
été dépensé et où il y a eu des
crédits périmés, à l'élément 1?
M. Dutil: À fonctionnement-personnel, 280 000 $; à
fonctionnement-autres dépenses, 125 000 $; à capital, 192 000 $;
à transfert, 26 000 $. Par contre, à prêts, placements et
avances, on a dépensé 16 200 $ et cela n'avait pas
été budgétisé.
Alors, si vous additionnez tout cela et si vous soustrayez les 16 200 $,
cela donne 607 000 $ de crédits périmés à
l'élément 1.
M. Garon: Vous demandez, à l'élément 1, 286
400 $ en fonds, en crédits pour des transferts. Quels sont les types de
transfert qui seront effectués, les paiements de transferts en vertu de
l'élément 1?
Budget alloué à la recherche
M. Dutil: Alors, ce serait surtout des études de recherche
et je cherche les détails.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: Ce serait surtout pour des études de recherche
et je suis en train de faire une recherche pour trouver...
Une voix: Les montants de la recherche?
M. Garon: Pensez-vous que vous allez les trouver?
M. Dutil: Comme le disait quelqu'un, ce ne sont pas de chercheurs
dont on a besoin, ce sont de "trouveux". On va s'organiser pour trouver. On n'a
pas la liste là, il y aura des demandes qui seront faites, à
notre avis, pour ce montant-là. De petits projets, en
général, comme la mariculture. Ce sont des choses qui varient, si
je me rappelle bien, entre 20 000 $ et 50 000 $.
M. Garon: Le directeur de la recherche n'a pas la liste avec lui.
Pensez-vous qu'avant la fin de l'après-midi, puisqu'il s'agit seulement
de 286 000 $, le directeur de la recherche qui vous accompaqne pourra
établir la liste des projets. Pour 286 000 $, à raison...
M. Dutil: On pourrait certainement relever...
M. Garon: ...de 20 000 $ à 50 000 $ par projet, il va y en
avoir entre cinq et dix.
M. Dutil: Évidemment, on pourrait relever les projets qui
sont en cours et pour lesquels on pense avoir des déboursés cette
année. On pourrait vous donner ces informations-là. On s'attend
qu'il puisse y avoir d'autres demandes en cours d'année et, dans le
budget, on prévoit quand même que cette situation puisse se
produire. Je pourrais demander au directeur de la recherche de donner quelques
détails là-dessus. (16 heures)
M. Garon: D'ailleurs, dans le secteur de la recherche... Avant
cela, je vais vous demander si je peux avoir le nombre d'employés
occasionnels. L'an dernier, pour 1986-1987, vous aviez parlé de 89.
Est-ce
toujours le bon chiffre? Quel est le nombre d'employés
occasionnels envisagés pour 1987-1988?
M. Dutil: ...l'ensemble du ministère et non pas seulement
de la recherche.
M. Garon: Non. J'aimerais avoir, si c'est possible, le nombre
selon l'élément 1 et l'élément 2, vous savez, dans
les colonnes qu'on a dans le bas de la page.
M. Dutil: Ce qui est prévu pour cette année, c'est
158 permanents et 55 occasionnels. La répartition des occasionnels... Il
y en a 31 à l'élément 1 et 24 à
l'élément 2.
M. Garon: C'est 31 et 24? Le budget de la recherche se
trouve-t-il à l'élément 1?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Combien y a-t-il de personnes affectées à
la recherche en termes de permanents et d'occasionnels? C'est le budget de
fonds qu'on peut trouver sous forme de transfert, mais également sous
forme de contrat de services. Les différents fonds. Le budget total de
la recherche dans le secteur des pêches.
M. Dutil: Vous me demandez cela pour 1987-1988? La Direction de
la recherche scientifique, 55 permanents. La répartition...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est en train de
vérifier ses messages.
Une voix: Je regrette.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, vous pouvez y
aller, M. le ministre.
M. Dutil: Alors, au niveau des ressources humaines, dans la
recherche, 55 personnes. Le budget...
M. Garon: Quand vous dites 55 personnes...
M. Dutil: Je veux dire 55 permanents.
M. Garon: Sur les 91.
M. Dutil: Sur les 150 et quelques.
M. Garon: Je me demande si tout le budget de la recherche se
retrouve à l'élément 1. Je pense que oui.
M. Dutil: Je peux vous donner le budget.
Fonctionnement-Personnel, 2 497 000 $.
M. Garon: Est-ce qu'il est entièrement à
l'élément 1?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Alors, vous dites 55 personnes-années sur 91;
voulez-vous dire que ce sont des permanents ou si cela comprend aussi les
occasionnels?
M. Dutil: Permanents. Mais pourquoi dites-vous sur 91?
M. Garon: C'est parce qu'à l'élément 1 -
vous le voyez en bas - c'est écrit 91 employés permanents pour
l'élément 1 et 61 pour l'élément 2.
M. Dutils D'accord.
M. Garon: C'est pour cela que je parlais des 91 sur les 158
à l'élément 1. Mais je vous demandais en même temps
si tout le personnel de la recherche se trouve à l'élément
1, de même que son budget complet.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: II y a 55 permanents à la recherche.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Et combien d'occasionnels?
M. Dutil: L'année dernière il y en avait 64, ce qui
équivalait à 33 personnes-années.
M. Garon: Et cette année sur les 31?
M. Dutil: Cette année... On n'a pas cela en nombre, en
personnes-années ce serait 26 ou 27.
M. Garon: D'accord. Je pense bien que le nombre qui est
là, 31, ce sont des personnes-années.
M. Dutil: Le nombre que je vous avais donné tout à
l'heure, 33, c'est en personnes-années.
M. Garon: 33 ou 31?
M. Dutil: À ma connaissance, je vous ai dit 33 tout
à l'heure.
M. Garon: On a 31.
M. Dutil: II est possible que je vous aie dit 31. C'est 33. Cela
concorde avec...
M. Garon: 33, l'autre serait 22.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Au lieu de 24. Maintenant, quelles sont les sommes
prévues en termes de paiement pour des contrats de recherche à
l'extérieur du ministère?
M. Dutil: 119 000 $.
M. Garon: 119 000 $?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Qui se retrouvent au budget dans les transferts ou dans
les services?
M. Dutil: Dans les services.
M. Garon: Dans les services. Le montant de 286 000 $ qu'on voit
dans les transferts, à l'élément 1, est-ce que cela va
à la recherche? Tantôt j'avais l'impression que cela allait
entièrement à la recherche, ces 286 000 $.
M. Dutil: Ce sont des projets de recherche appliquée.
M. Garon: Quelle différence faites-vous entre ces 286 000
$ et les 119 000 $ qui sont dans les services? Je ne comprends pas. Les
services, ce sont des contrats de services.
M. Dutil: Les 286 000 $ porteraient sur des essais
expérimentaux.
M. Garon: Oui. Il ne faudrait pas avoir seulement les
chiffres. Si je tombe sur la bonne dénomination... Tous les contrats qui
sont donnés par la direction de la recherche à l'extérieur
du ministère, cela fait combien, en tout? 119 000 $? On dit 286 000 $.
Et cela se regroupe sur quel genre de contrats? Est-ce qu'il y en a d'autres
là-dedans à part cela?
M. Dutil: On considère que les subventions sont des
contrats à l'extérieur, si c'est ce que vous voulez mettre
ensemble, les 286 000 $ viennent s'ajouter. Ce sont des subventions.
M. Garon: Ce sont des subventions à la recherche?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Ou des participations à 50-50, pour
expérimenter des choses...
M. Dutil: Par exemple.
M. Garon: ...des équipements, des choses comme cela. C'est
ce que je veux dire, tout cela. C'est ce que vous entrez sous "Transfert"?
M. Dutil: On additionne les deux: 286 000 $ plus 119 000 $. 405
000 $.
M. Garon: 405 000 $. Maintenant quelles sont les orientations
dans le domaine de la recherche pour 1987-1988 avec les 405 000 $? Qu'avez-vous
l'intention de faire?
M. Dutil: M. le Président, on peut dire que l'orientation
principale est l'aquaculture, éprouver des techniques et vérifier
certaines choses. Il peut arriver qu'il y en ait ailleurs que là, mais
si on parle d'orientation principale, ce serait l'aquaculture.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: L'aquaculture ou l'aquiculture, selon...
M. Garon: Oui. Et puis dans quel domaine?
M. Dutil: Vous avez dans le domaine du saumon, finalisation des
essais de croissance en cages flottantes, c'est dans la baie de Gaspé,
à Carleton, où ils ont déménagé
dernièrement.
M. Garon: Combien?
M. Dutil: Combien de saumons ou...
M. Garon: Non, combien pour les saumons? Pour la
salmoniculture?
M. Dutil: On n'a pas encore les montants définitifs de
chacun des projets pour 1987.
M. Garon: Non, mais vous avez une affectation, quand même,
une prévision budgétaire qui va pouvoir varier; d'ailleurs, vous
allez pouvoir faire des virements. Mais vos anticipations à ce
moment?
M. Dutil: À l'heure actuelle, M. le Président,
c'est pour 70 000 $, le reste étant une prévision
éventuelle sur d'autres projets.
M. Garon: 70 000 $.
M. Dutil: Je ne parle pas des saumons dans la baie de
Gaspé. Je peux vous donner trois projets sur lesquels des montants sont
déjà versés: À Manicouagan-Saguenay, c'est un
élevage de saumons dans le fjord du Saguenay.
M. Garon: C'était l'an dernier, cela.
M. Dutil: Pardon?
M. Garon: C'était l'an dernier, les
saumons dans le Saguenay.
M. Dutil: Je pense que le déboursé se fait sur
cette année financière.
M. Garon: Parce que c'est moi qui avais signé le projet en
1985.
M. Dutil: Oui, mais ce sont des projets qui continuent. Cela
n'arrête pas parce que cela change de ministre.
M. Garon: Non, non, mais je veux dire qu'il avait
été signé. Est-ce qu'il y a un montant additionnel ou si
c'est la même entente qu'en 1985 qui s'est faite en 1986? Y a-t-il un
addenda ou une continuation de projet pour vérifier cela au point de vue
des glaces et de certains équipements d'élevage? Parce que le
seul problème, c'est d'avoir la glace.
M. Dutil: C'est un montant additionnel.
M. Garon: C'est un montant additionnel de...
M. Dutil: De 40 000 $.
M. Garon: Par rapport au montant initial qui était
de...
M. Dutil: Là, M. le Président, le montant
initial...
Une voix: 80 000 $.
M. Dutil: De l'ordre de 80 000 $.
M. Garon: C'est pour le Saguenay?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: À Carleton, cela s'est fait l'an dernier.
M. Dutil: À Carleton, il s'est fait des choses
l'année dernière. On a donné à Carleton
l'année dernière... Je dois avoir cela ici. Je me rappelle qu'on
a passé cela aux engagements financiers, M. le Président, il me
semble que c'était 150 000 $, mais c'est sujet à
vérification. Il y a deux autres projets actuellement, un à
l'INRS, un tout petit projet d'ensemencement de pétoncles géants,
4900 $.
Ensemencement de pétoncles
géants
M. Garon: Où? C'est l'ensemencement de pétoncles
géants?
M. Dutil: À la Basse-Côte-Nord. Oui, ensemencement
de pétoncles géants en Basse-C8te-Nord. (16 h 15)
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire par "ensemencement de
pétoncles géants"? Est-ce que c'est le ministère
lui-même qui fait cela ou si c'est en commandite?
M. Dutil: C'est l'INRS qui fait cela, M. le Président.
M. Garon: L'INRS, à Québec?
M. Dutil: L'Institut national de la recherche scientifique.
M. Garon: À Québec?
M. Dutil: À Rimouski.
M. Garon: II y a un INRS à Rimouski; parce qu'il y a
l'INRS de Québec, l'INRS de Rimouski, il doit y avoir l'INRS de
Chicoutimi.
M. Dutil: Oui. Ce serait...
M. Garon: C'est l'INRS de Rimouski qui va faire un projet sur la
Basse-Côte-Nord pour l'ensemencement des pétoncles qui va
coûter 4900 $.
M. Dutil: C'est ce qu'on a versé actuellement.
M. Garon: Ah bon!
M. Dutil: Je vous donne des certitudes. C'est ce qu'on a
versé...
M. Garon: Versé en 1986-1987 ou en 1987-1988? Ils
n'ensemenceront pas longtemps.
M. Dutil: Ce sont des projets qui se continuent. Des montants
seront versés cette année là-dedans.
M. Garon: De combien le projet total est? L'ensemencement des
pétoncles...
M. Dutil: Vous parlez de l'INRS...
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: ...l'ensemencement des pétoncles.
M. Garon: À l'INRS de Rimouski, c'est pour l'ensemencement
des pétoncles?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Quand vous dites que vous ensemencez les
pétoncles, qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Dutil: Selon mes informations, il
s'agit de prendre les pétoncles qui sont éclos en
écloserie et de les amener à des endroits appropriés dans
la mer, dans des lagunes, afin qu'ils atteignent leur taille de
commercialisation. Le coût du projet global... Est-ce que vous avez le
montant de la subvention?
M. Garon: Un instant! N'allons pas trop vite! Vous prenez des
pétoncles géants dans la mer.
M. Dutil: Non. On prend des pétoncles et on les fait
éclore en écloserie.
M. Garon: Où prenez-vous les pétoncles?
M. Dutil: Je pense qu'il doit y avoir un endroit spécial
où on se fournit, puisque ce sont des pétoncles
géants.
M. Garon: Je comprends, mais les pétoncles géants
se trouvent, à l'état naturel, sur la Basse-Côte-Nord, dans
les eaux du golfe Saint-Laurent. Est-ce que ce sont ces pétoncles que
vous prenez pour développer l'élevage du pétoncle
géant? Quel est le but de la recherche?
M. Dutil: Je pourrai certainement fournir cette information par
écrit au député de Lévis. Je vous avoue que je n'ai
pas l'information sur la provenance de la semence des pétoncles
géants.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors,
l'information va suivre...
M. Garon: Vous dites qu'une entente a été
signée avec l'université et l'INRS de Rimouski... Votre directeur
de la recherche est à côté de vous, ainsi que votre
sous-ministre et ils ne font pas 500 projets par année. Ils ont un petit
budget. Ils doivent savoir ce qu'ils font.
M. Dutil: Vous voulez connaître la provenance des
pétoncles. Est-ce que le directeur de la recherche...
M. Garon: Non. Je veux savoir, pour l'ensemencement de3
pétoncles...
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Vous dites que c'est pour les fins d'ensemencement des
pétoncles. Je sais bien que vous ne semez pas cela comme du blé
d'Inde.
M. Dutil: Certainement pas.
M. Garon: Je voudrais savoir en quoi consiste le projet de
recherche. Vous les gardez là, vous les attachez. Un pétoncle, il
paraît que cela voyage pas mal. Cela embarque dans les courants marins
et, apparemment, cela peut faire pas mal de milles dans une journée
même si cela n'a pas de pattes et que cela n'a pas de nageoires.
M. Dutil: II s'agit de capturer...
M. Garon: II paraît que c'est habile pour s'envoyer dans
une vague - pas dans une vague - dans un courant marin.
M. Dutil: ...des pétoncles, d'obtenir de ceux-ci des
larves - les pétoncles géants sont de bons producteurs de larves
- de les développer et, ensuite, de les remettre dans leur milieu.
M. Garon: Dans leur milieu? M. Dutil: Naturel.
M. Garon: Non. J'imagine que c'est en vue de les élever en
élevage fermé. Vous ne les remettez pas où vous les avez
pris. Si vous les prenez dans le golfe Saint-Laurent, en eau profonde, que vous
les faites éclore et qu'ensuite vous remettez les larves à la
même place, vous auriez mieux fait de les laisser là.
M. Dutil: Des expériences de ce genre se font dans
d'autres pays et ont porté fruit. On fait de l'éclosion et on les
remet dans leur milieu naturel pour...
M. Garon: Pour?
M. Dutil: ...de l'ensemencement, comme on fait pour la
pêche sportive, avec la truite, à l'occasion. Les truites sont
remises dans leur milieu naturel. Ce sont des expériences qui
existent.
M. Garon: C'est pour faire de l'élevage en circuit ouvert.
Comme on peut faire l'élevage du saumon et, ensuite, laisser aller les
saumons dans la mer. Mais on peut aussi faire l'élevage des saumons en
les empêchant d'aller dans la mer, en les gardant sur le bord de
l'eau...
M. Dutil: Bien sûr.
M. Garon: ...dans une... C'est pour cela que je demande de quoi
vous parlez quand vous parlez... Il y a différentes techniques et
différents objectifs. Seulement l'ensemencement des pétoncles,
cela ne m'en dit pas assez. Je veux savoir ce que c'est.
M. Dutil: On peut le faire de deux façons.
M. Garon: Vous voulez contribuer à faire que les
pétoncles géants se reproduisent
plus vite.
M. Dutil: Contribuer à ce qu'il y ait plus de
pétoncles géants en milieu naturel que de petits
pétoncles. Vous avez parfaitement raison. H y a deux façons de
faire les choses. On peut élever les saumons pour les remettre dans les
rivières et, donc, dans leur milieu naturel ou les garder en cage et les
élever...
M. Garon: Après cela, les gens de Terre-Neuve les
capturent quand ils passent autour de l'Ile de Terre-Neuve.
M. Dutil: C'est une autre question. Mais, effectivement, quand on
met nos saumons en milieu naturel, il y en a 19 % qui reviennent au lieu de 100
%, une bonne partie étant prise par les pêcheurs commerciaux
d'autres provinces. Je vous accorde cela. Mais vous me demandez...
M. Garon: Non, je comprends cela.
M. Dutil: ...ce qu'on fait avec les pétoncles
géants. Je vous dis l'expérience...
M. Garon: Le projet global va coûter combien? Est-ce qu'il
comprend seulement l'ensemencement des pétoncles ou autre chose dans le
milieu naturel?
M. Dutil: La subvention que nous accorderions serait de 36 650 $
dont 4900 $ ont été déboursés l'année
dernière.
M. Garon: Mais 36 000 $ pour un projet dont... Vous payez
à 100 % ou s'il y a d'autres commanditaires?
M. Dutil: C'est un projet intégré. Une partie
importante se fait au ministère. Les 36 650 $ représenteraient
100 % de la partie demandée à l'INRS.
M. Garon: 100 %?
M. Dutil: De la partie demandée à l'Institut
national de la recherche scientifique.
M. Garon: Est-ce qu'il y a d'autres recherches qui se font sur
les pétoncles?
M. Dutil: Ici au Québec? Il y a deux autres choses.
M. Garon: Deux autres...
M. Dutil: Vous me demandez: Est-ce qu'il se fait autre chose
ailleurs? Alors, je vous réponds: À l'Université Laval. La
plus grande partie a été faite l'année dernière,
toutefois. La recherche était sur les facteurs contrôlant la pente
et la fixation des larves chez le pétoncle géant.
Également, au niveau de l'industrie... Je n'ai pas le nom de
l'industrie. C'est en projet actuellement et ce serait sur des techniques
d'élevage, et je répète qu'en ce qui concerne le
ministère on fait également du travail là-dessus.
M. Garon: Quand vous parlez de la fixation de la larve, est-ce
que c'est dans le but de fixer la larve, justement, pour ne pas remettre les
pétoncles dans leur milieu naturel, mais pour les élever à
un endroit plus facilement accessible pour les prendre lorsqu'ils sont rendus
à maturité?
M. Dutil: Ils seraient remis en milieu naturel...
M. Garon: Eux aussi.
M. Dutil: Oui, mais on me dit que les pétoncles ne bougent
pas de là si on les fixe. Ils se nourrissent sur place. On n'a pas
à les nourrir, si on les place en milieu naturel...
M. Garon: Oui, oui.
M. Dutil: ...mais on peut les récupérer. Les
pétoncles ne se sauvent pas avec les pattes géantes qu'ils n'ont
pas.
M. Garon: Mais certains disent que les pétoncles voyagent
beaucoup dans les courants marins.
M. Dutil: Des espèces de paniers permettent
d'éviter ce genre de mouvement.
M. Garon: Ah bon! Ils sont en captivité.
M. Dutil: On pourrait employer ce terme, oui.
M. Garon: Maintenant, il avait été question, il y a
quelques années, de faire venir des chercheurs coréens. Les
démarches étaient commencées et ce qui avait
retardé, c'était justement l'avion coréen qui avait
été abattu par un avion russe et cela avait posé des
problèmes. À ce moment-là, à la suite d'une mission
commerciale que j'avais faite en 1983 en Corée, des contacts avaient
été établis pour faire venir des éleveurs de
pétoncles. Les Coréens font un élevage considérable
de pétoncles. Seulement pour les huîtres, l'an 1982 ou 1983, je
pense qu'on élevait plus d'huîtres en Corée que le volume
de toutes les pêches commerciales. En ce qui concerne le pétoncle,
il y avait aussi un volume considérable de pétoncles
élevés en Corée. Et l'on avait pensé faire venir
des gens qui ne réinventeraient pas la roue, mais qui l'avaient
déjà inventée. Est-ce que cette démarche a
été poursuivie pour faire venir ces éleveurs ou ce
spécialiste de
l'élevage des pétoncles en Corée, plutôt que
de recommencer toutes les démarches pour arriver aux résultats
qu'eux ont déjà obtenus?
M. Dutil: Effectivement, M. le Président, sauf que ce
n'est pas avec la Corée, mais avec le Japon qu'il y a des
échanges d'information. Il semble que les Japonais en produisent 300 000
tonnes. Je ne sais pas si le chiffre est exact, il m'apparaît très
élevé, mais ils produiraient 300 000, tonnes de pétoncles.
Il y a des échanges. Évidemment, il faut adapter les cultures
à notre climat et à nos spécificités, mais pour ne
pas réinventer la roue, comme l'a dit le député de
Lévis, des échanges sont faits avec les producteurs ou les
chercheurs japonais.
M. Garon: En termes de volume, je peux vous dire que les
Coréens atteignaient près de 3 000 000 de tonnes. La production
coréenne était de 2 600 000 tonnes et quelques. C'est plus
considérable que toutes les pêches miraculeuses, les bancs de
Terre-Neuve au complet. Peut-être pas, si on inclut le phoque.
M. Dutil: Mais je suis convaincu que, si c'est en Corée
que la recherche est la plus avancée, les chercheurs...
M. Garon: Dans l'élevage. M. Dutil: En
élevage? M. Garon: L'élevage, oui.
M. Dutil: ...que les chercheurs feront un petit bond de l'autre
côté de la rivière, puisque la Corée est juste
à côté du Japon, donc...
M. Garon: C'est plus facile, je pense, d'importer le chercheur,
de le faire venir. Beaucoup de Coréens sont intéressés
à aller habiter ailleurs. La Corée étant un petit pays
où la population se reproduit rapidement, le gouvernement encourage la
sortie des Coréens de la Corée pour aller à
différents endroits. On avait établi des contacts, dans le temps,
pour faire venir des spécialistes de l'élevage du pétoncle
parce que le pétoncle se vend assez cher et on a des eaux, apparemment,
qui pourraient être extraordinaires pour cela.
M. Dutil: En effet, effectivement un des grands chercheurs
japonais est venu au printemps et a fait une présentation lors d'une
rencontre d'aquaculture qui se tenait à Québec et regroupait
d'ailleurs, je pense, l'ensemble des industriels et des chercheurs du Canada.
Ce chercheur japonais, entre autres, venait collaborer à ces
implantations, à cette recherche au Québec.
M. Garon: Les projets concernant le pétoncle, dont on
vient parler, se font à quel endroit? Sur la Basse-Côte-Nord ou
sur la Côte-Nord? Je ne sais pas.
M. Dutil: Dans la région de La Tabatière.
M. Garon: Les trois, ou seulement un?
M. Dutil: L'élevage seulement. Dans la région de
Port-Daniel il se ferait quelque chose.
M. Garon: Dans le pétoncle?
M. Dutil: Dans le pétoncle. C'est le projet de
l'Université Laval, cela.
M. Garon: L'Université Laval. Mais il n'est pas
subventionné par le ministère?
M. Dutil: Oui. Il l'est.
M. Garon: Vous ne l'avez pas mentionné tantôt.
M. Dutil: J'y arrivais.
M. Garon: Ah bon!
M. Dutil: J'y arrivais, 28 000 $.
M. Garon: 28 000 $?
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il s'agit de pétoncles géants
là aussi, ou de pétoncles ordinaires?
M. Dutil: Pour déterminer, comme je le disais tout
à l'heure, les facteurs contrôlant la pente et la fixation des
larves chez le pétoncle géant.
(16 h 30)
M. Garon: Ah bon! II y en a un à Port-Daniel, il y en a un
à La Tabatière; est-ce qu'il y a ailleurs des projets de
recherche sur le pétoncle?
M. Dutil: Pas en milieu naturel, M. le Président, les
autres recherches se font à l'intérieur de nos bâtiments,
dans des bassins.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des recherches sur d'autres
espèces que le pétoncle, au ministère?
M. Dutil: Oui, M. le Président.
M. Garon: Sur quelles espèces?
Conservation prolongée du homard
M. Dutil: Alors, il y en a sur le homard, sur les
crustacés vivants madelinots. C'est une recherche qui a commencé
en quelle année, pour les crustacés vivants madelinots?
On travaille maintenant à la conservation prolongée, je me
rappelle qu'on a eu l'occasion d'échanger à ce sujet, lors des
engagements financiers.
Une voix: Le homard.
M. Dutil: Oui, le homard.
M. Garon: En cages, quand les petits sont pris.
M. Dutil: On travaille, en viviers, sur la conservation
prolongée. On se rappelle qu'il y avait, quand on en a discuté
aux engagements financiers, des problèmes de cannibalisme. Ils sont
pires que des parlementaires, ils se mangent entre eux, semble-t-il, si on ne
leur enlève pas les pinces. Bon, il y a également divers
problèmes qu'on est en train de surmonter, d'après les
informations que...
M. Garon: Parce qu'ils ont faim. Si on les met en cage et qu'on
ne leur donne rien à manger, les homards ont faim.
Une voix: J'ai une préférence pour les fruits de
mer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): En tout cas, je
laisse à la Société protectrice des animaux le soin de
porter des plaintes, si on affame les pauvres homards.
M. Garon: Est-ce qu'on a remarqué si c'était
indépendamment des sexes du homard, le cannibalisme?
M. Dutil: Est-ce qu'une femelle est aussi cannibale que...
Écoutez, je vous dis cela sous toutes réserves, mais il semble
bien qu'on ait atteint, dans cette espèce-lè,
l'égalité des sexes.
M. Garon: C'est quoi?
M. Dutil: L'égalité des sexes. C'est-à-dire
qu'en fait de cannibalisme, les femelles et les mâles sont sur un pied
d'égalité, mais je vous dis cela sous toutes réserves,
donc...
M. Garon: La recherche n'est pas encore assez approfondie
pour...
M. Dutil: Je ne pense pas que ce soit une préoccupation
profonde de la recherche étant donné que les consommateurs ont
l'air de manger, eux, les femelles et les mâles sans distinction.
M. Garon: Mais ils sont dans des cages. Les homards sont mis dans
des cages pour être gardés jusqu'à l'automne, je pense. On
fait la pêche au printemps en vue de les engraisser dans des cages. Mais
est-ce qu'on leur donne suffisamment à manger dans les cages ou si on ne
leur donne rien du tout?
Finalement, qu'est-ce qui arrive? Est-ce que c'est la promiscuité
des cages qui déchaîne chez eux des comportements libéraux,
parce qu'ils sont rouges? Pas encore, à ce moment-là.
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'il y a une erreur,
les homards ne sont pas rouges.
M. Garon: Non, il y en a qui ont une tendance.
M. Dutil: Quand ils sont rouges, ils sont en dehors des cages et,
en général, dans les assiettes des consommateurs. Alors, il faut
bien faire la distinction.
M. Garon: Est-ce qu'on a déterminé, dans les essais
qui ont été faits, au point de vue... Cela fait quelques
années, quand même, que ces essais se font pour mettre des homards
dans des cages. On garde des homards dans des viviers un peu partout. Est-ce
que dans les viviers les homards se mangent entre eux ou si c'est simplement
dans les cages, où on met les homards au printemps, au moment de la
pêche, et on veut les garder jusqu'à l'automne, en les engraissant
pour les vendre un peu plus gros, à l'automne, au moment où cela
paie plus?
Est-ce qu'on a observé les mêmes phénomènes
dans les viviers? Si, dans les viviers, ils se mangent entre eux, on en garde
là pendant des mois, cela ne doit pas être payant?
M. Dutil: Le projet n'a pas le même objectif. Le projet que
vous aviez subventionné, à l'époque, c'était pour
les engraisser, pour les garder.
M. Garon: ...
M. Dutil: Le projet actuel, ce n'est que de la conservation, sans
les nourrir, en les empêchant de se détruire les uns les autres et
en les gardant vivants, sans maladie.
M. Garon: Mais, quand ils étaient dans des cages et qu'on
les nourrissait, est-ce qu'ils se mangeaient entre eux aussi? Ils ne se
mangeaient pas entre eux? Dans les viviers, est-ce qu'ils se mangent entre eux?
Si on les met dans des cages durant des semaines sans leur donner à
manger, la recherche n'est pas longue à faire, si ce n'est que là
qu'ils se mangent!
M. Dutil: Dans les viviers, M. le Président, on essaie de
s'organiser pour qu'ils ne puissent pas se manger entre eux. C'est un des
problèmes. Donc...
M. Garon: Dans les viviers, on garde des milliers de livres de
homards et je n'ai jamais entendu dire que les homards se mangeaient entre eux
dans les viviers!
M. Dutil: Parce que les pinces sont attachées et qu'on
fait une autre opération, je pense, pour éviter qu'ils ne se
mangent.
M. Garon: Dans les viviers, ils ne se mangent pas s'ils ont les
pattes attachées.
M. Dutil: C'est cela.
M. Garon: Dans les cages, où on les nourrissait pour les
engraisser, est-ce qu'ils se mangeaient entre eux?
M. Dutil: Dans les cages, semble-t-il qu'ils étaient
suffisamment isolés pour ne pas avoir ce problème-là.
M. Garon: Qu'est-ce que cela donne de mettre des homards dans des
cages sans rien leur donner à manger? Pourquoi fait-on cela?
M. Dutil: Ils sont dans des viviers et l'objectif est de les
conserver suffisamment longtemps pour que, hors saison, on puisse les revendre
à un prix plus élevé que durant la saison. C'est une
idée purement commerciale, M. le Président. Ce n'est que pour
augmenter les profits des pêcheurs et des éleveurs.
M. Garon: Oui, mais ce serait mieux de les nourrir un peu pour
que, en même temps qu'on les garde, on les engraisse un peu!
M. Dutil: Je ne suis pas chercheur, M. le Président.
Peut-être que ce serait mieux de les nourrir un peu, beaucoup ou moins.
Je vous avoue que je n'ai pas personnellement approfondi la question.
M. Garon: Le chercheur est là, à côté
de vous. Qu'est-ce qu'il en pense, lui?
M. Dutil: Je peux lui demander son opinion. Qu'en pensez-vous?
Est-ce qu'il faut les nourrir? Je m'instruis, M. le Président, je viens
d'apprendre qu'on ne les nourrit pas pour éviter la mue et qu'on les
garde à une température très froide, ce qui semble
permettre de les garder sans les nourrir, évitant ainsi la mue et
permettant, lors de la mise en marché, d'avoir un produit acceptable,
correct et délicieux.
M. Garon: Quand on dit qu'on les garde à une
température très basse, vous les gardez dans l'eau, en
captivité?
M. Dutil: Dans l'eau refroidie.
M. Garon: Ou dans l'eau de mer?
M. Dutil: Actuellement, c'est en viviers. II y a un projet
où on envisage de les mettre dans l'eau de mer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, si vous avez fini sur ce sujet, j'ai
reconnu...
M. Garon: Non, je n'ai pas fini. Là, on a dit le homard...
Est-ce qu'il y a d'autres recherches sur le homard? Est-ce qu'il y a des
recherches sur d'autres espèces? .Je ne voudrais pas que cela prenne
autant de temps par espèce, parce qu'on va passer notre temps
là-dessus. Quelles sont les espèces sur lesquelles on fait des
recherches et quelles recherches fait-on? Parce qu'il n'y a pas beaucoup
d'argent, il ne doit pas y avoir un grand nombre de projets.
M. Dutil: On poursuit avec les autres espèces? Les
oursins, un projet...
M. Garon: Encore. L'INRS-Océanologie à Rimouski
aussi?
M. Dutil: Suivi par le DRST, la compagnie Aqua Space. C'est pour
une technique d'engraissement des oursins.
M. Garon: Bon. En captivité ou dans le fond de la mer ou
du fleuve?
M. Dutil: Dans le fond de la mer.
M. Garon: Comment va-t-on Ies nourrir là?
M. Dutil: Avec des algues. Semble-t-il qu'ils trouvent cela
délicieux.
M. Garon: On va semer des algues dans le fond dans la mer ou on
leur en donne en paquets? Comment cela marche-t-il?
M. Dutil: On ne les nourrit pas à la petite cuiller. On
leur donne cela, semble-t-il, et ils sont capables de se débrouiller
pour les manger tout seuls.
M. Garon: Et vous leur donnez comment?
M. Dutil: Étant donné qu'il s'agit de leur
nourriture naturelle, en les mettant sur le fond, semble-t-il qu'ils se
précipitent pour...
M. Garon: Sur le pont du bateau?
M. Dutil: Sur le fond de la mer. M. Garon: Le fond. M.
Dutil: Le fond.
M. Garon: Mais quel est le but de cette recherche?
M. Dutil: D'avoir des techniques d'engraissement des oursins en
vue d'une éventuelle commercialisation de ce...
M. Garon: Mais avant, l'entreprise qui péchait l'oursin
à Rimouski ne les trouvait pas assez gros? Ils n'ont jamais
été pêchés, ils devaient être assez gros!
M. Dutil: Ce sont les oeufs qui seraient commercialisés,
M. le Président.
M. Garon: Les oeufs? Il n'y a rien que les oeufs et la
coquille.
M. Dutil: Pour avoir de bons oeufs, il faut être bien
nourri, paraît-il.
M. Garon: Ah, vous voyez!
M. Dutil: Non, je ne vois pas, M. le Président. Est-ce que
j'aurais dû voir quelque chose?
M. Garon: Bon, à part les oursins, qu'est-ce que vous
voulez engraisser?
M. Dutil: La truite de mer. Un projet de 40 000 $ avec
Saumaqua.
M. Garon: À quel endroit?
M. Dutil: Dans la baie de Gaspé, la baie des Chaleurs.
M. Garon: Où? pas à l'île Bonaventure?
M. Dutil: À Carleton, au même endroit que pour les
saumons. Il s'agissait de valider la technique d'acclimatation de l'eau douce
à l'eau salée et d'évaluer la croissance en mer.
M. Garon: Ah! des truites d'eau douce élevées en
mer? Ce n'est pas de la truite de mer cela.
M. Dutil: Cela devient de la truite de mer.
M. Garon: Non, la truite de mer c'est une truite...
M. Dutil: Qui vient de la mer.
M. Garon: ...qui vient de la mer. Vous voulez prendre la truite
d'eau douce, la truite mouchetée ou arc-en-ciel, et l'élever dans
la mer?
M. Dutil: Mouchetée.
M. Garon: Mouchetée. Est-ce que les gens ont encore peur
des truites arc-en-ciel, dans ce coin?
M. Dutil: Pardon?
M. Garon: Est-ce que les gens craignent toujours les truites
arc-en-ciel ou si leur théorie a changé?
M. Dutil: Qui craint les truites arc-en-ciel?
M. Garon: Les États maritimes. Ce sont d'autres
espèces qui se mangent entre elles. Il n'y a pas une interdiction
d'élevage des poissons dans l'est? C'est la truite arc-en-ciel qui est
interdite, je pense.
M. Dutil: ...par le MLCP, vos informations sont exactes.
M. Garon: On n'a pas le droit d'élever de truites
arc-en-ciel dans l'est, je pense? Vous en élevez, mais c'est de la
mouchetée. Ils ne craignent pas la mouchetée.
M. Dutil: De la mouchetée.
M. Garon: De la mouchetée. Bon. Quel est le but de
l'affaire?
M. Dutil: C'est de valider la technique d'acclimatation de l'eau
douce à l'eau salée, d'évaluer la croissance en mer.
M. Garon: Pourquoi ne pas élever des truites de mer? Ces
truites sont déjà acclimatées dans l'eau salée.
Cela n'intéresse pas les chercheurs?
M. Dutil: Non. Il semble que la truite mouchetée est tout
simplement plus disponible que la truite de mer.
M. Garon: L'élevage justement pourrait rendre la truite de
mer plus disponible.
M. Dutil: On me dit que c'est la même espèce, que
c'est une variété très peu différente.
M. Garon: Oui. À part cela?
M. Dutil: II y a les moules. (16 h 45)
M. Garon: Les moules, oui. Il y a encore des recherches qui se
font aux Iles.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des
recherches qui se font pour en élever ailleurs? Je dis cela parce
que...
M. Dutil: L'INRS en élève aux
Îles-de-la-Madeleine et il y a une étude sur les capacités
de support des lagunes.
M. Garon: De?
M. Dutil: De support des lagunes. On ne peut pas mettre
indéfiniment des moules dans une lagune.
M. Garon: Oui?
M. Dutil: On vérifie la capacité de support des
lagunes.
M. Garon: Mais est-ce qu'il y a des projets pour en élever
ailleurs qu'aux Îles-de-la-Madeleine?
M. Dutil: Si on parle de subventions, non.
M. Garon: Pourquoi dites-vous: Si on parle de subventions?
M. Dutil: C'est parce qu'au ministère on regarde diverses
possibilités.
M. Garon: Pour en élever où?
M. Dutil: On pense à la baie de Gaspé, à la
Côte-Nord. Ce n'est pas définitif.
M. Garon: Dans quel bout de la Côte-Nord?
M. Dutil: Pardon?
M. Garon: Dans quel bout de la Côte-Nord?
M. Dutil: Est-ce qu'on a choisi le site sur la Côte-Nord?
On profite de l'étude sur les pétoncles pour faire des essais en
même temps. Ce serait donc dans la région de La Tabatière,
dans la même région que tout à l'heure. C'est un beau
coin.
M. Garon: Oui, c'est un beau coin. Est-ce que les chercheurs
pensent que les moules des Îles-de-la-Madeleine, qui ont
été commercialisées en 1986, sont de la grossseur qu'elles
auront toujours ou est-ce qu'elles n'ont pas été
commercialisées un peu rapidement? Elles sont plus petites que les
moules qui viennent de l'île-du-Prince-Êdouard. On a l'impression
que la moule des Îles-de-la-Madeleine - elle est délicieuse -est
plus petite et moins charnue que la moule bleue de
l'Île-du-Prince-Édouard. Est-ce que ceux qui l'ont
commercialisée n'auraient pas dû attendre un peu pour qu'elle soit
un peu plus charnue? Sera-t-elle toujours de cette grosseur?
M. Dutil: II semble bien qu'il n'y ait rien de coulé dans
le ciment pour quoi que ce soit. Les moules changent, les gouvernements
changent, tout finit par changer. Le rapport chair-poids semble plus
élevé pour ces moules d'élevage. Vous me dites: Est-ce que
ce sera toujours le cas. Je pense que l'étude sur la capacité de
support des lagunes est importante dans ce sens.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela que je veux dire.
M. Dutil: Est-ce qu'on l'a commercialisée trop tût
ou trop tard, je n'ai pas d'information à ce sujet, mais il semble qu'on
a eu un prix intéressant...
M. Garon: Oui.
M. Dutil: ...et que cela ait été une
expérience satisfaisante de commercialisation.
M. Garon: Ce n'est pas cela que je veux dire. Ces moules sont
bonnes, mais j'ai constaté qu'un certain nombre de personnes disent que
les moules de l'Île-du-Prince-Édouard sont plus charnues, beaucoup
plus charnues. Je me demande si la moule des Îles-de-la-Madeleine, qui a
été commercialisée l'an dernier, va toujours être
aussi petite à l'intérieur de l'écaillé ou, si elle
avait été élevée plus longtemps, aurait-elle
été aussi charnue que la moule de
l'Île-du-Prince-Édouard. Si vous allez dans les retaurants de
Québec, ceux qui ont essayé les deux, vont vous faire des
commentaires ouvertement. Alors, est-ce qu'on aurait dû attendre un peu
plus avant de la commercialiser, parce qu'il y a une concurrence entre les
deux? Le consommateur...
M. Dutil: Alors, c'est une...
M. Garon: ...va décider, en définitive. Est-ce
qu'on est vraiment capable de faire une moule aussi charnue que celle de
l'île-du-Prince-Édouard? Aurait-elle été moins
charnue l'an dernier, parce qu'elle a été commercialisée
trop rapidement, les gens ayant hâte d'en vendre un peu plus
tôt?
M. Dutil: Je suis heureux d'avoir votre commentaire de gourmet.
Vous nous dites donc que la moule des Îles-de-la-Madeleine aurait
avantage à être plus charnue. On transmettra votre commentaire,
qui sera certainement apprécié, aux éleveurs de moules,
là-bas, pour voir...
M. Garon: Ce n'est pas cela que je dis. M. Dutil: ...s'il
n'y a pas possibilité,
justement...
M. Garon: Ce n'est pas cela que je dis. Je dis qu'elle est
excellente, mais elle est petite.
M. Dutil: Oui, oui, je comprends.
M. Garon: Elle est moins charnue que celle de
l'île-du-Prince-Édouard. Alors, ici -allez dans les restaurants de
Québec - l'île-du-Prince-Édouard a commencé avant
nous à vendre des moules. Les gens ont pris l'habitude d'avoir une moule
élevée, une moule charnue, qu'ils trouvent délicieuse.
Celle des Îles-de-la-Madeleine est bonne aussi, mais elle plus petite. Je
me demande si ce n'est pas parce qu'elle a été
commercialisée hâtivement. Je me demande, si on avait attendu
quelques mois, si elle serait plus charnue et comparable à celle de
l'île-du-Prince-Édouard ou si, à cause de la nature des
eaux, il est impossible d'avoir une moule aussi charnue que celle de
l'île-du-Prince-Édouard. C'est tout ce que je demande.
M. Dutil: C'est l'information que je n'ai pas. Je vais faire dire
à ces gens...
M. Garon: Les chercheurs...
M. Dutil: ...est-ce que vous n'auriez pas avantage à
laisser vos moules plus longtemps de façon qu'elles soient aussi
charnues que celles de l'île-du-Prince-Édouard, bien qu'elles
soient aussi délicieuses? Les gourmets de Québec ne semblent pas
apprécier le fait qu'elles soient moins charnues que celles de
l'île-du-Prince-Édouard. Donc, sur le plan concurrentiel, vous
auriez peut-être avantage à considérer sérieusement
cet aspect. S'il fallait que leur réputation se détériore
parce qu'il y a des gourmets à Québec qui estiment qu'elles ne
sont pas suffisamment charnues par rapport à celles de
l'île-du-Prince-Édouard, c'est sûr que cela leur causerait
un préjudice sur le plan de la commercialisation. Cela risquerait
d'affecter les prix auxquels ces gens pourraient vendre leurs moules, cela
risquerait d'affecter leur profitabilité et, donc, les pressions qu'ils
exerceraient sur le gouvernement pour obtenir davantage d'argent. Je suis
très favorable à ce que les éleveurs de moules des
Îles-de-la-Madeleine parviennent le plus rapidement possible à la
rentabilité et qu'ils aient un produit extrêmement
concurrentiel.
M. Garon: Les chercheurs ne se sont pas posé ces
questions. Je suppose que c'était trop empirique.
M. Dutil: On me dit que les données ne semblent pas
indiquer qu'il y ait une énorme différence.
M. Garon: Ah!
M. Dutil: Est-ce comme le secret de la Labatt bleue par rapport
aux autres bières? Je ne le sais pas.
M. Garon: Est-ce qu'il y a d'autres espèces?
M. Dutil: II n'y a pas de Labatt rouqe.
M. Garon: Ce ne serait pas buvable. Est-ce qu'il y a d'autres
espèces qui sont élevées et sur lesquelles il y a des
recherches?
Le Président (M. Tremblay Iberville): À la suite de
cette question, je vais céder la parole aux députés
ministériels, M. le député de Lévis. Allez-y!
M. Dutil: Oui, on va tomber dans des eaux différentes. On
parle d'écrevisses et de pêche à l'écrevisse. C'est
un projet de recherche pour l'instant.
M. Garon: Où?
M. Dutil: La pêche se ferait dans le lac Saint-Pierre,
parce que c'est l'endroit le plus propice, semblait-il. L'élevage se
ferait dans les étangs de ferme. C'est à titre de projet, je n'ai
pas beaucoup de renseignements sur le sujet. C'était seulement pour
être bien sûr de donner l'information la plus complète
possible.
M. Garon: Est-ce qu'il y en a d'autres? M. Dutil: Non, pas pour
l'instant.
M. Garon: Bon, on a fait le tour. Dans l'élément 1,
à part la Direction de la recherche, les budgets sont affectés
à quels services? Pour l'administration seulement ou...
M. Dutil: Les services administratifs.
M. Garon: Si ce sont seulement les services administratifs, je
n'ai pas de questions, à part... Pardon? Il n'y a rien d'autres que les
services administratifs, à l'élément 1, avec la Direction
de la recherche?
M. Dutil: C'est cela.
M. Garon: Pour ma part, cela terminerait l'élément
1.
Le Président (M. Tremblay. Iberville): Alors...
M. Garon: Une seule question.
Le Président (M. Tremblay. Iberville): Oui.
M. Garon: Tantôt, j'ai mentionné qu'il y avait M.
Michel Lemay, à la direction de l'inspection. Est-ce qu'il y a une
direction de l'inspection qui dépend du ministre
délégué aux Pêcheries?
M. Dutil: Non, absolument pas. L'inspection relève du Dr
Bernard, et M. Lemay est sous l'autorité du Dr Bernard.
M. Garon: Quelle fonction occupe-t-il, que fait-il
exactement?
M. Dutil: M. Lemay?
M. Garon: Oui.
M. Dutil: II s'occupe de l'inspection des produits marins.
M. Garon: Mais que fait-il? Est-ce un inspecteur ou est-ce...
M. Dutil: C'est le directeur du Service de l'inspection des
produits marins.
M. Garon: Quelle formation a M. Lemay?
M. Dutil: Avez-vous votre curriculum vitae, M. Lemay? Technologie
des aliments.
M. Garon: Ah: technologie de3 aliments. Spécialisé
en produits marins ou...?
M. Dutil: En vivres, et plus spécialement en produits
laitiers.
M. Garon: Quand cette division a-t-elle été
créée?
M. Beaudin: M. le Président, est-ce que je pourrais
intervenir à ce moment-ci, parce que, là, on s'embarque dans un
débat qui a été amorcé ce matin...
M. Garon: Non, je ne reviens pas dans ce débat.
M. Beaudin: ...et qui s'éloigne de l'étude a
laquelle on est conviés cet après-midi, M. le Président?
J'attends depuis au moins 16 h 15 pour poser une question au ministre - je n'en
ai pas tellement, j'en ai une ou deux - et, là, on s'enligne pour
continuer ce débat jusqu'à 18 heures. On a strictement
parlé d'un seul secteur, qui est très important, celui de la
recherche en ressources marines, sauf qu'il y a d'autres questions qui sont
importantes et on va se retrouver très rapidement à 18 heures. On
vous demande donc de rappeler s'il vous plaît, le député de
Lévis à la pertinence du sujet qui nous amène, ici, cet
après-midi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Évidemment,
c'est pertinent, mais le député de Lévis va terminer sa
question et, ensuite, je vous cède la parole. M. le député
de Lévis, terminez votre question.
M. Garon: La question est posée...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Elle est
posée, d'accord, alors...
M. Garon: Est-ce que c'est une direction, l'inspection des
produits marins, qui dépend du Dr Bernard? Est-ce que, sous M. Lemay, il
y a tout le service de l'inspection des produits marins dans le territoire
maritime? Est-ce que M. Lemay relève du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation? Est-il ici au cas où en aurait
besoin ou s'il...?
M. Dutil: M. Lemay est ici au cas où on en aurait
besoin.
M. Garon: II relève du Dr Bernard et il...
M. Dutil: II relève du Dr Bernard qui, lui, relève
du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Oui. M. Lemay dirige-t-il la section des produits
marins, comme il y a les produits carnés, les produits laitiers?
M. Dutil: Correct.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je cède la
parole au député de Gaspé.
M. Beaudin: M. le ministre, dans les budgets affectés aux
pêches, les budgets antérieurs à 1986, on relève des
montants qui sont affectés au soutien d'associations de pêcheurs
ou de regroupements de pêcheurs. On sait que, ces deux ou trois
dernières années, les pêcheurs de toute la région
maritime ont fait des efforts louables pour se regrouper, pour rationaliser
leurs énergies et leur participation financière. Pourrais-je
savoir, dans les crédits de 1987-1988, quel montant a été
accordé aux associations ou aux regroupements de pêcheurs?
M. Dutil: L'année dernière, M. le Président,
le montant était de 105 000 $ et, cette année, il serait de
l'ordre de 145 000 t. C'est dans le but justement d'aider davantage ces
regroupements à fonctionner.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Gaspé, si vous voulez...
M. Beaudin: M. le ministre, au sujet d'un certain nombre de
programmes qui ont été abolis, les montants qui étaient
affectés à ces programmes sont-ils à peu près
équivalents au soutien financier que vous apportez aux pêcheurs?
En termes d'associations, j'entends. (17 heures)
M. Dutil: Oui, effectivement, nous avons aboli le
programme d'aide aux agrès. Nous estimions que ce programme, qui
coûtait environ 40 000 $, avait peut-être un effet sur les prix de
vente des agrès et nous préférions remettre cet argent
directement aux associations.
Vous remarquerez que les chiffres concordent. On a éliminé
le programme qui nous a coûté l'année dernière aux
alentours de 40 000 $ et nous avons reporté ce montant à l'aide
au regroupement d'associations de pêcheurs.
M. Beaudin: Une deuxième question, M. le ministre. Dans
les crédits globaux qui sont arrêtés aux pêches pour"
1987-1988, est-ce qu'on tient compte des discussions qui sont en cours avec
certaines municipalités, avec Gaspé, entre autres, qui a
émis la volonté de gérer le parc industriel de
Rivière-au-Renard? Est-ce que, dans les crédits de 1987-1988, on
a tenu compte de l'éventualité de ce transfert du parc industriel
de Rivière-au-Renard à la ville de Gaspé?
M. Dutil: Non, on n'en a pas tenu compte et on a donc
prévu qu'il y aurait des dépenses là-dessus, ne sachant
pas encore si ce dossier sera fait en 1987.
M. Beaudin: Une dernière question pour le moment. Dans le
transfert des agents de protection au ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, il est prévu qu'on passe les postes et
crédits et qu'on passe également un certain nombre
d'équipements. Est-ce que ça signifie que tout ce qu'on a comme
appareil flottant dans la région maritime est passé du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au
MLCP?
M. Dutil: II y aura une certaine mise en disponibilité
d'équipement dont le MLCP n'aurait pas besoin, certains bateaux plus
gros, des patrouilleurs, par exemple.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est tout? Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous dites qu'il y a d'autres patrouilleurs, mais qui
ne relèvent pas de vous?
M. Dutil: Pardon?
M. Garon: Vous dites qu'il y a d'autres patrouilleurs.
Dépendront-ils du MLCP ou du ministre délégué aux
Pêcheries?
M. Dutil: Les postes et les crédits qui allaient avec les
postes...
M. Garon: Cela comprend les bateaux?
M. Dutil: ...ont été transférés au
MLCP.
M. Garon: Les bateaux aussi?
M. Dutil: Le MLCP prend certains équipements dont il a
besoin pour effectuer son travail. Les équipements dont il n'a pas
besoin sont mis en disponibilité pour être éventuellement
revendus.
M. Garon: Cela veut dire tous les bateaux, le Raymond-Moore, le
Pouliot et les autres bateaux dont je ne me rappelle pas les noms, vont tous
être revendus? Le Valmont-Landry... Non, celui-là, il a
été remplacé.
M. Dutil: Je n'ai pas le nom de chacun des bateaux, mais il y en
aurait quatre qui sont mis en disponibilité.
M. Garon: Mais le sous-ministre doit avoir les noms?
M. Dutil: Le Raymond-Moore, le Saint-Laurent, le CE. Pouliot et
le Madelinot.
Privatisation d'usines
M. Garon: Maintenant, j'aimerais demander au ministre quelle est
la participation dont il a parlé à propos de Pêcheries
gaspésiennes. Est-ce qu'il pourrait me dire le prix des actions qui
avaient été acquises par SOQUIA, quelle est la valeur du nombre
d'actions et quand et à quel prix elles ont été revendues?
Elles avaient été acquises quand, à quel prix, quel nombre
et...
M. Dutil: D'accord. Pour ce qui est de Pêcheries
gaspésiennes, l'acquisition a dû se faire en 1984. Le
décret porte le numéro 1637-84. À ce moment-là la
Société québécoise des pêches avait investi
150 000 $. Il y avait eu, là-dessus, 100 000 $ de capital-actions
ordinaire, 50 000 $ de prêt aux actionnaires, au taux courant, et cela a
été vendu le 27 août 1986, payé - c'était
payable, à ce moment-la, dans l'entente - le 5 janvier 1987 au montant
de 286 000 $. Le prêt de 50 000 $ a été remboursé le
18 septembre 1986. Le rendement composé annuel de l'investissement de la
Société québécoise de3 pêches
était de 30 %, ce qui est effectivement excellent.
La même question pour Crustacés de Gaspé, j'imagine,
M. le Président?
M. Garon: S'il vous plaît!
M. Dutil: Alors, la même question pour Crustacés de
Gaspé. L'acquisition a dû se faire en 1982, puisque le
décret porte le numéro 189-82. SOQUIA, qui avait fait à ce
moment-là l'acquisition, achète 30 % des actions ordinaires. La
somme versée: 150 000 $. L'investissement de SOQUIA devait être de
200 000 $ et la différence devait faire l'objet d'un prêt
remboursable en cinq versements annuels. Le coût d'achat des actions a
été de 118 000 $, soit 30,1 % du capital-actions ordinaire, et le
prêt s'est finalement élevé à 82 000 $. Les actions
ont été rachetées pour leur valeur aux livres le 31
décembre 1985, payables le 5 janvier 1987 à des
intérêts de 11,5 % depuis janvier 1986. Le montant: 661 602 $. Le
rendement composé sur le capital est de 62 % entre le moment du
déboursé, en mai 1982, et le 31 décembre 1985.
Tout à l'heure, le député de Lévis
mentionnait qu'il y avait eu des normes différentes en fonction des
ventes de Pêches nordiques, de Madelipêche, de Pêcheries
gaspésiennes et de Crustacés de Gaspé. La
différence importante à mentionner, c'est que dans les deux
premiers cas nous n'étions pas actionnaires majoritaires, alors que,
dans le cas des deux autres entreprises, nous étions, à toutes
fins utiles, le seul propriétaire. Je dis à toutes fins utiles,
parce que, dans Pêches nordiques, il y avait un résidu à
Fruits de mer de l'Est du Québec de l'ordre de 5 %, mais c'était
vraiment minime. Quant à Madelipêche, la répartition se
faisait entre des organismes gouvernementaux, soit SOQUIA, le gouvernement
lui-même et la SDI.
L'autre différence importante, c'est que dans les deux premiers
cas nous avons négocié avec l'actionnaire majoritaire, ce qui
m'apparaît normal dans ce genre de circonstance, puisque ce
n'était pas une propriété publique au sens où on
l'entend. Cela n'était pas une société d'État au
sens où on l'entend. Je suis d'accord avec le député de
Lévis pour dire que l'on ne devrait probablement pas appeler ce genre de
transaction une privatisation, mais plutôt un délestage ou quelque
chose du genre. On l'a fait avec les actionnaires majoritaires qui, eux, de
leur côté, étaient prêts à racheter leurs
actions. C'est ce qui était initialement prévu quand les
investissements ont été faits à l'époque où
le député de Lévis était ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. C'était de donner des coups de
main à des entreprises qui avaient une bonne perspective d'avenir, mais
qui n'avaient peut-être pas les fonds suffisants à l'époque
pour poursuivre. Je ne suis d'ailleurs pas en désaccord avec cette
philosophie d'aider des entreprises, non seulement, parfois, par des
subventions, mais aussi par une certaine participation minoritaire, à
mon avis, dans des entreprises.
Dans le cas de Pêches nordiques, on parlait tout à l'heure
du prix. Il est bon de mentionner que le prix de Pêches nordiques s'est
finalement élevé à tout près de 7 000 000 $, si on
regarde la valeur des actifs vendus. Quant à Madelipêche, le
député de Lévis soulignait tout à l'heure que le
prix avait été très inférieur a la véritable
valeur. Mais il est également important de mentionner qu'on a vendu les
actions, et non pas les actifs, et que, si on tient compte du prix de la
transaction, elle "environne" les 23 000 000 $, c'est-à-dire la valeur
aux livres, parce qu'il faut tenir compte que les nouveaux acquéreurs de
Madelipêche... Je parle particulièrement de Cap-aux-Meules, et non
pas de l'autre entreprise où ce sont les actifs qui ont
été vendus. Je parle de Cap-aux-Meules qui était
effectivement la grosse transaction, puisque la flotte de bateaux était
incluse. On a vendu à la valeur aux livres, donc aux alentours de 1 500
000 $ ou 2 000 000 $, mais il fallait que les nouveaux acquéreurs
prennent le passif. Je donne un exemple qui aidera les gens à comprendre
la transaction si vous avez une maison de 25 000 $ avec 2000 $ d'emprunt
dessus, vous avez deux façons de la vendre. Vous dites au nouveau
propriétaire: Donne-moi 2000 $ et assume l'hypothèque ou paie-moi
25 000 $ et je paierai mes 23 000 $ à la banque. Dans les deux cas, la
transaction n'est pas de 2000 $, elle est de 25 000 $. Ajoutez trois
zéros, vous avez la transaction de Madelipêche: 25 000 000 $.
M. Garon: Crustacés des îles à
Grande-Entrée, cela a été vendu également. Mais
l'autre usine, Crustacés des îles a Havre-Aubert, a
été louée. À quel prix?
M. Dutil: C'est un contrat de gestion qui a été
accordé à Havre-Aubert. Le contrat de gestion a été
accordé au même groupe qui a acheté à
Cap-aux-Meules. Quant aux conditions de l'entente, je ne sais pas si j'ai tous
les renseignements ici, je vais vérifier. L'entente, globalement - on
pourrait aller plus dans le détail si c'est nécessaire, mais cela
nous prendrait des documents - est que l'entreprise participerait à 25 %
des profits ou 25 % des pertes, les profits et les pertes excluaient les frais
financiers qui étaient substantiels, énormes. Il n'y a pas de
coût de loyer, la bâtisse est fournie à l'entreprise
elle-même. Alors, c'est la formule qui a été adoptée
dans le cas de Crustacés des îles, à Havre-Aubert, en
souhaitant qu'éventuellement des
entrepreneurs s'intéressent à cette entreprise et en
deviennent acquéreurs. Je voudrais rappeler que, dans le cas de
Crustacés des Iles à Havre-Aubert, lors de l'appel d'offres, nous
n'avions eu aucune offre pour cette usine.
M. Garon: II y a eu une garantie gouvernementale pour
Madelipêche de 5 000 000 $ Est-ce qu'elle est toujours de 5 000 000
$ ou si elle a été augmentée? Est-ce qu'il y a eu une
garantie gouvernementale dans le cas de Crustacés des îles
à Havre-Aubert?
M. Dutil: Excusez-moi, votre deuxième question?
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu une garantie gouvernementale
additionnelle pour Crustacés des îles à Havre-Aubert?
M. Dutil: Aux 5 000 000 $? On garantit les emprunts de
Crustacés des Iles. Effectivement, cela va jusqu'à...
M. Garon: Je m'en doutais.
M. Dutil: Les deux ensemble pourraient être aux alentours
de 9 000 000 $ cette année.
M. Garon: 9 000 000 $, cela veut dire à peu près
l'équivalent des garanties gouvernementales à
Madelipêche.
M. Dutil: Du passé?
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: Que voulez-vous dire?
M. Garon: En 1985-1986, la garantie gouvernementale à
Madelipêche, qui comprenait Crustacés des Iles, devait être
autour de cela.
M. Dutil: C'était de 11 500 000 $.
M. Garon: Est-ce qu'elle a été utilisée
à 100 %?
M. Dutil: Cela a été très près,
l'année dernière, des 11 500 000 $. D'ailleurs, on avait pris la
décision de hausser la garantie de 4 000 000 $ à la suite des
pertes de cet ordre qui avaient été enregistrées. Alors,
au lieu de subventionner de 4 000 000 $ supplémentaires ou au lieu de
faire directement un prêt du gouvernement, à ce moment-là,
on avait haussé notre garantie.
M. Garon: Donc, cela veut dire que Crustacés des Iles, au
fond, qui est une bâtisse qui doit valoir autour de 6 000 000 $, a
été louée sans loyer. Ils ne contribuent pas aux
intérêts sur le capital ni aux frais fixes, d'aucune façon.
Ils participent à 25 % des profits, en plus d'avoir une garantie
gouvernementale...
M. Dutil: C'est cela.
M. Garon: ...pour supporter leurs inventaires.
M. Dutil: C'est en plein cela. Sauf que l'avantage qu'ils ont
actuellement, c'est qu'ils sont parvenus à faire des ententes pour se
faire approvisionner.
M. Garon: Pardon? (17 h 15)
M. Dutil: Ils sont parvenus à s'entendre, entre autres,
avec trois crabiers, cette année, pour avoir des approvisionnements. Le
problème de cette usine, c'est qu'elle a été construite en
surcapacité, à mon point de vue, par rapport aux
approvisionnements possibles, par rapport aux approvisionnements convenus
à ce moment-là avec les crabiers. C'était une des
difficultés majeures, je pense, de Havre-Aubert.
M. Garon: Combien de crabiers approvisionnaient à ce
moment-là National Sea?
M. Dutil: Cinq. Il y en avait trois à Havre-Aubert. Deux
étaient à Madelipêche, toutefois. Madelipêche, lors
de la restructuration, ne faisait pas de crabe. On prévoyait donc, je
pense, dans le plan que vous aviez mis sur pied, cinq pêcheurs, ce qui
n'a jamais été le cas, à mon point de vue, cela a
été trois.
M. Garon: Bien, cela ne fonctionnait pas avant 1986-1987. En
1986, il y en a eu combien?
M. Dutil: Trois.
M. Garon: Trois? En 1987, il va y en avoir combien?
M. Dutil: Ils en ont trois également, je pense.
M. Garon: Est-ce que l'action contre la Banque Nationale a fait
partie des... À qui appartient-elle maintenant? Elle appartenait
à Madelipêche. À qui appartient-elle maintenant? Est-ce que
les procédures ont continué d'avancer ou si elles ont
été interrompues? Je parle de l'action de 3 000 000 $.
M. Dutil: Oui, je la replace. Elle a été
transférée. Je voulais savoir si -on l'avait remise dans
Crustacés des îles ou transférée directement au
gouvernement. Elle est
transférée au gouvernement.
M. Garon: Qui administre cette action-là maintenant?
M. Dutil: Actuellement, nous avons une personne, d'ailleurs, qui
s'est occupée de la privatisation de Madelipêche à temps
plein et qui s'occupe encore du dossier, c'est M. Terrence Griffin. Je pense
que le député de Lévis le connaît; il était
chez SOQUIA. C'est lui qui s'occupe de ça.
L'action serait à l'intérieur d'une compagnie qu'on a
formée et qui s'appelle La Coopérative Gros-Cap dont toutes les
actions sont détenues par le ministre.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: La Coopérative Gros-Cap.
M. Garon: Qu'est-ce que c'est ça?
M. Dutil: C'est une compagnie.
M. Garon: Cela appartient à qui?
M. Dutil: Au ministre.
M. Garon: Au ministre des Pêcheries.
M. Dutil: A 100 %, oui.
M. Garon: Et l'action... Donc, c'est vous qui administrez encore
l'action?
M. Dutil: Oui, c'est moi, mais vous me...
M. Garon: Mais elle est rendue où?
M. Dutil: L'action?
M. Garon: Oui.
M. Dutil: Elle est en cour de justice.
M. Garon: Mais je veux dire à quelle étape, parce
que...
M. Dutil: Ah mon Dieu Seigneur!
M. Garon: ...elle a été prise en 1984, je
pense.
M. Dutil: Cela n'a pas changé de monde. C'est le
même monde qui travaille dessus que dans le bon vieux temps. Elle est
toujours entre les mains des...
M. Garon: Est-ce que l'enquête est faite?
M. Dutil: Je pourrai vous donner davantage d'information
là-dessus, ultérieurement.
M. Garon: Mais elle est rendue... Est-ce qu'elle a avancé,
a-t-elle procédé ou n'a-t-elle pas procédé?
M. Dutil: En cour, elle n'a pas procédé encore.
M. Garon: Non, je veux dire est-ce que les procédures ont
avancé ou est-ce qu'on...
M. Dutil: On fait cheminer ce dossier comme toutes les autres
poursuites qu'on a reçues.
M. Garon: Elle est inscrite à quel endroit
actuellement?
M. Dutil: ...Information sur l'endroit de la poursuite.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: On vous donnera l'information ultérieurement. Je
n'ai pas l'information.
Normalisation d'usines
M. Garon: Le ministre de l'Agriculture nous a dit ce matin que
vous nous fourniriez la liste cet après-midi des entreprises qui
travaillaient dans le domaine de la transformation des produits marins avec
permis et sans permis. Est-ce que vous avez la liste, avec les adresses de
chacune des entreprises, évidemment?
M. Beaudin: Pendant qu'on cherche la liste, est-ce' que je
pourrais poser une question en ce qui concerne Crustacés des
îles?
M. Garon: II ne peut pas chercher et répondre à vos
questions en même temps.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah, dès que
vous aurez eu votre réponse, on va permettre une question au
député de Gaspé.
M. Garon: Oui, mais je veux terminer cette affaire-là.
Après, ça ne me fait rien qu'il pose une question.
M. Dutil: M. le Président, y a-t-il une autre question
entre-temps?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II y a une question
du député de Gaspé.
M. Garon: C'est une liste que le ministre de l'Agriculture nous a
dit que vous nous fourniriez cet après-midi avec les adresses des
entreprises fonctionnant avec permis et sans permis dans le secteur de la
transformation des produits marins. La question que je veux vous poser c'est:
Serait-
ce possible d'avoir une information consécutive à cette
commission, puisque vous me dites que vous n'avez pas les renseignements
à ce moment-ci, parce que les gens du contentieux ne sont pas à,
j'imagine? Pourrait-on avoir les dates concernant les procédures prises
pour Madelipêche contre la Banque Nationale? Où en sont les
procédures? Où est inscrite la cause actuellement? Est-elle
toujours au nom de Madelipêche ou s'il y a eu une reprise d'instance
depuis la transaction avec Madelipêche?
Vous dites que maintenant le tout est dirigé par La
Coopérative Gros-Cap. C'est pour savoir où est la cause
actuellement et dans quelle division était l'inscription au point de
départ. Maintenant, où est-ce rendu? Y a-t-il eu des changements
au point de vue des tribunaux?
M. Dutil: Oui. On pourrait avoir ces informations, M. le
Président. Quant à la liste, je ne l'ai pas. Je peux toutefois
donner certaines informations sur le nombre.
M. Garon: Non. Le nombre, on l'a eu ce matin. Le ministre nous a
dit ce matin que vous nous fourniriez la liste cet après-midi.
M. Dutil: II ne me l'a pas dit. On ne s'est pas
rencontrés. Probablement qu'il n'y a pas eu assez de délai entre
ses crédits et les miens.
M. Garon: Comme on doit se revoir demain matin pour
étudier justement la transformation, les permis, la loi 38, y aurait-il
moyen que vous apportiez demain matin la liste demandée? D'ailleurs, le
sous-ministre responsable de l'inspection des aliments était là.
Alors, il a dû la préparer. Il a dû y avoir un manque de
contact. C'est pour avoir la liste. Quel est le nombre que vous avez quant aux
entreprises fonctionnant avec permis et sans permis?
M. Dutil: Vous parlez des régions maritimes, du secteur
des pêches.
M. Garon: Pour l'ensemble du Québec. Si vous l'avez en
distinguant les deux, cela ne me fait rien.
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, on
vous écoute.
M. Dutil: Oui. Je prends le chiffre de 61 établissements
qui sont les établissements les plus concernés. Nous aurions
actuellement 49 permis d'émis. Alors...
M. le Président, si le député de Lévis est
d'accord, je suggère qu'on prenne quelques minutes demain pour
éclaircir le dossier lors de l'étude de la loi 38. Je ne sais pas
si c'est possible de le faire.
M. Garon: II n'y a pas de problème. Si on s'entend, il n'y
a pas de problème. En commençant demain, on pourra vider cette
question. J'ai parlé avec le... Je sais qu'il y a eu une entente pour
que l'on travaille demain après la période de questions à
11 h 30.
M. Dutil: Oui, l'adoption de principe ne i fera pas l'objet... Il
y avait un autre intervenant de votre côté et il y avait ma
réplique. Alors, vous n'aurez pas de réplique et votre
intervenant ne parlerait pas selon l'entente qui serait intervenue.
M. Garon: Oui. Et l'on continuerait. On irait en commission
parlementaire pour 11 h 30, je pense, demain, et l'on continuerait
jusqu'à...
M. Dutil: 14 heures.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon! Donc...
M. Dutil: Jusqu'à 14 heures.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ...vous soumettriez
l'information à la commission parlementaire demain.
M. Garon: C'est la liste, au fond, avec les adresses des
entreprises. Évidemment, c'est plus agréable si ce n'est pas tout
mêlé, si elles sont par région: la Côte-Nord, la
Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine et le reste du territoire
québécois. Celles qui travaillent avec permis et celles qui
travaillent sans permis.
Si vous avez, dans la marge, les raisons pour lesquelles elles n'ont pas
leur permis, cela ne me dérange pas de le savoir.
Quant au député de Gaspé, cela ne me fait rien de
lui donner...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
député de Gaspé, vous aviez une question pour le ministre
délégué aux Pêcheries.
M. Beaudin: Je ne voudrais pas lancer un débat, M. le
ministre, mais je voudrais quand même... Vous n'avez sûrement pas
eu le temps de prendre connaissance des propos qui ont été tenus
en ce qui concerne la normalisation ce matin. Le député de
Lévis a recommandé, ce matin, au ministère de
l'Agriculture de fermer, à toutes fins utiles, toutes les usines qui
n'avaient pas de permis, à partir d'un raisonnement dont on
comprenait difficilement la logique puisqu'il interprétait
certains propos que vous aviez tenus lors d'une séance de la commission
sur les engagements financiers de l'automne dernier. De toute façon,
nous aurons l'occasion d'en reparler demain matin.
Je voudrais savoir, M. le ministre, si c'est possible d'avoir la date du
début de la construction de l'usine de transformation de
Crustacés des Iles à Havre-Aubert et la date également
à laquelle l'usine a été prête à entrer en
fonction.
M. Dutil: Le début de la construction a dû se faire
vers le mois de décembre 1985. Je pense que c'est le 2, cela ne
surprendrait pas du tout, ou peut-être le 10. Quant à
l'entrée en fonction, il y a eu l'année dernière
très peu d'activités dans cette usine. Je pense que c'est une ou
deux semaines, si je me le rappelle bien. Donc, le véritable
début des activités à Havre-Aubert, c'est cette
année.
M. Beaudin: Si vous aviez à faire la comparaison entre les
activités qui ont eu lieu à Crustacés des îles,
à Havre-Aubert, en 1986, par rapport à ce qui se passe
actuellement à Crustacés des îles, en 1987, quelle serait
la comparaison à établir en termes de retombées
économiques pour les Îles-de-la-Madeleine et pour Havre-Aubert en
particulier?
M. Dutil: Évidemment, on travaille, c'est
indéniable, beaucoup plus facilement, beaucoup mieux dans la nouvelle
usine. Moi, j'estime qu'elle est trop grosse mais les gens y sont très
à l'aise pour travailler. Si vous me parlez du nombre d'employés,
je n'ai pas le chiffre ici. Est-ce que quelqu'un a le chiffre ici? Ce serait
autour de 200, 225 employés qui y travaillent.
M. Beaudin: Actuellement? (17 h 30)
M. Dutil: Je ne sais pas si c'est actuellement mais ce sont les
employés qui y travaillent ou qui vont y travailler au plus fort de la
saison. Donc, c'est très important effectivement pour Havre-Aubert et je
pense que notre décision de la donner en gestion a fait que le climat
semble beaucoup plus favorable là-bas et tout semble se dérouler
sous les meilleurs augures.
M. Garon: C'est 225 employés répartis dans deux
équipes, il me semble. Il y a deux équipes qui se
succèdent. Les gens ne travaillent pas seulement... À moins que
cela ait changé.
M. Dutil: Oui, c'est deux équipes. M. Garon: C'est
deux équipes de 225.
M. Dutil: C'est au total et non pas...
M. Garon: Est-ce qu'il y a des espèces qui étaient
traitées à Crustacés des îles et qui sont maintenant
traitées à Madelipêche?
M. Dutil: Ce serait le contraire. Il y aurait un peu de morue qui
irait maintenant à Havre-Aubert.
M. Garon: Mais c'est une usine qui traite le homard, le
crabe.
M. Dutil: C'est pour le crabe, le homard et la morue, mais
surtout le crabe et le homard.
M. Garon: Combien y avait-il d'employés dans l'usine de
National Sea à Havre-Aubert et dans celle de Madelipêche qui ont
maintenant fusionné dans une seule usine?
M. Dutil: II y a deux usines. Ce sont deux entités qui
demeurent séparées.
M. Garon: Oui, mais c'est qu'à Havre-Aubert...
M. Dutil: Oui.
M. Garon: ...il y avait du traitement de crabe fait par
Madelipêche et il y en avait d'autre fait par National Sea.
M. Dutil: D'accord, oui.
M. Garon: Les deux ont été regroupées pour
faire une usine de Madelipêche à Cap-aux-Meules et une seule usine
à Havre-Aubert qui traite les espèces qui étaient à
Madelipêche et celles qui étaient à National Sea.
M. Dutil: Je n'ai pas l'information pour ce qui est de
l'époque de National Sea.
M. Garon: Je suis étonné quand vous dites 225
employés parce qu'il y en avait, si mon souvenir est bon, le double
à l'époque de National Sea. Je ne vois pas pourquoi on en
employerait moins qu'au moment où une grande partie des espèces
étaient expédiées par National Sea dans ses autres usines
des provinces maritimes. En 1985, lorsque les usines ont été
acquises de National Sea pour que tout le poisson y soit traité, les
projets de modernisation ont été modifiés pour tenir
compte du volume qui, auparavant, était expédié par
National Sea à partir de Grande-Entrée et de Havre-Aubert vers
ses autres usines des autres provinces. C'est pour cela que le projet de
Grande-Entrée a été augmenté
considérablement et celui de Havre-Aubert... Je ne comprendrais pas
qu'il y ait moins d'employés maintenant que lorsque National Sea
opérait, puisque tout le
poisson est traité aux îles. Il y a quelque chose qui ne
marche pas quand vous dites 225.
M. Dutil: II faut se rappeler qu'il y a eu, sous votre
gouvernement, une lettre d'intérêt public émise à
Pêcheries Gagnon-Turbide.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: À l'époque, vous avez émis une
lettre d'intérêt public à Pêcheries Gagnon-Turbide,
pour traiter le crabe. Est-ce qu'il n'y a pas une centaine d'employés
chez Gagnon-Turbide?
M. Garon: Mais non, Gagnon-Turbide le traitait
déjà. Ce n'était pas récent. C'est avant l'achat.
Cela s'est fait avant. D'ailleurs, il n'y avait pas eu une lettre
d'intérêt public dans ce temps-là. C'était
bâti.
M. Beaudin: Pour Gagnon-Turbide, il y avait des lettres
d'intérêt public à ce moment-là. Vous avez
émis une lettre d'intérêt public dans le cas de
Gagnon-Turbide.
M. Garon: Ils étaient bâtis.
M. Beaudin: Justement, à plus forte raison.
M. Garon: Ils se sont bâtis sans autorisation à ce
moment-là.
M. Dutil: Je pense qu'ils n'ont pas été en
concurrence avec National Sea. Ces deux usines, Norpro et Gagnon-Turbide, ont
une centaine d'employés chacune.
M. Garon: Mais ils n'ont pas été bâtis... Ils
n'utilisaient pas les ressources qui étaient à National Sea
antérieurement.
M. Dutil: La ressource n'a pas augmenté aux
îles-de-la-Madeleine à ma connaissance, certainement pas dans le
homard. Je ne crois pas que ce soit le cas des autres espèces tellement
non plus.
M. Garon: Mais Gagnon-Turbide s'est bâti, il y a un certain
nombre d'années. Si ma mémoire est bonne, c'est un cas qui avait
été réglé, mais ils se sont bâtis sans avoir
reçu de lettre d'intérêt public. M. Ducharme est...
Une voix: Ils ont été condamnés.
M. Garon: II y a eu des poursuites, même, qui ont
été prises contre Gagnon-Turbide. Pardon?
Une voix: Ils ont été condamnés.
M. Garon: Ils se sont bâtis comme on bâtissait, dans
ce temps-là, sur le territoire... Personne ne demandait la permission
à personne. Tout le monde marchait comme s'il n'y avait rien, comme s'il
n'y avait pas de loi. Il ne faudrait pas... C'est cela, ils ont
été poursuivis.
M. Dutil: Moi, je ne veux pas dire qu'ils ont construit avec ou
sans permis, à l'époque... Ils ont, finalement, obtenu leur
lettre d'intérêt public, sauf qu'ils ont finalement pris une
certaine place, ils ont grossi, ils ont pris une certaine place qui
était occupée par d'autres et il y a...
M. Garon: C'est qu'il n'y avait aucune règle. Dans le
domaine des pêches, vous savez que le Québec n'administrait
même pas ses permis, c'est le fédéra! qui administrait les
permis du Québec. C'est le fédéral qui donnait les permis.
Alors, c'est justement parce qu'il n'y avait aucune règle que cela
marchait n'importe comment. Il a fallu commencer par mettre un cadre. Dans ce
cadre-là, dans la période transitoire, Gagnon-Turbide s'est
installé. Mais il y a eu des démarches. Je pense bien que M.
Ducharme, qui est au courant de ce qui s'est passé dans ce
temps-là, se le rappelle, sans doute, plus que moi parce qu'il a
continué à suivre le dossier, une fois que j'étais parti.
Je n'étais plus au dossier, comme vous dites, les cordeaux changent de
main, mais je ne voudrais pas être accusé, par exemple, d'avoir
donné des autorisations pour la construction d'usines qui se sont
bâties sans autorisation ou sans qu'il y ait eu de permis.
M. Dutil: D'accord. Il y a un autre aspect qui est important. On
va avoir l'occasion d'en discuter, sûrement lors de l'examen du projet de
loi...
M. Garon: Ce que je voudrais vous dire, c'est qu'il y avait
beaucoup d'employés à National Sea, je ne me rappelle pas le
nombre exact, il me semble que c'était autour de 500. Quand on a
rencontré les gens des Iles, ils pensaient que National Sea, ayant
été acquise par le gouvernement... National Sea ne voulait pas
moderniser parce que l'entreprise était en difficulté
financière. L'entreprise a perdu plusieurs millions de dollars cette
année-là. Beaucoup de personnes pensaient perdre leur emploi dans
la rationalisation. Il n'y a pas eu de perte d'emploi, au contraire. Il y a eu,
je pense, des engagements additionnels parce qu'on a réalisé,
après l'avoir acquise, qu'une grande partie du poisson
pêché aux îles et débarqué à National
Sea s'en allait se faire traiter dans les autres provinces. Et en le traitant
au Québec, il y avait création de plusieurs
emplois; même en rationalisant, il n'y avait pas de perte
d'emploi.
M. Dutil: Je pense que nos opinions convergent sur le fait qu'il
est nécessaire d'avoir le plus de transformation possible de nos
produits au Québec. Demain, justement, j'espère que cela va
converger, au cours de l'étude du projet de loi. Cela va nous rassurer
davantage. Ce que je voulais ajouter, tout à l'heure, M. le
Président, c'est que les...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député.
M. Dutil: ...et ce sera l'objet de discussions, également,
c'est que dans certains produits les consommateurs ont, peut-être,
changé d'habitude. Il semble qu'on faisait beaucoup plus de conserves de
homard dans le passé qu'aujourd'hui; aujourd'hui, on vend beaucoup plus
de homard frais. C'est certainement un des aspects qui peuvent modifier le
nombre d'emplois.
Par contre, il y a six ou sept ans, il n'y avait pas de crabe et,
aujourd'hui, on vend beaucoup de crabe. Je pense que ce sont des ajustements
qu'il faut faire en tenant compte des marchés. La loi, d'ailleurs, qu'on
va discuter demain devra tenir compte de ces aspects en ce qui concerne le
consommateur. Par contre, j'abonde entièrement dans le sens du
député de Lévis qui dit qu'il est souhaitable que la
transformation de nos produits débarqués au Québec se
fasse au Québec.
M. Garon: Mais je ferai remarquer que les propos du ministre sur
la loi 38 ne s'ajustent pas aux propos que tenait le premier ministre ce matin
quand il parlait du Soleil, ou d'UniMédia en soulignant que, si on
voulait être capable d'aller transiger ailleurs, il fallait être
capable de vendre ici et que, si l'on mettait des barrières ici, on en
aurait ailleurs. Je remarque que la loi que le ministre va nous
présenter à la commission parlementaire demain - je ne sais pas
si le premier ministre l'a vue - est complètement incohérente
avec les propos qu'il a tenus ce matin. C'est même incohérent avec
les propos du ministre des Communications lorsqu'il parlait de M.
Péladeau qui s'en va aux États-Unis, en mentionnant que, si on
barrait les Américains quand ils viennent acheter ici, quand ils
viennent faire des transactions ici, on serait barrés aux
États-Unis.
Le premier ministre et le ministre des Communications sont
complètement à l'opposé de ce que dit le ministre
délégué aux Pêcheries, actuellement, concernant le
dynamisme de nos entreprises. Moi, je ne vois pas pourquoi un entrepreneur
québécois n'est pas capable de payer le poisson le même
prix qu'un Américain qui vient ici, le chercher en camion à
partir des États-Unis ou, encore, que quelqu'un du Nouveau-Brunswick.
Vous savez le Nouveau-Brunswick, le pauvre Nouveau-Brunswick... Un groupe du
Nouveau-Brunswick, les capitalistes du Nouveau-Brunswick viendraient
écraser les capitalistes du Québec? Ou bien encore, j'imagine que
des capitalistes de l'Île-du-Prince-Édouard viendront faire peur
aux chefs d'entreprise du Québec et qu'il faudrait, alors, les
empêcher, ces matamores de l'Île-du-Prince-Édouard et du
Nouveau-Brunswick, de venir nous enfoncer dans notre propre territoire, sur nos
propres quais. Je pense que le ministre a une peur qui n'est pas normale. Il
n'a pas confiance en nos hommes d'affaires, il n'a pas confiance dans ces gens
dynamiques qui peuvent payer sûrement un aussi bon prix que les
Américains pour le plus grand bénéfice du territoire
maritime, de nos pêcheurs et de leurs familles. J'aimerais demander au
ministre quand le nouveau programme d'aquaculture va être annoncé.
De plus, depuis quand n'applique-t-il plus le programme qu'il y avait
déjà dans le domaine de l'aquaculture pour les fins
d'élevage de la truite, du saumon et des moules?
M. Dutil: Quant au projet de la loi, je pense que la distinction
majeure qu'il faudrait faire... Je voudrais revenir là-dessus, M. le
Président, sans aller plus en profondeur puisque demain nous en
parlerons de nouveau. Mais puisque nous parlons de normalisation, aussi bien
parler un peu du projet de loi pour équilibrer les choses, demain. Je
pense que la distinction fondamentale qu'il y a quand on parle de libre
marché, de libre entreprise, c'est qu'il y a une certaine protection
accordée aux pêcheurs. C'est tout à fait légitime et
normal. Si on ne le faisait pas, on se rendrait rapidement compte des
problèmes de ressources que cela causerait. Cela s'appelle un permis de
pêche. Tout le monde ne peut pas avoir un permis de pêche au
Québec pour aller pêcher du crabe, du homard ou du saumon. Je
pense que cela n'est remis en question par personne bien que cela soit un frein
à ce que l'on pourrait appeler la libre entreprise. La raison en est la
protection de la ressource. De ce côté, c'est légitime. Ce
que nous demandons aux gens qui ont le privilège d'avoir un permis c'est
de rendre la pareille à leurs concitoyens et d'aider au
développement économique de leur région en
débarquant le produit, en le faisant transformer au Québec. On ne
dit pas qu'ils ne peuvent pas l'exporter, pas du tout, ils pourront le faire.
Ce que nous disons, c'est qu'avant de l'exporter à des usines de
transformation ailleurs ils l'amènent donc à des usines de
transformation du Québec pour obtenir le même produit qui, lui,
sera vendu
avec ta valeur ajoutée par d'autres gens, par des
Québécois des Îles-de-la-Madeleine, de la Gaspésie
ou de la Côte-Nord. Cette petite parenthèse étant faite, en
ce qui concerne le programme d'aquaculture, je prévois que son
acceptation sera chose faite ce mois-ci ou le mois prochain. L'autre question
concernait la date d'abandon...
M. Garon: Quel mois? M. Dutil: Juin ou juillet.
M. Garon: Si le programme est annoncé en juillet, il va
être opérationnel à partir de quand?
M. Dutil: On ne prévoit pas de période très
longue pour la mise en opération. Ce que l'on souhaiterait c'est que,
dès le mois de juin, cela soit opérationnel. Les normes et
critères sont à l'étude.
M. Garon: En attendant, l'ancien programme ne fonctionne plus
depuis quand? Les subventions aux piscicultures ou aux...
M. Dutil: Le programme n'a pas été reconduit cette
année. Si l'on parle de dates on parle du 1er avril, la date de la
nouvelle année financière du gouvernement.
M. Garon: L'an dernier, quel était le budget prévu
pour le programme des piscicultures?
M. Dutil: 380 000 $.
M. Garon: Et combien a été utilisé
là-dessus?
M. Dutil: 380 000 $.
M. Garon: Tout a été utilisé. Maintenant,
combien y avait-il eu de nouvelles piscicultures au total et dans quelles
espèces?
(17 h 45)
M. Dutil: Surtout pour la truite mouchetée et la truite
arc-en-ciel, en vue de l'ensemencement ou de la pêche dans l'étang
même.
M. Garon: Est-ce que vous avez...
M. Dutil: Le nombre? Je n'ai pas le nombre. Il y en a dix pour la
truite...
M. Garon: Pour le saumon et pour les moules, est-ce qu'il y en
avait?
M. Dutil: II n'y en a pas eu pour le saumon.
M. Garon: Le projet, pour le saumon de Carleton, a
été fait autrement. Je suppose que c'est un projet ad hoc.
M. Dutil: Oui. Le projet de Carleton a été
présenté comme un projet ad hoc au Conseil du trésor,
comme on en avait discuté lors de l'étude des engagements
financiers. Ce n'était pas à l'intérieur de notre
programme. Il y a eu 25 bénéficiaires au total. Il y en a eu
treize pour les moules et douze pour les truites.
M. Garon: Treize moules, douze truites?
M. Dutil: C'est cela.
M. Garon: Bon. C'est pas mal, pour les moules, treize moules. Les
treize aux îles?
M. Dutil: La plupart étaient aux Iles. Quatre sur les
treize ont été faits à l'extérieur des
îles.
M. Garon: Où?
M. Dutil: Dans la baie des Chaleurs.
M. Garon: Bon. Maintenant, dans l'élément 2,
combien de crédits ont été périmés sur les
20 000 000 $, en 1986-1987?
M. Dutil: 2 755 000 $.
M. Garon: Combien?
M. Dutil: 2 755 000 $.
M. Garon: Dans les documents qu'on nous a fait parvenir, on avait
indiqué 4 770 000 $.
M. Dutil: 1 915 000 $ ont été versés pour
Madelipêche. C'est-à-dire que Made-lipêche devait au
gouvernement du Québec un prêt qui devait être
remboursé sur ses profits éventuels. On connaît l'histoire
de la rentabilité de Madelipêche. Le gouvernement a oublié
ce montant de 1 900 000 $.
M. Garon: Qu'avez-vous fait avec l'argent? Est-ce que vous l'avez
versé à Madelipêche ou au gouvernement?
M. Dutil: À Madelipêche. En fait, cet argent
était déjà dans Madelipêche, sauf qu'il était
sous forme de prêt. On l'a transformé en subvention, en
dépenses.
M. Garon: Pour enlever les paiements à faire à
Madelipêche. Donc, ce n'est plus 23 000 000 $, c'est 2 000 000 $ de
moins.
M. Dutil: Non. Les pertes accumulées... Ce qui est
soulevé ici est un facteur important. On n'a pas réduit le prix
de 1 915 000 $, c'est cela qu'il faut
comprendre.
M. Garon: Pardon?
M. Dutil: On n'a pas réduit le prix de Madelipêche
de 1 915 000 $, si c'est cela, votre question.
M. Garon: Vous avez rayé une dette de Madelipêche de
1 900 000 $ environ. Mais vous disiez tantôt que si vous vendez votre
maison 2000 $ cash, votre solde d'hypothèque sera de 23 000 $. Si vous
enlevez du solde de l'hypothèque 1900 $ environ, près de 2000 $,
cela vient réduire le prix de la transaction.
M. Dutil: Vous avez parfaitement raison, sauf sur un aspect. On
avait une maison qui valait 25 000 $ et on avait 39 000 $ d'emprunt.
M. Garon: Non, non.
M. Dutil: 37 000 $ d'emprunt.
M. Garon: Non, non.
M. Dutil: II y avait 12 000 000 $ de pertes à
Madelipêche.
M. Garon: Non, ce n'est pas possible parce qu'à
Madelipêche ce sont toutes des choses qui ont été
construites récemment. On sait les coûts de construction de
l'usine de Madelipêche. Cela ne peut pas être amorti, cela vient
d'être construit.
M. Dutil: Je parle des pertes.
M. Garon: Les bateaux ont été modernisés, il
y a eu des travaux, ['agrandissements des bâtiments, ce sont des
investissements qui viennent de se faire. Il ne peut plus y avoir beaucoup
d'amortissements là-dessus.
M. Dutil: Je ne parle pas des amortissements, je parle des pertes
d'opération de Madelipêche. Les pertes d'opération
accumulées pour Madelipêche sont de l'ordre de 11 000 000 $ ou 12
000 000 $. Je comprends qu'on sourcille, M. le Président. C'est un
montant qui est énorme pour le peu d'années d'opération de
Madelipêche.
M. Garon: Combien avez-vous dit pour les pertes
d'opération?
M. Dutil: 11 000 000 $ ou 12 000 000 $.
M. Garon: Non, non, non.
M. Dutil: Je pourrais vous trouver les chiffres exacts.
M. Garon: Ce n'est pas cela.
M. Dutil: Vous ne me croyez pas?
M. Garon: Non.
M. Dutil: Je pourrais vous donner l'information très
précise demain en même temps, cela va prendre deux secondes.
M. Garon: Facilement. Vous pouvez même mettre la
cédule, parce que j'ai déjà préparé les
documents en 1985. L'Opposition du temps l'avait demandé pour tous les
montants qui avaient été payés pour Madelipêche. On
avait fait la liste, M. Abgral qui est là sait à quel point
j'avais fait recommencer souvent la liste afin qu'elle soit complète.
C'était une demande des députés libéraux,
l'Opposition du temps. On avait fait la liste au complet de tous les montants
qui avaient été payés pour Madelipêche, sous quelque
forme que ce soit.
J'aimerais demander au ministre s'il peut nous faire le
dépôt, aujourd'hui ou demain, de l'entente d'harmonisation qu'il a
signée avec le fédéral concernant l'aquaculture. Il doit
s'agir d'une entente publique.
M. Dutil: Que je vais signer. J'ai annoncé que nous
allions signer éventuellement une entente avec le fédéral
et que les termes en seraient connus à ce moment-là.
M. Garon: Vous nous avez parlé de deux affaires sur une
entente de 35 000 000 $.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Jusqu'à quand, 1991? Celle-là, j'ai
compris qu'elle n'était pas encore signée.
M. Dutil: Oui.
M. Garon: Mais l'entente d'harmonisation avec le
fédéral sur l'aquaculture pour faire un guichet unique, j'ai
compris que c'était signé.
M. Dutil: Non.
M. Garon: Non plus?
M. Dutil: Si j'ai dit cela, c'est par erreur. Elle n'est pas
signée, elle sera signée éventuellement. C'est dans nos
projets pour bientôt également.
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie du programme
complet pour le financement actuel des bateaux, le nouveau
programme? On dit qu'il comporte un volet de subvention sur les
intérêts et un volet de subvention sur la construction.
M. Dutil: Subvention d'intérêt seulement. Il n'y a
plus de subvention comme telle.
M. Garon: II n'y a aucune subvention sur la construction?
M. Dutil: Non. C'est un rabais d'intérêt. Oui, on
pourra fournir le programme au député de Lévis. Mais,
rapidement, pour l'expliquer: il n'y a plus de subvention du tout. C'est un
rabais d'intérêt qui varie en fonction des espèces et qui
dure un certain nombre d'années, en plus du rabais qui existait
déjà. On a fait des équivalences en valeur
actualisée de ce que cela pourrait représenter. Un des points -
ce n'était pas le seul, mais c'était un des points - venait du
fait que le gouvernement fédéral avait changé sa formule
pour le crédit d'impôt à l'investissement. Il n'accordait
plus ce crédit d'impôt à l'investissement sur les
subventions. Il soustrayait la subvention de l'investissement avant d'accorder
son crédit d'impôt. Actuellement, le gouvernement
fédéral accorde le crédit d'impôt sur l'ensemble de
l'investissement puisqu'il n'y a plus de subventions. Ce n'est plus qu'un
rabais d'intérêt.
M. Garon: J'ai lu dans les journaux qu'il y avait moins de permis
de pêche émis au Québec que dans les années
antérieures. Est-ce que le ministre s'est assuré que le
gouvernement fédéral réémette tous les permis qui
ont été émis au Québec? Est-ce qu'il maintient les
permis inactifs qu'il ne réémet pas, diminuant ainsi la
capacité de pêche du Québec? Ils ont déjà
fait cela. Cela avait été un grand débat puisque M.
Art-May, qui a été limogé par M. Neilson -c'est sans doute
une des plus grandes réalisations de M. Neilson comme sous-ministre des
pêches - avait la mauvaise habitude d'émettre tous les permis
à Terre-Neuve, d'émettre tous les permis en Nouvelle-Ecosse et de
garder des permis inactifs au Nouveau-Brunswick, mais d'en garder beaucoup plus
au Québec, et en arriver finalement à un gel des permis. Il ne
gelait rien à Terre-Neuve, il ne gelait rien en Nouvelle-Écosse,
mais il avait gelé - c'est avant que j'arrive aux pêches - un
certain nombre de permis qui sont disparus au Nouveau-Brunswick, mais un bien
plus grand nombre au Québec, soit environ 74 permis, diminuant ainsi la
capacité de pêche. J'ai vu dans les journaux qu'il y avait moins
de permis de pêche au Québec qu'antérieurement. J'aimerais
savoir si le ministre s'est assuré que le gouvernement
fédéral réémettàit les permis de ceux qui
cessaient de les demander ou s'il les faisait disparaître, et, si c'est
le cas, a-t-il regardé si tout cela a été fait sur la
même base, à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse, au
Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Édouard et au
Québec?
M. Dutil: Alors, je pense que l'expérience du passé
sert toujours. On fait là-dessus une surveillance importante. On me dit
que le gouvernement fédéral a l'intention de présenter un
livre blanc sur sa politique d'émission de permis. Maintenant, comme
vous le savez sans doute, le problème des pêches dans le golfe, on
est cinq provinces en compétition les unes avec les autres, est un
problème qui devient de plus en plus crucial. Je me prépare
à discuter fermement avec le ministre fédéral des
pêches - je pense que les autres provinces feront de même - pour
trouver une solution et éviter que cette chose ne se perpétue. Ce
qui se passe actuellement est relativement facile à comprendre. Chaque
province a un programme de subvention pour renouveler sa flotte. Chaque fois
que le bateau est renouvelé, il est beaucoup plus performant pour le
même permis et, donc, fait ses prises plus rapidement qu'il ne le faisait
dans le passé, ce qui cause des problèmes de longueur de saison
de pêche. Il y a certainement un travail fort important qui
éliminerait cette problématique, si on fonctionnait sous forme de
quotas dits régionaux ou par flotte, ou même par quota individuel.
Je pense qu'il y a plusieurs solutions qui pourraient être
envisagées...
M. Garon: Oui.
M. Dutil: ...pour en arriver à éliminer le risque
que soulève le député de Lévis, à savoir
qu'on risquerait de perdre éventuellement des permis, donc, de ne plus
être dans la compétition. Il faut aussi éliminer la
féroce compétition entre les provinces qui injectent des sommes
considérables dans leur programme de bateaux pour rester
compétitifs, pour avoir la meilleure flotte possible, donc, pour aller
chercher leur part, ce qu'elles font de plus en plus rapidement.
M. Garon: Ce à quoi je faisais allusion, c'est que le
Québec, avant la zone de 200 milles, avant la baisse des prises à
partir de 1970 ou 1971, prises qui ont baissé de façon
draconienne, a péché jusqu'à 125 000 tonnes. Les deux
provinces, Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, semblent les deux seules
provinces où existe l'industrie des pêches pour le
fédéral. Il est prêt à en donner un peu au
Nouveau-Brunswick, mais à condition que l'empiétement se fasse
sur le dos du Québec. Le Québec n'a jamais
récupéré la capacité de pêche qu'il avait
avant la baisse de 1970-1971, parce que le stock a baissé,
les flottes étrangères pêchaient et tout cela. Le
Québec avait atteint un certain niveau à ce moment-là,
qu'il n'a jamais récupéré, alors que les provinces de
Terre-Neuve et de Nouvelle-Écosse ont dépassé
considérablement des niveaux qu'elles n'avaient jamais atteints avant la
baisse des années soixante-dix. C'est cela qui a amené le Canada
à être le pays qui a principalement revendiqué le
prolongement de la limite territoriale de 12 à 200 milles.
Dans le partage des ressources, on sait qu'aux pêches, à
Ottawa ce sont les gens de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse qui
dominent le ministère, tout autant que ce sont les gens de l'Ouest qui
dominent celui de l'agriculture. Au point de vue des quotas, le Québec,
malheureusement, n'a pas été très bien traité, je
le regrette, par deux francophones, Roméo LeBlanc et Pierre De
Bané, qui se sont plus organisés pour nous organiser que pour
nous aider, et ce, à l'avantage de Terre-Neuve et de la
Nouvelle-Écosse, M. LeBlanc essayant, en passant, d'en
écrémer un peu pour le Nouveau-Brunswick.
Alors, j'aimerais, en terminant, demander au ministre s'il peut,
aujourd'hui ou demain, je pense bien demain, nous donner la liste des
pêcheurs qui ont fait construire des bateaux - vous avez parlé de
18 en 1986 - et la liste des bateaux pour 1986, la longueur de chaque bateau et
la date d'engagement du ministère à leur endroit - quand je dis
la date d'engagement, que ce soit sous forme de lettre d'offre ou autrement. La
même chose, si c'est possible, pour 1987, avec, à
côté, l'endroit où a été construit le bateau
en 1986, de même que l'endroit où doit être construit le
bateau en 1987.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, mesdames et
messieurs...
M. Garon: Attendez un peu, je n'ai pas eu la réponse.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ...nous sommes
rendus à la fin...
M. Garon: Est-ce que c'est possible?
M. Dutil: On ne pourra sans doute pas fournir toutes ces
informations demain. Ce que je suggère, c'est qu'on fournisse...
M. Garon: Je suis persuadé qu'ils ont déjà
les listes.
M. Dutil: ...ce dont on dispose, et s'il en manque, on vous les
fournira aux prochains engagements financiers, parce que les bateaux reviennent
régulièrement aux engagements financiers. S'il manque des
informations...
M. Garon: C'est parce qu'aux engagements financiers je ne pourrai
pas vous demander cela comme tel. On va étudier un engagement
particulier tandis qu'à l'étude des crédits... Autrement,
je vais allez à l'encontre du règlement si j'en parle à ce
moment-là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous pourrez le
demander. Cela ne changera pas grand-chose. Aux engagements financiers, on peut
le demander aussi.
M. Dutil: II n'y a pas de problème. Il suffit de faire la
collecte de toute l'information. On vous fournira celle qu'on aura sur le
programme de bateaux.
Adoption des crédits
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je
reviens à la question du programme 10. Est-ce que le programme 10 est
adopté?
M. Garon: II est adopté, mais on le trouve bien petit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Est-ce que l'ensemble des programmes, de 1 à 10, est adopté?
M. Garon: Adopté, mais, encore là, on trouve qu'il
n'y en a pas assez.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Messieurs...
M. Garon: Je voudrais, en terminant, M. le Président,
souligner que j'ai déploré l'absence du député de
Îles-de-la-Madeleine. J'aurais pensé qu'il serait venu faire un
tour, mais on ne l'a pas vu du tout à l'étude des crédits
du ministère des pêches. Il me semble...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est à
['encontre du règlement.
M. Garon: ...que cela aurait dû l'intéresser.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est à
rencontre du règlement parce qu'il fait partie aussi d'autres
commissions. Alors, il ne peut pas se diviser en deux.
M. Beaudin: En l'absence du député des
Îles-de-la-Madeleine, je veux me porter à sa défense parce
que le député des Îles-de-la-Madeleine appartient à
une autre commission depuis peu et, cet après-midi, le
député des Îles-de-la-Madeleine est absent du parlement
pour des raisons de services à ses électeurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela étant,
maintenant, mesdames et messieurs, nous ajournons la commission sine die.
Merci.
(Fin de la séance à 18 h 2)