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Quinze heures six minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation est réunie pour étudier les crédits, pour
l'année 1982-1983, du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis),
M. Houde (Berthier), M. Lévesgue (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Picotte (Maskinongé).
Les intervenants sont: M. Blouin (Rousseau), Mme Juneau (Johnson), M.
Lachance (Bellechasse), M. LeMay (Gaspé), M|. Levesque (Bonaventure), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Vaillancourt (Orford), et M. Vallières
(Richmond).
Est-ce qu'il y a un rapporteur?
M. Beauséjour: Le député de
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Boucher): M. Dupré.
Avant de débuter, est-ce qu'on pourrait s'entendre sur la
façon d'étudier les crédits? Est-ce qu'il y a des
propositions sur la façon d'étudier les crédits, à
savoir est-ce qu'on les étudie programme par programme ou si on les
étudie en bloc et qu'on les approuve à la fin, comme cela se fait
dans certaines commissions?
M. le député de Beauce-Sud.
Organisation du travail de la commission
M. Mathieu: M. le Président, vous me permettrez sans doute
de soulever une question de règlement avant d'avoir à en soulever
dix. J'aimerais bien qu'on connaisse, avant de partir, les règles du jeu
exactes. Je ne voudrais pas qu'il arrive ce qui est arrivé
l'année passée, qu'on ait droit à une homélie d'une
heure et demie du ministre, parce que c'est un temps privilégié
réservé à l'Opposition, l'étude des crédits.
Nous voulons être équitables pour le ministre et qu'on le soit
également pour nous-mêmes.
Normalement, en commission parlementaire, le droit de parole est de 20
minutes. Alors, il nous semblerait qu'on pourrait donner 20 à 30 minutes
au ministre; ensuite, on pourrait avoir 20 minutes de notre côté.
Après, nous pourrions engager le dialogue, si cela vous convient.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Sur la question de règlement, il y a une chose
que je n'aime pas et ce n'est pas la première fois que je l'entends.
C'est lorsqu'on dit que la commission parlementaire sur l'étude des
crédits est un temps privilégié réservé
à l'Opposition. Sur cette partie, je ne suis pas d'accord, parce que
c'est un temps privilégié réservé à
l'ensemble des députés, aussi bien les députés au
pouvoir, pour qu'ils puissent poser des questions sur l'orientation et les
dépenses d'un ministère. Ce n'est pas un temps
privilégié réservé uniquement à
l'Opposition. Théoriquement parlant, on a aussi le droit de poser des
questions.
M. Mathieu: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je suis d'accord avec le député de
Champlain, mon collègue, pour qu'ils posent toutes les questions qu'ils
voudront, lui et ses collègues du Parti québécois. Mais je
ne voudrais pas que chacun y aille de son petit laïus de 20 minutes, par
exemple. Si jamais cela arrive, soyez sûr que nous nous y opposerons. Que
chacun puisse poser les questions qui lui vont, je suis entièrement
d'accord, nous sommes ici pour cela.
Le Président (M. Boucher): Comme vous l'avez dit, M. le
député de Beauce-Sud, le temps est de 20 minutes chacun. S'ils
veulent l'utiliser, ils peuvent l'utiliser.
M. Mathieu: M. le Président, je vous le dis, si chacun des
députés au pouvoir se met à prendre ses 20 minutes, nous
allons nous y opposer.
M. Gagnon: M. le Président, sur cette question, j'aimerais
bien que vous donniez la directive. J'ai aussi eu l'occasion de
présider
des commissions parlementaires et vous me direz si je suis dans l'erreur
en disant que chaque député a le droit de prendre la parole et de
parler 20 minutes. Il n'y a pas d'opposition dans ce sens-là, on
applique tout simplement le règlement. Si, moi, j'ai des questions
à poser, j'ai droit à 20 minutes. C'est dans ce sens qu'on
négocie un certain nombre d'heures pour faire l'étude des
crédits. Je pense qu'on dispose d'une quinzaine d'heures à cette
commission. Si j'ai des questions à poser pendant 20 minutes -je n'en
aurai peut-être pas - je ne voudrais pas que quelqu'un m'enlève le
droit de parole, parce que j'ai droit aussi à 20 minutes.
M. Mathieu: M. le Président, je vous dis que mes remarques
sont faites et je n'entends pas que l'Opposition soit frustrée du temps
auquel elle a droit. Les députés ministériels ont tout le
temps qu'il faut pour poser toutes les questions plantées qu'ils
veulent; ils ont l'Assemblée nationale et tout ce que vous voudrez.
Qu'ils posent des questions ponctuelles, je ne vois pas d'inconvénient
à cela. En ce qui concerne les discours de 20 minutes chacun, soyez
sûr que, si cela arrive, vous allez être boycotté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, j'essaierai de faire appliquer le règlement comme il se doit
durant une commission parlementaire. M. le député de
Berthier.
M. Houde: Je voudrais savoir combien d'heures a la
commission.
Le Président (M. Boucher): Ce sont quinze heures, je
crois.
M. Houde: Merci, c'est pour le savoir parce que...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le ministre.
M. Garon: Oui, de fait, le parti ministériel a mis quinze
heures pour la commission des crédits de l'Agriculture. C'est le
ministère qui a le plus d'heures affectées aux crédits,
justement pour que les gens puissent parler librement. Évidemment, comme
le député de Beauce-Sud n'a pas posé beaucoup de questions
au cours des six derniers mois, il y a eu moins de débats en Chambre. Un
peu pour compenser ce manque d'information qu'il a pu y avoir à cause du
petit nombre de questions du député de Beauce-Sud en Chambre, on
a dévolu quinze heures au ministère de l'Agriculture en
commission parlementaire. Cela veut dire que c'est le ministère qui a le
plus d'heures. On me dit que le ministère de l'Éducation a treize
heures, le ministère des Affaires sociales, quatorze heures et le
ministère de l'Agriculture, quinze heures. Cela va dans l'ordre des
priorités du gouvernement qui a démontré que la base du
développement économique au Québec, c'était
l'agriculture, le secteur agro-alimentaire. Et il le manifeste non seulement
par son programme législatif qui est le plus important au début
de cette année, par son budget qui a augmenté de 20%, mais aussi
par le nombre d'heures qu'il lui consacre en commission parlementaire.
M. Mathieu: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Le ministre vient encore de faire croire à la
population qu'il y a eu quatre questions de posées et que nous ne posons
pas de questions à l'Assemblée nationale. J'entends corriger cela
immédiatement. D'abord, nous sommes huit membres de la mission agricole.
Il y a le responsable, moi-même, et les autres députés qui
posent des questions à l'Assemblée nationale. Nous avons
également des questions à poser à d'autres ministres,
celui des Transports, celui de l'Énergie et des Ressources ou d'autres,
sans compter que ce matin, j'avais une question à poser au ministre et
il n'était pas là. Souvent, j'aurais eu des questions à
poser au ministre et il n'était pas là.
M. Garon: Question de privilège.
M. Mathieu: II n'y a pas de question de privilège ici, M.
le ministre.
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Mathieu: Je finis la mienne. Je veux vous dire que...
M. Garon: Question de règlement.
M. Mathieu: Je suis sur une question de règlement.
M. Garon: Vous venez d'affirmer une fausseté. Ce matin,
j'ai déposé quatre lois, j'étais présent donc,
dès le commencement de la période des questions.
M. Mathieu: Pendant la période des questions, où
étiez-vous?
M. Garon: J'étais là tout le temps.
M. Mathieu: Ben! Non, vous n'étiez certainement pas
à votre banquette.
M. Garon: Ben! voyons!
M. Mathieu: Vous n'êtes pas invisible, pourtant.
M. Garon: Non, non. J'ai été demandé au
téléphone. Si vous posez votre question, je reviens en Chambre,
mais vous n'en avez pas, de questions à poser.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, revenons
aux crédits; s'il vous plaît!
M. Mathieu: Ce n'est pas vrai de dire qu'il y a eu quatre
questions de posées, ce n'est pas vrai; je veux rectifier, ce n'est pas
vrai.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, nous sommes réunis pour étudier les
crédits.
M. Garon: Neuf.
M. Mathieu: On les connaît, vos questions
plantées.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes réunis pour
étudier les crédits, je demanderais la collaboration des membres
de la commission pour qu'on y vienne le plus rapidement possible. Pour les
commentaires préliminaires, on s'entend pour que cela ne dépasse
pas 20 minutes.
Une voix: D'accord.
M. Gagnon: Très bien, M. le Président, je ne
voudrais pas qu'on invente un nouveau règlement. C'est pour cela que je
ne voulais pas laisser passer le commentaire du député de
Beauce-Sud, lorsqu'il vous a dit: S'ils prennent leurs 20 minutes, nous allons
réagir, nous allons boycotter. Je voudrais que vous me disiez, M. le
Président, si j'ai droit, comme membre de la commission, à 20
minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, je ferai appliquer le règlement comme cela se fait dans les
commissions parlementaires. Ma réponse a été donnée
là-dessus.
M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, pour les
commentaires préliminaires.
Exposés généraux M. Jean
Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
Beauce-Sud disait tantôt que d'autres députés du Parti
libéral ont posé des questions; de fait, oui, il y a eu quatre
autres questions à l'exception des quatre qu'il a posées, ce qui
fait huit au total, à partir du mois de novembre, c'est-à-dire
dans six mois.
M. Mathieu: Sans compter les fois où vous n'étiez
pas là.
M. Garon: Non, il y a eu exactement huit questions. Vous pouvez
demander un relevé impartial aux officiers. D'ailleurs, j'ai
demandé aux gens de l'Assemblée nationale de faire un
relevé des questions. Ce sont huit questions. Le parti
ministériel a posé neuf questions dans la même
période de temps ce qui démontre l'intérêt.
Même si on dit que la période des questions est un temps
privilégié réservé à l'Opposition, encore si
elle s'en servait pour poser des questions dans le secteur agricole et
démontrer son intérêt. (15 h 15)
M. Dubois: Si on pouvait avoir des réponses, on en
poserait plus souvent.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: C'est évident que l'Opposition essaie, un peu
comme les joueurs de hockey autrefois essayaient d'embarquer sur le dos de
Maurice Richard pour se faire traîner, de se faire traîner sur la
glace parce qu'elle a des problèmes.
Alors, je vais aller rapidement, M. le Président, dans le message
d'ouverture. Les dépenses totales du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation sont passées de 347 000 000 $
en 1980-1981 à 375 000 000 $ en 1981-1982 et, en 1982-1983, elles
devraient être de quelque 468 000 000 $, presque 469 000 000 $. Il n'y a
donc pas eu de baisse de dépenses, de coupures budgétaires, comme
certains l'ont prétendu. Et je souhaite avoir des questions de la
commission parlementaire sur les années 1970 à 1982. J'ai les
chiffres ici, je pourrai comparer combien il y avait d'argent dans le temps des
libéraux et combien il y en a de dépensé aujourd'hui dans
le secteur agro-alimentaire.
Certaines critiques ont été cependant formulées
tendant à laisser croire que des coupures avaient été
faites dans certains programmes. Le programme Sol-Plus en particulier a fait
l'objet de telles remarques. Dans ce cas, comme dans celui d'autres programmes
de développement, ce qui s'est produit, c'est que la demande a
été très forte, plus élevée que celle
anticipée en début d'année. Les programmes
répondent tellement bien aux besoins que beaucoup de producteurs
désirent en bénéficier.
En ce qui concerne le programme Sol-
Plus, les modifications annoncées récemment vont permettre
de continuer et même d'accentuer les efforts entrepris. Pour les autres
programmes, les cas de producteurs en attente vont être
réglés cette année, l'appareil administratif
s'étant adapté au rythme de croissance des demandes. Dans
plusieurs cas, le fait d'attendre un peu permet au producteur de
compléter le dossier et de le mûrir davantage. Loin d'être
diminués, les budgets sont augmentés et le nombre de producteurs
qui en bénéficient augmente également.
L'aide du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation au secteur de l'agro-alimentaire et des pêches maritimes
repose d'abord sur l'aide financière, c'est-à-dire les paiements
de tranfert, les sommes qui sont touchées par les agriculteurs
eux-mêmes ou encore par les industriels du secteur alimentaire.
L'importance des paiements de transfert dans les dépenses du
ministère n'a cessé de croître passant de 219 800 000 $ en
1980-1981 à 241 300 000 $ en 1981-1982 et à 311 700 000 $ en
1982-1983, selon les prévisions.
La part relative des dépenses de transfert dans les
dépenses totales se situe maintenant à plus de 60% des
dépenses totales. Au cours du dernier exercice financier, 63,3% du
budget du ministère allaient aux agriculteurs sous forme de paiements de
transfert, tandis que cette proportion n'était que de 47,1% en
1976-1977. L'action du ministère devient donc de plus en plus
directement axée sur les besoins des agents économiques du
secteur. Les principaux programmes d'aide directe aux producteurs agricoles
sont le financement agricole avec 90 828 000 $ en 1981-1982 et 136 698 000 $ en
1982-1983; l'aide à la production agricole, 75 682 000 $ en 1981-1982 et
83 327 000 $ en 1982-1983, et les assurances agricoles, 22 612 000 $ en
1981-1982 et 28 088 000 $ en 1982-1983. Il s'agit essentiellement de paiements
de transfert. En ce qui concerne l'aide à la commercialisation des
produits agro-alimentaires, les subventions passeront de 30 972 000 $ en
1981-1982 à 31 903 000 $ en 1982-1983.
D'autres programmes de paiements de transfert poursuivent d'autres
objectifs, comme le soutien à la recherche, le remboursement d'une
partie des taxes foncières et le développement des pêches
maritimes. Les efforts du ministère tendent de plus en plus à
favoriser l'aide directe aux agents économiques de façon à
leur laisser le plus de latitude possible plutôt que de favoriser un
encadrement rigide de type administratif et réglementaire.
L'importance des dépenses de fonctionnement a diminué de
façon importante depuis 1976-1977. En effet, cette
année-là, les dépenses de fonctionnement,
c'est-à-dire le paiement du personnel, étaient de 111 834 000 $
et représentaient 52,9% des dépenses totales contre 133 414 000 $
et 35,6% du total en 1981-1982. Cette proportion baissera encore au cours de
l'exercice financier 1982-1983, pour se situer à 33,6%, soit 157 000 000
$. Un effort important de rationalisation a donc été fait et il
va se poursuivre au cours de la prochaine année.
La rationalisation comporte deux aspects principaux. D'abord, la
politique du ministère de se concentrer sur les activités de
développement entraîne une révision de certaines
activités. C'est ainsi qu'au cours de la dernière année,
le ministère s'est départi de la propriété de 44
chevaux de race canadienne, ou plutôt québécoise, et n'aura
plus à assumer les coûts inhérents à leur entretien.
Une simplification des procédures administratives permet
également de diminuer les dépenses de fonctionnement, comme c'est
le cas avec le projet de loi visant à modifier la Loi sur les terres
publiques agricoles.
De plus en plus de gens viennent me voir à mon bureau, même
à mon bureau de comté, pour démontrer l'importance de ce
projet de loi qui va les rendre propriétaires. Hier après-midi,
quelqu'un est venu à mon bureau de comté pour me dire que, dans
une paroisse du comté de Bellechasse, à peu près personne
n'est propriétaire et que tous vont le devenir par cette loi. Les gens
ont hâte de voir les règlements appliqués. On m'a dit
qu'ils souhaitaient que ce soit fait. Ils ont dit: Surveillez cela
attentivement, M. Garon, pour qu'il ne se fasse pas de tour de passe-passe,
parce que ce sont des lots d'une valeur de 10 000 $ le lot qui seront
transférés et, parfois, ce sera pour 100 $, 150 $ et 200 $. On
m'a demandé de surveiller cela attentivement. J'ai dit: Oui, je vais
m'assurer de cela; non seulement cela, mais je songe à signer chacun des
décrets pour vérifier chacun des cas afin qu'il n'y ait pas de
"gimmickage".
M. Mathieu: Le bon vieux patronage. Ah! Ah!
M. Garon: D'autres actions de ce type seront entreprises en
1982-1983, qui contribueront à diminuer encore les dépenses de
fonctionnement. Signalons, à titre d'exemple, les modifications
annoncées aux procédures d'inspection des travaux de drainage
souterrain, la prise en charge graduelle des entrepôts frigorifiques du
ministère en territoire maritime par le secteur privé.
Une autre source de réduction des dépenses de
fonctionnement provient de la réduction du personnel. Encore là,
l'effort entrepris se poursuivra puisqu'une baisse de 1,2% des effectifs
permanents, de 3486 à
5445, et de 8,8% des effectifs occasionnels, de 865 à 789, est
prévue pour 1982-1983. Au total, les effectifs devraient baisser de
2,7%, passant de 4351 à 4234. Cela me fera plaisir de répondre
aux questions de ceux qui voudront savoir le travail qui s'est fait sur ce plan
depuis 1979, principalement.
Les assurances agricoles. L'année financière 1981-1982 a
été la première année complète de
fonctionnement de la Régie des assurances agricoles à la suite de
la fusion de la Régie de l'assurance-récolte et de la Commission
administrative des régimes d'assurance-stabilisation des revenus
agricoles. L'Opposition qui, des fois, aime demander des rapports du
Vérificateur général, aurait peut-être
intérêt à demander ceux de 1975 et 1976. Elle pourrait
peut-être comparer ce qu'on reprochait au temps des libéraux et
les peccadilles qu'on veut changer aujourd'hui. Nous serions peut-être
édifiés. D'ailleurs, s'il y a des questions là-dessus,
j'aurai peut-être le temps de comparer et de fournir quelques rapports du
Vérificateur général pour ces années passées
où les oncles, les tantes, les petits-fils, les enfants, etc., faisaient
partie de ces engagements et dont le Vérificateur général
avait parfois l'occasion de parler dans ses rapports.
L'année a été marquée par la mise en place
de deux nouveaux régimes, ceux du porc à l'engraissement et de
l'agneau. Les régimes d'assurance-stabilisation en vigueur sont
maintenant au nombre de dix. Des paiements anticipés ont
été effectués dans sept des régimes, bouvillon
d'engraissement, veau d'embouche, veau de grain, porc à l'engraissement,
betterave à sucre, maïs-grain et agneau. Pour l'année 1981,
les paiements d'indemnisations de la régie aux producteurs se sont
élevés à 45 381 000 $, comparativement à 14 442 000
$ en 1980, ce qui montre bien que le gouvernement a soutenu les agriculteurs au
cours d'une année plus difficile, l'année 1981.
En ce qui concerne l'assurance-récolte, les programmes couvrent
66 productions différentes. Au cours de la dernière année,
des paiements anticipés ont été faits dans le programme
d'assurance collectif des grandes cultures et dans onze programmes individuels.
Les versements aux producteurs dans les programmes d'assurance-récolte
se sont élevés à 7 959 000 $ pour l'année 1981,
alors qu'ils étaient de 14 442 000 $ en 1980. En période de
conjoncture difficile, les programmes de la Régie des assurances
agricoles prouvent leur utilité en protégeant les producteurs
contre l'évolution défavorable des prix.
À l'époque où les taux d'intérêt
étaient inférieurs à 10% et où le volume des
prêts consentis chaque année par l'Office du crédit
agricole était inférieur à 100 000 000 $, le maintien de
taux fixes de 2,5%, alors que la province empruntait à 3%, 3,5% et 4% et
de 8%, alors que la province empruntait à 8% ou à 9%, pouvait se
faire sans affecter la marge de manoeuvre du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Mais, il faut dire qu'à cette
époque, les curés refusaient de donner l'absolution à ceux
qui prêtaient à des taux usuriers de 20%. Aujourd'hui, c'est le
taux de la Banque du Canada. Évidemment, la situation a
considérablement changé sous le premier ministre actuel, M.
Trudeau.
La flambée des taux d'intérêt et l'accroissement
très considérable du volume des prêts ont cependant
modifié cette situation. En effet, le budget du ministère de
l'Agriculture consacré aux subventions d'intérêts sur les
prêts était de 23 700 000 $ en 1976, soit 23% de l'ensemble des
dépenses de transfert du ministère, alors qu'il est passé
à 80 400 000 $ en 1981-1982, soit 34% des dépenses de transfert
du ministère. Devant la réforme qui s'imposait dans le domaine du
crédit agricole, le ministère a retenu une formule qui permettra
de maintenir le dynamisme de l'agriculture québécoise tout en
freinant - quand je dis le ministère, au fond, c'est le secteur
agricole, l'Office du crédit agricole et le ministère de
l'Agriculture - la progression très forte de ses dépenses de
subvention du crédit agricole.
Les éléments clés de cette réforme sont
l'introduction d'un taux fixe de 4% payable par l'emprunteur, le partage
à part égale entre l'emprunteur et le gouvernement du
Québec de la différence entre ces 4% et le taux
préférentiel des banques établi tous les six mois, le
maintien des avantages acquis sur les prêts en cours et leur
transférabilité en cas de vente. Au cours de l'exercice
1981-1982, 3414 prêts à long terme ont été consentis
pour un montant de 347 027 000 $. Le crédit à moyen terme
s'élevait à 74 087 000 $ et le crédit à court terme
à 42 398 000 $. L'effort d'investissement du secteur agricole se
poursuit donc même en période de conjoncture difficile. Le nombre
d'établissements a continué de s'élever également,
passant de 1365 en 1980-1981 à 1416 en 1982 et touchant 1598 personnes.
Les subventions à l'établissement se sont élevées
à 11 888 000 $. Il s'agit là d'un signe certain de dynamisme du
secteur agricole.
Et pour montrer à quel point le taux du crédit agricole au
Québec est avantageux, je lisais hier que la Fédération
canadienne de l'agriculture, dans une rencontre avec le ministre de
l'Agriculture, M. Whelan, lui demandait d'autoriser des prêts à
10% pour les cultivateurs en difficulté, alors qu'actuellement, avec
notre nouvelle formule, pour l'ensemble des agriculteurs du Québec, le
taux est d'environ 11%, selon le taux du
marché. Cela veut dire 4 et la moitié de 17, entre 17 et
4, cela veut dire 13,5, cela veut dire 6. Cela veut dire qu'actuellement le
taux est de 10,5% pour l'ensemble des agriculteurs du Québec, pendant
que la Fédération canadienne de l'agriculture demande un taux de
10% pour les cultivateurs en difficulté au Canada. Cela montre un peu
l'effort que le gouvernement du Québec a fait au chapitre du
crédit agricole.
C'est pour cela que cette année les subventions devraient
atteindre, par le biais de l'Office du crédit agricole, près de
150 000 000 $. Si on compare cela avec les quelque 20 000 000 $ du temps des
libéraux, cela veut dire 6 fois plus. En quelques années
seulement, c'est considérable en termes d'augmentation.
La commercialisation des produits marins du Québec. Face aux
difficultés rencontrées par l'industrie québécoise
de la pêche, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation a organisé, les 25 et 26 mars 1982, une
conférence socio-économique sur la commercialisation des produits
marins du Québec. Cette conférence a permis aux différents
agents économiques impliqués dans l'industrie de mieux comprendre
les différents problèmes et d'en arriver à des diagnostics
communs. Il s'agissait véritablement du premier effort
systématique de réflexion du milieu des pêches sur les
problèmes de commercialisation.
Le ministère a pris, à cette occasion, un certain nombre
d'engagements qui vont orienter son action au cours de la prochaine
année. Parmi ceux-ci, mentionnons: la formation de poissonniers; la
normalisation des noms des produits marins; la diversification de la production
par des efforts de recherche orientés davantage vers la
commercialisation; l'accentuation des efforts de promotion des produits marins;
le développement du marché québécois en
collaboration avec les détaillants en alimentation. La commercialisation
va donc constituer la priorité du ministère dans le secteur des
pêches.
À la suite du consensus qui s'est dégagé des deux
colloques sur la qualité des produits marins, nous avons
décidé de passer à l'action. Parmi les divers moyens qui
ont été analysés, il est apparu que seule une
réglementation étanche permettrait de protéger la
qualité de ces produits de leur capture jusqu'à la table du
consommateur. Bien que la réglementation touche à toutes les
étapes de ce processus, les besoins se font sentir surtout au niveau de
la pêche et de la transformation, le transport et la mise en
marché des produits alimentaires étant déjà
réglementés. Dans un premier temps, la Loi sur les produits
agricoles et les aliments fut modifiée par l'Assemblée nationale
en décembre 1981. Il y a quelques jours, une nouvelle
réglementation entrait en vigueur, à la suite de sa parution dans
la Gazette officielle. J'ai justement lu la Gazette officielle hier, celle du
5, que je venais de recevoir à mon bureau de comté. La nouvelle
réglementation est publiée dans la Gazette officielle du 5 mai
1982. (15 h 30)
Le coût du triage dans la nouvelle réglementation sera
partagé entre les pêcheurs, les industriels et le gouvernement.
Pour l'ensemble de l'industrie des pêcheries, le coût annuel moyen
est estimé à 6 000 000 $, tandis que les bénéfices
annuels anticipés s'élèvent à 12 000 000 $.
L'impact économique de la réglementation sur la qualité
des produits de la pêche sera donc positif.
Au cours de l'hiver 1981, le ministère rendait publique sa
nouvelle politique concernant l'émission des permis de pêche
commerciale au Québec. Cette politique constitue une révision en
profondeur du processus d'émission des permis qui a prévalu
jusqu'en 1981. On l'a changée; auparavant, on disait même que
parfois les permis étaient attribués en tirant les noms dans un
chapeau. On peut voir que c'est moins pire que le patronage qui se fait au
fédéral, mais en tout cas... Mais, cette nouvelle politique
repose maintenant sur la mise sur pied d'un comité de gestion des
ressources et de huit comités locaux d'émission des permis de
pêche commerciale. La structure comporte, en outre, un comité
d'appel.
Cette politique représente une mesure concrète de
décentralisation et de clarification des critères
d'émission des permis de pêche et un ajustement de la
procédure d'émission à la réalité des
pêches de chacune des régions maritimes du Québec. En vertu
de cette nouvelle politique, les permis de pêche commerciale seront
exclusivement réservés aux pêcheurs qui exploitent
eux-mêmes leur bateau et leur engin de pêche et qui n'occupent pas
un emploi à temps plein ailleurs que dans la pêche, la forêt
ou l'agriculture.
Les 5 et 12 mars derniers, Pêches et Océans Canada a
apporté unilatéralement des modifications aux règlements
de pêche auxquels sont soumis les pêcheurs du Québec. Par
ces modifications, le gouvernement fédéral s'approprie le pouvoir
d'émettre les principaux permis de pêche au Québec sur les
bateaux de plus de 35 pieds, parce qu'il ne pouvait pas supporter qu'un
régime objectif dénué de patronage puisse être
appliqué avec la collaboration des pêcheurs. Ce geste d'Ottawa
fait suite à de nombreuses revendications des pêcheurs du
Nouveau-Brunswick qui réclamaient l'intervention fédérale
pour freiner le développement des pêches au Québec. Par ce
geste, Ottawa s'approprie le droit de
contrôler les permis de pêche qui permettent environ 80% des
débarquements de produits marins au Québec. Ceci sera une source
de confusion chez les pêcheurs, entraînera vraisemblablement une
surexploitation de certains stocks de mollusques et de crustacés,
occasionnera la délivrance de permis a des pêcheurs qui ne les
exploiteront pas et freinera le développement des pêches
maritimes, particulièrement sur la Basse-Côte-Nord et aux
Îles-de-la-Madeleine. Et tout cela, parce qu'il y a eu quelques plaintes
de pêcheurs du Nouveau-Brunswick et que nos 74 "nonos" à Ottawa
n'ont pas pu faire valoir leur point de vue contre M. LeBlanc qui, lui, a
décidé que ses électeurs valaient mieux que les
électeurs québécois. Je peux vous dire qu'aujourd'hui
quand je vous dis que je suis à 100% pour une participation aux
prochaines élections fédérales, c'est Roméo LeBlanc
qui m'en a convaincu et cela a été, je ne dirais pas la cerise
sur le sundae mais... C'était inimaginable. C'est la première
fois qu'un ministre nous dit quelque chose au téléphone et ne le
respecte pas.
Comme il semble d'usage, l'agriculture québécoise doit,
encore une fois, lutter farouchement contre les autorités
fédérales et dans certains cas, contre les représentants
des autres provinces pour se maintenir dans la voie la plus propice à
son développement. Les exemples ne manquent pas pour démontrer
les embûches dressées par le fédéral. Le plus
frappant est peut-être celui de l'abolition du tarif du Nid-de-Corbeau et
la modification de la politique de la Commission canadienne du blé avec
comme effet que le Québec serait considéré sur le
même pied que les marchés d'exportation. Une simulation de ces
nouvelles politiques sur l'activité de 1980-1981 démontre que
celles-ci auraient eu un effet négatif de 31 300 000 $ en termes
d'avantages comprimés envers les éleveurs
québécois, entre ceux-ci et ceux des provinces de l'Ouest.
Encore là, s'il y a des gens qui veulent en discuter davantage,
ça me fera plaisir. Nous avons des données concernant les
rapports entre le prix des céréales et le prix des viandes, ce
que c'était en 1970 et ce que c'est en 1981-1982 et les effets sur
l'agriculture au Québec. Encore une fois, les 74 guenilles que nous
avons en guise de députés à Ottawa n'ont pas dit un
mot.
Le troisième point de litige traditionnel entre le Québec
et le gouvernement fédéral est l'harmonisation des politiques de
stabilisation des revenus agricoles où le gouvernement
fédéral a encore une fois manifesté son inconsistance.
L'an dernier, le programme fédéral de stabilisation a
compensé le revenu des producteurs de porc, indépendamment de
l'existence d'un programme provincial ou non. Malgré les
déclarations qu'avait faites le ministre fédéral de
l'Agriculture, un mois après il changeait d'opinion bout pour bout parce
qu'il voulait payer en Ontario.
Cette année, il compense les revenus des producteurs d'agneau non
couverts par un programme provincial de stabilisation pour lequel il paye pour
la première fois. Faut-il préciser que le Québec n'avait
pas de programme de stabilisation des prix du porc, mais qu'il en a un pour
l'agneau depuis avril 1981 et qu'il n'avait aucune raison de croire que le
fédéral interviendrait. Malgré cela, les gens de
l'industrie du porc n'ont pas été pénalisés, les
gens de l'industrie de l'agneau du Québec l'on été. Encore
là, pas un mot des 74 navets que nous avons au gouvernement
fédéral en guise de députés.
Enfin, pour illustrer de façon non équivoque l'attitude du
gouvernement fédéral dans ses relations avec le Québec, il
suffit de rappeler le cas de la flétrissure bactérienne dans les
pommes de terre de semence où il se défile devant ses
responsabilités et refuse de dédommager les producteurs victimes
du manque de vigilance de ses inspecteurs.
M. Mathieu: Dans les relations
fédérales-provinciales, est-ce que vous négociez avec
Ottawa de temps en temps?
M. Garon: Vous me poserez la question tout à l'heure,
après mon intervention.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: Cela me fera plaisir de vous dire toutes les
négociations qu'on a dans ce domaine.
M. Mathieu: D'accord.
M. Garon: Nourrir le Québec. En octobre 1981, le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec a publié le document intitulé Nourrir le
Québec. Cette étude a permis d'évaluer de façon
détaillée les niveaux de production agricole qui pourraient
être atteints en 1985 et en 1990 si le potentiel agricole
québécois était pleinement exploité.
Le document analyse pour chaque secteur agricole et pour le secteur des
pêches, les facteurs qui vont contribuer à accélérer
ou à ralentir l'expansion de la production québécoise: la
demande intérieure et extérieure, l'énergie,
l'environnement, le potentiel biophysique et climatique des terres, la
disponibilité des sols, les perspectives de revenus, les programmes
gouvernementaux et les innovations technologiques prévisibles. Les
objectifs de production reposent sur deux hypothèses fondamentales, soit
la pleine utilisation du territoire agricole québécois et une
exploitation plus intensive de ces sols d'ici 1990.
Les secteurs qui, au cours des années quatre-vingt, assureront
une croissance accélérée au secteur de l'agriculture, des
pêches et de l'alimentation sont les céréales, la
production bovine et l'horticulture. L'évaluation de ces secteurs
permettra de diversifier de façon importante le secteur de
l'agriculture, des pêches et de l'alimentation au Québec. La
dimension régionale est omniprésente dans le document et les
prévisions de production sont disponibles pour les douze régions
agricoles du Québec. Chaque production est analysée au niveau de
l'ensemble du Québec et au niveau de trois zones qui regroupent les
régions agricoles faisant face à la même
problématique.
Le document consacre un chapitre à l'action gouvernementale. Il
s'agit d'une analyse rétrospective de l'activité du
ministère dans le secteur de l'agriculture, des pêches et de
l'alimentation. L'évolution du rôle du ministère et des
instruments d'intervention y est présentée. Enfin, Nourrir le
Québec présente les principaux défis que le secteur de
l'agriculture, des pêches et de l'alimentation aura à relever
d'ici 1990.
On peut avoir d'ailleurs, avec statistiques, les résultats
obtenus jusqu'à maintenant. On pourra parler à ceux qui voudront
poser des questions de l'augmentation de la production du boeuf, de
l'augmentation de la production des céréales surtout, et de
l'augmentation des fruits et légumes au cours des quatre
dernières années.
Le virage technologique, Bâtir le Québec phase 2. Au cours
de l'année 1981-1982, le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a établi son programme d'action
économique pour la période de 1982 à 1986. Ce programme a
été publié dans le document intitulé Le virage
technologique, Bâtir le Québec, phase 2.
Dans le chapitre 9 du document, on retrouve le bilan des actions des
dernières années dans le secteur de l'agriculture, des
pêches et de l'alimentation. Le document présente les
interventions du ministère et les efforts financiers qui ont soutenu le
développement dans le secteur de l'agriculture, des pêches et de
l'alimentation. Ces interventions, lorsqu'on analyse les indicateurs
économiques des secteurs, se traduisent par un développement
accéléré des productions. Une emphase particulière
est accordée aux trois secteurs établis comme prioritaires dans
la première édition de Bâtir le Québec, soit les
céréales, la viande bovine et l'horticulture.
Le programme d'action du ministère d'ici 1986 demeure axé
sur le développement des secteurs prioritaires. Les efforts
réalisés ont porté fruits, mais il reste beaucoup à
faire pour accroître l'autosuffisance dans ces secteurs. Voici les moyens
d'action proposés dans Le virage technologique. La relève
agricole: aide à l'établissement des jeunes agriculteurs. Les
secteurs prioritaires... Cela peut venir assez vite. Je pensais qu'avec quatre
lois vous en aviez plein votre casque.
M. Mathieu: Quatre lois en trois ans, ce n'est pas diable.
M. Garon: En trois ans? M. Mathieu: Oui.
M. Garon: Voyons, quatre lois en trois ans! Dans mon dernier
mandat, on a adopté à peu près 25 lois.
M. Mathieu: Partez de 1979.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît: M. le
ministre, allez-y.
M. Garon: Mais si vous êtes prêts à en adopter
plus de quatre, je suis prêt à en déposer d'autres d'ici
les prochains jours, si vous voulez.
M. Mathieu: La relève agricole, c'était promis dans
le discours inaugural.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Beauce-Sud.
M. Garon: Je ne veux pas les déposer, je veux les faire
adopter.
M. Dubois: C'est votre job de les déposer, c'est notre job
de les adopter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, à l'ordre, s'il vous plaît:
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Alors, allez-y.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, allez-y.
M. Garon: Commencez à manger l'assiette que vous avez
devant vous avant d'en vouloir une autre.
M. Dubois: II n'y a pas grand-chose à manger
là-dedans. C'est maigre comme menu.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: On verra, vous allez adopter cela vite, comme cela.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: Si je vois que vous allez adopter cela vite, je pourrai
en déposer d'autres.
Les secteurs prioritaires: maintien du programme d'aide au drainage
souterrain pour l'amélioration de la qualité des terres;
construction de nouveaux centres régionaux d'entreposage des grains pour
parachever le réseau actuel; accroissement du programme d'entreposage
des grains à la ferme; recherche de variétés de
céréales mieux adaptées aux conditions climatiques des
régions périphériques; accroissement de la production de
veaux d'embouche de qualité en augmentant le cheptel de vaches de race
de boucherie; développement de la production et du marché du veau
lourd; (voyez-vous, le veau lourd ne se faisait pas dans le temps des
libéraux) recherche de nouveaux modes d'alimentation pour le
bétail; diversification des produits horticoles et accroissement de
l'exploitation des cultures sous abri; aide à l'établissement de
réseaux d'irrigation sur les terres horticoles; développement de
nouvelles productions de fruits.
Diversification de la production agricole par la mise en place d'un
réseau structuré de production de poisson d'élevage, tels
la truite mouchetée, le saumon, la ouananiche, le doré,
l'esturgeon et les oeufs d'esturgeon; par l'aide à
l'établissement de fermes spécialisées dans
l'élevage de certains gibiers. Plusieurs gibiers pourraient être
élevés au Québec qui permettraient de diversifier notre
agriculture, de faire des mets régionaux pour nos établissements
hôteliers. Je pense, par exemple, développer la production du
faisan, de la perdrix. Il y en a même qui nous parle du caribou. Les gens
dans le nord de la Scandinavie élèvent bien les rennes; on
pourrait peut-être élever des caribous. On dit que l'orignal est
plus compliqué, mais il y a des gibiers qu'on pourrait élever au
Québec, ce qui ferait qu'il pourrait y avoir un approvisionnement de nos
hôtels sans qu'il soit besoin de faire du braconnage. Par la poursuite
des recherches visant à augmenter la gamme de produits
transformés dont la fabrication nécessite des produits de
l'érable. Nous aurons des choses à annoncer avant longtemps
à ce sujet. Par exemple, dans la Beauce, il y a une entreprise qui,
pensons-nous devrait aller plus rapidement, Culinar, mais nous trouvons que
cela prend un petit peu de temps. J'aimerais que le dynamisme beauceron se
manifeste dans les sous-produits de l'érable également.
La transformation des produits. Aide à l'investissement
prioritairement accordée aux entreprises qui désirent diversifier
la production, modifier la taille et le type d'emballage de leurs produits,
réaliser des projets de seconde transformation, exploiter des
sous-produits de transformation.
C'est pour cela qu'on a développé des paquets d'abeilles
dans la Beauce. On a aidé l'entreprise à développer des
paquets d'abeilles, peut-être pour lui donner la piqûre qu'il
fallait. Les abeilles vont être élevées de plus en plus au
Québec grâce au projet qu'on a fait pour la Beauce
récemment. Pardon?
M. Mathieu: Vous visiterez les ruchers, cela va vous motiver
peut-être davantage.
M. Garon: Je vais amener une abeille et je vais mettre un plat de
sucre sur le bord de votre fenêtre pour lui montrer le chemin.
La recherche: réduction de la consommation d'énergie par
unité de production tout au long de la chaîne alimentaire et
utilisation d'énergies nouvelles; utilisation industrielle des fumiers
à des fins de fabrication d'engrais, de compost et,
éventuellement, à des fins énergétiques et
composant l'alimentation des ruminants; développement des recherches en
biotechnologie et des applications à la bioindustrie.
Les pêches maritimes: recherche sur la pêche d'exploration
et les techniques de capture, poursuite du programme de renouvellement de la
flotte de pêche; normalisation et modernisation des usines de
transformation; système de tri des captures en fonction de leur
qualité au débarquement; préparation et commercialisation
d'espèces sous-exploitées; concertation au plan de la mise en
marché.
Ce sont des perspectives nouvelles ou qui sont en marche, dans certains
cas, qui ont été mises en lumière dans le volume
Bâtir le Québec, phase 2: Le virage technologique. Cela fait un
peu contraste avec une déclaration que je voyais dans le journal d'hier,
Le Soleil du lundi 31 mai 1982, où le président de la commission
politique du Parti libéral du Québec, l'ex-sous-ministre, M.
René Dussault, disait, à cette assemblée libérale:
"Le Parti libéral ne sait pas encore trop sur quel pied danser en
agriculture, a admis le chef de la commission politique du Parti
libéral. Doit-on être en faveur ou non des plans conjoints?
s'est-il interrogé sans gêne." Le journaliste a ajouté
"sans gêne"; ce n'est pas M. Dussault qui a dit cela. (15 h 45)
M. Mathieu: M. le Président.
M. Garon: Cela démontre à quel point, alors que le
Parti libéral se demande sur quel pied danser...
M. Mathieu: ... c'est le Parti libéral qui a
été le père du syndicalisme agricole.
M. Garon: ... nous savons exactement sur quel pied danser et nous
poursuivons le développement de l'agriculture qui avait
été fait lorsque le syndicalisme agricole a
commencé sous M. Duplessis. La seule chose que les
libéraux ont faite, c'est de rendre la cotisation obligatoire.
Là, on voit que le Parti libéral ne sait pas encore sur
quel pied danser; il n'a peut-être pas inventé sa danse, non plus.
On me dit que le premier ministre du Canada, M. Trudeau, se demande s'il est
pour les plans conjoints, lui aussi. C'est normal que le Parti libéral
du Québec se demande s'il va être en faveur des plans conjoints ou
non parce que M. Trudeau, apparemment, vient de s'interroger. Alors, cela fait
longtemps que le mousse de Québec dit comme le grand-papa Trudeau,
à Ottawa: Nous autres non plus, on ne sait pas si on est en faveur des
plans conjoints puisque le grand chef à Ottawa, apparemment, ne le sait
pas lui non plus.
M. Mathieu: On le sait, nous autres, M. le Président,
c'est ce qui compte.
M. Garon: Alors, M. le Président, je ne voudrais pas
être plus long. J'ai pris 25 minutes, j'ai été raisonnable
pour donner des chances à tous les membres de la commission
parlementaire de poser des questions sur tous les sujets qu'ils voudront bien
aborder.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: M. le Président, avant d'aller à ma
déclaration officielle, j'apprécierais, si possible, pour que ce
soit noté dans les registres, que le ministre vous présente
l'équipe qui l'entoure pour que nous en connaissions tous les membres.
Ce sont des gens que je tiens à saluer. Nous ne les voyons pas souvent.
Il devrait y avoir des crédits plus souvent, M. le ministre; cela nous
ferait plaisir de voir vos collaborateurs immédiats. Auriez-vous
objection, M. le Président, à ce que M. le ministre nous les
présente en indiquant la fonction et le poste qu'ils occupent?
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez présenter
les gens.
M. Garon: Si vous voulez, je les présenterai au fur et
à mesure qu'on étudiera leurs crédits en particulier,
parce qu'on va étudier tantôt le programme 1, le programme 2 et le
programme 3. Quand nous étudierons le programme 1, je nommerai les gens
qui sont au programme 1; le programme 2 ensuite.
M. Dubois: Je tiendrais à les connaître tous.
M. Garon: Vous aurez, à ce moment, les renseignements
appropriés sur chacun des programmes.
M. Mathieu: Je n'y vois pas d'inconvénient invincible, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Garon: Je ne voudrais pas que vous trouviez des
prétextes pour retarder votre exposé.
M. Mathieu: Non.
M. Garon: II n'est peut-être pas encore prêt.
Le Président CM. Boucher): Allez-y, M. le
député de Beauce-Sud. Vous avez la parole.
M. Mathieu: D'accord. Alors, M. le Président, j'ai vu le
nouveau pas de danse que veut inventer le ministre de l'Agriculture. À
le voir évoluer, j'ai l'impression que c'est une nouvelle danse, un pas
en avant, deux pas en arrière; un pas en avant, un pas de
côté, quelque chose comme cela; c'est l'impression que cela me
donne à l'entendre.
Vous savez, M. le Président, qu'il veut me faire croire que
l'agriculture est née d'une génération spontanée
avec lui, qu'il est arrivé avec sa baguette magique et a dit: Que
l'agriculture soit et l'agriculture fût, mais, avant lui, il y a eu des
choses qui se sont faites en agriculture. Le Parti libéral est vraiment
le père du syndicalisme agricole, c'est lui qui a voté la grande
charte du syndicalisme agricole, c'est lui également qui a adopté
la Loi sur les producteurs agricoles, c'est lui qui a mis de l'argent dans
l'agriculture. Quand le ministre nous dit: Les travaux mécanisés
ont commencé en 1975-1976-1977, c'est absolument fausser la
réalité. Avant que les travaux arrivent à la ferme, il y a
eu des infrastructures d'établies, des programmes de pensés, des
programmes à long terme, comparativement à vos programmes qui ne
sont que de l'improvisation, qui manquent de cohérence et de
planification. Dans le temps, il y avait des programmes bien planifiés
et ensuite de l'argent pour l'agriculture.
Si vous vous rappelez l'année 1974-1975, 2,5% du budget global
allaient à l'agriculture, 2,5%. Qu'en est-il sous votre administration?
Cela n'a fait que décliner. On se demande pourquoi il y a des
problèmes en agriculture; s'il y en a, c'est parce que vous ne mettez
pas assez d'argent par rapport au budget global.
Depuis trois ans, il ne se passe pas grand-chose en agriculture. Les
agriculteurs, par la voie de leur union professionnelle,
posent des questions, interpellent le ministre, désirent engager
le dialogue, mais c'est plutôt un monologue qui se déroule. Le
ministre les félicite de leurs suggestions, trouve leurs idées
brillantes, promet d'étudier sérieusement le problème,
confie cette tâche à des groupes de travail du ministère,
puis personne n'entend plus parler de rien. Les agriculteurs organisent des
marches, des manifestations; le ministre est content de se faire applaudir par
les agriculteurs et les remercie de venir l'appuyer. Il ne se passe rien
à part cela. C'est absolument terrible de déformer ainsi le sens
de la démarche des agriculteurs.
Ainsi, le 23 octobre 1981, dans le journal La Tribune, des agriculteurs
des Cantons de l'Est demandaient unanimement la démission du ministre.
Le 1er avril 1982, plus de 8000 agriculteurs ont marché sur
Québec faisant valoir leurs revendications; réponse à ce
jour, rien, sauf une couple de modifications aux lois qui ont été
déposées ce matin et qu'on étudiera, bien sûr, avec
beaucoup d'intérêt. Nous sommes un peu désappointés
devant ce menu qui est si peu consistant, mais nous y apporterons toute
l'attention désirée et souhaitée.
À entendre les discours du ministre et de ses
députés d'arrière-ban, tout va pour le mieux en
agriculture; il n'y a pas de problème, tout va bien.
M. Gagnon: Question de règlement. C'est juste pour
épargner un peu d'effort au député de Beauce-Sud. Je
voudrais lui dire qu'on pourrait commencer à étudier les
crédits immédiatement; cela fait environ 18 fois qu'il fait le
même discours.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: C'est le même discours qu'il a fait la semaine
passée à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, la parole est au député de Beauce-Sud.
M. Dubois: On a écouté les bouffonneries du
ministre de l'autre côté; alors, laissez mon collègue
parler.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Beauce-Sud, vous avez la parole.
M. Mathieu: Vous me permettrez de replacer dans leur cadre les
propos de mon collègue de Champlain. Il faut bien que je réponde
aux arguments du ministre; ça fait cinq ans qu'il nous dit la même
chose. C'est parce que vous dites que ça fait cinq ans qu'il dit la
même chose!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, à
l'ordre! M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Ce sont des faussetés.
M. Mathieu: M. le Président, je défie qui que ce
soit de prouver que j'ai avancé une fausseté; je vous
défie, M. le député de Champlain, je vous défie.
Dites-moi quelle fausseté j'ai dite depuis le début.
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Alors, force est de constater que la situation n'a
pas évolué depuis l'automne 1981. Je comprends que ça ne
fait pas l'affaire du Parti québécois, du ministre et des
députés; ça ne fait pas leur affaire, car eux autres,
c'est l'auto-encensement, l'autosuffisance, ils aiment cela s'encenser. Le
ministre donne des petites questions plantées à ses
députés et là chacun a sa petite question à poser
au ministre pour pouvoir déblatérer contre le
fédéral et contre Ottawa. C'est comme cela que ça
marche.
Or, devant le silence de Québec, nous avions demandé la
semaine dernière la convocation d'une commission parlementaire pour
permettre aux agriculteurs de se faire entendre. Est-ce qu'il y a un plus beau
forum qu'une commission parlementaire, quelque chose qui est facile à
organiser, qui n'est pas dispendieux?
M. Garon: On en a une là.
M. Mathieu: Le ministre dit: On en a une. C'est pour
l'étude des crédits, non pas pour entendre les agriculteurs.
Or, qu'est-ce qu'ils ont fait les ministériels du Parti
québécois? Ils ont voté contre ma motion. Ils ne veulent
pas que les agriculteurs viennent se faire entendre à Québec;
cela a l'air de les déranger. C'est vrai que c'est pas mal gênant
de recevoir de la visite avec les barrières, les barricades; c'est une
vraie forteresse. Votre maison du peuple de 1976, où est-elle rendue?
Quand il y avait trois, quatre porteurs de pancartes en avant du parlement,
vous sortiez, leur sautiez dans les bras et les invitiez à entrer dans
la maison du peuple. Mais, aujourd'hui -je suis allé voir cela la
semaine dernière - il y a de gros poteaux pris dans le ciment pour
retenir des câbles et cela est venu de la marche des agriculteurs. Les
agriculteurs ont pris les barrières le 1er avril, et je les voyais
avancer sur le parlement avec les barrières, mais là vous avez
mis tellement de gros poteaux qu'ils ne pourront plus avancer avec les
barrières. Ensuite, au lieu d'avoir des clôtures de trois pieds
de
hauteur, elles ont cinq pieds de haut, vos clôtures
maintenant.
M. Garon: C'est plutôt quand le député de
Brome-Missisquoi est venu devant le parlement avec son groupe, il essayait
d'arracher la porte.
M. Mathieu: Alors, je peux vous dire ceci...
M. Garon: Les tracteurs ne pourront plus se rendre jusqu'à
la porte du parlement.
M. Dubois: Vous porterez des accusations quand la personne sera
là.
M. Garon: Lui, était là...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Dubois: Vous porterez des accusations quand il sera
là.
M. Mathieu: M. le Président, vous me permettrez de
dénoncer avec fermeté l'immobilisme du gouvernement, le refus du
ministère de l'Agriculture d'entendre et de recevoir les agriculteurs.
Probablement que le ministre a peur de se faire dire ses vérités.
Au moment d'entreprendre l'étude des crédits de son
ministère, le ministre s'enorgueillit de l'augmentation des budgets en
agriculture compte tenu que l'an dernier il n'y avait aucune augmentation,
c'était au point zéro. La hausse de cette année fut
environ de 19%. Imputable surtout à l'augmentation des taux
d'intérêt, elle n'a rien de spectaculaire en soi et, si vous
faites la proportion sur une base de deux ans, c'est même
inférieur à l'inflation.
L'étude des crédits nous permettra donc de poser des
questions au ministre sur son administration, sur les problèmes non
réglés dans les domaines du porc, du boeuf, du mouton, des
céréales, de l'érable, de la pomme de terre, du
gâchis qui se prépare dans l'insémination artificielle, du
détournement du programme Sol-Plus, des mesures unilatérales dans
le crédit agricole, du dossier de la Régie des grains, des
assurances agricoles et de tous les services dispensés par le
ministère.
Nous étudierons principalement le fait que les professionnels,
agronomes et ingénieurs, dans les bureaux locaux et régionaux,
sont réduits à exécuter du travail de commis de bureau au
lieu de dispenser des services techniques, scientifiques et de gestion aux
agriculteurs. Tout à l'heure, le ministre nous a dit que le personnel
avait diminué de 1,5% quant aux effectifs permanents et de 8% quant aux
occasionnels. Mais qu'en est-il des contractuels? Je voudrais que le ministre
nous dise tantôt s'il y a eu une diminution là aussi, ou s'il n'y
a pas eu augmentation plutôt.
M. Garon: Avez-vous lu...
Le Président (M. Boucher): Vous répondrez tout
à l'heure.
M. Garon: Non, c'est important. Le député de
Beauce-Sud a demandé des documents hier. On lui en a fait parvenir, la
semaine dernière. Il avait posé cette question et la
réponse est dans les documents qu'il a eus la semaine dernière.
Il y verra tous les contrats qui ont pu être donnés à des
contractuels. Il connaît la réponse. Il sait qu'il n'y a quasiment
pas de contrats donnés par le ministère à des
contractuels.
M. Mathieu: M. le Président, quand nous voyons dans le
champ que les professionnels de l'agriculture, les ingénieurs, les
agronomes dont les agriculteurs ont tant besoin, soit pour des conseils ou des
expertises, sont réduits à un simple travail de commis de bureau,
de vérification de factures, cela n'a pas de bon sens. C'est mettre en
péril actuellement tout l'acquis que les agriculteurs avaient. Les
professionnels ne devraient pas avoir comme fonction de vérifier des
factures. On en fait de purs agents d'administration. C'est couper
l'oxygène à l'agriculture.
Nous examinerons aussi le manque de motivation des fonctionnaires,
causé par le mépris du ministre et l'emprise du cabinet politique
sur toutes les décisions du ministre, même celles à
caractère purement administratif. Nous scruterons le problème de
l'endettement provoqué par des problèmes d'investissements
à long terme assortis de subventions très alléchantes.
Ainsi, vous arrivez et vous dites à un agriculteur: Voici, nous allons
payer la moitié des investissements jusqu'à un maximum de 50 000
$ ou 80 000 $, peu importe, pour un parc d'engraissement de boeufs, pour
différentes autres choses, les céréales et tout cela. Si
l'agriculteur voit qu'il peut toucher une alléchante subvention de 80
000 $, bien sûr que cela l'incite à investir et là, cet
investissement fait qu'il dépasse les limites de l'endettement, il
s'endette.
M. Garon: Voulez-vous que j'enlève les subventions?
M. Mathieu: Ce que je voudrais, M. le ministre, c'est d'abord que
vos programmes soient planifiés à plus long terme et, ensuite, au
lieu de mettre trop d'argent dans ces programmes, ayant pour conséquence
qu'au bout de quatre ou cinq ans, ces gars font faillite, il serait
peut-être mieux d'y mettre moins d'argent et de moins forcer
l'endettement. Vous forcez les limites de l'endettement. Cela a comme
conséquence que les cultivateurs tombent.
Malheureusement, plusieurs, qui ont cru en vos programmes, sont
tombés. Ce n'est sûrement pas une mauvaise intention de la part du
ministre, mais ce sont des politiques très alléchantes prises en
catimini, sans consultation avec les professionnels dans le champ. Le
cultivateur arrive et dit: Je veux avoir 50 000 $ ou 90 000 $ de subvention.
Endettons-nous, empruntons. Arrivent des choses comme l'augmentation du taux
d'intérêt et on se ramasse en faillite.
Le ministre est vraiment à court d'inspiration, M. le
Président, depuis qu'il a fini de vider les tiroirs des libéraux.
Tout ce qu'il a fait depuis qu'il est là, il a pris un ministère
avec les tiroirs pleins d'idées, des programmes prêts... Le zonage
agricole était pratiquement complété.
M. Dupré: Vous n'avez jamais eu les "guts" d'adopter la
Loi sur la protection du territoire agricole. (16 heures)
M. Mathieu: La politique des céréales,
c'était prêt, M. le Président. C'était prêt
à déposer. Il y a beaucoup de politiques, comme cela, qui
étaient prêtes à être déposées. Le
ministre, tout son mérite, c'est qu'il a pris les tiroirs des
libéraux et qu'il les a vidés. Depuis 1979, ils sont vidés
et il n'a plus d'inspiration, M. le Président. C'est pour cela qu'il
nous amène une maigre pitance ce matin. Il va se gonfler en disant: J'ai
quatre lois. Ce n'est pas drôle, quatre lois. On en a eu une petite
l'automne dernier. Depuis 1979, il en a fait peut-être une et les autres,
ce sont des lois de seconde importance. Alors, M. le Président, il n'a
pas à se gonfler d'orgueil pour cela.
Je pense que le ministre aurait intérêt à sortir de
sa tour d'ivoire et surtout à se réveiller, à prendre
connaissance des problèmes et à les régler après
consultation avec les intervenants. Les agriculteurs méritent des
politiques cohérentes, intégrées, à long terme afin
de pouvoir assurer le développement de l'agriculture, des
pêcheries, et de l'alimentation. M. le Président, la marque de
commerce des politiques du ministre, c'est l'improvisation, c'est le manque de
planification à long terme et c'est le manque de cohérence. Les
agriculteurs en ramassent les fruits, tout simplement.
Tout à l'heure, le ministre parlait de l'assurance-stabilisation
et de la politique fédérale. Je voudrais, d'abord, dire un mot
sur le plan des relations fédérales-provinciales. Combien le
ministre a-t-il pris de temps, d'heures ou de jours pour négocier avec
ses homologues fédéraux? Je pense qu'il n'en a pas pris du tout.
Nous vivons pourtant dans un cadre fédéral où les
agriculteurs auraient avantage à ce que les deux gouvernements
conjuguent leurs efforts. Ce n'est pas cela. Tout ce que le ministre fait,
c'est toujours pour discréditer le fédéral, pour dire que
tout ce qui vient de là, ce n'est pas bon. Il dénonce,
déplore, selon l'attitude globale de ce gouvernement, M. le
Président.
Vous me permettrez de sortir juste un point de contradiction. L'an
passé, le gouvernement fédéral a dit: Je vais donner 8,96$
par porc. Là, le ministre de l'Agriculture, lui, ne voulait pas dire ce
qu'il allait faire. Il a dit: Je vais attendre de voir ce que le
fédéral va donner et on va diminuer de notre programme la
participation fédérale. C'est ce que vous avez dit l'an
dernier.
M. Garon: Dans le programme d'assurance-stabilisation, pas pour
l'engraissement.
M. Mathieu: Pourquoi n'avez-vous pas donné une aide
directe aux producteurs de porc l'an dernier?
M. Garon: Parce que le fédéral avait dit qu'il le
déduirait. M. Whelan a dit sans arrêt pendant deux ans, même
depuis 1977, que toute aide qu'il accorderait à
l'assurance-stabilisation serait déduite au provincial.
M. Mathieu: Et, finalement, elle n'a pas été
déduite l'an dernier pour le porc.
M. Garon: Vous avez vu sa première annonce où il
l'avait dit?
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: Avez-vous vu sa première annonce?
M. Mathieu: Le ministre a changé d'idée. Alors,
cela arrive à un ministre intelligent de changer d'idée.
M. Garon: Est-ce que je pouvais le savoir? Est-ce que je pouvais
le savoir qu'il changerait d'idée?
M. Mathieu: Après qu'il eut changé d'idée,
vous auriez pu en mettre une politique pour venir au secours des
agriculteurs.
M. Garon: Oui. Est-ce que je pouvais savoir qu'il changerait
encore d'idée cette année?
M. Mathieu: Alors, aujourd'hui, vous faites le contraire.
M. Garon: II a changé d'idée trois fois
en un an.
M. Mathieu: À tout événement, M. le
Président, c'est absolument incohérent.
M. Garon: M. Whelan est incohérent, oui, il a
changé trois fois d'idée en un an sur
l'assurance-stabilisation.
M. Mathieu: Quand vous nous parlez du virage technologique et de
la relève agricole, votre promesse électorale de l'an dernier
-oui, un engagement électoral; moi, j'appelle cela une promesse à
courte vue - 50 000 $ sans intérêt pour cinq ans, c'était
indiqué en cachette que cela ne pouvait pas dépasser 20 000 $.
C'était indiqué. Ah, bien, je vais vous le montrer, M. le
Président. Ce n'est pas moi qui ai inventé cela. Deux nouvelles
promesses du PQ.
M. Garon: C'est qui? Est-ce nos papiers à nous?
M. Mathieu: Ce sont des coupures de journal.
M. Garon: Attendez un peu. Il faudrait que vous voyiez les
papiers qu'on a produits, quand même.
M. Mathieu: C'est intitulé: "La cerise de Garon".
M. Garon: C'est une belle cerise!
M. Mathieu: "Quant au ministre Garon, toujours aussi imposant
physiquement que par l'originalité de ses mots, il a exprimé que
la prime d'établissement plafonnée à 8000 $ ferait place
à des prêts sans intérêt équivalant à
une subvention maximale de 20 000 $ en cinq ans. Alors, vos 50 000 $ de
prêt sans intérêt, les agriculteurs s'imaginent que c'est
une promesse formelle. Ce n'est même pas une promesse formelle, c'est
limité à 20 000 $.
Le premier ministre reprend cela dans le discours inaugural au
début de la session. Aujourd'hui, c'est la dernière
journée pour déposer des projets de loi et vous ne l'avez
même pas déposé. Mais qu'est-ce qui se passe? La
relève agricole, cela ne vous préoccupe pas? Vous ne voyez pas
qu'il y a des problèmes là?
Les petits projets de loi que vous avez déposés ce matin,
cela vous a pris bien du temps à les apporter pour des projets de loi
qui n'ont pas d'implication financière. Mais dès qu'il y a une
petite implication financière, savez-vous que vous semblez ne plus faire
le poids au Conseil des ministres et auprès du ministre des Finances et
du Conseil du trésor? Alors, je déplore cela
énormément. Quand vous arrivez également avec vos
programmes de recherche...
M. Garon: Mais, si je le déposais, est-ce que vous
mettriez le poids pour qu'on l'adopte avant l'ajournement?
M. Mathieu: Bien sûr, certainement.
M. Garon: Sans négliger les autres non plus?
M. Mathieu: Vous, votre ouvrage, c'est de déposer...
M. Garon: En adoptant les autres aussi.
M. Mathieu: ... et nous, c'est d'adopter.
M. Garon: Vous voyez, vous ne voulez vous engager à
rien.
M. Mathieu: Mais déposez-les.
M. Garon: Moi, je ne voulais pas vous étouffer, quatre le
même matin, l'Opposition...
M. Mathieu: II n'y en a qu'un qui va étouffer.
Je ne veux pas aller plus loin, M. le Président. Je voudrais
poser au ministre quelques questions en terminant, parce que je veux garder du
temps pour des questions plus précises. Tout ce que je veux faire, c'est
mettre en relief l'incohérence des mesures à courte vue du
ministre, toutes sortes de petits programmes, de décisions qui sont
prises en cercle fermé. Les professionnels impliqués
reçoivent cela tout cuit, tout rôti d'avance. Cela ne s'applique
pas aux régions et ils sont obligés de vivre avec cela.
Prenez votre programme Sol-Plus, qui a besoin de modifications. Le
ministre nous dit: C'est formidable, Sol-Plus, je dois avoir sept ou huit fois
plus d'engagements que l'année passée à la même
date. Mais écoutez, engagements ne signifie pas travaux
exécutés, premièrement. Deuxièmement, les normes
d'admission ont été changées. L'année
passée, il fallait que le travail se fasse dans les trente jours
d'inscription. Cette année, les 30 jours ont sauté. Il est bien
sûr que les agriculteurs, dès que le programme a été
ouvert, se sont inscrits parce que l'année passée, ils se
rappellent très bien que le 28 juillet est arrivée une coupure.
On ne prenait plus de nouvelles inscriptions. Alors, cette année, les
agriculteurs ne prennent pas de risques avec cela. Ils s'inscrivent
massivement. Cela ne veut pas dire que tous les travaux engagés vont se
réaliser. Je ne trouve pas cela très honnête que le
ministre fasse des comparaisons entre deux choses qui ne sont pas comparables
en soi.
Ensuite, le ministre dit: Cette année, l'égouttement de
surface, les planches rondes, les fossés de lignes qui ne sont
bornantes, je ne paie plus pour cela, et les
chemins de ferme, je ne paie plus pour cela. Mais dans ma région,
c'est plus de 50%, d'après ce que les professionnels me disent, des
travaux mécanisés des agriculteurs. Et dans le drainage agricole,
c'est la même chose. Vous arrivez avec des charges considérables
à l'agriculteur, est-ce que vous trouvez que c'est le temps, cette
année, de transférer des charges supplémentaires sur le
dos des agriculteurs? Je déplore cela et j'espère que le ministre
va se ressaisir. Prenez le journal La Terre de chez nous, le dernier
numéro, page 5, 27 mai 1982, Sol-Plus: "L'attitude du ministre est
incompréhensible. Plusieurs syndicats de base, particulièrement
de la région de Lévis, Bellechasse, Portneuf, Lotbinière,
sont déçus et ne peuvent comprendre une telle attitude du
ministre de l'Agriculture québécois et exigent une
révision immédiate de son programme."
L'autre titre: "L'agriculture en crise. L'UPA attend toujours de
rencontrer le ministre pour discuter des points qui avaient été
soulevés l'automne dernier." Et le 1er avril, l'UPA dit qu'elle avait
demandé un rendez-vous le 23 avril et qu'elle n'a jamais eu de
réponse. Entre autres choses, c'était pour parler du programme
Sol-Plus.
Je trouve que le ministre manque à ses responsabilités.
L'an passé, je lui avais demandé de déposer l'organigramme
de son ministère. Il m'a dit: Prenez l'annuaire
téléphonique et regardez dedans. Il m'avait dit cela l'an
passé. Je voudrais cette année que le ministre dépose
l'organigramme du ministère et de tous...
M. Garon: Pourquoi?
M. Mathieu: ... les organismes. Pourquoi? Mais c'est parce qu'on
veut savoir qui est quoi, qui fait quoi. D'abord, vous avez une directive ici
du Conseil du trésor intitulée Répertoire des politiques
administratives, directive 1.78, CT 110-192, 31 janvier 1978, modifiée
par CT 124-650, 4 mars 1980. Concernant les rapports annuels des
ministères et organismes du gouvernement, l'on dit Guide de
rédaction du contenu d'un rapport annuel, annexe 1. Présentation
de l'organigramme illustrant la structure du ministère ou de l'organisme
à la fin de l'exercice couvert par le rapport...
M. Garon: Mais oui...
M. Mathieu: ... avec une liste des postes correspondant à
l'organigramme et de leurs titulaires ainsi qu'une brève description des
unités administratives et du ministère ou de l'organisme. Je me
demande pourquoi le ministre refuse de déposer cela. Je me demande si
vous êtes en loi avec la Commission de la fonction publique, je me
demande si vous...
M. Garon: Vous venez de répondre à votre question
vous-même. Vous dites que l'organigramme va être contenu dans le
rapport annuel du ministère et je dépose le rapport annuel du
ministère en Chambre.
M. Mathieu: Mais est-ce que l'organigramme est dedans?
M. Garon: Mais oui. Je dépose le rapport annuel en
Chambre. Lisez les documents qu'on vous donne en Chambre.
M. Mathieu: Je n'ai jamais vu l'organigramme dans votre rapport
annuel.
M. Garon: Bien voyons.
M. Mathieu: Je ne l'ai jamais vu. L'année passée,
vous nous disiez que vous vouliez faire sauter sept directeurs
généraux de services pour les remplacer par sept sous-ministres.
Qu'est-il arrivé? Il semble que la Commission de la fonction publique
n'a pas très apprécié votre démarche.
M. Garon: Qui?
M. Mathieu: La Commission de la fonction publique. Est-ce qu'il y
a eu une enquête l'année passée sur votre projet de faire
sauter les sept directeurs généraux et de les remplacer par sept
sous-ministres?
Une voix: Où sont-ils rendus ces sous-ministres?
M. Mathieu: À tout événement on en reparlera
quand on arrivera au programme. Ce n'est pas cela vous nous aviez dit
l'année passée, que vous étiez pour faire sauter sept
directeurs généraux...
M. Garon: Oui?
M. Mathieu: ... pour les remplacer par sept sous-ministres,
non?
M. Garon: Je n'en avais pas sept.
M. Mathieu: Mais est-ce que la Commission de la fonction publique
a eu à se pencher sur ce cas?
M. Garon: J'en ai deux.
M. Mathieu: Est-ce que la Commission de la fonction publique a eu
à se pencher sur ce cas? Est-ce qu'elle a accepté votre
projet?
M. Garon: Je vais vous dire une chose. La Commission de la
fonction publique n'a pas à se prononcer sur les sous-ministres. Ce
n'est pas une décision qui vient de la fonction publique.
M. Mathieu: Le Conseil du trésor, lui?
M. Garon: Le Conseil du trésor non plus.
M. Mathieu: Le Conseil des ministres?
M. Garon: C'est une décision du premier ministre.
M. Mathieu: Le Conseil des ministres? L'année
passée vous nous aviez dit que cela se ferait dans les semaines qui
suivraient.
M. Garon: Le nombre de sous-ministres, c'est une décision
du premier ministre.
M. Mathieu: Oui, d'après ce que je peux voir le premier
ministre vous a désavoué, comme cela?
M. Garon: Pas du tout. Excepté que dans un
ministère: J'ai une question pour le député de Beauce-Sud
sur l'efficacité administrative d'un ministère. Est-ce que c'est
le ministre qui est responsable ou si c'est la Commission de la fonction
publique?
M. Mathieu: Le ministre est responsable mais seulement...
M. Garon: Alors qui devrait prendre les décisions,
d'après vous?
M. Mathieu: Mais quand on arrive, M. le ministre, par
exemple...
M. Garon: Oui, oui, je pose la question...
M. Mathieu: ... pour placer les...
M. Garon: Qui devrait prendre les décisions, la Commission
de la fonction publique? Si ce n'est pas elle qui est responsable?
M. Mathieu: Pour l'occupation des postes, la Commission de la
fonction publique a sûrement un rôle à jouer
là-dedans, parce que sans cela elle n'existerait pas. On a l'impression
de l'extérieur que vous manipulez les pions, vous, sur
l'échiquier à votre manière. Que ce soit conforme aux
normes ou non pas conformes aux normes...
M. Garon: Pas du tout, tout est conforme aux normes.
M. Mathieu: Vous prenez un tel, vous le mettez sur une tablette,
cela ne fait pas votre affaire, vous en prenez un autre, vous le mettez
là et vous le remplacez par un petit ami, etc.
M. Garon: Nommez-moi donc quelqu'un qui est sur une tablette dans
mon ministère?
M. Mathieu: Est-ce que vous nous affirmez que dans votre
ministère et dans tous les régies, organismes ou offices qui
relèvent de votre ministère il n'y a aucun tabletté?
M. Garon: Nommez-en. Je n'en connais pas. Je vous pose la
question.
M. Houde: On n'a pas dit de les nommer, on vous a demandé
s'il y en avait, oui ou non, c'est clair. Je pense que c'est clair cela.
M. Garon: Je vais vous répondre tantôt en vous
disant...
M. Houde: On fait comme vous autres des fois. Écoutez une
minute. Arrêtez de jouer avec les mots, par exemple!
Le Président (M. Boucher): À l'ordre!
M. Garon: Je peux vous dire de combien le nombre de
fonctionnaires a diminué au ministère. Voyez-vous, le nombre de
fonctionnaires au ministère a diminué, en 1979, de 77. En 1980,
de 208. En 1981, de 118. Cela veut dire que dans trois ans, c'est 433 de
moins.
M. Mathieu: Si vous continuez votre...
M. Garon: Pensez-vous! Il n'y a pas de tablette, sauf que quand
une fonction est terminée on n'a plus besoin de la faire,
comprenez-vous? Quand on a par exemple 44 chevaux canadiens, il y a quelqu'un
qui les garde. Quand on n'a plus les chevaux, faut-il garder le gardien?
M. Mathieu: Si vous continuez votre...
M. Garon: Alors, on lui demande s'il veut aller garder d'autres
choses.
M. Mathieu: Si vous continuez votre régime de terreur,
cela va baisser encore.
M. Garon: Mais il ne perd pas son emploi.
M. Mathieu: Maintenant, il y a une chose que vous ne m'avez pas
dite. Est-ce qu'il y a des crédits périmés dans votre
ministère pour le budget qui vient de finir?
M. Garon: J'ai envoyé le document au complet la semaine
dernière. Vous avez eu toute la liste des crédits
périmés. Vous n'avez pas regardé le document que je vous
ai passé? Je vous ai envoyé cela pour rien? Je n'enverrai plus
cela.
M. Mathieu: J'ai regardé ceux que j'ai reçus.
M. Garon: J'ai passé une journée à fouiller
dans cela, pour voir ce que je devais vous envoyer et ne pas vous envoyer.
M. Mathieu: On vient juste de l'avoir à part cela pour les
députés.
M. Garon: Vous n'avez même pas lu ceux que je vous ai
envoyés.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Mathieu: M. le Président, vous me permettrez de dire
que je n'ai pas eu tous les renseignements que j'avais demandés.
M. Garon: Mais vous avez eu tous les crédits
périmés par exemple, oui.
M. Mathieu: Je n'ai pas eu tous les renseignements que j'avais
demandés, par exemple.
M. Garon: Vous avez eu tous les crédits
périmés du ministère.
M. Mathieu: Voici la question que je vous pose: Est-ce qu'il y en
a, des crédits périmés à votre
ministère?
M. Garon: Oui, il y en a. Il y en a toujours dans les
ministères, c'est un budget de 400 000 000 $.
M. Mathieu: Je ne vous demande pas cela pour des renseignements
personnels. C'est pour le journal des Débats que je vous pose la
question.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: II y en a combien?
M. Garon: C'est dans vos documents.
M. Mathieu: Dites-le pour le compte du journal des
Débats.
M. Garon: Là, il faudrait que vous finissiez votre
intervention, je vais répondre après.
M. Mathieu: Je vais donc conclure mon intervention. Je voudrais,
avant qu'on entreprenne l'étude des programmes, que le ministre
réponde à cela. Qu'il nous parle de l'organigramme de son
ministère aussi. Cette année l'organigramme, je l'exige. Je ne
veux pas, comme l'année passée, me faire renvoyer au bottin
téléphonique. Le bottin téléphonique, je l'ai comme
lui, mais l'organigramme, M. le ministre, vous le sortirez, si vous l'avez,
dans votre rapport annuel et vous nous le déposerez.
Sur cela je ne veux pas être plus long. Je vous assure que nous
allons collaborer pour un dialogue fructueux, intelligent. Également,
nous allons avoir beaucoup de réserve dans des programmes que nous
trouvons plus ou moins stériles. Par ailleurs, quand nous trouverons que
cela a du bon sens, nous allons vous le dire et quand nous allons trouver que
cela n'a pas de bon sens, on va vous le dire aussi. (16 h 15)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud.
M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Garon: M. le Président, je suis content d'avoir entendu
ces dernières paroles du député de Beauce-Sud. Il va nous
dire quels programmes il voudrait voir disparaître. Je demande aux gens
qui sont autour de moi de noter tous les programmes que vous voudriez voir
disparaître dans notre programmation; on va étudier les
crédits du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et, à la fin, on fera le bilan. Vous avez dit qu'il y
avait des programmes qui devraient disparaître. Vous allez nous dire
lesquels, au cours de l'étude des crédits.
M. Mathieu: Je n'ai pas dit qu'il y avait des programmes qui
devraient disparaître. J'ai dit...
M. Garon: Vous venez de le dire.
M. Mathieu: M. le Président, question de règlement.
J'ai dit: Sur les choses qui ont du bon sens, on va vous approuver et sur
celles qui n'ont pas de bon sens, on va vous désapprouver. C'est ce que
j'ai dit. Je n'ai pas dit qu'il y avait des programmes qui devraient
disparaître.
M. Garon: Vous avez parlé des programmes stériles
qui devraient disparaître. Si vous pensez que nos programmes mettent des
gens en faillite, dites-moi ceux que vous voudriez ne pas voir s'appliquer dans
la Beauce. Je n'ai pas d'objection à cela. Il y a des programmes
régionaux, on pourrait faire des programmes qui s'appliquent à
toutes les régions, moins une. Je vous le dis, je suis d'une
collaboration totale. Si vous pensez qu'il y a des programmes qui ne devraient
pas s'appliquer dans la Beauce, si vous voulez que le crédit agricole
dans la Beauce soit "toppé", ait un maximum - on ne prête pas plus
que tant, on prêtera plus tard, c'est une planification à long
terme, mais pas aujourd'hui - dites-le moi par écrit et je
vous dis une chose, je vais l'appliquer. M. Mathieu: M. le
Président...
M. Garon: Si vous pensez qu'on ne doit pas aider les gens
à se lancer dans la production du boeuf, dans la Beauce...
M. Mathieu: II l'applique sans qu'on le lui demande, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Mathieu: II l'applique sans qu'on le lui demande, on sait que
c'est le ministre...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, vous avez eu votre droit de parole...
M. Mathieu: Prenez par exemple... Je ne laisserai pas passer
cela.
M. Garon: Vous le direz par après. On a quinze heures pour
parler, alors vous pourrez le dire à votre tour. Je vous le dis tout de
suite, vous avez dit qu'il y avait des programmes stériles qui devraient
disparaître...
M. Mathieu: Je n'ai pas dit: Devraient disparaître. J'ai
dit: Stériles.
M. Garon: C'est enregistré. Je suis persuadé que
l'enregistrement s'est fait, vous l'avez dit assez fort pour que ce soit
enregistré.
M. Mathieu: Je n'ai pas dit: Disparaître.
M. Garon: Alors, on va prendre les notes sténographiques
sur ce qui s'est dit ce soir, vers 16 h 15, et on va voir que vous avez dit
qu'il y a des programmes stériles qui doivent disparaître. Vous
allez nous les nommer. Je m'engage à les prendre en note, à
prendre en considération le fait que vous avez dit que ces programmes
devraient disparaître. Vous avez ce droit.
M. Mathieu: Le ministre agit en fausseur professionnel, M. le
Président, une fois de plus.
M. Garon: On verra avec les documents qui sortiront à
partir de l'enregistrement. La machine ne doit pas avoir faussé les
enregistrements, elle doit enregistrer correctement.
Une voix: ... l'enlèvera dans Beauce-Sud.
M. Garon: Le monsieur qui enregistre a l'air à dire
qu'elle enregistre correctement.
M. Mathieu: Vous le faites déjà, l'enlever dans
Beauce-Sud. Des cours d'eau, on n'en a pas tandis que dans les régions
de vos petits amis il y en a de 10 à 12, tant que vous voulez.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député de
Beauce-Sud, s'il vous plaît!
M. Garon: Vous avez dit que, depuis trois ans, il ne s'est pas
passé grand-chose en agriculture. Vous avez le droit de penser cela,
mais vous êtes un des seuls à penser cela.
Je vais vous donner un exemple. Vos affirmations ne sont jamais
appuyées sur des données. Je vais appuyer les miennes sur des
données. Le budget du ministère de l'Agriculture
fédéral, en 1977, était de 939 000 000 $ pour tout le
Canada. Prenez cela en note, 939 000 000 $ pour tout le Canada. Au
Québec, il était...
Une voix: ...
M. Garon: Je n'ai jamais dit le budget du ministère
fédéral de l'Agriculture.
M. Houde: Je vous ai écouté...
M. Garon: M. le député de Berthier, je ne l'ai
jamais mentionné. J'ai mentionné celui de l'Ontario.
M. Houde: Ce que vous venez de dire là, vous l'avez dit en
Chambre.
M. Garon: Jamais je n'ai dit celui du
Canada en 1977. Je peux vous gager le montant que vous voulez. Je viens
d'avoir les chiffres pour la première fois il y a quelques instants.
En 1977, le budget fédéral de l'Agriculture était
de 939 000 000 $; en 1978, il avait baissé à 767 000 000 $; en
1979, il est remonté à 781 000 000 $; en 1980, à 857 000
000 $; en 1981, à 1 023 000 000 $ et, en 1982, il rebaisse à 952
000 000 $. Alors, je dis bien en 1977, le budget était de 939 000 000
$...
M. Mathieu: On est à Québec, ici.
M. Garon: ... et, en 1982, il était de 959 000 000 $.
M. Mathieu: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Le budget du ministère de l'Agriculture
fédéral, en cinq ans, a augmenté de 13 000 000 $.
M. Mathieu: On ne l'a pas interrogé sur le budget du
fédéral, c'est sur le budget de la province qu'on
l'interroge.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, s'il vous plaît!
M. Garon: Le député de Beauce-Sud n'aime pas qu'on
parle du Parti libéral fédéral. Au Québec, le
budget était de 236 000 000 $, en 1977; en 1978, 258 000 000 $; en 1979,
293 000 000 $; en 1980, 347 000 000 $; en 1981, 374 000 000 $ et, en 1982, 468
000 000 $. Le budget actuel du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec est à peu
près la moitié du budget du ministère de l'Agriculture
fédéral pour tout le Canada. Est-ce assez fort? Comme exemple de
comparaison... Pensez-vous que j'avais cet argent dans mes poches? C'est 468
000 000 $. On fait quelque chose avec, on fait du développement
agro-alimentaire au Québec. 468 000 000 $, le budget du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec,
pour le Québec seulement. Le budget d'Agriculture Canada: 952 000 000 $.
Celui de l'Ontario - je l'ai aussi - il a baissé, en 1982, il est
à 284 000 000 $; il était de 188 000 000 $, en 1977; en 1978, 191
000 000 $; en 1979, 226 000 000 $.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, sur une question de règlement.
M. Mathieu: M. le Président, est-ce qu'on est ici pour
étudier les budgets de l'Agriculture du Canada et de l'Ontario ou celui
du Québec?
M. Garon: Non, mais...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, je n'ai pas à me prononcer sur les réponses que le
ministre donne aux questions que vous lui avez posées.
M. Garon: Alors, voyez-vous - je vais terminer pour que les
chiffres soient enregistrés - l'Ontario, en 1977, c'est un ordre de
comparaison; autrement ils disent: Vous n'avez pas un beau budget. Alors, il
faut le comparer. On dit: Le ministre a maigri, j'aimerais bien cela, j'essaie.
Je passe d'un régime à l'autre avec peu de succès. Je vais
vous dire une chose, le budget de l'Agriculture du Québec, c'est un bon
budget.
M. Mathieu: Je vais vous donner une recette.
M. Garon: Le ministère de l'Agriculture de l'Ontario avait
donc, en 1977, 188 000 000 $; en 1978, 191 000 000 $; en 1979, 226 000 000 $;
en 1980: 210 000 000 $; en 1981: 298 000 000 $; en 1982, 284 000 000 $. 284 000
000 $ en Ontario où il y a deux fois plus de terres agricoles et deux
fois plus d'agriculteurs, puis au Québec, il y a deux fois moins
d'agriculteurs, deux fois moins de terres agricoles, mais il y a deux fois plus
de budget, par exemple: 468 000 000 $ et au Canada: 952 000 000 $. Je pense
qu'avec des ordres de comparaison comme cela, on peut dire qu'il y a un effort
de fait par le gouvernement du Québec pour le budget du ministère
de l'Agriculture et tout le monde le ressent.
Si l'on compare mieux que cela - j'ai des chiffres de comparaison avec
ceux du temps des libéraux, du temps de M. Bourassa qui fait des
discours - deux fois à la Baie-James, il aurait dû dire deux fois
plus du budget de l'Agriculture...
M. Mathieu: Vous n'aimez pas cela, hein? Vous n'aimez pas la
Baie-James.
M. Garon: II n'y a pas beaucoup de votants à la
Baie-James.
M. Mathieu: Non, mais il y en a "une" gang qui y sont
allés.
M. Garon: Dans les dépenses de transfert, en 1971, les
dépenses de transfert, dans le temps des libéraux, étaient
de 45 000 000 $; en 1972, 46 000 000 $; cela a monté fort, 1 000 000 $
d'augmentation cette année-là, pour les cultivateurs; en 1973, 61
000 000 $; il y a eu un "patchage" cette année-là; en 1974, 96
000 000 $; en 1975, 102 000 000 $; en 1976, 99 000 000 $; il a baissé.
Donc, les paiements de transfert dans le temps des libéraux sont
passés de 45 000 000 $ à 99 000 000 $; cela a doublé. Cela
veut dire 54 000 000 $ de plus seulement.
Sous le gouvernement du Parti québécois, en 1977, cela
passe de 99 000 000 $, avec les libéraux, à 122 000 000 $; en
1978, 143 000 000 $; en 1979, 177 000 000 $; en 1980, 220 000 000 $; en 1981,
241 000 000 $ et en 1982, on prévoit 211 724 000 $, disons, 312 000 000
$, pardon, des paiements de transfert. Ce qui veut dire que sous les
libéraux, les paiements de transfert aux agriculteurs et au monde
agro-alimenaire sont passés de 45 000 000 $ à 99 000 000 $,
c'est-à-dire 54 000 000 $ de plus, tandis que sous le Parti
québécois, c'est passé de 99 000 000 $ à 312 000
000 $; cela veut dire 213 000 000 $ de plus. Cela veut dire que les paiements
aux agriculteurs ont multiplié quatre fois plus pendant six ans sous le
Parti québécois par rapport aux six
ans des libéraux; il y a eu six fois plus d'augmentation.
M. Mathieu: Pas six, trois.
M. Garon: Non, 50 000 000 $ de plus de transferts entre 1971 et
1976, puis nous autres, c'est 213 000 000 $ de plus...
M. Mathieu: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: ... en six ans; alors, cela fait une jolie
différence.
M. Mathieu: Le ministre induit la commission en erreur. Cela a
été 100% d'augmentation avec les libéraux et 300% dans le
temps du Parti québécois, mais pas 600%.
M. Garon: M. le Président, je ne calcule pas comme les
Chinois calculaient autrefois en disant: L'augmentation des automobiles en
Chine est de 50% et, aux États-Unis, seulement de 10%. Sauf qu'aux
États-Unis, on est passé de 10 000 000 d'automobiles à 11
000 000 d'automobiles, cela fait 10%, et en Chine, on était passé
de 10 000 à 15 000. C'est évident qu'ils avaient une augmentation
de 50%, mais ils n'avaient que 5000 automobiles de plus.
M. Mathieu: Vous calculez comme cela.
M. Garon: Cela, c'est de la propagande, mais les cultivateurs,
quand ils font leurs paiements, il ne les font pas avec les pourcentages, ils
font leurs paiements avec les chèques, avec de l'argent sonnant. Alors,
de l'argent sonnant veut dire quoi? Cela veut dire que les paiements de
transfert ont augmenté de 54 000 000 $, de 45 000 000 $ à 99 000
000 $, de 1971 à 1976, tandis qu'avec le Parti québécois,
de 1976 à 1982, on passera de 99 000 000 $ à 312 000 000 $; cela
veut dire 213 000 000 $ de plus, alors c'est - moi je sais compter - 54 par
rapport à... Cela ne veut pas dire six fois plus, mais quatre fois
plus.
M. Mathieu: Mais comment interprétez-vous le fait que la
part de l'Agriculture par rapport au budget global diminue avec vous
autres?
M. Garon: Je n'ai pas fini... Parce que pour une partie, ce sont
des intérêts qu'on est obligé de payer, par exemple,
lorsque le gouvernement...
M. Mathieu: C'est dans le budget pareil.
M. Garon: Quand M. Trudeau a pris le pouvoir à Ottawa, le
taux d'intérêt était à 8%, aujourd'hui il est rendu
autour de 19% ou 20%. Cela a été la réalisation de M.
Trudeau, voyez-vous d'avoir multiplié par deux fois et demie le taux
d'intérêt. Laissez-moi finir.
M. Mathieu: Dans le Québec indépendant quel serait
le taux d'intérêt?
M. Garon: Laissez-moi finir.
Le Président (M. Boucher): On aura l'occasion de
revenir...
M. Garon: Je me rappelle que pendant la campagne
électorale, en 1973, on disait: La piastre à Lévesque, il
y a 0,80 $ dessus; la piastre à Trudeau à 0,80 $, ce n'est pas
une piastre hypothétique, on l'a. C'est 0,803 $, il reste trois
dizièmes à descendre...
M. Dupré: C'est rendu.
M. Garon: C'est 0,80 $, avec des taux d'intérêt
usuraires pour lesquels les prêtres ne confessaient pas il y a encore
quelques années; je pense qu'ils devraient arrêter de confesser
ceux qui prêtent encore à 20%.
M. Dupré: On n'aurait pas...
M. Garon: Des taux usuraires! Dans toutes les religions au monde,
on interdit les taux usuraires; pour les mulsulmans aussi, dans le Coran, c'est
interdit de prêter à ces taux-là.
M. Houde: On est en 1982, on n'est pas en 1902.
M. Garon: Vous voulez dire que c'est bon des taux
d'intérêt à 20% en 1982?
M. Houde: Ce n'est pas la question, la question n'est pas
là.
M. Garon: En 1982, c'est bon!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Mathieu: Dans le Québec séparé ce serait
quoi, le taux d'intérêt?
M. Garon: Je ne fais pas de prophétie, on administre en
1982. En 1982, on n'est pas indépendant. On aimerait l'être, les
gens n'ont pas voulu, ils ont élu Trudeau en 1974-1975, ils ont le
résultat et ils auront la chance de décider dans deux ans s'ils
ont aimé cela.
M. Mathieu: Vous êtes économiste, est-ce que vous
pouvez nous dire quel serait le taux d'intérêt dans un
Québec séparé? Vous
êtes économiste.
M. Dupré: Ce ne serait certainement pas pire...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Vous êtes économiste.
M. Garon: Je peux vous dire une chose. Moi, en tout cas, je ne
serais pas favorable à un gouvernement qui donnerait la médaille
de l'ordre du Québec comme ils ont donné l'Ordre du Canada
à M. Bouey, le 15 décembre dernier, pour avoir maintenu les taux
d'intérêt à quelque 20% au cours de l'année
1981.
M. Mathieu: Vous ne répondez à ma question.
M. Dupré: ... salaire en plus.
M. Garon: Maintenant, vous avez dit qu'on a engagé des
contractuels. On a engagé peu de contractuels, c'est une chose que je
vérifie et M. Ouellet le sait. On regarde cela
régulièrement. On fait travailler nos employés parce qu'un
a plusieurs milliers d'employés au ministère. Vous avez
d'ailleurs la liste de tous les contrats. Cela me fait plaisir que vous me le
demandiez ça me permet de vous la donner, mais j'aimerais par exemple
que vous soyez corrects quand je vous donne des statistiques. L'an passé
j'ai donné les projets de recherche dans le porc, vous en avez
cité un en Chambre...
M. Mathieu: Vous ne nous les avez pas donnés, pardon!
M. Garon: Sur environ trente projets de recherche, vous avez
cité un projet de recherche de 85 $ pour tester une mécanique. Si
tester la mécanique, cela coûtait 85 $, est-ce qu'on aurait
dû dépenser 5000 $ et engager une firme libérale qui
fournit la caisse électorale? On dit: Cela coûte 85 $, tester
cela; on paie 85 $, et on est content que ça n'ait pas
coûté plus de 85 $ pour avoir le résultat.
M. Mathieu: Ce n'est pas cher non plus.
M. Garon: Mais on a le résultat; on avait besoin de ce
résultat-là. Alors, quand on parle, par exemple, de l'emprise du
ministre sur les décisions administratives, là, vous êtes
en contradiction. Je vais vous donner l'exemple de Sol-Plus. Ce sont des
ingénieurs du ministère qui nous disaient que les planches dans
Sol-Plus, c'était déphasé, qu'il faudrait aujourd'hui
passer directement au drainage souterrain et que les travaux
mécanisés dans certains cas coûtaient cher pour ce qu'ils
rapportaient. Au contraire, j'ai écouté les employés du
ministère, mais j'ai fait plus que cela. L'emprise du ministre, c'est
une affaire... J'ai écouté et j'ai trouvé que ça
avait du bon sens ce que vous disiez. Les députés du caucus
agricole du Parti québécois aussi ont vu le diaporama parce que
les députés se posent des questions, les gens nous posent des
questions. Ils ont vu le diaporama des ingénieurs; les hauts
fonctionnaires du ministère sont venus expliquer aux
députés comment cela fonctionnait, le drainage, puis les planches
et tout cela.
Après cela j'ai dit aux fonctionnaires: J'aimerais que vous
fassiez un diaporama sur les différentes techniques de drainage, la
façon dont le drainage se fait et après cela qu'on organise des
réunions dans toutes les régions du Québec sur les
techniques de drainage, drainage souterrain, drainage de surface, les planches,
l'égalisation du terrain, tout cela, pour voir quels sont les meilleurs
coûts avec la machinerie qui commence à être utilisée
depuis quelques années, la machinerie nouvelle qui coûte moins
cher parce que, aujourd'hui, au coût de l'énergie, on ne peut plus
faire des travaux comme on en faisait en 1930. Ce que le député
de Beauce-Sud me demande, dans le fond, c'est de continuer comme autrefois. Je
regrette, il y a eu un temps pour la voiture à cheval, il y a eu un
temps pour les tracteurs, il y a un temps pour les "bulls" et il y a un temps
pour de la machinerie plus moderne. À cause des coûts
d'énergie, il faut changer les méthodes. Les techniciens du
ministère m'ont suggéré cela et je savais qu'il
était temps qu'on change quelque chose. Quand on modernise quelque
chose, il y a toujours des réactions, parce que les gens n'aiment pas
toujours le changement. (16 h 30)
N'oubliez jamais une chose, M. le député de Beauce-Sud -
j'ai appris cela en économie, non pas en droit, mais en économie
- dans toute l'histoire du monde, le secteur qui s'est toujours
modernisé le plus, c'est le secteur agricole. On a toujours dit que les
cultivateurs étaient des gens conservateurs. Ils sont conservateurs sur
certains aspects. Sur le plan des principes, ils sont conservateurs, sur
certains plans, ils sont conservateurs, mais sur le plan de
l'équipement, de la modernisation de la technologie, ce sont les gens
les plus dynamiques qui existent dans le monde, dans toutes les
sociétés.
Lisez les documents sur le développement économique.
Pourquoi y a-t-il eu la révolution industrielle, aux XVIIe et XVIIIe
siècles? À cause de la modernisation de l'agriculture, ce qui a
fait que les gens pouvaient cultiver les mêmes terres avec beaucoup moins
de monde. Cela a donné un surplus de main-d'oeuvre. Le
développement
des villes est alors arrivé, parce que ces gens ont quitté
les campagnes pour aller dans les villes. Ils ne pouvaient plus gagner leur vie
dans les campagnes, parce qu'on pouvait produire beaucoup plus avec beaucoup
moins de monde. Or, le secteur agricole est un secteur qui se modernise
rapidement.
Maintenant qu'on a adopté un ensemble de lois, etc., je vais
avoir plus de temps qu'en 1981 pour me promener. J'ai recommencé, depuis
quelques semaines, à faire des tournées, à rencontrer des
gens et vous n'avez pas idée du nombre de gens qui m'ont
félicité pour avoir fait ces changements. Ils disent: Vous auriez
dû faire cela avant, vous avez fait épargner de l'argent aux
cultivateurs.
J'ai demandé aux ingénieurs du ministère de faire
le diaporama. On me dit que le diaporama est à peu près
terminé et que...
M. Mathieu: On aimerait le voir.
M. Garon: ... dans les différentes régions du
Québec, ils vont faire des tournées d'information. Ce sera
intéressant. Lors d'une soirée ou un après-midi, les
agriculteurs vont venir dans la salle. Des gens vont montrer aux agriculteurs
différentes techniques de drainage qui feront que le sol sera mieux
drainé à meilleur marché avec différentes
techniques. Parfois, des gens ont pu encourager des techniques qui ne sont pas
nécessairement bonnes.
L'autre jour, je suis allé dans le Témiscamingue. Pour
descendre plus près, je suis descendu à l'aéroport de
Earlton. J'ai fait un grand bout en automobile en Ontario et au Québec.
Quand je suis descendu, certaines gens de l'Abitibi m'ont dit: Oui, les
planches, c'est bon. Je n'ai pas dit un mot. Je suis monté dans
l'automobile et j'ai fait un grand bout en Ontario. À un moment
donné, j'ai dit à l'agronome qui conduisait l'automobile: Ils ne
font pas beaucoup de planches. Ah! il a dit: Non, en Ontario, ils ne font pas
de planches. Oui, mais j'ai dit: Qu'est-ce qu'ils font? Il a dit: Ils drainent.
J'ai dit: J'avais entendu dire que dans le Témiscamingue, dans le bout
ici, les terres n'étaient pas bonnes pour le drainage. Il a dit: Oh! en
tout cas, eux autres, ils drainent. J'ai vu que, partout où c'est
drainé, c'est planche. On entre au Témiscamingue et je vois une
couple de planches. À un moment donné, je vois une belle terre
planche. J'ai dit au gars: Cette terre n'a pas de planches. Il a dit: Non,
c'est notre meilleur cultivateur. J'ai dit: Qu'est-ce qu'il a fait pour avoir
une terre planche comme cela? Il a dit: II a drainé. J'ai dit: Ah!
est-ce un bon cultivateur? Il a dit: C'est notre meilleur. J'ai dit: Les gens
devraient peut-être l'imiter et faire aussi comme les gens de l'Ontario,
faire du drainage pour avoir des terres planches au lieu de faire des planches
et de "bulldozer" la matière organique. Après avoir fait quelques
milles, j'ai vu que plusieurs personnes faisaient du drainage et, en
vérifiant sur place, j'ai vu concrètement que c'était plus
utile de faire cela. Je pense que c'est excellent.
Le député de Beauce-Sud vient de me mettre la puce
à l'oreille, parce que j'ai des données pour sa région, la
Beauce. Les Beaucerons sont des gens futés, vous savez. Qu'est-ce que
les Beaucerons ont fait? On a travaillé ensemble pour établir les
budgets. On a le meilleur budget pour les travaux mécanisés et
pour les drainages souterrains.
M. Mathieu: On avait tellement de retard.
M. Garon: Le 30 mai... Oui, c'est parce que le Parti
libéral a été trop longtemps au pouvoir.
M. Mathieu: Cela fait six ans que vous êtes là.
M. Garon: Non, on draine au maximum dans la Beauce. Regardez bien
cela, cette année. Au 30 mai 1981, l'an passé, dans la Beauce, il
y avait 96 cultivateurs qui avaient engagé 164 111 $ dans le drainage.
Cette année, avec les mauvaises méthodes du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ils ont engagé
500 658 $ pour 171 agriculteurs, trois fois plus au 31 mai.
M. Mathieu: Vous disiez...
M. Garon: Alors, cela veut dire, dans la même
période de temps, trois fois plus. Et moi je vais vous dire ma crainte:
c'est que dans la Beauce, on manque d'argent.
M. Mathieu: Les règles sont changées. N'oubliez pas
cela. N'oubliez pas de dire que les règles sont changées depuis
l'an dernier.
M. Garon: Lesquelles?
M. Mathieu: L'an dernier, il fallait qu'ils fassent le drainage
dans les 30 jours. Les programmes sont changés depuis l'an dernier.
M. Garon: Cela ne fait rien.
M. Mathieu: Vous ne pouvez pas comparer deux choses qui ne se
comparent pas.
M. Garon: Non, non, non. Les règles ont été
changées au mois de juillet. Les règles ont été
changées en 1981, le 28 ou le 29 juillet. Au mois de mai, il n'y avait
eu aucun changement dans les règles et il n'y
avait pas de délai. Cela a été changé au
mois de juillet. Puis, dans le drainage du souterrain, ils avaient 60
jours.
M. Mathieu: Et cette année, les gens savent qu'au mois de
juillet, il peut arriver la même chose. C'est pour cela qu'ils ne
prennent pas de risques.
M. Garon: II y a un budget qui a été
établi.
M. Mathieu: Chat échaudé craint l'eau froide.
M. Garon: II y a un budget qui a été établi
dans la Beauce. Le budget est de 850 000 $. C'est un très bon budget,
c'est un record de tous les temps dans la Beauce. Il y a déjà 500
158 $ d'engagés. Quand on aura atteint 850 000 $, vous dites que c'est
seulement des engagements, que les gens ne les dépenseront pas.
Pensez-vous qu'on devrait les forcer à les dépenser plus vite
pour être bien certain qu'ils vont les dépenser?
M. Mathieu: Laissez-les libres.
M. Garon: Si vous pensez que l'argent ne se dépensera pas
et que ce sont des engagements folichons, je suis prêt à changer
cela, dans la Beauce. Pour être certain que l'argent sera
dépensé...
M. Mathieu: II y a assez de domaines où nous n'avons pas
eu notre part.
M. Garon: Regardez maintenant les travaux
mécanisés. Les travaux mécanisés, le 30 mai, l'an
dernier, il y avait 392 000 $ d'engagés pour 438 agriculteurs. Cette
année, 1 006 800 $. Deux fois et demie de plus pour 859 agriculteurs,
pour deux fois plus d'agriculteurs. Les chiffres parlent, ils parlent par
eux-mêmes.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Et en plus ils n'ont pas de député.
M. Garon: Mais, non c'est toute la Beauce, la grande Beauce. Non
seulement Beauce-Sud, c'est Beauce-Nord, c'est Beauce-Sud et une partie de
Mégantic, une partie de Dorchester aussi. Qu'est-ce que les agriculteurs
ont dit, de Sol-Plus. Ils ont dit: Le ministère de l'Agriculture ne paie
plus pour les planches. Si les agriculteurs veulent faire des planches, on
calcule que c'est une méthode dépassée en grande partie.
Cela ne veut pas dire qu'à des places ils ne peuvent pas faire des
planches, que ce n'est pas bon à certaines places, ce n'est pas cela que
cela veut dire. C'est qu'en grande partie, ce n'est pas la meilleure
formule.
Alors, on va mettre l'argent sur des choses dont on est certain qu'elles
sont nécessaires. On l'a mis sur le défrichage, afin que les
terres en friche soient mises en valeur. On l'a mis là-dessus, pour
épierrer les terres; ce sont des affaires absolument nécessaires
pour développer l'agriculture dans beaucoup de régions du
Québec. Les Beaucerons, futés comme d'habitude, ont dit: On va
sauter là-dessus, on va en profiter pour défricher nos terres et
en va en profiter pour épierrer nos terres. Ils dépensent encore
plus d'argent que d'habitude. Je suis persuadé qu'il y en a qui vont
mettre des "bull" dans le drainage. Il y a certaines formes de drainage
essentielles qui sont permises par les travaux mécanisés.
Alors, M. le Président, que cela aille au-delà de toute
espérance, je suis un peu craintif quand on change un programme. Mais
les gens avec qui j'ai eu de longues séances de discussions m'ont
convaincu que ce serait une bonne chose que de changer cela. Le sous-ministre
et moi avons pris une décision. On a dit: On va l'appliquer, et s'il y
avait quelque chose qui ne marchait pas, il est toujours temps de changer. Non
seulement cela, mais on craint plus de manquer d'argent qu'autre chose. Tous
les gens disent que, cette année, c'est un budget
généreux. J'étais content de voir cela. C'est un budget
généreux mais ils ne le dépenseront pas.
Alors, le budget est généreux et si on dépense tout
le budget, cela veut dire que le budget était généreux,
que la décision était bonne d'avoir fait le programme de cette
façon cette année pour qu'il serve davantage les fins de
développement de l'agriculture.
M. Mathieu: Je vais donner un conseil au ministre, M. le
Président. Tout à l'heure, il disait qu'il avait de la
misère avec...
M. Garon: Alors, laissez-moi finir. Je termine, j'ai fait mon
vingt minutes?
M. Mathieu: Ah, beaucoup plus.
Discussion libre
M. Garon: Je ne calcule pas le temps. De toute façon, je
crois que j'en ai dit un bon bout et je vais laisser la chance au
député de Beauce-Sud de prendre la parole. Vous pouvez être
certain qu'on n'a pas intérêt à mettre un programme de 41
000 000 $, et cette année, au-dessus de 7 000 000 $ dans les cours d'eau
alors que l'an dernier c'était 4 500 000 $...
M. Mathieu: Combien, dans la Beauce?
M. Garon: Dans la Beauce, il n'y a pas beaucoup de demandes. Il
n'y a pas beaucoup de demandes pour les cours d'eau, pour moi c'est montagneux
pas mal et les vallées sont faites. Il y a moins de demandes dans la
Beauce. Il y a beaucoup de demandes dans certains comtés. Le
député de Maskinongé a dit: patronage. Un des
comtés qui en a le plus, c'est le comté d'Argenteuil parce que la
ville de Mirabel a été massacrée par le Parti
libéral fédéral, alors je calculais que ce serait une
bonne chose que de les aider au point de vue du drainage en acceptant au moins
leur cours d'eau pour assurer l'égouttement des terres parce que, pour
eux, c'est plus difficile de dépenser beaucoup d'argent quand c'est
à location à court terme, quand c'est pour un an ou deux. Les
agriculteurs hésitent à investir des milliers de dollars dans le
drainage souterrain mais, au moins, ils auront les cours d'eau.
M. Dubois: C'est là que vous les boycottez.
M. Garon: M. le député de Huntingdon, je peux dire
une chose, ce n'est pas parce que je pensais gagner le comté, mais si
vous pensez que je devrais faire cela comme ça, je peux le faire comme
cela. Il a eu plus que sa part, le comté de Huntingdon, parce qu'on dit
que c'est une bonne région agricole et je serais quasiment
gêné de dire le chiffre, tellement il est fort.
M. Dubois: Car 60% des légumes du Québec viennent
de là aussi.
M. Garon: Le drainage qui a été fait a
été fait dans le comté de Huntingdon. Quand le
député de Maskinongé dit qu'il y a eu du patronage, je
vous le dis bien franchement, j'aimerais le savoir parce que, normalement, le
comté de Huntingdon c'est un comté qui va être très
difficile à prendre pour nous, on ne mettra pas beaucoup d'argent
là. Au contraire, le comté qui a eu le plus d'argent depuis 1976,
c'est le comté de Huntingdon.
M. Dubois: C'est un des comtés qui paie le plus
d'impôt.
M. Garon: Alors, pourquoi, c'est parce qu'il y a de l'agriculture
dans Huntingdon. On se dit que c'est bon pour l'économie du
Québec qu'il se fasse du développement dans le comté de
Huntingdon. Alors, cela a été réparti
équitablement. Je peux vous dire que, dans l'affectation des budgets, on
affecte les budgets le plus équitablement aux régions du
Québec en fonction de ce qui va donner le plus de développement
économique. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire d'erreur,
mais, d'une façon générale, c'est cela qui est fait dans
l'ensemble du Québec. Cette année, il y a des cours d'eau
à faire et j'espère que, si on continue au même rythme,
c'est possible qu'au cours des prochaines années, il n'en reste pas. Mon
ambition, ce serait d'arriver aux prochaines élections et qu'il ne reste
plus un cours d'eau dans la banque, que tout soit fait. Et ce n'est pas
irréalisable, parce qu'on y va à un rythme accentué.
J'aimerais dire que tous les cours d'eau sont faits, j'aimerais
présenter un bilan comme cela aux prochaines élections.
Les cultivateurs seraient contents et diraient: On va continuer avec le
même gouvernement, il nous a bien servis de 1976 à 1981, il nous a
bien servis de 1981 à 1985, 1986 et on va continuer à
l'élire. Le ministre est jeune, il est encore bon pour un mandat.
M. Mathieu: M. le Président, vantardise entretient
l'embonpoint.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le ministre a fait allusion
aux cours d'eau et je veux lui demander pour quelle raison il ne fait plus
confiance aux officiers en région pour l'exécution des cours
d'eau puisque toutes les décisions de réfection se prennent
à partir de son cabinet. Les officiers en région n'ont plus
aucune décision à prendre sur l'opportunité de faire un
cours d'eau immédiatement ou plus tard, c'est seulement le ministre qui
leur donne l'ordre de le faire ou de ne pas le faire. Pourquoi? Cela ne se
passait pas comme cela avant. Les officiers en région prenaient des
décisions quand ils avaient un budget à administrer. Aujourd'hui,
M. le ministre leur dit quels cours d'eau exécuter. Pour quelles raisons
est-ce que ça fonctionne comme cela?
M. Garon: Ce sont les fonctionnaires qui prenaient les
décisions en région dans le temps des libéraux?
M. Dubois: Je vous parle depuis 1976, là. Je
n'étais pas ici avant 1976.
M. Garon: Ce sont les fonctionnaires qui décidaient de
donner la moitié de tous les contrats de plans d'ingénieurs
à deux firmes...
M. Dubois: Je parle depuis 1976.
M. Garon: ... qui en avaient 4 800 000 $ sur 6 000 000 $?
M. Dubois: Je parle depuis 1976. M. Garon: Un instant!
M. Dubois: C'est récent. C'est très récent.
Le ministre prend toutes les décisions sur les cours d'eau à
exécuter cette année ou à ne pas exécuter. C'est la
question que je pose, pour quelle raison cette décision?
M. Mathieu: II a la science infuse.
M. Dubois: Est-ce que le ministre veut tout contrôler
à partir de son cabinet et que les gens en région n'ont plus rien
à foutre? C'est à peu près ce qui se passe en ce moment.
C'est exactement ce qui se produit.
M. Garon: Les municipalités font leur demande.
M. Dubois: Je sais le processus mais il y a des ingénieurs
en région qui connaissent bien les problèmes de la
région.
M. Garon: Eux, ils font les plans.
M. Dubois: Oui, mais quand arrive une priorité, c'est M.
le ministre qui décide.
M. Garon: Non, on fait la répartition sur l'ensemble du
territoire.
M. Dubois: Décision politique, strictement politique.
M. Garon: Puis?
M. Dubois: Vous n'êtes pas là pour la politique.
Vous êtes là pour servir la population qui a besoin de cours
d'eau.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Et puis les priorités sont données par
le ministre. Alors, ça veut dire...
M. Garon: Pensez-vous que ce n'est pas fait correctement?
M. Dubois: Une région peut avoir besoin de cours d'eau
mais le ministre va dire: Ce n'est pas là qu'on les fait, c'est
ailleurs.
M. Garon: On répartit les fonds dans l'ensemble du
Québec, le plus équitablement possible. Pourquoi?
M. Dubois: Des décisions politiques, je connais cela.
M. Garon: Non non. C'est parce que des régions ont
été laissées pour compte dans le passé. Il y a des
régions qui ont été privilégiées dans le
passé, il y des endroits où les gens ont été
privilégiés et d'autres ont souffert pendant des
années...
M. Dubois: M. le ministre, il y a du drainage...
M. Garon: Et je vais vous dire une chose, une des régions
privilégiées l'année passée a été la
vôtre, parce qu'elle avait été maganée dans le
passé.
M. Dubois: Écoutez...
M. Garon: C'est une des régions où on a fait
beaucoup de cours d'eau, vous devriez être le dernier à
parler.
M. Dubois: II en manque énormément.
M. Garon: On a fait de la discrimination en faveur de votre
région justement.
M. Dubois: On a...
M. Garon: ... parce que, dans le passé, il n'y avait
quasiment pas eu de cours d'eau.
M. Dubois: On a environ 20% du drainage de fait dans la
région chez nous mais ce n'est pas adéquat; des drains arrivent
soit en dessous du cours d'eau, soit en dessous du niveau du cours d'eau. C'est
fréquent, on en rencontre tous les jours. Le cas le plus flagrant, c'est
le Norton Creek. Depuis 1976 que vous avez le dossier sur votre bureau. Je ne
dis pas qu'il ne traînait pas avant, mais il traîne depuis 1976. Il
y a eu des pertes de récoltes, trois ou quatre fois la valeur du
coût d'exécution du cours d'eau, mais non, jamais d'intervention
de ce côté. Pourtant, vous savez les pertes qu'il y a eu
là. C'est quand? Si c'est une décision politique, prenez-la
immédiatement, c'est important. Vous dites que vous y êtes
favorable. (16 h 45)
M. Garon: Mais je ne mettrai pas tout le budget du
ministère dans votre comté.
M. Dubois: Vous dites que vous êtes favorable au
développement de la production horticole.
M. Garon: Mais je ne mettrai pas tout le budget.
M. Dubois: C'est la plus grosse région de production
horticole, c'est 60% du Québec. Alors c'est important qu'il y ait des
cours d'eau qui soient faits là.
M. Garon: Dans votre comté vous avez eu une immense part
au cours des cinq dernières années, plus que votre part.
M. Dubois: J'ai étudié les dépenses
réalisées dans les différents comtés; on n'a pas eu
plus que notre part. On a eu une part assez équitable mais on a besoin
de plus parce que la grande production vient de là, et vous le
savez.
M. Dupré: Tout le monde en demande.
M. Dubois: Quand 60% d'une production se fait dans une
région c'est normal de
mettre l'emphase sur cette région. C'est normal que des
crédits aillent là. Vous connaissez la situation du Norton Creek,
où il y a 20 000 acres de terre noire qui ne seront jamais
développées tant que cela ne sera pas fait. On perd des
récoltes à tous les ans à cause de cela. Quand le ministre
prendra-t-il une décision? Est-ce qu'il peut me dire aujourd'hui quand
il va prendre la décision? Parce que c'est important pour toute la
région agricole. Ce n'est pas important pour moi, c'est important pour
les producteurs qui sont dans les champs et qui perdent des récoltes.
C'est important pour l'autosuffisance que vous prêchez depuis 1976. Quand
est-ce que vous allez le faire?
M. Lachance: De 1970 à 1976 cela n'existait pas cette
région?
M. Dubois: Monsieur, je n'étais pas ici avant 1976, ce
n'est pas une question qu'on doit me poser. Posez cela à des gens qui
sont près de chez eux.
M. Garon: Le problème du Norton Creek, c'est justement ce
dont le député de Beauce-Sud parlait tantôt, qui
était fait dans le temps des libéraux, une absence de
planification dans les bassins de drainage. Un des problèmes c'est
justement que le Norton Creek connaît des inondations qui sont dues
à une mauvaise planification. Qu'est-ce que j'ai commandé face
à cela? J'ai commandé... un instant...
M. Dubois: Écoutez, cela ne fait pas six ans.
M. Garon: II fallait voir justement pourquoi cela marchait mal de
même.
M. Dubois: C'est six ans d'attente, je veux savoir ce que vous
avez fait depuis six ans.
M. Garon: Alors ce qu'on a commandé.
M. Dubois: Je ne m'occupe pas de ce qui avait été
fait avant. C'est depuis 1976.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Huntingdon...
M. Dubois: Écoutez, on ne reviendra pas à l'an 1.
Il y a une limite à cela.
Le Président (M. Boucher): ... vous avez posé la
question.
M. Dubois: Arrêtez de charrier sur le passé et dites
ce qui se fait présentement.
M. Garon: Arrêtez de dire des niaiseries. Dans votre
comté vous avez eu à peu près 20% du budget des cours
d'eau depuis cinq ans.
M. Dubois: Ce ne sont pas des niaiseries. Vous connaissez les
pertes qu'on fait là, vous les connaissez très bien.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, à
l'ordre!
M. Garon: Vous avez eu à peu près 20% du budget des
cours d'eau depuis cinq ans et vous n'en aurez pas plus.
M. Dubois: Vous n'avez pas le courage politique de prendre une
décision immédiate. C'est cela qui arrive.
M. Garon: Je calcule que vous avez eu votre part.
M. Dubois: Ah oui, c'est cela, la part: Cela ne marche pas comme
ça, cela marche avec du développement accentué. C'est
comme ça que cela fonctionne, vous le savez bien.
Une voix: Quand vous serez prêt à reprendre, vous me
le direz.
Une voix: Vous avez posé une question, attendez la
réponse.
M. Garon: Si on vous dérange, le président peut
s'en aller.
Une voix: ...
M. Paradis: Sur la question de règlement, je pense que le
droit de parole appartenait au député de Huntingdon lorsque... Si
on pouvait procéder dans l'ordre et laisser le député de
Huntingdon finir son droit de parole, le ministre pourrait y
répliquer.
Le Président (M. Boucher): J'avais compris que le
député de Huntingdon avait terminé sa question au ministre
et j'attendais que le ministre réponde. J'avais donné la parole
au ministre. S'il vous plaît, n'interrompez pas dans la
réponse.
M. Garon: Ah, vous l'avez posée?
M. Dubois: Vous n'avez pas compris encore?
M. Garon: Si vous l'aviez posée, pourquoi ne vous
êtes-vous pas tu?
M. Dubois: C'est quand, l'intervention au Norton Creek? C'est
cela que je veux savoir.
M. Garon: D'accord.
M. Dubois: Bon, répondez à présent.
M. Garon: Alors taisez-vous maintenant et je vais
répondre.
M. Dubois: Mais pas pour 197D à 1976. De 1976 à
aujourd'hui, qu'est-ce que vous avez fait? c'est cela que je veux savoir.
M. Garon: Le comté de Huntingdon est un des comtés
qui ont eu le plus de cours d'eau pour les six dernières années,
depuis 1976. Je vais produire les chiffres ce soir. On va démontrer que
le comté de Huntingdon, depuis 1976, a eu à peu près 20%
à 25% de tous les budgets de cours d'eau qui ont été
dépensés depuis cinq ans par le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Je pense que...
M. Dubois: Est-ce que c'était cela ma question, ou si ce
n'était pas cela? La question au ministre n'était pas: Combien de
cours d'eau ont été exécutés à Huntindgon?
J'ai posé une question sur le Norton Creek. Quand le ministre
interviendra-t-il? Point final.
M. Garon: M. le Président, M. le député de
Huntingdon devrait regarder son règlement. Il est maître des
questions mais il n'est pas maître des réponses. Il posera la
question qu'il voudra mais je vais donner la réponse...
M. Dubois: Je veux l'avoir un jour la réponse.
M. Garon: ... que je voudrai.
Deuxièmement, le problème qu'il y a eu au Norton Creek
c'est qu'il n'y a eu aucune planification des cours d'eau dans ce coin et que
les cours d'eau ont été faits n'importe comment. De sorte qu'il y
a des inondations qui arrivent. Qu'est-ce qu'on a fait? Actuellement on est en
train d'effectuer une étude de tout le bassin hydrographique du Norton
Creek, justement pour pouvoir intervenir de façon rationnelle. Le
député de Beauce-Sud avait raison quand il a dit à un
moment donné que les affaires étaient mal faites; dans le temps
des libéraux, il a raison, il n'y avait aucune planification.
Actuellement, pour ce qui est du Norton Creek, il sera impossible de
résoudre ce problème sans une planification de tout le bassin
hydrographique, parce que c'est une cuvette. Une grande région de terre
noire, c'est quoi essentiellement? C'est une cuvette qui va en s'abaissant,
dont le fond est appuyé presque sur une gélatine quand il y a
plusieurs pieds de terre noire. Les ingénieurs me disent que le fond est
l'équivalent d'une gélatine. C'est-à-dire que ce n'est pas
stable et avec des bulldozers c'est difficile d'y travailler parce qu'ils
peuvent disparaître là-dedans tellement c'est un sol fragile.
Alors, on ne peut pas procéder de n'importe quelle façon, mais je
ne suis pas gêné du tout du bilan des cours d'eau dans votre
comté. Non seulement cela, mais on aurait fait le dizième de cela
dans n'importe quel comté et on aurait été élu
à plate couture.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... le ministre a dit tout à l'heure que
j'avais parlé d'un manque de planification du temps des libéraux.
Ce n'est pas du temps des libéraux, c'est de son temps à lui. Ses
programmes, c'est de l'improvisation, c'est un manque de cohérence et
c'est un manque de planification, c'est ce que j'ai dit.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est...
M. Dubois: ... je voudrais rappeler au ministre que tous les
ingénieurs de la région de Huntingdon sont au courant du
problème et ils connaissent la solution. Le ministre la connaît
sans doute aussi depuis six ans, mais je peux dire au ministre qu'il n'y a pas
eu d'intervention dans ce sens-là. Vous connaissez les pertes de
récoltes, les pertes de produits qu'on ne peut pas exporter aux
États-Unis à cause de ce cours d'eau, vous êtes au courant
de cela. C'est pour cela que je reviens sur la question; cela fait quand
même cinq ans que je la pose ici. J'aimerais bien, un jour, avoir une
réponse favorable au moins pour les agriculteurs qui sont là.
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais profiter d'un
moment d'accalmie pour mentionner que le député de
Brome-Missisquoi pourrait prendre la place, s'il n'y a pas
d'inconvénient, du député de Charlevoix, M. Mailloux,
comme intervenant.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Garon: M. le député de Charlevoix ne
s'intéresse pas à l'agriculture?
M. Mathieu: II est occupé à une autre commission,
M. le Président.
M. Garon: II a fait son choix, mais le fait de choisir indique
ses préférences.
M. Mathieu: M. le Président...
M. Garon: S'il n'est pas ici, c'est parce qu'il
préfère être ailleurs.
M. Paradis: M. le Président, là-dessus,
étant donné que...
M. Garon: Je le note...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Vu qu'on s'est attaqué au député
de Charlevoix et qu'on semble vouloir dire qu'il indique ses
préférences dans un autre domaine que l'agriculture, je me dois
de souligner au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation que le député de Charlevoix est
présentement en réunion, en train de préparer la question
avec débat de vendredi prochain qui porte, comme vous le savez sans
doute, M. le ministre, sur l'entretien des routes en milieu rural. Je sais que
vous savez très bien, également, que les agriculteurs sont
très préoccupés du fait que votre gouvernement a
coupé plus de 60 000 000 $, au cours des deux dernières
années, dans la construction et l'entretien des routes en milieu rural.
Les premiers à en souffrir, ce sont les producteurs agricoles. Vous
conviendrez donc avec moi que s'il est là, c'est à cause de son
expertise dans le domaine des transports, ayant déjà
été lui-même ministre des Transports, et que
l'intérêt premier qu'il l'y amène, c'est la cause des
agriculteurs qui blâment le présent gouvernement de ces coupures
de 60 000 000 $ en deux ans.
M. Garon: Vous savez, M. le Président, si les chemins
avaient été bien faits, au bout de six ans, ils ne seraient pas
défaits. Alors, si le député a été ministre
des Transports si longtemps et s'il y a tant de problèmes dans les
chemins ruraux, c'est parce que les chemins qui ont été faits du
temps des libéraux, par patronage, ont été faits à
moitié et il faut les reprendre.
M. Mathieu: Ce n'est pas le cas du tout. C'est que, cette
année, le gouvernement n'a pas pris à sa charge en temps utile la
voirie municipale. Des chemins sous la juridiction du ministère des
Transports dans le comté de Beauce-Sud, il y en a 600 milles. Ils en ont
laissé l'entretien aux municipalités jusqu'au 20 mai. Donc, les
autobus d'écoliers, les camions qui ramassent le lait, qui livrent la
moulée, qui ramassent les animaux ont défoncé ces chemins.
Face à l'incurie du ministère des Transports, aujourd'hui, nous
sommes dans cette situation très pénible pour nos
agriculteurs.
M. Garon: Dans les chemins municipaux, vous dites?
M. Mathieu: Oui, sous la juridiction du ministère des
Transports.
M. Garon: Et puis!
M. Mathieu: Vous n'avez pas fait votre job.
M. Paradis: Vous avez coupé 60 000 000 $. 60 000 000 $ de
moins pour 60 comtés ruraux, c'est 1 000 000 $ de moins par comté
rural.
M. le Président, pour en revenir à nos cours d'eau, dans
le domaine de l'agriculture...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le ministre, lorsque je suis entré - un peu
en retard, j'en conviens -à cette commission, vous étiez à
discuter avec le député de Huntingdon de la planification des
cours d'eau dans les comtés. Comme député d'une
circonscription rurale importante - je pense que c'est la quatrième en
production agricole au Québec - je conviens avec vous que les cours
d'eau, c'est une des priorités. Je me demande, au niveau de la
planification des travaux, pourquoi votre ministère, à l'encontre
des autres ministères - je pourrais énumérer l'ensemble
des ministères du gouvernement - ne procède pas, avec l'ensemble
des députés, comme les autres ministères. Ce qui arrive,
pour prendre l'exemple du ministère des Transports dont on parlait,
c'est que les fonctionnaires en région, qui sont chargés des
dossiers, bâtissent des dossiers à partir desquels eux, comme
fonctionnaires, de leur bureau, établissent certaines priorités.
Ce qui arrive également, c'est que chaque année, vers le mois
d'octobre, le sous-ministre des Transports - en l'occurrence, son nom est
Pierre Michaud - réunit tous les députés d'une
région. De n'importe quel parti politique qu'on soit, on s'assoit autour
d'une table et on discute des priorités qui ont été faites
par les fonctionnaires à partir des renseignements que ces gens ont pu
recueillir et à partir des renseignements que le député,
lui aussi, a pu recueillir.
M. le ministre, je sais que vous procédez à partir des
demandes qui sont faites par le producteur agricole, par le biais de sa
municipalité et, autrefois, parce que ce n'est plus comme cela dans
certaines régions, par l'entremise du conseil de comté. J'imagine
qu'aujourd'hui vous avez dû substituer "municipalité
régionale de comté" à "conseil de comté". Il
demeure une chose, c'est qu'à nos bureaux de comté, pour ceux qui
en font - je pense que de n'importe quel parti politique qu'on soit, lorsqu'on
est député d'une circonscription rurale, on en fait au moins un
jour par semaine - on a à
répondre à ces questions. Le genre de demandes qu'on a
présentement, c'est: Qu'est-ce qui arrive avec mon cours d'eau qui est
acheminé depuis X années, où en est-on? Qui établit
ces priorités? Il y a même des producteurs agricoles qui nous
disent - et cela m'est arrivé récemment - qu'au niveau du
drainage agricole, ils ont drainé leurs terres l'an passé et le
ministère les avait prévenus qu'ils ne seraient pas payés
sur le budget de l'année passée, mais qu'ils seraient
payés sur le nouveau budget.
Quant aux demandes, lorsqu'on contacte les fonctionnaires, Us nous
confirment que toutes les demandes sont sur le bureau du ministre, que le
ministre va - un des ces jours on espère pas trop lointain, si on ne le
retient pas trop longtemps à la commission ici - passer à son
bureau pour signer des approbations qui ont déjà
été données par le Conseil du trésor. On se rend
compte de deux lacunes, finalement, M. le ministre, c'est qu'il n'y a pas de
participation des députés, qui sont quand même, dans
chacune des régions, les élus du peuple, de la façon dont
cela se fait dans les autres ministères. Je vous dis que cela se fait
d'une façon apolitique, en tenant compte des besoins des citoyens. Ce
que je vous reproche, c'est de ne pas le faire au niveau du bureau du
ministère de l'Agriculture. Et le deuxième reproche que je vous
adresse - et j'aimerais entendre vos commentaires là-dessus - c'est
qu'on a des plaintes des cultivateurs qui attendent, et je vous le dis, des
mois, les documents qui traînent sur votre bureau. Est-ce que c'est
à cause des rénovations que vous venez d'effectuer, si c'est un
cas d'espèce...
M. Garon: Des rénovations dans mon bureau.
M. Mathieu: Le bain-tourbillon.
M. Garon: Je n'y vais jamais, dans mon bureau.
M. Paradis: C'est cela qui m'inquiète. Vous dites, M. le
ministre et j'espère que cela a été enregistré: "Je
n'y vais jamais dans mon bureau." Mais vos fonctionnaires nous répondent
que c'est sur votre bureau.
M. Garon: Je travaille dans la salle de conférence.
M. Paradis: Nous tentons de rejoindre vos...
M. Garon: Je ne suis jamais assis dans le fauteuil, je suis
toujours dans la salle de conférence.
M. Paradis: C'est plus grand, vous avez raison, vous y êtes
plus à l'aise, mais...
M. Garon: Ce serait une bonne place pour vous, cela
élargirait vos horizons.
M. Paradis: J'ai besoin de moins d'espace pour travailler. Les
horizons ne viennent pas de l'intérieur, cela vient de ce que tu
regardes à l'extérieur. Vos fonctionnaires nous disent que c'est
sur votre bureau et nos cultivateurs attendent ces paiements. Je vais vous le
dire tout de suite, avant que vous ne me le disiez: Avec les taux
d'intérêt qu'on connaît présentement, ceux qui ont la
subvention maximale de 25 000 $ sur le drainage se disent: Qu'est-ce qu'il fait
notre ministre? Nous autres, on fait des appels tous les lundis à vos
bureaux et on vous demande...
M. Garon: Des appels, pourquoi? M. Paradis: Drainage
agricole.
M. Garon: On ne peut plus faire de drainage. Je vais vous donner
un exemple encore d'une intervention qui est fausse....
M. Paradis: Drainage qui a été fait l'an
passé.
M. Garon: ... parce que, depuis l'an passé, le drainage
est limité au maximum à 25 000 $, donc il n'y a pas de drainage
de plus de 25 000 $. Encore une affirmation gratuite du député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le ministre, voulez-vous...
M. Garon: Le programme est limité à 25 000 $.
M. Paradis: J'ai la parole.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Garon: Et il n'y a pas de drainage au-dessus de 25 000 $.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: C'est la limite maximale. Et justement, auparavant, en
1979 ou 1980, il y avait du drainage au-dessus de 79 000 $, mais maintenant, on
l'a limité à 25 000 $.
M. Paradis: Bon, si...
M. Garon: Alors, il ne peut pas y avoir de cas de plus de 25 000
$.
M. Paradis: Si vous voulez arrêter de vous...
M. Garon: Une autre balloune du député
de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si vous voulez arrêter d'en souffler, des
ballounes, vous relirez le journal des Débats et vous prendrez à
témoins tous les gens qui nous écoutent ici. Je vous ai justement
parlé d'un cas de 25 000 $. Je le sais, je siège à la
commission des engagements financiers, on les voit passer, M. le ministre. Je
vous dis que pour les cas...
M. Garon: Du drainage souterrain. Vous avez dit du drainage
souterrain.
M. Paradis: Oui, jusqu'à 25 000 $; c'est ce que je vous ai
dit, vous relirez le journal des Débats. Si, au lieu de parler avec vos
fonctionnaires pendant qu'on vous parle, vous écoutiez les
questions.
M. Garon: En bas de 25 000 $, je ne signe pas de documents, de
lettres. Je ne les signe pas, elles sont acheminées directement au
bureau régional.
M. Paradis: D'accord. Comment...
M. Garon: Au bureau du ministère local.
M. Paradis: Comment expliquez-vous...
M. Garon: Ce sont seulement les cas au-dessus de 25 000 $ qui
viennent au ministère à Québec.
M. Paradis: D'accord. Comment expliquez-vous...
M. Garon: Alors, ce que vous dites là est faux.
M. Paradis: Comment expliquez-vous que vos attachés
politiques ainsi que les fonctionnaires répondent aux cultivateurs
qu'ils en ont terminé avec le dossier et que c'est sur votre bureau?
M. Garon: Que voulez-vous que je vous dise? M. le
député de Brome-Missisqoui, vous n'en êtes pas à la
première affirmation gratuite que vous tirez de votre chapeau, je ne
suis pas obligé de tenir pour acquis ce que vous dites. Vous pouvez dire
n'importe quoi, mais ce que vous dites n'est pas exact. Je ne commencerai pas
à faire des enquêtes pour voir si...
M. Paradis: M. le ministre, M. le ministre...
M. Garon: Dans ce cas, vous affirmez que des gens vous ont dit
des choses qui ne sont pas exactes. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse?
(17 heures)
M. Paradis: D'accord.
M. Garon: Choisissez mieux vos interlocuteurs.
M. Paradis: M. le ministre, on va se parler des cas de 25 000 $
et on va voir qui ne dit pas la vérité. Vous me dites que
ça ne passe plus sur votre bureau.
M. Garon: En bas de 25 000 $, le drainage souterrain, seulement,
il n'y a pas d'approbation...
M. Paradis: D'accord, il n'y en a pas par le Conseil du
trésor et ce n'est pas envoyé à la commission des
engagements financiers, mais les cas de 25 000 $, et il y en a plusieurs dans
le comté de Brome-Missisquoi, heureusement qu'on a de la bonne terre
agricole et que les cultivateurs profitent du programme. Les cas de 25 000 $,
M. le ministre...
M. Garon: Le drainage souterrain... Il est malade!
M. Paradis: Dans le drainage souterrain, autrement dit, ceux qui
avant cela... Non, écoutez, M. le ministre, avant de déclarer que
le député est malade, tous les cas de 25 000 $ et plus,
étant donné que vous avez mis votre maximum à 25 000 $,
passent au Conseil du trésor et sont référés...
M. Garon: II n'y a pas de cas de 25 000 $ qui vont au Conseil du
trésor, c'est la limite, le maximum, 25 000 $.
M. Paradis: Continuez, je reviens dans exactement cinq minutes
avec les documents du drainage souterrain. D'accord?
Une voix: On va voir qui souffle les ballons!
M. Garon: Pour le drainage souterrain.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, j'avais une observation
à faire et ça m'a peiné d'entendre mon collègue de
Beauce-Sud tantôt essayer jusqu'à un certain point
-j'interprète cela ainsi - de brimer la liberté des
parlementaires autour de la table peu importe du côté où
ils sont. Il a dit qu'il ne tolérerait pas que les députés
ministériels puissent prendre la parole et utiliser chacun leurs vingt
minutes; connaissant le député de Beauce-Sud, parce que c'est mon
voisin de comté et ayant eu des relations assez cordiales avec lui,
ça m'a étonné d'un gars qui a une bonne formation. Je
pensais que l'esprit de démocratie existait comme ça
doit exister ici à l'Assemblée nationale. Vous pouvez
être certain que je ne me laisserai pas bâillonner. Je suis
élu démocratiquement comme lui, comme n'importe quel
député autour de cette table et je n'ai pas l'intention de me
laisser brimer dans mon droit de parole de parlementaire. J'interviendrai
lorsque l'occasion se prêtera de faire des interventions, de poser des
questions au ministre. Ce n'est pas une question de planter des questions,
c'est tout simplement qu'il y a un bon nombre d'agriculteurs dans mon
comté comme il y en a dans Beauce-Sud ou dans d'autres comtés, et
ces gens-là m'ont choisi comme leur porte-parole ici à
l'Assemblée nationale, pour faire valoir leur point de vue.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Mes deux questions s'adressent au ministre. M. le
ministre, première question, n'est-il pas vrai que, depuis environ mars
ou avril 1982, lorsque vient le temps de prendre une décision pour
creuser un cours d'eau, la décision vient directement de vous et non de
vos fonctionnaires?
M. Garon: Cela a toujours été ça.
M. Houde: Cela n'a pas toujours été ça.
Avant cela, les ingénieurs vous faisaient des suggestions et vous
pouviez décider, mais, après...
M. Garon: C'est encore comme cela.
M. Houde: Non, maintenant c'est vous qui décidez pour un
cours d'eau plus qu'un autre cours d'eau, n'est-il pas vrai que c'est cela?
Vous affirmez que ce n'est pas vrai que c'est changé depuis à peu
près mars, avril 1982, mais c'est vrai. Je veux que ce soit clair, parce
que, tout à l'heure, ç'a été embrouillé, je
veux que ce soit clair et net, que cela vienne de vous, que cette
décision que c'est tel cours d'eau plutôt qu'un autre cours
d'eau.
M. Garon: C'est très simple comment cela fonctionne. Il y
a des demandes qui sont acheminées au ministère pour faire des
cours d'eau. Des résolutions de municipalités sont à
l'appui de ces demandes.
M. Houde: D'accord, c'est correct.
M. Garon: À la suite de cela, il y un accusé de
réception et l'étude commence au ministère; or, il y a un
nombre considérable de cours d'eau parfois dans un même
comté, 50, 100 cours d'eau par comté, cela peut arriver dans
l'espace de deux, trois ans. C'est évident qu'il y a de nombreux cours
d'eau qui vont être faits dans une année dans un même
comté. J'ai vu que près de 60 cours d'eau vont être
creusés dans un seul comté dans cette seule année; ce qui
veut dire qu'il y a beaucoup de cours d'eau à faire.
Quand les officiers font leur rapport dans les différentes
municipalités où les cours d'eau passent, le relevé de
l'ensemble des cours d'eau m'est envoyé. On fait la répartition
la plus équitable possible entre les différentes régions
du Québec, excepté que le relevé des cours d'eau m'est
acheminé par les fonctionnaires pour que tout l'argent ne soit pas
dépensé dans une région ou dans l'autre, parce que les
planches sèchent plus vite dans une région que dans l'autre. Il
faut qu'il y ait une certaine répartition des fonds entre les
différentes régions. À ce moment-là, je fais une
répartition.
Ce que je demande comme renseignements, c'est le coût et c'est
pour faire des vérifications pour que cela coûte meilleur
marché. Le coût du cours d'eau dans son ensemble, le coût
estimé, le nombre de cultivateurs qui vont être desservis, le
nombre d'hectares qui vont être assainis, et ensuite le coût par
hectare. C'est évident qu'à ce moment-là, si j'ai le choix
entre deux cours d'eau, un qui coûte une fortune et l'autre qui
coûte moins cher et dessert plus d'agriculteurs pour plus d'acrage, je
choisis habituellement celui qui va donner le plus de rendement. Quand,
habituellement il arrive des cours d'eau qui coûtent cher, par exemple,
500 $ l'acre, quelque chose comme cela, 400 $ ou 500 $ l'acre, je demande une
deuxième vérification, si cela dessert plus de gens que cela;
mais, c'est exceptionnel.
M. Houde: Mais, vous allez me dire encore une fois que cela n'a
pas changé, que cela fonctionne comme cela depuis toujours et non depuis
mars ou avril et que cela ne vient pas plutôt de vous que des autres.
Est-ce bien cela?
M. Garon: Pardon?
M. Houde: Cela ne vient pas plus de vous qu'avant, cela n'a pas
changé depuis quatre ou cinq ans, cela a toujours existé.
M. Garon: Ce qui a changé, c'est que je demande que ce
soit acheminé comme un ensemble, au lieu de les approuver un par un.
Auparavant, ce que je faisais, je les signais un par un, mais je n'avais pas
une vue globale. J'ai demandé, pour faire une meilleure
répartition dans l'ensemble du Québec, de recevoir tout
l'inventaire ensemble pour ne pas, en cours d'année, en signer cinq une
journée, dix le lendemain et cinq le surlendemain. Je n'avais pas
d'idée de ce que cela représentait comme ensemble. Ce qu'on
applique maintenant, c'est que je
demande le cahier complet des cours d'eau avec un ensemble de
critères qui évaluent les cours d'eau et on fait une
pondération des montants. Les gens ne savent pas d'avance combien je
vais avoir de cours d'eau. Je peux en avoir, par exemple, pour des budgets de 5
000 000 $, 6 000 000 $ ou 7 000 000 $ et il peut y avoir des plans de faits
pour les cours d'eau pour 8 000 000 $, 9 000 000 $, 10 000 000 $ ou 11 000 000
$ et, à ce moment-là, il faut faire des choix, parce qu'il peut y
avoir plus de plans de prêts que de cours d'eau à réaliser.
À ce moment-là, on fait l'acheminement.
M. Houde: Êtes-vous d'accord pour dire que cela a
changé depuis quelques mois?
M. Garon: La seule chose, c'est que j'ai demandé de les
recevoir ensemble plutôt que un par un.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Houde: M. le ministre, je n'ai pas fini.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier avait demandé la parole.
M. Paradis: Puis-je ouvrir une petite parenthèse?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Houde: D'accord.
Drainage souterrain
M. Paradis: M. le ministre, strictement pour en revenir à
la question dont on discutait lorsque vous affirmiez que des 25 000 $, il n'y
en avait pas...
M. Garon: Non, vous avez dit plus de 25 000 $; un instant!
M. Paradis: D'accord, des montants de 25 000 $, cela ne passe pas
à votre bureau.
M. Garon: Les montants de 25 000 $ passent à mon
bureau.
M. Paradis: Ah!
M. Mathieu: Cela change.
M. Paradis: On va relire le journal des Débats.
M. Garon: M. le député de Brome-Missisquoi, vous
avez parlé de plus de 25 000 $.
M. Paradis: Qu'attendez-vous pour les signer?
M. Garon: J'ai dit que le programme était au maximum
à 25 000 $...
M. Paradis: Oui.
M. Garon: ... et qu'il n'y avait pas de cas de plus de 25 000
$.
M. Paradis: C'est cela, d'accord.
M. Garon: Quand c'est exactement 25 000 $, cela passe à
mon bureau.
M. Paradis: Qu'attendez-vous pour les signer, ceux-là? Ma
question portait là-dessus.
M. Garon: Non, votre question portait sur des choses de plus de
25 000 $.
M. Paradis: Vous relirez le journal des Débats. Vous aimez
bien entendre ce que vous voulez, mais vous le relirez.
M. Garon: II est possible...
M. Paradis: Vous avez des attachés qui vont s'occuper de
cela et, si j'ai dit "de plus de 25 000 $", je vous présenterai en
Chambre ou en commission des excuses officielles et, si je n'ai pas dit "de
plus de 25 000 $", j'attends la même chose de vous.
M. Garon: D'accord, on va regarder au journal des
Débats.
M. Paradis: Nous sommes en commission demain, on va se
revoir.
M. Garon: Pour les contrats de plus de 25 000 $.
M. Paradis: On lira ce qu'on dit au journal des
Débats.
M. Garon: Si...
M. Paradis: Qu'attendez-vous pour les signer maintenant?
M. Garon: Je ne sais pas, il peut s'agir d'un cas où il y
a une double vérification. C'est possible, cela arrive
occasionnellement. Il y en a eu un récemment, par exemple. Il s'agit
d'une entreprise qui achète des terres et qui les fait drainer. On a
dit: Est-ce que le programme s'applique à des entreprises qui ne sont
pas véritablement des producteurs agricoles, qui achètent des
terres et qui les font drainer? J'ai demandé un avis au contentieux
là-dessus. Des cas comme celui-là arrivent. Il peut arriver que
ce soit un cas comme cela, mais, normalement, les cas
de...
M. Paradis: Quel est le délai, M. le ministre, quand ce ne
sont pas des cas comme cela - je comprends votre double vérification -
qui passent à votre bureau, quand les fonctionnaires en ont fini et que
cela arrive au bureau de l'honorable ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation?
M. Garon: Normalement, ce n'est pas long.
M. Paradis: Ce n'est pas long, qu'est-ce que cela veut dire? Pour
un ministre qui n'attend pas après sa paie, "pas long", cela peut
être pas mal longtemps...
M. Garon: Ce n'est pas long.
M. Paradis: ... mais pour un cultivateur qui finance 25 000
$...
M. Garon: Mais, il faut vous dire une chose, ce qui peut arriver
aussi...
M. Paradis: ... "pas long", cela peut être
différent.
M. Garon: Quand cela arrive-t-il?
M. Paradis: Donnez-moi un chiffre à peu près.
M. Garon: D'abord, cela ne part pas du bureau. Vous ne pouvez pas
parler comme cela, parce que, quand cela part, cela ne part pas du bureau local
pour s'en venir sur mon bureau.
M. Paradis: Non.
M. Garon: Quand cela part du bureau, cela va au bureau
régional, cela va au service du génie, cela va au bureau du
sous-ministre responsable, cela va au bureau du sous-ministre en titre avant de
venir sur mon bureau. Occasionnellement, c'est déjà
arrivé...
M. Paradis: Quand c'est rendu sur votre bureau, quel est le
délai?
M. Garon: Vous savez qu'il y a des libéraux des fois qui
jouent des tours. J'ai déjà vu un cas que j'ai
vérifié. J'aimerais vous donner des noms et des choses et on les
vérifierait. On a vérifié un cas. On a descendu toute la
chaîne pour s'apercevoir que le fonctionnaire qui avait dit que
c'était sur mon bureau, ce n'était pas parti encore de son
bureau. On a exigé du fonctionnaire qu'il aille s'excuser auprès
du cultivateur, que sa femme nous rappelle et que le cultivateur nous rappelle
après qu'il y soit allé. Il disait que c'était sur le
bureau du ministre et ce n'était pas encore parti de son bureau. Il y a
quelques fonctionnaires libéraux comme cela aussi.
M. Paradis: Ils vous jouent des tours?
M. Garon: Si vous voulez me donner des cas, je les ferai
vérifier.
M. Paradis: Est-ce que vous auriez l'amabilité, M. le
ministre - je vous le demande bien gentiment - de répondre à ma
question et de me dire quel est le délai minimal et maximal? Gardez-vous
une marge...?
M. Garon: Habituellement, il n'y a pas de délai.
M. Paradis: Qu'est-ce que vous entendez par là? C'est la
même journée, s'il n'y a pas de délai.
M. Garon: II n'y a pas de délai, cela arrive et cela
repart.
M. Paradis: Cela arrive et cela repart à
l'intérieur d'une journée ou deux. Lorsqu'on se fait dire que
cela traîne sur votre bureau, nous avons des raisons, nous autres comme
députés, lorsque nous répondons à nos concitoyens
qui viennent nous voir...
M. Garon: II faudrait...
M. Paradis: ... de dire: Écoutez, ce n'est pas vrai, cela
ne traîne pas sur le bureau du ministre Garon, il doit y avoir un
fonctionnaire libéral quelque part dans la machine qui nous conte des
menteries. C'est cela que je vais lui répondre?
M. Garon: Non, ce qui va arriver, c'est qu'il y a des
vérifications qui sont faites, qui sont en cours d'acheminement. Que
voulez-vous? Il peut arriver différentes choses dans un dossier.
M. Paradis: M. le ministre, je veux vous amener dans un cas
très simple et non pas dans un cas de double vérification et
cela, je l'ai compris lorsque vous me l'avez dit. Je comprends que le
ministère, avant de dépenser l'argent du public surtout dans une
période où on vit comme cela, où des entreprises
achètent des terres, les reprennent et les revendent, fasse une double
vérification, mais ce n'est pas la nature des cas dont je vous
parle.
Mais, lorsqu'on a un cas d'un agriculteur bona fide pour lequel il n'y a
pas de double vérification et que c'est arrivé sur votre bureau,
j'aimerais avoir cela de vous pour les fins du journal des Débats et
pour pouvoir le dire aux cultivateurs de mon
comté: On a un bon ministre de l'Agriculture, vous voyez, son
délai minimal, c'est cela et son délai maximal, c'est cela.
À partir de ces données, on aurait des chiffres fiables.
Là, vous ne m'avez donné aucun chiffre comme si vous craigniez un
peu de vous embarquer dans des chiffres fiables mais comptez sur moi, si vous
avez des cas de force majeure, si votre femme accouche d'un autre petit ou
quelque chose de semblable, on ne vous en tiendra pas rigueur. Strictement dans
les cas où c'est l'avis normal qu'on appelle, parce qu'on peut
comprendre ces problèmes-là aussi.
On n'est pas ici pour essayer de s'enguirlander pour rien, on est ici
pour voir, lorsque dans les dossiers tout est régulier, lorsqu'on est
dans une situation normale, que vous n'êtes pas en voyage à
l'extérieur du pays pour représenter les agriculteurs, c'est
excusable... Le député de Brome-Missisquoi ne vous fera pas cela.
Mais, lorsque vous êtes en pleine session à l'Assemblée
nationale et que vous passez à votre bureau supposément
régulièrement, quel est le délai minimal et quel est le
délai maximal?
M. Garon: M. le député de Brome-Missisquoi, vous me
posez le genre de questions que vous postez comme avocat - à ce qu'on
m'a dit - devant les tribunaux pour "monter" un témoin pour faire
pleurer le monde. Vous ne me poserez pas de questions semblables, pour me
demander quel est le délai de tel document. Il n'y a pas de délai
comme cela.
M. Paradis: Si vous ne pleurez pas, je vais penser que vous
n'êtes pas du monde.
M. Garon: Comprenez-vous? Il n'y a pas de délai comme
cela. Les activités sont variables complètement. Quand je pars,
par exemple, à une conférence fédérale-provinciale,
je suis parti pendant une semaine; la conférence
fédérale-provinciale qui a eu lieu au mois de juillet, c'est
évident que pendant ce temps je ne fais pas de signatures. Quand je vais
être ici, sans doute, en commission parlementaire jusqu'à minuit
ce soir, c'est évident qu'à ce moment-là, il ne se fera
pas de signatures parce que j'ai des affaires à préparer pour
demain. Des choses semblables. Il n'y a pas de délai habituellement dans
les signatures.
M. Paradis: Est-ce que vous pouvez nous garantir, comme
député, comme élu du peuple, qu'on peut dire à nos
concitoyens que le ministre a vraiment fait des efforts pour que cela ne
traîne pas et que cela prend des circonstances extraordinaires si un
dossier traîne, circonstances extraordinaires que vous avez
décrites vous-même et auxquelles j'ai ajouté la
paternité?
M. Garon: Quel est votre problème? Si vous avez un cas,
arrêtez donc...
M. Paradis: Vous m'avez posé une question, je vais vous
répondre. Mon problème à moi, c'est que je
représente des électeurs...
M. Garon: Arrêtez donc de faire des genres de choses
semblables. Si vous avez un problème, un cas...
M. Paradis: Arrêtez de représenter vos
électeurs! C'est cela, cela va bien.
M. Garon: Non, non. Nommez le nom de votre agriculteur qui a un
problème ou dont le dossier retarde et on va vous donner la
réponse. Vous posez une question générale...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît. J'ai
l'impression très nette...
M. Garon: C'est toujours comme cela. Des faux-fuyants, des
demi-vérités.
M. Paradis: Les faux-fuyants, ce n'est pas le
député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, j'ai
l'impression très nette que si vous continuez comme cela, le journal des
Débats va être difficilement vérifiable.
M. Paradis: Les petites filles vont nous en vouloir; il va
falloir leur envoyer des roses.
Le Président (M. Boucher): II y en a dix qui parlent
ensemble, je me mets à la place de celles qui transcrivent. Alors, s'il
vous plaît, parlez un à la fois.
M. Paradis: M. le ministre, les faux-fuyants, ce n'est pas ce que
j'ai utilisé. Je vous ai demandé de me donner une réponse
précise. Vous devez quand même savoir cela, parce que dans une
certaine partie de l'année vous devez quand même avoir un ordre du
jour. On n'est pas toujours en commission parlementaire des crédits de
l'Agriculture. Vous n'êtes pas toujours en conférence
interprovinciale sur l'agriculture et vous n'êtes pas toujours à
l'extérieur du pays. En tous les cas, si vous l'êtes toujours,
dites-nous: Je suis toujours parti, et là on comprendra. Mais, si vous
êtes là pour vous occuper de votre rôle, quand tout est
normal, quel est le délai minimal, M. le ministre, et le délai
maximal pour qu'on puisse le dire à nos agriculteurs et qu'on soit
à même de vérifier? C'est possible, ce que vous nous avez
dit à un moment donné, qu'un fonctionnaire nous dise que c'est
sur le bureau du ministre et que ce ne le soit pas.
Mais, si on n'a pas de "guide-lines", comment voulez-vous qu'on mette en
doute la parole du fonctionnaire? Le fonctionnaire nous dit: C'est sur le
bureau du ministre. Cela m'est arrivé comme député et je
lui ai donné le bénéfice du doute, à ce
fonctionnaire. Je ne vous l'ai pas donné, j'aurai la chance de donner le
bénéfice du doute au ministre lorsqu'il viendra me dire son
délai minimal et son délai maximal en commission
parlementaire.
Si vous me le dites, moi je vous le dis, je vais le communiquer à
mes producteurs agricoles. Si je suis intervenu à ce niveau-là,
c'est parce que le principal problème qui se pose présentement,
c'est le paiement. Vous comprenez pourquoi, dans la période de taux
d'intérêt élevé qu'on vit présentement, c'est
le paiement qui est un problème très sérieux. Je vous le
pose très sérieusement. Si vous voulez m'accuser de n'importe
quoi, faites-moi des procès, cela ne me dérange pas. Je vous
demande cela pour les producteurs agricoles: Quel est le délai minimal?
(17 h 15)
M. Garon: Je ne peux pas vous répondre en
général comme cela parce qu'il peut y avoir un ensemble de
raisons qui font que le document ne part pas. Je vais vous donner un exemple
concret: si à un moment donné il y a eu des engagements qui ont
dépassé l'engagement budgétaire, alors, il faut attendre
un nouvel exercice. C'est marqué dans le programme. Pour qu'il y ait des
transferts de fonds, il faut arriver tout simplement... Si vous avez un cas
précis, dites-le-nous, sauf que je ne peux pas vous répondre en
général comme cela parce qu'il peut y avoir différentes
raisons qui font qu'un document n'est pas acheminé immédiatement.
Mais je ne peux pas vous répondre en général.
M. Paradis: Si vous ne voulez pas répondre, c'est votre
choix, vous en avez la prérogative comme ministre. Au niveau maintenant
de la préparation et de la planification des cours d'eau pour les
comtés, comme le député de Huntingdon vous le soulignait
et peut-être comme d'autres aussi de ce côté avant que
j'arrive - s'ils ne l'ont pas fait, ils vont vous le souligner - qu'est-ce qui
vous retient d'adopter cette méthode du ministère des Transports
qui procède comme vous avec les municipalités, les conseils de
comté, les fonctionnaires, l'individu, le particulier qui est
intéressé et qui joint à ce groupe de consultation les
députés en plus? Qu'est-ce qui vous retient d'adopter cette
procédure?
M. Garon: Parce que moi je ne l'ai pas adoptée.
M. Paradis: Mais pourquoi? Vous ne pensez pas que les
députés ont un rôle à jouer...
M. Garon: Parce que j'ai décidé de ne pas adopter
cette procédure. Je trouve que, comme vous le dites, déjà,
la procédure est trop longue. Alors, je ne veux pas l'alourdir.
M. Paradis: Quant à la longueur de temps, je tiens
à vous dire que, lorsqu'il se fait de la planification autant au niveau
des routes... C'est un faux-fuyant que de dire que c'est long, parce que les
cultivateurs, ce n'est pas une réunion qui va les déranger. Le
sous-ministre prend l'habitude de les rencontrer, région par
région. Ensemble, on est... Cela tombe bien, le député
d'Iberville est justement là au niveau des routes. On est assis un en
face de l'autre, cela se fait même en présence des
journalistes.
M. Garon: Ce n'est pas pareil.
M. Paradis: Ils sont là et il y a des bouts où on
les exclut parce que ça devient trop "touchy". Le sous-ministre nous
dit: Là, c'est "touchy", on va exclure les journalistes. Mais on met de
l'éclairage sur l'aménagement du réseau routier et sur la
planification du réseau routier tandis qu'au niveau des cours d'eau on
peut apporter, dans certains cas, je pense, comme élus du peuple un
éclairage additionnel sur le dossier. Et si j'étais conscient que
ça retarderait de cinq minutes la première pelletée de
terre dans le ruisseau, je ne vous poserais pas cette question mais je suis
loin d'être convaincu de cela.
M. Beauséjour: Pendant que le ministre...
M. Garon: Je peux vous dire une chose...
M. Beauséjour: Juste une correction, c'est qu'au niveau
des Transports, les journalistes ne sont pas admis.
M. Paradis: Ils étaient là l'an passé quand
il a été question du pont d'Iberville-Saint-Jean.
M. Beauséjour: Ils ne se tenaient pas loin mais ce
n'était pas censé se faire de cette façon.
M. Paradis: Correct. Je voulais juste spécifier le
cas.
M. Garon: II y a une petite différence. La petite
différence qu'il y a, c'est que, dans le cas des cours d'eau, c'est
notre clientèle qui le demande. Ce sont les agriculteurs qui le
demandent à la municipalité, qui fait une résolution pour
avoir un cours d'eau. Alors, ce n'est pas une
chose qui provient de la fonction publique, qui est acheminée
pour décision. Dans le cas des Transports, c'est le gouvernement qui
décide de faire des routes et qui veut faire un processus de
consultation pour faire ces routes. Dans notre cas, ce sont des
clientèles qui le demandent.
M. Paradis: Dans le cas du ministère des Transports,
l'expérience que j'ai vécue, et j'aurai peut-être
l'occasion d'en vivre avec deux régions, étant donné
qu'une partie de mon comté, c'est la rive sud de Montréal et
l'autre, Drummond, la région du ministre... Les demandes proviennent des
citoyens qui habitent le long de la route. Elles sont acheminées
à la municipalité et -si vous représentiez une
circonscription, vous pourriez vérifier avec le député
d'Iberville -on prend le cumul de ces demandes. Ensuite, les fonctionnaires
font, en fonction du réseau routier existant, leur liste de
priorités, les municipalités disent pourquoi la liste n'est pas
tout à fait correcte et les députés également font
partie de cette table de concertation.
Cela ne retarde pas et je n'ai jamais eu connaissance que cela ait
retardé un projet quelque part. Au contraire, cela a pour but de donner
de meilleures priorités dans le sens de ce que le député
de Huntingdon disait tantôt.
M. Garon: Ce n'est pas la procédure que j'ai suivie dans
la question des cours d'eau. Ce n'est pas nécessaire de suivre cette
procédure parce que, essentiellement, quand les projets m'arrivent,
c'est que les projets sont nécessaires. Autrement, si le projet n'est
pas nécessaire, le ministère lui-même ne fera pas
d'étude là-dessus, va arrêter. J'ai mis une nouvelle
condition cette année, les projets doivent être effectués
dans les zones vertes. On ne fera pas de drainage des cours d'eau situés
dans des zones blanches, parce qu'elles ne sont pas réservées
à l'agriculture. Mais, essentiellement, à peu près tous
les cours d'eau qui sont demandés sont réalisés. C'est une
question de temps et de répartition des fonds. Si on avait plus
d'argent, on en ferait plus, mais je pense qu'au rythme qu'on a pris cette
année, avec une accélération considérable, les
cours d'eau qui sont utiles vont être faits. C'est une question
d'utilité au point de vue du drainage. Je ne vois pas ce que le
député ferait là-dedans.
M. Paradis: Voyez-vous, il y a des fois où on a des
dossiers pour lesquels des fonctionnaires ont décidé que
c'était la priorité numéro un, ou vous, vous allez
décider... on ne le sait pas, parce qu'on ne vous entend jamais parler
sur cela, vous le faites dire par les fonctionnaires que c'est la
priorité no 1 dans le comté qu'on représente, ou dans la
région qui dépend de ce bureau régional. Il y a des fois
que la municipalité ou le conseil du comté vont nous dire: Non.
Ils ne disent jamais que le ministre s'est trompé, parce qu'eux, ils ne
le savent pas, peut-être, que c'est passé sur le bureau du
ministre. Ils vont dire: Le fonctionnaire s'est trompé, et ils
aimeraient à avoir une voix au niveau où la décision
finale se prend. C'est peut-être l'exercice auquel se livre le
ministère des Transports à chaque année. Lorsque cela
arrive au niveau décisionnel avant de mettre, ce qu'on appelle,
l'étampe et le "go ahead" et l'ordre de priorité final, on tient
compte de tous les éléments, des représentations des
fonctionnaires qui ont des données des fois dont nous ne disposons pas,
nous, au niveau de la complémentarité, comme
député. Des fois, on leur apporte des données que personne
d'autre ne leur a apportées parce qu'on a pris le temps de s'asseoir
à notre bureau de comté avec le producteur agricole
intéressé. Si on veut valoriser dans la société
québécoise le rôle des députés, de quelque
parti qu'ils soient, je pense que c'est en donnant ce genre de
responsabilités. Je ne vous demande pas de décider avec
l'imprimatur, mais de faire partie de la table de concertation finale. Je vous
souligne bien humblement qu'il s'agit là à mon modeste point de
vue - les autres députés sont libres de s'exprimer sur cela aussi
- d'une lacune qui provoque peut-être le genre de discussions que vous
venez d'avoir avec le député de Huntingdon et que vous aurez sans
doute avec beaucoup d'autres députés, si les
députés ne peuvent participer à cette table. Cela vous
évitera des problèmes et du travail parce que vous avez l'air pas
mal occupé, et si on pouvait vous soulager de ceci, cela nous ferait
plaisir.
M. Garon: Voyez-vous, je pense qu'on a été
élus pour administrer. Je trouve un peu normal d'avoir ces
problèmes avec des députés libéraux qui n'ont pas
pour mandat d'être contents. Même s'il y a un effort
considérable de fait dans un comté, l'exemple du
député de Huntingdon est flagrant, par ce qu'il vient de dire
là. À ce point de vue, je ne vois pas l'utilité de ce que
vous mentionnez. C'est pour cela que je ne le fais pas. Si j'en voyais
l'utilité je le ferais, mais je n'en vois pas l'utilité. Je pense
que tout simplement cela retarderait le processus. Il s'agit d'un grand nombre
de cours d'eau. J'aime autant, à ce moment, que les agriculteurs lors
des prochaines élections décident si on a bien administré,
si on a fait les cours d'eau qu'il fallait faire. S'ils calculent qu'on a fait
des cours d'eau qu'il fallait faire, ils voteront pour nous. S'ils
considèrent qu'on n'a pas fait les bons cours d'eau, ils voteront pour
vous.
M. Paradis: Si le ministre des
Transports, votre collègue du Conseil des ministres, ou votre
collègue des Affaires sociales, ou vos collègues du Conseil des
ministres pensaient comme vous, ils agiraient comme vous agissez. Mais eux, ils
ont choisi d'agir, peut-être pas en fonction de dire: "Je mène
cela comme je veux, c'est moi le "boss" et s'ils ne sont pas contents, ils
crieront". Eux, ils ont plutôt choisi d'agir en concertation avec tous
les éléments du milieu et peut-être de dire: "J'administre,
mais j'administre aussi pour le bien de tout le monde et avec tout le monde".
C'est peut-être la différence de philosophie que vous avez.
J'aimerais que vous en discutiez au prochain Conseil des ministres - si Mme
Payette passait à côté de vous, elle n'est plus là,
excusez-moi - avec le ministre des Transports.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Je pense que le jugement
des électeurs est porté lorsque des élections arrivent. Je
pense que dans les milieux ruraux ils ont porté un jugement aux
dernières élections. Ils vont en porter un autre en 1985 ou en
1986, concernant l'administration dans les milieux ruraux. Maintenant, s'il y a
des gens, parce qu'ils sentent le besoin dans d'autres domaines de faire des
consultations parce que leurs demandes ne proviennent pas de la base, elles
proviennent des ministères, elles proviennent des...
M. Paradis: Non, au ministère des Transports.
M. Garon: ... gens qui sont en politique. Nous, nos demandes
viennent directement de la clientèle, elles proviennent des
agriculteurs. Les agriculteurs qui sont couverts par le cours d'eau sont
indiqués dans les différentes raisons qui motivent la
construction d'un cours d'eau ou non. Le long de certains cours d'eau, il y a
50 agriculteurs et pour d'autres, il y en 10; on passe à celui de 50
avant celui de 10. Les coûts sont en proportion moins
élevés pour celui de 50.
M. Paradis: Je prends acte de votre refus, M. le ministre. Vous
me permettrez tout de même - je le fais bien gentiment -de vous souligner
une inexactitude dans votre dernière intervention. Je pense que vous
êtes dans l'erreur lorsque vous affirmez qu'au ministère des
Transports les demandes ne viennent pas de la base. Si vous aviez l'occasion de
représenter un comté rural avec 20, 25, 30, ou 35 paroisses, vous
verriez que cela vient de la personne qui réside sur le bord du chemin,
que c'est acheminé vers son conseil municipal, que c'est acheminé
vers son conseil de comté, et que cela suit exactement le même
cheminement qu'au niveau du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, pour les cours d'eau, et que la seule
différence qui existe entre le processus dans les deux cas, c'est que
cette table de concertation où les élus du peuple sont
appelés à se prononcer quant au ministère des Transports,
cela n'existe pas dans le cas du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Mais je vois que vous n'avez pas
l'intention de changer ce processus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Mathieu: M. le Président, je veux seulement faire un
commentaire avant que le député de Berthier parle. Mme la
députée de Johnson a bien dit qu'elle avait huit cours d'eau dans
son comté, que c'était le plus gros budget pour les cours d'eau
de la province et qu'elle savait à quelle porte frapper. Il serait
peut-être bon qu'on nous indique, à nous aussi, pour le
bénéfice de nos électeurs, à quelle porte on doit
frapper.
M. Dupré: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Mme la députée de Johnson s'est
exprimée ainsi en voulant dire que la municipalité devait faire
la demande. Je pense que vous outrepassez vos... Je pense que vous ne donnez
pas le bon sens aux paroles de Mme la députée de Johnson.
M. Paradis: Si je peux les répéter exactement, M.
le député de Saint-Hyacinthe - j'en ai été
témoin - et le plus exactement possible, quitte à vérifier
au journal des Débats, Mme la députée de Johnson nous a
dit:
M. Dupré: Elle disait qu'il fallait...
M. Paradis: II s'agit de savoir comment le demander.
M. Dupré: Oui, en faisant une demande...
M. Paradis: Et là-dessus, le député de
Saint-Hyacinthe l'a ramassée en lui disant: J'ai déjà
entendu cela dans les bonnes années de Duplessis. Il s'agit de savoir
comment le demander. C'était mignon et gentil, mais c'est exactement ce
qu'elle a dit.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Garon: M. le Président, peut-être que les
libéraux voudraient revenir à l'époque
où il y avait un ministre chargé des cours d'eau, des
heures de bulldozer et du drainage. Il y a déjà eu deux ministres
de l'Agriculture, un en charge de ce que je viens de mentionner et un autre en
charge de l'administration.
M. Mathieu: II y avait des résultats, aussi!
M. Garon: Les fonctionnaires m'ont dit quelles étaient les
tâches du ministre en charge des heures de bulldozer, du drainage...
M. Mathieu: II y avait des résultats aussi.
M. Dupré: À passer le nombre d'années qu'ils
devaient attendre.
M. Garon: ... et de l'affectation de ceux qui pouvaient
travailler et ceux qui ne pouvaient pas travailler. Ceux qui avaient le droit
de faire des heures de bulldozer et ceux qui n'avaient pas le droit d'en
faire.
M. Mathieu: Vous préférez le faire
vous-même.
M. Garon: Non, aujourd'hui, les cultivateurs choisissent
eux-mêmes les entrepreneurs. Pour les travaux mécanisés des
cultivateurs, ce n'est plus le gouvernement qui décide. S'ils ont la
machinerie adéquate, ils les font. C'est le cultivateur lui-même
qui décide. C'est cela le grand changement qu'on a fait dans
l'agriculture. Je suis content que vous me donniez l'occasion d'en parler.
C'est le cultivateur qui choisit.
Pour les drainages souterrains, c'est l'agriculteur qui chosit
l'entrepreneur, c'est le cultivateur qui choisit le bureau d'ingénieurs.
Du temps des libéraux, par exemple, en 1976, il y avait pour 6 500 000 $
de travaux de génie de donnés. Sur les 6 500 000 $, 4 800 000 $
étaient accordés à deux firmes d'ingénieurs.
M. Paradis: Qui choisit les cours d'eau?
M. Garon: C'était le parti au pouvoir qui choisissait les
bureaux d'ingénieurs.
M. Paradis: Qui choisit les cours d'eau, aujourd'hui en 1982, au
moment où on se parle?
M. Garon: Je pense que le fait de choisir les cours d'eau qui
seront faits, cela fait partie des décisions administratives.
M. Paradis: Du ministre. M. Mathieu: Et politiques.
M. Garon: Des décisions administratives et politiques.
M. Paradis: D'accord.
M. Garon: Mais c'est pour faire une répartition
équitable des cours d'eau dans l'ensemble du Québec. Je vais vous
dire une chose: j'espère qu'aux prochaines élections, on sera
jugé sur l'administration des cours d'eau qu'on aura faite. Je suis
convaincu, et je vous l'ai dit tantôt, j'espère avoir
terminé pour les prochaines élections tous les cours d'eau qui
auront été demandés pendant notre mandat. Comme je le
disais tantôt, quel patronage y a-t-il que de faire tous les cours d'eau
que les gens veulent qui soient faits, qu'il est nécessaire de
faire?
Une voix: De les faire tous.
M. Garon: Je n'ai pas dit de ne pas les faire dans les
comtés de l'Opposition ou de les faire dans tel comté ou tel
comté, mais afin qu'ils rencontrent les besoins de la population.
M. Paradis: Vous allez faire tous les cours d'eau
d'utilité publique qui vous sont demandés pendant votre
mandat?
M. Garon: C'est ce que j'ai dit; j'espère pouvoir arriver
à avoir... Actuellement, je peux vous dire une chose: il n'y a pas
beaucoup de délai. On a réglé justement dans le
comté d'Iberville, qui touche un peu votre comté. Sur la question
de la rivière du Sud, de gros travaux seront faits, cet
été, parce que le problème de la rivière du Sud
durait depuis je ne sais combien d'années? Vingt ans... depuis Jacques
Cartier. Cela n'avait jamais été fait. Les libéraux
étaient là du temps de Taschereau, de Godbout, de Lesage, de
Bourassa, et ils n'ont pas fait la rivière du Sud. Nous, nous ferons la
rivière du Sud et ses branches, à la suite d'une entente entre le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
Canard illimité, en consultation avec des organismes de protection de
l'environnement pour en arriver à faire un dossier de sorte que tout le
monde sera content, que tout le monde aura fait un compromis et que tout le
monde sera heureux. C'est une réalisation considérable qui va
rendre service à tout le monde. (17 h 30)
J'aurais pu dire: on ne le fera pas, parce que c'est, pour une bonne
part, dans le comté du député de Brome-Missisquoi, mais
non. Il faut essayer de répartir les fonds publics le plus
équitablement possible. Je n'ai aucune crainte là-dessus, parce
que les gens qui me connaissent savent qu'on essaie de faire un effort, et ceux
qui connaissent les hauts
fonctionnaires savent aussi qu'on prend des décisions
là-dessus régulièrement et qu'on essaie d'attribuer,
toujours le mieux possible, les fonds pour qu'ils soient le plus utiles
possible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Tantôt
j'écoutais le député de Saint-Hyacinthe dire: Passez par
les voies normales, que les municipalités fassent des demandes, tout
cela. Moi, dans mon comté, cela fait assez de fois que je dis -
c'était bien avant que j'arrive en 1981, comme député de
Berthier - qu'il y a eu un cours d'eau de demandé et qui porte le nom de
Tranche-Montagne. Les trois municipalités dont le cours d'eau est
touché, ont fait les demandes. Le conseil de comté du temps
-parce qu'aujourd'hui ce sont les MRC - a fait la demande. L'agronome de
Berthier a fait toutes les démarches, a toutes les expertises. Tout est
complété et est rendu, je le pense bien, sur le bureau du
ministre, parce que je n'ai pas vu le bureau du ministre et que je n'ai pas
été voir si le dossier y était, mais M. Bégin que
je ne connais pas, je ne sais pas s'il est ici M. Bégin...
M. Garon: Ah oui!
M. Houde: C'est à vous que j'en ai parlé plusieurs
fois et ma secrétaire en a parlé plusieurs fois.
M. Garon: Ah! bon. Il est bien patient.
M. Houde: Pardon.
M. Garon: II est bien patient.
M. Houde: Sans commentaire. C'est pour cela que je vous dis que
cela fait quelques années, depuis 1976. Plusieurs cultivateurs sont
là, dont l'un a gagné la médaille d'or en 1979 - ce ne
doit pas être un manchot...
M. Garon: Cela ne l'a pas empêché de gagner la
médaille d'or.
M. Houde: ... durant le temps du Parti québécois.
Donc, c'est eux qui lui ont décerné la médaille,
c'est-à-dire pendant le règne du gouvernement péquiste. Il
n'est donc pas manchot. Les alentours de ce cultivateur-là, ce sont de
belles terres planches, le long du fleuve Saint-Laurent, et on n'a pas encore
de réponse finale. L'an passé, les cultivateurs ont semé
leur grain deux fois, parce que la semence se promenait sur l'eau.
Écoutez donc, nous n'avons pas encore de réponse. Ils ont
passé par les filières normales, et, dans le comté, en ce
qui concerne les agronomes, tout est complété, tout est fini et
où en sommes-nous aujourd'hui? On est encore sans réponse.
M. Garon: Je vous ai dit...
M. Houde: C'est pour cela que j'aimerais qu'il me le dise, parce
que je crois que c'est le ministre qui décide en tout dernier lieu
depuis mars ou avril. C'est pour cela que j'ai posé la question
tantôt, j'aimerais qu'il me le dise dès le début: Tu vas
l'avoir en 1981, Albert, en 1982 ou au début de 1983. J'aimerais que le
ministre me réponde.
M. Dupré: II est bien important de savoir en quelle
année, parce que, tantôt, vous nous avez accusés de faire
du patronage. Si, avant vous, c'est un député péquiste
qu'il y avait dans votre comté, si cela a été fait il y a
plusieurs années et que cela n'a pas été donné,
cela veut dire que c'est tout à fait le contraire de ce que le
député de Brome-Missisquoi affirmait tantôt. Je vais
laisser tout de même le ministre répondre.
M. Houde: M. le Président, je n'ai pas accusé de
patronage, et je ne l'ai pas accusé. À la question que j'ai
posée au ministre - il a tout le dossier entre les mains et M.
Bégin qui est ici à part cela et que je ne connaissais, avant
aujourd'hui que pour lui avoir parlé au téléphone, sait de
quoi je parle - j'aimerais qu'on me donne une réponse positive
aujourd'hui. J'ai été poli jusqu'à maintenant et je veux
continuer à l'être, mais, de grâce, donnez-nous l'essentiel
de ce qui nous est demandé. Je ne peux pas leur demander les
années et les dates, ils les savent toutes. Merci, M. le
Président. Je voudrais que ce soit le ministre qui me réponde. Je
n'ai rien contre mon collègue de Saint-Hyacinthe, au contraire je
l'aime, voyons donc.
M. Dupré: Question de règlement. Je trouve tout de
même un peu... Nous étudions présentement les
crédits et je m'aperçois que les députés d'en face
en font des cas de priorité et des cas de comté. Vous voulez
pousser, profiter de la période pour promouvoir vos dossiers personnels,
mais il me semble qu'on est ici pour étudier les dossiers.
M. Houde: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Je vous ferai remarquer que les
commentaires préliminaires se prolongent un peu plus
qu'espéré et que les cours d'eau dont on discute, apparaissent
dans un programme et dans les éléments de programme des
crédits.
Alors, si on veut progresser dans l'étude des crédits, je
pense qu'il a été entendu au début pour qu'on
procède programme par programme. Est-ce que les membres de la commission
seraient disposés à commencer le programme 1?
M. Houde: J'aurais une autre question avant. J'aimerais que le
ministre me réponde avant, s'il y a une possibilité.
M. Garon: J'ai répondu tantôt. Ce qui arrive
actuellement, c'est que j'ai...
M. Houde: Je ne parlerai pas du comté voisin. Excusez, M.
le ministre.
M. Garon: ... signé pour des cours d'eau, je vous dis cela
de mémoire actuellement, pour la...
M. Houde: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, vous
avez posé une question, M. le ministre est en train de vous
répondre.
M. Houde: Je vais lui répondre tout de suite, si vous me
permettez, tantôt il m'a accusé...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, pas de
débat:
M. Dupré: Élargissez vos horizons.
Le Président (M. Boucher): Je n'accepterai pas de
débat.
M. Houde: M. le Président, est-ce que je peux
répondre.
Le Président (M. Boucher): Je n'accepterai pas de
débat entre deux députés.
M. Houde: Non, non. La semaine dernière, le
député de Joliette m'a accusé de ne pas m'occuper de mon
comté. Là, je vais m'en occuper. Ce soir, il me dit: Occupe-toi
donc du général plutôt que de t'occuper de ton
comté. Où allons-nous?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Houde: J'aimerais cela le savoir. C'est clair, c'est parti
depuis jeudi dernier. Non, mais écoute, je ne suis pas nerveux. Ne
t'inquiètes pas, c'est parce que je parle fort. M. le ministre, allez-y
d'abord.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
On va régler le problème.
M. Garon: Bon. Je vous ai répondu, tout à l'heure.
J'ai dit qu'on avait tant du cours d'eau qui rentrait et tant de propositions
de cours d'eau, cette année.
Alors j'ai demandé, à un moment donné après
en avoir signé un certain nombre, afin d'équilibrer le mieux
possible, comment on en avait et pour quel montant? J'étais rendu
à environ 7 900 000 $ de signatures dans les cours d'eau, alors qu'on a
un budget actuellement de 7 000 000 $. J'ai demandé à ce
moment-là aux fonctionnaires si, avec le montant que j'avais
déjà signé, j'allais dépasser le budget ou non et,
s'ils pensaient que je ne l'avais pas dépassé, je pourrais en
signer d'autres. Quand un certain nombre de cours d'eau vont en appel d'offres,
avant que les travaux soient réalisés, surtout pour les cours
d'eau, la poursuite, l'échéance pour déterminer cela, peut
être le 31 décembre 1983, par exemple. De sorte que si je peux en
signer d'autres, je vais en signer d'autres, pour qu'on épuise le budget
qui a été consacré aux cours d'eau.
Actuellement, on est rendu à 7 900 000 $ et il y en a d'autres
à signer. S'il y avait besoin d'autres cours d'eau à autoriser
pour exécution cette année, on verra si c'est possible de le
faire, cette année, avec le budget qu'on a actuellement. C'est la raison
essentielle pour laquelle on a signé pour tant de cours d'eau. Il y en a
d'autres qui sont prêts pour signature, mais je n'ai pas encore
signé, parce qu'il faut respecter notre engagement
budgétaire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le ministre a souvent
mentionné que l'exécution des cours d'eau se faisait plus
rapidement sous son règne qu'avant. Je peux vous dire, en toute
franchise, qu'il y a des cours d'eau, chez nous dans le comté de
Huntingdon, en attente depuis quatre ans et que souvent les pertes de
récolte sont aussi importantes en un an que le coût de la
réfection. Alors, face à cela, le ministre dans sa loi 90, en
1978, avait quand même un article qui touchait la ristourne sur les taxes
foncières municipales ainsi que sur les taxes spéciales pour
réfection de cours d'eau.
Alors, face au retard et aux pertes de récolte encourues dans nos
municipalités, j'ai conseillé aux maires, dans le cas des petits
cours d'eau, en fait les entreprises de 2000 $, de 3000 $ ou de 5000 $ de faire
les travaux eux-mêmes, de charger les passeurs d'eau et de
récupérer 70%. Si ce programme prend de l'envergure ou si les
municipalités s'aperçoivent que, face à la lenteur du
ministère, on doit procéder de cette façon-là dans
l'exécution de petits cours d'eau, on va manquer de budget pour
l'administration de la loi 90. Si le ministre ne veut pas avoir un
déficit au niveau de son budget pour
l'administration de la loi 90, il serait mieux de présenter un
budget spécial pour l'exécution de cours d'eau et procéder
directement de son ministère, parce que cela va aller dans l'un ou dans
l'autre.
De plus en plus, les municipalités se sentent responsables des
pertes de récolte chez les fermiers. Ils disent: Bon, on va
l'exécuter nous-mêmes dans les petites entreprises et puis nous
allons charger le passeur d'eau. Finalement, cela gonfle le compte de
taxes...
M. Garon: II ne faut pas exagérer.
M. Dubois: Et le compte de taxes est...
M. Garon: II n'y a jamais tant eu de cours d'eau qui ont
été faits. Je vais vous présenter le bilan, parce que je
l'ai déjà demandé pour votre comté, le bilan des
cours d'eau au cours des quinze dernières années. Je vais pouvoir
vous montrer combien il s'est fait de cours d'eau auparavant dans le
comté de Huntingdon et comment il s'en est fait depuis 1976.
M. Dubois: Le problème n'est pas là.
M. Garon: Vous allez voir que je ne peux pas consacrer tout le
budget du ministère à votre seul comté. Je peux en mettre
une certaine partie, mais il faut essayer de répartir cela le plus
équitablement possible.
Dans le comté de Huntingdon, vous avez eu une bonne part du
budget pour les cours d'eau. Il faut faire une répartition. Il y a
plusieurs comtés qui sont essentiellement agricoles.
M. Dubois: M. le ministre, vous êtes bien au fait des
pertes de récolte qu'on a eues depuis plusieurs années,
particulièrement l'an dernier. Je pense que tout le monde est soucieux
d'avoir des cours d'eau bien exécutés.
M. Garon: S'il y a des pertes de récolte, il y a une
assurance-récolte. Il y aura des pertes de récolte, chaque
année normalement. Autrement, il n'y aurait pas
d'assurance-récolte.
M. Dubois: Votre sous-ministre a survolé la région
inondée l'an dernier, qui était très vaste et où il
y a eu des millions et des millions en valeur de production perdue.
M. Garon: Savez-vous qu'est-ce que c'est la solution?
M. Dubois: Le Norton Creek avait l'une des premières
responsabilités. Le Norton Creek était l'une des premières
raisons.
M. Garon: Oui. Le Norton Creek est un cours d'eau de quel
endroit. Il est dans le fond d'une cuvette.
M. Dubois: II ne faut pas exagérer.
M. Garon: Essentiellement, le Norton Creek fend en deux une
cuvette...
M. Dubois: II a besoin d'être petit.
M. Garon: ... qui est une cuvette de terre noire. Dans le fond
d'une cuvette, il y a le Norton Creek qui coule là. Ce que les
ingénieurs doivent regarder, parce que c'est complexe sur le plan
hydraulique, c'est de quelle façon le drainage de cette cuvette de terre
noire doit être fait pour ne pas envoyer toute l'eau au même
endroit. Il y a des gens qui pensent que creuser davantage le Norton Creek et
qu'envoyer toute l'eau à la même place, ce serait une erreur.
M. Dubois: Je pense que...
M. Garon: Moi, je ne suis pas ingénieur en
hydraulique.
M. Dubois: ... vos ingénieurs régionaux ont la
réponse.
M. Garon: Bien, moi, on me dit que ce sont justement les
ingénieurs régionaux, qui ont demandé une étude du
bassin de cette cuvette, parce qu'ils n'avaient pas la réponse.
M. Dubois: S'il n'y a pas de budget pour le faire cette
année, je comprends qu'on peut y aller...
M. Garon: Mais, pourquoi dites-vous que les ingénieurs
régionaux nous ont dit qu'ils avaient la réponse, alors qu'ils
ont recommandé une étude, justement pour qu'on ait la
réponse au drainage du Norton Creek?
M. Dubois: Les ingénieurs ont conseillé depuis
longtemps aux producteurs de la région qu'il fallait creuser le Norton
Creek. Alors, c'est eux-mêmes qui ont fait cela, cette
recommandation.
M. Garon: C'est plutôt le contraire. On dit que les
ingénieurs ont dit qu'au contraire, ils ne savaient pas la
réponse et qu'il faudrait faire une étude d'ensemble pour trouver
la réponse à ce problème. Pensez-vous que je m'intitule
ingénieur en hydraulique?
M. Dubois: Écoutez, je ne vous demande pas d'être
ingénieur.
M. Garon: Pensez-vous que c'est moi qui dis à quelle
profondeur doit être creusé
le cours d'eau, à quelle largeur et à quelle place doit
être creusé le cours d'eau? La plupart des cours d'eau pour
lesquels je signe, je ne les ai jamais vus.
M. Dubois: Mais si vous voyez...
M. Garon: Mais alors, il y a des ingénieurs
hauts-fonctionnaires qui font ce travail.
M. Dubois: Si vous revenez à la Norton Creek, je vais vous
dire que cela fait six ans que vous attendez. Si vous procédez à
une étude cette année, cela fait six ans que nous attendons pour
une telle étude, mais les ingénieurs régionaux nous disent
eux qu'il y a une solution rapide et que cela prend un budget. C'est assez
dispendieux, mais c'est ce que nous voulons.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, avant d'entamer le vif, je
crois que le travail préliminaire qu'on fait semble peut-être
retarder un peu, mais d'un autre côté, quand on arrivera aux
programmes, cela ira plus vite. Tantôt, au début, j'ai posé
une question au ministre et je n'ai pas eu de réponse. Alors, avant
d'entamer, je voudrais éclaircir ce point.
M. Garon: Lequel?
M. Mathieu: Le point de l'organigramme. Ne me retournez pas au
bottin téléphonique comme l'année passée, cela ne
marchera pas. Quand allez-vous nous déposer un organigramme, comme
l'exigent les services du gouvernement? Si vous ne le déposez pas,
pourquoi ne le faites-vous pas...
M. Garon: Je n'ai pas de raison de déposer un
organigramme.
M. Mathieu: ... d'ici à la fin des travaux de la
commission.
M. Garon: Je vais regarder si on en a un de fait, un rouleau.
M. Mathieu: Mais cela fait six ans que vous êtes là.
Vous devez en avoir un de fait. L'année passée...
M. Garon: II y a des changements qui surviennent. Les
organigrammes sont désuets, il faut les refaire.
M. Mathieu: ... vous m'avez répondu la même
chose.
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement. Moi, j'ai vu un
organigramme préparé au ministère en 1976 et ensuite, je
n'ai jamais demandé d'organigramme, parce que je connais les gens qui
occupent les différentes fonctions. Je n'en ai pas vu récemment.
J'imagine qu'il y en a un. Je n'ai pas d'objections à vous faire
parvenir un organigramme, mais...
M. Mathieu: Je le voudrais d'ici à la fin des travaux, on
en a pour deux jours ici. Est-ce que vous pouvez nous apporter cela?
M. Garon: Si on en trouve un.
M. Mathieu: Mais ce n'est pas si on en trouve un, parce que les
lois vous obligent à en avoir. Vous ne devez rien avoir à cacher,
j'imagine.
M. Garon: Non. Il n'y a pas de cachette dans les organigrammes.
C'est public un organigramme. Vous avez cela dans les volumes, dans les
rapports annuels.
M. Mathieu: On ne l'a jamais. On a le nom du poste qui existe,
mais on n'a jamais le nom du titulaire. On veut savoir cela, le nom de chaque
titulaire et on veut également savoir si toutes vos nominations et tous
les postes occupés sont en conformité avec la Commission de la
fonction publique.
M. Garon: Ah!
M. Mathieu: Je pense qu'il est important qu'on sache cela.
M. Garon: Vous voulez savoir si j'ai nommé tous les gens
à des postes...
M. Mathieu: Et pas seulement pour le ministère, pour tous
les offices et régies et commissions qui dépendent...
M. Garon: Vous ne verrez pas cela sur l'organigramme.
M. Mathieu: Pourquoi cela?
M. Garon: Vous y voyez seulement le responsable de la fonction.
Dans un organigramme, vous voyez le sous-ministre du ministère, les
sous-ministres adjoints, les chefs de service... Alors, si vous allez voir
à l'Office du crédit agricole, vous allez voir la même
chose. Vous ne verrez pas s'il y a un poste vacant ou non.
M. Mathieu: Mais pourquoi, vous...
M. Garon: Vous avez cela dans les budgets.
M. Mathieu: Oui, mais ce n'est pas une raison. Je veux
l'organigramme avec le titre, la fonction et le nom de la personne qui
l'occupe. Vous avez suffisamment de personnel, dans votre
ministère, pour donner cela. Je ne peux pas croire. Avec 4500
fonctionnaires, vous devez avoir assez de monde pour nous préparer cela.
Il arrive souvent, on se fait dire parfois qu'il y a de nouveaux postes
d'inventés qui ne seraient pas conformes à la loi de la fonction
publique. Quand vous déposerez...
M. Garon: Donnez-moi un exemple.
M. Mathieu: Quand vous déposerez l'organigramme, on va le
savoir.
M. Garon: Oui, mais vous dites que vous en avez.
M. Mathieu: Je veux que vous déposiez l'organigramme du
ministère et de toutes les régies, commissions, offices qui
dépendent du ministère. Alors, je prends votre parole que d'ici
à demain soir, on aura cela entre les mains.
M. Garon: Je n'ai pas donné ma parole. J'ai dit qu'on
allait regarder si on a des organigrammes.
M. Mathieu: Vous m'avez dit cela l'année passée et
je ne suis pas plus avancé que j'étais.
M. Garon: Vous auriez dû me rappeler cela avant
aujourd'hui. Vous ne m'en avez pas reparlé. Moi, j'ai oublié cela
et... (17 h 45)
M. Mathieu: L'année passée, vous m'aviez dit que
vous le déposeriez. Vous avez eu un an pour le faire. Je prends votre
parole.
M. Garon: Vous n'avez jamais eu d'organigramme.
M. Mathieu: Jamais du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. J'en veux un.
M. Garon: Vous avez toutes sortes de documents confidentiels qui
vous sont acheminés, mais personne ne vous a jamais acheminé
d'organigramme.
M. Mathieu: Jamais je n'ai eu de documents confidentiels non
plus.
M. Garon: Mais oui.
M. Mathieu: J'en veux un. Je me fie sur votre parole pour avoir
cela d'ici à demain. Il y a assez de monde autour de vous.
M. Garon: Pardon? S'il croit qu'on va commencer à faire
faire des documents en sachant qu'ils vont aller à l'Opposition! Cela va
être des documents faits pour eux et ils ne le sauront pas.
M. Mathieu: Est-ce qu'on se sert des fonds publics pour payer
cela? Le ministre dit: On va faire faire des documents sachant qu'ils vont
aller à l'Opposition. Il me semble qu'on a accès aux informations
normales.
M. Garon: Oui, oui. L'organigramme; franchement, vous savez bien
qu'il n'y a pas de problème là.
M. Mathieu: Est-ce la fin du monde que je vous demande?
M. Garon: Des rapports annuels... Quand je dépose le
rapport annuel de l'Office du crédit agricole, il doit y avoir un
organigramme à l'intérieur, j'imagine. Il n'y en a pas.
Une voix: C'est parce que nos rapports sont faits avec
modestie.
M. Garon: En fait, je vais vous dire pourquoi. Je devrais
peut-être faire comme M. Whelan: mettre ma photo en première page
avec un mot et signer... M. Whelan fait cela.
M. Mathieu: On a rien contre cela, mettez là votre
photo.
M. Garon: La page 2, le sous-ministre, des fois, ils ont chacun
leur page le sous-ministre avec sa photo. Après cela, chacun a un
organigramme avec chacun des chefs de service; ils font cela à Ottawa,
mais cela coûte plus cher. Nous, nous ne faisons pas cela.
M. Mathieu: Je sais que vous êtes très modeste. Je
rends hommage à votre modestie et à votre sens de
l'humilité.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: D'ailleurs, vous vous faites assez souvent un orgueil
de votre humilité.
M. le Président, je prends la parole du ministre disant que
demain je vais avoir l'organigramme. Je prends votre parole.
M. Garon: Je ne vous ai pas donné ma parole. J'ai dit
qu'on allait regarder si on en a. Si on en a, je n'ai pas d'objection à
vous fournir un organigramme.
M. Mathieu: Le fait que vous regardiez pour en trouver un ne me
satisfait pas. Je veux l'avoir.
M. Garon: L'organigramme de quelle année voulez-vous
avoir?
M. Mathieu: Nous sommes le 1er juin 1982. Je veux l'organigramme
du ministère et de tous les offices, commissions et régies. Je ne
vous demande pas la fin du monde et des choses confidentielles. Il me semble
que tant qu'on vous demandera des choses faciles comme cela, vous devriez vous
réjouir.
M. Dubois: II est censé n'avoir rien à cacher, de
toute façon. Il dit qu'il n'a jamais rien à cacher.
M. Mathieu: Vous n'avez rien à cacher. S'il avait quelque
chose à cacher, cela en prendrait grand pour le cacher.
M. le Président, dans un autre domaine... Tout à l'heure
j'ai soulevé un point.
M. Garon: Je suis d'une grandeur moyenne.
M. Mathieu: Je l'ai dit tout à l'heure: Vantardise
entretient l'embonpoint.
Je voudrais revenir avant de prendre les programmes.
M. Garon: Connaissez-vous la phrase de Laborit.
M. Mathieu: II en a dit plusieurs.
M. Garon: II disait: Écoutant sa conscience qui ne lui
disait rien, il s'écria: Courage, fuyons!
M. Mathieu: Est-ce votre devise?
M. Garon: II y a un fonctionnaire qui m'a dit cela l'autre soir,
je l'ai trouvé bonne.
M. Mathieu: Je reviens aux services professionnels dans nos
bureaux locaux et régionaux.
M. Garon: J'ai encore une question à vous poser, je trouve
qu'elle s'applique bien.
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: Vous avez envie de poser des questions quand je ne suis
pas là, mais quand je suis là, vous n'en avez jamais envie.
M. Mathieu: M. le ministre.
M. Garon: Je suis souvent en Chambre et vous ne me posez jamais
de questions.
M. Mathieu: Encore aujourd'hui j'aurais une question. Je ne me
suis pas levé, je me suis dit: S'il est absent, par courtoisie pour lui
- comme je l'ai fait à plusieurs reprises -s'il n'est pas là.
M. Garon: J'ai été là durant toute la
période des questions.
M. Mathieu: Non, non. Vous n'étiez pas là durant la
période des questions. En tout cas, on ne fera pas un procès sur
cela, mais.
M. Garon: Je vais faire vérifier.
M. Mathieu: II arrive souvent et il est arrivé souvent, au
cours de l'année, que je n'aie pas posé de question...
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: ... parce que vous n'étiez pas là. J'ai
dit deux ou trois fois, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation est-il ici? Le leader a dit, non. Là on me disait:
Regardez s'il est "cheap", il profite du fait qu'il n'est pas là pour le
mentionner.
M. Dubois: ...
M. Mathieu: Je pense que j'ai été gentilhomme
là-dessus et quand le ministre dit - je ne voudrais pas m'étendre
sur le sujet - qu'on a eu quatre questions...
M. Garon: Je n'ai pas dit le Parti libéral, j'ai dit:
vous.
M. Mathieu: C'est la preuve qu'on n'attache pas d'importance
à l'agriculture.
M. Garon: Les quatre.
M. Mathieu: II faudrait que vous disiez, par exemple, que je vous
en ai posé et j'en ai posé à d'autres et que les autres
députés en ont posé à vous et à
d'autres.
M. Garon: Êtes-vous en disgrâce pour qu'il ne vous
donne plus le droit des poser des questions comme cela.
M. Mathieu: Sans compter les jours où vous n'étiez
pas là... Parlant de disgrâce, savez-vous que les agriculteurs me
posent la même question face au ministre. Ils disent: II a l'air en
disgrâce auprès du cabinet, il n'y a plus rien qui sort depuis
trois ans. Plus rien qui sort.
M. Dupré: Disgrâce avec 20% d'augmentation du
budget, heureusement qu'il est en disgrâce parce que...
M. Garon: 79 000 000 $.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Mathieu: M. le Président, le député de
Saint-Hyacinthe semble également se
vanter, lui aussi. Mais ce qui nous intéresse. M.
Dupré: 20% d'augmentation.
M. Mathieu: Ce qui nous intéresse, c'est la part de
l'agriculture dans le budget global, ce n'est pas autre chose. Si le budget
augmente de 4 000 000 000 $ et que la part de l'agriculture diminue, c'est
anormal. C'est cela qui nous inquiète.
Services professionnels
Je vais revenir à la question que j'avais posée. Les
services professionnels, agronomes et ingénieurs, dans vos bureaux
locaux et régionaux, vous savez, M. le ministre, c'est important pour le
fermier. C'est comme le médecin pour le malade. Quand le malade va chez
le médecin, il ne s'attend pas qu'il ne fasse que de l'administration et
ne fasse pas de médecine, parce qu'il va crever, le pauvre diable. S'il
va voir le médecin et qu'il ne s'occupe qu'à remplir des formules
et qu'il n'a pas le temps de l'ausculter, de l'examiner, le malade ne se fera
pas soigner. C'est la môme chose pour nos agriculteurs. Les
professionnels, dans les bureaux locaux et régionaux - je tiens à
le porter à votre attention non pas par mesquinerie, mais c'est un
problème de fond et les agriculteurs, dans la plupart des régions
que j'ai visitées, surtout dans la Beauce, me disent toujours ceci: On
n'est plus capables d'avoir accès aux services professionnels,
principalement ceux des agronomes, des ingénieurs et autres dans les
bureaux régionaux ou locaux.
On a l'impression que vous manquez de personnel administratif, d'agents
de bureau, de secrétaires et que, par ailleurs, les programmes que vous
lancez avec diverses conditions demandent plus d'administration. Je ne dis pas
qu'il ne faut pas de conditions, ce n'est pas une critique que je fais de vos
programmes, mais, vous avez moins de personnel administratif, les agronomes, ou
les ingénieurs, ou les professionnels de l'agriculture dans les bureaux
sont obligés de vérifier des factures d'heures de bulldozer, des
factures d'autos, de couvertures de granges, etc. Pendant qu'ils font cela, ils
ne dispensent pas de conseils et de services professionnels à
l'agriculteur. Êtes-vous conscient de ce problème et
envisagez-vous une solution quelconque pour le résoudre?
M. Garon: Les professionnels habituellement sont assez
dégagés. Par exemple, on ne fait plus faire de plans de drainage
et de travaux mécanisés par les ingénieurs. Je pense que
c'est la dernière région; à partir de cette année,
on n'en fera plus. Tout le temps des ingénieurs est consacré
à conseiller les agriculteurs. J'imagine que les ingénieurs ont
plus de temps que jamais pour conseiller les agriculteurs. En tout cas, je
serais le plus étonné du monde s'ils n'avaient pas plus de temps
qu'avant. Actuellement, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie et dans les autres régions, ils ne
font plus de plans. Dans la dernière région où il devait y
avoir des plans, où ils devaient faire l'arpentage de 35 fermes, je
pense qu'ils nous ont demandé deux ans pour les faire, mais on a dit:
Non, pas deux ans, un mois; si dans un mois, ce n'est pas fait, on le fera
faire par une entreprise privée. On va fonctionner, parce qu'on n'a pas
l'intention que le monde attende parce que les plans ne se font pas et que cela
ne va pas assez vite. À ce moment-là, les gens vont consacrer
tout leur temps à conseiller les agriculteurs, normalement. Sur ce
point, on va faire au ministère, probablement au cours de l'année
1982-1983, une réorganisation administrative, et des fusions de bureaux
vont sûrement avoir lieu, parce qu'il y a des bureaux qui, parfois, sont
situés à quelques milles l'un de l'autre. Par exemple, il y a un
bureau à Saint-Charles de Bellechasse, à Lévis et un a...
En tout cas, il y a trois bureaux dans un très petit rayon. On va
fusionner et peut-être qu'il y en aura un de moins. Dans Charlevoix, il y
a deux bureaux. Il y a un bureau à Baie-Saint-Paul et un bureau à
La Malbaie parce qu'il y a toujours eu une rivalité entre les 2 villes.
Un bureau dans Charlevoix, mieux organisé, serait peut-être
suffisant. Ce qu'on veut faire, cette année, c'est regarder le nombre de
bureaux pour qu'ils soient mieux organisés pour, justement, donner un
meilleur service. Il va falloir faire du regroupement. A-t-on besoin aussi de
douze régions administratives? Par exemple, dans la Beauce, le bureau
régional est à trente mille du bureau régional de la
région de Québec. A-t-on besoin de deux bureaux régionaux;
un bureau ne serait-il pas suffisant?
M. Mathieu: Je pense qu'un bureau ne serait pas suffisant.
M. Garon: Ce sont des questions qu'il faut se poser. Il faut se
poser des questions: A-t-on besoin de douze bureaux régionaux, ou ne
doit en avoir que dix ou neuf?
M. Mathieu: Regardez, M. le ministre...
M. Garon: Est-ce qu'on a besoin de 80 bureaux locaux. On en avait
84 et on en a 80 actuellement. Est-ce qu'on ne doit pas les regrouper, les
renforcer aussi et faire faire moins de travail de papeterie par des
professionnels, le faire faire davantage par des personnes de l'administration,
faire un conseil technique, qui soit plus professionnel, par nos agronomes, les
vétérinaires et les ingénieurs? C'est sur cela qu'on
travaille actuellement.
M. Mathieu: Voyez-vous les cultivateurs...
M. Garon: II va y avoir, possiblement, des réformes
importantes au cours des deux prochaines années.
M. Mathieu: Vous m'inquiétez. Voyez-vous les cultivateurs
laisser Saint-Ludger et Saint-Zacharie, partir et descendre au bureau
régional de Québec? Je trouve que cela n'a pas de bon sens.
M. Garon: Le cultivateur a rarement affaire au bureau
régional. Il a affaire au bureau local.
M. Mathieu: Mais, quand vous parlez de la solution de tout
à l'heure, parlez-vous de la fusion des bureaux locaux ou
régionaux ou les deux?
M. Garon: Les deux.
M. Mathieu: Alors, les bureaux locaux pourraient être
fermés?
M. Garon: On veut avoir des bureaux régionaux qui soient
moins importants et renforcer nos bureaux locaux, parce que ce sont les bureaux
locaux qui font affaire avec les agriculteurs.
M. Mathieu: De toute façon...
M. Garon: Et on travaille là-dessus actuellement pour
qu'il y ait une plus grande efficacité administrative.
M. Mathieu: Regardez les plaintes que j'ai eues et que j'ai
trouvé fondées de la part de certains producteurs de porc. On
sait qu'il y a eu des années difficiles et quelques-uns m'ont dit: les
professionnels n'avaient pas le temps de nous conseiller en gestion, en
maladie, et tout cela. Ils n'avaient pas le temps, même si on leur
téléphonait pour leur demander de venir nous rencontrer ou si on
voulait les rencontrer à leur bureau. Ils n'avaient pas le temps, ils
étaient trop pris par l'administration. Alors, cela est de nature, quand
le professionnel est près du fermier, à augmenter
l'efficacité à la ferme et dans les autres domaines, c'est la
même chose.
Alors, je voudrais attirer votre attention et je suis content de voir
que vous semblez réceptif à cette idée, cette idée
de tâcher de soulager le professionnel vétérinaire,
agronome et tous les autres, de les soulager d'un peu d'administration et de
les rendre plus disponibles auprès du cultivateur.
M. Garon: II faut être prudent. Quand vous parlez du porc,
il y a beaucoup de conseils qui sont donnés, pour le porc, par les
entreprises et souvent par les coopératives et aussi par les
intégrateurs qui sont des producteurs intégrés. Je peux
vous dire que la place qu'occupait le ministère de l'Agriculture au
point de vue des conseils pour le porc était assez étroite, parce
que l'entreprise privée ou l'entreprise coopérative occupait la
place.
M. Mathieu: Elle était étroite, mais justement
quelquefois la place occupée par l'entreprise privée ne suffit
pas.
M. Garon: On en a des problèmes. On a des programmes de
génétique. On a des problèmes pour lesquels le
gouvernement a sa fonction. Il y a aussi des fonctions qui reviennent à
l'entreprise privée. Il n'est pas nécessaire que le gouvernement
fasse tout le travail, il y a une partie du travail qui est mieux faite par
l'entreprise privée.
M. Mathieu: Est-ce que vous reconnaissez que, quand un
professionnel fait le travail d'un employé de bureau, il ne donne pas
son rendement! Alors, c'est sur ce point que je voudrais attirer votre
attention, parce que dans ma région, de la part de certains
professionels, de la part de beaucoup d'agriculteurs et de l'UPA, c'est une
doléance qui revient généralement. Je vous le dis d'une
manière constructive, d'une manière non agressive non plus. Je
voudrais être écouté et je crois que, si vous reconnaissez
qu'il peut y avoir un problème et que vous pouvez vous pencher
là-dessus, je vous inviterais à le faire, pour tâcher qu'on
ait de meilleurs renseignements, de meilleurs services à la ferme.
M. Garon: Je ne vous réponds pas d'une manière
agressive non plus, je vous dis que, dans la Beauce, la production porcine est
importante. On a un conseiller spécialisé dans l'élevage
du porc qui est justement affecté à la Beauce, pour conseiller
les agriculteurs. Alors, on tient compte des besoins qu'il y a dans
différentes régions et un besoin qui est rempli par une
entreprise, une coopérative, on en tient compte aussi. Souvent il y a
des formules qu'adopte, prenons par exemple, un syndicat de gestion. On a
formé près de 50 syndicats de gestion, avec un agronome
conseiller pour 50 agriculteurs.
Aujourd'hui, c'est de la gestion additionnelle qu'on trouve dans le
champ et qui n'existait pas auparavant. En 1976, il n'y avait qu'un seul
syndicat de gestion; aujourd'hui il y en a 48, je pense, 48 ou 49. Sur le plan
administratif, on veut continuer encore, on le voit par les paiements de
transfert qui sont de 63,3% du budget du ministère, l'an dernier. On
veut renforcer les méthodes administratives et il y a encore
des correctifs qui seront apportés, pour que le travail des
professionnels profite au maximum.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Boucher): À la suspension, nous
avions terminé les remarques préliminaires, pas tout à
fait, M. le député de Beauce-Sud vous avez quelque chose à
ajouter.
Les taux d'intérêt dans un Québec
indépendant
M. Mathieu: II y avait un autre point, M. le Président,
que j'aurais aimé discuter avec le ministre. Le ministre nous revient
toujours à toutes les questions que l'on pose à
l'Assemblée nationale et chaque fois qu'il y a un débat en
agriculture ou qu'on projette un projet de loi, cela arrive toujours, cela
revient toujours aux taux d'intérêt, qui sont de juridiction
fédérale. On a l'avantage d'avoir un ministre qui est non
seulement avocat, mais économiste. C'est la première fois que
cela arrive dans la province, non, je pense que c'est la première
fois.
M. Garon: En agriculture.
M. Mathieu: Je voudrais en profiter pour éclairer notre
lanterne et je ne voudrais pas que vous le détourniez. Cet
après-midi, vous l'avez escamoté, mais, ce soir, je voudrais
qu'on envisage le problème de front et qu'on le vide. Je fais appel
à vos notions en économie, à vos connaissances, à
votre expérience pour nous expliquer, dans l'hypothèse d'un
Québec indépendant, souverain - appelez cela, comme vous le
voudrez - quelle serait l'évolution de ce régime des taux
d'intérêt? Qu'est-ce qui se passerait? Lorsque vous dites: On
dénonce le fédéral, et vous dites souvent: Les
curés doivent leur refuser la confession; probablement que c'est vrai,
je ne le sais pas.
M. Garon: Cela n'a pas été...
M. Mathieu: Mais, je voudrais savoir, dans l'hypothèse
d'un Québec indépendant, parce que le gouvernement
fédéral nous dit, à son tour, qu'il est tributaire de la
politique des États-Unis qui tient à des taux
d'intérêt très élevés. Le ministre des
Finances, M. Parizeau, en a parlé à peu près durant trois
quarts d'heure dans son discours sur le budget, la première heure, il
n'avait rien dit des problèmes du Québec, il a parlé du
Canada et des États-Unis. Puis, en tout cas, cela avait l'air que lui
aussi il était dépendant des politiques non seulement du Canada,
mais des États-Unis. À entendre le ministre, cela aurait l'air
que, pour nous en agriculture, les taux d'intérêt dépendent
seulement du gouvernement du Canada et non pas du contexte international. Donc,
vu qu'on a un spécialiste, un économiste à la tête
du ministère, j'aimerais qu'il nous dise -c'est beau de dénoncer
une situation - mais j'aimerais qu'il nous dise ce qui se passerait dans
l'hypothèse d'un Québec indépendant. Est-ce que les taux
d'intérêt seraient plus bas? Si oui, en vertu de quoi? Et, si non,
ce n'est pas honnête d'attaquer le fédéral là-dessus
et de dire que les taux d'intérêt, c'est le Canada, etc.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, je ne sais pas si cette question fait partie de l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture, de toute façon, je
laisse le ministre y répondre.
M. Mathieu: M. le Président, je me permettrais bien
humblement de vous dire qu'il y une somme considérable qui ira pour
alléger les taux d'intérêt des agriculteurs, alors il me
semble que cela doit avoir une relation directe. Alors, je voudrais que vous
nous expliquiez ce qui se passerait dans l'hypothèse d'un Québec
indépendant à propos des taux d'intérêt. Est-ce
qu'ils seraient plus bas et si oui en vertu de quoi? Si non, que se
passerait-il?
M. Garon: Vous ne pouvez pas transposer la situation actuelle du
Québec pour dire ce que les taux seraient dans un Québec
souverain. Il se produit qu'actuellement l'évolution... On ne sait pas
à quel moment le Québec sera souverain, on ne peut pas le dire
actuellement; il n'y a pas eu de discussions entre Ottawa et Québec
concernant les institutions monétaires et le fonctionnement des
institutions monétaires, le degré d'association au point de vue
économique et le degré d'interdépendance et
d'indépendance concernant ces institutions.
M. Mathieu: Parlez nous d'indépendance pure.
M. Garon: C'est clair que, dans le cas actuel, vous ne pouvez pas
faire d'hypothèses parce qu'il n'y a pas eu d'évolution, dans le
temps, du régime. Je peux cependant vous dire une chose qui est claire,
c'est qu'actuellement le Canada, dans son ensemble - pas le Québec, le
Canada -d'après des chiffres, des études de groupes
économiques internationaux, a la deuxième pire situation de tous
les pays occidentaux.
M. Mathieu: Les sept. M. Garon: Pardon? M. Mathieu:
Les sept?
M. Garon: Non, non. Je ne parle pas des sept grands, je parle du
Canada comparé à tous les pays du monde occidental.
M. Mathieu: Y compris l'Italie avec une inflation de 131%.
M. Garon: Oui, oui. L'Italie est celui qui devance le Canada.
Pour le reste, le Canada est actuellement deuxième. La pire situation si
on tient compte de l'indice de chômage, des taux d'intérêt,
des problèmes monétaires, de l'inflation, donc, les
différents indicateurs économiques habituels, le Canada,
actuellement, a la deuxième pire situation de tous les pays du monde
occidental.
M. Mathieu: Si le Québec se séparait, est-ce que
cela s'améliorerait?
M. Garon: Alors, vous voyez pourquoi? C'est parce que, dans mon
esprit, dans l'esprit de beaucoup aussi, il y a eu la gestion la plus
folichonne qu'on puisse imaginer au gouvernement fédéral et un
échec total des politiques qui ont été... Les politiques
énergétiques, par exemple, combien de milliards pensez-vous que
coûtent les politiques énergétiques de M. Lalonde? Ce sont
deux célèbres constitutionnalistes qui dirigent le Canada,
actuellement: M. Trudeau est est professeur de droit constitutionnel. Il
s'amuse dans la constitution depuis qu'il est là. Et il y a M. Lalonde,
aussi, qui écrivait des textes dans le Devoir que personne ne lisait
à l'époque; il appelait cela des politiques fonctionnelles. Cela
fonctionne tellement, voyez-vous, qu'actuellement, le Canada vit la pire
situation économique dans laquelle il n'a jamais été.
Alors, on a deux professeurs de droit constitutionnel qui font de la
constitution.
M. Mathieu: II faut revenir à ma question.
M. Garon: C'est ce que je vous dis. Je vous dis, par exemple, que
la politique énergétique du gouvernement fédéral
est un fiasco. Un fiasco total. À tel point que même au
gouvernement en offrant de financer et de payer le projet Allsands à
80%, des compagnies ont refusé, tandis que...
M. Mathieu: Vous êtes loin du taux d'intérêt
dans un Québec indépendant.
M. Garon: Non, mais tout cela se tient. Cela dépend de la
relation qu'il y aurait. Je sais, par exemple... Si vous regardez les taux, ces
taux-là, les principaux indicateurs économiques en
Norvège, où il y a entre 4 000 000 et 5 000 000 de population, au
Danemark, où il y a entre 4 200 000 de population, en Suisse, où
il y a environ 4 000 000 ou 4 500 000, en Suède, où il y a 8 000
000 de population, en Islande, c'est un peu plus petit, je pense que c'est 500
000 de population, vous verrez que les indicateurs économiques dans ces
pays sont bien supérieurs au niveau canadien et ce sont des pays qui ont
à peu près la population du Québec ou un peu moins, et
à peu près le même genre de production. Le Danemark, par
exemple, qui a une situation économique intéressante, produit
quoi? Un peu des productions qui ressemblent à celles du
Québec.
M. Mathieu: Est-ce que vous seriez encore tributaire de
l'économie nord-américaine ou non?
M. Garon: Ce n'est pas parce qu'on est tributaire de
l'économie nord-américaine qu'il y a des problèmes au
Canada, ce n'est pas pour cela.
M. Mathieu: Si le taux d'intérêt aux
États-Unis est à 14%, allez-vous être capable dans un
Québec indépendant de le mettre à moins que cela?
M. Garon: Vous savez que le taux canadien a fluctué
jusqu'à 3%, 4% et même jusqu'à 5% au-dessus du taux
américain au cours des deux dernières années.
M. Mathieu: Le Parti québécois nous a dit qu'il
demandait d'avoir un taux d'intérêt...
M. Garon: Attendez un peu.
M. Mathieu: ... de 1% plus élevé que les
États-Unis.
M. Garon: Le taux canadien a fluctué et a
été jusqu'à 3%, 4% et même 5% au-dessus du taux
américain.
M. Houde: Seulement quelques mois, par exemple.
M. Garon: Quelques mois, c'est assez pour endommager
l'économie.
M. Houde: Votre premier ministre, ce n'est pas ce qu'il
disait.
M. Mathieu: Votre chef demandait qu'on ait une politique par
laquelle le taux d'intérêt ne dépasse pas 1% de celui des
États-Unis, il n'y a pas longtemps cela, il y a quelques mois.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Si le taux d'intérêt est à 13%
aux États-Unis, cela veut dire que vous êtes prêt à
accepter 14%. Si on se sépare, comment allez-vous parvenir à un
taux inférieur à celui des États-Unis?
M. Garon: Non, non. Ce n'est pas ainsi que vous devez envisager
cela. Actuellement, les gens se demandent jusqu'où va baisser le dollar
canadien. Là, il est à 0,803 $. Il y en a plusieurs qui disent
que, quand il va descendre en bas de 0,80 $, qui est un taux psychologique
auquel le gouvernement canadien essaie de le soutenir, il va baisser rapidement
à 0,75 $. Il y a d'autres économistes qui disent même qu'il
va descendre à 0,70 $. Là, on sera rendu à la piastre des
élections de 1970. En 1970, c'était à 0,70 $; en 1973,
c'était à 0,80 $, la piastre du Parti québécois,
disait le Parti libéral.
M. Mathieu: Pour un instant.
M. Garon: Mais rappelez-vous la parole de l'Évangile: Qui
triomphe par l'épée périra par l'épée.
M. Mathieu: C'est fort, c'est fort. M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: II est rendu avec l'Évangile dans le taux
d'intérêt.
M. Garon: Trudeau et les libéraux ont gagné des
élections contre le Parti québécois avec la piastre
à 0,70 $, la piastre à 0,80 $, mais là on retrouve la
piastre à Trudeau à 0,80 $ et je pense qu'on va la retrouver
à 0,75 $ et peut-être à 0,70 $. Je fais partie des
économistes qui pensent que ce n'est pas impossible avec le genre de
gestion qu'il y a à Ottawa.
M. Mathieu: Vous êtes loin de ma question. En quoi, dans un
Québec indépendant, le taux d'intérêt serait-il
inférieur à celui du Canada, ou des États-Unis au
mieux?
M. Garon: Vous savez qu'en économique, il y a un ensemble
de variables. Vous me demandez actuellement quel serait le taux. Je ne peux pas
vous répondre sans vous dire quel serait l'ensemble des politiques
économiques dans la situation actuelle. Il y aurait un ensemble de
politiques qui auraient été coordonnées. À ce
moment, en fonction de cela, il y aurait un taux qui serait adopté. Ce
qu'il est important de savoir, c'est ce qu'on veut avoir comme politique. Le
Canada a choisi. Il a fait un choix. M. Bouey a fait un choix.
Il a choisi que ce qu'il devait combattre le plus, c'était le
taux d'inflation. Il s'est dit: II faut que je combatte l'inflation et un moyen
que je vais utiliser pour combattre l'inflation, c'est de créer des
chômeurs. Il l'a dit ouvertement en commission parlementaire où il
a comparu à Ottawa. Il a dit: Si le taux ne baisse pas assez, c'est
parce qu'il n'y a pas assez de chômeurs, il va falloir avoir plus de
chômeurs. Il l'a dit sans cachette. Il y a une école en
économie - M. Ouellette a étudié l'économique
à l'Université Laval, il était juste quelques
années en avant de moi à l'Université Laval - il y a un
groupe d'économistes dont c'est la théorie; quand il y a de
l'inflation, ils disent: Créons du chômage, les gens vont moins
consommer et les prix vont baisser.
Une voix: Revenons là, vous êtes un peu loin.
M. Garon: Cela est une théorie. Attendez, je n'ai pas
fini.
M. Mathieu: Est-ce que dans la meilleure hypothèse votre
taux d'intérêt pourrait être inférieur à celui
des États-Unis?
M. Garon: Laissez-moi finir. Ils ont décidé que la
politique de développement économique était moins
importante qu'une politique vis-à-vis de l'inflation. Ils ont choisi de
faire des chômeurs, de combattre l'inflation, sans succès.
Pourquoi sans succès? Je fais partie des gens qui disent depuis
longtemps que les gouvernements sont habituellement les grands créateurs
d'inflation. Souvent ce sont les gouvernements qui...
M. Mathieu: Y compris le vôtre.
M. Garon: C'est la politique d'ensemble du gouvernement. Vous
savez, les gouvernements provinciaux n'ont pas les mêmes pouvoirs. C'est
un peu comme un gouvernement municipal; il affecte peu...
M. Mathieu: II augmente l'essence.
M. Garon: Le gouvernement provincial a un rôle à
jouer mais c'est le gouvernement fédéral qui a tous les
instruments de contrôle de la politique financière. Le
gouvernement du Québec n'a aucun instrument de contrôle de la
politique financière.
M. Mathieu: Mais, dans un Québec séparé, il
les aurait.
M. Garon: Cela dépend quelle serait la forme d'association
qu'il aurait avec le reste du Canada.
M. Mathieu: Est-ce pensable que le taux d'intérêt
pourrait être inférieur à celui des États-Unis?
M. Garon: Certainement.
M. Mathieu: C'est pensable.
M. Garon: Ah oui, c'est très pensable.
M. Mathieu: Vous affirmez cela.
M. Garon: Oui, excepté qu'à ce moment - c'est ce
que je vous dis - vous choisissez d'avoir un dollar qui va fluctuer de telle
façon. Cela dépend de ce que vous privilégiez. Si vous
voulez absolument diminuer l'inflation par tel moyen, vous pouvez le faire, il
y a telle conséquence. Vous pouvez décider, par exemple, d'avoir
une politique de développement. Vous pouvez avoir une politique de
développement qui va être axée davantage sur vos
ressources. Alors, vous allez être moins préoccupé de voir
le dollar canadien baisser.
M. Mathieu: L'écu. M. Garon: L'écu?
M. Mathieu: Bien oui, pour vous c'est l'écu, non pas le
dollar.
M. Garon: Cela dépend de ce que vous allez
privilégier. M. Trudeau qui est peu préoccupé du sort des
individus - il ne l'a jamais été véritablement, je pense
que tout le monde le sait - a privilégié le taux d'inflation
parce qu'il dit: Ceux qui ont des avoirs, il faut que je les
protège.
M. Mathieu: Qu'adviendrait-il des investissements
étrangers au Québec?
M. Gagnon: M. le Président, question de
règlement.
M. Mathieu: Qu'adviendrait-il des investissements
étrangers américains au Québec?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, question de règlement. M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Le député de Beauce-Sud ne trouve pas le
moyen de poser des questions sur l'agriculture à l'Assemblée
nationale. On est en commission parlementaire pour étudier les
crédits et le voilà en train de parler de la politique
monétaire d'un éventuel Québec indépendant.
À mon point de vue, on devrait revenir à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture.
Le Président (M. Boucher): J'ai signalé le fait au
début de la question du député de Beauce-Sud. Je pense
qu'on s'éloigne pas mal des crédits.
M. Gagnon: Si le député de Beauce-Sud veut
entreprendre un débat là-dessus, il pourrait certainement trouver
une autre occasion pour le faire. Moi, j'aimerais qu'on puisse discuter des
politiques d'agriculture.
M. Lachance: On est venu ici pour cela. On peut venir à
votre rescousse, parce que vous prouvez que vous n'avez pas de questions
à poser sur l'agriculture.
M. Mathieu: Préparer vos noeuds, vos noeuds du
débat.
M. Garon: Moi, je ne suis pas complètement de l'avis du
député de Champlain pour la raison suivante. Si le
député de Beauce-Sud comprenait les bases de l'économie,
il comprendrait les politiques qu'on a amorcées pour faire du
développement. Nous avons choisi une politique de
développement.
M. Mathieu: Mais les conséquences, c'est la faillite.
M. Garon: Non, mais écoutez bien.
M. Mathieu: II n'y a jamais eu autant de faillites dans
l'agriculture.
M. Garon: Non, non, attendez un peu. On est conséquent. Le
taux d'intérêt est mauvais. Qu'est-ce qu'on a fait? On a
subventionné pour réduire le taux d'intérêt,
justement, pour créer une situation où on peu fonctionner en
dehors partiellement du taux d'intérêt fixé par la Banque
du Canada. On était complètement logique parce qu'on a choisi une
politique de développement.
M. Mathieu: À une infime clientèle.
M. Garon: C'est pour cela qu'on a mis des politiques en marche
qui vont coûter cette année près de 50 000 000 $ de
subventions au taux d'intérêt.
M. Mathieu: Ce n'est pas vous qui avez inventé cela. Cela
y était avant vous en agriculture.
M. Garon: Pas de la même façon, pas dans une
politique de développement.
M. Mathieu: Elle était plus généreuse.
M. Garon: Non, dans le temps, non. Dans le temps, en 1936, M.
Duplessis - je comprends que dans la publicité du Parti libéral,
lors des dernières élections, disait
que le crédit agricole datait de son temps, mais c'est venu avec
M. Duplessis - a créé le crédit agricole, pourquoi? Vous
rappelez-vous pourquoi? Pour une raison très simple. C'est que dans nos
villages, à ce moment, il n'y avait pas les ressources, les institutions
financières qui pouvaient prêter à la population. On
n'était pas loin de 1910 quand le sénateur Desjardins a
créé les caisses populaires pour débarrasser les petites
communautés canadiennes-françaises des requins de la finance.
Alors, qu'est-ce qu'il avait fait? Il avait créé de petites
institutions financières et rappelez-vous après la guerre, vers
1940, le total des avoirs du Mouvement Desjardins était d'environ 40 000
000 $. Il n'y avait pas d'organisme pour prêter aux agriculteurs.
M. Duplessis a créé le crédit agricole pour qu'une
institution prête aux agriculteurs qui en avaient besoin. Mais à
ce moment, ce n'était pas dans le même but qu'aujourd'hui et, de
fait, ils empruntaient à 3% et prêtaient à 2,5%. La
subvention était très faible. Ce qui était important au
fond, ce n'était pas tellement le taux d'intérêt dans le
temps de M. Duplessis; c'était que les cultivateurs aient du
crédit parce qu'il n'y avait pas les institutions pour organiser du
crédit. Cela a continué comme ça. Dans ce temps-là,
le Canada n'était pas dirigé de la même façon, le
taux d'intérêt était bas. La province empruntait à
2,5%, 3%, 4%; dans les années cinquante, le taux d'intérêt
était encore très bas, autour de 4, 4,5, 5, puis 6,
c'était autour de ces taux. Ce n'est que dans les années soixante
que cela a commencé à augmenter. Les politiques de grandeur sont
arrivées et là, les taux ont commencé à augmenter
quand le Parti libéral a augmenté le montant sur lequel le
crédit se ferait au-dessus de 15 000 $; ce n'est que dans les
années soixante. Qu'a-t-il fait? Il a choisi 8%. C'était quoi,
8%, le taux d'intérêt du temps. Le Parti libéral n'a pas
subventionné le crédit. Il a tout simplement fixé le taux
du crédit agricole au taux du crédit du temps.
M. Mathieu: Vous comparez des choses incomparables.
M. Garon: Non, non.
M. Mathieu: Alors, le programme 1, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: De toute manière, je pense que c'est
déplorable de voir le député de Beauce-Sud défendre
la politique économique du fédéral alors que, selon un
comité spécial du caucus libéral, Ottawa doit
réviser ses politiques économiques.
M. Mathieu: M. le Président, le député est
complètement dans les patates. (20 h 30)
M. Dupré: Dans le journal d'aujourd'hui, on dit: MacEachen
révise ses positions financières. Je pense que le
député de Beauce-Sud...
M. Mathieu: M. le Président, le député est
complètement dans les patates. S'il a compris que j'avais défendu
la position du Canada, il n'a rien compris. C'est peut-être habituel chez
lui, mais il n'a rien compris.
M. Dupré: Au contraire, j'ai très bien compris.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! Programme 1?
M. Houde: M. le Président, je voudrais faire une mise au
point avant de commencer l'étude du programme 1, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Boucher): Une courte mise au point.
M. Houde: M. le Président, lorsque j'ai parlé des
cours d'eau en question, entre autres le cours d'eau Tranchemontagne, quand un
des cultivateurs a vu qu'il n'avait pas de réponse depuis quelques
années, il a décidé de faire une partie du cours d'eau
à ses dépens et a déboursé 1000 $ pour être
capable de cultiver sa terre ce printemps, parce qu'il n'était pas
capable de le faire. C'est pour vous dire que c'était réellement
nécessaire de faire le cours d'eau. Quand les gars ont à sortir
de l'argent de leurs poches pour être capables de faire les semences du
printemps, c'est parce que c'est jugé nécessaire. C'est pour cela
que je voulais vous le dire tout à l'heure.
M. Garon: Quel cours d'eau?
M. Houde: Encore la Tranchemontagne.
M. Garon: C'est fait.
M. Houde: Non, il n'est pas fait. Il a dépensé 1000
$ pour faire une partie du cours d'eau. Il a dû le faire près de
ses bâtiments, parce que cela n'avait pas de bon sens. C'est pour cela
que je vous dis que ce que je demande est nécessaire.
M. Garon: Qu'est-ce qu'il y avait près de ses
bâtiments? Une inondation?
M. Houde: Puisqu'il veut faire une partie du cours d'eau
Tranchemontagne qui regroupe trois municipalités, c'est pour au moins
dégager une partie de sa terre, une terre sur celles de tous les
cultivateurs. Je
vous le nomme, c'est Réal Laferrière. Des fois, vous aimez
mieux avoir les noms et je vous en nomme un. C'est lui qui a gagné la
médaille du mérite agricole en 1979.
M. Garon: Je me rappelle cela, c'est moi qui la lui ai
donnée.
M. Houde: On a de belles terres et je veux que vous en preniez
soin. Je ne suis pas contre le "dépierrage" des terres, je ne suis pas
contre le défrichage des terres, je n'ai pas dit cela. M. le
Président, voulez-vous lui demander le silence?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Saint-Hyacinthe!
M. Houde: Qu'il fume son cigare tranquillement pour tout de
suite. Je ne suis pas contre cela, mais, par contre, pour les terres
déjà en place, j'aimerais que vous en preniez connaissance et le
plus tôt possible, M. le ministre, de grâce! J'en parlerai d'ici
à la fin.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
Les paiements de transfert
M. Gagnon: Merci, M. le Président. M. le ministre a dit
dans ses explications au début de l'étude des crédits...
Si on vient à bout d'étudier les crédits et les
programmes, parce qu'il semble qu'on défend plutôt des dossiers
privés. Vous parlez de politiques qui ne nous touchent pas. En tout cas,
pour le moment, j'ai la parole, M. le député.
M. Mathieu: II divague.
M. Gagnon: L'évolution des paiements de transfert. On voit
qu'on est parti de 47% qui était la somme du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
transférée en services aux producteurs agricoles. On est rendu
à 63,3% en paiements de transfert. J'aimerais savoir si, à
l'intérieur de l'ensemble des programmes administrés par le
ministère et les régies, les services, il y a encore de la place
pour de l'amélioration en ce qui concerne les paiements de transfert.
J'aimerais savoir, si possible, par exemple, en ce qui concerne le
Régime d'assurance-récolte, quelle est la somme ou le pourcentage
du budget du ministère qui va à l'administration et le
pourcentage qui va en services ou en paiements aux victimes.
M. Mathieu: C'est la question plantée de la
soirée.
M. Gagnon: Plantée ou pas, en tout cas, cela en fera une
qui sera peut-être intelligente; les vôtres ne l'étaient pas
tellement.
Une voix: Bravo!
M. Gagnon: On parle au moins des crédits.
M. Mathieu: Très intelligente!
M. Garon: Pour la deuxième, je vais demander...
M. Gagnon: M. le Président, concernant la question que
j'ai posée, est-ce que cela regarde l'administration du ministère
ou pas?
M. Mathieu: Je n'ai pas dit que cela ne le regardait pas; j'ai
dit qu'elle était plantée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, s'il vous plaît!
M. Lachance: Chaque fois qu'on aura des choses à dire,
est-ce que l'Opposition va nous dire que ce sont des questions
plantées?
M. Mathieu: Quand elles le seront, oui.
M. Lachance: C'est frustrant, j'en ai l'impression, nos
questions.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Lachance: Elles sont intelligentes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Mathieu: Ils n'ont pas le sens de l'humour.
Une voix: Elle est plus plantée que tu le pensais.
M. Gagnon: À vous avoir en face de nous autres depuis ce
nombre d'années, il faut commencer à avoir le sens de l'humour un
peu.
M. Mathieu: Cela vous fatique, M. le député de
Champlain, n'est-ce pas?
M. Gagnon: Cela me fatigue de voir une Opposition aussi
faible.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Gagnon: II y aurait possibilité de questionner le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
de connaître les politiques agricoles, non pas de faire ce que vous
faites.
M. Mathieu: Quelle force vous représentez!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, M. le député de Champlain...
M. Mathieu: Je ne suis pas pire que lui.
Le Président (M. Boucher): ... je n'accepte pas de
débat entre députés des deux côtés de la
table.
M. Mathieu: Arrêtez-nous tous les deux ou ne
m'arrêtez pas du tout.
Une voix: Mangez du sirop d'érable.
M. Garon: Avez-vous demandé cela pour les assurances
agricoles ou l'assurance-récolte?
M. Gagnon: C'est parce qu'on dit qu'on est rendu à 63% du
budget qui est transféré en services.
M. Garon: Oui.
M. Gagnon: Et l'administration prend le reste. Je voudrais
savoir, dans les différents programmes - par exemple,
l'assurance-récolte et l'assurance-stabilisation - la part qui va
à l'administration et la part qui va en paiement aux assurés.
M. Garon: Pour l'assurance-récolte?
M. Gagnon: Oui. Est-ce que vous l'avez?
M. Garon: Oui. Je l'ai par dollar. Pour les deux ensemble,
assurance-récolte et assurance-stabilisation, par dollar de prime en
1976, quand nous sommes arrivés au gouvernement, c'était 0,70,6 $
par dollar de prime qui allaient à l'administration. En 1977, cela a
baissé à 0,30,6 $, en 1978 à 0,26,2 $, en 1979
c'était à 0,26,8 $, en 1980 à 0,18,6 $, en 1981 à
0,14,9 $ et, en 1982-1983, on prévoit que ce sera à 0,13,9 $.
Alors, c'est passé par dollar de prime payé par les agriculteurs,
les deux assurances ensemble, de 0,70,6 $ à 0,13,9 $.
Par dollar versé aux agriculteurs, en 1976 c'était 1,26 $
d'administration par rapport à un dollar versé à
l'agriculteur. Cela coûtait plus cher d'administration que le transfert.
Cela a baissé en 1977 à 0,49,4 $ par rapport à un dollar
versé à l'agriculteur, en 1978 à 0,42,2 $, en 1979
à 0,43,9 $, en 1980 à 0,30,4 $, en 1981-1982 à 0,24 $ et
en 1982-1983 à 0,22,7 $. Cela veut dire qu'il y a eu une
amélioration considérable et véritablement un resserrement
des frais administratifs.
Maintenant, vous n'avez pas demandé de chiffres sur le
crédit agricole; je ne les ai pas devant moi, mais je suis
persuadé qu'on aurait aussi une augmentation considérable du
rendement; au crédit agricole, il y a à peu près le
même personnel qu'en 1976 avec des volumes plus considérables
d'affaires tant en valeur qu'en nombre d'agriculteurs desservis.
M. Dubois: M. le Président...
M. Gagnon: M. le Président, j'ai encore la parole.
M. Garon: Cela veut dire qu'il y a un changement
considérable; il faudra le voir quand on étudiera le
crédit agricole. Je pense qu'il y a encore de la place pour
amélioration puisqu'on veut encore améliorer le fonctionnement
administratif. Les gens parlent des crédits périmés. Le
plus gros poste où on a périmé des crédits, c'est
justement grâce à l'amélioration de l'efficacité
administrative. On a périmé 6 000 000 $ de crédits au
fonctionnement; cela veut dire les frais de fonctionnement, les frais
d'administration, justement parce qu'en cours d'année on a
amélioré l'efficacité administrative au ministère
de l'Agriculture.
M. Gagnon: Dans un autre ordre d'idées, toujours dans le
discours que vous avez fait cet après-midi au début de notre
étude, dans les relations fédérales-provinciales, vous
mentionnez un certain nombre de difficultés. Vous avez mentionné
qu'il y a des pertes d'argent à cet article. Vous mentionnez un article,
par exemple, où il y aurait 31 000 000 $ - si on avait fait le calcul au
moment où cela s'est produit -de coûts additionnels.
Vous avez aussi mentionné que, lors du programme de stabilisation
dans le mouton, le Québec a été exclu alors que l'an
dernier, dans le porc, on avait payé l'Ontario, même s'il y avait
un régime de stabilisation. Est-ce que vous avez eu l'occasion de faire
une compilation, par exemple, pour savoir au cours de l'année les pertes
d'argent encourues par les producteurs, par le ministère de
l'Agriculture du Québec dans des programmes comme ceux-là
où on ignore complètement le Québec pour
différentes raisons?
M. Garon: On a certaines données, mais c'est difficile de
regrouper toutes ces données-là. Je vais vous en donner une, par
exemple, qui vient de la Régie des grains qui est très importante
et vous allez voir à quel point c'est difficile de la comptabiliser.
J'ai une note ici qui dit: "Malgré les tarifs statutaires, le
coût du transport des viandes s'est élevé moins rapidement
que celui des céréales." Le transport des viandes, comment se
fait-il que cela augmente moins
rapidement que celui des céréales? Parce qu'un wagon plein
de grain...
M. Gagnon: II n'y a pas de réfrigération.
M. Garon: ... - il n'y a pas de réfrigération -
c'est un wagon qui est plein à 100%, qui n'a pas de perte d'espace.
Tandis que, pour les viandes, il y a de la réfrigération, il y a
perte d'espace parce que la carcasse ne prend pas toute la place, il y a des
vides. C'est très important, c'est une façon indirecte pour le
gouvernement fédéral de pénaliser. Je lis la note:
"Malgré les tarifs statutaires, le coût du transport des viandes
s'est élevé moins rapidement que celui des
céréales", ce qui n'a pas de bon sens sur le plan
économique. "La situation compétitive des producteurs de porc
québécois s'est détériorée substantiellement
depuis dix ans. C'est ainsi qu'il coûtait environ 2 $ de moins pour
transporter de Saskatoon sur le marché québécois une tonne
d'orge que son équivalent en porc, soit 465 livres, en 1970. Par
ailleurs, pour le même parcours en 1980, le coût du transport d'une
tonne d'orge dépassait de 14,18 $ celui de son équivalent en
porc."
Donc, le gouvernement fédéral, par la fixation de taux de
transport, réussit à avantager le transport des viandes par
rapport au transport des céréales alors que le transport des
céréales est meilleur marché. C'est une façon de
faire. De la même façon, quand ils fixent des taux fixes pour le
transport dans les "containers" de Halifax à Montréal, ils
subventionnent d'une façon camouflée le transport.
J'écoutais, l'autre jour, le député de Portneuf en
Chambre. J'ai été estomaqué devant un tel sommet
d'hypocrisie, alors qu'il disait: Les producteurs de patates ont hâte de
vous entendre parler contre les subsides sur le transport des Maritimes. Est-ce
quelque chose dont j'ai arrêté de parler depuis cinq ans? Au
contraire, j'ai dit au ministre fédéral de l'Agriculture qu'il
n'était pas question de signer une entente sur le plan national, au
sujet des pommes de terre, tant qu'il y aura une subvention, par le "Maritime
Freight Act" sur le transport des pommes du Nouveau-Brunswick ou des Maritimes.
Et j'en ai tellement parlé que les gens sont conscients de subventions
qui sont discriminatoires à l'intérieur du Canada en faveur de
certaines productions au détriment des producteurs
québécois.
Il faut faire les additions par volume, par production, et c'est
difficile de comptabiliser tout cela. Mais si on me demande un cas en
particulier, je me rappelle avoir fait faire, en 1977, l'étude et, pour
les pommes de terre de Grand Falls, Nouveau-Brunswick, déchargées
à Québec, cela coûtait moins cher de transport à
cause du subside fédéral qu'un sac de pommes de terre qui serait
venu de Saint-Raymond de Portneuf à Québec. Cela vous donne une
idée de la différence, de distance mais parce qu'il y a de la
manutention pour le chargement et le déchargement et qu'il n'y a pas de
subside pour le transport de Saint-Raymond de Portneuf à Québec,
qui n'est qu'à quelques milles, 35 ou 40 milles, cela coûtait plus
cher que de les transporter de Grand Falls, au Nouveau-Brunswick où sont
les producteurs de pommes de terre, jusqu'à Québec
On s'interroge sur le transport. On me dit que, dans la région de
Sherbrooke, il y a des gens qui achètent de la pulpe de pomme de terre
et que la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, vend de la pulpe de betterave
dont on a extrait le sucre, la mélasse, l'alcool, tout ce qu'il y a
à extraire et il ne reste que la pulpe. Cela peut faire un aliment et
contient des protéines. On calcule, si ma mémoire est bonne, que
lorsqu'on aura 20 000 acres de betterave, le résidu en pulpe sera
équivalent à 10 000 acres d'orge. À cause du subside dans
le transport des Maritimes, cela devient intéressant pour nous
concurrencer notre pulpe de betterave, d'envoyer des résidus de pommes
de terre parce qu'ils ont des usines de pommes de terre qui ont des
déchets de pommes de terre pour faire un genre de pulpe et, apparemment,
il y a un subside là-dessus qui vient des Maritimes et, dans les Cantons
de l'Est, certains en achètent et cela concurrence notre pulpe de
betterave. Moi, cela ne me fait rien qu'ils concurrencent, mais qu'ils
concurrencent avec leur propre argent, pas avec nos taxes parce qu'on paie
actuellement des taxes au gouvernement fédéral pour se faire
concurrencer de façon discriminatoire par les subsides sur le transport
que donne le gouvernement fédéral.
M. Mathieu:. Le programme 1.
M. Garon: Je vous mets en défi de trouver un sou de
subside pour sortir des produits du Québec. Alors, je peux vous dire
qu'il y a le "Maritime Freight Act", pour quelque 250 produits qui viennent des
Maritimes vers le Québec, et je peux vous dire qu'il y a un subside pour
vendre le maïs de l'Ontario dans l'Est du Québec. J'ai
demandé le même subside pour les producteurs de l'Ouest du
Québec, lorsqu'ils vendent dans l'Est. M. Whelan m'a dit, dans mon
bureau - quand vous dites que je ne négocie pas, c'est faux je lui ai
demandé -Je ne peux pas. J'ai dit: Pourquoi? Il m'a répondu:
C'est à l'intérieur de la même province. J'ai dit:
Donnez-nous le subside pour le vendre au Nouveau-Brunswick; cela doit
être deux provinces. Il a dit: Ce n'est pas pareil. Je lui ai dit:
Qu'est-ce qu'il y a de pas pareil? Qu'y a-t-il de mal pour nous
de vendre au Nouveau-Brunswick quand l'Ontario l'a si elle vend? Il a
dit: Je ne peux pas.
Toutes les subventions sont organisées pour venir concurrencer
les producteurs québécois. (20 h 45)
M. Mathieu: M. le Président, pour revenir à la
demande que faisait le député de Champlain, peut-être que
nous pourrions commencer le programme 1?
M. Gagnon: Vous avez parlé de 15 heures à 18 heures
seulement sur les préambules. Laissez-nous quelques minutes, s'il vous
plaît; on a aussi le droit de parole ici.
M. Mathieu: C'est parce que tout à l'heure vous
revendiquiez...
M. Gagnon: Je m'excuse, j'ai la parole, M. le
Président.
M. Mathieu: ... qu'on passe au programme 1; on vous l'offre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Gagnon: Je m'excuse, on ne voulait pas passer au programme 1.
On voulait, nous aussi, discuter avec le ministre des politiques de
l'agriculture. On ira au programme 1 quand on sera prêt.
Le Président (M. Boucher): J'avais offert de
commencer.
M. Mathieu: Je vois qu'on a un petit papier.
M. Gagnon: M. le Président, j'avais la parole.
M. Mathieu: Une petite question plantée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, vous avez la parole. J'avais offert qu'on commence le programme 1.
C'est vous-même, M. le député de Beauce-Sud, qui avez
continué sur les commentaires préliminaires. Alors, je laisse la
parole au député de Champlain.
M. Gagnon: Toujours dans le domaine général, je me
souviens que quand on a établi les nouvelles politiques du crédit
agricole, il y a un certain nombre de banques et de caisses populaires qui
semblaient être réticentes à embarquer dans ces nouvelles
politiques. Je voudrais savoir si actuellement on peut dire que le
crédit agricole fonctionne bien et si les caisses populaires acceptent
de travailler sur le nouveau plan.
M. Mathieu: C'est dans le financement. Cela va venir tantôt
dans le financement?
M. Gagnon: Je pense que c'est d'ordre général
encore. On pourra y revenir au financement, mais c'est d'ordre
général.
M. Garon: C'est d'ordre général, dans le sens que
ce n'est pas exactement dans les crédits. Selon des rapports que j'ai
actuellement, l'Office du crédit agricole émet normalement des
certificats de prêt et les agriculteurs vont auprès des
institutions financières. Il y a deux ou trois cas où les
cultivateurs auraient eu plus de difficulté à se trouver du
financement. D'une façon générale, les agriculteurs se
trouvent du financement. Je me rappelle, il y a trois semaines ou un mois, au
Conseil des ministres, quelqu'un m'a posé la question.
Immédiatement, j'ai appelé à l'Office du crédit
agricole et je lui ai demandé de vérifier quelques cas
rapidement. Il a appelé six cultivateurs qui avaient eu leur certificat
et il leur a demandé s'ils avaient eu leur prêt et on m'a dit que
les six les avaient obtenus.
Selon les rapports que j'ai, ils obtiennent leur prêt
actuellement. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas des gens qui n'ont pas
intérêt à dire qu'ils ne les obtiennent pas.
Je vais à la caisse populaire ce matin. Qu'est-ce que je vois?
Sur mon compte d'épargne stable, le taux est à environ 11%. Le
taux préférentiel est à 17%. Il me semble qu'entre 11,5%
et 17% cela fait 5,5% pour un prêt sur lequel il n'y a à peu
près pas d'administration à faire et qui est assuré
à 100%. Cela vous prendrait quoi pour que ce soit payant? Il comprend et
je comprends. À 0,5%, on me disait que les institutions
financières s'arrachaient le crédit agricole. Il y a des
institutions financières qui m'ont dit: On a de la difficulté
à effectuer des prêts parce que les banques sont trop vites pour
aller chercher le crédit agricole. Â un moment donné,
à 0,5% de moins cher, elles n'en voudraient plus du tout. Là, je
ne comprends pas. Entre tout manger et ne plus rien prendre, il y a quelque
chose qui ne va pas.
Je pense que cela peut marcher au taux actuel. Cela arrivait et cela ne
marchait pas. On regarde tranquillement, on étudie d'autres
hypothèses au cas où cela ne marcherait pas. Une idée qui
me sourit serait d'avoir une caisse nationale de crédit agricole
où les agriculteurs et les gens pourraient déposer. On pourrait
payer cela, nous, un taux d'épargne stable, par exemple, et prêter
à 17%; on pourrait prendre ces marges. Ce serait peut-être une
institution financière solide. J'aimerais bien mieux une institution
financière bâtie au Québec, sur le
fonds de terre du Québec, que sur la signature d'une piastre du
gouverneur général.
Est-ce que c'est la reine ou si c'est M. Bouey qui a son nom sur la
piastre? C'est sur un morceau de papier et là c'est basé sur la
confiance qu'on a dans le morceau de papier, figure de la reine ou M. Bouey,
c'est écrit que ce billet a cours légal, avant on disait,
payé au porteur. C'est parce que le monde a confiance que cela vaut une
piastre parce qu'autrement c'est tout ce que cela vaut. S'il y avait un jour au
Québec une institution financière dont tout le crédit
serait basé sur le fonds de terre québécois, y aurait-il
quelque chose de plus solide que cela? La plus grande institution
financière française, c'est le Crédit agricole
français. C'est lorsque le général de Gaulle a ouvert les
moteurs et a permis au crédit agricole français de se
développer que c'est devenu une institution financière même
reconnue dans le monde entier comme une des plus grandes institutions
financières. S'il arrivait, à un moment donné, qu'il y ait
des institutions financières, privées ou coopératives, qui
trouvent que ce n'est pas assez payant, le crédit agricole, on ne les
fera pas prêter de force. On va dire, à ce moment-là: II
faut trouver de nouvelles formules et la meilleure façon, c'est de se
préparer au cas où on en aurait besoin. On a des gens
actuellement qui regardent cela, qui étudient cela.
D'après les projections qu'on a faites, au cours des
années quatre-vingt le crédit agricole va coûter des
milliards de dollars, pas des centaines de millions. Je ne dis pas 1 000 000
000 $ ou 2 000 000 000 $, mais des milliards de dollars. Il faut qu'un
gouvernement prévoyant, à la façon dont vous le disiez cet
après-midi, pense à long terme et planifie à long terme.
Il se dit: Quand cela va coûter des milliards, le gouvernement peut
trouver ça cher, subventionner les taux d'intérêt. De
quelle façon avoir du crédit à bon marché, à
meilleur marché, en tout cas, avec des cultivateurs heureux et une
population rurale heureuse? Il y a peut-être d'autres formules à
envisager qui feraient qu'on pourrait avoir un crédit agricole qui
pourrait rencontrer cette demande qui pourrait être très
importante. Je suis content que le député de Champlain pose cette
question. C'est une question fondamentale, le crédit agricole. C'est la
base, la pierre angulaire, le fondement...
M. Mathieu: Ah, oui! Cela permet de déblatérer un
peu sur le fédéral, en passant.
M. Garon: Je n'ai pas parlé du fédéral.
M. Mathieu: Non?
M. Garon: Je n'ai pas eu le temps de parler du
fédéral.
M. Mathieu: Vous n'êtes pas rendu là?
M. Garon: Je ne parle pas plus du fédéral que les
cultivateurs. Le fédéral prête à 16,5%. Les
cultivateurs n'en parlent pas et moi, non plus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, vous avez terminé? M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais dire au ministre
de l'Agriculture que, s'il s'était montré un peu plus responsable
et plus respectueux envers les institutions financières au printemps, au
lieu de leur imposer d'une façon radicale et totalitaire un taux
d'intérêt, si vous vous étiez assis avec ces gens, si vous
aviez discuté avec eux et si vous leur aviez offert, à partir du
début, de réviser les taux d'intérêt tous les mois,
on n'aurait pas eu ce problème. C'est tout à fait scandaleux, je
pense, la façon dont vous avez agi envers les institutions
financières du Québec, totalement scandaleux. Elles
étaient habituées par le passé de prêter à
0,5% de plus que le "prime rate". C'est reconnu. D'un coup sec, sans discuter,
sans vous asseoir avec elles, d'une façon totalement radicale, vous avez
dit: C'est cela à partir d'aujourd'hui. Cela n'aurait pas
coûté très cher, M. le ministre, d'aller vous asseoir avec
les institutions financières prêteuses et les banques en
particulier. Il n'y a pas seulement des banques. Il y aussi des caisses
populaires qui ont boycotté votre plan; oui, énormément.
Je pense que vous êtes le grand responsable du problème qu'on a
connu ce printemps.
M. Garon: Ce n'est pas vrai.
M. Dubois: Oh, non! Oh, non; Pour vous, il n'y a jamais de
problème. C'est cela, votre responsabilité envers les
institutions financières. On est les meilleurs dans le monde entier ici.
Je pense qu'on n'a pas besoin de votre caisse de crédit agricole, pour
autant que vous respectiez les institutions en place, ce que vous n'avez pas
fait, ce que vous n'avez pas eu le courage de faire. C'est du vrai despotisme.
Vos agissements, c'est à peu près cela. C'est la seule
façon dont on peut les qualifier. Que vous soyez content ou pas content,
c'est la façon dont vous avez agi, avec une étroitesse d'esprit
énorme, sans respecter aucune institution. Si vous ne l'acceptez pas,
c'est comme vous voudrez, mais c'est la façon exacte dont vous avez agi.
Je reviendrai tout à l'heure, M. le Président, sur un autre sujet
dont le ministre a discuté.
M. Garon: Je vais répondre à cela. M. Dubois:
Oui, répondez à cela.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: C'est complètement faux. M. Dubois: Oui,
c'est cela.
M. Garon: D'abord, le député de Huntingdon dit
n'importe quoi. Il y a eu des rencontres, au contraire. Il y a eu des
consultations de la même façon qu'il y en avait eu lorsqu'on avait
institué le crédit privé, la formule tandem, de la
même façon lorsqu'il y a eu d'autres changements par la suite,
parce que le taux, ce n'était pas la première fois que cela
changeait. C'était la deuxième fois. Il a été
établi d'abord plus haut que cela. Il avait été
changé une première fois et une deuxième fois. Il y a eu
les mêmes consultations qu'il y a eu les autres fois. Le président
du crédit agricole peut en témoigner; ce n'est pas moi qui ai
fait les consultations. C'est le président du crédit agricole qui
a fait les consultations avec son équipe. Il a rencontré les gens
et je vais vous dire plus que cela: C'est tellement vrai, ce que je dis
là, qu'avant qu'on adopte le nouveau taux il y en a qui m'ont
téléphoné, il y en a qui ont
téléphoné au bureau. L'Institut canadien des banquiers a
fait ses représentations. Le président du Mouvement
coopératif Desjardins m'a téléphoné.
M. Dubois: Après. M. Garon: Avant. M. Dubois:
Après.
M. Garon: II m'a téléphoné pour me dire
quelle était son opinion et comment il voyait cela. C'est lui qui m'a
proposé cela à ce moment-là. Il a dit: On aimerait qu'il y
ait un changement, que le taux, au lieu d'être changé tous les six
mois, soit fixé tous les mois. J'ai dit: On peut le regarder. On l'a
regardé de notre côté et on pense qu'il n'y aurait pas
vraiment d'impact de part et d'autre, mais que cela nous permettrait de mieux
faire nos calculs. Si c'est la situation, je lui ai dit: Je peux vous dire
qu'on va regarder cela positivement. Immédiatement, je l'ai
demandé aux gens du crédit agricole et le ministère des
Finances a étudié cela. On a vu qu'il n'y avait pas vraiment
d'impact sur une période de temps. Si on regardait un an, l'un
était avantagé. Si on regardait deux ans, c'est l'autre qui
était avantagé, mais sur une longue période de temps,
c'était égal pour tout le monde. On se posait justement des
questions à cause des fluctuations actuelles du taux
d'intérêt. Le taux était fixé, au 1er mai à
14% et il était renouvelé à 22 3/4% au mois de juillet et
les institutions financières ont continué de prêter
à 14%; les gens se demandaient quel était le taux. Au 1er
novembre, il était fixé à 20% ou à 20 1/2%, et
ensuite, il recommençait à baisser; le taux du mois de novembre
était de 20 1/2%, mais le taux auquel les institutions prêtaient
s'était mis à diminuer très rapidement. Les cultivateurs
trouvaient cela drôle que le taux soit à 20 1/2%. Je me suis dit
qu'on ne pourrait pas fonctionner bien longtemps sur des taux comme
ceux-là, s'ils fluctuent autant que cela. Quand le président, M.
Raymond Blais, m'a téléphoné et m'a fait cette suggestion,
on a regardé cela immédiatement, et le Conseil des ministres a
acquiescé. On a pris une décision au Conseil des ministres, qui
date maintenant de quelques semaines, où le taux est fixé tous
les mois. Il a été décidé de fixer le taux tous les
mois.
M. Dubois: Cela a pris assez de temps.
M. Garon: Non, cela n'a pas pris de temps. On a fait les calculs.
Quand l'étude est faite sur un mémoire, que le mémoire est
rédigé, qu'il est acheminé, qu'il va au Conseil du
trésor, qu'il va au Comité ministériel de
développement économique, qu'il va au ministère des
Finances, qui conseille le gouvernement sur ces questions, et qu'il va au
Conseil des ministres et qu'il y a la publication dans la Gazette officielle,
c'est évident que cela prend un certain temps. Quand on fixe des taux
comme cela -ce ne sont plus des centaines de millions de dollars; l'encours du
crédit agricole, actuellement, est d'environ 1 300 000 000 $ - vous
savez qu'une fixation de taux tous les six mois ou tous les mois, cela vaut
peut-être la peine de la regarder un peu. Si vous aviez fait cela...
Qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas pour rien que vous êtes
député de Huntingdon. On ne vous nommera pas ministre de
l'Agriculture si vous fixez le taux sans rien regarder. Nous avons
préféré étudier cela, on a trouvé que cela
avait du bon sens et on l'on changé.
M. Dubois: Question de règlement, M. le Président.
S'il y a eu quelqu'un d'irresponsable au Québec dans le domaine du
crédit agricole, c'est bien le ministre. Si vous vous étiez assis
avec les caisses et les banques, il n'y en aurait pas eu de problème, si
vous aviez discuté avec eux; c'est ce que je vous disais tout à
l'heure. Je suis prêt et je conçois bien que l'agriculteur doit
payer le meilleur marché possible, mais quand il n'y a plus de
prêt parce qu'il y en a beaucoup qui ont attendu des mois et qui,
finalement, n'ont pas pu semer; il y en a plusieurs qui ont été
obligés de louer des
terres à d'autres pour pouvoir semer. Le ministre s'en fout de
cela. Le grand irresponsable, c'est le ministre. Alors, continuez.
M. Garon: Ne dites donc pas de niaiseries. J'ai les
chiffres...
M. Dubois: Ce ne sont pas des niaiseries, c'est exactement le
cas.
M. Garon: ... sur les ensemencements. Non seulement cela, vous
allez voir tantôt à quel point nous en sommes sur l'ensemencement
en cérérales. Cette année va être une année
record. Que voulez-vous que je vous dise? Tout le monde a colporté
n'importe quoi.
M. Dubois: Je n'ai pas dit que les terres n'étaient pas
ensemencées, j'ai dit qu'il y en a qui ont dû louer leur ferme.
Bon, c'est cela qui est arrivé.
M. Garon: Oui, mais il y en a toujours. Je vous demande les noms;
vous n'avez jamais de noms, vous n'avez jamais rien. Quand on vérifie,
ce n'est jamais cela.
M. Dubois: Je vais vous en sortir des noms.
M. Garon: Ou bien, ce sont des choses qu'on me dit sur les gens,
qu'un producteur de porc a fait faillite, mais il avait moins de 10 porcelets
par année, par truie. Alors je comprends qu'il ait fait faillite.
M. Dubois: Quand vous dites que vous avez consulté les
banques; il y a deux grandes banques canadiennes qui m'ont dit personnellement
qu'il n'y a pas eu de consultation avec le ministre de l'Agriculture sur
l'imposition de taux fixes.
M. Garon: Si vous dites que c'est moi qui ai fait des
consultations personnellement c'est non. Je vous le dis: Les consultations ont
été faites par le président du crédit agricole et
son équipe. C'est lui-même qui les a rencontrés et,
dernièrement, il y a une ou deux banques qui m'ont demandé de les
rencontrer pour discuter des questions de crédit.
M. Dubois: Le ministre ne veut pas reconnaître son
erreur.
M. Garon: Quelle erreur?
M. Dubois: L'erreur d'avoir imposé un taux. C'est une
erreur de votre part et vous ne voulez pas l'avouer. C'est ce qui est
arrivé.
M. Garon: Je vous dis qu'on a imposé un taux.
M. Dubois: Oui, vous avez imposé un taux et vous
êtes revenu sur les premières offres.
M. Garon: Est-ce que le gouvernement va fixer les taux uniquement
d'après ce que suggèrent les banques?
M. Dubois: Je n'ai pas dit ceux que suggèrent les banques.
Traditionnellement, elles prêtaient à 0,5% plus "prime rate".
M. Garon: Pas traditionnellement.
M. Dubois: Traditionnellement, enfin, dans le passé...
M. Garon: C'est faux.
M. Dubois: En tout cas, l'an passé, c'était
cela.
M. Garon: Je ne vous laisserez pas dire cela, ce n'est pas
vrai.
M. Dubois: Ce n'était pas cela l'an passé. Ce
n'était pas 0,5% plus 1% l'an passé?
M. Garon: Cela a été institué, le
crédit agricole avec les institutions privées, en 1978. Au 1er
août 1978, le taux était fixé à 1,5% au-dessus du
taux préférentiel pour le long terme et sur hypothèque. Il
y avait sur hypothèque et sur nantissement. Sur hypothèque,
c'était 1,5%. Ensuite, après un bout de temps, on s'est dit: On
paie trop cher, il faudrait baisser le taux, parce que les institutions
financières demandaient 1,5% et on s'est dit: On est capable d'avoir du
crédit à meilleur marché que cela. On l'a fixé,
à ce moment-là, après consultation, avec les institutions
financières qui nous avaient dit qu'elles ne prêteraient pas
à 0,5%. Après cela, on a fixé à 0,5% et on
prêtait à 0,5%.
Quand on a fixé à taux préférentiel
après le même genre de consultation qu'au sujet du taux à
0,5%, on a dit: On pense qu'à taux préférentiel, c'est
payé assez cher. Etant donné les garanties que donne le
gouvernement, l'analyse technique que fait l'Office du crédit agricole
et le ministère de l'Agriculture. À ce moment-là, on pense
que c'est un taux suffisant. On l'a fixé à taux
préférentiel, il y en a qui ont dit oui et il y en a qui ont dit
non. Je pense que ceux qui ont dit non n'ont peut-être pas dit non pour
toujours.
M. Dubois: J'ai parlé de...
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Vous remarquerez une
chose: je n'ai pas
engueulé les institutions financières. Je n'ai pas
passé mon temps... (21 heures)
M. Dubois: Non, je comprends, il n'y a aucune raison, non
plus.
M. Garon: Vous avez vu M. Whelan depuis deux ans, il passe...
M. Dubois: On ne parle pas du fédéral, on parle du
provincial, de vos problèmes.
M. Garon: Non, écoutez une minute, parce que c'est un
libéral, il est correct!
M. Dubois: Vous en avez beaucoup.
M. Garon: Les trois quarts de ses discours, c'est pour engueuler
les institutions financières. Nous on a agi civilement avec les
institutions financières, on les a rencontrées pour
négocier, et après cela on dit: Écoutez, on pense que dans
les circonstances le taux sera suffisant à tel niveau. On ne les a pas
engueulées et on n'a pas passé notre temps à
déblatérer sur les institutions financières. On a dit: Si
vous n'aimez pas cela, vous ne prêterez pas à ce taux et, si vous
aimez cela, vous pouvez prêter.
M. Dubois: Vous n'avez pas engueulé, vous avez
imposé un taux. Finalement, si vous aviez offert, au commencement, de
rendre les taux négociables à tous les mois, cela ne serait pas
arrivé. C'était l'argument principal des banques, ce
n'était pas nécessairement le 0,5%, mais c'était le fait
que les taux n'étaient pas renégociables à tous les mois.
L'argument principal des banques était surtout que le taux
n'était pas révisé à tous les mois, mais seulement
à tous les six mois.
M. Garon: Non, non, non.
M. Dubois: C'était l'un des principaux arguments, l'un des
principaux.
M. Garon: Non, non, non. Non, non, non.
M. Dubois: En plus du 0,5%, c'était l'un des principaux
arguments.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Garon: Ce sont des excuses pour ne pas faire de
prêts.
M. Houde: D'abord, je peux vous dire que j'ai rencontré
plusieurs gérants de caisses populaires régionales et quelques
gérants de banques; d'après les informations qu'ils m'ont
données - pour répondre à la question que le ministre a
posée tantôt -c'est que les institutions financières
disaient que le 0,5% équivalait à peu près aux
dépenses. Dans certains cas, il en restait un peu; dans d'autres, il en
manquait. Par contre, cela s'équilibrait en général. Le
ministre disait tantôt qu'il y avait quelque 5% de différence sur
les intérêts, je suis d'accord avec lui. D'un autre
côté, si la situation économique, d'après les
personnes que j'ai rencontrées, se replaçait dans quelques mois
ou, disons, dans une année, ce qui arriverait, c'est que l'argent
disponible ne serait plus en disponibilité pour répondre aux
demandes à des taux d'intérêt normaux, qui seraient
peut-être - je ne sais pas - de 15% à 16%, alors que là,
c'était prêté à presque rien. C'est pour cette
raison qu'on ne voulait pas prêter; au moins, quand on prête, on ne
veut pas perdre d'argent. En n'ayant plus le 0,5%, ils perdaient de l'argent.
Ils avaient des comptes à rendre, surtout les caisses populaires. Je
puis dire, en tant qu'ex-directeur de la Caisse populaire de Saint-Félix
- j'ai été directeur pendant dix ans - que, quand cela
s'équilibrait à l'autre bout, cela allait bien, mais, si on
était en déficit, cela allait moins bien auprès des
membres des caisses populaires. C'est pour cela que cette politique a
duré pendant deux mois. Pour aller dans le même sens que le
député de Huntingdon, les caisses que j'ai vues m'ont dit ne pas
avoir été consultées. Je n'étais pas entre les
deux. Le ministre ne nous a pas consultés.
M. Garon: On n'a pas consulté chacune des caisses...
M. Houde: Oui, mais nous parlons de ce qu'on a vu.
M. Garon: ... mais des représentants des caisses
populaires.
M. Houde: Ce n'est pas seulement dans mon comté de
Berthier; c'est pas mal grand parce que la région
Laurentides-Lanaudière regroupe au moins 58 caisses et j'en ai
parlé aussi à d'autres caisses régionales. Cela a
duré deux mois. Il y a des cultivateurs qui avaient demandé des
prêts et qui ont assez souffert qu'ils ont dû lâcher durant
ces deux mois parce qu'ils ne pouvaient rien faire. D'autres ne pouvaient pas
repartir. Cela a créé une situation difficile pendant deux mois.
Deux mois, quand la situation est normale, il n'y a rien là, comme vous
le dites quelquefois. Je vous l'accorde mais, quand la période est
difficile, surtout dans le porc, je sais qu'il y a quelque chose là.
C'est pour cette raison qu'on trouvait inexeplicable - j'ai communiqué
avec votre bureau de Québec, il y a des personnes qui peuvent le
confirmer - que les prêts soient
acceptés au ministère, je suis bien d'accord, mais que les
banques et les caisses ne veuillent pas fonctionner. C'est pour cette raison
que cela a été difficile. S'il y avait eu une consultation, et
non une décision unilatérale, cela aurait été mieux
pour les cultivateurs de notre province de Québec. C'est ce que j'avais
à dire. Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si nous avions la bonne idée de passer au
programme 1.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des questions?
Le Président (M. Boucher): Programme 1?
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait...
Le Président (M. Boucher):
Planification, recherche et enseignement.
M. Garon: J'aimerais, si les députés de
l'Opposition n'ont pas d'objection, commencer par le programme 7, où
l'on retrouve la protection des terres agricoles, parce que le président
de la commission est ici. Comme il y a des auditions et qu'il y a un rôle
de fixé, si on voulait passer d'abord le programme 7, cela permettrait
de libérer les gens de la Commission de protection du territoire
agricole qui pourraient siéger normalement demain, au lieu de reporter
des causes et créer des inconvénients aux requérants.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Mathieu: Compte tenu que les requérants ont
déjà assez de problèmes comme ça, M. le
Président, je suis prêt à concourir avec la suggestion du
ministre.
Le Président (M. Boucher): Programme 7, gestion du
territoire agricole? M. le député de Beauce-Sud.
Commission de protection du territoire
agricole
M. Mathieu: J'ai regardé, brièvement
malheureusement, parce que j'ai eu à la dernière minute les
cahiers explicatifs des crédits, les budgets qui étaient
alloués à la Commission de protection du territoire agricole,
à l'élément 1 du programme 7. Je crois que c'est 26 000
000 $ cette année, comparativement à 22 000 000 $ l'année
passée. Si je prends le cahier des crédits à la page 115 -
peut-être avez-vous la même chose dans votre livre - j'aurais
peut-être quelques renseignements à demander. J'aimerais savoir
combien il y a de fonctionnaires permanents, occasionnels et s'il y a
progression ou diminution depuis l'an dernier.
M. Garon: Que demandez-vous?
M. Mathieu: Je demanderais qu'on commence d'abord à parler
des traitements dans le budget, le nombre de fonctionnaires permanents,
occasionnels ou contractuels, s'il y a augmentation ou diminution
comparativement à l'an dernier.
M. Garon: Voici, il y a des changements qui sont en train de
s'opérer là-dedans. Le nombre d'employés permanents est
passé de 85 à 87, c'est-à-dire qu'en 1981-1982 il y a 85
permanents et 51 à temps partiel pour un total de 136
hommes-années. Maintenant, on est dans une année de transition,
en 1982. 87 permanents sont prévus au budget et 60 à temps
partiel pour un total de 147, sauf que, dans les 60, c'est appelé
à diminuer en cours d'année, parce qu'on va avoir fini,
normalement, de négocier les zones agricoles au cours de
l'été. Lorsque les budgets sont faits, c'est plusieurs mois avant
leur impression, normalement, on s'attend donc à avoir plusieurs
dizaines de postes qui vont disparaître, puisqu'on va savoir exactement
le rythme de croisière de la commission.
M. Mathieu: M. le Président, cela fait maintenant un total
de 147 personnes, soit les permanents plus les personnes à temps
partiel.
M. Garon: Hommes-années.
M. Mathieu: Est-ce qu'il y a des occasionnels en plus ou s'ils
sont dans le partiel?
M. Garon: Quand je dis les permanents et les non-permanents, ces
derniers sont des occasionnels. Mais à la commission, il y avait des
occasionnels pour une période déterminée qui était
plus longue, sur un projet spécifique pour la période de
négociation. Une fois la négociation terminée, on est
rendu - je vous donne les chiffres - à 1295 zones permanentes
terminées sur 1561. Cela veut dire que c'est très avancé.
Cela veut dire que normalement, je m'attends que, d'ici le mois de septembre,
le tout soit terminé pour les zones permanentes.
M. Mathieu: Cela ne comprends pas, j'imagine, les personnes qui
sont nommées dans la loi, c'est-à-dire le président, les
régisseurs. J'imagine que dans les 147, ils ne sont pas inclus.
M. Garon: Oui, ils sont inclus.
M. Mathieu: Ils sont inclus, tout le personnel de soutien et tout
cela, les commissaires.
M. Garon: Tout.
M. Mathieu: À la catégorie 1, sous-section
40...
M. Garon: II est difficile de tout prévoir.
M. Mathieu: ... il y a 100 000 $ de prévus, pièces
et accessoires de matériel et d'équipement, dans fournitures et
approvisionnement. Auriez-vous une idée de ce que cela aurait pu
représenter?
M. Garon: C'est l'achat, en cours d'année, de cartes, de
matériel de plastique ou de polyester. C'est pour des études
d'impact ou pour des négociations, comme les gazoducs ou les lignes de
transport d'Hydro-Québec, pour tout le matériel technique qui
consiste principalement en matériel photographique et en
équipements pour la cartographie.
M. Mathieu: M. le Président, le ministre pourrait
peut-être nous présenter son équipe. Vous aviez dit au
début de la commission que vous préfériez, au lieu de
présenter tout le monde tout de suite - je me rends à votre
argument, cela a de l'allure - les présenter au fur et à mesure
des programmes. J'apprécierais si vous pouviez nous présenter les
personnes qui vous accompagnent ici.
M. Garon: II y a le président de la Commission de
protection du territoire agricole, Me Pierre-Luc Blain, également le
directeur de la protection du territoire agricole au ministère, M.
Jacques Landry, M. Marcel Pelletier, sous-ministre responsable de la Direction
de la protection du territoire agricole au ministère et M. Robert
Michaud, l'adjoint de M. Landry.
Je dis souvent qu'au lieu d'aller directement faire une demande à
la commission sur un projet important - c'est là que vous entendez
parfois des gens qui ont un projet, qui fixent un projet et qui ne s'occupent
pas des zones agricoles, venir chialer par après - la meilleure
façon, quand des gens ont un projet à implanter dans une
région, ce serait justement d'aller voir la Direction de la protection
du territoire agricole qui est là pour cela, pour conseiller les
gens...
M. Houde: À Montréal ou ici?
M. Garon: ... ici, à Québec pour conseiller les
gens sur l'implantation des infrastructures: à quelle place ce serait
moins dommageable, à quelle place ils pourraient aller. Ce sont eux qui
ont négocié, par exemple, avec d'autres ministères et la
compagnie TransCanada PipeLines, l'emplacement du gazoduc et je peux vous le
dire, à un rythme très rapide. Quand j'entends le
député d'Outremont dire: Nous autres, nous avons attendu des mois
les documents de TransCanada PipeLines, parce qu'ils n'arrivaient pas à
nous fournir leur tracé, au rythme où nous l'analysions. Je peux
vous dire que vous pouvez avoir toute l'information là-dessus, M. le
député d'Outremont. Je l'entends parfois qui se bat les flancs en
Chambre là-dessus, mais il est dans les patates par-dessus la
tête. Ce n'est pas cela qui s'est passé du tout. Aujourd'hui, il y
a un tracé qui a été négocié avec les gens
de la protection. Ce qui arrive - je le dis et je suis content de le dire en
commission parlementaire - c'est que, si les entreprises veulent faire une
implantation importante en dehors d'un parc industriel, parce que, normalement,
les parcs industriels ne sont pas zones agricoles, elles auraient avantage
à rencontrer notre Direction de la protection du territoire avant de
localiser leur projet pour, à ce moment, discuter avec elle des
différentes possibilités de localisation.
M. Mathieu: M. le Président, je n'avais pas prévu
qu'on étudierait ce programme ce soir. J'ai laissé à mon
bureau mon dossier concernant la protection du territoire et je ne peux pas
aller le chercher dans le moment. Ce matin, M. le ministre, vous avez
déposé en première lecture une loi pour modifier la loi 90
sur la protection du territoire agricole. On aura peut-être l'occasion,
lors de l'étude de ce projet de loi, de faire le débat qui nous
préoccupait un peu. Il y a quelques points que je voulais porter
à votre attention. J'entendais encore, la semaine dernière,
à une ligne ouverte dans la Beauce, un de vos représentants de la
commission qui y était interrogé. Alors qu'il venait
négocier avec la municipalité à l'occasion de
l'assemblée générale, il faisait la réponse
suivante, elle est classique: II n'y a pas de problème là, vous
le demandez à la commission. L'interlocuteur se dit: La commission va
dire oui; c'est la conclusion logique. Mais j'ai l'impression que les demandes
faites à la commission reçoivent pas mal de réponses
négatives, si je me fie à une petite enquête maison que
j'ai faite dans le comté de Beauce auprès des notaires. Je ne
sais pas s'il y a 5% des demandes qui sont acceptées. Avez-vous des
statistiques là-dessus? J'accepterais des statistiques pour la province.
(21 h 15)
M. Garon: On n'a pas les statistiques
pour la Beauce, mais on dit que pour l'ensemble du Québec, c'est
à peu près 50-50. Je ne suis pas étonné d'entendre
le président de la commission me dire cela, parce qu'on avait
déjà fait un relevé, il y a un an, et c'est à peu
près cela que cela donnait, 50-50.
M. Mathieu: Mais, quand on entend vos représentants dire:
II n'y a pas de problème, il n'y a qu'à faire une demande
à la commission, cela, c'est le refuge, c'est l'évasion.
M. Garon: Bien, c'est...
M. Mathieu: Je ne trouve pas cela trop honnête. C'est que
l'interlocuteur qui est au bout de la ligne ou qui est présent à
la commission - je vais vous donner un exemple - lui, a l'impression que la
commission dira oui. Vous n'avez qu'à le lui demander, c'est une
formalité.
M. Garon: Bien, non.
M. Mathieu: Je vais vous donner un exemple. Votre
représentant a dit dans ma paroisse, en négociant avec la
municipalité lors d'une assemblée d'information où il y
avait environ 200 personnes concernant le droit acquis: Vous vivez sur votre
terre, monsieur, votre demi-hectare, vous le prenez où vous voulez, mais
ce n'est pas vrai, cela. C'est le siège de la maison qui donne assise
aux droits acquis.
M. Garon: Non, il veut dire...
M. Mathieu: On nous disait à la commission: Pour les
notaires, ce n'est pas compliqué, si vous voulez aller chercher le droit
acquis de 3 arpents plus long, réservez une petite bande de 5 pieds le
long de la clôture et allez le chercher. Eh bien! moi, je ne suis jamais
tombé là-dedans, parce que je pense qu'il y a un principe de
droit selon lequel on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas
faire directement. Quand on m'a demandé cela à moi, je me suis
toujours montré scrupuleux là-dessous pour ne pas arriver ensuite
avec des contrats qui soient contestables parce que le grand principe de droit,
qu'on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement,
je pense que cela vaut pour tout le temps cela.
M. Garon: Si le Parti libéral pouvait appliquer cela.
M. Mathieu: Et d'autres nous disent: Vous voulez...
M. Houde: On vous donnerait une leçon à ce
moment-là?
M. Mathieu: ... vendre un terrain à votre fils. C'est bien
facile. Vendez-le à un autre, pas payé et votre fils le reprendra
par la clause de dation en paiement ou la clause hypothécaire. C'est
encore une autre affaire qui ne tient pas debout. Je sais que légalement
parlant, cela se fait mais en réalité, c'est une chose... On vend
le terrain on ne le paie pas et ensuite le gars le reprend.
M. Garon: Comment?
M. Mathieu: Par dation en paiement.
M. Garon: Comment pouvez-vous vendre à un étranger
ce que vous ne pouvez pas vendre à votre fils?
Une voix: Illégalement.
M. Garon: Je ne comprends pas. C'est un drôle de truc.
M. Mathieu: Je ne vous dis pas que je l'ai déjà
préconisé, au contraire, parce que je ne veux pas arriver et
préconiser des choses qui seront annulées dans cinq, huit ou dix
ans, avec des constructions de 100,000 $ sur le terrain et qu'il faudra
démolir. Ensuite, la règle audi alteram partem, entends l'autre
partie, c'est fondamental en droit, cela. J'ai eu un cas à mon bureau -
je l'aurais apporté, si j'avais su qu'on se rencontrerait ce soir - un
individu qui demande à être entendu par la commission. Il avait
coché à l'endroit approprié et la commission ne l'a pas
demandé. Dans la réponse, ils disent: Bien qu'il ait
demandé à être entendu, la commission a jugé qu'elle
était suffisamment informée. Alors, elle ne fait pas venir la
personne.
M. Garon: Dans le projet d'amendement, il va y avoir une
obligation d'entendre en révision la personne qui n'aura pas
été entendue en première instance. C'est que la
première demande qui est faite par la personne requérante, elle
la fait à sa municipalité et la municipalité fait une
recommandation à la commission. Alors la commission considère que
la municipalité l'a entendue et c'est pour cela qu'elle ne l'entend pas
nécessairement en première instance. Mais, quand elle n'aura pas
été entendue en première instance, lors de la
révision, la personne sera entendue obligatoirement par la commission,
si elle demande à être entendue et si elle n'a pas
été entendue en première instance.
M. Mathieu: Je ne veux pas approfondir plus là-dessus,
parce qu'on y reviendra à l'Assemblée nationale, mais le point
qui m'a beaucoup déçu dans votre amendement de ce matin, c'est de
voir, premièrement, que vous n'avez pas changé le droit de
révision pour
un vrai droit d'appel. Nos principes de droit...
M. Garon: Qu'est-ce que vous entendez par droit d'appel?
M. Mathieu: Un droit d'appel devant un tribunal comme la Cour
provinciale, au lieu d'aller en révision devant la même personne.
Si une personne vous a dit une chose une fois...
M. Garon: C'est possible en droit.
M. Mathieu: Si le commissaire a décidé une chose et
qu'on n'est pas content, on peut aller en révision devant lui
encore.
M. Garon: Vous le pouvez selon l'article 33 du Code de
procédure civile.
M. Mathieu: Ah! oui, une requête en évocation devant
la Cour supérieure.
M. Garon: Oui, en droit.
M. Mathieu: Je comprends, mais la loi ne prévoit pas cela.
Elle prévoit qu'on va en révision et non pas en appel. Alors,
cela se passe dans la même cuisine. Le gars qui a brassé la popote
la première fois la rebrasse une deuxième fois. Cela va
ressembler à la même...
M. Garon: La plupart des tribunaux administratifs ont une clause
comme celle-là.
M. Mathieu: Je comprends, mais je vous dis que ce n'est pas
souhaitable. Il faudrait d'abord que vous ayiez une division agricole à
la Cour provinciale qui pourrait entendre toutes les causes relatives à
l'agriculture. Là, on parle de cette régie. Cela pourrait en
être d'autres aussi. Examinez ce point. Vous avez le gars d'Amos ou de
Rimouski ou du Lac-Saint-Jean, il faut toujours qu'il vienne à
Québec. Ce serait un système décentralisé. Ensuite,
vous auriez droit à un vrai procès devant un nouveau juge, comme
cela se fait régulièrement en droit. Si vous avez une cause en
Cour provinciale ou supérieure, selon le cas, et si le jugement rendu ne
vous satisfait pas, vous pouvez aller en Cour d'appel ou en Cour suprême.
Tandis que là, on ne peut pas sortir du giron de la commission. On a
droit à une révision si on n'est pas satisfaits devant le
même commissaire, dans le même vase. On ne peut pas sortir et aller
devant les tribunaux de droit commun. On sait que les tribunaux de droit commun
normalement ...
M. Garon: Mais cela ne lui sert à rien non plus.
M. Mathieu: Pourquoi ne créerait-on pas une division de
l'agriculture devant le fait, M. le ministre, que les lois agricoles sont de
plus en plus complexes?
M. Garon: Je vais vous poser une question. Disons que vous avez
bâti une maison. Avez-vous déjà fait une construction chez
vous? Est-ce qu'il y a des permis de construction à
Saint-Éphrem?
M. Mathieu: Oui, il y en a. Comment savez-vous où je
demeure?
M. Garon: Si la municipalité ne vous donne pas un permis
de construction, où irez-vous en appel?
M. Mathieu: Devant le conseil municipal.
M. Garon: Et si le conseil municipal ne vous donne pas un permis
de construction, qu'est-ce que vous allez faire?
M. Mathieu: Comme vous le disiez tantôt, je pourrais me
servir de l'article 33 du Code de procédure civile et aller en
évocation. Mais là, ce n'est pas la même chose.
M. Garon: C'est cela. C'est la même chose.
M. Mathieu: Ah! non. Écoutez!
M. Garon: Un permis de construire en zone ou bien un permis de
construction sur un territoire municipal, cela se ressemble beaucoup.
M. Mathieu: Vous vous en sortez élégamment.
M. Garon: Non, je vous donne un exemple. Ce n'est pas plus
dommageable pour quelqu'un qui n'a pas l'autorisation de construire dans une
zone agricole que pour quelqu'un à qui une municipalité refuse un
permis de construction. Cela, c'est du droit administratif. En droit
administratif habituellement, les appels sont faits comme celui-ci. Autrement,
qu'est-ce que cela donne au gouvernement de spécialiser des tribunaux,
à n'importe quel gouvernement de spécialiser des tribunaux? Le
gouvernement fait des tribunaux de droit administratif. Un jour, il y aura
peut-être des tribunaux, par exemple, à la Régie des
marchés agricoles. Il y en a qui disent qu'il devrait y avoir un
tribunal agricole éventuellement, ce serait peut-être une bonne
idée.
M. Mathieu: C'est justement ce que je vous demande, un tribunal
agricole. Au lieu d'avoir un véritable tribunal agricole mettez donc une
division de l'agriculture à la Cour
provinciale. Alors devant la complexité des lois, vous auriez des
juges qui connaissent les lois agricoles. Prenez la loi de la Régie des
marchés agricoles, la loi 90 sur la protection du territoire agricole,
c'est tellement complexe maintenant que cela mériterait, il me semble,
d'avoir une division spéciale de la Cour provinciale et des juges
spécialisés en agriculture. Cela aurait l'avantage de
décentraliser le système.
M. Garon: Comme division d'appel?
M. Mathieu: Comme division d'appel, oui.
M. Garon: II faudrait peut-être revoir votre constitution.
Il n'est pas certain que la constitution le permette. Il y a des conseillers
juridiques qui me font signe, de l'autre côté de la table, que M.
Trudeau ne permet pas cela. Ce serait peut-être souhaitable, mais la
constitution de M. Trudeau ne permet pas cela.
M. Mathieu: De toute façon...
M. Houde: II faut la demander; si on ne la demande pas, on ne
l'aura jamais.
M. Mathieu: Vous n'êtes pas favorable à une
révision de la constitution.
M. Houde: Oui. Laissons faire la reine.
M. Garon: Vous pourriez, comme Parti libéral, faire une
demande au Parti libéral fédérai. Je n'aurais pas dû
dire un mot, vous auriez promis cela aux prochaines élections et on
aurait pu vous en parler. C'est un peu comme la taxe de vente.
M. Houde: Ah! non, ce n'est pas d'hier qu'on parle de ces choses,
comme d'avoir un tribunal agricole.
M. Mathieu: M. le Président, je crois en tout cas qu'il y
aurait avantage j'ai été désappointé de voir,
finalement, que les grands problèmes que cause la loi 90 ne seront pas
réglés par le dépôt du projet de loi de ce matin. Je
suis d'accord avec le principe de la protection du territoire agricole, mais je
suis en désaccord avec le fait que l'on se serve de la Loi sur la
protection du territoire agricole pour aménager le territoire. Pour
aménager le territoire, on a la loi 125 et on a les MRC. Je comprends
qu'au début, vu que les municipalités étaient
réticentes devant l'établissement des gouvernements
régionaux qui s'appellaient les MRC, cela ait pris plus de temps que le
gouvernement avait prévu pour aménager cela. Il fallait se
dépêcher à bloquer les transactions afin d'aménager
et cela prenait une loi. Alors, on s'est servi de la loi 90, selon moi, plus
dans le sens de l'aménagement que dans le sens de la véritable
protection. Bien que je sois d'accord avec le principe de la protection du
territoire agricole et qu'il était urgent de s'en occuper, il y a le
fait qu'on ne fait pas de différence, dans le moment, entre les vraies
régions agricoles et les régions qui ne sont pratiquement pas
agricoles.
Je vais vous parler d'un petit village dans mon comté. Je ne vous
le nommerai pas, mais dans cette paroisse, il y a un agriculteur. Le sol est
inculte. Après le zonage, il n'y en aura pas quarante; il va y en avoir
un et celui qui est là ne peut pas agrandir. Il a des quotas. Donc il me
semble qu'on pénalise la petite municipalité qui voyait quatre ou
cinq maisons se construire par année. Sur 20 ans, cela fait 100
maisons.
M. Garon: Zoné à 100%?
M. Mathieu: Oui, dans les rangs le village est zoné. Vous
avez, dans ces petites paroisses, le phénomène suivant: le
père n'est pas riche...
M. Garon: À quel endroit?
M. Mathieu: Je préfère ne pas nommer l'endroit,
mais, dans mon comté, il y a trois ou quatre paroisses comme
ça.
M. Garon: De la façon dont vous décrivez l'endroit,
il ne doit pas y avoir un "boom" de la construction là.
M. Mathieu: De toute façon, même s'il n'y a pas de
"boom", si les gens ont un sentiment d'appartenance et s'ils désirent
rester dans leur patelin - chose qui est très légitime en soi -
et que le père, comme héritage, peut seulement donner à
son fils un emplacement de terrain sur le coin de sa terre, cela ne met pas en
péril le patrimoine agricole, vu qu'il n'y a pas de patrimoine agricole
dans ces petites paroisses. Le chemin est en asphalte,
l'électricité passe en avant de la maison et le
téléphone. Il me semble qu'il y aurait moyen de faire un
agencement pour protéger adéquatement les Basses-Terres du
Saint-Laurent, la vallée du Richelieu, la vallée de la
Chaudière et, peut-être, avoir un régime pour les terres
qui sont moins bien cotées, parce que, si je comprends bien, vous avez
la cote de toutes les terres de la province au ministère. Elles sont
toutes classées: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Il me semble qu'il devrait y avoir
un moyen d'agencer la situation de manière que l'on protège
adéquatement le patrimoine agricole et, là où ce n'est pas
agricole, d'être un peu plus généreux.
M. Gagnon: Est-ce que le député de
Beauce-Sud me permettrait une question ou une question au ministre,
à la suite de la sienne? M. le député de Beauce-Sud est en
train de définir un territoire qui, selon lui, n'est pas un territoire
agricole lorsqu'on parle de diversification de l'agriculture, qu'est-ce que
c'est qu'un territoire qui est non agricole? C'est-à-dire qu'il y a tout
de même possibilité de mettre des serres pour faire de la culture
sous serre dans un territoire qui est non agricole ou qu'on croit non agricole.
Il y a possibilité de faire l'élevage, je ne sais, du vison, du
lapin. Il y a peut-être possibilité d'avoir des
érablières. Il y a peut-être possibilité de faire
l'élevage de la truite. Enfin, qu'est-ce que c'est qu'un territoire qui
est non agricole, quand on parle de la diversification de l'agriculture?
M. Mathieu: M. le Président, pour répondre à
la question du député de Champlain, je crois que, quand on visite
le comté de Champlain, qu'on voit son potentiel agricole, on peut
difficilement s'imaginer qu'il y ait d'autres régions qui n'aient pas le
même patrimoine. J'ai passé par son comté, c'est une terre
très fertile pour l'agriculture, tandis que vous en avez qui ont
été ouvertes à la colonisation dans mon comté, des
terrains, qui n'ont vraiment pas de vocation agricole, même pas pour des
serres.
M. Gagnon: Je voudrais savoir, pour vous, qu'est-ce qu'une
vocation agricole? Si on parle uniquement de l'industrie laitière ou de
grande culture, je suis d'accord qu'on puisse dire qu'il y a des coins, dans le
Québec, où on ne peut pas faire ce genre de production agricole.
Si on parle de diversification de l'agriculture, si on parle d'élevages
qu'on ne connaît même pas actuellement, comme
l'élevage...
M. Garon: Avez-vous vu, dimanche, les canneberges, cela pousse
dans l'eau?
M. Gagnon: C'est ça. Si on parle, par exemple,
d'élevage de poisson, de truite. On parle ici, dans Bâtir le
Québec, tome 2, de l'élevage de différentes
variétés de poisson. Est-ce qu'il n'y a pas des territoires comme
ceux que vous trouvez, actuellement, impropres à l'agriculture qui
pourraient devenir propres à l'agriculture?
M. Mathieu: En théorie, probablement que oui, mais
seulement à quel coût? Il faut toujours regarder la
viabilité, la rentabilité de l'entreprise.
M. Garon: C'est tout ce qu'on regarde. On regarde toujours cela.
C'est la principale chose qu'on regarde. Au crédit agricole, le
principale facteur qu'on regarde, c'est la rentabilité.
M. Mathieu: Je vous prends au mot, M. le ministre.
M. Garon: Je vous dis, à part cela, que je vais demander
à l'Office du crédit agricole: Toutes les lettres que vous allez
écrire pour demander un prêt, vous allez me les envoyer sur mon
bureau. Vous allez être surpris: L'an passé, il y a eu une
période difficile. Je ne vous dis pas cela comme menace. Je vais vous
dire pourquoi. L'an passé, en 1981, il y a eu une période
difficile, dans l'agriculture, parce que les taux d'intérêt
étaient élevés et qu'en même temps, les prix pour
plusieurs produits étaient bas. Le prix du porc était bas, le
prix du boeuf était bas, le prix de l'agneau était bas, le prix
des céréales était bas, le sirop d'érable...
M. Mathieu: On l'a donné. (21 h 30)
M. Garon: Mais cette année, les prix se
rétablissent. Je suis persuadé que les lettres qu'on va recevoir
des députés et de vous, en particulier, vont être pour se
plaindre du fait que le crédit agricole ne prête pas assez, n'est
pas assez ouvert, est trop serré, demande trop de garanties,
n'évalue pas assez les terres et qu'il devrait dire que les terres
valent plus pour prêter plus. J'en suis convaincu.
M. Mathieu: Quand on arrivera au programme sur le financement
agricole, j'entends bien répondre à votre argument
là-dessus, parce que pour le fait que le crédit agricole demande
trop de garanties, dans certains cas je crois que c'est vrai.
M. Garon: Voulez-vous que je vous dise à quel point c'est
symptomatique? Cette année, je suis en train de recevoir une demande
pour qu'on ait une commission d'appel au crédit agricole qui, lorsque le
crédit agricole dit non, puisse réétudier la demande pour
dire oui.
M. Houde: Qu'ils les envoient au fédéral.
M. Garon: Pourquoi?
M. Houde: Ils pourraient peut-être dire oui.
M. Garon: II n'y a personne qui a parlé beaucoup de cela
en 1981. J'entendais parler beaucoup de cela en 1978 et en 1979. Personne n'a
dit un mot là-dessus en 1981, pas beaucoup en 1980, mais cela revient en
1982. Pourquoi? Parce qu'actuellement les prix sont en train de remonter. C'est
toujours comme cela.
M. Mathieu: Voyez le problème. J'ai en
mémoire des individus, dont je vais taire le nom, qui ont
justement, cette année, des difficultés pour financement de leur
entreprise agricole, parce qu'ils ont un prêt qui n'est pas à 50%
de la valeur de leurs biens. L'Office - je ne fais pas de procès
à l'office en disant cela - du crédit agricole ne veut plus leur
avancer de fonds sans la signature de leur père ou quelque chose comme
cela. Donc, ces individus sont calés dans l'eau et ils sont en train de
se noyer. Ils ont une décision à prendre. Si personne ne vient
à leur secours, ils vont se noyer.
M. Garon: Vous voudriez qu'il prête plus?
M. Mathieu: Un peu plus.
M. Garon: Mais vous nous disiez cet après-midi qu'il
prêtait trop.
M. Mathieu: Justement, M. le ministre, ce que je voulais,
c'était vous démontrer le manque de planification. Le
ministère, depuis que vous êtes là, s'est soucié
d'infrastructures, mais ni de rentabilité ni de viabilité. Dans
le boeuf, dans le mouton et dans le porc, on a connu des crises qui
dépendaient justement de cela. Il y a une autre politique qui
dépend de vous, qui était bonne en soi, la politique des grains,
des silos régionaux. Les silos régionaux, vous en avez deux qui
ne paraissent pas marcher très bien.
M. Gagnon: Question de règlement. M. Garon:
Lesquels?
M. Mathieu: Cérébec: sur un côté,
c'est écrit OSE et de l'autre côté, c'est écrit
À vendre. Je ne sais pas ce qui se passe.
M. Garon: Peut-être: "ose acheter".
M. Gagnon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, question de règlement.
M. Garon: Quel autre? Cérébec, c'est un cas
particulier. Je vais vous dire bien franchement, les difficultés de
Cérébec ne sont pas des difficultés dans les
céréales. C'est un cas bien particulier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, question de règlement.
M. Gagnon: C'est seulement une question de règlement.
M. Garon: C'est seulement un problème d'impôt, non
un problème de quoi que ce soit d'autre.
M. Mathieu: C'est près de votre comté, M. le
ministre.
Le Président (M. Boucher): On a soulevé une
question de règlement. S'il vous plaît, question de
règlement!
M. Garon: Oui, mais c'est quoi? Je le sais. Je peux vous dire
qu'un des principaux problèmes de Cérébec, c'est un
problème d'impôt.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre! M. le ministre!
Peut-on avoir votre oreille pour deux minutes?
M. Garon: Oui, mais il disait qu'il y avait deux silos.
Le Président (M. Boucher): II y a une question de
règlement.
M. Mathieu: Je ne suis pas capable de répondre. Il y a une
question de règlement.
Le Président (M. Boucher): II y a une question de
règlement qui est soulevée, M. le ministre.
M. Gagnon: C'est seulement parce que tantôt on a
donné notre accord pour entreprendre le programme 7 et on a des gens de
la protection du territoire agricole ici. Là, on est rendu qu'on ne
parle plus de la protection du territoire agricole. Si les questions sont
terminées là-dessus, j'aurais quelques questions à poser.
M. le député de Beauce-Sud, avez-vous terminé vos
questions sur la protection du territoire agricole?
M. Mathieu: Oui, M. le député de Champlain, mais il
arrive qu'avec le ministre de l'Agriculture la situation prenne quelquefois des
tours inattendus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, allez-y!
M. Gagnon: M. le Président, on a parlé tantôt
de municipalités qui avaient de la difficulté à faire du
développement domiciliaire, en raison du territoire qui était
maintenant protégé pour l'agriculture. Je voudrais savoir du
président de la Commission de protection du territoire agricole quel
est, en pourcentage, le territoire qui a été
négocié. Tout de même, on a négocié un
territoire avec l'ensemble des municipalités lorsqu'on a établi
le territoire agricole et je sais, en tout cas, si je regarde ce qui s'est fait
dans mon comté, qu'on a laissé un certain pourcentage pour le
développement futur dans le domaine domiciliaire. Je voudrais" le savoir
à peu près
en pourcentage, même si ce n'est peut-être pas juste,
peut-être pas en pourcentage, mais pour combien d'années, par
exemple? Est-ce vrai qu'on pourrait dire qu'au rythme où la construction
allait, si je regarde certaines municipalités de chez nous, on a
laissé assez de territoire pour une vingtaine d'années pour le
développement domiciliaire? Est-ce à peu près cela?
M. Garon: On l'a fait pour les Basses-Terres du Saint-Laurent
où la population est la plus concentrée au Québec. Le
président de la commission me dit qu'il y a autant de terrains
dézonés qu'il y a de terrains bâtis. On pourrait doubler la
population dans la partie où la population est la plus concentrée
si on regarde la plaine des Basses-Terres du Saint-Laurent. Si on prend le
reste, on a zoné seulement des... Dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, le
zonage, c'est à peu près 30% du territoire. Dans l'Abitibi, c'est
un petit pourcentage. Alors...
M. Mathieu: Vous êtes dans le vaste monde, M. le ministre,
dans le vaste monde inhabité.
M. Garon: La question de la protection du territoire agricole, je
pense que ce n'est pas qu'il manque de place pour bâtir. C'est que des
gens ne pourront pas se bâtir dans la zone agricole, ils devront se
bâtir dans la zone qui n'est pas agricole. C'est par exception qu'ils
pourront se bâtir dans la zone agricole. Pourquoi? C'est comme pour un
parc industriel. On disait: II y a un parc industriel pour les usines et il y a
une couple de gars qui voudraient mettre leur maison là. Les gars
disent: Oui, mais c'est le parc industriel. Il dit: J'aimerais mieux me
bâtir là, parce qu'il n'y a pas encore d'usine dans le parc. Cela
donne des arguments pour le zonage agricole. Ils disent: Oui, mais ce n'est pas
encore cultivé. Dans le parc industriel, il n'y a pas d'usine, pourquoi
je ne me bâtis pas là. Ce serait un peu ridicule de commencer
à construire des maisons dans le parc industriel, sous prétexte
qu'il n'y a pas encore assez d'usines dans le parc industriel. Prenez à
Bécancour, il y a combien de milliers d'acres?
Une voix: 7000.
M. Garon: 7000 acres. J'écoutais l'émission
agricole dimanche, à la télévision, qui disait qu'il y
avait seulement une petite partie du parc qui avait été
utilisée et que, pour la très grande partie, je pense qu'il y
avait seulement 1000 acres qui avaient été utilisées et
6000 acres qui n'étaient pas utilisées, et que ce serait mieux de
cultiver là-dedans. Imaginez-vous si les gens commençaient
à dire: On voudrait se bâtir. Vous voyez, ce parc existe depuis 15
ans?
Une quinzaine d'années à peu près. Peut-être
plus que cela.
M. Gagnon: 1965.
M. Garon: 1965-1966. À peu près une quinzaine
d'années. Cela fait quinze ans et il n'y a pas une maison dans une
grande partie du parc; pourquoi je ne bâtirais pas ma maison là?
Vous diriez: Cela n'a pas de bon sens, c'est un parc industriel. Quand on
arrive dans la zone agricole, les gens ne sont pas habitués à
concevoir une zone agricole, ils pensent que c'est le "free for all".
Mais on se rappelle les problèmes qu'on vivait
antérieurement: des problèmes d'odeur, des problèmes de
toutes sortes dont on entend de moins en moins parler. Pourquoi? Parce qu'il y
a une discipline qui est en train de se faire et que la campagne
québécoise va être de plus en plus belle. Elle va
être mieux organisée et cela va être une plus grande valeur
pour les propriétés des gens. On oublie trop souvent cela. Vous
avez, par exemple, une terre agricole et, à un moment donné, il y
a un gars qui va ouvrir un terrain de camping à côté. Votre
ferme vient de perdre de la valeur sur un grand temps. Pourquoi? Parce que vous
allez avoir des plaintes sans arrêt, parce que vous aurez un terrain de
camping à côté. Aujourd'hui, cela va être
planifié différemment et on veut répartir les choses sur
le territoire plus rationnellement.
Prenez l'affaire du gazoduc. Si vous voulez avoir un exemple d'une chose
qui a été bien faite, c'est de voir le tracé du gazoduc
entre Saint-Eustache et Deux-Montagnes. Le notaire qui s'est
présenté libéral, M. Filiatrault, où
reste-t-il?
Une voix: Boisbriand.
M. Garon: Broisbriand et Saint-Eustache. Le maire de
Saint-Eustache est connu, je pense que c'est le chef de l'organisation
libérale du comté et le maire de Boisbriand était candidat
libéral. Il avait négocié, quelques mois avant les
élections avec la municipalité, l'Union des producteurs
agricoles, TransCanada Pipelines, l'Environnement et le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour le tracé.
Il n'y a pas eu de plainte. Pourquoi? Ils ont trouvé un tracé
idéal. Les gars ont fait vraiment un bel ouvrage. C'est un ouvrage
extraordinaire de trouver un tracé qui pouvait accommoder tout le monde.
Ce n'était pas facile. À un moment donné, je disais: Je ne
sais pas comment vous allez faire, vous allez être obligé de
trancher. Quand ils ont fini le tracé, tout le monde était
heureux. Il n'y a pas eu de plainte des municipalités.
M. Mathieu: Ce sont des libéraux qui
ont fait un tracé comme cela.
M. Garon: Oui. Tout le monde a fait son ouvrage...
M. Mathieu: II y en a des bons dans la "gang".
M. Garon: ... et, après cela, il y a eu quelque chose de
bien fait. Si cela avait été mal fait, s'ils avaient
trouvé que le zonage agricole, c'était des folies, ils auraient
dit: Cela n'a pas de bon sens, regardez le gazoduc passe à tel endroit.
Non, les cultivateurs sont contents, les municipalités sont contentes,
l'Environnement est content, l'Agriculture aussi. C'est pour cela qu'il faut
faire ces choses.
Savez-vous une chose? Vous n'avez pas d'idée comment a
été dure cette période, parce que j'ai eu des "forcing"
sans arrêt. Les gars disaient: Des millions qu'on vient investir,
l'agriculture doit se tasser. Je vous dis une chose: Vous n'avez pas
d'idée comment cela peut être dur, ces périodes, où
il y a des "forcing", des gens qui veulent toujours faire des genres de
"hold-up" et vous dire: C'est là que cela passe, cela représente
des millions de dollars, des centaines de millions ou des milliards, ou qui
vont voir des gens et qui font des pressions à certaines places et
essaient d'influencer tel autre ministre, quand ce n'est pas s'essayer de faire
des pressions au bureau du premier ministre.
On a dit: On va négocier. Je vous dis que cela a
été rude parce que toutes ces pressions sont faites parfois
auprès des fonctionnaires. Le fonctionnaire qui négocie a dit:
Ils vont sacrer le camp s'il arrive telle chose. Finalement, tout le monde
s'est mis à table et ils ont trouvé un tracé. Je pense
qu'à la fin du tracé tout le monde va être heureux.
Récemment, j'ai regardé le tracé. On me disait: On vient
de terminer le tracé ou il est en train de se faire et on est en
consultation avec les municipalités. Cela a adonné comme cela. Je
vais dans la MRC de Desjardins et, ce soir-là, c'étaient les
représentants de TransCanada PipeLines qui venaient présenter le
tracé à la municipalité, tracé qui avait
été négocié avec la protection du territoire
agricole et avec les autres organismes. Le représentant de TransCanada
PipeLines a dit: Je voudrais souligner la collaboration que nous avons du
ministère de l'Agriculture. J'ai dit: Si j'avais su que vous diriez
cela, j'aurais apporté ma machine à enregistrer. Je peux vous
dire qu'on a une bonne collaboration et un beau tracé et tout cela.
C'est vrai qu'ils avaient un beau tracé, je l'ai regardé.
Les gens de chez nous, quand ils ont négocié, ont dit:
C'est dans votre coin, vous connaissez cela, on aimerait cela vous le montrer
avant de le présenter pour savoir ce que vous en pensez. J'ai
regardé cela et j'ai dit: Ce n'est pas à moi de décider
où vont passer ces choses-là dans mon comté.
J'étais curieux; j'ai regardé cela et j'ai dit:
Péché! Cela a du bon sens. Ils ont été le
présenter aux municipalités et ils ont dit: Si vous avez quelque
chose à dire maintenant là-dessus, si vous pensez que cela doit
être changé, on vient vous consulter. Là où il y
avait des cultivateurs, dans Saint-Nicolas, par exemple, qui n'étaient
pas contents parce qu'on traversait l'une de leurs terres, le tracé a
été changé pour que le cultivateur ne soit pas
affecté. Je pense que c'est cela se comporter d'une façon
civilisée.
S'il y a un organisme qui a amené un élément de
civilisation au Québec, je pense que c'est la Commission de protection
du territoire agricole et j'en profite pour rendre un hommage particulier
à son président, M. Blain. M. Blain a été, à
mon avis, un homme extraordinaire là-dedans. Je le voyais quand il
venait négocier au ministère avec les producteurs agricoles; je
trouvais qu'il avait un bon jugement et qu'il était diplomate.
Quelquefois, quand on discute dans les négociations, c'est "rough" et
tout cela; quelquefois, il y a toutes sortes de formules. Je le regardais et je
me disais: II nous ferait un bon président de commission. Cela a pris du
temps à le décider; quelquefois, je pense qu'il le regrette,
parce qu'il trouve qu'il y a tellement d'ouvrage. Mais il a fait un ouvrage
exceptionnel; cette commission et ces gens ont travaillé jour et nuit et
ont fait un ouvrage comme on ne peut pas l'imaginer. C'est un modèle, je
pense, dans le monde.
Je ne veux pas dire que, parfois, telle décision... Je n'en ai
pas vu souvent et j'en ai fouillé, des décisions. Quand il y a
des plaintes, je dis parfois aux gars du cabinet: Prenez votre automobile et
allez voir sur place pour savoir si cela a du bon sens ou non. Il n'y a pas
beaucoup de décisions, je peux vous dire que... À un moment
donné, quand vous regardez et que vous connaissez toute l'affaire, vous
dites: Ouais. J'ai vu quelquefois d'autres ministères fouiller une
décision et dire: Ouais. Quand on a tout bien regardé,
peut-être qu'il n'y avait pas d'autre choix que celui-là.
M. Mathieu: M. le ministre.
M. Garon: Ce n'est pas facile et ce sont des milliers de
décisions. C'est peut-être l'une des plus belles créations,
une des plus belles oeuvres. Je vais vous dire bien franchement que j'avais la
frousse quand la loi a été adoptée. J'ai dit: Comment cela
sera-t-il appliqué? Je puis dire aujourd'hui, après trois ans,
que les gens de la commission ont appliqué cette loi d'une façon
extraordinaire. C'est évident que le gars qui veut bâtir dans une
zone agricole va
se faire dire non; la commission est là pour cela. Elle est
là pour dire non. Je vais vous dire une chose: Si la nomination des
personnes était à recommencer, je nommerais les mêmes; il
n'y en a pas un que je changerais; ils ont fait un travail extraordinaire; le
travail qu'ils ont fait là-dessus est fantastique. Il n'y a rien que je
regrette à la protection du territoire agricole, je trouve qu'on a fait
un travail fantastique à ce point de vue là.
M. Gagnon: La réponse a été un peu longue.
Ce qui veut dire que, pour chacune des municipalités, on peut dire qu'il
n'y en a pas une qui peut se plaindre d'être brimée dans son
développement domiciliaire parce que, dans chacune des
municipalités, il reste assez de territoire pour construire pour un bon
nombre d'années. Je voulais savoir, de la part de la Commission de
protection du territoire agricole, quel est le temps que l'on peut prendre
actuellement pour traiter un dossier, entre la date de la demande et la
réponse positive ou négative. Au début, on se plaignait
que cela pouvait être un peu long, mais, actuellement, est-ce qu'on sait
à peu près le temps que cela peut prendre pour traiter un
dossier?
M. Houde: On appelle une fois par semaine et on se le fait dire.
Là, cela change.
M. Garon: Je dirais entre six et huit semaines, entre le moment
de l'envoi de la demande et la réception de la décision de la
commission. Maintenant, c'est une moyenne.
M. Mathieu: Oui, d'accord.
M. Garon: II y a des cas plus rapides et des cas plus longs. Les
cas qui sont rapides, c'est quand le dossier arrive et qu'il est parfait
à sa face même; là, c'est plus rapide, mais, s'il y a des
demandes de renseignements qui arrivent... Vous connaissez le délai des
postes aujourd'hui; cela prend une semaine à quinze jours à
envoyer un document, avant que vous le receviez chez vous. Quelquefois, vous le
recevez le lendemain, mais quelquefois cela prend quinze jours. Alors, cela
peut être plus long.
M. Houde: Est-ce que je peux faire une rectification sur ce que
le ministre vient de dire? (21 h 45)
M. Gagnon: Est-ce que vous avez beaucoup de demandes qui ne sont
pas acceptées par les municipalités? Est-ce que cela arrive que
des demandes ne sont pas acceptées par les municipalités,
c'est-à-dire qu'un propriétaire va faire une demande mais qu'en
fait il n'a pas pris la précaution d'avoir l'acceptation de la
municipalité?
M. Garon: Que des municipalités disent non quand les
demandes leur sont faites, c'est moins que 5%.
M. Gagnon: C'est moins que 5%. Merci.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, et je ne nommerai
personne. Aujourd'hui, je peux le dire: Le nombre, c'est 1295
municipalités; chacun des décrets a été
examiné, avant que je le voie, au Conseil des ministres, pour
recommandation; chacun peut le dire, on a fait venir et regardé les
photos aériennes; parfois on est allé aussi sur le terrain pour
être sûr de faire à bon droit une recommandation au Conseil
des ministres.
Je peux vous citer des cas où il n'y avait pas entente avec la
municipalité; le maire m'a téléphoné pour me dire:
Adoptez cela. Je lui disais: Oui, mais vous avez été contre,
pourquoi voulez-vous adopter cela? Vous me téléphonez pour me
dire d'adopter cela; si vous étiez d'accord, pourquoi n'avez-vous pas
signé? M. Garon, ne vous en occupez pas, adoptez cela, c'est bon, la
décision de la commission, mais nous, on ne peut pas. Il y en a
quelques-uns qui m'ont dit pourquoi ils ne pouvaient pas.
M. Mathieu: 2 sur 1600!
M. Garon: Non, je ne vous le dirai pas, il y en a quelques-uns
qui me l'ont dit.
M. Mathieu: Nommez-les donc pour voir!
M. Garon: Je ne les nommerai pas, mais je peux vous dire, par
exemple, ce qui est arrivé. Le maire ou les gens du conseil municipal
avaient, par exemple, de la parenté chez les principaux
développeurs. Ils disaient: Je ne veux pas faire une chicane de famille;
alors, on ne signe pas, mais la décision de la commission a du bon sens,
envoyez-la ainsi. Moi, je ne peux pas signer, je vais avoir une chicane de
famille sur le dos. C'est pour cela que la commission a été
créée. Cela n'est pas arrivé rien qu'une fois, ce n'est
pas arrivé 500 fois, mais c'est arrivé quelques fois.
M. Mathieu: J'espère bien, parce que je me posais des
questions sur l'éthique des maires.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela, ce n'est pas une question
d'éthique, c'est une question humaine. Il arrive que des gens ont
intérêt à s'opposer à la protection du secteur
agricole, mais ils sont tellement près des dirigeants du monde municipal
qu'ils sont mal pris. Quand vous arrivez dans des territoires très
homogènes, vous avez déjà vu des municipalités, par
exemple, où vous êtes
gérant d'usine dans une place où tout le monde est parent:
Vous venez de la municipalité et vous êtes gérant d'usine;
je vous le dis, essayez cela. Moi, j'ai vu des endroits où tout le monde
était parent, on avait de la misère à faire appliquer les
règles d'hygiène. J'ai dit: Écoute, je voudrais bien faire
cela, je serais bien capable, mais je ne peux pas faire telle chose, parce que
je suis parent avec tout le village. Sa compagnie peut-être bien serait
mieux d'engager un gérant qui ne serait pas parent avec tout le village,
autrement, il n'est plus capable de faire respecter la loi. Il y a des cas
comme cela qui se présentent. C'est d'ailleurs pour cela que la
protection du secteur agricole a été mise dans les mains d'une
commission, pour que la commission puisse être au-dessus de ces
questions.
M. Mathieu: M. le ministre, si vous avez tant confiance à
la commission, et avec raison, je ne critique pas ce point, pourquoi vous
êtes-vous gardé une échappatoire dans la loi à
savoir que le Conseil des ministres peut aller à l'encontre d'une
décision de la commission?
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi, c'est qu'il va arriver une
question de protection du territoire agricole, à un endroit où il
y a des terres qui sont bonnes pour l'agriculture et où, par ailleurs il
y a un projet de développement économique. Il y a un choix
à faire, un arbitrage. La commission va dire: Moi, comme gardien, je
suis là pour protéger les terrains agricoles; alors, je
protège les terres agricoles. Par ailleurs, si le Conseil des ministres
estime qu'il s'agit de quelques acres de terrain et qu'il peut y avoir un
projet, pour des raisons politiques, pas des raisons de promesse politique,
mais à cause d'un choix politique, c'est préférable de
dire oui à ce projet, sachant qu'on va détruire une certaine
quantité d'acres agricoles, mais que ce projet est essentiel pour
d'autres raisons. On a mis cela là, pourquoi? Parce qu'il peut arriver,
d'une façon exceptionnelle, qu'à ce moment-là le Conseil
des ministres ait à trancher une telle question.
Il y a de gros projets, je vais vous donner un cas, prenez, c'est grand
comme cela, l'affaire de l'Alcan.
Une voix: C'est réglé.
M. Garon: C'est réglé, je ne sais pas le
résultat. Il y avait une décision à prendre sur un projet
considérable dans le Saguenay, un projet de plusieurs centaines de
millions de dollars, 500 000 000 $. Plusieurs sites ont été
étudiés. On arrive à un site et on dit: C'est là
qu'on détruit le moins de terres agricoles. Le sol n'est pas
extraordinaire, c'est plutôt sablonneux. Cela arrive à la
commission. Je me suis posé la question: Qu'est-ce qui va arriver
là-dedans? Je ne le savais pas. J'ai regardé les dossiers parce
que, quand elles envoyaient des mémoires à la commission, les
compagnies de temps en temps m'en envoyaient des copies. J'ai lu des copies et
des documents que la direction avait étudiés. Je ne savais pas ce
qui serait décidé par la commission. Je l'apprends, là. Je
me disais: Qu'est-ce qu'ils vont décider là-dedans? Cela va
être une grosse décision. Je n'ai pas regardé dans les
détails. Ils ont analysé la question. Supposons qu'il aurait
été impossible de localiser plusieurs centaines d'acres pour un
projet comme celui-là, est-ce qu'on peut le localiser
véritablement ailleurs? Cela prend des lignes
d'électricité. Il y avait des lignes électriques
là-dedans, des chemins de fer là-dedans, des routes
là-dedans et, en plus, une occupation de territoire considérable.
Dans un cas comme cela, qu'est-ce qui arrive? Qui doit faire le choix à
la dernière minute? C'est un projet considérable. C'est pour cela
que cela a été mis comme une soupape pour que la commission ne
soit pas dans l'eau chaude. La commission a dit: "Ma job", c'est de
protéger les terres.
M. Mathieu: Si cela fait votre affaire, vous l'acceptez et, si
cela ne fait pas votre affaire, vous tranchez autrement?
M. Garon: Non.
M. Mathieu: Autrement dit, vous en avez la possibilité, de
toute façon.
M. Garon: Non, je vais vous dire une chose: Si on le faisait, la
commission perdrait sa crédibilité. On ne l'a pas fait, je vais
vous le dire bien franchement.
M. Mathieu: Je voudrais vous mentionner que, quand on
téléphone à la commission, je ne parle pas de M. Blain et
du commissaire...
M. Garon: Pour la Great Lakes Carbon, ce n'est pas la meilleure
façon de présenter le projet. Dans le comté d'Argenteuil,
je me rappelle à quel point les différentes choses ont
été longues. La commission a agi d'une façon intelligente.
Qu'est-ce qu'ils ont dit? Ils ont dit: II y a une usine. Les gens ne voulaient
pas trop être dans les parcs industriels pour plusieurs raisons. Vous
savez que les raisons sont souvent drôles. Parfois, les usines ne veulent
pas aller dans les parcs industriels, parce que, dans les parcs industriels, il
y a des syndicats. Elles aiment mieux être dans les rangs pour être
seules. Il n'y a pas de syndicat dans les rangs. Il y a toutes sortes de
raisons en dehors de tout ce qu'on peut imaginer. Parfois, les gens veulent se
localiser à telle place. La commission a
dit à la Great Lakes Carbon: Pour aller là, il n'y a pas
d'eau. Cela va vous prendre de l'eau, cela va vous prendre une infrastructure
routière.
Pour que le projet soit complet et que je puisse analyser l'impact sur
le territoire agricole, j'ai besoin de tous les éléments. Il a
fallu qu'ils soient fournis par les ministères impliqués, pour
savoir où passerait l'eau pour aller là. La commission a dit:
Est-ce qu'il s'agit d'une usine ou d'un parc industriel? Ce n'est pas la
même ampleur. S'il y a une usine, ça prend des tuyaux de telle
grosseur, une route de telle grosseur, toute une infrastructure parce que c'est
une usine assez grosse qui utilise des équipements spéciaux.
Quand tout cela été mis en place, il a regardé la
localisation et il s'est aperçu que ce n'était pas la meilleure
localisation, il a accepté.
M. Houde: Cela s'est fait la semaine passée?
M. Garon: C'est fait. Évidemment, après, le maire a
essayé de siphonner pour grossir le tuyau un peu, comme on dit. De toute
façon, une fois que c'est accordé, l'usine a commencé
à construire. Il a dit: On pourrait bien grossir le tuyau. On a dit:
Non, c'est un tuyau gros comme cela. C'est comme à Saint-Hyacinthe.
Quand la zone s'est négociée, la ville disait: Je voudrais cet
espace blanc, la zone permanente, parce que je voudrais mettre mon champ
d'épuration là. Une fois que la zone est négociée,
que la zone est faite, on voudrait mettre le bassin d'épuration de
l'autre côté de la rivière. Quand on a
négocié, on a négocié ce bord blanc pour le champ
d'épuration. Après cela, ne venez pas changer votre affaire en
disant que vous voulez le mettre de l'autre côté, parce que c'est
cela qui avait été négocié dans la zone
permanente.
M. Mathieu: Pour revenir à...
M. Garon: Parfois, il ne faut pas se servir des projets pour
faire faire d'autre chose que le projet. Cela arrive souvent. Quand il y a un
projet, il y a toutes sortes de gens qui se greffent autour du projet. C'est
comme une locomotive qui peut tirer quelques trains en même temps. Ils
essaient de siphonner le projet pour pouvoir se faire donner quelques
permissions en même temps. Cela arrive souvent.
M. Mathieu: M. le Président, il y a un amendement que
j'aurais souhaité dans la nouvelle loi. Je vais vous dire ce que je
crois être une injustice. La loi n'a pas été faite pour
créer une injustice, mais on aboutit, d'après moi, à une
injustice. Si on suivait la loi, on nuit au territoire agricole plus que s'il y
avait une amélioration. Par exemple, un producteur agricole vend sa
ferme. Or, il arrive que l'ancienne route passe d'un côté de la
maison et la nouvelle route de l'autre côté. La maison de la ferme
se trouve dans un triangle. La grange, l'étable, etc., suivent. Le
cultivateur vend sa terre, mais il veut rester là, il veut aider son
fils également. Il dit: Si je réserve mon demi-hectare, ma maison
actuelle, je vais nuire, parce que c'est mieux que le fermier qui est
propriétaire demeure dans cette maison, c'est plus pratique pour lui. Il
n'y a pas de possibilité. Il y a un chemin sur trois faces et, en
arrière, c'est la grange. C'est pour cela qu'on dit: On va enjamber le
chemin public et on va demander de faire dézoner un terrain de l'autre
côté du chemin. Il demande cela à la commission et la
commission dit non.
M. Garon: À quelle place?
M. Mathieu: C'est un cas que j'ai en tête et je
préfère ne pas dire le nom. La commission dit: II y a assez
d'espaces blancs dans le village...
M. Garon: Si vous ne voulez pas dire le nom, dans quel
village?
M. Mathieu: ... dans le territoire, allez vous bâtir
là. Là, on nuit plus à l'agriculture. Si le père
dit: Je garde ma maison, le fils est obligé de se bâtir de l'autre
côté de la route. Il a le droit de se bâtir, mais voyez-vous
l'inconvénient pour voyager aux bâtiments de la ferme, avec la
femme et les enfants, toujours traverser le chemin, les dangers d'accidents que
cela cause, etc.?
M. Garon: Dans quelle municipalité? Une voix: II ne
veut pas le dire.
M. Mathieu: II y a là, selon moi, une injustice. En
réalité, cela ne nuirait pas à l'agriculture du tout si on
pouvait permettre, dans un cas semblable, à la commission d'accorder la
permission qu'il se bâtisse de l'autre côté de la route.
Cela avantagerait même l'agriculture. Le père serait sur les lieux
pour aider son fils et c'est plus commode pour la ferme que le fils demeure
près.
C'est facile à dire: Vous avez droit à un demi-hectare.
J'ai droit à un demi-hectare, mais si j'ai seulement un dixième
d'hectare à cause de la configuration et que je ne peux pas le prendre
de l'autre côté de la route... Je ne peux même pas le
prendre si je change de numéro de lot. Vous savez, votre affaire de
numéro de lot, c'est très sophistiqué. On est pris des
fois avec des vieux cadastres de cent ans. À un moment donné,
vous avez sur une petite pointe de
terre sept ou huit numéros de lots différents, parce que,
quand le cadastre a été fait il y a cent ans, il y avait sept ou
huit petits propriétaires; il y avait une beurrerie, une petite
école, trois ou quatre gars qui restaient là. Maintenant, on a
sept ou huit numéros de lots différents pour un quart d'hectare
de terrain et l'agriculteur a racheté tout cela. Mais, quand il vient
pour réserver son demi-hectare, il faut que ce soit sur le même
numéro de lot que celui sur lequel est bâtie la maison. Là,
il ne le peut plus. On n'est pas capable de respecter l'esprit qu'on a voulu
donner à cause de la lettre de la loi.
M. Lachance: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Bellechasse.
M. Lachance: Je ne voudrais pas interrompre indûment le
député de Beauce-Sud. Je sais que c'est une question importante,
mais M. le député de Beauce-Sud acceptera sûrement d'y
revenir lorsqu'on étudiera article par article en commission
parlementaire ce projet de loi qui vient d'être déposé
aujourd'hui.
M. Mathieu: Je pensais qu'on étudiait le programme 7, M.
le Président.
M. Lachance: Oui, mais c'est l'étude des crédits
ici.
Le Président (M. Gagnon): De par les habitudes, lorsqu'on
fait l'étude des crédits d'un ministère, on est
normalement assez large. C'est un fait qu'on va revenir en commission
parlementaire avec ce projet de loi, mais c'est assez difficile de refuser une
question qui va exactement dans le sens des crédits.
M. Mathieu: Vu que le ministre ne me répond pas, j'irai
à la page 118, M. le Président.
M. Garon: C'est parce que je ne suis pas capable.
M. Mathieu: Je souhaite seulement que vous amélioriez
cette loi lors de la révision.
M. Garon: Mais vous ne serez pas capable de prévoir dans
une loi tous les cas d'espèce qu'il peut y avoir. Il peut y avoir
tellement de cas d'espèce que ce n'est pas possible.
M. Mathieu: Pourquoi la commission ne fait-elle pas un
discernement de ces cas d'espèce?
M. Garon: Elle le fait.
M. Mathieu: Je m'excuse, mais...
M. Garon: Vous pouvez ne pas être d'accord avec la
commission, vous en avez le droit, excepté qu'elle rend une
décision sur un cas d'espèce.
M. Mathieu: Dans un cas, elle dit oui, dans un autre cas, elle
dit non. Quelle est la jurisprudence?
M. Garon: II y a même un volume qui a été
publié.
M. Mathieu: Je l'ai vu, mais on ne peut pas se fier
là-dessus.
M. Garon: Mais il est un peu jeune, le volume. Cela fait
seulement un an de jurisprudence.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Berthier. Après, M. le député de Bellechasse et le
député de...
M. Mathieu: Après moi, faites le tour et je
reviendrai.
Le Président (M. Gagnon): Oui, et M. le
député de Huntingdon. M. le député de Berthier.
M. Houde: Merci. Tantôt, vous disiez que cela prend environ
huit semaines pour avoir une réponse. J'ai communiqué...
M. Garon: De six à huit. (22 heures)
M. Houde: ... une fois par mois, une fois par quinze jours, des
fois, avec des gens qui travaillent à Montréal et, à un
moment donné, cela a pris sept ou huit semaines, neuf semaines, une
autre fois, cela a pris trois ou quatre mois. Je leur disais: J'ai un cas bien
simple, pas compliqué du tout. Je peux toujours vous le montrer, c'est
le suivant: il y a une route avec quatre maisons de construites et le terrain
n'est pas construit. Un dézonage a été demandé par
une personne qui avait acheté le terrain. Elle l'avait. Dézonez,
tout est correct, mais l'emprunt qu'elle avait fait est bloqué à
l'institution bancaire. La même personne, le même
propriétaire de terrain trouve un autre acheteur. Il vend le terrain et
il n'est pas capable de le dézoner. Je l'ai demandé à
Montréal, j'ai dit: Un cas comme celui-là, est-ce qu'il peut
passer avant d'autres parce qu'il pourrait construire au début de
l'été? Il m'a dit: Monsieur, il sera au rôle avec les
autres et même s'il n'est pas compliqué, il faut qu'il passe
à son tour. Donc, j'ai dit: Rendu au mois de septembre, ce n'est plus le
temps. Pourquoi n'y aurait-il pas quelqu'un
qui pourrait l'entendre, un cas pas compliqué comme
celui-là? C'est pour cela que, tout à l'heure, ce n'était
pas tout à fait exact ce que vous disiez, que, quand un cas n'est pas
compliqué, il passe vite comme cela. Ou bien, les gars là-bas ne
sont pas corrects quand ils répondent comme cela. C'est pour cela que
cela prend trois ou quatre mois.
M. Garon: M. le président de la commission dit que,
habituellement vers le mois de mars ou d'avril, il y a un "peak" dans les
demandes où le délai peut être un peu plus long et que, le
reste de l'année, c'est cinq ou six semaines; il y a une moyenne de cinq
ou six semaines. Ce qui arrive c'est que les gens font leur demande pour
commencer la construction demain matin alors qu'il faudrait qu'ils
prévoient un peu plus, s'ils veulent construire.
Mais, vous savez une chose: trouvez-moi des tribunaux, du genre des
tribunaux administratifs comme la commission, qui rendent des décisions
en cinq ou six semaines en moyenne. Vous n'en trouverez pas beaucoup.
M. Houde: Non, je ne parle pas de cela, M. le ministre; je ne
parle pas de la commission.
Une voix: De la commission municipale.
M. Houde: Non, mais peut-être que c'était un cas
à part les autres. Quelle raison pourriez-vous donner pour un cas comme
celui-là? Les autres, on pourrait les étudier en commission
parlementaire aussi, mais, en tous les cas, il me semble que celui-là
est flagrant.
M. Garon: Je ne le sais pas. Si vous nous donnez le cas, le nom
de la personne et le numéro, on va le vérifier.
M. Houde: Je peux appeler demain matin et le donner. Je ne me
cache pas. Pas ce soir.
M. Garon: Pourquoi?
M. Houde: Parce que je ne l'ai pas par coeur.
M. Garon: Vous n'avez pas beaucoup de personnes qui disent que
leur dossier n'est pas urgent. Habituellement, il y a un rôle d'urgences
par semaine, mais il faut que les gens démontrent pourquoi c'est urgent
et pourquoi ils doivent passer avant les autres et il faut aussi qu'ils
expliquent pourquoi ils sont en retard. Autrement, le cas de tout le monde va
être urgent, tout le monde va vouloir passer avant l'autre.
M. Houde: Je pourrais dire son nom, c'est parce que je ne l'ai
pas en mémoire. Ce n'est pas parce que je ne veux pas le donner, c'est
un gars de Berthier, il n'y a rien de caché là-dedans.
M. Garon: Oui, oui.
M. Houde: Je lui ai dit: Fais ta demande à nouveau. Il m'a
dit: Comment se fait-il que je ne peux pas en avoir un deuxième avec un
autre entrepreneur? C'est cela qu'il ne comprenait pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Merci, M. le Président. Comme tous les
députés des comtés ruraux, je reçois
régulièrement des personnes qui ont l'intention de soumettre une
demande à la commission et un des problèmes qui m'est soumis,
c'est la complexité des formules, ou, en tout cas, on s'interroge sur
les difficultés à remplir les formules et cela m'agace lorsque je
me fais dire, par exemple: Je suis allé voir le notaire et le notaire
est prêt à me remplir cela et cela va me coûter 75 $. Je
n'ai rien contre le fait que des professionnels veuillent gagner leur vie, que
ce soit un notaire, un avocat, un comptable ou quelqu'un de n'importe quelle
profession, je n'ai rien contre cela, mais je m'interroge sur
l'opportunité - je ne m'attaque pas au député de
Beauce-Sud, pas du tout, ce n'est pas mon intention - d'être
obligé de recourir à des services professionnels pour
présenter des demandes qui seront bien faites et qui ont de bonnes
chances d'être acceptées par la commission.
Alors, la question que je poserais est celle-ci: Est-ce que c'est
justifié d'avoir recours à des professionnels? Et j'aurai tout
à l'heure une deuxième question à poser.
M. Garon: Le formulaire a été fait le plus simple
possible. Je sais à quel point les gens ont travaillé pour le
simplifier, pour le rendre le plus simple possible. Lorsque nous avons fait
notre premier type de formulaire, nous l'avons changé et nous l'avons
simplifié après cela, un peu plus tard, pour le rendre plus
précis, mais le plus simple possible. C'est que je pense... Je comprends
celui qui n'a qu'une formule à remplir. Il peut trouver cela plus
compliqué, mais, essentiellement, la majeure partie des demandes sont
faites par les gens eux-mêmes. La majorité des gens font leur
demande eux-mêmes, sans utiliser les services d'un professionnel.
M. Lachance: Est-ce qu'on pourrait établir une proportion?
Est-ce que c'est 75% ou moins?
M. Garon: À peu près 80%. On me dit
que 80% des gens présentent d'abord leur demande eux-mêmes
et parfois avec l'aide de leur secrétaire de municipalité, qui
est plus habitué aux formulaires, mais que cela finit parfois que 50%
utilisent un notaire ou un arpenteur-géomètre parce qu'ils se
rendent compte, quand ils arrivent devant la commission, que leurs titres ne
sont pas toujours en ordre et que, parfois, ils se rendent compte que là
où ils sont situés exactement, là où ils sont
bâtis exactement, les titres ne sont pas trop clairs. Vous savez que
plusieurs personnes parlent de faire une révision du cadastre. Je pense
bien que les notaires le demandent, les arpenteurs aussi. Il y a des
politiciens qui savent que cela va coûter de l'argent et ils sont parfois
plus hésitants, mais on n'a pas d'idée à quel point il y a
un grand nombre de municipalités où les titres ne sont pas
toujours extraordinaires et, à cela, il faudra peut-être
prévoir une réforme du cadastre. Une réforme du cadastre
va coûter combien par propriété? Cela va coûter 300
$, 400 $ ou 500 $ par propriété pour avoir un cadastre qui est
correct. Alors, c'est là l'hésitation. Quand ils arrivent pour
faire une transaction comme celle-là, une fois devant une commission,
ils se rendent compte souvent que leurs titres ne sont pas clairs, que les
cadastres ne sont pas corrects ou encore qu'il y a toutes sortes de
transactions qui ont pu grever la propriété et que cela doit
être éclairci. Même si 80% des demandes sont faites par la
personne elle-même ou avec l'aide du secrétaire municipal, ils se
rendent compte, en cours de travail avec la commision, que ce serait mieux de
faire clarifier les titres par un notaire, par
l'arpenteur-géomètre ou par les deux.
M. Mathieu: J'aurais une précision, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député de Bellechasse...
M. Garon: Vous savez qu'au début, je dois vous dire une
chose, M. le député de Bellechasse, j'ai une question pertinente
à vous poser, car c'est une question sur laquelle on a longuement
débattu avant l'adoption de la loi. Avant de faire le projet de loi, en
1978, on se posait justement cette question, est-ce que ce doit être des
demandes individuelles? Les députés du caucus agricole vont se
rappeler qu'on a discuté de cette question. Me Blais s'en souvient
sûrement. On disait: Si on pouvait rendre le fonctionnement le moins
onéreux possible à la commission, pour que les gens puissent
aller faire des demandes individuelles comme cela. Plusieurs disaient que
toutes les demandes devraient être faites avec un plan arpenté
pour situer vraiment la demande et la description technique précise. On
a choisi la formule la moins onéreuse possible pour les gens, mais on
s'est dit: Dans des cas où ce ne sera pas possible autrement, il faudra
recourir aux services des notaires et des
arpenteurs-géomètres.
M. Mathieu: Si le député de Bellechasse me le
permet, je vous dirai, M. le Président, qu'un notaire qui fait cela pour
75 $, c'est par charité. Considérez que le notaire a son bureau
à lui, ce n'est pas un bureau de directeur d'école. Il paie le
loyer, sa secrétaire, le téléphone, la photocopieuse, cela
lui coûte, à un notaire seul avec sa secrétaire, pas moins
de 250 $ par jour de frais de bureau sans compter son temps à lui. Un
individu arrive avec sa formule; souvent, le notaire n'a pas les titres en
main; il faut qu'il aille au bureau d'enregistrement et c'est à 40 ou 50
milles. Vous parlez de quelqu'un de Bellechasse de l'envoyer à
Lévis il faut que quelqu'un aille voir; le notaire se rend là,
fouille dans les titres, prend les copies dont il a besoin, il faut qu'il paie
pour vérifier, pour se procurer les copies, qu'il en revienne chez lui,
qu'il finisse le travail. C'est beau de jeter le discrédit sur le
notaire qui travaille là-dedans, mais je vous dis sincèrement
qu'un notaire qui va réclamer 75 $ , quand on est au courant comment
cela marche dans un cabinet de notaire, je ne crois pas que ce soit
exagéré. Je sais personnellement que lorsqu'il arrive des
individus et que les notaires ont les titres en main, ils ne leur
réclament absolument rien, quand l'individu est assez
déluré pour faire lui-même une bonne partie du travail.
M. Garon: Je ne veux pas jeter le discrédit sur les
notaires.
M. Mathieu: Peut-être pas vous, mais il y en a
d'autres.
M. Garon: J'ai dit qu'on va essayer d'éviter le plus de
frais possible. La période difficile qu'on a eue avec les notaires,
c'est au début de la loi. Il y en a qui n'étaient pas familiers
avec la loi, et cela a été une période de rodage au
début. Mais, aujourd'hui, je pense que les notaires connaissent mieux la
loi.
M. Lachance: M. le Président, loin de moi l'idée de
vouloir jeter le discrédit sur les notaires, je constate
néanmoins que le député de Beauce-Sud semble les
défendre avec plus d'acharnement qu'il n'en met à défendre
les agriculteurs. En tout cas, ce n'était pas mon objectif d'attaquer
les notaires. Je pense qu'ils doivent gagner leur vie. Mon objectif, c'est de
voir à ce que les producteurs agricoles paient le moins cher possible
lorsqu'ils ont à faire une demande auprès de la commission..
Dans un autre ordre d'idées, il y a des représentations
qui sont faites régulièrement - et, en particulier, j'en ai vu,
par certains syndicats de base de l'UPA - en ce qui concerne la demande
d'étendre la juridiction de la Commission de protection du territoire
agricole à la forêt privée. Je vous prie de me croire, MM.
les députés de l'Opposition, ce n'est pas une question
plantée. Je sais que le ministre pourra y répondre. Je ne sais
pas quelle réponse il pourra me fournir, mais j'aimerais savoir si le
ministre de l'Agriculture envisage éventuellement d'aller
jusque-là.
M. Garon: C'est un peu délicat. L'Opposition va dire que
je veux me bâtir un empire et le diable à quatre. Vous comprenez
que je suis un peu...
Une voix: Voyons!
M. Garon: Je vais vous dire ceci: Dans la zone agricole, il y a
une partie de la forêt qui est protégée. Les lots de fermes
sont compris dans cela, les boisés qui recouvrent une terre agricole qui
est bonne pour l'agriculture, si elle était déboisée et
les érablières aussi sont protégées. Pour aller
plus loin, je comprends les producteurs agricoles et je pense
qu'éventuellement il va falloir considérer la forêt
exactement comme de l'agriculture, sauf qu'il y a des produits qui viennent.
Par exemple, des radis, cela prend trois semaines; du maïs, cela varie
selon les variétés entre 60 à 120 jours.
M. Mathieu: Sur votre ferme, combien cela prend-il de temps pour
du maïs?
M. Garon: J'ai trois variétés pour faire des
rotations pour qu'il n'arrive pas tout en même temps.
M. Paradis: Pour faire des profits. M. Mathieu: Vous
spéculez alors!
M. Garon: Je ne spéculais pas. Je vendais d'abord mon
blé hâtif, après cela, mon moyen terme, mais, après
cela, mon tardif.
Une voix: On sait bien qu'il est habitué à
planifier.
M. Garon: Et puis, je commençais à planifier.
M. Paradis: Vous n'en avez pas fait assez.
M. Garon: Je sais que les agriculteurs, de plus en plus, disent
que la forêt devrait être considérée comme un produit
agricole, non pas seulement pour les fins du syndicalisme agricole. Je pense
que la forêt devrait être considérée de plus en plus.
Comme je le disais, des radis cela prend trois semaines, un produit comme le
maïs peut prendre de 60 à 120 jours, pour amener un porc à
pleine maturité, il faut six mois, pour un boeuf, il faut compter entre
un an et deux ans. Dans les végétations, avant de récolter
des asperges, cela prend trois ans; dans les pépinières, les
arbres de Noël - je n'ai pas vu le député d'Orford - cela
peut prendre de sept à dix ans. Il y a dans les produits des
pépinières certains arbres qui peuvent prendre deux, trois ou
cinq ans.
Une voix: Une érablière?
M. Garon: On pourrait considérer la forêt comme un
produit agricole qui prend 25, 30 ou 50 ans à être
récolté. Je pense qu'un jour, il va falloir penser en ces termes.
Je crois qu'à ce moment, en principe, je serais assez d'accord avec
cela, excepté que je ne peux pas préconiser cela
immédiatement sans que ce débat se fasse dans la population. Je
l'ai dit à l'Union des producteurs agricoles: je ne suis pas contre, en
principe, mais j'ai dit je ne voudrais pas faire l'avance tout seul parce
qu'après cela les gens disent: Garon veut se faire un empire. Il y en a
qui ont déjà dit cela. Les gens de l'Union des producteurs me
disent: Si vous pensez que cela a du bon sens, parlez-en; convainquez les gens
pour qu'ils le demandent au gouvernement et, à ce moment, je vous
appuierai auprès du gouvernement. Je leur dis: Je ne voudrais pas faire
l'avance tout seul. Je pense que l'orientation qui se prend tranquillement,
c'est que, dans les forêts privées, il devrait y avoir un genre de
zonage également; autrement, il va y avoir des problèmes
là aussi. (22 h 15)
M. Lachance: Donc, ce n'est pas prévisible à court
terme.
M. Garon: Je ne dis pas que ce n'est pas prévisible
à court terme. Ce n'est pas une question qui a été
posée au gouvernement. Si le gouvernement est convaincu de cela, ce peut
être par les députés, par les organismes
intéressés qui font des représentations auprès du
gouvernement, je suis convaincu que cela pourrait rendre service.
M. Lachance: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: Éventuellement, ce qu'il peut y avoir aussi,
c'est que, lorqu'on cultivera la forêt comme on cultive un autre
végétal, on pourra regrouper la foresterie au sein du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Une voix: On n'est pas sorti du bois.
M. Houde: M. le Président, tantôt, au sujet de
Berthier, le nom me revient à la mémoire: il s'agit de M. Pierre
Jalette, de Berthier. Ce n'est pas celui qui veut l'acheter, c'est celui qui
veut le vendre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais que le ministre nous dise pour quand est
prévue l'harmonisation des lois 90 et 125. Est-ce qu'il est en faveur de
l'harmonisation de ces deux lois?
M. Garon: Je pense que le meilleur fonctionnement sera une
harmonisation administrative; c'est mon opinion personnelle. Une harmonisation
législative n'est pas véritablement nécessaire. On a vu,
jusqu'à maintenant, le cheminement de ces deux lois côte à
côte. De la même façon qu'avec l'environnement, il faut,
à ce moment-là, qu'il y ait une harmonisation administrative pour
qu'il y ait une coordination afin que les décisions soient rendues le
plus rapidement possible. Mais je ne crois pas personnellement au risque que,
à un moment donné, les lois empiètent l'une sur l'autre.
Quand on parle d'harmonisation, qu'est-ce qu'on veut dire? Je pense que c'est
de l'harmonisation administrative. Je pense aussi que l'agriculture doit
protéger les terres agricoles et remettre aux municipalités la
décision concernant les terres agricoles. Je crois que tout le milieu
agricole est contre cela, car les gens savent que, dans le passé, les
municipalités n'ont pas eu comme préoccupation de protéger
les terres agricoles.
Plus que cela, la preuve de ce que j'avance, c'est qu'il y a eu des
projets-pilotes de MRC au Québec. Il y a eu les premières MRC
comme projets-pilotes. Une des premières MRC qu'il y a eu, c'est dans le
comté de Labelle, dont le député était le ministre
responsable de la loi no 125, Loi sur l'aménagement du territoire et
l'urbanisme. À ce moment-là, les gens avaient fait des MRC des
projets-pilotes un peu avant les autres. Il y avait eu une demande du conseil
de comté, qui avait fait son plan d'aménagement, de faire une
zone agricole, parce que la zone agricole a couvert cette région dans le
sixième ou le septième décret. Je ne me souviens pas s'il
s'agit du sixième ou du septième. La MRC, les gens du conseil de
comté même, disaient: On veut avoir la Loi sur la protection du
territoire agricole parce qu'on se rend compte que la loi no 125 n'est pas
suffisante pour protéger les terres agricoles. Il s'agit d'une MRC qui
avait déjà fait son plan d'aménagement.
M. Dubois: Le but principal de la formation des MRC, M. le
ministre, c'est quand même l'aménagement du territoire. On
s'aperçoit que, dans la loi no 90, c'est principalement de
l'aménagement du territoire aussi.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Enfin, protéger le sol agricole, d'accord,
mais, en plus, faire de l'aménagement.
M. Garon: Bien, aménager quoi?
M. Dubois: Écoutez!
M. Garon: Une zone agricole.
M. Dubois: Oui, une zone agricole, mais...
M. Garon: Mais l'aménagement fait quoi? À quoi
sert-il au juste? Regardez ce qui se fait. Il y a des aménagements pour
fins de loisir, de chasse et de pêche, le loisir principalement, des
aménagements pour des biens culturels quand il y en a, des parcs
industriels, des zones résidentielles, des zones commerciales.
Habituellement, il s'agit de savoir à quel endroit faire cela. Ce qu'on
se dit, à ce moment-là, c'est que tous ces aménagements
peuvent se faire en dehors de la zone agricole. S'il y a un problème
lorsque les gens établiront leur zone, ils pourront venir devant la
commission discuter avec la commission, au niveau de la MRC, comme la
municipalité l'a fait pour établir la zone permanente à
l'intérieur de la municipalité. Je suis persuadé que ce
serait la meilleure formule.
M. Dubois: Si je prends des exemples, comme certains hauts
fonctionnaires ici en connaissent, dans le comté de Huntingdon, à
Sainte-Clothilde et Saint-Chrysostome, il y a des milliers d'acres de roc
solide. Il n'est pas question de cultiver. Il n'est pas non plus question de
creuser un étang pour élever des truites. Il n'est pas non plus
question de bâtir un entrepôt ou quoi que ce soit. C'est quand
même zoné agricole.
Quelles fonctions peut-on trouver à ces terrains-là? Je ne
le sais pas, mais il reste quand même que c'est gelé, à
toutes fins utiles, dans la zone agricole. Il faut quand même une
protection de territoire agricole, parce que ce ne sont pas de petites
régions de quelques acres.
C'est à ce moment-là que l'harmonisation des lois 125 et
90 serait certainement valable dans certains cas.
M. Garon: Oui, mais qu'est-ce qu'on va faire dans ces
territoires?
M. Dubois: Écoutez, je ne le sais pas, je ne dis
pas...
M. Garon: Je comprends que c'est du sol qui n'est pas le meilleur
pour l'agriculture, mais il y a des érablières, des
vergers...
M. Dubois: Ce n'est pas du sol. Il y a des régions
où il n'y a pas de sol du tout, sur des milliers d'acres.
M. Garon: Oui, mais vous voulez que ça soit
dézoné. Pourquoi?
M. Dubois: Non, je ne vous dis pas que ça devrait
être dézoné, mais je vous dis que ça devrait quand
même relever des MRC au niveau de l'aménagement du territoire.
M. Garon: Pourquoi?
M. Dubois: Parce qu'il n'y a pas d'agriculture qui se fait
là. La loi 90 doit protéger l'agriculture des terres agricoles.
Or, ce ne sont pas des terres agricoles.
M. Garon: Mais qu'est-ce qu'elles vont aménager
là-dedans?
M. Dubois: Écoutez, vous avez juridiction, par la loi 90,
sur ce territoire-là.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Même si la MRC a comme but ultime
d'aménager le territoire, elle n'a aucune juridiction sur un territoire
qui n'est pas agricole. Dans ce sens-là, c'est la loi 90 qui a
primauté sur un territoire qui n'est pas agricole. C'est dans ce
sens-là que je dis qu'une harmonisation des deux lois rendrait la vie
plus facile aux municipalités régionales de comté, qui ont
comme mandat premier d'aménager le territoire.
Je ne vous dis pas qu'il y a des demandes particulières pour
aménager ce territoire-là qui n'est pas cultivable, mais
supposons qu'il y a une demande, il reste quand même que c'est la loi 90
qui a primauté et c'est la Commission de protection du territoire
agricole qui est la seule responsable.
M. Garon: On n'a pas eu tendance à garder dans les zones
agricoles les terres qui n'avaient aucun potentiel agricole. Je peux vous dire
qu'il y a parfois des municipalités qui ont voulu nous faire zoner des
espaces qu'on n'a pas voulu zoner parce qu'il n'y avait pas là de
potentiel agricole. Les fois où il n'y a pas eu entente, la plupart du
temps, c'est quand les municipalités ne voulaient pas qu'une partie soit
gardée pour l'agriculture alors qu'il y avait un potentiel agricole.
Vous savez, le potentiel agricole, il faut être prétentieux
de penser qu'on le connaît aujourd'hui à 100%. Qu'est-ce que
c'est, le potentiel agricole, aujourd'hui?
M. Dubois: II ne pousse pas d'arbre et il n'y a pas de terre dans
cette région-là. C'est du roc solide, vous marchez sur le roc,
vous ne marchez pas sur la terre.
M. Garon: Oui, on ne regarde pas...
M. Dubois: Je pense bien que le sous-ministre, M. Jean-Guy
Charbonneau, connaît la région. Ce n'est pas quelques acres, c'est
une bonne étendue de terre.
M. Garon: Oui. On a gardé de la roche, vous marchez sur de
la roche.
M. Dubois: Vous le voyez à l'oeil, c'est de la roche.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Ce n'est pas de la roche, c'est du roc solide, c'est
une roche des milles et de milles de long.
M. Garon: Une roche?
M. Dubois: Une roche qui tient ensemble, ce ne sont pas des
morceaux de roc, c'est une roche.
M. Garon: Une roche.
M. Dubois: Un roc solide, un roc solide, ce ne sont pas des
roches, c'est un roc solide.
M. Garon: De quelle superficie?
M. Dubois: II y en a quelques milles, c'est une bande de
territoire.
M. Garon: C'est une grosse roche.
M. Dubois: II y a plusieurs régions du comté comme
ça. La municipalité n'a pas demandé au niveau de l'entente
que ce territoire-là soit retenu en dehors de la zone. Il reste quand
même...
Au niveau de l'aménagement, la MRC aura peut-être...
M. Garon: Si la MRC veut faire quelque chose sur cette
roche-là à un moment donné, elle pourra le demander.
M. Dubois: Je pense que ça fait longtemps que c'est
souhaité quand même
qu'il y ait une certaine harmonisation entre les deux lois. C'est pour
ça que je vous demandais si vous étiez favorable à
ça, premièrement. Il n'y pousse rien, mais c'est quand même
zoné agricole.
M. Garon: Si la roche est à fleur de terre comme
ça, ça va coûter cher pour poser des tuyaux d'aqueduc.
M. Dubois: Je ne vous ai pas dit qu'il y avait des projets, je
vous demande si vous êtes favorable à l'harmonisation, c'est
tout.
Il y a longtemps quand même...
M. Garon: L'harmonisation, on va la faire. Je vous dis mon
opinion, je vous ai expliqué comment je vois cela. Je pense que les deux
lois peuvent marcher côte à côte et qu'il y ait une
harmonisation administrative. Je pense que c'est la meilleure façon de
fonctionner. Je suis convaincu de cela.
M. Dubois: On verra, ça c'est certain.
M. Garon: On verra à l'usage. Au début, on disait:
il va arriver un désastre. Les deux lois fonctionnent actuellement et il
n'arrive pas de désastre. Le président d'une MRC me disait il n'y
a pas longtemps: M. Garon, si, à un moment donné, la Loi sur la
protection du territoire agricole ne fonctionne pas comme elle fonctionne
actuellement par rapport à la loi no 125, les MRC vont éclater,
parce qu'il va y avoir trop de conflits à l'intérieur d'une MRC
concernant les terres agricoles et la spéculation, si cela revenait
comme avant. C'est la Commission de protection du territoire agricole qui va
aider les MRC à fonctionner en enlevant la possibilité de
spéculation sur les terres agricoles. C'est un président de MRC
qui me disait cela il n'y a pas longtemps.
M. Dubois: Leur mandat est quand même de présenter
dans quelques années un projet d'aménagement du territoire.
M. Garon: Oui, un projet d'aménagement.
M. Dubois: M. Paradis, voulez-vous parler?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
de l'Agriculture a eu l'occasion, le privilège, le bonheur de suivre,
vendredi, la question avec débat qui portait sur l'économie dans
l'Estrie. Le député de Mégantic-Compton y a
mentionné, avec une description qui se voulait des plus terre à
terre, parce qu'on parlait du zonage agricole, des décisions prises par
la Commission de protection du territoire agricole, qu'il qualifiait, dans son
vocabulaire - cela a été repris par des médias de
Québec, entre autres, je l'ai vu dans le Soleil - de décisions
stupides. Il mentionnait, entre autres, le cas d'un "pit" de gravelle dans son
comté qui avait été refusé parce que cela aurait
fait de la poussière. Il mentionnait qu'en parallèle, il y avait
les routes - on a eu l'occasion d'en parler plus tôt aujourd'hui - qui
dégageaient une telle poussière et que c'était pour cette
raison que la Commission de protection du territoire agricole avait
refusé la demande. Il a complété ses commentaires - je les
rapporte sans citer le journal des Débats, ce sont à peu
près les paroles qui ont été dites - en disant que les
fonctionnaires qui rendent des décisions à la Commission de
protection du territoire agricole ou les commissaires ne sont pas en mesure de
faire la différence entre une boîte à malle et une vache.
Je connais cela très bien. Je répète à peu
près ce que vous retrouverez au journal des Débats de la
commission permanente de l'industrie, du commerce et du tourisme qui a
siégé, vendredi dernier, à l'Assemblée nationale du
Québec. Je connaissais très bien, entre autres, quelques-uns des
fonctionnaires qui siégeaient à cette commission et je savais que
ces gens-là étaient capables de faire la différence entre
une boîte à malle et une vache. Pour le minimum, je leur accorde
cela.
J'ai également eu l'occasion de recevoir à mon bureau de
comté des gens qui se trouvaient dans une drôle de situation, M.
le ministre, et vous me permettrez de la résumer le plus
brièvement possible et de vous demander, en tant que ministre de
l'Agriculture ce que vous en pensez. J'ai eu l'occasion de recevoir à
mon bureau de comté des gens qui travaillent dans l'industrie de la
pomme. Vous vous rappellerez qu'à l'occasion des crédits,
l'année dernière, il avait été longuement question
de la pomme et vous aviez promis qu'après avoir déclaré
les gens sinistrés, vous régleriez le problème dans les
plus brefs délais.
La pomiculture
II y a deux problèmes auxquels j'ai eu à faire face, comme
député de Brome-Missisquoi. C'est le pomiculteur qui
s'était acheté une terre propice à la plantation de
pommiers, qui arrivait comme nouvel agriculteur et qui se voyait refuser par la
Commission de protection du territoire agricole la permission de construire une
résidence pour pouvoir surveiller l'évolution de son entreprise.
Ce pomiculteur jouissait, M. le ministre, de votre savant programme en
pomoculture et il s'est vu refuser la
permission de construire une résidence pour surveiller la pousse
de ses pommiers. Aussi bien vous, M. le ministre, que le président de la
commission, le sous-ministre et les gens ici présents conviendrez
aisément que c'est important, pendant les deux premières
années - c'est à ce moment que se produit la mortalité des
jeunes arbres - d'être présent sur la ferme. Cette personne se
voyait refuser la permission de s'établir ou de construire une
résidence où elle aurait pu surveiller la croissance de ses
arbres. On sait, vous le savez, M. le ministre, parce que vous connaissez
très bien l'industrie de la pomiculture au Québec, qu'avant
quatre ans, cette personne ne peut compter sur aucun revenu parce que c'est un
nouveau pomiculteur. Il faut qu'il soit très près de ses arbres
s'il ne veut pas avoir de pertes... (23 h 30)
M. Garon: C'est un nouveau pomiculteur.
M. Paradis: Oui.
M. Garon: Alors, il n'a pas eu de gel de pommiers. Vous venez de
dire que ses pommiers ont gelé...
M. Paradis: II y a deux problèmes. Laissez-moi
résumer le premier, je vous parlerai du deuxième après.
D'accord?
M. Garon: D'accord.
M. Paradis: II s'est acheté un morceau de terrain qui est
propice à la plantation de pommiers... Écoutez le
président de la commission, je pense qu'il se rappelle le cas. Il l'a
quelque part dans la mémoire ou dans la tête. J'ai deux dossiers
auxquels vous vous référez, mais il sait ce dont je parle...
M. Mathieu: Le ministe s'irrite.
M. Paradis: La commission a refusé de permettre à
cette personne de s'implanter sur cette terre pour pouvoir surveiller de
près les pommiers qui poussaient là. J'attends votre
réponse, parce qu'il y a des détails intéressants dans
cette décision: il y a eu trois décisions, et le président
se le rappelle. Une première où l'ancien propriétaire est
allé devant la commission pour se faire reconnaître ses droits
acquis et, sans que ce soit le ratio decidendi, comme on l'appelle,
c'était en obiter dictum que la commission a reconnu les droits acquis
de l'ancien propriétaire.
Dans une deuxième décision rendue pour le nouvel
acquéreur, on a dit: Non, il n'y a plus rien qui existe, etc., etc.
Dans la troisième décision, on a tenté d'expliquer
pourquoi on avait dit dans la première qu'il y avait des droits acquis,
pourquoi, dans la deuxième, on avait dit que rien n'existait. Dans la
troisième, on a essayé de faire un brouillard de tout ça
qui fait en sorte que le gars ne sait pas quoi faire aujourd'hui. Il ne sait
pas s'il doit construire sa résidence pour surveiller ses pommiers.
Pendant ce temps-là, il en a pour quatre ans à travailler
à l'extérieur pour subvenir aux besoins de sa famille parce que
son verger ne lui apportera aucun revenu. C'est la première partie du
problème.
La deuxième partie du problème, M. le ministre, et je la
joins au zonage agricole, j'en profite et je sais que les pomiculteurs vous
sauront gré d'y répondre, c'est le programme que vous avez
annoncé en pomiculture et qui fait en sorte que les nouveaux
pomiculteurs, comme le cas que je vous ai décrit, sont admissibles au
programme que vous avez annoncé au même titre que ceux qui ont
connu le marasme ou subi la catastrophe qu'on vous a décrite
l'année passée à l'occasion de la commission
parlementaire.
Vous avez semblé vous conscientiser, au fur et à mesure
que la pression montait, aux problèmes de ces gens-là. Vous avez
même déclaré au mois d'août 1982...
M. Garon: J'ai déclaré au mois d'août
1982?
M. Paradis: Non, des fois vous êtes en avant de votre
temps, vous me pardonnerez. Donc, vous avez déclaré au mois
d'août 1981 que ces gens-là étaient en avant de leur temps.
Vous avez déclaré cette production sinistrée.
Vous avez annoncé récemment un nouveau programme. Les
pomiculteurs qui ont subi les intempéries de l'année
passée, ce qui leur a occasionné des pertes énormes, se
demandent aujourd'hui quelle est vraiment la volonté politique du
ministre de l'Agriculture. Est-ce de relancer la pomiculture au Québec,
sans tenir compte de ceux qui l'ont maintenue à coups d'efforts,
à coups d'énergies, à coups de sacrifices au cours des
dernières années, ou est-ce d'ignorer le sinistre qui est
arrivé l'année précédente et de mettre tout le
monde sur un pied d'égalité à partir d'un nouveau
programme?
Donc, je tente de résumer la question le plus brièvement
possible en deux volets, M. le ministre: Est-ce que quelqu'un qui, au niveau du
zonage agricole, se voit refuser la possibilité d'établir sa
résidence sur son verger, dans le comté de Brome-Missisquoi, vous
considérez que c'est acceptable? On ne parle pas du principe du zonage
agricole, on parle des modalités d'application. Est-ce que c'est
acceptable que la commission rende des décisions qui fassent en sorte
qu'un producteur qui a planté cette année 508 pommiers - pour que
le président situe très bien le cas dont je parle - et qui en a
acheté 1000 autres à planter, est-ce que
vous considérez que c'est raisonnable que votre commission refuse
à ce producteur agricole la permission de s'établir sur cette
terre pour surveiller la croissance de ses pommiers? Parce qu'il faut se
rappeler que, d'ici aux quatre prochaines années, et vous le savez, il
n'aura pas de revenu, il sera obligé d'aller chercher un revenu à
l'extérieur. Est-ce que c'est raisonnable?
M. Garon: Est-ce qu'il s'agit de 500 pommiers nains, semi-nains
ou robustes, standards?
M. Paradis: Semi-nains.
M. Garon: Savez-vous que 500 pommiers semi-nains, ce n'est pas
une très grosse production?
M. Paradis: Non, mais c'est un départ. C'est pour
ça que j'ai pris la peine de vous le mentionner.
M. Garon: Ah! Ah! Ah!
M. Paradis: Non, M. le ministre, vous pouvez rire tant que vous
voudrez, mais, dans la vie, ce n'est pas tout le monde qui part avec un verger
de 25 000 arbres. Cela n'est pas vrai. J'ai pris la peine de mentionner qu'il y
en avait 1000 autres...
M. Garon: Cela donne combien de pommes, 500 pommiers semi-mains?
En moyenne?
M. Paradis: Cela dépend du nombre de fleurs qui sont
fertilisées et s'il n'y a pas de grêle, vous avez en moyenne...
Comment pourrais-je qualifier cela? Je vous l'ai tout expliqué
l'année passée. Vous devriez relire le journal des
Débats!
M. Garon: Oui, mais comment cela va-t-il produire de pommes, 500
pommiers semi-nains? En moyenne?
M. Paradis: En moyenne, s'il n'y a pas de grêle...
M. Garon: Vous connaissez cela? M. Paradis: En nombre de
minots?
M. Garon: Ou en livres, comme vous voulez.
M. Paradis: 500 pommiers semi-nains qu'il a plantés cette
année, beau temps, mauvais temps, je vous assure que cela ne produira
pas une seule maudite pomme, parce que cela prend au moins quatre ans avant que
l'arbre porte ses fruits. Ce que je veux...
M. Garon: Vous ne le savez pas?
M. Paradis: Pas une pomme. Je vous le dis. Ce n'est pas que je ne
le sais pas.
M. Garon: En production, 500 pommiers, cela produit combien?
M. Paradis: En quelle année de production?
M. Garon: Quand ils vont produire à leur maximum?
M. Paradis: À leur maximum, 500 pommiers semi-nains, par
arbre, vous allez ramasser...
M. Garon: Vous êtes un gars de la région des pommes,
vous êtes intéressé aux pomiculteurs et vous ne connaissez
pas la production...
M. Paradis: Vous allez ramasser... Non, M. le ministre,
écoutez-moi, vous m'avez demandé combien cela produisait cette
année. Je vous ai répondu. Vous m'avez demandé dans les
meilleures conditions, pas de grêle...
M. Garon: Non, normales; semi-nains.
M. Paradis: Semi-nains. Une quinzaine de minots, beau temps,
mauvais temps, dans les meilleures années de production. Qu'est-ce que
vous en pensez? C'est un chiffre qui a de l'allure?
M. Garon: Combien un minot se vend-il?
M. Paradis: Cela dépend du marché. Il y a des
années...
M. Garon: Normalement.
M. Paradis: II y a des années, M. le ministre, lorsqu'il y
a un manque de pommes sur le marché nord-américain, où il
y a des profits énormes à retirer de la production de la pomme et
il y a des années où il y a des pertes énormes lorsqu'il y
a une surproduction. On va revenir à notre problème, M. le
ministre, parce que je sais que vous voulez m'amener sur une autre "track",
maintenant que vous avez vos quinze minots, le prix que cela coûte,
etc.
M. Gagnon: M. le Président... M. Paradis: J'ai vu
vos études...
M. Garon: À quinze minots, les gens ne réclameront
pas l'assurance-récolte.
M. Paradis: Non, parce que ça c'est
une année moyenne et vous ne payez pas l'assurance-récolte
pour les années moyennes, M. le ministre. Vous payez
l'assurance-récolte pour les années catastrophiques et
désastreuses. Vous allez accepter avec moi que ce n'est pas là le
but de l'assurance-récolte de payer pour une année. Quinze
minots, le type va les réclamer, pas au niveau de
l'assurance-récolte, mais au niveau du prix de stabilisation, si le prix
est bas. On va revenir à notre problème. Trouvez-vous que c'est
raisonnable que la Commission de protection du territoire agricole refuse la
permission de bâtir à un cultivateur qui a déjà
planté ces 500 pommiers, qui a la possibilité d'en planter
quelques milliers d'autres - ceux-là sont déjà
plantés - il doit vivre d'une source de revenus extérieure. Vous
en conviendrez, parce qu'avant quatre ans, entre vous, moi, l'arbre, le poteau
et le micro du président, il ne retirera pas un cent de cela. Ce ne sont
que des dépenses. On lui refuse de s'établir sur sa ferme pour
surveiller sa production. Est-ce que vous pensez que c'est raisonnable?
M. Gagnon: M. le Président, sur une question de
règlement avant que le ministre réponde, parce que je voudrais
ajouter...
M. Paradis: Vous ne parlez pas des patates?
M. Gagnon: Non, vous allez comprendre. Je voudrais ajouter
à votre question aussi et la réponse pourrait venir en même
temps.
M. Paradis: Si vous voulez y ajouter, soyez le bienvenu.
M. Gagnon: Si je m'y connais un peu, si je ne me trompe pas, 500
pommiers, cela se plante sur environ deux acres et demi de terre. Ceci voudrait
dire - en même temps, on pourrait le demander à la commission, au
ministre - que si on acceptait qu'il se construise une maison sur deux acres et
demi, moi, vous et n'importe qui, pouvons aller dans un territoire agricole et
acheter deux acres et demi, planter 500 pommiers et aussi avoir le droit de
construire une maison.
M. Paradis: C'est ce qui arrive, lorsqu'on ne connaît pas
le dossier, M. le député de Champlain, et qu'on dit que l'achat
portait sur deux acres et demi. Votre point est très pertinent. Si la
personne n'avait acquis que deux acres et demi, je n'apporterais pas le
problème aujourd'hui au ministre de l'Agriculture, parce que ce n'est
certainement pas une personne qui va finir par vivre de l'agriculture. Si j'ai
apporté le problème...
M. Garon: Combien d'acres avait-il...
M. Gagnon: Combien d'acres? M. Garon: ... pour gagner sa
vie?
M. Paradis: Ce qu'il a acquis dans un premier temps...
M. Garon: Je demande ce qu'il avait. Pas dans un premier temps,
le nombre d'acres qu'il avait pour gagner sa vie en agriculture?
M. Paradis: M. le ministre, quand je vous dis ce qu'il avait
acquis dans un premier temps, cela veut dire ce qu'il avait acquis quand il a
présenté sa demande. Je vous demande de ne pas charrier,
c'était une dizaine d'acres et, avec une dizaine d'acres, quelqu'un qui
fait de la pomiculture avec du nain ou du semi-nain. J'espère que vous
allez considérer ces gens, à l'avenir. Je ne voudrais pas que
vous les éliminiez du revers de la main parce que votre "Nourrir le
Québec", cela ne tiendra plus. À force d'années, s'il
plante et si le terrain qu'il a acheté est propice dans ces dix acres
à la plantation de pommiers, s'il les plante tous, il peut finir par en
vivre, mais il faut que ces pommiers soient en production, M. le ministre.
M. Garon: Vous n'auriez pas voulu qu'on le subventionne pour
planter ces pommiers semi-nains, étant donné que ce
n'étaient pas des pommiers gelés. Vous êtes
fâché qu'on le subventionne?
M. Paradis: Non.
M. Garon: Vous venez de dire que vous êtes contre le fait
qu'on subventionne quelqu'un à qui cela va aider, parce que ses pommiers
n'étaient pas gelés.
M. Paradis: Oui, M. le ministre. Vous avez raison quand vous
dites cela.
M. Garon: Vous êtes contre cela?
M. Paradis: Non, non. Cela dépend des ressources
financières dont vous disposez. Ce que je vous dis, c'est que la
priorité doit aller à ceux qui ont souffert du gel dont on a fait
mention, l'an dernier, et que vous avez pu constater vous-même. Je pense
que...
M. Garon: Vous ne serez pas contre le fait que, lorsque quelqu'un
aura fait un projet qui ne soit pas sur des pommiers gelés et qu'il aura
une subvention, je le félicite dans ma lettre de faire ça et que
je lui dise que le député de Brome-Missisquoi, lui, était
contre.
M. Paradis: Non.
M. Garon: Cela ne vous fera rien?
M. Paradis: Dans ce que vous allez lui écrire, dans mon
comté comme dans d'autres, si vous êtes un ministre responsable,
vous allez prendre en considération les efforts qui ont
été déployés par les pomiculteurs que je me
permettrais d'appeler "traditionnels" au Québec et qui ont soutenu,
à force de talent, d'énergie, d'efforts et d'argent, la
pomiculture au Québec et qui, malheureusement, malgré leur
volonté, ont subi le gel à la suite duquel vous les avez
déclarés sinistrés...
M. Garon: Je ne les ai pas déclarés
sinistrés.
M. Paradis: Ah!
M. Garon: Ce n'est pas moi qui peut les déclarer
sinistrés. C'est le ministre fédéral de l'Agriculture.
M. Paradis: Je ne sais pas si c'est le ministre
fédéral qui peut le faire, mais je suis allé chercher un
texte tantôt - je peux aller en chercher un autre - mais un de vos
communiqués de presse du mois - je ne me consacrerai pas - d'août
ou septembre de l'année dernière déclarait - c'est Jean
Garon qui parlait, l'honorable ministre de l'Agriculture, - que cette
production était sinistrée. Je peux aller le chercher. Je l'ai
dans mes dossiers.
M. Garon: Oui, elle était sinistrée. Vous avez
déclaré sinistrée...
M. Paradis: Mais ce que vous me dites... Si vous dites que vous
avez déclaré, dans un communiqué de presse, qu'ils
étaient sinistrés et qu'aujourd'hui, vous dites: Je n'ai pas les
moyens de les déclarer sinistrés, je ne vous demande pas si vous
avez la juridiction de le faire. Je vous demande si, comme humain et comme
ministre de l'Agriculture, vous les avez considérés comme
sinistrés. Si je lis votre communiqué de presse, je suis
obligé d'arriver à la conclusion que vous les avez
déclarés sinistrés. Je vous demande de considérer
en toute priorité ces gens qui ont consacré tellement de temps,
de talent et d'énergie à la pomiculture au Québec. Une
fois que vous aurez considéré ces gens en toute priorité,
s'il vous reste de l'argent disponible, je vous prie de considérer les
autres, mais ce que je veux de vous, c'est l'assurance que ceux qui ont
consacré tellement d'années à la pomiculture
reçoivent la priorité et que ceux qui y arrivent, si vous avez
des deniers disponibles, vous allez également les assister, mais, que si
vous n'en avez pas, vous ne leur nuirez pas, parce que je pourrais qualifier
cela, comme le député de Mégantic-Compton l'a fait, de
décisions stupides d'un autre organisme qui relève de votre
ministère.
M. Garon: Je vais vous dire bien franchement que je
préfère quand même le jugement de mes fonctionnaires
à celui du député de Mégantic-Compton. Je ne
connais pas beaucoup de fonctionnaires au ministère qui ne distinguent
pas une boîte postale d'une vache, mais je peux vous dire que je connais
des députés du Parti libéral qui ne font pas cette
distinction.
M. Mathieu: Lesquels? Nommez-les. M. Paradis:
Nommez-les.
M. Garon: Je dois vous dire une chose: concernant l'aide aux
pomiculteurs - M. le député de Brome-Missisquoi, c'est dans votre
comté - que....
M. Mathieu: II ne veut pas les nommer, n'est-ce pas?
M. Paradis: II y en a. Excusez-moi, M. le ministre. Il y en a
dans mon comté...
M. Garon: ... le programme est annoncé...
M. Paradis: ... il y en a dans le comté d'Iberville et il
y en a dans le comté...
M. Garon: II y en a dans différents comtés. Il y en
dans votre comté. Il y en a dans le comté de Deux-Montagnes, dans
le comté d'Iberville et à d'autres endroits...
M. Paradis: Shefford.
M. Garon: ... mais je peux vous dire une chose: J'ai écrit
au gouvernement fédéral. Vous le leur demanderez. J'ai remis tous
les documents à M. Whelan, qui devait collaborer également et
j'ai reçu récemment une lettre de M. Whelan dans laquelle il dit
qu'il va attendre les résultats de l'été prochain pour
voir s'il va aider les producteurs. Nous, notre programme est
déjà annoncé et des subventions pour aider les
agriculteurs pour remettre en valeur leurs vergers sont annoncées. (22 h
45)
Le gouvernement fédéral dit qu'à la fin de
l'été, il va évaluer la situation. Je pense que c'est une
bonne décision qui a été prise.
Je pense que c'est un programme qui est bon. Certes il y avait
déjà un programme au ministère qu'on a annulé et on
a permis aux agriculteurs qui devaient fonctionner selon l'ancien programme et
qui avaient un plan de développement de passer au nouveau programme
s'appliquant pour remplacer les pommiers qui avaient subi des dommages par le
gel. Je ne pense pas que le fait de donner
à un enlève à l'autre...
M. Paradis: Cela dépend de ce qu'on a à donner.
M. Garni: ... à moins d'être mesquin. Cela
n'enlève rien aux pomiculteurs qui, eux, vont avoir des
dédommagements, des subventions pour remplacer leurs pommiers qui ont
gelé, cela n'empêche pas que d'autres qui étaient
déjà attachés à un programme anciennement puissent
jouir de ce programme, de même que les nouveaux pomiculteurs qui voudront
profiter du programme. Pour eux, le programme est plus rigoureux, qu'ils
plantent seulement du pommier nain ou semi-nain.
Je pense que le gouvernement du Parti québécois est un
gouvernement généreux. Si le député de
Brome-Missisquoi aime mieux les politiques mesquines, c'est son choix.
M. Paradis: Non, ce n'est pas de politique mesquine que je vous
parle, M. le ministre, je vous parle sérieusement de gens qui, dans mon
comté comme dans le comté du député d'Iberville,
dans le comté du député de Huntingdon, dans le
comté du député de Shefford et dans le comté du
député de Deux-Montagnes, ont subi des pertes économiques
énormes. Ce que je vous demande de faire, à cause des efforts
que, durant des années, parce que cela se passe
généralement de famille en famille, de génération
en génération, ces familles ont faits, c'est de leur donner
priorité. Je ne vous parle pas de mesquinerie et, s'il vous en reste, je
vous incite à continuer.
M. Garon: C'est même dans le programme, ce que vous
dites.
M. Paradis: Ce que je vous...
M. Garon: Vous n'avez pas lu le programme, puisque...
M. Paradis: Non.
M. Garon: ... dans le communiqué de presse, on disait
justement qu'il y avait trois catégories de producteurs auxquels
c'était accessible: d'abord les gens qui avaient eu du gel,
deuxièmement ceux qui étaient sous l'ancien programme et,
troisièmement, ceux qui étaient... C'est déjà
marqué dans le programme.
M. Paradis: Ce que je veux m'assurer... M. Garon: Ce que
j'aimerais...
M. Paradis: Ce que je veux m'assurer et...
M. Garon: Je n'ai pas terminé, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Paradis: Cela va.
M. Garon: J'aimerais que le député de
Brome-Missisquoi, s'il est vraiment intéressé autant que cela par
le sort des pomiculteurs, convainque son collègue, le
député libéral fédéral, que le gouvernement
fédéral perçoit 50% des taxes au Québec, même
si on me dit que les députés fédéraux - j'ai vu
cela dans les journaux récemment - ne paient pas toujours leurs taxes au
Québec...
M. Paradis: Vous avez lu cela dans les journaux!
M. Garon: J'ai vu cela dans le journal, oui, le
fédéral pourrait au moins payer des dommages au Québec
dans des situations semblables. En Ontario, il a payé, en Colombie
britannique, il a fait un paiement très généreux. Je vais
lui en envoyer une copie prochainement pour lui faire savoir ce que le
fédéral a payé quand des dommages semblables sont
arrivés en Colombie britannique. Actuellement, le fédéral
fait comme d'habitude, il "taponne". Tous les documents sont rendus dans les
mains du ministre de l'Agriculture, je lui ai remis l'inventaire complet,
personnellement, de main à main. Je lui a écrit aussi pour lui
demander d'aider aussi les producteurs.
M. Paradis: M. le ministre, en ce qui concerne les producteurs de
pommes de Brome-Missisquoi, si vous voulez sauver un timbre de 0,30 $,
n'envoyez pas le programme de la Colombie britannique, parce que cela fait
déjà, et je vous le dis bien humblement, un an et demi que j'ai
remis aux gens ce programme de la Colombie britannique.
Ce que je regrette de votre attitude, c'est que vous n'avez pas pris la
peine de souligner, malgré les efforts que vous faites pour la relance
de la pomme au Québec, je les reconnais, mais je vous demande de mettre
les priorités aux bons endroits, de reconnaître que le
gouvernement fédéral était déjà intervenu
cette année au niveau des prix de soutien. Mais ce que j'ai vu, c'est
que vous avez dénoncé le fédéral dans le domaine du
mouton, comme de quoi que cela "fourrait" - excusez-moi l'expression -les
producteurs du Québec, mais vous n'avez pas parlé des prix de
soutien qui ont été payés dans le porc au cours des deux
dernières années, et je pourrais vous le mentionner de
mémoire. Je vous prie de vérifier, c'est enregistré au
journal des Débats que, pour les producteurs de porc, c'est cité
de mémoire, le gouvernement
fédéral, au niveau du prix de soutien pour la
dernière année, a versé 36 000 000 $ au Québec. La
province qui en a profité le plus, c'est Québec, avec 33 000 000
$ etc.
M. Gagnon: M. le Président...
M. Paradis: Vous n'avez jamais rien dit de cela. Vous ne parlez
que des fois où on se fait "fourrer", M. le ministre...
M. Gagnon: Question de règlement, M. le
Président...
M. Paradis: Ce n'est pas vrai? M. Gagnon: Oui.
M. Paradis: Non! Vous contestez les chiffres?
M. Gagnon: Non. Question de règlement. Nous sommes
à l'étude des crédits...
M. Paradis: Je vous donne des exemples.
M. Gagnon: ... de la protection du territoire agricole et depuis
un bon bout de temps. Je serais d'accord que le ministre réponde
à la première question, en ce qui concerne le droit de construire
ou pas. Il y avait deux questions dans la question du député de
Brome-Missisquoi. D'accord?
M. Paradis: Très bien.
M. Gagnon: Mais, en ce qui concerne l'autre question, cela touche
à d'autres programmes...
M. Paradis: Oui, cela fait mal n'est-ce-pas?
M. Gagnon: Non, cela ne fait pas mal, mais je voudrais savoir si
les chiffres que j'ai sont bons. Un producteur de pommes qui plante des
pommiers semi-mains sur dix acres va éventuellement en planter 2500, ce
qui veut dire que cela va donner un revenu brut d'environ 25 000 $ par
année qui peut laisser un revenu net de - je ne sais pas -autour de 10
000 $ ou 12 000 $ par année. La question que le député de
Brome-Missisquoi vous posait, c'est, M. le ministre, si la décision de
la commission était bonne, à savoir de refuser la construction
d'une maison sur une grande terre comme celle-là pour la plantation de
pommiers? Je ne sais pas si vous avez répondu à cette
question.
M. Paradis: M. le Président, en 30 secondes, je tiendrais
à dire que je suis content des calculs, je ne les ai pas
vérifiés, mais tenons pour acquis que le député
de
Champlain a raison, 25 000 $ par année. Est-ce que vous
êtes d'accord que c'est huit fois le montant contenu dans la Loi
modifiant la Loi sur les producteurs agricoles, qui a été
déposée ce matin par le ministre de l'Agriculture?
M. Gagnon: Non, mais il y a une question, par exemple, que je
peux...
M. Paradis: Écoutez, je vous pose la question.
M. Gagnon: ... vous poser, c'est:...
M. Garon: M. le député de Champlain, il y a une
chose que je devrais vous dire, il n'a jamais été question de 25
000 $ de revenus.
M. Gagnon: Non?
M. Garon: La personne en question voulait planter 500 pommiers
pour voir...
M. Gagnon: C'est cela, c'est cela. Alors, 500 pommiers
pour...
M. Garon: ... si elle aimerait cela; comment cela irait.
M. Gagnon: Non, mais, regardez M. le ministre. 500 pommiers pour
voir, mais la possibilité, peut-être, un jour, vu qu'il y a dix
acres, d'avoir 2500 pommiers, 2500 pommiers, cela peut laisser un revenu brut
d'autour de 20 000 $ à 25 000 $ par année.
M. Paradis: C'est cela.
M. Gagnon: Je reviens à ma réflexion de
tantôt, c'est que, si l'on permettait une telle chose, cela veut dire
qu'il y en a plusieurs qui pourraient acheter dix acres de terre et se
construire une maison.
M. Garon: Quelle était la profession de la personne?
M. Paradis: Cet individu travaillait à Montréal et
résidait à proximité, à peu près cinq
milles, je dirais, du verger, de mémoire, sans vous...
M. Garon: Pas du verger. M. Paradis: Bien, du
verger...
M. Garon: Du terrain. Le verger n'est pas planté.
M. Paradis: Cela dépend, si vous appelez un terrain
où il y a 500 pommiers, un terrain, c'est un terrain; et si, quant
à moi, j'appelle cela un verger, c'est un verger. On laissera à
ceux qui liront le
journal des Débats le soin de juger. Non, il était
planté, excusez-moi.
M. Garon: Qu'est-ce que le monsieur faisait?
M. Paradis: Je ne peux pas vous dire ses activités.
M. Garon: ...
M. Paradis: Mais je sais qu'il travaillait à
Montréal; il voyageait tous les jours...
M. Garon: Vous savez qu'il voulait 500 pommiers, mais vous ne
savez pas ce qu'il faisait.
M. Paradis: Non, non. Il savait qu'il voulait 500 pommiers...
M. Garon: Vous savez la couleur de son automobile, l'âge de
sa femme, le nombre de ses enfants, mais vous ne savez pas ce qu'il fait.
M. Paradis: ... parce qu'il les avait achetés, parce qu'il
les avait payés. C'est comme un gars qui aurait quelques acres de
maïs, qui ne saurait pas trop quoi en faire et qui irait en politique,
vous voyez? Quant à lui, il a l'air un peu plus précis que cela.
Il avait ses pommiers de plantés, il avait ses autres pommiers
d'achetés et il savait où il s'en allait là-dedans. Je
vous le dis, c'est une question...
M. Garon: Vous ne savez pas s'ils étaient
achetés.
M. Paradis: C'est une question de jugement M. le ministre de
l'Agriculture, j'en conviens, d'accord. L'intention de cette personne
était de s'établir d'une façon permanente à la
campagne. Si on met les intentions de cette personne en parallèle avec
le voeu du ministre des Transports en doublant les tarifs d'autoroutes, en
doublant l'immatriculation, le permis de conduire et tout cela, on comprend
très bien que, économiquement, la meilleure solution était
de faire ses 25 000 $ brut et d'espérer des bonnes années dans la
pomiculture. Maintenant, si le député de Champlain est pour
dénoncer un agriculteur qui fait de 20 000 $ à 25 000 $, pour
reprendre ses paroles exactes, bruts par année...
M. Gagnon: Voyons donc!
M. Paradis: ... je vous demanderais de dénoncer la Loi
modifiant la Loi sur les producteurs agricoles que le ministre a
déposée ce matin qui dit qu'il faut faire 3000 $.
M. Gagnon: Je m'excuse, M. le Président, si vous me
permettez, j'ai une question de règlement.
Une voix: Je reviens à l'article...
M. Gagnon: Sur une question de règlement. Je n'ai jamais
dénoncé un agriculteur qui gagne un revenu brut de 25 000 $ par
année. Avec un revenu brut de 25 000 $ par année, dans le domaine
de la pomme, vous ne pouvez à peu près pas avoir
d'équipement, et le revenu net de ce revenu brut n'est certainement pas
suffisant pour faire vivre une famille. La question qu'on se pose, c'est si la
décision de la commission était bonne, de refuser la permission
à cette personne de construire une maison sur ce lopin de terre de dix
acres pour faire peut-être - et il n'était pas certain - un
maximum de dix acres en pommiers, alors qu'il n'en avait que deux acres et
demie environ de plantées. S'il fallait que la commission permette la
construction de fermes sur des lopins de terre de dix acres comme cela, je suis
d'accord avec la décision de la Commission de la protection du
territoire agricole. C'est ce que je veux dire.
M. Paradis: M. le député de Champlain, vous avez
tellement raison que le gars qui est venu me voir m'a dit: Je pense qu'avant de
lâcher mon autre job à Montréal, il faut que j'aie
suffisamment de "cash", comme on dit, pour pouvoir acheter le tracteur dont
vous avez parlé et l'équipement dont vous avez parlé pour
pouvoir en vivre par la suite. Il ne s'agissait pas de morcellement, la terre
était réglée, c'était un morceau de terre, etc. Il
voulait continuer à travailler pendant quatre ans pour pourvoir
acheter... Et vous avez raison, économiquement, je ne prétendrai
pas qu'avec un revenu brut de 25 000 $ tu peux t'acheter un tracteur de 60 000
$, je ne suis pas assez "capoté" pour cela. Mais il voulait le faire
pour être près de ses petits arbres pendant leur croissance et
s'assurer que la mortalité ne nuirait pas au succès futur de
l'entreprise, qui ne sera jamais une entreprise riche, mais qui pourra
être, une fois tout l'équipement de base acheté, une ferme
familiale viable.
M. Mathieu: M. le Président, si vous le permettez, avant
d'adopter le programme 7, j'aurais une dernière question à poser
au ministre. Je prends son cahier à la page 118, à
l'élément 3: Remboursement partiel des taxes foncières,
municipales et scolaires. C'est seulement pour avoir un élément
d'information. Lorsque vous mettez une prévision budgétaire de 18
915 800 $, est-ce que vous tenez compte de la nouvelle loi sur le statut de
producteur agricole qui va se trouver à éliminer un certain
nombre de
producteurs cette année? M. Garon: Non.
M. Mathieu: Cela veut dire que les remboursements pourront
être moindres, mais ne pas dépasser le montant.
M. Garon: On n'en a pas tenu compte, parce que... Il faut dire
une chose, par exemple, c'est que la loi va s'appliquer, le projet de loi qui
va être déposé, à partir du 1er janvier 1983
seulement. Alors, on n'avait pas véritablement à en tenir
compte.
M. Mathieu: C'est bien, quant à nous, M. le
Président, nous sommes prêts à adopter le programme 7.
Le Président (M. Boucher): Programme 7, adopté.
M. Mathieu: Nous pourrions peut-être revenir au programme
1.
Planification, recherche et enseignement
Le Président (M. Boucher): Nous revenons au programme 1,
Planification, recherche, et enseignement.
M. Mathieu: Avec votre permission, M. le Président,
j'aurais quelques commentaires à faire et le ministre pourra à sa
manière, d'une façon très rapide, répondre à
ma question.
On sait que, dans Le virage technologique - j'espère que ce sera
un jour de la part du Parti québécois un virage psychologique, on
n'est pas rendu là, on en est encore au virage technologique - il est
fortement question de la recherche, de l'importance qu'il faut donner à
la recherche, et nous sommes d'accord avec cela.
Maintenant, quel est le portrait du Parti québécois? Quand
vient le temps de passer aux actes, qu'est-ce qu'il fait? Il met 12 000 000 $
sur un budget de "475 000 000 000 $", à peu près 475 000 000 $,
pardon; je fais comme eux autres, je suis parti dans les chiffres - ce qui fait
à peu près 3%, peut-être un petit peu plus, du budget du
ministère qui est affecté à la recherche. Or, dans ces 12
000 000 $...
M. Garon: Attendez un peu, on est rendu au programme 1.
M. Mathieu: Programme 1, M. le Président.
M. Garon: J'aimerais pouvoir présenter le programme un peu
avant. Là, vous partez et bang! J'aimerais pouvoir le présenter
un peu, cela vous fera faire moins d'erreurs.
M. Mathieu: Je suis disposé à vous entendre.
M. Garon: Je vais faire une petite introduction et vous allez
comprendre mieux.
M. Mathieu: C'est toujours intéressant, vos
introductions.
M. Garon: Au programme 1, il s'agit d'un programme sur la
planification, la recherche et l'enseignement, et voyez qu'il y a une
augmentation considérable du budget, qui passe de 23 185 300 $ à
28 121 100 $ et l'élément 1, planification et études
économiques, passe de 2 948 300 $ à 3 712 200 $. La recherche
agricole passe de 9 762 800 $ à 12 294 300 $, soit une augmentation de 2
500 000 $, et l'enseignement agricole passe de 10 474 200 $ à 12 114 600
$.
Je pense que c'est une bonne augmentation, mais surtout cette
année il est fort possible que nous fassions une rencontre.
Il y a une remise en question de toute la question de la recherche dans
le secteur agro-alimentaire qui est faite cette année pour mieux
coordonner la recherche qui se fait au Québec et au ministère et
pour mieux utiliser les montants qui sont affectés à la
recherche. Alors, il y a des travaux considérables qui ont
été faits, inventaire de la recherche au Québec et,
actuellement, avec la collaboration du ministre d'État au
Développement culturel et scientifique, il y a un travail qui est fait
au point de vue de la recherche. Moi, je pense que, s'il y a une année
où il va y avoir des activités dans la recherche scientifique, ce
sera 1982, au point de vue de l'orientation de la recherche dans le secteur
agro-alimentaire.
(23 heures)
M. Mathieu: L'année passée, vous nous disiez, M. le
ministre, qu'il y avait environ 35 projets de recherche. Je vous en ai
cité un, mais vous n'avez pas eu l'air d'aimer cela. Combien y en a-t-il
cette année? Y en a-t-il plus ou moins, ou le même nombre?
M. Garon: Je ne sais pas exactement le nombre, cette
année, de projets de recherche en cours, mais c'est un nombre
considérable.
M. Mathieu: Considérable? En termes de centaines, de
milliers? Avec vous, tout est considérable, M. le ministre.
M. Garon: Je peux faire le relevé. Je ne l'ai pas ici,
mais je pourrais vous dire quel est le nombre de projets de recherche qui sont
en cours.
M. Mathieu: Pourriez-vous nous déposer tous ces projets,
avec le coût impliqué par
le ministère? Vous ne pouvez pas? M. Garon: Non...
M. Mathieu: M. le ministre, les projets de recherche, il y en a
plusieurs...
M. Garon: II y en a plusieurs.
Il y a des projets faits à l'intérieur du
ministère. Il y a des projets aussi à l'extérieur...
M. Mathieu: Oui, c'est cela, à l'intérieur, ceux
que vous subventionnez.
M. Paradis: Avec l'argent du ministère. C'est autre
chose.
M. Garon: II y a plusieurs projets.
M. Mathieu: Le ministre se vante d'avoir des projets immenses. Je
veux bien croire le ministre, mais je veux savoir quel est le nombre de ces
projets, quels sont ces projets. Est-ce comme un que j'ai ici en main, essai du
produit Enviro mat que j'ai cité, 85,30 $? J'en ai un autre ici,
compostage de surface, coût du ministère, zéro. Seuls le
temps impliqué pour la surveillance technique et un technicien agricole
à temps partiel peuvent être comptabilisés à ce
projet. Des projets qui ont zéro d'implication financière, 135 $,
225 $, 265 $! Quand vous dites que vous avez de nombreux projets, j'aimerais
bien que vous les déposiez, qu'on sache où s'oriente la
recherche.
M. Garon: II s'en fait un nombre considérable. On me dit
qu'au sein du ministère, il y a environ 200 projets de recherche qui
sont en fonction. Des subventions dans les universités, on en a 104 en
1981-1982, en plus des projets dans d'autres organismes, toutes sortes de mises
au point techniques, toutes sortes de projets. On me dit qu'il pourrait y
avoir, encore là, une autre centaine de projets. Cela doit être
autour de 400 projets de recherche que nous assumons, soit par des subventions
aux chercheurs soit dans les universités, soit dans des entreprises ou
qui sont faits en régie.
M. Mathieu: Vous n'aurez pas d'inconvénient à nous
déposer ces projets?
M. Garon: Je ne vous déposerai certainement pas 400
projets de recherche!
M. Mathieu: Pour quelle raison?
M. Garon: Voyons donc! Il faut penser aux fonds des
contribuables. Si vous pensez qu'on va faire le relevé de 400 projets de
recherche et vous faire des photocopies qui vont remplir des caisses!
M. Mathieu: Vous en gaspillez bien plus que cela dans des choses
bien moins importantes!
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Vous gaspillez bien plus d'argent que cela dans des
choses bien moins importantes qui ne servent pas à éclairer le
législateur.
M. Garon: Non seulement cela, mais il y a des projets de
recherche là-dedans, dans lesquels il y a des questions de brevet qui
sont concernées. Il y a toutes sortes de questions là-dedans. Ce
sont des recherches qui peuvent avoir un impact avant que les résultats
ne soient donnés, qui peuvent comporter des droits d'auteur, des
brevets, etc.
M. Mathieu: Si vous voulez économiser sur le papier,
économisez donc sur les communiqués de presse et les
conférences de presse. Vous avez là un élément
substantiel d'économie. Vous nous empêchez de faire notre travail
de parlementaires.
M. Garon: Voyons donc!
M. Mathieu: Voyons donc! Certainement! Je voudrais savoir
où se dirige la recherche. C'est important pour nous, la recherche! On
veut savoir où vous allez...
M. Garon: On va faire une publication dans le secteur de la
recherche. Je vous enverrai cela, cela va vous dire tout ce qui se passe dans
le domaine de la recherche...
M. Mathieu: Vos projets de 85,30 $, c'est de la fumisterie!
M. Garon: Je ne vous enverrai pas les devis de 400 projets de
recherche!
M. Mathieu: Vous avez quelque chose à cacher? Qu'est-ce
que vous avez à cacher? Si vous avez des projets de recherche,
amenez-les! Vous n'êtes pas scrupuleux sur le papier. J'en ai ici: 85 $,
130 $, 28 $, 0 $. Cela permet au ministre de dire qu'il y a 400 projets, mais
il n'y a rien là-dedans.
Une voix: ... le président, à part de cela.
M. Garon: II y a des volumes qui sont faits, qui sont publics.
Encore là, je m'aperçois que le député de
Beauce-Sud, son service de recherche... Avez-vous un service de recherche? Avec
les fonds qu'on vous paie, mettez-vous tous les gens qu'on vous paie pour la
recherche dans l'organisation politique du Parti libéral?
M. Mathieu: Je n'ai pas 4500 fonctionnaires autour de moi, comme
vous en avez, M. le ministre.
M. Garon: Vous ne savez même pas qu'il y a des publications
au ministère sur le service de recherche en défense des cultures,
des rapports d'activité du service de recherche dans les sols; dans les
différents secteurs du service de recherche, il y a des publications
où on fait le compte rendu...
M. Mathieu: Mais pourquoi ne nous les envoyez-vous pas cela?
M. Garon: Les rapports des universités sont publics. Il y
a des publications là-dessus.
M. Mathieu: Si on revient à la page 31 du cahier des
crédits, M. le Président...
M. Garon: Cela part aussi du service des sessions de recherche de
Saint-Hyacinthe, des Buissons, de Deschambault, de La Pocatière. Ce sont
toutes des publications...
M. Mathieu: Si on revient à la page 31 du cahier des
crédits, puisque le ministre ne veut pas déposer ses projets de
recherche... Probablement qu'il...
M. Garon: Non, je ne déposerai pas de projets de
recherche, mais je vais vous donner les rapports d'activité des services
de recherche. Ça ne pose pas de problème. Vous allez trouvez
cela...
M. Mathieu: Si vous voulez, on va revenir à la page 31. M.
le Président, quand on vient à déterminer l'effort du
ministère en termes d'argent qui va à la recherche, à la
page 31, on voit 2 412 000 $. C'est pour les subventions de recherche,
c'est-à-dire au programme 1, élément 2, recherche
agricole, page 31.
M. Garon: Voulez-vous, on va commencer élément par
élément pour savoir un peu où on va?
M. Mathieu: C'est parce que votre liste est trop longue, M. le
ministre. Si on les passe élément par élément, on
n'en passera pas deux.
M. Garon: D'accord. Quel élément voulez-vous?
L'élément 2?
M. Mathieu: Oui.
M. Garon: Quelle page?
M. Mathieu: Page 31.
M. Garon: Voyez-vous, il y a au moins 31 pages sur la recherche
dans le budget.
Que voulez-vous savoir?
M. Mathieu: Est-il exact de dire que votre effort comme tel qui
va à la recherche pure - je ne parle pas du personnel de soutien, des
secrétaires, etc. -est de 2 412 000 $ sur les 12 000 000 $?
M. Garon: Pourquoi dites-vous cela?
M. Mathieu: Je prends les chiffres que vous nous avez
donnés à la page 31.
M. Garon: Ce sont les subventions accordées à la
recherche extérieure, 2 700 000 $. Ce sont des subventions pour faire de
la recherche.
M. Mathieu: Prenons, par exemple, le cas de l'hémophilus.
Combien coûte la recherche à ce sujet? L'an passé, je vous
ai posé une question. Vous m'avez répondu que c'était une
maladie fédérale, que vous n'aviez pas d'affaire à faire
de la recherche là-dedans, que c'était le
fédéral.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela, j'ai dit qu'on avait un montant
d'argent consacré à la recherche sur l'hémophilus.
M. Mathieu: J'aimerais que vous me disiez, conformément
à la question que je vous ai posée, quelles sont les maladies
fédérales et les maladies provinciales, et les maladies d'autres
juridictions, s'il y en a.
M. Paradis: C'est au journal des Débats, il n'a pas encore
répondu.
M. Garon: Depuis qu'on fait de la recherche sur
l'hémophilus, la maladie s'est passablement résorbée.
Plusieurs personnes mettaient sur le compte de l'hémophilus des choses
qui n'appartenaient pas à l'hémophilus.
M. Paradis: La syphilis dans les patates.
M. Garon: Évidemment, le rôle des
députés libéraux, c'est d'essayer d'empirer la situation,
de mettre des lunettes sombres pour assombrir.
M. Mathieu: Mais ce n'est pas l'empirer, M. le ministre. Quand je
regarde l'effort, il y a des particuliers qui font plus d'efforts que le
ministère pour la recherche en l'hémophilus.
M. Garon: Non, savez-vous une chose? On parlait du
député de Brome-Missisquoi comme d'un grand défenseur de
l'intégration. Une des découvertes qui ont été
faites sur l'hémophilus, c'est que, justement, si les producteurs
faisaient...
M. Paradis: M. le Président, question de
règlement.
M. Garon: Quel règlement?
M. Paradis: Le règlement de l'Assemblée nationale,
qui s'applique en commission parlementaire. Le plus grand défenseur de
l'intégration au Québec, c'est celui qui mettait ses prêts
de l'Office du crédit agricole conditionnels à l'obtention d'un
contrat d'intégration. On est obligé de le nommer, c'est le
ministre Jean Garon, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il n'y a pas un plus grand défenseur.
Je suis obligé humblement de me soumettre encore à votre
poids.
M. Mathieu: M. le Président, sur l'hémophilus, quel
est votre effort?
M. Houde: On a été un bout de temps à parler
d'intégration. Je suis un intégrateur et cela me prendrait une
copie d'un contrat pour être capable d'avoir le prêt agricole. Que
voulez-vous?
M. Mathieu: On y reviendra.
M. Houde: Le député de Champlain pourrait
peut-être l'expliquer.
M. Garon: Je vais vous répondre très simplement
à quel point c'est faux. On a...
M. Paradis: Ce que j'ai dit est faux?
M. Garon: ... 1 700 000 porcs asssurés...
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. Garon: ... la production d'environ 700 producteurs
indépendants dont la plupart bénéficient du crédit
à l'Office du crédit agricole. Comment ces producteurs
auraient-ils pu obtenir du crédit à l'Office du crédit
agricole sans contrat d'intégration?
M. Paradis: Quand vous dites "la plupart", est-ce "porc" ou
"part"?
M. Garon: Comment cela se fait-il? Je viens de vous donner la
preuve immédiate qu'il y a tant de producteurs indépendants qui
ont eu du crédit agricole, parce qu'on n'exigeait pas de rapport. C'est
faux, mais on disait: Si vous en avez un, on vous demande de le produire, pour
voir s'il en reste assez dans les poches des intégrés pour
pouvoir payer leur crédit agricole après que les
intégrateurs ont payé leur bureau d'avocat, car cela coûte
cher parce qu'ils ont beaucoup de frais juridiques.
M. Paradis: M. le ministre, est-ce que vous dites
sérieusement devant cette commission que l'Office du crédit
agricole, suivant vos instructions à vous, n'a jamais exigé,
avant de prêter à un agriculteur au Québec, un producteur
de porc, son contrat d'intégration, c'est ce que vous nous dites?
M. Garon: Oui, et non seulement cela. M. Paradis: Vous
dites cela?
M. Garon: Mais le président du crédit agricole l'a
dit souvent devant des gens qu'on a rencontrés ensemble et qui
soutenaient cela et la meilleure preuve...
M. Mathieu: Mais, quand vous dites cela, vous ne dites pas la
vérité, M. le ministre. Je m'excuse de vous dire cela.
M. Garon: La meilleure preuve...
M. Paradis: Je veux juste que ce soit enregistré au
journal des Débats pour l'envoyer aux producteurs agricoles de qui cela
a été exigé.
M. Garon: M. le député de Brome-Missisquoi, votre
crédibilité et la mienne ont été jugées aux
dernières élections.
M. Paradis: Oui, j'ai été élu.
M. Garon: Oui. Vous avez été élu dans un
comté anglophone en grande partie.
M. Paradis: Combien? Quel pourcentage?
M. Garon: Mais, parmi les comtés ruraux francophones, il y
en a pas beaucoup qui ont voté pour les libéraux.
M. Paradis: Avec quel pourcentage dans les paroisses? Vous
êtes venu faire votre "speech" à Bedford, aux partielles, vous
m'avez aidé, je vous remercie, vous reviendrez.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît. À l'ordre, à l'ordre, parce que je m'en
vais!
M. Garon: On ne veut pas que vous partiez, on veut vous garder
comme député...
M. Paradis: Vous reviendrez. C'est cela que vous avez fait, vous
avez augmenté ma majorité.
M. Garon: ... parce que vous êtes notre meilleure
garantie.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Paradis: Vous avez augmenté ma majorité, c'est
cela la preuve de garantie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi, je m'en vais si... Vous allez finir tout seuls!
M. Garon: M. le Président, le député de
Brome-Missisquoi, tant qu'il va être élu, c'est la garantie que le
Parti québécois va avoir de bons résultats dans les
comtés ruraux.
Le Président (M. Boucher): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Paradis: Je mets au défi le ministre de l'Agriculture
de venir se présenter dans les paroisses agricoles de mon comté
contre moi.
Le Président (M. Boucher): Je vous en prie, revenez
à ...
M. Garon: Je ne suis pas intéressé. M. Paradis:
Parce qu'il est battu.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît'
M. Garon: Je ne suis pas intéressé, parce que je ne
reste pas loin du fleuve, j'ai été élevé là
et j'aime cela.
M. Paradis: Pas d'agriculteurs, pas de problème.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît:
M. Mathieu: M. le Président, est-ce qu'il y avait un
centre de recherche à Sainte-Martine?
M. Garon: Mon sous-ministre va vous répondre.
M. Mathieu: Autant que la syphilis des patates?
M. Garon: L'École de médecine
vétérinaire nous a demandé 110 000 $ pour faire de la
recherche sur l'hémophilus, on aurait voulu lui donner plus d'argent,
qu'elle n'aurait pas pris, parce que, dans une recherche, vous savez comme moi
qu'avant de faire faire la recherche, la troisième étape, il faut
faire la première.
À mesure qu'elle a eu besoin d'argent, elle nous en a
demandé et on n'a jamais hésité une fraction de seconde.
Deuxièmement, il faut dire qu'en dehors de la recherche que fait
Saint-Hyacinthe, et possiblement pour trouver un vaccin pour réduire
l'hémophilus, il y a un travail beaucoup plus important que cela qui a
été fait par la section de la médecine préventive
du ministère de l'Agriculture pour dire aux agriculteurs, aux
producteurs de porc de quelle façon ils devraient procéder pour
réduire considérablement la maladie de l'hémophilus. Les
résultats ont donné ce que l'on sait, c'est qu'il y a une forte
réduction de l'hémophilus à cause des méthodes
préventives que les producteurs agricoles ont suivies.
M. Paradis: Cela a été fait par l'entreprise
privée, M. le sous-ministre.
M. Garon: L'entreprise privée a aussi fait sa part.
Remarquez bien que nos médecins vétérinaires l'ont faite
aussi.
M. Paradis: Oui, oui, c'était une combinaison des
deux.
M. Garon: Ils ont travaillé avec les deux. Il faut bien
qu'ils travaillent avec l'entreprise privée, c'est l'entreprise
privée qui a les cochons, ce n'est pas le gouvernement, des fois.
M. Paradis: Ah! vous en avez?
M. Mathieu: Parlant de culture abritée, par exemple, et
des recherches en sol...
M. Garon: Non seulement cela, nous ne lâchons pas
l'hémophilus, de la pleuro-pneumonie à l'hémophilus, il y
a même une publication du ministère qui donne des conseils aux
agriculteurs...
M. Mathieu: Avec une belle photo dessus.
M. Paradis: La photo du ministre. Excusez-moi, M. le ministre,
j'ai une mauvaise langue.
M. Garon: C'est dans le secteur.
Une voix: II faut qu'on nous le montre, à nous tous.
M. Garon: C'est dans le secteur, vous ne devriez pas cracher sur
votre gagne-pain.
M. Paradis: Comment cela, cracher sur mon gagne-pain? Qu'est-ce
que vous voulez dire? Allez-y, allez-y donc!
M. Garon: Parce que votre bureau d'avocat travaille beaucoup dans
le porc.
M. Paradis: Oui, oui. Pour expliquer aux producteurs de porc - je
vais vous l'expliquer - ce que vous, vous n'avez jamais compris.
M. Garon: Oui.
M. Paradis: C'est que les producteurs naisseurs ou les
producteurs-finisseurs, vous ne pouvez pas les mettre dans le même lit et
tirer le drap par-dessus, parce que le naisseur, quand il se lève le
matin, et cela, tous les producteurs-naisseurs le comprennent, ils ont un
désir dans la tête, c'est de vendre leurs porcelets le plus cher
possible. Le producteur finisseur, parmi ses désirs, en a un qui est
très intense et qui compte beaucoup au niveau de son coût de
production, c'est d'acheter le porcelet le meilleur marché possible,
parce que c'est un des intrants importants. Lorsque vous tirez le drap, comme
ministre, par-dessus tout cela, et que vous dites que c'est le même
problème et que c'est la même affaire, que c'est le même
genre de producteurs, vous êtes malhonnête, et vous ne dites pas la
vérité aux producteurs agricoles et aux producteurs de porc du
Québec.
M. Mathieu: M. le Président.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Une des principales causes
de l'hémophilus, c'est justement cela, ce que vous venez de dire, ce que
vous faites; vous essayez de dissocier les naisseurs des finisseurs et un des
remèdes qu'on voit justement, ce que cela voudrait encourager, ce sont
les naisseurs finisseurs. Le genre de politique que vous défendez, c'est
justement le contraire.
M. Paradis: Sur cela, question de règlement, M. le
Président, question de règlement. Ce que j'ai dit au ministre,
c'est que...
M. Garon: C'est quasiment une cause de contamination. (23 h
15)
M. Paradis: Au Québec, à 80%, et cela, vous devez
le respecter, comme vous l'avez fait. Je prends à témoin le
député de Berthier qui est peut-être le meilleur expert
autour de la table dans ce domaine du poulet à griller. Vous avez,
lorsque vous avez implanté des politiques de mise en marché dans
ce domaine, respecté l'industrie qui était en place, les modes de
production des producteurs, qui sont peut-être, et je vous le
concède, plus intelligents que vous et moi ensemble, et si je vous
laissais tout seul, ce serait encore pire. Vous avez respecté la
structure de production qui était en place. Si vous étudiez
l'évolution de la production porcine au Québec, vous allez vous
apercevoir qu'en 1970, le Québec n'était pas fort, et qu'en 1980,
1981, 1982, le Québec était très fort. Cela, on ne le doit
pas au ministre de l'Agriculture, pas au député de
Brome-Missisquoi, ou le droit, entre autres à l'Office du crédit
agricole.
M. Garon: À l'Office du crédit agricole du
Québec que vous avez combattu, mais je vais vous dire une chose.
M. Paradis: Non, non, écoutez, quand vous dites que j'ai
combattu le crédit agricole, vous parlez à travers le chapeau que
vous ne portez pas. Entre autres, à toutes les politiques qui ont
été mises ensemble, il y a un modèle de production qui
existe actuellement au Québec. Et si vous voulez faire quelque chose, il
ne faut pas le faire contre les producteurs mais avec les producteurs. Tant que
vous n'aurez pas compris qu'il faut le faire avec les producteurs, vous allez
vous fourrer un doigt dans le nez et l'autre ailleurs.
M. Mathieu: M. le Président, parlant de recherche.
M. Garon: On dirait que vous avez été
élevé avec ces animaux. J'écoute votre langage...
M. Paradis: Bien, c'est votre portrait qui m'inspirait.
M. Garon: Habituellement, on rencontre en commission
parlementaire des députés civilisés qui ont
été éduqués quelque part. On dirait que vous n'avez
pas été éduqué. Pourriez-vous parler un peu comme
un homme civilisé? Juste un peu de politessse. Moi, j'ai l'impression
parfois que vous manquez d'éducation. C'est la première fois que
je vois un député qui a le genre de langage que vous tenez. Vous
êtes une honte pour les parlementaires.
M. Paradis: Je m'en excuse. J'ai tenté de copier votre
langage.
M. Garon: Et moi, si j'étais critique agricole du Parti
libéral, j'aurais honte d'avoir un voisin de votre espèce qui
n'est même pas capable de parler d'une façon normale. On est entre
gens civilisés. Il me semble qu'on pourrait parler un peu plus
décemment.
M. Paradis: Qui a utilisé...
M. Garon: On dirait que vous avez été
élevé dans une auge.
M. Paradis: ... le langage, en Chambre, de la maladie des
patates. Qui a utilisé cela? Vous vous en voulez parce que quelqu'un a
un langage aussi imagé que le vôtre.
M. Garon: Vous n'avez pas un langage imagé. Il y a une
différence entre avoir un langage imagé et un langage
vulgaire.
M. Paradis: C'est quoi, la maladie des patates?
Répétez-le.
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais revenir à
la recherche.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Nous allons quitter ce genre de recherche pour aller
dans une recherche un peu plus utile, plus en profondeur, si vous permettez. Je
voudrais demander au ministre, à propos de la recherche sur les cultures
abritées, s'il est exact qu'il a fermé une institution à
Sainte-Martine pour la déménager à l'Assomption?
M. Garon: Non, je n'ai rien déménagé
à l'Assomption. Il y avait un centre de culture abritée à
Sainte-Martine, le directeur du centre a décidé de quitter la
fonction publique pour s'installer lui-même comme producteur agricole.
Certains mettent en cause actuellement la localisation du centre à
Sainte-Martine puisque certains pensent que la localisation serait plus
appropriée si elle était plus proche des agriculteurs qui font la
culture en serre. Et je vous dirai qu'il n'y a pas eu de décision de
prise encore concernant l'implantation d'un centre à l'Assomption. Il
n'est pas impossible qu'il y ait, au point de vue du développement de la
culture en serre, des discussions avec le Jardin botanique de Montréal,
où il y a déjà un grand nombre de serres, une production
considérable. Actuellement, ce qu'il faut former, ce sont des gens qui
connaissent le jardinage, des gens qui connaissent les différentes
phases de la culture en serre, et il y a déjà un grand nombre de
spécialistes au Jardin botanique. Il n'est pas impossible -en tout cas,
moi j'y pense - qu'on ait des discussions avec le Jardin botanique pour voir
s'il n'y aurait pas moyen de développer cela. C'est peut-être cela
qui va coûter le moins cher.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntington.
M. Dubois: Les équipements seront à vendre
très bientôt, à Sainte-Martine, c'est-à-dire les
serres, est-ce vrai ou faux?
M. Garon: Ce n'est pas décidé encore
complètement, mais c'est une chose qui pourrait arriver.
M. Dubois: II y a une rumeur qui veut que les équipements
soient déménagés dans le comté de L'Assomption?
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: La rumeur veut que les équipements soient
déménagés dans le comté de L'Assomption.
M. Garon: Ce sont des serres sur des bases de béton. Il
n'est pas question de déménager les bases de béton
ailleurs.
M. Dubois: II y a cependant une structure en métal.
M. Garon: Si on n'en a pas besoin véritablement, cela peut
changer le centre de culture en serre, il s'agirait de le vendre à ce
moment.
M. Dubois: S'il s'agit de relocaliser les recherches faites en
serre, je pense bien que la région de Sainte-Martine, Saint-Rémi
et Saint-Isidore est une des plus progressives actuellement dans la culture en
serre. C'est celle qui se développe le plus rapidement, la région
de Saint-Rémi, Saint-Isidore, Sainte-Martine. S'il est question de
déménager votre centre de recherche dans le comté de
L'Assomption, je comprends qu'il y a des serres dans la région
là-bas aussi, mais la région de Saint-Rémi se
développe plus rapidement actuellement que la région du nord de
Montréal.
M. Garon: On me dit que 68% de la production se fait plutôt
au nord de Montréal.
M. Dubois: Traditionnellement, mais cela se déplace
graduellement vers le sud. C'est un fait.
M. Garon: En tout cas, il n'y a pas de décision de
prise.
M. Dubois: II n'y a pas de décision de prise au niveau de
votre ministère?
M. Garon: Mais il y a un penchant.
M. Dubois: II y a un penchant vers L'Assomption?
M. Garon: Vers le déplacement où se trouvent
davantage les producteurs.
M. Dubois: Dans cinq ans, peut-être que vous verrez plus de
producteurs au sud qu'au nord de Montréal, c'est cela qui va arriver. Il
y a eu au moins un accroissement de 300% du nombre de serres ces dix
dernières années au sud de Montréal, d'au moins 300%.
M. Garon: II n'est pas certain non plus qu'on va faire...
Actuellement, il y a des développements technologiques importants dans
la culture en serre avec la récupération de la chaleur,
l'utilisation de phénomènes solaires. Cela prend des
investissements assez importants et il y a déjà un
intérêt et des
sommes considérables d'investies au Jardin botanique. Si le
Jardin botanique s'intéresse à vulgariser les connaissances,
à donner des cours, je peux vous dire une chose, une banque de
données comme celle qu'il y a au Jardin botanique, je me demande si elle
ne devrait pas être utilisée davantage par le gouvernement du
Québec. Je suis encore allé la semaine dernière visiter
les lieux. C'est bien beau de parler théoriquement de tel genre de
produits ou de tel genre d'autres, mais quand les gens n'en voient jamais...
Tandis qu'au Jardin botanique, sur place, il y a un tas d'équipements.
Je vais vous dire une chose: mon penchant naturel actuellement est que si l'on
peut discuter avec le Jardin botanique et faire des ententes, c'est qui est un
des meilleurs jardins botaniques au monde, qui a un grand nombre de
spécialistes.
M. Dubois: Je le considère tel et je suis d'accord avec
cela.
M. Garon: Pourquoi n'y aurait-il pas une grande collaboration
entre le ministère de l'Agriculture et le Jardin botanique de
Montréal? Je me demande si ce n'est pas cela la meilleure formule
et celle qui va être la moins dispendieuse et la plus profitable.
M. Dubois: Si c'est l'intention du ministre d'aller au Jardin
botanique, je suis d'accord. Mais si c'est l'intention du ministre de
déménager le centre de recherche dans le comté de
L'Assomption, région qui ne progresse pas actuellement au niveau des
cultures faites en serre - elle est stable, tandis que celles du sud se
développent rapidement - sur cela je ne suis pas d'accord.
J'espère que le ministre prendra une décision qui se
révélera...
M. Garon: Je pense aux termes de la mise au point.
On parle aujourd'hui, par exemple, de la fixation de l'azote, des
mycorhizes, de toutes sortes de nouvelles techniques qui sont à la fine
pointe de la biotechnologie. Si on veut mettre cela au point, quand bien
même on se ferait un petit centre chez nous, un petit centre maison, on
ne sera pas capable de faire cela. Cela va prendre trop de ressources, alors
qu'il y a déjà un ensemble de ressources. S'il y avait un contrat
de services par exemple entre le Jardin botanique et le ministère et
qu'on accordait quelques fonds additionnels avec une perspective de
développement, je me demande si cela ne serait pas la meilleure
formule.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a eu des débuts de pourparlers
avec le Jardin botanique à cet effet?
M. Garon: J'ai parlé au directeur du Jardin botanique la
semaine dernière. Nous avons discuté ensemble de
différentes choses mais pas encore de façon assez précise.
Ce n'est pas impossible, s'il est ouvert et que les gens du ministère
voient que c'est intéressant. Je pense que c'est une orientation...
encore là, on n'a pas analysé tous les aspects. Je pense qu'au
Québec il faut avoir un certain nombre de centres de recherche.
M. Dubois: En tout cas je peux vous dire que je m'oppose
formellement au fait d'aller vers un autre comté qui soit un
comté au pouvoir, dans le nord. C'est un comté, tout de
même, je le sais, qui est productif en serre, mais il ne progresse pas
sur le plan du nombre de serres en production. L'accroissement se fait dans le
sud. Si c'est pour aller au Jardin botanique, je suis d'accord, mais si c'est
pour aller dans un autre comté, je suis beaucoup moins d'accord.
M. Garon: Un argument important que les gens du Jardin botanique
me donnaient, c'est que parfois la recherche est faite deux ou trois fois.
Quand une recherche est faite et qu'on connatt certaines données, cela
ne donne rien de faire cette recherche deux fois. Il y a des gens qui sont
à la pointe des connaissances. J'ai eu l'occasion de le voir
l'année des Floralies parce qu'on était en contact avec
l'horticulture ornementale du monde entier. Le Jardin botanique de
Montréal ne fait pas mauvaise figure, au contraire. À Paris, on
n'a dit que c'était le deuxième ou le troisième plus grand
jardin botanique au monde. D'autres ont dit le deuxième. Il y en a
même qui ont dit le premier. Alors, pourquoi essayer de refaire en plus
petit ce qui est déjà important là plutôt que de
travailler avec eux autres? Il s'agit de faire connaître des choses, de
faire de la recherche et de diffuser des connaissances. Je sais qu'avec les
travaux du Dr André Fortin, de l'Université Laval, par exemple,
il y a de nouveaux domaines de connaissances en termes de développement
dans ces secteurs. Pour vous faire la mise au point de cela, je pense que c'est
possible d'envisager cette avenue. Cela ne donne rien d'avoir un tas de centres
de recherche, des "giddy-giddy". Je pense que c'est mieux d'avoir d'excellents
centres de recherche. Dans ce domaine, le centre du Jardin botanique est
excellent. Je regarde le centre de recherche à Des Buissons, sur la
Côte-Nord. Dans le domaine de la pomme de terre, c'est ce qu'il y a de
meilleur, d'après les experts, en Amérique du Nord et
peut-être plus loin, peut-être aussi dans le monde. C'est unique.
Dans le domaine de la pomme
de terre, on est en avant dans le monde. C'est pour cela que j'ai
regretté, que j'ai été vraiment malheureux que cela ne
soit pas reconnu davantage par le gouvernement fédéral. Dans le
secteur des pommes de terre, les gens y sont en avance parce qu'il y a eu
pendant 25 ans des chercheurs qui ont travaillé dans ce domaine. Ce
qu'il faut, au fond, c'est qu'au lieu de multiplier les petits centres de
recherche, il serait peut-être mieux de tout concentrer dans des centres
qui pourraient être plus à l'avant-garde.
M. Dubois: Cela va pour le Jardin botanique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le ministre, il y a un projet que vous connaissez
sans doute et qui concerne - si je ne le mentionnais pas, cela se devinerait -
le plus important producteur laitier au Québec, les fermes Gasser,
à Saint-Pierre-de-Véronne et Pike River. Ces gens-là ont
mis sur pied, l'an dernier, un projet de récupération de gaz de
méthane dans le purin de fumier de vache. On en a fait l'inauguration il
y a environ - je ne veux pas me tromper dans les dates - un mois et demi et
cela fonctionne à merveille.
Une deuxième phase du projet consiste, après avoir sorti
le méthane du purin de vache, à effectuer de la recherche pour en
sortir les protéines et tenter de récupérer ce qu'il y a
d'éléments nutritifs pour les animaux.
Lorsque je suis allé à l'inauguration, j'ai
retrouvé sur place des représentants de l'Union des producteurs
agricoles, des caisses populaires, de la Banque Royale, des bureaux
d'ingénieurs, même des représentants du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au niveau
régional.
J'ai également découvert, dans le fond de la pièce,
une grande pancarte "Le gouvernement du Canada - fédéral - une
aide à la recherche". Je me suis enquis auprès des
intéressés qui menaient ce projet, pour savoir s'ils avaient,
premièrement, effectué une demande auprès du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentaiton du
Québec pour qu'il leur vienne en aide et, deuxièmement, quelle
avait été la réponse. J'ai été surpris
d'apprendre que, dans un projet, d'un tel sérieux qui fonctionne bien,
le ministère de l'Agriculture du Québec n'avait pas jugé
à propos de s'impliquer.
À ce moment-là, je me suis rappelé les projets que
vous nous aviez donnés l'an dernier, je pense que c'était
à la commission des engagements financiers ou ici à la commission
pour étudier les crédits: 225 $ pour des étanchements de
fosses, 35 $ pour une autre affaire, 85,30 $ pour l'essai des produits Enviro
mat 135 $, etc. On déboursait de l'argent à gauche et à
droite, mais on refusait de d'impliquer concernant les producteurs laitiers,
dans un projet aussi important que celui-là.
Pour quelle raison le ministère ne veut-il pas collaborer
à un projet d'une telle envergure, qui a déjà connu, dans
la phase 1, des succès qui, je pense, sont dignes de mention à
cette commission parlementaire et qui seraient même dignes de mention au
salon bleu de l'Assemblée nationale du Québec? Cette ferme,
à partir de sa phase 1, sera autosuffisante en énergie à
partir de 1984. Ce qui m'a surpris, c'est de voir la grande pancarte
"Gouvernement du Canada, recherches" et de ne rien voir du gouvernement du
Québec. Comment expliquez-vous cette situation, M. le ministre?
M. Garon: C'est très facile à expliquer. M.
Paradis: Ce n'est pas une réponse.
M. Garon: II y a un organisme au ministère où se
rencontrent des chercheurs fédéraux, des chercheurs du
Québec, des chercheurs universitaires. Si ce sont des projets qui sont
appuyés par le gouvernement fédéral et que le gouvernement
fédéral veut s'y engager, on le laisse faire. Par ailleurs, il
n'intervient pas dans certains projets qu'on appuie. Il ne faut pas concentrer
l'argent aux mêmes endroits. Vous savez que ce sont des fermes comptant
plusieurs centaines de vaches. (23 h 30)
M. Paradis: Elle est européenne, je m'excuse....
M. Garon: Non, américaine.
M. Paradis: ... celle implantée sur les fermes Gasser
c'est selon une technologie européenne.
M. Garon: II faudrait voir, parce qu'actuellement...
M. Paradis: Cela venait de la Suisse.
M. Garon: C'est possible, mais les recherches dans ce
domaine-là, en Suisse, ne sont pas aussi avancées qu'aux
États-Unis. Aux États-Unis, il y a déjà des choses
qui fonctionnent même avec plusieurs centaines d'animaux.
M. Paradis: D'ailleurs, c'est le cas, M. le ministre, c'est
plusieurs centaines d'animaux.
M. Garon: À l'heure actuelle, on a plutôt
concentré nos recherches, comme le
dit souvent le député de Beauce-Sud sur la ferme familiale
et qu'il y aura peu de fermes de plusieurs centaines de vaches
regroupées au même endroit. Si le fédéral veut
intervenir, on va le laisser faire, mais, pour nous, il serait peut-être
mieux d'intervenir dans les secteurs où il y a des besoins pressants
pour le purin de porc. On a donc concentré davantage nos recherches dans
le purin de porc. À cet effet et encore prochainement, on va avoir un
projet assez important là-dessus. Vous pouvez bien parler des 85 $ ou
des 32 $, vous avez beau, mais on a un budget...
M. Paradis: Ce sont vos documents à vous.
M. Garon: Non, ce ne sont pas mes documents, je n'ai pas
donné de tels documents.
M. Paradis: L'année passée, quand vous me les avez
remis, vous m'avez dit: Je vais vous les remettre, mais vous ne comprendrez
rien. On a calculé le coût de réalisation des projets et
c'est ce que ça donne.
M. Garon: Je ne me fie pas à vos calculs, vous savez,
j'aime mieux écouter ma conscience que la vôtre. Je peux vous dire
qu'à ce point de vue, nos recherches se concentrent actuellement
davantage sur le fumier de porc. Je ne dis pas que ce n'est pas
intéressant pour la ferme Gasser elle-même, où les cinq
fils de M. Gasser se sont regroupés en société...
M. Paradis: M. Gasser senior...
M. Garon: Ce sont de gros agriculteurs, ils ont plusieurs
centaines de vaches au même endroit. Mais ce modèle-là ne
va se retrouver qu'à peu d'exemplaires au Québec. On n'a pas
pensé que c'était le modèle prioritaire pour le
Québec et cela même si on n'a rien contre le fait que le
gouvernement fédéral les subventionne. Étant donné
que le gouvernement fédéral était dans ce
projet-là, on n'a pas jugé bon d'y être impliqué
également.
Par ailleurs, bientôt...
M. Paradis: Est-ce que je comprends...
M. Garon: ... le ministre de l'Environnement et moi-même
allons annoncer un projet important dans le secteur du fumier de porc où
le fédéral ne sera pas impliqué. On pense qu'il y aura
sans doute plus d'argent dans le secteur où on va investir actuellement.
Il s'agit de sommes considérables.
M. Paradis: M. le ministre, est-ce que je comprends que,
lorsqu'un palier de gouvernement accepte de s'impliquer dans un projet, cela
veut dire que cela a été discuté entre les deux paliers et
qu'assez souvent...
M. Garon: De temps en temps.
M. Paradis: ... un choix a été fait et que,
lorsqu'un palier choisit de s'impliquer, l'autre dit: Moi, je vais faire de la
recherche plutôt dans autre chose.
M. Garon: II y a des fois où c'est conjoint.
M. Paradis: Une simple remarque sur les chiffres que je vous ai
donnés tantôt, où vous disiez que vous aimiez mieux vous
fier à votre conscience qu'à la mienne. Pour ma part, je suis
obligé, étant de l'Opposition, de me fier aux chiffres que vous
donnez dans vos documents...
M. Garon: Ce n'est pas moi qui vous ai donné ce
document-là. Il semble que le député de Beauce-Sud nous a
dit qu'il l'avait eu de son côté. Alors, pour moi, les documents
qui émanent de fuites, il ne faut pas dire que ce sont des documents que
je vous ai remis.
M. Mathieu: II n'y a pas de fuites dans votre ministère,
M. le ministre.
M. Paradis: M. le ministre, le député de Beauce-Sud
en a obtenu par ses propres sources, mais, moi, j'ai un dossier complet de ceux
que vous avez déposés l'année passée, sauf erreur
de mémoire, à la commission des crédits du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
C'était très épais et c'était, grosso modo, les
mêmes projets contenus dans ce dossier et qui sont pour des montants
comme cela.
Ce qu'on vous demande, vous avez complètement raison de le dire
au sujet du fumier de vache, c'est quand même important aussi, parce que
la province de Québec est un important producteur laitier, dans
l'ensemble canadien et même dans l'ensemble nord-américain.
M. Garon: Je n'ai pas dit que le fumier de vache n'était
pas important, mais que des modèles de fermes avec plusieurs centaines
de vaches concentrées au même endroit, ce n'est pas le
modèle québécois actuel.
M. Paradis: Non, mais...
M. Garon: C'est cela que j'ai dit. Ne déformez pas ce que
je dis, soyez donc honnête trente secondes dans votre vie. On dirait que
vous n'êtes pas capable d'être honnête. On dirait que vous ne
connaissez pas ce mot-là.
M. Paradis: Non M. le ministre, si vous arrêtiez
d'interrompre un député quand il a le droit de parole, vous
continueriez de comprendre. Ce que je vous dis, c'est que plusieurs centaines
de vaches sur la même ferme, ce n'est pas le modèle
québécois, mais, lorsque vous avez une expérience faite
à partir d'un gros producteur, j'en conviens, parce qu'ils sont
plusieurs familles regroupées sur cette ferme-là, ça peut
servir, à bon escient aux plus petits, une fois l'expérience
faite. D'accord? C'est important d'avoir des gens comme ceux-là, qui
prennent le leadership dans la recherche au Québec.
Maintenant, votre sous-ministre et vous-même avez mentionné
que ce qui était important aussi, c'était d'en mettre dans la
recherche sur le fumier de porc. Les habitants les producteurs agricoles qui
vivent ces fléaux, autant le long de la rivière Chaudière,
région d'où le député de Beauce-Sud provient, que
le long de la rivière Yamaska, région d'où je proviens,
que le long de la rivière l'Achigan, sont conscients que c'est
peut-être là la priorité numéro un
présentement, à cause de pollution. À ce sujet-là,
est-ce que vous avez des projets de recherche importants auxquels vous avez
contribué financièrement comme ministère et qui nous
permettent d'espérer, comme représentants de la population du
Québec, des résultats à moyen terme pour que nous
puissions dire à nos gens que ce n'est pas cela qui va ralentir la
production du porc au Québec, parce que le ministère de
l'Agriculture, en accord avec le ministère de l'Environnement, a
décidé d'investir les deniers qu'il fallait dans le but de
transformer ces fumiers et d'en sortir les richesses énergétiques
qui y sont, d'en sortir les engrais qui y sont contenus? Est-ce que vous avez
quelque chose qui fonctionne bien, sur quoi on peut baser, sans être
certains parce qu'on est dans le domaine de la recherche, des espoirs
honnêtes à moyen terme?
M. Garon: Oui, il y a des projets importants qui sont en marche
et d'autres qui doivent fonctionner bientôt.
M. Mathieu: Pourriez-vous en nommer, M. le ministre?
M. Garon: Non, je n'en nommerai pas pour la raison suivante:
c'est que je ne veux pas créer de faux espoirs, alors qu'il s'agit de
projets de recherche. Je ne dirai pas aux gens: On va trouver la solution
demain matin, mais il y a des projets très intéressants sur
lesquels des gens travaillent actuellement. Je ne veux pas aller trop loin pour
ne pas laisser de faux espoirs, d'autant plus que, dans certains de ces
projets, il y a des brevets qui sont concernés et il y a des
méthodes, des équipements...
M. Mathieu: Quelle somme d'argent va-t-on retrouver
là-dedans?
M. Garon: Quelques centaines de milliers de dollars.
M. Mathieu: Dans combien de projets à peu près?
M. Garon: Deux, trois ou quatre gros projets de recherche.
M. Mathieu: Cela veut dire 75 000 $ par projet à peu
près?
M. Garon: II y en a qui ont plus que cela.
M. Mathieu: II y en a qui ont moins.
M. Garon: Ce n'est pas parce que je ne veux pas décrire
les projets. Le travail a avancé considérablement
là-dedans, mais, évidemment, on ne pourra pas produire toutes les
machineries au même rythme.
M. Houde: Sont-elles toutes sur le fumier de porc?
M. Garon: Pardon?
M. Houde: Ces recherches se font-elles toutes sur fumier de
porc?
M. Garon: II y a des recherches ailleurs, mais, sur le fumier de
porc, il y a des recherches importantes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Toujours dans le
domaine de la recherche, vous aviez mentionné l'an passé, si je
me souviens bien, que cela allait assez bien et assez rapidement dans la
recherche de nouvelles variétés de céréales
adaptées au climat et adaptées même aux régions.
Est-ce que vous avez des nouvelles à nous donner en ce qui concerne ces
recherches? Est-ce que cela se poursuit et est-ce qu'on peut dire que cela va
bien?
M. Garon: Actuellement, je peux vous dire que, dans le domaine
des céréales, la situation devrait changer
considérablement. Il y a deux groupes, actuellement, qui sont
intéressés par des cultivars régionaux pour avoir des
variétés recommandées et adaptées aux
régions. Dans le passé, il y a eu seulement des cultivars qui ont
été faits au même endroit, à Saint-Hyacinthe, mais
dans l'avenir il va y avoir des cultivars qui vont être faits dans
différentes régions. Les variétés
recommandées vont varier avec les régions. Il y a de plus en plus
de recherche
qui se fait sur la génétique végétale et ce
sera un des principaux sujets sur lesquels nous allons travailler, parce qu'on
peut développer par la génétique végétale,
de nouvelles variétés de céréales qui
résistent aux maladies. Il y a des variétés qui ont
déjà été découvertes et qu'on connaît,
comme le blé Concorde, le Laval 19 et le Casavant.
M. Mathieu: Se peut-il que vous ayez du Nordique?
M. Garon: II y a une nouvelle variété de
blé, le blé Casavant depuis l'an dernier et l'orge Sophie, depuis
deux ans. Ce sont de nouvelles variétés. Je pense que, surtout
avec la création de la régie des grains, on va maintenant avoir
beaucoup plus de données dans le domaine des céréales et
qu'on devrait accentuer les cultivars régionaux et les recherches
régionales pour découvrir des variétés mieux
adaptées. Je pense à l'orge surtout, qui verserait moins et
aurait un bon rendement ou encore à un blé qui serait plus
résistant à l'humidité; ce serait une différence
complète sur le territoire québécois. Non seulement cela,
mais on peut penser éventuellement qu'un jour des millions d'acres
à certains endroits du territoire du Québec, pourraient
être mises en céréales, si on avait les
variétés adaptées pour ces climats.
Dans le domaine des céréales, la recherche peut rapporter
considérablement et nous allons accélérer la recherche
dans ce secteur.
M. Gagnon: Vous avez répondu un peu à la
deuxième question qui vient, parce qu'on parlait justement de
l'autosuffisance, la semaine passée. On sait que, dans le domaine des
céréales, on prend de plus en plus notre place. À la suite
de la recherche qui se fait, est-ce que vous espérez toujours atteindre
assez rapidement un niveau d'autosuffisance plus élevé
qu'actuellement?
M. Garon: Actuellement, le développement des productions
céréalières au Québec va au-delà de tout ce
qui avait été prévu. Je me rappelle que même ceux
qui mettaient en doute...
M. Mathieu: C'est pour ça que vos centres ferment.
M. Garon: ... les objectifs visés... Quels centres?
M. Mathieu: Cérébec.
M. Garon: Vous pouvez...
M. Paradis: Ce n'est pas vrai!
M. Mathieu: C'est écrit: OSE sur un côté et
À vendre de l'autre.
M. Garon: On va voter libéral.
Vous avez des chiffres ici à propos des céréales.
La production en 1976 était de 841 000 tonnes. En 1977, on n'avait pas
eu le temps de changer les politiques, étant donné qu'on est
arrivé à l'automne: 830 000 tonnes.
M. Mathieu: La récolte était faite.
M. Garon: Déjà, en 1978, on change de politique. On
a changé les politiques en 1977, et on atteint 1 071 000 tonnes. En
1979, 1 223 000 tonnes. En 1980, 1 304 000 tonnes. En 1981, 1 463 000 tonnes.
Ce qui veut dire que, cette année, avec ce qu'on a comme statistiques
sur les ensemencements, la production a dû doubler maintenant, depuis
1977, alors qu'on disait qu'à partir de 1978, dans les cinq ans, on
voulait augmenter l'objectif de 50%. Je me rappelle combien de gens m'ont dit:
Vous êtes un rêveur, ça n'a pas de bon sens, et le diable
à quatre. Aujourd'hui, le rêve est devenu réalité.
Non seulement ça, mais il est deux fois plus grand, puisqu'en
réalité on va avoir doublé la production de 1978, à
cause de la coordination de nos programmes, de l'entreposage... Le
député de Beauce-Sud n'écoute pas beaucoup.
M. Mathieu: J'ai hâte de passer de l'autosuffisance
à l'autosatisfaction.
M. Garon: La production en dollars est passée de 80...
M. Mathieu: C'est commencé!
M. Garon: Je suis très fier, je vais vous le dire bien
franchement, de ce qui s'est fait depuis quelques années au
Québec. Je suis très content. D'ailleurs, je peux vous dire qu'un
homme qui a beaucoup contribué à cela, c'est M. Ouellet, qui
était justement beaucoup intéressé. Je me rappelle quand
on en parlait ensemble, avant qu'il ne devienne sous-ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Ferdinand Ouellet me disait: II y
a quelque chose qui m'intéresse beaucoup, j'aimerais savoir si la
politique de développement de céréales est dans vos
politiques. On lui a dit: Oui, justement. Il a répondu: Cela
m'intéresse, j'ai beaucoup travaillé là-dedans.
L'entreposage des grains, la création de la Régie des
grains, l'assurance-stabilisation...
M. Mathieu: Vous nous expliquerez ce qu'on a fait quand on
arrivera aux crédits de la régie. (23 h 45)
M. Garon: Vous allez voir. Attendez un
peu. On vient de créer la régie.
M. Mathieu: À part du numéro de
téléphone, y a-t-il quelque chose?
M. Garon: Chaque chose en son temps. S'il y avait eu plus
d'affaires comme celle-là dans le temps des libéraux, il y en
aurait eu moins à faire mais...
M. Mathieu: Ce sont les libéraux qui ont pondu ce
projet-là.
M. Garon: La régie?
M. Mathieu: Oui. Vous avez ouvert le tiroir et il était
dedans.
M. Garon: Quel tiroir?
M. Mathieu: Le tiroir des libéraux.
M. Garon: Vous avez des fonctionnaires libéraux au
ministère, demandez-leur donc qu'ils me donnent ce projet. Si vous en
avez une copie, j'aimerais la voir.
M. Mathieu: Des fonctionnaires libéraux à votre
ministère?
M. Garon: J'aimerais avoir une copie de ce projet du temps des
libéraux. Je sais qu'il y en avait une sorte de zonage agricole, dans le
temps des libéraux.
M. Mathieu: Si vous continuez, il va y avoir de plus en plus de
fonctionnaires libéraux.
M. Garon: II y en avait un. Pour moi, ils sont partis avec les
meubles, les libéraux. Ce ne serait pas facile, non plus.
M. Paradis: C'est pour cela que vous avez eu besoin de
rénover.
M. Garon: Je n'ai pas rénové.
M. Mathieu: II est en train de faire une recherche.
M. Garon: Cela, en dollars, représente 87 000 000 $, en
1977. Cela est passé à 210 000 000 $ en 1981, pour une
augmentation de 139,8% en dollars.
M. Dubois: Par volume de production. Il y a eu 80% d'augmentation
dans les prix. Il ne faut quand même pas charrier.
M. Garon: C'est 73,9% d'augmentation en volume. En superficie
aussi, il y a eu une augmentation considérable, puisqu'il y a eu 250 000
acres de plus, grâce à la protection du territoire agricole en
particulier. Et non seulement cela, mais on aura peut-être d'autres
données éventuellement là-dessous, puisqu'on attend avec
impatience certaines autres données dans le domaine des
céréales. Je peux vous dire aujourd'hui même que ceux qui
mettaient cela en doute, en 1977 et qui disaient que ça n'avait pas de
bon sens, récemment nous disaient: Devant ce que le gouvernement veut
faire dans le domaine des céréales dans l'Ouest, pourriez-vous
accélérer votre programme de production de céréales
au Québec parce qu'on va en avoir bien besoin tantôt. C'est cela
être prévoyant: commencer en 1977 des programmes, parce que le
gouvernement fédéral... Si on n'avait pas eu ces programmes, si
on n'avait pas développé la production de céréales
au Québec, imaginez-vous quels problèmes on aurait, à
l'heure actuelle, au Québec avec les changements qui vont arriver dans
les programmes de production de céréales. Le sous-ministre
Lussier de l'Agriculture lui-même disait que M. Pépin, le ministre
des Transports, avait dit, j'ai la coupure du Globe & Mail, que la
politique des céréales de l'Ouest serait pensée uniquement
en fonction de l'Ouest, sans tenir compte des cultivateurs nulle part ailleurs
au Canada que ce serait une politique pour l'Ouest. Le ministre des Transports
du Québec, M. Michel Clair, m'a confirmé que M. Jean-Luc
Pépin, le ministre fédéral des Transports, avait la
même chose, soit que la politique de transport des grains va être
pensée en fonction des besoins de l'Ouest uniquement, sans tenir compte
d'aucune autre province au Canada. Ce qui veut dire que le gouvernement
fédéral, avec le soutien des libéraux du Québec,
est en train d'établir une politique céréalière qui
ne tiendra compte en aucune façon des besoins des
Québécois.
M. Paradis: M. le ministre, vous avez donné
récemment soit par le biais du ministère de l'Industrie et du
Commerce, soit par celui de votre ministère, une importance subvention
à Semico, de Saint-Hyacinthe, pour de la recherche sur les
céréales au Québec. Pouvez-vous nous dire si cela
s'appliquait strictement à la région de Saint-Hyacinthe ou
à l'ensemble de la province et quelle était l'importance de cette
subvention?
M. Garon: Oui, il y a eu une subvention versée à
Semico.
M. Paradis: Combien?
M. Garon: 150 000 $ pour trois ans.
M. Paradis: Le programme de recherche, si j'ai bien lu
l'engagement financier qui y correspondait au niveau de la recherche,
c'était au niveau des diverses variétés de
céréales. Est-ce que c'était
strictement pour de la recherche adoptée à la
région de Saint-Hyacinthe ou à l'ensemble de la province?
M. Garon: À l'ensemble du Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntington.
M. Dubois: J'aimerais demander au ministre, quand il parle
d'augmentation de production et ce depuis son arrivée au pouvoir,
à titre de ministre, s'il parle en volume de production et non en
dollars, puisqu'il y a eu à peu près 80% d'augmentation en
moyenne dans les prix des denrées ou à peu près.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Bien, vérifiez vos chiffres, M. le
ministre.
M. Garon: Je vous le dis. J'ai l'augmentation de 1976 par rapport
à celle de 1981: en volume, 73,9 et, en valeur, 139,8. Faites la
différence entre les deux.
M. Dubois: Dans l'ensemble des productions.
M. Garon: Je ne parle que des céréales.
M. Dubois: II y a eu environ 110% d'augmentation en
volume-dollars, mais, en volume de production, il y a eu quoi 25% à peu
près, dans l'ensemble de toutes les productions?
M. Garon: On ne calcule jamais comme cela. Comment voulez-vous
qu'on additionne l'ensemble des productions en volume?
M. Dubois: Non, non.
M. Garon: On peut pas additionner des pommes avec des poulets et
des boeufs.
M. Dubois: Écoutez, regardez votre Bâtir le
Québec, phase 2.
M. Garon: Comment voulez-vous qu'on additionne tous ces
volumes-là?
M. Dubois: Alors, en volume-dollars, vous indiquez 110%
d'augmentation. En volume-dollars...
M. Garon: En dollars peut-être.
M. Dubois: Oui. Vous indiquez 110% d'augmentation. Mais, en
augmentation réelle, c'est 25% à peu près. Alors, ces 25%,
ce n'est pas nécessairement attribuable aux politiques gouvernementales,
parce qu'il y a eu quand même...
M. Garon: II y a beaucoup plus que cela.
M. Dubois: II y a eu, quand même, une augmentation dans la
production à l'acre avec de nouvelles variétés, de
nouveaux hybrides, dans tous les domaines, que ce soit dans la culture
horticole, la culture du maïs-grain ou d'autres cultures.
Vous pourriez peut-être dire que, dans l'ensemble des productions
agricoles, il peut y avoir eu, à la suite des investissements de fonds
publics environ 10% d'augmentation réelle, une autre tranche de 15%
étant attribuable à des variétés nouvelles,
à des croisements nouveaux...
M. Garon: Cela ne coûterait pas cher de faire faire les
statistiques par vous.
M. Dubois: ... à des hybrides nouveaux. C'est à peu
près cela.
M. Garon: Cela ne coûterait pas cher. Vous pourriez
remplacer le bureau de la statistique, vous nous feriez dans à peu
près une demi-heure ce qu'ils font dans une année.
M. Dubois: Oui, monsieur.
M. Garon: Écoutez, ce n'est pas cela.
M. Paradis: II n'y a pas de problème là-dedans,
quand on connaît cela.
M. Dubois: Parce que, pour les productions horticoles, M. le
ministre, je peux vous dire que, depuis cinq ans, presque tous les producteurs
emploient des semences hybrides et leur production a augmenté d'environ
50%, dans les carottes seulement. Dans les oignons, c'est la même chose.
Dans la laitue...
M. Garon: Quoi?
M. Dubois: Dans les oignons...
M. Garon: Je vais vous dire la production totale dans les
légumes, en tonnes: 292 000 tonnes en 1976, 414 000 tonnes en 1981.
M. Dubois: Je vous dis que la majorité de l'augmentation
de la production est due aux semences hybrides qui sont achetées
présentement par les producteurs et qui ne l'étaient pas, il y a
six ou sept ans. C'est là le problème. C'est là qu'on peut
attribuer l'augmentation de production.
M. Garon: Le drainage?
M. Dubois: Je comprends qu'il y ait des facteurs. Si on
parle...
M. Garon: L'entreposage?
M. Dubois: ... de variétés cultivées.
M. Garon: Pensez-vous que les gens auraient produit comme
cela?
M. Dubois: Bon, c'est là qu'est le problème.
M. Garon: On a bâti quasiment 500 entrepôts depuis
quatre ou cinq ans, 400 entrepôts.
M. Paradis: ... 450?
M. Garon: Cela aide et encourage pas mal le gars qui produit,
quand il y a une place pour entreposer.
M. Dubois: Les terres noires ne sont pas toutes drainées.
Elles ne doivent pas être toutes drainées.
M. Garon: Pour les céréales, il aurait
été impossible de développer la production s'il n'y avait
pas eu d'entreposage.
M. Dubois: Pour les terres noires, elles ne sont pas toutes
drainées. Il y a une augmentation d'environ 50% dans les productions
horticoles, telle que la carotte à cause de nouvelles
variétés de carottes hybrides. On ne peut pas attribuer...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Champlain.
M. Gagnon: On m'a plus tôt enlevé la parole.
M. Dubois: On ne peut pas attribuer l'augmentation aux
subventions gouvernementales.
M. Gagnon: Je ne sais pas si cela déborde un peu la
recherche, mais on vient de toucher au drainage. J'aimerais connaître
l'augmentation justement dans le drainage. Est-ce qu'on se compare assez bien
ou s'il y a une augmentation substantielle dans le drainage?
M. Garon: Cette année en comparaison de l'an
passé?
M. Gagnon: Comparativement à 1976, si vous voulez.
M. Garon: En ce qui concerne 1976, je pense qu'à ce jour,
avec les chiffres de 1982, on aurait fait, depuis 1977, deux fois plus de
drainage qu'il ne s'en est fait avant 1977 au Québec, en seulement cinq
ans.
M. Gagnon: Cela aide à augmenter le niveau de
l'autosuffisance.
M. Dubois: Ne seriez-vous pas d'accord qu'avec les nouvelles
techniques de drainage qui ont été mises en place en 1974-1975 et
qui sont arrivées juste au temps où vous deveniez ministre,
qu'avec ces nouvelles techniques à taupes, où on peut aujourd'hui
installer avec une seule machine 25 000 ou 30 000 pieds de drain par jour, par
rapport à 3000 ou 4000 pieds de drain par jour avec les machines
conventionnelles à roue? J'ai vécu cette expérience, je
sais de quoi je parle, M. le ministre. Quand vous êtes arrivés au
pouvoir, vous aviez toute une technique mise de l'avant par le Parti
libéral. Il ne vous restait seulement qu'à recueuillir un fruit
qui était mûr, est-ce à peu près cela? C'est
absolument cela.
M. Garon: Ce n'était pas cela. Je vais vous dire ce
qu'était le problème avec le Parti libéral. Savez-vous ce
que c'était? Le gouvernement donnait des plans seulement à
quelques firmes d'ingénieurs. Non seulement cela, mais, je l'ai
expérimenté région par région il fallait que les
gens prennent les niveleuses choisies par les organisateurs libéraux,
les bureaux d'ingénieurs choisis par le Parti libéral et les
entrepreneurs choisis par le Parti libéral, de sorte qu'il y avait un
embouteillage épouvantable. Savez-vous une chose?
M. Dubois: J'en sais des choses et je vais vous en conter!
M. Garon: Quand on a arrêté et qu'on a dit: On va
faire faire les plans par l'entreprise privée et le cultivateur
décidera qui fera ses plans et qui viendra faire des travaux sur sa
ferme, à ce moment, l'embouteillage s'est arrêté. On ne l'a
pas fait d'un coup sec, on l'a fait région par région. Je peux
vous dire qu'immédiatement après, cela a été
l'explosion. Qu'est-ce qui bloquait au fond? C'était cela,
c'était le patronage libéral qui bloquait le développement
de l'agriculture.
M. Dubois: Un instant, M. le ministre! Personnellement, j'ai
été entrepreneur en drainage de 1968 à 1974 et on n'a
jamais manqué d'un plan, on avait des plans tant qu'on en voulait.
M. Garon: Vous avez commencé en 1968, vous étiez
bleu dans ce temps. Vous étiez bleu.
Une voix: Ce n'était pas un libéral c'était
un bleu, lui.
M. Dubois: On était le premier.
M. Garon: Vous étiez bleu, vous avez
commencé dans le temps des bleus. M. Dubois: On
était deux.
Une voix: Ce n'était pas un libéral juste à
la fin.
M. Dubois: Mais, si c'est cela qui a fait le progrès.
M. Garon: En 1968?
M. Dubois: C'est cela qui a fait le progrès du drainage au
Québec.
M. Garon: Vous avez commencé dans le temps de l'Union
Nationale.
M. Dubois: C'est lorsque l'entreprise privée est
arrivée, c'est là que cela a commencé à progresser.
Vous n'êtes pas d'accord avec cela?
M. Garon: Vous êtes par mal des deux bords, parce que vous
avez été Union Nationale et vous êtes passé aux
libéraux.
M. Dubois: Est-ce que vous voulez revenir à l'ancienne
méthode où c'est le gouvernement qui fait le drainage
lui-même? C'est à cela que vous voulez revenir?
M. Garon: Pardon!
M. Dubois: Vous êtes contre l'entreprise privée dans
le drainage?
M. Garon: Bien non.
M. Dubois: Alors, je vous dis qu'en 1968 on est arrivé,
à titre d'entreprise privée, dans le drainage pour la
première fois. À ce moment, il y a eu un progrès constant.
Les techniques ont changé, en 1974 à peu près, avec les
taupes, et c'est là que cela a commencé à fonctionner. Les
techniques étaient toutes en place, lorsque vous avez pris le pouvoir en
1976; c'est pour cela que vous allez recueillir le fruit...
M. Garon: II se faisait du drainage en Ontario en grande
quantité. Ce n'est pas cela qui est le problème. Le
problème c'était essentiellement les méthodes de patronage
du Parti libéral qui bloquaient...
M. Dubois: Non, ça, c'est du charriage
systématique.
M. Garon: Ce n'est pas du charriage, c'est la
réalité. Demandez-le à tous les agriculteurs, ils vont
vous le dire.
M. Dubois: Quand il n'y avait pas de taupes au Québec,
vous ne pouviez pas faire plus que quoi? Le quart du drainage que vous faisiez
en 1976, quand les taupes sont arrivées avec des capacités de 20
000, 30 000.
M. Garon: L'Ontario en faisait beaucoup plus que le
Québec.
M. Dubois: II y avait 125 entrepreneurs en Ontario contre 7 ou 8
au Québec. C'est là le problème.
Une voix: Au tout début c'était cela.
M. Garon: Mais c'est parce que les partis politiques...
M. Dubois: II y a une évolution dans n'importe quoi.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple. Combien pensez-vous
qu'il y a de firmes d'ingénieurs aujourd'hui qui font des plans de
drainage? Je n'ai pas le compte, je ne l'ai jamais demandé, mais il doit
y avoir plusieurs dizaines de firmes. Dans le temps des libéraux,
combien pensez-vous qu'il y en avait? Il y en avait deux en tout, qui avaient 4
800 000 $ de contrats en 1976, sur 6 500 000 $. Sur les doigts de la main, sur
les doigts d'une main...
M. Dubois: Le ministère faisait des plans lui aussi.
M. Garon: Laissez-moi finir. Sur les doigts d'une main, vous
comptiez vraiment les bureaux d'ingénieurs qui faisaient des plans de
drainage. C'est un petit nombre de rien. Pourquoi? Parce qu'il fallait qu'ils
passent par les bureaux.
M. Dubois: Vous n'êtes pas d'accord que le
ministère...
M. Garon: On m'a même dit que les deux gros bureaux qui ont
commencé, au début, c'est un député libéral
qui avait mis en marche ces bureaux-là, les deux.
M. Dubois: Vous n'êtes pas d'accord que le
ministère...
M. Garon: C'est la réalité.
M. Dubois: Le ministère préparait des plans
lui-même? Vous savez cela.
M. Garon: Pardon!
M. Dubois: Le ministère préparait des plans
lui-même, vous le savez. Il y avait des entreprises privées...
M. Garon: II y avait les deux.
M. Dubois: II y avait le ministère qui
préparait des plans.
M. Garon: II faisait les deux.
M. Dubois: Quand j'ai vécu l'expérience, on n'a
jamais manqué de plans, je peux vous dire cela.
M. Garon: Excepté qu'il se faisait...
M. Dubois: On n'a jamais manqué de plans. Il manquait
d'entrepreneurs. C'est tout ce qui manquait, il ne manquait pas de plans.
M. Garon: Je vais vous dire une chose.
M. Dubois: II manquait de techniques nouvelles.
M. Garon: II y avait beaucoup de plans qui se faisaient pour
rien. Un agriculteur donnait 20 $, faisait faire son plan et il pouvait ne
jamais faire faire de drainage avec son plan, mais, comme le plan ne lui
coûtait rien, il avait un plan de sa ferme et il ne se faisait pas faire
de drainage. C'est ce qu'on a arrêté à ce moment-là.
On a dit: On ne subventionne pas de plans s'il n'y a pas de drainage, il
faudrait au moins que la terre soit drainée à 10% pour qu'on
rembourse le coût du plan. C'est cela qui a ouvert le drainage, ce sont
des méthodes comme celles-là.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député.
M. Mathieu: Le ministre est passé du drainage au
"charriage", je voudrais revenir sur...
M. Dubois: Avec les techniques nouvelles en 1974-1975, c'est
là que cela est parti.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, M. le Président...
M. Garon: Savez-vous une chose? On a été chanceux
quand on est arrivé au gouvernement, les techniques nouvelles sont
arrivées et les tiroirs étaient pleins. On a été
chanceux.
M. Dubois: Enfin, il le reconnaît.
M. Garon: Vous auriez dû laisser le pilote automatique et
cela aurait marché tout seul.
M. Mathieu: Cela vous a pris six ans pour vous en apercevoir, M.
le ministre. Alors, en concluant...
M. Garon: Cela ne coûte rien de vous en servir.
M. Mathieu: Le programme 1...
Le Président (M. Boucher): Est adopté?
M. Mathieu: Non, un instant, il y a encore une question.
En concluant le programme 1, M. le Président, il reste une
question, c'est que, dans la recherche des sols autrefois - j'ai eu beaucoup de
représentations des cultivateurs - le cultivateur faisait un
prélèvement de sol et le faisait analyser dans les bureaux de
recherche, les laboratoires du ministère. Maintenant, on me dit qu'il y
a deux laboratoires de fermés. Est-ce le cas?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Sainte-Anne-de-la-
Pocatière.
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Et Saint-Hyacinthe.
Une voix: Comment se fait-il que les députés locaux
laissent fermer cela sans dire un mot?
M. Garon: II en reste quatre.
M. Mathieu: II y en a plus que deux de fermés, comme
cela?
M. Garon: II en a deux de fermés. Il y en avait six, il en
reste quatre et il n'est pas impossible qu'on en ferme d'autres.
M. Mathieu: Ah oui! Alors, si je comprends bien, ils datent des
libéraux...
M. Garon: C'est cela rationaliser les opérations du
ministère.
M. Mathieu: Du temps des libéraux, ça ne
coûtait rien à l'agriculteur pour faire analyser son sol; vrai ou
faux? Maintenant, est-ce que c'est encore gratuit?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Cela ne coûte rien encore.
M. Garon: Cela ne coûte rien encore?
M. Mathieu: Etes-vous certain de cela? Vous affirmez cela?
M. Garon: Oui.
M. Mathieu: Parce que les agriculteurs me disent qu'ils sont
obligés de payer pour faire analyser leur sol.
M. Garon: Vous avez de drôles d'informateurs.
M. Paradis: Ce qu'il veut dire, c'est que Parizeau taxe le gaz.
Vu qu'il en a fermé deux, ça doit être un peu plus
loin.
M. Mathieu: Les stations qui restent, ce sont lesquelles? Les
laboratoires ouverts, pouvez-vous me les nommer?
M. Garon: Rock-Forest, Nicolet, Rimouski, Alma.
M. Mathieu: Et ils continuent à faire le travail pour les
agriculteurs? (Minuit)
M. Garon: Ils continuent à analyser.
M. Mathieu: Ils analysent. Et puis est-ce que ça fournit,
bien qu'il y ait deux centres de moins?
M. Garon: Cela fournit certain. S'il était plus
économique de faire cela au même endroit, on le ferait au
même endroit.
M. Mathieu: Est-ce que le service aux producteurs est aussi bon?
Les producteurs me disent que le service est moins bon et le coût est
plus élevé.
M. Garon: Oui, mais vous ne vous adressez pas aux bons
cultivateurs, aux bons informateurs.
M. Mathieu: C'est-à-dire que ce ne sont pas les bons qui
s'adressent à moi. Ce n'est pas moi qui les choisis, les
agriculteurs.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu de l'heure, M. le
député.
M. Mathieu: Quelle heure est-il, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): II est minuit, docteur
Schweitzer.
M. Mathieu: Programme 1 adopté?
Le Président (M. Boucher): Alors, programme 1,
adopté. La commission ajourne ses travaux sine die; toutefois, elle est
prévue pour 14 heures demain après-midi.
(Fin de la séance à 0 h 01)