(Neuf heures cinquante et une
minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bogemans (Iberville) est remplacée par M. Lemay
(Masson); M. Kelley (Jacques-Cartier) est remplacé par Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce); et Mme Zaga Mendez
(Verdun) est remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires, puis nous
entendrons par la suite les organismes suivants : Hydro-Québec, le Conseil
mohawk de Kahnawake et la Fédération des producteurs forestiers du Québec, par
visioconférence.
Remarques préliminaires
J'invite maintenant le ministre délégué à
l'Économie à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez
de six minutes. À vous la parole.
M. Christopher
Skeete
M.
Skeete : ...très content d'être avec vous pour présenter ce
projet de loi là, qui est vraiment important. Il bâtit, je crois, quelque chose de novateur pour l'avenir, et
je pense que, bien, les gens vont beaucoup aimer. En tout cas, moi, j'aime
beaucoup. J'espère que les gens vont aimer
la manière novatrice dont Hydro-Québec va proposer les nouvelles façons de faire. On parle ici de partenariats. On parle
ici de... aussi, l'exportation de notre électricité à nos voisins, qui leur
permet, à eux, de décarboner leur économie.
Vous allez me
permettre quelques secondes, M. le Président, pour dire merci aux équipes.
Merci aux équipes, Énergie, Hydro-Québec, pour leur... leur travail, leur aide,
leur support. J'aimerais aussi prendre un moment pour saluer la
collègue, Notre-Dame-de-Grâce, le collègue de Maurice-Richard.
Bienvenue. Vraiment hâte de travailler avec
vous sur ce projet de loi là. Et aussi, aux équipes, ici, du ministère, du cabinet,
les collègues de la patrie... de la partie gouvernementale, merci
beaucoup d'être ici un mardi matin avec moi pour m'appuyer dans ce projet de
loi là. C'est vraiment apprécié.
J'ai hâte de... d'échanger, de... d'avoir
réponse à quelques questions que je pourrais avoir et aussi de parler d'énergie. C'est quelque chose qui me motive
beaucoup, et surtout dans le cadre de l'exportation de cette énergie-là, qui,
il faut se le rappeler, va enlever un million de voitures, l'équivalent de CO2
dans... dans l'atmosphère, avec ce projet de loi là.
Donc, au
plaisir d'échanger avec vous, M. le Président. Merci beaucoup pour l'accueil
chaleureux, et à bientôt.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Ça me fait plaisir de vous accueillir chaleureusement, M. le ministre. J'invite
maintenant la porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 4 min 30 s. Mme la députée, à
vous la parole.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le Président.
Avant de partager mes remarques préliminaires, je tiens tout d'abord à saluer la présidence et le secrétariat.
Je veux évidemment saluer le ministre délégué à l'Économie et les équipes
qui accompagnent le ministre. Je salue aussi
les députés de la banquette ministérielle. Enfin, j'aimerais saluer les
collègues des autres formations en opposition.
Alors, maintenant, à titre de porte-parole en...
de l'opposition officielle en matière d'environnement et de changements climatiques, qui est intimement lié à
notre... notre avenir énergétique, je suis très heureuse de pouvoir participer
à la Commission de l'agriculture, pêcheries, énergie et ressources naturelles.
C'est une première pour moi aux consultations
particulières du projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York. Je tiens à remercier
les groupes et les organismes qui sont présents lors de ces consultations
particulières. Je suis impatiente d'entendre leurs remarques, commentaires et
recommandations sur le projet de loi n° 13 déposé par le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie le 22 février dernier.
Cela étant
dit, le projet de loi cherche à mettre en place les conditions de réalisation
de la ligne Hertel-New York. Toutefois, quelques questions se posent sur
le plan économique, environnemental et social. Ce sont bel et bien les trois piliers du développement durable. Nous avons
justement adopté, tout récemment, la stratégie gouvernementale en
matière de développement durable, et je crois qu'il serait important d'analyser
ce projet selon cette approche intégrée et équilibrée.
Sur le volet économique, est-ce qu'on... est-ce
que c'est vraiment le meilleur projet pour le Québec? Est-ce qu'il s'agit de la
meilleure utilisation que nous pouvons faire de notre électricité, alors qu'on
parle de sobriété électrique et... énergétique, je devrais dire, et
qu'Hydro-Québec prévoit elle-même manquer d'électricité dans les prochaines
années, dans la planification d'atteindre nos objectifs de carboneutralité
d'ici 2050, c'est-à-dire en vue des 100 térawattheures supplémentaires
pour combler nos besoins énergétiques ici, au Québec?
Sur le plan
de l'environnement, le projet a fait l'objet d'un BAPE, où, au long... d'un
BAPE. Alors, présentement, là, le
rapport a été donné au ministre de l'Environnement le 1er mars, mais nous
n'avons toujours pas... Ça n'a pas été
encore rendu public. Puisque la loi prévoit que le gouvernement doit le rendre
public à l'intérieur de 15 jours, il sera seulement rendu public,
si je comprends bien, jeudi le 16 mars. Afin d'assurer une analyse
complète du projet de loi et de prendre des décisions éclairées, le rapport du
BAPE doit être accessible sans délai. Alors, on demanderait au gouvernement de
rendre public le rapport du BAPE dès aujourd'hui, à l'avance du vote prévu pour
demain sur le principe de la loi.
Sur le volet
social, l'entente avec les Mohawks, c'est une première. Et, on reconnaît, c'est
une première importante. Maintenant, il faut réussir à bâtir sur cette
entente et s'assurer que la communauté aura des retombées réelles au niveau de
l'économie et de la société.
Cependant, le
projet de loi délègue des pouvoirs d'expropriation du gouvernement à
Hydro-Québec afin d'accélérer le
processus d'expropriation. Il prévoit aussi de retirer le droit de contestation
de l'exproprié. Nous étudierons ce... donc ce... le projet de loi de
manière attentive pour nous assurer que les droits des personnes expropriées
soient respectés.
En terminant, M. le Président, il y a de
nombreux éléments à travailler, à surveiller, et je suis contente de pouvoir
participer aux présentes consultations particulières. Comme je l'ai déjà dit,
j'ai hâte d'entendre les groupes lors de ces
consultations et j'ai confiance qu'ils pourront éclairer les membres de la
commission afin de bonifier le projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Et j'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 1 min 30 s. M. le député de
Maurice-Richard, vous avez la parole.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le Président.
Je souhaite bonjour à mes collègues du gouvernement et puis à ceux de l'opposition officielle. Je tiens aussi à
m'excuser d'une entorse non voulue. J'ai tout à fait oublié ma cravate. Elle
s'en vient en chemin. Étant donné
qu'on a passé une belle soirée hier à se coucher tard et à se réveiller très
tôt ce matin pour venir à Québec, ce sera mon excuse.
Le... Ce projet de loi est important. Deux
choses à dire. Premièrement, c'est un des innombrables projets qui touchent aux questions de l'énergie. Et nous,
depuis le début, on pense que ce n'est pas une manière de gérer la vision
énergétique, étant donné qu'on a l'impression que c'est comme des morceaux du
puzzle, mais l'image globale, elle est à peu près invisible. Et donc, dès le
début, nous, ce qu'on voudrait, c'est un BAPE générique public qui permet
d'avoir une vision beaucoup plus globale de nos besoins et de la manière
d'utiliser notre énergie au Québec.
Donc, plus spécifiquement pour ce projet de loi
là, ce qui va nous... ce qui va nous intéresser, c'est beaucoup, un, quel genre de pouvoirs on délègue, quels
pouvoirs on va garder ou enlever à la Régie
de l'énergie, qui semble être un...
une méthode de travail, depuis déjà quelque temps au niveau du gouvernement,
d'affaiblir une fois de plus la Régie de
l'énergie, et puis évidemment, dans les détails, quel genre de collaboration il
va y avoir avec les communautés mohawks. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Ciccone) : ...M. le député. Et je comprends que quelqu'un va
venir vous porter une cravate.
M. Bouazzi : ...
Le Président (M. Ciccone) : Parfait.
Merci beaucoup. Bon, c'est vrai...
Auditions
Nous sommes
maintenant prêts à débuter nos auditions. Alors, je souhaite donc la bienvenue
aux représentants d'Hydro-Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé.
Hydro-Québec
(HQ)
Mme
Boucher (Julie) : Bonjour, M. le Président. Hydro-Québec tient à
remercier les membres de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
pour cette invitation à participer aux consultations particulières sur
le projet de loi n° 13, la Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York.
• (10 heures) •
Je m'appelle Julie Boucher. Je suis responsable,
à Hydro-Québec, du développement durable, des relations avec les communautés et
des communications. Je suis accompagnée ce matin de mon collègue Pierre Gagnon,
vice-président exécutif, Affaires corporatives, juridiques et réglementaires,
et chef de la gouvernance.
Ce projet de loi vise à permettre la conclusion
d'un partenariat historique entre Hydro-Québec et le Conseil mohawk de
Kahnawake, qui deviendraient ensemble copropriétaires de la ligne
d'interconnexion Hertel-New York, soit
la portion québécoise de la ligne. Cette nouvelle ligne de transport
d'électricité servira à livrer l'électricité propre du Québec au coeur de la ville de New York,
actuellement alimentée en électricité produite à 90 % à partir de combustibles
fossiles. Le partage de la propriété d'un actif de transport avec une Première
Nation est une approche novatrice incarnant
la volonté d'Hydro-Québec de poursuivre le développement énergétique du Québec
en le faisant en collaboration avec les peuples autochtones. Ce projet
de loi marque ainsi un jalon important dans l'évolution de nos relations. Dans
cette optique, Hydro-Québec appuie pleinement son adoption, qui s'inscrit au
soutien de notre initiative.
Le 20 septembre 2021, Hydro-Québec a été sélectionnée
par l'agence de développement énergétique de l'État de New York, NYSERDA, pour
conclure un contrat comprenant la livraison de 10,4 térawattheures
d'énergie à la ville de New York. Ce contrat
devrait engendrer des revenus totalisant 30 milliards de dollars pour
Hydro-Québec sur une période de 25 ans. En plus d'offrir ces
avantages financiers, ce contrat constitue une pierre angulaire de la lutte contre les changements climatiques dans le
nord-est de l'Amérique du Nord, puisqu'il permettra d'éviter l'émission
de 3,9 millions de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit
l'équivalent du retrait de 44 % des voitures de la ville de New York. À ce
jour, aucun autre projet énergétique visant le continent nord-américain ne
mènera, à lui seul, à une diminution aussi
considérable des émissions de GES. La force de ce contrat réside également dans
sa flexibilité, puisqu'il ne comporte
aucun engagement de fournir de la puissance l'hiver, lorsque les besoins sont
les plus importants au Québec.
Hydro-Québec
doit ainsi construire une ligne de transport qui acheminera l'énergie jusqu'au
point d'interconnexion avec les
États-Unis. Du côté américain, le projet de la ligne Champlain Hudson Power
Express, CHPE, reliera le point d'interconnexion
à New York... est piloté par notre partenaire, Transmission Developers Inc. La
ligne que doit construire Hydro-Québec
s'étendra sur 57,7 kilomètres entre le poste Hertel, à La Prairie, et le
point d'interconnexion, situé dans la rivière Richelieu. Le tracé de la
ligne sera situé à 95 % dans les emprises de routes nationales et
régionales, ce qui minimisera les impacts sur l'environnement et les propriétés
privées.
L'ajout d'une
interconnexion avec la ville de New York, une des grandes métropoles du monde,
où on prévoit une croissance de la
consommation d'électricité, est une stratégie avantageuse pour le Québec. En
effet, une meilleure intégration des réseaux nous permettra aussi, à l'échéance
du contrat, d'exporter de l'électricité lorsqu'elle se vendra à prix fort et possiblement d'importer de
l'électricité en provenance de sources renouvelables lorsqu'elle sera peu
coûteuse, de manière à jouer pleinement notre rôle de batterie pour le
nord-est du continent.
Ce projet de loi permettra à Hydro-Québec de
conclure ce partenariat novateur avec la communauté mohawk de Kahnawake. Depuis la signature de la Convention
de la Baie James et du Nord québécois et de la «Paix des Braves», Hydro-Québec
est guidée par une volonté de réconciliation et de collaboration avec les
communautés autochtones. Cette volonté s'est
incarnée dans de nombreuses ententes conclues avec des communautés au fil des
ans pour des projets comme la
construction du complexe de La Romaine ou encore des partenariats, comme celui
annoncé récemment avec l'entreprise inuite Tarquti, pour des projets
d'énergie propre au Nunavik.
Pour continuer de répondre aux attentes et tenir
compte des priorités évolutives et distinctes des différentes communautés,
Hydro-Québec doit continuellement faire preuve... doit continuellement faire
évoluer ses pratiques et disposer de
flexibilité. Dans le cas de la ligne d'interconnexion Hertel-New York, le grand
chef du Conseil mohawk de Kahnawake, feu Joseph Tokwiro Norton, avait
exprimé, dès l'été 2019, la volonté de sa communauté de s'associer avec Hydro-Québec dans le projet sous la forme
d'un partenariat commercial. Cette vision, poursuivie et concrétisée par
la grande cheffe Sky-Deer, cadrait
parfaitement avec la volonté d'Hydro-Québec d'innover dans sa volonté de
collaborer avec les communautés autochtones dans l'élaboration de ses
projets. Un partenariat commercial comme celui-ci était la prochaine étape à
franchir dans l'évolution de nos relations avec les communautés et s'inscrit
dans une tendance canadienne où ces modèles se multiplient. C'est donc ainsi
que se sont entamées les discussions qui ont mené à la conclusion du protocole
d'entente jetant les bases du partenariat.
L'entente à
conclure, si le projet de loi est adopté, prévoit qu'Hydro-Québec construira la
ligne Hertel-New York puis cédera cet
actif, lors de sa mise en service, à une société qui sera codétenue par le
Conseil mohawk de Kahnawake et Hydro-Québec ou une de leurs sociétés
respectives détenues en propriété exclusive. Cette cession se fera en
contrepartie d'une contribution financière versée à Hydro-Québec de la part des
associés de la société, soit le Conseil mohawk de Kahnawake et Hydro-Québec ou
une de leurs sociétés respectives. La contribution de chaque partie sera
corrélée au pourcentage de sa participation dans la société, ce qui sera
déterminé au moment de la cession de l'actif.
En tout temps, selon les dispositions de la loi
et de l'entente qui devra être approuvée par le gouvernement, Hydro-Québec
conservera le contrôle de cette société. Les revenus de la société proviendront
de la vente du service de transport au Québec, et les bénéfices nets seront
répartis de manière proportionnelle à la détention de parts dans la société. Par ailleurs, il est également prévu
qu'Hydro-Québec sera exclusivement responsable de la gestion, de
l'exploitation, de
l'entretien et de la conformité de la ligne, comme pour l'ensemble de son
réseau. Ce projet de loi est un pas de plus vers la conclusion de l'entente, qui permettra l'ouverture d'un nouveau
chapitre prometteur pour l'avenir des relations entre Hydro-Québec et
les communautés autochtones.
Étant
donné la complexité technique de la construction d'une ligne de transport, il
est nécessaire qu'Hydro-Québec se
charge complètement de cet aspect du projet avant de céder la ligne à la
nouvelle société qui sera créée avec le Conseil mohawk de Kahnawake. Or,
la Loi sur Hydro-Québec ne permet pas à Hydro-Québec de céder tout immeuble
dont elle a besoin pour la poursuite de ses
opérations. Le projet de loi n° 13 est donc nécessaire pour ouvrir la voie à cette
cession. Il est important de souligner que, selon le projet de loi,
seuls Hydro-Québec, le Conseil mohawk de Kahnawake ou l'une de leurs sociétés en propriété exclusive respectives pourront
détenir des parts de la société. Ainsi, la ligne ne pourra pas être
cédée à d'autres entités, à moins que le gouvernement en décide autrement.
Par
ailleurs, le projet de loi assure que la société à être créée disposera des
droits et pouvoirs d'Hydro-Québec dans l'exercice de ses activités, ce qui fera
en sorte, par exemple, que la société bénéficiera des servitudes dont disposera
Hydro-Québec dans les emprises
municipales ou les emprises du ministère des Transports du Québec en vertu de
la Loi sur la voirie ou de la Loi sur Hydro-Québec.
Enfin, le projet de
loi comporte certains aménagements aux normes applicables en matière
d'expropriation de manière à favoriser le respect de l'échéancier serré de la
construction de la ligne et de la livraison de l'électricité à New York. Bien entendu, Hydro-Québec privilégie des
ententes négociées à l'amiable plutôt que le recours à l'expropriation. En moyenne, au fil des ans,
environ 95 % de nos dossiers d'expropriation sont réglés à l'amiable. La
procédure d'expropriation est donc une
mesure d'exception s'appliquant s'il n'a pas été possible de conclure une
entente de gré à gré avec un ou une propriétaire.
Il
faut rappeler que la ligne Hertel-New York sera souterraine. De plus, elle sera
située à 95 % dans des emprises routières,
ce qui en limitera les impacts, qui seront essentiellement liés à la période
des travaux. Les droits obtenus viseront une occupation temporaire aux fins des travaux et constitueront des
servitudes permanentes pour le passage des équipements dans le sol. Les terrains seront remis en état une
fois les travaux réalisés, et les propriétaires seront dûment indemnisés
pour les inconvénients subis. À terme, les
propriétaires visés pourront donc continuer d'utiliser la surface de leurs
terrains une fois les travaux terminés et n'auront pas à déménager. En
terres cultivées, c'est-à-dire sur 2,5 kilomètres du tracé qui fait
57,7 kilomètres, la canalisation sera enfouie sous l'équipement de
drainage agricole pour permettre la remise en culture du sol, ce qui minimisera
les inconvénients permanents pour les propriétaires agricoles.
En conclusion, le
projet de loi n° 13 permettra la création d'un partenariat novateur
entre Hydro-Québec et le Conseil mohawk de Kahnawake. De plus, il sécurisera
l'échéancier du projet de la ligne d'interconnexion Hertel-New York, hautement
avantageux pour l'ensemble du Québec. Enfin, il soutiendra la décarbonation et
la lutte contre les changements climatiques
dans le Nord-Est américain. La collaboration d'Hydro-Québec et du Conseil
mohawk de Kahnawake cristallise leur intention commune de promouvoir une
relation à long terme, mutuellement avantageuse, basée sur le respect, le
dialogue, la collaboration et la confiance. Je vous remercie pour votre écoute.
Le Président (M.
Ciccone) : Merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange avec M. le ministre. Vous avez un temps alloué de
16 min 30 s. À vous la parole.
• (10 h 10) •
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, merci pour cet exposé-là. Je veux juste clarifier
certains points dans votre présentation, puis
juste me dire si j'ai bien compris. On parle de 30 milliards de revenus
pour Hydro-Québec sur les
25 prochaines années.On parle de 3,9 millions de tonnes de
réduction de gaz à effet de serre, ce qui est l'équivalent de 44 %
des voitures actuellement sur la route dans la ville de New York.
Mme Boucher
(Julie) : Exactement.
M. Skeete : Puis
on n'est pas obligés de vendre ça l'hiver quand on est en pointe.
Mme Boucher
(Julie) : C'est ainsi que le contrat est prévu.
M. Skeete : OK.
En ce moment, pour faire ce tracé-là, on est à 95 % sur des emprises
publiques.
Mme Boucher
(Julie) : Des emprises de routes, emprises routières ou d'autoroutes.
M. Skeete : Donc,
ce n'est pas des privés qui doivent être expropriés puis...
Mme Boucher
(Julie) : Sur 95 %, non.
M. Skeete : Puis,
quand vous devez le faire, bien, à 95 %, vous vous entendez avec les gens.
Mme Boucher
(Julie) : Tout à fait.
M. Skeete : OK.
Puis on parle ici d'une entente historique avec une communauté autochtone. Ça,
c'est du jamais-vu.
Mme Boucher (Julie) : C'est une
première.
M.
Skeete : OK. Qu'est-ce qui arriverait si, demain matin, on ne faisait
pas la ligne Hertel ou s'il y avait des délais importants?
M. Gagnon
(Pierre) : Le projet... La date de réalisation du projet... Le moment
où on doit livrer l'énergie à New York est en 2026. Donc, les délais sont
serrés. Il est donc important qu'on puisse procéder dès maintenant à la réalisation
du projet pour s'interconnecter avec nos partenaires américains à la frontière,
qui va être, en fait, dans la rivière
Richelieu. Le point d'interconnexion va être dans la rivière Richelieu. Si on
n'est pas au rendez-vous, bien, il y a des
conséquences juridiques évidentes qui vont en découler en termes de dommages
potentiels, de réclamations, etc. Donc, il n'est peut-être pas nécessaire d'entrer dans tous les détails de ce qui
pourrait entraîner sur le plan juridique... Mais il est certain qu'on a
un engagement contractuel avec notre partenaire américain pour livrer notre
bout du réseau de façon à être en mesure de livrer l'énergie en temps approprié
en 2026.
M. Skeete : Ça
fait qu'on serait en brèche contractuelle.
M. Gagnon
(Pierre) : Tout à fait.
M. Skeete : OK.
Puis, la prochaine fois que vous voudrez faire une entente avec New York, ça
marcherait comment dans ce temps-là?
M. Gagnon
(Pierre) : Ce serait beaucoup plus difficile.
M. Skeete : OK.
C'est ce que je pensais, mais on enregistre, hein?
M. Gagnon
(Pierre) : C'est clair.
M.
Skeete : On veut être sûrs
que c'est écrit. Oui, c'est ça. Je comprends. Combien ça coûte, une ligne entre
le Québec et l'État de New York? Combien ça va coûter, ça?
Mme Boucher (Julie) : Le projet total, donc,
Hydro-Québec est responsable du projet de ligne du côté Québec, on parle
d'environ 500 millions de dollars pour la ligne, 600 millions
pour le poste.
M. Skeete : Puis
c'est qui...
M. Gagnon
(Pierre) : 1,1 milliard, tel que ça a été présenté à la Régie de
l'énergie.
M. Skeete :
Puis c'est qui qui paie pour cette ligne-là?
M. Gagnon
(Pierre) : Pour la portion... L'ensemble du projet est payé par
Hydro-Québec de deux façons. La première
façon, c'est à travers les tarifs du service de transport, et la portion qui
excède l'allocation tarifaire est payée par les activités de production
d'Hydro-Québec.
Mme Boucher
(Julie) : Et les tarifs de transport sont assumés...
M. Gagnon (Pierre) : Les tarifs de transport
sont assumés par les utilisateurs du service de transport, dans ce cas-ci, Hydro-Québec
également.
M. Skeete : Parfait.
Donc, pour un investissement de 1 milliard, on a des retombées de... des
retombées de 30 milliards. C'est un
calcul facile, là, mais on est plus ou moins dans... Puis 1 milliard en
dollars d'aujourd'hui, 30 milliards en dollars futurs aussi.
M. Gagnon (Pierre) : Oui. Bien, il y a de
l'énergie qui vient avec aussi. C'est la portion transport dont on parle.
Le 1,1 milliard, c'est la portion physique du lien de transport entre le
point frontière et le poste Hertel.
M. Skeete : Je comprends. OK. Pourquoi cette nouvelle façon de faire? Pourquoi avez-vous décidé
de faire un partenariat avec les communautés autochtones... avec la
communauté autochtone en question? Pourquoi cette façon de faire?
Mme Boucher (Julie) : Depuis plusieurs années,
Hydro-Québec entretient des relations, avec les communautés autochtones,
de différentes natures. Depuis plusieurs années, on conclut ce qu'on appelle
des ententes retombées et avantages. Dans le
milieu, on dit souvent des ERA, des ententes classiques qu'on fait avec les
communautés autochtones pour différents projets. À Hydro-Québec, on n'a pas un
gabarit, là. À chaque fois qu'on a une entente, on repart du même modèle. À chaque fois, on fait de nouvelles
ententes qui sont adaptées aux projets, qui sont adaptées aux communautés
ou aux nations autochtones avec lesquelles on travaille.
Dans le cas du projet Hertel-New York, il y
avait clairement une volonté, de part et d'autre, de faire les choses différemment, et de faire plus qu'une
entente retombées et avantages, et de devenir des partenaires commerciaux
ensemble pour
développer ce projet de ligne là, et l'exploiter ensemble, par la suite, pour
l'ensemble de la durée de vie du projet. Donc, c'est né d'une volonté commune
d'aller plus loin qu'une entente retombées et avantages. Il y avait une
volonté, de la part de la communauté, d'investir aussi dans le projet de ligne.
Donc, c'est modulé selon chacun des projets,
selon chacune des communautés, des nations, selon les intérêts de chacun. La
communauté ici choisit d'investir dans un projet d'infrastructure énergétique
vers l'État de New York, et je suis certain
que la grande cheffe pourra vous parler du lien particulier qu'ils ont aussi
avec la ville de New York.
M.
Skeete : Puis ça fait que, là, vous dites... Vous n'êtes
pas... Vous n'avez pas un gabarit que vous suivez à tous les jours. Ça
fait que, dans le fond, chaque situation est adaptée à la nouvelle réalité.
Mme Boucher (Julie) : Exact. Donc,
les ententes qu'on a faites, par exemple, pour le complexe La Romaine ont été
différentes de ce qu'on fait aujourd'hui. Quand on travaille avec les Inuits,
présentement, pour la transition énergétique des réseaux autonomes, les
14 villages inuits, on travaille différemment, avec les Inuits, pour
développer un modèle dans lequel eux aussi
pourront participer à la transition énergétique de leurs communautés. Donc, on
élabore, selon le projet, selon la
communauté, selon la nation, selon la réalité et selon un moment précis dans le
temps, des projets d'entente ou des projets de partenariat.
M. Skeete : Puis j'essaie de trouver
une façon polie, là, ou diplomatique de poser la question, mais est-ce que vous
faites ça parce que vous êtes obligés de le faire ou vous le faites parce que
c'est quelque chose que vous pensez qui est important, d'avoir le sentiment de
contribution de tout le monde et tous les partenaires?
Mme Boucher (Julie) : On le fait
parce que c'est la bonne chose à faire puis qu'on en est profondément
convaincus. Rien ne nous obligeait à faire ce partenariat commercial avec les
Mohawks de Kahnawake. On l'a fait parce
qu'il y avait une volonté mutuelle de travailler ensemble et pour une longue
période, hein? C'est une entente qui va durer pour les
40 prochaines années. C'est une façon d'inscrire notre relation dans le
temps aussi puis de s'assurer qu'on va travailler ensemble, qu'on est des
partenaires. On bâtit ici une relation d'affaires dans le temps qui va durer
plus longtemps que ma personne, que le comité de direction actuel puis le
Conseil mohawk de Kahnawake. Donc, on inscrit nos organisations dans le temps
également.
M.
Skeete : C'est intéressant. Ça fait que, là, on a une
entente pour 40 ans puis on va vendre pour les 25 prochaines années à New York. Puis c'est
quoi, la raison pour cet écart-là? Le 15 ans de plus va servir à quoi?
Puis c'est quoi, l'opportunité ou le risque associé à ça?
Mme Boucher (Julie) : Le
40 ans, essentiellement, c'est la durée d'amortissement prévue de la
ligne. Donc, c'est la durée de l'actif pour
les 40 prochaines années. Donc, on dit : Au-delà du 25 ans, on
est confiants que cet actif-là va nous permettre de continuer de vendre
vers New York ou même d'importer. New York a des ambitions importantes de développer des énergies renouvelables,
notamment dans le nord de l'État. Donc, on pourrait, à terme, utiliser la ligne
pour aussi importer quand ils vont avoir beaucoup d'énergie. Le vent souffle
beaucoup dans le nord de New York. S'ils ont
trop d'énergie, on pourra importer, stocker dans nos réservoirs, et ensuite
revendre l'énergie sur les marchés, ce qu'on a beaucoup appelé la
batterie du Nord-Est.
M.
Skeete : Ça, c'est intéressant, parce que, si, mettons, un
jour, on n'est plus en surplus, bien là, à ce moment-là, on va pouvoir
aussi profiter de cette ligne-là. Intéressant. M. le Président, il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Ciccone) : 8 min 26 s.
M. Skeete : Je serais prêt à céder à
mes collègues s'ils avaient des questions, eux, à leur retour, avec votre
permission, bien sûr.
Le Président (M. Ciccone) : Oui. M.
le député, à vous la parole.
M. Lemay : ...
Le Président (M. Ciccone) : L'autre
micro. Il est là.
M. Lemay : Parfait. Merci beaucoup.
Donc, moi, j'ai lu votre mémoire puis le projet de loi aussi, puis j'avais juste une question, parce qu'à la
page 3 de votre mémoire vous dites quelque chose, là, puis, dans le projet
de loi... Tu sais, on fait le projet de loi, justement, pour que...
permettre à Hydro-Québec de céder la propriété de ses installations de transport d'électricité en faveur d'une
personne morale ou d'une société constituée par Hydro-Québec et par le Conseil
mohawk de Kahnawake, puis, à la page 3, vous venez dire sensiblement la
même chose. Par contre, vous rajoutez... Dans le fond, vous dites que vous
allez construire... Vous allez céder l'actif, lors de sa mise en service, à une
société qui sera codétenue par le Conseil
mohawk de Kahnawake et Hydro-Québec ou une de leurs sociétés respectives
détenues en propriété exclusive. Là, j'aimerais savoir la nuance. Tu
sais, quand je lis votre «ou», je me dis : Est-ce que c'est... Dans le fond, on fait un projet de loi au cas
qu'il n'y aurait pas... Tu sais, c'est juste au cas où qu'on le fait, ou c'est
déjà planifié,
ou c'est juste parce que, légalement, vous ne pouvez pas le mentionner?
J'aimerais juste un peu comprendre la nature de ce «ou»-là.
M. Gagnon
(Pierre) : En fait, ce qu'il va créer, c'est ce qu'on appelle une
société en commandite, et on va utiliser des
coquilles ou des filiales pour les différents éléments de la société en
commandite. Donc, ça va être une filiale qui va être ce qu'on appelle le commanditaire, et il va y avoir une
autre filiale qui va être le commandité. Dans la structure juridique qui
est mise en place, il est nécessaire de créer différentes entités qui vont
être, elles, détenues à 100 % par Hydro-Québec
ou le Conseil des Mohawks de Kahnawake. Donc, c'est vraiment pour se donner la
flexibilité de structurer la société en commandite à l'aide de filiales
détenues à 100 %, pour la rendre conforme aux exigences des mécanismes de
société en commandite. C'est tout simplement ça.
• (10 h 20) •
M. Lemay : Ok.
Parfait. Puis dites-moi... C'est parfait. En fait, moi, j'apprécie beaucoup
cette initiative-là. Puis aussi, quand j'ai
vu le contexte, là, qui se prêtait à l'enfouissement de la ligne aussi, j'ai
dit : Ah! c'est merveilleux. Tu
sais, c'est quand même... C'est inhabituel, si on veut, en sol québécois, de
voir un enfouissement d'une majorité de la ligne. Donc, je ne sais pas, vous voulez... Vous l'avez déjà
mentionné tout à l'heure, mais est-ce que vous allez rajouter quelque chose là-dessus? Parce qu'il y a un contexte qui
se porte... propice, dans ce cas-là précis, que, pour d'autres projets, ce
n'est pas le... il n'y a pas le contexte, là.
Mme
Boucher (Julie) : Donc, on
parle ici d'une ligne d'exportation, et la ligne, dans le fond, nous arrive des
États-Unis en souterrain. Donc, elle arrive sous l'eau du côté de la
rivière Richelieu. Et ce qu'il faut dire aussi, c'est que, dans le cas d'un projet d'exportation, c'est du courant continu,
donc c'est un peu comme une autoroute, si vous voulez, sans sortie,
alors que le réseau au Québec, c'est du courant alternatif. Donc, ce n'est pas
le même type de ligne qu'on fait dans ce
cas-ci. Donc... Et, en plus, sur 95 %, on longe des emprises routières.
Donc, c'est aisé de l'enfouir. Donc, une ligne d'exportation en courant continu qui nous arrive déjà enfouie, si
on avait dû la sortir, la mettre aérienne, ça aurait demandé des investissements importants, des postes
convertisseurs, des équipements, des infrastructures importantes. Alors,
on a choisi, tout simplement, de la poursuivre enfouie, d'abord, sous la
rivière Richelieu et ensuite le long des emprises, sur presque toute sa
longueur.
M. Lemay : Parfait. Moi, ça fait le tour de mes questions.
Merci pour les précisions. Je ne sais pas si j'ai d'autres collègues qui
sont intéressés.
M. Gagnon (Jonquière) : Bonjour. C'est un
plaisir. Vraiment intéressant. Deux mots forts : En collaboration avec le peuple autochtone. C'est quelque chose qui
me parle énormément. Puis aussi le PL n° 13 est peut-être une
première. Ça fait que je trouve ça inspirant de la part d'Hydro. Merci.
On apprécie beaucoup.
J'avais
deux petites questions. Est-ce possible... Dans les dossiers à l'amiable, on
voyait qu'il y avait quand même une
grande concertation, puis, à fort pourcentage, c'était beaucoup... bien, on
prônait la concertation. Le profil des gens, est-ce que c'est plus des
agriculteurs? Ça va être vraiment...
M. Gagnon
(Pierre) : C'est pratiquement tous des agriculteurs. C'est en
terres... Alors, ce qui est important de
préciser, c'est qu'il n'y a personne... il n'y a pas une maison qui va être
expropriée. Il n'y a personne qui va devoir déménager. Il n'y a personne
qui va perdre sa résidence, là. C'est essentiellement des territoires de nature
agricole.
Il y a une toute
petite parcelle de 400 mètres carrés, ça, c'est 20 par 20, là, grosso
modo, qui va devoir être expropriée en pleine propriété parce qu'on doit
installer un poste de télécommunications à cet endroit-là, donc, près de la
sortie de la rivière Richelieu. C'est une parcelle qui est située sur un
terrain de plusieurs acres. Donc, il y a peu d'impact
sur la totalité de la propriété, mais ça demeure, essentiellement, en pleine
propriété, cette parcelle-là qui va être expropriée en pleine propriété.
Le reste, ça va être
des servitudes souterraines pour qu'on puisse avoir accès et y installer
notre... nos installations sous le niveau de drainage des terrains agricoles.
Le reste, c'est des baux qui vont devoir être obtenus pour pouvoir réaliser les travaux pendant la période et circuler sur
certaines propriétés pour pouvoir réaliser les travaux. Donc, c'est relativement, toutes proportions
gardées, mineur. Ce n'est jamais le fun, on se comprend, pour les gens qui
sont de l'autre côté de l'équation, mais, d'un autre côté, on considère que
c'est relativement mineur.
M. Gagnon (Jonquière) : Et, dans le même sens,
tout à l'heure, la vice-présidente, Mme Boucher, mentionnait aussi, si ma compréhension... c'est-à-dire qu'à la
fin de la durée des travaux le pourcentage agricole, sur le 57 kilomètres,
demeure le même, c'est-à-dire... Tantôt, on mentionnait une remise en
culture en sol qui est à 100 %.
Mme Boucher
(Julie) : Exact. Et il y a une partie des servitudes qu'on va obtenir
que c'est pour la durée des travaux uniquement. Donc, une fois que les travaux
sont complétés, les gens peuvent reprendre possession pleine et entière de
leurs terrains.
M. Gagnon
(Jonquière) : Merci.
Mme Boucher
(Julie) : Merci à vous.
Le
Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions du côté de la partie
gouvernementale? Oui, M. le ministre. Il vous reste deux minutes.
M. Skeete : Merci. On a parlé un peu
des terres agricoles. Je veux juste revenir là-dessus. Ça fait qu'il n'y a pas une maison qui va être expropriée. Ça
ressemble à quoi, une expropriation, là, comme vous allez le faire, là? Dans
les cas où est-ce que vous allez le faire, ça ressemble à quoi?
M. Gagnon (Pierre) : Bien, c'est un
avis qu'on achemine à la partie... à la personne dont on a besoin d'une partie du terrain. Le fait d'acheminer l'avis nous
permet, dès l'acheminement de l'avis, de prendre possession du terrain, donc de pouvoir commencer les travaux, souvent,
d'arpentage, de vérification des lieux, etc., d'analyse qui sont requis dans les circonstances. En parallèle de ça, bien,
il s'amorce un processus de discussion et de négociation sur l'indemnité
qui serait juste et raisonnable dans les
circonstances. De façon largement majoritaire, dans les 95 % des cas, on
s'entend à l'amiable.
Maintenant, ce qui est important de préciser,
c'est que les gens qui vont devoir céder une partie de leur propriété ou de certains droits dans leur
propriété... On s'entend que, quand on obtient une servitude, c'est un
sous-droit de propriété, là. Ce n'est pas la pleine propriété du terrain.
Toujours est-il que les personnes qui vont recevoir les avis, ils vont
avoir l'occasion également... en cas de mésentente, ils vont pouvoir faire
arbitrer le montant de l'indemnité selon les processus usuels.
La partie la
plus importante du projet de loi, c'est qu'on ne doit pas être assujettis à la
situation où le droit même de
l'expropriation est contesté, parce que ça, pratiquement, ça nous empêche
d'avoir accès à la propriété, et les délais de contestation, étant très
longs, risquent de mettre en péril la réalisation du projet. Et c'est ça qui
est le principal risque.
M. Skeete : OK.
Ça fait que, quand on comprend expropriation, il faut aussi
comprendre, on parle d'une servitude sous
terre qui n'empêche pas l'exploitation après l'inconvénient des travaux puis,
après ça, on parle d'une compensation financière juste.
M. Gagnon (Pierre) : Tout à
fait.
M. Skeete : Mais
on se dit : En même temps, tu sais, s'il y en a un qui décide de ne pas
vendre, on ne peut pas se permettre de ne pas faire la ligne.
M. Gagnon (Pierre) : Exactement.
M. Skeete : On est un peu dans cette
logique-là pour toutes les contraintes que vous avez évoquées tantôt par
rapport à la résiliation de notre contrat et toutes les conséquences légales.
M. Gagnon (Pierre) : Tout à
fait. Exactement.
M. Skeete : Super. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à un membre de
l'opposition officielle. Mme la députée, à vous la parole.
Mme McGraw : Merci,
M. le Président. Alors... Et merci. C'est très intéressant comme présentation,
et un projet, évidemment, très important pour le Québec.
Alors, dans le contexte présentement, est-ce
qu'exporter l'électricité vers New York, c'est ce qui... nous pouvons faire qui est le plus rentable avec notre
précieuse électricité? Et, quand je parle de rentabilité, je me base sur le
triple bilan ou, vous me permettez
l'anglicisme, le «triple bottom line». Vous êtes la vice-présidente en
développement durable. Donc, vous
connaissez très bien le triple bilan, économique, social et environnemental.
Alors, selon ce principe de
développement durable, est-ce que c'est le projet qui est vraiment le plus
rentable pour Hydro-Québec et pour le Québec?
Mme Boucher (Julie) : C'est un
excellent projet, le projet vers New York. Hydro-Québec exporte depuis longtemps sur les marchés américains. Si vous me
permettez, je vais prendre l'image d'un marché de la tomate biologique.
Donc, depuis plusieurs années, Hydro-Québec vend... Nous, on a une tomate
biologique. On vend notre tomate sur le marché court terme de la tomate
régulière. Donc, on ne sait jamais, d'année en année, combien de tomates on va
vendre, à quel prix on va les vendre, quel volume, et on n'a pas de bénéfice au
fait que notre tomate soit biologique. Donc,
c'est ce qu'on fait depuis de nombreuses années. Ce qu'on propose de faire, ce
qu'on va faire avec le contrat de New York, c'est de plutôt vendre nos
tomates biologiques sur un contrat ferme. Donc, dans le temps, on va savoir, pour les 25 prochaines années, combien de
tomates on va vendre, à quel prix, et surtout on reconnaît la valeur biologique
de la tomate en question, puisque New York reconnaît la valeur propre de notre
électricité, et le prix a été fixé en conséquence.
Donc, on est convaincus que le projet de
New York est un bon projet, qu'il nous permet de substituer, donc,
certaines ventes qu'on faisait sur le marché spot vers un marché ferme qui
reconnaît vraiment la valeur de notre électricité
et qui servira à décarboner l'État de New York, la ville de New York. C'est
l'équivalent de fermer environ... Quand vous allez à New
York, parfois, on voit les grandes centrales thermiques qui permettent
d'alimenter la ville en électricité. Il y a 16 de ces centrales au gaz.
C'est l'équivalent d'en fermer 15. Donc, imaginez la ville, les voitures partout, 44 % de ces voitures-là, on efface
leurs émissions de GES. Donc, d'un point de vue global, les GES n'ont pas
de frontière. On pense que c'est un
excellent projet en décarbonation économique et socialement, avec nos partenaires
de Kahnawake. Oui.
M. Gagnon
(Pierre) : ...qu'on a, par ailleurs, des projets d'accroissement de
nos capacités de production dans les prochaines années qui vont contribuer,
effectivement, à nous donner toute la marge de manoeuvre dont on a besoin pour
pouvoir réaliser ce projet-là sans négliger les besoins internes au Québec.
Mme McGraw :
Donc, sur ce dernier... Puis on va revenir sur les GES. J'ai des questions.
Donc, juste pour répéter... C'est maître... Pardon. Je veux juste m'assurer...
M. Gagnon
(Pierre) : Gagnon.
Mme McGraw :
Gagnon, pardon. Me Gagnon, juste, s'il vous plaît, répéter la dernière
phrase, je veux juste bien comprendre, pour combler...
• (10 h 30) •
M. Gagnon (Pierre) :
Alors, comme on l'exprime dans notre plan stratégique et dans les récentes
annonces d'appels d'offres pour de la
production éolienne, on a, au cours des prochaines années et jusqu'en 2026 très
certainement, des projets d'accroissement de notre capacité de
production ou d'acquisition de production qui vont nous donner toute la marge
de manoeuvre requise pour pouvoir alimenter correctement ce projet-là,
continuer d'être actifs sur les marchés court terme, parce qu'il y a aussi un
équilibre à maintenir entre nos contrats long terme et les marchés court terme
qui nous permet d'être actifs sur les marchés court terme. Donc, on va pouvoir
continuer d'être actifs sur ces marchés-là tout en, en parallèle, s'assurant de
servir correctement l'ensemble des besoins du Québec.
Mme McGraw :
Donc, vraiment pour combler, vraiment, à l'intérieur du Québec et à l'externe.
M. Gagnon
(Pierre) : Exact.
Mme McGraw :
Vous êtes confiants, selon votre stratégie en développement durable et la
stratégie plus générale — bien
là, on parle de 2050, évidemment — donc,
vous êtes confiants, vous êtes confiants qu'on va pouvoir combler.
M. Gagnon
(Pierre) : Pour la stratégie gouvernementale, oui, tout à fait.
Mme McGraw : On
va revenir sur les GES. Là, on parle... Dans vos remarques, vous avez parlé de
c'est l'équivalent de retirer 44 % des voitures des rues de la ville de
New York. Alors, est-ce qu'on peut regarder un peu, discuter un peu la preuve?
Et aussi est-ce que c'est net? Parce que c'est sûr qu'il y a un impact
lorsqu'on... Il y a un impact sur les milieux naturels. On sait très bien qu'il
y a un impact sur les milieux naturels. Ça nous aide beaucoup dans la lutte
contre les changements climatiques. Est-ce que l'analyse, c'est... Est-ce que
c'est net, l'impact est net ou c'est... Donc, le 44 %, est-ce que c'est
vraiment une analyse qui est basée sur l'impact net sur les GES?
Mme Boucher
(Julie) : L'analyse est basée sur l'effacement, le remplacement de
l'électricité produite à partir de combustibles fossiles du côté de l'État de
New York, de la ville de New York. Hydro-Québec, on a fait ces évaluations-là,
la modélisation. On a estimé que notre projet était le seul, à ce moment-là,
qui était retenu par la ville de New York et
qu'on maintenait pour les 25 prochaines années, c'est-à-dire pour la durée
du contrat, hein, donc, pour les 25 prochaines années le mix
énergétique de la ville de New York présentement. Donc, on regarde quelle est
la contribution du projet, quelle électricité on va remplacer dans l'État de
New York pour les 25 prochaines années. C'est comme ça qu'on l'a estimé.
Mme McGraw : Donc,
si je comprends bien, on a... L'impact sur les milieux naturels et par...
ensuite, l'impact sur les changements
climatiques n'a pas fait partie... C'est peut-être dans le rapport du BAPE. On
n'a pas encore le rapport du BAPE, donc on ne sait pas. C'est pour ça
que c'est important. Mais, selon Hydro-Québec, l'analyse, c'est vraiment basé
sur l'impact des voitures à New York, les GES.
Mme Boucher
(Julie) : C'est le déplacement de l'électricité qu'on va remplacer.
Mme McGraw : Parfait.
Merci. Donc, en parlant de New York, est-ce que le projet... Je comprends que
le projet, ça va aider New York à atteindre leurs objectifs en GES et en carboneutralité,
mais comment ça nous aide? Peut-être
élaborer comment ça nous aide ici, au Québec, d'atteindre nos objectifs de
carboneutralité d'ici 2050. Est-ce que ça rend l'objectif plus facile ou
plus difficile pour nous, au Québec?
Mme
Boucher (Julie) : J'ai
l'impression que c'est neutre, pour ce qui est de nos objectifs au Québec. Comme
je vous le disais d'entrée de jeu, les GES n'ont pas de frontière. Donc, au
final, c'est préférable pour le Nord-Est américain. C'est un impact. C'est le projet qui permet
de réduire de manière la plus significative les GES en un seul projet pour le nord-est de l'Amérique. Ça ne nous empêche
pas de réaliser nos projets, puisqu'au Québec nous aurons l'énergie
nécessaire pour réaliser les projets qui sont les plus prometteurs d'un point
de vue réduction des GES. Et je pense qu'en
termes de revenus les revenus qui vont être faits par ce projet vont nous
permettre, au Québec, également, d'avoir des mesures, des ambitions
importantes en matière de réduction de GES. Donc, c'est soit neutre ou
bénéfique.
Mme McGraw : Merci.
Est-ce qu'Hydro-Québec peut garantir que l'électricité qui est exportée
remplacera une source d'énergie plus polluante?
M. Gagnon
(Pierre) : L'énergie est livrée directement à la ville de New York.
Donc, ce n'est pas une énergie qui est acheminée dans une grille ou un réseau
maillé, disons. C'est de l'énergie qui est acheminée directement à la ville de
New York. Et elle va donc, par définition, remplacer l'énergie qui est produite
à la ville de New York par les
16 centrales fossiles dont on parle. Donc, la substitution, sur le plan de
la qualité de l'énergie, est directe.
Mme Boucher
(Julie) : Et ce contrat a été octroyé à la suite d'un appel d'offres
organisé par NYSERDA, dont l'objectif en est un de décarbonation.
Mme McGraw : Merci.
Très clair. Là, on a parlé de coût estimé. Donc, je voudrais rentrer un peu
là-dedans. De ce montant, puis c'est ça
que... On va entendre «Grand Chief» Sky-Deer bientôt. Donc... Mais, selon
vous... Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce montant, les coûts?
Est-ce que vous savez quel sera l'impact économique de cette entente
avec la communauté mohawk? C'est sûr, on a parlé... Vous avez dit qu'on fait ça
parce qu'on trouve que c'est la bonne chose à faire, et c'est vrai. C'est
toujours bien quand la bonne chose et la chose intelligente, c'est la même chose. Et on sait qu'avec le développement
durable il faut parler, on est en 2023, d'acceptabilité sociale.
Donc, c'est la bonne chose à faire et
la chose intelligente. Est-ce que vous pouvez parler de l'impact économique de
cette entente, justement, sur la communauté mohawk et un peu la
compensation juste, équitable?
M. Gagnon
(Pierre) : Alors, de la façon dont l'entente est conçue, la communauté
mohawk va investir dans la société en
commandite qui va être propriétaire de l'infrastructure de transport. On
s'entend, c'est la ligne elle-même. Et la
société en commandite, donc, va recevoir les tarifs ou la tarification associée
à l'utilisation de cette ligne-là à 100 %. Une fois cette... ces revenus-là reçus, évidemment, bon, il y a des
frais d'entretien, il y a de l'intérêt sur la dette, etc., et le bénéfice
qui va en résulter va être réparti entre les deux parties copropriétaires, à
travers la société en commandite, de la ligne, selon leurs intérêts respectifs
au plan financier dans la société.
Et donc, oui, sur le
plan du rendement, on s'attend à ce que la communauté, en fonction de
l'investissement qui va être effectué, va
recevoir le rendement qu'Hydro-Québec, dans ses activités de transport, reçoit
également suite à la tarification qui est effectuée par la Régie de
l'énergie, soit de l'ordre d'à peu près 8,2 %.
Mme McGraw : 8,2 %. Merci. Donc là, j'ai posé des
questions sur les trois piliers, économique, environnemental et social. Alors, peut-être une dernière question,
M. le Président. En parlant d'expropriation, on comprend, c'est dernier
recours et, dans 95 %, c'est fait à l'amitié, à l'amicale. Pourquoi...
Donc, pourquoi Hydro-Québec a besoin de ce projet de loi afin d'encadrer le
processus d'expropriation, alors que des dispositions légales existent déjà à
cette fin?
M. Gagnon
(Pierre) : Bien, en fonction des dispositions légales actuelles, un
propriétaire dispose du droit de contester le droit à l'expropriation, et, à
partir du moment où il y a une contestation du droit à l'expropriation, ça
bloque, à toutes fins pratiques, la prise de possession du terrain, qui doit,
pour réaliser le projet, de notre côté, être... être disponible à compter de
l'automne 2023. Donc, si, pour une raison ou une autre, on fait face à une
contestation du droit à l'expropriation, on se trouve, à toutes fins pratiques,
à rendre le projet otage de ce processus-là et mettre à très grand risque la
réalisation du projet et les conséquences financières et juridiques qui en
découleraient.
Mme Boucher
(Julie) : Alors qu'on parle, rappelons-nous, d'une servitude pour une
ligne souterraine qui fait environ quatre mètres de large. Donc, c'est... On
réitère... Souvent, on entend le mot «expropriation», on pense à des gens qui
doivent quitter leur maison, là. Il n'y a pas du tout de ça ici. On parle de
l'acquisition d'une servitude d'environ quatre mètres de large pour une ligne
souterraine. Donc, c'est principalement des inconvénients qui sont liés pendant
la période de construction, pour lesquels il y a des compensations. Et ça, le
recours pour la contestation des compensations demeure actif et valide, là.
M. Gagnon
(Pierre) : Tout à fait.
Mme McGraw : Alors, voilà pour mes questions. Je... Soit je
peux le céder à Hydro-Québec si vous avez des choses à ajouter, vous
n'avez pas eu le temps d'élaborer sur certains points, sinon, ça revient...
Le Président (M.
Ciccone) : ...il reste 10 secondes.
Mme McGraw : Ah!
10 secondes. Je pensais qu'il me restait une minute.
Le Président (M. Ciccone) : Non,
non.
Mme
McGraw : OK. Désolée. Merci.
M. Gagnon
(Pierre) : Elles sont terminées, les 10 secondes.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M.
Ciccone) : Bon, bien, merci beaucoup. Merci, Mme la députée. Et je
cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition. Vous
avez 4 min 8 s.
M. Bouazzi : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup. On est toujours très heureux de vous
voir. Je tiens d'ailleurs à vous remercier des documents que vous nous avez
fait parvenir après la dernière rencontre qu'on a eue en commission.
Ma première question,
c'est concernant la gestion proposée de la ligne d'interconnexion. Vu qu'elle
se fait par une filiale, est-ce qu'elle
reste soumise à la régie? Et puis, si je reprends l'exemple de Cedar Rapids
Transit, est-ce que c'est le même genre de chose qui se passe ou c'est
différent?
M. Gagnon
(Pierre) : C'est différent. Cedar... CRT, comme on l'appelle chez
nous...
M. Bouazzi : CRT.
Allons-y.
• (10 h 40) •
M. Gagnon (Pierre) : CRT est de juridiction fédérale parce qu'elle est sur deux frontières.
Donc, c'est légèrement différent. Dans le cas de cette ligne-ci, oui,
Hydro-Québec va demeurer responsable de l'entretien de l'opération et va
inclure les frais d'exploitation dans ses... dans son tarif de transport. Ça
n'a pas d'effet d'augmenter, mais c'est inclus comme composante intégrante du
tarif de transport. Il est important de préciser que la ligne va demeurer sous
la responsabilité, au plan opérationnel de l'entretien, etc., sous la
responsabilité d'Hydro-Québec comme telle. Et on est confiants, donc, que ça
n'aura pas d'impact tarifaire à la hausse sur les tarifs de transport et que ça
va permettre, donc, l'entretien approprié selon les normes et standards
d'Hydro-Québec.
Mme Boucher
(Julie) : Si vous permettez, juste une précision. On parle souvent des
frais de transport. C'est un peu comme une
autoroute payante, si vous voulez. Donc, le réseau de transport d'électricité,
c'est les grandes autoroutes d'énergie,
puis il y a un frais à utiliser. C'est le principe de l'«open access». Tout le
monde doit avoir accès au réseau de transport,
mais, pour l'utiliser, il y a un frais. Donc, c'est à ça qu'on fait référence
quand on parle des frais de transport.
M. Bouazzi : C'était
très clair. Mais, du coup, juste pour être sûr, par rapport à être soumis à la
régie ou pas, est-ce que c'est soumis à la régie ou...
M. Gagnon
(Pierre) : Oui.
M. Bouazzi : Oui, c'est ça. Ça fait que tout ce que...
Effectivement, à ce moment-là, toute la maintenance, etc. OK.
Mme Boucher
(Julie) : Les frais de transport sont les mêmes.
M. Gagnon
(Pierre) : Exactement.
M. Bouazzi : OK.
Excellent.
M. Gagnon
(Pierre) : La ligne a déjà, d'ailleurs, fait l'objet d'une approbation
par la Régie de l'énergie.
M. Bouazzi : OK. Concernant... Vous avez dit : Il y a eu
un appel d'offres de la ville de New York, etc. Est-ce que... Vous avez dit aussi que c'était
l'équivalent de 15 centrales qu'on fermait. Mais est-ce que, dans le
contrat, ils les ferment, les 15 centrales, ou ils vont juste
consommer plus d'énergie propre grâce à nous?
Mme Boucher (Julie) : C'est une excellente
question. Ultimement, la ville de New York doit voir à réduire aussi sa consommation d'électricité fossile. Donc, nous,
notre engagement, c'est de combler avec les 10 térawattheures en question.
Maintenant, la ville
de New York, si son... si sa croissance continue d'augmenter, il faut qu'elle
réduise à la source sa consommation
d'électricité ou qu'elle mitige sa croissance dans les prochaines années.
Maintenant, la ville de New York, l'État de New York ont des cibles de
décarbonation très ambitieuses à l'horizon 2040, à l'horizon 2050
également.
M. Bouazzi : OK.
Donc, techniquement, pour l'instant, on espère qu'ils vont les fermer, mais,
s'il y a une croissance de leur consommation d'électricité, les 15 sur les 16
équivalentes vont rester fonctionnelles. C'est ça?
Mme Boucher
(Julie) : Ou moins de 15, là. Il faut voir.
M. Gagnon
(Pierre) : Moins de 15, c'est ça. Ceci dit, ils ont des objectifs très
ambitieux de décarbonation. Donc, ils vont difficilement pouvoir les atteindre
en maintenant totalement opérationnelles ces centrales-là.
Mme Boucher (Julie) : Ces
centrales-là.
M. Bouazzi : On espère qu'ils vont
les atteindre, les objectifs.
M. Gagnon (Pierre) : C'est entre
leurs mains. C'est entre leurs mains.
M. Bouazzi : Malheureusement, pour
l'instant... Donc, sur la question de l'investissement, j'avais juste une question. Sur la question, vous avez dit : En
fonction de l'investissement que chaque groupe fait, entre le groupe mohawk et
vous, est-ce qu'on parle du 1,1 milliard que ça coûte? C'est
ça? C'est quel pourcentage de ça? De quel investissement on parle?
M. Gagnon (Pierre) : On parle
d'investissements dans la ligne de transport elle-même, parce que, dans le 1,1 milliard,
il y a tous les travaux qu'on doit faire sur le poste à La Prairie et il y
a des travaux, évidemment, aussi à l'arrivée, là, de la ligne, en sortant de la
rivière Richelieu. Donc, les investissements requis par les postes font partie du 1,1 milliard, donc, Julie mentionnait,
tantôt, de l'ordre d'à peu près 500 millions. Alors, c'est un
investissement... La valeur de la ligne est de l'ordre d'à peu près
500 millions, dont une partie est financée par les tarifs et l'autre
partie excédentaire est financée, parce que c'est une ligne de transport...
c'est une ligne d'interconnexion internationale, c'est financé par Hydro-Québec
dans ses activités de production.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. C'est tout le temps que vous avez. Merci beaucoup. Mme Boucher, M. Archambault,
Me Gagnon, Me Leblanc, merci beaucoup pour votre contribution aux travaux
de la commission.
Je
suspends les travaux quelques instants afin de permettre au prochain groupe de
prendre leur place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10 h 48)
Le Président (M. Ciccone) : Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du Conseil mohawk de Kahnawake. «Kwe», grand chef Sky-Deer. Bonjour,
Me Doucet. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
À vous la parole.
Conseil mohawk de
Kahnawake
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : (S'exprime
dans une langue autochtone). Bonjour, tout le monde.
Kahsennenhawe
Sky-Deer, Mohawk Council
Grand Chief. So, thank you for having me here today. Me Doucet, did you... introduce yourself. I wasn't paying attention. The
translation.
M. Doucet (Éric) :
Hi. My name is Éric Doucet, legal
counsel for the Mohawk Council of Kahnawake. Good morning.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
OK. So, on behalf of the Mohawk Council of
Kahnawake, MCK, I would like to thank the Committee on
Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources for this opportunity to
present MCK's views on Bill 13, the law respecting the Hertel line...
Hertel interconnection line.
So,
the MCK is the duly elected governing body of the Mohawks of Kahnawake, and
Kahnawake is an Indigenous community located on the
south shore of Montreal, comprised of approximately 8,000 residents.
I
am... (S'exprime dans une
langue autochtone),
otherwise known as the Grand Chief, and I am accompanied, again, by Éric Doucet, our legal
counsel for the MCK, who has been one of the key technicians working on this
strategic partnership with Hydro-Québec.
• (10 h 50) •
In 2018, our late Grand Chief,
Joseph Tokwiro Norton, had expressed to Hydro-Québec that going forward Kahnawake's support for future projects within our
historical land base hinged on equitable partnerships with Kahnawake. When
I became Grand Chief in 2021, I carried a mandate from my council to hold
strong to this position when approached by Hydro-Québec to support its bid to
supply electricity to the State of New York.
We
were told that, if successful in its bid to New York city, Hydro-Québec would
need to construct a 58-kilometer transmission line within Kahnawake's historical
land base, including what is known as the Seigneury of Sault-Saint-Louis. In a Memorandum of Understanding signed in May
2021, the MCK agreed to publicly support Hydro-Québec's bid to supply New York with
electricity on the condition that it would be made a joint owner of the Hertel
line if Hydro-Québec was successful in it's bid. In September of 2021, New York Governor
Kathy Hochul announced that Hydro-Québec was selected as the primary supplier of electricity for New York
City. Bill 13 is in and of itself historic. This partnership represents not only the first time that Hydro-Québec will share its
transmission infrastructure with a third party, but, more importantly, it is doing so with an Indigenous community. So,
Bill 13 will allow Hydro-Québec to sign the historic partnership agreements with the Mohawk Council of
Kahnawake, effectively initiating the transformation of Hydro-Québec's relations with Indigenous Peoples from one that
circumvented our rights to one that is more respectful,
progressive, and innovative.
The
land interests of the Mohawks of Kahnawake are complex. Our current reserve
land base is only a very small part of our
historical territory. In addition to our current reserve, we also hold
interests in our historical territories as well as in the Seigneury of
Sault-Saint-Louis.
This historical Mohawk and ancestorial
territory includes lands in present day Québec as well as New York State, overlapping
with the vast majority of the project footprint. So, this includes the Hertel
substation, the entire 58-kilometer Hertel line, the majority of the Champlain
Hudson Power Express project footprint in the State of New York, including Lake Champlain. Since times
immemorial, these lands and bodies of water formed part of Mohawk historical
territory and traditional hunting and fishing grounds.
The Seigneury of Sault-Saint-Louis,
spanning what is now known today as Châteauguay through
to La Prairie, was a concession by Louis XIV, king
of France, made by letters patent to the Fathers of the Society of Jesus for
the sole benefit of the Iroquois of the
Sault, which are the ancestors of the Mohawks of Kahnawake... they were known
at that time. And, over time, our
unceded lands were illegally sold off to non-Indigenous settlers, eroding
Kahnawake's present land base.
Seigneury of Sault-Saint-Louis lands that were illegally ceded are Mohawk
territory and are currently subject to a land grievance that has been accepted
for negotiation by the Government of Canada.
We
have suffered numerous impacts to our land base over the years, including this
dispossession or our historical territory,
the Seigneury of Sault-Saint-Louis lands, and unilateral imposition of the Indian
Act. Attracted by Kahnawake's proximity to Montréal, major
infrastructure projects were disproportionately imposed on Kahnawake's
ever-shrinking land base, and the Indian Act made it easy to expropriate our
reserve lands if public purpose justified the taking.
Over
the past two centuries, Kahnawake's landscape has been shredded through with
impositions of a major highway, two major
roadways, the St. Lawrence seaway, the Mercier Bridge, a railway bridge,
two railway lines, and four hydroelectric transmission lines. Up until
now, these third-party land takings and development projects were for the sole
benefit of non-Indigenous peoples and corporations. Canadian jurisprudence now
recognizes that advancing reconciliation... (interruption) — excuse
me — with Indigenous peopled is required and must be a top priority.
The
honor of the Crown and achieving all reconciliation between Indigenous peoples
and the Government are now fundamental
principles of Aboriginal law that are now protected by the Constitution Act,
1982. Flowing from this, the Crown has a duty to consult and accommodate
Indigenous peoples whenever there is Government action that has a potential
adverse effect on Aboriginal rights, including Aboriginal title, rights, and
treaty rights. The duty to consult framework
was established as a mechanism for the reconciliation of Aboriginal rights
pending the conclusion of modern
treaties and agreements. While this duty is owed by the Crown, proponents
including State-owned corporations,
like Hydro, will often initiate separate consultation processes to ensure that
Indigenous peoples have been adequately consulted and accommodated.
It
is in this spirit that Hydro-Québec initiated a consultation process on the Hertel line with the Mohawk
Council of Kahnawake. Given the potential impact to Kahnawake's rights, the
parties negotiated an accommodation measure that would render MCK joint owners
of the Hertel line, as well as other concessions that I will illustrate.
Admittedly,
Kahnawake's relationship with Hydro-Québec has not always been an easy one. Prior to and following the nationalization of Hydro-Québec in the 1940s, four transmission lines were
constructed on Kahnawake lands between the 1910s and the 1970s, and this does not begin to include the
countless hydroelectricity production infrastructure, transmission lines
and utility infrastructure that has been constructed on the Seigneury of
Sault-Saint-Louis lands, for which no compensation was ever received.
In
the past two decades, Hydro-Québec has made a concerted effort to negotiate fair and reasonable
accommodation measures for the ongoing use of Kahnawake lands. By way of
example, Hydro-Québec has
removed three of its transmission lines in
Kahnawake, and it is currently returning all unused lands to its original
state. Hydro-Québec has also agreed to pay fair and
equitable compensation for its continued use of our lands. And, of course, Hydro-Québec has invited MCK to participate in the joint ownership of the Hertel
line. These are all the hallmarks of a renewed relationship demonstrating to
Kahnawake that Hydro-Québec is
dedicated to being a good corporate citizen moving forward.
The joint ownership of the Hertel line
will provide the MCK with a financial stake in the infrastructure located on our lands. The MCK will
receive revenues from its ownership stake. Aside from the purely monetary
benefits, Kahnawake will benefit from the following :
The MCK
will be represented at the board lever in the corporate entity that will own
the Hertel line proportional to its minority equity interest in the project;
Hydro-Québec will look to provide contract opportunities to
Kahnawake workers during the construction phase;
The
MCK has already participated in a land use study, which details how we will use
our traditional lands... on the affected lands, excuse me;
The
MCK will have input in the environmental assessments;
MCK
will have input in archeological surveys, studies and excavations, and the MCK
will have an archeologist or
archaeological technician onsite to ensure any archeological interests are
flagged and considered during the construction phase.
When considering the impacts of a project, the Mohawks
of Kahnawake base our decision-making on respect for all parts of the natural world. In our language, we say : (S'exprime dans une langue autochtone). It means «the words that come before all else». It is our opening address at
gatherings, schools, ceremonies, at the beginning and end of each day, to remind us of the important responsibility that we all share to ensure that the cycles of
life continue, and to remind us that all of Creation is
sacred and interconnected. We acknowledge that every part of the natural world
has importance, not only for the benefits they provide for human survival, but
also for the role they play within the web of life.
So, in all decision-making, we also
consider the principle of seven generations. Any decision taken today must consider the impact of the selected actions on the next seven
generations. So, by anticipating the consequences of our actions seven generation in the future, we ensure
that our actions reflect our responsibility to maintain the cycles of life.
The MCK has a dedicated consultation
committee composed of environmental experts, archaeological experts, assisted
by lawyers, to review projects that will potentially impact Mohawks rights.
This committee ensures that the appropriate measures
are taken to avoid, mitigate and accommodate negative environmental impacts
stemming from development projects. And, through this work, the MCK has been a
major player in promoting clean energy projects that align with our values. Addressing challenges posed by climate
change, loss of biodiversity and natural areas are among our top
priorities. So, if our project doesn't align with our environmental stewardship
rights and responsibilities, we cannot support the project.
So,
with respect to the Hertel line, the MCK consultation committee has been
directly implicated in the environmental and archaeological review every step
of the way, and, given that the Hertel line will be buried...
Le Président (M.
Ciccone) : En terminant, «in conclusion, please».
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
... — OK — it will be buried and uses existing
rights of way, the impact to the environment will be minimized. So, we are
confident that impacts identified by the MCK consultation committee will be
adequately addressed and accommodated by Hydro-Québec.
Le Président (M.
Ciccone) : Grand chef, si vous voulez continuer, là, le gouvernement
va vous offrir un peu de son temps si vous voulez poursuivre.
If
you want to continue, please, please do.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
Yes. I just have a few more...
Le Président (M.
Ciccone) : OK. Please do.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : ...yes, I'm almost
done, please.
Le Président (M.
Ciccone) : OK.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
The last thing I'll highlight is just how excited we are to
contribute to New York's largest renewable energy and transmission project in
50 years. The Champlain Hudson Power Express line will connect with New York City... a power grid in Astoria, in
Queens, which will replace and reduce reliance on much of the energy
that is currently produced by fossil fuels in the city.
Kahnawake
has deep historical ties with the city of New York. Our ties are so strong,
they are evidenced by the presence of a community at one time, Little
Caughnawaga, where about 800 community members were living in New York to continue to, you know, doing the
ironwork, and it wasn't just men, men and women, working high steel, playing an integral role in building New York
City's infamous skyline and surrounding infrastructure, bridges, etc. So,
travelling back and forth between Kahnawake and New York for work is a
tradition that many Kahnawake... men and women continue to this day.
• (11 heures)
•
So,
after contributing to such a critical role in its infrastructure and
development, we're so proud to be a part of this next... you know, part of, I
guess, bringing a new relationship with New York City by transmitting clean
renewable energy to illuminate these historical landmarks.
So,
we wish to allay any doubts about the importance that... the role we played, as
the Mohawk Council of Kahnawake, in getting
this project over the line, because the first deputy mayor of New York
confirmed with both myself and the Hydro-Québec delegation, during a visit to New York City, that,
without the support of the MCK, Hydro-Québec would not
have been selected to supply New York City with electricity. This demonstrates
that a partnership like the one that
Hydro-Québec and the Mohawks of Kahnawake have been able to, you know, establish is meaningful, and it really considers Indigenous communities and our interests, establishing
agreements that make sense in terms of Indigenous and for business, that we can really be partners. So, we hope that this
will be the start of a stepping-stone for continued progress in not only
relations with our community, but with other Indigenous communities in Québec.
So,
in conclusion, Bill 13 is necessary for Hydro-Québec to formalize this
partnership with the Mohawk Council of
Kahnawake. And, through this, MCK is helping to support Québec economy, which
relies on Hydro-Québec as a crown
jewel to drive the economic prosperity in all environmentally... in an
environmentally sustainable manner. So, in the long term, we hope this
partnership will usher in a new era of cooperation and economic inclusion for
all Indigenous communities here, in the province of Québec. (S'exprime
dans une langue autochtone). Thank you...
Le Président (M. Ciccone) : Merci beaucoup, «thank you». Merci de votre
exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange en débutant
avec le ministre. Il vous reste 13 min 25 s.
M. Skeete : Merci, M. le Président. «Grand Chief» Sky-Deer,
merci beaucoup d'être ici avec nous aujourd'hui. Ce qui m'a frappé de votre exposé aujourd'hui, c'est... vous êtes
revenue à plusieurs fois sur les mots «équitable», «nouvelle façon de
travailler», surtout la nouvelle relation que vous avez avec Hydro-Québec.
J'aimerais ça que vous nous en dites un peu plus, parce que je pense que c'est
important, parce que l'entente aujourd'hui est non seulement nouvelle, mais elle peut servir d'un exemple pour la suite.
Alors, j'aimerais ça vous entendre sur la nature historique de l'entente
d'aujourd'hui.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
Absolutely. So, I think, as I mentioned, it started early on with
the late Grand Chief Joe Norton, but, when
Sophie Brochu came into the role of CEO, Hydro-Québec, she came to Kahnawake, and
we immediately hit it off. And we said, «You know, in terms of partnerships
moving forward, you really have to come at
it from a space of its people,» like, once you can build trust and come from a
spirit of understanding... And, you know, she just had this approach of
wanting to change the narrative, you know, because, like I said, Hydro-Québec
didn't always have a good reputation when it came to Indigenous communities.
But, as soon as there is a conscious effort
to make a change and move forward in a different direction, it can be done. And
I think it's a testament to that of, you
know, our ability to say, you know, how is it that we want to show, you know, a
way forward and how we could be good partners.
So,
I think, you know, it is, like we said, historic. It's groundbreaking. It's
definitely changing that narrative. And I think it's going to pave a way
forward, as I mentioned, for people to look at Indigenous communities as viable
partners in business. I saw... Recently, another community created a biofuel
company. So, there is a lot of things going on in First Nations communities,
where we're trying to, you know, show our value and our worth as being
equitable partners in major projects that can help bolster the economy.
M. Skeete : J'aimerais ça aussi vous entendre sur l'impact que
ce projet-là peut avoir dans votre communauté, le fait d'être propriétaire
d'une ligne, d'avoir une source de revenus garantie sur plusieurs années. Ça va
être quoi, les retombées économiques que vous anticipez sur votre
communauté suite à ce projet?
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
Well, I think the first thing is if our men and women are able to contribute to the construction, right? As I
mentioned before, you know, we've always ventured out for work purposes.
So, being provided the opportunity to be a part of, actually, implementing
the... the line is a first step, but, in terms, like you said, the long-term
impacts to the community and having own-source revenue coming to the community...
There
is a lot of areas that were not funded for, whether it's by the provincial or
the federal Government, and we have to derive what we call our own-source
revenue. So, those go into programs and services like language and culture. We have our own policing. We have our own
fire and ambulatory. So, in Kahnawake, because
of our location, right,
we're in such a close proximity to the city of Montréal, we have basically
created, you know, our own whole governance,
and with that comes a price tag. We don't tax our people. There is no tax base.
That is a system that's very foreign to us. So, the way we have to
function is that... is the governing body.
You know, we're always looking at creating projects and developments so that we
can fund the things that are important to us. So, this
is where I see, in terms of the future, a lot of infrastructure projects, water
and sewer. There are still people, in the remote areas, that don't have access
to running water. They have to use, you know, their own systems and stuff like that. And, just looking at our
development in our community, and what we would like to see in the future, and creating other partnerships,
right, private, public partnerships... There's definitely a lot of needs when
it comes to sports and recreation, you know, because, for the longest time, we weren't funded equally to
non-Indigenous, even in the school sector.
So,
that's what I foresee, you know,
in terms of having this source of revenue that will be guaranteed to us for the
next 40 years of the life of this line. And it's just, like I said, a historic
time, and we're very excited about it.
M. Skeete : So, we're talking here about an
increase in quality of life for people in the community. We're talking about better social programs. We're talking about reliable, steady
flow of income over numerous years.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : It's right.
M. Skeete : We're talking about complete social
acceptability, not only from the governing body, but also from... from the population
that you, guys, are serving. And we're talking about a new reviewed and
revamped relationship with Hydro-Québec.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Absolutely, all of them. That's why I said it checks all the
check marks.
M.
Skeete : It checks all... it checks all the
boxes, yes.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : That's right.
M.
Skeete : OK. I mean, I'm not supposed to ask
this question, but I'm going to ask it : Is there anything bad
about this project that you can see, that, you know... Because, I mean, Hydro-Québec says it's a great deal, it says its historic, we're making... you know, we're going through brand new governing structures
that are going to... that
are going to, obviously, contribute to you, guys,
being more autonomous, making the choices that you want to make for the
foreseeable future, correcting historical wrongs. I
mean, is there anything that you can see that...
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : The only thing I can see,
and I know we've committed to this, is that maybe
other Indigenous communities would say, «Well, why Kahnawake?», right, when some of the historical wrongs that was done with the flooding
of other people's historical land bases... might say, you know, «Well, what about us?»
So, we're saying, well, this
particular project, right, because it goes through what we recognize as our
ancestral and historical land base, is dealing with us right now, but it's not
to say that we can't be, you know, at the forefront of trying to improve the... the relationships
that Hydro-Québec has with our
brother and sister communities within the province.
M. Skeete : So, that's interesting. So, you're saying this could be one of
those first steps that help us say, from now on, we can do things differently
or we can rethink the way we've always done things.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Absolutely.
M. Skeete :
OK. Thank you.
M. le Président, si mes
collègues ont des questions...
Le
Président (M. Ciccone) : Oui. Est-ce qu'il y a des questions? Oui,
absolument. Allez-y, M. le député de Joliette. À vous la parole.
M. St-Louis :
...Grand Chief Sky-Deer, thanks for
your presentation, highly appreciated.
Ma question pour vous.
Vous avez parlé des bénéfices du projet pour votre communauté. J'aimerais
savoir un peu plus quelle est la perception
de ce partenariat-là dans votre communauté. Comment c'est vu par la communauté mohawk en général?
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : As I mentioned earlier, I think, because of the way... the
perception of the relationship in the past,
then... We've had numerous expropriations occur in our community historically,
to the tune of thousands of acres. So, when we think about now, at this
crossroads in our history, that we could actually be a partner with a Crown
corporation, it's something, I think, we never dreamed of. So, you know, it just goes to show that
it's a step in the right direction.
Everybody has this notion, now,
of reconciliation and wanting to do better when it comes to relations with
First Nations' communities and people. So, I can't see people in the community
thinking that this is something that's bad
or wrong. It's probably, «It's about time,» and, you know, looking to see how we could move forward from
this in the future on other potential projects.
• (11 h 10) •
And, like I said, it just goes
to show and showcase our ability, as a First Nations' community, when it comes
to business, that we can be partners, that we can lead the way, that we do have
influence, you know, because of
the perspective that we come from through
our worldview, about environmental stewards, that seven generations' thinking
that a lot of people never think of, right?
So, I think we were very influential when it came to the environmentalist
groups in New York, and
stuff, as we went and spoke to them about, you know, our role and involvement
in this project.
M. St-Louis : «Thank you», merci.
Le
Président (M. Ciccone) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui, M.
le député de Masson, à vous la parole. Il vous reste
4 min 45 s.
M. Lemay : Merci, M. le Président.
Thank you, Grand Chief
Sky-Deer, to be with us today.
Ma question... Vous venez de le mentionner avec
mon collègue, vous avez parlé de réconciliation, et effectivement c'est
un principe, là, que j'adhère personnellement et que je suis très content de
voir la tournure de ce projet de loi là avec
le fait que l'acceptabilité... l'acceptabilité sociale, bien entendu, et le
fait qu'il y ait ce partenariat-là qui est fait avec votre communauté.
Et j'aimerais
savoir, lorsqu'on parle... Parce que le projet de loi, je reviens au projet de
loi, il a juste neuf articles. Dans
les neuf articles, grosso modo, ça détermine qu'il y a le partenariat avec
votre communauté, mais qu'il y ait aussi la possibilité d'avoir des
expropriations. Puis là, on l'a mentionné, c'est surtout en termes... avec le
sous-sol, parce que la majorité des emprises sont sous des emprises existantes,
avec les routes, notamment. Mais j'aimerais savoir : Est-ce qu'il y a des réticences que vous
connaissez, à l'intérieur de votre communauté, sur certaines parties qui
auraient lien avec des expropriations? Est-ce que vous avez ce genre de
réticence là à l'intérieur de la communauté ou, finalement, avec l'entente qui s'en vient, on est... tous les voyants
sont au vert? M. le ministre le mentionnait tout à l'heure, il y a peut-être un... une
liste avec vous de tous les voyants au vert, mais, de ce côté-là
principalement, est-ce qu'il y a une réticence ou il n'y en a pas?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
So, I think, we really only become, like, true partners once the
line is commissioned and starts transmitting
energy. So, in terms of what's happening right now with this expropriation
component, I mean, we would really
hope that it would come to some kind of amicable solution with the proponents
who, I guess, are withholding and not wanting to give up their lands,
but, like I said, for us, historically, you know, we've gone through so many
expropriations. If you were to come to Kahnawake, I mean, just the seaway alone, in terms of the sheer loss of land
and connection to the river, and the bridges, and the highways, and... You
know, when I think of the amount of land, it's such a small, small percentage.
And, you know, we would hope that, in the spirit of a project that's going to,
you know, lower the carbon emissions, and we're all conscious about climate
change, and global warming, and this... that, like I said, I just hope that a
solution can be sought. And, whether there's... the community has any comment about expropriation, they would
say, «Well, you know, it's happened to us, you know.» And, in the grand scheme
of things for... in the... I guess, in a way of progress and moving forward,
it's not a dramatic impact, I would think.
M. Lemay :
Thank you. I believe Mr. Minister has
another question for you.
Le Président (M. Ciccone) : Il vous
reste 1 min 50 s, M. le ministre.
M. Skeete : Je vais être rapide.
Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais juste parler du lien... Vous avez
touché rapidement, mais j'aimerais... C'est quoi, les liens entre votre
communauté puis New York? Comment ça se fait
que c'est si naturel, cette entente-là, justement, avec la ville de New York?
Vous avez touché un peu avec les liens étroits,
mais j'aimerais ça peut-être, en conclusion, là, que vous puissiez juste nous
dire d'où vient ce lien-là, pourquoi c'est important, puis surtout le
symbole qui est le... New York et votre communauté.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Yes. So, you know,
historically, even the Albany area, they call it Mohawk Valley. Like I said,
there's always been a connection of the Iroquois, the Haudenosaunee people, in
terms of our, you know, historical and
ancestral land base. And so New York, like I said, in the early 1900s, wouldn't...
The bridge, at the time, in
Kahnawake, when we realized that we had a knack for climbing steel and being
able to... high steel, it made sense, you know, for this kind of
migration to New York City, and, like I said, the historical tie, so, building
out New York City skyline.
My
grandfather and his five brothers were... did it every weekend. And there are
still men and women, to this day, who travel back and forth to New York every
week to go and do iron work. It's just... It's in our blood, it's in our DNA. And, like I said, one time, there
was almost 800 people living in the community, because, before the highway 87
was built, it took 14 hours to commute to New
York. I mean, now, it's cut in half to about seven hours, and people don't
necessarily have to live there and stay there anymore, but, yes, so those
long-standing ties still persist today.
You know, it's one of the
biggest cities and just... You know, if you've been there, when you feel the
energy of New York, it's just amazing to think that, you know, given all that
history of a hundred years of building up this skyline, and all that infrastructure, and bridges, that the next... this
generation will be a part of creating a, like, hydroelectricity source that
is clean, and renewable, and sustainable, and is in line, like I said, with our
principles and environmental stewardship. So, it's such a perfect tie.
M. Skeete : Thank you.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole à un membre de
l'opposition officielle. Mme la députée, à vous la parole.
Mme
McGraw : Merci, M. le Président, et merci, grande cheffe
Sky-Deer. Merci d'être avec nous aujourd'hui. C'est un honneur pour nous
de vous recevoir ici, à l'Assemblée nationale, en commission. Je voudrais dire
aussi, très personnellement, que je vous admire beaucoup, votre leadership, ce
que vous faites pour votre peuple, aussi en tant que la première femme et la première personne qui s'identifie en tant
que LGBTQ pour la nation mohawk. Tout le respect. Et, en termes de
respect, je vais aussi... mes commentaires vont être bilingues. Donc...
So, just... Thank you for being
here. It's an honor to receive you, and I have a respect for you personally,
and for your leadership, and what you are
accomplishing already for your community and for your nation. And I agree that
this is a cutting-edge precedent-setting arrangement.
One of the things that you
said... that, in fact, if I understand correctly, the city of New York said
that, without the support of your nation, Hydro-Québec would not have been
selected to supply New York City with electricity.
So, that's a pretty fundamental point in terms of social acceptability and the
three pillars of sustainable development.
Alors, ma question, c'est... je pense que mon collègue, il a... il a posé la question: «What's bad
about this deal?» Peut-être, moi, ma question, c'est qu'il y a toujours
des éléments à améliorer.
There are always things that can be
improved. What are some of the elements? This is new. This is cutting edge. We're in full learning mode here.
Quelles seraient les
choses à améliorer avec cette entente? Parce que ça va servir d'exemple.
It's
going to serve as an example for many other negotiations and arrangements. So, of the top of your head, if you or your
legal counsel have some initial thoughts on how to improve these kinds of
arrangements going forward...
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Éric, anything?
M. Doucet (Éric) : Yes. I mean, it's kind of hard to tell at this point, because there
is no cookie-cutter approach to these types of... these types of arrangements,
because it's a first of its kind. So, we've really had to learn on the go, you know, how Hydro-Québec operates the whole rate base structure and
everything. We had to look at the deal to see if it
made economic sense for Kahnawake. So, at the moment, we've been able to overcome every single hurdle
that has come in our way. You know, we had to negotiate this kind of... in an
expedited manner, because the opportunity with New York was coming up. So, you
know, it was kind of... It was, you know... When we... when we originally... when negotiating, you know, if we
said, «This doesn't make sense from an economic perspective,» I think
Hydro-Québec was very, very good at, you know, making the necessary changes or
reassessing their proposal.
So, I think that's what key...
that what is key here is that, if you have a flexible partner like
Hydro-Québec, they can, you know, kind of...
their approach to every single community, because not every single community is
going to necessarily has the means or the expertise, the sophistication that
Kahnawake has. And so to the extent that we can... We can also... Kahnawake can also help, you know,
offer this approach to other First Nations and Hydro-Québec, to the
extent that we can help out even, you know, for First Nations that don't
necessarily have the same access to finances or capital. You know, Kahnawake
can be kind of a... you know, a partner to help capitalize a project, to allow
maybe other communities to invest in a similar... in a similar project.
So,
it's hard to tell... it's hard to say that there's anything, you know,
negative, but all I can say is that every single hurdle
that we've come across has been overcome.
• (11 h 20) •
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Yes. So, in terms of anything to improve, at current, like he said, I
think it's hard to tell at this point, until, you know, things are moving and operational. But, in terms of everything that's been offered and provided thus far, even an investment in a project
that we're going to be having in the community in the next little while, which
is a cultural center, museum, theater, like a cultural arts center, you know,
the opportunity for employment, as mentioned by Minister Skeete, all of the
opportunity of, you know, own source revenue and investing into projects and
infrastructure, all the things that are important to us, like, at this point,
you know, in terms of where the future is headed, I just can't see anything, at
this point, that sticks out to me that is such a negative. But, like I said, this will be the test case, so to
speak, and seeing how that we can be that leader and help our brother and
sister communities create better relationships, maybe not just with Hydro-Québec, but other corporations and businesses in Québec.
Mme
McGraw : Merci beaucoup. Je pense que c'est sûr qu'on suit
ça de très près. Et je félicite votre nation et Hydro-Québec d'avoir... d'avoir cette approche vraiment progressiste,
vraiment très progressiste. Et c'est sûr qu'on va suivre ça, puis je
pense qu'il va y avoir beaucoup d'apprentissages.
There will be a lot of
learnings.
D'ailleurs, j'ai eu la
chance, récemment, de rencontrer un groupe à l'Université McGill, des étudiants
en... à Desautels, en affaires, en commerce,
qui travaillent avec des étudiants en droit et en politiques publiques. Et,
justement, ils sont en train de créer
un «tool kit», des outils pour, justement, guider les Premières Nations dans
leurs négociations, leurs ententes, justement, dans ces cas-là.
I'll be happy to put you in
touch, a group of McGill students that are doing... for future, I think, for
future, both Hydro-Québec and
all the partners, because they're looking at a tool kit to help guide, you
know, look at best practices and ensure, I
think, going forward, that we learn from best practices in this sort of cutting
edge new way of doing business. So, I think it's really
fantastic.
Peut-être une question au niveau de
l'environnement. Vous parlez de l'approche des sept générations, qui est une approche autochtone et d'ailleurs qui a
inspiré en partie le concept du développement durable, c'est-à-dire de combler
les besoins des générations présentes, courantes, sans... sans nuire aux
prochaines générations. Donc, c'est vraiment ça, le concept de
développement durable, et c'est basé en partie sur l'approche des sept
générations.
Donc, je
pense que c'est le point n° 4 dans les éléments de l'entente avec
Hydro-Québec. Vous avez...
Ça dit : «MCK will have input into the
environmental assessments.» Est-ce que vous pouvez élaborer?
Can you elaborate on that point in particular? Partly because this is the piece of information that, here today, you know, as legislators, we don't have access
to, the environmental report. So, I'm kind of putting you on the spot, if you
can talk from your perspective about the environmental assessments, and what
does that mean in the context of this agreement.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
So, that the
current line infrastructure is going to be on right of way, right, it's going
to be on the side of already established infrastructure like a highway, you know, and it being undergrounds, we didn't necessarily see, like, dramatic impacts, in that
regard, to the environment, you know, going under water in certain areas. I think... I don't know if... Éric,
if you wanted to talk, anything with regard to the assessment after this, but,
you know, just the fact that we're involved
in wanting to see if there would have impacts... Like we said, if it would have
had anything that was a red flag for us or we felt was detrimental, we might
have, you know, kind of pulled back a little bit and wanted to reconsider our
involvement, but, like I said, there was nothing that we felt that would be
detrimental in the footprint, in the right of way, in how it's planned
to roll out.
So,
at this point, like I said, for us, in looking at all of that environmental
stewardship, our understanding of what I
talked about earlier... (S'exprime dans une langue autochtone). And, you know, that cycle of life, and everything that would have impact, we didn't necessarily see it being
detrimental in any way. Éric... excuse-me, Me Doucet, anything you would like
to add?
M. Doucet (Éric) : Yes. I think you touched on it, Kahsennenhawe. The fact that the line is going to be within the footprint of already developed lands, you know, is in and of
itself a mitigation measure.
So,
we have, at Kahnawake, an
environmental protection office that works closely with one of my colleagues in...
you know, in consultation
committees, and things like that, and they... they looked very closely at this
project. So, we kind of wanted to keep
things separate. We wanted them to have, you know, a real, unbiased look at the
project rather than, you know, having
it tainted by, you know, the commercial aspects of the project. And, you know,
they came away, you know, satisfied
that all the necessary measures were being taken to, you know, protect the
species at risks and, you know... And
they did have some pointers in terms of, you know, certain things, on how to
improve the mitigation measures, and Hydro-Québec was very receptive to
those.
Mme McGraw : Peut-être
une dernière question. Je ne sais pas si... Oui.
Le Président (M.
St-Louis) : ...
Mme McGraw : Parfait. Peut-être une dernière question. C'est le point n° 2 de
l'entente : «Hydro-Québec will look to provide
contract opportunities to Kahnawake workers during the construction phase.»
And
I don't know...
Dans
les... Dans la phase de construction puis d'autres phases, est-ce que
vous parlez... Parce que, nous, c'est sûr
que l'aspect économique et les opportunités pour les... la nation et les
gens... Donc, est-ce que vous pouvez aller élaborer sur ce point-là?
Can
you elaborate on the second point, about the contract and the work
opportunities? I know you ran on a... Good-paying jobs is part of your
campaign. So, can you speak to the quality and quantity of those jobs?
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : So, the beauty of
us having what we consider dual citizenship, right, that border was not there
in our original, you know, existence here... So, the fact that we could also
live and work on the United States side is
also very attractive. You know, like I said, the men and women still frequently
travel to New York, Boston, different areas to do work. So, I was in
contact with representatives of TDI, and the fact that we can, if we wanted to, work on the U.S. side or if we want to work
through contracts with Hydro-Québec, and the contractors who will be
awarded the infrastructure on the Canadian side... So, there's opportunities on
both ends. So, for me, that is also a major win in terms of the opportunity for...
not just Kahnawake alone, the fact that, you know, our brother and sister Mohawk communities as well, if they were looking
for work, you know, we could be that conduit to help them also find
employment opportunities. So, it's definitely a great opportunity.
Mme
McGraw :
Merci
encore. Et félicitations pour votre leadership et votre vision.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Merci beaucoup.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci. Je cède maintenant la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition. M. le député de Maurice-Richard, vous
disposez de 4 min 8 s. La parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci,
M. le Président. (Interruption) Pardon.
«Kwe»,
Chief Sky-Deer.
C'est
vraiment un honneur.
It's a pleasure... I'll go ahead in English.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : OK.
M.
Bouazzi : It's a... It's really an honor and a
pleasure to hear you here, and specifically to hear you say all the good things
you have been saying about this deal. And you went through the long history
your community has, obviously, south with
the border, and also a bit about the long history of expropriation that you
actually had to go through, and,
obviously, all the colonization that happened, and all the... And, if we are
today in this situation, it's obviously because a lot of the people from the
First Nations has been fighting for their rights, has been resisting. So, maybe
I would like to hear from you about
this resistance that happened on the... on the past century, and maybe
specifically regarding Hydro-Québec, that made it possible today that we
are in a relationship that is constructive and progressive, because it never
happens by its own, obviously.
• (11 h 30) •
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Yes. So, I think... You know, I'm a
big proponent of «we cannot change the past», but we can definitely learn from the
mistakes of it and apply it to creating a better future. And, when we think
of the history of not
only Canada, maybe, even, relations in Québec and the way... maybe French, and
depending on which Indigenous... and how we allied in the past when it
came to wars and different things like that... permeates in terms of how the
perception is when it comes to matters of First Nations. But, like, for me, I'm
saying, every day is an opportunity to change the way we're doing things.
Everyday is a change... an opportunity to get to understand each other and what
our realities have been. And I think, for First Nations communities, we've
always been kind of left on the sideline, even when it came to economic
development opportunities or a potential, like I said, of having equity in
different things when it comes to our community.
So,
this, to me, like I said, it's groundbreaking. It's something different, it's
trailblazing. It's creating a path for a future that, like I said, is one that
is more inclusive, that considers First Nations, like you said, about our
rights, our lands, historic and traditional
lands. So, therefore, I think, you know, this is going to show us a path in how
we can do things differently.
And
I think everybody would like to be a part of a more vibrant future, one that's
economically viable, sustainable, that
considers all these things like we've talked about, those seven generations,
environmentally conscious, you know,
because not everything is about wealth and... you know, all the time, that
there has to be balance. And I think that's the perspective that we... we come
in and always remind people, like, hey, there is going to come a time
that, if we're always thinking about
progress, and consumption, and moving in that space without having balance, you
know, it's going to be a detriment for those future generations. And I'm
sure everybody here has children, and, you know, one day, you're going to have
grandchildren, great-grandchildren. You want to ensure that they're going to
enjoy the same world that we do.
So,
I think, because history hasn't always shown that fairness and that equity,
that we're at a crossroads and that we're going to do better into the future,
based on knowing where we've been and what we've done. And we don't want to
repeat history.
M. Bouazzi :
Combien il me reste?
Le Président
(M. St-Louis) : 25 secondes, M. le député.
M. Bouazzi : «Bien», in one word, in 25 seconds,
did you see a difference when Sophie Brochu came to Hydro-Québec regarding before her?
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) : I couldn't speak to
who was there prior. I could only say, in terms of our relationship and the
genuineness that she showed in terms of wanting, like I said, to change the
relationship and the narrative...
M. Bouazzi :
So, you would like to see this spirit
continue with the next relationship.
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
That's right. When she told me that she was going to be stepping
away, I said, «Well, you make sure that
whoever is going to replace you comes with this energy and this spirit,»
because I really enjoyed working with her in the collaborative spirit
that we were able to create. And she will be missed.
M. Bouazzi : Hopefully, that's noted from the other side of this room. Thank
you.
Le
Président (M. St-Louis) :
Grand Chief Sky-Deer, Me Doucet, thank you.
Je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends maintenant les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 33)
(Reprise à 11 h 38)
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Alors, je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération
des producteurs forestiers du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
présenter, puis à commencer votre exposé... à vous présenter, pardon, et
à commencer votre exposé.
Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ)
M. Boudreault (Gaétan) : Gaétan
Boudreault, président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
La
fédération, c'est l'organisation provinciale qui travaille... (panne de son) ...des intérêts de 134 000 propriétaires forestiers,
dont 28 000 sont enregistrés comme producteurs forestiers... (panne de
son) ...de ses 13 syndicats qui sont affiliés...
(panne de son) ...syndicats et offices affiliés visent la
protection de la mise en valeur des forêts. Et aussi on fait la
commercialisation ordonnée des bois en provenance de ces territoires.
M. Roy
(André) : Je suis André Roy.
Je suis vice-président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec et
je suis président du Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec, qui
couvre presque l'entièreté de la Montérégie, de l'Estrie et une partie du
territoire de Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec.
M. Miville
(Vincent) : Et, pour ma part, Vincent Miville, je suis
directeur général à la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Puis on tient, je pense, sincèrement, les trois, à vous remercier de nous avoir
invités, là, pour pouvoir venir vous...
discuter avec vous de ce projet de loi puis de discuter un peu de forêt privée
en général également.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
• (11 h 40) •
M. Miville (Vincent) : Pour
revenir au... comment dire, au projet à l'étude en tant que tel, je pense qu'au
niveau de la fédération ce qu'il est
important de comprendre, c'est que, chaque année, il y a de nombreux, on
pourrait dire, projets
d'infrastructure qui sont soit construits au niveau des infrastructures
publiques, qui sont soit construits au niveau du territoire ou qui
peuvent être, même, à l'étude, tel que ce qui est le cas ici, au niveau de la
ligne d'interconnexion Hertel-New York. Ce
qu'il faut comprendre, c'est que, bien souvent, il y a des propriétaires
forestiers ou agricoles qui vont être touchés par des formes de recours
à l'expropriation, notamment en raison des superficies de leurs terres et de la
localisation de leurs terres par rapport aux services d'utilité publique qui
desservent ces communautés-là.
Peut-être, pour vous donner un peu une idée...
Oui, la forêt est vaste au Québec. On entend souvent parler de la forêt
publique, mais j'aimerais vous entretenir un peu au niveau de la forêt privée
au tout début. La forêt privée, c'est celle qui appartient à
134 000 particuliers, familles, entreprises, puis c'est cette forêt-là
qui enlace les villes et les villages du Québec. À elle seule, elle représente
à peu près les deux tiers du territoire municipalisé de l'ensemble du Québec.
Donc, c'est la forêt, la vitrine qui est à proximité des communautés, et elle y
constitue un milieu de vie.
Cette
forêt-là, c'est un pilier pour l'économie locale de plusieurs régions du
Québec. Ultimement, les activités de
sylviculture, donc de culture des forêts, les activités d'aménagement
forestier, de récolte de bois et de transformation, ça génère à peu près une activité économique de
l'ordre entre 4 et 5 milliards de dollars par année en termes de chiffre
d'affaires et tout près de... un peu plus de
20 000 emplois. Et, ultimement, c'est, en fait... c'est parce que...
Fait méconnu, un cinquième du bois au Québec, du bois est récolté chez
l'un ou l'autre des 134 000 propriétaires forestiers.
La forêt
privée, c'est un milieu crucial pour la réalisation d'activités récréatives,
évidemment, pour l'ensemble des
communautés, puis, en parallèle, elle fournit une panoplie de biens, de
services environnementaux aux communautés du Québec. Puis, de toute évidence, elle assume des fonctions
écologiques qui sont cruciales au soutien de la biodiversité.
Et, pour diverses raisons, la construction
d'infrastructures publiques, elle, peut venir diminuer le caractère productif
du territoire agricole et forestier en occasionnant, ici et là, la
multiplication des contraintes à l'usage de ces territoires, qui vont,
ultimement, venir complexifier le travail des producteurs à travers le temps.
Quand on parle spécifiquement en termes de producteurs forestiers, si on a une
infrastructure publique qui est construite, comme une ligne électrique, vous
avez une activité de déboisement, évidemment, puis des activités de maîtrise de
végétation par la suite qui vont entraîner une diminution du couvert forestier,
puis ça va diminuer la capacité des propriétaires à, ultimement, aménager la forêt, à protéger le couvert forestier et,
ultimement, à produire du bois. Donc, on parle d'une diminution de
revenus à travers le temps.
Et, bien que, dans le cas qui nous préoccupe
ici, là, la ligne d'interconnexion Hertel-New York, elle se limite, grosso
modo, aux emprises qui sont, on pourrait dire, déjà existantes et sont, très
certainement, situées au niveau, principalement... en milieu, on pourrait dire,
plus agricole, plus humanisé, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'elle va cheminer dans un endroit ou un territoire qui a
déjà subi des pertes importantes de couvert forestier à travers le temps.
La Montérégie, c'est une des régions,
excluant Montréal et Laval, où est-ce qu'il y a le moins de couvert forestier,
qui... En contrepartie, on y retrouve
aussi de la biodiversité, la plus importante puis la plus vaste, la plus vaste
de la province.
Donc, on comprendra qu'à chaque fois qu'il y a
eu une diminution de superficie forestière à cause de ces emprises-là ou de ces
infrastructures-là, et ce, aussi infime soit-elle, ça va avoir certainement un
impact ou ça va accroître l'intérêt de la société
à venir protéger les boisés résiduels ou les milieux naturels résiduels qui
sont, bien souvent, logés chez l'un
ou l'autre des propriétaires de boisé du territoire, parce qu'on est dans un
territoire qui est fortement, on pourrait dire, privé.
De toute
évidence aussi, il va y avoir tout un impact. Cette perte-là de milieux boisés,
naturels, etc., va inciter, que ce
soit le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral ou même les
municipalités, à venir mettre des réglementations
afférentes qui vont avoir pour conséquence de limiter la capacité des
producteurs, ultimement, à mettre en valeur le boisé et produire du
bois.
En termes...
Nous autres, on a des recommandations plutôt générales, je vous dirais,
aujourd'hui, par rapport... que ce
soit au projet de loi ou par rapport à l'aménagement des infrastructures
publiques, etc., et, ultimement, une de ces recommandations-là, bien,
c'est toujours d'éviter les dommages, minimiser les dommages puis compenser les
pertes de milieux naturels forestiers, que ce
soit par la création de nouveaux écosystèmes forestiers de valeur équivalente,
disons, dans les régions affectées.
Il faut comprendre aussi que ces
infrastructures-là, elles peuvent entraîner une perte de productivité chez les
producteurs forestiers. Puis il va falloir qu'il y ait des formes de
compensation qui soient mises de l'avant par rapport à ça, parce qu'ultimement on va demander aux propriétaires, avec leurs
boisés résiduels, de venir protéger les biens et services environnementaux de la société de plus en plus, et ça va amener
certaines contraintes en termes de productivité,
de récolte de bois, d'aménagement, etc. Bien, il existe déjà des mesures, et
c'est là pour venir compenser les producteurs
forestiers qui cultivent leurs forêts, donc, une mesure de remboursement de
taxe foncière, mais, ultimement, il va
falloir que l'État se penche pour inclure la compensation pour les services
environnementaux à même... ou, du moins, ce concept-là, à même les
programmes et les services qui sont déjà offerts aux producteurs forestiers.
Ces boisés-là, dans un milieu, ultimement, très
humanisé, comme c'est le cas dans la Montérégie, les boisés des propriétaires,
ça constitue aussi un moyen d'interconnectivité très important pour que la
biodiversité puisse s'épanouir, puisse
migrer d'une région à l'autre, etc. Donc, ces boisés-là constituent des
corridors écologiques qui sont essentiels,
qui peuvent venir être traversés par des infrastructures. On comprendra que
l'intérêt que pour... les producteurs conservent leurs boisés devient de
plus en plus important à travers le temps, de toute évidence, et c'est tout à
fait normal, et il va falloir que l'État
soutienne encore plus ces initiatives de connectivité écologique, que ce soit
en oeuvrant en partenariat avec les propriétaires
forestiers et leurs organisations, les organismes de conservation, les acteurs
locaux pour implanter puis financer
ces initiatives-là et aussi trouver le moyen de compenser les producteurs
forestiers qui vont devoir maintenir des corridors écologiques, et
peut-être au détriment de leurs activités, on pourrait dire, usuelles, que ce
soient des activités forestières traditionnelles.
Évidemment, je passe sous silence que la
construction de ces infrastructures-là va... va... comment dire, va générer des inconvénients pour les propriétaires,
même si elle en a peu affecté dans ce cas-ci. Mais ça va générer certains
inconvénients, puis il faut que les entreprises trouvent le moyen d'assurer
l'acceptabilité sociale de ces projets-là. Et nous autres, on est, on pourrait
dire, en faveur de tout ce qui est développement d'entente ou d'entente-cadre,
là, qui peut s'associer à un projet comme ça pour venir faciliter cette
acceptabilité sociale là. C'est notamment le cas de l'entente-cadre qui avait
été conclue dès que... dans les années... en fait, qui avait commencé à être
rédigée dans les années 80 entre Hydro-Québec et l'UPA pour définir une
méthode de compensation uniforme pour les producteurs à la fois agricoles et
les producteurs forestiers lorsqu'il y a eu la construction de lignes de
transport. Et, ultimement, cette entente-là
a permis de définir des règles plus précises en matière d'implantation
d'ouvrages de transport d'énergie en
milieu agricole et forestier puis, ultimement, les mesures de compensation qui
sont applicables. Et, de toute évidence, dans ce projet de loi là, on comprend qu'il va y avoir des pouvoirs qui
vont être octroyés à une nouvelle société, chapeautée par Hydro-Québec
ou pas... ou autre, et que la... Une recommandation que l'on voudrait vous
proposer, c'est, évidemment, de s'assurer que
la nouvelle société créée en partenariat, elle respecte les lignes directrices
de toute entente-cadre qui a déjà été conclue entre Hydro-Québec et
l'UPA.
Et, fait à noter, cette entente-cadre-là ne
prévoit pas ou n'inclut pas le concept d'enfouissement de ligne, comme ça va être les... comme ça va être,
effectivement, le cas au niveau de la ligne de transport de Hertel... bien, interconnexion Hertel-New York. Et on souhaiterait
que... inciter que, peut-être, le gouvernement incite Hydro-Québec et l'UPA à
peut-être modifier ou mettre à jour l'entente-cadre afin d'inclure le concept,
ce concept-là d'enfouissement, d'enfouissement de ligne pour s'assurer
que les parties soient protégées.
Et, ultimement, on parle également
d'expropriation de propriétaires forestiers, puis on comprend que la nouvelle société qui va être créée va avoir, on
pourrait dire, les mêmes pouvoirs d'expropriation accordés à Hydro-Québec
dans sa loi constitutive. Et la délégation de
pouvoirs d'expropriation... de tels pouvoirs d'expropriation à des nouvelles
sociétés, on pourrait dire, non
gouvernementales ou partiellement gouvernementales doit constituer un acte, on
pourrait dire, d'exception, hein? Ce
pouvoir d'expropriation là a déjà été octroyé exceptionnellement par le passé à
des sociétés privées, là. Ça a été le
cas, là, notamment, à Ultramar, mais il était limité temporairement. Donc, si
on avait une ultime recommandation, dans ce cas-ci, ce serait vraiment
d'agir avec prudence en encadrant, en s'assurant de bien encadrer la délégation du pouvoir d'expropriation à la
nouvelle société créée ici, mais que ce soit toute nouvelle forme de partenariat
ou de société qui serait créée pour gérer
ces infrastructures d'utilité publique là. Ça ferait le tour de nos
recommandations.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. Miville. Merci pour votre exposé.
Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous. Vous disposez de 16 min 30 s.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup de vous présenter virtuellement à nos
audiences. C'est très apprécié.
J'ai une question assez directe : Êtes-vous
pour ou contre ce projet?
M. Miville (Vincent) : On est
pour.
• (11 h 50) •
M. Skeete : OK.
Vous êtes pour. Vous avez des recommandations à soulever par rapport à... le
comment, d'abord, si je comprends
bien votre intervention. C'est surtout dans le comment où est-ce que vous
dites : Il faut faire attention.
M. Roy (André) : C'est ça.
M. Skeete : OK. Puis votre
considération...
M. Roy (André) : Il y a le
comment...
M. Skeete : Oui, allez-y.
M. Roy
(André) : Excusez. André Roy, ici. Il y a le comment et il y
a aussi... Nous, on prépare l'avenir, là. On sait que ce genre de projet là va se multiplier dans les prochaines
années. On pense, par exemple, aux projets d'implantation de
parcs éoliens à travers le territoire du Québec. Et on sait que, bien, ça va se
produire souvent dans les prochaines années et on prépare... Je dirais que notre mémoire vient, je dirais, préparer la
suite, parce que c'est important d'avoir, je dirais, des... quand on parle d'entente-cadre, là, qu'on ait des
processus ou un processus qui s'applique, qui soit, je dirais, équitable pour
tout le monde. Et donc des projets à géométrie variable ou des compensations à
géométrie variable, bien, c'est ce qu'on
craint. Et donc on veut asseoir l'avenir sur des considérations qui seront
équitables pour l'ensemble de nos producteurs.
M. Skeete : Puis... Parce que,
là, le Québec s'est doté d'un objectif de protéger les aires... les aires
vertes. Je pense que c'est 30 %. Ça
fait qu'on est déjà engagés à protéger l'environnement et les milieux verts
comme ça. Vous, vous dites qu'il faut aller plus loin. Il faut aller
plus loin, surtout par rapport à des tracés, là. Est-ce que... est-ce que je
comprends bien?
M. Miville (Vincent) : En fait,
il faut faire attention. Les engagements de protection environnementale, etc.,
je ne pense pas que les propriétaires forestiers sont opposés à ça, loin de là.
La problématique qu'on a, c'est quand on est
dans un territoire qui est fortement, on pourrait dire, humanisé ou anthropisé,
dans le fond, qui a eu beaucoup de développement urbain, d'agriculture,
etc. Les derniers milieux naturels qui restent, généralement, ils sont chez
l'un ou l'autre des propriétaires forestiers. Et donc, si on veut respecter ces
engagements-là, la protection du territoire ou la protection des milieux naturels, du couvert forestier va se faire
chez l'un ou l'autre de ces propriétaires forestiers là. Et évidemment, si elle doit se faire là, il va
falloir trouver un moyen de compenser les producteurs ou les propriétaires
forestiers qui viennent, on pourrait dire, préserver la nature, préserver le
couvert forestier, parce que ça les engage à protéger leurs terrains, mais, on
va dire, ce terrain-là, c'est aussi un milieu de production, là, où est-ce
qu'ils peuvent aménager leur forêt, produire du bois, etc., ce que les nouvelles
réglementations ne permettront pas nécessairement de faire.
Donc, c'est d'être très, je pense, soucieux ou
prudents lorsqu'il y a ces constructions d'infrastructures publiques là. Puis
je pense que ça a été le cas, ça a été respecté ici, au niveau de la construction,
où est-ce qu'il y a... où est-ce qu'on longe
les emprises, où est-ce que ce n'est pas... où est-ce qu'on ne vient pas
détruire beaucoup de superficies boisées,
etc. Mais être toujours, toujours très soucieux qu'ultimement, à chaque fois
qu'on va toucher un boisé ou qu'on va toucher à un milieu naturel, il va
falloir, probablement, protéger un autre milieu naturel qui va se trouver chez
un propriétaire forestier. Et il faut
trouver le moyen d'accompagner ces propriétaires-là qui vont devoir assumer
cette responsabilité-là pour l'ensemble de la société.
M. Skeete : Donc,
votre... votre crainte première, ce n'est pas tant le projet actuel, mais c'est
votre anticipation qu'à l'avenir il va y avoir des projets qui, eux,
pourraient avoir un impact sur vos membres.
M. Miville
(Vincent) : On peut le voir un peu comme la multiplication de
ces projets-là, qui peut être un enjeu.
M. Skeete : Mais
lui, il est correct. Celui-là d'aujourd'hui, il est correct, selon vous, mais
on voit une tendance, là. Vous, vous
agissez en amont pour dire : On voit que c'est clair qu'il va y en avoir
d'autres, nous, on dit... Je veux juste comprendre. Vous, vous dites :
Aujourd'hui, ça va, ça a été fait, on concède que ça a été bien réfléchi, les
communautés autochtones nous disent que ça va bien, il n'y a pas trop
d'impacts, ça va bien, par contre, gouvernement du Québec, nous, on voit que ce ne sera peut-être pas le
dernier, puis avez-vous pensé à nous, là? Vous, vous êtes dans cette
réflexion-là.
M. Boudreault (Gaétan) : Oui,
c'est ça un peu. Puis juste... Vas-y, André.
M. Roy (André) : Oui, c'est
vrai pour ce projet-là, mais on a vécu d'autres situations où c'est moins vrai.
Et il faut se dire aussi que... Je dirais,
la protection de l'environnement et des milieux sensibles, là, on le vit aussi
avec la loi sur la protection des milieux humides et hydriques, puis les
MRC ont à préparer des plans régionaux des milieux humides et hydriques. Et, nous, ce qu'on dit, c'est que la protection de
ces milieux-là ne peut pas reposer sur les seuls propriétaires fonciers.
Il faut... C'est un projet communautaire de société. Bien, il faut que tout le
monde... Donc, les propriétaires ne peuvent
pas faire les frais seuls. Donc, ils doivent être compensés quand ils doivent
réduire leurs activités. Et c'est arrivé dans le passé, et on se méfie
un peu de l'avenir aussi.
M. Skeete : OK. M. le
Président, il me reste combien de temps?
Le Président (M. St-Louis) : Vous
disposez toujours de quasiment 11 minutes, M. le ministre.
M. Skeete : Bon,
est-ce que mes collègues ont des questions? Je vais céder mon temps de parole à
mon collègue ici. Puis ça va... ça va aller, là.
Le Président (M. St-Louis) : À
ce moment-là, je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gagnon (Jonquière) : Oui.
Bonjour. Je suis, comme l'a dit M. le Président, député de Jonquière. Alors,
vous comprendrez que c'est bon de rappeler que la forêt, au Québec, c'est 4 à
5 milliards de PIB et 20 000 employés. Alors, c'est des
statistiques qui parlent puis qui démontrent l'importance.
Tout à l'heure, on a
entendu la vice-présidente d'Hydro-Québec qui mentionnait qu'il n'y avait pas
de pourcentage de pertes agricoles. Alors, c'est quelque chose qui est
sécurisant dans le projet qu'on parle. Également, que l'exportation... l'expropriation, pardon, était faite en grande
concertation, à fort, fort taux élevé. Il semblait y avoir une belle
concertation.
J'ai bien entendu quand vous mentionnez la
multiplication des projets, c'est-à-dire, c'est une conversation qui est un peu en amont. C'est un petit peu dans
ce sens-là que j'aimerais aller. Tout à l'heure, M. le président, vous parliez
de quelque chose qui m'a un peu interpelé,
l'entente-cadre, la revoir dans le but de protéger les parties. Est-ce que
c'est possible de donner un petit peu de détails sur, on pourrait dire,
les drapeaux que vous voulez mettre à ce sujet-là?
M. Boudreault (Gaétan) : Oui,
bien, c'est ça, dans l'entente-cadre, on n'avait pas... qui est... (panne de
son) ...on n'avait pas... Les fils enfouis
ne sont pas présents dans l'entente-cadre. Il n'y a pas de... rien qui est
défini pour les fils enfouis. Ce
projet-là, bien, c'est pour les fils enfouis. Ça fait que, comme Vincent disait
tantôt, peut-être revoir un peu les
paramètres de ça, un peu, pour permettre d'enfouir les fils dans
l'entente-cadre, tu sais. Je ne sais pas si tu as d'autres choses à
ajouter, Vincent, peut-être, là.
M. Miville
(Vincent) : Oui. Si je peux me permettre d'ajouter, dans les
cas... je veux dire, dans l'entente-cadre au niveau... qui a été réalisée entre l'UPA et Hydro-Québec, ultimement,
elle a permis d'aller chercher une acceptabilité sociale de ces... de
l'instauration de ces projets-là, parce qu'elle vient un peu sécuriser les
producteurs forestiers, sécuriser les producteurs agricoles, donc, les deux
catégories de producteurs qui sont visés par cette entente-cadre-là. Et,
ultimement, il y a toujours des discussions, des mises à jour qui se font à
travers le temps. Et, notamment, dans ce cas-ci, il n'y a pas... l'impact de
l'enfouissement des lignes n'a pas été étudié, n'a pas été inclus au niveau de
cette entente-là. Donc, éventuellement, ce
qu'on souhaiterait simplement, c'est que le gouvernement incite les deux
parties à conduire, on pourrait dire, à une mise à jour de cette
entente-cadre-là pour qu'elle puisse refléter, comment dire, les nouvelles...
on pourrait dire, les nouvelles réalités, là, qui s'affrontent à nous.
M. Gagnon (Jonquière) : Parfait.
C'est très clair. Merci.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre,
si vous souhaitiez intervenir, allez-y. La parole est à vous.
M. Skeete : Bien,
avec le temps qu'il me reste, sachant que ce projet-là vous inquiète peu,
j'aimerais vous laisser la parole. Je vais vous laisser la tribune pour
communiquer un petit peu comment vous voyez les choses à l'avenir. Ça fait que je vous laisse le temps qu'il me reste
pour exposer comment vous voyez les défis de l'avenir et comment vous
voulez nous avertir de ce que vous voyez comme les risques à venir.
M. Roy
(André) : Moi, j'aurais une précision à apporter sur ce que
le député... ce qu'il y a dans l'introduction de ce que le député de Jonquière a dit tout à l'heure. C'est... Quand on
parle de 4 à 5 milliards, c'est la seule forêt privée, là. Les 20 000 emplois, c'est la seule
forêt privée. Si on ajoute les retombées de ce qui provient de la forêt
publique et de l'extérieur, on est probablement autour de
20 milliards. Donc, l'industrie forestière, c'est important.
Quand on parle aussi de... je dirais,
d'entente-cadre, c'est aussi la façon de faciliter les négociations, surtout
pour la gestion. Si on généralisait ce type d'entente-cadre là, ça faciliterait
de beaucoup les négociations pour chaque projet
de mise... de... je dirais, d'infrastructure publique ou parapublique. Et ça
éviterait aussi les ententes à géométrie variable qui seraient... qui sont parfois inéquitables entre, je dirais,
le pouvoir de chacun des producteurs ou des propriétaires de négocier. Donc, quand je disais : On
cherche à préparer l'avenir, c'est dans ce sens-là. C'est d'avoir des ententes
qui sont valables et équitables entre les différents intervenants.
• (12 heures) •
Le
Président (M. St-Louis) : Merci. M. le ministre, écoutez, il reste encore...
vous disposez encore de six minutes.
M. Skeete : M.
le Président, je suis généreux aujourd'hui. Je vais céder mon temps de parole à
ma collègue. Elle peut le prendre allègrement, avec plaisir, même.
Le
Président (M. St-Louis) : C'est gentil de l'offrir. D'ailleurs, je voudrais
informer l'opposition officielle que vous
bénéficiez aussi du temps de parole de la deuxième opposition officielle. Donc,
sur ce, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Oui.
Merci, M. le Président. Donc, écoutez, très intéressant, comme présentation.
Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Je voudrais vous donner la chance,
effectivement, d'élaborer sur vos cinq recommandations. Et, encore une fois, je veux mettre l'emphase sur les recommandations qui portent sur les corridors écologiques et les milieux naturels pour vous donner plus de temps. Donc, question
ouverte comme ça, est-ce que... surtout les... donc, recommandations nos 1, 2. Commençons
avec ces deux-là.
M. Miville
(Vincent) : Oui, oui. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à
travers le temps les... il y a une multiplication des rôles ou des
demandes que... en fait, que l'on demande aux propriétaires forestiers
d'assumer. Donc, d'une part, ces propriétaires-là, oui,
ils ont une terre, ils veulent en vivre, produire du bois, comme c'est le cas
de M. Boudreault et M. Roy, et
pouvoir en vivre, de ce bien-là. À la fois les producteurs le voient comme un
moyen d'aménager leurs forêts, ils
souhaitent aménager leurs forêts, ils souhaitent, en même temps, préserver ces
forêts-là, hein, préserver le couvert forestier.
La société a beaucoup de... beaucoup de besoins
envers les propriétaires forestiers, la société en général. L'État souhaite que
ces producteurs forestiers là mettent en valeur leurs forêts, donc, qu'ils
viennent cultiver la forêt à travers le temps, que ce soit pour séquestrer du
carbone, générer des produits, du bois qui va être transformé par l'industrie forestière, etc. La société souhaite
également que ces propriétés... propriétaires forestiers viennent préserver,
on pourrait dire, des besoins... préserver l'environnement, hein, donc, qu'ils
effectuent des aménagements ou qu'ils préservent, disons, la biodiversité,
certaines espèces, qu'ils préservent l'eau fraîche, qu'ils préservent les
paysages agroforestiers, qu'ils préservent le couvert forestier pour permettre
les activités récréatives, etc. Et, ultimement, c'est toujours... il y a toujours de plus en plus de besoins qui se rajoutent
au niveau des propriétaires forestiers. Dernièrement en liste, là, c'est... Depuis plusieurs années, on
parle de la protection des milieux humides. Protection des milieux humides, ça
fait longtemps qu'on le fait au niveau des milieux forestiers. Ces milieux-là,
on les protège, puis on conserve ces milieux humides boisés là à travers le
temps.
Et, dans le fond, à chaque fois qu'il y a ces
nouveaux besoins qui sont demandés aux propriétaires forestiers, bien, on
vient, ultimement, complexifier leurs tâches d'aménagement, etc. Puis ils sont
prêts à le faire, ils ont réussi à le faire
à travers le temps, etc., mais c'est important que l'État soit là pour offrir
une certaine forme de soutien, pour que ces producteurs-là puissent
continuer à aménager leurs forêts puis qu'ils puissent, à certains cas, si on
leur demande, disons, par exemple, dans le cas de corridors écologiques :
Une espèce ou certaines espèces doivent nécessairement passer par le lot boisé d'un propriétaire, et celui-ci ne peut plus
faire, disons, aucun développement, aucune coupe de bois ou récolte... Il faut trouver le moyen, si on
veut... si on veut que le propriétaire forestier, on pourrait dire, ne perde
pas au change, qu'il ait... obtienne une forme, on pourrait dire, de
rémunération, dans ce cas-là, pour compenser le fait qu'il ne puisse plus,
disons, aménager son lot à bois.
Donc, c'est mettre en place des formes de
rémunération pour les services environnementaux que les producteurs forestiers
doivent protéger à travers le temps, qui devront être protégés de toute
manière, ultimement, mais il faut trouver le moyen de compenser les
propriétaires qui ont réalisé des investissements sylvicoles, donc, qui ont investi dans leurs forêts à travers le temps,
pendant des décennies et des générations, et qui, ultimement, ne pourront
plus nécessairement pouvoir en profiter...
profiter de ces investissements-là ou du fruit de leur labeur à travers le temps.
M. Roy
(André) : Il y a aussi le fait que... Moi, je suis
propriétaire forestier depuis près de 50 ans et je vais donner l'exemple de la voirie forestière. Il y a
50 ans, ce n'était pas compliqué. On amenait sur le terrain une pelle
mécanique ou un bélier mécanique,
puis on réalisait le chemin avec deux fossés, puis on conduisait l'eau
jusqu'aux cours d'eau où... Il n'y avait pas de contrainte.
Maintenant, bien, ce n'est plus du tout le cas,
c'est-à-dire qu'il faut le faire... Il y a des grosseurs de ponceaux bien définies. Il y a des bassins de sédimentation
à réaliser. On ne peut pas envoyer l'eau aux cours d'eau comme on le
faisait il y a 40 ou 50 ans, et c'est tout à fait correct, sauf que ça
nécessite des investissements supplémentaires. C'est vrai pour la voirie forestière, c'est vrai pour d'autres types de
travaux, par exemple dans les milieux humides, et c'est... Je pense que Vincent faisait référence aussi à ce
genre d'investissement là qu'on doit réaliser, et qui... et qui s'ajoute, je
dirais, aux investissements qu'on a à faire, et qui... Et évidemment la
rentabilité des travaux forestiers n'est pas toujours au rendez-vous pour justifier ces investissements-là.
Donc, je dirais, l'appui de la collectivité, dans ces cas-là, elle devient
nécessaire.
Mme
McGraw : Vous parlez, dans la deuxième recommandation, de
la forme de compensation. On parle de milieu naturel résiduel. Alors, on
sait très bien que les forêts fournissent des services écologiques essentiels,
et, dans leur rôle de protéger, de la
protection, de gérer les forêts, les producteurs forestiers jouent un rôle de
premier plan. Vous avez parlé aussi de captation. Donc, on sait que,
parmi les services écologiques qui sont fournis par les forêts, dont, tu sais, être des puits de carbone... Est-ce que vous
avez... accès, pardon, à des rapports qui regardent, justement, la valeur
environnementale, économique de ces services écologiques fournis par les
forêts? Parce que le but, entre autres, de ce
projet, c'est justement de réduire les GES, c'est en partie de lutter contre
les changements climatiques. Donc, j'essaie de faire le lien entre les services écologiques fournis par les forêts
en tant que puits de carbone et ce projet-là, qui cherche à contrer les
changements climatiques. C'est un peu ça, le contexte.
M. Miville
(Vincent) : L'un... comment dire, l'un ne s'oppose pas à
l'autre, hein? Tu sais, ils peuvent... Je ne pense pas que les... la Fédération
des producteurs forestiers, ici, est en... est venue en opposition aux lignes électriques
particulièrement, d'hydroélectricité. Ce
n'est pas... ce n'est pas un enjeu pour nous. Nous autres, c'est plus par
rapport à la... on pourrait dire, la
gestion, la gestion de l'emprise qui peut devenir un enjeu, on pourrait dire,
plus local de ce côté-là.
À savoir
quelle est la valeur des services économiques qui sont générés par la forêt
privée, par les 134 000 propriétaires forestiers, il y a
certaines études, ici et là, qui vont se pencher sur différents paramètres, que
ce soit... que ce soit l'eau, qui vaut tant
de... disons, tant de sous du mètre cube d'eau, ou que ce soit la faune, tant
de dollars, telle espèce, ou que ce soit un air pur qui est inestimable,
bien, je vous dirais que ce n'est pas une... comment dire, il n'y a pas de...
il n'y a pas d'étude ou de méta-analyse, etc., qui nous permettrait de
dire : Ça a telle, telle valeur.
Mais tout ce
qu'on sait, puis pas juste les propriétaires forestiers, je veux dire, les...
L'ensemble des Québécois savent qu'il y a une valeur, on pourrait dire,
inestimable à ces collectivités-là, et d'autant plus que, quand... Je
vous l'ai dit en tout début d'introduction,
la forêt privée, là, qui appartient à ces 134 000 propriétaires
forestiers là, elle représente le deux tiers du
territoire municipalisé du Québec. Les gens, quand ils pensent à la forêt,
c'est d'abord et avant tout la forêt privée. C'est la forêt d'un boisé de
quelqu'un, là, celle qui englobe les municipalités, qui est à proximité des
municipalités puis qui... ultimement, qui fournit ces services environnementaux
là directement à l'ensemble... à l'ensemble
des communautés. Donc, je pense qu'il faut simplement le voir comme un bien, un
bien inestimable qui fournit... qui fournit des services à l'ensemble...
à l'ensemble de tous.
M. Roy (André) : Il faut dire
aussi que les... C'est vrai que les forêts constituent des puits de carbone, de
puissants puits de carbone. Il faut dire aussi que les bâtiments en bois sont
aussi des puits de carbone. J'ai l'habitude de dire que la charpente de Notre-Dame
de Paris, avant de brûler, c'était un puits de carbone qui avait 800 ans.
Et je dirais que c'est une très, très vieille forêt, ça, 800 ans. Donc,
c'est important. Je veux dire, on sait qu'on a une charte du bois au Québec,
là, mais il faudrait réfléchir à l'idée de lui donner encore plus d'importance,
parce que le bois, c'est probablement le matériau écologique par excellence.
• (12 h 10) •
M. Miville (Vincent) : Et, si
je peux me permettre un dernier commentaire éditorial, il va falloir faire attention
en termes de projets de société. On veut obtenir les services environnementaux
que la forêt produit ou donne à tous, et c'est tout à fait normal, mais, dans
certains cas, on met en... on met en place des réglementations qui, ultimement, vont nous empêcher de venir aménager,
récolter cette forêt-là, dans certains cas, et ce, même si on assure la
protection du couvert forestier, on pourrait dire, à perpétuité de ce côté-là.
Et, de ce côté-là, on se prive d'un accès à
un matériau renouvelable qui permet d'ultimement stocker, séquestrer du carbone
pendant de très, très longues périodes. Je comprends qu'on va
dire : On ne construit plus beaucoup de cathédrales, mais néanmoins on
pourrait... on pourrait le séquestrer, ce bois-là, dans d'autres... dans d'autres
constructions, ici et là.
Et il va falloir... Ça va... Dans tous les cas,
ça prend une... comment dire, une approche concertée qui permet à la fois de protéger la forêt, protéger le
couvert forestier puis les services environnementaux que ça génère, ça procure,
mais que ça permette aussi à des gens comme
M. Roy et M. Boudreault de continuer à produire du bois sur leurs
terres à bois puis de fournir ce
bois-là à l'industrie forestière pour générer des... on pourrait dire, des
matériaux verts qu'on pourra tous utiliser, là.
Mme McGraw : Donc, peut-être,
je vais vous... des commentaires, éditorial ou autre, en conclusion. Est-ce que
vous avez des choses à ajouter, en conclusion, pour nous aider dans notre
réflexion par rapport à ce projet de loi?
M. Boudreault (Gaétan) : Bien,
peut-être juste un petit mot, c'est ça, parce que tout... Comme on a tout dit, tu sais, le... par rapport à nos propriétaires...
Moi, je dis qu'on... quand on va dans le... tu sais, ça décourage nos... ça
vient que ça va décourager nos propriétaires. Nos propriétaires vont
faire de moins en moins d'aménagements, vont faire de moins en moins de coupes.
Puis, avec toutes les contraintes qu'ils ont, s'ils n'ont pas un petit bonbon à
côté, si on peut dire, là, tu sais, s'ils
n'ont pas un petit bonbon pour les encourager à faire ça puis que... Bien
souvent, ils vont payer, ils vont
payer pour faire ça, tu sais, ils vont payer plus cher puis ils vont payer des
ingénieurs pour faire leurs travaux de leurs
coupes, ça fait qu'ils vont se décourager. À un moment donné, il faut vraiment
s'impliquer là-dedans puis regarder ce qu'on peut faire pour eux, là.
Mme McGraw : Donc, s'il n'y a pas
d'autre commentaire, je... M. le Président...
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. MM. Boudreault, Roy et Miville, merci pour votre
contribution à nos travaux.
Alors, la commission ayant accompli son mandat,
elle ajourne ses travaux jusqu'au vendredi 17 mars, où elle
entreprendra un autre mandat. Merci.
M. Boudreault
(Gaétan) : Un gros merci à vous aussi de nous avoir invités,
puis on est bien contents de vous avoir parlé.
(Fin de la séance à 12 h 12)