Journal des débats (Hansard) of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, March 14, 2023
-
Vol. 47 N° 6
Special consultations and public hearings on Bill 13, an Act respecting the Hertel-New York interconnection line
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Ciccone, Enrico
-
Skeete, Christopher
-
McGraw, Désirée
-
Bouazzi, Haroun
-
-
Ciccone, Enrico
-
Skeete, Christopher
-
Lemay, Mathieu
-
Gagnon, Yannick
-
McGraw, Désirée
-
-
McGraw, Désirée
-
Ciccone, Enrico
-
Bouazzi, Haroun
-
-
Ciccone, Enrico
-
Skeete, Christopher
-
St-Louis, François
-
Lemay, Mathieu
-
McGraw, Désirée
-
Bouazzi, Haroun
-
-
Bouazzi, Haroun
-
St-Louis, François
-
Skeete, Christopher
-
Gagnon, Yannick
-
McGraw, Désirée
-
-
McGraw, Désirée
-
St-Louis, François
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bogemans (Iberville) est remplacée par M. Lemay
(Masson); M. Kelley (Jacques-Cartier) est remplacé par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce); et Mme Zaga Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires, puis nous entendrons
par la suite les organismes suivants : Hydro-Québec, le Conseil mohawk de
Kahnawake et la Fédération des producteurs forestiers du Québec, par
visioconférence.
Remarques préliminaires
J'invite maintenant le ministre délégué à
l'Économie à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez
de six minutes. À vous la parole.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : ...très content d'être
avec vous pour présenter ce projet de loi là, qui est vraiment important. Il bâtit,
je crois, quelque chose de novateur pour l'avenir, et je pense que, bien, les
gens vont beaucoup aimer. En tout cas, moi, j'aime beaucoup. J'espère que les
gens vont aimer la manière novatrice dont Hydro-Québec va proposer les
nouvelles façons de faire. On parle ici de partenariats. On parle ici de... aussi,
l'exportation de notre électricité à nos voisins, qui leur permet, à eux, de
décarboner leur économie.
Vous allez me permettre quelques secondes,
M. le Président, pour dire merci aux équipes. Merci aux équipes, Énergie,
Hydro-Québec, pour leur... leur travail, leur aide, leur support. J'aimerais
aussi prendre un moment pour saluer la collègue, Notre-Dame-de-Grâce, le
collègue de Maurice-Richard. Bienvenue. Vraiment hâte de
travailler avec vous sur ce projet de loi là. Et aussi, aux équipes, ici, du
ministère, du cabinet, les collègues de la patrie... de la partie
gouvernementale, merci beaucoup d'être ici un mardi matin avec moi pour m'appuyer
dans ce projet de loi là. C'est vraiment apprécié.
J'ai hâte de... d'échanger, de... d'avoir
réponse à quelques questions que je pourrais avoir et aussi de parler d'énergie.
C'est quelque chose qui me motive beaucoup, et surtout dans le cadre de l'exportation
de cette énergie-là, qui, il faut se le rappeler, va enlever un million de
voitures, l'équivalent de CO2 dans... dans l'atmosphère, avec ce
projet de loi là.
Donc, au plaisir d'échanger avec vous, M.
le Président. Merci beaucoup pour l'accueil chaleureux, et à bientôt.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Ça me fait plaisir de vous accueillir chaleureusement, M. le ministre. J'invite
maintenant la porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 4 min 30 s. Mme la députée, à
vous la parole.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Avant de partager mes remarques préliminaires, je tiens tout d'abord
à saluer la présidence et le secrétariat. Je veux évidemment saluer le ministre
délégué à l'Économie et les équipes qui accompagnent le ministre. Je salue
aussi les députés de la banquette ministérielle. Enfin, j'aimerais saluer les
collègues des autres formations en opposition.
Alors, maintenant, à titre de porte-parole
en... de l'opposition officielle en matière d'environnement et de changements
climatiques, qui est intimement lié à notre... notre avenir énergétique, je
suis très heureuse de pouvoir participer à la Commission de l'agriculture,
pêcheries, énergie et ressources naturelles. C'est une première pour moi aux
consultations particulières du projet de loi n° 13, Loi concernant la
ligne d'interconnexion Hertel-New York. Je tiens à remercier les groupes
et les organismes qui sont présents lors de ces consultations particulières. Je
suis impatiente d'entendre leurs remarques, commentaires et recommandations sur
le projet de loi n° 13 déposé par le ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie le 22 février dernier.
Cela étant dit, le projet de loi cherche à
mettre en place les conditions de réalisation de la ligne Hertel-New York.
Toutefois, quelques questions se posent sur le plan économique, environnemental
et social. Ce sont bel et bien les trois piliers du développement durable. Nous
avons justement adopté, tout récemment, la stratégie gouvernementale en matière
de développement durable, et je crois qu'il serait important d'analyser ce
projet selon cette approche intégrée et équilibrée.
Sur le volet économique, est-ce qu'on...
est-ce que c'est vraiment le meilleur projet pour le Québec? Est-ce qu'il s'agit
de la meilleure utilisation que nous pouvons faire de notre électricité, alors
qu'on parle de sobriété électrique et... énergétique, je devrais dire, et
qu'Hydro-Québec <prévoit...
Mme McGraw :
...de
notre électricité, alors qu'on parle de sobriété... électrique et...
énergétique, je devrais dire, et qu'Hydro-Québec >prévoit elle-même
manquer d'électricité dans les prochaines années, dans la planification
d'atteindre nos objectifs de carboneutralité d'ici 2050, c'est-à-dire en vue
des 100 térawattheures supplémentaires pour combler nos besoins
énergétiques ici, au Québec?
Sur le plan de l'environnement, le projet
a fait l'objet d'un BAPE, où, au long... d'un BAPE. Alors, présentement, là, le
rapport a été donné au ministre de l'Environnement le 1er mars, mais nous
n'avons toujours pas... Ça n'a pas été encore rendu public. Puisque la loi
prévoit que le gouvernement doit le rendre public à l'intérieur de
15 jours, il sera seulement rendu public, si je comprends bien, jeudi le
16 mars. Afin d'assurer une analyse complète du projet de loi et de
prendre des décisions éclairées, le rapport du BAPE doit être accessible sans
délai. Alors, on demanderait au gouvernement de rendre public le rapport du
BAPE dès aujourd'hui, à l'avance du vote prévu pour demain sur le principe de
la loi.
Sur le volet social, l'entente avec les
Mohawks, c'est une première. Et, on reconnaît, c'est une première importante.
Maintenant, il faut réussir à bâtir sur cette entente et s'assurer que la
communauté aura des retombées réelles au niveau de l'économie et de la société.
Cependant, le projet de loi délègue des
pouvoirs d'expropriation du gouvernement à Hydro-Québec afin d'accélérer le
processus d'expropriation. Il prévoit aussi de retirer le droit de contestation
de l'exproprié. Nous étudierons ce... donc ce... le projet de loi de manière
attentive pour nous assurer que les droits des personnes expropriées soient
respectés.
En terminant, M. le Président, il y a de
nombreux éléments à travailler, à surveiller, et je suis contente de pouvoir
participer aux présentes consultations particulières. Comme je l'ai déjà dit,
j'ai hâte d'entendre les groupes lors de ces consultations et j'ai confiance
qu'ils pourront éclairer les membres de la commission afin de bonifier le
projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Et j'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition à faire ses remarques préliminaires pour une durée de 1 min 30 s.
M. le député de Maurice-Richard, vous avez la parole.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je souhaite bonjour à mes collègues du gouvernement et puis à ceux
de l'opposition officielle. Je tiens aussi à m'excuser d'une entorse non voulue.
J'ai tout à fait oublié ma cravate. Elle s'en vient en chemin. Étant donné
qu'on a passé une belle soirée hier à se coucher tard et à se réveiller très
tôt ce matin pour venir à Québec, ce sera mon excuse.
Le... Ce projet de loi est important. Deux
choses à dire. Premièrement, c'est un des innombrables projets qui touchent aux
questions de l'énergie. Et nous, depuis le début, on pense que ce n'est pas une
manière de gérer la vision énergétique, étant donné qu'on a l'impression que
c'est comme des morceaux du puzzle, mais l'image globale, elle est à peu près
invisible. Et donc, dès le début, nous, ce qu'on voudrait, c'est un BAPE
générique public qui permet d'avoir une vision beaucoup plus globale de nos
besoins et de la manière d'utiliser notre énergie au Québec.
Donc, plus spécifiquement pour ce projet
de loi là, ce qui va nous... ce qui va nous intéresser, c'est beaucoup, un,
quel genre de pouvoirs on délègue, quels pouvoirs on va garder ou enlever à la Régie
de l'énergie, qui semble être un... une méthode de travail, depuis déjà quelque
temps au niveau du gouvernement, d'affaiblir une fois de plus la Régie de
l'énergie, et puis évidemment, dans les détails, quel genre de collaboration il
va y avoir avec les communautés mohawks. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : ...M.
le député. Et je comprends que quelqu'un va venir vous porter une cravate.
M. Bouazzi : ...
Le Président (M. Ciccone) : Parfait.
Merci beaucoup. Bon, c'est vrai...
Auditions
Nous sommes maintenant prêts à débuter nos
auditions. Alors, je souhaite donc la bienvenue aux représentants
d'Hydro-Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre
exposé.
Hydro-Québec (HQ)
Mme Boucher (Julie) : Bonjour,
M. le Président. Hydro-Québec tient à remercier les membres de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles pour
cette invitation à participer aux consultations particulières sur le projet de loi
n° 13, la Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
• (10 heures) •
Je m'appelle Julie Boucher. Je suis
responsable, à Hydro-Québec, du développement durable, des relations avec les
communautés et des communications. Je suis accompagnée ce matin de mon collègue
Pierre Gagnon, vice-président exécutif, Affaires corporatives, juridiques et
réglementaires, et chef de la gouvernance.
Ce projet de loi vise à <permettre...
>
10 h (version révisée)
< Mme Boucher (Julie) :
...et
chef de la gouvernance.
Ce projet de loi vise à >permettre
la conclusion d'un partenariat historique entre Hydro-Québec et le Conseil
mohawk de Kahnawake, qui deviendraient ensemble copropriétaires de la ligne d'interconnexion
Hertel-New York, soit la portion québécoise de la ligne. Cette nouvelle
ligne de transport d'électricité servira à livrer l'électricité propre du
Québec au cœur de la ville de New York, actuellement alimentée en électricité
produite à 90 % à partir de combustibles fossiles. Le partage de la
propriété d'un actif de transport avec une Première Nation est une approche
novatrice incarnant la volonté d'Hydro-Québec de poursuivre le développement
énergétique du Québec en le faisant en collaboration avec les peuples
autochtones. Ce projet de loi marque ainsi un jalon important dans l'évolution
de nos relations. Dans cette optique, Hydro-Québec appuie pleinement son
adoption, qui s'inscrit au soutien de notre initiative.
Le 20 septembre 2021, Hydro-Québec a
été sélectionnée par l'agence de développement énergétique de l'État de New
York, NYSERDA, pour conclure un contrat comprenant la livraison de 10,4 térawattheures
d'énergie à la ville de New York. Ce contrat devrait engendrer des revenus
totalisant 30 milliards de dollars pour Hydro-Québec sur une période
de 25 ans. En plus d'offrir ces avantages financiers, ce contrat constitue
une pierre angulaire de la lutte contre les changements climatiques dans le nord-est
de l'Amérique du Nord, puisqu'il permettra d'éviter l'émission de 3,9 millions
de tonnes de gaz à effet de serre chaque année, soit l'équivalent du retrait de
44 % des voitures de la ville de New York. À ce jour, aucun autre projet
énergétique visant le continent nord-américain ne mènera, à lui seul, à une
diminution aussi considérable des émissions de GES. La force de ce contrat
réside également dans sa flexibilité, puisqu'il ne comporte aucun engagement de
fournir de la puissance l'hiver, lorsque les besoins sont les plus importants
au Québec.
Hydro-Québec doit ainsi construire une
ligne de transport qui acheminera l'énergie jusqu'au point d'interconnexion
avec les États-Unis. Du côté américain, le projet de la ligne Champlain Hudson
Power Express, CHPE, reliera le point d'interconnexion à New York... est piloté
par notre partenaire, Transmission Developers Inc. La ligne que doit construire
Hydro-Québec s'étendra sur 57,7 kilomètres entre le poste Hertel, à La
Prairie, et le point d'interconnexion, situé dans la rivière Richelieu. Le
tracé de la ligne sera situé à 95 % dans les emprises de routes nationales
et régionales, ce qui minimisera les impacts sur l'environnement et les
propriétés privées.
L'ajout d'une interconnexion avec la ville
de New York, une des grandes métropoles du monde, où on prévoit une croissance
de la consommation d'électricité, est une stratégie avantageuse pour le Québec.
En effet, une meilleure intégration des réseaux nous permettra aussi, à l'échéance
du contrat, d'exporter de l'électricité lorsqu'elle se vendra à prix fort et
possiblement d'importer de l'électricité en provenance de sources renouvelables
lorsqu'elle sera peu coûteuse, de manière à jouer pleinement notre rôle de
batterie pour le nord-est du continent.
Ce projet de loi permettra à Hydro-Québec
de conclure ce partenariat novateur avec la communauté mohawk de Kahnawake.
Depuis la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois et
de la «Paix des Braves», Hydro-Québec est guidée par une volonté de
réconciliation et de collaboration avec les communautés autochtones. Cette
volonté s'est incarnée dans de nombreuses ententes conclues avec des
communautés au fil des ans pour des projets comme la construction du complexe
de La Romaine ou encore des partenariats, comme celui annoncé récemment avec l'entreprise
inuite Tarquti, pour des projets d'énergie propre au Nunavik.
Pour continuer de répondre aux attentes et
tenir compte des priorités évolutives et distinctes des différentes
communautés, Hydro-Québec doit continuellement faire preuve... doit
continuellement faire évoluer ses pratiques et disposer de flexibilité. Dans le
cas de la ligne d'interconnexion Hertel-New York, le grand chef du Conseil
mohawk de Kahnawake, feu Joseph Tokwiro Norton, avait exprimé, dès l'été 2019,
la volonté de sa communauté de s'associer avec Hydro-Québec dans le projet sous
la forme d'un partenariat commercial. Cette vision, poursuivie et concrétisée
par la grande cheffe Sky-Deer, cadrait parfaitement avec la volonté d'Hydro-Québec
d'innover dans sa volonté de collaborer avec les communautés autochtones dans l'élaboration
de ses projets. Un partenariat commercial comme celui-ci était la prochaine
étape à franchir dans l'évolution de nos relations avec les communautés et s'inscrit
dans une tendance canadienne où ces modèles se multiplient. C'est donc ainsi
que se sont entamées les discussions qui ont mené à la conclusion du protocole
d'entente jetant les bases du partenariat.
L'entente à conclure, si le projet de loi
est adopté, prévoit qu'Hydro-Québec construira la ligne Hertel-New York puis cédera
cet actif, lors de sa mise en service, à une société qui sera codétenue par le <Conseil
mohawk de Kahnawake...
Mme Boucher (Julie) :
...sa
mise en service à une société qui sera codétenue par le >Conseil mohawk
de Kahnawake et Hydro-Québec ou une de leurs sociétés respectives détenues en
propriété exclusive. Cette cession se fera en contrepartie d'une contribution
financière versée à Hydro-Québec de la part des associés de la société, soit le
Conseil mohawk de Kahnawake et Hydro-Québec ou une de leurs sociétés
respectives. La contribution de chaque partie sera corrélée au pourcentage de
sa participation dans la société, ce qui sera déterminé au moment de la cession
de l'actif.
En tout temps, selon les dispositions de
la loi et de l'entente qui devra être approuvée par le gouvernement,
Hydro-Québec conservera le contrôle de cette société. Les revenus de la société
proviendront de la vente du service de transport au Québec, et les bénéfices
nets seront répartis de manière proportionnelle à la détention de parts dans la
société. Par ailleurs, il est également prévu qu'Hydro-Québec sera
exclusivement responsable de la gestion, de l'exploitation, de l'entretien et
de la conformité de la ligne, comme pour l'ensemble de son réseau. Ce projet de
loi est un pas de plus vers la conclusion de l'entente, qui permettra
l'ouverture d'un nouveau chapitre prometteur pour l'avenir des relations entre
Hydro-Québec et les communautés autochtones.
Étant donné la complexité technique de la
construction d'une ligne de transport, il est nécessaire qu'Hydro-Québec se
charge complètement de cet aspect du projet avant de céder la ligne à la
nouvelle société qui sera créée avec le Conseil mohawk de Kahnawake. Or, la Loi
sur Hydro-Québec ne permet pas à Hydro-Québec de céder tout immeuble dont elle
a besoin pour la poursuite de ses opérations. Le projet de loi n° 13
est donc nécessaire pour ouvrir la voie à cette cession. Il est important de
souligner que, selon le projet de loi, seuls Hydro-Québec, le Conseil mohawk de
Kahnawake ou l'une de leurs sociétés en propriété exclusive respectives
pourront détenir des parts de la société. Ainsi, la ligne ne pourra pas être
cédée à d'autres entités, à moins que le gouvernement en décide autrement.
Par ailleurs, le projet de loi assure que
la société à être créée disposera des droits et pouvoirs d'Hydro-Québec dans
l'exercice de ses activités, ce qui fera en sorte, par exemple, que la société
bénéficiera des servitudes dont disposera Hydro-Québec dans les emprises
municipales ou les emprises du ministère des Transports du Québec en vertu de
la Loi sur la voirie ou de la Loi sur Hydro-Québec.
Enfin, le projet de loi comporte certains
aménagements aux normes applicables en matière d'expropriation de manière à
favoriser le respect de l'échéancier serré de la construction de la ligne et de
la livraison de l'électricité à New York. Bien entendu, Hydro-Québec privilégie
des ententes négociées à l'amiable plutôt que le recours à l'expropriation. En
moyenne, au fil des ans, environ 95 % de nos dossiers d'expropriation sont
réglés à l'amiable. La procédure d'expropriation est donc une mesure
d'exception s'appliquant s'il n'a pas été possible de conclure une entente de
gré à gré avec un ou une propriétaire.
Il faut rappeler que la ligne Hertel-New
York sera souterraine. De plus, elle sera située à 95 % dans des emprises
routières, ce qui en limitera les impacts, qui seront essentiellement liés à la
période des travaux. Les droits obtenus viseront une occupation temporaire aux
fins des travaux et constitueront des servitudes permanentes pour le passage
des équipements dans le sol. Les terrains seront remis en état une fois les
travaux réalisés, et les propriétaires seront dûment indemnisés pour les
inconvénients subis. À terme, les propriétaires visés pourront donc continuer
d'utiliser la surface de leurs terrains une fois les travaux terminés et
n'auront pas à déménager. En terres cultivées, c'est-à-dire sur
2,5 kilomètres du tracé qui fait 57,7 kilomètres, la canalisation
sera enfouie sous l'équipement de drainage agricole pour permettre la remise en
culture du sol, ce qui minimisera les inconvénients permanents pour les
propriétaires agricoles.
En conclusion, le projet de loi n° 13
permettra la création d'un partenariat novateur entre Hydro-Québec et le
Conseil mohawk de Kahnawake. De plus, il sécurisera l'échéancier du projet de
la ligne d'interconnexion Hertel-New York, hautement avantageux pour l'ensemble
du Québec. Enfin, il soutiendra la décarbonation et la lutte contre les
changements climatiques dans le Nord-Est américain. La collaboration
d'Hydro-Québec et du Conseil mohawk de Kahnawake cristallise leur intention
commune de promouvoir une relation à long terme, mutuellement avantageuse,
basée sur le respect, le dialogue, la collaboration et la confiance. Je vous
remercie pour votre écoute.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange
avec M. le ministre. Vous avez un temps alloué de 16 min 30 s. À
vous la parole.
• (10 h 10) •
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bien, merci pour cet exposé-là. Je veux juste clarifier
certains points dans votre présentation, puis juste me dire si j'ai bien
compris. On parle de 30 milliards de revenus pour Hydro-Québec sur les
25 prochaines années.On parle de 3,9 millions de tonnes de
réduction de gaz à effet de serre, ce qui est l'équivalent de 44 % des <voitures
actuellement sur la route...
M. Skeete :
...ce
qui est l'équivalent de 44 % des >voitures actuellement sur la
route dans la ville de New York.
Mme Boucher (Julie) :
Exactement.
M. Skeete : Puis on n'est pas
obligés de vendre ça l'hiver quand on est en pointe.
Mme Boucher (Julie) : C'est
ainsi que le contrat est prévu.
M. Skeete : OK. En ce moment,
pour faire ce tracé-là, on est à 95 % sur des emprises publiques.
Mme Boucher (Julie) : Des
emprises de routes, emprises routières ou d'autoroutes.
M. Skeete : Donc, ce n'est
pas des privés qui doivent être expropriés puis...
Mme Boucher (Julie) : Sur 95 %,
non.
M. Skeete : Puis, quand vous
devez le faire, bien, à 95 %, vous vous entendez avec les gens.
Mme Boucher (Julie) : Tout à
fait.
M. Skeete : OK. Puis on parle
ici d'une entente historique avec une communauté autochtone. Ça, c'est du
jamais-vu.
Mme Boucher (Julie) : C'est
une première.
M. Skeete : OK. Qu'est-ce qui
arriverait si, demain matin, on ne faisait pas la ligne Hertel ou s'il y avait
des délais importants?
M. Gagnon (Pierre) : Le
projet... La date de réalisation du projet... Le moment où on doit livrer
l'énergie à New York est en 2026. Donc, les délais sont serrés. Il est donc
important qu'on puisse procéder dès maintenant à la réalisation du projet pour
s'interconnecter avec nos partenaires américains à la frontière, qui va être,
en fait, dans la rivière Richelieu. Le point d'interconnexion va être dans la
rivière Richelieu. Si on n'est pas au rendez-vous, bien, il y a des
conséquences juridiques évidentes qui vont en découler en termes de dommages
potentiels, de réclamations, etc. Donc, il n'est peut-être pas nécessaire
d'entrer dans tous les détails de ce qui pourrait entraîner sur le plan
juridique... Mais il est certain qu'on a un engagement contractuel avec notre
partenaire américain pour livrer notre bout du réseau de façon à être en mesure
de livrer l'énergie en temps approprié en 2026.
M. Skeete : Ça fait qu'on
serait en brèche contractuelle.
M. Gagnon (Pierre) : Tout à
fait.
M. Skeete : OK. Puis, la
prochaine fois que vous voudrez faire une entente avec New York, ça marcherait
comment dans ce temps-là?
M. Gagnon (Pierre) : Ce
serait beaucoup plus difficile.
M. Skeete : OK. C'est ce que
je pensais, mais on enregistre, hein?
M. Gagnon (Pierre) : C'est
clair.
M. Skeete : On veut être sûrs
que c'est écrit. Oui, c'est ça. Je comprends. Combien ça coûte, une ligne entre
le Québec et l'État de New York? Combien ça va coûter, ça?
Mme Boucher (Julie) : Le
projet total, donc, Hydro-Québec est responsable du projet de ligne du côté
Québec, on parle d'environ 500 millions de dollars pour la ligne, 600 millions
pour le poste.
M. Skeete : Puis c'est qui...
M. Gagnon (Pierre) : 1,1 milliard,
tel que ça a été présenté à la Régie de l'énergie.
M. Skeete : Puis c'est qui qui
paie pour cette ligne-là?
M. Gagnon (Pierre) : Pour la
portion... L'ensemble du projet est payé par Hydro-Québec de deux façons. La
première façon, c'est à travers les tarifs du service de transport, et la
portion qui excède l'allocation tarifaire est payée par les activités de production
d'Hydro-Québec.
Mme Boucher (Julie) : Et les
tarifs de transport sont assumés...
M. Gagnon (Pierre) : Les
tarifs de transport sont assumés par les utilisateurs du service de transport,
dans ce cas-ci, Hydro-Québec également.
M. Skeete : Parfait. Donc,
pour un investissement de 1 milliard, on a des retombées de... des
retombées de 30 milliards. C'est un calcul facile, là, mais on est plus ou
moins dans... Puis 1 milliard en dollars d'aujourd'hui, 30 milliards
en dollars futurs aussi.
M. Gagnon (Pierre) : Oui.
Bien, il y a de l'énergie qui vient avec aussi. C'est la portion transport dont
on parle. Le 1,1 milliard, c'est la portion physique du lien de transport
entre le point frontière et le poste Hertel.
M. Skeete : Je comprends. OK.
Pourquoi cette nouvelle façon de faire? Pourquoi avez-vous décidé de faire un
partenariat avec les communautés autochtones... avec la communauté autochtone
en question? Pourquoi cette façon de faire?
Mme Boucher (Julie) : Depuis
plusieurs années, Hydro-Québec entretient des relations, avec les communautés
autochtones, de différentes natures. Depuis plusieurs années, on conclut ce
qu'on appelle des ententes retombées et avantages. Dans le milieu, on dit
souvent des ERA, des ententes classiques qu'on fait avec les communautés
autochtones pour différents projets. À Hydro-Québec, on n'a pas un gabarit, là.
À chaque fois qu'on a une entente, on repart du même modèle. À chaque fois, on
fait de nouvelles ententes qui sont adaptées aux projets, qui sont adaptées aux
communautés ou aux nations autochtones avec lesquelles on travaille.
Dans le cas du projet Hertel-New York, il
y avait clairement une volonté, de part et d'autre, de faire les choses
différemment, et de faire plus qu'une entente retombées et avantages, et de
devenir des partenaires commerciaux ensemble pour développer ce projet de ligne
là, et l'exploiter ensemble, par la suite, pour l'ensemble de la durée de vie
du projet. Donc, c'est né d'une volonté commune d'aller plus loin qu'une
entente retombées et avantages. Il y avait une volonté, de la part de la
communauté, d'investir aussi dans le projet de ligne.
Donc, c'est modulé selon chacun des
projets, selon chacune des communautés, des nations, selon les intérêts de
chacun. La communauté ici choisit d'investir dans un projet d'infrastructure
énergétique vers l'État de New York, et je suis certain que la grande cheffe
pourra vous parler du lien particulier qu'ils ont aussi avec la ville de New
York.
M. Skeete : Puis ça fait que,
là, vous dites... Vous n'êtes pas... Vous n'avez pas un gabarit que vous suivez
à <tous les jours...
M. Skeete :
...que
vous suivez à >tous les jours. Ça fait que, dans le fond, chaque
situation est adaptée à la nouvelle réalité.
Mme Boucher (Julie) : Exact.
Donc, les ententes qu'on a faites, par exemple, pour le complexe La Romaine ont
été différentes de ce qu'on fait aujourd'hui. Quand on travaille avec les
Inuits, présentement, pour la transition énergétique des réseaux autonomes, les
14 villages inuits, on travaille différemment, avec les Inuits, pour
développer un modèle dans lequel eux aussi pourront participer à la transition
énergétique de leurs communautés. Donc, on élabore, selon le projet, selon la
communauté, selon la nation, selon la réalité et selon un moment précis dans le
temps, des projets d'entente ou des projets de partenariat.
M. Skeete : Puis j'essaie de
trouver une façon polie, là, ou diplomatique de poser la question, mais est-ce
que vous faites ça parce que vous êtes obligés de le faire ou vous le faites parce
que c'est quelque chose que vous pensez qui est important, d'avoir le sentiment
de contribution de tout le monde et tous les partenaires?
Mme Boucher (Julie) : On le
fait parce que c'est la bonne chose à faire puis qu'on en est profondément
convaincus. Rien ne nous obligeait à faire ce partenariat commercial avec les
Mohawks de Kahnawake. On l'a fait parce qu'il y avait une volonté mutuelle de
travailler ensemble et pour une longue période, hein? C'est une entente qui va
durer pour les 40 prochaines années. C'est une façon d'inscrire notre
relation dans le temps aussi puis de s'assurer qu'on va travailler ensemble,
qu'on est des partenaires. On bâtit ici une relation d'affaires dans le temps
qui va durer plus longtemps que ma personne, que le comité de direction actuel
puis le Conseil mohawk de Kahnawake. Donc, on inscrit nos organisations dans le
temps également.
M. Skeete : C'est
intéressant. Ça fait que, là, on a une entente pour 40 ans puis on va
vendre pour les 25 prochaines années à New York. Puis c'est quoi, la
raison pour cet écart-là? Le 15 ans de plus va servir à quoi? Puis c'est
quoi, l'opportunité ou le risque associé à ça?
Mme Boucher (Julie) : Le
40 ans, essentiellement, c'est la durée d'amortissement prévue de la ligne.
Donc, c'est la durée de l'actif pour les 40 prochaines années. Donc, on
dit : Au-delà du 25 ans, on est confiants que cet actif-là va nous
permettre de continuer de vendre vers New York ou même d'importer. New York a
des ambitions importantes de développer des énergies renouvelables, notamment
dans le nord de l'État. Donc, on pourrait, à terme, utiliser la ligne pour
aussi importer quand ils vont avoir beaucoup d'énergie. Le vent souffle
beaucoup dans le nord de New York. S'ils ont trop d'énergie, on pourra importer,
stocker dans nos réservoirs, et ensuite revendre l'énergie sur les marchés, ce
qu'on a beaucoup appelé la batterie du Nord-Est.
M. Skeete : Ça, c'est
intéressant, parce que, si, mettons, un jour, on n'est plus en surplus, bien
là, à ce moment-là, on va pouvoir aussi profiter de cette ligne-là. Intéressant.
M. le Président, il me reste combien de temps?
Le Président (M. Ciccone) : 8 min 26 s.
M. Skeete : Je serais prêt à
céder à mes collègues s'ils avaient des questions, eux, à leur retour, avec
votre permission, bien sûr.
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
M. le député, à vous la parole.
M. Lemay : ...
Le Président (M. Ciccone) : L'autre
micro. Il est là.
M. Lemay : Parfait. Merci
beaucoup. Donc, moi, j'ai lu votre mémoire puis le projet de loi aussi, puis
j'avais juste une question, parce qu'à la page 3 de votre mémoire vous
dites quelque chose, là, puis, dans le projet de loi... Tu sais, on fait le
projet de loi, justement, pour que... permettre à Hydro-Québec de céder la
propriété de ses installations de transport d'électricité en faveur d'une
personne morale ou d'une société constituée par Hydro-Québec et par le Conseil mohawk
de Kahnawake, puis, à la page 3, vous venez dire sensiblement la même
chose. Par contre, vous rajoutez... Dans le fond, vous dites que vous allez
construire... Vous allez céder l'actif, lors de sa mise en service, à une
société qui sera codétenue par le Conseil mohawk de Kahnawake et Hydro-Québec
ou une de leurs sociétés respectives détenues en propriété exclusive. Là,
j'aimerais savoir la nuance. Tu sais, quand je lis votre «ou», je me dis :
Est-ce que c'est... Dans le fond, on fait un projet de loi au cas qu'il n'y
aurait pas... Tu sais, c'est juste au cas où qu'on le fait, ou c'est déjà
planifié, ou c'est juste parce que, légalement, vous ne pouvez pas le
mentionner? J'aimerais juste un peu comprendre la nature de ce «ou»-là.
M. Gagnon (Pierre) : En fait,
ce qu'il va créer, c'est ce qu'on appelle une société en commandite, et on va
utiliser des coquilles ou des filiales pour les différents éléments de la
société en commandite. Donc, ça va être une filiale qui va être ce qu'on
appelle le commanditaire, et il va y avoir une autre filiale qui va être le
commandité. Dans la structure juridique qui est mise en place, il est
nécessaire de créer différentes entités qui vont être, elles, détenues à
100 % par Hydro-Québec ou le Conseil des Mohawks de Kahnawake. Donc, c'est
vraiment pour se donner la flexibilité de structurer la société en commandite à
l'aide de filiales détenues à 100 %, pour la rendre conforme aux exigences
des mécanismes de société en commandite. C'est tout simplement ça.
• (10 h 20) •
M. Lemay : Ok. Parfait. Puis
dites-moi... C'est parfait. En fait, moi, j'apprécie beaucoup cette
initiative-là. Puis aussi, quand j'ai vu le contexte, là, qui se prêtait à
l'enfouissement de la ligne aussi, j'ai dit : Ah! c'est merveilleux. Tu
sais, c'est quand même... C'est inhabituel, si <on veut, en sol
québécois, de voir...
M. Lemay :
...c'est
quand même... C'est inhabituel, si >on veut, en sol québécois, de voir
un enfouissement d'une majorité de la ligne. Donc, je ne sais pas, vous
voulez... Vous l'avez déjà mentionné tout à l'heure, mais est-ce que vous allez
rajouter quelque chose là-dessus? Parce qu'il y a un contexte qui se porte...
propice, dans ce cas-là précis, que, pour d'autres projets, ce n'est pas le...
il n'y a pas le contexte, là.
Mme Boucher (Julie) : Donc, on
parle ici d'une ligne d'exportation, et la ligne, dans le fond, nous arrive des
États-Unis en souterrain. Donc, elle arrive sous l'eau du côté de la rivière
Richelieu. Et ce qu'il faut dire aussi, c'est que, dans le cas d'un projet
d'exportation, c'est du courant continu, donc c'est un peu comme une autoroute,
si vous voulez, sans sortie, alors que le réseau au Québec, c'est du courant
alternatif. Donc, ce n'est pas le même type de ligne qu'on fait dans ce cas-ci.
Donc... Et, en plus, sur 95 %, on longe des emprises routières. Donc,
c'est aisé de l'enfouir. Donc, une ligne d'exportation en courant continu qui
nous arrive déjà enfouie, si on avait dû la sortir, la mettre aérienne, ça
aurait demandé des investissements importants, des postes convertisseurs, des
équipements, des infrastructures importantes. Alors, on a choisi, tout
simplement, de la poursuivre enfouie, d'abord, sous la rivière Richelieu et
ensuite le long des emprises, sur presque toute sa longueur.
M. Lemay : Parfait. Moi, ça
fait le tour de mes questions. Merci pour les précisions. Je ne sais pas si
j'ai d'autres collègues qui sont intéressés.
M. Gagnon (Jonquière) : Bonjour.
C'est un plaisir. Vraiment intéressant. Deux mots forts : En collaboration
avec le peuple autochtone. C'est quelque chose qui me parle énormément. Puis
aussi le PL n° 13 est peut-être une première. Ça fait
que je trouve ça inspirant de la part d'Hydro. Merci. On apprécie beaucoup.
J'avais deux petites questions. Est-ce
possible... Dans les dossiers à l'amiable, on voyait qu'il y avait quand même
une grande concertation, puis, à fort pourcentage, c'était beaucoup... bien, on
prônait la concertation. Le profil des gens, est-ce que c'est plus des
agriculteurs? Ça va être vraiment...
M. Gagnon (Pierre) : C'est
pratiquement tous des agriculteurs. C'est en terres... Alors, ce qui est
important de préciser, c'est qu'il n'y a personne... il n'y a pas une maison
qui va être expropriée. Il n'y a personne qui va devoir déménager. Il n'y a
personne qui va perdre sa résidence, là. C'est essentiellement des territoires
de nature agricole.
Il y a une toute petite parcelle de 400 mètres
carrés, ça, c'est 20 par 20, là, grosso modo, qui va devoir être expropriée en
pleine propriété parce qu'on doit installer un poste de télécommunications à
cet endroit-là, donc, près de la sortie de la rivière Richelieu. C'est une
parcelle qui est située sur un terrain de plusieurs acres. Donc, il y a peu
d'impact sur la totalité de la propriété, mais ça demeure, essentiellement, en
pleine propriété, cette parcelle-là qui va être expropriée en pleine propriété.
Le reste, ça va être des servitudes
souterraines pour qu'on puisse avoir accès et y installer notre... nos
installations sous le niveau de drainage des terrains agricoles. Le reste,
c'est des baux qui vont devoir être obtenus pour pouvoir réaliser les travaux
pendant la période et circuler sur certaines propriétés pour pouvoir réaliser
les travaux. Donc, c'est relativement, toutes proportions gardées, mineur. Ce
n'est jamais le fun, on se comprend, pour les gens qui sont de l'autre côté de
l'équation, mais, d'un autre côté, on considère que c'est relativement mineur.
M. Gagnon (Jonquière) : Et,
dans le même sens, tout à l'heure, la vice-présidente, Mme Boucher,
mentionnait aussi, si ma compréhension... c'est-à-dire qu'à la fin de la durée
des travaux le pourcentage agricole, sur le 57 kilomètres, demeure le
même, c'est-à-dire... Tantôt, on mentionnait une remise en culture en sol qui
est à 100 %.
Mme Boucher (Julie) : Exact.
Et il y a une partie des servitudes qu'on va obtenir que c'est pour la durée
des travaux uniquement. Donc, une fois que les travaux sont complétés, les gens
peuvent reprendre possession pleine et entière de leurs terrains.
M. Gagnon (Jonquière) : Merci.
Mme Boucher (Julie) : Merci à
vous.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions du côté de la partie gouvernementale?
Oui, M. le ministre. Il vous reste deux minutes.
M. Skeete : Merci. On a parlé
un peu des terres agricoles. Je veux juste revenir là-dessus. Ça fait qu'il n'y
a pas une maison qui va être expropriée. Ça ressemble à quoi, une
expropriation, là, comme vous allez le faire, là? Dans les cas où est-ce que
vous allez le faire, ça ressemble à quoi?
M. Gagnon (Pierre) : Bien,
c'est un avis qu'on achemine à la partie... à la personne dont on a besoin d'une
partie du terrain. Le fait d'acheminer l'avis nous permet, dès l'acheminement
de l'avis, de prendre possession du terrain, donc de pouvoir commencer les
travaux, souvent, d'arpentage, de vérification des lieux, etc., d'analyse qui
sont requis dans les circonstances. En parallèle de ça, bien, il s'amorce un
processus de discussion et de négociation sur l'indemnité qui serait juste et
raisonnable dans les circonstances. De façon largement majoritaire, dans les
95 % des cas, on s'entend à l'amiable.
Maintenant, ce qui est important de
préciser, c'est que les gens qui vont devoir céder une partie de leur propriété
ou de certains droits dans leur propriété... On s'entend que, quand on obtient
une servitude, c'est un sous-droit de propriété, là. Ce n'est pas la pleine
propriété du terrain. Toujours est-il que les personnes qui vont recevoir <les
avis, ils vont avoir...
M. Gagnon (Pierre) :
...personnes
qui vont recevoir >les avis, ils vont avoir l'occasion également... en
cas de mésentente, ils vont pouvoir faire arbitrer le montant de l'indemnité
selon les processus usuels.
La partie la plus importante du projet de
loi, c'est qu'on ne doit pas être assujettis à la situation où le droit même de
l'expropriation est contesté, parce que ça, pratiquement, ça nous empêche d'avoir
accès à la propriété, et les délais de contestation, étant très longs, risquent
de mettre en péril la réalisation du projet. Et c'est ça qui est le principal
risque.
M. Skeete : OK. Ça fait
que, quand on comprend expropriation, il faut aussi comprendre, on parle d'une
servitude sous terre qui n'empêche pas l'exploitation après l'inconvénient des
travaux puis, après ça, on parle d'une compensation financière juste.
M. Gagnon (Pierre) : Tout
à fait.
M. Skeete : Mais on se
dit : En même temps, tu sais, s'il y en a un qui décide de ne pas vendre,
on ne peut pas se permettre de ne pas faire la ligne.
M. Gagnon (Pierre) : Exactement.
M. Skeete : On est un peu dans
cette logique-là pour toutes les contraintes que vous avez évoquées tantôt par
rapport à la résiliation de notre contrat et toutes les conséquences légales.
M. Gagnon (Pierre) : Tout
à fait. Exactement.
M. Skeete : Super. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à un membre de l'opposition
officielle. Mme la députée, à vous la parole.
Mme McGraw : Merci, M.
le Président. Alors... Et merci. C'est très intéressant comme présentation, et
un projet, évidemment, très important pour le Québec.
Alors, dans le contexte présentement,
est-ce qu'exporter l'électricité vers New York, c'est ce qui... nous pouvons
faire qui est le plus rentable avec notre précieuse électricité? Et, quand je
parle de rentabilité, je me base sur le triple bilan ou, vous me permettez l'anglicisme,
le «triple bottom line». Vous êtes la vice-présidente en développement durable.
Donc, vous connaissez très bien le triple bilan, économique, social et
environnemental. Alors, selon ce principe de développement durable, est-ce que
c'est le projet qui est vraiment le plus rentable pour Hydro-Québec et pour le
Québec?
Mme Boucher (Julie) : C'est
un excellent projet, le projet vers New York. Hydro-Québec exporte depuis
longtemps sur les marchés américains. Si vous me permettez, je vais prendre l'image
d'un marché de la tomate biologique. Donc, depuis plusieurs années,
Hydro-Québec vend... Nous, on a une tomate biologique. On vend notre tomate sur
le marché court terme de la tomate régulière. Donc, on ne sait jamais, d'année
en année, combien de tomates on va vendre, à quel prix on va les vendre, quel
volume, et on n'a pas de bénéfice au fait que notre tomate soit biologique. Donc,
c'est ce qu'on fait depuis de nombreuses années. Ce qu'on propose de faire, ce
qu'on va faire avec le contrat de New York, c'est de plutôt vendre nos tomates
biologiques sur un contrat ferme. Donc, dans le temps, on va savoir, pour les
25 prochaines années, combien de tomates on va vendre, à quel prix, et
surtout on reconnaît la valeur biologique de la tomate en question, puisque New
York reconnaît la valeur propre de notre électricité, et le prix a été fixé en
conséquence.
Donc, on est convaincus que le projet de New York
est un bon projet, qu'il nous permet de substituer, donc, certaines ventes qu'on
faisait sur le marché spot vers un marché ferme qui reconnaît vraiment la
valeur de notre électricité et qui servira à décarboner l'État de New York, la
ville de New York. C'est l'équivalent de fermer environ... Quand vous allez à
New York, parfois, on voit les grandes centrales thermiques qui permettent d'alimenter
la ville en électricité. Il y a 16 de ces centrales au gaz. C'est l'équivalent
d'en fermer 15. Donc, imaginez la ville, les voitures partout, 44 % de ces
voitures-là, on efface leurs émissions de GES. Donc, d'un point de vue global,
les GES n'ont pas de frontière. On pense que c'est un excellent projet en
décarbonation économique et socialement, avec nos partenaires de Kahnawake. Oui.
M. Gagnon (Pierre) : ...qu'on
a, par ailleurs, des projets d'accroissement de nos capacités de production
dans les prochaines années qui vont contribuer, effectivement, à nous donner
toute la marge de manœuvre dont on a besoin pour pouvoir réaliser ce projet-là
sans négliger les besoins internes au Québec.
Mme McGraw : Donc, sur
ce dernier... Puis on va revenir sur les GES. J'ai des questions. Donc, juste
pour répéter... C'est maître... Pardon. Je veux juste m'assurer...
M. Gagnon (Pierre) : Gagnon.
Mme McGraw : Gagnon, pardon.
Me Gagnon, juste, s'il vous plaît, répéter la dernière phrase, je veux juste
bien comprendre, pour combler...
• (10 h 30) •
M. Gagnon (Pierre) : Alors,
comme on l'exprime dans notre plan stratégique et dans les récentes annonces d'appels
d'offres pour de la production éolienne, on a, au cours des prochaines années
et jusqu'en 2026 très certainement, des projets d'accroissement de notre
capacité de production ou d'acquisition de production qui vont nous donner
toute la marge de manœuvre requise pour pouvoir alimenter correctement ce
projet-là, continuer d'être actifs sur les marchés court terme, parce qu'il y a
aussi un équilibre à maintenir entre nos contrats long terme et les marchés
court terme qui nous permet d'être actifs sur les marchés court terme. Donc, on
va pouvoir continuer d'être actifs sur ces marchés-là tout en, en parallèle, s'assurant
de servir correctement l'ensemble des besoins du Québec.
Mme McGraw : Donc, vraiment
pour combler, vraiment, à l'intérieur du Québec et à l'externe.
M. Gagnon (Pierre) : Exact.
Mme McGraw : Vous êtes
confiants, selon <votre...
>
10 h 30 (version révisée)
<19283
Mme
McGraw :
...donc, vraiment pour combler, vraiment, à l'intérieur
du Québec et à l'externe. Vous êtes confiants, selon >votre stratégie en
développement durable et la stratégie plus générale — bien là, on
parle de 2050, évidemment — donc, vous êtes confiants, vous êtes
confiants qu'on va pouvoir combler.
M. Gagnon (Pierre) : Pour la
stratégie gouvernementale, oui, tout à fait.
Mme McGraw : On va revenir
sur les GES. Là, on parle... Dans vos remarques, vous avez parlé de c'est l'équivalent
de retirer 44 % des voitures des rues de la ville de New York. Alors,
est-ce qu'on peut regarder un peu, discuter un peu la preuve? Et aussi est-ce
que c'est net? Parce que c'est sûr qu'il y a un impact lorsqu'on... Il y a un
impact sur les milieux naturels. On sait très bien qu'il y a un impact sur les
milieux naturels. Ça nous aide beaucoup dans la lutte contre les changements
climatiques. Est-ce que l'analyse, c'est... Est-ce que c'est net, l'impact est
net ou c'est... Donc, le 44 %, est-ce que c'est vraiment une analyse qui
est basée sur l'impact net sur les GES?
Mme Boucher (Julie) : L'analyse
est basée sur l'effacement, le remplacement de l'électricité produite à partir
de combustibles fossiles du côté de l'État de New York, de la ville de New
York. Hydro-Québec, on a fait ces évaluations-là, la modélisation. On a estimé
que notre projet était le seul, à ce moment-là, qui était retenu par la ville
de New York et qu'on maintenait pour les 25 prochaines années, c'est-à-dire
pour la durée du contrat, hein, donc, pour les 25 prochaines années le mix
énergétique de la ville de New York présentement. Donc, on regarde quelle est
la contribution du projet, quelle électricité on va remplacer dans l'État de
New York pour les 25 prochaines années. C'est comme ça qu'on l'a estimé.
Mme McGraw : Donc, si je
comprends bien, on a... L'impact sur les milieux naturels et par... ensuite, l'impact
sur les changements climatiques n'a pas fait partie... C'est peut-être dans le
rapport du BAPE. On n'a pas encore le rapport du BAPE, donc on ne sait pas. C'est
pour ça que c'est important. Mais, selon Hydro-Québec, l'analyse, c'est
vraiment basé sur l'impact des voitures à New York, les GES.
Mme Boucher (Julie) : C'est
le déplacement de l'électricité qu'on va remplacer.
Mme McGraw : Parfait. Merci.
Donc, en parlant de New York, est-ce que le projet... Je comprends que le
projet, ça va aider New York à atteindre leurs objectifs en GES et en
carboneutralité, mais comment ça nous aide? Peut-être élaborer comment ça nous
aide ici, au Québec, d'atteindre nos objectifs de carboneutralité d'ici 2050.
Est-ce que ça rend l'objectif plus facile ou plus difficile pour nous, au
Québec?
Mme Boucher (Julie) : J'ai l'impression
que c'est neutre, pour ce qui est de nos objectifs au Québec. Comme je vous le
disais d'entrée de jeu, les GES n'ont pas de frontière. Donc, au final, c'est
préférable pour le Nord-Est américain. C'est un impact. C'est le projet qui
permet de réduire de manière la plus significative les GES en un seul projet
pour le nord-est de l'Amérique. Ça ne nous empêche pas de réaliser nos projets,
puisqu'au Québec nous aurons l'énergie nécessaire pour réaliser les projets qui
sont les plus prometteurs d'un point de vue réduction des GES. Et je pense qu'en
termes de revenus les revenus qui vont être faits par ce projet vont nous
permettre, au Québec, également, d'avoir des mesures, des ambitions importantes
en matière de réduction de GES. Donc, c'est soit neutre ou bénéfique.
Mme McGraw : Merci. Est-ce qu'Hydro-Québec
peut garantir que l'électricité qui est exportée remplacera une source d'énergie
plus polluante?
M. Gagnon (Pierre) : L'énergie
est livrée directement à la ville de New York. Donc, ce n'est pas une énergie
qui est acheminée dans une grille ou un réseau maillé, disons. C'est de l'énergie
qui est acheminée directement à la ville de New York. Et elle va donc, par
définition, remplacer l'énergie qui est produite à la ville de New York par les
16 centrales fossiles dont on parle. Donc, la substitution, sur le plan de
la qualité de l'énergie, est directe.
Mme Boucher (Julie) : Et ce
contrat a été octroyé à la suite d'un appel d'offres organisé par NYSERDA, dont
l'objectif en est un de décarbonation.
Mme McGraw : Merci. Très
clair. Là, on a parlé de coût estimé. Donc, je voudrais rentrer un peu
là-dedans. De ce montant, puis c'est ça que... On va entendre «Grand Chief» Sky-Deer
bientôt. Donc... Mais, selon vous... Est-ce que vous pouvez nous parler un peu
de ce montant, les coûts? Est-ce que vous savez quel sera l'impact économique
de cette entente avec la communauté mohawk? C'est sûr, on a parlé... Vous avez
dit qu'on fait ça parce qu'on trouve que c'est la bonne chose à faire, et c'est
vrai. C'est toujours bien quand la bonne chose et la chose intelligente, c'est
la même chose. Et on sait qu'avec le développement durable il faut parler, on
est en 2023, d'acceptabilité sociale. Donc, c'est la bonne chose à faire et la
chose <intelligente...
Mme McGraw :
...durable,
il faut parler
— on est en 2023
— d'acceptabilité
sociale. Donc, c'est la bonne chose à faire et la chose >intelligente.
Est-ce que vous pouvez parler de l'impact économique de cette entente,
justement, sur la communauté mohawk et un peu la compensation juste, équitable?
M. Gagnon (Pierre) : Alors,
de la façon dont l'entente est conçue, la communauté mohawk va investir dans la
société en commandite qui va être propriétaire de l'infrastructure de transport.
On s'entend, c'est la ligne elle-même. Et la société en commandite, donc, va
recevoir les tarifs ou la tarification associée à l'utilisation de cette
ligne-là à 100 %. Une fois cette... ces revenus-là reçus, évidemment, bon,
il y a des frais d'entretien, il y a de l'intérêt sur la dette, etc., et le
bénéfice qui va en résulter va être réparti entre les deux parties
copropriétaires, à travers la société en commandite, de la ligne, selon leurs
intérêts respectifs au plan financier dans la société.
Et donc, oui, sur le plan du rendement, on
s'attend à ce que la communauté, en fonction de l'investissement qui va être
effectué, va recevoir le rendement qu'Hydro-Québec, dans ses activités de
transport, reçoit également suite à la tarification qui est effectuée par la Régie
de l'énergie, soit de l'ordre d'à peu près 8,2 %.
Mme McGraw : 8,2 %.
Merci. Donc là, j'ai posé des questions sur les trois piliers, économique,
environnemental et social. Alors, peut-être une dernière question, M. le
Président. En parlant d'expropriation, on comprend, c'est dernier recours et,
dans 95 %, c'est fait à l'amitié, à l'amicale. Pourquoi... Donc, pourquoi
Hydro-Québec a besoin de ce projet de loi afin d'encadrer le processus d'expropriation,
alors que des dispositions légales existent déjà à cette fin?
M. Gagnon (Pierre) : Bien, en
fonction des dispositions légales actuelles, un propriétaire dispose du droit
de contester le droit à l'expropriation, et, à partir du moment où il y a une
contestation du droit à l'expropriation, ça bloque, à toutes fins pratiques, la
prise de possession du terrain, qui doit, pour réaliser le projet, de notre
côté, être... être disponible à compter de l'automne 2023. Donc, si, pour
une raison ou une autre, on fait face à une contestation du droit à l'expropriation,
on se trouve, à toutes fins pratiques, à rendre le projet otage de ce
processus-là et mettre à très grand risque la réalisation du projet et les
conséquences financières et juridiques qui en découleraient.
Mme Boucher (Julie) : Alors
qu'on parle, rappelons-nous, d'une servitude pour une ligne souterraine qui
fait environ quatre mètres de large. Donc, c'est... On réitère... Souvent, on
entend le mot «expropriation», on pense à des gens qui doivent quitter leur
maison, là. Il n'y a pas du tout de ça ici. On parle de l'acquisition d'une
servitude d'environ quatre mètres de large pour une ligne souterraine. Donc, c'est
principalement des inconvénients qui sont liés pendant la période de
construction, pour lesquels il y a des compensations. Et ça, le recours pour la
contestation des compensations demeure actif et valide, là.
M. Gagnon (Pierre) : Tout à
fait.
Mme McGraw : Alors, voilà
pour mes questions. Je... Soit je peux le céder à Hydro-Québec si vous avez des
choses à ajouter, vous n'avez pas eu le temps d'élaborer sur certains points, sinon,
ça revient...
Le Président (M. Ciccone) : ...il
reste 10 secondes.
Mme McGraw : Ah!
10 secondes. Je pensais qu'il me restait une minute.
Le Président (M. Ciccone) : Non,
non.
Mme McGraw : OK. Désolée.
Merci.
M. Gagnon (Pierre) : Elles
sont terminées, les 10 secondes.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Bon,
bien, merci beaucoup. Merci, Mme la députée. Et je cède maintenant la parole au
porte-parole du deuxième groupe d'opposition. Vous avez 4 min 8 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup. On est toujours très heureux de vous voir. Je
tiens d'ailleurs à vous remercier des documents que vous nous avez fait
parvenir après la dernière rencontre qu'on a eue en commission.
Ma première question, c'est concernant la
gestion proposée de la ligne d'interconnexion. Vu qu'elle se fait par une
filiale, est-ce qu'elle reste soumise à la régie? Et puis, si je reprends l'exemple
de Cedar Rapids Transit, est-ce que c'est le même genre de chose qui se passe
ou c'est différent?
M. Gagnon (Pierre) : C'est
différent. Cedar... CRT, comme on l'appelle chez nous...
M. Bouazzi : CRT. Allons-y.
• (10 h 40) •
M. Gagnon (Pierre) : CRT est
de juridiction fédérale parce qu'elle est sur deux frontières. Donc, c'est
légèrement différent. Dans le cas de cette ligne-ci, oui, Hydro-Québec va
demeurer responsable de l'entretien de l'opération et va inclure les frais d'exploitation
dans ses... dans son tarif de transport. Ça n'a pas d'effet d'augmenter, mais c'est
inclus comme composante intégrante du tarif de transport. Il est important de
préciser que la ligne va demeurer sous la responsabilité, au plan opérationnel
de l'entretien, etc., sous la responsabilité d'Hydro-Québec comme telle. Et on
est confiants, donc, que ça n'aura pas d'impact tarifaire à la hausse sur les
tarifs de transport et que ça va permettre, donc, l'entretien approprié selon
les normes et standards d'Hydro-Québec.
Mme Boucher (Julie) : Si vous
permettez, <juste une précision...
M. Gagnon (Pierre) :
...ça
va permettre donc l'entretien approprié selon les normes et standards
d'Hydro-Québec.
Mme Boucher (Julie) :
Si
vous permettez, >juste une précision. On parle souvent des frais de
transport. C'est un peu comme une autoroute payante, si vous voulez. Donc, le
réseau de transport d'électricité, c'est les grandes autoroutes d'énergie, puis
il y a un frais à utiliser. C'est le principe de l'«open access». Tout le monde
doit avoir accès au réseau de transport, mais, pour l'utiliser, il y a un
frais. Donc, c'est à ça qu'on fait référence quand on parle des frais de
transport.
M. Bouazzi : C'était très
clair. Mais, du coup, juste pour être sûr, par rapport à être soumis à la régie
ou pas, est-ce que c'est soumis à la régie ou...
M. Gagnon (Pierre) : Oui.
M. Bouazzi : Oui, c'est ça.
Ça fait que tout ce que... Effectivement, à ce moment-là, toute la maintenance,
etc. OK.
Mme Boucher (Julie) : Les
frais de transport sont les mêmes.
M. Gagnon (Pierre) : Exactement.
M. Bouazzi : OK. Excellent.
M. Gagnon (Pierre) : La ligne
a déjà, d'ailleurs, fait l'objet d'une approbation par la Régie de l'énergie.
M. Bouazzi : OK.
Concernant... Vous avez dit : Il y a eu un appel d'offres de la ville de
New York, etc. Est-ce que... Vous avez dit aussi que c'était l'équivalent de
15 centrales qu'on fermait. Mais est-ce que, dans le contrat, ils les
ferment, les 15 centrales, ou ils vont juste consommer plus d'énergie
propre grâce à nous?
Mme Boucher (Julie) : C'est
une excellente question. Ultimement, la ville de New York doit voir à réduire
aussi sa consommation d'électricité fossile. Donc, nous, notre engagement,
c'est de combler avec les 10 térawattheures en question.
Maintenant, la ville de New York, si son...
si sa croissance continue d'augmenter, il faut qu'elle réduise à la source sa
consommation d'électricité ou qu'elle mitige sa croissance dans les prochaines
années. Maintenant, la ville de New York, l'État de New York ont des cibles de
décarbonation très ambitieuses à l'horizon 2040, à l'horizon 2050
également.
M. Bouazzi : OK. Donc,
techniquement, pour l'instant, on espère qu'ils vont les fermer, mais, s'il y a
une croissance de leur consommation d'électricité, les 15 sur les 16
équivalentes vont rester fonctionnelles. C'est ça?
Mme Boucher (Julie) : Ou
moins de 15, là. Il faut voir.
M. Gagnon (Pierre) : Moins de
15, c'est ça. Ceci dit, ils ont des objectifs très ambitieux de décarbonation.
Donc, ils vont difficilement pouvoir les atteindre en maintenant totalement
opérationnelles ces centrales-là.
Mme Boucher (Julie) : Ces
centrales-là.
M. Bouazzi : On espère qu'ils
vont les atteindre, les objectifs.
M. Gagnon (Pierre) : C'est
entre leurs mains. C'est entre leurs mains.
M. Bouazzi : Malheureusement,
pour l'instant... Donc, sur la question de l'investissement, j'avais juste une
question. Sur la question, vous avez dit : En fonction de l'investissement
que chaque groupe fait, entre le groupe mohawk et vous, est-ce qu'on parle du
1,1 milliard que ça coûte? C'est ça? C'est quel pourcentage de ça? De quel
investissement on parle?
M. Gagnon (Pierre) : On parle
d'investissements dans la ligne de transport elle-même, parce que, dans le
1,1 milliard, il y a tous les travaux qu'on doit faire sur le poste à La Prairie
et il y a des travaux, évidemment, aussi à l'arrivée, là, de la ligne, en
sortant de la rivière Richelieu. Donc, les investissements requis par les
postes font partie du 1,1 milliard, donc, Julie mentionnait, tantôt, de
l'ordre d'à peu près 500 millions. Alors, c'est un investissement... La
valeur de la ligne est de l'ordre d'à peu près 500 millions, dont une
partie est financée par les tarifs et l'autre partie excédentaire est financée,
parce que c'est une ligne de transport... c'est une ligne d'interconnexion
internationale, c'est financé par Hydro-Québec dans ses activités de
production.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. C'est tout le temps que vous avez. Merci beaucoup.
Mme Boucher, M. Archambault, Me Gagnon, Me Leblanc, merci
beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre leur place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10 h 48)
Le Président (M. Ciccone) : Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du Conseil mohawk de
Kahnawake. «Kwe», grand chef Sky-Deer. Bonjour, Me Doucet. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé. À vous la parole.
Conseil mohawk de Kahnawake
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : (S'exprime
dans une langue autochtone). Bonjour, tout le monde.
Kahsennenhawe Sky-Deer, Mohawk Council Grand Chief. So, thank you for having me here today.
Me Doucet, did you... introduce yourself. I wasn't paying attention. The
translation.
M. Doucet (Éric) :
Hi. My name is Éric Doucet, legal counsel
for the Mohawk Council of Kahnawake. Good morning.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
OK. So, on behalf of the Mohawk Council of
Kahnawake, MCK, I would like to thank the Committee on Agriculture, Fisheries,
Energy and Natural Resources for this opportunity to present MCK's views on
Bill 13, the law respecting the Hertel line... Hertel interconnection line.
So, the MCK is the duly
elected governing body of the Mohawks of Kahnawake, and Kahnawake is an
Indigenous community located on the south shore of Montreal, comprised of
approximately 8,000 residents.
I am… (S'exprime dans une langue autochtone),
otherwise known as the Grand Chief, and I am accompanied, again, by Éric
Doucet, our legal counsel for the MCK, who has been one of the key technicians
working on this strategic partnership with Hydro-Québec.
• (10 h 50) •
In 2018, our late Grand
Chief, Joseph Tokwiro Norton, had expressed to Hydro-Québec that going forward
Kahnawake's support for future projects within our historical land base hinged
on equitable partnerships with Kahnawake. When I became Grand Chief in 2021, I
carried a mandate from my council to hold strong to this position when
approached by Hydro-Québec to support its bid to supply electricity to the
State of New York.
We were told that, if
successful in its bid to New York city, Hydro-Québec would need to construct a
58-kilometer transmission line within Kahnawake's historical land base,
including what is known as the Seigneury of Sault-Saint-Louis. In a Memorandum
of Understanding signed in May 2021, the MCK agreed to publicly support Hydro-Québec's bid to supply New York with electricity on the
condition that it would be made a joint owner of the Hertel line if
Hydro-Québec wassuccessful in
it's bid. In September of 2021, New York Governor Kathy Hochul announced that
Hydro-Québec was selected as the primary <supplier of electricity…
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
...successful in it's bid. In September of 2021, New York Governor
Kathy Hochul announced that Hydro-Québec was selected as the primary >supplier of electricity for New York City. Bill 13 is in and
of itself historic. This partnership represents not only the first time that
Hydro-Québec will share its transmission infrastructure with a third party, but,
more importantly, it is doing so with an Indigenous community. So, Bill 13
will allow Hydro-Québec to sign the historic partnership agreements with the
Mohawk Council of Kahnawake, effectively initiating the transformation of Hydro-Québec's relations with Indigenous Peoples
from one that circumvented our rights to one that is more respectful, progressive,
and innovative.
The land interests of the
Mohawks of Kahnawake are complex. Our current reserve land base is only a very
small part of our historical territory. In addition to our current reserve, we
also hold interests in our historical territories as well as in the Seigneury of
Sault-Saint-Louis.
This historical Mohawk
and ancestorial territory includes lands in present day Québec as well as New
York State, overlapping with the vast majority of the project footprint. So,
this includes the Hertel substation, the entire 58-kilometer Hertel line, the
majority of the Champlain Hudson Power Express project footprint in the State
of New York, including Lake Champlain. Since times immemorial, these lands and
bodies of water formed part of Mohawk historical territory and traditional
hunting and fishing grounds.
The Seigneury of Sault-Saint-Louis,
spanning what is now known today as Châteauguay through to La Prairie, was a concession by Louis XIV, king
of France, made by letters patent to the Fathers of the Society of Jesus for
the sole benefit of the Iroquois of the Sault, which are the ancestors of the
Mohawks of Kahnawake… they were known at that time. And, over time, our unceded
lands were illegally sold off to non-Indigenous settlers, eroding Kahnawake's
present land base. Seigneury of Sault-Saint-Louis lands that were illegally
ceded are Mohawk territory and are currently subject to a land grievance that
has been accepted for negotiation by the Government of Canada.
We have suffered numerous
impacts to our land base over the years, including this dispossession or our
historical territory, the Seigneury of Sault-Saint-Louis lands, and unilateral
imposition of the Indian Act. Attracted by Kahnawake's proximity to Montréal,
major infrastructure projects were disproportionately imposed on Kahnawake's
ever-shrinking land base, and the Indian Act made it easy to expropriate our
reserve lands if public purpose justified the taking.
Over the past two
centuries, Kahnawake's landscape has been shredded through with impositions of
a major highway, two major roadways, the St. Lawrence seaway, the Mercier
Bridge, a railway bridge, two railway lines, and four hydroelectric
transmission lines. Up until now, these third-party land takings and
development projects were for the sole benefit of non-Indigenous peoples and
corporations. Canadian jurisprudence now recognizes that advancing
reconciliation… (interruption) — excuse me — with Indigenous peopled is required and must be a top priority.
The honor of the Crown
and achieving all reconciliation between Indigenous peoples and the Government
are now fundamental principles of Aboriginal law that are now protected by the
Constitution Act, 1982. Flowing from this, the Crown has a duty to consult and
accommodate Indigenous peoples whenever there is Government action that has a
potential adverse effect on Aboriginal rights, including Aboriginal title,
rights, and treaty rights. The duty to consult framework was established as a
mechanism for the reconciliation of Aboriginal rights pending the conclusion of
modern treaties and agreements. While this duty is owed by the Crown,
proponents including State-owned corporations, like Hydro, will often initiate
separate consultation processes to ensure that Indigenous peoples have been
adequately consulted and accommodated.
It is in this spirit that
Hydro-Québec initiated a
consultation process on the Hertel line with the Mohawk Council of Kahnawake.
Given the potential impact to Kahnawake's rights, the parties negotiated an accommodation
measure that would render MCK joint owners of the Hertel line, as well as other
concessions that I will illustrate.
Admittedly, Kahnawake's relationship
with Hydro-Québec has not
always been an easy one. Prior to and following the nationalization of Hydro-Québec in the 1940s, four transmission
lines were constructed on Kahnawake lands between the 1910s and the 1970s, and this
does not begin to include the countless hydroelectricity production
infrastructure, transmission lines and utility infrastructure that has been
constructed on the Seigneury of Sault-Saint-Louis lands, for which no
compensation was ever received.
In the past two decades, Hydro-Québec has made a concerted effort to
negotiate fair and reasonable accommodation measures for the ongoing use of
Kahnawake lands. By way of example, Hydro-Québec has removed three of its transmission lines in Kahnawake, and it is
currently returning all unused lands to its original state. Hydro-Québec has also agreed to pay fair and
<equitable compensation…
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
...transmission lines in Kahnawake, and it is currently returning
all unused lands to its original state. Hydro Québec has also agreed to pay
fair and >equitable compensation for its
continued use of our lands. And, of course, Hydro-Québec
has invited MCK to participate in the joint ownership
of the Hertel line. These are all the hallmarks of a renewed relationship
demonstrating to Kahnawake that Hydro-Québec is dedicated to being a good corporate citizen moving forward.
The joint ownership of
the Hertel line will provide the MCK with a financial stake in the
infrastructure located on our lands. The MCK will receive revenues from its
ownership stake. Aside from the purely monetary benefits, Kahnawake will
benefit from the following :
The MCK will be
represented at the board lever in the corporate entity that will own the Hertel
line proportional to its minority equity interest in the project;
Hydro-Québec will look to provide contract opportunities to Kahnawake workers
during the construction phase;
The MCK has already
participated in a land use study, which details how we will use our traditional
lands... on the affected lands, excuse me;
The MCK will have input
in the environmental assessments;
MCK will have input in
archeological surveys, studies and excavations, and the MCK will have an
archeologist or archaeological technician onsite to ensure any archeological
interests are flagged and considered during the construction phase.
When considering the
impacts of a project, the Mohawks of Kahnawake base our decision-making on respect
for all parts of the natural world. In our language, we say : (S'exprime dans une langue autochtone). It
means «the words that come before all else». It is our opening address at
gatherings, schools, ceremonies, at the beginning and end of each day, to
remind us of the important responsibility that we all share to ensure that the cycles of life continue, and
to remind us that all of Creation is sacred and interconnected. We acknowledge
that every part of the natural world has importance, not only for the benefits
they provide for human survival, but also for the role they play within the web
of life.
So, in all
decision-making, we also consider the principle of seven generations. Any
decision taken today must consider the impact of the selected actions on the
next seven generations. So, by anticipating the consequences of our actions
seven generation in the future, we ensure that our actions reflect our
responsibility to maintain the cycles of life.
The MCK has a dedicated
consultation committee composed of environmental experts, archaeological
experts, assisted by lawyers, to review projects that will potentially impact
Mohawks rights. This committee ensures that the appropriate measures are taken
to avoid, mitigate and accommodate negative environmental impacts stemming from
development projects. And, through this work, the MCK has been a major player
in promoting clean energy projects that align with our values. Addressing
challenges posed by climate change, loss of biodiversity and natural areas are
among our top priorities. So, if our project doesn't align with our environmental
stewardship rights and responsibilities, we cannot support the project.
So, with respect to the
Hertel line, the MCK consultation committee has been directly implicated in the
environmental and archaeological review every step of the way, and, given that
the Hertel line will be buried...
Le
Président (M. Ciccone) : En terminant, «in conclusion, please».
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
… — OK — it will be buried and uses existing rights of way, the impact to the
environment will be minimized. So, we are confident that impacts identified by
the MCK consultation committee will be adequately addressed and accommodated by
Hydro-Québec.
Le Président (M. Ciccone) : Grand
chef, si vous voulez continuer, là, le gouvernement va vous offrir un peu de
son temps si vous voulez poursuivre.
If you want to continue,
please, please do.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
Yes. I just have a few more…
Le Président (M. Ciccone) :
OK. Please do.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : ...yes, I'm almost done,
please.
Le Président (M. Ciccone) : OK.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
The last thing I'll highlight is just how excited we are to
contribute to New York's largest renewable energy and transmission project in
50 years. The Champlain Hudson Power Express line will connect with New
York City… a power grid in Astoria, in Queens, which will replace and reduce
reliance on much of the energy that is currently produced by fossil fuels in
the city.
Kahnawake has deep
historical ties with the city of New York. Our ties are so strong, they are
evidenced by the presence of a community at one time, Little Caughnawaga, where
about 800 community members were living in New York to continue to, you
know, doing the ironwork, and it wasn't just men, men and women, working high steel,
playing an integral role in building New York City's infamous skyline and
surrounding infrastructure, bridges, etc. So, travelling back and forth between
Kahnawake and New York for work is a tradition that many Kahnawake… men and
women continue to this day.
• (11 heures) •
So, after contributing to
such a critical role in its infrastructure and development, we're so proud to
be a part of this next… you know, part of, I guess, bringing a new relationship
with New York City by transmitting clean renewable energy to illuminate these
historical landmarks.
So, we wish to allay any
doubts about the importance that… the role we played, as the Mohawk Council of
Kahnawake, in getting this project over the line, <because…
>
11 h (version révisée)
< Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
...we wish to allay any doubts about the importance that… the role
we played, as the Mohawk Council of Kahnawake, in getting this project over the
line, >because the first deputy mayor of New
York confirmed with both myself and the Hydro-Québec delegation, during a visit to New York City, that, without the
support of the MCK, Hydro-Québec would not have been selected to supply New
York City with electricity. This demonstrates that a partnership like the one
that Hydro-Québec and the Mohawks of Kahnawake have been able to, you know, establish is meaningful, and it really
considers Indigenous communities and our interests, establishing agreements
that make sense in terms of Indigenous and for business, that we can really be
partners. So, we hope that this will be the start of a stepping-stone for
continued progress in not only relations with our community, but with other Indigenous
communities in Québec.
So, in conclusion, Bill 13
is necessary for Hydro-Québec to formalize this partnership with the Mohawk
Council of Kahnawake. And, through this, MCK is helping to support Québec
economy, which relies on Hydro-Québec as a crown jewel to drive the economic
prosperity in all environmentally... in an environmentally sustainable manner.
So, in the long term, we hope this partnership will usher in a new era of cooperation
and economic inclusion for all Indigenous communities here, in the province of
Québec. (S'exprime dans une langue autochtone). Thank you...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, «thank you». Merci de votre exposé. Nous allons maintenant débuter la
période d'échange en débutant avec le ministre. Il vous reste 13 min 25 s.
M. Skeete : Merci, M. le Président.
«Grand Chief» Sky-Deer, merci beaucoup d'être ici avec nous aujourd'hui. Ce qui
m'a frappé de votre exposé aujourd'hui, c'est... vous êtes revenue à plusieurs
fois sur les mots «équitable», «nouvelle façon de travailler», surtout la
nouvelle relation que vous avez avec Hydro-Québec. J'aimerais ça que vous nous en
dites un peu plus, parce que je pense que c'est important, parce que l'entente
aujourd'hui est non seulement nouvelle, mais elle peut servir d'un exemple pour
la suite. Alors, j'aimerais ça vous entendre sur la nature historique de l'entente
d'aujourd'hui.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
Absolutely. So, I think, as I mentioned, it started early on with
the late Grand Chief Joe Norton, but, when Sophie Brochu came into the role of
CEO, Hydro-Québec, she came to Kahnawake, and we immediately hit it off. And we said, «You know, in terms of
partnerships moving forward, you really have to come at it from a space of its
people,» like, once you can build trust and come from a spirit of understanding…
And, you know, she just had this approach of wanting to change the narrative,
you know, because, like I said, Hydro-Québec didn't always have a good
reputation when it came to Indigenous communities. But, as soon as there is a
conscious effort to make a change and move forward in a different direction, it
can be done. And I think it's a testament to that of, you know, our ability to
say, you know, how is it that we want to show, you know, a way forward and how we
could be good partners.
So, I think, you know, it
is, like we said, historic. It's groundbreaking. It's definitely changing that
narrative. And I think it's going to pave a way forward, as I mentioned, for
people to look at Indigenous communities as viable partners in business. I saw…
Recently, another community created a biofuel company. So, there is a lot of
things going on in First Nations communities, where we're trying to, you know,
show our value and our worth as being equitable partners in major projects that
can help bolster the economy.
M. Skeete : J'aimerais ça
aussi vous entendre sur l'impact que ce projet-là peut avoir dans votre
communauté, le fait d'être propriétaire d'une ligne, d'avoir une source de
revenus garantie sur plusieurs années. Ça va être quoi, les retombées
économiques que vous anticipez sur votre communauté suite à ce projet?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
Well, I think the first thing is if our men and women are able to
contribute to the construction, right? As I mentioned before, you know, we've
always ventured out for work purposes. So, being provided the opportunity to be
a part of, actually, implementing the... the line is a first step, but, in
terms, like you said, the long-term impacts to the community and having own-source
revenue coming to the community…
There is a lot of areas
that were not funded for, whether it's by the provincial or the federal Government,
and we have to derive what we call our own-source revenue. So, those go into
programs and services like language and culture. We have our own policing. We
have our own fire and ambulatory. So, in Kahnawake, because of our location, right, we're in such a close proximity to
the city of Montréal, we have basically created, you know, our own whole
governance, and with that comes a price tag. We don't tax our people. There is
no tax base. That is a system that's very foreign to us. So, the way we have to
function is that... is the governing body.
You
know, we're always <looking...
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
...that is a
system that's very foreign to us, so the way we have to function is that... is
the
governing
body.
You know
, we're always >looking at creating projects and developments so that we can fund
the things that are important to us. So, this is where I see, in terms of the
future, a lot of infrastructure projects, water and sewer. There are still
people, in the remote areas, that don't have access to running water. They have
to use, you know, their own
systems and stuff like that. And, just looking at our development in our
community, and what we would like to see in the future, and creating other
partnerships, right, private, public partnerships… There's definitely a lot of
needs when it comes to sports and recreation, you know, because, for the longest time, we weren't funded equally to non-Indigenous,
even in the school sector.
So, that's what I
foresee, you know, in terms of
having this source of revenue that will be guaranteed to us for the next 40
years of the life of this line. And it's just, like I said, a historic time,
and we're very excited about it.
M. Skeete : So, we're talking here about an increase in quality of life for
people in the community. We're talking about better social programs. We're
talking about reliable, steady flow of income over numerous years.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : It's right.
M. Skeete : We're talking about complete social acceptability, not only from
the governing body, but also from… from the population that you, guys, are serving. And we're talking about a new reviewed
and revamped relationship with Hydro-Québec.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :Absolutely, all of them. That's why I said it checks all the check marks.
M. Skeete : It checks all… it checks all the boxes, yes.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : That's right.
M. Skeete : OK. I mean, I'm not supposed to ask this question, but I'm going to
ask it : Is there anything bad about this project that you can see, that, you know... Because, I mean, Hydro-Québec says it's a great deal, it says
its historic, we're making... you know, we're going through
brand new governing structures that are going to… that
are going to, obviously, contribute to you, guys, being
more autonomous, making the choices that you want to make for the foreseeable
future, correcting historical wrongs. I mean, is there anything that you can
see that...
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : The only thing I can see,
and I know we've committed to this, is that maybe other Indigenous communities
would say, «Well, why Kahnawake?», right, when some of the historical wrongs that was done with the
flooding of other people's historical land bases… might say, you know, «Well, what about us?»
So, we're saying, well,
this particular project, right, because it goes through what we recognize as our
ancestral and historical land base, is dealing with us right now, but it's not
to say that we can't be, you know, at the forefront of trying to improve the… the relationships that Hydro-Québec has with our brother and sister
communities within the province.
M. Skeete : So, that's interesting. So, you're saying this could be one of
those first steps that help us say, from now on, we can do things differently
or we can rethink the way we've always done things.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :Absolutely.
M. Skeete :
OK. Thank you.
M. le Président, si mes collègues ont des
questions...
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
Est-ce qu'il y a des questions? Oui, absolument. Allez-y, M. le député de
Joliette. À vous la parole.
M. St-Louis :
…Grand Chief Sky-Deer, thanks for your
presentation, highly appreciated.
Ma question pour
vous. Vous avez parlé des bénéfices du projet pour votre communauté. J'aimerais
savoir un peu plus quelle est la perception de ce partenariat-là dans votre
communauté. Comment c'est vu par la communauté mohawk en général?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : As I mentioned earlier, I
think, because of the way... the perception of the relationship in the past,
then… We've had numerous expropriations occur in our community historically, to
the tune of thousands of acres. So, when we think about now, at this crossroads
in our history, that we could actually be a partner with a Crown corporation, it's something, I think, we
never dreamed of. So, you know,
it just goes to show that it's a step in the right direction.
Everybody has this notion,
now, of reconciliation and wanting to do better when it comes to relations with
First Nations' communities and people. So, I can't see people in the community
thinking that this is something that's bad or wrong. It's probably, «It's about
time,» and, you know, looking
to see how we could move forward from this in the future on other potential
projects.
• (11 h 10) •
And, like I said, it just
goes to show and showcase our ability, as a First Nations' community, when it
comes to business, that we can be partners, that we can lead the way, that we
do have influence, you know,
because of the perspective that we come from through our worldview, about
environmental stewards, that seven generations' thinking that a lot of people
never think of, right? So, I think we were very influential when it came to the
environmentalist groups in New York, and stuff, as we went and spoke to them about, you know, our role
and involvement in this project.
M. St-Louis : «Thank you», merci.
Le Président (M. Ciccone) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le député de Masson, à vous la
parole. Il vous <reste...
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
...spoke to them about, you know, our role and involvement in this
project.
M. St-Louis :
Thank you. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Oui, M. le député de Masson, à vous la
parole. Il vous >reste 4 min 45 s.
M. Lemay : Merci, M. le
Président.
Thank you, Grand Chief
Sky-Deer, to be with us today.
Ma question... Vous
venez de le mentionner avec mon collègue, vous avez parlé de réconciliation, et
effectivement c'est un principe, là, que j'adhère personnellement et que je
suis très content de voir la tournure de ce projet de loi là avec le fait que
l'acceptabilité... l'acceptabilité sociale, bien entendu, et le fait qu'il y
ait ce partenariat-là qui est fait avec votre communauté.
Et j'aimerais savoir, lorsqu'on parle... Parce
que le projet de loi, je reviens au projet de loi, il a juste neuf articles.
Dans les neuf articles, grosso modo, ça détermine qu'il y a le partenariat avec
votre communauté, mais qu'il y ait aussi la possibilité d'avoir des
expropriations. Puis là, on l'a mentionné, c'est surtout en termes... avec le
sous-sol, parce que la majorité des emprises sont sous des emprises existantes,
avec les routes, notamment. Mais j'aimerais savoir : Est-ce qu'il y a des
réticences que vous connaissez, à l'intérieur de votre communauté, sur
certaines parties qui auraient lien avec des expropriations? Est-ce que vous
avez ce genre de réticence là à l'intérieur de la communauté ou, finalement,
avec l'entente qui s'en vient, on est... tous les voyants sont au vert? M. le
ministre le mentionnait tout à l'heure, il y a peut-être un... une liste avec
vous de tous les voyants au vert, mais, de ce côté-là principalement, est-ce
qu'il y a une réticence ou il n'y en a pas?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
So, I think, we really only become, like, true partners once the
line is commissioned and starts transmitting energy. So, in terms of what's
happening right now with this expropriation component, I mean, we would really
hope that it would come to some kind of amicable solution with the proponents
who, I guess, are withholding and not wanting to give up their lands, but, like
I said, for us, historically, you know, we've gone through so many
expropriations. If you were to come to Kahnawake, I mean, just the seaway alone, in terms of the sheer loss of land
and connection to the river, and the bridges, and the highways, and… You know,
when I think of the amount of land, it's such a small, small percentage. And,
you know, we would hope that, in the spirit of a project that's going to, you
know, lower the carbon emissions, and we're all conscious about climate change,
and global warming, and this… that, like I said, I just hope that a solution
can be sought. And, whether there's… the community has any comment about
expropriation, they would say, «Well, you know, it's happened to us, you know.»
And, in the grand scheme of things for… in the… I guess, in a way of progress
and moving forward, it's not a dramatic impact, I would think.
M. Lemay :
Thank you. I believe Mr. Minister has
another question for you.
Le Président (M. Ciccone) : Il
vous reste 1 min 50 s, M. le ministre.
M. Skeete : Je vais être
rapide. Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais juste parler du lien... Vous
avez touché rapidement, mais j'aimerais... C'est quoi, les liens entre votre
communauté puis New York? Comment ça se fait que c'est si naturel, cette
entente-là, justement, avec la ville de New York? Vous avez touché un peu avec
les liens étroits, mais j'aimerais ça peut-être, en conclusion, là, que vous
puissiez juste nous dire d'où vient ce lien-là, pourquoi c'est important, puis
surtout le symbole qui est le... New York et votre communauté.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Yes.
So, you know,
historically, even the Albany area, they call it Mohawk Valley. Like I said,
there's always been a connection of the Iroquois, the Haudenosaunee people, in
terms of our, you know, historical and ancestral land base. And so New York,
like I said, in the early 1900s, wouldn't… The bridge, at the time, in
Kahnawake, when we realized that we had a knack for climbing steel and being
able to… high steel, it made sense, you know, for this kind of migration to New
York City, and, like I said, the historical tie, so, building out New York City
skyline.
My grandfather and his
five brothers were… did it every weekend. And there are still men and women, to
this day, who travel back and forth to New York every week to go and do iron
work. It's just… It's in our blood, it's in our DNA. And, like I said, one
time, there was almost 800 people living in the community, because, before the
highway 87 was built, it took 14 hours to commute to New York. I mean,
now, it's cut in half to about seven hours, and people don't necessarily have
to live there and stay there anymore, but, yes, so those long-standing ties
still persist today.
You know, it's one of the
biggest cities and just… You know, if you've been there, when you feel the <energy…
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
...still persist today.
You know, it's one of
the biggest cities and just… You know, if you've been there, when you feel the
>energy of New York, it's just amazing to think
that, you know, given all that history of a hundred years of building up this
skyline, and all that infrastructure, and bridges, that the next... this
generation will be a part of creating a, like, hydroelectricity source that is
clean, and renewable, and sustainable, and is in line, like I said, with our
principles and environmental stewardship. So, it's such a perfect tie.
M. Skeete : Thank you.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole à un membre de
l'opposition officielle. Mme la députée, à vous la parole.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci, grande cheffe Sky-Deer. Merci d'être avec nous
aujourd'hui. C'est un honneur pour nous de vous recevoir ici, à l'Assemblée
nationale, en commission. Je voudrais dire aussi, très personnellement, que je
vous admire beaucoup, votre leadership, ce que vous faites pour votre peuple,
aussi en tant que la première femme et la première personne qui s'identifie en
tant que LGBTQ pour la nation mohawk. Tout le respect. Et, en termes de
respect, je vais aussi... mes commentaires vont être bilingues. Donc...
So, just… Thank you for
being here. It's an honor to receive you, and I have a respect for you
personally, and for your leadership, and what you are accomplishing already for
your community and for your nation. And I agree that this is a cutting-edge
precedent-setting arrangement.
One of the things that
you said... that, in fact, if I understand correctly, the city of New York said
that, without the support of your nation, Hydro-Québec would not have been
selected to supply New York City with electricity. So, that's a pretty
fundamental point in terms of social acceptability and the three pillars of
sustainable development.
Alors, ma
question, c'est... je pense que mon collègue, il a... il a
posé la question: «What's bad about this deal?» Peut-être, moi, ma
question, c'est qu'il y a toujours des éléments à améliorer.
There are always things
that can be improved. What are some of the elements? This is new. This is
cutting edge. We're in full learning mode here.
Quelles seraient
les choses à améliorer avec cette entente? Parce que ça va servir d'exemple.
It's going to serve as an
example for many other negotiations and arrangements. So, of the top of your head, if you or your legal
counsel have some initial thoughts on how to improve these kinds of
arrangements going forward…
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Éric, anything?
M.
Doucet (Éric) : Yes. I mean, it's kind of hard to
tell at this point, because there is no cookie-cutter approach to these types
of… these types of arrangements, because it's a first of its kind. So, we've
really had to learn on the go, you know, how Hydro-Québec operates the whole rate base structure and everything. We had to
look at the deal to see if it made economic sense for Kahnawake. So, at the moment, we've been able to overcome every single hurdle
that has come in our way. You know, we had to negotiate this kind of… in an
expedited manner, because the opportunity with New York was coming up. So, you
know, it was kind of... It was, you know... When we… when we originally… when
negotiating, you know, if we said, «This doesn't make sense from an economic perspective,»
I think Hydro-Québec was very, very good at, you know, making the necessary
changes or reassessing their proposal.
So, I think that's what
key… that what is key here is that, if you have a flexible partner like
Hydro-Québec, they can, you know, kind of… their approach to every single
community, because not every single community is going to necessarily has the
means or the expertise, the sophistication that Kahnawake has. And so to the
extent that we can… We can also... Kahnawake can also help, you know, offer
this approach to other First Nations and Hydro-Québec, to the extent that we
can help out even, you know, for First Nations that don't necessarily have the
same access to finances or capital. You know, Kahnawake can be kind of a… you
know, a partner to help capitalize a project, to allow maybe other communities
to invest in a similar… in a similar project.
So, it's hard to tell...
it's hard to say that there's anything, you know, negative, but all I can say
is that every single hurdle that we've come across has been overcome.
• (11 h 20) •
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Yes. So, in terms of
anything to improve, at current, like he said, I think it's hard to tell at
this point, until, you know,
things are moving and operational. But, in terms of everything that's been
offered and provided thus far, even an investment in a project that we're going
to be having in the community in the next little <while...
Mme
Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
...offered
and provided thus far, even an investment in a project that we're going to be
having in the community in the next little >while,
which is a cultural center, museum, theater, like a cultural arts center, you
know, the opportunity for employment, as mentioned by Minister Skeete, all of
the opportunity of, you know, own source revenue and investing into projects
and infrastructure, all the things that are important to us, like, at this
point, you know, in terms of where the future is headed, I just can't see
anything, at this point, that sticks out to me that is such a negative. But,
like I said, this will be the test case, so to speak, and seeing how that we
can be that leader and help our brother and sister communities create better
relationships, maybe not just with Hydro-Québec, but other corporations and businesses in Québec.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
Je pense que c'est sûr qu'on suit ça de très près. Et je félicite votre nation
et Hydro-Québec d'avoir... d'avoir cette approche vraiment progressiste,
vraiment très progressiste. Et c'est sûr qu'on va suivre ça, puis je pense
qu'il va y avoir beaucoup d'apprentissages.
There will be a lot of
learnings.
D'ailleurs, j'ai
eu la chance, récemment, de rencontrer un groupe à l'Université McGill, des
étudiants en... à Desautels, en affaires, en commerce, qui travaillent avec des
étudiants en droit et en politiques publiques. Et, justement, ils sont en train
de créer un «tool kit», des outils pour, justement, guider les Premières
Nations dans leurs négociations, leurs ententes, justement, dans ces cas-là.
I'll be happy to put you
in touch, a group of McGill students that are doing... for future, I think, for
future, both Hydro-Québec and
all the partners, because they're looking at a tool kit to help guide, you
know, look at best practices and ensure, I think, going forward, that we learn
from best practices in this sort of cutting edge new way of doing business. So,
I think it's really fantastic.
Peut-être une question au niveau de
l'environnement. Vous parlez de l'approche des sept générations, qui est une
approche autochtone et d'ailleurs qui a inspiré en partie le concept du
développement durable, c'est-à-dire de combler les besoins des générations
présentes, courantes, sans... sans nuire aux prochaines générations. Donc,
c'est vraiment ça, le concept de développement durable, et c'est basé en partie
sur l'approche des sept générations.
Donc, je pense que c'est le point n° 4
dans les éléments de l'entente avec Hydro-Québec. Vous avez...
Ça dit : «MCK will have input into the environmental assessments.» Est-ce
que vous pouvez élaborer?
Can you elaborate on that point in
particular? Partly because this is the piece of information that, here today, you know, as
legislators, we don't have access to, the environmental report. So, I'm kind of
putting you on the spot, if you can talk from your perspective about the
environmental assessments, and what does that mean in the context of this
agreement.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
So, that the current line infrastructure is going to be on right of
way, right, it's going to be on the side of already established infrastructure like a highway, you know, and
it being undergrounds, we didn't necessarily see, like, dramatic impacts, in
that regard, to the environment, you know, going under water in certain areas.
I think... I don't know if... Éric, if you wanted to talk, anything with regard
to the assessment after this, but, you know, just the fact that we're involved in
wanting to see if there would have impacts... Like we said, if it would have
had anything that was a red flag for us or we felt was detrimental, we might
have, you know, kind of pulled back a little bit and wanted to reconsider our involvement,
but, like I said, there was nothing that we felt that would be detrimental in
the footprint, in the right of way, in how it's planned to roll out.
So, at this point, like I
said, for us, in looking at all of that environmental stewardship, our
understanding of what I talked about earlier… (S'exprime
dans une langue autochtone). And, you know, that cycle
of life, and everything that would have impact, we didn't necessarily see it
being detrimental in any way. Éric... excuse-me, Me Doucet, anything you would
like to add?
M.
Doucet (Éric) : Yes. I think you touched on it, Kahsennenhawe. The fact that the line is
going to be within the footprint of already developed lands, you know, is in and
of itself a mitigation measure.
So, we have, at Kahnawake, an environmental protection
office that works closely with one of my colleagues in… you know, in consultation committees, and
things like that, and they… they looked very closely at this project. So, we
kind of wanted to keep things <separate. We wanted...
M.
Doucet (Éric) :
…committees and things like that. And they… they looked very closely
at this project. So, we kind of wanted to keep things >separate. We wanted them to have, you know, a real, unbiased look at
the project rather than, you know, having it tainted by, you know, the
commercial aspects of the project. And, you know, they came away, you know,
satisfied that all the necessary measures were being taken to, you know,
protect the species at risks and, you know... And they did have some pointers
in terms of, you know, certain things, on how to improve the mitigation
measures, and Hydro-Québec was very receptive to those.
Mme McGraw : Peut-être une dernière
question. Je ne sais pas si... Oui.
Le Président (M. St-Louis) : ...
Mme McGraw : Parfait.
Peut-être une dernière question. C'est le point n° 2 de l'entente :
«Hydro-Québec will look to provide contract opportunities to Kahnawake workers
during the construction phase.»
And I don't know...
Dans les... Dans
la phase de construction puis d'autres phases, est-ce que vous parlez... Parce
que, nous, c'est sûr que l'aspect économique et les opportunités pour les... la
nation et les gens... Donc, est-ce que vous pouvez aller élaborer sur ce
point-là?
Can you elaborate on the
second point, about the contract and the work opportunities? I know you ran on
a... Good-paying jobs is part of your campaign. So, can you speak to the
quality and quantity of those jobs?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : So, the beauty of us having
what we consider dual citizenship, right, that border was not there in our
original, you know, existence here… So, the fact that we could also live and
work on the United States side is also very attractive. You know, like I said,
the men and women still frequently travel to New York, Boston, different areas
to do work. So, I was in contact with representatives of TDI, and the fact that
we can, if we wanted to, work on the U.S. side or if we want to work through
contracts with Hydro-Québec, and the contractors who will be awarded the infrastructure
on the Canadian side… So, there's opportunities on both ends. So, for me, that
is also a major win in terms of the opportunity for… not just Kahnawake alone,
the fact that, you know, our brother and sister Mohawk communities as well, if
they were looking for work, you know, we could be that conduit to help them
also find employment opportunities. So, it's definitely a great opportunity.
Mme McGraw :
Merci encore. Et félicitations
pour votre leadership et votre vision.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M.
le député de Maurice-Richard, vous disposez de 4 min 8 s.
La parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. (Interruption) Pardon.
«Kwe», Chief Sky-Deer.
C'est vraiment un
honneur.
It's a pleasure... I'll
go ahead in English.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : OK.
M. Bouazzi :It's a… It's really an honor and a pleasure to hear you here, and
specifically to hear you say all the good things you have been saying about
this deal. And you went through the long history your community has, obviously,
south with the border, and also a bit about the long history of expropriation
that you actually had to go through, and, obviously, all the colonization that
happened, and all the… And, if we are today in this situation, it's obviously
because a lot of the people from the First Nations has been fighting for their
rights, has been resisting. So, maybe I would like to hear from you about this
resistance that happened on the… on the past century, and maybe specifically
regarding Hydro-Québec, that made it possible today that we are in a
relationship that is constructive and progressive, because it never happens by
its own, obviously.
• (11 h 30) •
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Yes. So, I think… You know,
I'm a big proponent of «we cannot change the past», but we can definitely learn
from the mistakes of it and apply it to creating a better future. And, when we
think of the history of not only Canada, maybe, even, relations in Québec and
the way… maybe French, and depending on which Indigenous… and how we allied in
the past when it came to wars and different things like that… permeates in
terms of how the perception is when it comes to matters of First Nations. But,
like, for me, I'm saying, every day is an opportunity to change the way we're
doing things. Everyday is a change… an opportunity to get to understand each
other and what our realities have been. And I think, for First Nations
communities, we've always been kind of left on the sideline, even when it came
to economic development <opportunities…
>
11 h 30 (version révisée)
< Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
...have been, and I think, for First Nations communities, we've
always been kind of left on the sideline, even when it came to economic
development >opportunities or a potential, like
I said, of having equity in different things when it comes to our community.
So, this, to me, like I
said, it's groundbreaking. It's something different, it's trailblazing. It's
creating a path for a future that, like I said, is one that is more inclusive,
that considers First Nations, like you said, about our rights, our lands,
historic and traditional lands. So, therefore, I think, you know, this is going
to show us a path in how we can do things differently.
And I think everybody
would like to be a part of a more vibrant future, one that's economically
viable, sustainable, that considers all these things like we've talked about,
those seven generations, environmentally conscious, you know, because not
everything is about wealth and… you know, all the time, that there has to be
balance. And I think that's the perspective that we… we come in and always
remind people, like, hey, there is going to come a time that, if we're
always thinking about progress, and consumption, and moving in that space
without having balance, you know, it's going to be a detriment for those future
generations. And I'm sure everybody here has children, and, you know, one day,
you're going to have grandchildren, great-grandchildren. You want to ensure
that they're going to enjoy the same world that we do.
So, I think, because
history hasn't always shown that fairness and that equity, that we're at a
crossroads and that we're going to do better into the future, based on knowing
where we've been and what we've done. And we don't want to repeat history.
M. Bouazzi :
Combien il me reste?
Le Président (M. St-Louis) :
25 secondes, M. le député.
M. Bouazzi : «Bien», in one word, in 25 seconds,
did you see a difference when Sophie Brochu came to Hydro-Québec regarding before her?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : I couldn't speak to who was
there prior. I could only say, in terms of our relationship and the genuineness
that she showed in terms of wanting, like I said, to change the relationship
and the narrative…
M. Bouazzi :
So, you would like to see this spirit
continue with the next relationship.
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
That's right. When she told me that she was going to be stepping
away, I said, «Well, you make sure that whoever is going to replace you comes
with this energy and this spirit,» because I really enjoyed working with her in
the collaborative spirit that we were able to create. And she will be missed.
M. Bouazzi : Hopefully, that's noted from the other side of this room. Thank
you.
Le Président (M. St-Louis) :
Grand Chief Sky-Deer, Me Doucet, thank
you.
Je vous remercie
pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends maintenant les travaux
quelques instants afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 33)
(Reprise à 11 h 38)
Le Président (M. St-Louis) :
Merci. Alors, je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la
Fédération des producteurs forestiers du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
présenter, puis à commencer votre exposé... à vous présenter, pardon, et à
commencer votre exposé.
Fédération des producteurs forestiers du Québec
(FPFQ)
M. Boudreault (Gaétan) : Gaétan
Boudreault, président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
La fédération, c'est l'organisation provinciale
qui travaille... (panne de son) ...des intérêts de 134 000 propriétaires
forestiers, dont 28 000 sont enregistrés comme producteurs forestiers... (panne
de son) ...de ses 13 syndicats qui sont affiliés... (panne de son) ...syndicats
et offices affiliés visent la protection de la mise en valeur des forêts. Et
aussi on fait la commercialisation ordonnée des bois en provenance de ces
territoires.
M. Roy (André) : Je suis
André Roy. Je suis vice-président de la Fédération des producteurs forestiers
du Québec et je suis président du Syndicat des producteurs forestiers du Sud du
Québec, qui couvre presque l'entièreté de la Montérégie, de l'Estrie et une
partie du territoire de Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec.
M. Miville (Vincent) : Et,
pour ma part, Vincent Miville, je suis directeur général à la Fédération des
producteurs forestiers du Québec. Puis on tient, je pense, sincèrement, les
trois, à vous remercier de nous avoir invités, là, pour pouvoir venir vous... discuter
avec vous de ce projet de loi puis de discuter un peu de forêt privée en
général également.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci.
• (11 h 40) •
M. Miville (Vincent) : Pour
revenir au... comment dire, au projet à l'étude en tant que tel, je pense qu'au
niveau de la fédération ce qu'il est important de comprendre, c'est que, chaque
année, il y a de nombreux, on pourrait dire, projets d'infrastructure qui sont
soit construits au niveau des infrastructures publiques, qui sont soit
construits au niveau du territoire ou qui peuvent être, même, à l'étude, tel
que ce qui est le cas ici, au niveau de la ligne d'interconnexion Hertel-New
York. Ce qu'il faut comprendre, c'est que, bien souvent, il y a des
propriétaires forestiers ou agricoles qui vont être touchés par des formes de
recours à l'expropriation, notamment en raison des superficies de leurs terres
et de la localisation de leurs terres par rapport aux services d'utilité
publique qui desservent ces communautés-là.
Peut-être, pour vous donner un peu une
idée... Oui, la forêt est vaste au Québec. On entend souvent parler de la forêt
publique, mais j'aimerais vous entretenir un peu au niveau de la forêt privée
au tout début. La forêt privée, c'est celle qui appartient à
134 000 particuliers, familles, entreprises, puis c'est cette
forêt-là qui <enlace les villes et les villages...
M. Miville (Vincent) :
...à
134 000 particuliers, familles, entreprises, puis c'est cette
forêt-là qui >enlace les villes et les villages du Québec. À elle seule,
elle représente à peu près les deux tiers du territoire municipalisé de
l'ensemble du Québec. Donc, c'est la forêt, la vitrine qui est à proximité des
communautés, et elle y constitue un milieu de vie.
Cette forêt-là, c'est un pilier pour
l'économie locale de plusieurs régions du Québec. Ultimement, les activités de
sylviculture, donc de culture des forêts, les activités d'aménagement
forestier, de récolte de bois et de transformation, ça génère à peu près une
activité économique de l'ordre entre 4 et 5 milliards de dollars par année
en termes de chiffre d'affaires et tout près de... un peu plus de 20 000 emplois.
Et, ultimement, c'est, en fait... c'est parce que... Fait méconnu, un cinquième
du bois au Québec, du bois est récolté chez l'un ou l'autre des 134 000 propriétaires
forestiers.
La forêt privée, c'est un milieu crucial
pour la réalisation d'activités récréatives, évidemment, pour l'ensemble des
communautés, puis, en parallèle, elle fournit une panoplie de biens, de
services environnementaux aux communautés du Québec. Puis, de toute évidence,
elle assume des fonctions écologiques qui sont cruciales au soutien de la
biodiversité.
Et, pour diverses raisons, la construction
d'infrastructures publiques, elle, peut venir diminuer le caractère productif
du territoire agricole et forestier en occasionnant, ici et là, la
multiplication des contraintes à l'usage de ces territoires, qui vont,
ultimement, venir complexifier le travail des producteurs à travers le temps.
Quand on parle spécifiquement en termes de producteurs forestiers, si on a une
infrastructure publique qui est construite, comme une ligne électrique, vous
avez une activité de déboisement, évidemment, puis des activités de maîtrise de
végétation par la suite qui vont entraîner une diminution du couvert forestier,
puis ça va diminuer la capacité des propriétaires à, ultimement, aménager la
forêt, à protéger le couvert forestier et, ultimement, à produire du bois.
Donc, on parle d'une diminution de revenus à travers le temps.
Et, bien que, dans le cas qui nous
préoccupe ici, là, la ligne d'interconnexion Hertel-New York, elle se limite,
grosso modo, aux emprises qui sont, on pourrait dire, déjà existantes et sont,
très certainement, situées au niveau, principalement... en milieu, on pourrait
dire, plus agricole, plus humanisé, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'elle va
cheminer dans un endroit ou un territoire qui a déjà subi des pertes
importantes de couvert forestier à travers le temps. La Montérégie, c'est une
des régions, excluant Montréal et Laval, où est-ce qu'il y a le moins de
couvert forestier, qui... En contrepartie, on y retrouve aussi de la
biodiversité, la plus importante puis la plus vaste, la plus vaste de la
province.
Donc, on comprendra qu'à chaque fois qu'il
y a eu une diminution de superficie forestière à cause de ces emprises-là ou de
ces infrastructures-là, et ce, aussi infime soit-elle, ça va avoir certainement
un impact ou ça va accroître l'intérêt de la société à venir protéger les boisés
résiduels ou les milieux naturels résiduels qui sont, bien souvent, logés chez
l'un ou l'autre des propriétaires de boisé du territoire, parce qu'on est dans
un territoire qui est fortement, on pourrait dire, privé.
De toute évidence aussi, il va y avoir
tout un impact. Cette perte-là de milieux boisés, naturels, etc., va inciter,
que ce soit le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral ou même les
municipalités, à venir mettre des réglementations afférentes qui vont avoir
pour conséquence de limiter la capacité des producteurs, ultimement, à mettre
en valeur le boisé et produire du bois.
En termes... Nous autres, on a des
recommandations plutôt générales, je vous dirais, aujourd'hui, par rapport...
que ce soit au projet de loi ou par rapport à l'aménagement des infrastructures
publiques, etc., et, ultimement, une de ces recommandations-là, bien, c'est
toujours d'éviter les dommages, minimiser les dommages puis compenser les
pertes de milieux naturels forestiers, que ce soit par la création de nouveaux
écosystèmes forestiers de valeur équivalente, disons, dans les régions
affectées.
Il faut comprendre aussi que ces
infrastructures-là, elles peuvent entraîner une perte de productivité chez les
producteurs forestiers. Puis il va falloir qu'il y ait des formes de
compensation qui soient mises de l'avant par rapport à ça, parce qu'ultimement
on va demander aux propriétaires, avec leurs boisés résiduels, de venir
protéger les biens et services environnementaux de la société de plus en plus,
et ça va amener certaines contraintes en termes de productivité, de récolte de
bois, d'aménagement, etc. Bien, il existe déjà des mesures, et c'est là pour
venir compenser les producteurs forestiers qui cultivent leurs forêts, donc,
une mesure de remboursement de taxe foncière, mais, ultimement, il va falloir
que l'État se penche pour inclure la compensation pour les services
environnementaux à même... ou, du moins, ce concept-là, à même les programmes
et les services qui sont déjà offerts aux producteurs forestiers.
Ces boisés-là, dans un milieu, ultimement,
très humanisé, comme c'est le cas dans la Montérégie, les boisés des
propriétaires, ça constitue aussi un moyen d'interconnectivité très important
pour que la biodiversité puisse s'épanouir, puisse migrer d'une région à
l'autre, etc. Donc, ces boisés-là constituent des <corridors écologiques
qui sont essentiels...
M. Miville (Vincent) :
...d'une
région à l'autre, etc. Donc, ces boisés-là constituent des >corridors
écologiques qui sont essentiels, qui peuvent venir être traversés par des
infrastructures. On comprendra que l'intérêt que pour... les producteurs
conservent leurs boisés devient de plus en plus important à travers le temps,
de toute évidence, et c'est tout à fait normal, et il va falloir que l'État
soutienne encore plus ces initiatives de connectivité écologique, que ce soit
en œuvrant en partenariat avec les propriétaires forestiers et leurs
organisations, les organismes de conservation, les acteurs locaux pour
implanter puis financer ces initiatives-là et aussi trouver le moyen de
compenser les producteurs forestiers qui vont devoir maintenir des corridors
écologiques, et peut-être au détriment de leurs activités, on pourrait dire,
usuelles, que ce soient des activités forestières traditionnelles.
Évidemment, je passe sous silence que la
construction de ces infrastructures-là va... va... comment dire, va générer des
inconvénients pour les propriétaires, même si elle en a peu affecté dans ce
cas-ci. Mais ça va générer certains inconvénients, puis il faut que les
entreprises trouvent le moyen d'assurer l'acceptabilité sociale de ces
projets-là. Et nous autres, on est, on pourrait dire, en faveur de tout ce qui
est développement d'entente ou d'entente-cadre, là, qui peut s'associer à un
projet comme ça pour venir faciliter cette acceptabilité sociale là. C'est
notamment le cas de l'entente-cadre qui avait été conclue dès que... dans les
années... en fait, qui avait commencé à être rédigée dans les années 80
entre Hydro-Québec et l'UPA pour définir une méthode de compensation uniforme
pour les producteurs à la fois agricoles et les producteurs forestiers
lorsqu'il y a eu la construction de lignes de transport. Et, ultimement, cette
entente-là a permis de définir des règles plus précises en matière
d'implantation d'ouvrages de transport d'énergie en milieu agricole et
forestier puis, ultimement, les mesures de compensation qui sont applicables.
Et, de toute évidence, dans ce projet de loi là, on comprend qu'il va y avoir
des pouvoirs qui vont être octroyés à une nouvelle société, chapeautée par
Hydro-Québec ou pas... ou autre, et que la... Une recommandation que l'on
voudrait vous proposer, c'est, évidemment, de s'assurer que la nouvelle société
créée en partenariat, elle respecte les lignes directrices de toute
entente-cadre qui a déjà été conclue entre Hydro-Québec et l'UPA.
Et, fait à noter, cette entente-cadre-là
ne prévoit pas ou n'inclut pas le concept d'enfouissement de ligne, comme ça va
être les... comme ça va être, effectivement, le cas au niveau de la ligne de
transport de Hertel... bien, interconnexion Hertel-New York. Et on souhaiterait
que... inciter que, peut-être, le gouvernement incite Hydro-Québec et l'UPA à
peut-être modifier ou mettre à jour l'entente-cadre afin d'inclure le concept,
ce concept-là d'enfouissement, d'enfouissement de ligne pour s'assurer que les
parties soient protégées.
Et, ultimement, on parle également
d'expropriation de propriétaires forestiers, puis on comprend que la nouvelle
société qui va être créée va avoir, on pourrait dire, les mêmes pouvoirs
d'expropriation accordés à Hydro-Québec dans sa loi constitutive. Et la
délégation de pouvoirs d'expropriation... de tels pouvoirs d'expropriation à
des nouvelles sociétés, on pourrait dire, non gouvernementales ou partiellement
gouvernementales doit constituer un acte, on pourrait dire, d'exception, hein?
Ce pouvoir d'expropriation là a déjà été octroyé exceptionnellement par le
passé à des sociétés privées, là. Ça a été le cas, là, notamment, à Ultramar,
mais il était limité temporairement. Donc, si on avait une ultime
recommandation, dans ce cas-ci, ce serait vraiment d'agir avec prudence en encadrant,
en s'assurant de bien encadrer la délégation du pouvoir d'expropriation à la
nouvelle société créée ici, mais que ce soit toute nouvelle forme de
partenariat ou de société qui serait créée pour gérer ces infrastructures
d'utilité publique là. Ça ferait le tour de nos recommandations.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci, M. Miville. Merci pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous. Vous
disposez de 16 min 30 s.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup de vous présenter virtuellement à nos
audiences. C'est très apprécié.
J'ai une question assez directe :
Êtes-vous pour ou contre ce projet?
M. Miville (Vincent) : On
est pour.
• (11 h 50) •
M. Skeete : OK. Vous
êtes pour. Vous avez des recommandations à soulever par rapport à... le
comment, d'abord, si je comprends bien votre intervention. C'est surtout dans
le comment où est-ce que vous dites : Il faut faire attention.
M. Roy (André) : C'est
ça.
M. Skeete : OK. Puis
votre considération...
M. Roy (André) : Il y a
le comment...
M. Skeete : Oui,
allez-y.
M. Roy (André) : Excusez.
André Roy, ici. Il y a le comment et il y a aussi... Nous, on prépare l'avenir,
là. On sait que ce genre de projet là va se multiplier dans les prochaines
années. On pense, par exemple, aux projets d'implantation de parcs éoliens à
travers le territoire du Québec. Et on sait que, bien, ça va se produire
souvent dans les prochaines années et on prépare... Je dirais que notre mémoire
vient, je dirais, préparer la suite, <parce que c'est important
M. Roy (André) :
...que
notre mémoire vient, je dirais, préparer la suite, >parce que c'est
important d'avoir, je dirais, des... quand on parle d'entente-cadre, là, qu'on
ait des processus ou un processus qui s'applique, qui soit, je dirais,
équitable pour tout le monde. Et donc des projets à géométrie variable ou des
compensations à géométrie variable, bien, c'est ce qu'on craint. Et donc on
veut asseoir l'avenir sur des considérations qui seront équitables pour
l'ensemble de nos producteurs.
M. Skeete : Puis... Parce
que, là, le Québec s'est doté d'un objectif de protéger les aires... les aires
vertes. Je pense que c'est 30 %. Ça fait qu'on est déjà engagés à protéger
l'environnement et les milieux verts comme ça. Vous, vous dites qu'il faut
aller plus loin. Il faut aller plus loin, surtout par rapport à des tracés, là.
Est-ce que... est-ce que je comprends bien?
M. Miville (Vincent) : En
fait, il faut faire attention. Les engagements de protection environnementale,
etc., je ne pense pas que les propriétaires forestiers sont opposés à ça, loin
de là. La problématique qu'on a, c'est quand on est dans un territoire qui est
fortement, on pourrait dire, humanisé ou anthropisé, dans le fond, qui a eu
beaucoup de développement urbain, d'agriculture, etc. Les derniers milieux
naturels qui restent, généralement, ils sont chez l'un ou l'autre des
propriétaires forestiers. Et donc, si on veut respecter ces engagements-là, la
protection du territoire ou la protection des milieux naturels, du couvert
forestier va se faire chez l'un ou l'autre de ces propriétaires forestiers là.
Et évidemment, si elle doit se faire là, il va falloir trouver un moyen de
compenser les producteurs ou les propriétaires forestiers qui viennent, on
pourrait dire, préserver la nature, préserver le couvert forestier, parce que
ça les engage à protéger leurs terrains, mais, on va dire, ce terrain-là, c'est
aussi un milieu de production, là, où est-ce qu'ils peuvent aménager leur
forêt, produire du bois, etc., ce que les nouvelles réglementations ne
permettront pas nécessairement de faire.
Donc, c'est d'être très, je pense,
soucieux ou prudents lorsqu'il y a ces constructions d'infrastructures
publiques là. Puis je pense que ça a été le cas, ça a été respecté ici, au
niveau de la construction, où est-ce qu'il y a... où est-ce qu'on longe les
emprises, où est-ce que ce n'est pas... où est-ce qu'on ne vient pas détruire
beaucoup de superficies boisées, etc. Mais être toujours, toujours très
soucieux qu'ultimement, à chaque fois qu'on va toucher un boisé ou qu'on va
toucher à un milieu naturel, il va falloir, probablement, protéger un autre
milieu naturel qui va se trouver chez un propriétaire forestier. Et il faut trouver
le moyen d'accompagner ces propriétaires-là qui vont devoir assumer cette
responsabilité-là pour l'ensemble de la société.
M. Skeete : Donc, votre...
votre crainte première, ce n'est pas tant le projet actuel, mais c'est votre
anticipation qu'à l'avenir il va y avoir des projets qui, eux, pourraient avoir
un impact sur vos membres.
M. Miville (Vincent) : On
peut le voir un peu comme la multiplication de ces projets-là, qui peut être un
enjeu.
M. Skeete : Mais lui, il
est correct. Celui-là d'aujourd'hui, il est correct, selon vous, mais on voit
une tendance, là. Vous, vous agissez en amont pour dire : On voit que
c'est clair qu'il va y en avoir d'autres, nous, on dit... Je veux juste
comprendre. Vous, vous dites : Aujourd'hui, ça va, ça a été fait, on
concède que ça a été bien réfléchi, les communautés autochtones nous disent que
ça va bien, il n'y a pas trop d'impacts, ça va bien, par contre, gouvernement
du Québec, nous, on voit que ce ne sera peut-être pas le dernier, puis avez-vous
pensé à nous, là? Vous, vous êtes dans cette réflexion-là.
M. Boudreault (Gaétan) : Oui,
c'est ça un peu. Puis juste... Vas-y, André.
M. Roy (André) : Oui,
c'est vrai pour ce projet-là, mais on a vécu d'autres situations où c'est moins
vrai. Et il faut se dire aussi que... Je dirais, la protection de
l'environnement et des milieux sensibles, là, on le vit aussi avec la loi sur
la protection des milieux humides et hydriques, puis les MRC ont à préparer des
plans régionaux des milieux humides et hydriques. Et, nous, ce qu'on dit, c'est
que la protection de ces milieux-là ne peut pas reposer sur les seuls
propriétaires fonciers. Il faut... C'est un projet communautaire de société. Bien,
il faut que tout le monde... Donc, les propriétaires ne peuvent pas faire les
frais seuls. Donc, ils doivent être compensés quand ils doivent réduire leurs
activités. Et c'est arrivé dans le passé, et on se méfie un peu de l'avenir
aussi.
M. Skeete : OK. M. le
Président, il me reste combien de temps?
Le Président (M. St-Louis) :
Vous disposez toujours de quasiment 11 minutes, M. le ministre.
M. Skeete : Bon, est-ce
que mes collègues ont des questions? Je vais céder mon temps de parole à mon
collègue ici. Puis ça va... ça va aller, là.
Le Président (M. St-Louis) :
À ce moment-là, je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gagnon (Jonquière) : Oui.
Bonjour. Je suis, comme l'a dit M. le Président, député de Jonquière. Alors,
vous comprendrez que c'est bon de rappeler que la forêt, au Québec, c'est 4 à
5 milliards de PIB et 20 000 employés. Alors, c'est des
statistiques qui <parlent puis qui démontrent l'importance...
M. Gagnon (Jonquière) :
...c'est
4 à 5 milliards de PIB, 20 000 employés. Alors, c'est des
statistiques qui >parlent puis qui démontrent l'importance.
Tout à l'heure, on a entendu la
vice-présidente d'Hydro-Québec qui mentionnait qu'il n'y avait pas de pourcentage
de pertes agricoles. Alors, c'est quelque chose qui est sécurisant dans le
projet qu'on parle. Également, que l'exportation... l'expropriation, pardon,
était faite en grande concertation, à fort, fort taux élevé. Il semblait y
avoir une belle concertation.
J'ai bien entendu quand vous mentionnez la
multiplication des projets, c'est-à-dire, c'est une conversation qui est un peu
en amont. C'est un petit peu dans ce sens-là que j'aimerais aller. Tout à
l'heure, M. le président, vous parliez de quelque chose qui m'a un peu interpelé,
l'entente-cadre, la revoir dans le but de protéger les parties. Est-ce que
c'est possible de donner un petit peu de détails sur, on pourrait dire, les
drapeaux que vous voulez mettre à ce sujet-là?
M. Boudreault (Gaétan) : Oui,
bien, c'est ça, dans l'entente-cadre, on n'avait pas... qui est... (panne de
son) ...on n'avait pas... Les fils enfouis ne sont pas présents dans
l'entente-cadre. Il n'y a pas de... rien qui est défini pour les fils enfouis.
Ce projet-là, bien, c'est pour les fils enfouis. Ça fait que, comme Vincent
disait tantôt, peut-être revoir un peu les paramètres de ça, un peu, pour
permettre d'enfouir les fils dans l'entente-cadre, tu sais. Je ne sais pas si
tu as d'autres choses à ajouter, Vincent, peut-être, là.
M. Miville (Vincent) : Oui.
Si je peux me permettre d'ajouter, dans les cas... je veux dire, dans l'entente-cadre
au niveau... qui a été réalisée entre l'UPA et Hydro-Québec, ultimement, elle a
permis d'aller chercher une acceptabilité sociale de ces... de l'instauration
de ces projets-là, parce qu'elle vient un peu sécuriser les producteurs
forestiers, sécuriser les producteurs agricoles, donc, les deux catégories de
producteurs qui sont visés par cette entente-cadre-là. Et, ultimement, il y a
toujours des discussions, des mises à jour qui se font à travers le temps. Et,
notamment, dans ce cas-ci, il n'y a pas... l'impact de l'enfouissement des
lignes n'a pas été étudié, n'a pas été inclus au niveau de cette entente-là.
Donc, éventuellement, ce qu'on souhaiterait simplement, c'est que le
gouvernement incite les deux parties à conduire, on pourrait dire, à une mise à
jour de cette entente-cadre-là pour qu'elle puisse refléter, comment dire, les
nouvelles... on pourrait dire, les nouvelles réalités, là, qui s'affrontent à
nous.
M. Gagnon (Jonquière) : Parfait.
C'est très clair. Merci.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre, si vous souhaitiez
intervenir, allez-y. La parole est à vous.
M. Skeete : Bien, avec
le temps qu'il me reste, sachant que ce projet-là vous inquiète peu, j'aimerais
vous laisser la parole. Je vais vous laisser la tribune pour communiquer un petit
peu comment vous voyez les choses à l'avenir. Ça fait que je vous laisse le
temps qu'il me reste pour exposer comment vous voyez les défis de l'avenir et
comment vous voulez nous avertir de ce que vous voyez comme les risques à
venir.
M. Roy (André) : Moi,
j'aurais une précision à apporter sur ce que le député... ce qu'il y a dans
l'introduction de ce que le député de Jonquière a dit tout à l'heure. C'est... Quand
on parle de 4 à 5 milliards, c'est la seule forêt privée, là. Les 20 000 emplois,
c'est la seule forêt privée. Si on ajoute les retombées de ce qui provient de
la forêt publique et de l'extérieur, on est probablement autour de 20 milliards.
Donc, l'industrie forestière, c'est important.
Quand on parle aussi de... je dirais,
d'entente-cadre, c'est aussi la façon de faciliter les négociations, surtout
pour la gestion. Si on généralisait ce type d'entente-cadre là, ça faciliterait
de beaucoup les négociations pour chaque projet de mise... de... je dirais,
d'infrastructure publique ou parapublique. Et ça éviterait aussi les ententes à
géométrie variable qui seraient... qui sont parfois inéquitables entre, je
dirais, le pouvoir de chacun des producteurs ou des propriétaires de négocier.
Donc, quand je disais : On cherche à préparer l'avenir, c'est dans ce
sens-là. C'est d'avoir des ententes qui sont valables et équitables entre les
différents intervenants.
• (12 heures) •
Le Président (M. St-Louis) :
Merci. M. le ministre, écoutez, il reste encore... vous disposez encore de
six minutes.
M. Skeete : M. le
Président, je suis généreux aujourd'hui. Je vais céder mon temps de parole à ma
collègue. Elle peut le prendre allègrement, avec plaisir, même.
Le Président (M. St-Louis) :
C'est gentil de l'offrir. D'ailleurs, je voudrais informer l'opposition
officielle que vous bénéficiez aussi du temps de parole de la deuxième
opposition officielle. Donc, sur ce, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la
parole est à vous.
Mme McGraw : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, écoutez, très intéressant, comme présentation. Merci
d'être avec nous aujourd'hui.
Je voudrais vous donner la chance,
effectivement, d'élaborer sur vos cinq recommandations. Et, encore une fois, je
veux mettre l'emphase sur les recommandations qui portent sur les corridors <écologiques...
>
12 h (version révisée)
<19283
Mme
McGraw :
...sur les
recommandations qui portent sur les
corridors >écologiques et les milieux naturels pour vous donner plus de
temps. Donc, question ouverte comme ça, est-ce que... surtout les... donc,
recommandations nos 1,
2. Commençons avec ces deux-là.
M. Miville (Vincent) : Oui,
oui. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à travers le temps les... il y a une
multiplication des rôles ou des demandes que... en fait, que l'on demande aux
propriétaires forestiers d'assumer. Donc, d'une part, ces propriétaires-là,
oui, ils ont une terre, ils veulent en vivre, produire du bois, comme c'est le
cas de M. Boudreault et M. Roy, et pouvoir en vivre, de ce bien-là. À
la fois les producteurs le voient comme un moyen d'aménager leurs forêts, ils
souhaitent aménager leurs forêts, ils souhaitent, en même temps, préserver ces
forêts-là, hein, préserver le couvert forestier.
La société a beaucoup de... beaucoup de
besoins envers les propriétaires forestiers, la société en général. L'État souhaite
que ces producteurs forestiers là mettent en valeur leurs forêts, donc, qu'ils
viennent cultiver la forêt à travers le temps, que ce soit pour séquestrer du
carbone, générer des produits, du bois qui va être transformé par l'industrie
forestière, etc. La société souhaite également que ces propriétés...
propriétaires forestiers viennent préserver, on pourrait dire, des besoins...
préserver l'environnement, hein, donc, qu'ils effectuent des aménagements ou qu'ils
préservent, disons, la biodiversité, certaines espèces, qu'ils préservent l'eau
fraîche, qu'ils préservent les paysages agroforestiers, qu'ils préservent le
couvert forestier pour permettre les activités récréatives, etc. Et,
ultimement, c'est toujours... il y a toujours de plus en plus de besoins qui se
rajoutent au niveau des propriétaires forestiers. Dernièrement en liste, là, c'est...
Depuis plusieurs années, on parle de la protection des milieux humides.
Protection des milieux humides, ça fait longtemps qu'on le fait au niveau des
milieux forestiers. Ces milieux-là, on les protège, puis on conserve ces
milieux humides boisés là à travers le temps.
Et, dans le fond, à chaque fois qu'il y a
ces nouveaux besoins qui sont demandés aux propriétaires forestiers, bien, on
vient, ultimement, complexifier leurs tâches d'aménagement, etc. Puis ils sont
prêts à le faire, ils ont réussi à le faire à travers le temps, etc., mais c'est
important que l'État soit là pour offrir une certaine forme de soutien, pour
que ces producteurs-là puissent continuer à aménager leurs forêts puis qu'ils
puissent, à certains cas, si on leur demande, disons, par exemple, dans le cas
de corridors écologiques : Une espèce ou certaines espèces doivent
nécessairement passer par le lot boisé d'un propriétaire, et celui-ci ne peut
plus faire, disons, aucun développement, aucune coupe de bois ou récolte... Il
faut trouver le moyen, si on veut... si on veut que le propriétaire forestier,
on pourrait dire, ne perde pas au change, qu'il ait... obtienne une forme, on
pourrait dire, de rémunération, dans ce cas-là, pour compenser le fait qu'il ne
puisse plus, disons, aménager son lot à bois.
Donc, c'est mettre en place des formes de
rémunération pour les services environnementaux que les producteurs forestiers
doivent protéger à travers le temps, qui devront être protégés de toute manière,
ultimement, mais il faut trouver le moyen de compenser les propriétaires qui
ont réalisé des investissements sylvicoles, donc, qui ont investi dans leurs
forêts à travers le temps, pendant des décennies et des générations, et qui,
ultimement, ne pourront plus nécessairement pouvoir en profiter... profiter de
ces investissements-là ou du fruit de leur labeur à travers le temps.
M. Roy (André) : Il y a aussi
le fait que... Moi, je suis propriétaire forestier depuis près de 50 ans
et je vais donner l'exemple de la voirie forestière. Il y a 50 ans, ce n'était
pas compliqué. On amenait sur le terrain une pelle mécanique ou un bélier
mécanique, puis on réalisait le chemin avec deux fossés, puis on conduisait l'eau
jusqu'aux cours d'eau où... Il n'y avait pas de contrainte.
Maintenant, bien, ce n'est plus du tout le
cas, c'est-à-dire qu'il faut le faire... Il y a des grosseurs de ponceaux bien
définies. Il y a des bassins de sédimentation à réaliser. On ne peut pas
envoyer l'eau aux cours d'eau comme on le faisait il y a 40 ou 50 ans, et
c'est tout à fait correct, sauf que ça nécessite des investissements
supplémentaires. C'est vrai pour la voirie forestière, c'est vrai pour d'autres
types de travaux, par exemple dans les milieux humides, et c'est... Je pense
que Vincent faisait référence aussi à ce genre d'investissement là qu'on doit
réaliser, et qui... et qui s'ajoute, je dirais, aux investissements qu'on a à
faire, et qui... Et évidemment la rentabilité des travaux forestiers n'est pas
toujours au rendez-vous pour justifier ces investissements-là. Donc, je dirais,
l'appui de la collectivité, dans ces cas-là, elle devient nécessaire.
Mme McGraw : Vous parlez,
dans la deuxième recommandation, de la forme de compensation. On parle de
milieu naturel résiduel. Alors, on sait très bien que les forêts fournissent
des services écologiques essentiels, et, dans leur rôle de protéger, de la
protection, de gérer les forêts, les producteurs forestiers jouent un rôle de
premier <plan...
Mme McGraw :
...jouent
un rôle de premier >plan. Vous avez parlé aussi de captation. Donc, on
sait que, parmi les services écologiques qui sont fournis par les forêts, dont,
tu sais, être des puits de carbone... Est-ce que vous avez... accès, pardon, à
des rapports qui regardent, justement, la valeur environnementale, économique
de ces services écologiques fournis par les forêts? Parce que le but, entre
autres, de ce projet, c'est justement de réduire les GES, c'est en partie de
lutter contre les changements climatiques. Donc, j'essaie de faire le lien
entre les services écologiques fournis par les forêts en tant que puits de
carbone et ce projet-là, qui cherche à contrer les changements climatiques.
C'est un peu ça, le contexte.
M. Miville (Vincent) : L'un...
comment dire, l'un ne s'oppose pas à l'autre, hein? Tu sais, ils peuvent... Je
ne pense pas que les... la Fédération des producteurs forestiers, ici, est
en... est venue en opposition aux lignes électriques particulièrement,
d'hydroélectricité. Ce n'est pas... ce n'est pas un enjeu pour nous. Nous
autres, c'est plus par rapport à la... on pourrait dire, la gestion, la gestion
de l'emprise qui peut devenir un enjeu, on pourrait dire, plus local de ce
côté-là.
À savoir quelle est la valeur des services
économiques qui sont générés par la forêt privée, par les 134 000 propriétaires
forestiers, il y a certaines études, ici et là, qui vont se pencher sur différents
paramètres, que ce soit... que ce soit l'eau, qui vaut tant de... disons, tant
de sous du mètre cube d'eau, ou que ce soit la faune, tant de dollars, telle
espèce, ou que ce soit un air pur qui est inestimable, bien, je vous dirais que
ce n'est pas une... comment dire, il n'y a pas de... il n'y a pas d'étude ou de
méta-analyse, etc., qui nous permettrait de dire : Ça a telle, telle
valeur.
Mais tout ce qu'on sait, puis pas juste
les propriétaires forestiers, je veux dire, les... L'ensemble des Québécois
savent qu'il y a une valeur, on pourrait dire, inestimable à ces
collectivités-là, et d'autant plus que, quand... Je vous l'ai dit en tout début
d'introduction, la forêt privée, là, qui appartient à ces 134 000 propriétaires
forestiers là, elle représente le deux tiers du territoire municipalisé du
Québec. Les gens, quand ils pensent à la forêt, c'est d'abord et avant tout la
forêt privée. C'est la forêt d'un boisé de quelqu'un, là, celle qui englobe les
municipalités, qui est à proximité des municipalités puis qui... ultimement,
qui fournit ces services environnementaux là directement à l'ensemble... à
l'ensemble des communautés. Donc, je pense qu'il faut simplement le voir comme
un bien, un bien inestimable qui fournit... qui fournit des services à
l'ensemble... à l'ensemble de tous.
M. Roy (André) : Il faut
dire aussi que les... C'est vrai que les forêts constituent des puits de
carbone, de puissants puits de carbone. Il faut dire aussi que les bâtiments en
bois sont aussi des puits de carbone. J'ai l'habitude de dire que la charpente
de Notre-Dame de Paris, avant de brûler, c'était un puits de carbone qui avait
800 ans. Et je dirais que c'est une très, très vieille forêt, ça,
800 ans. Donc, c'est important. Je veux dire, on sait qu'on a une charte
du bois au Québec, là, mais il faudrait réfléchir à l'idée de lui donner encore
plus d'importance, parce que le bois, c'est probablement le matériau écologique
par excellence.
• (12 h 10) •
M. Miville (Vincent) : Et,
si je peux me permettre un dernier commentaire éditorial, il va falloir faire
attention en termes de projets de société. On veut obtenir les services
environnementaux que la forêt produit ou donne à tous, et c'est tout à fait
normal, mais, dans certains cas, on met en... on met en place des
réglementations qui, ultimement, vont nous empêcher de venir aménager, récolter
cette forêt-là, dans certains cas, et ce, même si on assure la protection du
couvert forestier, on pourrait dire, à perpétuité de ce côté-là. Et, de ce
côté-là, on se prive d'un accès à un matériau renouvelable qui permet
d'ultimement stocker, séquestrer du carbone pendant de très, très longues
périodes. Je comprends qu'on va dire : On ne construit plus beaucoup de
cathédrales, mais néanmoins on pourrait... on pourrait le séquestrer, ce
bois-là, dans d'autres... dans d'autres constructions, ici et là.
Et il va falloir... Ça va... Dans tous les
cas, ça prend une... comment dire, une approche concertée qui permet à la fois
de protéger la forêt, protéger le couvert forestier puis les services
environnementaux que ça génère, ça procure, mais que ça permette aussi à des
gens comme M. Roy et M. Boudreault de continuer à produire du bois
sur leurs terres à bois puis de fournir ce bois-là à l'industrie forestière
pour générer des... on pourrait dire, des matériaux verts qu'on pourra tous
utiliser, là.
Mme McGraw : Donc,
peut-être, je vais vous... des commentaires, éditorial ou autre, en conclusion.
Est-ce que vous avez des choses à ajouter, en conclusion, pour nous aider dans
notre réflexion par rapport à ce <projet...
Mme McGraw :
...dans
notre réflexion par rapport à ce >projet de loi?
M. Boudreault (Gaétan) : Bien,
peut-être juste un petit mot, c'est ça, parce que tout... Comme on a tout dit, tu
sais, le... par rapport à nos propriétaires... Moi, je dis qu'on... quand on va
dans le... tu sais, ça décourage nos... ça vient que ça va décourager nos
propriétaires. Nos propriétaires vont faire de moins en moins d'aménagements,
vont faire de moins en moins de coupes. Puis, avec toutes les contraintes
qu'ils ont, s'ils n'ont pas un petit bonbon à côté, si on peut dire, là, tu
sais, s'ils n'ont pas un petit bonbon pour les encourager à faire ça puis que...
Bien souvent, ils vont payer, ils vont payer pour faire ça, tu sais, ils vont
payer plus cher puis ils vont payer des ingénieurs pour faire leurs travaux de
leurs coupes, ça fait qu'ils vont se décourager. À un moment donné, il faut
vraiment s'impliquer là-dedans puis regarder ce qu'on peut faire pour eux, là.
Mme McGraw : Donc, s'il n'y a
pas d'autre commentaire, je... M. le Président...
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. MM. Boudreault, Roy et Miville, merci pour votre
contribution à nos travaux.
Alors, la commission ayant accompli son
mandat, elle ajourne ses travaux jusqu'au vendredi 17 mars, où elle
entreprendra un autre mandat. Merci.
M. Boudreault (Gaétan) : Un
gros merci à vous aussi de nous avoir invités, puis on est bien contents de
vous avoir parlé.
(Fin de la séance à 12 h 12)