Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demanderais aux membres de la commission de reprendre leur place afin
que la commission des affaires sociales puisse procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 37, Loi sur la
sécurité du revenu.
Motion souhaitant que le ministre fournisse
copies des amendements proposés
au projet de loi (suite)
Hier, au moment de l'ajournement des travaux, nous en étions
à la motion suivante qui disait: "Que la commission des affaires
sociales souhaite que le ministre de la Main-d 'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu mette immédiatement à la
disposition de ses membres copies des amendements qu'il a l'intention de lui
proposer d'adopter au cours de l'étude détaillée du projet
de loi 37, Loi sur la sécurité du revenu. "
Avant de passer à la motion que je viens de lire, est-ce qu'il y
a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Claveau (Ungava).
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas d'autres
remplacements de prévus. Bien. Je vous remercie. Donc, sur la motion que
nous avons devant nous, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je
présume qu'il n'y a pas d'autres interventions, personne ne se
manifestant. Est-ce que la motion est adoptée?
M. Bourbeau: Laquelle? Voulez-vous la lire, M. le
Président, s'il vous plaît? Notre mémoire...
Le Président (M. Bélanger): Oui. "Que la commission
des affaires sociales souhaite que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu mette immédiatement à la
disposition de ses membres copies des amendements qu'il a l'intention de lui
proposer d'adopter au cours de l'étude détaillée du projet
de loi 37, Loi sur la sécurité du revenu. "
M. Bourbeau: C'est la motion de qui?
Le Président (M. Bélanger): C'est une motion de Mme
la députée de Maisonneuve. Cette motion est-elle
adoptée?
M. Bourbeau: Rejeté. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté. Mme
Harel: Adopté. Le vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Le vote nominal, bien.
J'appelle donc le vote. M. le ministre Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Bélanger
(Laval-des-Rapides)? Contre. M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc
(Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Harel
(Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Objet et définitions
Le Président (M. Bélanger): Alors, la motion est
rejetée.
Cela termine donc l'étape des motions et des interventions
préliminaires. Nous passons à l'appel de l'article 1 du projet de
loi. J'appelle l'article 1 du projet de loi qui se lit comme ceci: "Sont
institués les programmes "Soutien financier", "Actions positives pour le
travail et l'emploi" et "Aide aux parents pour leurs revenus de travail".
M. Bourbeau: M. le Président, je signale tout de suite
qu'on aura un amendement à apporter et qu'on va distribuer. Ces trois
programmes sont les composantes d'une nouvelle politique de
sécurité du revenu. Les programmes "Soutien financier" et
"Actions positives pour le travail et l'emploi" feront l'objet du chapitre II,
et le programme "Aide aux parents pour leurs revenus de travail" fera l'objet
du chapitre III.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait,
M. le ministre, avoir une copie de votre amendement, s'il vous plaît?
Est-ce qu'on pourrait le distribuer à tous les parlementaires?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas encore
terminé. Je voudrais donner d'autres notes explicatives, avec votre
permission.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui, M. le
ministre. Vous avez tout votre temps.
M. Bourbeau: Je disais donc que les programmes "Soutien
financier" et "Actions positives pour le travail et l'emploi" feront l'objet du
chapitre II, et le programme "Aide aux parents pour leurs revenus de travail"
fera l'objet du chapitre III. Les chapitres I et IV à X contiennent des
dispositions qui sont généralement applicables aux trois
programmes. Maintenant, M. le Président, j'aimerais déposer un
amendement à l'article 1 qui consisterait à ajouter, à la
fin de l'article 1, l'alinéa suivant: "Ces programmes ont pour objet:
"1° d'accorder une aide financière de dernier recours aux personnes
qui n'ont pas de ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins et
à ceux de leur famille; "2° d'accorder cette aide en tenant compte
du fait que les personnes inaptes au travail ont des besoins différents
de ceux des personnes aptes au travail; "3° de favoriser
l'intégration ou la réintégration au marché du
travail des personnes aptes au travail tout en considérant que les
personnes déjà sur le marché du travail ou aux
études doivent conserver une incitation à y demeurer; "4° de
fournir un apport financier supplémentaire aux familles à faibles
revenus qui ont des enfants à charge et dont au moins un adulte est sur
le marché du travail. "
M. le Président, par cet amendement, on tient à signaler
les objectifs de la loi. Ceux-ci étaient auparavant prévus aux
articles 6, 12 et 43, et, en le faisant de cette façon, cela permet
d'accorder une meilleure visibilité à ces objectifs et cela sert
d'indication en cas de difficulté d'interprétation.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, si je comprends bien, nous
avons la possibilité d'intervenir. C'est un...
Le Président (M. Bélanger): C'est un amendement de
M. le ministre qui est recevable. Je pense que vous en avez une copie en main.
Est-ce que vous voulez que j'en fasse la lecture?
Mme Harel: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est: "Ajouter
à la fin de l'article 1 l'alinéa suivant: "Ces programmes ont
pour objet: "1° d'accorder une aide financière de dernier recours
aux personnes qui n'ont pas de ressources suffisantes pour subvenir à
leurs besoins et à ceux de leur famille; "2° d'accorder cette aide
en tenant compte du fait que les personnes inaptes au travail ont des besoins
différents de ceux des personnes aptes au travail; "3° de favoriser
l'intégration ou la réintégration au marché du
travail des personnes aptes au travail tout en considérant que les
personnes déjà sur le marché du travail ou aux
études doivent conserver une incitation à y demeurer; "4° de
fournir un apport financier supplémentaire aux familles à faibles
revenus qui ont des enfants à charge et dont au moins un adulte est sur
le marché du travail. "
Tel est l'objet de l'amendement de M. le ministre.
Mme Harel: M. le Président, cela nous montre bien à
quel point le ministre, qui continue de jouer à la cachette avec ses
amendements, va retarder les travaux de la commission parlementaire. Il est
évident que nous ne pouvons pas recevoir un tel amendement, compte tenu
de ceux que nous pensions introduire. Nous vous demandons, M. le
Président, une suspension pour nous permettre de vérifier si les
amendements que nous avons déjà préparés sont
couverts par ces amendements du ministre. Je vous rappelle que si nous les
avions eus hier, comme nous le demandions, nous aurions eu l'occasion de faire
un examen plus approfondi.
Il est évident, M. le Président, que nous nous sentons
lésés actuellement, du fait que le ministre ne les ait pas
déposés à l'avance. Alors, nous vous demandons, M. le
Président, de nous donner cinq minutes, le temps de vérifier
auprès de nos conseillers juridiques la conformité de ces
amendements.
Le Président (M. Bélanger): Pour qu'il y ait
suspension des travaux, je dois avoir un consentement unanime.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est évident qu'on
ne peut pas consentir à ce nouveau stratagème de l'Opposition.
Les objectifs qui sont compris dans l'amendement que nous venons de
déposer sont déjà connus et font même
déjà partie de la loi. Si la députée de Maisonneuve
regarde aux articles 6, 12 et 43 de la loi actuelle, on retrouve
essentiellement le même texte que celui que nous venons de déposer
avec l'amendement. Finalement, tout ce que l'amendement fait, M. le
Président, c'est d'articuler d'une façon un peu plus
détaillée ce que le projet de loi contenait déjà
aux articles 6, 12 et 43. Donc, la députée de Maisonneuve, de
toute façon, a déjà eu ses cinq minutes pour regarder
l'amendement et, quant à nous, on pense, que c'est un amendement
très facile à comprendre. Cela ne demande pas un cours de droit
pour le lire ni pour le comprendre.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je pense que le
ministre va devoir s'expliquer sûrement sur la recevabilité
à ce moment-ci de cet amendement. Si tant est qu'il est recevable,
à ce moment-là nous allons faire des sous-amendements parce qu'il
y a là des objectifs au programme qui sont absents. Alors, si la
commission a à se prononcer, très bien, si vous jugez recevable
cet amendement, M. le Président, et si la commission se prononce
à ce moment-ci sur la recevabilité en invoquant que tout cela est
sujet à examen, nous allons donc compléter par des
sous-amendements les objectifs qui sont absents.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne vois pas quels
objectifs sont absents. Nous sommes d'avis que nous avons inclus dans cela les
principaux objectifs du projet de loi. Bien sûr, la députée
peut bien proposer tous les amendements qu'elle veut, elle l'a fait d'ailleurs
depuis trois jours. Cela ne m'étonnerait pas qu'elle commence encore le
même petit jeu de nous déposer à tous les articles de la
loi des amendements et des sous-amendements pour tuer le temps et pour perdre
du temps...
Mme Harel: M. le Président, je regrette, mais le ministre
est hors de propos. Que le ministre arrête de jouer à la cachette
avec ses amendements s'il veut faire travailler sérieusement la
commission.
Le Président (M. Bélanger): C'est au
président de juger qui est hors de propos ou non. Laissez à la
présidence le loisir de juger qui est hors de propos ou non. Si on se
met à faire cela, c'est sûr que beaucoup des propos qui sont tenus
ici sont parfois à la marge. Je pense qu'on a fait preuve de
tolérance. On veut aller au fond de ces débats. On veut permettre
à chacun d'exprimer le fond de son idée et de son opinion et
d'aller chercher toute l'argumentation qui lui est nécessaire.
Le projet d'amendement que propose M. le ministre est recevable. La
raison en est toute simple: l'article 1 définit les programmes, "Soutien
financier", "Actions positives pour le travail et l'emploi" et "Aide aux
parents pour leurs revenus de travail. " Et, l'alinéa que rajoute M. le
ministre a pour effet de qualifier simplement ces objets. Maintenant, dans la
mesure où - non pas l'Opposition parce qu'il n'est pas question
d'Opposition en commission parlementaire - certains parlementaires jugent que
c'est incomplet ou insatisfaisant, il y a toujours possibilité de faire
des amendements dans la mesure où les amendements concernent le
même sujet que la motion et ne vont pas à l'encontre de son
principe. Donc, si c'est pour retrancher ou ajouter des mots, c'est possible.
Si cela va à l'encontre du principe de la motion, nous devrons à
ce moment les déclarer irrecevables. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai une demande de directive
à vous faire. Nous avons devant nous un amendement. Je le
répète encore, malheureusement le ministre a décidé
de jouer à la cachette et de ne les déposer qu'à la
pièce, mais je constate que cet amendement est pour ajouter un
alinéa à la fin de l'article 1. C'est bien le cas?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: J'ai une demande de directive parce que j'ai
plutôt l'intention de déposer un amendement pour modifier
l'article 1, le premier alinéa. Voilà. Comme le premier
alinéa que j'ai l'intention de modifier par un amendement vient avant
l'ajout du ministre, je vais vous demander de me permettre d'introduire
maintenant cet amendement.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le permettez
un instant. La façon de procéder à ce moment-ci, Mme la
députée de Maisonneuve, c'est que nous devons disposer de
l'amendement qui est là présentement et, au moment où l'on
arrivera à l'adoption de l'article 1, tel qu'amendé, vous pourrez
déposer un amendement. C'est la façon...
Mme Harel: On est mieux de procéder dans l'ordre des
articles, M. le Président. Comme cela ajoute un alinéa, j'aurai
l'occasion de parler au moment où l'on examinera l'alinéa, tandis
que mon amendement consiste à modifier l'alinéa avant d'en
ajouter un nouveau, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je comprends, c'est
parce qu'il y en a déjà un sur la table. Je sais, madame, mais il
est là, je ne peux pas le nier.
Mme Harel: Mais l'amendement qui est sur la table ne modifie pas
le premier alinéa, il en ajoute un nouveau.
Le Président (M. Bélanger): Je le sais. On va
disposer de cet amendement-là. Vous pourrez par la suite déposer
votre amendement et, à ce moment-là, il sera recevable et on
discutera.
Mme Harel: Vous savez, M. le Président, combien je
respecte habituellement votre opinion, mais un savant juriste du nom de Me
Beauchesne est très clair sur ces questions qui n'ont jamais
soulevé de contestation dans les travaux des commissions parlementaires,
à savoir qu'on doit procéder dans l'ordre des articles, des
alinéas et des paragraphes et non dans l'ordre des amendements qui sont
déposés. Comme l'amendement ajoute un nouvel alinéa, c'est
bien évident qu'il faut d'abord régler le premier alinéa
avant d'examiner le second.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, madame.
Dans la mesure où votre amendement est arrivé le premier, oui,
mais nous avons déjà un amendement sur la table et je ne peux pas
en accepter un deuxième tant que je ne dispose pas du premier. Quel que
soit le juriste qui vous donne un avis, il ne peut vous en donner d'autres que
celui-là. Je dois en disposer un par un. Je le regrette, c'est comme
cela, madame.
Mme Harel: Vous pouvez en recevoir plusieurs. On aurait
même pu en avoir une liasse...
Le Président (M. Bélanger): Non, on va les prendre
un par un.
Mme Harel:... déposée devant la commission. Ce
n'est pas dans l'ordre des amendements, c'est évident que c'est dans
l'ordre des articles et des paragraphes et des alinéas. C'est sûr
que j'ai raison. Beauchesne est très clair là-dessus. M. le
Président. Quand il y a plusieurs amendements.
Le Président (M. Bélanger): Mais Beauchesne dit
d'abord qu'il faut disposer d'un amendement avant d'en accepter un autre.
C'est, dans n'importe quel code de procédure, c'est reconnu partout,
madame.
M. Bourbeau: M. le Président, il faut procéder par
ordre et non pas dans le désordre. On a un amendement sur la table. La
commission doit en disposer et après, si Mme la députée de
Maisonneuve veut faire un autre amendement, on disposera de l'amendement. Et
tout ce charabia prouve qu'on a eu raison de ne pas déposer tous les
amendements en même temps, M. le Président. On ne peut même
pas s'entendre sur le premier amendement, sur la procédure. Imaginez, si
on avait déposé 75 amendements, ce serait une vraie tour de
Babel. Je pense que c'est assez compliqué de disposer du premier, on va
les déposer un par un. On a bien eu raison de voter dans ce
sens-là.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, la seule autre possibilité qui
existe, c'est qu'on suspende l'étude de l'amendement du ministre et
qu'on aille au vôtre. C'est la seule autre possibilité et s'il y a
consentement, sinon on devra d'abord disposer de celui-là et ensuite, on
recevra le vôtre, s'il y a lieu. Mais je ne peux pas procéder
autrement, madame.
Mme Harel: Nous allons procéder comme vous l'indiquez,
mais j'aimerais simplement vous rappeler que dans la logique de l'examen que
nous devons faire, cela n'est pas en fonction de la logique des amendements du
ministre que nous devrions travailler mais dans la logique des alinéas,
paragraphes et articles du projet de loi. Alors, M. le Président, je
décide de nous assujettir à la logique de l'incohérence du
ministre. Alors, allons-y.
M. Bourbeau: M. le Président. Incohérence pour
incohérence, nous avons déposé un amendement parce que Mme
la députée de Maisonneuve n'en a pas déposé. Ce
n'est pas notre faute si Mme la députée de Maisonneuve a dormi
sur la "switch". Quand on est arrivé à l'article, il y avait un
article...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: On a déposé un amendement. Mme la
députée n'avait qu'à déposer son amendement avant
le nôtre. Elle ne l'a pas fait. Donc, on a déposé le
nôtre. À l'avenir, Mme la dépu tée, déposez
votre amendement et on en discutera avant. On n'a pas d'objection sauf que.
dans le cas présent, vous n'avez pas déposé votre
amendement. Donc, on a déposé le nôtre.
Le Président (M. Bélanger): Dans ce sens, si vous
me permettez, je vais juste...
Mme Harel: M. le Président. Si vous me le permettez, c'est
juste une question de règlement. (12 heures)
Le Président (M. Bélanger): Je vous le permettrai
après. Je vais d'abord réagir à une chose que M. le
ministre a dite qui n'est pas rigoureusement exacte. Lorsqu'on introduit un
article, le premier droit de parole appartient évidemment au ministre
qui doit nous présenter son argumentation ou son raisonnement sur
l'article en question, et qui peut, à la fin de son intervention,
déposer un amendement. Donc, il a une priorité, jusqu'à un
certain point, et dans ce sens, Mme la députée de Maisonneuve a
raison. C'est pourquoi le ministre peut amender son projet de loi à
loisir, c'est le sien tout le monde reconnaît cela ici sans conteste. Ce
qu'il nous faut faire, comme je vous le disais, Mme la députée de
Maisonneuve, c'est de disposer des amendements ou des motions une à une.
Tout à l'heure, j'ai appelé l'article 1, je n'ai pas dit le
paragraphe 1° ou le premier alinéa. J'ai appelé l'article 1
dans son entité. Je ne voudrais pas qu'on argumente sur la base d'un
alinéa quand on parle de l'entité de l'article. Nous allons donc
procéder avec l'amendement de M. le ministre Vous aviez une question de
règlement.
Mme Harel: De directive, M. le Président, Le
Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: Alors, M. le Président, à la page 232 de
son manuel, clause 772, Me Beauchesne nous indique dans quel ordre les
amendements sont appelés. Quand plusieurs amendements sont
présentés, un amendement pour enlever des mots dans le but d'en
insérer d'autres a priorité sur un amendement qui ne vise
qu'à enlever des mots. Dans les limites établies par cette
règle, le président normalement appelle les amendements dans
l'ordre où ils doivent être insérés dans le
projet de loi. Il possède également le pouvoir
discrétionnaire de décider si un amendement est
présenté au mauvais endroit, ou si cet amendement devrait
être présenté à un autre endroit dans le projet de
loi.
Les amendements doivent être présentés selon l'ordre
des lignes d'un article. Si une partie ultérieure d'un article ou d'un
paragraphe est amendée, il n'est pas possible pour un
député de proposer d'amender une partie antérieure ou
antécédente du même paragraphe ou article. Si un amendement
à une partie ultérieure est battu ou retiré, il peut alors
proposer un amendement à une partie antérieure.
Un amendement doit se rapporter à un passage spécifique
d'un article et non à deux ou plusieurs paragraphes ou articles.
Alors, M. le Président, je vous invite à bien prendre
connaissance du fait que normalement, dans les limites établies par
cette règle...
M. Bourbeau: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): On va entendre Mme la
députée de Maisonneuve et on va vous entendre.
Mme Harel:... le président appelle les amendements dans
l'ordre...
M. Bourbeau: Je voudrais soulever une question de
règlement, M. le Président. Si vous me le permettez...
Le Président (M. Bélanger): On va entendre
Mme la députée de Maisonneuve. M. le ministre, on va
laisser finir Mme la députée de Maison-neuve, M. le ministre.
M. Bourbeau: Je suis prêt à faire une ouverture
à Mme la députée. Pendant que je suis dans de bonnes
dispositions, peut-être que Mme la députée peut
m'écouter.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je
voudrais qu'on laisse terminer Mme la députée et on va revenir
par la suite.
M. Bourbeau: À ce moment-là, on ne fera pas
d'ouverture.
Mme Harel: Alors, dans les limites établies par cette
règle, donc,...
Le Président (M. Bélanger): J'en prends la
responsabilité.
Mme Harel:... le président normalement appelle les
amendements dans l'ordre où ils doivent être insérés
dans le projet de loi. C'est la règle générale, de
laquelle il ne faudrait pas s'écarter, M. le Président, par une
décision discrétionnaire, même si vous en avez le droit, et
je vous rappelle également que je veux que vous me certifiiez que si,
contrairement à la règle générale, vous
décidiez de procéder avec l'amendement du ministre, vous
m'assuriez que mon droit de présenter un amendement au paragraphe
précédent sera maintenu. Puisque, à la lecture même
de Me Beauchesne, si une partie ultérieure d'un paragraphe est
amendée, il n'est pas possible pour un député de proposer
d'amender une partie antérieure ou antécédente du
même paragraphe ou article.
Le Président (M. Bélanger): Cela, c'est quand on
étudie un article de loi, soit par paragraphe ou élément
par élément. Là, j'ai appelé l'article 1 dans son
entité. Je n'ai pas dit l'alinéa 1 ou le paragraphe 1°. J'ai
dit l'article 1. Et à l'article 1, on m'a donné ici un projet de
modification, d'amendement, déposé par le ministre, alors je ne
vois pas... Je suis d'accord avec ce que vous dites, dans la mesure où
on aurait appelé paragraphe par paragraphe, mais j'ai appelé
l'article 1 au complet, et le ministre a déposé un amendement sur
l'article 1. Je reçois l'amendement et, tel que vous venez de le lire,
on en dispose, et ensuite on ira à votre amendement.
Mme Harel: M. le Président, je vais vous faire parvenir
copie de la clause 772...
Le Président (M. Bélanger): Ah, je l'ai ici devant
moi!
Mme Harel:... et j'inviterais également la
secrétaire à en prendre connaissance afin que les amendements
soient insérés dans l'ordre.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Alors, les amendements dans l'ordre où ils
doivent être insérés dans le projet de loi. Le texte de Me
Beauchesne ne fait référence ni aux alinéas ni aux
paragraphes ni aux articles, il ne fait référence qu'à
l'ordre dans lequel ils doivent être insérés dans le projet
de loi. Vous devriez recevoir les amendements, et si l'ordre est
différent, vous devriez convenir d'un examen en commission dans l'ordre
où ils doivent être insérés, et non pas en vertu du
privilège qu'a le ministre d'en déposer le premier.
Le Président (M. Bélanger): II y a confusion, vous
mêlez les choses. D'abord, l'article 1. L'ordre de présentation
à l'article 1. Écoutez, l'article 1 a trois lignes. Ce n'est
toujours bien pas compliqué de trouver l'ordre. Il y a une phrase.
Alors, on ne peut pas prendre le premier mot et le dernier mot et dire: II y a
un ordre dans cela. Il n'y en a pas... Il y a trois lignes. À ces trois
lignes, on dépose un ajout, un amendement.
Mme Harel: Pas aux trois lignes, c'est l'ajout d'un nouvel
alinéa.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Et moi, je veux modifier les trois lignes avant
l'ajout.
Le Président (M. Bélanger): Vous le pourrez. C'est
à l'article 1, c'est cela? Vous pouvez revenir dessus tant que vous
voulez. Il n'y a aucun problème. Il n'y a pas de désordre, il y a
trois lignes. Écoutez, il me semble que c'est logique et c'est simple.
L'article a trois lignes, on ne peut pas se tromper. Il n'y a pas d'ordre et de
désordre dans cela. L'alinéa s'ajoute quelque part. Votre
amendement viendra à l'article complet. Il n'y a pas de problème!
Il ne peut pas y avoir de désordre là-dedans. Vous faites
allusion à des éléments qui se réfèrent
à l'ordre du projet de loi. Si par exemple, on me disait, je ne sais pas
moi, on me parlait à l'article 1 d'une particularité qu'on va
toucher dans le calcul des prestations à l'article 47, je dirais:
Attendons l'article 47 pour le voir, mais il s'agit juste d'un ajout qui
qualifie et qui définit les objets des trois programmes qu'on a
énoncés là. Je veux dire, il n'y a pas de problème.
M. le ministre, vous aviez une proposition d'ouverture disiez-vous tout
à l'heure. Je ne vous avais pas donné la parole à ce
moment. On peut vous reconnaître maintenant, Mme la députée
de Maisonneuve a terminé son argumentation.
M. Bourbeau: Très bien, j'ai dit ce que j'avais à
dire tantôt, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Cela va. Donc, sur
l'article 1, nous avons un amendement sur la table. Sur l'amendement à
l'article 1.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais déposer un
sous-amendement à l'article 1 et puisqu'on est obligé de
travailler à la pièce, vous allez me permettre, M. le
Président, d'en retarder la rédaction. Je vais devoir vous le
présenter de vive voix et nous allons vous soumettre la
rédaction. Malheureusement, je n'ai pas copie de l'amendement du
ministre. Alors, le sous-amendement va consister à insérer
après la phrase introductrve de l'amendement: "Ces programmes ont pour
objet. " et avant le premier paragraphe, le paragraphe suivant: "En permettant
à chaque personne de se prendre en charge, de faire ses propres choix,
de s'autodéterminer et de participer à la vie de la
société. "
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous me passer
la rédaction juste...
Mme Harel: Vous comprenez, M. le Président, qu'on est
obligés de travailler dans les conditions dans lesquelles le ministre
nous met...
Le Président (M. Bélanger): Non, non je pense qu'on
travaille dans des conditions normales de travail en commission parlementaire.
C'est comme cela. Je pense qu'on ne peut blâmer personne à ce
sujet C'est comme cela que ça fonctionne en commission
parlementaire.
Mme Harel: On pourrait sûrement faciliter notre travail en
nous déposant les amendements.
Le Président (M. Bélanger): C'est plus facile, j'en
conviens avec vous mais là, c'est comme cela ce matin. Vous pouvez me le
répéter, je vais essayer de le reprendre.
Mme Harel: Oui. Le sous-amendement...
Le Président (M. Bélanger): "En permettant aux
personnes...
Mme Harel: Cela consiste à insérer après la
phrase introductive de l'amendement: "Ces programmes ont pour objet: " et avant
le premier paragraphe, le paragraphe suivant: "En permettant à chaque
personne de se prendre en charge, de faire ses propres choix, de
s'autodéterminer et de participer à la vie de la
société. "
Le Président (M. Bélanger): En permettant à
chaque personne de se prendre en charge, de faire ses propres choix et de
participer à la vie de la société. C'est bien cela?
Mme Harel: C'est bien cela, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, sur la
recevabilité... Mme la députée de Maisonneuve, nous vous
entendons juste sur la recevabilité, brièvement s'il vous
plaît.
Mme Harel: M. le Président, 1 est évident, compte
tenu de l'amendement introduit aux objectifs de programme, qu'il s'agit d'un
sous-amendement destiné à introduire un objectif qui nous semble
absent de ceux décrits dans les amendements du ministre.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le ministre,
brièvement, est-ce que vous avez des commentaires sur le
sous-amendement?
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais avoir une copie de
l'amendement, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Les copies s'en
viennent, M. le ministre.
M. Bourbeau: Avant de me prononcer, j'aimerais quand même
avoir l'occasion de voir le texte.
Le Président (M. Bélanger): Oui, elles s'en
viennent. On va suspendre les travaux pour quelques instants, le temps
d'attendre les copies.
(Suspension de la séance à 12 h 13)
(Reprise à 12 h 15)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions sur la
recevabilité.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez déclaré
l'amendement recevable?
Le Président (M. Bélanger): Pas encore. Je voudrais
vous entendre sur la recevabilité. Excusez si je me lève, c'est
que...
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas de commentaire
à faire sur la recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Le
sous-amendement est recevable puisqu'il vient compléter ou qualifier
l'amendement dans le même sens que celui déjà
proposé. Il m'apparaît recevable. Alors, Mme la
députée de Maisonneuve, on vous écoute débattre de
votre sous-amendement.
Mme Harel: Alors, M. le Président, cet amendement a comme
objectif d'introduire la considération suivante: l'intégration au
travail doit se faire dans le respect des besoins et des capacités de la
personne. Mes collègues auront l'occasion de faire valoir certains
autres aspects du sous-amendement, particulièrement à
l'égard des personnes handicapées qui ont, à part
entière, à part égale, elles aussi, le droit de faire leur
propre choix et de participer à la vie de la société, non
pas comme des personnes inaptes, confinées à un statut
"d'inemployable" leur vie durant, mais à titre de citoyens à part
entière.
J'aimerais, M. le Président, pour ma part, pendant les dix
minutes qui me sont imparties...
Le Président (M. Bélanger): Vingt.
Mme Harel: Vingt minutes. Bien. Excusez-moi...
Le Président (M. Bélanger): Vous venez de gagner
dix minutes.
Mme Harel: Je vous remercie. Cela va me permettre de
développer plus facilement les motifs qui nous ont amenés
à déposer ce sous-amendement. Alors, il s'agit donc, M. le
Président, de permettre à chaque personne de se prendre en
charge, de faire ses propres choix, de s'autodéterminer et de participer
à la vie de la société. Ce qui nous a beaucoup
inquiété dans le dépôt des modifications
effectué par le ministre, il y a quelques jours, c'est cette approche
coercitive, punitive, cette approche finalement très autoritaire. Il
nous semble que l'objectif de réinsertion au travail est un objectif
fondamental et que cet objectif est évidemment entravé par des
barrières qui ne sont pas simplement liées à la
volonté des personnes.
Plusieurs députés ministériels, membres de cette
commission parlementaire, considèrent notamment que, à ce
moment-ci, à la fin des années quatre-vingt, si une telle
réforme est introduite, c'est qu'il y a un nombre inégalé
de personnes aptes au travail qui sont finalement des chômeurs et des
chômeuses - il ne faut pas l'oublier - ce n'est pas parce que, dans le
vocabulaire, on a glissé de chômeurs à aptes au travail,
qu'on a glissé de la perception où le chômage fait des
victimes, les chômeurs, à la conception où l'apte au
travail est coupable de ne pas se trouver du travail. C'est un peu vers ce
glissement que nous a amenés le présent gouvernement. Mais, ce
n'est pas parce qu'il y a un nombre accru que nous avons une
responsabilité à l'égard de la réinsertion.
M. le Président, j'ai eu le plaisir de parcourir à nouveau
le rapport Boucher qui est extrêmement éloquent sur le fait qu'il
y a maintenant 25 ans, au moment même d'une réforme, ce qui la
fondait, alors, c'était justement la recrudescence
inégalée de personnes aptes qui demandaient de l'assistance. Ce
n'est pas nouveau, ce n'est pas inusité. C'est une situation qui est
bien expliquée dans le rapport Boucher et qui est, entre autres, due
à l'économie québécoise dans l'ensemble de
l'Amérique du Nord. Je ne sache pas que les six années de
croissance continue ont, de quelque façon, joué sensiblement sur
le taux de chômage au Québec. Malgré cette croissance
continue, nous fluctuons autour des 10 % de chômage. Nous avons
malheureusement toujours 300 000 hommes/femmes en chômage, inscrits
à l'assurance-chômage. Il est évident qu'il y a des causes
économiques et sociales et qu'il ne faut pas privatiser la
pauvreté, mais un gouvernement responsable doit identifier et tenter de
corriger les causes économiques et sociales qui fondent cette
pauvreté.
M. le Président, nous pensons qu'il est extrêmement
important, au moment même où nous commençons l'examen du
projet de loi 37, d'introduire ce sous-amendement qui aura une portée
sur l'ensemble des programmes. Ce que nous souhaitons, ce que nous recherchons,
c'est que le gouvernement poursuive un objectif qui soit plus de donner un coup
de main que d'offrir un coup de pied, que le gouvernement poursuive dans tous
ses programmes ceux qu'il cherche à instituer par son projet de loi, que
le gouvernement reconnaisse que l'ensemble des mesures doit se fonder sur le
respect des besoins et des capacités des personnes. Le gouvernement doit
reconnaître que l'individu, la personne est le
premier facteur de sa propre réinsertion et, dans ce sens, il
doit quitter le terrain des modèles américains, institués
par l'administration Reagan, au profit de véritables programmes
basés sur le caractère volontaire, évidemment, M. le
Président, basés sur la perception que les gens peuvent s'en
sortir parce qu'ils sont des gagnants, basés sur la perception que les
hommes et les femmes qui ont recours à l'aide sociale ont besoin d'un
soutien. Ces gens ont besoin surtout d'une solide formation professionnelle qui
leur a souvent échappé, à cause de raisons familiales,
d'un climat parfois familial inexistant qui ne leur a pas permis d'obtenir le
soutien suffisant, parfois aussi à cause de conflits conjugaux, de
conflits familiaux. Le gouvernement doit reconnaître que nos concitoyens
à l'aide sociale, ceux et celles d'entre eux qui peuvent participer
à ces programmes le font volontairement, dans une dynamique de respect
de leurs capacités, le font pour s'en sortir sans qu'ils soient
culpabilisés par la situation difficile dans laquelle ils se trouvent.
Il nous paraît très important que l'objectif soit une
participation à part égale à la vie dans la
société.
Évidemment, M. le Président, cela suppose qu'il n'y ait
pas deux catégories d'emplois: les vrais emplois et les occupations mal
rémunérées, mal protégées par les lois sur
le travail, par l'ensemble des protections sociales. Cela suppose que ces
programmes aient également comme objectif de permettre à tout
prestataire, à toute personne qui y participe, d'intégrer
pleinement la vie dans la société.
La vie dans ta société, cela peut vouloir dire
également le droit de se syndiquer lorsqu'il y a une organisation de
cette nature-là dans le milieu de travail où se
réinsérera la personne bénéficiaire. Cela signifie
également la possibilité de s'autodéterminer. C'est
fondamental. En quelque sorte, le gouvernement, je le rappelle, dans le projet
de loi 37, n'introduit aucun paragraphe, alinéa ou article traitant de
programmes d'emploi. La loi 37 ne fait aucune mention... Il n'y a même
pas une seule ligne sur un quelconque programme d'emploi introduit par le
gouvernement. À part les discours et les déclarations
ministérielles, il n'y a rien qui vienne illustrer la volonté
politique de création ou de réinsertion de nouveaux emplois
permanents.
Bien sûr, le ministre a fait allusion à une sorte de
travail obligatoire. C'est évident, M. le Président, que le
sous-amendement s'éloigne totalement de cette vision du travail
obligatoire pour les prestataires d'aide sociale. Ce ne sont pas que pour les
prestataires eux-mêmes que nous apportons ce sous-amendement - ils le
méritent bien d'ailleurs - mais pour l'ensemble des travailleurs et
travailleuses qui constituent la main-d'oeuvre non spécialisée,
souvent non protégée, non syndiquée,
rémunérés au salaire minimum ou à peine selon les
décrets, les conventions collectives. C'est pour ce demi- million et
plus de travailleurs et travailleuses. Nous pensons que les personnes qui sont
réintégrées doivent l'être de façon
égale. L'impact négatif peut être considérable pour
l'homme et la femme qui, sur l'assurance-chômage, ne peuvent pas invoquer
un emploi subventionné ou pour la personne à la maison qui veut
réintégrer le marché du travail. L'impact peut être
fort considérable et le gouvernement par son aveuglement peut obtenir
l'effet inverse qu'il recherche en invitant inconsidérément, par
une sorte d'effet contraire à ces mesures, nos concitoyens à
rechercher la prestation d'aide sociale pour obtenir éventuellement un
emploi subventionné. C'est là une vision qui est totalement
irresponsable.
M. le Président, nous aurons l'occasion évidemment
d'introduire d'autres sous-amendements qui essaieront de responsabiliser le
gouvernement en matière de création d'emplois, au chapitre des
objectifs des programmes, mais nous pensons que le premier objectif qui doit
être reconnu, dès l'introduction d'un projet comme le projet de
loi 37, consiste à reconnaître que nos concitoyens, hommes et
femmes qui ont recours à l'aide sociale faute d'un emploi, faute
parfois, aussi, d'une formation adéquate pour remplir les nouvelles
exigences des nouveaux emplois, doivent être considérés
comme les premiers à se prendre en charge et doivent être ceux et
celles qui sont les moteurs de leur propre réinsertion.
M. le Président, je prenais connaissance du rapport du
comité d'examen de l'aide sociale qui a été
préparé à l'intention du ministère des Services
sociaux et communautaires de l'Ontario. À la lecture des objectifs, des
principes ébauchés pour guider le nouveau système d'aide
sociale en Ontario, je retrouvais un objectif intitulé: "La
responsabilité personnelle". Ce sous-amendement porte, M. le
Président, sur cette responsabilité personnelle qui engage le
gouvernement à respecter la personne pour lui permettre de se prendre en
charge, donc de la traiter avec respect et de lui donner des choix plutôt
que de lui imposer des solutions. (12 h 30)
Comme le signalait le Comité d'examen de l'aide sociale de
l'Ontario, l'offre d'une aide pleine et entière, si elle dépend
du fait que les bénéficiaires manifestent leur désir de
participer au processus de planification des possibilités, encore
faut-M. que ce soit, et je cite: "... à ta condition que ces
possibilités existent réellement et que l'on prenne des mesures
pour protéger ceux qui sont tenus de participer à ce processus.
À l'heure actuelle, nous dit le comité d'examen - ça
s'applique évidemment au projet de loi 37 dans sa teneur actuelle et
c'est ce qui motive l'ajout de notre sous-amendement - le système d'aide
sociale a tendance à imposer des sanctions et des conditions
plutôt qu'à offrir des possibilités. Ces attentes par
rapport aux bénéficiaires varient beaucoup et sont souvent fort
peu
pertinentes à chaque cas particulier. Dans la plupart des cas, il
ne réussit pas à offrir le soutien qui permettrait aux
bénéficiaires de remplir les conditions qu'il leur impose. Sans
un tel soutien, l'imposition même de ces conditions ne peut se justifier.
"
M. le Président, ces éléments de
responsabilité personnelle qui doivent être pris en charge dans
l'élaboration de tous les programmes, nous les jugeons fondamentaux,
notamment à l'égard de la réinsertion au travail.
Évidemment, M. le Président, c'est principalement à la
lumière de l'étude de la mission que le ministère a fait
effectuer à Boston en décembre dernier, Étude sur
l'employabilité au Massachusetts, que nous avons pu identifier les
conditions qui permettent une véritable réinsertion au travail.
Je vous rappelle, M. le Président, que le succès dans le
placement en emploi au Massachusetts a contribué de façon
significative à la baisse du nombre de bénéficiaires de
l'aide sociale, notamment par le programme Employment and Training Choices -
ET-Choices - qui s'est traduit par une réduction de 59 % des familles
biparentales bénéficiaires de l'aide sociale.
Alors que dans douze autres États américains, lesquels
avaient plutôt copié le modèle de l'administration Reagan,
comme souhaite le faire le ministre Bourbeau, le nombre de ménages
bénéficiaires de l'aide sociale s'accroissait chaque
année, entre 1983 et 1985, de 2, 5 %, au Massachusetts, à
l'inverse, avec ce programme volontaire fondé sur la
responsabilité et le désir des personnes
bénéficiaires de s'en sortir, le nombre de ménages, durant
le même nombre d'années, diminuait de 9, 4 %. Et ce n'est pas
uniquement lié au taux de chômage qui diminuait, puisque, dans
cinq des douze États, le taux de chômage baissait plus qu'au
Massachusetts, alors que la baisse du nombre de ménages
bénéficiaires de l'aide sociale n'était pas aussi
élevé qu'au Massachusetts. C'est donc dire que, même dans
un contexte de chômage, avec un programme tel que le ET-Choices,
basé sur la participation volontaire, sur l'analyse des besoins et des
choix du bénéficiaire, sur l'objectif d'intégration au
travail dans le respect des besoins et des capacités de la personne, sur
des services de soutien adéquat fournis aux prestataires, même
dans un contexte de chômage plus élevé que dans d'autres
États américains, ce type de programme a permis sensiblement la
diminution des prestataires et la réinsertion dans le marché de
l'emploi.
Cela existe, c'est possible et ce n'est pas magique. Mais à la
condition de valoriser la clientèle de l'aide sociale, et non pas de la
dévaloriser, comme le fait systématiquement le ministre, à
l'instar de son prédécesseur. Comment peut-on imaginer que les
gens sont capables de s'en sortir quand on prétend qu'ils sont des
fainéants, des paresseux, des incapables? Il s'agit donc de valoriser la
clientèle, de mettre en évidence leurs capacités
d'autonomie, leurs possibilités d'être des gagnants et surtout
d'introduire dans l'opinion publique cette idée d'une perception
différente.
M. le Président, pour toutes ces raisons, nous pensons que ce
sous-amendement est fondamental et qu'il doit être retenu par la
commission.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
sur ce sous-amendement de Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Vermette: Si l'on suit l'alternance...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Merci, M. le Président. À l'article 1
de la loi, on décrit d'une façon très claire que sont
institués les programmes "Soutien financier", "Actions positives pour le
travail et l'emploi" et "Aide aux parents pour leurs revenus de travail".
L'amendement déposé par l'Opposition nous indique un ajout pour
essayer, à tout le moins, de clarifier - c'est l'expression que j'ai
entendue - la situation ou donner une plus grande précision à
l'article qui se lit comme suit: "Permettre à chaque personne de se
prendre en charge, de faire ses propres choix, de s'autodé-terminer et
de participer à la vie de la société. "
Je vais reprendre certains des points évoqués dans
l'argumentation de l'Opposition qui ont donné lieu à cet
amendement. Mais j'aimerais revenir un peu sur quelques citations qui sont
tirées - je tiens à le préciser, ce n'est pas moi qui le
dis - du Livre blanc sur la fiscalité des particuliers de 1984.
Dans le paragraphe sur l'évolution de la politique de transferts aux
particuliers - je m'en voudrais d'essayer de le retirer de son contexte; c'est
pour cela qu'on va essayer de le faire ressortir à l'intérieur de
cela - on parle des trois programmes décrits à l'article 1, et
plus particulièrement des personnes aptes et inaptes: "On peut
d'ailleurs se demander dans quelle mesure il était opportun, à la
fin des années soixante, de vouloir incorporer les personnes aptes et
les personnes inaptes dans la même structure de prestations. " C'est
déjà fait, d'une part.
On parle aussi dans la section "Un nouveau contexte économique et
social, de ce qui pourrait être un type d'incitation au travail. Je cite
toujours le même livre: "Un tel afflux vers l'aide sociale de
travailleurs aptes au travail entraîne des efforts sociologiques majeurs.
S'il fut une époque où dépendre de l'aide sociale
était une situation sévèrement stigmatisée par la
société à moins que l'on soit clairement inapte au
travail, il en est autrement aujourd'hui. Le nombre même des
assistés sociaux aptes au travail rend plus acceptable l'appartenance
à ce groupe. Cela rend encore plus impérieuse la
nécessité de définir des mécanismes d'incitation au
travail plus efficaces
auprès de ces bénéficiaires. "
Et en continuant un peu plus loin, on nous indique, un peu comme il a
été fait à plusieurs reprises en citant M. Félix
Leclerc et dit d'une autre façon: "Un tel gaspillage de ressources
humaines productives est de toute évidence inacceptable. "
Ce que je veux souligner par cette forme d'introduction, et surtout par
l'amendement présenté par l'Opposition, c'est qu'il
m'apparaît à tout le moins - et on me corrigera par la suite - que
le premier énoncé vise à permettre à chaque
personne de se prendre en charge. Il n'y a jamais eu, à ma connaissance,
une négation de cette idée, soit que chaque individu puisse se
prendre en charge, dans le projet de réforme, comme dans la loi qui est
là actuellement. Il n'y a jamais eu de négation précise
qui faisait en sorte que la personne ne se prenne pas en charge. Comme je
l'indique, je me verrais très mal, ne serait-ce que comme simple
député, aller à l'encontre d'une personne qui aurait des
dispositions telles que précisées là.
L'autre point encore un peu plus particulier porte sur le choix des
termes, je ne sais trop en quelle sorte. Sûrement qu'à partir de
ce moment, on aura une différence fondamentale idéologique, si on
peut s'exprimer ainsi. Le choix de l'expression "s'autodéterminer". Que
de nombreux débats ai-je pu entendre sur la définition de
l'autodétermination qu'on a pu se donner. Combien de discours de chaque
individu interrogé au fil des cinq ou six dernières années
suivaient un processus qui se voulait parallèle et sans
nécessairement être entrecroisé? Cela m'apparaît
aussi, sous l'aspect de la précision à apporter à
l'article, parce que c'est un ajout, être très large et
très vague. J'essaie de déterminer dans quel sens cette partie de
l'amendement vient préciser spécifiquement cet article ou cette
donnée en tant que telle.
De même pour ce qui a été souligné, c'est
qu'on semble nous prêter des intentions; on semble dire qu'on culpabilise
les gens qui sont aptes au travail. En tout cas, je ne sais pas dans quelle
mesure on peut s'exprimer aussi catégoriquement, car en faisant part aux
gens, des mécanismes, dont on a pu discuter à de nombreuses
reprises, pour participer à l'un des programmes déjà en
place ou effectivement à ceux qui s'en viennent - les mécanismes
sont clairement établis - en tout cas, il ne m'apparaît aucune
culpabilisation en tant que telle des gens. On va s'arranger pour les faire
connaître d'une part, c'est certain, de les rendre publics, mais il n'y a
pas cette attaque dont on semble vouloir nous accuser qui est
stigmatisée au point de culpabiliser les gens qui sont aptes au travail.
Je ne vois pas précisément à quel endroit on retrouve cela
en tant que tel, peut-être en ce qui concerne le discours
extérieur, mais pas dans la loi.
On nous indique aussi - dans une certaine mesure, je dois faire foi
à une partie de l'argumentation qui a été faite - que la
croissance économique ne bénéficie peut-être pas
à toutes les catégories de gens. Mais, je ne serais
peut-être pas aussi catégorique en disant que la croissance
économique et la création des emplois n'influent pas en tant que
telles sur l'aide sociale. Si cela n'avait pas une influence, aussi minime
sort-elle, j'imagine que de 700 000, on ne serait pas arrivé à
580 000. Assurément et j'en suis fort conscient aussi, il y a eu comme
une forme de reconnaissance de ce principe dans les amendements qui ont
été déposés et divulgués par le ministre la
semaine dernière. Dans une certaine mesure, on ne pourra - c'est pour
cela qu'il va y avoir une progression en tant que telle en ce qui concerne
l'aide sociale dans l'adaptation des gens au travail - assurément tout
offrir du jour au lendemain, mais c'est un échéancier et c'est un
objectif qu'on vise; on peut être d'accord ou en désaccord. Il n'y
a personne qui a dit être en désaccord avec cela.
Un autre point me chicotte, pour prendre une expression pas très
belle linguistiquement mais qui, en tout cas, décrit bien ce que cela
peut être, c'est qu'il est indiqué de participer à la vie
de la société. J'ai l'impression comme député, et
l'ensemble des membres de la commission qui sont autour de la table peuvent le
constater à maintes reprises, que les bénéficiaires de
l'aide sociale sont des gens qui participent à la vie de la
société, soit par participation individuelle à
l'économie par l'achat de marchandises ou soit comme
bénévoles actuellement dans plusieurs types d'organisation.
Alors, retrouver cela aussi a l'intérieur de ce même type
d'amendement, soit d'indiquer que des gens qui sont actuellement sur l'aide
sociale ne sont pas des gens qui participent à la vie de la
société, parce que c'est un peu cela que je vois, je serais
porté à dire le contraire, que les gens de l'aide sociale ne sont
pas des gens de deuxième zone mais bien des gens de première
zone, comme tout le monde, qui participent, peu importe le statut qu'ils ont,
à la vie de la société qu'on a actuellement.
Est-ce qu'on respecte le besoin des personnes à
l'intérieur de cela? Si le programme d'aide sociale est un programme,
comme il a été mentionné à plusieurs reprises, le
rapport Boucher en fait mention aussi, comme l'ont cité les membres de
l'Opposition, c'est une aide de dernier recours. Je fais le parallèle
avec toute une série de programmes, l'assurance-chômage pourrait
en être un. Il peut survenir, comme ce qui s'est passé en 1982
lors de la crise économique, des besoins plus conjoncturels qui font en
sorte qu'il faut arriver avec une aide un peu plus particulière pour
aider les gens à pouvoir s'en sortir. C'est ce qui est
présenté, en tout cas à mon avis, dans le projet de
réforme de l'aide sociale sous une forme ou sous une autre; c'est
l'objectif principal qui est visé. (12 h 45)
On parlait tantôt de deux catégories d'emploi. Les chiffres
nous indiquent qu'il faut
toujours tendre vers une forme de syndicalisation pour essayer d'avoir
une meilleure protection collective pour ceux qui, Individuellement, ne peuvent
pas, pour de multiples raisons, se prémunir contre diverses actions qui
peuvent être entreprises par le patronat. On en est encore, malgré
le nombre d'années, à approximativement 30 % de gens qui sont
syndiqués. Je ne suis pas certain que c'est par le biais d'une
réforme de la Loi sur l'aide sociale qu'on va nécessairement
atteindre ce type d'objectif. C'était juste une précision que je
voulais apporter.
En somme, M. le Président, pour essayer de retrouver cela sur la
partie touchant le respect des personnes de se prendre en charge, l'amendement
à l'article 1 a déjà été
déposé par le ministre; quatre articles viennent préciser
les objectifs généraux de cet article 1, et plus
particulièrement l'article 3, qui nous indique qu'il faut favoriser la
réintégration au marché du travail des personnes aptes au
travail, tout en considérant que les personnes déjà sur le
marché du travail ou aux études, doivent conserver une incitation
à y demeurer. Cela répondrait, dans l'ensemble à cette
partie et cela limiterait mon intervention pour l'heure actuelle. J'aurai
sûrement l'occasion de revenir ultérieurement là-dessus.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je vais
enchérir sur les propos de ma collègue lorsqu'elle a
présenté son sous-amendement, pour remettre en question les
dernières affirmations du député de Laporte...
M. Laporte: Non, Sainte-Marie. Mme Vermette: Sainte-Marie.
M. Laporte: Laporte, c'est le ministre. Mme Vermette: Lorsqu'il
disait que...
M. Bourbeau: Puisque vous êtes ma voisine, vous devriez
savoir que je suis le député de Laporte.
Mme Vermette: Vous êtes peut-être mon
député.
M. Bourbeau: Je suis même votre député,
puisque vous demeurez dans Laporte, c'est exact. J'espère que vous votez
pour moi.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Vlctorin.
Mme Vermette: Indépendamment de mes penchants politiques,
M. le Président, j'aimerais revenir au sous-amendement. Tantôt, le
député de Sainte-Marie laissait croire que tout le projet de loi
visait à donner ce choix de prise en charge par l'individu. Je lui
rappellerai que je n'ai qu'à prendre les articles 30 à 35
où je ne crois pas que l'attitude du ministre ou les droits qu'il se
conserve, dénotent une volonté de laisser les personnes se
prendre en charge puisque lui-même Imposera les pensions alimentaires
dans le cas où il trouvera que ce n'est pas suffisant. Il en prend toute
la responsabilité, indépendamment de ce que les tribunaux auront
statué. C'est un manque flagrant de responsabilisation envers les
individus, qui, librement, concluent une entente. On considère que ces
gens n'ont pas la possibilité, n'ont pas le droit, ne sont pas assez
capables, à cause de leur âge, leurs circonstances,
d'établir entre eux une entente à leur convenance. Donc, le
ministre se donne des prérogatives, hors du commun, à cet
endroit. C'est inscrit, noir sur blanc, dans le projet de loi, comme des
articles qui tiendront lieu de points de référence pour une bonne
partie des juristes. Le ministre devra toujours, en dernière instance,
revenir sur ces décisions. C'est une première; c'est assez
important et c'est assez impressionnant comme attitude. Je ne crois pas que
cela aille dans le sens de ce qu'un collègue disait: Je fais confiance
au projet de loi. Le ministre, lorsqu'il a inscrit son projet de loi, visait
par son optique à ce que les personnes puissent se prendre en
charge.
J'aimerais ajouter quelques mots en ce qui concerne les personnes
handicapées. Les personnes handicapées, elles aussi, ont
largement fait comprendre au ministre que toute cette prise en charge et
l'Intégration sociale pour laquelle elles se sont battues depuis X
nombre d'années sont remises en cause par ce projet de loi. Compte tenu
des circonstances, il y a fort à parler que leur intégration
socio-économique va faire un pas en arrière dans notre
société en ce qui concerne leur intégration sociale,
socio-écomonique aussi. Parce qu'on ne tient pas compte des
différentes notions entre la santé et un handicap, et on a
l'Impression que tout est basé... En fait on a essayé de voir si
ces deux termes étaient intimement liés, mais ce sont des notions
très différentes, un handicap et un état de santé.
Ces deux notions sont très différentes l'une de l'autre et on
laisserait entendre qu'entre les deux il n'y a qu'un pas, et ce n'est pas vrai.
La définition et l'interprétation qu'on peut et qu'on doit en
faire, ne sont pas du tout les mêmes. Il y a beaucoup de gens qui ont
probablement un handicap, mais leur état de santé leur permet
très bien d'accomplir des tâches à la mesure de leurs
moyens et avec un très bon rendement.
Encore une fois, on ne tient pas compte de la définition
même que l'Organisation mondiale de la santé donne d'un handicap.
On dit: Un handicap est un désavantage social pour une personne
résultant d'une déficience ou d'une incapacité et qui
limite ou interdit l'accomplissement de ses rôles sociaux, qu'il soit
relié à l'âge, au sexe ou aux facteurs socio-culturelles.
Cela ne
veut pas dire qu'il n'est pas capable de faire quoi que ce soit, cela
veut dire qu'il est limité, compte tenu de son handicap, mais qu'il peut
jouer un rôle, toujours à la mesure de ses capacités, et de
bien l'assumer.
Considérant ces faits précédents, M. y a des
éléments qui sont très Importants à relever. Vous
comprendrez fort bien que les personnes handicapées ont besoin de
travailler, parce qu'elles aussi se sentent capables d'investir dans notre
système social, qu'elles sont capables de participer au bon
fonctionnement. Ce sont des consommateurs comme tous les autres partenaires
dans notre société et elles ont la fierté de vouloir
contribuer à un apport important à l'intérieur même
du développement économique et social de notre
société.
Donc, je pense qu'on met de côté une partie importante de
notre population, c'est-à-dire les personnes handicapées, et,
à mon avis, c'est vraiment les empêcher de se prendre en charge et
d'acquérir une autonomie; on essaie plutôt de leur donner encore
cette image négative d'elles-mêmes. De plus en plus, elles sont
évaluées en fonction de leur état de santé
plutôt qu'en fonction de leur capacité réelle,
malgré une déficience fonctionnelle.
J'aurais aimé que le ministre favorise la prise en charge,
s'inspire de certains modèles qui existent aux Etats-Unis et même
au Canada, qui sont l'équité en matière d'emploi pour les
personnes handicapées. C'est un système qui existe aux
États-Unis, qui a fait ses preuves, qui est très
intéressant parce qu'il permet à des personnes handicapées
d'avoir la possibilité de se trouver un emploi aménagé en
fonction des personnes handicapées, et c'est heureux. Ce programme,
c'est le Committee of the Employment of the Handicapped des États-Unis.
Donc, cela existe déjà et, ici au Canada, c'est une introduction
aux services d'information sur les aménagements, dont le nom est JAM.
C'est un service d'information qui indique au demandeur un emploi, soit pour
les gens qui veulent employer des personnes handicapées, soit pour les
personnes handicapées de trouver des employeurs qui ont
déjà ce service, comment aménager des postes et des locaux
pour accommoder des travailleurs handicapés.
Donc, il existe dans notre collectivité, à
l'intérieur de nos différentes sociétés, des
études ou des volontés de faire en sorte que les personnes
handicapées puissent apporter une contribution et s'intégrer dans
le monde de l'emploi, mais non de la façon que le ministre veut le
faire, en faisant une évaluation des personnes handicapées. Vous
savez, des postes de travail adapté, cela existe dans notre
société, mais, par contre, il faut changer des mentalités.
C'est beaucoup plus compliqué, cela demande des frais dans certaines
circonstances. Il faudrait une volonté réelle du gouvernement de
favoriser l'intégration de la personne handicapée au monde du
travail et non pas, finalement, l'évaluer en lui laissant croire que son
état de santé n'est pas favorable à un travail ou à
une surcharge de travail qui ferait que, au bout de la ligne, elle serait moins
compétente, rapporterait moins à une compagnie. Je pense que
faire preuve d'une telle orientation démontre une sensibilisation, un
sens de développement humain très évolué.
Le ministre nous dit souvent qu'il est un homme très ouvert. Je
pense que, à cet égard, il aurait pu faire preuve d'un peu plus
d'ingéniosité et d'imagination en favorisant davantage les
personnes handicapées pour qu'elles puissent se prendre en main. Il
existe certains modèles dans nos sociétés, autant chez nos
voisins du sud qu'au Canada, des moyens qui favorisent l'intégration
avec beaucoup plus d'équité et qui tiennent compte de la personne
handicapée dans son intégrité. Tout est possible. Des
postes de travail, c'est possible. Il s'agit tout simplement qu'on y pense et,
aussi, qu'on aide autant les fabricants que les entrepreneurs ou les employeurs
à donner ce service à cette clientèle, à cette
catégorie de personnes qui peuvent apporter une contribution
intéressante, d'autant plus que plus de gens travailleront, plus de gens
rapporteront au Trésor parce que ces gens-là paieront des
impôts. Au lieu d'être dans un état de dépendance,
ils pourront eux aussi favoriser l'accroissement économique du
Québec. On les maintient toujours dans un état lamentable en leur
laissant croire qu'ils sont des gens limités à un point tel que
leur seul avenir est de tenir compte de petits programmes et d'emplois qui les
maintiendront tout simplement au salaire minimum et dont les perspectives
d'avenir sont plus ou moins intéressantes.
J'aimerais terminer en vous parlant d'un cas très
intéressant, celui de Rick Hansen qui, à sa naissance, n'avait
pas de bras et qui est devenu un des modèles les plus importants de
réussite sociale et d'intégration pour tout le Canada. II est
maintenant à la tête d'une grande entreprise comme directeur des
relations de travail et directeur du personnel. A sa naissance, les
médecins avaient dit à sa mère de ne pas se soucier de cet
enfant, qui était un légume, qu'il valait mieux l'abandonner
complètement dans des Institutions plutôt que de l'éduquer
et de relever comme ses autres enfants. Par contre, cette mère s'est
débattue pour considérer son enfant comme un enfant aussi
intelligent que ses autres enfants. Grâce à ses efforts et sa
détermination, Rick Hansen est aujourd'hui un des modèles les
plus prestigieux chez les personnes handicapées et permet justement de
croire qu'un monde meilleur est possible et qu'il est possible pour ces
personnes handicapées de réussir là où certains les
croient incapables et même évaluées par de savants
médecins pour qui, eux aussi, les préjugés existent,
indépendamment des évaluations objectives médicales qu'ils
devraient faire en fonction de l'évaluation de la capacité de ces
personnes. Dans le projet de loi, je trouve cela tout à fait dangereux
parce que. encore une fois,
il y aura plein de médecins et de gens avec des
préjugés qui seront, en tout cas. plus enclins à
déclarer Inapte cette catégorie de personnes. Il aurait
été plus avantageux pour le ministre de mettre en place des
mesures favorisant l'adaptation des postes de travail, ce qui aurait
été réellement dans le but de favoriser la prise en charge
par les principaux intéressés, c'est-à-dire les personnes
handicapées.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, je dois vous interrompre. Compte tenu
de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, je demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa place
afin que la commission des affaires sociales puisse procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 37. Loi sur la
sécurité du revenu.
Nous en étions ce matin à entendre Mme la
députée de Marie-Victorin...
Mme Vermette: J'avais terminé.
Le Président (M. Bélanger):... il lui restait
quelques minutes - si vous le permettez, M. le ministre - sur un
sous-amendement à une motion qui se lisait comme ceci: "0. 1 de
permettre à chaque personne de se prendre en charge, de faire ses
propres choix, de s'autodéterminer et de participer à la vie de
la société. "
M. le ministre, vous aviez une Intervention?
M. Bourbeau: Une remarque d'intendance Étant donné,
M. le Président, qu'on a changé de salle, êtes-vous d'avis
que la salle est assez grande pour contenir les participants ou si on devrait,
d'après vous, demander d'élargir encore la salle?
M. Leclerc:... Le Grand Théâtre.
M. Bourbeau: Ou d'aller au Grand Théâtre, comme
dirait le député de Taschereau.
Le Président (M. Bélanger): On va revenir à
Mme la députée de Marie-Victorin et entendre son
intervention.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais juste bien vous
entendre sur les temps de parole. Avons-nous vingt minutes ou dix minutes par
sous-amendement?
Le Président (M. Bélanger): Vingt minutes.
L'article 245...
Mme Harel: Vingt minutes pour le proposeur du sous-amendement et
vingt minutes pour tous les intervenants?
Le Président (M. Bélanger): "Le temps de parole de
vingt minutes dont disposent les membres de la commission vaut pour chaque
article, alinéa ou paragraphe d'un projet de loi, chaque amendement ou
sous-amendement ou chaque article qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans
une loi existante. Ce temps de parole peut être utilisé en une ou
plusieurs interventions. "
C'est la règle habituelle. Cela vous étonne? Remarquez que
nul n'est obligé d'utiliser vingt minutes!
M. Bourbeau: Je serais bien étonné; je serais
étonné.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
nous allons entendre Mme la députée de Marie-Victorin qui avait
encore sept minutes à son Intervention sur le sous-amendement. Mme la
députée, nous vous écoutons.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'en étais sur
la différence entre les personnes handicapées et la notion qu'on
voulait leur laisser, très souvent, comme étant des inaptes parce
que handicapés. Cela ne va pas du tout de pair. Il y a une nuance fort
appréciable lorsqu'on qualifie une personne de handicapée; elle
est très différente d'une personne inapte. C'est un mot
très inapproprié dans le cas des personnes handicapées, ou
en tout cas, ce n'est pas une façon de les favoriser dans leur autonomie
ni de se prendre en charge.
Les personnes handicapées sont venues en commission parlementaire
à plusieurs reprises, à différentes commissions, pour
dénoncer cette attitude qu'ont les différents ministres à
leur endroit en voulant faire en sorte que ce sont des gens d'une classe
à part, alors que ces gens font tout en leur possible pour qu'on les
considère comme des citoyens et qu'on les intègre à part
entière dans notre société, c'est-à-dire à
part égale dans notre société, leur reconnaissant les
mêmes droits et les mômes obligations que quels que soient les
individus de la société.
Je comprends que quelquefois certaines personnes ont de la
difficulté à apporter cette nuance, sachant fort bien qu'il y a
des limitations, par le fait même d'avoir un handicap, mais de là
à être considérées inaptes, c'est très loin
de la réalité, et surtout de la réalité des
personnes handicapées elles-mêmes. C'est démontrer une
ignorance totale de la problématique de la personne
handicapée.
J'en étais donc davantage à encourager et à mettre
de l'avant des mesures qui favorisent leur intégration. Vous savez, des
études ergonomiques, ça se fait pour adapter des postes de
travail, pour maintenir ces gens-là dans un milieu de
travail adapté. C'est possible. II y a des possibilités
là-dedans et il y a aussi des études à faire, plutôt
que de passer ces gens là dans des programmes pour les considérer
comme étant plutôt inaptes qu'autre chose.
Tout ce que ces gens réclament, c'est qu'on les favorise dans
leur autonomie et qu'on leur permette de se prendre en main et d'être
vraiment responsables de leur propre condition de vie, de leur propre
qualité de vie. On lui demande une chance, en fait, à la
société, pour qu'on rétablisse un petit peu
l'équilibre qui a été rompu par une situation physique
indépendante de leur volonté.
Ma foi. je ne crois pas que le projet de loi reflète cette
sensibilité à l'égard de la personne handicapée.
Bien au contraire, il continue à perpétuer l'image que ces gens
sont beaucoup plus inaptes, alors qu'ils sont capables de s'adapter à
des situations si on leur en donne la chance et les moyens.
Au Québec, je sais qu'il n'y a pas vraiment beaucoup
d'ergonomistes. Par contre, il y a des études, dans différentes
entreprises, pour favoriser l'adaptation de postes de travail. Il y a aussi des
études qui permettent d'établir quelles sont les meilleures
conditions de travail pour favoriser une production optimale dans un
encadrement de travail qui répond le plus adéquatement aux
personnes, aux lieux ou au travail.
Ce sont de nouvelles théories qui datent des vingt ou trente
dernières années. Partout où on a mis de l'avant de telles
mesures, on s'est aperçus que les résultats étaient
très heureux et, au contraire, que cette catégorie de personnes
devenait non pas un problème où il fallait absolument trouver un
moyen pour les intégrer au milieu du travail mais, bien au contraire,
une main-d'oeuvre de très grande qualité, qui donnait sa pleine
mesure et favorisait l'entreprise sous bien des aspects.
C'est une richesse pour l'entreprise d'avoir cette main-d'oeuvre qui ne
demande qu'une chose, soit de démontrer son apport, démontrer son
intérêt et ses aptitudes aussi à s'intégrer
facilement au monde du travail où, normalement, i devrait y avoir
une place pour chacun qui le désire. Tel que nous connaissons notre
société, il n'est pas toujours facile de se trouver un emploi.
encore moins un emploi qui correspond à nos aptitudes et à nos
habiletés. Évidemment, plus souvent qu'autrement, il faut prendre
les emplois qui sont là. On n'a qu'à regarder les jeunes
étudiants actuellement. Je peux vous dire que plusieurs jeunes qui ont
été formés ne pourront jamais remplir des postes de
commande et ne pourront jamais remplir les fonctions pour lesquelles ils ont
été formés ou habilités.
Je reviens aux personnes handicapées pour vous dire que, de plus
en plus, on les Intègre dans les milieux scolaires, on favorise leurs
connaissances, on leur permet un plus grand développement de
l'apprentissage. Il faut donc que cet apprentissage se traduise quelque part.
Ce quelque part, c'est dans du travail intéressant, bien adapté
et bien rémunéré aussi. Je crois qu'elles ont droit, comme
n'importe qui, à des salaires décents qui permettent
d'espérer une qualité de vie aussi décente et qui
répond à leurs aspirations, comme tous les citoyens parce qu'ils
sont à part égale dans notre société et nous les
considérons comme tels, en tout cas en ce qui concerne notre formation
politique puisque c'est nous qui avons mis de l'avant la politique à
part égale. Nous avons tout fait pour favoriser l'intégration de
la personne handicapée. Nous avons mis de l'avant des SEMO qui
favorisaient cette Intégration en leur cherchant un travail
adapté. II serait donc important qu'on continue d'aller dans cette
veine-là, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Marie-Victorin M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Merci, M. le Président. J'aimerais juste
faire quelques commentaires sur l'amendement proposé par Mme la
députée de Maisonneuve. Auparavant, j'aimerais aussi donner
quelques réactions sur les remarques de Mme la députée de
Mane-Victorin. Elle a beaucoup parlé des personnes handicapées.
Je suis bien d'accord avec beaucoup de ses remarques, mais je ne vois pas
comment la loi comme telle et les amendements proposés empêchent
d'atteindre les objectifs auxquels elle a fait référence.
Une autre chose elle a mentionné M. Rick Hansen avant notre pause
pour le lunch. C'est un bon exemple d'une personne, d'un héros qui donne
de l'espoir à tous les handicapés. Mais encore une fois, dans la
loi comme telle, je ne vois rien qui empêche qui que ce soit de se
réaliser, comme dans cet exemple.
Pour revenir aux amendements comme tels, Mme la députée de
Maisonneuve prétend qu'il n'y a pas de référence dans la
loi qui vise tout l'aspect de l'employabilité. J'aimerais bien rappeler
que tout l'objectif de ce projet de loi vise ce point qui est majeur. Cela veut
dire une parité pour ceux qui ont moins de 30 ans, de vraiment taire des
efforts pour que les gens se réinsèrent dans le milieu du travail
et évidemment, aussi, d'aider ceux qui sont inaptes et de leur donner
une chance pour qu'ils puissent mieux s'adapter et qu'ils aient une meilleure
qualité de vie.
Pour revenir à l'amendement qu'elle propose, je veux parler
surtout du fait de se prendre en charge soi-même, de
s'autodétermlner comme ma collègue a mentionné ce matin.
II me semble déjà que cet aspect est bien couvert par la Charte
des droits et libertés de la personne qui s'applique à tout le
monde, pas juste aux assistés sociaux. Donc, déjà cet
aspect est bien couvert par la Charte des droits et libertés de la
personne. De toute façon, je trouve l'amendement
un peu vague. Vague dans le sens où on peut mettre presque
n'importe quoi dans cet amendement et c'est trop général. Comme
je le dis, c'est mieux couvert par une autre loi. L'autre chose, c'est que je
pense qu'il y a un danger avec cet amendement. Si les personnes, pour une
raison ou pour une autre, ne sont pas disposées à travailler,
avec un amendement comme cela, il y a peut-être des possibilités
pour qu'on puisse se trouver devant une situation où ce ne serait pas
possible de vraiment réagir comme il faut, dans un sens positif. Il me
semble assez clair que l'article proposé par le ministre indique
nettement, clairement et précisément les objectifs de cette loi.
Je ne vois pas comment on peut appuyer un amendement tel qu'il est
proposé. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Sur ce sous-amendement,
est-ce qu'il y a d'autres interventions? Bien. Est-ce que ce sous-amendement
est adopté?
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez relire le sous-amendement
avant?
Le Président (M. Bélanger): Bien. Le
sous-amendement se lit comme suit: Inscrire après la phrase
introductive, au deuxième alinéa de l'article 1 introduit par
l'amendement, le paragraphe suivant. "0. 1° de permettre à chaque
personne de se prendre en charge, de faire ses propres choix, de
s'autodéterminer et de participer à la vie de la
société; ". Est-ce que ce sous-amendement est adopté?
M. Bourbeau: Heureusement non, M. le Président.
Mme Harel: Adopté.,
Le Président (M. Bélanger): Rejeté. Donc, on
demande le vote. C'est rejeté, si je comprends bien. Vous ne demandez
pas le vote? Bien. Donc, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons
donc à l'amendement principal qui se lisait comme ceci: "Ajouter
à la fin de l'article 1, l'alinéa suivant: "Ces programmes ont
pour objet: "1° d'accorder une aide financière de dernier recours
aux personnes qui n'ont pas de ressources suffisantes pour subvenir à
leurs besoins et à ceux de leur famille; "2° d'accorder cette aide
en tenant compte du fait que les personnes Inaptes au travail ont des besoins
différents de ceux des personnes aptes au travail; "3° de favoriser
l'Intégration ou la réintégration au marché du
travail des personnes aptes au travail tout en considérant que les
personnes déjà sur le marché du travail ou aux
études doivent conserver une incitation à y demeurer, "A" de
fournir un apport financier supplémentaire aux familles à faibles
revenus qui ont des enfants à charge et dont au moins un adulte est sur
le marché du travail. ". Sur l'amendement, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires, d'autres interventions? Mme la députée de
Maisonneuve. (15 h 30)
Mme Harel: Oui, M. le Président. J'aurais un
sous-amendement à ce stade-ci. Le sous-amendement consiste à
modifier ce premier paragraphe pour qu'il se lise ainsi - je vous en fais
lecture et je vous le transmettrai: "1° d'accorder une aide
financière de dernier recours aux personnes qui n'ont pas de ressources
propres, suffisantes pour subvenir à leurs besoins essentiels et
à ceux de leur famille; "
Le Président (M. Bélanger): Si je comprends bien,
vous ajoutez deux mots: propres et essentiels, c'est-à-dire "qui n'ont
pas de ressources propres, suffisantes pour subvenir à leurs besoins
essentiels et à ceux de leur famille" C'est bien ce qu'on doit lire?
Mme Harel: C'est bien cela, M. le Président.
La Président (M. Bélanger): Donc, le
sous-amendement a pour effet de modifier le premier paragraphe de l'amendement
pour qu'il se lise ainsi: "1° d'accorder une aide financière de
dernier recours aux personnes qui n'ont pas de ressources propres, suffisantes
pour subvenir à leurs besoins essentiels et à ceux de leur
famille; " Est-ce que sur la recevabilité, il y a... ? Cela va, c'est
recevable. Alors, Mme la députée de Maisonneuve, vous avez 20
minutes pour nous expliquer l'objet de votre sous-amendement.
Mme Harel: M. le Président. Sachez que j'essaierai
d'être la plus concise possible compte tenu des nombreux alinéas
que le ministre a introduits en amendement. Nous pensions procéder plus
rapidement à l'étude de l'article 1, mais évidemment, avec
les amendements introduits par le ministre, nous avons dû, pendant la
période qui nous était allouée entre les deux sessions,
préparer ces sous-amendements que nous espérons voir retenus par
le ministre. Je veux également vous signaler que nous allons faire
parvenir à tous les membres de la commission parlementaire l'ensemble
des sous-amendements que nous avons préparés à
l'égard des alinéas de l'article 1, tels qu'introduits par
l'amendement du ministre.
M. le Président, nous avons pensé important de qualifier
les besoins par l'ajout du mot 'essentiels" et de qualifier également
les ressources et l'absence de ressources. Pourquoi? Je pense qu'il y a parfois
des minutes de vérité dans l'étude d'un projet de loi et
celui-ci nous offre des possibilités nombreuses de bien vérifier
l'intention des ministériels à l'égard d'un certain nombre
de questions fondamentales, notamment celle concernant les moins de 30 ans,
celle
concernant les conjoints de fait ou celle concernant les
chefs de famille monoparentale, devrais-je plutôt dire. Je commence par
ces deux aspects.
Pourquoi ajouter le mot "propres" puisque l'amendement se
lisait comme suit: d'accorder une aide financière de dernier recours aux
personnes qui n'ont pas de ressources? Pour que cela se lise comme ceci:
d'accorder une aide financière de dernier recours aux personnes qui
n'ont pas de ressources propres, parce que le test à l'aide sociale,
c'est évidemment un test de besoins, mais aussi un test de revenus. Et
de quels revenus s'agit-il? L'ajout du mot 'propres" va nous permettre de
clarifier de quels revenus il s'agit pour les députés membres de
cette commission parlementaire. S'agit-il des revenus propres à la
personne qui demande l'aide, va-ton considérer les revenus de ses
parents lorsque cette personne adulte demande de l'aide ou va-ton
considérer les revenus d'un ami, qui n'est pas conjoint au sens du
mariage, quand cette personne demande de l'aide? C'est une question essentielle
qu'il faut clarifier maintenant. Il faut qu'on puisse clarifier dans quelle
mesure les programmes Soutien financier, APTE et APPORT...
Parlons plutôt des programmes Soutien financier et
APTE puisque le programme APPORT, dans le fond, n'est dispensé qu'aux
personnes qui ont une famille à leur charge. Comment l'aide, en vertu de
ces programmes, sera-t-elle accordée? Va-ton prendre en
considération les revenus des parents? Je vous rappelle qu'il y a
là une sorte de malentendu. La ville de Montréal publiait hier un
communiqué à l'effet d'exprimer sa satisfaction à
l'égard du fait que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ait annulé l'évaluation des
revenus des parents. C'est un communiqué diffusé mardi et qui
interprète les propos, faut-il constater, assez nébuleux du
ministre puisque l'administration municipale prête à ces propos
une signification à l'effet d'éliminer la diminution des
prestations des bénéficiaires âgés de 18-20 ans,
basée sur le principe de la contribution alimentaire parentale. Si ce
sont là les intentions du ministre, c'est évident qu'il va
retenir notre sous-amendement de manière à bien préciser
que l'aide est accordée non pas en fonction du besoin - nous y
reviendrons - que nous jugeons essentiel, mais en fonction des ressources
propres.
Si nous ne qualifions pas ainsi par le sous-amendement ce
que le ministre nous apporte, c'est que la commission, certains de ses membres
tout au moins qui voteront contre notre sous-amendement et en faveur du premier
alinéa, conviendra qu'il est possible d'utiliser les revenus des parents
pour évaluer l'aide à apporter ou non en vertu de ressources qui
ne sont pas propres au demandeur d'aide, mais qui sont celles de sa famille
avec laquelle il a pu rompre les liens depuis longtemps. Je vous rappelle, M.
le Président, qu'en vertu des modalités qui ont été
modifiées par le ministre il y a dix jours, ce sont toujours 8000
adultes de plus de 18 ans qui se trouveraient exclus de toute aide par la prise
en compte du revenu des parents, qui n'est évidemment pas le revenu de
la personne qui demande l'aide, et ce sont 4000 adultes de plus de 18 ans qui
verraient leur demande d'aide diminuée par la prise en compte de
ressources qui ne sont pas les leurs.
Vous comprenez pourquoi il est si important qu'à ce moment-ci on
puisse clarifier cette question de l'évaluation, de la présence
ou de l'absence de ressources suffisantes pour accorder une aide. Sagit-il des
ressources de la personne qui demande de l'aide ou s'agit-il des ressources de
sa famille avec laquelle elle peut être, évidemment, en rupture?
De quelles ressources sagit-il?
D'autre part. M. le Président, il est évident
que l'ajout du qualificatif "essentiels" au mot "besoins" est fondamental. Ce
n'est pas de n'importe quelle sorte de besoins qu'il s'agit, ce sont des
besoins essentiels. Depuis 25 ans que nous avons un système de
sécurité sociale au Québec, malgré les
modifications que le ministre veut maintenant y apporter, s'est
développée cette notion de besoins essentiels qui doivent
être satisfaits par les prestations. À ce sujet. M. le
Président, je rappelle que les besoins essentiels sont les mêmes
pour toute personne qui fait appel au dernier recours. Le logement,
l'habitation, l'alimentation, le vêtement, même le meilleur
marché qu'on puisse imaginer, les bottes d'hiver, cela coûte le
même prix, quelle que soit la catégorie à laquelle le
ministre prétend nous faire appartenir. Qu'on soit handicapé ou
qu'on soit chômeur après avoir épuisé nos
prestations de chômage, que l'on soit accidenté du travail en
attente des prestations ou en attente d'une décision de la commission
des affaires sociales, que l'on soit invalide, il n'y a pas un
propriétaire qui va nous faire signer un bail à un prix
différent parce que notre situation n'est pas dans la bonne
catégorie du ministre. Les besoins essentiels sont les mêmes. Ma
collègue, la députée de Chicoutimi, me rappelle que la
livre de beurre est la même, coûte le même prix, qu'on soit
ministre, qu'on soit chômeur ou qu'on soit assisté social et
quelle que soit la catégorie à laquelle on appartient à
l'aide sociale.
Alors, le qualificatif "essentiels" introduit bien la
notion de l'aide de dernier recours, oui, cette aide de dernier recours aux
personnes qui n'ont pas de ressources propres, oui, qui doit être
suffisante pour permettre de subvenir aux besoins essentiels. Est-ce que cela
veut dire qu'on ne pourra pas augmenter, par exemple, l'aide apportée
aux personnes qu'on juge inaptes? Je réponds non tout de suite parce
qu'elles vivent une situation particulière, elles ne peuvent pas, elles
n'ont pas la possibilité d'ajouter à leurs prestations des
exemptions pour gains de travail. Ce sont là, évidemment, des
montants qui
peuvent s'ajouter pour les besoins à long terme qui, eux, ne sont
pas couverts par les besoins essentiels que les exemptions pour gains de
travail permettent d'additionner à la prestation pour les personnes
dites aptes.
M. le Président, ce qu'il faut reconnaître, c'est que les
besoins essentiels, eux, sont les mêmes, quelle que soit la
catégorie de bénéficiaires, ce sont des besoins à
court terme, ce sont des besoins de subsistance, ce ne sont pas des besoins qui
doivent ou non être comblés selon la punition qui vient du fait de
ne pas être dans la bonne catégorie. Cela veut dire ceci, et je
fais appel au rapport du comité d'examen de l'aide sociale en Ontario
qui, sur cette question de la suffisance de l'aide sociale, dit: L'aide
doit-elle être suffisante pour combler les besoins essentiels pour tout
le monde qui en a besoin et qui en a un besoin de dernier recours? Nous disons
oui. Les besoins de long terme, ceux qui ne peuvent pas être
comblés par des exemptions pour gains de travail pour des personnes qui
sont inaptes, nous y reviendrons. Mais la question immédiate est la
suivante: Qu'est-ce que l'État a comme responsabilité? D'abord,
donner aux personnes qui n'ont pas de ressources propres une aide
financière de dernier recours pour subvenir à des besoins
essentiels. Le comité de l'examen de l'aide sociale en Ontario disait
ceci: La suffisance de l'aide sociale est une condition préalable.
Nous nous élevons avec véhémence contre l'argument
qui voudrait que l'aiguillon de la pauvreté serve à stimuler la
volonté nécessaire vers l'autonomie. C'est un argument qui a
souvent été utilisé par le prédécesseur du
ministre et le ministre lui-même. En baissant les prestations sur les
besoins essentiels, M. va y avoir une incitation au travail. C'est cela,
l'argument de la pauvreté qui sert d'aiguillon vers l'autonomie. La
grande majorité des bénéficiaires, continue le
comité d'examen de l'aide sociale en Ontario, désire avant tout
se libérer de l'aide sociale et devenir indépendante. En outre,
des prestations insuffisantes ont un effet profondément contraire aux
principes de l'autonomie. L'existence des bénéficiaires se
réduit à une lutte périlleuse pour la survie. Enfin, la
grande variation existant dans les prestations donne l'impression que certains
bénéficiaires sont plus méritants que d'autres. C'est
exactement ce qui est critiqué de ce qui existe en Ontario et de ce
qu'on recommande de changer. C'est exactement ce que le ministre nous
recommande d'appliquer, ce dont l'Ontario veut se débarrasser. (15 h
45)
Je relis, M. le Président, parce que c'est déterminant: La
grande variation existant dans les prestations en Ontario - cela n'existe pas
actuellement au Québec, mais c'est ce qu'on veut introduire - donne
l'impression que certains bénéficiaires sont plus
méritants que d'autres. Deux exemples notables d'insuffisance sont
aujourd'hui bien connus. Tout d'abord un grand nombre de
bénéficiaires consacre une proportion excessive de leurs revenus
à leurs frais de logement. En outre, les banques alimentaires d'urgence
- il n'y a pas un quartier de Montréal qui n'a pas maintenant un service
de récupération d'aliments et qui n'offre pas cette banque
alimentaire d'urgence - croissent sans cesse et sont devenues le meilleur
exemple de l'expansion rapide du système secondaire d'aide sociale.
M. le Président, s'il en est autrement, si les
ministériels refusent d'introduire ce sous-amendement, à l'effet
de considérer les ressources propres de la personne qui demande de
l'aide et refusent d'introduire la notion de besoins essentiels, je rappelle
qu'il faut être adulte pour demander de l'aide, il faut avoir plus de 18
ans, donc avoir atteint sa majorité - c'est que les programmes qu'ils
veulent introduire sont des programmes qui vont, à la baisse, combler
les besoins, des besoins pourtant de stricte survivance. C'est de l'aide de
dernier recours. N'oublions pas que c'est lorsque la personne n'a plus droit
à rien, cela, nous l'avons maintenu. C'est de l'aide de dernier recours.
Il faut, en définitive, qu'elle ait presque tout liquidé avant
que cette aide ne lui soit accordée. Cela veut donc dire que si elle a
droit à des prestations, de quelque nature qu'elles soient, l'aide ne
sera que conditionnelle. Elle devra la rembourser. Cela veut dire
également que si, par exemple, il s'agit d'une personne qui a pu, par
son travail pendant bien des années... N'oublions pas que le quart des
personnes qui sont dans la catégorie "aptes et disponibles" sont des
chômeurs mis à pied qui comptent plus de 20 années
d'expérience continue du marché du travail.
Ce matin même je parlais avec des journalistes des journaux de
quartier. Je leur demandais combien de travailleurs de la Vickers, le chantier
naval qui a fermé il y a un an, combien de travailleurs et de
travailleuses de J. & P. Coats, la compagnie de petites bobines de fil qui
a fermé il y a un an, combien de travailleurs et de travailleuses des
biscuits David - tout le monde connaît les "whippets" David, ici ils
étaient 425 travailleurs et travailleuses des biscuits David, des 135 de
J. & P. Coats et des 500 du chantier naval de Vickers sont maintenant
réduits aux prestations d'aide sociale? Il faut bien se rendre compte
qu'auparavant, la majorité d'entre elles a dû passer totalement
à travers leur "vieux gagné". Une personne seule ne peut
conserver que 1500 $, à peine ce qu'il lui faut pour se faire enterrer.
Une famille qui demande l'aide sociale ne peut conserver, pour un couple, que
2500 $. Tous les montants autres ont dû être complètement
utilisés pour la subsistance avant que l'aide de dernier recours ne soit
accordée. On met ces gens dans l'indigence. On leur fait vendre leur
maison. Car souvent, malgré qu'ils n'aient pas nécessairement les
moyens d'entretenir la maison ou de payer les taxes qui ont souvent
augmenté simplement à cause de la
spéculation - les députés ministériels le
savent très bien, ils ont sûrement des dossiers de comté
sur cette question - malgré l'évaluation de la maison qui leur
fait souvent perdre l'aide, ils doivent vendre leur maison, vivre avec le
produit de la vente jusqu'à ce que l'Indigence sort totale On Imagine
après que ces personnes vont avoir les moyens de se déplacer pour
aller dans une autre région afin d'obtenir un emploi qui vient de
s'ouvrir, qu'elles vont avoir les moyens, dans ce territoire immense qu'est le
Québec, dans des régions de chômage comme la
Gaspésie, ou encore dans des régions de chômage comme la
Côte-Nord, de se déplacer pour se trouver du travail.
Alors, M. le Président, c'est un sous-amendement qui est
fondamental parce qu'il va nous permettre de connaître l'intention
gouvernementale à l'égard de l'aide sociale. Depuis le rapport
Boucher, depuis le comité d'étude sur l'assistance publique en
1963, on a mis fin à la multiplication honteuse de catégories
d'aide pour faire appliquer le principe d'une aide de l'État, quelle que
soit la cause du besoin. C'est un acquis de la révolution tranquille que
le gouvernement est malheureusement en train de saboter et, M. le
Président, ce sous-amendement se veut simplement une clarification
indiquant l'intention gouvernementale de maintenir une aide de dernier recours
aux personnes qui n'ont pas de ressources propres suffisantes pour subvenir
à leurs besoins essentiels et à ceux de leur famille. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. Est-ce
qu'il y a d'autres Interventions sur ce sous-amendement? M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Évidemment je
ne veux pas reprendre la députée de Maisonneuve sur sa
connaissance de l'industrie du biscuit, mais je peux vous dire qu'elle a
certaines carences. Il faudrait que je lui parle de cela dans le
privé.
Sur l'amendement, la députée nous dit que nous sommes en
train, par nos amendements, de remettre en cause les conclusions du rapport
Boucher, qui disait que quelle qu'art été la cause d'un besoin
qui faisait qu'un individu se retrouvait bénéficiaire de l'aide
sociale, il fallait que l'État en prenne charge. Je ne vols pas de
quelle façon la loi que nous avons en main à ce moment-ci nous
fait remettre en cause le principe cher au rapport Boucher que nous
partageons.
Mais le projet que nous avons devant nous tient compte de l'état
dans lequel se trouve une personne. Si une personne n'a aucun revenu, mais que
son conjoint gagne, par exemple, le salaire industriel moyen, il est bien
évident qu'il n'est pas question pour l'État de la rendre
admissible à l'aide sociale.
Si j'ai bien compris la députée de Maison-neuve, et j'ai
senti qu'elle nous précisait lente- ment, mais sûrement la
position du Parti québécois, je pense qu'elle nous a dit: Nous
sommes d'accord pour que les inaptes gagnent davantage que les aptes - ce qui
est intéressant que l'on sache - non pas parce qu'ils ont des besoins
à long terme qu'ils ne peuvent combler compte tenu du fait qu'ils sont
à l'extérieur du marché du travail, mais bien parce qu'ils
ne peuvent gagner dos revenus de travail permis en vertu de la réforme
de l'aide sociale que nous étudions.
Mais quoi qu'il en sort, la députée de Maisonneuve, en
admettant, en étant d'accord pour que les Inaptes, comme nous le
proposons, aient environ 85 S de plus par mois par personne seule,
accrédite en quelque sorte notre principe d'apte et inapte. Parce que de
la même façon que nous voulons faire une démarcation entre
la façon dont nous traitons les aptes et les Inaptes, de la même
façon la députée de Maisonneuve nous dit qu'elle est
d'accord avec le principe que l'on verse davantage, parce que les inaptes ne
peuvent pas avoir de revenus de travail et par conséquent c'est
l'État qui dort subventionner ce manque à gagner. Mais encore
là, il faudra toujours diviser les aptes et les inaptes, autant dans la
formule de la députée de Maisonneuve que dans celle que nous
proposons aujourd'hui.
Donc la députée de Maisonneuve a beau critiquer notre
formulation, d'apte et Inapte, d'une part je lui ferai remarquer que dans le
cas des moins de 30 ans c'est une formule que le Parti québécois
a accréditée pendant neuf ans: les moins de 30 ans, ceux qui sont
Inaptes, ont la pleine prestation et ceux qui sont aptes ont une prestation de
170 $ ou de 178 $ par mois, ce qui fait que pendant neuf ans. ceux qui sont
devant nous ont accrédité le principe d'apte et inapte qu'ils
dénoncent aujourd'hui en vertu de je ne sais quelle raison.
D'ailleurs, la députée de Maisonneuve nous a dit, en
prenant à témoin la députée de Chicoutimi, que la
livre de beurre coûtait le même prix, que l'on soit seul ou
conjoint, quelle que soit notre situation sociale Je lui dirai que la livre de
beurre coûte le même prix, que l'on ait moins de 30 ans ou plus de
30 ans. Je me sens beaucoup moins mal à l'aise de défendre,
toujours en vertu du fait que la livre de beurre coûte le même prix
pour tout le monde, j'ai beaucoup moins de difficulté à
défendre la contribution parentale conditionnelle, beaucoup moins de
difficulté à défendre le fait que, lorsqu'il y a conjoint
de fait, il faut prendre le revenu total du ménage pour calculer si le
ménage a droit à l'aide sociale, que de donner 178 $ à des
moins de 30 ans et la pleine prestation à des plus de 30 ans.
Par conséquent, pour en revenir au sous-amendement, je pense
qu'en insérant le mot "propres" après "ressources", l'Opposition
veut condamner le principe de contribution parentale conditionnelle que nous
avons défendu depuis le début et condamner une notion encore plus
large, qui est celle du ménage, et qui est utilisée
depuis fort longtemps pour calculer la prestation d'aide sociale. Oui,
il est vrai que des individus, qu'ils soient mariés ou non, lorsqu'ils
sont considérés comme étant conjoints de fait après
un an de vie commune, reçoivent un chèque au nom du couple
plutôt qu'en leur nom respectif. De mettre de côté ce
concept de conjoints de fait, du Jour au lendemain, serait une injustice
flagrante pour les couples déjà constitués et je vous vois
mal vendre ça à la population. Comment feriez-vous alors, ne
reconnaissant plus les conjoints de fait, pour donner plus d'argent à
deux personnes restant ensemble qu'à leurs voisins mariés depuis
25 ans? Je vous rappelle que la livre de beurre coûte le même prix
pour ceux qui sont mariés que pour ceux qui ne le sont pas.
II n'est donc pas question pour nous d'appuyer le sous-amendement de
l'Opposition, puisque ce serait renoncer au concept du ménage, concept
généralement reconnu dans notre société pour
à peu près tous les programmes gouvernementaux,
généralement reconnu pour l'aide sociale et accepté par
l'ensemble. Ce serait également oublier le concept de contribution
parentale conditionnelle, qui n'est pas un concept qui va nous faire gagner des
prix, j'en conviens, ce serait probablement beaucoup plus simple et beaucoup
plus facile à administrer s'il n'y avait aucune contribution parentale
d'exigée. J'étais un tenant de cette position, je dois bien
l'admettre, M. le Président, j'étais un de ceux qui croyaient
qu'il ne devait pas y avoir de contribution parentale de l'aide sociale, mais
je suis bien obligé d'admettre que j'ai modifié ma position et
que je suis capable, à ce moment-ci, de vivre avec la contribution
parentale conditionnelle, puisqu'on nous a assuré que les jeunes
assistés sociaux dont les parents sont soit bénéficiaires
de l'aide sociale, soit à faible revenu, ne seront absolument pas
touchés, ce qui me rassure. Je suis bien obligé d'admettre que le
ministre, lorsqu'il me dit que ça n'a pas grand bon sens que le
gouvernement accorde de l'aide sociale au fils d'un millionnaire, a raison.
Je me suis donc rallié à la contribution parentale
conditionnelle parce que le ministre nous a donné des garanties qui font
que, si un jeune est en rupture de famille, il aura complètement droit
à l'aide sociale. Je m'y suis également rallié parce que
j'ai eu l'assurance que les jeunes dont les parents, comme je l'ai dit, sont
soit bénéficiaires de l'aide sociale ou à faible revenu,
n'auront absolument pas un sou de coupé de l'aide sociale. Je sais que
l'Opposition se prépare à nous faire la morale, mais c'est
peut-être moins grave de calculer, dans la prestation d'un jeune, la
contribution parentale conditionnelle, que de ne rien calculer du tout et de
leur donner 178 $ comme vous avez fait pendant neuf ans. (16 heures)
Par conséquent, je suis capable de vivre avec la contribution
parentale conditionnelle, mais je voudrais savoir, par exemple, de quelle
façon l'Opposition pourrait vivre, à partir de demain, sans
aucune notion de conjoint dans la société. J'aimerais qu'elle
nous dise comment elle ferait pour expliquer aux gens du Québec qui sont
mariés qu'ils vont recevoir moins d'argent de l'aide sociale que leurs
voisins qui vivent ensemble depuis cinq ans. A partir du moment où on
ajoute le mot "propres", on reconnaît qu'il n'y a plus de conjoint de
fait, qu'il n'y a plus de notion de conjoint de fait. J'espère que
l'Opposition va profiter du temps qui lui est imparti pour nous expliquer
comment elle voit cela. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
député de Taschereau. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je vais essayer
d'expliquer au député de Taschereau ce qu'il ne semble pas avoir
bien compris. La première explication qu'il est peut-être utile de
lui donner, c'est qu'il accuse le précédent gouvernement d'avoir
maintenu une discrimination fondée sur l'âge qui ne leur donnait
pas accès aux mêmes prestations selon qu'ils avaient plus ou moins
de 30 ans. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'en tenant compte de la contribution
parentale, ce gouvernement enlève, il enlève, tenons-nous-le pour
dit, à 8000 personnes le peu que nous leur donnions. Je pense qu'il est
utile, M. le Président, de rappeler au moins cette donnée qui est
fondamentale. Allez demander à ces 8000 personnes si elles
préfèrent 0 $ à 169 $ ou 180 $ et quelque chose. J'ai la
certitude qu'elles vont vous répondre: Écoutez, vous êtes
en train de nous mettre dans une situation pire que ne l'était la
précédente. À présent, le député nous
dit: Écoutez, à partir du moment où le jeune adulte est en
rupture de ban avec sa famille, il va avoir droit à la pleine
compensation ou à une prestation. Donc, comment le gouvernement va-t-il
faire le constat d'une rupture de ban? Comment le gouvernement va-t-il
s'assurer que le père a bien mis son fils ou sa fille dehors? Est-ce
qu'on va instituer une autre police qui va s'ajouter à celle des boubous
macoutes pour aller vérifier cela? L'argent qu'on est en train de mettre
dans la surveillance et dans le contrôle, ne serait-il pas
préférable d'essayer de le mettre au service de ceux qui en ont
le plus besoin? Est-ce que cette façon de faire n'est pas la meilleure
pour semer la division dans les familles, pour s'assurer que le jeune qui est
en conflit avec son père ou sa mère, sa seule solution ou sa
meilleure solution soit de claquer la porte? Du moment où il est en
rupture de ban et à l'extérieur de chez lui, il a la pleine
compensation et j'ai cru comprendre que c'est indépendamment du revenu
des parents.
C'est une belle mentalité! C'est une belle mentalité qui,
en même temps, prétend vouloir encourager la famille, la soutenir
et se donner
une politique de la famille. Le député nous dit
Écoutez, la proposition de sous-amendement faite par la
députée de Maisonneuve aura comme effet de nier l'existence des
conjoints de fait. Il a mal lu. Je pourrais peut-être, M. le
Président, refaire la lecture avec lui: "d'accorder une aide
financière - suivez bien - de dernier recours aux personnes qui n'ont
pas de ressources propres, suffisantes pour subvenir à leurs besoins et
à ceux de leur famille. ' Leur famille, c'est assez intégrateur
comme concept, on le sait. Et comme on définit la famille, c'est "de
ressources proprès", qui leur appartiennent, alors, ce n'est pas vrai,
ce n'est pas vrai ce que le député disait tout à l'heure,
que cela nie le conjoint de fait et que ce qu'on voulait introduire en
indiquant 'de ressources propres", ouvrait la possibilité au fait qu'on
ne reconnaisse plus le conjoint de fait, de manière à
éviter que s'applique à son cas l'examen, ce barème.
Je dis que les choses ne sont pas dites pour ne rien dire. Si vous
relisez l'article, il faut savoir si ce sont des ressources propres,
suffisantes pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur
famille. On va définir "famille" plus loin et comme j'ai pu voir,
ça peut être une famille, même s'ils ne restent pas
ensemble, ça fait que ça commence à être un peu
serré. On pourra y revenir, mais pour le moment, attardons nous au
premier paragraphe. Lorsqu'on parle de "ressources propres", ça n'a pas
comme effet, comme le prétend le député de Taschereau.
d'exclure les conjoints de fait. Cela est très clair. Cependant, cela
assure qu'on n'est pas en train de donner une extension telle à
"ressources" que ça impliquera tantôt la ressource au sens
où on pourrait effectivement l'appliquer si on appliquait
intégralement le concept de famille, au sens méditerranéen
du terme, où les cousins, les cousines, les grands-pères, les
grands frères, les oncles, les tantes, tout le monde est responsable de
la famille. Parce qu'il y a un concept qui pourrait, même au
Québec, nous obliger à subvenir aux besoins de la parenté,
sauf qu'on sait bien que ce n'est pas comme ça que ça s'est fait
au Québec, depuis qu'on a commencé à adopter des lois qui
avaient davantage un caractère plus individuel que collectif.
Mais lorsqu'on parle de "ressources proprès", il y a lieu de
douter de la bonne foi du gouvernement qui est en train d'introduire un concept
d'apte et inapte non pas pour soutenir davantage les inaptes, mais pour
justifier une diminution de ceux qui seraient aptes. Lorsque le
député de Taschereau accuse le gouvernement actuel d'avoir lui
même maintenu cette distinction, et il le fait avec une certaine
démagogie, j'aimerais lui rappeler que c'est ce gouvernement - je ne
l'ai pas digéré - qui se promenait dans des autobus pour dire:
Avec nous, la parité, vous allez l'avoir, ce qu'il n'avait pas dit
à tous les assistés sociaux du Québec, c'était que
la parité, ce seraient les mêmes conditions aux plus de 30 ans
qu'aux moins de 30 ans. C'est là où le message a
été extrêmement pernicieux et malhonnête.
Je continue de dire qu'on a abusé de la bonne foi des jeunes du
Québec: on les a trompés. C'est ce que je trouve infiniment
déplorable. J'ai eu l'occasion de le dire à une autre commission,
au moment où on voulait modifier les frais de scolarité à
la hausse, parce que n'eût été la mise au point faite par
le premier ministre, les frais de scolarité auraient été
aussi en dépit des engagements pris par le gouvernement libéral,
le Parti libéral en campagne électorale. M. le Président,
lorsqu'un gouvernement, un parti quel qu'il soit fait de la démagogie
pour s'attirer des votes, mais surtout quand il le fait sur le dos des plus
démunis, des plus fragiles et de ceux qui sont très
crédules, je pense particulièrement aux jeunes, je trouve
ça profondément méprisable
Cela fait trois ans que ce gouvernement-là est au pouvoir et les
jeunes attendent toujours la parité et la première
décision de ce gouvernement. La première décision de ce
gouvernement, s'il est utile de le rappeler, aura été de modifier
la table d'impôt de ceux qui ont les plus hauts revenus au Québec
pour mettre dans les poches, de façon évidemment
récurrente, de 80 000 000 $ à 86000000$ par année, et on
s'acharne sur ceux qui sont les plus démunis. Alors, les leçons
que peut faire le député de Taschereau, quant au passé du
gouvernement du Parti québécois, je les trouve très
ordinaires, très ordinaires.
Je voudrais. M. le Président, rappeler au ministre et à la
partie ministérielle qui serait non seulement pertinent, mais
extrêmement utile d'indiquer, d'ajouter à l'amendement que le
ministre nous propose le terme 'qui n'ont pas de ressources propres,
suffisantes pour subvenir à leurs propres besoins et à ceux de
leur famille'. Je vous remercie. M. le Président.
Mme Vermette: Y a-t-il quelqu'un de l'autre côté. M.
le Président?
Le Président (M. Bélanger). M. le
député de Taschereau
M. Leclerc: Je suis heureux de savoir que, dans l'esprit de
l'Opposition, lorsqu'elle a présenté ce sous-amendement, il
n'était pas question pour elle de remettre en question le principe de
conjoint de fait. C'était l'interprétation que j'en faisais.
C'est l'interprétation qu'en ont faite des juristes du ministère
qui ont droit à leur interprétation également. Comme il
est de notre devoir, au premier chef, de faire des lois qui sont claires, ce
n'est peut-être pas mauvais de ne pas les embrouiller davantage. Il est
évident que lorsque vous avez deux individus, chefs de famille
monoparentale, vivant ensemble, on n'est pas loin de la présence de deux
familles. De dire que chacun des individus a sa propre famille à ce
moment-là, c'est fort plausible aussi.
Par conséquent, peut-être avez-vous raison dans votre
Interprétation, peut-être avons-nous raison de ce
côté-ci, mais une chose est certaine, c'est que votre
sous-amendement ne fait absolument pas en sorte de clarifier les choses, mais
au contraire, il les embrouille. C'est ce que j'avais à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Y
a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de
Marle-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Je m'inscrirai,
à la suite de mes deux collègues, dans la même veine de
pensée. Je trouve important de relever ce point apporté par le
sous-amendement, qui veut définir les besoins propres à la
personne. Car, trop souvent on associe des individus à un capital qu'ils
n'ont aucune possibilité de gérer et encore moins d'en avoir
usufruit. On les considère tout simplement comme étant des gens,
pourtant, avec beaucoup de capacités et avec un train de vie des plus
intéressants, notamment en ce qui concerne les jeunes. Je connais
beaucoup de jeunes parce que j'ai des adolescents. Il faut voir comment c'est
difficile pour eux, quelquefois, de se sortir d'une situation dont ils ne sont
pas nécessairement les premiers responsables et comme ils doivent
malheureusement absorber les niveaux de vie qui appartiennent soit aux parents
ou à des proches, mais qui, de toute façon, ne leur appartiennent
pas en propre.
Je suis aussi dans un comté où, malheureusement, beaucoup
de gens sont bénéficiaires de l'aide sociale et, très
souvent ils viennent me voir à mon bureau. Ces gens ont aussi comme
revendication qu'on ne leur enlève pas leur toit. En tout cas, c'est
d'une façon assez scandaleuse dans certaines circonstances parce qu'ils
sont bénéficiaires de l'aide sociale et quand on est
bénéficiaire de l'aide sociale, même si on a une piaule, un
taudis, il faut qu'on s'en départisse parce que ce qui est important,
c'est qu'on n'ait absolument rien, il faut qu'on soit dans l'indigence la plus
totale.
Je trouve cela inadmissible. C'est aller contre toute notion
humanitaire. C'est enlever aussi tout sentiment de fierté aux individus.
Vous savez que le sentiment de propriété, peu importe notre
portefeuille, nous l'avons tous dès la naissance. C'est l'un des
sentiments les plus fondamentaux, comme certains autres aussi, mais le
sentiment de propriété fait partie des valeurs fondamentales de
l'être humain. Peu importe ce qu'on possède, on a toujours la
fierté de dire que c'est à nous. (16 h 15)
J'ai vu ces gens, qui, malgré des maisons qui nous semblaient
quelquefois plus ou moins adéquates, étaient tout de même
fiers. Ils avaient vécu là-dedans depuis un nombre X
d'années, ils avaient connu toutes sortes de difficultés, mais
c'était par contre l'une des valeurs les plus importantes à leurs
yeux parce que cela leur restait, c'était à eux. Cela
démontrait finalement toute leur énergie à défendre
le peu qui leur restait. Là, on leur dit du jour au lendemain:
Écoutez, si vous avez le moindrement quelque chose, vous allez
être obligés de vous en départir parce que ce n'est pas
acceptable, ce n'est pas admissible. Et quelquefois, ces gens ne comprennent
pas. Ce sont parfois des gens âgés, des gens qui, à
l'âge de 60 ans, de 55 ans, après avoir été mis en
chômage, se retrouvent, bénéficiaires de l'aide sociale. On
leur dit: Comme résultante de vos services à la
société, vous allez vous départir de tout ce qui a fait
votre fierté, tout ce qui fait votre richesse, et même, tout ce
qui pourrait faire votre héritage. Vous savez que c'est dramatique parce
que, dans bien des familles, pouvoir laisser quelque chose à ses
enfants, cet héritage qui va dans le sens de la transmission de famille
en famille, on leur coupe tout simplement ce droit qui est aussi un autre droit
fondamental, à mon avis.
J'écoutais tantôt le député de Taschereau
qui, lui aussi, représente une certaine catégorie de gens assez
en difficulté. J'ai de la misère à suivre son
raisonnement, à moins qu'il n'ait pas fait le tour de son comté.
Actuellement, quand M. dit: Écoutez, tout ce que l'ancien gouvernement a
fait, il l'a fait d'une façon presque désastreuse, qu'on n'a pas
mis les efforts et les énergies nécessaires pour que les gens
puissent bénéficier des mêmes indemnisations ou des
mêmes allocations, je lui dirai qu'avec nous, les règles du jeu
étaient claires, mais avec eux, les règles du jeu ne sont pas
claires parce qu'on prend toutes sortes de moyens, de subterfuges pour faire
croire qu'on donne beaucoup, d'une main, mais de l'autre on vient rechercher ce
qu'on avait fait miroiter. Je lui dirai aussi que, lorsqu'on avait mis en place
des mesures pour les stages en milieu de travail, il y avait au moins une bonne
catégorie de jeunes qui pouvaient s'en prévaloir alors que,
depuis qu'ils sont au pouvoir, la moitié des jeunes n'ont pas pu se
prévaloir de ces mêmes mesures, faute, j'imagine, de
volonté politique ou peut-être parce que vous n'y croyez pas. Sauf
que je sais une chose. Une chance que nous avions fait nos devoirs parce que
tout ce que vous essayez de mettre en application, c'est justement ce qu'on
vous a laissé en héritage. Et après, vous venez nous dire
que tout cela a été fait et c'est du mauvais plagiat. On voit
bien que vous n'avez pas encore tout à fait compris ce qu'est l'art de
gouverner. C'est un très mauvais plagiat.
Encore aujourd'hui, on essaie de vous rappeler un peu que vous
êtes en train de faire erreur. Il faudrait peut-être prendre en
considération les amendements et les sous-amendements qu'on vous apporte
parce que, de toute façon, nous avons été beaucoup plus
habilités dans le domaine à répondre aux vraies
préoccupations et besoins de ces gens. Nous avions compris que ce que
les gens demandaient, c'était
de s'intégrer dans le milieu du travail et non pas qu'on fasse
des sous-catégories ou tout simplement qu'un groupe puisse perdre au
détriment d'un autre. Dans notre orientation, II n'y avait pas de
perdant. On ne pouvait se permettre de catégoriser des gens qui, au
point de départ, devaient vivre de l'aide sociale parce qu'ils ne
l'avalent pas choisi, dans plusieurs cas. Peu Importent les motifs pour
lesquels on se retrouve bénéficiaire de l'aide sociale, que ce
soit de façon chronique ou parce qu'on a perdu notre emploi et qu'il
n'existe malheureusement plus ce genre d'emploi qui nous permettrait de mettre
à profit nos connaissances, nos habiletés, je pense que tout le
monde est égal là-dessus. Personne ne cherche à être
bénéficiaire de l'aide sociale. Je m'inscris en faux contre ce
genre d'affirmation tout à fait gratuite parce que, de toute
façon, on n'est jamais tout à fait maîtres de notre
destinée. Bien souvent, on n'est que des victimes de certaines
situations qui font qu'on doit subir les aléas de la vie qui nous
apportent aussi tous les désagréments et parfois, mettent en
doute une qualité de vie qui pourrait être des plus
reluisantes.
Donc, M. le Président, je pense que quand on fait appel à
des valeurs telles que le revenu propre à la personne, cela s'inscrit
beaucoup plus dans le respect, aussi, de la personne, en tenant compte de
l'autonomie de la personne, de son intégrité sous toutes ses
formes. Et je pense qu'il est important de soulever ces aspects qui sont
fondamentaux à une réforme, parce que ces aspects sont
basés sur le respect et la considération de l'être humain,
de la personne.
C'est ce que nous essayons d'apporter avec nos sous-amendements et c'est
ce que nous essayons aussi de faire comprendre au ministre. Notre intention est
de demeurer avec une approche des plus respectueuses des droits les plus
fondamentaux de l'être humain. C'est pourquoi nous avons apporté
cet amendement, en demandant que nous reconnaissions le revenu propre à
la personne et non pas qu'on prenne en considération les situations qui
font que cette personne se retrouve plus pauvre que si elle était
elle-même en situation d'autonomie parce qu'elle est dépendante
d'autres personnes. Je trouve ça inadmissible et inacceptable: il faut
qu'on redresse cette situation et qu'on apporte des mesures qui permettent
cette reconnaissance. Surtout dans le cas des jeunes, parce que vous savez que
des jeunes à 16, 17, 18 ans, malheureusement, sont très
intempestifs et, sous le coup de la révolte, claquent facilement les
portes et se retrouvent hors du foyer. Encore une fois, comme le soulevaient
mes collègues, qu'arrivera-t-il dans ces cas-là lorsque les
jeunes seront en rupture avec leur famille? Faudra-t-il encore
réinvestir dans le domaine du contrôle? Jusqu'où iront les
contrôles? Dans quels lieux, dans quelles demeures toutes ces choses
iront-elles? Je me le demande.
Il n'y a plus de limite, à ce moment-là, parce que les
contrôles appellent aux contrôles et on est en train
d'établir une bureaucratie contre laquelle ce même gouvernement
s'était engagé à atténuer les effets. Au contraire,
tout ce qu'on voit, c'est qu'on est en train de développer un
état policier, de sorte que tout le monde se sentira
contrôlé dans leurs faits et gestes, et en ce qui concerne la
famille même, en ce qui concerne les relations de couple et leur
façon de vouloir vivre leur vie à l'intérieur de notre
société québécoise.
M. le Président, je pense que nous avons apporté beaucoup
d'arguments pour essayer de faire comprendre au ministre que les revenus
propres à la personne sont une nécessité dans ce cas-ci,
si on veut tenir compte de la dignité et du respect de l'être
humain. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Marie-Vlctorin. Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions sur ce sous-amendement? M. le député de
Taschereau.
M. Leclerc: M. le Président, jamais, de ce
côté-ci, nous n'avons convenu ou prétendu que le
gouvernement était capable, dans tous les cas, d'offrir, à tous
les assistés sociaux qui le demandaient, une aide dans la semaine
même. C'est justement devant ce constat que nous avons un barème
de disponibilité qui fera en sorte que les assistés sociaux qui
auront fait part de leur Intérêt à obtenir une aide
recevront 60 $ de plus, de sorte qu'ils ne seront pas pénalisés
parce que la machine gouvernementale n'aura pas été en mesure
d'intervenir assez rapidement.
Cela étant dit, je trouve un petit peu dommage que nous fassions
le débat sur la contribution parentale à l'article 1, puisque
manifestement, et sans doute que les députés de l'Opposition ont
lu le projet de loi, c'est à l'article 15, 15g et à l'article 16
qu'on aura l'occasion de faire le débat sur la contribution parentale.
À ce moment-là, si les députés de l'Opposition sont
assez convaincants dans leurs exemples, peut-être le gouvernement
décidera-t il de revoir sa position. Mais je comprends mal qu'à
un article de portée générale comme l'article 1, nous en
soyons rendus à faire un débat sur la contribution parentale. II
n'est nullement question de contribution parentale dans l'article 1, mais bien
des différents programmes, de la nomination des différents
programmes et à qui ils s'adressent. Par conséquent, je
suggère bien humblement à l'Opposition d'attendre les articles 15
et 16 pour faire le débat sur la contribution parentale, débat
fort intéressant et fort pertinent par ailleurs.
Nous, du gouvernement, prétendons que la contribution parentale
conditionnelle est un mal nécessaire, est un moindre mal, comme vous
prétendez, de votre côté, que les 18, 19 et 20 ans doivent
être traités différemment. C'est la position de votre chef
et de Mme la députée de
Malsonneuve également bien que ce ne soit pas la position
officielle de votre parti à ce moment-ci, si j'ai bien compris. Mais un
bon nombre de députés chez vous prétendent qu'il faut
traiter différemment les jeunes de 18, 19 et 20 ans. Nous, de ce
côté-ci, ne sommes pas de cet avis. Nous entérinons
plutôt le principe de contribution parentale conditionnelle. C'est un
débat fort intéressant. Peut-être les députés
de l'Opposition réussiront-ils à nous convaincre qu'il faut
traiter les jeunes de 18, 19 et 20 ans d'une autre façon? Je suis
très réceptif à ce débat, mais je suggère
qu'on le fasse aux articles 15 et 16 et non à l'article 1. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie M. le
député. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Très brièvement, M. le
Président. Le député de Taschereau nous invite à ne
pas vouloir tout régler au premier paragraphe, à avoir une vision
un peu plus intégrée du projet de loi. Je serais tout à
fait d'accord avec cela La seule façon de le faire, c'est d'avoir en
main tous les amendements du ministre. Ils nous donneraient une idée un
peu plus claire de la direction dans laquelle il nous conduit. Il ne dira pas
que cela ne se fait pas parce qu'il y en a 65. On a été en mesure
d'en examiner un peu plus de 400 à la commission qui étudie
actuellement la loi 107 ou la Loi sur l'instruction publique. On est en train
de s'arranger avec cela. On a une meilleure idée, je ne dirais pas que
c'est l'idéal, mais on a quand même une meilleure idée de
la direction dans laquelle le ministre de l'Éducation veut nous amener
même si on ne partage pas la direction qu'il choisit, c'est-à-dire
le choix qu'il fait. Mais je voudrais dire au ministre que si cela l'intimide
de penser qu'on soit incapables de traiter 65 amendements en même temps,
qu'il se rassure. On est capables de le faire et, comme Mme la
députée l'a fait remarquer, s'il y avait des amendements
suffisamment fondamentaux, II y en a certainement sur lesquels on se
rallierait. Je ne pense pas que tous soient négatifs de façon
égale. Il s'agirait de les voir. Je me demande toujours ce que le
ministre a à cacher quand il ne nous fournit pas les informations
élémentaires qui nous permettraient de faire un travail
sérieux.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président. Un mot toujours au sujet du
problème des propositions d'amendements qu'on pourrait ou qu'on ne
pourrait pas transmettre à l'Opposition. Je dirai simplement à
Mme la députée de Chicoutimi que pour savoir qu'on pourra
discuter de la contribution parentale à l'article 16, vous n'avez pas
besoin des amendements, mais du projet de loi Si vous lisez le projet de loi,
je présume que vous n'avez pas eu le temps de le lire, je ne vous en
fais pas un plat...
Mme Harel:... rien, M. le Président.
M. Bourbeau:... mais vous verriez que la discussion se fera
à l'article 15. À ce moment-là - je parlais de
mémoire ayant entendu la députée - vous seriez convaincue
qu'on parlera de ce sujet quand on y sera rendus. Ce n'est pas en vous donnant
aujourd'hui les amendements à l'article 15 qu'on va pouvoir discuter
aujourd'hui de l'article 15 à moins que vous ne décidiez
d'étudier le projet de loi et d'avancer à un rythme suffisamment
rapide pour qu'on puisse atteindre l'article 15 aujourd'hui. Si tel est le cas,
on vous remettra avec plaisir les amendements. Pour l'instant, on s'est
contentés de vous en remettre quelques-uns pour vous permettre
d'étudier ceux-là au cours des trois prochains jours parce que je
présume que cela va prendre trois jours avant de faire les trois
prochains articles. Mais si le rythme et l'étude s'accentuaient, je
n'aurais pas d'objection à faire débouler les modifications. (16
h 30)
Mme Harel:... M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On écoute, M. le ministre.
M. Bourbeau: On va accélérer les modifications dans
la mesure où l'Opposition va nous indiquer sa bonne volonté de
procéder à l'étude du projet de loi. Je vous
répète que la simple raison pour laquelle on ne vous les a pas
communiqués, c'est que cela semble tellement compliqué de votre
côté d'ailleurs de vous retrouver dans vos propres amendements que
je ne veux pas indûment faire en sorte de compliquer la vie de
l'Opposition en empilant des tonnes de documents devant vous pour que,
finalement, on se perde sous le tapis. On va continuer à ce
rythme-là et si le rythme s'accélère, on
accélérera le rythme d'envoi des papillons.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai l'impression qu'il
nage en pleine euphorie. D'abord, il n'a pas à présumer de ma
connaissance ou de mon manque de connaissance du projet de loi d'autant qu'il
nous cite l'article 16 plutôt que l'article 15 lorsqu'il s'agit de la
contribution parentale et c'est lui qui est le porteur de la loi. Je me dis
qu'étant ministre, le minimum, il me semble, serait peut-être de
connaître les articles de loi auxquels il se réfère. Il n'a
pas à présumer de ma connaissance ou du fait que j'aie lu ou non
ce projet de loi.
Deuxième chose, qu'il s'inquiète donc pour lui
plutôt que de s'inquiéter pour l'Opposition à savoir si on
va se retrouver dans nos amendements. Je commence à penser que vous ne
vous retrouvez pas beaucoup dans votre politique et vous risquez encore de
moins vous y retrouver quand vous allez essayer de l'appliquer. Alors, je
vous en prie. Je veux dire que je trouve cela d'un...
M. Bourbeau: M. le Président, en vertu de la règle
de l'alternance...
Des voix: Ha. ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, en vertu de la règle
de l'alternance, me permettriez-vous de lire les six premiers mots de l'article
16? Je cite: "Est réputé recevoir une contribution parentale".
J'arrête là, M. le Président Alors, que la
députée de Chicoutimi lise donc le projet de loi
Mme Blackburn: En vertu de la règle de l'alternance,
est-ce qu'on peut lui lire l'article 15 également?
M. Bourbeau: Oui. mais cela n'exclut pas l'article 16.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Écoutez, quand on sera rendus à ces articles, on aura emplement
l'occasion de les discuter. Pour le moment, est ce qu'on pourrait revenir
à l'objet de notre motion de sous amendement? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cette motion de sous-amendement? Mme la
députée.
Mme Blackburn: M. le Président, pour répondre au
ministre qui me cite l'article 16, je voudrais lui rappeler.
Le Président (M. Bélanger): On a fait beaucoup de
discussions.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Ces discussions sont
inutiles, cela ne fait pas avancer.
Mme Blackburn: M. le Président, vous n'avez pas à
juger de l'utilité ou non, du moment ou je suis.
Le Président (M. Bélanger): Madame, si vous voulez
présider, on va vous donner le job C'est votre habitude de faire cela
tout le temps, cela devient fatigant.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai 20 minutes.
Le Président (M. Bélanger): II ne se passe jamais
de commission sans que vous fassiez ce genre d'intervention, vous êtes.
En tout cas Allez-y.
Mme Harel: M. le Président, est-ce qu'il reste du temps
d'imparti à Mme la députée de
Chicoutimi?
Le Président (M. Bélanger): Oui. sur le sous
amendement.
Mme Harel: Alors, est ce qu'elle peut
Le Président (M. Bélanger): Elle peut parler sur le
sous amendement.
Mme Blackburn: Je vous remercie. M. le Président
Le Président (M. Bélanger): Un instant, combien de
minutes, s'il vous plaît?
La Secrétaire: Huit minutes.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez encore huit
minutes, madame. Allez-y.
Mme Blackburn: Merci. M. le Président. Je peux bien
prendre un petit bout de 30 secondes, sauf que je ne le ferai pas Pour revenir
sur le sous-amendement proposé, le député de Taschereau
nous dit: On discutera de cette question lorsqu'on sera rendus à
l'article 15. Le ministre nous dit. Ce n'est pas l'article 15, c'est l'article
16 et je voulais simplement lui rappeler que c'est l'article 15g, et je le lis:
"g) le montant déterminé à titre de contribution parentale
selon... ".
M. le Président, je reviens à l'amendement. À la
commission parlementaire qui se tient actuellement sur le projet de loi 107,
nous avons pu avec le ministre de l'Éducation, qui n'est pas parmi les
plus faciles non plus, proposer un certain nombre d'amendements et faire un
travail sérieux. Amendements qui ont été apportés
par l'Opposition et qui. dans de nombreux cas au moment où l'on se
parle, ont été acceptés. L'Opposition est capable de faire
un bon travail. Cependant, lorsque le député ou le ministre qui
mène le projet de loi a I impression d'avoir la science infuse et qu'on
ne peut rien apporter à son projet de loi qui puisse l'améliorer,
évidemment on a des problèmes comme Opposition. Sauf que,
n'essayez pas de laisser croire aux gens que pour cette raison on essaie de
saboter le travail. On tente, avec la meilleure volonté possible,
d'améliorer un projet de loi qui a été contesté au
Québec par la très grande majorité des organismes qui
l'ont examiné. Le seul organisme qui a été
carrément pour, c'est le Conseil du patronat. Laissez-moi vous dire que
cela ne m'impressionne pas.
Le Président (M. Bélanger): Est ce qu'il y a
d'autres Intervenants sur le sous amendement déposé par Mme la
députée de Maisonneuve?
Mme Harel: II ne me reste plus de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Je crois que
oui. Est-ce que Madam... La Secrétaire: Non.
Le Président (M. Bélanger): Non, malheureusement.
Alors, est-ce que le sous-amendement est adopté?
Mme Harel: Adopté.
M. Bourbeau: Rejeté.
Mme Blackburn: Sur division.
Mme Harel: Alors, sur division, un vote nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. On va juste
attendre Mme la secrétaire qui est absente pour quelques instants afin
qu'elle compile le vote de façon officielle. On va suspendre les travaux
pour quelques instants, si vous me le . permettez
Si vous permettez, je vais donc appeler le vote nominal. M. le ministre
Bourbeau (Laporte)?
M. Bourbeau: Heureusement contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Bélanger
(Laval-des-Rapides)? Contre. M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre, monsieur.
Le Président (M. Bélanger): Attendez un petit peu
que j'enligne mes lignes. M. Laporte (Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc
(Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): J'ai de la
difficulté à suivre les lignes là-dedans. Mme Blackburn
(Chlcoutiml)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Harel
(Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
sous-amendement est rejeté. Nous revenons donc à l'amendement
premier. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cet amendement?
Mme Harel: M. le Président, on reçoit l'amendement
de l'alinéa 1°.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Est-ce qu'on va voter alinéa par
alinéa?
Le Président (M. Bélanger): II n'y en a qu'un
à l'article 1.
Mme Harel: C'est-à-dire que ces programmes ont pour objet
et que l'amendement est à l'effet d'Introduire quatre
alinéas.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Il faudra à
ce moment-là faire motion et s'entendre pour étudier l'amendement
alinéa par alinéa. À ce moment-là, on pourrait
procéder par alinéa dans la mesure où il y aura
consentement.
Mme Harel: M. le Président, à ce stade-ci...
Le Président (M. Bélanger): Oui, vous pouvez y
aller par sous-amendement.
Mme Harel:... je pense qu'il serait dans l'ordre des choses de
procéder par alinéa et je vous proposerais d'étudier
alinéa par alinéa, donc, de disposer un par un de ces quatre
alinéas Introduits par le projet d'amendement.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, il y a une
motion de Mme la députée de Maisonneuve pour qu'on étudie
l'amendement proposé par M. le ministre, paragraphe par paragraphe.
Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Bourbeau: Un instant, M. le Président. Est-ce qu'on
peut poser des questions sur la motion pour apporter des précisions?
Le Président (M. Bélanger): Oui. L'amendement que
vous avez apporté a quatre paragraphes. Alors, on voudrait les
étudier paragraphe par paragraphe.
Mme Harel: En disposer.
Le Président (M. Bélanger): En disposer. Ce sont
des paragraphes, pas des alinéas.
M. Leclerc: Faut-il conclure que si nous travaillons en quatre
temps, nous multiplions ainsi par quatre tous les temps de parole?
Le Président (M. Bélanger): Absolument.
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de Maisonneuve a
l'intention de prendre la parole sur chacun des quatre amendements?
Mme Harel: écoutez. Il y a quatre paragraphes. C'est le
ministre qui a jugé bon à l'article 1 d'introduire son
amendement. Alors, écoutez, ce n'est pas nous qui avons
décidé de procéder de cette façon-là. C'est
le ministre ce matin qui a introduit un amendement qui a pour objet
d'introduire quatre paragraphes. Pour chacun de ces paragraphes, il met en
cause des objectifs que nous voulons compléter ou que nous voulons voir
améliorés ou remplacés. M. le Président, je pense
bien que c'est dans l'ordre des choses que nous disposions de cet amendement.
Je pense que cela sera aux voix de la commission?
La Président (M. Bélanger): Oui, il faut une
entente, à la majorité.
Mme Harel: Très bien, si cela n'est pas retenu, de toute
façon, je vais vous proposer un autre sous-amendement.
M. Bourbeau:... la proposition.
Le Président (M. Bélanger): SI vous permettez, Mme
la députée de Maisonneuve qu'on entende le ministre. M. le
ministre.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve a
déjà fait des propositions, d'amendement qui concernent
indistinctement, si j'ai bien compris, le premier paragraphe. Elle a
déjà fait des propositions qui concernent le paragraphe 1°.
Dois-je comprendre que vous avez des sous-amendements pour les autres
paragraphes aussi?
Mme Harel: Oui, c'est cela. Nous sommes prêts... Je ne sais
pas si vous êtes assez méritant, mais on va vous les donner quand
même.
M. Leclerc: C'est vous qui l'avez dit. On ne nous avait pas dit
que cela allait au mérite.
Mme Harel: II faut adopter la même attitude que celle de
votre ministre.
M. Leclerc: Vous ne nous avez pas dit cela. Vous avez dit: Nous
allons vous transmettre nos amendements.
M. Bourbeau: S'il vous plaît, M. le Président, je
serais d'accord pour voter les paragraphes les uns après les autres.
Le Président (M. Bélanger): II y a consentement
pour qu'on passe à l'étude des paragraphes un par un. c'est bien
cela?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): On se comprend bien. Il
y aura possibilité, à ce moment-là, d'amendement sur
chacun des paragraphes et de sous-amendement. On se comprend bien?
M. Bourbeau: M. le Président, comme on est de bonne foi,
qu'on veut collaborer avec I Opposition, on va accepter.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. On peut
sous-amender. donc, paragraphe par paragraphe. On se comprend bien
là-dessus? D'accord. Mme la députée de Maisonneuve, votre
requête est adoptée. J'appelle donc le premier paragraphe qui dit
ceci. "1° d'accorder une aide financière de dernier recours aux
personnes qui n'ont pas de ressources suffisantes pour subvenir à leurs
besoins et à ceux de leur famille; "
Mme Harel: M. le Président, si je comprends bien, puisque
nous avons convenu comme commission de procéder paragraphe par
paragraphe, avant de passer au vote...
La Président (M. Bélanger): Pour cet article.
Mme Harel: Pour cet amendement. Je peux donc utiliser mon droit
de parole.
La Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: C'est bien cela. Avant que nous disposions.
Le Président (M. Bélanger): Vous l'aurez pour
chaque paragraphe, à part ceia.
Mme Harel: Très bien, M. le Président. Je fais
simplement vérifier les amendements que nous entendons présenter
sur l'ensemble du paragraphe pour qu'ils puissent être distribués
aux distingués membres de cette commission parlementaire.
Le Prédident (M. Bélanger): Est-ce que vous voulez
quelques instants?
Mme Harel: Oui. cela ne sera pas bien long.
Le Président (M. Bélanger): On peut suspendre les
travaux pour deux minutes. Une pause sanitaire va peut-être faire du
bien.
(Suspension de la séance à 16 h 43)
(Reprise à 16 h 53)
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
je demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa place.
Mme la députée de Malsonneuve nous fait parvenir à
l'instant les copies des sous-amendements qu'elle entend nous proposer. Je
considérerai, Mme la députée, que vous les avez transmis
pour Information mais qu'ils ne sont pas officiellement déposés,
sinon cela nous créera inutilement un autre problème de
procédure.
Alors, si vous permettez, pour ne pas tomber dans les biscuits ni dans
les pommes, nous allons continuer notre travail. Si vous permettez, nous en
étions à l'étude paragraphe par paragraphe de l'amendement
proposé par M. le ministre; au premier paragraphe, la parole appartenait
à ce moment-ci à Mme la députée de Malsonneuve.
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président.
Contrairement à ce que prétendent à tort le
ministre et quelques-uns de ses collègues, depuis le début de nos
travaux il n'a jamais été dans notre intention de retarder
malicieusement de ne pas sans procéder à un véritable
examen du projet de loi 37, bien au contraire. Il faut voir que les motions que
nous avons présentées pour entendre six associations et
organismes représentatifs sont relativement peu nombreuses en regard de
celles que nous aurions pu présenter, parce que 55 organisations avaient
demandé d'être entendues devant la commission sur le projet de loi
37. Nous avons été obligés de choisir certaines d'entre
elles et cette sélection fut très difficile, M. le
Président, parce qu'il est évident que choisir, c'est
également laisser de côté. De très nombreuses
associations nous ont demandé: Pourquoi n'avez-vous pas demandé
que nous soyons entendues?
Si nous avons également déposé cette motion pour
obtenir les règlements d'application et l'ensemble des amendements,
c'est pour pouvoir mieux travailler, mais jusqu'à maintenant, je vous
ferai remarquer que nous n'avons d'aucune façon ralenti
inconsidérément les travaux de notre commission. Nous n'avons
déposé des motions que pour faciliter le travail.
Au contraire, le ministre aurait d'ailleurs pu, durant les trois jours
que nous avons utilisés pour ces motions, procéder
différemment, décider de s'entendre avec l'Opposition et
consacrer deux jours pour entendre des organisations. C'est évident que
les six organisations que nous avons proposé d'entendre auraient pu
l'être dans une seule journée. Le ministre aurait très bien
pu déposer ses amendements qui étaient prêts et nous en
serions à une étude plus avancée du projet de loi, comme
le' signalent mes collègues, c'est le cas, d'ailleurs, actuellement
à la commission parlementaire de l'éducation qui étudie
les projets de loi 106 et 107.
M. le Président, pour vous montrer combien je suis
désireuse de poursuivre nos travaux d'une façon certainement
réfléchie mais substantielle, je ne présenterai pas un
sous-amendement à ce stade-ci et nous allons disposer du premier
paragraphe. Ce sous-amendement que je ne présenterai pas est pourtant
important - et c'est la raison pour laquelle je prends la parole à ce
moment-ci - parce que je veux que les membres de cette commission parlementaire
sachent que, si nous retenons le paragraphe 1°, c'est que ce paragraphe
modifie substantiellement ce qui était le fondement, la pierre d'assise,
de l'ensemble de notre politique en matière de sécurité
sociale depuis 1963, depuis 25 ans, puisque depuis lors, l'État
accordait une aide financière de dernier recours aux personnes sans
ressource financière suffisante pour subvenir à leurs besoins
essentiels et à ceux de leur famille, quelle que soit la cause
immédiate ou éloignée de ce besoin.
Nous aurons l'occasion de revenir sur cette question fondamentale au
moment de l'examen des paragraphes suivants. Elle est fondamentale, elle est
inscrite au coeur de tous nos travaux depuis un an. En 1963, lorsque le
comité d'étude sur l'assistance publique présidé
par le juge Boucher a étudié toute cette question, il y avait une
multiplication de catégorises, une multiplication de programmes qui
s'adressaient à un groupe ou à un autre. M. le Président,
je voudrais vous citer, entre autres, des catégories qui portaient des
lettres: il y avait les catégories A, il, C et il y avait même une
catégorie D applicable aux invalides non permanents. Il y avait les
invalides permanents, il y avait les invalides non permanents; il y avait ceux
qui étaient aptes... Cette catégorie D a donc été
instituée pour s'appliquer aux Invalides non permanents, des personnes
qui ne pouvaient travailler à cause d'un handicap d'ordre physique ou
mental. Auparavant, ces personnes étaient aidées en vertu
d'autres mesures sociales. Il y avait aussi la catégorie F, à
l'intention des veuves et des célibataires de sexe féminin, la
catégorie des mères nécessiteuses, la catégorie des
gens âgés de 60 à 65 ans, un foisonnement de
catégories. (17 heures)
Le rapport Boucher avait décidé d'introduire en
préambule, en page de garde du rapport, une disposition qu'il est utile
de se rappeler à la veille du 40e anniversaire de la Déclaration
universelle des droits de l'homme, disposition à l'effet que - et je
lis: "Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer
sa santé, son bien-être ainsi que ceux de sa famille, notamment
pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux
ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à
la sécurité en cas de chômage, de maladie,
d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte
de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de
sa volonté. "
C'est là l'article 25 de la Déclaration universelle des
droits de l'homme. La commission, à la suite d'une étude
substantielle sur laquelle on reviendra, concluait par une recommandation
adressée au gouvernement du Québec, à l'effet de
reconnaître, dans sa législation sociale - celle que l'on est en
train de bouleverser, je vous le rappelle, M. le Président - ainsi que
dans les règlements qui régissent l'application de cette
législation sociale, le principe selon lequel tout individu dans le
besoin a droit à une assistance de la part de l'État, quelle que
soit la cause immédiate ou éloignée de ce besoin.
C'est extrêmement pertinent. On lit le rapport Boucher et, en
changeant les dates, on a l'impression de se retrouver. 25 ans plus tard, dans
à peu près la même situation: même situation de
chômage, même situation où de nombreuses personnes ont
épuisé leur assurance-chômage et doivent vivre de l'aide de
l'État; la commission utilise même le terme
assistance-chômage pour signifier ce qu'elle entend par ce programme
d'aide sociale pour les personnes en chômage.
Le rapport Boucher, en 1963, il y a 25 ans. nous dit ceci: "La
reconnaissance explicite de ce droit - le droit à l'assistance, quelle
que soit la cause immédiate ou éloignée du besoin -
marquerait l'acceptation par le gouvernement du Québec du principe dont
il s'Inspire implicitement depuis que les circonstances l'ont amené
à jouer un rôle dans l'assistance sociale". "Elle ferait ainsi
disparaître - je vous rappelle que cette reconnaissance explicite l'a
été, en 1969, au moment où fut adoptée une
législation en matière de sécurité sociale - ta
notion latente et inadmissible de charité publique dont l'État
risque toujours de s'Inspirer".
C'est vrai que l'État risque toujours de s'en inspirer et c'est
le cas présentement. Avec l'introduction de la loi 37, ce que le
gouvernement libéral fait, c'est qu'il privatise la pauvreté,
c'est qu'il revient à cette notion de mérite: il y a ceux qui le
méritent et ceux qui ne le méritent pas; il y a les vrais et ceux
qui ne le sont pas Les vrais vont pouvoir recevoir une assistance pour combler
leurs besoins essentiels, les autres pas; les autres, cela dépendra de
toutes sortes de catégories.
Je relis le rapport Boucher: La reconnaissance de ce droit a
l'assistance financière, quelle que soit la cause Immédiate ou
éloignée de ce besoin, ferait ainsi disparaître la notion
latente et inadmissible de charité publique dont I'État risque
toujours de s'inspirer dans l'élaboration de sa politique sociale, pour
la remplacer par celle, beaucoup plus exacte et beaucoup plus conforme aux
faits, de justice sociale. "L'application de ce principe éloigne tout
danger d'arbitraire, ce qui n'est pas le cas tant et aussi longtemps qu'on
s'imagine, par une législation ou des règlements, satisfaire au
principe de la charité. L'État n'a pas à se
préoccuper d'être charitable; il a cependant le devoir
d'être juste. C'est pourquoi M. Importe qu'il reconnaisse clairement le
droit du citoyen à l'assistance lorsque celui-ci est dans le besoin',
quelle que soit la cause de ce besoin. Le rapport de la commission Boucher de
1963 poursuit. 'En effet, tant qu'il s'agissait d'Indigents", il était
facile de les repérer et de leur accorder l'assistance voulue'
"Aujourd'hui - c'était en 1963 mais c'est cette notion de reconnaissance
de ce droit que l'on veut saboter maintenant - l'ancienne notion d'indigence
n'a plus cours, car les faits s'y opposent. En effet, si tous les indigents
sont dans le besoin, tous ceux qui sont dans le besoin ne sont pas
nécessairement des "indigents", c'est-à-dire des miséreux
démunis de toutes ressources. "Les ressources dont disposent certaines
personnes. ne suffisent pas toujours à leur fournir le niveau de vie que
l'ensemble de la société considère comme humainement
acceptable. Avant l'époque actuelle - on parle de 1963, il y a 25 ans -
ce minimum consistait en un toit aussi étanche que possible, en quelques
vêtements pour s'empêcher de geler vif et en une quantité de
nourriture suffisante pour retarder le moment du décès.
Aujourd'hui, iI n'en est plus ainsi. Ce que l'on considère comme minimum
vital consiste en un logement convenable, des vêtements
appropriés, une nourriture permettant la croissance physique et le
maintien de la santé, des services médicaux adéquats et un
degré d'instruction suffisant pour permettre aux citoyens de gagner leur
vie honorablement. " 25 ans plus tard, qu'est-ce que nous jugeons être le
minimum vital dans notre société? À l'époque des
communications modernes, ne pas pouvoir se déplacer, ne pas pouvoir
communiquer simplement par téléphone, ne pas pouvoir simplement
suivre l'évolution de la société vous privent
considérablement de toute capacité d'intégration à
cette société. M. le Président, le rapport Boucher
concluait: "Dans le domaine de l'assistance financière, seul
l'État possède les moyens d'action proportionnés à
l'oeuvre à accomplir. " Je rappelle, à ce stade ci, ces
recommandations qui ont été intégrées aux lois qui
ont suivi durant les années soixante. Je les rappelle parce qu'elles
font partie de l'héritage des Québécois. J'en al la preuve
avec le sondage paru aujourd'hui même. Dans ce sondage de Gallup, une
question posée à l'ensemble des Canadiens était la
suivante: 'II a été proposé qu'au lieu de prestations du
bien-être social, le gouvernement devrait garantir un salaire annuel
minimum à chaque famille. Étes-vous pour ou contre cette
idée?" Pour l'ensemble du Canada: 40 % pour, 47 % contre. Au
Québec: 49 % pour. C'est le pourcentage le plus élevé de
tout l'ensemble des provinces canadiennes.
M. Bourbeau: Vous lirez le reste du sondage aussi.
Mme Harel: Quand on lit le reste, ce dont on se rend compte,
c'est que, finalement, au Québec, les citoyens sont contre l'aide
sociale et pour un salaire annuel minimum. C'est ce que révèle ce
sondage. Cela confirme tout à fait le sondage que le
prédécesseur du ministre... Il faut le lire, le sondage Gallup;
il faut lire l'ensemble des questions qui ont été posées.
Oui. Comme je le répète, au Québec, selon le sondage
Gallup, il semble que les citoyens interrogés soient contre l'aide
sociale et pour un salaire annuel minimum. Quand on relit le sondage
réalisé pour le compte du ministère - évidemment,
s'il a été réalisé pour le compte du
ministère, c'est qu'il a été préparé, avec
la collaboration du ministère, par la maison SORECOM en mars dernier -
on constate que, pour l'ensemble de nos concitoyens, la mesure de justice
sociale qui est reconnue est celle de gains de travail suffisants pour
additionner à la prestation, équivaloir au moins au salaire
minimun, sinon plus. Dans ce sondage, les répondants devaient
répondre à ceci: "Si les assistés sociaux peuvent gagner
un certain revenu de travail sans se faire couper leur aide sociale, le montant
par mois de leurs prestations et de leur revenu de travail doit-il être
égal, plus élevé ou moins élevé que le
salaire minimum?" 27 % des répondants considèrent que le revenu
de travail, sans se faire couper l'aide sociale, devrait être plus
élevé que le salaire minimum; 56 % disent: Au moins égal.
Alors, si on additionne ceux qui considèrent que le revenu de travail,
sans se faire couper l'aide sociale, devrait au moins être égal ou
plus élevé que le salaire minimum, 83 % de nos concitoyens
considèrent que l'aide sociale ne devrait pas être coupée
et qu'on devrait permettre des gains de travail. Il y a évidemment un
pourcentage très élevé également, soit 63 %, qui
considère que les bénéficiaires de l'aide sociale doivent
avoir droit à un montant égal à celui des plus de 30
ans.
Alors, M. le Président, je vais conclure en rappelant que nous
avons entrepris des travaux d'une très grande importance. Nous avions
pensé que le projet de loi 37 serait appelé dès le
début de cet automne, mais le gouvernement a plutôt
décidé de retarder le dépôt du projet de loi, sans
doute pour familiariser le ministre avec un dossier dont il Ignorait à
peu près tout. Le gouvernement a donc décidé de repousser
la convocation de la commission au 24 novembre. Nous pensons que c'est
très tard pour entamer l'étude en profondeur de ce qui va
bouleverser l'ensemble de nos orientations en matière de
sécurité du revenu et nous pensons que sous un discours sans
moyen - parce que l'employabillté, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, ce n'est pas l'emploi, et il n'y a aucune mesure de
création d'emplois qui est introduite par le projet de loi 37 - se cache
surtout un profond mépris à l'égard de ceux qui sont des
perdants dans notre société et une vision très punitive,
une vision surtout très autoritaire qui ne va pas les aider à
s'en sortir, bien au contraire; cela va plutôt renforcer l'état de
survie dans lequel ils se débattent. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Maisonneuve. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, sans vouloir trop
élaborer sur la question, ne voulant pas retarder indûment le
temps de la commission, je prends note de la bonne volonté de la
députée de Maisonneuve qui nous affirme vouloir procéder
à l'étude du projet du loi avec la plus grande
célérité possible. Je dois conclure cependant qu'elle se
hâte lentement puisque nous avons maintenant cheminé pendant plus
de 20 heures, je crois, et que nous en sommes encore au premier paragraphe du
premier amendement de l'article 1. Au rythme où nous allons, M. le
Président, je crains fort que nous manquions de temps pour pouvoir
terminer l'étude du projet de loi. Mais, c'est une autre question dont
on pourra reparler un peu plus tard. (17 h 15)
La députée vient de faire la promotion d'un programme de
revenu annuel garanti. Je voudrais simplement citer à la
députée... Ce n'est pas cela que vous avez... Vous nous avez
parlé d'un revenu annuel garanti, non? Je voudrais tout simplement dire
à la députée que, dans le rapport du comité
d'examen de l'aide sociale qui a été préparé
à l'intention du ministère des Services sociaux et communautaires
de l'Ontario, le fameux rapport que cite la députée à tout
bout de champ, en nous disant que l'Ontario est en voie de préparer des
modifications importantes et en souhaitant que le Québec fasse de
même, enfin, s'aligne sur les recommandations de ce rapport de
l'Ontario...
J'aimerais citer à la députée ce que dit ce rapport
au sujet du revenu annuel garanti. Je le cite, M. le Président: "Une
question revient sans cesse dans tout examen de la réforme du
système de sécurité du revenu, c'est celle du revenu
annuel garanti. Nous aussi, nous nous sommes penchés sur
l'opportunité d'instaurer un revenu annuel garanti comme moyen de
résoudre les problèmes de l'aide sociale. "Bien que cette notion
de revenu annuel garanti soit loin d'être nouvelle, le fonctionnement du
programme qui la mettrait en oeuvre est loin de faire l'objet d'un consensus.
Cette absence de définition provient du fait que l'expression "revenu
annuel garanti" évoque une notion beaucoup plus qu'une
réalité concrète. Dans sa forme la plus pure, le revenu
annuel garanti prévoirait probablement la garantie d'un revenu de base
à chaque homme, femme et enfant de la province. L'admissibilité
dépendrait d'un examen du revenu de sorte que seuls ceux dont le revenu
est inférieur à un certain plancher pourraient en tirer parti. Il
s'agirait probablement d'un programme national offert
dans le cadre du régime fiscal par le biais d'un impôt
négatif sur le revenu, et il remplacerait la plupart des autres
programmes sociaux, notamment l'aide sociale. 'Le comité a de grandes
réserves à l'égard d'un programme de revenu annuel garanti
'pur". En effet, un tel programme servirait mal ceux qui ont des besoins
financiers particuliers, parce qu'il ne permettrait pas de faire des
distinctions entre les bénéficiaires en fonction de leurs besoins
différents. Il ne permettrait pas non plus d'élaborer des
stratégies visant à aider les bénéficiaires
à tirer parti des diverses possibilités favorisant leur autonomie
que l'on pourrait leur offrir. L'instauration d'un revenu annuel garanti
pourrait aussi apporter de l'eau au moulin de ceux qui veulent abolir les
autres programmes sociaux qui ont des objectifs légitimes, mais
différents. Enfin, les ressources nécessaires à la mise en
oeuvre d'un revenu annuel garanti pourraient nuire aux efforts
nécessaires pour multiplier les débouchés, alors que c'est
là, selon nous, le meilleur moyen d'assurer la sécurité du
revenu des personnes défavorisées et de faciliter leur
participation pleine et entière à la vie de la
société. "En dépit de ces réserves quant à
la faisabilité, nous faisons totalement nôtres les objectifs du
revenu annuel garanti. Nous croyons tout simplement qu'il y a d'autres moyens
d'atteindre ces objectifs. Ainsi, nous envisageons la mise en oeuvre d'un
nouveau programme de revenu d'invalidité - ce qui ressemble pas mal
à notre programme de soutien financier, et, à nouveau, je
continue la citation - un nouvel avantage au titre des enfants - je vous
signale que le programme d'allocation-logement que nous proposons est justement
là pour tenir compte de la présence d'enfants dans les familles,
et je continue la citation - et un nouveau programme de supplément du
revenu - ce qui semble s'apparenter étrangement à notre programme
APPORT, je continue à citer, M. le Président. L'effet
combiné de ces mesures permettrait d'atteindre les objectifs que l'on
fixe souvent au revenu annuel garanti: l'établissement d'un revenu
minimal, la réduction du sentiment d'humiliation, une plus grande
efficacité des programmes sociaux et la prestation du soutien requis par
les faibles salariés. '
M. le Président, je pense donc que, sans vouloir prétendre
que les conclusions du comité qui a fait l'étude de la situation
de l'Ontario sont nécessairement la Bible et qu'on doive
nécessairement s'y référer, voilà quand même
un groupe d'étude qui ne partage pas entièrement le point de vue
de la députée de Malsonneuve.
Maintenant, la députée de Maisonneuve a
récupéré facilement et un peu rapidement les conclusions
du rapport Boucher, tout à l'heure, dans sa présentation, en nous
disant que finalement, le rapport Boucher est encore tout à fait
d'actualité et qu'on devrait tenter de s'y coller au maximum. Je dirai
à la députée que je diverge un petit peu d'opinion avec
elle quant à certains des propos qu'elle a exprimés. Le rapport
Boucher a été d'une grande utilité en son temps. Il date
de 25 ans maintenant. Il a certainement été la pierre angulaire
du régime d'assistance publique du Canada, du régime national et
c'est également celui sur lequel on s'est basés pour mettre en
oeuvre le régime d'aide sociale qui prévaut au Québec.
On doit cependant avouer que la société
québécoise a passablement évolué depuis 25 ans. A
l'époque du rapport Boucher, le concept de la famille, au Québec,
n'était pas le même qu'aujourd'hui. Les families
québécoises ne se comportaient pas de la même façon
qu'aujourd'hui, dans bien des cas. Le phénomène des familles
monoparentales était pratiquement Inexistant à l'époque.
La société se présentait d'une façon fort
différente. Les moeurs n'étaient pas les mêmes
qu'aujourd'hui. Je pense qu'on peut reconnaître qu'il y a eu une
évolution importante. À l'époque du rapport Boucher,
également, le gros des participants au régime d'aide sociale
était ce qu'on appelle des inaptes, des gens qui. à cause de
maladies ou de problèmes de santé physique ou mentale,
demandaient l'aide de l'État.
Aujourd'hui, on doit reconnaître que la grande majorité des
gens qui viennent à l'aide sociale ne sont pas des inaptes, ne sont pas
des gens qui ont de sérieux problèmes de santé comme
jadis. Au contraire, 76 % de fa clientèle de l'aide sociale sont
considérés, aujourd'hui, comme étant parfaitement aptes au
travail. Bref, les temps ont changé et iI est temps, également,
que la loi suive l'évolution de la société
québécoise. D'ailleurs, la plupart des pays industrialisés
ont compris ce changement et toutes les provinces canadiennes aussi, à
l'exception du Québec, traitent différemment les inaptes des
aptes. C'est-à-dire que les autres provinces canadiennes et la plupart
des pays industrialisés ont décidé d'être un peu
plus généreux envers les inaptes qu'envers les aptes. Le
Québec est nettement à l'arrière-garde du peloton des pays
industrialisés à ce sujet. Je ne comprends pas, et je l'ai dit
à plusieurs reprises, qu'on continue à faire la promotion, du
côté de l'Opposition, d'un concept identique, d'un traitement
Identique à l'égard de ceux qui sont aptes et de ceux qui sont
inaptes.
D'ailleurs, le rapport Boucher lui-même, dans ses conclusions - la
députée de Maison-neuve a probablement évité d'en
parler - recommandait de faire la distinction entre les aptes et inaptes.
Alors, je ne comprends pas pourquoi on continue de prétendre que le
gouvernement erre en voulant instaurer cette distinction.
M. le Président, cela termine les propos que je voulais tenir
à ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'apporterai encore
une fois des commentaires importants comme le suscite le sous-amendement qu'a
apporté ma collègue de Maisonneuve. Je trouve tout à fait
important de soulever...
Mme Harel: Sur l'amendement du ministre. Mme Vermette: Sur
l'amendement... M. Leclerc: Sur l'amendement...
Mme Harel: Sur l'amendement du ministre. M. Leclerc: Ah!
D'accord. C'est correct.
Mme Vermette: C'est un sous amendement à l'amendement du
ministre?
Mme Harel: Non.
M. Leclerc: Non, elle ne l'a pas fait.
Le Président (M. Bélanger): Nous en sommes, madame,
à l'étude de l'amendement proposé par M. le
ministre...
Mme Vermette: On est rendus à...
Le Président (M. Bélanger):... au paragraphe
1°.
M. Bourbeau: Tout à l'heure, la députée de
Maisonneuve nous a dit qu'elle ne faisait pas de sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, nous sommes donc
à l'amendement proposé par M. le ministre, à
l'étude paragraphe par paragraphe, donc au paragraphe 1°.
Mme Harel: C'est le deuxième.
Le Président (M. Bélanger): Cela devient
mêlant parfois.
Des voix: Premier, premier.
Le Président (M. Bélanger): Le premier.
Mme Vermette: Où sommes-nous rendus? Là?
Le Président (M. Bélanger): Nous en sommes au
premier.
M. Bourbeau: Les propos de la députée
étaient quand même très intéressants. Nous sommes
disposés à les entendre.
Mme Vermette: M. le Président, effectivement, je croyais
un peu... Je me suis égarée un peu dans les amendements et les
sous-amendements. Je m'en rends bien compte, mais je ne me sens pas ridicule
pour autant. C'est tout simplement que j'ai dû m'absenter. Je suis
revenue et j'ai vu qu'on n'avait pas progressé plus rapidement, non pas
à cause de l'Opposition, mais parce que le ministre s'obstine toujours
pour déposer l'ensemble des amendements. Depuis le début qu'on
lui demande de les déposer, nous sommes disponibles pour prendre le
temps qu'il faut pour les éplucher. Nous convenons, peu importe
l'épaisseur de ces amendements, avoir toute la latitude et la diligence
nécessaires pour faire preuve de patience à l'endroit de ces
amendements.
M. Bourbeau:... de la difficulté à vous
reconnaître quand il n'y en a pas.
Mme Vermette: II n'a pas à se sentir malheureux. On peut
le rassurer là-dessus. Je reviens à l'amendement que le ministre
nous a proposé au paragraphe 1°. M. le Président, je ne peux
pas y souscrire, pas plus que le ministre n'a pu souscrire à notre
sous-amendement. Je ne vois pas pourquoi nous lui donnerions notre aval pour
mettre de côté 25 ans de réformes qui favorisaient des
changements de mentalité importants quant à l'appréciation
des personnes qui sont bénéficiaires de l'aide sociale. On a fait
l'historique tantôt et on a dit: II n'y a pas si longtemps, II y a
à peine 25 ans, il y avait un profil social qui n'était pas tout
à fait le même quant à l'emballage. Mais lorsqu'on regarde
comment ceia se passe aujourd'hui, « y a des similitudes. On ne peut pas
dire qu'on est si évolués que cela à l'heure actuelle,
d'autant plus qu'on essaie toujours de maintenir cette idée que les gens
du bien-être social, sont des gens qui l'ont voulu et
généralement mérité parce que quand on veut on peut
et quand on veut on trouve les moyens nécessaires de s'en sortir. Avec
une telle philosophie, il y a 25 ans c'était tout à fait le
même décor, le même paysage. Cela n'a pas vraiment beaucoup
évolué. C'est encore le même refrain, le même
"jingle". Cela ne change pas beaucoup. C'est encore le même style de
cassette qu'on a l'habitude d'entendre depuis quelque temps au
gouvernement.
Ce que je trouve un peu méprisant par rapport à
l'évolution des sociétés, c'est qu'on a toujours
l'impression qu'au lieu de favoriser les gens dans leur développement,
on essaie de les maintenir dans un état de crétinerie. Je trouve
ceia difficile à accepter. Comme si les gens pouvaient avoir trop de
connaissances. On dit toujours que les gens qui ont des connaissances, cela
leur donne du pouvoir. C'est comme si avoir trop de connaissances,
c'était dangereux. C'est surtout dangereux pour un gouvernement qui aime
gouverner, ne pas faire de vagues, ne pas distraire les bien-pensants. Je
comprends très bien que c'est mieux d'assommer avec une massue immense
pour être convaincu qu'il n'y aura plus aucun mouvement de
répulsion de quelque nature que ce soit, car on aura bien assommer
là où il
faut et la personne sera complètement
anéantie, incapable de se relever. Elle aura, comme on disait,
été marquée au fer rouge de la honte de l'assistance
sociale C'est à peu près cela qu'on essaie de faire ou de
traduire actuellement, dans les mentalités, sur les gens qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale.
Je trouve cela malheureux, car quand on regarde l'apologie
de tout ce qui concerne l'aide sociale, la justice sociale, les premiers
moments faisaient surtout référence aux Saint-Vincent-de Paul,
aux gens qui prenaient sous leur protection les gens Indigents et dans le
besoin. C'est cette évolution des mentalités qui fait
qu'aujourd'hui on a changé les termes. On n'est plus des indigents, mais
des gens qui. par des situations Incontrôlables, très souvent, se
retrouvent dans une situation désavantageuse par rapport à la
majorité des citoyens. Désavantageuse, parce qu'ils ne peuvent
travailler, parce qu'ils ne peuvent se trouver de l'emploi ou parce que leurs
caractéristiques ne sont pas compatibles avec un milieu de travail. (17
h 30)
La grande question qu'on pourrait se poser, c'est: S'il
faut adapter l'homme à la machine, ne pourrait-on pas adapter des
machines à l'homme? Surtout aujourd'hui, on est presque au 21e
siècle, on pourrait peut-être se poser ces questions. Et j'en
reviens toujours, lorsque je pense aux personnes handicapées, au fait
que nous pourrions peut-être faire un effort pour adapter les milieux de
travail, pour favoriser l'intégration des personnes handicapées.
Ce serait heureux, et quant à moi une vraie réforme, une vraie
révolution des mentalités. Là, je pense qu'on pourrait
reconnaître le mérite du ministre de vouloir sortir des sentiers
battus, et de vraiment apporter une connotation nouvelle dans l'esprit des gens
qui bénéficient de l'aide sociale, avec les aptes et les Inaptes.
En fait, II n'y aurait même plus cette nuance, cette différence,
parce qu'on pourrait essayer d'adapter les milieux de travail en fonction des
capacités, des habiletés et des aptitudes des personnes. Nous
sommes très loin de là.
Nous ressemblons encore beaucoup plus à ce qu'i y
avait il y a 25 ans. Pourtant, on dit qu'on progresse, qu'on va vers un futur
des plus alléchants, robotisé, mais quand on arrive vraiment
à prendre en considération des êtres humains dans leur
développement, leur devenir, on devient beaucoup plus tatillons, plus
réfractaires à apporter des nouveautés qui favoriseraient
l'intégration de la personne humaine, surtout dans un milieu de travail,
qui lui permettrait surtout de penser à une certaine forme de
dignité et de pouvoir convenablement subvenir aux besoins de sa
famille.
Aujourd'hui, peut-être plus qu'il y a 25 ans, les
exigences de la part des enfants, les exigences de la vie familiale et sociale,
sont de plus en plus lourdes et pressantes pour ce qui est des besoins. Je suis
convaincue que ce qu'on considérait comme étant des besoins
essentiels il y a 25 ans a considérablement augmenté aujourd'hui,
parce que nous n'avons plus la même notion des besoins de base. Lorsqu'on
regarde à quel point la consommation se développe actuellement,
nous sommes sollicités constamment pour devenir des consommateurs.
Écoutez, ces gens vivent dans un système comme tous les autres,
pourquoi leur dire: Mettez vos oeillères, ne regardez pas ce qui se
passe autour de vous, vous n'avez pas droit à ces choses, à ces
bienfaits, ils ne sont pas considérés comme des besoins
essentiels. Évidemment, on va vous énumérer vos besoins,
un, deux, trois, quatre, cinq et c'est suffisant.
Je peux bien dire qui faut se limiter dans une
société, mais il ne faut tout de même pas taper sur la
tête des gens parce qu'à un moment donné ils essaient de
respirer le même air que tous les autres. Et je trouve cela
malhonnête de faire croire à la population que c'est à eux
de s'organiser, que s'ils veulent respirer comme tous les autres le même
air alléchant, c'est à eux de s'organiser en conséquence.
Malheureusement, on doit leur dire de se satisfaire de ce qu'on leur offre,
c'est encore bien beau de leur offrir cela, puisque sans la bienveillance et la
vigilance de l'État, ils n'auraient absolument rien.
Par contre, je pense qu'on ne met rien en marche pour
rendre les gens vraiment autonomes, se prendre en charge et suffire à
leurs véritables besoins et à ceux de leur famille, laquelle,
aujourd'hui, devient un problème chez nous. Cette réflexion peut
nous pousser à nous demander pourquoi, aujourd'hui, les familles ont si
peu d'enfants. Eh bien, on pourrait peut-être se poser de
sérieuses questions. Qu'en coûte-il aujourd'hui pour élever
un enfant? Il faut aussi vérifier nos façons de regarder
l'éducation, les exigences et les besoins que représente à
l'heure actuelle l'éducation d'enfants.
Ce n'est pas facile aujourd'hui, car les jeunes sont
sollicités dès leur plus bas âge. J'ai même lu,
à un moment donné, qu'il y avait une firme publicitaire qui
étudiait les comportements des enfants de huit à douze ans parce
qu'ils étaient les plus grands consommateurs, à cet âge, de
toutes sortes de gadgets et que les messages avaient été faits
exclusivement en fonction des besoins et des attitudes de ces jeunes, de leur
appétit de nouveaux produits. Quand on regarde ça après et
qu'on se dit que les jeunes sont exigeants, que ça ne se peut pas, bien,
c'est nous, les adultes, qui les exploitons constamment. Et quand ils sont
devenus un peu plus exigeants, qu'ils demandent à conserver ce
même rythme de vie. cette même règle de vie, on leur tape
sur la tête en leur disant: Écoutez, actuellement, vous n'avez
plus droit à ça. Cela, c'était pour quand vous
étiez petits. Maintenant que vous essayez de développer une forme
d'autonomie, pensez à autre chose, soyez plus modestes dans vos
revendications et contentez-vous, non plus du strict minimum, mais tout
simplement de survivre.
Alors, pensez-vous que des jeunes peuvent vraiment avoir envie de
créer une famille, de s'engager dans des responsabilités, alors
qu'ils ne peuvent même pas combler leurs propres besoins les plus
fondamentaux et les plus essentiels? Je pense que c'est se leurrer que de
vouloir croire qu'on a une volonté de favoriser le développement
de la famille quand on regarde ces situations. Les gens les plus
pénalisés, malheureusement, ce sont les jeunes et ce sont ces
jeunes qui devraient avoir l'espérance devant eux de pouvoir faire leur
marque dans la société. Mais ils se voient
pénalisés et hypothéqués pour un bon nombre
d'années parce qu'ils ne pourront pas, justement, répondre
à leurs besoins les plus élémentaires, notamment en regard
d'une bonne nourriture et du droit à une instruction convenable leur
permettant d'avoir un travail convenable, décent et bien
rémunéré.
Donc, M. le Président, je pense que, pour toutes ces raisons, Je
devrais refuser cet amendement. Quant à nous, nous nous opposons
à ce que les bénéficiaires de l'aide sociale subissent un
recul et se retrouvent au temps des années soixante. Bien plus, nous
voulons leur permettre de prendre le virage, comme tout le monde, vers le 21e
siècle pour qu'ils puissent eux aussi être
considérés comme des personnes à part entière dans
notre société.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la députée de Chicoutiml.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Ce projet de loi,
qui établit des catégories entre aptes et inaptes, fait
référence à un concept de responsabilité de la
personne apte, comme si la personne apte était responsable de la
situation qu'elle connaît, alors qu'on sait actuellement qu'il y a dans
certaines régions, dont la mienne, un taux de chômage qui oscille
entre 12 %, 14 % et 17 %, quand il s'agit des jeunes. Ce concept qu'on
introduit là rend ces personnes responsables du chômage,
responsables de leur situation de dépendance vis-à-vis de l'aide
sociale, comme si ces personnes étaient responsables de la situation
économique! C'est ce que véhicule ce concept. Ce concept d'apte
et inapte vient nous dire que les aptes sont responsables de la situation car,
s'ils ne s'inscrivent pas à un programme, on les coupe, ou s'ils ne
trouvent pas de travail, c'est leur faute. Donc, Us sont responsables de cette
situation, et c'est extrêmement pernicieux. Je me permets de rappeler,
comme je l'avais fait en Chambre au moment du dépôt de ce projet
de loi, quelques paragraphes du message du Comité des affaires sociales
de l'Assemblée des évêques du Québec qui a
été déposé à l'occasion de la fête des
travailleurs, le 1er mai, "Une dignité menacée". Il ne s'agit pas
de l'Opposition qui parle. Ce n'est pas n'importe qui, il s'agit de
l'Assemblée des évêques du Québec.
Et l'Assemblée des évêques du
Québec, parlant de ce projet de loi, disait: II transforme radicalement
les fondements mêmes de l'aide sociale. En effet, on avait reconnu que
l'aide sociale devait être, depuis 1969. considérée comme
un droit pour toute personne démunie, quelle que soit la cause de son
indigence. Notre société reconnaissait alors implicitement que la
pauvreté avait des causes économiques et sociales.
Le projet de loi de ce gouvernement a trouvé des coupables
à la situation économique. S'il y a un chômage
élevé au Québec, à n'en pas douter, c'est la faute
des assistés sociaux. Ils ne veulent pas travailler. Ils sont
délibérément chômeurs. Ils sont responsables du
chômage. Ils doivent donc être punis s'ils ne s'inscrivent pas dans
des programmes d'employabilité; et les programmes
d'employabilité, de recyclage qu'on leur offre sont tels qu'on les
soustrait à toutes les lois touchant les normes du travail. Ce ne sont
pas de vrais emplois. C'est de la coercition pour faire reposer sur une partie
importante de la société, les plus démunis, la
responsabilité du chômage au Québec. Ce n'est pas l'Ontario
qui est responsable de l'Inflation, qui fait monter les taux
d'intérêt, qui a des conséquences sur le chômage au
Québec. Non, au Québec, ce n'est pas cela, l'explication, ce sont
les assistés sociaux. C'est l'Image qu'on laisse. C'est carrément
l'impression qu'on laisse: les assistés sociaux, vous êtes
responsables du chômage qui sévit dans vos rangs parce que si vous
mettez des efforts, vous allez vous trouver des jobs. Pourtant, on sait que,
bon an mal an, le taux de chômage plafonne au Québec. Il est le
double de celui de l'Ontario et dans les grandes villes, il est trois fois plus
élevé. Qu'à cela ne tienne, c'est la faute des
assistés sociaux! Ils n'ont qu'à se chercher une job et ils vont
en trouver.
C'est cela, le problème de ce projet de loi. Le projet de loi
fait comme si la cause de l'aide sociale, c'étaient les assistés
sociaux eux-mêmes qui en étaient responsables et que ce
n'était pas dû aux conditions sociales et économiques.
L'Assemblée des évêques ajoutait: Le nouveau projet
substitue au critère du besoin la vieille distinction entre les aptes et
les inaptes et s'articule tout entier autour de l'incitation au travail qui se
révèle, en fait, de la coercition. Réduisant l'indigence
à un simple problème individuel, sonne-t-il l'heure où
l'État ne se reconnaît plus comme responsable social? Ce n'est pas
l'État qui est le responsable social dans le projet de loi actuel. Non,
ce sont les assistés sociaux. Assistés sociaux responsables de
leur propre misère, assistés sociaux responsables du
chômage au Québec, parce que lorsque tu es apte au travail, tu
devrais te trouver du travail. C'est le fondement même de ce projet de
loi alors qu'on sait que ceux qui sont en attente de travail... Il y en a 9 %
ou 10 % et, je le rappelle, dans certaines catégories d'âge cela
va jusqu'à 17 %. Et dans le projet de loi on nous dit. Ce n'est pas
nous, ce n'est pas notre faute
s'il y a du chômage au Québec, c'est la faute
des assistés sociaux. (17 h 45)
M. le Président, le document des
évêques continuait, en parlant de cette abdication de
l'État envers ses responsabilités, l'État qui est
responsable autant du plan social que du plan économique, disait, en
parlant de cette irresponsabilité: Au moment même où, dans
un contexte de concurrence internationale et de rareté des emplois, les
personnes ont de moins en moins de prise sur les décisions qui affectent
leurs conditions de vie... En fait, il fut un temps où on pouvait
effectivement créer son emploi. On allait se faire embaucher dans des
petites fermes. On ouvrait une petite boutique artisanale. Les travaux,
à l'époque, se faisaient de façon presque exclusivement
artisanale. Il y avait moyen, bon an mal an, de créer un peu son
emploi.
Tous ici nous savons qu'actuellement c'est impossible. La
situation est telle que l'individu, dans nos sociétés
industrialisées, n'a plus de prise sur les décisions qui
affectent ses conditions de vie. Lorsque l'État décide de
désinvestir dans un secteur d'activité, il est évident que
cela crée un chômage et les personnes affectées n'ont pas
eu leur mot à dire. Lorsque l'État du Québec a
décidé de privatiser Quebecair - et là, j'imagine que le
ministre est sensible à cette question - cela a créé des
centaines de mises à pied et le ministre le savait. On a
créé par la suite des emplois sous-rémunérés
et des emplois peu stables, à la pige, occasionnels. On a
détérioré les conditions de travail dans ce secteur
d'activité. C'est une décision sur laquelle les employés
eux-mêmes n'avalent aucune prise, à un point tel qu'on a
même refusé l'offre d'achat des employés ont tenté
d'avoir une prise sur la vente de Quebecair.
De plus en plus, de façon générale, on
peut dire, comme l'a fait l'Assemblée des évêques, que les
individus ont de moins en moins de prise sur les décisions qui les
concernent sauf que lorsqu'il s'agit de bien-être, on décide
qu'ils sont responsables. Ils sont responsables de leur situation de
chômeurs, parce qu'on parle ici de chômeurs. II s'agit de
chômeurs, il s'agit de personnes qui. à cause d'une conjoncture
économique, sont passées de bénéficiaires de
l'assurance-chômage à bénéficiaires d'aide sociale.
Mais essentiellement, ce sont des chômeurs et le préjugé
qu'on a rattaché à cette catégorie de personnes en fait
des personnes au crochet de la société. Irresponsables,
paresseuses, qui ne veulent pas travailler. Le concept d'apte à inapte
est extrêmement pernicieux à cet égard parce qu'iI rend les
individus responsables de leur situation comme s'ils avaient choisi
délibérément d'être à l'aide sociale. Le
message des évêques ajoutait - je trouve cela
particulièrement intéressant de le rappeler: À notre avis,
un choix de société s'évalue d'après le sort fait
aux plus pauvres. Les personnes ne valent pas seulement par leur utilité
économique. Notre foi chrétienne, en tout cas, ne saurait
s'accommoder d'une telle conception.
M. le Président, si on juge notre
société d'après le sort que l'on fait aux plus pauvres, je
suis obligée de penser que notre société
québécoise, avec le gouvernement qui la dirige, est fort
méprisable parce que, il est important de se le rappeler, les toutes
premières décisions du gouvernement libéral ont
été de réduire les impôts pour les hauts revenus. Ce
fut la toute première décision, la Chambre a ouvert le 16
décembre 1985; la deuxième décision amnistiait les
élèves Illégaux dans les écoles anglaises. Cela
pressait, cela pressait Quand I s'est agi d'aider les assistés sociaux
et de respecter son engagement à l'endroit des jeunes - on connaît
le résultat - le gouvernement a réussi à encourager un
préjugé assez facile dans la société à
savoir que les assistés sociaux étaient responsables de leur
situation.
M. le Président, ce qui distingue les
sociétés organisées et ce qui distingue les
sociétés dirigées par les hommes de celle des animaux,
c'est essentiellement que dans celle dirigée par les hommes, celle qui
se détache du peloton, je dirais, où ce n'est pas la loi de la
jungle qui préside, l'homme s'est distingué de l'animal quand i a
décidé qu'iI fallait qu'il vienne en aide aux plus
défavorisés. Cela n'existe pas dans les sociétés
animales; cela n'existe pas parce que c'est la loi de ta jungle. C'est une loi
naturelle, ils ont cet instinct par lequel ils ne laissent pas vivre les plus
démunis; c'est la loi du plus fort, on la connaît. C'est vraiment
ce qui distingue l'organisation humaine de l'organisation animale. C'est
probablement le progrès le plus considérable que l'homme ait fait
lorsqu'il a décidé de se donner des programmes, j'appelle
ça du genre social-démocrate, mais des programmes, quelle que
sort l'appellation qu'on leur donne, qui avaient comme effet de réduire
les Inégalités entre les personnes; cela, les animaux ne le font
pas. Dans les sociétés animales, c'est la loi de la jungle qui
régit leurs rapports, tandis que chez les hommes, plus sensibles, plus
conscients de l'Importance d'une vie et de sa valeur, on reconnaît qu'on
se distingue lorsqu'on décide délibérément de
prendre des mesures pour réduire les inégalités. On juge
de la valeur d'une société en regard du sort qu'on réserve
à ses plus démunis.
L'Assemblée des évêques, parlant de
cette distinction entre aptes et inaptes, qui tournait autour de l'incitation
au travail et qui se révèle, selon eux, en fait de la coercition,
disait: Le nouveau projet, réduisant l'indigence à un simple
problème Individuel, sonne-t-il l'heure où l'État ne se
reconnaît plus de responsabilité sociale, et cela, au moment
même où, dans un contexte de concurrence Internationale et de
rareté des emplois, les personnes ont de moins en moins de prise sur les
décisions qui affectent leurs conditions de vie? Nous voyons là,
disait-elle, une menace de régression sociale aux conséquen-
ces insoupçonnées.
J'aimerais voir, M. le Président, le ministre réagir
à une hypothèse qui aurait pu être tout autre. La
pauvreté au Québec, parlons en gens d'affaires, nous coûte
extrêmement cher. La pauvreté au Québec nous coûte
cher en ressources humaines, comme elle nous coûte cher en manque de
productivité, et la société québécoise ne
sera jamais plus forte que la plus faible de ses parties.
Si on avait décidé, au Québec, d'aborder cette
question-là en s'interrogeant sur les causes les plus profondes du
chômage chronique qui affecte certains milieux en particulier, on aurait
pu décider, par exemple, comme l'ont fait certains États
américains, d'investir dans ces groupes pas nécessairement en
augmentant leurs prestations à 1000 $ par mois, mais en ayant une
approche un peu plus intégrée qui aurait pu, par exemple,
soutenir le développement de l'enfant et en même temps celui de la
mère. Certains États américains ont, à cet
égard, des expériences passablement intéressantes et qui
donnent des résultats. La seule façon de briser le cycle de la
pauvreté dans des milieux très défavorisés aux
États-Unis, cela a été de prendre les jeunes en
périnatalité. Ils prennent la mère et l'enfant. Ils
l'inscrivent progressivement dans un programme de perfectionnement, dans un
programme intégré où, à l'aide de garderies, de
programmes de formation auxquels la mère participe on lui apprend des
principes d'alimentation. On éduque la mère en même temps
que l'enfant et on a réalisé que c'était la seule
façon de briser ce cycle de pauvreté dans certains milieux.
Cependant, on aurait pu concevoir de tels programmes pour contrer la faible
scolarité de ce milieu. On sait qu'il y a un rapport direct entre la
sous-scolarisation et la pauvreté et le chômage. Ce n'est pas cela
qu'on a choisi. Ce n'est tellement pas ce qu'on a choisi que l'allocation
scolaire que le Parti libéral s'était engagé à
porter à 100 $ par enfant, on vient de la hausser à 46 $ pour le
primaire et 92 $ ou 93 $ pour le secondaire, trois ans plus tard. Alors qu'on
sait pertinemment que, selon le milieu socio-économique où
l'enfant naît au moment où l'on se parle, à 95 % on est
capable de dire où V va se retrouver à 15 ans et,
évidemment, à 20, à 25 et à 30 ans.
Si, en abordant cette question de la pauvreté au Québec le
gouvernement s'était interrogé sur la meilleure façon, les
moyens les plus efficaces de sortir certaines personnes et certains milieux
d'une sous-culture de pauvreté, s'il avait mis à la disposition
de ces personnes des moyens concrets pour hausser le niveau de
scolarité, pour éviter le décrochage scolaire, pour donner
aux jeunes enfants, dès la naissance, les moyens qui leur permettent
d'avoir un minimum de sérénité et leur permettent de faire
des acquisitions, si cela avait été un tel programme, j'aurais
été extrêmement heureuse de m'y associer.
Le problème, c'est qu'on fait des assistés sociaux les
responsables de la situation économique qu'on connaît. Je trouve
cela infiniment déplorable.
Le Président (M. Bélanger): Alors, en conclusion,
Mme la députée de Chicoutlmi.
Mme Blackburn:... certaines expériences
américaines...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, votre
temps est écoulé.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Certaines
expériences américaines devraient nous éclairer et
éclairer ce gouvernement par rapport aux moyens à prendre pour
briser le cycle de la pauvreté au Québec. Et le moyen n'est pas
la coercition, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Oui, je crois qu'il me reste trois minutes et
demi...
Le Président (M. Bélanger): Trois minutes avant
le..
M. Leclerc: Trois minutes pour réagir à
l'encyclique de la députée de Chicoutimi. D'abord, pour lui dire
que c'est elle-même qui nous reproche de ne donner que 46, 92 $
d'allocation de retour à l'école. Cela prend un certain culot
puisque, sous le Parti québécois, c'étaient seulement 35 $
et que le vendredi 23 août 1985, alors qu'ils étaient au pouvoir,
la CEQ réclamait une hausse et ils se sont retrouvés devant rien.
Qu'on se rappelle l'actuel gouvernement se rapportant à une étude
des comités de parents, étude démontrant noir sur blanc
qu'au primaire, les coûts moyens au Québec étalent de 46 $
par enfant et qu'au secondaire, ils étaient de 92 $ par enfant. Eh bien,
le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu a donc décidé de majorer l'allocation de 35 $ à 46
$ au primaire et de 92 $ au secondaire. Donc, cela prend un certain culot pour
nous dire, d'une part, que l'allocation n'est pas assez élevée
puisqu'on tient compte des recommandations des comités de parents et
que, d'autre part, les gens au secondaire, par exemple, qui ont besoin de 92 $
au mois d'août, sous le Parti québécois, on les a tenus
à 35 $ pendant fort longtemps. Je pense que la députée de
Chicoutimi nous fait preuve de beaucoup d'Idées, de beaucoup de nouveaux
Idéaux, elle qui veut briser le cycle de la pauvreté maintenant
qu'elle est dans l'Opposition. Je lui fait remarquer que du temps que le Parti
québécois était au pouvoir, on n'a rien vu de tellement
innovateur pour briser le cycle de la pauvreté. Elle prétend que
la distinction entre aptes et inaptes est pernicieuse alors qu'ils l'ont
tolérée pour les moins de 30 ans pendant tout le
temps qu'ils ont été au pouvoir. Les moins de 30 ans
Inaptes avaient la même prestation que les plus de 30 ans et les moins de
30 ans aptes avaient seulement 160 $ ou 170 $. dépendant de
l'époque.
Lt Président (M. Bélanger): Si vous permettez, M.
le député de Taschereau...
M. Leclerc: À regret.
Le Président (M. Bélanger): on vous
reconnaîtra en recommençant nos travaux, puisqu'il est 18 heures
et nous suspendons jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 13)
La Président (M. Laporte): A Tordre. s'il vous
plaît!
Les travaux de la commission reprennent sur l'étude du... M. le
député de Taschereau. pour le bon ordre de l'assemblée. Si
j'ai bien compris, les discussions sont reparties sur l'étude article
par article du projet de loi 37. On continue sur l'amendement et on avait
décidé d'y aller par paragraphe. Le dernier temps de parole
était au député de Taschereau.
M. Leclerc: M. le Président, je vous remercie. C'est un
peu dommage que la députée de Chicoutimi n'ait pu encore se
joindre à nous parce que c'est justement à la suite de son
intervention que j'avais pris la parole pour remettre dans leur contexte
certaines affirmations qu'elle avait faites. Je n'ai pas tellement envie de
parler très longtemps de Quebecair parce que je trouve que cela ne va
pas très bien avec le projet de loi 37 sur la sécurité du
revenu bien qu'elle en ait fait mention à plusieurs reprises.
Comme l'Opposition, je suis très Intéressé à
discuter de la contribution parentale. La députée de Maisonneuve
se rappelle sans doute que bon nombre de députés
ministériels, membres de la commission, ont fait état de
certaines réserves, de certaines interrogations qu'ils avaient quant
à la contribution parentale de la première version parce que nous
avons déposé à l'Assemblée nationale une version
revue, corrigée et améliorée que nous appelons maintenant
la contribution parentale conditionnelle. Mais comme Mmes les
députées de l'Opposition, j'ai bien hâte de pouvoir poser
des questions au ministre publiquement, à savoir quels sont les
barèmes, à partir de quand allons-nous.. Non. non, non, je n'ai
pas peur de poser ces questions publiquement, mais j'ai hâte qu'on arrive
à l'article 15 pour pouvoir le faire.
J'encourage les membres de l'Opposition à passer assez rapidement
sur les articles généraux, non pas qu'ils ne sont pas importants,
mais je pense que. comme membres de la commission, on a Intérêt
à entrer dans la plomberie le plus tôt possible. Je pense que
c'est aux articles 15 et 16 qu'on pourra poser toutes les questions au ministre
et qu'il pourra nous expliquer ce qu'on fera dans le cas où les revenus
des parents seront difficiles à récupérer, quelle sera la
méthode qu'utilisera le gouvernement pour pouvoir contrôler le
revenu des parents et dans quelles circonstances le gouvernement
décidera de prendre des recours pour les parents qui manqueront à
leur devoir de contribution parentale. Bref, je pense que les questions que
j'apporte, l'Opposition se les pose sans doute aussi mais je pense qu'il nous
faut attendre aux articles 15 et 16 lorsqu'on sera vraiment rendus dans la
plomberie du projet de loi pour poser ces questions.
Par conséquent, je souhaite que nous passions à travers
l'article 1 le plus tôt possible. Je souhaite que. du côté
de l'Opposition, on n'en profite pas pour parler à peu près de
tout et de rien. Qu'on laisse Quebecair de côté, c'est un dossier
qui est réglé depuis un bon bout de temps. Qu'on essaie aussi de
garder les faits dans leurs perspectives, que de parler de l'allocation de
retour à l'école du mois d'août alors que nous avons
passé cette allocation au primaire de 35 $ à 46 $ et au
secondaire de 35 $ à 92 S. je m'excuse, mais l'Opposition ne fera pas
grand progrès avec cela. Nous avons majoré ce montant de 35 $
pour tenir compte de la recommandation des comités de parents sur le
plan provincial qui, eux, ont tenu compte d'une enquête qu'ils ont
effectuée auprès des parents au Québec pour pouvoir
déterminer le plus près possible comment cela coûtait
véritablement pour le retour à l'école du début
septembre.
Par conséquent. M. le Président, je demande à
l'Opposition, à la députée de Maisonneuve, de faire preuve
de responsabilité comme elle le fait d'habitude pour lui demander que
nous passions à travers l'article 1 qui est un article
généra. l Ce n'est pas dans l'article 1 qu'on va pouvoir faire
avancer le projet de loi. Je pense qu'elle le sait fort bien et que quand
arrivera la vraie plomberie du projet de loi, nous aurons des questions fort
pertinentes à poser au ministre, des questions fort importantes
également pour la population de nos comtés qui doit vivre de
l'aide sociale. Je vous remercie.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. le
député de Taschereau. Mme la députée de
Johnson, vous avez demandé de prendre la parole.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. À la
suite d'une entente, d'une conversation avec ma collègue la
députée de Maisonneuve qui est, finalement, la responsable du
dossier de la main-d'uvre et de la sécurité du revenu, et
pour montrer notre bonne volonté aussi, je
n'interviendrai pas, je ne prendrai pas mon droit de parole de 20
minutes et pour vous montrer que l'Opposition aussi est capable de faire des
ententes et une bonne compréhension de la situation, je vais même
vous demander de prendre le vote sur le paragraphe 1°.
Le Président (M. Laporte): Les décisions qu'on
avait prises c'est qu'on était pour passer paragraphe par
paragraphe...
Mme Juneau: Le paragraphe 1°. C'est cela.
Le Président (M. Laporte):... et par la suite
procéder à l'amendement.
Mme Juneau: C'est ce que je vous dis. Le paragraphe 1°, c'est
ce que j'ai dit.
Le Président (M. Laporte): Attendez juste un instant.
M. Leclerc: L'Opposition et le parti minisériel ont leur
droit de parole à chacun des paragraphes. Je pense qu'il serait plus
sage de les voter et ensuite qu'on puisse passer au deuxième avec des
nouveaux droits de parole, tel que convenu.
Le Président (M. Laporte): SI tout le monde est
consentant, on peut procéder à l'adoption soit d'un tout
ou...
M. Leclerc: Non, mais cela m'apparaît plus sage...
Mme Harel: En fait, l'adoption non mais on peut disposer.
M. Leclerc: C'est cela.
Le Président (M. Laporte): C'est cela.
M. Leclerc: Parce que, de toute façon, l'Opposition
pourrait être d'accord avec un paragraphe et en désaccord avec
l'autre.
M. Bourbeau: De toute façon, elle n'est d'accord avec
aucun, il n'y a pas de problème.
M. Leclerc: II ne faut présumer de rien.
Le Président (M. Laporte): L'amendement
présenté à l'article 1, au paragraphe 1°, se lit comme
suit: "d'accorder une aide financière et de dernier recours aux
personnes qui n'ont pas de ressources suffisantes pour subvenir à leurs
besoins et à ceux de leur famille".
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Laporte): Adopté sur division.
Nous passons maintenant au paragraphe 2°...
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Laporte):... de l'amendement et qui se
lit: "d'accorder cette aide en tenant compte du fait que les personnes inaptes
au travail ont des besoins différents de ceux des personnes aptes au
travail. "
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai déjà fait
distribuer aux membres de la commission un sous-amendement à
l'amendement du ministre dont j'aimerais vous faire lecture. Cela concerne le
paragraphe 2° et le sous-amendement consiste à remplacer le
paragraphe 2° par le suivant: "d'accorder cette aide en tenant compte du
fait que les personnes inaptes au travail sont dans l'impossibilité
d'ajouter à leurs prestations les exemptions pour gain de travail permis
aux personnes aptes au travail. "
Le Président (M. Laporte): Sur la recevabilité du
sous-amendement...
Une voix: On n'a pas le bon amendement.
Le Président (M. Laporte): Ce n'est pas le bon. Attendez
juste un instant, on va vérifier chacun de nous. Je
possède...
Mme Harel: II ne faut pas confondre le sous-amendement...
Le Président (M. Laporte): Avec l'amendement de
tantôt.
Mme Harel:... concernant les personnes inaptes avec un amendement
que nous ferons en ajout sur les personnes handicapées. Nous ne
confondons pas les personnes handicapées et les personnes inaptes.
Celui-là est pour le paragraphe T.
Le Président (M. Laporte): Je le possède. On
m'indique que cela a été transmis au moment de la commission. M.
le ministre, est-ce que vous l'avez en votre possession?
M. Bourbeau: On a fouillé tous nos amendements et on le
l'a pas.
Le Président (M. Laporte): D'accord. On suspend une
minute, juste le temps de vérifier.
(Suspension de la séance à 20 h 20)
(Reprise à 20 h 25)
Le Président (M. Laporte): À l'ordre, s'il vous
plaît I
Tous les membres de la commission ont en main le sous-amendement qui a
été présenté par
la députée de Maisonneuve et qui vise à remplacer
le paragraphe 2° par le suivant, c'est-à-dire "d'accorder cette aide
en tenant compte du fait que les personnes inaptes au travail sont dans
l'impossibilité d'ajouter à leurs prestations les exemptions pour
gains de travail permis aux personnes aptes au travail. " Sur la
recevabilité?
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): Oui. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: L'amendement consiste à définir des
objectifs pour les trois programmes Introduits par l'article 1: Programme
Soutien financier, programme APTE et programme APPORT. Alors, ces objectifs
sont définis en quatre paragraphes par l'amendement. Notre
sous-amendement consiste à venir qualifier différemment, mais
comme le fait l'amendement, pour quelle raison il faut tenir compte du fait que
les personnes inaptes sont différentes des personnes aptes. Alors,
l'amendement prétend que c'est parce qu'elles ont des besoins et le
sous-amendement, c'est parce qu'elles sont dans l'impossiblité d'ajouter
à leurs prestations des exemptions pour gains de travail.
Donc, sur la recevabilité, c'est tout simplement une
modalité qui vient motiver le fait que l'aide puisse être
différente. Évidemment, nous la qualifions de façon
différente, puisque pour nous les besoins ne sont pas différents,
nous l'avons déjà exprimé à maintes reprises. Pour
nous les besoins sont les mêmes: le logement, l'habillement,
l'alimentation. Ce qui peut différer, c'est le fait de pouvoir ou non
obtenir des gains de travail, donc de combler les besoins à long terme,
parce que je vous rappelle que dans le cadre des programmes Soutien financier
et APTE, on fait la distinction entre besoins à court terme et besoins
à long terme. Les besoins à long terme qui sont dans le programme
APTE comblés par les gains de travail, ne le sont pas évidemment
pour les personnes inaptes au travail. Le terme le dit lui-même.
Le Président (M. Laporte): Sur la recevabilité?
M. Bourbeau: M. le Président, on laisse cela à
votre bon jugement. On sait que vous avez fait un court de droit, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): Sous amendement recevable. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, ma collègue, la
députée de Johnson, aura également l'occasion - mais nous
vous l'avons déjà transmis; alors ce ne sera pas une surprise
pour aucun de vous - d'introduire, une fois qu'on aura disposé de
l'amendement, un nouvel amendement pour cette fois accorder une aide
financière aux personnes qui souffrent d'un handicap ou d'une limite
fonctionnelle. Nous pensons qu'il faille tenir compte distinctement des
personnes handicapées de celles qui sont Inaptes. C'est certainement le
souci de l'Opposition de ne pas confondre les personnes Inaptes et les
personnes qui ont un handicap. II est possible d'avoir un handicap et
d'être en bonne santé; il est possible de ne pas avoir de handicap
et d'être en mauvaise santé et il est possible que le handicap ne
soit finalement que social.
M. le Président, j'aimerais d'abord rappeler, parce qu'il a fait
allusion à certaines occasions et l'occasion m'est donnée de vous
signaler que compte tenu du poids numérique du pouvoir et de
l'Opposition, étant donné qu'il y a 99 députés
ministériels et 20 députés de l'Opposition et qu'on est
dans un rapport de un à cinq, chaque fois qu'il y a trois
députés du côté de l'Opposition, cela correspond
à quinze députés ministériels. Je veux simplement
vous le rappeler, M. le Président, parce qu'il y a quand même eu
cet après-midi passablement d'allusions au fait que l'un ou l'une ou
l'autre de mes collègues pouvaient ne pas être avec nous au moment
de nos travaux. Je pense que cette réalité ne doit jamais
être perdue de vue par le parti ministériel. Nous étions
quatre, nous sommes toujours trois. Vous aviez cet après-midi toute la
délégation féminine de l'Opposition. Alors, c'est donc
une...
M. Leclerc: On en était ravis. Une voix: Oui.
Mme Harel: C'est donc une présence que j'apprécie
beaucoup et que je voulais souligner. D'autre part, j'aimerais également
signaler au ministre que l'Opposition n'a jamais parlé d'introduire dans
le cadre du projet de loi des amendements prévoyant un revenu minimum
garanti. Je me suis simplement référée au revenu minimum
garanti pour signaler aux membres de la commission que dans le sondage SORECOM
effectué par son prédécesseur au mois de mars 1988, la
population du Québec qui était consultée dans
l'échantillonnage considérait, tout au moins, qu'il y avait un
fort courant - 83 % - en faveur de permettre à un
bénéficiaire de conserver sa prestation tout en gagnant des
revenus de travail. (20 h 30)
Je rappellais le même, l'équivalent si vous voulez, ou la
similitude de point de vue dans le sondage Gallup publié aujourd'hui
même où le Québec se classe en tête des provinces du
Canada qui sont en faveur d'un salaire minimum garanti. Alors, )e signalais ces
faits, M. le Président, tout simplement pour rappeler que, dans le
projet de loi 37, nous sommes bien loin de ce projet de revenu minimum
garanti.
Non seulement nous en sommes bien loin, mais, je vous rappelle que nous
sommes en train
de reculer par rapport au passé. Ce que je signalais
avec Insistance au ministre, c'est que maintenant, avec le projet de loi 37, M.
n'y a plus de reconnaissance du droit à une aide de dernier recours,
quelle que soit la cause du besoin. C'est ce que je signalais au ministre,
évidemment après le vote qui vient d'avoir lieu au premier
paragraphe. C'est certainement là un fait d'Importance.
Loin de moi l'idée de penser que le
député de Taschereau a tort quand il signale l'importance des
articles 15g, 16 et les suivants. Mais c'est aussi important de se rendre
compte des changements majeurs de cap que le gouvernement est en train
d'opérer en matière de sécurité du revenu.
Alors, M. le Président, quant au sous-amendement qui
est introduit, j'aimerais insister, parce que cela n'a pas du tout l'air
d'avoir été compris par le parti ministériel.
Reconnaître qu'une personne est apte ou inapte, ce n'est pas cela qui est
dangereux socialement, mais c'est que cette distinction serve à
attribuer des barèmes pour combler des besoins essentiels
différents.
Je ne sais pas si je vais devoir le répéter
pour le député de Taschereau, mais c'est exactement dans les
mômes termes. Je retrouvais, ce soir, ce qu'en disait le rapport Boucher
II y a 25 ans. Le problème ne provient pas de la catégorisation
elle-même car celle-ci est nécessaire, dans une certaine mesure,
mais bien de l'esprit qui la guide et de l'usage qu'on en fait. C'est
fondamentalement différent.
C'est déjà le cas, présentement, dans
l'administration, que l'on parle de catégories de personnes pour pouvoir
offrir des mesures différentes. Traiter les gens de la même
façon, c'est souvent accroître les inégalités. Et on
ne va pas offrir des mesures qui sont les mêmes à des personnes
qui présentent des particularités différentes.
Mais où cela devient Inacceptable, et je reprends
les mômes termes - parce qu'ils éclairent énormément
l'orientation gouvernementale actuelle - que le rapport Boucher: Le
problème ne provient pas de la catégorisation mais de l'esprit
qui la guide. L'esprit qui la guide, c'est celui qui prétend qu'il y en
a qui ont plus le droit que d'autres d'être aidés et en
conséquence, qu'il y en a qui en ont moins le droit.
Alors, s'il y en a qui ont plus le droit, le corollaire
c'est qu'il y en a qui ont moins le droit. Et c'est là le danger, c'est
là l'aspect pervers, pernicieux, subversif, tout ce que vous voulez.
Oui, c'est là l'aspect pervers, dangereux socialement, de
prétendre qu'il y en a qui ont plus le droit d'être aidés
et qu'il y en a qui l'ont moins.
Évidemment, comme le signale ma collègue, la
députée de Chicoutlmi, s'ils ont moins le droit, c'est plus leur
faute et si c'est plus leur faute, c'est parce qu'ils sont plus coupables. Et
s'ils sont plus coupables il faudrait plus les punir. Sinon pourquoi? Je me
réfère encore à la déclaration de
l'Assemblée des évêques intitulée "Une
dignité menacée". Le ministre aurait intérêt
à lire... il Président (M. Laporte): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel:... II aurait intérêt
à la lire. Je m'y réfère, parce que c'est fondamental, et,
parce que vous passez à côté de cela, vous allez avoir une
partie du Québec contre vous. N'en déplaise aux sondages du
ministre. J'en ai connu des gouvernements qui s'appuyaient sur des sondages, le
vôtre et d'autres avant vous, sauf que les conséquences de nos
actes finissent par nous suivre, et qu'introduisez-vous? L'idée que les
besoins essentiels pourraient être différents. Ce ne sont pas les
besoins qui sont différents; les besoins d'aide sont exactement les
mêmes quand on est économiquement faible. C'est ce que disait
d'ailleurs le rapport Boucher: Le comité a constaté, à
l'instar de nombreux observateurs, que la législation sociale actuelle
et les règlements qui en découlent ont tendance à
catégoriser de façon trop définitive les personnes
économiquement faibles.
Ce que je trouve absurde, c'est que nous avions
réussi à modifier cette législation sociale de
l'époque et vous voulez y retourner. Le rapport disait: Cette tendance
à catégoriser de façon trop définitive, à
partir de ta cause immédiate de leurs problèmes financiers, et
non en vertu d'autres critères. C'est ainsi qu'il y aura des personnes
économiquement faibles à cause d'invalidité totale, de
vieillesse, d'inaptitude au travail de façon non permanente mais pour
plus de douze mois, d'inaptitude temporaire au travail pour moins de douze
mois. On croirait entendre décrire le projet de loi actuel, ce qui
décrivait la situation antérieure à 1963. C'est à
cela que vous revenez, aux années cinquante.
Finalement, le danger, c'est de prétendre que des
gens auraient moins le droit d'être aidés, parce qu'on leur
attribuerait des barèmes différents pour combler les besoins
ordinaires - je vous parle des besoins essentiels - ceux qui sont
remboursés, qui permettent une subsistance de dernier recours.
Ce que nous vous disons ce soir, c'est ce qui distingue les
personnes Inaptes des personnes aptes au travail, ce n'est pas le handicap; la
majorité des personnes handicapées réclament un traitement
à part égaie et réclament du gouvernement une
responsabilité à l'égard des postes de travail
adaptés à leur limitation fonctionnelle. C'est quand même
incroyable que 70 % des personnes handicapées soient actuellement en
chômage au Québec et que le gouvernement n'ait pas du tout l'air
de s'en préoccuper.
Ce que nous vous disons, c'est qu'à l'égard
des personnes inaptes au travail, la seule distinction qui puisse être
acceptable est celle qui consiste à reconnaître que ces personnes
ne sont
pas admissibles à des gains de travail, et qu'à ce titre
les besoins à long terme - qui ne sont pas couverts par les
barèmes, ni pour eux ni pour les personnes aptes - les besoins à
long terme... Vous prétendez que les personnes aptes vont couvrir leurs
besoins à long terme avec leurs gains de traval permis, alors ce serait
Invraisemblable que vous refusiez le sous-amendement que nous vous
présentons, puisque ce sous-amendement consiste à dire: Pour les
personnes inaptes, qui sont dans l'impossibilité d'ajouter à
leurs prestations les exemptions pour gains de travail permis aux personnes
aptes au travail, et non pas l'amendement tel que formulé par le
ministre, qui prétend qu'il y a des besoins différents. Dans une
société, les besoins des Individus ne sont pas différents,
les besoins de se nourrir, se loger, se vêtir, ce sont les mêmes
besoins.
Alors je vais terminer mon Intervention, et je reprendrai mon droit de
parole, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): Merci Mme ta
députée de Maisonneuve. Sur le sous-amendement, M. le
député de Taschereau?
M. Leclerc: M. le Président. Avant de parler du
sous-amendement, je voudrais dire au nom du gouvernement, en fait du
côté ministériel, que d'aucune façon on a voulu
juger ou présumer de raisons au sujet d'éventuelles absences des
collègues de l'Opposition. On sait très bien qu'ils sont 21,
qu'il y a trois commissions parlementaires et que la Chambre siège.
Évidemment, il est possible que nous puissions être
déçus de voir l'une d'elles nous quitter temporairement, mais on
ne présume absolument pas qu'elles vont se reposer dans leurs bureaux.
On sait très bien que si elles ne sont pas ici, elles sont ailleurs,
sans doute pour travailler. Ceci étant dit, j'avoue ne pas partager
l'opinion de Mme la députée de Maisonneuve quant à son
sous-amendement. Elle veut que l'aide tienne compte du fait que les personnes
inaptes au travail sont dans l'impossibilité d'ajouter à leurs
prestations des exemptions pour gains de travail permis aux personnes aptes. Je
suis un peu surpris de la demande de Mme la députée de
Maisonneuve qui est une députée qui fait beaucoup de terrain - je
pense que c'est connu et reconnu - parce qu'elle sait sans doute que dans les
faits, un bon nombre de personnes considérées actuellement
inaptes peuvent quand même avoir des gains de traval. J'ai le cas, par
exemple, de quelqu'un que je connais dans mon comté qui est inapte au
traval, selon l'aide sociale, et qui livre le journal. On sait très bien
que livrer le journal est un gain de travail qui serait effectivement
exempté dans notre réforme, mais qui permet à un inapte
d'avoir un gain de travail actuellement exempté.
Par conséquent, j'essaie de voir pourquoi Mme la
députée de Maisonneuve veut absolument attacher le principe de
l'Inaptitude au principe selon lequel cette personne ne pourrait pas gagner de
revenus supplémentaires, alors que nous avons sur le terrain beaucoup de
cas où cela est possible. Deuxièmement, ce que je veux dire
aussi, c'est que si notre projet prévoit un montant
supplémentaire aux personnes inaptes par rapport aux personnes aptes,
nous estimons, compte tenu du fait que les personnes Inaptes sont la plupart du
temps bénéficiaires de l'aide sociale depuis longtemps et
malheureusement pour encore assez longtemps, que l'État doit
prévoir ce montant supplémentaire pour leurs besoins à
long terme. On a qu'à penser aux appareils ménagers.
Évidemment, quand cela fait 25 ans que vous avez votre
téléviseur, M. y a des chances que vous soyez obligé de le
changer, votre réfrigérateur aussi, votre cuisinière, etc.
Par conséquent, c'est un des vices de fond de la loi du régime
d'aide sociale que nous avons actuellement, c'est qu'il ne prévoit
absolument rien pour les besoins à long terme. Comme 40 % des
assistés sociaux aptes passent neuf mois ou moins à
bénéficier de l'aide sociale actuellement, M. n'est pas illogique
de penser que pour ceux-là, à tout le moins. il est
évident qu'ils pourront voir à leurs besoins à long terme
lorsqu'ils auront réintégré le marché du
travail.
De la même façon que cela est évident pour les
personnes considérées aptes, pour les 40 % qui
bénéficient pendant peu de temps de l'aide sociale, cela est
évident aussi que ceux qui sont Inaptes auront des problèmes pour
leurs besoins à long terme. La réforme actuelle veut corriger
justement une iniquité du système qui ne prévoit
absolument rien pour les personnes inaptes qui bénéficient de
l'aide sociale et qui sont là pour longtemps et qui. malheureusement,
n'ont rien actuellement pour couvrir leurs besoins à long terme. C'est
ce qui fait que ce volet de notre proposition est à ce point bien
accepté par la clientèle inapte, la plus en difficulté,
par ailleurs, de l'aide sociale. Mais de dire encore que les Inaptes ne peuvent
avoir de gains de travail, c'est tout à fait à rencontre de
toutes les représentations qu'on a eues de l'OPHQ qui demandait, et le
gouvernement a été d'accord, que ces personnes soient admissibles
aux mesures. Si nous prenons la prestation de base d'une personne inapte, de
585 $, elle a droit à une exemption de 100 $ pour les gains de travail.
Donc, cela va tout à fait à rencontre du sous-amendement que nous
propose Mme la députée de Maisonneuve; et en plus, si par
ailleurs, elle participe à une mesure comme les handicapés nous
en ont fait la demande expresse, si elle participe à une mesure
d'employabilité, même si elle est Inapte, bien là. elle
aura encore droit à 100 % supplémentaires, ce qui lui permettra
d'aller chercher Jusqu'à un maximum de 785 $ par mois. (20 h 45)
Compte tenu des barèmes que vous avez d'ailleurs, qui sont
déposés depuis un bon bout
de temps, j'essaie de voir par quelle logique nous pourrions accepter
votre sous-amendement, puisque nous admettons, au départ, que les
Inaptes peuvent avoir des gains de travail, peuvent, par conséquent,
avoir des exemptions pour gains de travail. Non, seulement ils le peuvent, mais
nous les prévoyons déjà dans les barèmes. Nous
prévoyons déjà qu'ils puissent participer aux mesures et
avoir 100 $ supplémentaires. Par conséquent, je considère
que par la façon dont nous voulons traiter les Inaptes, par les
barèmes que nous présentons, nous sommes tout à fait
logiques avec notre amendement. Je ne vois pas pour quelle raison nous
accorderions notre appui au sous-amendement de la députée de
Maisonneuve. Donc, M. le Président, je ne sais pas si la
députée de Maisonneuve a des choses à ajouter.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le
député de Taschereau. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président. Le problème,
par cette distinction d'apte et Inapte, c'est que cela peut avoir pour
conséquence de priver les personnes qualifiées d'inaptes, celles
qui souffrent d'un handicap, de la possibilité de se
réintégrer sur le marché du travail et d'augmenter leur
employabilité...
Le Président (M. Laporte):... simplement. Mme la
députée de Chlcoutimi.
Mme Blackburn: Si on reprend l'article 7. 1 du projet de loi que
nous avons en main, vous y trouvez la définition de la personne inapte -
Inapte. - "Démontrer, par la production d'un rapport médical, que
son état physique ou mental, ou que, dans les cas et selon la mesure
déterminés par règlement, son état
général est altéré de façon significative
pour une durée vraisemblablement permanente ou indéfinie et que
pour cette raison il est inapte à occuper un emploi pour subvenir
à ses besoins et, le cas échéant, à ceux de sa
famille. " Si vous me dites que cette définition peut convenir en
même temps à celle que vous lui prêtez: d'être capable
de se réintégrer sur le marché du travail, j'ai des
difficultés de compréhension. Lisez correctement cet artice et
vous devez interpréter le deuxième paragraphe en tenant compte du
libellé de cet article, où il est clairement dit:
"altéré de façon significative pour une durée
vraisemblablement permanente ou Indéfinie - c'est-à-dire un
miracle qui le guérit - et que pour cette raison il est inapte à
occuper un emploi pour subvenir à ses besoins et, le cas
échéant, à ceux de sa famille". Je ne prendrais
peut-être pas plus de temps que cela, M. le Président, j'aimerais
juste entendre là-dessus, l'explication que le mentor du ministre
fournit depuis que je suis ici pour nous dire...
Une voix:...
Mme Blackburn:... peut-être le menteur, si vous le dites,
je veux bien le prendre. C'est ce que monsieur dit. ce n'est pas moi.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est le
député de Taschereau qui l'a dit. Moi j'ai dit mentor.
M. Bourbeau: Est-ce que vous permettez? M. le Président,
la députée de Chicoutimi qui aujourd'hui, cet après-midi,
nous parlait des évêques etc.. À un certain moment, on la
prenait pour la papesse Jeanne...
Mme Blackburn: C'est gentil, elle était bonne, elle
était impressionnante.
M. Bourbeau: Tout à coup, M. le Président, elle est
devenue un vrai diable. Je ne comprends pas.
Le Président (M. Laporte): Je vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: II dit, je vous remercie, encore. Bravo, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): De votre intervention.
Mme Blackburn: J'aimerais que le député de
Taschereau ou peut-être le ministre m'explique comment il concilie ces
deux articles. Je n'irai pas plus loin. S'il me dit qu'on peut être
à la fois employable et non employable.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée de Chicoutiml.
Mme Harel: Oui, parce qu'on était en train
d'oublier...
Mme Blackburn: Je reviendrai.
Mme Harel:... que le ministre n'était pas le
député de Taschereau.
Mme Blackburn: C'est ça. Ha, ha, ha! Le
Président (M. Laporte): M. le ministre. M. Bourbeau: M. le
Président,...
Mme Blackburn: II y en a qui ont besoin d'être
aidés. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau:... l'Opposition a compris que, de ce
côté-ci, on travaille en équipe et que
chacun des membres de la commission est parfaitement capable de
défendre le projet de loi. étant donné qu'on y a tous
travaillé collectivement. Je suis très fier, d'ailleurs, de la
qualité de l'équipe que nous avons de ce
côté-ci...
Mme Blackburn:...
M. Bourbeau: Je dois dire que l'équipe.
Mme Blackburn:...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: de l'autre côté aussi est parfaitement
compétente. D'ailleurs, je dois féliciter la
députée de Chicoutimi qui a une compréhension du dossier
vraiment remarquable pour une personne qui, normalement, est affectée
à un autre dossier; je dois dire que sa compétence n'a
d'égale que celle de la députée de Maisonneuve...
Une voix: Ha. ha, ha!
M. Bourbeau: Ha, ha. ha!... qui a elle-même fait preuve, M.
le Président, d'une très grande compétence dans le
dossier. Pour revenir à la question spécifique de la
députée de Chicoutimi, évidemment, on peut se poser la
question à savoir comment il se fait qu'une personne Inapte puisse avoir
des gains de travail, donc, qu'on puisse présumer qu'elle puisse
travailler, et que, dans la définition d'inapte, on dit que son
Inaptitude doit être telle qu'elle est inapte à occuper un emploi.
Cela semble être la quadrature du cercle, mais ça ne l'est pas
Cela ne l'est pas, parce que nous avons l'intention d'amender l'article 7 et
d'enlever la partie de la phrase qui dit "inapte à occuper un emploi"
pour élargir un peu la portée de cela; et vous verrez, quand on
déposera l'amendement à l'article 7, qu'on va restreindre un peu
la portée de ce bout de phrase. On va simplement parler de contraintes
sévères à l'emploi. Donc, on pourra voir qu'une personne
inapte pourra se trouver un travail et demeurer quand même inapte selon
la définition du projet de loi, parce qu'on ne pourra quand même
pas nier qu'elle aura des contraintes sévères à l'emploi,
tout en pouvant travailler.
Alors, c'est en vertu de cette nouvelle définition qu'on pourra
faire en sorte de permettre à une personne Inapte, oui. comme l'exemple
de l'électeur du député de Taschereau.. Maintenant on
pourra en discuter. Je suggérerais qu'on reporte la discussion sur
l'aptitude et l'inaptitude au moment où l'on arrivera à l'article
7, qui va justement traiter de la définition de l'aptitude.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui M. le Président, il serait
intéressant que le ministre dépose ses amendements,
celui-là, sinon les autres, parce que, dans le fond, on discuterait
peut-être de façon un peu plus Intelligente et utile si on avait
ces amendements. Là, on discute sur un projet de loi qu'en fait on n'a
pas en main. Il y a 65 amendements sur 150 et quelques articles. Somme toute,
on est en train de discuter un projet de loi qu'on ne connaît pas.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est que...
Mme Blackburn: On est donc tenus de discuter.
Le Président (M. La porte): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: On est donc tenus de discuter celui qu'on a en
main, et celui qu'on a en main n'est pas clair. Alors, si le ministre..
M. Bourbeau: Oui, mais c'est...
Mme Blackburn:... pense qu'on peut être utiles, I serait
utile qu'il dépose ses amendements..
M. Bourbeau: C'est parce que, si on pouvait discuter des articles
une fois rendus à ces articles, ce serait plus facile. Mais, là,
on tente de faire des discussions sur...
Mme Blackburn: Non.
Mme Harel: C'est le ministre qui a introduit l'amendement...
Le Président (M. Laporte): M. le ministre...
M. Bourboau:... l'article 1, alors qu'on devrait commencer
à l'article 7.
Mme Harel:... sur les personnes inaptes. Le Président
(M. Laporte): M. le ministre. Mme Harel: Bon! monsieur...
M. Bourbeau: Écoutez, étant donné que,
effectivement, on parle d'Inaptitude à l'article 1, M. le
Président, on va déposer tout de suite les amendements faits
à l'article 7 de façon que l'Opposition puisse en prendre
connaissance.
Mme Harel: Si le ministre veut retirer son amendement, on va
passer à l'article 2.
M. Bourbeau: Non, on ne retirera pas l'amendement, mais on va
tout de suite...
La Président (M. Laporte): Si je comprends bien, M. le
ministre, vous allez transmettre à la
commission...
Mme Harel: II Introduit un amendement et ne veut pas qu'on
discute...
M. Bourbeau: On va transmettre à la commission...
Le Président (M. Laporte): Vous allez transmettre à
la commission...
M. Bourbeau: ... les projets d'amendements des articles 6 et 7.
Donc, l'Opposition pourra en prendre connaissance, en présumant qu'on va
au moins se rendre à l'article 7 avant minuit ce soir, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre nous demande
de faire un exercice logiquement impossible, de disposer d'un article qui fait
référence à un autre article dont on ne connaît pas
les modifications qu'il veut y apporter. Il est très difficile de
commencer à dire qu'on est d'accord avec le premier sans savoir ce que
nous réserve le septième. Quand nous demandons de déposer
les amendements, c'est parce que, comme Opposition, si nous voulons faire un
travail sérieux, nous ne pouvons le faire que dans la mesure où
nous avons l'essentiel des amendements. On ne les fait peut-être pas
toujours de façon très fine. Il se peut que, à un moment
donné, des amendements qui ont été déposés
puissent être sous-amendés. Cela c'est autre chose. Mais qu'on
n'ait pas en main, pour l'essentiel, les principaux amendements,
évidemment que cela pose un problème lorsqu'on veut faire un
examen sérieux d'un projet de loi. Et là, le ministre vient juste
de comprendre comment cela devenait une opération impossible même
pour son collègue de Taschereau qui, j'ai pu le comprendre, a eu la
surprise d'apprendre qu'il y avait eu un amendement. Ou alors, il n'avait pas
lu son cahier. Mais oui, il y a un amendement qui s'en vient et il vient
modifier précisément ce que la députée de
Chicoutimi considérait comme une incohérence ou
incompatibilité dans les deux articles.
M. le Président, si la situation est telle qu'on est en train de
modifier la définition de personne inapte, dans le sens où le
ministre nous l'a indiqué, il va devoir me dire pourquoi on maintient la
distinction. Je vais essayer de lui faire la démonstration que quelqu'un
qui, physiquement, peut paraître apte au marché du travail parce
qu'il n'a pas de handicap physique ou intellectuel, a pu développer un
handicap intellectuel dans le sens de la perception qu'il a de lui-même
parce qu'il a été pendant trois, quatre, cinq ou dix ans
bénéficiaire de l'aide sociale, ce qui le rend totalement inapte,
à moins qu'une intervention extrêmement profonde lui fera changer
la perception qu'il a de lui-même.
Je vous cite un cas intéressant. Je dois dire que je suis
beaucoup le groupe qui travaille actuellement sur le programme de
réinsertion professionnelle. C'est un programme qui a un certain
succès chez nous et qui est très suivi, surtout par des femmes.
C'est le cas d'une jeune femme de 30 ans qui a un enfant, qui s'est inscrite
dans des programmes de formation, qui s'est découragée, qui est
revenue, qui s'intéresse à sa formation et qui est intelligente,
c'est-à-dire dans le sens qu'elle comprend bien, elle apprend bien et
elle va décrocher son diplôme à la fin de cette session.
Mais, demandez-lui si elle est capable de travailler et elle s'en dit
incapable. Elle dit: Je suis incapable d'imaginer que je vais aller affronter
le marché du travail. Est-ce de l'aptitude ou de l'inaptitude? Elle a
son diplôme en main, mais elle a développé
d'elle-même une perception telle que, pour elle, le marché du
travail ne sera jamais accessible. Je sais que vous savez que cela existe. Vous
le savez pertinemment. Le ministre le sait également. Plus d'une
année vécue comme bénéficiaire de l'aide sociale,
cela développe une perception de soi-même extrêmement
négative. Pour digérer cette perception qu'on a de soi, beaucoup
de ces personnes finissent par invoquer, finalement, pour se donner une
meilleure perception d'elles-mêmes, qu'elles sont plus futées que
les autres. Elles ne travaillent pas et elles sont bien. Pourquoi? Pour se
donner une meilleure perception d'elles-mêmes. Mais, ce n'est pas
vraiment vrai. C'est parce qu'elles n'osent pas nous dire que la perception
qu'elles ont d'elles-mêmes, pas toujours positive, ne leur permettrait
pas de rentrer sur le marché du travail.
L'autre argument, c'est que quelqu'un est très apte à
rentrer sur le marché du travail, et vous ne créez pas d'emplois.
Est-ce qu'il est apte ou inapte? Est-ce que c'est lui qui est apte ou si c'est
le gouvernement qui est inapte? Alors, c'est le gouvernement qui est Inapte.
Donc, il se dégage de sa responsabilité sociale de créer
des emplois. Il est inapte à créer des emplois que pourrait
occuper la personne apte. Cela vous fait rire? Réfléchissez comme
il faut, si ce n'est pas cela. Le gouvernement devient inapte ou la personne
est inapte parce que le gouvernement n'a pas créé d'emplois. Si
le gouvernement est apte à créer des emplois, les personnes aptes
à en occuper vont les occuper. Mais, aussi longtemps que le gouvernement
n'aura pas créé d'emplois, comment pouvons-nous considérer
qu'on puisse punir la personne qui est censée être apte à
travailler alors que le gouvernement est inapte à créer des
emplois? (21 heures)
M. Bourbeau: (... )
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Suivez et vous le savez très bien. Je sais
que cela vous dérange. SI j'étais à votre place, cela me
dérangerait également. Vous ne pouvez pas ne pas être mal
à l'aise parce que la logique est simple. Cela se raisonne, cela se
comprend. Cela ne prend pas de grands dessins ni de grands tableaux. Mais vous
savez très bien que la personne apte à occuper un emploi, qui
bénéficie actuellement de l'assurance-chômage, elle est
apte, elle bénéficie de l'assurance-chômage. Sauf que
l'inaptitude, pour le gouvernement, de créer des emplois, fait qu'elle
reste bénéficiaire de l'assurance-chômage Pas parce qu'elle
ne veut pas travailler, mais parce qu'il n'y a pas de job. On est en train de
punir ceux qui ne peuvent pas travailler, faute d'emploi, en raison de
l'inaptitude du gouvernement à créer des emplois. Qui punit-on?
On punit ceux qui ne sont pas capables de se trouver une job. Écoutez,
si vous me dites que ce n'est pas logique, moi j'ai l'Impression que tous les
morceaux se tiennent et se tiennent bien. Je sais pertinemment que vous ne
pouvez pas être à l'aise avec un tel concept.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Bourbeau: Bon, M. le Président, je m'étais fait
de la députée de Chicoutimi une opinion hâtive, mais je
vais quand même réserver mon jugement jusqu'à la fin de la
commission. La députée de Chicoutimi. M. le Président,
nous fait une brillante démonstration de sa perception de ce qu'est
l'aptitude et l'inaptitude. Bien sûr, dans son esprit, c'est le
gouvernement qui est inapte et l'Opposition, je présume, par voie de
conséquence, est apte. Moi, je pense, plutôt pour l'instant, j'ai
l'Impression que l'Opposition est plutôt non participante à nos
travaux, bien sûr. Non participante à nos travaux, c'est le
barème le plus bas, d'ailleurs, de l'aide sociale, non participante. Il
restera seulement à voir si on les coupera ou si on ne les coupera pas.
Mol. je souhaiterais que la députée de Chicoutimi participe un
peu mieux à nos travaux. Participe à nos travaux, parce
que...
Une voix: M. le Président?
Le Président (M. Laporte): M. le ministre
M. Bourbeau:... la façon dont elle le fait. M. le
Président, elle le fait avec beaucoup de démagogie. Ce n'est pas
une participation active et constructive surtout. Créer des emplois, la
députée sait fort bien qu'il y a des emplois actuellement au
Québec. La preuve, c'est qu'on dort importer de la main-d'oeuvre,
à plein avion, du Mexique et d'ailleurs quand arrive la saison
d'été, par exemple. Nos gens, il y en a 7000 qui sont
allés travailler, l'été dernier, en Ontario On avait
exactement les mêmes travaux à faire au Québec et, nous, on
Importait de la main- d'uvre de l'extérieur. Il y a du travail.
Sauf qu'il arrive parfois que les Individus parfaitement aptes au travail
choisissent de ne pas faire ces travaux-là. Je ne sais pas si on a
raison ou non d'Insister pour que des gens aptes au travail occupent les
emplois qui sont disponibles, on verra. Mais M. semble que la majorité
des Québécois, en tout cas, estiment qu'on devrait faire en sorte
que lorsqu'il y a du travail, les assistés sociaux puissent être
capables d'occuper ces emplois-là. Maintenant, je ne dis pas qu'il
faille offrir des emplois à des salaires de famine, de
crève-faim. Je ne suis pas en faveur des emplois forcés, à
des salaires de famine. Je pense qu'il faut créer des emplois qui
commandent des salaires décents.
Le gouvernement du Québec a créé, au cours des deux
dernières années, un nombre d'environ 170 000 emplois nets.
Alors, je pense qu'on ne peut pas dire que le gouvernement est inapte. Le
gouvernement crée beaucoup plus d'emplois que le gouvernement
précédent n'en a jamais créés. Si un gouvernement a
été inapte à ce chapitre-là, c'est bien le
gouvernement qui nous a précédés. M. le Président,
la distinction quil y a entre l'inaptitude dans les amendements que nous venons
de vous soumettre et ceux qu'il y a dans le projet de loi, bien, vous allez
pouvoir constater - vous l'avez déjà constaté si vous avez
pris connaissance des amendements - que nous modifions légèrement
la définition de l'Inaptitude de sorte que, dorénavant, pour
être considéré comme inapte, I faudra démontrer que,
par la production, bien sûr, d'un rapport médical, que son
état physique ou mental est de façon significative
déficient ou altéré pour une durée
vraisemblablement permanente ou indéfinie. Pour cette raison et compte
tenu de ses caractéristiques socioprofessionnelles, il présente
des contraintes sévères à l'emploi l'empêchant de
subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Alors, les
distinctions fondamentales, avec le texte que nous avons présentement
devant nous, c'est que nous faisons sauter la partie de l'ancien article qui
disait qu'il s'agissait de prouver, par le dépôt d'un rapport
médical, que son état physique ou mental ou que dans les cas
où, selon la mesure déterminée par règlement, son
état général était altéré. Cela ne
sera plus maintenant une alternative. Ce sera l'addition de deux situations, la
principale étant l'état de santé physique ou mentale et,
M. le Président, les caractéristiques socioprofessionnelles dont
on tiendra compte également de façon un peu accessoire; la
clé d'entrée dans l'inaptitude étant toujours
l'état de santé physique ou mental.
M. le Président, comme cela ne semble pas Intéresser la
députée de Chicoutimi non plus que la députée de
Maisonneuve qui pourtant, tout à l'heure, semblaient très
Intéressées par la question, je vais donc en conclure que ni
l'une ni l'autre ne sont Intéressées par la question. On pourra
peut-être passer à l'article
2. Merci.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre pariait des
100 000 emplois créés. D'abord, cela est très discutable
et l'avais sur mon bureau, aujourd'hui, précisément des
données statistiques que je consultais et qui viennent faire mentir ces
allégations disant qu'on avait créé 100 000 emplois. Par
ailleurs, les emplois qui ont été créés sont
majoritairement des emplois à temps partiel et des emplois vraiment en
bas de l'échelle. Le ministre sait cela aussi. Comme moi, il a eu les
mêmes données statistiques. Donc, là-dessus, on peut
être clairs.
Peut-être que le ministre ne sait pas que cela existe, mais comme
Je suis dans un autre réseau, j'ai appris aussi que cela existait. Ici,
il y a des agences privées qui sont embauchées par les CLSC pour
envoyer du personnel faire de l'entretien ménager auprès des
personnes âgées pour le maintien à domicile, ou encore,
pour les personnes handicapées. Vous savez combien on donne l'heure
à ces personnes? On donne 5 $ i heure. Vous savez combien cela vous
donne l'heure pour aller ramasser des fruits que les Mexicains sont
censés venir ramasser chez nous? Vous savez dans quelles conditions cela
se fait? Pour les personnes qui s'en vont travailler dans les résidences
à 5 $ l'heure, l'agence qui les embauche en reçoit 8 $. La
différence, c'est que l'argent, plutôt de se ramasser dans la
poche du monde ordinaire, vient engraisser le propriétaire de l'agence
privée. Ce sont les emplois qui ont été
créés. Savez-vous qu'ici, à Québec, il y a 1200
emplois comme cela? Croyez-vous que des personnes qui gagnent 5 $ l'heure sont
à même d'investir dans l'avenir, de fonder une famille, de
s'acheter une maison, d'acheter des biens durables? Ce n'est pas faire de la
démagogie. C'est être un peu plus informée de la situation
et d'éviter de se fermer les yeux lorsque cela nous est
présenté. C'est fait par le biais de l'Office des personnes
handicapées qui verse des budgets au CLSC et celui-ci a deux
méthodes. Ou il engage une agence privée ou encore, il donne
l'argent au bénéficiaire lui-même de manière
à ce que la personne qui va offrir le service n'ait accès ni
à I'assurance-chômage, ni droit à la CSST, ni droit
à la Régie des rentes. Il n'y a rien là-dessus.
Les emplois qu'on a créés à Québec, au cours
des deux dernières années en matière de maintien à
domicile, c'est ce genre d'emploi. Il y en a des milliers. Ces personnes n'ont
aucune protection. Ces personnes sont pourtant payées avec des montants
d'argent qui viennent de nos impôts et qui sont gérés par
nos établissements publics. Alors, il ne faudrait pas trop me parler des
emplois qu'on a créés. Il ne faudrait surtout pas me parler
d'Incitation au travail dans de telles conditions. Ces personnes n'ont aucune
sécurité d'emploi. De plus, elles ne reçoivent aucun des
avantages sociaux qui sont reconnus à la très grande
majorité des individus. Quand je vois dans ce projet de loi qu'il y a un
article qui permet d'employer ces personnes et qu'elles échappent
à toutes les lois touchant les conditions de travail. C'est l'article
27, si je ne m'abuse; non, ce n'est pas l'article 27, c'est l'article 24.
M. Leclerc: C'est vous autres qui avez amené ça. M.
le Président, c'est exactement leur article.
Mme Blackburn: Le ministre évalue la situation de
l'adulte, et seul le membre... Bon.
M. Leclerc: Dans le milieu de travail. Ce sont des mesures de Mme
Marois.
Mme Blackburn: À des mesures temporaires
d'intégration, de réintégration au marché du
travail. Sauf que, si je comprends bien, ça doit comprendre
également les stages, au moment où des entreprises sont
payées pour embaucher du monde, du "cheap labour"; n'est-ce pas
là-dedans?
M. Bourbeau: La députée parle à travers son
chapeau. Ce ne sont pas des emplois du tout et ils ne sont pas payés par
l'entreprise non plus. Ce sont toujours des assistés sociaux qui
continuent de recevoir leurs prestations d'aide sociale et qui sont
considérés encore comme des assistés sociaux quand ils
sont en mesure d'employabilité.
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: M. le Président, il faudra me faire
comprendre pourquoi et comment l'actuel gouvernement, avec les subventions qui
nous viennent de l'OPHQ, a réussi à détourner toutes les
lois du travail, alors que c'est de l'argent qui sort des budgets de l'OPHQ et
des CLSC, ce qu'on appelle le SIMAD, en chinois, le service d'aide SIMAD,
Service intensif de maintien à domicile. Cet argent-là est
détourné pour ne pas être géré par les CLSC,
parce que le CLSC devrait reconnaître un minimum des conditions de
travail prévues dans les lois qui régissent nos conditions de
travail au Québec.
Dans ces circonstances-là, quand on connaît le niveau
d'employabillté des personnes sur le bien-être, on sait que c'est
beaucoup ce genre d'emploi qu'elles pourraient occuper en commençant; ce
ne sont pas des conditions facilitantes et ce n'est certainement pas
Invitant.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le sous-amendement. Oui, M. le député de
Taschereau.
M. Leclerc: SI vous me le permettez, M. le Président.
Évidemment, je crois que la députée de Chicoutimi - je ne
lui en tiens pas rigueur - s'est rendu compte que l'article de loi qu'elle nous
citait ne se rapportait pas à ce qu'on appelle communément le
'Grant Diversion', puisque la personne bénéficiant de ce
programme, devenant employée à temps plein d'une entreprise,
n'est plus bénéficiaire de l'aide sociale, ne relève donc
plus de la Loi sur l'aide sociale.
L'article auquel elle nous référait est celui qui permet
à des organismes communautaires ou à des entreprises d'accuelIir
des assistés sociaux, soit en travaux communautaires, soit en stage en
entreprise, et qui fait en sorte que l'ensemble de nos lois du travail ne
s'applique pas à ces individus-là. Je comprends mal alors que la
députée de Chicoutimi veuille nous faire reproche de cet
article-là puisque, si je ne m'abuse, il est reproduit
intégralement de l'ancienne loi et c'est l'article, finalement, qui a
permis à Mme Marois, la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu de votre époque, de mettre en branle
les programmes tels Stages en milieu de travail et Travaux communautaires. Je
me rappelle combien d'efforts le Parti québécois a faits pour
vendre ces programmes-là à la population, y compris des campagnes
publicitaires très dispendieuses et agressives à la
télévision. Alors, l'imagine que vous y croyiez assez, à
ce moment-là. Je comprends mal que, trois ans plus tard, vous mettiez en
doute l'article qui permettait de faire ces stages en entreprise et ces travaux
communautaires.
Tout à l'heure, Mme la députée de Chicoutimi, vous
avez dit que le gouvernement était inapte à créer des
emplois. Je pense qu'on admet tous que bien que notre performance à cet
égard ne soit pas si mal, il faudrait en créer davantage, et vous
admettez sans doute qu'à votre époque, vous auriez dû en
créer davantage.
La relation entre le nombre d'emplois créés et le nombre
d'assistés sociaux n'est pas toujours directe. On a vu des cas, par
exemple en Ontario, où le chômage baissait et le nombre
d'assistés sociaux continuait à monter. Cela explique justement
le fait qu'il manque souvent un peu d'appartement entre les emplois offerts et
la capacité de certaines personnes de tenir ces emplois-là. Cela
explique également pourquoi, comme gouvernement, nous voulons augmenter
l'employabilité des personnes considérées aptes, pour
justement qu'elles soient en mesure de tenir les emplois qui sont offerts. Mais
|e ne dis pas qu'il y a assez d'emplois pour tout le monde, ce n'est pas ce que
je dis. Sauf qu'en Ontario, on s'est rendu compte qu'au lieu que se soient les
bénéficiaires d'aide sociale qui puissent
bénéficier des nouveaux emplois créés,
c'étaient les finissants de cégep, les finissants
d'université, des gens qui provenaient des autres provinces par exemple,
qui venaient prendre ces emplois, et c'est pourquoi en Ontario, et même
au Massachusetts où le taux de chômage est très bas, on
fait tout son possible pour augmenter l'employabilité des gens qui
bénéficient de l'aide sociale, justement pour que ce soient ces
personnes qui puissent aller chercher ces emplois nouvellement
créés. (21 h 15)
Justement dans l'est de Montréal, dans le comté de Mme la
députée de Maisonneuve, où le gouvernement a fait un
effort sans précédent pour créer de nouveaux emplois, ta
députée de Maisonneuve sait que bon nombre des emplois
nouvellement créés étalent récupérés
par des personnes, soit de Laval ou de Longueuil, peut-être ces personnes
étaient-elles mieux préparées ou mieux formées pour
prendre ces emplois? C'est donc dire que bien qu'on puisse rire un peu du
blâme que la députée de Chlcoutimi nous fait en disant
qu'on ne crée pas assez d'emplois, oui, j'en conviens, i faudrait en
créer davantage, mais je lui rappelle qu'il n'y a pas de relation
directe entre le nombre d'emplois créés et le nombre de
bénéficiaires d'aide sociale.
Par conséquent il nous faut, comme gouvernement - vous l'avez
fait également et vous ne vous en cachez pas - augmenter
l'empioyabilité des personnes qui bénéficient de l'aide
sociale et, ne serait-ce que dans votre allocution, vous nous avez dit que, par
exemple, une personne qui bénéficie de l'aide sociale depuis un
an commence déjà à perdre le sens de la
réalité du travail et les aptitudes, et voilà aussi une
des raisons pour lesquelles I faut que ces mesures d'employabilité
puissent aider ces personnes à garder leur aptitude au travail, ou
à redévelopper l'aptitude au travail qu'elles auraient perdue
à cause d'un séjour prolongé comme
bénéficiaire de l'aide sociale. Voilà. M. le
Président, ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien, je vous
remercie, M. le député de Taschereau. Je reconnais maintenant Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président. il se pourrait que j'aie
mal interprété l'article 23 et l'article 24 qui suit. Mais pour
savoir cela, il faut absolument que le ministre m'explique l'article suivant,
pour que je puisse comprendre si je me trompe ou non.
Au deuxième alinéa de l'article 23. à la
deuxième phrase, on dit: 'Ces mesures sont, notamment, des mesures de
soutien à l'emploi", ça va, 'de formation ou de participation*
à des travaux communautaires, cela entre dans la gamme des programmes
auxquels faisait allusion le député de Taschereau, les mesures de
soutien à l'emploi.
Le deuxième paragraphe dit: 'Le ministre peut, dans le cas de
certaines mesures, conclure une entente écrite avec le participant et,
le cas échéant, avec la personne qui fait exécuter le
travail; il peut y prévoir des conditions de travail et l'obligation
pour la personne qui fait
exécuter le travail de consulter, avant l'entrée en
fonction du participant", parce qu'if est dans une entreprise, "l'association
de salariés légalement reconnue pour représenter les
membres de l'unité de négociation". Si vous ne me dites pas qu'il
est en train de travailler dans une entreprise où M. y a
déjà des unités syndicales, et que lui n'a pas la
même couverture prévue par l'article suivant, expliquez-moi.
M. Leclerc: Mme la députée de Chicoutlml fait
référence à une situation qui est dans le régime
actuel...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, vous
étiez d'accord pour qu'on vous interrompe, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Oui, il n'y a pas de problème. On
cause.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Mais Mme la députée de Chicoutimi fait
référence à une mesure qui est déjà dans le
programme d'aide sociale actuel qui fait que pour qu'il puisse y avoir un stage
en entreprise, dans une entreprise où les employés sont
syndiqués, le syndicat doit être consulté au
préalable, et c'est actuellement dans le programme d'aide sociale, et
c'est une mesure qui est appliquée dans les stages en milieu de travail;
et à ma souvenance, lorsque j'étais dans l'entreprise
privée - donc du temps du Parti québécois - cette mesure,
et on me le confirme ici, était déjà en vigueur. Par
conséquent, Mme la députée de Maisonneuve nous reproche
encore quelque chose qui est actuellement dans la loi, et qui faisait partie
des mesures, comme je le disais tout à l'heure, prévues par Mme
Marois, une des prédécesseurs du ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu. Cela m'apparaît normal que dans
une entreprise syndiquée, lorsqu'il y a stage en milieu de travail, le
syndicat puisse être consulté avant que le stage ne commence. Cela
m'apparaît tout à fait conforme et je n'y vois rien
d'énorme. Comme nous l'avons dit tout à l'heure, il est normal
que pour les travaux communautaires et pour les stages en milieu de travail,
les lois du travail ne puissent s'appliquer, comme il sera normal, lorsque nous
parlerons de "Grant Diversion", qu'à ce moment-là,
l'employé soit soumis à toutes les lois du travail, à tous
les régimes de travailleurs, que ce soit la CSST, la Régie dos
rentes, l'assurance chômage. Peut-être y aurait-il une exclusion,
à ce moment-ci, quant au taux horaire puisque cet employé sera
réputé en formation et, par conséquent, peut-être
sera-t-on bien avisé de pouvoir prévoir une exception dans la loi
qui permettra à l'employeur de le payer un petit peu moins cher que les
employés à temps plein et déjà formés. Mais
cela m'apparaît logique et défendable dans les cir- constances.
Pourquoi pas aussi, si la mesure de "Grant Diversion" est dans une entreprise
syndiquée, sans doute l'employé en aura-t-il le droit, il fera
sans doute partie de la même accréditation.
Mais il faut faire attention. Ce n'est pas "Grant Diversion" parce que
le participant à ce que nous appelons le "Grant Diversion", ne sera plus
bénéficiaire de l'aide sociale, donc ne sera plus soumis à
la loi de l'aide sociale que nous avons devant nous.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: II me reste 30 secondes. S'il m'en manque, je vous
offre un chocolat pour me laisser prolonger.
Le Président (M. Bélanger): Ce ne sont plus des
pots de vin, ce sont des pots de chocolat.
M. Bourbeau: Je crains les Grecs surtout lorsqu'ils apportent des
cadeaux, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mais M. Sirros n'est
pas ici.
Mme Blackburn: M. le Président. Je voudrais qu'on
m'explique de quel programme il s'agit lorsqu'on parle des mesures de soutien
à l'emploi? S'agit-il du programme qui prévoit que des
subventions sont accordées à l'entreprise pour embaucher?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre?
M. Bourbeau: M. le Président. Je dois reconnaître
que je n'ai pas très bien saisi la question de Mme la
députée de Chicoutimi; mais je ne m'en accuse pas trop parce que
la dernière fois, Mme la députée de Chicoutimi, quand je
lui ai répondu, n'a même pas écouté la
réponse. Alors, je ne pouvais pas penser qu'elle m'avait posé une
question, mais si elle veut répéter sa question, je vais
l'écouter plus attentivement?
Le Président (M. Bélanger): On va demander à
Mme la députée de Chicoutimi de bien vouloir reformuler sa
question. Cela ne comptera pas dans votre temps.
Mme Blackburn: M. le Président. La question est simple.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer de quel programme M. s'agit
lorsqu'il parle au deuxième paragraphe, premier alinéa,
troisième phrase: Ces mesures sont notamment des mesures de soutien
à l'emploi? De quel programme s'agit-il lorsqu'il parle de mesures de
soutien à l'emploi?
M. Bourbeau: Ce sont des mesures communément
appelées les mesures d'employabilité, stages en milieu de
travail, travaux communau-
taires, rattrapage scolaire, rattrapage scolaire à l'emploi,
formation. Ce sont des mesures d'employabilité.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
C'est inscrit au Journal des débats. Alors Mme la
députée de Chicoutiml. SI vous voulez continuer, I vous reste
quelques secondes.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais que le
ministre nous répète ce que cela comprend: des mesures de soutien
à l'emploi? Pour que je puisse bien apprécier si ces mesures
peuvent être appliquées sans tenir compte du Code du travail, de
la Loi sur les décrets et conventions, de la Loi sur la fonction
publique, de la Loi sur les normes du travail. Parce que cela veut dire que ces
différentes lois ne s'appliqueront pas. J'aimerais qu'il me dise de quel
programme il s'agit, pour nous permettre d'apprécier cela.
M. Bourbeau: Ce sont les mesures d'employabilité que vous
connaissez très bien. Je ne comprends pas pourquoi vous...
Mme Blackburn: On soutient que les mesures
d'employabilité, cela devient la même chose.
Mme Harel:... une chance qu'ils savent ce qu'ils veulent comme
mesures de soutien à l'emploi.
M. Bourbeau: M. le Président. Nous essayons de comprendre
le sens des questions de l'Opposition. Ce ne sera pas très long.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Harel: Est-ce possible! M. le Président, est-ce qu'on
procède?
Le Président (M. Bélanger): Oui, j'attends que M.
le député de Taschereau, qui a demandé la...
M. Leclerc: Non, je n'ai rien demandé. J'avais
demandé quelque chose en arrière, je n'avais rien demandé
en avant.
Le Président (M. Bélanger): Ah! excusez, je pensais
que vous aviez demandé la parole.
M. Leclerc: Je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): C'est mon erreur.
M. Leclerc: II n'y a pas de faute.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a une
question de posée. M. le ministre, est-ce que vous désirez donner
une réponse à Mme la députée de Chicoutiml ou vous
en abstenir?
M. Bourbeau: Oui. M. le Président, ce ne sera pas
très long, là. je suis en train de...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, je
vous en prie.
Une voix: M. le Président.
Mme Harel: Non, il n'y a pas de 'en attendant', il y a une
question posée au ministre.
M. Leclerc: Ah! je m'excuse, vous ne vouiez plus que je
parle.
Mme Harel: Je commence à être tannée. Non,
non, à votre tour!
Le Président (M. Bélanger): Non, pendant que M. le
ministre cherche sa réponse, si M. le député de Taschereau
veut répondre.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): On va laisser M. le
ministre répondre et on vous reconnaîtra après.
M. Bourbeau: M. le Président, dans le texte. De toute
façon, on est en train d'étudier l'article 23 et je ne sais pas
ce qu'on y fait. Je peux dire à la députée que le terme
'mesure de soutien à l'emploi" correspond à une mesure comme, par
exemple, le stage en milieu de travail qui, pour nous, est une mesure de
soutien à l'emploi. Maintenant, la députée de Maisonneuve
peut peut-être ne pas aimer cette terminologie et, quand on sera rendus
à l'article 23. dans trois semaines ou un mois, elle pourra
peut-être proposer une autre façon de nommer cette mesure ou de se
référer à la mesure, mais, pour l'instant, nous
considérons... Dans le texte actuel qui se réfère à
la même chose qu'à l'article 11...
Mme Harel: C'est l'employabilité.
M. Bourbeau:.. on dit: Ce plan de relèvement peut
notamment comprendre la participation d'une personne seule ou d'un membre d'une
famille à un programme d'activité de travail ou de formation
établi en vue de développer l'aptitude des
bénéficiaires à occuper un emploi. Alors, on parlait.
Mme Harel: "Doit", là, ce n'était pas une mesure
d'emploi, c'était une mesure de relèvement de
l'employabilité.
M. Bourbeau: ".. en vue de développer l'aptitude des
bénéficiaires à occuper un emploi. "
Mme Harel: Éventuellement.
M. Bourbeau: Nous avons choisi, dans la
nouvelle loi, de parler de mesures de soutien à l'emploi. Si la
députée de Maisonneuve n'aime pas la description que nous faisons
de ce concept, elle déposera des amendements, elle proposera d'autres
façons de le dire. Mais, je ne vois pas ce qu'il y a de si dramatique
là, il n'y a pas de quoi fouetter un chat et encore moins une
chatte.
Le Président (M. Bélanger): Bien. D'autres
interventions? M. le député de Taschereau, désirez-vous
toujours intervenir? C'est fait? Bien.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est sur le sous-amendement que j'aimerais
Intervenir. D'abord, M. le Président après un certain nombre
d'heures d'étude de l'article 1 et de l'amendement du ministre, je veux
rappeler que le ministre, s'il pensait pouvoir faire adopter les yeux
fermés l'amendement qu'il nous a lui-même proposé, se
trompait. 'e trouve le ministre extrêmement paternaliste et ses
leçons de bonne et de mauvaise conduite données à mes
collègues députés sont, selon moi,
déplacées, oui, déplacées, et, finalement, cela
reprend ses leçons visant les assistés sociaux. J'ai ici une
série de ses déclarations dans les médias où se
révèle toute la pensée du ministre, sur le thème
selon lequel quelqu'un qui veut s'en sortir peut s'en sortir. C'est ce que
pense le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
M. Bourbeau: Oui, oui, absolument.
Mme Harel: Quelqu'un qui veut, le peut. On y reviendra. On
reviendra sur les programmes d'emploi en forêt. On reviendra sur ce que
les gens considèrent être de l'esclavage en forêt. On y
reviendra aux prochains sous-amendements.
Examinons celui qui concerne les personnes inaptes. Le ministre vient de
nous dire que ces personnes ne seront maintenant plus obligées de passer
le test d'invalidité puisque l'amendement qu'il prétend
introduire à l'article 7 ne rendra plus nécessaire le test
d'invalidité, celui qui prétend prouver ne plus être
capable d'occuper un emploi, c'est cela que le ministre biffe par son
amendement. Alors, ce ne seront plus là des personnes Invalides. On
reviendra à l'article 7. (21 h 30)
Alors, pourquoi le ministre, dans son amendement, prétend qu'il
doit accorder une aide aux personnes inaptes, qui ont des besoins
différents? Il va devoir nous qualifier la nature des besoins
différents. Est-ce que ce sont les besoins à long terme qui sont
différents? Comment se fait-il qu'il ne les a pas qualifiés?
Quels sont les besoins qui sont différents de ceux des personnes aptes
au travail? C'est que les person- nes aptes au travail, dans l'esprit du
ministre, si elles n'ont pas de travail, c'est parce qu'elles ne veulent
pas travailler. Sinon, si elles sont aptes au travail, en quoi ont-elles la
garantie d'avoir un travail pour combler leurs besoins? Ceux-là
mêmes qui sont à long terme et dont le député de
Taschereau admet qu'ils ne sont pas comblés, ils vont les combler s'ils
ont un travail. Mais le ministre pense qu'il y a du travail pour tout le monde.
Il y a 300 000 chômeurs et chômeuses au Québec. Ça va
bien. Le gouverment dit que ça va bien. Les gens de l'autre
côté, vous nous répétez que ça va très
bien, que les trois dernières années ont été
vraiment bonnes, très bonnes. Bien, durant les trois dernières
années, la création d'emplois a été exactement
l'équivalent de celle des trois dernières années du
gouvernement précédent. Exactement. En 1983, 1984 et 1985, le
total de la création d'emplois est équivalent à la
création en 1985, 1986 et 1987, c'est-à-dire 200 000.
Vous confondez les mesures d'employabilité avec l'emploi. Jamais
le gouvernement précédent n'aurait eu l'audace de confondre
l'employabilité avec l'emploi. L'employabilité, n'oubliez pas
qu'on ne joue pas sur les mots, pas du tout. L'employabilité n'a rien
à voir avec l'emploi. C'est occupationnel, absolument. Ce que les
mesures d'employabilité permettaient à une personne de moins de
30 ans, c'était de doubler sa prestation et de se rendre active pour ne
pas se marginaliser dans la société. On ne parle plus de la
même chose. On parle d'élargir à des personnes de plus de
30, 40 ou 50 ans ces mesures qui étaient, dans le fond, offertes
à des personnes qui n'avaient pas d'expérience de travail. Je
vais vous rappeler ce que disait justement le livre blanc concernant les
mesures d'employabilité: II convient que certaines des mesures de
relèvement de l'employabilité, travaux communautaires, formation
en industrie, retour aux études, qui sont à l'essai en 1984
constituent des expériences pilotes dont les résultats devront
être analysés avant qu'on n'aille plus loin dans la réforme
du régime des transferts. Jamais vous n'avez analysé cette
expérience pour conclure qu'il fallait la modifier. J'ai fait une
tournée du Québec au mois de septembre. J'ai visité des
organisations dans douze villes du Québec. Je peux vous indiquer les
modifications qu'il faut apporter à ces mesures qui étaient des
expériences, qui étaient mises en place pour quatre ans
seulement. Vous n'avez pas indexé les barèmes de participation;
plus encore, vous vous apprêtez à les diminuer. Vous vous
apprêtez à faire qu'un participant ne pourra toucher que 520 $ par
mois quand il peut toucher 587 $ présentement.
La Président (M. Bélanger): En conclusion.
Mme Harel: En conclusion, M. le Président, le ministre a
lui-même introduit un amendement extrêmement discriminatoire. Il
prétend qu'il y aurait des besoins différents, des besoins
essen-
tiels, mais I ne les qualifie pas; alors ce sont tous les besoins, des
besoins de subsistance différents pour une personne Inapte et une
personne apte. C'est totalement Inacceptable.
M. Leclerc: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Assez brièvement, d'abord la
députée nous reproche de ne pas avoir indexé les
barèmes de ceux qui bénéficient des mesures
d'employabilité. J'imagine que vous voulez dire qu'on n'a pas
indexé...
Mme Harel: Les mesures d'employabiiité. l'allocation des
mesures.
M. Leclerc: Non. Ce qu'on n'a pas indexé. en fait on est
en train de sortir les chiffres, c'est l'allocation de dépenses se
rapportant aux mesures.
Mme Harel: C'est cela. C'est de cela que je parle.
M. Leclerc: Mais, ce ne sont pas les barèmes.
Mme Harel: C'est l'allocation des mesures. Je ne vous parle pas
des barèmes qui sont indexés annuellement.
M. Leclerc: C'est cela.
Mme Harel: Je vous parle que la participation aux mesures, elle,
n'a pas été indexée. L'allocation de participation, elle,
n'a pas été indexée.
M. Leclerc: Oui, puisque pour le jeune de moins de 30 ans qui est
a l'aide sociale et qui participe à une mesure, les 100 $ constituent
seulement la dernière portion de son chèque.
Mme Harel: Ces 100 $ n'ont jamais été
indexés.
M. Leclerc: Non. On est d'accord avec vous.
L'aide sociale du jeune a été indexée. C'est
l'allocation de participation aux mesures qui n'a pas été
indexée. Alors, il ne faut pas dire qu'il n'y a rien eu
d'indexé.
Mme Harel: On parle de l'allocation de participation.
M. Leclerc: Bien. La députée semble ne pas
être d'accord ou même nous reprocher - je ne veux pas lui
prêter d'Intention - que les personnes de plus de 30 ans qui sont aptes
doivent participer à ce genre de mesures, en disant que ces
mesures-là, à son époque, étaient
réservées, aux moins de 30 ans. Toutefois, j'ai lu les
galées des propos de Mme Marois en Chambre, l'ex-ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, et à deux
reprises, lorsqu'elle a présenté ces mesures et qu'elle les a
expliquées - je ferai parvenir une copie des galées à Mme
la députée de Malsonneuve - elle a dit: Ces mesures
d'employabiiité s'appliqueront pour le moment - je dis bien pour le
moment - aux personnes de moins de 30 ans. Par conséquent, que
voulez-vous qu'il arrive après le "pour le moment" de l'ex-ministre
Marois? Après cela, ce sont les plus de 30 ans. Je vous laisse
déduire ce que vous voulez, mais cela m'apparaît manifeste. De
toute façon, je vous fournirai la copie de ces galées.
La députée de Maisonneuve nous reproche de ne pas
prévoir les besoins à long terme des personnes aptes. Je lui
ferai remarquer que, dans le régime dans lequel nous vivons, les besoins
à long terme ne sont prévus ni pour les inaptes, ni pour les
aptes. C'est un régime avec lequel ils ont passé les neuf
années de leur mandat. Alors, j'imagine que ce ne doit pas être
une ignominie de ne pas prévoir ces besoins à long terme à
une partie des assistés sociaux, puisque eux, Us ne les
prévoyaient pas pour chacun. Ce n'est pas un reproche que je leur fais.
Ces barèmes-là ont été confectionnés en
1973, je crois, avec les statistiques du Dispensaire diététique
de Montréal et, à l'époque, on prévoyait les
besoins à court terme et ceux à long terme. Toujours, ces
mêmes barèmes-là ont été Indexés
année après année et il n'y avait pas de besoins à
long terme prévus là-dedans. Le gouvernement a fait un choix
politique. Il a décidé de majorer l'allocation des personnes
Inaptes au travail pour prévoir à l'Intérieur de cette
allocation des besoins à long terme qui couvrent, ce que j'expliquais
tout à l'heure, le bris d'appareil ménager, etc.
Par conséquent, comment peut-on nous le reprocher, alors qu'on a
toléré pendant neuf ans de ne donner à personne des
besoins à long terme? Comment peut-on nous reprocher de vouloir en
donner à 25 % de la population, d'une part, et, d'autre part, de
permettre, aux gens qui sont aptes, de couvrir leurs besoins à long
terme par des gains de travail qui, eux, sont exemptés? Rappelons-nous
combien de gains de travail étaient exemptés sous l'ancien
régime, sous le régime actuel, donc, celui sous lequel vous avez
vécu: c'est 25 $. Alors, je peux vous dire que la 26e piastre
coûtait cher. Ce n'est pas comme cela que les assistés sociaux,
qu'ils aient été aptes ou Inaptes, pouvaient couvrir leurs
besoins à long terme. II n'y avait pas de façon de couvrir leurs
besoins à long terme. Nous prévoyons donner en argent les besoins
à long terme aux assistés sociaux Inaptes et nous
prévoyons que les assistés sociaux aptes puissent, grâce
à des gains de travail exemptés, aller chercher eux aussi leurs
besoins à long terme. Alors, Je me dis: Oui, l'Opposition peut
essayer
de nous faire la morale, mais sur les besoins à long terme,
j'essaie de voir comment elle peut nous reprocher une amélioration
tangible tant pour les inaptes que pour les aptes, alors qu'elle, bien qu'elle
ait hérité du régime avant elle, a quand même
vécu neuf ans avec cela; ces gens ont été capables de
vivre avec cela, alors qu'on présente mieux. Expliquez-moi comment il se
fait qu'on ne soit pas corrects.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question à la députée de Maisonneuve?
La Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre.
Mme Harel: Ha, ha, ha! C'est le monde à l'envers!
M. Bourbeau: À deux ou trois reprises, la
députée de Maisonneuve...
Mme Harel: Non, franchement, M. le président,
êtes-vous sérieux?
La Président (M. Bélanger): On va laisser aller M.
le ministre.
Mme Harel: Vous pensez que M. le ministre peut me poser une
question?
M. Bourbeau: Oui. Bien oui. Pourquoi pas?
Le Président (M. Bélanger): C'est pratique
courante, madame.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve a
affirmé à quelques reprises que nous étions moins
généreux...
Mme Harel: C'est le monde à l'envers!
M. Bourbeau:... si elle veut me porter attention quelques
secondes, que nous étions moins généreux dans la
réforme qu'on ne l'est dans le système actuel à
l'égard des gens qui vont participer à une mesure
d'employabilité. Elle nous dit, par exemple: Vous allez donner 520 $
à un adulte seul qui va participer, alors que dans le système
actuel, il en a 587 $. J'aimerais que la députée me dise dans le
système actuel, dans quels cas un individu retire 587 $ pour participer
à une mesure.
Mme Harel: Ceux que le ministre connaît.
M. Bourbeau: Pouvez-vous vous expliquer?
Mme Harel: Franchement! C'est ridicule!
M. Bourbeau: Lequel? Qui? Qui reçoit...
Mme Harel: Les chefs de famille monopa- rentale qui vont
participer à des travaux communautaires.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il s'agit d'une personne seule qui aura
587 $?
Mme Harel: Par exemple, une personne seule...
M. Bourbeau: Vous parlez d'une famille, là? Mme Harel:
Oui.
M. Bourbeau: Vous parlez d'une famille? Mme Harel: Oui. Je
parle...
M. Bourbeau: C'est le barème de famille qui s'applique,
pas le barème d'une personne seule.
Mme Harel: Alors...
M. Bourbeau: Alors vous êtes dans l'erreur.
Mme Harel: Attendez voir... Les stages en entreprise.
M. Bourbeau: Oui, mais qui? Est-ce que c'est une personne
seule?
Mme Harel: Une personne seule, oui; une personne seule.
M. Bourbeau: Une personne seule, dans le système actuel,
de moins de 30 ans, forcément. Une personne seule qui va en stage,
actuellement, pour Stages en milieu de travail a 178 $ de l'aide sociale, elle
a moins de 30 ans; besoin spécial, 209 $ et l'allocation payée
par l'employeur, 100 $. Total: 487 $. C'est moins que ce que nous allons
payer.
Mme Harel: Une personne seule handicapée. M. Bourbeau:
Une inapte?
Mme Harel: Non, non, une handicapée. Handicapé et
Inapte, M. le ministre, ne confondez pas. N'allez pas insulter les
handicapés.
M. Bourbeau: Non, non. Alors elle est considérée
comme Inapte, dans le système actuel, forcément; cette
personne-là, évidemment, aura plus. Mais dans le nouveau
système, je vous signale qu'elle aura 585 $, plus 100 $, ce qui fait 685
$; on n'est donc pas à vos 520 $ de tout à l'heure. Votre exemple
ne tient donc pas.
Mme Harel: Alors qui va... La participation d'une personne seule
à une mesure, par exemple stages en entreprise...
M. Bourbeau: Oui. Stages en milieu de travail?
Bref, ce que la députée de Maisonneuve dit depuis deux
semaines, ça ne tient pas debout. II n'y a aucun cas, la
députée de Malsonneuve s'en rend compte, où on sera moins
généreux dans la réforme que dans le système
actuel; cela n'existe pas, présentement, des gens qui reçoivent
587 $ par mois, des personnes seules!
Mme Harel: Attendez, M. le ministre. Vous voulez entreprendre
cette discussion?
M. Bourbeau: Oui, oui, oui. Mme Harel: On va
l'entreprendre. M. Bourbeau: Des personnes seules!
Mme Harel: M. le Président, on continue. Vous nous pariez
des personnes seules et des chefs de famille monoparentale?
M. Bourbeau: La députée de Malsonneuve a toujours
parlé de la personne seule dans le régime...
Mme Harel: Je n'ai pas toujours parlé de ça, c'est
vous qui m'avez questionnée sur la personne seule.
M. Bourbeau: Non, non, à deux ou trois reprises...
Mme Harel: Je vous questionne, moi, maintenant.
M. Bourbeau: À deux ou trois reprises, vous avez
affirmé que nous donnions 520 $.
il Président (M. Bélanger): Un à la
fois.
Mme Harel: C'est mon tour après lui, par exemple.
M. Bourbeau: 520 $... Écoutez!
La Président (M. Bélanger): Je vous demanderais
qu'on s'adresse à la présidence pour éviter toutes
ces...
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve a affirmé que nous payions 520 $. dans la réforme,
à une personne seule; forcément, c'est le barème d'une
personne seule qui participe. Elle a dit qu'on est moins généreux
par rapport à la personne seule qui, présentement, reçoit
587 $. Or. M. n'y en a pas. de personnes seules qui reçoivent 587 $.
présentement, M. le Président. Cela n'existe pas, des personnes
seules qui reçoivent 587 $; donc, la députée de
Maisonneuve s'est trompée.
Mme Harel: M. le Président, le ministre a lui-même
parlé de 520 $ pour décrire la situation financière d'une
personne seule qui va participer à un programme. Présentement,
une personne seule qui participe à un programme, cela dépend du
programme, évidemment, mais avec le stage en entreprise, elle
reçoit à la fois 100 $ de contribution de l'entreprise, plus 100
$ de besoins spéciaux, plus son barème de base, plus un
barème supplémentaire; elle reçoit donc
présentement 587 $.
M. Bourbeau: Non, M. le Président, elle reçoit 487
$.
Mme Harel: Plus 100 $ de l'entreprise. M. Bourbeau: Oui, y
compris. Mme Harel: Donc. 587 $... M. Bourbeau: Non. M. le
Président.
Mme Harel:... c'est-à-dire 178 S, plus 209 $, plus 100 $.
plus 100 $
M. Bourbeau: Non. 178 $, plus 209 $, plus 100 $, M. le
Président; ça fait 487 $.
Mme Harel: Plus 100 $ de besoins spéciaux.
M. Bourbeau: Non, pour le besoin spécial, c'est la somme
de 209 $. Elle reçoit donc 178 S, plus le besoin spécial. 209 $,
plus l'allocation de l'employeur, ce qui fait 487 $.
Mme Harel: Puisque le ministre est si doué, qu'il me
décrive donc la situation d'une personne monoparentale! Qu'il me
décrive donc la situation!
M. Bourbeau: Oui, mais...
Mme Harel: C'est à mon tour, M. le Président, je
lui renvoie la question.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, on va
laisser Mme la députée finir sa question.
Mme Harel: Le ministre a tous les chiffres, alors qu'il me
décrive donc la situation d'un chef de famille monoparentale avec un
enfant, avec sa participation à des travaux communautaires, dans le
système actuel, et ce qu'il recevra avec le projet du ministre. (21 h
45)
M. Bourbeau: Quand fa députée de Maison-neuve,
à plusieurs reprises, a cité le cas...
Mme Harel: Est-ce qui peut répondre à ma question.
M. le Président?
M. Bourbeau: de la personne seule, je dis bien de la personne
seule, qui gagnera 520 $ dans la réforme de l'aide sociale, la nouvelle
réforme, et qu'elle disait recevoir 587 $ dans le système actuel,
ce n'est pas exact. Et c'est
l'exemple que la députée de Malsonneuve a pris et c'est
sur ce point que je l'ai reprise. La députée de Malsonneuve n'a
jamais parlé de la famille monoparentale jusqu'à aujourd'hui et
je n'ai pas l'intention de commencer à prendre toutes les
catégories l'une après l'autre.
Mais sur le cas de la personne seule...
Mme Harel: Ah, ah!
M. Bourbeau: Concernant le cas de la personne seule dont a
parlé à plusieurs reprises la députée de
Maisonneuve, elle s'est trompée, elle a affirmé publiquement que
la personne seule qui participerait gagnerait moins qu'elle ne gagne
présentement. Elle s'est trompée et elle devrait l'admettre tout
simplement, c'est tout.
Mme Harel: Je vais l'admettre, M. le Président, comme le
ministre va devoir admettre que malheureusement, le chef de famille
monoparentale avec un enfant, qui va participer aux mesures
d'employabilité va, lui, voir une réduction de son barème
mensuel. Et je cite les chiffres que le ministre a fournis dans son iossier de
presse. Un chef de famille monoparentale qui, en 1988, a un barème de
662 $ avec un 100 $ pour la participation, c'est-à-dire un total de 762
$, va voir son barème mensuel diminuer de 42 $ par mois en participant
aux mesures d'employabilité dans le cadre de la réforme du
régime.
Et que dire, M. le Président, d'un couple avec un enfant? Que
dire d'un couple avec deux enfants? La situation va aller en se
détériorant pour ces personnes qui vont participer aux mesures.
Puisque chaque conjoint recevait 100 $ pour sa participation, qui
étaient ajoutés à son barème. Alors, M. le
ministre, je suis bien prête à reconnaître qu'il y aura une
légère amélioration pour la participation mais à ce
moment-ci, puisqu'on est à la période de discussion, que sera
l'indexation au 1er janvier? Puisque la personne qui participait aux
barèmes, on a convenu, avec vos chiffres, M. le ministre, qu'elle
pouvait obtenir 487 $.
Alors, elle aurait été en mesure d'aller chercher
l'équivalent de ce que vous allez lui offrir avec l'indexation. Est-ce
que vous garantissez qu'il y aura Indexation, au 1er janvier, des
barèmes de base?
M. Bourbeau: Bon, M. le Président. Maintenant que la
députée a admis qu'elle avait parlé un peu trop
vite...
Mme Harel: Est-ce que le ministre va admettre?
M. Bourbeau: Bien moi, je n'ai jamais parlé, mol, il n'y a
pas de problème. Tout ce que je sais, c'est que la députée
a lancé plusieurs questions. Elle a parlé des familles
monoparentales, des biparentales, alors, elle a parlé de toutes sortes
de choses.
Je regarde les biparentales avec deux enfants, elle a parlé de
cela. Dans la réforme, M. le Président, la blparentale avec deux
enfants qui participera aura 1042 $. Dans le système actuel, elle a 1036
$. Donc, on ne peut pas dire que c'est une diminution. Bon, maintenant...
Mme Harel: Un couple avec deux enfants, M. le Président,
qui va participer, à la fin de 1989, avec la réforme, je cite les
chiffres du tableau du ministre, aura 992 $.
M. Bourbeau: Le couple avec deux enfants qui va participer...
Mme Harel: Alors, M. le ministre, je peux vous fournir vos
chiffres, si vous voulez, votre propre tableau. Je peux vous dire pourquoi vous
vous trompez, par exemple.
M. Bourbeau: Oui, mais 992 $... Non, non, la
députée se trompe. Les 992 $, c'est le barème où un
des parents est disponible et l'autre ne l'est pas. L'un n'est pas disponible
et l'autre est participant, ce qu'on appelle les barèmes mixtes. Tout
à l'heure, la députée a parlé de deux parents qui
participent, alors il ne faut quand même pas mélanger les
choses.
Deux parents qui participent, dans le système actuel, c'est 1042
$, c'est-à-dire 1036 $ et dans la réforme, c'est 1042 $, donc, 6
$ de plus. La députée devrait être précise dans ses
questions.
La Président (M. Parent, Bertrand): Maintenant, si on me
permettait, à ce stade-ci, une remarque. Je trouve le débat
extrêmement intéressant, très enrichissant et
sûrement de nature à faire évoluer notre étude sur
le projet de loi, mais j'essaie de me retrouver avec le sous-amendement
où nous en étions rendus...
Mme Harel: C'est juste. M. Bourbeau: C'est quand
même intéressant. Le Président (M. Bélanger):
Et passionnant. Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous rappelle juste
qu'on est fort loin du sous-amendement où on était rendus.
Mme Harel: Oui. M. le Président, une question...
Le Président (M. Bélanger): Si c'est la
volonté de la commission de continuer, je n'ai aucune objection mais je
voudrais juste nous rappeler qu'on va avoir du mal à se retrouver et
à finir si on ne procède pas par ordre. Je veux juste nous
rappeler cela. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Vous avez raison de nous le rappeler mais je vous
rappelle que c'est vous. M. le Président, qui avez permis au ministre de
me poser une question. Alors, c'est vous-même qui devez assumer...
Le Président (M. Bélanger): Je plaide coupable,
madame, et je rappelle tout le monde à l'ordre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est mieux que je ne lui
pose plus de questions.
Mme Harel: Au contraire. Je voudrais simplement rappeler au
ministre que cet échange de questions n'est pas à sens unique et,
réciproquement, je lui renvoie une question très importante parce
que les chiffres que je reçois sur les personnes seules à savoir
que dans le système actuel en participant à une mesure elles
peuvent obtenir un barème de 487 $ et qu'elles auraient 520 $ avec la
réforme, évidemment que cela ne tient pas compte de l'indexation
des 487 $ en date du 1er janvier prochain et je veux simplement relancer ma
question au ministre. Est-ce qu'il garantit qu'il y aura une Indexation des
barèmes des prestations à l'indice des prix à la
consommation le 1er janvier?
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez
madame, je pense que votre question est un peu prématurée.
D'après ce que j'ai pu voir, il y aura des articles plus loin dans le
projet de loi qui vont traiter spécifiquement de ces sujets et on aura
l'occasion, à ce moment-là, de poser toutes les questions
possibles et j'espère qu'on les posera toutes pour bien s'y comprendre
là-dedans. En attendant, est-ce qu'on pourrait revenir?
Mme Harel: Oui, mais je vous rappelle que la question du ministre
que vous avez autorisée n'avait rien à voir avec le
sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): J'ai plaidé
coupable, madame, avec toutes les excuses possibles. C'est mon erreur, c'est
mon laxisme, mais je vous demande maintenant bien humblement de me permettre de
nous ramener à notre sous-amendement et continuer là où
nous en étions. S'il vous plaît!
Le sous-amendement pour se le rappeler, parce que c'était il y a
un petit bout de temps dans le débat, c'était de remplacer le
paragraphe 2° Introduit par l'amendement 2° par le suivant: "d'accorder
cette aide en tenant compte du fait que les personnes Inaptes au travail sont
dans l'impossibilité d'ajouter à leurs prestations les exemptions
pour gain de travail permis aux personnes aptes au travail. ' Nous en
étions à ce sous-amendement. Est-ce qu'il y a encore des
interventions sur ce sous-amendement? Je dois conclure que non. Est-ce que le
sous-amendement est adopté?
Mme Harel: Adopté.
M. Bourbeau: M. le Président, on ne peut pas souscrire
à ce sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, rejeté.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Bien.
Donc, nous revenons à l'amendement proposé par M. le ministre.
Nous étions au paragraphe 2° qui se lit comme ceci: "d'accorder
cette aide en tenant compte du fait que les personnes Inaptes au travail ont
des besoins différents de ceux des personnes aptes au travail'. Est-ce
qu'il y a des interventions sur ce deuxième paragraphe? Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, Je veux réitérer
que c'est une voie dangereuse dans laquelle s'engage le ministre en
Introduisant dans son projet de loi une telle discrimination sans qualifier la
nature des besoins. Donc, dorénavant, les programmes pourront s'adresser
à des catégories de personnes en prétendant que les
personnes inaptes au travail, mais qui ne sont pas invalides, qui peuvent
être des personnes qui ont un handicap mais qui du fait de leur handicap
peuvent aussi travailler et peuvent même obtenir des gains de travail
parce qu'une personne handicapée n'est pas nécessairement sous
scolarisée. Je reprends d'ailleurs la définition que le ministre
veut modifier à l'artide 7: une personne pourra produire un rapport
médical sur un état physique altéré, de
façon significative et étant donné ses
caractéristiques socioprofessionnelles, cela pourrait fort bien
être du fait d'une formation très poussée dans un domaine
qui n'existe pas dans sa ville d'origine. Tout le monde n'habite pas à
Montréal ou a Québec. II peut donc y avoir des personnes
très scolarisées dans une formation précise et qui vont
faire valoir que leur formation socioprofessionnelle n'est pas en demande. Cela
va présenter des contraintes sévères à l'emploi.
Donc l'État va reconnaître à ces personnes des besoins
différents. Le ministre n'a même pas pris le soin de qualifier la
nature de ces besoins. On ne parle pas des personnes handicapées avec la
compensation pour la limitation fonctionnelle ou leur handicap. On ne parle pas
de cela. On ne parle pas non plus des personnes invalides, qui au sens de la
Régie des rentes vont avoir droit à une rente
d'Invalidité. On parle de personnes inaptes. C'est évident que le
danger qu'introduit une telle catégorisation est un danger qui va se
révéler omniprésent dans les bureaux des
députés, de personnes qui vont venir nous voir pour se faire
aider à se faire déclarer inaptes. Le contraire ne peut
être autrement.
Je me rappelle la commission MacDonald qui étudiait les
systèmes de régime de sécurité des provinces
canadiennes, qui déclarait qu'une des grandes difficultés des
régimes c'est d'Introduire des considérations
bénéfiques, simplement pour certaines catégories. Donc
d'introduire un processus où tout le monde cherche à obtenir ces
bénéfices, c'est tout à fait normal. Qui ne voudra pas
être déclaré inapte, puisque l'inaptitude va permettre de
voir compenser ses besoins? Un tel paragraphe est tellement vague qu'il permet
à un programme de ne plus subvenir aux besoins ordinaires des personnes
aptes, puisqu'il prétend que les personnes inaptes doivent être
traitées différemment parce qu'elles auraient des besoins
différents. Il n'y a plus aucune garantie que le gouvernement donne
à l'État la responsabilité de subvenir aux besoins
essentiels. Le mot "essentiel" n'a même pas été retenu
comme sous-amendement. Dans les règlements, c'est à la
discrétion ministérielle, dans l'arbitraire le plus total que
pourra se décider quels sont les besoins qui sont compensés,
auxquels on accorde une assistance et à quelle catégorie, aptes
ou inaptes, econnaît-on le droit d'obtenir une assistance pour des
besoins?
L'amendement que le ministre a introduit ce matin, cela renforce, cela
crispe le virage qui était annoncé par le document de son
prédécesseur au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Il n'y a plus de besoins essentiels qui sont
reconnus comme méritant l'assistance de l'État. Là
même, on fait des distinctions. On catégorise les personnes dans
le besoin en prétendant que certains vont avoir des besoins
différents d'autres. Je trouve cela extrêmement dangereux qu'on
soit si "lousses" dans une loi. Cela peut prêter lieu à absolument
toutes les Interprétations. Cela peut donner lieu à tous les
arbitraires. Le ministre me fait signe. A moins qu'il y ait déjà
un amendement. (22 heures)
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que la
députée serait d'accord si on suspendait l'étude du
paragraphe 2°? On va peut-être proposer nous-mêmes une
modification au paragraphe 2°. On pourrait passer au paragraphe 3°.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre l'étude du paragraphe 2° et passer
à l'étude du paragraphe 3°? Consentement?
Mme Harel: Consentement. M. Bourbeau: Consentement.
Le Président (M. Bélanger): Consentement. Bien.
J'appelle donc le paragraphe 3° qui se lit de la façon suivante: "de
favoriser l'intégration ou la réintégration au
marché du travail des personnes aptes au travail tout en
considérant que les personnes déjà sur le marché du
travail ou aux études doivent conserver une incitation à y
demeurer. " M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai au tout début de
nos travaux à l'égard de l'article 1 donner des notes
explicatives. Alors, je pense que je n'ai rien d'autre à ajouter.
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'ai un
sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: J'ai un sous-amendement à présenter. Il
a déjà été transmis aux membres de la commission.
Le sous-amendement consiste à remplacer le paragraphe 3°...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
députée, procédez.
Mme Harel:... introduit par l'amendement, par le suivant: "de
favoriser, par l'intégration des régimes de taxation et de
transfert, l'insertion ou la réinsertion au marché du travail des
personnes aptes au travail et une incitation à y demeurer pour les
personnes déjà sur le marché du travail ou aux
études. "
Le Président (M. Bélanger): Alors, votre
sous-amendement, Mme la députée de Maison-neuve, est recevable.
Sur le fond, si vous voulez faire votre présentation. En avez-vous fait
des copies en nombre suffisant pour tout le monde? Oui, d'accord.
Mme Harel: Oui. En fait, il a été distribué
avec une petite erreur, une légère erreur.
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est
"troisième paragraphe" au lieu de "deuxième paragraphe". C'est
corrigé.
Mme Harel: M. le Président, l'éditorialiste du
Devoir, que les députés ministériels citaient
abondamment hier, a poursuivi aujourd'hui, dans les pages éditoriales
cette fois, sa réflexion sur l'aide sociale. Il avait d'ailleurs commis
une série d'articles qu'il avait lui-même intitulés "La
saga de l'aide sociale". Ce matin, l'éditorialiste Jean Francoeur
rappelait la nécessaire dimension, pourtant absente du projet de loi 37,
qui consiste à faciliter la sortie de l'aide sociale.
L'éditorialiste disait: "La réforme de l'aide sociale entreprise
par le gouvernement du Québec avait deux objectifs: d'une part, accorder
la parité aux moins de 30 ans et, d'autre part, faciliter la sortie de
l'aide sociale. "Avec l'adoption du projet de loi 37, qui est
présentement à l'étape de l'examen article par article en
commission parlementaire, on aura atteint que le premier de ces objectifs. Et
encore la solution retenue ne fait-elle pas l'unanimité". En parlant
évidemment de la parité. Elle ne fait
pas l'unanimité, notamment, à la commission jeunesse du
Parti libéral.
M. Bourbeau: Les 18, 19 et 20 ans. On peut peut-être parler
de chez vous.
Mme Harel: Pour ce qui est du deuxième objectif, la marche
est trop haute et là, l'éditorialiste rappelait évidemment
le point de vue juste, exprimé par le chef du Parti
québécois, selon lequel il était extrêmement
Injuste, pour ne pas dire beaucoup plus hypocrite, de prétendre que nos
concitoyens bénéficaires d'aide sociale avaient tort de ne pas
faire de calculs que l'on considère légitimes pour toute personne
dans notre société. Nous vivons quand même dans une
société où la notion de profit demeure le moteur de
l'activité non seulement économique mais de l'activité
légitimement admise, et c'est évident que cela coûte trop
cher de travailler au salaire minimum. Le moindrement qu'il y a présence
d'enfants, les gens n'ont plus les moyens de travailler au salaire minimum,
compte tenu des coûts de loyer, d'habillement, d'alimentation, de
transport. Il est bien évident qu'en matière de
sécurité du revenu, si on ne confond pas l'aide sociale avec la
sécurité du revenu, la première constatation que l'on doit
faire, c'est que 54 % des personnes pauvres sont des travailleurs et des
travailleuses et non des bénéficiaires d'aide sociale. Donc,
c'est d'abord à elles que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, qui a un peu le sens des
responsabilités, s'adresse.
Évidemment, c'est là une dimension que l'actuel ministre
n'a pas encore envisagée. Cela m'apparaît assez évident,
mais cela demeure au coeur de la politique de la sécurité du
revenu, parce qu'avant de parler de redistribution dans des programmes de
transfert, encore faut-il d'abord parler de distribution dans une
société où la mesure de cette distribution est le salaire.
Alors, c'est évident, M. le Président, qu'à ce stade-ci,
l'insertion - parce qu'on ne peut pas parler d'intégration, on parle
d'insertion, de réinsertion au marché du travail des personnes
aptes et évidemment du maintien des personnes qui sont
déjà sur le marché du travail - et l'incitation à y
demeurer passent par l'Intégration des régimes de taxation et de
transfert.
Comment ne pas rappeler la réalité qui fait que chaque
dollar supplémentaire gagné au-dessus des 25 $ permis par mois ou
des 40 $ pour une famille, plus 5 $ par enfant, est confisqué?
Même si avec la réforme, les gains de travail augmentent, les
gains de travail n'augmentent jamais plus que le maximum qui est de 155 $ par
mois, et encore là, pour une personne qui est non participante ou qui
refuse de participer parce que sa prestation est baissée. Tout ce que
les gains de travail admissibles permettent dans la logique de la
réforme, c'est de combler les baisses de prestations et de subvenir aux
besoins à court et à long termes qui, dorénavant, ne sont
plus comblés.
Mais c'est d'autre chose que je parle quand je parle d'une
Intégration des régimes de transfert et de taxation, parce que
c'est évident que c'est insuffisant même dans la réforme
introduite par le projet de loi 37, c'est nettement insuffisant. Imaginez-vous
un montant de 100 S par mois en moyenne de gains admissibles. 25 $ par semaine.
Ce n'est même pas dix heures de travail au salaire minimum par semaine.
C'est loin du montant mensuel qu'on peut gagner quand on livre des journaux. Un
livreur de journaux va facilement se faire au-delà de 100 $ par mois en
faisant sa livraison.
Quand le ministre partait des programmes d'emploi, par exemple, la
cueillette de pommes, la cueillette de fraises, la cueillette de n'importe quel
produit maraîcher, comment penser que cette cueillette est
favorisée, puisque les personnes qui y participent et qui vont chercher
dans un mois un revenu plus considérable que le barème, se
retrouvent totalement écartées? Elles ont à reprendre
toutes les démarches et devront être considérées
pendant six mois comme étant en demande d'aide sociale. Alors, tout cela
"désincite" complètement et a un effet extrêmement navrant
parce que, sous prétexte que ces personnes sont fainéantes et
paresseuses, on maintient un système hypocrite qui les
"désincite", les- décourage et qui confisque les montants
qu'elles pourraient gagner au-delà des sommes qu'elles ont d'ailleurs
à dépenser, parce qu'elles ont parfois à se
déplacer, qu'il y a des frais occasionnés par la recherche d'un
gain de travail ou par le travail lui-même.
Le sous-amendement a donc pour effet de favoriser l'insertion ou la
réinsertion par l'intégration des régimes de taxation et
de transfert. C'est absolument aberrant que. présentement, les
travailleurs qui sont surtout des femmes au salaire minimum, soient encore
imposés par l'État après la réforme de
Gérard D. Levesque. Au salaire minimum, Imaginez-vous! Quand on pense
que le seuil de faible revenu pour une personne seule était à 300
$ par mois sous le seuil de pauvreté, tel qu'établi par
Statistique Canada, bien, le salaire minimum de 300 S et moins par mois est
encore Imposé pour une personne seule. Il faut qu'au minimum.
l'imposition nulle équivalle au seul du salaire minimum et il faut au
minimum - c'est ce que nous proposons - que les bénéficiaires
puissent conserver 50 % de leurs gains de travail jusqu'à
l'équivalent de l'addition de leur prestation et de leurs gains de
travail jusqu'à l'équivalent du salaire minimum. II faut
certainement que cette Insertion ou cette incitation à demeurer sur le
marché du travail se fasse par une intégration des régimes
de taxation et de transfert.
M. le Président, je compléterai mon intervention par
alternance à un autre moment.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je vous remercie,
Mme la députée de Maisonneuve. M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: M. le Président, je suis fort sensible
à la situation qu'expose la députée de Malsonneuve parce
qu'il y va là également de l'Incitation au travail. La situation
actuelle fait que le 26e dollar est Imposé à 100 % et ce que nous
proposons peut aller, par exemple, pour les personnes seules non participantes
jusqu'à 140 $ et pour les familles biparentales avec deux enfants non
participantes, jusqu'à 170 $. Par conséquent, nous n'en sommes
peut-être pas jusqu'au point où la députée de
Malsonneuve souhaiterait que nous allions, sauf qu'il faut bien
considérer que nous avons fait un pas fort intéressant. Je suis
un peu d'accord avec elle que de taxer la 26e piastre, c'est un peu rapide, que
cela "désincite" les gens à accepter des petits emplois pour
faire en sorte de garder ou d'améliorer leur employabilité.
Je ne suis pas un fiscaliste pour pouvoir considérer les effets
de ce qu'elle nous propose, mais chose certaine, c'est que, lorsque le
ministère a étudié les nouveaux barèmes, il a tenu
compte qu'il fallait garder, malgré les principes que j'ai
énoncés auparavant, une différence quand même
intéressante, quand même significative entre le salaire minimum et
les revenus d'aide sociale, qu'ils soient ou non bonifiés par des gains
de travail. (22 h 15)
Lorsque la députée nous dit que nous "désincitons"
ainsi des gens qui pourraient faire des travaux maraîchers ou qui
pourraient occuper à temps plein un emploi temporaire, je lui dirai
qu'il y a sans doute d'autres moyens de les inciter à accepter ce genre
d'emplois. Je me rappelle le cas d'un citoyen de mon comté qui
était un joueur d'orgue de la paroisse Saint-Jean-Baptiste.
Évidemment, on sait que les emplois de joueurs d'orgue ne courent pas
les rues, de sorte qu'il pouvait avoir, par exemple, pour un mois donné,
un emploi à temps plein. Il était bénéficiaire de
l'aide sociale et pour un mois donné, il avait un emploi à temps
plein de joueur d'orgue dans le temps des Fêtes, de sorte qu'il sortait
de l'aide sociale pendant un mois. Il a tellement eu de problèmes
à réintégrer l'aide sociale par après puisque son
dossier était complètement annulé et il perdait sa
carte-médicaments. Avec toutes les tracasseries administratives, il
n'était tout simplement plus intéressé à prendre ce
genre de travail temporaire. Il y a de ces genres d'emplois, comme les emplois
saisonniers, dont c'est le style d'emploi et ce seront toujours,
malheureusement, des emplois temporaires.
Je pense qu'il y a des façons de faire. Par exemple, cet
employé ne pourrait-il pas conserver sa carte-médicaments un
certain nombre de semaines, malgré qu'il ait un emploi à temps
plein? Le dossier d'aide sociale de cette personne ne pourrait-il pas rester
ouvert mais Inactif à l'aide sociale? Ainsi, ayant terminé son
emploi d'un an, cette personne pourrait retourner au bureau de l'aide sociale
faire réactiver son dossier et cela éviterait toutes les
tracasseries, telles fournir à nouveau les pièces justificatives,
son contrat de mariage, etc.. Je pense que c'est comme cela qu'on peut inciter
des bénéficiaires de l'aide sociale à accepter des emplois
temporaires, comme l'exemple de mon joueur d'orgue ou des gens qui peuvent
cueillir des produits maraîchers.
Je ne dis pas que les propositions de Mme la députée de
Malsonneuve ne sont pas intéressantes. Je dis que ce n'est pas la seule
façon d'encourager les gens à accepter des emplois temporaires.
Je dis qu'il faut toujours être conscients qu'il doit y avoir une
différence significative entre l'aide sociale et le salaire minimum,
sinon - c'est ce que vous prônez - c'est-à-dire que les gens
doivent être intéressés - et c'est ce que M. Parizeau
prône également - à sortir de l'aide sociale. Il est tout
à fait normal, comme le disait Mme la députée de
Maisonneuve, que les gens calculent. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: J'écoutais avec attention le
député de Taschereau. Il soulève exactement le
problème de "désincitation" que pose la structure actuelle du
bien-être social, qui finalement décourage les personnes à
se trouver un emploi temporaire, parce que, lorsqu'elles doivent retourner sur
le bien-être, les tracasseries sont telles qu'elles risquent d'être
deux semaines sans manger, quand ce n'est pas plus. J'ai l'impression que le
député nous posait la question et je me demandais naïvement
pourquoi ce n'est pas dans le projet de loi. Pourquoi ne prévoit-on pas
ce genre de mesures? Il y aura peut-être des amendements. Peut-être
que le ministre est en train de nous dire qu'il y aura des amendements qui
permettront, dans la lignée énoncée par le
député de Taschereau, des mesures qui, parce que vous acceptez un
emploi temporaire, un emploi d'été, n'auraient pas pour effet de
vous évacuer complètement des registres et des dossiers du
bien-être, et vous obliger, encore une fois, à faire l'objet d'une
enquête et recommencer le processus, ce qui a un effet tout à fait
de "désincitation" sur les personnes.
Il est clair qu'actuellement, M. le Président, il y a des
Injustices qui se passent à cet égard et qui doivent être
corrigées. Je vous fais part, parce que c'est peut-être l'occasion
de le faire, de cas qui se sont présentés dans mon comté.
Aucun député au Québec, peut-être à
l'exception celui de Notre-Dame-de-Grâce tantôt... Je pense bien
que nous tous qui sommes ici avons eu et avons régulièrement des
bénéficiaires de l'aide sociale qui viennent se plaindre d'une
injustice ou d'une autre. Le dernier que j'ai eu, c'est le cas d'une jeune
femme qui travaille à temps
partiel qui s'est Inscrite au programme APPORT. Comme elle n'a pas eu de
gains suffisants au mois de septembre, elle a présenté son
état de revenus dans les délais requis, sauf qu'il lui manquait
une information. Je ne me rappelle plus bien laquelle, elle me l'a dit. Elle
l'a notée dans son dossier en disant: Je ne peux pas attendre d'avoir
cette information sinon les délais vont être échus et je ne
me qualifierai plus pour avoir mon surplus pour le mois de septembre. Parce que
son dossier était incomplet, alors qu'elle leur avait dit qu'il
était incomplet et alors qu'elle leur avait dit qu'elle disposerait de
la pièce manquante quelques jours après la date
d'échéance, elle s'est vu refuser son surplus. Elle est
allée en appel. On lui a dit: Votre dossier n'était pas complet.
Point à la ligne. Si le ministre veut que je lui fournisse le dossier de
cette dame - remarquer qu'elle serait très heureuse si on pouvait le
faire - ce serait le temps de le régler, j'aurais au moins
réglé cela cette semaine. C'est ce genre de cas qui nous arrivent
en passant par la machine.
On peut comprendre qu'avec 600 000 personnes qui vivent du
bien-être social, il est difficile de faire des particularités,
mais en passant par la machine c'est extrêmement lourd. On a
essayé à quelques reprises au niveau qui nous convenait, qui
était celui de la région. On s'est vu refuser une révision
de la décision. Et pourtant cette personne avait prévenu, au
moment où elle a déposé sa demande, qu'il manquait une
pièce à son dossier, c'est-à-dire une information. Si le
ministre le souhaitait, je pourrais lui remettre le dossier. Mais ce genre de
choses, finalement, équivaut à du harcèlement et c'est
perçu comme cela pour ces personnes. Elles viennent à votre
bureau et elles vous disent sûrement comme elles me le disent: Vous
savez, si c'était M. Malenfant, on peut être certain qui ne
courrait pas après comme cela, parce qu'en même temps est sortie
l'histoire d'un oubli fait par M. Malenfant, dans ses déclarations de
revenus. Les gens, les petites gens, les personnes facilement
retraçables, qu'on peut facilement identifier, qui sont fragiles et
vulnérables parce que mises en état de dépendance, elles
se sentent harcelées par ce genre de mesures. Le sous-amendement
apporté par la députée de Maisonneuve nous permettrait non
seulement de corriger les effets négatifs produits à
l'égard des personnes qui veulent travailler et ajouter au revenu de
leurs prestations de bien-être, mais elles le feraient de façon
correcte et de façon à introduire un réel
élément d'incitation au travail; parce que lorsque vos revenus
dépassant - le député me le rappelait tout à
l'heure, je ne me rappelle plus bien - 100 $...
M. Leclerc: 140$.
Mme Blackburn:... 140 $, sont taxés à 100 %. Vous
avez des petits problèmes à vivre. Là, on m'apprend - on
pourra le soulever à un autre moment - que les personnes
handicapées qui reçoivent 5 $ l'heure pour embaucher quelqu'un
pour faire leur entretien ménager, recevraient aussi un TP-4 pour gains,
alors qu'on sait pertinemment qu'ils sont tenus d'embaucher quelqu'un avec ces
sous. Je ne sais pas comment cela va fonctionner. Les directives viennent de
rentrer dans les CLSC. Alors, moi non plus, je ne sais pas trop, mais je vous
enverrai une copie des directives. C'est de la chinoiserie pour 500 $ par
année peut-être. Mais tout cela pour dire que cela touche toujours
- c'est cela le problème - les personnes les plus démunies, les
plus faibles de la société et on s'étonne que ces
personnes se sentent harcelées. Comme je le rappelais tout à
l'heure, si on avait à juger une société sur le sort
qu'elle réserve aux plus démunis, M. y aurait de quoi être
gêné.
M. le Président, j'aimerais, d'une façon très
sérieuse, inviter le ministre à examiner la proposition de
sous-amendement faite par ma collègue. Cela pourrait être fort
intéressant, cela permettrait à l'actuel gouvernement de
bénéficier de la réflexion qu'a faite notre parti sur
cette question visant à introduire dans la loi actuelle, de
réelles mesures d'incitation pour les personnes
bénéficiaires d'aide sociale, à aller chercher un revenu
complémentaire. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je dirais à la
députée de Chicoutimi que, évidemment dans le cadre de son
intervention, elle touche à plusieurs des articles que nous verrons plus
tard, dont, entre autres, l'article 44 qui parle du programme APPORT, et lui
dirai simplement que le cas de comté dont elle a parlé tout
à l'heure, on le traitera à l'article 44, d'une façon qui
satisfera la députée de Chicoutimi et lui permettra de dire
à sa commettante que son problème sera réglé
rétroactivement
Mme Blackburn: Rétroactivement? Je vais le lui dire.
M. Bourbeau: Rétroactivement, en effet.
M. Leclerc: J'aurai, moi aussi, des cas de comté
demain.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On le verra dans les amendements que nous
déposerons un peu plus tard à l'article 44. Pour ce qui est des
gains de travail et de la taxation, la députée de Maisonneuve a
cité, tout à l'heure, I'éditorial de M. Jean Francoeur
publié ce matin. Elle a cité une partie de l'éditorial
bien sûr. Elle s'est gardée de nous donner la conclusion de
l'éditorial où M. Fancoeur nous disait: Telle est une partie
du
problème. Mais M. Parizeau a le tort de laisser croire que la
solution qu'il propose est aussi facile à appliquer qu'elle est simple
à exposer du haut d'une tribune: ne jamais réduire l'ensemble des
bénéfices attachés à l'aide sociale d'un
pourcentage plus élevé que 50 % des gains de travail. Cela
s'appelle un régime de revenu minimum garanti. Depuis 20 ans qu'ils en
parient, les meilleurs cracks s'y cassent encore les dents. "
D'ailleurs, on a parlé tout à l'heure, M. le
Président, d'une proposition de revenu minimum garanti et des
observations qu'en faisait le comité qui a fait l'étude de cette
situation en Ontario. Je dirai simplement que la proposition du Parti
québécois de taxer les gains de travail de 50 % d'après
les barèmes de l'aide sociale, fait en sorte qu'à partir des
premiers gains de travail gagnés par un assisté social, on
taxerait ces gains-là à 50 %. Nous avons plutôt choisi de
ne pas les taxer pour un certain temps, si je peux dire, jusqu'à ce que
l'on atteigne un certain niveau. Ce sont deux façons de voir les choses.
Prenons, par exemple, le cas d'une personne seule non participante, qui
décide de travailler à l'extérieur. Elle peut gagner 140 $
avant de voir ses prestations réduites de ses gains. Le Parti
québécois propose plutôt de taxer ces gains à 50 %.
Alors je reprends l'exemple que la députée de Malsonneuve me
citait récemment, du camelot qui irait passer les journaux et qui gagne
100 $ par mois. Selon notre système, le camelot pourrait gagner 100 $
par mois et conserver la totalité de ses 100 $ par mois. Il pourrait
même gagner jusqu'à 140 $ par mois, c'est-à-dire 35 $ par
semaine, sans être importuné de quelque façon que ce soit.
Selon la méthode du Parti québécois, c'est-à-dire
lui enlever 0, 50 $ à chaque dollar qu'il gagnera, le camelot verra ses
prestations d'aide sociale réduites de 70 $ à la fin du mois,
puisqu'on lui enlèvera la moitié de ses gains de travail
jusqu'à concurrence de 140 $. (22 h 30)
Une voix: J'aime mieux la formule Bourbeau.
M. Bourbeau: Alors, je ne vois pas en quoi cette formule est plus
intéressante. Au moins, nous laissons la chance à ceux qui ne
gagnent pas beaucoup, qui ont le barème minimum de 420 $, de pouvoir
conserver la totalité de leurs gains de travail jusqu'à 140 $. Je
vois le député de Terrebonne qui semble opiner du bonnet en
m'entendant parler et croire comme mol, d'ailleurs, que cette solution est
préférable.
Je ne vois pas comment on pourrait pénaliser à 50 % du
taux de taxation. D'ailleurs, c'est M. Parizeau qui disait que c'était
le taux des millionnaires, "Quote on quote". On était capables, on
était disposés à imposer aux bénéficiaires
de l'aide sociale le taux de taxation des millionnaires de 50 %. Je pense que
le taux des millionnaires, on devrait le laisser aux millionnaires - je vols
que la députée de Marie-Victorin semble du même avis que
moi et semble trouver mes propos très Intéressants - et on
devrait appliquer un taux nui de taxation aux bénéficiaires de
l'aide sociale, au moins jusqu'à ce qu'on atteigne le seuil des besoins
qui est estimé, d'après la réforme, à 560 $.
Quand on excédera le seuil des besoins de 560 $ reconnus à
l'aide sociale, c'est-à-dire 420 $ de prestations de base et les 140 $
non taxés de gains de travail, quand on aura atteint ces 560 $,
après cela, pourra s'appliquer la réduction des gains de travail
d'après les barèmes. Alors, ce sont deux façons de voir
les choses. Je trouve que notre méthode est plus juste et plus
équitable. Je continue à penser - à moins que la
députée de Malsonneuve puisse m'en faire une démonstration
brillante - que notre solution est préférable.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Si le ministre m'écoute attentivement en me
regardant, je vais peut-être pouvoir...
M. Bourbeau:... tout à l'heure.
Mme Harel: Je vous écoute. J'imagine que je suis comme
vous, capable de faire trois choses en même temps! M. le ministre, ce que
vous oubliez de mentionner, c'est que vous allez les taxer à 100 %. Vous
allez les taxer deux fois plus que les millionnaires, parce que... C'est cela,
la structure des gains de travail qui sont admissibles. Le député
de Taschereau a beau me parler de ceux qui pourront avoir un gain de travail de
140 $ par mois ou de 170 $ par mois, mais ce sont ceux qui verront leurs
prestations de base réduites, parce que la structure sur laquelle repose
l'ensemble de la réforme, c'est que personne ne peut se sortir de la
trappe de pauvreté, après ça, chaque dollar additionnel
gagné est confisqué.
La structure, c'est celle des besoins reconnus, à court, à
moyen et à long termes. Ces besoins reconnus ne sont plus comblés
par les barèmes de base. Les besoins reconnus sont comblés par
l'addition des barèmes et des gains de travail, point. Alors, les
besoins reconnus, ce sont les besoins de subsistance à court, à
moyen et à long termes et, après ça, c'est fini, merci
beaucoup, bye bye, restez chez vous; parce que si vous gagnez un dollar de
plus, on va vous l'enlever. C'est ça, la trappe de pauvreté. La
trappe de pauvreté, c'est de penser que le gain de travail, c'est
uniquement pour combler la différence du barème qui n'est pas
suffisante pour couvrir les besoins reconnus.
Cela ne m'étonne pas du tout que les fonctionnaires qui ont
concoctés les gains de travail trouvent ça plus juste, parce que,
pour eux, il faut absolument que ça passe par le contrôle
et par l'ordinateur. Moi aussi, je me
suis posé la question. Qu'est-ce qui était plus juste? Les
dix premières heures totalement admissibles à 100 % et,
après ça, les dix heures suivantes à 75 %? Finalement,
quand on regarde cela de près, on se dit: II y a deux objectifs à
poursuivre. Le premier objectif, c'est que le gain de travail soit admis,
même si cela dépasse les besoins dits reconnus pour se sortir de
la trappe de pauvreté.
Vous permettez, M. le député de Taschereau, à des
gens d'aller livrer des journaux, mais pas plus que ce qu'il leur sera possible
de garder uniquement pour combler les besoins qui sont reconnus et qui ne sont
pas compensés. S'ils vont gagner 1 $ de plus, là c'est 100 % que
vous allez confisquer. Ce qu'on dit: c'est une Intégration du transfert
et une intégration de la taxation. Cela coûte de l'argent. Quand
vous parlez du livre blanc, vous oubliez toujours de mentionner que cela
coûtait environ 500000000$ à 600000 000$. C'est exactement le prix
que vous n'êtes pas prêt à payer pour une vraie
réforme en matière de sécurité du revenu. Parce que
oui, cela coûte des sous, cela coûte environ 500000000$ à
600000000$. mais qu'est-ce que cela donne? Cela donne la vraie Incitation au
travail, cela ne donne pas seulement le ghetto pour aller chercher les besoins
reconnus dans la structure qui n'est plus comblée, cela donne la
possibilité d'en sortir. C'est cela que ça donne et cela donne la
possibilité de ne pas avoir l'obligation d'aller voir un agent au Centre
Travail-Québec pour lui demander la permission de faire quelques heures
de plus, avec le supposé barème plus juste des esprits tordus qui
ont élaboré la réforme.
Il est évident que ces esprits tordus ont sophistiqué un
ensemble de mesures en vertu duquel une personne qui ramasse des pommes, qui
s'est engagée à le faire et parce que la moyenne des gains est de
100 $ par mois, 25 $ par semaine, cela correspond à cinq heures au
salaire minimum par semaine, cinq heures pour la journée du samedi. Si
ton employeur te demande d'entrer le jeudi et le vendredi, tu lui dis: Non,
parce que tout mon temps de plus... Ton transport pour aller faire ces
heures-là les |eudl et vendredi ne sera pas remboursé. Rien de ce
que tu vas débourser ne te sera remboursé. Mais il est
évident que si on introduit des systèmes où les gens ont
besoin de dire à un employeur qui leur demande de faire quelques heures
de plus: Un instant, je vais calculer; je vais aller voir mon agent et il va
entrer cela dans I ordinateur pour bien vérifier si tout cela entre dans
mon barème. Il n'y a rien de pire que des réformes qui sont
élaborées par des gens dans des bureaux qui s'imaginent que la
vraie vie se passe sur du papier.
Vous, de toute façon, avec vos barèmes, tout ce que vous
permettez aux gens, c'est de combler la structure des besoins reconnus qui
demeurent encore des besoins de subsistance pour une aide de dernier recours
à court, à moyen et à long termes. Mais au-delà de
cela, c'est fini. Ce que nous disons, c'est qu'au-delà de cela, il faut
que ça continue. C'est cela la vraie incitation au travail. C'est la
possibilité de faire non pas cinq heures par semaine, mais dix,
peut-être douze et peut-être après, quinze ou dix-huit.
C'est un choix qu'on fait. Le choix qu'on fait, c'est le choix d'aider ceux et
celles qui ont le goût d'en faire plus. Plus ils ajouteront des heures
à celles qu'ils font, plus ils pourront s'en garder, plus ils pourront
se sortir de la pauvreté. Et cela, à notre point de vue, c'est un
choix plus incitatif et c'est un choix aussi qui n'a pas l'aspect du
contrôle du fonctionnaire qui vous permettra de faire ou pas quelques
heures de plus, compte tenu qu'il va l'inscrire dans son ordinateur, si vous y
avez encore droit. C'est cela le choix. C'est un choix qui, à tous
égards, nous semble simplifier la vie de tout le monde, surtout de ceux
et de celles qui veulent se sortir de la trappe de pauvreté, leur
simplifier la vie en ne les obligeant pas à vérifier s'ils
peuvent faire trois ou quatre heures de plus dans le mois, dans la semaine. La
seule vérification qui se fait, se fait par le revenu, se fait par le
salaire, ne se fait plus au Centre Travail-Québec. C'est évident
que, en l'absence d'une telle intégration des régimes de taxation
et de transferts, c'est le règne du fonctionnaire, c'est le règne
du contrôle. Finalement, c'est le règne de la pauvreté.
C'est: On t'en permet un peu, mais ne dépasse pas les bornes, reste dans
ta misère. Merci. M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions? M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: J'admets que la députée de Maisonneuve
soulève un point intéressant, qui est l'intérêt
qu'un bénéficiaire d'aide sociale a d'occuper des emplois
rémunérateurs, donc l'Intérêt qu'il a de s'en sortir
éventuellement. Je vous avoue que Je partage la préoccupation de
la députée de Maisonneuve, mais j'ai du mal à partager,
sur le plan pratique, la proposition qu'elle nous met sur la table. Je vais
essayer de vous expliquer pourquoi, M. le Président. Mon livreur de
journaux, de la paroisse Saint-Roch de mon comté, si fait 100 $ par
mois, peut-être peut-il faire 150 $, mais cela me surprendrait qui fasse
400 $ par mois.
Mme Harel: Par mois.
M. Leclerc: Si vous le taxez à 50 %, est-ce qu'il sera
encore Intéressé à passer les journaux?Mon
livreur de journaux, si vous lui enlevez 50 cennes dans la piastre des 100 $ ou
150 $ qu'a fait par mois, je ne suis pas certain que demain matin cela va
l'intéresser encore de le faire. Ce que je déplore dans ce que
vous proposez, madame, c'est que pour une majorité de
bénéfi-
claires, qui ont des revenus de travail relativement minimes, 100 $ ou
en bas de 100 $, vous voulez les couper de 50 % pour vous permettre de taxer
seulement à 50 % une minorité d'assistés sociaux qui vont
faire au-delà de 140 $, dans le cas d'une personne seule, ou
au-delà de 170 $, dans le cas d'une famille biparentale. Je trouve
dommage que la majorité des assistés sociaux va devoir payer pour
un système qui va profiter à la minorité, à moins
qu'il n'y ait du travail en quantité, à satiété,
à 400 $ ou 500 $ par mois, ce dont je doute. Il y a beaucoup plus
d'emplois de livreur de journaux à 100 $ ou 150 $ par mois. Je
considère donc que, même si théoriquement votre proposition
peut avoir une certaine logique, en pratique, elle va pénaliser la
majorité des assistés sociaux.
Quant à ce que vous dites: Oui, mais on "désincite"
finalement des gens à travailler au-delà des 140 $ et, au moment
où l'on se parle, ça les "désincite" à travailler
au-delà des 25 $, finalement je dois vous dire que j'ai vu des personnes
de mon comté, des bénéficiaires de l'aide sociale, comme,
récemment, cette éducatri-ce spécialisée de la
paroisse Sacré-Coeur qui me disait: Oui, je suis assistée
sociale; je parviens à avoir des petits contrats de la commission
scolaire. Il est vrai que, lorsque j'ai fait un certain nombre de jours par
mois - je n'ai pas à vous dire qu'elle n'a pas besoin de faire plusieurs
jours - je paie quasiment pour travailler. Heureusement, avec notre
réforme, nous allons lui permettre de gagner jusqu'à 140 $
plutôt que 25 $. Cette personne-là disait: C'est vrai que,
à un certain moment donné, ce n'est pas payant; je rembourse
l'aide sociale, mais je considère important de le faire, parce que c'est
comme cela que j'améliore mon employabilité, c'est comme cela que
je me fais connaître par la commission scolaire et c'est comme cela,
ultimement, que je vais me sortir de l'aide sociale.
Donc, il n'est pas vrai de dire que le système actuel, encore
moins le système que nous proposons, "désincite" tout le monde
à travailler au-delà du montant permis. Il y a un certain nombre
de personnes qui, malgré cela, continuent à accepter le travail,
parce qu'elles voient la lumière au bout du tunnel. Finalement, si on en
est là, c'est qu'il faut toujours voir une certaine différence
entre la personne qui travaille pour le salaire minimum et la personne
bénéficiaire de l'aide sociale, notamment que cette personne
assistée sociale a droit à un certain nombre d'avantages reconnus
et que personne ne remet en question, dont la carte-médicaments. (22 h
45)
J'essaie d'imaginer deux voisins: l'un sur l'aide sociale qui peut
gagner 50 % de ses revenus de travail, qui gagnerait plus qu'une personne qui
est sur l'aide sociale, laquelle n'a pas droit a la carte-médicaments et
n'a pas droit aux besoins spéciaux. La personne sur l'aide sociale a
droit à la carte-médicaments, a droit aux besoins spéciaux
et a droit à 50 % de ses revenus supplémentaires. Cela peut
aller, 50 % de 400 $ par mois ou de 450 $. Par conséquent, les deux
personnes seraient l'une à côté de l'autre. L'une
travaillerait à temps plein, 40 heures par semaine, l'autre
travaillerait 20 heures par semaine et gagnerait plus, aurait sa
carte-médicaments, donc, plus d'avantages que celle qui travaille 40
heures par semaine. Je pense que si on suit votre raisonnement à la
limite, nous serions devant une aberration épouvantable. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Taschereau. Est-ce qu'il a d'autres... Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, on reviendra au paragraphe
4°, sur les personnes qui sont sur le marché du travail. Pour elles
aussi, il y a des mesures à prendre. Avec la réforme introduite
par le projet de loi 37, personne ne peut sortir de la trappe de
pauvreté. Personne. Les gains de travail de 140 $, c'est une infime
minorité qui pourra avoir des gains de 140 $, simplement la
catégorie des non-participants. Pour les autres catégories, cela
varie par mois, avec les nouveaux barèmes, entre 57 $, 63 $ et 80 $.
Cela veut dire que cela va varier entre 18 $ par semaine à 20 $ par
semaine à 25 $ au maximum par semaine de gains de travail. Quand on
pense que le salaire minimum actuellement est à 4, 75 $. C'est à
peine 5 heures, 6 heures par semaine qui seront permises.
Dans une structure de barème où personne ne peut s'en
sortir, la marche est trop élevée. C'est évident que la
marche est trop élevée. C'est évident également -
quand vous dites qu'il y a peu de gens qui font un travail minime - qu'il faut
les inciter à en faire le plus possible. Au contraire et non en incitant
les gens à se déclarer Inaptes, en allant chercher les avantages
à se considérer inaptes pour la vie, avec tout ce que cela
suppose. Il faut introduire un système dans lequel les gens sont des
gagnants, dans lequel ils ont avantage à s'en sortir comme gagnants et
dans lequel l'État va les inciter à en faire le plus possible,
sans les contrôler, sans qu'ils aient besoin d'aller voir un
fonctionnaire, mais les inciter à garder des enfants, les inciter
à faire des ménages, les inciter à faire ce qu'ils font,
dans la légalité. Cela a l'immense avantage d'inciter beaucoup de
gens à déclarer leurs revenus de travail, a les déclarer
de manière à ce que chacun participe aux charges de la
société. Les déclarer, cela veut également dire
déclarer des cotisations à des régimes d'assurances
publics, comme le Régime de rentes et comme d'autres types de
régime. Il faut Introduire un élément positif et dynamique
dans la société où les gens ont Intérêt
à faire des heures qui s'ajoutent au filet de protection.
Je pourrais vous donner des exemples pathétiques, de gens que je
connais personnellement, tout comme le député de Taschereau,
de
gens qui vont faire des heures, même si cela ne leur rapporte rien
du tout. C'est une question de dignité. C'est une question de survie;
c'est indispensable pour leur propre idendité. Nous sommes dans un
système qui est le contraire d un système dynamique. C'est un
système où les gens qui cherchent à s'en sortir ont le
ciel qui s'abat sur eux, à peu près à chaque fois,
étant donné les contrôles qui s'exercent contre eux. Ce
qu'il faut Introduire, c'est un système où les personnes sauront
que plus elles font d'heures, plus elle révèlent leurs gains de
travail, plus la portion est visible et plus elles seront gagnantes, car elles
auront toujours le filet de protection de leurs prestations mensuelles pour
venir compenser les mois de l'année, les saisons - parce que cela existe
les emplois saisonniers - où elles ne peuvent pas compter sur un revenu
régulier. C'est ce qui est taxant". Dans la proposition, le
député de Taschereau le sait très bien, ce n'est pas de la
générosité.
La générosité des gains de travail vient seulement
compenser les diminutions de prestations dans les catégories où
la diminution est importante, comme pour les non participants. Pour le reste,
c'est une très très légère hausse, qui vient
simplement combler la structure des barèmes, puisque les barèmes
du ménage ne viennent plus compenser les besoins reconnus. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Maisonneuve. Est ce qu'il y a d'autres intervenants
sur ce sous-amendement, M. le député de Taschereau?
M. Leclerc: Je considère toujours que la proposition que
nous avons sur la table incite les bénéficiaires d'aide sociale
à accepter davantage de travaux à temps partiel, puisqu'ils vont
faire passer le gain admissible non taxable de 25 $ à 80 $, 140 $ ou 170
$, dépendamment des cas. La députée nous dit que tout ce
que nous faisons finalement, c'est de permettre cette exemption
supplémentaire parce que nous donnons moins.
Mme Harel: II y a une question très pertinente que
j'aimerais poser au député de Taschereau.
Le Président (M. Bélanger): Avec son
consentement.
M. Leclerc: Oui, oui.
Mme Harel: Est-ce que le député se
réfère à des gains de travail avant que le ministre ait
introduit ses modifications9 Est-ce qu'il faut voir que ces gains de
travail sont ajustés à la baisse en conséquence?
M. Leclerc: J'ai la dernière liste.
Mme Harel: Est-ce que vous pouvez nous la fournir?
M. Leclerc: Nous allons essayer de vous en trouver une, mais
c'est tout ce qu'il y a de plus courant.
Mme Harel: Est-ce que vous pouvez nous faire la nomenclature des
gains de travail admissibles, par catégories?
M. Leclerc: Personne seule participant, 80 $.
Mme Harel: Oui. Admissible?
M. Leclerc: Non, personne seule.
Mme Harel: Non disponible.
M. Leclerc: Non disponible, 57 $
Une voix: Ce serait peut être mieux de lui fournir la
liste.
M. Leclerc: Mais je ne peux lui donner, je n'en aurai plus.
Mme Harel: La liste des gains de travail a-t-elle
été refaite à la suite des modifications que vous avez
apportées? Est-ce que c'est la même liste de gains de travail que
l'on retrouve dans ce document?
M. Leclerc: Elle a dû être changée.
Mme Harel: Alors est-ce qu'on peut nous fournir la liste des
gains de travail, telle que modifiée, dont nous n'avons jamais eu les
modifications9
M. Leclerc: On va vous les fournir, M. le Président. En
attendant que la députée de Maisonneuve puisse mettre la main sur
son document, je disais donc que le système, tel que nous le proposons,
incite les bénéficiaires d'aide sociale a accepter les travaux
dits 'à temps partiel", par exemple, travailler quelques heures dans une
tabagie, ou livrer des journaux, parce qu'il donne une exemption jusqu'à
170 $, en ne taxant aucunement le gain de travail. Il y aura d'autres
Incitations que nous pourrons mettre en place pour Inciter également les
bénéficiaires d'aide sociale à accepter les emplois
temporaires, comme mon joueur d'orgue, si nous lui enlevons toute tracasserie
administrative, en ne fermant pas son dossier d'aide sociale, en le mettant
simplement inactif, de sorte que son traval temporaire ayant pris fin, il
puisse être réintégré rapidement à l'aide
sociale, ne pas avoir de délai pour recevoir son chèque. De plus,
si nous pouvons lui permettre de conserver sa carte-médicaments un
certain temps, I sera intéressé par ce travail d'un mois ou deux,
ou ce travail saisonnier.
Tant et aussi longtemps que ce sera telle-
ment compliqué et tellement risqué, notamment en ce qui a
trait à la carte-médicaments, de laisser tomber son statut d'aide
sociale, les gens auront peu d'intérêt à accepter des
travaux temporaires, comme ces travaux de cueillette dont on parlait tout
à l'heure.
Je pense que la députée de Maisonneuve a eu le temps de
prendre connaissance du tableau sur lequel nous discutons. Peut-être
a-t-elle des choses à ajouter?
Mme Harel: M. le Président, je suis très contente
que le document nous ait été fourni, parce que vraiment, quand on
pense que présentement, une ou un chef de famille ou un couple peut
gagner 40 $, plus 5 $ par enfant, plus 6 % d'exemption des dépenses, 6 %
qui s'ajoutent aux 40 $. Il est très fréquent, par exemple, qu'un
couple ou une chef de famille ajoute aux 40 $ et aux 5 $ par enfant les 6 %
d'exemption des dépenses. Cela veut dire, en général, que
cela peut être autour de 25 $. Vous vous rendez compte, par exemple, que
des catégories...
Une voix: Les 6 % sont inclus...
Mme Harel: Bon. Une chance que les 6 % sont maintenus parce que,
M. le Président, on s'en allait vers moins d'exemption de gains de
travail que ce qui existe présentement. Imaginez-vous qu'il y a des
catégories auxquelles on va allouer 57 $ par mois et même, pour
des familles, 70 $ par mois d'exemption de gains de travail, en 1988.
Le Président (M. Bélanger): Je vous rappellerais
qu'on s'éloigne passablement de notre sous-amendement.
Mme Harel: On est à notre propos, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: Est-ce que le système des gains de
travail...
La Président (M. Bélanger): Je voudrais juste vous
dire que le temps est écoulé, de part et d'autre. Si on voulait
aller en conclusion, pour qu'on puisse...
Mma Harel: En conclusion, c'est vraiment décevant, M. le
Président, de se rendre compte que les gains de travail qui vont
être autorisés sont si faibles. Le député de
Taschereau avait beau nous parler d'une seule catégorie, celle des
non-participants, je comprends, c'est celle qui est baissée le plus dans
son barème de base. Mais, dans toutes les autres catégories
non-disponibles, entre autres les femmes chefs de famille d'enfants de moins de
six ans, les femmes enceintes ou les femmes de 55 ans et plus, les exemptions
vont de 40 $ à 57 $ par mois. Cela veut dire que ce sera un gros montant
de 18 $ par semaine de gain de travail. Vraiment, M. te Président, si
c'est cela que le député considère convaincant comme
incitation au travail, c'est décevant.
M. Leclerc: Relativement aux mesures actuelles, c'est mieux,
écoutez, c'est 25 $.
Mma Harel: Alors, je suis convaincue que le député
va voter pour notre sous-amendement afin de permettre une meilleure
intégration des régimes de taxation et des régimes de
transferts pour favoriser une véritable incitation au travail et le
maintien sur le marché du travail. Cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Sur le
sous-amendement proposé par Mme la députée de Malsonneuve,
est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Taschereau.
M. Leclerc: Seulement un mot pour dire de ne pas oublier de
parler de l'allocation au logement qui peut donner jusqu'à 52 $ par
mois.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
le temps est maintenant écoulé. Est-ce que ce sous-amendement est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté. Le
sous-amendement est rejeté. Nous revenons donc à la proposition
première. Nous en étions au troisième paragraphe, qui se
lit comme ceci: "de favoriser l'intégration ou la
réintégration au marché du travail des personnes aptes au
travail tout en considérant que les personnes déjà sur le
marché du travail ou aux études doivent conserver une Incitation
à y demeurer. " Sur cet amendement, est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Harel: M. le Président, la structure des exemptions
pour gains de travail qui vient de nous être distribuée est
vraiment, je ne dirais pas étonnante, mais inconséquente du
discours d'incitation au travail que le ministre et ses collègues
tiennent. Cela révèle bien ce que je vous disais, M. le
Président. C'est que, tel que formulé dans l'amendement du
ministre, ce sont des mots: favoriser l'intégration ou la
réintégration au marché du travail des personnes aptes au
travail, la favoriser avec des exemptions pour gains de travail aussi futiles.
C'est extrêmement décevant, M. le Président. Cela vient
juste confirmer que, finalement, il n'y a rien d'autre que des mots pour sortir
les gens de la trappe de pauvreté. Imaginez-vous, dans la
catégorie non disponible - je vous rappelle la catégorie non
disponible - ce sont des personnes qui ont charge de famille d'enfants de moins
de six ans
ou encore des personnes de plus de 55 ans. Les gains de travail
admissibles pour un couple sans enfants seront de 40 $ par mois 10 $ par
semaine. Pour un chef de famille avec 2 enfants, cela va être 70 $ par
mois, c'est-à-dire 16, 50 $ par semaine. C'est à peu près
ce que cela va lui coûter pour se déplacer, payer son transport -
au prix où sont les billets d'autobus maintenant à
Montréal. (23 heures)
Le soutien financier comporte des exemptions de gains de travail
supplémentaires et on prétend que c'est pour les personnes aptes
au travail qu'il y a la réintégration au marché de
travail. Il n'y a rien là pour conserver une incitation à
demeurer au travail ou à se réinsérer au travail. C'est
d'ailleurs dans des tableaux comme ceux-là qu'on vérifie les
véritables Intentions gouvernementales, en dehors des libellés
d'objectifs. C'est un peu honteux que le ministre prétende, dans ses
discours, rechercher l'intégration à l'emploi et soit si peu
conscient de l'effet "désincitatif" qu'introduisent des exemptions comme
celles-là. Cela veut dire qu'une fois les 70 $ atteints, chaque dollar
supplémentaire gagné va être confisqué. Cela veut
dire qu'après cela, il va y avoir un système hypocrite, un
système dans lequel le ministre va pouvoir aller à Pierre Pascau
dire que, dans le fond, les gens ne veulent pas s'en sortir. Il va pouvoir
prétendre, comme il le fait: "On importe - disait-! - des Mexicains en
avion pour venir faire des travaux chez nous. Ici, il y a des travaux dans tout
le Québec* S'il y a des travaux dans tout le Québec. il vaut
mieux que les gens ne les fassent pas, parce que s'ils les font, pendant le
temps qu'ils ont lieu, chaque dollar qu'ils vont gagner va être
déduit. Ce n'est pas une taxation de millionnaire. Cela va être
pire qu'une taxation de millionnaire, c'est une taxation à 100 %. C'est
la 'désincitation' totale et complète.
Je ne comprends pas que le ministre ne soit pas conscient des
conséquences que cela peut avoir sur l'incitation au travail. Je ne peux
pas m'imaginer que le ministre soit si aveugle pour ne pas voir qu'il n'est pas
dans une société où il va s'imaginer que, parce que son
projet de loi serait adopté, il va pouvoir, de façon autoritaire,
mettre des gens dans des situations d'esclavage. D'ailleurs le ministre disait:
Je suis loin d'être convaincu qu'il n'y a pas d'emplois. C'est dans La
Soleil du 9 septembre 1988. Les employeurs ne savent pas, de façon
générale qu'ils peuvent employer des assistés sociaux
à bon compte, en ce sens que l'État va prendre à sa charge
une bonne partie de la facture. La facture, pour l'entreprise, cela va
être d'engager un assisté social, mais l'assisté social,
lui, qui ne prétende pas améliorer son sort. Lui, il n'a pas le
droit. Chaque dollar qu'i va gagner de plus que ce qui lui est permis, va lui
être retiré.
M. Bourbeau: Non. Il ne sera plus à l'aide sociale. Il a
un emploi. La députée n'a rien compris.
Mme Harel: II ne sera plus à l'aide sociale, parce que
l'entreprise va être subventionnée. Mais le travailleur ou la
travailleuse qui n'est pas à l'aide sociale et qui ne verra pas
l'entreprise l'engager, parce que l'entreprise n'a pas la subvention, c'est
autre chose. C'est un système par-dessus la tête que le ministre
est en train d'introduire. II ne se rend pas compte des bouleversements que
cela va provoquer. Il ne se rend pas compte qu'il va avoir contre lui
l'ensemble des forces sociales du Québec, y compris les centrales
syndicales.
M. Bourbeau: Où sont-elles, les forces du Québec
qui contestent la loi?
Mme Harel: Continuez, M. le ministre, et elles vont venir.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît.
M. le ministre, on écoute Mme la députée de
Maisonneuve.
M. Bourbeau: L'ensemble du Québec qui conteste la loi,
où est-il?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous pia?t. on
écoute Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors. M. le ministre, c'est extrêmement
intéressant de voir le peu de cas que vous. C'est tellement
prétentieux, l'attitude que vous avez présentement de penser que
vous pouvez, à l'encontre de l'ensemble des forces progressistes et
sociales du Québec, appliquer une réforme aussi
réactionnaire, autoritaire! Elles ne sont peut-être pas ici ce
soir, mais vous ne perdez rien pour attendre, par exemple, et l'espère
que ce jour-là vous vous rappellerez que ce n'est pas nécessaire
qu'elles soient dans le parlement pour s'agiter en dehors du parlement!
M. Bourbeau: On verra.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vais faire
alternance et reprendre la parole un peu plus tard.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Oui, M. le Président, toujours sur le point
qu'évoque la députée de Maison-neuve, je lui demanderais
si elle est capable de pousser son raisonnement plus loin et de nous faire la
démonstration fiscale que ce qu'elle avance est possible dans les faits.
Elle avait tout à l'heure un amendement pour nous demander
d'Intégrer la fiscalité, et ce qu'elle propose, c'est de
désintégrer le peu d'intégration qu'on a
déjà dans notre fiscalité au Québec.
L'exemption
fiscale que vous pouvez prendre dans votre rapport d'impôt est
égale aux besoins reconnus d'aide sociale, et ceux-ci sont égaux
aux prestations plus les exemptions de gains d'emploi.
À partir du moment où ta députée de
Maisonneuve nous dit qu'il faut augmenter les exemptions de gains de travail
au-delà du seuil qu'elle a sur son tableau, elle fera en sorte que les
personnes payeront de l'impôt, dépassé l'exemption fiscale
personnelle; par exemple, dans le cas d'une personne seule, en 1989 ce sera
6720 $, donc la personne seule commencera à payer de l'impôt
à 6721 $. Le 6721e dollar est imposable et ce que la
députée de Maisonneuve nous dit, c'est: Oublions ceux qui devront
payer de l'impôt, passé leur exemption fiscale personnelle, et
permettons à ceux qui sont à l'aide sociale d'augmenter leur
revenu par leurs gains de travail. C'est un peu difficile à soutenir,
quand on parle d'intégration fiscale. Il faut qu'à tout le moins
les personnes qui travaillent aient doit aux mômes exemptions, aussi
généreuses, que les personnes qui sont à l'aide sociale.
Voilà un principe d'équité fiscale. J'aimerais que la
députée de Maisonneuve pousse son raisonnement jusqu'à
prendre cela dans sa globalité.
La Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres Interventions sur cet amendement?
Mme Harel: C'est simplement, M. le Président, pour
signaler au député de Taschereau qu'il a entièrement
raison et que ce qui vaut pour les bénéficiaires d'aide sociale
vaut très certainement pour l'ensemble des travailleurs à faible
revenu, et que c'est là un coût de société
considérable, mais que ma formation politique est prête à
assumer. Nous aurons certainement l'occasion d'en faire la démonstration
dans un engagement lors de la prochaine élection. Alors, je vous
demanderais de disposer de l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le paragraphe
3° de l'amendement proposé par M. le ministre est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
il Président (M. Bélanger): Sur division, je
présume?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Alors, adopté
sur division.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Étant donné que nous avons suspendu
l'étude du paragraphe 2°, est-ce qu'on pourrait réintroduire
le paragraphe 2°? On voudrait le remplacer par un nouveau texte. C'est
comme vous voudrez, M. le Président, voulez-vous qu'on fasse le
paragraphe 4° avant? On a approuvé les paragraphes 1° et 3°.
On pourrait peut-être...
Le Président (M. Bélanger): On peut revenir au
paragraphe 2°, il n'y a pas de problème.
M. Bourbeau: On va retirer le paragraphe 2°.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M. Bourbeau:
On va proposer...
Le Président (M. Bélanger): Le paragraphe 2° du
deuxième alinéa, introduit par l'amendement, serait retiré
et remplacé par le suivant: "2° d'accorder cette aide en tenant
compte du fait que les personnes qui présentent des contraintes
sévères à l'emploi sont dans une situation
différente de celle des personnes aptes au travail. " M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Bourbeau: M. le Président, ce texte modifie sous deux
chefs celui que nous avions proposé originellement. Premièrement,
nous avons remplacé l'expression "les personnes inaptes" par
l'expression "les personnes qui présentent des contraintes
sévères à l'emploi". Je vous signale que partout dans le
projet de loi, nous avons l'intention de remplacer l'expression "personnes
inaptes" par l'expression "personnes qui présentent des contraintes
sévères à l'emploi" et que nous avions oublié de le
faire dans l'article 1.
Deuxièmement, nous remplaçons l'expression "ont des
besoins différents de ceux des personnes aptes au travail" par
l'expression "sont dans une situation différente de celle des personnes
aptes au travail". Je vois que la députée de Maison-neuve semble
ravie de cette nouvelle expression. Je dois dire que son plaidoyer
éloquent nous a fait réaliser que sa formulation était
peut-être préférable à la nôtre. Comme nous
sommes réceptifs à toute suggestion constructive venant de
l'Opposition, y compris de la députée de Marie-Victorin...
Mme Harel: Le journalisme du député.
Le Président (M. Bélanger): C'est son voisin.
Mme Harel: Et sans égal.
M. Bourbeau:... nous sommes disposés à accepter
toute modification, M. le Président, qui aura pour résultat de
bonifier le projet de loi. Nous estimons que dans ce cas-ci, cette modification
traduit mieux la pensée du législateur. Voilà.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le paragraphe 2° tel que
sous-amendé par M. le ministre?
Mme Harel: M. le Président, pour éviter qu'on
présente un sous-amendement, le ministre peut-il nous définir ce
que sont les contraintes sévères à l'emploi? Les mots
'contraintes' et 'sévères*. Une contrainte qui n'est pas
sévère, ce serait quoi? Et une contrainte qui est
sévère, c'est quoi? S'il y a une contrainte, en quoi doit-elle
être sévère?
M. Bourbeau: M. le Président, les comités
régionaux qui auront à évaluer le dossier des personnes
qui prétendront vouloir être admises dans la catégorie des
personnes inaptes ou non employables auront des grilles d'analyse,
d'évaluation. Dans ces grilles, des critères qui sont reconnus
mondialement, si je puis dire, et le ministère s'efforcera d'utiliser
les concepts et les catégories de la classification internationale des
déficiences, incapacités et handicaps de l'Organisation mondiale
de la santé. Je sais que la députée de Maisonneuve est
très familière avec ces définitions, alors je la renvoie
à celles-ci.
Mme Harel: M. le Président, on ne parle pas de la
même chose, on parle de la définition qu'a l'Organisation mondiale
de la santé en matière de handicap et de déficience, sinon
le ministre aurait Introduit un amendement dans le sens qu'il doit tenir compte
du fait que les personnes sont assujetties à la définition
donnée par l'Organisation mondiale de la santé. Là, le
ministre a choisi de parler d'emploi, pas de handicap ni de déficience.
Alors, on ne parle pas de la définition de l'organisation mondiale de la
santé dans l'amendement, on parle de contraintes sévères
à l'emploi. (23 h 15)
M. Bourbeau: M. le Président. Je me réfère
à l'article 7 à la définition de "inaptitude" La
députée se souviendra que les modifications que nous voulons
apporter à l'article 7 vont reprendre cette même expression,
'présentent des contraintes sévères à l'emploi"
plutôt que dans le texte original du projet de loi qui était plus
positif en parlant d'inaptitude' au sujet de personnes incapables ou Inaptes
à occuper un emploi.
Mme Harel: M. le Président. Je veux simplement m'assurer
qu'on distingue bien la situation des personnes qui ont des difficultés
en regard de l'emploi de celles qui ont un handicap parce que j'ai l'Intention,
comme je vous l'ai signalé, de présenter un amendement une fois
qu'on aura disposé de l'amendement qui est devant nous pour tenir compte
des personnes handicapées. Je ne voudrais pas qui y ait confusion et
qu'on prétende qu'on a déjà disposé de la question
de la situation des personnes handicapées.
M. Bourbeau: M. le Président. Mme la députée
de Maisonneuve se réfère au mot "handicap" mais dans la
définition nouvelle de l'inaptitude telle qu'elle se retrouvera à
l'article 7, on ne parle pas uniquement des incapacités ou d'un handicap
physique. Dans la nouvelle définition, on ajoute également "et"
Je réfère la députée au papillon que nous lui avons
envoyé. L'état de santé est une chose et compte tenu de
ses caractéristiques socioprofessionnelles, iI présente, dit le
texte du projet de papillon, des contraintes sévères à
l'emploi. Donc, les contraintes sévères à l'emploi seront
le résultat non seulement de la condition physique ou de la condition de
santé, mais également des conditions psychosociales ou
socioprofessionnelles et c'est le résultat de l'addition de ces deux
conditions qui pourra faire qu'un individu sera considéré inapte.
Alors, avec la nuance que nous introduisons dans cette distinction la
députée comprendra que cela ouvre une certaine porte qui
n'était pas nécessairement ouverte dans la définition
originale.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre. Comme
député de Laval-des-Rapides, j'aurais peut-être des
questions à poser dans le but d'éclaircir ou encore de compliquer
le débat, mais je me hasarde. Je prends l'exemple d'une personne qui
souffrirait, à la suite d'un accident d'automobile où elle n'a
pas elle-même reçu de blessures mais où des gens ont perdu
la vie. Elle a subi un traumatisme psychologique important qui la rend non
fonctionnelle pour une période de temps indéterminée.
Est-ce qu'on la considère comme une personne qui présente des
contraintes sévères à l'emploi?
M. Bourbeau: Le traumatisme psychologique va être
évalué par un médecin et si ce dernier en vient à
la conclusion que ce traumatisme est suffisamment sévère et que
l'incapacité ou l'état de santé déficient va
exister pour une période supérieure à un an. par exemple,
je crois que c'est la norme, actuellement, on considérera que son
état de santé présente une condition médicale qui
va faire en sorte que la clé d'accès a l'inaptitude sera
là puisque la porte d'entrée à l'inaptitude doit
être essentiellement médicale. Si, en plus, le patient souffre
d'une situation ou d'une condition socioprofessionnelle, évidemment
l'addition des deux conditions pourra le faire qualifier comme étant
inapte. Mais si par hasard la personne en question n'avait aucune condition
médicale quelconque, qu'elle était dans un état de
santé physique et mentale parfait, à ce moment ce n'est pas la
situation socioprofessionnelle qui pourrait la faire qualifier comme inapte. Il
dott donc y avoir au départ une condition médicale et cette
condition médicale constituerait la porte d'entrée à
l'inaptitude.
Le Président (M. Bélanger): Moi, M. le ministre,
mon intervention, c'est peut-être une
déformation professionnelle d'ancienne pratique, mais c'est
toujours très difficile d'évaluer en termes de durée ce
genre de traumatisme. Certains, au bout de quelques semaines, vont retomber sur
leurs pieds facilement ou même il va être Indiqué de les
renvoyer en milieu de travail le plus rapidement possible parce que cela
devient une thérapie puis, dans d'autres cas, c'est tout à fait
contre-indiqué. C'est difficile d'établir une règle. Je
voulais juste apporter cette petite précision. Je connais, de la part de
collègues, comment on procède là-dedans et comment un
diagnostic est souvent facile. Supposons une jeune femme qui a un enfant et qui
se voit abandonnée tout à coup par son mari qui décide de
partir pour toutes sortes de raisons qu'il ne nous a pas expliquées.
Cette femme reste en état de choc de cette séparation et de cette
perte subite. C'est une désertion du mari qui est parti avec la voisine
ou je ne sais quoi et qui la laisse complètement démunie. Je me
réfère à un cas que j'ai eu dernièrement à
mon bureau de comté. Un cas comme cela, est-ce que cela pourrait entrer
dans cette catégorie?
M. Bourbeau: Écoutez, de toute façon, pour pouvoir
être admise dans la catégorie des inaptes, I doit y avoir un
certificat médical. Alors, la personne va se présenter chez le
médecin qui va décrire sa situation médicale. Le
médecin ne déterminera pas si la personne est apte ou Inapte,
cela ne sera pas sa responsabilité. Le médecin va simplement se
borner à décrire la situation médicale de la patiente et,
le cas sera référé au comité régional
formé, comme vous le savez, de trois personnes dont un médecin
spécialisé ou un psychiatre, un travailleur social
spécialisé également et un spécialiste en emploi ou
en adaptation de main-d'uvre. Le comité va juger du dossier et s'U
en sent le besoin, pourra se faire conseiller par des spécialistes
appropriés. Dans le cas dont vous parlez, n'étant pas
spécialiste moi-même, je ne voudrais pas me hasarder, mais je
serais plutôt porté à penser que le choc dont vous parlez
pourrait n'être que temporaire et on peut penser que cette personne
pourrait être catégorisée comme étant non disponible
pendant un certain temps. Si le comité en vient à la conclusion
que l'état que vous avez décrit est temporaire, elle pourrait
être catégorisée comme non disponible. Mais si on en vient
à la conclusion que l'état peut présenter un certain
caractère de permanence ou s'il devait durer ou est
présumé durer plus qu'un an, à ce moment, possiblement
qu'elle pourrait être catégorisée comme inapte. Mais chaque
cas va être évalué par les experts selon les grilles
d'analyse qui seront fournies et en tenant compte de toutes les expertises
disponibles.
La Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je suggérerais au
ministre de dormir sur son amendement, comme cela on pourrait poursuivre avec
le paragraphe 4° et suivants parce que je l'Inviterais à
s'interroger si cet amendement tel que formulé, uniquement en regard des
contraintes sévères à l'emploi, est pertinent. Si,
à l'inverse, il n'y a pas intérêt à reprendre la
définition du document d'orientation, laquelle définition
s'adresse plus à l'état de santé physique ou mentale
altérée de façon significative, c'est vraiment à
bien peser, compte tenu du fait qu'on s'entend tous pour convenir qu'il ne
s'agit pas que les personnes qui ont un handicap - qui peuvent donc avoir une
bonne santé physique - soient nécessairement toutes
considérées comme confinées à cette
catégorie. On s'entend sur ce fait. Ne vaudrait-il pas mieux que le
ministre considère plus la dimension de l'état de santé
physique ou mentale altéré de façon significative, pour
accorder cette aide? Ces personnes qui présentent un état de
santé physique ou mentale altéré de façon
significative pendant une période relativement longue - en fait, c'est
la définition - sont dans une situation différente de celle des
personnes aptes au travail.
Est-ce que ce sont les contraintes sévères à
l'emploi ou si c'est l'état de santé? À l'article 7, c'est
l'état de santé qui est le test de départ. Il faut qu'il y
ait la production d'un rapport médical. Sans la production d'un rapport
médical, il n'y a pas par la suite un deuxième test des
contraintes sévères à l'emploi. N'est-ce pas d'ailleurs,
l'état de santé qui détermine s'il y a ou non des
contraintes sévères à l'emploi? À l'article 7, tout
commence par la production d'un rapport médical, tandis qu'ici au
paragraphe, des contraintes sévères à l'emploi peuvent
n'avoir absolument rien à faire avec l'état de santé
physique ou mental. Des contraintes sévères à l'emploi
peuvent aussi être des contraintes régionales. Cela peut
être le fait que, dans une localité, il y a une fermeture, qu'il y
a, à ce moment-là, une impossibilité d'avoir un emploi.
Les contraintes sévères à l'emploi ne sont pas juste
liées à la personne, à l'individu, elles sont aussi
sociales.
M. Leclerc: Non mais ce sont les personnes qui présentent
des contraintes.
Mme Harel: Oui. Les personnes qui présentent des
contraintes sévères à l'emploi.
M. Leclerc: Donc, elles ne peuvent pas être
régionales.
Mme Harel: D'accord, qui présente des contraintes
sévères à l'emploi, ce n'est pas l'emploi tel que
défini dans le dictionnaire.
M. Leclerc: À occuper un emploi.
Mme Harel: Oui, à occuper un emploi, mais un emploi qui
existe.
M. Leclerc: Non, il peut être hypothétique.
Mme Harel: Écoutez, si ce n'est relié en rien
à l'état physique ou mental, on ne se comprend plus. Si M. le
ministre veut l'adopter, ce serait peut-être une Interprétation
plus large. Je ne suis pas contre.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que la définition dans le
document était beaucoup plus restreinte que ce que l'on a ici, parce
qu'on ne parle pas, je crois, des conditions socioprofessionnelles, on ne parle
que de la situation de santé physique ou mentale. Alors, la porte est
beaucoup plus fermée dans le document d'orientation que dans le projet
de loi amendé, tel que nous avons proposé de le faire. Il y aura
beaucoup moins d'inaptes, si on suit la définition que vient d'utiliser
la députée.
Mme Harel: II y en a plus dans le document d'orientation, parce
qu'il ne fait passer qu'un seul test: le test médical de l'état
physique ou mental altéré de façon significative sur une
longue période. Un médecin peut juger cela.
M. Bourbeau: Oui, je comprends, mais...
Mme Harel: Tandis que même amendé, l'article 7 fait
passer un deuxième test, le test des caractéristiques
socioprofessionnelles, ajouté à celui de l'état physique
ou mental.
M. Bourbeau: Ce que la députée ne comprend pas,
c'est que d'après le document d'orientation, la seule porte
d'entrée est médicale. II faut donc que la condition
médicale soit suffisamment importante, à elle seule, pour que la
personne soit considérée comme inapte, de sorte qu'une
légère condition médicale ne permet pas de qualifier une
personne d'Inapte. Avec la nouvelle definition, on pourra avoir une personne
qui a une légère condition médicale, mais une situation
socioprofessionnelle Importante et, du fait de cette situation ou de cette
condition psychosociaJe importante, cela pourra, avec la légère
condition médicale, en faire une personne Inapte. Exemple... (23 h
30)
Mme Harel: Non, c'est impossible, pas avec le libellé,
à moins qu'on ne le modifie...
M. Bourbeau: Absolument.
Mme Harel:... parce qu'il y a un "et" qui n'est pas disjonctif,
qui est conjonctif, "et que, pour cette raison".
M. Bourbeau: Oui, on va prendre la définition. Il y a deux
définitions. Il y a la nouvelle définition.
Mme Harel: C'est que dans le paragraphe 1°: "démontrer
que, par la production d'un rapport médical, son état physique ou
mental est, de façon significative, déficient ou
altéré pour une durée vraisemblablement permanente ou
indéfinie et que, pour cette raison... "
M. Bourbeau: Oui, et...
Mme Harel: Alors, il y a deux tests. Il faut d'abord qu'il
démontre, avec la même rigueur, que dans le document... et en plus
de l'avoir démontré, c'est une démonstration d'un
état physique ou mental altéré, de façon permanente
ou indéfinie et de façon significative. En fait, c'est la
même définition qui est conjonctive à un autre test.
M. Bourbeau: Voici, c'est que si la situation médicale,
à elle seule, ne suffisait pas à qualifier une personne d'inapte,
la condition socioprofessionnelle pourrait, en s'ajoutant à la condition
médicale, faire basculer la personne dans la catégorie des
inaptes.
Mme Harel: Si c'est l'intention du ministre, il va devoir
remplacer "pour cette raison" et que, d'autre part...
M. Bourbeau: On est rendus à l'article 7. M. le
Président.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce que j'allais dire,
parce que, là, j'étais...
Mme Harel: Mais je l'invite à revoir le libellé,
parce qu'il n'est pas conforme à...
Le Président (M. Bélanger): Mais peut être
qu'au moment de l'étude de l'article 7, on devra revoir le
libellé.
M. Bourbeau: Si jamais on y arrive, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, il faut être
confiant. M. le ministre.
Mme Harel: Si le ministre cesse de déposer des
amendements. on va peut-être pouvoir commencer à travailler
article par article.
M. Bourbeau: C'est ce que je voulais faire au début, ne
pas déposer d'amendements. Mais vous m'avez demandé de les
déposer d'avance. Alors, on ne les déposera plus.
Mme Harel: Non, s'il peut arrêter d'introduire ceux qui ne
sont pas vraiment utiles.
Le Président (M. Bélanger): Bon, on le jugera au
moment du vote si c'est ce qu'on veut me dire. Sur ce sous-amendement, au
deuxième alinéa, d'accorder cette aide en tenant compte du
fait que des personnes qui présentent des contraintes
sévères, M. le ministre, est-ce qu'on ne devrait pas dire
"à occuper un emploi" plutôt que "à l'emploi"? Cela me
semble plus français. Les contraintes sévères à
l'emploi sont dans une situation différente de celle des personnes aptes
au travail. Sur cet amendement...
Mme Harel: M. le Président, il y a encore un
problème.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
Mme la députée de Maisonneuvel
Mme Harel: Le problème, c'est que les personnes aptes au
travail peuvent... C'est la théorie des ensembles. Certaines personnes
aptes au travaH peuvent se retrouver dans la catégorie de celles qui ont
des contraintes sévères à l'emploi.
Une voix: Oui.
Mme Harel: Et là, on en fait un peu des catégories
complètement distinctes. Celles qui présentent des contraintes
sévères à l'emploi sont différentes de celles qui
sont aptes. Mais, parmi les personnes aptes, vous pouvez avoir certaines
d'entre elles qui ont des contraintes sévères à l'emploi.
Alors, assurément, M. le Président, le ministre devrait...
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez
comme député de Laval-des-Rapides, je le comprenais autrement.
C'est qu'on peut - justement, à partir de la théorie des
ensembles, c'était mon modèle pour comprendre tout à
l'heure - se dire ici qu'une personne peut avoir des contraintes, ou une
situation... tout à l'heure, on prenait l'exemple d'un traumatisme
psychologique très important dû à une catastrophe
quelconque qui, temporairement, ne la rend pas en mesure d'occuper un
travail.
Môme si physiquement elle présente tous les
comportements... je veux dire qu'elle est capable de se déplacer, mais
sa situation psychologique ne le lui permet pas à cause de ce qui s'est
passé, sans vouloir en faire une inapte et recommencer tout le
système, on dit: D'accord, il y a une catégorie
intermédiaire qui fait que sans être carrément Inapte, on
peut être dans une situation semblable qui nous permet temporairement de
faire face à notre problème et de revenir ensuite.
Mme Harel: Donc, à ce moment-là, on ne peut pas
opposer...
Le Président (M. Bélanger): C'est une
sous-catégorie.
Mme Harel:... contraintes sévères à l'emploi
et apte. Il peut y avoir des personnes aptes qui ont des contraintes
temporaires à l'emploi.
Le Président (M. Bélanger): Oui, je le crois.
Mme Harel: Elles sont donc aptes, mais elles ont des contraintes
à l'emploi...
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Cela
devient une sous-catégorie, un sous-ensemble dans l'ensemble.
Mme Harel:... sévères et permanentes, non pas pour
des raisons physiques, mais pour des raisons de contraintes
sévères a l'emploi.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Cela
devient un sous-ensemble dans l'ensemble. C'est comme cela que je le
comprenais. Sur ce sous-amendement, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Est-ce que le sous-amendement est...
Mme Harel: M. le Président, je pense que le ministre doit
répondre à la question: Faut-il disposer maintenant d'un
sous-amendement qui, sur le strict plan de la cohérence, rend difficile
d'opposer contraintes sévères à l'emploi et apte au
travail? Il peut y avoir des personnes aptes au travail qui sont reconnues
comme ayant des contraintes sévères à l'emploi pour des
raisons socioprofessionnelles. Ce n'est pas bien rédigé. On peut
suspendre et on continuera avec le paragraphe 4°. Nous qui pensions
terminer l'article 1 ce soir, on commence à trouver cela
décevant.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre peut
répondre.
M. Bourbeau: Je suis d'accord pour suspendre.
Mme Harel: On est à 25 minutes...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Bourbeau: ' Je n'ai aucune crainte de suspendre pour deux ou
trois minutes. Je vais discuter avec mes conseillers et on reviendra.
Mme Harel: Oui, ou si...
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, nous
suspendons les travaux pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 37)
(Reprise à 23 h 43)
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Nous avons fait faire l'étude
des objections de la députée de Maisonneuve par nos
savants juristes qui nous accompagnent. Évidemment, la
députée de Maisonneuve est avocate et elle a un avantage sur moi.
Comme je n'ai pas ces qualifications, je me fie plutôt au jugement des
savants juristes qui m'entourent. Nous pensons que le libellé du
papillon tel que déposé est correct. Nous n'anticipons pas de
problème avec ce libellé et nous le maintenons.
Le Président (M. Bélanger): Donc, le
sous-amendement présenté par M. le ministre est il
adopté?
Mme Harel: M. le Président.
La Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je voudrais vérifier auprès du ministre,
si, par exemple, un bénéficiaire de 55 ans, donc
considéré comme appartenant à la catégorie non
disponible du programme APTE, va être exclu de la possibilité de
faire reconnaître des contraintes sévères à
l'emploi.
M. Bourbeau: Vous voulez dire s'il peut être Inapte?
Mme Harel: C'est-à-dire qu'on ne parle pas d'inapte, ici.
On dit: 'd'accorder cette aide en tenant compte du fait que les personnes qui
présentent des contraintes sévères à l'emploi sont
dans une situation différente de celle des personnes aptes au travail.
'. Donc, je vous donne le cas d'une personne apte de 59 ans ou de 62 ans,
considérée apte, dans la catégorie non disponible. En
vertu de votre amendement, malgré qu'elle puisse présenter des
contraintes sévères à l'emploi, elle ne pourra plus se
faire reconnaître ces contraintes sévères à
l'emploi, puisque le fait d'appartenir à la catégorie des
personnes aptes, dans le libellé, n'en déplaise à vos
savants juristes, il y a une exclusion. L'exclusion est la suivante: Les
personnes qui présentent des contraintes sévères à
l'emploi sont différentes de celles qui sont considérées
comme aptes au travail. Les personnes aptes au travail ne sont pas Incluses
dans la catégorie de celles qui présentent des contraintes
sévères à l'emploi. Je vous pose la question à
nouveau. Une personne de 58 ans, considérée apte au travail dans
la catégorie non disponible, sera t elle exclue? Cela m'apparaît
évident, à la rédaction même. Elle va être
exclue de la catégorie de celles qui vont pouvoir se faire
reconnaître des contraintes sévères à l'emploi.
M. Bourbaau: II faut Interpréter cet article en fonction
de l'article 7, parce qu'on se réfère ici au concept
d'Inaptitude. La personne qui a 59 ans, comme dit la députée, et
qui, en raison de son âge, pourrait selon la députée
présenter des contraintes sévères à l'emploi, ne
sera pas déclarée Inapte du seul fait qu'elle a 59 ans.
Cependant, le fait d'avoir 59 ans, c'est une situation, une condition
socioprofessionnelle particulière, et ajoutée à une
condition médicale, elle pourra faire basculer la personne dans le camp
des inaptes. Mais si la seule caractéristique de cette personne est
d'avoir 59 ans, cela ne sera pas suffisant pour la faire considérer
comme Inapte. Il faudra qu'en plus elle présente une condition
médicale ou un état de santé qui aura un caractère
de déficience. Si son état de santé est parfaitement
correct, ce n'est pas parce qu'elle a une situation socioprofessionnelle lourde
qu'elle pourra de ce fait être considérée comme inapte.
Elle n'aura pas la clé d'entrée pour être
considérée comme inapte. C'est la différence.
Mme Harel: Vous dites vous référer, dans votre
amendement, à une définition de l'article 7. Vous ne vous y
référez pas dans votre amendement. Vous pensez que vous vous y
référez, mais une loi n'est pas faite simplement pour les gens
qui la travaillent, on peut très bien ne pas être là quand
elle sera appliquée et à l'article 1. paragraphe 2°, rien ne
réfère à l'article 7, même pas les mots. Les mots
'contraintes sévères à l'emploi' ne se retrouvent
même pas à l'article 7.
M. Bourbeau: Oui, oui. absolument, ce sont les mêmes
mots.
Mme Harel: Oui. c'est juste, c'est vrai. Mais iI faut
reconnaître à ce moment qu'à l'article 7
l'interprétation est beaucoup plus restrictive avec ce que vous venez de
dire que ce qu'on retrouve dans le document d'orientation. Ce que vous venez de
dire c'est qu'il faut les deux conditions: un état de santé
physique ou mental altéré de façon significative sur une
longue période et, de façon conjonctive, des
caractéristiques socioprofessionnelles. Tandis que dans le document
d'orientation, on retrouvait une définition qui était
certainement beaucoup plus large, plus généreuse, moins
restrictive que celle que vous amendez à l'article 7.
M. Bourbeau: M. le Président, je dirai à la
députée que la modification que nous apportons à l'article
7 est un facteur qui ouvre plus grande la porte à l'inaptitude que le
document politique ou d'orientation politique qui avait été
publié par le gouvernement il y a un an.
Mme Harel: Expliquez-moi cela. M. Bourbeau: Oui. en ce sens
que...
Mme Harel: Comment cela peut-il ouvrir plus grand, en
restreignant, à moins de gens?
M. Bourbeau: Je vous réfère au document, à
la page 19, où on parle du programme Soutien financier. On dit que ce
programme s'adressera 'aux personnes et aux ménages dont l'un des
conjoints connaît un état de santé physique ou
mental altéré de façon significative pendant une
période relativement longue". Pour l'essentiel, on est à peu
près dans les mômes définitions, "et qui, pour ces raisons,
demeurent dans l'Impossibilité de subvenir à leurs besoins". Donc
il n'y avait qu'un seul critère. C'était l'état de
santé et à ce moment on ne pouvait pas être
considéré comme inapte, ou être admissible au programme
Soutien financier s'il y avait une condition psychosociale importante.
Dans la nouvelle définition que nous proposons, on pourra avoir
un état physique ou mental altéré...
Mme Harel: "Et" ou "ou"?
M. Bourbeau:... mais... Oui, "et"...
Mme Harel: Ah!
M. Bourbeau:... en plus de cela, si la station
socioprofessionnelle existe...
Mme Harel: "Et".
M. Bourbeau:... cela pourra aider à faire
considérer la personne comme inapte alors que, dans la définition
originale, pour l'inaptitude, on ne pouvait pas tenir compte des conditions
socioprofessionnelles.
Mme Harel: Là, M. le Président, il va falloir se
comprendre parce que cela peut aider et cela peut nuire.
M. Bourbeau: Bon, alors...
Mme Harel: Cela peut nuire aussi. J'aimerais que le ministre
m'écoute seulement deux secondes.
M. Bourbeau: Je ne fais que cela.
Mme Harel: Ou bien donc les caractéristiques
socioprofessionnelles peuvent, à elles seules, ouvrir à
l'inaptitude. Si elles ne peuvent pas ouvrir seules, c'est parce qu'elles sont
conjonctives à l'état de santé physique et mental et donc,
elles ajoutent un test supplémentaire. Le test du document, c'est
uniquement le rapport médical, tandis que le test de l'article
amendé, c'est un test d'un rapport médical et un autre test des
caractéristiques socioprofessionnelles. Quelqu'un pourra arriver avec un
rapport médical d'un état physique ou mental altéré
de façon significative et ne pas être reconnu comme inapte parce
que ses caractéristiques socioprofessionnelles lui permettent
d'espérer occuper un emploi rémunérateur qui ne
l'empêchera pas de subvenir à ses besoins et a ceux de sa
famille.
M. Leclerc: M. le Président, si la députée
de Maisonneuve a terminé... À partir du moment où une
personne, pour des raisons médicales, est considérée comme
inapte, on ne va même pas au test socio...
Mme Harel: Non, ce n'est pas ce que le ministre a dit. Le
ministre a dit et...
M. Leclerc: C'est ce que je...
Mme Harel:... les personnes autour de lui hochent la tête
de façon significative, c'est qu'il faut les deux tests.
M. Leclerc: Non, non. La personne, si j'ai bien compris encore
une fois, qui présente des conditions de santé déficientes
et qui font qu'elle est considérée comme inapte, n'a pas à
subir de test socioprofessionnel. Mais dans le cas où elle aurait une
condition physique altérée, mais pas suffisamment
altérée pour être considérée inapte, on
considérera et sa condition physique et sa condition
socioprofessionnelle et la somme des deux problèmes pourra faire en
sorte qu'elle soit considérée également inapte.
Mme Harel: Alors, à ce moment-là...
M. Leclerc: Mais dans le cas où elle est
considérée physiquement ou mentalement inapte pour des raisons
médicales, elle n'a pas à faire le test socioprofessionnel.
Mme Harel: Alors, il va falloir le modifier, parce que tel que
rédigé, ce n'est pas comme cela que ce sera
interprété. Ce sera interprété - et je regrette,
mais les mots ont un sens, n'est-ce pas?
M. Leclerc: Oui, oui.
Mme Harel: On va devant la Cour suprême pour des "et" et
des points-virgules.
M. Leclerc: Non, mais je vous dis que, de la façon dont
cela m'a été expliqué...
Mme Harel: Alors là, il va falloir le
rédiger...
M. Leclerc: Non, non, mais que voulez-vous?
Mme Harel:... en conséquence. Les mots qui comptent, M. le
député de Taschereau, sont les mots "et que pour cette raison...
et", c'est-à-dire qu'on ne dit pas "et d'autre part, compte tenu de ses
caractéristiques socioprofessionnelles". Tel que libellé, on dit:
"et que pour cette raison", c'est-à-dire qu'à cause de son
état de santé, associé à ses
caractéristiques, "et compte tenu de ses caractéristiques
socioprofessionnelles", il présente des contraintes
sévères. C'est donc dire que, pour faire le test des contraintes
sévères, I va falloir, à la fois, un état de
santé
physique ou mental altéré de façon significative et
des caractéristiques socioprofessionnelles faibles, si vous vouiez. Je
regrette, mais tel que libellé, c'est très évident que
c'est l'addition des deux qui va permettre le test de contraintes
sévères à l'emploi. C'est évident. Et que. pour
cette raison, et compte tenu...
M. Bourbeau: M. le Président, il peut y avoir des cas
effectivement. Prenez, par exemple, le paraplégique qui est avocat. J'ai
pratiqué avec un paraplégique, avocat, qui gagnait 100 000 $ par
année.
Mme Harel:... que j'ai connu d'ailleurs.
M. Bourbeau: Je ne pense pas qu'on aurait pu le
catégoriser comme Inapte parce que, dans la définition, on dit:
"présente des contraintes sévères à l'emploi
l'empêchant de subvenir aux besoins de sa famille*. Je vous assure qu'il
subvenait très bien aux besoins de sa famille, beaucoup mieux que la
majorité des assistés sociaux de sorte que, dans ce
cas-là, bien qu'il ait eu un état physique ou mental
altéré de façon significative, on ne pouvait pas conclure
que cette personne pouvait être considérée comme inapte
dans le sens que: les contraintes sévères à l'emploi ne
l'empêchaient pas de subvenir à ses besoins et à ceux de sa
famille. Ce serait un cas.
Mme Harel: À l'inverse, c'est vrai aussi.
M. Bourbeau: À l'inverse, on aura des gens qui auront un
état physique ou mental altéré de façon
significative, mais pas nécessairement très lourd. Face à
l'exemple auquel on pouvait penser tout à l'heure, soit une personne qui
souffre de traumatisme passager ou non, il est possible que cette seule
déficience ne soit pas suffisante pour qu'elle soft
considérée comme inapte. Cependant, si cette personne est en
même temps la personne de 59 ans dont vous parliez tout à l'heure,
qui a comme scolarisation une deuxième année faible, qui n'a
jamais travaillé, qui est divorcée depuis un certain temps, tout
cela ajouté à l'état physique altéré de
façon significative mais non lourde, ces conditions
socioprofessionnelles seront suffisantes pour faire basculer la personne dans
la catégorie des Inaptes. C'est justement parce que nous voulons ouvrir
la porte un peu plus que dans le document original, qui nous restreignait
à la condition médicale. Nous avons ouvert sur les conditions
socioprofessionnelles. J'espère que la députée le
réalise.
Mme Harel: M. le ministre, à ce moment-là, il va
falloir que vous biffiez dans votre amendement les mots 'pour cette
raison".
M. Bourbeau: Oui? Pourquoi?
Mme Harel: Que vous les biffiez à l'article 7 parce que si
vous ne les biffez pas. vous maintenez l'état physique ou la
santé gravement altérée plus les caractéristiques
socioprofessionnelles...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse. Je n'ai
probablement pas le même texte, je n'ai pas ces mots-là.
Mme Harel: C'est à l'article 7.
Une voix: C'est à l'article 7.
Le Président (M. Bélanger): Ah!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On anticipe. M. le Président.
Une voix: On vous joue des tours, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je veux bien, mais,
n'oubliez pas que nous sommes à l'article 1 et au sous-amendement. Je
veux bien qu'on amende l'article 7 quand on sera rendus à l'article 7,
mais on est à l'article 1 et c'est celui-là qu'il faut amender,
pas les autres. Ah non!
Mme Harel: M. le Président, cela fait 20 minutes qu'on
discute de l'article 7.
Le Président (M. Bélanger): Je le sais, mais c'est
parce que vous faites une proposition d'amendement à l'article 7 alors
qu'on est à l'article 1 Je ne marche plus.
Mme Harel: Mais l'article 1 fait état de contraintes
sévères à l'emploi.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Ce sont les
mots "pour cette raison" qui sont dans l'article 7 qui vous posent
problème.
Mme Harel: Et le ministre nous réfère, pour
comprendre son amendement, à l'article 7.
Le Président (M. Bélanger): Oui
Mme Harel: Ce qu'on lui fait préciser, c'est qu'à
l'article 7. n'en déplaise aux savants juristes, si le ministre veut
véritablement rédiger de façon claire l'intention qu'il
formule. I ne doit pas ajouter "et que pour cette raison" parce qu'il fait
référence à ce moment à un rapport médical
sur un état de santé physique ou mental altéré de
façon significative pour une durée permanente ou
indéfinie. 'Pour cette raison et étant donné ses
caractéristiques... " il lie les deux conditions pour pouvoir
présenter un dossier de contraintes sévères. Si on les
lie, c'est parce qu'à ce moment-là il n'y aura pas d'ouverture
pour une personne qui ne peut pas
obtenir de rapport médical d'un état de santé
physique ou mental très altéré de façon
significative et permanente. La personne qui a une deuxième année
forte, comme vous venez de parler, va certainement être exclue parce que
si les deux conditions doivent être réunies, le rapport
médical de l'état de santé ou physique grave plus les
caractéristiques socioprofessionnelles, elle va être exclue.
Le Président (M. Bélanger): Je suis d'accord avec
tout cela, mais on a utilisé l'article 7 pour des besoins de
compréhension. Je veux qu'on revienne au sous-amendement à
l'article 1, 2° parce que c'est celui qui nous préoccupe. Concernant
les amendements à l'article 7, quand on y sera rendus, quand on sera
officiellement à cet article, on le fera.
Mme Harel: Oui. N'oubliez pas que tout cela a commencé, M.
le Président...
Le Président (M. Bélanger): On se sensibilise,
c'est ce que j'ai bien compris, mais il ne faudrait pas oublier qu'on est
à l'article 2. C'est juste cela.
Mme Harel: Tout cela a commencé par une question que j'ai
posée au ministre à savoir si une personne apte au travail,
considérée apte dans des catégories non disponibles ou
autres, pouvait faire valoir des contraintes sévères à
l'emploi.
Le Président (M. Bélanger): II vous reste deux
minutes.
M. Bourbeau: Je vais faire la même réponse que j'ai
faite tout à l'heure. La personne apte au travail, si elle n'a aucun
problème médical, si son rapport médical est totalement
vierge, si le médecin ne décèle chez elle aucun
problème.
Mme Harel: Attendez...
M. Bourbeau:... de santé physique ou mental, elle ne
pourra pas être considérée comme inapte.
Mme Harel: Ce n'est pas cela, M. le ministre. La question est:
Est-ce qu'il lui faut un rapport médical, tel que défini à
l'article 7.
M. Bourbeau: Absolument. Sans cela...
Mme Harel: Donc, un état de santé physique ou
mental altéré de façon significative pour une
période permanente ou indéfinie.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Ah, ah! Bon, bon. Cela veut donc dire qu'à ce
moment-là, ce n'est pas du tout le cas dont vous nous pariiez, de la
dame qui avait une deuxième année forte. Elle est exclue parce
qu'elle n'aura pas ce rapport médical de façon permanente.
Une voix: Elle avait un traumatisme psychologique.
Mme Harel: De façon indéfinie, permanente,
significative.
M. Bourbeau: La dame de 59 ans qui a une deuxième
année faible et dont on parlait tantôt, qui est veuve ou
divorcée est dans le même cas.
Mme Harel: Cela n'a rien à voir.
M. Bourbeau: Si elle est en parfaite santé, elle est dans
le même cas que l'homme de 47 ans qui a une deuxième année
faible et qui est en parfaite santé. On ne fait pas de discrimination
quant au sexe.
Mme Harel: Alors...
M. Bourbeau: Si les deux n'ont aucun problème de
santé physique ou mentale, on ne peut discriminer en faveur de la dame
de 59 ans versus le monsieur de 47 ans.
Mme Harel: Vous, gardez...
M. Bourbeau: C'est la même situation.
Mme Harel:... vos qualificatifs de cette dame pour vous. Mais
pour tout de suite...
M. Bourbeau: Mais écoutez...
Mme Harel:... cette personne n'aura pas la possibilité de
faire valoir des contraintes sévères à l'emploi qui ne
sont pas médicales. C'est ce que je comprends. J'ai bien...
M. Bourbeau: Oui, mais...
Mme Harel:... compris qu'il fallait que les contraintes
sévères à l'emploi soient médicales. Si elles ne
sont pas d'abord médicales, elle ne pourra pas faire valoir des
contraintes sévères à l'emploi. C'est ce que je
comprends.
Le Président (M. Bélanger): Socioprofessionnelles
aussi.
Mme Harel: Non, parce que s'il n'y a pas d'abord des contraintes
médicales, elle ne pourra jamais faire valoir ses contraintes
socioprofessionnelles.
M. Bourbeau: C'est exactement cela. Nous ne pensons pas qu'une
personne qui n'a aucun problème, quel qu'il soit, de santé
physique ou mentale, puisse être considérée comme inapte.
il faut, pour pouvoir être considéré comme inapte,
avoir au moins, au départ, une quelconque condition
médicale altérée de sorte que la personne, qu'elle soit du
sexe masculin ou féminin - puisque la députée en fait un
plat - qui est en parfaite santé physique ou mentale ne peut être
considérée comme inapte parce qu'elle a une deuxième
année ou qu'elle est âgée de 49 ans.
Mmt Harel: Ce n'est même pas de cela qu'il s'agit parce que
le texte, ce n'est même pas d'avoir un...
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
nous devons ajourner nos travaux sine die, c'est-à-dire que nous
recevrons dos ordres des leaders en Chambre demain, après la
période de questions qui aura lieu à 10 heures. Merci
(Fin de la séance à 0 h 3)