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(Onze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous poursuivons l'étude du projet de loi 37,
c'est-à-dire la Loi sur la sécurité du revenu. Nous
étions à l'article 8, à un projet d'amendement
déposé par M. !e ministre, au 5° de l'article 8, qui se lit
comme suit: "5° un adulte incarcéré dans un
pénitencier, dans un établissement de détention ou dans
toute autre prison ou tenu de loger dans un établissement en vue de sa
réinsertion sociale, sauf dans les cas prévus par
règlement. "
Alors, sur cet amendement de M. le ministre, est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Programme "Soutien financier" (suite)
Mme Harel: M. le Président, je suis contente de constater,
à la lecture d'un document qui m'a été remis par un membre
du cabinet du ministre sur la formation sur mesure en établissement et
l'impossibilité actuelle de son application au niveau
collégial... Quand j'ai posé des questions au ministre, hier, il
m'a répondu qu'il n'envisageait pas de modifier la loi de manière
que des personnes puissent suivre un enseignement dans une institution de type
collégial. Est-ce que je me trompe de penser que c'était la
volonté du ministre hier de ne pas couvrir les personnes qui suivent un
enseignement dans une institution de type collégial?
M. Bourbeau: J'ai dit à la députée que je ne
me proposais pas d'apporter d'amendement au projet de loi que nous avons
présentement devant nous.
Mme Harel: Je ne le sais pas, M. le Président, le ministre
a marmonné quelque chose et je n'ai pas compris.
M. Bourbeau: Je m'excuse, M. le Président. La
députée n'était peut-être pas attentive. J'ai dit
que je n'ai pas l'intention d'apporter d'amendement au projet de loi que nous
avons devant nous présentement.
Mme Harei: Est-ce que pour le ministre hier... De toute
façon, il peut changer d'avis, selon ce que lui suggèrent,
à bon droit, ses conseillers. Est-ce que le ministre entend couvrir, par
une disposition, la situation des personnes qui se trouvent à être
prestataires de l'aide sociale tout en participant à des programmes
offerts aux prestataires de l'aide sociale dans des institutions de type
collégial?
Le ministre est à pic ce matin.
M. Bourbeau: C'est parce que le président ne me donne pas
la parole. J'attends que le président me donne la parole et,
dès qu'il va me la donner, je vais pouvoir répondre.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, c'est
à vous.
M. Bourbeau: Oui, bon.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse.
M. Bourbeau: Cela me fait plaisir de voir enfin un
président qui sourit.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, je tenais
pour acquis que c'était à vous.
M. Bourbeau: Ce n'est pas moi le président, c'est
vous.
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est à
vous la parole, il n'y a pas de problème.
M. Bourbeau: Très bien, M. le ministre.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez raison, il
est à pic.
M. Bourbeau: Alors, je lis à la députée de
Maisonneuve l'article 8, paragraphe 2: "Sont inadmissibles au programme: 2°
un adulte qui fréquente, au sens du règlement et autrement que
dans le cadre d'une mesure prévue à l'article 23"... Je pense que
la députée de Maisonneuve a oublié cette partie de phrase:
"autrement que dans le cadre d'une mesure prévue à l'article 23".
Donc, si on lit la phrase a contrario, si c'est dans le cadre d'une mesure
prévue à l'article 23, à ce moment, le problème est
réglé. Un adulte pourrait être admissible au programme dans
le cadre d'une mesure prévue à l'article 23. Mme la
députée sait qu'avec le nouveau régime de
sécurité du revenu les adultes de plus de 30 ans ou de moins de
30 ans, tous les adultes, pourront participer à des mesures
d'employabilité. On a l'intention de mettre sur pied toute une
série de nouvelles mesures d'employabilité et, dans le cadre de
ces mesures, un adulte pourra être admis à l'aide sociale.
Mme Harel: Alors, est-ce que le ministre peut nous faire
connaître, au sens de l'article 8, paragraphe 2, pour qu'on en connaisse
la teneur et la portée réelle, quel est le règlement qu'il
entend déposer à cet effet? L'article 8 a une certaine
importance, pour ne pas dire une importance certaine, parce qu'il sera repris
dans chacun des programmes. Il reviendra, je pense, à l'article 14 dans
le programme APTE et ainsi de suite, alors il faut s'attarder à la
définition des personnes qui seront inadmissibles, parce que la
même définition servira pour tous les autres
programmes.
M. Bourbeau: En vertu de la nouvelle loi, on n'aura même
pas besoin de recourir aux règlements pour créer un programme,
contrairement à la loi actuelle, à l'article 11. 0. 1, qui dit
que "le ministre peut continuer à verser l'aide sociale à une
famille comprenant un seul adulte lorsque ce dernier fréquente à
temps complet une institution d'enseignement collégial ou universitaire
en vertu d'un programme de formation désigné par
règlement". Donc, cela prend un règlement pour mettre sur pied un
programme de formation. Dans la nouvelle loi, on n'a pas repris cette
phraséologie, de sorte qu'on n'a pas besoin que le programme soit
désigné par règlement pour le mettre en vigueur.
Mme Harel: Alors, pourquoi avoir maintenu, à quelles fins
maintenir, au paragraphe 2, l'expression "au sens du règlement"?
Qu'est-ce que cela va couvrir? Quel est le règlement que prévoit
le ministre? Il a en main les règlements, j'aimerais qu'il me fasse
lecture du règlement pour voir la portée de ce paragraphe 2.
M. Bourbeau: C'est pour exclure ceux qui suivent trois cours,
dans le but de faire une meilleure définition de la notion de temps
complet et de temps partiel.
Mme Harel: Pour exclure ceux qui suivent trois cours,
c'est-à-dire que seraient admissibles au programme ceux qui suivent deux
cours, c'est ça?
M. Bourbeau: Ceux qui suivent deux cours et moins seraient
admissibles et ceux qui suivent plus de deux cours ne seraient plus
admissibles.
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'apprends ce que le
ministre sans doute connaît lui-même, c'est-à-dire que la
commission va terminer abruptement ses travaux là où nous en
sommes rendus et qu'après sept jours à peine - est-ce bien cela?
- de travaux, après avoir refusé d'entendre, la commission
connaîtra la guillotine à 13 heures cet après-midi.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, vous
êtes hors du sujet, actuellement. La commission siège
présentement et continue ses travaux. On vous demanderait de bien
vouloir continuer sur l'article 8 qui est à l'étude.
Mme Harel: M. le Président, je vais tout de même
avoir l'occasion ce matin, à plusieurs reprises - je la prendrai, cette
occasion - de faire savoir au ministre quel mépris cela manifeste
à l'égard du dossier et des personnes. On est dans un jargon
administratif et juridique qui a un contenu humain. La preuve, c'est que le
ministre s'est senti obligé, dans les sept articles
précédents, de sous-amender ses propres amende- ments à
ses propres articles de loi. C'est un mépris pour les personnes qui sont
concernées par ce projet de loi au moment où ï reste encore
deux semaines, au minimum, de session parlementaire, évidemment sans
tenir compte des délais de prolongation que le gouvernement peut
s'accorder. M. le ministre, quand i reste deux semaines, c'est du
mépris total à l'égard de la clientèle de l'aide
sociale. Vous pensez qu'elle n'est pas organisée pour réagir
électoralement. Vous êtes prêt à lui faire payer le
prix...
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous revenir
à l'article 8?
Mme Harel:... de votre mépris.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je peux
répondre à cela?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, sur
l'article 8 s'il vous plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, oui, sur l'article 8. Je
pense que j'ai droit à la même tolérance que celle à
laquelle a droit la députée de Maisonneuve. Ce que je veux dire
à la députée de Maisonneuve, c'est qu'a n'y a pas de
mépris de notre part. S'il y a du mépris, c'est de la part de
ceux qui systématiquement font perdre le temps de cette commission
depuis 35 heures. Cela fait 35 heures qu'on étudie le projet de loi sur
l'aide sociale. On a adopté sept articles. Cela veut dire qu'on adopte
un article à toutes les cinq heures depuis qu'on travaille. Un par cinq
heures. Cela veut dire à peu près un article par jour,
effectivement. Alors, au rythme où on s'en va là, comme il y a
134 articles, cela veut dire que ça prendrait 134 jours à Mme la
députée pour passer à travers le projet de loi sur l'aide
sociale. Pour qui nous prenez-vous? Pour des imbéciles? On a vu
très bien votre petit jeu. Vous avez passé 20 heures avant
même d'étudier l'article 1.
Mme Harel: C'est assez, là!
M. Bourbeau: La députée a commencé sur ce
sujet-là, on peut lui répondre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Harel: On va continuer sur ce sujet, oui.
Le Président (M. Bélanger): Si vous plaît, je
voudrais qu'on revienne à l'article 8.
Mme Harel: Oui, on va continuer, M. le Président. Vous
vous êtes "filibusté" vous-même avec vos sous-amendements
à vos amendements.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, s'il vous
plaît, Mme la députée, je voudrais qu'on
revienne à l'article 8. C'est une discussion qui est
stérile et qui ne nous avance pas dans nos débats. Je vous en
prie, qu'on s'en tienne à l'article 8 et à l'amendement au
paragraphe 5.
Mme Harel: Écoutez, c'est vraiment une sorte de burlesque
auquel on assiste. Vous nous invitez à passer à l'article 8
sachant pertinemment que depuis le début de nos travaux...
Le Président (M. Bélanger): Madame, je suis ici
pour...
Mme Harel:... le ministre a systématiquement amendé
et sous-amendé ses propres articles en se "filibustant" lui-même.
C'est un simulacre, on va passer à l'article 8 sachant très bien
qu'on n'ira pas plus loin.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, c'est un jeu, c'est un jeu malheureux, c'est un
jeu auquel on participe.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, je préside la commission. Mon
mandat, ce matin, est de faire en sorte qu'on étudie les articles de
cette loi. Je n'ai pas le mandat de faire autre chose ou d'interpréter
les choses autrement que comme elles le sont. Ce matin, jusqu'à 13
heures, nous devons faire l'étude article par article du projet de loi
37. Nous sommes rendus à l'article 8, 5° et je demanderais à
tout le monde de s'en tenir à cela. S'il y a d'autres discussions
à faire, il y a d'autres lieux où on pourra les faire, mais
sûrement avec plus de bonheur qu'ici. Ici, c'est la place pour
l'étude article par article.
Mme Harel: Alors, c'est une parodie de consultations. M. le
Président, on va continuer la parodie. On va jouer le grand jeu de la
commission parlementaire. Un jeu qui se termine sur rien, par exemple. C'est
comme le jeu des échelles et des serpents.
M. Bourbeau: Que la députée a commencé
à jouer elle-même en "filibustant" elle-même la commission,
il faudrait le dire.
Mme Harel: En demandant au ministre d'entendre six organismes
représentatifs qui avaient des choses à lui faire connaître
sur le projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Est-ce que l'on peut revenir à l'article 8, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Malheureusement...
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 8, y
a-t-il d'autres interventions?
Mme Harel: Je continue mon intervention, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
députée.
Mme Harel: On va participer au grand jeu.
M. Bourbeau: Malheureusement, le spectacle "son et
lumière" n'aura pas lieu, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
La parole appartient à Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: C'est tout le mépris que le ministre a pour nos
institutions parlementaires.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Harel: M. le Président, le spectable "son et
lumière"...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée, non, non.
Mme Harel:... ce sont les travaux de la commission que vous
présidez.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée, je vous demanderais, s'il vous plaît, de reprendre
votre intervention à l'article 8, paragraphe 5. Nous en étions
à un amendement là-dessus.
Mme Harel: M. le Président, je vous demanderais de
rappeler à l'ordre le ministre quand il...
Le Président (M. Bélanger): C'est ce que j'ai fait,
Mme la députée.
Mme Harel:... identifie nos travaux à un "son et
lumière".
Le Président (M. Bélanger): Je vais faire tout mon
possible pour arrêter ces genres d'interventions, effectivement.
M. Bourbeau: Des deux côtés, bien sûr.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Mme la députée de Maisonneuve, la parole vous appartient et je
demanderais aux autres de respecter ce temps de parole.
Mme Harel: Alors, la mauvaise foi est totale, M. le
Président.
M. Bourbeau: M. le Président, je signale que c'est la
députée de Maisonneuve qui reprend les hostilités. Si vous
voulez que la commission travaille dans le calme, cessez vos invectives.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre,
s'il vous plaît! La parole appartient à Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: L'article 8, M. le Président, paragraphe 2,
autant parler du sexe des anges. Je veux savoir pourquoi le ministre a
décidé de modifier le règlement pour réduire
à deux cours plutôt que trois la possibilité de s'inscrire
à un enseignement collégial au moment où la
prétention est d'Inciter des personnes à se donner une formation.
Au moment même où le gouvernement fait des grands discours sur
l'absence de formation adéquate, le règlement diminuera à
deux cours plutôt qu'à trois la possibilité d'Inscription
dans une institution collégiale.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai répondu
textuellement à cette question-là, hier, à la
députée. Je ne vois pas pourquoi je répondrais à
nouveau, d'autant plus qu'elle n'est même pas en train
d'écouter.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 8? Il n'y a pas d'autres interventions sur
l'article 8?
Mme Harel: M. le Président, je note que, compte tenu des
exemples qu'on a apportés au ministre hier, lors de la conférence
de presse que nous avons tenue le 9 novembre pour porter à l'attention
de l'opinion publique la confusion et l'arbitraire qui régnaient au sein
du ministère à l'égard de l'admission des
bénéficiaires à des cours de formation professionnelle au
niveau collégial, lorsque nous avons révélé,
contrairement à ce que prétendait le ministre hier, qu'il y avait
eu dérogation ministérielle en faveur du groupe de personnes de
Saint-Jean et Iberville et que la même situation le 9 novembre ne
prévalait pas pour le groupe de Valleyfield, je crois comprendre que le
21 novembre, soit douze jours plus tard, le ministère modifiait sans
doute à la suite...
Malheureusement, on ne peut pas tenir de conférence de presse sur
tous les dossiers qui sont en attente. Cet automne, les commissions de
formation professionnelle, compte tenu de la situation qui a prévalu
à l'égard de l'admission dans les institutions
collégiales, ont retardé l'organisation de groupes pour ne pas
les mettre en situation d'avoir à choisir entre
l'insécurité d'un prêt-bourse et la formation acquise au
niveau collégial.
M. le Président, j'ai ici le dépliant qui a
été transmis en même temps que le chèque mensuel,
l'été passé, et qui disait: "Des cours de formation
professionnelle à votre portée. Désirez-vous suivre un
cours de formation professionnelle dans un domaine tel que celui de
l'administration, de l'alimentation, de l'imprimerie ou de la
métallurgie? Ce ne sont là que des exemples des cours qui vous
sont offerts. Votre centre Travail-Québec, en collaboration avec la
commission de formation professionnelle de votre région, vous offre la
chance de participer à un nouveau programme de formation
professionnelle. Ce programme vous permettra de suivre un cours de niveau
secondaire ou collégial répondant à vos besoins. De plus,
vous pourriez recevoir, sous certaines conditions, une allocation
supplémentaire. "Cette offre vous intéresse? AJors, contactez
votre centre Travail-Québec car certains cours de formation
professionnelle commencent en septembre 1988. "
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à part les cas de Saint-Jean et
Iberville et de Valleyfield qui ont été portés à
notre connaissance, I y a un bon nombre de personnes qui ont été
lésées par cette publicité fausse et trompeuse,
finalement, puisque le cours donné au collégial ne permettait pas
à la personne de maintenir son barème de prestations d'aide
sociale. J'incite le ministère à être un peu plus prudent
dans ses annonces publicitaires envoyées à des centaines de
milliers de personnes sans s'être assuré au préalable que
les espoirs qui étaient suscités n'allaient pas, malheureusement,
être trompés.
M. le Président, je vous invite à disposer de l'article
8.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'amendement
proposé à l'article 8, paragraphe 5°, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Est-ce
que l'article 8 tel qu'amendé est adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division? Bien.
J'appelle donc l'article 9. Est-ce que vous désirez que j'en fasse
lecture? 'La prestation accordée à l'adulte seul ou à la
famille est établie, pour chaque mois, en considérant sa
situation au dernier Jour du mois précédent. Elle est
égale au déficit des ressources sur les besoins calculé en
effectuant les opérations suivantes: "1° additionner, s'il y a lieu,
au montant déterminé selon le barème des besoins, le
montant des prestations spéciales; "2° soustraire de cette somme,
dans la mesure où ils sont exclus par règlement, les montants
suivants: "a) les revenus de traval et de biens qu'au cours du mois
précédent l'adulte seul ou les membres de la famille ont
gagnés ainsi que les gains ou autres avantages de toute nature qu'ils
ont réalisés, à l'exception de ceux déjà
soustraits en application du paragraphe b; "b) au cours de la période
déterminée par
règlement, les prestations non encore réalisées que
l'adulte seul ou des membres adultes de la famille ont droit de recevoir
à la suite d'une cessation de travail en vertu de la Loi de 1971 sur
l'assurance-chômage (S. C., 1970-71-72, chapitre 48); "c) jusqu'au moment
où ils pourraient être déclarés admissibles à
des prestations en vertu de cette loi, les revenus de travail que l'adulte seul
ou les membres adultes de la famille qui ont perdu leur emploi du fait d'un
arrêt de travail ou dû à un conflit de travail et qui, pour
ce motif, ne pouvaient être ou n'ont pas été
déclarés admissibles à des prestations
d'assurance-chômage, auraient autrement gagnés au cours du mois
précédent; "d) les avoirs liquides, au sens du règlement,
que l'adulte seul ou les membres de la famille possèdent au cours du
mois précédent; "e) le montant obtenu en appliquant le
pourcentage déterminé par règlement à la valeur de
leurs biens évalués selon la méthode prévue par
règlement au dernier jour du mois précédent.
"Malgré le dernier alinéa, la prestation accordée pour le
mois de la demande est établie conformément au règlement.
"
Y a-t-il des interventions sur cet article 9?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais dire, à l'article 9, qu'il s'agit
de la règle de base du calcul des prestations. La première partie
de l'opération consiste à déterminer les besoins de la
personne ou de la famille. Il faut alors considérer le statut de la
personne, tel qu'il apparaît au cours du mois qui précède
celui pour lequel des prestations sont accordées et calculer les besoins
qui correspondent à ce statut. Par exemple: le nombre d'enfants, le
nombre de personnes aux études, le fait d'être conjoint, etc.
À noter que sont toujours considérés les besoins qui font
l'objet de prestations spéciales, de sorte qu'une personne peut
n'être admissible qu'à une prestation spéciale.
Maintenant, M. le Président, je voudrais proposer un amendement
à ce premier alinéa qui consisterait à remplacer le
paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 9 par le suivant:
1° déterminer le montant applicable selon le barème des
besoins et l'augmenter, s'il y a lieu, du montant des prestations
spéciales.
Il s'agit là, vous l'aurez deviné, M. le Président,
d'une modification de forme. Le paragraphe 2° parle d'une somme en se
référant au premier paragraphe. Il n'y avait pas
nécessairement une somme au premier paragraphe parce qu'une personne
n'est pas toujours admissible, pour un mois donné, à des
prestations spéciales.
M. le Président, en ce qui concerne le paragraphe 2°, il
s'agit là de la deuxième partie de l'opération qui
consiste à déduire du montant des besoins toute forme de revenu
gagné par la personne ou la famille, puisque le programme en est un de
dernier recours. A noter que plusieurs revenus font l'objet d'une exemption par
règlement.
J'aimerais, M. le Président, proposer une modification à
ce premier alinéa en remplaçant, dans la première ligne du
paragraphe 2° de l'article 9, les mots "de cette somme" par les mots "du
montant obtenu en application du paragraphe 1°". Il s'agit, vous vous en
doutez, d'une modification de forme pour le même motif que pour le
paragraphe 1°.
M. le Président, en ce qui concerne le paragraphe 2°,
sous-paragraphe b), cette disposition a pour objet d'éviter d'avoir
à payer pour une courte période des sommes d'argent, comme
pendant qu'une personne attend une décision de la Commission d'emploi et
immigration Canada, et d'avoir à récupérer ces sommes de
cette personne immédiatement après. Le paragraphe b) impute donc
un revenu fictif pour une courte période, laquelle sera
déterminée par règlement.
En ce qui concerne le sous-paragraphe c), M. le Président, cette
disposition vise à exclure le versement de prestations lors d'une
grève ou d'un "lock-out". À cette fin, le projet utilise les
mêmes critères que ceux utilisés par la Commission d'emploi
et immigration Canada.
Concernant le paragraphe d), je signale que l'avoir liquide qui
excède un montant d'exemption prévu par règlement est
entièrement déduit d'une prestation. Il s'agit de sommes dont une
personne peut disposer de façon immédiate. À
l'égard de ce sous-paragraphe, j'aimerais proposer un amendement afin de
remplacer dans la deuxième ligne du sous-paragraphe d) du paragraphe
2° du premier alinéa de l'article 9 le mot "cours" par les mots
"dernier jour". Il s'agit d'une précision quant au moment dans le mois
où seront considérés les avoirs liquides. Le texte actuel
suppose qu'on peut prendre le plus haut montant au cours du mois. La
modification détermine que c'est le dernier jour du mois que seront
considérés les avoirs liquides.
En ce qui concerne le sous-paragraphe e), M. le Président, je
signale qu'en raison de la nature de dernier recours du programme les biens
sont également considérés. Ils le sont en soustrayant un
pourcentage déterminé par règlement de la valeur du bien
pour chaque mois. J'aimerais proposer une modification au sous-paragraphe e) en
remplaçant le sous-paragraphe e) du paragraphe 2° du premier
alinéa de l'article 9 par le suivant: e) le montant obtenu en appliquant
le pourcentage déterminé par règlement à la valeur
des biens que l'adulte seul ou les membres de la famille possèdent au
dernier jour du mois précédent déterminée selon la
méthode prévue par règlement, sans tenir compte toutefois
des biens qui ne peuvent être aliénés en raison d'un
empêchement légal qui échappe au contrôle du
prestataire. Il s'agit là d'une préci-
sion quant aux biens sur lesquels existe un empêchement
légal. Ces biens ne seront pas considérés dans
l'application de la régie de 2 % de la valeur des biens. Par contre, la
partie des prestations qui correspond à ces biens sera versée
sous forme conditionnelle, comme prévu à l'article 34. 1.
Finalement, M. le Président... (11 h 45)
Mme Harel: Franchement, il va falloir que le ministre reprenne ce
passage.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais terminer...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Sur une question de compréhension?
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Je voudrais terminer, M. le Président, si
vous voulez, il me reste un...
Le Président (M. Bélanger): On va laisser finir M.
le ministre et on reviendra?
Mme Harel: II va falloir qu'il relise parce qu'il s'était
accroché dans sa lecture et je ne le suis plus.
M. Bourbeau: M. le Président, de toute façon, ta
députée a déjà ces amendements depuis hier, mais je
vais terminer, il m'en reste un.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Au dernier paragraphe, M. le Président, le
deuxième alinéa de l'article 9, je voudrais proposer un dernier
amendement de façon à remplacer le deuxième alinéa
de l'article 9 par le suivant: "La prestation est accordée à
compter du mois qui suit celui de la demande. Toutefois, elle peut être
accordée pour le mois de la demande. Dans ce cas, elle est
établie selon la méthode de calcul prévue par
règlement. " Il s'agit d'une clarification du texte actuel.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Que le ministre ne s'imagine pas, parce qui nous a
donné cela hier, qu'il a satisfait au sérieux de l'étude
qu'on mène ici. D'abord, je veux savoir quand le ministre va nous
déposer les trois amendements qu'il ne nous a pas encore remis et qu'il
nous avait promis pour aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): Ils ont
été remis, je pense, en vrac.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis sous l'impression
qu'on a remis à l'Opposition tous les amendements, y compris les
derniers dont vient de parler la députée. On est en train de
vérifier. Quant à nous...
Mme Harel: J'ai vérifié ce matin et je ne les ai
pas. Il y en a trois.
Le Président (M. Bélanger): II y a cette
liasse-là ici.
M. Bourbeau: Nous sommes sous l'impression qu'ils ont
été remis.
Mme Harel: Alors, je vais demander à ta secrétaire
de me les remettre. Il s'agit des articles 16, 120 et... Est-ce qu'il y a
l'autre?
Le Président (M. Bélanger): II y avait les articles
16, 120 et quel autre article, M. le ministre?
Une voix: Ce n'est pas un article.
M. Bourbeau: L'autre, c'est un titre, dans la version anglaise
seulement.
il Président (M. Bélanger): La version anglaise,
d'accord.
M. Bourbeau: À part
Mme Harel: Un Instant, pour qu'on sache exactement où on
est! Ici, 1 n'y a pas l'article 16. Il n'est pas dedans.
Le Président (M. Bélanger): J'ai l'article 16 ici.
Il est là.
Mme Harel: L'article 120, un instant, Je vais
vérifier.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, vous voulez intervenir sur
l'amendement?
M. Leclerc: Pas sur l'amendement. M. Chevrette:...
Mme Harel: Pas encore. Ils ne sont pas encore
sous-amendés, on vient de commencer.
Laisse-leur le temps! Ils vont sous-amender, il n'y a pas de doute.
il Président (M. Bélanger): Nous sommes à
l'amendement déposé par le ministre à l'article 9. Est-ce
qu'il y a des questions ou des commentaires sur cet amendement
déposé par M. le ministre? Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Concernant les avoirs liquides, le paragraphe d),
j'aimerais que le ministre nous Indique quels sont les avoirs liquides qui
seront admissibles?
M. Bourbeau: Mme la députée de Maison-neuve pose
continuellement des questions sur le règlement. Le règlement, je
!e lui ai dit, on ne l'étudie pas présentement. D'autre
part, le règlement n'a pas fait l'objet encore de l'approbation par le
Conseil des ministres. On ne peut donc pas annoncer à la
députée des décisions qui ne sont pas encore prises.
Mme Harel: Alors, pourquoi voulez-vous nous les faire voter?
Là, M. le ministre...
M. Bourbeau: il n'est pas question de voter des
règlements. C'est un projet de loi qu'on vote.
Mme Harel: M. le Président, le ministre prétend
recueillir notre consentement quant aux avoirs liquides au sens du
règlement, sans nous dire quels seront ces avoirs liquides que l'adulte
seul ou les membres de la famille possèdent - il apporte un amendement -
dans les derniers jours. C'est une coquille législative vide, c'est bien
évident. Qu'est-ce que cela donne de voter la coquille sans savoir s'il
y aura un oeuf ou juste du blanc?
Une voix: Deux jaunes.
Mme Harel: Un jaune, deux jaunes ou juste du blanc.
M. Chevrette: Peut-être pour aider le ministre à
comprendre...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, M. le
député de Joliette) Comme vous n'êtes pas membre de la
commission, est-ce qu'on peut avoir le consentement pour accorder la parole
à M. le député?
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve l'a. Pour
l'instant, je préférerais qu'on s'en tienne à la
députée de Maisonneuve. Quelle est la question?
Mme Harel: Tiens, tiens!
Le Président (M. Bélanger): Donc, il n'y a pas de
consentement, M. le député.
M. Chevrette: II n'y a pas de consentement pour que je parle?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Vous voulez... Est-ce que le député...
?
Mme Harel: Ils ont des problèmes avec la
députée de Maisonneuve parce que je fais le travail de
l'Opposition, M. le Président.
Une voix: Je vous remercie. M. Chevrette: Une joyeuse
gang!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, mon humeur étant
passée, on va donner la parole au député de Joliette. Je
n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Bélanger): Bon, M. le
député de Joliette, on a le consentement.
M. Bourbeau: C'était la façon d'introduire qui
m'avait un peu offusqué, mais je dois reconnaître que le
député de Joliette, comme chef de l'Opposition...
Le Président (M. Bélanger): On laisse de
côté nos susceptibilités.
M. Chevrette: Une façon d'introduire? J'ai demandé
la parole.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, on a le consentement pour que vous puissiez
avoir la parole.
Mme Harel: C'est effrayant! c'est comme cela depuis le
début!
M. Chevrette: Mais d'où sortez-vous? D'une maternelle, bon
dieu?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: As-tu déjà vu une affaire
pareille?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, vous voulez toujours intervenir?
M. Chevrette: Comme j'ai le consentement, M. le Président,
et qu'il ne peut plus l'enlever...
Une voix: II dit: Je saute dessus.
M. Chevrette: M. le Président, je n'en reviens tout
simplement pas de voir l'attitude du ministre. Vous me permettrez de
dénoncer cela. Un enfant d'école se comporterait...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette:... avec plus de dignité.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, on va s'en tenir au contenu, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Le ministre vient de dire, M.
le Président, qu'il ne soumet pas à l'approbation des
parlementaires la question des règlements. Comment pouvons-nous adopter
un article qui va dire "au sens des règlements"? À supposer que
cela n'ait aucun maudit bon sens, comment voulez-vous qu'on dise au ministre
qu'on est d'accord avec un article de loi qui se réfère à
un règlement et qu'il nous dise que le règlement, on n'en parle
pas? Il pourrait vouloir dire exactement le contraire de ce que vous soumettez
comme projet. Et vous voudriez qu'on vote là-dessus? C'est intelligent
en maudit! Je m'excuse, mais légiférer de cette façon, je
trouve cela pour le moins bizarre. Si les projets de règlement qu'il
dépose n'ont aucune valeur, peut-il nous dire à ce moment...
C'est aussi bien de la poudre aux yeux. Il pourrait même, à la
rigueur, mettre les règlements très beaux mais, comme il fait
référence au sens du règlement, on lui dit: Est-ce bien en
vertu de ce règlement? Il dit: Minute! on ne parle pas de
règlement! Cela n'a pas été adopté. Donc, il mettra
le contraire dans le projet de règlement. C'est jouer à la
cachette avec le monde. C'est leurrer le monde, l'induire en erreur
délibérément, ce qu'on n'a pas le droit de faire. A toutes
fins utiles, le ministre est en train de nous dire: Adoptez la loi mais, les
règlements, on les changera quand on voudra et on mettra ce qu'on voudra
dedans. C'est cela! Si ce n'est pas cela, qu'il nous dise donc comment cela va
se produire.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député de Joliette est en train de
parler pour la galerie.
M. Chevrette: Non, je parle pour vous.
M. Bourbeau: II sait fort bien, comme parlementaire
chevronné et expérimenté, que c'est comme cela que les
lois se font. C'est comme cela que vous avez fait des lois tout le temps que
vous avez été au Parlement. C'est comme cela que cela s'est fait
et c'est toujours comme cela.
D'ailleurs, je vais vous dire une chose, M. le député de
Joliette. On est en train de faire une loi sur l'aide sociale et la
sécurité du revenu pour en remplacer une autre. Voyons comment
cela se fait dans la loi actuelle, celle que vous avez appliquée pendant
neuf ans. La loi actuelle procède exactement de la même
façon qu'on procède présentement. Dans la loi actuelle,
les montants d'avoir liquide ne sont pas déclarés. On dit:
"adopter des règlements concernant... " Donc, dans la loi actuelle, on
ne stipule pas les montants des avoirs liquides. On dit qu'on pourra adopter
des règlements concernant l'avoir liquide. Nous procédons
exactement de la même façon aujourd'hui, avec la nouvelle loi, que
dans l'ancienne. Pourquoi? Parce que c'est préférable de
procéder comme cela.
D'ailleurs, vous l'avez reconnu. Vous avez toujours
procédé comme cela quand vous étiez au pouvoir. C'est bien
simple. Si on gèle les montants des avoirs liquides dans la loi, ce
n'est plus changeable après. On ne peut plus bonifier les montants des
avoirs liquides. C'est dans la loi, c'est coulé dans le béton.
Cela ne change pas facilement. La preuve, c'est que la Loi sur l'aide sociale a
été passée en 1969-1970 et on est en 1988. On la change 20
ans après. On ne veut pas être pris pour couler dans le
béton pendant 20 ans le montant des avoirs liquides. C'est plus facile
de modifier un règlement chaque année qu'une loi. Le
député de Joliette, expérimenté comme il l'est,
comprend cela très bien, il a fait comme cela chaque fois qu'il a fait
des lois quand i l était au gouvernement.
Donc, je ne comprends pas pourquoi vous venez nous faire un spectacle
"son et lumière" avec cet article. C'est un article qui s'inscrit
totalement dans la continuité de la façon de
légiférer de ce gouvernement-ci et du gouvernement
précédent depuis toujours. Comment se fait-il qu'on vienne tout
à coup nous faire un plat avec cette histoire, alors qu'on s'inscrit
dans la tradition? On ne fait que respecter la façon de bien
légiférer. C'est comme cela qu'on procède, M. le
Président, quand on veut bien légiférer, quand on veut
suivre les techniques modernes de législation. On fait une loi-cadre qui
est rigide et des règlements souples, qui peuvent s'adapter à la
conjoncture, des règlements qui prévoient des sommes d'argent qui
peuvent être modifiées année après année,
selon l'évolution du coût de la vie, par exemple. Si on ne fait
pas cela de cette façon, on ne pourra pas Indexer année
après année les sommes d'argent parce que la loi sera rigide. La
loi aura coulé cela dans le béton.
M. le Président, je prierais les membres de l'Opposition
d'être un peu plus sérieux et de faire en sorte de ne pas
prétendre que nous dérogeons à la tradition ou à la
bonne façon de rédiger des lois quand nous suivons exactement les
principes généralement reconnus comme de bons principes en
matière de législation.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, un spectacle "son et
lumière'... La lumière en particulier lui ferait du bien, il
verrait peut-être clair. Ceci dit, c'est précisément parce
que le gouvernement - le 16 décembre 1985, au cas où il ne s'en
rappelle pas - a dit: Dorénavant, nous allons légiférer
avec les règlements sur la table. C'est ce qu'il a dit dans le discours
de Mme Bacon, vice-première ministre, le 16 décembre 1985, dans
l'après-midi. Je comprends que le ministre, à l'époque,
euphoriquement et récemment nommé, était tellement aux
nues qu'il ne savait pas qu'un jour ou l'autre tout le monde le trouverait nul
au Québec. Mais à ce moment-là, 1 aurait dû
comprendre. Autant les maires des municipalités avaient hâte de
s'en
débarrasser, autant les assistés sociaux vont avoir
hâte de s'en débarrasser tantôt.
M. le Président, ce que je dis, c'est qu'on ne devait plus
légiférer sans avoir les règlements sur la table.
C'était un engagement d'honneur, formel. C'était figé dans
le béton. Là, non seulement on n'a pas les règlements,
mais ils disent: Non, on fait comme vous autres. Vous avez été
élus soi-disant pour faire différent. Vous devez avoir hâte
d'arriver au pouvoir pour faire quelque chose à votre façon. Vous
ne le faites même pas et vous concrétisez exactement ce que votre
chef a répété pour la quatrième fois: Vous savez,
les discours avant et les discours après, c'est bien différent.
C'est un peu ce que vous êtes en train de dire, à l'image de M.
Bourassa: Je vous ai dit que je ferais cela avant, mais ce n'est pas vrai que
je vais faire cela après. Vous leurrez le monde littéralement.
Vous connaissant, quand vous vous référez au règlement...
Vous avez utilisé le mot "bonifier", mais si c'était votre
bonification à l'envers, comme vous le faites depuis le début...
Par exemple, si vous dites aux assistés sociaux: "Je vais vous couper
100 $", Tout le monde "shake". On va nous couper 100 $. Non, je ne vous en
coupe que 75 $. Est-ce que je suis fin? Vous donnez l'impression aux gens
qu'ils viennent de gagner quelque chose. Ils viennent de gagner 25 $, mais vous
en avez coupé 75 $. Mais vous leur aviez promis une coupure de 100 $.
Vous venez faire le bon diable: Je ne vous en coupe que 75 $, fermez-vous donc
la boîte, vous autres, voyons! Je suis donc bon!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, voulez-vous vous adresser à la
présidence?
M. Chevrette: Je m'adresserai à qui je voudrai, quand je
parle, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Suivez le
règlement! Vous vous adressez à la présidence.
M. Chevrette: Je m'excuse, je m'adresserai à qui je
voudrai.
M. Bourbeau: M. le Président, franchement, c'est une
question de règlement.
Mme Harel: ll n'est pas obligé de vous regarder.
M. Chevrette: Tu n'es même pas obligé de me
regarder, M. le Président. Vous pouvez aller faire un tour
derrière, si vous voulez.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je pense qu'il faudrait faire attention. Vous
pouvez être chef de l'Opposition, mais il y a des règles qui
existent ici, pour vous comme pour tout le monde.
M. Bourbeau: Un peu de calme, s'il vous plaît! (12
heures)
Le Président (M. Bélanger): II est très
clair, pour éviter toute polémique - l'article du
règlement est formel là-dessus - qu'on s'adresse à la
présidence.
M. Chevrette: Je m'adressais à la présidence, mais
je ne suis pas obligé de regarder le président.
Le Président (M. Bélanger): II ne faut pas, je ne
vous demande même pas de me regarder.
M. Chevrette: Est-ce clair? Je m'adressais au
président.
Le Président (M. Bélanger): Mais ne vous adressez
pas à la salle, adressez-vous au président.
M. Bourbeau: M. le Président, c'était très
sérieux avant que le député de Joliette arrive.
M. Chevrette: Je disais au président la tactique...
Le Président (M. Bélanger): M. le chef de
l'Opposition, vous faites... En tout cas, ce n'est pas bien agréable ce
que vous faites. Je vous demanderais, s'il vous plaît, d'intervenir sans
faire en sorte que la salle réagisse. Vous êtes ici pour la
commission, pas pour la salle.
M. Chevrette: Oui, mais vous êtes, M. le Président,
pour le moins "borderline" comme le disent les Anglais. C'est peut-être
le langage que vous comprenez le mieux dans votre équipe. Vous
êtes pour le moins "borderline".
M. Bourbeau: Non, non, pas du tout.
M. Chevrette: Vous êtes pour le moins "borderline", M. le
Président, et vous savez ce que je veux dire.
Le Président (M. Bélanger): Suivez le
règlement, il est formel. Vous le connaissez, vous êtes chef de
l'Opposition ici.
M. Chevrette: Contentez-vous de présider.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
un peu de dignité dans les débats!
M. Chevrette: Oui, et je vais tellement vous en montrer de la
dignité, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Alors, allez-y, je suis
prêt à en prendre.
M. Chevrette:... que je voudrais que votre jupon ne
dépasse pas trop quand vous présidez.
Pas de partisanerie tant que vous occupez le siège, est-ce
clair?
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement.
M. Chevrette: En aucun temps.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, en vertu du
règlement, on va vous dire cela bien clairement, M. le
député. Quel est le numéro?
M. Chevrette: Je vais le regarder.
M. Bourbeau: M. le Président, l'attitude du
député de Joliette est très discutable. Le
président tente de faire...
M. Chevrette: Fais amender ton monde... M. Bourbeau:...
respecter le règlement.
M. Chevrette:... pour faire croire que c'est nous qui
retardons.
M. Bourbeau: Le député de Joliette n'a pas à
imputer des motifs au président, absolument pas. Des menaces du
député de Joliette, on en revient.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous lirai juste l'article 138 qui est
très clair: "Le président organise et anime les travaux de sa
commission, prend part à ses délibérations... " Le
président et le vice-président d'une commission exercent aussi un
droit de vote. Donc, c'est parfait.
M. Chevrette: Je ne sais pas ce que cela vient faire dans le
décor.
Le Président (M. Bélanger): Quand vous dites que je
suis "borderline"...
M. Chevrette: Oui, oui.
Le Président (M. Bélanger):... je ne sais pas sur
quoi vous vous appuyez, sur quelle ligne.
M. Chevrette: M. le Président, je dois avoir le droit de
regarder où je veux quand je parle, pour autant que je m'adresse
toujours à la présidence.
Le Président (M. Bélanger): Je vous demande juste
de ne pas faire en sorte que cela soulève de polémique, juste
cela.
M. Chevrette: J'ai déjà vu des proverbes qui disent
autre chose, puis je vais m'en abstenir.
Le Président (M. Bélanger): Excellent! M.
Chevrette: Dans ce cas-là...
Le Président (M. Bélanger): On revient à
l'article, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Le droit de parole aussi, c'est clair que personne
ne doit interrompre un député quand il parle et cela vaut autant
pour la présidence.
La Président (M. Bélanger): Continuez votre
intervention.
M. Chevrette: Parfait, merci.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Pour autant qu'il soit pertinent, M. le
Président.
M. Chevrette: Oui, je suis très pertinent. Vous êtes
comme votre chef, M. le Président. Vous êtes exactement comme
votre chef, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, est-ce que l'on peut revenir à
l'amendement, s'il vous plaît?
M. Chevrette: C'est exactement cela. Le Président (M.
Bélanger): On y va.
M. Chevrette: Ce ne sont pas des farces. Voulez-vous
écouter 30 secondes, vous saisirez peut-être quelque chose.
Le Président (M. Bélanger): Revenir à
l'article 9.
M. Chevrette: Je disais qu'une loi telle que libellée, iI
peut arriver n'importe quel règlement par la suite... D'autant plus que
votre formation politique, M. le Président, a le don depuis quelques
mois, comme formation politique - je m'adresse toujours à la
présidence - de suivre l'exemple et l'image de son chef, M. Robert
Bourassa, qui, lui, répète à peu près partout la
phrase suivante: Vous savez, les discours après par rapport aux discours
avant, c'est assez différent, merci.
On commence à s'en rendre compte au Québec, M. le
Président, que ce que vous avez dit au monde avant par rapport à
ce que vous faites après, c'est le jour et la nuit. C'est un fait et on
s'en rend compte ici. Vous essayez d'édicter au sens d'un
règlement, sans publier le règlement. Qu'est-ce qui nous dit
qu'après les avoirs, au lieu de les bonifier comme vous l'avez dit
tantôt, vous ne vous ramasserez pas en disant: Tant et aussi longtemps
que vous aurez 100 $ ou 200 $ dans votre compte, c'est bien regrettable, mais
vous n'aurez pas de soutien? Qu'est-ce qui nous dit que vous ne ferez pas cela,
si vous avez été capable de parler, par exemple, de partage d'un
logement qui était
d'environ 160 $ pour le limiter à 52 $? Qu'est-ce qui nous dit
que dans votre règlement vous ne changerez pas à la baisse la
fameuse notion d'avoir liquide ou le quantum? Il n'y a rien qui nous prouve
cela, absolument rien!
Et vous dites que ce n'est pas sérieux, que ce n'est pas
pertinent cela? Voyons! Cela n'a pas d'allure! Cela n'a pas de bon sens! Si
vous étiez sérieux, vous auriez au moins publié et remis
en même temps un règlement disant: Je bonifie à la hausse.
C'est l'engagement que je prends comme ministre. Non, vous prenez la peine
d'arrêter même les questions. Vous dites à l'Opposition:
Soyez donc sérieux! Arrêtez donc d'Interroger là-dessus!
Vous savez bien que l'on peut bonifier par la suite.
Ce que vous nous disiez le 16 décembre, c'était que,
dorénavant, les règlements seraient sur la table et ils ne le
sont pas, premièrement. Deuxièmement, ce que vous avez dit aux
jeunes, au monde démuni de notre société avant le 2
décembre 1985, c'est que ce serait quasiment le paradis sur terre avec
la venue du Parti libéral, mais vous avez développé une
stratégie, M. le Président. Je m'adresse à vous toujours.
Vous avez développé une excellente stratégie. Vous
commencez par dire aux gens, avant de les assommer: Je vais vous couper 400 $.
Je vais vous couper 500 $. Je vais vous couper 600 $. Puis, on dit: Non, on
vous coupe seulement 300 $. Je viens de vous faire un maudit beau cadeau. Cela
est brillant comme stratégie. Il y en a qui mordent à cela, mais
il y a des citoyens qui mordent de moins en moins.
Cela n'a pas de bon sens! On grossit la "balloune" en disant qu'on va
vous couper énormément, mais on vous coupe un petit peu. Le solde
net, c'est une coupure quand même. Ce n'est pas une bonification. On
essaie de donner l'impression aux gens qu'on vient de leur faire un cadeau
parce qu'on a coupé seulement 300 $ au lieu de 500 $. On vient de vous
faire un gros cadeau. M. le Président, c'est à cela qu'une loi
mène. Et c'est surtout l'expérience de trois ans, M. le
Président, qui nous pousse, comme Opposition, à être un
petit peu inquiet parce que, depuis trois ans, c'est exactement cela.
Je me rappelle... Vous en voulez des comparaisons pour vous montrer
qu'on a raison de craindre, je vais vous en donner. Prenons, par exemple, la
prime de disponibilité pour les femmes au foyer. En 1988, qu'est-il
arrivé?
M. Bourbeau: Est-ce qu'on est toujours dans la Loi sur la
sécurité du revenu? On est toujours à l'article 8,
oui?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on écoute M. le député de Joliette qui donne un exemple
actuellement. Alors, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je suis en train de donner un exemple. Je comprends
que le ministre ne comprendra pas plus, mais il y en a peut-être d'autres
qui vont comprendre dans son entourage. Oui, oui. Vous pourriez préparer
un sous-amendement pendant ce temps-là. Vous avez niaisé hier
pour essayer de nous donner une impression autre.
M. Bourbeau: C'est tout près.
M. Chevrette: M. le Président, les femmes au foyer, avec
ce genre de clauses, qu'ont-elles eu dans le budget? Elles ont eu l'abolition
de la prime de disponibilité en 1988, dans le budget 1988-1989. C'est 50
000 000 $ que le gouvernement a mis dans ses poches, il a dit: Non, on ne vous
enlève rien, mesdames. Vous regarderez ce qu'on vous donne en 1989.
Bien, oui. Bon Dieu! ils ont coupé 60 000 000 $ en 1987, 50 000 000 $ en
1988 et, là, ils vont donner un suçon en 1989, l'année
électorale. Ils vont donner à peu près 40 000 000 $, mais
ils auront coupé 110 000 000 $ pour leur donner 40 000 000 $.
Pensez-vous qu'on va être dupes tout le temps dans la
société? On peut leurrer des gens un certain temps, mais on ne
peut pas leurrer les gens tout le temps. Cela en est un bel exemple. J'ai pris
les femmes précisément parce qu'elles forment 52 % de la
population. On les a leurrées littéralement. On est en train de
faire la même chose avec les assistés sociaux. On est parti et on
en est rendu à je ne sais quelle version du projet de loi. Mais quand on
était au centre Paul-Sauvé, par exemple, qu'on bondait les
autobus et qu'on donnait 5 $ aux jeunes pour qu'ils s'achètent un
hot-dog et une patate et qu'on les prenait n'importe où dans le
comté pour aller applaudir Robert Bourassa, que leur a-t-on dit? Vous
leur avez parlé de parité sans condition. C'est mensonge
par-dessus mensonge, M. le Président, qu'on a proféré non
pas à l'Assemblée nationale, mais au centre Paul-Sauvé
où on a fait monter les jeunes quasiment sur le dos de leur siège
pour applaudir un premier ministre qui venait les sauver du marasme.
Depuis ce temps-là, troisième version, et c'est encore
pire que la loi existante. Ce n'est pas pour rien qu'on s'est battu. Là,
on en est rendu au point de passer des articles sous prétexte, parce
qu'on vient de nous annoncer que ce serait le bâillon et qu'on ne
pourrait plus rien dire. On vient essayer de nous passer des articles sans
savoir s'il s'agit de bonifications à la baisse libérales. Des
bonifications libérales, c'est à la baisse. Sans savoir en plus,
M. le Président, parce que tout a été monté, tout
était stratégie... Le ministre malhabilement - on l'entendait
venir comme sur du terrazzo - a demandé à ses collègues
d'amender ses amendements, de sous-amender des articles, pour dire: C'est
l'Opposition qui est dans les carottes. Vous le voyez bien, ils ont
parlé je ne sais combien d'heures et ils n'ont pas avancé. Pour
huit articles, vous regarderez, il y a au moins quatre sous-amendements qui
viennent du pouvoir.
Imagine-toi! un ministre qui fait sous-amender son projet de loi par ses
collègues! Quand on sait que c'est inhabituel. Cela n'a jamais lieu, si
ce n'est un député qui serait en fusil contre un ministre, qui
l'aurait annoncé publiquement et qui viendrait annoncer son amendement,
mais d'une façon planifiée. Écoutez bien les discours
demain, en Chambre, lorsqu'ils vont arriver avec la motion de clôture:
L'Opposition a retardé les débats, etc. Ils vont essayer
de...
Oui, on les a retardés, les débats, pour votre
information. Vous n'aurez pas à plaider là-dessus. On sera contre
toute réforme qui a pour objectif fondamental de faire reculer les moins
nantis de notre société. Une réforme, ordinairement, c'est
pour améliorer le sort des gens. Ce n'est pas pour faire reculer les
gens. Est-ce clair? Surtout quand c'est un engagement électoral
où on a, à toutes fins utiles, extirpé de ce pauvre monde
un droit de vote pour arriver au pouvoir et, après cela, ce n'est pas
grave. On fait ce qu'on veut, exactement comme le chef Robert Bourassa. Ce que
je vous ai dit avant, vous savez que c'est bien différent. Voyons!
M'avez-vous cru avant, gang de fous?
C'est un peu ça que dit le premier ministre. Il leur dit: Vous
êtes "nono" de m'avoir cru. Vous savez bien que j'étais comme
ça en 1970, en 1973 et je suis redevenu de même en 1985. S'il faut
que vous me laissiez là, je vais être encore comme ça en
1988-1989. Ce monde n'a pas de parole. Des engagements électoraux, ils
ne comprennent pas ça. Et ils sont surpris que les hommes et les femmes
politiques n'aient plus de crédibilité. Je comprends! Quand le
premier citoyen du Québec, celui qui occupe le plus haut poste dans
notre société, vient dire à la population "vous savez, des
discours avant et des discours après, c'est nettement différent",
comment voulez-vous que les gens aient confiance? C'est comme ça qu'on
va bâtir une société solide?
M. Bourbeau: M. le Président, on va pouvoir
déroger, nous aussi, tantôt.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous voulez? M. Bourbeau: Je
disais au président...
Le Président (M. Bélanger): Continuez votre
intervention, M. le député de Joliette.
M. Bourbeau:... qu'étant donné que le
député de Joliette s'éloignait de l'article 8 et qu'il
était non pertinent par rapport à ce qui est écrit dans le
projet de loi...
Mme Harel: D'abord, on est rendu à l'article 9.
M. Bourbeau:... à ce moment-là...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
S'iI vous plaît!
M. Bourbeau:... M. le Président, Je l'ai averti qu'on
ferait la même chose après.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
La parole appartient au député de Joliette.
M. Chevrette: Et je ferai exactement comme vous.
M. Bourbeau: C'est ça.
M. Chevrette: Je vous arrêterai de temps en temps.
M. Bourbeau: Une fois, ce n'est pas si mal.
M. Chevrette: Vous allez voir si c'est bien
intéressant.
M. Bourbeau: Une fois, ce n'est pas si mal.
Le Président (M. Bélanger): La parole appartient au
député de Joliette. Je vous demanderais, M. le
député, de continuer votre intervention.
M. Chevrette: Oui, d'autant plus que je me suis adressé
à vous, M. le Président Est-ce que vous pourriez...
Le Président (M. Bélanger): Tout est correct,
monsieur.
M. Chevrette:... le ramener à l'ordre.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre est
averti de respecter votre droit de parole.
M. Chevrette: Donc, il était hors du sujet. Le
Président (M. Bélanger): Oui.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Donc, je continue et
je reprends l'article 9, parce qu'on est à l'article 9 et non à
l'article 8. Voyez-vous, il n'est même pas au courant de son propre
projet, il ne suit même pas l'ordre numérique.
M. Bourbeau: On est habitué à aller tellement
lentement.
Le Président (M. Bélanger): S1»
vous plaît, M. le ministre! On laisse le député de Joliette
terminer son intervention. M. le député de Joliette, il vous
reste trois minutes.
M. Chevrette: M. le Président, je vous dis personnellement
que si le ministre avait un peu de sérieux, si le ministre avait
au moins l'intention d'être compréhensif vis-à-vis de ces
nombreuses personnes, les moins nanties de notre
société, les plus démunies de notre
société, au moins, il les rassurerait par un programme, un
règlement qui définirait ce que sont les avoirs liquides et il
indiquerait sa volonté d'ailer à la hausse. S'il se permet de
dire "bonification", il devrait se permettre de définir ce qu'est sa
bonification. Est-ce que ça passe de 1500 $ à 2500 $? Est-ce que
vous allez avoir droit à une maison valant 5000 $ de plus que
présentement? Est-ce qu'ils vont avoir droit à une auto un petit
peu plus chère que présentement, que vous leur permettez d'avoir
présentement? Quelle est votre bonification? Est-ce que la bonification
libérale, c'est de passer de 1500 $ à 600 $ comme avoir liquide
dans un compte de banque, et que la maison devra baisser de 20 000 $ et l'auto
de 4000 $ ou 5000 $? Est-ce que c'est ça, la bonification
libérale? On est habitué à ça, là.
Qu'est-ce que c'est? Pourquoi ne le dites-vous pas? C'est parce que vous
ne le savez pas. Vous ne savez pas où vous vous en allez, vous
improvisez dans cette réforme. Vous improvisez à un point tel que
ce qui vous importe avant Noël, c'est de bien caser ce projet de loi comme
étant quelque chose de réglé. Vous ne toucherez pas trop
aux gens avant l'élection, mais le lendemain de l'élection, parce
qu'ils n'en connaîtront pas les effets avant, vous allez les matraquer
littéralement. Vous allez leur enlever 30 % de ce qu'ils ont
présentement et ça, vous vous en foutez.
Vous allez me dire que je fais un procès d'intention. Oui, je
fais un procès d'intention, M. le Président. C'est basé
sur une expérience de trois ans à vous voir aller. Si vous aviez
du "guts", si vous étiez convaincu de ce que vous avancez, votre
réforme s'appliquerait le 1er janvier. Si vous étiez convaincu de
ce que vous avancez et de ce que vous faites, vous le feriez appliquer non pas
après l'élection de 1989, mais immédiatement. Bien non,
vous avez désindexé les personnes sur l'aide sociale au
Québec; vous les avez désindexées aux trois mois. Pour
faire plaisir à qui? À vous autres. Vous avez été
chercher de l'argent avec ça parce que ce que vous ne versez pas aux
trois mois, vous le versiez une fois par année et vous jouiez avec
l'argent des moins nantis de notre société. C'est ça que
vous avez fait. (12 h 15)
Pour ce qui est de l'éducation des adultes, vous avez
baissé encore une fois le soutien, l'aide aux adultes pour
l'entrée à l'école, de 500 $ - vous l'avez baissée,
c'est Pierre Paradis, votre collègue, qui l'a baissée -
jusqu'à 100 $. Rappelez-vous. Il n'y a pas de gêne, vous
êtes bien vous autres mêmes dans ce sens-là. Vous semblez
n'être élus qu'en fonction des richards, des mieux nantis de notre
société et vous ne gouvernez que pour eux. Il faudrait
peut-être, à l'époque des fêtes justement,
plutôt que de penser à une motion de clôture, que vous ayez
un sentiment un peu plus humain. Quand on légifère à
l'Assemblée nationale, on le fait pour des hommes et des femmes, pour
des humains; on ne légifère pas pour une couche de la
société uniquement. On dit: On vient régler la
misère humaine, des problèmes humains avec cela. Et vous
êtes en train de vous donner les outils pour accentuer la misère
humaine. Vous êtes en train de vous doter d'instruments pour
précisément permettre aux mieux nantis de notre
société de voguer allègrement.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
M. Chevrette: En conclusion, M. le Président, cela presse
donc bien d'étouffer les petites gens. Vous devriez être tout
aussi pressés de récupérer les impôts des compagnies
multinationales ou autres qui camouflent des centaines, des dizaines et des
dizaines de millions de dollars annuellement à l'impôt. Elles
n'ont pas de boubous macoutes après elles; elles n'ont pas de "bourbeau
macoutes" non plus, M. le Président, après elles.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Chevrette: Mais pour les moins nantis de notre
société, par exemple, boubous macoutes, "bourbeau macoutes", ce
ne sera sûrement pas le paradis sur terre non plus. Je vous avoue
très honnêtement que je suis fort déçu de la
stratégie d'un gouvernement qui ne vise qu'à écraser les
moins nantis de notre société et qui se fait un devoir d'utiliser
le rouleau compresseur. C'est ce qu'il y a de pire, la loi du nombre. Vous
allez utiliser la loi du nombre pour adopter une loi qui vise à
écraser les plus miséreux de notre société.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, avant que le
député de...
Le Président (M. Bélanger):... Joliette...
M. Bourbeau:... Joliette ne se présente, on trottinait
très lentement, je dois dire, à travers les articles. Le
député de Joliette a choisi de venir politiser le débat,
de faire un débat politique et de prendre environ 20 minutes du temps
qu'il nous reste pour étudier le projet de loi pour faire un discours
qui n'a absolument rien à voir avec l'article 9, auquel on est
rendu.
Donc, le député de Joliette contribue à retarder
encore les travaux. Tous ceux qui sont ici ont bien compris la stratégie
du Parti québécois. Cela fait au-delà de 35 heures, M. le
Président, qu'on est ici et le Parti québécois a
indiqué qu'il ne voulait pas étudier le projet de loi. C'est
clair? On a étudié huit articles maintenant; ce matin, on en
avait fait sept, après 35 heures. On procède à l'allure
d'un article par cinq heures. À ce rythme-là, il faudrait 644
heures pour terminer le projet de loi. On vou-
drait que la commission continue comme cela, son petit train d'un
article par cinq heures, pour se rendre jusqu'à Noël. Rendu
à Noon nous dira: Ah! C'est malheureux, mais on manque de temps, on ne
peut plus adopter le projet de loi parce qu'on est rendu au congé de
Noël. Alors, on reprendra cela l'an prochain. C'est cela que vous voulez,
dans le fond. C'est très clair, d'ailleurs, et votre discours vient de
le prouver.
Or, nous disons qu'on ne peut pas attendre à l'an prochain. Les
assistés sociaux, on ne veut pas les punir assez pour les empêcher
de jouir du nouveau projet de loi. Je vais vous dire pourquoi. Si on ne passe
pas ce projet de loi, si on le renvoie au calendes grecques, comme vous voulez
qu'on fasse, avec votre rythme d'un article par cinq heures, qu'est-ce qui va
arriver? Il va arriver que les jeunes de moins de 30 ans vont continuer
à recevoir 178 $ par mois. C'est peut-être suffisant pour le Parti
québécois, mais quand on est rendu à 27, 28 ou 29 ans et
qu'on est malheureusement bénéficiaire de l'aide sociale, qu'on
est démuni, qu'on est seul dans la vie et que tout ce qu'on a pour
vivre, c'est 178 $ par mois, c'est insuffisant.
Quand vous étiez là, vous avez été là
pendant neuf ans, vous avez gardé les assistés sociaux à
150 $ par mois. Vous vous êtes fait reprocher cela. Il y a des
assistés sociaux qui, récemment, lors d'une manifestation
publique, ont blâmé le Parti québécois d'avoir
gardé les assistés sociaux à 150 $ par mois pendant des
années. On vous a dit, à part cela, que vous utilisiez la
réforme de l'aide sociale pour vos fins politiques. Ce sont ces
mêmes assistés sociaux qui ont accusé la
députée de Maison-neuve de cabotinage lors d'une manifestation,
récemment. Vous vous êtes promenés dans les rues de
Montréal avec des drapeaux en avant des assistés sociaux pour
tenter d'attirer sur vous les caméras de télévision...
M. Chevrette:... essayez donc d'aller les voir, vous,
seulement...
M. Bourbeau:... pour vous faire du capital politique...
M. Chevrette: II est malade, lui!
M. Bourbeau:... avec la réforme de l'aide sociale, c'est
cela que vous avez tenté de faire. Vous avez tenté de
récupérer à vos propres fins...
M. Chevrette: La folie ne porte pas toujours à tuer,
n'est-ce pas?
M. Bourbeau: Écoutez, ce sont les assistés sociaux
qui l'ont dit.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Bourbeau: Ce n'est pas moi. M. le Président, je cite ce
qu'ont dit les assistés sociaux, des chefs d'un des mouvements
d'assistés sociaux.
Mme Harel: Lequel?
M. Chevrette: Lequel?
M. Bourbeau: Des dirigeants.
M. Chevrette: Celui qui vous appuie, je suppose.
Mme Harel: Lequel?
M. Bourbeau: Le mouvement SCRAP Paradis.
M. Chevrette: Ah! bien oui!
M. Bourbeau: Ce ne sont pas des gens qui sont avec nous, ce sont
des gens qui sont contre nous. Le mouvement SCRAP Paradis accuse la
députée Louise Harel de cabotinage. Je vais vous citer ce qu'ont
dit les leaders: C'est scandaleux, déclarait Patrice Legendre du
comité de coordination de SCRAP Paradis, Louise Harel, Pauline Marois et
les autres péquistes méprisent les assistés sociaux. C'est
ce que disent les assistés sociaux.
Un peu plus loin, on disait: Pendant que le PQ était au pouvoir,
le gouvernement a tout fait pour appauvir les plus démunis. Vous avez
gardé les assistés sociaux à 150 $...
M. Chevrette: L'indexation aux trois mois. Le Président
(M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. Bourbeau:... par mois pendant des années pendant que
vous étiez là et nous, aujourd'hui, on tente de faire en sorte
que ces gens puissent avoir le même barème que les autres. Si la
loi est adoptée d'ici à Noël - j'espère qu'elle le
sera - ces gens-là de moins de 30 ans auront 420 $ par mois plutôt
que 178 $. C'est quand même une amélioration sensible.
M. Chevrette: Quand?
M. Bourbeau: Le député de Joliette n'est
peut-être pas au courant des détails, mais c'est ce que l'on
appelle la parité. Bon.
M. Chevrette: Ne vous faites pas de bile, cela fait longtemps que
j'ai compris.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Deuxièmement, M. le Président, prenons
le groupe des inaptes, ceux qui ont des contraintes sévères
à l'emploi. Ceux-là, actuellement, on les traite sur le
même pied que tout le monde. Que les gens aient des contraintes
sévères à l'emploi, qu'ils aient des
déficiences,
des problèmes de santé physique ou mentale importants qui
font en sorte qu'ils ne puissent pas travailler, ces gens-là on leur
donne le même montant par mois que ceux qui sont en parfaite
santé. Ce sont des gens qui parfois n'ont aucune capacité, aucune
possibilité de travailler, des gens malades, des gens qui ont des
contraintes de santé physique ou mentale importantes et, en plus de
cela, qui ont des problèmes psychosociaux ou des problèmes
importants de restriction socioprofessionnelle, des gens qui ne sont pas
scolarisés, qui ont un problème d'âge, qui sont
peut-être âgés dans la cinquantaine avancée, qui
n'ont jamais eu d'habitudes de travail et, en plus de cela, qui ont des
problèmes de santé. Ces gens-là, on se propose de leur
donner plus que maintenant.
Le barème des gens qui seront considérés comme non
employables sera de 100 $ par mois de plus; c'est important, c'est 20 % de
plus. En plus, s'ils décident de participer à des mesures
d'employabilité, ils auront un autre montant de 100 $ par mois de plus.
Actuellement, ils n'ont pas le droit de participer à des mesures
d'employabilité et, en plus, ils pourront gagner des gains de travail de
100 $ de plus. Actuellement, c'est 25 $ par mois. Tout cela, ce sont des
bonifications pour tout ce groupe de 100 000 ménages
québécois à qui actuellement on ne donne rien de plus que
les autres. Le député de Joliette n'est pas
intéressé que ces gens-là aient la réforme tout de
suite pour avoir cette bonification-là.
Que dire des chefs de famille monoparentale, puisque vous vous
préoccupez des chefs de famille monoparentale? Dans le nouveau
système, les chefs de famille monoparentale qui ont des problèmes
de logement, par exemple, pourront bénéficier du nouveau
programme allocations-logement. Il y aura 36 000 ménages
québécois dirigés par des chefs de famille monoparentale,
donc les familles les plus pauvres qui pourront avoir accès à
allocations-logement. Actuellement, les gens reçoivent les mêmes
prestations partout au Québec. Que vous soyez à Montréal,
à Québec, à Joliette ou au fond de la Gaspésie, si
vous êtes un chef de famille monoparentale avec un ou deux enfants, tout
le monde a la même prestation. On ne fait aucune différence, c'est
le même montant par mois.
Dorénavant, si on vit dans un milieu où le logement
coûte plus cher, on pourra être admissible à
allocations-logement, c'est-à-dire à un montant qui s'ajoutera
pour les familles qui ont des problèmes de logement. On considère
que 70 % de ces familles seront des familles monoparentales. C'est un autre
avantage par rapport à la situation actuelle et vous voudriez que l'on
donne dans votre jeu, que l'on continue à étudier le projet de
loi un article toutes les cinq heures pour se rendre cahin-caha jusqu'à
Noël et qu'à Noël on se fasse dire: C'est malheureux, il ne
reste plus de temps. On remettra la réforme à l'an prochain. Or,
on ne sait pas ce qui va arriver l'an prochain. Il peut y avoir des
élections qui feront en sorte qu'il n'y aura pas de session de
l'Assemblée nationale. Donc, on ne pourra pas adopter le projet de loi,
cela ira à l'année 1990. Alors, si on décide d'adopter une
loi en 1990, la réforme pourrait venir en vigueur en 1991.
C'est ce que vous voulez que l'on fasse? Que l'on retarde jusqu'en 1991
la réforme pour pouvoir dire après: Le gouvernement n'a pas
rempli ses obligations. Le gouvernement s'était engagé à
accorder la parité. Il ne l'a pas accordée. Le gouvernement
s'était engagé à faire mieux pour les personnes inaptes et
non employables. Vous ne l'avez pas fait. C'est ça que vous voulez dire?
Évidemment, si on vous laisse aller cahin-caha comme ça, vous
pourrez dire ça et vous pourrez dire qu'on n'a pas rempli nos
engagements. Mais on ne vous laissera pas faire.
C'est pour ça que le gouvernement a décidé de
mettre fin à cette mascarade qu'est devenue la commission parlementaire
qui étudie le projet de loi 37. Ce n'est pas sérieux, ce que vous
faites depuis 35 heures. Vous n'avancez pas, vous reculez. C'est pour ça
que le gouvernement a décidé de mettre fin à ce niaisage
institutionnalisé que vous avez décidé de faire.
Maintenant, le député disait tout à l'heure que le
gouvernement avait promis de rendre publics les amendements. C'est faux. On n'a
jamais promis de rendre publics les amendements en étudiant le projet de
loi. On a promis de légiférer mieux. Je pense que nous
légiférons mieux. La loi que nous présentons est une
meilleure loi que la loi que nous avions avant. Donc, je pense que, là,
on remplit notre obligation...
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bourbeau: C'est ce que nous avions dit, que nous étions
pour mieux légiférer.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-il bien exact que le ministre a
déposé 75 amendements à 16 heures hier seulement? il
annonce aujourd'hui un bâillon.
Le Président (M. Bélanger): C'est une question non
recevable. M. le ministre, je vous laisse continuer votre intervention.
M. Bourbeau: M. le Président, on parle du règlement
sur l'aide sociale. Je dis que nous n'avons jamais promis, lorsque nous avons
été élus, de déposer à l'avance les
règlements. D'ailleurs, on ne peut pas les déposer parce qu'un
règlement, ça ne peut pas être en vigueur avant qu'une loi
soit votée. On ne peut pas avoir de règlement avant que la loi
soit en vigueur. On va commencer par adopter une loi. Quand la loi
sera en vigueur, on proposera un règlement qui, lui, sera
prépublié. Donc, tout le monde aura l'occasion de regarder la
proposition de règlement, de la commenter, de faire des recommandations.
Une fois qu'on aura reçu les recommandations de tout le monde, y compris
de l'Opposition, y compris même du chef de l'Opposition, on prendra en
considération toutes les propositions et les points de vue de tout le
monde et, là, le règlement viendra en vigueur après
ça.
Mme Harel: Comme pour la loi peut-être.
M. Chevrette: En vertu de quoi? Il y a une
prépublication.
M. Bourbeau: Donc, il y a une technique qui... Là, le
député de Joliette et chef de l'Opposition devrait savoir qu'il y
a une loi sur les règlements.
M. Chevrette: Ce ne sont pas tous les règlements qui sont
prépubliés, ce n'est pas vrai. Il y en a qui sont
décrétés...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Bourbeau: La Loi sur les règlements dit qu'un
règlement doit être prépublié. Le
député de Joliette devrait savoir ça.
Mme Harel: Sauf exception.
M. Chevrette: Ce n'est pas automatique.
M. Bourbeau: C'est automatique, M. le député de
Joliette.
Mme Harel: Non, sauf exception. M. Chevrette: Ce n'est pas
vrai.
M. Bourbeau: C'est automatique, contrairement à ce que
vous dites.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le ministre, si vous voulez continuer votre intervention.
M. Chevrette: On pourrait vous en sortir une kyrielle.
Mme Harel: Je l'ai ici.
M. Chevrette: Ce n'est pas vrai ça.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis étonné
qu'un parlementaire aussi chevronné que le député de
Joliette ne sache pas...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le ministre.
M. Chevrette: C'est vous qui ne savez pas. Je m'excuse.
M. Bourbeau:... qu'il y a une loi sur les
règlements...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je voudrais qu'on s'en tienne à l'intervention, M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je parle du règlement
de l'aide sociale.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Bourbeau: Je suis très pertinent. Il y a donc une
loi...
M. Chevrette: Ce ne sont pas tous les règlements qui sont
prépubliés, ce n'est pas vrai.
M. Bourbeau:... qui exige que les règlements soient
prépubliés à moins que le Conseil des ministres ne
consente une dérogation. La régie générale, c'est
la prépublication, c'est la règle générale qu'on
suit dans tous les cas, sauf dérogation spéciale. Or, le
député de Joliette ne peut pas prétendre que la
dérogation devient la règle générale. Quand
même! c'est le monde à l'envers! La règle
générale, c'est la prépublication. Nous allons
prépublier les règlements et, quand ils auront été
prépubliés, quand les groupes auront fait entendre ou auront
manifesté leur point de vue sur les règlements
prépubliés, éventuellement, nous ferons une publication
définitive.
Donc, nous pensons que le projet de loi est une bonification par rapport
à la situation actuelle. Nous pensons également qu'il est
important que ce projet de loi soit adopté avant la séance de
Noël. Pourquoi le gouvernement a-t-il l'intention de mettre fin à
nos travaux? On peut voir. Les travaux n'avancent pas du tout et surtout pas
depuis qu'est arrivé le député de Joliette, ça
recule. Mais, de toute façon, il reste une demi-heure avant
l'ajournement et on est toujours à l'article 9. Cela ne semble pas
vouloir avancer très vite, c'est sûr. (12 h 30)
Maintenant, M. le Président, le député de Joliette
a dit tout à l'heure - la députée de Maisonneuve aussi,
d'ailleurs - que nous avions même sous-amendé nos amendements.
Là, j'aimerais simplement donner l'explication. À deux reprises,
depuis te début de la commission, depuis 35 heures, effectivement, nous
avons proposé un sous-amendement. Cette proposition a été
faite, chaque fois, uniquement dans le but de tenter de se rapprocher du point
de vue qui avait été émis par la députée de
Maisonneuve. La députée de Maisonneuve a fait des remarques
très pertinentes sur les huit articles que nous avons
étudiés et, lorsque les remarques de Mme la députée
de Maisonneuve nous apparaissaient pertinentes,
nous avons tenté, dans plusieurs cas, de trouver une formulation
qui aurait satisfait la députée de Maisonneuve.
M. le Président, nous avons travaillé de bonne foi pendant
l'étude de ces articles. Nous avons tenté de faire en sorte, si
c'était possible, d'améliorer le projet de loi. Or, chaque fois
que Mme la députée de Maisonneuve nous a fait des propositions,
nous avons étudié chacune de ces propositions. Nous avons
rejeté la plupart des propositions, mais il est arrivé à
deux reprises que nous avons estimé qu'il y avait possibilité
d'améliorer notre texte en utilisant en partie les propositions de Mme
la députée de Maisonneuve. C'est pourquoi, à deux
reprises, nous n'avons pas hésité, M. le Président - je
pense que c'est un geste de responsabilité - à modifier notre
propre amendement pour tenter de le bonifier dans le sens des propos qu'avait
tenus Mme la députée de Maisonneuve. Il ne faudrait pas nous
faire le reproche d'avoir tenté d'améliorer les amendements,
surtout que chaque fois on s'inspirait des propos mêmes de Mme la
députée de Maison-neuve. Alors, il ne faudrait quand même
pas pousser l'illogisme jusqu'à nous faire des reproches dans ce
sens-là.
M. le Président, j'aimerais également dire, puisque le
député de Joliette a ouvert la porte sur un ensemble de
considérations d'ordre général, qu'il y a plusieurs
bonifications qui seront apportées lorsque nous déposerons le
projet de règlement. J'aurai certainement l'occasion d'en faire
état à plusieurs reprises. J'aimerais peut-être dire, pour
le bénéfice des membres de cette commission, qu'un
problème avait été récemment soulevé au
sujet des chèques d'aide sociale qui parvenaient aux prestataires
à la fin du mois. Il est arrivé qu'un chèque était
daté du premier du mois et que le premier tombait un samedi ou un
dimanche, par exemple. Les prestataires d'aide sociale devaient attendre au
lundi parfois pour encaisser leur chèque. Il me fait plaisir d'annoncer
qu'à partir de maintenant le ministère des Finances a
accepté de donner un avis aux banques et que, dorénavant, lorsque
le premier du mois tombera pendant le week-end, on pourra toujours encaisser
les chèques le vendredi, même si on n'est pas encore arrivé
au premier du mois. Cela sera standardisé à partir de maintenant
et toutes les banques et caisses populaires vont être avisées sous
peu qu'un assisté social pourra encaisser son chèque le vendredi,
même si le premier du mois tombe le samedi ou le dimanche. Je pense que
c'est un geste de compassion et de bonne gestion de la part du gouvernement qui
prend en considération les besoins des assistés sociaux.
Maintenant, M. le Président, je voudrais terminer sur un point.
Le député de Joliette parlait tout à l'heure de coupures
en insinuant que la réforme que nous proposons constituait des coupures
ou entraînerait des coupures par rapport a la situation actuelle. Je
voudrais dire ceci, M. le Président, pour que cela soit très
clair. Le gouvernement n'économise pas d'argent avec la réforme
sur l'aide sociale. Cette réforme-là va coûter au
gouvernement beaucoup d'argent, des dizaines et des dizaines de millions de
dollars. Je n'ose pas affirmer de chiffre définitif, M. le
Président, mais on parle certainement de sommes d'argent qui
excèdent les 50 000 000 $, en plus de ce que cela coûte
aujourd'hui. Les coûts définitifs de la réforme seront
connus quand on connaîtra le taux de participation aux mesures. C'est
pour cela qu'on ne peut donner aujourd'hui un chiffre définitif. Si cela
participe aux mesures d'employabilité dans une proportion de 10 %, 20 %,
50 % ou 80 %, les coûts de la réforme vont varier. Mais, au
minimum, le gouvernement va certainement dépenser au moins 50 000 000 $
de plus avec la réforme que ce qu'il dépense présentement.
Et je dirais qu'aucun assisté social ne va être coupé par
la réforme sauf un seul groupe, les personnes aptes au travail qui vont
spécifiquement refuser de faire le moindre effort pour améliorer
leurs chances de se trouver un emploi. Les personnes qui vont refuser, par
exemple, de participer à une mesure d'employabilité ou qui vont
même refuser de faire le petit effort de s'inscrire, de demander de
participer, ces personnes, effectivement, vont subir après
l'année de transition - parce qu'on va respecter les droits acquis dans
l'année de transition, donc en 1990 - une coupure de 14 %, uniquement
celles qui vont poser un geste concret de refuser de participer à une
mesure d'employabilité.
Bien sûr, si, éventuellement, on offre non pas seulement
une mesure mais un vrai emploi à un assisté social, si on offre
une vraie job et si on refuse un vrai emploi conforme aux capacités de
l'assisté social, il y aura une coupure de 100 $, cela a
été annoncé. Et si on refusait un deuxième emploi
dans la même année, il y aurait une deuxième coupure de 100
$. Je dois dire qu'évidemment je ne m'attends pas que beaucoup
d'assistés sociaux refusent deux fois de suite un vrai emploi, un emploi
conforme à leurs capacités. Il y a des pays au monde et non pas
les derniers, dans le sens du socialisme...
Mme Harel: Je voudrais que vous m'informiez si...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Harel:... le ministre qui a vraiment outrepassé son
temps... Combien de temps le ministre a-t-il pris?
Le Président (M. Bélanger): Le ministre a pris 26
minutes. En conclusion, M. le ministre.
Mme Harel: Je réclame le même temps que le
ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, excusez-moi, j'étais
de bonne foi. Je ne savais pas que j'avais
dépassé mon temps.
Le Président (M. Bélanger): C'est la
présidence qui n'a pas vu le...
M. Bourbeau: Je n'ai pas d'objection à ce que la
députée reprenne le même nombre de minutes que j'ai pu
dépasser de bonne foi.
Le Président (M. Bélanger): L'erreur est de la
présidence, M. le ministre, soyez sans crainte.
M. Bourbeau: Je termine, M. le Président - j'ai quand
même droit à 30 secondes de conclusion - en disant que plusieurs
pays au monde qui sont reconnus comme des pays socialistes, donc plus à
gauche que nous, excluent carrément de l'aide sociale les
assistés sociaux qui refusent un emploi. Nous ne voulons pas aller
jusque-là, pour l'instant, en tout cas. Nous n'avons pas l'intention de
demander au gouvernement de poser des gestes aussi draconiens, aussi
dramatiques. Nous allons nous contenter de couper 100 $ pour un refus d'emploi
et une deuxième coupure de 100 $ pour un deuxième refus d'emploi
lorsque la mesure sera en vigueur.
Pour l'instant, M. le Président - je conclus là-dessus -
personne ne sera coupé à moins de refuser systématiquement
et volontairement soit de participer, soit d'occuper un emploi.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, ce sera la dernière
Intervention de ces travaux qui sont abruptement interrompus par le ministre.
Je lui rappelle que son collègue de l'Éducation poursuit des
travaux d'examen des projets de loi 106 et 107 au même rythme que lorsque
nous avions abordé l'étude du projet de loi 37. Pourtant, il n'y
a pas de bâillon qui est prévu quinze jours avant la fin des
travaux du Parlement. Je rappelle que son collègue poursuit
l'étude en commission d'un Important projet de loi sur les caisses de
crédit au même rythme que nous, ici, et pourtant il n'y a pas de
bâillon non plus.
Je pense, M. le Président, que les personnes assistées
sociales sont les victimes de la panique du gouvernement face à la
langue. On veut le plus tôt possible "clairer" ce dossier parce qu'il
concerne des personnes qui n'ont pas de pouvoir pour faire chanter le
gouvernement. C'est comme cela que le rapport de forces s'établit avec
le gouvernement libéral. M. le Président, c'est une honte que le
ministre se serve des personnes démunies pour prétendre qu'il
faille accélérer l'adoption de ce projet de loi, qui est un
brouillon - je reviendrai sur la démonstration que le ministre a
présentée - paragraphe par paragraphe, treize amendements et
quatre sous-amendements à ces amendements sur huit articles. Nous
l'avons étudié paragraphe par paragraphe et nous en avons
disposé paragraphe par paragraphe.
C'est un total de treize amendements et de quatre sous-amendements sur
huit articles. Alors, qu'est-ce que vous vous imaginez qu'aurait
été le travail pour le reste du projet de loi?
C'est un projet mal fagoté. La preuve, c'est que le ministre
lui-même a présenté, à part ceux qu'on a, nous, des
amendements pour modifier, évidemment, des orientations qui sont
réactionnaires et autoritaires, treize amendements et quatre
sous-amendements, paragraphe par paragraphe. C'est une honte de se servir des
personnes qui sont démunies pour faire adopter, j'allais dire ce
torchon. C'est une honte parce que, pour faire le bien, le gouvernement n'a pas
besoin du projet de loi 37 mais, pour faire le mal, il le lui faut absolument.
Pour faire le bien, il n'a qu'à se servir des dispositions de l'article
31, paragraphes e et f de la présente Loi sur l'aide sociale pour
réajuster les barèmes à la hausse. Pour faire le bien, il
n'a pas besoin du projet de loi 37. Et le réajustement des
barèmes à l'égard des personnes de moins de 30 ans, il
peut très bien le faire en vertu de l'article 31 actuel de la loi, sauf
qu'il ne peut pas aller chercher sa contribution parentale et qu'il ne peut pas
en exclure 8000 de ceux sur lesquels il s'apitoie.
Il s'apitoie sur le sort que le gouvernement précédent
aurait fait à des personnes qu'il veut totalement exclure du soutien, de
la subsistance d'une aide au dernier recours. Il y a 8000 moins de 30 ans qui
vont être totalement exclus - c'est le minimum, ce sont les chiffres du
ministre - et 4000 qui vont être diminués. Parce que pour
introduire la contribution parentale, I a besoin du projet de loi 37, mais pour
donner ta parité I n'en a pas besoin. Pour améliorer la situation
des personnes qui ont une déficience ou un handicap, ou un état
physique altéré, 1 n'a pas besoin du projet de loi 37, il en a
besoin seulement pour pouvoir les sélectionner en fonction de nouveaux
critères. Le ministre, en refusant notre amendement à l'effet de
biffer la nécessité de prouver que son état de
santé physique ou mentale est altéré de façon
significative, plus les caractéristiques socioprofessionnelles
faibles... Ce n'est pas encore suffisant pour te ministre. Le ministre va
exiger que tout cela soit pour une durée vraisemblablement permanente ou
indéfinie. Il faut quasiment prouver que c'est pour la vie, pour pouvoir
obtenir la compassion du ministre.
Je lui rappelle que c'est en 1975 que son gouvernement, le gouvernement
libéral, a introduit une aide pour les personnes seules de moins de 30
ans de 85 $ par mois. C'était ce que le gouvernement libéral
avait légué au gouvernement du Parti québécois, un
petit barème pour les moins de 30 ans. Qu'est-ce que le gouvernement
québécois précédent a fait? Il n'a pas fait ce que
j'aurais souhaité qu'il fasse, mais I a fait mieux que ce que le
ministre va faire, I a dit: Ceux qui participent à des mesures auront le
plein montant. Les mesures n'étaient pas adéquates. Ceux qui
participaient à des mesures avaient le plein montant, et les mesures
n'étaient pas
adéquates. La preuve qu'elles ne l'étaient pas, c'est que
toutes les études l'ont démontré, le ministère n'a
même pas été capable de les offrir à ceux et
à celles qui se sont présentés devant cette commission,
pour expliquer qu'il y en a qui attendaient depuis parfois des mois, sinon
même une année avant d'avoir accès à ces mesures. En
pius, les mesures n'étant pas adéquates, il est évident
que, pour plusieurs, cela représentait un second échec qui,
évidemment, venait s'ajouter à un premier échec
déjà survenu dans le système d'éducation.
C'est une honte que le ministre prétende avoir besoin d'un projet
de loi pour faire le bien. Il n'en a pas besoin. Il en a besoin pour introduire
le partage du logement et, quand le ministre dit qu'il n'y aura personne de
coupé, c'est faux. Une personne sur trois de moins de 30 ans et une sur
quatre de plus de 30 ans partagent leur logement sans que ce soit avec un
parent et vont avoir une coupure, une diminution, chacune de ces personnes, de
85 $ par mois.
Il est faux de dire qu'il n'y aura pas de coupure, il y en a 8000 de
moins de 30 ans qui n'auront plus rien, même pas le petit barème,
et il y en a 4000 qui vont être diminués, à part
évidemment les autres dont on ne connaît pas le sort, parce que le
ministre n'a pas été foutu de réaliser l'engagement que
son prédécesseur avait pris. Le ministre Paradis, à
l'Assemblée nationale, avait pris l'engagement de déposer les
règlements au moment où on commencerait à examiner le
projet de loi en commission. C'était là l'engagement du ministre
Paradis. Le ministre prétend que ce règlement, on le
connaîtra plus tard, et ses collègues ministériels ne
volent pas que c'est là une parodie d'examen que l'on a fait devant la
commission.
L'article 90 seulement du projet de loi, auquel on ne se rendra pas,
comporte 39 pouvoirs réglementaires. Et la Commission des services
juridiques rappelait au ministre et aux membres de cette commission qu'en
comptant les pouvoirs réglementaires dans l'ensemble du projet de loi,
c'est à 67 reprises que nous et les parlementaires sommes face à
l'inconnu. C'est un mystère actuellement pour la moitié des 134
articles du projet de loi, qui se réfèrent à des textes
réglementaires dont nous ignorons encore tout. C'est une honte que le
ministre se serve, c'est une diversion qui est puérile, qu'il se serve
comme alibi des personnes démunies pour prétendre justifier
l'adoption de son projet de loi. (12 h 45)
C'est une honte également, et je le lui dis, qu'il se serve des
propos de SCRAP Paradis, qui ont été répliqués par
le front commun, et qu'il ne reconnaisse même pas que le front commun a
publiquement déclaré avoir demandé la présence du
porte-parole officiel de l'Opposition et de ses collègues sous la
bannière qui ouvrait la manifestation. Le ministre rit de cela. Lui, le
ministre, il pense qu'en détournant l'attention sur ma personne il va
réussir à faire détourner l'immense majorité de
l'opinion publique qui est contre le projet de loi. Publiquement, qui
l'appuient? Alliance Québec, le Conseil du patronat et les chambres de
commerce, puis maintenant les députés ministériels qui ont
suivi les directives non pas du ministre - ne vous y trompez pas - mais cela
vient directement du bureau du premier ministre, cela vient directement du
"bunker". Pourquoi cela vient-il directement du "bunker"?
Une voix: Interprète ce que tu voudras, là, cela va
faire!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
Mme la députée.
Mme Harel: M. le Président, s'il vous plaît, je vous
demande de rappeler à l'ordre...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le temps de parole.
Mme Harel: Pourquoi cette fermeté qui fait tant
défaut au gouvernement dans tant d'autres dossiers? Pensez à
n'importe lequel, pensez par exemple cet après-midi aux heures
d'affaires. C'est tout le Québec qui va venir dire au gouvernement qu'il
faut qu'il se branche contre l'ouverture le dimanche. Pensez à
l'affichage où ils attendent depuis trois ans. Pourquoi cette
fermeté à l'égard des personnes les plus démunies
qui manque au gouvernement dans tous ses autres dossiers? Voyez-vous, il faut
qu'il y ait une explication à la situation du chômage qui se
maintient à un niveau extrêmement élevé,
malgré la croissance continue des six dernières
années. Imaginez-vous cela, une croissance économique. Six
années continues, on n'a pas vu cela depuis 1973 mais, à
l'époque, le taux de chômage était de 6, 7 %. Mais,
là, il faut qu'il y ait des boucs émissaires. Il faut que le
gouvernement trouve une raison pour justifier que le taux de chômage soit
aussi élevé, pour ne pas que cela lui retombe sur le nez à
la veille d'une élection où il va se faire poser des questions
par bien des gens. il va se faire demander d'expliquer comment il se fait, si
ceia va si bien, que pour tant de gens cela va très mal. Et à la
veille de cette élection, le gouvernement a décidé qu'il
allait en trouver des boucs émissaires et qu'il allait détourner
l'attention de cette question du chômage d'à peu près 10 %.
Le ministre a beau dire 9, 5 %, 10 %, cela tourne autour de cela depuis six
ans. Le gouvernement, plutôt que de prendre ses responsabilités
dans ce domaine, ce qu'il détourne, c'est l'attention. C'est assez
vicieux, n'est-ce pas? Les boucs émissaires, du fait que le
chômage est si élevé, cela va devenir les personnes aptes
et disponibles qui, dans le fond, ne veulent pas vraiment travailler parce que,
s'ils le voulaient vraiment, cela baisserait le chômage. Cela va
être ceia, son discours, au
gouvernement. Comme cela, il pense qu'il va se "clairer" du
discrédit des six dernières années en disant que ce n'est
pas sur lui la faute et la responsabilité, c'est sur ceux et celles qui,
dans le fond, sont assez paresseux ou fénéants pour ne pas aller
occuper les emplois.
C'est une honte, M. le Président! D'autant plus que ce que fait
le gouvernement, c'est qu'il est obligé de reculer devant des
défis pourtant, à l'aube de l'an 2000, qui sont vraiment
importants, des défis inusités dans une société qui
a à faire face aux changements technologiques, qui a à faire face
aussi à une main-d'oeuvre qui n'est pas vraiment préparée.
Pensez-vous que les travailleurs de Catelli qui se sont faire dire ce matin que
cela allait être vendu et ceux de Biscuits David, dans mon quartier, il y
a trois ans et des chantiers navals de la Vickers il y a deux ans et de J. P.
Coats il y a un an et de IKEA qui va déménager... Pensez-vous que
les travailleurs et les travailleuses sont nécessairement
préparés à occuper les nouveaux emplois haut de gamme dans
la technologie? Sur cela, le gouvernement ne dit pas un mot, sur cette immense
responsabilité que comme société on a à s'engager
dans une nouvelle révolution tranquille en matière de formation
professionnelle.
Il n'y a aucune incitation à l'emploi dans le projet de loi 37.
Les gains admissibles, l'incitation au travail, l'incitation à aller se
chercher un petit montant en plus de la prestation, je regardais cela ce matin,
ce sont les personnes qui vont bénéficier du programme "Soutien
financier" qui vont finalement avoir des gains, parfois le double de celles qui
sont considérées comme aptes au travail dans les
catégories de disponibles. Même dans les catégories de
non-disponibles, c'est autour de 57 $, 70 $ et même 40 $ de gains
admissibles par mois. Pensez-vous que c'en est une incitation au travail? Ce
n'est pas de l'incitation. L'incitation n'en serait pas une de travail;
ça va être le travail obligatoire en convertissant la prestation
en subventions à l'entreprise. Imaginez-vous l'impact négatif que
ça va provoquer chez les hommes et les femmes qui sont en chômage,
qui ne recevront pas de prestations d'aide sociale, qui ne verront pas leurs
prestations converties et qui vont se faire expliquer par un employeur qu'il
faut qu'ils soient bénéficiaires d'aide sociale s'ils veulent
être engagés.
M. le Président, le ministre - je le répète - a
fait défaut de déposer ici ce qui était essentiel à
un examen sérieux. Il a fait défaut de déposer la
réglementation. Vous savez combien abondante elle est, la
réglementation à l'aide sociale. Même les avocats de l'aide
juridique disaient: II y a tellement de substance dans les règlements
que nous nous demandons comment des parlementaires peuvent voter sur ce projet
de loi, sans que ne soit déposé au préalable le texte des
règlements.
Non seulement ils vont le voter sans avoir vu le règlement, mais
ils vont le voter sans avoir étudié le projet de loi. Le
discrédit sur la façon dont on travaille dans un Parlement, c'est
un discrédit qui va certainement éclabousser et ce
discrédit ne peut venir que du mépris profond que le gouvernement
ressent à l'égard des personnes qui sont insuffisamment
organisées pour représenter une force qui peut leur faire mal
dans une élection. C'est le seul langage que ce gouvernement
comprend.
M. le Président, je reviens sur le fait que le ministre a d'abord
refusé d'entendre six... On n'a pas parlé des 55 organisations
qui avaient officiellement demandé à être entendues sur le
projet de loi 37. On a demandé au ministre d'en entendre six
représentatives: la Commission des services juridiques, le Conseil du
statut de la femme, l'Office des personnes handicapées du Québec,
la Conférence des évêques. Le ministre a dit non. On a
demandé au ministre de déposer les règlements. Le ministre
a dit non. On a demandé au ministre de déposer les amendements.
Le ministre a dit non et on a commencé à étudier le projet
de loi. On a fait huit articles. Le ministre a déposé ses
amendements la veille du bâillon. On a huit articles d'examinés
paragraphe par paragraphe, puisque c'est comme ça qu'on a fait
l'étude ici, dans cette commission, le ministre a déposé
treize amendements à ces huit articles, paragraphe par paragraphe, et
quatre sous-amendements à ses amendements.
Je veux revenir, en terminant, sur les amendements que nous avons
déposés et que le ministre a refusés pour vous montrer
avec quel sérieux nous avons préparé les travaux de cette
commission. D'abord, nous avons demandé au ministre, dans le cadre des
amendements qu'il a déposés à l'article 1... Il a
déposé par paragraphe quatre amendements. Nous avons dit au
ministre: Ajoutez-en un cinquième. Ajoutez-le pour vous conformer aux
propos que votre premier ministre a tenus à CKAC dimanche, il y a
maintenant dix jours, quand il a dit que le projet de loi allait
bénéficier aux personnes qui souffrent d'un handicap physique ou
mental, d'une certaine gravité.
Alors, on a fait un amendement que le ministre a refusé, en
disant que l'objectif des programmes, c'était d'accorder une aide
financière supplémentaire pour compenser les coûts
supplémentaires occasionnés par un handicap ou une
déficience. Le ministre a refusé. On a déposé un
amendement à l'article 2 pour dire au ministre que cela n'a pas de bon
sens. Au même moment, dans la même session, dans le même
Parlement, on étudie le projet de loi 92 du ministre Côté
avec une définition du conjoint qui dit qu'à moins qu'il n'y ait
un enfant issu de l'union la vie commune doit avoir duré trois ans avant
que l'État vous considère comme marié. En bas de trois
ans, vous n'avez droit à aucune indemnité. Si votre conjoint
décède d'un accident d'automobile, vous n'avez pas droit à
une indemnité de conjoint survivant, i faut que vous prouviez que
ça fait trois ans pour avoir cet avantage. À l'aide sociale,
pendant la même
session, un an va suffire pour être marié. C'est bien
évident que c'est très embarrassant que vous soyez conjoint de
temps en temps et pas conjoint de temps en temps. Le pire, c'est que le
ministre a introduit que, même s'il y a absence temporaire, vous serez
présumé avoir cohabité. Là, c'est la bigamie qui va
s'installer. Vous avez pu temporairement vous être installé avec
quelqu'un d'autre, mais si vous revenez avec la première, vous serez
présumé avoir cohabité, même si vous étiez
avec une autre, vous êtes présumé avoir cohabité
avec la personne chez qui vous revenez. Cela, c'est l'amendement que le
ministre a introduit à l'article 2.
Alors nous, on a dit au ministre: Cela n'a pas de bon sens, reconnaissez
que ce n'est pas possible, dans une société, d'être aussi
incohérent et que cette incohérence a des conséquences de
discrimination faite à l'égard du chef de famille monoparentale
en lui refusant toute vie affective et qu'il doive se porter garant de
l'entretien de cette femme et des enfants dont il n'est pas le père,
sans avoir aucun avantage fiscal, aucune protection de législation
sociale. Il n'y a pas d'obligation alimentaire entre conjoints de fait, il n'y
a pas de protection de la résidence familiale, pas de partage des biens
en cas de séparation, il n'y a pas non plus, avant trois ans, de
protection au sens des lois sociales, Régie des rentes, assurance
automobile, CSST. Le ministre a décidé de faire du droit nouveau
en présumant de la cohabitation de personnes temporairement absentes et
il peut se retrouver dans une situation où une personne quitte le
domicile conjugal parce qu'il y a de la violence, se trouve un
hébergement et revienne, comme c'est souvent le cas. On connaît
cette problématique qui est souvent celle de liens intimes,
malgré la violence conjugale, et la personne sera présumée
avoir fait vie commune même au moment où elle était en
maison d'hébergement.
On a dit au ministre: Cela n'a pas de bon sens que vous disiez à
des moins de 30 ans que, lorsqu'ils retournent compléter leurs
études secondaires, s'ils vivent à la maison, ils sont
considérés comme étant à la charge de leurs
parents. Un jeune de 18 ans dont la mère chef de famille est
bénéficiaire de l'aide sociale va recevoir sa prestation s'il
reste à ne rien faire, mais s'il retourne terminer son secondaire et
qu'il reste à la maison il va redevenir à la charge de sa famille
et il va perdre tout avantage qui compense les frais encourus pour retourner
aux études, et la famille aura simplement une allocation familiale
bonifiée qui est bien loin des frais encourus pour étudier.
Le ministre a mis notre amendement de côté. On a dit au
ministre: Ca n'a pas de bon sens, dans la définition des personnes
admissibles au programme "Soutien financier", que ces personnes soient soumises
au test de prouver que pour une période indéfinie, pour une
période permanente, l'état de santé mentale ou physique
est altéré de façon significative. Les médecins
sont préparés à décider de la condition physique de
la personne qui se présente devant eux, mais de là à
décider que l'état de santé qu'ils jugent, en
présence de la personne, s'est vraiment altéré de
façon significative, de là à décider que c'est pour
une période indéfinie, c'est une lourde responsabilité
à laquelle se soustraient bien des professionnels de la santé.
Ils ne se considèrent pas comme préparés à prendre
de telles décisions qui ont un caractère pour la vie.
On a dit au ministre: Le programme "Soutien financier" est un programme
pour des personnes qui ont une santé mentale et physique
altérée de façon significative et qui ont des
caractéristiques socioprofessionnelles. Sur cela, le ministre est
resté sur une corde à linge. Les caractéristiques
socioprofessionnelles, il n'en a pas dit de plus, mais au moins n'exigez pas
que ce soit pour une durée indéfinie. Et là, encore une
fois, le ministre a décidé de passer outre. Alors, comment
peut-il prétendre maintenant que l'Opposition n'a pas fait un travail
constructif? C'est absurde! Excusez-moi, mais c'est minable! C'est un argument
fallacieux que le ministre utilise parce qu'il a été mis, lui
aussi, devant le fait accompli que son leader a décidé que le
projet de loi allait passer au "cash" même s'il nous reste encore quinze
jours à siéger. Je suis convaincue que le ministre ne le savait
pas hier. C'est moi qui le lui ai appris hier, d'ailleurs, qu'on n'était
pas convoqué pour siéger cet après-midi et ce soir. Si le
ministre rit parce qu'il le savait, c'est d'autant plus honteux. En tout cas,
il ne pourra pas prétendre qu'on a fait de l'obstruction. Non, on n'a
pas fait d'obstruction, pas du tout, et les députés ne savent pas
ce que c'est de faire de l'obstruction. On a présenté des
amendements de fond, aucun amendement de forme. Vous avez
présenté des amendements. Vous vous êtes
sous-amendé. Le député de Sainte-Marie a même
déposé des sous-amendements. Alors, je vais terminer.
Le Président (M. Bélanger): La commission ajourne
ses travaux sine die. il est 13 h 1.
Mme Harel: M. le Président, vous m'avez dit que j'aurais
autant de temps que le ministre. Vous avez laissé 26 minutes au
ministre.
Le Président (M. Bélanger): Madame, vous avez
exactement eu 26 minutes.
Mme Harel: 25 minutes, il me reste une minute.
Le Président (M. Bélanger): En tout cas, les ordres
de la Chambre sont jusqu'à 13 heures et les travaux sont
terminés. Alors, nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)