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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65 Loi de l'organisation
des services_de santé et des services
sociaux
Séance du jeudi 16 septembre 1971
(Dix heures quatorze minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Alors, bill 65. Je voudrais demander à ceux qui ont des
mémoires à présenter, autant que possible, de
résumer le mémoire et de faire leurs recommandations pour ainsi
permettre aux membres de la commission de poser des questions.
Maintenant, au point de vue de l'organisation, ceux qui sont assis dans
la première rangée, à l'arrière de la barre,
peuvent présenter leur mémoire de cet endroit, mais ceux qui sont
en arrière et qui ont des mémoires s'approcheront du micro qui
est ici devant la table.
Le ministre, M. Castonguay, a quelques mots à dire au
début de la séance.
Exposé général
M. CASTONGUAY: M. le Président, lors de la première
séance de la commission parlementaire sur le bill 65, nous nous
étions entendus sur une procédure pour éviter certains des
problèmes que nous avons eus lors de l'étude du bill 69. Nous
avions décidé d'inviter un nombre limité d'organismes et
de les prendre selon l'ordre où ils s'étaient inscrits au
secrétariat des commissions, de telle sorte que nous n'obligions pas des
groupes de gens à se déplacer inutilement, comme cela a
été peut-être le cas lors de l'étude du bill 69 et
afin d'éviter que les gens ne soient tenus d'assister à des
parties de séance qui ne les intéresseraient pas.
Malgré cette procédure que tous les membres de la
commission semblaient trouver bien acceptable, on se retrouve ce matin avec le
problème d'avoir beaucoup plus de monde que prévu et la
difficulté d'accommoder tout le monde. Au nom des membres de la
commission, étant donné que nous avons fait un effort pour
éviter ce type de situation, je voudrais m'excuser pour les
inconvénients que ça peut créer à un certain nombre
de personnes qui ne peuvent trouver place dans cette salle ou dans l'autre.
Avant la prochaine séance, s'il y a des moyens que nous pouvons
prendre pour éviter que cette situation ne se reproduise, nous le ferons
certainement.
Un très grand nombre de mémoires vont être soumis
à la commission. Selon la liste qui nous a été transmise
par le secrétariat, au-delà de cinquante organismes, en tout et
partout, désirent se faire entendre.
A la dernière séance, nous avions décidé de
tenir une autre séance le 5 octobre; compte tenu du fait qu'il sera
impossible d'entendre tous les organismes à cette séance
additionnelle du 5 octobre, je voudrais mentionner qu'il y a eu entente entre
les leaders des partis pour que deux autres séances soient tenues les 14
et 15 octobre prochains. A ce moment, pour les 14 et 15, nous pourrons voir
à la séance du 5, en faisant siéger la commission le
matin, l'après-midi et le soir, s'il sera possible les 14 et 15 de finir
l'audition des mémoires. Là nous pourrions fixer une autre date
pour faire le point au sein de la commission. A tout le moins pour le moment
deux autres séances sont donc prévues pour les 14 et 15
octobre.
Quant au projet de loi lui-même, lors de la première
séance de la commission, j'avais mentionné que certains aspects
ou plutôt certaines des remarques, des critiques ou des commentaires qui
avaient été formulés à ce moment, étaient
extrêmement valables et que, quant à nous, nous ferions un effort
pour en tenir compte dans toute la mesure du possible. Il s'est
dégagé également lors de cette séance certaines
craintes quant à la portée réelle du bill. On y a vu la
possibilité que le bill touche des organismes, des groupes ou des
mouvements que, en fait, lorsque le bill a été
rédigé, nous n'avions aucune intention de couvrir. Nous avions
dit que nous examinerions attentivement ces questions et déjà, je
puis dire que le travail que nous avons fait nous permet d'assurer les membres
de la commission ici présents que lorsque les mémoires auront
été présentés, nous pourrons soumettre des
amendements au projet de loi indiquant les objectifs de ce projet de loi. C'est
un des points qui ressortaient des commentaires faits lors de la
première séance.
Le projet de loi propose vous en connaissez le contenu les
lignes directrices, les modalités d'une organisation des services de
santé et des services sociaux, sans donner les grands principes
poursuivis.
Je puis dire que lorsque nous aurons terminé l'audition des
mémoires, je pourrai déposer des amendements qui fixeront ou
énonceront les objectifs de ce projet de loi. Egalement, lors de la
première séance, il a été fait mention du fait que
le projet de loi pouvait, de la façon dont il était
rédigé, s'appliquer, par exemple, à des comités de
citoyens ou des groupements issus d'un milieu d'animation sociale,
d'information populaire, etc. J'avais mentionné alors que ce
n'était pas notre intention par ce bill de rejoindre ces mouvements, de
vouloir les structurer, de vouloir les contrôler. Je voudrais à ce
moment-ci réaffirmer, préciser encore ce que j'ai dit lors de la
dernière séance. Encore sur ceci, nous avons travaillé de
telle sorte que je puis assurer que lorsque nous aurons terminé
l'audition des mémoires, je pourrai déposer des amendements au
texte, qui le préciseront de telle sorte qu'il n'y ait pas de crainte
quant à
nos intentions d'appliquer ce projet de loi à des groupes pour
lesquels il n'est pas destiné, tels les comités de citoyens
je le répète et des groupes comme ceux que Mgr
Lavoie, par exemple, nous avait décrits lors de la première
séance de la commission, le secrétariat de Saint-Roch, entre
autres choses.
Pour rassurer à la fois un certain nombre de groupements et
d'organismes quant à la portée du bill et aussi compte tenu de
l'importance des premiers commentaires sur la nécessité qu'il y
ait des objectifs bien précis formulés dans ce projet de loi, il
m'apparaissait nécessaire de dire ces quelques mots au début de
la séance.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire un
commentaire à la suite du ministre. D'abord, j'ai constaté
comme le ministre l'a fait tantôt le vif intérêt
soulevé par la présentation du projet de loi no 65.
Par voie de conséquence, tous ceux qui sont venus ici aujourd'hui
et qui viendront lors des séances subséquentes peuvent
difficilement trouver place dans cette même salle, avec les membres de la
commission. De toute façon, ce sont des inconvénients, je pense,
qui peuvent être corrigés, selon le voeu exprimé par le
ministre tout à l'heure.
Mais ce que nous retenons davantage, c'est que les organismes
au-delà de cinquante, nous a-t-on dit ont manifesté le
désir de rencontrer les membres de la commission et de présenter
des mémoires. C'est donc là un signe évident de
l'intérêt que soulève ce projet de loi no 65.
En contrepartie, il est évident que, si on se donne la peine de
venir devant la commission présenter un mémoire, en discuter et
répondre aux questions des membres de la commission, il faudrait aussi
que le temps nécessaire soit alloué à chacun des
organismes. Dans la liste qu'on nous a remise il y a un instant, on constate
que les sept organismes qui se feront entendre aujourd'hui sont
extrêmement importants dans le secteur des affaires sociales. Alors,
même si tous les membres de la commission ont les mémoires en main
et qu'ils peuvent les lire, il faudrait tout de même le
président sera d'accord là-dessus qu'on leur laisse, du
moins, un temps raisonnable pour faire un bon résumé de leur
mémoire, à l'avantage de tous ceux qui sont ici et qui n'ont pas
en main, eux, ces documents.
De toute façon, si la commission a besoin de plus de
séances que celles qui ont été annoncées il
y en a trois en octobre personne de la commission n'aura d'objection
à ajouter au nombre des séances. En effet, si on procède
par comparaison, nous avons étudié, durant l'ajournement, des
projets tels que la Loi des transports. Nous étudions également
la Loi du syndicalisme agricole. En ce qui concerne la Loi des transports, il y
a eu, si ma mémoire est bonne, au moins cinq séances. Une
vingtaine d'organismes sont venus devant la commission et chacun a eu tout le
loisir de s'exprimer.
Je ne veux pas faire de comparaison dans un sens péjoratif entre
le domaine des transports et le domaine des affaires sociales, mais, pour ma
part, je crois que le bill 65 touche toutes les régions de la province.
Il touche toute la population parce que les services de santé et les
services sociaux rejoignent toute la population. Ces séances de la
commission parlementaire, avec la tournée qu'a entreprise le ministre,
actuellement, je pense, lui feront prendre conscience davantage que le bill 65
comporte énormément d'implications.
Le gouvernement doit voir le plus justement, en pratique, quelles sont
les modifications et les améliorations qui peuvent être
apportées au projet de loi pour le bonifier, pour écarter au
départ certaines appréhensions et pour éliminer les
difficultés qui peuvent l'être, une fois que la loi sera en
application. Ainsi tous ceux qui sont et qui oeuvrent dans ce secteur de la
santé et du bien-être ne verraient pas dans ce projet de loi, s'il
allait trop à rencontre des désirs, non seulement de la
population, mais de ceux qui travaillent dans ce secteur, un outil tellement
difficile à manier qu'il pourrait, à toutes fins utiles,
compromettre le développement harmonieux, l'évolution normale que
tout le monde souhaite dans ce secteur.
Je suis content que le ministre nous annonce qu'il a déjà,
avec ses officiers, entrepris d'étudier certaines modifications,
certains amendements possibles. Si, au cours de la présentation des
mémoires, il pouvait déjà nous indiquer, à certains
moments, le sens de ces modifications ou leur substance, je crois que ça
simplifierait également le travail de la commission parlementaire.
De toute façon nous retenons, de l'observation du ministre
à la première séance et de celle qu'il a faite ce matin,
qu'il est prêt à étudier tous les amendements qui
paraîtront à la commission devoir être retenus. Mais nous
voulons, M. le Président, que les organismes qui viennent devant la
commission aient tout le loisir d'échanger aussi longuement qu'ils le
voudront avec tous les membres de la commission.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, à la suite des paroles du
ministre, il me fait plaisir de voir que l'on va certainement accorder à
tous ceux qui se sont rendus ici présenter des mémoires le
privilège d'en faire au moins un énoncé bien explicite et
en même temps de résumer leurs commentaires d'une façon
appropriée.
Quant au projet de loi lui-même, et à la suite des
mémoires qui sont présentés, je constate que nous sommes
loin d'avoir une approbation unanime des citoyens du Québec ou des
organismes qui sont mandatés pour venir présenter des
mémoires devant la commission ce matin.
Le projet lui-même comporte beaucoup d'ambiguïtés. Je
n'énoncerai pas tous les articles où il y a contradiction.
Cependant, je trouve qu'on veut ici insérer, après avoir fait une
révision du bill, le social et le médical sous un même
toit, et ceci visera éventuellement à camoufler les imperfections
administratives du bill 26 que nous avons présentement.
Si on prend simplement le côté hospitalier, nous trouvons
que si les médecins avaient eu dans le bill 8 de 1970 les mêmes
articles que ceux que nous retrouvons dans le bill 65, beaucoup plus de
médecins auraient abandonné ou quitté leur profession ou
quitté le Québec qu'il n'y en a eu l'an dernier. A l'heure
actuelle, dans son texte intégral, le bill est c'est ce que nous
trouvons la socialisation définitive de tout ce qui a trait aux
services médicaux.
Il y a une autre chose que notre groupe n'apprécie pas. Nous
demandons à M. le ministre nous ne pouvons pas en faire une
proposition directe ici aujourd'hui que ce projet de loi ne soit ni
approuvé ni sanctionné avant la déposition de la
dernière tranche du rapport de la commission Castonguay-Nepveu. Il faut
quand même penser que la commission Castonguay-Nepveu, jusqu'au 31
décembre 1970, a coûté une somme de $2.5 millions et je
crois qu'il faudrait voir le dernier rapport avant de passer à
l'acceptation directe de ce projet de loi.
Si je prends à titre de note l'article 36 f) et l'article 79, qui
traitent de conseils de médecins, j'espère que les
médecins vont se réveiller avant d'accepter ce projet de loi tel
qu'il est.
Ce sont les remarques principales que j'avais à faire. Je vous
remercie, M. le Président et M. le ministre, d'avoir accepté les
délégations qui viennent présenter des mémoires
ici, ainsi que ceux qui viennent les présenter.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, nous nous réjouissons qu'un
aussi grand nombre d'organismes et d'associations manifestent cet
intérêt pour le projet de loi 65 et aient manifesté leur
intention de présenter des mémoires à la commission. Pour
ma part, je ne trouve pas ce chiffre de 50 excessif et je m'attends même
qu'il y en ait davantage. Ceci n'est que normal, étant donné que
ce projet de loi va bouleverser quand même les conditions d'exercice de
plusieurs professions ainsi que la vocation des institutions telles que nous
les connaissons jusqu'ici.
J'espère donc, moi aussi, avec le député de
Montmagny, qu'on donnera le temps à tous ces organismes de
présenter complètement leurs propositions.
Une des chances de succès du projet de loi, c'est que ces
séances de la commission nous permettent d'aller au fond du
problème, d'engager un dialogue avec tous ces organismes afin de
connaître non seulement le fond mais aussi le détail de leurs
pensées, étant donné qu'ils sont beaucoup plus près
que nous de la réalité. Leurs représentations peuvent
fortement aider le législateur non seulement à bonifier le projet
de loi mais à le rendre beaucoup plus proche de la
réalité.
C'est là un premier exemple de participation, un de ces objectifs
qu'entend préconiser le projet de loi et je pense que, si la
participation effective, organique commence dès la discussion des
mémoires, ce sera de très bon augure pour la réalisation
de cette réforme en profondeur que le législateur veut
effectuer.
J'espère donc qu'on laissera à tous ces organismes non pas
toute la latitude imaginable, mais celle qu'on peut considérer comme
désirable pour que les membres de la commission puissent engager avec
eux un débat exhaustif qui nous permettra de mieux nous rendre compte de
la portée des implications du projet de loi dans l'exercice quotidien de
ces professions.
M. LE PRESIDENT: Le Collège des médecins et chirurgiens de
la province de Québec.
Collège des médecins et
chirurgiens
M. GOSSELIN: Dr Jules Gosselin. M. le Président, MM. les membres
de la commission, je vous prierais d'abord d'excuser notre président, le
Dr Gustave Gingras, qui est actuellement au Liban, en sa qualité de
vice-président du 38e congrès international français de
médecine qui se tient à Beyrouth; il doit aujourd'hui même
y prononcer une conférence. Cet engagement ayant été pris
assez longtemps avant la fixation des dates d'audience de cette commission, il
n'a pu faire les arrangements nécessaires pour vous exposer
lui-même la position du Collège des médecins et chirurgiens
de la province de Québec, face au projet de loi 65.
A titre de premier vice-président de l'exécutif du bureau
provincial de médecine, j'ai donc hérité de la lourde
responsabilité de vous livrer, tout au moins en résumé, le
contenu du mémoire que le bureau provincial de médecine a
préparé avec le concours de ses médecins-cadres pour
être déposé devant la commission permanente des Affaires
sociales.
Je suis accompagné des autres membres de l'exécutif, les
docteurs Raymond Benoît et Harvey Barkun, et de trois des
médecins-cadres du collège, les docteurs Augustin Roy,
regis-traire, André Lapierre, registraire adjoint et Yves Leboeuf,
directeur du service de l'exercice de la médecine.
Me Gaston Pouliot ainsi que Me Charles Stein, nos conseillers
juridiques, font également partie du groupe des porte-parole du
collège. En temps opportun, M. le Président, vous me permettrez,
je l'espère, de laisser la parole à ces collègues pour
vous fournir de plus amples explications sur certains aspects des questions
dont nous traitons dans le mémoire que chaque membre de la commission a
dû recevoir il y a quelques jours.
M. le Président, depuis la première lecture du
projet de loi no 65 à l'Assemblée nationale, le journal
des Débats comme les média d'information nous ont appris que le
ministre des Affaires sociales ne se retrancherait pas dans une position
immuable et inflexible. Il vient d'ailleurs de nous le répéter.
Il serait sensible, a-t-on lu et entendu, à apporter des changements
dans la mesure où l'essence du projet de loi ne serait pas
modifiée. C'est une attitude réconfortante, mais elle nous
rassurerait davantage s'il était possible d'avoir des précisions
sur les dispositions qui pourraient faire l'objet de modifications
satisfaisantes pour tous et plus particulièrement pour nous du
Collège des médecins.
A la demande du secrétaire de la commission, nous avons
tenté de préparer un résumé le plus succinct
possible du mémoire que nous avons soumis sur le bill 65. Il nous est
cependant absolument impossible de respecter la limite de cinq minutes qui nous
a été allouée. Notre mémoire ne contient pas moins
de 80 pages et le bill 65, par ses 166 articles, touche à trop de points
pour que cinq minutes nous suffisent. Nous tenons, à ce moment-ci,
à remercier les membres de la commission de leur attitude
compréhensive en nous accordant le temps voulu pour exprimer nos vues
sur le bill 65.
M. LAURIN: M. le Président, sur un point d'ordre. Est-ce que la
commission s'est entendue sur cette période de cinq minutes? Il me
semble que je n'ai jamais entendu parler de ça à la
commission.
M. LE PRESIDENT: Comme président, je n'ai jamais donné
d'indication de temps.
M. GOSSELIN: Je m'excuse, M. le Président, mais, dans une
correspondance échangée avec le collège, il était
question de cinq minutes, dans la lettre que nous avons reçue du
secrétaire.
M. LE PRESIDENT: Ecoutez, nous allons faire une mise au point. Il se
peut qu'un officier de la commission ait mentionné cinq minutes sans
connaître les mémoires, mais, comme président, je sais que
vous aurez plus de temps que cela pour faire vos représentations.
M. GOSSELIN: Je vous remercie, M. le Président. Les corrections
sont faites.
Le collège a établi, dans une brochure publiée en
mars dernier, qu'il souscrivait aux objectifs majeurs et fondamentaux du
régime alors proposé par la commission d'enquête sur la
santé et le bien-être social. Nous ne désirons nullement
remettre en question ces objectifs. Il désire une réorganisation
du régime de santé qui assurera à toute la population un
accès plus facile â des soins globaux axés sur la
personne.
Malheureusement, il faut mentionner que le bill 65 n'est pas la suite
logique du rapport de la commission d'enquête dans laquelle le
Québec a investi beaucoup d'énergies et de fonds. Le
collège et d'autres organismes ont étudié très
sérieusement ce rapport et en ont fait une critique positive qui,
malheureusement, est restée lettre morte.
Le bill 65 ne peut prétendre être une suite ni à ce
rapport, ni à cette critique.
Afin d'accélérer les procédures et éviter
les répétitions, nous tenons pour acquis que tous les membres de
la commission ont lu le mémoire du Collège. Nous n'en ferons donc
qu'un bref rappel en insistant sur les points qui paraissent fondamentaux. Le
mémoire du collège comprend trois parties, dont la
première traite de l'économie du projet de loi 65; la seconde
partie traite de la qualité des services professionnels et de leur
contrôle; la troisième, de l'éducation médicale et
de la recherche. A la fin de ce mémoire, un résumé sous
forme de recommandations positives au nombre de 39 a été
ajouté. Le collège est convaincu que l'application de ces
recommandations rendrait le bill 65 plus conforme aux objectifs du rapport de
la commission d'enquête sur la santé et le bien-être social
et aux objectifs du projet de loi actuellement devant nous.
Dans la première partie, comme je l'ai dit, nous traitons de
l'économie du bill 65 et nous disons que c'est une législation
partielle instaurant un régime global. Le bill 65 ne constitue qu'une
partie de la législation qui édifiera et régira le nouveau
régime de santé au Québec. Selon une déclaration
ministérielle de l'honorable Roy Fournier, d'autres lois et en
particulier le code des professions, une loi sur les corporations
professionnelles et une réforme des lois organiques de certaines
professions telles que la médecine, l'art dentaire et d'autres,
viendront compléter cette législation. Nous demandons dans notre
mémoire que ces lois soient déposées devant cette
commission avant l'adoption finale du bill 65, de façon que le
collège puisse se faire entendre de nouveau, si nécessaire. Nous
avons formulé un certain nombre de raisons à l'appui de cette
demande, entre autres, interrelations et concordance des lois et partage des
responsabilités.
Le journal des Débats, par plus d'un commentaire du ministre des
Affaires sociales, ne peut que nous inciter d'ailleurs à insister de
façon impérative sur cette demande. Le ministre des Affaires
sociales a insisté, entre autres à quelques reprises, sur la
nécessité de bien partager les responsabilités et
d'établir clairement le pouvoir d'intervention lorsqu'une intervention
est jugée nécessaire. Il a aussi mentionné que la
poursuite des grands objectifs du bill 65 suppose le maintien du contrôle
de l'acte professionnel par les professionnels eux-mêmes et que les
exigences du respect de ces objectifs seraient plus clairement définies
lors de l'étude des lois sur les corporations professionnelles. Il a
aussi reconnu que certaines dispositions des lois des corporations auront une
certaine incidence sur le cadre tracé par le projet de loi 65.
Lors d'une discussion sur la composition du
Conseil des médecins et des dentistes à une séance
antérieure de cette commission, le ministre des Affaires sociales a
quelque peu élaboré sur la raison d'être des corporations
professionnelles pour expliquer le pourquoi d'un tel conseil. Cette discussion
nous apparaît être une raison suffisante pour exiger le
dépôt de ces autres lois.
N'en connaissant ni le contenu, ni ceux que l'on qualifiera à
l'avenir de professionnels de la santé, toute recommandation, par
quelque organisme que ce soit, quant à la structure interne de
l'organisation professionnelle des institutions, soit le Conseil consultatif
des professionnels et le Conseil des médecins et dentistes, ne peut
être qu'une hypothèse de travail. Enfin, il est possible que le
collège, pour un certain temps, ait l'obligation de travailler à
l'intérieur d'un nouveau régime avec les moyens désuets
qu'une loi médicale dépassée lui accorde. Il ne pourrait
alors accomplir son rôle de façon satisfaisante pour le public
à moins que le partage des responsabilités et ses pouvoirs
d'intervention ne soient clairement établis dans le bill 65. Pour toutes
ces raisons et pour rétablir un climat de confiance nécessaire
à l'élaboration du régime de santé proposé,
nous demandons que le code des professions et la loi médicale soient
déposés.
Au sujet de la décentralisation et de la participation, voici nos
commentaires. Etant donné que la décentralisation et la
participation suggérées dans le bill 65 ont déjà
fait l'objet de commentaires devant cette commission, que le ministre des
Affaires sociales, lors de ses récents contacts avec la population, a
reçu des commentaires sur ce sujet et que d'autres mémoires qui
seront présentés ici traiteront de cette question, nous passons
rapidement sur cette partie de notre mémoire non pas parce que nous la
considérons moins importante, mais bien pour éviter le
dédoublement des commentaires.
Nous désirons cependant souligner que le présent projet de
loi, loin d'assurer la décentralisation des pouvoirs de décision,
confirme la centralisation de ces pouvoirs. Parce que le régime de
santé actuel présente certaines déficiences et
incohérences, il semble que l'on ait décidé de tout
centraliser pour en améliorer la gestion et le contrôle. Qu'on se
rappelle que les déficiences actuelles sont d'abord dues à
l'absence d'une politique de santé au Québec. Au moment où
le Québec est à se doter d'une telle politique, il ne faudrait
pas, par une centralisation excessive, s'aliéner le monde de la
santé et risquer ainsi de manquer les objectifs visés. Pour
atteindre ces objectifs, il est essentiel que les conseils d'administration,
particulièrement à la base de la structure, obtiennent les
pouvoirs qui leur permettront de répondre de façon précise
et rapide aux besoins de la population qu'ils desservent. Dans le cas
contraire, le ministre recevra des malades les mêmes doléances que
celles qu'il a reçues des assistés sociaux. La participation
telle qu'elle est conçue dans le bill 65 se trouve diluée au
point d'être nulle et de faire disparaître complètement
toute motivation, particulièrement au niveau de la participation des
professionnels. Cette dilution ne pourra qu'intensifier l'individualisme
déjà tant reproché à ces professionnels. "Une
réforme de cette envergure qui ne serait pas appuyée par
l'ensemble de ceux qui sont appelés à la faire et ceci est
tiré du journal des Débats risque à toutes fins
pratiques de s'engager dans une mauvaise direction."
Au sujet de l'étatisation du régime de santé et de
bien-être social, on pourrait avancer que le bill 65 vise une
socialisation du système de distribution des soins dans la province et
discuter longuement en apportant de nombreuses et subtiles nuances entre
étatisation et socialisation. Nous maintenons que le bill 65 tel qu'il
est actuellement rédigé étatise dans les faits le
système de distribution des soins et permettra de mettre sous
contrôle étatique tous et chacun des professionnels de la
santé.
Il suffit de rappeler ici les pouvoirs du lieutenant-gouverneur en
conseil et du ministre. Premièrement, pouvoir de législation par
arrêté ministériel; deuxièmement, pouvoir de
nomination à tous les niveaux, pour tous les postes d'autorité;
troisièmement, pouvoir de décision concernant
l'établissement, le fonctionnement ou la liquidation de toutes les
institutions, sans appel possible, sauf sur des questions de procédure;
quatrièmement, pouvoir de contrôle financier;
cinquièmement, pouvoir illimité d'enquête et de
règlementation, incluant l'aspect professionnel.
Si ce n'est pas l'intention du législateur d'étatiser la
médecine et toutes les autres professions, le bill 65 doit être
révisé de façon à limiter les pouvoirs de
réglementation et d'enquête tant du lieutenant-gouverneur en
conseil, du ministre que de l'ORAS dans le domaine de l'exercice et du
contrôle professionnel et à remettre ces pouvoirs aux organismes
compétents en la matière et déjà mandatés
à cette fin.
Au sujet du secret professionnel, nous disons ceci: Le secret
professionnel n'est aucunement protégé par le bill 65, si ce
n'est par l'article 35. Le secret professionnel n'appartient ni au
professionnel, ni au pouvoir exécutif, ni à l'Etat, mais
uniquement au malade. Ainsi, personne ne devrait y avoir accès, sauf
pour l'évaluation de la qualité des services professionnels.
L'Etat a déjà créé des organismes chargés
d'exécuter ce travail.
Dans la deuxième partie, nous traitons de la qualité des
services professionnels et de leur contrôle, en exposant la philosophie
qui sous-tend la position du collège.
La qualité des services professionnels rendus par ses membres
dans les diverses institutions prévues par le bill 65 est ce qui
intéresse primordialement le Collège des médecins et
chirurgiens de la province de Québec dans son rôle de protecteur
du public. Cette qualité doit
viser constamment l'excellence. Pour y arriver, il est nécessaire
qu'un contrôle en soit fait par des gens ayant la compétence
nécessaire et clairement identifiés comme agents responsables. Il
faut donner à ces agents la possibilité de remplir leur mandat en
leur assurant une autorité réelle, en leur fournissant des
mécanismes de contrôle appropriés, en entretenant leur
motivation et, enfin, en permettant une vérification externe du travail
effectué. Aux yeux du collège, donc, le contrôle de la
qualité des services professionnels est, pour le public, une
nécessité que tout régime de distribution des services
professionnels doit non seulement sauvegarder, mais tendre constamment à
améliorer.
Le collège a deux raisons fondamentales d'insister sur ce point.
La première est inhérente au rôle même du
collège, car la protection du public est la principale raison
d'être d'un tel organisme voulu par l'Etat. En effet, le
législateur a créé le collège pour assumer, en son
nom et pour la sauvegarde du public, la responsabilité du maintien de la
qualité de l'exercice de la médecine dans la province. La
deuxième raison qui porte le collège à insister sur ce
point est directement liée à l'expérience très
concrète et nous la croyons très valable acquise
depuis les quatre dernières années dans ce domaine.
Ces visites ou enquêtes, au nombre de 100, environ, dans des
hôpitaux de tous les coins de la province et la révision en
profondeur, dans chacun de ceux-ci, de la qualité de la médecine
qui s'y pratique comme des mécanismes de contrôle qui y
fonctionnent ont permis au collège de percevoir clairement les failles
du système actuel et les écueils à éviter.
Notons, en passant, que ces nombreuses visites en milieu hospitalier,
qui ne sont quand même qu'une partie des activités du
collège, l'ont conduit à prendre connaissance dans les moindres
détails de plus de 30,000 dossiers médicaux de malades
hospitalisés, des procès-verbaux des trois dernières
années de tous les comités ayant trait au contrôle de
l'exercice de la médecine dans chacun de ces milieux de tous les autres
documents disponibles en rapport avec l'exercice de la médecine,
particulièrement de tous les règlements internes existant dans
chacune de ces institutions.
De plus, ces visites ont permis au collège de discuter longuement
dans chacune de ces institutions avec le directeur général, la
directrice des soins infirmiers, l'archiviste responsable, le directeur
médical, le président du bureau médical et les
médecins de l'hôpital.
Ces mêmes visites ont permis au collège de réviser
l'exercice de la médecine de près de 2,000 de ses membres et de
discuter en table ronde avec eux des mécanismes de contrôle
à mettre en place pour améliorer continuellement la
qualité de cet exercice.
Le collège a tenté de motiver davantage les
médecins à participer à ces mécanismes de
contrôle en orientant ces mécanismes vers un enseignement
médical permanent.
Concurremment à toutes ces visites, le collège a
publié plusieurs brochures techniques sur la façon de
contrôler l'exercice de la médecine et de sauvegarder, pour le
public, une médecine de qualité.
Plusieurs de ces brochures sont d'ailleurs déjà connues et
appréciées à l'échelle du pays. C'est donc fort de
cette philosophie et de cette expérience que le collège se fait
un devoir de suggérer au législateur les modifications qu'il
croit nécessaire d'apporter au projet de loi 65 en ce qui concerne le
contrôle des activités professionnelles.
Ces modifications portent sur les quatre catégories
d'institutions prévues par ce bill, centre local, centre hospitalier,
centre de service social et centre d'accueil. De plus, ces modifications font
ressortir l'importance d'une double approche sur le contrôle de
l'exercice de la médecine dans chacune de ces institutions. Double
approche sans laquelle le public ne saurait être assuré d'un
contrôle de qualité.
La première approche est le contrôle interne, qui doit
être effectué par les professionnels de l'institution
professionnelle compétents en la matière et selon une
réglementation et une structure les motivant à y participer. La
deuxième porte sur le contrôle externe effectué par un
organisme extérieur, compétent également en la
matière, qui doit s'assurer de la valeur de ce contrôle interne,
institutionnel, tant dans son fonctionnement que dans ses résultats et
qui doit avoir l'autorité nécessaire pour en corriger les
déficiences.
Au sujet du centre hospitalier et du centre de service social, le
collège signale longuement dans son mémoire les erreurs ou
ambiguïtés qu'il voit dans le projet de loi, tout
particulièrement dans les articles 76 à 82. Erreurs et
ambiguïtés qui risquent d'échapper au public pour la
sécurité duquel ce bill est présenté.
Nous comptons pouvoir expliquer davantage ces erreurs et
ambiguïtés au moment de la discussion de chacune des
recommandations.
La structure proposée par ces six articles du bill apparaît
au collège comme peu propice à un fonctionnement normal de
l'institution et à l'amélioration de la qualité de
l'exercice professionnel à laquelle le public est en droit de
s'attendre.
Le collège explique longuement dans son mémoire, et plus
succinctement aux recommandations 15 à 26 concernant la structure du
centre hospitalier et du centre de service social, les modifications qu'il
recommande pour faire de ce bill une loi qui assurera au public la
qualité des services professionnels qu'il réclame de
l'hôpital et de l'agence sociale d'aujourd'hui ou du centre hospitalier
et du centre de service social de demain.
Etant donné le peu de temps mis à notre disposition, nous
préférons vous référer à ce mémoire
et demeurer à la disposition de la commission pour donner toute
explication jugée nécessaire sur l'une quelconque de ces
recommandations. Notons cependant que, lors-
que le bill aura défini plus clairement ce qu'il entend par
professionnel, il y aura peut-être lieu de modifier la teneur de ces
recommandations. Nous nous excusons de cette remarque, mais, nous le
répétons, il nous manque certains éléments
essentiels à une critique complète du présent projet de
loi.
Le collège ne veut rien protéger des structures en place
ou des privilèges acquis. C'est après un long moment de
réflexion qu'il suggère ces amendements qui ont pour objectif
l'intégration des professionnels dans une institution. Si
l'évolution actuelle tend vers une grande intégration de tous les
professionnels à la vie d'une institution, il faut bien comprendre que
cette intégration ne se décrète pas d'un seul coup par une
loi, mais doit se faire par étapes.
Que les médecins aient été le seul groupe à
avoir un véritable droit de parole et une réelle fonction de
contrôle dans les hôpitaux jusqu'à ce jour et ce,
peut-être au détriment des autres professionnels, n'est pas une
raison maintenant pour les diluer dans une structure où ils ne
pourraient se faire entendre de façon réaliste dans les domaines
de leur compétence.
D faut souligner de nouveau que le bill 65 reconnaît à plus
d'une reprise l'importance de l'aspect médical dans le centre
hospitalier. Une structure qui ne chercherait pas à faire progresser la
participation de tous, en respectant cette caractéristique
particulière d'un centre hospitalier qui, en définitive, demeure
un hôpital, nous éloignerait d'autant de l'idéal
recherché. Toutes ces contraintes dans le contexte d'une
évolution technique et culturelle ne sont pas faciles à cerner
dans un texte de loi. Puisqu'un texte de loi doit cependant fixer dans le temps
les principales données de cette évolution, deux choses nous
apparaissent devoir être sauvegardées: d'une part,
l'évolution imposée doit être réaliste, si l'on veut
éviter le chaos, et elle doit respecter l'essence même de ce
qu'est un centre hospitalier; d'autre part, les cadres de la loi doivent
être suffisamment serrés pour que tous suivent l'évolution
et suffisamment souples pour que certains puissent aller plus vite que
d'autres.
Il est impensable d'imposer une structure dans l'immédiat pour
tous les milieux, toutes les régions et toutes les disciplines alors que
dans les faits cette structure ne saurait être réalisable que dans
certains milieux, certaines régions et certaines disciplines.
Encore une fois, le collège croit que le législateur ne
veut nullement créer le chaos et c'est dans cet esprit qu'il juge
nécessaire de suggérer au niveau du centre hospitalier une
structure différente de celle prévue au projet de loi 65. Ainsi,
l'ensemble des recommandations 15 à 26 tient compte d'un certain nombre
de points qu'il apparaît essentiel de fixer dans la loi.
Premièrement, la structure du centre hospitalier doit être
différente de celle du centre de service social; deuxièmement,
les professionnels comme groupe doivent avoir le contrôle de leurs
activités professionnelles et en répondre directement au conseil
d'administration; troisièmement, l'élaboration des
règlements qui régiront ces contrôles professionnels doit
être confiée aux professionnels eux-mêmes et leur
ratification confiée au conseil d'administration, le tout à
l'intérieur de la règlementation générale
prévue par le projet de loi 65 et sous le contrôle d'une
vérification de l'extérieur; quatrièmement, au niveau du
centre hospitalier, la structure en deux conseils de professionnels, l'un
formé en majorité des médecins, l'autre composé en
majorité des infirmières, veut établir clairement que
nonobstant l'apparition de tous les autres professionnels de la santé,
un hôpital demeure quand même un endroit où on peut se
passer de beaucoup de choses mais jamais de malades, de médecins et
d'infirmières.
La démonstration d'une telle évidence n'est pas à
faire. Ces deux conseils, le collège les voit réunis par un
comité mixte dont le rôle et l'importance varieront d'un endroit
à l'autre mais qui devront conduire à l'intégration
progressive des modes de pensée pour une approche plus complète
des soins à prodiguer aux malades. Cette double structure qui permet
à d'autres qu'aux médecins d'assumer en groupe des
responsabilités d'ordre professionnel apparaît être un pas
en avant vers la création éventuelle d'un seul conseil des
professionnels.
Ce premier pas doit cependant être fait et ses exigences
vécues un certain temps avant de penser d'aller plus loin.
Au niveau des centres locaux et de services communautaires. Pour ce qui
est de ces centres, le collège signale longuement dans son
mémoire la difficulté de faire des commentaires judicieux sur
cette catégorie d'institution. La définition qui en est
donnée au projet de loi 65 l'est en terme suffisamment vague pour
conclure que la réglementarion en déterminera en totalité
la nature et le fonctionnement.
Le collège a lu avec beaucoup d'attention et
d'intérêt le contenu du journal des Débats publié
à la suite de l'étude des crédits du ministère
devant la présente commission et y a noté les diverses
explications fournies par le ministre des Affaires sociales au sujet de ces
centres locaux de services communautaires. Le collège a aussi pris
connaissance attentivement de la liste des premiers centres qui seraient
instaurés dans la province. Le collège est conscient du
problème causé par l'instauration de cette nouvelle
catégorie d'institution mais demeure très ouvert à cette
formule. Il considère cependant que le succès d'une telle formule
demande un certain nombre de garanties au niveau de la présente loi pour
assurer au public des services professionnels de qualité.
En premier lieu, un conseil des professionnels devrait être
prévu dans la loi pour cette catégorie d'institution et
être représentatif des différents groupes de professionnels
de l'institution en vue de répondre au conseil d'administra-
tion de la qualité des activités professionnelles du
centre. En deuxième lieu, la réglementation parce qu'elle prendra
une importance particulière dans le fonctionnement de ces centres ne
devrait se faire qu'en collaboration avec les intéressés. En
troisième lieu, parce que cette formule demeure tout de même
actuellement une approche nouvelle et expérimentale, du moins pour sa
phase initiale, le collège insiste pour que toutes les mesures et
garanties soient prises afin d'éviter qu'un centre local de services
communautaires ne devienne, dans les faits, un centre hospitalier sans le nom
ni les ressources. On devra s'abstenir d'y prodiguer des soins autres que des
soins courants et qui relèvent de la compétence d'un centre
hospitalier.
Ces garanties demandées pour le centre local des services
communautaires fond l'objet des recommandations 26 à 29 du
mémoire du collège. Le collège insiste, en terminant sur
ce sujet, pour qu'après une période d'expérimentation de
cette nouvelle formule, des amendements précis soient apportés au
présent projet de loi et discutés publiquement avec le concours
de tous les intéressés devant la présente commission pour
permettre à chacun de faire le point.
Dans l'intervalle, le ministre doit bien réaliser qu'il requiert
de tous une marque de confiance pour le succès de cette nouvelle
formule. Le collège tient à lui assurer sa confiance, mais il
insiste sur la nécessité que cette confiance soit en tout temps
réciproque.
Au niveau des centres d'accueil, un seul mot ici suffira. Le bill 65
devrait prévoir pour chaque centre d'accueil l'obligation de la
constitution d'un conseil des professionnels qui soit réellement
représentatif des divers professionnels de l'institution, qui assure le
contrôle des activités professionnelles et en réponde au
conseil d'administration.
En ce qui concerne le Collège des médecins et chirurgiens
de la province de Québec, avant de terminer cette présentation,
nous croyons nécessaire de prendre quelques minutes pour résumer
une partie importante de notre mémoire, soit celle qui a trait au
rôle du Collège des médecins en relation avec le
présent projet de loi.
Le collège a déjà écrit et
répété que s'il doit conserver la responsabilité de
la qualité de l'exercice de la médecine au Québec, il doit
avoir, entre autres, l'autorité nécessaire pour surveiller les
mécanismes d'appréciation et de contrôle de cet exercice de
la médecine et doit, au surplus, être entendu sur toute
réglementation ayant pour but d'établir ces mécanismes ou
d'en prévenir et corriger les déficiences.
Vu que le bill 65, par le biais surtout des centres locaux et des
centres hospitaliers, touche l'ensemble de la structure où on peut
prévoir que la médecine va s'exercer en quasi-totalité, le
collège ne saurait assumer sa responsabilité si ses pouvoirs ne
sont pas clairs dans ce bill. Il soumet respectueusement que la
responsabilité incombera à celui qui aura ces pouvoirs.
Cette position pour le collège est fondamentale, et l'absence de
toute provision à cet effet dans la présente loi devra être
comprise par tous comme une décision arrêtée du
législateur. Le collège a déjà insisté sur
le fait qu'il n'entend pas être un rouage de plus qui nuise à un
système valable de distribution des soins. Il a clairement fait savoir
qu'il demande à l'Etat depuis longtemps et, par lui, à la
population de décider d'une des voies possibles. Ou l'Etat
considère qu'une structure comme le collège nuit au
système et le fait disparaître, ou il le maintient avec sa
véritable raison d'être, soit le maintien d'une médecine de
qualité pour la protection du public. L'Etat doit alors lui donner
clairement les pouvoirs nécessaires pour assumer pleinement cette lourde
responsabilité.
Le collège existe actuellement en vertu d'une loi
désuète et incomplète. Il a fait connaître depuis
quelques années ses besoins en ce domaine. Rien n'a bougé si ce
n'est que sa pleine responsabilité demeure entière. Tous savent
que le bill 65 n'est que la première loi importante d'une réforme
globale impliquant, entre autres, une nouvelle loi médicale. L'ensemble
de cette réforme n'est cependant pas connu au moment où chacun
pourtant doit se prononcer sur le présent projet de loi.
Faute de savoir clairement ce que le législateur entend faire de
lui, le collège, actuellement responsable aux yeux de tous de la
qualité de l'exercice de la médecine, est conscient que le bill
65 établit les règles du jeu dans les institutions où ses
membres vont exercer effectivement leur médecine et réclame avec
rigueur et fermeté que ce bill 65 lui reconnaisse clairement, comme
point de départ de cette réforme globale, les pouvoirs
nécessaires pour répondre à des obligations dans toutes
les institutions.
A ceux qui se demanderaient pourquoi il doit exister un organisme qui se
charge de la vérification externe de la qualité des actes
médicaux posés dans une institution et des mécanismes de
contrôle de ces actes mis sur pied dans chaque institution, nous devons
répondre que si une telle vérification externe est jugée
nécessaire dans le domaine comptable, il serait illogique qu'on la
néglige dans le domaine des activités professionnelles.
Les institutions prévues au bill 65 ne sont-elles pas
créées d'abord pour rendre des services professionnels?
Aux autres qui voudraient savoir pourquoi le Collège des
médecins serait cet organisme de vérification externe en ce qui
concerne l'exercice de la médecine, nous devons répondre que le
législateur a lui-même créé cet organisme dans le
but de lui confier un secteur où l'on ne s'invente pas une
compétence, celui de l'exercice de la médecine.
Comme le bill 65 est actuellement le seul
soumis pour discussion devant la présente commission, le
Collège y réclame clairement les quatre pouvoirs suivants, s'il
reste vrai que le législateur veut encore lui maintenir sa
responsabilité.
En premier lieu, le bill 65 doit reconnaître clairement au
collège tous les pouvoirs d'enquête nécessaires dans toutes
les institutions en ce qui concerne l'exercice de la médecine et ses
mécanismes de contrôle. Ces pouvoirs ne doivent pas être
concurrentiels avec les pouvoirs similaires des offices régionaux ou du
ministre, mais témoigner sans ambiguïté que le
collège est institué par l'Etat à cette fin.
En deuxième lieu, le bill 65 doit imposer clairement à
toute institution l'obligation de faire parvenir au collège tout rapport
jugé nécessaire par lui pour évaluer le travail
professionnel de ses membres et le fonctionnement des comités de
contrôle mis en place à cette fin dans chaque institution.
En troisième lieu, l'article 133, qui traite des pouvoirs
réglementaires du lieutenant-gouverneur en conseil, doit comporter deux
sections dont l'une regroupera tous les éléments ayant un impact
sur l'exercice de la médecine et son contrôle. Pour cette
dernière section, la recommandation du ministre au lieutenant-gouverneur
en conseil devra se faire conjointement avec le Collège des
médecins et chirurgiens de la province de Québec.
Enfin, le collège insiste pour que le bill 65 contienne un
article permettant d'établir un mécanisme de solution des
conflits possibles dans l'organisation scientifique et technique d'une
institution. Cet article devrait être formulé de façon
analogue à l'actuel article 11 de la Loi des hôpitaux, et plus
particulièrement assurer la participation du collège en ce qui a
trait à tout conflit d'ordre médical.
Dans la troisième partie du mémoire, nous traitons
sommairement de l'enseignement médical et de la recherche. Cette partie
qui vous a été soumise, nous la laissons un peu de
côté puisque les organismes d'enseignement présenteront des
mémoires sur cet aspect du bill 65, mais nous suggérons que cette
troisième partie soit étudiée lors de la
présentation de ces mémoires. Le collège sera alors
à la disposition de la commission pour fournir toute explication
jugée nécessaire sur les articles du bill 65 qui portent à
conséquence dans ce domaine. Dans l'intervalle, nous
référons les membres de la commission aux pages 67 à 71 de
notre mémoire.
En conclusion, qu'il nous soit permis de résumer en six points
les commentaires du collège sur ce projet de loi: 1- L'ensemble des
autres lois et la règlementation générale
déjà prête en relation directe avec le présent bill
doivent être connues de tous avant l'adoption finale de ce projet. 2- Les
ORAS doivent obtenir plus de pouvoirs dans le domaine administratif à
l'intérieur des plans quinquennaux approuvés, mais n'en
détenir aucun dans le domaine de l'exercice professionnel. 3- Les
diverses institutions doivent avoir suffisamment de pouvoirs à
l'intérieur des plans approuvés par l'office pour que leur
conseil d'administration puisse répondre aux besoins du public et pour
que la participation recherchée soit réelle et valable. 4- La
structure proposée pour l'organisation professionnelle dans chaque
institution doit être modifiée ou précisée pour
assurer au public la qualité des services professionnels dans chaque
institution et aux professionnels la motivation nécessaire à
l'atteinte de cette fin. 5- Un organisme doit être chargé de la
vérification externe de la qualité des services professionnels
dans chaque institution.
A moins que la future loi médicale ne retire au collège ce
mandat en ce qui concerne l'exercice de la médecine, le présent
projet de loi doit reconnaître clairement ce rôle du collège
et le rendre possible. Toute enquête en cette matière doit relever
de sa compétence. 6- Toute réglementation du
lieutenant-gouverneur en conseil touchant l'exercice de la médecine et
son contrôle doit être faite sur recommandation conjointe du
ministre et du collège. Nous déclarons, M. le Président,
que l'ensemble des additions ou modifications au présent projet de loi
soumis dans nos 39 recommandations permettra d'atteindre les objectifs
recherchés avec beaucoup plus de réalisme et dans le respect
absolu du secret professionnel pour le plus grand bien du malade.
M. le Président, au risque d'abuser de votre patience et de celle
des membres de la commission, nous estimons qu'il est indispensable que nous
puissions maintenant poursuivre en vous offrant une à une les
différentes recommandations que le Bureau provincial de médecine
propose respectueusement. Elles constituent le fruit d'un travail
d'équipe comme le mémoire d'ailleurs auquel ont
activement participé les médecins-cadres du collège,
travail sérieux sur un projet sérieux, travail mûrement
réfléchi qui n'a été marqué que d'une seule
préoccupation, trouver des moyens réalistes et efficaces en vue
d'améliorer la qualité des soins dispensés à la
population du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si j'ai bien compris, Dr Gosselin, vous
voudriez maintenant lire une à une les recommandations. Je pense que
c'est pour ceux qui vont lire le journal des Débats, afin qu'ils
puissent avoir un texte officiel. Si c'est le but que vous poursuivez, je
suggérerais que l'on inscrive le texte des recommandations de votre
mémoire dans le journal des Débats afin que vous n'ayez pas
l'obligation onéreuse de les lire devant la commission. Dans votre
exposé qui est très bien fait vous avez
touché la plupart des recommandations. Si c'est le but que vous
poursuivez, j'en ferais une suggestion, si vous n'avez pas d'objection.
M. GOSSELIN: M. le Président, je comprends que cela pourrait
être une technique pouvant accélérer le travail, mais
chacune des recommandations peut porter à commentaire et peut-être
susciter suffisamment de questions des membres de la commission pour qu'il soit
valable et très utile que vous en preniez connaissance une à une.
Si vous voulez, je vais en faire la lecture et si vous voulez en discuter
après une fois que la lecture sera faite nous serons
prêts â répondre à vos questions.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. GOSSELIN: Dans la première, nous recommandons ceci: Que le
code des professions, les lois sur les corporations professionnelles et
particulièrement la loi médicale soient déposés
devant la commission parlementaire sur la santé avant la fin de
l'étude du bill 65 et que le collège puisse se faire entendre
à nouveau, si nécessaire.
Nous recommandons, dans la deuxième, que la concordance des lois
et des règlements actuels concernant le domaine de la santé et du
bien-être avec le bill 65 soit faite de façon plus précise,
particulièrement en regard des lois et règlements
spécifiés dans les articles 149 à 162 et en regard de la
loi médicale. 3- (Et ici nous apportons une petite correction) que la
réglementation découlant du bill 65, telle qu'actuellement
établie, soit soumise à la présente commission avant
l'adoption finale de cette loi. 4- Que la définition du mot
professionnel se limite à: "toute personne qui, dans une institution,
dispense des services de santé ou des services sociaux et qui fait
partie d'un groupe de personnes à qui la loi confère le droit
exclusif d'exercer une profession et que l'article 1-j) soit amendé en
conséquence en rayant les mots "ou de tout autre groupe de personnes
déterminé par les règlements". 5- Que le
lieutenant-gouverneur en conseil et le ministre se réservent les
pouvoirs de décision en ce qui concerne l'établissement d'une
politique de santé au Québec et la détermination des
objectifs, la coordination des actions entreprises pour la poursuite des
objectifs fixés et le pouvoir d'intervenir en cas de
nécessité. 6- Qu'on ajoute aux fonctions et pouvoirs de l'ORAS
ceux que la commission d'enquête sur la santé et le
bien-être recommande dans son volume IV, tome 2, paragraphes 733 et 736,
tels que rapportés aux pages 12, 13 et 14 du présent
mémoire. 7- Qu'à l'intérieur d'un plan quinquennal
établi par le ministre, les ORAS aient l'autorité suffisante pour
répondre de leurs responsabilités sans devoir toujours remonter
au palier supérieur. 8- Que les ORAS soient strictement des organismes
administratifs et non professionnels. 9- Qu'à cet effet, les articles 4
et 8, concer- nant les fonctions et pouvoirs des offices, soient
amendés. 10- Qu'en plus, les articles 30 à 35 inclusivement
soient reformulés de manière que seul l'aspect administratif
puisse être l'objet d'une investigation ou enquête de l'office et
que les documents, ou leur copie, reliés à l'acte professionnel
et à son contrôle, à savoir les dossiers médicaux,
les dossiers professionnels et les procès-verbaux des comités de
contrôle, entre autres, ne puissent être consultés ni, a
fortiori, saisis lors de telles investigations ou enquêtes. De plus, que
les documents constitués uniquement pour fins de contrôle de
l'exercice professionnel ne soient accessibles qu'aux personnes ou organismes
chargés de ce contrôle. 11- Que le paragraphe f) de l'article 36,
sur les pouvoirs de règlementation de l'office dans le domaine du
contrôle de l'exercice professionnel, soit rayé. 12- Que les ORAS,
à l'instar des institutions publiques qui devront tenir une
séance annuelle d'information publique, soient tenus de tenir une
séance annuelle d'information à l'intention des institutions de
leur territoire. 13- Nous recommandons qu'à l'intérieur d'un
cadre tracé par l'ORAS, les institutions aient des pouvoirs suffisants
pour leur permettre de prendre les décisions nécessaires à
la distribution des services requis par la population desservie et
répondent de cette fonction à l'ORAS, dont ils dépendent,
et non directement au ministre. Qu'à cet effet, les trois derniers
alinéas de l'article 45 soient modifiés en remplaçant
"l'autorisation du lieutenant-gouverneur et du ministre" par "l'autorisation de
l'ORAS". Il y a une petite modification dans cette recommandation. 14- Dans la
recommandation, nous disons que les conseils d'administration des institutions
aient le pouvoir d'adopter la réglementation interne nécessaire
en ce qui concerne l'aspect professionnel, sans avoir à la faire
approuver par l'ORAS, ni à la faire publier dans la Gazette officielle,
pourvu que cette règlementation interne soit conforme aux
règlements généraux adoptés en vertu de la
présente loi. 15- Que les articles 76 à 82 soient
reformulés pour assurer une structure plus réaliste dans les
centres hospitaliers et dans les centres de service social et mettent
clairement en évidence la différence de ces deux institutions au
niveau de l'organisation professionnelle. 16- Que dans le centre hospitalier,
deux conseils soient prévus: L'un formé des médecins et
dentistes, l'autre formé des autres professionnels; que pour chacun, la
composition exacte soit fixée par les règlements et assure le
caractère véritablement représentatif de ces conseils en
évitant d'y nommer tout simplement tous les professionnels. 17- Que
chacun de ces deux conseils soit tenu à l'élection d'un
exécutif selon une procédure assurant une continuité d'une
année à l'autre: Mandat de deux ans, élection annuelle
de plus ou moins la moitié des membres.
La 18e recommandation dit ceci: Que chacun de ces deux conseils aient la
triple responsabilité suivante quant aux activités des
professionnels qu'il représente et en réponde directement au
conseil d'administration. A- Assumer le contrôle des activités des
professionnels qu'il représente en établissant, entre autres, la
réglementation nécessaire à cet effet et en la soumettant
au conseil d'administration pour ratification. B- Assurer le maintien de la
compétence des professionnels qu'il représente et faire au
conseil d'administration toute recommandation nécessaire quant à
leurs droits ou privilèges, fonction de cette compétence. C-
Aviser le conseil d'administration sur l'organisation scientifique et technique
le concernant en établissant, entre autres, toute réglementation
jugée nécessaire à cette fin et en la soumettant au
conseil d'administration pour approbation.
En 19e lieu, que le bill 65 prévoie pour tout centre hospitalier
l'existence d'un comité mixte composé d'un nombre égal de
représentants de chacun de ces deux conseils de professionnels en vue
d'assurer la coordination et de favoriser l'intégration des deux
groupes.
Dans la 20e recommandation: que le directeur des services professionnels
d'un centre hospitalier soit nommé par le conseil d'administration
après consultation de chacun de ces deux conseils et qu'il soit
obligatoirement médecin. Que ses fonctions soient d'aider chacun des
deux conseils de professionnels à atteindre ses fins, de coordonner
leurs activités et de s'assurer qu'ils remplissent leur mandat. En plus,
qu'il soit l'instrument qui, localement, favorise l'intégration
progressive de tous les professionnels.
Dans la 21e: pour favoriser la coordination, la motivation et
l'intégration de tous les professionnels, que le président
élu des deux conseils ci-dessus mentionnés soit, en tant que
délégué, membre du conseil d'administration de
l'institution, du comité administratif et du comité mixte et
qu'à cet effet, les articles 50 et 63 soient modifiés.
Ensuite, dans la 22e recommandation, au niveau des centres de service
social, qu'un conseil des professionnels soit formé de professionnels de
toutes les catégories au sens de la recommandation no 4. Que les
règlements en précisent la composition de façon à
assurer le caractère réellement représentatif de ce
conseil. Dans la 23e recommandation: que ce conseil soit tenu par la loi
à l'élection d'un exécutif avec mandat de deux ans et
élection annuelle de plus ou moins de la moitié de ses membres.
Que, de plus, cet exécutif élu soit représentatif de
l'ensemble du conseil selon des modalités à fixer par des
règlements. 24 Que ce conseil des professionnels dans les centres
de service social ne soit pas uniquement consultatif mais ait la triple
responsabilité que nous avons donnée pour le conseil des
professionnels de l'hôpital. 25 Que le directeur des services
professionnels d'un centre de service social soit nommé par le conseil
d'administration après consultation du conseil des professionnels et ait
pour fonction d'aider ce conseil à atteindre ses fins, de coordonner ses
activités et de s'assurer qu'il remplit son mandat. 26 Qu'au
niveau des centres locaux de services communautaires, le bill 65 prévoie
au moins la création d'un conseil des professionnels réellement
représentatif pour assurer le contrôle des activités
professionnelles et le maintien de la compétence de chacun. 27
Que la réglementation générale des centres locaux de
services communautaires découlant du bill 65 soit élaborée
en collaboration avec tous les intéressés.
Ensuite, que l'implantation des centres locaux de services
communautaires se fasse progressivement et dans le but de suppléer aux
déficiences des structures en place et non les remplacer. Qu'en plus,
après un certain temps d'expérience du fonctionnement de tels
centres locaux, les amendements nécessaires soient apportés au
présent bill 65 pour permettre à chacun de faire valoir
publiquement son point de vue.
Qu'il soit ensuite prévu dans la réglementation que ces
centres locaux ne puissent devenir dans les faits des centres hospitaliers sans
le nom ni les ressources. Que dans le même ordre d'idées on ne
qualifie pas de CLSC un endroit où sont donnés des soins autres
que courants et qui relèvent de la compétence d'un centre
hospitalier.
Qu'au niveau des centres d'accueil le bill 65 prévoie au moins la
création d'un conseil de professionnels réellement
représentatif pour assurer le contrôle des activités
professionnelles et le maintien de la compétence de chacun.
Pour ce qui est du Collège des médecins et chirurgiens de
la province de Québec, étant donné sa
responsabilité sur la qualité de l'exercice de la médecine
et l'importance du bill 65 dans l'établissement des modalités de
cet exercice, la présente loi doit lui reconnaître clairement les
pouvoirs nécessaires pour atteindre ces fins au niveau
institutionnel.
Que, de façon particulière, le bill 65 reconnaisse
clairement au collège tous les pouvoirs d'enquête
nécessaires dans toutes les institutions en ce qui concerne l'exercice
de la médecine, ses mécanismes de contrôle et le maintien
de la compétence de ses membres. Que ces pouvoirs ne soient pas
concurrentiels avec des pouvoirs similaires du ministre ou des offices
régionaux, mais témoignent sans ambiguïté que le
collège est institué par l'Etat à cette fin.
Que le bill 65 impose clairement à toute institution l'obligation
de faire parvenir au collège tout rapport jugé nécessaire
pour lui permettre d'évaluer le travail professionnel, le
fonctionnement des comités de contrôle et d'assumer le
maintien de la compétence de ses membres.
Que l'article 133, traitant des pouvoirs règlementaires du
lieutenant-gouverneur en conseil, comporte deux sections dont l'une
regrouperait tous les éléments ayant un impact sur l'exercice de
la médecine, son contrôle et l'acquisition et le maintien de la
compétence des médecins.
Qu'il soit établi que la recommandation du ministre au
lieutenant-gouverneur en conseil se fasse conjointement avec le collège
pour cette section particulière. Les alinéas suivants de
l'article 133 sont visés par cette recommandation, soit les
alinéas a), b), e), i), j), q), r), s), et t).
Qu'un article soit ajouté au bill 65 pour permettre
d'établir un mécanisme de solution des conflits possibles dans
l'organisation scientifique et technique d'une institution. Cet article devrait
être formulé de façon analogue à l'actuel article 11
de la Loi des hôpitaux et plus particulièrement assurer la
participation du Collège des médecins et chirurgiens de la
province de Québec en ce qui a trait à un conflit d'ordre
médical.
Les dernières recommandations portent sur l'enseignement. Nous
disons: Que les représentants des universités au conseil
d'administration des ORAS soient nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil après avoir été désignés par
l'université concernée et non après simple
consultation.
Qu'au sein des conseils d'administration de toutes les institutions
d'enseignement les universités soient représentées
officiellement et que leurs représentants soient nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil après avoir été
désignés par l'université concernée et non
après simple consultation.
Que l'enseignement et son contrôle dans une institution
prévue à cet effet soient sous l'autorité et la
responsabilité des universités et non sous l'autorité du
directeur des services professionnels. Que les universités et le
collège soient partie à l'élaboration de toute
réglementation générale reliée à
l'enseignement de la médecine. Nous tenons à ajouter une autre
recommandation quant à l'article 92 et nous disons ceci: Qu'on ajoute
à l'article 92 un alinéa précisant que cet article ne doit
en aucune façon porter atteinte à l'indépendance
professionnelle nécessaire à l'exercice de toute profession.
M. le Président, je vous remercie et je remercie les membres de
la commission de leur attention.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois qu'il y a lieu de
remercier le collège pour son mémoire très fouillé
et très détaillé. Il comporte des recommandations
très précises qui permettent de mieux comprendre les critiques,
les suggestions ou les commentaires formulés par le collège.
Je voudrais faire quelques commentaires à ce stade-ci sur un
point. C'est le fait qu'il n'est pas possible présentement, tant et
aussi longtemps que l'Assemblée nationale ne reprendra pas son travail,
de déposer la législation touchant les corporations
professionnelles. Lors de la reprise des travaux de l'Assemblée
cela a été déclaré, d'ailleurs, par le Solliciteur
général, M. Four-nier cette législation serait
déposée lors de la reprise des travaux de l'Assemblée
à la fin du mois d'octobre.
D'autre part, il n'est pas possible également que le projet de
loi 65 soit étudié pour adoption par l'Assemblée nationale
avant la reprise des travaux de l'Assemblée. Nous n'en sommes
qu'à l'étape préliminaire.
Je fais ce commentaire pour répondre à la
préoccupation du collège à l'effet que les lois des
corporations professionnelles viennent compléter ce projet de loi et
à la crainte que ce projet de loi soit approuvé avant que l'autre
législation touchant les corporations professionnelles ne soit
déposée.
Je pense qu'avec la déclaration faite par M. Roy Fournier d'une
part, le fait qu'il n'est pas possible de procéder plus loin avec le
projet de loi 65 tant et aussi longtemps que l'Assemblée ne reprendra
pas ses travaux va permettre de répondre à cette
préoccupation.
Quant à l'autre question reliée à celle-ci,
c'est-à-dire la précision nécessaire quant aux pouvoirs du
collège ou d'autres organismes de même nature, la raison pour
laquelle il n'en est pas fait mention dans le présent projet de loi
c'est que nous avons voulu éviter que cette loi comporte en fait des
dispositions qui devraient normalement, à notre avis et de l'avis des
légistes du gouvernement, se retrouver dans les lois des corporations
professionnelles de telle sorte que ces lois soient complètes en
elles-mêmes et que chaque loi ne poursuive qu'un ensemble de buts bien
homogènes.
Nous avons noté cette préoccupation du collège et
ce commentaire, j'espère, pourra rassurer le collège quant au
déroulement des travaux nécessaires en vue de l'adoption
éventuelle de cette législation. Je voudrais également
mentionner que nous allons faire une étude extrêmement attentive
de ce mémoire et que, tout comme pour les autres mémoires, nous
aurons sûrement des amendements à proposer à diverses
dispositions du projet de loi.
Pour le moment, je limiterai mes commentaires à ceux que je viens
de faire, pour laisser aux autres membres de la commission la
possibilité de poser des questions. Pour ma part, j'écouterai et
les questions et les réponses d'une oreille extrêmement
attentive.
M. LE PRESIDENT: Avez-vbus une question supplémentaire?
M. GOSSELIN: Oui, M. le Président; je pense que les remarques que
M. le ministre des Affaires sociales vient de faire provoquent de
notre part une certaine réaction. Nous explicitons cette demande
à la page 4 de notre mémoire, au paragraphe 1-6, où nous
disons qu'il y a déjà longtemps que nous demandons une
clarification de nos responsabilités. Lors d'un nouveau projet de loi,
comme cela fut avec la Loi des hôpitaux, l'adoption des règlements
en vertu de cette loi, également, lors de l'instauration du
régime d'assurance-maladie, aujourd'hui encore, le collège ne
sait pas exactement où se situer.
Il y a, il faut bien le comprendre, des questions de procédure de
la part du gouvernement et on sait que c'est un appareil assez lourd. Mais il
faut que, une fois pour toutes, on vienne à savoir ce qui sera dans
cette loi, la loi médicale autant que la loi sur les corporations, pour
exactement être capable d'orienter notre action. Si on voulait donner
suite à notre recommandation, on voudrait tout au moins connaître
cette législation avant que le présent projet de loi soit
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre est reconnu
comme un homme sobre, mais, ce matin, il est d'une sobriété de
paroles et de commentaires qui nous surprend un peu. Cela contraste avec la
volubilité du Collège des médecins qui nous a
présenté un volumineux mémoire. J'ai écouté
les échanges qui se sont faits il y a un instant. Le ministre nous a
donné une échéancier. Il a raison lorsqu'il dit que,
durant l'ajournement de la session, aucun projet de loi ne peut être
déposé et qu'à la reprise, la loi sur les corporations
professionnelles et la loi qui touche l'exercice de la médecine vont
être déposées.
Mais, en attendant, évidemment, le Collège des
médecins a raison, à l'occasion de l'étude de cette
législation, avant la deuxième lecture, d'exposer ici ses
craintes et ses appréhensions quant à ses pouvoirs et à
son statut futur. Evidemment, on pourrait faire un bref historique de la
question. On sait que depuis plusieurs années, le rôle non
seulement du Collège des médecins, mais de toutes les
corporations professionnelles a été discuté sur la place
publique. Il est normal qu'à l'occasion d'un projet de loi aussi
important, qui le touche aussi directement, le collège se pose des
questions et veuille avoir des réponses afin de porter un jugement
éclairé sur certains articles du projet de loi.
De toute façon, j'aurais aimé, même si le ministre
ne peut pas nous donner le contenu de la législation, qu'il nous donne
quelques indications et qu'il nous dise, dans l'éventualité d'une
nouvelle loi qui le touche, quels seront véritablement les pouvoirs du
Collège des médecins, pouvoirs qui lui ont été
délégués autrefois par l'Etat. Le collège voudrait
savoir s'il va continuer à assumer ses responsabilités. Cela est
extrêmement important parce qu'il va avoir comme profession,
individuellement et collectivement, à vivre soit à
l'intérieur des institutions, soit à l'extérieur des
institutions, avec l'organisation des soins de santé.
Au sujet des remarques qui ont été faites par le
Collège des médecins, ce matin, en ce qui concerne plus
particulièrement le contrôle de l'activité professionnelle,
le contrôle de l'acte médical; tenant compte des nouvelles
structures qui seront créées, les ORAS notamment; tenant compte
aussi des nouveaux pouvoirs qui seront revus en ce qui concerne les conseils
d'administration des institutions, la création des conseils de
professionnels, la réglementation à venir également qui va
toucher l'exercice de leur profession, l'acte médical, est-ce que le
ministre, à ce stade-ci ou un peu plus tard, une fois que les questions
auront été posées, ne pourrait pas donner un peu plus de
précisions non seulement pour satisfaire le Collège des
médecins, mais tous ceux qui sont ici et notamment les membres de la
commission?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je comprends
l'intérêt que portent à la fois les membres du
collège et le député de Montmagny à la
législation à venir sur les corporations professionnelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il ne faut pas oublier le président de
la commission, qui est un membre du Collège des médecins.
M. CASTONGUAY: Et M. le président de la commission. Ce n'est pas,
disons, une attitude négative que je veux prendre, mais je crois qu'il
serait extrêmement dangereux pour deux raisons de tenter de faire un tel
exposé.
Premièrement, vous connaissez les mécanismes par lesquels
les projets de loi doivent passer avant de pouvoir être soumis à
l'Assemblée nationale. Un de ces mécanismes, c'est l'approbation
par le cabinet. Alors, tant et aussi longtemps qu'une loi n'est pas
modifiée nous avons présentement une loi du Collège
des médecins et des chirurgiens et tant et aussi longtemps,
d'autre part, que le cabinet n'a pas pris sa décision quant à un
projet définitif à être déposé à
l'Assemblée nationale, vous comprenez qu'il est assez délicat
pour moi, d'une part, d'essayer d'en préciser le contenu futur.
En second lieu, on sait fort bien, en lisant le mémoire ou en
lisant la Loi du collège, qu'entrer dans une telle description de ce que
pourront être les pouvoirs précis, les mécanismes, etc.,
simplement à partir d'un exposé fait de mémoire et sans y
apporter toutes les nuances, cela pourrait susciter, à mon avis, autant
de craintes et cela, peut-être plus par des oublis involontaires que je
pourrais faire.
La chose qu'il m'apparaît la plus importante de dire c'est que
nous avons, lors de l'étude de la Loi de l'assurance-maladie, l'an
dernier, affirmé à plusieurs reprises que nous croyons que le
maintien des corporations professionnelles était nécessaire.
D'ailleurs, cela a été réaffirmé lorsque nous avons
dit que nous déposerions la loi à cet effet lors de la reprise
des travaux de l'Assemblée.
En second lieu, l'an dernier, nous avons pris
un soin particulier, du moins, lors de l'étude de la Loi de
l'assurance-maladie, pour éviter qu'il y ait ambiguïté, de
réassurer à la fois les médecins et la population à
l'effet que le contrôle de l'acte médical demeurerait dans les
mains du Collège des médecins et chirurgiens. Alors cette
intention affirmée l'an dernier demeure et n'est pas modifiée.
Tout autre détail porterait sur des aspects beaucoup plus précis
des mécanismes, et sur ce point, je ne crois pas être capable,
pour les deux raisons mentionnées, de faire un exposé à ce
stade-ci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre, en plus d'être sobre, est
prudent. M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire,
étant donné les étapes qui restent à franchir au
bill 65 il faut retourner à l'Assemblée nationale pour que
le projet de loi soit amené en deuxième lecture, pour qu'il soit
discuté en comité plénier si cela donnera le temps,
avant l'adoption définitive du projet de loi 65, de prendre connaissance
du dépôt des autres projets de lois concernant les corporations
professionnelles, la Loi de la médecine, et j'ajouterais le
dépôt de la dernière tranche du rapport de la commission
Castonguay-Nepveu sur les services sociaux? Est-ce que nous aurions en main,
à ce moment-là, pour porter un jugement en deuxième
lecture sur le projet de loi 65, tous ces documents?
M. CASTONGUAY: Ce serait peut-être l'occasion de rappeler
nous en avons eu des exemples avant l'ajournement des travaux de
l'Assemblée que plus souvent qu'autrement ce n'est pas le
gouvernement qui décide du rythme des travaux de l'Assemblée mais
plutôt les partis de l'Opposition.
M. CLOUTIER (Montmagny): Fiez-vous à nous.
UNE VOIX: Quel parti de l'Opposition?
M. CASTONGUAY: Les partis de l'Opposition. Quand ce n'est pas l'un,
c'est l'autre, bien souvent ce sont les trois en même temps. Je pense
bien que sur ce plan il n'y a pas de crainte à y avoir, surtout
lorsqu'on se souvient des longs délais, lors des dernières
sessions, avant d'en arriver à l'adoption des premiers projets de loi.
Si ma mémoire est bonne, au mois de février la session a
recommencé ses travaux et les premiers projets de loi d'importance n'ont
été approuvés qu'après l'ajournement de
Pâques. Alors je pense bien que simplement avec le mécanisme,
même avec la présence des partis de l'Opposition, il ne devrait
pas y avoir de craintes. On peut, je pense bien, dire à tout le monde de
dormir en paix sur ce point.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un deuxième point qu'a touché le
Collège des médecins c'est la question...
M. LAURIN: M. le Président, je comprends les réticences du
ministre des Affaires sociales. Il reste cependant qu'un des ministres du
gouvernement, M. Roy Fournier, lorsqu'il a présenté le code des
professions au public, a quand même éclairé d'une
manière substantielle les intentions du gouvernement en ce qui
concernait la réglementation des professions. Etant donné que
ceci touche directement le projet de loi no 65, est-ce que le ministre pourrait
non pas, bien sûr, corriger M. Roy Fournier, étant
donné la solidarité ministérielle; tout le monde est
sûrement d'accord au conseil des ministres sur ce que M. Fournier a dit
expliciter quand même suffisamment, à l'exemple de son
collègue, afin que la commission sache quels sont les pouvoirs en
substance, la direction de la pensée du gouvernement en ce qui concerne
les pouvoirs qui peuvent être enlevés à certains organismes
pour être remis à d'autres?
M. CASTONGUAY: Je pense que je vais examiner ce midi, la
déclaration de M. Roy Fournier et je verrai s'il y a lieu d'y ajouter
mes commentaires.
M. GOSSELIN: Je m'excuse, M. le Président, je ne voudrais pas
prolonger le débat, mais je pense que pour le bénéfice des
membres de la commission, il y a des explications qu'il est important
d'apporter. Si vous me le permettez, je vais demander au Dr Leboeuf de les
apporter parce qu'elles ont une relation directe avec le bill 65.
M. LEBOEUF: Merci, M. le Président. En fait, ce que nous voulons
faire sortir à ce stade-ci, c'est que la pertinence de nos commentaires
sur les pouvoirs du collège ne peut pas être dissociée du
présent projet de loi. En résumé, le collège
demande cinq choses qui peuvent avoir une répercussion sur son avenir,
sur son rôle pour la protection du public et sur l'ensemble des futures
lois.
La première, il demande à connaître clairement la
définition des professionnels. Nous pensons respectueusement que faute
d'une telle définition et nous voyons mal comment elle pourrait
être précise à la déposition de toutes ces lois
nous ergotons quant à nous et probablement quant à
beaucoup d'organismes à vide sur la structure professionnelle des
diverses institutions.
Le deuxième commentaire est que même si notre loi nous
sauvegarde actuellement un pouvoir d'enquête, nous ne pouvons que
constater que le présent projet 65 remet aussi un pouvoir
d'enquête identique à tous les offices régionaux.
Le troisième commentaire veut que l'addition dans le projet 65
d'un article pour solutionner les conflits soit pertinent au bill 65 et non en
relation avec une future loi médicale.
Le quatrième commentaire se situe au niveau
de la réglementation. On voit mal que dans une loi
médicale éventuelle, ou un code des professions éventuel,
quelle qu'elle soit, on puisse faire apparaître une obligation
additionnelle sur les pouvoirs règlementaires prévus à
l'article 133. C'est peut-être là l'essentiel du message que le
collège veut passer puisque c'est là le niveau et le seul niveau
d'autorité extérieur à son conseil de discipline qu'il
peut avoir sur l'activité professionnelle de ses membres. Cela est
à ce point pertinent que nous devons insisté à nouveau
pour que la présente étude devant la commission, avant son
adoption en deuxième lecture, ne se termine pas avant que nous sachions
clairement ce que le collège entend faire des quelques pouvoirs que le
présent bill lui retire, lui omet, et les pouvoirs qu'il perdra
peut-être dans les lois à venir. Merci, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le Dr Leboeuf vient de
toucher le deuxième point dont je voulais parler soit la question de la
règlementation. Lors de l'étude avant adoption de certaines
législations, il est arrivé, notamment à l'occasion du
bill 26, à l'occasion de l'étude de la Loi du consommateur qui
vient d'être sanctionnée, que la commission parlementaire
étudie les règlements. Etant donné qu'il y a tellement de
dispositions dans le projet de loi no 65 qui seront précisées par
l'adoption ultérieure de réglementations, de règlements
importants et notamment de règlements qui toucheront et qui
intéressent le collège des médecins, concernant
l'activité professionnelle, les pouvoirs d'enquête et ainsi de
suite, je voudrais savoir du ministre à ce stade-ci, s'il a l'intention
de soumettre à la commission parlementaire un projet de règlement
avant adoption.
M. CASTONGUAY: Sur cette question, en principe, je n'ai aucune
objection. Au contraire, je crois qu'il serait utile pour bien des raisons
qu'un certain nombre de règlements soient soumis pour étude avant
que nous terminions l'étude de ce projet de loi. Par contre, je ne crois
pas qu'il soit possible que des règlements complets et
détaillés puissent être préparés pour tous
les aspects sous lesquels de tels règlements pourraient être
rédigés. Je pense qu'il faut faire ici une distinction entre les
règlements qui touchent des aspects les plus essentiels ou qui viennent
compléter le projet de loi d'une façon significative. Sur cela,
encore, je vous ai mentionné lors de la dernière séance de
la commission qu'au fur et à mesure que nous allons progresser au cours
des séances de la commission que nous étudions chacun des
mémoires, que nous revenions aussi svr les mémoires
antérieurs.
Nous serons obligés de le fa parce qu'au moment où nous
entendons certaines représentations elles peuvent être
extrêmement valables, elles peuvent donner aux membres de la com- mission
l'impression que nous avons tous les faits par rapport à un article et,
à l'occasion de la présentation d'un autre mémoire, un
point de vue différent peut être exprimé. Alors quels
seront, exactement, tous les changements qui peuvent être apportés
dans les dispositions du projet de loi et quels seront, à partir de ces
modifications, disons les règlements qui pourraient apparaître
significatifs? Je pense qu'il est encore un peu trop tôt pour le
savoir.
Mais disons que sur la question principale, à savoir si nous
sommes disposés à présenter des règlements avant la
fin de l'étude de ce projet de loi, je ne vois pas d'objection en
principe. Même, je crois que cela pourrait être extrêmement
utile.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre. Je ne sais pas si cela
rassure un peu les membres du Collège des médecins sur les points
qu'ils ont soulevés concernant l'imprécision de la loi,
étant donné que nous ne connaissons par la réglementation
à ce stade-ci. Mais je comprends qu'il est aussi important, comme le
ministre vient de le dire, que nous ayons, avant d'étudier les projets
de règlements, l'opinion de tous les organismes qui se seront
présentés devant la commission parce que, nécessairement,
il y aura des points de vue divergents sur des aspects particuliers du projet
de loi.
M. LAURIN: Sur le même point, M. le Président, le ministre
pourrait-il, du moins, nous dire qu'il suivra la politique de son
collègue, le ministre des Institutions financières, qui a
présenté à la commission des Institutions
financières les règlements de l'Office de la protection du
consommateur, pour adoption, afin que tous les organismes puissent faire
entendre leurs représentations sur ces règlements?
M. CASTONGUAY: J'aimerais mieux réserver mon jugement sur cela.
Il ne s'agit pas tout à fait du même projet de loi. Je pense bien
que, lorsque nous en arriverons à cette étape, nous pourrons, au
cours de la discussion, déterminer ce qui est le plus approprié.
Il n'en demeure pas moins qu'un bon jour il faudra que ce projet de loi soit
approuvé. Il ne faut pas non plus se fixer des exigences telles qu'avant
que toutes les étapes soient traversées des délais
considérables soient introduits dans le processus. Alors je
préférerais plutôt que nous attendions d'être rendus
à cette étape pour voir quel est le meilleur chemin à
prendre.
M. LAURIN: M. le Président, je pose cette question au ministre
surtout en raison de l'énorme ampleur que prendront ces
règlements. Lorsqu'on lit l'article 133, on se rend compte, en effet,
que le ministère pourra légiférer sur presque toutes les
activités des institutions. Etant donné le caractère
très étendu du champ couvert par ces règlements, on
peut comprendre non pas les appréhensions mais les
préoccupations des usagers et des malades, aussi bien que de ceux qui
auront à dispenser ces soins. C'est la raison pour laquelle je me
permets de poser cette question.
M. CASTONGUAY: Remarquez que je ne mets pas en cause les motifs pour
lesquels la question est posée mais j'aimerais mieux attendre quelque
peu, pour prendre les choses étape par étape.
M. BOIS: Sur le même sujet, M. le Président, j'aimerais
demander à M. Gosselin ou à un des représentants quelles
sont les appréhensions directes qu'ils pourraient avoir si le projet de
loi no 65 était adopté avant que les règlements des
corporations ne soient refondus.
M. GOSSELIN: M. le Président, là-dessus je pense qu'il
pourrait sûrement y avoir de la confusion s'il n'y avait pas de
concordance avec les règlements que nous serons appelés à
observer, surtout avec la loi médicale. Là-dessus, je pense que
c'est M. Castonguay lui-même qui disait, dans le journal des
Débats, qu'il y avait une certaine ambiguïté et que
même les règlements ne seraient pas applicables avec les
règlements actuels.
Tout ce que je veux répondre surtout, M. le Président,
c'est que nous sommes satisfaits des remarques que M. Castonguay vient
d'apporter. Nous l'en remercions et nous le félicitons de cette
attitude. Si nous comprenons bien, elles sont conformes à la
déclaration qui a déjà été faite lors d'une
séance de la commission où M. Castonguay a dit justement que
certains règlements parmi les plus importants seront
déposés dès la reprise de la session pour être
étudiés et discutés même devant cette commission. A
ce moment, nous solliciterons le privilège de revenir devant vous.
M. LE PRESIDENT: Le député de...
M. GOSSELIN: M. le Président, excusez-moi, pour répondre
plus spécifiquement j'aurais une autre idée en tête
à votre question, je pense que le Dr Lapierre peut
préciser sur ce point.
M. LAPIERRE: En fait, M. le Président, si nous demandons que la
loi médicale soit déposée, ce n'est pas tellement pour
savoir ce que nous aurons à faire, mais parce que si de tels pouvoirs ne
sont pas dans la loi médicale, il faut le prévoir dans le projet
de loi no 65 de façon à assurer le double contrôle qu'a
mentionné le Dr Gosselin tout à l'heure, le contrôle
interne et le contrôle externe.
Que le contrôle externe soit fait par un autre organisme que le
collège, il appartient à l'Etat de le décider, mais si ce
n'est pas dans la loi médicale, qu'on prévoie dans le projet de
loi no 65 un organisme compétent pour assurer ce contrôle
externe.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai une question à
poser à l'honorable ministre. Etant donné qu'on a parlé
à quelques reprises du rapport Nepveu, est-ce que le ministre pourrait
nous dire clairement, devant la commission parlementaire ici, s'il a
l'intention de faire adopter le projet de loi no 65 avant la
présentation de la dernière tranche du rapport de cette
commission?
M. CASTONGUAY: M. le Président, on m'a posé cette
même question récemment. J'ai rencontré le président
de la commission, M. Nepveu, la semaine dernière et nous avons eu
l'occasion de discuter du déroulement des travaux de la commission. J'ai
voulu, d'une part, l'assurer du fait qu'il devait se sentir totalement libre,
ainsi que les membres de la commission, de terminer leur travail sans
être influencés en aucune façon par l'action du
gouvernement. D'autre part, je crois qu'il est bon de rappeler que le rapport
d'une commission d'enquête ne lie pas un gouvernement et que
présentement le projet de loi que nous étudions porte sur un
aspect comme il a été mentionné ce matin à
plusieurs reprises de tout le système de la santé et des
services sociaux, c'est-à-dire celui de l'organisation. On sait
également, d'autre part, qu'avant que cette loi soit pleinement en
application, il est prévu des délais. Si le rapport de la
commission devait signifier des changements dans l'organisation que le
gouvernement entendait retenir à la suite d'une étude de ce
rapport une loi comme celle-ci n'est jamais définitive, on le
voit à chaque année, l'Assemblée se réunit pour
apporter des modifications au projet de loi si, après avoir pris
connaissance du rapport de la commission, des changements s'imposaient au
projet de loi à la suite d'aspects nouveaux mis en lumière par la
commission et que le gouvernement croyait utile de les retenir ou de les
proposer pour étude, c'est ce que nous pourrons faire.
Je ne voudrais pas être lié à l'avance quant
à l'adoption de ce projet de loi par le contenu d'un rapport que je ne
connais pas.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aimerais avoir un peu plus de
précision de la part du ministre. Il est évident que le ministre
ne peut pas se sentir lié par la présentation d'un rapport d'une
commission. D'un autre côté, le rapport d'une commission doit
être libre de toute disposition de loi existante pour pouvoir faire des
recommandations objectives.
Ce que nous voulons savoir, c'est si oui ou non la loi va être
adoptée avant la publication de la dernière tranche du
rapport.
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas même en mesure de savoir la date
précise de la réception du rapport. Le président me dit
qu'il croit être en mesure de me le remettre avant le 31
décembre. Si je le reçois le 31 décembre, il faudra
en faire une étude. Quant au projet de loi, le rythme auquel nous allons
procéder dans les séances de la commission il y a aussi
l'ampleur des modifications à y apporter ou leur nombre va
conditionner, dans une certaine mesure, le moment où nous pourrons en
faire l'étude à l'Assemblée.
Je ne crois pas que, ni d'un bord ni de l'autre, il soit possible de
dire si le projet de loi va être adopté définitivement
avant la réception du rapport ou après. Je ne crois pas, par
contre, si nous sommes en mesure de l'adopter à l'automne, lors de la
reprise des travaux, que nous devrions reporter son adoption uniquement parce
que nous n'avons pas reçu le rapport de la commission.
M. ROY (Beauce): Si le gouvernement juge à propos de faire
adopter son projet de loi avant d'obtenir le rapport de la commission, je me
demande pour quelle raison on institue des commissions gouvernementales qui
coûtent des millions de dollars. Si les recommandations du rapport de la
commission Nepveu suggéraient des amendements qu'il y aurait lieu
d'apporter dans les dispositions du présent projet de loi et que le
gouvernement avait déjà commencé à mettre certains
mécanismes en place, qu'il devrait changer, il est évident qu'il
s'ensuivrait des coûts. C'est la raison pour laquelle j'aimerais savoir
du gouvernement pourquoi il veut à tout prix faire adopter ce projet de
loi avant de connaître toutes les conclusions du rapport de cette
commission d'enquête.
M. CASTONGUAY: Depuis que cette commission a été
formée, un premier rapport a été publié par
l'assurance-maladie et la Loi de l'assurance-maladie a été
présentée à l'Assemblée nationale et
adoptée. Que ce soit sous l'ancien gouvernement ou sous le gouvernement
actuel, ce rapport a servi de base à cette loi. Cela a été
un des premiers résultats atteints par cette commission.
Deuxièmement, on a dit tantôt qu'une politique de la
santé s'était élaborée au Québec et que,
là, nous en étions à l'étape de l'implantation.
Encore là, nous avons des résultats qui sortent des travaux de
cette commission.
Troisièmement, dans le domaine de la sécurité du
revenu, je crois que les travaux de cette commission ont influencé
grandement, non seulement au Québec, mais dans le reste du Canada, les
orientations qui sont prises dans ce secteur. Je pense qu'on a pu voir que le
Québec, comme les autres provinces, va bénéficier de
sommes additionnelles au titre des allocations familiales, à la suite
justement de la publication de ce rapport de la commission.
Quant aux services sociaux, je pense que j'ai donné des
réponses assez complètes. Le gouvernement a des
responsabilités et, dans ce cas-ci, en ce qui a trait au bill 65, je
crois que c'est mal interpréter les intentions du gouvernement ou
laisser entendre qu'il a des intentions cachées de dire qu'il veut le
faire adopter à tout prix avant la publication du rapport de la
commission.
Le gouvernement a des obligations, des responsabilités et son
action ne peut être toujours sujette à toutes sortes de
préoccupations. Surtout on sait fort bien que, si ce projet, comme je
l'ai mentionné, devait signifier certains changements, il restera
suffisamment de temps pour les faire, ou qu'il n'entrera pas en vigueur en une
seule étape et qu'on a prévu des périodes de
transition.
M. ROY (Beauce): J'aurais une autre question à poser au Dr
Gosselin. A la page 18 de son rapport, à l'article 4, on parle de
l'étatisation du régime de santé et de bien-être.
Dans l'avant-dernier paragraphe, au bas de la page, on dit: "Il nous
apparaît cependant important de bien doser les pouvoirs qui sont
confiés par le bill au lieutenant-gouverneur en conseil et au ministre
afin d'éviter une étatisation du système de santé
et de bien-être et peut-être une dictature".
J'aimerais avoir des précisions sur cette affirmation, à
savoir si ce sont des craintes qu'a formulées le Collège des
médecins ou si c'est une certitude vis-à-vis du projet de loi tel
que présenté.
M. GOSSELIN: M. le Président, sur la question de
l'étatisation, je pense bien que les pouvoirs que le
lieutenant-gouverneur et le ministre se donnent sont assez précis et
restreignent, entre leurs mains, les activités de l'extérieur.
Nous avons, dans notre résumé, rappelé la liste des
pouvoirs que le lieutenant-gouverneur et le ministre veulent retenir, de sorte
que, comme résultat, c'est le gouvernement qui décide de
tout.
Vous donnez la définition de ce qu'est l'étatisation: il
paraît que c'est administrer ou faire administrer par l'Etat. Alors tel
que le projet de loi est rédigé, il semble que tous les pouvoirs
reviennent au gouvernement. Là-dessus, il est difficile peut-être
de répondre précisément si ce sera de l'étatisation
puisqu'on le verra dans l'application, mais il faut tout de même se poser
une question et se demander ce qui restera comme marge de jeu pour arriver de
plain-pied dans l'étatisation après cela.
C'est une crainte fondée sur les dispositions du bill.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais simplement faire une observation?
Lorsqu'on examine la Loi du Collège des médecins et chirurgiens,
présentement, les principaux règlements qui doivent être
adoptés en vertu de cette loi, en tout cas un certain nombre et il y en
a d'importants, doivent être soumis à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est le même mécanisme qui est
prévu ici. Je ne crois pas qu'on ait dit, à ma connaissance,
à ce stade, que le fait que des règlements de la Loi du
Collège des médecins, comme d'autres
corporations professionnelles, doivent être approuvés par
le lieutenant-gouverneur en conseil signifie pour autant que c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui dicte ces règlements.
H ne faut pas oublier une dimension de cette question: c'est que les
règlements adoptés en vertu de lois doivent être conformes
à la loi, ne doivent pas dépasser la portée, doivent
être selon l'esprit, la lettre de la loi, et ce mécanisme
d'approbation par le lieutenant-gouverneur en conseil est retrouvé dans
de nombreuses lois et ne signifie pas pour autant l'étatisation.
Il serait peut-être intéressant de connaître, de la
part du collège, si, dans le passé, des règlements qu'il a
adoptés ont été modifiés d'office par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même sujet.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais...
M. LEBOEUF: M. le Président, je voudrais quand même faire
un commentaire pour faire ressortir une nuance que, personnellement, je trouve
importante entre la loi médicale au niveau de son pouvoir
réglementaire et le présent projet de loi. Il est sûr que
certains des pouvoirs réglementaires prévus à la loi
actuelle doivent être ratifiés donc soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil.
Il n'en demeure pas moins que l'élaboration de ces
règlements est laissée, par la loi médicale, à la
corporation, alors que l'article 133 ne prévoit que la recommandation du
ministre au lieutenant-gouverneur en conseil. C'est là la nuance
importante. C'est la raison pour laquelle nous demandons que les
recommandations soient conjointes sans vouloir, au contraire de ce qui peut
sembler, nier ce pouvoir de réglementer au lieutenant-gouverneur en
conseil, mais c'est quant à l'addition d'une recommandation conjointe
pour, là aussi, participer à l'élaboration de cette
loi.
Pour la deuxième question que M. Castonguay a posée,
à savoir si le collège a déjà soumis des
règlements qui ont été modifiés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, que je sache, et M. le registraire me
corrigera, quant à la loi médicale, je ne crois pas. Je pense que
les règlements de la Loi des hôpitaux, entre autres, ont fait
l'objet de consultations entre les organismes impliqués, mais que le
texte final de ces règlements a, dans le texte, imposé un certain
nombre de règlements qui sont totalement inapplicables pour la
profession médicale et qui font que, depuis le 1er avril 1969, plusieurs
médecins dans la province exercent dans l'illégalité. Je
me réfère en particulier à l'article 142 de ces
règlements.
Voilà une consultation qui n'était pas suffisante puisque
nous n'avons pu voir le texte final et, à ce moment, nous n'avons pu
corriger une technicité que nous demandons de corriger depuis.
M. CASTONGUAY: Il me semble que l'on pourrait demander au
député de Montmagny, qui était ministre à
l'époque, quelle a été l'expérience de cette
consultation entre l'Association des hôpitaux, le collège...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vais répondre, comme le ministre
tantôt, que je vais consulter la déclaration du Solliciteur
général, M. Fournier.
M. ROY (Beauce): J'aurais une autre question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Etant donné qu'il y a beaucoup
d'inquiètude de ce côté-là et que le ministre, ce
matin,...
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une question sur le
même sujet.
M. ROY (Beauce): C'est sur le même sujet, mais continuez.
M. LAURIN: Sur le même sujet, est-ce que je pourrais demander au
Dr Leboeuf ou au Dr Roy quels sont les paragraphes de l'article 133 qui
paraissent tomber sous le coup de la déclaration qu'il vient de faire?
Quels sont les pouvoirs exercés actuellement par le collège qui,
du fait que seulement la recommandation du ministre sera exigée
dorénavant, seraient enlevés au collège?
M. LEBOEUF: M. le Président, le texte actuel de la Loi des
hôpitaux impose une consultation obligatoire quant à tous les
règlements et ce, auprès du Collège des médecins
comme de l'Association des hôpitaux. Le texte du bill 65 ne parle plus de
cette consultation. La recommandation que le collège fait est de scinder
ce groupe de pouvoirs réglementaires en deux sections et de
réserver dans l'une des sections tout ce qui a un effet direct sur
l'exercice de la médecine. C'est seulement à ce niveau qu'il
réclame le pouvoir de recommander conjointement avec le ministre des
Affaires sociales au lieutenant-gouverneur en conseil la réglementation
nécessaire.
M. LAURIN: Quels seraient ces articles?
M. LEBOEUF: Ce sont ceux qui sont énumérés à
la page 81 de notre mémoire, recommandation 34, soit les alinéas
a), b), e), i), j), et, là, il y a une erreur dans le texte, ce n'est
pas k), mais q), r), s) et t).
Et si on se réfère au texte du bill lui-même, nous
avons, après étude, conclu que tous ces articles, par le biais de
la réglementation, peuvent influencer directement tant l'exercice de la
médecine que ses modes de contrôle institutionnels. C'est la
raison pour laquelle nous avons dressé cette liste.
M. ROY (Beauce): M. le Président, étant donné qu'il
y a beaucoup...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le député de Beauce a
l'intention de toucher d'autres sujets? Je n'avais pas terminé
tantôt. J'avais soulevé des points particuliers, et à un
moment donné, j'ai laissé la parole au député de
Beauce, croyant que nous discuterions encore, mais j'aurais d'autres sujets sur
lesquels j'aurais des questions à poser aux membres du Collège
des médecins.
M. ROY (Beauce): Il s'agit du même sujet, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le même sujet? D'accord.
M. ROY (Beauce): C'était pour faire suite à la
dernière question que j'avais posée. Etant donné qu'on
manifeste beaucoup d'inquiétude de part et d'autre, dans plusieurs
organismes qui ont présenté des mémoires ou qui vont en
présenter, et que le ministre a annoncé ce matin son intention
d'apporter des amendements au présent projet de loi, est-ce que le
ministre pourrait donner des précisions quant aux amendements qu'il
entend apporter, à savoir si c'est l'intention du gouvernement de
pousser la réglementation qui pourrait aller jusqu'à
l'étatisation, ou plutôt d'organiser des structures pour
éviter cette étatisation que l'on craint partout?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je suis conscient du fait que le
Ralliement créditiste voit l'étatisation partout, mais je crois
encore devoir rappeler ici le mécanisme d'approbation des
règlements. Quant aux recommandations formulées par le
collège, vous pouvez être assurés que nous allons les
étudier attentivement, mais je ne crois pas qu'il serait sage, sur aucun
des points précis, à ce stade-ci, alors que nous
commençons l'étude de ce projet de loi, de dire: Nous allons
modifier les dispositions de telle ou telle façon... tant et aussi
longtemps que nous n'aurons pas entendu les autres représentations qui
peuvent être faites. Un projet de loi est proposé à
l'étude. Il a été envoyé, dès la
première étape, à la commission. Nous commençons
à entendre les mémoires. Dès la première
séance, et non pas seulement ce matin, à la séance
précédente, j'ai indiqué que nous sommes très bien
disposés quant à des modifications aux dispositions du projet de
loi pour l'améliorer, apporter les sauvegardes qui sont jugées
nécessaires et je ne reviens pas. Je l'ai répété ce
matin. Je dis simplement qu'il n'est pas possible, au fur et à mesure
qu'un organisme soulève un point précis, d'apporter une
réponse précise de la part du gouvernement à ce stade.
M. ROY (Beauce): Maintenant, M. le Président, est-ce que
l'honorable ministre pourrait nous apporter ces amendements avant la fin des
travaux de cette commission sur l'étude de ce projet de loi? Même
si c'était lors de la dernière séance.
M. CASTONGUAY: C'est probablement ce qui va se produire. Je pense bien
que c'est la meilleure procédure pour éviter qu'au moment
où nous entreprendrons l'étude en deuxième lecture nous
ayons uniquement ce projet en main. Si les travaux de la commission sont pour
être de quelque utilité, je pense bien que ce sera la forme que
nous devrons prendre, soit d'apporter les amendements avant de retourner le
projet pour étude en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Docteur Lapierre.
M. LAPIERRE: M. le Président, il n'y a pas que le Ralliement
créditiste qui craigne l'étatisation, nous la craignons aussi. En
relisant le bill 65, vous pouvez constater que le lieutenant-gouverneur peut
légiférer en dehors de la loi actuelle par arrêté en
conseil.
C'est le gouvernement, en fait, qui verra à combler tous les
postes d'autorité. L'administration sera confiée à des
personnes qui seront nommées par le gouvernement. Le gouvernement
procédera à l'accréditation, à
l'établissement, au fonctionnement et à la liquidation des
institutions. Selon l'article 94, les institutions publiques appartiennent au
gouvernement. Le gouvernement a le contrôle financier; le ministre, le
lieutenant-gouverneur en conseil et les ORAS ont tous les pouvoirs
d'enquête et de réglementation, incluant l'exercice
professionnel.
Pour nous, la qualité de l'exercice professionnel est directement
reliée à un bon contrôle. D'un bon contrôle, il
résulte une réglementation qui, elle, régit l'exercice de
la médecine. Cette réglementation, de par le bill 65, nous n'y
avons aucun accès.
M. BOIS: Pour répondre à l'honorable ministre des Affaires
sociales, les créditistes ne voient pas d'étatisation partout, M.
le Président. Nous avons lu le projet de loi et, si nous nous
référons à l'article 133 de q) à t), cela semble
assez explicite.
M. ROY (Augustin): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant. Le député de Montmagny
n'avait pas terminé son exposé.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il n'y a pas d'autres commentaires sur le
même sujet, je voudrais aller un peu plus loin dans certaines
observations qui ont été faites.
M. ROY (Augustin): Sur le même sujet. Nous insistons sur le fait
que les règlements en rapport avec le bill 65 puissent être
discutés devant cette commission parlementaire avant
l'adoption de cette loi, parce que tous les pouvoirs de cette loi sont
donnés par voie de règlements. Le ministre a tout en main pour
édicter les règlements, comme bon lui semble. Nous voyons
là un danger. Nous avons peut-être tort, mais nous aimerions
savoir du ministre que ce n'est pas une étatisation et que les
règlements qu'il a l'intention de présenter à ce
moment-là, il pourrait les présenter devant la commission avant
l'adoption de la loi sont des règlements qui verront à la
bonne administration des services médicaux et de bien-être.
C'est pour cela que nous voulons être consultés, de
façon que les intéressés on parle beaucoup de
participation les professionnels et les citoyens soient capables de
discuter des règlements qui les affecteront directement dans leur vie de
tous les jours. Nous ne voulons pas que ce soit l'Etat seul parce que
l'Etat ne s'invente pas une compétence dans ce domaine qui
légifère dans un domaine si important, sans consultation avec les
intéressés.
M. LAURIN: Sur le même sujet, M. le Président, j'ai une
question à poser, au ministre cette fois. Je lis, à l'article 4
au sujet des ORAS, au paragraphe e): "Accomplir les devoirs et exercer les
pouvoirs qui lui sont dévolus en vertu de la loi ou qui lui sont
assignés par le lieutenant-gouverneur en conseil". Est-ce à dire
que le gouvernement aurait la possibilité d'accorder aux ORAS des
pouvoirs qui excéderaient ceux que lui accorde la présente
loi?
M. CASTONGUAY: C'est impossible, M. le Président.
M. LAURIN: Pardon?
M. CASTONGUAY: C'est impossible, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à deux
heures et demie.
Reprise de la séance à 14 h 44
M. FORTIER (président de la commission parlementaire des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, on m'a demandé ce matin,
s'il y avait lieu de donner plus de renseignements, à ce stade-ci, quant
aux intentions du gouvernement relativement aux lois touchant les corporations
professionnelles. J'ai relu attentivement la déclaration de l'honorable
Roy Fournier, Solliciteur général, faite le 7 juillet 1971. On
peut la retrouver dans le journal des Débats, mais pour les fins de
l'étude, de la discussion, cet après-midi, comme elle n'est pas
tellement longue, peut-être y aurait-il avantage à lire cette
déclaration, si les membres de la commission le jugent à propos.
Elle est brève, ça peut prendre trois ou quatre minutes.
D'accord, cela vous va?
UNE VOIX: D'accord.
M. ROY (Beauce). M. le Président, j'aurais une question à
poser au représentant...
M. LE PRESIDENT: Le ministre a demandé la permission de donner
quelques explications.
M. CASTONGUAY: Alors, voici ce que M. Fournier disait; je lis la
déclaration in extensio: "Même si les nombreux commentaires qui
ont suivi la publication du rapport de la commission Castonguay-Nepveu sur les
professions et la société comportaient certaines réserves,
ils ont généralement souligné parmi ces effets
bénéfiques celui de sensibiliser l'Etat comme les citoyens
à l'incohérence du système actuel. En effet, faut-il
rappeler qu'il existe pas moins de 43 lois distinctes qui régissent les
professions au Québec. Ainsi, leurs structures organiques
diffèrent les unes des autres tandis que les principes et les
règles de leur fonctionnement sont souvent disparates, de sorte qu'il a
été constaté bien qu'inégalement qu'il existait une
certaine mesure de négligence sinon de désintéressement
pratique au chapitre de la discipline, de la déontologie et de la
formation professionnelle, autant de domaines qui doivent faire l'objet de
préoccupations attentives au sein des corps professionnels si leur
existence même doit être envisagée comme fondée non
seulement sur l'intérêt de leurs membres mais aussi et surtout sur
l'intérêt public. "Le gouvernement ne peut être
indifférent à cet état de choses. La responsabilité
qui lui incombe est d'autant plus grande que les activités
professionnelles intéressent à la fois la société,
ses membres et en particulier plus de 100,000 de ses citoyens productifs qui
sont les véritables instruments de son dynamisme. "Le gouvernement a
donc étudié soigneusement le rapport de sa commission
d'enquête.
Il en a fait autant des déclarations et des mémoires qui
lui ont été soumis à la suite de la publication de ce
rapport. Des ministres, notamment le ministre des Affaires sociales et le
Solliciteur général, qui a été spécialement
charge des projets du gouvernement en ce domaine, ont personnellement
rencontré les représentants d'un grand nombre de professions pour
discuter des améliorations à faire au système actuel.
C'est ainsi que la politique gouvernementale a pu être
substantiellement arrêtée dans ses principes et que le long et
difficile travail de législation envisagé a pu être quasi
complété. "Malheureusement, l'interruption de la présente
session parlementaire empêcha le gouvernement d'en faire le
dépôt en Chambre, comme il l'aurait souhaité. Toutefois,
des avis viennent d'être donnés au feuilleton de
l'Assemblée nationale de la présentation à la Chambre de
ces importants projets. Dans le but d'informer les membres de la Chambre et le
public, notamment les professionnels, il a été jugé
opportun de faire connaître dès maintenant les grandes lignes des
projets du gouvernement qui seront déposés à la reprise
des travaux sessionnels, à l'automne. "Dans les circonstances, la
diffusion des grandes lignes de la législation projetée est
destinée à clarifier la position du gouvernement. On se rendra
notamment compte, de par les informations qui suivent, que l'initiative
gouvernementale ne vise en aucune sorte à la mainmise de l'Etat sur les
corporations professionnelles ou sur les activités de leurs membres.
L'action du gouvernement vise plutôt à instaurer un système
nouveau et homogène dont la fonction première sera d'assurer la
protection des intérêts du public et l'autodiscipline active des
membres dans l'exécution de cette fonction, tout en préservant
l'identité propre, les caractéristiques particulières et
les prérogatives de chaque profession. "Un premier projet de loi aura
pour objet d'instituer un office des professions, qui sera un organisme
administratif composé de trois personnes. Sa mission sera, notamment, de
s'assurer que chaque corporation professionnelle adopte son propre code de
déontologie et d'en adopter un à sa place, dans le cas où
elle fait défaut de le faire. "Deuxièmement, de publier
annuellement un recueil des décisions relatives à la discipline
des membres des corporations professionnelles; de faire des rapports au
lieutenant-gouverneur en conseil; de donner tout avis qu'il requiert dans les
matières de son ressort; d'institutionnaliser le conseil
interprofessionnel formé en corporation en vertu de la troisième
partie de la Loi des compagnies du Québec et d'en faire un organisme
groupant un représentant de chacune des professions régies par le
code et chargé de faire des recommandations à l'office ou au
lieutenant-gouverneur en conseil sur les problèmes
généraux auxquels les corporations ont à faire face.
"Troisièmement, de déterminer le statut juridique de chacune de
ces corporations. "Quatrièmement, de prévoir pour chaque
corporation un comité d'inspection professionnelle chargé de
vérifier les dossiers, d'étudier les plaintes contre les membres
et de tenter de régler les différends entre toute personne et un
membre d'une corporation. "Cinquièmement, de prévoir pour chaque
corporation un organisme disciplinaire, de déterminer les règles
d'introduction et d'instruction des plaintes et les sanctions qui dans le code
de déontologie devront être rattachées aux actes
dérogatoires. "Sixièmement, de prévoir la
possibilité d'un appel des décisions de cet organe disciplinaire.
"Un deuxième projet de loi aura pour objet, premièrement,
d'instituer en corporation professionnelle un certain nombre de professions ou
métiers et de donner au lieutenant-gouverneur en conseil le pouvoir d'en
constituer de nouvelles par lettres patentes après consultation de
l'Office des professions et du Conseil interprofessionnel.
De déterminer le champ de pratique exclusif ou le titre
protégé de chacune de ces professions. D'établir une
structure normalisée pour chacune des professions et de leur attribuer
certains droits, pouvoirs et obligations en certaines matières,
notamment pour la déontologie, la formation professionnelle
l'autorisation d'exercer de même que la reconnaissance des
spécialités dans le cadre de normes qui seront substantiellement
de même nature pour chacune des professions; enfin, de donner notamment
aux chiropraticiens un régime professionnel. "En plus des deux projets
précités, un certain nombre de projets auront pour objet de
modifier les lois organiques de certaines professions de manière
à intégrer leur fonctionnement dans le système régi
par les nouvelles lois de portée générale. Il s'agira,
entre autres, des lois touchant les dentistes, les pharmaciens, les
optométristes de même que les médecins. On se souviendra
que ces derniers ont, depuis quelques années, soumis des projets de
refonte de la loi médicale. Ainsi, toutes les professions auront une
structure de nature identique au sein de laquelle les normes de
représentation s'inscriront dans un schéma homogène. Cette
innovation aura son application au niveau des comités d'inspection
professionnelle, des organes disciplinaires et des pourvois en appel. Les
décisions finales en matière de discipline devront aussi avoir
une publicité conforme à des normes semblables, qui tiennent
toutefois compte de la nature, du caractère des différentes
activités professionnelles. "Les corporations professionnelles pourront
se donner un code de déontologie et des règlements qui tendront
à se normaliser sous l'influence de l'office en son rôle de
conseiller auprès du lieutenant-gouverneur en conseil. La
législation prévoit des mécanismes destinés
à concilier les exigences de la formation académi-
que à celle de la pratique professionnelle sous la forme d'une
participation plus large et plus structurée de tous les
intéressés au programme de formation."
C'est le texte intégral de la déclaration de M. Fournier,
le 9 juillet. Comme je l'ai mentionné, à la lecture attentive de
cette déclaration, je crois que pour le moment il n'y a pas lieu
d'ajouter, sans entrer dans des détails tellement spécifiques,
que je ne me sens pas libre de divulguer pour le moment.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ce n'est pas mon
intention à ce moment-ci de reprendre tout le débat. Le ministre
dit qu'il ne peut pas divulguer davantage de renseignements quant à la
future législation.
D'autre part, on sait que le programme, dont nous avons parlé ce
matin, permettra probablement et à la commission et aux organismes de
prendre connaissance du contenu de ces deux lois créant des organismes,
et d'autres lois qui pourraient corriger celles qui touchent actuellement
chacune des corporations professionnelles.
De toute façon, nous aurons l'occasion à ce
moment-là, et le Collège des médecins comme les autres
organismes, de revoir et de faire de nouvelles représentations
étant donné qu'il est évident, si on se base sur les
travaux de la commission actuellement et le nombre d'organismes, que
l'Assemblée nationale n'aura pas procédé à
l'adoption du bill 65 à ce moment-là.
S'il y avait retard dans le dépôt de cette
législation au sujet des corporations professionnelles, je pense bien
que des députés de l'Assemblée nationale feront des
rappels à ce moment-là pour le dépôt de ces
lois.
Etant donné que nous avons touché certains sujets ce
matin, j'aurais d'autres questions à poser aux représentants du
Collège des médecins, je ne sais pas à qui
précisément, je les pose à l'ensemble des
représentants qui sont ici. Je voudrais parler un peu du contrôle
de l'activité professionnelle et du contrôle à
l'intérieur des institutions. On s'inquiète, évidemment,
à savoir ce que réservent les futures lois, en tenant compte des
dispositions du projet de loi no 65, au Collège des médecins.
On sait que, dans ce domaine, dans ce secteur particulier du
contrôle de l'activité médicale, étant donné
le nombre de professionnels, le nombre d'institutions, tenant compte aussi de
l'évolution qui se fait dans ce domaine, il y a là un travail
assez considérable pour une corporation professionnelle. Je voudrais
savoir si, actuellement, il y a des faits ou des modalités de travail
qui permettent de croire que le contrôle de l'activité
professionnelle par le collège serait mis en danger.
Je m'explique: étant donné qu'il y a plusieurs centaines
d'institutions, qu'il y a les services du ministère des Affaires
sociales, qui, aussi, doit assumer une certaine responsabilité dans ce
secteur, même si le Collège des médecins assume cette
responsabilité, est-ce qu'il y a là un conflit qui permet de
croire à ce moment-ci qu'à la suite de l'adoption du bill 65 il y
aura là des difficultés insurmontables?
M. LEBOEUF: Merci, M. le Président. Tout ce problème des
relations entre le Collège des médecins et le ministère
des Affaires sociales quant au contrôle des activités
professionnelles est sous-jacent à tous les commentaires de notre
mémoire. Je vais tenter d'en faire l'historique et de faire mes
commentaires le plus brièvement possible.
Le collège a commencé il y a plus de quatre ans à
visiter les hôpitaux de la province dans un but que tous connaissent,
tant les administrateurs d'hôpitaux que les représentants du
ministère des Affaires sociales et les autres organismes professionnels.
Ses méthodes de travail, il les a longuement diffusées dans des
écrits envoyés à tout ce monde. Il a effectivement
visité tout près de 100 hôpitaux généraux
dans la province, nonobstant le fait que le système était en
rodage, que l'équipe n'était pas bâtie et que toutes sortes
de problèmes nous ont occupés depuis ce temps-là. Depuis
un an, ou plus particulièrement depuis décembre dernier, je
crois, le ministère des Affaires sociales a mis sur pied une division
générale de l'accréditation. Si je comprends bien la
question de M. Cloutier, elle porte sur les conflits possibles ou les relations
qui existent entre, d'une part, le collège dans le rôle que je
viens de décrire et, d'autre part, la division de l'accréditation
quant à ses responsabilités sur la qualité des soins
fournis dans les institutions. Voilà pour l'historique.
Mes commentaires se résumeraient à quelques points. Le
premier est à l'effet que l'expérience qui a été
vécue depuis un an dans ce domaine a créé une situation de
dédoublement inutile de travail, dédoublement qui a
été vécu parfois consécutivement par des visites
des deux groupes dans les mêmes hôpitaux à peu d'intervalle
et qui s'est même concrétisé, dans le cas d'un
hôpital en particulier, par une visite pour les mêmes buts, avec
les mêmes objectifs, étudiant les mêmes documents, les
mêmes dossiers médicaux et harassant le même personnel
administratif â nous fournir tous ces détails, dans le même
hôpital, le même jour.
Il nous semble que cette confusion et c'est là mon
deuxième commentaire créée dans l'esprit de tous et
ce harassement imposé tant aux professionnels de la santé soumis
à ces divers contrôles qu'aux administrations hospitalières
risquent d'être nettement préjudiciables aux fins
recherchées. Les recommandations, il va sans dire, de l'un et l'autre
organismes ne sont pas toujours les mêmes.
La confusion qui en résulte n'est pas propice à
l'amélioration des contrôles objectifs que le collège s'est
fixée comme prioritaire depuis quatre ans. De plus, nous croyons
c'est le
commentaire suivant que je tiens à faire que le
ministère des Affaires sociales, de par ce type d'activités,
serait et est effectivement déjà perçu comme voulant
contrôler l'exercice professionnel. Nous croyons humblement que ceci est
une erreur puisque, simultanément, on affirme que ce domaine est celui
du collège. Nous croyons que cette délégation de
tâches de la part du ministère des Affaires sociales au niveau de
la direction générale de l'accréditation quant à la
qualité de l'exercice de la médecine et quant à ses
mécanismes de contrôle n'élimine pas, loin de là,
toute collaboration.
Il a été et il est encore question d'un protocole
d'entente ou de collaboration entre les deux organismes. Ce protocole
évidemment, expliciterait et détaillerait le principe
général de l'entente. Or, le problème est le suivant. Si,
d'une part, on s'entend jusque-là, et ce depuis plusieurs mois, le
principe de base fait l'objet de discussions tant écrites qu'orales
entre les deux organismes. Le principe, quant à nous, est clair; c'est
le suivant: le collège est responsable de l'exercice de la
médecine de ses membres. Il en répond de par sa loi au public. Il
existe pour le moment et il doit satisfaire cette exigence.
Le collège a longuement expliqué, dans deux brochures
publiées en mars dernier dans ses rencontres avec le ministère
qu'il est illusoire et inutile de compter sur le collège pour
contrôler chacun des actes individuels posés par chacun des 8,000
médecins quotidiennement dans la province. Sa seule voie d'action est
d'agir sur les mécanismes de contrôle institutionnels mis en place
par les médecins, d'influencer ces mécanismes pour obtenir ce
qu'on attend d'eux et de les améliorer en vue d'accroître la
qualité des résultats.
Pour toutes les raisons expliquées plus haut, nous insistons sur
ce principe général pour que ce pouvoir de contrôle et
cette responsabilité d'évaluation des mécanismes de
contrôle ne soient pas concurrentiels avec quelque autre organisme.
Partant de ce principe, nous sommes d'accord que pour permettre au
ministère d'accréditer une institution, de la même
manière qu'elle doit obtenir du ministère du Travail un rapport
quant aux normes de sécurité, elle doit obtenir du Collège
des médecins un rapport quant à la qualité de l'exercice
de la médecine qui s'y fait et quant à la qualité des
mécanismes de contrôle qui s'y font. Nous sommes d'accord pour que
les modalités de cette liaison entre le collège et le
ministère soient détaillées dans un protocole, mais nous
sommes dans l'impossibilité de rédiger un tel protocole tant et
aussi longtemps que le principe de base ne sera pas convenu entre les deux
parties.
Pour être bref et terminer, la dernière rencontre que le
collège a eue avec le ministère à ce sujet est tout
récente. Elle date du 17 août 1971. La position des deux parties a
été exprimée, je pense, honnêtement. La
réunion s'est terminée poliment par une demande de
rédaction d'un protocole à notre goût.
Or, il arrive que, depuis ce temps, nous avons sérieusement
étudié le bill 65 et qu'il nous apparaît très
clairement que le principe en vertu duquel nous pourrions rédiger un
protocole est totalement détruit par le bill 65 lui-même.
C'est le point, M. le ministre, M. le député, où en
sont les relations, quant au contrôle de l'exercice de la médecine
dans la province.
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire quelques brefs commentaires. On sait
que, dans le domaine des affaires sociales, environ 1,500 institutions au
Québec maintiennent des services pour la population. On sait aussi qu'au
cours des récentes années, sous divers plans, des lacunes en
plusieurs de ces institutions ont été mises en lumière,
lacunes qui peuvent toucher différents aspects de l'organisation du
fonctionnement des institutions, aussi bien au plan de la
sécurité qu'au plan de normes d'hygiène, d'alimentation,
etc.
On a aussi vu que dans certaines autres institutions, étant
donné des situations particulières, des patients ou des personnes
ont fait l'objet, de la part du personnel, à divers niveaux, de
soi-disant traitements ou de traitements plus ou moins adaptés. Alors
nous avons là, comme ministère, une responsabilité qui est
grande. Je ne reviendrai pas sur certains exemples qui, à un moment
donné, ont saisi tout le monde de l'urgence de procéder.
Dès décembre dernier, ou au cours de l'automne dernier,
nous avons mis sur pied une direction de l'accréditation. Cette
direction s'est mise à l'oeuvre et a fait un travail
considérable. Comme l'a mentionné le docteur Leboeuf, à
certains endroits, il y a eu certains dédoublements, certaines
confusions. Mais, dans l'ensemble, le travail de cette direction a
été très valable. C'est à la suite de son travail
que nous avons dû, dans certains cas, déménager des
patients d'institutions, dans d'autres cas ordonner la fermeture d'institutions
et relocaliser les patients, toutes des opérations qui sont
extrêmement difficiles, ingrates, qui soulèvent des
résistances mais qui sont nécessaires, je crois, si nous voulons
éviter que se produisent à nouveau des situations comme celles
auxquelles j'ai fait allusion.
Cela n'est pas notre intention, dans ce travail, malgré une
certaine confusion, j'en conviens, qui a pu se produire au début.
D'autre part, au cours de rencontres périodiques avec
l'exécutif du collège, nous avons discuté ce
problème des relations et, à mon avis, un certain progrès
a été fait quant à la clarification des rôles
respectifs. Comme l'a mentionné le Dr Leboeuf, à la
dernière rencontre, il avait été convenu qu'au lieu de
tenter conjointement de rédiger un protocole, le collège se
chargerait de cette tâche et que nous étudierions le protocole de
telle sorte qu'on évite les dédoublements et que le travail de
l'un et de l'autre se complètent.
Maintenant, le Dr Leboeuf nous dit aujour-
d'hui que les dispositions du bill 65 les empêchent de poursuivre
ce travail. Je crois que, pour le moment, tant et aussi longtemps que le bill
65 n'est pas approuvé, que la Loi du collège est ce qu'elle est,
l'on devrait poursuivre le travail de rédaction du protocole; et lorsque
la loi sera changée, si elle change les choses, dans les
responsabilités respectives de chacun, dans cette hypothèse, je
dis bien, il sera toujours possible, à partir de l'acquis d'un protocole
sur lequel nous nous sommes entendus, d'apporter les modifications
nécessaires.
Alors, c'est le cheminement que nous avons poursuivi. Autant le
collège est conscient de ses responsabilités, autant le
ministère a des responsabilités, qui sont lourdes dans ce
secteur, et il me semble que l'on devrait faire tous les efforts pour
progresser, comme nous l'avons fait d'ailleurs au cours des derniers mois, des
dernières semaines.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président.
M. LEBOEUF: Très rapidement, M. le Président, juste
quelques points. Je pense que je suis d'accord avec le ministre des Affaires
sociales. Le collège, il en est bien conscient, c'est peut-être
l'un des organismes les plus conscients, voit bien qu'il y a dans tout ce
domaine une masse d'institutions assez impressionnante dont la
complexité n'est pas maintenant sans vous échapper, vu
l'étude du présent bill.
Le collège admet aussi qu'il existe un nombre parfois
inquiétant de lacunes dans certaines de ces institutions. Le ministre
des Affaires sociales lui-même, comme son prédécesseur,
sont bien au courant du fait que le collège lui-même, à
plus d'une reprise, a été à l'origine de la fermeture,
sinon de la transformation de la vocation d'une institution, à la suite
d'une de ses propres enquêtes.
Le point le plus important sur lequel je voudrais ajouter un mot est
celui-ci: si, actuellement, le protocole d'entente dont le collège et le
ministre parlent abondamment depuis quelques mois n'existe pas, ce n'est pas
et je vais être clair parce que le bill 65 contredit le
principe seulement, ça n'a été qu'une addition, c'est tout
simplement parce qu'on ne s'entend pas sur le principe. Le principe est le
suivant: le collège réclame l'exclusivité du
contrôle de l'exercice de la médecine dans la province. Et s'il la
réclame, c'est parce qu'il maintient que toutes les déclarations
publiques, toutes les déclarations dans les journaux, toutes les
références possibles à son rôle lui destinent cette
responsabilité, et quand ça va mal, le public sait qui
blâmer. Et parce qu'il est conscient que sa responsabilité est
claire et l'on pourrait citer une foule de déclarations à
ce niveau-là pour tout le monde il réclame
l'exclusivité de la contrôler pour pouvoir aboutir à
répondre de sa responsabilité. Et tant et aussi longtemps
je le maintiens au nom du collège que le principe de la
non-concurrentialité si vous me passez le mot des pouvoirs
d'enquête dans ce domaine précis du contrôle de l'exercice
professionnel des médecins et de l'exclusivité pour le
collège de ces pouvoirs-là, tant que ce principe n'aura pas
été accepté par les deux parties, il est inutile de perdre
du temps et de détailler ce principe de 23 façons, si le principe
est encore en discussion.
Nous aussi, nous sommes en retard dans nos visites; nous aurions
souhaité visiter beaucoup plus d'hôpitaux dans la province.
J'ai amené le bill 65 sur la table parce que la question m'est
posée à l'occasion de l'étude du bill 65 et parce que le
bill 65 n'a été que le point final de cette phrase.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, j'ai voulu, par ma question,
faire ressortir un problème dont j'ai été conscient
moi-même. Ce problème, il existe encore et il est difficile
à régler, parce que, si on peut s'entendre sur le principe, il
reste qu'en pratique la surveillance et le contrôle entraînent la
mobilisation d'effectifs, que ce soit au ministère des Affaires
sociales, si le principe veut que ce soit le ministère qui assume cette
responsabilité, ou au Collège des médecins, si c'est le
collège qui assume cette responsabilité.
La complexité vient d'abord du nombre d'institutions, du nombre
de professionnels, de la qualité des contrôles à mettre sur
pied. S'il finissait par y avoir une entente entre le ministère des
Affaires sociales et le Collège des médecins sur le principe,
j'imagine que le collège pourrait mobiliser les effectifs suffisants
pour atteindre non seulement les objectifs du projet de loi no 65, mais aussi
les désirs de la population qui veut être rassurée quant
à la qualité des soins.
Je voulais saisir la commission du problème qui existe, qui n'a
pas de solution. J'espère que le collège, de son
côté, continuera à travailler à ce protocole
d'entente et que, du côté du ministère des Affaires
sociales, avec les discussions, on trouvera là un terrain d'entente
à partir duquel on pourra fonctionner.
M. GOSSELIN: Au nom du collège, je tiens à déclarer
qu'à partir du moment où le principe aura été
accepté nous nous engageons à répondre des
responsabilités que nous aurons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser au
représentant du Collège des médecins. A la page 73 du
rapport qu'il nous a soumis, à la recommandation no 8, il est dit: "Que
les ORAS soient strictement des organismes administratifs et non
professionnels." Est-ce que vous pourriez nous expliquer le pourquoi de cette
recommandation?
M. GOSSELIN: Je pense qu'on a tenté de démontrer que, pour
nous, un ORAS c'est un organe administratif et nous l'avons exclu com-
plètement du contrôle de l'exercice professionnel.
Lorsqu'on donne des responsabilités ou des pouvoirs, surtout des
pouvoirs d'enquête, à un organisme comme l'ORAS et qu'on ne
spécifie pas quel type d'enquête, on commence à
s'inquiéter.
Nous voulons souligner, et nous y mettons toute l'insistance possible,
qu'il faut absolument dissocier l'aspect administratif et l'aspect
professionnel. Cette dernière partie de pouvoirs, nous la
réclamons en exclusivité pour le collège.
Il est dit, dans les pouvoirs de l'ORAS, qu'il pourra également
requérir tous les documents dont il aura besoin. Lorsqu'on parle de
documents dans un hôpital, il est question de dossiers médicaux et
sur ce point je me demande quelle réaction le public pourrait avoir si
chaque patient savait que n'importe qui peut aller fouiller dans son dossier.
Je pense que ça pourrait servir à diminuer la confiance que le
malade doit avoir envers son médecin et même susciter une certaine
réticence à lui dévoiler certains faits pertinents qui
pourraient aider tant dans le diagnostic que dans le traitement du malade.
Il y a également les dossiers professionnels. Peut-on aller
fouiller dans les dossiers des médecins pour toutes sortes de raison
qu'on pourra invoquer pour connaître le statut de tel médecin, son
passé, l'étendue de ses études et ainsi de suite? Dans le
moment, ces dossiers sont strictement confidentiels; dans chaque institution,
ils sont entre les mains du directeur médical et personne d'autre n'y a
accès que ceux qui ont à peu près les mêmes
données dans leurs dossiers, dont le Collège des
médecins.
Ensuite, il y a d'autres documents qui doivent être gardés
secrets: ce sont les procès-verbaux des comités de
contrôle, par exemple, d'un comité d'appréciation des actes
médicaux.
C'est pour ces différentes raisons, M. le Président, que
nous insistons pour que l'ORAS accepte toutes ces responsabilités
administratives et qu'il se départisse complètement de
l'ingérence au niveau de l'aspect professionnel.
M. ROY (Beauce): En somme, vous voudriez...
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais faire un commentaire.
Sur ce point, je peux rassurer les membres du collège et ceux de la
commission en leur disant que le texte sera précisé de telle
sorte que les règles touchant au secret professionnel seront
respectées et que l'ORAS n'aura pas de pouvoirs lui permettant d'avoir
accès à des documents, qui, d'autre part, doivent être ou
sont reconnus comme devant être maintenus sous le coup de la
confidentialité.
M. GOSSELIN: M. le Président, je remercie le ministre des
Affaires sociales de cette précision qui amène de plus en plus de
compréhension. Merci.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une autre question. A
la page 75, à la recommandation no 15, vous demandez que les articles 75
à 82 soient reformulés pour assurer une structure plus
réaliste dans les centres hospitaliers et dans les centres de service
social et mettent clairement en évidence la différence entre ces
deux institutions au niveau de l'organisation professionnelle.
La recommandation no 16, complète un peu la recommandation no 15.
Est-ce que vous pourriez nous donner des détails aussi et nous expliquer
les raisons de cette recommandation?
M. GOSSELIN: Vous vous référez sans doute à la
suggestion que nous faisons quant à l'existence de deux conseils
à l'intérieur d'une institution. Là-dessus, M. le
Président, nous avons réfléchi à plusieurs formules
et à mesure qu'on repassait, qu'on tâchait d'analyser la
portée d'une formule, d'y voir les avantages et les désavantages,
c'est cette dernière que nous avons retenue. Ce n'est pas une
distinction que nous voulons faire entre les médecins et les autres
professionnels. C'est que nous voulons tout simplement établir les
responsabilités que chaque professionnel doit avoir et en même
temps revaloriser le rôle que chaque professionnel aura à tenir
dans une institution.
Ce sont des remarques préliminaires. Je pense que le Dr Leboeuf
peut expliquer encore davantage la raison fondamentale qui nous amène
à vous proposer une telle formule.
M. LEBOEUF: Avec votre permission, M. le Président, j'essaierai
d'être bref. Je pense qu'effectivement, parmi toutes nos recommandations,
c'est celle qui risque de vous être soumise dans les termes les plus
différents par les divers organismes. Je vais essayer très
brièvement de vous résumer le cheminement à travers lequel
on est passé pour en arriver à cette recommandation.
Au départ, il nous a semblé que certaines
considérations devaient être faites. La première est que
dans le passé et jusqu'à présent un seul groupement de
professionnels existait dans la structure hospitalière. C'était
le bureau médical regroupant les médecins et les dentistes. Ce
fait pouvait avoir créé des préjudices à certains
autres professionnels, ce que nous voulons corriger.
La deuxième considération était à l'effet
que le centre hospitalier est différent d'un centre de service social et
que si un seul groupement est pensable au niveau du centre de service social,
au niveau du centre hospitalier l'aspect médical est, dans la
définition même du centre, prioritaire.
La troisième considération est que l'approche
multiprofessionnelle préconisée par la commission d'enquête
semble au collège et il le croit même fermement
être une des voies possibles de l'avenir, et la structure voulue par le
bill 65 devrait favoriser cette approche.
La quatrième considération est à l'effet qu'il nous
faut quand même être pratique et éviter une situation
où règnerait la confusion, qui voudrait que seule la
théorie en ait pour son lot. Il nous semble que le malade est loin de la
théorie et que, dans ses besoins quotidiens, il a besoin d'autre
chose.
La cinquième considération est à l'effet que
certaines régions de la province et je pense en particulier
à la région des Cantons de l'Est certaines disciplines
je pense en particulier à la physiatrie ou à la
psychiatrie sont plus mûres que d'autres pour accepter une
intégration complète des professionnels dans la vie de
l'institution et entre eux.
La sixième considération, peut-être la
dernière qu'on pouvait trouver, mais quand même la plus profonde,
est qu'au fond, on a beau réfléchir, on a beau avoir
visité à peu près tous les hôpitaux de la province,
fondamentalement il y a trois types de personnes et on l'a dit ce matin
qu'on n'a jamais pu ne pas voir dans un hôpital: ce sont les
malades, les médecins et les infirmières.
Il y a des hôpitaux sans travailleurs sociaux, je dis ceci sans
les blâmer; il y a des hôpitaux sans psychologues; il y a des
hôpitaux sans spécialistes en radiologie, sans techniciens, mais
il y a toujours des malades, des médecins et des infirmières.
Cela nous semblait une considération bien commune, bien terre à
terre, mais dont il fallait tenir compte.
Finalement, comme dernier commentaire sur les considérations, je
vous rappelle tout le temps qu'à notre sens, l'article 1 j), quant
à la définition des professionnels, ne nous facilite pas les
suggestions à ce niveau, vu son ambiguïté.
Devant toutes ces considérations, nous avons émis un
certain nombre d'hypothèses, et je les résume rapidement. Il y en
a cinq et nous avons retenu la cinquième. La première
hypothèse était de réunir tout ce monde-là, de
créer un conseil unique où tous les professionnels, au sens
très large du terme, en incluant les infirmières, etc., sont
inclus. A ce moment-là on arrive à une structure monstrueuse
quant au nombre. Deuxièmement on ne respecte pas certaines des
contraintes énumérées antérieurement quant à
la confusion d'une telle structure, quant au fait que l'aspect médical
doit quand même être particularisé dans l'institution. Nous
avons, pour ce fait, rejeté cette hypothèse.
La deuxième hypothèse était de créer un
conseil unique mais avec une définition restrictive des professionnels
afin d'en éliminer suffisamment pour arriver à une participation
de tous, mais le terme "de tous" étant défini de façon
très restrictive. Nous avons rejeté cette formule dans un but
bien particulier, c'est que nous voulions éviter à tout prix que
l'infirmière soit éliminée des professionnels de
l'institution.
La troisième hypothèse était un conseil unique avec
des infirmières mais où la majorité absolue est
composée de médecins. C'est l'hypothèse du rapport de la
commission d'enquête sur la santé et le bien-être. Nous
avons retenu un certain temps cette hypothèse et nous vous soumettons
humblement que notre expérience nous porte à dire que le climat
n'est pas mûr et que ce n'est pas une loi qui doit donner la
majorité à un groupe quelconque, mais, à l'usage, le
leadership des gens qui sont touchés dans chacun des secteurs.
La quatrième hypothèse, que nous avons rejetée
aussi, c'était le statu quo. Je pense ne pas avoir à fournir
d'explications sur le rejet de l'hypothèse, étant donné
les considérations initiales.
Il nous en restait une cinquième et c'est celle que l'on
préconise, celle de deux conseils: l'un formé de médecins
et de dentistes; l'autre, des autres professionnels, dans notre esprit,
majoritairement d'infirmières. Ces deux conseils, on voudrait les voir
apprendre à vivre ensemble, en ayant les mêmes
responsabilités; en les obligeant, par la loi et non dans les
règlements, à siéger à un comité mixte, en
confiant au directeur des services professionnels, comme j'allais dire
unique rôle, de favoriser cette intégration et de
l'intensifier localement, en demandant que les présidents élus de
chacun de ces deux conseils siègent tant au conseil d'administration
qu'au comité administratif et qu'au comité mixte. Il nous semble
que quand on aura fait ce pas en avant, on pourra prendre une des autres
hypothèses. C'est l'explication de nos deux conseils, M. le
Président.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a
l'intention de prendre en considération les remarques qui viennent
d'être formulées?
M. CASTONGUAY: Sur cette question des structures internes des
institutions, nous allons avoir plusieurs autres représentations. J'ai
déjà lu d'autres mémoires. L'idée qui est
exprimée ici est certainement valable, mais avant de formuler une
opinion, j'aimerais entendre aussi ce qu'auront à dire d'autres groupes
qui sont aussi au sein des hôpitaux ou des institutions.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres membres ont des questions à
poser au Collège des médecins et chirurgiens?
M. LAURIN: M. le Président, j'avais posé au ministre une
question, avant l'interruption de la séance, sur le paragraphe de
l'article 4, à laquelle il a répondu qu'on n'entendait pas
confier à l'ORAS des pouvoirs qui excédaient la présente
loi.
A ce moment-là, je voudrais lui poser une question: Si ce n'est
pas l'intention du ministère, quelle est l'utilité de laisser
dans la présente loi cette partie de paragraphe?
M. CASTONGUAY: M. le Président, si j'ai répondu ce matin
que c'était impossible, c'est
que nous n'avons pas l'autorité en vertu d'une loi de confier
à un organisme plus de pouvoirs que la loi ne permet de lui en confier.
C'est pour cela que j'ai répondu négativement ce matin à
votre première question.
Quant à la seconde question, nous retrouvons ce type de
dispositions vis-à-vis de plusieurs organismes. Il s'agit,
évidemment, d'accomplir des devoirs et d'exercer des pouvoirs qui se
situent d'abord à l'intérieur des limites de la loi et aussi
à l'intérieur de la fonction générale de l'office,
mais qui n'auraient pas été détaillés de
façon spécifique aux autres alinéas de l'article 4. Est-ce
qu'il y a lieu de les préciser davantage? Je ne suis pas en mesure de
juger. Les légistes, je pense, peuvent donner la réponse à
cette question.
M. LAURIN: M. le Président, une autre question au ministre. J'ai
écouté avec intérêt à nouveau la lecture de
la déclaration du Solliciteur général, ainsi que les
interventions qui ont succédé de la part du ministre et du
collège. Est-ce qu'il faut entendre que le contenu de l'article 133 en
ce qui concerne la réglementation des activités se conforme
à la loi organique des professions ou du Collège des
médecins ou à la loi médicale dont le ministre ne se sent
pas le droit de dévoiler le contenu actuellement?
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous pourriez être plus
spécifique? Cet article contient toute une série
d'alinéas.
M. LAURIN: En ce qui concerne les paragraphes b), i), j), k), r), s),
t). En somme, tous les articles où la connotation professionnelle est
explicite ou implicite.
M. CASTONGUAY: Je reviens à ce que j'ai dit ce matin. Ce n'est
pas notre intention d'enlever au Collège des médecins et
chirurgiens le contrôle de l'acte médical. A partir de cela,
prenons le sous-article t) où il est dit: "Définir un cabinet de
médecin ou de dentiste." Nous avons introduit ce sous-article pour
pouvoir, à l'aide de ce règlement, exclure les cabinets de
médecin et de dentiste de l'application de la loi. Si l'on craint que,
par ce sous-article, nous voulions introduire les cabinets privés, nous
l'enlèverons tout simplement, mais le principe général est
affirmé. Dans le cadre de la rédaction précise, si on
trouve que cela va contre ce principe, nous sommes prêts à
réviser la rédaction des dispositions.
M. LAURIN: Ma question s'adresse au Dr Leboeuf. Je vois que, dans votre
recommandation no 6, vous dites: "Qu'on ajoute aux fonctions et pouvoirs de
l'ORAS ceux que la commission d'enquête sur la santé et le
bien-être recommande dans son volume 4, tel que rapporté aux pages
12, 13 et 14 du présent mémoire." Quelles sont les raisons qui
vous incitent à recommander qu'on ajoute aux pouvoirs actuels de l'ORAS,
tels que prévus dans le projet de loi, les pouvoirs qui sont
mentionnés dans le rapport de la commission d'enquête et dans
votre mémoire?
M. LEBOEUF: M. le Président, pour nous, c'est fondamental. C'est
tout le problème de la décentralisation. Sans ces pouvoirs, si
jamais on retire aux offices les pouvoirs d'enquête et de
réglementation dans l'ordre de l'exercice professionnel, on se demande
pourquoi les offices existent. Ils deviennent une structure qui risque
seulement d'alourdir le système et de devenir un palier
intermédiaire entre les institutions et le ministère. Pour
réellement décentraliser nous y croyons sincèrement
à la décentralisation pour l'efficacité et la
qualité et pour rapprocher les niveaux de décision des
besoins, il nous a semblé que les recommandations de la commission
étaient parfaites à ce niveau-là. C'est pour cette raison
que nous les avons citées in extenso.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une dernière question à
poser aux représentants du Collège des médecins. Sont-ils
d'avis que ce projet de loi, une fois adopté, apportera tellement de
modifications qu'il doive entrer en vigueur par étapes,
c'est-à-dire qu'on doive faire un test, un projet pilote, dans une
région en particulier, avant de l'étendre à l'ensemble du
Québec? Si oui, quelle serait, dans leur esprit, compte tenu de leur
expérience, compte tenu des connaissances et des responsabilités
qu'ils ont, la région du Québec qui devrait servir de territoire
pilote pour l'entrée en vigueur de cette législation?
M. LEBOEUF: M. le Président, si vous me permettez, c'est presque
une question de $64! Tout dépendra de la teneur finale du bill
adopté, d'une part. Par ailleurs, vu l'importance, de toute
façon, de la réforme vers laquelle nous nous en allons tous, je
pense que la sagesse voudrait qu'il soit plus prudent de procéder par
étapes. Cependant, je pense que seule la teneur finale du bill permettra
de savoir si, dans les faits, c'est possible. Est-il possible de cerner une
région de la province et de l'exclure du reste du système? Je me
demande si les chaos créés par une telle situation ne seront pas
au moins analogues à ceux créés par l'implantation
générale. Un texte qui modifierait moins en profondeur les
structures actuelles, c'est peut-être plus à ce niveau que je
verrais la prudence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce matin, dans le mémoire ou dans les
réponses qui ont été données, vous avez
mentionné qu'il y aurait, probablement, des régions où
l'intégration des professionnels serait plus facile. Cette constatation
vous a été inspirée par l'expérience, par ce que
vous connaissez. C'est ce qui m'a amené à poser cette question.
D'ailleurs le ministre
lui-même, au cours de l'étude des prévisions
budgétaires du ministère, au moment où il
commençait à dévoiler le contenu de la législation
ce qui nous a incités à lui demander de dévoiler le
contenu d'autres législations, aujourd'hui avait dit qu'il
était d'avis que cela devait subir, aussi, une certaine
expérience avant d'être généralisé. Cela
faisait partie, je pense bien, de l'orientation qu'il voulait donner au projet
de loi no 65. Avant de trop généraliser, faire des
expériences pilotes, peut-être, avant de l'étendre à
tout le territoire.
M. CASTONGUAY: J'aimerais revoir le journal des Débats. J'avais
à l'esprit, par exemple, les organismes régionaux, les offices
régionaux, l'implantation des centres locaux, des services
communautaires. Est-ce qu'à ce moment-là j'ai mentionné
autre chose? Je vérifierai attentivement le journal des Débats
pour que le député de Montmagny ne m'en fasse pas dire plus que
je n'en ai dit.
M. LEBOEUF: Un autre commentaire, M. le Président. Du moins au
niveau des centres locaux, étant donné l'état les
mots sont dans le journal des Débats expérimental et
embryonnaire de la chose, il nous apparaît très prudent de
procéder lentement c'est dit dans notre mémoire et,
après un certain temps d'expérience, de faire le point devant la
présente commission, pour permettre à tous les
intéressés de se faire entendre.
Pour ce qui est du rappel de ce que j'ai dit antérieurement quant
à l'intégration des professionnels, les uns par rapport aux
autres, plus facile dans certaines régions, ce n'est pas pour rien que
je me suis levé avant mon vice-président. La région que je
pense, actuellement, la plus mûre pour accepter une intégration et
une approche multiprofessionnelle est la région de Sherbrooke parce que
dans cette région existent des structures, depuis quelques
années, qui ont su motiver la population, quant à notre
expérience, au collège, à accepter des formules
innovatrices. Comme le Dr Gosselin est de Sherbrooke, je ne voulais pas lui
créer l'embêtement de le dire lui-même.
M. LE PRESIDENT: Je remercie les porte-parole du Collège des
médecins et chirurgiens. J'inviterais maintenant la
Fédération des services sociaux à la famille du
Québec.
M. GOSSELIN: Juste un mot, M. le Président, pour vous remercier
sincèrement, vous particulièrement, de votre bienveillance. Nous
pensons avoir sensibilisé les membres de la commission sur des
problèmes réels. Nous pensons vous avoir donné des
propositions concrètes, constructives. Tout ce qu'il nous reste à
souhaiter, c'est qu'on en tienne compte. Merci à vous, M. le
Président, et merci aux membres de la commission.
M. LE PRESIDENT: C'est très bien.
Fédération des services sociaux à
la famille du Québec
M. HEBERT: M. le Président, M. le ministre, MM. de la
commission...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
M. HEBERT: ... mon nom est Gilles Hébert. Il me fait plaisir, au
nom de la Fédération des services sociaux à la famille du
Québec, de vous présenter notre mémoire.
J'ai avec moi M. Roger Prud'homme, qui est le premier
vice-président de la Fédération des services sociaux, et
M. Luc Malo, qui est président du comité provincial chargé
de l'étude du projet de loi no 65 et de la rédaction du
présent mémoire.
La fédération est un organisme qui groupe 41 services
sociaux à travers la province, au sein desquels travaillent environ
2,500 personnes et où l'on retrouve 600 administrateurs
bénévoles administrant ces 41 organismes qui forment notre
fédération.
Le mémoire que vous avez devant vous est le fruit de
consultations régionales malgré le peu de temps mis à
notre disposition. Ces assemblées se sont tenues à
Montréal, Québec et Rimouski et 40 des 41 organismes y ont
participé activement.
C'est donc un réel travail de participation, comme le projet de
loi no 65 veut l'être. Cette procédure d'étude et de
consultation adoptée par la FSSF permet donc de conclure que le
mémoire reconnaît que le projet de loi no 65 constitue un effort
indiscutable d'organisation, de planification et de coordination des services
de santé et des services sociaux du Québec.
Ces préoccupations de l'Etat dans le domaine des affaires
sociales reçoivent évidemment l'approbation entière de la
Fédération des services sociaux à la famille du
Québec qui au cours des dernières années s'est
elle-même attaquée à de semblables objectifs et a fait
auprès du gouvernement, par ses mémoires réguliers et par
des consultations mensuelles avec le ministère, des pressions
régulières pour que s'instaurent au Québec des organismes
de coordination et une meilleure application de toutes les lois sociales qui
existaient à ce moment.
Ce n'est donc pas nouveau pour nous et nous croyons que le projet de loi
no 65 est indiscutablement un effort dans ce sens.
Ces différentes sessions de nos organismes les amenèrent
à considérer les problèmes de décentralisation des
pouvoirs, de participation des communautés, de coordination,
d'accessibilité et d'universalité surtout des services
répartis actuellement dans 41 bureaux d'administration
générale et 126 sous-bureaux de distribution de services.
Malgré leur bon vouloir, malheureusement, les
disponibilités financières ont toujours freiné la
consolidation des services existants de chacu-
ne des agences et la réalisation des programmes mis sur pied par
les agences. Il faut bien se le dire, de façon concrète, les
agences de service social ont toujours été traitées en
parents pauvres au Québec dans tout le système de bien-être
et de santé de chacun des gouvernements qui ont existé. Nous
n'avons qu'à vérifier les sommes qui étaient
attribuées à la santé et celles qui étaient
attribuées aux services sociaux dans la province, qui étaient les
seuls à répondre aux demandes de la population.
Nous croyons que le bill 65 est un bon instrument de participation, du
moins en partie, et d'efficacité administrative. Il représente,
évidemment, un défi de taille. C'est dans cette perspective que
nous l'avons étudié et que nous vous soumettons nos commentaires,
déplorant toutefois que le volume 6 de la commission Castonguay-Nepveu
ne soit pas encore publié.
Cependant, nous tenons à préciser que nous nous
interrogeons sérieusement sur les structures proposées et sur
leur mode de fonctionnement dans le but d'atteindre les objectifs visés
et pour résoudre les dilemmes contrôle-adaptabilité des
services, surtout la participation, la gestion et la polyvalence des services
spécialisés.
Le chapitre premier de notre mémoire traite de certains points
qui nous sont apparus fondamentaux; d'autres points, bien que plus techniques,
mais non moins importants, font l'objet d'un deuxième chapitre. Je vous
ferai grâce, évidemment, des considérants qui
précèdent chaque recommandation. Je me limiterai à vous
soumettre les recommandations elles-mêmes qui sont contenues au premier
chapitre du mémoire. Au deuxième chapitre, apparaissent, sur
chacun des articles, soit des commentaires, soit des questions ou des
recommandations.
La première recommandation concerne le droit des citoyens aux
services de santé, aux services sociaux et à la commission
d'appel. Ces recommandations se lisent comme suit:
Nous recommandons que le projet de loi no 65 reconnaisse à tout
citoyen de l'Etat du Québec, quels que soient sa race, sa couleur, son
sexe, son âge, sa langue, sa religion et ses opinions politiques, le
droit aux services de santé et aux services sociaux.
Deuxième recommandation: Que le projet de loi no 65 assure
à tout groupe la protection sociale et lui reconnaisse le droit à
des services de santé et à des services sociaux.
Troisième recommandation: Que le projet de loi no 65 contienne un
mécanisme de révision relatif à toute décision
à caractère individuel et de nature administrative rendue par les
différentes instances du réseau proposé.
Nous recommandons également que le projet de loi institue une
commission d'appel apte à recevoir les plaintes relatives aux
décisions de caractère individuel et de nature administrative qui
émanent de tous les organismes du réseau, des services de
santé et des services sociaux. Enfin, sous ce titre, que cette
commission soit composée de représentants d'organismes et de
disciplines travaillant dans le réseau des services de santé, des
services sociaux et des consommateurs de services.
Deuxième recommandation, concernant la décentralisation et
la délégation des pouvoirs. Nous recommandons il serait
peut-être intéressant de lire les considérants qui nous y
amènent, mais je ne veux pas vous retenir plus longtemps et je ne ferai
que lire les recommandations elles-mêmes, les considérants pouvant
expliquer chacune des recommandations qu'une véritable
délégation de pouvoirs de droit et de fait, correspondant aux
responsabilités qui leur sont octroyées, soit effectivement
donnée aux ORAS dans l'optique d'une véritable
décentralisation du ministère des Affaires sociales;
deuxième recommandation sous ce titre, que les pouvoirs accordés
au conseil d'administration des institutions soient élargis et plus
clairement définis dans la loi; troisième recommandation, que des
pouvoirs décisionnels réels soient délégués
au conseil d'administration des institutions à l'intérieur de
normes de rendement et de critères administratifs, par exemple, le
budget global; quatrième recommandation, que les institutions publiques
aient un droit d'appel sur les décisions administratives de l'ORAS que
les concernent.
A la troisième recommandation, il faut lire:
Représentation et composition des conseils d'administration. Nous
recommandons que l'ORAS, ni aucune autre instance supérieure, ne soit
représenté au conseil d'administration de chacune des
institutions du réseau; deuxième recommandation, qu'en
conséquence la composition des conseils d'administration des
différentes instances du réseau soit réexaminée. Je
vous réfère, à ce sujet, aux articles qui apparaissent
sous chaque recommandation et qui peuvent vous guider sur les recommandations
elles-mêmes à l'intérieur du mémoire.
Quatrième recommandation, concernant la participation, le
processus de formation des conseils d'administration des institutions
publiques. Nous recommandons que des critères
d'éligibilité et des modes de nomination soient clairement
définis en regard de la participation des citoyens aux conseils
d'administration des institutions publiques. Nous vous référons
à nos annexes 1 et 2 qui proposent des critères
d'éligibilité et des modes de nomination.
Cinquième recommandation, concernant les fonctions des services.
Nous recommandons que les critères d'attribution des "fonctions de
services" du réseau des institutions soient précisés dans
les règlements et, deuxièmement, que préalablement
à l'adoption de ces règlements un comité multipartite soit
immédiatement mandaté pour déterminer des critères
d'attribution des "fonctions de services" pour chaque élément du
réseau des services de santé et des services sociaux. Pour ce qui
regarde les services sociaux, vous trouverez, à l'annexe 3 du
mémoire, un essai de classification et de situation des fonctions de
services.
Sixième recommandation, sur la spécifi-
cité des services de santé et des services sociaux. Nous
recommandons que, tout en reconnaissant la complémentarité des
services de santé et des services sociaux, la spécificité
des uns et des autres soit respectée dans les structures et dans les
modes de fonctionnement.
Septième recommandation, concernant l'élaboration et la
révision des règlements.
Nous recommandons que le projet de loi no 65 contienne un
mécanisme de consultation avec des représentants des organismes
impliqués préalablement à l'adoption des règlements
par le lieutenant-gouverneur en conseil. De plus, deuxième
recommandation, qu'un mécanisme de consultation soit prévu dans
la loi no 65 pour fins de révision et d'amendement des
règlements.
Voici donc la première partie du chapitre; ce sont
évidemment les grandes lignes directrices de notre mémoire. Vous
retrouverez à la page 13 de ce mémoire, sous le chapitre Il, les
commentaires sur chacun des articles qui correspondent à ces
recommandations.
Je crois qu'à ce moment-ci vous avez les grands points. Nous
sommes à votre disposition si vous avez des questions à nous
poser, soit à moi-même ou à mes collègues.
Cependant, j'aimerais, pour les archives, qu'il soit possible d'inscrire au
procès-verbal de la commission les commentaires qui apparaissent sur
chacun des articles pour qu'on puisse plus tard s'y retrouver et
évidemment les annexes qui apparaissent au mémoire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission sont d'accord?
Très bien. (Voir Annexe A)
M. CASTONGUAY: M. le Président, je pense qu'il y a lieu de
remercier également la Fédération des services sociaux
à la famille pour cet excellent mémoire. Il y aurait
peut-être un mot à dire au tout début étant
donné un commentaire qui est fait à la fin de ce mémoire
sur le désir qu'aurait eu la fédération de participer plus
étroitement ou étroitement à la conception et à la
rédaction de ce projet de loi.
Ici, il y a une difficulté assez inhérente à la
préparation de bien des projets de loi, c'est celui que nous ne devons
pas en divulguer le contenu tant et aussi longtemps qu'il n'a pas
été présenté aux membres de l'Assemblée
nationale. En second lieu, il n'en demeure pas moins que, comme vous l'avez
souligné, même si un volume de la commission d'enquête n'est
pas encore public, dans le passé, des lois ont été
présentées touchant des sujets de même nature sans que,
nécessairement, ce soit précédé par les travaux
d'une commission d'enquête. Aussi, dans ce secteur, il y a l'apport, la
pensée, la participation, la contribution de nouveaux organismes, ce qui
nous a permis de puiser à diverses sources.
Quant à moi, il me semble que le mécanisme de la
commission parlementaire, tel que nous le vivons présentement, est en
fait une forme de consultation et de participation extrêmement valable,
c'est-à-dire que les membres de l'assemblée discutent, avant
même qu'on parle du principe du projet de loi en Chambre, toutes les
modalités du projet de loi. Je voulais simplement apporter quelques
commentaires pour faire ressortir certaines des difficultés que nous
avons de concilier ce besoin de consultation qui est ressenti, ce désir
de participation avec certaines des exigences du fonctionnement de toute la
machine législative.
Quant aux aspects spécifiques ou plus généraux que
vous avez soulignés dans vos recommandations, si vous me permettez, je
ferai quelques brefs commentaires. Lorsque nous avons rédigé le
projet de loi et ceci je l'avais mentionné lors de la
première séance de la commission nous avions pris comme
option de traiter uniquement de l'aspect organisa-tionnel sans, disons, donner
les objectifs visés ou encore les principes de base ou la philosophie
sous-jacente à ce projet de loi.
A la première séance de la commission, on a
souligné cet aspect du projet, on a souhaité que le projet soit
complété sur ce plan et j'ai dit, ce matin, qu'après
étude de la question il m'apparaissait possible de répondre
positivement. De la même façon, cette nouvelle dimension
s'insé-rant dans le projet de loi, je crois qu'il nous est maintenant
aussi possible de retenir, pas nécessairement dans la forme
spécifique où c'est rédigé ici, la
nécessité de reconnaître les droits des individus face aux
services sociaux et aux services de santé.
L'option qui avait été prise ne nous apparaissait pas, au
plan de la rédaction, nous permettre ceci, mais maintenant, à la
suite des suggestions qui ont été faites, nous allons
compléter le projet sur ce plan. Il m'apparaît aussi
extrêmement valable, comme vous l'avez suggéré, que nous
pensions à préciser, à tout le moins dans les limites du
possible, les droits de la population vis-à-vis des services, se
rappelant, toutefois, certaines réserves qu'ont faites bien des auteurs
sur cette question, à l'effet qu'il s'agit de droits sociaux et qu'ils
ne peuvent être considérés aussi strictement que certains
autres types de droits, comme les droits civils, les droits personnels.
Quant à la question de la décentralisation, elle revient
à nouveau et c'est peut-être le moment de faire quelques
commentaires également. Nous sommes bien conscients du fait que la
commission d'enquête recommandait qu'une décentralisation plus
grande que celle qui est proposée dans ce projet de loi s'effectue. J'ai
eu l'occasion de discuter de cette question à l'occasion de la
récente conférence des ministres de la Santé, à
Terre-Neuve, parce que cette préoccupation n'est pas particulière
au Québec. Certaines des difficultés que nous rencontrons sont
vécues également dans la plupart des autres provinces, sinon
toutes les autres. S'il ne nous a pas été possible de la faire
dans une première
étape parce que je crois aussi qu'on doit rappeler, comme
il a été souligné, qu'il serait peut-être sage de ne
pas tout faire dans une seule étape nous partageons, dans une
certaine mesure, ce point de vue. A cause des contraintes et des
difficultés que je vais exposer, nous avons pensé que, dans une
première étape, les offices régionaux ne devraient pas
comporter plus de pouvoirs que ceux qui sont indiqués dans le projet de
loi ou des fonctions plus grandes que celles qui y sont indiquées.
Ces deux plus grandes difficultés, sans entrer dans certaines
autres que je pourrais exposer, sont les suivantes: la première c'est
qu'il n'existe pas, dans le domaine de la santé et je ne crois
pas, pour ma part, qu'il serait opportun de le faire à ce stade-ci
un système de taxation sur une base régionale ou locale.
On sait fort bien que c'est une vieille règle mais c'est difficile d'en
trouver une plus valable qui pourrait la remplacer. Lorsqu'on dépense
des deniers publics, généralement on doit obtenir les fonds
nécessaires. Le même organisme qui les dépense, de
façon générale, doit obtenir ces deniers par voie de
taxation, et pour pouvoir taxer, il faut, normalement, être élus.
Dans notre système, c'est une des premières difficultés.
Je la mentionne et j'aimerais que l'on puisse en discuter à nouveau au
sein de la commission parce qu'elle m'apparaît comme étant de
taille. Il nous faut rendre compte à l'Assemblée nationale de
l'utilisation des budgets qui sont consacrés à ce secteur comme
à n'importe quel autre, d'ailleurs. Il nous faut être bien
responsables. C'est là qu'il y a un problème sérieux.
Un second problème qui, je crois, mérite d'être
mentionné, parce qu'on a fait état de certaines
difficultés que nous pourrions rencontrer si nous procédons trop
rapidement à divers plans avec le bill 65, c'est celui de s'assurer que
ces offices qui assumeront des fonctions soient dotés de personnel non
pas seulement compétent au plan académique, mais aussi
compétent dans le domaine administratif. Sur ce plan, je crois que
plusieurs parmi nous, aussi bien au sein des institutions, à tout le
moins en tout cas, au sein du ministère, vivent l'expérience d'un
recrutement difficile de personnel compétent. Il s'agit d'un domaine
complexe, d'un domaine assez hautement spécialisé et il y a
là également une autre difficulté.
Je voulais simplement le mentionner pour qu'on ne considère pas
que, si nous ne sommes pas allés plus loin, c'était dû
à un changement fondamental d'orientation de notre part ou à des
objections de principe.
Il y a là deux problèmes qui sont, à notre avis,
réels.
Quant aux autres recommandations, j'aimerais poser une couple de
questions à M. Hébert. En ce qui a trait aux droits des citoyens,
à la page 5, paragraphe c), on dit: "que le projet de loi 65 contienne
un mécanisme de révision relatif à toute décision
à caractère individuel et de nature administrative rendue par les
différen- tes instances du réseau proposé." J'aimerais
qu'il explicite davantage ce qu'il a en vue compte tenu du fait qu'on peut, par
une interprétation qui est peut-être fausse, penser que des
décisions à caractère individuel pourraient porter sur des
services rendus où les collèges seraient peut-être les
organismes aptes à juger ou à entendre les plaintes et à
les recevoir. De la même manière, lorsque nous touchons aux
décisions de nature administrative, quelle décision a-t-il
à l'esprit, compte tenu des comités qui sont formés dans
les conventions collectives pour entendre les griefs, etc?
C'est un premier point que, je pense, il sera intéressant
d'éclaircir ou de clarifier. Un autre point, sans vouloir reprendre tous
les aspects. A la recommandation no 5, au paragraphe a), on dit: "Que les
critères d'attribution des fonctions de services du réseau des
institutions soient précisés dans les règlements." A ce
sujet, je voudrais simplement soulever une question qu'il m'apparaît
aussi nécessaire d'examiner. Je pense qu'il est important que les
fonctions assumées par diverses institutions soient bien
précisées de telle sorte que chacun puisse savoir exactement
quels sont les services rendus, quel est le personnel requis, les ressources,
etc. Est-ce que, par le processus des ententes qui peuvent lier les services au
ministère, la délivrance des permis, nous n'avons pas un
mécanisme qui peut permettre de faire cette précision entre le
ministère ou les offices régionaux et les institutions, au lieu
d'essayer de procéder par des critères trop précis qui
viendraient tout figer? Je me souviens de certains secteurs où on a
voulu introduire un certain degré de dynamisme en précisant les
tâches de groupes professionnels ou de groupes de travailleurs. On a
fixé les choses de façon assez rigide et on a davantage
compliqué qu'assoupli les mécanismes. Je pourrais donner un ou
deux exemples très précis que j'ai à l'esprit.
Je me demandais pourquoi on croyait que de tels critères seraient
nécessaires plutôt que cette précision des fonctions par
entente avec chaque organisme. Pour le moment, ce sont les deux questions que
je pose.
M. HEBERT: M. Roger Prud'homme va répondre à cette
question, M. le ministre.
M. PRUD'HOMME: M. le Président, quant à la première
question du ministre, à savoir pourquoi la fédération
recommande qu'il y ait une commission d'appel apte à recevoir des
plaintes relatives aux décisions à caractère individuel et
de nature administrative, etc., nous nous référons
particulièrement à une remarque indiquée dans le dernier
rapport du Protecteur du citoyen dans lequel il mentionne que, depuis qu'il y a
une commission d'appel, entre autres, par la Loi de l'aide sociale, le nombre
de plaintes qu'il reçoit a diminué considérablement et
que, par le fait même, les gens reçoivent une décision de
la commission
d'appel de l'aide sociale beaucoup plus appropriée et
peut-être plus rapide que cela pourrait l'être dans le cas du
Protecteur du citoyen, même si la loi l'oblige à répondre
dans une période relativement courte.
D'autre part, nous avons aussi pensé qu'il pourrait être
essentiel pour les clients, particulièrement ceux qui s'adresseront au
réseau de base, soit aux centres locaux de services communautaires, pour
une procédure tout simplement administrative, de prévoir, dans
cette commission d'appel, une étape au préalable, à savoir
qu'il pourrait y avoir un appel à la direction de ces centres pour voir
s'ils ne peuvent pas régler immédiatement le grief du client et,
également, s'assurer qu'il pourra recevoir une réponse à
sa demande dans les plus courts délais possible.
Egalement, nous pensons qu'une commission d'appel sur les services, les
éléments du réseau proposé faciliterait les
adaptations et les amendements qui pourraient à la fois s'ajouter au
projet de loi no 65 et aux règlements et permettrait d'avoir une
meilleure connaissance ou une réaction de la clientèle
lorsqu'elle se trouve en difficulté pour recevoir des services.
L'expression "à caractère individuel" signifie pour nous
que ce sont des clients, des individus ou des patients qui désirent
savoir où ils pourraient s'adresser afin d'avoir une réponse
à une demande, lorsqu'il y a eu une insatisfaction dans
l'immédiat.
Nous avons aussi, un peu plus loin, à l'article qui suit,
pensé que cela pourrait être le rôle de la même
commission, à savoir que les institutions publiques, à la suite
de décisions de l'ORAS, pourraient et devraient avoir le droit de faire
appel des décisions de l'ORAS au lieu de suivre tous les cheminements
parfois difficiles de la bureaucratie.
Egalement, en relation avec la recommandation en ce qui concerne les
institutions publiques et la commission d'appel, nous avons ajouté un
article, à savoir que l'ORAS devrait on le retrouve dans la
deuxième partie de notre mémoire justifier ses
décisions au lieu de formuler tout simplement des recommandations. Nous
pensons que ce processus pourrait simplifier et éviter
énormément de conflits qui pourraient se créer s'il n'y a
que des recommandations.
A la deuxième question qu'a posée M. le ministre, lorsque
nous recommandons que les critères d'attribution des fonctions de
services du réseau des institutions soient précisés dans
les règlements, nous voulons, par ce fait même, qu'il puisse y
avoir, si vous nous permettez l'expression, un paramètre ou, du moins,
un cadre dans lequel les communautés pourraient savoir quels sont les
prérequis pour avoir un centre de services local et, également,
qu'il puisse être mieux défini quelles pourraient être les
relations, tout en ayant une souplesse, entre les centres locaux de services
communautaires, les centres hospitaliers et les CSS. Nous savons, avec
l'expérience, que la grenouille veut se faire boeuf. Alors nous
prévoyons qu'également il faudrait éviter les
complications qui pourraient se poser et qui sont bien humaines dans les
circonstances.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny et le
député de Dorchester.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais, à
l'instar du ministre, souligner la qualité des mémoires qui nous
sont présentés: celui-ci et le précédent, celui du
Collège des médecins, et les autres qui nous viendront par la
suite. Votre document comporte même des annexes extrêmement
intéressantes, qui éviteront aux membres de la commission
certaines compilations fastidieuses, qui auraient demandé du temps. Nous
vous en remercions.
Au début, Me Hébert, vous avez parlé de 600
administrateurs bénévoles qui oeuvrent au sein des conseils
d'administration de vos 41 organismes. De quelle façon sont
recrutés ces membres des conseils d'administration?
A quels groupes particuliers appartiennent-ils?
M. HEBERT: D'abord, je dois vous rappeler je ne l'ai pas
mentionné, en fait les propos de la page 2 du mémoire
où il est dit justement qu'en 1969 la fédération a fait un
énorme travail dans toutes les régions de la province pour que
les conseils d'administration de chacune des agences deviennent de plus en plus
représentatifs de la population du milieu.
Comme vous le savez, dans la plupart des agences des lai'ques ont
assumé la part qui était autrefois celle du clergé.
Autrefois, les services sociaux relevaient des corporations épiscopales
et, suivant la nouvelle orientation, le clergé a décidé de
remettre aux lai'ques l'administration des services sociaux alors qu'ils
jouaient jusqu'à ce moment un rôle de suppléance.
Ceci ne s'est fait que tout dernièrement dans bien des cas. Il
s'agissait pour nous de revaloriser tous ces conseils d'administration, de les
rendre de plus en plus représentatifs. Je dois vous dire que dans la
plupart des conseils d'administration les membres sont choisis par la
population locale qui vient assister aux assemblées
générales et qui vote la formation du conseil d'administration.
C'est ce qui se fait dans la plupart des cas et c'est pour cette raison que la
fédération a voulu intensifier le travail de
représentativité. Ce n'est pas parfait, nous l'admettons. Cela
prend beaucoup de temps; ce sont des bénévoles qui ne
reçoivent aucun salaire pour leur participation au conseil
d'administration et, comme vous le savez, il est de plus en plus difficile d'en
trouver aujourd'hui.
Cependant, toutes les couches de la population sont
généralement représentées au conseil
d'administration de chacune des 41 agences qui forment la
fédération. Ce n'est pas parfait, je
l'admets, mais nous tendions vers ce but et nous continuons notre
travail pour que cela devienne de plus en plus démocratique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je fais un calcul rapide, avec 41
organismes, vous avez 600 administrateurs, cela donne une moyenne d'environ une
quinzaine d'administrateurs par organisme. Vous tenez des réunions
fréquentes. Tenez-vous également des réunions publiques
annuelles actuellement? Vous verrez tout à l'heure où je veux en
venir avec cette question.
M. HEBERT: Les 41 corporations dont je vous parle sont formées en
vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies.
Généralement, elles ont une assemblée annuelle
d'information et ensuite une assemblée des membres de la corporation qui
choisit le conseil d'administration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien de personnes en moyenne assistent
à ces réunions qui choisissent les membres de la corporation?
M. HEBERT: C'est très difficile à dire...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela dépend...
M. HEBERT: Je n'ai pas les statistiques mais j'ai été
moi-même président du service social métropolitain sud
à Longueuil et lors de ces assemblées nous convoquions entre 200
et 300 personnes. Cependant, elles n'étaient pas convoquées
individuellement. Je me souviens d'avoir fait une campagne pour recruter de
nouveaux membres et de nouvelles personnes en convoquant des assemblées
par la voie des journaux, de la radio, etc. Il est très difficile
d'obtenir la présence de plus de 250 à 300 personnes
malgré tout le travail que nous faisons. C'est un travail
bénévole; il y a donc moins d'intérêt que lorsqu'on
assiste à une réunion politique ou autre où l'on peut
avoir un intérêt plus près.
Ces gens-là d'ailleurs, s'ils sont choisis, seront obligés
d'assister à une ou deux réunions par mois...
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait de réunions, ne vous trompez
pas, il y a des réunions politiques où il n'y a pas
grand-monde.
M. CASTONGUAY: Il y en a aussi où il y a passablement de monde.
Vendredi dernier, à Hull, entre autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a certainement des endroits au
Québec où le ministre est désiré.
Sur ces réunions d'information que vous tenez, pourrions-nous
avoir quelques précisions, étant donné que le projet de
loi fait mention de réunions obligatoires d'information?
Est-ce qu'il est assez difficile de garder un certain équilibre
dans ces réunions, dans ce sens que ce sont des réunions
d'information?
Est-ce que l'information ne s'en va que dans une direction ou s'il y a,
de la part de ceux qui assistent à la réunion, une participation
vraiment active? Est-ce qu'il y a un retour aussi d'informations de la part de
ceux qui assistent?
M. HEBERT: Il n'y a pas que ces réunions du conseil
d'administration ou ces réunions annuelles d'information. Par exemple,
au cours de l'année plusieurs autres réunions sont tenues comme
la réunion générale des parents adoptifs où vous
allez retrouver, encore une fois, 200 à 300 personnes; la réunion
d'assistés sociaux où on va leur expliquer nous l'avons
fait dans plusieurs agences la nouvelle Loi d'aide sociale. Nous nous
adressons en fait, aux clients, et en plus des assemblées
générales annuelles auxquelles participe la population en
général, il y a, au cours de l'année, des
assemblées spécifiques sur différents sujets.
Cela peut être j'ai parlé des parents adoptifs
aussi en milieu scolaire, parce qu'il y a un service social scolaire
également dont s'occupent nos agences dans les différentes
régionales de la province, lorsque nous avons suffisamment de personnel,
évidemment. Il peut y avoir aussi, organisées par le travailleur
social, des réunions d'étudiants, alors le nombre est difficile
à préciser.
Il y a au cours de l'année, différentes réunions
organisées par l'agence sur chaque sujet ou dans chacun des milieux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les dispositions du projet de loi,
en ce qui concerne particulièrement la provenance de différents
groupes particuliers bien identifiés d'ailleurs vous avez fait la
compilation dans un tableau à la fin du volume tenant compte de
la composition de vos conseils d'administration, sont facilement conciliables
avec ce qui existe déjà chez vous, aux conseils d'administration,
ou si vous avez été obligés de chambarder passablement vos
conseils d'administration?
M. HEBERT: Nos conseils d'administration vont être
chambardés, sans aucun doute. Nous espérons que ce sera pour le
mieux, nous sommes prêts au changement dans chaque endroit, à
condition, comme nous l'avons mentionné, et nous le soulignons, que
l'ORAS évidemment M. le ministre a apporté tantôt
les explications sur la recommandation que nous avons faite qui est
l'organisme central, ne fasse pas de dirigisme jusqu'au dernier échelon
des institutions sur lesquelles il y a un contrôle.
A ce moment-là nous pourrons avoir véritablement une
représentation de la population.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez
certainement pas fait la compilation, mais est-ce qu'un rapide coup
d'oeil vous permettrait de dire que 75 p.c. des membres de vos conseils
d'administration seraient remplacés par des nouveaux membres, à
la lumière des critères énoncés dans le projet de
loi?
M. HEBERT: M. Prud'homme va vous donner des statistiques.
M. PRUD'HOMME: Il est possible qu'il y ait un changement complet des
membres de conseils d'administration. Ce qu'on peut souligner, peut-être,
c'est qu'une grande partie de la population risque de ne pas être
représentée, malgré le souci du présent bill
à l'heure actuelle, en ce sens que pour pouvoir d'une part, avoir une
participation directe ou indirecte au sein des conseils d'administration
prévus par le bill, il faudra au moins une qualité qu'on peut
retrouver en deux autres, c'est-à-dire celle de participer à un
groupe professionnel concerné par un des éléments du
réseau ou être membre d'une association quelconque ou d'un groupe
socio-économique. Il y a beaucoup de personnes qui, à l'heure
actuelle, ne font partie d'aucune association et c'est la grande
majorité lorsqu'on prend l'ensemble de la population et nous
pensons particulièrement aux dames et aux mères de famille qui
sont un groupe sous-représenté à l'heure actuelle dans la
société.
C'est pourquoi, dans notre mémoire, nous suggérons,
à la recommandation 4, et avec des articles et un modèle bien
précis, que, chaque année, au moment de l'assemblée
d'information des centres locaux de services communautaires, il puisse y avoir
élection des membres qui n'appartiennent pas à un groupe qui
procéderait à des suggestions de noms venant de groupes
socio-économiques sur le plan local ou régional. Et
l'assemblée de centres locaux pourrait, de cette façon-là,
regrouper des éléments de la population non
représentés par des groupes soit professionnels ou des groupes
socio-économiques mais qui seraient des éléments actifs et
valables au sein de la population et au sein de ces conseils
d'administration.
On suggère que ça puisse se faire au niveau des CLSC afin
que ça puisse être le plus près de la population. C'est
dans le même esprit qu'on propose, un peu plus loin, que les noms qui
pourraient être suggérés par des groupes
socio-économiques puissent être adressés directement au
centre local, au CH, au CSS ou à l'ORAS qui, eux, se chargeront
d'amasser toutes les suggestions qu'ils auront reçues soit de citoyens
non regroupés, soit de groupes socio-économiques ou des groupes
de professionnels pour les retransmettre au ministre. Ils pourront
également, peut-être, suggérer des modalités,
étant donné qu'il n'y a pas de critères
déterminés dans les nominations qui seront effectuées par
le lieutenant-gouverneur en conseil, pour établir un certain
équilibre entre la représentativité que nous pourrions
retrouver aux divers conseils d'administration des éléments du
réseau.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais également quelques
questions à poser à M. Hébert, étant donné
le contenu du mémoire, très bien préparé,
d'ailleurs. J'ai pris connaissance des nombreuses recommandations et des
amendements qui sont apportés sur six points précis, à la
page 4, notamment: les droits des citoyens, la décentralisation, la
participation, etc. D'après le contenu du mémoire, l'ampleur et
le sens des amendements proposés, est-ce que cela ne signifierait pas le
retrait pur et simple du projet de loi 65?
M. HEBERT: Non. Nous avons demandé comme je l'ai
mentionné au début au cours de nombreuses années,
de restructurer tout le domaine du bien-être. Maintenant que nous avons
un outil entre les mains, je ne crois pas qu'on doive le mettre de
côté. Cependant, nous espérons que le gouvernement prendra
en considération les recommandations que nous faisons, les modifications
que nous apportons pour donner, encore une fois, plus d'ampleur à sa loi
et plus de représentativité à la population
elle-même. Il n'est pas question pour nous de demander le rejet complet
du projet de loi.
M. GUAY: Vous avez souligné, dans ces six points fondamentaux, la
participation. Vous semblez y attacher une certaine importance. Est-ce parce
que vous avez remarqué l'absence de participation ou de
mécanismes de participation?
M. HEBERT: Nous l'avons soulevé et M. le ministre, tantôt,
nous a donné certaines explications. Il mentionne qu'il veut
procéder par étapes; nous tenons compte de ces remarques.
M. GUAY: Selon vous, est-ce que la rédaction du projet de loi no
65 respecte les objectifs du rapport de la commission d'enquête
Caston-guay-Nepveu, du moins pour la partie qui est déjà
connue?
M. HEBERT: M. Malo va répondre à cette question.
M. MALO: La partie qui touche particulièrement les services
sociaux n'est pas encore publiée. Pour ce qui est de commenter les
parties publiées de façon proprement dite, nous pourrions le
faire, mais je pense qu'il y a des gens qui sont mieux placés que nous,
en particulier l'AAHPQ, en ce qui concerne les hôpitaux, et le
Collège des médecins, etc.
Si vous me le permettez, je reviendrai tantôt sur votre question
concernant la participation, la composition et les modes de nomination. Nos
recommandations 3 et 4, si on regarde bien les attendus, dénotent
une préoccupation de notre part d'assurer la plus grande
représentativité possible et d'assurer également que les
modes de nomination ou d'élection soient favorables à cela.
J'attirerai votre attention sur un défaut technique dans la copie du
texte; un attendu a été oublié qui se situerait à
la page 9. Il se lit comme ceci: Attendu que toute forme de nomination et/ou
d'élection présente des dangers réels de noyautage
systématique, à tous les niveaux de la structure proposée
ceci nous amène à la recommandation suivante que
les critères d'éligibilité et les modes de nomination
soient très clairement définis.
M. GUAY: Une autre question, si vous me le permettez, M. le
Président, et je permettrai à M. le ministre de répondre
peut-être plus tard à la question que j'ai posée.
M. CASTONGUAY: Je vous remercie de votre permission.
M. GUAY: M. Hébert, est-ce que votre fédération a
été consultée avant la rédaction du projet de loi
no 65? Cela me semble assez important.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il est privilégié.
M. HEBERT: Nous avons mentionné au début qu'il n'y avait
pas eu de consultation. Le ministre nous a dit tantôt que cela
était difficile, étant donné que les projets de loi ne
peuvent être rendus publics avant qu'ils ne soient déposés
à l'Assemblée nationale. Est-ce que ça pourrait être
modifié dans l'avenir? Je ne le sais pas, mais actuellement, devant la
situation, nous reconnaissons qu'il est peut-être impossible pour le
ministre de nous le soumettre avant ou de demander des commentaires sur le
projet précédemment.
Nous sommes très heureux d'être devant la commission pour,
justement, à ce moment-ci, faire nos recommandations qui, nous
l'espérons, seront incluses dans le nouveau texte de loi qui sera
définitif.
M. GUAY: Dernière question, M. Hébert. Vous mentionnez
également le droit des citoyens et, en le mentionnant en premier lieu,
ceci signifie qu'il est important. Est-ce que vous voyez dans le bill no 65
certains droits de l'individu qui sont brimés?
M. HEBERT: Nous croyons qu'il devrait y avoir un énoncé de
principe dans le projet de loi reconnaissant à chaque citoyen du
Québec l'accessibilité aux services dans les services sociaux. Je
crois que ça devrait être indiqué tout simplement.
Maintenant, je reviens à votre question de tantôt lorsque vous
parliez de consultation concernant le projet de loi. Nous admettons très
bien qu'il était impossible de le faire, mais, comme vous le voyez dans
le mémoire, nous recommandons quand même que nous soyons
consultés lors de l'élaboration des règlements, qui, en
somme, seront importants, comme vous l'avez tous souligné et comme
probablement tous les mémoires vont le souligner. Alors, nous
espérons être consultés et aussi, comme vous pourrez le
remarquer, nous suggérons qu'un comité permanent soit toujours en
fonction pour faire la révision par la suite de ces
règlements.
M. GUAY: Merci, M. Hébert.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, d'abord je dois dire
que la fédération nous a présenté un beau
mémoire. Il est assez volumineux; ça me fait penser un peu au
temps où on négociait une convention collective de travail; d'un
côté vous aviez les offres de la compagnie et, de l'autre, les
demandes des employés. C'est un peu rédigé dans ce
sens-là.
Alors, c'est tout simplement une précision; à la page 27
de votre mémoire, vous parlez de l'article 45 et vous dites qu'il
faudrait préciser surtout les pouvoirs du conseil d'administration. Et
dans votre recommandation 2 b), vous demandez que les pouvoirs accordés
au conseil d'administration des institutions soient élargis et plus
clairement définis dans la loi. Comment voyez-vous
l'élargissement des pouvoirs du conseil d'administration? Est-ce que
vous pourriez expliciter?
M. HEBERT: D'abord, une première remarque; si vous voyez les deux
textes comme ça, c'est que justement la fédération
agissait comme agent pour toutes les agences syndiquées lors des
négociations. Alors c'est peut-être comme ça qu'on a pris
cette tournure. Quant au conseil d'administration, M. Malo va vous
répondre.
M. MALO: Ceci s'inscrit dans notre recommandation 2 sur la
décentralisation. M. le ministre a dit tantôt d'ailleurs qu'il
faudrait avoir une décentralisation progressive et par
étapes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je lui donne la permission de
répondre.
M. MALO: Même si la décentralisation devrait se faire
progressivement et par étapes, il y a quand même des articles,
comme l'article 45, l'article 27, l'article 7, entre autres, qui devraient
à notre avis être amendés immédiatement même
si on reconnaît que l'application doit être progressive. Entre
autres, l'article 45; c'est que, par exemple, une institution, en vertu de cet
article, ne pourrait même pas négocier un
contrat d'huile à chauffage. Cela va dans les détails,
mais ça serait une entrave majeure et ça démontre
clairement qu'une institution n'a pas de pouvoirs. Je pense que cela
mérite d'être assoupli.
A l'article 27, pour remplacer le directeur général, il
faudrait remonter au ministre et je pense que ça entrave drôlement
un fonctionnement efficace.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par l'application du bill no 65 et la
création de nouvelles structures qui s'appellent les ORAS, la
Fédération des services sociaux insiste-t-elle toujours ou
voit-elle toujours des avantages à ce que le comité mixte,
Fédération des services sociaux et ministère des Affaires
sociales, continue à fonctionner?
M. HEBERT: Nous avons un comité mixte qui se réunit tous
les mois. A cause de l'étude du bill, il n'a pu se réunir au
cours des deux derniers mois. Nous tenons évidemment
énormément à ce que ce comité survive et à
ce que le sous-ministre y soit représenté. Malgré ce bill,
il faut continuer à vivre. Il y a encore des problèmes tous les
jours et il faut qu'ils se règlent; ce sont des problèmes
d'envergure provinciale. Il faut absolument que ce comité continue
à vivre, qu'il soit bien structuré et qu'il fonctionne
très bien, parce que nous vivons encore des problèmes; nous les
soulignons régulièrement au ministère lors de ces
entrevues. Evidemment, nous avons constaté que dans les derniers mois il
y avait un certain ralentissement dû probablement à la mise en
application de nouvelles formules, mais nous tenons beaucoup à ce que ce
comité conjoint, qui existe depuis déjà quelques
années, puisse continuer à fonctionner. Il ne faut pas oublier
que les agences de service social sont les seules corporations qui,
actuellement, donnent des services sociaux à la population. Il nous faut
être en contact. Nous sommes vos partenaires; il faut absolument que nous
soyons sur la même longueur d'ondes.
M. CASTONGUAY: M. le Président, ici, je voudrais seulement faire
une petite remarque. A la suite de la très intéressante lettre de
M. Hébert dont vous avez pu prendre connaissance par la voie des
journaux, j'ai révisé avec les fonctionnaires du ministère
le fonctionnement de ce comité. Je crois que nous allons être en
mesure d'en changer un peu la composition, comme le demandait M. Hébert,
de telle sorte que ce comité qui, par la présence plus active, en
ce qui a trait aux fonctionnaires du ministère, de fonctionnaires
plutôt intéressés à des questions d'ordre
administratif, à des problèmes d'ordre courant, semblait
n'être pas en mesure d'engager suffisamment le dialogue en ce qui a trait
aux orientations prises par le ministère, aux politiques en voie
d'être formulées ou formulées, etc. Nous avons
discuté de cette question. Nous avons demandé â M. Aubert
Ouellet, sous-ministre adjoint, qui est ici, de faire certaines propositions
pour corriger cette déficience dans le fonctionnement de ce
comité. Il me dit qu'il a transmis ses recommandations au sous-ministre
et que nous devrions être en mesure de communiquer avec vous au cours des
prochains jours. Ce qui va probablement être proposé, c'est que
nous ajoutions quelqu'un pour représenter spécifiquement la
direction de la planification et quelqu'un pour représenter
spécifiquement la direction de la programmation. Ceci pourrait mieux
équilibrer notre représentation à ce comité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait...
M. HEBERT: Je vous remercie, M. le Ministre, de vos remarques. Nous
attendrons donc votre communication pour le mois d'octobre.
M. CASTONGUAY: On n'enverra pas la lettre par la voie des journaux.
M. HEBERT: Malheureusement, ce n'est pas nous qui l'avons
publiée. Quelquefois, peut-être, c'est la seule façon de
procéder, malheureusement.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, c'est là qu'on
constate une fois de plus la rapidité que peuvent établir les
journaux, dans les communications... Vous avez aussi parlé d'un
comité multipartite pour étudier ou faire des propositions aux
règlements. Je pense qu'à partir du moment où il y aura un
texte, le règlement... peut-être... Il existe beaucoup de
comités conjoints avec le ministère. Il y en a avec votre groupe,
la Fédération des services; il y en a avec les conseils de
bien-être, les conseils régionaux; il y en a avec l'Association
des hôpitaux; il y en a avec le Collège des médecins. Ce
serait probablement, à l'occasion de ces rencontres, un excellent moment
pour déblayer le terrain pour les discussions de la commission. De toute
façon, je le souligne au ministre.
J'aurais d'autres questions à vous poser. A la page 50 de votre
mémoire, à l'article 136, vous dites: "Nonobstant les
dispositions de la section V traitant de la délivrance des permis et en
conformité avec le paragraphe d) de l'article 1, nous souhaitons que les
dispositions de cet article favorisent le maintien et la coordination des
foyers privés existant actuellement au bénéfice de
certaines catégories d'usagers." Est-ce que vous pourriez
préciser davantage votre pensée?
M. MALO: Je réfère à des commentaires qu'a faits le
ministre ce matin et aux commen-
taires du curé de Saint-Roch lors de la dernière
séance. Il n'est pas clair si certains aspects et certains organismes
sont prévus dans la loi. On a voulu attirer l'attention de la commission
là-dessus. On s'est également interrogé sur certains types
d'institutions privées qui sont pour nous fondamentales et qui
répondent à des besoins; par exemple, les foyers nourriciers de
groupes, les foyers nourriciers spéciaux, etc. Qu'advient-il d'eux? Est
ce qu'ils sont maintenus dans la loi ou s'ils sont remis en cause? Sont-ils
sujets à cet article?
M. CASTONGUAY: Sur ce point, à la fois pour la
Fédération des services sociaux et pour le député
de Montmagny, nous devons nous rappeler que nous avons ici une
réalité extrêmement complexe à cerner. J'ai
mentionné ce matin au-delà de 1,500 institutions de diverses
natures. Or, à la suite des représentations qui sont faites, nous
sommes conscients qu'il y aura lieu d'apporter des clarifications. D'ailleurs,
je l'ai mentionné ce matin. Il faut apporter des réponses
à ce type de questions qui sont soulevées. Il y aura des
clarifications, mais, encore là, je pense qu'au fur et à mesure
que nous allons procéder il sera plus facile de voir, selon
l'économie de la loi, quels types de clarifications pourront devenir
nécessaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à la page 15 du
mémoire de la fédération, on recommande, à
l'article 3, que le découpage utilisé pour l'implantation des
ORAS s'inscrive dans une perspective de coordination interministérielle.
On sait que les ORAS, évidemment, ce ne sera pas une structure
abstraite. Il faudra que ce soit installé dans le territoire à
partir d'un point de service, quelque part. Il existe actuellement un
découpage qu'utilise le gouvernement; il a été
élaboré par le ministère de l'Industrie et du Commerce.
Quelles sont les précisions additionnelles que vous pourriez apporter?
Est-ce que vous avez déjà des travaux à la
fédération, compte tenu de votre expérience ou des points
de services que vous avez dans le territoire à partir de vos 41
organismes et de vos 126 sous-bureaux? Certains de vos organismes ont des
limites diocésaines. C'est tout cela, évidemment, que vous avez
dû considérer. Tenant compte de votre expérience dans ce
champ, est-ce que vous pourriez, à ce moment-ci, nous donner un peu plus
de précisions ou nous dire si vous avez effectué des travaux ou
si vous en effectuerez?
M. HEBERT: Nous n'avons pas effectué de travaux. Nous attendons,
d'abord, que les limites territoriales soient définies dans la loi. Par
exemple, certaines limites territoriales du ministère de l'Industrie et
du Commerce sont très souvent appliquées par plusieurs
ministères du gouvernement provincial. Cependant, certains autres
gouvernements avec qui nous traitons ont d'autres modes de délimitation
de territoires. Il nous était impossible, évidemment, de vous
apporter cet après-midi une délimitation qui nous conviendrait.
Nous aimerions, cependant, que le gouvernement se prononce sur les
délimitations qu'il donnera lui-même dans la loi aux ORAS. Qu'il
nous dise, par exemple, où il les situera et quelles seront les bases de
distribution du territoire pour que nous puissions par la suite, nous,
réaménager chacune de nos corporations et nos territoires. Comme
vous l'avez mentionné, plusieurs de nos corporations ont comme
territoires les anciens diocèses, ce qui, dans bien des cas, ne
correspond plus à la réalité. Il appartiendra au
gouvernement de nous indiquer, pour autant que la loi 65 est concernée,
quelles sont les limites qu'il entend suivre pour que nous puissions nous
ajuster par la suite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela m'amène à poser ma question
au ministre. A ce stade-ci de l'étude du projet de loi, est-ce que les
délimitations des ORAS correspondront aux régions
économiques du Québec?
M. CASTONGUAY: D'une façon générale, oui. D se peut
que, dans certaines régions, il soit nécessaire ou jugé
utile d'apporter quelques petites modifications. Je pense bien qu'on peut aussi
imaginer qu'il y aura peut-être à l'intérieur, un besoin de
découpages plus grands en sous-régions pour certaines fins. Mais,
de façon générale, le patron devrait, je pense bien,
respecter les lignes de démarcation des régions
administratives.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce matin, nous n'en avons pas discuté
avec le Collège des médecins et chirurgiens. Mais je sais que le
collège a déjà fait des études, aussi, du
découpage, l'étude des institutions et du bassin de population
qu'elles desservaient et de la nature des services qui étaient rendus.
C'est un peu tout cela qu'il faudrait concilier. Dans ce découpage, il
faudrait tenir compte de l'opinion des organismes qui, dans le territoire, en
pratique, vivront avec le projet de loi 65 et s'en serviront comme outil de
travail. Alors je pense bien qu'il devrait y avoir une forme de consultation,
leur demander s'ils auraient des suggestions à faire quant à ce
découpage administratif qui est reconnu à peu près par
tous les ministères, en dix régions administratives.
M. PRUD'HOMME: M. le Président, nous aimerions attirer votre
attention. Lorsque nous avons parlé des conseils d'administration, nous
formulions des propositions où nous excluons la participation directe au
niveau de conseils d'administration des universités et également
des conseils de professionnels. Nous voulons vous donner quelques
renseignements au sujet des motifs qui nous ont amenés à formuler
ces recommandations.
D'une part, nous croyons que les profession-
nels ont les mécanismes voulus pour pouvoir s'exprimer et
qu'à l'intérieur de la direction d'un service professionnel il
serait possible qu'ils puissent exprimer leurs opinions. D'autre part, nous
croyons également que les professionnels, à plusieurs occasions,
peuvent, par la nature même de leurs travaux et de leurs actes
quotidiens, déjà au départ orienter des prises de
décision lorsqu'il s'agit de faire état de questions et d'y
apporter des réponses et des options différentes à la
fois.
Nous pensons aussi qu'il serait extrêmement avantageux que nous
puissions compter, au niveau des conseils d'administration, des citoyens comme
administrateurs et qu'à l'aide d'autres moyens il soit possible de
pouvoir mesurer et contrôler à la fois les actes professionnels,
savoir également si les actes et les services donnés
répondent aux besoins et à la demande de la clientèle.
En ce qui concerne les universités, nous pensons qu'il y aurait
lieu de les intégrer à l'intérieur des groupes
socio-économiques, afin qu'elles puissent être plus près
des milieux et de la communauté en général. C'est pourquoi
nous les avons exclues des modèles que nous proposons à l'heure
actuelle pour l'administration des divers éléments du
réseau.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions à poser aux
représentants de la Fédération des services sociaux
à la famille du Québec, je remercie les porte-parole.
Avant la présentation du prochain mémoire, nous prendrons
un repos de quinze minutes.
M. HEBERT: M. le Président, M. le ministre, merci de votre
attention.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Corporation des travailleurs sociaux et Corporation de
psychologues
M. LE PRESIDENT: La Corporation des travailleurs sociaux professionnels
de la province de Québec et la Corporation des psychologues de la
province de Québec. Madame Suzanne Blais-Grenier, secrétaire, est
le porte-parole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Un instant, pourrais-je avoir une
information?
Plusieurs groupes ici m'ont demandé à quelle heure la
commission ajournera ce soir.
M. LE PRESIDENT: Nous allons ajourner nos travaux à six heures ce
soir pour les reprendre vers le 5 octobre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors je demande au porte-parole de s'identifier s'il
vous plaît.
M. DOYLE: Je suis Raymond Doyle, prési- dent de la Corporation
des travailleurs sociaux professionnels. Comme vous pouvez le constater, nous
constituons ici aujourd'hui une délégation conjointe de la
Corporation des travailleurs sociaux et de la Corporation des psychologues, et
je vous présente immédiatement la délégation. A ma
gauche, M. Pierre Baulu vice-président de la corporation des
psychologues; Mlle Jocelyne Savoie, secrétaire générale
adjointe des psychologues. Et à ma droite, M. Pierre Gendreau,
secrétaire général de la Corporation des psychologues; Mme
Suzanne Grenier, qui est secrétaire générale de la
Corporation des travailleurs sociaux professionnels; et enfin, M. Robert Morin,
de Sherbrooke, qui est président du chapitre de l'Estrie de la
Corporation des travailleurs sociaux professionnels, qui a été
président du comité de rédaction du mémoire.
Nous sommes heureux de nous présenter à vous aujourd'hui
pour vous exposer nos points de vue sur le projet de loi no 65. Nous sommes
d'autant plus heureux de le faire que ce projet de loi, malgré les
critiques que nous formulons à son endroit, et quoi qu'on en dise,
apparaît, à plus ou moins long terme, comme une véritable
révolution dans le domaine de la santé et du bien-être
social au Québec.
Si vous le permettez, M. le Président, nous allons d'abord dire
quelques mots peut-être du cadre du mémoire, comment il a
été élaboré, avant de passer au contenu.
Des échanges préliminaires entre les deux corporations
nous ont convaincus que nous avions des points de vue très voisins sur
le projet de loi. C'est alors que nous avons décidé de
présenter ce mémoire conjoint pour éviter les
répétitions, en supposant que les membres de la commission
seraient d'accord sur ceci. De même, quant à nous, ce fut une
façon de réaliser concrètement une participation
interdisciplinaire.
Sans vouloir entrer dans tous les détails d'élaboration et
de consultation, nous aimerions quand même mentionner que le texte
rédigé par un comité mixte des deux chambres
professionnelles a reçu l'approbation des conseils d'administration
respectifs.
De même une consultation aussi élargie que possible vu le
court laps de temps qui nous était alloué a montré que
soit les chapitres, soit les membres souscrivaient aux principes
généraux contenus dans le mémoire qui vous a
été remis.
En ce qui concerne la Corporation des travailleurs sociaux
professionnels, une annexe a été ajoutée au
mémoire, qui fait état des remarques venant de différents
chapitres au sujet du bill 65.
J'ai maintenant le plaisir de céder la parole à M. Pierre
Baulu qui est vice-président de la Corporation des psychologues et qui
traitera plus particulièrement des points forts du contenu de notre
mémoire.
M. BAULU: M. le Président, d'après ce que M. le ministre a
laissé entendre lors de l'audi-
tion du 24 août et aujourd'hui même, la loi pourrait
comporter des affirmations sur les droits des individus. Nous ne pouvons
qu'être d'accord avec cette intention qui rejoint l'une de nos
recommandations, à savoir que le bill 65 comporte un préambule
qui réaffirme: a) le droit des individus à recevoir des services
de santé et des services sociaux sans retard indu, avec
continuité et de façon personnalisée. b) le droit des
individus à participer à la définition de leurs besoins et
à l'implantation des structures qui doivent traduire ces besoins en
termes de services. c) le droit des individus d'en appeler de la qualité
des services rendus et de la célérité avec laquelle il est
donné suite aux demandes du public.
Nous nous réjouissons également des dispositions du
ministre qui se dit prêt à modifier les modalités qui ne
permettraient pas d'atteindre les objectifs de la loi. Enfin, nous
reconnaissons également un essai réel de la part du ministre
d'assurer la représentation de la population au sein des diverses
structures proposées par le bill 65.
Nous reportant aux paroles de M. le ministre, ce matin, concernant
l'indépendance relative du bill 65 et de l'éventuelle loi sur les
professions, nous croyons plutôt qu'il existe une interdépendance
étroite entre les deux domaines de législation. La
définition du professionnel, les pouvoirs spéciaux
d'enquête pouvant toucher l'éthique et le secret professionnel
nous paraissent des exemples manifestes de ceci.
C'est pour cette raison que, dans notre mémoire, nous
recommandons c'est la recommandation 2 que le projet de loi sur
les professions soit déposé avant que le bill 65 soit
adopté en troisième lecture. Notre principale
préoccupation en préparant le mémoire que nous vous
présentons aujourd'hui fut de nous demander si les modalités
proposées dans le bill 65 permettaient d'atteindre les objectifs
formulés par la commission Castonguay-Nepveu et auxquels nous
souscrivons.
Je rappelle très brièvement ces objectifs. Deux objectifs
généraux; a) améliorer l'état de santé de la
population par une médecine globale et axée sur la personne; b)
améliorer l'état du milieu dans lequel vit la population.
Quatre objectifs particuliers: a) un régime de santé
d'accès universel, b) acceptable à la population, c) qui permette
la distribution de soins de qualité sur les plans à la fois
scientifique, humain et social et d) efficace, c'est-à-dire fondé
sur le recours aux méthodes modernes d'organisation et de distribution
de soins.
Notre analyse a surtout porté sur les deux aspects suivants. Ce
sont les deux points fondamentaux de notre mémoire.
D'abord, c'est la distribution des services et, deuxièmement, la
participation. Je traite tout de suite de la distribution des services.
Au niveau de la distribution des services, le schéma
proposé dans le projet de loi 65 nous est apparu très
imprécis, d'aspect plus théorique que pragmatique. Il
était très difficile, à la lecture, de saisir exactement
quelle relation existerait entre les diverses structures et comment ces
dernières se compléteraient mutuellement.
D'autre part, rien dans le projet de loi n'indique si le même
modèle uniforme prévaut d'une région à l'autre ou
si des aménagements particuliers sont possibles selon les besoins
particuliers des populations. Aussi, nous croyons que la qualité
primordiale d'un projet de loi visant à réorganiser les services
sociaux et de santé doit être la souplesse. En effet, les besoins
varient d'une région à l'autre, tant au plan géographique
qu'au plan des groupes humains.
Un exemple: dans une région à faible concentration
démographique, on pourrait songer davantage à des centres plus
disséminés dans le territoire et groupant un éventail plus
vaste de services spécialisés, alors qu'en milieu urbain, la
concentration de la population permet de créer des institutions plus
spécialisées et axées sur un éventail plus
restreint de services, les distances à franchir pour aller de l'une
à l'autre étant relativement plus courtes.
Il va de soi également que le processus de participation
engendrera des aménagements particuliers selon les régions. Cette
affirmation, qui est vraie lorsque l'on considère l'aménagement
des services de santé, l'est a fortiori au plan de l'organisation
sociale où les initiatives des différents groupes humains qui les
caractérisent dans leur façon d'être et de penser doivent
être encouragées.
C'est pourquoi nous recommandons que lors de l'implantation
régionale du projet de loi 65, l'on tienne compte des disparités
régionales en ressources, besoins ou personnel qualifié. Tout en
tenant compte de cette réserve, nous avons tenté, dans la
recommandation IX, de définir ce que pourrait être un centre local
de services communautaires, dans la recommandation X, le type de traitements
spécialisés dont devrait bénéficier chaque
région et, dans la recommandation XI, l'objet premier des centres de
services sociaux.
Très rapidement, je vous lis ces recommandations. Recommandation
IX: Que le centre local de services communautaires ait pour fin principale la
prévention c'est-à-dire services de santé et
services sociaux courants le traitement à court terme, la
référence aux autres institutions dispensant des services
spécialisés, l'animation sociale et l'organisation communautaire;
reçoive les personnes qui, en plus des services médicaux et
sanitaires usuels, présentent des problèmes psychologiques et
sociaux courants; regroupe les ressources du milieu au lieu d'être une
plaque tournante qui dirige la population à la périphérie
ou à l'extérieur du district; soit formé d'une
équipe pluri-disciplinaire permanente plus ou moins étendue
selon
les besoins de la région et, quand il y a lieu, offre aussi
à la population un éventail de services tels des soins dentaires,
optiques, pharmaceutiques et des services d'animation sociale, de
réintégration au marché du travail, d'orientation et
d'éducation populaire.
Recommandation X: Que chaque région bénéficie de
services de traitements spécialisés, au plan médical et
psychosocial offerts dans: a) des centres hospitaliers qui reçoivent les
personnes pour fins de diagnostic et de traitement médical et de
réadaptation physique ou mentale, b) d'autres structures
complémentaires (du type des centres psychosociaux ou cliniques
d'hygiène mentale) qui offriraient des services de réadaptation
mentale, de traitements psychosociaux individuels et de groupes, de diagnostic,
de traitement familial et de recherche; c) que dans certaines régions,
selon les besoins particuliers de chacune, ces deux ordres de services puissent
être offerts par des structures séparées mais
complémentaires ou par une même structure s'il y a lieu.
Et la dernière, la recommandation XI: Que les centres de services
sociaux aient pour objet premier d'évaluer et de promouvoir les
ressources spécialisées et appropriées et de les mettre
à la disposition des personnes et des organismes.
Au second niveau, et je parlerai ici de la participation, nous avons
formulé nos observations en nous basant surtout sur la définition
que nous donnons de la participation. La participation, à notre sens,
c'est la prise en charge par une population de ses intérêts et de
ceux de son milieu. C'est un processus par lequel les individus subviennent
eux-mêmes à leurs besoins en se donnant des structures propres
à y répondre et en assurant le fonctionnement de ces
structures.
Pour réaliser ceci, nous croyons que le mode de nomination des
délégués des différents groupes prévus dans
le projet de loi devrait être changé de façon radicale.
Aussi que l'ORAS devienne véritablement un organisme de programmation et
de planification régionale avec pouvoir réel de décision
et non uniquement un organisme de surveillance et de contrôle et qu'il
regroupe des services d'animation et de recherche.
Dans les recommandations XIIl et XIV, nous avons tenté de
suggérer des mécanismes pouvant assurer cette participation
élargie de la population. Nous pourrons en parler tout à l'heure
à la période des questions. En ce qui a trait à la
participation des professionnels eux-mêmes, nous rappelons au ministre
qu'une bonne qualité des soins de santé et de bien-être ne
saurait être atteinte si les professionnels eux-mêmes ne sont pas
dans le coup.
Ainsi à l'article 81 du projet de loi, repris substantiellement
par le ministre lors de l'audition du 24 août, on dit que le conseil des
médecins et dentistes est responsable, vis-à-vis du directeur des
services professionnels, de la mise en place et du fonctionnement d'un
mécanisme requis pour assurer le contrôle des actes professionnels
posés dans l'institution ainsi que l'appréciation des actes
professionnels médicaux et dentaires. Cet article, selon nous, est
inacceptable.
Nous réclamons l'autonomie professionnelle et nous proposons dans
notre mémoire une structure qui favorise cette autonomie. Enfin, nous
réitérons au ministre l'importance que nous attachons aux
règlements qui compléteront éventuellement ce projet de
loi et nous demandons instamment que ces règlements soient soumis
à la consultation populaire et principalement aux différents
groupes qui dispensent actuellement les services de santé et les
services sociaux.
M. DOYLE: Alors, pour conclure, M. le Président, j'aimerais
formuler certaines observations.
Premièrement, je me permets une suggestion qui n'est pas nouvelle
aujourd'hui, à l'effet que les recommandations, au nombre de 20, soient
inscrites au journal des Débats. Nous en avons lu quelques-unes, mais
nous éviterons de les lire en entier (Voir annexe B)
Deuxième observation. En ce qui concerne le droit de nos
professions respectives sur le contrôle des actes professionnels et sur
l'éthique professionnelle, nous participons actuellement à la
préparation d'un mémoire conjoint du Conseil interprofessionnel
qui sera présenté ultérieurement à la
commission.
Troisièmement, nous considérons également que les
articles 133 q), r), s), dans la mesure où les conseils de
médecins et dentistes conservent des pouvoirs prévus dans le
projet de loi, doivent faire l'objet de discussions étroites avec tous
les ordres professionnels et les universités concernés.
Enfin quelques petites corrections dans le mémoire
lui-même, soit à la page 3 où l'on mentionne le
dépôt du projet de loi no 27, il semble que nous ayons pris nos
désirs pour des réalités, puisque le bill 27 est
déjà présenté et adopté.
Deuxièmement, nous ne voudrions pas enlever à notre
citation, à la fin du mémoire, du texte du protecteur du citoyen,
sa brûlante actualité, et nous désirons corriger la
référence qui mentionne juin 1970, alors qu'il s'agit bien de
juin 1971. Justement, je conclus là-dessus, M. le Président.
J'aimerais citer ce propos du protecteur du citoyen, de juin 1971. Je cite: "Je
me suis rendu compte, au cours de mon travail, combien il était
fréquent que des lois, aux principes parfaitement valables,
présentaient au départ et même plus tard des
difficultés de mise en application et d'administration quotidienne qu'on
ne semblait pas avoir pleinement prévues. Dans plus d'un cas les
adaptations alors nécessaires avaient suscité forcément
des hésitations et parfois même des inégalités de
traitements amèrement ressenties. Il m'est arrivé quelquefois de
me demander si cette tendan-
ce que nous avons trop souvent à conceptualiser en nous
éloignant quelque peu du concret et du réel ne devrait pas
inciter les autorités à accroître autant que possible, dans
la préparation des projets soumis au législateur, le rôle
consultatif de ceux qu'on chargera demain d'administrer au jour le jour les
lois ou les règlements que ces projets susciteront." Merci, M. le
Président.
M. CASTONGUAY: Je ferai quelques commentaires, M. le Président.
D'abord, je voudrais remercier les deux corporations de ce mémoire
où l'on sent un souci, je pense, de s'en tenir aux aspects qu'ils
considèrent les plus essentiels, afin de ne pas, j'imagine, aller dans
des détails qui auraient dilué leurs préoccupations. Une
petite mise au point s'imposerait au sujet de l'interdépendance entre le
bill 65 et les lois des corporations professionnelles.
Si je ne me suis pas exprimé assez clairement ce matin, je
voudrais revenir pour dire qu'il est évident que ce sont des lois
concernant le même secteur. On ne peut les considérer de
façon hermétique l'une par rapport à l'autre, tout comme
la Loi de l'assurance-maladie qui existe déjà et d'autres lois
comme celle de la santé publique, etc. Ce que j'ai voulu plutôt
faire ressortir, c'est que chaque loi a une finalité propre et qu'il est
dangereux d'introduire dans un projet de loi des dispositions qui normalement
appartiennent plutôt à un autre projet, selon les objectifs, le
principe ou le but visés. Je voulais faire ressortir uniquement cela. Il
y a peut-être aussi un autre aspect qui mérite d'être
souligné, et, là, je me réfère plus
particulièrement à certaines recommandations contenues à
la page 12 par exemple. Je ne nie pas le fait qu'il nous faudrait clarifier,
comme on le suggère, ou encore mettre l'accent ailleurs lorsque l'on
définit, par exemple, ce qu'est le centre local de services
communautaires.
Je voudrais aussi indiquer que nous avons voulu, par ces
définitions, établir de grandes catégories et, à
l'intérieur de ces catégories, laisser autant de souplesse que
possible quant au type de services que les institutions pourront rendre, quant
à la composition des équipes multidisciplinaires qui pourront y
oeuvrer, etc. Il nous apparaît que ces préoccupations, qui sont
valables évidemment, s'associent à des politiques précises
ou à des programmes précis et que, dans le concret, elles
relèvent ou sont de la nature de la programmation. C'est pourquoi nous
n'avons pas voulu aller dans ce type de dispositions à
l'intérieur du projet de loi. Nous avons plutôt voulu
présenter de grandes catégories qui pourraient permettre autant
que possible l'innovation, face aux préoccupations que l'on a
mentionnées, soit celles des disparités régionales, des
ressources existantes, etc.
Pour le moment, M. le Président, ce sont les deux commentaires
que j'ai à faire. Il est possible que j'aie des questions à poser
en même temps que les autres membres de la commission.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais demander
à l'un des porte-parole des deux groupes des renseignements au chapitre
de la participation. Le mémoire est très explicite et très
bien construit. Evidemment, comme l'a dit tantôt le porte-parole, ils ont
touché des points forts qui ont retenu leur attention. Ils ont
insisté davantage sur ces points particuliers. La participation en est
un. Vous avez défini la participation. Vous avez rapproché cette
définition du projet de loi no 65 et, évidemment, vous êtes
arrivés à certaines constatations. Je n'ai rien à dire sur
la définition de la participation; c'est une définition qui
m'apparaît recouvrir l'esprit que vous voulez y voir et les objectifs que
vous voulez atteindre par la participation.
D'autre part, il faut que la participation se traduise par quelque
chose.
Il faut qu'elle se traduise dans le projet de loi no 65, au niveau des
responsabilités que la population assumera, non seulement aux conseils
d'administration mais aussi en s'intéressant quand il y aura des
réunions, quand il y aura des assemblées d'information, enfin
pour surveiller ce que feront les administrateurs et ensuite pour y
déléguer. Que les groupes socio-économiques y
délèguent. Est-ce que dans votre esprit certains critères
devraient être retenus quant à la qualité de ceux qui
devraient être délégués pour assumer ces
responsabilités? Est-ce qu'il y a certains critères que devraient
respecter les groupes socio-économiques pour déléguer des
personnes? Enfin, c'est ce genre de questions qui me préoccupe. Je
voudrais savoir si vous pourriez y apporter un peu plus de
précision.
MME BLAIS-GRENIER: Il semble, M. Cloutier, que, d'après le projet
de loi, nous pouvons voir que les groupes socio-économiques, dans les
régions, semblent être déterminés par le ministre.
Il fait le choix des groupes socio-économiques dans les régions;
il les détermine. Il voit aussi, je suppose, à l'étendue
de leur représentativité. Par la suite, il procède
à la nomination de leurs représentants. Ceci, au niveau de
l'ORAS, constitue moins du tiers du conseil d'administration alors que cela en
constitue la moitié pour les CSS, les CH et les centres d'accueil.
C'est à l'ORAS que revient, finalement, le pouvoir de
déterminer la procédure d'élection au niveau du CLSC, la
seule structure où il y ait une élection véritable. Alors,
on se demande, en fait, comment des structures d'autorité, soit le
lieutenant-gouverneur en conseil, le ministre ou l'ORAS, peuvent susciter ou
réaliser la participation de la population. C'est pourquoi nous
recommandons, au niveau de l'ORAS, que cet organisme ne soit pas un organisme
uniquement de surveillance et de contrôle, mais soit véritablement
un organisme de promotion régionale, ait un conseil d'administration
provisoire qui verrait à déterminer la liste exhaustive des
groupes socio-économiques dans une région et
que tous ces groupes, alternativement, par un mode de rotation, soient
assurés qu'à un moment ou l'autre ils pourront devenir les
représentants réels de la population au conseil d'administration
de l'ORAS.
Nous croyons aussi qu'il faut accepter que les groupes
socio-économiques choisissent eux-mêmes leurs
représentants. Il est sûr que le processus d'élection n'est
pas un processus qui assure la représentation à 100 p. c. Il est
sûr qu'une élection, cela peut être "paqueté". Mais
on a encore plus confiance à des procédures d'élection
qu'à un mode de nomination qui peut facilement être
politisé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela explicite davantage. C'était
sous-jacent au mémoire. De toute façon, c'est clair, c'est net.
Evidemment, vous l'avez dit avec justesse, il est difficile d'avoir une
représentation parfaite, même par élection. J'imagine que
pour un groupe socio-économique donné, il est difficile par le
processus d'élection, encore plus par le processus de nomination,
évidemment, d'avoir une représentativité complète
et totale.
Le membre qui aura été délégué, qui
aura été choisi par mode d'élection va représenter
son groupe; il s'en va au conseil d'administration assumer certaines
responsabilités qui sont assez considérables, il est
mandaté par son groupe. Il aura aussi, j'imagine, des comptes à
rendre à son groupe qui l'a délégué. Voyez-vous
certains critères de base? Le critère de son intérêt
pour la chose publique, pour le domaine des affaires sociales, est-ce que ce
sera le seul critère que vous retiendriez ou si vous seriez plus
exigeant quant à sa formation, quant à sa disponibilité,
quant à toutes les qualités qui pourraient être requises
d'un administrateur?
M. DOYLE: Je ne sais pas au fond comment on procède. S'il s'agit
véritablement d'une élection ce n'est pas le cas, je
crois, dans la majeure partie des dispositions du bill actuellement
là, évidemment, ce sera aux groupes qui mandatent leur agent de
déterminer. Il y aura des critères d'ordre général
qui seront déterminés, telle fonction et tel groupe auquel on
veut déléguer quelqu'un qui a telle fonction.
Nécessairement, il faut que ce soit quelqu'un qui ait les
qualités que vous avez mentionnées, disponibilité,
certaines capacités, certaines connaissances des problèmes du
milieu ou de l'administration des services, je ne sais pas.
Mais le problème que nous voyons dans le bill 65, c'est que l'on
a plus prévu des structures de représentation ou d'une certaine
représentation que des structures de participation, c'est-à-dire
que la représentation n'est pas nécessairement synonyme de
participation. Une certaine participation est déterminée dans des
cadres assez rigides je crois. La participation serait plus effective, pourrait
surgir de ce genre de mode de nomination si vous voulez, à deux
conditions; si on procédait plus par voie d'élec- tions qu'on
semble vouloir le faire dans le bill actuellement plutôt que par mode de
nomination et, une autre condition aussi, si on savait un peu plus ce que
viennent faire les conseils d'administration des différentes structures
là-dedans.
Moi, personnellement, je trouve très significatif, vous me
corrigerez si je me trompe, qu'il n'y ait aucune mention actuellement dans le
projet de loi 65, à aucun endroit, pour aucun des conseils
d'administration dont on parle, des pouvoirs ou du rôle ou des fonctions
d'un tel conseil d'administration. Je pose la question. A mon avis, ceci plus
le mode selon lequel on établit la représentation vont
déterminer après ça si ça vaut la peine ou pas
d'envoyer quelqu'un, ce qu'il fera là-dedans et qui on envoie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends votre préoccupation au
sujet de la définition des responsabilités du conseil
d'administration. Si le gouvernement ou des groupes socio-économiques
veulent confier un mandat bien précis de représentation et de
participation à un individu, il faudra qu'il sache au départ ce
à quoi il s'engage, quelles seront ses responsabilités, quel sera
le mandat, quel sera le champ d'action dans lequel il pourra oeuvrer, quelles
seront les décisions qu'il sera appelé à prendre.
Je fais des distinctions entre les régions; dans certaines
d'entre elles, peut-être que certains groupes sont davantage,
étant donné les facilités qu'ils ont, sensibilisés
aux problèmes des affaires sociales, au fonctionnement des institutions
hospitalières. C'est entendu que, dans un groupe de localités
où il y a une institution hospitalière qu'on peut voir
fonctionner de plus près, les gens sont plus sensibilisés.
Là où il y a un foyer pour personnes âgées,
là où il y a un service social, un centre d'accueil, une
institution d'hébergement, on est peut-être plus
sensibilisé. Est-ce que vous croyez qu'actuellement les groupes
socio-économiques sont réellement sensibilisés aux
responsabilités qui pourraient les attendre et veulent réellement
participer à la gestion des conseils d'administration, que ce soit au
niveau des institutions ou au niveau des ORAS?
M. DOYLE: M. Gendreau va vous répondre.
M. GENDREAU: On peut dire que le ministre a été
très courageux lorsqu'il a élaboré certaines
procédures de participation. Je crois que c'est vraiment très
complexe. C'est là qu'intervient une stratégie d'implantation
qu'il y a lieu d'élaborer. C'est un peu ce à quoi nous
référons dans notre mémoire.
Par exemple, dans certaines régions, comme vous le dites si bien,
il n'y a probablement pas de structures et les gens ne sont peut-être
même pas disposés à cette participation. C'est là
que nous voyons que l'ORAS pourrait jouer un rôle d'animation. D'abord,
il identifierait les groupes
en présence ou les structures et, lorsqu'il n'y en a pas, il
essaierait vraiment de les créer et d'animer les citoyens pour
qu'eux-mêmes s'engagent au niveau des différents conseils
d'administration et participent.
Nous croyons que l'objectif principal en réalisant ça,
c'est de permettre aux citoyens d'avoir accès aux différents
réseaux de services et de connaître ces services-là.
Très souvent, les gens ne savent pas où s'adresser. D'ailleurs,
je voulais un peu reprendre ce que le ministre disait tantôt. Dans la
structure que nous proposons, nous sommes tout à fait d'accord avec la
souplesse qu'il y a lieu d'avoir. Nous avons mentionné, d'ailleurs,
à plusieurs reprises qu'il faut tenir compte des disparités
régionales, mais, en même temps, je pense qu'il est important de
définir un peu les services que chaque structure pourrait rendre. Ce que
nous avons craint en analysant un peu le bill 65, c'est que les gens risquent
d'être promenés d'une structure à l'autre, parce qu'ils ne
s'adresseront pas à l'endroit qui peut répondre vraiment à
leurs besoins, et aussi qu'on procède à une série
d'évaluations sans qu'on traite vraiment les gens à la fin du
compte. Les gens peuvent recevoir plusieurs évaluations, etc., mais pas
de traitement.
C'est très difficile. Il y a une nuance à établir,
mais je pense qu'il faut clarifier ces choses-là, tout comme, dans les
régions, il faudra clarifier les structures et même les
créer au besoin.
M. CLOUTIER (Montmagny): A la suite de l'adoption du bill 65, si les
modalités devaient être adoptées telles qu'elles sont
inscrites dans le bill quant aux endroits et aux groupes parmi lesquels on
recruterait des membres des conseils d'administration, est-ce qu'il vous
paraît y avoir un équilibre qui peut s'installer à
l'intérieur des conseils d'administration? Je m'explique.
Jusqu'à maintenant, au sein des conseils d'administration, on a
eu tendance, évidemment, à recruter des gens qui étaient
disponibles, des gens préparés par leur formation et par leur
expérience peut-être un peu plus particulière dans le
domaine de la santé ou dans le domaine social. En majorité, je
pense que, dans bien des conseils d'administration, ce sont des professionnels
au sens véritable du mot ou des professionnels dans le domaine des
affaires ou de l'industrie. Par ce nouveau mécanisme, vont avoir
accès aux conseils d'administration des voix qui n'ont pas eu
l'occasion, probablement, de s'exprimer aussi souvent; entre autres, des
groupes de citoyens, différents groupes socio-économiques qui
étaient peut-être un peu plus éloignés de ces
conseils d'administration.
Est-ce qu'il y aura, d'après vous, un équilibre à
établir au sein de ces conseils pour ne pas que ces nouveaux qui
arrivent soient noyés par l'expérience ou la formation de ceux
qui sont déjà au sein de ces conseils d'administration, de
façon que l'expérience ne soit pas désastreuse? Est-ce que
vous comprenez le sens?
MME BLAIS-GRENIER: Je pense que vous avez tout à fait
indiqué une de nos préoccupations, M. Cloutier. S'il y a six
représentants des groupes socio-économiques d'une région
à l'ORAS, et qu'il s'avère que ces groupes
socio-économiques sont définis en dehors des chambres de commerce
ou même des corporations professionnelles ou des syndicats, donc des gens
qui sont habitués de participer qui, eux, ont des processus pour
participer, mais que ces groupes socio-économiques sont peut-être
des groupements de citoyens moins sophistiqués, peut-être plus
pauvres, plus défavorisés, c'est sûr qu'étant
à un conseil d'administré qui compte 21 membres j'y inclus
le directeur général qui a droit de vote il y a danger
qu'ils soient noyés, qu'ils ne se sentent pas chez eux et qu'ils n'y
retournent pas au conseil d'administration.
Ce que nous voudrions, au fond, c'est avoir l'assurance que des groupes
qui commencent à se former, des groupes qui n'ont pas toute la
sophistication intellectuelle de groupes professionnels ou de groupes de
chambres de commerce, etc., des groupes comme les comités de citoyens,
comme les assistés sociaux, comme les citoyens à faibles revenus,
soient aidés à participer réellement aux structures de
décisions. Si on parle de participation, on ne peut pas être sur
la clôture; on ne peut pas participer et ne pas participer. Ou on
participe ou on ne participe pas. Il y a danger de faire croire aux citoyens
que vraiment ils pourront participer aux structures de décisions si on
n'est pas prêt à les laisser participer dans les faits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous remercie des remarques que vous avez
apportées. Il ne faut pas se faire d'illusion; en pratique, la route va
être longue; elle va être dure. C'est bien d'inscrire dans une loi
qu'il y a telle possibilité mais il faut qu'enfin, comme la commission
Castonguay-Nepveu le disait dans La voix des hommes sans voix, ils aient
accès de plus près à tous ces rouages un peu plus
compliqués qui permettent de prendre des décisions et d'influer
sur la société.
C'est pour ça que j'ai parlé d'équilibre,
tantôt. Il ne faudrait pas non plus que ça joue dans l'autre sens.
Il ne faudrait pas qu'au sein d'un conseil d'administration, qui a tout de
même des responsabilités, qu'on voudra bien lui donner et qu'il
remplira de son mieux, ça devienne un endroit où la principale
préoccupation ou la principale traduction de la préoccupation
soit la contestation de façon que ce soit deux groupes qui s'opposent,
un groupe qui serait noyé, dont on a parlé tantôt, ou
l'autre groupe d'administrateurs chevronnés si vous me permettez
l'expression qui, depuis longtemps aussi, ont participé
bénévolement il faut le dire au sein de ces
conseils d'administration et qui pourraient, eux aussi, démissionner. De
sorte que nous nous retrouverions au sein d'un conseil d'administration, tenant
compte de la participation, avec une seule expression d'opinion et un manque
je ne dis pas cela de
façon péjorative d'expérience mais beaucoup
de bonne volonté.
Ce sont ces dangers, je pense, qu'il faut éviter. Il faut
s'assurer d'un certain équilibre. Vous avez dit tantôt qu'il
faudrait tenir compte des disparités régionales.
Il faudrait en tenir compte là aussi, des disparités
régionales, non seulement dans l'équipement, dans les ressources
qui existent déjà, dans le personnel, mais il faudrait aussi
tenir compte des disparités dans les ressources humaines et dans la
préparation des gens de la région à assumer de telles
responsabilités.
Ce sont des considérations que je livre à bâtons
rompus, mais elles m'ont été inspirées par votre
mémoire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur a des
questions à poser.
M. BOIS: Merci, M. le Président. Je tiens à
féliciter les deux corporations qui nous ont présenté leur
mémoire ici aujourd'hui. En ce qui concerne les conseils
d'administration et ceci pour me référer à
l'application pratique d'une loi récente est-ce que vous voulez,
par exemple, éviter les écueils que nous avons vus
récemment dans les nominations relativement à la Loi de la
protection du consommateur?
M. DOYLE: Voulez-vous expliciter, s'il vous plaît?
M. BOIS: Autre question: A la page 4, dans vos recommandations...
M. CASTONGUAY: M. le Président, on pourrait peut-être
prendre le Conseil des affaires sociales et de la famille; ce serait un peu
plus relié à notre sujet.
M. BOIS: Merci. Dans vos recommandations, à la page 4, article 1,
quelle est votre intention quand vous dites d'attendre la parution du dernier
volume de la commission Castonguay-Nepveu avant d'adopter le projet de loi en
troisième lecture?
M. GENDREAU: Bien, je pense que c'est tout simplement à l'instar
des autres groupes qui se sont prononcés que nous passons à une
étude globale. Nous croyons que souvent il y a un danger
d'élaborer un certain nombre de structures et de les défaire par
la suite. Nous avons entendu cependant ce matin le ministre qui soulignait
qu'il y avait possibilité que le rapport soit remis vers la fin du mois
de décembre et qu'on puisse en tenir compte.
Notre préoccupation, surtout, c'est qu'il n'y ait pas toute une
série complexe de structures élaborées et qu'ensuite on
ait à les refaire pour répondre à d'autres objectifs. Je
dois ajouter qu'en ce qui concerne ce qu'on disait ce matin à l'effet de
ne pas commencer à organiser le système d'un bloc, mais qu'il y
aurait des expériences pilotes et tout, ceci s'inscrit un peu dans la
ligne de nos recommandations.
M. BOIS: Je me réfère maintenant à la page 3,
article 7. Au milieu de ce paragraphe vous mentionnez que les psychologues et
les travailleurs sociaux ne peuvent que constater l'insatisfaction assez
générale de la population qui est ressentie à la fois par
les administrateurs scolaires, les étudiants, etc. Est-ce que vous avez
fait part de ces constatations au ministre de l'Education?
M. GENDREAU: Je pense que le ministre lit les journaux aussi bien que
nous. C'est assez évident qu'il y a une insatisfaction
générale à ce niveau.
M. BOIS: Une dernière question, M. le Président. A la page
2, premier paragraphe dans le rapport que je trouve très bien, je
crois que ce serait peut-être la seule correction qu'il y aurait lieu
d'apporter à la deuxième ligne, vous mentionnez "caprice
du législateur". Est-ce qu'il ne serait pas plus pratique d'inscrire
"caprice du lieutenant-gouverneur en conseil"?
M. DOYLE: Sans commentaire!
M. GUAY: Si vous me le permettez, je remarque que votre mémoire
est assez dur envers le projet de loi, voire même audacieux à
certains endroits. La seule question que j'aurais à poser est la
suivante: Est-ce que les corporations que vous représentez ont
été consultées avant la rédaction du projet de loi
no 65?
M. DOYLE: Le problème a été soulevé quelques
fois aujourd'hui. Tout en admettant ce qu'a dit M. Castonguay au sujet du fait
qu'on ne peut pas discuter d'un projet de loi avant qu'il ne soit
déposé à l'Assemblée nationale, est-ce qu'il n'y
aurait pas moyen de songer à instituer des mécanismes permanents
de consultation dans tout le processus d'élaboration avant d'en arriver
vraiment à ce qu'on appelle un projet de loi? Il y a quand même
toute une cogitation qui s'est faite, du moins, je l'espère, et des
groupes se sont réunis. Au moins, quant à la direction
générale, quant aux objectifs, il y a des décisions de
base qui sont prises. La formulation légale vient simplement chapeauter
toute une série de décisions, tout un processus qui s'est fait
avant. Je dirais que c'est à ce niveau qu'il faudrait peut-être
songer à des mécanismes de consultation, plutôt que dire
simplement qu'on ne peut pas parler du tout du projet de loi avant qu'il ne
soit déposé. C'est heureux, je crois, que de plus en plus, il y
ait des occasions comme celle d'aujourd'hui où, une fois qu'un projet de
loi est déposé, la population, les groupements, les corps
intermédiaires et autres peuvent vraiment s'exprimer. Je crois qu'il y a
peut-être une autre étape à laquelle on peut songer.
M. GENDREAU: M. le Président, j'aimerais ajouter une chose. Il y
a eu une certaine commission qui a dit des choses fort valables. Je voudrais
simplement mentionner que, dans le rapport de la commission Castonguay, on lit
ceci: c'est un des postulats qui sont mentionnés pour que les
divers objectifs deviennent réalité "Considérer les
trois parties en présence qui déterminent son application et
finalement son efficacité: les pouvoirs publics qui l'orientent, le
normalisent et le financent-, les professionnels de la santé de toutes
spécialités et de tous niveaux qui donnent des soins et les
clients qui les reçoivent. Affirmer que les objectifs seront mieux
définis, plus conformes aux besoins s'ils sont établis d'un
commun accord avec les trois parties. Troisièmement cela
m'apparaît très important, et cela n'existe pas encore à
mon point de vue retenir que les liens organiques de participation
devront s'établir entre les trois partenaires dans un dialogue
constant.
Je pense que, face à l'importance du projet de loi, à
l'importance des modifications qui vont s'opérer, il y aurait lieu de
songer à de tels liens organiques de sorte qu'il n'y ait pas toujours
une longue période avant d'arriver à se faire entendre. Je
comprends qu'il y ait des exigences du gouvernement, mais je pense aussi que
l'efficacité d'une société a ses exigences.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, une dernière
question. Vous avez entendu la suggestion du Collège des médecins
à l'effet qu'il y ait deux conseils des professionnels: un qui pourrait
regrouper les médecins et les dentistes, et l'autre qui pourrait
regrouper les autres professionnels et notamment les infirmières. Est-ce
que vous avez des commentaires à faire sur cette proposition?
M. GENDREAU: En fait, nous avons également, à l'instar de
nos collègues les médecins, considéré un certain
nombre d'hypothèses. Nous avons, avec peut-être plus de raisons
qu'eux, rejeté le statu quo. Nous avons considéré que le
bill 65, dans la constitution, telle que les propositions aux articles 76 et
81, maintenait jusqu'à un certain point le statu quo en ce qui concerne
du moins les professions que nous représentons.
Nous croyons que le modèle que propose le Collège des
médecins il le considère d'ailleurs lui-même comme
une étape intermédiaire est basé sur le fait qu'il
y a, dans le milieu hospitalier, surtout des malades, des infirmières et
des médecins. On ne saurait pas lequel détermine la
présence de l'autre, mais enfin. Il reste que nous croyons que
l'idéal auquel il faut tendre c'est qu'il y ait un éventail de
professions, et que c'est en établissant des conditions de travail, des
conditions où chaque groupe professionnel pourra rendre des services
à l'ensemble du milieu, que vraiment la société s'en
trouverait mieux, que les milieux hospitaliers s'en trouveront mieux. Je pense
que c'est une des principales objections qu'on avait ce matin contre
l'espèce de proposition où nous suggérons qu'il y ait
d'abord un directeur des services professionnels qui soit désigné
par le Conseil des directeurs professionnels, lequel conseil est formé
du responsable, ou du directeur de chacun des groupements professionnels qui
est dans le milieu hospitalier. On pourrait en énumérer plusieurs
y compris les infirmières. Nous n'avons pas du tout l'idée de les
exclure, évidemment. Ce conseil des directeurs professionnels pourrait
désigner un directeur des services professionnels.
Qu'on essaie de choisir des critères de compétence
administrative ou des choses comme cela plutôt que de la nature d'une
profession.
Je pense qu'un argument sérieux à l'effet que ceci ne
pourrait pas être appliqué immédiatement, c'est surtout que
la mentalité des gens n'est pas prête. Je pense qu'on peut
répondre à cela en disant que justement il y a certaines
régions on a mentionné celle de Sherbrooke, par exemple,
où, depuis plusieurs années, des travaux se font dans ce sens,
des discussions en équipe où les mentalités sont
beaucoup plus prêtes. Si on procédait par expériences
pilotes, par projets pilotes, je pense qu'on pourrait justement le faire, de
préférence, dans les régions où les
mentalités seraient disposées à de nouvelles structures,
à un véritable travail multi-disciplinaire. On pourrait
dès lors évaluer si ce mode fonctionne.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci, M. Gendreau.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions à poser? Je vous
remercie, madame et messieurs pour la présentation de ce
mémoire.
Il est six heures. La commission ajourne donc ses travaux au 5 octobre,
à 10 heures de la matinée, dans la même salle.
(Fin de la séance: 18 h)
ANNEXE A
Commentaires de la Fédération des
services sociaux à la famille du Québec
Les propos que notre mémoire vous a soumis jusqu'ici vont
constituer les lignes directrices du présent chapitre, dans lequel nous
faisons une analyse détaillée du projet de Loi 65, article par
article, en terme de questions, commentaires et recommandations.
Note de l'éditeur
(Chacune des notes qui suivent se rapporte au texte même de la
loi. Le premier commentaire concerne l'article 1, de la section I, paragraphe
f): f) L'expression "services de santé ou services sociaux courants" ne
prend son sens qu'à partir d'une délimitation des fonctions de
services dévolus au C.L.S.C. C'est pourquoi nous réitérons
l'importance de notre RECOMMANDATION NO V traitant des fonctions de services et
à laquelle est rattachée l'annexe IIl. De plus la structure et le
mode de fonctionnement du C.L.S.C. doit tenir compte de la
spécificité de l'intervention.
(cf. Recommandation VI) g) Qu'adviendra-t-il des services sociaux en
milieu hospitalier? (cf. Recommandation V) h) Quel sera le découpage
territorial ou régional utilisé dans l'implantation des C.S.S.,
et quels seront alors les critères choisis?
Y aura-t-il coïncidence de territoire d'un C.S.S. avec celui d'un
ORAS? (cf. Recommandations V et VI) i) Le "foyer nourricier", le "foyer
nourricier spécial" et le "foyer de groupe" deviennent-ils des Centres
d'accueil?
Sous quelle autorité relèveront les praticiens en service
social dispensant des services dans les Centres d'accueil?
RECOMMANDATION :
Nous recommandons que les "fonctions de service social" actuelles et
potentielles reprises dans les Centres d'accueil soient dispensées par
le C.S.S. par voie d'entente. (cf. Recommandation V) j ) Les professionnels
seront-ils uniquement des diplômés universitaires?
RECOMMANDATION:
Nous recommandons que la définition de "professionnel" s'applique
à tout diplômé universitaire du 1er cycle (ou
l'équivalent) et plus. 1) Nous vous référons à
notre RECOMMANDATION VIl dans laquelle nous demandons la reconnaissance dans le
projet de Loi d'un mécanisme de consultation préalable à
l'élaboration (ou revision) des règlements. 2) Qu'advient-il du
droit de propriété et de son exercice par des organismes
incorporés spécialement v.g. Loi des évêques et des
biens qu'ils disposent?
Réf. art. 83 et 84 3) Quel modèle de
découpage régional pour l'établissement des ORAS serait
utilisé? RECOMMANDATION : 1) Attendu que le modèle
de découpage aura des implications sur la décentralisation
(Recommandation Il), la participation (Recommandations IIl et IV) et
l'accessibilité; 2) Attendu qu'il y aurait avantage à identifier
les points de services des autres ministères à des fins de
collaboration inter-ministérielle ;
NOUS RECOMMANDONS que le découpage utilisé par
l'implantation des ORAS s'inscrive dans une perspective de coordination
inter-ministérielle.
Les articles 4 à 8 portent sur les pouvoirs, fonctions et
responsabilités de l'ORAS, subordonnément au
lieutenant-gouverneur en conseil (ex. dernier paragraphe de l'art. 8).
L'objectif primordial de décentralisation que nous affirmons dans notre
Recommandation Il prend ici son importance. 7. S'il y avait véritable
décentralisation, un budget global serait alors alloué à
l'ORAS pour fin de distribution équilibrée aux institutions
publiques du territoire qu'il dessert. (cf. Notre recommandation Il)
RECOMMANDATION :
Au lieu de "et y joindre ses recommandations", nous proposons le texte
suivant: "et les justifications de ses décisions".
Nos recommandations IIl et IV remettent en question le contenu de cet
article et constituent la base de l'approche que nous développons
ci-après. Nous recommandons que cet article se lise comme suit: 9. Un
office est administré par un Conseil formé de dix-sept membres,
nommés pour trois ans par le lieutenant-gouverneur en conseil
après consultation, dans la région pour laquelle l'office est
constitué: a) pour deux d'entre eux, du C.L.S.C.; b)pour deux d'entre
eux, des C.H.; c) pour deux d'entre eux, des C.S.S.; d)pour deux d'entre eux,
des C.A.; e) pour six d'entre eux, des groupes socio-économiques; f)
pour deux d'entre eux, d'autres personnes prévues par la présente
loi et ses règlements; (cf. annexe I); g) et du directeur
général dès sa nomination, mais sans droit de vote.
Si l'une ou l'autre catégorie d'institutions dont la consultation
est nécessaire n'est pas encore établie dans la région, la
nécessité de la consultation de cette catégorie
d'institutions est supprimée. 9. COMMENTAIRES: 1) Un conseil
d'administration de 21 personnes s'avère à l'expérience
lourd de fonctionnement ; 2) Il est inconciliable que le directeur
général ait droit de vote, en raison du poste qu'il occupe, de
ses attributions et responsabilités; 3) Nous ne voyons pas les raisons
militant en faveur de représentants des Universités au Conseil
d'administration de l'ORAS. Nous recommandons que les Universités soient
comprises dans "groupes socio-économiques"; 4) Nous favorisons la
participation de la population en suggérant 50 p.c. de
représentants de groupes socio-économiques et autres personnes;
5) Les groupes socio-économiques doivent ici s'entendre des groupes
établis sur une base régionale ; 6) Les "autres personnes"seront
issues du mécanisme prévu à notre Recommandation IV; 7) Le
président du Conseil d'administration dispose d'un vote
prépondérant en cas d'égalité de voix; 8) Les
représentants (8) des institutions au Conseil d'administration de
l'office ne doivent pas être des professionnels exerçant dans
l'institution. 10) Conséquemment à notre recommandation sur
l'article 9, il faudrait lire: "cinq des premiers membres du Conseil d'un
office sont nommés pour 2 ans et cinq le sont pour un an"
11) Que signifie le mot "indemnisés"?
Il y aurait lieu de distinguer les pertes de salaire, les frais de
remplacement et les frais de voyage et de séjour.
Nous suggérons que les services rendus à l'institution par
les membres de son Conseil d'administration conservent un caractère de
"gratuité". 14. En remplacement du 1er paragraphe de cet article, nous
suggérons le texte suivant, plus explicite, adopté de l'art. 18
de la loi sur la Formation et la qualification professionnelle de la
Main-d'oeuvre (Bill 49): "Aucun membre du Conseil d'un office, sous peine de
déchéance de sa charge, ne peut avoir, directement ou
indirectement, lui-même ou par l'entremise d'un tiers, aucun
intérêt dans un contrat avec un office ou une institution
publique, ni en retirer un avantage, ni accepter un don. une
rémunération ou une promesse pour l'induire à faire une
chose ou à s'abstenir de faire une chose dans l'exercice de ses
fonctions". 15. En vertu de nos recommandations Il et IIl, le conseil
d'administration de l'ORAS devrait être tenu de faire une
assemblée annuelle d'information à l'intention de tous les
membres des Conseils d'administration des institutions publiques de sa
région. 16. La loi (ou les règlements) devrait prescrire un
quorum. 18. Il faudrait ajouter: en l'absence du président et du
vice-président, s'il y a quorum, le conseil d'administration se nomme un
président d'assemblée. Si les absences précitées se
prolongent, le conseil d'administration se nomme un président
remplaçant. 19. Nous recommandons pour les mêmes motifs
invoqués à l'article 9, que le directeur général,
bien que membre du comité administratif, ne puisse avoir droit de
vote.
Conséquemment, le comité administratif se compose du
directeur général et de 5 membres du Conseil de l'office; dont le
président du conseil d'administration ex-officio (avec droit de vote).
20. Mêmes remarques qu'à l'article 11. 21. Le directeur
général n'est pas eligible à la présidence du
comité administratif. Prévoir un quorum aux réunions du
comité administratif. 24. Les règlements devraient prévoir
les qualités professionnelles et les exigences académiques du
directeur général d'un office.
(cf. Recommandation VIl) 25. Il faudrait préciser que le
directeur général est redevable de ses activités au
conseil d'administration. 27. Le mécanisme de remplacement du directeur
général, en cas d'incapacité d'agir, prévu à
cet article, risque de ralentir le fonctionnement d'un office. Nous
suggérons que le conseil d'administration ait le pouvoir de nommer un
remplaçant, laquelle nomination sera sujette à ratification par
le lieutenant-gouverneur en conseil. (cf. Recommandation Il) 29. Qui est le
secrétaire dont il est question dans cet article?
S'agit-il d'un membre du Conseil d'administration siégeant (ou
non) au comité administratif? d'un permanent de l'ORAS? d'un
bénévole ou d'une personne totalement en dehors de l'ORAS?
Cet article (ainsi que les articles 26 et 133) suggère que les
employés de l'office soient des fonctionnaires au sens de la loi de la
fonction publique. Conséquemment quels seront les pouvoirs du conseil
d'administration sur son personnel? En somme, la fonction administrative
"relations de travail" est centralisée et l'application de normes de
rendement serait dévolue au Ministère de la fonction
publique?
Notre recommandation Il prend ici une importance primordiale.
Cette section sur les "pouvoirs d'enquête" (art. 30 à 35
inclus) de l'ORAS n'assure pas, selon nous, le droit du consommateur de
services à la discrétion "choses profondément
personnelles" confiés aux praticiens.
D faudrait préciser le mot "document". 36. Notre recommandation
Il "a-c-d" s'applique à l'ensemble de cet article.
Dans une perspective de décentralisation réelle, l'ORAS
devrait avoir le pouvoir de réglementation ■ de sa propre
régie interne seulement. Cependant, il pourrait avoir le pouvoir de
réglementation des institutions publiques qu'en fonction d'une
uniformisation de normes et d'une coordination générale.
Le paragraphe "b" touche notre recommandation IV et notre annexe Il.
Le papagraphe "d" pourrait se lire: "fixer les normes minima
d'assurance..." au lieu de "fixer le montant minimum d'assurance..."
Le paragraphe "f" mis en relation avec notre proposition à
l'article 76, devrait se lire: "établir les règles de
fonctionnement des conseils professionnels institués dans chacune des
institutions publiques..." Cette proposition d'un seul et unique Conseil
professionnel repose sur l'égalité des groupes professionnels et
la philosophie du travail inter-disciplinaire. 41. Référence
à notre commentaire de l'art. 1 par. h). En bref, quel sera le
modèle de découpage territorial qui sera utilisé pour
l'implantation des C.S.S., de même que pour les C.L.S.C.? Et alors quels
seront les critères utilisés dans l'implantation de chaque
centre? (cf. Recommandations V et VI). 45. Référence à
notre recommandation II-b.
Le dernier paragraphe de cet article: "tout contrat fait par une
institution sans l'autorisation requise du lieutenant-gouverneur en conseil ou
du ministre est nul" nécessite des précisions.
A quel(s) champ(s) d'activités s'appliqueront ces contrats dont
les effets seront nuls s'ils ne sont pas autorisés par le
lieutenant-gouverneur en conseil ou le ministre?
Nos recommandations IIl et IV apportent aux articles 49 - 50 et 51 des
modifications importantes: 1) Le directeur général est membre du
conseil d'administration, mais sans droit de vote; (réf. commentaires
art. 9); 2) La substitution des professionnels des centres et du personnel sur
les conseils d'administration se fait à l'avantage de la
représentation de la population; 3) L'ORAS n'est plus
représenté sur les Conseils d'administration des institutions du
réseau (réf. Recommandation Il); 4) Le lieutenant-gouverneur en
conseil choisit les membres des conseils d'administration des institutions
publiques selon les mécanismes prévus à l'annexe Il; 5)
Notre annexe I suggère des critères et des qualifications des
membres des conseils d'administration des institutions publiques; 6) Le tableau
I montre la provenance des membres des conseils d'administration selon le
projet de loi 65, et notre proposition axée sur la représentation
de la population; 7) Les représentants d'une institution appelés
à siéger sur le conseil d'administration d'une autre institution
seront des membres non-rémunérés; 8) Les membres du
conseil d'administration d'un centre d'accueil provenant de la population sont
recrutés au sein des clubs de services.
L'article 49 se lirait comme suit:
Le conseil d'administration d'un C.L.S.C. se compose des dix personnes
suivantes qui en font partie au fur et à mesure de leur nomination: a)
Cinq personnes nommées pour 4 ans par les groupes
socio-économiques du territoire desservi par le centre; b) Deux
personnes nommées pour 3 ans provenant de la population
non-regroupée selon l'annexe Il; c) Une personne nommée pour un
an conjointement par les conseils d'administration des centres hospitaliers
auquel le centre communautaire est rattaché par un contrat de services
lorsqu'un tel contrat existe; d) Une personne nommée pour un an
conjointement par les conseils d'administration des centres de service social
auquel le centre est rattaché par un contrat de services lorsqu'un tel
contrat existe; e) Le directeur général du Centre (mais sans
droit de vote).
L'article 50 se lirait comme suit:
Le conseil d'administration d'un C.H. et d'un C.S.S. se compose des 10
personnes suivantes qui en font partie au fur et à mesure de leur
nomination; a) 5 personnes résidant dans le territoire desservi par le
centre nommées pour 4 ans, et issues des groupes
socio-économiques établis sur une base régionale; b) 2
personnes résidant dans le territoire desservi par le centre
nommées pour 3 ans, et issues de la population non-regroupée.
(Recommandation IV et l'annexe Il). c) Deux personnes, nommées
pour 2 ans conjointement par les conseils d'administration des C.L.S.C.
reliés au C.H. ou C.S.S. par un contrat de services, lorsqu'un tel
contrat existe; d) Le directeur général (sans droit de vote).
L'article 51 se lira comme suit:
Le conseil d'administration d'un centre d'accueil se compose des 8
personnes suivantes qui en font partie au fur et à mesure de leur
nomination; a) 5 personnes résidant dans le territoire desservi par le
centre, dont 3 nommées pour 3 ans et 2 nommées pour 2 ans,
provenant des clubs de services; b) Une(l) personne nommée par le C.S.S.
pour un an; c) Une(l) personne nommée par le C.H. pour un an; d) Le
directeur général (sans droit de vote). 59. Voir questions et
commentaires faits à l'article 29.
Il faudrait préciser que 3 membres du Conseil d'administration de
l'institution peuvent exiger la convocation d'une assemblée
spéciale.
L'établissement du quorum à ces assemblées
évitera des conflits. 60. Cf. nos commentaires et suggestions faits
à l'article 18. 61. Cf. nos questions formulées à
l'article 11. 62. Notre proposition faite à l'article 14 s'applique ici.
Cependant les deuxième et troisième paragraphes de cet article
demeurent inchangés. 63. Cf. commentaires et suggestions faits aux
articles 19 et 21. Le 2e paragraphe de cet article est relié à
notre position faite à l'article 76.
De plus, le directeur des services professionnels, et non pas un membre
du conseil des professionnels, pourrait être membre du comité
administratif ex-officio, mais sans droit de vote, si sa présence est
requise à titre de conseiller technique. Enfin le dernier paragraphe de
cet article doit être aboli, en relation avec nos propositions faites aux
articles 49-50-51. 64. Le directeur général d'une institution
publique est d'office membre du comité administratif sans droit
de vote.
Cf. notre recommandation Il et nos propositions aux articles
49-50-51.
ANNEXE Référer à la version PDF page B-4067
ANNEXE Référer à la version PDF page B-4067
93. La période de deux (2) ans dont il est fait état ici
nous apparaît moins importante que l'élaboration immédiate
d'un programme de création, de conversion ou de fusion d'institution,
comportant un échéancier. C'est pourquoi nous recommandons qu'un
programme soit établi en étroite collaboration avec les
partenaires du Ministère des Affaires sociales. 97. Nous recommandons
que la durée du permis d'une institution couvre une période de
deux ans, et que des mécanismes de vérification et de
contrôle soient mis sur pied durant cette période, pour
éviter que des institutions fonctionnent sans permis.
Commentaires généraux sur l'article 133: 1) Nos
recommandations Il, V, VI et VIl établissent un lien de base avec
l'ensemble de cet article; 2) plusieurs paragraphes de cet article v.g. "a, k,
r" sont tirés de la loi actuelle des hôpitaux. Nous nous
interrogeons sur l'opportunité de telles transpositions dans la
réglementation des C.L.S.C., des C.S.S. et des C.H.
(cf. notre recommandation VI.) 3) Suggestions:
Par. "a" cf. Recommandations V et VIl et notre annexe I
"Essai de classification et de situation des fonctions de services...."
Par. "b" "déterminer les objets des règlements
qu'un office ou une institution peut ou doit adopter", puisque la
réglementation doit être dévolue, à notre avis, au
Conseil d'administration de l'institution;
Paragraphes "j et k": 1) L'application de ces paragraphes est
susceptible de venir en contradiction avec les paragraphes "a et f" de
l'article 89; 2) l'interprétation de ce texte prête à
confusion pour les institutions autres que les Centres d'accueil; 3) les
implications professionnelles risquent d'être subordonnées aux
exigences administratives.
En conséquence, nous RECOMMANDONS que ces paragraphes soient
reformulés en fonction: du type d'institution et de sa
spécificité, et du mode et du type d'intervention (cf. Rec. VI)
que les règlements soient suffisamment souples pour permettre une
adaptation aux conditions locales et que les corporations
professionnelles et les partenaires du Ministère des Affaires Sociales
soient consultés dans la reformulation des paragraphes "j et k".
Paragraphe "q" Commentaires faits à l'article 1, par.
"j".
Paragraphe "s" à abolir, référer à
notre proposition concernant les articles 76 à 81 et nos ajoutés
à l'article 89, concernant le Conseil des professionnels. 136.
Nonobstant les dispositions de la section V traitant de la "délivrance
des permis", et en conformité avec le paragraphe "d" de l'article 1,
nous souhaitons que les dispositions de cet article favorisent le maintien et
la coordination des "foyers privés" existant actuellement au
bénéfice de certaines catégories d'usagers. 145.
COMMENTAIRE
Cet article semble vouloir tenir compte du mode de négociation
adopté depuis quelques années dans le secteur para-public des
affaires sociales. Le Bill 46 est venu récemment reconnaître le
principe de la négociation provinciale dans le secteur des
hôpitaux, en ce sens que l'Association des Hôpitaux de la Province
de Québec devient le porte-parole patronal de négociation dans
son secteur.
Etant donné que le projet de loi 65 vise à maintenir cette
formule en ce qui concerne le secteur hospitalier, nous aurions pu nous
attendre à ce qu'il englobe l'ensemble des institutions. Or l'article
145 traite de la représentation syndicale; mais ignore la
représentation patronale, sauf pour le secteur hospitalier
déjà couvert par le Bill 46.
La Fédération des Services Sociaux à la Famille
représente les directions d'agences concernées par la
négociation depuis cinq ans. Elle utilise une structure de
négociation provinciale conjointement avec les Ministères de la
Fonction publique et des Affaires sociales qui s'est avérée,
à l'expérience, la façon la plus efficace de fonctionner
dans le contexte actuel des négociations.
De plus, la F.S.S.F. est le représentant autorisé de ses
membres par l'intermédiaire d'un comité provincial dans la ronde
de négociations déjà entreprise avec les différents
syndicats d'agences sociales conjointement avec le Gouvernement et les autres
partenaires patronaux.
Il serait essentiel à notre avis que le Bill 65 évite un
retour en arrière aux négociations locales, en garantissant les
structures déjà établies et en reconnaissant des pouvoirs
de représentations identiques à ceux qu'il reconnaît
à l'A.H.P.Q., à la F.S.S.F. et aux autres
Fédérations d'institutions du secteur des Affaires Sociales. 150.
Cet article abroge la Loi des hôpitaux, mais la Loi des Unités
Sanitaires ou certaines de ses dispositions. (S.R.Q. 1964, chapitre 162), ne
devrait-elle pas l'être, selon les "notes explicatives" du projet de loi
65. 159. Paragraphe "i":
Cf. recommandation V et notre annexe IIl 161. A modifier en fonction de
notre proposition à l'article 76 en ce qui réfère au
Conseil des médecins et des dentistes.
Autres commentaires ou questions relatifs à cette session. 1) Que
deviennent les cliniques Domrémy (Loi de l'Optat Bill 292,
chapitre 48); 2) Il faudrait discuter ultérieurement du cas des enfants
confiés aux C.S.S. par une instance autre que les Cours de
Bien-être social du Québec; 3) Nous notons également le
manque d'information pour les cas relevant de l'article 20 de la "Loi
concernant les jeunes délinquants"
(ch. 160 Chambre des communes du Canada 1952). 4) Des
précisions seraient appréciées sur les pouvoirs des C.S.S.
relatifs aux sujets relevant de la Loi de la Curatelle publique; 5 ) Les ACELF
seront-elles modifiées dans certaines de leurs responsabilités?
6) Enfin, les Conseils de Bien-être ou les Conseils de
développement social auront-ils un rôle à jouer dans
l'ordre de la planification et de la consultation?
CONCLUSION
Voilà, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre et
Messieurs les députés, les recommandations, questions et
commentaires que nous suggère le projet de Loi 65.
La F.S.S.F. espère que la participation, préconisée
dans le projet de Loi et qui n'a pas eu lieu lors de sa conception, se
manifestera non seulement dans l'acceptation de modifications proposées
par vos partenaires mais dans l'implantation pratique des mesures
projetées.
La F.S.S.F. réitère sa collaboration aux éventuels
commissions ou comités qui pourraient être mis sur pied au cours
de la réalisation pratique du projet de Loi 65.
ANNEXE I
Certains critères d'éligibilité et
qualifications requises pour siéger aux Conseils d'administration des
institutions publiques. 1- Etre âgé d'au moins 18 ans; 2-
Résider sur le territoire desservi par l'institution; 3- Ne pas
être un employé ou le conjoint d'un employé de
l'institution; 4- Ne pas être visé par l'article 14 de la loi 65;
5- Manifester un intérêt marqué pour les activités
de l'institution; 6- Etre apte à saisir la complexité de
l'organisation des services sociaux et de santé; 7- Etre capable
d'évaluer objectivement les programmes; 8- Faire preuve de sens
critique; 9- Etre disponible.
ANNEXE II
Acheminement des suggestions de noms de candidats
à la
fonction de membres de Conseils d'administration
des
institutions publiques et de l'ORAS.
A- Pour les institutions publiques et de l'ORAS 1- Les suggestions de
noms de candidats à la fonction de membres du Conseil d'administration
d'institutions publiques et de l'ORAS provenant de groupes
socio-économiques sont remises à la direction de l'institution ou
de l'ORAS concernée qui les transmet au Ministère des Affaires
Sociales en même temps que ses prévisions budgétaires. 2-
Il en est de même pour les délégués (membres non
rémunérés) de Conseil d'administration des institutions au
Conseil d'administration de d'autres institutions, à l'ORAS et au Centre
d'accueil. 3- Les citoyens sont invités une fois par année
à suggérer des candidats soit au C.L.S C soit au C.H., soit au
C.S.S., soit à l'ORAS.
Le C.L.S.C. est responsable de la tenue de cette assemblée; il
s'assure également que les candidats suggérés ne sont pas
membres de groupes socio-économiques consultés pour la nomination
des membres de Conseils d'administration.
B- Pour les Centres d'accueil
Pour les centres d'accueil, nous suggérons que des clubs de
services formulent leurs suggestions directement aux centres d'accueil qui les
intéressent.
ANNEXE II-A
Essai de critères pour les groupes
socio-économiques. 1- Que ce soit une Corporation légale sans
but lucratif possédant une charte provinciale dont les objectifs sont
à caractère socio-économique et groupant des membres sur
une base soit provinciale ou régionale ou locale; 2- Que les groupes
socio-économiques fassent connaître par voie de résolution
écrite leur intention de suggérer des candidats à
l'institution ou à l'ORAS qui les concerne; 3- Que les groupes
socio-économiques habilités à soumettre des candidats au
Conseil d'administration du C.L.S.C. soient des associations ayant des
qualités ci-haut décrites mais dont les membres résident
dans le territoire couvert par la C.L.S.C; 4- Que les groupes
socio-économiques habilités à soumettre des candidats au
Conseil d'administration soit du C.H., soit du C.S.S. ou soit de l'ORAS
groupent des membres recrutés, soit au niveau régional, soit au
niveau provincial.
ANNEXE III SERVICES SOCIAUX
Essai de classification et de situation des fonctions de services
dans le C.L.S.C. et/ou le C.S.S. 1. C.L.S.C. 1.1 Fonction "accueil" i.e.
entrée réception hôtesse 1.2 Fonction
"intake" et/ou "continuité" - identification de la demande - information
sur le réseau des ressources socio-sanitaires - décision quant
à l'utilisation du réseau des services - orientation vers le
réseau et relance (follow up) - "advocacy" 1.3 Fonction "participation
populaire" - information et documentation - animation sociale - prospection du
milieu - vulgarisation - "advocacy"
N.B. La coordination de cette fonction serait dévolue au niveau
régional, lorsque le programme d'activités toucherait plusieurs
C.L.S.C. 1.4 Fonction "dépannage-urgence" - dépannage - urgence -
s.o.s. services. 2. C.S.S. (i.e. services centralisés pour
maximiser l'efficacité et la rentabilité.)
2.1 Fonction "consultation" et/ou intervention sociale
individualisée
En raison des coûts, des effectifs en personnel et de la
spécialisation de ce dernier, cette fonction serait assumée par
le C.S.S., mais son exercice serait déconcentré au niveau local
(C.L.S.C.) par un praticien et/ou par des équipes permanentes et/ou
itinérantes. - niveau conjugal - niveau familial - niveau enfance (y
compris les placements à court terme) - consultation budgétaire -
services de soins à domicile 2.2 Fonction "intervention sociale
individuelle et/ou collective" - adoption - évaluation du placement
(adultes et enfants) - décision - follow up et/ou continuité -
réinsertion familiale et sociale - coordination - tutelle sociale -
éducation à la consommation - planning familial - consultation
spécialisée et traitement médico-psycho-social 2.3
Fonction "organisation d'utilités sociales" - garderie - foyers de
groupe - camps familiaux - auxiliaires familiales - centres jeunesse - autres
2.4 Fonction "participation à la définition de la
réalité sociale et à l'élaboration de la politique
sociale".
En regard des droits et besoins sociaux relatifs aux secteurs: - justice
- santé - loisirs - habitation - éducation - travail -
bien-être - famille - citoyenneté - autres 2.5 Fonction "promotion
des standards de pratique et perfectionnement professionnel du personnel des
"services sociaux" de la région". 2.6 Fonction "documentation
professionnelle", statistique, recherche opérationnelle et projet de
démonstration". 2.7 Fonction "formation pratique des étudiants de
niveau universitaire et collégial".
ANNEXE IV
Relations de travail le personnel
Tel que présenté le projet de Loi 65 laisse entrevoir de
profonds réaménagements de personnel à l'intérieur
de tout le réseau santé-bien-être. Ainsi il est possible:
1- Que des Corporations légalement constituées disparaissent non
seulement comme entité légale mais comme entité physique;
2- Que du personnel à l'emploi d'une Corporation passe à l'emploi
d'une autre; 3- Que des unités d'accréditation soient
élargies ou restreintes; 4- Que du personnel non couvert par un
certificat d'accréditation le devienne en changeant d'employeur; 5- Que
du personnel couvert par un certificat d'accréditation devienne à
l'emploi d'une Corporation où il n'existe pas de certificat
d'accréditation; 6- Que du personnel soit affecté par des
transferts, promotion, rétrogradation, mise à pied. Cette
situation anticipée, nous amène à considérer les
facteurs suivants: 1 ) les droits et privilèges du personnel :
ancienneté, expérience antérieure, bénéfices
marginaux, conditions de travail, sécurité d'emploi;
2)l'intégration du personnel et sa satisfaction au travail; 3)
affectation du personnel et compétence en regard à la
qualité des services offerts.
A l'examen, nous devons conclure que la considération qui sera
apportée à ces facteurs conditionnera la réussite de
l'opération-restructuration. En conséquence, le projet de Loi 65
ou ses règlements devraient prévoir des mécanismes qui
puissent garantir l'étude attentive de ces facteurs et l'apport de
solutions appropriées.
Par exemple, le projet de Loi ou ses règlements devraient se
prononcer sur des droits et principes fondamentaux en cette matière et
s'assurer de leur respect en préconisant la formation d'un comité
conjoint Ministère-Institutions concernées qui présiderait
à toutes les démarches de la restructuration affectant le
personnel.
ANNEXE Référer à la version PDF page B-4074
ANNEXE B
Recommandations de la Corporation des travailleurs
sociaux professionnels
Compte tenu de l'importance des changements proposés et de la
nécessité d'une étude globale, nous recommandons:
I- Que l'on attende la parution du rapport de la Commission Nepveu sur
les services sociaux, volume VI, avant d'adopter le Bill 65 en troisième
lecture.
Il- Que l'on dépose les projets de lois sur les conseils de
développement, ainsi que les Bills 27 et 28 et les projets de loi sur la
santé mentale et les ordres professionnels avant d'adopter le Bill 65 en
troisième lecture
IIl- Que l'on prépare l'implantation des nouvelles structures
selon une stratégie bien établie et bien connue de la population:
a) en favorisant un processus d'animation qui permettrait un changement de
structure; b) en procédant ensuite à l'implantation des nouvelles
structures, mais à l'intérieur de régions
représentant un échantillonnage valable de la population du
Québec et à titre d'expériences pilotes, afin
d'évaluer l'adaptabilité des structures aux besoins de la
population, leur souplesse et leur caractère fonctionnel.
IV- Que le Bill 65 comporte un préambule qui réaffirme: a)
le droit des individus à recevoir des services de santé et des
services sociaux, sans retards indus, avec continuité et de façon
personnalisée. b) Le droit des individus à participer à la
définition de leurs besoins, et à l'implantation des structures
qui doivent traduire ces besoins en terme de services. c) le droit des
individus d'en appeler de la qualité des services rendus et de la
célérité avec laquelle il est donné suite aux
demandes du public.
V- Que la loi prévoit des mécanismes concrets de
participation réelle des dfférentes parties en présence
(les pouvoirs publics, les professionnels et les clients qui reçoivent
les services) et leurs relations organiques.
VI- Que le texte de loi affirme le droit de la personne de consulter le
professionnel ou la ressource de son choix.
VIl- Que les diverses structures du réseau de distribution de
services soient définies de façon à éviter le
recouvrement et la duplication des ressources et que ces informations soient
mises à la disposition du public au moyen d'un feuillet publicitaire ou
autre.
VIIl- Que les principes et les objectifs sous-jacents à la
création des diverses structures prévues dans la loi (C.L.S.C. -
C.H. - C.S.S. - C.A.) soient préservés lors de l'implantation
régionale du Bill 65. Cependant, lorsqu'on appliquera les prescriptions
de la loi aux différentes régions, que l'on tienne compte des
disparités régionales, en ressources, besoins ou personnel
qualifié. Ainsi, dans certaines régions où sont
déjà implantées, de façon
décentralisée, des structures du genre des centres hospitaliers
ou des centres de service social, on devrait éviter la création
d'autres locaux de services communautaires qui s'ajouteraient en surnombre
alors que dans d'autres régions, ces derniers pourraient être
généralisés et regrouper un éventail plus large de
services.
IX- Que le centre local de services communautaires: a) ait pour fins
principales: la prévention (services de santé et services sociaux
courants), le traitement à court terme, la référence aux
autres institutions dispensant des services spécialisés,
l'animation sociale et l'organisation communautaire ; b) reçoive les
personnes qui, en plus des services médicaux et sanitaires usuels,
présentent des problèmes psycho-sociaux courants; c) regroupe les
ressources du milieu au lieu d'être une plaque tournante qui dirige la
population à la périphérie ou à l'extérieur
du district;
d) soit formé d'une équipe pluridisciplinaire permanente
plus ou moins étendue selon les besoins de la région et quand il
y a lieu, offre aussi à la population un éventail de services,
tels soins dentaires optiques, pharmaceutiques et des services d'animation
sociale, de réintégration au marché du travail,
d'orientation et d'éducation populaire.
X- Que chaque région bénéficie de services de
traitements spécialisés au plan médical et psychosocial
offerts dans: a) des centres hospitaliers qui reçoivent les personnes
pour fins de diagnostic et de traitement médical, et de
réadaptation physique ou mentale; b) d'autres structures
complémentaires (du type des centres psycho-sociaux ou cliniques
d'hygiène mentale) qui offriraient des services de "réadaptation
mentale", de traitements psychosociaux (individuels et de groupes), de
diagnostic, de traitement familial, du comportement et de recherche; c) que
dans certaines régions et selon les besoins particuliers de chacune, ces
deux ordres de services puissent être offerts par des structures
séparées, mais complémentaires, ou par une même
structure, s'il y a lieu.
XI- Que les centres de services sociaux aient pour objet premier
d'évaluer et de promouvoir les ressources spécialisées
appropriées et de les mettre à la disposition des personnes et
des organismes.
XIl- Pour corriger cette situation, nous recommandons que l'ORAS a)
devienne véritablement un organisme de programmation et de planification
régionale avec pouvoirs réels de décision (et non
uniquement un organisme de surveillance et de contrôle) et qu'il regroupe
des services d'animation et de recherche; b) s'assure de la
représentation des ressources régionales par une participation
élargie de la population à l'intérieur du conseil
d'administration (constitué, pour la moitié, des membres de son
propre conseil, et l'autre moitié par des représentants des
structures de services qui dépendent de l'ORAS); c) soit doté
d'abord d'un conseil d'administration provisoire dont l'unique mandat serait
d'établir la liste exhaustive des groupes socio-économiques de
son territoire et de demander à chacun de ses groupes de lui
déléguer ses représentants officiels; d) détermine
la procédure générale d'élection qui servira aux
autres structures, une fois que son conseil d'administration aura
été dûment constitué.
XIIl- En conséquence, nous recommandons: a)que tous les groupes
socio-économiques puissent avoir une chance égale de devenir
membres du conseil d'administration de l'ORAS; b) qu'un système de
rotation soit établi afin que ces différents groupes puissent
accéder à un moment ou l'autre au conseil de l'ORAS et qu'ils
participent ainsi de façon efficace à la gestion de cet organisme
de planification régionale.
XIV- De même: a) que la liste des groupes socio-économiques
reflète la réalité régionale, plutôt qu'un
modèle préconçu et uniforme; b) que l'on se
préoccupe surtout d'intégrer au processus de gestion les groupes
généralement peu représentés, tels les
comités de citoyens, les assistés sociaux ou les citoyens
à faible revenus; c) que les délégués élus
par les diverses instances régionales soient reconnus comme les
représentants effectifs de ces groupes et que leur nomination soit
confirmée par l'autorité du lieutenant gouverneur en conseil.
XV- Que les représentants de la population au niveau de
l'organisme central, principal dispensateur de services, le C.L.S.C., soient
majoritaires
XVI- Que a) les psychologues, les travailleurs sociaux et les autres
professionnels qui oeuvrent au sein d'une structure donnée (v.g.
C.L.S.C. ou C.H.) puissent se constituer en un groupe autonome; b) chaque
profession ainsi regroupée désigne un
délégué au Conseil professionnel qui élira le
directeur des services professionnels; c) le directeur des services
professionnels siège au conseil d'administration de l'organisme ou du
centre.
XVIl- Que l'équipe pluridisciplinaire définisse
elle-même les rôles de chacun de ses membres, les diverses
tâches à assigner à chacun, et les modes de fonctionnement
de l'équipe.
XVIIl- Que les professionnels puissent rencontrer la population au
niveau des différents conseils d'administration des structures de
services, discuter avec elle les attentes qu'elle nourrit et recevoir ses
recommandations en matière de distribution des soins professionnels.
Ceci n'implique pas nécessairement une présence
régulière des professionnels au sein des conseils
d'administration, ni la nécessité de leur accorder un droit de
vote.
XIX- Que le Gouvernement n'adopte pas le Bill 65 en troisième
lecture avant de soumettre ces règlements à la consultation
populaire.
XX- Que cette consultation ne s'effectue pas uniquement auprès de
quelques personnes choisies par le Ministre mais qu'elle touche
véritablement les divers groupes constitutifs de la population du
Québec, sans oublier ceux qui dispensent les services de santé et
les services sociaux.