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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65 Loi de l'organisation des
services de
santé et des services sociaux
Séance du jeudi 2 décembre 1971
(Seize heures)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Bill 65. M. Castonguay.
Discussion générale
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous avions convenu qu'au terme
de l'audition des mémoires, nous aurions une dernière
séance pour faire le point en quelque sorte, avant que la commission
fasse rapport à l'Assemblée nationale et que le projet soit
présenté en deuxième lecture.
Je veux simplement rappeler, avant de faire quelques commentaires, le
nombre élevé de séances que nous avons tenues, le grand
nombre de mémoires que nous avons étudiés, le fait aussi
que, depuis le dépôt de ce projet de loi, j'ai rencontré un
grand nombre d'organismes, à l'occasion de visites dans divers centres
de la province, ce qui a permis un échange de vues très large sur
ce projet de loi.
Avec votre permission, pour bien saisir ou bien se rappeler dans quel
esprit nous avions déposé ce projet de loi, dans quel esprit nous
en avons abordé la discussion à la commission et aussi pour
rappeler les objectifs poursuivis, je relirais une première partie de
mes commentaires de la séance du 24 août. Cela peut être
quelque peu fastidieux mais je crois que c'est peut-être la façon
la plus brève de bien resituer la question, étant donné le
fait qu'il s'est passé maintenant plus de trois mois depuis le
dépôt de ce projet de loi.
Je relis, avec votre permission, textuellement, à partir du
journal des Débats. Je disais donc: "Je voudrais rappeler d'abord, de
façon très sommaire, les grand objectifs du ministère des
Affaires sociales et tenter de préciser les objectifs les plus
fondamentaux de ce projet de loi. Je pense qu'il est important de mentionner
qu'en ce qui a trait à ces objectifs fondamentaux, ils nous apparaissent
suffisamment importants pour que, de façon générale, ils
ne puissent être profondément modifiés, à moins que
l'on démontre clairement le bien-fondé des modifications
profondes à ces objectifs. "Par contre, au plan des modalités, je
voudrais mentionner dès maintenant et aussi clairement que possible que
nous voulons faire en sorte que ce projet de loi réponde le mieux
possible aux objectifs fixés. C'est pourquoi je veux l'indiquer
également dès maintenant, nous sommes tout à fait
disposés à apporter tout changement qui serait de nature à
améliorer ce projet. "La rédaction d'un tel projet est une
entreprise extrêmement complexe et difficile. Nous n'avons pas la
prétention d'avoir le dernier mot ou d'avoir apporté la
réponse idéale à tous les problèmes qu'il
soulève.
C'est pourquoi, au plan des modalités particulièrement,
nous sommes tout à fait disposés à envisager tout
changement de nature à améliorer le projet.
Après cette description ou cette définition des objectifs
fondamentaux du projet de loi, je voudrais donner une description des aspects
détaillés, pour en faire une synthèse aussi claire que
possible, ou en donner un aperçu aussi clair que possible, étant
donné l'ampleur du projet, sa complexité et enfin faire quelques
commentaires d'ordre général. "Evidemment, pour le moment, je ne
répéterai pas cette description de toutes les modalités
que j'avais faites alors. "En ce qui a trait aux grands objectifs du
ministère des Affaires sociales, je crois qu'il est important de
rappeler que la politique du ministère a pour but général
de mieux adapter les services aux besoins de la population, de les rendre plus
accessibles et aussi d'en assurer la continuité. Cette politique est
nécessaire pour atteindre les grands objectifs sociaux du
ministère des Affaires sociales, à savoir l'amélioration
de l'état de santé de la population, l'amélioration des
conditions sociales des individus, des familles et des groupes ainsi que
l'état du milieu où s'inscrivent leurs activités. "La
réalisation de cette politique doit évidemment se faire dans le
cadre de la responsabilité de l'Etat d'assurer une allocation des
ressources humaines et financières aussi juste et rationnelle que
possible et aussi dans le cadre de la responsabilité de l'Etat d'exercer
le contrôle nécessaire sur l'utilisation de ces ressources.
Pour atteindre ces fins, il faut un cadre adéquat des services de
santé et des services sociaux. C'est le but que vise le bill 65,
c'est-à-dire de fournir un cadre qui puisse permettre d'appliquer les
politiques et programmes du ministère des Affaires sociales, de les
adapter et de les modifier selon les exigences diverses de l'évolution
des besoins, des ressources et des connaissances. Une bonne organisation, une
organisation cohérente est nécessaire pour assurer la
réalisation ou la mise en application efficace des politiques et des
programmes. "Il s'agit donc essentiellement je crois que ce point est
important d'une loi touchant, comme son nom l'indique, l'organisation
des services. C'est la raison pour laquelle elle ne traite pas des programmes
de santé et des services sociaux comme tels ou encore de la philosophie
plus précise qui pourrait sous-tendre des politiques
particulières ou des programmes particuliers. "Cette définition
très générale des objectifs ou de la politique sociale du
ministère est un cadre très général à
travers lequel on doit examiner plus précisément maintenant les
ob-
jectifs fondamentaux du projet de loi no 65. Comme je l'ai
déjà mentionné d'une façon plus
générale, l'objectif le plus fondamental, je crois, de ce projet
est d'assurer à la population l'accessibilité et la
continuité des services de santé et des services sociaux. "Aussi,
il devient donc nécessaire de relier les différents
éléments du réseau général des institutions
et des services sur la base d'une complémentarité tant au niveau
des objectifs qu'au niveau des fonctions, des programmes et des
activités qui en découlent. "Les implications d'une telle
approche supposent, entre autres, une décentralisation des moyens
d'intervention vers les offices régionaux des affaires sociales dont la
création est proposée par le projet de loi. "Les implications de
cette approche supposent également une intégration au niveau des
centres locaux de services communautaires sur deux plans: une
intégration au niveau de l'approche même des problèmes de
l'individu, de la famille et des groupes; également une
intégration au niveau de la formation des équipes qui, par voie
de conséquence, devront être polyvalentes et multidisciplinaires.
Ici, il est peut-être important, j'y reviendrai, de préciser que
ce projet de loi ne touche pas les autres modes de distribution de services qui
n'entrent pas dans le cadre des définitions données par le projet
de loi, par exemple l'exercice autonome d'une profession à cabinet
privé, je pense en particulier aux médecins.
"Troisièmement, la poursuite des grands objectifs, dont est responsable
le ministère des Affaires sociales, suppose également, à
titre d'objectif fondamental, la nécessité de relier les
programmes de prévention aux activités de traitement, de
même que la condition des individus et des familles à leur milieu
de vie où naissent et se développent un grand nombre des causes
des divers déséquilibres que visent en définitive nos
politiques. "Elle suppose également, pour des raisons qui ont
été longuement discutées et qui le seront sans doute lors
de l'étude des lois sur les corporations professionnelles, le maintien
du contrôle de l'acte professionnel par les professionnels
eux-mêmes. Ici, les exigences du respect de cet objectif seront plus
clairement définies lorsqu'il s'agit d'actes professionnels relevant de
professions qui doivent être fermées, de par la nature des actes
qu'il posent ou, en d'autres termes, que ces actes ne peuvent être
posés que par les membres de cette corporation. De toute façon,
nous aurons l'occasion de revenir sur cette question lors de l'étude des
lois sur les corporations professionnelles. "Quant aux autres objectifs,
même si je les situe au plan des objectifs fondamentaux, je pense qu'il
paraît nécessaire de faire une distinction puisque, dans tous les
cas, il me semble, ils se situent au plan des moyens précis à
être utilisés. Avant de les énumérer, je pense qu'il
est bon de rappeler que, dans un assez bon nombre d'institutions, on constate
ou on est témoin d'une certaine stabilité qui va à
l'encontre du besoin de dynamisme ou de renouvellement nécessaire des
institutions, à l'époque où nous vivons, compte tenu de
l'évolution rapide des besoins et aussi des modes d'intervention.
"Aussi, nous devons tenir compte de la faiblesse de l'administration de
plusieurs institutions. Bien souvent, il ne s'agit pas nécessairement
des individus qui sont en cause ou qui sont à la source de cette
faiblesse mais bien souvent la taille des institutions elles-mêmes ou
encore d'autres facteurs.
Nous aurons l'occasion d'y revenir. "Si je fais cette précision,
je ne vise personne en particulier, en soulignant la faiblesse de
l'administration de plusieurs institutions. Ce qui apparaît important,
soulignant ces deux caractéristiques d'un certain nombre d'institutions,
c'est que les effets se traduisent par des services trop souvent ou bien
souvent inadaptés aux besoins. "Les effets aussi se traduisent dans bien
des cas par une mauvaise utilisation des ressources, aussi bien en terme de
personnel, d'équipement, de ressources financières. Ils se
traduisent aussi en terme de coûts élevés. "Ces objectifs
sont: "1) La nécessité de bien établir la composition des
institutions, de telle sorte que toutes les parties en cause soient
représentées et aussi prévoir le renouvellement,
particulièrement au niveau des conseils d'administration, les membres de
ces conseils. "2) La nécessité de bien partager les
responsabilités au plan de la planification, de la programmation, du
financement et de l'administration, de la distribution des services afin
qu'à chaque niveau, soit au niveau du ministère, des organismes
régionaux, au niveau également des institutions, chacun puisse le
plus efficacement possible s'acquitter de ses responsabilités propres.
Nous avons déjà eu l'occasion de discuter de cette question lors
de l'étude des crédits du ministère. Nous avons
étudié les structures du ministère à ce moment. Je
pense que pour le moment il ne serait donc pas opportun de reprendre un
exposé détaillé du partage des responsabilités que
nous envisageons. "3) A l'intérieur des institutions, la
nécessité de distinguer entre l'administration
générale de l'institution et l'organisation et la distribution
des services professionnels tout en respectant la nécessité
fondamentale ou la nécessité d'assurer une administration
efficace selon le principe de l'unité de direction. Comme je l'ai
mentionné au niveau des principes fondamentaux, des objectifs
fondamentaux, tout en respectant également le besoin de laisser aux
professionnels eux-mêmes, avec les nuances que j'ai faites, le
contrôle de l'acte professionnel lui-même. "Au niveau de l'approche
des problèmes de l'homme, c'est-à-dire particulièrement au
niveau
des unités ou des institutions qui sont chargées de
maintenir le lien le plus immédiat, le plus constant avec les individus,
soit les familles et les groupes, c'est-à-dire au niveau des CLSC dont
la création est proposée par le projet de loi no 65, la
nécessité de prévoir dans l'administration de ces services
une plus grande participation de la population qui reçoit ces services.
"Toujours au plan de la participation, la nécessité d'introduire,
malgré les difficultés que présente la recherche, des
formules adéquates de participation, aux divers niveaux des institutions
responsables de la distribution des services.
Compte tenu du fait par contre qu'à mesure que les institutions
sont responsables de dispenser des services plus spécialisés ou
encore se situent à un niveau où s'introduisent des fonctions
plus générales de planification, de contrôle,
nécessité d'introduire en contrepartie à ces niveaux une
participation alors accrue des responsables de la distribution des soins".
Je termine: "Enfin, compte tenu de la responsabilité du
ministère des Affaires sociales d'assurer à la population les
services de santé, les services sociaux dont elle a besoin,
nécessité d'un pouvoir d'intervention rapide et souple au niveau
du ministère des Affaires sociales ou encore des offices
régionaux des affaires sociales. Au cours des années ou au cours
des derniers mois, cette nécessité a été
démontrée, à mon sens non seulement au plan des principes,
mais aussi au plan très concret. Nous avons des situations sur
lesquelles nous pourrons revenir au besoin lorsque nous discuterons cet aspect
plus particulier du projet de loi. Cette énumération
complète à notre sens, celle des objectifs les plus fondamentaux
que vise le projet de loi no 65."
Je m'excuse de cette lecture quelque peu longue, mais il m'apparaissait,
pour qu'il n'y ait pas d'équivoque possible, utile de redire exactement
ce que j'avais dit au moment de l'introduction du projet de loi.
Il ne me semble pas possible, M. le Président, de faire une
synthèse de tous les mémoires que nous avons reçus. Je
voudrais plutôt passer en revue les différentes sections du projet
de loi ou encore des aspects qui pourraient faire l'objet d'une nouvelle
section du projet de loi, en vous donnant soit un aperçu des changements
que nous envisageons, soit, selon qu'il s'agit de questions plus complexes, en
soulevant des hypothèses qui nous apparaissent possibles, ou encore
certaines questions, afin de pouvoir susciter cette discussion, cette analyse
qui est le but de cette séance de la commission.
Certains aspects secondaires, évidemment, qui peuvent, tout au
moins quant à moi, apparaître moins importants ne seront pas
touchés dans l'exposé que je vais faire. Nous pourrons y revenir,
soit au cours de la présente discussion, si vous le jugez à
propos, soit au moment de l'étude en deuxième lecture ou en
comité plénier. Si je propose cette procédure, c'est qu'il
m'apparaît encore une fois important, comme je le disais tantôt, de
connaître vos points de vue.
Car, tout comme je le disais le 24 août, et j'espère
que la discussion jusqu'à ce moment en commission a permis de le
constater ce qui importe avant tout, soit à moi, soit au
gouvernement, c'est ce que ce projet de loi, lorsqu'il sera adopté, soit
le mieux adapté possible aux besoins de la population, qu'il colle le
mieux possible aussi aux attitudes du milieu ou à la possibilité
des gens du milieu, des institutions, des services, de fonctionner dans ce
nouveau cadre tout en maintenant leurs motivations.
C'est dans cet esprit, M. le Président, que j'aimerais
bénéficier des observations des membres de la commission.
Dans les mémoires qui nous ont été
présentés, à certaines reprises, on nous a dit que le
projet de loi était froid ou qu'il ne comportait pas un exposé
d'objectifs et même si, au moment où ces critiques et ces
commentaires ont été faits, j'ai mentionné, que
originellement, lorsque le projet de loi a été
préparé, nous avions décidé de ne pas inscrire de
tels objectifs, parce que le projet portait d'abord sur les structures et que
nous ne voulions pas donner l'impression que le ministère, dans les
objectifs qu'il poursuit, n'y voie qu'un problème de structures. Compte
tenu, malgré tout, de l'insistance qu'ont mise un certain nombre
d'organismes sur cet aspect du projet de loi, nous avons et je l'ai
déjà indiqué cru utile de proposer que des
objectifs soient introduits dans la version modifiée du projet de loi
qui sera présentée en Chambre.
Ces objectifs pourront porter il me semble que ce sont les
objectifs les plus importants sur l'amélioration de l'état
de santé, les conditions de vie de la population, sur
l'accessibilité aux services de santé et aux services sociaux,
sur la continuité de ces services, sur l'efficacité des services
dispensés à la population, sur leur adaptation par rapport aux
besoins de la population, sur la promotion ou l'encouragement à la
population de participer à l'instauration à l'administration, au
développement des services et aussi sur la fonction que jouent
l'enseignement et la recherche aussi bien pour le maintien de la qualité
de ces services que pour le développement des connaissances et des
ressources pour faire fonctionner ces services.
De même, on a reproché au gouvernement de ne pas avoir
clarifié ou affirmé dans ce projet de loi les droits des citoyens
aux services de santé et aux services sociaux. Egalement, sur ce plan,
j'ai déjà mentionné que c'était notre intention,
dans le projet de loi, d'introduire une reconnaissance de ces droits. Cette
reconnaissance de ces droits portera sur un certain nombre de points: le droit
de recevoir des services adéquats sur les plans scientifique, humain, et
social; le droit de recevoir des services de façon aussi continue et
personnalisée que possible; le droit de recevoir des services
sans discrimination; le droit de choisir l'établissement ou le
professionnel désigné par le patient ; le droit du professionnel
d'accepter ou non de traiter une personne; le droit d'une personne d'exiger
d'un établissement et là, nous portons sur un aspect
peut-être un peu spécifique, particulier, mais qui est
extrêmement important que le contenu de son dossier médical
ou de son dossier, s'il s'agit de services sociaux, lui soit communiqué,
mais avec certaines réserves toutefois dans ce cas, pour des personnes
atteintes, par exemple, de maladie mentale où la connaissance du dossier
pourrait avoir un effet négatif dans le processus de guérison, ou
encore, dans le cas d'une personne atteinte d'une maladie qui lui sera fatale
et où le professionnel jugerait que rendre connaissance du dossier
à la personne n'apporterait rien de positif, rien qui pourrait
être utile à cette personne et par contre lui être une
source d'inquiétude, d'angoisse.
Alors, le projet comportera des dispositions sur ce droit d'avoir
accès au contenu de son dossier avec, par contre, certaines limitations
qui nous apparaissent fondées sur des préoccupations axées
en tout premier lieu sur la personne et non d'ordre administratif ou d'un autre
ordre: le droit également réitéré ici, même
si c'est déjà fait dans d'autres dispositions
législatives, à la confidentialité des dossiers
médicaux ou des dossiers des services sociaux.
Maintenant, tous ces droits, et je pense qu'il est bon de faire cette
remarque, sont des droits de la nature de droits sociaux et ce ne sont pas des
droits aussi absolus que les droits civils par exemple. Ils doivent être
conditionnés par l'état de l'organisation et la quantité
des ressources disponibles. Il est nécessaire, je crois, il est bon de
reconnaître ces droits mais je veux simplement insister sur le fait que
les dispositions du projet de loi comporteront, évidemment, cette
limitation, qui se retrouve dans les faits de toute façon, qu'il s'agit
de droits qui peuvent être exercés dans la mesure et compte tenu
de l'organisation et des ressources disponibles.
Egalement, lors de la présentation des mémoires, certains
organismes ont craint que le projet de loi ne s'applique à eux, alors
que la nature même de ces organismes et le type d'activités
auxquelles ils s'adonnent leur paraissaient ne pas être tout à
fait dans l'esprit du projet de loi. Aussi ces groupes ou organismes
craignaient d'être assujettis à des structures qui auraient eu
l'effet de freiner le dynamisme issu d'un milieu ou d'un groupe ou encore de
les assujettir à des contrôles superflus, compte tenu du type
d'activité de ces groupes ou encore des contrôles qui auraient eu
pour effet de les orienter dans des directions contraires à leur
volonté. Sur ce plan, nous avons dit déjà que le projet de
loi, quant à son champ d'application, serait circonscrit. Je voudrais
simplement mentionner à ce stade-ci que les modifications qui seront
apportées au projet de loi sur ce plan, traiteront d'abord des
activités qui seront exclues, c'est-à-dire des activités
de type purement bénévole, supportées ou, s'il n'y a pas
de sources de financement, non supportées mais s'il y a des sources de
financement, supportées principalement par des souscriptions d'ordre
public.
Nous avons vu ici divers organismes des deux types qui sont purement
charitables ou d'autres qui sont à caractère
bénévole mais qui, pour fonctionner au plan financier,
reçoivent des contributions de la part d'individus ou d'organismes
privés.
Aussi, au sujet des activités d'animation sociale, d'information
populaire ou d'entraide sociale, le projet de loi ne vise pas à couvrir
ces groupes ou organismes ou associations. Aussi, tout autre type
d'activités qui pourrait être prévu par règlement,
étant donné qu'il n'est pas toujours facile de prévoir
quelles peuvent être les nouvelles formes d'entraide ou
d'activités visant à répondre aux besoins de la
population. Les comités de citoyens sont une réalité
nouvelle que nous ne connaissions pas, je crois, il y a quatre ou cinq ans, je
ne sais pas exactement; et certains types de services, de cliniques qui
naissent, soit pour aider les gens relativement à des problèmes
d'alcool et de drogue étaient quelque chose d'inconnu, il y a trois ou
quatre ans également.
Nous ne voulons pas figer la loi et laisser peser, au-dessus de
groupements nouveaux de nouvelles formes d'activités qui pourraient
naître, la menace que le projet de loi vienne à les toucher dans
l'avenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre me permettrait une
question? Quand il a parlé de "cliniques", il a fait
référence à l'alcool ou à la drogue; est-ce qu'il
parlait de l'OPTAT en particulier?
M. CASTONGUAY: Non, je pense en particulier à certaines petites
cliniques de drogues.
M. CLOUTIER: Ah bon!
M. CASTONGUAY: Maintenant, ces activités...
M. LAURIN: Sont-elles exclues d'une façon générale
ou à leur demande?
M. CASTONGUAY: Non, lorsque je parle d'activités qui seront
exclues tel que prévu par les règlements, ce sont des
activités de la nature de celles que je viens d'énumérer,
entraide bénévole ou supportée par des contributions de
sources publiques. Ce sera exclu par règlement, si ce sont de nouvelles
formes que nous ne sommes pas en mesure d'énumérer dans la
loi.
Notre but est vraiment comme je l'ai dit de couvrir par ce
projet de loi des services à caractère plus organisé.
C'est pourquoi aussi ces activités d'information, par exemple
d'entraide, si elles entrent dans le cadre des activités d'un
établissement, d'une institution qui tombe sous
le coup de la loi, évidemment elles sont couvertes par la loi.
Egalement, la loi ne s'appliquera pas s'il est nécessaire ici de
le dire aux établissements psychiatriques pour détenus qui
sont d'une catégorie bien particulière.
Ce sont trois grands points qui avaient été
mentionnés et on avait dit à ce moment-là, relativement
aux droits, aux services, qu'il serait bon qu'il y ait aussi une
procédure quelconque d'appel ou encore une procédure ou un
endroit où le citoyen pourrait s'adresser s'il avait des plaintes
à formuler quant aux services qu'il a reçus ou qu'il n'a pas
reçus.
Nous reviendrons sur cette question lorsque je discuterai,
immédiatement, des conseils régionaux. Mais, avant de le faire,
je crois que les conseils régionaux, les offices régionaux des
affaires sociales, selon le nom qu'on veut leur donner... Si j'utilise
l'expression "conseils", c'est pour montrer qu'à notre sens il y a deux
choix.
Certains organismes qui se sont présentés devant la
commission ont insisté pour que les offices régionaux aient plus
de pouvoirs, qu'ils aient vraiment des pouvoirs d'exécution, des
pouvoirs d'allocation de ressources financières, des pouvoirs de
programmation. D'autres organismes ont plutôt penché vers une
autre formule, où ces organismes devraient plutôt jouer un
rôle de consultation, de planification, d'information de la population,
etc. C'est pourquoi, dans cette deuxième hypothèse, j'utilisais
plutôt l'expression "conseils régionaux".
On a vu, dans les offices tels qu'ils étaient proposés, un
lien ou un palier qui alourdirait le système aussi bien au plan des
communications et des prises de décision. On a craint que les pouvoirs
d'enquête qui étaient proposés deviennent abusifs. On a
craint que ce palier ajoute à la structure bureaucratique de tout le
système. Nous avons, à notre avis, deux options, soit vraiment
décentraliser au niveau des offices ou encore les transformer en des
organismes à caractère plutôt de participation à
l'identification des besoins de promotion de cette participation ou du
développement des services d'étude, de consultation, de liaison
au besoin, sur certains plans entre le ministère et la population.
Ce sont les deux choix et, selon le choix qui est fait, je crois qu'on
fixe dans une certaine mesure tout l'équilibre de cette loi. S'il y a
décentralisation à ce niveau, il n'est pas nécessaire de
décentraliser autant au niveau des institutions locales ou de laisser
autant de latitude, étant donné le rapprochement, par le
truchement des offices, au plan régional.
Si c'est la deuxième voie qui est choisie, il apparaît
alors nécessaire de faire en sorte que les rôles entre le
ministère et les multiples institutions soient aussi bien
clarifiés que possible, de telle sorte qu'on laisse davantage
d'autonomie au niveau des institutions, quoique ce soit à ce niveau-la
que l'équilibre de loi va s'établir.
Selon également le rôle de ces organismes, on peut imaginer
que la composition de leurs conseils d'administration variera selon les choix
qui seront faits. Sur ce point, j'aimerais que nous discutions la question,
connaître vos réactions. Il s'agit là, je crois, d'une des
questions les plus délicates, les plus difficiles de ce projet de
loi.
Egalement, au plan des institutions se sont posées quelques
questions assez complexes, assez difficiles. D'abord, si on se souvient, dans
le projet de loi originel, nous proposions que les institutions soient
administrées par un conseil d'administration, ce qui signifiait, dans
une certaine mesure, la disparition des corporations.
Sur ce plan, on a soulevé de nombreuses questions. D'une part, on
y a vu le danger que le gouvernement s'approprie des biens qui étaient
la propriété ou qui s'identifiaient en tout ou en partie avec des
groupes. On a également rappelé les contributions, importantes ou
moins importantes selon le cas mais là il s'agit d'une question
d'appréciation que ces corporations ou les membres de ces
corporations apportent au bon fonctionnement des institutions.
On a aussi souligné le bien-fondé que pourrait
présenter une certaine continuité dans le temps entre les membres
qui font partie de ces corporations, ceux qui les représentent dans les
conseils d'administration, pour éviter qu'il y ait une
discontinuité trop grande dans le temps. Vis-à-vis de ces
représentations, nous avons fait un choix fondamental, c'est celui du
maintien des corporations.
Mais tout en maintenant ces corporations, il nous apparaît
possible que les principes déjà énoncés, quant
à la composition des conseils d'administration, quant au renouvellement
de ces conseils, quant à la représentativité de ces
conseils, c'est-à-dire la représentativité des personnels
des institutions, professionnels, population qui reçoit les services,
personnes en institution dans certains cas, comme les personnes
âgées, etc., il nous apparaît possible, dis-je, que toutes
ces dispositions ou ces objectifs que nous visions puissent être atteints
malgré tout.
C'est donc également en tenant compte de cette possibilité
qu'il nous est apparu utile et nécessaire de maintenir en existence les
corporations. Aussi, un des aspects qui apparaît important, c'est la
motivation d'un grand nombre de personnes reliées au milieu qui, je
crois, auraient pu être affectées considérablement par la
disparition des corporations existantes.
Alors, ici, compte tenu de cette orientation, évidemment se
posent un grand nombre de questions au niveau des conseils d'administration.
Comment les composer? Comment s'assurer le renouvellement? Par quel
mécanisme de nomination ou d'élection, etc.? Encore, sur ce
point, je crois qu'il y aurait intérêt à ce que nous
discutions de ces questions et que nous puissions bénéficier de
vos observations.
Quant au statut des établissements, aussi, un
certain nombre de questions et d'interrogations ont été
soulevées. Le projet de loi initial catégorisait en deux grands
groupes, à toutes fins pratiques, les institutions, soit les
institutions publiques sans but lucratif ou les institutions privées
à but lucratif. Dans ce second cas, deux formules étaient
possibles, soit que l'institution à but lucratif puisse faire ses frais
complètement, ou encore, que le gouvernement, par voie de contrats,
accorde à cette institution un rendement sur le capital ou les
immobilisations dans l'institution. Vis-à-vis de toutes les
représentations, vis-à-vis d'une analyse plus
détaillée du type des institutions, il nous a paru possible et
nécessaire d'introduire une certaine souplesse encore là,
j'aimerais que nous discutions de cette question c'est-à-dire une
souplesse qui nous permettrait d'avoir une catégorie
intermédiaire pour certains types de services, soit à cause de
leur caractère très spécial ou encore, à cause,
parfois, du caractère d'expérimentation où nous aurions un
genre d'institution qui se situe entre les deux, qui serait sans but lucratif,
mais qui ne serait pas nécessairement une institution publique,
c'est-à-dire qui doive se conformer à toutes les dispositions du
projet de loi quant à la composition de son conseil d'administration,
etc.
En plus de cet aspect, se soulèvent les modalités de
financement et là, selon les choix qui sont faits ou qui seront faits,
il y a également d'autres questions qui se posent. Je viens de rappeler
les deux ou trois types de financement qui étaient envisagés par
le projet initial selon qu'une catégorie intermédiaire est
introduite, d'autres modes de financement devront être prévus,
soit achat de services ou paiements forfaitaires pour certains types de
services ou formule de budget.
C'est le deuxième groupe de questions, en plus des offices
régionaux, qui, je crois, ont soulevé le plus de commentaires, le
plus de difficultés et qui paraissaient les plus complexes.
Quant aux autres questions, je vais passer le plus rapidement
possible.
A l'intérieur des structures internes des institutions, nous
avions proposé, dans le projet initial, la formation d'un conseil des
professionnels, d'un conseil des médecins et dentistes, l'identification
d'un poste de directeur général, d'un poste de directeur des
services professionnels, ceci, à tout le moins, pour les
établissements hospitaliers. On nous a fait un bon nombre de
représentations sur ces plans.
Il ne m'est pas possible, pour le moment, de reprendre toutes ces '
observations, toutes les dimensions de la question. Il m'apparaît
important de dire que, malgré toutes ces représentations, je
crois que, dans les établissements hospitaliers, les centres
hospitaliers, il nous faut maintenir le conseil des médecins et
dentistes tel que proposé dans le projet de loi, c'est-à-dire
dans ses fonctions, non pas parce que les professionnels d'autres
catégories qui prati- quent dans les hôpitaux ne sont pas tout
aussi respectables, mais compte tenu du fait que le conseil des médecins
et dentistes est chargé d'une responsabilité bien
particulière, celle de contrôler les actes posés par les
médecins et les dentistes.
Si on y introduit d'autres types de professionnels, il y a de fortes
chances que ce contrôle devienne à toutes fins pratiques
inexistant.
Egalement, on doit reconnaître, malgré tout ce qu'on peut
dire, que dans l'hôpital, celui qui inspire le "leadership" ou celui de
qui provient l'activité au plan de la distribution des services est le
médecin.
Nous proposons de garder le conseil des médecins et dentistes
limité à ces deux catégories de professionnels et de ne
pas l'ouvrir à d'autres catégories. Nous proposons
également ou nous croyons qu'il serait sage, au lieu de faire rapport au
conseil d'administration par le truchement du directeur des services
professionnels, que ce conseil puisse le faire directement au conseil
d'administration.
Il s'agit là en fait pour ce conseil d'un mécanisme de
communication qui correspond au type de responsabilité qu'il devra
assumer. Il ne s'agit pas d'une responsabilité administrative, il
s'agit, pour ce conseil, de contrôler la qualité des actes
posés, d'établir des normes pour assurer que le personnel qui
pratique dans l'hôpital est compétent, il s'agit de questions qui
ne sont pas de nature administrative. Les rapports peuvent s'établir,
sans qu'on mette en cause le principe de l'unité de direction au plan
administratif, entre le conseil et le conseil d'administration.
Nous croyons toutefois qu'il serait utile que ce conseil comporte un
comité exécutif et que des liens soient établis avec la
direction de l'hôpital, soit par la présence, au sein de ce
comité exécutif, du directeur général et du
directeur des services professionnels, de telle sorte que les liens
s'établissent.
Quant au conseil consultatif des professionnels, nous croyons et
suite à des représentations qui ont été faites
qu'il devrait être maintenu dans les centres hospitaliers, qu'il
devrait être prévu, dans les centres de services sociaux et aussi
dans les centres locaux de services communautaires, les centres d'accueil qui
dans ces deux derniers cas, ont une certaine taille, que ce ne soit pas un ou
deux professionnels qui composent le conseil. Et, encore une fois, que ce
conseil fonctionne par la voie d'un comité exécutif qui
comportera, en plus d'un certain nombre de professionnels, le directeur
général, le directeur des services professionnels, et qu'il y ait
un lien qui s'établisse avec le conseil des médecins et dentistes
par la délégation, par le conseil des médecins et
dentistes, d'un représentant sur le conseil des professionnels.
On a demandé également qui ferait partie de ce conseil,
étant donné qu'au moment où le projet de loi a
été déposé les lois sur les
corporations professionnelles n'avaient pas été
présentées en Chambre. Cet aspect du projet de loi va être
précisé et il s'agira évidemment de professionnels au sens
du code des professions ou des lois reliées au code des professions. Il
ne s'agit pas d'une autre définition des professionnels.
Ce conseil sera chargé, tout comme le projet de loi initial le
recommandait, de faire des recommandations au conseil d'administration sur
l'organisation scientifique et technique de l'établissement. Encore
là, comme il s'agit de responsabilités qui ne sont pas
liées à l'administration courante de l'établissement, nous
croyons que les liens devraient s'établir directement entre ce conseil
et le conseil d'administration, ce qui simplifierait les choses et
rétablirait l'équilibre entre les fonctions du directeur
général et la voix au chapitre des professionnels dans un
établissement.
Quant au directeur des services professionnels, on a posé un
certain nombre de questions à son sujet. Je pense que déjà
ce que je viens de dire relativement au conseil des médecins et
dentistes, au conseil des professionnels, resitue son rôle quelque peu
différemment. Nous croyons qu'un tel directeur devrait être
retrouvé dans les centres hospitaliers, dans les centres de services
sociaux et aussi, selon la taille, dans les centres locaux de services
communautaires et les centres d'accueil.
Sa nomination devrait être faite après consultation ou sur
avis du conseil des professionnels, du conseil des médecins et dentistes
et aussi, si le centre ou l'établissement est relié à une
université, après consultation de l'université, de telle
sorte que les professionnels qui seront appelés à travailler avec
ce directeur des services professionnels aient un mot à dire dans sa
nomination.
On a fait des représentations à l'effet que ce devrait
être un médecin dans un hôpital. Il nous apparaissait que
c'était normal et qu'il n'était pas nécessaire de le
spécifier, mais devant l'insistance des médecins, je pense bien
que l'on peut préciser ce point. Ses fonctions seront surtout de
coordonner et de surveiller, à notre avis, les activités
professionnelles et scientifiques; et aussi de jouer un rôle dans le
fonctionnement des comités qui pourraient être formés par
les deux conseils, conseil des médecins, conseil des professionnels, un
rôle d'appoint, un rôle d'appui et aussi une certaine
responsabilité quant au fonctionnement de ces comités.
Nous avions proposé que ce même directeur assume des
responsabilités au plan de l'enseignement, qu'il soit, en fait, le
responsable de la coordination et de l'exécution des activités
d'enseignement dans les établissements. On nous a mentionné, je
pense bien avec justesse, que, pour certains établissements, la
tâche serait impossible, alors que dans d'autres cas, il pourrait
être préférable que ce ne soit pas nécessairement un
professionnel qui exerce à temps complet dans l'établissement.
Nous croyons que ceci devrait faire l'objet de l'entente à intervenir
entre l'université, l'institution d'enseignement ou
l'établissement dont il est question ici. La personne la plus apte, de
l'avis aussi bien de l'institution de l'enseignement que de l'institution
dé services de santé ou de services sociaux pourrait être
déterminée dans une telle entente.
Quant au directeur général, également, on a fait
des représentations à l'effet qu'il ne devrait pas avoir une voix
au conseil d'administration, qu'il devrait être désigné par
le conseil, qu'il pourrait siéger au conseil, mais avec voix
délibérante seulement. Je crois que ce sont des
représentations qui sont fondées et qui devraient être
retenues.
Quant aux fusions et conversions, on a vu, dans ce pouvoir ou ces
dispositions touchant aux fusions et conversions, certains dangers. Ces
dangers, je crois, sont à toutes fins pratiques éliminés,
même si dans notre esprit ils n'existaient pas, par l'aspect du maintien
des corporations. Le problème se pose maintenant quelque peu
différemment et sur ce point j'aimerais connaître votre opinion,
avant de fixer définitivement dans le projet de loi les articles qui
pourraient paraître appropriés. Est-ce que les fusions ou les
conversions devront être faites uniquement avec le consentement des
établissements, même si le bien public l'exige? Aussi, encore
là, je pense qu'il faut faire une distinction entre le type
d'établissement: établissement privé ou
établissement public. Ce sont des questions qui sont assez importantes
compte tenu des problèmes que nous vivons constamment, des efforts que
nous déployons pour mieux équilibrer les services par rapport aux
besoins dans les régions et faire de meilleures allocations de
ressources.
Un autre aspect qui a été soulevé, c'est celui des
contributions que peuvent faire des bénévoles. Ici, je parle de
contributions financières et du danger qu'il pourrait y avoir dans le
projet de loi relativement à ces contributions, c'est-à-dire
faire en sorte qu'elles cessent. Nous prévoyons dans le projet de loi ou
nous prévoirons des dispositions pour éviter ce danger. Je crois
que nous reconnaissons tous que ces contributions peuvent être utiles et
que nous devrons respecter les volontés de ceux qui les font dans la
mesure, toutefois, où elles n'engagent pas des fonds publics
comme on l'a déjà mentionné lors des discussions
c'est-à-dire s'il s'agit de contributions destinées à une
construction quelconque.
Je ne crois pas que l'on puisse, dans ce cas-là, laisser la porte
largement ouverte de telle sorte que, par le fait d'une contribution pour une
fin de construction, nous nous trouvions comme gouvernement obligés par
la suite de faire fonctionner l'établissement qui s'y établirait
et qui ne correspondrait pas nécessairement à des
priorités ou à une priorité reconnue par le
gouvernement.
Nous croyons que ce problème peut être
résolu, si l'on prévoit la nécessité pour
une institution de créer un fonds spécial pour recevoir ces
contributions, de telle sorte qu'elles ne soient pas confondues avec les autres
revenus ou encore qu'il soit possible de confier ces contributions à une
autre corporation qui les gérera de la façon qui lui
apparaîtra la plus appropriée possible, toujours avec la
limitation que j'ai indiquée.
Quant aux permis, ils n'ont pas tellement soulevé de
difficultés lors de la présentation, de l'étude des
mémoires. Il nous est apparu toutefois utile, ou il nous semblerait
utile dans le projet de loi d'indiquer dans quel but bien clair ces permis sont
donnés, étant donné certaines des représentations
qui ont été faites. La délivrance de permis, dans un tel
cas, est évidemment pour la protection du public et aussi dans
l'intérêt public, c'est-à-dire l'allocation de ressources,
de services, selon les disponibilités et la capacité de la
société de se payer de tels services. Alors, les permis, par un
tel article, s'il était introduit dans le projet de loi, perdraient tout
caractère de privilège qu'on pourrait y voir.
On a aussi fait des représentations, comme je l'ai
mentionné précédemment, sur les pouvoirs d'enquête;
ici, dans la mesure où les offices régionaux changeront de
vocation et qu'on les orientera dans un sens ou dans l'autre, si ces offices
prenaient la voie de la décentralisation, est-ce qu'il serait possible
de leur maintenir des pouvoirs d'enquête? De toute façon, dans
l'autre possibilité, je ne crois pas qu'il soit possible qu'ils aient
des pouvoirs d'enquête.. Il semblerait donc que, dans un cas comme dans
l'autre, il serait peut-être préférable que toutes les
enquêtes soient décrétées par le ministre et
circonscrites par un certain nombre de dispositions. On a vu un danger
d'interférence abusive de l'Etat; alors tout autant ces enquêtes
peuvent être nécessaires et sont nécessaires, ou encore,
s'il ne s'agit pas uniquement d'enquêtes, d'interventions, de telle sorte
que l'on puisse prendre en main l'administration d'une institution, compte tenu
que les services qui sont rendus sont essentiels. Sans nécessairement
passer par une enquête lourde et longue, le projet de loi doit comporter,
à notre sens, malgré les représentations qui ont
été faites, des dispositions permettant la prise en charge de
l'administration sur une base provisoire et que ceci soit fait de telle sorte
qu'il y ait une protection pour que ça ne devienne pas un droit
exercé d'une façon abusive. On croit que ceci peut être
atteint en limitant la durée pendant laquelle l'administration peut
être prise en main, en assurant qu'un rapport établissant les
raisons et aussi les recommandations puisse être fait au gouvernement en
temps utile et que, s'il y a prolongation de cette durée de prise en
charge, elle ne soit faite également que dans un cadre donné.
Enfin, en ce qui a trait aux règlements, encore sur ce plan, on a
fait des représentations de deux ordres à notre avis: on a vu
d'abord dans la disposition qui disait que les règlements devaient
être approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil, dans bien
des cas la possibilité que le gouvernement, que le lieutenant-gouverneur
en conseil impose des règlements aux offices régionaux ou aux
institutions. Je crois que là, il y a une crainte
exagérée. De toute façon, nous avons revu le projet de loi
attentivement pour nous assurer que, partout où cette approbation n'est
pas strictement requise, elle est éliminée.
Egalement dans la mesure où selon l'équilibre qui sera
atteint à partir des choix qui seront faits au niveau des offices ou des
conseils régionaux et des institutions, dans la mesure où
l'équilibre dans les responsabilités sera établi au niveau
des institutions de façon plus accentuée ou au niveau des
offices, le pouvoir réglementaire devra suivre, évidemment. Sur
ce point il y a donc, encore une fois, comme je le mentionnais
antérieurement, un certain équilibre qui sera atteint et qui
dépendra des options prises à d'autres niveaux.
On nous a dit également que dans certains cas le pouvoir
réglementaire était trop détaillé ou encore qu'il
pouvait devenir tâtillon. Alors nous avons également fait un
effort pour éviter, à tout le moins dans la rédaction de
ces articles et aussi dans le titre d'articles, des règlements ou une
réglementation inutile. On a soulevé également le
problème de la consultation relativement à ces règlements
et là se pose un problème difficile. Il faut adopter des
règlements en vertu d'une loi. Il s'agit strictement d'un pouvoir qui
appartient au lieutenant-gouverneur en conseil, il ne s'agit pas d'un pouvoir
où il y a obligation de consulter, c'est le pouvoir pour le
lieutenant-gouverneur en conseil d'adopter, en fait, les dispositions qui
permettent dans les faits l'application d'une loi. Ceci se lie, avec la
responsabilité du gouvernement, au plan administratif.
Alors il nous faut adopter des règlements et nous ne pouvons,
à notre avis, nous engager dans un processus, soit de consultation ou de
participation à la rédaction des règlements, qui pourrait
avoir pour effet d'empêcher le gouvernement d'assumer ses
responsabilités au plan de l'administration et de l'application de la
loi. Sur ce plan, j'aimerais aussi entendre vos commentaires, parce qu'il nous
apparaît impossible de faire participer tous les organismes à la
rédaction des règlements ou même de les consulter un par
un. Cela nous apparaît extrêmement difficile, compte tenu du grand
nombre d'organismes.
Quant à la question des chartes des corporations existantes,
également, si les corporations sont maintenues, les chartes n'ont pas
à être remplacées ou refaites à nouveau, sauf
évidemment, si ces chartes ne sont pas conformes à la loi
actuelle des hôpitaux, par exemple dans les cas où les partages de
patrimoines n'auraient pas été faits. Donc il n'y aura pas de
remplace-
ment en masse des chartes, mais, évidemment, dans ces chartes,
chaque fois qu'il y aura des dispositions inconciliables avec les dispositions
de la loi, ce seront les dispositions de la loi qui primeront.
Il y a également les délais quant à l'application
de la loi. Sur ce plan, j'aimerais également recevoir votre opinion sur
les propositions contenues dans le projet de loi originel.
Il reste un dernier point, à mon avis, M. le Président,
c'est celui où le désir exprimé par plusieurs membres et
plusieurs organismes qui sont venus devant la commission, de prendre
connaissance des projets de loi des corporations professionnelles avant que ce
projet ne soit adopté. Comme je l'avais mentionné à
l'époque, nous avions dit que nous ferions tout en notre pouvoir pour
que ces projets de loi soient déposés avant l'adoption du projet
de loi no 65. Ces projets de loi, dans un grand nombre, sont aujourd'hui
déposés, il en reste quelques-uns et ils vont être
déposés avant l'ajournement des travaux, normalement, ou ils
devraient être tous déposés normalement avant l'adoption de
ce projet de loi.
On avait également exprimé le désir que des projets
de règlements soient présentés à la commission
avant l'adoption du projet de loi. A ce sujet, je n'avais pris aucun
engagement, mais il est extrêmement difficile de rédiger des
règlements tant et aussi longtemps qu'on ne connaît pas les
dispositions définitives d'une loi.
De toute façon, si nous avons un mécanisme adéquat
de consultation avant l'adoption des règlements, je crois que cet aspect
n'est pas suffisant pour empêcher l'adoption d'un tel projet de loi. Il y
a là un problème, j'en conviens, mais dans la mesure aussi
où des dispositions plus précises dans le nouveau projet de loi
calment ou peuvent calmer les inquiétudes, ce désir de voir les
règlements devient différent.
Il y a aussi le fait qu'il va nécessairement y avoir un
délai suffisant entre l'adoption de la loi et sa mise en vigueur; ce qui
permettra à la fois aux organismes et aux institutions de bien prendre
connaissance de ce projet de loi et à nous, de faire un travail valable
quant à la préparation des règlements. Alors, ce sont, M.
le Président, les commentaires que je voulais faire à la suite de
cette longue série d'audiences et de la tournée que j'ai faite
dans plusieurs centres. J'aimerais maintenant avoir et je vais
écouter avec grand intérêt les commentaires et les
suggestions, surtout ceux des membres des partis de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Cloutier.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le président ne doit pas
interpréter l'absence momentanée du député de
Bourget comme un refus d'accepter ce... Ce sont les inconvénients de la
salle qu'on tente de corriger d'autre façon.
Alors. M. le Président, je dois vous dire que ma première
réaction aux remarques qu'a faites le ministre et aux modifications
qu'il nous annonce, quelques-unes assez précises, d'autres sont
plutôt l'indication d'une orientation qu'il veut prendre. A d'autres
points de vue également, il y a des décisions, des options qu'il
devra retenir. Avant de fixer définitivement son choix, il voudrait bien
entendre l'opinion des membres de la commission. Je dois dire et je
répète que ma première réaction à ce que
vient de dire le ministre est favorable. Je constate qu'il a tenu compte, dans
les mémoires qui ont été déposés devant la
commission, des nombreuses représentations qui ont été
faites, particulièrement sur certains thèmes qui sont revenus
constamment. Je le dirai un peu plus tard dans mes remarques, je pense bien que
le ministre a raison quand il dit que cela pourra déranger ou modifier
l'équilibre de la loi. Nous l'avions dit lors des séances
antérieures de la commission parlementaire.
Dans un projet de loi aussi important que le no 65, comme c'était
le cas d'ailleurs pour l'assurance-maladie, il y a certain équilibre que
le législateur, en l'occurence le gouvernement qui a
préparé la loi, a essayé d'introduire dans sa loi,
à partir d'une philosophie qu'il a essayé de traduire dans cette
législation. A partir du moment où nous retenons
différentes options ou à partir du moment où le ministre
fera un choix entre différentes options, il est évident que
l'équilibre de sa loi en sera modifié. Je veux retenir un exemple
extrêmement éloquent: à partir du moment où l'on
accepte de décentraliser par le truchement des offices régionaux
des affaires sociales, ce n'est certainement pas le même projet de loi.
Dans tous les autres articles les pouvoirs qui sont donnés aux
institutions, les pouvoirs de contrôle, les pouvoirs d'enquête, la
réglementation... C'est certainement une modification radicale si on
installe des offices régionaux des affaires sociales ou si on ne fait
que des conseils régionaux. Alors, cela deviendra à ce moment-ci
un choix qu'on peut appeler un choix politique de la part du gouvernement. Ce
sont deux options qui également méritent d'être
retenues.
Si le ministre juge qu'il doit retenir l'option de la
décentralisation, à ce moment-ci il faudra nécessairement
qu'il tienne compte des revendications qui ont été faites par
tous les organismes qui sont venus devant la commission parlementaire.
A quoi bon ajouter un palier d'administration, à quoi bon ajouter
une nouvelle structure, si cette nouvelle structure n'a pour conséquence
que d'alourdir tout le mécanisme qui est déjà lourd?
D'autre part, si on n'est pas prêt à décentraliser à
partir du ministère des Affaires sociales, à
décentraliser, à régionaliser avec tous les pouvoirs que
cela comporte et avec tous les pouvoirs qu'avait indiqués la commission
d'enquête Nepveu-Castonguay, c'est que l'on juge que dans la
région on n'est peut-être pas prêt non plus à assumer
toutes les responsabilités que cette décentralisation
comporte.
M. le Président, je voudrais, si c'est l'assenti-
ment des membres de la commission, qu'au lieu de faire des commentaires
sur tout l'exposé qu'a fait le ministre, on sectionne peut-être
les problèmes. Peut-être que la commission pourrait se prononcer
sur chacun des grands thèmes, étant donné que le ministre
nous a maintenant fait connaître l'ensemble de sa position. Je ne sais
pas ce qu'en diront les autres partis de l'Opposition, mais je
suggérerais qu'à ce moment-ci nous parlions peut-être des
objectifs et des droits, quitte à reprendre chacun des grands
thèmes, parce qu'il y a certains sujets où le ministre a
demandé que nous indiquions, à ce moment-ci, nos
préférences, si nous voulons les indiquer.
M. CASTONGUAY: Est-ce que dans cette suggestion vous laisseriez chacun
des...
M. CLOUTIER (Montmagny): Chacun s'exprimer.
M. CASTONGUAY: ...membres faire aussi un commentaire d'ordre
général?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, oui, un commentaire...
M. BOIS: Un commentaire, M. le Président, après quoi nous
pourrions suivre ce que le député de Montmagny suggère et
puis...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Comme commentaire
général, c'est ma première réaction, je l'ai dit
tantôt, je constate que le ministre a pris en sérieuse
considération les mémoires présentés devant la
commission. Les modifications qu'il nous propose sont assurément une
amélioration très sensible du projet de loi. Il est entendu qu'il
y a encore des points que nous devrons discuter, même si le ministre a
essayé de trouver un équilibre entre les différentes
représentations faites par les groupements venus devant la commission.
Il est évident que, même si la ligne de démarcation
tracée dans le premier projet de loi à tel endroit est
modifiée ou placée à un autre endroit, il reste qu'il y a
certainement des articles de loi que nous devrons discuter, quand le nouveau
projet de loi sera réimprimé, et j'imagine qu'il sera
réimprimé. Après les nombreuses remarques que le ministre
a faites tantôt, ce sera un autre projet de loi qui sera
réintroduit en Chambre. Quand donc nous connaîtrons le texte
précis des amendements, nous pourrons à ce moment-là,
porter un meilleur jugement, parce que, dans bien des remarques que le ministre
a faites, il n'a qu'ébauché l'orientation qu'il voulait donner
maintenant au projet de loi no 65.
Alors, avant d'entrer dans les sujets particuliers, disons que nous
ferons des commentaires sur chacun des grands thèmes. Nous aurons
l'occasion, par la suite, en deuxième lecture et en comité, de
pousser plus avant notre discussion sur certains articles en particulier.
M. BOIS: M. le Président, je remercie M. le ministre des
précisions qu'il nous apporte cet après-midi.
La façon dont nous, du Ralliement créditiste, avons
toujours vu le projet de loi, depuis qu'il a été
présenté, nous a amenés à faire certaines
constatations à la suite des nombreux mémoires
présentés devant la commission. Je pense bien que la conclusion
générale que nous aimerions soumettre à M. le ministre et
celle que nous voyons, c'est que nous croyons surtout que l'Etat doit
être ici un législateur beaucoup plus qu'un administrateur. Parce
que si l'Etat légifère dans l'amélioration des services
sociaux, il peut être assuré d'obtenir la coopération des
diverses professions, des institutions à but lucratif ou non lucratif et
en même temps d'obtenir la coopération entière de la
population. Je pense bien que, si M. le ministre introduisait un projet de loi
qui, de soi, viserait à établir des contrôles absolus ou
encore beaucoup trop rigides, il serait assuré d'affronter une
opposition qui, éventuellement, ferait du projet de loi une chose qui ne
cadrerait pas avec le sens de la démocratie tel que nous le voyons.
A la suite des remarques faites par M. le député de
Montmagny, je comprends moi aussi qu'il y aura peut-être des suggestions
à faire ou des amendements mineurs à apporter.
Je ne veux rien préciser là-dessus parce que nous n'en
savons pas plus long pour le moment. Mais je trouve que c'est la formule vers
laquelle nous devrions nous diriger, parce que je suis certain que si nous
établissons un projet de loi et que nous apportons des modifications
très sensées, comme par exemple le cas d'institutions où
M. le ministre mentionne qu'on doive normaliser certains services, les grouper,
chose que nous approuvons parce que nous trouvons que c'est extrêmement
logique, cela peut réduire les frais d'administration.
Nous constatons aussi que, si la population coopère dans
l'application d'un tel projet de loi parce qu'il est vraiment d'ordre
législatif, beaucoup plus qu'une imposition d'administration
provinciale, nous sommes assurés d'avance de son succès et de
l'amélioration des services de santé et des services sociaux dans
cette province.
Si nous voulons être avant-gardistes, M. le Président, je
pense bien que c'est la formule vers laquelle nous devrions nous diriger et
nous constatons ici que le ministre a certainement fait un bon pas dans la voie
de l'application d'un projet de loi qui pourrait nous donner des formules
nouvelles et, en même temps, conserver au peuple canadien-français
et à tous les citoyens du Québec leur ambition et leur droit
d'être des citoyens à part entière dans l'administration de
la province. Je vous remercie, M. le Président.
M. LAURIN: M. le Président, le ministre a fait état des
nombreux mémoires qui ont été présentés
à la commission ainsi que des multiples échanges qu'il a eus avec
la population,
échanges qui ont parfois été très vifs. Ceci
montre bien l'intérêt qu'a provoqué dans la population
cette réorganisation des services de santé et des services
sociaux, et, en conséquence, tout l'intérêt que nous,
législateurs, devons accorder au même projet et l'attention
extrême avec laquelle nous devons étudier chacune de ses
orientations et aussi chacun de ses articles. Je me rallierais assez volontiers
à la suggestion du député de Montmagny, à savoir
que la discussion devrait s'engager sur chacun des grands thèmes qui
font l'objet du projet de loi, car nous aurons des suggestions ainsi que des
échanges à faire valoir au cours de la discussion de ces grands
thèmes. Mais auparavant, quand même, nous aimerions donner nos
idées générales sur ce projet de loi, à la
lumière de tous les mémoires qui ont été
présentés, des échanges auxquels la présentation de
ce mémoire a donné lieu et aussi à la lumière des
échanges que le ministre a eus avec la population lors de sa visite.
En introduction, M. le Président, nous voudrions quand
même, nous aussi, replacer ce projet de loi dans l'optique de tous les
travaux qui ont précédé sa présentation, et en
particulier les travaux de la commission d'enquête sur les
problèmes de santé et de bien-être social. La commission
Castonguay-Nepveu a démontré, en effet, jusqu'à quel point
il était urgent et nécessaire de réformer notre
système de distribution des soins de santé et des services
sociaux. Sans une telle réforme, il serait impossible d'espérer
pouvoir atteindre les objectifs qu'a fixés la commission et auxquels
aspire toute la population.
Ici, incidemment, M. le Président, nous sommes très
heureux que le ministre incorpore dans son projet de loi, une liste des
objectifs que le projet de loi entend poursuivre et dont il entend assurer la
réalisation. Nous sommes d'accord sur tous ces objectifs
d'amélioration, d'accessibilité, de continuité,
d'efficacité et d'adaptation aux besoins. Nous sommes également
d'accord sur l'objectif de participation maximale des citoyens à la
distribution des services de santé, de même que nous sommes
d'accord sur l'introduction de la dimension enseignement et recherche dans le
plus grand nombre d'institutions possible et dans tous les types d'institutions
possibles.
De même que nous sommes d'accord pour l'affirmation dans le projet
de loi des droits des citoyens aux divers services de santé, aux
meilleurs services, à des services personnalisés et qui peuvent
être dispensés et obtenus sans discrimination. De même que
nous sommes d'accord également pour les droits que réitererait le
projet de loi quant au choix du professionnel par le patient et du patient par
le professionnel, ainsi que le droit de confidentialité dans les limites
qu'a tracées le ministre.
Le projet de loi no 65 qui a pour objet d'effectuer cette réforme
en profondeur doit donc en conséquence, selon nous, être
adopté le plus vite possible, c'est-à-dire dès la
présente session étant donné qu'il répond à
des aspirations depuis longtemps et profondément ressenties par la
population.
Lors de sa présentation, le ministre des Affaires sociales a
déclaré que le projet de loi no 65 n'avait pas acquis sa forme
définitive mais que certains principes fondamentaux resteraient
inchangés. Nous avons alors approuvé cette attitude du ministre
de même nous approuvons celle dont il nous a fait part aujourd'hui. Nous
réitérons ici que nous sommes pleinement d'accord sur les grands
principes qui sous-tendent ce projet de loi et que nous souhaitons vivement
qu'aucun d'entre eux ne sera altéré ou
édulcoré.
Quant aux modalités d'application, plusieurs ont fait l'objet
d'analyses et de critiques de la part de nombreuses personnes et de nombreux
groupes qui ont fait parvenir des mémoires à la commission
parlementaire. Sur bien des points, nous croyons que ces représentations
devraient amener une modification du projet de loi. Il nous semble, en
particulier, que la loi pourrait être améliorée sur trois
chapitres principaux : la participation de la population à la prise de
décision, le régime juridique des institutions publiques et la
décentralisation régionale.
En ce qui concerne la participation, nous aurions deux types de
représentations à faire valoir, les unes portant sur le centre
local de services communautaires, création nouvelle du projet de loi et
aussi sur les autres institutions publiques. Touchons d'abord l'aspect local du
centre local des services communautaires ou CLSC. Conçu comme
étant la porte d'entrée au système de distribution de
services socio-sanitaires, le CLSC devrait, selon nous, avec les cabinets de
pratiques privés, fournir les soins généraux qui
constituent, par leur importance quantitative plus de 80 p.c. et qualitative,
par exemple, de prévention, le niveau le plus frquemment utilisé
par les citoyens. Il importe donc qu'il soit intégré à la
vie du quartier en milieu urbain et de la petite ville en milieu rural. Pour
cela, il faut tout mettre en oeuvre pour que tous les citoyens, non seulement
les malades et assistés sociaux, s'y retrouvent chez eux et qu'ils
puissent les administrer selon leurs intérêts et leurs besoins. Le
CLSC ne doit pas devenir, selon les termes de quelques-uns qui sont venus ici,
une patente ni des autres, ni même de l'Etat. Il doit appartenir aux
citoyens. Pour réaliser cet objectif, nous proposons une participation
de gens du milieu à la vie quotidienne du CLSC par, une fois ces centres
constitués, l'engagement de gens du quartier surtout dans les secteurs
d'animation et d'information et une participation! majoritaire des citoyens au
conseil d'administration.
De plus, les élections devraient se tenir annuellement, afin
d'assurer une certaine rotation des citoyens, tout en préservant le
caractère de continuité nécessaire à une saine
administration. Nous croyons important de
souligner à cet égard les témoignages de
représentants de comités de citoyens à savoir qu'un
citoyen peut facilement se faire manipuler par un professionnel.
La grande méfiance de ces groupes à l'égard des
professionnels de la santé et des services sociaux peut s'epliquer
historiquement, mais elle traduit aussi un souci profond d'assurer la
participation réelle des citoyens et de les aider à apprendre
à s'en sortir par une action communautaire valorisante et
enrichissante.
Je cite en particulier à l'appui de ce point de vue le
témoignage de M. Tremblay de la Clinique communautaire de
Pointe-Saint-Charles. M. Tremblay, devant la commission a déclaré
ceci: Vous allez dire qu'une participation réelle, cela veut dire cinq
citoyens contre cinq professionnels. Pas du tout, ce n'est pas ça. Vous
ne savez pas quelle influence un professionnel peut avoir sur un citoyen. Il va
le charroyer, il va lui vendre n'importe quelle idée. C'est pour
ça que pour nous, la participation réelle, c'est la participation
en majorité. Plusieurs autres organismes, d'ailleurs, sont aussi venus
demander l'instauration d'une majorité de citoyens au conseil
d'administration des CLSC et en particulier, le Conseil de développement
social, la Campagne des fédérations du Montréal
métropolitain, le Conseil du bien-être de Québec, le
Conseil du South Shore Community Services, le Conseil des oeuvres et du
bien-être ainsi que le Front commun syndical et de nombreux autres
comités de citoyens.
Tâchons maintenant d'examiner d'un peu plus près la
participation, le thème de la participation en ce qui a trait aux autres
institutions publiques.
Nous aurions aimé pouvoir proposer que la participation des
citoyens à la direction des centres hospitaliers, des centres de
services sociaux et des centres d'accueil soit assurée de la même
façon que dans les CLSC. La chose cependant ne semble pas
réalisable. Cela tient en particulier à la difficulté
qu'il y a à définir précisément le territoire
desservi par ces institutions et le caractère spécialisé
de plusieurs d'entre elles. Une connaissance minimale du réseau actuel
de distribution de soins nous indique en effet qu'il n'y a pas en milieu urbain
de centres hospitaliers ou de CSS desservant une population facilement
identifiable.
En effet, les liens entre le client et l'institution se sont
formés jusqu'ici en fonction d'autres critères que la
proximité géographique. Tel citoyen préfère telle
institution parce que tel professionnel y pratique ou qu'un de ses parents y
travaille ou qu'il appartient à telle religion ou tel groupe ethnique,
ou pour toute autre raison que je vous laisse le soin d'imaginer.
De plus, la spécialisation de certaines institutions qui
s'adressent à des catégories particulières de la
population accentue le problème de la détermination de la
population éligible à l'élection ou à la nomination
à leur conseil d'admi- nistration. Plusieurs de ces institutions
desservent un territoire aussi vaste que le Québec, par exemple,
l'Institut de cardiologie, les instituts de sourds et muets, Boscoville, les
instituts Anbar, l'institut Philippe-Pinel, le Douglas Hospital et le
reste.
Or, la participation au conseil d'administration trouve sa raison
d'être dans la possibilité qu'ont ainsi les usagers potentiels des
services sociaux sanitaires de faire valoir leur point de vue. Si la chose se
justifie dans le cas de services généraux susceptibles
d'être requis par tous les citoyens, il n'en est pas de même pour
des services ultra-spécialisés qui ne s'adressent qu'à
quelques-uns. Qui, par exemple, serait le plus apte à faire valoir le
point de vue des usagers dans le cas d'une école pour délinquants
comme Boscoville? Devrait-on faire des élections à
l'échelle de tout le Québec pour l'Institut de cardiologie? Dans
le cas d'institutions qui ont un but de formation, devrait-on prévoir la
participation des gens qui y résident? Le même
procédé serait-il applicable dans les foyers de personnes
âgées pour qui l'institution est un milieu de vie?
Il est donc évident que de telles questions ne se posent pas dans
le cas des centres locaux de services communautaires. Pour toutes ces raisons,
nous croyons donc que pour le moment il serait difficile de prévoir
l'élection de tous les citoyens qui auront à siéger au
conseil d'administration des institutions publiques.
D'autre part, la formule proposée par le projet de loi no 65
comporte des dangers certains qui ont été soulignés par
plusieurs organismes qui ont soumis des mémoires à la commission
parlementaire. La rédaction actuelle laisse certainement une très
grande discrétion au lieutenant-gouverneur en conseil même s'il
doit consulter les groupes socio-économiques du territoire desservi. Et
il y aurait moyen d'accroître, selon nous, la participation directe des
citoyens.
Nous proposons d'y parvenir en ajoutant aux personnes déjà
prévues aux articles 50 et 51 au moins deux autres personnes
élues à l'assemblée annuelle prévue à
l'article 90. De plus, dans le cas des centres d'accueil pour les adultes et
pour les enfants, au moins deux représentants des pensionnaires ou,
selon le cas, des parents des pensionnaires devraient pouvoir siéger au
conseil d'administration.
Un autre grand thème maintenant, celui de l'uniformisation du
statut juridique des institutions. Un des objets du projet de loi no 65
était d'uniformiser le statut juridique de toutes les institutions
publiques en les obligeant à se donner, dans un intervalle de deux ans,
de nouvelles lettres patentes, à transformer leur conseil
d'administration dans le sens d'une plus grande ouverture, à uniformiser
les pouvoirs qu'elles peuvent exercer et à assurer l'unité
interne de leur direction. Presque toutes les institutions se sont
opposées à faire table rase de leur statut juridique actuel.
On a également souligné qu'il était peut-être
prématuré de présenter une telle catégorisation
rigide en quatre classes d'institutions sans attendre le rapport de la
commission Castonguay-Nepveu sur l'organisation des services sociaux. Cette
levée de boucliers est impressionnante. Afin de ne pas nuire aux
objectifs ultimes fixés par la commission, qui pourraient
peut-être être compromis par un changement subit et radical du
statut juridique des producteurs de services, nous ne nous opposerions pas
à ce que les institutions gardent, mais pendant une période
limitée, c'est-à-dire de cinq ans par exemple, les chartes qui
les régissent actuellement.
Evidemment, le conseil d'administration des corporations actuelles
devrait inclure le type de personnes définies aux articles 50 et 51. Ces
institutions devraient également se doter d'un organigramme assurant
l'unité de direction et tenir une assemblée publique annuelle
où pourraient être élus un certain nombre de citoyens
à leur conseil d'administration. De plus, les institutions qui sont un
centre de vie pour certaines catégories de personnes et
là, nous rejoignons encore une fois le thème de la participation
devraient être obligées de faire siéger à
leur conseil d'administration au moins deux représentants des
pensionnaires qui y habitent.
Pour ce qui est des nouvelles institutions qui sont créées
après l'entrée en vigueur de la loi 65, nous croyons que leur
statut juridique devrait être uniforme et correspondre à ce que le
projet de loi propose. Il serait cependant souhaitable que le ministère
pousse plus à fond son analyse de la catégorisation des
institutions publiques afin que cet objectif d'uniformisation tellement
important ne nuise pas quand même à leur fonctionnement.
En effet, les quatre catégories proposées nous semblent
recouvrir une kyrielle d'institutions disparates et de dimensions diverses. Par
exemple, sont considérés comme des centres d'accueil, aussi bien
les petits hospices pour vieillards que les centres de détention pour
délinquants et que les garderies de l'enfance inadaptée. Nous
sommes loin d'être convaincus que toutes ces institutions puissent
fonctionner dans un modèle identique. Il nous semble qu'une
catégorisation plus poussée et plus flexible serait plus en
accord avec la complexité du travail que ces institutions
accomplissent.
Enfin, nous croyons qu'il est nécessaire de conserver intacte
l'obligation inscrite dans le projet de loi d'un permis annuel. Ce permis devra
nécessairement être accordé selon la catégorisation
proposée et cela même pour les institutions existantes qui
conserveraient leur charte actuelle.
Nous arrivons enfin maintenant au coeur du problème, celui que le
ministre a dit comme étant le point d'équilibre même du
projet de loi, c'est-à-dire la formation d'offices régionaux de
santé ou de conseils régionaux de santé qui, au fond,
réfèrent au même objectif, au même thème,
à la même hypothèse ou à la même
possibilité, c'est-à-dire la décentralisation
régionale. Jusqu'à maintenant, le ministère des Affaires
sociales n'est jamais intervenu directement dans le système de
distribution des soins, sauf au niveau de la prévention exercée
par les unités sanitaires. Cette responsabilité a
été laissée à des institutions dites privées
que l'Etat s'est contenté de financer tout en les astreignant, dans
certains cas, à des normes de qualité.
L'objectif ultime que doit poursuivre le ministère est
l'amélioration de l'état de santé et de bien-être de
tous les québécois. Pour y arriver, il doit poursuivre un certain
nombre d'objectifs intermédiaires qui sont, par exemple, l'adaptation
des services aux besoins, l'utilisation maximale des ressources et des
effectifs, la coordination entre le secteur du bien-être et le secteur de
la santé, l'intégration entre les divers niveaux de soins et le
reste.
Si l'on veut y parvenir, il faut, pour employer le langage de la
commission Castonguay-Nepveu, et je cite: "Postuler la décentralisation
des décisions relatives au développement et au fonctionnement du
régime de manière qu'elles soient adaptées aux conditions
particulières du territoire". Fin de la citation, volume 4, tome 2, page
53.
Cette décentralisation, pour la commission, requérait une
planification régionale de l'ensemble des effectifs et des
installations, entraînait l'intégration de tous les types de
soins, permettait aux milieux intéressés de prendre les
décisions utiles à la suite de l'analyse des besoins qu'eux seuls
pourraient faire adéquatement. Ayant ainsi posé le
problème, la commission proposait la création d'ORS, d'office
régionaux de santé, habilités, disait-elle, à
accomplir les tâches de planification, de soutien et de contrôle
administratif et qui devraient être l'organisme administratif de la
puissance publique au niveau régional. Citation tirée du
même rapport, à la page 55, paragraphe 634.
Nous avions déjà signalé, dès la
première séance de la commission parlementaire, combien nous
étions déçus de constater que le projet de loi no 65
marquait un net recul par rapport aux recommandations fermes et explicites de
la commission Castonguay-Nepveu.
Nous avons, bien sûr, entendu les explications du ministre, lors
de la présentation de plusieurs mémoires ou en réponse aux
questions que nous lui posions, qui a tenté de justifier ce recul en
plaidant l'inexistence, dans le secteur, d'un système de taxation locale
et d'élection de responsables de l'administration des fonds publics, le
manque de personnel compétent, le mauvais rendement des hôpitaux
ou, enfin, la nécessité de contrôler la hausse des
coûts. Ces efforts de justification ne nous ont pas convaincus. Nous
croyons que le Québec possède un personnel compétent qui
n'a jamais eu la chance, cependant, de se faire valoir parce que non
motivé.
Un contrôle rationnel de la hausse des coûts
ne peut par ailleurs s'effectuer dans un système où le
ministère exerce un contrôle financier au niveau de chaque
institution, sans relation avec l'équation besoin-ressource au niveau de
la région. Sans compter que dans le cadre actuel, le ministère
est constamment soumis aux pressions qui lui viennent d'un groupe de personnes
qui veulent leur hôpital, leur institution pour personnes
âgées, leur centre local de services communautaires, etc, etc.
La décentralisation et la planification au niveau régional
nous paraissent donc d'une absolue nécessité et, pour cela, il
faut prévoir l'établissement d'offices régionaux forts et
représentatifs. Il faut également que le ministère accepte
de se départir graduellement de pouvoirs, au profit de cet organisme
régional, de manière que nous puissions atteindre l'objectif que
nous nous sommes collectivement fixé.
Par ailleurs, nous sommes conscients qu'une telle réforme ne peut
se faire que par étapes. Si nous croyons que le modèle
idéal doit se retrouver dans le projet de loi, de manière que les
principaux intéressés sachent où l'on va et surtout aient
la motivation de s'y rendre, il faudra que la loi prévoit des
étapes précises qui mèneront à cet objectif. Pour
ce faire, nous proposons que la loi prévoie la création d'offices
régionaux des affaires sociales dont les fonctions et les pouvoirs
seraient déterminés graduellement suivant des étapes
précises.
Nous avons identifié trois de ces étapes. La
première, la préparation du plan quinquennal de
développement; la deuxième, la préparation du budget
régional par programme, de la tranche annuelle du plan, avec des
suggestions pour l'amélioration des services; et la troisième,
l'administration du budget régional. Ces étapes seraient
irréversibles et complémentaires. A chacune correspondraient des
fonctions et des pouvoirs précis nécessaires à sa
réalisation. Ceci, dans notre esprit, n'empêcherait pas que
certaines fonctions, comme l'animation, la consultation avec le
ministère sur des problèmes particuliers et l'amélioration
des services puissent être exercées par les offices au fur et
à mesure qu'ils se sentiraient prêts à les assumer et ce,
indépendamment de leur évolution. De cette façon, on
pourrait adapter le rythme de développement des offices aux
progrès accomplis par la région elle-même dans son
désir d'une véritable régionalisation des services. En
somme, il nous semble primordial de favoriser l'initiative des producteurs de
services en leur démontrant que le ministère est prêt
à leur faire confiance dans la mesure où eux-mêmes
démontrent qu'ils sont prêts à assumer ces initiatives et
à mériter cette confiance.
Nous serions donc fermement opposés à toute diminution des
fonctions et pouvoirs des ORAS, car nous les trouvons déjà trop
restreints par rapport à ce que proposait la commission
Castonguay-Nepveu. D'ailleurs, nous voulons insister sur le fait que tous les
producteurs de services qui sont venus témoi- gner à la
commission ont demandé des modifications pour assurer une plus grande
décentralisation des pouvoirs. Par exemple notamment, les
mémoires de la Fédération des services sociaux,
l'Association des administrateurs d'hôpitaux, le Comité de
planification des services de santé des Cantons de l'Est, le Queen
Elizabeth's Hospital, l'Association des foyers pour adultes, la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
l'Association provinciale des institutions pour enfants, l'Association des
médecins de langue française, la Conférence des
hôpitaux psychiatriques et l'Association des hôpitaux.
Il ne faut pas oublier non plus que les responsabilités que le
projet de loi no 65 confie aux offices ne couvrent pas tout le champ de ce qui
était proposé par la commission Castonguay-Nepveu. En
matière de prévention, notamment en ce qui concerne le
contrôle de la salubrité des aliments et des lieux publics, la
médecine scolaire, la médecine industrielle.
Tout un domaine reste largement inexploré et demeure en dehors de
la juridiction des offices. Là encore, il y aurait lieu qu'à tout
le moins le projet de loi rende possible une extension future des pouvoirs et
des fonctions des offices régionaux. Nous croyons en effet que si on
veut honnêtement faire l'expérience de cette
décentralisation nécessaire à une meilleure administration
du secteur, il faut que le législateur la souhaite, la propose et
favorise son application en démontrant sa confiance aux hommes et aux
institutions qui oeuvrent dans le secteur des affaires sociales. Voilà
une porte sur l'avenir, qui a d'ailleurs été ouverte en
matière scolaire, par la constitution du Conseil scolaire de l'île
de Montréal et qu'il nous faut absolument franchir, si nous voulons nous
assurer de la collaboration et de la participation à la fois de ceux qui
rendent les services et de ceux qui les reçoivent, car, sans cette
collaboration et cette participation, aucune réforme véritable
n'est possible.
Maintenant, M. le Président, nous serons très heureux
d'engager la discussion avec les membres de la commission, en particulier sur
ces aspects qui viennent de retenir notre attention, mais aussi sur tous les
autres, les dix-sept aspects qu'a soulignés le ministre dans sa
présentation.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres membres de la commission
qui auraient des commentaires d'ordre général à faire?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais...
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Je voudrais juste faire un dernier commentaire d'ordre
général, suite à la lecture de la déclaration du Dr
Laurin. En ce qui a trait à la décentralisation, peut-être
que je
n'ai pas suffisamment insisté sur cet aspect, mais comme on
rappelle que tous les organismes dont la liste a été
énumérée ont insisté sur le besoin d'une plus
grande décentralisation, il est possible de voir cette
décentralisation, non seulement par une délégation de
pouvoirs du ministère vers des offices régionaux, mais
également par un pouvoir plus souple d'action des institutions
elles-mêmes. A ce sujet-là, je crois que c'est une option aussi un
élément de la question qu'on ne peut pas ignorer totalement,
d'autant plus que nous sommes présentement dans une étape au plan
administratif d'implantation du budget global et que même si ce n'est pas
au plan législatif, cette nouvelle approche, au plan budgétaire,
va avoir des incidences très fortes. Il est nécessaire aussi de
laisser un moment, il me semble, aux institutions pour s'adapter à ce
nouveau cadre de fonctionnement que constitue le budget global. Il y a aussi
une dimension que je n'ai pas mentionnée à ce stade-ci ou
plus tôt dans nos discussions c'est celle aussi d'assurer le bon
fonctionnement du ministère suite à sa fusion et aussi ce
rapprochement des services de santé et des services sociaux dont vous
soulignez l'opportunité. On peut donc aussi dans toute cette discussion
se demander, je crois et c'est la seule raison de mon commentaire
jusqu'à quel point on peut en même temps agir sur tous ces plans
et continuer de se comprendre et de bien fonctionner.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais dire un mot
seulement des deux premiers points qu'a touchés le ministre: les
objectifs et les droits. Je pense bien que la discussion ne sera pas
très élaborée sur ce point. Il est évident que les
seules déclarations d'intention du ministre sont considérablement
renforcées par ces inscriptions dans le projet de loi de deux sections
nouvelles, une qui traduit les objectifs du gouvernement, du
législateur, et l'autre qui confirme particulièrement les droits
des citoyens. Quant à la liste des droits et à
l'énumération qu'en a faite le ministre, je crois bien
qu'essentiellement le terrain mentionné par les organismes qui sont
venus devant la commission a été couvert ou presque.
Certains organismes ont fait état des droits de l'enfant en
particulier, en ce qui concerne l'enfance inadaptée. Etant donné
que c'est un point tellement important dans le secteur de la santé, je
ne sais pas si le ministre pourrait également faire une
référence à ce point particulier de l'enfance
inadaptée.
M. CASTONGUAY: Nous n'avons pas divisé par catégories les
personnes dans la définition de ces droits. On pourrait se poser la
même question, par exemple, pour les personnes âgées, les
malades mentaux ou peut-être, les veuves, les invalides, même,
disons, à l'extrême. Nous ne l'avons pas fait. Ce sont des droits
généraux. J'ai déjà indiqué notre
désir, comme ministère, de présenter un projet de loi pour
la protection de la personne sous traitement psychiatrique. Alors, là on
entre vraiment dans des dispositions articulées, spécifiques,
visant à protéger les droits du malade psychiatrique. En ce qui a
trait à l'enfance, nous avons présentement la Loi de la
protection de la jeunesse qui, de fait, vise à la protection des droits
de l'enfant. Et comme le document de travail, que je vous ai distribué
la semaine dernière, le mentionne, nous travaillons présentement
à l'analyse des politiques et des programmes dans ce secteur de
l'enfance et, en parallèle, aussi l'analyse de la mise à jour de
la Loi de la protection de la jeunesse.
Il me semble que pour des aspects bien spécifiques et concrets de
ces droits, ce serait assez difficile de l'introduire, d'aller plus loin que
cette affirmation générale dans une loi portant sur
l'organisation des services. Il m'apparaîtrait beaucoup plus opportun de
le faire dans des lois qui s'adressent aux individus, étant donné
qu'il s'agit de protéger les individus lorsqu'on entre dans
l'articulation des modalités nécessaires pour assurer le respect
de ces droits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un autre point, sur la question des droits
aussi, je parle du droit des personnes en général d'être
protégées dans le fonctionnement du système. On a toute
une section qui touche les pouvoirs d'enquête qui peuvent remédier
à des situations qui se sont produites et qui sont inacceptables. Mais
je pense que, dans toute la complexité de la machine qui va fonctionner,
le ministre va nous dire qu'il y a d'autres mécanismes à
l'intérieur des institutions elles-mêmes qui existent pour
protéger le citoyen. Mais je ne sais pas si on ne pourrait pas davantage
affirmer que la personne qui est aux prises avec tout le fonctionnement du
système de santé je pense à des cas particuliers
qui peuvent se produire lors de l'admission de personnes dans des institutions,
ou lors de la sortie de personnes des institutions, ou même lors de
séjours en institutions où les services sont tellement
personnalisés cela touche tellement directement la personne.
Alors je me suis posé la question si, dans cette définition, il
ne pourrait pas être davantage fait mention de...
M. CASTONGUAY: Vous avez tout à fait raison et je m'excuse de ne
pas l'avoir fait au moment de la description. A partir du moment où dans
le projet de loi il est question de droit, même si ce sont des droits
généraux et que les modalités d'application des cas
spécifiques, comme on vient de nous le dire, ne sont pas
nécessairement détaillées, et aussi compte tenu de la
nature des services, il devrait exister et c'est un des points qui ont
été soulevés par divers organismes un
mécanisme qui permet, autrement que par la participation de l'individu
au conseil d'administration des centres locaux, de se faire entendre, de
formuler des plaintes au besoin, etc.
Encore là, selon l'orientation prise au niveau des organismes
régionaux, si ce sont des organismes qui ont des fonctions,
premièrement, de nature administrative, d'allocation de ressources, de
contrôle, est-ce que c'est le bon endroit pour faire en sorte que ces
plaintes soient portées? C'est une question qui se pose. Si ce sont des
conseils régionaux, nous croyons que ce serait un endroit qui serait
très approprié, une fonction très appropriée pour
ces conseils de recevoir les plaintes, de les étudier et de faire des
recommandations pour que ces situations soient corrigées.
Il y a un autre mécanisme qui est mentionné il y
avait des dispositions dans le projet de loi mais qui a
été rappelé, celui d'une assemblée annuelle
où des gens peuvent être appelés à examiner le
fonctionnement d'une institution, à faire des représentations,
à poser des questions aux membres du conseil, au directeur
général, aux directeurs des services professionnels etc., donc
sur deux plans: sur un plan général et aussi sur un plan
particulier.
Le projet de loi, sur le plan particulier, parce que c'est
celui-là que vous avez soulevé, si je comprends bien, nous
croyons qu'il y aurait avantage à y introduire des dispositions
spécifiques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre de sa réponse.
C'est important, parce que c'est un des aspects qui retient davantage la
population et qui lui fait porter un jugement favorable ou défavorable
sur tout le fonctionnement du système. C'est pour cela qu'il faudrait,
par des dispositions législatives qui vont se traduire en fait dans des
mécanismes, faciliter soit à l'échelon local ou au niveau
régional cette possibilité pour le citoyen d'avoir une
réponse immédiate quand il voudra soulever ce genre de
problème, au lieu de faire appel aux mécanismes d'une
assemblée annuelle qui est tellement éloignée et où
il sera question de tellement de choses que le citoyen hésitera
peut-être à soumettre ce problème qui lui est plutôt
personnel.
Je pense, à ce point de vue, que le ministre a Tellement saisi
l'importance de ce problème dans la section des droits.
Une autre remarque que je voulais faire aussi. Quand on parle de la
confidentialité du dossier, c'est bien que le patient ait accès
à certains renseignements de son dossier, moyennant certaines
réserves, cependant. Je ne suis pas médecin, je pense bien que le
député de Dubuc pourra plus facilement élaborer, mais de
prime abord, j'y vois un certain danger: de la façon qu'on lui
facilitera l'accès à son dossier, on pourra lui indiquer
justement ce que le ministre voulait prévenir tantôt. Il y a
certaines informations qui sont dans le dossier qu'il ne devrait pas savoir ou
savoir à ce moment-là. De la façon qu'on va lui permettre
l'accès à son dossier, on peut lui donner une indication
très évidente d'un renseignement qu'il ne doit pas savoir. Je ne
sais pas si le ministre saisit bien.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: C'est évident pour moi que le dossier appartient au
malade. Mais si on lui donne le droit, il peut donner une très mauvaise
interprétation, même pour son dossier à lui.
Alors que le patient autorise, comme ça se fait actuellement,
l'hôpital ou un médecin traitant à traduire le dossier
à un autre professionnel de son choix, il me semble que ça
protège mieux la confidentialité du dossier et que ça
protège plus aussi le patient.
Si vous lui livrez le dossier, il peut y en avoir des
interprétations par des profanes, et qui peuvent être très
mauvaises pour le patient lui-même.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais là-dessus un petit
commentaire à ajouter. Je suis moi aussi en faveur de ça parce
que le grand malaise qui a existé dans le passé mon
expérience avec la Croix-Bleue me l'a prouvé
c'était la non-transférabilité du dossier. En
réalité, que le patient ait accès à son dossier,
j'y vois moi aussi un danger. Mais qu'il y ait transférabilité,
c'est-à-dire que, si à un moment donné, pour une raison
particulière, un patient doit être transféré
d'hôpital ou doit changer de professionnel, il ait le privilège
d'autoriser immédiatement que tous les dossiers médicaux soient
transférés au niveau professionnel qui va le soigner. Je pense
bien que c'est surtout ça, M. le ministre...
M. CASTONGUAY: Je commenterai par la suite.
M. BOIS: ...l'optique qui serait surtout désirée par la
population.
M. LAURIN: Pour ma part, M. le Président, j'attendais d'avoir le
texte exact, parce que c'est très difficile de discuter de cela sans
avoir la formulation très précise. Tout ce que je peux dire pour
le moment, c'est que si le médecin ou le professionnel sait que ce qu'il
écrit dans un dossier sera lu par le client ou par le patient, j'ai
l'impression que ce sera une excellente façon de raccourcir les dossiers
parce que les professionnels n'écriront presque plus rien.
M. CASTONGUAY: Il y a divers aspects à cette question-là,
et même si on attend les dispositions législatives, il serait
peut-être bon de discuter quelque peu. Ce que nous proposons ici, ce
n'est pas que le dossier devienne la propriété de
l'individu...
M. LAURIN: C'est l'accès.
M. CASTONGUAY: C'est l'accès. Si nous ne renforçons pas
l'obligation d'avoir accès, tant et aussi longtemps que le dossier
demeure la propriété de l'institution ou du médecin, et
c'est le cas des institutions, il y a des problèmes de
responsabilité, dans nombre de cas les
dossiers ne sont pas transmis. Nous avons beau dire qu'en théorie
ils le sont, dans les faits, dans de nombreux cas, ils ne sont pas
transmis.
J'ai vécu cette expérience et j'ai vérifié
avec un bon nombre de personnes et elles ont vécu exactement la
même expérience. Assez souvent, entre les hôpitaux,
ça prend tellement de temps que, si une personne doit se faire traiter
dans un autre hôpital, quand le dossier est finalement
transféré, la personne est sortie de l'hôpital depuis
longtemps, on a répété tous les examens, on a tout
refait.
Dans le cas de transfert de dossiers entre médecins, ça
prend aussi des délais interminables. Parfois on peut soupçonner
que le fait que la personne n'a pas accès à son dossier, pas
toujours celui que vous avez mentionné, implique que les dossiers ne se
complètent pas toujours non plus dans les cabinets de
médecins.
Il y a là un problème très important et il me
semble qu'on doit l'envisager dans l'optique d'une population où, pour
reprendre les mots du Dr Laurin, on doit faire aussi confiance à
l'intelligence des gens.
Ils sont beaucoup plus informés, beaucoup plus renseignés
qu'ils ne l'étaient il y a un certain nombre d'années, beaucoup
plus en mesure de juger. Il y a aussi le fait que la population est beaucoup
plus mobile qu'elle ne l'était il y a quelques années et que
l'impossibilité d'avoir accès à un dossier rapidement peut
avoir des conséquences fâcheuses: problème d'allergies,
problème de réaction à des médicaments, à
certains types d'injection, pénicilline, etc, les groupes sanguins pour
les transfusions de sang, l'histoire médicale d'une personne.
J'aimerais, avant d'accepter les représentations que vous faites, qu'on
y songe plus longuement, parce qu'il y a vraiment beaucoup de dimensions
à cette question. Si on y met les sauvegardes de telle sorte que
l'information qui pourrait être au détriment d'un individu dans le
processus de guérison ne puisse être transmise,
c'est-à-dire qu'il y ait une certaine latitude de maintenue, de telle
sorte que le professionnel puisse exercer un jugement avant de
déterminer s'il rend accessible l'information au dossier, il me semble
qu'on peut concilier les deux points de vue.
M. BOIVIN: Mais vous dites qu'on doit remettre le dossier
nécessairement à chacun des malades, avec une restriction pour
certaines maladies où ça pourrait nuire au traitement du malade.
Cela veut dire que, quand on ne remettra pas le dossier, le malade pourra
penser que c'est une maladie mortelle.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement.
M. BOIVIN: Il faut que vous donniez tous les droits sinon la restriction
deviendra une chose qui sera plus ou moins favorable aux malades.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement mortelle, mais cela peut
être un type d'affection... Les médecins, il me semble, ont
beaucoup plus de doigté que ça. Est-ce que le médecin ne
peut pas dire que c'est de l'information que le patient n'était pas en
mesure de comprendre?
M. BOIVIN: Si vous donnez le droit au patient, il va venir chercher son
dossier et il va l'apporter.
M. CASTONGUAY: Il me semble que les gens ont le droit de savoir, s'ils y
tiennent absolument, ce qui se passe à leur sujet. Après tout,
c'est leur santé, ce sont eux.
M. BOIS: A cet effet, j'aimerais citer un exemple. Je ne veux pas du
tout que le Québec devienne un Etat militaire, mais d'un autre
côté prenons l'armée à titre d'exemple. Si un
patient sortait d'une institution hospitalière quelconque, disons un
hôpital militaire, et qu'il était transféré dans un
hôpital civil, tous ses documents l'accompagneraient.
En arrivant à la nouvelle institution, c'était là.
Mais justement, c'était transféré entre médecins et
entre institutions.
M. CASTONGUAY: Cela ne se fait pas en temps opportun et assez rapidement
dans nombre de cas présentement.
M. BOIVIN: On légifère dans ce sens pour obliger les
institutions à remettre le dossier à la demande du patient.
M. LACROIX: Est-ce que ce sont les institutions ou les professionnels
qui refusent?
M. BOIVIN: Peut-être que ce sont les institutions qui retardent,
j'admets cela.
M. LACROIX: Personnellement, j'ai été traité
à l'hôpital Maisonneuve à Montréal et quand, par la
suite, j'ai été traité à Lévis où
j'ai subi une opération, le dossier a été
transféré très rapidement de l'hôpital Maisonneuve
à l'Hôtel-Dieu de Lévis.
M. BOIVIN: J'admets par exemple qu'il y a des retards apportés
dans le transfert des dossiers.
M. CASTONGUAY: On nous dit encore que ce ne sont pas seulement les
dossiers d'intervention dans un hôpital qui sont importants. Il y a toute
une foule d'autres informations. En plus, il est bien rappelé encore,
dans le mémoire du Dr Laurin, que 80 p.c. des soins devraient se donner
à l'extérieur des institutions hospitalières.
M. LAURIN: Il y a aussi, M. le Président, la dimension technique
qui va devenir de plus en
plus importante. Il y a maintenant des efforts qui sont entrepris pour
mettre sur ordinateur un nombre élevé de renseignements
concernant un malade. C'est ensuite envoyé dans une banque de
données afin de constituer éventuellement un fichier, un dossier
unique pour tous les individus. Ceci fait qu'à cet inconvénient
de la mobilité que vous mentionniez, correspondrait de plus en plus au
point de vue technique la mobilité de l'information aussi, car un
professionnel de la santé, où qu'il soit, peut demander à
n'importe quel moment à une banque de données de lui donner les
renseignements essentiels sur tel ou tel patient. Je pense qu'il faut
prévoir l'avenir. D'ici quelques années, il est bien possible que
nous puissions installer un système de ce genre. Comme de raison,
quelles données seront incluses dans le dossier, seront mises en banque
et pourront être, dans leur jargon "retrieved", c'est-à-dire
redonnées aux professionnels qui les demandent? C'est un autre
problème, c'est celui du programme, du "software". Mais il reste qu'il y
a une évolution très sensible dans ce sens.
M. CASTONGUAY: Avant que nous en arrivions là, docteur, il va se
passer encore un assez bon moment malgré tout.
Autant vous êtes pressés pour la décentralisation,
cela me déçoit un peu de voir que vous n'êtes pas plus
pressés sur ce plan-là.
M. LAURIN: Non, je n'ai pas donné d'opinion encore sur le
problème de la confidentialité. Je n'en ai pas donné,
justement, parce que je sais que c'est complet.
M. BOIVIN: La confidentialité est une chose importante. Alors il
ne faut pas travailler au détriment de cette confidentialité.
M. CASTONGUAY: On parle seulement de l'individu face à
l'information qui le concerne, lui. C'est tout. On ne dit pas que le dossier
doit être ouvert même, je l'ai dit, on va ajouter des dispositions
pour protéger la confidentialité des renseignements dans le
projet de loi. Vous allez voir les lois professionnelles, il y a encore des
dispositions à ce sujet; dans le code de procédure civile, vous
en trouvez. Alors, sur ce plan, on ne veut pas ouvrir les dossiers pour qu'ils
deviennent accessibles à tout le monde même si, à bien des
endroits, l'information est accessible. Vous avez parlé des
sociétés d'assurance. J'ai travaillé dans des
sociétés d'assurance. Il y a toutes sortes de rapports qui se
promènent sur l'état de santé des gens et il y a un paquet
de monde, dans ces compagnies, qui n'ont jamais prêté serment, qui
n'ont aucune notion même du fait que ces renseignements sont
confidentiels. C'est monnaie courante. Alors, on ne veut pas aller à
l'encontre, on ne veut pas ouvrir l'accès aux dossiers par cette
législation à toute personne qui n'y a pas affaire mais, de toute
façon, je pense que cet échange a pu être utile, mais j
aimerais qu'on y pense parce que, vraiment, c'est une question importante et
qui comporte plusieurs dimensions.
M. CLOUTIER (Montmangy): De toute façon, je voudrais dire au
ministre, on parle beaucoup de la confidentialité du dossier mais, sauf
erreur, sur la formule d'asurance-hospitalisation, on indique une certaine
forme de diagnostic. Alors, à ce moment-là, les formules se
promènent aussi jusqu'à leur arrivée au ministère
des Affaires sociales pour être classées dans les archives. Je me
souviens que, personnellement, quand j'étais ministre, j'ai
demandé qu'on me fasse parvenir directement, de l'hôpital à
mon bureau, les feuilles d'assurance-hospitalisation des premiers ministres en
fonction qui étaient hospitalisés quand on sait quelle est
l'implication politique que peut avoir un diagnostic. On peut dire que,
déjà, par toutes sortes d'indications, la confidentialité
n'est pas possible, tel que la profession médicale le
désirerait.
M. CASTONGUAY: On est peut-être mieux de s'interroger au sujet de
ces données-là. Si d'autres personnes ont accès aux
dossiers, pourquoi serait-ce si difficile pour la personne impliquée
elle-même d'avoir accès à son propre dossier? Il me semble
que l'on devrait plutôt tendre à ouvrir cet accès, quitte
à laisser une marge de jugement aux médecins pour qu'ils puissent
juger selon les cas. Si une personne veut absolument savoir si elle est
affectée d'une maladie mortelle, il est peut-être bon qu'elle le
sache. Si elle insiste, elle peut avoir des raisons bien particulières;
il y a le cas des maladies mentales où peut-être la connaissance
d'une affection pourrait avoir un mauvais effet, mais je pense qu'on peut
circonscrire sur ce plan-là.
M. BOIVIN: D'ailleurs, c'est le devoir du médecin de dire
à quelqu'un qu'il est gravement malade, même de l'avertir que
c'est sa dernière maladie.
M. CASTONGUAY: Alors, à plus forte raison, donc.
M. BOIVIN: Maintenant, il y a une chose dont vous avez parlé tout
à l'heure, c'est que ce serait pour éviter surtout la
multiplication des examens.
M. CASTONGUAY: Non, j'ai mentionné cela comme incidence. Parce
que...
M. BOIVIN: Parce qu'il y a un certain danger à faire promener
toujours le même dossier, c'est qu'on parte toujours de
préjugés. Il peut très bien arriver qu'un groupe de
médecins c'est leur façon de travailler
émette un diagnostic. Si vous faites toujours promener le même
dossier, si on part d'une erreur dans ce dossier, cette même erreur
se
répète tout le temps dans ce même dossier. Il est
bon qu'une autre équipe reprenne tous ces examens. D'ailleurs, ces
examens changent dans l'espace de deux ou trois jours et ils n'ont plus de
valeur. Je pense qu'on ne diminuera pas beaucoup le nombre d'examens,
même en faisant la transférabilité du dossier.
M. CASTONGUAY: Rien n'empêchera le médecin qui
désirera reprendre les examens de le faire. Mais simplement, si le
dossier lui indique quel est le groupe sanguin, s'il y a une réaction
à la pénicilline, s'il y a une histoire assez
détaillée de difficultés cardiaques, cela peut l'aider
joliment dans son traitement. S'il n'a pas cette information, même s'il
reprend des examens, dans un cas d'urgence, il n'aura peut-être pas le
temps de les reprendre tous.
Cela me déçoit un peu de voir et je le remarque
que le Dr Laurin dit qu'il ne s'est pas prononcé. Il me semble
que cela a un aspect extrêmement important et j'aimerais qu'on y songe
davantage. En effet, cela m'apparaît aller dans le sens justement de
reconnaître que la personne, la première impliquée, a le
droit de savoir, qu'elle est plus en mesure de comprendre qu'elle ne l'a jamais
été, qu'elle a un meilleur degré de connaissance,
d'information etc. De plus le développement de la science a
démontré, il me semble, clairement que certains types
d'information, si elles sont facilement accessibles, peuvent être d'une
utilité très grande pour les personnes en cause.
M. CLOUTIER: M. le Président, je voudrais faire une
dernière remarque sur ce sujet-là avant de suspendre les travaux.
La remarque du Dr Boivin, le député de Dubuc, n'avait pas pour
objet, je pense bien, si je l'ai bien interprétée, d'exclure de
la nomenclature des droits cette accessibilité du patient à
l'information. Il a voulu souligner, je pense, le danger
d'interprétation par le patient du refus du médecin à un
moment donné, non seulement du refus mais du fait que le médecin
lui interdise d'une façon malhabile l'accès de son dossier, car
il pourrait interpréter cela comme étant inévitablement
l'indice d'une maladie mortelle. Je pense que c'est cela qu'il a voulu faire
ressortir et non pas se prononcer contre l'accessibilité au dossier pour
le patient.
M. BOIVIN: D'ailleurs, je tiens à ce qu'on dise dans la loi que
le dossier appartient réellement au patient.
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas qu'on puisse le dire, docteur. On a
examiné cette question-là. Si on le dit, en ce qui a trait aux
institutions hospitalières, par exemple, je crois que l'on va se
créer toute une série de problèmes. Par exemple, une
personne veut intenter une poursuite auprès d'une institution et elle va
chercher son dossier et elle dit: C'est à moi. Qu'est-ce qui se
produira? Il y a là je pense un problème...
M. BOIVIN: Ce n'est pas le dossier que l'on donne. On lui donne une
copie. Cela équivaut au dossier.
M. CASTONGUAY: C'est ce que l'on dit ici: Non pas la
propriété du dossier, mais l'accès au dossier. C'est ce
que l'on dit, l'on se rejoint.
M. LE PRESIDENT: Nous allons donc recommencer nos
délibérations à 8 h 15. La commission suspend ses
travaux.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Est-ce que la discussion est terminée?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, M. le Président, j'avais
terminé mes observations. S'il n'y a pas d'autres remarques des membres
de la commission, je voudrais traiter du point suivant qu'a touché le
ministre, le champ d'application de la loi qui a été circonscrit.
Le ministre a donné des indications assez précises de ce que
pourraient être les exclusions. Nous avions constaté, au cours de
l'audition des mémoires des organismes devant la commission, qu'il y
avait effectivement beaucoup de crainte et d'appréhension de la part de
certains organismes redoutant d'être couverts par la loi 65. Ils
redoutaient que leur action en soit paralysée et même que la
motivation à la base de bien de ces initiatives disparaisse. Pour notre
part, je crois que c'est une excellente décision qu'a prise le ministre
d'introduire dans sa loi des exclusions, l'exclusion des activités
bénévoles, des activités d'animation sociale, des
activités d'information populaire et enfin, sans reprendre
l'énumération, toutes ces activités que proposent les
comités de citoyens, et enfin des initiatives à caractère
plutôt bénévole. Nous partageons donc le point de vue du
ministre à ce sujet.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une question
là-dessus. Il est possible que l'exclusion de certaines oeuvres
d'entraide, foyers de charité, oeuvres charitables, soit
nécessaire pour les raisons qui nous ont été
exposées. Mais est-ce qu'il n'y a pas un danger que ces institutions, si
on les laisse complètement en dehors du champ de l'application de la
loi, ne répondent pas aux critères auxquels les institutions du
secteur public sont soumises?
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous voulez dire quant à la
qualité de service où, de toute obligation, des normes sont
requises pour la protection de la population?
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: A ce moment-là, s'il s'agit d'activités par
exemple à caractère médical, je pense que les
collèges vont rejoindre ces indices-là.
M. LAURIN: Je ne pense pas seulement aux institutions médicales,
je pense à certaines institutions de bien-être, par exemple.les
foyers, les garderies.
M. CASTONGUAY: Alors, sur ce plan-là, si nous en arrivons
à l'autre formule, je crois... Mais là, il y a toujours le
problème on l'a mentionné à plusieurs reprises
de savoir comment concilier, en fait, le désir pour des groupes
de vouloir se développer par leur propre dynamisme et le contrôle
auquel vous faites vous-même allusion, le point de rencontre. Je pense
que, s'il s'agit de services, si ces institutions dispensent des services qui
les placent disons là où il y a vraiment obligation de
contrôle pour la protection de la population, à ce
moment-là, il faut que le projet de loi s'applique, de telle sorte qu'il
y ait un permis d'émis et qu'il y ait une surveillance au plan de la
sécurité, etc.
Une possibilité nous est apparue, ce serait peut-être la
formule coopérative ou s'apparen-tant à la formule
coopérative. C'est-à-dire que, sans que les structures
proposées dans le projet de loi soient nécessaires à
l'existence d'une corporation, composition d'un conseil d'administration,
à ce niveau-là on puisse avoir une institution dont le statut
s'apparenterait à celui d'une coopérative mais où, au plan
du fonctionnement interne, les dispositions de la loi s'appliqueraient.
C'est dans ce genre d'approche qu'il est possible, je crois, de
concilier les deux aspects. Pour cette formule, l'établissement...Il
serait possible d'envisager au besoin une aide financière non totale de
la part de l'Etat, mais peut-être supplétive ou partielle.
M. BOIS: M. le Président, cet après-midi j'avais
parlé de l'Etat législateur au lieu de l'Etat administratif des
biens des corporations. Je pense bien qu'en se référant à
cela dans la question des foyers, des garderies, etc., comme le dit le
député de Bourget il y aurait peut-être lieu, à un
moment donné, qu'il y ait une surveillance adéquate et qu'elle
soit uniforme partout.
Pour la question de protection par exemple, conformément à
l'incendie, pour la question de nourriture etc., il faudrait qu'il y ait
certains standards qui soient applicables et uniformes dans la province, et qui
soient surveillés. Nous, pour autant que nous sommes concernés,
si cette chose-là était appliquée, nous trouvons que
ça répondrait aux normes qui seraient raisonnables, et ça
sans déposséder les individus et sans enlever l'ambition
privée des gens qui font partie de corporations charitables ou de ce
genre-là.
M. CLOUTIER.(Montmagny): M. le Président, dans l'opinion du
ministre, pour prendre un cas concret, les organismes de Québec qui sont
venus devant la commission, et qui étaient représentés par
Mgr Lavoie ou le comité des citoyens, est-ce que quelques-uns de ces
organismes peuvent être exclus du champ d'application de la loi? Les
ateliers protégés entre autres, atelier de l'aire no 10...
M. CASTONGUAY: On nous a parlé d'un genre de secrétariat
d'entraide à partir duquel,
si j'ai bien compris, s'est développé un genre de centre
d'information d'une part. Il y a aussi un embryon de centre
médico-social; il y a...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'atelier de l'aire no 10...
M. CASTONGUAY: Nous ne visons pas les ateliers par ce projet de loi. Il
ne s'agit pas d'un atelier à caractère thérapeutique, il
n'y a pas de soins, de services, c'est un atelier où on essaye de
réintégrer les gens dans le marché du travail ou de les
aider à réintégrer le marché du travail. On ne les
touche pas, il n'y a pas de notion de service au sens où on l'entend
ici.
Quant au centre, au secrétariat et au service d'information
qu'ils ont mis sur pied, au service d'animation, ça n'entre pas sous le
coup de la loi non plus, ça répond justement au type
d'institutions dont je parlais où c'est principalement un mouvement du
milieu à caractère bénévole, etc. Je ne vois pas ce
qu'on irait faire dans ça, sauf si on voulait leur imposer des
structures et ce serait les ralentir dans leur élan.
Lorsqu'on arrive au niveau du centre médico-social, lorsqu'on
examine l'affaire de plus près, je l'ai regardée, il s'agit en
fait d'un petit noyau, un médecin avec peut-être une
infirmière et une secrétaire.
C'est un peu la même chose qu'un cabinet privé tout de
même. Je ne vois pas non plus pourquoi, par ce projet, on essaierait de
couvrir ce genre de cabinet. Pour le médecin, sa corporation le rejoint;
c'est la même chose pour l'infirmière. Pour autant qu'ils donnent
des services courants, je ne vois pas exactement quel but on viserait en
essayant de les encadrer rigidement. Maintenant, nous avons, comme
ministère, aussi la possibilité d'accorder des subventions. Cette
loi-là ne se limite pas à l'aide financière que le
ministère peut apporter uniquement aux institutions qui tombent sous le
coup de cette loi. Je pense que là aussi, il y a une distinction qu'il
faut faire.
M. LAURIN: Je pensais particulièrement à certaines
institutions où on garde des gens, que ce soient des vieillards ou des
enfants inadaptés, et qui seraient à but lucratif. Est-ce que le
ministère n'a quand même pas une fonction quant à l'octroi
des permis, la révision annuelle des permis, la surveillance des
conditions d'opération, l'observance des normes de
sécurité? A ce moment-là, est-ce qu'ils vont tomber dans
le champ d'application de cette loi ou d'autres lois?
M. CASTONGUAY: Oui. Il est important, dans ce cas-là, que ce ne
soit pas que de l'entassement d'enfants ou de personnes âgées. Il
faut vraiment que ces gens-là reçoivent les services
appropriés.
M. LAURIN: Et les institutions qui sont à but lucratif?
M. CASTONGUAY: Elles vont tomber sous le coup de la loi au plan de
l'émission des permis, de l'application des normes. Et le
problème qui se pose, c'est de savoir si on est pour le maintien de ces
institutions-là dans l'avenir et quelles seront leurs formules de
financement? Mais au plan de l'application de la loi, du respect des normes,
pour que ces gens-là vivent dans des conditions adéquates, que
les services répondant à des normes soient vraiment
donnés, qu'il y ait une sécurité adéquate, soit au
plan des incendies, etc., cela doit...
M. LAURIN: C'est en vertu de cette loi.
M. CASTONGUAY: Au plan de la sécurité, c'est en vertu des
lois du travail.
M. LAURIN: C'est une exclusion partielle dont vous parliez. Il y a
certaines institutions qui sont partiellement exclues.
M. CASTONGUAY: Je croyais que vous faisiez allusion au type
d'institutions qui nous ont rendu visite le dernier soir de nos auditions. On a
dit: Voici, nous fonctionnons purement de par la charité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, par la charité.
M. CASTONGUAY: Alors, à ce moment-là, je ne crois pas
qu'on doive les forcer à changer leurs structures mais on doit s'assurer
qu'il y a un respect de normes. C'est pour ça que j'introduisais dans ce
cas la notion d'une formule coopérative où, en fait, il y a une
corporation qui existe...
M. LAURIN: Ce que je veux dire, c'est qu'il y a certains articles de la
loi qui ne s'appliqueront pas à elles comme, par exemple, la
constitution des corporations et tout ça...
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. LAURIN: ...mais d'autres articles qui touchent aux normes, aux
permis, vont quand même s'appliquer.
M. CASTONGUAY: Oui, vous avez raison.
M. BOIS: M. le Président, je ne vois pas tellement la
différence, par exemple, entre ce que peut être une corporation
à but lucratif ou non lucratif pour autant que, dans les normes de
sécurité, les normes de soins, elle se conforme aux obligations
du ministère. Si c'est une question, par exemple, d'allocation de
subventions, que le ministère n'en donne pas plus à une
corporation à but lucratif qu'à une corporation à but non
lucratif, nous trouvons, pour autant que nous sommes concernés, qu'on
laisse quand même l'initiative privée gérer ses biens
mais que le ministère applique les normes de
sécurité à tout point de vue, que ce soit au point de vue
médical ou au point de vue physique, etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): Abordant un autre sujet, M. le
Président, je pense que nous pouvons attaquer le point le plus important
de la loi, à savoir les offices régionaux des affaires sociales.
D'ailleurs, je les traite dans l'ordre où le ministre les a
traités. Le ministre nous a exposé une alternative qui comporte
évidemment deux options, à savoir l'une qui retiendrait les
offices régionaux des affaires sociales avec des pouvoirs accrus ou
davantage décentralisés, et, d'autre part, une autre formule qui
s'y apparenterait mais qui, quelle que soit l'appellation, ça
pourrait être un conseil des affaires sociales serait davantage
une structure de consultation et d'information dans le territoire, de
coordination également.
Si le ministre devait retenir la formule des offices régionaux
des affaires sociales, nous serions d'accord, comme la plupart des organismes
l'ont mentionné, et la commission Castonguay-Nepveu, qu'il y ait
davantage de décentralisation, parce qu'à ce moment-là, je
crois que l'office régional des affaires sociales, tel
qu'élaboré dans le projet de loi, n'a pas suffisamment de
pouvoirs pour véritablement atteindre les objectifs que l'on serait en
droit d'attendre d'une telle structure.
D'autre part, pour atteindre cet objectif, pour qu'il puisse assumer
véritablement des pouvoirs décentralisés, il faudrait que
cet office régional ait à sa disposition toutes les ressources
nécessaires: ressources en personnes, en budget et aussi en pouvoirs.
Non seulement des pouvoirs qui appartiendraient au lieutenant-gouverneur en
conseil mais des pouvoirs qu'il pourrait véritablement assumer
vis-à-vis des institutions dans le territoire. Et plus cet office
régional aurait de pouvoirs, moins le ministère des Affaires
sociales en aurait et moins, évidemment, les institutions du territoire
en auraient. Ce serait un transfert, ce serait un déménagement de
pouvoirs et de responsabilités vers cette structure.
D'autre part, on sait que le ministère des Affaires sociales
vient de se fusionner les deux ministères, Santé et
Bien-Etre et on est en train de recruter des effectifs, de bâtir
de toutes pièces dans toutes les grandes directions, que ce soit la
planification, la programmation, le financement, les relations
professionnelles, bref, on est en train de former des effectifs, une
équipe. Est-ce qu'on peut, à ce moment-ci, monter des effectifs
et monter une structure à deux endroits? Est-ce que l'on peut former une
équipe au ministère des Affaires sociales et la former, à
la fois, dans les régions, alors qu'un office régional des
affaires sociales bien organisé, évidemment, recourra aux
services du personnel du ministère qui retournera dans les
différentes régions pour assumer les fonctions que le
ministère assume actuellement, et que le ministère continuera
d'assumer d'après le projet de loi actuel dans les régions
où il n'y aura pas d'office?
D'autre part, est-ce que dans les régions on est actuellement
prêt, même si on trouvait les ressources humaines, même si on
trouvait les ressources financières, parce que il ne faut pas se
faire d'illusion la mise en place d'une structure
décentralisée avec pleins pouvoirs dans les régions va
comporter des dépenses accrues par rapport à l'administration qui
sera faite directement à partir du ministère des Affaires
sociales?
Est-ce que dans les régions, actuellement, les dangers que
comporterait une telle opération immédiatement peuvent être
écartés du revers de la main? J'écoutais le
député de Bourget, dans un texte qu'il nous a
présenté au début de la séance, nous dire que le
ministère est constamment soumis aux pressions qui lui viennent d'un
groupe de personnes qui veulent leur hôpital, leur institution. C'est un
exemple qu'il donnait.
Je ne crois pas que si on décentralise véritablement par
les offices régionaux, ces offices régionaux ne soient pas soumis
eux non plus à ce genre de pression.
M. LAURIN: Oui, mais si les offices régionaux n'ont à leur
disposition que le budget régional global que le ministère leur
approprie après examen de la situation dans les diverses régions,
et que l'office régional dit aux hôpitaux: C'est tout l'argent que
j'ai, il va falloir qu'on le partage à l'intérieur, je ne peux
pas aller plus loin, parce que le ministre n'a pas plus d'argent que
ça...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Affaires sociales dit ça
actuellement aussi.
M. LAURIN: Oui, mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il dit: Voici ce que le ministre des Finances
me donne, je n'en ai pas plus.
M. LAURIN: ... la décision prise au niveau de la région
aurait plus de chance de pouvoir être acceptée si on leur disait:
C'est ça notre région à nous et c'est à nous de
nous arranger pour que l'argent soit dépensé le plus utilement
possible au niveau de la région. C'est peut-être plus facile
à dire au niveau de la région.
M. BOIS: Cela ne devient plus une question de services, mais une
question d'argent.
M. CLOUTIER (Montmangy): Je comprends l'argumentation du
député de Bourget mais, d'un autre côté, on va
donner à cet office régional des affaires sociales un rôle
de planification. D'ailleurs le député de Bourget les
donne aussi nous avons identifié trois de ces
étapes: la préparation du plan quinquennal de
développement, la préparation du budget régional par
programmes, et la tranche annuelle du plan...
M. LAURIN: A l'intérieur du grand plan.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, à l'intérieur du grand cadre
et l'administration du budget régional. Mais, étant donné
qu'il y a des responsabilités au niveau de la région pour
l'établissement d'un plan quinquennal de développement qui
comprend aussi non seulement le développement des ressources, mais le
développement de l'équipement, la mise en place de
l'équipement, il est entendu qu'il y aura des pressions aussi.
Mais ce que je voudrais ce n'est pas la base de mon argumentation
c'est seulement dire au député de Bourget...
M. LAURIN: Je veux seulement terminer en disant à M. Cloutier que
je suis d'accord avec le ministre, par exemple, quand il traitait des droits
des citoyens, mais conditionnés par les ressources disponibles. C'est
évident que les droits sociaux ne sont pas des droits absolus et qu'il
faut tenir compte évidemment de l'augmentation graduelle des ressources.
C'est entendu, aussi bien dans le projet que je préconise que dans ce
que préconise le projet de loi, qu'il faut tenir compte de ces
limitations, de ces contraintes, évidemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, oui. Alors dans le système
idéal, je concevrais qu'il y ait décentralisation à partir
du ministère des Affaires sociales et des ressources en hommes, en
budget, et aussi des décisions, des pouvoirs et des
responsabilités. Idéalement, on peut concevoir que nous nous
dirigeons et nous devons nous diriger vers une telle formule. Ce
n'est certainement pas faire injure aux gens de la région que de dire
à ce moment-ci que peut-être dans la région on n'est pas
prêt à assumer rapidement et à la fois sur le territoire,
une telle responsabilité.
M. LAURIN: Me permetteriez-vous d'ajouter une petite remarque? Si on le
mettait dans le projet de loi, même si le ministre ne mettait le
programme idéal en vigueur que dans trois ou quatre ans, au moins ce
serait un objectif vers lequel pourraient tendre les gens de la région,
parce qu'au fond la date de la mise en vigueur d'un programme peut être
séparée de l'adoption du contenu de la substance d'un projet de
loi. Cela aura au moins le mérite de montrer la direction, l'orientation
qu'entend prendre le ministère, et à ce moment-là, les
régions pourraient se préparer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je retiens l'argumentation du
député de Bourget et ce qui me force à tenir le
raisonnement que je tiens actuellement, c'est que, ayant déjà
vécu en pratique les problèmes administratifs et la prudence que
commande naturellement une telle décentralisation, je m'interroge
à ce moment-ci sur la façon dont on peut donner à la
région une telle indication, sur la façon dont on peut amener les
gens de la région, les inciter à prendre de plus en plus de
responsabilités et à se préparer à assumer ce
rôle. Dans cette optique, tenant compte de ces considérations, je
me demande si la deuxième option de l'alternative, à savoir la
mise en place plutôt de conseils des Affaires sociales ne serait pas,
à ce moment-ci, une précaution nécessaire. Mais j'aimerais
cependant ajouter à l'intention du ministre que, parallèlement
à cette initiative, je verrais bien qu'il se poursuive une
expérience pilote dans un territoire qui pourrait précéder
une véritable décentralisation, un peu comme on a fait du
côté de l'éducation pour la mise en place de
l'équipement. On a procédé par la formation de
comités consultatifs sur le territoire, de comités de
planification à l'échelle régionale, et ces comités
ont étudié le territoire et l'endroit du territoire, où il
était préférable d'implanter des ressources. Alors les
comités de planification, à mon avis, se sont assez bien
acquittés, dans l'ensemble, de cette responsabilité.
Par la suite, le ministère de l'Education a pu leur
déléguer davantage de responsabilités. Il est vrai qu'il y
a un frein modérateur qui est la taxation qu'ils ont dans ce secteur et
que nous n'avons pas dans le secteur des affaires sociales. Disons que c'est un
frein d'importance à ce moment-là pour assumer des
responsabilités.
M. LAURIN: Par ailleurs, la formule que je préconisais
était assez souple pour permettre la même démarche.
M. BOIS: M. le Président, à la suite de la question du
député de Bourget, si le député de Montmagny me le
permet, si on passait à un exemple pratique en parlant de l'office
régional des affaires sociales. Comment le ministre, si on prend
Québec, entre autres, où il y a un bureau des affaires sociales,
si vous voulez, rue Marie-de-1'Incarnation, un dans Jean-Talon, un dans
Limoilou, un autre dans Sainte-Foy, comment dis-je, envisagez-vous de
réorganiser tout cela sur le plan pratique?
M. CASTONGUAY: M. Bois, je pense qu'il y a peut-être une
précision à apporter, les bureaux d'aide sociale auxquels vous
faites allusion ne sont pas touchés par cette loi, sauf que lorsque les
centres locaux de services communautaires seront établis, on va
certainement vouloir, dans les endroits où il y a un bureau local dans
le voisinage, faire un effort pour intégrer les bureaux locaux. Ce sera
fort probablement dans certains cas à titre d'expérience au
départ dans les centres locaux ou tout près du centre local, pour
que les liens puissent
s'établir, tout comme des gestes ont été
posés pour rapprocher les bureaux d'aide sociale, à un certain
nombre d'endroits, des centres de main-d'oeuvre.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je pense avoir
exposé à ce moment-ci les préoccupations qui entourent le
choix d'une option plutôt que de l'autre option. Je crois bien que les
organismes qui sont venus devant la commission ne se sont pas prononcés
en fait contre le principe de la décentralisation. Ils ont voulu
davantage de décentralisation. Ils se sont élevés contre
la formule des ORAS telle que proposée, parce qu'il leur semblait que
cette proposition alourdirait plutôt le mécanisme, et tout le
fonctionnement du système, étant donné que les ORAS ne
devenaient à toutes fins pratiques qu'un autre point de
référence et un point de liaison entre le ministère et les
institutions et également la population. Alors, on devait par le
truchement de l'ORAS transmettre des documents, des budgets, des programmes
d'expansion et des programmes de mise en place de l'équipement, enfin
toute une série de mesures, et recevoir également l'approbation
du ministère des Affaires sociales. On a craint que ce mécanisme,
cette structure alourdisse le système, mais je crois bien qu'entre un
ORAS où il n'y a pas suffisamment de décentralisation et un
conseil des affaires sociales dans le territoire qui aura véritablement
tout ce que comporte un conseil avec tous ses pouvoirs de consultation,
d'information, de discussion, d'animation et de préparation au
rôle qu'il assumera dans la suite, je pense que dans le territoire les
institutions et les organismes qui sont venus devant la commission seraient
davantage favorables à une solution comme celle-là. Ils ne
refusent toutefois pas un ORAS qui aura plus tard véritablement des
pouvoirs de décision, parce que l'ORAS qui aura des pouvoirs de
décision enfin, ce seront les institutions du territoire qui vont
l'utiliser et qui vont lui donner le dynamisme, la vigueur et la qualité
qu'il devra avoir. Je ne sais pas si le ministre veut ajouter des
commentaires.
M. BOIS: Avant que M. le ministre réponde, j'aurais juste
quelques petites choses à dire. A la suite de la question que je posais
tout à l'heure et des représentations du député de
Montmagny, dans la question par exemple des affaires sociales, si, en
réalité, vous faites disparaître l'assistance sociale,
disons que si vous l'excluez comme telle de l'organisation des offices
régionaux des affaires sociales, qu'est-ce qui va rester comme
administration? Est-ce que ce seront seulement des cas de maladie ou de...
M. CASTONGUAY: Tout ce qu'on veut toucher par le projet de loi et c'est
déjà vaste, ce sont les services de santé et les services
sociaux, agences familiales, planification familiale, tous les services qui
sont donnés dans les agences de service social comme le Conseil des
oeuvres et de bien-être de Québec, par exemple, service d'adoption
et de protection de l'enfance, etc., toutes les institutions touchant la
délinquance, la protection de la jeunesse, les foyers pour personnes
âgées, les institutions caractérielles, etc. Cela fait une
gamme assez étendue.
Quant aux mesures de sécurité du revenu, par ce projet de
loi, étant donné que la Loi d'aide sociale établit des
modalités de dispensation, on ne veut pas la toucher par ceci. Cela
n'empêche pas comme je le mentionnais tantôt au
niveau des centres locaux de services communautaires, dans certains cas, soit
d'essayer de regrouper ou de rapprocher les bureaux d'aide sociale, de telle
sorte que la complémentarité entre les services ou une meilleure
coordination s'effectue.
M. BOIVIN: Au sujet des offices, les institutions qui se sont
présentées devant la commission ont vu aussi une perte de
pouvoirs au profit de l'office. C'est-à-dire qu'ils ont vu dans la
régionalisation une centralisation de leurs pouvoirs vers la
régionalisation. Quand on parle de décentralisation ce sont
plutôt des pouvoirs qui partent du ministère et qui s'en vont aux
régions. C'est pour cela qu'ils réclamaient des pouvoirs pour
l'office, c'est-à-dire que le ministère cède des pouvoirs
à l'office. Je ne serais pas non plus d'avis que le ministère
cède des pouvoirs. Qu'il donne des mandats à cet office
régional sans que le ministre ou le ministère cède de ses
pouvoirs, parce que le ministère ou le ministre a besoin de toutes ses
prérogatives. C'est lui qui donne les permis, c'est lui qui, avec les
corporations professionnelles, juge de la qualité de soins qui seront
donnés. On connaît les difficultés que nous avons, à
différents paliers, au ministère, pour intervenir et on a vu tous
les pouvoirs qu'on a voulu se donner au moyen des enquêtes, même
qu'on a peut-être dépassé la borne, sûrement, par les
interventions du Barreau, par exemple, qui nous a dit qu'on a même
dépassé des pouvoirs législatifs; on a
empiété sur le judiciaire dans le système d'enquêtes
qu'on voulait établir. Tout ça pour dire que le ministère
ne doit pas céder tous ses pouvoirs à cet organisme
régional. Je souligne encore les craintes de toutes ces institutions
quand ils disaient que l'office n'avait pas de pouvoir et aussi qu'il leur
faisait perdre des pouvoirs dont ils ont besoin pour administrer. Surtout
ça appesantissait, c'est vrai. En. même temps qu'ils perdaient
leurs pouvoirs, ces pouvoirs-là passaient à l'office
régional. Je serais en faveur d'un conseil qui coordonne, qui a des
pouvoirs de soutien, à qui le ministère peut donner des mandats,
sans céder tous ses pouvoirs qu'il doit conserver au
bénéfice de la communauté.
M. CASTONGUAY: Le seul commentaire que je voudrais faire est que, comme
dans le
domaine de l'éducation, tout ne s'est pas fait dans une seule
loi. Lorsque la loi créant le ministère de l'Education a
été adoptée il y a eu certaines étapes qui ont
été franchies et même, à certains moments, la
population a senti que le rythme d'évolution était
peut-être trop rapide: elle a eu des difficultés à suivre.
Ce n'est pas exagéré de dire ça, ce n'est pas une
condamnation, au contraire, de ce qui a été fait dans le domaine
de l'éducation.
Ici, on vient d'établir l'assurance-maladie il y a un an, nous
présentons le bill 65 qui apporte des changements nombreux et importants
et nous avons dit que nous voulions clarifier les responsabilités aux
divers paliers, que nous voulions aussi assurer une
décentralisation.
Cette décentralisation, on vient de le souligner par la formule,
les offices proposés, s'effectuait de façon incomplète. Et
les institutions dans le champ on senti qu'elles perdaient une certaine partie
de leurs pouvoirs ou encore pouvaient se voir trop contrôlées ou
leur mécanisme de communication avec le ministère pourrait se
voir alourdi.
On peut penser à une décentralisation qui donne plus de
latitude d'action aux institutions dans un premier temps, quant à leur
gestion. Il ne faut pas oublier que cette question-là ne traite pas
uniquement non plus au niveau de ce projet de loi, mais de tout le processus
budgétaire qui l'accompagne.
Là, on entre déjà dans un domaine où il y a
des changements. Quant à l'introduction du budget global, ceux qui
vivent dans des institutions considèrent que c'est un changement
très important. Il y a aussi le fait que nous allons mettre sur pied des
centres locaux de services communautaires et ceci va apporter des
réaménagements entre le rôle des institutions, leurs
relations. Il y a également le problème que j'ai mentionné
en plus de celui de la taxation qui n'existe pas au niveau régional,
mais le fait qu'il serait extrêmement difficile sinon impossible, d'ici
un certain temps, d'établir un budget par région étant
donné les écarts, les coûts de fonctionnement
différents et l'absence de barèmes qui nous permettent de mesurer
les écarts dans les services et les coûts de fonctionnement, il y
a aussi le fait que certaines de ces réformes qui s'effectuent ne sont
pas reçues de la même façon partout. A certains endroits,
on insiste encore énormément pour construire alors que bien
souvent l'important est d'assurer des services. On peut se demander
jusqu'à quel point, justement en posant le problème de cette
façon-là, dans certaines régions, à l'endroit de
certaines localités, il serait possible de réaliser
l'équilibre) qui nous apparaît nécessaire, dans les
services.
Dans tout ceci, je note que le Dr Laurin, pour sa part, disait: Est-ce
qu'on peut inscrire dans le projet de loi ce que pourraient être les
offices, quitte à ce qu'ils soient rétablis dans trois ou quatre
ans? M. Cloutier pour sa part disait: Est-ce que nous pourrions tenter une
expérience pilote? Et M. Bois se demande si on alourdit le
système.
Nous sommes tous un peu rapprochés l'un de l'autre. Quant
à moi, il me semble qu'il y a aussi une autre approche et c'est la
suivante: si nous établissons des conseils, que nous leur donnons des
pouvoirs ou des responsabilités pour susciter la participation au niveau
des institutions, susciter une meilleure coordination, les aider aussi avec des
nouvelles formules comme le budget global, assurer la bonne implantation des
services, des centres locaux, parce qu'à bien des endroits, ça va
présenter des difficultés...
Nous vivons avec le problème des comités de citoyens, et
malgré toute leur bonne volonté, ce n'est pas toujours facile.
Recevoir les plaintes des usagers des services, promouvoir des échanges
de services, la mise en commun de services, il y a toute une série de
fonctions utiles qui peuvent être assumées par ces conseils, et en
même temps, au plan administratif, renforcir et compléter les
premières étapes posées dans la constitution de bureaux du
ministère dans les régions.
Dans une étape subséquente, il sera possible de
légiférer à nouveau et là, selon les
expériences acquises, l'évolution, de joindre ces conseils au
bureau du ministère dans ces régions. Il ne faut pas oublier que
nous avons, par exemple à Rimouski, un coordonnateur ; nous avons
ramené de Sainte-Anne-des-Monts le personnel que le ministère
avait du côté des services psychiatriques et nous avons
groupé dans une équipe à Rimouski ce personnel sous la
direction d'un coordonnateur. Si ce coordonnateur a en parallèle un
conseil, de là une deuxième étape lorsque les choses
seront plus stabilisées, nous aurons de meilleures façons de
diviser les enveloppes, de mesurer les rendements, d'établir des normes
générales; on pourra probablement faire un regroupement et
à ce moment-là, passer à l'étape subséquente
de la décentralisation.
Je crois qu'il y a là aussi une autre approche qui permet
d'atteindre les buts que nous partageons tous. Ce projet de loi ou cette option
n'est en aucune façon un rejet de ce qui a été
proposé à la commission d'enquête.
M. BOIS: Dans ce que M. le ministre vient de dire, il y a quelques mots
qui m'ont fait extrêmement plaisir. M. le ministre a mentionné
que, pour lui, il ne s'agissait pas simplement de construire des cadres, de
voir de la construction ou encore des choses à l'extérieur de ce
qui peut exister à l'heure actuelle. Incidemment, au sujet de
l'éducation, à l'heure actuelle, il y a peut-être beaucoup
trop de cadres, de murs qui ont été construits, alors qu'on a
enlevé l'esprit ou tout le système pathologique ou psychologique
qui pouvait exister à l'intérieur de tout ça. Si M. le
ministre s'en tient vraiment à ça, je lui fais mes éloges,
parce que s'il veut à l'heure actuelle que le ministère des
Affaires sociales
imite le domaine de l'enseignement, nous n'y sommes pas. Pour autant que
je suis concerné, ce que vous avez dit tout à l'heure me
plaît énormément. Si vraiment vous êtes sur cette
voie-là, je crois que c'est le bon moyen de procéder. Sinon, si
vous êtes pour tout rationaliser avec un budget, aussi bien dire que
demain nous nous arrêtons pour savoir exactement comment nous allons
procéder.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais un autre commentaire à faire.
En procédant par la deuxième option, c'est-à-dire
l'implantation de conseils plutôt que d'offices, il y a toute une
préparation statistique à faire de la part du ministère en
préparant l'information régionale et en la transmettant à
la région. C'est entendu que, si la région veut se pencher sur
des problèmes de planification et de mise en place d'un programme
quinquennal d'équipement, cela lui prendra certaines données, des
données statistiques quant aux besoins dans le territoire et à ce
qui existe comme équipement. Si on veut intégrer davantage les
institutions l'une à l'autre et savoir si pour l'implantation des
centres locaux des services communautaires, cela prendra aussi certaines
informations, je pense que l'information sur une base régionale doit
être préparée par le ministère et retournée
aux régions. Je pense bien que cela va être un des rôles
importants du ministère. Maintenant, cela doit être un des
rôles que doit avoir assumé le ministère depuis sa fusion,
de préparer à l'échelle régionale toute cette
information dont la région aura besoin pour assumer les
responsabilités du conseil régional d'abord, et par la suite, de
l'office régional.
C'est une remarque. J'entendais tout à l'heure le ministre parler
de l'information. Je pense que c'est un des rôles importants du
ministère d'assumer la préparation et la transmission aux
régions de cette information.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais poser une question sur ce sujet?
Peu importe l'option qui est prise, la question se pose: comment constituer les
conseils d'administration qui feront fonctionner ces offices? Et on a dit, au
moment où le projet de loi no 65 a été
présenté, que les nominations par le lieutenant-gouverneur en
conseil, après consultation des groupes socio-économiques,
présentaient un certain nombre de dangers.
Pour les autres nominations qui étaient proposées,
c'est-à-dire des représentants des centres hospitaliers de la
région, des centres de service social, des centres locaux de services
communautaires, on semblait trouver que ce qui était proposé
était raisonnable. On a fait des représentations
particulières mais on en avait surtout contre les membres qui
étaient nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je ne
sais pas si c'est dû à l'expérience passée mais on y
a vu la possibilité que le lieutenant-gouverneur en conseil fasse des
nominations qui procèdent de critères...
M. BOIS: Du Père, du Fils et du Saint-Esprit...
M. CASTONGUAY: Bon! Alors, tout ça est beau mais que proposer
à la place? Et j'aimerais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre des Affaires sociales
pose la question tandis que le chef d'Unité-Québec est ici?
M. CASTONGUAY: C'est un homme d'expérience en politique.
J'imagine que le sujet n'est pas tellement...
M. LOUBIER: Je suis dans la galerie de la presse.
M. CASTONGUAY: Il a déjà dû, dans sa carrière
politique, assister à ce genre de nominations.
M. LOUBIER: Jamais.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et le ministre il était
l'ex-ministre du Tourisme a assumé ses responsabilités; il
n'a jamais eu peur de les assumer entièrement dans les nominations qu'il
a faites, en les recommandant au lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LOUBIER: C'est clair.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais la première remarque que je
voudrais faire, c'est que le ministre, quand il a proposé la formation
du conseil d'administration au sein de l'ORAS, a suggéré
évidemment, après consultation des groupes
socio-économiques, six représentants du territoire. Les autres
venaient douze membres des institutions dans le territoire: trois
des centres locaux de services communautaires, trois des centres de service
social, trois des centres hospitaliers et trois des centres d'accueil. Deux
venaient des universités, un était le directeur
général de l'institution. Je ne sais pas si on peut parler de
l'ensemble des problèmes de la représentation sur le conseil
d'administration. D'abord, je retiens que c'est le seul endroit, la seule
structure où le conseil d'administration comporte un chiffre impair. Les
autres ont tous des chiffres pairs. Quelques organismes ont mentionné
que ça pourrait poser, en pratique, certains problèmes mais je ne
crois pas, pour ma part, que ce soit une difficulté insurmontable.
D'autre part, on a les...
M. BOIVIN: Avant de parler de la constitution du conseil
d'administration, j'aurais une question à poser au ministre. Est-ce que
ce serait l'intention du ministre de former réellement une corporation?
Si c'est un conseil qui est issu du ministère et qui n'a pas de pouvoirs
dans la ligne d'autorité, est-ce d'abord nécessaire de former une
corporation? C'est très bien
qu'il y ait un conseil d'administration, que ce soit une division du
ministère au régional, mais je ne verrais pas la
nécessité de former une corporation.
Dans l'administration, qu'on ait une participation régionale dans
la nomination, qu'on ait des représentants des différentes
institutions, ce serait très bien. Il y a même des nominations.
Mais je ne vois pas que cet office et ce conseil soient dans la ligne
d'autorité; que ce soit une division tout simplement du
ministère. C'est ce que je voudrais savoir parce que ce ne sera pas la
même chose. Si on ne forme pas une corporation, si c'est une simple
division du ministère au régional, je n'y verrais pas
l'importance que ce soit une corporation autonome.
M. CASTONGUAY: Si c'est un organisme qui, en fait, est conçu pour
représenter vraiment les institutions dans une région, la
population dans une région, par le type de représentation
suggéré, il me semble qu'à ce moment-là, il serait
difficile d'introduire cela dans les structures d'un ministère. Vous
auriez des personnes qui n'ont évidemment pas le statut de
fonctionnaires et on pourrait prendre la formule utilisée lorsqu'on
forme des comités. Mais si on veut leur donner une certaine
indépendance, une certaine liberté d'action, des pouvoirs bien
établis ou des fonctions bien établies, je pense qu'il y aurait
avantage à les constituer en corporation, à leur donner un
budget. Leur charte leur dit quelles sont leurs fonctions. Cette corporation
est constituée de membres qui seraient désignés, comme
vient de le mentionner M. Cloutier, plus un certain nombre d'autres. On avait
proposé dans le projet de loi initial, six personnes nommées
après consultation par le lieutenant-gouverneur en conseil, mais je
pense que j'aimerais que l'on rediscute cette procédure. De toute
façon, avant de la discuter, il me semble qu'il y aurait avantage
à former une corporation.
M. BOIVIN: Mais ne croyez-vous pas que c'est cette corporation que l'on
va former qui appesantit et qui va gêner l'action du
ministère?
M. CASTONGUAY: Non, je pense à la deuxième
hypothèse, là où on lui donne des fonctions telles que
celles décrites. Si on procède par la voie de
décentralisation où on donne des pouvoirs, là je crois
que, dans un premier temps, comme vous dites, cela ne devrait pas être
fait par voie de la formation d'une corporation.
Alors, pour la nomination des membres, les six, parce que c'est beau de
le dire, là ça peut se prêter à diverses choses.
Mais prenons l'exemple du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de
l'Abitibi, est-ce que l'on peut imaginer une élection dans l'Abitibi
pour désigner six membres à un conseil comme celui-là?
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons qu'il faut distinguer entre les
institutions. D'ailleurs, les organismes qui sont venus devant la commission
l'ont fait également. Je pense bien que la question ne se pose pas de la
même façon pour un centre local de services communautaires ou un
centre d'accueil qui normalement sont beaucoup plus près de la
population. On a ce genre d'institutions, institutions
décentralisées; prenons comme exemple les centres
d'hébergement pour personnes âgées qui se retrouvent dans
toutes les régions de la province et dont l'administration ne comporte
pas de difficultés particulières. Les problèmes
d'administration sont réglés par le fonctionnaire en place qui
est le directeur administratif, le directeur général de
l'institution, qui présente son budget au ministère;
l'administration de la maison ne comporte pas de difficultés
particulières. Nous avons là un élément qu'il
serait désirable d'introduire: c'est la représentation, soit sous
la formule coopérative, des gens, de la clientèle, soit des
personnes âgées ou enfin des patients de l'institution. C'est une
suggestion qui a été faite à quelques reprises devant la
commission et je pense qu'on devrait la retenir pour certains types
d'institutions.
D'autre part, la forme élective se prête beaucoup mieux
pour le centre local de services communautaires, mais beaucoup moins et plus
difficilement, comme le ministre l'a laissé entendre il y a un instant,
pour des institutions plus spécialisées: pour le centre
hospitalier et, en particulier, pour le centre hospitalier universitaire. Pour
une institution très spécialisée comme l'Institut de
cardiologie ceci a été dit à quelques reprises et
même au cours de l'après-midi il serait difficile de
procéder par une élection à l'échelle de la
province ou à l'échelle de la ville de Montréal, pour
envoyer des représentants à l'Institut de cardiologie, que ce
soit à Montréal ou que ce soit à l'Institut de cardiologie
de l'hôpital Laval à Québec ou au Centre hospitalier
universitaire de Laval à Québec. Mais je pense que l'on pourrait
explorer un petit peu plus la formule élective sans pécher par
excès de ce côté-là.
Je remarque que, dans les centres d'accueil, les centres hospitaliers
ordinaires et les centres de service social, on ne l'a pas du tout la formule
élective. On ne l'a que pour les centres locaux de services
communautaires. Est-ce qu'il y aurait possibilité de faire une
expérience pour un ou deux membres de ces corporations pour que,
lorsqu'on étendra davantage la formule et que la population sera
davantage préparée à assumer son rôle, on ait une
expérience dans ce domaine-là? Autrement, on ne l'aura pas,
l'expérience.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous trouvez que la formule proposée
par le Dr Laurin, à une assemblée annuelle, pour ce type
d'institution, une couple de personnes représentant les consommateurs,
les utilisateurs, est une formule heureuse?
Pour moi, c'est une formule qui m'apparaît
intéressante.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense qu'on devrait l'explorer, cette
formule...
M. CASTONGUAY: Mais, est-ce qu'on pourrait revenir, par contre, au
niveau des conseils?
M. CLOUTIER (Montmagny): On avait dit qu'on traiterait de tout le
problème à la fois. Je n'ai pas exclu la question des...
M. CASTONGUAY: Ah bon! D'accord.
M. BOIS: M. le Président, les ligues de consommateurs et toutes
ces choses-là, en fait, c'est nommé par des personnes
intéressées; ce sont des groupes qui se réunissent,
peut-être deux fois par année. Pour autant que nous sommes
concernés, nous préférons avoir, par exemple, des
nominations qui sont faites parmi les classes intéressées. Si on
parle, par exemple, de membres d'université, on assume que ces
personnes-là vont être représentées à titre
d'élection au conseil des universités. Est-ce que c'est bien
ça, M. le ministre?
M. CASTONGUAY: Là, quand on dit une personne ou deux personnes
désignées par une université, ce sera à
l'université de désigner les personnes qui paraîtront les
plus aptes à siéger à ces conseils. Mais, encore
là, je ne sais pas. On prend peut-être trop de morceaux en
même temps, c'est ce qui me fait peur. Si on avait pu prendre chaque
niveau: les centres locaux, les institutions comme les hôpitaux, les
agences de service social et après, le niveau régional.
M. BOIVIN: On va revenir à l'office après. M. CASTONGUAY:
Allons-y dans ce sens-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): En ce qui concerne les centres locaux de
services communautaires j'ai fait des remarques tantôt je
pense que c'est là qu'on doit explorer davantage la formule
élective. D'ailleurs, on le faisait déjà, il y en a cinq
d'élus sur dix. Alors quel que soit l'endroit du centre local, du CLSC,
je pense que là, c'est beaucoup plus près de la population et que
c'est là où il y a davantage de services rendus à la
population. On a donné des statistiques, on a dit que 80 p.c. des soins
seraient rendus par ces institutions; là, la formule élective
prend davantage de sens. D'ailleurs, c'est là où vont se
retrouver les gens ou les organismes les plus intéressés à
se prévaloir de cet avantage d'élire des membres au conseil
d'administration. En ce qui concerne le centre local de services
communautaires, je pense que la formule d'élire la moitié des
membres est une formule qui vaut la peine d'être envisagée,
d'être retenue.
M. CASTONGUAY: M. Tremblay ou M. Bois, avez vous des commentaires?
M. BOIS: M. le Président, ce que je vois, c'est que pour une
question de spécialisation, l'élection des gens du milieu sort
absolument de la logique. Je me demande, par exemple je ne suis pas
médecin comment je pourrais élire, demain matin, des
médecins dans un centre communautaire.
M. CASTONGUAY: Ce ne serait pas pour élire des médecins.
Ce serait pour élire les membres du conseil d'administration qui
seraient responsables du fonctionnement d'un centre local de services
communautaires et une partie de ces membres, parce qu'on propose
également que dans ce conseil il y ait d'autres personnes quel
est l'article de la loi pour cela? qu'il y ait un représentant de
l'hôpital auquel le centre sera relié et de services sociaux
auxquels le centre sera lié. Il ne s'agit pas d'élire le
personnel à l'intérieur. Une fois ce conseil formé et le
directeur général nommé, c'est au directeur
général sous les directives ou les orientations fixées par
le conseil d'administration à faire le recrutement du personnel à
l'intérieur. Il s'agit plutôt de nommer les membres,
d'élire une partie des membres d'un conseil d'administration.
M. BOIVIN: J'ai eu l'expérience du départ d'un
hôpital, mais le départ d'un CLSC va se faire de la même
façon. Le ministère va avoir des pressions pour bâtir un
CLSC, il demande alors dans toute la région de former un groupe, un
comité provisoire, il peut demander 50, 75 personnes, il peut y avoir
des annonces publiques. D'ailleurs, dans les règlements des
hôpitaux, c'est prévu, le ministère peut demander 50, 75,
100 membres, qui éliront un conseil d'administration. On pourrait garder
un certain nombre de membres du conseil d'administration qui pourraient
être élus par les trois autres institutions pour former ce conseil
d'administration, et je n'aurais pas d'objection à ce que le milieu
universitaire soit chargé d'envoyer une ou deux représentations
dans les...
M. CASTONGUAY: En fait, grosso modo, c'est ce que l'on propose.
M. BOIVIN: Ce que je ne voudrais pas, c'est que, même au point de
départ, quand c'est bien parti, sous la pression de la participation, on
forme ce comité provisoire qui restaure, en fait la participation du
public, puisqu'on en exige beaucoup. J'ai beaucoup aimé, moi, cette
idée mise de l'avant à l'hôpital Notre-Dame de
Montréal où, plus que cela, pour faire partie de la corporation,
il faut déposer $100.
M. CASTONGUAY: Oui, mais ça...
M. BOIVIN: On exige cela de tous les membres de la corporation. Je ne
dis pas que cela doit être retenu dans toutes les parties de la province,
mais c'est pour vous montrer qu'à Montréal, il y a tellement de
pression que ce n'est pas une barrière que d'exiger même $100 pour
faire partie de la corporation. Je crois que c'est cela le départ, c'est
d'exiger cela, si l'on veut la participation dès le départ, dans
la corporation et à votre réunion, tous les ans, des 100 membres
qui font partie de la corporation, pour assister à cette séance
annuelle. Vous le savez, la participation, on en parle beaucoup, mais il faut
avoir passé par le conseil des ministres pour savoir ce que le conseil
des ministres est obligé de faire au niveau municipal et au niveau des
commissions scolaires, car à peu près tous les conseils des
ministres ont eu à nommer des commissaires ou des conseillers. Il faut
donc, dès le point de départ, que la participation soit
éveillée, si l'on veut après cela que cette participation
passe dans les conseils que l'on formera ultérieurement.
M. BOIS: C'est justement, M. le Président, là-dessus que
j'insiste. J'ai été maire de ville pendant cinq ans, on y tient
des réunions du conseil municipal disons, quatre, cinq, six, sept fois
par mois. Il y a bien des endroits où, quand c'est intéressant,
que le maire est intéressant et les échevins aussi d'ailleurs, on
peut remplir les salles du conseil. D'un autre côté, au point de
vue électif, est-ce que vraiment les gens s'y intéressent? Est-ce
qu'ils sont intéressés et est-ce qu'ils comprennent pourquoi?
M. CASTONGUAY: Nous avons dans les milieux urbains
énormément d'intérêt, je pense,
particulièrement dans les milieux présentement mal pourvus en
services sur ce plan. Dans les autres milieux, les plus petites villes ou dans
les milieux ruraux, il me semble que si vous avez une institution ou un centre
local qui se dessine à l'horizon, les gens devraient être
intéressés. On peut en juger par le grand nombre de demandes que
nous avons reçues. Et si on groupe, comme le mentionnait le Dr Boivin,
un assez bon nombre de personnes au départ, on aura une bonne base de
représentation. Je pense qu'il est possible après cela de la
garder. Mais il me semble qu'à ce niveau-là il faut faire une
certaine gageure et miser sur le fait que les gens vont s'y intéresser.
Sans cela, si personne ne s'y intéresse, c'est le meilleur moyen d'en
arriver à un système où vraiment ça va être
des émanations du ministère, si on n'a pas une participation.
M. BOIVIN: C'est là que la foule doit participer au niveau des
institutions surtout.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, à ce moment-ci,
étant donné les commentaires que le ministre a faits cet
après-midi, le problème se pose surtout pour les nouvelles
institutions, parce que si l'on conserve le critère de la
continuité pour les institutions actuelles, le problème ne se
pose pas de la même façon pour...
M. CASTONGUAY: Voulez-vous que l'on monte au niveau des hôpitaux
ou des institutions existantes?
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que c'était une remarque qui vaut
surtout parce que les CLSC, ce sont tous de nouvelles institutions. Alors, la
remarque du Dr Boivin d'avoir une meilleure base de départ, c'est une
suggestion extrêmement intéressante et elle servira pour les CLSC
qui seront tous de nouvelles institutions. En ce qui concerne les autres
institutions, les centres de service social, les centre d'accueil et les
centres hospitaliers, la majorité de ces institutions sont en place, ou
du moins, on peut le supposer à ce moment-ci.
M. CASTONGUAY: Par contre là, je ne voudrais pas qu'il y ait
d'ambiguïté. Lorsque j'ai dit que nous options pour le maintien des
corporations, j'avais soulevé le problème de la
propriété, des difficultés qui pourraient se poser
à ce niveau. Quant à la composition du conseil d'administration,
il me semble qu'en plus d'un certain nombre de membres désignés
par la corporation, on peut aussi envisager, comme le suggérait le Dr
Laurin, des membres élus lors d'une assemblée qui serait
largement ouverte. On pourrait inviter tous ceux qui sont passés au
centre, faire une annonce dans le journal et dire: Telle date, il y a
assemblée, on va vous faire rapport. Les membres du conseil vont
être là, le directeur général, ils répondront
à vos questions et il y aura élection d'un certain nombre de
personnes au conseil d'administration. On pourrait aussi prévoir, comme
le bill le faisait, des représentations par les CLSC qui sont
reliés ou par l'université, d'autres représentations.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, les organismes qui sont
venus devant la commission ne se sont pas opposés, je pense, à la
représentativité, au renouvellement, mais ils ont demandé
d'assurer un caractère de continuité. C'est cela qui est
important et je pense qu'on s'entend là-dessus: que surtout dans les
institutions un peu plus spécialisées la continuité
soit...
M. BOIVIN: Lors d'une réunion générale, dans un
hôpital existant, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on mette un
nombre de 50 ou 100 personnes qui pourraient s'inscrire dans la corporation et
c'est après que tous ces gens-là se seront inscrits qu'il y
aurait une élection...
M. CASTONGUAY: Il y aurait deux voies... M. BOIVIN: ...au conseil
d'administration.
M. CASTONGUAY: Il y aurait deux voies, parce que dans certaines
corporations les portes sont moins grandement ouvertes que dans d'autres et
elles ne sont pas faciles à ouvrir. Les corporations...
M. BOIVIN: C'est parce qu'elles sont déjà
contrôlées par une autre corporation.
M. CASTONGUAY: Bien oui. Alors, c'est pour cela qu'il faut
essayer...
M. BOIVIN: Il va falloir trouver des...
M. CASTONGUAY: Il est bon d'équilibrer les choses et, à un
moment donné, s'il y a vraiment une participation de la population,
l'équilibre va s'établir.
M. BOIVIN: Il faudra trouver des mécanismes pour ouvrir encore
ces corporations davantage. Dans le partage du patrimoine, si le partage du
patrimoine était fait un peu partout, ce problème ne se poserait
pas.
M. CASTONGUAY: Oui, mais comme vous le savez...
M. BOIVIN: C'est parce qu'il y a des intérêts de gens qui
ont fait des mises de capitaux qui sont plus ou moins bien
déterminés.
M. CASTONGUAY: Mais vous savez que cela n'est pas terminé et que
c'est une opération qui est longue, qui nécessite une
négociation individuelle et on entre dans toute une série de
questions.
M. BOIVIN: Mais si on parle de la participation, il faut en venir
là.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. CASTONGUAY: Vous avez deux voies: celle suggérée par le
Dr Laurin, on peut réduire la participation en provenance des membres
d'une corporation, ouvrir la porte à une participation par la voie d'une
élection lors d'une assemblée annuelle avec un minimum de
formalités et aussi introduire, comme le bill le propose, une
participation structurée du personnel qui travaille dans le centre, le
personnel professionnel, etc., des gens provenant des centres locaux. Alors, on
peut avoir un équilibre de cette façon-là.
M. BOIVIN: Mais je retiendrais par exemple on a dit tout à
l'heure qu'on ouvre la porte à cette grande corporation de 100 membres
qui élisent un exécutif des membres, je garderais des
postes pour des gens qui viendront des autres institutions, parce que si on
veut avoir une participation et une coordination...
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. BOIVIN: ...il ne faut pas que ces gens soient tous élus par
cette corporation hospitalière. Il faudrait garder des postes pour des
gens qui sont...
M. CASTONGUAY: Oui, oui. D'ailleurs, c'est déjà
prévu dans le projet de loi. Je pense qu'on peut équilibrer; je
crois que c'est le désir qui a été exprimé. Au lieu
de voir trop de membres nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
réduire ceci, assurer une introduction à une participation
élective d'après un mode comme celui suggéré,
garder pour la continuité et l'aspect de la propriété, la
représentation de la corporation. Je pense qu'on établit un
équilibre nouveau et qu'on assure une meilleure rotation.
M. BOIVIN: Je suis bien d'accord pour la participation aux institutions
parce que, quand on arrive au conseil régional, il y aura moins de
participation, on veut que le conseil régional soit une émanation
du ministère.
M. CASTONGUAY: Une minute! Est-ce qu'on passe à ce
niveau-là?
M. BOIVIN: Je dis ce que je pense.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il y a deux options. On peut
déconcentrer ou placer du personnel du ministère dans les
régions et en parallèle avoir un conseil qui n'est pas une
émanation du ministère. On peut aussi, il y a l'autre option qui
est préconisée par le Parti québécois, y aller dans
une étape plus directe de décentralisation, avec la
réserve que le docteur faisait quant au temps. Peu importe la formule
prise, il me semble encore, pour avoir du sens, qu'il va falloir, si c'est un
conseil, qu'il y ait un conseil d'administration et, si c'est un office, qu'il
y ait aussi un conseil d'administration dans le sens de la
décentralisation. Et là, on se pose la question de la composition
du conseil d'administration, dans un cas comme dans l'autre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je reviens peut-être un peu en
arrière. Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce qu'il pense de
l'expérience, par exemple, de la région de l'Outaouais, du
service social de l'Outaouais où il y a 21 personnes d'élues au
conseil d'administration. Est-ce que ça pourrait servir d'exemple sur la
façon de procéder pour former...
M. CASTONGUAY: Je crois d'abord que l'expérience est trop
récente pour porter un jugement. Je ne serais pas prêt à
porter un jugement sur cette expérience à ce stade-ci.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est trop récent.
M. CASTONGUAY: Non seulement c'est trop récent, mais on n'a pas
vu tous les effets de ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais il y a 21 personnes d'élues au
conseil d'administration et pour la façon qu'on les a choisies, vous
n'avez actuellement aucune donnée là-dessus? Il n'y a rien de
concluant comme expérience actuellement?
M. CASTONGUAY: Je ne le croirais pas.
M. BOIS: M. le Président, je voudrais simplement mentionner ici
que je trouve qu'il ne faudrait pas rêver en couleurs sur le
système électif.
M. CASTONGUAY: En quoi est-ce qu'on rêve en couleurs
là?
M. BOIS: Non, non.
M. BOIVIN: Au point de vue régional ou...
M. BOIS: Oui, oui, même au point de vue régional, vous
prenez par exemple une invitation que vous allez envoyer à tout le monde
dans la région, tout ça c'est bien beau, mais...
M. CASTONGUAY: Non, mais là on n'a pas abordé cela encore.
On a simplement parlé des centres locaux pour un territoire bien
déterminé. On a parlé des hôpitaux, des centres de
service social où là il y aurait des gens qui seraient
désignés par les institutions auxquelles c'est affilié,
des gens provenant de la corporation possiblement, certains possiblement
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et d'autres élus
lors d'une assemblée pour faire un équilibre.
M. BOIS: D'accord. Si nous procédons suivant le corporatisme,
ça va. Une élection "at large", je ne vois pas ça du tout,
dans des choses comme celle-là. C'est quand même de la
spécialisation. Si l'on prend des gens qui viennent d'institutions
hospitalières, d'autres qui viennent de services sociaux et que vous
exigez de ces corps-là des représentants, tel soir, deux fois par
année, une fois par année, pour déterminer telle ou telle
chose, je suis certain que vous allez avoir des personnes
intéressées. Autrement si vous me demandez à moi comme
citoyen d'aller là, c'est comme une réunion de la
Saint-Jean-Baptiste ou de n'importe quelle de ces affaires-là: vous avez
500 membres dans une ville mais en réalité vous allez en avoir
peut-être dix qui vont se présenter puis on forme
l'exécutif à même ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il y a une question que je voudrais poser au
ministre sur la formation des conseils d'administration, lorsqu'on dit que six
d'entre eux, seront choisis parmi les groupes socio-économiques. J'ai
remarqué que des gens qui ont présenté des mémoires
se posaient souvent la question. En somme au sens de la loi, qu'est-ce que sont
les groupes socio-économiques?
M. CASTONGUAY: Si vous avez suivi... M. TREMBLAY (Sainte-Marie):
Oui.
M. CASTONGUAY: ...au niveau des centres locaux, au niveau des
hôpitaux, tout ça, dans tout ce qui vient d'être
discuté, il n'est plus question des groupes socio-économiques.
Lorsqu'on arrive au niveau de la région maintenant, comment composer un
conseil d'administration à ce niveau? On a proposé dans le projet
de loi et peu importent les pouvoirs du conseil, le problème se pose sur
les deux plans. On a proposé un certain nombre de membres
désignés par le lieutenant-gouverneur en conseil, d'autres
désignés par les institutions auxquelles c'est relié. Vous
voyez à l'article 9 la composition.
Je pense que ce serait bon de faire la discussion sur ce qui s'offre
comme possibilités autres que celle qui est proposée
là.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une question, si le
député me le permet. Quand le ministre a déterminé,
à l'article 9, que le conseil d'administration d'un office des affaires
sociales était composé de telle façon, il poursuivait des
objectifs. Il a nommé le directeur général, d'ailleurs on
le retrouve dans toutes les institutions, sauf que maintenant, il aura
seulement une voix délibérante, il n'aura pas le droit de
vote.
Je pense bien que beaucoup sont d'accord là-dessus. Il y avait
des représentants des universités dans des régions,
évidemment, où il y a des universités. Autrement, la
consultation ne sera pas nécessaire. Le ministre pourra quand même
nommer des représentants d'université mais sans être
obligé de consulter s'il n'y a pas d'université. Est-ce
exact?
M. CASTONGUAY: On avait dit: S'il n'y a pas d'université dans la
région, la consultation est faite auprès des universités
d'une ou de plusieurs autres régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: Mais de toute façon, avec l'Université du
Québec aujourd'hui...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Le ministre voulait, en nommant des
représentants d'université, s'occuper davantage de la fonction de
coordination avec l'enseignement, la recherche et tout l'aspect universitaire.
D'autre part, le ministre avait des représentants de toutes les autres
institutions dans le territoire afin d'assurer une coordination et une
représentation au niveau de cet office, que toutes les institutions
soient représentées et assument pleinement leurs
responsabilités.
Même dans un conseil, si on ne parle pas d'office mais si on parle
de conseil, je pense bien qu'il faut retenir encore ces
critères-là. Je ne pense pas que les critères deviennent
caducs
parce qu'on change l'appellation et on change un peu les
responsabilités et les définitions.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'autre part, il y avait les groupes
socio-économiques. Nous venons d'en parler au niveau des autres
institutions et nous trouverions une formule qui serait peut-être plus
acceptable ou moins discutable que celle des représentations par groupes
socio-économiques.
M. CASTONGUAY: Ou on les limitera en nombre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ou on les limitera, d'accord, par une voie
élective davantage poussée. Voici la question que je voudrais
poser au ministre à ce moment-ci: Est-ce que les critères qui lui
avaient servi de guide pour la composition du conseil d'administration d'un
office, tiennent encore pour la création d'un conseil?
M. CASTONGUAY: Oui, pour tous ceux que vous venez
d'énumérer, je crois que les raisons n'ont jamais
été remises en cause, à savoir, avoir des liens avec les
institutions dans la région, avec l'université, etc. Je pense que
ça n'a pas été remis en cause.
M. CLOUTIER (Montmagny): Me reportant toujours à
l'expérience de l'éducation dont nous avons parlé
tantôt, il serait peut-être intéressant de voir de quelle
façon, dans le domaine de l'éducation, on a procédé
pour recruter les membres de ces comités de planification, quel
résultat ça a donné et si l'expérience de
nomination était véritablement valable. On les a recrutés
au sein des commissions scolaires locales et des commissions scolaires
régionales, sauf erreur. Ils assumaient déjà des
responsabilités. Est-ce qu'on peut trouver l'équivalent en allant
parmi ceux qui assument déjà des responsabilités dans les
secteurs de santé et de bien-être? A ce moment-là, on
risque de se retrouver encore au sein des institutions. Nous pourrions
peut-être regarder du côté des associations de parents, mais
on pourrait peut-être les assimiler à des groupes socio-
économiques.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas trouvé à
brûle-pourpoint de formule supérieure à celle des groupes
socio-économiques mais je me suis demandé si, en ce qui concerne
les représentants qui viennent des universités, des centres
hospitaliers ou des institutions en général, on doit conserver
simplement les mots "après consultation" ou si, comme certains
organismes l'ont mentionné, on ne devrait pas être plus
précis et donner une liste dans laquelle le lieutenant gouverneur
en conseil pourrait puiser.
M. CASTONGUAY: Nous avons fait l'expérience avec le conseil
supérieur des affaires sociales et sans faire des efforts surhumains, on
a essayé de prendre le meilleur registre de ce qui existait et on a
établi une liste d'environ 300. Nous les avons consultés, tout
ça pour ne nommer qu'à peu près quinze personnes. Dans le
paquet, nous avions à peu près 350 suggestions, nous en avons
retenu quinze.
C'est déplacer bien du monde, bien des énergies. Je pense
que le choix a été bien fait mais on peut se questionner un peu
sur la validité d'une telle consultation. Avec la prolifération
des groupes, on peut se demander jusqu'à quel point cela ne nous laisse
pas une très grande latitude.
Il y a une suggestion qui a été faite, elle n'a pas
été faite ici à la commission, mais je la mets sur la
table pour discussion. Au lieu qu'il y ait six membres nommés par les
groupes socio-économiques les plus représentatifs, la suggestion
a été faite de demander aux maires des municipalités dans
une région de désigner entre eux pas eux comme ils
sont élus dans les régions, de désigner, dis-je, parmi eux
par un processus qu'ils pourraient établir eux-mêmes un, deux ou
trois représentants au niveau régional. On leur demanderait de
diviser le territoire d'une région en sections. Je pense par exemple
à la Gaspésie, au Bas-Saint-Laurent. S'il y a trois
représentants au conseil régional qui devaient être
nommés par eux, on leur demanderait de scinder le territoire en trois et
le maire de chacune des parties serait invité à désigner
un représentant. Alors, on aurait au moins un lien, par le truchement
des maires, avec la population.
En France, en Suède, en Angleterre, si vous examinez le
fonctionnement des services de santé, des services sociaux, des services
à l'enfance, vous retrouvez des liens assez étroits au niveau des
institutions municipales. En France et en Suède, dans le domaine de
l'enfance, les municipalités ont un rôle assez particulier
à jouer. J'ai justement relu à ce sujet-là tous les
extraits du rapport de la commission Prévost où on décrit
tous les mécanismes. J'ai relu un certain nombre de documents et cette
suggestion en est une, en tout cas, qui apporterait un certain contrepoids aux
arguments, si tous les membres additionnels pour représenter la
population étaient nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. C'est une suggestion qui a au moins le mérite d'être
pratique.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La loi dit ici que si l'une ou l'autre
catégorie d'institutions dont la consultation est nécessaire
n'est pas encore établie dans la région, la
nécessité de la consultation de ces catégories
d'institutions est supprimée automatiquement. A ce moment-là,
vous feriez appel aux conseils municipaux qui...
M. CASTONGUAY: Pas pour ceux-là. Au lieu d'avoir six d'entre eux
nommés par les groupes socio-économiques.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui. Mais dans le dernier paragraphe, il est
dit que si ces institutions n'existent pas, la consultation n'est pas
nécessaire. Vous procéderiez comment?
M. CASTONGUAY: C'est assez hypothétique cette
possibilité-là. Dans toutes les régions, je pense qu'il y
a des centres hospitaliers, elles ont pas mal toutes des centres de service
social.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela dépend des centres locaux de
services communautaires.
M. CASTONGUAY: Il y aura peut-être, au départ, cette
absence. C'est simplement pour ne pas se retrouver aux prises avec une
situation où on nous dise qu'un conseil n'est pas valide selon la loi.
Mais cela ne sera pas utilisé souvent, cette histoire-là.
M. BOIVIN: Le but de former un conseil régional, est-ce que pour
que ce soit efficace pour la communauté, ou si on veut former des gens
qui vont faire une certaine publicité dans la région? C'est pour
ça que je dis que cela serait assez facile d'avoir de la participation
au niveau local, dans les institutions locales que nous venons de former. Si on
veut que ce soit efficace sur le plan régional, c'est beaucoup plus
difficile de trouver une participation du côté de la
région. Il y a certaines personnes qui peuvent être à 20,
25 ou 30 milles. Si on veut que ce conseil régional soit
réellement profitable à la communauté, je
suggérerais que ces gens soient choisis parmi ceux qui ont le mieux
participé à nos organismes locaux. Avec ça, le conseil
régional va être beaucoup plus efficace.
M. CASTONGUAY: Il y en a six d'entre eux, des groupes
socio-économiques les plus représentatifs.
M. BOIVIN: Mais, allez chercher à une chambre de commerce
quelqu'un qui n'a jamais passé dans une administration locale. Comment
voulez-vous que cela soit efficace?
M. CASTONGUAY: Les groupes socio-économiques, cela veut dire
l'éventail de tous les groupements constitués dans une
région, à partir des comités de citoyens en montant
jusqu'aux chambres de commerce, les clubs sociaux, le type Richelieu; ça
comprend les unions de famille, les associations de consommateurs; tout
embarque dans le groupe socio-économique. C'est le seul...
M. BOIVIN: Je comprends, mais pour que ce soit efficace, ces
gens-là hommes ou femmes, qui n'ont jamais participé à
aucune de nos organisations locales sur le plan de la santé et du
bien-être, comment voulez-vous qu'ils participent, qu'ils donnent quelque
chose à cet organisme régional si on veut que tous les organismes
locaux fonctionnent? Tous ces groupes vont avoir l'occasion de se
présenter, de participer au local.
Evidemment, j'ai une façon de voir. Ce que je veux, c'est que
l'organisme régional soit un organisme efficace qui va apporter quelque
chose aux organismes locaux.
M. CASTONGUAY: Il va y avoir des représentations qui peuvent
apporter une contribution utile de la part de tous ceux qui viennent des
institutions dans la région. Si ce ne sont que des gens qui viennent des
institutions, on va avoir l'expérience qu'on a eue ici, à la
commission, c'est qu'ils parlent seulement de leurs problèmes; ils
parlent rarement des problèmes des individus qui reçoivent les
services. Et si on veut équilibrer par des nominations d'autres
personnes, c'est pour qu'il y ait justement un autre point de vue qui soit
apporté.
M. BOIVIN: M. le ministre, j'accepte ce point de vue mais que le nombre
soit limité, que l'autre soit en majorité.
M. CASTONGUAY: Dans le projet de loi, nous proposions six...
M. BOIVIN: Sur?
M. CASTONGUAY: ... sur vingt. Alors, il était limité.
M. BOIVIN: J'accepte cela dans cette proportion.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai une suggestion à faire au ministre.
Il a parlé tantôt des maires des municipalités. Etant
donné aussi que dans le domaine scolaire, les gens sont élus, ils
ont déjà participé à une expérience de
planification qui est assez récente. Peut-être que de ce
côté-là on pourrait explorer et le domaine municipal et le
domaine scolaire, les commissaires d'écoles.
M. CASTONGUAY: On a regardé dans le domaine scolaire et le
pourcentage de voix dans les élections, je vous dis que parfois il est
joliment faible. Puis, le découpage ne correspond pas autant que dans le
cas des municipalités et il se colle moins au type de
préoccupations. Le maire d'une municipalité épouse bien
souvent la plupart des problèmes de ses électeurs. Même si
ce n'est pas lui qui a la responsabilité de l'administration des
services de santé, il est impliqué dans la vie quotidienne de ses
électeurs à toutes sortes de plans.
C'est de là, je pense bien, que vient dans un certain nombre de
pays les responsabilités à ce niveau. Ici, sauf pour des services
comme à Québec ou à Montréal, il n'en demeure
pas
moins que les résidants des municipalités apportent bien
souvent tous leurs problèmes et les maires connaissent bien leurs
citoyens, ils sont au courant des problèmes. Et là, on pensait
qu'on pouvait peut-être apporter un élément nouveau par une
voie élective non contrôlée par le lieutenant-gouverneur en
conseil et qui ne provient pas nécessairement des institutions, mais
à l'intérieur de ce groupe de six ou d'un groupe à peu
près comme celui-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord.
M. BOIVIN: Qui va les sélectionner s'il y a des...
M. CASTONGUAY: Ce seraient les maires entre eux. Maintenant, au lieu
d'en avoir six nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, on
pourrait en avoir quelques-uns nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil et les autres désignés par les maires.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans presque toutes les régions, il y
a des CRD (conseils régionaux de développement) et des CDS
(conseils de développement social). Est-ce que vous avez pensé
à l'opportunité de consulter ces organismes déjà en
place?
M. CASTONGUAY: Les CRD s'occupent plutôt de problèmes de
nature économique.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. CASTONGUAY: Bon. On a pensé aux conseils de
développement social qui existent dans certaines régions et dont
l'activité est très inégale d'une place à l'autre.
Et si on regarde aussi l'intérêt apporté dans ces conseils
de développement, on retrouve de façon générale une
prépondérance de gens qui viennent des institutions. On y voit,
nous, éventuellement, un mariage de ces CDS avec les conseils
régionaux ou les offices qui seront proposés par la loi. Parce
que, à un moment donné, il va y en avoir un qui va devenir un peu
superflu, peut-être.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, M. le ministre, est-ce
que...
M. CASTONGUAY: J'ai rencontré des CDS et je peux vous dire que
j'ai rencontré là à peu près les mêmes gens
que je rencontrais quand je poursuivais mes visites dans les institutions. Je
ne dis pas cela pour rejeter votre suggestion, mais c'est ce que j'ai vu.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tout de même, vous pouvez penser que
c'est un organisme qui peut être consulté pour la nomination des
six.
M. CASTONGUAY: Quand on parle des groupes socio-économiques, ce
serait un des groupements à consulter.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et pour les CRD, c'est la même
chose?
M. CASTONGUAY: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils ont pour fonction, en somme, le
développement économique. Mais tout de même, ce sont des
organismes structurés qui peuvent faire des suggestions au moins dans
les nominations.
M. CASTONGUAY: Assurément.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, est-ce que j'ai bien compris
tout à l'heure? Est-ce qu'il est déterminé que ce sera
nécessairement une corporation ce conseil régional ou s'il y a
moyen d'organiser une émanation du ministère, sans qu'il y ait
cette existence juridique d'une corporation?
M. CASTONGUAY: Si on veut que ce soit là vraiment quelque chose
qui émane des centres locaux, des centres hospitaliers, etc, et si on
lui donne un rôle de promotion à la participation, au bon
fonctionnement, à la coordination, et que ça doive se faire avec
le dynamisme des gens en place, je pense qu'on doit donner à ce
conseil-là une existence qui lui est propre. Et pour le faire, la
formule, c'est de former une corporation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Autre question. A ce moment-là, si vous
retenez l'option du conseil, comme il semble bien que ça va être
la décision du législateur, ça changera,
évidemment, la répartition des pouvoirs dans la région. Il
y aura davantage de pouvoirs qui seront laissés aux institutions.
Partout dans la loi, on disait que ça devait être en consultation
ou après consultation avec l'office; je pense bien que cela
disparaîtra.
M. CASTONGUAY: Et c'est une décentralisation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Nous allons passer aux autres points,
à moins qu'il n'y ait d'autres remarques sous cet aspect-là. Le
ministre a parlé ensuite des institutions publiques, des institutions
privées à but lucratif et il a mentionné son intention
d'introduire plus de souplesse dans la législation par une
catégorie intermédiaire, ce qui avait été
mentionné d'ailleurs par plusieurs organismes qui sont venus devant la
commission parlementaire. Là-dessus, je dois dire au ministre que nous
sommes parfaitement d'accord; nous l'avions laissé entendre par les
questions que nous avions posées aux organismes et par certaines
réflexions que
nous avions faites au cours des travaux. Je pense bien que cette
modification sera de nature à faciliter énormément
l'application et l'introduction de la législation, en pratique.
Au sujet des structures à l'intérieur des institutions, le
conseil des professionnels, le conseil des médecins et dentistes, au
sujet du directeur des services professionnels, il est impossible de
répondre évidemment aux voeux de tous les organismes qui sont
venus devant la commission, parce qu'il y avait des représentations
contradictoires. Alors, le ministre a maintenu certaines positions, notamment
le conseil des médecins et des dentistes: il a maintenu le principe d'un
conseil distinct du conseil des professionnels. Il a fait des modifications de
responsabilités et de communications pour ce conseil des médecins
et des dentistes, entre le conseil des professionnels et le conseil
d'administration.
Je pense, à première vue, sans avoir
réfléchi plus longuement sur toutes les lignes de communication,
que le partage des responsabilités, que l'agencement qu'en proposera le
ministre ou qu'il a indiqué cet après-midi, nous semble provenir
d'un équilibre bien acceptable. En pratique, étant donné
qu'il est impossible de raccorder tous les points de vue, je pense que
l'orientation qu'il a donnée dans ce secteur permettra un
équilibre à l'intérieur de l'institution et des
communications plus faciles.
M. BOIVIN: Je voudrais, moi, à ce sujet-là avoir la
définition d'un professionnel.
M. CASTONGUAY: La définition d'un professionnel, au sens du code
des professions, c'est-à-dire tous ceux qui, au sens du code des
professions...
M. BOIVIN: C'est une définition juridique, quelqu'un qui
appartient à une corporation professionnelle.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. BOIVIN: Mais il y a le niveau professionnel, comme il existait
autrefois. Je ne sais pas si cette définition-là doit changer. Un
niveau professionnel, c'est quelqu'un, par exemple, qui aurait fait des stages
d'études à différents paliers. Il y aurait le niveau
professionnel, le niveau technique' et le niveau artisan. Mais est-ce que vous
ne distinguez pas un professionnel d'un technicien? Ce sont toujours des
professionnels, au niveau universitaire, si vous voulez, avec des études
universitaires, avec des études secondaires et des études
primaires. Mais est-ce qu'il n'y a pas une distinction dans cette
définition de professionnels qui pourrait être ajoutée
à cette définition juridique?
M. CASTONGUAY: Si vous regardez la liste des corporations
professionnelles telles qu'on les retrouve dans le code des professions, et
dans chacune des lois qui ont été déposées ou qui
apparaissent encore en appendice au feuilleton, vous allez voir exactement quel
groupe on veut recouvrir. Dans les hôpitaux, par exemple, de façon
générale, cela va signifier les médecins, les dentistes
s'il y en a, les optométristes s'il y en a, les infirmières et
les techniciens...
M. BOIVIN: Les techniciens en rayons X. Ce sont tous des
professionnels.
M. CASTONGUAY: Mais normalement c'est pour le conseil professionnel. Ce
n'est pas pour le conseil des médecins et dentistes. Et là, eux
vont élire un certain nombre de membres dans un exécutif.
M. BOIVIN: Je n'ai pas d'objection à cela. Je voulais une
définition très précise...
M. CASTONGUAY: Elle est très précise. C'est celle que vous
allez retrouver à partir du code des professions et des lois qui sont
reliées au code des professions.
M. BOIVIN: Ah! ce serait défini dans chacune des professions. Il
y en a qui exigeront un niveau universitaire, d'autres les niveaux des
études secondaires, d'autres...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand le ministre a annoncé aussi son
intention d'étendre la formation des conseils professionnels aux deux
types d'institutions qui n'en avaient pas et également aussi, le
directeur des services professionnels, selon la taille des institutions
il est entendu que, dans un centre d'accueil qui va loger dix personnes, il
n'est pas question de trouver un directeur des services professionnels
je pense que c'est une heureuse décision. Je crois que ça va
davantage faire que le projet de loi colle à la réalité.
Quant au directeur général, on l'a dit tantôt, il n'aura
pas droit de vote, il aura seulement une voix délibérante. Je
pense que c'est plus normal comme ça étant donné ses
responsabilités. Il y a un article de la loi sur lequel nous n'avons
jamais eu beaucoup de précisions et je vais essayer de le retrouver. Il
s'agissait de l'article 75. On dit dans cet article: "Le secrétaire
ainsi que les autres fonctionnaires et employés d'une institution
publique qui ne sont pas des fonctionnaires..." Quel est le véritable
sens de cet article? Il m'apparaît que le secrétaire d'une
institution publique est un nouveau fonctionnaire.
M. BOIVIN: Un secrétaire actif, ou secrétaire de titre, je
ne sais pas moi. Le secrétaire actif...
M. CASTONGUAY: Il y a toujours la fonction de secrétaire du
conseil d'administration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est cela que ça traduit?
Parce que, évidemment "le secrétaire ainsi que les autres
fonctionnaires et employés d'une institution publique qui ne sont pas
des fonctionnaires et employés du gouvernement... sont nommés et
rémunérés suivant les effectifs, normes et barèmes
établis par règlement."
Je me suis demandé à quel type de fonctionnaires on
voulait faire allusion. Il y a le secrétaire de l'office
régional, bien entendu, mais au niveau des institutions?
M. CASTONGUAY: Ce sont plutôt les cadres et les adjoints aux
cadres qui ne sont pas syndiqués présentement.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Le ministre a parlé ensuite
des contributions bénévoles: laisser la liberté, sauf s'il
s'agit de dépenses qui exigeront ensuite des budgets de fonctionnement.
Nous acceptons cette opinion du ministre qu'il faut laisser une certaine marge
de liberté aux institutions et aux organismes qui reçoivent des
contributions bénévoles ou différentes contributions.
Prenons un exemple, un cas concret: si une contribution, un héritage, un
legs est fait à une institution pour fins de construction, il est
entendu, à ce moment-là, que cela peut entraîner des
dépenses d'exploitation. Alors, il est évident que le
ministère devra approuver l'utilisation de cet argent, même si
cela est déposé dans un fonds spécial, que le
ministère devra s'enquérir des coûts ultérieurs. Il
ne s'agira pas d'accepter qu'une institution immobilise $5 millions, si cela
entraîne un budget de fonctionnement annuel de $5 millions par la suite.
Il faudra que cela s'inscrive dans une planification, mais je ne crois pas que
ceux qui font de telles contributions aient objection à ce que
l'utilisation que l'on fera de cet argent s'inscrive dans une planification
globale. Cela fait référence en particulier à un cas qui a
été mentionné devant notre commission, j'y reviens, celui
de l'Association des parents de l'institution Anbar. On y a mentionné
que l'on avait des projets d'atelier protégé pour les enfants de
18 ans et plus. Je pense que cela s'inscrit dans les priorités
gouvernementales et à ce moment-là, pour autant que cela
s'inscrive dans les priorités gouvernementales, je ne crois pas qu'il y
ait de difficulté. Au contraire, je crois que le ministre sera bien
soucieux de s'assurer la collaboration de l'entreprise privée, des
contributions bénévoles, surtout quand cela répond aux
priorités du ministère, cela va soulager son budget d'autant. Je
ne sais pas si mes collègues ont des remarques à ce sujet. Quant
au permis, c'est une opération renouvelée annuellement au
ministère. Certains organismes ont mentionné que, au lieu
d'être tous les ans, cela devrait être tous les deux ans. Il reste
que c'est une question d'administration, je n'en fais pas une discussion de
fond. Pour autant que les inspections qui doivent être faites
annuellement sont faites et que l'accréditation a donné son
accord, les permis peuvent bien être émis pour deux ans au lieu
d'un an.
M. CASTONGUAY: On peut penser à deux choses ici. Lorsque les
organismes ont demandé que les permis soient pour deux ans,
c'était pour assurer un peu plus de sécurité au plan de
leur financement. On peut penser à des contrats, soit pour des
durées plus longues, réglant les modalités de
participation financière du gouvernement, et continuer d'avoir un permis
renouvelable tous les ans, ce qui oblige à une inspection, etc. Si les
normes ne sont pas respectées, à ce moment-là, même
s'il y a un contrat de deux ans, le permis pourrait être retiré.
Mais si les normes sont respectées, ceci permettrait d'établir un
peu de meilleures perspectives au plan du financement. Je pense donc que l'on
peut concilier ce désir ou cette exigence sur ce plan-là.
M. BOIVIN: Je dois dire, par exemple, que ces permis sont renouvelables
tous les ans, mais qu'ils pourraient être renouvelés
automatiquement pour autant qu'ils ne sont pas révoqués, parce
qu'il y a beaucoup d'institutions où ça ne changera pas.
M. CASTONGUAY: Mais de là à dire que c'est
renouvelé automatiquement à moins d'être
révoqué, je crois que si c'est un permis annuel, il devrait y
avoir un geste de posé annuellement, et s'il n'est pas appuyé par
une inspection, pour que l'on n'en vienne pas à considérer le
permis comme étant un droit acquis, je pense que là il y a une
certaine distinction à faire: c'est le danger qu'on vienne à
considérer le permis comme un droit acquis.
M. BOIS: C'est peut-être d'ailleurs la seule façon, M. le
Président, d'avoir les institutions visitées,
régulièrement inspectées et scrutées au point
où ça devrait être conformément à la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): On retient aussi la suggestion d'une meilleure
catégorisation des institutions à l'occasion de l'émission
du permis.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs l'opération est déjà
commencée, un effort a été fait, un effort
considérable va se poursuivre de telle sorte que le permis indique de
façon beaucoup plus précise pourquoi il est accordé de
façon spécifique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qu'il advient, avec le projet de loi,
des petits foyers affiliés à des hôpitaux psychiatriques ou
même des petites institutions, des petits foyers
privés qui acceptent des enfants en foyer nourricier ou qui
acceptent des malades chroniques ou des malades mentaux par groupes de
quatre.
M. CASTONGUAY: En dessous d'une certaine taille, les obligations de la
loi ne s'appliquent pas à ces petits foyers. Mais par contre, les
institutions auxquelles ces foyers sont reliés en ont la
responsabilité. Alors, le faire par le truchement des institutions, pour
ne pas alourdir d'une façon qui n'aurait aucun sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, mais ce qui arrive, c'est qu'en pratique
actuellement, vous avez des institutions de ces foyers qui sont de petites
entreprises privées, ce sont des maisons privées effectivement,
qui hébergent une dizaine de patients et la maison est reliée
à Saint-Michel-Archange. L'institution actuellement détient un
permis du ministère des Affaires sociales, alors, il y aura
continuation...Je pense bien que le ministre veut dire qu'il y aura encore un
permis qui sera émis par le ministère. Mais quant aux normes de
surveillance et de contrôle, elles relèveront davantage de
l'institution qui place les patients ou si le placement se fait par les
services sociaux aussi bien, souvent quand ce sont des enfants en foyers
nourriciers, alors, qui sera responsable des normes? Ce sera le service social
qui en sera responsable.
M. CASTONGUAY: C'est cela, selon l'organisme ou l'institution à
qui ces foyers sont reliés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant aux pouvoirs d'enquête, si la
deuxième option, c'est-à-dire celle des conseils régionaux
au lieu des offices régionaux, est retenue. Les pouvoirs d'enquête
qui avaient déjà été confiés par le premier
projet de loi aux offices, je pense bien que ces stipulations-là
disparaissent et, comme le ministre l'a indiqué, les pouvoirs
d'enquête vont relever du ministre des Affaires sociales et il y aura
certains délais qui seront imposés, tels qu'une période de
30 jours ou de 15 jours qui, je pense, existe déjà dans la
législation actuelle. Peut-être que ces délais pourraient
être modifiés mais avec rapport ultérieur au
lieutenant-gouverneur en conseil de façon qu'il y ait un contrôle
sur cette responsabilité qu'assume le ministre.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y aura des corrections apportées au sujet
de l'enquête? Parce que j'ai remarqué qu'il y a eu beaucoup de
représentations de la part du Barreau où il trouvait que le
ministre s'était attribué trop de pouvoirs.
M. CASTONGUAY: Assurément.
M. BOIVIN: Mais par ailleurs, je sais que le ministre a besoin de
pouvoirs pour émettre des permis, faire des révocations, mais
est-ce que le ministre conservera des pouvoirs assez grands pour effectuer des
changements opportuns?
M. CASTONGUAY: Oui, et même intervenir et assumer l'administration
temporaire et provisoire si les choses ne fonctionnent pas, mais avec un
certain nombre de modalités pour que cela ne devienne pas un exercice de
pouvoirs arbitraires.
M. BOIVIN: Mais il y a des corrections importantes qui seront...
M. CASTONGUAY: Oui, et il n'y a plus de ces pouvoirs d'enquête au
niveau des organismes régionaux, peu importe la formule retenue.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un des derniers points...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, de quel article?
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous sommes aux pouvoirs d'enquête...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Un peu plus tard. Continuez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les règlements? Je vais y revenir.
Le ministre a fait plusieurs remarques au sujet des règlements.
D'abord une remarque générale qu'il a faite et dont la
nécessité est ressortie tout au long des auditions de la
commission, c'est de limiter au strict minimum et au strict nécessaire
les interventions du lieutenant-gouverneur en conseil. La
réglementation, évidemment, c'est un cadre et comme tout cadre,
à partir du moment où on est satisfait de ce que le cadre peut
permettre une certaine marge de manoeuvre et un fonctionnement normal...Je
pense que la responsabilité du lieutenant-gouverneur d'établir
des règlements doit s'arrêter là.
Le ministre a dit qu'il avait revu toute la législation, je pense
bien qu'il va la revoir encore d'ici le dépôt de la loi, afin
d'éliminer de la législation tout ce qui peut l'être sans
gêner le fonctionnement de la loi. Je dirais non seulement sans
gêner le fonctionnement de la loi, mais pour le faciliter, faciliter le
fonctionnement du conseil régional, le fonctionnement des institutions
elles-mêmes. Si on a un pouvoir de réglementation trop rigide,
à ce moment-là, je pense qu'on aura beau avoir la meilleure loi,
ce sera en pratique un corset trop serré et ça empêchera le
fonctionnement des institutions.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez une remarque, je pense qu'un examen
attentif du pouvoir réglementaire dans la Loi des hôpitaux nous a
convaincus qu'à part certains changements, certaines additions il
reste que
cette loi a été adoptée en 1962, si ma
mémoire est bonne le même pouvoir réglementaire,
dans les grandes lignes, peut suffire, adapté, parce qu'on va avoir
d'autres catégories d'institutions, mais de façon
générale...
M. CLOUTIER (Montmangy): Quand le ministre a parlé
également...
M. CASTONGUAY: ... avec quelques additions. Je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmangy): Oui, quelques additions. D'accord. Mais il y a
aussi toute la réglementation en vertu de la loi justement le
ministre vient d'en parler en vertu dis-je de la Loi des hôpitaux
qui a eu tout de même deux ans ou trois ans d'application et dont on peut
tirer une certaine jurisprudence à ce moment-ci.
M. CASTONGUAY: On nous a suggéré des modifications
à certaines reprises, et, étant donné la venue de ce
projet de loi, on a reçu les représentations, on l'a
étudié et la réglementation existante va certainement nous
être très utile dans la préparation de la
réglementation pour ce projet de loi.
On ne part pas de zéro dans ce cas-ci, mais on repart de cette
réglementation pour l'adapter, l'élargir, étant
donné qu'il y a certaines institutions de caractère nouveau;
c'est un document qui nous est évidemment très utile.
M. BOIVIN: Il y aura des pouvoirs de réglementation à tous
les niveaux?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: C'est-à-dire qu'il y aura les règlements de la
loi et les règlements du comité régional...
M. CASTONGUAY: Des institutions.
M. BOIVIN: ... les hôpitaux des différents centres auront
aussi le droit de réglementer selon leurs pouvoirs.
M. CASTONGUAY: Exactement, comme les corporations en auront le
droit.
M. BOIVIN: Maintenant, est-ce qu'on peut-être assuré que la
réglementation sera en vigueur en même temps que la loi?
M. CASTONGUAY: C'est notre intention. Il y a un problème que j'ai
soulevé cet après-midi, celui de la consultation des organismes.
Ce serait notre intention de faire en sorte que la réglementation soit
mise en vigueur à peu près au même moment que la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'autre point dont je voulais parler, c'est
justement la consultation. Les organismes nous ont fait des repré-
sentations chacun dans sa sphère de responsabilités. Quand
c'étaient les professionnels de la santé, on nous a dit que la
partie des règlements qui touchait à l'aspect professionnel
devrait leur être soumise. Quand c'étaient des administrateurs
d'hôpitaux ou d'institutions, on a dit: L'aspect administratif des
règlements devrait nous être soumis. Le ministre a donc fait part
de certaines remarques à l'effet que, si on devait discuter, consulter
au sujet de toute cette réglementation, probablement que les
délais ne seraient pas suffisants et qu'on n'arriverait pas à
mettre la loi en vigueur au moment où on le voudrait. Il ajoutait que,
d'autre part, le processus serait très long et peut-être ne
conduirait pas à une meilleure réglementation que celle qui
viendrait actuellement du ministère, réglementation qui
s'appuierait sur l'expérience vécue actuellement dans le domaine
des institutions.
D'autre part, je crois qu'il y aurait avantage, comme on l'a fait pour
l'Office de protection du consommateur, la loi 45, à ce qu'il y ait une
séance de la commission des Affaires sociales sur la
réglementation. Je pense bien que ce serait là un processus
très démocratique. Il permettrait peut-être au ministre de
recevoir certaines suggestions qui seraient bénéfiques dans
l'intérêt de ceux qui vont vivre avec la
réglementation.
Evidemment, à ce moment-ci, le ministre ne peut pas nous
soumettre un projet de réglementation quand le texte final du projet de
loi qui sera introduit en Chambre n'est pas connu. D'autre part, je pense que
cette expérience qu'on a vécue ailleurs, on l'a vécue
aussi pour la loi no 26, la Loi d'aide sociale et la loi de protection du
consommateur.
Ce sont justement ces sortes de lois dont la réglementation est
importante; la réglementation qui sous-tend ces lois là est
extrêmement importante. C'est pour ça qu'on ne peut pas, à
certains points de vue, dissocier la réglementation éventuelle de
l'interprétation ou de l'évaluation globale du projet de loi.
C'est pour ça que je pense que la suggestion que j'ai faite sera
retenue par le ministre.
M. BOIVIN: C'est ce qui a apporté beaucoup de confusion dans la
loi des hôpitaux parce qu'on a eu la réglementation sept ans
après que la loi eut été passée.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. BOIVIN: Alors, il ne faudrait pas renouveler. Maintenant, il y a une
autre chose au sujet des règlements.
M. CASTONGUAY: Mais si vous vous souvenez, malgré ces sept ans,
le représentant des diététistes trouvait qu'elle avait
été approuvée trop rapidement.
M. BOIVIN: Il y a une autre chose qui est importante au sujet de la
réglementation; pour
ceux qui ne se conforment pas à la loi, évidemment, il y a
toujours moyen d'intervenir. Mais est-ce qu'il y aura au ministère un
organisme qui suivra de près la réglementation de chacune des
institutions? On avait des règlements qui, il me semble, ont rendu
service à toutes les institutions, mais nous étions sans
organisme au ministère pour faire appliquer la réglementation.
Est-ce qu'on sera assuré qu'au ministère de la Santé on
aura l'organisme ou peut-être ailleurs, peut-être à d'autres
niveaux, au niveau régional pour faire appliquer la
réglementation dans chacune des institutions?
M. CASTONGUAY: Quant aux règlements qui touchent les institutions
parce que certains ne les touchent pas je crois que l'organisme
le plus approprié au ministère pour assumer cette fonction est
celui de l'accréditation, lorsqu'il effectue ses visites, ses
inspections, pour s'assurer que la réglementation est appliquée.
C'est lui qui visite constamment et qui inspecte en fait les institutions.
Si on fait une autre direction qui doit combler cette direction de
personnel et qui reparte dans les institutions pour voir si les
règlements sont appliqués, il va y avoir beaucoup de
dédoublement avec l'accréditation. Il nous semble que l'organisme
le mieux approprié est l'accréditation.
M. BOIVIN: Mais qui va sévir?
M. CASTONGUAY: Mais là, il y a les sanctions. C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il y a aussi les possibilités...
M. BOIVIN: La perte d'accréditation.
M. CASTONGUAY: La perte d'accréditation...
M. BOIVIN: Les amendes.
M. CASTONGUAY: La possibilité, ça peut être des
amendes, ça peut-être aussi l'administration provisoire; il y a un
certain éventail selon la nature des manquements, des infractions, des
faiblesses, des déficiences.
M. BOIVIN: Cela sera appliqué par le ministère
plutôt que par l'organisme régional?
M. CASTONGUAY: Oui. Je pense que c'est une responsabilité qui va
avec le respect des normes. C'est de la nature de normes, à toutes fins
pratiques, dans bien des cas, ces règlements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans l'idée de la consultation, est-ce
qu'après la publication des règlements dans la Gazette officielle
il pourrait y avoir un délai pour faire des observations?
M. CASTONGUAY: C'était ce que nous envisagions pour
répondre aux représentations qui ont été faites:
publication, un délai assez long pour permettre aux organismes de se
faire entendre au besoin selon la nature de leurs représentations
ceci ne nous empêche pas d'en rencontrer certains pour clarifier les
représentations et une fois ce délai expiré,
modification et approbation.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres commentaires?
M. BOIVIN: Au sujet des relations de travail, dans la loi
évidemment avec tous les organismes, organismes régionaux,
organismes locaux, où se situera la négociation des relations de
travail?
M. CASTONGUAY: Au même endroit que dans le moment, au niveau
du...
M. BOIVIN: Il peut se faire un travail au local et les
négociations auront encore lieu...
M. CASTONGUAY: On ne change rien par cette loi quant à la
structure et la mise en place des relations de travail.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel serait l'échéancier à
la suite des travaux de la commission? Quel serait l'échéancier
pour la mise en vigueur de la loi?
M. CASTONGUAY: D'abord, je pense bien qu'il faut faire rapport à
la Chambre et, si les membres de la commission sont d'accord je ne
connais pas trop la procédure ou les formes que cela doit prendre
on retourne le projet de loi à l'Assemblée nationale pour que
l'étude soit faite en deuxième lecture. A ce moment-là, on
me dit qu'il s'agirait d'une motion du leader pour que l'on remplace la version
qui avait été déposée en première lecture,
pour qu'elle soit remplacée par une nouvelle version imprimée de
telle sorte que vous n'ayez pas à procéder avec deux textes: un,
le texte original et une foule d'amendements.
Si les membres étaient d'accord, cela serait le rapport de la
commission à l'Assemblée nationale. Quant aux étapes et
aux échéances, à la suite de cette séance, il nous
faut apporter certaines modifications au projet. J'espère que nous
serons en mesure de le réintroduire, à la suite d'une telle
motion en Chambre, sous une nouvelle forme au cours de la semaine prochaine.
Selon le calendrier que les leaders fixeront ensemble, nous en prendrons
l'étude en deuxième lecture et, après ça, article
par article, pour adoption avant l'ajournement des travaux.
M. BOIVIN: Il faudrait qu'il y ait un délai raisonnable entre la
première et la deuxième lecture ou l'équivalent de la
première, comme vous dites.
M. CASTONGUAY: On va essayer de poursuivre.
M. BOIVIN: Parce qu'il y a pas mal de changements.
M. CASTONGUAY: Quant à nous, nous allons essayer de le
réintroduire nous sommes aujourd'hui le 2 décembre
le plus rapidement possible la semaine prochaine. Vous connaissez les
mécanismes. Certains changements peuvent nécessiter d'être
référés au cabinet et après ça, il y a
l'impression. Mais, dès que possible, nous allons le réintroduire
en Chambre et laisser évidemment quelques jours, comme vous le dites,
pour que vous puissiez en faire l'étude de façon plus
précise.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aurais une question. Si vous vous
souvenez, M. le ministre, lorsque le Front commun syndical a
présenté son mémoire, on avait mentionné des
anomalies dans l'article 145.
A ce moment-là, je vous avais posé une question et vous
m'aviez répondu que vous aviez l'intention d'étudier cet article
et de chercher à y apporter les amendements nécessaires. Est-ce
que vous avez songé au danger que représente l'article 145 pour
le personnel?
M. CASTONGUAY: Un instant. Quel était le point qu'ils avaient
soulevé déjà?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'abord, actuellement, le syndicalisme de
cadre n'existe pas encore. Si vous lisez l'article, sous réserve de
l'article 36 du code du travail, c'est l'article qui protège les droits
acquis c'est-à-dire la convention collective de travail lorsque des
employés changent d'employeur, on y dit: Une convention collective de
travail régissant des membres du personnel d'une institution
naturellement, aucune convention collective visée par le chapitre qui
est dans le projet de loi 46 des lois de 1971 n'est valide que si elle
est négociée et agréée pour le compte de ce
personnel, par l'association reconnue ou accréditée en vertu du
code du travail et pour le compte de l'institution par ses représentants
autorisés par le gouvernement et ses représentants.
Vous vous souvenez que M. Pépin dans la CSN et M. Daoust avaient
mentionné le fait que cet article n'était pas complet, ne
protégeait pas les droits acquis, les conventions collectives
existantes. Vous aviez dit que vous consulteriez vos conseillers juridiques et
que vous proposeriez un amendement à cet article.
M. CASTONGUAY: Je vois à quoi les conseillers juridiques sont
arrivés comme conclusion. Malheureusement, je ne suis pas en mesure de
vous dire si ça répond à l'objection ou non. Je sais que
la remarque a été prise en considération; elle a
été étudiée; des amendements, des ajustements
à cet article vont être apportés. Je vous
suggérerais, au moment du dépôt de la nouvelle version
imprimée, de voir si ça répond vraiment et là je
serai mieux informé pour voir. Parce que, à froid comme
ça, en les lisant...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est assez ambigu.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il faudrait en parler longuement pour en
expliquer toutes les implications. Vous dites, soit en comité
plénier ou en commission, après la deuxième lecture, on
pourra discuter...
M. CASTONGUAY: L'article 145 n'apparaîtra plus dans sa forme
actuelle, vous en aurez une nouvelle version.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous allez avoir une nouvelle version.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, on en discutera dans le temps comme
dans le temps.
M. CASTONGUAY: C'est ça. Vous étudierez la nouvelle
version.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Parfaitement.
M. CASTONGUAY: Si elle vous paraît satisfaisante, d'accord. Si
elle ne vous le parait pas, on en discutera au moment de l'étude...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si elle n'est pas satisfaisante, on va vous
le dire.
M. CASTONGUAY: Parfait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans l'abrogation des loi, n'y avait-il pas un
organisme qui avait demandé dans son mémoire si la loi des
unités sanitaires serait abrogée ou si elle demeurerait? La loi
actuelle ne fait pas mention de l'abolition des unités sanitaires.
M. CASTONGUAY: Elle va demeurer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Elle va demeurer. D'après le ministre,
toujours en parlant du délai d'application de la loi et
l'échéancier, est-ce que le ministre prévoit qu'au 1er
avril 1972 le nouveau projet de loi no 65 pourra être en application?
M. CASTONGUAY: C'est la date que nous aimerions viser de telle sorte que
la loi prenne effet en même temps que l'année financière
et, par contre, que les délais appropriés soient laissés
aux organismes selon les situations, pour ajuster à la fois leurs
structures au niveau des
conseils, au niveau des structures internes et dans certains cas, pour
des ajustements, s'il y avait nécessité, aux chartes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien évidemment, on en reparlera en
Chambre au moment de la deuxième lecture et du comité
plénier; à ce moment-là, la population aura
été saisie du projet de loi. Elle aura été
véritablement informée, surtout de l'entrée en vigueur du
projet de loi et, par la suite, par le conseil régional des affaires
sociales qui, lui, aura véritablement un rôle d'information,
j'imagine. Nous avons parlé tantôt du processus d'approbation des
règlements. Dans la loi du consommateur, le conseil de la protection du
consommateur s'était penché sur le projet de règlement.
Est-ce que le conseil des affaires sociales ne pourrait pas s'y pencher
également? Le ministre, d'après la loi du conseil des affaires
sociales, peut lui donner tous les mandats qu'il veut lui donner.
M. CASTONGUAY: Mais on entre bien souvent dans des questions assez
particulières et techniques dont vous connaissez la nature. J'aimerais
mieux que ce soient les organismes en cause qui réagissent et aussi,
comme vous nous le suggérez et je crois l'idée bonne
une séance de la commission parlementaire. Le Conseil des
affaires sociales et de la famille, il me semble, doit se préoccuper
beaucoup plus d'études, à moyen ou à long ternie, portant
sur les politiques, les programmes, etc. Vous avez d'ailleurs pris connaissance
du mémoire qu'ils nous ont soumis. Je pense que c'est un petit peu plus
dans leurs attributions, ce genre d'étude, que d'étudier des
règlements pour l'entrée en vigueur d'une telle loi. Je ne dis
pas que dans d'autres cas, s'il s'agissait par exemple d'un autre type de loi,
cette suggestion-là ne serait pas pratique. Mais il me semble que,
connaissant les membres du conseil...
M. CLOUTIER: Alors, M. le Président, s'il n'y a pas d'autres
remarques au terme des travaux de la commission, je voudrais remercier le
président et souligner la façon calme et sereine avec laquelle il
a présidé...
M. LE PRESIDENT: Comme tous les membres.
M. CLOUTIER (Montmangy): ... à nos délibérations.
Et même si sa profession parfois l'a mis dans de sérieuses
impasses quant à l'expression de son opinion, il a été
très prudent.
Je voudrais également mentionner que, me basant sur les
indications que le ministre nous a données au cours de la
journée, et même antérieurement, aux indications qu'il a
données au comité directeur de cette commission parlementaire en
me basant sur ces indications, je crois bien que le projet de loi qui sera
déposé de nouveau en première lecture sera beaucoup moins
contesté que celui-ci ne l'a été. Je veux souligner que le
ministre a écouté d'une façon particulièrement
attentive les observations faites par les nombreux organismes qui sont venus
devant la commission. Je ne crois pas qu'aucune commission parlementaire n'ait
reçu autant d'organismes. J'ai fait un calcul rapide. Tout près
de 70 organismes sont venus devant la commission parlementaire.
Le ministre a écouté d'une oreille attentive et les
organismes et les membres de la commission parlementaire. Sa réflexion
n'est pas terminée, il reprendra en considération les remarques
qui ont été faites aujourd'hui. Pour le nouveau projet de loi qui
sera présenté, même s'il y a certaines divergences
d'opinion sur certaines modalités, je crois bien que, par les autres
étapes qu'il nous reste à franchir, nous pourrons
présenter à la population un projet de loi qui sera
accepté et auquel projet de loi la population et les institutions
apporteront leur entière collaboration dans sa mise en place et dans son
application.
M. BOIS: M. le Président, pour enseigner la santé, il faut
agir comme des gens en santé. Je crois que nous avons essayé de
le faire cet après-midi, et santé, ça comprend toutes les
facultés.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je remercie le président. Je le
félicite pour son calme et surtout sa patience, pour avoir entendu 70
mémoires.
Je félicite aussi le ministre de vouloir apporter des amendements
avec un autre projet de loi. Nous espérons qu'il sera encore plus
fonctionnel et plus rentable pour la population.
M. LE PRESIDENT: Je remercie tous les membres de la commission. Je pense
bien qu'ils ont fait un travail énorme et qu'on a accompli un bon
travail.
M. CASTONGUAY: Alors, vous allez faire rapport...
M. LE PRESIDENT: Je vais faire rapport, avec la permission des membres
de l'Assemblée national et nous allons suspendre nos travaux sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 38)
ANNEXE 1
COMITE DE PLANIFICATION DES SERVICES DE SANTE DES
CANTONS DE L'EST
INTRODUCTION
Le Comité de planification des services de santé des
Cantons de l'Est a pris connaissance de la Loi sur l'organisation des services
de santé et des services sociaux adoptée en première
lecture le 8 juillet 1971.
Attendu que cette Loi qui propose une réorganisation des services
de santé et des services sociaux aura une influence
prépondérante sur la qualité, l'efficacité et le
coût des services qui seront offerts à la population du
Québec dans l'avenir;
Attendu que le bill 65 fait suite à une étude approfondie
réalisée par la Commission d'enquête sur la santé et
le bien-être social qui avait été chargée, depuis
novembre 1966 de faire enquête sur tout le domaine de la santé et
du bien-être social et de faire rapport de ses constatations et
recommandations au lieutenant-gouverneur en conseil;
Attendu que depuis déjà cinq ans notre comité a eu
l'occasion de vivre concrètement une expérience de planification
et d'exercer, en conséquence, certaines des fonctions que la Loi
prévoit confier aux ORAS; le Comité a cru de son devoir, dans un
esprit de collaboration avec le législateur, d'analyser attentivement
cette Loi et de proposer à la Commission parlementaire des affaires
sociales ses commentaires et recommandations.
Compte tenu de ce qui précède, le Comité:
a jugé préférable de limiter son étude aux
articles plus immédiatement reliés aux O.R.A.S. et de s'abstenir
de porter un jugement sur les autres articles de la Loi. a fondé
son analyse et ses recommandations sur :
A. Les propositions majeures formulées par la Commission
Castonguay-Nepveu:
B. Les objectifs et la politique du Ministère des Affaires
Sociales.
C. L'expérience concrète de planification des services de
santé vécue dans les Cantons de l'Est.
Dans une PREMIERE PARTIE, nous ferons donc brièvement état
des propositions de la Commission Castonguay-Nepveu, des objectifs et
politiques du Ministère des Affaires Sociales, et de l'expérience
de planification vécue par notre Comité.
Dans une DEUXIEME PARTIE, nous formulerons nos commentaires et nos
recommandations vis-à-vis le bill 65.
PREMIERE PARTIELES FONDEMENTS DE NOTRE ANALYSE
DU BILL 65
A- LES PROPOSITIONS MAJEURES FORMULEES PAR LA COMMISSION
CASTONGUAY-NEPVEU
1.
Les lacunes du système
actuel.
Un des objectifs de la réorganisation proposée par le bill
65 devrait être de corriger les lacunes du système actuel. C'est
pourquoi, à titre de critère pour apprécier cette Loi
avons-nous cru bon de reproduire schématiquement les principales lacunes
du système actuel telles qu'elles ont été
identifiées et stigmatisées par la Commission d'enquête: a)
Absence d'une politique globale fondée sur des objectifs précis,
et, en conséquence, absence d'un système intégré.
b) Absence de communications entre les divers éléments du
réseau. c) Absence de mécanismes adéquats
d'évaluation. d) Services axés sur la maladie plutôt que
sur la personne.
e) Rigidité excessive des contrôles administratifs qui font
échec à l'esprit d'initiative et de créativité. f)
Ecart entre besoins et ressources et nécessité urgente de
maximiser l'utilisation des ressources.
2. Les objectifs du système de
santé.
Fidèle à son mandat, la Commission d'enquête a
précisé quels devraient être les objectifs d'un
système de santé au Québec: (voir Vol. IV, Tome Il, pp.
14-23). a) Objectifs généraux: améliorer
l'état de santé de la population améliorer
l'état du milieu b) Objectifs particuliers: accès
universel aux soins respect de la personne qualité des
soins efficacité, grâce à: planification,
intégration, coordination, évaluation.
3. Principes directeurs pour une réorganisation
du système.
Un des apports les plus remarquables de la Commission d'enquête
fut, selon nous, d'appuyer son projet de réorganisation du
système de la Santé sur des principes directeurs d'une
exceptionnelle valeur; nous rappelons les trois premiers: (Vol. IV, Tome Il, p.
99). a) DECENTRALISATION des décisions relatives au développement
et au fonctionnement pour que les décisions soient prises en fonction du
milieu à desservir; b) PARTICIPATION de la population et des
distributeurs individuels pour garantir l'adaptation du régime aux
changements des besoins et des attitudes du milieu; c) AUTONOMIE des divers
organismes du régime pour une meilleure et plus rapide adaptation.
4. Conditions préliminaires à la
réorganisation du système.
Un autre des principaux mérites de la Commission d'enquête
fut d'indiquer l'ordre dans lequel la réorganisation devrait être
engagée: (voir Vol. IV, Tome IV, p. 243). a) Définition des
objectifs du régime.
Le gouvernement doit définir sa politique, fixer l'objectif
ultime et les objectifs intermédiaires qui détermineront le choix
d'un système de distribution de soins. b) Elaboration d'un plan
d'action.
Le Ministère de la Santé élabore ensuite un plan
global d'action. c) Création d'organismes régionaux.
Le Ministère de la santé n'assume pas les tâches
d'exécution au plan de la distribution des soins. Il adopte des mesures
incitatrices et s'emploie à créer un climat de confiance pour
obtenir la participation de tous.
En conséquence, le Ministère délègue une
partie de ses pouvoirs aux O.R.S. qui sont le pivot de toute la
réorganisation du système puisqu'ils deviennent responsables de
la planification et de la distribution des soins.
B- LES OBJECTIFS ET LA POLITIQUE DU MINISTRE DES
AFFAIRES SOCIALES
Lors de la séance du 24 août 1971 de la commission
permanente des Affaires Sociales, le Ministre des Affaires Sociales M. Claude
Castonguay a formulé les objectifs majeurs et la politique de son
Ministère (voir journal des Débats). Ces objectifs et politique
correspondent presque textuellement aux objectifs qui avaient été
proposés par la Commission d'enquête et que nous avons reproduits
ci-avant.
Le bill 65 est le cadre qui permettra d'appliquer les politiques et les
programmes du Ministère. Dans cette optique, le projet de Loi vise
principalement à: relier les éléments du
réseau sur base d'une complémentarité au niveau des
objectifs, fonctions et programmes. favoriser, au niveau des centres
locaux, l'intégration de l'approche des problèmes et de la
formation des équipes. relier programmes de prévention et
activités de traitement. maintenir le contrôle des actes
professionnels par les professionnels.
Pour y atteindre et tenant compte du statisme et de la faiblesse de
l'administration de certaines institutions, le bill 65 propose une série
de moyens dont voici les principaux: Participation des parties en cause
(dont les citoyens) à la gestion des institutions Clarification
du partage, entre le Ministère, les O.R.A.S. et les institutions des
responsabilités en matière de planification, programmation,
financement et administration. Décentralisation des services.
C- L'EXPERIENCE DE PLANIFICATION DE LA SANTE DANS LES
CANTONS DE L'EST
Depuis 1966, une vingtaine d'hôpitaux de la région des
Cantons de l'Est vivent une expérience de planification que nous croyons
unique dans cette province. Conçue comme projet pilote, cette
expérience devrait éclairer le gouvernement dans le choix d'un
modèle d'organisme régional. C'est pourquoi nous reproduisons
succinctement ci-après le bilan des activités du Comité de
planification des services de santé des Cantons de l'Est. 1. La
création d'un organisme de planification dans la région des
Cantons de l'Est résulte d'une incitation claire et précise du
Ministère de la santé. 2. Le modèle d'organisation et de
participation adopté a permis de développer un climat de
confiance et d'obtenir la collaboration des distributeurs institutionnels et
individuels de service. Amorcé et développé d'abord dans
le secteur santé, ce mouvement a maintenant commencé à
rejoindre le secteur bien-être. 3. Les critères techniques
utilisés lesquels correspondent sensiblement aux critères
recommandés par la Commission ont permis un découpage
régional très opérationnel. 4. Une analyse
rétrospective des travaux exécutés et des recommandations
formulées par le comité nous permet de conclure: a) que les plans
et programmes proposés ont reçu l'appui de la grande
majorité des organismes et personnes impliqués. b) que ces
mêmes plans et programmes ont été
généralement acceptés par le Ministère de la
santé. 5. En plus de permettre l'élaboration de plans et
programmes de développement, le modèle a permis de créer
une volonté d'action régionale qui s'est manifestée dans
d'autres secteurs tels, par exemple: l'achat de groupe le
traitement de données.
Le modèle a également conduit à des échanges
d'information très prometteurs entre les divers professionnels de la
santé. 6. L'expérience vécue a permis de constater
l'importance cruciale d'un bon système de communications entre le
Comité et les producteurs d'une part, et entre le Comité et le
Ministère d'autre part.
DEUXIEME PARTIE
COMMENTAIRES ET RECOMMANDATIONS
I- LE BILL 65
DANS SON ENSEMBLE.
En déposant le bill 65, le gouvernement donne suite à une
recommandation de la Commission Castonguay-Nepveu, à savoir: (voir Vol.
IV, Tome IV, p. 235). la première mesure législative
à adopter est une loi sur les O.R.S. la deuxième mesure
législative a trait au remplacement de la Loi des hôpitaux par une
loi sur les centres de santé.
En formulant les objectifs et les politiques de son Ministère
devant la Commission permanente des affaires sociales, (24 août 1971) le
Ministre Castonguay donne suite à une autre des mesures
préliminaires recommandées par la Commission d'enquête.
La même Commission avait cependant proposé une
troisième démarche, à savoir: définition par le
Ministère de la Santé d'un plan d'action qui en précise
les étapes et en arrête les priorités (voir Vol. IV, Tome
IV, p. 243).
Le bill 65 s'inscrit après des mesures législatives aussi
importantes que la Loi de l'assurance-maladie, la Loi du Ministère des
Affaires Sociales,... A quoi le Ministère accordera-t-il priorité
après le bill 65. D'autres mesures importantes sont-elles
envisagées qui viendront compléter la mise à jour ou les
réformes entreprises. Dans le cadre plus particulier de la
réorganisation proposée par le bill 65, comment le
Ministère entend-il procéder? S'est-il fixé des
étapes, un échéancier, des priorités?
Nous sommes d'avis que des réponses à ces points
d'interrogation permettraient: à tous de mieux situer le bill 65
dans une perspective globale du système de santé et de
bien-être tel que le voit le Ministre; aux institutions et aux
individus concernés de prévoir les changements qu'ils devront
opérer dans leurs façons de voir et de faire et d'entreprendre
ces changements en coordination avec le Ministère.
Le Ministère veut assumer un rôle de leadership. Il y
réussira d'autant mieux qu'il indiquera clairement à ceux qu'il
veut entraîner avec lui où il veut les conduire et comment il
compte y arriver.
En conséquence, nous recommandons:
1- "Que le Ministre des Affaires sociales fasse
connaître sans tarder son plan d'action ainsi que les priorités et
les étapes de sa réalisation".
I- DECOUPAGE REGIONAL ET CREATION DES O.R.A.S.
Le bill 65 prévoit que le découpage régional et la
création d'O.R.A.S. soient du ressort du lieutenant-gouverneur en
conseil (art 3).
Or, rien n'indique, dans la Loi, quels seront les critères
utilisés pour effectuer ce découpage.
Attendu l'importance majeure de cette question;
Attendu que l'expérience vécue dans la région des
Cantons de l'Est a confirmé la validité des critères
proposés par la Commission d'enquête, à savoir: (voir Vol.
IV, Tome Il, pp. 57-62). bassin de population minimal,
présence d'au moins un centre universitaire, autonomie quant
à la capacité de fournir une gamme relativement complète
de soins, ces critères devront être pondérés en
tenant compte de certaines contraintes : distances distribution
actuelle de la clientèle sentiment d'appartenance
régionale régions administratives effectifs et
équipements actuels.
En conséquence, nous recommandons:
2- Que le gouvernement fasse siens les critères
de découpage régional proposés par laCommission
Castonguay-Nepveu et qu'il les incorpore dans le bill 65.
Enfin nous constatons avec plaisir qu'en vertu du bill 65, le
lieutenant-gouverneur en conseil ait le pouvoir de créer des O.R.A.S.
mais qu'il ne soit pas tenu de le faire immédiatement. Devant la
Commission permanente, le Ministre des Affaires Sociales a tenu à
spécifier que tous les O.R.A.S. ne seront pas institués en une
seule étape et que tous les pouvoirs que la Loi promet de leur confier
ne leur seront pas nécessairement délégués en une
seule opération. Ceci devrait permettre au gouvernement de s'assurer
d'abord qu'il existe un mouvement de participation dans les régions. La
création d'organismes formels avec pouvoirs appropriés aux
conditions régionales (ces pouvoirs pouvant être assumés
progressivement au besoin) devrait suivre et non précéder une
volonté d'action régionale manifestée par les
intéressés.
III- FONCTIONS DES O.R.A.S. A.
Communication.
Un office a pour fonction "d'assurer des communications soutenues entre
le public, le ministre et les institutions établies dans la
région" (art 4a).
Quel est l'objet de ces communications? Diffère-t-il de l'objet
des communications impliquées dans l'exercice des autres fonctions de
l'O.R.A.S.?
Le bill 65 vise à corriger les lacunes du système actuel.
Il définit avec détails les informations que les institutions et
les offices doivent transmettre au ministre. Or, malgré la
pauvreté actuelle des communications entre le ministère et les
institutions la Loi ne dit à peu près rien des informations que
le ministre devrait transmettre aux institutions et aux offices.
En conséquence, nous recommandons: 3- Que la Loi
précise, d'une part, l'objet des communications que les offices devront
assurer et stipule, d'autre part, quelles informations le ministre devra
lui-même transmettre aux offices et aux institutions.
B- Planification et programmation.
L'O.R.A.S. transmet chaque année au ministre un projet
quinquennal de développement". (art 6) De plus, aussi souvent qu'il le
juge à propos ou chaque fois que le ministre l'en requiert, l'O.R.A.S.
adresse des recommandations au Ministre pour assurer une "répartition
adéquate sur son territoire des ressources consacrées aux
services de santé et aux services sociaux" (art 5a).
En somme, l'O.R.A.S. analyse les besoins et les ressources existantes et
formule, en conséquence un plan et un programme. Le ministre se
réserve le droit de juger ces plans et programmes en fonction
d'objectifs et besoins de portée provinciale de même qu'en
fonction des ressources financières disponibles. Au terme de ces
analyses et évaluations, le lieutenant-gouverneur en conseil adopte un
programme quinquennal qui servira de cadre à l'action de chaque
région, programme exprimé en terme d'objets et de coûts. 4-
Nous souscrivons sans réserve au partage des rôles défini
par la Loi en matière deplanification et de programmation.
C- Organisation.
Vis-à-vis l'organisation des services dans le cadre des
programmes approuvés, les rôles respectifs de l'O.R.A.S. et du
Ministère sont définis avec beaucoup moins de clarté.
La Commission (vol. IV, tome II, p. 124) énonçait
clairement au nombre des fonctions de l'O.R.A.S.: organiser la
distribution régionale des soins, approuver les plans
d'immobilisation, administrer le budget régional de la
santé.
Le bill 65, pour sa part, confie à l'O.R.A.S. le soin de formuler
des recommandations au Ministre afin d'assurer une répartition
adéquate, une intégration équilibrée et la
meilleure utilisation possible des ressources (art 5).
Par ailleurs, à l'article 8, l'O.R.A.S. se voit confier le
pouvoir "dans le cadre du programme quinquennal approuvé par le
lieutenant-gouverneur et des normes établies à cette fin par les
règlements" de conclure... des conventions relatives aux services que
les institutions ont pour fonction de dispenser" (art 8a), ainsi que tous les
autres pouvoirs habituellement consentis à une corporation ordinaire.
Cependant l'avant-premier paragraphe de l'article 8 stipule qu'un tel pouvoir
ne peut être exercé sans l'autorisation du Ministre.
Nous devons constater et déplorer que, tels que formulés,
ces articles ne répondent pas aux intentions déclarées du
Ministre qui voulait, par le bill 65, "bien partager les responsabilités
au plan de la planification, de la programmation, du financement et de
l'administration..." (Commission parlementaire du 24 août, p.
B-3598).
Ces articles relatifs à la fonction organisation (ce sera
également le cas de ceux relatifs aux pouvoirs) témoignent de la
confusion volontaire ou non qui entoure le terme décentralisation.
Devant la Commission parlementaire (24 août) le Ministre affirme que la
réalisation de la politique du Ministre implique "une
décentralisation des moyensd'intervention vers les offices
régionaux..." (p. B-3597). Plus loin (p. 3598) il note que le bill 65
met l'accent "sur la décentralisation des services...".
Il faudra que le projet de Loi établisse hors de tout doute si
oui ou non le gouvernement veut décentraliser et, dans l'affirmative, ce
qui sera décentralisé.
Pour notre part, nous faisons nôtre sans réserve la
recommandation de la Commission d'enquête, voulant quele Ministère
n'assume pas les tâches d'exécution au plan de la distribution des
soins. En conséquence, nous recommandons: 5- Que les O.R.A.S. soient
chargés, d'organiser la distribution régionale des services de
santéet des services sociaux dans le cadre des programmes,
règlements et limites budgétairesapprouvés par le
gouvernement.
D- Contrôle et surveillance
Le bill 65 confie aux O.R.A.S. le soin d'adresser des recommandations au
Ministre afin d'assurer "le meilleur contrôle possible des coûts et
de la qualité des services" (art 5c). L'O.R.A.S. doit également
surveiller l'activité des institutions conformément à la
loi et aux règlements (art 4d).
Pour exercer ces fonctions, l'O.R.A.S. peut même, au besoin,
procéder à des enquêtes (art 30-35).
Nous estimons que si l'O.R.A.S. doit être responsable de
l'organisation des services "dans le cadre des programmes approuvés et
des règlements" il devrait également être responsable de
s'assurer: que les institutions jouent le rôle qui leur est
confié; que l'organisation de ces institutions engendre des
services de qualité; que les ressources utilisées par ces
institutions sont utilisées au maximum.
En cas de défaut d'une institution de répondre à
ces exigences, l'O.R.A.S. devrait d'abord lui fournir les conseils et les
appuis techniques nécessaires pour corriger son action. Si une telle
mesure s'avérait inefficace, l'O.R.A.S. pourrait, grâce au
contrôle qu'elle exerce au niveau des programmes et des budgets, ramener
l'institution dans le cadre désiré. Ce n'est, à notre
avis, qu'en dernier ressort que l'O.R.A.S. devrait faire appel à
l'autorité du Ministre pour corriger une situation.
Devant la Commission permanente des Affaires sociales, le Ministre a
signalé la faiblesse de l'administration de certaines institutions,
faiblesse qui se traduit en services inadaptés ou en mauvaise
utilisation des ressources. Nous admettons qu'il y a des faiblesses mais nous
affirmons qu'on ne les corrigera pas vraiment si l'on se limite à
enfermer toutes les administrations indistinctement dans des cadres de plus en
plus restreints. C'est pourquoi selon nous, la fonction contrôle doit
comprendre deux étapes; l'analyse et l'évaluation des
résultats en fonction des objectifs; une action correctrice qui
consiste: d'abord en des avis, des conseils et un support technique propres
à aider les responsables à comprendre leurs lacunes et à
adapter leur action en conséquence; ensuite, et alors seulement si la
première intervention s'est avérée insuffisante, une
intervention d'autorité qui se traduise soit en une limitation
temporaire ou définitive des pouvoirs ou en une destitution des
personnes en place.
Nous sommes persuadés que, telle que décrite et jusqu'au
moment où une intervention d'autorité d'une instance
supérieure s'avérerait nécessaire, cette fonction
contrôle peut être exercée beaucoup plus adéquatement
au niveau régional.
Nous reconnaissons par ailleurs la responsabilité de l'Etat telle
que définie par le Ministre devant la même Commission. Il nous
apparaît donc évident que le Ministre devra exercer lui-même
directement certains contrôles. Il devra le faire, entre autres, au
moment de l'émission des permis. Il pourra le faire par le truchement
des règlements généraux et des normes provinciales de
qualité qu'il pourra édicter et grâce aux renseignements
qu'il pourra demander aux offices de lui transmettre.
Nous reconnaissons également que le Législateur entend
confier au conseil des médecins et dentistes, "l'appréciation des
actes professionnels médicaux et dentaires posés dans
l'institution" (art 81a). Nous acceptons qu'un contrôle "externe" des
actes professionnels dont les actes médicaux prosés
dans les institutions puisse être confié soit aux corporations
professionnelles existantes soit à un organisme qui les regroupe ou qui
en tienne lieu, cette dernière question devant faire l'objet du projet
de Loi sur les corporations professionnelles qui doit être
déposé incessemment.
La fonction contrôle étant confiée à divers
organismes, l'exercice rationel et efficace de cette fonction
nécessitera un échange continu d'information et une collaboration
réelle entre ceux qui l'exerceront dans les limites de leur juridiction
respective. Ainsi, il serait souhaitable que les divers organismes de
contrôle effectuent conjointement leurs "visites
d'accréditation".
En conséquence, nous recommandons: 6- Que le législateur
confie aux O.R.A.S. le soin d'assurer le respect de la loi et des
règlements; de contrôler l'efficacité, la qualité et
le coût des services; de procurer au besoin aux institutions des services
de conseillers et d'aide technique; et ce. sans préjudice au
contrôle que l'Etat voudra assurer lui-même directement ou qu'il
voudra confier à un ou des organismes pour l'appréciation des
actes professionnels posés dans les institutions.
La fonction contrôle étant confiée tant au
Ministère qu'aux O.R.A.S. l'exercice rationnel et efficace de cette
fonction nécessitera un échange continu d'information et une
collaboration réelle entre ces deux niveaux. Cette collaboration
s'imposera plus particulièrement au moment de l'émission ou du
renouvellement des permis. On peut imaginer, par exemple, que des
critères de délivrance des permis soient élaborés
par le Ministère mais que les "visites d'accréditation" soient
confiées à des équipes régionales.
E - Réglementation.
Dans la rédaction de règlements qui viseront à
préciser les modalités d'application de la Loi, il faudra
éviter deux dangers majeurs: danger que les règlements
soient tellement détaillés et rigides qu'ils annulent à
toutes fins pratiques les pouvoirs consentis par la Loi et empêchent
l'exercice véritable de l'administration; danger de sacrifier la
complexité du réel à un désir exagéré
de standardisation.
Ces dangers peuvent être grandement diminués si les
règlements sont préparés en consultation avec ceux qui
auront à les appliquer. Cette consultation même si elle
représente une démarche souvent fastidieuse, aura
également pour effet de diminuer grandement les résistances
à l'application des dits règlements.
Nous croyons également que de façon générale
les règlements généraux ne devraient pas varier d'une
région à une autre. C'est pourquoi, et en vue de dissiper
également une certaine confusion de la Loi quant aux champs de
règlementation laissés au gouvernement et aux O.R.A.S., nous
souhaiterions que les règlements soient élaborés au niveau
provincial quitte à prévoir certaines adaptations possibles pour
tenir compte de circonstances particulières aux régions.
Enfin, nous désirons rappeler que le législateur a
promulgué il n'y a pas très longtemps des règlements en
vertu de la Loi des hôpitaux. Il serait sage d'évaluer
sérieusement ces règlements, fruit de longues consultations et
réflexions, avant d'en promulguer de nouveaux.
En conséquence, nous recommandons:
7- Que le législateur confie au gouvernement le soin
de formuler, en consultation avec les O.R.A.S. et les autres organismes
intéressés, des règlements généraux dont
certains pourront être adaptés par les ofiices pour tenir compte
de circonstances particulières à chaque région.
Dans cette optique, l'article 4d du bill 65 est nettement suffisant et,
en conséquence, l'article 36 devrait être rayé.
F- Appel et jugement.
Le bill 65 confie aux O.R.A.S. le soin d'entendre appel et le pouvoir de
rendre un jugement final lors de la destitution du directeur
général d'une institution (art 74).
Nous sommes favorables à cet article du projet de loi. Nous
estimons toutefois qu'il aurait une portée réelle beaucoup
moindre, si les nominations au conseil d'administration de l'O.R.A.S. devaient
être politisées.
IV- POUVOIRS DES O.R.A.S.
Rappelons tout d'abord deux textes de la Commission Castonguay-Nepveu :
"Même si les responsabilités de l'O.R.S. sont de puissance
publique, nous avons choisi pour des raisons d'efficacité et de
souplesse administrative ainsi que pour favoriser la participation de la
population d'en faire une corporation publique jouissant de pouvoirs
délégués dans le secteur de la santé" (Vol. IV,
Tome Il, p. 127). "l'autonomie des divers organismes du régime, compte
tenu de leur nécessaire coordination, de manière à
permettre un ajustement immédiat et constant des objectifs du
régime aux ressources affectées à son fonctionnement (Vol.
IV, Tome Il, p. 99).
Devant la Commission permanente, le Ministre Castonguay
déclarait: "...nous ne proposons pas que l'Etat prenne lui-même en
charge la mise sur pied de services, services animés par des
fonctionnaires, services sous le contrôle direct du gouvernement." (...)
"...au contraire (on vise) la mise sur pied de corporations sans but
lucratif..." (p. B 3617).
Les pouvoirs de l'O.R.A.S. prévus dans le projet de loi sont
principalement énoncés à l'article 8. C'est l'article clef
du projet de loi en ce qui concerne les offices régionaux. Il est en
effet inutile de discuter plus ou moins longuement des fonctions d'un organisme
si ce dernier n'a pas les pouvoirs réels d'en assumer l'exercice.
Or, selon nous, l'article 8 accorde aux O.R.A.S. des pouvoirs "fictifs".
En effet, en plus de devoir exercer leurs pouvoirs "dans le cadre du programme
quinquennal approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil et des
normes établies à cette fin par des règlements"
restriction raisonnable si les règlements ne deviennent pas une camisole
de force encore faut-il que les O.R.A.S. obtiennent l'autorisation
préalable du ministre de la santé ou du lieutenant-gouverneur en
conseil pour exercer ces mêmes pouvoirs. L'article 8 accorde des pouvoirs
pour les retirer ensuite.
L'Etat doit faire un choix fondamental: gérer
lui-même directement toutes les institutions; et à ce moment il
aurait tort de cacher ses intentions sous le paravent d'organismes fantoches
dont l'existence n'aurait comme résultat que d'alourdir le
système; ou confier la gérance des organismes à des
corporations et leur faire confiance à l'intérieur des limites
normales d'un programme et d'un budget.
Pour notre part, forts de l'expérience vécue, et nous
appuyant à nouveau sur les principes formulés par la Commission
Castonguay, nous recommandons:
8- Que le Législateur accorde aux O.R.A.S. des
pouvoirs véritables et que, en conséquence, les deux derniers
paragraphes de l'article 8 du bill 65 soient retranchés.
ORGANISATION DES O.R.A.S
A- Corporation et conseil d'administration.
1. Structure.
La Commission Castonguay-Nepveu recommandait: une corporation
formée de 20 membres et agissant comme conseil d'administration;
un bureau de direction (facultatif); un conseil régional de la
santé (consultatif).
Le bill 65 propose: une corporation de 21 membres agissant comme
conseil d'administration un comité administratif de 5
membres.
Nous estimons qu'en limitant à 21 le nombre de membres du
conseil, la Loi limite également les possibilités d'une
véritable participation compte tenu des secteurs (santé et
bien-être) des groupes (consommateurs, travailleurs de la santé)
et institutions (C.L.S.C., universités...) qui devront être
représentés.
Par ailleurs, nous croyons que la charge de l'administration courante
d'un O.R.A.S. sera très lourde et qu'il serait plus sage de la confier
à un groupe moins restreint.
En conséquence, nous recommandons:
9- Que les O.R.A.S. soient administrés par un
conseil formé de 50 membres et que lagestion courante soit
confiée à un comité administratif formé de 10
à 15 membres.
2- Composition.
La composition de l'organisme de gestion des O.R.A.S. proposée
par le bill 65 s'inspire, croyons-nous, de deux principes mis de l'avant par la
Commission d'enquête, à savoir: la participation la
coordination
Tout en étant favorable aux mêmes principes, nous croyons
que la loi devrait se limiter à assurer la participation en fixant des
normes minima de représentation. On ne saurait en effet "forcer" une
participation qui ne corresponde pas à la dynamique propre à une
région.
En conséquence, nous recommandons:
10.
Que la Loi établisse quel devra
être, aux deux paliers de gestion (conseil et comité
administratif) le minimum de représentants des consommateurs, des
institutions et des travailleurs de la santé et des services
sociaux.
3- Nomination des membres.
S'il opte résolument pour la décentralisation, le
législateur devra accepter de faire confiance aux organismes à
qui il confie l'administration des services. De plus, ceux qui accepteront de
contribuer à l'administration des O.R.A.S. devront être
assurés au maximum de la confiance des secteurs et des groupes qu'ils
représenteront; comment pourraient-ils autrement exercer le leadership
nécessaire. Enfin, et pour des raisons tellement évidentes, il
faut éviter à tout prix la politisation de l'administration des
O.R.A.S.
Pour ces raisons, nous recommandons:
11.
Que le gouvernement n'intervienne d'aucune
façon dans la nomination des membresdu conseil d'administration
des O.R.A.S.
B.
Directeur
général
Le directeur général doit être l'homme de confiance
du conseil d'administration qu'il représente. En conséquence, il
devrait être choisi et nommé par le conseil et non par le
lieutenant-gouverneur en conseil puisque sa loyauté ne saurait
être partagée.
Tout au plus pourrions-nous envisager que cette nomination soit
précédée d'une consultation auprès du Ministre des
Affaires Sociales (mais non auprès du conseil des Ministres).
Nous recommandons:
12.
Que le directeur
général de l'O.R.A.S. soit nommé par le conseil
d'administration decet organisme qui fixera sa
rémunération selon les barèmes établis par
règlement.
C.
Le personnel de l'O.R.A.S.
A l'article 29 du bill 65, le législateur semble opter pour un
modèle de gestion du personnel similaire au modèle
développé par la fonction publique. Il serait important de savoir
quels motifs ont inspiré ce choix autres que celui d'assurer une
coordination au niveau de la rémunération. Au même article,
il y aurait avantage à préciser le sens véritable de
certains termes.
En conséquence nous recommandons:
13. Que le législateur indique pourquoi il a choisi comme
modèle de gestion du personnel des O.R.A.S. le modèle de la
fonction publique et qu'il précise le sens des termes suivants:
"secrétaire", "autres fonctionnaires", et "suivant la loi de la fonction
publique".
ANNEXE 2
L'ASSOCIATION POLONAISE AIGLE BLANC INC.
POLISH WHITE EAGLE SOCIETY INC.
Copropriétaire de l'Institut canadien polonais
du bien-être inc.
et
FRANÇOIS KRAKOWSKI, magister iuris,
président sortant de l'Institut canadien
polonais du bien-être inc.
Monsieur le Président de la Commission parlementaire des Affaires
sociales
Monsieur le Ministre des Affaires Sociales,
Messieurs les membres de la Commission parlementaire,
EXPOSE DES FAITS
L'Association polonaise Aigle-Blanc inc., copropriétaire de
l'Institut canadien-polonais du Bien-Etre Inc. et François Krakowski,
ex-président de cette dernière corporation, soumettent à
la Commission parlementaire permanente des Affaires Sociales, le présent
mémoire sur le projet de Loi 65, "Loi de l'organisation des services de
santé et des services sociaux".
Fort préoccupé des besoins, des goûts et des
aspirations de ses compatriotes et de leurs familles, le groupe
canadien-polonais a créé dans le contexte
québécois, des ressources humanitaires pour que les
Québécois, d'origine polonaise, puissent trouver une satisfaction
à leurs besoins par des équipements adoptés à leurs
habitudes, leurs moeurs et leurs coutumes.
Nous nous présentons devant vous, non pas comme une
minorité qui désire des faveurs et demande des privilèges,
mais comme des Québécois intégrés. Toutefois,
tenant compte de la particularité de notre groupe dont les afnés
ont continué à maintenir ce qui leur était le plus cher:
leur langue, la tradition et la culture, nous avons offert aux plus
déshérités des nôtres, des services pour leur
procurer le bien-être, adapté à leurs besoins.
Les associations propriétaires de l'Institut ont
été secondées dans leurs efforts, par toute la population
polonaise du Québec, laquelle compte plus de 40,000 personnes et qui,
consciente du rôle qu'elle a à jouer dans son pays d'adoption, a
fourni les argents nécessaires pour la réalisation de leur oeuvre
sans compter sur une subvention gouvernementale. Pour mieux comprendre le
caractère particulier de l'Institut canadien-polonais qui maintient un
foyer pour 92 personnes âgées à Montréal, nous nous
permettons de rappeler l'histoire de l'institut dont les activités
remontent à 27 ans.
HISTORIQUE DE L'INSTITUT
L'Institut canadien-polonais a été mis sur pied en 1944 et
inscrit le 18 mars 1944 au registre des sociétés charitables sous
le numéro 882, conformément aux dispositions de la "Loi des
assurances du Québec".
Les Associations canadiennes-polonaises ont acquis une ferme à
Knowlton, Québec, et ont transformé deux maisons en foyer
d'accueil pour les personnes âgées et indigentes, parce que la
législation provinciale n'avait pas élaboré dans ce temps,
de lois sociales protégeant suffisamment les personnes
âgées et indigentes et parce que le groupe polonais avait voulu
donner un apport à la communauté québécoise dans le
domaine du bien-être. L'institut a financé son oeuvre en grande
partie, au moyen des contributions de ses membres, de donations, de
souscriptions volontaires et de dons collectés dans les rues de
Montréal une fois l'an, par les membres du groupe polonais, le tout en
conformité avec les règlements de la ville de
Montréal.
En 1960, l'institut a été incorporé sous la
troisième partie de la Loi des compagnies du Québec. En 1965, des
amendements ont été apportés à la charte en
limitant l'activité de l'Institut à l'hébergement et
à l'entretien des personnes âgées, dans le nouveau foyer
érigé à Montréal. L'aide pour les personnes
indigentes, affligées par la suite de maladie, accident, revers de
fortune, les veuves et orphelins a été confiée à la
Fédération canadienne-polonaise du bien-être Inc.
En 1966, l'Institut canadien-polonais a commencé son
activité à Montréal. La bâtisse a été
érigée sans aide du gouvernement provincial. La
Société centrale d'hypothèques et de logement a
accordé un prêt hypothécaire de l'ordre de $573,867.00 pour
une période de 50 ans au taux de 5 3/8 p.c. Le coût total de
l'édifice avec ameublement et installations se chiffre à
$739,673.44. La différence de $165,867.44 a été
payée par le groupe polonais grâce aux sources de financement
énumérées ci-haut et surtout au travail
bénévole de ses membres et employés.
On est trop souvent porté à dire et à croire, quand
cela fait son affaire, que la population c'est l'état, sans pour cela
déterminer les limitations des gestes et actions à poser.
Il est certain que si le projet de loi 65 devient Loi dans sa version
actuelle, les administrateurs de l'Institut canadien-polonais du
bien-être perdront tout contrôle sur l'orientation et la poursuite
des objectifs de cette institution d'accueil. Si quiconque voulait bien se
donner la peine d'analyser la situation, il s'apercevrait que notre Institut
dessert une population d'origine polonaise qui lui vient de tout le
Québec et du Canada. Assimiler cette institution avec d'autres centres
d'accueil locaux et régionaux, est une grande erreur et une injustice
à l'esprit qui anime les membres de notre groupe et une très
mauvaise et néfaste évaluation des services rendus à tous
ces vieillards qui sont heureux de venir terminer leurs jours parmi des
compatriotes et au sein d'une organisation sociale et culturelle qui
représente pour eux, un coin du pays qu'ils ont dû quitter un
jour.
Ce serait aussi justement, ne pas reconnaître les sérieux
efforts soutenus par cette partie de la population de notre province pour
s'intégrer dans la communauté québécoise et
canadienne.
La nouvelle loi votée comme prévu, par le bill 65, aurait
comme effet la paralysation de toute initiative privée, du
bénévolat, des donateurs, de la volonté d'expansion des
oeuvres existantes et la fondation de nouvelles institutions comme nous
l'avions prévu (une maison pour les vieillards souffrant de maladies
chroniques) et arrêterait certainement le désir et la
volonté d'intégration dans la communauté canadienne et
québécoise, d'une partie importante des groupes ethniques
citoyens de notre pays.
AMENDEMENTS AU BILL
Etant donné que l'Institut canadien polonais du bien-être
est membre de l'Association des Foyers pour Adultes, nous endossons sans
réserve les recommandations faites par cette association. De plus, nous
soumettons respectueusement la modification des articles suivants:
Article 1 b) Remplacer le texte soumis au projet par le suivant:
"institution publique" - une institution propriété de
l'état ou acquise en tout, grâce à une subvention du
gouvernement.
Avant l'article 1er: Insérer le paragraphe suivant: "Institution
spécialisée" - une corporation sans but lucratif, qui dispense
des services de santé et des services sociaux sur une base
nationale.
Article 4 e) Modifier le dernier paragraphe de l'article 4. Après
la phrase "A défaut d'office dans une région", les mots: "de
même que dans le cas d'une institution spécialisée" et
après la phrase: "le ministre exerce pour cette région", les
mêmes mots: "de même que dans le cas d'une institution
spécialisée".
Après cette modification le texte de l'article 4, dernier
paragraphe se lit comme suit: "A défaut d'office dans une région,
de même que dans le cas d'une institution spécialisée, le
Ministre exerce pour cette région ou pour cette institution, les
pouvoirs qui sont dévolus à un office en vertu de la
présente loi. Il en est de même des pouvoirs que la
présente loi permet à un office d'exercer mais que ses lettres
patentes ne lui confèrent pas.
Pour clarifier les dispositions de l'article 48, en
référence à l'article 47, nous proposons de modifier:
l'article 48 - En ajoutant après la première phrase "Nul ne peut,
sans l'autorisation du Ministre, changer la nature de l'exploitation d'une
institution" les mots: "visés à l'article 46 de la
présente loi."
Voilà, monsieur le président, les suggestions que nous
voulons apporter et nous vous demandons que ce geste soit, de votre part,
considéré comme un élément positif de notre
insertion dans le milieu québécois pour sauvegarder le
caractère particulier de notre oeuvre et de laisser au groupe polonais
le soin de continuer à servir le Québec tout en s'occupant d'une
façon particulière de leurs compatriotes.
Le tout vous étant respectueusement soumis,
L'ASSOCIATION POLONAISE AIGLE BLANC INC. POLISH WHITE EAGLE SOCIETY
INC.
FRANÇOIS KRAKOWSKI, magister iuris président sortant de
l'institut canadien polonais du bien-être Inc.
L'article 392 du volume III, tome I du Rapport d'enquête sur la
santé et le bien-être social de la commission Castonguay-Nepveu
déclare: "Les droits de l'homme créent en contrepartie des
obligations à ses concitoyens et au corps politique tout entier. A
mesure que ces droits s'élargissent sous l'influence des idées et
du progrès, les obligations sociales se transforment et avec elles, le
rôle de l'Etat dans la société". (fin de la citation de
l'article 392 et de l'article 394, "Les droits du citoyen fondent les devoirs
de la société".)
INSTITUTION SPECIALISEE
Un autre aspect du bill 65 mérite d'être clarifié.
Le bill ne prévoit rien en ce qui concerne les établissements
spécialisés dont les activités dépassent les
limites d'une région ou des régions et qui desservent la
population de toute la province et même du Canada, par exemple l'Institut
cardiologique, du cancer, l'Hôpital Neurologique et autres semblables
institutions. Notre institution donne ses services pour une partie de la
population de toute la province et même du Canada et rend un service
appréciable aux nombreux foyers dans toute la province.
Les citoyens d'origine polonaise ou slave, logés dans les
établissements à travers la province, sont pour ces institutions,
un fardeau parfois lourd à cause de leur langue et de leurs coutumes.
Ces institutions nous transfèrent de tels clients. Ayant un personnel
spécialisé, on peut de telle façon accomoder l'institution
et donner satisfaction aux individus.
Si notre institution doit être limitée à une
région seulement et si l'office régional doit décider de
son activité, elle ne pourra atteindre son but et serait
condamnée à disparaître.
CONCLUSION
Nous constatons que, dans le bill 65, la définition des termes
(article 1) ne tient pas compte de la réalité. L'institution
devrait être définie en terme de propriété
appartenant soit au gouvernement, soit aux communautés religieuses, soit
à des corporations sans but lucratif, soit à des corporations
à but lucratif ou à des particuliers.
A ce moment, le terme "institution publique" deviendrait
l'établissement, propriété de l'Etat du Québec
ainsi que l'établissement acquis en tout, grâce à une
subvention du gouvernement.
L'institution privée serait tout autre établissement.
Parmi ces institutions privées l'on pourrait distinguer les institutions
à but non lucratif et les institutions à but lucratif.
Les institutions à but non lucratif pourraient impliquer un
caractère de service public c'est-à-dire disponible à tous
les citoyens avec ou sans la contribution de l'état tandis que les
institutions à but lucratif pourraient impliquer un caractère de
service privé, c.a.d. disponible aux individus qui l'utilisent moyennant
une rémunération personnelle sans la contribution de
l'état.
Ainsi, cette distribution permettrait aux citoyens du Québec de
conserver leur liberté de choisir l'institution qu'ils
préfèrent.
Il n'est pas certain que cette interprétation soit la meilleure
mais nous l'amenons pour vous inviter à réfléchir sur ces
définitions et à préciser davantage la teneur de ces
articles au lieu de classer les institutions comme elles le sont
présentement, ce qui est une transposition quasi littérale de la
définition des institutions publiques décrites dans la Loi des
hôpitaux, ce qui se résume comme suit: tout ce qui n'est pas
public est privé et tout ce qui est public est maintenu par une
corporation sans but lucratif.
Le présent bill nous donne-t-il la latitude de faire un choix
quant à l'orientation de notre oeuvre existante? Nous ne le croyons pas.
Pour continuer à bien servir les personnes âgées, nous
devons, en principe, devenir public au sens de la loi et renoncer aux droits de
propriété qu'on ignore dans le présent bill.
Après l'article 46 du bill, nous pouvions utiliser
l'édifice du Foyer pour d'autres fins mais ce serait à l'encontre
de la volonté des fondateurs, des milliers de donateurs et de toute la
population d'origine polonaise qui ont dirigé et maintenu pendant 27
ans, cette oeuvre dont ils sont fiers.
Ou sont donc passés les représentants des
propriétaires à l'intérieur des conseils d'administration?
Le droit de propriété en vertu des articles 406 et suivant le
code civil ne donne-t-il pas aux administrateurs le pouvoir d'administrer leurs
propres biens? Ce droit est contesté dans le bill 65 par l'article 51
(composition du conseil d'administration).
Comment se fera le transfert de ces biens aux nouvelles corporations qui
doivent s'incorporer d'ici les deux ans de l'acceptation de la loi? Comment se
fera l'évaluation des investissements et comment procédera-t-on
pour l'évaluation de l'indemnité à être payée
pour l'acquisition des investissements faits par les propriétaires?
On nous dira que le gouvernement du Québec a contribué aux
coûts de construction en s'engageant par des ententes; qu'il a
supporté les déficits d'opérations depuis un certain
nombre d'années et quoi d'autre encore. En vertu de quoi ces
subventions, ces octrois (dans notre cas elles n'existent pas), rendront-ils le
gouvernement du Québec propriétaire de nos biens? La loi n'est
pas précise sur ce point. On nous dira aussi que le gouvernement du
Québec n'entend pas procéder ainsi et qu'il fera la part des
choses; à cela nous répondons que les intentions sont bonnes mais
la lettre n'est pas précise.
En effet, les employés de l'institut ont travaillé
volontairement pendant les années 1966, 67, 68 et 69 de 48 à 52
heures par semaine à un salaire moins élevé que les
employés des autres institutions semblables qui avaient établi la
semaine de travail de 40 heures. Ce sacrifice de leur part, a permis aux
administrateurs de rencontrer leurs obligations. Le corps auxiliaire,
composé de plus de 100 femmes nous permit, lui aussi, de réaliser
des économies appréciables dans le domaine de la
récréation qui a, dans notre institution, une place de grande
importance.
Le gouvernement provincial a consenti, en nous délivrant un
permis d'opération, à ce que les citoyens canadiens d'origine
polonaise, aient la priorité d'être logés dans notre foyer.
Nous n'avons pas abusé de ce privilège; voici les
statistiques:
Du 1er janvier 1966 jusqu'à date, ont été
acceptées au Foyer de l'Institut, 203 personnes âgées dont:
100 citoyens canadiens d'origine polonaise 49.26% 55 " " française
27.09% 33 " " ukrainienne 16.25% 15 " " d'autres origines telles que
tchèque, slovaque, hongroise, anglaise, lithuanienne, juive et
finlandaise 7.4 %
Durant les 5 dernières années, notre budget
d'opération s'est révélé le plus bas
comparativement â celui d'autres foyers que nous connaissons. Les
autorités du ministère ont maintes fois manifesté leur
satisfaction à l'égard de notre administration et ont même
dirigé à notre foyer, des représentants de d'autres
institutions à but similaire pour prendre référence sur
notre mode d'administration.
REMARQUES GENERALES
Nous reconnaissons la nécessité de la
réorganisation des services de santé et des services sociaux et
félicitons le gouvernement pour les efforts qu'il a entrepris dans ce
domaine.
Cependant, nous constatons que le gouvernement du Québec veut
tout faire table rase de ce qui existe et repartir à nouveau. L'on
semble ignorer que les institutions actuelles ont été
conçues, bâties, administrées et financées en partie
par des administrateurs qui en plus de se dévouer gracieusement, ont
souvent sacrifié leurs moments de loisir pour des causes qui leur
tenaient à coeur. La société actuelle doit, en
considération de ce qui a été fait par ces travailleurs
acharnés et dévoués, leur manifester sa reconnaissance. Le
rôle important et utile qu'ils ont joué depuis toujours dans le
domaine du bien-être et de la santé a permis au gouvernement du
Québec de s'extérioriser à d'autres tâches bien que
cette responsabilité lui incombait.
Nous sommes étonnés de constater que dans les
réformes suggérées, l'on ignore ce qui a été
fait et que l'on se départit très facilement des ressources
humaines qui ont jusqu'ici, servi la cause de leurs concitoyens.
L'INFLUENCE DE L'HERITAGE CULTUREL
L'esprit du bill 65 néglige à notre avis, par sa
conception universelle et standard, les principes et valeurs de notre
société pluraliste et multiculturelle: les problèmes
culturels, ethniques et religieux.
L'héritage culturel joue un grand rôle dans le
bien-être d'un vieillard. Seul le fait qu'il puisse bien exposer ses
doléances et ses désirs dans sa langue maternelle )beaucoup de
pensionnaires n'ont aucune connaissance du français et de l'anglais),
qu'il puisse assister avec ses compatriotes à la commémoration
des fêtes de Noël et de Pâques organisées par
l'institution en tenant compte des coutumes et de la tradition de son pays
natal, le fait heureux.
La gérontologie et la gériatrie attachent aujourd'hui une
grande importance pour le bien-être et la santé des vieillards au
milieu dans lequel ils vivent et à l'atmosphère qui règne
dans ce milieu.
Chaque communauté a le droit de sauvegarder, de défendre
et de poursuivre sa culture. Le gouvernement doit garantir ce droit par les
lois.
Enfin, il nous semble que l'uniformisation horizontale que l'on trouve
dans le projet 65 est à rencontre de l'article 2 de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui dit: "Chacun peut se
prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés
proclamées dans la présente Déclaration, sans distinction
aucune notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion,
d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale,
de fortune, de naissance ou de toute autre situation. De plus, il ne sera fait
aucune distinction fondée sur le statut politique juridique ou
international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante,
que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome
ou soumis â une limitation quelconque de souveraineté". (Appendice
III -I Vol III Tome I - p. 194, Commission Castonguay-Nepveu )
ANNEXE 3
FOYER SAVOY POUR
EPILEPTIQUES
La Commission parlementaire des Affaires sociales,
Hôtel du Gouvernement,
Québec,
Messieurs:
Nous désirons opposer à certains aspects du bill 65, le
projet de loi du gouvernement réorganisant les services de santé
et les services sociaux de la province de Québec. Nous ne contestons ni
les objectifs de ce projet ambitieux, ni ses multiples mérites, mais
nous tenons respectueusement à faire remarquer que si certains
amendements aux modalités d'application du projet ne sont pas faits il
mettra en danger l'existence même du Foyer Savoy pour épileptiques
et son oeuvre spécialisée.
Ce foyer fut fondé par feu Geo. A. Savoy, industriel de St-Jean,
comté d'Iberville, philantrope bien connu pour ses oeuvres charitables
dans son comté et les régions avoisinantes. Il était le
père du président actuel du conseil d'administration. En 1941,
avec une énergie exceptionnelle pour un homme d'un âge
avancé, âge auquel la plupart pensent à leur retraite,
Monsieur Savoy a épousé la cause des épileptiques.
Pourquoi? Parce qu'il n'existait pas de foyer pour épileptiques;
parce qu'à l'occasion de voyages d'études et de recherches, il a
découvert qu'un grand nombre de ces pauvres malades étaient
cachés par leurs familles, quelques fois dans des conditions inhumaines;
parce que dans la plupart des Etats des U.S.A. et du Canada, ils étaient
internés dans des asiles pour malades mentaux; enfin pour que ces
pauvres êtres humains, qui méritaient un meilleur sort, puissent
espérer un avenir.
Monsieur Savoy a senti le besoin de faire quelque chose pour eux.
En 1943, il a formé, avec cinq autres personnes, une association
qui fut incorporée en vertu de la troisième partie de la loi des
compagnies du Québec, une corporation privée sans but lucratif,
avec pour objet de venir en aide aux épileptiques de la province.
Pendant deux longues années il alla lui-même demander de l'aide
financière à des particuliers ainsi qu'à l'entreprise
privée. Il essaya tout pour intéresser les citoyens à son
projet jusqu'à faire "du porte en porte". Cela prit deux ans, mais
à lui seul il réussit à faire souscrire $250,000.00. Le
Gouvernement du Québec s'intéressa au projet et contribua pour
une somme équivalente.
La construction de la maison débuta et le premier foyer de ce
genre pour épileptiques en Amérique du Nord fut inauguré
en 1946. C'était probablement l'unique institution au monde. D'ailleurs
des personnes intéressées, médecins et infirmières
de plusieurs pays du monde, visitèrent notre foyer et vinrent y
étudier nos méthodes de traitement. Aujourd'hui nous trouvons des
maisons semblables aux U.S.A., en France, en Belgique et en Angleterre. Nous
croyons sincèrement que notre province peut être fière de
cette oeuvre extraordinaire et qu'elle devrait nous aider à la
développer plutôt qu'à se l'approprier sans se
souvenir.
La devise de la province de Québec étant "Je me souviens",
il serait à propos de retenir que cette oeuvre, une corporation
privée sans but lucratif, érigée à la
mémoire du fils de Monsieur Savoy, et les soldats Canadiens morts pour
la patrie à Dieppe, le 19 août 1942, a réhabilité
depuis 25 ans plus de 1,000 personnes. Ces personnes étaient des charges
publiques, tandis que maintenant elles peuvent travailler et gagner leur
vie.
Tout cela parce qu'un homme, aidé bénévolement par
d'autres citoyens engagés et par les gouvernements fédéral
et provincial, n'a pas abandonné la tâche. Pendant 25 ans les
divers membres des conseils d'administration ont travaillé
bénévolement pour perfectionner l'oeuvre du foyer, pour
l'enrichir et l'agrandir. Pendant 25 ans des particuliers et l'entreprise
privée ont contribué pour plus de $1,000,000.00 au Foyer.
Voilà une initiative privée, aidée par l'Etat, qui a
réussi magnifiquement! ...
Pourquoi alors et en vertu de quelle raison l'Etat veut-il convertir
cette institution privée sans but lucratif en une institution publique
(Article 1 b) dont les membres du conseil d'administration et le directeur
général seraient tous nommés (Article 51 et 71) par des
personnes autres que les membres actuels de la corporation? La famille Savoy
qui a tant donné au Foyer depuis 25 ans n'aurait pas un mot à
dire! L'actuel conseil d'administration, composé d'hommes
expérimentés, intéressés à continuer
l'oeuvre pour aider les épileptiques, serait totalement ignoré !
Pourquoi faire perdre à des hommes dévoués, cette
motivation, cette identification, qui les poussaient à travailler
bénévolement à cette oeuvre qu'ils espéraient voir
grandir avec le concours du gouvernement? Etatiser le Foyer Savoy
équivaut à les écarter pour toujours.
Pour des raisons sus-mentionnées nous suggérons
respectueusement les changements suivants au projet de loi:
1- Que la définition d'une institution publique (Article 1 b)
soit amendée pour exclure les institutions privées sans but
lucratif; 2- Que les articles 1 b, c, d, soient amendés pour que la loi
reconnaisse les institutions privées sans but lucratif,
subventionnées ou pas; 3- Que les articles 30 à 35 sur les
pouvoirs d'enquête des ORAS soient amendés afin d'exiger qu'aucune
enquête ne puisse être instituée sauf sur ordre du
Lieutenant-Gouverneur en Conseil, suivant la recommandation du Ministre,
après préavis donné par l'ORAS à l'institution en
question avisant cette dernière de son intention de demander au Ministre
la tenue d'une enquête; 4- Que l'article 136 soit amendé de
façon à permettre au Ministre de prendre des engagements avec une
institution privée sans but lucratif pour ses dépenses
d'opération.
Nous croyons sincèrement que si le projet de loi est
amendé de cette façon et le statut réel des institutions
privées sans but lucratif est reconnu, la réalisation des
objectifs du projet serait mieux assurée.
Harolde J. Savoy,
Président,
Conseil d'administration,
Foyer Savoy pour épileptiques.
ANNEXE 4
CONSEIL DE BIEN-ETRE DU QUEBEC
PREAMBULE
Le Conseil de bien-être du Québec constitue essentiellement
l'association provinciale des Fédérations d'oeuvres et des
conseils de bien-être régionaux (ou conseils de
développement social) et, à ce titre, il représente un des
pôles importants de ce qu'il est convenu d'appeler le secteur
privé du bien-être au Québec. Plus exactement, le CBEQ
regroupe 13 Conseils de bien-être régionaux et 8
fédérations d'oeuvres. (Voir annexe I; liste des
Fédérations d'oeuvres et Conseils de bien-être
régionaux.)
Le présent mémoire, fruit de la réflexion commune
des Fédérations d'oeuvres et des Conseils de bien-être
régionaux, entend dégager les points de concensus sur lesquels
s'entendent l'ensemble de ces organismes en ce qui regarde le projet de loi
65.
Des mémoires régionaux ont déjà
été présentés par des organismes-membres du CBEQ,
d'autres le seront. Ces quelques mémoires ainsi que celui du CBEQ donne
la vision d'ensemble des conseils de bien-être régionaux et des
Fédérations d'oeuvres sur le projet de loi 65.
INTRODUCTION
Le bill 65: oui aux objectifs, non à certaines modalités
de la structure proposée.
Le Conseil de bien-être du Québec, suite à ses
consultations auprès de ses organismes-membres, a rencontré un
accord quasi-unanime sur les objectifs poursuivis par le bill 65: une
plus grande accessibilité et qualité des services sociaux et des
services de santé; la participation de la population locale
à des services décentralisés; une meilleure
coordination dans le réseau des services;
Des doutes unanimes ont cependant été émis quant
à certaines modalités de la structure mise de l'avant et devant
concrétiser les objectifs avancés ci-haut.
I- Les "points terminaux": centres locaux de services communautaires,
centres de service social, centres hospitaliers et centres d'accueil.
La réorganisation de la structure administrative des services
sociaux et des services de santé se veut décentralisée
pour assurer une réponse plus adéquate aux besoins
rencontrés.
Les points terminaux de services, c'est-à-dire, les centres de
services où la clientèle rencontre la satisfaction de sa demande,
doivent être le coeur et le dynamique de tout le système mis en
place.
Le client demeure le premier paramètre de l'impact des objectifs
visés par la réorganisation des services sociaux et des services
de santé. A ce titre, sa participation est essentielle à la
définition des objectifs et des priorités mises de l'avant dans
chaque centre de service et au contrôle de l'impact des divers programmes
sur le milieu.
RECOMMANDATION 1 :
Qu'une assemblée générale constituée
majoritairement de citoyens élise au moins les 2/3 des membres du
conseil d'administration de chaque centre terminal (CLSC, CA, CH et CSS).
RECOMMANDATION 2 :
Que les conseils d'administration des CLSC disposent d'un pouvoir de
décision, de par leurs mandataires, en regard de l'orientation des
politiques locales de services.
Des citoyens informés de façon régulière sur
les ressources dont ils peuvent disposer dans le milieu immédiat dans
lequel ils vivent est une condition essentielle pour la satisfaction de leurs
besoins sur le plan sanitaire et social. Le recours à la ressource
adéquate au moment opportun permet de prévenir la
détérioration de la situation des individus aux prises avec
certains problèmes.
RECOMMANDATION 3:
Que les centres locaux de services communautaires disposent de services
d'information pour le bénéfice des clientèles qu'ils
desservent.
S'il est nécessaire que des services d'information bien
organisés et efficaces orientent les citoyens vers la ou les ressources
appropriées lorsqu'un besoin se présente, il n'est pas moins
important qu'une évaluation régulière de
l'efficacité des services soit faite en impliquant les
bénéficiaires de services. La circulation de l'information et du
"feedback" ainsi recueilli permettra à ceux qui, au sein des ORAS ou
ailleurs, auront comme responsabilité de planifier et de programmer, de
se fonder sur des données vécues.
RECOMMANDATION 4:
Que des services d'animation et d'organisation communautaire soient
prévus dans les centres locaux de services communautaires pour permettre
aux populations locales une évaluation régulière de
l'efficacité des services en fonction des objectifs poursuivis.
La reconnaissance de la participation de la clientèle
(population) à l'assemblée générale et du pouvoir
de décision du conseil d'administration exigera qu'on accepte de
déléguer certains rôles précis au conseil
d'administration de chaque centre de service pour que la
décentralisation ne soit pas un vain mot.
Il n'apparaît cependant pas souhaitable que les conseils
d'administration des divers centres terminaux consacrent la presque
totalité de leurs activités à discuter "chiffres", alors
que les divers centres disposeront d'un personnel comptable compétent et
d'administrateurs spécialisés.
RECOMMANDATION 5: a ) Que les rôles d'orientation des
politiques locales de services et de choix des priorités relèvent
des conseils d'administrations des divers centres terminaux; b ) que ces
rôles soient clairement différenciés des rôles de
gestion budgétaire, lesquels relèveront d'une personnel
administratif compétent.
II- Les organismes de coordination: les Offices régionaux des
affaires sociales (ORAS)
Les offices régionaux des Affaires sociales tels que
définis dans le projet de loi 65 sont certes des intermédiaires
importants de par leurs fonctions et leurs pouvoirs. Mais il semble qu'on ait
eu peur de déléguer certains pouvoirs et fonctions qui auraient
avantage à être exercés à un niveau
décentralisé. Ainsi, les décisions à prendre
concernant la répartition d'un budget global régional
distribué en tenant compte de priorités élaborées
dans un plan quinquennal seraient plus proches des réalités
régionales et locales dans le cadre de l'ORAS qu'au niveau central du
ministère des Affaires sociales; de même pour les fonctions de
coordination des divers centres de service d'une région et de choix de
priorités régionales.
RECOMMANDATION 6:
Que la fonction de contrôle et de distribution régionale
budgétaire relève de l'ORAS.
RECOMMANDATION 7:
Que le rôle de coordination des centres de service relève
de l'ORAS et que la reconnaissance et les pouvoirs nécessaires à
cette fonction lui soient accordés.
RECOMMANDATION 8:
Que l'ORAS ait un pouvoir de décision dans la définition
des priorités régionales et dans l'application régionale
de politiques élaborées au ministère des Affaires
sociales.
III- L'organisation de la participation consultative:
Si le projet de loi 65 consacre dans une certaine mesure la
participation de la population à l'administration des organismes
distributeurs de services, il oublie cependant totalement de parler de
participation consultative et de prévoir des mécanismes
adéquats de consultation.
Pourtant, le rapport de la commission d'Enquête sur la
santé et le bien-être social est explicite sur ce point : "Une
organisation systématique et fonctionnelle de la consultation est
essentielle pour compléter la participation par délégation
qui existe dans les organismes de décision et dans les organismes
d'exécution". (1) "On doit trouver aux niveaux local, régional et
central de chaque système un conseil représentatif de la
population (2)
Le CBEQ croit qu'il est d'une importance majeure que le projet de loi 65
prévoie la création au niveau de chaque région
administrative d'un conseil consultatif. Ces conseils permettront de
sensibiliser les ORAS à la dimension réelle des besoins des
citoyens et des groupes, et de préparer des avis et des recommandations
utiles à une programmation réaliste des services sociaux et des
services de santé.
L'organisation systématique de la consultation que le CBEQ
préconise ne doit cependant pas faire table rase de l'expérience
accumulée depuis nombre d'années déjà au sein des
conseils de bien-être (ou de développement social)
régionaux. Ces conseils s'appuient sur une tradition de consultation
effective dans leur action quotidienne et remplissent les conditions
essentielles pour que la consultation soit le reflet réel des
populations régionales: représentation équitable des
divers groupes, de participation bénévole à leurs
activités, offre de services techniques de professionnels de l'animation
aux groupes qui en font la demande.
RECOMMANDATION 9:
Que l'Etat reconnaisse aux conseils de bien-être régionaux
la responsabilité d'organiser sur le plan régional la
consultation populaire en regard des services de santé et des services
sociaux et d'agir, à ce titre, comme interlocuteur auprès de
chaque ORAS.
IV-
Nécessité du secteur
privé:
Le CBEQ reconnaît l'importance du projet de loi 65. Ce projet
permettra de fournir un cadre cohérent et une organisation
intégrée pour l'ensemble des organismes distributeurs de services
de santé et de services sociaux. Conscient de ses responsabilités
en ce qui regarde la satisfaction des droits sociaux, l'Etat entend favoriser
par le projet de loi 65 une meilleure garantie des droits des citoyens du
Québec à des services de santé et de services sociaux de
qualité et accessibles à tous.
La reconnaissance de l'importance du projet de loi 65 ne doit cependant
pas nous empêcher d'en saisir les limites. Le projet de loi 65 ne peut
avoir la prétention de régler tous les problèmes et de
répondre à tous les besoins de santé et de services
sociaux par la restructuration qu'il propose.
La collectivité québécoise, peut et doit pouvoir
miser dans l'avenir, comme elle a pu le faire dans le passé sur les
initiatives de plusieurs groupes de citoyens dans la recherche de solutions aux
nombreux problèmes sociaux.
Les Conseils de bien-être régionaux et les
Fédérations d'oeuvres que regroupe le CBEQ constituent un apport
précieux dans la variété des institutions sociales du
Québec. Leur force repose sur l'appui que leur accorde les
collectivités régionales par leur participation
bénévole à leurs activités.
(1) Extrait du Rapport de la Commission d'enquête sur la
santé et le bien-être social, Gouvernement du Québec.
Première partie, Tome Il, p. 170.
(2) idem, p. 172.
Ce regroupement des ressources humaines a contribué à de
nombreuses réformes sociales et permet toujours la mise de l'avant de
projets vis-à-vis lesquels, en dépit de leur bien-fondé,
l'Etat ne peut s'engager qu'après un certain temps.
"L'expérimentation de nouvelles formes de services, la recherche de
solutions à de nouveaux besoins, le support à des initiatives
dynamiques de groupes de citoyens, l'extension de certains
bénéfices sociaux, la promotion de mouvements d'éducation
et de participation communautaires, la coordination des initiatives
régionales ou locales", ce sont là quelques-unes des tâches
auxquelles s'attachent les Fédérations d'oeuvres et les Conseils
de bien-être régionaux au Québec.
La solidarité, l'expression d'initiative et de
créativité, la capacité de courir des risques, l'esprit
critique positif sont des valeurs essentielles que le secteur privé du
Québec entend sauvegarder.
CONSEILS DE BIEN-ETRE REGIONAUX
Conseil de Développement social du Montréal
Métropolitain
Montreal Council of Social Agencies
Conseil de bien-être régional de Valleyfield
Conseil de bien-être régional de St-Jérôme
Conseil de Développement social Richelieu-Yamaska
Conseil de bien-être régional de la Rive-Sud
Conseil de bien-être régional de la Mauricie
Conseil de Développement social de l'Outaouais
Conseil de Développement social du Nord-Ouest
Québécois
Conseil des oeuvres et de bien-être de Québec
Conseil de bien-être régional de Sherbrooke
Conseil de Développement social Lanaudière
Conseil des Oeuvres du diocèse de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière
FEDERATIONS D'OEUVRES
Fédération des Oeuvres de charité
canadiennes-françaises Federation of Catholic Community Services United
Red Feather Services La campagne des Fédérations du Grand
Montréal Fédération des services communautaires
Richelieu-Yamaska Fédération des oeuvres du district de Hull
Allied Jewish Community Services of Montréal Fédération et
Conseil de bien-être de la Rive-Sud
ANNEXE 5
CONSEIL DE DEVELOPPEMENT SOCIAL LANAUDIERE
en collaboration avec un groupe de citoyens de la
région Lanaudière.
AVANT-PROPOS
Le Conseil de développement social Lanaudière a cru
important de sensibiliser les organismes concernés de la région
au projet de loi 65 portant sur "l'organisation des services de santé et
des services sociaux".
Il a donc convoqué tous les organismes et institutions
concernés par le projet de loi 65 à une rencontre-échange,
au début de septembre. Vingt-deux (22) organismes et institutions
étaient représentés à la rencontre.
Après étude du bill et discussion, un concensus
s'établît à l'effet de préparer un mémoire
à partir du contenu des échanges et de le présenter
à la Commission parlementaire des Affaires sociales.
Un comité composé de six (6) personnes a
préparé un projet de mémoire, lequel a été
soumis, corrigé et accepté lors d'une rencontre convoquée
à cet effet le 30 septembre dernier.
Nous reproduisons, en annexe, la liste des personnes qui ont
contresigné le mémoire.
INTRODUCTION
Comment ne pas se réjouir de la présentation d'un projet
de loi de réorganisation des services de santé et des services
sociaux dans un contexte où il devient urgent de promouvoir un
développement social harmonieux?
Nous avons applaudi aux déclarations du ministre Claude
Castonguay quand celui-ci a déclaré que ce projet de loi visait
les objectifs suivants: mieux adapter les services aux besoins de la
population, rendre les services plus accessibles, assurer la continuité
de ces services, ce qui impliquait, selon le ministre, la
décentralisation des pouvoirs du ministère des Affaires sociales
vers les ORAS et l'intégration des services communautaires au niveau des
centres locaux. Nos applaudissements redoublèrent d'ardeur lorsqu'on
déclara que le projet de loi mettait l'accent sur la participation des
citoyens à la gestion des services et sur la clarification des
responsabilités.
Après la lecture du bill 65, nous n'avons plus du tout le
désir d'applaudir. En effet, l'idéologie sous jacente au projet
de loi et les dispositions qu'il contient nous déçoivent et ne
nous permettent pas d'espérer que les objectifs auxquels nous avons
applaudi soient atteints.
C'est pourquoi, dans les quelques pages qui vont suivre, nous exposerons
ce que nous attendions du bill 65, ainsi que les modifications à y
apporter selon nous. Nous traiterons les points suivants: la
participation la décentralisation les organismes du
réseau et leurs interrelations le secteur privé la
collaboration interministérielle les limites
régionales.
1-
LA PARTICIPATION:
Dans le contexte où la population du Québec demande de
plus en plus à participer, nous nous attendions à une
distribution du pouvoir décisionnel. Nous avons vainement cherché
dans le bill une série de modalités propres à assurer une
participation active de la population à la définition des
services de santé et des services sociaux. Celles que nous avons
trouvées nous sont apparues très insuffisantes. Par exemple,
selon le bill 65, il y a quatre (4) façons différentes pour une
personne de devenir membre d'un conseil d'administration. Elle peut être
nommée soit par le lieutenant gouverneur après consultation (1);
soit par les professionnels, les membres du personnel, les autres
Conseilsd'administration,etc...(2); elle peut être élue par la
population (3); enfin, elle peut être membre d'un Conseil
d'administration d'une institution ou de l'office si elle en est le directeur
général(4).
Or, nous remarquons qu'il n'y a qu'une seule institution, soit le CLSC,
qui peut voir une partie de son conseil d'administration composé de
personnes élues par la population. Pour toutes les autres institutions
du réseau ainsi que l'office, les personnes composant les conseils
d'administration sont nommées par le lieutenant gouverneur dans une
très forte majorité.
Nous proposons: 1- QUE les personnes représentant la population
des territoires desservis au conseil d'administration des institutions
publiques soient élues lors des assemblées publiques où
seront invités les groupes socio-économiques, la
clientièle et la population en général; que le choix soit
ratifié par le lieutenant gouverneur. 2- QU'au niveau de l'office, les
membres du Conseil d'administration soient nommés par lesdifférents organismes ou groupes prévus à à
l'article 9 et non par le lieutenant gouverneur. 3- QUE non seulement les
institutions publiques tiennent au moins une fois par année une
séance publique d'information mais que l'office fasse de même (cf.
article no 90). 4- QUE les groupes socio-économiques appelés
à nommer les membres du conseil d'administration de l'office soient
clairement définis et identifiés en regard de leur
représentativité. 5- QU'aucune personne ne soit
pénalisée en ce qui regarde sa possibilité d'être
élue et de participer à un conseil d'administration à
cause de sa situation financière.
2-
LA DECENTRALISATION:
Grâce à la décentralisation, nous nous attendions
à ce que l'essentiel des moyens d'action soient remis entre les mains
des milieux eux-mêmes et que les différents milieux aient assez de
pouvoirs pour adapter les services aux besoins diversifiés de la
population régionale concernée. Par exemple dans notre
région (à savoir la région Lanaudière), il faut
tenir compte du fait qu'au cours de la période estivale, le tourisme
fait doubler et même tripler la population d'un
grand nombre de municipalités. Ceci crée de nombreux
besoins et nécessite la mise sur pied de services spéciaux.
Afin d'arriver à une décentralisation plus marquée,
nous proposons: 1- QUE l'ORAS soit plus orienté sur la coordination et
moins sur le contrôle. 2- QUE des pouvoirs décisionnels plus
étendus soient donnés aux ORAS. 3- QUE les institutions du
réseau aient assez de pouvoirs décisionnels pour orienter leurs
services selon les besoins particuliers de leur clientèle. 4- QUE, face
aux décisions administratives de l'ORAS, on reconnaisse des droits
d'appel aux institutions du réseau. 5- QUE l'ORAS ne soit pas
représenté au conseil d'administration des institutions du
réseau.
3- LES ORGANISMES DU RESEAU ET LEURS INTERRELATIONS:
La mise sur pied d'un réseau de services de santé et de
services sociaux, la création d'offices régionaux et de centres
locaux intégrant plusieurs services communautaires nous
réjouit.
Nous souhaiterions cependant que le bill soit plus explicite et
précis sur différents sujets. C'est pourquoi nous proposons: 1-
QUE chaque palier du réseau et que le champ d'action de chaque organisme
soient définis plus précisément. 2- QUE les CLSC
dispensent des services d'information pour favoriser l'accessibilité aux
services et la participation de la population à leur orientation. 3- QUE
les différents services du CLSC, tout en étant concertés
et intégrés, soient suffisamment autonomes et définis pour
que la collaboration et le travail interdisciplinaire ne conduisent pas
à l'immobilisme. 4. QU'au niveau du CLSC une attention
particulière soit accordée à la mise sur pied des services
de santé physique et à l'information de la population à
cause de l'extrême importance du facteur temps pour certaines
catégories de cas. A cet effet, nous signalons deux dangers: la
multiplication des équipements dans une même région et les
délais dûs à la référence des cas au centre
hospitalier. 5. QUE la politique de coordination entre les différentes
institutions du réseau soit plus précise. 6. QUE les liens entre
les bureaux locaux du ministère des Affaires sociales responsables de
l'administration de la loi d'aide sociale et les C.L.S.C. soient le plus
précis et le plus direct possible.
Selon nous, il est important de contrer le danger de gigantisme de la
structure proposée par une définition précise des
différents niveaux et de leur interrelation. - LE SECTEUR
PRIVE:
La prise en charge par l'Etat des services de santé et des
services sociaux est souhaitable à plus d'un point de vue. Cependant,
nous sommes très hésitants à accepter la main-mise
complète de l'Etat sur ces services puisque l'Etat est lui aussi
limité. En plus des dangers évidents de dépersonnalisation
reliés aux services publics, la disparition, à toute fin
pratique, du secteur privé prive la population de certaines
contributions originales de ce secteur, à savoir: l'innovation, la
création, la critique positive, voire même une certaine forme de
concurrence.
C'est pourquoi nous proposons: 1- QUE des dispositions soient prises
pour favoriser le maintien d'un secteur privé autonome et fort.
2- QUE dans les changements qui surviendront après l'adoption du
bill 65, grandement modifié, on s'inspire de l'expérience acquise
et qu'on sache utiliser les réalisations faites jusqu'à ce jour.
3- QUE dans les changements qui surviendront on ne pénalise pas les
individus ou les groupes qui, jusqu'à ce jour, ont servi la
population.
L'Etat se doit de prendre en charge le développement social de la
population mais il doit aussi savoir limiter cette prise en charge et faciliter
l'établissement de conditions qui feront que la population, par le biais
du secteur privé, assume une partie du travail.
5- LA COLLABORATION INTERMINISTERIELLE:
Pour assurer un développement social global, il est
nécessaire que non seulement les services directement reliés au
M.A.S. travaillent en étroite liaison, mais il est aussi primordial que
tous les services qui ont une incidence sur le développement social
soient concertés et intégrés.
En conséquence, nous proposons:
QUE le bill 65 prévoit des mécanismes de liaison au niveau
régional avec les services qui ont une incidence sur le
développement social (ex.: éducation, justice, travail,
etc..)
6- LIMITES REGIONALES:
Le bill 65 parle de région sans définir à quelle
notion de région il fait allusion. En conséquence, nous demandons
que cette notion de région soit clarifiée.
CONCLUSION
Nous ne pouvons être d'accord avec la version actuelle du bill
65.
Si nous avons préféré proposer des modifications au
lieu de demander le retrait pur et simple du bill, c'est que nous croyons que
des modifications conformes à celles que nous proposons seront
effectivement inscrites dans le bill. Si tel n'est pas le cas, il faut
comprendre que nous demandons le retrait du bill.
Cependant, nous appuyons un projet de loi visant à
réorganiser les services de santé et les services sociaux selon
les objectifs que nous rappelions dans notre introduction.
LISTE DES CO-SIGNATAIRES DU MEMOIRE ET LEUR LIEU DE
TRAVAIL
NOMS
LIEUX DE TRAVAIL
ASSELIN, L. Résidence St-Roch
BACON, Gilles, c.s. Hôpital St-Charles de Joliette
BEAULIEU, Lucette, inf.l. Unité Sanitaire,
L'Assomption-Montcalm
BEAUPRE, Gilles Service Social de Joliette
BEAUPRE, Jacques Service Social de Joliette
BELLEMARE, Jeanne, s.p. Maison de la Providence St-Paul, Joliette
BOISSE, Monique, s.p. Prov. St-Joseph, Pavillon des Jeunes, Jol.
BOUCHER, Sr Fernande, s.p. Maison de la Providence St-Thomas
BRUNEAU, Sr Maria, dir. gen. Foyer St-Jacques, St-Jacques
DESHAIES, Lucien Manoir de Berthier Inc., Berthierville
FALARDEAU, Aurélien, c.s. Hôpital St-Charles de
Joliette
GAUTHIER, Anita, ss.cc.j.m. Foyer Notre-Dame, Joliette
GERMAIN, Paul Service Social de Joliette
GOULET, Aline Unité Sanitaire
GOYET, Noella, c.s. Service Social de Joliette
LASALLE, Jeanne, ss.cc.j.m. Foyer Notre-Dame, Joliette
LAUZON, Jeanne-d'Arc, s.p. Centre Notre-Dame-de-Bonsecours, Joliette
LEPINE, Madeleine, s.p. Prov. St-Joseph, Pavillon des Jeunes, Jol.
MAISONNEUVE, Germaine, ss.cc. Foyer St.-Coeur de Berthier Inc.
MARCHAND, Armand Pension St-Joseph
MARIER, Conrad Centre d'Accueil Désy, St-Gabriel
MONIQUE, Sr Marie Centre d'Accueil Désy, St-Gabriel
PERREAULT, Jacques, t.s.p. Hôpital St-Charles de Joliette
REID, Gaétan Conférence Régionale sur l'enfance
indadaptée
ROY, Emilien, vice-prés. Foyer St-Jacques, St-Jacques
THEOPHANNE, Sr Marie Centre d'Accueil Désy, St-Gabriel
THIBAULT, Marguerite Prov. St-Joseph, Pavillon des Jeunes, Jol.
LE CONSEIL DE DEVELOPPEMENT SOCIAL
PAR LE BIAIS DE SON CONSEIL D'ADMINISTRATION
NOTE: Les personnes dont le nom apparaît ci-haut étaient
toutes présentes lors de la réunion du 30 septembre dernier et
ont toutes signé le mémoire.
ANNEXE 6
THE BOARD OF GOVERNORS OF THE QUEEN ELISABETH
HOSPITAL
COMMENTARY
We are in full accord with many of the fundamental aims of the proposed
legislation, but in several important respects we consider that the approach
embodied in Bill 65 is not the best means of achieving the Government's aims in
strengthening the provision of health care in Quebec: 1- The stringent
limitations upon the authority of the regional bureau and the hospital centre
to plan, budget, organize and conduct their affairs would paralize their
administrative mechanisms, materially reduce their efficiency and stifle the
initiative of their boards and managers. 2- The rigidity of provisions
respecting matters of internal management in the bureau and the hospital centre
would tie their hands unnecessarily, and inhibit flexible and innovative
approaches to improving health care. 3- The appointment by the
Lieutenant-Governor in Council of seven members of the board of the hospital
centre opens the door to possible exercise of undue political influence in the
selection of members. 4- A fixed four-year term for hospital centre board
members at large is too long for unsatisfactory members and too short for good
ones. 5- Having the hospital centre's general manager be ex officio chairman of
the administrative committee would concentrate too much authority in the
position of general manager. 6- The Bill does not make clear the lines of
accountability of the council of physicians and dentists, and there are many
restrictions upon the right of the council to formulate its own by-laws.
RECOMMENDATIONS
Accordingly, we recommend : 1- Real
decentralization should be written into the Bill: the hospital centre
should have the authority to manage its affairs within governmental and
regional policy and plans; the regional bureau should have the authority
to coordinate services and resources in its region, and to establish regional
policy and plans within the framework of governmental policies and plans;
the Government should establish province-wide policy, approve regional
plans and budgets, and exercise general supervision over the regional bureaus.
2- The management processes of the regional bureau and the hospital centre
should be dealt with wherever possible in rules and regulations rather than in
the Bill. 3- The members at large of the hospital centre board should be
elected rather than appointed. 4- The term of office of members at large of a
hospital centre board should be for one year, with no limit on the number of
terms, but with the election of members being subject to confirmation by the
Lieutenant-Governor in Council. 5- The general manager of a hospital centre
should be a member of the administrative committee but not be its chairman. 6-
The council of physicians and dentists should be responsible directly to the
board of the hospital centre. 7- The council of physicians and dentists should
have the power to establish its by-laws, subject only to the requirements of
regulations and to ratification by the board. 8- (a) Make the categories of (1)
member of the council of physicians and dentists, (2) other professionals and
(3) other staff members, mutually exclusive in the selection of hospital centre
board members;
(b) Remove the application of section 61 of the Civil Service Act to the
dismissal of employees of hospital centres;
(c) Clarify section 92 to make an institution financially responsible
for delicts of professionals acting within the scope of their professional
responsibility.
ELABORATION UPON COMMENTARY AND RECOMMENDATIONS
INTRODUCTION
The Queen Elizabeth Hospital is a general hospital with approximately
260 beds. The Board of Governors endorses key principles that we perceive to
underlie Bill 65 : integration of community services to the individual person,
decentralization of responsibility, provision for active participation by
members of the community in the management of health affairs, responsiveness of
the health care system to the needs of the public, and rationalization of the
institutional services provided in each geographic sector of the province. Each
of these principles in itself is laudable, but we do not believe that the
approach reflected in Bill 65 is the most productive way for the Government to
implement these principles.
We feel that our brief will be most useful to your Committee by
identifying, discussing and making recommendations upon a limited number of
sections in the Bill which are directly related to the successful functioning
of a general hospital. Thus we do not comment herein upon other sections of the
Bill about which we have reservations from the viewpoint of the Province's
total health care system. In this context, we present below in some detail our
views and recommendations on the sections of the Bill concerning the functions
and authority of the regional bureau and the hospital centre, the board of
directors of the hospital centre, the functioning of the council of physicians
and dentists, and two other specific sections of the Bill.
FUNCTIONS AND AUTHORITY OF THE REGIONAL BUREAU AND THE
HOSPITAL CENTRE
Commentary on the Bill
We are in full agreement with the establishment of regional bureaus to
undertake regional planning, assure the equitable provision of health and
social services, rationalize the allocation of resources, and coordinate and
exercise general supervision over the activities of the institutions in the
region.
The purpose of the regional bureau is to improve and expedite the
planning and management of health care delivery in its region. Certainly the
bureau should not be an impediment thereto, yet this well could result from
sections 4,5 7 and 8 of the Bill as now drafted. We consider that the principle
of managerial decentralization, which we interpret to be an important element
of the proposed legislation, and which is a well-accepted and effective
practice in business and in other governmental fields, has not been reflected
faithfully in the Bill. We support the right of and the need for
the Government to make policy in the health care field, and to see that
effective planning is done and that good controls are exercised to produce the
maximum quality in health services and the best allocation of resources
consistent with minimization of costs. And we appreciate that there may be
institutions that are not well managed now, and that the Government must have
the right to step in to correct an undesirable situation. The aims of the
Government in policy, planning and resource allocation can best be achieved,
however, by decentralizing in a manner different from that expressed in the
Bill.
We consider that the authority attaching to the regional bureau in
planning and coordinating regional affairs should be extensive and
comprehensive, rather than severely circumscribed as will be the case if the
existing sections 7 and 8 are put into force. The limitations therein upon the
freedom of the bureau to act are so all-embracing as to require the bureau to
secure the approval of the Minister before every action of any real
consequence.
Similarly, the authority given in Bill 65 to an individual institution
to manage its own affairs within the framework of regional governmental policy
and plans is far too restrictive. Sections 4, 36, 45, 73, 89 and 133, when
taken together, pose formidable obstacles to an institution in delivering
health care efficiently, expeditiously and flexibly.
There is real danger that the bureau will be merely a conduit, passing
requests to the Government and relaying Government instructions to the
institutions, with associated delays and red tape. This unquestionnably would
damage or destroy the motivation for the institutions to function efficiently.
Competent citizens, professionals and employees will not associate themselves
with an institution or system that affords them little discretion or leeway for
imaginative use of their skills and ideas.
Our recommendations
We recommend that de facto decentralization be written into the
Bill.
Under our concept, the Government would retain its ultimate
responsibility and ultimate power with respect to health delivery policy, the
review and approval of regional plans, the general supervision of the regional
bureaus and the right to remedy unsatisfactory operation of an institution.
At the next level, the regional bureau would be free to establish
regional by-laws and regulations, to make agreements (except with respect to
significant immoveables) and to exercise its responsibilities to coordinate the
services and resources for health care in its region. The bureau would have to
work within Government policy and within the framework of the approved
five-year plan for the region and the allotment of resources it had been given
for the current year. Within the policy and that framework, the bureau
essentially would be free to discharge as it sees fit its responsibility to
ensure that services are provided equitably and that resources are used
effectively.
In much the same way as the Government would make province-wide policy
and approve plans, then execute them through the medium of the regional bureau,
the bureau would set regional policy and plans, then work with and through the
hospital centres and other institutions in its region. The institution would
function within the framework of Governmental and regional policy. It would
have a five-year plan and an annual budget which had been submitted by it to
the bureau and which were approved by the bureau as a segment of regional plans
which in toto were approved in turn by the Government. Within those
constraints, the hospital would be charged with responsibility for and
would have the correlative authority for managing the affairs of the
institution and providing its services to the public in the most effective and
efficient manner.
We recommend that wherever possible the managerial and administrative
processes of the bureaus and institutions be covered by rules and regulations
rather than by specific sections in the Bill, because of the work and
difficulties inevitably entailed in making amendments in legislation to bring
about even minor alterations.
The benefits from real decentralization
The approach we recommend would make the regional bureau a meaningful
body in implementing Governmental policy, enable badly-needed regional
integration of health care planning, services and resource allocation, provide
a useful channel of communication and speed up decision-making, all without
loss to the Government of its fundamental prerogatives and responsibilities in
the delivery of health care. Retention by the institution of the right to
manage its affairs within regional policy and plans would encourage
well-qualified community people to seek membership on the board of the
institution and to make a creative contribution to it, and would motivate the
personnel of the institution to operate it productively and innovatively.
We believe that the principles of global budgeting, the incentives to
cost reduction, and the reporting of activity-centre performance using
cost-effectiveness measures, as described in the Budget Guide for 1972, are in
accord with the concept we espouse above more so indeed than is Bill 65
as it now reads.
BOARD OF DIRECTORS OF THE HOSPITAL CENTRESelection of board members at large
We commend the Government for stipulating in section 61 that board
members are not to receive a salary as such. We regret, though, that the Bill
provides in section 50 (a) for appointment by the Lieutenant-Governor in
Council, rather than election, of seven members of the board of the hospital
centre. For over sixty-five years our Board has been elected by interested
persons after public notice, and departure now from democratic practice must be
viewed with misgiving. Nominees for election to our Board are chosen carefully
by a nominating committee from among persons who have manifested interest in
the Hospital's well-being and who have skills which are of particular use to
the Hospital. Thus persons with experience in law, accounting, management,
engineering and like disciplines are invited to allow their names to stand for
election, with the intent of having these persons sit as chairmen of Board
committees for which their special skills are essential.
It is doubtful that the Lieutenant-Governor in Council, through
consultation with socio-economic groups in the cummunity, will find numerous
public-spirited persons properly motivated and professionally equipped or, when
such persons are found, be able to exert sufficient moral suasion to convince
them to accept onerous and non-remunerative office. The Bill presumes, we think
inadvisedly, that there is a large pool of skilled people awaiting the
opportunity to serve on institution boards. If the appointments are made by the
Lieutenant-Governor in Council, the tendency will be to take into account the
political orientation of the appointee rather than the three paramount
qualifications: a social conscience reflecting the needs of the community,
skills that will make a real contribution and willingness to devote substantial
time and effort to the task.
We recommend that consideration be given to having the members at large
of the board of a hospital centre elected in a manner similar to that in
section 49 (a) of the Bill for the election of the board of a local community
service centre, but with the requirement for Government confirmation of those
elected. Such confirmation could be refused by the Government if it considered
an elected person to be unsuited for membership on the board.
Term of office of board members
Based on our Hospital's many years of experience with our Board
structure, we consider that a term of office arbitrarily fixed in section 50
(a) at four years for members at large would not be in the best interest of the
hospital centre. Some persons quickly lose interest in institutions to whose
board they are elected or appointed, or turn out to be incompetent; to retain
such persons for a period of four years is undesirable.
We therefore recommend that membership be on an annual basis, and that
manifestation of contribution through attendance, participation and effort be
taken into account in qualifying a person for re-appointment or
re-election.
Limit on term for board membership
We consider it inappropriate in section 52 to limit the term of office
of a board member to one terme only. Experience shows that several years are
needed to acclimatize a person to institution affairs and to board
responsibility. Since we do not believe that there is an unlimited pool of
competent persons from whom board members can be drawn, to lose interested and
knowledgeable advisors through forced retirement after a relatively short
period would work to the detriment of the hospital centre.
It is recommended that consecutive terms be permitted but that they be
subject to the approval of the Lieutenant-Governor in Council.
Other board members
We are generally in accord with the means of selecting other members of
the hospital centre board, as given in section 50, sub-sections (b) to (g).
However, there could be overlap among sub-sections (c),(d) and (e) concerning
the board members chosen by the council of physicians and dentists, the
professionals and all members of the staff. Accordingly we recommend that the
section distinguish among the council members, other professionals and other
staff members, making these categories mutually exclusive in establishing
eligibility to participate in selection of board members.
Administrative committee
The general manager of the hospital centre is appointed by the board and
is responsible to the board for managing the institution. It is undesirable
that he be ex officio chairman of the administrative committee, since he then
would possess much more executive and administrative authority in the
institution than any other person including the President. We note in passing
that section 64 of the Bill contains an error in translation; in the English
version as drafted the words in the second line "a member" should read "the
chairman".
We recommend that the general manager be a member of the administrative
committee but should not be the chairman.
THE COUNCIL OF PHYSICIANS AND DENTISTS
Relationships of the council
Section 81 states that the council (that is, the medical and dental
staff) shall be responsible to the director of professional services and also
that it shall report to the board of directions. We recommend that the council
be responsible directly to the board of directors for the professional,
scientific and technical organization of medical and dental services, as well
as for teaching and for controlling the quality of medical care.
Power of the council
Sections 36 (f ), 89 and 113 (s) delimit the council's right to
establish by-laws. We believe that considerable flexibility is desirable, and
accordingly recommend that the council should be able to initiate and establish
its own internal by-laws. These by-laws would have to meet the requirements of
the more general regulations under the Act, and would be subject to
ratification by the board, to ensure that local needs are met. In this way the
diverse nature of the various hospital centres would be recognized and a
desirable degree of local control by an experienced board would be
facilitated.
OTHER AREAS
Employee dismissal
Section 75 of the Bill makes Section 61 of the Civil Service Act apply
in the case of dismissal of certain categories of hospital centre
employees.
In as much as these employees are not civil servants and their terms of
employment are not governed by the Civil Service Act, we recommend removal of
the application of that Act to their dismissal.
Professional responsibility
The third paragraph of section 92 is unclear in its reference to deeming
a professional to be the agent of the institution regarding his professional
responsibility. We recommend that this section be reworded to make clear that
its purpose is restricted to declaring institutions to be financially
responsible to third parties for delicts committed by professionals acting
within the scope of their professional responsibility.
ANNEXE 7
UNITE-JEUNESSE DU JEWISH GENERAL HOSPITAL
Notre position par rapport au Bill 65 E.D.M.
A- Un des premiers aspects du bill 65 que nous voulons regarder a
trait au rôle des citoyens dans les services de santé du
Québec. 1- L'article 90 du bill 65 oblige toute institution publique
s'occupant de santé à organiser au moins une fois par
année une assemblée d'information, à laquelle la
population desservie par une institution est invitée à venir
poser des questions. Le directeur général de chaque institution
doit alors répondre aux questions relatives aux finances, relations
extérieures et services fournis.
Or, nous déplorons le manque de mesures qui pourraient permettre
aux citoyens d'intervenir dans le genre et la façon que l'information
sera donnée, si celle-ci n'est pas satisfaisante.
Ainsi, il n'y a aucune clause dans le bill 65 qui permet aux citoyens de
participer vraiment et d'agir sur les institutions de la santé. 2- Pire,
l'article 36(B) donne le pouvoir de déterminer la procédure des
assemblées d'information aux seuls O.R.A.S.
Or, si nous examinons le processus de sélection du conseil
d'administration de ces bureaux régionaux (article 9), nous voyons en
fait que la majorité des personnes pouvant les composer
représentera les intérêts des institutions et
protégera surtout les privilèges des professionnels.
Ainsi, notre analyse des groupes consultés pour le choix de vingt
membres des O.R.A.S. rejoint celle faite par la Clinique communautaire de
Pointe-St-Charles.
De plus, nous pensons que le but à long terme du gouvernement
devrait être de permettre la création de comités
communautaires qui auraient à se prononcer directement sur
l'administration des services hospitaliers et médico-sociaux. 3- Par
rapport à l'article 49 concernant la formation du conseils
d'administration des C.L.S.C., nous approuvons aussi les positions prises dans
l'exposé de Pointe-St-Charles, lequel recommande de huit à onze
non-professionnels sur les conseils, et qui seraient élus par une
assemblée générale communautaire, celle-ci ayant les
pouvoirs de renvoyer les membres élus et d'annuler leurs
décisions. 4- Dans l'article 76 du bill, des recommandations sont faites
pour faciliter les communications entre les conseils d'administration, les
professionnels de chaque hôpital et le centre de service social. Cela
sous la forme de "conseils consultatifs de professionnels" qui font des
recommandations aux conseils d'administration sur l'organisation scientifique
et technique de chaque centre.
Or, nous désirons que chaque groupe de travailleurs du C.L.S.C.
soit représenté à ces conseils consultatifs. Le conseil
consultatif de chaque centre de santé doit inclure des
représentants médicaux et non médicaux (travailleurs
sociaux). Ces derniers, sur la base de leur expérience et
compétence respective (souvent reliées à la jeunesse et au
problème de la drogue) doivent aussi avoir le droit de faire leurs
recommandations aux comités des cliniques communautaires, y compris aux
unités-jeunesse.
B- Ceci nous amène à un autre aspect de notre
exposé, à savoir le problème des cliniques externes dans
les centres hospitaliers. En effet, il ne faut pas se cacher que dans la
plupart de ces centres il y a insuffisance et inadaptation des soins, ceci
causé en grande partie par la catégorisation des problèmes
de jeunes, l'incompréhension de ces problèmes et le fait qu'on ne
tienne pas compte de leur aspect socio-économique.
C'est pourquoi nous disons que des unités-jeunesse
semi-autonomes, comme E.D.M. à l'intérieur de la clinique externe
du J.G.H., devraient s'établir dans la majorité des
hôpitaux régionaux où de tels services sont
nécessaires. Aussi, des relations spécifiques devraient se faire
entre les cliniques externes des hôpitaux et les C.L.S.C. comme une
étape dans l'orientation des centres hospitaliers vers les besoins
communautaires et la représentation des citoyens dans ces centres.
De plus, nous croyons que les cliniques spécialisées pour
la jeunesse doivent être intégrées à
l'intérieur de cliniques communautaires, opérant sur une base
populaire tel l'exemple de la clinique de Pointe-Saint-Charles, soit en se
fusionnant à celles déjà existantes, soit en
évoluant vers leur formation. De cette façon, on cessera
d'exclure arbitrairement les problèmes de santé des jeunes de
ceux plus généraux de toute la société.
C- 1- Un autre aspect très important du bill 65 que nous voulons
critiquer est celui de la régionalisation et la formation des O.R.A.S.
Tout en supportant cette régionalisation, nous doutons que les bureaux
régionaux soient aussi effectifs que pourraient l'être des
conseils communautaires pour assurer une bonne administration et distribution
des services de santé sur la base locale. Nous croyons que ces bureaux
deviendront inévitablement des murs entre les citoyens et le
gouvernement. Voilà pourquoi, nous proposons que les O.R.A.S. soient
abolis et que leurs fonctions soient assumées par les C.L.S.C.
Le gouvernement doit, continuant ce qui a été
amorcé par l'assurance-maladie, redéfinir les centres
hospitaliers selon les besoins et les voeux de la majorité des citoyens,
cela par un programme très flexible il va sans dire. On
éliminerait ainsi le besoin de corps bureaucratiques équivoques,
tels les O.R.A.S., nuisibles aux intérêts publics. 2- Comme preuve
de ce que nous venons d'énoncer, nous voyons les pouvoirs
d'enquêtes des O.R.A.S., tels que formulés par les articles 30,
31, 32, 33, 34. Ces pouvoirs empiètent dangereusement sur les droits des
citoyens et sur l'éthique professionnelle. Même si l'article 35
veut restreindre ces pouvoirs, cela ne nous paraît pas suffisant pour
éviter la discrimination permise par les articles 30 et 31. Pour nous
les documents médicaux sont strictement confidentiels et ne peuvent
être divulgués qu'avec l'accord du ou des patients
concernés. D'autre part, les documents concernant les aspects financiers
et administratifs peuvent être consultés par n'importe quel
citoyen, ceci dans l'optique du droit qu'a chaque membre de la
communauté de savoir ce qui se passe dans l'administration des soins. 3-
Nous nous opposons aussi aux larges pouvoirs financiers de ces bureaux, non
parce que nous pensons inutile une certaine centralisation de ceux-ci, mais
parce que nous sentons qu'ils seraient entre de mauvaises mains. Nous
contesterions de même le fait que ces pouvoirs tombent dans les mains de
ministres. De telles éventualités nuiraient au droit qu'a le
public de se prononcer sur l'administration, la distribution et l'entretien de
ses propres services vitaux.
Les droits doivent être plus clairement définis. Des
restrictions spécifiques doivent être faites surtout quand il
s'agit des communautés plus défavorisées où ces
citoyens ont généralement plus à souffrir de tels
procédés.
D- En soulevant ces questions, nous ne voulons pas présumer de
l'intégrité des officiers qui sont ou seront impliqués
dans l'application du bill 65. Notre suggestion est que si toute administration
se faisait sur une base locale et de bas en haut, sous un contrôle
général du gouvernement, cela limiterait la trop grande
liberté d'action des groupes d'intérêts privés, les
mauvaises interprétations des demandes communautaires, le gaspillage des
fonds publics et le pire, les erreurs financières et
organisationnelles.
Il est notre intention de participer à la correction de ces
fautes, du moins pour notre zone d'influence et de juridiction. Mais nous
croyons que le système administratif proposé par le bill 65
empêchera sérieusement de tels efforts.
Les recommandations que nous présentons ne veulent pas
empêcher la supervision gouvernementale sur les services de santé,
mais plutôt unir directement à cette supervision la population
pour laquelle ces services existent et ainsi arracher autant que possible le
contrôle que possèdent actuellement les groupes privés,
professionnels et autres, sur les services de santé. D'ailleurs tous
s'aperçoivent que les intérêts de ces groupes vont à
l'encontre des principes d'égalité et d'humaine distribution des
services de santé. Notre position pourrait donc se résumer en
deux points principaux: 1. contrôle communautaire des services de
santé 2. abolition des O.R.A.S.
N.B. Nous aimerions réitérer notre approbation aux
recommandations faites par la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles,
surtout qu'un passage de leur document concerne directement notre service
d'E.D.M., comme unité d'un hôpital. "Quant à la
médecine pratiquée dans les cliniques externes, elle ne
répond pas longtemps aux besoins des patients, car elle est uniquement
axée vers le traitement de la maladie". En effet, il faut cesser de
considérer le citoyen comme un consommateur de soins, mais au contraire
centrer la planification sanitaire, sur la prévention et la promotion de
la santé en faisant participer chaque citoyen à cet effort.
E.D.M. Unité-Jeunesse du Jewish General Hospital
ANNEXE 8
CONSEIL INTERPROFESSIONNEL DU QUEBECIntroduction
Fondé en 1965, le Conseil interprofessionnel du Québec
groupe vingt et une professions, dont la liste parait en appendice. Chacune de
ces chambres professionnelles remplit une vocation particulière, mais
elles possèdent toutes une caractéristique commune: celle de la
recherche de l'intérêt public, qui se traduit dans l'un des objets
que la charte du C. I. Q. lui a fixé: "Représentation commune des
corporations professionnelles, lorsque l'intérêt public ou le bien
du monde professionnel le requiert."
C'est dans cette optique que s'inscrivent les commentaires et
recommandations du C. I. Q. au sujet du bill 65. Faut-il dire, cependant, que
l'on aurait évité une bonne partie de la discussion si,
reconnaissant la représentativité et les ressources du C.I.Q., le
Gouvernement l'avait consulté avant de consacrer dans un texte et
d'implanter dans les faits certains principes qui menacent d'affecter
défavorablement l'exercice de la vie professionnelle et, par voie de
conséquence directe, de trahir les buts, par ailleurs louables, que le
gouvernement s'est fixés.
Le bill 65 et la législation sur les
professions
Le bill 65 ignore par système, semble-t-il jusqu'à
l'existence même des chambres professionnelles dont nulle part il ne
mentionne même le nom.
Les lois du Québec leur reconnaissent pourtant des droits et leur
imposent des obligations outre lesquelles le législateur ne saurait
certes passer sans risquer de susciter de graves conflits et de mettre en
péril l'intérêt public qu'il veut assurer.
Par ailleurs, au paragraphe j) de l'article 1, le Bill 65 entreprend,
d'une part, de donner une définition du professionnel qui ignore la
réalité du droit et des faits et, d'autre part, de
réserver au lieutenant-gouverneur en conseil un pouvoir de
reconnaissance tout à fait exorbitant.
En effet, dans sa première partie, le paragraphe j) de l'article
1 ne mentionne que les "groupe (s) de personnes à qui la loi
confère le droit exclusif d'exercer une profession". C'est, d'un trait
de plume, refuser la reconnaissance à toute une série de
corporations professionnelles qui contrôlent le titre, sans
contrôler l'exercice comme v.g., dans le domaine de la santé, les
psychologues, les diététistes ou les travailleurs sociaux
professionnels.
Par ailleurs, dans sa deuxième partie, le même paragraphe,
lu avec le paragraphe 1 ), entreprend de conférer au
lieutenant-gouverneur en conseil le pouvoir de déterminer, par simple
règlement, d'autres groupes de professionnels. On voit alors se dessiner
un conflit direct avec la législation professionnelle annoncée
par l'honorable Solliticteur général le 9 juillet 1971, qui doit
comprendre une "Loi sur les corporations professionnelles" ayant pour objet
"d'instituer en corporation professionnelle un certain nombre de professions ou
métiers et de donner au lieutenant-gouverneur en conseil le pouvoir d'en
constituer de nouvelles par lettres patentes, après consultation de
l'office des professions et du Conseil interprofessionnel;" (Débats de
l'Assemblée nationale, juillet 1971, page 3457). Autant ce dernier
projet nous apparaît sage, utile et assorti des garanties
nécessaires, autant le bill 65 nous parait dangereux et rempli
d'embûches.
De toute façon, tous ces problèmes devraient trouver leur
solution dans la législation professionnelle dont le dépôt
a été annoncé pour "la reprise des travaux sessionnels
à l'automne " (ibid); il paraît clair qu'on ne doit pas risquer de
conflit entre cette législation et le bill 65, et l'argument de
délai ne joue plus.
Le C.I.Q. formule donc les recommandations suivantes: 1- Que le bill 65
reconnaisse expressément l'existence et la compétence des
chambres professionnelles et leur permette de jouer le rôle que leurs
lois constitutives leur attribuent; 2- Que l'étude du bill 65 soit
coordonnée avec celle du code des professions et de ses lois connexes;
3- Que, subsidiairement, le bill 65 étende la définition du
"professionnel" dans l'article 1 (j), pour comprendre les membres d'un groupe
qui contrôle le titre, même s'il ne contrôle pas l'exercice
d'une profession; 4- Que la détermination d'autres groupes de
professionnels, suivant l'article 1 (j), soit soumise au mécanisme
qu'instituera la "Loi sur les corporations professionnelles".
Le bill 65 et la liberté professionnelle
Nous nous
arrêterons ici à quatre aspects de la législation
proposée:
A- la déontologie;
B- la réglementation;
C- le secret ;
D- la liberté d'exercice.
A - La déontologie
Depuis toujours, les chambres professionnelles se sont vu confier la
responsabilité de surveiller le respect par leurs membres des
règles d'éthique qu'elles promulguent en vue d'assurer l'exercice
des diverses professions dans l'intérêt public.
La "Loi sur les corporations professionnelles", annoncée pour la
reprise des travaux sessionnels à l'automne, attribuera à
"chacune des professions... certains droits, pouvoirs et obligations en
certaines matières, notamment pour la déontologie..." (ibid). Le
législateur a donc l'intention de préserver cette institution et
d'en assurer le fonctionnement.
Or, on voit déjà se dessiner ici un autre conflit entre ce
système et certains mécanismes que le bill 65 veut mettre en
place: article 30 à 34.
Les articles 30 à 34 du projet de loi prévoient une
procédure d"'investigation" et d"'enquête particulière" que
posséderaient les offices régionaux des affaires sociales. Il est
bon de rapprocher de ces dispositions l'article 129 du projet, dont le premier
paragraphe stipule: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut charger une
personne qu'il désigne de faire enquête sur quelque matière
se rapportant à l'administration ou au fonctionnement d'une
institution."
Nul ne conteste le bien-fondé de cette disposition, dont
l'équivalent se trouve déjà à l'article 16 de
l'actuelle Loi des hôpitaux, 1964, chap. 164. Mais elle se limite, avec
raison, "à l'administration ou au fonctionnement d'une institution".
Elle n'entreprend pas d'empiéter sur le domaine strictement
professionnel et de permettre à "toute personne qu'un office
désigne par écrit" de venir contrôler la qualité des
services rendus par les professionnels attachés à une
institution. Il y a là un envahissement absolument injustifié du
champ réservé, avec raison d'ailleurs, à la
compétence des chambres professionnelles concernées, et cette
législation créera une situation de tension et de conflits
perpétuels entre les offices et les chambres professionnelles: ce seront
les praticiens et, en définitive, les patients qui en ressentiront les
contre-coups et en feront les frais.
En bref, il faut réaffirmer le principe, en conformité
d'ailleurs de la législation générale sur les professions:
l'évaluation et le contrôle de l'acte professionnel relativement
aux normes de déontologie relèvent de la compétence des
chambres professionnelles.
Le C.I.Q. formule donc les recommandations suivantes: 5- Que le bill 65
reconnaisse formellement la compétence exclusive des chambres
professionnelles en matière de déontologie; 6- Que les pouvoirs
d'investigation et d'enquête définis dans les articles 30 à
34 du bill 65 soient limités à l'administration et au
fonctionnement des institutions, comme dans le cas de l'article 129.
B - La réglementation
Le bill 65 tendà établir un contrôle tellement
rigide de toutes les activités reliées à son objet qu'il
en vient à traiter, v.g. les médecins et les dentistes comme des
enfants d'école.
Il donne à chaque office, par le paragraphe f ) de l'article 36,
le pouvoir "d'établir les règles de fonctionnement des conseils
des médecins et dentistes institués dans chacun des centres
hospitaliers qui sont situés dans la région pour laquelle il a
été constitué et déterminer les comités que
ces conseils doivent mettre sur pied."
Puis, par le paragraphe s) de l'article 133, le Bill 65 donne au
lieutenant-gouverneur en conseil le pouvoir additionnel de "déterminer
les règlements du conseil des médecins et dentistes et de tout
comité de ce conseil;".
Voilà qui nous paraît dépasser les bornes de
l'entendement; on établit ainsi un contrôle administratif total
sur les professionnels, avec lesquels aucun mécanisme de simple
consultation préalable n'est même prévu. Les articles 20
à 22 de l'actuelle Loi des hôpitaux prévoient pourtant une
semblable consultation obligatoire.
Le C.I.Q. formule donc les recommandations suivantes: 7- Que le bill 65
donne aux professionnels de la santé l'initiative d'élaborer les
divers règlements qui régiront leurs conseils et leurs
comités, et leur en impose le devoir dans un délai imparti; 8-
Que cette réglementation entre en vigueur sur approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil; 9- Que, en cas d'inaction des professionnels
concernés dans un délai imparti, le lieutenant-gouverneur en
conseil adopte alors la réglementation nécessaire en
collaboration avec les chambres professionnelles concernées."
C - Le secret
L'article 35, au chapitre des pouvoirs d'enquête, est le seul qui
prévoit une obligation au secret. Or, on sait l'importance primordiale
du secret des communications que reçoivent les professionnels; sans la
certitude du secret, comment un client se confierait-il? Et s'il fait des
réserves, comment pourra-t-il croire à l'efficacité des
services qu'il recevra?
Ce n'est pas pour eux-mêmes que les professionnels
réclament le respect du secret, mais pour leurs clients et, en
définitive, dans l'intérêt public bien compris.
Or, plus le contrôle de l'Etat s'étend, plus grand devient
le nombre des personnes qui peuvent prétendre avoir accès
à des dossiers confidentiels et plus restreint le bénéfice
du secret pour les clients. Il importe donc d'assurer expressément le
secret des confidences.
Le C.I.Q. formule donc la recommandation suivante: 10- Que, par une
disposition générale inspirée du paragraphe 2 de l'article
308 du code de procédure civile, l'obligation du secret soit
étendue à toute personne qui a accès à un
renseignement de nature confidentielle à l'occasion de ses fonctions
dans le cadre du bill 65.
D - La liberté d'exercice
Le C.I.Q. est d'accord avec le principe énoncé dans le
troisième paragraphe de l'article 92 du bill 65: "Tout professionnel qui
pose un acte professionnel dans une institution est réputé
être le préposé de cette institution en tout ce qui regarde
sa responsabilité professionnelle".
Il paraît cependant opportun d'y apporter une clarification. On a
en effet exprimé la crainte, en certains milieux, que cette
responsabilité statutaire des institutions pourrait les amener à
vouloir établir des normes qui mettraient les professionnels dans une
camisole de force lorsqu'ils en viendraient à exercer leur
activité spécifique. Ce ne sont pas les institutions, en effet,
qui peuvent prétendre dicter aux professionnels comment exercer leur
art.
Afin d'obvier à ce péril, le C.I.Q. formule donc la
recommandation suivante: 11- Que soit ajouté, à la fin de
l'article 92 du bill 65, le texte suivant: "une institution ne peut cependant,
à la faveur du présent paragraphe, réglementer l'aspect
scientifique de l'exercice par un professionnel de sa discipline propre."
Le bill 65 et les professionnels dans les
institutions
Il s'agit d'un autre exemple flagrant de l'insouciance
systématique dont le bill 65 fait preuve à l'égard des
chambres professionnelles, et de la totale absence d'un désir de
s'assurer la collaboration des premiers intéressés.
Aux paragraphes q) et r) de l'article 133, le lieutenant-gouverneur en
conseil se réserve le pouvoir de déterminer par règlement,
sans aucune consultation extérieure et sur la seule recommandation du
ministre, "les conditions auxquelles sont admis dans les institutions. i- Les
professionnels, pour y exercer leur profession; ii- les étudiants, pour
y parfaire leurs connaissances."
En vertu de ce texte, des institutions, des universités, des
chambres professionnelles: personne ne s'est mérité la faveur
d'être consulté et tous devront se plier à une
réglementation qui leur sera imposée par l'Olympe du Conseil
exécutif!
C'en est vraiment trop. D'ailleurs, encore une fois faut-il le
rappeler? la déclaration de l'honorable Solliciteur
général de juillet dernier se termine par le paragraphe suivant
(ibid, page 3458):
"la législation prévoit des mécanismes
destinés à concilier les exigences de la formation
académique à celle de la pratique professionnelle sous la forme
d'une participation plus large et plus structurée de tous les
intéressés aux programmes de formation."
Comment concilier cet énoncé de principe avec le pouvoir
de réglementation exclusive que le bill 65 prétend
conférer au lieutenant-gouverneur en conseil? Et n'est-il pas
évident maintenant que l'étude du code des professions et des
lois connexes doit progresser parallèlement à celle du bill
65?
Chose certaine, il n'est pas possible d'accepter le principe qui
sous-tend les paragraphes q) et r) de l'article 133. Le C.I.Q. formule donc la
recommandation suivante: 12- Que la réglementation concernant les
conditions d'admission des professionnels et des étudiants dans les
institutions, en vertu des paragraphes q) et r) de l'article 133 du Bill 65,
soit établie au sein de comités conjoints groupant des
représentants du gouvernement, des chambres professionnelles et des
institutions concernées.
Conclusions
Le bill 65 favorise la mainmise totale du fonctionnarisme sur l'appareil
de la santé et, en général, sur les professionnels de la
santé. Dans le très vaste domaine qu'il couvre, il constitue un
précédent dangereux qui risque, à plus ou moins long
terme, d'asservir à l'Etat le monde professionnel tout entier.
Le C.I.Q. croit donc de son devoir de s'élever avec la
dernière vigueur contre cette entreprise et de revendiquer, dans
l'intérêt public bien compris, le respect des libertés
individuelles qui font la grâce de notre société et qui,
bien comprises, ne peuvent que favoriser le bien collectif.
Appendice
Liste des vingt et une corporations professionnelles
membres du Conseil Interprofessionel du Québec
Arpenteurs-géomètres
Association des architectes
Barreau
Chambre des notaires
Collège des chirurgiens-dentistes
Collège des médecins et chirurgiens
Collège des médecins vétérinaires
Collège des optométristes
Collège des pharmaciens
Corporation des administrateurs agréés
Corporation des agronomes
Corporation des chimistes professionnels
Corporation des conseillers d'orientation professionnelle
Corporation des conseilleurs en relations industrielles
Corporation des diététistes
Corporation des ingénieurs
Corporation des ingénieurs forestiers
Corporation des psychologues
Corporation des travailleurs sociaux professionnels
Corporation des urbanistes
Institut des comptables agréés
ANNEXE 9
ASSOCIATION DU QUEBEC POUR LES DEFICIENTS
MENTAUX
L'Association du Québec pour les déficients mentaux,
constituée en corporation en 1951, en vertu de la troisième
partie de la Loi des compagnies du Québec, représente vingt-deux
(22) associations locales ou succursales au Québec comme suit:
Bedford Québec Châteauguay Valley Richelieu
Valley City of Two Mountains St-Jérôme
Centre François-Michelle Sherbrooke De
Salaberry Southshore Hull Témiscamingue
Joliette Valleyfield Lakeshore Succursale de la Mauricie
Laval Succursale de Ste-Thérèse
Montréal Association Métropolitaine Sud
Papineau
L'Association et ses succursales qui servent depuis vingt-deux (22)
ans les déficients mentaux et leurs familles dans cette Province offrent
les services suivants: Classes préscolaires et jardins
d'enfants Programmes scolaires pour enfants déficients mentaux
semi-éducables dans des écoles spéciales Formation
professionnelle et évaluation Placement et service de
continuité (follow-up) Ateliers protégés
Camp d'été Camp de jour Sports, loisir et
activités récréatives Education du public et des
parents Programmes de formation de personnel travaillant avec les
handicapés mentaux Olympiques Spéciales du Québec
Institut National Canadien Français pour la Déficience
Mentale Publications
L'Association a prouvé l'utilité des programmes
éducationnels pour déficients mentaux et a démontré
la valeur des méthodes utilisées. De même, le gouvernement
commence à reconnaître la nécessité des programmes
pour déficients adultes, tels les ateliers protégés,
centres de formation, résidences, programmes d'éducation
physique, etc.
Plusieurs nouveaux projets sont à l'étude en collaboration
avec des citoyens intéressés, parents, professionnels et
fondations.
Ainsi l'association et ses succursales impliquent de nombreuses
personnes dans plusieurs communautés, toutes oeuvrant pour le plus grand
bien des déficients mentaux, leurs familles et l'ensemble de la
province. La plupart des personnes ainsi impliquées sont des volontaires
dont le travail se complète par du personnel spécialisé
trié sur le volet. L'implication étant très vaste,
particulièrement concernant les parents, la plupart des projets, bien
que relativement petits, sont variés, répondant parfaitement aux
besoins de la communauté et sont en rapport avec les capacités,
limites et réactions des déficients mentaux. En
conséquence, ces projets sont d'excellents moyens
d'expérimentation sur petite échelle qui se sont
avérés utiles aux études faites par le Gouvernement et
servent également de base à l'établissement des normes
gouvernementales.
L'association accueille avec plaisir le principe de
régionalisation et d'une plus vaste implication communautaire dans la
planification, le développement, l'opération et la supervision
des services de la santé et du bien-être.
L'association s'inquiète en même temps du fait que le Bill
65 ne semble pas avoir pris en considération le rôle important
joué par les associations dites de "parents" et au lieu d'être
promoteur d'une participation accrue, le bill 65 sera plutôt la cause
d'une réduction sensible d'associations comme l'Association du
Québec pour les déficients mentaux.
En vue d'encourager la participation des citoyens, une recommandation
spéciale de ce mémoire serait que les bureaux régionaux et
en fait, toutes les institutions publiques offrent la possibilité
d'avoir des associations reconnues comme membres qui paieraient une cotisation
nominale et que l'ensemble des membres ait le droit de ratifier une liste de
candidats au conseil d'administration lors d'une assemblée
générale annuelle, de nommer des membres supplémentaires
au conseil et de voter pour les membres du conseil si des élections
devenaient nécessaires. Le conseil d'administration ainsi formé
pourrait alors être ratifié par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Le but principal de nos recommandations est de promouvoir et sauvegarder
le bien-être des handicapés mentaux par la participation accrue de
leurs familles, leurs amis et tous les gens concernés de la
communauté dans la planification, le développement et la
direction des services pour déficients mentaux.
BILL 65SECTION I
L'Association du Québec pour les déficients mentaux se
demande comment des services tels que les ateliers protégés,
programmes d'activités de jour, etc. seront déterminés aux
termes de la loi. Admettant que de telles facilités ne sont pas
clairement définies dans les items f, g, h et i de l'Article 1.
RECOMMANDATION
Il est recommandé qu'une cinquième catégorie
d'institution soit établie, celle-ci pourrait être
désignée par l'expression "parapublique". Une telle institution
devrait fonctionner en vertu d'une charte autorisée par le ministre des
Institutions Financières, compagnies et coopératives. Elle
devrait être sans but lucratif tout en étant sous contrôle
privé d'un conseil d'administration élu par un groupe de membres
libres formé de citoyens concernés et devrait être
financièrement supporté par le ministère des Affaires
Sociales conformément aux normes existantes pour cette catégorie
ou ce genre d'institution. Cette catégorie d'institution encouragerait
la participation des citoyens dans la planification, la direction et la
collecte de fonds et rendrait possible l'établissement des projets
pilotes ainsi que le fonctionnement de ceux déjà en marche sur
petite échelle. L'expérience pratique acquise de cette
façon contribuerait à établir une base pour la politique
générale du ministère.
SECTION - II
Parag. 2, Art. 9 "... et de vingt autres membres nommés pour
trois ans par le lieutenant-gouverneur en conseil après
consultation..."
COMMENTAIRE
La durée suggérée du mandat des membres du conseil
d'administration de l'office régional soit trois ans (3), est trop
courte pour acquérir et développer l'expérience et
l'efficacité nécessaires. La réélection est
possible et devient probablement automatique. Afin d'avoir un rendement
efficace au conseil, tout en permettant aux membres d'acquérir de
l'expérience et de s'en servir.
RECOMMANDATION
Il est recommandé que la durée du mandat d'un
administrateur soit de six ans (6) ou d'un total de dix ans (10) si un
administrateur devient membre du comité administratif. La
réélection ne devrait être possible qu'après une
absence impérative d'une année au conseil. (F) "pour six d'entre
eux, des groupes socio-économiques les plus représentatifs".
COMMENTAIRE
En ce qui a trait à la nomination de membres au conseil
d'administration de l'office, aucune clause ne prévoit la participation
directe de citoyens concernés. Le choix de représentants des six
groupes socio-économiques les plus représentatifs semble
être une question arbitraire qui pourrait changer constamment; en
conséquence:
RECOMMANDATION
Il est recommandé qu'un office soit obligé d'accepter des
associations reconnues comme membres moyennant une cotisation
suggérée de $1.00; qu'avis de convocation à une
assemblée générale annuelle soit envoyée à
tous les membres; que les membres ratifient la liste des candidats ou proposent
des candidats supplémentaires qui seront élus par vote par les
membres lors de l'assemblée générale annuelle; la liste
des candidats ainsi élus pourrait être ratifiée par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Parag. 2, Art. 16 "les réunions du conseil de l'office..."
RECOMMANDATION
Il est recommandé que les réunions convoquées par
l'office soient ouvertes au public de façon à ce que les citoyens
de la région puissent y assister en tant qu'observateur
et qu'une période de temps soit réservée durant la
réunion pour répondre aux questions que le public présent
pourrait avoir à poser. Il est aussi recommandé que des avis de
convocation aux réunions de l'office soient envoyés à
toutes les institutions de la région où ils pourraient être
affichés et bien en vue au moins dix jours (10) avant la date de la
réunion.
Parag. 4, Art. 24 Nomination du directeur général
RECOMMANDATION
Il est recommandé que la durée du mandat du directeur
général n'excède pas cinq ans (5) mais qu'avec l'accord du
conseil de l'office et le lieutenant-gouverneur en conseil, il soit permis de
le nommer à nouveau.
RECOMMANDATION
Il est recommandé que le lieutenant gouverneur en conseil
établisse différents taux de salaire pour le poste de directeur
général, mais que le conseil de l'office ait le pouvoir de fixer
le salaire dans les limites de ces taux.
Parag. 4. Art. 27 Remplacement du directeur général.
RECOMMANDATION
Il est recommandé qu'en cas d'incapacité du directeur
général d'exercer ses fonctions, son remplaçant soit
proposé par le conseil d'administration de l'office et ratifié
par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Parag. 5, Art. 30 "Toute personne qu'un office désigne par
écrit a, en tout temps, accès à tous les documents qui
sont en possession d'une institution située dans la
région..."
RECOMMANDATION
Il est recommandé qu'exception soit faite en ce qui concerne les
dossiers personnels des clients, à moins que l'information requise soit
spécifiquement demandée par le ministre lui-même.
SECTION - III
Parag. 2. Art. 49 "Le conseil d'administration d'un centre local de
services communautaires se compose des dix personnes suivantes qui en font
partie au fur et à mesure de leur nomination".
COMMENTAIRE
Une plus large représentation au conseil d'administration devrait
être permise, si désirée, afin de permettre la
participation d'un plus grand nombre de citoyens et lorsque cela est possible,
la participation de clients de l'institution pour donner plus de force et de
flexibilité à son fonctionnement.
RECOMMANDATION
Il est recommandé que le conseil d'administration d'un centre
local de services communautaires se compose de dix (10) personnes au moins et
vingt (20) personnes au plus. Il est recommandé que les membres
additionnels ainsi que ceux qui n'ont pas été
spécifiquement nommés en vertu de la Loi soient élus par
le groupe des membres de la population du territoire desservi par le centre,
suivant la recommandation 2, Parag. 2, Art. 9, Section 11.
Parag. 2, Art. 51 "Le conseil d'administration d'un centre
d'accueil..."
RECOMMANDATION
Il est recommandé de la même façon, que le conseil
d'administration d'un centre d'accueil se compose de huit (8) personnes au
moins et seize (16) personnes au plus, et que les personnes additionnelles
aisni que celles qui n'ont pas spécifiquement été
nommées par d'autres institutions soient élues par le groupe de
membres des citoyens concernés.
Parag. 2. Art. 49 & 51 "La durée du mandat des directeurs de
centres locaux de services communautaires et centres d'accueil"
COMMENTAIRE
La durée du mandat des directeurs (quatre ans (4) au plus) est
courte si l'on veut utiliser efficacement leurs connaissances et leur
expérience.
RECOMMANDATION
Il est recommandé que si un directeur devient membre du
comité administratif, la durée de son mandat soit portée
à huit ans (8). Il est également recommandé que le retrait
du Conseil soit, pour un an (1) au moins, obligatoire après avoir
occupé les fonctions de directeur pendant quatre ans (4) ou celles de
membre du comité administratif pendant huit ans (8)
SECTION - IV
Parag. 1, Art. 97 "Tout permis est accordé pour une
période de douze mois..."
COMMENTAIRE
Un permis renouvelable chaque année pourrait être
accordé automatiquement. RECOMMANDATION
Il est recommandé que les permis soient accordés pour une
plus longue durée et renouvelés seulement après examen
approprié et évaluation du travail accompli par l'institution.
Les permis devraient pouvoir être à tout moment
révoqués si il y a négligence sérieuse à
répondre aux normes requises.
BILL "65"CONCLUSION
L'Association du Québec pour les déficients mentaux
demande au ministère des Affaires Sociales de prendre en
considération ce qu'elle a fait pour le bien-être des citoyens
handicapés dont elle s'occupe et de déterminer, en même
temps, son rôle futur dans ce domaine.
Il est recommandé que les institutions publiques desservant la
population de déficients mentaux soient autorisées à
inclure dans leur budget, une cotisation (fee) pour leur affiliation à
l'Association du Québec pour les déficients mentaux; qu'elles
soient encouragées à se servir des services de consultation
fournis par le personnel de l'Association du Québec pour les
déficients mentaux; qu'elles soient autorisées à envoyer
des membres de leurs Conseils d'Administration ou de leur personnel
spécialisé aux conférences ou cours de formation
organisés par l'Association du Québec pour les déficients
mentaux sur des sujets qui les concernent; et que les membres de leurs conseils
ou de leur personnel spécialisé soient autorisés à
devenir membres du conseil d'administration ou de comités permanents de
l'Association du Québec pour les déficients mentaux.
Il est recommandé que l'Association du Québec pour les
déficients mentaux, ensemble avec ses succursales et ses divisions de
recherches, l'Institut national canadien-français pour la
déficience mentale: a) Encourage le public à prendre conscience
des besoins et des capacités des déficients mentaux et à
assumer ses responsabilités à leur égard. b) Agisse en
tant qu'association surveillante pour la révision et l'évaluation
des services offerts aux déficients mentaux.
c) Soit chargée de la mise sur pied des projets pilotes et
d'étude en collaboration avec le ministère des Affaires sociales.
d) Soit représentée au sein des conseils d'institutions
s'occupant de déficients mentaux. e) Qu'elles représentent, quand
cela est possible, cette population handicapée au sein des conseils des
centres locaux de services communautaires, centres de service social, centres
hospitaliers et offices régionaux.
ANNEXE 10
MACKAY CENTER FOR DEAF AND
CRIPPLED CHILDREN
Le MACKAY CENTER FOR DEAF AND CRIPPLED CHILDREN soumet respectueusement
le présent mémoire.
Bien que louable à plusieurs égards quant au
réaménagement des services sociaux qu'il propose pour la province
de Québec, le projet de loi no 65 de l'Assemblée nationale omet
de pourvoir aux besoins du public dans certains domaines et est incomplet
particulièrement parce qu'il ne contient pas de dispositions relatives
aux organisations sans but lucratif qui se supportent elles-mêmes
partiellement et qui rendent des services au public.
Le Mackay Center soutient particulièrement que:
(a) la définition "d'institution publique" est incomplète
parce qu'elle tend à soumettre toutes les institutions sans but lucratif
aux dispositions rigoureuses de la Section III du projet de loi. Il serait dans
l'intérêt public de restreindre l'application de cette
définition aux corporations sans but lucratif qui choisissent
d'être définies comme telles et à celles dont la presque
totalité des dépenses d'exploitation est payée par le
Ministre;
(b) par sa désignation de quatre catégories
"d'institutions", le projet de loi n'atteint pas son but apparent qui semble
être celui d'englober dans ces quatre catégories tous les
organismes qui exercent des fonctions d'ordre social; plusieurs de ces
organismes accomplissent des fonctions qui ne sont visées par aucune des
catégories et plusieurs autres accomplissent des fonctions qui
relèvent de plus d'une de ces catégories;
(c) la définition de "centre d'accueil" manque de
précision et ignore un grand nombre d'institutions qui fournissent
présentement des services spéciaux au public; plus
particulièrement, la définition semble se rapporter
restrictivement au logement, à la réadaptation et à la
résidence;
(d) la façon de nommer les membres du conseil d'administration
d'un centre d'accueil (Art. 50) est empreinte de lourdeur, incommode et
contraire aux principes démocratiques fondamentaux;
(e) La durée des fonctions de quelques-uns des administrateurs
d'un centre d'accueil (Art. 51) est trop longue et la règle
établie à l'encontre de nominations successives (Art. 52) est
contraire à l'intérêt public;
(f ) Le projet de loi ne contient aucune disposition au sujet des
institutions qui cherchent, autant que possible, à être
financièrement indépendantes;
(g) le projet de loi manque de flexibilité, et dans sa poursuite
de l'uniformité, il ignore les fins particulières pour lesquelles
les institutions ont été créées;
(h) l'obligation pour les institutions d'obtenir une nouvelle
constitution (Art. 93) ne sert aucune fin utile et crée des
dépenses inutiles qui en définitive devront être
supportées par les contribuables.
MACKAY CENTER FOR DEAF AND CRIPPLED CHILDREN a été
constituée par une Loi de l'Assemblée législative du
Québec adoptée le 14 décembre I960, 9-10 Elizabeth Il,
Chapitre 153. Cette Loi accomplissait la fusion de MACKAY INSTITUTION FOR
PROTESTANT DEAF MUTES constituée par la Loi 32 Victoria, Chapitre 89 et
de THE SCHOOL FOR CRIPPLED CHILDREN, Montréal, constituée par la
Loi 9 George V, Chapitre 134.
Le Mackay Center possède une école et un centre de
réadaptation pour les enfants physiquement handicapés et ceux qui
souffrent de troubles de l'ouie. Le Centre est non-confessionnel et accepte des
enfants de toutes races venant de toutes les parties de la Province de
Québec. Le Centre n'exige le paiement d'aucun frais et tout enfant
éducable qui est empêché par ses handicaps physiques de
fréquenter une école ordinaire est accueilli sans distinction de
langue ou de religion.
Le Mackay Center possède l'équipement nécessaire
pour enseigner à environ trois cents enfants handicapés dont
cinquante-six, garçons et filles, peuvent être pris en
résidence si leur domicile est éloigné du Centre.
Pendant toute l'existence du Centre, soit pendant plus de cent ans, les
administrateurs du Centre et des corporations qui se sont fusionnées
pour le constituer, ont été élus par des personnes dont
l'intérêt pour le bien-être des enfants handicapés
constituait une cause commune très forte. Il est très douteux que
même un gouvernement provincial des mieux intentionnés soit en
meilleure position que ces personnes pour établir les besoins du Centre
et des enfants dont il prend soin.
Au cours de sa longue histoire le Centre a obtenu, toutes les fois que
la chose était possible, les fonds nécessaires pour accomplir son
oeuvre, grâce à la générosité des membres de
notre société et grâce à l'aide des gouvernements et
des commissions scolaires. Etant donné l'expansion qu'il a donné
aux services qu'il offre, le centre s'est vu récemment dans la
nécessité de faire davantage appel aux gouvernements pour l'aide
financière dont il a besoin. Environ 40 p.c. des fonds requis par le
Centre pour exercer ses activités provient de ses propres fonds de
dotation et provient de sources étrangères aux gouvernements. Si
le projet de loi No. 65 devenait Loi dans sa forme actuelle et que, comme
résultat, le Centre devenait une institution publique suivant la
définition proposée, il deviendrait presque impossible au Centre
d'obtenir d'autres donations privées, les contributions qui ne
proviennent pas du gouvernement cesseraient et la contribution du gouvernement
du Québec aux dépenses d'exploitation devrait être
augmentée d'autant.
Le Mackay Center tient des assemblées publiques annuelles
auxquelles tous les membres intéressés de la
société sont invités et au cours desquelles on élit
chaque année le conseil d'administration qui doit être en
fonctions pendant l'année suivante. Les affaires du centre sont soumises
à un examen financier des plus rigoureux par le conseil d'administration
et des vérificateurs indépendants et ses budgets sont
approuvés par le ministre des Affaires Sociales. Le conseil
d'administration de Mackay Center est formé de membres des corps
professionnels et du monde des affaires qui ne sont
rémunérés d'aucune façon. Le conseil est
présentement formé d'hommes d'affaires, d'un ingénieur,
d'un psychologue, d'un pédiatre, d'un comptable agréé,
d'un avocat et d'un spécialiste en relations publiques.
Le Mackay Center est et doit demeurer une organisation sans but
lucratif. Nous soutenons avec instances que le centre ne doit pas devenir une
institution publique suivant la définition qu'en donne le projet de loi
no 65.
Nous soutenons en outre, que toute loi visant à
réorganiser les services de santé et les services sociaux dans la
province doit contenir des dispositions qui assurent la continuité,
libre de tout contrôle inutile, d'institutions particulières qui
ont prouvé dans le passé leur capacité d'administrer leurs
propres affaires et qui ont également prouvé qu'elles
méritent la confiance du public.
Il est inconcevable que, dans le but de contrôler et de
réorganiser les institutions dont les activités se sont
avérées inefficaces ou superflues, le gouvernement du
Québec anéantisse d'autres institutions qui, elles, rendent des
services valables et efficaces, d'une façon économique.
Soumis au nom du Conseil d'administration de MACKAY CENTER FOR DEAF AND
CRIPPLED CHILDREN,
MONTREAL, le 26 octobre 1971
A. Hollis Marden H.S.W. Goodwin
Président Président du Conseil
ANNEXE 11
LA FONDATION
BERTHIAUME-DUTREMBLAY
A: La commission parlementaire instituée par l'Assemblée
nationale du Québec, pour l'étude du projet de loi relatif
à l'organisation des services de santé et des services
sociaux,
Au: ministre des Affaires sociales,
Aux: membres de la commission parlementaire,
La Fondation Berthiaume-DuTremblay est une corporation sans but
lucratif, constituée le 25 janvier 1961 sous la partie III de la Loi des
compagnies du Québec.
A la suite d'une demande qu'elle a présentée à cet
effet aux autorités fédérales compétentes, la
corporation a été reconnue comme une organisation de
charité soit en l'espèce, une corporation dont toutes les
ressources doivent être consacrées à des oeuvres de
bienfaisance exercées par la corporation elle-même, le tout
suivant les dispositions de l'article 62 (1) e) de la loi
fédérale de l'impôt sur le revenu.
Aux fins d'obtenir cette reconnaissance, La Fondation a obtenu des
autorités provinciales des lettres patentes supplémentaires ayant
pour but de modifier certains de ses objets corporatifs dont les principaux et
pertinents sont les suivants: a) (i) Employer et utiliser à titre
prioritaire les ressources et les biens de la corporation à la
construction et à l'administration d'une ou plusieurs maisons d'accueil
pour personnes âgées dans le besoin;
(ii) Etablir et promouvoir au bénéfice de ces personnes,
toutes variétés de services connexes à l'oeuvre poursuivie
par l'institution et qui favoriseraient leur bien-être; (iii) Fournir
à ces personnes âgées toutes formes de soutien, de
services, de loisirs ou de soins de garde que peut réclamer leur
état;
(iv) Sans vouloir restreindre les objets précédemment
décrits, employer et utiliser les ressources et les biens de la
corporation à des oeuvres de bienfaisance exercées par La
Fondation, sans restriction quant aux croyances religieuses des personnes
pouvant être appelées à bénéficier de
l'assistance de la corporation;
Ainsi que l'on peut le constater à l'alinéa a) (i), La
Fondation a donc été autorisée à utiliser ses
ressources aux fins plus haut désignées, à la condition
expresse toutefois que ce soit elle-même qui s'occupe à la fois de
la construction et de l'administration des foyers d'accueil qu'elle
déciderait d'établir.
Il importe en conséquence de souligner que par ces lettres
patentes supplémentaires, La Fondation a donc dû se conformer de
façon précise, aux stipulations édictées à
l'article 62 (1) e) de la loi fédérale de l'impôt sur le
revenu de telle sorte qu'elle est, conformément au texte de cet article,
devenue une organisation de charité dont toutes les ressources doivent
être consacrées à des oeuvres de bienfaisance
exercées par elle-même.
Subséquemment à la poursuite de ses objets corporatifs et
en particulier de celui précédemment décrit, La Fondation,
après avoir assumé certaines obligations onéreuses, soit
l'achat de certains terrains sis et situés sur le boulevard Gouin
à Montréal, a été autorisée, par divers
arrêtés en conseil, à construire et à édifier
un centre d'hébergement et de logement sur les terrains plus haut
décrits, tel centre étant désigné sous le nom de la
Résidence Berthiaume-DuTremblay.
Subséquemment et après des pourparlers prolongés
avec les ministères concernés et aux fins d'assurer en partie le
financement de ce projet, La Fondation a sollicité et obtenu, sur la foi
des arrêtés en conseil plus haut mentionnés, de la
Société d'Habitation du Québec, un prêt
hypothécaire aux conditions usuelles telles que
déterminées par la Société. La Fondation a alors
assumé d'autres obligations onéreuses dont les principales sont
le paiement du surplus des fonds nécessaires pour la construction des
bâtiments du centre d'accueil et en outre, lors de sa mise en
opération, une partie substantielle des frais d'administration des
bâtiments de ce centre d'accueil qui seront utilisés comme foyer
de logement.
A ces fins et de façon à déterminer la nature de
ses obligations à cet égard, La Fondation a conclu une entente
avec les autorités provinciales concernées et
particulièrement avec le ministère des Affaires sociales.
Il nous parait d'intérêt particulier d'informer ici la
commission que les travaux de construction de ce foyer d'accueil particulier
qui ont débuté depuis plusieurs mois déjà,
progressent rapidement
et qu'à moins de circonstances imprévisibles, la
Résidence Berthiaume-DuTremblay pourra, dès le début de
l'an prochain, ouvrir ses portes et accueillir, à même la longue
liste de ceux qui en ont fait la demande, le plus grand nombre de personnes
âgées qui voudront bénéficier de ses services.
La Fondation tient à souligner que si elle a accepté
d'assumer ces obligations, c'est évidemment à la condition
expresse, qu'en conformité de ses buts corporatifs et des exigences de
la loi, elle sera en mesure d'administrer elle-même, comme elle s'y est
engagée, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une
corporation distincte qui doit rester sous son contrôle et dont elle
assurera en temps utile l'incorporation, le foyer d'accueil dont il s'agit,
soit la Résidence Berthiaume-DuTremblay.
Il paraît indispensable de faire observer que si la fondatrice,
par le geste noble qu'elle a posé et le don généreux
qu'elle lui a octroyé volontiers a permis à La Fondation de
prendre naissance, elle a, comme l'indiquent d'ailleurs ses buts corporatifs,
tenu expressément à ce que son oeuvre toute d'altruisme et de
bénévolat, reste sous le contrôle de l'organisme
instituée par ses soins, soit La Fondation Berthiaume-DuTremblay.
Il importe donc d'ajouter que si le projet de loi 65 doit, dans sa
rédaction définitive, créer un conflit par lequel La
Fondation se verrait dans l'impossibilité d'assurer le maintien de cette
condition explicitée antérieurement laquelle a constitué
la considération déterminante et essentielle qui a
justifié La Fondation de s'engager et d'assumer ses obligations, cette
dernière se verrait placée dans une situation équivoque
qui pourrait mettre en péril non seulement la poursuite de ses buts
corporatifs mais sa reconnaissance officielle comme organisation de
charité et par ce fait, son existence même.
Pour ce qui en est du projet de loi lui-même, il importe donc que
la nature ou le caractère de La Fondation, à titre
"d'institution" soit déterminé de façon précise et
telle qu'elle puisse poursuivre ses objets corporatifs dans le sens et suivant
la conception qui ont amené sa fondatrice, Madame Angélina
DuTremblay à la mettre sur pied, il y a déjà plusieurs
années.
Il convient donc que suivant les sentiments qui ont animé la
création de la Fondation, cette dernière puisse continuer d'agir
comme une organisation de charité qui a été conçue
dans le but précis et exclusif d'ailleurs d'offrir sa contribution non
seulement à l'exécution du projet qui est présentement en
cours, c'est-à-dire à la construction et la mise en
opération du foyer d'accueil la Résidence Berthiaume-DuTremblay,
mais également à d'autres projets de même nature qui
pourraient s'avérer nécessaires dans d'autres régions de
la province.
Bien que La Fondation n'entende pas, à ce stade, offrir d'autres
commentaires au sujet du projet de loi dont il s'agit, elle se réserve
le droit et acceptera volontiers de soumettre les autres observations et
renseignements qui pourraient s'avérer nécessaires et que l'on
pourrait requérir d'elle.
Sous ces réserves cependant, La Fondation accepte
également d'approuver, en principe tout au moins, le mémoire qui
doit être soumis à la Commission et au Ministre des Affaires
Sociales par l'Association des Foyers pour Adultes. Cette approbation par La
Fondation s'applique en particulier aux commentaires se rapportant à
l'économie générale du projet de loi et plus
spécialement à la conception qui s'y trouve exprimée
à l'effet qu'il importe de maintenir et de sauvegarder les droits de
l'entreprise privée en lui assurant le contrôle essentiel de ses
activités et qui se traduit de façon plus adéquate par la
nécessité pour les organismes de services de santé et de
services sociaux de désigner eux-mêmes la majorité des
membres de leurs conseil d'administration respectif.
Le tout respectueusement soumis. LA FONDATION BERTHIAUME-DuTREMBLAY
Par: Marcel Ducharme, c.a., secrétaire ANNEXE 12
SOUTH SHORE COMMUNITY SERVICESIntroduction
South Shore Community Services is a non-profit organization incorporated
in 1965 for the purposes of providing, either directly or indirectly, welfare,
health and recreation services in that part of the Greater Montreal area
commonly known as the South Shore and elsewhere. Its services are made
available in practice to the some 88,000 Anglophones in the area under the
overall coordination of the Federation and Welfare Council of the South Shore.
(The institutional relationships of the Agency are set out in Table I.)
The following comments on Bill 65, An Act to Organize Health and Social
Services in the Province of Québec, were prepared by a joint Board/Staff
committee and have received the approval of the Board of Directors and of the
staff of the Corporation.
The Agency has deliberately avoided many points which have already been
thoroughly documented by La Fédération des Services Sociaux
à la Famille du Québec and The Federated Appeal of Greater
Montreal. As an affiliate of both of these organizations, our Agency's Board of
Directors has supported the position which they have taken.
In the following material, it is submitted that: (1 ) the approach to
social problems during the past decade has undergone radical change, with the
traditional restrictive methods of maintaining the status quo by concentrating
solely on the symptoms of social problems giving way to a multi-disciplinary
approach which stresses prevention; (2) that Bill 65, particularly in Division
I, sections "f" and "h", would appear to be conceived largely in terms of the
status quo; (3) that South Shore Community Services has deliberately orientated
its efforts along preventive lines; (4) that it is our conviction that if the
traditional approach alone is promoted by Bill 65, social welfare in the
Province of Québec must in the long run fail to meet the needs of the
population.
II
PRESENT DAY APPROACH TO SOCIAL PROBLEMS "Problems of
miscellaneous nature facing families and individuals, due to economic or social
difficulties, cannot be permanently relieved except by an action which strikes
at the root of their ills and which employs effective ways and means".
Report of the Study Committee on Public Assistance (Boucher Report), 1963, page
101. See "Income Security for Canadians", Department of National Health and
Welfare (1970), page 92, which also supports the above statement. Increased
attention must be given to changing aspects of social needs, which calls for
de-emphasizing the provision of individualized services and a heightened
awareness on the part of the Government of the wisdom of involving the
consumers of services in the solution-finding processes.
Social problems must be approached from a multi-disciplinary point of
view, looking beyond the confines of a psycho-social concept which we feel is
restrictive and clinical. In summary, the present day approach of social work
is to help others to help themselves.
III Bill 65
In the context of the present-day preventive approach, it is of concern
to note that Bill 65 is conceived in the conventional terms of social service,
restricted to providing the aid necessary to assist consumers on a
psycho-social basis, comprising such services as foster homes, mothers'
helpers, consultation, referral, diagnosis, psycho-social treatment, placement
and adoption. It is submitted that this rather limited orientation will leave
social welfare hobbled in the Province of Quebec.
IV South Shore Community Services
South Shore Community Services is a community-centred agency. It was
developed directly by and for the community. From the beginning, it was the
intention of the Agency to develop its services within the broader context
outlined above, on a non-sectarian basis. The necessary conventional services
relating to foster homes, mothers' helpers, consultation, referral, diagnosis,
psycho-social treatment, placement and adoption have gradually assumed a
supportive role to a service directed to the promotion of community-oriented
self-help projects. Table Il demonstrates the staff composition and deployment
of the Agency, and Table III the conventional services which it furnishes to
the population.
In its approach to the task, South Shore Community Services has
developed a keen awareness of the the area it serves as a direct result of
involving the broad community in the delivery of its services. This has been
made possible through the extensive use of social animation techniques. When
indigenous community groups appeal for assistance around a certain need, the
Agency assists the ultimate consumers to plan and develop appropriate
solutions, using a myriad of persons including consumers, community volunteers,
para-professionals and professionals. This process expands the Agency's human
and physical resources many times beyond its own capacity. The direct
participation of the Agency is then gradually withdrawn until it furnishes
simply a consultative service.
An example of this kind of community involvement is a project now known
as the St. Hubert no. 5 Community Association. The expressed request by the
initial founders of the Association was for help in providing useful programs
for the youth in the area so as to lower the incidence of
juvenile misdemeanours. Through the gradual involvement of youth, adults
and municipal authorities, this Association is now operating autonomously a
complete recreational program in its own hall, a nursery school for the
community, a medical clinic, and also employs its own social animator who is
responsible directly to the St. Hubert no 5 Community Association. Not only has
the incidence of juvenile misdemeanours decreased, but through community
participation, a sense of responsibility and community pride has developed. For
further examples of the Agency's use of social animation, see Table IV.
Provincial Government Support:
South Shore Community Services is a para-public service and in 1969 it
became entirely financed by the Department of Social Affairs. In addition, the
Agency is able, through its Community Organization Department, to work toward
the development of programs explicitly directed at prevention, using grants
made available for the community by the Federation and Welfare Council of the
South Shore. (Many of the programs listed in Table IV are funded in this way.)
Although these programs do not come under the direct responsibility of the
Department of Social Affairs, the Department has accepted the role of the
Agency in working with these community groups.
We believe that this method of approach is viable. The present Bill 65
we believe will not permit the Agency to continue to function in this way,
thereby defeating the fundamental goal of getting to the problems at the
roots.
V Conclusion and Recommendation
South Shore Community Services is convinced that the preventive approach
to social problems discussed above is the only viable one. It feels strongly
that the principle must be adopted at this juncture to avoid casting social
welfare in the Province of Quebec in an outmoded mould. Recommendation 15 of
the Boucher Report states, at page 124: "The Quebec Government, faced with its
responsibilities, should direct its social action towards individual and
collective prevention and express this in its legislation."
South Shore Community Services recommends that Bill 65 be amended to
permit social problems to be attacked at the roots.
ANNEXE 13
INSTITUT DE DIAGNOSTIC ET DE
RECHERCHES CLINIQUES DE MONTREAL
L'INSTITUT DE DIAGNOSTIC ET DE RECHERCHES CLINIQUES DE MONTREAL soumet
ses commentaires quant au BILL 65 et à ses effets sur la recherche
clinique.
Nous sommes d'accord avec le principal objet du bill qui est d'assurer
une meilleure distribution des soins médicaux à la population.
Cependant, l'approbation totale de tous les pouvoirs importants en ce qui a
trait à la santé et aux affaires sociales dans les mains du
gouvernement et de ses fonctionnaires comporte des risques certains: une
énorme bureaucratie trop souvent paralysante, une immixtion
éventuelle et directe dans le domaine social et médical
proprement dit. Bien que ce ne soit sûrement pas le but poursuivi par le
ministre, on trouve dans ce bill toutes les occasions d'exercer une influence
politique directe au profit du parti au pouvoir quel qu'il soit.
Il nous paraît dangereux, pour la continuité de la marche
d'une institution, de changer en bloc, du jour au lendemain, son conseil
d'administration tel que le veut le BILL 65. Nous proposerions que cette
transition se fasse sur une période de 8 à 10 ans, par groupe de
2 à 3 personnes à la fois nommées pour une période
de 3 ans par le gouvernement, dont une nommée directement par le
ministre, après consultation avec les conseils d'administration ou les
organismes communautaires appropriés. Cela assurerait une certaine
continuité dans le développement de ces institutions
hospitalières.
Le point majeur sur lequel nous désirons attirer l'attention des
membres de la commission, a trait à la qualité des soins
médicaux et à la recherche clinique dont le texte de loi ne fait
aucune mention. Nous reconnaissons les lacunes certaines, mais dont
l'importance et l'étendue nous semblent cependant avoir
été exagérées, dans la distribution des soins
médicaux et dans leur organisation. Les structures d'une institution ne
sont qu'un aspect de sa vie; vis-à-vis la qualité des soins
médicaux c'est peut-être le moins important.
L'essentiel dans tout organisme de santé est de garantir au
malade qu'il obtiendra des soins de
la plus haute qualité permise par les progrès actuels de
la médecine, et non pas des soins quelconques qui lui sont
dispensés généreusement sous le déguisement de la
quantité. Or, cette qualité des soins médicaux repose sur
trois piliers majeurs: 1. Avant tout l'apport de la recherche clinique afin de
mieux comprendre les mécanismes de la maladie et de trouver les
traitements efficaces pour des maladies de cause encore inconnues, tels que le
cancer, l'hypertension, l'artériosclérose, les maladies
dégénératives, arthritiques, etc. C'est la qualité
de la recherche clinique qui détermine avant tout dans un centre
hospitalier ou dans une province la qualité des soins médicaux et
qui est responsable du progrès scientifique des centres de diagnostic et
de traitement. Par suite de décisions antérieures prises en
rapport avec l'établissement de l'assurance-santé, cet aspect est
dans un état sérieux. Il semble que la recherche clinique ne
représente pas une préoccupation majeure du ministère et
de ses officiers puisque le support financier accordé à
l'établissement d'instituts ou de départements de recherches
cliniques dans les principaux centres hospitaliers de la province est nettement
insuffisant.
De plus, le recrutement des jeunes et la relève pour les
carrières dans la recherche clinique sont gravement compromis à
cause des attraits financiers énormes de la pratique médicale
vers laquelle près de 40 p.c. des jeunes gradués de nos
universités s'orientent maintenant dès leur première
année d'internat terminée. A court terme comme à long
terme, cette tendance d'entrer immédiatement dans la pratique
médicale, très alléchante parce que si
rémunératrice, est dangereuse par suite de l'insuffisance de
formation et d'entraînement de ces jeunes médecins avec une seule
année d'internat.
Même si le souci et la recherche de l'excellence sont en voie de
disparaître dans le milieu des enseignants même universitaires, les
dirigeants du ministère des Affaires sociales doivent protéger
particulièrement les cliniciens chercheurs à cause de la valeur
des disciplines de la recherche, i.e. l'observation
répétée, l'objectivité, la précision, le
sens critique et la clarté d'expression qui sont des garanties du
travail bien fait, de l'excellence et de la qualité des soins
médicaux. Sans la relation constante avec ces disciplines, la
médecine clinique de pratique ne serait qu'un ensemble de compassion, de
savoir-faire, de conscience sociale, de souci de la dignité du patient
et d'ignorance. 2. Le deuxième pilier sur lequel repose la
qualité des soins médicaux tient à la compétence
technique du médecin dans sa sphère propre d'activités
avec accès aux méthodes modernes et aux instruments les plus
récents de la médecine contemporaine pour le diagnostic et le
traitement des malades. 3. Le troisième pilier consiste dans la
motivation et le dévouement du médecin envers le patient. Rien
n'a été prévu par le gouvernement pour favoriser ce
facteur si important. Il faut bien se rendre compte qu'en réduisant la
question des soins médicaux à un simple objet d'échange
économique, les technocrates, guidés par les économistes
et les sociologues, ont puissamment contribué à détruire
cet élément si important qui est à la base de la pratique
médicale pour la grande majorité des médecins de la
province, majorité qui a été formée et qui a
vécu selon les traditions de la médecine hippocratique. Celle-ci
préconisait premièrement, de soulager le malade;
deuxièmement, de guérir quand c'est possible;
troisièmement, de transmettre son savoir aux plus jeunes;
quatrièmement, d'augmenter ses connaissances par la recherche
scientifique; cinquièmement, d'obtenir une rémunération
raisonnable pour les services rendus. Les traditions sont maintenant
renversées et c'est ce dernier élément, mis de l'avant par
les économistes et les sociologues qui posent aux "spécialistes
ès industrie de la santé", qui est devenu maintenant la
préoccupation majeure, sinon unique, des gouvernements et de leurs
fonctionnaires. Quel dévouement pense-t-on obtenir du médecin, de
loin l'expert le plus valable dans la solution du problème des soins
médicaux, s'il est ignoré systématiquement et n'est pas
consulté dans l'établissement des structures qui gouverneront ses
activités? Quelles motivations pourra-t-on obtenir si le médecin
se sent frustré, dépossédé de toute autorité
et de toute responsabilité?
L'augmentation énorme de la demande de soins médicaux, qui
se traduit par une salle d'attente remplie de malades, empêche le
médecin faute de temps d'expliquer au malade ou à
sa famille la nature de la maladie, la nécessité de prendre
certaines dispositions temporelles ou spirituelles, si cette maladie est grave.
Il lui devient difficile de trouver le temps suffisant pour explorer à
fond les causes d'une névrose d'angoisse ou d'un état
dépressif, pour analyser avec le malade les moyens de surmonter et de
vaincre les signes graves du stress émotionnel et du syndrome
d'adaptation auxquels il est constamment soumis, surtout en milieu urbain. Il
doit se satisfaire de la formule la plus facile et la plus rapide qui consiste
à prescrire des tranquilisants; ce qui n'en constitue pas moins un des
abus les plus criants de la thérapeutique moderne, car ces prescriptions
sont dans la
plupart des cas les seuls expédients à la disposition des
médecins surchargés de travail. Certaines réformes peuvent
aider à la qualité des soins médicaux, ce sont par
exemple: 1) créer dans notre milieu un curriculum spécial de
trois ans dont un an d'internat et deux ans de résidence, une fois les
études médicales terminées, à l'intention de ceux
qui se destinent à l'omnipratique; cette réforme permettra de
combler le fossé scientifique qui sépare souvent
spécialiste et omnipraticien. De cette façon, l'omnipraticien
deviendrait un interniste admissible dans tous les hôpitaux, même
ceux d'enseignement. Il faut bien l'admettre, le médecin admis il y a 15
ou 25 ans, à l'omnipratique après une année d'internat
seulement, est complètement dépassé par les progrès
vertigineux de la médecine moderne; 2) il faut reconnaître
l'importance relative de chaque groupe dans l'équipe de la santé
et établir entre le gouvernement et les groupes un dialogue effectif et
des échanges positifs basés sur le respect et sur une confiance
mutuelle; 3) il faut améliorer l'état de la médecine
préventive afin de diminuer les taux de mortalité et de
morbidité maternelle et infantile; 4) il faut augmenter les
facilités de transport des cas graves ou difficiles vers les centres
hospitaliers universitaires par un système provincial d'ambulance,
d'avions et d'hélicoptères.
Tout système d'organisation des soins médicaux, qui ne
tient pas compte de ce facteur essentiel de la qualité, ne peut
qu'engendrer la médiocrité dont les premières victimes
seront les malades et le public. Ni les uns ni l'autre ne veulent de tels
systèmes. Le problème en jeu est complexe et fondamental; il
dépasse les cadres d'une simple réorganisation de
systèmes, de structures ou de distribution des pouvoirs
exécutifs. On doit reconnaître l'importance à donner
à la prévention. L'essence même de la médecine et
des soins médicaux de haute qualité est appréciée
par les véritables experts, que sont les médecins soucieux de la
santé du malade et du public.
Voilà pourquoi il nous apparaît urgent et essentiel
d'établir un meilleur équilibre entre les facteurs de la
qualité des soins médicaux et ceux de leur distribution. Le
support et le développement de la recherche clinique dans la province
doivent être une préoccupation majeure du gouvernement dans la
réorganisation de la distribution des soins médicaux.
L'INSTITUT DE DIAGNOSTIC ET DE RECHERCHES CLINIQUES DE
MONTREAL
MARCEL PICHE, S.M., C.R. Président
ANNEXE 14
MLLE GERTRUDE HAREL,
infirmière hygiéniste
Monsieur le Président, Monsieur le ministre, Messieurs les
députés, il y a des nuits il y a des jours au grand détour
il y a des nuits où Dieu écoute la prière d'amour il y a
des nuits où l'on redoute le lever du jour il y a des nuits il y a des
jours au grand détour
Merci d'avoir acquiescé à ma demande. Afin de rehausser la
teneur de ce mémoire, j'emprunte à monsieur le ministre Claude
Castonguay, quelques paroles qu'il prononçait à Toronto, le 22
avril 1971, lors de la 62ième Réunion annuelle de l'Association
canadienne d'hygiène publique. Je cite: "Tous les aspects de l'homme
sont aujourd'hui objets d'attention, qu'il s'agisse de l'aspect biologique,
psychologique ou social. A la suite de la constatation des besoins divers, se
sont développés des Ecoles de pensée, des
établissements, des professions, des spécialités.
Grâce aux découvertes scientifiques, des équipements
hautement spécialisés viennent accroître la qualité
des interventions professionnelles. L'homme ne s'est jamais tant
préoccupé de son bien-être avec autant de compétence
qu'aujourd'hui." Citation terminée.
Le bill 65 me fait rêver la nuit que je couche dans ma tombe, non
pas à la manière de Sarah Bernhardt, mais en cauchemar.
En 1959, j'ai misé corps et âme sur une petite organisation
humaine scientifique, au sein de laquelle, j'escomptais pour tout être
humain, la possibilité d'aimer et d'être aimé, au rythme de
la vie, c'est-à-dire dans un double mouvement continu de systole et de
diastole, soit d'accueil et de don. Douze ans ont passé. Mon ambition
s'est réalisée. Mais voici qu'aujourd'hui, j'envisage un
défi énigmatique.
A ce stade-ci de l'étude du projet de loi no 65, que feriez-vous
si vous étiez à ma place?
Que diriez-vous à ceux qui considèrent l'entreprise
personnelle valable comme socialement désirable?
Que diriez-vous à ceux qui soignent avec amour et motivation et
qui veulent continuer à toujours mieux soigner?
Que diriez-vous à ceux qui ont jeté l'ancre et qui veulent
être soignés avec amour et compétence?
Par ailleurs, JE CRIE VIVAT à cette approche globale humaine et
personnalisée que la nouvelle organisation préconise!
A cet effet, je vous soumets respectueusement ce qui suit:
Considérant comme essentiel l'échange bilatéral que
requiert tout acte vital de science et d'art humains.
Je recommande qu'à tous les niveaux du système des
services de santé et des services sociaux au Québec, soit
aussurée la présence continue d'experts universels en relations
humaines et en sciences de la santé, chargés de maintenir
eccellentissimo la communication entre celui qui reçoit et celui qui
donne, ainsi que l'identification globale du donneur au receveur.
Je cite en terminant, un autre extrait de l'allocution prononcée
par monsieur le ministre Claude Castonguay, le 22 avril 1971 à Toronto:
"Bien qu'il soit théoriquement facile de concevoir qu'une seule personne
ne puisse s'occuper adéquatement et avec pleine compétence de
tous les aspects des problèmes des individus, il faudra pour
réaliser nos objectifs que les professionnels apprennent à
travailler en équipe multidisciplinaire, chacun mettant à
contribution sa compétence professionnelle dans un cadre de
complémentarité." Ici finit la citation.
Monsieur le Président, Vous tous, membres de la Commission
parlementaire,
En ce moment, à l'heure où l'honorable ministre Claude
Castonguay veut voir si grand et si juste dans l'optique humain au
Québec, en ce moment, sachez bien, qu'entre vous et moi, ce qui unit est
plus important que ce qui divise...
Merci !
BONNE SANTE!
PAIX SUR LA TERRE AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE!
Gertrude Harel, I.H.L.
ANNEXE 15
FEDERATION DES SYNDICATS PROFESSIONNELS D'INFIRMIERES
DU QUEBEC
INTRODUCTION
La Fédération des syndicats professionnels
d'infirmières du Québec regroupe les syndicats professionnels au
sens de la Loi des syndicats professionnels (S.R.Q. 1964, chap. 146).
Plus de cent accréditations sont détenues à travers
la province, dans des hôpitaux publics ou privés, ou des
institutions de bien-être, par les syndicats regroupés par la
Fédération des syndicats professionnels d'infirmières du
Québec.
La Fédération des syndicats professionnels
d'infirmières du Québec groupe uniquement que des
infirmières et infirmiers autorisés au sens de la Loi des
infirmières et infirmiers (S.R.Q. 1964, chap 252).
La Fédération des syndicats professionnels
d'infirmières du Québec et ses syndicats affiliés ont,
depuis leur reconnaissance légale, poursuivi les objectifs fondamentaux
reconnus par les syndicats professionnels dans la province de Québec et
en cela, ont maintenu constante une préoccupation sociale dans le champ
d'activité qui est le leur, les soins infirmiers.
A ce titre, dans une même ligne de pensée, la
Fédération des syndicats professionnels d'infirmières du
Québec désire collaborer et s'intégrer pleinement aux
activités tant administratives que professionnelles visant à
dispenser des services de santé et des services sociaux à la
population. La fédération ne peut donc que reconnaître les
grands objectifs sociaux du ministère des Affaires sociales à
savoir "l'amélioration de l'état de santé de la
population, l'amélioration des conditions sociales des individus, des
familles et des groupes ainsi que l'état du milieu où
s'inscrivent leurs activités".
Les infirmières et infirmiers membres de la
Fédération des syndicats professionnels d'infirmières du
Québec entendent participer au but général
recherché dans la réorganisation des services de santé et
des services sociaux qui est "de mieux adapter les services aux besoins de la
population, de les rendre plus accessibles et aussi d'en assurer la
continuité".
Dans le cadre de cet objectif qui se base sur la recherche d'une
conception globale de la distribution des soins et de la fourniture des
services et sur l'intégration des fonctions de prévention,
d'éducation, de traitement et de réadaptation, la
Fédération qui reconnaît la valeur des principes
émis ci-haut, soumet que le bill 65 doit souffrir de sérieuses
modifications pour que la réforme ébauchée satisfasse aux
objectifs formulés par le rapport Castonguay.
Tous s'accordent sur la nécessité du bill 65 pour
planifier la distribution des soins et des services et pour contrôler les
ressources financières, matérielles et humaines dans le domaine
de la santé et du bien-être.
Pour réaliser ce but, le bill 65 établit la
décentralisation des services et permet la participation des citoyens
à la gestion de ces mêmes services. A l'examen des dispositions du
bill, les infirmières et infirmiers membres de la
Fédération des Syndicats professionnels d'infirmières du
Québec se posent la question de savoir si les structures, telles que
préconisées dans le bill 65, permettront de réaliser les
objectifs recherchés et d'atteindre les buts envisagés.
A cet égard, la fédération, au nom de ses membres,
entend exposer ses vues sur les points suivants: 1-la régionalisation et
la décentralisation; 2-la participation; 3-la qualité et le
contrôle des services professionnels; 4-les implications sur les
relations de travail. REGIONALISATION ET DECENTRALISATION
Dans la nouvelle structure d'organisation des services de santé
et des services sociaux, le Québec a connu et connaît encore des
disparités régionales dans la distribution des soins. C'est dans
ce contexte que s'inscrit la régionalisation comme moyen de pallier
à ces disparités régionales et à assurer dans les
régions éloignées une distribution efficace et uniforme
des soins.
A cet égard, le projet de loi prévoit l'institution d'un
office régional des affaires sociales pour chaque région du
Québec que le lieutenant-gouverneur en conseil détermine et il
peut lui conférer en tout ou en partie les pouvoirs que la
présente loi permet à un tel office d'exercer (article 3).
Si on examine les pouvoirs et les fonctions de l'Office, c'est à
dire d'assurer des communications, de conseiller le ministre, de surveiller et
réglementer l'activité des institutions publiques, d'accomplir
les devoirs et d'exercer les pouvoirs qui lui sont dévolus en vertu de
la Loi ou qui lui sont assignés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
l'on constate que l'O.R.A.S. n'a aucun pouvoir décisionnel réel.
C'est dire que les gens qui se trouvent dans les régions et/ou les
institutions et qui connaissent de près les besoins réels de la
population de cette région ne pourront aucunement participer aux
décisions qui auraient pour effet de rendre viable le système
implanté et de rendre les services auxquels a droit la population. Il ne
s'agit donc plus de décentralisation mais plutôt de
déconcentration géographique d'un organisme intermédiaire
entre le pouvoir de décision et les travailleurs dans le système
de la santé et la population.
Nous ne saurions trop recommander qu'il y ait véritablement
décentralisation et qu'ainsi des pouvoirs décisionnels
réels soient accordés à l'office régional des
affaires sociales afin que la population d'une région soit mieux
desservie et que leurs besoins effectifs soient satisfaits.
Par ailleurs, dans la mesure où des pouvoirs accrus sont
accordés à l'organisation régionale (O.R.A.S.), il importe
de bien définir les participants qui auront à formuler des
recommandations et à orienter, voir prendre les décisions ayant
pour effet de satisfaire aux besoins de la population dans cette région.
Dans cette même mesure, il importe de bien définir le rôle
de chacun de ces
participants pour ensuite pouvoir leur conférer les pouvoirs
nécessaires à la réalisation des buts poursuivis, entre
autres l'efficacité des services.
Sur ce point, l'on constate en premier lieu la complexité d'un
système de nomination à effets réciproques liant les
diverses institutions d'une même région les unes aux autres. Que
l'on considère la composition du conseil d'administration de l'O.R.A.S.
et l'on observe le rôle majeur de l'Etat qui conserve pour lui seul la
nomination de tous les membres de ce conseil d'administration. Les
consultations en vue de ces nominations sont faites auprès des
institutions de santé de la région, de la population, des
universités. Les nominations sont cependant faites par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Il en est de même d'une façon
générale pour les autres institutions d'une région, soit
en particulier les centres hospitaliers ainsi que les centres de services
sociaux et centres d'accueil à l'exception faite des centres locaux de
services communautaires où la moitié des membres du conseil
d'administration sont élus directement par la population.
Dans une telle structure où l'on constate que le pouvoir est
détenu presque entièrement par l'Etat, nous nous posons la
question de l'utilité d'une structure aussi lourde et sans pouvoir de
décision réel. En somme, il apparaît que les participants
eux-mêmes sont mal définis, que leur rôle n'est pas
établi et qu'au surplus et surtout les professionnels de la santé
et du bien-être ne sont pas présents dans ces structures.
LA PARTICIPATION DES PROFESSIONNELS DE LA
SANTE
Nous soumettons que les professionnels de la santé et du
bien-être vivent en aidant le système de santé puisque
toute leur carrière, toute leur vie de travail, leur vie quotidienne
sont assujetties au fonctionnement du système.
Leur influence est prépondérante dans la bonne marche du
système et l'on conçoit mal que toute la réorganisation de
la santé puisse atteindre ces objectifs si les professionnels de la
santé ne sont pas en mesure de faire valoir leur point de vue pour
influencer et orienter de façon valable les décisions qui auront
pour but primordial de satisfaire les objectifs du système.
Il est pour le moins étonnant de ne retrouver nulle part dans
cette structure instituée par le bill 65, une participation
administrative des infirmières et infirmiers qui tiendraient compte du
rôle primordial que doivent jouer leur groupe dans la
réorganisation des services de santé, dans leur orientation et
dans leur découlement et application quotidienne.
ASPECT PROFESSIONNEL
En effet, comment ignorer le rôle constant et de première
place des infirmières et infirmiers dans le domaine de la santé!
Connaissant que depuis toujours, ce sont les infirmières et infirmiers
qui ont répondu et répondent encore aux deux critères qui
à notre sens, sont les plus importants: l'accessibilité pour tous
aux soins et l'évolution qualitative et quantitative de ces soins.
En effet, dans la prévention, les infirmières et
infirmiers hygiénistes jouent véritablement le rôle de
l'assistant-médical dans ce domaine, rôle qui consiste à
conserver à la population un équilibre de santé et ce
surtout dans les régions éloignées.
De plus, dans les centres hospitaliers, ce sont toujours les
infirmières et infirmiers qui posent des actes continus pour maintenir
le patient dans les meilleurs conditions possibles. Ces mêmes
professionnels de la Santé assurent par leur compétence et leur
habileté, et ce en collaboration avec les médecins, une
guérison de plus en plus rapide.
Même au niveau de la continuité des soins, ce sont encore
et toujours les infirmières et infirmiers oeuvrant dans les services de
soins à domicile qui permettent aux patients de vivre dans un cadre plus
normal tout en recevant des soins qui leurs sont indispensables.
A la lumière de ces faits énumérés
brièvement, nous prétendons que les infirmières et
infirmiers sont les personnes toutes indiquées pour dispenser des soins
professionnels à tous les niveaux et répondre aux exigences
formulées dans le Rapport Castonguay-Nepveu sur la santé.
Nous croyons donc indispensable que les infirmières et infirmiers
participent activement à l'évaluation des actes professionnels,
quant à leur qualité ainsi qu'à la responsabilité
qui en découle.
Cette participation est d'autant plus importante puisque ce sont ceux-ci
qui peuvent le mieux décharger les médecins du fardeau de
tâche qui leur incombe présentement dû aux nouvelles
exigences dans le domaine de la Santé.
Il serait donc logique de retrouver au sein du conseil d'administration
de l'O.R.A.S. et des autres centres de Santé, des professionnels de la
santé qui ne sauraient être autre que des infirmières et
infirmiers qui sont les personnes les plus habilitées avec les
médecins à orienter les décisions administratives
relatives à la qualité, la quantité et l'évaluation
des soins.
LA QUALITE ET LE CONTROLE DES SERVICES
PROFESSIONNELS
L'article 5, paragraphe c) du bill 65 autorise l'O.R.A.S. à
exercer un contrôle sur la qualité des services dispensés
et à adresser ses recommandations au ministre.
Sur ce point, nous nous permettons de faire valoir qu'il n'appartient
pas à l'O.R.A.S. de s'exprimer sur les qualités des services
dispensés. Nous sommes conscients qu'il faille assurer le contrôle
des actes professionnels posés dans l'institution, que ce soit au niveau
du centre hospitalier ou du centre du service social. Cependant, lorsqu'il
s'agit de la qualité des soins infirmiers, il est important et
nécessaire que ce soit les personnes directement concernées qui
soient en mesure de faire des recommandations utiles sur la mise en place et le
fonctionnement d'un mécanisme requis pour assurer le contrôle des
actes professionnels relevant des soins infirmiers. A cet effet, il y aurait
lieu que les infirmières et infirmiers aient l'occasion de participer
avec le Conseil des médecins et dentistes à la mise en place de
ces mécanismes requis pour assurer le contrôle des actes
professionnels posés dans une institution.
Au surplus, lorsqu'il s'agit d'appréciation des actes
professionnels, relevant des soins infirmiers, nous soumettons et recommandons
qu'un conseil des soins infirmiers et actes professionnels relatifs aux soins
infirmiers soit institué afin que puisse être assurée la
qualité des soins infirmiers qui constituent la majeure partie des actes
professionnels posés au sein d'un centre de santé. Ce conseil des
soins infirmiers serait responsable vis-à-vis du directeur des services
professionnels de la qualité des soins infirmiers.
APPLICATION DU PROJET DE LOI "65" SUR LES RELATIONS DE
TRAVAIL
L'on peut facilement constater que le bill 65 est avare de commentaires
et de dispositions relatives à la protection des droits des
professionnels syndiqués dans l'optique de la réorganisation du
domaine de la santé et du bien-être.
Cette lacune dans un projet de loi aussi important que le bill 65 ne
saurait qu'engendrer des difficultés d'application sérieuses lors
de l'intégration des professionnels de la Santé dans le nouveau
contexte institué par le bill 65.
En effet, comment parler d'efficacité, de qualité de
soins, de quantité de soins lorsque les droits fondamentaux des
professionnels de la santé ne sont aucunement régis par la loi
même qui institue un nouveau régime.
Nous connaissons toutes les difficultés soulevées par
l'absence de telles dispositions législatives dans d'autres projets de
loi ou étaient créées de nouvelles entités
administratives qui devaient regrouper des travailleurs déjà
établis au sein d'organismes administratifs existants. Dans un tel
contexte, les bouleversements sont très importants en matière de
relations de travail.
L'on assiste déjà, à l'heure actuelle, dans le
domaine de la santé, à la redéfinition de certaines
fonctions, à la réévaluation de contenus de tâches,
à la création de nouvelles fonctions professionnelles de la
santé et ceci alors que s'instituent de nouvelles entités
hospitalières amenant des changements d'employeurs.
Le bill 65 ne permet pas de connaître les modalités et les
étapes de la réorganisation de la santé et du
bien-être. Ce faisant, nous ne saurions prétendre que les articles
36-37 du code du travail trouveront leur application et solutionneront par le
fait même les problèmes qui se soulèveront à la
suite des divers transferts qui s'effectueront.
Nous soumettons que le bill 65 devrait prévoir les diverses
étapes de la réorganisation du domaine de la santé en
fonction de l'intégration des professionnels de la santé dans les
nouvelles structures administratives.
Telle intégration devrait être négociée entre
le gouvernement, les institutions et les syndicats représentant les
professionnels de la santé afin d'assurer que le transfert de la
main-d'oeuvre hospitalière se fasse sans heurt et assure
concrètement l'efficacité des soins recherchés par
l'ensemble des structures administratives instaurées par le bill 65.
Les modalités de transfert ainsi négociées devront
viser à assurer les professionnels de la santé et notamment les
infirmières et infirmiers de la conservation des droits qu'ils
détenaient auprès de leurs anciens employeurs comprenant les
traitements, la sécurité sociale et la protection de leur
emploi.
Il nous apparaît que ce sont là des conditions minimales
nécessaires à l'établissement et à la mise en
marche de structures instituées par le bill 65.
CONCLUSION
Au moment ou l'Etat apporte des réformes radicales dans les
structures du système de soins, il nous apparaît
bénéfique de nous permettre par le truchement de la commission
permanente des Affaires sociales de nous faire entendre sur le projet de loi
relatif à la réorganisation du domaine de la santé et du
bien-être.
Nous ne pouvons que souhaiter qu'une telle participation soit acquise au
sein même des structures instituées par le bill 65. Une
participation efficace rationnelle et avantageuse au sein des conseils
administratifs des divers centres de Santé ne saurait se faire sur le
plan régional que dans la mesure où des pouvoirs réels de
décision sont donnés aux intéressés qui sont seuls
en mesure d'établir les besoins fondamentaux de la population en ce qui
concerne les services de soins.
Dans cette optique d'une participation efficace et décisionnelle,
les professionnels de la santé, dispensateurs de soins, ne sauraient
être écartés des structures de consultation et de
décision instituées par le bill 65. La participation des
Professionnels de la santé sera d'autant plus efficace et stimulante que
leurs droits comme professionnels de la Santé syndiqués seront
respectés au cours de la mise en place des nouvelles entités
administratives dans le domaine hospitalier.
C'est donc dans le but de parvenir à la réalisation des
objectifs poursuivis dans la réorganisation du domaine de la
santé et du bien-être, que nous avons eu plaisir à faire
des recommandations positives qui permettront, nous le souhaitons, le
succès de la réforme envisagée.
ANNEXE 16
ASSOCIATION PROFESSIONNELLE DES CADRES INFIRMIERS
Le
rôle de l'Association professionnelle des cadres infirmiers et de ses
membres
L'Association professionnelle des cadres infirmiers groupe plusieurs
centaines d'infirmiers(ères) occupant des fonctions de cadres dans les
hôpitaux et institutions de bien-être social de la province de
Québec. A ce titre, elle se trouve excluse de l'application du code du
travail et des unités de négociation des hôpitaux.
Cette situation leur crée des problèmes particuliers
vis-à-vis l'application du bill 65. A bien des égards, ces
problèmes sont plus aigus que ceux que rencontrent les employés
syndiqués des hôpitaux et institutions de bien-être social
de la province de Québec.
En effet, à l'heure actuelle, une association telle que
l'Association professionnelle des cadres infirmiers, formée en vertu de
la Loi des syndicats professionnels, ne jouit d'aucun privilège que le
code du travail reconnaît à un syndicat accrédité.
Elle possède bien, en vertu de la Loi des syndicats professionnels, le
pouvoir de conclure des conventions collectives. Cependant, elle ne peut
obliger l'employeur à négocier avec elle. Elle n'a pas la
possibilité légale d'établir un système de
négociation collective avec les employeurs.
Depuis sa fondation, l'Association professionnelle des cadres infirmiers
a joué le rôle de représentant des infirmières
exerçant des fonctions de cadre. Cependant, ce rôle s'est
situé souvent beaucoup plus au niveau de la consultation que de la
négociation véritable. En dernière analyse, il repose sur
la bonne foi et la tolérance des institutions et des ministères
concernés. L'absence de tout mécanisme de relations collectives
a, jusqu'à présent, privé les infirmières cadres de
la protection qu'assurent généralement les conventions
collectives. Cette protection se situe à deux niveaux. D'abord:
protection individuelle contre des congédiements ou mesures
disciplinaires arbitraires, puis, garantie collective par l'institution de
mécanismes de sécurité d'emploi.
L'Association professionnelle des cadres infirmiers est fort consciente
de la restructuration des services de santé et sociaux qu'entrainera le
bill 65 peut causer de graves problèmes à ses membres. Des
fusions d'institutions auront lieu. D'autres seront supprimées. Enfin,
l'on créera nombre d'organismes nouveaux.
Tout en respectant la volonté de rationaliser l'organisation des
services sociaux que manifeste le bill 65, les infirmières membres de
l'association s'interrogent sur le sort qui leur est réservé dans
cette restructuration. Elles se savent maintenant dépourvues de toute
espèce de protection légale. Elles souhaitent que la
législation soit amendée de façon à leur assurer
une protection efficace contre les mises à pied ou les
révocations.
La protection individuelle
A l'heure actuelle, dans les hôpitaux, les cadres ne jouissent
pas, en règle générale, de contrat à durée
déterminée comportant un droit de renouvellement comme ceci
existe par exemple dans le secteur scolaire. Le plus souvent, ils sont
engagés par des contrats verbaux, résiliables à n'importe
quel moment, sans recours légaux effectifs.
L'association a noté avec satisfaction que, dans le bill 65, l'on
proposait une amorce de solution à ce problème. En effet, dans
l'article 75, on lit que les fonctionnaires et employés d'une
institution qui ne sont pas régis par une convention collective de
travail ne peuvent être destitués que conformément à
l'article 61 de la Loi de la fonction publique. La loi comporte un
progrès notable en ce sens qu'elle leur accorde pour la première
fois un recours contre une destitution arbitraire.
Cependant, l'association estime que ce recours devrait être
précisé et étendu et ses mécanismes revisés.
La protection ne devra pas jouer uniquement dans le cas de destitution, mais
aussi dans le cas de rétrogradation ou suspension. Ces mesures sont
aussi, sinon plus fréquentes, que le congédiement pur et simple.
De plus, l'appel de l'employé devrait être entendu non pas par la
Commission de la fonction publique, mais par un arbitre dont le nom serait
choisi par les parties
ou, à défaut, par le ministre du Travail, sur la liste des
arbitres établie nouvellement par le Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre.
Il serait plus facile de trouver parmi ces arbitres des personnes ayant
une connaissance suffisante du milieu hospitalier et capables de prendre en
considération ces caractéristiques. La Commission de la fonction
publique a été jusqu'à présent fort
étrangère à ce secteur. L'on peut se demander si elle ne
s'adapterait pas avec quelques difficultés à ce rôle de
commission d'appel dans un domaine qui ne lui a jamais appartenu. Ensuite, le
texte de loi, pour éviter des contestations, devrait préciser les
pouvoirs de l'arbitre. Celui-ci devrait être autorisé à
casser le congédiement, la suspension ou la rétrogradation,
à ordonner la réinstallation de l'employé ou toute autre
mesure qu'il jugera nécessaire. Sa décision serait
homologuée sur requête sommaire à la Cour Supérieure
ou à la cour Provinciale suivant l'intérêt monétaire
en cause. Elle serait ainsi exécutoire de la même façon
qu'un jugement de la cour.
Sécurité d'emploi.
A l'heure actuelle, dans la plupart des conventions collectives
d'hôpitaux, l'on retrouve des formules de sécurité d'emploi
garantissant, après une certaine période, un emploi à tout
salarié d'un hôpital de la province de Québec. Il va sans
dire que le personnel de cadre ne jouit d'aucune protection semblable. Or il
est celui qui peut être le plus affecté par des fusions
d'institutions hospitalières.
Nous estimons que ce personnel a droit à une priorité
d'emploi du même niveau et, si possible, dans l'institution qui
succède à celle où il était employé ou dans
un autre, dans le territoire de l'office régional des affaires sociales.
De toute façon, les personnes concernées devraient être
assurées d'un emploi dans leur spécialité professionnelle,
sans perte de salaire.
Il serait totalement illogique d'éliminer systématiquement
des personnes qui ont acquis, par leurs fonctions, une connaissance pratique
immédiate des problèmes de fonctionnement d'une institution
hospitalière ou de bien-être social. C'est pourtant ce que
permettrait le texte actuel de la loi. Nous comprendrions mal pourquoi les
cadres jouiraient de droits moindres que ceux que l'on reconnait aux
syndiqués. Nous ne désirons pas un gel des situations acquises,
mais une protection des emplois. Nous admettons que l'on
réaménage les services sociaux. Il deviendrait injuste que des
personnes qui souvent ont passé de longues années de services
dans des institutions publiques de la province de Québec en supportent
individuellement le poids de cette restructuration.
QUEBEC, 25 novembre 1971
ASSOCIATION PROFESSIONNELLE DES CADRES
INFIRMIERS
Par:______________________________
SUZANNE ROBERGE, Présidente
ANNEXE 17
COMITE DU CENTRE COMMUNAUTAIRE
DE SANTE DE LA PETITE BOURGOGNE
MONSIEUR LE MINISTRE, MESSIEURS LES COMMISSAIRES, MESSIEURS LES
DEPUTES
Nous voulons d'abord vous remercier de bien vouloir prendre quelques
instants pour entendre la lecture de notre mémoire en rapport avec le
bill 65. Nous ne ferons pas d'exposé non pas que nous abandonnions la
lutte, mais il s'agit ici de traiter d'un autre aspect connexe important
concernant le domaine de la santé, à savoir la
réorganisation des services de la santé et des services
sociaux.
Nous devons vous féliciter pour cette entreprise qui comprend des
heures, des jours et des années de dur labeur qui aura pour effet de
mieux desservir la population, et lui donner des services meilleurs, auxquels
elle a droit; cependant, nous doutons de la réussite de cette
réorganisation si vous ne faites pas des amendements au bill 65 tel que
proposé. Nous sommes contre l'institution privée (avec but
lucratif) elle n'a aucun rôle à jouer dans la distribution des
services. Il ne faut plus se servir de la santé du public pour faire de
l'argent.
Monsieur le ministre, nous, le Comité du centre communautaire de
santé de la Petite Bourgogne, somme encore à nous demander ce que
nous apportera de nouveau toutes ces structures dictatoriales du bill 65. Ne
croyez-vous pas que tout pourrait mieux fonctionner s'il y avait la
participation du citoyen à la base, ce qui n'a jamais été
fait.
Monsieur le ministre, vous parlez d'hommes nouveaux dans le rapport
Castonguay-Nepveu, il nous semble que ce serait la plus belle occasion de
tenter l'expérience. Ce serait pour la première fois faire preuve
d'une vraie démocratie au Québec, et nous croyons que ce serait
la meilleure façon de réussir. Le bill 65 est une contradiction
flagrante de vos déclarations antérieures. Vous avez
visité plusieurs villes du Québec, vous avez rencontré
plusieurs comités de citoyens, vous avez étudié plusieurs
mémoires dont un de notre comité, et aujourd'hui, en lisant le
bill 65, nous constatons que le pouvoir sera encore entièrement entre
les mains de prétendus experts, tels que sociologues,
économistes, etc., et que le citoyen devra s'incliner devant ces gens
par qui nous avons été trahis plus d'une fois. Nous parlons en
connaissance de cause puisque nous avons eu l'occasion de les rencontrer
à plusieurs reprises, ce n'étaient que des promesses, des
peut-être, ou bien ceci: Nous allons étudier la situation.
Toujours des paroles et jamais rien de concret. Vraiment monsieur le ministre,
nous sommes à nous demander si ce ne sont pas les structures de nos
gouvernements qu'il faudrait changer avant de changer les structures des
services de santé, c'est en lisant le bill 65 que, voyant
apparaître de nouveau toute cette gamme de sociologues et
économistes, que nous nous posons la question.
Tout de même, nous constatons une petite amélioration sur
la participation dans les (CLSC). Ce n'est pas suffisant. Si les citoyens
n'étaient quand nous parlons de citoyens nous avons en tête
les citoyens et leurs comités directement engagés dans les
actions militantes, soit dans le domaine de la santé ou tout autre
domaine concernant la population pas majoritaires au niveau de
l'O.R.A.S., il vaudrait mieux substituer cet organisme administratif et
bureaucratique qui ne fera qu'accroître les charges sans
efficacité valable.
Nous envisageons la participation à 60 p.c. de citoyens dans tous
les centres d'administration. Nous ne demandons pas l'impossible. Nous
demandons seulement une place dans la société ce qui nous semble
normal, nous du Comité de citoyens pour le CENTRE COMMUNAUTAIRE DE SANTE
DE LA PETITE BOURGOGNE.
Monsieur le ministre, après toutes ces critiques qui ne sont pas
faites avec méchanceté mais avec conviction, nous aimerions vous
faire part de la vision que nous avons de la nouvelle organisation des services
de santé et des services sociaux.
O.R.A.S.
A- un directeur général.
B- un membre de chacun des centres d'accueil de la région. C- un
membre de chacun des centres de services sociaux de la région. D- un
membre de chacun des centres hospitaliers. E- un membre du comité
médical de la région. F- un membre du comité du personnel
de la région.
G-quinze citoyens élus parmi les C.L.S.C, CENTRES LOCAUX DES
SERVICES COMMUNAUTAIRES.
Quant à l'administration des institutions voici ce que nous
préconisons. CENTRE HOSPITALIER
A- un membre de O.R.A.S.
B- un directeur général.
C- un membre du conseil médical et dentiste.
D- un professionnel.
E- un membre de chacun des centres de services sociaux.
F- un membre de chacun des centres d'accueil.
G- un membre du personnel.
H- neuf citoyens élus parmi les membres des C.L.S.C. de la
région concernée.
CENTRE LOCAL DES SERVICES COMMUNAUTAIRES
A- un membre de l'O.R.A.S.
B- un directeur général.
C- un membre des centres hospitaliers.
D- un membre des centres de services sociaux.
E- un membre élu parmi les professionnels.
F- un membre parmi le personnel.
G- huit membres élus par la population lors d'une
assemblée générale.
CENTRE DE SERVICES SOCIAUX
A- un membre de l'O.R.A.S.
B- un directeur général.
C- un professionnel.
D- un membre du personnel.
B- un membre de chacun des centres hospitaliers parmi les citoyens
élus.
F- un membre de chacun des centres d'accueil.
G- neuf citoyens élus parmi les C.L.S.C. de la région
concernée.
CENTRE D'ACCUEIL
A- un membre de l'O.R.A.S. B- un directeur général. C- un
professionnel. D- un membre nommé par le personnel. E- un membre des
centres des services sociaux.
F- sept membres élus de x parmi les pensionnaires du centre
d'accueil, cinq par la population locale lors d'une assemblée
générale annuelle.
Les directeurs généraux devront être
résidants de leur région et respectivement nommés par les
conseils d'administration des diverses institutions.
Nous présentons en annexe une description de ce que pourrait
être les - CENTRE HOSPITALIER (C.H.) - CENTRE LOCAL DES SERVICES
COMMUNAUTAIRES (C.L.S.C.) - CENTRE DES SERVICES SOCIAUX (C.S.S.) - CENTRE
D'ACCUEIL (C.A.)
COMITE DE CITOYENS POUR LE CENTRE COMMUNAUTAIRE DE
SANTE DE LA PETITE BOURGOGNE
CENTRE HOSPITALIER - Chirurgie générale sans
sous-spécialistes - Anesthésie et réanimation -
Gynéco-obstétrique Urologie - Service de diagnostic et de
traitement - Psysiothérapie - Soins intensifs - Isotope - Endoscopie -
Laboratoires généraux - Pathologie - Lits en conséquence
des besoins.
CENTRE LOCAL DES SERVICES COMMUNAUTAIRES - Pédiatrie -
Dentiste - Gynécologie - Planification familiale - Soins à
domicile - Prévention - Thérapeutique - Médicaments et
soins pharmaceutiques - Psychologie Service d'ambulance.
CENTRE DES SERVICES SOCIAUX
Garderie d'enfants - Services matrimoniaux - Animation sociale
Organisation communautaire Loisirs familiaux de quartier Conseiller
juridique
Education des adultes sur la santé
Service de dépannage
Information sur les conséquences néfastes de la
drogue.
Il faudra cependant, si la chose est possible, demander la planification
au niveau régional. CENTRE D'ACCUEIL
Vos objectifs pour ce centre sont acceptables, pourvu qu'ils
répondent toujours aux besoins locaux. Les personnes qui seront
pensionnaires de ces centres auront besoin d'une protection spéciale.
Nous pensons aux désastres pouvant résulter de la
négligence des administrateurs de ces institutions.
ANNEXE 18
THE BOYS' FARM AND TRAINING SCHOOLINTRODUCTION
The Boys' Farm and Training School was incorporated in 1907 under Part 3
of the Quebec Companies Act as a non-profit organization. It is located at
Shawbridge, Quebec, and basically is a small cottage type private institution
housing 116 boys in 7 cottage units and 2 decentralized group homes in
Montreal.
For many years, The Boys' Farm and Training School accepted juvenile
delinquents solely on a custodial basis until 1968 when it was decided to
accept for diagnosis and treatment all male juvenile delinquents and acting-out
children for whom The Boys' Farm and Training School had the resources to
treat. Attached to this brief is a copy of the March 1971 "Review of the
Childhood and Welfare Services" published by the Minister of Social Affairs
containing an article entitled "The Boys' Farm and Training School Organizes
for Treatment" written by the Executive Director and the Assistant Executive
Director which explains in detail our new program. It is to be noted in the
Publication, that reference is made to the reasons for publishing it solely in
the English language. It is also to be noted that the Department of Social
Affairs has given its full support to the diagnostic and treatment program of
The Boys' Farm and Training School since its inception in 1968.
GENERAL REMARKS
Bill 65 has been drawn-up to correct an unorganized situation with the
basic objectives of providing all citizens of this Province with efficient and
effective health and social services. Few could argue with the basic objectives
and the motivation of the authors. With this in mind, the Government of Quebec
should be congratulated for having put forward such a Bill.
For the purpose of expediency, this brief, deals essentially with what
we would describe as the negative features of this Bill. With this in mind, the
many positive features of the Bill will go largely unmentioned.
At present, the responsibility of managing the affairs of The Boys' Farm
and Training School (B.F.T.S.) rests with the Board of Directors and the
responsibility of carrying out the activities of the B.F.T.S. rests with its
professional staff and other employees.
Bill 65 contemplates changing such traditional responsibility by
rendering the current role of directors relatively ineffective and obliging the
professional staff to work according to standards and norms imposed upon them
without prior consultation or their approval.
It appears that all significant policy and procedure will be formulated
at the top by Government with the intent in mind that the Directors and Staff
of B.F.T.S. be required to implement such policy according to fixed
procedure.
B.F.T.S. is in the process of developing what we describe as an "Open
Organization" in an attempt to clearly demonstrate that "Closed Organization"
has both a direct and indirect negative effect on the treatment of juvenile
delinquents. At present, The Boys' Farm has the authority to guarantee that its
organization and its program will be defined by purpose and not procedure, that
procedure will vary from one internal unit to another based on purpose and that
the people who are responsible for the carrying-out of decisions have an
involvement in the decision-making process. Without these guarantees our new
experimental program stands in jeopardy.
It is therefore submitted that lack of delegated authority over program
and organizational policies and procedures contemplated under Bill 65 will
severely effect if not destroy (1) professional excellence, initiative and
dedication, (2) private voluntary service, (3) private funding, (4) voluntary
managerial expertise, and (5) private property.
It is further submitted that the personal initiative demonstrated in
recent years by B.F.T.S. and its professional staff in making B.F.T.S. a
leading institution in the field of juvenile delinquency will, to a greater
extent, be removed upon implementation of Bill 65.
SPECIAL REMARKS ON "ORGANIZATION"
The progressiveness indicated in having introduced such a Bill is not
supported by the structure of the organization proposed for administering the
program. The organization has the appearance of a pyramid; neat, symmetrical
and to all outward appearances easily understood. However, like a pyramid it
appears static and complicated on the inside. Welfare and medicine treatment
programs are dynamic, and more of an "ad hoc" or task force approach to
problems is needed than is a bureaucracy. The overall atmosphere, as set forth
in the Bill, appears to be one of rigidity and reaction and not one of
flexibility and action.
In principle we would agree with the concept of decentralized services
as outlined in the Bill, but we would oppose the concept that a great
percentage of both policy and procedural decision making power be centralized
at the level of the Minister. Bill 65 clearly suggests that efficiency and
effectiveness can best be obtained through Government planners and policy
makers, legislated by the National Assembly and turned into program through
Government procedural directive. Management by directives has never worked
efficiently or effectively. Modern organizational theory and practice is
clearly moving towards the principle of de-centralization which necessitates a
sound degree of autonomy under sound management for each de-centralized
division.
RECOMMENDATION
It is our primary recommendation that Bill 65 be amended to ensure that
institutions will be allowed, through responsible envolvement, to initiate and
formulate policies (Broad General Direction or Guideline) in the program and
organization area of the service for submission to the minister for final
approval. The primary role of government should therefore be to guarantee that
the broad Goals are achieved and not to determine how they are achieved on a
procedural level.
We would submit that if this is done, the Health and Welfare Services of
the Province will be defined by purpose rather that by procedure. We believe
that it is realistically impossible for a remote central authority to establish
workable procedures for Health and Welfare programs that by their very nature
require practices that will vary greatly from one program to another and even
within one apparently similar program.
In particular, innovative and experimental programs such as The Boys'
Farm necessitates flexible organizational support at all levels. This is
impossible under central procedural controls; a central authority simply cannot
effectively evaluate both the direct and indirect effects on program that a
procedural decision automatically implies. Vital managerial flexibility in the
key areas of finance, general procedural control, staff recruitment and
training and board selection has enabled The Boys' Farm to change drastically
and effectively in a short three-year period. In short, power was placed in the
hands of those directly responsible for results.
In particular, we would refer to Seption 133 which empowers the
Lieutenant-Governor in Council to make regulations governing a very broad
area.
RECOMMENDATION
We would recommend that section 133 (J), (K), (P), (Q) and (R) should be
deleted and, in lieu thereof, each institution be obliged to adopt bylaws
governing the matter referred to in sections 133 (J), (K), (P), (Q) and (R)
subject to approval by the government.
It is submitted that such matter should not be regulated by Government
because it would be impractical for institutions with differing characters to
be regulated by similar standards and norms. It is further submitted and
emphasized that regulation by Government in respect to the above described
matters would remove a considerable amount of the personal initiative and
challenge from the point of view of both directors and professional staff
inasmuch as such people basically responsible for the results of the program
will have no voice in the policy and procedure applicable to that program.
It is feared that it will be difficult to not only attract but maintain
competent professional staff as they may feel compelled to exercise their
profession in jurisdictions where Government controls are less rigid and more
flexible.
DEFINITION OF PRIVATE INSTITUTIONS
RECOMMENDATION
Section 1(C) of the bill defining a "private institution"should be
amended to include non-profit corporations which have elected to become
subsidized private institutions in the manner to be set forth in other amended
sections of the bill.
Such an amendment would permit corporations to operate outside of those
sections of the Bill which reduce the effective role of the directors and
professional staff of the specific programs. Any institution so electing
requiring continued Government subsidization will be subject under the Bill to
certain Government controls such as approval of Budget and overall general
policy direction.
Such an amendment would also allow B.F.T.S. and others to consider
electing to become a subsidized private institution if it is for the benefit of
the Community.
RECOMMENDATION
We feel strongly that the bill must be changed to permissively allow for
the establishment and operation of semi-private experimental programs or
services that could be responsible to the minister on a "goal" or "results"
basis exclusively.
SOCIAL SERVICE CENTRE AND RECEPTION CENTRE
Sections 1(H) and l(i) of the Bill define "Social Service Centre" and
"Reception Centre". At present, B.F.T.S. appears by the nature of the services
it provides to qualify partly as a Social Service Centre and partly as a
Reception Centre. For example, B.F.T.S. provides a Community Treatment Program
involving social action services and, accordingly would be construed as a
social service centre under the Bill. Moreover, B.F.T.S. lodges people at its
Shawbridge and Rosemere facilities and thus is a reception centre under the
provisions of the Bill.
RECOMMENDATION
Therefore, the bill should be amended to (A) provide for the
incorporation of an institution under any one or more of the four classes
described in section 41, I.E. local community service centres, hospital
centres, social service centres and reception centres; or (B) clearly indicate
that any existing corporation may incorporate one or more new corporations with
separate classifications for the purpose of continuing to provide the same
services as presently made available by such corporations.
BOARD OF DIRECTORS
The Bill is silent on the responsibilities of directors. Part III of the
Company's Act currently applicable to B.F.T.S. provides that "The affairs of
the Company shall be managed by a Board of not less than three directors". Bill
65 provides in Section 63 that the "Day-to-day administrationof a
public institution shall be entrusted to an administrative committee consisting
of the general manager of the institution and four members of the Board of the
Institution appointed each by the Board at a General Meeting". Section 73 of
the Bill indicates that the general manager, who is made responsible for the
management of the institution, must prepare a budget and organization plans
which he must submit to the Board for approval. Moreover, Section 76 provides
that a professional advisory council shall make recommendations to the Board of
Directors respecting the scientific and technical organization of the Centre.
Apart from these two references it remains unclear what role, if any, the Bill
contemplates for the Board of Directors of the Boy's Farm.
It is submitted that the Board of Directors of B.F.T.S. will not have
any managerial responsibilities and, therefore, considerable doubt is cast upon
the necessity of B.F.T.S. having a Board under the scheme of the proposed Bill.
Furthermore, there is every reason to believe that persons of sound character
posessing skills and competence who should constitute the Boards of charitable
institutions in this Province, will not be prepared to accept the appointments
as directors of institutions when the role of a director appears to be
functionary only.
If on the other hand, some basic changes are made in the organizational
structure, we feel that the Bill would be amended to include some of the
responsibilities of such Boards. We feel that this is essential if it is the
Government's intention for them to play an active rather than a passive role in
the improvement and expansion of health and welfare services in the
Province.
It is submitted that the method of appointment and qualifications of
those appointed to Boards of Directors of Public institutions must be much more
clearly stated in the Bill.
At the present time, nominees for election to the Board of B.F.T.S. are
carefully chosen by a nominating committee from among those persons who have
manifested interest in B.F.T.S. well-being and who have specific professional
of other skills which are considered to be of particular use to B.F.T.S. Thus,
persons with experience in law, business, administration, engineering and like
disciplines are invited to allow their names to stand for election with the
ultimate view of having those persons sit as chairman of the various committees
of B.F.T.S. for which their special skills are essential.
RECOMMENDATION
It is recommended that appointments to the board of directors of
reception centres only be made following discussion and agreement between the
government and the reception centre. RECOMMENDATION
It is recommended that both the government and the reception centre
should retain the right to refuse any individual appointment recommendation.
RECOMMENDATION
It is recommended that the bill include specific provision to ensure
that the boards of directors include diverse managerial and professional
expertise. To effectively achieve this each public institution should be
obliged to adopt by laws relating to the size and responsibilities of its board
of directors, within the policies established by and subject to approval of the
government.
Regardless of the means of appointment of the members at large of a
social service centre and reception centre, it is the view of the Board of
Directors of The Boys' Farm and Training School based on experience, that a
term of office arbitrarily fixed at four years would not be in the best
interest of the B.F.T.S. A great many persons quickly lose interest in public
institutions to whose boards they are elected or appointed or equally quickly
manifest incompetence to carry-out their responsibilities and to retain such
persons for a period of four years would be harmful to the institutions.
On the same note, it would be a mistake to limit the term of office of a
member of the Board to one term. Experience indicates that in many instances
several years are required to acclimatize a person to a particular
responsibility and the loss of interested persons through forced retirement
after a short period would work to the detriment of B.F.T.S. As stated above,
there does not exist an unlimited pool of competent persons from whom
institutional boards can be drawn and to lose skilled advisors by reason of
application of Section 52 as presently drafted, would not work in the best
interest of the restructured social services of the Province.
RECOMMENDATION
It is suggested in this regard that section 52 of the bill be amended so
as to permit consecutive appointments to a maximum of six years providing that
the incumbent has, within four years, moved into an executive position on the
board of directors.
The suggested means of appointing the other members to the Boards of
Social Service and Reception Centres not contemplated by Section 50(A) and
51(A)of the Bill are appropriate. GENERAL MANAGER
It would appear from Section 73 of the Bill that the General Manager
will be charged with the responsibility of managing an institution.
RECOMMENDATION
It is submitted that the responsibility of the general manager as
proposed in the bill is far too onerous for any one person and that the present
basis of allowing responsibility to rest with a board of directors to which a
general manager reports and is responsible to is far more equitable and
effective.
As the General Manager of a public institution is appointed by the Board
of Directors, it is inappropriate that he be ex-officio chairman of the
Administrative Committee of the public institution. Section 64 of the Bill
contains an error in translation and in the English version the words in the
second line "a member" should read "the Chairman".
RECOMMENDATION
The general manager of a public institution should be a member of the
administrative committee but should not be the chairman as the chairman of the
administrative committee would undoubtedly exercise far more executive as well
as administrative authority than any other person, including the president.
CAPITAL DONATION
Section 45(G) of the Bill authorizes the public institution to accept
any gift, legacy or other liberality. The Bill does not expressly state whether
or not any such donation can be expended by an institution at its own
discretion but by implication in sections 137 and 138 it seems that any
expenditure which is not authorized can result in dismissal of the members of
such institution who authorize or approve such expense. Consequently, capital
donations whether for specified or unspecified purposes accepted by B.F.T.S.
cannot be expended at the sole discretion of B.F.T.S. without prior approval by
the Minister.
RECOMMENDATION
It is, therefore, submitted that private capital donations will likely
play no role at all in the future of public institutions in this province
unless the bill is amended to clearly indicate that private capital donations
can be expended at the sole discretion of the service or program to which the
donation has been given.
PROVISIONAL ADMINISTRATION, AND DISSOLUTION
Sections 120 Et Seg of the Bill empower the Minister to assume
provisional administration of an institution subject to the Lieutenant-Governor
in Council authorizing the continuation of such provisional administration or
ordering the amalgamation of the institution with any other institution or the
winding-up of the institution and appointment of a liquidator. Section 132
further provides that, upon dissolution of a public institution, its assets
shall devolve to the Government or any public institution chosen by the
latter.
RECOMMENDATION
It is submitted that the bill should be amended to authorize the
institution and its board of directors to appeal to the courts of the province
of Quebec any final decision of the minister pursuant to section 127 in the
same manner that any person whose permit is refused or suspended or cancelled
may appeal the minister's decision to a judge of the provincial court pursuant
to section 106 of the bill.
ANNEXE 19
CENTRE DES RESSOURCES INSTITUTIONNELLES COTE-NORD INC.
Hauterive, 17 novembre 1971.
OBSERVATIONS SUR LE BILL 65
Notre corporation s'était déjà inscrite pour la
présentation d'un mémoire devant la commission parlementaire des
Affaires sociales sur le bill 65.
Depuis, une multitude de mémoires ont été
présentés devant cette commission, attaquant le bill 65 dans sa
forme comme sur le fond.
Notre corporation n'entend donc pas répéter ce qui a
été dit par plusieurs organismes, mais partage globalement les
oppositions et les faiblesses qui ont été exposées.
Première observation:
Nous croyons que la loi-cadre d'administration des services de
santé et des services sociaux ne respecte pas l'esprit et la philosophie
du rapport de la Commission d'enquête sur la santé et le
bien-être que l'on peut retrouver au volume 3 sur le
développement, tome 2, première partie.
Il y a tellement de failles sur la rédaction de ce projet de Loi
qu'il est difficile de se prononcer
avant que les nombreux amendements soient déposés devant
l'Assemblée nationale, puisque le ministre n'a pas cessé de
répéter qu'il entendait corriger tel ou tel article du projet de
loi.
Nous soumettons que le projet ne répond pas à la
philosophie de la commission Nepveu-Castonguay et qu'il devrait être
repris dans son ensemble.
Nous sommes d'accord sur les objectifs que visait le ministre, mais nous
soumettons que la rédaction de ce projet ne garantit aucunement les
principes énoncés dans les objectifs.
Le projet veut réorganiser les services, alors que nous croyons
que dans plusieurs cas ce sera une désorganisation ou une
désintégration totale.
Particulièrement en ce qui nous concerne pour les corporations de
centres d'entraînement à la vie ou d'institutions de
transition.
Nous reconnaissons qu'il y avait un besoin de coordination et de
décentralisation, mais nous croyons que la loi-cadre sur
l'administration entraînera plus d'ambiguïté et de
bouleversement que nous en connaissons dans la disparité actuelle.
Retour aux sources:
Nous citerons, avec commentaires, les principes ou les observations
émises par la commission d'enquête dans le volume 3, sur le
développement, tome 2, première partie.
No 1054, page 161... Au lieu d'être des instruments
d'évolution, les organismes administratifs sont de vastes bureaucraties
qui entravent souvent le progrès.
Devant cela, nous observons que les conseils d'administration de vingt
membres, devant se réunir six fois par année, ne tiennent pas
compte des réalités et conduiront à l'immobilisme.
No 1057. Il arrive fréquemment que les dirigeants
d'échelons supérieurs ne connaissent pas les conditions locales
du développement.
No 1059. Les pays socialistes connaissent des problèmes analogues
d'administration. On met actuellement sur pied un réseau d'organismes
afin de freiner la bureaucratie et d'endiguer la marée montante de
paperasserie et de formalisme administratif.
No 1061. Trop souvent on a cru que la solution consistait à
établir de nouveaux organigrammes qui redéfiniraient
l'autorité hiérarchique et répartiraient plus logiquement
le personnel.
No 1062. L'expérience prouve que, même dans les meilleures
conditions, on ne peut réaliser que progressivement une véritable
réforme administrative, c'est-à-dire au fur et à mesure
que se déroule le processus du développement.
No 1074. Il est évident que les priorités et le type
d'actions à entreprendre varient d'une région à l'autre.
Un système centralisé n'est pas assez souple pour tenir compte de
ces variations entre les régions et les couches sociales et, en
définitive, crée plus de problèmes qu'il n'en
résout, étant donné que les solutions,
nécessairement moyennes, ne conviennent pas à toutes les
situations concrètes.
No 1075. La participation implique une puissance étatique
déléguée qui libère l'individu des groupes, au lieu
de les assujettir. D'où la suggestion d'une organisation de service
fortement décentralisée. Toutefois, celle-ci ne doit pas
être totale, car elle pourrait engendrer l'anarchie et la confusion. Il
faut donc équilibrer la centralisation qui permet la coordination et la
décentralisation qui favorise la participation et l'adaptation à
des situations différentes.
No 1079. Il est essentiel que tous les services administratifs adoptent
les mêmes unités territoriales et que celles-ci soient non
seulement administratives, mais aussi décisionnelles selon le principe
de la décentralisation décrit plus haut.
No 1084. La société publique, telle qu'elle existe
actuellement, par exemple dans les CEGEP, n'échappe pas
complètement à la centralisation, étant donné que
c'est l'Etat (et non pas les citoyens) qui nomme les représentants de la
population.
No 1101. Il est beaucoup plus simple de transporter les ressources
là où il y a les problèmes, que, comme on l'a trop fait
dans le passé, les problèmes là où se trouvent les
ressources.
No 1119. Il faut éviter que le développement d'un
système devienne plus important que le développement social
lui-même.
No 1221. Lorsqu'on incite le citoyen à s'adapter à
certains changements, on doit respecter sa liberté de choix et
éviter, par conséquent, de lui imposer une doctrine ou une
échelle de valeur.
Après la lecture des principes énoncés par la
commission, nous croyons que le ou les rédacteurs du projet de loi, bill
65 n'ont pas respecté la philosophie émise par la commission
d'enquête.
Nous considérons qu'au lieu d'une coordination de ce qui existait
déjà comme positif, on procède à la mise au rancart
de tout ce qui existait, invoquant des cas d'exception, pour créer de
toute pièce un organisme administratif qui rendra plus lourde
l'exécution.
Les offices régionaux deviennent une nouvelle structure
intermédiaire conduisant à une lenteur administrative.
Dans plusieurs projets de loi-cadre depuis quelques années,
l'Etat nous entraînait vers la socialisation.
Mais, par le bill 65, il s'agit non pas simplement de la socialisation
mais bien de l'étatisation pure et simple, aboutissant à la
mainmise totale de l'Etat sur toutes les corporations privées existant
en vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies, ou les
corporations privées pour les hôpitaux, ou les autres corporations
pour les services sociaux.
A travers tout le projet de loi, l'on sent l'intention bien
déterminée de l'Etat d'obtenir le contrôle de tous les
conseils d'administration.
Evidemment les nominations faites par le lieutenant-gouverneur pour
assurer la majorité de représentation de l'Etat dans chacune des
Corporations conduisent au danger direct de politisation dans l'organisation
des services de santé et des services sociaux.
Dans son ensemble, le projet de loi nous conduit à une
régionalisation illusoire puisque les pouvoirs véritables ne sont
pas reliés à l'échelle régionale soumise au
ministre.
D'autre part, on nous conduit de façon très habile et
même machiavélique, à une décentralisation
fictive.
Il apparaît évident que les administrateurs doivent devenir
des marionnettes pour les technocrates.
Il faut se rappeler qu'il s'agit uniquement des structures, mais que le
rapport de la commission Castonguay sur les services sociaux n'étant pas
publié, il faut s'attendre à ce que l'Etat, une fois bien en
place majoritairement partout, pourra facilement manoeuvrer des administrateurs
sympathiques à l'avance et sans motivation particulière.
Certes il pourra y avoir des exceptions dans certains milieux, mais vaut
mieux prévenir que guérir et compte tenu de l'expérience
du passé, nous n'assisterons pas à une revalorisation des
corporations existantes mais bien à la disparition de ces corporations
et à ce qu'un journaliste appelait simplement "à un changement de
la garde".
Par le projet tel que déposé, l'administrateur
bénévole est sujet aux tracasseries et peut encourir de graves
pénalités même sans prévarications de sa part.
Et l'article 30 du projet, donne un pouvoir d'inquisition
sérieux, équivalant à un pouvoir de police, donnant dans
certains cas ouverture même à la vindicte politique.
Expérience de notre milieu:
Notre corporation administre deux pavillons, l'un pour un centre
d'entraînement à la vie, l'autre pour une institution de
transition.
Le pavillon de la Falaise et le pavillon Richelieu prendront maintenant
nom de centres d'accueil, suivant l'article 51 du bill 65.
L'expérience a voulu à ce jour que la corporation existant
en vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies a toujours agi
depuis sa fondation en 1967 comme partenaire de l'Etat.
De plus, la coordination souhaitée par la commission
Nepveu-Castonguay avait déjà été établie
avant le dépôt du bill 65.
Notre corporation a coopéré pour les services avec les
commissions scolaires locales et régionales, avec le service social,
avec le service de probation, avec le centre Domrémy, avec
l'Hôtel-Dieu de Hauterive et surtout une coopération
étroite et continuelle avec le ministère des Affaires
sociales.
Le problème de l'enfance handicapée physique ou mentale
est bien différent à traiter de celui de l'enfant
caractériel ou du délinquant.
Il y a encore une plus grande différence avec le problème
de l'assisté social ou du malade qui n'a besoin que des soins de la
clinique externe ou de celui du malade qui a besoin du service dans un
hôpital général ou dans un hôpital de convalescents
ou de traitements psychiatriques.
De même, il y a une différence énorme avec la nature
du traitement à donner à l'alcoolique.
De plus, le problème du jeune qui s'adonne à la drogue est
différent de celui de l'adulte qui s'adonne soit à la drogue ou
aux autres toxicomanies.
D'une trop grande disparité, on veut maintenant passer à
l'autre extrême et tenter de centraliser tous ces problèmes dans
les mêmes conseils d'administration.
Il est évident et flagrant que le bill 65 manque de
spécificité entre la santé et le bien-être.
On tente là une expérience dont il faudra rapidement
revenir à l'arrière comme on a dû le faire dans
l'implantation des trop grandes polyvalentes dans le domaine scolaire.
Dans le domaine scolaire, on a cherché la participation par
l'atelier pédagogique, le comité consultatif ou le comité
d'école.
L'un des problèmes les plus sérieux qui s'est posé
en ce qui concerne le dialogue parents-enseignants, c'est dans plusieurs cas,
le manque d'intérêt des parents pour la chose scolaire.
Parallèlement dans le projet de loi 65, il se pourrait fort bien
que l'Etat se retrouve avec des administrateurs non motivés, manquant
d'intérêt dans les domaines de l'enfance exceptionnelle, de la
santé, des alcooliques ou autres.
Il est facile de constater aujourd'hui que les ministères, comme
ceux de l'Education et des Affaires municipales, n'ont pas encore
conféré de véritable autonomie à leurs
représentants régionaux, et il est évident que le projet
de bill 65 ne conférera aucune autonomie aux dirigeants
régionaux.
En effet, l'on procède d'un seul trait, dans l'espace de deux
ans, à la désorganisation et à la
désintégration de ce qui était positif pour mettre en
place des structures qui ont de grandes chances de conduire à
l'inefficacité et certainement à l'augmentation des
coûts.
Par l'article 51 du bill 65, le ministre aura dans les centres
d'accueil, un conseil d'administration où les administrateurs seront les
serviteurs du ministère des Affaires sociales.
Nous craignons qu'il n'y ait plus place pour l'audace et l'initiative
qui a été démontré pour l'implantation de ces
institutions. C'est l'étatisation qui conduit à la perte de
motivation de tout citoyen sérieux.
Signalons de plus que le paragraphe e) de cet article 51 fait du
directeur général un membre du conseil d'administration, ce qui
nous apparaît très dangereux pour les administrateurs et contraire
à toutes coutumes, et c'est là une façon indirecte de
faire du directeur général d'une corporation, un technocrate de
l'Etat.
En conséquence, nous énonçons que le projet de bill
65 conduit à une centralisation outrancière, sous le couvert ou
sous le simulacre d'une démocratisation des structures.
Nous soumettons donc humblement que ce projet de loi devrait être
repensé et réécrit pour éviter que des
problèmes plus grands soient créés que ceux que l'on veut
bien résoudre.
CENTRE DES RESSOURCES INSTITUTIONNELLES COTE-NORD INC.
Par:
Gontran Rouleau, président Accepté à
l'unanimité par le conseil d'administration, suivant résolution
du 20 novembre 1971.
ANNEXE 20
SOCIETE POUR LE PROGRES DE LA RIVE SUD
La Société pour le progrès de la rive sud, de par
sa définition et les objectifs qu'elle s'est fixés, se doit de
participer à la promotion du bien-être des citoyens de la rive
sud. Il est donc logique que l'étude du bill 65 s'inscrive au rang de
ses préoccupations.
Le bill 65 veut répondre à des besoins nouveaux, dans une
société en constante évolution et fournir un cadre
cohérent qui permette d'assurer un bien-être légitime
à tout citoyen. Cette transformation devra se réaliser par
étape, si l'on veut éviter l'interruption des services et
provoquer une réaction favorable chez la population.
Nous sommes conscients que la réforme proposée est une
entreprise difficile et qui se réalisera à longue
échéance seulement. La mise en place des structures ne peut
toutefois se faire sans la participation bénévole des
représentants de. toutes les couches de la population.
Conseil d'administration.
La nomination des conseils d'administration, en tout ou en partie, par
le lieutenant-gouverneur en conseil nous semble contraire aux principes d'une
saine participation de tous les intéressés. Nous devons donner
aux citoyens la possibilité de s'exprimer, de faire connaître
leurs besoins et de mandater des gens de leur milieu qui verront à la
réalisation de projets répondant aux besoins.
Assemblée générale
d'information
La tenue d'assemblée générale d'information,
à notre avis n'est pas la formule acceptable si on considère que
la participation des intéressés est valable. La participation
réelle et objective suppose au départ, une bonne dose
d'information, mais l'information seule ne peut jamais assurer la
participation.
Il nous semble logique qu'après avoir élu leurs
représentants au conseil d'administration, les citoyens reçoivent
un compte-rendu du mandat qu'ils ont accordé à certaines
personnes. Une
assemblée générale semblable à celle que
tient n'importe quelle corporation serait l'occasion toute indiquée pour
élire les membres du conseil, rendre compte du mandat, et faire
connaître les besoins des citoyens. Dans notre opinion, cette
élection ne nécessiterait pas la ratification du gouvernement,
lequel, pour toutes sortes de raisons, peut fort bien nommer d'autres personnes
que celles désignées par un scrutin. Cette dernière
façon de procéder serait néfaste à une saine et
véritable participation.
Une telle méthode assurera, dans notre esprit, une meilleure
consultation, une coordination plus efficace, pour en arriver à une
planification par la base, au lieu d'une planification bureaucratique qui ne
tient pas compte des particularités de chaque région.
"Entreprise privée":
Nous nous interrogeons sur la définition donnée au terme
"entreprise privée", c'est-à-dire que vous considérez une
entreprise privée du seul fait qu'elle n'est pas "publique". Vous
semblez ignorer le fait qu'une entreprise "privée" peut fort bien
fonctionner sans but lucratif, tout comme l'entreprise "publique". Il existe
toutefois de multiples organismes privés sans but lucratif qui assurent
des services indispensables à la population, tout en permettant à
une certaine forme de bénévolat de s'exercer de façon
cohérente et efficace. Devons-nous en conclure que toutes les
institutions privées sont appelées à disparaître et
à ne recevoir aucune aide financière gouvernementale?
Ces institutions privées, qu'on semble vouloir faire
disparaître, fonctionnent, en partie avec les deniers publics, en partie
avec la charité publique; elles sont pourtant peu dispendieuses et tout
aussi efficaces pour le citoyen. Considérant d'autre part, avec regret,
qu'une institution publique devient "une grosse machine" à faire
fonctionner, les coûts montent en flèche et l'efficacité
diminue d'autant, nous croyons que les institutions dites "privées" sans
but lucratif devraient continuer d'exister; elles s'acquitteront toujours d'une
tâche que l'institution publique ne parviendra pas à remplir aux
mêmes conditions.
Office régional des affaires sociales
(ORAS)
La loi permet au ministre de créer des offices régionaux
des affaires sociales. Nous comptons que dans la délimitation des
territoires, on tiendra compte des besoins particuliers de chaque région
et de sa population. Ainsi, si un ORAS était créé pour la
région métropolitaine de Montréal, ce serait une erreur
d'y inclure la rive sud; un territoire de 300,000 habitants comme le
nôtre a des besoins qu'on ne peut ignorer. De plus un ORAS
métropolitain couvrant un territoire trop vaste ne peut répondre
adéquatement à la multiplicité des problèmes et des
besoins qui diffèrent d'une région à l'autre.
Cette planification et cette coordination des objectifs répondant
aux besoins et problèmes d'une région doit se faire par et avec
les citoyens de cette région. Un ORAS se doit d'être
composé de citoyens représentant les principales
mentalités d'un territoire donné, incluant les usagers des
affaires sociales. Il est évident que la mentalité et les besoins
des citoyens de la rive sud sont différents de ceux de Montréal
ou de Laval, ou la rive nord. Si un ORAS devait avoir des représentants
de tous ces secteurs, le conseil d'administration fonctionnerait difficilement
puisqu'il serait trop nombreux. De plus les membres seraient appelés
à se déplacer pour les réunions, constituant ainsi un
obstacle au bon fonctionnement de l'organisme.
RECOMMANDATIONS: 1- Election d'un conseil d'administration par la
population du territoire désigné, au cours de l'assemblée
générale. 2- Obligation pour tous les organismes de tenir
annuellement, non seulement une assemblée d'information, mais
également une assemblée générale publique,
où le conseil d'administration rendra compte de son mandat et les
nouveaux administrateurs seront élus par les membres. 3- Maintien des
institutions "privées" en reconnaissant leur rôle. 4- Que les
régions soient déterminées non en fonction des
régions administratives du gouvernement, mais le soient en tenant compte
de tous les facteurs humains propres à la population que l'on veut
desservir.
ANNEXE 21
LE CONSEIL DE DEVELOPPEMENT SOCIAL
DU NORD-OUEST QUEBECOIS INC.
PREAMBULE
Le Conseil de développement social du Nord-Ouest
québécois oeuvre dans cette région depuis 1959. D'abord
créé comme fédération d'oeuvres, sous le nom de
Caritas-Abitibi, le conseil a évolué de conseil d'oeuvres en 1962
à conseil de bien-être en 1966 pour, finalement, être le
premier organisme au Canada, à se constituer en Conseil de
développement social régional en janvier 1969.
Le conseil regroupe des individus et des représentants
d'associations ou organismes qui sont élus à titre individuel. La
grande originalité du conseil réside dans le fait que les zones
de population du Nord-Ouest (6) sont proportionnellement
représentées au sein du conseil d'administration et au sein des
autres comités ou commissions de l'organisme.
C'est enfin un organisme consultatif qui, déjà, depuis
plusieurs années, consacre beaucoup d'énergie à
l'organisation d'une structure sanitaire et sociale qui tienne compte de la
population de même que des grands principes sociaux actuels. C'est aussi
un organisme innovateur dans le domaine social parce qu'il tente,
régulièrement, de nouvelles expériences de services,
d'associations et de remise en question de ses propres structures, objectifs,
philosophie et méthodes de travail, en même temps qu'il remet en
question les services établis, leurs méthodes, structures et
objectifs.
1 INTRODUCTION
Pour plusieurs organismes de la région du Nord-Ouest, de
même que pour plusieurs citoyens, la restructuration des services
sanitaires et sociaux de la région, était souhaitable pour
plusieurs raisons. Déjà plusieurs types d'expériences ont
été tentées: démocratisation de conseils
d'administration, de services ou d'institutions, une tentative de conseil
d'administration composé en majorité de consommateurs de
services, un regroupement de services dans un centre de services
communautaires, des actions de planification, de concertation, de programmation
de services essentiels et plus spécialisés pour les citoyens du
Nord-Ouest.
Cependant, chacune de ces actions ont été entreprises sur
une base volontaire, pour la plupart du temps sans assentiment du
ministère des Affaires sociales. (Les demandes en ce sens ont
été faites, mais elles sont demeurées sans réponse
du ministère). Aussi, sans cadre de référence pratique,
certaines expériences ont été décevantes au niveau
de leur cohérence, alors que d'autres s'avéraient plus que
satisfaisantes et de nature à réaliser des progrès
importants dans le sens de la participation des citoyens et de
l'accessibilité des services.
C'est donc pourquoi nous souscrivons aux objectifs du bill 65 et que
nous voulons tenter une description de son application pratique dans notre
région, sans pour autant accepter toutes les implications du bill.
D'autre part, ayant pris connaissance des recommandations de plusieurs
mémoires présentés à la commission parlementaire,
nous ne voulons pas répéter les contenus ni les recommandations
de modification aux articles du bill, mais nous voulons, par le présent
mémoire, faire quelques propositions de structures qui, si elles sont
acceptées, pourront être transcrites au bill par les
législateurs.
Nous vous soumettons le présent mémoire en croyant que
l'humble contribution d'une région où vit moins de 3 p.c. de la
population du Québec saura quand même être jugée
pertinente pour les fins de la consultation entreprise par la commission
parlementaire sur le bill 65.
Agréez, monsieur le ministre et messieurs les membres de cette
commission, l'expression de nos sentiments les meilleurs.
Bien à vous,
Le Conseil de développement social du Nord-Ouest
québécois Inc.
Mme Claire Labrèche, Présidente.
2- UNE DEFINITION DES NOTIONS
Avant de pouvoir tenter une description géographique d'une
application même partielle des structures prévues par le bill 65,
il nous apparaît essentiel de préciser le sens que la population
régionale donne à des mots employés couramment mais qui
ont, selon les différentes régions du Québec, des sens
plus ou moins précis, selon les expériences vécues par les
citoyens.
Pour les citoyens de notre région, les significations des mots
ont une importance majeure, à cause du contexte socio-économique
et historico-politique qui a joué et joue encore un rôle important
sur le sens de la vie et par conséquent sur le sens des valeurs de
même que sur le sens des expressions populaires régionales.
Nous essayerons de définir le sens contenu par les mots avant de
procéder plus avant :
Soins: Dans notre contexte, ce mot signifie curatif,
c'est-à-dire, une action posée en vue de soigner une maladie, une
blessure. Le mot soin est employé dans notre région uniquement
pour désigner les traitements reçus en milieu hospitalier.
Besoins: A cause de la situation socio-économique du
Nord-Ouest, les besoins exprimés par la population sont encore de type
individuel et primaire, tel: besoin de travail, besoin de soins, besoin de
revenu. Ici, les facteurs qui déterminent les attitudes de besoins, de
leur perception et de leur expression sont encore imprécis ou
instinctifs. Dans d'autres parties du Québec, ces facteurs
déterminent aussi les attitudes de besoins mais ils sont mieux
perçus et mieux exprimés à cause des structures
existantes, des sens de solidarité, des ressources économiques et
de l'état régional de la science.
Problème social: Pour les citoyens du Nord-Ouest, un
problème social est aussi le déséquilibre entre les
besoins d'une population et les ressources disponibles pour répondre
à ces besoins. Mais comme les ressources disponibles sont peu nombreuses
et qu'elles ont connu un essor tardif, les problèmes sociaux existent
mais il ne sont pas exprimés de façon précise à
cause de l'indéfinition des besoins collectifs et de l'absence
d'expérimentation de ressources valables. D'autre part, les citoyens,
ayant toujours dû se contenter des quelques ressources à leur
disposition, ont cessé d'exprimer leurs aspirations individuelles et ont
cessé d'entreprendre des démarches par trop nombreuses et
coûteuses, pour mettre en place les ressources nécessaires pour
solutionner les problèmes.
Service : La notion de service est ici nouvelle parce que les
citoyens n'ont pas encore pris conscience de leurs droits fondamentaux de jouir
des services mis à leur disposition par la société. Ainsi,
le terme service est encore perçu dans le terme d'aide ou d'assistance
accordée aux plus méritants, c'est une sorte de privilège
accordé de façon incomprise et incompréhensible.
Accessibilité: Cette notion est presque vide de sens pour
la population de la région du Nord-Ouest, parce qu'elle signifie
ordinairement à peu près rien, vu les expériences
vécues. Pour la majorité des citoyens de la région, les
points d'entrée des services et des soins sont situés à
plusieurs milles de leur milieu de vie. Dans plusieurs cas, l'accès aux
services est très difficile, ce qui indispose les clientèles et
qui a comme effet de nier cette notion d'accessibilité aux soins et
services. Exemple: le patient qui doit attendre plus de trois heures dans un
service d'urgence d'un hôpital avant qu'un médecin s'occupe de
lui, n'a peu de croyance en l'accessibilité aux soins et aux services.
D'autre part, quand un client doit recourir à des services à
l'extérieur de la région (Montréal) pour obtenir un
service ou des soins, cette notion d'accessibilité lui semble
irréelle. C'est le problème et le cas de toute clientèle
qui demande des soins ou des services spécialisés.
La planification : Pour le Nord-Ouest, planification signifie la
programmation des actions nécessaires pour atteindre les objectifs
fixés. Mais, ce mot, quoique souvent employé, signifie
très peu pour les citoyens parce que leurs expériences
passées ne leur ont pas prouvé qu'il était
nécessaire de faire des plans et des programmations pour faire quelque
chose: 1- Expérience du plan Vautrin (colonisation); 2-
Expérience de la mission de planification en 1970 devant programmer les
actions gouvernementales pour l'année 71-72 (les gens n'ont pas
l'impression que le gouvernement applique sa propre programmation); 3-
Expérience de développement irrationnel de l'exploitation des
ressources naturelles qui conditionne les situations critiques actuelles
(fermetures de mines, etc.).
Pourtant, tous les citoyens du Nord-Ouest savent que la planification
est un processus complémentaire du développement dans le sens que
c'est un moyen par lequel une société réalise ses
objectifs. C'est là le problème, parce que les objectifs
fixés par la population d'une région ne
sont pas ceux qui sont fixés par les structures administratives
et politiques que sont les gouvernements. Ce que les citoyens du Nord-Ouest
constatent, à cause des expériences vécues de
planification, c'est que les organes politiques et administratifs de leur
gouvernement n'ont pas encore fixé les objectifs de leurs politiques,
d'où l'impossibilité de la planification.
La coordination: Cette notion apparaît importante pour les
citoyens de notre région parce qu'elle signifie un minimum de
concertation entre les auteurs d'une même action. La coordination
apparaît capable de réduire les coûts de certains programmes
mais encore faut-il une concertation réelle des acteurs. Ici aussi, les
expériences vécues par la population face aux structures de
l'Etat, se sont avérées si peu importantes en réalisation
que cette notion de coordination apparaît maintenant comme une forme de
cancer de la comptabilité et la myopie de l'aménagiste...
La décentralisation: Cette notion suppose l'autonomie d'un
service ou d'un organisme à pouvoir prendre des décisions. C'est
une notion que les citoyens du Nord-Ouest connaissent très peu parce
qu'ils possèdent peu de structures ou d'exemples de structures autonomes
qui ont les pouvoirs pour prendre des décisions.
Déconcentration : Pour nous, la déconcentration est
le transfert du pouvoir de décision à l'intérieur d'une
même structure. Quels espoirs la notion de régionalisation
n'a-t-elle pas fait naître au Nord-Ouest dans le sens d'un transfert des
pouvoirs de décisions de différents ministères provinciaux
entre les mains de leur coordonnateur ou directeur régionaux?
La régionalisation: Telle que comprise ici, à la
suite de la délimitation par l'Etat du Québec, des dix
régions administratives en 1966, la régionalisation est une
limite géographique déterminée en fonction de zones
d'influence des activités des citoyens. Ce cadre géographique est
nécessaire à la déconcentration des organes administratifs
de l'Etat de même qu'à l'uniformisation d'un certain nombre de
limites territoriales d'intervention de différents
ministères.
Participation : Pour les citoyens du Nord-Ouest, la participation
signifie un engagement personnel et collectif dans des actions pour lesquelles
ils ont établi les objectifs, non pas en s'inspirant d'une connaissance
de type scientifique, mais à partir d'un système de valeurs
vécues. Ces objectifs, les citoyens du Nord-Ouest, ont prouvé
maintes fois qu'ils étaient prêts à les déterminer
dans l'affrontement de plusieurs systèmes de valeurs et la
réconciliation des intérêts divergeants des
différents groupes, et ce, ils l'ont fait avec peu de moyens
scientifique, financier et humain. Même après plusieurs
désenchantements, les citoyens sont encore capables de participer
à l'établissement d'objectifs et à la prise de
décisions nécessaires aux activités qu'ils ont
programmées, cependant, cette participation rend évidente
l'absolue nécessité de l'information qui est, sans doute
l'élément le plus important et celui qui conditionne le plus la
prise de décisions et par conséquent, la participation.
3- UN MODELE DE CLSC
Dégager un modèle d'un centre local de services
communautaires est peut-être prématuré en ce qui concerne
les services et les soins qui y seront dispensés, cependant,
dégager un modèle de structures et essayer de voir
théoriquement ce que pourrait être les services dispensés
par un CLSC nous apparaît présenter plusieurs avantages au niveau
d'une consultation populaire et même d'une programmation
régionale:
A) Structures du CLSC:
Comme le centre local de services communautaires doit adressé ses
services à une population locale plus ou moins grande, nous
considérons qu'il est très important que cette population puisse
participer à la définition, à l'organisation et à
l'administration des services qu'elle entend voir rendre par le CLSC.
Les moyens de participation doivent être libres et
dénudés de toutes contraintes approbatrices. C'est pourquoi nous
recommandons que le bill 65 consacre au centre local de services communautaires
la structure suivante:
1- Assemblée générale: Une assemblée
générale publique réunissant tous les citoyens desservis
par le CLSC est convoquée après chaque année
financière dans le but: a) de procéder à l'information du
public quant aux services offerts par le CLSC au cours de l'année;
b)faire rapport public des activités du CLSC, de ses difficultés,
contraintes et des moyens prévus pour répondre aux nouveaux
besoins; c) faire rapport public de l'administration du CLSC et faire approuver
les prévisions budgétaires de la prochaine année
financière;
d) faire procéder à la nomination de vérificateurs;
e) faire procéder l'assemblée à l'élection publique
d'administrateurs, i.e. de personnes composant le conseil d'administration du
CLSC. Cette élection d'administrateurs doit se faire chaque année
pour une moitié des personnes pouvant être élues comme
administrateurs. Le nombre de personnes élues en assemblée
générale devrait composer au moins les 2/3 des membres du conseil
d'administration. Le bill 65 prévoyant au niveau des CLSC la nomination
de personnels au conseil d'administration verrait à doubler ce nombre
par des personnes élues par l'assemblée générale
annuelle. 2- Conseil d'administration:
Composé des administrateurs élus et ceux nommés, le
conseil d'administration est la structure décisionnelle du CLSC. Il
applique les politiques générales définies de même
que les programmes fixés pour l'année en cours. Si le CLSC se
donne un exécutif, c'est pour plus d'efficacité, mais les
décisions de l'exécutif sont toujours soumises au conseil
d'administration.
B) Services pouvant être théoriquement dispensés
dans un CLSC:
De façon théorique, le CLSC devrait dispenser un ensemble
de services d'urgence, tels: - service d'accueil et d'information; - salle
d'urgence médicale; - clinique externe médicale et psychiatrique;
- salle d'obstétrique de quelques lits; - bureaux de médecins; -
salle de soins dentaires; - service social d'urgence tels: placement ou
demandes d'administration; - centre de médecine préventive; -
aide sociale; - service de soins à domicile; - centre de main d'oeuvre;
- centre de dépannage budgétaire; - centre d'éducation
populaire; - service d'organisation communautaire; - garderie de jour; -
service de probation.
Cette liste pourrait s'allonger selon les besoins et la densité
de population desservie par le CLSC.
Théoriquement, certains services mentionnés doivent
être localisés et organisés à l'intérieur des
centres locaux, cependant, de façon pratique, l'intégration de
certains services et en particulier, les services gouvernementaux tels: l'aide
sociale, le service de probation, le centre de main d'oeuvre et autres,
s'avère extrêmement difficile à cause des problèmes
qu'imposerait la désintégration des personnels d'une structure
administrative et sa réinsertion dans une autre structure
administrative. Nous considérons, cependant, que ces services et l'aide
sociale en particulier sont des services d'urgence et des services
nécessaires à un bassin de population, services qui doivent tenir
compte, pour faire un travail utile, d'un ensemble d'autres services qui seront
disponibles au CLSC.
4- CENTRES HOSPITALIERS, CENTRES DE SERVICE SOCIAL,
CENTRES D'ACCUEIL
Les centres hospitaliers sont des services de soins médicaux et
psychiatriques intensifs présentant des thérapies actives et
spécialisées.
Les populations desservies par ces centres peuvent varier en
considérant les facteurs de densité et de distances qui
séparent les milieux de vie des clientèles et la localisation des
centres.
Au niveau de leurs structures administratives, les centres hospitaliers
comme les CLSC, doivent posséder des conseils d'administration
composé au 2/3 par des personnes élues en assemblée
générale annuelle, une moitié de ce nombre faisant l'objet
de l'élection annuelle.
Le centre de service social, conçu sur une base régionale,
il est l'organisme distributeur de services sociaux spécialisés
à l'individu et à la famille.
Au niveau de la structure administrative, comme le CLSC et les CH, c'est
une structure composée au 2/3 par des personnes élues en
assemblée générale annuelle.
Les centres d'accueil, comme ces centres ont été
créés dans le but de répondre à des besoins
particuliers ou spécifiques d'un milieu ou encore d'une région,
ce sont, à notre sens, des services spécialisés
répondant à différents types de consommateurs.
Au niveau de leurs structures, ils doivent, comme dans les CLSC,
être composés de personnes élues en assemblée
générale annuelle au 2/3.
Nous considérons cependant, qu'une place doit être faite
aux consommateurs de ces services spécialisés et c'est pourquoi
les personnes élues comme administrateurs des centres, devraient
provenir pour 1/3 des consommateurs de services (personnes
bénéficiant du service ou parents de ces personnes dans le cas
d'enfants et autres).
5- ORAS OU STRUCTURE CONSULTATIVE
Tel que les fonctions de l'ORAS sont définies par le bill 65, cet
organisme devient une structure consultative du ministère des Affaires
sociales. Or, dans la plupart des régions du Québec, il existe
déjà des types de structures consultatives des affaires sociales,
ce sont les fédérations d'oeuvres, les conseils de
bien-être ou de développement social. Ces structures ont
joué et jouent encore des rôles extrêmement important dans
les secteurs sanitaires et sociaux. L'ORAS fait-il disparaître des
structures maintenues et entretenues par les populations régionales
pendant plusieurs années? L'ORAS fait-il table rase de ces structures
privées de développement social? Est-ce que l'ORAS peut vraiment
jouer un rôle de planification, de coordination ou de concertation des
actions gouvernementales au niveau d'une région?
Nous optons pour une autre structure qui signifie la disparition de
l'ORAS et la confirmation des fonctions consultatives des conseils de
développement social ou de bien-être déjà existants
et organisés dans le sens du modèle dégagé par une
étude de Rolande Lamarche, intitulée: "Une étude des
organismes de développement social".
D'autre part, il faut que les régions puissent jouir et
bénéficier d'une structure ministérielle
déconcentrée qui aura pour fonction d'appliquer et d'ordonner les
politiques et programmations gouvernementales pour tout le territoire.
Il s'agit donc ici, non pas de créer de toute pièce, de
nouvelles structures administratives et consultatives, mais simplement, de
confirmer dans les faits, certaines structures déjà existantes
qui n'ont pas encore dépassé les périodes
d'expérimentation.
Ces structures sont: la direction régionale du ministère
des Affaires sociales et les conseils de développement social
régionaux.
A)La direction régionale du ministère:
La direction régionale du ministère des Affaires sociales
est, en somme, une déconcentration des fonctions du Ministère au
niveau d'une région administrative. Dans le cadre de cette
région, le personnel de la direction régionale remplira les
fonctions, devoirs et pouvoirs du ministère lui-même.
Nous retrouverons au niveau de la région administrative, à
peu près les mêmes grands services que nous retrouvons au sein du
Ministère, soit: - Service de planification; - Service de programmation;
- Service de financement et d'administration; - Service de relations
professionnelles.
Ainsi, la direction régionale est, au sein de la région
administrative, le maître d'oeuvre de l'application pratique des
fonctions, des rôles, des tâches et des politiques du
ministère lui-même. D'autre part, en plus d'assumer les fonctions
du Ministère déconcentré au niveau de la région, la
direction régionale est le lien décisionnel nécessaire
entre les services d'une région et le ministère
lui-même.
B) Le conseil de développement social régional:
Les conseils de développement social ont assumé et
assument encore au Québec, plusieurs rôles et fonctions, qui,
normalement, doivent être dévolus à l'Etat. Lorsqu'on
demande à un conseil de définir ses fonctions, on obtient comme
réponse que l'organisme fait la promotion, aménage, planifie et
coordonne un certain nombre de services sociaux ou sanitaires; ce sont
là des fonctions ministérielles puisque pour aménager,
planifier et coordonner un certain nombre de services, il faut posséder
les moyens financiers et décisionnels que seul l'Etat possède
maintenant.
D'autre part, les conseils assument aussi d'autres rôles, qui eux
appartiennent plus à la concertation, à l'expression et à
la consultation des citoyens d'une localité ou d'une région quant
à leurs problèmes, besoins, aspirations et des actions
nécessaires à leur solution.
Pour pouvoir jouer ces rôles, les conseils ont engagé
plusieurs actions et ils ont défini leurs fonctions dans le but de se
donner les mécanismes nécessaires à ces nouveaux types
d'action. Ainsi, les conseils peuvent remplir toutes les fonctions d'un
organisme consultatif en ce qui concerne: - l'élaboration et
l'établissement de politiques sociales; - la règlementation de
politiques sociales; - la planification, la programmation, la coordination et
la localisation des ressources sociales et de leurs services; - le
fonctionnement et les problèmes des ressources sociales; - les
problèmes, besoins et aspirations des populations locales et
régionales.
Ces fonctions d'organisme consultatif, les conseils les remplissent
déjà depuis quelques années, grâce à leurs
services d'information, de recherche et des liens constants qu'ils maintiennent
avec la population, liens, qui dans plusieurs cas, sont solidement
institutionnalisés.
Ainsi donc, le ministère des Affaires sociales, pourrait,
grâce à sa direction régionale, assumer et remplir toutes
les fonctions de la structure administrative et décisionnelle qu'il est,
et ce, de façon déconcentrée, tout en respectant les
besoins et aspirations de la population qui s'exprimerait et se concerterait,
à l'intérieur d'une structure permanente de consultation. Ce
serait un exemple d'action accomplie par des structures et des partenaires
égaux: la population et l'Etat.
6- UNE APPLICATION PRATIQUE REGIONALE
Projeter une structure de services pour une région semble
utopique pour plusieurs, alors que le bill 65 n'est pas encore adopté
par le gouvernement et qu'il est difficile de prévoir la date de son
entrée en vigueur, cependant, une tentative de projection doit, à
notre sens, être faite, ne serait-ce que pour fin de consultation ou pour
fin d'un débat public d'où pourrait émerger la structure
réelle de services sanitaires et sociaux de la région du
Nord-Ouest québécois.
Nous voulons tenter de localiser et situer les structures
décrites par le bill 65, dans le contexte de notre région, tout
en tenant compte des services et des ressources existantes, de même que
des orientations du développement régional et des besoins de la
population.
Les CLSC:
Nous avons fait dans les pages précédentes, une liste des
services pouvant théoriquement être dispensés par un CLSC.
Cette liste variera selon des critères de population à desservir
et de distances à parcourir:
Amos: zone de population de 19,000 habitants. Le CLSC sera donc à
une distance de trente milles du client le plus éloigné, ce
centre devrait comprendre tous les services d'un CLSC à l'exception du
service d'urgence médicale et d'obstétrique qui seraient
situés au centre hospitalier.
La Sarre: zone de population de 30,715 habitants où le CLSC sera
à 43 milles de la clientèle la plus éloignée. Ce
CLSC devra posséder tous les services à cause du grand nombre de
clients possibles.
Lebel-sur-Quévillon: zone de population de 4,000 habitants,
située à 55 milles de la ville la plus près (Senneterre)
et à 100 milles de Val-d'Or ainsi qu'à 85 milles d'Amos. Ce CLSC,
même avec une faible densité de population à desservir,
devra offrir de façon régulière, presque tous les services
à l'exception du service de dépannage budgétaire,
éducation populaire, organisation communautaire et probation, services
qui pourraient faire l'objet de contrats spécifiques avec des CLSC plus
grands et plus équipés en terme de personnel et services. Le
client le plus éloigné sera à 40 milles de
Lebel-sur-Quévillon (Waswanipi).
Matagami: zone de population de 4,500 habitants en incluant Joutel,
située à 45 milles, ce CLSC devra, pour les mêmes raisons
que celui de Lebel-sur-Quévillon, dispenser presque tous les services
à l'exception des services de dépannage budgétaire,
éducation populaire, organisation communautaire et probation, Matagami
est située à 114 milles d'Amos.
Rouyn-Noranda : zone de population de 40,253 habitants où le CLSC
devra fournir tous les services à l'exception du service d'urgence
médicale et d'obstétrique qui seront offerts par le
centre-hospitalier.
Senneterre: zone de population de 11,000 habitants en comprenant les
populations de Barraute et les environs. Ce CLSC devra fournir tous les
services à cette population. Le client le plus éloigné
aura 40 milles à parcourir pour se rendre au CLSC.
Ville-Marie: zone de population de 20,069 habitants où le CLSC
devra fournir tous les services à cette population. Le client le plus
éloigné sera à 55 milles du CLSC.
Val-d'Or: zone de population de 33,633 habitants, où le CLSC
distribuera tous les services à l'exception de ceux d'urgence et
d'obstétrique qui seront au centre hospitalier.
En résumé, le tableau suivant nous démontre les
services des CLSC. Les centres hospitaliers:
La région possède déjà certains
hôpitaux généraux assez bien équipés, qui,
depuis quelques années, ont spécialisé de plus en plus
leurs différents services. Ces hôpitaux desservent
déjà, à cause de leur situation géographique, des
clientèles, non seulement de leur environnement immédiat, mais
également des populations venant d'endroits aussi éloignés
que 100 à 135 milles.
Nous croyons donc, à cause des différents services
existants, et aussi, à cause des distances, que la région doit
être dotée de trois centres hospitaliers moyens qui, sans offrir
chacun tous les services médicaux spécialisés, pourraient
dispenser un minimum de soins essentiels aux citoyens de la région. Ces
centres seraient situés à Amos, Val-d'Or et Rouyn-Noranda.
Le centre de service social:
Il existe déjà une agence régionale de service
social qui dispense ses services dans toutes les localités où
nous situons les CLSC. D'autre part, cette agence offre déjà tous
ses services spécialisés dans ces milieux, il n'y aurait
qu'à lui remettre les responsabilités du service social
hospitalier et psychiatrique pour que la gamme de services sociaux soit
complète. Le centre de service social pourra ainsi, par contrat, offrir
des services aux CLSC, aux centres hospitaliers et aux centres d'accueil.
Les centres d'accueil:
Ces centres sont déjà existants sous différentes
formes de spécialisation, nous allons donc ici les identifier et
prévoir les besoins du réseau:
A)Malades chroniques: Le sanatorium de Macamic accueille
déjà 170 malades chroniques, il deviendrait donc un centre
d'accueil spécialisé pour chroniques;
B)Malades psychiatriques: L'hôpital de Malartic est
déjà un centre d'accueil spécialisé dans le
traitement des malades psychiatriques. Ces fonctions pourraient continuer
après l'adoption du bill 65.
C)Enfance: Il existe actuellement, dans la région, trois grandes
institutions à l'enfance et deux petites institutions privées. Il
s'agit de Clair Foyer à Amos, centre d'entraînement à la
vie pour handicapés physiques et mentaux de 0 à 16 ans (150
places), du centre d'orientation l'Etape à Val-d'Or (102 places) et de
la maison Pierre-Hélène à Rouyn (119 places), institutions
dites de transition accueillant des enfants émotifs, caractériels
et délinquants, de la pension Edouard-Lavallée, garderie
accueillant 22 enfants arriérés mentaux ou handicapés
physiques majeurs, de l'institut Lamy, institution privée pour 30
enfants de 6 à 12 ans arriérés mentaux éducables.
Ces centres deviendraient des centres d'accueil à l'exception des
institutions privées qui pourraient le demeurer. D'autre part, à
cause des spécialisations nécessaires de ces centres, nous
croyons que les centres rendant les mêmes services
spécialisés devraient être régis par un même
conseil d'administration.
D)Personnes âgées: Il y a maintenant six centres d'accueil
pour personnes âgées dans la région: Amos 95 places
La Sarre 40 places Malartic 43 places Palmarolle 35 places
Rouyn 85 places Val d'Or 100 places.
Ces centres d'accueil pourraient être régis par un seul
conseil d'administration, cependant, afin de ne pas frustrer trop les
clientèles et les localités où sont situés ces
centres, ils pourraient être regroupés de la façon
suivante: La Sarre et Palmarolle ensemble; Val-d'Or et Malartic ensemble; Amos
seul et Rouyn seul.
Les besoins:
Afin de compléter le réseau de services actuels, notre
région aura besoin que le réseau soit complété dans
le sens suivant: 1- Personnes âgées: spécialiser les
maisons existantes pour accueillir des personnes âgées chroniques,
ce qui répondrait à un problème majeur de la
région, cependant, en procédant de la sorte, il faudrait
favoriser la construction de logements ou de conciergeries à prix
modiques pour personnes âgées. 2- Les arriérés: Il
existe bon nombre d'arriérés mentaux de 16 ans et plus qui n'ont
aucun endroit de résidence et qui ont besoin de services
spécialisés de garde et d'entraînement. Il faudra donc
faciliter l'établissement d'un centre d'accueil qui répondrait
à ces besoins. 3- Les soins médicaux: A cause des distances qui
séparent les différentes localités du Nord-Ouest, de
même qu'à cause de la pénurie de personnel de soins
professionnel spécialisé, nous proposons deux solutions:
la favorisation par l'Etat du Québec d'un programme spécial
d'incitation pour que le personnel professionnel s'établisse et offre
leurs services à la population du Nord-Ouest; la favorisation par
l'Etat du Québec d'un système de transport par
hélicoptère et avion pour les cas d'urgence en provenance des
CLSC vers les centres hospitaliers et même des centres hospitaliers de la
région vers la région métropolitaine.
D'autre part, avec le grand nombre de travailleurs qui seront
affectés au développement de la baie James, ces services de
transport seront de plus en plus nécessaires puisqu'il est impensable de
parcourir d'aussi grandes distances que celles qui existent dans notre
région avec l'état actuel des routes, pour garantir
l'accessibilité aux soins des citoyens de la région. 7-
ORGANIGRAMME DE LA STRUCTURE REGIONALE
Pour pouvoir mieux comprendre ce que nous proposons, il est
nécessaire de visualiser l'ensemble des services que nous proposons:
Ainsi, toute structure de services doit faire rapport, planifier
programmer et financer ses services en conformité avec les services de
la direction régionale qui applique les politiques et fonctions du
ministère. D'autre part, toute structure de services peut consulter
l'organisme de consultation sur les besoins et problèmes des populations
locale ou régionale et de la pertinence de leurs services.
Le ministère également, peut consulter l'organisme de
consultation et ce dernier lui remet les avis de la population sur les besoins,
aspirations, les services et leur efficacité, ainsi que sur toutes
autres questions pertinentes aux services nécessaires à une
population régionale. N.B.: Nous n'avons pas voulu rattacher les
CLSC à l'un ou l'autre Centre Hospitalier parce qu'il appartient aux
populations locales de décider de leur appartenance. Cependant, les CLSC
de La Sarre, Rouyn et Ville-Marie se rattachent naturellement au centre
hospitalier de Rouyn-Noranda, ceux d'Amos et Matagami au centre hospitalier
d'Amos, ceux de Lebel-sur-Quévillon, Senneterre et Val-d'Or au centre
hospitalier de Val d'Or. 8- CONCLUSION
Le ministère des Affaires sociales a déjà
annoncé qu'il tenterait vingt-cinq expériences de CLSC d'ici deux
ans. Un de ces centres sera situé au Nord-Ouest québécois
(Senneterre). Pourtant, nous considérons, d'une part, qu'un CLSC ne peut
être implanté sans consultation préalable de la population
sur la pertinence des services à offrir à une clientèle et
d'autre part, sans que la région où se fait l'expérience
soit en même temps dotée des autres structures
nécessaires.
Nous avons proposé en juin 1971, que la région du
Nord-Ouest soit considéré comme région pilote
d'expérimentation de la structure prévenue par le bill 65, nous
réitérons ici, notre demande tout en tenant compte des quelques
modifications que nous proposons dans les pages précédentes
puisque nous croyons que c'est à l'expérience de structures
nouvelles et audacieuses que nous connaîtrons les véritables
structures à établir et que nous pourrons en surveiller
l'évolution.
Nous croyons profondément dans les principes du bill 65 et nous
souhaitons que son application dans notre région fera en sorte que les
citoyens du Nord-Ouest québécois posséderont des services
plus spécialisés et plus accessibles.