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Commission permanente des affaires sociales
Projet de loi no 1
Régime des allocations familiales
du Québec
Séance du jeudi 6 décembre 1973
(Vingt heures trente-sept minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais mentionner que le député de Portneuf, M.
Michel Pagé, remplace le député de Dubuc, le
député d'Anjou, M. Tardif, remplace M. Saint-Germain; le
député de Maisonneuve remplace temporairement le
député de Saint-Jacques.
M. BURNS: Pour la séance seulement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Pour la séance seulement. Je voudrais
également mentionner que, ce soir, nous sommes en commission
élue. Nous allons procéder comme en commission élue, ce
qui veut dire que les députés qui sont membres de la commission
ont le droit de vote; sauf que, selon le mandat qui a été
donné à la commission, il n'y aura pas besoin d'avoir un
rapporteur officiel. Le rapport se fera verbalement par le président au
président de l'Assemblée nationale.
Nous allons procéder article par article. S'il y en a qui ont des
questions à poser, ils doivent, comme en Chambre, s'adresser au ministre
pour les questions qu'ils auront à lui poser.
Article 1.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que M. Roy remplace M.
Samson?
LE PRESIDENT (M. Pilote): M. Roy remplace M. Samson.
M. ROY: C'est cela, vous avez deviné, M. le Président.
Définitions
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: ... à l'article 1, on retrouve un certain nombre de
définitions qui, évidemment, sont toujours des points de
repère dans l'examen d'une loi lorsque vient le temps de l'appliquer.
J'ai une question d'ordre général à poser au ministre. Eu
égard au fait qu'on a affaire à un domaine, le domaine des
allocations familiales, où vous avez une législation
fédérale, nécessairement, vous aurez je ne parle
pas des définitions que vous avez actuellement dans la loi une
possibilité éventuelle. Ma question est peut-être claire,
hypothétique, mais elle est très pratique, dans le fond. On a eu
d'autres types de lois où le problème s'est posé. Exemple:
en matière fiscale. C'est arrivé à plusieurs reprises.
Comme on n'est pas dans un domaine où vous
légiférez par voie de référence, mais que vous
légiférez de façon parallèle, dans des champs qui
fonctionnent, qui agissent en même temps je ne sais pas si je suis
assez clair et dans une même juridiction territoriale, en ce qui
nous concerne, le Québec, est-ce que vous avez prévu, quant
à l'application des mécanismes de communication avec l'autre
juridiction, celle du fédéral, quant à d'éventuels
amendements, soit de sa loi, ou quant à d'éventuels amendements
de notre loi, qui pourraient, à un moment donné, créer une
espèce de distorsion entre les deux juridictions en ce qui concerne
l'application...
Je pense, par exemple je vous ai cité le cas des lois
fiscales qu'à un moment donné, le Québec a
même senti le besoin, en matière fiscale, d'ajuster sa
législation par voie de référence, mais l'a ajustée
d'une fausse leçon, en répétant, dans sa
législation, les textes de loi du gouvernement fédéral. Je
pense que sur le plan de la technique législative et je le dis
sans aucune arrière-pensée quand on légifère
par référence et qu'on tente dans le fond, à toutes fins
pratiques, de laisser croire que c'est nous qui légiférons, alors
que on ne se contera pas de peur dans ce cas-là,
évidemment, peut-être que M. le ministre n'aura pas la même
opinion que moi là-dessus, je respecte son opinion mais de
laisser croire que c'est nous qui décidons, je pense qu'on se leurre un
peu. Et sur le plan de la technique législative je reviens
à cela comment a-t-on pensé à cette espèce
de nécessaire équivalence ou de nécessaire équation
entre la législation québécoise et la législation
fédérale? Est-ce qu'on a pensé à des
mécanismes pour se garder au pair, si vous me passez l'anglicisme, avec
la législation fédérale?
M. FORGET: Relativement à certains mécanismes
administratifs, je demanderai tantôt à M. Gill Fortier qui,
à titre de président de la Régie des rentes, aura la
responsabilité directe de l'administration de la loi, de peut-être
donner quelques indications. Il reste que les définitions qui sont
là n'ont pas nécessairement la complexité de certaines
dispositions fiscales auxquelles vous avez fait allusion par voie de
comparaison et même si on peut imaginer des cas où l'application
des définitions qu'on retrouve dans cette loi-ci, dans la loi
fédérale, pourrait amener des différences, il reste que ce
sont deux lois parallèles, indépendantes. Je ne vois pas, a
priori, de très grandes tragédies à ce que, par exemple,
un bénéficiaire soit reconnu par cette loi et qui ne soit pas
reconnu par la loi fédérale. Encore qu'il soit difficile
d'imaginer des cas où cela s'appliquerait.
M. BURNS: M. le Ministre, je ne veux pas anticiper sur la discussion,
mais vous allez admettre avec moi que les deux lois sont parallèles, il
n'y a pas de doute, mais elles ne sont pas aussi indépendantes que
ça.
Et on verra dans un article futur, d'ailleurs mon collègue de
Chicoutimi aura des remarques à faire relativement à cet article,
que c'est loin d'être deux lois indépendantes et, à
quelques endroits, dont l'article 1, on légifère, à toutes
fins pratiques, par référence. C'est une technique
législative acceptable dans un système fédéral
il n'y a pas de doute et elle a été à
plusieurs reprises utilisée. Mais vous dites: Ce ne sont pas des
définitions tellement compliquées. Je vous cite un cas où
on peut facilement être confronté avec une difficulté. Vous
avez des définitions on en compte six actuellement, de a)
à f ) il est fort possible qu'étant donné que ce
sont deux juridictions indépendantes, fédérale et
québécoise, vous retrouviez une autre définition, soit
dans la loi fédérale ou dans celle-ci, à un certain
moment, et qui cause des problèmes de mise en application. Je ne veux
pas faire le prophète de malheur et je ne vous le souhaite surtout pas.
Je ne nous le souhaite surtout pas, Québécois, mais je dis:
Est-ce que vous avez prévu des mécanismes de communication avec
le pouvoir fédéral relativement à cela? Est-ce qu'on a
pensé au moins à cet aspect?
M. FORGET: Oui, il y a des...
M. BURNS: Parce que cela n'est pas la première fois et cela n'est
pas la première loi, je pense bien...
M. FORGET: Les deux lois fonctionnent quand même
indépendamment. Théoriquement, supposons qu'il y a une
définition différente dans la loi fédérale, il
pourrait arriver... Disons que sous la loi fédérale, on paie pour
tel enfant alors que sous la loi provinciale, on ne paie pas. Je dis: ...
pourrait. Et les mécanismes qui ont été établis
sont que les deux lois se suivent le plus possible de façon à
éviter toute complication aux citoyens. Nous prévoyons que les
bénéficiaires sous les deux lois seront les mêmes
personnes, dans presque 99.5 p.c. des cas.
M. BURNS: Remarquez, M. le ministre je suis obligé de
m'adresser à vous et non pas à ce très respectable et
très haut fonctionnaire qui est à votre droite que je
pense qu'on ne se comprend pas actuellement. Je ne mets pas en doute
actuellement que ce sont dans le fond les mêmes
bénéficiaires auxquels on s'adresse. La question que je me pose,
c'est qu'étant donné qu'il est possible que sous un numéro
C, je ne sais trop quelle centaine, le gouvernement central puisse, à un
certain moment, arriver avec des amendements à sa propre loi et que nous
autres, nous ne puissions pas bouger en même temps.
Vous comprenez le sens de ma question?
M. FORGET: Oui...
M. BURNS: Ou vice versa, que nous, nous bougions dans notre loi, et
qu'eux ne bougent pas, qu'il y ait une espèce de distorsion, même
si vous avez deux juridictions parallèles que vous prétendez
indépendantes ce n'est pas mon opinion qui s'adressent aux
même bénéficiaires comme vous venez de le dire, il n'y a
pas de doute. Mais comment, en pratique, dans le concret, les deux pieds dans
le ciment, on se pose la question, on dit: Comment fait-on pour que ces
mêmes bénéficiaires ne soient pas mêlés entre
deux juridictions, ne soient pas tiraillés entre deux juridictions, ne
soient pas dans le fond victimes du fait qu'il y ait deux juridictions qui
s'appliquent à eux?
Est-ce qu'il y a quelque chose de déjà prévu? S'il
n'y en a pas, je vous suggère d'y penser.
M. FORGET: La difficulté dans laquelle je me trouve pour vous
répondre plus concrètement, c'est que la difficulté que
vous soulignez est plutôt hypothétique. S'il vous était
possible d'être un peu plus concret, peut-être pourrait-on vous
donner une indication, comment on voit la solution au problème que vous
soulevez. Je dois dire qu'il est toujours possible, à la fois pour
l'Assemblée nationale et le Parlement canadien, de modifier sa loi sur
les allocations familiales. Il serait invraisemblable que l'un ou l'autre le
fasse, sans consultation, puisque ce sont des consultations qui nous ont
conduits où on en est aujourd'hui. Donc, à part cette
possibilité qui existe toujours, puisque le Parlement est souverain dans
toutes les juridictions...
M. BURNS: ... dans les limites de sa juridiction...
M. FORGET: ... Je ne vois pas comment, en pratique, et
concrètement, les deux pieds dans le béton, comme vous le dites,
je ne vois pas comment on le ferait, étant donné justement les
difficultés que cela causerait à des bénéficiaires,
à des familles.
M. BURNS: C'est arrivé en matière fiscale, entre autres,
où on a été obligé, pas plus tard qu'il y a deux
ans ou un an et demi, je pense, de changer un certain nombre de nos attitudes
en matière fiscale pour s'ajuster à la législation
fédérale, parce que l'on se faisait distancer et, entre-temps,
qui est-ce qui en souffrait? C'était le contribuable qui se retrouvait
avec une attitude au niveau fédéral et une attitude qu'il devait
prendre au niveau du gouvernement québécois.
M. FORGET: Précisément, au niveau des institutions
fiscales, comme on le sait depuis longtemps, la différence
spécifique est l'objet de l'exercice du moins, pour ce qui est du
Québec, c'est-à-dire que le Québec a toujours
affirmé sa volonté de maintenir une imposition distincte...
M. BURNS: Son désir.
M. FORGET: ... de façon à pouvoir...
M. BURNS: Son désir.
M. FORGET: ... apporter des différences qui ne soient pas
concordantes avec le régime fédéral.
Dans le cas des allocations familiales, l'objet même de l'exercice
a été de produire une concordance et cette concordance-là
est désirée par les deux niveaux de gouvernement. Alors, je ne
vois pas comment le problème en pratique pourrait se poser.
M. BURNS: En somme, résumons ma question. Est-ce que vous avez
une assurance du gouvernement central qu'avant toute modification qu'il
pourrait projeter de son côté, le gouvernement du Québec
serait consulté? Et est-ce que vous, de votre côté, vous
avez pris un engagement auprès du gouvernement central, si vous
désiriez faire des modifications au projet de loi no 1 qui deviendra le
chapitre je ne sais pas quel numéro de nos lois du
Québec? Est-ce que vous avez pris l'engagement de consulter le
gouvernement central?
M. FORGET: Comme vous le savez très bien, aucun Parlement ou
aucun gouvernement ne peut se lier quant à l'avenir et ne peut exercer
de contrainte quant à l'avenir des décisions qu'une
assemblée délibérante souveraine peut prendre. Il y a
cependant le contexte général qui a présidé
à l'élaboration du programme d'allocations familiales où
la concordance des deux régimes a été vue par les deux
gouvernements et acceptée je l'espère du moins par
les deux assemblées comme un objectif à atteindre et un objectif
qui va demeurer comme une caractéristique du régime d'allocations
familiales.
M. BURNS: Vous ne répondez pas à ma question. Je vous pose
simplement la question...
M. FORGET: Je pense que c'est la seule réponse qu'on peut vous
faire, puisque vous demandez s'il y a une garantie que constitutionnellement
aucun Etat ne peut faire de lier sa Législature pour l'avenir.
M. BURNS: Non. Ce n'est pas du tout cela. Pas du tout. Vous n'avez pas
compris ma question alors. Je vais la répéter. J'ai dit tout
simplement: Est-ce que vous avez pris l'engage- ment de consulter je ne
parle pas de soumettre la juridiction de l'Assemblée nationale
québécoise à des décisions de la Chambre des
communes d'Ottawa est-ce que vous avez pris des engagements parce
que je présume que le gouvernement québécois discute et
Dieu sait combien de fois par année et avec quel succès
avec le gouvernement central? Est-ce que vous avez pris des engagements de
consulter le gouvernement central à l'occasion d'une modification de la
loi que l'on adopte, qu'on va adopter dans les jours qui viennent et vise
versa? Est-ce qu'il y a une espèce d'engagement qui a été
pris du côté fédéral de ne pas modifier la loi sans
consulter les représentants du gouvernement québécois?
M. FORGET: II n'y a pas d'engagement au niveau de la modification
possible ou hypothétique des lois par l'Assemblée nationale du
Québec qui ait été pris par le gouvernement.
Il y a des discussions qui ont lieu au niveau administratif et au niveau
ministériel de façon continue dans le cadre général
des discussions portant sur la sécurité du revenu, mais je n'ai
pas besoin de vous rappeler que dans le passé, et selon
l'évolution du climat de ces discussions dans le passé, il y a eu
des moments où le Québec a modifié sans consultation
certaines lois qui ont touché le secteur de la sécurité du
revenu, en particulier, le Régime de rentes, postérieurement
à cette initiative du Québec qui a eu des pourparlers qui ont
pour but précisément d'éviter que les individus qui ont
à se déplacer à travers le Canada, par exemple, n'aient
à souffrir de ce manque de concordance.
C'est actuellement une activité et un engagement, si vous voulez,
mais l'ordre ministériel, qui existe et qui sous-tend notre
participation aux travaux d'un comité fédéral-provincial
sur la sécurité du revenu. Il n'y a pas d'engagement plus formel
que ça, de ne jamais modifier la loi sans consultation.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 1. Adopté?
M. BURNS: Adopté.
Droit à l'allocation familiale
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 2? UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 3?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 4?
M. BEDARD (Chicoutimi): J'aurais un
amendement à l'effet d'enlever l'aliéna 1 de cet article,
parce que je considère que, si on se réfère, à ce
moment, à une loi qui a été votée au
fédéral, l'apport du fédéral, concernant les
allocations familiales, quand on prend la définition à l'article
1 du mot allocation, c'est: "Allocation familiale versée mensuellement
par le Québec en vertu de la présente loi". Ce qui est important,
je pense, d'exprimer dans la loi, c'est uniquement ce que le Québec
donne. Sinon, j'ai l'impression que ça ferait un peu un genre de
rédaction démagogique ou ambiguë, tout au moins, qui
pourrait prêter à certaines ambiguïtés sur ce
qu'effectivement le Québec donne concernant la Loi des allocations
familiales.
M. FORGET: Là-dessus, j'ai deux observations. La première,
c'est que, si cette loi ne fait pas mention du régime dans son ensemble
et ne spécifie pas les montants que le fédéral doit
verser, elle serait nécessairement incomplète puisqu'elle
empêcherait que nous nous prévalions de la faculté qu'a
toute province, en vertu de la loi fédérale qui sera
adoptée, de déterminer le montant des prestations
fédérales.
Il faut donc que cela se trouve dans la législation provinciale
sinon les versements qu'Ottawa fera seront absolument uniformes à $20
par enfant, ce qui nous empêcherait de réaliser les objectifs.
D'ailleurs, je pense que ce genre d'amendement, et peut-être même
techniquement, dépasse un peu le cadre de la discussion puisque cela
atteint, je pense bien, même le principe du projet de loi qui a pour but
précisément de réaliser l'intégration des deux
régimes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que je dois comprendre, de la part de M.
le ministre, que sa réponse est à l'effet que, si ce
n'était pas inclus dans la loi, le fédéral... cela nous
priverait, en fait, ou cela priverait les Québécois, les familles
québécoises de recevoir ce qui est normalement accordé par
le fédéral? Il n'est pas nécessaire...
M. FORGET: Cela nous priverait de réaliser les objectifs de notre
politique familiale au Québec.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, je comprendrais cette remarque-là,
par exemple, si on se réfère à l'article 26 où il
est question de la loi fédérale et où nous ne demandons
pas d'amendements, parce qu'il y a quand même une loi provinciale
impliquée là-dedans, mais non pas à l'article 4...
M. BURNS: Si je peux me permettre d'ajouter un mot à ce que mon
collègue de Chicoutimi vient de vous dire, le ministre semble nous
laisser croire que l'objet de cette loi est d'intégrer les deux projets
fédéral et provincial. Or, je le réfère
c'est habituellement la meilleure façon de retrouver l'objet d'un projet
de loi aux notes explicatives qu'il nous a lui-même lues lors de
la première lecture du projet de loi. Je lis donc le premier paragraphe
qui nous dit: "Le présent projet instaure un nouveau régime
d'allocations familiales qui remplace les régimes qui avaient
été établis par la Loi des allocations familiales du
Québec et la Loi des allocations scolaires, lesquelles sont
abrogées". Je pense que c'est cela...
M. FORGET: Oui, mais continuez à lire.
M. BURNS: ... l'objet du projet de loi. Je peux continuer: "Ce
régime assure à la mère, etc. Le Québec exerce, par
ce projet, la faculté que donne, etc."
M. FORGET: II l'exerce justement en présentant, dans l'article 4,
le but...
M. BURNS: Mais sauf que vous... Bien, M. le ministre, vous ne viendrez
pas me dire que vous abrogez la loi fédérale par cela. C'est un
peu pour cela que je vous posais des questions préliminaires
tantôt, pour nous situer dans un débat qui, je pense, devrait dire
les choses comme elles sont. Nous, ce que nous vous disons, tout simplement,
c'est qu'à l'article 4, on trouve assez étonnant que dans un
premier paragraphe de cet article, vous preniez sur vous des choses qui
existent déjà dans une loi autre qui n'est pas de notre
juridiction. Soyons bien clairs.
M. FORGET: Elle n'existe pas dans une autre loi.
M. BURNS: Bien oui, mais...
M. FORGET: Ce qui existe dans une autre loi, ce sont les
modalités de paiement en quelque sorte.
M. BURNS: L'article 4, M. le Président, si je le lis bien, dit:
"Cette allocation, jointe à l'allocation visée à l'article
26..." Allons donc à l'article 26. L'article 26 nous parle tout
simplement voyons, je n'ai pas la bonne page voici: "L'allocation
mensuelle prévue à la loi de 1973 sur les allocations familiales
(Canada) est payable de la façon qui y est prévue, à
raison de, etc." Qu'est-ce que vous faites, sinon de légiférer
encore une fois par référence, mais en faisant vôtre cette
loi et en laissant entendre que c'est le Parlement du Québec qui
légifère là-dessus. A mon avis, non seulement c'est une
mauvaise technique législative, c'est une technique législative
absolument incompréhensible. Je pense que le député de
Chicoutimi a utilisé le mot exact en disant: C'est une façon
démagogique, à mon avis, de légiférer. Vous voyez.
Si vous vous mettez à lire l'article 4, après avoir racolé
les allocations prévues à l'article 26 on dit: "... vaudra au
bénéficiaire la somme globable de $15 bla bla bla, vaudra,
etc."
C'est un texte que je verrais très bien dans le programme du
Parti libéral, que je verrais très bien dans un discours du
ministre des Affaires sociales, même s'il n'est pas le plus
"politicailleur" des ministres auxquels nous avons eu affaires jusqu'à
maintenant, à moins qu'il change et à moins qu'il brise la
tradition de son prédécesseur. Mais je pense que c'est quelque
chose qui se voit mal dans un projet de loi; ce n'est pas qu'on ne veut pas
dire, à un moment ou à un autre, que c'est cela que valent les
deux programmes.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'en suis au point qu'une loi doit être
claire dans l'esprit de ceux qui la citent. Ce qui est important, pour que la
loi soit claire, c'est de savoir très précisément
je pense que c'est le message que doit donner le projet de loi sans
ambiguïté possible, c'est qu'un citoyen sache ce que le
Québec donne. En fait, c'est l'Assemblée nationale qui vote cette
loi-ci. Si on se réfère d'une part à la définition
de "allocation" au paragraphe a) de l'article 1, ce qui est très bien
établi, à savoir "l'allocation familiale versée
mensuellement par le Québec il n'est pas question de "et par
Ottawa" en vertu de la présente loi".
Si on veut que la loi soit très claire, je pense qu'on doit en
toute logique mentionner dans la loi, autrement dit, le montant, l'allocation
familiale versée mensuellement par le Québec en vertu de la
présente loi. En vertu de la présente loi, qu'est-ce qui est
versé comme allocation familiale? Ce n'est pas le premier paragraphe,
c'est exactement le deuxième paragraphe. Cela est clair. "Le montant de
l'allocation versée par le Québec est..." c'est très
clair.
Je pense que le deuxième paragraphe peut je ne dis pas que
c'était l'idée du gouvernement, créer une
ambiguïté dans le sens qu'on peut interpréter que c'est le
Québec qui le donne aussi. Je pense que si on ne l'enlevait pas, ce
serait peut-être accepter non seulement de laisser
l'ambiguïté, mais je commencerais à penser que ça
pourrait être une manière démagogique de laisser entendre
que c'est quand même le Québec qui donne tout ça.
M. FORGET: Je pense que...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne prête pas ces intentions-là
au ministre, mais...
M. BONNIER: M. le Président...
M. FORTIER: Ce dont parle le député de Chicoutimi à
l'article 4, est-ce le mot "jointe" qui vous tracasse ou bien...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, ce n'est pas cela, parce que...
M. FORTIER: Laissez-moi...
M. BEDARD (Chicoutimi): Allez-y.
M. FORTIER: Si l'on prend, par exemple, quatre enfants, le gouvernement
fédéral donnerait $89, alors que le provincial va donner $107.
Est-ce sur cette question que vous discutez actuellement? C'est bien, c'est
bien... Le mot "jointe" reste bien précis dans l'article.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous savez, tout à l'heure, M. le
ministre a dit que c'étaient quand même deux lois qui s'appliquent
indifféremment.
M. BURNS : Parallèles et indépendantes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce que je dis, c'est ceci, très
simplement : La loi doit exprimer très clairement ce qu'elle veut dire.
Ce que dit le Québec, c'est ceci, par rapport au régime
d'allocations familiales qui nous a été proposé: Pour
chaque mois, il va y avoir une augmentation, il donne $3 pour le premier
enfant, $4 pour le deuxième, $5 pour le troisième et $6 pour
chaque enfant au-delà du troisième. C'est clair, cela. Autrement
dit, pour la bonne compréhension de la loi, le premier paragraphe n'est
pas nécessaire et ne peut prêter qu 'à
ambiguïté. Je crois qu'indépendamment de tout, la remarque
que fait le ministre...
M. BURNS: Je vous réfère, avec la permission de mon
collègue de Chicoutimi, à ce qu'on a dit tantôt, par voie
de législation, par référence.
Au fait, vous intégrez, dans un même texte, une loi qui
doit être une loi par référence. C'est pour ça que
nous proposons purement et simplement que le premier alinéa de l'article
4 de la loi soit abrogé. C'est une proposition que je fais, que le
député de Chicoutimi peut faire.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est d'abord au député
de Taschereau, au député de Beauce-Sud ensuite.
M. BONNIER: M. le Président, je pense que nous reprenons
là toute la discussion qui a eu lieu en Chambre cet après-midi.
Je crois que la proposition du député de Chicoutimi met en cause
toute la philosophie même de cette loi et son administration.
Il est vrai qu'il y a une loi, au niveau du Québec et qu'il y en
a une parallèle, qui ne lui ressemble pas tout à fait, mais tout
de même, sur le même sujet, au niveau fédéral. Mais
l'esprit de cette loi, ce qui est neuf et ce que, je crois, le ministre des
Affaires sociales a très bien expliqué cet après-midi,
c'est que c'est la première fois que le Québec a la
complète administration d'un régime
fédéral-provincial et c'est parce qu'il intègre des
mesures fédérales, mais qu'il contrôle lui-même.
C'est-à-dire qu'il prend la totale responsabilité d'utiliser ces
sommes de la façon qu'il le veut, en concordance avec d'autres mesures
d'assistance sociale. A cet effet, je crois que l'article 4 est justifié
et qu'il doit être maintenu.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, sur le point, je ne comprends rien
à l'intervention du député de Chicoutimi.
Lorsque j'entendais le député de Taschereau dire tout
à l'heure que nous reprenons le débat de cet après-midi,
il n'a pas tout à fait tort. Parce que je serai bien franc. Je suis en
train de me poser de sérieuses questions. Je comprends l'amendement
proposé par le député de Chicoutimi, mais, si l'amendement
du député de Chicoutimi était accepté, cela
voudrait tout simplement dire ce que nous croyons être en
réalité, qu'il n'est pas question de primauté
législative dans ce projet de loi. C'est une loi complémentaire
que nous avons à discuter. Je ne sais pas si j'ai bien compris le sens
de l'intervention du député de Chicoutimi, mais c'est une loi
complémentaire et, cet après-midi, j'ai écouté des
discours avec le plus d'attention possible et on m'a parlé de
primauté législative et d'une grande victoire. Ou c'est une
primauté législative et ces paragraphes n'ont rien à voir
dans la loi ou c'est une loi complémentaire et le député
de Chicoutimi a raison. C'est aussi simple que cela. On va arrêter de
jouer avec les mots et les termes. Ayons donc le courage de mettre dans la loi
la réalité telle qu'elle est.
J'ai été évidemment surpris lorsque j'ai pris
connaissance de ce projet de loi et que j'ai vu la rédaction des
articles 4 et 26 parce que dans la Loi de l'aide sociale, il y a un montant de
50 p.c. payé par le gouvernement fédéral et, dans aucune
disposition de la loi et dans aucun règlement il n'est dit que le
fédéral paiera la moitié et que la province paiera la
moitié. Et si nous accordons $70 par mois à une famille pour les
frais afférents à l'habitation, il n'est pas dit qu'un montant de
$35 sera payé par le Québec et qu'un montant de $35 sera
payé par Ottawa dans la loi et dans la réglementation, alors que
dans les faits, c'est ce qui se produit; c'est un programme à frais
partagés. La province a l'administration, a la primauté
législative dans la Loi de l'aide sociale. C'est la province qui
détermine les montants et on ne fait pas référence aux
deux dans la loi, ni dans les règlements, alors que dans la Loi de
l'aide sociale, après nous avoir presque convaincus que c'était
pour la première fois une primauté législative, on
découvre que le gouvernement lui-même essaie de nous convaincre ce
soir, ici en commission parlementaire, que c'est une loi complémentaire
que nous avons.
M. FORGET: Je n'ai rien à reprocher. Je laisse à mes
honorables collègues de l'Opposition leurs opinions quant à ce
qui est une bonne technique législative ou une mauvaise technique
législative. Cependant, pour répondre au député de
Beauce-Sud, sur le parallèle qu'il trace entre l'aide sociale et les
allocations familiales, je pense qu'il se fourvoie...
M. ROY: II ne pourrait pas...
M. FORGET: ... en faisant une telle comparaison parce que, dans tous les
programmes à frais partagés, il ne s'agit pas du tout de dire
à l'administration fédérale ce qu'elle devra faire. Ce
sont des choses qui sont faites par l'administration provinciale à 100
p.c. et la question de partage se pose dans un tout autre contexte. Il ne
s'agit pas ici de dire au fédéral qu'il doit nous rembourser le
paiement des allocations familiales fait aux familles. Il s'agit de dire
à l'administration fédérale, en vertu des dispositions
d'une loi fédérale, certes, mais par les termes mêmes d'une
loi provinciale, d'effectuer certains paiements directement à des
individus et, si cela ne se trouve pas dans la loi du Québec, cela ne se
fera pas selon les priorités déterminées par le
Québec. Il n'y a rien d'illusoire là-dedans. C'est tout à
fait réel puisque la différence est la différence entre un
chèque de $20 pour tout le monde et un chèque qui peut varier,
comme vous le savez, de $13 à $28 selon le rang des enfants ou
même davantage pour ceux qui sont âgés de 12 à 17
ans.
C'est une différence très réelle qui découle
essentiellement et uniquement de la loi provinciale. Donc, ne pas le mentionner
et ne pas dire que ceci se fait en deux parts, qu'il y a un objectif unique,
à deux paiements qui sont faits simultanément au même
bénéficiaire et que l'objectif est de réaliser un certain
ordre dans les sommes versées aux familles, au titre de charges
familiales, ne pas déclarer quel est le but et quel est le
résultat d'ensemble recherché et ensuite faire la distinction
quant à deux moyens utilisés, soit une prestation provinciale et
subséquemment une prestation fédérale qui est
déterminée par cette loi, bien sûr en fonction des
dispositions législatives fédérales, c'est faire un projet
de loi absolument incomplet et qui ne se comprend pas par lui-même et qui
doit, pour être compris, s'accompagner de copies de discours, comme le
suggérait peut-être le député de Chicoutimi. Un
texte de loi doit, je pense, pouvoir se comprendre dans son entier et ne pas
parler du résultat global recherché, c'est vouloir dissimuler ce
qui fait l'objet même de l'exercice depuis le début.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense que le propre d'une loi, c'est
d'être efficace, première nécessité. Je ne sais pas
si je comprends le ministre, est-ce que vous voulez laisser entendre que si ce
premier paragraphe n'était pas là, à ce moment, en fait,
les versements qui y sont mentionnés ne seraient faits en aucune
façon par le fédéral? J'espère que ce n'est pas
cela. Est-ce que vous voulez mentionner qu'une loi est faite pour être
appliquée, et ce qui est efficace aussi...
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... ce n'est pas
un problème. Est-ce que, dans l'esprit du ministre, le fait
d'enlever le premier paragraphe pourrait compromettre en quoi que ce soit le
versement par le fédéral des montants qui y sont
mentionnés?
M. FORGET: Mais si vous vous servez de cet argument...
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant...
M. FORGET: ... c'est que vous avez changé de façon
sensible votre argumentation, vous avez commencé en parlant de la
nécessité d'avoir un texte qui soit compréhensible. Je ne
doute pas pour un instant, en faisant honneur à votre intelligence, que
vous comprenez le texte tel qu'il est rédigé. Il s'agit de savoir
si maintenant, puisque ce point semble éliminé, on ne devrait pas
utiliser comme les philosophes, le rasoir d'Occam pour éliminer tous les
mots qui peuvent être redondants dans la rédaction. Il faudrait
peut-être le passer au peigne fin, il est possible que le style puisse
être amélioré, mais cela devient à ce
moment-là une simple question de style et cela n'aide en rien la
compréhension du texte de loi que de supprimer le premier
paragraphe.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que je peux avoir une réponse
à la question que je pose au ministre? Est-ce que vous voulez laisser
entendre que, si on enlève le premier paragraphe, il y a des
difficultés dans le sens que, en enlevant ce paragraphe, les allocations
qui y sont mentionnées ne seraient pas versées par le
fédéral? Première question. Est-ce que c'est...
M. FORGET: II y a d'autres implications à cette loi que celles
que vous tracez. Elle ne sert pas seulement à verser des montants, elle
est aussi utilisée dans son ensemble pour faire des ajustements, par
exemple, au régime d'aide sociale. Si l'on fait un ajustement au
régime d'aide sociale, si on veut faire référence à
l'effet global du régime d'allocations familiales, par exemple, pour
modifier le niveau des prestations d'aide sociale, ce n'est pas simplement
à la partie versée et financée à même les
fonds du Québec, c'est à l'ensemble global des mesures
provinciales et fédérales que l'on se réfère pour
faire les ajustements dans d'autres mesures de sécurité de
revenu. Donc, ce n'est pas simplement pour faire de la littérature que
ces montants doivent être mentionnés, c'est essentiel dans
l'esprit même de la loi que les montants soient mentionnés comme
tels puisqu'on en tient compte comme tels et globalement dans d'autres mesures
législatives ou réglementaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous dites que c'est important qu'ils soient
mentionnés. Est-ce dans le sens que ça pourrait mettre en
péril le fait que ce qui est mentionné soit versé aux
bénéficiaires s'il n'y était pas?
M. FORGET: Pour répondre à vos arguments de tantôt,
relativement le rasoir d'Occam pour supprimer des choses...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non...
M. FORGET: ... qui aident à la compréhension sans nuire au
texte. Je peux très facilement vous retourner cet argument et vous
demander si cela nuit en quelque façon à l'application du texte
que le premier paragraphe...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, dans le sens qu'une loi est une loi, ce
n'est pas un roman d'amour pour savoir ce qui se passe entre le
fédéral et le provincial. On peut toujours écrire des
textes en dehors de la loi pour nous dire comment ça va de ce
côté-là.
Ce que je veux dire, c'est que la loi dont on parle à l'heure
actuelle, c'est la loi votée par l'Assemblée nationale et je
pense que, dans celle-ci comme dans n'importe quelle autre, la première
priorité qu'on doit avoir, c'est que ce soit clair que c'est la loi
votée par l'Assemblée nationale et, quand c'est possible qu'elle
ne prête à aucune ambiguïté face à d'autres
lois votées par d'autres Assemblées ou par d'autres Parlements.
Alors, à mon sens, dans la loi de l'Assemblée nationale qui a
été votée cet après-midi, si on se
réfère à la définition de l'allocation telle
qu'explicitée au paragraphe 1, à ce moment-là, pour
être très compréhensible, pour qu'elle ne prête
à aucune ambiguïté, à mon sens, le premier paragraphe
doit être enlevé simplement et le deuxième paragraphe
explicite très bien ce que le Québec en fait donne aux
Québécois en fonction de l'application de la Loi des allocations
familiales. Le premier paragraphe en fait, entre vous et moi, ne prête
qu'à l'ambiguïté. La meilleure preuve, c'est qu'on
soulève ce problème à l'heure actuelle.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de Frontenac
m'avait demandé la parole depuis assez longtemps. Après, le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: D'accord !
M. LECOURS: Pour être très gentil envers nos
confrères de l'Opposition, je serais favorable, peut-être,
à ce qu'on mette à l'article 4, le paragraphe no 2 le premier, le
paragraphe no 1, le deuxième. Ceci confirmerait seulement que le Parti
libéral, pour une fois, a réussi quelque chose de grand. Il a
réussi à dire que l'argent qu'on envoyait avant au
fédéral, que nous, pour une fois, on décidait de dire
qu'on donnait $15 au premier enfant et non $20 par enfant comme le
fédéral le suggérait. Cela prouve une autre chose aussi.
Cela prouve que les familles qui ont plusieurs enfants ou du moins celles qui
en ont seulement un, vont avoir $15, elles
n'auront pas $20 parce qu'elles en méritent seulement $15. Cela
veut dire que celle qui en a deux va avoir $15 plus $22 au lieu de $20 plus
$20, comme le fédéral suggère. Je ne pense pas que ce soit
un paragraphe de trop. Il devrait venir en deuxième place à mon
avis. Il devrait être à l'article 4 parce que, pour une fois qu'on
a remporté une grande victoire avec notre grand ami M. Castonguay,
pourquoi ne pas le mettre dans le texte de loi? Cela va juste préciser
un peu...
M. BEDARD (Chicoutimi): Justement, on en fait une question politique
à l'heure actuelle. Quand j'en ai parlé comprenons nous
bien je vais dire dans quel esprit je l'ai fait. Ce n'est pas une
question politique et tout cela, si on veut le ramener à une question de
politique, de primauté, de tout ce que vous voudrez, chacun a sa
manière de voir les choses. Moi, j'en suis à la
compréhension tout simplement et cela va s'appliquer à
toutes les autres lois qui vont suivre à la compréhension
normale de toute loi votée par une Assemblée nationale. Alors,
toute loi votée par une Assemblée nationale, en ce qui me
concerne, doit tout simplement expliciter ce que cette Assemblée
nationale a voté. Or, elle n'a pas voté le premier paragraphe,
elle a voté le deuxième. C'est cela que cela implique. Tandis
que, si vous mettez le deuxième... Cela ouvre la porte en fait à
ceci: C'est que dans n'importe quelle loi du Québec maintenant, quand on
voudra faire des lois, des romans d'amour, on va toujours dire: On va mettre la
version fédérale, on va mettre la version provinciale. Je pense
que, si on veut être très clair, pourquoi ne pas s'en tenir
et je pense que c'est cela à l'avenir qui va être beaucoup plus
positif à ce que la loi du Québec dit, à ce qu'elle
donne et quels sont ses effets.
M. ROY: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question à l'honorable ministre?
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Maisonneuve a demandé la parole.
M. BURNS: M. le Président, juste pour joindre mon opinion
à celle du député de Chicoutimi là-dessus.
J'aimerais qu'on soit bien "cool" et si tout le monde ensemble se met à
dire qu'on est en train de rédiger une loi, je comprends certains de nos
collègues néophytes j'en vois seulement deux en face de
moi qui ne sont pas des néophytes de ne pas... Non, les deux, ce
sont les députés de Gaspé et de Nicolet-Yamaska. Je pense
que je n'en vois pas d'autres. Il y a le député de
Verchères, maintenant. Non. Ce sont les deux seuls qui sont... Je
comprends les autres de s'énerver devant le fait qu'on pose un
problème. Il est peut-être nécessaire à ce
moment-ci, étant donné que c'est le premier projet de loi, M. le
Président, qu'on étudie article par article, de se dire et
vous le savez, M. le Président que le stade auquel on se trouve
actuellement oui, vous le savez est de faire la loi. C'est la
place pour changer les virgules, au cas où les gens ne le sauraient pas.
C'est ici que cela doit se faire. Ce n'est pas en deuxième lecture, ce
n'est surtout pas en troisième lecture. On est au stade où cela
se fait.
Or, il y a un vieux principe d'interprétation, M. le
Président, que vous connaissez, j'en suis certain, qui est
peut-être le premier des principes d'interprétation, c'est que le
législateur, on le présume intelligent et que, comme tel, le
législateur, qui est actuellement représenté par nous,
s'il est intelligent, ne légifère pas pour mettre des textes en
application qui n'ont aucun effet. C'est bien important qu'on se le dise. Or,
ce que le député de Chicoutimi tente de savoir du ministre des
Affaires sociales depuis tantôt, c'est: Qu'est-ce que ça change
qu'on mette le premier paragraphe? Est-ce que vous voulez dire que, si on omet
le premier paragraphe de l'article 4, il n'y aurait pas de prestation de $15,
$22, $33? Est-ce que c'est ça qu'on veut dire? Si oui, moi, je vais tout
simplement me ranger à votre opinion, mais je vais dire: Là, on
légifère. Là, le législateur agit de façon
intelligente. Là, le législateur change quelque chose à la
situation. Ce que nous prétendons ici, par l'amendement du
député de Chicoutimi, c'est que le législateur ne change
strictement rien à la situation par le premier paragraphe. C'est par le
deuxième qu'il change quelque chose. On est bien d'accord que le
deuxième reste là. Entièrement d'accord. Le
législateur n'est pas censé légiférer pour rien.
Or, le premier paragraphe légifère pour rien. Quand j'entendais
le député de Chicoutimi vous dire tantôt: On peut
s'attendre à des romans d'amour, moi, je m'attends facilement que, si on
se met à faire de la législation de cette façon, d'ici
quelques mois, on commence des préambules de loi en disant: Parce que le
gouvernement est bien fin, bien gentil, bien beau et qu'il a élu 102
députés, il vous offre la loi suivante, cela ne
m'étonnerait pas du tout.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord avec le fédéral.
M. BURNS: Si vous partez dans cette ligne de législation,
n'importe quoi peut nous arriver. Cela, je trouve que c'est malsain sur le plan
législatif; c'est à ce stade-ci, je le répète,
qu'on examine la valeur législative d'un texte de loi. On n'est pas ici
pour faire de la démagogie; on n'est pas ici, ni d'un côté
ni de l'autre, pour se dire des choses qui n'ont rien à faire avec un
texte de loi. Si on doit dire que des prestations d'allocations familiales sont
augmentées à l'intérieur de la juridiction du
Québec, qu'on le dise, bondance! Je n'ai aucune objection
là-dessus. On a d'ailleurs voté pour le principe de cette loi.
Mais quand vient le temps de mettre sur
papier ce que le principe énonçait cet après-midi
et ce pourquoi on a voté, qu'on nous le dise en texte législatif.
C'est ça qu'on vous demande, M. le ministre. C'est d'avoir au moins
l'honnêteté je pense que vous l'avez, je ne doute pas de
cette honnêteté de votre part, je n'ai eu aucune preuve
jusqu'à maintenant qui pouvait m'en faire douter mais si vous
insistez pour garder ce texte, tel qu'il est actuellement, certains membres de
l'Opposition seront peut-être en droit de douter de la bonne foi du
gouvernement, non pas des individus qui prônent certaines dispositions
législatives, mais du gouvernement. J'ai le droit de douter de la bonne
foi du gouvernement, selon nos règlements, constamment et tout le temps.
Mais rappelons-nous une chose, c'est que le jour où on fera de la
législation qui n'a aucun sens, qui n'a aucun effet en pratique, on va
passer pour une bande de stupides, on va passer pour une espèce
d'initiative locale et non pas pour un Parlement.
M. BOUDREAULT: Comme vous avez passé cet après-midi.
M. BURNS: Vous êtes en train de me prouver que ce n'est
peut-être pas à moi que ces paroles s'adressent.
M. BOURDREAULT: Comme vous avez passé à la dernière
élection.
M. BEDARD (Chicoutimi): Laissons faire la dernière
élection.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, je termine simplement sur ceci. S'il y
a des gens qui veulent descendre la discussion à une hauteur que ma vue,
déjà faible, ne me permet pas de regarder par en bas, c'est
à leur goût. Ils pourront le faire, qu'est-ce que vous voulez, on
va rester sourd à ce genre de stupides interventions. Ce qu'on vous dit
tout simplement, c'est: Disons donc dans notre projet de loi c'est ce
que dit notre amendement, j'insiste sur le mot "notre" ce que,
véritablement, le principe du projet de loi tendait à nous
laisser entendre, ce pourquoi nous avons voté et ce que nous sommes
prêts à appuyer à ce stade-ci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de Portneuf,
puis après le député de Beauce-Sud et ensuite, le
député de Chicoutimi. L'honorable député de
Portneuf.
M. PAGE: ... pour légiférer, comme le disait l'honorable
député de Maisonneuve, c'est donc à nous de nous pencher
sur le texte de loi.
Au sujet de l'article 4, je pense qu'un des principaux principes
d'interprétation est que la loi soit compréhensible pour le
citoyen moyen parce que les lois ne sont quand même pas votées
pour qu'elles soient uniquement analysées par des avocats. Je constate
que tout citoyen moyen, à la lecture de l'article 4, est en droit et
peut savoir quels sont les montants d'allocations familiales dont il peut
bénéficier, l'ensemble des deux montants.
A ce titre-là, le gouvernement du Québec ou le ministre
des Affaires sociales aurait pu n'inclure que le premier alinéa de
l'article 4. Je trouve donc qu'il a eu beaucoup d'honnêteté
intellectuelle en incluant le deuxième alinéa, celui qui donne le
montant exact versé par le Québec. Je pense qu'il n'y a pas
d'imbroglio du fait que l'on retrouve dans le premier alinéa les termes
"cette allocation, jointe à l'allocation visée à l'article
26" et de plus "la somme globale..." ce qui démontre au lecteur de cet
article que c'est quand même par la participation de deux programmes, et
au deuxième alinéa, alinéa restrictif où l'on donne
ce que le Québec verse. Alors, je ne vois pas d'imbroglio. Je pense que
le citoyen normal peut facilement se retrouver dans cela et je suis
parfaitement d'accord sur cet article.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je serais porté à poser
une question à l'honorable député de Portneuf et lui
demander si, sur les chèques que la population va recevoir, la
participation fédérale sera indiquée pour renseigner la
population.
Je serais porté à poser une question au
député de Portneuf...
M. PAGE: Je vous en prie, allez-y!
M. ROY: ... pour lui demander si, pour bien renseigner la population,
elle recevra deux chèques ou un chèque sur lequel sera
indiqué le montant du fédéral ou le montant du
provincial.
M. PAGE: Le principal c'est qu'elle reçoive le chèque,
non?
M. ROY: D'accord!
M. PAGE: C'est le principal.
M. ROY: Alors qu'est-ce que vient faire ici cette affaire-là?
M. PAGE: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
répondre à la question de l'honorable député de
Beauce-Nord?
M. ROY: Pas Beauce-Nord, mais Beauce-Sud.
M. PAGE: De Beauce-Sud.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! Il y en a trop qui parlent en
même temps. J'ai de la difficulté à diriger les
débats.
M. PAGE: M. le Président, je peux lui répondre.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne veux pas diriger les
débats, mais j'ai demandé la parole il y a à peu
près cinq minutes.
M. ROY: Je m'excuse...
M. BELLEMARE: Je suis totalement d'accord avec le député
de Maisonneuve qui nous dit d'être apolitiques concernant les commissions
parlementaires. Mais avant de nous traiter de néophytes ou de ce qu'il
voudra, je crois qu'il a été, lui aussi, néophyte.
Heureusement que nous sommes des néophytes parce que nous ne connaissons
pas totalement le débat, mais par contre je voudrais dire ceci, M. le
Président...
M. BURNS: Ce n'est pas une insulte, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre!
M. BELLEMARE: ... ma question est la suivante: Tout en voulant demeurer
apolitique, suivant la commission, je demanderais au député de
Chicoutimi s'il veut faire de la démagogie partisane ou si son esprit
est clair lorsqu'il nous parle de changer l'alinéa 1, à l'article
4, versus 26?
Je crois, personnellement, que c'est très clair et que, lorsque
les chèques seront respectés vis-à-vis du peuple, que cela
soit l'article 4 ou l'article 25, pour autant que les caisses ou les banques
encaisseront les montants, je crois que le peuple en sera satisfait.
M. BOURASSA: C'est ce qu'il a compris le 29 octobre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous me faites rire quand vous parlez. Si je
veux faire de la démagogie...
M. BELLEMARE: C'est peut-être drôle parce que je ne suis pas
avocat.
M. BEDARD (Chicoutimi): Jamais je ne croirai que vous allez commencer la
lutte des classes, tranquillement !
Vous me faites rire quand vous parlez de faire de la politique. Le seul
qui n'a pas parlé de politique, c'est moi. Je me suis attaché
à un texte.
M. BELLEMARE: J'ai bien demandé si, dans votre esprit...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ecoutez, l'es- prit... Attendez les paroles et
vous me parlerez de l'esprit après.
M. BELLEMARE: Bien, vous nous demandez souvent si notre esprit est net.
Moi, je crois que j'ai les mains propres et l'esprit propre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien oui!
LE PRESIDENT (M. Pilote); A l'ordre! La parole est au
député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): La caisse propre, propre, propre.
M. BOURASSA: Ne nous parlez pas de la caisse... On va faire un
débat là-dessus, si vous voulez.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que...
M. ROY: M. le Président, je me permets de vous signaler que
depuis l'arrivée du premier ministre, nous avons
énormément de difficulté à avoir du décorum
aux séances de la commission. Je ne sais pas pourquoi, M. le
Président, mais on dirait que c'est une coincidence. Cela
coïncidait...
LE PRESIDENT (M. Pilote): C'est par pure coincidence !
M. BURNS : Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. BOURASSA: Vous parlez de la caisse électorale...
M. BURNS: Question de règlement, M. le Président.
Après que le député de Beauce-Sud eut terminé, M.
le Président, c'est une question de règlement. Je voudrais savoir
si le député de Mercier est membre de cette commission?
M. BOURASSA: M. le Président,...
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas posé la question au
premier ministre, mais à vous.
M. BOURASSA: J'invoque une question de privilège.
M. BURNS: M. le Président, vous avez une demande actuellement au
niveau des règlements de la Chambre.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui, d'accord.
M. BURNS: Je vous demande si le député de Mercier
apparaît sur votre liste. Son nom est Robert Bourassa. Est-ce qu'il
apparaît sur votre liste?
LE PRESIDENT (M. Pilote): II n'apparaît pas sur ma liste.
M. BOURASSA: II est...
M. BURNS: M. le Président, comme tout autre député,
le député de Mercier, avant d'intervenir, devra demander à
la commission s'il a droit de parole ici. Je lui demande de respecter cela au
moins, de montrer qu'il respecte au moins les règlements de
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Pour répondre au député
de Maisonneuve, il est de coutume de laisser parler les députés
qu'ils soient membres...
M. BURNS: II n'y a aucune coutume, M. le Président. La seule
coutume est le règlement qui vous dit qu'un député, avant
d'intervenir, demande à la commission s'il a l'autorisation de la
commission lorsqu'il n'en est pas membre. Je sais que c'est une habitude
constante du député de Mercier d'arriver à
brûle-pourpoint dans une commission, de faire son "smart" et de mettre le
bordel en commission. Si c'est cela qu'il veut faire, je suis bien prêt
à jouer à cela, mais quant à moi, je suis venu pour
adopter un projet de loi, ici, ce soir.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je voudrais qu'on en revienne à la
pertinence du débat. La parole est au député de
Chicoutimi.
M. BOURASSA: II a baissé sa majorité et il n'est pas de
bonne humeur.
M. BEDARD (Chicoutimi): Voici, pour que ce soit très clair.
M. ROY: Encore des allusions politiques.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je crois que toute loi doit être
très claire et dise très expressément ce qu'elle a
à dire. Le premier paragraphe de l'article 4 n'ajoute absolument rien au
projet de loi qui a été présenté à
l'Assemblée nationale. A mon sens, cela peut être
considéré comme une note explicative, cela peut être
considéré en fait comme étant un effort de vouloir faire
voir un plan d'ensemble d'une loi, d'une part, fédérale, d'autre
part, provinciale, mais je crois que si on veut être... Ce n'est pas une
question d'avocasserie, c'est une question que, plus tard, c'est cette attitude
qu'on doit prendre, si on veut que la loi soit très claire, c'est de
voter le projet de loi qui a été présenté à
l'Assemblée nationale cet après-midi.
Or, ce qui a été présenté, cet
après-midi, à l'Assemblée nationale, et ses effets, c'est
tout simplement le deuxième paragraphe de cet article. Ce qu'on veut
mettre en notes explicatives dans le préambule de la loi ou n'importe
quoi... en fait le quatrième paragraphe, je n'ai pas d'objection
là-dedans, mais en aucune façon, je pense que le premier
paragraphe de l'article 4 ne doit être là, parce qu'il peut
prêter à ambiguïté à mon sens dans la lecture
de la loi telle que présentée à l'Assemblée
nationale. Je pense qu'il n'y a pas de politique là-dedans. Il n'y a
absolument rien; c'est une question purement technique, encore une fois.
M. FORGET: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me le permettez, la meilleure preuve que
nous n'en faisons pas une question de politique et tout cela, la loi
fédérale est mentionnée à l'article 26 et nous
n'avons pas l'intention de demander un amendement à l'article 26, parce
que là se comprend la référence à la loi
fédérale et je pense qu'il y a des dispositions, concernant
l'article 26, qui nous obligent de nous y référer. Mais dans
l'article 4, bien humblement, je crois que ce n'est pas nécessaire et
que tout ce qui s'adjoint à une loi et qui n'est pas nécessaire,
en fait, n'a pas d'affaire à être dans le texte. C'est dans ce
sens...
M. FORGET: Croyez que j'apprécie grandement, M. le
Président, l'attention considérable qu'apporte la moitié
des membres de l'Opposition à l'Assemblée nationale à la
rédaction correcte au projet de loi. Je l'apprécie
grandement...
M. BURNS: On est là pour vous aider et on va le faire même
contre votre gré.
M. FORGET: Je vous en suis reconnaissant.
M. BOURASSA: On a vu cela au Centre Durocher hier devant une
poignée...
M. BURNS: On a vu cela aussi, le nombre de fois qu'on vous a
sauvé des lois qui s'en allaient aux vidanges, si on ne vous disait pas
ce qui se passait.
MME BACON: Le député de Chicoutimi... M. BURNS: On a vu
cela aussi... UNE VOIX: Pas de politique.
M. BURNS: Je vais vous en citer quelques-unes, M. le
député de Mercier, n'importe quand.
M. BOURASSA: Lesquelles.
M. BURNS: Je vais vous citer la Loi des jurés, par exemple. Vous
la relirez. D'ailleurs vous ne savez pas ce qu'il y a dans cette loi-là.
C'est votre affaire.
M. BELLEMARE: Qu'on discute les jurés ou qu'on discute
cela...
M. BEDARD (Chicoutimi): Question de règlement M. le
Président si on veut en finir ce soir, je pense qu'on devrait se pencher
sur l'aspect légal de la loi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je suis bien d'accord sur cela.
M. BURNS: Vous êtes d'accord, mais moi je ne suis pas pour me
laisser piler sur les pieds par le député de Mercier, ce n'est
pas vrai. Ce n'est pas parce qu'il est premier ministre que cela va nous
énerver, ce n'est pas vrai.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: Alors, je peux reprendre. Il me semble qu'il est très
clair que l'article 4 énonce l'objectif même de cette loi dans son
premier paragraphe qui est de réaliser par deux moyens qui sont
énumérés dans des dispositifs subséquents à
un objectif global de sécurité du revenu familial et que
l'annonce dans la loi de l'objectif qui est atteint par cette loi n'est pas du
tout déplacé.
D'ailleurs, je trouve étrange que l'on prenne occasion de
l'article 4 pour soulever des problèmes d'élégance de
rédaction, puisqu'on aurait tout aussi bien pu le faire à
l'article 3 qui dit que le montant de l'allocation varie selon le nombre des
enfants. On aurait pu me faire observer que c'est là renonciation d'un
principe général qui n'a pas sa place dans une loi, puisqu'un
article subséquent mentionne justement les montants précis qui
seront versés selon l'ordre des enfants. Et pourtant, ça n'a pas
soulevé les mêmes commentaires. Au point de vue des principes
législatifs ou de rédaction des lois, il me semble que cela
appelle les mêmes réserves. Donc, je me dois, au moins, de douter
de la justesse ou de la motivation qui vous inspire à souligner
l'article 4 qui est peut-être un peu ennuyeux d'un certain point de vue,
puisqu'il souligne, encore une fois, l'objectif de la loi qui est
réalisé par deux moyens. Le moyen le plus direct est, bien
sûr, l'allocation québécoise; mais l'autre moyen, qui est
indiqué par voie de référence à une
législation fédérale, ce sont, dans l'article 26, les
allocations familiales fédérales dont le montant est
déterminé par cette loi. Il n'y a rien de déplacé
à dire que c'est déterminé par cette loi et que le
résultat global est tel qu'exposé à l'article 4.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme vous le dites, M. le ministre, je
comprends très bien ce que vous voulez nous faire... votre
argumentation. Je ne suis pas si sûr que vous compreniez la mienne;
pourtant elle est très claire, à mon sens, si l'on met la
politique de côté et que l'on parle simplement de rédaction
de texte de loi. Je comprends très bien que vous dites qu'il y a deux
moyens qui sont explicités dans cet article afin d'atteindre un objectif
global, comme vous nous l'avez expliqué. Justement, il y a deux moyens;
mais il y a un moyen auquel nous n'avons pas affaire, à savoir,
l'article 4.
Que ce soit dans de la phraséologie, au début, que ce soit
n'importe où, qu'on l'explique très bien ou qu'on mette
même de l'emphase là-dessus, je n'ai pas d'objection
là-dedans. Mais justement, un des moyens qui est
référé à l'article 4 en est un sur lequel on ne
peut rien, nous, l'Assemblée nationale du Québec.
Une loi doit dire quelque chose. L'article 4, premier paragraphe, ne dit
rien. Je pense que quand on peut le constater et qu'on peut le voir, alors on
enlève la phraséologie superflue dans un texte de loi; sinon,
faisons des remarques encore une fois. Je prends exactement votre argumentation
et j'en arrive à une conclusion contraire à la vôtre,
à savoir qu'il y a deux moyens, mais il y en a un auquel on ne peut
rien. Alors, il n'a pas d'affaire à être inclus dans la loi. On
légifère sur les choses auxquelles on a le droit de
légiférer. Et la loi ne doit s'exprimer qu'en fonction des
pouvoirs qu'on a. Or, les seuls pouvoirs qu'on a au niveau de l'article 4, et
que cela exprime quelque chose, c'est ce qui est mentionné au paragraphe
2 de l'article 4. Je ne vois pas comment on peut en sortir. Honnêtement,
il n'y a pas de politique. Si nous commençons de cette manière,
nous commencerons ainsi chaque texte de loi; c'est aussi bien que la discussion
ait lieu tout de suite, autrement nous pourrions commencer chaque texte de loi
en y mettant une référence fédérale ou n'importe
quelle autre loi et c'est comme cela que vient le fouillis dans les lois.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous savez combien coûtent
les commissions parlementaires entre les sessions. Alors, je souhaite que nous
puissions peut-être ajouter $0.25 ou $0.50 de plus aux allocations qu'on
donne, si on peut s'en tenir...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre! M. BELLEMARE: Je reviens...
M. BURNS: M. le Président, j'ai invoqué le
règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Cela ne vous en prend pas six pour invoquer le
règlement. Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Non, mais le député de Rosemont continue
à parler alors qu'il devrait savoir que, quand quelqu'un invoque le
règlement, on cesse de parler.
M. BELLEMARE: Je vous remercie de votre conseil.
M. BURNS: On va vous aider comme ça. Soyez assuré de notre
collaboration.
M. BELLEMARE: J'en prends note.
M. BURNS: M. le Président, nous parlons de l'article 4 et je ne
vois pas ce que les commissions parlementaires et les allocations entre les
sessions peuvent venir faire au niveau de la discussion ici.
Je vous demande de rappeler le député à l'ordre, de
le garder à l'intérieur du cadre de l'article 4, lequel parle de
prestations, non pas de prestations aux députés dans les
commissions parlementaires entre les sessions mais parle d'allocations
familiales et c'est ce qui est l'objet de la discussion.
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais les députés
à s'en tenir à la pertinence du débat.
M. ROY: Sur le point de règlement soulevé par l'honorable
député de Maisonneuve. Je voudrais tout simplement demander au
député de Rosemont, lorsqu'il assiste à une commission
parlementaire, de respecter le droit des membres de la commission et des
membres de l'Opposition de pouvoir discuter sur les articles. C'est pour cela
que les commissions parlementaires ont lieu. Je comprends que le
député de Rosemont est nouveau à l'Assemblée
nationale, il assiste probablement à une commission parlementaire pour
la première fois, mais je lui conseillerais de s'y habituer, parce que
devant ce petit genre de chose, ce petit genre de menace qu'il vient de faire,
nous ne marcherons pas.
M. BELLEMARE: Qui vous a menacé?
M. ROY: Et ce ne sont pas des questions de $0.25 ou de $0.50... Je
regrette, cela ne s'est pas adressé à moi, mais en tant que
membre de l'Opposition, j'ai également un mot à dire
là-dessus et j'ai encore des questions à poser au ministre...
M. BELLEMARE: De quelle façon vous sentez-vous menacé dans
mes propos?
M. ROY: ... que cela plaise ou non.
M. BELLEMARE: De quelle façon vous sentez-vous menacé dans
mes propos?
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre!
M. ROY: Je pense que cela a été assez clair.
LE PRESIDENT (M. Pilote): J'inviterais les députés
à revenir à la pertinence du débat...
M. ROY: Si vous ne vous souvenez pas de ce que vous avez dit.
LE PRESIDENT (M. Pilote): ...et j'inviterais le député de
Beauce-Sud quand même... Il y a un président et je vais
m'organiser pour que les membres s'en tiennent à la pertinence du
débat.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): II ne me restait qu'une question à poser
au ministre, suite au raisonnement que je faisais.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Chicoutimi et
ensuite le député de Vanier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que M. le ministre, tout en tenant compte
de ce qu'il a dit à la commission à l'effet que, dans cet
article, il y avait deux moyens qui étaient explicités en vue
d'atteindre un objectif global, en fait, que nous connaissons, est d'accord
qu'un des moyens nous échappe et qu'en fait on n'a pas à
légiférer ou à retrouver un de ces moyens dans la loi, un
texte sur lequel justement l'Assemblée nationale n'a aucun pouvoir en
fait de légiférer?
M. FORGET: Absolument pas. Ce moyen ne nous échappe pas, puisque
l'un des objets de la loi, un des moyens qui est pris dans la loi pour
réaliser l'objectif global est précisément d'avoir une
influence très réelle et très sensible sur le quantum des
prestations qui sont versées aux familles relativement aux enfants
à leur charge. De dire qu'on n'a aucune façon d'affecter ce
deuxième moyen pour réaliser notre objectif est totalement faux
puisque nous le ferons et cette loi le fait. C'est un de ses objets. C'est un
de ses effets. Il n'est pas du tout inexact et je n'ai encore entendu aucun de
ceux qui sont intervenus sur ce projet dire que la déclaration contenue
au premier paragraphe de l'article 4 est inexacte. C'est bien en effet cela qui
va résulter de cette loi et de nulle autre pièce de loi.
Evidemment, elle ne se tient pas seule dans l'ensemble des lois du monde
civilisé. Il y a d'autres lois et en particulier une loi
fédérale qui permet justement à celle-ci d'avoir l'impact
qui lui est donné et qui est décrit par l'article 4 et qui est la
disposition principale. Encore une fois, je répéterais la
même question que j'ai formulée tantôt et à laquelle
je n'ai pas eu de réponse. Si l'on cherche absolument et de façon
absolument impitoyable à supprimer tous les mots inutiles dans une
pièce de loi, alors, on
reviendra également à l'article 3, et c'est celui qui me
saute aux yeux parce qu'il est juste et haut et on en trouverait
probablement d'autres qui contient une mention purement
générale dont on n'a que faire dans le fond puisque,
subséquemment, on indique les montants précis en vertu desquels
les allocations varient selon le rang des enfants. Alors, pourquoi le
mentionner dans l'article 3? A ce compte, les lois ne seraient qu'un amas de
dispositions particulières et je ne vois pas en quoi cela peut aider la
compréhension des lois, sauf par des techniciens du sujet, que de
supprimer tout ce qui peut aider à la compréhension du contexte
de la loi. Il ne s'agit pas d'une argumentation dans l'article 4. Il s'agit
d'un état de fait qui est affirmé comme résultant de cette
loi et de nulle autre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais non. Quand vous parlez de l'impact que la
rédaction de l'article 4 peut donner, c'est de la politique. C'est un
impact politique par l'article 4 tel que constitué que vous voulez
donner. Le vrai impact qui doit être donné dans une loi est
effectivement la mesure qui est votée. La mesure qui est votée
par l'Assemblée nationale du Québec est le paragraphe 2. Cela
finit là.
Le reste pourrait être, à mon humble avis,...
M. FORGET: Mais niez-vous...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... mais avec emphase dans le début de la
loi ou n'importe où, ou encore on peut la faire connaître, faire
n'importe quoi, mais à l'intérieur de la loi, je ne crois
pas.
M. FORGET: Mais niez-vous pour un seul instant que c'est effectivement
$15, $22, $33 et $37 que les familles recevront?
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais non, du tout...
M. FORGET: Mais alors...
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme moi, je vous demande de répondre
par un oui ou un non. Je pense que je suis en droit de m'y attendre de la part
du ministre. Si vous enlevez le premier paragraphe de cet article, est-ce que
vous enlevez justement le fait pour les familles de recevoir les mêmes
montants que vous venez de dire: $15, $22 et $37?
M. FORGET: Je rendrais par cette omission la loi moins intelligible.
J'ai compris que c'était l'objectif initial que vous avez poursuivi dans
votre raisonnement de rendre la loi plus intelligible. Et elle l'est
grâce à cet article, puisqu'on déclare quel est l'effet
total de dispositions isolées prises dans le texte ici et là,
comme le deuxième paragraphe de l'article 4, comme l'article 26.
M. BEDARD (Chicoutimi): Depuis quand une loi est-elle plus intelligible
lorsqu'on y mêle plusieurs lois ensemble? La loi la plus intelligible
n'est-elle pas celle qu'on vote tout simplement?
M. FORGET: Celle qui est la plus intelligible, c'est celle qui n'a qu'un
article.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, ce n'est pas celle qui...
M. FORGET: Mais comme il y en a plus d'un, ce n'est peut-être pas
indifférent.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas la loi qui mêle deux
juridictions ou qui mêle deux lois en même temps. Si le ministre
n'est pas d'accord sur cela, disons que l'on n'aura plus une grande
intervention à faire. En quoi un texte de loi qui mêle des lois,
qui mêle des mesures votées par des gouvernements
différents, est-elle plus intelligible que la loi qui dit tout
simplement, expressément et très simplement, ce que la loi veut
dire, à savoir, et c'est cela qu'elle veut dire, la loi qu'on a devant
nous, le projet de loi qu'on a devant nous, cela veut dire essentiellement: le
paragraphe deux? Elle ne veut rien dire du paragraphe un.
Quand vous dites que c'est un impact, cela, c'est une question
politique, mais le texte de loi, ce qu'on vote aujourd'hui, c'est tellement
vrai que ce qu'on vote aujourd'hui, c'est le paragraphe deux. En quoi a-t-il
une implication sur le premier paragraphe, si ce n'est comme vous le dites de
créer un impact? Cet impact n'est sûrement pas légal, parce
que vous mêlez les lois ensemble, ce n'est peut être qu'un impact
politique. Je pense qu'on n'est pas ici pour faire de la politique, on est ici
pour rédiger une loi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Vanier.
M. DUFOUR: Je crois que c'est malheureux que les lois ne soient pas
écrites par d'autres personnes que des avocats, parce que vous savez
que, dans un article de droit, deux avocats en cour ne s'entendent jamais,
c'est assez rare. L'un dit: il est coupable. L'autre dit: il n'est pas
coupable. Je crois que, pour cesser de peser des oeufs de mouche avec une toile
d'araignée, il faudrait peut-être passer quelque chose de plus
positif. Pour satisfaire, je crois, le député de Chicoutimi, je
suggérais de placer l'alinéa deux, qui est énonciatif, en
premier. Pour clarifier, parce que nous ne sommes pas tous des avocats, et que
mes concitoyens dans mon comté ne sont pas tous des avocats, je trouve
que cet article, le premier, actuellement, annonce que les gens auront tel
montant, tel montant et tel montant. Je vois, au fond de cette affaire, qu'il y
a quelque chose qui est de nature, je pense, à bloquer la progression de
l'étude. Je ne suis pas
encore un avocat, je vous le dis sincèrement, mais
d'habitude...
UNE VOIX: ... ne souhaite pas...
M. DUFOUR: Non, mais tu aurais dû faire un médecin,
probablement que tu serais pas mal plus pratique que tu ne l'es
actuellement.
M. BURNS: Je ne vous le souhaite pas, à part cela. Non seulement,
je ne vous le souhaite pas, je ne nous le souhaite pas.
M.DUFOUR: Ceci étant dit, je voudrais qu'on progresse assez
rapidement et qu'on passe au vote, s'il le faut, pour qu'on en finisse de cette
chose. Je trouve que l'article est très clair.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour être pratique avec le
député, on pourrait peut-être faire une entente. Vous dites
que vous voulez que les gens comprennent. Mettons le deuxième
paragraphe, c'est cela qu'on vote dans le fond, en deuxième, mais avec
notes explicatives, parce qu'on ne vote pas là-dessus, on n'a pas
d'affaire à voter sur le premier paragraphe. On n'a pas le droit de
voter sur le premier paragraphe, soit qu'on le mette en deuxième avec
une indication "notes explicatives", ce serait normal, à ce
moment-là, vous l'auriez votre impact, vous auriez l'ensemble de votre
loi pour qu'elle soit comprise par les citoyens. Ou encore mettez une
référence à la fin de l'article, vous pouvez facilement
mettre une référence pour bien comprendre l'impact de l'article,
ou une référence ailleurs, comme vous voudrez. A ce
moment-là, c'est clair. Justement, je veux être pratique, vous
dites qu'il faut empêcher les avocasseries et les chicanes d'avocats.
C'est juste. Avec deux lois dans un même paragraphe, vous allez en
avoir des chicanes d'avocats qui n'en finiront pas. Je me dis: Mettons-en
seulement une, et mettons seulement la loi sur laquelle on a des droits de
voter. D'accord? Est-ce que vous iriez avec cela?
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable Madame Bacon.
MME BACON: M. le Président, peut-être qu'il y a eu
quelques...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous voulez le demander à M. le ministre
avant d'être d'accord?
MME BACON: Non, on n'a pas de question à poser...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas à vous que je demande cela.
C'est au député.
MME BACON: C'est juste une intervention que je me permets, M. le
Président. Il y a eu deux suggestions qui ont été faites
depuis le début. On demande de retirer complètement le premier
paragraphe, d'autres ont suggéré que le deuxième
paragraphe devienne le premier et que le premier devienne le deuxième.
Je pense que c'est tout simplement la résultante du premier paragraphe
avec l'allocation jointe à l'article 26. Alors, si le deuxième
paragraphe devenait le premier et le premier le deuxième, je pense que
cela se joindrait très bien de la même façon.
M. BURNS: Non. Pas du tout.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous seriez d'accord sur une chose?
Dans le fond, on s'entend...
M. BURNS: Avec tout le respect que j'ai pour vous.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le fond j'ai l'impression qu'on peut
s'entendre, mettons la loi...
MME BACON : Je le fais calmement. M. BURNS: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... le premier paragraphe naturellement, je
pense que ce qui doit primer, c'est la loi sur laquelle on a le droit de voter
par rapport à n'importe quelle autre loi. D'accord?
MME BACON: C'est pour cela que je propose d'inverser les
paragraphes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, le deuxième paragraphe le premier.
Le deuxième, si vous voulez le laisser dans la loi, mettez tout
simplement une note explicative ou n'importe quoi parce qu'on n'a pas le droit
de voter. Dans le fond, on se conte des histoires. Qu'est-ce que c'est, pour
être logique? On vote sur une chose sur laquelle on n'a pas d'affaire
à voter. On n'a pas le droit de voter là-dessus. C'est tellement
vrai qu'on voterait non à cela que cela n'empêcherait pas
l'application quand même de...
MME BACON: Vous ajouteriez le paragraphe au complet?
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui. A mon sens c'est cela.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue le chef de l'Opposition. Je pense qu'on tourne autour et qu'on
n'ose pas aller au fond du sujet du côté du gouvernement. Je me
pose deux questions à ce moment-ci. Est-ce que, d'une part, le
gouvernement a
indiqué ce premier paragraphe de l'article 4 comme soupape au cas
où le fédéral déciderait de modifier sa loi des
allocations familiales et qu'il baisserait les montants d'une part, ce qui
n'est pas une impossibilité? C'est la première question que je me
pose. La deuxième que je me pose: Est-ce que le gouvernement est
lié par l'accord qui est intervenu entre le gouvernement provincial et
le gouvernement fédéral et qu'à ce moment-là il est
obligé de le mentionner dans la loi? Comme nous n'avons pas les copies
de l'accord, comme l'accord n'a pas été déposé
devant l'Assemblée nationale et que les parlementaires de l'Opposition
n'en savent absolument rien, j'en suis rendu là après avoir
écouté toutes les réponses que nous a données le
ministre tout à l'heure. Ce sont les deux questions que je me pose.
Est-ce que, d'une part, vous vous gardez une soupape au cas où le
fédéral baisserait les allocations familiales, et, pour maintenir
le montant, cela équivaudrait à des déboursés
additionnels pour le gouvernement provincial, alors vous limitez les montants
accordés par le gouvernement de la province par le deuxième
paragraphe ou encore si vous êtes liés au gouvernement
fédéral avec tous les accords qui sont intervenus?
M. FORGET: Je ne suis pas sûr que je comprends très bien la
première partie de la question de l'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Je vais m'expliquer, M. le Président, parce que
j'aimerais bien avoir une réponse. J'aimerais être bien compris
pour avoir une bonne réponse. Est-ce que le gouvernement a tenu à
indiquer dans ce premier article, dans la première partie de l'article
4, dans le premier paragraphe, ainsi qu'à l'article 26, les montants
payés par le gouvernement fédéral séparément
au cas où le gouvernement fédéral viendrait à
modifier sa loi et à réduire en quelque sorte les sommes qui
seraient déboursées ou qui seraient remboursées au
gouvernement du Québec? Est-ce que vous m'avez bien compris? Est-ce que
vous gardez cela comme soupape?
M. FORGET: Je ne suis pas sûr que je comprends encore, mais il est
bien clair que l'article 26 mais là on anticipe largement sur le
débat ne constitue pas des sommes pour lesquelles le
Québec obtiendra un remboursement. Donc, il n'y a aucune espèce
de garantie que l'on devrait obtenir vis-à-vis d'une diminution possible
de contributions qu'on ne recevra pas de toute façon, puisqu'il s'agit
de paiements directs. Alors, je ne sais pas si c'est cela que vous visiez dans
votre question, mais il n'est pas question d'obtenir de garanties. Nous n'en
avons pas besoin puisque ce ne sont pas des sommes qui nous sont
versées.
M. ROY: Non, mais advenant, en vertu de la loi, que le
fédéral question hypothétique, d'accord dans
deux ans, modifie sa loi à ce moment-là et diminue les montants
pour la province, qu'est-ce qui arrive?
M.MORIN: D'ailleurs, M. le Président, si je puis prendre la
parole...
M. BELLEMARE: Est-ce que l'honorable chef de l'Opposition est inscrit
pour siéger ici ce soir?
M. MORIN: J'ai demandé la parole.
M. BELLEMARE: Je m'excuse. Est-ce que l'honorable chef de l'Opposition
est sur la liste? Je me réfère à mon professeur,
l'honorable député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le chef de l'Opposition n'est pas sur la
liste, mais il est dans les habitudes de la commission de laisser parler les
députés comme tantôt, je l'ai répété
pour le premier ministre.
M. BELLEMARE: Je me réfère à la réponse de
mon professeur, l'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Si vous aviez bien écouté votre professeur
tantôt, M. le député de Rosemont, c'est que j'ai
parlé, non pas du droit du député de Mercier de parler,
mais j'ai posé la question au président, à savoir s'il est
inscrit. J'ai même ajouté que, dans le cas où un
député n'est pas inscrit, il faut qu'il s'adresse à la
commission pour demander la permission.
M. BELLEMARE: Alors, allons-y.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La commission n'a pas d'objection à ce
que le chef de l'Opposition parle ici ce soir à la commission
parlementaire?
M. BELLEMARE: Personnellement, je n'en ai pas.
M. BURNS: II n'y a pas de problème.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Cela va être très bref, si je puis avoir
l'attention du ministre des Affaires sociales. M. le ministre, il y a un point
sur lequel, je crois, il faut insister. Le député de Beauce-Sud a
soulevé avec raison l'hypothèse que les montants seraient
abaissés par Ottawa, peut-être pour une raison qui ne
relève pas de notre compétence. Il se pourrait aussi que les
montants soient élevés par Ottawa parce que c'est une condition
posée par le NPD pour la survie du gouvernement, parce que ci, parce que
ça. Il peut y avoir 36 raisons pour lesquelles, dès
l'année prochaine, ces montants soient augmentés ou
diminués si la conjoncture économique,
par exemple, ne s'y prêtait plus. De quoi avez-vous l'air et de
quoi avons-nous l'air en tant que législateurs québécois
de courir pour adapter notre loi immédiatement pour tenir compte des
chiffres fédéraux? Vous voyez bien que ce n'est pas une question
oiseuse que nous soulevons. Nous avons l'air idiots de courir comme ça
pour adapter notre loi, pour tenir compte des changements votés par
Ottawa. C'est ça, la répartition des compétences. Nous
votons sur un texte qui ne relève pas de notre compétence. Qu'on
le mette dans le préambule où il n'a pas force exécutoire.
Qu'on le mette dans une explication qui accompagne le texte, qu'on le proclame
sur les toits, mais il n'a pas sa place dans un texte de loi
québécois proprement dit! Autrement dit, si vous étiez
pris avec une modification de la législation fédérale
l'année prochaine, vous seriez obligés de passer votre rasoir
d'Occam dans les moutons de Panurge.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable ministre d'Etat aux Affaires
sociales.
MME BACON: Moi aussi, je suis néophyte, c'est vrai, mais il y a
eu une proposition, il me semble, si je comprends bien... pas du tout...
M. BURNS: ... le député de Bourassa.
MME BACON: ... ça me fait plaisir, il faut que j'apprenne moi
aussi, monsieur.
M. BURNS: Ce n'est pas une maladie d'être néophyte, vous
l'admettez.
MME BACON: Je ne suis pas médecin, mais je le comprends.
M. MORIN: Cela peut même être joli parfois.
MME BACON: Je pense que je peux invoquer quand même ce titre de
néophyte pour repenser... Evidemment, le député de
Chicoutimi a fait une proposition tantôt à l'effet que le
deuxième paragraphe devienne le premier et que le premier devienne une
note explicative. M. le Président, si je comprends bien le
règlement ou la formule de ces commissions, est-ce qu'on peut demander
le vote immédiatement sur cette proposition?
LE PRESIDENT (M. Pilote): On peut laisser le temps aux membres de
discuter sur la motion ou la proposition qui a été
présentée par le député de Chicoutimi.
MME BACON: C'est ce qu'on fait depuis tantôt.
M. BURNS: Vous savez, en commission, on a le droit de parler aussi
souvent... C'est, heureusement, la seule place où on peut parler aussi
souvent qu'on veut; alors, on en profite. Heureusement, vous allez voir que ce
n'est pas une loi qui est très contentieuse. On en profite parce
que...
MME BACON: Loin de moi la pensée de vous brimer !
M. BURNS: ... on a le temps d'essayer de vous convaincre. M. le
Président, est-ce que c'est mon tour de parler?
M. ROY: Je m'excuse, je ne voudrais couper la parole à
personne...
MME BACON: J'ai quand même demandé le vote.
M. ROY: ... l'honorable ministre tout à l'heure, il a
répondu à une. La deuxième question: Dans les ententes qui
sont intervenues entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral à ce sujet, quels sont les engagements que vous
avez pris sur l'entente qui a été signée? Est-ce qu'il y a
une entente qui a été signée entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement d'Ottawa à ce sujet?
M. FORGET: II n'y a pas d'entente signée, il y a une concordance
de législation qui a été établie par des
discussions et qui n'a pas donné lieu à une entente signée
ou un accord signé. C'est de la législation parallèle.
M. ROY: Bon.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, dans un dernier effort pour convaincre
le ministre d'Etat, le député de Bourassa et surtout le
député de Vanier qui m'a touché par ses arguments et le
député de Portneuf qui m'a également touché par ses
arguments, je vais essayer de ne pas parler en avocat d'abord, c'est la
première chose pour ne choquer personne. Mais on est
obligé de se rendre compte, au départ, qu'on fait de la
législation. C'est bien dommage, on est obligé de parler de
technique législative.
Ce que je vois dans les interventions du député de Vanier,
du député de Portneuf en particulier, est une espèce de
manifestation de bonne volonté que j'admets sans aucune
arrière-pensée; il n'y a aucun problème
là-dessus.
Il est certain que des lois sont faites pour être comprises par
les gens. Il est certain aussi et malheureusement, malgré que je fasse
partie de ce groupe que l'on appelle les avocats, j'ai déploré
à plusieurs reprises que souvent nos textes de loi n'étaient pas
compréhensibles.
Ce que le ministère doit faire alors, c'est de suppléer.
Je dis au ministre que, lorsque l'on veut expliquer quelque chose dans une loi,
on
l'explique par un feuillet d'information et cela, jamais un
député de l'Opposition va blâmer un ministère de le
faire.
Je vais citer des exemples au ministre, de cas bien précis
où vous aviez des lois à caractère technique. La Loi
favorisant l'accès à la justice est une loi à
caractère technique. Le ministère de la Justice a émis des
feuillets, a distribué à travers l'ensemble du Québec des
explications des droits des citoyens en vertu de cette loi. D n'a pas mis dans
la loi des textes explicatifs. C'est là, je pense, l'endroit où
l'on se leurre.
On n'a pas d'objection, M. le ministre, à ce que vous
émettiez dès la sanction de cette loi, un texte sous forme de
feuillets d'information qui reproduisent le premier paragraphe de l'article 4.
Pas du tout et jamais on vous blâmera de cela.
Je pense qu'à plusieurs reprises on a félicité le
ministre de la Justice justement de le faire dans sa Loi des petites
créances. On a félicité, entre autres, le ministre des
Institutions financières lorsqu'il l'a fait pour la Loi de la protection
du consommateur qui est, encore une fois, une loi technique parce qu'elle
n'explique pas une série d'affaires. Par contre, on a
félicité les ministres en question de prendre cette initiative,
de tenter de vulgariser, et c'est cela l'objet, c'est cela le devoir de votre
ministère, une fois que la loi est adoptée, de vulgariser le
texte de loi pour que cela soit à la portée de tout le monde.
Mais là où nous, en tout cas, on n'embarque pas dans cela, c'est,
comme le disait le député de Chicoutimi, le pur et simple
argument de base qu'on n'a pas le droit qu'on n'a aucune compétence
législative qu'on n'a aucune juridiction pour voter le premier
alinéa de l'article 4. On vote quelque chose qui ne nous appartient pas.
C'est aussi simple que cela. C'est de réduire à sa plus simple
expression, notre argument. J'espère que cela n'est pas en termes
d'avocat. C'est un peu comme si je décidais de vendre la maison de mon
voisin. Je n'ai pas le droit de vendre la maison de mon voisin parce que je
n'ai aucune juridiction sur cette maison.
M. MORIN: Ou de distribuer l'argent du voisin !
M. BURNS: Ou de distribuer l'argent du voisin ou ses biens, ou quoi que
ce soit. C'est exactement la même chose. Qu'on le fasse par
référence, à un moment donné, en vertu de l'article
26, on ne peut pas être contre cela. C'est évident. L'article 26
est typiquement et carrément de la législation par
référence à ce qui existe. Mais de dire : "Cette
allocation jointe à l'allocation de l'article 26 qui déjà
est de la législation fédérale équivaut
à...", cela veut dire, tout simplement, légiférer dans un
domaine où l'on n'a pas le pouvoir de le faire.
Si on veut faire connaître la valeur de cette Législation
M. le ministre, je vous engage de le faire dès la sanction de la
loi, on vous félicitera, à part cela, de le faire vous le
mettrez alors dans un feuillet d'information, mais, bondance ! ne mettez pas
cela dans une loi, parce que si l'on commence ici où cela finira-t-il?
C'est la première chose. Toujours en revenant avec l'argument de base,
que l'on ne légifère pas pour rien. Or là, on
légifère pour rien. C'est quelque chose que l'on ne peut
décider par voie de législation.
Maintenant, M. le ministre, je veux tout simplement vous
référer à un de vos arguments. J'ai parlé des deux
arguments que je trouve très valables, ceux des députés de
Vanier et de Portneuf. Je pense, j'espère en tout cas tenter d'y
répondre en disant que ce qu'ils veulent, eux, c'est que le monde
comprenne le texte de loi. Je dis: D'accord! Je partage entièrement
votre avis là-dessus. Mais qu'on le fasse par voie d'information
distribuée en général au Québec, mais vous, vous
opposez notre attitude à l'article 4, à notre attitude passive
à l'article 3.
Je vous dis que ce n'est pas du tout la même chose; parce que je
vous ai bien écouté quand je vous ai demandé des
commentaires à l'article 1. Vous m'avez bien dit qu'il s'agissait d'une
loi parallèle et d'une loi indépendante. Ce qu'on admet. Elle est
indépendante et parallèle à celle du
fédéral. Elle se joint à certaines mesures
fédérales, d'accord. C'est pourquoi, à l'article 3, vous
avez des dispositions déclaratoires d'une loi parallèle et
indépendante, mais dans la mesure où on a le droit de
légiférer. Quant à moi, je ne vois rien, je ne vois pas de
schisme, je ne vois pas de paradoxe dans le fait que vous disiez que vous
établissiez une disposition déclaratoire à l'article 3,
soit que l'allocation varie selon le nombre d'enfants et l'indice des rentes;
c'est une des dispositions déclaratoires de la loi sur lesquelles le
reste de la loi s'appuie. Mais ce n'est pas du tout vrai quand on arrive au
premier alinéa de l'article 4. On vous dit: Soyez donc réalistes!
Si cela est vrai, non seulement si cela est vrai, j'enlève le "si", on
sait que ce qu'il y a dans l'article 4 premier alinéa est vrai. On dit:
On est d'accord que c'est cela au moment où on se parle, la
réalité, alors faites-le selon les moyens que vous avez. Vous
n'avez pas besoin de faire de la législation superflue, inutile et
surtout absolument inacceptable dans le contexte d'une loi parallèle et
indépendante fédérale-provinciale. C'est pour cela qu'on
fait notre proposition d'enlever le premier paragraphe de l'alinéa
4.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, M. le ministre, quand vous lisez les
notes explicatives au début du projet de loi, c'est très bien
expliqué au troisième paragraphe, à savoir, des
implications de la loi fédérale. Cela y est expliqué, soit
l'impact dont vous parliez, autrement dit la compréhension de l'ensemble
des citoyens. Disons qu'on pourrait faire une proposition, soit de biffer le
premier paragraphe de l'article 4 et, à la suite du deuxième
paragraphe, celui sur quoi on vote, tout simplement, si vous
voulez et si vous y tenez, simplement dire: Référence,
notes explicatives, pour la loi fédérale.
Mon confrère me fait remarquer que les légistes ne
voudraient pas cela, mais cette loi, je la trouve très claire. On vote
la loi sur laquelle on a une juridiction; on a à voter cela et la
juridiction sur laquelle on a à voter est très clairement
exprimée par le deuxième paragraphe. Les notes explicatives pour
que le citoyen puisse comprendre l'ensemble du projet de loi, on les retrouve.
A cet égard, je félicite le gouvernement. En fait, on retrouve
les notes explicatives au début du projet de loi. Je me dis:
Légiférons pour quelque chose. La seule manière de
légiférer pour quelque chose, c'est de légiférer
sur ce à quoi on a le droit de légiférer. Cela rejoignait
un peu...
MME BACON: M. le Président, je pense que, dans le premier
paragraphe, c'est un fait un résumé des montants auxquels ont
droit les citoyens, quand on regarde les montants, si on compare les articles 4
et 26.
M. BURNS: On est d'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): On est d'accord là-dessus, c'est parce
qu'on fait une loi...
MME BACON: Alors, pourquoi l'enlever?
M. BURNS: On dit que cela n'a pas d'affaire dans un projet de loi.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... avec des paragraphes. S'il y en a, c'est
pour se comprendre, en fait. Ce sur quoi on doit voter, c'est la loi sur
laquelle on a juridiction. C'est tellement vrai qu'on légifère
pour rien, qu'on a beau adopter le quatrième paragraphe, ce n'est pas
cela qui va influencer la loi fédérale d'une manière ou
d'une autre, parce que ce sont deux lois, comme a dit M. le ministre, qui
fonctionnent indépendamment. Ne légiférons pas pour rien
mais pour quelque chose, dans le sens d'enlever le quatrième paragraphe
et dans le sens suivant, on voit très bien, dans les notes explicatives,
le premier paragraphe, on le retrouve dans les notes explicatives.
M. DUFOUR: M. le Président, est-ce que je peux avoir... Nous
sommes tous, je crois de bonne foi...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Vanier.
M. DUFOUR: Je crois qu'il va falloir passer aux actes tout à
l'heure. Si on n'a pas assez parlé pour essayer d'éclaircir notre
jugement, je crois que cela ne sert à rien de continuer toute la
soirée. Il va falloir passer, je crois, au vote tout à l'heure,
si on peut voter ici. Je pense que si c'est l'avis de tout le monde, je ne veux
pas brimer les autres du droit de s'exprimer, mais il ne faudrait pas trop
prolonger le débat parce que cela fait déjà plus d'une
heure qu'on discute là-dessus et je crois que les esprits sont assez
éclairés, autrement ils ne le seront jamais.
M. BURNS : II y a déjà des gens qui s'aperçoivent
que ce n'est pas de mauvaise foi que l'on fait cet amendement. Je pense que le
député de Vanier en est un et le député de Portneuf
en est un aussi; le député de Bourassa aussi.
M. DUFOUR: Dans toute chose il y a du bon, M. le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Je regarde le député de Gaspé, je regarde
le député de Frontenac et je suis convaincu que le
député de Rosemont aussi s'aperçoit que ce n'est
pas...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... d'une manière d'être efficace.
Il s'agit de ne pas créer, ici, un précédent qui va amener
plus tard des discussions dans tous les projets de loi qui vont être
présentés. La discussion qu'on apporte maintenant, si l'on n'est
pas capable, avec maturité, de la trancher parce qu'il y a des
choses... on n'a pas besoin d'être avocat, il me semble qu'on est assez
clair pour les comprendre si on ne les tranche pas dès
maintenant, la même discussion se retrouvera à tous les projets de
loi. Alors, aussi bien le faire présentement.
M. DUFOUR: Encore là, il ne faut pas tomber dans la crainte
excessive.
M. BEDARD (Chicoutimi): II n'y a pas de crainte.
M. DUFOUR: Parce qu'il va arriver toutes sortes de choses. Autrement, on
ne finira plus.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: Quand on est indépendantiste...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Revenons au projet de loi et je
donne la parole au député de Taschereau.
M. BONNIER: Je ne mets pas en doute la bonne foi du député
de Chicoutimi. Je me pose simplement une question, à savoir si la
difficulté qu'il a à accepter, non seulement la rédation,
mais le fait que ce texte apparaisse et demeure dans la loi, n'est pas due au
fait qu'il considère simplement le régime d'allocations
familiales in se, et qu'il oublie peut-être que ça fait partie
d'un programme intégré de sécurité de revenu,
auquel le ministre, d'ailleurs, a fait allusion tout à l'heure. C'est
à cause de ce programme intégré de revenu quand on doit
concilier, d'une part,
les montants d'assistance sociale et, d'autre part, les montants
d'allocations familiales pour arriver à un revenu global, qu'il est
nécessaire, à mon avis, de laisser dans la loi ce
montant-là. Il est nécessaire comme référence pour
la bonne intelligence d'un programme intégré de
sécurité de revenu. Du moins, c'est comme ça que je le
vois.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable député de
Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, je sais que pour beaucoup de nos
collègues autour de la table, tout ça a l'air d'être des
arguties d'avocats, mais je vous prie de croire une chose. C'est que
quelquefois, les arguties d'avocats peuvent être importantes. Elles
peuvent avoir des conséquences quand un texte est mal
rédigé ou ne relève pas de la compétence de
l'assemblée qui le vote. Cela peut entraîner des
conséquences désagréables par la suite.
Je ne doute pas que, ce soir, si on passait au vote, ça serait
vite réglé. Cela va être réglé tout de suite,
mais ça ne réglera peut-être pas les problèmes du
ministre, éventuellement. Alors, si je peux faire une proposition...
Parce qu'il me semble que, dans cette affaire, il faut aller un peu plus creux,
il faut aller un peu plus loin...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le fait est qu'il faudrait que monsieur
retire sa proposition, sa suggestion.
M. MORIN: Je serais peut-être d'accord avec... Je suis
étonné de trouver ce paragraphe premier dans la loi. Je ne
comprends pas que les conseillers juridiques l'aient laissé passer. Je
vous le dis bien franchement: C'est du travail mal fait de la part des
conseillers juridiques.
Admettons que je réserve mon jugement là-dessus. Est-ce
que je pourrais proposer je le suggère, pardon, je le
suggère que nous suspendions le vote sur cette question-là
et que le ministre aille consulter ses conseillers juridiques, qu'il prenne
leur avis et puis, si vraiment ils y tiennent, pour des raisons soit d'ordre
juridique, soit d'ordre politique, eh bien, à ce moment-là, il
n'y a aucun doute que vous pouvez, en prenant le vote, écraser les trois
votes qui seront donnés contre, du revers de la main; nous n'en doutons
pas. Mais nous ne faisons pas ces arguments pour le plaisir de nous montrer
plus avocassiers qu'on ne peut l'être. Nous faisons ces arguments pour
des raisons d'ordre constitutionnel, des raisons sérieuses.
Alors, je le suggère à M. le Président et à
M. le ministre.
M. BURNS: Je veux juste ajouter, M. le ministre, de toute façon,
que votre loi ne nous cassons pas la tête ne sera pas pas
adoptée avant mardi. Cela retarde en rien l'adoption du projet de loi
qu'on remette, qu'on suspende l'article 4 pour fins de consulta- tion. Et ce
n'est pas mauvais, ce n'est pas une motion de blâme qu'on fait à
votre égard en faisant cette suggestion.
Au contraire. Comme ministre aussi compétent que vous pourrez
nous le démontrer dans les années à venir, je ne pense pas
que vous ayez l'universalité de cette connaissance de la
rédaction des lois. Peut-être que cela vaudrait la peine de
consulter. On vous fait cette suggestion bien humblement, bien modestement.
M. FORGET: J'accepte volontiers de suspendre le débat sur
l'article 4. Je peux peut-être brièvement dire que je n'ai pas
été convaincu jusqu'à maintenant par les arguments qui ont
été présentés mais j'accepte malgré tout de
suspendre le débat de manière qu'on puisse procéder quant
aux autres articles.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 4 est suspendu temporairement.
Article 5.
M. BURNS: M. le Président, si cela peut aider la commission, le
député de Beauce-Sud est-il parti?
DES VOIX: Oui.
M. BURNS: Bon. A moins qu'il n'y ait un député
libéral qui veuille faire de l'obstruction systématique sur les
autres articles, nous tenons à vous dire que nous sommes prêts
à adopter en série les articles 5 à 24 inclusivement et
j'ai une question à poser au ministre à l'article 25 ou on peut
le laisser en suspens pour la même raison. Oui, d'accord, pas
d'objection.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela ne change rien. L'article 4 sera ce qu'on
aura décidé après. Cela ne change rien.
M. MORIN: Soit l'adaptation. C'est une simple modification
technique.
M. BURNS: On se réfère tout simplement, sans le nommer,
à l'article 4...
UNE VOIX: Sans donner le contenu.
M. BURNS: L'article 4 restera ce que la commission adoptera tout
simplement.
M. FORGET: Je ne sais pas si je suis dans le bon ordre parce qu'on
m'apporte un document, mais j'aurais un amendement à proposer à
l'article 21.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Vous permettez que, temporairement... pour
permettre au ministre d'apporter son amendement...
M. BURNS: Est-ce que vous voulez libérer les articles 4 à
21 exclusivement?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Est-ce qu'il y a une relation avec les
autres?
M. FORGET: Non. Il n'y a pas de relation. Je m'excuse, j'étais
momentanément distrait.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, on adopte les articles 5
jusqu'à 21 et on reviendra après.
M. TARDIF : M. le Président, j'aurais eu des questions à
poser relativement aux articles 5 et 14. Je ne veux pas retarder le
débat, mais...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Quelles sont vos questions à l'article
5? L'honorable député d'Anjou.
M. TARDIF: Puis-je malgré tout même si je suis
néophyte et je sais que cela n'est pas une insulte que d'être
néophyte poser quelques questions? En ce qui a trait à
l'article 5, si j'ai bien compris la rédaction du premier alinéa
de cet article, les montants qui vont être revalorisés en vertu de
l'article 130 de la Loi de la Régie des rentes ou du Régime des
rentes du Québec, ce sont seulement les montants de $3 pour le premier
enfant, $4 pour le deuxième, $5 pour le troisième et $6 pour le
quatrième. Est-ce que c'est bien cela? Est-ce qu'il y a eu des
négociations ou des ententes avec le gouvernement fédéral
pour que les montants qui sont payés par le fédéral,
c'est-à-dire $12, $18, $28 et $31 soient également
revalorisés en fonction d'une indexation semblable?
M. FORGET: Oui, en effet, les deux lois sont parallèles à
cet égard. Elles seront indexées selon les mêmes
règles. Le projet de loi fédérale, non pas dans sa forme
originale, tel que présenté en juillet mais dans sa forme
amendée, contient une disposition analogue permettant l'indexation ou la
revalorisation des prestations selon le même indice. Maintenant, quand il
s'agit de l'indice des rentes, il y a ici une référence implicite
à un amendement qui sera contenu dans une loi dont l'Assemblée
nationale n'a pas encore été saisie et qui aura l'effet je
pense qu'on peut le mentionner tout de suite de majorer ou d'enlever le
plafond à l'indexation. Il y avait, si on se souvient, un plafond de 3
p.c, c'est-à-dire une indexation maximale de 3 p.c. par année. Ce
plafond sera supprimé par le projet de loi de la Régie des rentes
et la référence qui est contenue ici va entraîner le
même type d'indexation pour les allocations familiales du Québec.
Pour ce qui est allocations familiales fédérales, il y a aussi le
même dispositif d'une indexation au plein coût de la vie. C'est en
plafond.
M. BEDARD (Chicoutimi): Par l'intervention de M. le
député, est-ce qu'il ne vient pas de nous donner un argument
concernant l'article 4?
M. BURNS: Oui, moi, j'ai trouvé...
M. FORGET: Si vous voulez, on ne reprendra pas l'argument. On a suspendu
le débat.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 5, adopté.
Article 6, adopté.
M. BURNS: Toujours sur l'article 5, je. vous incite à repenser
très sérieusement tout le contenu de la question posée par
le député d'Anjou, et j'ai nettement l'impression que vous allez
peut-être vous ranger à notre opinion sur l'article 4.
M. BEDARD (Chicoutimi): On légifère pour rien sur le
premier paragraphe.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 5, adopté?
M. BURNS: L'article 5, adopté.
Paiement, révision, appel
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 6, adopté. L'article 7,
adopté. L'article 8, adopté; l'article 9, adopté;
l'article 10, adopté; l'article 11, adopté; l'article 12,
adopté; l'article 13, adopté; l'article 14, adopté;
l'article 15, adopté; l'article 16, adopté; l'article 17,
adopté; l'article 18, adopté; l'article 19, adopté;
l'article 20, adopté; l'article 21, amendement.
Renseignements
M. FORGET: L'amendement que je propose se lit comme suit: "l'article 21
est modifié en insérant au début ce qui suit: Sous
réserve de l'article 71 de la loi du ministère du Revenu, 1972,
chapitre 22". Le reste de l'article continue: "Les fonctionnaires et
employés du gouvernement et de la régie".
M. BEDARD (Chicoutimi): Sous réserve de l'article...
M. FORGET: Article 71 de la loi du ministère du Revenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme je suis un néophyte, est-ce que
vous pourriez me dire très succintement ce que cela
représente?
M. FORGET: Je vais demander à M. Fortier de vous expliquer la
raison de cette modification.
M. BURNS: Le chapitre 22, à l'article 71, c'est l'article
concernant les renseignements qui doivent être fournis à la Loi du
bureau de la statistique et à la Loi de l'assurance-chômage
où on dit que, nonobstant toute autre loi, sauf ces
deux-là, le chef et le sous-chef d'un ministère ou d'un
organisme, au sens de la loi de la fonction publique, ainsi que le
président de tout organisme qui jouit des droits et privilèges
d'un mandataire du gouvernement, est autorisé à fournir sur
demande au ministre tout renseignement qu'il indique si celui-ci expose que
l'obtention de ces renseignements est nécessaire à l'application
de la loi fiscale.
M. MORIN: La même chose que dans la loi
fédérale.
M. FORGET: Autre chose?
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'article 21, adopté.
M. FORGET: Tel que modifié.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Tel que modifié. Article 22,
adopté. Article 23, adopté. Article 24?
M. BEDARD (Chicoutimi): Article 24, aussi.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 24, adopté. Article 25?
Règlements
M. BURNS: Article 25, je vais poser une question au ministre. Depuis
quelques années, certains ministres du gouvernement libéral ont
pris la bonne habitude, dans des cas où vous avez un pouvoir de
réglementation assez étendu, et c'en est un des cas, je pense, si
vous lisez les pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil à l'article
25, de décréter par règlement une série de choses.
Vous avez cela de a) à g) et, sans lire ces paragraphes tout haut, je
pense qu'on est en mesure de dire que c'est de la législation par
réglementation, c'est une tendance, remarquez, qui est assez moderne et
sur laquelle on ne peut pas être en désaccord quant à une
méthode de légiférer. Cest-à-dire qu'au lieu
d'être constamment obligé d'amender des lois, on donne des
pouvoirs de réglementation assez étendus au
lieutenant-gouverneur; je pense bien qu'on ne peux pas être contre cela.
Ce contre quoi on peut être cependant, c'est que, même si ce
pouvoir de réglementation s'exerce à l'intérieur du cadre
de la loi, nous, comme législateurs ici, cela nous frustre un peu. Cela
devrait frustrer tant les gens de ce côté-ci de la table que de
l'autre côté que de voir des dispositions importantes
insérées dans la législation par voie de
réglementation, sans que les membres de l'Assemblée nationale en
soient informés, sinon avant, du moins au moment de sa mise en
vigueur...
Evidemment, vous allez pouvoir me dire que la Gazette officielle publie
toujours ces règlements-là et qu'on peut en prendre connaissance,
mais c'est toujours a posteriori qu'on en prend connaissance.
Je me souviens, j'ai parlé tantôt du ministre des
Institutions financières qui, lui, a scrupuleusement suivi les
suggestions que l'Opposition lui avait faites dans le temps, de soumettre ses
projets de réglementation en vertu des pouvoirs que lui accordait la Loi
de protection du consommateur à la commission parlementaire
appropriée avant de les mettre en vigueur. Je me souviens
également d'un autre cas où le ministre des Communications,
à l'occasion de l'adoption des projets de loi no 35, 36 et 37
relativement à la Régie des services publics je ne me
souviens pas du titre exact de l'organisme, ce qui a donné suite
à l'organisme d'information du gouvernement a soumis
littéralement ses projets à la commission parlementaire pour en
informer les membres de l'Assemblée nationale tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition.
Très souvent, des suggestions très constructi-ves ont
été faites. Evidemment, je ne pense pas que quelque
ministère que ce soit, étant donné qu'il agit par
l'entremise du lieutenant-gouverneur en conseil, ne puisse être
lié par des votes à cette occasion-là, en commission
parlementaire, mais c'est une suggestion que je fais au ministre. Même
s'il ne l'applique pas nécessairement, je ne fais pas d'amendement
précis, c'est un voeu que j'exprime, savoir que ces règlements
qui seront mis en vigueur en vertu de l'article 25, soient tout au moins soumis
pour fins de discussion, à la commission parlementaire des Affaires
sociales avant d'être proclamés dans la Gazette officielle, avant
la proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est une façon d'aérer une loi, M. le ministre, je pense,
qui est véritablement de bon aloi, qui est pleine de santé
également. Je ne pense pas que ces pouvoirs réglementaires qu'on
réserve au gouvernement, qui est le lieutenant-gouverneur en conseil
à toutes fins pratiques, le cabinet des ministres, soient faits pour
cacher des choses aux membres de l'Assemblée nationale, puisque
tôt ou tard ils vont être publiés dans la Gazette
officielle. Mais c'est pour donner un certain prolongement à notre
fonction législative qui, tout en admettant d'une part qu'une loi ne
doit pas avoir une rigidité telle qu'elle ne soit pas amendable par voie
de réglementation, même si le mot "amendable" dans le
présent cas est utilisé au sens large du mot, puisse aussi
participer à l'évolution de la législation, laquelle
évolution se fait par voie de réglementation.
Alors, je vous fais cette suggestion-là, M. le ministre,
j'espère que vous allez la suivre. Je ne fais pas de motion, une motion
que je pourrais faire et qui pourrait être débattue en vertu des
règlements. Mais je m'adresse à un ministre qui, je pense, a
connu ce que pouvait être l'administration d'un ministère, de
l'importance du ministère des Affaires sociales et surtout de lois qui
touchent, dans leur individualité, les citoyens et qui aussi peuvent,
à certaines occasions, par une erreur de parcours réglementaire,
perturber la vie individuelle, même la vie
collective d'une famille. J'espère en tout cas que le ministre
retiendra notre suggestion à cet effet-là et qu'il fera l'effort
additionnel.
C'est embêtant de faire des commissions parlementaires, les
députés de l'Opposition jasent tout le temps, cela perd du temps
et parfois les commissions finissent plus tard qu'on ne pense. Mais je pense
que c'est sain, cela clarifie l'atmosphère, cela nettoie toute
discussion qui pourrait être autrement acerbe, acrimonieuse,
amère, autour d'un projet de loi. On est prêt à la voir
évoluer, votre loi, par ses pouvoirs réglementaires, mais on
aimerait en prendre connaissance, on aimerait aussi vous faire les suggestions
appropriées au moment voulu.
M. FORGET: Je prends note des représentations ou des observations
que vous faites, ou des recommandations que vous faites à cet
égard-là et je les considérerai très
sérieusement. Vous savez, un certain nombre de lois dont
l'administration est confiée au ministre des Affaires sociales
contiennent des dispositions à l'effet de publier pendant une
période de 90 jours certaines réglementations. Je pense que c'est
extrêmement valable de le faire et cela permet, entre autres, des
dicussions en commission parlementaire. L'alternative que vous suggérez
mérite aussi d'être examinée très
sérieusement et je vais le faire.
M. BURNS: C'est presque injuste à votre égard, M. le
ministre. Vous étiez un haut fonctionnaire du ministère
précédent. J'oubliais de vous citer le cas peut-être le
plus fameux de soumission de réglementation à la commission
parlementaire.
Il s'agit des règlements qui ont été émis en
vertu du projet de loi 65 et qui ont été amplement
discutés et qui ont même reçu une participation du public,
si je me souviens bien. Je pense que ç'a aurait été
injuste, dans les beaux exemples à vous citer, de ne pas citer ce
cas.
M. FORGET: II y a également la réglementation qui, au
moins en partie, a été publiée sous la Loi de la
protection de la santé publique. Actuellement, le délai de 90
jours court et pourra, je pense bien, faire aussi l'objet d'une étude
à la commission. Enfin, je tiens note de ça.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 25. Adopté.
M. TARDIF: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député d'Anjou.
M. TARDIF: ... je ne sais pas si je respecte le règlement, mais
est-ce qu'il est possible de revenir à l'article 24 qui a
été adopté afin d'éviter un contresens qui semble
avoir échappé à l'attention de tout le monde.
C'est-à-dire que, dans l'article 24, on fait allusion aux
employés mentionnés à l'article 21 et on parle
également d'une entente visée à l'article 24 alors que, je
crois, on veut dire qu'il s'agit d'une entente visée à l'article
23. Dans le but de ne pas à avoir à légiférer de
nouveau l'an prochain pour corriger cette erreur de transcription
peut-être, je me demande si ce n'est pas plutôt l'article 23 qui
devrait se lire à la place de l'article 24?
M. FORGET: C'est peut-être une proposition d'amendement, on va
l'adopter.
M. TARDIF: Oui, c'est exact. Si on me permet de revenir sur l'article 24
en question. Je comprends que ce soit mineur, mais c'est peut-être aussi
important.
M. FORGET: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. A l'article 24, au lieu d'y
lire: "d'une entente visée à l'article 24 qui relève",
c'est: "visé à l'article 23 qui relève". Adopté.
L'article 25, également adopté.
Dispositions diverses
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'article 26, est-ce qu'on pourrait employer
la même suggestion concernant sa nécessité d'être
dans le projet de loi, la même suggestion qu'à l'article 4?
M. FORGET: Excusez-moi, je reviens en arrière pour une seconde.
On me souligne qu'il y a une erreur. A l'article 25, l'avant-dernière
ligne du paragraphe a), "ne constitue pas", c'est: "ne constitue pas une
interruption de résidence". Il faudrait le modifier en
conséquence. A l'article 26...
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur sa pertinence à être dans le
projet de loi, peut-être faire la même suggestion, pour ne pas
étendre le débat, étant donné que c'est
relié à l'article 4.
M. FORGET: J'aimerais bien qu'on m'explique comment on pourrait obtenir
les résultats visés par la législation sans avoir une
disposition de ce genre dans la loi.
M. MORIN: M. le Président, s'il y avait moyen d'éviter de
mentionner les montants pour ne pas avoir à changer votre loi chaque
fois qu'Ottawa changera la sienne. Peut-être faire
référence aux montants prévus dans la loi
fédérale sans mentionner...
M. FORGET: Même en acceptant cette suggestion, comment pouvez-vous
imaginer de donner effet au taux progressif selon le rang des
enfants, des allocations familiales sans que ce ne soit mentionné
dans la loi?
M. BEDARD (Chicoutimi): Honnêtement, je suis porté à
croire que vous avez raison pour l'article 26. Je crois que si on s'entendait,
la même chose sur l'article 4, ça irait donc bien.
M. FORGET: Oui, puisqu'on a dit qu'on suspendait le débat sur
l'article 4, on ne reviendra pas là-dessus, je pense que l'article 26
est assez évident. Je vous réfère à l'article 3,
paragraphe 2 de la loi fédérale qui déclare que, dans une
province qui a par un texte législatif provincial,
spécifié des taux d'allocations familiales à
l'égard des enfants, etc.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je l'avais mentionné tout à
l'heure; c'était juste par acquit de conscience que je faisais la
suggestion.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 26. Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 27. Adopté?
M. BURNS: Jusqu'à l'amendement du ministre, on est prêt
à les adopter, à moins qu'il y ait d'autres questions. Il y a un
autre amendement à l'article 35, si je comprends bien.
M. FORGET: II y a un autre amendement à l'article 35, oui.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 28. Adopté. Article 29.
Adopté. Article 30. Adopté. Article 31. Adopté. Article
32. Adopté. Article 33. Adopté. Article 34. Adopté.
Article 35. L'article 35 est modifié en remplaçant, dans la
quatrième ligne du troisième alinéa, les chiffres 3929-73
par les chiffres 3928-73.
M. BURNS: C'est uniquement un amendement de concordance, je suppose.
M. FORGET: C'est une erreur qui s'est produite dans la citation de
l'arrêté en conseil qui a permis la majoration des allocations
familiales de façon intérimaire à partir du 1er
octobre.
M. BURNS: En somme, vous prenez le véritable numéro
d'arrêté en conseil pour une faute de frappe qui s'était
glissée.
M. FORGET: Exactement.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. Article 36, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Adopté. Article 37, adopté?
Adopté. Article 38? Adopté. Article 39? Adopté. L'article
4 est-il adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. BURNS: Jusqu'à la fin, M. le Président, étant
donné que...
LE PRESIDENT (M. Brisson): De l'article 1 à l'article 4.
M. BURNS: Etant donné, qu'à cause des nouveaux arrivages,
le débat risquerait de devenir acrimonieux, nous sommes prêts
à adopter cela jusqu'à la fin.
M. BOURASSA: II ne reste qu'à féliciter le ministre et le
gouvernement pour un projet de loi aussi profitable à la population.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous l'avons fait en Chambre.
M. BOURASSA: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors, je considère l'article 4 non
suspendu et adopté. C'est ça?
M. BURNS: Non, pas du tout.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Bien, c'est ce que vous venez de dire?
M. BURNS: Non, on a dit qu'il est adopté jusqu'à la
fin.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon, j'ai dit...
M. BURNS: II est adopté jusqu'à la fin de l'endroit
où l'on se trouve.
LE PRESIDENT (M. Brisson): On peut toujours s'essayer.
M. BURNS: Je peux vous dire qu'il n'y a pas de problème. Votre
projet de loi ne peut pas être adopté avant mardi. Alors cela vous
donne du temps pour consulter. Mardi, il sera adopté.
M. BOURASSA: En vertu de l'article 40 du nouveau code des
règlements, il ne peut pas être adopté avant mardi.
M. BURNS: ... l'année passée d'un projet de
règlement. Vous devriez l'avoir appris depuis ce temps-là.
M. BOURASSA: C'est en vertu de l'article 40. Je donne l'article au
député!
M. BURNS: C'est bien cela.
M. BOURASSA: Ne vérifiez pas trop vite, par exemple.
M. BURNS: Je ne vérifierai pas.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Alors la commission ajourne ses travaux
jusqu'à mardi, trois heures.
M. BOURASSA: Après la période des questions.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Après la période des questions,
soit environ à quatre heures. D'accord?
DES VOIX: Merci.
(Fin de la séance à 22 h 33)