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Commission permanente des affaires sociales
Etude du projet de loi no 253
Loi visant à assurer les services
de santé et les services sociaux
essentiels en cas de conflit de travail
Séance du mercredi 17 décembre 1975
(Vingt heures trente-quatre minutes)
M. Brison (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires sociales se
réunit à nouveau afin de continuer l'étude du projet de
loi no 253, article par article.
M. Pilote (Lac-Saint-Jean) remplace M. Malépart (Sainte-Marie),
M. Kennedy (Châteauguay) remplace M. Lecours (Frontenac).
M. Bellemare (Johnson): Vous voyez que l'Opposition se
renforce!
M. Ostiguy: Je dirais même que c'est un grand honneur!
M. Bellemare (Johnson): Ah oui!
Interprétation
Le Président (M. Brlsson): Article 1, paragraphe a),
adopté?
M. Charron: Le paragraphe a) est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Brlsson): Paragraphe b)?
M. Bellemare (Johnson): Je vous arrête, juste une question.
"Organisme assimilé," cela part d'où et cela va où? Est-ce
que cela part de la buanderie et que cela va jusqu'à l'aumônier?
Parce que cela peut être un service assimilé aussi!
M. Forget: C'est dans le même esprit, qui est l'esprit
généralement reconnu comme valable, qui ne nous permet pas de
définir les services essentiels de façon précise. Cela est
conforme au voeu du Conseil consultatif du travail.
De la même façon, un organisme assimilé ne peut pas
être défini avec rigueur non plus. Je pourrais donner un cas
très simple, tout le monde le reconnaîtra, la buanderie
communautaire de Québec. Il est clair que, si cela s'arrête, il ne
sert à rien de dire qu'il y a des services essentiels, puisque, en
l'espace de quelques heures tout au plus, on ne peut plus s'occuper, dans des
conditions sanitaires et hygiéniques, des malades.
Alors, c'est le cas que nous avons à l'esprit, actuellement.
Maintenant, est-ce qu'on ne peut pas imaginer et est-ce que la loi ne doit pas
prévoir, également ce cas, qui peut arriver dans un centre
éloigné où il y aurait un seul fournisseur d'huile
à chauffage, par exemple, dont l'arrêt de travail
coïnciderait avec l'arrêt de travail dans un hôpital?
Peut-être qu'il ne coïnciderait pas non plus et qu'il cesserait ses
opérations et sa livraison au point de mettre en danger les malades qui
doivent se trouver là. Il est évident que ce n'est pas grave si
on peut faire venir de l'huile de 20 milles plus loin mais on a des endroits
éloignés, et ce problème peut se poser
particulièrement en hiver au Québec. Maintenant, en disant cela,
je veux aussi indiquer que, dans mon esprit, ce sont des cas extrêmes qui
sont invoqués très rarement. Le cas qu'on a véritablement
à l'esprit, c'est un organisme comme la buanderie communautaire.
On pourrait donner, si on s'amusait, la liste de fournisseurs de
produits alimentaires, encore une fois, dans des endroits
éloignés, d'huile à chauffage, pharmacie, fournitures
médicales et chirurgicales, c'est possible.
C'est possible quoique tous ces cas ont des degrés de
probabilité assez faibles.
M. Charron: J'admets que le degré de probabilité
est assez faible pour que tout ce monde se retrouve en même temps dans la
même situation, ou même qu'un seul puisse se trouver dans la
situation. Mais le devoir du législateur au moment où il
étudie une loi qui, éventuellement, pourrait si c'est le
cas d'en parler, c'est bien de celle-là être appelée
à être utilisée devant les tribunaux et donc obliger un
juge à interpréter ce qu'il appellera l'intention du
législateur, notre devoir est d'essayer d'en préciser la
portée réelle le plus efficacement possible.
Or, non seulement avons-nous établi à l'article 1 a) qu'il
pouvait s'agir de 1,300 établissements, mais là on peut, par
l'article 1 b), étendre cela à des entreprises absolument
privées, ou des employés qui ne sont pas du tout des secteurs
public et parapublic, qui sont peut-être membres d'une autre
fraternité ou d'un autre syndicat. Leur propre employeur peut avoir un
comportement patronal tout à fait différent de celui du patron
dont on parle, c'est-à-dire le gouvernement actuel. Ils se verraient
à peu près, en tout cas limiter, conditionner l'exercice de leur
droit de grève par le fait que l'entreprise pour laquelle ils
travaillent se trouve à être le fournisseur d'un centre
hospitalier ou d'un centre d'accueil. On commence à établir des
tentacules de cette loi encore plus loin qu'on le voudrait.
Pour la sécurité même de ces travailleurs et pour le
respect de leurs droits, avantage serait à ce moment-ci de
définir ceux qui sont visés et ceux qui ne sont pas visés.
M. le Président, si je prends les exemples que le ministre vient de nous
donner, cette loi, ne vise pas que les employés d'hôpitaux et de
centres d'accueil mais elle peut, à l'occasion, viser les
employés des distributeurs d'huile à chauffage, au pis aller, je
dis. Et j'admettrais bien que la probabilité de ces cas est faible.
Donc, plus on regarde la loi et on n'en est qu'à l'article 1 b)
plus on voit son imprécision à partir du fait même
que la notion de services essentiels, qui est le principe même de
cette
loi, n'est pas définie dans la loi; cela devra donc être
défini devant les tribunaux ou devant le mécanisme qu'on
précise. Donc, de quoi s'agit-il? De qui s'agit-il? Et comment cela
agit? On ne le saura pas non plus quand on va être rendus à
l'article 24 et qu'on aura adopté l'ensemble du projet de loi. C'est
assez rare cette situation où les législateurs sont
appelés à intervenir sans savoir de qui ils parlent, de quand ils
parlent, de comment ils en parlent, et pour quelles raisons ils en parlent.
J'emploie ici l'expression "services essentiels". On est en train
d'établir une loi qui va être en fait un épée de
Damoclès sur la tête d'on ne sait qui, qui peut s'abattre on ne
sait quand, qui fixe des conditions on ne sait comment, mais tout le monde est
prêt à dire qu'il faut assurer ce genre de services essentiels.
Si, dans les organismes assimilés, on inclut des entreprises
privées qui ont peut-être des conflits de travail tout à
fait autres, raison de plus je reviens sur notre intervention d'hier
soir, M. le Président, sans la reprendre ad nauseam raison de
plus pour être plus que méticuleux quand on déterminera les
mécanismes de fonctionnement. Parce qu'un "organisme assimilé",
dans le cas actuel, cela peut être une buanderie, et quelles que soient
les relations de travail dans une buanderie, je sais bien que le ministre des
Affaires sociales va me dire que ce ne sont pas mes affaires de savoir combien
un patron, dans une buanderie, offre à ses employés, comment il
négocie. Je suis parfaitement d'accord avec lui. Etre ministre, je ne
voudrais pas avoir cette responsabilité d'aller me fourrer le nez jusque
dans le milieu des relations de travail de n'importe quelle buanderie,
même si elle fournit un centre hospitalier ou quinze centres hospitaliers
dans une région.
Il reste que, en étant d'accord avec ce principe, rien
n'empêche que l'article 1 b) le touche; c'est une obligation de le
regarder. Cela veut dire qu'il y a des buanderies, de compagnies de chauffage,
de compagnies de produits pharmaceutiques ou quoi encore, qui peuvent
être à l'occasion appelées "organismes assimilés"
aux termes de cette loi, qui apprennent ou qui apprendront elles
l'apprendront probablement juste en cas de conflits de travail qu'elles
sont visées par cette loi, que donc les mécanismes qui
prévalent à partir de l'article 7 en cas de grève ou de
lock-out s'appliquent à elles. Elles devront se soumettre à tout
le processus qu'éventuellement on va leur déterminer
tantôt; avis, préavis, médiation, adjudication, etc., enfin
on en parlera tout à l'heure. C'est pour vous montrer, M. le
Président, que quand l'Opposition, hier soir, longuement peut-être
puis en provoquant l'impatience du ministre des Affaires sociales, disait:
Ecoutez, on était d'accord sur le principe d'assurer les services
essentiels, maintenant qu'on est rendu dans les mécanismes, il faut
prendre tout le temps, il faut prendre toute l'énergie qu'on a pour
regarder, parce que là, juste par l'affirmation que le ministre vient de
faire, cela s'étend non seulement à 1,300 établissements
appartenant au réseau des affaires sociales du Québec, mais on
s'en va jusqu'en plein coeur de l'en- treprise privée avec cette
intervention, en plein coeur.
Il y a probablement des gens employés dans une entreprise qui ne
savent même pas que leur entreprise est, au titre de cette loi, organisme
assimilé. D'ailleurs, le ministre lui-même ne sait pas qui sont
les organismes assimilés, ce soir, lui-même. Il nous dit qu'il est
possible que ce soit une usine de ceci ou un magasin de cela. J'en conviens, je
suis capable en esprit de déterminer...
C'est vrai que je ne vois pas quel rapport il peut y avoir entre un
grossiste en fruits et légumes et un centre hospitalier ou un centre
d'accueil, quoi qu'on puisse en établir. Si on établit, comme
service essentiel, la nourriture à fournir aux patients ou aux personnes
vivant dans un centre d'accueil et qu'un conflit de travail, chez un
fournisseur alimentaire, ferait que cela ne se produirait pas, que la
marchandise n'entre pas, on commence à parler bien plus que du personnel
employé dans 1,300 établissements. C'est le problème qu'il
va y avoir tout au long de cette loi. On ne sait pas de qui on parle, on ne
sait pas quand on en parle, on ne sait pas ce qu'est un service essentiel, il
n'y a pas un article de la loi qui le dit, on remet cela aux mains d'un
tribunal quel qu'il soit. On discutera tantôt de ce que sera ce tribunal,
qui sera le médiateur, éventuellement, s'il y en a un.
Imaginez-vous comment, dans quel esprit on fonctionne!
Le législateur ne doit pas, par définition même
dans tellement d'autres domaines, on a essayé d'être
précis faire d'une loi une espèce de mesure
générale qui peut s'abattre de façon
discrétionnaire. Une loi et je pense que tous les
députés ont travaillé dans cet esprit doit dire
pourquoi elle intervient, quand elle intervient et dans quel objectif elle
intervient. Or, tous seront d'accord pour dire qu'il n'y a probablement pas une
loi plus importante que celle-là qui a été
présentée au cours de la session actuelle. Il n'y en a pas une
plus vague que celle-là non plus, qui a été
déposée pour étude.
Je termine en vous disant que je ne sais pas, moi non plus, ce qu'est un
organisme assimilé. Je ne le sais pas non plus. Probablement que j'ai la
même définition que le ministre des Affaires sociales dans mon
esprit. Effectivement, un organisme assimilé, dans un cas de conflit,
ça peut être les employés d'une buanderie, les
employés d'une compagnie de chauffage, les employés de quoi et de
quoi encore? Quand on sait tout ce que ces centres requièrent comme
services annexes à ce qui est fourni à l'intérieur! Qu'on
ne vienne pas me faire le reproche, tout à l'heure, qu'on accorde
attention aux mécanismes de travail, ils vont fixer cela. On est en
train de parler de pas mal de monde. On n'est pas juste en train de parler des
patients dans les hôpitaux. On est en train de parler de pas mal de
monde.
Le Président (M. Brlsson): L'honorable
député de Johnson.
M. BeIlemare (Johnson): Pour continuer l'ar-
gumentation qu'a faite l'honorable député de
Saint-Jacques, il y a, je pense, quelque chose d'assez étrange dans la
loi quand on parle de ces organismes assimilés. A l'article 7, on peut
voir: "Nonobstant les dispositions de toute autre loi générale ou
spéciale, une grève ou lock-out dans un établissement ou
un organisme assimilé est interdit à moins que les parties n'y
aient droit en vertu du Code du travail..." Je me demande si le ministre, par
un arrêté en conseil, pourrait, même s'il n'y a pas
grève, intervenir dans les services, dans des organismes
assimilés.
Vous allez dire: C'est un non sens, mais savez-vous que vous aurez le
pouvoir d'intervenir par un arrêté en conseil dans des organismes
assimilés, même s'il n'y a pas grève, même, si elle
n'est qu'appréhendée. J'aimerais bien que le ministre soit bien
clair, qu'il dise: Non, ce n'est pas l'esprit de la loi. Il reste qu'elle est
écrite comme cela. Cela pourrait être extrêmement dangereux,
parce qu'à l'article 7 on dit que c'est interdit, puis, à
l'article 1, on dit, dans la définition: "Par le lieutenant-gouverneur
en conseil être assimilée à un établissement". Je
pense que le ministre devrait nous donner certains renseignements.
Le Président (M. Brisson): Le ministre.
M. Forget: M. le Président, j'essaie de voir quelle
modification pourrait intervenir au niveau de ce paragraphe pour,
effectivement, en limiter la portée. Je n'ai pas l'intention qu'il ait
une portée aussi dramatique que ce qu'on vient de souligner, sauf
qu'effectivement la rédaction actuelle peut laisser cette impression.
J'ai un problème de rédaction cependant.
M. Charron: Je peux peut-être vous aider, puis c'est dans
cet esprit que je voudrais faire cette intervention. Au fond, entre nous, cela
ne sortira pas d'ici, ce que vous visez essentiellement, je pense, ce sont des
services regroupés. Là où, sur l'incitation des
différents conseils régionaux, les CRSSS, on a
procédé effectivement à la concentration d'achats, le
caractère dramatique, j'en conviens, permettrait d'inclure, à
l'occasion, ces organismes au même titre que les services offerts dans
les centres mêmes dont nous parlons. Mais, quand il s'agit d'un seul
fournisseur privé, établissant un contrat privé avec un
centre ou, à l'occasion, deux, j'en conviens, on devrait s'abstenir
d'étendre les tentacules de la loi jusque-là. Je ne sais pas,
nous aussi on a cherché, je vous l'assure, à proposer une
modification qui élargirait cela. Je n'ai pas d'amendement formel
à proposer, M. le Président, je suis à la recherche d'une
précision. On parle de toute l'entreprise qui fournit des services dans
un établissement". Je ne sais pas par quel moyen on pourrait
préciser qu'il s'agit de services regroupés ou...
M. Bonnier: Si on disait un groupe d'établissements?
M. Saint-Germain: Pourquoi ne pas définir les services
essentiels tout simplement. Qu'est-ce qu'un service essentiel?
M. Forget: Là, on s'embarque dans un autre
débat...
M. Charron: ... interminable.
M. Forget: Parce que c'est impossible, de l'avis de tous ceux qui
sont...
M. BeIlemare (Rosemont): M. le Président, ce n'est
même pas cela. Le ministre n'a même pas eu le temps de
répondre.
M. Forget: Merci au député. La réponse, je
ne l'ai pas toute faite, moi non plus. Je peux suggérer des
rédactions qu'on me dit être imparfaites ou imprécises
à d'autres titres. Je vais en donner un exemple: "toute entreprise
publique qui fournit des services à un établissement", sauf que
le mot publique" n'est pas non plus défini dans cette loi. Il est
défini de façon bien différente dans différentes
lois, ce qui veut dire que cela ne signifie rien.
M. BeIlemare (Johnson): Services privés.
M. Forget: Oui, mais si on dit publics, cela exclut les
entreprises privées.
M. Bellemare (Johnson): Oui, comme un plombier, un chauffeur de
bouilloires.
M. Giasson: Une buanderie...
M. Bellemare (Johnson): Parce qu'une buanderie...
M. Charron: Pour que cela aille plus vite, peut-on
suspendre...
M. Giasson: Si c'est une entreprise privée qui a un
contrat de services avec un établissement.
M. Charron: Je pense qu'on est d'accord avec l'esprit, il s'agit
des services regroupés.
M. Forget: Ecoutez, je peux suggérer aussi toute
entreprise, à l'exclusion d'une entreprise privée.
M. Bellemare (Johnson): II y a des entreprises privées qui
deviennent presque des entreprises publiques. Par exemple, l'alimentation.
M. Charron: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Comme les produits pharmaceutiques qui
sont des entreprises privées qui sont absolument nécessaires.
M. Charron: Prenons l'exemple du CRSSS de la région
de...
M. Bellemare (Rosemont): Question de règle-
ment. M. le Président, est-ce un monologue, des questions, est-ce
qu'on s'adresse à vous ou s'adresse-t-on directement au ministre? Le
ministre est en train de répondre et on ne lui donne pas la chance de le
faire.
Le Président (M. Brlsson): A l'ordre!
M. BeIlemare (Rosemont): Je demande qu'on donne au ministre, au
moins, la chance de répondre.
Le Président (M. Brlsson): Les membres de la commission
sont en train de se trouver un terme exact en aidant le ministre. C'est pour
cela que...
M. Bellemare (Rosemont): Ce n'est pas grave, en tout cas.
M. Forget: Non, tout se déroule très bien. Tout va
très bien.
M. Charron: Prenons un cas comme la CRSSS...
M. Bellemare (Rosemont): Si le ministre va bien, cela va bien
aller.
M. Charron: Prenons un cas comme le CRSSS de la rive sud qui a
réussi a regrouper un certain nombre de politiques d'achat des centres
hospitaliers en produits pharmaceutiques, en huile à chauffage, par
exemple.
Je dirais toute entreprise la formulation est bien boiteuse, mais
c'est l'objectif qui est important qui a accepté de participer
à une politique de regroupement d'achats ou qui est liée par une
politique de regroupement d'achats, consentante à une politique de
regroupement d'achats. L'objectif est une entreprise qui, par son consentement
même, s'est trouvée à avoir un traitement
privilégié parce qu'elle est devenue le fournisseur de plusieurs
services en même temps.
On peut demander à cette entreprise, en contrepartie du fait
qu'elle obtient un peu un traitement de faveur sur le marché
concurrentiel vu qu'un contrat la lie à plusieurs établissements
publics du Québec, qu'elle se sente visée par le projet de loi.
Mais je ne veux pas inclure toutes les entreprises imaginables, les magasins
qui fournissent à un centre hospitalier.
On peut suspendre, M. le Président. Je peux proposer la
suspension.
M. Forget: J'aimerais peut-être, en effet, accepter la
suggestion du député. On va essayer de trouver une nouvelle
formulation tenant compte de vos suggestions, et limitative.
M. Charron: Limitative.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne sais pas si cela
peut éclairer, mais il y a des services qui ne sont pas publics et qui
ne sont pas obligatoires à cause du milieu concurrentiel dans lequel on
vit mais qui, dans un contexte donné, peuvent le devenir. Pour
m'expliquer clairement, je vais donner un exemple bien pratique. Au temps
où j'étais échevin à Lachine, on a eu une
grève des employés publics et voilà qu'on a saboté
notre système d'aqueduc. Les gens étaient en danger et on n'avait
aucun moyen de faire nos réparations.
Au début, nous les avons faites mais, très tôt, les
entrepreneurs en plomberie ont été menacés par les
grévistes et, très tôt, on a eu un refus total de
l'entreprise privée de nous aider à solutionner nos
problèmes.
On a des hôpitaux chez nous. Si on avait sabordé à
un endroit au lieu d'un autre, l'aqueduc n'aurait pas fonctionné et,
dans l'immédiat, on n'avait aucun moyen de fournir de l'eau à nos
hôpitaux.
Alors le service qui nous est donné par l'entreprise
privée, qui n'est pas essentiel à cause de la concurrence, peut
le devenir. Si, de par la loi, vous n'avez aucun moyen d'obliger qui que ce
soit à remplir son devoir dans des conditions aussi difficiles... Cela
va plus loin que cela, même, dans un contexte de grève. La
grève, c'est la guerre. C'est un peu l'anarchie. L'entreprise
privée qui sert habituellement l'hôpital peut se sentir
visée. On peut recevoir des menaces. Cela peut être le même
syndicat pour les employés de cette entreprise privée. Il peut
arriver tout un contexte où l'entreprise privée peut se dire:
Cela ne vaut pas la chandelle de desservir, dans un temps de grève, un
hôpital. Alors il faut bien que quelqu'un en autorité puisse
agir.
M. Forget: M. le Président, sur ce point, je pense que
c'est une intervention utile parce qu'elle me permet de clarifier un point
qu'il est important de saisir. Un exemple comme celui qu'on vient de donner
peut être résolu, il me semble, indépendamment de cette loi
de la façon suivante. La loi que nous considérons dans le moment,
c'est une loi des services essentiels. Ce n'est pas une loi
nécessairement de retour au travail pour assurer des services de
façon continue comme s'il n'y avait pas de grève.
Il y a un élément de discrimination entre les services qui
sont essentiels et ceux qui ne le sont pas, à l'intérieur d'une
entreprise qui est une entreprise de santé ou de services sociaux.
Le cas que le député cite est un cas où,
effectivement, par exemple, la réparation doit être faite. A mon
avis, à ce moment-là, il ne s'agit pas de déterminer quels
sont les services de l'entrepreneur en plomberie qui doivent être fournis
comme étant essentiels et quels sont ceux qui ne doivent pas être
fournis.
Relativement à cette tâche spécifique qui est de
réparer un système d'aqueduc qu'on ne peut pas tolérer de
laisser hors d'usage, c'est une injonction qu'il faut pour obliger un
entrepreneur en particulier à venir faire la réparation. Il n'est
pas question de déterminer, par un tiers ou par négociation,
quelle est la partie des services qu'il donne normalement qui est
essentielle.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre,
mais à ce moment-là, c'est l'article 99, c'est
l'injonction, et il faut forcer un entrepreneur...
M. Bellemare (Johnson): Je pense, M. le ministre, que vous venez
de donner une démonstration bien juste que vous n'en avez pas du tout
besoin.
M. Forget: Ah! non?
M. Bellemare (Johnson): Vous n'en avez pas du tout besoin.
M. Forget: Au contraire, parce que, il y a...
M. Bellemare (Johnson): Parce que ces organismes assimilés
ne sont pas dans le but de la loi. Le but de la loi, c'est comme vous venez de
le dire si bien. Vous voulez faire une loi pour assurer les services essentiels
dans le fonctionnement de l'hôpital. Et les organismes assimilés,
c'est ce qu'ils peuvent fournir à l'hôpital. Cela c'est une autre
négociation, complètement à part de la négociation
des services essentiels. Je pense qu'on n'a pas besoin de cela. Parce que si on
arrive, à un moment donné...
M. Charron: II y a toujours l'article 99.
M. Bellemare (Johnson): II y a toujours l'article 99 et vous avez
aussi 31 ou 41 où on est obligé de négocier de bonne foi.
Mais je pense que cela c'est un autre problème qui vient s'ajouter aux
services essentiels.
M. Charron: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): C'est parce que vous chargez trop. Vous
allez avoir un tas de choses qui vont paralyser, par le fait même, qui
vont vous mettre dans une position limitative quant à l'exercice
même de votre loi qui sont des services essentiels pour les malades, pas
pour d'autres choses; ce sont des services essentiels pour assurer la
santé et la sécurité des malades.
M. Charron: En fait...
M. Bellemare (Johnson): Après cela, si vous vous
étendez trop, ce qui va se produire c'est que l'on va faire du
zèle et que l'autre va faire encore du zèle et là vous
serez dans un lot de complications, c'est la loi. On bâtit la loi pas
seulement pour une journée.
M. Charron: Le premier exemple que vous avez donné
vous-même, M. le ministre, tantôt, par exemple, la buanderie
communautaire de la région de Québec. S'il y a un conflit qui
affecte sérieusement la qualité des soins à être
dispensés dans un centre hospitalier, par exemple, il y a l'article 99
qui vous permet de demander une injonction pour le faire. Ils ne sont pas des
établissements en vertu de la loi 65...
M. Forget: Non, ils ne le sont pas, vous avez raison ils ne sont
pas des établissements; d'ailleurs, c'est pour cela qu'il y a un
paragraphe séparé, mais là-dessus, ce n'est pas la
même chose que l'exemple du plombier de tantôt. Le plombier de
tantôt il fait la réparation ou il ne la fait pas. La buanderie
communautaire, il ne s'agit pas de la faire fonctionner dans une période
de grève comme s'il n'y avait pas de grève, mais simplement pour
lui permettre de donner des services de buanderie nécessaires pour
soutenir les activités essentielles des hôpitaux.
Là aussi il y a un élément de discrimination contre
le volume requis...
M. Charron: Est-ce que cela ne peut pas être compris dans
une demande d'injonction en vertu de l'article 99? Vous ne demandez pas
à ces employés de buanderie de fournir tous leurs clients
traditionnels et habituels, mais que les services minimums aux centres
hospitaliers soient assurés. Par une demande... Ce n'est pas moi qui
vous suggérera de la faire, mais en regardant le Code du travail actuel,
par les pouvoirs qui vous sont donnés en vertu de l'article 99, vous
pouvez circonscrire aux soins devant affecter les centres, les
établissements en vertu de la loi 65, l'ordre de retour au travail ou
l'ordre d'assurer des services essentiels.
M. Bellemare (Johnson): Parce que, si vous me permettez...
M. Giasson: M. le Président, si vous me le permettez.
Juste pour fins de discussion, présumons qu'un organisme syndiqué
qui dessert un établissement hospitalier, à titre d'exemple,
acquiert le droit de grève légal au même moment que
l'étalbissement qu'il dessert, est-ce que vous pouvez l'obliger par
injonction découlant de l'article 99 du Code du travail?
M. Bellemare (Johnson): Non, non, parce que ce n'est pas un
service public. Et, selon l'article 99, "la grève est interdite aux
salariés à l'emploi d'un service public". Ce n'est pas un service
public.
Le Président (M. Brlsson): Le député de
Châteauguay.
M. Kennedy: A la lumière des hypothèses et des
opinions qui ont été émises antérieurement sur le
sous-paragraphe b) de l'article 1, ne pourrait-on pas dire: Organisme
assimilé, toute entreprise, sauf celle à but lucratif, qui
fournit des services à un établissement est
déclarée, etc? Là, je reviens aux argumentations du
député de Saint-Jacques, qui a parlé du regroupement des
achats, etc. Si on fait une exclusion pour les sociétés à
but lucratif, il y a quand même toujours une concurrence qui existe dans
le monde des affaires, dans le monde industriel, dans le monde commercial. Si
untel ne peut pas fournir un service en particulier, il y en a un autre qui va
le fournir à un prix équivalent ou à un prix
supérieur ou à
un prix moindre. Dans les cas d'urgence, on peut toujours faire appel
à d'autres personnes que les organismes visés par le
député de Saint-Jacques dans son intervention.
M. BeIlemare (Johnson): Je pense que le ministre devrait le
considérer comme il faut, le laisser en suspens et même penser
à l'abroger, parce que cela va lui causer un tas de problèmes
inutilement dans sa loi. Le but qu'il vise, c'est d'assurer les services
essentiels pour les victimes, pour les malades. S'il va en dehors de là,
il se crée un lot de problèmes juridiques. D'ailleurs, ils n'ont
pas le droit aux injonctions, ces services assimilés; ils n'ont pas le
droit de se servir de l'article 99, parce que ce n'est pas un service public. A
partir de là, qu'allez-vous faire? Vous allez avoir le problème
vrai, vous allez avoir la guerre.
Si vous dites: Chaque établissement verra à régler
ses problèmes quand les services essentiels auront été
définis, s'il y a des services assimilés qui doivent être
négociés, on négociera.
Le Président (M. Brisson): Alors, article 1, paragraphe
b), suspendu?
M. Forget: Oui, je vais essayer de revenir, M. le
Président, avec une rédaction qui soit limitative, tel que
l'intention originale le commande.
M. Charron: Tel que la commission le souhaite.
Le Président (M. Brisson): Article 1, paragraphe c),
adopté?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai juste une
question. Quand on parle des "services de santé et des services sociaux
habituellement dispensés par un établissement ou des services
habituellement fournis par un organisme assimilé," il y a, là
encore, les organismes assimilés.
M. Forget: Oui, enfin...
M. Bellemare (Johnson): C'est la même réserve.
M. Forget:... une définition entraînera la
réalisation de cela.
M. Bellemare (Johnson): Comme on parle de "services fournis par
un organisme assimilé," si on fait un changement...
M. Kennedy: Cela va se refléter ici.
M. Forget: Cela va restreindre automatiquement le sens du mot
"services".
M. Bellemare (Johnson): Justement, si on rentre dans ce secteur
des services assimilés, les CSS et tout cela, cela fait partie de
cela?
M. Forget: Bien, dans les centres de services sociaux, vous avez
des services auprès de la cour. A mon avis, il n'est pas imaginable
qu'un service auprès de la cour arrête de fonctionner, parce qu'il
va encore y avoir des jeunes qui vont avoir des problèmes dans une
période de grève. Je pense que c'est très important si on
le met sur pied 24 heures par jour, sept jours par semaine. Enfin, c'est une
opinion.
M. Giasson: Cet avis n'est pas partagé.
M. Forget: Non, mais il y a quand même
l'intégrité du développement de l'enfant qui est
menacée. A mon avis, c'est une raison suffisante pour maintenir ces
services.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes à nous
démontrer que c'est de trop. Vous allez avoir de maudits
problèmes. Si vous n'y touchez pas, tout cela va se produire pareil,
quand les services essentiels vont être définis. Si vous y touchez
directement, vous allez avoir un lot de problèmes, croyez-en mon
expérience.
M. Forget: M. le Président, je crois que le
député de Johnson se méprend sur le sens de mes remarques,
parce que, quand il a cité les centres de services sociaux, ils ne
tombent pas sous l'organisme assimilé du tout.
M. Bellemare (Johnson): Vous parlez des services sociaux
actuellement dispensés ou des services habituellement fournis par un
organisme assimilé; le CSS fournit des services.
M. Charron: Comme service social, pas comme organisme
assimilé.
M. Forget: Pas comme organisme assimilé.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais, comme service social, il
pourrait dépendre d'un établissement qui est sous votre
juridiction au point de vue de l'enfance. Il pourrait aussi dépendre de
tout cela, vis-à-vis d'une plainte, vis-à-vis d'un cas
spécialisé pour assurer la santé et la
sécurité, dans ce temps-là. C'est quoi? Vous allez loin,
parce que vous avez une grande juridiction; je sais que vous vous en rendez
compte. Vous avez une grande juridiction sur les services de santé et de
sécurité.
M. Forget: Dans les services sociaux, on retrouve
également les foyers pour personnes âgées. On sait que,
dans certains cas, il n'est pas permis de les laisser là, au
troisième étage, et puis de faire la grève pendant deux
semaines. Cela c'est aussi sérieux qu'un hôpital chronique ou
qu'un hôpital psychiatrique.
M. Bellemare (Johnson): Si le feu prenait pendant la grève
qu'est-ce qui arrive?
M. Charron: En fait, M. le Président, l'article 1, qui est
la section de l'interprétation, si je prends le
titre, est fait pour nous permettre de définir le vocabulaire
qu'on va par la suite, dans le corps même de la loi utiliser pour savoir
de quoi on parle quand on va y arriver. Est-ce que le mot "services" que nous
retrouvons à la définition, à c), n'apparaît
ailleurs dans le texte de loi qu'accompagné de l'adjectif "essentiels"?
A toutes les références au mot "services" que nous avons,
à tous les autres endroits, assurer les services, définir les
services, maintenir les services, etc., ce sont toujours ceux dont on parle,
les services essentiels.
Nous n'avons pas besoin à c) de définir services autrement
que de les définir comme essentiels, parce qu'ils reviennent toujours
dans le texte de la loi comme essentiels. Les autres services, ceux qui ne sont
pas essentiels, ne sont pas discutés et ne doivent pas attirer
l'attention du législateur actuellement.
M. Bellemare (Johnson): Sauf que je ferai remarquer
à...
M. Giasson: Je pense que la définition des services qui
est donnée ici, dans le projet de loi, ne limite pas les services
à ceux qui seraient fondamentalement essentiels. On dit les services de
santé et services sociaux habituellement dispensés; ce n'est plus
"essentiels".
M. Bellemare (Johnson): Regardez...
M. Charron: Si le député de Johnson me permet,
parce que je suis convaincu qu'il va m'aider là-dessus. Regardez donc la
définition qu'on a. Si on emploie le mot "services", ce sont les
services de santé, les services sociaux habituellement dispensés
dans un centre. On va continuer dans cet esprit. Par "services" on entend ceux
qui sont habituellement dispensés dans un centre. Toutes les fois qu'on
va se référer à "services" dans le texte, on va donc
parler des services habituellement dispensés dans un centre...
M. Giasson: Sauf s'il est complété par le mot
"essentiels".
M. Charron: Mais il faudrait ajouter un paragraphe pour dire ce
qu'on entend par essentiels.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, si vous me
permettez, il ne faut pas charrier. Par le mot "services" moi j'entends...
M. Charron: Baptême! Jamais capable de parler...
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse auprès du
député de Saint-Jacques mais, par le mot "services", j'entends le
bien-être des malades. C'est ce que je considère. Ce sont ceux qui
ont besoin; pour moi un malade, c'est un service qu'on lui rend, c'est un fait,
ceux qu'on aide. C'est dans ce sens; est-ce que c'est dans ce sens que vous
employez le mot "services"?
M. Charron: II est peut-être bien drôle en haut, mais
il est plate en baptême en bas.
M. Bellemare (Rosemont): Bien cela, mon cher député
de Saint-Jacques...
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je m'excuse mais
j'ai posé une question au ministre. Entend-il, par le mot "services",
rendre service pour le bien-être des personnes malades? Est-ce cela qu'il
entend par le mot "services"?
M. Forget: Je pense que cela aiderait peut-être de
préciser que les services, dans cette loi, d'abord, font partie du
titre. Il faut aussi arriver à cerner la réalité qu'on
veut couvrir. Si on ne définit pas "services", ça peut être
n'importe quoi, n'importe quels services. Le mot "services", à moins
qu'on en restreigne le sens, est extrêmement large.
M. Bellemare (Johnson): Si le ministre le permet, cela va
l'aider, je crois. Au paragraphe suivant...
M. Forget: Attendez un peu.
M. Bellemare (Johnson): ... quand on définit les
bénéficiaires, on définit les services. Dans le texte
suivant.
M. Forget: Bon. Une chose à la fois, s'il vous
plaît.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais cela aide à la
définition de "services". Quand on définit quels sont les...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président... M.
Bellemare (Johnson): ... bénéficiaires...
M. Bellemare (Rosemont): ... est-ce que le ministre peut
répondre à ma question sans être interrompu?
M. Bellemare (Johnson):... de ces services, là, on dit que
les services...
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que le ministre peut
répondre à ma question sans être interrompu?
M. Bellemare (Johnson): ... premièrement,
deuxièmement, troisièmement. Ils sont notés au paragraphe
d).
M. Bellemare (Rosemont): Bon, si vous n'avez plus besoin de nous
autres, on va s'en aller. C'est aussi simple que cela.
M. Bellemare (Johnson): Au paragraphe d) on dit "une personne
ayant droit de recevoir..."
M. Bellemare (Rosemont): Vous dialoguerez. C'est aussi simple que
cela.
M. Bellemare (Johnson): "...des services de santé ou des
services sociaux, au sens de la Loi sur les services de santé..."
M. Bellemare (Rosemont): Si je ne suis pas capable d'avoir de
réponse du ministre...
M. Bellemare (Johnson): "... et les services sociaux (1971,
chapitre 48)".
M. Bellemare (Rosemont): ... et que ce sont eux autres qui
mènent, on s'en va. Messieurs, je m'excuse!
M. Bellemare (Johnson): C'est là, je pense, qu'on peut...
Ouf!
Des Voix: Ouf!
Le Président (M. Brlsson): A l'ordre, messieurs!
M. Charron: M. le Président, je tiens à signaler la
pertinence des remarques de l'honorable député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre, je vous laisse la
parole.
Le Président (M. Brlsson): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Bellemare (Johnson): En 1944, c'était le centenaire de
l'arrivée au Canada des Bellemare et il y avait une famille, rue
Cartier, que je n'aimais pas beaucoup parce qu'elle avait eu des relations
assez directes avec la police. Après le dîner, on a
commencé à nous cataloguer par rangée, par
génération. A un moment donné, on place un des Bellemare
de la rue Cartier à côté de moi et il me dit: Allo, mon
oncle! C'est à peu près identique.
M. Forget: Ce que je voulais vous dire, c'est que
l'utilité de définir les services, dans une loi sur les services
essentiels, c'est d'éliminer tous les services qui tombent en dehors de
la définition. Puisqu'on ne veut pas une loi qui s'applique à
n'importe quelle situation qui pourrait être jugée par quelqu'un
comme étant une situation où des services essentiels peuvent
être fournis, on dit: Les services dont il est question, essentiels ou
pas. Parce qu'il faut faire un choix, plus loin dans la loi. Les services dont
il est question, les services parmi lesquels on choisit ceux qui sont
essentiels et ceux qui ne le sont pas, ce sont les services de santé et
les services sociaux, point.
Si on enlève la définition, on se trouve pris avec les
services dans un sens très large. Je pense que cela est utile.
Après, on parle du bénéficiaire, ailleurs dans la loi, et
on dit: Quand on parle d'un bénéficiaire, c'est une personne qui
reçoit des services de santé et des services sociaux, encore une
fois, pour éviter que le mot "bénéficiaire" soit
interprété plus largement. Toutes ces définitions, comme
toujours dans une loi, ont le but de restreindre la portée d'une loi
qui, évidemment, a des effets très considérables.
M. Charron: Sauf que votre définition ne peut pas
être plus vague que le vague que vous essayez de combattre. Si vous
prenez la peine de définir le mot "services" c'est que vous ne voulez
pas que tous les services puissent être considérés comme
essentiels je conviens de l'objectif mais vous regardez la
définition et la seule précision que vous apportez, c'est que ce
sont les "services habituellement dispensés".
M. Forget: Oui.
M. Charron: II est bien évident que le médiateur ne
pourra pas exiger des services qui, habituellement, en temps normal où
il n'y a pas de conflit de travail, sont assurés dans le centre
hospitalier ou dans le centre d'accueil.
Puisqu'on dit "services habituellement dispensés" par
exemple, la collation de trois heures et quart qui est habituellement
dispensée dans le foyer d'accueil pour personnes âgées
ce n'est peut-être pas un service essentiel, mais comme il est
habituellement dispensé dans le centre d'accueil, cela lui permettrait,
en vertu de cette définition, de le considérer comme
essentiel.
M. Glasson: Pas nécessairement, si les deux parties
définissent elles-mêmes le terme "essentiels" à travers
tous les services et, à défaut des parties, le commissaire. C'est
la définition du terme "essentiels", décidée par les deux
parties ou le commissaire, qui va déterminer si l'exemple que vous
donnez fait partie ou non des services essentiels.
M. Charron: On va rester sur cet exemple, qui peut paraître
loufoque, on pourrait le rendre plus sérieux, mais pour les fins de la
discussion, si le patron au centre d'accueil...
M. Giasson: Juge essentiel.
M. Charron: ... juge essentiel et demande au médiateur
conciliateur...
M. Glasson: Au commissaire.
M. Charron: ... au commissaire de considérer comme
essentielle la distribution de la collation, parce que c'est un service qui est
habituellement dispensé, d'accord, vous allez me dire, cela reste
à la discrétion du commissaire...
M. Giasson: J'espère que le commissaire... M. Charron:
J'espère que le commissaire?
C'est cela l'affaire? C'est cela, M. le ministre, qu'il faut
éviter dans la loi. C'est cela que le législateur doit
éviter. On ne doit pas faire une loi à la toute fin de laquelle
on puisse dire: J'espère que le commissaire... parce qu'on va se
retrouver dans la même situation qu'en 1972. On va revenir à la
même place et on l'aura fait pour rien, cette loi. Si on remet tout aux
mains du commissaire, autrement dit, tout à la discrétion du
commissaire, qui doit déterminer ce qui est essentiel, se faire plaider
par un ce qui est essentiel, et se faire plaider par l'autre ce qui n'est pas
essentiel, qui est obligé de trancher que la collation ce n'est pas
essentiel, mais que les malades aient leur lit changé tous les matins,
cela l'est, etc. etc., on n'aura rien réglé, sauf que nous autres
on a passé la patate chaude à quelqu'un d'autre...
M. Giasson: Oui, mais tout de même... M. Bonnier: M.
le Président...
M. Forget: M. le Président, cette définition comme
toutes les définitions, si l'on suit les règles qui me paraissent
normales, on me corrigera si je fais erreur d'interprétation d'une
définition dans la loi, elle est valable par ce qu'elle exclut beaucoup
plus que par ce qu'elle inclut. Autrement on n'a pas besoin de reprendre les
mots du dictionnaire au début d'une loi puis dire les mots ont leur sens
habituel dans le dictionnaire, telle édition du Littré ou du
Robert ou Dieu sait quoi. Alors, quand on met une définition, c'est
essentiellement pour dire: Cela a un sens différent, donc c'est
restrictif. Cela exclut des choses qui, normalement, pourraient être
considrées comme incluses dans ce terme-là.
M. Charron: D'accord.
M. Forget: Et on a deux exclusions, dans la définition de
"services", qui me paraissent importantes pour limiter une
interprétation abusive. On a, premièrement, qu'il faut que ce
soit rendu par un établissement de santé ou de services sociaux;
donc on exclut toute espèce d'autre organisme et cela est conforme au
titre de la loi. Et deuxièmement, on exclut les services qui ne sont pas
habituellement donnés. Et quand il s'agira de déterminer les
services essentiels, cela peut être très significatif, parce qu'on
peut vouloir faire jouer à un hôpital, dans un cas donné,
un rôle disproportionné avec ce qu'il fait normalement, pour
pallier des déficiences ailleurs si les grèves se font partout en
même temps. Alors on dit: Au plus on peut nous demander de faire ce qu'on
fait habituellement, mais même pas tout cela, une partie de cela qui est
jugée essentielle. Mais cela n'est pas dans la définition.
Ce sont deux cercles concentriques. Le plus grand cercle définit
des services en excluant tout ce qui n'est pas des services au sens de cette
définition. L'autre plus petit cercle à l'intérieur dit:
Ces services des établissements de santé et de bien-être,
ce sont ceux qui sont habituellement donnés dans cet
établissement. Il y a encore un autre plus petit cercle dans le milieu
qui dit cela: Parmi tous ceux-là, il y a des services essentiels. Alors,
c'est l'effet successif des définitions.
M. Charron: Je conviens de cette précision parce que vous
vous rappelez que, dans le conflit de 1972, l'entente entre parties sur la
définition de services essentiels dans certains centres hospitaliers,
par exemple, a achoppé, donc a conduit à des victimes, du fait
qu'à certains endroits on estimait que la partie patronale exigeait
d'inclure dans services essentiels des services supérieurs à ce
qui est normalement fourni en période de fin de semaine. Les
syndiqués disaient: On est bien d'accord pour fonctionner avec une
définition de services essentiels mais bon Dieu, ne nous en demandez pas
au moment d'une grève plus qu'habituellement. On est là pour le
prouver parce qu'on a l'expérience dans le milieu. En période de
fin de semaine, par exemple, sur tel étage, vous admettez facilement que
le dimanche il y a cinq personnes au lieu de huit ou dix. Vous nous en demandez
sept alors qu'on fonctionne très souvent le samedi et le dimanche avec
seulement cinq personnes.
Si c'est cette précision, je suis d'accord pour admettre le
paragraphe c).
M. Bellemare (Johnson): Sauf, M. le Président, qu'on
pourrait peut-être le laisser en suspens parce qu'il y a là aussi
"fournis par un organisme assimilé". La définition du paragraphe
précédent changera peut-être. Alors...
M. Forget: Si c'est par référence.
M. Bellemare (Johnson): Oui, on peut le laisser en suspens parce
que tout va dépendre de la modification qui va être
apportée au paragraphe b).
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Brisson): Alors le paragraphe c) est en
suspens. Paragraphe d), adopté?
M. Bonnier: Non, n'y aurait-il pas lieu de dire, en relation avec
la réponse du ministre tout à l'heure: Une personne ayant droit
de recevoir des services de santé et des services sociaux dans un
établissement? Il me semble que c'est trop général encore
une fois.
M. Charron: Pardon?
M. Bonnier: Ajouter dans un établissement au lieu... J'ai
l'impression que cela pourrait être des services sociaux n'importe
où.
M. Bellemare (Johnson): Le député de Taschereau
doit se souvenir...
M. Bonnier: Cela peut être un CLSC.
M. Bellemare (Johnson): Le député de Tasche-
reau doit se souvenir que la loi sur les services de santé limite
cela aux établissements au paragraphe 5; vous avez la
définition...
M. Bonnier: Pourvu qu'on se comprenne.
M. Forget: ... pour les hôpitaux dans la loi 1971, chapitre
48, où il est défini que c'est dans un établissement.
C'est dit dans la loi elle-même.
M. Bonnier: D'accord.
M. BeIlemare (Johnson): On fait la référence
à 1971, au chapitre 48. Ce que vous voulez définir, c'est reconnu
en vertu de loi qui existe. On a dit tout à l'heure au sens de la Loi
sur les services de santé les services sociaux de 1971. Cela se
répète encore dans d) comme c'était établi dans a).
On a défini établissements dans a). C'est véritablement
donné cette restriction que vous voulez avoir.
Le Président (M. Brisson): Paragraphe d), adopté?
Adopté.
M. Bellemare (Johnson): Le paragraphe a). A partir de là
si on s'entend, parfait. Si on ne s'entend pas, on ne fera pas de "filibuster";
au contraire, on va céder. Mais le ministre est trop logique avec la
position qu'il a prise, avec tout ce qu'il a entendu à ce jour pour ne
pas entendre encore pendant quelques minutes les quelques remarques que je
voudrais faire. Je lui dis qu'il y aurait peut-être moyen de trouver
ailleurs que dans le tribunal du travail une personne en autorité, soit
un médiateur, soit un juge en retraite, soit quelqu'un d'autoritaire qui
aurait une certaine expérience au point de vue de relations de travail.
Mais, de grâce, pas un membre du Tribunal du travail. Vous allez
certainement apporter dans une loi un dérangement extraordinaire dans ce
tribunal qui va très bien.
C'est là tout le principe du projet de loi. Si on pouvait
s'entendre, au lieu de dire: Le tribunal du travail créé
conformément au Code du travail. Cela va revenir dans la nomination du
commissaire à l'article 2: "Le lieutenant-gouverneur en conseil nomme un
commissaire aux services essentiels parmi les juges membres du tribunal." Si je
ne peux pas vous convaincre, on ne perdra pas de temps, on va faire
l'expérience, mais ce sera bien malheureux. Je sais que le ministre ne
veut pas la mort du pécheur, il ne veut pas non plus la mort du Tribunal
du travail. Mais mon collègue de Maisonneuve, hier, et mon
collègue de ce soir, le député de Saint-Jacques, savent
l'importance d'un tribunal comme celui-là qui a bonne renommée.
Nous avons été tellement prudents quand on a écrit ce
chapitre du Tribunal du travail qu'on a voulu créer un poste qui
n'existait pas pour avoir un deuxième palier.
On a dit que cela n'existait pas, un commissaire-enquêteur. Il y
avait des enquêteurs, en vertu de l'ancienne loi, de la Commission des
relations du travail, mais on a dit: Pour que le Tri- bunal du travail ne soit
pas entaché de quelque mésentente ou de certaine partisanerie, on
va mettre un autre palier. On a créé tout de go, M. le
Président vous allez voir cela dans la section où on a
fait le changement du Tribunal du travail, chapitre 5 le poste, qui
n'existait pas avant, de commissaire-enquêteur qui, lui, a des pouvoirs
plus étendus qu'un enquêteur ordinaire avait dans l'ancienne loi
de la Commission des relations du travail. Il a le droit de décision, le
droit d'enquête le droit d'entendre les témoins. Il a le droit de
faire tout cela.
Mais on a dit: Après que le commissaire-enquêteur se sera
prononcé, bien ou mal, pour les parties, vous avez encore un recours,
celui du Tribunal du travail. C'est pour cela que le Tribunal du travail est
resté presque intact au point de vue d'une bonne renommée et
particulièrement au point de vue des décisions qui ont
été rendues. Il a bénéficié, d'abord, des
renseignements des enquêteurs quand ils sont allés pour
vérifier s'ils avaient droit ou non à l'accréditation du
grief, s'il y avait ou non différentes responsabilités.
Après l'enquête, on n'était pas satisfait. On a dit: On va
nommer un commissaire-enquêteur qui va aller sur les lieux, lui aussi, et
qui va vérifier. Mais lui, ses pouvoirs sont plus étendus. Il a
le droit d'entendre des témoins, il a le droit d'en convoquer, il a le
droit de rendre une décision qui peut peut-être changer
complètement la décision de l'enquêteur. Cela s'est vu.
Alors, là, il y a une soupape. Après cela, on dit que, lorsque le
commissaire-enquêteur a fait tout son travail, en vertu du Code du
travail, s'il n'y a pas encore entente, le litige, le problème est
soumis directement au Tribunal du travail, à un des sept juges.
Là, le juge qui prend la cause est bien préparé. Il
a devant lui tous les rapports de l'enquêteur, tous les rapports du
commissaire-enquêteur, tous les témoignages rendus. Il entend la
cause dans un esprit bien plus large. Il n'a pas participé au
débat, mais il se dit: En vertu du code, je suis obligé
d'appliquer la loi. Comme je suis un juriste et que j'ai passé toute ma
vie dans la pratique du droit ouvrier, je suis bien placé. C'est de
là que vient la bonne réputation du Tribunal du travail.
Mais si, par exemple, le ministre se sert d'un tribunal, d'un homme,
quel qu'il soit, que ce soit son président ou que ce soit n'importe quel
des juges, pour l'amener dans des questions non pas judiciaires, mais
administratives où il va avoir à faire de la négociation
entre les parties, vous détruisez le Tribunal du travail et son
autorité.
D'ailleurs, dans ma pensée, quand on a bâti ce Tribunal du
travail, c'était pour faire une chambre administrative, pas seulement
une chambre judiciaire où on interprète strictement la loi. Dans
mon idée à moi et dans celle de ceux qui m'ont aidé
à le faire, on a dit: On fera, à même cela, une autre
chambre, une autre section particulière où il y aura des juges
qui auront compétence en droit ouvrier, mais eux, ils
n'interpréteront pas strictement l'accréditation des griefs et
ces choses-là. Ce sera réservé au Tribunal du travail.
Mais, dans la section de l'administration, on pourra, dans des
conflits difficiles, demander à des juges de donner leurs
décisions. Par exemple, un conflit existe dans les services publics,
comme la CTCUM à Montréal; le gouvernement n'a pas d'affaire
à passer par-dessus son Code du travail après que les gens ont
obtenu le droit de grève à force de négociation et
à force de travail. Ils ont respecté tous les délais
permissibles en vertu de la loi, les 30 jours de négociation avant la
fin d'une convention, les 30 jours après, les 8 jours d'avis et les 60
jours pour demander le conciliateur et la grève. Ils ont utilisé
tout cela et quand, dans les services publics plus qu'ailleurs, mais surtout
là, ils ont épuisé tous ces délais, le gouvernement
arrive, huit jours après qu'ils ont obtenu le droit de grève, et
passe par-dessus tout le Code du travail et dit: L'intérêt public
me commande de faire une loi. Vous allez vous soumettre à cela.
Voyez-vous, M. le Président, dans quoi on s'engage? C'est
terrible.
Je pense que le Tribunal du travail pourrait peut-être avoir une
chambre administrative qui elle, à la place du gouvernement, pourrait
être formée de deux juges, formant quorum, avec deux assesseurs
patronaux et deux assesseurs syndicaux. Après les 30 jours de
négociation, on demande le conciliateur, puis c'est la grève.
La grève éclate, je leur donnerais quinze jours ou trente
jours de grève. Je dirais que si le Tribunal du travail dans la
chambre administrative bien entendu, toujours s'aperçoit que
l'intérêt public est en cause, que la sécurité
nationale ou la santé publique sont en cause, le Tribunal du travail
aurait le droit de facto, de convoquer les parties devant lui et de commencer
à négocier toute la convention collective, mais à la
condition formelle que les gens qui sont en grève retournent au travail,
avec des pénalités et tout un schéma qui...
Cela serait véritablement le rôle du Tribunal du travail,
dans la chambre administrative, de décider qu'une grève, dans les
services publics, entrave la sécurité ou la santé
publique. Là, immédiatement, quand le Tribunal du travail,
après huit jours, après quinze jours, après trois
semaines... Je leur donnerais quinze jours. Faites la grève quinze
jours, trois semaines, un mois même. Je leur donnerais tout cela, mais
si, pendant ce mois, cette période où la grève est
permise, le Tribunal du travail s'aperçoit qu'il y a un risque et un
péril et que l'intérêt public est en cause,
d'autorité il convoque les parties devant lui.
Deux juges du Tribunal du travail, section administrative, deux patrons
et deux syndicalistes. Par exemple, à ce moment-là, le
gouvernement peut intervenir, parce que d'autorité les gens doivent
retourner au travail, avec des sanctions sévères. On peut
négocier un mois, on peut négocier trois semaines, on en vient
à une entente, mais la décision du Tribunal du travail, section
administrative, serait finale et exécutoire. Là, par exemple, il
y aura de l'ordre et on donnerait la chance au coureur. On donnera la chance
à tout cela.
M. le Président, si le ministre ne veut pas consentir à
considérer mes remarques quant à avoir un commissaire qui
viendrait directement parmi les juges du Tribunal du travail, qu'est-ce que
vous voulez, je n'en ferai plus, je vais laisser tomber, parce que mon seul
argument c'est cela, c'est ma peur.
M. le Président, veuillez croire qu'avec l'expérience que
j'ai acquise, je peux dire au ministre que c'est un bien mauvais service qu'il
va rendre au Tribunal du travail.
M. le Président, j'ai peut-être été long,
c'est vrai, mais d'un autre côté je voulais bien expliciter ma
pensée, parce que c'est sur cela que vont achopper toutes les autres
discussions.
Si on ne peut pas s'entendre sur cela, écoutez, je vais suivre le
débat avec beaucoup d'attention, mais je n'aurai pas beaucoup de
remarques à faire.
M. Forget: M. le Président, je veux dire au
député de Johnson qu'il plaide avec beaucoup d'éloquence
la cause du Tribunal du travail et qu'il prêche à des
convertis.
Il nous assure c'est un fait qui est généralement
reconnu que le Tribunal du travail a une grande
crédibilité, que son rôle est accepté, qu'il joue un
rôle important, qu'il faut donc tout faire pour le maintenir et maintenir
son efficacité.
Je pense que ces préoccupations sont très
légitimes. D'autre part, je l'invite à considérer le
problème qui est devant nous de la façon suivante. Nous
cherchons, par cette loi, à établir un mécanisme qui
permette de trancher un problème difficile, c'est-à-dire de
choisir entre les services essentiels et ceux qui ne le sont pas, afin de
permettre à la partie syndicale l'exercice du droit de grève.
Nous voudrions que ce mécanisme soit un mécanisme qui est le plus
indépendant possible de la partie patronale.
On croyait ne pas pouvoir trouver mieux que d'aller chercher un
organisme qui est accepté des deux parties, qui a une
crédibilité très haute auprès à la fois des
patrons et des syndicats et qui, étant un tribunal, est
indépendant du pouvoir et du gouvernement.
Je pense que ce sont là des atouts importants pour appliquer une
loi comme celle-ci, qui est délicate dans son application.
L'argument à l'effet que cela pourrait mettre en péril le
rôle actuel du tribunal du travail, si ces craintes s'avéraient
fondées évidemment, ce serait dommage, ce serait malheureux,
c'est le moins qu'on puisse dire. Ce ne serait certainement pas l'effet que
nous recherchons. Alors quoi faire?
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre, je ne voudrais pas vous
interrompre mais...
M. Forget: Non. mais vous m'interrompez quand même.
M. Bellemare (Johnson): ... c'est parce que l'expérience
de la Commission des relations de travail, la CRT, cela a commencé comme
cela. Les juges qui étaient à la Commission des relations de
travail ont commencé par se mêler des conflits, et là c'est
devenu intenable. En dernier, on nommait
le juge Untel, les gens ne voulaient seulement plus aller à la
table des négociations; ils avaient perdu toute
crédibilité. C'est pour cela que la Commission des relations de
travail a été jetée à terre, complètement.
C'était un organisme qui avait été pourtant bien
constitué et qui avait réellement de bonnes idées. Mais
après que les juges ont commencé ce petit système
d'être des juges dans des causes particulières de conflits au
travail, cela a été fini. C'est simplement cela que j'ai à
dire. Je m'excuse, M. le ministre, je pense qu'on a jeté à terre
la Commission des relations de travail et on a bâti ce tribunal pour ne
pas répéter les mêmes erreurs. La commission est devenue
pourrie; les juges qui en ont fait partie, vous en connaissez quelques-uns qui
sont encore vivants, c'est épouvantable, ils ont mauvaise
réputation. On n'est plus capable de s'en servir nulle part.
Alors aujourd'hui, on commence le même maudit système. Le
système de prendre un gars qui est bien accrédité, et
demain on va en prendre un autre. Vous imaginez-vous, M. le ministre, ce qui va
arriver si le gars rend une décision qui n'est pas favorable? Je suis en
train de faire un autre discours... vous avez raison.
Le Président (M. Brlsson): L'honorable ministre.
M. Forget: M. le Président, je reprends pour dire que
c'est effectivement une chose que nous ne recherchons pas que de
détruire un organisme qui est valable. Alors, quelles sont les autres
solutions? La solution présentée par le député de
Johnson nous fait déboucher sur tout un mécanisme de
règlement du fond des litiges. Je pense qu'il a droit à cet
exposé, il a droit à cette opinion. Je pense que c'est être
beaucoup plus ambitieux que nous voulons l'être par ce projet de loi
parce qu'il cherche à incorporer la solution aux services essentiels
dans un règlement global par un tribunal du fond du litige, et donc
substituer à la négociation un processus de règlement
devant un tiers. Il est évident qu'il n'est pas seul à
prétendre que c'est une solution qu'il faut préférer
à la situation actuelle.
Mais c'est un autre monde, c'est un autre univers que celui qu'il nous
propose. Si l'on se confine au problème qui est devant nous, qui est non
pas de régler le fond du litige, non pas d'abolir le processus de
négociation tel que nous le connaissons, ni abolir par le fait
même le droit de grève qui en est le prolongement, mais
d'aménager l'exercice du droit de grève et de déterminer
les services essentiels sans se prononcer sur le fond du litige, en laissant
les parties poursuivre leurs négociations, il faut donc trouver un
organisme qui va pouvoir faire cela, et qui va pouvoir le faire en
bénéficiant de toute la crédibilité possible. Sa
crédibilité dépend de son indépendance par rapport
à la partie patronale, par rapport à sa neutralité, en
quelque sorte, entre les deux. Il nous faut, je pense, aller chercher non pas
à l'intérieur de la fonction publique, non pas à
l'intérieur du pouvoir exécutif cette source
d'indépendance et d'autonomie puisque, autrement, on pourrait nous dire,
valablement, je pense, que nous jouons à la fois le rôle de juge
et le rôle de patron.
Comment éviter cela? Comment empêcher que nous soyons
à la fois juge et partie? En allant chercher quelqu'un qui peut le
faire, qui ne dépend pas pour sa carrière et sa vie du pouvoir
exécutif, donc qui relève du pouvoir judiciaire dont on
connaît généralement l'indépendance. Bien sûr,
ce sont des humains qui deviennent juges, qui ont leurs opinions, qui ont leurs
penchants, qui ont leur histoire personnelle. Mais je pense qu'on
reconnaît que, dans l'ensemble, les tribunaux et les juges
réussissent à se dégager de leurs préjugés
particuliers et rendent une justice qui donne satisfaction. Justement parce
qu'ils sont autonomes et indépendants.
Donc, si on veut aboutir à ces résultats, si l'on veut
ménager le Tribunal du travail, je suis prêt à envisager
que l'on regarde cela un peu plus largement, mais toujours dans le contexte de
trouver dans le pouvoir judiciaire le point d'appui d'un jugement sur les
services essentiels.
On est un peu en avance, d'une certaine façon, mais, puisqu'on le
soumet à l'occasion de la définition, c'est aussi bien de parler
de la substance avant de l'accident. Je suggère donc que l'article 2
soit modifié de manière que la nomination se fasse à
partir des membres de la Cour provinciale.
M. Bellemare (Johnson): D'accord. Je suis bien d'accord, parce
que là je pense qu'on fait un gros pas. D'ailleurs, si vous me permettez
de vous citer simplement un commérage, peut-être, ou un
"rapportage", j'ai des bons amis au Tribunal du travail, vous le savez, qui
n'ont pas toujours appartenu à mon parti, mais qui font une "job"
excellente et on m'a dit: On est contre, on ne voit pas qui va aller là.
On n'a pas le droit de refuser. Quand le juge en chef dit lui-même qu'il
est contre une loi comme celle-là, écoutez, moi je commence
à me poser des questions. Cela, M. le ministre, vous l'avez entendu de
vos oreilles par M. Pepin, l'autre jour, qui a dit qu'il a rencontré, au
Conseil supérieur du travail, M. Geoffroy, le juge en chef qui a dit
qu'il était contre, définitivement contre. Il ne veut pas me
mêler une once à cette influence-là. Si vous me dites les
juges de la Cour provinciale, je suis bien d'accord, bien d'accord.
Cela règle mon problème, sauf à l'article 22, par
exemple, où je vous attends.
Le Président (M. Brlsson): Le député de
Saint-Jacques.
M, Charron: M. le Président, je ne veux pas être
à moitié chemin entre les deux intervenants, mais je pense que
c'est quand même là que je me retrouve et je vais préciser
ce que j'ai dans l'esprit sur ce sujet.
Ce qui nous est apparu c'est pour cela que j'ai suivi avec
beaucoup d'intérêt et que je partage beaucoup l'esprit de
l'intervention du député de Johnson condamnable dans ce
projet de loi tel
que libellé jusqu'à l'annonce que vient de nous faire le
ministre des Affaires sociales, ce n'est pas la présence du Tribunal du
travail comme telle. Là, c'est peut-être ma distinction avec
l'ancien ministre du Travail. D'abord, il n'était pas là, le
Tribunal du travail; c'étaient des commissaires choisis dans le Tribunal
du travail, ce qui est une distinction. Le risque de brûler des hommes,
de discréditer des hommes, lesquels éventuellement peuvent, s'ils
sont trop discrédités, discréditer l'ensemble d'un
tribunal, sur lequel a insisté le député de Johnson, est
absolument réel.
Ce que je n'aimais pas, c'est que, dans la version originale du projet
de loi sur lequel nous discutons encore, cette question-là existait.
Mais le point fondamental de notre objection au mécanisme prévu
dans ce projet de loi pour établir les services, c'est la double
fonction par la seule et même personne d'être à la fois
médiateur et, à l'issue d'une période de médiation
non fructueuse, de se convertir en adjudicateur et, si vous me le permettez
je ne sais pas si le mot est français en
"décideur", celui qui prend la décision et qui détermine
les services essentiels.
C'est cela qu'il y a de mauvais dans le mécanisme prévu.
Moi, j'aurais été beaucoup plus favorable à la
séparation des fonctions. C'est pour cela que, dans une partie, je
rejoins le député de Johnson et, dans l'autre partie, le ministre
des Affaires sociales dans sa version originale du projet de loi. Pour ce qui
est de la période de médiation, telle qu'elle sera définie
à l'article 8 ou 9 de ce projet de loi, que le médiateur soit
choisi à partir d'une liste fournie par le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre ou qu'il soit choisi à partir d'une
entente entre les deux parties concernées, voilà ce qui
m'apparaît acceptable. C'est la logique, c'est l'esprit; je dis
même c'est le bon sens de notre Code du travail actuel, que nous devons
pour beaucoup au député de Johnson, lorsqu'il était
ministre du Travail.
Cela m'apparaît fondamental que le médiateur, pour qu'il
ait le maximum de chances de réussir, autrement dit pour qu'il ait le
plus de billes dans ses poches, ait, au départ, été choisi
par entente entre les deux parties. La meilleure façon de s'assurer de
la réussite d'une médiation, c'est que les deux parties
conviennent de remettre leur affaire à ce gars-là, parce que les
deux parties ont confiance en son intégrité, en son
honnêteté et à son impartialité. C'est la meilleure
chance que de s'en faire parachuter un. Un médiateur parachuté et
qui, en plus de cela, peut devenir un juge au bout de la ligne, ce n'est pas un
médiateur.
Il n'y a personne qui y croit et il n'y a pas de médiation
réelle. Quand le gars arrive et qu'il dit: Moi, je n'ai que 30 jours
à être médiateur, dans 30 jours je deviens juge, il n'y a
personne qui fait de la médiation dans ce temps-là. Il n'y a
personne qui va suivre ses conseils parce que tout le monde va penser qu'il se
prépare seulement à rendre son jugement dans 30 jours, qu'il
n'est pas sincère dans sa médiation, que ses efforts ne sont pas
réels pour régler le conflit, qu'il vient avec des ordres et
qu'il fait juste des sparages pendant 30 jours.
Mais, lorsqu'il va être tanné de faire ses sparages et
quand les sparages prevus par la loi seront ecoulés, il se transformera
en juge et il le fera.
Mon objection fondamentale au mécanisme du projet de loi est
celle-ci: Que le médiateur et l'adjudicateur soient le même. On
aurait pu déterminer qui est un médiateur, à partir d'une
liste, et la loi l'aurait précisé; moi, je n'avais pas
d'objection que la fonction d'adjudicateur, dans le cas de l'échec d'une
médiation, soit réservée au Tribunal du travail à
cause, justement, de son passé. Si vous me permettez de conclure...
M. Giasson: D'accord, je reviendrai après.
M. Charron: Dans la modification apportée... Je ne sais
pas si le député de Johnson accepterait de suivre juste pour un
instant parce que j'admettrai bien gros ses critiques après; je voudrais
considérer cette séance comme une véritable séance
de travail. Le député de Johnson peut se réjouir de
l'annonce des modifications à l'article 2 et de l'implication de la Cour
provinciale plutôt que le Tribunal du travail. Je ne sais pas si les
syndiqués, eux, et les travailleurs, eux, et, à la longue le
public, lui, ceux dont on parle, ceux pour qui on veut assurer les services
essentiels peuvent s'en réjouir.
Il n'est pas besoin de dire que l'approche du problème en
général ne sera pas la même si l'adjudicateur, celui qui
détermine, qui décrète ce qui est un service essentiel
après l'échec d'une médiation, c'est un bonhomme de la
Cour provinciale plutôt que quelqu'un, comme le dit le
député de Johnson, habitué au droit ouvrier,
habitué aux conflits de travail, habitué à ce qu'est une
grève, comment est l'esprit d'une grève, ce que peuvent
être les revendications d'une grève. Supposons qu'on va chercher
un bonhomme de la Cour provinciale, qui a l'habitude de trancher toutes sortes
d'autres problèmes qui lui sont apportés en vertu des lois que
nous votons à tour de bras ici, dans cette Assemblée, et qui
aboutissent à lui. Tout à coup, il doit intervenir, après
avoir tranché une question de piquets de clôture, de rue,
d'asphalte ou d'affaires de même, dans un conflit de travail ancré
à la suite d'une relation de travail dure, à la suite d'un
décret imposé il y a déjà trois ans. On lui dit:
Bon, vous, de dix heures à dix heures et demie, vous êtes dans les
piquets de clôture et à dix heures et demie, là, vous
déterminez les services essentiels parce que la médiation est un
échec dans le cas des services essentiels devant être
assurés, par exemple, à l'hôpital Saint-Michel-Archange de
Québec parce qu'il y a une grève qui s'en vient. C'est vous qui
déterminez cela. Pfiouf! Où arrive-t-il, lui? D'où
sort-il? Qu'est-ce qu'il va faire? Il va faire une injonction comme les anciens
juges l'ont fait au cours de 1972. Pas une injonction, je veux dire qu'il va
rendre un jugement comme les juges de 1972 ont accordé des
injonctions.
Toute demande patronale, toute détermination patronale des
services essentiels étaient agréées. D'accord,
apportez-moi une injonction et je vais la signer. On veut éviter cela.
Moi, je garderais volon-
tiers la qualité et l'esprit... Je pourrais renchérir,
mais je suis moins bien placé que ne l'est le député de
Johnson sur le respect intégral que s'est gagné le Tribunal du
travail dans le milieu où il agit pour lui réserver, à
lui, ce rôle d'adjudicateur, le dégrader, à mon avis, et
nuire au Tribunal du travail. C'était lui demander d'être à
la fois médiateur et adjudicateur. Un tribunal, c'est un adjudi-cateur.
Un tribunal, c'est un juge, si vous me permettez ce pléonasme.
Laissons-les juges. Il y a d'autres gens pour faire de la médiation. Le
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre est capable d'en fournir.
Les parties elles-mêmes, intéressées, sont capables d'en
fournir.
Il y a des gens qui sont appelés quotidiennement à
régler leurs griefs, à ces gens-là. Il y a des
professionnels, notre société en a sorti de ça. Je ne sais
pas si ma distinction est claire. Je ne voudrais pas allonger le débat,
mais je voudrais donc que ma position soit claire. J'ai le même respect
que le député de Johnson pour le Tribunal du travail, c'est pour
cela que je ne veux pas qu'à un moment donné on le sorte de son
rôle et qu'on l'amène comme médiateur, ce n'est pas sa
"job", c'est un juge.
Les médiateurs, on peut trouver comment on va les choisir. On
s'attardera à cela dans le mécanisme. Mais que ce soit lui et non
pas la Cour provinciale, comme juge. Je regrette, mais on va avoir encore le
même maudit problème. Ecoutez, on n'est pas des enfants
d'école puis on peut se parler entre nous autres. Quand tu vas voir un
juge, un juge qui est reconnu pour avoir rendu des décisions dans toutes
sortes d'affaires, les syndiqués ne le respecteront pas. Qu'est-ce que
vous voulez, si, sans avoir trempé dans le dossier, sans rien
connaître de ce que c'est qu'un conflit de travail tout à coup le
dossier lui apparaît dans les mains il détermine: Bon, il n'y a
pas eu médiation là, montre-moi donc tes papiers. Il y a eu
médiation pendant 30 jours , vous ne vous êtes pas entendus, je
les détermine, ces services... Il ne sera pas respecté. Ce qu'il
y avait de "fun" dans la loi, c'était l'implication du Tribunal du
travail. Ce qu'il y a de malheureux dans la loi, c'est qu'on demande trop au
Tribunal du travail; pas la médiation, l'adjudication. Je ne sais pas si
j'ai réussi à me faire comprendre, mais je crois que le Tribunal
du travail doit demeurer dans cette loi. Ce que je veux, c'est que sa fonction
soit celle de juge, soit celle de tribunal, pas celle de médiateur.
Quand tu vas chercher un juge pour être médiateur, il s'essaie, il
peut s'essayer très honnêtement d'être médiateur
pendant 30 jours. S'il n'est pas capable de rapprocher les parties, puis si
c'est le même gars qui devient juge par la suite, vous lui enlevez du
crédit. Il se brûle.
M. Bellemare (Johnson): Je pense, M. le Président, que le
ministre va me permettre, parce que tous mes amendements sont faits dans le
sens qu'il propose... Mais j'ai entendu des témoignages en Chambre et
l'autre jour à la commission parlementaire et tout est fait selon ce que
dit le dé- puté... Mais j'ai essayé par tous les moyens
d'avoir ma formule de médiation...
M. Giasson: Vous tentez de remplacer le commissaire par un
médiateur, si j'ai bien compris.
M. Bellemare (Johnson): Par un médiateur dans tout le
mécanisme, tel que vient de le dire le député. Quand j'ai
vu la solution du ministre, disant: Un juge de la Cour provinciale, j'ai
tellement d'amour pour le Tribunal du travail que j'ai dit: Oui, oui. Je ne
sais pas, je vais peut-être revenir à mes amendements pour essayer
de trouver quelque chose. Parce que mes amendements, M. le Président,
c'est exactement ce que vient de dire le député de Saint-Jacques.
Si le médiateur nommé ne préjudice pas le jugement d'un
gars qui serait juge à la Cour provinciale... Supposons que c'est un
juge qui a rendu une injonction contre les syndicats qui est nommé,
pensez-y. Pensez-vous qu'il va s'en faire, de la négociation, parce
qu'il y a 30 jours pour en faire puis au bout de 30 jours, c'est sa
décision qui est finale. Il va dire: Arrangez-vous.
M. Giasson: Je n'ai pas d'objection à examiner l'autre
volet que vous avez voulu exprimer à l'intérieur des amendements
que vous proposez, mais je voudrais tout de même, suite aux commentaires
que vient de faire le député de Saint-Jacques, devant ses
craintes qu'il a tenté de motiver le plus possible pour nous faire
comprendre l'esprit qu'il avait réellement, demander au
député de Saint-Jacques s'il aurait autant d'appréhension
si ce commissaire ne se proposait, n'intervenait jamais comme médiateur
entre les parties, laisserait travailler les adjoints des commissaires, sans
intervention de sa part, et si vraiment les adjoints n'étaient pas
capables, comme médiateurs, de rapprocher les deux parties, là,
il poserait le geste qu'on attend du commissaire.
M. Charron: C'est déjà beaucoup plus
intéressant. C'est qu'on ne veut pas que ce soit le même gars.
M. Bellemare (Johnson): C'est exactement ce que...
M. Giasson: Ce ne sont pas les médiateurs que vous
proposez d'après une liste qui va dans le sens...
M. Charron: Peu importe la façon. Ce que je veux
éviter, M. le Président, en m'adressant au ministre, c'est que ce
soit le même gars, parce que le monde sait que pour les syndiqués
puis les patronscela va des deux côtés les uns vont
tout demander et les autres vont rien offrir. On sait ce que c'est. Bon. Quand
ils vont voir venir le gars, cela va être une médiation
"framée", vous comprenez, parce qu'ils ne croiront pas au
médiateur, si c'est la même personne qui peut devenir juge.
Déjà, je suis bien prêt à étudier le
mécanisme, mais je trouve votre solution beaucoup
plus intéressante que ce qu'on nous propose, et dans le texte
original et même dans l'amendement annoncé. Moi, la Cour
provinciale, je n'y crois pas dans les conflits de travail. Je n'y crois pas.
Je suis d'accord avec votre version originale du Tribunal du travail. Mais le
Tribunal du travail comme juge, pas comme médiateur. Là, vous le
brûlez. Là, vous le détruisez. Là, vous risquez de
le "scrapper" je ne sais pas comment cela se dit en français
vous risquez de le détruire, de l'éliminer. Le Tribunal du
travail est un juge, et c'est un des rares juges respectables qui nous restent.
Aussi unanimement que cela, gardons-le dans cette fonction. Que vous disiez un
peu dans l'esprit, c'est travaillable, j'imagine que le ministre n'en fait une
proposition formelle, mais...
M. Giasson: Je vous posais une question suite aux craintes que
vous aviez exprimées.
M. Charron: D'accord. C'est cela l'esprit de mon affaire, que ce
ne soit pas la même personne. Moi, j'aime mieux que le juge, au bout de
la ligne, celui qui devra rendre une décision en cas d'échec de
la médiation, ne soit pas la même personne que celui qui a fait la
médiation, sans cela il n'y aura pas de médiation réelle,
comme je vous l'ai dit. J'aimerais mieux que ce juge vienne du Tribunal du
travail ou soit le Tribunal du travail plutôt qu'un juge de la Cour
provinciale.
On parle de relations humaines et on risque d'être dans une
période très agressive. Vous allez me dire: N'importe quel juge
de la Cour provinciale est une personne très respectable. J'en conviens.
Il est peut-être très respectable, mais s'il n'est pas très
respecté, on n'assurera pas les services essentiels. C'est ce qu'on a
voulu en votant unanimement cette loi: assurer les services essentiels. Nous
sommes dans le mécanisme pour le faire. Je dis: Mettons les meilleurs
hommes aux meilleures places pour nous assurer que les services essentiels
soient assurés.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Saint-Germain: M. le Président, il y a peut-être
un élément qu'on oublie dans ces discussions. Le sujet de la
médiation, ce seront les services essentiels. Alors ce n'est pas le
même but que l'esprit même du Code du travail qui, à la
base, a à déterminer deux parties, établir des salaires,
des conditions de travail, des choses comme cela.
M. Bellemare (Johnson):... Ce sont des parties en vertu de la
loi.
M. Saint-Germain: Oui, mais le médiateur, son rôle
ne sera pas dans le texte de la loi, son rôle sera de protéger le
malade qui est à l'hôpital. Il peut même arriver que
l'employeur, par exemple, soit un peu mou et que les représentants du
syndicat soient très agressifs. L'employeur ou la personne, je suppose,
qui va représenter l'employeur dans le contexte de ces discussions ne
sera pas nécessairement celle qui va discuter lorsqu'on voudra discuter
de conditions de travail ou de salaire et ainsi de suite. Ce sera probablement
d'autres gens. Dans ces discussions, on va essayer d'établir ce qu'il y
a d'essentiel pour le gars qui est dans son lit, ou pour le vieillard, ce qui
est essentiel pour lui comme soins.
Même si on en vient à une entente entre l'employeur et le
syndicat, cela ne veut pas nécessairement dire que ce sera la meilleure
entente. Si celui qui a charge de prendre les intérêts du malade
flanche, l'entente va être conclue, mais le gars va en souffrir et en
pâtir.
M. Bellemare (Johnson): Mais le député me
permet-il?
M. Saint-Germain: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Regardez, mettons-nous dans la discussion
des services essentiels. Pour le patron, c'est d'en avoir le plus possible pour
assurer les services des victimes et des malades.
M. Saint-Germain: Non, mais là vous...
M. Bellemare (Johnson): Pour le patron, c'est d'avoir les
services essentiels pour pouvoir répondre aux besoins des malades, mais
pour le syndicat, c'est de faire le plus mal possible pour se garder une
arme.
M. Charron: Pour son pouvoir d'intervention.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela, et veut veut pas, que ce soit
humain ou pas, le syndicat va forcer pour en avoir le moins possible parce que
c'est son arme de forcer la main du patron à céder devant les
revendications de la convention collective. C'est cela. C'est un état
sauvage.
M. Saint-Germain: Je crois que là vous parlez...
M. Bellemare (Johnson): C'est vous qui l'avez dit, c'est une
guerre...
M. Saint-Germain: Mais là je pense que vous admettez
fondamentalement qu'il ne devrait pas y avoir de droit de grève dans les
hôpitaux.
M. Bellemare (Johnson): Ah non!
M. Saint-Germain: Ecoutez, je n'ai pas l'impression que le
législateur accepte d'avoir des droits de grève dans les
hôpitaux et que la population aussi, par derrière, va accepter
qu'on se serve des impotents et des invalides comme otages.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas pire que les
élèves aujourd'hui qui servent d'otages dans les
négociations.
M. Saint-Germain: Oui, mais écoutez là.
M. Bellemare (Johnson): Le gars de la St.
Maurice et de la Wayagamack chez nous il ne se sert pas de la pitoune
lui, pour faire son intervention.
M. Saint-Germain: Ils ne changeront pas de contexte.
M. BeIlemare (Johnson): Non, mais seulement, vous en avez un,
là.
M. Saint-Germain: Mes enfants sont allés à
l'école et parfois trois semaines sans y aller. Je me demandais si ce
n'était pas un actif pour eux.
M. Bellemare (Johnson): Les services essentiels, ce sera
cela.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas la même chose.
M. Bellemare (Johnson): C'est comme cela que cela va se
négocier.
M. Saint-Germain: Ils apprenaient autant à la maison
parfois qu'ils pouvaient apprendre à l'école, mais enfin on ne
parle pas du même contexte. Vous avez...
M. Bellemare (Johnson): Entre l'école et la maison, ils en
apprennent en maudit.
M. Saint-Germain: Mais de toute façon, je ne pense pas que
ce soit le même contexte. Ce sont des services essentiels, alors je vois
mal... Celui qui va prendre part à la discussion sera-t-il le même
qui va prendre part aux discussions pour les services essentiels que pour...
Celui qui va représenter l'employeur ou qualifier ce qu'il y a
d'essentiel dans les services sera-t-il le même qui va discuter au niveau
des tables de négociation?
M. Forget: On sait que la négociation ne se fait pas
à l'échelle de chaque unité de négociation, elle se
fait, bien sûr, éventuellement, sur un plan local pour certaines
clauses qui sont sujettes à des adaptations locales, mais
essentiellement la négociation se fait à des tables provinciales.
Donc, ce ne sont pas les mêmes parties.
M. Saint-Germain: Ce ne devraient pas être des gens qui
travaillent aussi, nécessairement, dans le même esprit, je suppose
bien.
M. Forget: II faut noter qu'on se place dans le contexte d'un
conflit, d'un conflit virtuel au moins puisqu'on s'attend à une
période de grève, dans l'hypothèse où cette loi
s'applique, et qu'il y a effectivement une partie syndicale et une partie
patronale qui voient les choses différemment. C'est vrai, bien
sûr, à la table de négociations provinciale, mais c'est
vrai aussi sur le plan local. Il y a également à peu près
la même perception divergente entre les deux parties sur le plan local.
Je pense que c'est normal. On est dans une période, à ce
moment-là, d'opposition, de conflit d'intérêts; deux
intérêts se confrontent.
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre...
M. Saint-Germain: Si vous voulez me laisser terminer. Il faut
tout de même admettre, que ce soit d'un côté ou de l'autre,
qu'il y a des services qui sont évidemment essentiels. On va toujours
bien s'entendre là-dessus.
M. Forget: Sans doute, mais il y en a qui le sont moins
évidemment ou dont l'évidence est contestée par l'une des
parties et c'est pour cela qu'il faut un mécanisme.
M. Saint-Germain: O.ui, mais laisser un juge en décider,
cela ne me semble pas si mal. En principe, cela semble peut-être
acceptable, bien que je ne sois pas un spécialiste, mais je faisais la
différence entre des discussions qui ont lieu au niveau de la
détermination des services essentiels et les discussions qui ont lieu,
à la base, pour le problème qu'on a à solutionner, soit
les conditions de travail, etc.
M. Charron: C'est autre chose.
M. Saint-Germain: C'est tout à fait temporaire. Cela ne
doit pas être aussi important.
M. Charron: Quand je parlais tantôt de médiation, je
parlais de médiation sur les services essentiels. Je ne dis pas que le
médiateur dont on parlait tantôt...
M. Giasson: Ce n'est pas pour toutes les négociations.
M. Saint-Germain: On veut prendre toute la même
procédure et il me semble...
M. Charron: II faut qu'il y ait un médiateur sur les
services essentiels. A un moment donné, cela devient évident dans
un conflit, dans un affrontement, qu'on s'en va vers une grève. A partir
de ce moment-là, il faut que les deux parties soient réunies. Il
est légitimement prévisible et cela ne prend pas la
tête à Papineau pour s'en apercevoir que, d'ici quelque
temps, les avis ayant été donnés d'ailleurs, c'est
légalement inscrit il va y avoir arrêt de travail dans le
centre hospitalier ici ou dans le centre d'accueil ici.
Moi, je suis médiateur. Je vous convie, syndicat et direction du
centre hospitalier, pour me dire ce que vous considérez, vous, comme
services essentiels. Comme le disait le député de Johnson, les
patrons ils l'ont fait la dernière fois et c'est dans les
règles du jeu vont déposer 15 demandes de services
essentiels. Pour eux, les services essentiels pa va être, par exemple,
que les visites des hôpitaux soient maintenues en temps de grève,
parce que c'est un service essentiel, on a le droit de voir sa famille; quand
on est à l'hôpital, c'est déjà assez dur, etc.
Les grévistes, s'ils veulent que leur arme porte, il ne faut pas
que cela fonctionne en dedans de l'hôpital comme s'ils n'étaient
pas en grève. S'ils veulent que le public soit touché par leurs
conditions de travail et gagner l'appui du public sur leurs conditions de
travail, une des premières choses qu'ils vont essayer de stopper, ce
sont les visites à l'intérieur de l'hôpital.
Tu vas avoir quinze demandes du côté patronal et tu vas en
avoir trois. Ils vont être d'accord que le service de chirurgie, le
service hygiénique, etc., ce sont des services essentiels.
Mais ils vont s'entendre sur six points peut-être, mais les
patrons en mettent neuf de plus, eux. La collation à 3 heures de
l'après-midi, le patron s'essaie, vu qu'il y a un médiateur. Tu
es en négociation, tu en mets plus que tu vas en prendre. A un moment
donné, le médiateur va dire: Laisse donc tomber ta collation et
je vais obtenir les visites et des choses comme cela. C'est cela, une
médiation.
Le médiateur qui va être là a un temps limité
pour intervenir, on va s'y pencher tantôt. Je dis: II ne faut pas que ce
soit le même gars que celui qui va devenir juge, à un moment
donné. Il faut que ce gars-là fasse rapport à quelqu'un,
mais pas à lui-même.
Une Voix: A qui?
M. Charron: Au Tribunal du travail, pas à la Cour
provinciale qui n'a aucune expérience dans les conflits de travail.
C'est au Tribunal du travail qui, lui, tranche et c'est son métier.
M. Giasson: C'est là que...
M. Charron: Je termine mon exemple et, après cela, je suis
prêt à entendre toutes les interventions des
députés. Il faut que le médiateur, après le temps
limite, dise: M. le juge, membres du Tribunal du travail, j'ai essayé de
faire la médiation dans le centre hospitalier X de telle ville. On s'est
entendu sur cinq ou six points, mais on continue à ne pas s'entendre.
Les patrons continuent à considérer comme services essentiels que
les visites soient offertes aux patients; le syndicat continue de refuser cela.
A vous de trancher; ce n'est pas à moi de trancher.
Si les gens savent que le médiateur est en même temps celui
qui va devenir juge, il n'y en aura pas de médiation. Il n'y en aura pas
de négociation devant le médiateur. Tout le monde va sentir qu'il
intervient déjà directement comme un juge. C'est là la
distinction.
Si je me suis opposé à ce que le Tribunal du travail
apparaisse là-dedans, c'est comme médiateur, pas comme
adjudicateur; il est le meilleur adjudicateur possible, j'en conviens encore.
J'admets que c'est l'amener dans un rôle qui ne lui est pas coutumier,
mais, qu'est-ce que vous voulez, il nous en faut un tribunal pour
déterminer les services essentiels. J'aime mieux ce tribunal que
n'importe quel autre pour déterminer les services essentiels dans un
conflit de travail.
C'est vrai et je suis d'accord avec le député de Johnson,
on force la main au Tribunal du travail, il n'est pas venu au monde pour cela.
On le politise un peu, dans le sens qu'on l'oblige à intervenir, non pas
sur des questions de droit sur lesquelles il est habitué d'intervenir,
mais sur des questions de relations de travail. Tout cela est réel, mais
ne poussons pas jusqu'à l'amener comme médiateur. Le Tribunal du
travail n'a jamais été un médiateur, il est juge et il
juge quand la médiation a échoué, mais ce n'est pas
à lui de la faire. Si on l'oblige à le faire, ce qui est pire
et je termine avec cela, M. le Président c'est que si on
lui demande de n'être que médiateur et que le juge, après
l'échec de sa médiation, comme le commissaire émanant du
Tribunal du travail, soit un juge de la Cour provinciale, à mon avis,
cela devient un "free-for-all".
On va chercher un juge respectable, on le "déjuge", parce qu'on
en fait un médiateur. Il n'aura jamais l'occasion de se prononcer. Mais
celui qui aura l'occasion de se prononcer c'est celui qui peut, à
l'occasion, n'avoir aucune expérience dans les conflits de travail.
Imaginez-vous si on a amélioré les affaires!
Le Président (M. Brisson): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, je pense qu'on est vraiment
au coeur de la question.
M. Bellemare (Johnson): C'est certain, oui.
M. Bonnier: Quand elle sera solutionnée, le reste va
peut-être aller assez rapidement. Lorsque vendredi dernier on a
reçu les chefs syndicaux, ils ont émis des opinions, c'est bien
sûr, sur le processus. Le processus de médiation, en principe, ils
ont bien insisté pour qu'il soit, autant que possible, dissocié
du processus d'adjudication, c'est-à-dire de celui qui est responsable
de trancher le phénomène. Mais, en pratique, il faudra voir
comment cela va se faire, parce qu'on a souligné l'importance de cette
liste qui est constituée par le Comité consultatif de la
main-d'oeuvre et du travail. Comment pourrait-on sélectionner, à
partir de là, des médiateurs qui vont aller dans les nombreux
établissements? Il faudrait penser à cela. Je pense que la
démarche est quand même très bonne de disséquer,
mais il me semble que Marcel Pepin nous a mis en garde contre le fait
d'utiliser le Tribunal du travail...
M. Pilote: Cour d'appel.
M. Bonnier: C'est-à-dire qu'il nous a souligné que
c'était surtout une Cour d'appel. A partir de ce moment-là, je
comprends notre problème, c'est qu'on a plus confiance aux gens du
Tribunal du travail pour statuer, finalement. Je pense que le
député de Saint-Jacques l'a perçu, puisqu'il a dit: C'est
vrai qu'on les sort un peu de leur rôle. Mais est-ce qu'on aurait raison
de les sortir de leur rôle. Est-ce qu'on a suffisamment examiné
qui pourrait, finalement, porter un jugement sans nécessaire-
ment avoir recours au Tribunal du travail? Parce que le Tribunal du
travail on le compromet jusqu'à un certain point dans ses
décisions futures aussi; il faut bien faire attention à cela.
M. Charron: C'est vrai, c'est vrai.
M. Pilote: Que ce soit un juge du Tribunal du travail qui serve
de médiateur ou que ce soit lui, le Tribunal du travail, qui prenne une
décision à la fin, cela change quoi? Les ouvriers sentent une
menace, à ce moment-là, dès le départ des
médiations ou du médiateur.
M. Charron: A mon avis, M. le député, cela change
les chances de réussite de la négociation.
M. Bellernare (Johnson): Voyez-vous ce qui arrive? Je pense que
le ministre n'a pas parlé, mais je...
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: ... de deux façons, M. le Président,
j'écoute avec beaucoup d'intérêt les membres de la
commission, il va sans dire. J'essaie aussi d'apporter certaines clarifications
qui, je pense, seraient susceptibles de faire progresser la commission vers
peut-être une convergence des points de vue.
Cependant, et c'est le deuxième point, si on discute de la loi
comme ça, j'ai l'impression qu'on ne saura plus comment se retrouver.
Parce que si je comprends bien le sens des remarques qui ont été
faites par tous les intervenants depuis quelques minutes, on discute, dans le
fond, de l'article 10 et j'aurai des amendements à faire à
l'article 10. Si simplement, on étudie le reste en ayant à
l'esprit l'idée que je vais proposer des modifications, je pense que la
plupart des remarques qu'on a entendues ici ne portent pas à
conséquence pour les articles 2 à 9. Je pense que je
pourrai...
M. Charron: On est à...
M. Forget: Essentiellement, le rôle du tribunal est
c'est peut-être un aspect important et d'ailleurs le rôle du
commissaire aux services essentiels n'est pas d'intervenir dans la
négociation entre les parties. Le rôle du commissaire est de voir
à l'existence d'une structure d'intervention des commissaires-adjoints
qui, eux, sont chargés de rendre des décisions dans des cas
particuliers. Son rôle est donc de voir à ce que la loi sur les
services essentiels soit effectivement appliquée par la
désignation de commissaires-ajoints, par les instructions
générales qu'il leur donne. Donc, c'est un rôle
véritablement de voir à ce que l'esprit de la loi et la lettre
soient appliqués. Le rôle du commissaire-adjoint intervient en
fait à une deuxième étape. La première est
constituée, d'ailleurs c'est indiqué dans la loi, par ce
délai de trente jours pendant lesquels on s'attend que les parties
négocient entre elles, s'entendent entre elles quant aux services
essentiels à fournir. Rien n'interdit aux parties, c'est une des choses
que l'on peut mentionner et c'est une des choses qu'effectivement, j'ai
l'intention d'insérer comme une des possibilités dans l'article
10, rien n'empêche les parties de désigner, d'un commun accord, un
médiateur qui pourra les aider à arriver à un accord.
Si, cependant, un accord n'arrive pas, soit qu'un médiateur soit
nommé ou non les parties sont maîtresses de la situation
il faut prévoir, c'est le but de la loi... Le but de la loi n'est
pas de provoquer comme tel les négociations sur les services essentiels,
mais d'aménager un mécanisme au cas où cette
négociation n'aurait pas lieu, parce qu'une des parties s'y refuse, ou
serait infructueuse. C'est à ce moment que le commissaire intervient par
la nomination du commissaire-adjoint et le commissaire-adjoint lui-même,
je pense que c'est une chose qu'on peut préciser, doit sans aucun doute,
s'il y a eu un effort entre les parties, limiter son rôle à une
fonction plus strictement judiciaire. Je pense qu'on peut le formuler en des
termes tels qu'il y a une nette séparation entre la phase
négociation entre les parties, accompagnés ou non, au choix des
parties, d'une médiation et la phase proprement dite d'application de la
loi.
Je suis disposé à apporter des éclaircissements,
mais ça se situe à l'article 10. Je pense que si on fait
ça, il y a beaucoup moins de difficultés que je devine, du moins,
à partir des remarques déjà faites ici pour les autres
dispositions qui sont des dispositions, dans le fond, d'organisation
générale.
M. Bellernare (Johnson): II y a une suggestion qui me vient
à la tête après avoir brassé bien des idées
et avoir pris l'opinion de plusieurs. On demande actuellement plus que jamais,
dans l'éducation, un ombudsman. On demande un ombudsman dans
l'éducation pour décider des carences et surtout de
l'interprétation de la loi. On le demande, mais on ne l'a pas
accordé. Mais est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de trouver
un homme qui serait un ombudsman qui déciderait, après que les
commissaires-adjoints auraient discuté de la possibilité de
s'entendre sur les services essentiels comme cela existe dans le Code du
travail pour les commissaires enquêteurs. Ceux-ci, quand ils n'ont pas
fini leur travail et qu'ils ne se sont pas entendus, reportent le tout au
Tribunal du travail qui décide, ce qui est, ni plus ni moins, un
ombudsman. Pourquoi, aux fins d'une loi des services essentiels, ne pas trouver
un homme, quelqu'un qui serait en dehors de toute politique possible, d'une
grande compétence en relations du travail, qui pourrait devenir un
ombudsman? Après que les discussions auront achoppé ou que les
discussions auront été faites par des adjoints ou par le
commissaire lui-même, pour ne pas donner toute discrétion ou pour
empêcher les négociations de se faire, pourquoi ne pas donner
à l'ombudsman lui-même le soin de définir, de trancher la
question?
On va loin. Cela, c'est de la législation nouvelle, c'est du
droit nouveau. Puis je vous garantis
que d'ici quelques années, M. le ministre, dans le domaine du
travail, il va falloir innover. Il va falloir innover parce que les conventions
collectives ça ne tient plus. On sait que cela sort, puis le lendemain
matin, cinq mois plus tard, c'est à recommencer. Dans les relations du
travail il va falloir innover.
Alors, moi je dis peut-être qu'on pourrait trouver une personne
d'une haute compétence. On a trouvé dans la province un
ombudsman. Cela c'est important, un homme qui va avoir la
responsabilité, en définitive, pas le ministère du
Travail, pas les juges de la Cour provinciale, mais un ombudsman qui va
décider les services essentiels. Et dès que le pli va être
fait, dès que la trame va être établie, dès qu'on va
avoir de la jurisprudence d'établie, cela va devenir pour l'ombudsman
une chose assez facile, parce qu'on va négocier au point de vue de
l'établissement local, cela c'est sûr, c'est votre assertion
pendant les débats, dans les établissements locaux, avant d'aller
n'importe où ailleurs.
Alors, pourquoi pas peut-être établir un système
d'ombudsman? Je ne dis pas que c'est la solution. Cela en est une
peut-être.
M. Forget: M. le Président, le commissaire aux services
essentiels, sauf une différence de vocabulaire, n'est pas autre chose
qu'un protecteur du citoyen, un ombudsman relativement aux services
essentiels.
M. Bellemare (Johnson): C'est qui, c'est un juge?
M. Forget: Bien c'est, qu'il vienne de n'importe où...
M. Bellemare (Johnson): Pourvu que ce ne soit pas un juge.
M. Forget:... qu'il vienne de n'importe où... M.
Bellemare (Johnson): Ah oui, dans la liste...
M. Forget: ... il reste que c'est une chose que le
député de Johnson n'a pas précisée. Il a dit un
homme qui a tout le respect, etc., mais si le juge est...
M. Bellemare (Johnson): Regardez dans le sixième rapport.
Regardez dans le sixième rapport, le conseil a publié...
M. Forget:... un groupe quelconque.
M. Bellemare (Johnson): ... sa sixième liste
annotée d'arbitres de griefs, laquelle comprend maintenant seulement 87
personnes. Ils l'ont épurée cette liste.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais que le
député de Johnson me laisse terminer.
M. Bellemare (Johnson): Oui c'est vrai, excusez-moi, j'ai bien
essayé mais je suis un impulsif.
M. Forget: ... j'ai eu à son égard plus de patience
que...
M. Bellemare (Johnson): Que vous en avez.
M. Forget: ... que j'en ai de sa part, il reste qu'il ne faut pas
le bénir avec l'eau du bain. De quoi parle-t-on là? On parle
d'une procédure qui, déjà, comporte deux étapes. Il
ne faut pas que cela prenne des années non plus, parce que la
grève va être finie depuis longtemps quand finalement on va avoir
les décisions de tout le monde. Vous avez un délai pour que les
parties s'entendent et se désignent un médiateur si le coeur leur
en dit. Vous avez d'autres délais pour nommer un commissaire adjoint qui
va se saisir de l'affaire. Si, en plus de cela, il faut avoir une instance
d'appel ou de révision des décisions du commissaire adjoint, cela
va prendre un bon trois, quatre mois avant qu'on sache de quoi il retourne.
Il semble qu'il faut essayer de concilier le désir d'avoir
l'espèce de Cour suprême sur place dans chaque centre hospitalier
au Québec, ce serait peut-être l'idéal. Je pense que ce
serait peut-être aussi un peu compliqué et un peu onéreux
et le désir que cela aboutisse à des décisions dans un
délai raisonnable qui ne fasse pas une moquerie de l'idée qu'il y
a quand même un droit de grève qui est suspendu tant et aussi
longtemps qu'on n'a pas de décision. Il y a un équilibre à
établir entre les deux.
Il me semble que si on ménage deux étapes comme c'est
prévu, si on dit d'abord les parties doivent s'entendre, les parties
peuvent désigner d'un commun accord un médiateur pour les aider
à s'entendre. Si elles ne réussissent pas à s'entendre, il
faut bien que cela débouche sur quelque chose. A ce moment-là, le
commissaire adjoint intervient, après avoir entendu les parties, et le
médiateur doit se prononcer. Cela il le fait dans le cadre d'une
délégation d'autorité du commissaire aux services
essentiels. Il joue le rôle de protecteur du citoyen, qui doit adopter
là-dessus une attitude impartiale, qui va être un individu qu'on a
choisi avec un très grand soin et pas n'importe où, et ce ne sera
pas n'importe qui. Donc nous allons avoir là à peu près
les conditions que suggère le député de Johnson, moins une
procédure d'appel qui m'apparaît, si on s'engage dans des appels,
dans des...
M. Bellemare (Johnson):... de médiation.
M. Forget: Sans aucun doute, on est en faveur de la
médiation.
M. Bellemare (Johnson): A partir de la médiation que vous
favorisez, vous êtes en faveur que ce ne soit pas un juge, d'aucune
cour.
M. Forget: Le médiateur?
M. Bellemare (Johnson): Oui. M. Forget: Sans doute.
M. Bellemare (Johnson): A partir de là, je pense qu'on
fait un grand pas.
M. Charron: Ce n'était pas le texte original.
M. Bellemare (Johnson): Si le commissaire-enquêteur ou si
le commissaire-médiateur, le commissaire qui joue le rôle
d'instrument, n'est pas un juge, on fait un grand pas. On fait un pas dans la
bonne voie. Il reste un fait certain, si le commissaire n'est pas un juge,
dé quelque cour que ce soit, je pense qu'on avance. Maintenant, l'autre
pas, essayons de le faire ensemble.
M. Forget: D'accord.
M. Charron: Ce que vous voulez éviter, si je peux
préciser, c'est que celui qui sera médiateur ne devienne, en
même temps, juge. Ce sera deux personnes.
M. Forget: Exact.
M. Charron: C'est déjà un gain considérable
sur le texte original.
M. Forget: Ce n'est que préciser une
possibilité...
M. Bellemare (Johnson): De la parlote, de la parlote et puis?
M. Forget:... et même l'exigence de la loi que les
parties...
Est-ce qu'on pourrait avoir de d'ordre, un peu, M. le Président,
parce que, si on parle tous en même temps, il y a des chances qu'on ne se
comprenne pas?
Il y avait, dans la loi, deux étapes. Je me répète
pour le bénéfice du député de Saint-Jacques qui
n'était pas avec nous tantôt. Il y a deux étapes. Il y a
une étape où les parties ont la responsabilité de
s'entendre et de définir entre elles les services essentiels. Rien
n'interdit dans le texte même, sans le modifier cela va devenir
plus clair si on le modifie aux parties de s'entendre sur un
médiateur pour les aider à obtenir justement cet accord entre
elles. Ceci étant précisé, je crois que la nature du
rôle du commissaire adjoint sera beaucoup plus clairement un rôle
judiciaire, un rôle de juge.
Je suggérerais, M. le Président, qu'on reprenne
l'étude des articles un peu dans l'ordre. Autrement, on va revenir
constamment sur les mêmes affaires.
Le Président (M. Brlsson): Article 1, adopté?
M. Charron: Je suis bien d'accord, je veux juste avoir une
précision. A l'article 1 e), de quel tribunal parlons-nous?
M. Forget: J'ai suggéré que l'on regarde... M.
Charron: La Cour provinciale?
M. Forget:... cela plus largement, mais je vous ferai noter que
les membres du Tribunal du travail sont membres de la Cour provinciale,
automatiquement. Cela ouvre donc la possibilité de regarder cela plus
largement, de toute façon, avec la même préoccupation
d'avoir quelqu'un qui a une connaissance du milieu du travail et qui a les
qualités d'autonomie et d'indépendance...
M. Bellemare (Johnson): Cela veut dire que ce sera le Tribunal du
travail. Cela revient à dire cela.
M. Charron: Vous laissez 1 e) tel qu'il est.
M. Forget: Oui, parce que les références sont
conformes, tout en modifiant l'article 2. Je pense qu'il n'y a pas de
problème. S'il y a des problèmes, on y reviendra et on le
corrigera. On va s'en apercevoir au long du texte.
Le Président (M. Brlsson): Adopté. M. Bellemare
(Johnson): Sur division.
Le Président (M. Brlsson): L'article 1 ne sera pas
adopté en totalité, étant donné que les paragraphes
b) et c) sont suspendus.
Article 2?
Le commissaire
M. Forget: II y a un amendement. J'aurai des copies dans quelques
minutes. Mon conseiller juridique a quitté pour préparer une
autre révision. L'article 2 est celui-ci: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil nomme un commissaire aux services essentiels parmi les juges membres de
la Cour provinciale". Cela remplace le premier paragraphe.
Le Président (M. Brlsson): Au lieu de "membres du
Tribunal", c'est "les juges membres de la Cour provinciale".
M. Bellemare (Johnson): On nomme un commissaire qui va être
un juge, quel qu'il soit.
M. Charron: Cela n'améliore pas la loi.
M. Bellemare (Johnson): Non. Cela devrait être: Le
lieutenant-gouverneur en conseil nomme un commissaire aux services essentiels
parmi les personnes les plus compétentes qui sont soumises par le
Conseil consultatif du travail; parmi la liste qui est faite et qui est
acceptée par toutes les parties. Toutes les parties acceptent cela. Il y
a des avocats, il y a toutes sortes d'hommes là des hommes
extrêmement compétents. Il y a des professeurs
d'université, des professeurs de droit, des personnes provenant d'autres
disciplines, des relations industrielles, économiques, de la
sociolo-
gie, de l'administration, du génie, de la médecine et du
commerce, parmi les personnes les plus aptes à remplir la fonction.
Si vous vous limitez seulement aux juges, vous allez sûrement
avoir besoin d'aller en dehors de cela, M. le Président. Si vous
décidez de nommer des juges, bien, que voulez-vous?
M. Charron: Si ce sont des juges, que ce ne soit pas ceux de la
Cour provinciale, mais que ce soit ceux du tribunal du travail.
M. Giasson: L'un n'exclut pas l'autre.
M. Charron: L'un n'exclut pas l'autre, mais l'un n'inclut pas
l'autre non plus. Il se peut que n'importe quel juge en vienne, à un
moment donné, à trancher un conflit de relations du travail pour
lequel il n'est absolument pas préparé. Comme je vous le disais
tantôt, on n'est pas ici pour se conter des pipes. Supposons qu'à
Rimouski, dans un autre endroit bien précis ou dans la région du
ministre, un juge est identifié pour ses positions très
conservatrices, que son passé, avant d'être sur le banc, par
exemple, est un passé absolument ouvert au point de vue patronal, que
tout le monde le connaît dans le coin, qu'il a été
nommé juge pour des raisons politiques ou n'importe quoi. C'est lui,
à un moment donné, qui est appelé à trancher. Les
syndiqués ne le respecteront pas. C'est clair. Ils ne le respecteront
pas.
M. Giasson: Je comprends parfaitement votre point de vue. Tous
les juges n'ont pas cette attitude.
M. Bellemare (Johnson): On pourrait dire: Parmi les 10 ou 20 ou
25 noms qui seraient soumis par le Conseil supérieur du travail. Si vous
limitez cela à la Cour provinciale, et à seulement des juges,
cela n'aura pas l'effet que cela veut avoir. Le lieutenant-gouverneur en
conseil nomme un commissaire aux services essentiels parmi les 20 ou 25 noms
soumis par le Conseil supérieur du travail. Eux, vont soumettre 25 noms.
Ce seront les parties patronale et syndicale qui les soumettront ces 20, 25
noms. Ils vont être sur une liste publique. Le gouvernement choisira
celui qu'il voudra. Là, vous serez sûrs d'avoir l'assentiment des
patrons et des syndicats. Parce qu'il y a une liste de 85 noms. Ils sont
capables d'en faire une de 10 ou de 15. Ils peuvent en faire une de 5 ou de 10
ou de 25. Pourquoi ne pas dire: Un commissaire aux services essentiels parmi
les 20 personnes que désignera le Conseil supérieur du travail?
La liste va s'établir annuellement. S'il y a des changements à
faire parce qu'ils n'ont pas été bons, vous les changerez.
M. Forget: M. le Président, je pense qu'on tourne un peu
en rond; après avoir applaudi à la proposition d'amendement que
je présentais tantôt...
M. Bellemare (Johnson): Sur le moment, je trouvais que vous y
alliez...
M. Forget: ... je pense que le député de Johnson a
des remords.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est vrai.
M. Forget: II me semble qu'on tourne un peu en rond pour une
autre raison, c'est qu'on vient de faire une longue argumentation dont j'ai,
d'ailleurs, indiqué qu'elle me paraissait au moins bien fondée
dans le sens où le texte pouvait bénéficier d'un
éclaircissement à cet égard, pour distinguer les fonctions
judiciaires des fonctions de conciliation. Bon!
Cette distinction étant faite elle se fera à
l'article 10, mais nous venons d'en parler pendant une heure il me
semble que, si on veut être logique avec la position qui était
tenue par les deux membres de l'Opposition, on doit reconnaître qu'il est
tout à fait normal dans un tel contexte puisque le rôle du
commissaire et de ses adjoints sera plus clairement défini comme un
rôle judiciaire, un rôle d'adjudication qu'on trouve chez un
juge les qualités et le "background", si l'on peut dire,
nécessaires à faire cette intervention, pourvu que, bien
sûr, pas n'importe qui soit nommé. C'est une décision qui
viendra après, et on sera jugé sur la nomination qui sera
faite.
Il reste que la loi...
M. Charron: II ne faut jamais oublier que c'est la
décision du patron.
M. Forget: C'est une décision du gouvernement.
M. Charron: Du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Forget: Effectivement! C'est une décision pour
laquelle...
M. Charron: Raison de plus pour être prudent.
M. Forget:... il sera jugé et qu'on ne peut pas prendre
pour lui par des restrictions à son pouvoir de décider. Il sera
jugé sur la qualité de la décision qu'il prendra à
ce moment.
Alors, je ne vois pas pour quel motif on exprime autant de
réticence, ayant déjà clarifié un premier point,
qui est le rôle judiciaire, la nature judiciaire de l'intervention du
commissaire.
Je ne vois pas pourquoi on a tellement de réticences à
vouloir maintenant en faire un arbitre, à le choisir parmi une liste
d'arbitres ou parmi une liste qui est dressée comme une liste
d'arbitres, ce qui revient un peu au même, puisque c'est un peu revenir
sur la thèse, en sens opposé...
M. Bellemare (Johnson): Non, mais dans l'office des professions,
cela existe.
M. Forget:... qu'on maintenait tantôt.
M. Bellemare (Johnson): L'exemple existe, c'est à
même une liste de 150 noms qu'on doit
choisir les personnes qualifiées. Cela existe dans la nouvelle
loi des professions.
M. Forget: II y a beaucoup d'endroits où il y a des
nominations qui sont faites à partir des listes, mais là n'est
pas l'argument crucial. L'argument crucial est que pour ce qui est de la
nomination à une fonction judiciaire, il est tout à fait normal
de désigner un juge. Etant donné que ce n'est pas une fonction
permanente dans le sens où le problème se soulève une fois
à tous les trois ou quatre ans, il serait un peu difficile d'expliquer
comment on peut nommer une personne et organiser un service de façon
permanente, selon les règles habituelles de permanence de n'importe quel
service public, alors qu'on l'utilisera à des intervalles très
éloignés.
M. Charron: M. le Président, en quelques mots, je veux
signaler mon opposition à l'amendement annoncé par le ministre,
qui viserait à remplacer les mots "du tribunal" par les mots "de la Cour
provinciale", pour deux raisons. La première, je l'ai signalée en
interrompant illégalement le ministre. Il ne faut pas oublier que c'est
le patron dont on parle. C'est déjà assez que de remettre au
patron le pouvoir de choisir le juge dans un différend qui l'oppose
à ses employés sans lui permettre une ouverture du choix du juge
qui soit encore plus grande que celle prévue à l'article 2
originellement.
Je me serais plié à l'article 2 originellement si j'avais
été au moins certain que la liberté de manoeuvre du patron
soit que lorsqu'il doit se convertir en gouvernement, son choix soit
limité au moins à un tribunal spécialisé dans les
conflits de travail. En plus de cela, le patron, voulant se garder le droit
d'intervenir devant le juge, peut aller chercher n'importe quel juge, y compris
les plus réactionnaires, les plus rétrogrades qu'on puisse
trouver et les plus ignorants des conflits de travail. Il faut bien le
dire.
Il y a de la "scrap" dans la Cour provinciale et il y en a une maudite
gang qui ne devraient jamais être là, qui ont été
nommés là pour toutes sortes de raisons politiques ancestrales.
On n'a pas à traîner cela dans les conflits de travail. Mon
opposition n'est pas à l'article 2, mais à l'amendement
qu'apporte le ministre à l'article 2. Je suis satisfait de l'article 1e)
qui dit que le tribunal dont on parle est le Tribunal du travail et je voudrais
bien que le lieutenant-gouverneur en conseil lorsqu'il doit nommer un
commissaire pour procéder à l'adjudication et non pas à la
médiation c'est un point de gagné de certaines
déterminations de services essentiels, sa liberté soit un tant
soit peu réduite et qu'il s'en tienne au Tribunal du travail.
Or, je voterai contre l'amendement du ministre des Affaires
sociales.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le ministre vient
de nous dire que la décision qui devrait être rendue, devrait
être une décision judiciaire. Ecoutez, il faut ignorer totalement
la question des relations du travail. Quand on parle de décisions
judiciaires pour établir des services essentiels qui vont être
plutôt basés sur des relations humaines, sur des relations de
circonstances ou des faits, ce n'est pas l'interprétation d'une loi au
point de vue judiciaire qui va être en cause. C'est plutôt une
question purement et simplement de droit à savoir, quels sont ceux qui
sont nécessaires ou non pour rendre justice au point de vue des
relations humaines entre les parties.
Ce n'est pas du tout judiciaire. Ce sont plutôt des relations
humaines. Or, comme vient de dire le député de Saint-Jacques, le
patron c'est le gouvernement. Le gouvernement va nommer, à même la
Cour provinciale, parfois, des gens qui vont peut-être être
médiocres. Je n'emploierai pas d'expressions pour être
désagréable aux juges, mais qui vont être médiocres
et ne connaîtront pas un maudit mot des relations
patronales-ouvrières.
A ce compte, j'aime mieux garder le Tribunal du travail, le sacrifier
mais garder le Tribunal du travail et ne pas mettre la Cour provinciale. Je
suis obligé de faire un retour et de dire que j'ai accepté parce
que je voyais qu'on sacrifiait le Tribunal du travail. J'ai été
trop vite là.
M. Saint-Germain: Mais il y a quelque chose qui n'a pas
marché, certain.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, certain, et plus j'y pense,
j'aime mieux garder les membres du tribunal. C'est tout.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, avez-vous fini?
M. Bellemare (Johnson): Parce que, M. le Président, on va
aller à la Cour provinciale, écoutez une minute!
M. Forget: M. le Président.
M. Bellemare (Johnson):... M. le Président, on va aller
dans une Cour provinciale. Ecoutez une minute. On ne garantit rien dans le
fond, on ne règle rien.
M. Forget: Si le député de Johnson me permet de
l'interrompre pour suivre un précédent qu'il a lui-même
créé...
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui.
M. Forget: J'aimerais vous dire que les distingués
collègues de l'Opposition n'ont pas fini de nous étonner.
Après les avoir entendus à de nombreuses reprises, non pas
peut-être le député de Saint-Jacques, mais son
collègue le député de Maisonneuve et le
député de Johnson nous dire combien c'était terrible de
demander au Tribunal du travail d'assumer une tâche comme celle-là
et d'avoir discuté aussi quelle était la nature de cette
tâche, j'ai cru qu'il pourrait leur être agréable que l'on
envisage le problème un peu plus largement et la possibilité de
choisir le commissaire aux services essentiels parmi les membres de la Cour
provinciale. On nous dit maintenant qu'on préfère...
M. Bellemare (Johnson): C'est vous qui avez dit que la Cour
provinciale, c'est le Tribunal du travail. C'est vous qui l'avez dit tout
à l'heure.
M. Forget: S'il vous plaît, M. le Président, j'avais
la parole.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est vrai.
M. Forget: M. le Président, comme on nous a dit que
maintenant on s'est ravisé et que finalement ce n'était pas une
si mauvaise idée qu'il y avait dans le texte original de la loi, qu'on
veut le Tribunal du travail, que c'est beaucoup préférable, je
vais retirer mon amendement, M. le Président et on va le garder tel
quel, parce que c'est le voeu à la fois du député de
Saint-Jacques et du député de Johnson.
M. Charron: J'avais décidé de ne plus intervenir
là-dessus, mais vous provoquez volontairement mon intervention.
M. Forget: Non. C'est vous qui provoquez mon rejet.
M. Charron: Je vous ai dit encore une fois et je vais le redire,
notre position à la présence du Tribunal du travail dans cette
loi ne tient pas au fait que nous n'acceptions pas qu'il soit, en cas de
besoin, juge pour la détermination de services essentiels. Dans
l'article original et tant que l'on n'arrivera pas aux amendements des
articles 9 et 10 que vous nous promettez, que vous nous avez
annoncés il était à la fois médiateur et
juge. On n'acceptait pas que le Tribunal du travail soit traîné
là-dedans. C'est clair? Qu'on oblige un tribunal à être
à la fois un médiateur, pour être par la suite un juge,
c'est cela qu'on n'acceptait pas.
Il est bien évident qu'entre la Cour provinciale et tout ce que
cela peut comporter et le Tribunal du travail adjudicateur, non pas
médiateur, adju-dicateur de services essentiels dans le cas d'impasse de
médiation, notre choix est clair, j'aime mieux la version originale.
Vous retirez votre amendement et j'en suis bien content.
Le Président (M. Brisson): Article 2, adopté?
M. Saint-Germain: Juste une question. Ce juge, de toute
façon, il n'aura pas simplement des questions judiciaires. Il va
être responsable de voir, dans les hôpitaux ou dans les
établissements, à ce que les services soient rendus, en plus.
M. Forget: Par l'application de la loi.
M. Saint-Germain: Bien oui. Alors que s'il y a un doute...
M. Forget: Ce n'est pas lui qui rend les services, ce n'est pas
lui qui s'assure de l'application de la loi. Il donne tout simplement une
adjudication en fonction de la loi, quant aux services qui doivent être
considérés comme essentiels lorsque les parties n'ont pas
réussi à s'entendre.
M. Saint-Germain: Son rôle est terminé après
cela.
M. Forget: On va voir. Je ne veux pas discuter ici de toute la
loi, mais c'est essentiellement là son rôle de voir à
l'application d'une décision, à rendre une décision entre
les parties qui n'ont pas pu s'entendre.
M. Bonnier: M. le Président, si je peux retarder la
commission encore pour un renseignement. Les adjoints, les
commissaires-adjoints, est-ce que ce sont des juges également?
M. Forget: Non.
M. Bonnier: Non, pas nécessairement.
M. Forget: Lisez l'article 2.
M. Bonnier: Dans le fond, on nomme juste un juge. Moi, je
m'excuse de revenir en arrière, mais encore à l'argumentation de
la CSN en particulier, vendredi. Ils disaient: Faites bien attention au
Tribunal du travail, c'est un tribunal d'appel. Le député de
Johnson a bien situé le rôle du Tribunal du travail, d'ailleurs,
il connaît cela.
Là, on demanderait, à un des juges du Tribunal du travail,
de statuer, dans le fond, dans des conflits très précis, ce
qu'ils ne font pas, d'une façon ordinaire, dans le même sens. Vous
appelez cela comme une fonction administrative.
Etant donné que c'est un seul juge, dans le fond, sur l'ensemble
des juges de la Cour provinciale, le commissaire, est-ce qu'on ne serait pas
mieux de laisser la Cour provinciale, pour ne pas toucher au tribunal?
M. Bellemare (Johnson): Le ministre m'a surpris...
M. Bonnier: Je vous pose la question.
M. Bellemare (Johnson): A ce moment-là, c'est
peut-être...
M. Bonnier: C'est parce que dans mon esprit...
M. Bellemare (Johnson): II y a sept juges à la cour du
Tribunal du travail. Ces gens-là sont tous extrêmement
versés dans le droit ouvrier; ils ont fait cela toute leur vie. Il y a
Geoffroy, Marcotte, etc.; ce sont tous des gens compétents.
Le Président (M. Brisson): Article 2, adopté?
Article 3, adopté?
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 4?
Adopté. Article 5, adopté?
M. Charron: Attendez un peu, M. le Président.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 6,
adopté?
Adopté. Article 7?
Grève ou lock-out
M. Bellemare (Johnson): Le deuxième paragraphe: "Un accord
ou une décision porte notamment sur le nombre minimum de postes d'emploi
qui doivent être occupés efficacement par les employés
réguliers pour fournir les services essentiels et sur la
possibilité d'accès des bénéficiaires".
C'est quasiment une définition des services essentiels. Ce qui
m'inquiète, c'est la localisation; ce n'est pas déterminé
dans cela.
J'avais fait un amendement, M. le Président, en remplaçant
le deuxième alinéa par le suivant: "Un accord ou une
décision porte notamment a) sur le nombre minimum de postes d'emploi qui
doivent être occupés efficacement par les employés
réguliers de l'établissement ou de l'organisme assimilé
concerné; b) sur la possibilité d'accès et sur les besoins
particuliers des bénéficiaires de tels soins ou de l'organisme
assimilé concerné".
Je pense que là on touche véritablement le fond, au point
de vue de la négociation, au point de vue de la localisation.
M. Forget: Je voudrais savoir, M. le Président, du
député de Johnson, ce qu'il entend par les besoins
particuliers.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, je pense que les besoins
particuliers, ce sont les services essentiels, c'est bien sûr. Comme vous
l'avez déjà défini dans une autre séance, cela
devrait se faire localement. Je pense que cela rencontre mieux l'explication de
l'article 7. Simplement cela, parce que c'est au point de vue local. "Un accord
ou une décision porte notamment sur le nombre minimum de postes d'emploi
qui doivent être occupés efficacement par les employés
réguliers de l'établissement ou de l'organisme hospitalier et sur
la possibilité d'accès et sur les besoins particuliers des
bénéficiaires de l'établissement ou de l'organisme
assimilé".
Il y a des établissements qui peuvent varier, cela peut
être des établissements psychiatriques ou de médecine
générale, ce peut être des centres d'accueil, ce peut
être toutes sortes de choses. Alors, c'est pour cela qu'on dit sur "la
possibilité d'accès et sur les besoins particuliers des
bénéficiaires de l'établissement".
Je ne sais pas si vous voulez le laisser en suspens. C'est le
deuxième paragraphe, M. le Président, qui pourrait être
amendé dans ce sens.
D'abord, dans votre article, vous trouvez "le nombre minimum de postes
d'emplois"; dans mon amendement, je le retrouve. "Occupés efficacement
par les employés réguliers", je le retrouve dans votre article.
J'ajoute à b) "sur la possibilité d'accès et sur les
besoins particuliers des bénéficiaires de rétablissement",
parce que cela peut être diversifié selon que c'est un
hôpital psychiatrique, un hôpital général, un centre
d'accueil, so and so. C'est simplement pour définir au point de vue
local.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection à ajouter ces mots.
M. Bellemare (Johnson): Vous les retrouvez presque au texte dans
votre projet de loi, mais ils sont dits autrement pour couvrir plus, quand on
définit au point de vue local.
M. Forget: "Sur la possibilité d'accès et sur les
besoins particuliers des bénéficiaires", après les mots
"services essentiels". "Ainsi que sur la possibilité d'accès et
sur les besoins particuliers des bénéficiaires". Est-ce que cela
conviendrait au député de Johnson, cet amendement?
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous prenez aussi "par les
employés réguliers" des établissements, ça y est
ici?
M. Forget: C'est noté tout au début, ce sont
seulement les deux dernières lignes du dernier paragraphe.
te Président (M. Brlsson): Ce serait après les mots
"services essentiels"?
M. Forget: C'est ça.
Le Président (M. Brlsson): Avant "et" on ajouterait...
M. Bellemare (Johnson): II y a simplement "de
l'établissement", qui n'est pas dit dans votre article.
M. Forget: Pourvu qu'on parle des bénéficiaires,
étant donné la définition de bénéficiaires,
on n'a pas besoin de le répéter.
M. Bellemare (Johnson): On ajoute...
M. Forget: Après le mot "essentiels", on ajoute "ainsi que
sur la possibilité d'accès et les besoins particuliers des
bénéficiaires".
M. Bellemare (Johnson): On n'a pas besoin de mettre "de
l'établissement et de l'organisme assimilé", parce qu'on parle de
bénéficiaires.
M. Forget: Quand on parle des bénéficiaires, ce
sont les bénéficiaires de l'établissement par
définition.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, "la possibilité
d'accès et les besoins particuliers des
bénéficiaires".
M. Forget: L'idée de faire référence aux
conditions locales par ce moyen est tout à fait appropriée.
M. Bellemare (Johnson): Les normes pour définir les
services essentiels vont être définies aux tables sectorielles ou
au niveau local?
M. Forget: Cela va être fait localement. M. Bellemare
(Johnson): Localement.
M, Forget: Enfin, il y a eu des tentatives de négociations
au palier provincial qui ont achoppé puisque deux des centrales qui se
préoccupent de notre secteur ont refusé de négocier de la
structure ou, si vous voulez, des normes ou du cadre général, et
la troisième n'avait pas fait parvenir sa réponse au moment du
dépôt du projet de loi.
Le Président (M. Brisson): Le deuxième paragraphe
se lirait donc comme suit: "Un accord ou une décision porte notamment
sur le nombre minimum de postes et d'emplois qui doivent être
occupés efficacement par les employés réguliers pour
fournir les services essentiels ainsi que sur la possibilité
d'accès sur les besoins particuliers...
M. Forget: ... ainsi que sur la possibilité d'accès
et les besoins..."
Le Président (M. Brisson): "Et les besoins..." M.
Forget:... "particuliers"...
Le Président (M. Brisson): ... particuliers des
bénéficiaires".
M. Forget:... "des bénéficiaires".
Le Président (M. Brisson): L'amendement est
adopté?
M. Bellemare (Johnson): On a réussi à en avoir un
petit bout, toujours. Ce n'est pas mal.
Le Président (M. Brisson): Article 7, adopté tel
qu'amendé. Article 8.
M. Bellemare (Johnson): C'est... M. Charron:
Adopté.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 9.
Adopté.
M. Bellemare (Johnson): Adopté. J'ai simplement une
demande à faire au ministre. Lorsque les parties parviennent à un
accord sur les services essentiels, pourquoi ne pas les publier dans la Gazette
officielle?
M. Forget: Je m'excuse, j'ai mal compris.
M. Bellemare (Johnson): Pourquoi ne pas le publier dans la
Gazette officielle? Le premier ministre...
M. Forget: Publier quoi?
M. Bellemare (Johnson): Publier les accords.
M. Forget: Ah oui, mais ça va être fini quand
ça va être publié. C'est un délai de publication
d'un mois et demi ou un mois.
M. Charron: II y en a 1,300.
M. Forget: II y en a un bon nombre, oui.
M. Charron: II peut y en avoir 1,300.
M. Forget: Cela va être un bottin
téléphonique.
Le Président (M. Brisson): Adopté?
M. Forget: Non, M. le Président, j'ai un amendement...
M. Bellemare (Johnson): Oui, l'amendement que vous avez
proposé.
M. Forget:... à suggérer à l'article 9.
M. Charron: Est-ce qu'on pourrait suggérer quand
même... L'idée du député de Johnson, la Gazette
officielle, m'incite à une autre. Est-ce qu'il y a moyen de s'assurer
que, si entente il y a entre la partie syndicale et la partie patronale sur le
plan local, quant à la détermination des services essentiels,
cela soit publié ou affiché dans l'établissement
même?
M. Forget: Oui, j'arrive à l'élément de
publication ici. On verra si c'est complet. Il y a des éléments
peut-être à ajouter. Alors, pour remplacer l'article 9
actuel...
M. Bellemare (Johnson): Pour le remplacer
complètement?
M. Forget: Pour le remplacer complètement. M. Charron:
Vous n'avez pas de texte?
M. Forget: Je suis désolé mais on va les faire
dactylographier, on les aura pour demain matin, et on pourra...
M. Charron: De toute façon on va voter juste demain.
M. Forget: Lorsque les parties parviennent à un accord sur
les services essentiels, elles doivent conjointement en déposer sans
délai copies pour le commissaire aux services essentiels auprès
du greffier du tribunal. Deuxième paragraphe. Les parties peuvent en
tout temps avant l'expiration du délai de trente jours, fixé par
l'article 10, convenir de la nomination d'un médiateur chargé de
tenter de les faire parvenir à un accord. Si un
médiateur parvient à faire il y a des
difficultés de rédaction, mais cela va être
corrigé...
M. Charron: Difficultés de logique aussi je pense.
M. Forget: Si un médiateur parvient à faire
parvenir les parties à un accord avant l'expiration du délai, il
dépose lui-même copie pour le commissaire aux services essentiels
auprès du greffier du tribunal. Un accord au sens du présent
article devient exécutoire au moment de son dépôt.
M. Giasson: II y a une reformulation à faire, parce qu'il
n'y a aucune continuité possible entre le premier paragraphe.
M. Charron: Ce sont deux articles à mon avis, M. le
ministre. Dans le cas où les parties parviennent à un accord, on
devrait mettre cela dans un article. Et dans le cas où il n'y a pas
accord, nouvel article 10 qui s'intercalerait entre 9 et 10 pour
différencier deux choses. Là, possibilité de
médiateur des deux parties, parce que si c'est dans le même
article, cela va...
M. Giasson: Est-ce que 1 c'est un problème
réglé?
M. Charron: Puis l'autre c'est en cas où cela ne se
règle pas.
M. Giasson: On rencontre les parties, puis l'autre c'est le
problème non réglé entre les parties.
M. BeIlemare (Johnson): Cela pourrait être
rédigé cette nuit ou demain matin. Peut-être, qu'à
la reprise du débat, on pourrait le rerevoir et peut-être le
rerecommencer. Peut-être que cela nous reredonnerait confiance.
M. Charron: M. le Président, je dirais que...
M. Forget: A moins que vous ne changiez d'idée ici demain
matin.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, non vous m'avez poigne tout
à l'heure, mais pour longtemps. Votre Cour provinciale, je trouvais que
c'était...
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Si le ministre est d'accord avec ma suggestion d'en
faire deux articles, parce qu'il s'agit de deux sujets différents, on
pourrait adopter l'article 9 tel quel dans la loi, celui qui concerne les
accords, lorsqu'on parvient à un accord, et on discutera demain matin
sur le texte proposé par le ministre d'un nouvel article qui
s'intercalerait entre les deux, qui pourrait être 9 a) ou 10.
Le Président (M. Brisson): L'article 9 n'est pas
remplacé, il est adopté tel quel.
M. Charron: Adopté tel quel.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'on le met pareil au
complet? L'article 9 est adopté au complet?
M. Forget: II y a une difficulté de rédaction dans
la rédaction actuelle, parce qu'on fait une obligation à l'une
des parties. On ne dit pas laquelle. Je crois qu'il va falloir adopter,
peut-être, c'est cela, une rédaction différente, une
obligation conjointe qui, effectivement, est l'obligation pour chacune d'entre
elles, même prises séparément, de déposer sans
délai...
M. Charron:... tirer au sort.
M. Forget: Oui, nommer un conciliateur pour décider
laquelle des deux.
C'est cela. Elles doivent conjointement déposer sans délai
copies pour le commissaire aux services essentiels au greffier du tribunal.
M. Charron: Très bien.
Le Président (M. Brisson): Donc elle sera remplacée
en totalité.
M. Forget: Elle sera remplacée en totalité.
M. Giasson: Est-ce qu'on peut dire que l'accord devient
exécutoire au moment de ce dépôt? La dernière
phrase.
M. Forget: Oui, tout à fait.
M. Charron: D'accord, si vous voulez, M. le Président, on
peut reprendre demain le reste, qui est un petit peu plus litigieux, d'autant
plus qu'on n'a pas lu le...
M. Forget: De toute manière, on va préparer des
textes plus polis et vous les distribuer demain matin.
M. Charron: Demain dix heures.
Le Président (M. Brisson): Donc, la commission ajourne ses
travaux à dix heures demain matin.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on pourrait dire dix heures
trente? Je vais vous dire pourquoi, il y a une raison fondamentale. Etant
membre de la commission de l'Assemblée nationale, je sais qu'il va y
avoir, demain, la composition de certains sous-comités. Je pense que le
président nous a fait savoir, aujourd'hui, qu'il présiderait pour
cette première partie. Comme c'est la composition de sous-comités
très importants, je voudrais bien être présent à la
composition de ces sous-comités, les sous-comités de la
législation, du programme, "so and so".
Est-ce qu'on pourrait remettre la séance à dix heures
trente?
M. Forget: De consentement unanime, j'imagine, qu'il n'y a pas
d'objection, mais je rappellerais aux membres de la commission que nous avons
quand même pas mal de travail encore à abattre pour l'étude
de cette loi. J'imagine que...
M. Charron: Ce sera fini samedi, je vous le promets.
M. Giasson: Même avant, si possible.
M. Forget: II y a un ordre de la Chambre pour siéger
à dix heures mais, de consentement unanime, on peut reporter cela, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Oui, de consentement unanime,
on peut reporter l'heure.
La commission ajourne ses travaux à dix heures trente, demain
matin.
(Fin de la séance à 22 h 49)