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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du mardi 6 avril 1976
(Dix heures quarante minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires
sociales reprend ses travaux ce matin pour poursuivre l'étude des
crédits du ministère. Nous en sommes au programme 4: Services
communautaires, élément 1.
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Saint-Jacques.
M. Charron: ... avant d'aborder l'élément 1 du
programme 4 que vous venez d'appeler, est-ce que je pourrais simplement
demander au ministre, pour l'avenir de la commission des affaires sociales au
cours de la semaine, de nous informer immédiatement sur les
disponibilités qu'il aura pour achever l'étude des crédits
de son ministère au cours de cette semaine.
M. Forget: Je crois que pour ce qui est de jeudi,
personnellement, je suis disponible toute la journée,
c'est-à-dire matin, après-midi et soir.
M. Charron: Demain, il y a possibilité de 10 heures
à midi et demi, comme il y a possibilité de 4 heures à 6
heures?
M. Forget: Demain, à cause du conseil des ministres, le
matin ce n'est pas possible, malheureusement, mais c'est possible demain
après-midi.
M. Charron: De 4 heures à 6 heures?
M. Forget: Oui. Je pourrai vérifier si c'est possible
également demain soir, mais je crois qu'il y a une coutume voulant que
les commissions ne siègent pas le mercredi soir.
M. Charron: Une coutume imposée et respectée par
l'Opposition, je peux vous le dire.
M. Forget: Je vais m'informer là-dessus et, d'ici quelques
minutes, je vais pouvoir vous donner les détails.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Saint-Jacques, sur le programme 4: Services
communautaires.
Centres locaux de services communautaires
M. Charron: Les services communautaires, M. le Président,
qui figurent au programme 4 totalisent la somme, pour l'année 1976/77,
de $168 027 900. C'est l'occasion pour nous, comme par les années
passées, de faire le tour des différents services communautaires
auquels le ministère subvient par ces sommes et qui ont chacun, dans
leur domaine, un degré relatif d'autonomie, une fois ces sommes mises
à leur disposition.
Selon notre coutume, je débuterai avec le service communautaire
peut-être le plus important et le plus répandu dans tout le
réseau des affaires sociales, celui des centres locaux de services
communautaires. D'abord, je vais faire une certaine nomenclature et
j'inviterais le ministre des Affaires sociales à me corriger là
où j'aurai fait erreur, si j'en ai fait, dans l'évaluation de ce
qui a été fait au cours de la dernière année.
A plusieurs reprises, des informations nous sont parvenues par les media
à l'effet que le ministère avait, sinon gelé
l'implantation de nouveaux CLSC, du moins fortement ralenti l'implantation qui
était en cours, d'une part, pour procéder à une
évaluation de l'expérience à partir de l'opération
bilan dont le rapport est entre les mains du ministre depuis le début de
juillet, je pense, et aussi, disait-on, pour consolider les centres locaux de
services communautaires déjà établis.
Maintenant que le bilan est fait, j'imagine, il faut agir et le ministre
lui-même l'a admis à deux occasions, lorsqu'il a rencontré
les représentants des CLSC au mois de mai dernier et dans sa
conférence de presse du 29 juillet également. Je voudrais inviter
le ministre à faire une déclaration peut-être un peu plus
générale au départ, mais à nous dire si, à
son avis, il faut poursuivre l'extension du réseau jusqu'au nombre que
la commission Castonguay avait précédemment défini, soit
plus de 200.
M. Forget: Pour ce qui est des questions du gel et des questions
de développement durant l'année qui s'est écoulée
d'ailleurs, ces mentions valent également pour les deux
dernières années qui se sont écoulées nous
avons effectivement gelé non pas le développement, mais les
promesses de développement, puisqu'il y a une distinction importante
à faire entre les deux.
Il y a eu trois séries successives de projets qui ont fait
l'objet d'acceptations en principe au tout début de l'implantation du
programme de CLSC. Je me reporte, là, aux années 1971, 1972 et
1973. Il y a eu trois groupes d'environ 20 à 25 projets individuels qui
ont fait l'objet d'approbations, à ce moment-là. Au tout
début de 1974, il y en a eu, je crois, sept autres qui se sont
ajoutés à la liste, ce qui menait la liste à un total
d'environ 72 ou 73 CLSC, alors que, dans les faits, bien sûr, il y a deux
ans, il n'y en avait guère qu'une dizaine qui étaient autre chose
que des conceptions sur papier.
Depuis ce temps, nous n'avons pas ajouté au total de 72 ou 73,
sauf peut-être une exception dans la région de Fermont où,
étant donné le caractère particulièrement urgent du
développement de services dans cette région qui est une
région minière en développement démographique
très
rapide il fallait assurer certains services de base de
santé et d'intervention sociale.
M. Chaput, qui est responsable du programme, pourrait décrire
complètement les efforts qui ont été faits, si la
commission le désire, pour développer dans la
réalité les différents projets qui avaient fait l'objet
d'une autorisation de principe durant les années antérieures.
Nous en sommes là, nous avons reçu plusieurs demandes de groupes
promoteurs spontanés, au cours des deux dernières années,
et particulièrement au cours de la dernière année. Dans
tous les cas, nous avons indiqué à ces groupes promoteurs que le
moment n'était pas venu de leur répondre, soit positivement, soit
négativement, dans le sens où a priori on ne peut pas juger que
chaque demande individuelle pourrait s'inscrire même dans un programme de
développement ambitieux, mais que cette question était remise
à plus tard jusqu'à ce qu'on soit plus près d'un
fonctionnement satisfaisant dans ceux des projets qui avaient
déjà fait l'objet d'une autorisation de principe.
Des progrès assez remarquables ont été
réalisés durant ces deux années. Nous ne sommes pas au
point, cependant, de pouvoir affirmer que les 73 projets autorisés
fonctionnent, mais nous en sommes beaucoup plus près que nous en
étions il y a un an. Je crois que nous avons dépassé le
cap de la quarantaine de projets en voie de fonctionnement, effectivement.
Est-ce que vous souhaitez qu'on aille un peu plus dans les
détails, à ce moment-ci, ou si vous êtes satisfait du
développement?
M. Charron: Je souhaiterais m'inspirer un peu de ce qui
était arrivé l'année dernière, qui avait
considérablement aidé au débat. Si on avait un rapport
d'activités, que cela vienne du directeur du programme ou du ministre
lui-même, à ce chapitre, plus que des termes
généraux que vous venez d'énoncer, cela faciliterait
grandement le tour de la question.
M. Forget: D'accord.
M. le Président, si on prend les principales données, on
pourrait peut-être compléter selon les questions que vous jugez
les plus pertinentes. Au 31 mars, c'est-à-dire à la fin de
l'exercice financier 1975/76, vous avez essentiellement quatre CLSC qui sont
encore à des phases d'implantation, c'est-à-dire qui n'ont pas un
minimum de personnel axé soit sur la dispensation des services à
la population ou encore le travail au niveau du programme fonctionnel,
c'est-à-dire le programme qu'ils doivent présenter pour
l'approbation du ministre.
M. Charron: Quels sont-ils ces quatre CLSC?
M. Forget: Ces quatre CLSC sont Montmagny-Sud,
Sainte-Anne-de-Beaupré, zone des Frontières et
Cap-de-La-Madeleine. Tous les autres CLSC sont soit en phase de
démarrage ou de fonctionnement. Nous avons soumis au ministre une
possibilité en 1976/77, au cours du présent exercice financier,
de rendre tous les CLSC sinon à quelques exceptions près,
possiblement tous les CLSC à la phase de fonctionnement,
c'est-à-dire qu'ils aient un personnel suffisamment nombreux pour
répondre aux besoins de leur population, tout au moins en fonction des
crédits qui leur sont alloués.
Au niveau des effectifs on pourrait remettre, cet après-midi,
à tous les membres de la commission les documents sur la liste des CLSC,
le nombre d'effectifs, le niveau de leur actualisation, le nombre de
médecins qui exercent dans les CLSC. On pourrait vous remettre la liste
de l'ensemble des cas.
M. Charron: Je voulais seulement savoir si dans ces
détails il y a la répartition des travailleurs à
l'intérieur des CLSC en services de santé, services d'actions
communautaires, travailleurs sociaux, etc.?
M. Forget: C'est exact. Vous l'avez au niveau des services de
santé par médecins et infirmières, sur ce tableau, et par
CLSC.
Une Voix: Est-ce qu'on a des budgets par CLSC?
M. Forget: Dans ce que le sous-ministre vient d'exposer, non,
mais vous les avez ici.
M. Charron: On les a ailleurs.
M. Saint-Germain: II y en a combien?
M. Forget: 70. Ce sont les informations du ministère.
M. Charron: Comment se fait-il qu'on ne trouve pas plus de CLSC
en implantation que les quatre que vous avez mentionnés? Combien en
prévoit-on pour l'année financière qui commence?
M. Forget: C'est l'inverse. J'ai dit que dans la liste totale des
CLSC déjà annoncés au nombre de 70, seulement quatre ne
sont pas en phase de démarrage. Uniquement quatre. Ce qui veut dire que
66 CLSC sont soit en fonctionnement soit en période de
démarrage.
M. Charron: J'avais compris. Je me demande comment il se fait
qu'il n'y en ait pas plus de quatre à l'état d'implantation? Il
me semble que le rythme de croisière qu'on s'était donné
à partir des rapports de la commission Castonguay-Nepveu était
d'atteindre le chiffre de 200 le plus rapidement possible. Pour atteindre le
chiffre de 200 le plus rapidement possible, il faudrait évidemment qu'il
y en ait plus de quatre en implantation actuellement.
M. Forget: II faut toujours faire une distinction. De toute
manière, c'est une remarque qui vaut généralement entre
des suggestions, des recommandations ou des hypothèses qui se
retrou-
vent dans des rapports de comités ou des commissions
d'enquête, de comités d'étude et les décisions et
les orientations qui sont retenues au niveau du gouvernement, au niveau des
ministères. Cette distinction, je crois, a été très
bien marquée tout au long de l'évolution des structures et des
programmes dans le domaine des affaires sociales. Et d'ailleurs, puisque vous
faites allusion aux recommandations de la commission, il s'agissait d'un
organisme légèrement différent du CLSC qui était
envisagé dans le rapport de cette commission.
Donc, il n'y a jamais eu, contrairement à l'hypothèse
qu'on semble faire, il n'y a jamais eu d'engagement d'en développer 200
ou 150, etc. Ce sont des chiffres qui ont été cités
d'ailleurs sans le bénéfice d'une analyse très
concrète des besoins, de la division du territoire. Nous n'avons,
à cette date-ci, pris d'engagements que relativement à 72 ou 73
CLSC, et il est évident que si on fait le bilan des activités
jusqu'à ce jour, c'est toujours la situation.
M. Charron: Est-ce que c'est le bilan que vous faites de ceux qui
fonctionnent, qui sont à l'étape de démarrage ou à
l'étape de fonctionnement qui vous fait beaucoup plus réticent
à permettre l'implantation de nouveaux centres locaux de services
communautaires j'imagine que tout le territoire du Québec n'est
pas encore couvert par 72 ou 73 CLSC ou si c'est des contingences
proprement financières qui feraient que vous n'avez rien, je ne dis pas
rien à reprocher, mais que, si ce n'était de ces contingences,
vous n'auriez aucune objection à développer encore la formule des
centres locaux de services communautaires comme vous autorise à le faire
la loi?
M. Forget: C'est plusieurs séries de
considérations. La première considération c'était
de ne pas disperser les ressources humaines, pour ne considérer que
celles-là qui sont prioritaires dans l'implantation d'un trop grand
nombre de projets individuels, puisqu'il y a des problèmes, des
difficultés normales, et d'autres qui sont parfois un peu plus que
normales ou un peu moins que normales, comme vous le voudrez, dans
l'implantation des CLSC. Donc il était nécessaire de concentrer
ces ressources humaines sur un nombre raisonnable de projets individuels.
Il y a aussi des considérations financières,
évidemment, qui affectent le rythme d'évolution. Il y a aussi
et ceci est peut-être plus significatif un certain nombre
de problèmes, qu'a suscités l'implantation du concept des CLSC
comme organismes distributeurs de services de première ligne dans le
domaine de la santé et des services sociaux, qui n'étaient pas
résolus. Tant qu'ils n'étaient pas résolus et tant que
l'expérience ne nous avait pas guidés, dans une certaine mesure,
dans la résolution de ces problèmes, cela rendait imprudent ou
même inconsidéré le développement ou l'adoption d'un
projet ou d'un plan de développement plus ambitieux que celui à
la réalisation duquel nous nous sommes consacrés depuis deux
ans.
Même si des progrès substantiels ont été
réalisés, il reste que la phase d'implantation n'est pas
terminée pour un nombre encore, malgré tout, substantiel de CLSC.
Le personnel relativement réduit du ministère qui s'occupe de la
mise en route de ces projets devra continuer à se diviser sur un nombre
assez important de projets qui requièrent un suivi, une attention
continuelle.
Il y a donc toutes sortes de contraintes qui jouent: des contraintes
humaines, des contraintes financières et des contraintes liées
à des imprécisions, à des difficultés dans le
concept lui-même et à la nécessité d'apprendre
comment surmonter ces difficultés avant de continuer le processus. Je
pense que c'est à peu près le point où nous en sommes dans
le moment; du moins, toutes les remarques que je fais en ce moment concernent
les deux années qui se sont écoulées, puisque
l'idée est de faire le point un peu sur la situation.
M. Charron: Quelles sont les conclusions les plus
concrètes et pratiques que vous ayez tirées dans la gestion de
l'année terminée et. de l'année qui débute,
à partir de l'opération bilan de l'année dernière
qui vous a été remise au mois de juillet? Quelles sont les
modifications premières que cela vous a amenés à apporter
dans l'établissement et dans le fonctionnement des CLSC?
M. Forget: Nous n'avons encore annoncé aucun changement ou
aucune modification d'ensemble relativement à ce programme. Il y a eu
certains ajustements de parcours, mais d'ordre relativement mineur.
Il y a beaucoup d'interrogations que nous nous sommes posées
auxquelles nous nous efforçons de trouver des réponses les plus
complètes possible et qui feront l'objet, dans un avenir pas trop
éloigné, je pense bien, de certaines précisions de la part
du ministère. Les questions que nous nous sommes posées visent
à déterminer dans quelles mesures le CLSC s'insère dans un
réseau d'établissements, de quelle manière ce nouvel
organisme se définit par rapport aux organismes existants et vice
versa.
Il y a eu, de ce côté, plusieurs questions de plus en plus
précises qui se sont posées auxquelles nous cherchons à
apporter également des réponses précises; je pense, en
particulier, aux relations du CLSC avec le centre hospitalier et en particulier
les centres hospitaliers où l'on retrouve les départements de
santé communautaires. Il y a, au sein des départements de
santé communautaires, de même qu'au sein des CLSC un très
grand désir, je pense, que la situation soit clarifiée. Tous ne
la clarifieraient pas dans le même sens, de la même façon;
c'est la raison pour laquelle nous sommes encore à préciser dans
certains de ces aspects.
M. Charron: Dans quel sens le ministère des Affaires
sociales la clarifiera-t-il?
M. Forget: On le verra au moment où cette clarification
sera rendue publique mais, pour poursuivre sur la voie des exemples, il y a
aussi les
relations entre les centres de services sociaux et les CLSC. Il y a
également des précisions que nous nous sommes promis d'apporter
depuis longtemps et je crois que le moment est venu de le faire très
bientôt. Il y a, enfin, des précisions, à apporter
et ceci est au moins aussi significatif que les deux autres questions que je
soulevais tantôt dans la façon dont les CLSC seront
appelés à compléter ou à collaborer avec les autres
ressources, en particulier les médecins en cabinet privé, dans la
façon dont ces deux modes de distribution de services de santé de
première ligne se complètent l'un et l'autre.
Ce sont certainement trois questions qui prennent la première
place. Pour revenir sur le problème au sein même du réseau
d'établissements publics, nous observons un phénomène qui
prend des proportions de jour en jour plus considérables et c'est la
dispersion sur le territoire de points de service des centres hospitaliers
eux-mêmes et des centres de services sociaux.
Il existe, du côté des services sociaux, en plus du
siège social, chaque centre de services sociaux, un certain nombre de
succursales, comme on le sait. Si l'on additionne le nombre de succursales de
tous les centres de services sociaux, on obtient un total très
impressionnant. Je n'ai pas précisément le nombre à la
mémoire mais je crois que cela approche probablement la centaine
à travers le Québec, peut-être un peu davantage.
Nous avons aussi, à la suite de l'intégration, dans les
départements de santé communautaire, des unités
sanitaires, une multiplication de points de services qui sont sous la
dépendance des centres hospitaliers. Il y avait près d'une
centaine d'unités sanitaires qui sont maintenant sous la
responsabilité des centres hospitaliers. Si l'on se reporte aux
objectifs initiaux qui ont été proposés et largement, dans
leur esprit, retenus par le gouvernement, qui ont été
proposés par la Commission Castonguay-Nepveu, il avait été
proposé à ce moment-là que les services de première
ligne soient coordonnés, soient regroupés, soient rendus, dans le
fond, plus accessibles, au moins psychologiquement, sur le plan de
l'information ou de la connaissance qu'a le public de l'endroit où il
faut s'adresser en premier ressort, en quelque sorte, dans le domaine des
services de santé et des services sociaux. Il avait été
proposé d'intégrer cela, d'en faire un ensemble un peu plus
cohérent.
Or, on se rend compte qu'avec la multiplication des points de services,
c'est un objectif qui risque de nous échapper. Donc, dans le cadre d'une
évaluation de la situation et de perspective d'avenir du
côté des CLSC, il est absolument impératif que l'on ait un
schéma général d'organisation du territoire sur le plan de
la fourniture de services de première ligne. Schéma
d'organisation qui tienne compte et qui intègre spécifiquement
les points de services des départements de santé communautaire et
les points de services des centres de services sociaux. Autrement on aurait une
espèce de fouillis, une situation un peu cahotique où les gens ne
sauraient pas vraiment pourquoi s'adresser à un CLSC plutôt
qu'à une unité sanitaire intégrée dans un
département de santé communautaire, et c'est évidemment
une situation qui serait intolérable.
Il faut, comme condition essentielle à une redéfinition de
la situation, une réorientation de la situation et du
développement des CLSC, préciser très concrètement
ce que nous allons faire à court terme avec différents points de
services et comment ils vont former un tout cohérent. Il faudra le faire
aussi à l'intérieur d'un cadre chronologique qui ne soit pas
tellement étendu dans le temps que l'on perde le sens de l'objectif, que
l'on perde la notion même de l'objectif que l'on poursuit, qui est de
former un réseau de services de santé cohérent, bien
intégré.
M. Charron: Est-ce qu'en termes concrets cela veut dire que vous
êtes à faire, actuellement, cette évaluation face aux trois
problèmes que vous avez mentionnés au départ: les rapports
avec les départements de santé communautaires, les rapports avec
les centres de services sociaux et les rapports avec la pratique
médicale privée, d'une part? Et, vu sous l'angle de la
multiplication des points de services que vous venez de mentionner, est-ce
à dire que cette étude est en cours et que, d'ici quelques
semaines, comme certaines rumeurs l'ont laissé entendre dans les
journaux, vous annonceriez, suite à l'opération bilan,
également que vous avez en main depuis juillet dernier et dont au
moment où vous l'avez reçue, vous avez dit que ses conclusions ne
tarderaient pas à s'appliquer concrètement que tout cela,
cette rumeur que les CLSC apprendraient une modification assez profonde dans
leur mode de fonctionnement, à l'occasion bénéfique,
à d'autres peut-être pas, peu importe, serait connu d'ici quelques
semaines?
M. Forget: Je ne voudrais pas m'enfermer dans un calendrier trop
précis parce que tout cela dépend un peu de la conjonction de
bien des efforts et bien des travaux, mais il est évident que devant les
problèmes que j'ai énumérés il y en a
d'autres également il faut apporter une série de
réponses claires, intelligibles, qui permettent de trancher, dans une
certaine confusion qui était probablement inévitable, au
départ, dans un programme qui se voulait souple, flexible, capable de
refléter une expérience qu'on accumulait en cours de route. Il va
falloir apporter des réponses à tout cela. J'espère bien
que d'ici quelques semaines, ou au plus tard un mois ou deux, il sera possible
d'apporter certaines précisions.
J'ai décrit, en premier lieu, parmi les questions qui se posaient
à nous, des questions d'ordre plutôt administratif, en un certain
sens, qui ont leur importance malgré tout parce que l'environnement
administratif dans lequel fonctionnent les CLSC et les autres
établissements conditionnent, dans une certaine mesure, le rôle
qu'ils exercent et la façon dont ils l'exercent mais, encore plus
important que cela, il y a des dimensions également qualitatives
attachées précisément à tout le
problème. Il nous faut nous assurer que le CLSC n'est pas un
endroit où on donne, en quelque sorte, des services à rabais, que
les mêmes critères et les mêmes exigences de qualité
sont également valables pour le CLSC comme pour les autres
établissements publics.
Il y a certaines conditions d'organisation, certaines conditions
psychologiques qui sont indispensables à cela et il y a certaines
conditions liées au développement même du CLSC. Très
souvent, le CLSC est apparu sur la scène un peu comme le rival
j'ai eu l'occasion souvent de l'indiquer comme étant un des handicaps
soit des médecins en cabinet privé ou même des
établissements publics, hôpital ou centre de services sociaux.
Cette perception par les autres du CLSC, parfois renforcée, d'ailleurs,
par certaines attitudes propres au CLSC lui-même, a créé
des antagonismes, a créé des difficultés et a
été, dans le fond, un élément négatif dans
son développement.
Il faut s'assurer que le développement d'une ressource de
première ligne, accessible à travers tout le territoire du
Québec, se fasse avec une collaboration positive des autres
éléments du réseau et de la profession médicale,
puisqu'on ne peut pas la considérer comme un élément du
réseau comme tel. Ceci se fera si, non seulement dans la conception
abstraite qu'on s'en fait mais dans leur développement même, ces
différents intervenants, ces différents organismes sont
associés d'une façon plus directe qu'ils ne l'ont
été dans le passé.
Donc, ce n'est pas seulement au niveau, encore une fois, de la
conception d'un état idéal de complémentarité
auquel on parviendrait dans dix ans ou quinze ans, mais dans la façon
dont le développement peut se faire qu'il est essentiel d'apporter des
précisions. Là-dessus aussi, notre réflexion s'effectue
et, là-dessus aussi, lorsque nous pourrons faire état de nos
conclusions, nous aurons des observations à faire.
Un des éléments qui ont été à la
source des perceptions peut-être négatives ou des perceptions de
rivalités, soit des hôpitaux, des centres de services sociaux et
de la profession médicale vis-à-vis du CLSC a été
le rôle de l'action communautaire dans les CLSC. Il est clair que la
réflexion s'est faite là-dessus. On sait que l'opération
bilan, puisque tout ceci a été public, à un moment
donné, l'été dernier, a porté pour une part sur
l'évaluation du rôle de l'action communautaire au sein des
CLSC.
Un effort pour préciser l'avenir et le sens du CLSC ne serait pas
complet s'il ne portait pas également sur cet aspect. Là-dessus,
on sait que, par ce qui a déjà été dit sur le
sujet, l'action communautaire dans le CLSC ne peut pas être
envisagée comme un substitut à l'activité politique. Elle
ne peut pas être envisagée comme une façon de
réaliser des objectifs qui sont essentiellement des objectifs du
processus politique. Je le dis dans le sens large du mot, bien sûr; dans
le sens d'un mécanisme ou d'un moyen de transformation de l'ensemble de
la société ou même des structures sociales.
Il y a un rôle pour l'action communautaire dans les CLSC qui est
très important et qui est attaché à la
nécessité d'aller un peu au devant des problèmes dans le
domaine de la santé et des services sociaux. C'est un aspect, si l'on
veut, de l'information publique, de l'éducation du public aux
problèmes de santé et aux problèmes d'autonomie sociale.
C'est un élément aussi d'une politique de prévention
d'aller au devant des problèmes et de ne pas se contenter d'une attitude
passive, comme les organismes traditionnels des services de santé et des
services sociaux se sont contentés de le faire depuis leurs origines.
Donc, c'est une dimension que nous ne voulons pas négliger, mais qu'il
nous paraît essentiel de circonscrire à ce qui est l'objectif
propre du secteur des affaires sociales.
Comment cela peut se faire et de quelle façon? Cela fait partie
des réponses que nous essayons de définir et que nous
définirons d'ici quelque temps.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, il y avait un certain nombre
de points d'interrogation que j'avais et qui ont reçu une réponse
du ministre, en particulier, quand il parle d'une meilleure définition
du rôle réel du CLSC. Il est évident, je pense bien, que,
lorsqu'on a pensé à ce nouveau concept, dans l'ensemble du
réseau, il jouait un rôle de définisseur des besoins du
milieu et d'une meilleure coordination des services qui devaient être
rendus. Peut-être qu'il devait rendre également des services de
première ligne. Moi, dans certains domaines, je me demande
jusqu'à quel point il devrait encore être un service de
première ligne. Est-ce qu'il ne devrait pas plutôt être un
définisseur sur le plan communautaire de la coordination des besoins, de
façon qu'il n'y ait pas de vacuum, comme il en existe
nécessairement, à l'heure actuelle? Cela éviterait
peut-être d'avoir certains conflits avec le CSS en particulier, conflits
au niveau des budgets, conflits au niveau du personnel également et
conflits, je dirais, M. le Président, dans la population elle-même
qui a de la difficulté à identifier ce que vient faire le CLSC,
ce que vient faire le CSS, quand est-ce qu'elle va a l'un, quand est-ce qu'elle
va à l'autre. Ils se renvoient un peu la balle.
J'ai confiance que tout cela va être mieux défini d'ici
quelque temps, comme le ministre le disait. Cependant, est-ce qu'il serait
possible, dans cette perspective, de voir à ce que des services
précis soient mis sur pied?
Je pense en particulier aux personnes âgées. Des services
extrêmement intéressants ont été mis sur pied pour
la visite des personnes âgées, pour les aider à faire du
ménage chez eux. On n'a, dans le CLSC basse ville en particulier,
simplement que deux ce qu'on appelle des travailleurs de quartier,
c'est-à-dire des gens qui vont vraiment aider des gens. Est-ce que ce
n'est pas possible que les CLSC, dans l'avenir, mettent beaucoup plus d'accent
sur des services directs comme ceux-là et moins d'accent sur le double
emploi avec les ser-
vices sociaux qui sont déjà bien donnés par le CSS
en particulier?
M. Forget: J'ai mentionné des problèmes, et c'est
un des problèmes qui se posent. On peut évidemment l'aborder de
deux façons: soit en faisant du centre de services sociaux, sur le plan
des services sociaux, la source de tous les services, sauf exception on
pourrait lui donner une vocation universelle et faire quelques exceptions
spécifiques qu'il serait possible de bien identifier pour le CLSC
ou procéder de façon complètement inverse,
c'est-à-dire attribuer au CLSC tous les rôles en réservant
un nombre limité d'interventions plus spécialisées ou qui
peuvent être qualifiées de plus spécialisées au
centre de services sociaux.
C'est plutôt la deuxième approche qui m'apparaît
appropriée pour cette raison bien simple. Il y a un problème
d'accessibilité, dans tous les milieux, à des services sociaux
comme aux services de santé, et il n'est tout simplement pas souhaitable
de centraliser dans un seul endroit, à l'intérieur de chaque
région économique du Québec, l'accessibilité
à des services sociaux même les plus simples, même les plus
élémentaires. Il est beaucoup plus normal je pense
à moins qu'on ait des raisons pour préférer le contraire,
et des raisons spécifiques de permettre que toute la population
du Québec, quel que soit son lieu de résidence, soit à une
distance raisonnable de certains services de caractère assez
général qui sont souvent nécessaires et auxquels il n'y a
vraiment pas de raison d'astreindre une centralisation excessive.
On se plaint, je crois, dans certains cas, de trop grande
centralisation. Le concept même du CLSC en est un de
décentralisation, d'accessibilité sur le plan
géographique, entre autres. Une fois cette option prise, est-ce qu'il
n'est pas préférable qu'un organisme ait une personnalité
propre plutôt que d'être simplement une succursale ou un bureau
détaché d'un organisme centralisé? Il semble plus conforme
à l'esprit de nos établissements, de nos institutions sociales
d'avoir des organismes qui soient autonomes dans toute la mesure du possible
lorsque certaines décentralisations, certaines déconcentrations
géographiques paraissent possibles et appropriées.
M. Charron: M. le Président, vous me permettrez de faire
un certain nombre de remarques sur ce que vient de dire le ministre des
Affaires sociales, d'autant plus que nous disposons maintenant de l'information
à l'effet que, d'ici quelques semaines, il y aura des modifications
portant sur les problèmes qu'il a fort bien
énumérés et auxquels font face les CLSC, et qu'une
nouvelle orientation sera connue et devra se faire connaître.
Vous me permettrez, M. le Président, de remonter, pour ce faire,
en sachant très bien toute l'importance relative que cela peut avoir
à l'occasion, au texte même de la commission Castonguay-Nepveu,
texte d'orientation qui lui permettait, par la suite, de faire la
recommandation précise de cette nouveauté dans le réseau
des
Affaires sociales qui allait s'appeler un CLSC, et qui, dans le
réseau, ne s'appelait pas CLSC.
Je cite, M. le Président, le rapport avec lequel je suis
convaincu que le ministre est familier. C'est le paragraphe 465 du rapport:
Conformément à notre conception de l'homme et de la
société, l'objectif ultime du développement social est le
bien-être des membres de la société, le bien-être et
l'état dans lesquels se trouvent les personnes dont les besoins et les
aspirations ont reçu satisfaction.
Ainsi le bien-être comme tel ne peut être identifié
à une donnée concrète. Il constitue un idéal qui
incite les hommes et les sociétés à élargir
constamment leurs horizons, car il reste que tout homme perçoit
confusément, lorsqu'il se représente avec une nature droite,
l'idée de bien humain.
La notion de bien-être prend sa source dans l'expérience
acquise à la suite d'une multitude d'observations de la
société. Sa valeur est relative, mais la synthèse
conceptuelle qu'elle présente à la suite d'une assez longue
évolution est extrêmement précieuse. Elle devient le terme
de l'intention et du désir de la majorité des citoyens. En
d'autres termes, le bien-être est une des causes de la
société politique, en même temps que l'un de ses
effets.
Le concept est complexe du fait qu'elle implique l'idée de bien
et l'idée de communauté. De l'idée de bien-être se
dégage nécessairement l'idée de distribution et de
participation. Le bien-être doit être accepté de tous pour
que chacun puisse en jouir selon ses aptitudes et sa conduite. Il continuait,
M. le Président, paragraphe suivant:
II faut s'attendre qu'une telle conception du bien-être aussi
intimement liée à la notion de développement et aux
exigences qui en découlent ne soit pas spontanément et
favorablement accueillie par tous, car elle implique de nombreux changements.
Le conservatisme naturel des uns, la recherche de sécurité des
autres, la peur de l'innovation et les habitudes de facilité du plus
grand nombre engendrent la méfiance qui constitue un puissant facteur
d'opposition et même de résistance au changement non seulement
dans l'ordre des idées, mais aussi dans l'ordre des faits.
Quoi qu'il en soit, l'évolution sociale actuelle rend
inévitable l'acceptation du nouveau concept de bien-être, lequel
devra le plus tôt possible inspirer une politique, se traduire dans des
programmes, entraîner une modification des attitudes et provoquer des
changements importants dans le caractère, la structure des institutions,
sous peine, pour les sociétés qui refuseront, qui seront
incapables de se conformer à ces exigences, de se retrouver rapidement
dans une situation de rétrogression.
M. le Président, ce texte théorique a conduit la
commission à des recommandations très précises que la loi
no 65 a, dans la majorité des cas, fidèlement suivies ou à
peu près. Notion bien différente, M. le Président, et
différente avec le rapport, l'ouverture faite à la participation
que la commission joint elle-même à la notion de bien-être,
objectif même de tous les services sociaux mis en
branle par une collectivité. La notion de participation a subi
une modification importante qui fait qu'un certain nombre de citoyens, par
exemple, n'ont pas leur place, ne participent pas dans sa structure à
l'idéal que la communauté québécoise aurait pu se
fixer.
Mais, M. le Président, j'appuierai très volontiers les
efforts que le ministre des Affaires sociales fera pour éviter le statut
de rival aux centres locaux de services communautaires par rapport aux autres
membres du réseau. Tout ce que je percevrai dans ses décisions de
sa part ou de ses hauts fonctinnaires qui viseront à faire
disparaître cette notion qui a effectivement entaché l'existence
des premiers CLSC et leur développement m'apparaît absolument
approuvable.
Mais, en voulant faire disparaître la notion de rivalité
qui entoure le CLSC, il ne faudrait pas non plus et c'est là le
risque qui sera contenu dans les décisions que nous fera connaître
le ministre dans les prochaines semaines faire disparaître ce que
les CLSC avaient de nouveauté. On ne veut plus en faire des rivaux des
autres et, comme le disait le rapport Castonguay-Nepveu, il ne faut pas
s'étonner qu'ils aient pris le statut de rival à l'occasion; ils
dérangeaient, ils bousculaient. Le conservatisme naturel des uns, pour
ne pas dire les castes professionnelles des autres ont fait qu'effectivement
l'arrivée de ces nouveaux pouvaient apparaître comme une
rivalité dangereuse.
Mais la nouveauté des CLSC tient essentiellement à deux
choses à mon avis. Ils ont un caractère de participation que n'a
aucun autre organisme, même ceux qui se sont offert une couple de
sièges, à leur conseil d'administration, pour l'élection
d'usagers ou de bénéficiaires. Cela n'est pas l'équivalent
de ce que peut être un centre local de services communautaires quant
à la participation populaire, loin de là. Il est, et de loin,
l'organisme du réseau des affaires sociales le plus ouvert ou le plus
susceptible de répondre à cet objectif de participation devant
conduire à la notion de bien-être que décrivait le rapport
Castonguay-Nepveu.
Autre objet de nouveauté, et celui-là difficile à
faire vivre, effectivement, dans le CLSC, c'est l'idée j'emploie
le mot qui n'est peut-être pas le meilleur j'allais dire de
cogestion, je dirais d'amoindrissement des différences professionnelles
qui fait que l'idéal, encore une fois, auquel a souscrit cette
Assemblée lorsque nous avons adopté la loi 65 serait de
déprofessionnaliser, dans tout ce que cela veut dire, et de financier et
d'humain comme rapports avec les citoyens, un certain nombre de professions
jusqu'ici proprement réservées à l'exercice privé
et de remettre la gestion d'un centre local de services communautaires à
la fois à des professionnels de la santé, à la fois
à des travailleurs sociaux et à la fois, également,
à de simples citoyens à qui on a ouvert les portes du centre
local de services communautaires.
Il n'y a pas, encore une fois, M. le Président, beaucoup
d'institutions sociales dans le Québec qui puissent porter ce poids. Ce
que je craindrais dans le devoir d'intervention qu'a le ministre pour
départager les responsabilités qu'il a fort bien
énumérées entre les départements de santé
communautaire, les centres de services sociaux, les polycliniques
privées et cette multiplication de points de services qui peut, à
l'occasion, conduire à un moins bon rendement, c'est que par le biais on
se trouve à nuire considérablement à ce que les centres
locaux de services communautaires ont apporté comme
nouveauté.
Ce ne sont pas des rivaux, mais ce sont des gens nouveaux et il est
important de maintenir leur caractère de nouveauté dans le
réseau des affaires sociales, exemple, dans les rapports avec les DSC.
J'ai eu un long entretien là-dessus, l'année dernière,
avec le ministre des Affaires sociales. Je ne sais pas dans quel sens tranchera
le ministre lorsque avec les hauts fonctionnaires et à la suite de
l'opération bilan, il aura à prendre une décision. Mais il
est évident, et il doit le savoir lui-même, que lorsqu'il
partagera les responsabilités entre le département de
santé communautaire et le CLSC, il ne s'agira pas uniquement de dire ce
qui sera fait par l'un et ce qui sera fait par l'autre. Si cela devait se
réduire à un partage administratif si bête que
celui-là, nous n'aurions rien tranché.
Il faut savoir, en faisant cela, non pas à quel organisme nous
remettons des responsabilités, mais à qui, dans chacun des
organismes, nous remettons ces responsabilités. Par exemple, le
développement de soins de santé en milieu scolaire. Nous en
parlerons plus loin, M. le Président, c'est le programme 5. Ce n'est pas
qu'une question administrative de dire si c'est le département de
santé communautaire, par exemple, de l'hôpital X qui administrera
ces services ou le CLSC. Quand le ministre tranchera entre l'un ou l'autre, il
décidera, ce faisant, si ce sont les médecins du
département de santé communautaire et tout le personnel
professionnel médical qui auront la gestion de ces programmes de
santé communautaire dans les écoles, ou si ce sont, en les
remettant au CLSC, les parents membres et invités à participer
à l'organisation du CLSC, les parents mêmes des enfants qui
recevront les services en milieu scolaire qui seront appelés à y
participer; les travailleurs sociaux membres du CLSC qui y participeront sur le
même pied que les organismes professionnels, comme les médecins,
par exemple, membres du CLSC. Donc en décidant qui administre le
programme, la nature même du programme et la façon dont le
programme sera réalisé se trouvent par le fait même
impliqués.
Quand le ministre aura à départager, par exemple, les
rapports, et c'est vrai que cela s'impose de le faire maintenant il y a
eu trop de cas, je pourrais en faire une longue énumération
entre les CLSC et les centres de services sociaux dont certains se
plaignent d'être les sujets, d'être les dépendants, d'autres
à l'occasion avouant en être les rivaux et étant
parfaitement conscients et fiers de l'être à l'occasion... Ils
sont très heureux lorsqu'on les visite de dire qu'ils réussissent
beaucoup mieux, par exemple, dans le placement, dans l'hébergement de
personnes âgées, très rapidement, à partir de la
première ligne du CLSC qu'en
le référant au CSS pour ainsi perdre de vue, dans les
dédales des "case loads" des employés des CSS, le cas bien
précis qui leur a été soumis.
Par exemple, dans un cas très urgent de protection de la
jeunesse, qui amènera le CLSC à être le premier à se
pencher sur lui, on s'apercevra effectivement qu'un jeune a besoin d'un
placement urgent.
Entre le fait, M. le Président, de convoquer le CSS, comme cela
devrait se faire, de remettre le cas du jeune avec qui ils ont eu
à travailler pendant un certain laps de temps à un
travailleur social qui, pour eux, est, encore une fois, anonyme, lui disant:
Essaie de le placer le plus rapidement possible. Très souvent, plusieurs
des artisans des CLSC préfèrent se débrouiller à la
bonne franquette, eux-mêmes, et placer le jeune le plus rapidement
possible en évitant le dédale administratif et les listes
d'attente des CSS. Cela amène une certaine confusion qui, à
l'occasion, n'est pas tout à fait bénéfique pour les
citoyens, j'en conviendrai.
Si le ministre fait des efforts pour départager les
responsabilités entre les deux niveaux de services sociaux, je
souscrirai bien volontiers à l'intention qu'il a; je ne sais pas
jusqu'à quel point je partagerai la façon dont il tranchera la
question. De même les rapports qu'il a lui-même mentionnés
avec les médecins pratiquants en cabinet privé. Il n'y a,
actuellement, aucune possibilité pour le réseau public
d'intervenir. Le ministre n'aura pas à lésiner, je pense, sur le
sujet.
Je donne un exemple, M. le Président. Drummondville-Sud est
dotée, depuis un certain temps, d'une polyclinique privée, que
j'ai eu l'occasion de visiter dans une tournée. J'ai été
fort bien accueilli, je dois le dire, M. le Président, par les
médecins qui m'ont reçu. Ce sont de jeunes médecins,
d'ailleurs, à peine plus âgés que moi, qui ont
créé une polyclinique privée qui fonctionne admirablement
bien, qui est très moderne. Je ne sais pas si le ministre a eu
l'occasion de la visiter lui-même.
On m'a dit, et c'est la formule des médecins eux-mêmes
à l'intérieur de cette polyclinique, qu'il s'agit d'un CLSC
privé. J'ai eu une longue discussion avec eux sur ce que pourrait
être un CLSC privé, parce qu'à mon avis, un CLSC ne peut
être que public. Le CLSC est, d'abord, la participation des citoyens.
J'ai demandé combien de citoyens étaient membres de leur conseil
d'administration; j'ai demandé combien de travailleurs sociaux
travaillaient avec eux dans la polyclinique; j'ai demandé quels
étaient les efforts d'actions communautaires qu'ils avaient faits dans
Drummondville-Sud.
Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, que si, sur le
plan médical, ils étaient, probablement, A-1, sur tous les autres
chapitres, s'ils avaient des intentions très vagues d'interventions, ils
en étaient quand même à l'étape d'intervention
très première. Peu importe, là n'est pas le sujet. Je veux
dire que si, demain matin, un centre local de services communautaires pour
Drummondville devait s'installer, il est clair que dans l'établisse-
ment d'un programme de santé, par exemple, il devrait
nécessairement convenir des projets de développement de cabinets
privés qui peuvent se passer absolument en dehors de son
autorité, à l'extérieur.
Ce n'est pas le cas de Drummondville-Sud, M. le Président, mais
inversons chronologiquement la situation. Si un CLSC avait été en
implantation sur le territoire, qu'effectivement les citoyens, membres du
conseil d'administration et tous les autres élus à ce conseil
avaient été en train d'établir un plan de
développement de services de santé je parle de services de
santé de première ligne sur le territoire de Drummondville-Sud en
relation avec l'hôpital Sainte-Croix de la région et, que
tout à coup, l'initiative privée dont je viens de parler, cinq
à six omnipraticiens assez bien nantis, merci, pouvant se permettre de
quitter leur cabinet isolé, et avec l'encouragement de la
Fédération des médecins-omnipraticiens du Québec,
viennent développer cette médecine en polyclinique, quel aurait
été l'effet sur le programme public qui est étalé?
En fin de compte, on parle d'une région où les médecins ne
sont pas très nombreux, et le fait que cinq ou six ou huit d'entre eux
décident de développer une polyclinique privée peut
littéralement contrecarrer tout projet d'intervention publique dans le
domaine de la santé, dans cette région ou, en tout cas, le
modifier considérablement.
Il va falloir que le ministre, dans la décision qu'il a à
annoncer, au cours des prochaines semaines, intervienne quant à
l'influence que des entreprises médicales privées je les
appellerai de cette façon pourraient avoir sur le réseau
public de développement de soins de santé, auquel non seulement a
souscrit cette assemblée par une loi votée à
l'unanimité, mais en plus par des crédits que nous nous
apprêtons à voter, qui vont dans ce sens.
Or, si les CLSC ont été perçus comme des rivaux,
très souvent, M. le Président, c'est qu'ils ont dû
eux-mêmes se mettre en guerre, en certaines occasions. On m'a
raconté, dans différentes tournées que j'ai
effectuées sur le territoire du Québec, par exemple je
reviens au premier sujet que je mentionnais les difficiles rapports
entre les départements de santé communautaires et les CLSC.
Les départements de santé communautaires, partant avec un
budget plus avantageux à l'occasion et surtout avec une structure
médicale professionnelle établie et tellement bien ancrée
dans certaines régions je parle des petites régions du
Québec, mais le Québec est fait de beaucoup de petites
régions inévitablement cela a eu des grands effets sur le
développement de leur action.
Or, je dis au ministre, quelles que soient ces décisions qu'il
aura à faire connaître bientôt, quant aux rapports des CLSC
avec les départements de santé communautaire, avec les CSS ou
avec les polycliniques privées, qu'il doit regarder et cela
m'apparaît essentiel le fait que, si le CLSC n'est pas un rival
des autres institutions, il est à tout le moins une nouvelle institution
sociale à laquelle il faut souscrire par toutes les chances
possibles et que cela devrait donc être à l'avantage des
CLSC que se prennent la plupart des décisions dans le partage des
responsabilités.
M. le Président, je voudrais continuer la discussion en parlant
de l'autre aspect proprement neuf des CLSC, celui de l'action communautaire,
qu'a mentionné lui-même le ministre. Je l'inviterai à
retourner à l'opération bilan et également au rapport
minoritaire qui a accompagné l'opération bilan. J'ai pris
connaissance des deux et je me permets d'exprimer, au nom de l'Opposition
officielle, qu'il est une partie du rapport minoritaire, soumis par MM. Alary
et Lesemann, qui nous apparaît réelle. Je le fais à partir
même d'une connaissance un peu plus concrète à mesure que
les mois passent et que je m'occupe de ce dossier. Le fait que ces deux membres
du comité aient choisi de faire un rapport minoritaire m'apparaît
essentiel et ils ont fort bien fait de le signaler.
Je cite simplement cette partie, M. le Président, parce que le
ministre lui-même faisait état tout à l'heure de
distinctions à faire entre action communautaire et ce qui s'appelle,
à proprement parler, action politique. Je souscrirai au principe de son
intervention. Effectivement, trop souvent, y compris ceux qui sont
opposés à l'action politique qu'ils ont vue dans toute action
communautaire, même là où il n'y en avait pas, et,
malheureusement aussi, à l'autre bout de l'échelle, tous ceux qui
croient à l'action communautaire se sont sentis obligés, à
un moment donné, de faire de l'action politique.
C'est une distinction théorique fragile. Il est difficile, par
exemple, lorsqu'on intervient sur une question comme le logement je
parle pour mon quartier en particulier et le député de
Sainte-Marie, qui a fait son intervention à l'Assemblée sur ce
sujet, en sait quelque chose de faire le partage entre ce qui s'appelle
action communautaire et action politique dans le domaine de l'habitation, parce
qu'il en va des crédits publics qui sont affectés à ces
fins. Il serait tout à fait inutile de faire tourner les gens en rond
sur une politique d'habitation si cela ne doit pas aboutir à
l'autorité politique qui a les moyens, à un moment ou à un
autre, de décrocher les sommes pour résoudre ces
problèmes.
Mais ce qui était important dans le rapport minoritaire, c'est
ceci un seul paragraphe, mais tout y est contenu, à mon avis
"L'image volontiers diffusée de CLSC contrôlés par
des groupes militants soupçonnés de poursuivre des objectifs
idéologiques particuliers ne correspond plus à la
réalité actuelle des CLSC."
Je pense que c'est à partir de cette constatation que les deux
membres du comité ont choisi de faire un rapport minoritaire. Ils se
séparaient de leurs autres collègues sur cette constatation qui
m'apparaît très réelle. Elle est probablement due au fait
même que la loi que nous avons votée créant les CLSC ne
s'est pas suffisamment ouverte à la participation populaire, tel que
je me souviens un amendement du Parti québécois le
proposait à l'occasion de ce débat. Pourquoi? Parce que les
groupes populaires dont on parle ont été déçus de
l'ouverture étroite qu'on pouvait leur faire par rapport à
l'intention annoncée dans le rapport qui parlait d'une participation
majoritaire des citoyens à ce genre de conseil d'administration. La
participation majoritaire n'a pas eu lieu. Un certain nombre d'entre eux ont
claqué la porte dès ce moment et ont refusé de participer
à ce qui s'appelait l'institution CLSC.
Ils ont choisi à la bonne franquette mais se faisant
littéralement couper les vivres par la suite de continuer
à fonctionner par leurs propres moyens. Le ministre connaît des
cliniques médicales populaires qui ont choisi de continuer. Chez eux, le
fait qu'on n'ait pas accordé, dans le CLSC, la structure de
participation qu'ils avaient eux-mêmes instaurée dans le groupe
populaire constituait un obstacle de participation au CLSC lui-même.
Mais un bon nombre de groupes, au cours des premières
années, à l'époque d'implantation, à
l'époque de démarrage et même jusqu'à
l'époque de fonctionnement des CLSC, même s'ils étaient
minoritaires au conseil d'administration, ont choisi quand même d'y
déléguer des gens et d'y participer. Mais il est vrai, il est
triste de constater, au bout de quelques années d'existence de cette
structure sociale nouvelle, qu'effectivement un désenchantement s'est
opéré. Est-il dû au fait du nombre de sièges
accordés au départ, oui ou non? Je pense que oui, encore, pour
une bonne partie. Est-il dû à la difficulté, une fois qu'on
a rejoint les professionnels à la table et qu'on s'est mis à la
table, pour les groupes populaires d'apprendre à travailler avec des
professionnels et surtout pour les professionnels d'apprendre à
travailler avec les groupes populaires? Sans aucun doute.
A plusieurs endroits, un groupe ou l'autre claquait la porte ou, en tout
cas, faisait durer de façon tellement longue les débats qu'un
groupe ou l'autre, à un moment donné, décrochait. Il est
vrai que la structure, comme le disait le rapport que je citais au tout
début, bouscule, change et, en ce sens, demande des efforts de l'un
comme de l'autre. Mais rien n'empêche que la réalité dont
nous parlons aujourd'hui est la suivante: Un bon nombre de "décrieurs"
des CLSC, y compris un bon nombre de membres de cette Assemblée,
diffusent l'image que les CLSC sont contrôlés par des groupes
militants soupçonnés de poursuivre des objectifs
idéologiques particuliers; cela ne correspond plus, je pense, à
la réalité des CLSC.
Au contraire, je connais bien des groupes populaires qui continuent
à participer à l'expérience des CLSC et qui, lorsqu'ils
rejoignent d'autres groupes populaires à l'extérieur, se font
vertement blâmer de participer à une structure
contrôlée par le gouvernement, dit-on.
Je suis moi-même, à l'occasion, appelé à
intervenir devant des gens qui disent: CLSC égale gouvernement,
égale Parti libéral. Je ne crois pas que ce soit cela. Je crois
encore que la structure, même si elle n'est pas celle que j'aurais
choisie, est ouverte à la participation, est ouverte à la
modification. J'ai trop vu d'actions communautaires menées par les CLSC
le ministre les connaît, elles ont été
publiées par la revue même du ministère des Affaires
sociales qui ne sont pas des
actions menées par le gouvernement mais qui sont vraiment des
actions communautaires. Mais c'est difficile, pour certains groupes populaires,
s'ils ne veulent pas se discréditer dans l'ensemble des quartiers
d'où ils émergent, de participer de façon très
sereine, très complète aux CLSC étant donné la
place minoritaire qu'on leur a accordée, d'une part, et,
deuxièmement, étant donné toutes les contingences
administratives auxquelles ils se soumettent eux-mêmes lorsqu'ils
acceptent d'y participer.
Je dis, M. le Président, qu'un bon nombre de ces gens... Je cite
encore le rapport minoritaire parce qu'il m'apparaît avoir
extrêmement raison là-dessus. Le ministre devrait l'avoir à
l'oeil et en tête lorsqu'il rédigera les nouvelles directives
qu'il se propose d'émettre: "Conscients peu à peu qu'ils ne
pourraient détenir le pouvoir de contrôle et d'orientation pour
l'infléchir en faveur des priorités qu'ils avaient
eux-mêmes perçues dans leur milieu, ils s'en sont
détachés progressivement. Ils ont laissé la place à
des personnes sympathisantes, certes, mais non militantes".
Ceux qui attaquent les élites locales, le conservatisme des uns
et la recherche de sécurité des autres, qui se trouvent
bousculés par certaines actions communautaires des CLSC et qui ont la
tendance à démontrer ces actions comme nécessairement
politiquement axées contre eux et vers eux devraient connaître un
peu plus le fonctionnement interne des CLSC. Il m'apparaît difficile de
définir l'action communautaire c'est le président de la
Fédération des CLSC lui-même qui le disait dans une
entrevue mais de là à la confondre nécessairement
avec action politique et d'ainsi émettre des directives qui, pour
abattre l'action politique, détruiraient en quelque sorte l'action
communautaire, tout cela m'apparaîtrait comme une atteinte même
à l'esprit d'un CLSC et à la loi que nous avons nous-mêmes
votée. M. le Président, sur cette question, donc, des nouvelles
directives, ce sont les remarques que je voulais faire.
Il m'apparaît urgent, impérieux que ces conflits qui ont
à l'occasion paralysé le développement des CLSC, conflits
avec les DSC, avec les CSS, avec les médecins privés ou avec les
élites locales en place, qui dans action communautaire confondaient
action politique, me paraissent des points sur lesquels il est urgent
d'intervenir, mais nécessairement en faveur des CLSC. Ce qu'il faut
faire dans cette action de départage, c'est protéger
l'intégrité de la nouveauté du CLSC dans le réseau
des affaires sociales du Québec.
J'aimerais peut-être entendre une remarque là-dessus avant
de poser d'autres questions plus précises sur les centres locaux de
services communautaires.
M. Forget: M. le Président, j'ai écouté avec
très grand intérêt les observations de notre
collègue, le député de Saint-Jacques, sur le sujet. J'ai
fait part à la commission, il y a quelques minutes, des interrogations
qui étaient les nôtres, à ce moment-ci, et de l'effort que
nous faisions pour présenter vis-à-vis de chacune de ces
interrogations des orientations plus précises ou nouvelles, selon le
cas.
Je ne veux pas me répéter; je pense qu'il ne serait pas
nécessaire que je me répète sur ces questions. Comme je
l'ai indiqué, cet effort n'était pas tout à fait au point
encore, il m'est bien difficile, à ce moment-ci, d'aller plus loin sans
préjuger de nos conclusions avant même qu'elles soient
finales.
Ce que je peux faire, c'est essentiellement écouter, et j'ai
écouté avec grand profit les remarques du député de
Saint-Jacques. Pour le moment, je ne crois pas qu'il soit opportun d'aller
au-delà des remarques que j'ai faites tout à l'heure qui
indiquent que, sur le plan de la perception des problèmes, il y a, je
pense bien, presque consensus quant aux endroits où des questions se
posent, où des interrogations se posent. Ce sont d'ailleurs les
interrogations du milieu lui-même, des différents milieux
impliqués. Ce sur quoi je peux peut-être terminer cette
brève intervention, c'est le fait que c'est précisément
pour répondre à une attente que nous nous sommes livrés et
que nous nous livrons encore à cette redéfinition des
problèmes et des solutions. Nous sommes conscients qu'il faut enfin,
dans certains cas c'est le terme tout à fait approprié
apporter des réponses intelligibles et précises, pour
éviter que durent indéfiniment des sources de difficultés
et parfois même de conflits qui absorbent l'énergie des
différents intervenants, des différents organismes, ceux qui
cherchent à établir des CLSC et ceux qui animent d'autres
structures, tels des départements de santé communautaire. Il nous
appartient d'éviter que soit stérilisée une partie des
efforts des uns et des autres.
Ce n'est pas par fantaisie ou par caprice que nous nous sommes
attelés à cette tâche de redéfinition, mais pour
répondre à un besoin qui est ressenti et que l'opération
bilan, effectuée l'an dernier, n'a pas permis par elle-même de
trancher parce que, d'une part, un bilan n'a pas pour objet de faire autre
chose que d'être ce qu'il se présente, c'est-à-dire un
bilan, une constatation d'une situation et que, dans la façon dont le
rapport a été fait par l'équipe chargée de ce
bilan, il s'est dégagé non pas peut-être un rapport
majoritaire et un rapport minoritaire je crois que c'est une description
un peu faussée de la situation mais deux aspects qui ont
été étudiés par deux sous-groupes distincts, qui,
parce qu'ils portaient sur des sujets essentiellement distincts et
étaient faits par des individus qui n'étaient pas identiques,
semblent suggérer des orientations un peu différentes les unes
des autres.
Donc, pour toutes ces raisons, il était nécessaire,
après ce bilan, de trancher tout ce qu'il restait à trancher et,
avant de trancher, de s'interroger assez profondément sur
l'évolution que nous voulions voir se produire dans le domaine des
services de santé et des services sociaux, dans le domaine des affaires
sociales en général.
Donc, ce n'est pas un caprice, c'est une attente qui est là et
nous essayerons d'y satisfaire le
plus rapidement possible. D'ici là, nous devons demeurer un peu
dans le vague, mais c'est un vague qui ne durera pas plus que quelques
semaines, comme je l'ai indiqué tantôt.
M. Charron: Se peut-il que cette nouvelle orientation
appelons-la comme cela pour les fins de la discussion, M. le Président
vous amène à amender le texte de la loi même?
M. Forget: Non. Je ne vois pas en quoi le texte de la loi doit
être amendé. La loi ne dit rien, dans le fond, relativement
à presque toutes les questions dont on vient de parler.
M. Charron: Sauf pour le conseil d'administration.
M. Forget: Sauf pour le conseil d'administration, mais ce n'est
pas le sens de nos préoccupations dans le moment. Nos
préoccupations ne concernent pas des structures légales. Le
légalisme n'entre pas en ligne de compte de ce côté. Elles
concernent surtout l'orientation elle-même et la façon dont les
programmes, les activités et les responsabilités sont
définis, ce sur quoi la loi et même les règlements sont
silencieux.
M. Charron: Vous avez dit je crois que c'est lorsque vous
vous êtes adressé à la Fédération des CLSC
à son congrès de fondation l'année dernière
que vous feriez connaître prochainement le plan de développement
du réseau des CLSC. Pouvez-vous, à ce moment-ci de nos
discussions, nous dire quel est le rythme de croisière que vous
envisagez pour la création de nouveaux centres locaux de services
communautaires?
M. Forget: Je crois que c'est au mois de mai... M. Charron:
Le 5 mai.
M. Forget: ...le 5 mai, l'allocution dont vous parlez, mais
à peu près au même moment une invitation a
été faite aux différents conseils de la santé et
des services sociaux des régions administratives du Québec
à évaluer les besoins, à évaluer les perspectives
de développement de ce côté. C'était un effort de
consultation qui était un peu en parallèle essentiellement avec
l'opération bilan qui se déroulait encore à ce moment et
qui devait nous fournir des éléments de décision. Je
reçois encore les résultats de ces efforts. Aussi
récemment qu'il y a une semaine ou deux, j'ai reçu des conseils
régionaux le fruit de leurs travaux, de leurs consultations dans leur
région. Evidemment, il faut se donner le temps d'en prendre connaissance
et de les évaluer. On n'est pas encore en mesure de se prononcer de
façon définitive sur tous et chacun de ces rapports. D'ailleurs,
il y a une relation de complémentarité très étroite
entre les problèmes dont nous avons parlé jusqu'à
maintenant, les problèmes d'orientation, les problèmes du
rôle des CLSC vis-à-vis des autres organismes, et la question du
développement qui est en quelque sorte liée étroitement
à cette conception du rôle du CLSC.
Les deux questions feront l'objet d'une discussion et d'une proposition
par la même occasion.
M. Charron: Dans le budget que nous avons à voter est
compris, j'imagine, le budget d'implantation de nouveaux CLSC au cours de
l'année?
M. Forget: Le budget tel qu'il existe dans le moment
reflète largement les préoccupations telles qu'on pouvait les
anticiper l'automne dernier. Comme vous le savez, le processus
budgétaire est tel que tout cela s'amorce en juin ou juillet pour
l'année subséquente. Il y a donc certaines disponibilités
financières sur le plan du développement; en particulier le
développement de ceux qui sont déjà autorisés parce
qu'il y en a qui sont en voie d'implantation, qui ne fonctionnent pas. Il y a
donc des crédits prévus pour cela. Il y a aussi des
crédits additionnels qui pourraient être utilisés. Il
pourront l'être dans une optique de développement dès
qu'elle aura été précisés.
M. Charron: Est-ce que la communauté de Senneterre dans le
Nord-Ouest québécois est celle qui recevra l'implantation d'un
CLSC au cours de l'année?
M. Forget: C'est déjà fait. En somme, il y a
déjà des services et du personnel qui ont été
affectés au CLSC de Senneterre. Il y a eu une espèce de
rencontre, j'ai noté que, même dans les journaux régionaux,
on faisait état de la mise en route du projet du fait qu'il y avait une
sensibilisation de la population au fait que des services nouveaux seraient
disponibles. Donc il y a des budgets actuellement. Il y a 32 personnes
actuellement, qui comprennent, j'imagine, le personnel ou une bonne partie du
personnel de l'hôpital de Senneterre. Il y a une situation provisoire due
au fait qu'une construction doit se faire à Senneterre, pour le CLSC.
L'édifice actuel de l'hôpital est inadéquat, de toute
façon, pour quelque usage que ce soit; c'est un édifice en bois
qui est très vétuste et qui doit être remplacé.
Il y a eu des retards, mais il n'y a pas de problème, tout cela a
été réglé. Je crois que ce sont des retards
liés à la conception de l'édifice et des choses dans ce
genre-là.
M. Charron: Vous avez fait mention des rapports des CRSSS qui,
à l'occasion, sont favorables à l'implantation de nouveaux CLSC
sur leur territoire. Est-ce que le CRSSS de la région 04 de la Mauricie
a exprimé un avis sur la demande de citoyens de Saint-Alexis-des-Monts
de se voir dotés sinon d'un CLSC, du moins d'un point de service qui
permettrait à la population de ce coin de recevoir des soins de
santé adéquats?
M. Forget: On me dit qu'on a reçu ce rapport dans les
derniers jours. On a noté au passage, dans une étude sommaire,
qu'il y a des recom-
mandations à cet effet, de points de services, mais on n'est pas
en mesure de faire un commentaire, cela vient d'arriver.
M. Charron: Cela émane du CRSSS de la région.
M. Forget: Moi je l'ai eu sur mon bureau hier. Il y a
recommandation au moins de deux CLSC nouveaux cette année et aussi de
points de services pour les régions éloignées, mais je ne
peux pas vous dire de quelle façon c'est recommandé. C'est
arrivé sur mon bureau vendredi ou lundi.
M. Charron: M. le Président, j'aimerais savoir, dans le
budget de $148 053 900, à l'élément 1, des soins
généraux, quelle est la somme précise qui va aux centres
locaux de services communautaires dont nous parlons.
M. Forget: C'est $16,5 millions plus $5 millions pour les
auxiliaires familiales, actuellement.
Je pourrais vous donner une ventilation approximative, sous toute
réserve, des crédits de ce poste, de ce programme. Il y a
d'abord: matériel et équipement. Il y aurait d'abord $16 600 000
pour le matériel et l'équipement, qui visent toutes les
catégories d'établissements qui sont l'objet de paiements de
transfert au titre des services communautaires. Et là, on va voir
à la suite quels sont tous ces organismes.
Il y a d'abord les hôpitaux de soins généraux,
subventions de fonctionnement. Les services ambulatoires en centres
hospitaliers publics, si vous voulez, les cliniques externes, $51 739 000. Il y
a aussi les services externes des centres hospitaliers privés
fédéraux, services pour à peu près $2 millions au
total; services externes hors province, $2 millions; santé
communautaire, les centres hospitaliers publics, les unités sanitaires
qui sont désormais complètement intégrées, plus le
personnel, la responsable de la direction des départements de
santé communautaire, $21 millions.
M. Charron: Les DSC reçoivent $21 millions?
M. Forget: Oui. Le programme de cancer du col utérin,
programme de cytologie Québec, un peu moins de $1 890 000. Les
études périnatales, $90 000; médecine
génétique, il s'agit du réseau québécois de
médecine génétique dans quatre hôpitaux,
Sainte-Justine, Centre hospitalier universitaire de Laval, le Montreal
Children's et, je crois, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Ces hôpitaux qui font partie du réseau de médecine
génétique et qui appliquent les tests à la grossesse pour
déterminer l'incidence de maladie génétique, appliquent
aussi certaines mesures de traitement telles que la distribution d'aliments
spéciaux pour certaines maladies génétiques. Donc, $418
000.
Les unités de soins familiaux qui sont dans les centres
hospitaliers d'enseignement; les unités d'enseignement de la
médecine de famille, d'en- seignement clinique de la médecine de
famille, $926 000.
Médecine du travail; en plus de cela, il y a des
disponibilités qui sont mises à la disposition du programme, mais
qui sont réparties un peu selon la distribution
précédente. Les contributions au régime de retraite du
gouvernement et des organismes publics, le RREGOP, un tiers de million.
Développement des ressources, $2 millions, et une provision pour les
conventions collectives de $19 204 000.
M. Charron: Si je vous demandais...
M. Forget: Cela continue, je m'excuse. Les CLSC, $21 326 000;
alors, là aussi il y a le RREGOP; le développement des
ressources, $5 millions; conventions collectives, encore là $5 millions.
Le reste ce sont des montants mineurs, sauf peut-être le dépistage
et la luttre contre la tuberculose, $700 000. Les subventions spéciales
aux gouvernements municipaux pour les cliniques de santé communautaires
de certaines municipalités, $7 526 000. Développement de
ressources, RREGOP, enfin tout le reste qui suit, dans le même ordre de
grandeur.
M. Charron: La somme totale que remet le gouvernement du
Québec aux centres locaux de services communautaires est de quel
ordre?
M. Forget: Elle est de $21 millions comme tel, plus les
conventions collectives, $27 millions.
M. Charron: Cela constitue une progression de combien sur
l'année dernière? Est-ce que vous avez une ventilation...
M. Forget: C'est à peu près $12 millions ou $13
millions.
M. Charron: L'année dernière c'était $12
millions ou $13 millions. Est-ce que vous avez une ventilation sur la
façon dont ces sommes sont ensuite utilisées à travers les
70 centres locaux? Je veux dire le partage entre ce qui va, à proprement
parler, à l'administration des centres, ce qui va aux soins de
santé, aux soins communautaires et les services sociaux que les centres
eux-mêmes ont mis sur pied.
M. Forget: Vous pouvez en avoir une bonne idée par les
effectifs. Vous avez, dans les documents que vous recevrez, la liste des
effectifs; par la nature des effectifs et la qualité des effectifs qui
sont qualifiés, vous verrez la masse qui va de l'un à
l'autre.
M. Charron: Je n'en aurai qu'un aperçu très
très incomplet.
M. Forget: Nous n'en avons aucun de prêt, sauf qu'on peut
les avoir assez facilement; le budget par établissement CLSC, nous
pouvons l'avoir facilement. Nous ne l'avons pas sous forme de tableau, mais on
peut vous le donner un par un.
M. Charron: Sans vous le demander pour la journée qui
vient, est-ce que je peux m'assurer que la commission pourra disposer de cette
information au cours du mois qui suivra la fin des...
M. Forget: II faut préciser une chose, c'est que les
budgets ne sont pas ventilés par poste de dépenses, en ce sens
qu'on peut avoir deux types de renseignements, mais le recoupement n'est pas
matériellement possible. C'est-à-dire qu'il est possible de
donner le budget d'un établissement et d'une série
d'établissements, le budget global, si vous voulez, de
l'établissement. Et il est possible de donner une description des
postes, c'est-à-dire l'énumération des postes et les
services ou les activités auxquelles ces postes sont consacrés.
Il n'est pas possible de donner le budget par activité à
l'intérieur de chaque établissement, parce que cela supposerait
une comptabilité qui n'est pas tenue comme telle; ce recoupement n'est
pas fait. Mais le budget varie beaucoup d'un établissement à
l'autre; il s'établit, pour ceux qui fonctionnent de façon plus
notable, entre $500 000 et $700 000 pour un établissement qui est en
marche régulière.
Il y a des exceptions à cela. Il y a certains CLSC qui ont un
budget plus élevé, par exemple, Hochelaga-Maisonneuve qui
dépasse de $3000 le million. D'autres ont un budget de démarrage
qui peut être seulement de $18 900. il y a un éventail très
largement ouvert, mais dans le cas d'un CLSC comme celui de Châteauguay
et peut-être d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez deux exemples de
développement complet. A notre avis, il s'agit là de CLSC qui ont
atteint à peu près ou même exactement la taille maximale.
Autrement, ce n'est plus un CLSC, cela devient une espèce de
bâtisse presque aussi grosse qu'un hôpital et un centre de services
sociaux combinés.
Donc, vous avez un budget de $1 219 000. Vous avez, dans ces cas, de 70
à 90 employés. C'est à peu près la taille
maximale.
Pour ce qui est de la ventilation par catégorie de personnel et
la distinction entre l'administration et les autres services, le sommaire qui
vous sera distribué cet après-midi et qu'on peut décrire
brièvement donne une assez bonne vue d'ensemble de la situation. Il y
avait, au 31 mars 1976, d'autorisés pas nécessairement en
fonction parce que les autorisations peuvent, dans certains cas, être
récentes 1750 postes, 1750 employés, si l'on veut, dans
les CLSC.
M. Charron: Cela va du directeur général
jusqu'à...
M. Forget: Jusqu'au préposé à l'entretien ou
à l'accueil, etc. La ventilation, globalement, était la suivante:
l'accueil, 147 personnes sur 1750, donc à peu près entre 8% et
9%; l'administration, 402 personnes, 402 postes; les services sociaux, 475
postes; l'action communautaire, 136 personnes; les services de santé,
494; les services de diagnostic, 36 personnes et les programmes
spécifiques, soit pour personnes âgées
essentiellement, c'est pour des personnes âgées dans tous les cas
59 personnes.
Si on regarde la gestion comme telle, cela fait un total de 550 postes
sur 1750, c'est-à-dire un peu plus de 25%, mais un peu moins que le
tiers. A notre avis, il s'agit là d'un total un peu élevé
du côté de la gestion, mais il ne faut pas oublier que dans
plusieurs cas le démarrage se fait par l'engagement d'un directeur
général et d'un personnel administratif et, dans le fond, c'est
100% de ces budgets.
M. Charron: C'est-à-dire qu'avec le développement
de démarrage et fonctionnement, c'est plutôt dans les autres
postes qu'on va engager des gens nouveaux?
M. Forget: Je pense qu'on peut prendre des CLSC mieux
développés ou pleinement développés.
Malheureusement, le total n'est pas fait par CLSC, mais dans le cas de
Châteauguay, par exemple, on a 78 postes et là-dessus il y a 25
personnes à la gestion. Enfin, c'est un total encore peut-être
élevé de près du tiers. Mais on compte ici des
activités qui sont, disons, mitoyennes au moins, puisqu'il y a dans ce
qui est considéré comme la gestion, 4 secrétaires
médicales et un archiviste qui sont des personnes essentielles au
fonctionnement de services de santé car il faut que les dossiers soient
faits et que l'information des services de diagnostic et les observations des
professionnels soient transcrites aux dossiers. C'est un peu artificiel que de
les grouper dans le personnel de gestion; on pourrait tout aussi bien les
mettre dans le personnel de programmes de santé et, à ce moment,
la proportion tombe à un niveau qui nous paraît plus
acceptable.
Il me semble, personnellement, qu'un programme où les coûts
d'administration dépassent 25% en régime de croisière
n'est pas géré efficacement et que c'est un objectif auquel il
faut tendre.
M. Charron: M. le Président, y a-t-il eu la
création d'un nouveau département de santé communautaire
ou si l'on en est toujours aux 31 de l'année dernière?
M. Forget: Toujours.
M. Charron: En prévoit-on d'autres au cours de
l'année?
M. Forget: Non, les 31 qui existent, ce sont les 31 qui sont
prévus depuis le début du programme de départements de
santé communautaire. Comme on le sait, cette liste est
intégrée dans les règlements de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, ce n'est donc pas une chose qui pourrait
être modifiée, sauf de façon très formelle.
Il y a une raison à cela, c'est qu'il y a une
responsabilité, premièrement, qui est définie par rapport
à un territoire donné; donc, la création d'un nouveau
département impliquerait un réaména-
gement du territoire. Donc, ce n'est pas comme un développement
dans d'autres secteurs de l'activité médicale; cela a des
implications beaucoup plus rigoureusement définies. D'autre part, il
nous apparaît que c'est déjà beaucoup d'avoir
créé 31 départements de santé communautaires,
étant donné la très grande rareté du personnel
spécialement formé pour de telles activités. C'est
déjà exiger beaucoup du potentiel humain actuellement disponible
au Québec et il ne paraîtrait pas sage, à moins de diluer,
un peu trop dans le fond, les compétences qu'on a d'en créer
davantage. Il n'est pas du tout prouvé, d'ailleurs, qu'il soit
nécessaire d'en créer davantage, puisque le rôle du
département de santé communautaire va de plus en plus
explicitement être un rôle de contrôle, de surveillance et
d'évaluation des activités de première ligne, tant sur le
plan thérapeutique que sur le plan préventif.
Ce genre d'activités, il n'est pas du tout nécessaire, je
pense, de les voir se morceler plus que ce n'est déjà le cas par
la création de 31 départements.
M. Charron: M. le Président, ma dernière question
sur le programme des centres locaux de services communautaires en sera une de
clocher. Vous me permettrez de demander, à propos de
l'intégration du service de protection de la jeunesse, dans le quartier
centre-sud de Montréal, au CLSC centre-sud, de quelle manière
s'opérera cette intégration déjà accordée
par le ministre des Affaires sociales.
M. Forget: Bien, on attend un projet formel des animateurs de
cette expérience qui était financée par une autre source
que le ministère des Affaires sociales. L'indication a été
donnée aux administrateurs, aux promoteurs de ce programme que, dans
l'immédiat, nous assurions la continuité des activités sur
le plan financier, mais qu'avant de pouvoir préciser directement et en
détail la façon dont cela s'intégrerait au CLSC nous
aimerions avoir un exposé plus systématique de la façon
dont eux envisagent cette intégration ou cette juxtaposition, enfin un
projet mieux articulé en termes justement de la question que l'on vient
de poser.
Il y a un délai, je pense, d'un mois ou deux, d'ici au
début de juillet, pour que cela se fasse, que ce soit discuté et
approuvé de manière définitive.
M. Charron: Mais, pour le moment, tous les travailleurs qui
étaient autrefois financés par une autre source, comme vous venez
de le dire, ont quand même une sécurité d'emploi; le
programme est effectif sur le terrain, dans le quartier?
M. Forget: Un télégramme a été
envoyé pour les assurer de cette continuité, sans interruption.
Encore une fois, l'échéance est le 1er juillet pour mettre au
point tous les détails de cette intégration.
M. Charron: M. le Président, sur les soins
généraux, élément 1, j'ai terminé.
Le Président: Alors, élément 1 du programme
4, adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président: Adopté. Elément 2.
Soins à domicile
M. Charron: Les soins à domicile, M. le Président,
un budget de $20 541 700. Vous ne me blâmerez certainement pas, M. le
Président, d'aborder cette question des soins à domicile en
parlant d'abord de la catégorie de nos concitoyens que j'estime
être les plus dépendants du développement de ce genre de
soins et ceux pour lesquels il est le plus urgent de les développer,
soit les personnes âgées.
Vous savez aussi, M. le Président, que les personnes
âgées, chaque fois qu'on le leur demande, expriment très
clairement, dans la très grande majorité des cas, qu'elles
désirent resterdans leur milieu naturel de vie, le plus près
possible des gens qu'elles ont toujours côtoyés et en contact avec
les autres générations. D'ailleurs, une enquête
effectuée par le Conseil régional de Québec a
démontré le ministre est au courant que plus de 80%
des personnes âgées interrogées disaient qu'elles
désiraient conserver leur logement, continuer à vivre chez elles
comme elles avaient toujours vécu.
Le fait même, M. le Président, que des personnes
âgées désirent souvent, acceptent même de rester dans
des logements inadéquats, pour ne pas dire insalubres, à
l'occasion, plutôt que d'en être arrachées et être
placées dans des foyers d'hébergement ou des hôpitaux,
indique encore plus la façon et le sérieux qu'elles ont à
vouloir maintenir leur autonomie. Les foyers énormes, tels qu'on les
connaît au Québec, ne répondent pas à leurs
aspirations. Là aussi, la grosseur à l'américaine les
écrase, je pense. Il faudra trouver, là aussi, une échelle
humaine pour faire en sorte que les gens du troisième âge
puissent, autant que possible, conserver leur chez-soi, continuer à
vivre dans leur propre maison ou appartement, sans être isolés, et
tout en recevant voilà donc les soins à domicile,
les services sociaux et spéciaux que requiert souvent leur
état.
Or, M. le Président, les médecins effectuent de moins en
moins de visites à domicile. C'est un secret de polichinelle pour qui
vit au Québec maintenant. En 1971, les médecins avaient
effectué 1 110 000 visites à domicile. En 1974, seulement 743
000. Cela va en diminuant, préférant recevoir leurs patients en
clinique externe ou en cabinet privé.
D'autre part, un rapport gouvernemental indique que les
infirmières des services de santé communautaires exercent
donc celles susceptibles de donner ces soins presque exclusive-
ment leur action en milieu scolaire et que les auxiliaires familiales,
elles, viennent le rapport est clair aussi lorsque les demandes
émanent des CLSC ou des centres de services sociaux, à l'aide de
familles pauvres surtout lorsque la mère est malade, donc pas
nécessairement chez les personnes âgées.
Enfin, les services à domicile sont tellement
négligés par le gouvernement que seulement 5% du personnel des
CLSC peuvent être dits affectés à ce genre de soins
à domicile. La piètre qualité de ces soins et l'absence de
politique de logement pour les personnes âgées, cela va de pair,
ont pour effet d'augmenter la demande de lits, dont le nombre est
déjà insuffisant, dans des foyers d'hébergement ou des
hôpitaux c'est le cercle vicieux d'où l'existence de
longues listes d'attente aux quatre coins du Québec. Il est clairement
démontré que l'existence de soins et de services à
domicile adéquats diminuerait la demande de placement en
institution.
Tous les députés cela m'est arrivé encore
hier après-midi qui se font littéralement inviter à
faire des pressions pour obtenir une place dans un foyer d'hébergement
doivent savoir que, très souvent, si un service de soins à
domicile adéquat était développé pour ces
personnes, plusieurs de ces personnes ne se traîneraient pas à nos
bureaux pour nous demander de les faire entrer dans un foyer
d'hébergement. Au contraire, elles seraient pleinement satisfaites de
finir leur vie de couple, comme le couple que j'ai reçu à mon
bureau, hier après-midi, chez eux, à la seule condition,
étant donné leur grand âge, qu'on leur assure que des soins
leur seront donnés à domicile. Ils sont les derniers à
vouloir aller en foyer d'hébergement, mais se sentent parfois
obligés de s'y rendre, étant donné l'incapacité de
recevoir les soins à domicile.
Il me paraît, moi, en regardant ce dossier fois après fois
qu'il est inconcevable qu'on ne se rende pas à l'établissement
d'un réseau de soins et de services à domicile, puisque cela
coûte beaucoup moins cher que l'hébergement des personnes
âgées dans des institutions, et c'est meilleur pour eux, pour leur
santé physique et mentale.
Depuis septembre 1970, le ministère des Affaires sociales
possède une étude faite par M. Jean-Marie Martin,
effectuée dans le cadre de la commission Castonguay et qui souligne
je l'ai parcourue à nouveau, en me rendant ici ce matin
à grand renfort d'adjectifs l'urgence, la nécessité
et cela est en septembre 1970 d'établir une politique de services
d'aide à domicile. Je cite M. Martin dans son rapport: "Le
bien-être des personnes âgées exige que les services d'aide
familiale soient diversifiés. Les principaux services de ce genre sont
celui des soins domestiques, celui des soins de santé à domicile,
celui des visites amicales à domicile et celui des repas à
domicile quand d'autres soins ne sont pas nécessaires. Dans une
politique à court terme pour la vieillesse, un programme de services
d'aide à domicile doit recevoir, du point de vue de sa mise en oeuvre
dans le temps et des ressources qu'il faut y consa- crer, la plus haute
priorité. Etant donné l'organisation actuelle des services
destinés aux personnes âgées, ce programme revêt un
caractère d'urgence et a une importance plus grande que celle de tout
autre programme. J'ai l'impression, M. le Président, s'il avait
pu écrire son texte en rouge, qu'il l'aurait fait.
Il est bon de se rappeler enfin que d'un point de vue pratique
l'organisation des services d'aide familiale permettra de réduire la
construction des foyers d'hébergement, ce qui ne veut pas dire qu'il
n'en faudra pas d'autres pour répondre aux besoins d'une population
âgée qui augmente d'année en année et dont un
certain pourcentage aura, on le sait, toujours besoin de vivre en institution".
Je termine la citation, mais je rajoute: Ce qui est certain, c'est que les
listes d'attente et l'obligation de s'inscrire sur une liste d'attente et de
recourir à tous les moyens de pression possibles, légitimes ou
illégitimes pour y entrer, lorsque son état de santé
l'exige, cela inévitablement diminuera dans les faits.
Plus récemment, M. le Président, le CRSSS de la Mauricie,
la région 04, recommandait l'établissement de soins et services
à domicile visant à maintenir l'autonomie des personnes
âgées dans leur milieu de vie. Et pour cette région, ce
n'est pas un exemple anodin, la sous-région de Drummondville, dans la
région 04, obtient actuellement un nombre de lits par 1000 personnes
âgées, de 3,4, ce qui est inférieur de presque la
moitié à ce qui s'appelle la norme québécoise, de 6
par 100 personnes âgées dans chacune des régions.
Le CRSSS de l'Outaouais a parlé de soins et de services à
domicile comme étant la clef de voûte de tout le problème
des personnes âgées. Je ne cite pas les rapports des autres CRSSS
qui abondent tous à un moment ou l'autre dans le même sens.
M. le Président, laissez-moi ajouter, avant de passer la parole
au ministre sur cette question, un certain nombre de chiffres qui feront
état de la pauvreté et de l'incroyable incurie du Québec
dans le développement des soins à domicile à
l'égard des personnes âgées. Je vous disais tout à
l'heure que l'analyse du ministère que j'ai ici en main montrait que les
services d'aide familiale déjà existants ne répondent pas
beaucoup aux besoins des personnes âgées. En fait, 70% de ces
interventions sont surtout liées à la santé de la
mère, donc ne s'adressent pas aux personnes âgées.
Quel est le ratio actuel du ministère des Affaires sociales? J'ai
celui de 1971/72 qui disait que pour le développement des soins il
existait un réseau de services équivalant à 326
auxiliaires familiales pour l'ensemble du Québec. Encore une fois, M. le
Président, il ne s'agit pas de services offerts uniquement aux personnes
âgées, celles-ci ne recevant que les restants, la plupart du
temps, puisque 70% du temps de ces personnes était consacré au
service d'auxiliaires familiales à proprement parler. Au moment
où le Québec avait en auxiliaires familiales, une proportion de
5,3 par 100 000 habitants, regardons l'exemple de l'Ontario, qui est de 11 par
100 000 habitants; du Mani-
toba, qui est 32 par 100 000 habitants; du Royaume-Uni, qui est de 30
par 100 000 habitants, et de la Suède, que le ministre a eu l'occasion
de vérifier lui-même, l'automne dernier, qui est de 144 par 100
000 habitants.
Le ministère s'était fixé d'obtenir 8 par 100 000
habitants au cours d'un calendrier qu'il se donnait à l'intérieur
de 5 ans. L'augmentation de la disponibilité de la ressource auxiliaires
familiales se fera selon un rythme assez lent en 1975/76 et 1976/77
après avoir été plus rapide en 1974/75. Ainsi, en 1975,
l'équivalent de 400 auxiliaires familiales oeuvreront au niveau des CLSC
ou du CSS, en attendant la création du CLSC, et seront au service des
familles. Ce nombre passera à 450 à la fin de la
période.
Est-ce que je peux demander au ministre des Affaires sociales où
on en est rendu dans l'établissement de ce programme?
M. Forget: M. le Président, j'aimerais, avant de passer
aux questions de chiffres, indiquer un peu l'orientation suivie depuis un an,
en continuité d'ailleurs avec le passé, dans ce domaine. Il faut
d'abord, quand on parle de services à domicile, de soins à
domicile, faire une distinction entre les soins infirmiers à domicile et
les autres types de services à domicile, la principale autre forme de
services à domicile étant les services de l'auxiliaire
familiale.
En premier lieu, du côté des soins infirmiers à
domicile, on constate, d'une part, que les sommes qui sont actuellement
consacrées à ce genre de service sont subtantielles, de l'ordre
de $10 millions par année, mais que leur orientation jusqu'à
maintenant a été l'objet de certaines difficultés. Je le
répète encore une fois, car je l'ai déjà dit,
probablement à l'époque des crédits, que ces services ont
été conçus à l'origine, il y a environ dix ans,
comme des services qui devaient suivre une période d'hospitalisation.
C'est une orientation que nous souhaiterions leur voir abandonner dans une
large mesure et le plus rapidement possible. C'est, d'ailleurs, ce que nous
leur avons dit depuis assez longtemps et tout particulièrement depuis
les derniers mois, alors que leur intégration aux départements de
santé communautaires s'effectue. Cette intégration constitue une
occasion pour réévaluer leurs priorités.
Il apparaît qu'au lieu de se situer après
l'hospitalisation, sauf dans un certain nombre de cas assez limités,
mais bien définis, il y a avantage à ce qu'ils se situent de
manière à prévenir, avant la référence
à un établissement, qu'il s'agisse d'un établissement pour
personnes âgées ou d'un établissement hospitalier. Il y a
un rôle de prévention important qui doit être joué,
prévention au niveau de la référence à
l'institution d'hébergement ou à l'institution
hospitalière. Nous croyons que, dans la mesure où les soins
à domicile seront réorientés de cette façon, des
ressources significatives seront mises à la disposition des personnes
âgées et d'autres personnes également. Mais très
largement il s'agira de personnes âgées qui ainsi pourront
être maintenues à domicile.
Dans le contexte fourni à la fois par l'intégration aux
départements de santé communautaire et par la
réorientation de leur travail dans le sens que je viens d'indiquer, il
sera beaucoup plus rassurant de consacrer des ressources additionnelles pour
les services infirmiers à domicile. Cependant, il faut, à ce
moment-là, s'interroger sur l'à-propos de confier à
seulement 31 centres hospitaliers des ressources de services à domicile,
étant donné que, si le but est la prévention de
l'hospitalisation ou de l'hébergement, il devient beaucoup plus normal
et naturel de situer le plus près possible de l'usager, du
bénéficiaire, les ressources en question. C'est la raison pour
laquelle nous désirons privilégier le CLSC comme base
d'opération de l'infirmière visiteuse, avec un objectif, encore
une fois, de prévention et de maintien à domicile.
Pour ce qui est des services à domicile d'auxiliaires familiales,
des sommes déjà importantes sont consacrées à ces
services au Québec, de l'ordre de $7 millions, mais il est
évident que nous avons beaucoup de chemin à parcourir avant
d'obtenir un ratio satisfaisant.
Il est clair, d'après certaines comparaisons qui sont faites et
qui peuvent être faites, en particulier avec des pays Scandinaves, qu'il
y a un champ énorme au développement de ce
côté-là.
C'est d'ailleurs très significatif que ce soit dans les
mêmes pays où on réussit à maintenir la norme qui a
été adoptée pour le Québec, ou substantiellement la
même norme qui a été adoptée pour le Québec,
de six places en centre d'accueil, pour 100 personnes âgées de 65
ans et plus. C'est dans un contexte où des services d'auxiliaires
familiales et de soins infirmiers à domicile sont largement accessibles.
C'est donc un complément indissociable et indispensable de nos
activités de protection des personnes âgées dans les
centres d'hébergement que de développer, le plus rapidement
possible, des services d'auxiliaires familiales.
Une somme de $2 millions est prévue, dans les crédits de
l'année en cours, pour permettre le développement de ces
ressources. Comme on parle d'un montant de base qui est de l'ordre de $7
millions, il s'agit d'un taux d'accroissement de l'ordre de 30% à 40%
pour l'année en cours. Nécessairement, c'est un taux qui ne nous
amènera pas à un résultat final, en ce sens que c'est une
étape dans un plan de développement des services à
domicile.
Pour ce qui est des ratio, nous pourrons peut-être, si les membres
de la commission le désirent, produire certains ratio, peut-être
même par région socio-économique, au Québec, pour ce
qui est de la disponibilité de ces ressources.
On m'indique que, globalement, et sujet à correction s'il y a
erreur, nous aurions actuellement un ratio d'une auxiliaire familiale pour 8000
personnes, dans la population; que l'objectif, dans un avenir le plus
rapproché possible, que nous visons est d'une auxiliaire familiale pour
6900 personnes. Sur une base de 100 000, comme on l'a fait, cela fait, grosso
modo, quelque 15 auxiliaires familiales pour 100 000 de population. Encore une
fois, ce
sont des chiffres assez grossiers; nous pourrions peut-être faire
un certain effort pour montrer que certaines régions au Québec
sont relativement plus en avance que d'autres relativement à ce
ratio.
M. Charron: J'aimerais bien l'avoir et j'en fais même la
demande, M. le Président. Mais je ne voudrais pas entretenir une
confusion dont j'ai peut-être été moi-même à
l'origine. Nous nous en tenons actuellement aux soins infirmiers à
domicile ou si vous parlez d'auxiliaires familiales?
M. Forget: L'élément de programme que nous
regardons, le programme 4, l'élément 2.
M. Charron: S'appelle: Soins à domicile.
M. Forget: Soins à domicile, et c'est ventilé un
peu de la façon suivante, parce que cela traite des deux.
M. Charron: Bon, d'accord.
M. Forget: Nous avons, dans le budget de l'année
écoulée, $18 millions; dans le budget de 1976/77, $20,5 millions
pour ce poste de soins à domicile.
Il y a là-dessus, pour les hôpitaux de soins
généraux, des services à domicile, des services
d'infirmières visiteuses qui sont déjà
intégrés dans les centres hospitaliers, $3,5 millions, plus une
provision de $6,5 millions pour les conventions collectives,
c'est-à-dire $4,1 millions.
M. Charron: Combien d'infirmières visiteuses sont
rattachées actuellement...
M. Forget: Je ne peux vous donner la réponse sur le champ
parce qu'elle n'apparaît pas, comme telle, aux crédits, mais c'est
une information qu'on pourrait vous donner.
M. Charron: Environ, combien d'infirmières visiteuses
sont-elles rattachées aux hôpitaux de soins
généraux, dans l'article que vient de...
M. Forget: Le rapport des rémunérations
approximatives est probablement entre 900 et 1000 infirmières
visiteuses. Enfin, c'est une simple division des crédits par le montant
estimatif moyen des...
M. Charron: D'accord, la plupart d'entre elles, avez-vous dit
tout à l'heure je m'excuse si cela va préciser beaucoup de
questions en même temps travaillant à des cas de
posthospitalisation.
M. Forget: Exactement, et on a envoyé
spécifiquement un avis aux organismes responsables pour leur dire qu'au
moins le tiers des activités de ces personnes devraient être
consacrées aux personnes âgées. C'est une directive qui est
partie il y a à peu près trois semaines sur ce sujet.
M. Charron: Alors, vous avisez les départements de
santé communautaires.
M. Forget: C'est cela. Toujours sur le plan des services
infirmiers à domicile, en plus de ces $4 millions qui, actuellement,
font partie des budgets, mais identifiés pour cette fin des centres
hospitaliers, il y a un montant additionnel de $8 millions qui est prévu
en subventions de fonctionnement pour les services de soins infirmiers à
domicile qui ne sont pas encore intégrés. C'est un processus qui
est en marche. Donc, il y en a qui sont intégrés, il y en a qui
ne le sont pas; il y a un peu plus de $4 millions pour ceux qui sont
déjà intégrés et il y a un peu plus de $8 millions
pour ceux qui ne le sont pas encore.
M. Charron: Comme qui, par exemple?
M. Forget: Je pense aux trois organismes de Montréal, par
exemple, la SIV, la Société des infirmières visiteuses, la
VON, Victorian Order of Nurses, et le Service de soins à domicile du
Montréal métropolitain. Mais il y en a d'autres un peu partout au
Québec.
Cela fait une somme d'environ $12 millions à $12,5 millions pour
les services infirmiers à domicile. Il y a, en outre, une somme de $8,1
millions pour des auxiliaires familiales. Ces subventions sont laissées
aux centres de services sociaux. Les centres de services sociaux disposent donc
de $8 millions; nous disposons durant l'année en cours de $8 millions
pour procurer des auxiliaires familiales à ceux qui en font la demande,
à ceux pour lesquels on établit un besoin.
En outre de ces budgets, dans les budgets des CLSC, ceux qu'on vient
d'examiner, il y a un certain nombre de personnes, un certain nombre
d'effectifs qui ont pour objet de donner des services à domicile.
L'identification n'est pas aussi rigoureusement faite en ce sens que des
infirmières donnent en partie des services à domicile, certaines
infirmières, et en partie des services aux CLSC mêmes. Il y a des
auxiliaires familiales qui, je crois, sont spécifiquement
identifiées.
A tout ceci s'ajoute les $1,8 million dont je parlais, tantôt, en
plus des sommes qui sont indiquées, et qui seront accordées
à titre de développement aux CLSC, spécifiquement pour les
services à domicile.
M. Charron:... qui n'étaient pas...
M. Forget: Qui ne sont pas dans les $21,5 millions dont je viens
de parler.
M. Charron: ... qui n'est pas dans le budget.
M. Forget: C'est un transfert. Il apparaît, mais pas
là.
M. Charron: II apparaît où?
M. Forget: Voyez. Dans les programmes des CLSC.
M. Charron: II y a $1,8 million qui traîne quelque part
là. Ne le laissez pas traîner longtemps.
M. Forget: M. le Président, pour reprendre le point dont
je parlais tantôt, dans les budgets des CLSC, il y a une somme pour 276
auxiliaires familiales celles-là sont spécifiquement
identifiées qui s'ajoute aux $8 millions dans les centres de
services sociaux pour les fins des auxiliaires familiales. Il y a donc, en plus
de cela, 276 postes d'auxiliaires familiales dans les CLSC.
Pour ce qui est des infirmières, je ne peux pas vous donner une
ventilation aussi précise parce qu'il s'agit des infirmières
prises globalement, celles qui travaillent à l'intérieur du CLSC
de façon constante de même que celles qui peuvent être
disponibles pour des services à domicile. Mais il y a, au total, 360
infirmières et infirmières auxiliaires, à peu près,
soit 357.4. Je ne sais pas exactement à quoi le .4 fait allusion,
mais... C'est probablement un personnel à temps partiel pour une
part.
On touche ici du doigt, évidemment, une des difficultés
qu'on a soulevées tout à l'heure dans la discussion du programme
des CLSC. C'est qu'on se retrouve à la fois dans le domaine de la
santé et dans le domaine des services sociaux avec deux organismes qui
disposent de services et qui distribuent ou qui rendent accessibles à la
population des services à domicile, qu'il s'agisse de soins infirmiers
ou de services d'auxiliaires familiales. Du côté santé, ce
sont les départements de santé communautaire et même
certains centres hospitaliers qui ne sont pas des départements de
santé communautaire, parce que l'intégration remonte à
plusieurs années, et les CLSC. Dans le cas des auxiliaires familiales,
nous avons les centres de services sociaux, les CLSC et même, à
titre exceptionnel, certains centres hospitaliers qui disposaient de services
d'auxiliaires familiales.
Donc, il y a une certaine précision à apporter si l'on
veut que ces ressources soient vraiment as-cessibles, que les gens se
comprennent. Il apparaît nécessaire, le plus rapidement possible,
d'en arriver à une meilleure répartition des rôles. Pour ce
qui est du développement, et sans aucune ambiguïté, c'est le
CLSC là où il y en existe qui sera
privilégié pour ce qui est des ressources de services à
domicile. C'est normal puisque, autrement, on obligerait le personnel
préposé aux services à domicile à franchir des
distances considérables pour desservir un territoire beaucoup trop
étendu. Donc, c'est la direction de l'avenir.
Maintenant, pour ce qui est du passé, il y a des contraintes, il
y a des limites très très étroites dans le transfert de
personnel; certaines de ces limites sont psychologiques. Il y a une certaine
insécurité; on craint des transferts quand on s'est
habitué à un certain cadre de travail. Il y a des
difficultés syndicales puisque cela impose des changements de convention
collective ou des changements d'unité syndicale. C'est donc là un
problème extrêmement difficile que toute cette
réorganisation, particulièrement dans le domaine des services
à domicile parce que cela s'est développé un peu partout
et sans qu'il y ait eu à l'ori- gine on remonte à dix ans,
dans certains cas-une vue d'ensemble sur les objectifs à atteindre.
M. Charron: La nouvelle orientation dont on a parlé
à l'élément précédent, M. le
Président, qui transformera les CLSC, clarifiera-t-elle cette situation?
Je donne un exemple: un CLSC fonctionnant sur le même territoire qu'un
centre hospitalier disposant d'un département de santé
communautaire, donc en possibilité de conflit ou, du moins, de partage
difficile des responsabilités.
Le CLSC, par exemple, dispose de quatre infirmières dont deux
peuvent être visiteuses, les deux autres étant à
l'intérieur du CLSC. Il constate, dans le quartier ou la région
où il se trouve, un manque de personnel, les deux ne suffisant plus
à remplir la tâche de soins à domicile, en particulier
auprès des personnes âgées. Quelle est la méthode de
fonctionnement, actuellement? Le directeur général du CLSC
doit-il rejoindre le directeur du département de santé
communautaire dudit centre hospitalier du coin et lui demander du personnel
d'appoint, du personnel de secours, lui dire: Ne pourriez-vous pas prendre
telle rue, tel coin, tel quartier parce que mes deux infirmières ne
suffisent plus? Si le directeur du département de santé
communautaire a d'autres priorités à confier à ses
infirmières, par exemple en milieu scolaire ou auprès de gens qui
viennent de sortir de l'hôpital, et que le centre hospitalier s'est
donné comme vocation de maintenir des soins à domicile
après l'hospitalisation, qu'arrive-t-il de la qualité des soins
à laquelle les gens ont droit, en bas?
M. Forget: Je ne crois pas que la qualité des soins soit
affectée par des difficultés évidentes de coordination sur
le plan administratif. Il est clair que l'infirmière en question, qui se
rendra à domicile, qu'elle vienne de l'hôpital ou qu'elle vienne
du CLSC, sera d'abord une infirmière qui fera son possible.
M. Charron: Ces problèmes administratifs causent un
délai qui peut être préjudiciable à la personne.
M. Forget: II est clair que le problème de coordination se
pose et se posera tant que nous n'aurons pas précisé les champs
respectifs d'intervention. Encore une fois, il est facile de préciser ce
en quoi consisterait un monde idéal. Il est plus difficile de produire
instantanément, à cause des problèmes que je viens de
mentionner, problèmes de transfert d'unité ou d'employeur, etc.,
la situation idéale que l'on souhaiterait.
Ce qui serait idéal, c'est que le personnel qui se trouve au
centre hospitalier ait une responsabilité très bien
délimitée relativement à certains types d'intervention
préférablement après hospitalisation ou pour des
clientèles bien délimitées. Par exemple, il a
été, je pense, démontré que le traitement des
enfants hémophiles peut se faire à domicile de façon
très avantageuse à la fois sur le plan des coûts et sur le
plan de l'environnement que l'enfant retrouve dans sa famille et qu'il ne
re-
trouve pas à l'hôpital. On sait combien ces personnes ont
besoin, de façon répétée, soit de transfusions ou
d'injections qui leur permettent de subsister, de vivre, de survivre. Ceci peut
se faire par des services à domicile. S'il était possible
d'identifier des cas comme ceux-là, basés à
l'hôpital, il n'y aurait aucune espèce de confusion.
Comme nous avons accepté, à la demande et même
à l'insistance des organismes qui, jusqu'à maintenant, ont
donné des services infirmiers à domicile, de leur garantir une
intégration au centre hospitalier parce qu'ils se sentaient plus
à l'aise, plus confortables, plus familiers dans ce contexte et que,
malgré tout, nous voudrions leur voir cesser, dans une proportion, comme
on l'a indiqué, d'au moins un tiers, dès cette année, de
donner des services seulement après une hospitalisation pour le faire de
façon préventive auprès des personnes âgées,
nous avons forcément une espèce de conflit de juridictions,
puisque le CLSC le fera et le département de santé communautaire
le fera également.
De ce côté, nous ne pouvons que souhaiter que, le plus
rapidement possible, on trouvera une façon de se partager le travail.
Cela ne peut pas se faire à partir de Québec, cela se fait
seulement en fonction des ressources disponibles et des circonstances
particulières aux différentes régions. Cela peut se faire
sur une base géographique, comme le député de
Saint-Jacques l'a indiqué. Cela peut se faire peut-être sur une
autre base, mais il est clair que les ressources en question devront se
coordonner et se coordonner de très près.
Ce que nous aurions préféré, dans un monde
idéal, c'est qu'une partie significative du personnel infirmier à
domicile soit intégrée immédiatement aux centres locaux de
services communautai- res. Mais c'était, pour une part, impossible
puisque, dans certaines régions, il n'en existe pas suffisamment.
D'autre part, comme je vous l'ai indiqué, toute cette question a
été soulevée à cause du contexte changeant
d'évolution des départements de santé communautaires, des
CLSC, de l'insécurité créée par tout cela, et du
désir des organismes assurant les services à domicile, encore une
fois, de se trouver une nouvelle maison dans un contexte plus familier que
constitue le centre hospitalier.
La conciliation de toutes ces coordonnées-là nous
amène à une situation où les efforts de coordination sont
peut-être un peu plus ardus. Je ne crois pas qu'ils soient impossibles,
cependant. Mais il est possible, d'ailleurs, d'imaginer qu'avec un an ou deux,
des transferts seront possibles, de manière à clarifier, beaucoup
mieux que ce n'est possible actuellement, la juridiction respective du CLSC et
du département de santé communautaire. Je crois qu'il y a
possibilité de regarder de ce côté, la porte n'est pas
absolument fermée, pourvu que les individus impliqués y
consentent volontairement. Tout ce que nous avons indiqué c'est que nous
ne forcerions personne à une intégration dans les CLSC. Et
d'ailleurs, au moment où la question s'est posée, encore une
fois, c'était matériellement impossible.
M. Charron: Nous reprendrons là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): La commission suspend ses
travaux jusqu'à cet après-midi, seize heures ou
immédiatement après les affaires courantes en Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
Reprise de la séance à 16 h 30
M. Cornellier (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
l'étude des crédits du ministère des Affaires sociales.
Nous en étions, lors de la suspension pour le lunch, au programme 4,
élément 2, Soins à domicile. La parole était
à l'honorable député de Saint-Jacques.
M. Charron: Merci, M. le Président. Nous avions, en fait,
simplement établi, avant la suspension, une ventilation, la plus
précise possible, de la somme de $20 541 700 qui sera consacrée,
cette année, à rétablissement des soins à
domicile.
J'avais abordé l'angle de la discussion des soins à
domicile, quant au traitement particulier, que j'estime que le gouvernement du
Québec devrait accorder aux personnes âgées. Même si
je sais que bien d'autres personnes ont besoin de ces soins à domicile
et peuvent les requérir, c'est d'abord envers elles que nous avons une
dette et c'est envers elles que nous devons faire porter le plus gros de nos
efforts.
Cela m'a semblé partiellement reconnu, jusqu'ici, par le fait que
le sous-ministre des Affaires sociales nous a dit, à un moment, qu'une
directive avait été émise récemment, selon laquelle
les hôpitaux devaient consacrer le tiers de la somme qui leur est
dévolue pour les soins à domicile, somme actuellement presque
uniquement dévolue aux personnes âgées pour des soins
posthospitaliers.
Ceci voudrait dire que, selon le ministre, à même le
montant de $3 500 000 ou $4 000 000 de subventions aux hôpitaux, à
cette fin, environ $1 million seraient consacrés, à partir des
hôpitaux, pour les soins à domicile aux personnes
âgées.
Je vous rappellerai uniquement, M. le Président, que tout ce dont
nous parlons, soins infirmiers à domicile, a été
chiffré par le ministre des Affaires sociales, tout à l'heure, si
j'ai bien compris, à $12 millions. $3,5 millions à $4 millions
aux hôpitaux et $8 millions en subventions aux différents
organismes qu'il a lui-même énumérés et qui donnent
des soins à domicile, dont, entre autres, pour les personnes
âgées, mais, comme je l'ai fait noter au départ, non pas
prioritairement aux personnes âgées.
M. Forget: Vous parlez des services d'infirmières
visiteuses?
M. Charron: Oui. Les services d'infirmières visiteuses ne
sont pas donnés qu'à des personnes âgées.
Même, les statistiques prouvent que ce n'est même pas la
majorité de leurs activités. La plupart se portent auprès
des familles en difficulté, auprès des femmes qui viennent
d'accoucher, qui viennent d'être hospitalisées, mais très
rarement auprès des couples, exceptionnellement en tout cas,
auprès des couples âgés et des personnes âgées
seules.
Donc, la somme totale de ce que met le Québec, actuellement, en
soins à domicile, serait de l'ordre de $12 millions. Je vous signale
simplement, M. le Président, que le magnifique viaduc qui conduira les
athlètes du village olympique au stade, en plein mois de juillet,
coûte la somme de $16 millions. Nous avons déjà là
un budget 25% supérieur à ce que le Québec consacre aux
soins infirmiers à domicile, même si la demande en est
extrêmement grande.
Je voudrais demander au ministre des Affaires sociales, d'abord, avant
d'abandonner la question des soins infirmiers et de parler des auxiliaires
familiales, la nature exacte de la directive qui a été
brièvement mentionnée dans la discussion de ce matin.
M. Forget: M. le Président, la nature de la directive a
été... La nature exacte, il n'y aurait pas de meilleure
réponse que de vous en fournir une copie. Je ne sais pas si on en a une
copie ici, mais son essence, c'est de suggérer je ne sais pas si
c'est tout à fait le mot approprié; je pense que c'est
peut-être un peu plus qu'une suggestion d'affecter un tiers du
personnel, au cours de l'année, à des services qui ne sont pas
des services après hospitalisation. Enfin, c'est à peu
près exactement les mots qu'a utilisés le sous-ministre tout
à l'heure. C'est une réorientation de ces services à
domicile qui, jusqu'à il y a très peu de temps, étaient
considérés comme en dehors du programme financé par le
ministère, si bien même qu'il y a une partie de ces services
à domicile, aux personnes âgées, aux convalescents, aux
malades chroniques qui sont traditionnellement fournis par un organisme
volontaire, privé, financé par l'organisme de Centraide, qui est
demeurée en dehors du budget du ministère, comme étant
affectée, comme représentant le coût de services
destinés à une clientèle qu'il n'était dans
l'intention originale du ministère de la Santé de l'époque
de couvrir.
Cette réorientation est une réorientation majeure de
l'objectif des services de soins infirmiers à domicile.
M. le Président, pour que le ministre émette une directive
que vous me permettrez de qualifier de fort tardive et qu'il a mis beaucoup de
temps à émettre, le fait d'obliger les soins à domicile
des centres hospitaliers à s'occuper plus activement des personnes
âgées, puisqu'il a été jusqu'à mentionner
qu'un tiers du personnel infirmier et visiteur d'un centre hospitalier doit se
consacrer aux personnes âgées, c'est qu'il devait avoir sans doute
à l'esprit, si non en main, une statistique exacte sur la proportion
actuellement offerte. Pour que le ministre nous dise qu'il s'agit d'une
modification majeure, peut-il nous dire, maintenant qu'il l'apporte au tiers,
de quelle proportion il s'agissait auparavant ou il s'agit encore, puisque la
directive n'est certainement pas encore en application?
M. Forget: Je ne ferai que répéter ce que j'ai dit
précédemment, savoir que jusqu'à un passé tout
à fait récent, les interventions des services de soins infirmiers
à domicile se situaient presque
exclusivement, on pourrait dire en totalité, à la fin de
la période de traitements hospitaliers après le congé de
l'hôpital. C'était leur but même. C'était leur raison
d'être. Quand ils ont été créés, d'ailleurs,
ils l'ont été au milieu des années soixante, afin de
diminuer le taux d'hospitalisation, c'est-à-dire le nombre de
journée d'hospitalisation utilisées à défaut
d'une meilleure expression par la population. On sait que si l'on
regarde les statistiques sur l'utilisation des services hospitaliers par la
population et qu'on compare le nombre total de journées
d'hospitalisation au chiffre total de la population, on obtient une statistique
qui donne une indication globale de l'utilisation des services hospitaliers par
la population. Cette statistique s'est maintenue à peu près
stable, à un niveau de 1,2, et ceci, depuis quelque dix ans. C'est en
considérant la stabilité de cette statistique qu'il nous est
apparu que l'hypothèse qui avait présidé à la
création des services à domicile posthospitali-saiton,
n'était pas vérifiée, ne s'était pas montrée
valable, puisque l'hypothèse était que ce chiffre baisserait.
On sait que dans certains pays, ou dans certaines régions de
certains pays, on a fait baisser le taux d'hospitalisation à 0,7 par
rapport à 1,2, donc, presque la moitié. Il est donc concevable,
il est possible que l'hospitalisation, que l'intensité d'utilisation des
hôpitaux soit inférieure à ce qu'elle est dans le moment,
sauf que l'expérience que nous avons faite des services infirmiers
à domicile ne semble pas confirmer que les services à domicile
sont un moyen de parvenir à un taux d'hospitalisation inférieur,
donc n'ont pas répondu à l'attente.
Une discussion est engagée avec les services de soins à
domicile depuis des années depuis trois ans, quatre ans environ
pour essayer, par un échange de vues avec les responsables de ces
services, d'en arriver à une conclusion à laquelle ils puissent
adhérer de la même façon que le ministère des
Affaires sociales.
Cependant, devant l'extrême difficulté, dans une
période de changement de structures, etc., de faire déboucher,
peut-être de façon assez concluante, ces discussions, nous sommes
intervenus, tardivement sans doute; mais, à cause de ce processus de
discussion qui n'a pas abouti de façon peut-être aussi
satisfaisante qu'on ne l'aurait espéré, nous avons
débouché devant la nécessité de faire quelque chose
et de le faire par une directive plutôt que par une persuasion qui ne
semble pas avoir convaincu tout le monde.
J'ai rencontré personnellement des responsables de services de
soins à domicile et on n'a pas pu me fournir des raisons satisfaisantes
pour maintenir l'orientation passée.
Nous aurions certes préféré que cette
réorientation soit le fruit et la conclusion auxquels les organismes de
services à domicile arrivaient eux-mêmes par leurs propres moyens.
Malheureusement, cela n'a pas été entièrement possible
pour les raisons que j'ai indiquées tout à l'heure,
c'est-à-dire l'insécurité, les difficultés qui
accompagnent toujours des modifications administratives, les modifications de
structures qu'entraîne l'application de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux.
Et c'est la raison d'une directive relativement tardive. Avant de
quitter ce sujet, j'aimerais profiter de l'occasion pour donner quelques
précisions à la suite des questions qui nous ont
été posées, ce matin, pour ce qui est des nombres et des
ratios, c'est-à-dire du nombre, par exemple, d'une part, d'auxiliaires
familiales, relativement à la population, c'est-à-dire à
la fois la situation actuelle et la situation dans laquelle nous
espérons nous retrouver à la fin de l'année, grâce
à l'octroi de sommes additionnelles aux organismes responsables
d'assurer ces services à domicile.
Donc, pour ce qui est des auxiliaires familiales, nous avons un objectif
visé pour 1979, c'est-à-dire dans trois ans, qui aurait pour
effet de doter le Québec de 1430 auxiliaires familiales. Ceci correspond
à un ratio d'une auxiliaire familiale pour 4250 personnes sur la base de
100 000 personnes, puisqu'on a parfois fait allusion à des chiffres
basés sur une assiette de 100 000 de population; il s'agit d'un peu plus
de 20 auxiliaires familiales par 100 000.
Où nous trouvons-nous, à ce moment-ci? Nous nous trouvons
avec 665 auxiliaires familiales. Cela correspond à un ratio d'une
auxiliaire familiale pour 9200 personnes. Où allons-nous nous retrouver
à la fin du présent exercice financier, en tenant compte du $1,8
million dont nous reparlerons tantôt...
M. Charron: Oui.
M. Forget: ...et que nous avons retrouvé? Nous nous
retrouvons avec 225 auxiliaires familiales de plus. C'est-à-dire, une
addition de 225 par rapport à un total actuel de 665, ce qui produira
à la fin de l'année 890 postes d'auxiliaires familiales et un
ratio qui est de l'ordre d'une pour 6900 personnes. Nous nous rapprochons, nous
passons d'un ratio d'une pour 9200 à un ratio d'une pour 6900.
L'objectif qui est visé est d'une pour 4250 personnes.
M. Charron: Pour l'année 1979.
M. Forget: Pour l'année 1979. Il s'agit là d'un
taux d'augmentation un peu supérieure à un tiers, 225 par rapport
à 665, presque exactement 33% d'augmentation, et nous avons l'intention
de maintenir ce rythme durant les prochaines années. Pour ce qui est de
la distribution parmi les différents organismes actuels au 1er mars 1976
ceci explique un peu la difficulté de donner, quand on parle d'un
établissement en particulier, le tableau complet nous avons, dans
les CLSC, en poste au 1er mars 1976: 208 auxiliaires familiales; dans les
centres de services sociaux: 339; dans les services autonomes de soins à
domicile: 34; dans les services à domicile intégrés
à des centres hospitaliers: 6, pour un total de 587, et des
autorisations pendantes de 78 postes au cours du mois de mars.
M. Charron: Pour 665.
M. Forget: Pour 665 au total. En termes de dollars, nous parlons
de $9 204 000 pour l'année en cours et, pour la prochaine année,
d'un budget de $11 000 000 à peu près. Donc, exactement une
augmentation de $1,8 million, tel que je vous l'avais indiqué. Donc,
ceci est pour la situation...
M. Charron: On peut avoir ce tableau aussi?
M. Forget: Oui, on peut photocopier le tableau en question. Pour
ce qui est des services à domicile fournis par des infirmières,
le tableau est fait sur une base légèrement différente,
heureusement. Il s'agit d'un autre type d'organisme, mais nous avons 900
infirmières visiteuses distribuées entre le CLSC et le service de
soins à domicile, intégrées ou non aux services de
santé communautaire.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Taschereau sur le même sujet.
M. Bonnier: Au sujet des auxiliaires familiales, M. le
Président, on s'aperçoit que les quelque 500 auxiliaires
familiales peuvent être rattachées à différents
organismes dans le réseau. Il semble bien qu'au niveau de la population,
celle-ci ne sait pas à qui elle doit s'adresser et parfois elle en a
parce qu'elle à affaire avec quelqu'un du service à domicile. Par
exemple, un médecin va lui référer la facilité
d'obtenir une auxiliaire familiale, mais ce n'est vraiment pas unifié.
Est-ce que c'est dans vos objectifs d'unifier au moins les renseignements et la
façon dont ce réseau est organisé?
M. Forget: Beaucoup plus que cela, M. le Pré-, sident,
nous avons l'intention de confier l'organisation de la totalité des
services de soins à domicile d'auxilaires familiales aux CLSC au fur et
à mesure que, dans une région donnée, ils existent. Nous
ne sommes freinés dans ce développement que par des exigences et
les difficultés de sécurité d'emploi, d'unités de
négociation. Il faut négocier la sortie d'une unité de
négociation et l'entrer dans une autre, en plus du transfert
administratif. Donc, c'est une procédure qui est toujours longue,
difficile et assez laborieuse, mais pour ce qui est des budgets de
développement, ils sont entièrement confiés aux CLSC; les
transferts assujettis aux réserves que je viens de faire, la longueur,
la difficulté du processus, se font en direction des CLSC.
M. Bonnier: Est-ce que je peux poser une autre question? Est-ce
que je pourrais savoir si cet ensemble d'auxiliaires familiales est
réparti sur le territoire en tenant compte des besoins plus pressants de
certains types de population, certains quartiers particuliers plus
défavorisés que d'autres, qui ne pourraient pas se payer une
auxiliaire familiale, ou dans les régions rurales plus
défavorisées que d'autres, ou si c'est de façon
égalitaire sur l'ensemble du territoire du Québec?
M. Forget: J'ai des chiffres ici qui ne répondent
qu'imparfaitement à cette question. Il y a d'abord un certain objectif
d'équité entre les différentes régions du
Québec. Lorsque nous avons pris la situation en main sur le plan des
auxiliaires familiales, il faut dire que tout ça était
administré d'une façon très décentralisée
par les agences sociales, selon les politiques de chacun des milieux, dans le
passé, et sur lequel le gouvernement ne s'était pas
prononcé, le ministère ne s'était pas prononcé.
Au moment où nous cherchons à rationaliser un peu
l'accessibilité à ces services, nous trouvons des ratios assez
différents d'une région à l'autre. Nous trouvons un ratio
relativement à la population, analogue au ratio dont je parlais tout
à l'heure, qui varie énormément d'une région
à l'autre. Par exemple, on a un ratio très élevé
d'auxiliaires familiales par rapport à la population dans la
région 7, une auxiliaire familiale pour 4300 personnes, ce qui est
égal à l'objectif fixé pour l'ensemble du Québec en
1979; c'est la région de l'Outaouais, la région no 7. Nous avons
dans une autre région, la région 9, un autre extrême de 1
auxilière familiale pour 25 800 personnes. C'est six fois moins, si vous
voulez.
Donc, il y a un objectif d'égaliser un peu l'accessibilité
aux services d'auxiliaires familiales, ce qui n'a pas été le cas
jusqu'à maintenant. Je vais citer ici, pour mémoire: dans la
région 1, 1 pour 8500; dans la région 2, 1 pour 13 300; dans la
région 3, 1 pour 11 700; dans la région 4, 1 pour 12 900; dans la
région 5, 1 pour 7800; 6a) qui est le centre de Montréal, 1 pour
9100; dans la région 6b), 1 pour 10 200; dans la région 6c), 1
pour 7500; dans la région 7, comme je viens de l'indiquer, 1 pour 4300;
dans la région 8, 1 pour 8600 et dans la région 9, 1 pour 25
800.
Donc, il y a un objectif d'égaliser dans le temps
l'accessibilité. Sur le plan individuel, sur le plan des personnes ou
des secteurs ou des quartiers défavorisés, il y a un autre
développement nous ne sommes pas encore en mesure de l'annoncer
de façon officielle qui vise à rendre, d'une certaine
manière, universels, mais à certaines conditions, les services
d'auxiliaires familiales. Je m'explique. Dans le passé, les agences
sociales, qui ont précédé les centres de services sociaux,
ont rendu accessibles des services d'auxiliaires familiales aux
défavorisés, c'est-à-dire à des personnes qui
étaient, soit bénéficiaires de l'aide sociale, soit
à la marge entre ce statut et un statut absolument autonome.
Il semble qu'il y ait un besoin, dans ce secteur comme dans d'autres,
d'organiser des services d'auxiliaires familiales pour pallier à
différentes situations et ceci, indépendamment du statut
socio-économique des bénéficiaires, cependant afin de
prévoir un régime de contributions financières des
familles, selon leurs revenus, des services qui leur seraient fournis de cette
manière.
Actuellement, c'est un service qui est gratuit. C'est un service qui
est, soit accessible sans condition, absolument gratuitement, ou qui devient,
tout à coup, pour une légère différence de statut
socio-économique, absolument inaccessible, même pas contre un
paiement partiel, il n'en est plus question.
Je crois qu'il y a une gradation qui est nécessaire dans un
service comme celui-là, ou dans l'accessibilité à un
service comme celui-là, et nous voudrions que, parallèlement au
développement en quantité des services, des personnes de revenu
moyen, dont un des membres est victime d'un épisode de maladies, par
exemple, une mère qui doit aller à l'hôpital... Le fait que
la famille a un revenu de $10 000 ou $11 000 ne soit pas un empêchement
absolu à ce qu'une auxiliaire familiale soit fournie, pourvu qu'une
contribution financière, peut-être modeste, peut-être plus
importante, dépendant du revenu, puisse être exigée.
Il y a un projet à l'étude, au ministère, pour
permettre un développement parallèle de l'accessibilité,
mais aussi d'un régime de contribution qui rendrait plus accessible,
à un coût, pour le contribuable, plus acceptable, la
généralisation de ce service.
Malheureusement, il y a un aspect technique dans un régime de
contribution que l'on essaie de rendre le moins odieux possible, le moins lourd
possible et nous n'avons pas encore été capable de
préciser les conditions d'accessibilité à ce service, de
manière satisfaisante. Les projets nous ont été
présentés, mais nous n'avons pas pu les retenir encore.
Donc, dans l'avenir, il faut envisager un développement de
l'accessibilité aux services, et, comme condition de financement,
puisque cela devient assez onéreux, comme on le voit, un régime
de contribution partielle ou totale, rendu à un niveau de revenu.
Certaines familles voudraient avoir accès à ces services et
seraient même prêtes à les payer en totalité, mais on
sait combien il est difficile de se les procurer. Quand la cohésion
d'une famille est menacée par un épisode imprévisible,
pour certaines familles, ce n'est pas tellement te coût qui est un
problème, c'est tout simplement la possibilité d'avoir des
services comme ceux-là.
Plusieurs personnes nous ont dit qu'elles étaient prêtes
à payer pourvu que quelqu'un organise des services de ce genre-là
et nous voudrions que les CLSC puissent prendre l'initiative de le faire dans
des conditions de ce genre-là.
M. Charron: M. le Président, la mesure à
l'étude dont vient de parler le ministre des Affaires sociales,
mérite certainement considération. Cela m'apparaît comme un
développement éventuel du réseau d'auxiliaires familiales
québécois et nul doute que, lorsqu'il nous le présentera
de façon formelle je me méfie beaucoup des projets
à l'étude, parce qu'il y en a plusieurs qui y restent pendant des
années et des années nous y accorderons toute la
considération qu'il mérite.
Sauf que là, nous faisons face à une situation qui est
toute autre et, avant de penser à un élargissement des services,
il faudrait d'abord s'assurer que ceux existants remplissent déjà
la norme, ou, si vous voulez, l'objectif que nous nous sommes fixé en
les finançant comme Québécois et en les créant.
Je reviens encore parce que cela m'apparaît fondamental
dans une société civilisée, en 1976 aux traitements
que nous offrons à l'égard des personnes âgées.
Avant d'étendre le réseau d'auxilaires familiales à
des personnes qui connaissent, comme dit le ministre, un épisode
malheureux dans leur vie familiale, soit une maladie, soit une
mortalité, il reste qu'il y a des citoyens qui vivent quotidiennement
dans une situation où les soins à domicile ne sont pas un luxe,
ni même occasionnels, mais sont une nécessité quotidienne,
et qu'ils ne les reçoivent pas. Le ministre nous parle d'une directive
nouvelle, émise à l'égard des centres hospitaliers, quant
à l'utilisation de leur personnel. Un tiers du personnel des centres
hospitaliers devra désormais se consacrer aux visites de personnes
âgées.
Il a fait lui même état je n'exagérerai donc
pas en le répétant des difficultés que cela
causera. Il aurait souhaité que ce soit les centres hospitaliers
eux-mêmes, évidemment comme il fait souvent
référence à la société idéale... Cela
aurait probablement été, dans la société
idéale, que les centres hospitaliers, d'eux-mêmes, en viennent
à suggérer au ministre de prendre la vocation de
prévention et de ne plus s'attarder à la vocation
posthospitalisation, mais de vraiment devancer, dans le quartier où est
situé le centre hospitalier, dans la région où il se
trouve, le développement des soins à domicile pour les personnes
âgées. Cela n'a pas été fait. Cela ne peut se faire
de soi, à cause des ressources actuelles. Le ministre vient
lui-même de faire état du manque de ressources. Je parle des soins
infirmiers. Je reviens sur les soins infirmiers qui, actuellement,
relèvent des départements de santé communautaire des
centres hospitaliers.
Je me pose des questions quant à la réussite
éventuelle de la directive que vous avez émise, non pas que je
veuille me faire un plaisir de critiquer, mais je ne veux pas non plus endosser
une chose qui, je suis convaincu, dans la pratique, n'a aucune chance de se
réaliser. Que vous exigiez, par directive, des centres hospitaliers,
cette obligation de consacrer le tiers de leur personnel aux visites de soins
à domicile pour personnes âgées, j'en conviendrai le
premier, mais il y a effectivement des problèmes de réalisation
pratiques. Le fait que vous confiez encore c'est là-dessus que
portera ma première question les soins infirmiers, à
domicile, aux départements de santé communautaire,
m'apparaît comme un premier obstacle à franchir. Les
départements de santé communautaire ne disposent pas, à
l'heure actuelle, tels que je les ai vus dans les différentes
tournées que j'ai faites dans le Québec, avec les
différents directeurs de services avec lesquels j'ai discuté,
d'un aperçu socio-économique et même démographique
de la région où ils se trouvent, comme un CLSC peut en
disposer.
N'oubliez pas que vous changez, vous l'avez dit vous-même... Une
réorientation, c'est un changement de vocation. Auparavant, il
s'agissait de prendre la liste des usagers de l'hôpital. Un
médecin avisait que tel patient quittait l'hôpital. C'était
facile, le département de santé communautaire. Le dossier lui
passait entre les mains. Il savait que M. X, de Jonquière, par exemple,
rentrait chez lui, à
partir de lundi, qu'il aurait besoin, pendant deux ou trois semaines, de
visites de soins infirmiers. Cela s'organisait.
Lorsque vous parlez de prévention, il s'agit, à
l'occasion, de gens qui ne sont même pas allés à
l'hôpital, qui ne veulent pas y aller, mais qui sont malades
effectivement. A quoi cela s'enchaînera-t-il? Est-ce le médecin,
en cabinet privé qui communiquera, ayant reçu un patient de 70
ans ou de 72 ans chez lui, s'apercevant que le patient est effectivement
malade, mais ne nécessitant pas hospitalisation, nécessiterait
plutôt la visite d'une infirmière à deux ou trois jours
d'intervalle... est-ce sur lui que reposera le fait qu'il devra maintenant
téléphoner aux départements de santé communautaire,
inscrire le monsieur X, sur la liste? Comment s'agencera... Surtout lorsqu'on
parle de prévention, faut-il attendre que les gens soient malades pour
qu'une organisation sociale les découvre? De quelle façon sont
équipés les départements de santé communautaire,
maintenant, avec les effectifs dont ils disposent et les budgets qu'ils ont,
pour répondre à la nouvelle orientation que vous leur fixez?
M. Forget: Je pense que nous sommes tous conscients de
l'existence du besoin et que tous sont conscients de l'existence du besoin.
D'ailleurs, c'est ce qui sous-tend la discussion de cet après-midi en
commission parlementaire sur les soins à domicile.
Je n'ai aucun doute personnellement, dès que des ressources
seront disponibles pour des soins à domicile, que le problème
d'aiguillage que l'on mentionne sera résolu et très facilement.
Il y a tout un réseau informel d'information alentour d'un centre
hospitalier, particulièrement des départements de santé
communautaire. Il y a tellement de possibilités de communications
informelles que si des ressources sont disponibles pour assurer des soins
infirmiers à domicile à des personnes âgées, de
manière à les maintenir à domicile, je n'ai aucun doute
que l'on trouvera comment utiliser ces ressources et qu'on les utilisera
pleinement. Le problème n'est pas de savoir comment les utiliser, le
problème est de dégager des ressources de soins infirmiers et,
dès qu'elles seront dégagées, dès que ce fait sera
connu, nous aurons une utilisation qui sera assez bonne, je pense, sans qu'on
ait à s'en soucier beaucoup.
M. Charron: M. le ministre...
M. Forget: J'aimerais compléter, si vous me permettez,
parce qu'évidemment, dans votre description, vous avez quand même
donné une image qui est un petit peu faussée, si vous me
permettez, du mécanisme actuel. Les départements de santé
communautaire viennent tout juste durant la dernière année de se
voir confier cette responsabilité. Ils ont un budget de quelque $20
millions. Ce budget devrait être largement suffisant pour leur permettre
d'assumer leurs responsabilités. Si, du côté des soins
infirmiers à domicile, nous n'avons pas eu une situation
entièrement satisfaisante, il ne faut certainement pas en imputer la
responsabilité aux départements de santé communautaire qui
n'étaient pas responsables jusqu'à tout récemment de cette
orientation. Il faut connaître comment se sont développés
les services de soins à domicile pour comprendre comment ils ont
adopté une orientation qui excluait les services aux personnes
âgées et les services aux malades chroniques et y ont
adhéré.
Il faut retourner à la période de création des
programmes conjoints, ce qu'on appelait les programmes conjoints
fédéraux-provinciaux. C'étaient un peu des projets PIL
avant la lettre, si vous voulez, avec un financement à 50% des provinces
et à 50% du gouvernement fédéral. Ce sont des projets qui
ont été élaborés par certains médecins
à l'intérieur de certains centres hospitaliers qui ont vu
là une occasion, puisque c'était accessible à partir de
1966, je crois, et particulièrement des chirurgiens dans un très
grand nombre de cas, des orthopédistes, d'accélérer le
roulement à l'intérieur de leur département hospitalier en
se donnant un prolongement de ce genre dont le coût était
partagé par moitié par les deux niveaux de gouvernement.
C'était donc, dans leur conception, dans leur orientation et dans leur
direction, parce que de ces médecins sont devenus directeurs des
services autonomes de soins à domicile, des mécanismes et des
organisations destinés à faire rouler plus rapidement les lits
d'hôpitaux. Ce n'est pas un miracle qu'après huit, neuf ou dix ans
de fonctionnement avec des oeillères comme celles-là, avec un
objectif initial aussi étroitement défini, des gens qui
continuaient d'y oeuvrer ayant eu au départ cette inspiration, l'on se
soit retrouvé devant la situation pas satisfaisante du tout devant
laquelle nous sommes maintenant.
Alors, nous avons fait deux choses. En confiant ces soins infirmiers au
département de santé communautaire plutôt qu'à un
département de médecine ou de chirurgie, nous confions ces soins
à un organisme qui a une vocation de prévention et de maintien de
la santé du public sur un territoire donné et qui est
équipé professionnellement pour évaluer ce besoin et se
mettre à l'écoute de ce type de besoin, que le besoin soit
exprimé par les centres de services sociaux à l'occasion de
l'évaluation des demandes de placement en centres d'accueil, qu'il
vienne à la connaissance du CLSC avec lequel le département de
santé communautaire, est, de toute manière, en contact
étroit nécessairement pour un tas de programmes de santé.
Donc, ils ont la possibilité d'avoir l'information et ils ont
l'orientation et l'intérêt professionnels pour l'utiliser dans le
sens que nous souhaitons. Donc, le premier geste que nous avons posé,
c'est de le confier à un organisme plus susceptible de correspondre
à une ouverture plus grande et, certainement, à correspondre
à des priorités vis-à-vis des malades chroniques et
vis-à-vis des personnes âgées.-
Deuxièmement, il y a eu cette directive que nous avons
émise, parce qu'il y a malgré tout des situations qui durent, qui
persistent et qui vont persister encore pendant une partie de l'année
en
cours, où l'intégration dans les départements de
santé communautaire n'a pas été faite. Ceci est sur le
plan des mesures que nous avons prises. Maintenant, il y a des mesures que nous
n'avons pas prises effectivement et que nous n'avons pas l'intention de prendre
pour vérifier jusque dans les derniers détails comment vont
s'interpréter ces orientations et comment vont s'appliquer les
directives en question.
Ce sont des mesures administratives du genre de celles qui exigeraient
que chaque personne visitée à domicile fasse l'objet d'un rapport
détaillé ou d'une formule du genre des formules d'admission dans
les hôpitaux, qui devrait être envoyée au ministère
pour vérification, etc., ce genre de paperasse qu'on aurait pu imaginer
et qui serait peut-être, à certains égards, essentielle
pour pouvoir, au moment de l'étude des crédits, vous donner une
analyse complètement détaillée de la provenance, de la
destination, de la durée du traitement, de sa fréquence, de
chaque bénéficiaire. Je pense qu'il n'y a pas de substitut
à ce genre de paperasserie pour donner des réponses
complètes. Nous n'avons pas voulu monopoliser 10%, 20%, 25% ou 30% des
effectifs des services de soins à domicile pour remplir ce papier.
Peut-être est-ce un pari imprudent que nous faisons sur les
structures qui ont été mises en place, sur le souci professionnel
des infirmières et du personnel d'encadrement des départements de
santé communautaire?
Nous serons en mesure d'en juger, peut-être dans un an, mais
j'aimerais mieux intervenir de façon plus intense sur le plan
administratif à la lumière d'un échec plutôt que de
façon préventive, parce que, s'il y a une chose qu'il ne faut pas
faire de façon préventive, c'est de multiplier les formules et
les paperasseries. Je suis d'accord avec le député de
Saint-Jacques qu'il y a un risque que cela ne soit pas suivi, à cause
des traditions, à cause du poids des traditions, mais malgré
tout, il y a une nouvelle orientation qui est précisée fermement.
Il y a un nouveau cadre dans lequel ces activités s'exerceront. Ce n'est
plus une espèce de succursale au département de chirurgie ou
d'orthopédie. C'est dans le cadre d'un département de
santé communautaire qui a de tout autres objectifs et de tout autres
horizons.
Quant à moi, je suis prêt à leur faire confiance et
à leur accorder des crédits additionnels. Les besoins
étant là, si les ressources sont disponibles, je suis à
peu près sûr que le mariage entre les deux se fera à peu
près spontanément.
M. Charron: M. le Président, j'avais raison de vouloir
interrompre le ministre parce que je pense qu'il n'a pas exactement compris le
sens de la remarque que j'avais faite.
Ce n'est certainement pas moi qui vais demander au ministre de
multiplier la paperasse du ministère des Affaires sociales et de
multiplier les formules et les copies à n'en plus finir que chacun des
gestes posés dans ce ministère déclenche.
Et si je me posais des questions quant à la capacité des
départements de santé communautaire de répondre
efficacement à la directive émise dernièrement, ce
n'était pas parce que je craignais que cela ne soit pas rempli à
un tiers ou à un cinquième ou à un sixième et qu'il
fallait contrôler, administrativement, à la fin de chaque semaine,
si les 33% étaient respectés.
Je pense que je laisserai ce genre d'intervention au
député de Rouyn-Noranda. J'ai plus la conviction que l'erreur du
choix, s'il y en a une, et je suis prêt à appuyer le ministre des
Affaires sociales quant à l'essai, vient qu'il m'apparaît plus
normal de confier ce genre de tâche et de développement des soins
à domicile aux centres locaux de services communautaires plutôt
qu'aux départements de santé communautaire, non seulement
à cause de la vocation traditionnelle des départements de
santé communautaire dont vous avez fait vous-même était,
mais je me place sous un autre angle.
Je me place sous l'angle que nous n'épousons pas souvent non
plus, celui du patient, celui du bénéficiaire éventuel.
Est-il plus facile, comme service médical de première ligne, pour
un citoyen, maintenant, d'accéder à un centre local de services
communautaires, et de risquer je dis "risquer" dans le bon sens du mot
d'y rencontrer une infirmière, sur place, non pas une
infirmière dans une clinique externe qui va le référer
à un département du 7e étage ou plus haut, par dossier
interposé ou par numéro d'assurance sociale, de rencontrer une
infirmière sur place, Mlle X, qui prendra son cas et qui deviendra
elle-même son infirmière visiteuse, celle qui pourra, par la
suite, se déplacer certains jours de la semaine du centre local de
services communautaires pour aller visiter cette personne âgée qui
s'est ainsi rendue ou qui a été signalée à
l'attention du centre local de services communautaires comme étant une
personne nécessiteuse de ces soins à domicile?
Je pense que la vie de quartier, l'implication dans la
collectivité des centres locaux de services communautaires et la
volonté, répétée encore ce matin, lorsque nous
avons discuté des budgets des CLSC, de faire des services de
santé de première ligne d'abord l'objet du CLSC, nous
inciteraient à, au moins, suggérer que tout développement
ultérieur des soins à domicile soit réservé
à cette instance du réseau social parce que le département
de santé communautaire n'est pas et ne sera jamais connu comme le CLSC
peut l'être.
Le CLSC, par des dizaines de moyens qui sont à sa disposition,
peut devenir un véritable instrument de référence dans une
collectivité. Je sais que j'habite un centre-ville et que probablement
faire des distinctions s'impose, nécessairement aussitôt qu'on
parle d'un milieu autre que Montréal, mais quand même, prenons ma
patrie, le centre-sud de Montréal. Il est bien plus facile à
n'importe quel citoyen en voie d'être un jour bénéficiaire
des soins à domicile aux personnes âgées de se
présenter au CLSC qui lui est bien plus connu, qu'au département
de santé communautaire de l'hôpital Saint-Luc. S'il va à
l'hôpital Saint-Luc ou s'il va à l'hôpital Notre-Dame, il va
s'adresser à la clinique externe, il va s'adresser à
l'urgence, il va attendre probablement un bon moment. Là, la
paperasse s'engage. Le médecin le renverra chez lui, en lui disant: Je
vous envoie une infirmière au cours des prochains jours. Le
médecin aura à signer paperasse. Paperasse se rendra au
département de santé communautaire, lequel aura par suite d'un
avis médical provenant d'un des médecins membre du bureau de
l'hôpital, à trouver quelqu'un de disponible pour se rendre
à l'adresse. Mais cette personne n'aura probablement jamais
rencontré l'individu qu'elle s'en va visiter, alors que si cela
s'était effectivement opposé aux services de premières
lignes dans un centre local de services communautaires, il est très
possible que le contact humain que nous voulons dans les soins de santé,
celui dont tous les gens déplorent l'absence grandissante actuellement,
je ne dis pas, aurait été comblé, mais m'apparaît,
à moi, comme ayant plus de chance de réussite. Je ne dis pas que
les départements de santé communautaire, M. le ministre, ne
réussiront pas, mais vous avez vous-même signalé comment
c'était une importante réorientation. D'autre part, le fait que
c'est un département de centre hospitalier, cela n'aura jamais le
caractère proche et simple du citoyen, comme un département de
santé communautaire peut l'avoir.
J'ajoute un autre exemple, M. le Président. Du fait que le CLSC
est un ensemble de services qui joint aux services de santé des services
sociaux et qui fait que les mêmes gens se ramassent autour de la
même table, ce qui peut faire qu'une infirmière ayant
visité M. Joseph X de telle rue, ou de tel village dans des
municipalités rurales est en mesure de faire rapport de
l'état de santé de son patient qu'elle a visité et en plus
de suggérer, non pas par paperasse interposée, encore en passant
par le CSS ou quoi encore, mais à sa collègue, travailleuse
sociale à côté d'elle, que cette personne dont elle a les
soins de santé sous sa responsabilité, devrait en même
temps être une personne qui reçoit les services d'une auxiliaire
familiale.
Voilà donc, M. le Président, sans paperasse, sans
complication... j'admets que le modèle est peut-être bien
théorique, mais celui que le ministre a édifié l'est tout
autant, et basé sur un pari tout aussi risqué que celui que je
présente. Mais, sans paperasse et par contact humain, la même
personne peut recevoir des services adéquats dans un laps de temps
beaucoup plus raccourci que si nous devons attendre l'autorisation de l'un et
de l'autre et l'échange de l'un et de l'autre, surtout, aussi la
disponibilité de l'un et de l'autre à le faire.
M. Forget: M. le Président, j'ai peut-être mal
compris la première intervention du député de
Saint-Jacques, mais je dois dire que maintenant que j'ai je pense bien
saisi correctement son intervention, il plaide exactement notre
position. Il est clair que c'est exactement notre point de vue pour ce qui est
du développement à venir à la fois des auxiliaires
familiales et des services d'infirmières visiteuses; il est clair que
cela doit se faire dans le cadre qu'il suggère et pour les raisons qu'il
suggère. Ce sont essentiellement des propos que nous pourrions reprendre
mot à mot. Il demeure que, relativement aux organismes actuels,
relativement aux personnes qui dans le passé et. jusqu'à
maintenant ont assuré ces services, il y avait deux
considérations qui nous ont empêchés d'aller aussi
rondement et, je dois dire aussi cavalièrement que nous l'aurions
peut-être désiré dans un monde idéal, encore une
fois. Il faut compter avec nos partenaires, avec ce personnel, avec les
différents organismes impliqués et, historiquement, au moment
où le problème de l'intégration... c'est-à-dire
déterminer où s'intégreraient, dans quel organisme, dans
quel cadre, les services à domicile, il y avait deux raisons qui
militaient contre la solution qu'on vient d'entendre décrire.
Il y avait, premièrement, une impossibilité physique
générale de faire du CLSC le lieu d'accueil soit des auxiliaires
familiales ou des infirmières visiteuses puisque ce dialogue qui s'est
amorcé avec les organismes en question remonte à 1972, à
1973 et il n'y avait pas de CLSC qui fonctionnait à cette époque.
Il n'y avait rien pour accueillir, pour servir de point de chute en quelque
sorte des personnes en cause. Donc, il n'était physiquement pas possible
de dire: Vous allez vous intégrer à des CLSC, et de dire dans le
même souffle: Les CLSC, il y en a dans certains cas qui n'existeront que
dans cinq ans, sept ans, huit ans. Pendant ce temps-là, on était
entre deux chaises. C'était une situation inconfortable au sens propre
comme au sens figuré et une situation qui créait de
l'insécurité, créait des doutes, créait toutes
sortes de malaises qu'il fallait trancher. Il a fallu trancher en fonction des
possibilités qu'on entrevoyait et celles qui étaient les plus
proches de la réalisation, c'étaient, dans le cas
infirmières visiteuses les départements de santé
communautaire.
La deuxième difficulté était d'ordre plutôt
psychologique. Devant cet inconnu que constituait le CLSC à
l'époque, non seulement n'existait-il pas, mais sa configuration
même n'était pas connue, devant la perspective d'une
intégration à un organisme qui est de nature hospitalière,
c'est-à-dire le département de santé communautaire, qui
est dans un hôpital et très souvent dans un hôpital
d'enseignement, ce qui ajoute à son attrait, les effectifs, les
personnels, les organismes avec lesquels nous avons mené ce dialogue
nous ont demandé de nous engager, à une époque qui remonte
déjà à quelques années, et il est évident
que même si aujourd'hui on peut se poser des questions, puisque dans
certaines régions les CLSC exisent et que, malgré tout, pour
toutes sortes de raisons administratives, syndicales et tout ce qu'on voudra,
les intégrations ne sont pas complétées ou sont en voie de
se faire, il serait possible de revenir en arrière, mais il y a quand
même une chose telle que le respect de la parole que nous avons
donnée à ces personnes, à ces organismes, et nous n'avons
pas voulu revenir sur notre parole. C'est une question de simple
honnêteté avec des gens qui collaborent avec nous. Nous nous
sommes entendus dans un sens et nous allons fonctionner dans ce sens. Cela
crée des difficultés, comme bien des choses réelles
plutôt qu'idéales.
Cela crée des difficultés. Sur le plan du
développement, il n'y a pas d'hésitation puisque là ce
sont des gens qui ne sont pas dans le réseau, ce sont des gens à
venir, ce sont des personnes à venir. Elles n'ont pas de
préférence, par définition, à exprimer puisqu'elles
ne sont pas encore arrivées. Elles prendront la situation telle qu'elles
la trouveront. Pour celles qui sont déjà là, dans la
mesure où, à l'expérience, elles s'apprivoisent à
l'idée d'une orientation différente de celle envers laquelle nous
nous sommes engagés nous-mêmes, évidemment, nous ne
mettrons pas d'obstacle dans cette voie, mais nous aimerions le faire dans un
climat de bonne entente puisque, finalement, si on crée des conflits et
de l'insécurité dans ce secteur, ce sont les gens qu'on veut
aider, les malades, les personnes âgées qui vont en souffrir. Les
problèmes d'une période de transition entre deux façons
d'organiser les services de santé et les services sociaux sont de cet
ordre. Ce n'est pas pour rien que cela dure pendant deux, trois, quatre et cinq
ans, c'est qu'il y a des problèmes de tous ordres.
Des solutions absolument élégantes sont parfois exclues
par les circonstances et je crois que nous en avons là un exemple, une
solution absolument satisfaisante sur un plan abstrait. Je suis d'accord,
encore une fois, avec le député de Saint-Jacques, abstraitement,
je suis entièrement d'accord avec lui. Il reste qu'il y avait des
circonstances particulières, il y a eu des engagements qui furent
donnés. On croit qu'il est essentiel qu'on les respecte pour la
santé même du réseau et la qualité du moral de tout
ce personnel. Mais l'avenir ne se termine pas demain. Le dialogue va se
poursuivre et, dans la mesure où il y a consentement mutuel, les choses
pourront évoluer à leur rythme et vers une intégration
plus harmonieuse dans une seule structure.
Comme le député de Taschereau l'a mentionné, avant
le député de Saint-Jacques, le problème
d'accessibilité pour le public, c'est de savoir à qui, diable,
s'adresser; s'il y a toutes sortes de gens qui donnent des services à
domicile, on ne le sait pas et je suis très conscient de cela. Je n'ai
vraiment pas de très bonnes réponses à fournir pour toutes
les raisons que je viens de vous exposer.
M. Charron: D'accord, M. le Président, le débat a
été satisfaisant. Je pense que je suis, pour ma part,
disposé à adopter le programme 4 sur les services
communautaires.
Le Président (M. Cornellier): Elément 2,
adopté. Le programme 4 se trouve automatiquement adopté.
Programme 5, services en milieu scolaire.
Le député de Saint-Jacques sur l'élément 1
du programme 5.
Services en milieu scolaire
M. Charron: M. le Président, à ce programme 5,
Services en milieu scolaire, j'aimerais inviter le ministre à faire la
même chose qu'il a faite, il nous a éclairés sur l'autre
programme, il a ventilé le budget, il nous a expliqué ce qu'il
renferme et ce qui doit figurer au chapitre des dépenses de transfert
entre les différents établissements du réseau, de sorte
que nous puissions identifier ceux à qui nous remettons la
responsabilité de ces programmes.
M. Forget: Ce programme de services en milieu scolaire a connu
depuis trois ou quatre ans une expansion extrêmement rapide.
Effectivement, cela a débuté à pratiquement zéro il
y a quatre ans environ et nous pouvons faire état actuellement, dans les
deux composantes, la composante services sociaux et la composante services de
santé, des effectifs suivants, c'est-à-dire au plan des services
sociaux en milieu scolaire, un total de 341 postes et du côté
santé scolaire, un total de 412 postes. Il y a, correspondant à
ces chiffres, une ventilation par région, qu'il nous fera plaisir de
donner si on le souhaite. Evidemment, au plan plus global, relativement aux
populations scolaires, aux effectifs écoliers, au niveau primaire et
secondaire, il y a des ratios qui peuvent être calculés là
aussi. Je crois que c'est peut-être d'après les ratios qu'il est
le plus facile ou intelligible d'analyser la situation.
Pour ce qui est des services sociaux en milieu scolaire, nous avons un
ratio global de l'ordre de 1 pour 4218 élèves. Ce ratio est
passablement uniforme avec quelques exceptions dans tout le Québec. Les
exceptions sont à la hausse. La région du Saguenay, qui a
relativement un plus grand nombre de travailleurs sociaux en milieu scolaire,
atteint un nombre plus bas, 1 pour 6000. Pour ce qui est de la région
6a, c'est un ratio inverse, un peu plus élevé, 1 pour 3570. Mais,
à part ces exceptions, il y a une assez bonne convergence vers un ratio
qui s'est amélioré constamment au cours des dernières
années, puisque, durant les dernières années, on a
affiché un taux de croissance très considérable de ces
effectifs à chaque année. C'était de l'ordre
d'au-delà de 20%, je crois, et cela atteint parfois entre 30% et 40%
pour certaines années.
En 1976/77 un certain plateau a été atteint au plan du
développement et sur lequel nous pourrons revenir. Du côté
de la santé, il y a donc 412 postes, tel que je l'indiquais. Pour ce qui
est du ratio...
M. Charron: Quand vous dites qu'il y a 412 postes, il s'agit,
dans la plupart des cas, d'infirmières?
M. Forget: Le ratio obtenu actuellement est d'environ 1 pour 2000
au niveau secondaire. Dans le cas des services de santé au niveau
primaire, il faut rappeler que c'est là une responsabilité
traditionnelle des unités sanitaires. Les unités sanitaires
viennent d'être transférées à l'organisme de
santé communautaire qui, jusqu'à maintenant, était
seulement responsable des services de santé en milieu scolaire, mais au
niveau secondaire. Il a maintenant une responsabilité complète au
niveau
primaire et au niveau secondaire.
On m'indique que 50% des 379 infirmières des unités
sanitaires intégrées aux départements de santé
communautaire étaient affectés aux services de santé
scolaire. A ce nombre, s'ajoute un certain nombre d'infirmières dans les
services de santé de certaines municipalités: la ville de
Montréal, la ville d'Outremont, la ville de Saint-Laurent, etc., dans la
région de Montréal.
Donc, de ce côté-là, encore une fois, nous n'avons
pas les ratios établis de la même façon, puisque
c'étaient des situations existantes. Au cours de l'année,
à la suite des intégrations, il sera possible de dresser le bilan
et d'effectuer les corrections, si des corrections s'imposent.
Pour une part, la stabilisation de la croissance peut s'expliquer de
bien des façons. D'une part, parce qu'il s'agit, cette année, de
faire le bilan des efforts d'intégration qui ont été
faits. Il y a aussi, sur le plan de la formation du personnel et des programmes
de santé en milieu scolaire, des efforts de formation et de
développement qui ont été faits et dont il est
nécessaire de faire l'évaluation avant d'aller plus loin.
M. Charron: Est-ce que la majorité de la
responsabilité des services de santé en milieu scolaire est
actuellement dévolue aux départements de santé
communautaire plutôt qu'aux centres locaux des services
communautaires?
M. Forget: Oui, elle est, je pense, en totalité,
dévolue aux départements de santé communautaire.
M. Charron: II n'y a pas de CLSC qui oeuvrent dans ce
domaine-là, qui ont demandé...
M. Forget: Effectivement, il y a des ententes entre les
départements de santé communautaire.
M. Charron: C'est par entente que cela fonctionne?
M. Forget: C'est exact.
M. Charron: Parce que, chez nous, il y a eu un dépistage,
à un moment donné, dans les écoles du quartier et ce
dépistage s'est fait conjointement. Je me demandais qui avait
été à l'origine. C'est le département de
santé communautaire qui a la responsabilité. Ce peut être
le CLSC qui invite le département de santé communautaire.
M. Forget: C'est une pratique que l'on souhaite
généraliser. La responsabilité ne se délègue
pas comme telle, elle appartient au département de santé
communautaire, mais qu'il s'agisse de santé scolaire, qu'il s'agisse de
programmes d'hygiène maternelle ou infantile, des programmes
d'inoculation ou de vaccination, je crois qu'il est normal que
l'exécution de ces programmes, dans une très large mesure ou
même en totalité, éventuellement, soit assurée de la
façon la plus accessible possible par les CLSC et que le contrôle
professionnel, les vérifications d'usage soient effec- tués au
niveau du département de santé communautaire.
Alimentation dans les écoles
M. Charron: M. le Président, à
l'élément 1, sur les services de santé, j'aimerais aborder
la question de la nutrition dans les écoles. Je pense que le ministre et
ses hauts fonctionnaires ont été à plusieurs reprises
touchés par ce phénomène.
De façon générale, plusieurs personnes affirment,
pour s'être penchées sur le dossier, que l'alimentation des
écoliers québécois laisse à désirer. Lorsque
j'étais aux crédits de l'Education, j'avais vu que la Commission
des écoles catholiques de Québec avait fait une enquête
dans ses propres écoles et on avait vu que les aliments cuits en
friture, les eaux gazeuses, les friandises je vous dis cela, M. le
Président, au moment où je viens de m'ouvrir une tablette de
chocolat distribués par des cantines forment très souvent
l'essentiel des repas des étudiants.
Ils consomment moins de lait que d'eaux gazeuses. On disait 7% par
rapport à 29%, et il y avait le chiffre effarant qui disait que 50% des
écoliers québécois ne déjeunent pas le matin. Ils
se rendent donc en classe à jeun et le restent jusqu'à
l'arrêt du midi.
C'est un problème économique, M. le Président,
parce que je me souviens que dans les discussions des crédits du
ministère de l'Education, on nous disait qu'on refusait de subventionner
les cafétérias de la part du ministère et qu'on exigeait
l'autofinancement des cafétérias scolaires par les
différentes commissions scolaires.
Les commissions scolaires sont déficitaires à ce
chapitre-là. Si je vous donne les chiffres; la CECM a terminé son
budget de cafétérias avec un déficit de $400 000 dans ses
écoles; le PSBGM a terminé avec $250 000 de déficit; la
régionale Louis-Emond: $115 000; la régionale de Tilly: $35 000;
la régionale de Chambly: $100 000, c'est pour vous dire que nous ne
pouvons pas espérer de ces commissions scolaires déjà
déficitaires l'amélioration des repas offerts aux
étudiants en cafétéria, puisque c'est à leur propre
charge.
Lorsque nous en discutons, et surtout lorsque les comités de
parents, dans les écoles, insistent auprès de la direction pour
l'amélioration, la réponse des commissaires est presque
inévitable: C'est que nous sommes déjà
superdéficitaires dans ce domaine. A moins d'une subvention
gouvernementale qui nous permettrait d'améliorer la qualité de la
nourriture offerte aux enfants, en particulier dans les polyvalentes, il n'y a
plus rien à espérer. La Fédération des commissions
scolaires dont je viens justement de parler a entrepris des démarches
pour s'assurer que tous les écoliers soient nourris d'aliments
substantiels et nutritifs à l'heure du lunch et ce, à des prix
abordables.
Je voudrais savoir si la Fédération des commissions
scolaires la question est très générale et
permettrait au ministre de faire une déclaration de principe peut
compter sur l'appui du ministre des Affaires sociales dans ses démarches
auprès du ministère de l'Education.
M. Forget: M. le Président, avant de répondre
spécifiquement à cette question, je pense qu'il est
nécessaire d'avoir une espèce de coup d'oeil d'ensemble de la
question de l'alimentation en milieu scolaire et de l'intérêt que
le ministère des Affaires sociales y a manifesté depuis quelques
années. Il y a là un certain nombre d'éléments que
je vais énumérer et aussi décrire brièvement.
Il y a d'abord un cahier de normes qui a été
élaboré, puisque, avant de trouver les moyens d'atteindre de
meilleurs standards alimentaires, il s'agissait de définir un peu plus
précisément les objectifs d'une bonne alimentation pour des
enfants d'âge scolaire. Des normes ont été
élaborées avec la collaboration de spécialistes en
alimentation et ont été publiées, sous la forme d'un
cahier, par le ministère des Affaires sociales. Il a été
rendu disponible, par le ministère de l'Education, à toutes les
commissions scolaires, les comités de parents, etc. Il s'agissait
d'établir une espèce de base, une espèce d'objectif, en
termes concrets, de ce qu'est une bonne alimentation.
Nous avons aussi, durant les trois ou quatre dernières
années, accordé à certaines commissions scolaires,
à titre de projet de démonstration, des subventions dont
certaines fort importantes pour déterminer, à l'aide d'un
programme expérimental, l'impact possible d'un supplément
alimentaire qui serait rendu disponible aux enfants d'âge scolaire dans
certains quartiers, particulièrement des quartiers
défavorisés. Ce projet de démonstration a fait l'objet
d'une évaluation systématique, évaluation que nous avons
examinée avec soin et dont nous avons discuté les
résultats avec les commissions scolaires impliquées. Entre
parenthèses, ce que la démonstration a permis de constater...
Evidemment, des interprétations sont faites. On peut toujours contester
et discuter. Les résultats sont assez probants. C'est que, malgré
les subventions fort importantes et les programmes assez importants mis en
place dans certains quartiers défavorisés et bien
désignés, il n'y a eu aucun impact discernable de ce
supplément alimentaire sur la performance scolaire des étudiants,
puisque c'était quand même une des hypothèses de
départ, c'est-à-dire que l'état de santé,
l'état alimentaire était tellement déficient, que
l'état de santé des enfants était tellement compromis ou
miné par une alimentation déficiente que, donc, leur
capacité d'attention, de travail, etc., en était
diminuée.
L'évaluation qui a été faite ne permet pas de
soutenir cette hypothèse, ce qui ne veut pas dire que, par ailleurs,
leur alimentation est parfaite, mais cela permet quand même de mettre
sérieusement en doute l'hypothèse selon laquelle les
insuccès scolaires, dans certains quartiers, seraient attribuables
à une alimentation trop déficiente, mais ceci n'a qu'un
intérêt limité et je suis le premier à le
reconnaître.
En troisième lieu, nous avons, dans les départements de
santé communautaire et dans les CLSC, autorisé des postes de
diététistes-conseils qui sont en mesure de conseiller non
seulement les écoles, mais également, puisque le problème
se pose là aussi, les centres d'accueil pour per- sonnes
âgées, par exemple, où des problèmes alimentaires se
sont posés au point de vue de l'équilibre des diètes,
etc., puisque chaque centre d'accueil certains sont très petits
n'est pas en mesure d'avoir des ressources professionnelles pour
cela.
Au niveau des CLSC, il y a actuellement 17 nutritionnistes dans les CLSC
dont le rôle est de jouer cette fonction, de remplir cette fonction et
nous prévoyons offrir à chaque CLSC, ou à une
majorité d'entre eux du moins, un poste de nutritionniste qui
travaillera en collaboration avec les nutritionnistes qui sont
déjà en place au niveau des départements de santé
communautaire.
Quatrièmement et ceci est peut-être le plus
intéressant le Québec, depuis trois ans, a
participé avec des experts que nous avons nommés et avec ceux
nommés par le gouvernement fédéral à des
enquêtes sur la nutrition au Canada. Ces études ont d'ailleurs
été publiées, une première fois, il y a environ
deux ans, sous le titre Nutrition au Canada. Les études
spécifiques à chaque province ont également fait l'objet
de publication sous le titre Nutrition au Québec. Or, une des
conclusions remarquables de ces études consiste à faire ressortir
qu'effectivement les enfants ont des problèmes alimentaires, ont une
mauvaise alimentation, une alimentation mal balancée. Ces carences sont
surtout au niveau des vitamines et de l'acide folique qu'on retrouve dans le
lait. On sait combien les enfants n'aiment pas, pour une raison inconnue, boire
du lait. C'est un élément qui manque dans leur alimentation, de
même que les vitamines. Mais et c'est cela qui est significatif
il n'a pas été possible d'établir une relation
entre le déséquilibre alimentaire et le statut
socio-économique des familles. Autrement dit, tout le monde mange mal.
Tous les enfants mangent mal, les enfants des riches aussi mal que les enfants
des pauvres. C'est une question de culture, c'est une question...
Généralement, l'enquête était plus vaste que cela.
C'étaient les habitudes alimentaires dans la population, par groupe
d'âge. Les enfants, qu'ils soient de quelque milieu économique que
l'on veuille, mangent mal, consomment des boissons gazeuses, des friandises,
des produits de friture, etc. et ne consomment pas de lait, de fruits frais, de
légumes. A titre de parent, je peux très bien comprendre comment
il se fait qu'on soit en face de ces problèmes. Il est exact, pour tous
ceux qui ont des enfants, indépendamment des questions de revenus, que
c'est parfois une guerre, dans n'importe quelle famille, pour infléchir
des habitudes alimentaires dans un sens qui apparaît à n'importe
quel adulte, même avec très peu d'information sur le sujet, comme
n'étant pas exactement la chose à faire.
Donc, à la lumière de tout cela, ce qui semble ressortir,
c'est qu'effectivement il y a nécessité d'une information
sanitaire, d'une éducation sanitaire de toutes les familles et que,
peut-être, on peut au moins supposer que, dans les milieux
défavorisés, un effort particulier doit être fait. Parce
qu'indépendamment du problème économique, mais compliquant
le problème économique, il peut se trouver aussi des
problèmes au niveau de l'ac-
cès à l'information, généralement accessible
par simplement des rubriques, dans les journaux sur l'alimentation, etc. Il
serait souhaitable, dans le cas de l'opération Renouveau du
ministère de l'Education, d'entreprendre une action de type
d'information et d'éducation plutôt que de subventionner des
cafétérias ou donner, distribuer des aliments, sans exclure,
toutefois, à titre incitatif, la distribution de lait additionné
de vitamines ou des choses dans ce genre. Mais il est clair et il me semble
clair, d'après ces études, que ce n'est pas en mettant à
la disposition des élèves des aliments gratuits, qui ne seront
peut-être pas consommés, auxquels on préférera
peut-être encore les bonbons et les boissons gazeuses, que l'on pourra
résoudre le problème. Il faut un effort d'information. Il faut
peut-être l'inciter et le pousser un peu.
Enfin, c'est un peu l'option dans laquelle nous nous dirigeons. Nous
avons amorcé un dialogue, comme je l'indiquais tantôt, avec les
commissions scolaires, en particulier, celles de Montréal, de
manière à orienter dans ce sens nos efforts pour les prochaines
années, efforts que nous n'avons pas l'intention de diminuer quant
à l'importance des sommes mises en jeu, mais qu'on aimerait
réorienter dans le sens que je viens d'indiquer. C'est à peu
près là la situation du côté alimentaire.
Soins dentaires
M. Charron: M. le Président, les questions sur
l'alimentation dans les écoles m'amènent à poser des
questions sur la qualité des soins dentaires offerts aux jeunes
Québécois dans les écoles actuellement. J'aimerais savoir
si le ministre des Affaires sociales a à son ministère un
programme pour développer, protéger la dentition des jeunes
Québécois actuellement en milieu scolaire.
M. Forget: C'est la question de $64 000. Nous avons
essentiellement deux stratégies relativement à cette
question.
Il y a d'abord, depuis 1974, un programme administré par la
Régie de l'assurance-maladie pour rendre accessibles les soins de type
théra-peuthique et aussi des soins de nature préventive au niveau
du nettoyage, du détartrage et du dépistage précoce des
maladies des dents qui, si on les prend à temps, comme n'importe quelle
maladie, risquent d'être moins graves dans leurs conséquences.
C'est un programme qui, je pense, donne satisfaction, mais qui ne permet
pas d'atteindre tous les enfants. Et c'est là la source d'une
préoccupation et l'inspiration aussi qui nous poussent à chercher
à organiser, dans le réseau des services en milieu scolaire, un
programme de santé dentaire, de soins dentaires, d'éducation
à la santé dentaire qui soit organisé sur une base
sensiblement différente.
Nous sommes encore à examiner les implications de ce programme
puisqu'il nous semble essentiel, si l'on veut couvrir le programme avec des
moyens qui nous sont accessibles, sur le plan du personnel, sur le plan
financier également, de réexaminer le rôle des dentistes et
du personnel auxiliaire dans l'accès à des services, à des
soins dentaires, à des soins de la nature dont j'ai parlé, il y a
quelques minutes, en milieu scolaire.
C'est un problème qui a été résolu, je
crois, avec un certain succès dans d'autres provinces, dans au moins une
autre province, qui fait l'objet de l'attention et de l'intérêt de
presque toutes les provinces au Canada, qui a été
expérimenté aussi à l'étranger dans une certaine
mesure.
Il s'agit d'une catégorie de personnel professionnel un peu
nouvelle. On a actuellement les hygiénistes dentaires. Je crois qu'on
est au courant que, depuis l'automne 1975, il y a maintenant un programme de
formation qui produit, chaque année des personnes qualifiées pour
exercer certaines fonctions complémentaires à celles du
dentiste.
Nous avons examiné et nous n'avons pas encore pris de
décision définitive la possibilité de former des
hygiénistes dentaires à des fonctions légèrement
élargies de manière qu'une part plus importante des soins puisse
être rendue accessible en mettant à la disposition des services de
santé en milieu scolaire, du personnel et de l'équipement pour
faire une large partie du travail qui doit être fait auprès des
enfants.
Le problème est que, avec les effectifs dentaires actuellement
disponibles et en tenant compte des départs dus aux décès,
à la mise à la retraite ainsi que des nouvelles arrivées
par la formation de nouveaux dentistes, ce n'est qu'en 2005, je crois, que nous
obtiendrons un ratio de dentistes relativement à la population qui soit
comparable même ou égal à celui de l'Ontario
actuellement.
Nous avons un immense retard à combler de ce côté
et, dans l'intérim, nous cherchons, par des moyens tels que celui que je
viens de décrire, s'il ne serait pas possible d'accélérer,
de mettre plus de monde à la disposition de la population pour donner
des soins dentaires.
Cette question fera l'objet d'études et de décisions, je
pense, dans un avenir assez rapproché.
Nous avons, cette année, envoyé en Saskatchewan, où
se trouve une école d'infirmières dentaires, quelques
hygiénistes dentaires du Québec afin de se familiariser avec
cette discipline et avoir un minimum de personnel francophone ayant cette
expérience et qui puisse mettre à l'essai cette formule dans un
cadre de projet pilote ou d'expérience pilote. Nous avons
également formé, il y a environ un mois, un comité
consultatif officiel en santé dentaire, dont M. Charland, d'ailleurs,
est le président, qui a pour mission, entre autres, de nous orienter
avec les différents organismes professionnels qui sont
représentés à ce comité consultatif dans le choix
des méthodes qui seront retenues pour la mise en place d'un programme
public au niveau scolaire de santé dentaire.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Sainte-Marie.
M. Malépart: M. le Président, concernant
l'alimentation, la nutrition ou les soins dentaires, le ministère
a-t-il pensé d'utiliser un appareil que l'entreprise a utilisé
avec succès parce qu'on est obligé de faire des lois pour
l'empêcher de faire de la publicité pour les enfants soit
le petit appareil de télévision, pour présenter des
commerciaux éducatifs aux heures de programmes pour les enfants? Je
pense que vous êtes père de famille, vous savez sûrement ce
que vos enfants écoutent. Le message peut utiliser aussi nos vedettes,
qu'on veut empêcher, comme les joueurs de hockey, comme...
M. Charron: Patof.
M. Malépart: Je pense aux joueurs de hockey Lafleur, ou
encore Tardif, pour faire de la prévention auprès des jeunes. Ne
pensez-vous pas que des budgets alloués à ce montant... Parce
qu'on a beaucoup de... On parlait des CLSC qui ont investi des sommes d'argent
pour du personnel, mais il y a quand même très peu de gens qui
vont voir les personnes pour avoir l'information, alors que l'information du Gl
Joe qui s'est vendu et de la poupée Barbie, a passé par la
télévision et non par le CLSC pour la vendre.
M. Forget: C'est une excellente idée. D'ailleurs, durant
la dernière année, il y a eu de la part de l'ordre des dentistes
avec lequel nous sommes non pas en collusion, mais en dialogue du moins,
sur un sujet comme celui-là, assez fréquent une offensive
télévisée, je pense bien que tout le monde a vue, pour
sensibiliser les enfants à l'importance de la santé dentaire. En
même temps, nous avons persuadé, sans grande difficulté
d'ailleurs, la Régie de l'assurance-maladie de préparer et de
distribuer un jeu qui permet à l'occasion justement d'une
activité de jeu à l'enfant, de se familiariser avec certaines
notions de santé dentaire. Ce jeu a été imprimé
à un très grand nombre d'exemplaires. Il a été
inspiré du jeu des échelles et des serpents. Il a
été imprimé à plusieurs milliers d'exemplaires et
distribué dans les écoles. Son succès est tel qu'une
nouvelle impression est faite cette année, de manière à
continuer cette distribution. Je crois que le jeu, en particulier à
cause de la longueur de l'exposition au message et sa fréquence, a eu un
succès tout à fait remarquable pour sensibiliser les enfants
à l'importance de se brosser les dents ou d'employer la soie dentaire,
etc. On est tellement satisfaits de cette expérience, qu'on a
demandé à la Régie de bien vouloir continuer dans la
même voie. Je pense que cela n'exclut pas d'autres initiatives à
la faveur du budget sur l'information dans la mesure où on peut
dégager des sommes pour cela. Je crois qu'en effet il serait souhaitable
de continuer.
Dans les départements de santé communautaire, à
l'heure actuelle, je m'en voudrais de ne pas mentionner le fait qu'ils
existent, qu'ils sont actifs, il y a un très grand nombre, une trentaine
de dentistes hygiénistes, c'est-à-dire de dentistes qui se sont
spécialisés dans l'information et dans l'enseignement de la
santé dentaire dans le milieu scolaire, il y a aussi du personnel de
soutien qui travaille avec eux et les cliniques qui ont été mises
sur pied, en conjonction avec les programmes dans les CEGEP pour la formation
des hygiénistes dentaires, entre autres au CHUL à Québec,
à l'hôpital Honoré-Mercier à Saint-Hyacinthe,
à l'hôpital Sainte-Justine à Montréal, à
l'hôpital Sainte-Marie de Trois-Rivières et au Montreal
Children's.
Dans chacun de ces hôpitaux, une clinique dentaire a
été organisée et équipée et les
élèves en hygiène dentaire des CEGEP vont faire des stages
dans ces cliniques pendant une période d'une année et,
évidemment, ils s'occupent des enfants. Le stage est un stage clinique.
Donc, pour compléter leur formation, on fait la tournée des
écoles et on amène à la clinique une classe ou une
demi-classe et on pratique sur les enfants, sous la supervision,
évidemment, de dentistes et de professeurs du cours d'hygiène
dentaire, toutes les procédures que sont autorisés à poser
les hygiénistes dentaires, c'est-à-dire le détartrage, le
nettoyage des dents, le dépistage de certains problèmes aussi qui
permet de référer à la famille, pour l'attention du
dentiste, des problèmes de santé dentaire plus aigus, des
obturations qui deviennent nécessaires, etc. Evidemment, quatre
cliniques pour l'ensemble du Québec, ce n'est pas beaucoup, mais ce sont
quatre cliniques qui fonctionnent continuellement, à l'année,
cinq jours par semaine, le matin et l'après-midi, et à force de
voir des enfants, ils vont voir pas mal d'enfants sur une période d'un
an. Donc, cela vient compléter le travail traditionnellement fait dans
les unités sanitaires par les dentistes et par les hygiénistes
dentaires, le petit nombre que nous avions avant, et qui avaient tous
été formés à l'extérieur du
Québec.
M. Malépart: Est-ce qu'il y a autant d'efforts qui sont
mis de l'avant concernant l'alimentation et la bonne nutrition?
M. Forget: Pour ce qui est de l'alimentation, comme je l'ai
indiqué, nous avons, du côté des écoles, une action
qui est plus limitée, si on veut, puisque nous avons rendu disponible un
cahier de normes. Cependant, dans le cadre des activités de santé
en milieu scolaire, on peut présumer qu'il y a un certain effort de
sensibilisation, mais là-dessus, je ne sais pas si on peut donner des
détails. Il doit y avoir un élément, mais c'est
peut-être assez mineur dans le milieu scolaire.
M. Malépart: Parce que, à la suite des rapports que
vous mentionnez, ce n'est pas seulement relié à l'aspect
économique de la famille; c'est peut-être relié à
l'aspect de la publicité, un peu au mode de vie qu'on a
présentement, les exigences de la publicité qui invite les gens
à la nutrition qu'on veut aujourd'hui. C'est peut-être de
combattre cela par le même moyen que celui qui nous l'a amené.
M. Forget: Le rôle essentiel de l'infirmière en
milieu scolaire, je crois qu'il est utile de le souligner, n'est pas
d'appliquer des pansements pour
des blessures qui se sont produites dans la cour de l'école. Elle
peut faire cela, bien sûr, elle doit faire cela aussi, mais son
rôle n'est pas simplement de mettre de la teinture d'iode et des
"plasters".
L'infirmière est essentiellement là à titre de
professionnelle pour l'information, l'éducation sanitaire, sur tous les
aspects qui sont d'un intérêt particulier pour les jeunes, selon
leur âge, l'aspect alimentaire, l'aspect santé dentaire, l'aspect
drogue, l'aspect prévention des maladies en alertant les jeunes sur les
dangers de la cigarette, de l'alcool, des drogues; un peu plus tard, il y a les
problèmes de sexualité qui interviennent, et où il y a une
information, une éducation sanitaire, et peut-être aussi un
certain dépistage de problèmes qui peuvent se produire dans
certains milieux. Son rôle n'est donc pas limité à des
interventions dans des cas d'accidents.
M. Malepart: Si on regarde les résultats, je pense bien
qu'il reste de la place pour de l'innovation.
M. Forget: II reste beaucoup de place pour l'innovation, mais
j'ai été assez frappé malgré tout au cours de
l'année de voir combien c'est presque une profession nouvelle
qu'être infirmière en milieu scolaire. Cela n'existait
pratiquement pas il y a cinq ans sauf dans certaines commissions scolaires qui
s'étaient donné elles-mêmes ces services ou dans certains
milieux comme à Montréal, où ils étaient en avance.
Mais il n'y avait pas eu de programmes généralisés de
formation et il y a eu, de- puis un an, des cours de formation, des
séminaires organisés, je pense, assez spontanément, par ce
milieu pour développer des techniques d'intervention et profiter de
l'expérience accumulée à "certains endroits relativement
privilégiés" parce que les services ont été
développés depuis plus longtemps.
Il y a eu passablement d'activités, ce serait probablement
possible, à une autre séance, de déposer les rapports de
ces activités de perfectionnement, de recyclage; on s'est posé
beaucoup de questions dans le milieu professionnel impliqué et dans le
cadre de l'orientation des programmes de départements de santé
communautaire sur le rôle de l'infirmière de santé
scolaire. Je crois que c'est un des aspects assez réconfortants de la
prise en charge, par les départements de santé communautaire, de
leurs responsabilités, je crois que cela a été fait
sérieusement et qu'il y a passablement de dynamisme de ce
côté.
M. Charron: M. le Président, en ce qui me concerne,
l'élément 1 ; Services de santé peut être
adopté. Je garderais pour demain l'élément 2: Services
sociaux en milieu scolaire.
Le Président (M. Cornellier): L'élément 1 du
programme 5. Adopté. La commission doit ajourner maintenant ses travaux,
probablement qu'elle pourra se réunir demain après-midi, mais
nous attendrons les directives de la Chambre à cet effet. La commission
ajourne ses travaux sine die.
{Fin de la séance à 17 h 55)