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Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Début des travaux de la commission des affaires sociales pour
l'étude des crédits allant jusqu'au 31 mars 1978.
Les membres de cette commission sont: MM. Boucher
(Rivière-du-Loup), Charron (Saint-Jacques), M. Clair est remplacé
par M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), MM. Forget
(Saint-Laurent), Gosselin (Sherbrooke), Gravel (Limoilou), Grenier
(Mégantic-Compton), Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie),
MM. Lazure (Chambly), Marois (Laporte). Martel (Richelieu), Mme Ouellette
(Hull), MM. Paquette (Rosemont), Saindon (Argenteuil), Saint-Germain
(Jacques-Cartier), Shaw (Pointe-Claire).
Il y aurait lieu de faire la nomination d'un rapporteur. M. Gosselin,
Sherbrooke.
Monsieur le ministre, avez-vous un exposé?
Exposé préliminaire du ministre M. Denis
Lazure
M. Lazure: Oui, M. le Président. Mon exposé va
être bref. Au moment où le nouveau gouvernement est entré
en fonction, la préparation du budget était à toutes fins
pratiques complétée. Les grandes opérations de base
étaient très avancées. C'était normal qu'il en soit
ainsi. Il y a quand même un certain nombre d'éléments qui
ont été introduits pour bien marquer les priorités qui
étaient inscrites dans le programme de notre parti, surtout à
l'égard des personnes âgées et des malades chroniques.
Les crédits proposent davantage des réajustements de
ressources et comportent très peu d'additions de nouvelles ressources,
comme tout le monde le sait.
Cette année, le budget global du ministère pour 1977/78
est de $3,7 milliards, ce qui représente une augmentation d'environ 7%
par rapport au budget modifié de l'exercice précédent.
De ce montant, $27,1 millions sont consacrés aux priorités
de notre gouvernement dans le secteur des Affaires sociales. A titre d'exemple,
au cours de 1977/78, le ministère consacrera une somme de $3,5 millions
au développement des services à domicile afin de répondre
aux besoins urgents des personnes âgées, des malades chroniques et
des handicapés qui nécessitent des soins infirmiers à
domicile ou des services domestiques à domicile.
Une somme de $3,9 millions sera consacrée au développement
des soins aux malades chroniques. Tout cela, ce sont des montants additionnels,
évidemment. C'est de l'argent de développement. Ce montant
servira principalement au développement de programmes de formation du
personnel oeuvrant dans ce secteur des soins pro- longés.
Deuxièmement, il servira à l'implantation de programmes
thérapeutiques, je pense en particulier à la
physiothérapie et à l'ergothérapie et enfin, à
l'addition de nouvelles ressources dans ce domaine.
Depuis la dernière commission parlementaire, deux nouveaux
programmes se sont ajoutés dans le budget du MAS. Il s'agit, pour le
secteur des régimes de compensation du revenu, de ce qui s'appelle la
contribution à l'impôt foncier scolaire. Ce programme, dont le
budget cette année est de $22 millions, est entré en vigueur en
octobre 1976 et il vise à alléger le fardeau de l'impôt
scolaire pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Pour le
secteur recouvrement de la santé, et ceci est le deuxième nouveau
programme, il s'agit du programme intitulé: Contribution au financement
du régime d'assurance-maladie. Ce programme a été
créé en 1977/78 pour compenser le déficit
d'opération anticipé de la Régie d'assurance-maladie du
Québec.
Il ne m'apparaît pas pertinent, dans le cadre de cette
présentation, de faire une description plus détaillée des
activités du ministère. On aura l'occasion, au cours de
l'étude des crédits élément par
élément, de donner plus de détails. Je vais quand
même faire quelques remarques pour présenter certaines grandes
orientations.
Cette année, le budget 1977/78 découle d'une
révision je pense en particulier au budget des hôpitaux
des bases budgétaires. Au cours de 1976, le ministère a
mis au point la révision de la base budgétaire des
hôpitaux, des soins de courte durée. Cette opération a
consisté, au moyen des diagnostics de sortie, à regrouper entre
eux les établissements les plus ressemblants et une fois
regroupés, à analyser leur productivité,
c'est-à-dire leur rendement. Le ministère a aussi entrepris une
autre opération qui sera complétée en juillet 1977. Elle a
pour objectif de vérifier l'exactitude des ressources consenties aux
centres hospitaliers de longue durée, ainsi qu'aux hôpitaux
psychiatriques.
Sur le plan des services, l'indexation des allocations familiales, de
8,2% au 1er janvier 1977 et l'augmentation en moyenne de 27% des prestations
à compter du 1er mai 1977, tel qu'annoncé dans le discours du
budget et suite à l'abolition de l'exemption de la taxe de vente sur les
vêtements et chaussures d'enfant; deuxièmement, l'indexation des
prestations d'aide sociale, selon l'augmentation de l'indice annuel des prix
à la consommation; troisièmement, une somme de $3,5 millions pour
les services et soins à domicile; quatrièmement,
équipement et fourniture pour fluoration, $1,3 million; garderie, $2
millions; amélioration des services d'hébergement et ouverture de
nouveaux centres de jour pour personnes âgées en particulier, $5,6
millions; amélioration des soins et services aux malades physiques et
aux malades mentaux, $9,1 millions; amélioration des services aux
malades chroniques, on l'a dit tantôt, $3,9 millions et services
ambulanciers, révision des tarifs, $1,7 million.
C'est une liste des principaux ajouts, des principaux
éléments de budget qui vont servir au développement dans
certains secteurs de service. Par ailleurs, les programmes d'orthèse et
de prothèse, $2 millions; soins dentaires gratuits aux enfants de 10 ans
et 11 ans, $8 millions et les programmes de gratuité des
médicaments aux personnes âgées sont imputables au budget
de la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Je vais terminer mes remarques ici. Je veux présenter aux membres
de la commission parlementaire les collaborateurs qui sont avec moi. D'abord,
le sous-ministre en titre, le Dr Brunet; à l'extrême-droite, M.
Bélanger, conseiller financier au ministère et des membres de mon
cabinet, Mlle Bélanger, Mlle Gagnon et M. Brûlotte.
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
Remarques de l'Opposition M. Claude Forget
M. Forget: Merci M. le Président. Je suis
particulièrement heureux de voir la célébrité avec
laquelle le ministre a procédé à ses remarques
d'introduction. Les miennes seront également très brèves.
Parce que je crois que l'utilité de ces travaux en commission
parlementaire, lors de l'étude des crédits, ne réside pas
à faire étalage de la capacité des uns et des autres,
d'assembler des mots quant aux intentions à long terme des titulaires
des responsabilités ministérielles.
Pour ce qui est de l'Opposition, il ne s'agit pas non plus de faire
étalage de propositions de caractère général sur
l'évolution des Affaires sociales. Ces notions, ces contributions, elles
ont été faites, dans mon cas, alors que j'occupais le poste que
détient l'actuel ministre des Affaires sociales. Je n'ai pas
changé d'idée depuis; alors, je n'irai certainement pas ennuyer
les membres de la commission par une répétition de notions et
d'idées que j'ai déjà exprimées dans d'autres
circonstances.
Les tâches qui nous attendent au sein de la commission
parlementaire pour l'étude des crédits sont beaucoup plus
pragmatiques et se situent dans le contexte d'une évaluation de la
performance du gouvernement dans le secteur des Affaires sociales et,
singulièrement, de la performance du ministre des Affaires sociales.
Je crois que lui comme moi, nous pouvons apprécier l'occasion qui
nous est fournie, dans le cadre que nous procurent les travaux de la commission
parlementaire, d'établir la vérité quant à
certaines propositions, certaines allégations qui circulent à
l'heure actuelle, malheureusement, à l'endroit du ministre. On
prétend qu'il ne démontre pas, dans l'exercice de ses fonctions,
un esprit de synthèse ou une compréhension suffisante de
l'ensemble que constitue le réseau des établissements d'affaires
sociales. Il a, à l'occasion, fait montre de partisanerie dans ses
décisions. D'autres disent qu'il ne manifeste pas suffisamment, à
l'endroit du réseau, des partenaires qu'il a dans le réseau,
l'immense réseau des Affaires sociales, le respect nécessaire
à l'exercice de ses responsabilités et nécessaire à
leur succès, en particulier, mais qu'au contraire, il se livre à
un exercice un peu arbitraire de l'autorité dont il jouit.
On dit également qu'il se livre peut-être un peu trop
volontiers à l'improvisation plutôt que de tenir compte de la
continuité essentielle dans un secteur aussi vaste et qui implique
l'utilisation d'une part si importante des ressources collectives, car environ
30% ou un peu plus des ressources gouvernementales québécoises
sont investies traditionnellement dans ce secteur.
Il n'y a pas de doute que le titulaire de ce ministère doit
exercer ses responsabilités en connaissant pleinement le contexte dans
lequel elles doivent s'exercer, contexte encore une fois où il y a des
partenaires, mais un contexte historique également.
Donc, il y a ces allégations qui se retrouvent dans les journaux,
dans certaines conversations, et je crois que c'est là une série
d'affirmations qu'il est important de dissiper ou de confirmer, le cas
échéant, mais, de toute manière, qu'il s'agit de tirer au
clair, parce qu'il est très préjudiciable au fonctionnement du
réseau d'avoir des propos comme ceux-là. Cela paralyse l'action
du ministre, cela peut paralyser l'action du ministère, et cela peut
engendrer ou aviver, le cas échéant, les antagonismes qui sont
hélas trop nombreux déjà dans un secteur qui engage
tellement de gens, tellement de groupes, avec des objectifs parfois en conflit
les uns avec les autres.
Mon objectif, M. le Président, dans cette commission
parlemenaire, ce n'est pas de lancer des accusations ou des injures au
ministre, au contraire, ce sera, avec lui et à l'aide des
réponses qu'il fournira lui-même, que ses collaborateurs
fourniront, d'aider à éclaircir la nature, le genre, les
implications de toutes sortes qui peuvent se dégager des
décisions déjà arrêtées depuis six mois au
ministère des Affaires sociales de manière, encore une fois,
à établir la vérité et permettre à tout le
monde, au grand public comme aux membres de la commission parlementaire, de
porter un jugement sur l'ensemble de cette activité.
On peut croire que six mois, c'est encore insuffisant pour se permettre
de porter un tel jugement. Cependant, ce sont des postes qui ne sont pas
occupés pendant six ans, mais pendant souvent des périodes de
temps beaucoup plus courtes, et je crois que, déjà, après
six mois, il sera possible d'examiner, surtout à l'occasion de la
préparation d'un budget où s'insèrent des
éléments nouveaux, où s'insère également
l'absence d'éléments nouveaux là où peut-être
il devrait y en exister, il sera temps, je pense, il sera possible de porter un
jugement après que nos travaux se seront terminés, lorsqu'il sera
possible d'explorer toutes les implications d'un certain nombre de situations
de fait.
C'est le but très factuel que je me fixe dans cette commission
parlementaire.
Je n'ai rien d'autre à ajouter pour ce qui est des remarques
générales. J'imagine que, lors de l'étude de chacun des
éléments, il nous sera pos-
sible d'émettre quelques observations ou de poser quelques
questions de caractère général, mais appropriées
à la nature de chacun des programmes, des questions plus techniques ou
plus spécifiques sur les aspects budgétaires de toutes ces
activités.
Il y a une seule réserve ou une seule question, un seul point que
j'aimerais soulever avant de terminer; c'est celui qui découle d'une
tradition. Je pense que c'est une tradition à la commission
parlementaire des affaires sociales de saisir l'occasion que nous fournissent
certains éléments ou certains programmes qui apparaissent aux
crédits du ministère pour faciliter, par la présence des
responsables de ces organismes, une discussion des activités de la
Régie des rentes et de la Régie de l'assurance-maladie. Dans le
cas de la Régie de l'assurance-maladie, le problème se pose un
peu différemment que dans le passé puisque le programme 18
apparaît, désormais, comme un poste budgétaire, ce qui
n'était pas le cas dans le passé. Donc, la question ne se pose
presque pas, mais, malgré tout, je crois qu'elle se pose techniquement
afin d'assurer la présence à ce moment des porte-parole, des
représentants, des administrateurs de la Régie de
l'assurance-maladie.
Pour ce qui est de la Régie des rentes, il est de tradition
d'inviter ses porte-parole à se présenter devant la commission
parlementaire pour répondre aux questions lors de l'examen du programme
1, soutien du revenu familial, c'est-à-dire le paiement des allocations
familiales. Il y a cette possibilité que j'aimerais que l'on ne perde
pas de vue au cours de nos travaux, parce que c'est une tradition, aussi
longtemps que je me souvienne d'avoir suivi les travaux de la commission
parlementaire, que les présidents des régies soient
présents avec quelques-uns de leurs adjoints. Alors, c'est
terminé, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez une
réplique, M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, en ce qui concerne la
dernière partie de l'intervention du député de
Saint-Laurent, il est bien clair que nous allons maintenir cette tradition et
qu'après entente avec les différents partis, nous aurons des
périodes réservées, périodes où on aura la
présence des responsables des différentes régies. Je n'ai
pas terminé, si vous permettez.
Je voudrais quand même réagir à ce que le
député de Saint-Laurent appelle des allégations. Pour ma
part, je me réjouis aussi du ton calme et serein jusqu'ici, en
tout cas de la commission et, sur un ton aussi calme et aussi serein, je
ne voudrais quand même pas, étant donné que tout ce qui est
dit ici est évidemment consigné de façon officielle par
nos amis de la presse, laisser passer ces allégations
véhiculées par le député de Saint-Laurent.
Ce qui peut apparaître parfois comme des improvisions
résulte bien souvent de décisions qui devenaient absolument
nécessaires, qui deviennent encore absolument nécessaires
après de longues périodes d'indécision vécues au
cours des quelques dernières années, ou des décisions
prises, de façon officielle, mais non implantées. Je veux donner
quelques exemples seulement, un en particulier qui me vient à l'esprit,
l'hôpital Rosemont à Montréal, où décision a
été prise, il y a quelques années, de fermer
l'hôpital Rosemont, mais décision qui n'a jamais été
appliquée.
Le nouveau ministre des Affaires sociales se retrouve devant une
situation très litigieuse où, avec de bonnes raisons, le
ministère a cru bon de transmettre la décision de fermeture aux
gens concernés, mais, d'autre part, pour des raisons tout aussi bonnes,
je suppose, n'a jamais procédé à la fermeture dudit
hôpital. Après deux années d'incertitude, il est
évident qu'il faut qu'on transmette une décision à
l'hôpital Rosemont et, entre parenthèses, nous attendons un
rapport de la corporation... J'ai demandé à la Corporation
professionnelle des médecins de faire une visite d'agrément de
l'hôpital Rosemont et nous n'attendons que ce rapport pour appliquer la
décision qui sera prise.
Un autre exemple, l'hôpital Sainte Jeanne D'Arc à
Montréal. Depuis quelques années, les autorités de
l'hôpital Sainte Jeanne D'Arc et tout le réseau hospitalier
entendaient dire que le ministère allait convertir cet hôpital en
hôpital pour chroniques. Mais jamais il n'y avait eu de décision
bien ferme de prise, de transmise aux autorités de l'hôpital
Sainte Jeanne D'Arc. Nous nous sommes rendusles fonctionnaires et
moi-même à l'hôpital Sainte Jeanne D'Arc il y a
quelque temps et nous avons rendu une décision très claire
d'augmenter à 20% le nombre de malades chroniques, dans un premier
temps, et à 30%, dans un deuxième temps, pour atteindre un
plafond de 30% dans deux ans.
Je pense que les gens de l'hôpital Sainte Jeanne d'Arc ont
été très satisfaits. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a
une longue série, et je vous en épargne, de situations, en
particulier, des fermetures d'établissements, que ce soient des centres
d'accueil ou des hôpitaux ou des transformations de vocations qui avaient
été parfois décidées, parfois envisagées et
qui créaient un climat d'incertitude.
Je prends un autre exemple, plus près de nous, l'hôpital
Cloutier, au Cap-de-la-Madeleine; il avait été
décidé que cet hôpital cesserait d'être un
hôpital général. Je suis allé sur place avec les
fonctionnaires. Nous avons étudié la situation et il m'a paru
qu'il fallait maintenir la vocation de ce petit hôpital
général régional, qui rend d'énormes services et
qui, comme dans le cas de beaucoup de petits hôpitaux, offre des services
beaucoup plus humanisés que les grandes usines qu'on a à
Montréal ou à Québec et qui s'appellent des
hôpitaux.
Cela déplaît, bien sûr, à certaines personnes
si on renverse des décisions. Bien sûr, un nouveau gouvernement
qui arrive doit réviser... Le gouvernement, en 1970 et en 1973, a fait
des révisions en profondeur; surtout en 1970, mon
prédécesseur, M. Castonguay, avait fait des révisions en
profondeur, pour des projets de construction et d'agrandissement
d'hôpitaux, pour des douzaines et des
douzaines de millions de dollars, et ces projets ont été
annulés ou réduits.
Quand on prend des décisions comme on a dû en prendre
depuis cinq mois, des décisions qui vont à rencontre de
décisions prises par un gouvernement qui représentait des
orientations différentes, je ne vois pas pourquoi les gens s'en
scandaliseraient.
L'allégation que le ministre actuel des Affaires sociales ne
consulte pas suffisamment est facilement réfutable, si on fournissait un
calendrier des séances de consultations que j'ai tenues avec toutes
sortes de groupements, d'associations d'établissements et d'associations
professionnelles.
Je veux simplement terminer là-dessus. Il faut distinguer entre
consultation et adhésion à l'avance à l'opinion d'un
groupe quelconque. Que l'Association des hôpitaux du Québec,
l'AHPQ, qu'un groupe comme l'AHPQ, exprime un certain mécontentement
devant certaines pratiques que nous voulons changer, par exemple l'attribution
de sous-contrats par beaucoup d'hôpitaux à des entreprises
privées de l'extérieur, que ce soit pour l'entretien
ménager, que ce soit pour l'alimentation, que ce soit pour la
sécurité, l'attribution de ces contrats, qui s'est
multipliée depuis quelque temps dans le réseau hospitalier,
devient inquiétante.
L'Association des hôpitaux a soutenu une telle orientation. Nous,
du nouveau gouvernement, nous sommes opposés à une telle
orientation. J'en ai informé l'Association des hôpitaux du
Québec dès le début du mois de décembre. Nous avons
convenu d'utiliser pour le moment l'incitation auprès des
hôpitaux. Nous devons nous revoir bientôt pour établir un
échéancier plus précis, mais qui va tenir de situations de
fait.
Je cite cet exemple d'une orientation qui est directement
rattachée à une orientation du Parti québécois, qui
est maintenant le gouvernement. Le Parti québécois est au
gouvernement actuellement. C'est ce que beaucoup d'individus, beaucoup de corps
intermédiaires n'ont pas encore réalisé.
Il est essentiel que nous distinguions, les gens de la presse aussi bien
que les parlementaires, entre un processus normal de consultation où on
n'est pas lié par l'opinion de l'interlocuteur. Il est bien entendu
qu'il serait plus facile pour moi, ministre des Affaires sociales, de me plier
aux oppositions, aux obstacles qui sont en cours de route quand on veut
modifier, dans un sens qui nous paraît plus social, dans un sens qui nous
paraît plus démocratique, des pratiques dans le grand secteur des
Affaires sociales.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, très brièvement
également, je voudrais bien que le ministre, qui commence l'étude
de ses crédits ce matin, sache que même avec un changement de
gouvernement, ce qui fait l'originalité d'un gouvernement, ce n'est pas
de venir tout chambarder le système qui existe déjà. Je
pense qu'on devrait y aller avec pondération dans le secteur des
Affaires sociales principalement.
Il y a longtemps qu'on sait qu'il y a des sujets sur lesquels on peut
difficilement légiférer et quand je parle de sujets, je veux dire
dans le domaine de la religion, dans les moeurs, et dans la langue. On en sait
quelque chose. Les gouvernements qui ont touché à des sujets
comme ceux-là, cela a toujours été des sujets assez
brûlants et on sait que le gouvernement actuel s'est fait élire
sur des politiques qui cassaient peut-être avec la réalité
qu'on connaît au Québec depuis plusieurs années, mais la
population ne lui en voudra peut-être pas de revenir sur certaines de ces
décisions. Parce que depuis l'arrivée du gouvernement, on se rend
compte que plusieurs ministres, on ne dira pas tous, mais plusieurs voudraient
se lancer dans des grandes déclarations ou dans de grandes
réformes et dans de grands projets de loi seulement pour le plaisir de
faire la manchette, quitte à revenir plus tard, comme on le voit, ou de
se faire massacrer par la population.
Ici, à ce ministère des Affaires sociales, on en a entendu
pendant la campagne électorale et on se prépare à certains
changements qui ne seront peut-être pas pour le bien de la
collectivité québécoise. Vous vous proposez, entre autres,
de salarier les médecins. Ce serait peut-être bon. Ce serait
peut-être bon d'attendre un peu. Vous avez un mandat qui va durer quatre
ans; écoutez un peu ce qui se passe au Québec, et ne voulez pas
tout chambarder dans la première année, comme on a vu certains
ministres qui se sont lancés dans des projets de loi, qui sont en train
de se promener dans la province et d'essayer de sensibiliser la population. On
peut, avec la force d'un gouvernement, faire des réunions en province,
remplir des salles avec son monde, il s'en trouve assez, et se faire applaudir
dans plusieurs régions du Québec, mais ce n'est pas toute la
population qui est dans les salles. Arrivera une élection, les gens ont
bonne mémoire et ont le bras long. J'en sais quelque chose avec notre
gouvernement et l'Opposition officielle en sait quelque chose aussi. Il serait
peut-être bon d'y aller plus modérément et de prendre un
peu plus de temps qu'un an pour régler des projets de loi qui
chambardent l'opinion québécoise, qui chambardent nos coutumes.
Cela a l'air le cas dans plusieurs ministères dans le moment. On sait
qu'en fin de semaine, le premier ministre a eu l'air de vouloir mettre la
pédale douce à certains de ses ministres trop rapides et à
trop grandes déclarations. Mais dans votre ministère, ce serait
peut-être le temps aussi qu'on y voit.
On aura à revenir sur plusieurs points qui feront l'objet de nos
études pendant l'étude des crédits. On voit que le
ministre, au mois de mars, a fait une déclaration, il promettait une
injection de $5 millions au développement du système de
garderies, alors qu'on voit qu'il n'y en a que $2 millions. C'est à cela
que je fais allusion en disant de ne pas y aller trop vite dans les
déclarations pour ne pas être obligé de revenir et avoir la
preuve du contraire, trois ou quatre mois plus tard quand on
voit qu'il manque déjà 60% de la promesse initiale dans ce
secteur. Quand on regarde la Presse du 12 mars, les affirmations voulant que
les dépenses brutes du budget des hôpitaux ne pourront augmenter
que de 4% au cours du prochain exercice financier, il est permis, sans faire
preuve de pessimisme maladif, de douter de la capacité des
administrateurs d'hôpitaux d'arriver à l'intérieur de cette
augmentation dans leur budget. Il ne faudra peut-être pas être
surpris de voir aussi des déficits au niveau des centres
hospitaliers.
Changer les choses dans les hôpitaux uniquement pour changer
aussi. J'entendais le ministre tout à l'heure, à la
réplique de l'ancien ministre des Affaires sociales, dire qu'il y avait
beaucoup trop de contrats qui se donnaient dans les hôpitaux.
Personnellement, j'ai été mis au courant de cette politique
appliquée dans plusieurs établissements. J'inviterais le ministre
à se rendre compte pourquoi ces contrats ont été
donnés. Il y avait peut-être des implications locales qui
étaient importantes et il y avait peut-être plusieurs raisons de
le faire. Il serait peut-être bon que le ministre sache aussi si cela a
coûté plus cher à l'Etat que de donner des contrats dans le
secteur privé. Il serait peut-être bon qu'il aille voir aussi si
ce n'était pas pour régler un problème syndical dans
plusieurs établissements.
Ce sont des questions que le ministre doit se poser, avant de dire qu'il
faut encore revenir à ce qui existait... à une nouvelle
politique. Il serait peut-être bon d'aller voir ce qui s'est passé
dans ce secteur. En tout cas, j'en ai été témoin pour une
bonne part et je ne suis pas prêt à condamner les institutions qui
ont décidé de passer par des contrats privés, pour
plusieurs bonnes raisons.
J'aurai des informations précises à demander au ministre
sur la diminution de lits dans des centres hospitaliers. On m'a donné
l'exemple tout à l'heure d'un hôpital en secteur plus rural, si on
veut faire abstraction, si on dit que rural, c'est en dehors de Montréal
et de Québec, de petits hôpitaux qui mériteraient
d'être maintenus dans plusieurs centres. Il faut faire attention aux
fonctionnaires. J'ai toujours fait bien attention à ce monde-là,
moi, ce n'est pas du monde élu. On dirait qu'ils prennent plaisir
à faire battre des députés. Cela leur fait... c'est encore
eux qui ont le bras long dans plusieurs secteurs. Il y a du bon monde
là-dedans, mais il y en a d'autres qui sont là pour faire passer
leurs politiques à eux et qui se foutent pas mal de ce qui se passe dans
les régions.
On en est victime dans les régions rurales, et ce n'est pas vrai
seulement aux Affaires sociales. La Loi de la réforme scolaire en a
été un exemple. La voix du ministre de l'Education on aura
des questions à lui poser cette semaine sur ses déclarations de
la semaine dernière avait l'air de venir des catacombes quand il
a annoncé qu'il y aurait un retour aux écoles primaires dans
chacun des villages de la province. C'est étrange que ça nous
arrive 16 ans ou presque 17 ans après la réforme scolaire, et
qu'on en revienne à penser que ce système qui existait en 1960
n'était peut-être pas si mauvais.
On dira peut-être ça dans une dizaine d'an- nées
dans le domaine des affaires sociales. C'est peut-être pour ça
qu'il ne faudrait pas aller trop rapidement. Quand on dit qu'on est en train
d'installer des services d'urgence, à la grandeur du Québec,
quand on diminue le nombre de lits dans des hôpitaux pour traiter des
personnes qui viennent là, il faudrait peut-être que les
fonctionnaires pensent que, dans des centres comme Lac-Mégantic, il y a
des gens qui font 40 ou 50 milles pour venir aux services d'urgence et ne sont
peut-être pas prêts à retourner la même
journée. Il faudrait peut-être les hospitaliser. Avant d'annuler
14 lits comme on l'a fait l'an passé dans nos centres chez nous, avant
de se préparer à en fermer 20 autres, avant de tenter de
convaincre nos gens avec les "bumpers" qu'on a installés dans des
régions, qui sont des CRSSS, avant de faire dire à nos gens que
ça commence à être une bonne chose de fermer des lits un
peu partout, sans tenir compte des régions rurales, qu'on les traite de
la même façon qu'on traite les grands centres.
Quand je reste au coin de la rue de l'hôpital Rosemont et de
n'importe quel centre hospitalier à Montréal, si j'ai à me
déplacer à peine cinq minutes en voiture pour me rendre à
l'hôpital, je ne dois pas être traité. Mais le gars de
Dorset, dans mon comté, qui fait 45 milles de taxi pour se rendre
à l'hôpital, je pense que c'est ce petit bout qui manque aux
fonctionnaires. Vous parlez, c'est peut-être le bout que j'aime dans
votre programme, j'espère qu'il sera respecté, de
décentraliser mais il faut vraiment décentraliser cette fois, et
donner de l'autorité aux gens en place, comme vous l'avez dit dans votre
programme. Peut-être pas faire ce qui a été fait dans la
question des Jeux olympiques, décentraliser pour mieux centraliser, mais
donner vraiment du pouvoir aux gens des régions, les écouter
davantage, passer à l'action.
Ces gens ont de quoi à dire et ont des changements à
apporter. Je voulais qu'on soit à l'écoute de la population
rurale. Rappelez-vous une chose, la population rurale est peut-être moins
importante que les centres urbains, mais elle a des besoins très
différents. Il faudrait faire des distinctions entre ces deux
clientèles. On a bien tendance, c'est le propre des fonctionnaires,
à égaliser les problèmes... ça se règle
mieux, pour des fonctionnaires, quand on a seulement une formule à
remplir, tout le monde pareil, qu'on habite Montréal ou qu'on habite
Lac-Mégantic. Je voudrais bien que ce soit acquis au départ et
mes questions iront toujours dans ce sens: ce qui fait dans un centre comme
Montréal, ça ne doit pas être vrai à Shawinigan et
à Lac-Mégantic et à Aima, au Lac-Saint-Jean.
Dans le domaine des affaires sociales, c'est effrayant comme c'est
important. Vous savez, quand on parle d'un centre de jour qu'on veut implanter,
si on fait un centre de jour au foyer Glenton, chez nous, il n'opérera
certainement pas de la même façon que celui qu'on opère
à Montréal ou à Sherbrooke. Sur l'implantation,
évidemment, je sais que là-dessus, on a certaines restrictions
à proposer et j'ai hâte déjà de voir où on
s'en va avec ça. La même chose du côté des CLSC.
M. le Président, je pense bien que le ministre va collaborer avec
ses collègues; des gens qui représentent l'Opposition, mais il ne
faut pas oublier que, même si on n'est pas nombreux de ce
côté, on a représenté quand même 60% de la
population, à la dernière élection. Il faudrait
peut-être tenir compte un peu plus de l'Opposition. Je ne vous dis pas
ça pour passer des remarques désobligeantes, mais pour vous
aider. C'est tellement facile de se faire battre en politique avec des
décisions du genre qu'on va discuter pendant une semaine; on en sait
quelque chose. Je veux vous aider pour que vous reveniez au moins comme un
tiers parti à la prochaine élection.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier le
député de Mégantic de son offre d'aide, de son offre de
service. Je ne veux pas relever tous les points avancés du
député de Mégantic, mais les principaux, en
commençant par un des derniers, la diminution de lits, la fermeture de
centres, en province.
Comme le député de Mégantic l'a senti, je pense que
la position de son parti ou ce qu'il préconise ce matin, se rapproche
beaucoup de notre position. J'ai fait allusion, tantôt, à ce
phénomène où le gouvernement antérieur, à
tort ou à raison je ne veux pas discuter du bien-fondé
avait décrété la fermeture de plusieurs lits,
autant dans le milieu urbain que dans le milieu rural.
J'ai donné l'exemple de l'hôpital Cloutier du
Cap-de-la-Madeleine, tantôt. Je pourrais citer d'autres exemples.
C'était vrai aussi dans le secteur des centres d'accueil; le centre
d'accueil Sainte-Anne-des-Monts, par exemple, qui, à la suite de
recommandations du conseil régional, d'accord, recommandations qui
étaient entérinées ou sur le point d'être
entérinées par le ministère...
Il y a eu littéralement des douzaines de situations comme cela.
Ces situations provoquent beaucoup de mécontentement, si on
révise la décision. Je reviens à vos premières
remarques. Vous avez fait allusion à la religion, vous avez fait
allusion, probablement, aux problèmes qui découlent de l'absence
de comités d'avortement thérapeutique dans les hôpitaux, si
j'ai bien compris l'allusion que vous avez faite. Je voudrais qu'on comprenne
bien qu'il ne s'agit pas d'être pour ou contre l'avortement. Il s'agit de
demander aux hôpitaux c'est tout ce que j'ai fait jusqu'à
maintenant demander aux hôpitaux francophones de bien vouloir
mettre à la disposition des femmes enceintes qui ont besoin d'un
avortement thérapeutique prévu par la loi, des services qui sont
quasi absents des hôpitaux francophones. Cela me paraît anormal que
96%je le répète encore une fois des avortements
thérapeutiques, donc des avortements légaux, qui sont
nécessaires pour la santé de la mère, aient
été faits dans des hôpitaux anglophones. Cela me
paraît anormal.
J'espère qu'on ne fera pas jouer l'élément religion
dans cela, pour provoquer inutilement la passion des gens, les émotions
des gens. Vous parlez de projets de loi qui vont trop vite. En tout cas, ce
n'est sûrement pas le cas dans le secteur des Affaires sociales. Deux
projets de loi importants sont prévus, vous le savez; un projet de loi
sur les personnes handicapées et un projet de loi sur la protection de
la jeunesse. Ce ne sont pas des projets de loi révolutionnaires. Le
gouvernement antérieur, et je dirais même, le dernier gouvernement
de l'Union Nationale, de 1966 à 1970, donc les trois ou quatre
gouvernements antérieurs ont essayé de modifier la
législation qui concerne la protection de la jeunesse, et n'ont pas
réussi à le faire. Une des principales causes de cet échec
a été un conflit de juridiction, une espèce de lutte entre
deux ministères, le ministère de la Justice et le
ministère des Affaires sociales.
Nous avons trouvé une solution à cette impasse et le
projet sera déposé avant l'ajournement d'été de la
session.
L'autre projet sur les personnes handicapées avait aussi
été introduit par mon prédécesseur et je ne vois
pas en quoi ces deux projets, qui sont à peu près les deux seuls
projets de loi que le ministère présente durant cette session,
sont un tant soit peu révolutionnaires. Au contraire, je pense qu'ils
vont corriger des situations qui demandent à être corrigées
depuis longtemps par des gens défavorisés dans notre
société, les handicapés et les enfants
délinquants.
Le montant de $5 millions pour les garderies, il faudrait d'abord voir
dans quel contexte cela se situait. Nous avons, au ministère,
tenté d'obtenir, comme c'est de bonne guerre, le plus d'argent possible
pour les nouveaux crédits. Le chiffre qui avait été
avancé représentait un objectif. Nous avons obtenu $2
millions.
Une dernière remarque: les hôpitaux, ce n'est pas une
augmentation de 4% qu'ils ont, puisque les hôpitaux ont reçu leur
budget depuis quelques semaines et les 4% qui avaient été
annoncés comme un minimum d'augmentation, effectivement l'augmentation
du budget des hôpitaux se situe entre 5,25% et 7,25% par rapport à
l'an dernier alors que l'augmentation n'était que de 0,7% par rapport
à l'année précédente.
Il faut faire attention. Quand on parle de restrictions
budgétaires dans le secteur hospitalier, ces restrictions, ces
contraintes, elles sont relativement moins fortes que celles de l'année
dernière. Je vais m'en tenir à ces remarques, M. le
Président, pour le moment.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu.
Discussion générale
M. Martel: Merci, M. le Président. J'écoutais tout
à l'heure le député de Saint-Laurent et celui de
Mégantic-Compton parler d'incohérence dans le système des
affaires sociales. J'ai nettement l'impression que cette incohérence du
système des affaires sociales ne relève pas tellement des
déclarations du ministre actuel qui a fait des déclarations fort
à point, mais si je me reporte aux lamentations respectives du Parti
libéral et du
parti de l'Union Nationale, que cette incohérence, dis-je, dans
le système des affaires sociales est plutôt l'effet que la
société québécoise ne peut déterminer
elle-même ses priorités dans ce secteur vital. Les structures
fédérales actuelles nous privent à la fois des pouvoirs
fiscaux et également des pouvoirs législatifs nécessaires,
non seulement pour établir notre propre politique sociale, mais surtout
pour faire des choix sociaux et donner à notre société une
véritable personnalité québécoise. Cette situation
n'est pas d'aujourd'hui, elle remonte à près d'un
demi-siècle.
Je pense qu'on se souvient tous des prises de position de Maurice
Duplessis, par exemple, lorsqu'il a obtenu un demi-succès
vis-à-vis du fédéral. Je pense que c'est important de le
souligner, parce que ce ne sont pas des déclarations qui vont être
l'incohérence du système, mais ce sont bien les prises de
position, le refus d'Ottawa qui, malgré la constitution qui doit
reconnaître la santé et les affaires sociales comme de juridiction
provinciale, s'est toujours abstenu de donner ce champ véritablement aux
provinces. Le demi-succès de M. Duplessis a abouti à l'imposition
des impôts au Québec.
Sous le régime de M. Lesage, vous avez vu ce qu'il y a eu.
Evidemment, on a été obligé d'établir un
Régime de rentes, parallèlement au système de pensions de
vieillesse...
M. Saindon: ... personnalité
québécoise...
M. Martel: ... encore un dédoublement du
système.
Sous Daniel Johnson, lorsqu'on a demandé mon
collègue de Mégantic-Compton était là les
100% des points d'impôt, de façon à se donner une
véritable politique sociale, est-ce que nous les avons eus?
Sous Jean-Jacques Bertrand, en 1968, qu'est-ce qui est arrivé,
lorsque le ministre du temps, Jean-Paul Cloutier, est allé à
Ottawa pour récupérer des points d'impôt et que, pendant
des années, nous avons été bloqués de nos $200
millions qui revenaient aux citoyens du Québec?
Même sous M. Bourassa, par exemple, à la fameuse
conférence fédérale-provinciale, je pense que c'est de
mémoire récente, lorsqu'il était prêt à
céder le rapatriement de la constitution pour autant que nous ayons nos
propres politiques sociales, quelle rebuffade a-t-il essuyée de M.
Trudeau? Il est revenu bredouille au Québec.
M. Castonguay qui avait, au préalable, préparé pour
l'Union Nationale, le rapport Castonguay-Nepveu qui voulait que le
Québec soit vraiment le maître d'oeuvre dans le domaine des
affaires sociales, qu'est-ce qu'il a obtenu d'Ottawa? Le Québec a obtenu
que M. Castonguay, qui est un homme brillant, cède le pas. Je ne pense
pas que le député de Saint-Laurent ait obtenu plus de
succès que son prédécesseur vis-à-vis d'Ottawa,
vis-à-vis de cette récupération de points d'impôt
pour s'assurer des pouvoirs législatifs et des pouvoirs fiscaux.
Tout dernièrement, lors de la conférence des ministres de
Finances, en décembre 1976, nous avons vu le Québec, encore une
fois, perdre $150 millions par suite du partage de points d'impôts aussi,
$150 millions dont nous avions besoin pour nous donner nos politiques. C'est
tellement vrai, ce pouvoir que les provinces doivent avoir et qu'Ottawa
s'entête à ne pas leur donner à ne pas décentraliser
dans le domaine des affaires sociales, qu'en 1949, ils ont dû faire
amender la constitution par le Parlement de Londres ce qui, à mon
sens, est scandaleux de façon à pouvoir imposer au
Québec les pensions de vieillesse.
Evidemment, je pense qu'il est temps qu'on mette fin à ce conflit
de juridiction, à ce dédoublement des montants qui prive les
Québécois d'avoir des politiques cohérentes dans le
domaine du revenu, à la suite de ce double emploi de services qui
coûte énormément cher. On prive également les
Québécois d'avoir des allocations familiales qui seraient
beaucoup plus substantielles s'il n'y avait pas ce double emploi de services
qui coûte des millions de dollars aux Québécois. Pourquoi
deux systèmes d'allocations familiales?
Dans le domaine de la santé, c'est exactement la même
chose. On pourrait étendre notre champ d'assurance-maladie si nous
avions véritablement un pouvoir de décision au Québec.
Nous pourrions étendre ces soins de services dentaires jusqu'à 18
ans, tel que convenu dans notre programme; cette année, cela va se
rendre jusqu'à onze ans. C'est une nécessité pour le
Québec. Nous pourrions avoir notre système
d'assurance-médicaments universel, si nous avions ce transfert des
montants qu'Ottawa garde, qu'Ottawa nous impose.
Je l'ai vécu sous le régime de Daniel Johnson, ce refus
d'Ottawa qui a fait perdre des centaines de millions aux
Québécois, parce qu'Ottawa était prêt à
distribuer des montants, mais à la condition, évidemment, que les
provinces se soumettent à une politique d'ensemble pour le Canada. A ce
moment, on sait que, dans certains domaines, le Québec était plus
avancé que d'autres provinces et que cela aurait été un
gaspillage d'argent. J'ai vu des voyages et le député de
Mégantic en a été témoin du ministre des
Affaires sociales du temps, qui, comme celui d'aujourd'hui et le
député de Saint-Laurent qui occupait ce poste, ont toujours
reçu des rebuffades d'Ottawa dans ce domaine. Si on regarde, par
exemple, les déclarations farfelues du ministre actuel de la
Santé, M. Lalonde, concernant, tout dernièrement, sa prise de
position en ce qui a trait à la saccharine, qui a dit que c'était
dommageable pour les rats, ce même M. Lalonde, depuis 1972, promet
à tous les Canadiens d'avoir une politique cohérente dans le
domaine des médicaments. Si l'industrie pharmaceutique exploite la
population du Canada, c'est à cause, je pense, d'une complicité
tacite du gouvernement fédéral. Depuis 1972 que le ministre de la
Santé fédéral promet d'avoir une véritable
politique dans ce domaine et là, il nous arrive en nous disant que la
saccharine causait le cancer chez les rats. A ce moment, il sait fort bien
qu'il y a des centaines de médicaments brevetés qui sont sur le
marché canadien, avec la bénédiction du département
des aliments et drogues, et dont au moins
une douzaine, en 1972, ont été jugés inefficaces en
faisant l'objet de publicité frauduleuse. Est-ce de la bonne
administration de la part du gouvernement fédéral dans le domaine
de la santé?
Lorsque le ministre de la Santé déclare, par exemple,
à l'occasion du débat sur le crime organisé, lorsqu'il
était question de la viande avariée: Ce n'est pas grave pour les
Canadiens, la viande avariée; pour autant que c'est bien cuit, il n'y a
pas de problème, il n'y a pas de danger d'attraper de maladie, est-ce
que ce sont des déclarations responsables d'un ministre de la
Santé? A ce moment, cela empêche justement le ministre des
Affaires sociales du Québec d'avoir des politiques cohérentes;
cela empêche le ministre des Affaires sociales, cette mauvaise
volonté d'Ottawa de remettre aux provinces ces pouvoirs fiscaux, ces
pouvoirs législatifs, d'étendre notre champ d'action dans le
domaine de l'assurance-maladie, d'avoir une plus grande couverture de tous ces
services. Je ne m'étendrai pas longtemps. Je sais que nous avons
énormément de points de crédits à discuter.
Motion irrecevable
M. Martel: Si la commission parlementaire était d'accord,
malgré la directive du président de l'Assemblée nationale,
je formulerais une motion; si j'avais l'unanimité des membres de la
commission parlementaire, j'aimerais formuler la motion suivante: Que la
commission, par exemple, des affaires sociales, réaffirme, pour le
Québec, qu'elle est le maître d'oeuvre de ses politiques sociales
sur son territoire et que le transfert des ressources budgétaires
revienne au Québec, de façon que nous ayons véritablement
des politiques sociales qui collent à la réalité du
Québec. Si l'unanimité de la commission parlementaire se fait, je
formule cette motion et je demanderais même qu'on vote
là-dessus.
M. le Président, est-ce que vous acceptez ma motion avec le
consentement unanime de la commission?
M. Forget: M. le Président, sur la recevabilité de
la motion, je crois qu'il y a eu un incident du même genre dans une autre
commission parlementaire où, à la faveur d'une confusion
probablement explicable, au début du fonctionnement des commissions
parlementaires et à cause d'une inexpérience relative, ceci dit
en tout respect, des présidents des commissions parlementaires, une
motion à peu près du même genre a été
jugée re-cevable. On sait cependant combien cette question a
été débattue entre les leaders des différentes
formations politiques représentées à l'Assemblée
nationale, et on sait également... Je crois, M. le Président, que
vous êtes sensibilisé maintenant, à ce problème: de
telles motions ne sont pas acceptables dans les commissions parlementaires,
puisqu'elles sont une prétention injustifiée de la part d'une
fraction de l'Assemblée nationale à s'exprimer au nom de
l'ensemble de l'Assemblée nationale. De telles motions ne peuvent
être débattues, ne peuvent être reçues qu'en
Assemblée nationale plénière, non pas en commission
parlementaire, dont ce n'est pas le mandat. Il n'y a pas de doute dans mon
esprit. Je pense qu'il n'y en a pas non plus dans l'esprit du président
lui-même, enfin, je me permets de le présumer, à ce
moment-ci vous n'avez pas encore indiqué votre décision
. Il ne devrait pas faire de doute dans l'esprit de quiconque qu'une
telle motion n'est pas recevable dans le cadre des travaux d'une commission
parlementaire permanente qui a pour mandat l'étude des crédits,
non pas la délibération sur les relations
fédérales-provinciales, non pas la délibération sur
les politiques législatives ou constitutionnelles du gouvernement.
M. Martel: On pourrait cependant avoir une suspension du
règlement avec le consentement unanime de la commission
parlementaire.
M. Forget: II ne nous appartient pas de suspendre le
règlement là-dessus, et je vous dis immédiatement, M. le
Président, que vous n'aurez pas notre consentement pour nous
prêter à une manoeuvre de ce genre qui n'a d'autre motivation que
le désir qu'ont certains membres de cette commission, de s'attirer,
personnellement, ou sur le parti ministériel, une publicité en
présentant une argumentation qui n'a absolument aucune justification. Je
ne souscrirai pas à ça. Nous devons adopter la même
attitude ici que nous avons adoptée dans une autre commission
parlementaire et nous nous abstiendrons de participer aux travaux de la
commission si on nous impose ces cirques chaque fois.
M. Martel: M. le Président, ce n'est pas ici...
Le Président (M. Laplante): Un moment, s'il vous
plaît, je pense que je passe pour un président assez efficace au
point de vue de l'avancement des travaux. A ce moment-ci, je peux rendre ma
décision déjà sur la motion...
M. Martel: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ...telle que
présentée par le député de Richelieu.
M. Martel: ...on a porté une accusation...
Le Président (M. Laplante): Vous y reviendrez...
M. Martel: ...à savoir que je cherche à me faire du
capital politique, et je tiens justement à soulever un point d'ordre
pour répondre à cette accusation.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez soulever un
point de règlement...
M. Martel: Très brièvement.
Le Président (M. Laplante): ...je suis d'accord pour
l'accepter.
M. Martel: Très brièvement.
Le Président (M. Laplante): Je ne veux pas que ce soit un
forum actuellement en dehors du...
M. Martel: Non, ce ne sera pas un forum. C'est simplement pour
dire au député de Saint-Laurent...
Le Président (M. Laplante): Sur quel règlement
voulez-vous soulever...
M. Martel: C'est simplement pour dire au député de
Saint-Laurent que je ne cherche pas de publicité personnelle, mais je
cherche justement à faire un consensus pour que le Québec se
donne une véritable politique sociale, et je veux mettre en
évidence le fait que le député libéral de
Saint-Laurent et le député de l'Union Nationale de
Mégantic-Compton, prédécesseurs dans ce domaine, ne
veulent pas être en contradiction avec ce qu'ils ont recommandé
depuis toujours vis-à-vis du fédéral.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu, il y a une question de règlement qui est soulevée
actuellement par le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je vous ferai remarquer
que le député de Richelieu enfreint complètement le
règlement. Il discute du fond de la question. Il ne discute pas du
règlement de la question, pas du tout.
M. Martel: J'ai soulevé un point d'ordre concernant une
accusation à savoir que je cherchais de la publicité
personnelle...
M. Saint-Germain: Bien oui, mais écoutez! C'est de bonne
guerre. Ce n'est pas ça qui est une question de règlement.
M. Martel: ...alors que ce n'est pas le cas. M. Saint-Germain:
II y a un point d'ordre.
Le Président (M. Laplante): J'en reviens à la
décision sur la motion.
M. Martel: M. le Président, vous ferez cette motion
à l'Assemblée nationale et je demanderai quelle soit votée
par l'Assemblée nationale de façon que nous
récupérions nos points d'impôt dans ce domaine.
Le Président (M. Laplante): C'est votre droit...
M. Grenier: Avant de donner votre opinion là-dessus,
j'aimerais bien faire connaître l'opinion de notre parti. S'il est
arrivé qu'à la Commission des affaires culturelles j'y ai
été membre avec droit de vote on ait accepté une
motion dans ce sens, c'était pour faire connaître l'esprit de
notre parti. A ce moment, on a dit qu'on avait peut-être
été le premier parti québécois. L'Union Nationale
ne jouera pas le jeu des huit colonnes dans les journaux chaque fois qu'on veut
ouvrir les débats à une commission parlementaire, comme tente de
le faire ce matin, le député de Richelieu, pour tâcher
simplement de démontrer que l'esprit nationaliste n'est vrai que pour le
Parti québécois. C'est aussi vrai pour le Parti libéral
que pour nous...
M. Martel: Vous manquez de suite dans les idées.
M. Grenier: ... c'est aussi vrai pour nous. On ne manque pas de
suite dans les idées en disant que cela a été
accepté une fois. Cela va faire, à partir de maintenant...
M. Martel: Si vous aviez eu de la suite dans les idées,
vous en seriez rendu au Parti québécois.
M. Grenier: ... on est autour de cette table... M. le
Président, je m'excuse, je vous ai écouté tout à
l'heure, si vous voulez vous allez m'écouter une seconde. Vous avez dit
des choses que je n'ai peut-être pas acceptées mais je vous ai
écouté.
Vous allez comprendre qu'on ne perdra pas une journée à
étudier, à faire connaître par les media d'information que
le grand esprit nationaliste n'existe que chez le Parti québécois
et n'existe pas chez le Parti libéral et chez l'Union Nationale parce
qu'on va s'opposer à cela. Cela a été fait une fois aux
Affaires culturelles. C'était un bon endroit pour le faire. Le Parti
libéral a jugé qu'il devait s'opposer, à cause d'un aspect
bien technique, à savoir que ce n'était pas l'endroit pour une
motion. Ce matin, on s'opposera à cela, et on ne perdra pas une
journée à discuter sur cette motion. Elle est, à mon sens,
irrecevable; et, à partir de là, on va finir par comprendre que
l'un ou l'autre des partis qui a administré le gouvernement et qui
l'administre actuellement, peut être aussi nationaliste sur une question
comme celle-là que le Parti québécois peut l'être.
Qu'on arrête de faire croire à la province de Québec, avec
des discours à l'indépendance, à chaque fois qu'il arrive
des crédits... un petit discours avec un air d'indépendance, il y
a toujours un député qui est chargé de le faire. C'est
rarement le ministre, généralement un député. Cela
commence à se sentir et on le voit à chacune des commissions.
Tachez donc d'être sérieux et de passer à l'étude
des crédits et nous permettre d'étudier les articles un par un.
On s'opposera à cela M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je suis prêt à
rendre mon jugement sur la recevabilité de la motion. Je rejette la
motion, non pas pour les raisons invoquées par les députés
de Saint-Laurent et de Mégantic-Compton, mais parce que le
député de Richelieu a invoqué une motion
inconditionnelle... d'unanimité des membres. Il n'y a pas
unanimité des membres sur l'acceptation de la motion. Je la
déclare irrecevable.
On va continuer. Le député d'Argenteuil.
Discussion générale (suite)
M. Saindon: Suite aux propos tenus par le député de
Richelieu. Premièrement, le député de Ri-
chelieu a abordé la question des médicaments. C'est une
question qu'il ne connaît pas. Il cite, par exemple, le jugement ou les
prises de position de certaines personnes. S'il veut se porter garant du
jugement d'une tierce personne ou d'une autre personne, c'est bien son affaire,
mais qu'il ne vienne pas en commission parlementaire nous porter des jugements
globaux comme il le fait.
M. Martel: Je viens porter une accusation précise
d'incompétence du fédéral dans le domaine des
médicaments, en citant des exemples que je vous ai donnés. Je
vous en donnerai d'autres, si vous le désirez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Vous n'avez pas la parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu, je vous demanderais de laisser parler les autres. Je peux placer
votre nom sur la liste d'attente, si vous voulez répondre à
toutes ces choses.
M. Saindon: M. le Président, quand la question
d'unanimité a été soulevée, j'ai
immédiatement dit que je m'opposerais. La raison pour laquelle je me
serais opposé, et je m'opposerai encore, je voterai contre, c'est parce
que, jusqu'à maintenant, la province de Québec fait encore partie
du Canada.
Il est sûr que la responsabilité en matière de
santé, notamment, des médicaments, des drogues comme on dit
souvent, n'appartient pas uniquement à une province en particulier. Il
reste quand même l'aspect santé qui touche tout le pays dans son
ensemble. A ce moment, il est impensable qu'une province puisse prendre une
position ou prendre une mesure quelconque qui pourrait être à
l'avantage de sa population, mais qui, par contre, dans certains cas pourrait
être contre les intérêts des autres.
Je ne crois pas que la responsabilité entière et totale en
matière de santé relève uniquement des provinces.
M. Martel: Permettez que je réponde à cela, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je voudrais que vous
répondiez au président, non pas donner une réponse d'homme
à homme et passer au-dessus de l'étude des crédits.
M. Martel: M. le Président, si on regardait la
constitution de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, on verrait que
les provinces sont souveraines dans le domaine de la santé. Je pense que
le député, même si cela fait au-delà de dix ans
qu'il siège ici, n'a pas consulté l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique. Dans le domaine des médicaments, je pourrais lui
dire...
M. Saindon: Je parle avec mon bon sens.
M. Martel: ... que, depuis quatorze ans que je pratique la
pharmacie, je connais les médicaments, comme tous les pharmaciens, mieux
que les médecins peuvent les connaître. Je lui dirais qu'en plus,
depuis 1908, nous vivons avec une loi des médicaments brevetés
qui est vraiment archaïque. Ce n'est pas normal qu'il y ait une loi de
1908 qui régisse les médicaments brevetés au
Québec. Ce n'est pas normal, après avoir eu une
dénonciation de l'Ordre des pharmaciens concernant douze
médicaments qui ont été étudiés
scientifiquement et dont on a prouvé qu'ils n'avaient aucune valeur
scientifique, qu'Ottawa donne encore des permis pour que ce soit mis sur le
marché. Je me dis que le gouvernement fédéral...
M. Saindon: Ils ne sont pas nécessairement mauvais.
M. Martel: Ils ne sont pas nécessairement mauvais, mais je
me dis que c'est une exploitation du public de mettre sur le marché un
médicament qui n'a aucune valeur thérapeutique, aucune valeur
pharmacologique. A ce moment-là, est-ce que ce n'est pas avec la
complicité du gouvernement fédéral et des trusts, des
compagnies pharmaceutiques, qui ont un "lobbying" très puissant à
Ottawa. Je ne sais pas si on en a déjà eu ici à
Québec, mais, d'après l'attitude du député, je me
demande si les compagnies pharmaceutiques n'ont pas fait du "lobbying" aussi
vis-à-vis de certains membres de l'Assemblée nationale.
M. Saindon: Je ne suis pas pharmacien.
M. Martel: C'est une situation vraiment indéfendable qu'il
n'y ait pas eu d'action dans ce domaine et que l'on présente une loi qui
s'appelle: Médicaments-grand public. A ce moment-là, les gens
vont pouvoir se procurer des médicaments n'importe où et sans
aucun contrôle. Or, on se plaint de la surconsommation de
médicaments, on se plaint du prix exorbitant des médicaments et
l'on sait que si le gouvernement abolissait la publicité sur les
médicaments, il y aurait une diminution d'au moins 35%. Le
député, qui est également médecin, sait que la
publicité dite scientifique, qui coûte entre $5000 et $6000 par
médecin, est une publicité qui n'est pas du tout scientifique,
mais une publicité basée uniquement sur le marketing.
M. Saindon: La publicité ne fait pas mal, mais donner des
médicaments gratuitement, cela peut faire mal.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Martel: Je pense que c'est cela, les $6000 que l'on
prend...
M. Saint-Germain: M. le Président, je veux simplement vous
rappeler que cette question est absolument irrégulière. Nous
avons un budget ici. Nous avons reçu des ordres de l'Assemblée
natio-
nale d'étudier un budget qui représente pratiquement $4
milliards de dépenses. Il y a là matière à
discussion pour des heures et des heures. Si vous laissez la discussion
bifurquer sur le gouvernement fédéral, on n'en finira plus, et on
va manquer envers l'Assemblée nationale aux obligations qu'elle a bien
voulu nous transmettre.
M. Martel: C'est très difficilement défendable.
Le Président (M. Laplante): Je vous ferai remarquer, M. le
député de Jacques-Cartier, que, dans un temps
préliminaire, chaque membre de cette commission peut parler durant 20
minutes sur le sujet, pour autant qu'il ne déborde pas les Affaires
sociales. Je crois que cela n'a pas encore débordé les Affaires
sociales. Cela fait partie des programmes des Affaires sociales. Est-ce qu'il y
aurait d'autres...
M. Grenier: J'aurais juste un point à relever. Le
député de Richelieu me faisait sourire un peut tout à
l'heure, quand il parlait des négociations avec le
fédéral, affirmant que c'est toujours scandaleux. Tout à
l'heure, j'ai posé une question au ministre, je lui ai dit qu'il avait
demandé $5 millions à son gouvernement et qu'il n'en avait obtenu
que $2 millions, il a raté son coup pour 60% de son objectif. Il serait
peut-être bon de réaliser cela, et son gouvernement ne doit pas
être un adversaire libéral d'Ottawa, je ne pense pas.
M. Martel: Mais pour quelle raison, M. le Président...
M. Grenier: M. le député de Richelieu, les
objectifs et la réalité, c'est très différent, et
vous allez apprendre cela à force de siéger en Chambre. Votre
premier mandat ne vous a peut-être pas donné cela, parce qu'on ne
vous voyait pas souvent en Chambre dans le temps, vous étiez
préoccupé par autre chose. Mais vous allez apprendre cela pendant
votre mandat. Vous êtes près du ministre des Affaires sociales
là...
M. Martel: M. le Président, je dirai au
député de Mégantic que j'ai été
présent en Chambre pendant mon premier mandat aussi souvent que
lui...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Martel: On a soulevé un point...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je crois que nous perdons
rapidement le climat de sérénité que le ministre et
moi-même aurions souhaité voir régner pendant
l'étude des crédits du ministère. Je n'en ai pas pour
longtemps, M. le Président, mais il y a aussi un autre facteur qui peut
troubler la sérénité de nos travaux et celui-là,
j'ai le regret de le dire, vient des affirmations mêmes du ministre,
lorsqu'il a brièvement répondu à mes interventions de
même qu'à celles du député de
Mégantic-Compton.
J'ai compté pas moins de trois affirmations qu'il a faites et qui
représentent, de la part du ministre, une carence, un manque
déplorable d'information ou alors, je regrette de le dire, si ce n'est
pas un manque d'information, ce sont des affirmations qui sont carrément
fausses.
Je crois que j'aurai l'occasion d'y revenir, bien sûr, lors de
l'étude de crédits particuliers, mais j'inviterais le ministre
à s'assurer que les arguments qu'il utilise et que les réponses
qu'il formule à nos questions sont, dans toute la mesure du possible,
des affirmations qui sont fondées. Il y a trois affirmations qu'il a
faites qui sont fausses et de nature à induire les membres de la
commission en erreur et je crois que nous aurons beaucoup de mal à
conserver notre sérénité s'il ne prend pas des soins plus
grands pour s'assurer, encore une fois, que les choses détaillées
qu'il allègue sont effectivement telles qu'il les a perçues,
peut-être rapidement et peut-être avec confusion, je ne sais pas,
mais, encore une fois, je suis inquiet de voir qu'on a à peine
commencé l'étude des crédits qu'on se trouve dans une
situation comme celle-là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Lazure: M. le Président, point de privilège.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de
privilège, mais vous avez droit à une réponse.
M. Lazure: Intervention de privilège, parce que M. le
député de Saint-Laurent a dit à deux ou trois reprises que
j'ai avancé trois faussetés, mais j'aimerais bien qu'elles soient
un peu plus détaillées et un peu plus fondées, ces
affirmations. Parce que, moi aussi, je pense que, sous un ton qui est calme, M.
le député de Saint-Laurent en arrive facilement à devenir
moralisateur et j'aimerais bien qu'il soit plus spécifique dans ses
affirmations.
M. Forget: Ce n'est pas par esprit de moraliser, M. le
Président, mais, quand je reconnais une affirmation comme étant
sans fondement, je ne peux pas faire autrement que de la soulever. Encore une
fois, je n'ai pas accusé nécessairement le ministre d'avoir dit
des faussetés. C'est peut-être par inadvertance ou par
défaut d'information de sa part et je vais spécifier ce que
j'affirme de ce côté. Il a indiqué qu'il y avait eu, dans
un cas particulier, une décision, il faisait part de toute une liste de
décisions antérieures qui avaient été prises et non
prises. Il y a là-dedans passablement d'interprétations, mais je
ne soulèverai pas ça. Nous aurons l'occasion, lors de
l'étude du programme no 11, d'aller en détail dans chacune des
affirmations, de parler de l'hôpital Rosemont, de Sainte-Jeanne-d'Arc; je
crois qu'il y aura des occasions pour le faire. La réalité n'est
pas aussi simple que le ministre l'a fait apparaître.
Cependant, dans le cas de l'hôpital Cloutier
en particulier c'est la première affirmation qui
m'apparaît fausse il a dit que le gouvernement antérieur
avait décrété l'abandon par cet hôpital de sa
vocation d'hôpital général. C'est une affirmation qu'il a
faite et qui est fausse, il n'y a pas eu d'indication à cet effet. Il y
avait eu, sans aucun doute, une invitation faite à abandonner les
services d'obstétrique, de manière à favoriser le
regroupement à l'hôpital Sainte-Marie. Mais jamais a-t-il
été question de faire abandonner à l'hôpitalCloutier sa vocation d'hôpital général; au contraire,
des travaux avaient été envisagés et acceptés en
principe, de manière à permettre, la canalisation
d'oxygène de l'hôpital, de manière à permettre le
réaménagement ou l'amélioration de la suite chirurgicale,
la suite opératoire et d'autres travaux qui supposeraient, au contraire,
que, pour un avenir indéfini, l'hôpital conserverait sa
vocation.
Cette affirmation du ministre, elle est fausse.
Relativement à la protection de la jeunesse, à la loi
qu'il dit devoir déposer bientôt, il a invoqué que la
difficulté ou même l'échec ce sont ses mots
des précédents gouvernements à introduire une
législation relativement à la protection de la jeunesse
était causé par un conflit non résolu de juridiction entre
la Justice et les Affaires sociales. Il a dit qu'il était celui qui a
découvert la façon de résoudre ce problème. C'est
une affirmation qui n'est pas fondée puisque la solution se trouvait
dans le projet révisé, l'avant-projet revisé qu'il a
trouvé au ministère à son arrivée et la solution
existait, elle avait été discutée avec toutes les
autorités administratives et judiciaires et, substantiellement, la
solution existait à ce moment-là. Je pourrais d'ailleurs faire
état de documents spécifiques qui établissent que le
problème de juridiction a été résolu dès
l'automne dernier.
Enfin, il a fait l'affirmation que le taux de 4% qui est maintenant
porté de 5 1/4% à 7 1/4% d'augmentation des budgets était
plus généreux que le 0,7% consenti sur les budgets l'an
dernier.
C'est une affirmation qui est certainement susceptible d'engendrer une
fausse appréciation de la réalité, parce que, ce que le
ministre n'a pas dit, c'est que ces pourcentages ne s'appliquaient pas à
la même chose; donc, les comparer ne rime à rien. Le 0,7%
s'appliquait à toutes les dépenses non salariales, alors que le 5
1/4% à 7 1/4% de cette année s'applique, si je comprends bien,
à l'ensemble du budget, dans lequel il faut compter les augmentations de
salaires consenties dans les conventions collectives qui, à elles
seules, dépassent ces pourcentages.
Ce sont des points sur lesquels nous reviendrons. Mais ce qui
apparaît déjà très clair, c'est qu'il y a une
diminution dans les budgets des hôpitaux cette année,
contrairement à une très modeste augmentation, je l'admets, l'an
dernier, de 0,7%.
Ce n'est pas du tout exact de dire qu'il faut comparer 0,7% à 5%
ou 7%, que c'est dix fois plus généreux cette année. C'est
moins généreux et la raison en est que les pourcentages
s'appliquent à des bases extrêmement différentes. Donc, la
signi- fication de tout cela est exactement à l'opposé de celle
qu'en a tirée le ministre.
Encore une fois, j'hésitais à mentionner ces cas
particuliers parce qu'on voit très bien que, dès qu'on aborde ces
sujets, on aborde trois domaines de discussions dans lesquels on va
certainement avoir plusieurs heures de discussion à passer et que c'est
un petit peu difficile de les aborder immédiatement et d'en traiter de
façon complète. Cependant, il y a eu là des affirmations
que je me devais de soulever, parce qu'elles ne représentent pas la
réalité.
M. Lazure: M. le Président, je réponds très
brièvement, parce qu'on aura l'occasion d'y revenir dans la discussion
des éléments un par un. En commençant par le dernier,
l'augmentation de 5,25% à 7,25% touche la masse salariale,
c'est-à-dire environ 75% du budget. Je ferai remarquer au
député de Saint-Laurent que ceci ne paie pas les augmentations
prévues par la convention. Ceci paie seulement le vieillissement normal
des échelles.
Bien qu'il y ait quelques nuances à apporter et
là-dessus, je vous rejoins on les apportera avec les chiffres,
quand on arrivera à cet élément des crédits, il en
reste quand même que l'augmentation est beaucoup plus substantielle que
celle de l'an passé.
En ce qui concerne la Loi de la protection de la jeunesse, je n'ai pas
singularisé l'action de mon prédécesseur dans cela. J'ai
bien pris soin, justement, si on relit mes paroles, de situer cette impasse
dans un contexte historique. Tout le monde sait que cela fait au moins une
dizaine d'années que les gouvernements essaient de présenter une
révision de la Loi de la protection de la jeunesse et j'aimerais bien
que le député de Saint-Laurent m'explique pourquoi cela n'a pas
été fait plus tôt.
Je n'ai pas dit non plus: Moi, j'ai trouvé la solution. Là
aussi, je vous renverrai au texte. J'ai dit: Nous avons trouvé une
solution. J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer auparavant la
principale voie qui nous a permis de trouver une solution. C'est la voie du
comité de développement social où il s'est
créé un esprit d'équipe entre les différents
ministres qui ont une vocation sociale, en particulier le ministre de la
Justice et le ministre des Affaires sociales.
Donc, ce n'était pas une accusation vis-à-vis du dernier
ministre des Affaires sociales, mais il s'agissait de décrire une
impasse qui était historique. Et la solution n'était pas
là quand on est arrivé le 15 novembre, je peux vous
l'assurer.
Pour la première question soulevée, celle de
l'hôpital Cloutier, ce que j'ai dit d'elle, c'est que je l'ai
citée comme l'un des exemples d'hôpitaux où la vocation
était remise en question par le ministère. Je pourrai, s'il le
faut, montrer au député de Saint-Laurent un
télégramme que j'ai reçu il y a quelques semaines du
conseil des médecins de cette institution, lesquels me disent
textuellement: "Enfin, on a eu une réponse satisfaisante après
des années d'incertitude".
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, simplement quelques
considérations générales au début de la discussion
des crédits du ministère des Affaires sociales. Je veux faire
seulement quelques remarques générales.
Le budget du ministère des Affaires sociales est, avec celui du
ministère de l'Education, le plus gros budget du gouvernement du
Québec et engage plus de $3 milliards. C'est dire jusqu'à quel
point c'est un ministère qui, dans le Québec d'aujourd'hui,
correspond le plus, parmi les ministères, parmi les vocations que le
Québec s'est données, aux attentes et aux besoins quotidiens de
nos concitoyens. C'est dans le monde des affaires sociales qu'il y a le plus de
malaises. C'est là où l'évolution a été la
plus rapide, avec l'éducation. Il y avait un rattrapage énorme
à faire au Québec, comparativement à d'autres provinces
canadiennes et, en quelques années, en quelques décennies, nous
avons tenté de doter les Québécois d'une politique
complète et cohérente de programmes complets et cohérents
en matière de politiques sociales.
Les malaises que nous constatons toujours dans l'organisation des
choses, dans le secteur des affaires sociales et de la santé au
Québec et à cet égard, je regrette que la motion du
député de Richelieu ait été jugée
inacceptable tout à l'heure... parce que ces malaises que nous
constatons tiennent finalement à ce que nous soyons forcés d'agir
dans ce secteur à la pièce et par morceaux consécutifs,
par correction consécutive à des politiques incidentes dont nous
n'avons finalement pas le contrôle.
C'est là l'héritage probablement le plus odieux et le plus
quotidien pour nos concitoyens, de cet éparpillement
machiavélique des pouvoirs entre le gouvernement fédéral
et le gouvernement provincial. Dans chaque cas ils sont nombreux
que ce soit les personnes âgées, les malades, les
handicapés, les familles monoparentales, les assistés, cette
population aspire à avoir un service, une réponse adéquate
à ses multiples besoins. Dans ce secteur des affaires sociales et de la
santé, à chacun de ces lieux, on assiste à un
éparpillement, à un "raboutement" de politiques entre le
gouvernement provincial et le gouvernement fédéral qui en
viennent à coûter plus cher qu'elles ne le devraient; tous les
contribuables paient donc un double impôt, tant à Ottawa
qu'à Québec pour un service qui, en fin de compte, s'avère
constamment ou très souvent inadéquat.
Je crois qu'on assiste tous à cela. Il faudrait se mettre la
tête dans le sable pour ne pas voir cette réalité
quotidienne. Quand on fait du bureau, le lundi, dans nos comtés, qu'on
soit de l'Opposition ou du parti ministériel, on est forcé de
prendre conscience de cette misère dans le secteur des affaires sociales
que les gens nous traduisent et qui tient à ces impossibilités
que nous avons d'avoir autre chose que des politiques constamment
raboutées les unes aux autres.
On en est toujours à se dire: C'est Québec qui s'occupe de
l'assistance, c'est Ottawa qui s'occupe des pensions pour personnes
âgées. Nous, on ne peut rien faire là-dessus. Allez donc
voir votre député fédéral. Il se dégage de
tout cela, finalement, une sorte de sentiment morbide dans la population, chez
les citoyens, sur leur impuissance à conditionner les règles du
jeu pour se donner les véritables instruments de promotion collective et
de promotion sociale dont ils auraient besoin, un service universalisé
de garderies, les soins à domicile pour personnes âgées,
une extension des services comme l'exigerait le type de société
civilisée où nous sommes parvenus. Il y a donc une impuissance
morbide qui se dégage au sein de la population à constater
qu'elle est constamment tourmentée, divisée,
rapiécée, à cause de nos volontés politiques, par
les deux pouvoirs souvent antagonistes du gouvernement fédéral et
du gouvernement provincial.
Je crois que cette constation est primaire et fondamentale, et
préalable à la discussion des crédits que nous entamons du
ministère des Affaires sociales du Québec. Finalement, lorsque
nous discuterons tout à l'heure des politiques de sécurité
du revenu, nous ne pourrons pas ne pas y revenir sur la carence de nos
politiques en matière d'assistance aux citoyens à faible revenu,
et sur le postulat que des correctifs à cette situation sont
exigés par une récupération des pouvoirs fiscaux et des
politiques sociales actuellement détenues par les deux paliers de
gouvernement.
L'évolution des choses à cet égard, notamment en
regard des programmes de sécurité du revenu, en arrive à
produire un sabotage quotidien et permanent de nos propres politiques. Je
voudrais seulement vous signaler notamment nos politiques d'assistance sociale,
d'aide sociale. Les crédits que nous allons examiner tout à
l'heure, au chapitre de l'assistance sociale, confirment des
déboursés pour 1977/78 de l'ordre de $688 millions, selon les
prévisions initiales. Or, on constate que, depuis les quelques
dernières années, le régime d'aide sociale consacré
initialement à une population vieillissante et malade en arrive à
devenir la formule de subsistance pour les chômeurs, une catégorie
de plus en plus grande de chômeurs, et même de jeunes
chômeurs qui ne trouvent pas ailleurs, soit dans les régimes
d'assurance-chômage ou dans les programmes de création d'emplois,
leur propre subsistance. Il est en train de se produire une évolution
dramatique héritée du transfert continu et régulier que le
gouvernement fédéral exécute depuis quelques années
de ses propres responsabilités en matière de lutte au
chômage, et qui va se traduire dans l'exercice financier 1977/78 par
l'ajout de quelques dizaines de milliers de nouveaux chômeurs
québécois qui ne seront plus admissibles à
l'assurance-chômage.
Je vous réfère aux multiples coupures de presse à
ce sujet et à des discussions qui ont cours présentement à
Ottawa sur le bill C-27 où, sans que le gouvernement, que nous
représentons, ait été en mesure d'évaluer les
correctifs à
ses propres programmes d'aide sociale, voilà que le
fédéral agit de manière à saboter nos propres
budgets en réalisant d'une manière à ce point odieuse
c'est le fruit de la politique que le fédéral est en train
d'adopter par le bill C-27 qui elle aura comme conséquence de
priver quelques dizaines de millions de chômeurs québécois
de l'assurance-chômage et d'augmenter encore considérablement le
nombre d'assistés chômeurs que nous avons au Québec. Ces
faits méritent d'être signalés pour que nous sachions voir
que les correctifs et que les véritables politiques sociales que nous
avons le devoir de développer au Québec, particulièrement
en matière de sécurité de revenu, nous imposent d'agir
pour la récupération, le plus tôt possible, collectivement,
des ressources financières et de la cohérence et de
l'unité de vision politique dont nous avons besoin pour vraiment
répondre aux besoins de notre collectivité dans les années
soixante-dix-sept, soixante-dix-huit et quatre-vingt. Je crois que le
défi collectif que les Québécois vont avoir à
assumer dans les prochaines années sera justement d'identifier comment,
dans une société civilisée qui veut répondre aux
besoins de sa collectivité, de ses membres, par des politiques tout
aussi civilisées, il faut qu'il y ait, quelque part, un vrai
gouvernement, un gouvernement responsable qui détienne tous les leviers,
toutes les possibilités, tant fiscales que constitutionnelles, pour
élaborer cette politique complète et cohérente. Je vous
remercie.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à commencer l'étude des
programmes?
M. Forget: Oui, M. le Président.
M. Shaw: J'ai quelques mots à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Premièrement, je voudrais parler en faveur de la
position du gouvernement fédéral dans le domaine de la
santé et du bien-être social des citoyens du Québec.
Premièrement, si on prend un peu le temps de se souvenir comme il
le faut, c'est le gouvernement fédéral qui a introduit les
programmes en vigueur maintenant dans la province. C'est le gouvernement
fédéral qui a commencé le système d'hospitalisation
que nous avons maintenant au Québec. Le gouvernement de la province de
Québec, depuis 20 ans, n'a vraiment fait du travail que dans la voirie
seulement, mais depuis ce temps, c'est le gouvernement fédéral
qui a introduit les programmes, qui a commencé des services à
d'autres niveaux pour les Québécois. C'est le gouvernement
fédéral qui a commencé à accorder des allocations
familiales. C'est le gouvernement fédéral qui a commencé
le système de pensions qui a été fait au Québec
dans un secteur séparé, vraiment mieux que celui du gouvernement
fédéral, il n'y a pas de doute, mais ce sont les interventions du
gouvernement fédéral qui ont commencé ces programmes.
C'était la même chose pour les services médicaux, avec le
"medicare" qui a été mis sur pied par le gouvernement
fédéral. C'était la même chose pour
l'assurance-chômage, puis nous devons accepter que dans le domaine de la
santé et des affaires sociales, le contrôle de ces services soit
au Québec, aux provinces. Mais ce sont seulement les crédits qui
sont transférés du gouvernement fédéral qui ont
commencé ces projets.
Si on parle de l'étude des médicaments qui a
été faite par le gouvernement central, je suis totalement
d'accord que des améliorations doivent être apportées. Mais
on doit accepter en même temps que depuis quinze ans, avant la situation
de la thalidomide, n'importe quel pays au monde a fait des études
sérieuses des médicaments. C'est depuis ce temps que nous avons
ouvert des bureaux à Ottawa, et le travail qui a été fait
depuis ce temps est remarquable. Nous devons dire que si... Quant à moi,
j'ai occupé un poste, dans ma profession, pour étudier les
nouveaux médicaments, et mon expérience avec le gouvernement, le
"Department of National Health and Welfare, Health Protection Branch" a
été vraiment satisfaisante.
J'ai vécu l'expérience d'un nouveau produit qui a
été présenté à ce service. La
vérité est celle-ci, M. le Président: Ce sont les taxes de
la ville de Montréal qui sont à la base de la taxe qui fournit
l'argent pour les hôpitaux à Sherbrooke, pour les hôpitaux
à Lac-Mégantic, peut-être même ici à la ville
de Québec.
C'est la base de la taxe des gens qui travaillent qui fournit l'argent
dans le secteur privé, qui fournit l'argent pour tous les programmes
sociaux dans notre pays. C'est encore la vérité cette
année, M. le Président, le gouvernement fédéral a
fait des transferts dans beaucoup de domaines. Le surplus des transferts du
fédéral sur la taxe provinciale des Québécois qui
est payé par le fédéral, c'est une différence de
$1,5 milliard. J'appuie mon collègue de Mégantic-Compton qui a
dit que, nous, les administrateurs du peuple québécois, devons
souvent chercher des sommes d'argent pour les programmes qu'on veut donner au
peuple québécois. C'est toujours le problème des taxes que
les niveaux de gouvernement ont la responsabilité d'accepter, au
fédéral, au provincial ou au municipal.
Alors, M. le Président, je suis disposé à commencer
à étudier les crédits de cette année. Je suis
convaincu qu'il y a plusieurs endroits où nous pourrons faire des
suggestions positives, mais je voudrais vous faire remarquer qu'on ne doit
jamais mettre en cause le gouvernement fédéral pour la situation
des Affaires sociales dans la province. Nous avons même besoin de le
remercier des programmes qu'il a commencés.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez un
programme préféré pour commencer? M. le ministre m'a
demandé s'il y avait possibilité de commencer par le programme 2,
mais je lui ai dit
que cela vous appartenait de commencer par le programme que vous
voudriez.
M. Forget: Le programme 2 plutôt que le programme 1...
Le Président (M. Laplante): Quelle est la raison, M. le
ministre?
M. Lazure: C'est tout simplement parce qu'au programme 1,
"soutien du revenu familial", on préférerait avoir la
présence du juge Gill Fortier qui est président de la
régie et qui administre ce programme. Si tout le monde est d'accord, il
pourrait être ici jeudi soir. J'en profite aussi pour dire que vendredi,
le docteur Laberge, président de la Régie de l'assurance-maladie,
pourrait être ici, si cela convient à tout le monde.
Si on passait au programme 2, aide sociale, on a tout notre monde ici
pour l'attaquer.
Aide sociale
Le Président (M. Laplante): Le programme 2, "aide
sociale"; ce programme vise à assurer à tout ménage un
revenu fondé sur la différence entre ses ressources et ses
besoins essentiels. Elément 1. M. le ministre, avez-vous des
commentaires préliminaires?
M. Lazure: Juste quelques remarques. Il faut souligner que le
montant du budget de 1976/77 qui était inscrit au livre des
crédits ne tient pas compte de sommes supplémentaires de $13 600
000 obtenues par mandat spécial en février 1977.
Les prévisions budgétaires de 1976/77 incluent les
prestations versées; cela, c'est $3,6 millions en vertu du régime
de la sécurité du revenu des chasseurs et trappeurs cris.
En 1977/78, de telles prévisions sont inscrites au programme 15,
élément 2.
L'augmentation de $38 280 000 de 1977/78 par rapport à 1976/77
est attribuable, entre autres, à l'indexation des prestations de 6%
prévue pour janvier 1978 ainsi qu'à une somme de $500 000
prévue en vue d'une majoration éventuelle des tarifs
ambulanciers. Nous anticipons qu'un budget supplémentaire qui pourrait
atteindre $37 millions sera nécessaire en 1977/78 en raison d'un
accroissement de la clientèle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je voudrais être bien
sûr d'avoir suivi le ministre dans son exposé. Lorsqu'on regarde
les deux colonnes de 1976/77 et 1977/78, pour l'aide sociale, on a donc, dans
la colonne de 1976/77, le chiffre de crédits plus mandat spécial
du mois de février, un total de $610 650 000, c'est-à-dire $597
050 000, plus $13 600 000, ce qui fait $610 650 000. Ce serait le niveau des
dépenses réelles pour l'exercice qui s'est terminé le 31
mars. En regard de cela, on a des crédits prévus actuellement de
$633 millions et un budget supplémentaire qui apparaît
désormais dès maintenant nécessaire au montant de $38
millions, ce qui porterait le chiffre total des crédits pour
l'année 1977/78 à $671 millions, par comparaison à $610
millions de dépenses pour l'année qui vient de se terminer ce qui
fait une augmentation totale de $61 millions, ce qui est à peu
près exactement 10% d'une année à l'autre. Est-ce que,
jusqu'à maintenant, j'ai dit des hérésies, ou si cela
semble converger?
M. Lazure: Je suis en train de faire une vérification,
c'est un peu complexe. On part, dans les livres, avec 1976/77, et si on prend
les éléments un par un, $597 050 000, aide préventive, $17
millions, et administration, $32 millions, pour un total de $646 millions et
si, à cela, on ajoute le budget supplémentaire de $13 600 000,
cela donne un total de...
M. Forget: ... $660,1 millions...
M. Lazure: Quant à 1977/78 si vous permettez, deux
secondes... Si vous permettez, M. le Président, M. Bélanger
pourrait donner...
C'est pour expliquer l'augmentation. Si on prend les
éléments 1 et 2 du programme 2, si on fait la somme pour
l'année 1976/77, on obtient on chiffre de $614 300 000.
M. Forget: $614 300 000.
M. Lazure: C'est-à-dire $597 050 000 plus $17 250 000.
M. Forget: Oui.
M. Grenier: Quel élément?
M. Lazure: $17 250 000.
M. Forget: C'est l'élément 2.
M. Grenier: D'accord.
M. Forget: Alors, c'est $614 millions et combien?
M. Lazure: $614 300 000. En fait, on traite les deux
éléments ensemble.
M. Forget: Oui.
M. Lazure: II faut ajouter à cela un budget
supplémentaire de $13 millions...
M. Forget: C'est-à-dire le mandat...
M. Lazure: ...un mandat spécial, pardon...
M. Forget: De $13,6 millions.
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Ce qui donne $627,9 millions.
M. Lazure: Ce qui fait $627,9 millions, effectivement, le budget
modifié, si vous voulez, comparativement à des prévisions
de 1977/78 qui totaliseraient $652 580 000 millions...
M. Forget: C'est $633...
M. Lazure: $633 020 000 millions...
M. Forget: Plus $19,6 millions, $652,6 millions à peu
près, en arrondissant aux premiers $100 000.
M. Lazure: D'accord.
M. Forget: $208 millions envisagés à l'heure
actuelle.
M. Lazure: Ah oui, plus le budget supplémentaire...
M. Forget: Enfin, ce n'est pas parce qu'on approuve à
l'avance le budget supplémentaire, mais c'est pour ne pas parler pour
rien.
M. Lazure: Oui. Ce qui fait une augmentation de $62 millions,
à peu près.
M. Forget: Cela fait $690,6 millions, moins $627,9 millions,
effectivement, cela fait à peu près $62 millions.
Si on regarde le budget de $62 millions, plutôt que de parler du
reste, l'accroissement, si je comprends bien, en comparant une année
avec l'autre, il y a d'abord le résultat des taux indexés le 1er
janvier 1977, qui se prolonge pendant neuf mois, est-ce qu'on peut nous donner
le montant que ça représente dans l'accroissement des
crédits?
M. Lazure: Je ne sais pas si j'ai ce renseignement avec moi, j'ai
uniquement...
M. Forget: L'effet de l'indexation sur le budget...
M. Lazure: ...l'effet de l'indexation, oui. Malheureusement, je
pense que je n'ai pas de façon dissociée la partie qui est
attribuable à l'indexation et la partie qui peut être attribuable
à l'augmentation...
M. Forget: Ecoutez, quitte à y revenir, donnez-nous donc
la ventilation que vous avez, de façon qu'on se comprenne, on verra si
c'est satisfaisant ou pas.
M. Lazure: Pour expliquer...
M. Forget: Dans le fond, est-ce qu'on ne peut pas prendre la
règle suivante: vous avez un accroissement de 8,2% en janvier
1977...
M. Lazure: Oui.
M. Forget: ...c'était le taux 8,2%, pendant trois quarts
de l'année, non pendant le moitié de l'année, ça
fait 4,1% de la masse.
M. Lazure: Avec les données que j'ai ici, ça ferait
à peu près $37 millions, l'effet des 8,2% d'indexation à
partir du 1er janvier et $10 millions...
M. Forget: Cela fait $36 millions, vous dites? M. Lazure:
$37 millions. M. Forget: $37 millions, oui.
M. Lazure: La prévision du taux d'indexation de 6%, le 1er
janvier 1978, ça donnerait un effet de $10 millions.
M. Forget: $10 millions d'accord, ce qui fait $47 millions au
total. Alors, vous avez des projections d'accroissement de clientèle.
Est-ce que ce sont les $15 millions de différence?
M. Lazure: C'est ça, avec un taux de chômage qui se
maintient à 8,5%, 9,2% pour la période.
M. Forget: Cela veut dire combien de ménages de plus dans
ces $15 millions?
M. Lazure: Voyez-vous, le nombre est passé de 8400
à 12 800 l'an dernier. C'est-à-dire a augmenté...
M. Forget: Ah bon! Il a augmenté l'an dernier de 8400 et,
cette année, il augmenterait de 12 000. Alors, c'est plus 12 400
ménages, ce qui produirait les $15 millions. Est-ce que cet
accroissement de clientèle tient compte des modifications à la
loi fédérale de l'assurance-chômage ou est-ce un
accroissement qui est projeté sur la base de la conjoncture
générale, sans modification légale, et qu'il faudrait
ajouter à ça peut-être une modification due à la Loi
de l'assurance-chômage?
M. Lazure: On n'a pas tenu compte des modifications à la
Loi de l'assurance-chômage et nos prévisions tiennent compte de
l'évolution au cours de l'année dernière, avec les taux de
chômage existant l'année dernière. On peut vous donner les
chiffres, soit au point de vue des familles ou des personnes seules ou du total
entre, disons janvier 1976 et janvier 1977...
M. Forget: Peut-être, en distinguant pour les personnes
seules et les ménages avec enfants.
M. Lazure: Disons qu'en janvier 1976, pour les familles,
c'était $90 615...
M. Forget: Oui.
M. Lazure: ...et en janvier 1977, $96 808. Pour les personnes
seules, $118 810 à $134 430.
M. Forget: $134 430.
M. Lazure: Pour un total de $209 400 à $235 000.
M. Grenier: Est-ce que vous avez les données de
l'augmentation des familles monoparentales pour la dernière
année?
M. Lazure: Pour les personnes seules, à toutes fins
pratiques, c'est $135 000. Pour les familles monoparentales, je vais vous la
trouver, on l'a.
Il y a une augmentation sensible du nombre de chefs de familles
divorcés qui vivent de l'aide sociale. Ce nombre est passé de
8450 ménages à 12 830 ménages, soit une augmentation
d'environ 50%.
M. Grenier: Outre ces chiffres, est-ce que le gouvernement a une
politique ou quelque chose de prévu pour que cela cesse, ces
familles...
Le Président (M. Laplante): Si le député de
Mégantic-Compton veut bien attendre que le député de
Saint-Laurent ait terminé.
M. Grenier: Je m'excuse.
M. Forget: Je vais vous donner tout le loisir d'explorer à
fond ce sujet.
M. Lazure: Le niveau des prestations qui entrent avec les
indexations, de janvier 1976, pour voir les comparaisons totales, est
passé, pour le total, la prestation moyenne... Je ne sais pas si vous la
voulez par famille, par personne seule, encore...
M. Forget: Ce serait intéressant.
M. Lazure: Par famille, c'était $313.28, en janvier 1976.
Par personne seule, $170.61 pour une moyenne de $232. C'est passé, en
janvier 1977, à $336 pour les familles, $177 pour les personnes seules,
et $243.50 pour la moyenne totale.
Il reste le nombre de bénéficiaires qu'on peut vous
donner, qui comprennent les familles et les personnes...
M. Forget: Ca va pour ces statistiques-là, quant à
moi. Ce qui me préoccupe, dans le fond, c'est qu'il va sûrement y
avoir une modification à la Loi de l'assurance-chômage. Je n'en
connais pas la nature, évidemment, parce que c'est actuellement en
ballottement, en quelque sorte, mais une prévision a été
faite sur la base du projet, tel que déposé.
Est-ce qu'on pourrait, pour le bénéfice de la commission
je connais le chiffre, évidemment, l'étude a
été terminée avant que je quitte le ministère
je pense que cela serait bon que les membres de la commission soient
saisis de ce chiffre, de la prévision originale de l'impact sur l'aide
sociale.
M. Lazure: Peut-être qu'on pourra vous répondre
jeudi matin, alors que Mme Granger sera ici. Malheureusement, ce matin,
eîle n'est pas présente. On vous apportera les
résultats...
M. Forget: Je ne me trompe pas beaucoup en disant que, sans
aucune modification, c'est de l'ordre de $32 millions, pour une année
complète.
M. Lazure: Les règles du jeu ont été
modifiées. Enfin, on a annoncé, au gouvernement
fédéral, qu'il y aurait une modification importante. On n'en
connaissait pas exactement la teneur finale; on n'en a donc pas tenu compte
dans nos prévisions budgétaires.
M. Forget: Je pense, pour n'offusquer personne, dans le fond, que
le genre de modification qu'on avait l'intention, enfin la
velléité, de faire au projet de loi, était celle qui
était la plus coûteuse pour le Québec, l'autre était
relativement insignifiante. La partie qui touchait la période de
validation pour les bénéfices, huit à douze semaines, cela
coûtait extrêmement cher. Je crois que c'était, à
elle seule, 95% de la somme et l'autre partie, qui était l'extension
d'un an, plus ou moins un an, c'était relativement insignifiant.
Je crois qu'il y a quand même des raisons d'espérer que le
budget, y compris un budget supplémentaire, soit suffisant, si les
tendances quant à l'emploi se maintiennent comme dans le passé et
si la loi fédérale est modifiée dans le sens où
elle semble devoir l'être. Cela va assez bien.
J'aimerais demander au ministre, étant donné les
éléments qui se retrouvent dans le programme du Parti
québécois, relativement aux prestations sociales, il est
évident que les prévisions pour cette année ne comportent
pas de mesure de financement nécessaire pour réaliser en
particulier l'indexation aux six mois.
J'aimerais demander au ministre si, pour l'avenir prévisible, il
a définitivement écarté cette chose-là et, sinon,
s'il peut donner l'indication d'une date à laquelle le problème
va être résolu dans le sens de l'orientation de son parti. C'est
sûr que ce ne sera pas avant le 1er avril 1978. Est-ce qu'il a
l'assurance que cela va intervenir dès le prochain exercice
financier?
M. Lazure: M. le Président, je n'ai pas, malheureusement,
l'assurance que cela va intervenir. Il est trop tôt encore pour le dire,
dans un sens ou dans l'autre. C'est une des discussions que nous devrons avoir
dans la préparation des prévisions budgétaires, dans les
mois qui viennent, au cours de l'été, mais je ne peux pas donner
une assurance dans un sens ou dans l'autre.
M. Forget: Ce qui veut dire qu'effectivement, cela demeure un
objectif, malgré tout, du parti, à l'intérieur du premier
mandat?
M. Lazure: Oui, cela demeure sûrement un objectif à
l'intérieur du premier mandat, lequel objectif, évidemment, est
rattaché à un autre objectif que nous avons, que le gouvernement
antérieur a eu aussi, soit d'instaurer un régime de revenu annuel
familial garanti.
M. Forget: Puisque le ministre aborde la question du revenu
familial garanti, j'aimerais qu'il nous dise très brièvement si
le document sous
couverture blanche je crois que ce n'était pas un livre
blanc, c'était plutôt ce qu'on appelle maintenant un livre vert
qui a été publié en février 1976 sous le
titre d'un programme de revenu familial garanti pour les
Québécois, si la configuration... je ne parle pas du niveau
absolu des prestations, parce que cela change à tous les ans, mais si la
configuration, la conception de ce programme demeure ou représente,
c'est-à-dire, aux yeux du ministre actuel, le type ou le "design", si on
me passe l'expression, d'un programme de revenu familial garanti qu'il
souhaiterait mettre en application.
M. Lazure: Essentiellement, oui.
M. Forget: Bon. Sur des points plus spécifiques, M. le
Président, je me rends compte que, là-dessus aussi, il n'y a pas
de disposition dans le budget, ni même dans le budget
supplémentaire qui est déjà envisagé pour
l'automne, au titre de l'aide sociale, pour faire quoi que ce soit sur des
problèmes spécifiques sur lesquels le ministre a dit qu'il
étudiait, qu'il considérait, qu'il évaluait la
possibilité de, etc. Je pense en particulier à la question de
l'allocation de logement. Il en a été question en
décembre; il en a été question subséquemment. Le
ministre a dit qu'il lui semblait que l'allocation de logement était
insuffisante dans l'aide sociale et qu'il verrait à la modifier. Pour la
modifier, cela supposerait qu'il donne plus d'argent, plutôt que moins et
cela n'est pas prévu pour cette année. Est-ce que l'idée a
été rejetée ou si elle continue d'être
étudiée? Si oui, à quelle date va-t-on la mettre en
vigueur?
M. Lazure: II est trop tôt pour donner une date. Juste une
parenthèse, c'est le dilemme des hommes politiques, surtout les
nouveaux. On se fait talonner pour donner des dates et, ensuite, on se fait
reprocher de trop s'avancer. Alors, on n'est pas en mesure de donner de dates.
On continue à dire que ce test du logement, ce test du loyer n'est pas
adéquat.
Je pense que ce qu'on vise comme objectif, c'est l'élimination de
tout test. Cela rejoint évidemment un rapatriement de juridiction
provinciale. Nous sommes obligés, malheureusement, dans l'état
actuel des choses, dans l'état actuel des ententes
fédérales-provinciales, de maintenir un test quelconque. C'est le
test du loyer qui avait été retenu.
Nous espérons, dans un avenir prochain, pouvoir au moins, tout en
conservant ce moindre mal, changer le chiffre du loyer pour que ce soit plus
acceptable pour la population.
M. Forget: Mais le ministre avait indiqué que, selon lui,
il fallait majorer l'allocation de logement qui apparaissait aux
règlements de l'aide sociale. Est-ce qu'il s'est ravisé
là-dessus depuis? Je le mentionne, non pas pour tendre un piège
au ministre, mais pour lui donner une occasion de corriger l'impression qu'il a
créée par ses remarques à l'Assemblée
nationale.
En effet, pour donner plus d'argent aux assistés sociaux, il faut
diminuer les montants...
M. Lazure: Oui.
M. Forget: ... alors qu'il a indiqué, à
l'Assemblée nationale, qu'il fallait les majorer.
M. Lazure: Oui, d'accord. C'est...
M. Forget: C'est susceptible de se produire, je ne l'ai pas
relevé à l'époque, mais j'en profite, à ce
moment...
M. Lazure: C'est une chinoiserie. Je pense qu'on parle de la
même chose et qu'on peut le prendre d'un bord ou de l'autre. Evidemment,
il s'agit de diminuer vous avez raison ce qui va permettre
à l'individu, finalement, d'avoir plus d'argent.
M. Forget: Alors, cela ne se fera certainement pas cette
année. C'est encore à l'étude pour peut-être se
faire dans une année subséquente.
M. Lazure: Exactement.
M. Forget: Maintenant, dans un autre domaine spécifique,
également où le ministre s'est engagé à regarder
attentivement et à apporter des améliorations dès le
nouveau budget, c'étaient ses paroles à l'Assemblée
nationale, qui ont d'ailleurs été rapportées par les media
d'information, relativement à la question de la taxe d'eau pour les
assistés sociaux, est-ce que, ayant fait le tour du dossier, il en est
venu à la conclusion que c'est toujours un problème qu'il lui
appartenait de régler? Si oui, est-ce qu'il envisage des mesures
cela n'a pas l'air qu'il envisage des mesures dans ce budget, donc c'est dans
un budget subséquent et quel genre de mesures, parce que,
là, il y a beaucoup d'agitation, pour ne pas dire autre chose, qui s'est
manifestée sur cette question? Je pense bien que des indications de sa
part, quant à ses intentions, même si les gens savent que ce n'est
pas pour cette année, ce serait quand même assez utile.
M. Lazure: II y a une certaine agitation, mais je dois dire qu'il
y en a moins qu'il y a une couple d'années dans ce domaine. Mon
prédécesseur connaît la complexité de cette
question, lorsqu'il s'agit d'une juridiction qui est partagée entre une
municipalité, c'est-à-dire Montréal, et le gouvernement du
Québec. Nous avons commencé des pourparlers avec le
président du comité exécutif, M. Niding. Nous avons une
rencontre de prévue incessamment. Le moins qu'on puisse dire est qu'il y
a une volonté politique, autant de la part de la ville de
Montréal que de notre gouvernement, d'en arriver à une solution
sur ce problème épineux et j'espère qu'on pourra en
arriver à une solution d'ici six mois, mais je ne peux pas en dire
plus.
M. Forget: On parle d'une solution, mais si le ministre des
Affaires sociales est engagé dans une discussion avec les
autorités de la ville de Montréal, c'est donc qu'il juge que la
solution ou une partie de la solution au moins lui appartient, qu'il lui
appartient de résoudre le problème de perception ou de
contribution à partir des crédits du ministère des
Affaires sociales, relativement à la taxe d'eau, d'une façon ou
d'une autre.
M. Lazure: Nous sommes prêts à assumer une partie du
règlement de la solution, si vous voulez.
M. Forget: Dans l'optique où le ministre envisagerait
justement, comme il le dit, dans ses mots, d'assumer le coût d'une partie
de la solution, est-ce qu'il serait prêt à étendre les
mêmes avantages aux personnes âgées qui sont aussi,
évidemment, quand elles sont propriétaires ou même
locataires, tenues de payer des taxes locatives, des taxes d'eau, souvent,
comme on les appelle? Est-ce que, peut-être avec les mêmes
critères, ce ne serait pas normal d'envisager que les personnes
âgées ont les mêmes avantages, parce qu'historiquement,
elles ont eu les mêmes avantages, lorsque la ville de Montréal
adoptait dans toute cette question une attitude très différente
de celle qu'elle a adoptée depuis quelques années, et qu'elles
bénéficiaient de certains arrangements également de la
part de la ville de Montréal?
M. Lazure: Je dois dire qu'on n'a pas regardé
attentivement. On espérait avancer un peu plus dans les pourparlers
avant d'introduire un deuxième élément. Il est bien
sûr qu'au départ, avec cette priorité qu'on accorde aux
personnes âgées, j'aimerais beaucoup qu'on puisse obtenir un
règlement pour elles aussi, mais je ne peux pas en dire plus pour le
moment.
M. Forget: Alors, c'est encore à l'étude, c'est en
discussion. Advenant que vous en veniez à des conclusions durant le
premier exercice en cours, cela supposerait que le budget supplémentaire
dépasserait le chiffre que vous avez indiqué.
M. Lazure: C'est exact, mais c'est peu probable que cela soit
dans l'année en cours. Il est plus probable que cela s'appliquera pour
l'année fiscale suivante.
M. Forget: Le ministre entrevoit des difficultés d'en
arriver à une entente avec la ville de Montréal, à ce que
je peux voir?
M. Lazure: Oui, comme celles que vous avez
éprouvées, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je n'ai pas cherché à en arriver
à une entente sur une question qui était, à mon avis, de
juridiction municipale, en exclusivité. Je n'entrerai pas à
nouveau dans ce débat. Si le ministre réussit à
régler un problème qui est la plaie de tout le monde depuis un
trop grand nombre d'années, je l'en féliciterai.
J'espère cependant qu'il tiendra compte du fait que les
ramifications d'une intervention du ministère des Affaires sociales dans
un domaine de fiscalité municipale à l'intention d'une
catégorie particulière de la population va soulever, à
moins que ce ne soit fait avec une habileté rare, au moins autant de
problèmes que ça va en régler. Mais, encore une fois, je
lui souhaite bonne chance. S'il peut le régler, tant mieux.
Je ne sais, M. le Président, si ma question est pertinente. Je
vais peut-être seulement en informer le ministre. Cela deviendra
pertinent quand on étudiera d'autres questions, mais c'est tout de suite
soulevé par la mention d'un budget supplémentaire.
On se rend compte que dans les années antérieures, le
budget supplémentaire des Affaires sociales, au titre de l'aide sociale,
depuis deux, trois ans, était à peu près exactement
compensé par des crédits périmés à d'autres
postes du ministère. Les crédits périmés, depuis
deux ans, subissent un traitement fort particulier, comme le ministre en a
été témoin, sûrement, durant les derniers mois de
1976. Le gouvernement précédent a vécu la même
expérience. Cela veut dire que, cumulativement, il y a de moins en moins
de marge de manoeuvre à l'intérieur de son budget, et il faudra
se poser la question... On ne peut pas le faire au total, parce que le total
comme tel, ce n'est pas un élément budgétaire. C'est
peut-être le moment de le soulever. Il faudra s'assurer, quand on
étudiera certains autres programmes pour savoir s'il est oui ou non
vraisemblable de croire qu'il y aura une masse de crédits
périmés d'environ $40 millions qui pourrait être
dégagée, même à la fin de l'exercice en cours, parce
qu'autrement, c'est toute la modification de l'équilibre
budgétaire de l'ensemble du gouvernement qui va être mise en jeu
à ce moment-là...
M. Lazure: M. le Président, je préférerais
justement qu'on en discute au moment où on regardera des
éléments qui sont susceptibles de permettre des crédits
périmés, qui sont susceptibles de n'être pas
dépensés en entier, alors qu'ici, c'est exactement le
contraire.
M. Forget: Je suis d'accord. Est-ce que le ministre pourrait nous
suggérer les crédits qui seraient susceptibles de subir un pareil
sort?
M. Lazure: Dans le bloc 4, 5, 7, 8, 9, 11, 12, qui recouvre, si
vous voulez, tout ce qui est prévention, recouvrement de la santé
et réadaptation sociale; deuxièmement...
M. Forget: Cela dépend du fonctionnement du
réseau.
M. Lazure: C'est ça.
Deuxièmement, dans mes remarques préliminaires de ce
matin, j'ai fait état de nouveaux programmes, les programmes de
développement pour lesquels on a eu des crédits additionnels. Il
est possible que nous ne dépensions pas tout, à
cause de certains retards dans l'implantation des programmes, en
particulier les services de soins à domicile, $3,5 millions;
également une somme de $5,6 millions pour services d'hébergement
et $3,9 millions pour l'amélioration des services aux malades
chroniques, etc.
M. Forget: Bon! D'accord, ça, c'est utile. On y reviendra
en temps et lieu.
Bon! Je pense qu'on a un bon tableau de l'aide sociale. Dans le fond, si
on me permet de résumer un peu l'impression qui s'en dégage,
compte tenu d'un budget supplémentaire de $38 millions à venir,
c'est un budget qui permet de maintenir le rythme de croisière, y
compris donc l'indexation pour les deux années, parce que ça
chevauche deux années, qui prévoit une augmentation de
clientèle, mais qui est silencieux et, dans le fond, optimiste quant a
la nature des modifications à l'assurance-chômage.
M. Lazure: Voilà!
M. Forget: Pour ce qui est des autres modifications, il n'y en a
aucune qui est budgétisée. Tout ce qui pourrait survenir en cours
d'année supposera des crédits additionnels.
Bon! Là-dessus, M. le Président, je crois que, pour le
moment du moins, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'avais quelques questions un
peu techniques sur lesquelles je reviendrai tout de suite après. Mais
concernant l'attribution de ressources financières, dans le moment,
est-ce que vous avez prévu, à ces crédits, de l'aide aux
bénéficiaires de l'aide sociale, trois secteurs qui aideraient
à atteindre les objectifs du retour au travail, par exemple, la
promotion socio-économique, de même que la liaison dont on fait
mention dans le rapport et les sommes attribuables?
M. Lazure: C'est une préoccupation constante. On pense
surtout aux jeunes entre 18 et 30 ans qui sont en chômage actuellement.
Nous avons un comité qui a été mis en place pour proposer
pour la prochaine année fiscale, on l'espère, des mesures qui
créeront des emplois de façon prioritaire pour les jeunes
assistés sociaux aptes au travail, de 18 à 30 ans.
Dans cette fourchette d'âge, il y a une augmentation assez
importante de chômeurs qui nous inquiètent
énormément.
M. Grenier: D'accord. On voit qu'il y a certains postes qui sont
offerts et il est difficile de percevoir les politiques de mises sur le
marché du travail, pour un de ces points, du gouvernement. On voit du
partiel, par exemple. Dans le partiel, évidemment, ce sont des gens qui
vont revenir au chômage prochainement. On voit qu'on met l'accent
là-dessus dans certains développements. Il y a même un
budget alloué à cela. Il reste que ce ne sont pas des choses qui
sont stables. Est-ce qu'il y a moyen de voir clair dans les politiques du
gouvernement pour savoir s'il y a quelque chose de précis dans cela?
M. Lazure: M. le Président, ce n'est pas tout à
fait la commission parlementaire qui doit le faire, c'est plutôt aux
ministères du Travail, de l'Industrie et du Commerce ou des Affaires
municipales dans des programmes de construction de logements. Ce sont ces
ministères ou d'autres comme le ministère des Terres et
Forêts qui, actuellement, vous le savez, car le discours du budget l'a
énoncé, il y a quand même une somme importante d'argent
pour la création de nouveaux emplois. Ce sont ces ministères qui
seraient en mesure de donner des détails.
M. Grenier: Est-ce qu'il y a un comité
interministériel qui s'est penché sur la possibilité
d'implanter un nouveau programme de revenu familial?
M. Lazure: Oui, il y a eu l'étude, M. le
député de Saint-Laurent en faisait mention tantôt, qui se
poursuit. Les textes sont suffisamment étoffés pour une
présentation; ce qui nous retarde, ce ne sont pas les connaissances qui
se rattachent à ce sujet, parce que l'expérience a
été faite ailleurs, dans d'autres pays, dans d'autres provinces,
mais bien honnêtement, c'est l'insuffisance de fonds.
M. Grenier: Est-ce que cela entre parmi vos objectifs de
continuer ce travail?
M. Lazure: Certainement.
M. Grenier: Dans une question d'ordre plus technique, on a fait
mention tout à l'heure d'une augmentation de presque du tiers des
familles monoparentales. Le nombre est passé de 8450 à 12
830?
M. Lazure: Oui, oui.
M. Grenier: Je ne sais pas si vous pouvez fournir des chiffres
à ce sujet, mais combien de familles sont devenues monoparentales
à la suite de décès ou bien de séparation? Vous
n'êtes pas sans connaître le problème qui se rapproche de
celui du Sud des Etats-Unis, c'est-à-dire des filles mères noires
qui ont décidé de ne pas se marier et d'élever leur
famille parce que c'était plus payant.
M. Lazure: C'est nettement, ici, la séparation et le
divorce.
M. Grenier: Qui forme le gros montant? M. Lazure: Oui.
M. Grenier: Je ne sais pas si c'est l'endroit pour le poser, mais
j'imagine qu'il va falloir le poser à quelque part...
M. Lazure: Oui, à ce sujet le sous-ministre me le
rappelle il y a actuellement une étude qui est en cours en
comité interministériel, Justice et Affaires sociales, pour en
arriver à établir une législation ou une
réglementation qui va permettre aux mères de famille
abandonnées de percevoir... il y en a un grand nombre, c'est au moins un
tiers des mères qui sont laissées seules et qui ne touchent pas
du tout de pension de leur ex-conjoint. C'est un problème qui devient de
plus en plus grave. On essaie, avec le ministère de la Justice, de
trouver des solutions à ce problème.
M. Grenier: Oui.
M. Forget: Le ministre fait allusion à un rapport d'un
comité interministériel. J'allais justement poser la question,
parce que ce comité a été créé au
début de 1976 ou peut-être à la fin de 1975. Je ne peux pas
m'empêcher de m'émerveiller je ne sais pas si c'est le bon
mot d'ailleurs du délai qui me paraît excessif pour
l'obtention du rapport final de ce comité.
Est-ce qu'il n'y a pas eu des rapports intérimaires? Est-ce qu'il
n'y aurait pas, parmi ces rapports intérimaires de toute
façon, même le rapport final n'est qu'un document de travail
possibilité d'en communiquer un exemplaire aux membres de la
commission parlementaire? Parce qu'il serait bon que chacun fasse un certain
cheminement intellectuel là-dessus. C'est un problème
compliqué avec des implications extrêmement importantes pour le
gouvernement, pour les finances publiques, mais aussi pour nos institutions de
droit civil, l'institution du mariage et la signification du divorce, le
rôle des cours, etc. Cela aiderait grandement à notre maturation
là-dessus de disposer d'un rapport préliminaire s'il y en a
un.
M. Lazure: Je n'ai pas d'objection. On va consulter nos
collègues de la Justice et on va essayer d'en mettre un à la
disposition de la commission.
Le Président (M. Laplante): Avec l'assentiment des
membres...
M. Grenier: Une dernière question et j'aurais fini ce
point-là, si on veut bien. On aurait terminé cet article.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Grenier: Est-ce que, dans le rapport, M. le ministre peut nous
dire si on connaîtra, pour ce qu'on peut savoir dans ce secteur, les gens
qui se sont laissés, comme vous disiez tout à l'heure, ou ceux
qui, de façon bien entendue entre les deux conjoints, ont
décidé de se laisser pour avoir des avantages sociaux fournis par
l'Etat? Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir un aperçu de cela?
M. Lazure: C'est très difficile à identifier. On ne
peut qu'avoir des impressions. On va essayer de vous donner le plus de
précisions possible, mais on ne peut quand même pas aller faire
des entrevues sur la vie privée de chaque individu.
Le Président (M. Laplante): On me demande d'accepter
d'ajourner nos travaux sine die, avec le consentement de tous les membres.
D'accord?
M. Saint-Germain: On continuera sur le même sujet.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Saint-Germain: J'aurais des questions à poser.
Le Président (M. Laplante): Nous ajournons nos travaux
sine die.
M. Martel: Simplement, M. le Président, pour
répondre aux accusations du député de
Mégantic-Compton. La commission qui étudie les crédits de
l'immigration, actuellement, est suspendue par suite d'une motion du
député de Richmond de l'Union Nationale. Lorsqu'on nous accuse de
vouloir faire de la publicité, je pense qu'on devrait regarder dans son
propre parti et voir ce qu'on fait aux autres commissions parlementaires.
M. Grenier: M. le Président, vous me permettrez de
répondre au député de Richelieu. J'ai une information qui
n'est pas tout à fait la même.
Le Président (M. Laplante): Choquez-vous si vous voulez.
C'est ajourné.
(Fin de la séance à 12 h 28)