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Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires sociales se réunit pour
faire l'étude des crédits de l'année financière se
terminant le 31 mars 1978.
Font partie de cette commission: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Charron (Saint-Jacques), M. Clair (Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte) est remplacé par M.
Marquis (Matapédia); M. Martel (Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M.
Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire) est remplacé par M. Le
Moignan (Gaspé).
Nous suspendons l'étude du programme 4, à la demande des
membres de cette commission, pour entreprendre l'étude du programme 3,
concernant l'assistance-maladie.
M. le ministre.
Assistance-maladie
M. Lazure: M. le Président, MM. les membres de la
commission, je vais d'abord vous présenter le président-directeur
général de la Régie de l'assurance-maladie, le Dr Martin
Laberge, qui est à ma droite, et je lui demanderais de présenter
ses collaborateurs.
Il y a M. Denis Forcier, directeur de l'administration des finances et
Me Paul Lafrance, directeur du contrôle et du recouvrement.
M. Forget: II me fait plaisir de saluer la présence de ces
hauts fonctionnaires à notre commission.
M. Lazure: M. le Président, très rapidement, je
vais laisser au président de la régie le soin de donner plus de
détails dans le préambule ou de répondre aux
questions.
Dans le programme no 3, on retrouve trois éléments. Le
premier: médicaments et appareils; le deuxième: soins dentaires
et optométriques; le troisième: administration. Nous constatons
que l'augmentation est de $1 219 000. C'est dû, d'une part, à
l'augmentation des prix des appareils et aussi à l'introduction, en
1976/77, des soins dentaires gratuits aux bénéficiaires de plus
de dix ans, ainsi qu'à une augmentation générale des
coûts des services.
Par ailleurs, il y a une légère diminution des frais
d'administration d'environ $113 000.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je n'ai pas de demandes de caractère
général. J'aimerais faire porter mes questions sur
l'évolution des différents programmes couverts par le programme
budgétaire no 3. Je me permettrai de déborder un peu le cadre
strict du programme no 3, dont l'intention est d'assurer certains services pour
les bénéficiaires de l'aide sociale seulement, étant
donné que l'administration est conjointe, par exemple, dans le cas des
soins dentaires et des médicaments pour cette clientèle, et aussi
une autre clientèle plus générale.
Vis-à-vis des soins dentaires j'ai préparé
mes notes avant même de voir les interventions publiques, il y a une
journée ou deux, de l'Association des chirurgiens dentistes du
Québec, l'ACDQ le ministre pourrait-il préciser
l'état dans lequel se retrouvent les discussions, parce que cette
association est très militante, il faut le dire, et assez facilement
portée à des déclarations de guerre à propos de
tout et de rien? Il reste que l'association a dit qu'elle se voyait dans la
perspective de dénoncer, en quelque sorte, l'extension du régime,
si on n'en venait pas à préciser très rapidement ses
caractéristiques.
Le ministre pourrait-il préciser l'état des
négociations et en particulier déterminer dans quelle mesure il y
a eu une fin de mise au boycottage qui était exercé depuis
presque un peu plus d'un an par certains membres de l'association, dans
certaines régions du Québec, vis-à-vis de la
clientèle d'assistés sociaux, étant donné leur
désir de faire pression sur le gouvernement pour négocier une
première convention, une première entente, relative, justement,
à la couverture pour les assistés sociaux?
M. Lazure: M. le Président, l'extension, pour les deux
groupes d'âge, dix et onze ans, des soins dentaires gratuits,
amène évidemment une révision des genres de traitements
qui étaient couverts par cette gratuité. Il y a un passage assez
radical dans le genre de soins dentaires que l'on doit procurer vers cet
âge: dix, onze ans; par rapport aux âges plus jeunes, huit ou neuf
ans. Cela suscite donc des négociations qui sont commencées. Il y
a déjà eu deux rencontres, une troisième est prévue
et il y a une volonté, de la part des deux parties, d'en arriver
à une entente, le plus rapidement possible, non seulement sur ces deux
nouveaux groupes d'âges, dix et onze ans, mais aussi sur les autres
groupes plus jeunes où il y avait encore certaines zones grises, qui
demandent à être clarifiées.
Deuxième point que vous soulevez: le boycottage de plusieurs
dentistes vis-à-vis des assistés sociaux. Comme vous le dites,
c'est une pratique qui variait d'une région à une autre. Les
informations que j'ai sont que ce boycottage, si on peut l'appeler ainsi, a
diminué de façon sensible. Je laisserai au président de la
Régie le soin de donner des précisions, mais les informations que
j'ai sont que, depuis un certain temps, un plus grand
nombre de dentistes fournissent des soins aux assistés
sociaux.
Je pourrais peut-être ajouter, M. le Président, qu'une
étude faite il y a un an environ nous révélait qu'environ
95% des dentistes refusaient de participer au programme de soins dentaires pour
les assistés sociaux. C'est-à-dire qu'il y avait uniquement 5%
des dentistes, si on le prend de l'autre côté, qui facturaient la
régie pour des soins rendus aux assistés sociaux.
En janvier 1977, nous avons refait le tour, et à ce moment, il y
avait 25% des dentistes qui participaient au programme, c'est-à-dire,
cinq fois plus qu'il y a environ un an.
M. Forget: C'est l'évaluation la plus récente que
vous ayez? C'est-à-dire leur taux de participation?
M. Lazure: C'est cela. De janvier 1977.
M. Forget: Alors, il y a un an, en mai 1976, 95% des dentistes
refusaient et en janvier 1977, c'était descendu à 75%, ceux qui
refusaient.
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Au moment de la reprise des négociations, pour
le renouvellement de l'entente et l'extension de l'entente, y a-t-il eu une
négociation, une espèce de protocole, de maintien de services qui
pourrait accompagner la reprise des négociations? Ce que je veux dire
par là, c'est qu'il serait concevable que les parties, se rencontrant de
bonne foi pour négocier une nouvelle entente, ce qui peut prendre un
certain nombre de semaines ou de mois, conviennent qu'à partir du 1er
mai, l'extension va prendre effet pour les enfants de moins de douze ans et que
les services seront généralement fournis aux conditions
prévues par les règlements en vigueur aux assistés
sociaux. Donc une fin du boycottage et une acceptation de l'extension de la
couverture.
Il me semble que ce serait une mesure propice pour mener les
négociations autrement que sous la menace d'une reprise plus
marquée du boycottage. Le ministre a-t-il tenté de
négocier un pareil protocole, préalablement à l'entente,
à la négociation, comme telle?
M. Lazure: Exactement. Il faut dire aussi que c'est un dossier
dont le titulaire antérieur du ministère ne pouvait pas
être tellement fier, car c'est le groupe professionnel, qui m'a paru le
plus mécontent; vous avez pris soin de me dire que c'était un
groupe très militant, je suis d'accord qu'il est très militant;
j'ai cependant été étonné de voir le
mécontentement de ce groupe, quand le nouveau gouvernement est
entré en fonction.
Nous avons pu obtenir de la part de l'Association des dentistes
l'assurance qu'ils allaient essayer, comme geste de bonne volonté au
début de ces négociations, de fournir des soins plus nombreux aux
assistés sociaux dans tout le Québec.
Dans le Devoir d'hier, si vous permettez, M. le Président,
l'Association des dentistes du Québec a fait état de la
séance de négociation du 13 mai. J'en ai un extrait. C'est un
article de Marie Laurier: "Cependant, cette rencontre devait être
fructueuse sur d'autres points, notamment en ce qui a trait au plan de soins
dentaires dispensés aux assistés sociaux qui, lui, sera
précisé incessamment. Cette question avait soulevé bien
des controverses l'année dernière, etc, etc.,".
En somme, nous avons ouvert un dialogue. Il y a des gestes de bonne
volonté qui se sont posés de part de d'autre.
M. Forget: Ce que le ministre nous dit, c'est qu'il a
accepté, dans le fond, cela n'est pas très difficile en soi, de
négocier le taux auquel on paie les services donnés aux
assistés sociaux. C'est sûr qu'à n'importe quel moment dans
le passé on aurait pu faire cette concession.
Ce qui m'apparaît moins clairement c'est qu'en retour de cette
acceptation de négocier plutôt que de décréter le
taux auquel sont remboursés les services pour les assistés
sociaux, le ministre ne semble pas avoir obtenu une assurance ferme de la part
de l'Association qu'il n'y aurait plus du tout de boycottage parce que,
tantôt, il a dit qu'il y en a moins qu'il y en avait. Il y a plus de
médecins qui donnent des services, cela à la date du mois de mai
1977. Cependant la régie n'a pas fait un relevé depuis le mois de
janvier, mais on peut soupçonner, à défaut d'une entente
claire, ferme et nette de la part de l'Association des chirurgiens dentistes,
que le boycottage va continuer dans les régions où il
s'exerçait. Ce n'est pas partout, mais dans certaines
régions.
Il me semble que le ministre aurait dû, au moment de faire la
concession de négocier les barèmes pour les assistés
sociaux, exiger un protocole, c'est presque un protocole de retour au travail
dans certains cas, enfin pas vraiment, mais, toutes proportions gardées,
ce serait certainement un protocole de services non discriminatoires pour les
assistés sociaux, il aurait pu exiger cela comme contrepartie de son
acceptation. Il reste que c'est un précédent que le ministre
crée en acceptant de négocier ce qui apparaît aux
barèmes de l'aide sociale comme remboursement pour certains
services.
Je ne sais pas s'il se rend compte que les entrepreneurs de pompes
funèbres, par exemple, les thanatologues, comme on les appelle
maintenant, pourraient tout aussi bien se présenter au ministère
et dire qu'ils vont désormais négocier le taux auquel on paie les
inhumations à l'aide sociale. Cela n'a jamais été une
négociation. On s'est évidemment informé, mais il n'y a
jamais eu de négociation formelle.
De la même façon, on pourrait imaginer que le taux auquel
on rembourse les verres, les lunettes, les prothèses visuelles ferait
l'objet d'une négociation formelle alors que c'est
décrété, bien sûr après des consultations,
mais ce ne sont pas des négociations, des ententes.
En créant un précédent comme cela pour un
régime qui n'est pas universel, c'est tout cela le problème. On
créé un précédent et il n'y a pas de raison
de croire que cela ne se généraliserait
pas qui est susceptible de se généraliser à
bien d'autres secteurs. L'Etat, pour la première fois, va se trouver
à négocier le prix des cercueils, des lunettes, etc. Cela a des
répercussions. En retour, on n'a pas obtenu la fin du boycottage. Je me
pose vraiment des questions.
M. Lazure: M. le Président, le genre de comparaison que M.
le député de Saint-Laurent fait entre les thanatologues et les
dentistes, c'est justement ce genre de remarque qui a tellement
indisposé l'Association des dentistes. Le porte-parole de l'Association
des dentistes m'a exactement cité cette comparaison. Cela a plutôt
eu un effet négatif.
M. Forget: Plutôt mortel.
M. Lazure: Oui, plutôt mortel. Je pense que l'ex-ministre
des Affaires sociales est mal placé pour insister par les conseils qu'il
donne au ministre actuel dans ce dossier précis des soins dentaires.
S'il y a un dossier précis qui a mal fonctionné, c'est bien
l'application des soins dentaires aux assistés sociaux. Tout le monde le
reconnaît.
M. Forget: J'aimerais faire une mise au point.
M. Lazure: Permettez que je finisse mon intervention, vous la
ferez quand j'aurai fini de parler.
J'aimerais ajouter aussi, que quand on commence une négociation,
il n'est pas tellement de mise de prendre une attitude rigide et technocratique
comme de dire: vous allez signer un protocole ou vous allez forcer ou encore,
vous allez obliger tous vos dentistes dorénavant à donner des
soins dentaires aux assistés sociaux. Je pense, qu'encore là, on
aurait pris une méthode, peut-être bonne rationnellement et
technocratiquement, mais une méthode qui allait probablement vicier
l'atmosphère des négociations. J'ai préféré
prendre la parole et accorder bonne foi à l'interlocuteur et je crois
que, au cours des prochaines semaines, on aura, on devrait voir des
résultats.
M. Forget: M. le Président, quand le ministre dit que tout
le monde sait qu'il y avait des problèmes dans l'administration de la
couverture des soins dentaires pour les assistés sociaux, je crois que
l'on fait une extrapolation, pour ne pas employer un autre mot qui est sans
justification. Il faut voir l'évolution de la couverture des soins
dentaires pour les assistés sociaux depuis trois ans. Cette
évolution a été continuellement dans le sens d'un
élargissement. En 1973, la couverture des soins dentaires pour les
assistés sociaux comprenait essentiellement quatre actes, seulement
quatre procédures au total, qui étaient couvertes comme besoins
spéciaux dans les annexes au règlement d'aide sociale. Et
c'était les procédures les plus simples, les plus
élémentaires, tel que l'extraction d'une dent cariée,
etc.; il n'y avait vraiment aucune espèce de tentative pour rendre
accessibles les soins dentaires aux assistés sociaux sur une base plus
large. Il y a eu deux ex- tensions successives qui sont intervenues et ceci,
toujours dans le sens d'un élargissement pour la clientèle et
d'une égalisation des tarifs que l'aide sociale payait, de
manière à les rendre identiques aux tarifs que l'on payait dans
le programme de soins dentaires pour les enfants.
Il y avait donc une mesure de justice pour les dentistes et une mesure
de plus grande accessibilité pour les assistés sociaux. En plus
de cela, même si nous n'avons pas négocié avec
l'Association des chirurgiens dentistes quant à l'extension de la
couverture pour les assistés sociaux, il demeurait toujours possible de
faire comme dans le passé, comme cela a toujours été fait
depuis des années et des années, pour les assistés
sociaux, d'obtenir les services contre paiements et d'obtenir le remboursement
d'aide sociale. La seule innovation et c'est ce qui a mis le feu aux poudres,
cela a été lorsque l'on a demandé aux dentistes de se
faire payer directement par la régie plutôt que de se faire payer
par l'assisté social. Dans le fond, la mesure de pression qui a
été utilisée, n'a pas consisté à rendre
absolument inaccessible les services aux assistés sociaux, mais
seulement à refuser le mécanisme de paiements qui était
à l'avantage des dentistes, que nous leur avions offert, et à
l'avantage aussi des assistés sociaux dans la mesure où ils
n'avaient pas de déboursé à faire et de formule ou de
formalité à remplir pour obtenir le remboursement. Donc, dans un
contexte comme celui-là, d'accessibilité plus grande et d'une
souplesse des procédures de réclamation, je ne vois absolument
pas en quoi le ministre peut se permettre, actuellement, de porter un jugement
négatif. Il peut, bien sûr, dire que l'approche que j'ai
adoptée dans la négociation avec les chirurgiens dentistes,
était trop rigide. Cependant, si pour échapper à la
critique de rigidité, il faut faire des concessions sans contrepartie,
je suis bien prêt à dire que je suis rigide. Je ne pense pas que
l'on doit s'embarquer dans un marché de dupes en disant: on va vous
céder, dans le fond, l'essentiel de ce que vous demandez, sans
contrepartie, en espérant que peut-être, un jour, vous en viendrez
a de mauvais sentiments; mais comme leur seul moyen de pression, c'est le
boycottage qu'ils ont instauré il y a un an et demi, le ministre peut
s'attendre à ce que cette mesure-là, surtout entre les mains de
l'Association des chirurgiens dentistes, soit utilisée jusqu'à ce
que finalement il consente à signer une convention, une entente qui fera
l'affaire des chirurgiens dentistes sur toute la ligne.
Alors, je crois que c'est partir sur un mauvais pied que de faire des
concessions sans contrepartie.
M. Lazure: M. le Président, si le député de
Saint-Laurent ne veut pas se rendre à l'évidence que le programme
de soins dentaires gratuits pour les assistés sociaux a
été largement un fiasco du point de vue des services aux
assistés sociaux, je pense qu'on pourra lui transmettre, et beaucoup de
députés pourront lui transmettre des mémoires à cet
égard, qui nous sont venus d'un tas de groupes qui représentent
les assistés sociaux, d'un tas
d'organismes qui s'occupent de cette clientèle, que ce soit des
centres de services sociaux ou des CRSSS.
Le président de la régie a bien dit tout à l'heure
qu'il y a eu une certaine amélioration. Quand on constate qu'à
peine 25% des dentistes desservent cette clientèle, on doit
véritablement reconnaître que cela a été un
échec, au moins aux trois quarts.
On me dit aussi, puisque vous avez fait la remarque, que c'était
un précédent d'entrer dans des négociations quand il
s'agissait d'une couverture partielle, que, dans le cas des pharmaciens, s'il
s'agit d'une couverture partielle, il y a eu négociation et non pas
imposition de barèmes.
M. Forget: J'aimerais que le président de la régie
nous donne les chiffres en comparant les trois dernières années,
si cela était possible. Je ne sais pas si vous avez avec vous les
chiffres sur le nombre de dentistes et les déboursés relativement
au programme 3 pour les soins dentaires.
M. Lazure: Les chiffres que j'ai ici, M. le Président,
sont des chiffres concernant le nombre d'assurés ou le nombre de gens
couverts pour les soins dentaires chez les enfants. On en avait 737 000 en
1974/75...
M. Forget: Avant d'en venir aux enfants, est-ce qu'on a ces
chiffres pour les assistés sociaux?
M. Lazure: Pour les assistés sociaux, non. Les seuls
chiffres que je peux vous donner actuellement, c'est qu'on a environ 450 000
assistés sociaux.
M. Forget: Est-ce qu'on a l'évolution du nombre de
bénéficiaires qui ont eu recours, dans chacune des trois
années, au programme d'assistance-maladie, relativement aux soins
dentaires, de même que du nombre d'actes et du nombre de dentistes qui
ont fait les prestations et du montant des déboursés? Ou
peut-être, si ces données ne sont pas disponibles maintenant, que
le président accepterait de faire un relevé sommaire qu'on
pourrait voir à une réunion subséquente?
M. Lazure: Je prends note des demandes.
M. Forget: C'est le nombre d'actes, le nombre de dentistes, les
déboursés, le nombre des bénéficiaires qui ont
effectivement eu recours au service pour une période de trois ans, y
compris celle se terminant en 1976/77. C'est peut-être au
ministère. Peut-être que ma question devrait s'adresser au
ministre comme tel, mais le ministère aura-t-il le nombre d'actes,
etc.?
M. Lazure: Je ne sais pas si le ministère les a, mais,
depuis le moment qu'on administre le régime, on pourra vous donner des
réponses à ces questions.
M. Forget: Si jamais ces données n'étaient
disponibles que pour l'année qui vient de s'écouler, il serait
peut-être possible de le faire par trimestre, de manière à
voir quelle évolution s'est produite de ce côté.
Toujours sur le programme de soins dentaires, M. le Président,
j'aimerais demander au ministre s'il est satisfait du taux de
pénétration des services de soins dentaires pour les enfants. On
sait que ce taux, en moyenne, est un peu inférieur à 30%, mais
qu'il y a évidemment de très jeunes enfants qui n'ont pas une
très haute incidence de problèmes dentaires avant quatre ans. Si
on regarde les groupes d'âge de sept, huit et neuf ans, on a un taux de
pénétration d'environ 60%.
Le ministre est-il satisfait de ce taux de pénétration?
Dans le cas contraire et même s'il l'était, j'aimerais qu'il nous
indique la position qu'il a adoptée relativement à la
possibilité de la mise sur pied d'un programme de santé dentaire
en milieu scolaire?
M. Lazure: Pour la première partie de votre question, soit
la participation, M. le président veut y répondre. Ensuite, je
répondrai à l'autre partie.
Le taux de participation au cours de l'année 1974/75 a
été de 27,7%. Cela a coûté $10 millions. Il
s'agissait des enfants de moins de huit ans. Il y a eu, au cours de
l'année, 1 762 000 services qui ont été données
à cette catégorie de gens, pour un coût moyen de $5.99 du
service.
En 1975/76, pour les enfants de moins de neuf ans, il y a eu 2 236 000
services au coût moyen de $6.17, au coût total de $14 millions et
un taux de participation, qui concerne votre question, de 29,4%.
Au cours de l'année 1976/77, pour les moins de dix ans, le nombre
de services a été de 3 454 000 au coût moyen de $6.15, soit
$0.04 de moins que l'année précédente, au coût total
de $21 243 000, avec un taux de participation de 34,4% et en 1977/78; les
prévisions de la régie sont qu'il y aura environ 4 600 000
services rendus au coût moyen de $6.15 pour un coût total de $28
400 000, mais au moment des prévisions, nous n'avons pas inclu les dix
et onze ans. Les moins de douze ans sont inclus. $28,4 millions donc, parce
qu'il faut ajouter environ $4 millions par année d'âge, pour un
taux de participation de 37,7%.
Quand on parle du taux de participation, on s'adresse en fait, pour
l'année 1977/78 à une population de 1,1 million d'assurés.
On pense qu'il y aura 417 000 participants pour arriver au taux de
participation qu'on vient de mentionner, 37,7%. Maintenant, il faut comprendre
que c'est le taux de participation des enfants de 0 à 12 ans. Alors, le
taux de participation chez les enfants qui n'ont pas de dent est en
général très bas, c'est-à-dire que jusqu'à 4
ou 5 ans, le taux de participation est pratiquement nul, ce qui fait que si on
reporte aux années où les enfants ont des dents dans la bouche,
ont besoin d'un dentiste, six ans, sept ans, huit ans jusqu'à douze ans,
on a des taux de participation qui sont quand même pas mal
intéressants.
II y aurait peut-être lieu, même pour notre information
personnelle à la régie, de diviser le taux de participation selon
les années. On se rendrait compte qu'à mesure que l'enfant
grandit, le taux de participation est plus élevé et
sûrement, dans le groupe d'âge de six à douze ans, bien
au-delà de 37%.
M. Forget: J'ai déjà vu une ventilation des taux de
participation par groupe d'âge. Cette information est disponible pour la
régie, je crois, et elle était de l'ordre de 60%. C'était
probablement dans l'année 1975/76.
M. Lazure: Les deux ou trois dernières années
d'âge, qui sont couvertes.
M. Forget: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, à la suite des propos
tenus par le député de Saint-Laurent et le ministre relativement
aux services des soins dentaires et optométriques pour les
bénéficiaires d'aide sociale, j'aimerais faire quelques
commentaires ou observations, si vous me le permettez.
Premièrement, je constate avec le ministre, et je l'admets
volontiers, que cela a été jusqu'à maintenant, dans les
régions, où j'ai travaillé en tout cas, un fiasco total.
Cela a été plus qu'un fiasco selon moi, dans le sens suivant: A
cause de l'imbroglio qui a été créé, imbroglio dans
lequel l'assisté social ne savait plus trop bien quand il était
couvert, quel dentiste acceptait de participer au régime,
problème également d'entente sur le taux payé pour ces
services, alors, finalement, cela a créé une situation telle que
l'assisté social ne s'y retrouvant plus, il était, à
toutes fins pratiques, dans une situation qui était peut-être pire
que celle qu'il connaissait auparavant, parce qu'il ne connaissait plus
véritablement... Il n'avait plus de point de repère dans cet
imbroglio.
Alors, de ce côté, je pense qu'effectivement,
malheureusement, on se doit de constater que cela a été un
fiasco. Pour quelle raison cela a été un fiasco? On peut se poser
diverses questions. On peut se poser la question que soulève le
député de Saint-Laurent. Quant à moi, je suis passablement
d'accord avec lui sur ce fait.
Jusqu'à un certain point, je vais jusque là: On peut
mettre en doute la conscience sociale de l'Ordre des dentistes, plus
particulièrement, parce que, comme il le soulignait, il y a un certain
nombre de services autres que des services dentaires qui sont fournis aux
assistés sociaux et dans aucun de ces services, on n'a connu de
problèmes aussi grands. Je pense, par exemple, aux frais de
déménagement qui sont payés aux assistés sociaux
dans certaines circonstances.
En tant qu'avocat à l'aide juridique à Drummondville
où j'ai pratiqué pendant quelques années,
régulièrement, je faisais appel à des transporteurs,
à des déménageurs et jamais, mais au grand jamais, je n'ai
eu des problèmes quant à sa- voir si des services allaient
être rendus à un assisté social, parce que les
transporteurs en question avaient une conscience sociale, à mon point de
vue, élevée.
Je pense à un autre groupe professionnel sur le dos de qui on
pioche pas mal de ce temps-là, le groupe des avocats. On sait que les
avocats, par le biais de l'aide juridique, sont appelés à rendre
des services aux assistés sociaux avec un tarif qui ne fait vraiment pas
leur affaire. Cela fait des années que le Barreau est en guerre avec
l'aide juridique sur ce point-là. Mais malgré tout, je n'ai
jamais vu d'avocat, personnellement, pendant trois ans, refuser de rendre des
services à un assisté social parce que le tarif payé
était insuffisant. Les individus acceptaient quand même de rendre
les services. Mais je ne suis pas sûr pour autant que cela explique au
complet le fiasco, parce que justement, au même moment où on a mis
en place, si on veut, ces services dentaires aux assistés sociaux, on a
également mis en place des services comme l'aide juridique pour les
assistés sociaux et tous les autres programmes qui sont accordés
aux assistés sociaux. Dans cette mesure, je me demande jusqu'à
quel point on n'a pas commis une erreur du côté gouvernemental
à l'époque.
Si l'approche qu'on a eue avec les dentistes plus
particulièrement, n'a pas été beaucoup trop rigide de
sorte qu'on a mis les dentistes sur la défensive et une fois que, du
côté d'un ordre professionnel, que ce soit les dentistes ou les
avocats, on ne sent plus qu'on est en mesure de discuter de bonne foi, on ne
sent plus qu'on a une oreille attentive à laquelle on s'adresse,
à ce moment-là les positions se durcissent et on connaît
les résultats qu'on a actuellement. Autrement dit, je ne suis pas
sûr si l'Ordre des dentistes a fait tout ce qu'il y avait à faire
pour prendre ses responsabilités sociales face aux assistés
sociaux, mais je ne suis par certain non plus si l'ancien gouvernement a eu la
conduite qu'il devait avoir face à l'Ordre des dentistes, parce que
finalement, que ce soit l'Ordre des dentistes, le Collège des
médecins, le Barreau du Québec, ou peu importe, je ne pense pas
qu'il y ait, dans notre société, de groupes qui aient plus de
préjugés face aux assistés sociaux qu'un autre. Pourtant,
actuellement, cela demeure l'Ordre des dentistes qui est le plus
réticent aux programmes sociaux qui ont été mis de l'avant
par le gouvernement précédent et dans ce sens, je pense qu'on
peut, jusqu'à un certain point, blâmer assez durement le ministre
des Affaires sociales qui était en place à ce moment-là,
parce que je pense que si on a pu, dans un domaine, comme l'aide juridique, par
exemple, avoir des débats très longs et durs sur les tarifs, on a
quand même réussi à trouver des solutions acceptables pour
tout le monde. Je suis convaincu que si à l'époque, avec le
Barreau, le ministère de la Justice et l'aide juridique n'avaient pas
réussi à mener un débat positif, on connaîtrait
exactement la même position. Parce qu'encore une fois, je ne pense pas
que les dentistes soient des gens plus méchants, si on me passe
l'expression, que les autres. Ce sont les commentaires que je voulais apporter
sur ce point.
D'autre part, plus spécifiquement sur le pro-
gramme 3, j'aurais une question pour le ministre et le président
de la régie. Dans un esprit de rendre aux assistés sociaux la
même qualité de services, mais à un meilleur coût,
est-ce qu'il ne serait pas envisageable de resserrer un peu le coût des
médicaments qui sont fournis aux assistés sociaux, notamment par,
premièrement, la mise en place...
Le Président (M. Laplante): Si vous pouviez garder votre
question. On va revenir aux médicaments dans un deuxième
temps.
M. Lazure: On pourrait liquider les soins dentaires avant de
passer à autre chose.
M. Clair: Cela va. Sur les soins dentaires. Je reviendrai.
Le Président (M. Laplante): C'est pour cela que je vous ai
demandé... Je vous ai laissé aller. Le député de
Gaspé, sur le même sujet.
M. Le Moignan: Oui.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez une réponse
à donner au député de Drummond?
M. Lazure: Rapidement, en réponse au député
de Saint-Laurent, la question de soins dentaires en milieu scolaire et la
satisfaction par rapport au pourcentage d'enfants qui bénéficient
des services... La réponse, c'est non. Je ne suis pas satisfait de la
proportion d'enfants qui reçoivent des services. Ce n'est pas assez
élevé, surtout que les enfants qui ne reçoivent pas les
services sont en général des enfants de milieux
défavorisés. Les rapports qu'on a indiquent qu'étant
donné que la grande quantité des services dentaires sont
allés dans les cabinets privés.
On retrouve ordinairement, dans ces cabinets privés, des enfants
qui ne sont pas de familles de pauvres, de défavorisés.
L'idée d'introduire graduellement les soins dentaires en milieu scolaire
a été discutée avec le président de l'Association
des dentistes, effectivement, il y a déjà quatre ou cinq mois.
C'est une avenue qui me paraît très prometteuse. J'ai l'impression
qu'on rejoindra un plus grand nombre d'enfants qui vivent en milieu
défavorisé si on va les chercher en milieu scolaire, si on leur
offre les soins dentaires en milieu scolaire. Encore une fois, il ne s'agit pas
d'établir tout un réseau universel en milieu scolaire, mais je
pense que, pour certains quartiers des villes et pour certaines régions,
il y aurait avantage à établir ces services en milieu
scolaire.
M. Forget: Est-ce que...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'avais plusieurs interrogations sur plusieurs
sujets. Comme le député de Saint-Laurent les a déjà
abordés, je ne veux pas faire une répétition. Si M. le
ministre dit qu'il n'est pas satisfait de la qualité des services, ce
n'est pas que je veuille nécessairement prêcher pour mon clocher,
mais, au cours d'une émission de télévision, pendant
l'hiver, dans la région de Montréal, on a dit, je crois, qu'il y
avait un dentiste pour 2400 personnes. Dans la région de la
Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie entre autres, il y a
un dentiste par 8300. Je me réjouis de voir que les soins dentaires sont
portés jusqu'à l'âge de onze ans, mais je me demande dans
quelle mesure votre nouvelle loi va profiter à nos enfants, quand on
sait qu'il y a trois dentistes à Gaspé. Il faut aller à 60
milles, à Grande-Vallée, pour avoir un dentiste; à 75
milles plus loin, à Sainte-Anne-des-Monts, pour avoir un dentiste, et il
faut aller à Chandler, dans l'autre direction, pour avoir un dentiste ou
deux. Alors, je n'ai aucune objection, je suis favorable à votre
programme, mais je trouve que cela pose des problèmes là
où il n'y a pas l'accessibilité; à moins que votre
ministère ne prévoie, peut-être, pour des régions
aussi défavorisées que la nôtre, une invitation aux
dentistes ou d'autres mesures peut-être d'ordre plus pratique.
M. Lazure: M. le Président, d'abord, je voudrais faire
remarquer au député de Gaspé que je n'ai pas mis en doute
la qualité des soins. Je me suis dit insatisfait de la quantité
des soins.
M. Le Moignan: La quantité, justement.
M. Lazure: Oui. Deuxièmement, on est bien conscient du
nombre insuffisant de dentistes dans le Québec, surtout dans les
régions éloignées. A cet effet, on a déjà
entrepris, depuis un certain temps, des démarches auprès de
l'Université Laval, où il y a une faculté de chirurgie
dentaire qui ne reçoit que 24 élèves, pour lui demander
d'augmenter le nombre d'inscriptions, de le doubler le plus rapidement
possible. C'est une démarche qui a été faite aussi par
l'Ordre des dentistes et l'Association des dentistes. Là-dessus, on fait
front commun avec l'Ordre des dentistes. On est assez confiant que
l'Université Laval pourra, si vous voulez, former un plus grand nombre
de dentistes. Il y a aussi, en regard de la répartition
géographique, un peu comme c'est le cas pour les médecins de par
les conventions collectives, il y a des mécanismes qui vont être
mis sur pied pour négocier des incitations avec l'Association des
dentistes pour amener des dentistes dans des régions
éloignées comme la vôtre.
M. Le Moignan: Cela ne touche pas seulement les assistés
sociaux. Cela concerne également les autres qui ne peuvent pas... Cela
prend trois, quatre et cinq mois pour réussir à avoir des
rendez-vous, c'est ce qui est dommage.
M. Forget: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire si, dans le projet de déploiement de certains
services en milieu scolaire, des services dentaires en milieu scolaire, il
envisage, étant donné justement le ratio qui est bas du nombre de
dentistes à la population, pas seulement dans les régions
éloignées, mais de façon
générale dans le Québec... Si on compare le
Québec à d'autres provinces, le ratio est notablement plus bas au
Québec. Même en projetant le nombre de diplômés des
écoles dentaires au Québec jusqu'à la fin du
siècle, on note qu'on va conserver, à cause des retraites, des
décès, etc., un déficit relatif, si l'on veut,
relativement au nombre de dentistes par rapport à la population.
Est-ce que, comme le ministre a dit qu'il envisageait de déployer
certains services en milieu scolaire, particulièrement dans des zones
où c'est plus approprié, pas nécessairement de
façon universelle, ce plan de développement, à son avis,
comporte l'introduction dans la distribution des soins de ce qu'on a
appelé, selon l'expression anglaise ou même canadienne, des
"dental nurses", des infirmières dentaires, et est-ce qu'il envisage
cela comme un des éléments d'un programme en milieu scolaire?
M. Lazure: Les infirmières dentaires et les thanatologues
ont été vraiment les deux obsessions de l'Association des
dentistes en rapport avec l'ex-ministre des Affaires sociales. L'ex-ministre
des Affaires sociales avait proposé...
M. Forget: C'est une curieuse combinaison, vous le
reconnaîtrez.
M. Lazure: ... à un moment donné, avait
proposé un plan d'action par lequel je n'oserais pas dire quel
pourcentage, mais un grand pourcentage des soins dentaires de première
ligne allaient être dispensés par ces infirmières
dentaires, au lieu des dentistes. Cela a eu le don, évidemment, cela
aussi, de créer beaucoup d'inquiétude, beaucoup d'opposition chez
les dentistes. Une des premières choses que j'ai dites aux dentistes
quand je les ai rencontrés au mois de décembre, cela a
été justement que ce plan, quant à moi, était sur
la glace indéfiniment, pour plusieurs raisons, mais principalement pour
la raison que, depuis quelques années, le ministère de
l'Education, dans un certain nombre de CEGEP, forme des hygiénistes
dentaires en grand nombre. A un moment où les fonctions des
hygiénistes dentaires, par rapport aux dentistes, par rapport aux
assistantes dentaires qui travaillent dans les bureaux de dentistes vous
avez trois groupements au moment où les fonctions respectives de
chaque groupement ne sont pas suffisamment clarifiées, il me
paraît hasardeux, pour ne pas dire une erreur pure et simple,
d'introduire un quatrième groupe dans ce tableau dentaire. Je pense
qu'il est urgent de mieux définir, et c'est ce qu'on s'efforce de faire
avec les dentistes, avec le ministère de l'Education, les tâches
de l'hygiéniste dentaire. Plus tard, beaucoup plus tard, on verra s'il y
a lieu d'envisager la présence de cette infirmière dentaire dans
l'ensemble des services.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas de doute que le
ministre actuel des Affaires sociales va être le ministre favori de la
profession dentaire, parce qu'évidemment, en disant qu'il met sur la
glace indéfiniment la question des infirmières dentaires, il les
soulage de façon incroyable d'une menace qu'ils voyaient, non pas
à leur capacité de continuer à pratiquer, parce que le
domaine d'intervention des dentistes est plus grand que celui qu'ils peuvent
vraisemblablement occuper au cours des prochains 25 ans, mais d'une concurrence
qu'ils redoutent, sans l'ombre d'un doute, une concurrence qu'ils ont
déjà, évidemment, comme on sait, dans d'autres pays et
dans d'autres provinces canadiennes, et qu'ils auront de plus en plus.
Je crois que le ministre, lorsqu'il va se pencher, comme il le fait
depuis quelque temps, sur la définition des tâches des
hygiénistes dentaires, va nécessairement en venir à la
conclusion que c'est une espèce d'impasse que cette formation des
hygiénistes dentaires, à moins de modifier la formation de ce
groupe pour le faire déborder sur le champ de pratique du dentiste quant
aux soins de première ligne, aux soins les plus simples, mais qui sont,
malgré tout, nombreux comme dans n'importe quelle autre profession.
Autrement, le ministre devrait très rapidement, et ceci dès cette
année, pour éviter de créer un engorgement du
marché pour les hygiénistes dentaires, demander au
ministère de l'Education de fermer deux ou peut-être trois des
écoles d'hygiénistes dentaires. Il est certes absolument certain
que la conception du travail de l'hygiéniste dentaire qui a
présidé à la préparation des programmes au
ministère de l'Education, il y a quelque chose comme six ans, parce que
cela remonte, comme toutes ces choses, à l'Education, et avant que cela
ne devienne réalité, une programmation de six, sept ou huit ans
peut-être, n'était clairement pas réaliste, étant
donné le champ à couvrir, le nombre d'écoles qui ont
été fondées et le nombre de diplômés qui
sortent tous les ans des CEGEP avec l'option d'hygiéniste dentaire.
Le ministre, s'il a décidé de mettre sur la tablette la
question des infirmières dentaires, n'aura pas d'autre choix il
devrait même le faire avant les inscriptions de l'automne prochain
que de bloquer les inscriptions dans les options d'hygiène dentaire. Il
n'y aura pas de débouché pour ces gens-là, parce qu'il
faut se rendre compte que pour les tâches qu'elles peuvent faire
il ne s'agit pas d'assistant dentaire, il s'agit vraiment d'hygiénistes
dentaires, le champ est déjà en partie occupé il
s'agit de tâches essentiellement d'éducation et de
prévention. C'est un domaine qui ne peut pas occuper, même si tout
le monde reçoit des services d'éducation et de prévention,
lors d'une visite chez le dentiste, les quelque 180 gradués qui sortent
tous les ans de nos CEGEP.
Il faut leur trouver un nouveau débouché et ce n'est que
par l'extension de leur rôle. Ce n'est que de cette
façon-là d'ailleurs que le ministre va pouvoir amener au
Québec les soins dentaires à un coût raisonnable, parce
qu'il faut bien se rendre compte et ceci en réponse un peu à
l'intégration que j'ai beaucoup appréciée du
député qui tout à l'heure, s'interrogeait sur la
conscience sociale de cette profession et se demandait s'il n'y a pas quelque
chose au ministère des Affaires sociales, dans l'attitude du ministre
antérieur, qui a vraiment bloqué.
Je vais vous dire ce qui bloque dans le moment. Autant le dire
très franchement, c'est que la profession dentaire,
particulièrement l'association qui représente les dentistes dans
les négociations, sait très bien qu'ils sont au début d'un
programme en expansion continuelle, parce qu'il n'y a presque personne de
couvert dans le moment, les enfants et les assistés sociaux seulement.
Ils veulent se mettre en position de force pour pouvoir exploiter au maximum le
monopole qu'ils exercent dans le domaine des soins dentaires. Ce sont des mots
qui peuvent paraître durs, mais je crois qu'il faut faire face à
cette réalité. Ils ne négocient pas seulement avec le
ministre la question des assistés sociaux et des enfants. Ils se mettent
en position pour avoir les meilleurs tarifs possible dans un régime
qu'ils savent très bien être en voie d'expansion continuelle.
Le danger est tellement important pour eux qu'ils sont prêts
à des mesures, dans le fond, disproportionnées pour gagner cette
position avantageuse. C'est dommage. Je pense qu'on peut se poser des
questions, en effet, sur leur conscience sociale, mais le mécanisme qui
est en jeu, il est apparent pour tout le monde, et il a des effets même
pour la partie des soins qui n'est pas couverte par les programmes publics,
puisque les compagnies d'assurance dont certaines d'entre elles couvrent les
soins dentaires, s'ajustent sur les taux négociés par le
gouvernement.
L'enjeu est très considérable et, au coeur de cet enjeu,
se situe la négociation, à l'heure actuelle, au titre des
assistés sociaux, au titre du programme d'aide sociale qui n'a l'air de
rien, mais qui est une façon d'établir des positions et il y a
cette attitude du ministre de mettre sur la glace indéfiniment une
affirmation que je trouve invraisemblable à ce moment-ci justement de la
négociation, parce que c'est une concession majeure encore là,
une deuxième concession majeure au départ, alors
qu'indépendamment de la question des dentistes, il y a la question de
débouchés absolument cruciale pour les hygiénistes
dentaires.
M. Lazure: M. le Président, je suis toujours
étonné de l'assurance et de la condescendance avec laquelle mon
prédécesseur se permet de donner des conseils, surtouf dans un
domaine où il a fait un fiasco, le domaine des soins dentaires. C'est
invraisemblable, parce que, sur toute la ligne, il n'y a pas eu de
négociation véritable. Quand le groupe des...
M. Forget: Pas maintenant.
M. Lazure: Laissez-moi finir, je vous ai laissé finir. Il
n'y a vraiment pas eu de négociation. Cela a été un climat
pourri, un climat vicié entre le ministère et l'Association des
dentistes depuis quelques années. Vous le savez fort bien.
Quant aux hygiénistes dentaires, j'ai bien dit qu'actuellement
nous étions en train, avec l'Education et les dentistes, de
réviser leur programme de formation. Cela n'exclut donc pas que leurs
tâches soient rendues plus polyvalentes. Je ferai remarquer aussi que,
quand ce programme d'hy- giéniste dentaire a été
créé dans les CEGEP, il n'y a même pas eu de consultation
avec l'Association des dentistes. C'est un autre exemple de geste qui a
été posé.
Il est bien évident que le ministère des Affaires sociales
a été dans le coup et c'était normal avec le
ministère de l'Education, mais je trouve invraisemblable que le ministre
des Affaires sociales de l'époque n'ait pas cru bon de mettre dans le
coup l'Ordre des dentistes et l'Association des dentistes.
M. Forget: II faudra rappeler M. Cloutier, qui était le
ministre de l'Union nationale de l'époque, parce que cela remonte aussi
loin.
M. Lazure: II y avait lieu quand même, durant vos trois
années de mandat, de réviser ce programme.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: En parlant d'imbroglio, on parle peut-être d'un
manque de conscience professionnelle de la part de l'Ordre des dentistes. Je
crois qu'il y a eu des approches qui n'ont pas favorisé, dans le
passé, une entente ou une espèce d'harmonie qu'on aurait
été en droit d'attendre entre le ministère des Affaires
sociales et les dentistes en question.
Qui finalement paie la facture de ce manque d'approche ou ce manque de
négociation? C'est finalement l'assisté social. Pour ma part, je
sais, à partir de mon bureau de comté, qu'il y a plusieurs
assistés sociaux qui sont venus me voir. La première
réaction qu'ils ont, face à l'offre qu'on leur fait ou à
l'aide qu'on leur offre au niveau de l'assisté social pour ce qui est
des soins dentaires, c'est un sentiment de discrimination face au reste de la
population.
D'abord, il aurait dû y avoir une entente en ce qui a trait
à la normalisation des prix. Un assisté social, chez nous, a
énormément de difficultés à obtenir un dentiste qui
va accepter de le traiter, d'une part. A partir du moment où il en
trouve un, les prix que le dentiste va facturer ne correspondent pas aux prix
offerts par l'assistance sociale. Le dentiste, de plus, n'acceptera pas de
traiter le patient assisté social, à moins que ce dernier le paie
comptant, de sorte que l'assisté social, après s'être fait
traiter, doit retourner au bureau du bien-être social avec un reçu
du dentiste pour se faire payer le traitement en question et il y a toujours
une différence entre ce que l'assistance sociale va lui payer pour le
traitement et le taux qu'a facturé le dentiste. L'assisté social
est encore là tenu de débourser un montant de sa poche.
Ce qui arrive, c'est qu'au niveau de la discrimination, ils ont senti,
semble-t-il, peut-être à ce moment-là un manque de
conscience professionnelle de la part des dentistes dans le sens qu'au lieu de
traiter une dent, on l'extrait. Ils sont bien conscients de cela, même
qu'on est allé jusqu'à enlever toutes les dents d'un enfant de
quinze ou seize ans pour lui faire porter des dentiers. A ce
moment-là, ils en concluent que, le plus vite les assistés
sociaux auront des dentiers dans la bouche, le moins d'assistés sociaux
on aura à traiter dans nos bureaux.
Il y a vraiment un imbroglio, il y a un gros ménage à
faire dans ce sens-là et je ne suis pas convaincu que tous les efforts
qui auraient dû être faits de la part du ministère des
Affaires sociales du temps ont été faits. Actuellement, il en
résulte qu'on connaît énormément de gens
mécontents, insatisfaits. J'attribue énormément de tort au
niveau des négociations dans la forme d'approche que le ministère
des Affaires sociales a eue dans le passé avec les dentistes.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je voudrais revenir sur une observation du
député de Saint-Laurent qui m'a vivement intéressé.
Il a donné l'Ontario comme exemple où, il me semble, le ratio est
meilleur que dans le Québec. Nous savons que nous avons une
pénurie de dentistes. Si je prends l'Ontario, l'AI-berta ou la
Colombie-Britannique, les provinces qui sont peut-être les mieux
favorisées du Canada dans le moment, est-ce que les jeunes ont la
vocation dentaire ou s'ils ont plus d'avantages à cause du nombre de
facultés qui permettent là-bas de fournir, de développer
beaucoup plus de dentistes?
Avant de terminer, l'ancien ministre a peut-être eu des
problèmes, mais je suis sûr que, dans l'avenir, l'harmonie ne sera
peut-être pas facile non plus à établir, parce qu'il y aura
toujours une question d'argent ou une question de groupements qui devront
négocier avec le gouvernement. J'ai l'impression qu'avant d'en arrivera
de bonnes négociations je les souhaiterais le gouvernement
aura certainement à affronter des difficultés.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avez-vous une
réponse là-dessus?
M. Lazure: Oui, tout de suite. Je ne pense pas que ce soit
l'absence de vocation dentaire chez les jeunes au Québec. C'est le
nombre insuffisant de places dans les universités.
Il y a seulement trois facultés de chirurgie dentaire
actuellement, Montréal, McGill, qui ont chacune environ 70 à 75
étudiants finissants et Laval, comme je le disais tantôt, qui a
seulement 25 finissants.
M. Le Moignan: ...
M. Lazure: En Ontario, il y en a plus, proportionnellement
à la population, il y en a plus.
M. Le Moignan: Plus de facultés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richelieu.
M. Martel: Je me demande justement... Je ne tournerai pas le fer
dans la plaie, mais il y a certai- nement eu de la mollesse dans les
négociations de la part de l'ancien gouvernement, mais tout de
même, on constate...
M. Forget:... de la rigidité ou de la mollesse...
M. Martel: II y a, à ce moment-là,
évidemment... à mon point de vue, on peut se poser la question
s'il n'y a pas eu un manque de conscience sociale, de la part des dentistes
comme l'a souligné mon collègue tout à l'heure, et je
pense que d'enseigner la chirurgie dentaire seulement dans trois
facultés, je crois qu'il y aurait lieu de remédier à cela.
On sait qu'il y a une pénurie de dentistes, une très mauvaise
répartition géographique des dentistes sur le territoire du
Québec et je crois qu'il revient à l'Ordre des dentistes, au lieu
de faire toutes sortes de déclarations de ce temps-ci, de prendre ses
responsabilités de façon à rendre l'accès à
l'étude de la chirurgie dentaire possible à un plus grand nombre
d'individus comme cela s'est fait dans le cas des autres professions de la
santé et aussi des professions paramédicales.
Donc, à ce moment-là, je pense que ce serait un moyen de
remédier en ouvrant davantage les facultés, en acceptant un plus
grand nombre d'élèves, et aussi, en ayant des mesures incitatives
pour avoir une meilleure répartition à travers le territoire du
Québec. Les dentistes, si on regarde les statistiques, sont
centralisés dans des centres importants comme Montréal et
Québec. Très peu sont répartis à travers la
province. Non seulement les assistés sociaux, mais l'ensemble de la
population manque de ces services au Québec.
Je crois que l'on devrait davantage mettre l'accent aussi sur la
formation d'hygiénistes dentaires, de façon à ce que ces
aides dans le domaine de cette profession, de la chirurgie dentaire, puissent
apporter les correctifs nécessaires. C'est une lacune, comme tout le
monde l'a souligné, et je pense qu'il n'y a pas seulement le ministre
qui doit prendre des initiatives dans ce domaine, mais l'Ordre des dentistes
doit prendre conscience de son rôle social et voir à rendre
accessible à un plus grand nombre d'étudiants ces études,
de façon à assurer de meilleurs services à travers tout le
Québec.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, c'était simplement,
à la suite des propos du député de Gaspé...
Finalement, le problème principal, c'est non seulement la conscience
sociale de l'Ordre des dentistes, mais c'est qu'on fait face à un
processus de mise en place progressive d'un système qui a
été mal enclenché. Quand un processus est mal
enclenché ce n'est pas pour blâmer, ni pour tourner le fer
dans la plaie inutilement un processus de négociation aussi
important que celui-là, c'est drôlement difficile après
cela d'avoir des négociations franches et faciles.
M. le Président, est-ce que je peux poser une question
principale, changer de sujet?
Le Président (M. Laplante): Non, pas encore. Le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Sur la question de la formation des dentistes,
je pense que c'est un vieux problème. Pour quelle raison n'avons-nous
pas résolu ce problème avant, il y a déjà quelques
années? J'avoue que je ne connais pas assez ce qui se passe au niveau
universitaire et à l'association pour le savoir. C'est vrai que cela
demande des sommes énormes. On investit beaucoup dans la formation d'un
dentiste. En plus, comme ce sont des gens, comme vous avez dit, qui sont peu
nombreux relativement aux services qu'on exige d'eux, ils sont dans une
position de force et, ce qui arrive, c'est une profession qui est très
bien rémunérée actuellement et j'imagine bien que, pour
avoir un professeur compétent dans une université, il faut le
rémunérer considérablement, parce que, dans sa pratique
privée, c'est un type qui peut aller récupérer plusieurs
dizaines de milliers de dollars. Il y a certainement là aussi un
inconvénient, si vous voulez, ou un handicap.
Ces gens négocient. Certainement, c'est une des dernières
professions médicales à être
rémunérées encore à l'acte.
Si vous voulez, c'est encore l'entreprise privée, contrairement
aux médecins, par exemple, qui sont rénumérés
directement par leurs patients. Pourquoi ne pas le dire? Pour plusieurs d'entre
eux, c'est une façon facile d'être rémunérés
et de payer son impôt au minimum, c'est cela. Connaissant les hommes
comme on les connaît, on sait pertinemment que ceux qui peuvent ne
déclarer que partiellement leurs revenus au ministère du Revenu
le font bien souvent et trop souvent.
Ceci dit, les négociations deviennent extrêmement
difficiles. Si on veut essayer d'attribuer la raison de ces difficultés
au gouvernement, aux départements ou aux syndicats ce n'est pas facile,
parce que là on joue au niveau des relations humaines. Le
département est appelé à dialoguer avec un syndicat qui
est dans une position de force. Le ministre probablement apprendra cela
très tôt: il y a une façon de résoudre ce
problème, c'est de leur donner ce qu'ils veulent et vous allez voir que
les difficultés vont s'aplanir. Mais, si vous vous soumettez trop
rapidement à leurs exigences, la population sera à même de
se demander si ses intérêts ont été bien
protégés.
La déclaration du ministre me surprend un peu, parce que je
croyais, dans ce genre de relations, qu'il fallait être très
prudent et toujours se garder, si vous voulez, des éléments de
pression dans des négociations. Si on pouvait avoir des
intermédiaires, qui peuvent rendre des services dentaires qui demandent
peu de formation ou du moins une formation qui n'est pas comparable à
celle d'un dentiste, je crois que, dans l'économie
générale de la profession, ce serait certainement pour le public
un avantage marqué.
Pourquoi permettre à des gens pour qui la société a
investi des milliers de dollars de donner à la population des services
que d'autres gens moins bien formés pourraient lui rendre?
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je répète encore
une fois ce que j'ai dit au député de Saint-Laurent tantôt,
en réponse à sa remarque. Au contraire, dans l'étude des
tâches de l'hygiéniste dentaire, cette polyvalence dont on parlait
tantôt va inclure un certain nombre de tâches qui étaient
prévues, dans le plan initial, pour les infirmières dentaires. Ce
que j'ai dit au tout début des remarques, c'est qu'il me paraissait
extrêmement compliqué, extrêmement difficile de créer
une quatrième catégorie de personnes dans cette équipe
multidisciplinaire, si vous voulez, le dentiste, l'assistante dentaire qui est
au cabinet privé, l'hygiéniste dentaire. Ajouter une
quatrième personne, cela me paraissait extrêmement
compliqué, surtout que les expériences au pays, ici, sont loin
d'être concluantes. Il y a une seule province où cette discipline
existe, l'infirmière dentaire, la Saskatchewan. Il est un peu tôt
pour dire que c'est un succès, parce que cela fait à peine trois
ans que l'expérience est commencée.
Au sujet des effectifs, nous allons présenter des modifications
à la Loi de l'assurance-maladie qui apporteraient des primes assez
considérables, des primes d'installation aux professionnels de la
santé, incluant évidemment les dentistes. La solution, je pense
qu'elle est essentiellement en trois volets: donc, une augmentation des places
d'étudiants en chirurgie dentaire, des incitations importantes pour une
meilleure répartition géographique et une extension des
tâches de l'hygiéniste dentaire.
M. Saint-Germain: En principe, cela revient au même. Vous
ne mettez pas de côté le principe que certains services dentaires
doivent être rendus par une profession moins bien formée, si vous
voulez, que le dentiste.
M. Lazure: Je ne l'ai jamais mis de côté, je ne le
mets pas de côté.
M. Saint-Germain: Alors, vous changez le moyen d'y parvenir, si
je vous comprends bien.
M. Lazure: Si vous voulez.
M. Saint-Germain: Alors, très bien.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Etant donné que la profession n'est pas
saturée et que le ministre dit qu'il y a lieu d'augmenter des places, ma
question était très simple, est-ce que le ministre des Affaires
sociales et le ministre de l'Education, évidemment, ont des projets dans
ce sens, pour...
M. Lazure: Les pourparlers sont commencés avec le ministre
de l'Education, d'une façon plus spécifique, pour augmenter le
nombre de places à l'Université Laval. La faculté de
chirurgie dentaire
à Laval existe depuis seulement trois ou quatre ans, et il
était prévu que cela se ferait en deux phases, mais la
deuxième phase devait être prévue pour un peu plus tard. On
essaie de devancer la date de la deuxième phase.
Actuellement, il y a environ, pour l'ensemble du Québec, un
dentiste pour 3000 de population, alors qu'on devrait avoir environ un pour
2000. Et au rythme actuel de la graduation des dentistes, pour arriver à
un pour 2000, il faudrait mettre environ vingt ans encore. C'est un peu trop
long pour les gens de chez vous, pour les gens de Saint-Henri.
M. Le Moignan: M. le ministre, est-ce qu'il en coûte plus
cher pour former un dentiste que pour former un médecin, à
l'université j'entends.
M. Lazure: Non, c'est un peu moins cher pour un dentiste que pour
un médecin.
M. Le Moignan: C'est moins cher. M. Lazure: Oui, un
peu.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'opération
dentiste est terminée? Est-ce qu'il y a d'autres extractions à
faire? Maintenant le député de Drummond.
Là vous pouvez commencer à changer de su-jet.
M. Clair: Alors je reprendrai la question que j'adressais
tantôt au ministre de la régie. Dans un esprit de diminuer les
frais encourus par le gouvernement, pour le programme de médicaments aux
assistés sociaux, tout en leur offrant une même qualité de
service et peut-être même un service meilleur, est-ce qu'on a
envisagé les deux mesures suivantes, soit, premièrement,
d'instaurer ce qu'on pourrait appeler un centre de distribution des
médicaments au Québec? On sait que le coût des
médicaments est particulièrement élevé à
cause d'un manque d'uniformité des prix, tant au niveau des grossistes
qu'au niveau peut-être des pharmaciens individuels. Est-ce que c'est
envisageable qu'on crée un centre provincial qui achèterait les
médicaments pour tout le Québec, pour ce programme aux
assistés sociaux et deuxièmement, est-ce qu'on a envisagé,
également, l'instauration de frais modérateurs?
M. Lazure: Très rapidement, et ensuite je laisserai
l'adjoint parlementaire continuer. La première partie de la question
c'est: oui c'est envisageable. Le programme du Parti québécois
contient un article qui dit qu'éventuellement un gouvernement du Parti
québécois établirait une régie pour le
contrôle des médicaments, pour la distribution des
médicaments. Je pense que dans un premier temps, c'est par un meilleur
examen des listes actuelles et un regroupement des achats qu'on pourrait en
arriver éventuellement à réduire les coûts.
Les frais modérateurs dont vous parlez font partie,
habituellement, des systèmes de distribution universelle de
médicaments, de gratuité de médicaments. Il existe un tel
plan au Manitoba, par exemple. Et le jour où le Québec aura les
sommes suffisantes pour instaurer un régime
d'assurance-médicaments pour toute la population, je pense,
évidemment, qu'il faudra avoir des frais modérateurs, à ce
moment-là.
M. Clair: Mais, qu'est-ce qui fait la distinction entre un
régime universel et un régime partiel comme celui qu'on a? Pour
quelles raisons n'y aurait-il pas de frais modérateurs, même dans
le régime actuel?
M. Lazure: M. Martel brûle de répondre à
cela.
M. Martel: Oui, je brûle de répondre, mais je
m'aperçois que, même si mon collègue le
député de Drummond a d'excellentes questions, il manque
d'information dans le domaine des médicaments, et comme pharmacien je
peux lui en donner. Evidemment, l'implantation d'un régime universel de
médicaments implique des sommes extrêmement importantes.
Actuellement, je pense, sans me tromper, que cela frise les $50 millions, $55
millions, pour assurer environ 775 000 personnes au Québec, si on
comprend 450 000 assistés sociaux, 325 000 personnes de 65 ans et plus
qui seront assurées, à ce moment-là, je crois que c'est
une implication importante de sommes d'argent et il y a des
prérequis.
Il faut établir au préalable une planification dans ce
domaine.
Lorsque vous parlez de diminuer les frais, si vous comparez le budget
des Affaires sociales et celui de différents secteurs, celui des
médicaments est relativement modeste; il coûte environ $55
millions pour le nombre de gens qui approche le million couvert par le
système. Comme centres de distribution des médicaments, je pense
que les pharmaciens sont assez bien répartis dans l'Etat du
Québec. Il y a au-delà de 2100 pharmaciens sur le territoire. Les
services qui couvrent les assistés sociaux et les personnes
âgées sont assurés par ces pharmaciens; il y a 1100 centres
de distribution sur le territoire.
Pour revenir au coût actuel, celui-ci, actuellement payé
par la régie pour les assistés sociaux, ne varie pas d'une
pharmacie à l'autre. C'est très clair. Le pharmacien a des
honoraires de $2.15 par prescription et il charge le prix coûtant du
médicament. Cela est fait au préalable. Il existe un
comité de pharmacologie, au sein du ministère, qui groupe les
médicaments dans un formulaire, qui est distribué aux
pharmaciens, qui en établit le prix coûtant et qui fixe un montant
de $2.15. Donc, que ce soit en Gaspésie ou en Abitibi, le pharmacien
charge exactement la même chose au gouvernement: le prix coûtant et
des honoraires de $2.15 qui, à mon sens, sont très minimes.
D'ailleurs, nous devons reprendre les négociations avec les pharmaciens
incessamment dans le but de négocier le tarif de $2.15 qui, à mon
sens, est vraiment trop bas. Il a été négocié en
1972, il y a cinq ans, et il ne tient pas compte des frais encourus depuis ce
temps pour le fonctionnement d'une officine.
Je pense que ces renseignements sauront satisfaire le
député de Drummondville.
M. Clair: Personnellement, je n'envisageais pas ma question dans
le cadre de l'instauration d'un régime universel de médicaments,
mais bel et bien dans le cadre du système actuel. Je ne mets pas en
doute non plus le fait que les pharmaciens constituent un réseau de
distribution qui est excellent et que le ministère ne pourrait pas, par
un centre de distribution, par une régie, si on veut, offrir un meilleur
service. C'était dans un autre sens que j'envisageais ce centre de
distribution, dans le sens suivant: Si, moi, je suis pharmacien à
Drummondville et que j'achète mes médicaments, je pense avoir un
moins grand pouvoir d'achat que si c'était un centre provincial qui
achetait ses médicaments pour l'ensemble du réseau.
M. Martel: J'ai expliqué, tout à l'heure,
qu'à l'intérieur du ministère il y a une commission de
pharmacologie qui établit les prix des médicaments. Un bouquin
sort deux fois par année, je crois, comprenant la liste des
médicaments acceptés par le Conseil de pharmacologie du
ministère des Affaires sociales. Peu importent la quantité que le
pharmacien va acheter la ville dans laquelle il exerce sa profession, il va
charger au gouvernement le même prix uniforme qui apparaît dans le
livre: Telle quantité de médicaments, tel prix, plus les
honoraires. C'est uniforme. Cela ne donne rien, dans le contexte actuel, de
créer des entrepôts à Québec et d'assurer un centre
d'achats de médicaments; dans le contexte actuel, les prix sont
uniformes pour ce qui est payé par le gouvernement.
Je suis d'accord avec le député de Drummond
qu'éventuellement on peut envisager cette régie qui sera
peut-être indépendante de la Régie de l'assurance-maladie
pour étendre ce régime d'une façon universelle,
c'est-à-dire à l'ensemble des six millions de
Québécois. On pourrait se baser là-dessus, sur
différents systèmes, sur celui qui existe en Suède, celui
qui existe au Manitoba où, par exemple, il y a un système
universel de médicaments et où il y existe des frais
modérateurs qui se répartissent de la façon suivante: Je
crois que les familles paient $50 et par la suite le gouvernement rembourse les
80% des autres médicaments dont la famille a besoin pendant
l'année.
C'est un genre de système qui est intéressant à
étudier, celui du Manitoba. Celui de la Suède également
est intéressant à étudier. Mais je pense que cela implique
des sommes d'argent considérables. Surtout, on doit mettre des
mécanismes en place pour étudier de façon à avoir
le meilleur système possible. Mais, à l'intérieur de cela,
je verrais bien qu'on ait un bon zonage, même si, actuellement, on a
suffisamment de pharmaciens répartis à travers le Québec
pour assurer la distribution des médicaments, je pense que l'on devrait
avoir encore un meilleur zonage et qu'on devrait limiter les pharmaciens
à faire uniquement de la pharmacie. On devrait retenir cette idée
dans un régime universel des médicaments, de façon que la
population ait vraiment des services pharmaceutiques et non simplement une
distribution de médicaments.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, à titre d'information,
je voudrais que le président de la régie dise quelques mots.
Pour être très clair, actuellement, il y a deux programmes
de médicaments administrés par la régie. L'un est un
programme pour les bénéficiaires d'aide sociale. Ce programme va
coûter, pour l'année qui s'en vient, $26 millions, comme l'a
mentionné tantôt le député, qui est mon voisin,
c'est environ 450 000 bénéficiaires. Le deuxième programme
actuellement administré par la régie est un programme qui, au
début, s'appliquait uniquement aux personnes âgées qui
avaient droit au maximum du supplément du revenu garanti. Depuis environ
deux ans, ce sont toutes les personnes qui ont droit à un morceau du
supplément du revenu garanti, que ce soit le minimum ou le maximum, quel
que soit le revenu garanti, et cela couvre 325 000 personnes. En haut de 65
ans, les bénéficiaires de l'aide sociale sont assurés,
d'une part, ceux qui ont droit au supplément du revenu garanti sont
assurés. La population, d'autre part, qui reste à assurer, ce qui
était l'engagement du présent gouvernement au cours de la
dernière campagne électorale, ce sont les gens au-dessus de 65
ans mais qui ne tombent ni dans l'un ni dans l'autre groupe; le nombre encore
à assurer est d'environ 168 000.
En ce moment, la population assurée actuellement, qui nous
coûte $55 millions, représente 11,9% de toute la population des 6
200 000 Québécois.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gaspé.
M. Martel: Si vous me permettez, M. le Président, je
considère avoir d'autres questions sur le même sujet. Pour moi, je
n'ai pas suffisamment éclairci encore mon point. Est-ce que vous me
permettez?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Martel: Les questions que je posais, je ne les mets pas dans
la perspective d'instaurer un régime universel. Je sais fort bien qui le
régime actuel couvre, je m'entends là-dessus, mais ce que je me
dis, c'est qu'actuellement, même s'il y a une commission qui fixe des
prix et que les prix sont uniformes aux Iles-de-la-Madeleine comme à
Drummondville, comme à Montréal, à mon sens, il n'en
demeure pas moins que si on avait un seul acheteur de ces médicaments
qyi sont ainsi fournis aux assistés sociaux, le taux uniforme pourrait
être influencé et diminué d'autant, parce que fixer des
prix uniformes à travers la province, dans un marché libre qui
joue au Québec comme dans le reste du Canada, c'est une chose. Mais
c'est une autre chose de dire qu'on aurait un seul acheteur pour l'ensemble des
pharmaciens du Québec pour
les médicaments fournis aux gens admissibles tant au programme de
médicaments pour les assistés sociaux que pour les plus de 65 ans
qui y sont admissibles. C'est dans ce sens que je pose la question. Ce n'est
pas dans le but d'augmenter la couverture; au contraire, c'est dans le cadre de
la couverture actuelle d'envisager des mesures qui pourraient diminuer le
coût de ce programme. C'est dans la même perspective que
j'envisageais les frais modérateurs, dans le cadre actuel, pas dans un
système universel.
M. Lazure: M. le Président, si vous me permettez, il y a
deux choses. La première partie de la question, oui, c'est envisageable,
oui, c'est évident que cela coûterait moins cher. On a
déjà des précédents depuis quelques années
dans un autre ordre d'idées. Les commissions administratives d'achat de
groupe, dans chaque région du Québec, pour les hôpitaux en
particulier et d'autres établissements graduellement. Il est bien
évident que s'il y avait un seul acheteur pour les médicaments,
les prix seraient moindres. Cela, c'est une chose à envisager.
Mais à la deuxième remarque que vous faites, concernant
les frais modérateurs, si on se fie aux expériences faites
ailleurs, que ce soit pour les soins médicaux, les soins dentaires ou
les médicaments, dans les endroits où on a instauré ce
système de frais modérateurs, très souvent, les gens les
moins fortunés sont les plus pénalisés par ce
système.
A titre d'exemple et déjà, on commence à
accepter cette théorie il y a quelques jours à peine, la
Colombie-Britannique a annoncé un nouveau programme de gratuité
de médicaments pour toute la population, avec un frais modérateur
pour tout le monde, sauf les personnes en haut de 65 ans, les handicapés
et les malades chroniques. Personnellement, je trouve que c'est une mesure
très éclairée. Je pense qu'il faut faire ta distinction,
quand on parle de frais modérateurs, entre l'ensemble de la population
et certains groupes marginaux qui ont énormément de
difficultés à arriver au plan économique.
M. Clair: Juste une dernière précision. En ce qui
concerne les frais modérateurs, le but pour lequel je serais favorable
à des frais modérateurs, c'est non pas pour éliminer des
gens; c'est parce que, par un resserrement du programme, on pourrait
peut-être obtenir de l'argent pour allonger la liste des
médicaments fournis à ceux qui ne peuvent pas en avoir
actuellement.
Un autre commentaire concerne le programme d'achat, par un acheteur
unique, de médicaments. Cela existe déjà au
ministère de l'Agriculture, en ce qui concerne les médicaments
pour les vétérinaires qui participent au programme dont je ne me
rappelle plus le nom. Cela existe déjà.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Etant donné que nous avons un pharmacien
ici et un médecin, psychiatre en plus, nous allons en profiter. Il
existe un catalogue de médicaments qui sont autorisés et qui sont
défrayés par le gouvernement. Je suppose que le médecin me
prescrit de prendre un médicament qui s'appelle Du Maurier.
M. Martel: C'est à déconseiller.
M. Le Moignan: Je suppose que c'est un nom technique. Le
pharmacien me dit: Ce médicament n'est pas dans ma liste; donc, on ne
peut pas vous le donner. On va donner un substitut, disons Cameo. Il
s'avère, parfois, dans la pratique, que le médicament qui est
substitué va à rencontre un peu du remède qui a
été prescrit, mais qui n'est pas dans la liste. Je pense que vous
êtes très au courant de ce fait.
M. Martel: Oui, je suis très au courant de ce fait.
Actuellement, dans le formulaire qui a été approuvé par la
Commission de pharmacologie, il y a au-delà de 3000 médicaments.
Je pense, comme pharmacien, qu'il y a suffisamment de médicaments pour
traiter n'importe quelle sorte de maladie. Vous savez que le pharmacien, de par
sa formation, est habilité à donner des équivalences
chimiques. Supposons, par exemple, que l'on prescrit un médicament pour
les spasmes, qui s'appelle le bentylol et phéno et que le médecin
tient à avoir l'effet antispasmodique et aussi l'effet de tranquillisant
donnés par le phéno, à ce moment-là, le pharmacien
peut décomposer le médicament et donner deux médicaments
pour avoir le même effet. Donc, la liste, je crois qu'elle est
actuellement complète; on peut traiter n'importe quelle maladie. Le fait
que le pharmacien puisse donner ces équivalences chimiques fait que tous
les Québécois peuvent avoir les médicaments que leur
état requiert.
M. Le Moignan: J'ai vu quelques cas où les gens m'ont
montré leurs factures. J'ai appelé le pharmacien et le pharmacien
m'a dit: En effet, je ne l'ai pas, le médecin ne veut pas autoriser
d'autre chose que cela pour un cas particulier.
M. Martel: Vous avez raison. Il y a certains médicaments,
par exemple je pense à des vaso-dilatateurs coronariens, qui ne sont pas
remboursés par cette liste de médicaments, justement parce qu'ils
ne sont pas jugés, scientifiquement, thérapeutiquement valables.
Il faut, pour être dans ce livre, que la compagnie ait prouvé,
d'une façon scientifique, la valeur pharmacologique d'un
médicament. Je pense qu'il y a des médicaments, malheureusement,
sur le marché... D'abord, il y a un trop grand nombre de
médicaments, à mon sens. Il y a au-delà de 25 000 produits
sur le marché. J'ai l'impression qu'entre 3000 et 4000 on couvre
suffisamment toutes les maladies. Donc, jugez par vous-même qu'il y en a
au-delà de 20 000 de trop sur le marché.
Il y a trop de duplications. Il y a trop de médicaments qui sont
annoncés pour corriger certaines déficiences et,
scientifiquement, les compagnies ne sont pas capables de prouver que cela
peut atteindre ce but. C'est pour cela que la Commission de
pharmacologie ne les retient pas. Malheureusement, il y a des médecins
qui vont tenir à tel médicament et qui n'en connaissent vraiment
pas l'action pharmacologique. Mais je pense que le nombre de médicaments
contenus dans cette liste est suffisamment grand pour couvrir pas mal toutes
les maladies et aussi la possibilité que le pharmacien a de donner les
équivalences chimiques, cela rend des services appréciables au
corps médical et aux patients.
M. Le Moignan: D'une façon générale, je suis
bien d'accord, mais comme je vous l'ai dit, j'ai eu certains cas, cela ne se
répète pas tous les jours, où les remèdes sont
très dispendieux, ils sont obligés de les payer et ils n'en ont
pas les moyens. Ce sont des assistés sociaux.
M. Martel: Mais je pense que le médecin doit se renseigner
d'abord sur la valeur scientifique du médicament, parce que la compagnie
a à prouver à la Commission de pharmacologie la valeur
scientifique de son produit.
M. Gosselin: Là-dessus, si vous me permettez. Je crois
qu'en général, dans ces cas, ce sont les médecins qui
prescrivent qui manifestent une grande ignorance, souvent, de cette liste du
gouvernement. Ils préfèrent souvent faire les prescriptions selon
la publicité qui leur est adressée par des compagnies qui vont
vendre leurs produits deux et trois fois moins cher. Parfois, d'une
manière complice, les pharmaciens vont tenter, de cette manière,
de faire payer aux consommateurs deux et trois fois plus cher.
M. Martel: Non, non.
M. Gosselin: C'est-à-dire, il peut arriver que
l'assisté social se présentant avec un médicament qui ne
paraît pas sur la liste du pharmacien, le pharmacien tente de lui refiler
pour $10, par exemple...
M. Le Moignan: II ne devrait jamais faire cela.
M. Martel: Je pense que le député de Sherbrooke se
trompe; la conscience sociale du pharmacien est plus large que cela tout de
même. Lorsque je parle de donner des équivalences chimiques, c'est
justement lorsque l'assisté social se présente avec une
prescription qui n'est pas remboursée, à ce moment il a la
possibilité de donner les équivalences. Je parlais d'un
médicament qui peut se décomposer, alors cela ne coûte pas
un sou à l'assisté social. Et la plupart, je dirais 100% des
pharmaciens le font avec plaisir, c'est leur devoir. Ils sont formés
pour corriger des situations.
M. Gosselin: Je ne dirais pas 100% des pharmaciens. Il arrive des
cas où les pharmaciens font des passe-droits.
Le Président (M. Laplante): Nous ajournons sine die cette
commission.
M. Lavigne: Deux petites remarques. J'aurais voulu sensibiliser
le ministre et son ministère sur deux points. Cela va être
très bref.
Vous n'êtes pas sans savoir, M. le ministre, que le Québec
achète de très grandes quantités de médicaments de
la compagnie A. S. Mckenna. La compagnie A.S. Mckenna, au Québec, avait
environ 150 producteurs d'urine de juments en gestation pour la fabrication de
certains de ses produits. Dans un programme de deux ans, on coupe tous les
contrats et ils s'en vont produire dans l'Ouest canadien, je pense que c'est au
Manitoba ou en Alberta. Devant cette question, j'en ai parlé un peu au
ministre de l'Agriculture, je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'avoir une
approche avec la compagnie et lui faire voir que nous sommes un gros client
pour lui et, en considérant cela, savoir s'il n'y aurait pas lieu de
reprendre des négociations, ou penser à rétablir les
contrats déjà alloués aux producteurs d'urine en
question.
M. Lazure: Je prends note de cette question.
M. Lavigne: Cela est une question. Dans le cadre de la
prévention des maladies, je pense qu'on oublie trop souvent, dans la
liste des médicaments, les produits naturels. Je vous sensibilise aussi
à cela.
M. Martel: ...les produits naturels. Le vrai produit naturel
c'est les légumes...
Le Président (M. Laplante): Continuez, mais pour nous
autres c'est ajourné sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)