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Étude des crédits du ministère
des Affaires sociales
Dix heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
mes-sieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires sociales.
Les membres de la commission sont M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques), M. Clair (Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel (Richelieu),
Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Vous en étiez rendus à l'étude de vos travaux, vous
aviez adopté de mémoire, là les programmes
1, 2, 5, 6, 7 et 17. Vous en étiez à étudier le programme
3 et pour poursuivre ensuite avec le programme 18.
M. Forget: Le programme 7, on ne l'a jamais approuvé. M.
le Président, on n'a jamais discuté ni approuvé le
programme 7.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 7 sera
étudié quand vous serez prêts. Ce sont les informations que
m'avait transmises le secrétariat es commissions. Je m'excuse.
M. Forget: Pour être précis, M. le Président,
le programme 4, on avait commencé l'étude de ce programme, mais
il n'est pas terminé.
Le Président (M. Marcoux): D'accord.
M. Lazure: Ce qui avait été convenu, c'est
qu'après avoir terminé ce qui concerne le docteur Laberge, de la
Régie de l'assurance-maladie, c'est-à-dire les programmes 3 et
18, à ce moment, on passait au programme 4 qui avait été
commencé.
Le Président (M. Marcoux): On poursuit avec le programme
3.
M. Lazure: Pour faire le point, étant donné que
cela fait un petit bout de temps, il y a une dizaine de jours, au programme 3,
la discussion avait porté sur les soins dentaires, en bonne partie,
malgré l'absence du Dr Shaw, et aussi sur les médicaments. Il y a
certaines réponses que nous pouvons apporter.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre a certaines
réponses à donner à des questions anté- rieures. On
va vous céder la parole, ensuite, ce sera le député de
Saint-Laurent.
M. Lazure: La première était une question du
député de Saint-Laurent concernant le nombre de
bénéficiaires, le nombre de dentistes et les
déboursés dans le programme de soins dentaires, et les
bénéficiaires de l'aide sociale.
La façon dont nous avons ramassé les données c'est
a), on a le nombre de demandes de paiement reçues, soit des dentistes,
d'une part, et des bénéficiaires. À b), on a le nombre et
le montant des demandes de paiement acquittées aux dentistes et aux
bénéficiaires, puis on a le total des articles a) et b). On l'a
présenté comme cela parce que c'est la façon dont nous
l'avions dans la banque des données, c'est-à-dire que si nous
voulions le donner comme le député de Saint-Laurent l'a
demandé, cela nous prendrait, pour obtenir cette information, deux
à trois jours-homme de programmation, et cinq à six heures/CPU de
temps informatique. On a pensé que la façon dont c'est
donné là, cela répond quand même aux questions du
député de Saint-Laurent.
Maintenant, il y a un tableau. On peut le déposer.
M. Shaw: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de cela?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Bon, d'accord.
M. Lazure: D'accord?
M. Forget: Parfait, je vous remercie.
M. Lazure: La deuxième question venait...
M. Forget: Est-ce que je pourrais poser une question au sujet du
tableau?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Ce sera pour des années comparatives ou par
trimestres?
M. Lazure: Statistiques relatives aux soins dentaires. Pour 1976,
les mois de février et mars; ensuite, avril, mai et juin; juillet,
août et septembre, pour un autre trimestre; octobre, novembre et
décembre. Pour 1977, on vous a donné les mois de janvier,
février et mars.
M. Forget: Excellent, merci.
M. Lazure: La deuxième question, je ne me rappelle pas de
quel député elle venait. Le ministre des Affaires sociales
m'avait demandé de faire certaines recherches. On a parlé au
gérant général des ventes et à "the Executive
associate to the president" de la compagnie Ayerst McKenna au
sujet de l'urine de juments enceintes. Il est arrivé qu'une
publication, dans une revue médicale très bien connue, qui
s'appelle "The New England Journal of Medicine", démontrait le danger de
l'usage des oestrogènes et leur incidence sur le cancer de
l'utérus.
Cette publication, qui est lue largement par les médecins du
Québec, a eu comme résultat une diminution de la demande dans les
oestrogènes conjugués. Les deux usines ne produisaient plus
qu'à 22% de leur capacité concernant les oestrogènes.
Elles ont décidé de discontinuer la fabrication
d'oestrogènes dans leur usine de Montréal. Il y a 800 emplois
à l'usine d'Ayerst, de Saint-Laurent, mais il y a seulement 21
employés qui sont touchés par cette modification et ces 21
personnes seront recyclées à l'intérieur d'une
période de deux ans.
Maintenant, l'urine de juments enceintes va être obtenue dans
l'Ouest, quand ils en auront besoin. Ils disent que le contenu hormonal de
l'urine des juments enceintes c'est quelque chose de nouveau pour moi
recueillie dans les provinces de l'Ouest est plus élevé
que celui extrait de l'urine des juments enceintes obtenue dans l'Est.
Là, je n'ai pas d'autres explications à vous donner.
Il faudrait demander à M. Garon une explication.
M. Forget: Je suis sûr que c'est très simple.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même programme, M.
le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci. Sur le même programme, non.
C'est-à-dire sur le programme 3... Je m'excuse, mais ce n'est
sûrement pas sur ce sujet.
Le Président (M. Marcoux): Sur les oestrogènes.
Assistance-médicaments
M. Forget: Moi, je suis satisfait sur les oestrogènes. Je
me satisfais peut-être trop facilement aussi. J'aimerais demander au
ministre, M. le Président, s'il voudrait nous éclairer un peu sur
ses intentions relativement au programme d'assistance médicaments ou
d'assurance-médicaments, comme il pourrait finir par se transformer. Non
pas lui personnellement, quoiqu'il ait fait des déclarations à ce
sujet, mais le programme de son parti insiste sur des modifications en
profondeur de toute l'industrie de distribution et même de fabrication
des médicaments.
J'ai posé à l'Assemblée nationale une question, en
l'absence du ministre, à son collègue, M. Marois, le ministre
d'État responsable au développement social qui, dans le fond, a
renvoyé la balle au ministre des Affaires sociales. Cela en est
resté là, mais étant donné qu'à la fois le
public et tous les groupes professionnels, les pharmaciens
commençons par les pharmaciens les producteurs, les
médecins eux-mêmes, et certainement les
bénéficiaires suivent avec une très grande attention les
nouvelles qui émanent du gouvernement sur ce sujet, il serait
peut-être souhaitable qu'on puisse leur donner un éclairage un peu
plus complet sur les intentions du ministre relativement à cette
régie d'État qui devait s'occuper, si ma mémoire est
bonne, à la fois des questions de publicité, de distribution et
même de fabrication. Est-ce que cela est toujours prévu? Avec quel
genre d'échéancier? Quel genre de conditions on envisage?
J'aurais, après, d'autres questions à poser aussi sur le
programme lui-même, mais des questions peut-être un peu moins
fondamentales.
M. Lazure: M. le Président, cet article dans Ie programme
du parti est toujours maintenu concernant une régie qui
contrôlerait la fabrication, la distribution, la vente, la
publicité. L'article est maintenu. Nous avons l'intention de
préparer un mémoire au Conseil des ministres à ce sujet,
pas dans un avenir immédiat, mais sûrement au cours du premier
mandat. Je ne peux pas définir de façon plus précise le
moment, mais pas dans l'immédiat. Je crois que ce sera à un
moment où il deviendrait possible financièrement d'établir
en même temps un système de gratuité, un système de
distribution relativement gratuite de médicaments, un système
universel de médicaments.
Il est probable qu'à ce moment-là, dans un système
universel d'assurance-médicaments, il y aura des frais
modérateurs, comme c'est le cas dans la plupart des provinces ou pays
où on a établi un tel système. En d'autres termes, je
pense qu'il faudra combiner cette opération avec l'autre
opération qui sera la mise sur pied d'une régie.
M. Forget: Si je comprends bien, le ministre indique donc que le
but principal qu'il poursuit, c'est l'universalisation d'un programme de
médicaments avec frais modérateurs et que la régie
d'État envisagée par lui et son gouvernement correspond à
cet objectif. L'objectif prioritaire, c'est d'abord de trouver les moyens pour
rendre universel un régime d'assurance-médicaments.
M. Lazure: Oui, pour moi, c'est prioritaire de rendre universelle
la distribution quasi gratuite des médicaments avec frais
modérateurs, c'est juste. J'espère bien qu'on pourra le faire
à l'intérieur du premier mandat. Je trouve tout aussi prioritaire
d'avoir une réglementation, par exemple, sur la publicité quant
aux médicaments, d'avoir aussi un contrôle sur la distribution et
sur la multiplication des types de médicaments, le dédoublement
si vous voulez. C'est pour cela que je dis qu'il faut que les deux arrivent
à peu près au même moment.
Il serait dommage d'amorcer un régime de distribution gratuite de
médicaments si on ne peut pas, en même temps, exercer un meilleur
contrôle sur la consommation. Il y a plusieurs facteurs qui expliquent la
consommation excessive de médicaments. La publicité est un de ces
facteurs. On va essayer de planifier les deux opérations pour qu'elles
se fassent concurremment.
M. Forget: J'aimerais que le ministre nous donne un peu plus
d'explications parce que, dans l'éventualité où ce projet
ne se réaliserait pas tout de suite, je pense que le ministre porte un
jugement sur la situation actuelle par le biais de cette recommandation. Je
crois comprendre qu'il estime que la consommation actuelle de
médicaments est plus grande qu'elle ne devrait l'être...
M. Lazure: Oui, c'est exact.
M. Forget:... particulièrement dans le cas des programmes
où les médicaments sont offerts gratuitement à un segment
de la population.
M. Lazure: Je ne suis pas d'accord. Peut-être que oui,
peut-être que non.
Je pense que nous n'avons pas d'études assez sérieuses,
assez serrées pour démontrer que là où il y a une
population, par exemple, d'assistés sociaux qui peuvent avoir les
médicaments gratuitement, on n'a pas d'études sérieuses
qui démontrent que dans ces secteurs il y a une surconsommation plus
accentuée que dans d'autres secteurs. C'est une impression que certaines
gens ont.
M. Forget: Vous n'êtes pas d'accord avec cette
impression.
M. Lazure: Je dis que ce n'est pas du tout une étude
concluante. Il n'y en a pas d'étude concluante.
M. Forget: Vous diriez plutôt que, dans le fond, tout le
monde consomme trop de médicaments.
M. Lazure: Exactement. Qu'on les paie ou qu'on ne les paie
pas.
M. Forget: De quelle façon une régie d'État
peut-elle assurer un meilleur contrôle de la consommation? Serait-ce en
interdisant la publicité ou le démarchage des compagnies
distributrices auprès des médecins?
M. Lazure: Personnellement, encore là je peux simplement
donner des orientations que je vais proposer au Conseil des ministres par
rapport à une future régie. Je serais d'accord qu'il y ait une
interdiction complète de publicité des médicaments pour le
grand public.
M. Forget: Ce sera applicable seulement aux publications et aux
compagnies québécoises.
M. Lazure: Évidemment dans les limites de nos
juridictions. Il faut, d'autre part, qu'il y ait une information qui se rende
au corps médical quant à la nature de nouveaux médicaments
fabriqués par les compagnies pharmaceutiques. Il faut aller, sinon vers
une interdiction totale de publicité des médicaments
auprès du grand public, du moins vers une réduction
considérable de la publicité qu'on voit actuellement.
M. Forget: Les lois actuelles, par exemple, les lois
professionnelles contiennent déjà une réglementation ou
ont permis l'adoption d'une réglementation quant à la
publicité des médicaments. Ne serait-il pas possible au ministre
de faire des représentations auprès de l'office des professions
de manière à ce que cette réglementation, s'il en est
besoin, soit resserrée davantage?
M. Lazure: II y a déjà eu des discussions à
cet effet. Je vous avoue que jusqu'ici c'est un secteur où on n'a pas pu
consacrer autant de temps qu'on aurait dû consacrer. C'est un secteur
où on va le faire dans un avenir prochain. À l'occasion, pour
répondre à un engagement de la campagne électorale, on est
en train de préparer un programme de gratuité des
médicaments pour personnes âgées, pour la tranche de
personnes âgées qui restait, celle qui n'était pas
couverte, et à cette occasion on se penche de façon plus
intensive sur tout le dossier des médicaments.
M. Forget: Précisément, dans ce contexte, par
exemple, quant à l'éventail des produits qui sont contenus dans
la liste des médicaments, est-ce que le ministre a l'intention de
modifier de façon sensible la politique suivie, les critères qui
ont été retenus par le Comité consultatif de pharmacologie
pour dresser la liste des médicaments? Si oui, dans quel sens verrait-il
ces critères se modifier?
M. Lazure: Je vais juste réagir en disant que je pense
qu'il y a lieu de réduire encore plus cette liste de médicaments,
mais le Dr Laberge ou le Dr Brunet connaissent plus en détail les
travaux du comité en question.
Jusqu'à nouvel ordre, c'est de suivre les recommandations du
Comité de pharmacologie, qui étudie ce problème depuis
assez longtemps. Leurs critères sont les mêmes. Ils doivent faire
parvenir au ministre, sous peu, un rapport sur le problème de la
médiane pour examiner la possibilité de fixer les prix à
partir de la médiane, ce qui serait une modification relativement
importante par rapport à la situation actuelle, mais le rapport du Dr
Larochelle, le président du Comité de pharmacologie, ne nous est
pas parvenu à ce sujet encore. Il est dû au cours des prochaines
semaines.
M. Forget: Si je comprends bien, ce rapport a trait à la
question de la détermination du prix de remboursement. Mais lorsqu'on
pense au nombre de produits qui sont inscrits dans la liste et ceci,
indépendamment du prix, est-ce que le ministre a l'intention de demander
au Comité consultatif de faire des efforts pour rendre plus rigoureux
les critères d'inscription ou, au contraire, de les rendre plus larges
ou, finalement, de les laisser comme ils sont? Dans la préoccupation
dont il vient de témoigner, qu'il y a probablement une surconsommation,
et la projection qu'il fait d'ailleurs de cette préoccupation en disant:
II y a peut-être une nécessité qu'une régie
établisse des meilleures méthodes de contrôle de la
consommation, est-ce que le ministre considère d'ores et
déjà, à l'inté-
rieur de la liste de médicaments, la possibilité de
supprimer, je ne dirais pas des abus mais des possibilités d'abus ou de
mauvaise utilisation?
M. Lazure: La réponse c'est oui. Nettement.
M. Forget: Vous désirez voir cette liste ramenée
à un plus petit nombre de produits.
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Et le Comité consultatif de pharmacologie a
reçu des instructions en ce sens?
M. Lazure: Je pense que les gens qui travaillent auprès de
moi dans le ministère, sont conscients de mon attitude vis-à-vis
de cela. Je n'ai pas rencontré, personnellement, les membres du
comité, je vais m'assurer qu'ils soient bien renseignés sur
l'orientation que j'entends donner à ce comité.
M. Forget: Est-ce que le ministre pourrait détailler un
peu plus longuement sur le genre de critères qu'il aimerait voir
établir pour, justement, rendre l'administration du programme, ou enfin
la conception d'un programme d'assurance-médicaments plus rigoureux?
Est-ce qu'il s'agit de faire une élimination quant au prix, ou si cela
va plus loin que cela, si cela rejoint certains critères, disons,
thérapeutiques, une évaluation thérapeutique?
M. Lazure: Vous parlez du comité actuel? M. Forget:
Je parle de la liste actuelle.
M. Lazure: Vous parlez de la liste actuelle. Je pense que ce
n'est pas tout à fait le rôle du ministre d'établir des
critères, de suggérer des critères. Tout ce qu'un ministre
puisse suggérer c'est que les experts en cause se prononcent, autant de
l'intérieur du ministère que de l'extérieur du
ministère, parce que ce comité comprend des gens des deux
groupes. C'est à eux, les spécialistes, de tenir compte d'une
orientation que le ministre donne, à savoir de réduire le nombre
de médicaments sur la liste dans le but de réduire la
consommation. Il y a une relation. Ce n'est pas, évidemment, le seul
facteur qui explique la surconsommation, mais c'est un des nombreux
facteurs.
M. Forget: Oui, mais la raison de mes remarques,
évidemment, comme le ministre vient de l'indiquer tout à l'heure,
c'est qu'il y a deux façons de réduire le nombre de produits
d'une façon purement économique. En éliminant les produits
les plus coûteux dans chaque classification, pour chaque type de produit
ou chaque produit, effectivement, en éliminant, donc, pour un produit
donné, les médicaments qui sont fabriqués par certains
producteurs sur une base de prix, ce qui n'est pas susceptible de changer
beaucoup la consommation, tant et aussi longtemps qu'il reste, dans chaque
catégorie, au moins un produit représenté. L'autre
façon consisterait à éliminer certaines classes de
médicaments, par exemple, le placebo. Il y a des placebos qui sont
prescrits et qui apparaissent à la liste. Il y a certains
médicaments qui ont un rôle purement, non pas curatif, mais
sûrement palliatif en quelque sorte et il serait possible, sur la base
d'un critère thérapeutique plus restreint, de cerner davantage le
but qu'on veut viser. De ce côté, il faudra plus que tout
simplement laisser faire le comité; il va falloir lui donner une
indication positive, parce que ce sont des changements de politique, ce sont
des changements d'orientation. Le comité ne joue qu'un rôle
d'expertise.
M. Lazure: Quant au problème vécu par le
comité, je pense que ses membres ont appliqué des critères
de qualité assez sévères, je veux dire
modérément sévères, et qu'ils ont fait une
épuration assez importante de la liste. Par ailleurs, tant qu'on fait
affaires avec un système partiel, qui ne couvre qu'une partie de la
population, il est extrêmement difficile d'être de plus en plus
sélectif et de faire une sélection qui est encore plus grande,
parce qu'à ce moment la population qui est desservie se trouve
défavorisée, il y a une discrimination. On a déjà
ce problème avec la liste des médicaments qui est publiée
par le comité et qui exclut presque 50% des médicaments qui sont
sur le marché déjà. Il y a une certaine discrimination qui
est faite. Il est difficile de la pousser plus loin, actuellement, compte tenu
qu'il s'agit d'une clientèle un peu captive aussi.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord avec ce qui vient
d'être dit, que cela crée une discrimination qui rend même
la perception qu'ont les gens de la générosité du
programme un peu fausse. Est-ce que le ministre, dans le fond, comme
préalable à l'établissement d'une régie
d'État et se prévalant de lois qui existent peut-être
déjà ou qui pourraient être renforcées ou
modifiées légèrement pour permettre de le faire pourrait
étendre l'application de la liste à toute la population,
indépendamment de l'extension du régime de gratuité totale
ou partielle?
M. Lazure: C'est une possibilité envisagée. En
résumé, pour autant que je suis concerné, on va
étudier de façon très sérieuse avec ce
comité et d'autres personnes toutes les mesures, que ce soit en rapport
avec les listes ou en rapport avec la publicité, qui vont viser à
sensibiliser, premièrement, la population sur les dangers d'une
consommation excessive de médicaments et puis, deuxièmement,
à faire en sorte que la tentation soit moins forte pour tout le monde de
recourir à une multitude de médicaments. On n'a pas parlé,
non plus, des médicaments brevetés. Je pense que, là
aussi, il va falloir réglementer la publicité abusive dans ce
domaine.
M. Saindon: M. le Président, le ministre parle de
surconsommation de médicaments. Je pense
que c'est absolument exact qu'il y a, dans bien des cas,
surconsommation, mais est-ce que le ministre aurait en tête un secteur
particulier de la pratique médicale où il pourrait y avoir, plus
qu'ailleurs, une surconsommation de médicaments, par exemple?
M. Lazure: Oui, certainement, ce qu'on appelle les
tranquillisants ou les neuroleptiques, cette classe de médicaments
prescrits autant par des omnipraticiens, des médecins de famille que par
des spécialistes. Il ne faut pas croire que ce sont seulement les
psychiatres qui prescrivent les tranquillisants. Il y a beaucoup de
médecins non psychiatres qui les prescrivent. Je pense que c'est le
secteur no 1 où il y a un abus de consommation. Cela semble être
un phénomène en Amérique du Nord, un peu partout.
M. Saindon: Cela est une raison. Comme praticien, je l'ai
remarqué, des patients qui nous viennent, par exemple, de certaines
institutions psychiatriques, reçoivent très souvent un
congé de fin de semaine, puis ils arrivent chez eux avec une bouteille
de 500 comprimés de valium. En fin de semaine, il arrive assez souvent
que vous recevez ces gens d'urgence pour tentative de raccourcir leurs jours ou
autrement. Pourquoi les laisser sortir de l'institution avec une bouteille de
500 comprimés de tranquillisants?
M. Lazure: J'espère bien que c'est un cas d'exception.
M. Saindon: Je l'ai vu de mes propres yeux plusieurs fois.
M. Lazure: C'est un cas d'exception, oui. Je tiens pour acquis
que c'est un cas d'exception; 500, pour une fin de semaine, cela me
paraît un peu exagéré.
M. Saindon: Disons que je l'ai vu, à plusieurs reprises,
sur différents patients en provenance de deux institutions en
particulier.
D'un autre côté, si on considère la clientèle
ordinaire, les gens du service qui ont leur carte de médicaments
gratuits, il y a beaucoup moins de tendance à retrouver là une
surconsommation. Une chose est certaine, il faut admettre que certains
médecins ont peut-être une trop grande facilité à
prescrire. Ils se laissent entraîner à la demande des patients. Il
y a certainement une trop grande facilité, là. Il y a aussi un
point qui n'aide pas à diminuer les coûts de
l'assurance-médicaments, c'est le fait qu'un lot de médicaments
composés sont exclus de la liste des médicaments.
Bien des fois, on veut prescrire un médicament qui s'impose et au
lieu de donner une prescription, si on veut avoir le même résultat
il faut en donner deux et parfois trois, ce qui augmente sensiblement le
coût des médicaments. Je me demande s'il n'y aurait pas
intérêt, dans le choix, dans la liste des médicaments,
à inclure certains médicaments composés de façon
à éviter la prescription de deux ou trois médicaments pour
en remplacer un seul.
M. Lazure: C'est un problème qui a été
longuement débattu, même ici, en commission parlementaire, dans
les années passées. Il y a eu certaines exceptions. C'est
lié aux critères, dont parlait M. Forget, de qualité et
d'opportunité qu'on a laissés, à toutes fins pratiques, au
comité de pharmacologie qui est composé d'experts dans le
domaine. Ils ont fait un certain nombre d'exceptions pour introduire quelques
médicaments composés, mais il y a une assez grande
résistance de la part des pharmacologues et des spécialistes
à introduire un trop grand nombre de médicaments composés,
compte tenu d'expertises scientifiques qui ont prouvé que, dans la
plupart des cas, les doses ne sont pas ajustables et qu'il y a plus
d'inconvénients.
M. Saindon: Oh!
M. Lazure: C'est un débat qui se poursuit. Il y a eu
certains aménagements, il y a eu un certain nombre de médicaments
composés qui ont été ajoutés. Le comité est
très résistant.
M. Saindon: Je peux peut-être les comprendre. C'est
sûr qu'il est énormément plus payant pour un pharmacien de
recevoir trois prescriptions au lieu d'en recevoir une. Il reste que si on
considère l'efficacité du traitement, ils n'ont absolument aucune
raison d'être aussi réticents et même de refuser d'inscrire
sur la liste un certain nombre de médicaments composés.
Je ne parle pas d'inscrire tous les médicaments qui arrivent,
mais d'en inscrire quand même un certain nombre.
M. Lazure: Je voudrais juste défendre le comité
dans le sens que les membre du comité ne sont pas des pharmaciens en
pratique qui ont comme mandat de mousser la vente de médicaments.
M. Saindon: C'est justement! S'ils étaient en pratique,
ils seraient peut-être plus pratiques, aussi!
M. Lazure: Ce sont des gens qui ont fait une carrière
scientifique dans ce domaine, en général. Il y a des pharmaciens
d'hôpitaux, qui sont membres du comité de pharmacologie, et ils
conseillent le gouvernement, dans ce domaine, à partir d'une expertise
scientifique.
M. Saindon: Vous n'auriez pas un médecin qui a
déjà pratiqué, à ce comité? Cela aiderait
peut-être.
M. Lazure: Je pense que ce serait une bonne suggestion, M. le
député d'Argenteuil, j'en prends note. C'est une bonne
suggestion.
M. Saindon: Quelqu'un qui a déjà pratiqué,
n'en prenez pas un autre.
M. Lazure: Oui d'accord. Pour revenir à votre autre
question, sur le type de médicament où il semble y avoir le plus
d'abus. On a d'autres chiffres intéressants. Il y a peut-être une
chose qui est intéressante, c'est que, sur la liste des 3000 et plus
faite par le Conseil consultatif de pharmacologie, 50 produits cela
représente 40% du total des médicaments qui sont facturés
à la régie. Cela veut dire que cela se limite dans le fond
à un petit nombre.
M. Saindon: Cinquante sont...
M. Lazure: 50 produits, cela représente 40% des
coûts. Si on prend 50 pilules, je ne les énumérerai point,
sur les 3000, mais...
M. Saindon: Sur les 3000.
M. Lazure: ...mettons, l'aldomet est dans cela, le valium, le sig
dalmane, l'indéral, aldactone, metamucil, entrophen, ces 50 produits
représentent 40% des coûts.
M. Saindon: Je pense bien qu'on ne pratique pas tous de la
même façon. Je peux vous dire, pour ma part, que quand j'ai besoin
d'un médicament, que je sais que mon patient en a besoin, si le
médicament breveté et composé n'est pas dans la liste, ne
vous en faites pas, je fais le tour. Si cela en prend, deux, ou trois ou
quatre, il va en avoir deux ou trois ou quatre, parce que c'est ce que je veux
avoir. À ce moment-là, vous m'obligez à donner trois ou
quatre prescriptions au lieu d'une. Tout le monde fait comme moi. Alors le
comité pourra amener les alibis qu'il veut, je pense que ce n'est pas
très valable.
M. Lazure: Ajouté à ce que disait le ministre des
Affaires sociales tantôt, c'est que les médicaments du
système nerveux central constituent, depuis le début du
régime, le principal remède, puis cela représente entre
35% et 38% de toutes les prescriptions payées. Dans cela on mentionne
qu'environ 50% des prescriptions de cette classe sont des psychotropes, soient
des antidépresseurs et des tranquillisants. Au second rang ce sont des
hormones, les substituts et au troisième rang ce sont les
anti-infectieux, qui représentent 8%.
Alors cela donne une idée un peu. On en manipule quand même
pour $55 millions dans l'année qui s'en vient.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire, sur le même sujet.
M. Forget: Je n'ai pas terminé, M. le Président.
Pour enchaîner sur la question qui vient d'être posée par
mon collègue le député d'Argenteuil, le ministre,
lorsqu'on lui a demandé dans quel domaine en particulier il y avait abus
de consommation, a dit: Le domaine des neuroleptiques et c'est probablement
celui qui est le plus évident. Sans exprimer personnellement d'opinion
là-dessus, je vois mal en quoi on est en face d'un raisonnement qui se
suit, à moins qu'on ait changé complètement de sujet; il
ne semble pas tout de même. Nous sommes partis de la proposition du
ministre selon laquelle il y avait de façon générale un
abus de consommation et de l'hypothèse selon laquelle des restrictions
quant à la liste, quant au contenu de la liste pourraient être une
réponse à l'abus de consommation. J'ai cité moi-même
des exemples, tels que les placebos puisque, évidemment, on pourrait
concevoir une liste qui ne comporte aucun de ces éléments, qui
serait plus courte. Je ne sais pas si cela affecterait la consommation,
probablement dans une certaine mesure, à supposer que la gratuité
encourage la consommation, mais j'imagine mal qu'on retranche de la liste des
médicaments les neuroleptiques.
M. Lazure: ...dans mon esprit de les retrancher,
évidemment.
M. Forget: Je suis heureux que le ministre le mentionne, mais
cela indique très clairement que la possibilité de
contrôler la consommation, par des modifications à la liste, est
extrêmement mince, si même elle existe du tout, et à mon
avis elle n'existe pas, même si le nombre de neuroleptiques baissait
parce qu'on adoptait un critère économique plus restrictif, soit
qu'on adapte la médiane comme méthode de paiement soit qu'on
élimine tout bonnement tous les médicaments d'une même
catégorie qui sont produits par des fabricants dont le coût est
plus élevé que la médiane où plus
élevé que les trois médicaments les moins chers.
Il reste que la consommation se reporterait d'une marque à une
autre sans nécessairement influencer la consommation. Je ne vois pas en
quoi l'action portant sur la liste elle-même pourrait changer le
problème de la consommation.
Le but de ma question, M. le Président, n'est pas de
considérer toutes sortes d'hypothèses, mais il reste que nous
sommes devant une intention de créer une régie d'État et
le ministre a dit que c'est pour contrôler la consommation. Un des
principaux objectifs d'une telle régie serait présumément
de rendre applicable à toute la population une liste plus restreinte. Je
ne vois pas en quoi on peut de cette façon affecter la consommation.
Est-ce que le problème n'est pas médical essentiellement? Tant
qu'il y aura des ordonnances "excessives" il y aura une consommation
"excessive". Je mets "excessive" entre guillemets dans les deux cas.
M. Lazure: M. le Président, d'abord, c'est évident
que dans mon esprit la régie n'aura pas comme rôle principal de
contribuer à diminuer la consommation de médicaments. Ce sera un
des nombreux rôles de la régie. J'ai dit tantôt que
réviser la liste à la baisse peut aussi contribuer dans une
certaine mesure à baisser la consommation. Il est bien clair, et je l'ai
répété à plusieurs repri-
ses ce sont quelques moyens que la cause principale de la
consommation n'est pas là. Je la décrirais comme triple, cette
clause principale. C'est à la fois une tendance de la part des
médecins à trop prescrire, mais à la fois aussi une
tendance de la part du personnel, par exemple, dans un milieu hospitalier, qui
fait des pressions auprès du médecin pour qu'il y ait
prescription, surtout quand il s'agit de malades psychiatriques, mais
même dans le cas de malades soi disant physiques. Troisièmement,
le public lui-même est habitué à voir une espèce de
caractère magique au remède, au médicament, à la
pilule. Le public qui va chez le médecin et qui repart sans prescription
est un peu déçu. C'est un peu comme s'il n'avait pas vu un vrai
médecin.
C'est un problème extrêmement complexe. Il est bien
sûr que la liste ou la régie, cela restera des choses secondaires.
La chose primordiale, c'est une campagne d'éducation à commencer
par l'école, dès le bas âge, enseigner aux gens à
tolérer un peu l'angoisse, la dépression, les inquiétudes
sans recourir aux médicaments tout de suite. Donc, la campagne
d'éducation peut être une des responsabilités nombreuses
d'une régie, une campagne d'éducation qui n'a pas besoin
d'attendre la création d'une régie pour commencer.
J'espérerais qu'avec le ministère de l'Éducation on puisse
commencer quelque chose dans les écoles qui aurait pour effet de moins
créer d'attente auprès de la population, une attente du
médicament magique. Il est bien sûr que c'est à ces trois
niveaux du patient, du corps médical et des employés
d'hôpitaux, aussi, qui font énormément de pressions pour
que le médecin prescrive souvent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais revenir sur le
sujet, parce que je pense que le ministre vient de démontrer très
brillamment qu'il n'a pas besoin d'une régie d'État dans le
domaine des médicaments.
Il a énuméré trois raisons pour lesquelles il peut
y avoir une surconsommation. Pour chacune des trois raisons, la régie
d'État envisagée par son gouvernement, du moins par le programme
du Parti québécois, est absolument sans effet, sans influence. Je
ne vois pas comment une régie d'État va influencer les attentes
du public. On n'a certainement pas besoin d'une régie d'État pour
faire un programme d'information dans les écoles ou dans le grand
public. Il y a des budgets d'information au ministère qui peuvent servir
à cela dès maintenant; on n'a pas besoin d'attendre à la
fin du mandat, comme il le suggérait tout à l'heure, pour le
faire.
M. Lazure: C'est exactement ce que je viens de dire.
M. Forget: Donc, on n'en a pas besoin pour cela. On en aurait
peut-être besoin pour influencer la profession médicale, mais je
ne vois pas de quelle façon une régie va le faire. On n'en a pas
besoin non plus, ce qui serait également impossible, pour influencer le
climat à l'intérieur des éta- blissements de santé
et des hôpitaux. Je ne vois pas en quoi une régie va influencer le
climat, les attentes, les attitudes, les pressions qui peuvent exister entre
différentes catégories de professionnels.
Si, malgré tout, on fait vivre cette idée de régie
d'État en disant: Ce n'est pas cette année, peut-être pas
l'an prochain, mais cela va sûrement venir, alors qu'on vient de
démontrer que cela ne sert pas à contrôler la
surconsommation alléguée, c'est dans quel but? Est-ce dans le but
de changer complètement le statut de la profession pharmaceutique, par
exemple? Il n'y a pas d'erreur que, du côté des pharmaciens, on se
pose beaucoup de questions sur une régie d'État. Comme le
ministre est engagé dans une négociation avec l'AQPP,
l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires,
c'est un sujet qui est susceptible de sous-tendre en entier ces
négociations. On va essayer de se placer les pieds d'une façon ou
d'une autre. Il m'apparaît important que le ministre profite de cette
discussion en commission parlementaire pour indiquer un peu plus clairement
où on s'en va de ce côté. Est-ce que la question de la
régie d'État est reléguée aux oubliettes? Quant
à moi, je serais un peu porté à en arriver à cette
conclusion en écoutant le ministre qui dit: "d'ici la fin du mandat". On
sait que ça peut être le dernier jour avant la fin du mandat, donc
que cela ne se fera pas. Cela peut être complètement
oublié. Les trois raisons qu'il invoque pour la créer, il vient
de les démolir lui-même.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, le
député de Saint-Laurent me fait dire des choses que je n'ai
évidemment pas dites. J'ai bien expliqué, au tout début de
mes remarques, concernant la future régie, que c'est une régie
qui exercerait un contrôle sur la fabrication des médicaments, la
distribution des médicaments, la vente des médicaments, la
publicité concernant les médicaments et d'autres fonctions, mais
ce sont les principales.
Ce n'est pas parce que l'éducation populaire ou
l'éducation du personnel sanitaire peut être faite par d'autres
organismes, et cela dans un avenir prochain, ce n'est pas parce que la
régie aurait un rôle plutôt secondaire dans ce domaine qu'il
faut conclure qu'elle n'est pas nécessaire.
Encore une fois, la régie aura plusieurs fonctions, en
particulier concernant le réseau de distribution. Cela peut inclure
aussi, par hypothèse, l'achat de médicaments de façon
centrale, la négociation de certains prix de médicaments avec
certaines maisons pharmaceutiques.
C'est tout simplement prématuré d'aller dans les
détails de la discussion. Cette régie, j'ai dit tantôt
qu'on espérait l'implanter au cours du premier mandat. Je ne peux pas en
dire plus, pour le moment.
M. Forget: C'est donc une régie qui agirait comme
grossiste, comme exploiteur de pharmacie.
M. Lazure: C'est une de ses fonctions.
M. Saindon: Je voudrais en revenir...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. M. le
député de Pointe-Claire.
M. Saindon: Excusez!
M. Shaw: Deux choses. Premièrement, est-ce que votre
régie va s'occuper des "over the counter drugs sales?" Vous parlez des
médicaments prescrits mais vous avez aussi des médicaments "over
the counter" qui peuvent être achetés...
M. Lazure: Des médicaments brevetés, vous voulez
dire?
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: Je ne sais pas. L'étude n'est pas encore finie,
loin de là. C'est trop tôt pour répondre à une telle
question.
M. Forget: Si elle n'est pas finie, est-ce qu'elle est
commencée?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Est-ce qu'il y a un comité dont vous pourriez
nous indiquer la composition qui a été formé avec ce
mandat?
M. Lazure: II n'y a pas de comité, l'étude est
commencée mais il n'y a pas de comité officiel encore de
créé. Si vous parlez d'un comité en rapport avec la
régie, il y a, évidemment, le Comité de pharmacologie dont
on parlait tantôt.
M. Forget: C'est cela.
M. Lazure: II n'y a pas de comité ad hoc spécifique
pour la régie, mais les discussions sont commencées.
M. Forget: Avec qui?
M. Lazure: À l'intérieur du ministère, pour
le moment.
M. Forget: Mais personne n'est chargé
spécifiquement de cette tâche?
M. Lazure: Dans le moment? Non, sauf le ministre.
M. Forget: Ce n'est pas pour demain.
M. Shaw: Cela peut être les médicaments qui ne sont
pas prescrits qui doivent être couverts dans le contexte de cette
régie.
M. Lazure: Pardon?
M. Shaw: Des médicaments qui ne sont pas prescrits peuvent
être...
M. Lazure: ...brevetés. Cela pourrait, par hypo-
thèse. Je ne l'exclus pas. La régie pourrait avoir une
juridiction qui s'étendrait aux médicaments brevetés.
M. Shaw: Nous avons, à Montréal, 85% de toutes les
compagnies pharmaceutiques du Canada.
M. Lazure: Les usines de fabrication...
M. Shaw: ...85% sont à Montréal. Nous avons trois
questions dans ce domaine. Premièrement, avec votre régie,
qu'est-ce qui va arriver du contrôle de la qualité?
Deuxièmement, la question des recherches, parce que cela prend des
profits pour avoir assez d'argent pour les recherches qui, maintenant, sont pas
mal dispendieuses. Cela coûte des sommes exorbitantes pour lancer un
nouveau médicament sur le marché. Troisièmement, pour
contrôler encore la prédominance de ces compagnies sur le
marché économique du Québec. Il y a trois situations qui
sont menacées. Premièrement, la question du contrôle de la
qualité. Si vous avez autant de compagnies dans une région, vous
avez la concurrence et, avec cela, vous avez une augmentation du contrôle
de la qualité. Deuxièmement, la question de la recherche, parce
que c'est avec les profits de ces compagnies que les recherches sont faites.
Troisièmement, c'est une région de notre économie du
Québec qui est très importante. Est-ce que votre régie va
menacer les compagnies pharmaceutiques?
M. Lazure: M. le Président, j'ai eu l'occasion
déjà, il y a environ trois mois, de rencontrer le directeur
général de l'Association des manufacturiers de produits
pharmaceutiques. Son quartier général est situé à
Ottawa je ne vois pas pourquoi c'est à Ottawa si 80% de la
fabrication se fait au Québec, j'en doute un peu, ce n'est pas le
chiffre qu'il me donnait. Le chiffre qu'il me donnait, c'était
plutôt dans les 40% ou 50%, mais enfin peu importe. J'ai assuré le
directeur général, dont j'oublie le nom, qu'il y aura des
consultations en temps et lieu avec son organisme qui regroupe tous les
manufacturiers de produits pharmaceutiques au Canada.
Cette persistance à poser des questions de détails sur le
rôle de la régie et le cadre dans lequel la régie
hypothétique fonctionnera me rappelle un peu l'insistance d'un parti de
l'Opposition, un en particulier, à l'Assemblée nationale, qui
revient constamment sur le référendum.
M. Forget: C'est normal.
M. Lazure: Oui, c'est normal que vous posiez des questions, mais
c'est normal aussi qu'on ne puisse pas donner des réponses plus
précises quand l'état de l'étude de la question n'est pas
avancé. Ce n'est pas parce que je veux me défiler devant vos
questions, c'est tout simplement que les données ne sont pas suffisantes
pour pouvoir répondre dans le moment.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais intervenir sur ces
commentaires du ministre, parce que je pense qu'il change le sens de ses
réponses et des questions. Je crois qu'il devrait être
reconnaissant à l'Opposition de lui fournir une tribune pour expliquer
ses intentions. Il ne s'agit pas de détails.
Quand on a dans un programme politique l'idée de changer
complètement le contexte dans lequel se fait la distribution des
médicaments, leur production, la publicité, la prescription et la
distribution, je crois qu'on a un peu une obligation, particulièrement
lorsqu'on est ministre des Affaires sociales, d'indiquer, si oui ou non, on a
conçu clairement les objectifs auxquels cela doit servir. Je crois que
la population a quand même le droit de savoir un peu, avant la veille du
dépôt d'un projet de loi, ce qu'il y a dans l'esprit du ministre,
quelle est l'intention du gouvernement relativement à un sujet qui
affecte quand même un peu plus de monde que ceux qui sont
représentés ici, qui sont ici présents dans la salle. Ce
ne sont pas du tout des détails qu'on demande, on demande tout
simplement à quoi cela va servir. On a eu le remarquable spectacle, M.
le Président, d'avoir l'aveu du ministre qui, dans le fond, ne sait pas
du tout à quoi cela va servir.
Pourquoi ne pas dire tout simplement, qu'il ne le sait pas pour le
moment, que c'est une proposition qui se trouve dans le programme du parti, que
pour le moment c'est le statu quo et que, lorsqu'il se sera convaincu
lui-même qu'il y a un but précis et qu'il y a des moyens efficaces
pour atteindre ce but, alors il en fera part au public. Au contraire, il
s'amuse à dire: Vous savez, tout cela, on va tout faire cela, et, quand
il se rend compte qu'un argument n'est pas bon, il change d'argument, il en
prend un deuxième. Finalement on va terminer cette discussion avec pas
plus de renseignements sur les intentions du gouvernement, mais avec, au moins,
cette information-ci, qui n'est pas très rassurante, que le gouvernement
a encore de vagues intentions, qu'il ne sait pas, lui-même, expliciter.
Il n'a même pas le courage de dire: Voici ce vers quoi nous voulons
aller, ou ce que nous voulons éviter, quels sont les moyens
privilégiés. On n'a rien, c'est à l'étude par
personne d'ailleurs, pour un objectif indéterminé, pour des
moyens qui ne sont absolument pas prouvés essentiels pour obtenir une
fin quelconque qui soit intéressante pour le public. Quand même,
qu'on ait le courage de dire qu'on tient l'objectif et de le définir.
Faire des réunions et des comités pour étudier des
possibilités, c'est clair que cela ne donnera rien. On n'a même
pas un objectif à nous proposer.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Saint-Laurent donne son spectacle, il est en grande forme, ce matin.
M. Forget: Non, malheureusement, je ne suis pas en forme.
M. Lazure: Même si je vous le disais sur le journal qu'il
avait été malade il y a quelques jours, je vois qu'il est assez
en forme, il combat bien sa maladie, avec ou sans médicaments.
M. Forget: Sans médicaments. Je me méfie toujours
des médicaments. C'est au moins ça.
M. Lazure: Je pense que le député de Saint-Laurent
charrie, encore une fois, il exagère grossièrement. M. le
député de Saint-Laurent, encore une fois, se met dans le
rôle de celui qui donne des leçons au ministre actuel des Affaires
sociales. M. le député de Saint-Laurent a été
ministre des Affaires sociales durant trois ans, a été avant cela
un sous-ministre adjoint. Bien sûr, il a beaucoup d'assurance quand il
parle des Affaires sociales, c'est normal, après avoir passé six
ans dans une boîte comme celle-là. Mais M. le député
de Saint-Laurent ne viendra pas quand même, sans riposte, essayer de
ridiculiser le ministre actuel des Affaires sociales.
M. Forget: Je n'ai pas du tout l'intention de ridiculiser le
ministre, je veux simplement qu'il nous enseigne ce qu'il pense.
M. Lazure: Vous parlez d'abondance, je vous laisse parler. Je
n'ai pas l'intention de tolérer une telle situation sans riposter. Vous
essayer de ridiculiser ce projet d'une régie qui est dans le programme.
Je vous ai dit très sérieusement notre intention, à
l'intérieur d'un premier mandat, et je vous rappelle qu'un premier
mandat veut dire qu'il reste encore quatre ans et demi. Je pense qu'il n'y a
pas de quoi rire ou faire rire la galerie que d'avouer que les études ne
sont pas assez avancées pour donner plus de renseignements, et je m'en
tiens à cela.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, au sujet de la régie
de contrôle, je ne voudrais pas, remarquez bien, me lancer dans une
polémique avec le ministre. Je me pose la question depuis que, comme
tout le monde, j'ai pris connaissance de la volonté du gouvernement
d'installer cette régie de contrôle. Je me pose des questions
parce que je me demande, premièrement, ce que la régie de
contrôle va exactement faire. Est-ce que la régie aura les
spécialistes nécessaires? On sait qu'il y a, actuellement, des
inspecteurs du gouvernement qui sont en place pour examiner la fabrication, le
contrôle de la fabrication, le contenu, ainsi de suite. Le service que le
gouvernement fédéral donne, jusqu'à ce jour je pense qu'on
s'en est arrangé assez facilement avec bon droit; je me demande,
à ce moment, ce qu'une nouvelle régie va venir faire. Il me
semble qu'il y a un dédoublement de tâches, à ce
moment.
Pensez-vous, M. le ministre, que les inspecteurs du gouvernement du
Québec, de la Régie de l'assurance-maladie ou du ministère
des Affaires sociales vont être capables de faire changer la fabrication
des médicaments de certaines compagnies, par exemple je ne parle
pas des compagnies de broche à foin, il y en a plusieurs qui ont
été fermées à ce jour des grosses compagnies
responsables, qui ont un tas de spécialistes? Je
me rappelle l'enquête royale qui a été faite aux
États-Unis, en 1960, sur les accusations de profits exorbitants que
Wyeth aurait faits. L'enquête royale a été faite et on a
découvert à la fin de l'année que le programme de
recherches de la compagnie Wyeth aux États-Unis a coûté $55
millions. À ce moment, la compagnie a dit au gouvernement
américain: Si vous voulez qu'on réduise nos profits, vous allez
prendre notre programme de recherches. Ce n'est certainement pas un organisme
comme celui du gouvernement du Québec qui pourrait aller contrôler
la fabrication des médicaments dans les compagnies au Québec.
Maintenant, les médicaments qui sont importés, comment
allez-vous faire pour les contrôler? Envoyer quelqu'un sur place? Pour
toutes ces raisons, je pense, M. le ministre, que si nous avions une
séance spéciale pour discuter le cas de la régie, il y
aurait peut-être possibilité de vous convaincre que vous installez
un nouvel organisme qui, à mon avis, et comme mes collègues le
disent, me semble, sinon superflu... Si je ne dis pas superflu, je me demande
de quel qualificatif je vais l'affubler...
Dans la même veine d'idées, on n'est même pas
capable, au programme du choix des médicaments, d'être le
moindrement réaliste. Je vais vous donner un exemple. Prenez les
ferments lactiques, qui ne sont même pas à la liste des
médicaments. De deux choses l'une. Lorsque en pratique vous devez
le savoir vous allez traiter un enfant pour une infection qui
nécessite des antibiotiques, vous avez le choix entre les injections ou
la médication par la bouche. Vous avez moins de chance, si vous donnez
vos médicaments par injection, de créer des diarrhées
médicamenteuses. Donnez-les par la bouche, si votre traitement
nécessite l'ingestion d'antibiotiques oraux sur une période assez
longue, vous pouvez vous réveiller vous le savez aussi bien que
moi avec des cas de diarrhée chimique. Pourquoi ne pas avoir
quelques ferments lactiques, n'importe lequel, il y en a plusieurs sur le
marché, je le sais, je parle en connaissance de cause. Tout le monde
sait, à ce moment, qu'on est obligé de faire payer aux pauvres
patients le médicament. Lorsqu'il s'agit d'assistés sociaux,
heureusement que les compagnies de produits pharmaceutiques nous en donnent
gratuitement, et comme ces patients n'ont pas le moyen de le payer
très souvent on le leur donne et cela règle le
problème.
Mais pourquoi ne les auriez-vous pas sur la liste? Ce n'est qu'un
exemple.
M. Lazure: M. le Président, pour commencer par la fin de
l'intervention du député d'Argenteuil, je peux simplement vous
répéter que si le comité ne comprend pas un médecin
de pratique générale, en particulier, je pense qu'il devrait en
comprendre un. Je ne l'ai pas établi. Je pense que c'est plutôt
mon prédécesseur qui avait, à ce moment, peut-être
un droit de regard. Moi, je vais regarder la composition actuelle...
M. Saindon: De grâce n'en mettez pas à la
régie, je ne voudrais pas lui faire cette insulte.
M. Lazure: J'étais en train de vous dire qu'on peut
s'engager à ce qu'il y ait un médecin de médecine
générale pour qu'on puisse avoir des suggestions pertinentes,
comme celle que le député d'Argenteuil est en train de faire.
Pour revenir à la régie, encore une fois, je vous ai dit
tantôt que j'avais assuré, il y a déjà deux ou trois
mois, a l'Association des manufacturiers qu'il y aurait consultation, un peu
plus tard, au moment opportun.
M. Saindon: On ne pourrait pas avoir une séance
complète là-dessus pour en discuter?
M. Lazure: Je pense que c'est prématuré. C'est un
peu comme quand vous voulez connaître la date du référendum
ou la question du référendum. Je pense que vous devez admettre
une fois pour toutes que le gouvernement a le droit et le devoir de faire des
études sérieuses avant de faire une séance d'information
publique.
M. Saindon: Mais avoir une séance entière ou aussi
longue que ce sera nécessaire de la commission? Je pense qu'avant de
faire des dépenses comme celles-là avec un comité
consultatif et cinquante affaires, qu'il y aurait peut-être
intérêt à passer par la commission s'il y a moyen.
M. Lazure: Entendez-vous dans votre parti, dans l'Opposition,
parce que votre collègue de Saint-Laurent disait tantôt: II n'y a
pas d'études de faites, cela n'a pas de sens; il devrait y avoir un
comité à l'étude déjà. Vous dites: Faisons
d'abord une séance d'information avant de dépenser de l'argent
pour le comité.
M. Saindon: Non, je pense qu'on est capable...
M. Lazure: La suggestion d'une commission parlementaire,
éventuellement, sur la future régie, je la retiens, mais je pense
que, pour le moment, c'est prématuré.
M. Saindon: Moi, j'offrais nos services parce qu'ils ne
coûtent rien, plutôt que de vous laisser dépenser pour une
étude qui n'en finira plus.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 1 adopté?
M. Forget: Oh non!
M. Saindon: On pourrait s'entendre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Shaw: M. le Président...
M. Forget: Est-ce sur le même sujet, celui de la
régie?
M. Shaw: Je voudrais parler encore des soins dentaires.
Assistance-médicaments
M. Forget: Si vous le permettez, alors, je vais continuer sur la
question des médicaments, puisque c'est celle que nous avons
abordée.
Laissant de côté cette question d'une problématique
régie d'État, qui verra peut-être le jour en temps
opportun, est-ce que le ministre pourrait nous donner une indication claire de
ses intentions sur un sujet beaucoup plus immédiat et auquel il a fait
allusion tout à l'heure, c'est-à-dire l'extension de la
couverture du régime d'assistance-médicaments pour les personnes
âgées? Actuellement, il y a deux tiers des personnes
âgées qui sont couvertes et le dernier tiers, ce sont ceux qui,
relativement parlant, sont les plus fortunés, ceux dont le revenu est
supérieur à un certain barème qui les rend inadmissibles
au supplément de revenu annuel garanti.
Il avait indiqué, dès le mois de décembre ou
janvier, que ce programme commencerait, serait effectif à compter du
début de février et, plus tard, dès le début de la
session du printemps de l'Assemblée nationale. On est rendu plusieurs
mois après cette date et, après inspection du budget pour
l'année j'aimerais qu'on me dise que c'est une mauvaise lecture
de ce budget il me semble qu'il n'y a effectivement aucune
prévision financière qui a été faite pour permettre
l'extension de la couverture dès cette année.
Est-ce exact que cet engagement a été reporté
à plus tard?
M. Lazure: Je vais tirer cela au clair. Je n'ai pas
déclaré que cette extension serait en vigueur en février;
tout ce qui a été dit, c'était que les amendements
nécessaires seraient présentés en temps et lieu. Je peux
vous assurer qu'ils vont être présentés avant l'ajournement
d'été. Je peux vous assurer cela. Les crédits sont inclus
dans les prévisions du budget de la Régie de l'assurance-maladie.
Les amendements nécessaires seront présentés avant
l'ajournement d'été et l'application de cette nouvelle
couverture, si vous voulez, serait probablement pour le début de
l'automne.
M. Forget: Dans les crédits qui sont prévus pour
cela, quelle est la somme qui a été prévue? Sur combien de
mois, autrement dit, a-t-on prévu le fonctionnement du programme?
M. Lazure: Le programme a été prévu pour
nous, à la régie, à compter du 1er octobre. C'est une
période de six mois dans le budget de 1977/78.
M. Forget: Octobre 1977.
M. Lazure: C'est cela. Et le montant est entre $6 millions et $7
millions, pour couvrir 168 000 personnes.
M. Forget: Quel est le coût actuel de la couverture pour
les personnes âgées?
M. Lazure: Dans le budget de 1977/78, le coût pour les
personnes âgées est de $26 millions versus $29 millions pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. Le nombre de
bénéficiaires de l'aide sociale est d'environ 450 000; le nombre
des personnes âgées de 65 ans et plus, qui ont droit au
supplément du revenu garanti, est autour de 310 000.
M. Forget: C'est donc dire que le coût anticipé est
d'environ $13 millions pour une année complète.
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: Et on prévoit six mois cette année, donc
une somme de $7 millions. Est-ce que l'introduction de ce programme va
s'accompagner d'une modification des règles du programme existant ou si
c'est une extension pure et simple, sans aucune modification?
M. Lazure: C'est l'extension, à toutes fins pratiques, du
programme existant.
M. Forget: Je vois. Donc, les propositions d'une franchise ou
d'une couverture partielle, ce sont des propositions qui ne sont pas
envisagées dans le contexte du programme de médicaments
actuel?
M. Lazure: Cela encore une fois va être dit au moment du
dépôt des modifications, à l'Assemblée
nationale.
M. Forget: Comme on regarde les crédits, il est assez
pertinent de savoir pour quelles fins on nous demande de voter des
crédits?
M. Lazure: Nous aurons l'occasion de discuter des modifications
à la loi.
M. Forget: Non, non, aujourd'hui c'est l'occasion de discuter des
crédits.
M. Lazure: On vous a répondu sur les crédits, on
vous dit qu'on a réservé une somme...
M. Forget: Je ne considère pas que c'est une
réponse.
M. Lazure: ... pour six mois...
M. Forget: S'il y a une franchise, il y a une somme qui est
retenue sur le paiement. S'il y a un paiement partiel seulement, cela va
nécessairement affecter les crédits. Alors je veux savoir si,
dans les crédits qu'on nous demande de voter, on nous demande de voter
des crédits pour une couverture totale ou une couverture partielle, puis
cela c'est absolument pertinent.
M. Lazure: Je viens de vous répondre que les
crédits sont prévus comme si c'était une extension du
régime actuel, donc sans frais modérateurs.
M. Forget: Sans aucuns frais modérateurs.
M. Lazure: S'il y a des frais modérateurs, cela voudra
dire qu'on dépensera un peu moins que prévu.
M. Forget: Mais cette possibilité n'est pas exclue dans le
moment, de frais modérateurs, dès le mois d'octobre.
M. Lazure: Elle n'est pas exclue. Encore une fois, ce sera
évidemment spécifié au moment du dépôt de la
modification à la Loi de l'assurance-maladie.
M. Forget: Très bien, cela c'est clair. Dans le cas d'une
universalisation, là, de toute manière, le problème de la
franchise se poserait, si je comprends bien, l'universalisation ne sera
envisagée que dans l'optique de l'établissement d'une
franchise.
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: Quelle est la rationnelle pour l'établissement
d'une franchise, dans un cadre d'universalisation?
M. Lazure: Écoutez, il y a une espèce de logique
qui est acceptée, comme je le disais tantôt, par la plupart des
pays qui ont un régime universel de médicaments gratuits et
certaines provinces, au moins une ici, le Manitoba, la Saskatchewan aussi, une
espèce de logique qui fait que les gens tiennent pour acquis que cela
peut contribuer jusqu'à un certain point, et encore là, je ne
pense pas qu'on puisse être catégorique sur le pourcentage de
surconsommation que cela élimine, mais il semble que, jusqu'à un
certain point, cela fait baisser la consommation.
Mais pour moi, l'argument majeur n'est pas cela. L'argument majeur en
est un de coût, purement et simplement, et je crois que dans
l'état actuel des finances du Québec, si on avait à
instaurer un régime universel, il serait quasiment impossible de le
défrayer à 100%. Pour moi c'est la principale logique des frais
modérateurs.
M. Forget: Mais il y a plusieurs façons de recouvrer en
partie le coût ou de faire partager en partie le coût par les
usagers d'un programme de médicaments. L'adoption d'une franchise, par
opposition, par exemple, à un paiement partiel, cela reflète une
philosophie donnée, cela reflète la philosophie d'une couverture
de risques élevés plutôt qu'une philosophie de
répartition de revenus.
M. Lazure: II y a effectivement plusieurs méthodes pour
réduire le coût dans un programme universel. Le président
de la régie m'informe justement qu'il y a eu une étude de faite
et qu'il y en a cinq. Peut-être que M. Laberge pourrait continuer et
expliquer ces différentes méthodes...
Si je peux me rappeler les cinq méthodes qui ont
été étudiées, on a étudié, d'abord,
le coût d'un régime universel pour la population de moins de 65
ans, les médicaments totalement gratuits. De mémoire, si j'inclus
les programmes actuels, cela dépassait les $100 millions, quelque chose
comme $115 millions ou $120 millions. On a, en un deuxième temps,
regardé ce que cela donnerait si on imposait des frais
modérateurs, soit $2, $2.50 ou $3. On a regardé une autre
possibilité qui est la franchise pure et simple. On a regardé
deux franchises: une franchises familiale, disons, de $50, on a regardé
également $40; on a regardé une franchise individuelle à
$40 ou à $50, puis on a regardé les coûts au bout de
cela.
Finalement on a regardé une coassurance et on a regardé,
en dernier lieu, et je pense que j'ai trouvé les cinq, la franchise plus
la coassurance pour ce qui dépasse le montant de la franchise.
Au bout de tout cela, dans l'étude qui a été faite,
je ne l'ai pas dans les mains ici, mais en gros c'est la façon dont on
s'est pris pour arriver et dire que cela coûtera tant ou tant selon le
moyen qu'on emploie. Il fallait faire une distinction entre la consommation
chez les personnes âgées et la consommation dans le régime
universel. Si on prend la consommation de médicaments chez les 10
à 30 ans, et d'après ce que vous avez dit tantôt vous
semblez être dans ce groupe, les gens consomment très peu de
médicaments même lorsqu'ils ont le rhume, alors que chez les
personnes âgées la consommation est beaucoup plus
élevée.
Pour se faire une base on est allé chez les
bénéficiaires d'aide sociale et on a pris la consommation par
groupe d'âge, de 50 à 65, de 40 à 50, en descendant comme
cela. On est arrivé à ces chiffres. Encore là c'est tout
simplement un travail qui a été fait. J'essaye de me rappeler si
on l'a remis au ministre des Affaires sociales ou au sous-ministre pour le
regarder et voir ce que cela donnait.
M. Forget: Si le ministre me permet un commentaire, je ne
voudrais pas qu'il croit que c'est inspiré par un désir malicieux
quelconque; je crois que c'est, malgré tout, simplement une
réaction spontanée. Il me semble qu'une franchise même
accompagnée de coassurance est susceptible d'entrer en conflit avec un
objectif de restreindre la consommation ou au moins de restreindre certaines
possibilités de consommation. Les personnes de revenus très
faibles, en particulier, qui sont en face d'une franchise vont, dans les cas
où elles s'approchent de la franchise elles seraient rendues
normalement à $60, si c'est une franchise de $80 pour une famille
faire des représentations, des pressions auprès de leur
médecin ou leur pharmacien pour, à la fin de l'année,
multiplier les ordonnances de manière à se qualifier et se situer
au-delà de la franchise. Tout dépend comment s'applique la
franchise, si on paye l'excédent ou si on paye tout, pour ceux qui
dépassent l'excédent. Il y a deux façons de l'appliquer.
Si oui, on a des problèmes pour compenser ceux qui sont dans des
situations économiques telles qu'ils ne peuvent pas payer même le
montant de la franchise, ce qui incite à un double système.
II m'apparaît que c'est un chemin semé d'embûches
dès qu'on va quitter le domaine, et on va le faire à l'automne,
d'un régime sélectif qui a un objectif de redistribution de
revenus beaucoup plus qu'un objectif médical. Le système actuel
est basé sur des critères de revenus exclusivement. Si on en fait
un début de régime universel on va immédiatement,
même avec une clientèle limitée aux personnes
âgées, poser des problèmes d'adopter d'autres
critères que celui de revenus, mais pas malgré tout perdre
conscience qu'il y a un critère de revenus qui s'applique et que, s'il y
a coassurance, des franchises, il va falloir des systèmes
séparés et additionnels pour permettre à ceux qui ont des
revenus très modestes de ne pas subir l'impact des franchises.
M. Lazure: M. le Président, comme la commission peut voir,
il y a des études sérieuses en cours. Il n'y a pas de
décision de prise évidemment en ce qui concerne le régime
universel de gratuité des médicaments. J'ai dit tantôt que
la raison principale pour laquelle il faut qu'il y ait franchise avec ou sans
coassurance, et les modalités ne sont pas arrêtées, loin de
là, mais la raison principale pour laquelle il faut qu'il y ait non pas
gratuité complète, mais une certaine forme de modération
financière c'est justement parce que la somme totale qui serait
nécessaire dépasse nos capacités de payer.
Nous continuons les études et nous allons tenir compte aussi que
quand il y a seulement les frais modérateurs il y a des études
qui tendent à démontrer que cela pénalise surtout les
économiquement faibles. Cela peut prendre une combinaison de
mécanismes et non pas un seul.
M. Forget: Ce qui est remarquable c'est que si on regarde le
coût moyen des médicaments pour une famille au Québec et
que l'on traite séparément les problèmes d'insuffisance de
revenu, comme c'est le cas dans le moment, et certains problèmes de
certains malades chroniques qui ont une couverture, de toute façon,
séparée dès maintenant, le coût moyen de
médicaments pour une famille n'est pas un chiffre très
élevé et ce n'est pas un facteur de non-accessibilité aux
médicaments.
On se trouve dans une situation assez paradoxale où, d'un
côté on prétend, peut-être avec justesse, mais encore
là les études ne sont pas non plus très concluantes,
à un excès de consommation. D'un autre côté on songe
à introduire un régime universel qui ne peut se justifier que par
un accroissement de l'accessibilité financière qui ne fait pas
face à des difficultés ou à des barrières
très considérables dans le moment parce que le montant moyen des
dépenses en médicaments pour une famille est un chiffre
très raisonnable. Ceux qui sont réellement dépourvus sur
le plan financier, les personnes âgées, les assistés
sociaux bénéficient de la gratuité de toute
façon.
Il est intéressant de se rendre compte qu'on assiste au
déroulement d'une logique qui est une logique peut-être un peu
électorale de l'universalisation d'un programme, sans que le besoin soit
clairement décrit ni perçu. S'il y a quelque chose, le besoin qui
est clairement décrit et perçu par le ministre, et non seulement
par le ministre, c'est un besoin de restreindre la consommation. On adopte des
moyens qui vont la stimuler. Les considérations de revenu qui
interviennent ont déjà des réponses. On va les compliquer
par l'universalisation parce qu'il va falloir un double système pour
rembourser les frais modérateurs ou des choses à certaines
catégories de la population. On complique le système à
plaisir sans une perception très claire de l'objectif qu'on va atteindre
de cette façon, même avec un peu une confusion dans les
objectifs.
Je comprends le ministre, je ne lui en fais pas reproche, tout le monde
est pris dans la vie avec des promesses et avec des engagements. Cela fait
partie d'une logique bien particulière. C'est un bon exemple de
l'endroit ou de la direction dans lesquels même les meilleures
volontés... On n'a pas affaire à un novice, M. le
Président, je me fais le devoir de le mentionner parce que le ministre a
fait état, tout à l'heure, de mes états de services au
ministère des Affaires sociales. Ce n'est pas faux d'ailleurs. Je dois
dire qu'on a en face de nous un médecin de 20 ans d'expérience
dans l'administration des hôpitaux comme conseiller des ministres
antérieurs dans l'administration et l'organisation du réseau de
soins psychiatriques. Il n'est pas injuste de lui poser ces questions. Il a
plus d'expérience que moi dans le domaine.
M. Lazure: Je ne me sens pas malheureux du tout d'avoir à
répéter encore une fois, parce que M. le député de
Saint-Laurent fait de la diversion, du patinage, de l'acrobatie, que
l'engagement précis de la campagne électorale était
très simple: gratuité des médicaments pour les personnes
âgées qui ne sont pas déjà couvertes. Je vous ai dit
tantôt qu'il y aurait le dépôt d'un amendement à la
Loi de la Régie de l'assurance-maladie avant l'ajournement de
l'été et que le programme commencera au début de
l'automne. Cela ne peut pas être plus clair.
M. Forget: C'est très clair. Je sais qu'il y a des...
M. Lazure: Deuxièmement, si l'évaluation du
député de Saint-Laurent veut que ce ne soit pas nécessaire
d'étendre cette gratuité aux personnes âgées, je ne
sais pas si c'est le jugement politique de son parti, mais c'est un jugement
pour le moins très contestable et très contesté par les
personnes âgées.
Deuxièmement c'est le seul engagement électoral qui
a été pris concernant les médicaments en ce qui
concerne un régime universel de médicaments gratuits pour la
population, je répète encore une fois, que c'est à
l'étude. Le député de Saint-Laurent tente de faire croire
que cela ne répondrait pas à un besoin de la population.
Là aussi...
M. Forget: M. le Président, j'ai dit qu'on ne savait pas
exactement à quel besoin cela correspondait.
M. Lazure: C'est exactement ce qu'on est en train
d'étudier. Ce n'est pas une aventure due à une promesse
électorale. Loin de là. C'est une avenue qu'on est en train
d'explorer, qui se situe dans le cadre de notre orientation
générale d'une social-démocratie dans laquelle on essaie
de rendre accessible non seulement les soins médicaux, les soins
hospitaliers, mais habituellement de rendre accessible aussi les
médicaments.
M. Forget: M. le Président, la social-démocratie il
faut prendre cela avec un grain de sel. Ce qu'on va faire, effectivement, c'est
donner des médicaments gratuits à des gens auxquels on n'applique
aucun critère de revenu. Si on commence à les donner à des
gens qui sont riches à 65 ans pourquoi ne les donnerait-on pas à
des gens qui sont riches à 64 ans?
Le. ministre va s'enferrer lui-même dans une argumentation qui va
l'amener inévitablement à céder à
l'universalisation, parce que dès qu'on abandonne le critère des
revenus pour les médicaments, il n'y a plus de raison de s'arrêter
en cours de route. Il l'abandonne, au 1er octobre on le sait; c'est
désormais un engagement ferme. À ce moment-là, pourquoi
pas l'étendre à ceux qui ont moins de 65 ans? Il abandonne le 1er
octobre les revenus comme critère déterminant à
l'accessibilité financière aux médicaments. Une fois
engagé sur cette voie, toutes les limites qu'il va mettre sont des
limites temporaires et purement arbitraires.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Saint-Laurent confond, encore une fois, deux choses bien distinctes,
l'extension de la couverture et la gratuité pour les personnes
âgées. Son jugement est que ce n'est pas nécessaire. Selon
mon jugement et le jugement de notre parti, du gouvernement actuel, c'est
nécessaire. Je pense que ce sera certainement moins compliqué
ce sera annoncé en temps et lieu par le dépôt des
amendements comme service additionnel aux personnes âgées
que le fameux programme d'impôt foncier scolaire que vous aviez
rapidement imaginé, peu de temps avant les élections, et qu'une
grande partie des personnes âgées ne comprennent même
pas.
M. Forget: Le ministre a fait son point, et on sait pourquoi il
l'a fait.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Deux choses. Premièrement, est-ce que
l'étude va être faite et présentée avant la fin de
cette session?
M. Lazure: L'étude sur l'universalité? M. Shaw:
Oui.
M. Lazure: Non, je parle de deux choses différentes.
M. Shaw: L'amendement lui-même va être
présenté.
M. Lazure: Avant l'ajournement de l'été.
M. Shaw: Deuxièmement, le contrôle des abus, est-ce
que l'ordinateur de la régie est conscient des abus des patients qui
vont voir deux ou quatre médecins pour chercher des ordonnances de
chacun d'eux? Est-ce que l'ordinateur peut localiser de tels abus?
M. Lazure: L'ordinateur est sans conscience, mais il est quand
même conscient qu'il y a des gens qui vont dans plusieurs pharmacies.
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: Ce qui est intéressant à noter je
vais le donner juste pour 1976 c'est qu'on a 955 000
bénéficiaires qui vont dans une pharmacie; 58 000
bénéficiaires qui vont dans deux pharmacies; 12 000 dans trois
pharmacies; 1600 dans quatre pharmacies. On en a 387 qui vont dans cinq
pharmacies et, dans plus de cinq pharmacies, on en a 267. On en a même
qui vont dans plus de dix pharmacies.
M. Shaw: II n'y a pas de moyen de faire une étude, parce
que c'est véritablement un abus.
M. Lazure: Je vais continuer. Le coût total, on a
passé par-dessus. On se rend compte que le coût par
bénéficiaire, pour ceux qui vont dans une pharmacie, varie entre
$12 et $20. Quand ils vont dans cinq pharmacies et plus, cela varie de $165
à $178. Le nombre de prescriptions en gros ce n'est pas tellement
révélateur par bénéficiaire, si on s'en
tient à une pharmacie, varie de 2,8 à 4,4, pour les années
1973, 1974, 1975 et 1976. C'est de deux à quatre prescriptions par
bénéficiaire. Si on va chez ceux qui vont dans beaucoup de
pharmacies, disons dans cinq pharmacies, c'est 25 prescriptions par
bénéficiaire; cela monte à 28 prescriptions en 1976. Ceux
qui vont dans plus de cinq pharmacies, c'est 34, 33, 49 et 38 prescriptions par
bénéficiaire. J'ai le coût par prescription. Plus loin, on
a identifié les bénéficiaires qui vont dans plusieurs
pharmacies. Ce qui m'a frappé au début, c'est de voir des
bénéficiaires qui recevaient au-delà de 100 prescriptions
par année. J'ai demandé une enquête sur les
bénéficiaires, sur les pharmacies et sur les prescripteurs pour
tous ceux qui sont en haut de 70 prescriptions par année. Il y en a qui
sont à 150 et 180 prescriptions par année.
M. Shaw: C'est évident qu'il y a des abus dans ce
domaine.
M. Lazure: Oui, mais, encore là, l'abus est relativement
petit. Disons, en 1976, dans plus de cinq pharmacies, il y a 267 personnes pour
$47 000 versus 955 000 personnes c'est 1 million pour $20
millions dans le programme. L'abus est marginal. On ne peut pas
généraliser et
dire que tout le monde consomme des médicaments de façon
épouvantable. Un million de personnes qui ont reçu pour $20
millions de médicaments à un coût moyen de $4.73, je pense
que c'est normal. Il reste que c'est 85%, peut-être plus, 90% de la
population qui est là et qu'on dessert.
M. Shaw: Deuxièmement, je voudrais poser quelques
questions sur les soins dentaires parce que je n'étais pas ici quand
vous avez discuté cela.
M. Forget: Avant de changer de sujet, est-ce qu'il serait
possible de terminer sur les médicaments?
Le Président (M. Marcoux): Si vous êtes d'accord, on
poursuit sur les médicaments avant d'arriver aux dents. M. le
député d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, suivant les échanges
entre le ministre et mon collègue de Saint-Laurent, propos d'ailleurs
très intéressants heureusement que j'ai su résister
à la tentation d'embarquer dans la discussion, cela aurait probablement
été passablement plus long je conclus que ce programme
universel de gratuité de médicaments représente quelque
chose comme, probablement, 50% de l'étatisation du service
pharmaceutique. J'aurais la question suivante au ministre, c'est une toute
petite question brève: Lorsque le 1er 50% aura été mis en
place, à quand la mise en place du 2e 50%, soit l'étatisation des
pharmacies elles-mêmes?
M. Lazure: Évidemment, c'est une affirmation gratuite que
le député d'Argenteuil fait. Vous concluez, de mes remarques, que
cela amène l'étatisation de 50%, c'est tout à fait
gratuit. Je vous ai dit que les études étaient en cours et c'est
certainement de la fantaisie que de dire qu'on a l'intention d'étatiser
la moitié des pharmacies. La deuxième partie de la question
devient encore plus impertinente une fois qu'on a répondu à la
première partie.
M. Saindon: Non, mais c'est une déduction logique.
M. Lazure: Votre logique, M. le député. M.
Forget: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Une dernière, peut-être, série de
questions relativement au programme des médicaments et cette fois-ci,
sur son administration. Il y a des détails un peu terre à terre
mais, malgré tout, le ministre est investi, par la loi, d'une
autorité considérable qui est de dresser la liste, en somme. Bien
sûr, c'est le Conseil consultatif de pharmacologie qui le conseille sur
ce sujet, mais la liste est effectivement publiée et mise en vigueur
sous l'autorité du ministre lui-même. Dans le passé, nous
avons eu, je crois que cela remonte à pas tellement longtemps, des
difficultés avec certaines compagnies, puisqu'il y a certaines
règles d'éthique, c'est le moins qu'on puisse dire, qui doivent
être appliquées dans la présentation au ministre de prix
qui doivent être inscrits sur la liste, prix qui sont censés
demeurer en vigueur pendant la période de validité de chaque
liste, qui est de six mois, comme on le sait. Évidemment, la
préparation de la liste s'étend elle-même sur quelques
mois, à chaque fois, ce qui veut dire que les compagnies doivent donner
des prix qui soient des prix vrais.
Il y a eu, dans le passé, des procédures qui ne pouvaient
pas mériter cette appellation flatteuse de prix vrais de la part de
certaines compagnies. Ce qui a été suivi de sanctions
extrêmement sévères qui, selon les informations que j'ai
obtenues récemment, ont pratiquement entraîné la faillite
de certaines de ces entreprises, de toute façon, qui les ont mises dans
une situation financière extrêmement précaire. Je crois que
c'est une pénalité qui est forte mais qui n'est pas
disproportionnée, étant donné l'importance du programme
comme client de ces producteurs. C'est un pouvoir économique qui doit
être utilisé à l'occasion.
J'aimerais savoir si, dans la préparation de la liste qui sortira
le 1er juillet, le ministre est satisfait de la façon dont se sont
comportés tous les producteurs et sinon, s'il a entrepris, s'il a pris
des mesures disciplinaires, analogues, peut-être, à celles qui ont
été prises dans le passé, qui consistaient en une
radiation temporaire vis-à-vis de certains fabricants qui auraient
dérogé aux règles d'éthique auxquelles j'ai fait
allusion.
M. Lazure: Je vais demander au sous-ministre de
répondre.
J'ai rencontré le docteur Larochelle, il y a environ un mois et
demi, et il semble que les mesures qui avaient été prises
à l'époque ont corrigé la situation pour l'ensemble des
producteurs.
À ma connaissance, il n'y a pas eu de communication
récente avec moi, sur ce sujet, depuis la rencontre, il n'y a pas eu
d'anomalie, il n'y a pas eu de gens qui se sont comportés de
façon à mériter des sanctions.
M. Forget: La raison pour laquelle je pose la question, c'est que
peut-être cela s'est perdu dans le dédale administratif, ce
sont des choses qui peuvent arriver il me semble qu'il y a eu de la part
de certains pharmaciens, ou d'au moins un pharmacien, une plainte qui a
été formulée au ministre relativement à un ou deux
producteurs et portant sur le produit qui porte le nom de commerce Bactrim, qui
est un produit de Hoffmann-La Roche. Il semble que cette chose a
été faite par écrit au ministre, il y a un certain temps,
et on demandait s'il y avait eu une action qui avait été prise
relativement à cela.
M. Lazure: M. le Président, je pense qu'il faudrait avoir
la copie de cette lettre. De mémoire, je ne me souviens pas avoir
été saisi de cette question.
Je rappelle à l'ex-ministre, député de
Saint-Laurent, l'ampleur du courrier qui arrive au ministère des
Affaires sociales.
M. Forget: J'en ai un souvenir encore douloureux.
Je me permets d'insister là-dessus, parce que je crois que c'est
important. Encore là, c'est une porte que je lui ouvre et je crois que
cela peut servir d'avertissement pour certains producteurs. Je croyais que
là peut-être il y avait eu une suite qui avait été
donnée à cette plainte, mais je peux très bien comprendre
effectivement, sans aucun reproche, que cela ait pu se perdre.
M. Lazure: Je prends note.
M. Forget: Si par hypothèse on révélait au
ministre des faits sérieux comportant, par exemple, ce n'est qu'un
exemple, une collusion entre deux producteurs d'un même produit mais
portant des marques de commerce différentes, à l'effet de
maintenir des prix ou de pratiquer des prix réels différents et
inférieurs aux prix publiés dans la liste, est-ce qu'il
adopterait sans hésiter ou immédiatement la politique de
radiation qui a déjà été prise et qui s'est
révélée efficace?
M. Lazure: Sans hésiter, je demanderais qu'on soit tout au
moins aussi sévère que mon prédécesseur l'a
été.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, je veux tout simplement
rectifier une erreur que j'ai commise, il y a quelques instants, lorsque j'ai
mentionné le programme de recherches de $55 millions pour une
année donnée faite par une compagnie de produits pharmaceutiques
aux États-Unis, la compagnie Wyeth; ce n'est pas la compagnie Wyeth,
c'est la compagnie Parke, Davis. Je voudrais simplement corriger cela.
Le Président (M. Marcoux): Maintenant sur le...
M. Forget: Avant qu'on change de sujet...
Le Président (M. Marcoux): Sur les médicaments?
M. Forget: Non, ce n'est pas là-dessus, mais c'est sur des
données. C'est sur les soins dentaires, je pense que le
député de Pointe-Claire veut en parler, j'aurai quelque chose
à dire...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire sur...
Cela finit simplement...
M. Lazure: L'élément 1.
Le Président (M. Marcoux): Les médicaments,
appareils médicaux...
M. Lazure: Est-ce qu'on ne pourrait pas liquider
l'élément 1, si on veut procéder systématiquement,
avant de passer...
Le Président (M. Marcoux): Les appareils dentaires, c'est
à l'élément 2, quoi?
M. Lazure: Oui, c'est l'élément 2.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 1, adopté?
M. Shaw: Dans cette prévision, vous avez parlé
tantôt de faire quelque chose pour les personnes âgées sur
la question des dentiers ou prothèses dentaires; est-ce que vous
prévoyez que le ministère des Affaires sociales va faire quelque
chose pour les personnes âgées sur la question des dentiers?
M. Lazure: C'est une chose à laquelle je tiens
personnellement. Je pense qu'il est déplorable de voir un grand nombre
de nos personnes âgées, surtout dans certaines institutions, mais
même en dehors des institutions, qui sont édentées, qui
n'ont pas de prothèses dentaires. Cela amène toute une
série de problèmes de santé qui sont rattachés
à la digestion à l'alimentation. C'est une question qui est
à l'étude. Je n'ai pas vraiment la réponse à savoir
de quelle façon procurer ces prothèses aux personnes
âgées. À ce stade-ci, je ne peux pas vous donner de
réponse plus précise, c'est à l'étude.
M. Shaw: Concernant les négociations entre l'Association
des chirurgiens dentistes du Québec et le ministère. Nous avons
eu un échange de lettres sur la question du prix payé par le
ministère des Affaires sociales pour les dentiers, qui est de $175;
c'est même moins que le coût du dentiste pour les faire. Est-ce
votre intention d'augmenter ce montant afin que les patients puissent aller
chez les dentistes au lieu des denturologistes pour des soins dentaires quand
il est question de dentiers?
M. Lazure: Le député de Pointe-Claire
soulève un point assez litigieux. Dans l'état actuel des choses,
un client, un citoyen ou une citoyenne peut se faire fabriquer un dentier, une
prothèse par un denturologiste à un certain prix, mais il peut
aussi aller à côté, chez un dentiste, et, à un prix
certain, obtenir la même prothèse.
M. Shaw: Mais reçoit-il le même service? C'est la
question.
M. Lazure: Votre question, plus précisément, se
rattache aux négociations. Vous comprendrez qu'étant donné
que les négociations sont en cours, ce n'est certainement pas l'endroit,
ici, pour parler des détails des offres que nous allons faire et que
nous faisons. Il me semble assez évident qu'il faudra majorer des taux,
que ce soit pour les prothèses ou que ce soit pour les autres actes
dentaires.
M. Shaw: Pour l'année passée, avez-vous des
chiffres qui démontrent le nombre de dentiers qui ont été
faits pour des patients au taux qui est alloué pour les assistés
sociaux?
M. Lazure: Je n'en ai sûrement pas. Je peux essayer de les
obtenir. Je ne suis pas certain qu'on les ait, mais je peux m'informer. Si on
peut les obtenir, on les déposera ici à la prochaine
séance.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 1. Adopté?
M. Forget: J'ai encore des questions sur les soins dentaires,
mais vous dites que c'est à l'élément 2.
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, on sera
large sur l'élément 2. Programme 3, élément 1,
adopté.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection à l'adopter.
Le Président (M. Marcoux): Pour se consoler de tout le
travail qu'on a fait ce matin. Élément 2.
Soins dentaires
M. Forget: Sur les soins dentaires, étant donné
qu'on nous a distribué, ce matin même, des statistiques relatives
aux soins dentaires, je me demande si le ministre aurait objection à ce
que ce tableau soit reproduit dans le journal des Débats.
M. Lazure: Je n'y vois pas d'objection.
M. Forget: Je pense que cela apporte des précisions utiles
considérant la discussion que nous avons eue, vendredi, il y a dix
jours, sur ce sujet-là. On a eu des affirmations qui ne semblent pas se
refléter totalement dans le nombre de demandes de paiement reçues
pour les trois premiers mois de 1977, comparés aux trois derniers mois
de 1976. J'étais resté sous l'impression...
Le Président (M. Marcoux): Pour votre information, ce
document sera publié en annexe au journal des Débats, (voir
annexe)
M. Forget: En annexe, oui. Très bien, M. le
Président, je vous remercie. Contrairement à l'impression que
j'avais eue d'après les déclarations verbales qui avaient
été faites à l'époque qu'il y avait eu une
accélération du pourcentage ou du nombre de demandes qui
étaient transmises directement à la régie par les
dentistes, donc, une plus grande acceptation par les dentistes de leur
rôle dans l'administration du programme, quand on revoit les chiffres, on
se rend compte que s'il y a quelque chose, c'est une stabilité ou
même un léger déclin des trois premiers mois de 1977 par
rapport aux trois derniers mois de 1976, en chiffres absolus. C'était
même encore plus marqué en termes relatifs puisqu'il y a eu, du
côté des bénéfi- ciaires, une croissance de quelque
10% d'un trimestre à l'autre dans le nombre de réclamations
qu'ils ont acheminées directement à l'aide sociale. Donc, il n'y
a pas d'amélioration notable d'un trimestre à l'autre. Je crois
que ce tableau est très éloquent là-dessus. On peut
remarquer qu'il y a une stabilisation de la situation, mais il n'y a pas de
progrès de façon générale.
M. Lazure: Je ne suis pas tout à fait d'accord;
évidemment, cela dépend de la colonne qu'on regarde. Moi, je
regarde la deuxième colonne, bénéficiaires; si on descend
la colonne, on a pour avril 1976, 462, mai 244, juin 381, juillet 534,
août 387, septembre 609, octobre 870, novembre 793, décembre 812;
ensuite janvier, qui est un mois assez spécial, 612 quand même,
février 839, mars 1208. De mois en mois, il y a certainement une
progression, si je lis bien les chiffres.
M. Forget: Moi, je ne la vois pas. Je sais que le dernier mois
par hasard est un mois plus élevé, mais il n'a pas une tendance
à la hausse tellement forte.
M. Lazure: Non, non, mais indépendamment du dernier mois,
si vous prenez octobre, novembre, décembre qui ont suivi le changement
de gouvernement, tout à coup on voit une hausse par rapport aux six mois
antérieurs, sérieusement. Pour ces trois mois-là, c'est
800, 800, 800, puis, pour les autres, c'était 600 maximum.
M. Forget: C'est le contraire qu'on devrait voir M. le
Président, s'il y avait un progrès. Écoutez, le
problème qui existe, c'est que la colonne des
bénéficiaires devrait être réduite à
zéro éventuellement Si les dentistes collaborent pleinement au
programme de soins dentaires pour les assistés sociaux, toutes les
réclamations devraient provenir des dentistes et aucune des
bénéficiaires. Moi, je suis encore assez généreux,
je me dis: Écoutez, l'accroissement à 1200 en mars 1977,
ignorons-le pour les besoins de la cause, parce que la moyenne n'est pas
tellement plus élevée; cela passe de 2475 à 2659 sur trois
mois.
Admettons que ce soit purement une erreur ou un hasard qui fait que ce
soit un accroissement. Admettons que ce soit même stable, donnons tous
les bénéfices, la chance au coureur selon l'expression, il reste
qu'on a une croissance du nombre absolu et de la proportion des
réclamations qui vient par les bénéficiaires plutôt
que de venir des dentistes eux-mêmes. Ce n'est pas un progrès.
M. Lazure: Ce n'est pas si simple que cela, M. le
Président. La première colonne, c'est le nombre de dentistes, si
je comprends bien, qui dispensent les soins aux assistés sociaux.
Le nombre de demandes de paiement reçues des dentistes. C'est
cela, parce qu'ils ont dispensé des soins, et qui facturent directement
la régie. Alors, si on prend le premier trimestre qui est complet,
avril, mai, juin 1976, on arrive à 11 000.
Ensuite, juillet, août, septembre, 10 000, sensiblement la
même chose. Ensuite, cela monte à 14 000 et 14 000. Moi, je vois
cela comme une augmentation du nombre de dentistes qui ont dispensé les
soins dans le cadre de l'entente actuelle.
M. Forget: Je n'ai jamais nié cela, mais ce qu'on nous a
dit, M. le Président, c'était qu'à partir de janvier il y
avait un nouveau climat de bonne entente, qu'on avait finalement cessé
la confrontation que là il y avait une plus grande collaboration de la
part des dentistes. Alors, je souhaiterais que ce soit vrai et, si
c'était vrai, cela paraîtrait, mais cela ne paraît pas.
C'est le contraire qui paraît dans les chiffres.
M. Lazure: Non, non, c'est le nombre de dentistes qui
réclament dans le contexte actuel. Cela signifie qu'ils se soumettent au
système actuel.
M. Forget: II est passé de 14 300 à 14 081.
M. Lazure: De 11 000, 10 000 qu'il était pendant six
mois...
M. Forget: Ah non, non, cela c'est autre chose.
M. Lazure: ... il est passé à 14 000, 14 000.
M. Forget: Là, le ministre change sa période de
comparaison. Évidemment, c'est sûr que, si on le compare sur trois
ans, il va y avoir un accroissement, parce que de toute façon le
système est plus généreux. Il y a eu durant l'année
une amélioration, sauf qu'on ne voit pas, au début de 1977, un
changement d'optique. Au contraire, on voit 2600 réclamations qui
viennent directement des bénéficiaires, donc 2600 personnes qui
ont envoyé des réclamations et qui ne pouvaient pas obtenir de
leur dentiste qu'il s'adresse directement à la régie pour son
paiement, qui ont dû se diriger à l'aide sociale pour obtenir le
remboursement de ce qu'elles avaient déjà payé au
dentiste. Donc, c'est un accroissement pour ce phénomène de
boycottage, s'il y a quelque chose.
M. Lazure: Non, c'est pour répondre quand même
rapidement. Ce qu'on a dit à la dernière réunion, c'est
qu'une étude avait été faite à un moment
donné en 1976. Je n'ai pas malheureusement le mois exact. On avait
parlé, je pense, du printemps 1976, de mai ou juin 1976. Cette
étude démontrait qu'il n'y avait que 5% des dentistes qui
facturaient la régie. Cela n'a pas de rapport avec le nombre de
demandes. Il y avait 5% des dentistes qui facturaient la régie, alors
que 95% ne facturaient pas la régie.
La même étude a été refaite au mois de
janvier 1977 et on l'a demandée pour le mois de mai 1977, à la
suite de l'intervention à la dernière réunion.
Au mois de janvier 1977, l'étude démontrait j'avais
dit, à ce moment, autour de 25% que 21,9% des dentistes facturent
la régie directement. Cela, encore, n'a pas de rapport avec le nombre,
c'est-à-dire, ici on a un nombre, mais ce n'est pas cela, ce que je veux
dire c'est qu'il y a 21,9% des dentistes qui facturent maintenant la
régie, en janvier 1977, comparativement à 5% au mois de mai ou
juin 1976.
M. Forget: D'accord, ce sont des informations valables, mais il
faut admettre qu'il y a deux choses qui se produisent en même temps. Il y
a d'abord une vulgarisation de l'accessibilité, pour les assistés
sociaux, aux soins dentaires, une couverture large. Cela, c'est un nouveau
phénomène. Il y a un certain nombre de dentistes qui ne
traitaient jamais les assistés sociaux et qui se mettent à en
traiter, donc il y a un mouvement de croissance qui est perceptible dans les
chiffres. Si on regarde le total, on voit qu'il s'accroît très
rapidement. Il a probablement doublé, quoique les chiffres sont
réguliers, de la première période à il y a
seulement deux mois. On peut difficilement faire une comparaison.
Il y a eu accroissement dans l'accessibilité aux soins dentaires
pour tous les assistés sociaux. Cela se reflète à la fois
chez ceux qui facturent directement à la régie et ceux qui
facturent le patient, ils pourront toujours se faire rembourser. Il y a deux
phénomènes qui se passent. À l'intérieur de ce
groupe, il n'est pas clair que, entre ceux qui facturent directement et ceux
qui facturent via le bénéficiaire d'aide sociale, cet
équilibre soit en train de se modifier. S'il y a quelque chose, les
chiffres que nous avons montrent une stabilité. Je n'en fais pas du tout
reproche au ministre, au contraire, mais je pense qu'il est important de savoir
que, même avec un changement de ministre, il aurait dû donner une
chance à l'Association des chirurgiens dentistes de modifier leur
attitude, d'autant plus qu'ils s'engagent dans des négociations avec le
ministre sur un élargissement de l'entente.
On aurait pu espérer un certain adoucissement de leur attitude.
On ne le voit pas. On voit, s'il y a quelque chose, le maintien dans une
proportion peut-être un peu pire qu'au dernier trimestre, le premier
trimestre 1977, une espèce de raidissement. Ce ne sont peut-être
pas des chiffres sur lesquels il faut trop insister, mais, malgré tout,
ce n'est pas une amélioration, du tout, sur ce côté.
M. Lazure: M. le Président, on peut tout faire dire
à des statistiques. On les interprète...
M. Forget: On les a aussi.
M. Lazure: On les a. C'est un gouvernement transparent. On vous
donne tout ce qu'on a comme statistiques.
M. Forget: Oh oui, tout, sauf les études qui ne sont pas
faites.
M. Lazure: On peut tout leur faire dire, mais chose certaine on
ne peut pas faire autrement qu'améliorer le climat entre le
ministère des Affaires sociales et l'Association des dentistes,
telle-
ment ce climat était pourri et détérioré.
Puisque vous revenez sur la question, je vous répète que cela a
été un des dossiers les plus malmenés, mal pilotés
dont j'ai hérité, au mois de novembre, le dossier entre le
ministère et les dentistes du Québec. Je pense que les
porte-parole de l'Association des dentistes vous l'ont déjà dit,
M. le député de Saint-Laurent, à plusieurs reprises, ou si
vous lisez les journaux vous pouvez vous en rendre compte. On ne peut faire
qu'améliorer ce climat et, déjà, il l'est.
M. Forget: Si le ministre dit qu'on peut tout dire avec les
chiffres, je me rends compte qu'il dit tout, lui, sans chiffres, et en
particulier quand il prétend que le climat est amélioré.
C'est beaucoup plus facile à dire quand il n'a pas les chiffres, parce
que les chiffres, eux, ne disent pas cela.
Je lui souhaite que le climat s'améliore et à plus forte
raison, si cela a si mal été dans le passé, si
c'était la faute du ministre. Les chances d'amélioration sont
d'autant meilleures, donc on devrait le voir d'autant plus fortement et
rapidement. Je me dis que si tout ce qu'il dit est vrai, on verra une
démonstration éclatante, d'ici quelques mois, d'une entente
formidable entre le ministre et les chirurgiens dentistes. Je pense qu'ils ne
font pas leur part. Le ministre fait bien de prendre ses distances par rapport
au passé. Il fait bien de le faire. Je pense que s'il y a une occasion
d'un nouveau départ, il doit en profiter. Je ne remarque pas que les
dentistes l'imitent là-dedans. Je note avec un peu de tristesse qu'ils
n'ont pas profité de l'occasion.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: II est évident que j'ai besoin d'appuyer le
ministre parce que les dentistes du Québec n'accepteraient jamais un
tarif qui est moindre que le coût des soins aux patients. Il est
évident qu'avec le taux qui a été présenté
à l'Association des chirurgiens dentistes, le coût des services
rendus dans un bureau est plus que les frais qui sont payés par le
gouvernement selon l'entente qui n'était pas signée et qui ne fut
jamais acceptée par l'Association des chirurgiens dentistes.
C'est évident que la demande par les assistés sociaux a
augmenté ainsi que la demande des services d'urgence. C'est pour cela
que les dentistes ont accepté qu'ils ont besoin de donner des services
urgents aux patients et assistés sociaux. C'est pour cela que vous voyez
une augmentation des services qui ont été rendus. C'est
évident que nous avons besoin d'étudier le coût des
services et mettre en règle le coût des services et le montant qui
est payé par le gouvernement. Je vais vous donner un exemple. Une
surface d'amalgame est payée $8 par la régie. Le taux qui est
payé selon notre code est réglé par une situation à
la fois canadienne et américaine. Le coût pour donner le service
pour une surface d'amalgame est à $9.50.
C'est évident que c'est impossible pour les dentistes du
Québec d'accepter des frais qui sont moindres que le coût du
service. Le gouvernement antérieur n'a pas accepté le fait qu'ils
ont besoin de faire des études pour régler le problème.
Les dentistes du Québec veulent servir les patients qui sont des
assistés sociaux, mais cela doit au moins être acceptable quant
aux frais.
Le ministre est-il en train de faire des études de "cost
effectiveness" sur chaque service dans le domaine des soins dentaires pour les
assistés sociaux?
M. Lazure: Ma réponse est oui. Cela fait partie du dossier
de la négociation qui est commencée.
M. Shaw: Pouvons-nous voir le résultat de cette
étude?
M. Lazure: Si on peut avoir ici le résultat de cette
étude?
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: Non. Ce ne serait pas dans l'intérêt de
rendre publiques ces informations qui sont un outil essentiel dans la
négociation en cours. Pour le moment.
M. Shaw: Alors vous dites que les négociations sont en
train de se faire.
M. Lazure: Oui. Elles sont en cours.
M. Shaw: C'est pour cela que le climat pour les dentistes du
Québec va se refléter dans le nombre de réclamations qui
seront déposées par les dentistes au lieu des patients.
M. Lazure: Exactement. Pour répondre à votre
question de tout à l'heure, sur les prothèses, on a les chiffres.
Ce sont les seuls chiffres qu'on peut obtenir qui comprennent à la fois
les nouvelles prothèses et les réparations et qui comprennent ce
qui est donné par les dentistes et les denturologistes. C'est un chiffre
global. C'est 3297 par mois, pour un coût moyen de $380 000 par mois.
M. Shaw: Par unité c'est combien?
M. Lazure: Le total par mois comprenant les réparations et
l'achat, ce sont 3297 prothèses.
M. Shaw: Vous avez cela.
M. Lazure: C'est le plus qu'on peut vous donner.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 2, adopté?
M. Forget: Sur l'optométrie, M. le Président, une
seule question. D'ailleurs il y a eu des déclarations à cet effet
qui ont été faites par l'Ordre professionnel des
optométristes. J'aimerais savoir
quelle est l'attitude du ministre vis-à-vis de la question de la
rémunération pour les optométristes. Le problème
est en quelque sorte la double rémunération qu'ils ont en vendant
les lunettes, les lentilles, et par les honoraires. Est-ce que cette question
va être discutée dans les négociations qu'il entreprend
avec l'association des optométristes?
M. Lazure: Vous savez que les négociations avec les
optométristes ont débuté il y a déjà
plusieurs mois. Elles sont en cours depuis déjà plusieurs
mois.
Il n'a pas été question, récemment ou au cours des
derniers mois, de modifier l'entente qui a cours actuellement et de maintenir,
en fait, un ajustement de tarifs.
M. Forget: II était envisagé d'avoir un ajustement
de tarifs?
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 2
est-il adopté?
M. Shaw: Une question. Est-ce que le ministre est conscient du
fait que, normalement, quand les denturologistes disent qu'il faut des
prothèses pour les patients, ils doivent avoir cette prescription du
dentiste?
M. Lazure: Oui, je suis au courant de cela.
M. Shaw: Est-ce que la régie s'occupe à
démontrer que ces prescriptions sont faites dans chaque cas, ou est-ce
que les denturologistes continuent à donner des soins dentaires sans
avis d'un dentiste?
M. Lazure: Non, ce n'est pas la responsabilité de la
régie. C'est la responsabilité de l'Office des professions et des
corporations de s'occuper à voir que ce soit conforme aux règles
d'éthique ou aux règles professionnelles; ce n'est pas à
la régie, qui est l'agent payeur, de contrôler cela. C'est l'aide
sociale et les corporations qui sont responsables.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 3,
élément 2, est-il adopté? Adopté. Programme 3,
élément 3.
M. Forget: II y a une réduction dans les frais
d'administration. Est-ce dû à des règles d'imputation
nouvelles, tout simplement, ou si c'est effectivement une diminution des
effectifs?
M. Lazure: C'est dû à l'administration de la
régie, M. le Président.
M. Forget: Cela va de soi.
M. Lazure: Cela me fait quelque chose d'entendre rire mes
voisins, mais je voudrais dire que dans le budget de l'année 1977/78,
les frais d'administration sont de $1 million inférieurs à ceux
de l'an dernier. L'an dernier, ils avaient été moindres que dans
le budget directeur. On avait fini l'année avec quelque chose comme $4
millions de moins. Cette année, on finit avec $2,7 millions de moins; on
doit le faire approuver cet après-midi par le conseil d'administration.
Dans l'année qui vient, on a des frais d'administration qui sont de $1
million inférieurs à ceux de l'année dernière. Cela
diminue d'autant les coûts d'administration que la régie exige du
ministère des Affaires sociales.
M. Saindon: On a au moins un service gouvernemental qui est
efficace.
Le Président (M. Marcoux): Avez-vous une motion de
félicitations!
M. Forget: S'il était permis de considérer les
motions en commission, M. le Président, je le ferais sans aucun
doute.
Le Président (M. Marcoux): II y en a certaines qui sont
permises. Programme 3, élément 3 est-il adopté? Programme
3, éléments 1, 2 et 3, adoptés. Programme 18, selon
l'ordre des travaux sur lesquels vous vous étiez entendus, Contribution
au financement du régime d'assurance-maladie. M. le ministre.
Contribution au financement du régime
d'assurance-maladie
M. Lazure: M. le Président, je vais laisser au Dr.
Laberge, le président de la régie, le soin d'expliquer cette
acrobatie budgétaire.
Jusqu'à cette année, les revenus de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec provenaient, d'une part de 0,8 de 1%, des
contributions des employés, et de 0,8 de 1%, des contributions des
employeurs, les contributions des employés étant déduites
sur le revenu net, les contributions des employeurs étant faites sur la
paie des employés, c'était pour environ la moitié et
l'autre moitié, en ce qui concernait les services assurés
à frais partageables c'est-à-dire qu'il faut exclure
l'optométrie, par exemple, ou les médicaments et les services
médicaux provenait du gouvernement fédéral. Le
montant qui avait été anticipé pour l'année 1977/78
du gouvernement fédéral était autour de $288 millions.
À la suite d'une entente intervenue entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement des provinces, celui de la province de
Québec en particulier, qui s'est retiré des programmes conjoints
pour l'éducation postsecondaire, l'assurance-hospitalisation et
l'assurance-maladie, selon la loi fédérale C-37, le gouvernement
fédéral, en ce qui concerne l'assurance-maladie, d'une part,
transfère au Québec des points d'impôt et, d'autre part,
des versements en espèces. Ceux-ci, qui étaient indiqués
au début comme étant de $96 millions, après
révision avec les gens du gouvernement fédéral, se sont
avérés être de $103,6 millions, à compter du 1er
avril.
Cela veut dire que la Régie de l'assurance-maladie, pour
fonctionner dans l'année 1977/78, aura le 0,8 comme autrefois et la part
du gouvernement fédéral, qui est de $103 millions au lieu de $288
millions. Cela se traduit de la façon suivante: pour compenser le manque
qui nous provenait du gouvernement fédéral, la régie devra
écouler ses surplus. Tout le monde est au courant que la Régie de
l'assurance-maladie a accumulé, au cours des années, des surplus,
lesquels, au 31 janvier de cette année, étaient de $150 millions.
Au 31 mars, les surplus étaient à $130 millions.
M. Shaw: C'est à cause des points qui sont
transférés?
M. Lazure: Les points sont transférés au
gouvernement du Québec.
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: Au lieu de recevoir tous les mois un chèque de
$25 millions à $28 millions du fédéral, nous recevons
à tous les mois un chèque de $8 millions à $10 millions du
fédéral.
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: La différence entre $103 millions et $288
millions, on va la chercher à même les surplus que la régie
avait accumulés.
M. Shaw: À cause de l'augmentation de tarifs de
l'année passée?
M. Lazure: Non, aucun rapport avec l'augmentation de l'an
passé. L'augmentation de l'an dernier était de 0,7 qui a
été ajouté au 0,8 pour faire 1,5 mais la régie a
toujours continué de recevoir 0,8, le 0,7 allant dans un fonds
spécial pour les services hospitaliers. Le 0,7 n'est jamais venu
à la régie et cette augmentation n'a jamais touché la
régie.
M. Shaw: Est-ce que vous savez le montant que vous
prévoyez retirer des nouveaux points d'impôts qui viennent du
fédéral?
M. Lazure: Le ministre des Affaires sociales ou le ministre des
Finances pourrait répondre là-dessus, mais c'est la
différence entre les deux. La différence entre $288 millions et
$103 millions, qui est donnée sous forme de points d'impôts.
Où j'en étais, c'est que la régie va prendre, pour boucler
son budget, les surplus accumulés. Les surplus, étaient de $130
millions au 31 mars. Dans les surplus accumulés de la régie, il y
a des dépôts à court terme pour environ $35 millions
à $40 millions actuellement et il y a des dépôts à
long terme auprès de la Caisse de dépôt et placement. Nous
avons emprunté, au cours du trimestre avril, mai et juin, un montant de
$8 millions en avril, de $15 millions en mai, le mois actuel, et nous
prévoyons $12 millions en juin, pour un total de $35 millions.
C'est-à-dire que les surplus de la régie vont diminuer de $35
millions pour le premier trimestre, d'un montant semblable pour le
deuxième trimestre. Ce qui restera sera écoulé au cours du
troisième trimestre, de sorte qu'on prévoit, en décembre
1977, que la régie n'aura plus aucun surplus. C'est pourquoi
apparaît un montant de $60 millions pour financer la régie pour le
reste de l'année financière 1977/78.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... j'aimerais reprendre cet exposé en posant
quelques questions pour être bien sûr que j'en saisis toutes les
implications. Il y a une somme de $288 millions, je crois que c'est de cela
qu'il faut partir, qui était prévue pour l'exercice 1977/78, en
provenance du gouvernement fédéral. C'est le chiffre de
référence à utiliser, si je comprends bien, comme
étant le manque à gagner qui découle de la terminaison des
arrangements financiers préexistants. C'est bien cela, $288
millions?
M. Lazure: $288 millions, c'est cela. $288 millions qui passe
à $103 millions.
M. Forget: Étape par étape. $288 millions qu'il
s'agit de remplacer comme revenus pour l'année 1977/78. Le nouveau
régime prévoit que $103 millions sont versés directement
par le gouvernement fédéral à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: C'est une disposition qui se trouve dans la loi
fédérale, si je comprends bien.
M. Lazure: C-37, l'article 44.
M. Forget: Entre les deux, il y a une différence de $184.4
millions.
M. Lazure: Entre les deux montants du fédéral.
M. Forget: Entre les deux montants du fédéral.
Pour combler ce manque à gagner, de $184.4 millions, on a au 31
mars un surplus accumulé de $130 millions.
M. Lazure: $130 millions.
M. Forget: Ce qui laisse $24.4 millions à combler.
M. Lazure: $55 millions. M. Forget: Pardon?
M. Lazure: $55 millions. On prévoit un déficit de
$55 millions cette année. On prévoit terminer...
M. Forget: Écoutez, ne sautez pas d'étape. Vous
m'avez dit au départ que vous aviez $288 millions à combler.
M. Lazure: D'accord, c'est cela.
M. Forget: $288 millions, là-dessus vous avez $103.6
millions qui vous reviennent de la même source qu'avant mais en vertu de
la nouvelle loi.
M. Lazure: Exact.
M. Forget: Cela laisse bien, si je ne me trompe pas, $288
millions moins $103 millions, il reste... $85.4 millions.
M. Lazure: $185.4 millions. M. Forget: $185.4
millions.
M. Lazure: $185 millions moins les $130 millions.
M. Forget: Moins les $130 millions.
M. Lazure: Cela donne $55 millions. M. Forget: Cela donne
$55 millions.
M. Lazure: Et les $55 millions, c'est l'équivalent des $60
millions.
M. Forget: Ah! bon, c'est à $5 millions près,
cela.
M. Lazure: C'est cela.
La raison pour laquelle il y a $5 millions, c'est que la révision
de $96 millions à $103 millions s'est faite à une étape
après.
M. Forget: ... s'est faite postérieurement.
M. Lazure: S'est faite plus tard. On avait ici $96
millions...
M. Forget: Vous n'avez pas besoin de $60 millions.
M. Lazure: C'est-à-dire que cela devait être $96.2
millions et c'est $103.6 millions. C'est déjà une
différence qui n'y était pas au moment où on a
préparé notre budget directeur, au moment où cela a
été préparé.
M. Forget: II y a $7 millions de trop dans ces
crédits?
M. Lazure: $5 millions ou $7 millions.
Le programme 18, présentement, prévoit $60 millions comme
crédits statutaires. On prévoit terminer...
M. Forget: Ce n'est pas statutaire, c'est voté dans les
crédits.
M. Lazure: II est voté comme crédits. On
pré- voit terminer l'exercice avec un déficit de $55 millions,
tout compte fait.
Il y a peut-être deux facteurs qui ont été
mentionnés, ce matin, un à l'autre commission parlementaire. Les
soins dentaires qui entrent en vigueur le 1er mai vont prendre un budget
supplémentaire. Grosso modo, c'est un budget de $4 millions par
année d'âge qu'on ajoute. On ajoute deux années, cela fait
$8 millions, mais comme on commence en mai au lieu de commencer en avril, cela
fait $7.3 millions pour l'année qui vient. Déjà, cela
n'était pas prévu quand on a fait le budget directeur. On
attendait au moins un arrêté en conseil pour être sûr
que...
M. Forget: Vous avez prévu une année, mais pas
deux.
M. Lazure: Non, on n'avait prévu ni une année ni
deux, on attend toujours d'avoir un document officiel du gouvernement avant de
mettre dans le budget directeur des montants. On ne présume pas, par
exemple, que la négociation avec les dentistes va coûter tant,
12%, 15%, 18% d'augmentation, on va attendre que la négociation soit
finie. Même chose l'an dernier quand on a fait le budget, on n'a pas
prévu que la négociation avec les médecins omnipraticiens
ou spécialistes, c'était pour donner une augmentation de
tant.
Un deuxième programme dont le ministre des Affaires sociales a
parlé ce matin, c'est le programme de médicaments. Le programme
de médicaments, ce n'est pas prévu ici. Il sera prévu $6
millions ou $7 millions quand la modification à la loi sera faite et
quand ce sera voté. C'est pour cela que les $60 millions sont un chiffre
rond, si vous voulez.
M. Forget: J'avais compris que c'était prévu.
M. Lazure: Dans le budget des médicaments, il y avait $3
millions prévus.
M. Forget: II y avait $3 millions prévus.
M. Lazure: Oui. Dans les chiffres du gouvernement, il y a cela,
mais dans le budget de la régie, ils ne sont pas prévus.
Parce que dans le budget de la régie, c'est difficile au
début de l'année de dire est-ce que, dans le courant de
l'année, on va ajouter tel programme, tel autre programme. On va
négocier avec les pharmaciens, on va négocier avec les dentistes,
on va négocier avec les optométristes, qu'est-ce qu'on va mettre
dans un budget? Des augmentations à tout le monde absolument, à
peu près? On attend toujours d'avoir un document officiel dans le budget
de la régie pour le passer. Alors le budget des médicaments, on
ne l'a pas mis dans le budget de la régie mais, dans les $60 millions,
il y avait $3 millions prévus.
M. Forget: Pour résumer, pour comprendre ce qu'on nous
demande d'approuver ou pas, si je comprends bien, il n'y a pas, dans ces
chiffres, les sommes nécessaires pour l'extension du pro-
gramme de soins dentaires? Il y a un déficit de $8 millions. Il
faut mettre d'un côté ce qu'il manque et ce qu'il y a de compris.
Il manque $8 millions pour les soins dentaires.
M. Lazure: Ils sont dans les $13 millions. Dans un budget
préparé par le Conseil du trésor c'est marqué:
Coût des nouveaux programmes, $13 millions. Là, on a
demandé ce qu'il y avait dedans et ils ont dit: Ce sont les
médicaments et les soins dentaires. Les soins dentaires, je l'ai dit
tantôt, sont de $7,3 millions pour l'année, mais cela n'est pas
dans le budget de la régie, ce sera approuvé cet
après-midi.
M. Forget: $7,3 millions. Oui, mais là, c'est difficile de
distinguer deux budgets. Il faut comprendre que, devant l'Assemblée
nationale, il y a un budget de $60 millions. La seule chose que j'essaie de
comprendre, c'est ce qu'il y a dans ce budget parce qu'on va nous demander,
dans d'autres lois, de voter des budgets supplémentaires, à un
moment donné. Si cela est déjà compris, ce sera pour autre
chose.
M. Lazure: Les $60 millions, c'est la différence entre le
budget théorique de la régie qui, traditionnellement, ne
paraissait pas ici, la dépense de ses surplus accumulés, à
l'exclusion des deux nouveaux programmes des soins dentaires et des
médicaments pour personnes âgées qui sont ailleurs. La
différence, c'est le manque à gagner entre les deux qui est les
$60 millions.
M. Forget: Oui, c'est ce que j'avais cru comprendre, sauf que,
tantôt, on nous a affirmé catégoriquement ce sont
des choses qui peuvent arriver qu'il y avait un montant de $7 millions
prévu pour le fonctionnement, à partir du 1er octobre, du
régime d'extension des médicaments pour les personnes
âgées.
M. Lazure: II paraît dans les $13 millions. Il ne
paraît pas au même endroit dans les budgets.
M. Forget: II paraît dans les $13 millions? M. Lazure:
II paraît dans les $13 millions.
M. Forget: Mais les $13 millions sont dans les $60 millions.
M. Lazure: Les $13 millions sont dans les $60 millions. Les deux
sont dans les $60 millions.
M. Forget: Les deux sont là?
M. Lazure: Les médicaments et les soins dentaires, ils
sont là.
M. Forget: Les soins dentaires pour les deux groupes d'âge,
c'est-à-dire...
M. Lazure: Dix et onze.
M. Forget: ... le saut de deux ans.
M. Lazure: C'est cela. Dix et onze, qui sont de $7,3 millions, de
mémoire, et il y a encore $7 millions pour les médicaments pour
les personnes âgées à partir du 1er octobre.
M. Shaw: Et cela n'est pas inclus dans les $60 millions?
M. Forget: Oui, on nous dit que c'est inclus.
M. Lazure: Oui. Pour ces deux-là, on a mis $13
millions.
M. Forget: Donc, si c'est inclus, ces deux-là, c'est
inclus dans les $288 millions aussi?
M. Lazure: Les $288 millions; là, vous faites
référence au montant que nous escomptions recevoir...
M. Forget: Pour 1977/78.
M. Lazure: ... du gouvernement fédéral pour 1977/78
et qu'on ne recevra pas.
M. Forget: Parce que cela laissait un découvert de $55
millions. Là, je reviens à mon point de départ. Compte
tenu de l'extension des deux programmes des soins dentaires et des
médicaments, compte tenu de la nouvelle évaluation de la
contribution fédérale en vertu de la loi C-37, de $103,6
millions, le gouvernement a effectivement besoin de $55 millions d'après
les estimations que vous avez, et non pas de $60 millions; disons qu'il y a $4
millions de plus à la traîne.
M. Lazure: La meilleure façon d'expliquer les $60 millions
au programme 18 c'est de se référer au programme original qui a
servi à établir ces $60 millions. On a ici un document qui a
été préparé par le Conseil du trésor. Ce
qu'on fait, à ce moment-ci, c'est interpréter les chiffres qui
ont été préparés par le Conseil du
trésor.
Sur les chiffres qui ont été préparés par le
Conseil du trésor, on a comme participation du gouvernement du Canada,
à ce moment-là, $96,2 millions. On sait que ce chiffre est
passé à $103,6 millions depuis. Avec le chiffre de $96,2
millions, on arrivait avec un manque à gagner de $59,1 millions, ce qui
faisait le chiffre de $60 millions prévu au programme 18 pour combler le
déficit de la régie en cours de route.
Effectivement cela nous amenait, pour l'exercice, un déficit de
$194,4 millions; compte tenu des surplus accumulés de la régie,
cela nous laissait un déficit net de $59,1 millions. Dans ces $59,1
millions, il est tenu compte des coûts de nouveaux programmes
établis à $13 millions. Ces nouveaux programmes sont
principalement les soins dentaires et les médicaments aux personnes
âgées. Ce sont les deux extensions qui sont couvertes.
M. Forget: Ah bon. Je m'excuse, je ne veux pas trouver des
bêtes noires, sauf que j'aime bien quand on se comprend, surtout quand
cela s'addi-
tionne ou que cela ne s'additionne pas, c'est particulièrement
facile peut-être, mais particulièrement important aussi. Vous
dites $13 millions approuvés par le Conseil du trésor pour le
nouveau programme, si je vois bien, dont $7,3 millions pour les soins dentaires
et donc seulement $5,7 millions pour le programme des médicaments.
M. Lazure: Au moment d'établir le chiffre de $13 millions,
les $7,3 millions ou les $7,4 millions à la régie
n'étaient pas connus. Aujourd'hui, on sait que c'est $7,4 millions. Au
moment où on a établi les $13 millions, je ne pourrais pas dire
la composition des $13 millions. Il y avait un montant de prévu...
M. Forget: Un montant forfaitaire.
M. Lazure: ...qui était préparé, fait par le
Conseil du trésor. On interprète les chiffres du Conseil du
trésor.
M. Forget: Donc, il est fort probable qu'il n'y ait pas tout
à fait assez d'argent au point de vue des nouveaux programmes, mais
qu'il y en ait peut-être un peu trop pour les programmes existants.
J'espère que cela s'équilibre. Ce qu'on peut affirmer avec
certitude, c'est que, ni pour l'introduction des soins dentaires, tel que
décidé au début de mai, ni pour l'introduction d'une
extension au régime des médicaments, il n'y aura besoin d'argent
nouveau, à moins que les prévisions soient complètement
fausses, ce qui n'est ordinairement pas le cas avec la régie.
D'après ces prévisions on peut compter qu'il n'y aura pas besoin
d'argent nouveau ni pour l'un ni pour l'autre de ces programmes durant
l'exercice financier en cours.
M. Lazure: Sous réserve des nouvelles conventions
collectives ou enfin des ententes, du résultat des nouvelles ententes,
selon les anciens tarifs.
M. Forget: Parce que tout ce que cela inclut, ce sont les taux de
rémunération selon les tarifs actuels. S'il y a une majoration
pour les soins dentaires, s'il y a une majoration pour l'optométrie,
s'il y a une majoration pour les soins pharmaceutiques, tout cela vient en
supplément.
M. Lazure: II y a également le contrôle sur les
ententes qui ont été signées, qui sont entrées en
vigueur en novembre et en janvier 1977 dont on ignore à ce stade-ci ce
qu'elles vont donner exactement.
M. Forget: J'imagine que les $288 millions c'est-à-dire le
budget anticipé pour 1977/78 faisait certaines hypothèses quant
au niveau des coûts. On pourra peut-être revenir là-dessus
tantôt. Le niveau des coûts anticipés pour les programmes
d'assurance-maladie proprement dit, cela serait un secteur intéressant,
il n'y a pas d'erreur. Mais avant d'en venir là, et toujours en parlant
de l'en- veloppe financière, on remarque que l'enveloppe
financière qui est prévue est une enveloppe limitative en ce sens
qu'il y a des choses qui sont spécifiquement prévues, et qu'il y
a d'un autre côté des possibilités d'accroissement qui ne
sont pas prévues sur le plan financier.
Il y a des contingences qui sont prévues, mais pour lesquelles il
n'y a pas de réserve financière, l'augmentation des tarifs, etc.
Cela c'est strictement de l'argent frais si on en a besoin, c'est bien
cela?
M. Lazure: Je pense bien qu'on peut l'interpréter comme
cela.
M. Forget: Maintenant il y avait aussi une pratique qui avait
été définie au départ de l'assurance-maladie,
voulant qu'il pourrait y avoir des fluctuations d'un mois à l'autre,
fluctuations vis-à-vis desquelles il était désirable
d'avoir une certaine réserve.
Si je comprends bien, à la fin de décembre 1977, si vous
avez tout à coup des fluctuations dans des entrées de fonds ou,
vice versa, des fluctuations dans les sorties de fonds, il vous faudra faire
des emprunts à court terme à partir de ce moment-là pour
pouvoir rencontrer vos obligations.
M. Lazure: II a été convenu avec le Conseil du
trésor de laisser à la régie un fonds de roulement. On
nous avait donné, au début, un fonds de roulement de $25
millions, mais, comme on fait des paies de $30 millions et $35 millions, ils
nous ont augmenté le fonds de roulement à $35 millions.
M. Forget: Le fonds de roulement est à $35 millions.
Est-ce un fonds de roulement qui est financé à même le
surplus accumulé ou si c'est une espèce de ligne de crédit
ou quoi?
M. Lazure: Actuellement, c'est à même le surplus
accumulé. Quand il n'y aura plus de surplus, on a demandé au
Conseil du trésor de nous laisser $35 millions de fonds de roulement
pour qu'on ne fasse pas des chèques sans fonds.
M. Forget: À même ses propres disponibilités,
à même le fonds de roulement gouvernemental?
M. Lazure: À même les crédits que le
gouvernement doit nous avancer au fur et a mesure.
M. Forget: II va vous financer un fonds de roulement de $35
millions?
M. Lazure: Les modalités de financement sont en cours de
discussion présentement et à être
déterminées. Il y a des choses qui ne sont pas claires et nettes
à ce moment-ci sur la façon dont on sera financé. Par
exemple, est-ce que nous allons recevoir les 15/15? La façon dont cela
prendra forme reste à déterminer.
M. Forget: Je vois. Pour le moment, tout ce qui est sûr,
c'est que, s'il y a un fonds de roule-
ment, cela devrait être un fonds de roulement fourni par le
gouvernement.
M. Lazure: Quelque chose qui nous permettra de fonctionner,
d'émettre des chèques que l'on puisse honorer.
M. Forget: Si je comprends bien, donc, il y a une somme de $150
millions qui est prélevée, à ce moment-ci, à
même le surplus accumulé. J'aimerais demander au ministre pourquoi
cette méthode-ci de financement de la régie a été
adoptée, plutôt que de choisir, par exemple, de majorer la part
que la régie tire de l'impôt pour financer les programmes de
santé. Il est clair que la contribution fédérale a
diminué de $288 millions à $103,6 millions. Il y a donc un manque
à gagner au point de vue des rentrées de fonds du
fédéral. Pour combler ce manque à gagner, on aurait pu
imaginer, par exemple, que le 0,8% soit majoré pour atteindre 1% ou 1,1%
enfin, je ne connais pas les proportions, mais 1%, disons de
manière que, jointes aux transferts fédéraux les sommes
soient tout justes suffisantes.
M. Lazure: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Laurent est conscient de la confusion qui
existait depuis plusieurs mois dans la répartition et l'utilisation des
sommes qui découlaient d'une nouvelle loi je pense que
c'était la loi 49 que le gouvernement antérieur avait
adoptée qui faisait passer de 0,8% à 1,5% le pourcentage
d'impôt pour la Régie de l'assurance-maladie. Cette loi 49 avait
prévu la création d'un fonds spécial, à l'article
8; je pense qu'on l'appelait services hospitaliers.
Ce fonds n'a jamais été constitué, effectivement.
À l'époque, on avait interprété de
différentes façons l'adoption de cette loi. Une des
interprétations c'est que c'était un impôt
déguisé pour augmenter le fonds consolidé. Quand ce
gouvernement est arrivé au pouvoir, il a fallu trouver une façon
de tirer cela au clair. La formule définitive n'est pas encore
trouvée, comme viennent de vous le dire les gens de la régie. Ce
qui était d'abord urgent, c'était d'utiliser l'accumulation du
surplus. Il y avait une situation un peu anormale où la régie,
à notre avis, maintenait un surplus accumulé trop
élevé. Dans un premier temps, la formule actuelle, qui est
préliminaire, permet d'utiliser ce surplus qui était assez
considérable. Les autres modalités sont en discussion
actuellement avec le Conseil du trésor et en particulier avec le
ministère des Finances et le ministère du Revenu.
M. Forget: Le ministre indique-t-il, lorsqu'il fait allusion
à la Loi sur le financement des programmes de santé, s'il fait
allusion au fait qu'il y aurait un prélèvement analogue pour les
services hospitaliers? C'est justement l'objet de ma question. Pourquoi
n'a-t-il pas modifié cette loi plutôt que d'utiliser un surplus
qui ne sera pas là l'an prochain?
M. Lazure: Si ma mémoire est bonne, la loi va être
modifiée. Je ne pense pas qu'il y ait encore eu de dépôt
je vais vérifier mais il est question d'un
dépôt pour modifier la loi 49.
M. Forget: À ce moment, cette appropriation de $60
millions ne serait plus requise, j'imagine?
M. Lazure: C'est une des possibilités.
M. Forget: Il y a beaucoup de possibilités qu'on voit, ce
matin.
M. Lazure: C'était une situation très confuse,
comme je l'ai dit tantôt, et dont on a hérité à un
moment donné. C'est une situation où il faut trouver un mode de
financement qui soit cohérent. Celui qui prévalait quand nous
sommes arrivés au pouvoir n'était pas cohérent. On essaie
d'en trouver un qui soit cohérent.
M. Forget: Je me demande comment cela va en arriver à la
cohérence que des fonds qui ont été spécifiquement
prélevés pour les fins de l'assurance-maladie soient
utilisés pour d'autres fins. En quoi cela va-t-il aider à la
cohérence du prélèvement? J'aimerais comprendre la
pensée du ministre là-dessus.
M. Lazure: II y a des amendements législatifs qui sont
actuellement en préparation. Quand ils seront déposés,
vous aurez le loisir d'en discuter.
M. Forget: Je ne parle pas des amendements. Je parle de ce qui
est devant nous. On a ici une appropriation de $60 millions pour remplacer un
manque à gagner de $184 millions. La façon de combler la
différence, c'est essentiellement de prendre des sommes qui ont
été votées pour les fins de l'assurance-maladie.
Je vais poser la question plus directement, cela va peut-être
aider le ministre à me donner une réponse afin d'abréger
les échanges. Combien va donner au gouvernement du Québec le
transfert de points d'impôt qui fait également partie de la loi
C-37? À combien cela se chiffre, pour l'année en cours?
M. Lazure: Au grand total, de mémoire je ne l'ai pas. Les
trois sont compris ensemble, c'est-à-dire les montants pour
l'enseignement postsecondaire, l'assurance-hospitalisation et
l'assurance-maladie. Cela donne, de mémoire, sous réserve, 3,2
points d'impôt qui sont transférés au gouvernement du
Québec.
M. Forget: Ordinairement, il y avait des estimations
séparées des points d'impôt pour chacun des programmes.
J'aimerais l'avoir pour cet après-midi, parce que cela fait plus
d'argent que $60 millions, j'imagine.
M. Lazure: Cela se chiffre dans les $600 millions.
M. Forget: Dans les $600 millions.
M. Lazure: M. le Président, cela déborde je
n'ai pas d'objection, on va l'apporter, le chiffre du cadre de ce
programme.
M. Forget: Ah! Oui? Je pensais qu'on parlait du financement de
l'assurance-maladie.
M. Lazure: Non. Vous voulez avoir une discussion sur le chiffre
total des sommes versées par le gouvernement fédéral,
incluant l'enseignement postsecondaire?
M. Forget: Non. Je veux spécifiquement exclure tout ce qui
doit être exclu mais il y a eu des ressources additionnelles qui ont
été données au gouvernement du Québec, à
partir du 1er avril.
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Au titre de l'assurance-maladie et sous forme de
points d'impôt. Je voudrais savoir si cela se chiffre par $60 millions,
parce que, apparemment, le gouvernement ne va retourner à
l'assurance-maladie que $60 millions. Je m'interrogeais à savoir si
c'étaient $60 millions que le gouvernement du Québec
reçoit en plus ou si c'est moins de $60 millions. J'ai l'impression que
c'est considérablement plus de $60 millions.
M. Lazure: Je pourrais peut-être vous dire que pour 1977/78
le montant de la contribution de base payable comptant à la province de
Québec va atteindre $543,5 millions.
M. Forget: $543 millions.
M. Lazure: Oui. De ce montant, il y a $17,7 millions qui devaient
servir au financement de la Régie de l'assurance-maladie mais, à
ce moment-là, on avait le chiffre de $96,2 millions, qui depuis a
été changé pour $103,6 millions.
M. Forget: C'est un peu plus que cela, effectivement.
M. Lazure: $103,6 millions. Si je prends l'article 19 de la loi
C-37, le montant impliqué de votre paiement de base de $898,6
millions.
M. Forget: C'est pour les paiements en espèces?
M. Lazure: C'est cela. Pour retrouver le montant de cette
contribution de base, nous devons quantifier les articles 19, 20, 21, 30, 31 et
44 auxquels j'ai fait allusion tantôt. Ici, on dit que nous avons
demandé au service d'études économiques et fiscales du
ministère des Finances de nous fournir des données
nécessaires. L'article 19, c'est $898 millions; l'article 20, c'est un
paiement de rajustement provisoire de $75,8 millions; l'article 21, c'est un
paiement d'égalisation, c'est moins $8,6 millions. Les articles 30 et 31
sont un abattement fiscal de moins $393,7 millions, et l'article 44, qui est le
recouvrement du gouvernement fédéral, est de moins $28,6
millions, pour un total, comme je vous l'ai dit tantôt, de $543,5
millions.
C'est pour les trois programmes.
M. Forget: C'est pour les trois programmes. J'aimerais, si
c'était possible, dans la masse des données qui ont
été produites à cette occasion, découvrir combien
le transfert de points d'impôt, au titre de l'assurance-maladie,
représente en termes de dollars pour l'exercice 1977/78.
M. Lazure: On va essayer de vous l'apporter cet après-midi
ou ce soir.
Le Président (M. Marcoux): Programme 18,
adopté?
M. Saindon: Non. Je désire intervenir sur le programme
18.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: Écoutez, il est 1 heure, je pense que j'en ai
pour plus de cinq minutes. Si le ministre préfère... À la
reprise des travaux.
Le Président (M. Marcoux): La commission des affaires
sociales ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
Reprise de la séance à 17 h 14
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires sociales. Les membres de la commission sont M. Boucher
(Rivière-du-Loup); M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M.
Fallu (Terrebonne); M. Clair (Drummond) remplacé par M. Bordeleau
(Abitibi-Est); M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel
(Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel
(Richelieu), Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon
(Argenteuil), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) et M. Shaw
(Pointe-Claire).
Nous en étions à l'étude du programme 18. La parole
était au député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'avais posé une question et on m'avait fait
entendre que j'aurais une réponse plus articulée cet
après-midi; j'en reste là pour le moment.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, étant donné que
ces arrangements fiscaux plutôt complexes entre Ottawa et Québec
concernant la régie ont impliqué dans une large mesure le
ministère des Finances, je demanderais que M. Michel Grignon, du
ministère des Finances, donne des explications supplémentaires
à ce qui a été dit ce matin.
Je pense que cela va répondre aux questions du
député de Saint-Laurent.
Vous avez tous une photocopie du petit tableau qu'on a tenté de
préparer à la dernière minute. Il faut d'abord faire une
mise au point générale. Le gouvernement fédéral, en
vertu des nouveaux arrangements fiscaux, identifie en fonction de sa loi et
dans ses propres comptes financiers les contributions séparément
au titre de l'assurance-maladie, de l'assurance-hospitalisation et de
l'enseignement postsecondaire. Ces calculs sont désormais faits d'une
façon plus ou moins arbitraire, c'est-à-dire que le transfert
financier du gouvernement fédéral est distribué aux trois
programmes au prorata de la contribution fédérale dans
l'année de base, c'est-à-dire en 1975/76. La première
colonne du tableau vous donne comment se distribuait en pourcentage la
contribution du gouvernement fédéral au Canada au titre des trois
programmes. Selon la logique de la loi fédérale, tous les
transferts, si on veut les attribuer à certains programmes bien qu'eux
n'attribuent dans leurs comptes financiers que la partie transferts financiers
per capita, sont attribués au prorata de ces pourcentages.
Maintenant, ce tableau a été bâti à partir
des données de la page 43 des renseignements supplémentaires au
discours sur le budget. Vous avez dans la deuxième colonne, le transfert
per capita du gouvernement fédéral les $465 millions. Il y a $82
millions qui pourraient être attribués à
l'assurance-maladie.
Dans les transferts financiers, il y en a une autre forme, il y a la
péréquation afférente aux points d'impôt qui ont
été donnés. Encore ici, on peut les attribuer au prorata.
Les points d'impôt, finalement, sont montrés en millions de
dollars et, entre parenthèses aussi, en termes de nombre de points
d'impôt. Si on les attribue au prorata, on se rend compte qu'il y en a
quatre à l'assurance-maladie, onze à l'assurance-hospitalisation
et sept à l'enseignement postsecondaire, pour un total de 22,
c'est-à-dire 12,5 points d'impôt sur le revenu des particuliers
qui ont été transférés à l'ensemble des
provinces, plus un point d'impôt sur les revenus des corporations qui,
aussi, ont été transférés à l'ensemble des
provinces, plus 8,5 points d'impôt sur le revenu des particuliers qui ont
été transférés à la province de
Québec seulement, en vertu d'un abattement spécial dont le
Québec bénéficiait déjà depuis 1965.
Il y a une colonne dont je n'ai pas parlé, c'est la colonne
à côté du transfert per capita. Entre parenthèses,
c'est en millions de dollars aussi. Ce sont les $116 millions qui, en fait,
sont un transfert financier qui est payé en même temps que le
transfert per capita pour ces programmes-là. Dans le cours de la
négociation, ces $116 millions, effectivement correspondent à la
valeur d'un point d'impôt fédéral qui a été
consenti au titre d'un remplacement partiel de la garantie de recette fiscale,
de sorte qu'on ne peut pas vraiment l'attribuer à ces
programmes-là bien que, dans les faits, dans les comptes du gouvernement
fédéral, on montrera une contribution, par exemple, à
l'assurance-maladie, de $103 millions, c'est-à-dire les $82 millions
plus les $21 millions.
M. Forget: Je vois, je vous remercie. Quand on considère,
pour l'assurance-maladie, les chiffres de $82 millions plus $16 millions, ce
qui fait $98 millions, c'est le chiffre qui a été, depuis,
révisé pour produire $103,6 millions?
M. Lazure: Non. Les $103 millions, c'est les $82 millions plus
les $21 millions, entre parenthèses, à côté.
M. Forget: Ah bon! Ce sont les $103 millions, je vois.
M. Lazure: Les $16 millions et les $199 millions ne sont pas
identifiés, ni dans les comptes du gouvernement fédéral ni
dans les comptes du gouvernement du Québec, comme étant des
contributions au titre de l'assurance-maladie. Ils sont versés du fonds
consolidé du gouvernement fédéral au fonds
consolidé du gouvernement du Québec.
M. Forget: Et cela vaut pour les $82 millions aussi?
M. Lazure: Non, les $82 millions et les $21 millions sont
identifiés comme une contribution du
gouvernement fédéral au titre de l'assurance-maladie.
M. Forget: Et ces contributions sont continues. En fait, les $82
millions le sont, bien sûr.
M. Lazure: Et les $21 millions aussi. Ils sont
versés...
M. Forget: Et les $21 millions aussi sont continus.
M. Lazure: Oui et ils sont versés directement à la
régie pour le moment.
M. Forget: Bon. Donc, si on laisse de côté, pour
l'instant au moins, la question des transferts financiers, on a donc un montant
de $103,6 millions qui est transféré comme transfert
financier.
On a à la cinquième colonne un chiffre de $199 millions
qui représente la valeur, en 1977/78, du transfert de points
d'impôt attribuables au programme d'assurance-maladie. Donc, pendant
l'année en cours, le gouvernement du Québec va recevoir du
gouvernement fédéral, en plus de ce qui est directement
versé à l'assurance-maladie, une somme de $199 millions,
c'est-à-dire qu'il va percevoir, par des impôts ou par des
recettes fiscales accrues, $199 millions de plus que l'an dernier. Et, de ces
$199 millions, il y a seulement $60 millions qui vont être versés
de nouveau à l'assurance-maladie.
M. Lazure: D'ailleurs c'était expliqué dans le
discours sur le budget. Effectivement, la contribution du gouvernement
fédéral, selon les anciens arrangements, aurait
été, en 1977/78, de $298 millions et elle ne sera en fait que de
$103 millions, le reste représentant la péréquation
afférente et les points d'impôt. On arrive à $297 millions.
Donc, la différence de $195 millions, entre $103 millions et $298
millions, se reflète effectivement dans les revenus du gouvernement,
contribue à augmenter les revenus du gouvernement. Dans les budgets de
la régie, cela a été compensé par l'utilisation du
surplus accumulé de la régie, au 31 mars 1976, de $135 millions,
et aux crédits apparaît, pour compenser la différence entre
$195 millions et $135 millions, une dépense de $60 millions pour
équilibrer le budget de l'année financière 1977/78.
M. Forget: Si je comprends bien, même si on n'avait pas
utilisé le surplus, on serait en face d'une somme excédentaire;
on a $200 millions à peu près, moins $60 millions, cela fait $140
millions. On aurait une somme légèrement excédentaire
cette année comme contribution. Ce que je veux dire, essentiellement, si
on avait imputé en totalité les points d'impôt, le produit
des points d'impôt qui ont été
récupérés par le Québec en avril de cette
année, on aurait attribué plus que ce qu'on va effectivement
donner à la régie pour le programme de cette année.
M. Lazure: Effectivement, au lieu des $103 millions, si le
gouvernement du Québec avait versé $195 millions de plus, ou
même plus que cela, s'il avait versé les $116 millions, plus $199
millions, c'est-à-dire $215 millions de plus, compte tenu que la
régie n'avait besoin que de $195 millions, il y aurait eu $20 millions
qui n'auraient pas servi aux opérations de la régie en 1977/78,
pour autant que ces prévisions sont bonnes.
M. Forget: Je pense que les chiffres sont bien clairs. Pour ce
qui est de leur signification c'est une autre chose sur laquelle je ne
demanderai pas de commentaires, étant donné que le ministre a
déjà dit qu'à son avis c'était là une
façon très limpide de financer l'assurance-maladie. Je dois en
effet être d'accord sur le fait que c'est très limpide, quoique la
limpidité que l'on trouve au fond de ce ruisseau n'est pas
nécessairement au goût de tout le monde. Il reste que c'est
très clair, ce qu'il a fait. Il a effectivement aidé le
gouvernement à empocher une somme assez intéressante.
On pourrait se demander cependant ce qu'il va faire l'an prochain parce
que malheureusement le surplus ne se répétera pas. Il va donc
nous arriver l'an prochain, probablement, c'est d'ailleurs inévitable,
avec une demande de hausse des cotisations ou de hausse de la fiscalité
attribuable au fait qu'il n'y aura plus de surplus et qu'on aura utilisé
les sommes qui viennent de la majoration des recettes fiscales au titre de
l'assurance-maladie pour d'autres fins.
Ce sera intéressant l'an prochain de voir à quels
exercices le ministre des Finances et le ministre des Affaires sociales vont se
livrer pour justifier le genre d'augmentation qu'ils vont devoir justifier,
parce qu'elle sera sensible. Quand on empoche aussi doucement un surplus qui a
été accumulé pendant une période de sept ans pour
financer les activités d'une année alors qu'on a des
négociations en cours qui nous permettent dès maintenant
d'affirmer que les crédits seront insuffisants pour terminer
l'année, on se promet l'an prochain une très belle augmentation
de taxes au titre de l'assurance-maladie alors qu'on a déjà
reçu plus d'argent qu'il n'en faut pour payer non seulement les
coûts de cette année, mais les coûts probables de l'an
prochain.
M. Lazure: M. le Président, je ferai remarquer au
député de Saint-Laurent que le gouvernement antérieur
avait tracé la voie, avait commencé cet empochement avec la
fameuse loi 49.
M. Forget: Mais nous avons eu le courage d'augmenter les
impôts pour le faire. Vous prenez les impôts d'une autre source et
vous faites un profit sur l'opération.
M. Lazure: Vous avez fait les deux choses. Vous avez à la
fois commencé l'empochement et vous avez augmenté l'impôt.
Vous avez fait les deux choses.
M. Forget: Non, nous n'avons pas touché au surplus. Quelle
partie du surplus a été utilisée?
M. Lazure: Je m'excuse, les surplus avaient commencé
à être utilisés dans le fonds consolidé.
M. Forget: De quelle façon?
M. Lazure: C'est le ministre des Finances ou du Revenu qui
pourrait...
M. Forget: J'aimerais que le ministre explique comment il a
terminé son année alors.
M. Lazure: Je pense que cela déborde du cadre ici.
M. Forget: Non, je ne crois pas que cela déborde du
cadre.
M. Lazure: Oui parce qu'il s'agit du fonds consolidé. Il y
aura des occasions à d'autres moments d'en discuter.
Pour revenir à la remarque que vous faites, à savoir
l'hypothèse d'une augmentation de l'impôt, c'est une chose qui est
étudiée chaque année au cours des prévisions
budgétaires.
M. Forget: Vous allez l'étudier plus sérieusement
l'an prochain. Il n'y a pas d'erreur.
M. Lazure: Oui, d'autant plus...
M. Forget: Parce que vous rendez cela inévitable.
M. Lazure: II faut, évidemment, payer pour certaines
erreurs qui ont été commises par le gouvernement antérieur
qui a dilapidé des sommes importantes pour un certain carnaval qui a
duré deux semaines. Nous sommes actuellement aux prises avec des
problèmes financiers. C'est évident que ce ne sera pas toujours
facile de trouver des solutions.
M. Forget: M. le Président, le ministre est absolument
impertinent dans ses remarques parce qu'au moment où il fait main basse
sur un surplus accumulé pendant sept ans il se plaint qu'on lui a
laissé un héritage grevé. Si ce n'était du surplus
qu'il a trouvé dans les coffres de la régie au moment de sa prise
de responsabilités au ministère des Affaires sociales, il serait
absolument incapable de boucler son budget. Il lui manquerait $135
millions.
M. Lazure: Le député de Saint-Laurent sait fort
bien ce que je veux dire.
M. Forget: S'il n'avait pas besoin de ce surplus, pourquoi
l'utiliser dans une année, alors qu'il sait très bien que ses
prévisions de coûts sont très modestes et ne tiennent
même pas compte des négociations dans lesquelles il est
engagé.
M. Lazure: Le ministère des Finances et le
ministère du Revenu avaient commencé d'utiliser des surplus, via
le fonds consolidé de la province, avant le changement de
gouvernement.
M. Forget: Si vous voulez discuter du passé, on va en
discuter, mais cela, c'est une autre histoire. Vous m'avez dit que ce
n'était pas discutable. C'est très bien. Regardons...
M. Lazure: C'est vous qui avez évoqué cela en
disant qu'on commençait à empocher des surplus. Je vous fais
remarquer que cet empochement, pour garder votre expression avait
commencé avec le gouvernement antérieur.
M. Forget: Puisque le ministre persiste à alléguer
une fausseté, je vais lui demander de nous dire exactement de quelles
sommes il est question, puisées à même quels surplus et
à quelles fins cela a servi.
M. Lazure: Évidemment, je ne suis pas en mesure de vous
donner des chiffres aujourd'hui. On vous a apporté cet après-midi
les chiffres que vous avez demandés ce matin.
M. Forget: II est tout à fait normal de produire des
chiffres quand on étudie les crédits. Quand on dépense
$3,5 milliards, on ne peut pas s'étonner qu'on nous demande quelques
chiffres. Cela va de soi. Peut-être que le ministre n'est pas
habitué à donner des chiffres dans ses opérations, mais
c'est tout à fait normal d'avoir des chiffres. Comme il fait porter son
argumentation sur l'utilisation des sommes dans l'exercice
précédent, exercice qu'il a clos lui-même, je lui
demanderais de nous expliquer de quelle façon il a commencé dans
le dernier exercice à utiliser les surplus de la régie. Ce sont
des nouvelles pour moi.
M. Lazure: Je répète, M. le Président, que
l'ex-ministre des Affaires sociales, M. le député de
Saint-Laurent, sait pertinemment qu'il y a eu utilisation par le fonds
consolidé de surplus de la régie.
M. Forget: C'est absolument faux. Lesquels?
M. Lazure: Je m'en tiens à cela pour le moment.
M. Forget: C'est absolument faux.
M. Lazure: J'obtiendrai des renseignements du ministère
des Finances et on en reparlera ici, si vous voulez.
M. Forget: Vous n'en avez pas.
M. Lazure: Je vous dis: Je les obtiendrai.
M. Forget: II y a quelqu'un du ministère des Finances ici,
il y a le président de la régie, qu'on nous donne des
explications.
M. Lazure: Ils ne sont pas autorisés à donner des
explications. Je vais aller chercher les explications auprès de mon
collègue du ministère des Finances.
M. Forget: M. le Président, je crois que cette
méthode de discussion en commission parlementaire est tout à fait
irresponsable. Le ministre fait des déclarations, il est manifeste qu'il
est incapable de les appuyer.
M. Lazure: Question de privilège, M. le Président,
vous charriez un peu...
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire, vous pouvez rectifier des
faits...
M. Lazure: Oui, je rectifie... M. Forget: ... des
affirmations.
M. Lazure: Vous avez fait une affirmation en accusant ce
gouvernement d'empocher des surplus de la Régie de l'assurance-maladie
pour payer d'autres dépenses gouvernementales. J'ai simplement
rétorqué à cela que ce mouvement était
commencé avant l'arrivée de ce nouveau gouvernement, point!
M. Forget: Mais pour payer quelles dépenses? M. Lazure:
Je vous ai dit tantôt...
M. Forget: Vous voyez, M. le Président, on a une
réaction...
M. Lazure: Écoutez, vous voulez vous acharner...
M. Forget: ... étonnée quand on pose une question
aussi simple que cela.
M. Lazure: Ce n'est pas une question étonnée.
M. Forget: On dit que les surplus ont été
utilisés dans le passé, je dis que c'est un
précédent et on ne peut pas me citer un seul objet de
dépenses pour lequel c'était utilisé. Je rappelle au
ministre actuel que la loi, dans le passé, a été
amendée à plusieurs reprises pour augmenter la couverture des
services et des soins qui sont payés par l'assurance-maladie et par la
Régie de l'assurance-maladie. Le cas des médicaments pour les
personnes âgées est un exemple de cette utilisation des fonds de
la régie pour prolonger le régime, mais jamais les fonds qui se
trouvaient dans le régime ont été sortis comme tels
à l'adresse du ministre des Finances pour qu'il en fasse selon son bon
plaisir, ou le bon plaisir de l'Assemblée nationale. Ceci correspond
à un précédent. Il y avait même un pouvoir de
directive mais je n'insiste pas là-dessus parce que cela va entrer dans
des complications et je pense qu'on n'est même pas prêt à
nous répondre parce qu'on improvise dans le moment. Si le ministre,
effectivement, peut nous donner des explications, je l'inviterais à le
faire et à le faire au plus tôt, il y a la séance de ce
soir, il y a la séance de demain. Je crois que c'est une question qu'il
faut vider...
M. Lazure: M. le Président, je peux répondre...
M. Forget: ... le plus rapidement possible.
M. Lazure: ... en posant une question à l'ex-ministre des
Affaires sociales, il devrait être en mesure de donner des
précisions puisqu'il était en fonction à ce moment. Au
moment de l'adoption de la loi 49 qui a augmenté à 1,5%,
où sont allées les sommes ainsi recueillies?
M. Forget: II n'a qu'à regarder dans la loi, il va le
savoir. Il n'a qu'à regarder dans les comptes publics.
M. Lazure: Je peux lui répondre de la même
façon.
M. Forget: Est-ce que vous voulez une réponse ou si vous
n'en voulez pas? Vous semblez bien nerveux de me couper la parole.
M. Lazure: Vous m'avez dit de regarder dans la loi.
M. Forget: Laissez-moi vous donner des explications plus amples,
si cela ne vous suffit pas. Dans la loi, on ne donne pas les fonds additionnels
à la Régie de l'assurance-maladie. À quel moment les fonds
résultant de l'imposition de la loi 49 ont-ils été
attribués à la régie? À quel moment, en vertu de
quel article de la loi?
M. Lazure: Cette loi disait, comme on l'a dit ce matin, qu'elle
allait pourvoir à la création d'une caisse spéciale.
Services hospitaliers.
M. Forget: Absolument. Cette caisse était
créée comment? Elle était créée par une
directive du ministre des Affaires sociales au ministre des Finances. Il
appartenait, en fin d'exercice, au ministre des Affaires sociales, de
préparer cette directive et de la signifier à son collègue
des Finances. C'était ainsi que ce fonds se créait, il n'a jamais
été en la possession de la Régie de l'assurance-maladie,
sauf à titre de fiduciaire, je ne sais pas qui a agi comme fiduciaire,
à moins que ce soit le ministère du Revenu lui-même; je
pense que c'est plutôt le ministère du Revenu. Cette somme
était entre les mains du ministère du Revenu jusqu'à la
fin de l'exercice, en attendant une directive qui n'est jamais venue, parce que
le ministre ne s'en est pas préoccupé, j'imagine, je ne l'ai
jamais vu; du moins, on n'en a jamais entendu parler. On a entendu parler, dans
les journaux, de $300 millions dont on ne savait que faire. Belle farce! Je
pense que vous avez trouvé l'utilisation depuis, j'espère.
M. Lazure: M. le Président, quand le gouvernement a
changé, le 16 novembre, peu importe la date, on a pu vérifier
qu'effectivement cette caisse n'a pas été constituée.
M. Forget: Quelqu'un est parti avec l'argent?
M. Lazure: Bon, écoutez...
M. Forget: $300 millions, c'est beaucoup d'argent.
M. Lazure: Vous savez fort bien comment l'argent a
été dépensé. Je n'ai pas besoin de vous faire de
dessin.
M. Forget: Non, je ne le sais pas. C'est le ministre actuel qui a
décidé de l'utilisation. C'est pour cela que je lui demande de me
donner...
M. Lazure: Je vous posais des questions sur votre propre
mandat.
M. Forget: Non, absolument pas. Étiez-vous ministre au 31
mars?
M. Lazure: Vous étiez ministre au 14 novembre et, à
ce moment, il n'y avait pas de caisse spéciale de services hospitaliers
de constituée, comme c'était prévu dans la loi 49.
M. Forget: II y avait des fonds qui étaient gardés
en fiducie par le ministère du Revenu, en attendant une directive sur
l'utilisation de ces fonds. Je dois comprendre qu'il a dû y avoir une
directive à un moment ou l'autre puisque les fonds ont dû
être utilisés. La directive n'était pas émise
effectivement à la fin de novembre. Ceci n'a rien à voir avec le
problème qui est débattu à savoir ce qui est advenu,
durant l'année précédente, avec les surplus de
l'assurance-maladie. Le ministre a affirmé que ces surplus avaient
été utilisés pour d'autres fins; c'est totalement faux, il
serait incapable de nous le prouver. De toute façon, on l'attend
là-dessus.
M. Lazure: Est-ce que vous pouvez alléguer que c'est faux
de dire qu'il n'y a pas eu la constitution d'une caisse spéciale
jusqu'au 15 novembre?
M. Forget: M. le Président, je n'ai parlé
jusqu'à maintenant que des fonds qui étaient confiés
à la Régie de l'assurance-maladie. Je crois que c'est le
programme 18, c'est de cela que nous parlons depuis le début. Qu'il y
ait d'autres caisses, il y en a plusieurs.
Il y a la caisse du crédit agricole, il y a un tas de caisses au
gouvernement alimentées par un tas de levées d'impôts ou de
taxes spéciales ou non spéciales. Cela n'a rien à voir
avec le sujet qui est discuté dans le moment.
Le programme 18 touche la Régie de l'assurance-maladie. La
Régie de l'assurance-maladie a bénéficié d'un fonds
qui lui appartenait en propre, depuis sa création. Je prétends
que jusqu'à la décision qui a été prise dans le
budget que nous étudions actuellement, jamais les fonds de la
Régie de l'assurance-maladie n'ont été utilisés
autrement qu'en fonction des lois adoptées spécifiquement,
ordonnant à la régie de les dépenser pour telles et telles
fins. Je pense qu'il sera impossible de prouver le contraire. Maintenant, s'il
y a des preuves, qu'on les produise.
M. Shaw: Aviez-vous le choix d'employer ces surplus au lieu
d'employer de l'argent qui est transféré comme cela du
gouvernement fédéral? Est-ce une question politique? Parce que
vous pouvez, au lieu d'employer les fonds qui sont dans ce surplus, employer
les fonds qui sont transférés du gouvernement
fédéral. Si vous prenez cet argent du surplus de la Régie
de l'assurance-maladie pour le placer ailleurs, est-ce que cela est un choix
politique pour dire: Nous avons besoin de subventionner la Régie de
l'assurance-maladie avec des fonds normaux du gouvernement? Est-ce que c'est un
choix politique?
M. Lazure: C'est un choix politico-administratif. C'est un choix
qui est guidé à la fois par des considérations politiques
et à la fois par des considérations administratives.
M. Grignon, est-ce que, sur la mécanique de l'attribution, vous
pouvez ajouter quelque chose?
Je pense qu'effectivement, compte tenu des nouveaux arrangements
fiscaux, le gouvernement fédéral a transféré des
points d'impôt, de sorte que la contribution que, normalement, la
régie aurait reçue, selon les anciens arrangements, qui
s'évaluait à peu près à $298 millions
n'était plus que de $103 millions. Dans les faits, c'est ce qui s'est
passé. Il manquait donc $195 millions à la régie.
M. Shaw: Le gouvernement avait...
M. Lazure: Le gouvernement avait deux points d'impôt, je
comprends, mais quand même, quand on regarde la loi
fédérale puis la façon dont cela fonctionne,
effectivement, ce sont seulement les paiements financiers qui sont
attribués d'une source à l'autre, et sans faire quoi que ce soit,
compte tenu des changements dans la loi fédérale, le gouvernement
fédéral, lui, plutôt que d'envoyer $298 millions à
la régie envoie $103 millions. Il y a donc un manque à gagner de
$195 millions à la régie. Effectivement, le gouvernement avait
deux possibilités. Il avait la possibilité d'inclure dans ses
dépenses $195 millions de manque à gagner pour la régie
et, à ce moment, il aurait transféré à la
régie $195 millions. On aurait continué d'accumuler un surplus,
le surplus de $135 millions serait demeuré à la régie et
les autres $60 millions auraient été utilisés pour les
dépenses courantes de la régie. L'autre choix pour le
gouvernement était de dire à la régie: Plutôt que de
vous transférer $195 millions de façon que vous puissiez faire
face non seulement à vos dépenses, mais de façon que vous
puissiez maintenir votre surplus accumulé au niveau où il
était au 31 mars, utilisez votre surplus, et ce qui vous manquera, on va
vous le transférer.
Je ne voudrais pas faire des commentaires qui seraient de nature
politique, mais il me semble que c'étaient deux choix et que l'un et
l'autre avaient des avantages et des inconvénients. Il me paraît
assez logique de dire, compte tenu qu'il manquait $195 millions à la
régie: Écoutez, dépensez ce que vous avez
d'accumulé et puis ce qui va vous manquer, on le met aux
crédits.
C'est logique de penser que c'est une solution pour l'année
financière 1977/78, mais vous aviez raison de dire que, l'an prochain,
si on continuait de la même façon, ce ne sont pas des
crédits de $60 millions qu'il faudrait inscrire, mais
l'équivalent des $195 millions. Ce n'est sûrement pas, en tout
cas, dans l'esprit de la Loi de l'assurance-maladie, un mode de financement de
la régie à long terme qui est conciliable avec son autonomie
administrative et financière. Dans ce sens-là, il faudra voir,
plus tard, ce qu'on va faire.
On a dit ce matin le président de la régie et
moi-même l'avons répété à deux ou trois
reprises que c'est un mode temporaire de financement et que le mode plus
permanent est à l'étude actuellement.
M. Shaw: Vous employez des fonds qui sont normalement
employés, ces points d'impôt et les montants qui sont des
transferts du gouvernement fédéral. Si, à un moment
donné, vous les changez pour une année, cela n'a pas de bon sens
à mon point de vue, sauf les implications que vous voyez dans le
programme ici, un transfert, une subvention, une augmentation de $60 millions.
Je ne sais pas pourquoi vous ne continuez pas avec le vieux système
d'employer le montant qui était dans le budget.
M. Forget: Je pense qu'il est très clair que le but que le
ministre des Finances avait, par cette opération on peut bien
appeler les choses par leur nom c'était artificiellement
et c'est là tout l'intérêt de l'exercice pour le ministre
des Finances de diminuer le montant des emprunts du Québec, cette
année, de $135 millions. C'est tellement artificiel qu'on verra que,
l'an prochain, sans rien changer, sans ajouter quoi que ce soit au programme de
dépenses, en maintenant tout simplement le rythme de croisière,
il faudra ajouter $135 millions au moins au programme d'emprunts si on ne veut
pas majorer les impôts. On a camouflé cela cette année en
prenant des sommes qui ont été perçues des contribuables,
à même un prélèvement sur les salaires,
spécifiquement pour l'assurance-maladie et en les versant au fonds
consolidé du revenu, effectivement. On a utilisé, cependant, un
subterfuge de façon que légalement le fait que ces cotisations
soient déductibles à certains égards dans le calcul de
l'impôt ne puisse pas être mis en question, parce qu'autrement cela
le serait. On ne peut évidemment pas prendre une partie de l'impôt
et la déduire du revenu avant de calculer le reste. C'est ce qu'on fait,
comme on le sait, quand on prépare son rapport d'impôt.
C'est, dans le fond, une opération de camouflage. Loin
d'être une opération franche, de limpidité, c'est une
opération de camouflage. Au lieu d'emprunter $135 millions, on les
confisque entre les mains de la régie, alors qu'on sait très bien
qu'il y a deux problèmes qu'on n'a pas résolus. On n'a pas
résolu le problème du fonds de roulement. Tout ce qu'on a pu nous
dire ce matin, c'est qu'il en faudrait un et qu'il monterait probablement
à $35 millions. Donc, cela va réduire le financement ou
créer un problème ou, alors, on va défaire d'une main ce
qu'on a fait de l'autre. Cela ne résout pas le problème, car,
dans un programme comme celui de l'assurance-maladie, il est normal,
étant donné, en plus de cela, qu'il y a des négociations
en cours d'année, de faire certaines prévisions qui
dépassent l'exercice financier. On sait très bien que le surplus,
personne n'a jamais envisagé de le maintenir indéfiniment. Il
s'agissait d'absorber, grâce à ce surplus, les fluctuations et les
augmentations qui sont prévisibles et inévitables et qui vont
finir par l'éliminer sur une période de deux ans et demi ou de
trois ans de toute manière.
Donc, on n'a fait que de la politique à très court terme
pour camoufler les problèmes financiers du ministre des Finances et son
désir d'avoir ses emprunts au plus bas niveau possible.
Mais dans le fond, en faisant cela, on a mis en doute, ce qui a fait une
des assises et une des clés du succès, à mon avis, de la
Régie de l'assurance-maladie, c'est sa capacité de fonctionner de
façon très autonome, connaissant ses revenus, connaissant ses
réserves, faisant ses projections de dépenses, de manière
à pouvoir se créer un certain cadre financier qui lui donnait des
objectifs de gestion, des objectifs de négociation même, puisque
l'existence de ce surplus et le désir qui existait de ne pas
l'épuiser trop rapidement nous a inspirés dans la conduite des
négociations, puisque, malgré tout, dès que le surplus
sera épuisé, on sait très bien qu'une hausse des
cotisations deviendra inévitable.
Et au lieu d'avoir cette échéance dans quelques
années, et à un taux beaucoup moindre, étant donné
d'autres facteurs qui vont jouer sur la croissance des coûts en plus
longue période, on va l'avoir dès l'an prochain de façon
massive. Et malgré tout, quand on va nous présenter la facture,
on pourra toujours dire que le gouvernement continue de faire un profit, en
quelque sorte je comprends que c'est un profit qu'il utilise à
des fins très nobles, mais c'est un profit malgré tout sur
l'opération financière à laquelle il s'est livré
avec le gouvernement fédéral. Il retire plus d'argent qu'il va en
dépenser cette année de cette opération, et il le fait
sous des prétextes qui sont, à mon avis, douteux.
Pour ce qui est du passé, parce que je sais que le ministre va
vouloir revenir sur le passé, l'Opposition officielle de l'époque
a fait une grande sortie sur le fait que c'était épouvantable
d'avoir un impôt qui était destiné spécifiquement au
financement des programmes de santé. Je ne sais pas quel nouveau
principe on a inventé pour justifier une telle position, mais
évidemment, cela servait les fins de l'Opposition de l'époque de
faire un grand chiard là-dessus, que c'était impensable d'avoir
un impôt spécifiquement destiné à financer les
programmes de santé, ne serait-ce qu'en partie. Pourtant, on l'avait
déjà depuis des années et personne ne s'en plaignait. Il
était normal de l'étendre du réseau des services
médicaux aux services hospitaliers. D'ailleurs, il n'y a pas d'ob-
jection de principe du côté du gouvernement. C'est
visible.
Dans le budget qu'on va examiner encore un peu plus longtemps cette
année, le programme 11, dans le fond, le gouvernement actuel donne
suite, en tout point, à l'intention qui se retrouvait dans la loi 49 qui
est devenue le chapitre 27 des lois de 1976. On défalque, avant de la
faire apparaître au budget comme des crédits nets à voter,
on défalque une somme d'à peu près $400 millions. Et ces
$400 millions, par magie, c'est les fameux 0,7% qu'on vient de
redécouvrir après les avoir perdus apparemment pendant quelques
mois. Et bingo! Ils apparaissent dans les crédits pour l'année
qui s'en vient. Le ministre a dû les retrouver après des
recherches multiples, et on les retrouve pour l'aider à financer
l'assurance-hospitalisation à un niveau de $400 millions.
Finalement, ils n'étaient pas perdus. Je pensais bien qu'on les
retrouverait. $400 millions, cela ne se perd pas comme cela, n'est-ce pas, M.
le Président? Même si le gouvernement fait des grosses affaires,
$400 millions cela se retrouve. Alors on les a perdus pendant six mois.
D'ailleurs cela m'intéresse beaucoup de savoir ce qu'on en a fait durant
les derniers six mois. Présumément qu'on les a utilisés
pour l'assurance-hospitalisation. Donc, l'intention originale à laquelle
a donné l'air de s'opposer le Parti Québécois à
l'époque, on lui donne suite à 100%. Je me demande qu'est-ce que
c'est le grand scénario, si ce n'est de camoufler l'opération de
financement de l'année courante en ayant mis la main sur $135
millions?
M. Lazure: M. le Président, après ce long
monologue... Vous employez l'expression camouflage à plusieurs reprises
et je pense que c'est tout à fait injuste parce que tous ces
renseignements qui sont donnés cet après-midi sur les modes de
financement ont été explicités par le ministre des
Finances lors du discours du budget.
M. Forget: Vite.
M. Lazure: Lors du discours du budget ces choses ont
été expliquées. Je pense que c'est malhonnête de
parler de camouflage. Il n'y a aucun camouflage dans cela. C'est un document
public. Deuxièmement, je ne pense pas que ce soit correct et
décent d'accuser le présent gouvernement, pour un court terme,
pour l'immédiat, de continuer une pratique qui avait été
instaurée par l'ancien gouvernement. On ne partait pas du néant
en novembre 1976. Il fallait tenir compte du genre d'administration dont cette
province avait été accablée pendant un certain temps.
M. Forget: Elle vous a laissé des surplus à
l'assurance-maladie de $135 millions. C'est terrible.
M. Lazure: C'est trop facile comme remarque. Si vous voulez
continuer votre monologue, faites-le.
M. Forget: C'est absolument désolant. J'espère que
vous laisserez à votre successeur un surplus analogue. Je crois qu'il
sera bien utilisé.
M. Lazure: Je vous ai laissé parler quand vous parliez,
ayez au moins la décence de me laisser parler. Je pense qu'on tourne un
peu en rond, on se répète.
M. Forget: M. le Président, je comprends qu'on ne
s'entendra pas tous les deux, le ministre et moi; d'ailleurs, le but de
l'opération n'est probablement pas de s'entendre mais de faire
comprendre à tout le monde qu'on ne s'entend pas sur le sujet.
M. Lazure: Je pense que tout le monde a compris cela.
M. Forget: Vous devez surtout savoir pourquoi aussi.
M. Lazure: Depuis longtemps. M. Forget: C'est vrai.
M. Lazure: Je vous rappellerai aussi qu'il y a eu certaines
déclarations a l'époque. Quand cette loi 49 est sortie tout le
monde a vu que c'était du camouflage. C'est la loi 49 qui était
du camouflage à l'époque. Le fameux 0,7 en question. Étant
donné que c'est de l'information publique, les autorités de la
Régie de l'assurance-maladie avaient fait certains commentaires et tout
le monde avait vu clair dans cette loi 49. Il n'y a pas de dessin à
faire.
M. Forget: Vous n'avez peut-être pas de dessin à
faire mais vous aurez des chiffres à produire pour étayer ce que
vous avez dit, ne l'oubliez pas.
M. Lazure: Ne parlons pas de corde dans la maison d'un pendu. Le
camouflage s'est fait avec la loi 49.
M. Forget: M. le Président, je ne réussis pas
à comprendre malgré tout comment il se fait que, si le ministre
trouve tellement détestable la fameuse loi 49, il ait
décidé de ne pas l'abroger et de s'en servir. Ce que nous avons
devant les yeux, il s'en sert.
M. Lazure: Je vous ai dit ce matin, ou vous n'écoutez pas
ou vous êtes de mauvaise foi, qu'il y avait des amendements en
préparation pour la loi 49.
M. Forget: M. le Président, est-ce que cela veut dire que
les crédits qui ne sont pas encore approuvés visant le programme
11, il faudra les réécrire? Est-ce qu'on va nous déposer
un nouveau cahier des crédits? Si vous n'avez pas cette loi il vous
manquera $400 millions. C'est clair, vous l'avez ici. Vous avez un total de
dépenses de $1 milliard.
M. Lazure: Je n'ai pas dit qu'on n'aurait pas la loi 49.
M. Forget: Que vous faisiez quelques changements de titres je
n'ai aucune...
M. Lazure: J'ai dit qu'il y aurait des modifications de
proposées.
M. Forget: Cela viendra en temps utile comme tout le reste. Ce
n'est pas cela qui nous empêchera d'étudier les crédits
dans leur forme actuelle. S'il y a des allégations que le ministre peut
prouver, je l'attendrai avec plaisir là-dessus.
Je termine sur ce sujet, M. le Président, je n'aurai pas autre
chose à dire là-dessus. Le ministre dit que ce sont des documents
publics. Mais si je n'avais pas demandé de combien le gouvernement du
Québec héritait à la suite de l'opération
financière avec Ottawa pour apprendre que c'était $199 millions
que le Québec recevrait, en plus de ses entrées fiscales, pour
quatre points d'impôt qui ont été donnés pour
l'assurance-maladie, on ne l'aurait jamais su. Je ne me souviens pas qu'on
l'ait dit de façon aussi explicite ni dans le discours du ministre des
Finances ni dans aucun exposé du ministre des Affaires sociales. On
reçoit $199 millions de recettes fiscales accrues et on inscrit au
crédit budgétaire pour le même programme $60 millions.
Cela fait bien, si je suis encore capable de calculer, $139 millions de
surplus qu'on fait sur cette opération. Ce n'est pas mal. De ce
côté, je ministre a des chances d'accumuler aussi des surplus.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 18 est-il
adopté?
M. Saindon: II y a le problème de la physiothérapie
qui existe depuis de nombreuses années sur lequel je me suis
penché à différentes reprises et malheureusement sans
grands résultats.
Il reste que je n'ai jamais compris pourquoi les
physiothérapeutes n'étaient pas reconnus comme une profession
à acte exclusif. Par exemple, les services de physiothérapie en
clinique privée, c'est-à-dire les physiothérapeutes qui
prodiguent leurs soins en clinique privée dont ils sont
propriétaires, pourquoi ne sont-ils pas reconnus par la régie?
C'est là un point.
Par contre, il y a 40 physiatres dans la province de Québec qui
possèdent dix services de physiothérapie. Afin de permettre
à ces gens de bénéficier de l'assurance-maladie pour les
soins que dispensent les physiothérapeutes dans leur clinique, on a
amendé la loi. Ainsi, pour des services dits physiatriques ces gens
bénéficient du régime de l'assurance-maladie.
Si la régie acceptait de payer directement le
physiothérapeute dans les 40 cliniques qui existent, vous auriez autant
de services de donnés et la conséquence de tout cela serait que
nous aurions de meilleurs services. Il s'agit là quand même
il faut l'admettre d'une profession qui est intéressante.
Prenons par exemple la Commission des accidents du travail. Un
hôpital employant un physiothérapeute où il n'y a pas de
physiatre reçoit de la Commission des accidents du travail des
bénéfices pour les traitements dispensés dans le service.
Si ce même physiothérapeute possède une clinique
privée, la Commission des accidents du travail lui refuse ces
bénéfices. Cependant si ces services sont dispensés dans
un cabinet dont le propriétaire est un physiatre, ce dernier a droit
à la couverture de la commission. Personnellement, je n'y comprends
rien.
Le bien-être social, il était possible de prodiguer les
soins de physiothérapie aux assistés sociaux, lorsqu'on sait que
cet organisme défraie le coût d'appareils orthopédiques qui
sont souvent très dispendieux, réaliserait certainement une
économie très marquée parce que, bien souvent, il s'agit
de petits cas qu'il faut référer dans les grands centres.
Là, encore une fois, il faut qu'ils passent par les physiatres. Comme je
le disais tantôt, il y a environ 40 physiatres au Québec et il y a
à peu près 525 physiothérapeutes. On reconnaît le
physiatre comme le maître de la réadaptation, ce que je me refuse
personnellement à accepter. Si on considère que le
physiothérapeute a quand même trois années d'études
universitaires, plus six mois d'internat, parfois quelques mois de plus,
presque un an, je me demande réellement pas parce que je veux
enlever quoi que ce soit aux physiatres pourquoi on refuse à des
gens qui sont supposés être qualifiés de reconnaître
une profession à titre exclusif. Plus que cela, je crois que, lorsqu'un
physiothérapeute prodigue ses traitements, c'est probablement l'un des
seuls à être réellement qualifiés pour prodiguer ces
mêmes soins, quoi que pourraient en dire les physiatres, s'ils
m'entendaient.
Si on considère que le physiothérapeute travaille
ordinairement suivant un diagnostic qui a été fait par un
médecin, qu'il travaille sur prescription, je me demande pourquoi il
faut toujours référer ces cas de physiothérapie à
un spécialiste supposément plus qualifié.
Le Président (M. Marcoux): Avant de donner la parole
à M. le ministre, il y a certainement des parties de votre question qui
concernent le Code des professions et qui sont plutôt reliées
à la commission de l'éducation qui est chargée de ceci,
mais peut-être que le ministre voudra répondre strictement sur les
aspects financiers.
M. Saindon: Je suis d'accord là-dessus, mais je voulais
expliquer où je veux en venir avec mon affaire pour finalement essayer
d'arracher une promesse au ministre qu'il va se pencher sur le problème
pour essayer de le régler une fois pour toutes, parce que cela fait des
années que ce problème dure.
M. Lazure: C'est déjà commencé, M. le
Président. C'était un des premiers dossiers dont j'ai
été saisi au tout début de décembre. Vous
êtes sans doute au courant.
M. Saindon: Je voulais justement vous dire que vous avez
répondu à une lettre que je vous ai envoyée. Vous ne
répondez pas tout à fait à mes questions.
M. Lazure: Écoutez, il y a plusieurs aspects à
votre question. Si vous me permettez, premièrement, la régie,
actuellement, n'est pas autorisée à rémunérer des
physiothérapeutes. Elle pourrait l'être par une modification
à la loi. Si c'était la voie à suivre, il resterait
à décider quelle sorte de rémunération la
régie donnerait aux physiothérapeutes: à l'acte, à
salaire ou à la vacation. Déjà, ces trois modes de
paiement sont dans les moeurs, si vous voulez, ou dans les règles du jeu
à la régie. Il n'y a rien qui s'oppose, en principe, à ce
que cela s'applique aux physiothérapeutes.
Deuxième remarque. Vous parlez de 40 cliniques. Si vous voulez
dire par la 40 cliniques privées de physiatrie ou de
physiothérapie, le chiffre me semble élevé. Je pense
qu'à la régie, en tout cas, on en connaît entre dix et
quinze. Il y a 40 physiatres en tout. Dans les cliniques, il sont
regroupés habituellement, une vingtaine de cliniques, au maximum.
M. Saindon: II y a 40 physiatres, c'est cela.
M. Lazure: L'état actuel des choses, les
physiothérapeutes, comme d'autres professionnels de la santé,
ergothérapeutes, orthophonistes, audiologistes, sont
rémunérés à salaire, dans les institutions et,
habituellement, ils travaillent en équipe. L'embêtement je
vous avoue que c'est une question où la décision n'est pas prise,
on reçoit des demandes constamment des physiothérapeutes pour
qu'ils ou elles soient payés à l'acte l'embêtement,
c'est l'effet d'entraînement que cela aurait sur d'autres professions
semblables, que je viens d'énumérer.
On pourrait allonger la liste de 10, 15, 20, évidemment, et je ne
pense pas qu'on soit en mesure actuellement d'instaurer un régime de
paiement à l'acte pour tous les professionnels de la santé.
M. Saindon: Vous savez, quand vous étudiez le
problème, il y a 40 cabinets privés de physiothérapeutes,
c'est ce que je voulais dire. Si la profession de ces gens pouvait être
considérée comme étant à caractère exclusif,
il y a bien des améliorations que cela pourrait apporter à tous
les niveaux.
M. Lazure: Comme le président disait tantôt, cela
relève vraiment du Code des professions, ce n'est pas de notre
juridiction.
La dernière remarque que je fais là-dessus c'est que nous
avons un réseau hospitalier assez considérable au Québec.
Dans plusieurs hôpitaux il existe des cliniques de physiothérapie
un peu partout dans le territoire qui sont susceptibles d'être
développées. Ces cliniques ne sont pas surutilisées,
actuellement; au contraire, certaines sont sous-utilisées. Un peu moins
depuis six mois, parce qu'un certain nombre reviennent dans les hôpitaux.
Il y avait eu un exode en dehors des hôpitaux pour aller vers les
cliniques privées.
M. Saindon: Elles ne fournissent pas, actuellement.
M. Lazure: II y aurait lieu que des hôpitaux fournissent
des soins le soir, par exemple. Ce qui ne se donne pas actuellement.
M. Saindon: Remarquez bien que je ne vous blâme pas du
tout. Le problème que je soulève actuellement, à mon sens,
aurait dû être réglé il y a bien longtemps. On a
reconnu les chiros puis aujourd'hui, on se retrouve avec une médecine
parallèle.
M. Lazure: II me semble que votre parti a été au
pouvoir pendant un bon bout de temps.
M. Saindon: Je le sais, mon collègue est à
côté de moi, je le dis quand même puisque c'est un fait. Je
prends position actuellement contre les physiatres, même s'ils sont des
médecins et j'en suis un. Je trouve que c'est injuste...
M. Lazure: À ce sujet, vous savez qu'on a pris des
mesures...
M. Saindon: ...de toujours passer par le physiatre, lorsqu'un
physiothérapeute qualifié peut rendre le même service.
M. Lazure: On a pris des mesures pour corriger certaines
injustices qui étaient commises à l'endroit des
physiothérapeutes.
M. Saindon: Cela ne se corrige pas.
M. Lazure: Elles prennent un certain temps à se corriger.
Le président de la régie peut vous expliquer plus en
détail la mesure qui a été prise.
M. Saindon: Je connais la mesure et cela n'a rien
changé.
M. Lazure: Pour ceux qui ne la connaissent pas sur le
procès-verbal.
M. Forget: Je ne voudrais pas interrompre les débats, qui
sont extrêmement intéressants, mais je pense qu'on peut faire un
bout de chemin sur ce sujet. Je n'ai pas l'impression qu'on pourra en disposer
dans une seule réponse. Comme il est passé six heures, je me
demande si...
M. Shaw: J'aurai des questions sur le même sujet aussi.
Une voix: Peut-on prolonger de quelques minutes?
Le Président (M. Marcoux): La commission ne veut pas
adopter le programme 18 avant la suspension?
M. Forget: Non. Cela ne sera pas possible malheureusement.
Le Président (M. Marcoux): J'ai bien compris. La
commission suspend ses travaux jusqu'à vingt heures.
(Fin de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 17
M. Marcoux (président de la commission): À l'ordre,
messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
ses travaux sur l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires sociales. Nous en étions à
l'étude du programme 18. Je crois que c'est M. Saindon qui nous parlait
de la physiothérapie et des physiatres. Avait-il terminé sur le
sujet?
M. Saindon: Tout ce qu'il y avait à dire a
été à peu près tout dit. Il y aurait moyen d'en
discuter plus longuement, mais...
Le Président (M. Marcoux): Alors, programme 18,
adopté?
M. Forget: Sauf que j'aimerais entendre les commentaires du
ministre.
M. Saindon: Pas tout de suite. Le Président (M.
Marcoux): Bon.
M. Saindon: Je veux juste résumer pour lui
rafraîchir la mémoire afin qu'il puisse me répondre. Ce que
je demandais au ministre, c'était que la physiothérapie soit
reconnue comme une profession à acte exclusif, et cela pour la
protection du public.
Deuxièmement, j'affirme encore une fois, malgré les dires
du ministre, que les directives de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec ne sont pas très respectées.
Troisièmement, quant à la Commission des accidents du
travail, je sais que depuis le 1er avril tout passe par le physiatre. Encore
là, je pense que ce n'est pas tout à fait correct que la
couverture se fasse, en physiothérapie, dans les cliniques de
physiatres. Là où on n'offre pas de couverture, c'est dans les
studios de physiothérapeutes. Si cela est couvert, cela va dans les
studios de physiatres; quand ce n'est pas couvert, arrangez-vous avec, cela ne
paie pas.
Quatrièmement, la physiothérapie dans le milieu
privé. Je crois que c'est un manque à la qualité et au
nombre des soins qui devraient être donnés et qui sont
donnés.
En résumé, c'est à peu près cela. Il y a une
chose que j'aimerais avoir et dont j'ai pris note ici. Je me demande si ce ne
serait pas possible d'obtenir des statistiques précises sur
l'éventail des coûts de l'assistance médicale des trois ou
quatre dernières années à la Commission des accidents du
travail.
M. Lazure: Oui, mais le problème, pour autant que je
sache, c'est que cela n'est pas inclus dans nos crédits, la Commission
des accidents du travail; elle relève du ministère du
Travail.
M. Saindon: Oui, mais vous allez avoir une entente avec la
Commission des accidents du travail.
M. Lazure: Ah oui? On a des pourparlers avec la Commission des
accidents du travail.
M. Saindon: C'est ce que je dis. Vous allez finir par avoir des
ententes.
M. Lazure: Peut-être, oui.
M. Saindon: C'est pour cela que je me demande s'il ne serait pas
possible d'obtenir des statistiques précises sur les coûts pour
l'assistance-maladie des trois ou quatre dernières années.
M. Lazure: Via la Commission des accidents du travail?
M. Saindon: Dans le domaine de la physiothérapie
accordée aux physiatres.
M. Lazure: On peut essayer de vous trouver cela, mais, encore une
fois, cela ne relève pas directement de nous.
Si je reviens à votre question principale, actuellement il n'est
pas tout à fait juste de dire que les physiothérapeutes ne
peuvent pas oeuvrer en milieu privé. Ils ou elles le peuvent.
M. Saindon: Ce n'est pas couvert.
M. Lazure: C'est vrai que l'on a expliqué cet
après-midi que, dans l'état actuel des choses, la Régie de
l'assurance-maladie ne peut pas verser d'honoraires aux
physiothérapeutes. Il y a quand même des physiatres ou d'autres
sortes de médecins qui peuvent engager des physiothérapeutes, ce
n'est pas interdit. On vise plutôt à augmenter le nombre de
physiothérapeutes en milieu hospitalier, à augmenter les
équipements, autant que possible, et comme je le disais cet
après-midi, à faire en sorte que la population y compris les
accidentés du travail, puisse avoir des services, le soir, dans les
hôpitaux généraux.
Les actes exclusifs, comme vous les appelez, ne relèvent pas de
notre compétence, cela relève de l'Office des professions qui
relève, dans le moment, du ministre de l'Éducation. Encore une
fois, nous sommes conscients qu'il n'y a pas suffisamment de
physiothérapeutes dans le réseau hospitalier. Il ne faut pas
oublier, non plus, les techniciens en physiothérapie, qui sont en plus
grand nombre, eux, qui sortent des cégeps. Il y a des problèmes
de manque de collaboration dans bien des cas entre les physiothérapeutes
et les techniciens en physiothérapie. Nous avons certaines
difficultés de ce côté. Nous essayons d'inciter les
physiothérapeutes à mieux accueillir les techniciens en
physiothérapie, car nous croyons que les deux groupes peuvent rendre des
services.
M. Saindon: II y a une question, qui, je le comprends, n'entre
pas là-dedans, mais je me demande si vous pourriez me
répondre.
Dans le projet de loi sur l'assurance-maladie, advenant qu'un des
accidentés ait besoin de physiothérapie, est-ce dans vos projets
d'entente avec la Commission des accidents du travail que ce soit elle qui se
charge de la physiothérapie, dans ces cas? N'a-t-il pas
été question de cela?
M. Lazure: De retourner les sommes, vous voulez dire?
M. Saindon: Ce serait la charge de la Commission des accidents du
travail. Autrement dit, la Commission des accidents du travail en prendrait
charge.
M. Lazure: La discussion qu'il y a eu jusqu'à maintenant
avec la Commission des accidents du travail c'est que le réseau des
établissements des Affaires sociales assume le service de
physiothérapie de façon adéquate et qu'il y a des contrats
de passés entre la Commission des accidents du travail et les
établissements pour assurer une disponibilité suffisante pour
répondre à tous les besoins de la Commission des accidents du
travail. Par exemple, s'assurer que dans la région de Québec ou
dans la région de Montréal ou Hull ou le Nord-Ouest les
établissements soient aménagés de façon suffisante
et puissent recevoir le nombre d'accidentés du travail de cette
région qui peuvent avoir besoin de services.
C'est le type d'entente qui a été discuté
jusqu'à maintenant, de retourner les deux centres à la Commission
des accidents du travail. C'est possible que des gens en aient discuté,
mais ce n'est pas une proposition qui a été envisagée
à court terme ni par le ministère ni par eux.
M. Shaw: M. le Président, je voudrais appuyer le point de
vue du député d'Argenteuil sur la question des
physiothérapeutes parce que, dans le comté de Pointe-Claire, nous
avons le Lakeshore General Hospital qui a un gros problème de trop de
cas pour les services physiothérapeutiques. En face de l'hôpital
il y a un centre privé où, avant la nouvelle entente avec la
Fédération des médecins spécialistes du
Québec, avec le docteur Robillard, les orthopédistes avaient le
droit de donner des soins. Avec la nouvelle entente, c'est seulement le
physiatre qui a le droit d'approuver ces soins.
Je voudrais donc appuyer le point de vue principal que les patients
doivent avoir ces services rapidement parce que si vous avez eu un accident et
que vous devez attendre six semaines avant d'avoir un rendez-vous à la
physiothérapie, cela n'a pas de bon sens. Pour une deuxième fois,
je voudrais souligner le fait que nous avons besoin d'améliorer les
services de physiothérapie dans la province et spécialement dans
les centres privés, si c'est dans les centres qui sont
aménagés par les orthopédistes ou avec les services rendus
par les physiothérapeutes eux-mêmes ou avec le consentement d'un
médecin spécialiste.
M. Martel: M. le Président, sur le même sujet, les
déclarations du député d'Argenteuil de même que de
celui de Pointe-Claire sont fort à propos. En ce sens, il y a quelques
mois, le ministre émettait un communiqué pour mettre fin à
ces fameu-
ses cliniques de physiatrie à travers le Québec,
spécialement à Montréal, où les gars allaient
chercher des revenus de $500 000 à $600 000 et en
déléguant des pouvoirs. Les directives qui ont été
émises ont été très claires. Le gouvernement va
payer par l'entremise de la Régie de l'assurance-maladie les actes qui
sont faits par les physiatres eux-mêmes. Cela va éviter cette
multiplication des actes qu'on retrouve, à mon sens, trop souvent dans
le domaine de la santé.
Cette directive a été très positive. Je reconnais
également l'importance, comme l'a souligné le
député d'Argenteuil, de permettre qu'on rémunère
les physiothérapeutes. Je suis entièrement d'accord. Ce sont des
gens très qualifiés qui rendent de grands services. Avec nos
nouvelles structures politiques, c'est-à-dire avec ce ministère
d'État qui supervise nos politiques sociales, nous allons éviter
d'avoir des multiplications de services dans des ministères comme ceux
du Travail et des Affaires sociales, où on ne sait pas toujours ce qui
se passe. Par exemple, au ministère du Travail, sur les politiques de
santé. Le but de ces superstructures c'est justement de coordonner ces
politiques communes en ce qui nous concerne dans le domaine de la santé,
par exemple. Je crois que des actions positives seront apportées,
dû à des nouvelles structures où nous voulons éviter
la multiplication des services et avoir des politiques cohérentes dans
ce domaine.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir du
ministre s'il pourrait nous donner quelques indications quant au volume d'actes
et au volume des paiements, surtout l'évolution dans le volume des actes
et des paiements relativement à la physiatrie.
En particulier, j'aimerais voir l'évolution surtout vers et
après le 1er janvier alors que la nouvelle entente s'est
appliquée. Est-ce qu'il y a des chiffres disponibles sur ce sujet,
à ce moment-ci?
M. Lazure: Si on part de l'année 1975, on avait 53
physiatres dans le régime. Sur les 53, il y en a 16 à qui la
régie a versé, en moyenne, $316 000. Ce sont à peu
près ceux qui ont les cliniques. Ce sont des montants bruts parce qu'ils
doivent payer du personnel. Au cours des 15 ou 18 derniers mois, on a suivi ce
qu'on appelle les dix plus gros producteurs, et il y a eu une chute de 40% vers
le mois de mars 1976 à la suite de l'entrée en vigueur de
l'amendement no 6 de l'article 25. Cela a diminué de 40%. On a
continué à suivre les mêmes producteurs; il y en a deux qui
sont disparus du marché. À partir du 1er janvier, avec la
nouvelle entente, il y a encore une diminution de 10%, c'est-à-dire que
les montants qu'on leur verse sont sensiblement les mêmes, soit 40% de
moins qu'il y a un an à ce temps-ci, mais comme les tarifs ont
été augmentés d'environ 10% ou 11%, cela fait encore une
diminution de 10% ou 11%.
Plus récemment, il y a environ quinze jours ou trois semaines, la
régie a émis une directive stipu- lant d'interpréter
l'article 1,1 et 1,2 du préambule, laquelle directive exige la
présence et la participation du médecin physiatre pour qu'il y
ait rémunération. La surveillance d'une telle directive est une
chose qui n'est certainement pas facile, mais on a pris des mesures, à
la régie, pour voir à son application.
M. Forget: Est-ce que cette évolution vous permet de dire,
à ce moment-ci, si oui ou non la pratique du "fee-splitting", comme on a
dit en français, la dichotomie continue de se pratiquer dans ce milieu
ou si c'est devenu à un niveau insignifiant au point de vue de la masse
d'actes ou de paiements?
M. Saindon: Cela se fait encore.
M. Lazure: Je pense qu'il est trop tôt pour le dire depuis
la nouvelle entente.
Chez les omnipraticiens, c'est assez précis; chez les
spécialistes qui sont disparus totalement de l'image, je pense, en
particulier, on l'a mentionné tantôt, aux orthopédistes qui
sont rémunérés à 25% de ce que le physiatre gagne,
les orthopédistes sont disparus. Les orthopédistes qui, disons,
en 1974, avaient reçu quelque chose comme $125 000 pour de la
physiatrie, l'année suivante, avaient reçu au-delà de $1
million. C'est-à-dire qu'ils étaient partis dans la courbe
ascendante pour avoir des équipements ou des cabinets privés de
physiatrie. Eux sont disparus. Il y avait une couple d'anesthésistes qui
sont également disparus de l'image. Ce qu'on peut dire actuellement,
c'est que, si on comparait février 1976 avec février 1977, cela
ferait à peu près 50% du coût. Il y a quelques cliniques
qui ont diminué et, pour celles qui restent, cela coûte moins cher
que pour celles qu'il y avait antérieurement. Maintenant, il reste
l'application de la directive. Qu'est-ce que cela va donner? À ce
moment-ci, je pense qu'il est trop tôt pour le savoir.
M. Forget: Est-ce que la Corporation professionnelle des
physiothérapeutes est, dans l'ensemble, assez satisfaite, par exemple,
du libellé de la directive qui a été émise
récemment? J'imagine qu'ils ont été consultés
à ce sujet.
M. Lazure: Oui. Ils ont été largement
consultés à l'époque des Fêtes. Comme je vous disais
cet après-midi, cela a été un des premiers dossiers
chauds, en décembre. On les a vus à plusieurs reprises et ils
étaient satisfaits de la directive. Encore une fois, il faut rappeler
à la commission, au public, que c'est récent; l'application ne
date que de quelques semaines. Les mécanismes de surveillance et de
contrôle restent à établir.
M. Forget: Vous avez bon espoir qu'avec des mécanismes le
phénomène devrait se résorber.
M. Lazure: Je pense que oui.
Le Président (M. Marcoux): Adopté: le programme
18?
M. Forget: Non, M. le Président, pas tout à
fait.
Le Président (M. Marcoux): Je crois que je peux le
demander.
M. Forget: C'est votre droit le plus strict, M. le
Président. Un domaine relié d'assez près à la
physiatrie, même si ceux qui pratiquent cet art seraient peut-être
les premiers à trouver que ce n'est pas du tout près, mais,
malgré tout, par association d'idées, au moins...
M. Saindon: C'est une science, ce n'est pas un art.
M. Forget: Oui, enfin si on veut. Je me permets de le mentionner
parce qu'encore là c'est une référence, une indication
d'intentions, au moins, au niveau du programme du Parti
québécois. Il y avait une indication que le Régime
d'assurance-maladie devrait être étendu dans un premier temps,
à la chiropraxie et dans un deuxième temps, je cite: "à
toutes les disciplines reconnues légalement".
Est-ce que le ministre est d'accord sur cela? Je comprends que
là-dessus, peut-être plus que sur tous les autres sujets, je ne
lui demande pas de m'indiquer ses intentions cette année, mais est-ce
qu'il est d'accord sur cela? Est-ce que ce serait l'esprit dans lequel,
éventuellement, il pourrait chercher une solution? Il me semble que
c'est un esprit analogue à celui qui a inspiré les interventions
de mes deux collègues, d'Argenteuil et de Pointe-Claire, de même
que celui de Richelieu, relativement à la physiothérapie.
M. Lazure: Comme je le disais tantôt, pour les
physiothérapeutes il n'y a vraiment pas d'objection de principe qu'ils
soient dirigés vers la physiothérapie comme telle, c'est
plutôt vers l'ensemble des disciplines des professionnels de la
santé qui, jusqu'ici sont rémunérés à
salaire dans les hôpitaux. Vous comprendrez qu'on hésite beaucoup
à introduire pour ces disciplines un nouveau mode de
rémunération qui serait à l'acte. Tandis que dans le cas
de la chiropratique, c'est une discipline qui n'est pas encore
rémunérée par les fonds publics, ni dans les
hôpitaux, ni dans les cabinets privés. C'est plus complexe.
Le gouvernement est favorable, éventuellement, à
reconnaître mon collègue a sursauté ...
M. Saindon: Bien!
M. Lazure: II faut lire le programme du parti au pouvoir.
M. Saindon: II y a assez d'une médecine, on n'en a pas
besoin de deux.
M. Lazure: II est favorable avec des contrôles, des
contraintes, un encadrement appropriés. J'ai rencontré les
représentants de l'Ordre des chiro- praticiens ainsi que l'Association
des chiropraticiens. Je leur ai dit qu'il ne fallait pas espérer une
telle reconnaissance avant quelques années.
M. Saindon: Cela me donne espoir un peu. Vous avez le temps de
vous recycler.
M. Forget: J'imagine que si jamais les physiothérapeutes
accédaient à l'assurance-maladie, en quelque sorte, il
deviendrait assez délicat et assez difficile d'exclure les
chiropraticiens.
M. Lazure: Ce sont deux problèmes d'un ordre
différent, comme je le disais tantôt. Moi, je ne vois pas de lien
direct entre les deux problèmes.
M. Forget: Je n'insiste pas, c'était simplement pour voir
si c'était dans la même foulée.
Dans un autre programme, si on me permet d'aborder un autre programme de
la Régie de l'assurance-maladie, un autre sous-programme, ce n'est
même pas un élément, on a un vocabulaire plus pauvre que la
réalité nous le commande, on devrait avoir un autre mot. De toute
façon...
Il y a les prothèses et les orthèses. Il y a eu
l'introduction, en 1975, d'un régime de gratuité des
prothèses et orthèses orthopédiques, largement. Il y avait
des crédits, l'an dernier, pour l'introduction d'un programme de
prothèses visuelles basé sur une méthode de distribution
un peu différente dans certains centres d'accueil
spécialisés avec du personnel en formation; est-ce que ce
programme a été mis en route tel que prévu,
finalement?
M. Lazure: Non, il n'est pas encore en route. Il y a du travail
qui a été fait particulièrement au ministère; il y
a deux centres d'accueil, un à Québec et un à
Montréal, qui ont été désignés. Le groupe de
travail a défini quels sont les bénéficiaires de ce
programme; encore là, je reste toujours dans les prothèses
visuelles parce qu'il y a un autre travail qui se fait pour les
prothèses auditives. On est rendu qu'en plus d'avoir des centres
désignés, en plus d'avoir un programme défini, en plus
d'avoir déterminé les critères pour ceux qui ont droit
à certains appareils ou autres il y a des critères objectifs, il
y a des critères qu'on dirait fonctionnels (lire, écrire,
marcher) et cela prendra une modification législative. Je ne pense pas
que ce soit dans le très immédiat, mais probablement dans le
cours de l'année 1977. Je ne voudrais pas m'engager pour le
ministre.
Oui, dans le cours de l'année 1977.
M. Forget: Je pense qu'il y a du personnel qui avait
été envoyé aux États-Unis; est-il revenu, ce
personnel?
M. Lazure: Oui, le problème qui a retardé est la
formation du personnel qui n'a pas permis de mettre le programme en marche
préalablement. La première phase se termine actuellement et on
sera prêt, selon toute probabilité, au mois d'août à
commencer avec une clientèle limitée, parce qu'il
s'agit de ne pas inonder les deux centres. Il y a un centre à
Québec et un centre à Montréal. Une partie du personnel
formé est de retour; une autre partie continue à être
formée. Il sera possible d'amorcer le programme autour du mois
d'août ou du mois de septembre, selon toute probabilité.
M. Forget: Y a-t-il eu des déceptions avec le programme de
formation? Y a-t-il eu des gens qui ont abandonné ou qui ont
donné des difficultés?
M. Lazure: Le plus gros problème... Non, il n'y a pas eu
de déception dans le sens que la formation s'est faite selon les
processus prévus. Il y a eu certaines difficultés à
Montréal avec The Montreal Association for the Blind où il y a eu
des difficultés de fonctionnement, d'engagement de personnel et,
finalement, la décision a été prise de favoriser le centre
Nazareth, à Montréal.
M. Forget: Quel genre de difficultés?
M. Lazure: L'objectif était de desservir la population
francophone et anglophone. Il y a eu des difficultés sur les ententes
qui n'ont pas été respectées par The Montreal Association
for the Blind à ce moment-là. Compte tenu des engagements qu'ils
avaient pris devant le ministère et qu'ils n'avaient pas tenus selon les
échanges de lettres qui ont eu lieu avec le sous-ministre ou le ministre
à l'époque. Cette décision a été prise au
mois d'octobre, novembre ou décembre de l'année 1976.
M. Forget: Doit-on attribuer le retard du projet à ces
difficultés ou si de toute façon leur formation n'était
pas prête?
M. Lazure: La formation n'était pas prête.
M. Forget: Ce qu'on allègue, c'est que la MAB a
effectivement refusé d'assumer ses obligations vis-à-vis de
l'engagement des personnes qu'on avait envoyées en formation.
M. Lazure: Ce n'est pas tout à fait exact, c'est plus
subtil et plus complexe que cela. Il y avait des difficultés
vis-à-vis de l'engagement, des responsabilités qu'elle devait
assumer face au programme.
M. Forget: Quelles responsabilités? Sauf de prendre le
personnel et donner les services.
M. Lazure: De prendre le personnel et d'offrir des services
à l'ensemble du monde, c'est-à-dire qu'on demandait des
aménagements et du personnel supplémentaires. Je ne me souviens
pas des détails. Voici notre expert des visuels et des auditifs.
La question, je pourrais peut-être ajouter en passant de
l'établir en trois étapes, en prenant 0 à 19 ans pour la
première année, de 19 à 35 ans pour la deuxième
année, de 35 ans jusqu'à la fin pour la troisième
année. C'est-à-dire établir le programme par
étapes.
Si vous vous en souvenez, dans les lettres d'autorisation demandant
à la Montreal Association for the Blind d'assumer le mandat du programme
pour handicapés visuels, nous avions demandé que ce centre offre
le programme dans les deux langues, que la formation du personnel soit
assumée, également, dans les deux langues et qu'on respecte
l'élaboration d'un programme systématique avant de mettre en
marche ce programme, tenant compte des coûts de fonctionnement, des
coûts d'immobilisation, etc.
Suite à l'engagement du personnel, deux personnes sont
allées en formation aux États-Unis, les autres sont allées
de façon rotative suivre des stages intensifs de formation, mais toute
la formation a été donnée en anglais uniquement. Pour la
formation de ceux qui ont suivi les cours au Québec, nous faisions venir
des experts et la formation était donnée en anglais. Les textes
étaient toujours en anglais, ce qui obligeait le personnel francophone
des deux centres à assumer continuellement la langue anglaise dans le
cadre de ce programme. C'est une des difficultés majeures qui ont
été éprouvées dans ce programme.
Autre difficulté: nous n'avons pas voulu intégrer
systématiquement le nouveau personnel à la structure de la MAB,
pour lui donner une nouvelle composante, qui aurait été une
Montreal Association for the Blind bilingue, devant offrir ses services dans
les deux langues. C'est le gros des difficultés qui ont
été éprouvées. Certaines autres l'ont
été sur le plan de l'immobilisation.
M. Forget: Je ne comprends pas exactement la nature des
difficultés. Si je comprends bien, les professeurs ou les instructeurs
je pense qu'il y avait des instructeurs en mobilité et des
instructeurs en utilisation étaient des Américains?
M. Lazure: Au niveau de la mobilité, il y avait un seul
spécialiste au Québec, qui était unilingue anglais. Il
donnait sa formation en anglais, mais on a fait venir, à l'occasion, des
spécialistes francophones et, à la fin des discussions, les gens
qui étaient en formation nous ont dit: "Si on nous avait dit que vous
étiez français, on vous aurait parlé en français
tout simplement". Ce mouvement de communication dans les deux langues à
la Montreal Association for the Blind ne s'est pas fait dans le sens que l'on
aurait souhaité à la suite de l'entente que l'on avait eue avec
elle d'offrir vraiment ce programme dans les deux langues.
On obligeait continuellement le personnel francophone à
fonctionner avec les directeurs anglophones du Montreal Association for the
Blind uniquement en anglais, etc., ce qui a présenté des
difficultés au cours de la formation.
M. Forget: Alors, l'Institut Nazareth a été
substitué au Montreal Association for the Blind?
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Où ont-ils trouvé leurs instructeurs?
C'étaient les mêmes individus, je suppose.
M. Lazure: On a transféré le personnel qui
était au Montreal Association for the Blind à Naza-
reth et Louis-Braille et on a continué la formation avec ce
personnel qui était complètement bilingue.
M. Forget: Je ne comprends pas. Si ce sont les mêmes gens,
comment se fait-il que les changer de maison les change de langue?
M. Lazure: Les personnes qui étaient en entraînement
et non les personnes devant assumer la formation. Cette fois-là, on a
assumé la formation via notre direction des relations professionnelles,
qui a poursuivi des ententes avec les Américains pour aller sur place
aux États-Unis, comme dans la première phase, chercher les
informations qui nous manquaient pour compléter la formation dans un
délai raisonnable.
M. Forget: Cela faisait des instructeurs français.
M. Saindon: Ils étaient bilingues. Alors, ils ne devaient
pas avoir de problème au niveau de l'enseignement.
M. Lazure: Je dois dire que cette décision s'est prise
vraiment entre M. Côté et moi-même. Je ne l'ai même
jamais mentionné au ministre. L'objectif de fond, c'était
d'assurer les services aux gens dans les deux langues. Il nous est apparu
évident, à la suite d'un certain nombre de rencontres qu'il y a
eu entre M. Côté et le Montreal Association for the Blind, qu'ils
refusaient d'assumer la responsabilité des services en
français.
M. Shaw: Mais il y aurait des gens bilingues pour donner ces
cours ou l'expertise en français.
M. Lazure: Que les cours soient donnés en anglais à
des gens qui sont bilingues français ne nous causait pas de
problème, mais que toute la documentation disponible, que les
échanges à l'intérieur du centre, que le centre
lui-même refuse d'accepter qu'il avait une responsabilité pour les
deux populations...
M. Shaw: Est-ce qu'ils avaient les moyens financiers pour faire
ce travail?
M. Lazure: Cela était le dernier point. Pour assumer cela,
ils nous ont dit que cela prendrait des montants supplémentaires, du
personnel et de l'immobilisation. Nous jugions qu'avec les montants qu'on leur
donnait le personnel qui avait été formé pouvait le faire.
On a eu du trouble pendant six mois avec eux, des discussions
répétées. On en est venu à la conclusion qu'avec
l'Institut Nazareth on pouvait réaliser ce programme à
l'intérieur des montants disponibles et qu'à ce moment-là
c'était même la volonté de la plupart du personnel qui
avait été formé de travailler dans un milieu
francophone.
M. Shaw: Vous avez maintenant des instructeurs bilingues ou
français?
M. Lazure: II y a beaucoup de Canadiens français qui
peuvent suivre des instructions en anglais, mais c'est autre chose
qu'être obligé de travailler en anglais.
M. Shaw: D'accord, mais si le Montreal Association for the Blind
n'a pas de fonds pour faire la traduction des livres et l'instruction, cela
peut poser un gros problème.
M. Lazure: L'entente qu'on avait prise avec eux et cela
avait été fait avec M. Forget, dans le temps disait
très clairement qu'ils devaient offrir les services dans les deux
langues. On avait mis des budgets à leur disposition et l'entente
était qu'à l'intérieur de ces budgets ils pouvaient
réaliser ces objectifs. On s'est aperçu très clairement en
cours de route qu'ils ne respectaient pas cette entente et que les services
s'orientaient vers des services unilingues anglais.
M. Martel: Vous voyez, M. le Président, l'importance
d'adopter d'urgence notre loi 1.
M. Forget: M. le Président, je pense que cela a
été une question intéressante, parce que cela illustre
assez bien, dans le fond, il y a des difficultés dont peut-être
je ne peux pas vous faire d'affirmation, mais au moins il y a un certain
risque les aveugles feront les frais dans ce cas-ci.
Effectivement, s'il y avait des manuels ou des livres d'instruction,
j'imagine qu'ils ont dû être traduits par quelqu'un. Si je
comprends bien, The Montreal Association for the Blind n'avait pas l'argent
pour le faire. Encore une fois, si je comprends bien, plutôt par
déduction, c'est finalement le ministère qui l'a fait à
ses frais ou si c'est l'Institut Nazareth qui l'a fait avec les mêmes
sommes?
M. Saindon: M. le Président...
M. Lazure: Les sommes avaient été mises à la
disposition de The Montreal Association for the Blind, mais à cause de
leur incapacité de produire un programme pour francophones, ces sommes
ont été transférées à l'Institut Nazareth et
Louis-Braille ainsi qu'au centre d'accueil Louis-Hébert pour poursuivre
cette formation dans un contexte francophone. C'est dans cette optique que cela
s'est produit.
M. Forget: C'est exactement les mêmes sommes, et cela a
été suffisant pour payer les traductions et les instructeurs et
tout le reste.
M. Lazure: Les traductions sont en cours actuellement. Une chose
est sûre, c'est que le personnel va chercher, uniquement, en anglais la
formation technique dont il a besoin et ensuite, entre eux, ils
négocient continuellement en français. Ce qu'ils ne pouvaient
faire à Montreal Association for the Blind parce que les superviseurs
à Montreal Association for the Blind exigeaient que ces discussions
aient lieu en anglais, ce qui les
handicapait sur le plan de la communication technique en formation.
M. Forget: À quel moment pense-t-on que le système
va être complètement international? On a dit au mois d'août
probablement?
M. Lazure: Plutôt vers l'automne.
M. Forget: Est-ce que les sommes qui avaient été
prévues pour ce programme, qui étaient de l'ordre de $700 000
dans le budget de l'an dernier, étaient pour l'implantation du
programme, mais pas nécessairement pour couvrir le coût des
prothèses, etc.
M. Lazure: La première année de fonctionnement, il
avait été prévu $500 000, $1,5 million pour la
deuxième année, et $2,5 millions pour la troisième
année. De $2,5 millions on retombait à $1,8 million pour les
années subséquentes parce que les mêmes instruments
pouvaient servir, comme le clavigraphe pouvait servir de nouveau.
Or, dans les coûts des nouveaux programmes, dans les $13 millions
on avait mis $3 millions pour cela. Maintenant les $3 millions ne serviront pas
beaucoup pour cela durant une bonne partie de l'année. C'est $500 000,
et si on fonctionne trois mois, quatre mois ou six mois dans l'année, ce
sera beaucoup moins. C'est heureux que ce soit moins parce que les $3 millions
on en a besoin pour les médicaments qui avaient été
prévus à un coût beaucoup moindre que celui qui est
là.
M. Forget: Si on calcule les autres coûts dans le budget de
développement pour l'assurance-maladie, il n'y aurait pas d'argent pour
cela, d'après les informations qu'on nous a données plus
tôt cet après-midi. Les $13 millions sont moins que les $7,3
millions pour les soins dentaires et des $7 millions pour les
médicaments, ce qui fait $14,3 millions.
M. Lazure: C'est cela. Je dois dire que ces chiffres ont
été préparés par le ministère des Finances
ou le Trésor. Dans les chiffres, il y en a plusieurs qui ne sont pas
concordants avec ceux de la régie. On avait mis, au revenu, $12,5
millions en intérêts, alors en sachant que la régie va
être en déficit au cours de l'année, il n'y aura pas $12,5
millions d'intérêts. On avait mis $665 millions pour les services
assurés, nous prévoyons $655 millions. Par contre, on a
parlé, cet après-midi, de $298 ou $299 millions du
fédéral. Si on applique les $110.5 millions de la Loi C-68, on
arrive à $288 millions et non pas à $299 millions. Il y a un
autre $10 millions de différence. Quand c'est arrivé aux $13
millions, coût des nouveaux programmes, c'est encore quelque chose qu'on
a appris en le lisant. C'était marqué $13 millions.
M. Forget: Le Conseil du trésor a l'habitude d'être
meilleur pour les soustractions que pour les additions.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Sur le même sujet, sur le principe des centres
d'anesthésie privés à l'extérieur des
hôpitaux.
M. Lazure: Les centres de?
M. Shaw: D'anesthésie. Cela arrive avec les soins
dentaires pour les enfants. Il y a plusieurs enfants qui ne sont pas
soignés parce qu'ils ne sont pas soignables car ils sont trop craintifs
ou trop jeunes. Un jeune garçon ou une jeune fille de trois ans ou
quatre ans, c'est presque impossible de les soigner dans un cabinet
privé. Il n'y aurait pas, dans les centres hospitaliers, assez de
services. L'attente est rendue maintenant à six mois ou un an et
même plus que cela. Nous avons deux centres à Montréal, un
à Montreal Children's Hospital et l'autre à l'hôpital
Ste-Justine qui peuvent donner ces services. Dans les centres hospitaliers, la
liste d'attente est pour un an.
Si vous avez un enfant de quatre ans qui a des dents cariées,
c'est presque impossible d'avoir des soins dans un bref délai. Il y a
deux ans, nous avons inauguré quelques centres d'anesthésie
à l'extérieur des hôpitaux pour essayer de remplir cette
lacune, mais le problème c'est que le tarif pour les
anesthésistes est si bas qu'il est impossible de trouver des
anesthésistes qui veulent travailler pour deux ou trois heures sur un
enfant à cause du tarif à l'extérieur de l'hôpital.
Maintenant, c'est rendu que nous avons une lacune de services grave, il n'y a
pas moyen de la combler, nous avons des centres à l'extérieur des
hôpitaux. Même si on fait entrer un enfant dans cet hôpital,
c'est trois jours d'hospitalisation qui coûteraient à peu
près $100 par jour seulement pour les faire entrer pour faire remplir
quelques dents. C'est un service demandé.
La Régie de l'assurance-maladie a augmenté les services
à l'âge de douze ans. Nous avons le problème des enfants
handicapés ou arriérés; c'est aussi impossible de les
soigner dans des cabinets privés. Est-ce que le ministre prévoit
des services pour ces patients dans les centres d'anesthésie à
l'extérieur des centres hospitaliers?
M. Lazure: Je pense qu'il faut surtout favoriser l'implantation
d'un plus grand nombre de cliniques dentaires dans le milieu hospitalier,
surtout pour les cas que vous décrivez qui requièrent une
anesthésie générale. Par mesure de sécurité,
le centre hospitalier offre évidemment des services qu'on ne retrouve
pas dans le cabinet du dentiste, réanimation et banques de sang,
etc.
M. Shaw: C'est disponible dans les centres d'anesthésie
pour tous les services. Ceux qui sont acceptés par la régie.
M. Lazure: Certainement pas dans tous les cabinets privés
de dentistes. Si vous me demandez notre orientation, notre
préférence va plutôt vers l'augmentation du nombre de
cliniques dentaires dans les hôpitaux du réseau des Affaires
sociales. Vous avez parlé de Sainte-Justine et du Montreal Children's,
ce sont les deux grosses cliniques à
Montréal. Il en existe quand même quelques autres. Dans les
hôpitaux psychiatriques, il y a une tradition qui veut que les soins
dentaires soient fournis à la population non seulement interne mais
externe aussi. Il y a l'hôpital de Rivière-des-Prairies qui a un
service dentaire assez considérable et qui traite des enfants
handicapés mentaux de l'extérieur de l'hôpital et de
l'hôpital, les deux.
Nous espérons pouvoir débloquer des crédits l'an
prochain pour augmenter le nombre de ces cliniques. Il y a eu aussi je
pense au CHUL ici, à Québec un certain nombre
d'hôpitaux à l'intérieur des départements de
santé communautaire qui ont des cliniques dentaires assez bien
équipées et assez bien achalandées. Dr Brunet.
Les six centres dont parle le Dr Lazure avaient été
aménagés pour l'enseignement aux hygiénistes dentaires;
ils sont assez bien aménagés mais ils doivent aussi servir pour
des traitements de toute nature. Quant au problème des handicapés
ou des déficients mentaux, il y a certaines facilités dans
certains centres hospitaliers mais il y a encore des déficiences
importantes à ce niveau, notre orientation s'étant
développée plutôt à l'intérieur des
établissements qu'au niveau de cliniques privées. Vous parlez du
tarif des anesthésistes qui pose des problèmes; c'est
malgré tout un tarif qui est négocié avec la
fédération, qui a été approuvé par la
fédération, qui n'a pas été imposé. Il y a
aussi le troisième problème, les abus qui existaient. Le Dr
Laberge peut donner des statistiques sur le nombre de dents qui ont
été enlevées au Québec au cours des trois
premières années du régime, qui n'avaient rien, sous
anesthésie ou sans anesthésie, pour nous encourager. On n'avait
pas l'impression que c'était une politique de santé dentaire
très dynamique que cet édentage généralisé
au Québec.
M. Shaw: C'est exactement contre cela que je parle. Je parle des
soins dentaires pour les handicapés.
Nous avons 4 centres à Montréal et une liste d'attente,
c'est impossible...
M. Forget: J'aimerais revenir, M. le Président, au
problème des prothèses. Si je comprends bien, à partir du
cheminement assez pénible de l'extension du programme pour les
prothèses visuelles, du côté des prothèses auditives
on n'en est pas encore, je pense bien, même à la formation du
personnel spécialisé, ou est-ce qu'on devra passer par cette
étape également?
M. Lazure: On y arrive. Nos ressources dans ce secteur sont
limitées, des efforts ont été faits pour essayer de mettre
en marche le programme des prothèses oculaires. Je pense que
celui-là est en bonne voie de se réaliser et je pense que nos
objectifs de l'automne sont réalistes, à toutes fins pratiques.
Pour ce qui est des prothèses auditives, le problème est encore
au niveau de la formation du personnel, l'obtention du personnel, la
collaboration des établissements, les choix à faire. C'est
vraiment au point de départ, et je pense qu'on en a pour six à
douze mois avant de pouvoir mettre celui-là en place de façon
réaliste.
M. Forget: Pour les prothèses orthopédiques, il y
avait un problème qui n'était pas encore complètement
résolu. C'était l'accessibilité à des cliniques
hospitalières dans des régions éloignées. À
Montréal et à Québec, il n'y a pas tellement de
problèmes, je pense qu'il y a Trois-Rivières également, et
Sherbrooke où il y a de bons services, de même qu'à Ottawa.
Mais dans des endroits comme Rimouski ou dans le Saguenay, est-ce que le
ministère a franchi les étapes pour l'établissement de
clinique de prothésistes ou de laboratoires de prothèses et
orthèses dans ces milieux?
M. Lazure: En fait, il y a deux recommandations qui seront faites
au ministère des Affaires sociales pour établir un centre
à Rimouski et un autre dans le Nord-Ouest québécois. On a
regardé la provenance des patients dans le régime et, à la
lumière de ces données, on sera en mesure de faire des
recommandations, mais elles n'ont pas encore été faites. Je pense
que le ministre m'écoute dans le moment.
M. Forget: Je suis sûr qu'il va vous écouter d'une
oreille sympathique.
Le Président (M. Marcoux): Souhaitons que le ministre vous
écoute.
Une voix: Pour autant qu'il ait de la mémoire.
M. Forget: J'ai encore une ou deux questions, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Cela devenait
intéressant lorsque vous parliez de Rimouski.
M. Forget: On va essayer de retoucher à la même
région, si l'occasion se présente, M. le Président, je
vous le promets. On peut même trouver des questions qui peuvent
intéresser Rimouski si... J'aimerais, du côté de
l'évolution financière du régime, profitant de la
présence des gens de la régie ici, particulièrement du
directeur général, du président, savoir quels ont
été les développements relativement, en particulier,
à certains actes dont l'incidence a été
particulièrement réduite par la nouvelle entente. Je pense, par
exemple, à la thermographie, qu'est-ce que cela indique comme
résultat?
M. Lazure: Je vais essayer de diviser ma réponse en deux.
Je vais vous parler d'abord de la thermographie et ensuite de la
différence, si j'ai bien compris, entre ce qui existait avant l'entente
et après l'entente. La mammographie, pour ceux qui ne sont pas
familiers, ce sont des radiographies des seins qu'on fait dans le but de
dépister des tumeurs, des cancers, des tumeurs bénignes, des
adénomes, des fibroadénomes, des fibroses kystiques, et je vais
en passer. La thermographie,
c'est un examen qui n'est pas un examen radiologique, mais qui est fait
par les radiologistes, et qui consiste, disons, à refroidir les seins
avec un appareil pour recevoir les radiations du sein qui, dans le cas de
tumeur, sont plus élevées. On pourrait alors isoler une tumeur.
Cette méthode a été, à toutes fins pratiques, je ne
dirais pas dénoncée, mais a été
évaluée comme ayant peu d'importance par le président de
la Corporation professionnelle des médecins, le docteur Roy, qui a dit
exactement: "La thermographie, à elle seule, constitue un mauvais mode
de dépistage du cancer du sein et telle que pratiquée de nos
jours, elle reste un examen strictement complémentaire et de faible
valeur diagnostique."
C'est ce qu'a déclaré, entre autres, le Dr Roy,
président de la corporation.
En 1976, nous avons payé à la régie près de
$3 millions en mammographie, $2 897 000 exactement. Nous avons payé $2
656 000 en thermographie. Si les chiffres veulent dire quelque chose je
ne voudrais pas distribuer ce tableau pour qu'il ne suscite pas les mêmes
problèmes que ce matin les mammographies sont passées de
11 300, dans l'année 1971, à 127 000. Les thermographies sont
passées de 1302 en 1971 à 60 000. J'avais demandé aux gens
de la régie de me trouver si, à la suite de ces examens de
dépistage qui coûtent grossièrement $6 millions, on a
découvert un nombre extraordinaire de tumeurs du sein. C'est
intéressant d'aller voir à l'autre bout. Les mastectomies
simples, c'est-à-dire l'ablation du sein, en 1971, 1315, 1400, 1600,
1500 cela va même en diminuant en 1974 puis 1600. En fait,
en 1975, il y en a moins qu'en 1973.
Je vais vous donner une autre série de chiffres, pas pour vous
mêler, mais pour vous aider. Mastectomies radicales, 1020, 1008, 1043,
1023, 1430. La mastectomie radicale, avec évidemment mammaire interne,
est passée de 80 en 1971 à 59 en 1975. D'une part, les
mastectomies, c'est-à-dire les opérations pour tumeur du sein,
sensiblement les mêmes au cours des années, de 1971 à 1975,
alors qu'on passe pour la mammographie, qui est un examen de dépistage,
de 11 000 à 127 000 et de 1300 à 60 000. Au cours de la
dernière négociation le député de
Saint-Laurent est au courant il y a eu une lettre d'intention, à
la fin de l'entente dans les deux ou trois dernières pages, où il
est dit que le ministre des Affaires sociales et la fédération
conviennent d'exclure la thermographie en cabinet privé et d'exclure la
mammographie pour fins de dépistage. Ce règlement est prêt,
il y a un mémoire de prêt pour le Conseil des ministres, puis il y
a également un avis dans la Gazette officielle et les deux
fédérations ont été consultées. Je ne sais
pas si cela répond à vos questions sur la thermo et la
mammographie.
M. Forget: Ce règlement sera en vigueur dès son
approbation?
M. Lazure: Je me demande si c'est après 30 jours dans la
Gazette officielle.
M. Saindon: Qui a fait la recommandation de prendre cette
décision?
M. Lazure: D'exclure la thermographie... M. Saindon: La
thermo et la mammographie.
M. Lazure: ...et la mammographie pour fins de dépistage,
c'est dans l'entente avec la FMSQ. Il faut dire que la très grande
majorité de ces examens, je ne peux vous donner de chiffres, si ce n'est
de vous dire 95% à peu près était faite par des
médecins spécialistes. C'est dans l'entente où ils disent
qu'ils sont disposés à exclure la thermographie, de même
que la mammo pour fins de dépistage. Il y a eu, après cela,
consultation avec la FMOQ je n'ai pas la lettre de consultation
qui se dit d'accord sur cette orientation.
M. Saindon: Disons qu'il y a un pourcentage X d'examens de
mammographie qui sont faits inutilement.
M. Lazure: Trois X.
M. Saindon: Trois X. Cela, on le sait après qu'ils sont
faits. Il ne vaudrait pas mieux, par exemple, faire un X et demi d'examens de
trop, puis sauver un X et demi de cas cancéreux ou de tumeurs
bénignes ou autres?
M. Lazure: Je vous ferai remarquer que ces examens sont gratuits
et disponibles en milieu hospitalier.
M. Saindon: En milieu hospitalier. M. Lazure: C'est
ça.
M. Saindon: À supposer, par exemple, qu'un GP...
M. Lazure: Un omnipraticien examine une malade avec une tumeur du
sein; il l'envoie en milieu hospitalier, elle subit sa mammographie, puis sa
thermo, s'il y en a là.
M. Saindon: II l'envoie en milieu hospitalier, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: M. le Président, je pense que ces chiffres de
11 300 en 1971 à 127 000 concernant les mammographies parlent
d'eux-mêmes.
Ce n'est pas nécessairement en proportion de l'augmentation du
nombre de personnes du sexe féminin, c'est tout simplement une
multiplication d'actes. Le député d'Argenteuil signale qu'il peut
y avoir des cas de cancer si on diminue ces examens. Je tiendrais à lui
signaler que la multiplication de ces actes en radiologie peut occasionner
des problèmes assez graves, par exemple, des leucémies
chez certaines personnes qui sont exposées trop souvent à des
examens de radiologie. J'ai l'impression que le ministère devrait avoir
un contrôle très sévère concernant la multiplication
effarante qu'on connaît de ce temps-ci des fameuses cliniques
privées de radiologie qui se multiplient à un rythme vraiment
anormal.
Avec la multiplication de ces actes, ces chiffres, je crois, parlent par
eux-mêmes. Des directives venant du ministère, concernant
l'émission des permis pour ces cliniques privées de radiologie,
seraient bienvenues, je pense, dans l'ensemble de la population.
M. Forget: M. le Président...
M. Lazure: Voulez-vous la réponse à l'autre partie
de la question qui traitait d'avant ou après l'entrée en vigueur
des ententes?
M. Forget: J'allais poser cette question. J'imagine qu'en
attendant il n'y a pas eu beaucoup d'effets. Est-ce qu'il y a eu un effet,
effectivement, en anticipation du règlement?
M. Lazure: Là, vous parlez du règlement excluant.
Il y a un effet, on n'en paie pas. Actuellement, on n'en paie pas, depuis
janvier.
M. Forget: D'accord.
M. Lazure: En cabinet privé. À l'hôpital, ce
n'est pas nous qui payons.
M. Saint-Germain: ...une maudite bonne école...
M. Lazure: Avez-vous d'autres questions?
M. Forget: Pas sur ce point-là. Changeant un peu de sujet,
mais toujours sur l'application des ententes, il y a, depuis l'automne 1974,
une disposition de la loi qui oblige la régie à voir à la
compilation de données sur la base des bénéficiaires de
services. Évidemment, il y a un assez long échéancier qui
avait été prévu pour la mise en application de cette
réglementation; est-ce que le président de la régie ou le
ministre voudrait faire des commentaires sur le moment auquel on pense pouvoir
y donner suite, de deux façons, de la façon prévue dans la
loi, c'est-à-dire par l'émission d'un relevé
périodique, et de façon peut-être plus immédiate,
parce que j'imagine que ce n'est pas pour les prochaines semaines, la
régie est probablement en train de préparer son rapport annuel
pour la période terminée le 31 mars 1977. Est-ce que, dans les
statistiques annuelles de la régie, qui seront publiées
présumément à l'été ou à l'automne,
il y aura, pour la première fois, cette fois-ci, une analyse de
l'utilisation sur la base des bénéficiaires plutôt que sur
la base des prestateurs de services, comme c'était le cas dans le
passé?
M. Lazure: Je vais revenir, si vous me le permettez, M. le
Président, à la mammographie et à la thermographie pour
vous mentionner que le coût par jour ouvrable est de $816.40 par jour. Il
y en a un à $2040 et d'autres à $600, $600, $1400. C'est pour
vous démontrer que le coût est limité à un nombre
assez restreint d'individus.
M. Forget: Ce n'est pas le coût pour l'année
courante?
M. Lazure: Non, c'est la moyenne du deuxième trimestre de
1975. C'est le montant moyen qu'on a payé par jour ouvrable, qui est de
$816 par jour, à dix individus. $816 à chacun des dix
individus.
M. Forget: Avant l'interruption du paiement?
M. Lazure: C'est cela.
Quant à l'autre question, on a tenté de définir,
dans le rapport statistique de cette année, des parties qui vont
s'adresser aux consommateurs plutôt qu'aux dispensateurs. C'est vrai pour
les médicaments, les soins dentaires et on les retrouve partiellement du
côté des soins médicaux. La raison qui fait que cela a pris
du temps est qu'il a fallu d'abord un fichier de bénéficiaires
adéquat, qu'on a finalement obtenu en 1976, mais qui est en train de se
détériorer graduellement parce qu'on a de 25% à 30% de nos
relevés d'honoraires qui n'ont pas de carte d'assurance-maladie.
Il faut chercher, il faut courir, il faut travailler pour essayer de
faire des "match", courir après ce qu'on appelle le "compost", pour
essayer de rapatrier cela et il y en a toujours un bon nombre que l'on oublie.
On arrive avec ce qu'on appelle des NAM temporaires ou numéros
d'assurance-maladie temporaires. On se réveillera dans X années
avec 8 ou 9 millions de Québécois, au rythme où on s'en
va. Actuellement on a un fichier passablement près de 6,15 millions ou
6,2 millions de Québécois. Alors il fallait un fichier.
Il fallait, deuxièmement, établir un programme sur la base
des données, qui s'appelait la validation du bénéficiaire,
pour être capables de retracer, via le bénéficiaire, ce qui
a été reçu par un bénéficiaire. Cela a
été implanté, graduellement, dans un programme, dans un
deuxième, dans un troisième. Je vais parler du programme des
médicaments qu'on a commencé; ensuite on l'a fait dans le
programme des soins optométriques, des soins dentaires et nous sommes
rendus en médecine. Ce qui veut dire que l'on peut retracer tout ce
qu'un bénéficiaire a reçu au cours des X derniers mois ou
des douze derniers mois, de différents professionnels de la
santé. Avant de faire des profils de consommation, par le
bénéficiaire, il fallait d'abord ce procédé. Dans
le rapport statistique annuel, pour répondre à votre question,
qui va sortir probablement au cours du mois d'août ou au plus tard en
septembre, il y aura une bonne partie qui sera consacrée à la
consommation, en partant du consommateur.
Maintenant, la différence entre les deux ententes,
c'est-à-dire les coûts du régime d'assurance-maladie avant
l'entente et après l'entente. Il a été convenu dans les
ententes que la régie était pour
sortir, périodiquement, des données afin de permettre au
ministère et aux fédérations de se rajuster en cours de
route si l'on dépassait les plafonds qui ont été convenus.
Il y a des statistiques détaillées par médecin et selon le
mode de rémunération. Dans cela il y a l'acte, le numéro
anonyme du professionnel, le code d'acte, le rôle, le mois, le nombre
d'actes, le nombre d'unités et le montant gagné à vacation
et honoraires fixes; on a cela également, autres modes de
rémunération, l'assurance-hospitalisation, la même chose,
fichiers des professionnels.
On a des délais de production qui sont quatre mois après
la période considérée. On avait pensé, au
début, de le faire à la fin d'un mois; disons qu'à la fin
de novembre on dit: On ferme les livres et en décembre on va sortir des
chiffres. Or, en novembre on a reçu des relevés d'honoraires ou
des demandes de paiements pour des services rendus en octobre, la moitié
du mois; alors ceux de novembre arrivent en décembre. En plus, il y a
quelque chose dans la loi pour lequel nous avons recommandé un
changement, c'est que les professionnels ont deux ans pour faire parvenir leurs
comptes, ce qui n'est pas tout à fait correct. Il y en a un parfois qui
attend et, le vingt-troisième mois, nous envoie $150 000 de comptes. Il
vient briser la base des données, le profil, le sien et celui des
autres.
Nous avions convenu d'attendre quatre mois. On a également des
indicateurs de service qui sont développés avec des
catégories de service, les consultations, les visites, etc. Le nombre,
le coût, le nombre de médecins dispensateurs, le nombre de
bénéficiaires.
Nous avons, en troisième, le revenu moyen annuel brut qu'on va
développer au fur et à mesure que l'on s'en va, de façon
trimestrielle chez les médecins omnipraticiens, afin qu'ils ne
dépassent pas le montant maximum prévu de $23 000 pour un
trimestre, $92 000 pour une année. Au premier trimestre, il y en a
peut-être une dizaine qui ont dépassé les $23 000 sans s'en
rendre compte. Alors, dans le revenu moyen annuel brut, on a le volume de
services et les montants gagnés, selon le mode de
rémunération. On a toutes sortes de divisions, la
répartition des médecins, les montants gagnés selon le
mode de rémunération encore, selon leur répartition, avec
16 subdivisions. Je vais m'arrêter là pour vous dire ce qui est
arrivé au cours du premier trimestre. On a fait parvenir à la
FMOQ, je n'ai pas l'imprimé d'ordinateur, c'est un imprimé
d'ordinateur que l'on a envoyé à la FMOQ, pour le mois de
novembre, on l'a envoyé il y a peut-être quinze jours. Cependant
nous avons celui du mois de décembre qui doit être envoyé
cette semaine et on a celui des médecins spécialistes, du mois de
janvier, qui sera envoyé d'ici une semaine ou quinze jours. On a eu au
cours d'avril, en particulier, des problèmes avec notre informatique ou
nos ordinateurs. C'est un problème en dehors de notre dépendance,
c'était l'Hydro-Québec qui avait des chutes
d'électricité et il y avait des manques de cycles.
Les ordinateurs ont arrêté 109 heures dans le mois et cela
coûte $1000 l'heure quand cela arrête. Il n'y a pas seulement cela,
le temps lui, est difficile à reprendre. Quant aux premiers
résultats qu'on pourrait donner, j'ai demandé de préparer
janvier, février, mars 1976 chez les médecins omnipraticiens. Je
vais simplement donner les montants versés: $15 millions en janvier, $12
millions en février, $18 millions en mars. Si on prend 1977 j'ai
ignoré les mois de novembre et décembre un peu pour les raisons
que je vous ai données tantôt on avait $12,8 millions en
janvier, $19,8 millions en février et $19,6 en mars. Le total du
trimestre de 1976, janvier, février, mars, était de $46,6
millions. Le total du trimestre de 1977 était de $51 378 000, soit une
augmentation de 10%.
Du côté des médecins spécialistes, pour le
même trimestre encore, 1976 et j'espère toujours que je
réponds à votre question en vous donnant ces chiffres
janvier, février, mars, on avait $25,3 millions, $22,6 millions et $23,4
millions, pour un total de $71,4 millions. Si on prend janvier, février,
mars 1977, avec la nouvelle entente, on a $33 millions en janvier, $29 millions
en février et $30 millions en mars, pour un total de $93,1 millions, ce
qui fait une augmentation en gros de 30%.
Si on prend les deux, je ne vous donnerai pas mois par mois, mais je
vais vous donner le premier trimestre de 1976, qui a coûté
à la régie $118,1 millions et le premier trimestre de 1977 qui a
coûté $145,5 millions. C'est une augmentation de 23%.
Il y a une autre façon de regarder cela, mais je voudrais vous
mettre en garde: c'est extrêmement fragile, compte tenu du fait qu'il y a
des inventaires que l'on traîne d'un mois à l'autre, qu'il y a
même des demandes de paiement qui sont faites selon l'ancienne entente et
non pas la nouvelle. On a pris du mois d'avril au mois d'octobre 1976. Le
coût d'une demande de paiement était de $10.06. On avait, par
demande de paiement, 1,50 service et le coût du service était de
$6.71.
Pour les quatre mois, on a exclu novembre, comme je vous l'ai dit, parce
que c'était la nouvelle entente, que cela commençait et que nous
avions surtout les relevés d'honoraires du mois d'octobre ou septembre.
On a pris décembre, janvier, février, mars 1977. Le coût
par demande de paiement tombe à $11.51, c'est une augmentation de 14.4%.
Le nombre de services par demande de paiement, c'est assez curieux mais
nous avons une explication pour cela a diminué. Au lieu d'avoir
1.5%, on a 1.29%. C'est une diminution de 14%. Le coût du service est de
$8.91, ce qui est une augmentation de 32.8%.
On a fait le même exercice chez les médecins
spécialistes. Est-ce que je dois continuer dans cela?
M. Forget: Ces derniers chiffres, ces coûts moyens
étaient des coûts moyens pour le total?
M. Lazure: Coûts moyens par service pour le total.
M. Forget: Non, ce n'est pas la peine de donner le détail
là-dessus. J'aimerais savoir quelle était la première date
à laquelle ce genre de rapport périodique était
prévu dans l'entente. Vous avez fait allusion tantôt à une
attente, un délai d'attente additionnel de quatre mois.
M. Lazure: Quatre mois après la terminaison d'un mois.
Dans l'entente je pense que, de mémoire, c'est un rapport trimestriel,
au lieu d'être un rapport mensuel, c'est cela.
M. Forget: Donc, ce sont des rapports trimestriels, mais qui
parviennent actuellement avec un délai de quatre mois?
M. Lazure: Ce qu'on fait actuellement, c'est qu'on donne les
rapports tous les mois. On donne le premier, le deuxième, le
troisième et, à la fin du troisième mois, c'est le rapport
trimestriel. On recommence le quatrième, le cinquième, le
sixième et c'est le rapport trimestriel. Au lieu d'attendre trois mois,
on le donne au fur et à mesure, à partir du quatrième mois
après, ce qui est actuellement le cinquième mois.
M. Forget: Vous faites les ajustements sur une base de
dépenses accrues durant chacun des mois plutôt que sur une base de
déboursés.
M. Lazure: Si je peux me permettre de préciser, les
chiffres qui vous ont été avancés, ce sont les chiffres
qu'on prend sur la base de services rendus; ce sont des indicateurs de dettes.
Les chiffres qu'on observe...
M. Forget: Sur la base des services rendus dans le mois et non
pas sur la base des paiements effectués durant le mois.
M. Lazure: C'est exact. Ce sont les chiffres qui nous ont
été donnés sur les coûts moyens par demande de
paiement par les services hospitaliers. C'est sur la base des services rendus
par les indicateurs.
M. Forget: Quelle est l'importance de la variation mensuelle
entre les deux?
M. Lazure: Dans un cas ici, sur la base de services rendus, on
sait que les services sont rendus dans un mois donné.
M. Forget: Ce n'est pas la nature de ma question. Comme vous
prenez quatre mois pour faire cet ajustement, ces quatre mois ont un
coût. C'est donc qu'il y a des variations assez considérables et
imprévisibles, qui ne sont pas saisonnières, qui ne suivent pas
un "pattern" régulier entre les services rendus. Il y a un écart
entre le chiffre qui représente les services rendus, par exemple, dans
le mois de mars et le total des paiements pour ce mois. Il y a une
différence. C'est donc que l'écart est imprévisible et
varie de façon irrégulière. Ou est-ce que c'est à
peu près toujours la même chose?
M. Lazure: On peut toujours l'estimer par rapport à ce qui
est fourni. Ce ne sont pas à ce moment les données exactes, si
c'est estimé.
M. Forget: Je comprends. Toutes les statistiques sont produites
avec des estimations, même les plus exactes. C'est une question de savoir
s'il est important d'avoir des chiffres parfaits ou d'avoir des chiffres
rapidement. Ce que j'essaie de comprendre, c'est pourquoi vous estimez
absolument essentiel d'avoir les chiffres les plus exacts possible au prix de
les produire quatre mois plus tard. Il y a un délai de réaction
à ces chiffres.
M. Lazure: C'est cela. Avec le service de recherche et de
statistique, avec les économistes, les comptables et les actuaires qui
en font partie, on a convenu, après de longues discussions, que, si on
fournit des données rapidement rapidement, cela ne peut pas
être moins d'un mois après la fin d'un mois mais qu'on
fournit des mauvaises données quand même il n'y aurait que
5% ou 8% d'erreur dedans qu'on envoie ces données...
M. Forget: Cela n'a pas d'importance.
M. Lazure: ... au ministère et aux
fédérations, pendant qu'on se chicane, on arrive avec d'autres
données qui ne sont plus les mêmes un mois ou deux mois plus tard.
On a pensé en fournir juste une fois et qu'elles soient les plus exactes
possible.
M. Forget: Enfin, c'est un choix, mais cela ne me paraît
pas une raison très convaincante à première vue. Depuis la
production des premières données corrigées, y a-t-il eu
des discussions avec les fédérations médicales, parce
qu'au moins du côté des spécialistes il me semble qu'il y a
des résultats un peu imprévus?
M. Lazure: Aucun imprimé n'est parvenu encore aux
spécialistes, je l'ai dit tantôt, tandis que, pour la FMOQ, il y
en a un qui s'est rendu et l'autre part cette semaine. Novembre est rendu,
celui de décembre part cette semaine.
M. Forget: Quelle est la première période
d'ajustement dans l'entente avec les spécialistes?
M. Lazure: C'est sur le premier trimestre, mais c'est six mois
après le premier trimestre. Ils auront les données à
temps. C'est neuf mois, en fait.
M. Forget: Oui, mais à neuf mois ils auront seulement les
chiffres des trois premiers mois.
M. Lazure: Ils vont les avoir avant cela.
M. Forget: À neuf mois, ils auront au plus les chiffres
des quatre premiers mois ou cinq mois. Cela ne se rendra pas à six
mois.
M. Lazure: C'est ce qui avait été prévu,
à toutes fins pratiques.
M. Forget: Ce qui n'avait pas été prévu,
c'était qu'on raffinerait les chiffres pendant quatre mois. C'est
exactement le contraire qui a été prévu. On se
contenterait d'une approximation qui doit être connue à partir de
six ans d'expérience à la régie. On doit savoir la
différence qui existe. On pourrait même calculer un ajustement
saisonnier, s'il y a des ajustements saisonniers à faire, parce que
c'est ne laisser aucun temps aux fédérations pour faire les
ajustements. Il semble que le ministère s'expose, à ce moment,
à ce qu'on lui dise: On l'a su trop tard, donc on ne change rien,
surtout s'il y a des dépassements. Il me semble que du côté
des spécialistes, il y a des dépassements: 30% d'augmentation, ce
n'est pas du tout l'ordre de grandeur qui avait été compris comme
résultat.
Au niveau de certains tarifs, oui, mais étant donné la
disparition de certains actes, étant donné le statu quo quant
à certaines autres parties du tarif, cela ne devrait pas du tout
produire 30%, avec un fardeau considérable, pour la
Fédération des médecins spécialistes, d'ajustement
à la baisse dans certains tarifs.
M. Lazure: Le type de données qui est donné
aujourd'hui ne permet pas à la Fédération des
médecins spécialistes de réagir, non plus. Il lui faut
absolument, par spécialité...
M. Forget: C'est absolument vrai, ils n'en ont pas du tout. On
nous dit qu'ils n'ont pas de données du tout.
M. Lazure: En plus de cela, il leur faut par
spécialité. Les omnis peuvent réagir sur des
données pour l'ensemble des omnipraticiens, mais les médecins
spécialistes ne pourront réagir que sur des données par
spécialité.
M. Forget: La décision qu'on prend de les donner parfaites
implique qu'on les donne trop tard.
M. Lazure: Si les fédérations sont au courant que
les données ne sont pas bonnes ou sont imparfaites...
M. Forget: Non, il y a une différence entre des
données pas bonnes et des données qui n'ont pas encore
été ajustées. Si, dans d'autres domaines où on
produit des données, on attendait d'avoir les données finales, on
n'en aurait pas besoin, c'est aussi simple que cela. Quand elles sont finales,
elles ne sont plus utiles, ordinairement. Cela devient un matériau pour
les historiens; cela n'a plus d'importance parce que cela arrive toujours un an
ou un an et demi après qu'on en a besoin.
Le point, actuellement, c'est d'insister tant que je peux sur
l'idée que si on détecte un signe, à première vue,
cela me saute aux yeux, sans aller plus loin, qu'il y a une
nécessité, en vertu des dispositions de l'entente, d'un
ajustement assez substantiel au niveau des tarifs des médecins
spécialistes, il faut tout faire pour que cette information parvienne
à temps, sinon on prend le risque que la Fédération des
médecins spécialistes va dire: Peut-être qu'il y avait un
problème, mais comme il y a certaines fenêtres prévues dans
l'entente pour faire les ajustements, et comme on a sauté une
fenêtre, cela va se faire à la fin. Comme on sait, à la
fin, on est dans une moins bonne position pour les obtenir que dans quelques
mois. Je comprends que c'est toujours insatisfaisant, pour ceux qui produisent
des données, d'avoir le sentiment qu'ils ne produisent pas des
données certaines, mais il y a à cela le remède de donner
un peu l'envergure de l'approximation qui est impliquée. Étant
donné l'expérience de plusieurs années dans
l'administration des ententes, on doit avoir une assez bonne idée de la
zone d'approximation. Au lieu de donner un estimé à un point
fixe, on peut dire: c'était plus ou moins le chiffre de 5%.
De toute façon, quand on est rendu à 30% d'accroissement
d'une année à l'autre, je pense que s'il y a 7% ou 4% de
corrections à faire et qu'on sait dans quel sens, on a assez
d'informations pour prendre des mesures correctrices pourvu qu'on le sache
à temps. Je plaiderais avec le ministre et ses collaborateurs pour
qu'ils s'assurent que ces données soient exactes, parce que l'entente a
un effet assez important au point de vue de l'engagement qu'a pris la
Fédération des médecins spécialistes de faire un
ajustement. Cela a été conquis de haute lutte, et je serais
désolé de voir que, pour une question matérielle de
mécanique de chiffres, on laisse filer un avantage très
considérable.
M. Lazure: Je comprends très bien la remarque du
député de Saint-Laurent qui me paraît intéressante.
Dans le cadre de l'autonomie qui est réservée à la
régie, cette dernière avait imaginé ce système, on
peut en discuter dans les semaines qui vont venir.
M. Forget: Je vous remercie. Une autre remarque que j'aimerais
faire, qui m'est inspirée par ce que vient de dire le président
de la régie, c'est la détérioration progressive du
fichier. Là aussi, dans les ententes, il y a une disposition
hypothétique qui a été introduite dans les deux ententes
à l'effet que, dès que le fichier serait en ordre de marche,
c'est-à-dire dès que le fichier qui était en voie
d'aménagement ou de préparation je ne sais pas comment on
appelle cela de constitution, avec un nouveau numéro, serait
complet, les deux fédérations avaient accepté de modifier
ce qu'on appelle les clauses de bonne foi à l'effet qu'ils acceptaient
de considérer la détention de la carte de l'assurance-maladie, sa
production au moment de la prestation d'un service, sauf des exceptions qui
sont prévues dans les textes des ententes comme étant
obligatoires. En ceci, le Québec se rapprocherait de la pratique
universelle des autres provinces qui administrent le système
d'assurance-maladie, qui font de la carte d'assurance-maladie, essentiellement,
comme une carte de crédit, c'est-à-dire que quand on ne l'a pas,
on paie comptant, quitte à se faire rembour-
ser, mais cela devient une preuve d'admissibilité aux
bénéfices.
Je crois que, là aussi, c'est une partie de l'entente qui ne peut
se réaliser que par un amendement législatif parce qu'il faut le
faire et, là aussi, je plaide auprès du ministre. J'imagine, en
le voyant opiner du bonnet, qu'il est déjà d'accord.
M. Lazure: C'est déjà prévu, cela a
été une des premières choses où je me suis enquis
de l'état de la question parce que moi aussi je ne trouvais pas normal
que ce ne soit pas comme une carte de crédit. L'amendement est
prêt et il va certainement être déposé avant la fin
de 1977, dans les mois qui viennent.
M. Forget: S'il plaisait au ministre de l'introduire rapidement,
je peux l'assurer de la collaboration de l'Opposition officielle; on va voter
cela avec une rapidité exemplaire.
M. Lazure: J'en prends bonne note, je le remercie.
M. Shaw: Est-ce que vous allez faire, cette fois-ci, une carte de
crédit pour l'américain bilingue? Le chiffre, cela ne compte pas
mais tous les renseignements sont en français.
M. Lazure: On va tenir compte de la législation actuelle
et de celle qui est à prévoir.
M. Shaw: Oui, parce que même avec le bill 1 c'est
prévu que les renseignements dans les affaires de la santé...
M. Lazure: Quand il s'agit d'assurer la sécurité et
la santé des gens.
M. Shaw: C'est la carte de crédit pour
l'Américain.
M. Lazure: Toutes les informations sur le recto de la carte n'ont
pas besoin d'être unilingues ou bilingues parce que c'est le nom avec des
numéros, avec des chiffres, des dates de naissance, l'année,
l'âge. La partie de la carte qui est unilingue française, c'est
l'endos où on conseille aux gens de porter la carte. Avant de faire cela
unilingue français, nous avions consulté la Régie de la
langue française, qui nous avait recommandé de le faire unilingue
français. On a eu très peu de plaintes, on en a eu très
peu.
M. Shaw: J'ai eu pas mal de plaintes.
M. Lazure: C'était à cause du Bill twenty-two.
Le Président (M. Marcoux): Programme 18, adopté?
Parce que je pense qu'on changerait de projet de loi.
M. Forget: Non, mais c'est la même optique. Une seule autre
question, M. le Président, et j'aurai terminé sur le programme
18.
M. Saindon: Je vais aller me chercher un café pour me
réveiller, je reviens prendre le restant.
Le Président (M. Marcoux): Pardon? Vous vous endormez?
M. Forget: On a été plus serein à cette
séance-ci.
Le Président (M. Marcoux): Vous m'en rapporterez un, cela
me ferait plaisir.
M. Forget: Non, j'ai une autre question, avec votre permission,
M. le Président, M. le ministre. On vient d'indiquer qu'au niveau global
statistique il semble y avoir un comportement un peu inquiétant du
côté des spécialistes. C'est le tableau
général. Je crois comprendre que depuis environ un an la
Régie de l'assurance-maladie suit pas à pas le déroulement
des opérations et la facturation qu'elle reçoit sur chacun des
actes, ou chaque catégorie d'acte pour percevoir les problèmes.
Ces 30% d'augmentation, je comprends que cela s'est reflété
probablement assez largement, parce que le coût moyen du service a
augmenté de 32,8%. Mais est-ce qu'il y a des anomalies qui
résulteraient de l'application de la nouvelle entente et qu'on aurait
déjà décelées, des phénomènes comme
on en a eu avec l'ancienne entente et qu'on a finalement réussi à
régler? Est-ce qu'il y a de nouvelles anomalies qui semblent se
dégager de l'observation des premiers mois, des six premiers mois des
nouvelles ententes?
M. Lazure: Si on veut faire les comparaisons avec des choses
comme les injections sclérosantes, le cérumen des oreilles, les
examens d'urine, la physiatrie dont on a parlé tantôt, les
mammographies pour $3 millions, les thermographies, actuellement on n'a
décelé rien de cela.
M. Forget: Rien de cela.
M. Lazure: Non. On va le savoir quand on fera la dissection des
indicateurs de paiement par spécialité. On trouvera à
l'intérieur de la spécialité l'acte si l'ensemble des
spécialités, mettons le à 30%... J'ai mis en garde, au
début, que ce sont des montants qu'on a payés en janvier,
février et en mars. Au mois de mars, on a fait un effort absolument
surhumain pour donner tout ce qu'on pouvait, à cause de la fin de nos
ententes avec le fédéral. Déjà, c'est quelque chose
qui vient changer l'image. Au mois de janvier ce n'est pas un mois tout
à fait normal, parce que c'était le premier mois de l'entente
on avait en janvier, dans les montants là, des services qui
étaient rendus en décembre. Il y a le FERAT qui est plus
élevé qu'avant, c'est-à-dire notre inventaire, mais ce
n'est pas tellement inquiétant parce que 90% sont payés
d'avance.
C'est-à-dire qu'avec les nouvelles ententes, ce qui est un
avantage, sûrement, on peut payer. Dans ces montants payés, il y
en a qu'on va apprécier par la suite ou qu'on est en train
d'appré-
cier et qu'on retient sur les paiements suivants. Déjà,
cela peut baisser. Ce sont tous des facteurs et il y en aura probablement
d'autres. Ce sera probablement facile de mettre le doigt dessus. Si la moyenne
est de 30, spécialité par spécialité, on en
trouvera une à 40 ou une à 50. À l'intérieur de
cette spécialité, on va découvrir un ou deux ou trois
actes qui, réellement, font que cela monte à cette hauteur. Cela
fait partie du tableau que je vous ai donné au début, qu'on doit
fournir aux fédérations et au ministère. Encore là,
pour répondre à la demande du ministre des Affaires sociales, on
va tenter d'accélérer tout en gardant la plus grande
fiabilité possible des données puis la crédibilité
aussi de la régie. Parce que si on donne des mauvaises données,
je pense qu'il ne voudra plus nous croire, après cela. Il va dire: Vos
données sont toujours fausses, puis on part en guerre, on se bat avec le
ministère et on arrive un mois après avec d'autres données
qu'on a corrigées le mois précédent. Sans avoir des
données parfaites disons que le délai de quatre mois est
peut-être long. Vous me connaissez assez pour savoir que c'est trois mois
de trop pour moi, mais ils m'ont convaincu qu'il fallait attendre ce temps. On
va essayer de raccourcir le délai au fur et à mesure qu'on s'en
ira. Une fois le système en marche, je pense que cela va être
assez facile de le ramener peut-être à trois mois et demi, trois
mois et, s'il y a moyen d'aller en dedans de cela, on ira.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Marcoux): Programme 18,
adopté.
M. Shaw: Je voudrais simplement dire que j'ai
étudié le système américain et celui de beaucoup de
pays.
Le Président (M. Marcoux): Sur quel programme?
M. Shaw: Sur le même programme. Je voudrais dire au Dr
Laberge que sa régie d'assurance-maladie est la meilleure que j'aie
jamais vue. Au nom de mon comté, je vous félicite pour les
services que vous rendez à la population.
M. Lazure: Le comté de Pointe-Claire. Je vais faire en
sorte que les gens de Pointe-Claire soient les mieux soignés de la
province. Je dois vous dire que ce que vous venez de dire là, cela a
été écrit par Jean-François Revel dans son livre La
Tentation totalitaire.
Je pense qu'on doit se féliciter de la saine administration de la
régie. Je vous remercie.
M. Forget: Je voudrais remercier les collaborateurs du ministre
en provenance de la régie pour leur patience dans une journée
où il y avait passablement de choses en même temps.
Le Président (M. Marcoux): Programme 18...
M. Saindon: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): ...c'est vrai là,
adopté?
M. Forget: C'est vrai.
M. Saindon: Croyez-le ou non.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4, maintenant, que
vous aviez déjà commencé à analyser, dont
l'élément 1, sauf erreur est adopté.
M. Forget: L'élément 1, non.
Le Président (M. Marcoux): Non? Ah! bon.
M. Forget: L'élément 1 n'était pas
adopté, on en était loin.
Le Président (M. Marcoux): Vous en étiez loin.
M. Martel: Ce sont les soins à domicile.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4, Services
communautaires, soins généraux et soins à domicile.
Services communautaires
M. Shaw: Est-ce que les soins généraux dans les
services d'urgence des hôpitaux, c'est inclus là-dedans?
M. Lazure: La réponse, c'est oui.
Le Président (M. Marcoux): D'autres questions?
M. Shaw: J'ai entendu dire que vous allez éliminer
certains "help patient services" dans les hôpitaux, est-ce vrai ou
non?
M. Lazure: Moi aussi j'ai entendu cela, à un moment
donné, puis je me suis informé. De façon plus
sérieuse, il semble que sous l'ancien gouvernement, il y avait une
volonté on en a déjà parlé ici, si ma
mémoire est bonne...
M. Forget: Oui, longuement.
M. Lazure: ...de graduellement fermer il n'y avait pas
d'échéance fixée les cliniques externes et
transférer tous ces services dans les CLSC, dans le futur réseau
universel des CLSC.
M. Forget: Les cliniques non spécialisées.
M. Lazure: C'est cela, les cliniques de première ligne. On
a révisé cette politique, à ma demande. On a lu aussi
l'autre jour le texte qui nous sert de guide dans le moment. On a beaucoup
nuancé ce qui était l'attitude du gouvernement
précédent et on dit, actuellement, que dans la mesure où
il y a des CLSC dans une région, on
n'augmentera pas, on ne créera pas de nouvelles cliniques
externes de soins généraux.
D'autre part, c'est la contrepartie, dans le choix de sites pour les
nouveaux CLSC, on tient compte maintenant ce qui n'était pas
tellement le cas autrefois des ressources de santé qui existent
dans telle région ou dans tel quartier. Toutes choses égales, si,
dans deux quartiers différents, vous avez deux comités promoteurs
de CLSC et que, dans un quartier, il y a des services de santé de
première ligne dans une clinique externe et des services sociaux et que,
dans l'autre quartier, il n'y a ni l'un ni l'autre, on va favoriser le
deuxième quartier.
M. Shaw: Je parle de mon hôpital, le Lakeshore General
Hospital. J'ai entendu dire, l'année passée, qu'un montant de
$200 000 a été octroyé pour l'amélioration des
services de la clinique d'urgence de l'hôpital. Y a-t-il des plans
prévus pour la continuation de ce projet?
M. Lazure: II y a encore des sommes sur le plan de
développement des centres hospitaliers. Quant au Lakeshore Hospital, il
doit y avoir des rencontres. Maintenant, ce qu'on appelle le programme
fonctionnel et technique n'est pas terminé entre les gens de
l'hôpital et le ministère.
M. Shaw: Mais c'est en marche? M. Lazure: Oui. M.
Forget: Avez-vous terminé? M. Shaw: Oui.
M. Forget: Sur les services d'urgence, je voudrais demander au
ministre combien d'amendes il a imposées aux administrateurs
d'hôpitaux subséquemment à sa déclaration à
cet effet en novembre. Plus sérieusement, il y a eu subséquemment
une espèce de protocole, dans la région de Montréal au
moins, qui a été conclu entre le ministère et l'ensemble
des hôpitaux de la région de Montréal. Y a-t-il eu
effectivement des fermetures d'urgences de façon systématique et
massive, comme on en a connu dans le passé? On n'en entend plus parler
depuis à peu près ce moment-là, depuis novembre, et il
semble que le problème soit réglé. Est-ce parce que les
journaux ont arrêté d'en parler ou si c'est parce qu'effectivement
le problème est réglé?
M. Lazure: Je pense que le problème est largement
réglé. On fait des vérifications périodiquement,
par téléphone, de façon anonyme. Il y en a eu à
quelques reprises, mais de façon très isolée. Il n'y a
plus de mouvement de fermeture systématique, comme on en voyait il n'y a
pas si longtemps.
M. Forget: Bon, c'est une bonne nouvelle. M. Lazure:
Peut-être pour préciser, il y a eu un comité de tous
les directeurs généraux, des rencontres avec implication du
CRESS; M. Nantel est encore responsable de ce groupe. Il y a eu une entente de
l'ensemble des hôpitaux de la région de Montréal de ne plus
fermer pour les urgences, ce qu'ils ont respecté jusqu'à
présent. Le seul problème qui demeure occasionnel, c'est la
fermeture pour ce qu'ils appellent les ambulanciers privés, lorsque les
hôpitaux ont dépassé leur quota de malades chroniques, mais
il n'y a pas de fermeture même de ces urgences pour des cas urgents. Il y
a une fermeture téléphonique, disons, demandant de diriger les
ambulanciers privés ailleurs.
M. Forget: Je vois. Si je comprends bien, c'est la suite qui a
été donnée à l'entente du 4 novembre pour le
comité. Il y a un comité de surveillance des directeurs
généraux. Il y avait aussi, subséquemment, donc dès
que cela s'était mis en route, la formation, au sein du conseil
régional, d'une commission administrative avec mandat d'assurer la
coordination des services d'urgence et une répartition judicieuse des
cas d'urgence entre les établissements. Est-ce que cela est en route
également? Est-ce que cela fonctionne?
M. Lazure: Ce sont les deux qui sont devenus la même chose,
à toutes fins pratiques.
M. Forget: Bon.
M. Lazure: Je ne peux pas vous certifier que c'est devenu une
commission administrative officielle ou formelle...
M. Forget: Formelle.
M. Lazure: ...mais cela en est une, à toutes fins
pratiques.
M. Forget: De toute façon, la loi n'est pas encore
amendée pour cela.
M. Lazure: Cela fonctionne et ils assurent une coordination. Il y
a un numéro de téléphone, ils répondent au
téléphone. Il n'y a pas vraiment un réseau
téléphonique complet, mais il y a le début d'un centre
téléphonique qui donne des réponses sur l'état de
crise ou non des urgences.
M. Forget: Maintenant, du côté des services
ambulanciers à travers le Québec, le ministre, en février,
a annoncé des subventions de démarrage pour les services
ambulanciers, des subventions de $5000 dans le cas des services ambulanciers de
type sans but lucratif, etc.
Un certain nombre de municipalités avaient, avant ce moment et
depuis, je pense, indiqué leur désir de se grouper pour fonder ou
encourager la fondation d'un organisme ambulancier dans leur région.
Combien de ces subventions ont été demandées,
jusqu'à maintenant?
M. Lazure: M. Cantin n'est pas ici, mais on pourrait vous le dire
facilement demain. Il y en a
eu un certain nombre de demandées. Je ne peux pas vous donner un
chiffre exact. Encore là, les conseils régionaux ont
assumé un rôle pour favoriser la mise en place de ces corporations
sans but lucratif, lorsque nécessaire. Les subventions du
ministère ont été augmentées récemment, le
taux par voyage est passé de $35 à $45. Le mi liage est
passé de $1 à $1.25. Les subventions ont été
données chaque fois qu'il y avait une demande qui paraissait
justifiée et que cela correspondait aux zones désignées.
Les montants prévus ont à peu près tous été
utilisés.
M. Forget: Je vois. Dans le cas de la situation juridique des
municipalités qui se sont lancées dans cette entreprise par la
création d'une société sans but lucratif, de type
coopératif, sur un plan sous-régional, ces difficultés
ont-elles été aplanies? Selon l'interprétation de la
Commission municipale du Québec, cette participation des
municipalités était ultra vires. A-t-on fait revenir la
commission municipale sur son opinion? Certaines municipalités se
trouvaient dans des situations un peu fausses là-dessus. Elles se
disaient: Nous serions intéressées à le faire, mais c'est
illégal. Y a-t-il des clarifications qui ont été
apportées?
M. Lazure: Je pense que le truc qui a été pris, M.
Forget, c'est que l'on a formé des corporations sans but lucratif,
quitte à ce qu'elles soient très proche des municipalités.
Pour les municipalités qui avaient déjà des services
ambulanciers, à ma connaissance, le dossier est resté
là.
M. Forget: Ce sont des municipalités qui ont des chartes
spéciales qui leur permettent de le faire.
M. Lazure: Celle qui n'en ont pas ou qui ne pouvaient pas le
faire ont simplement formé des corporations sans but lucratif.
M. Forget: Sont-elles en mesure, par exemple, s'il y a un
déficit ce qui, malgré la hausse des subventions, demeure
possible seront-elles en mesure de majorer, de contribuer
financièrement à combler le déficit ou si, finalement, le
ministère va se retrouver à supporter financièrement ces
coopératives? À défaut des municipalités de pouvoir
contribuer, il n'y a que le ministère qui va en écoper.
M. Lazure: Oui, mais je pense que l'on a résolu
indirectement ce dilemme en prévoyant que, dans les endroits où,
par exemple, la population n'est pas très dense et où les sorties
ne sont pas suffisantes, il y a des subventions qui sont disponibles pour
combler la différence entre le nombre de subventions qui,
théoriquement, sont nécessaires pour arriver à un
équilibre budgétaire. On se trouve, en fait, à combler la
différence entre cet équilibre et le nombre de sorties
réellement effectuées.
M. Forget: C'est les 400 sorties garanties.
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Si cela répond à tous les
problèmes, d'accord. Mais si, au-delà de cela, il faut une
contribution financière, il serait peut-être utile de clarifier la
situation juridique des municipalités, car il y en a plus d'une qui est
arrivée, au cours des derniers mois. Même dans ma situation
actuelle, j'ai eu connaissance de municipalités qui ont plaidé ce
genre de difficulté.
Existe-t-il des régions encore non desservies ou si on a
réussi à desservir toutes les régions avec combinaison de
subventions et de création de corporations coopératives
municipales ou intermunicipales?
M. Lazure: Sans avoir les détails comme je vous
l'ai dit, M. Cantin n'est pas ici, on pourrait lui demander d'être ici
demain matin à ma connaissance, près de 60% des
régions qui étaient des zones à desservir sont
actuellement desservies. Mais il reste encore des zones où
théoriquement, au moins, sur papier, il n'y a pas un service d'ambulance
total. C'est comblé, habituellement, par les zones les plus proches et
il y a compensation.
M. Forget: II y avait une douzaine de zones qui étaient
dans cette situation, l'automne dernier. La situation est à peu
près la même.
M. Lazure: Je dirais qu'elle s'est améliorée, mais
je ne pourrais pas vous dire jusqu'à quel point.
M. Forget: Le ministre avait indiqué à la fin de
l'automne, enfin l'hiver dernier, qu'il s'interrogeait encore, c'était
tout à fait légitime, sur la suffisance ou, comment dire, quel
mot utiliser, le caractère peut-être excessif des normes relatives
aux ambulances telles qu'on les retrouve dans les règlements.
M. Lazure: La trop grande sévérité.
M. Forget: La trop grande sévérité, des
exigences trop élevées. Est-ce que cette méditation a
été tranchée d'une façon ou d'une autre? Est-ce
qu'on doit envisager un relâchement, un abaissement des standards ou si
effectivement tout le monde s'y est habitué maintenant et il n'y a plus
de problème?
M. Lazure: On a fait une révision à la suite de ces
interventions et, à la demande du ministre, il y a eu une
révision des normes et critères. Il y a un projet de
règlement qui sera publié sous peu pour corriger certaines
anomalies. Ce n'est pas vraiment une diminution de la qualité ou des
critères. Ce sont certains ajustements à la suite de
l'expérience ou de la pratique; certaines exigences apparaissaient
peut-être exagérées.
M. Forget: Au niveau de l'équipement?
M. Lazure: Au niveau de l'équipement en particulier.
M. Forget: Pas au niveau de la qualification du personnel?
M. Lazure: Non. Dans mon esprit il n'a jamais été
question de la qualification du personnel, c'est plutôt au niveau de
l'équipement. Pour ce qui est de la qualification du personnel on peut
dire que cela fonctionne très bien. Il y a eu des ententes et il y a des
programmes de formation qui sont en cours.
M. Forget: II semble que le problème de l'urgence et des
ambulances soit presque réglé après tant d'effort et tant
de temps, sauf pour un aspect. J'aimerais savoir du ministre s'il a toujours
l'intention d'introduire un régime d'assurance-transport ambulancier et
une gratuité universelle sujette à une franchise. C'était,
on s'en souviendra, une promesse formelle et retentissante de son chef lors de
la campagne électorale, que ceci pouvait se faire pour une
dépense fort modique. Étant donné la modicité de la
somme impliquée, est-ce qu'il ne serait pas porté à en
considérer l'introduction dès cette année? Je pense qu'on
avait évalué cela à une quinzaine de millions de dollars,
dix ou quinze millions je pense, dans les déclarations qui avaient
été faites à l'époque.
M. Lazure: Si je crois toujours à cela?
M. Forget: Oui, pour une application prochaine?
M. Lazure: Oui, effectivement, notre chef avait pris un
engagement dans ce sens et le congrès de la fin de semaine a rendu
encore plus clair cet engagement en incluant dans le programme cet objectif
d'en arriver à un service ambulancier public pour l'ensemble du
territoire.
M. Forget: Quand vous dites public c'est gratuit?
M. Lazure: Bien, oui, majoritairement gratuit.
M. Forget: Parce qu'il n'est pas très privé
maintenant.
M. Lazure: Dans l'ensemble gratuit; à savoir s'il y aura
frais modérateurs ou non, probablement qu'il y aura frais
modérateurs. Il y a un comité qui est à l'étude
actuellement, des gens du ministère et des gens de la régie. Il y
a des contacts aussi avec le ministère des Transports, qui a offert sa
collaboration pour le travail de ce comité. Ce n'est pas une chose qui
sera implantée l'an prochain malheureusement, mais c'est une chose qu'on
va tenter d'implanter durant le premier mandat.
M. Saindon: Dépêchez-vous!
M. Lazure: Oui, le plus vite possible.
M. Forget: Je vois que le zèle pour étendre les
services gratuits n'est pas diminué. Je félicite le ministre
malgré ses difficultés financières. C'est admirable.
M. Saindon: Ce ne sont pas les difficultés dont je parle;
s'il ne se dépêche pas, il n'aura pas le temps. Pour les services
gratuits...
M. Forget: II n'y a pas d'estimation de coûts de faite
encore?
M. Lazure: Pas encore.
M. Forget: Ce sera le fruit de ce comité. Je n'ai pas
d'autres questions sur les urgences et les ambulances, mais j'ai d'autres
questions sur les soins généraux.
Le Président (M. Marcoux): Ne vous gênez pas.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président, vous
êtes très généreux. Il y a eu des
déclarations. Je crois que le ministre nous a dit au début, non
pas je crois, mais je suis sûr qu'il y a une partie des crédits de
développement qui sont disponibles pour l'augmentation des services
à domicile. C'est l'élément 2, je pense.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Soins à domicile.
Peut-on adopter l'élément 1, d'abord?
M. Forget: Cela me fera plaisir d'adopter l'élément
1.
Le Président (M. Marcoux): C'est un record, dix à
quinze minutes à peine.
M. Forget: Quinze minutes. Nous sommes très efficaces, M.
le Président, malgré...
Le Président (M. Marcoux): Programme 4,
élément 1, adopté?
M. Forget: Par dollars d'approbation, je suis sûr que nous
sommes à la commission parlementaire la plus efficace.
Le Président (M. Marcoux): Élément 1,
adopté?
M. Forget: Oui, quant à moi.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4,
élément 2.
M. Forget: À l'élément 2, il y a la question
des soins à domicile. On nous a dit qu'il y avait une expansion de ce
côté. Pourrait-on nous tracer un tableau de l'expansion qu'a subie
ce programme depuis quelques années pour pouvoir permettre
d'apprécier l'ampleur du développement de ce
côté?
M. Lazure: L'argent de développement pour les soins
à domicile, c'est une somme de $3,5 millions. On a déposé
un document à cet effet la se-
maine dernière. Un document qui a été envoyé
à tous les conseils régionaux, aux CRSSS il y a quelques
semaines. Malgré mes directives on oublie encore de mettre les dates
là-dessus. Enfin, cela a été envoyé il y a deux
semaines.
M. Forget: Les dates ne sont pas nécessaires sur les
documents du ministère, ce sont des documents éternels. On les
cite, après, tout le temps.
M. Lazure: C'est aussi éphémère que la vie
d'un homme politique, qu'un gouvernement. C'est le 4 mai. Je l'ai sur
l'original ici. On a fait une distribution en tenant compte surtout de la
population, évidemment, mais aussi en tenant compte de services à
domicile qui existaient ou qui n'existaient pas dans chacune des dix
régions. À titre d'exemple, la région 6A à
Montréal retire $1 211 000 de ces $3,5 millions.
La directive qu'on a donnée aux conseils régionaux, c'est
de distribuer ces sommes d'argent à des CLSC, des CSS ou à des
hôpitaux et même à des organismes bénévoles.
Le processus de distribution des fonds est déjà en marche dans la
plupart des conseils régionaux.
M. Forget: Je remarque qu'on a ici une somme de $28 millions
prévue pour 1977/78. On ajoute $3,5 millions.
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Cela est distribué entre les services et des
soins à domicile...
M. Lazure: Services et soins à domicile, ce sont les
deux.
M. Forget: II s'agit là d'un programme identifié au
niveau du ministère, du gouvernement. Dans quelle mesure peut-on
être assuré que les sommes qui sont données à
différents organismes sont effectivement dépensées pour
les soins à domicile?
M. Lazure: II y a moyen de vérifier par deux
façons. Par le type de personnel qui est engagé, parce que pour
accorder des services à domicile c'est presque toujours, à
l'intérieur du réseau, soit des auxiliaires familiales, soit des
infirmières, soit des auxiliaires infirmières. On encourage dans
la directive d'accorder aussi des montants à des organismes
bénévoles qui peuvent donner... on essaie d'encourager le
bénévolat pour aider ou favoriser, mais c'est relativement
facile. On a même un suivi des personnes dans les divers
établissements qui donnent des soins à domicile.
M. Forget: Dans le cas des organismes bénévoles
s'agit-il de donner des sommes à des établissements pour
qu'à leur tour, ils les donne à des organismes
bénévoles?
M. Lazure: On les a données aux CRSSS, leur demandant de
faire la répartition dans leur région en leur disant que cela
pouvait aller de préférence aux CLSC s'il y en avait un de
présent. C'est dans la directive. Deuxièmement, à des
établissements du réseau ou encore à des organismes
bénévoles.
M. Forget: S'il arrivait qu'un établissement utilisait ces
sommes pour d'autres fins, quelle serait la réaction du
ministère?
M. Lazure: J'oserais dire qu'elle serait assez négative et
agressive.
Ce que vous remettez en cause, M. le député de
Saint-Laurent, c'est le degré de confiance qui doit accompagner la
remise d'une certaine autonomie aux conseils régionaux. C'est un
problème qui est complexe.
M. Forget: ...conseils régionaux qu'aux
établissements eux-mêmes
M. Lazure: Oui, oui, il y a la contrepartie, ensuite, le conseil
régional se pose la même question vis-à-vis des
établissements de sa région.
C'est un édifice à trois paliers, comme cela, qui demeure
précaire. On essaie de bâtir; le mouvement était
commencé. Il n'y a pas de réponse. Ce que le sous-ministre vient
de dire quant au choix du personnel, là-dessus on a des renseignements
précis et c'est une assez bonne garantie. Si on s'apercevait que le
choix du personnel est autre que ce personnel habituellement destiné aux
services et soins à domicile, on interviendrait rapidement auprès
des conseils régionaux, leur demandant d'intervenir auprès des
établissements.
M. Forget: Est-ce que la réponse appropriée
à un établissement qui utiliserait systématiquement ces
fonds pour d'autres fins ne serait pas dans le fond presque rien d'autre que la
tutelle?
M. Lazure: Je serais un peu porté à dire cela, mais
j'examinerais de près l'ensemble des opérations de cette
institution d'abord. En effet, s'il y avait un tel déplacement de fonds
quant à l'objectif, alors qu'il a été défini de
façon tellement claire, on se poserait des questions sur l'ensemble des
opérations de l'établissement. Avant de passer à une
tutelle, je regarderais l'ensemble de l'établissement.
M. Forget: Ce qui veut dire que vous accepteriez que cela puisse
être utilisé pour d'autres fins, si ces dernières
étaient valables.
M. Lazure: Non, je ne dis pas cela du tout. Je dis que je n'irais
pas à la tutelle immédiatement. Je n'accepterais pas qu'un
établissement, avec ou sans la connaissance du CRSSS, utilise ces sommes
pour une autre fin, même si elle est valable, sans avoir obtenu
l'autorisation écrite du CRSSS et du ministère.
M. Forget: Oui. S'il n'y avait pas d'autorisation, à ce
moment-là vous concluriez à la tutelle.
M. Lazure: Non, c'est ce que je viens d'expliquer. Je ne pense
pas que ce soit matière à tutelle en soi. Je pense qu'en toute
équité vis-à-vis de l'établissement je regarderais
l'ensemble du fonctionnement de l'établissement. S'il y avait le
moindrement d'autres fautes assez majeures comme celle-là, on pourrait
penser à la tutelle.
M. Forget: Si vous me le permettez, il y a l'article 120,
paragraphe d, de la loi qui prévoit que le ministre peut imposer une
tutelle dans les cas où les fonds sont utilisés contrairement aux
autorisations. Quand le ministre donne une indication de ces priorités
et demande à l'Assemblée nationale de voter des fonds
spécifiquement pour l'exécution de ces priorités dans le
domaine des soins à domicile, est-ce concevable qu'il y ait une excuse,
quelle qu'elle soit, qui puisse permettre de passer l'éponge?
M. Lazure: La question est bien hypothétique,
évidemment, à moins que vous n'ayez déjà un cas en
tête.
M. Forget: Oui, j'ai peut-être des cas en tête.
M. Lazure: C'est ce que je me demande. Encore une fois, je
n'hésiterais pas, si je juge que c'est nécessaire, à
mettre un établissement en tutelle; on l'a fait depuis que je suis en
fonction et cela serait à étudier.
M. Forget: Je pense que vous aurez assez tôt l'occasion de
l'étudier, parce que je crois comprendre qu'un certain nombre
d'établissements, en particulier les CLSC, ont adopté ce genre de
façon d'utiliser les fonds. Cela met véritablement en danger
l'orientation que le ministère veut donner à leurs services. Pour
toutes sortes de raisons, il se peut fort bien que le ministère, de
façon globale, soit le dernier informé de ce qui se passe, pour
des raisons que je n'ai pas besoin de vous expliquer et qu'on connaît
très bien quand on a vécu à l'intérieur du
ministère.
Cependant, on va signaler ce problème au ministre. C'est
très rare que je procède de la façon dont je le fais dans
le moment mais je crois qu'il y a un principe de fond. On étudie les
crédits ici; par exemple, on a étudié des crédits
sur l'urgence, c'était mis avec les CLSC et avec bien des choses, les
ambulances, etc., c'est tout dans un bloc. Il y aurait peut-être
intérêt à ce que ce soit un petit peu moins gros, mais
laissons cela de côté pour le moment.
On a voulu, dans la façon dont les budgets sont
préparés depuis quatre ou cinq ans, signaler l'importance des
soins à domicile. Donc, il y a déjà quelque chose de
remarquable. Cela m'a été signalé il y a quelques mois et
je remarque que le problème existe toujours et va probablement continuer
à exister, à moins que le ministre n'intervienne d'une
façon très énergique. J'ai l'impression qu'il y a un
problème du côté de certains CLSC, dans la région de
Montréal en particulier, où, systématiquement, on a
utilisé les fonds de la façon la plus fantaisiste possible, y
compris pour des classifications.
On a attribué des classifications, on a fait, comme on dit,
l'intégration des gens dans les échelles de
rémunération prévues par les conventions collectives,
selon les règles les plus fantaisistes, sans aucune mesure avec la
réalité. Des gens qui devraient gagner $10 000 se retrouvent avec
$22 000, cela n'a ni queue ni tête. On utilise les fonds de services
à domicile pour payer des gens qui ne font pas du tout de soins à
domicile. Et, d'ailleurs, on peut se demander ce qu'ils font, c'est un autre
problème, mais c'est, malgré tout, un problème
réel. J'attire l'attention du ministre là-dessus parce que c'est
un problème que j'aurais eu, si j'avais été à sa
place. C'est un problème de croissance d'un réseau qui n'a aucune
tradition. Je crois que le ministre serait bien avisé de prendre
très sérieusement les communications qui lui sont faites ou qui
lui ont déjà été faites, peut-être pas
à lui personnellement, mais qui ont été
communiquées au ministère ou qui le seront bientôt,
relativement à des situations comme celles-là. Je crois qu'il y a
anguille sous roche de ce côté.
M. Lazure: Je n'ai pas eu de communications à cet effet et
je serais reconnaissant au député de Saint-Laurent de nous
communiquer des renseignements précis, s'il en a. Vous pouvez être
certain que je vais y attacher énormément d'importance et qu'on
va agir.
M. Forget: II se peut que je le fasse. Je ne pensais pas,
malgré le temps qu'on y a mis, qu'on déboucherait sur ce sujet ce
soir. Je n'ai pas avec moi les documents me permettant d'être plus
précis, mais il se peut que, demain, on ait l'occasion de revenir sur le
sujet et je demanderais au président d'être assez large dans la
pertinence du débat. Je pense que ce serait probablement
approprié, au moment de mon exposé, je pourrai peut-être le
faire privément aussi, mais il ne serait peut-être pas mauvais que
ce soit inscrit au journal des Débats, de toute façon, parce que
cela peut être bon que cela se sache.
M. Lazure: D'avance, je vous dis que je n'ai pas d'objection.
M. Shaw: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce sur le même
sujet?
M. Shaw: Oui. Sur la question du Victorian Order of Nurses,
l'ancien gouvernement a commencé un programme d'élimination, au
secteur bénévole, je crois. Est-ce que le ministère va
surveiller la situation de ces services? Il n'est pas question que ces sommes
soient dépensées autrement que pour les soins à domicile.
Est-ce que le gouvernement ou le ministère a une attitude envers cette
organisation?
M. Lazure: Je dois dire que j'ai pris personnellement une
attitude plus souple à cet égard. Le
processus d'intégration était en marche pour ce groupe
comme pour d'autres groupes. Le docteur Brunet pourrait peut-être donner
des détails sur ce groupe-ci, mais j'ai en tête un autre groupe
équivalent qu'on a rencontré, du côté francophone,
il y a quelques mois, et on a, avec eux, conclu une entente par laquelle il
pourrait y avoir une espèce de semi-intégration. Le versement des
salaires se ferait via un établissement, via un hôpital, mais le
groupe continuerait à oeuvrer en tant que groupe. Ces groupements
bénévoles, depuis des années, comme dans le cas de
Victorian Order of Nurses, font du bon travail. Je pense qu'il faut vraiment
négocier un arrangement qui les intègre, jusqu'à un
certain point, au réseau, mais sans pour cela leur enlever la
cohésion, la cohérence qu'ils avaient comme groupe.
M. Shaw: Le Victorian Order of Nurses, dans le comté de
Vaudreuil-Soulanges, c'est le seul vrai service à domicile qui est
disponible pour le secteur de Rigaud et Hudson. Ils ne sont pas, maintenant,
sûrs que l'année prochaine ils vont être encore en place.
Est-ce qu'ils ont un moyen de prévoir pour quelques années leurs
services?
M. Lazure: Juste avant que le sous-ministre réponde, pour
illustrer cette politique plus souple, dans la directive qu'on a envoyée
aux CRSSS pour la distribution du $3,5 millions, je l'ai dit tantôt, je
le répète, on inclut les organismes communautaires à
caractère bénévole. Ils sont admissibles à ces
subventions. Je ne sais pas si vous avez des détails à
donner.
Je pense que l'attitude du ministère, comme l'a dit le docteur
Lazure, est plus souple, mais il demeure un désir d'intégration,
au moins de coordination des services.
Les services dont on parle, soit du Victorian Order of Nurses, comme des
deux autres organismes qui s'occupent de soins à domicile, ce sont
surtout des soins à domicile posthospitaliers. Ce sont des soins dits
médicaux. Ce ne sont pas des auxiliaires, en général ce
sont des infirmières; ce sont des soins à domicile plutôt
que des services à domicile. Il nous a paru important d'avoir une
coordination régionale, surtout dans la région de
Montréal. Les sommes allouées à cela par le
ministère, au cours des années, sont relativement importantes.
Par ailleurs, il n'y avait pas de coordination entre les divers organismes.
Cela a été un long effort du ministère d'essayer de
coordonner les soins à domicile à Montréal. Il y avait
trois organismes qui étaient en concurrence, parfois sur le même
territoire, avec absence de certains de ces organismes sur d'autres
territoires. Il y a eu un effort de les intégrer au niveau des
départements de santé communautaire pour essayer d'assurer les
services à l'ensemble de la population.
Ces efforts d'intégration se poursuivent. Il y a des arrangements
pratiques qui ont été aménagés, qu'il est possible
d'aménager, mais il y a un désir aussi que les soins à
domicile, dans la mesure du possible, pour ce qui est des soins
posthospitaliers, soient sous la responsabilité, au moins pour la
coordination, des départements de santé communautaire qui
oeuvrent et qui se sont réunis dans la région de Montréal,
qui ont un comité exécutif qui veille à cela. C'est pour
essayer d'éviter le morcellement et aussi l'absence des
responsabilités territoriales. Les organismes dont vous parlez donnent
les services où ils veulent, c'est-à-dire, ceux qui n'en ont pas,
et on n'a pas de réponse à cela.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, quelle est la somme qui
va être remise en subvention au Victorian Order of Nurses?
M. Lazure: Je n'ai malheureusement pas les chiffres ici, mais je
peux vous les obtenir. J'ai tout un dossier, un contentieux avec eux.
M. Saint-Germain: Vous pourriez peut-être revenir un an ou
deux en arrière, pour connaître si ces sommes vont en augmentant
ou en diminuant. Vous pourriez peut-être aussi nous donner je
suppose que vous êtes au courant les budgets de ces
sociétés, puisque vous les subventionnez.
M. Lazure: Pas plus qu'il faut.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous pourriez nous donner
approximativement, au point de vue de la valeur, le pourcentage des sommes
versées par les fonds publics, le pourcentage que ces sommes
représentent relativement au budget total des activités?
M. Lazure: Je vais vous donner les chiffres qu'on pourra.
M. Saint-Germain: Comme je suis dans le comté voisin de
Pointe-Claire j'ai souvent vu ces gardes-malades à l'oeuvre. Je crois
qu'elles donnent un service très humain et très efficace, bien
souvent un service que les organismes publics ne peuvent pas fournir.
Il y a une longue tradition dans ces oeuvres. Ceux qui sont à
leurs services, les gardes-malades qui sont là sont peut-être par
le fait même un peu plus humaines, elles ont des relations beaucoup
plus... On sent qu'elles aiment le travail, qu'elles y attachent de
l'importance. Ce sont peut-être les qualités qui manquent souvent
à celles qui rendent des services sociaux ou des services à peu
près similaires, surtout dans les mouvements les plus nouveaux ou ceux
qui le font simplement à titre de fonctionnaires, si vous voulez.
J'ai cru m'apercevoir de cela. Ces services, s'ils étaient
donnés directement ou sous l'autorité directe du gouvernement,
seraient beaucoup plus dispendieux, surtout si vous voulez comparer à ce
qu'un service absolument semblable peut coûter. Ensuite, ils ont, ces
gens, une façon traditionnelle d'agir. Qu'on coordonne leurs
activités, je ne vois rien de mal là-dedans, mais il ne faudrait
pas tout
de même, pour coordonner leurs activités, leur enlever
toute initiative personnelle. Il faudrait même aller jusqu'au point
où ils pourraient choisir certains de leurs patients ou des citoyens qui
ont besoin de ces services, parce que les citoyens sont habitués de les
appeler directement sans passer par un tiers pour se procurer leurs
services.
Peut-être y aurait-il moyen, pour eux, de conserver une certaine
liberté d'action quitte à faire rapport, au niveau de
l'hôpital, par exemple, qui sera chargé de les coordonner. Je
pense que le ministère devrait faire bien attention de ne pas
enrégimenter ces services comme si c'étaient des services
réellement publics, des services défrayés
complètement par les fonds publics.
Il y a un autre facteur aussi. Bien souvent, ces gens-là sont
subventionnés encore par le public. Si le gouvernement met la main ou a
une autorité complète sur ces services, comme partout ailleurs,
comme on le sait par expérience, ces subventions individuelles vont
disparaître. On dira: C'est le gouvernement qui paie, le gouvernement est
capable de payer. La motivation pour les aider, au point de vue financier, va
disparaître.
M. Lazure: Je suis d'accord avec l'ensemble des remarques du
député. Je pense que le terme qu'il faut employer est plus
"coordination" qu'"intégration" dans le cas de plusieurs.
M. Saint-Germain: L'intégration, cela me fait peur un peu
tandis que la coordination, c'est...
M. Lazure: Comme je l'ai expliqué tantôt, c'est
l'approche que j'utilise personnellement, de la même façon aussi
vis-à-vis d'autres services à domicile pour les personnes
âgées, les popotes roulantes, par exemple. Les popotes roulantes
sont gérées, sont des services dispensés par des
organismes bénévoles qu'on subventionne dans plusieurs cas.
À mon avis, ces services sont excellents et on doit s'assurer qu'il n'y
a pas de chevauchement avec d'autres organismes. Une fois cette coordination
faite, je pense qu'on doit les encourager.
M. Saint-Germain: Puisque j'en ai l'occasion, je dois dire au
ministre que j'ai rencontré des gens responsables dans le passé
même il y a quelques mois du Victorian Order of Nurses, et
ils semblaient être extrêmement inquiets. Enfin, on est toujours
inquiet lorsqu'on dialogue avec le gouvernement. Il ne faut pas être
surpris.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Limoilou.
M. Gravel: Je voudrais dire au ministre des Affaires sociales de
faire bien attention que ces sommes soient bien dépensées dans
chacune des régions données. J'ai rencontré un groupe de
personnes âgées qui voulait aider les leurs. C'est un groupe de
personnes âgées à but non lucratif qui a fait une demande.
C'est dans le contexte dont a parlé le député de
Saint-Laurent tout à l'heure. On a fait une demande au gouvernement
fédéral, dans le cadre de Canada au travail, d'un montant de $114
000 pour venir en aide aux personnes âgées ayant besoin de soins
à domicile. On leur a accordé $63 000, mais on leur a
demandé c'était un genre de patronage qu'on a fait dans
cette affaire de prendre une série de personnes qui
étaient payées. Cela coûtait, pour $63 000, $52 000
d'administration. J'ai trouvé cela dégueulasse! C'est pour cela
que je vous mets en garde afin que cela n'arrive pas ici.
M. Lazure: Si je comprends bien le député de
Limoilou, c'est un programme financé par l'argent du
fédéral.
M. Gravel: Du fédéral. Je ne voudrais pas que cela
arrive ici.
M. Lazure: Je pense qu'on aurait intérêt à
connaître le nom de cet organisme au cas où il viendrait frapper
à notre porte, dans quelques mois.
M. Shaw: Pour avoir une subvention.
M. Lazure: Oui, c'est cela. Souvent, ces organismes, vers
l'expiration de leur subvention du fédéral, viennent frapper
à notre porte pour avoir...
M. Gravel: Non, ce n'est pas l'organisme qui est en cause dans
cette affaire. Il avait des directives. L'organisme a été
frustré par cela.
M. Lazure: Des directives venant du fédéral? M.
Gravel: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4,
élément 2.
M. Forget: J'aimerais, toujours sur les soins à domicile,
demander au ministre quels sont les critères d'attribution. Je crois
qu'au moment de son arrivée au ministère un travail avait
été amorcé sur les critères d'attribution des
services à domicile. Je m'explique. Il s'agit, évidemment, de
déterminer si oui ou non ces services doivent être gratuits et
gratuits dans toutes les circonstances, et l'ordre de préférence
dans lequel on va permettre aux personnes qui demandent de tels services d'y
avoir accès.
Y a-t-il quelque chose de prévu pour articuler les
critères d'attribution?
M. Lazure: Les critères d'attribution de ces subventions?
Je ne comprends pas très bien.
M. Forget: Je ne parle pas des subventions, mais, enfin, vous,
moi, n'importe qui a besoin, tout à coup, d'une auxiliaire familiale,
cela peut être commode. Cela peut être d'autant plus commode que le
gouvernement paie; cela coûte moins cher qu'une bonne. Ai-je droit
à une auxiliaire familiale, si j'en fais la demande? À un moment
donné, vous
savez, il y a des gens qui vont se voir dire non et d'autres vont se
voir dire oui. Est-ce une chose qui se fait totalement à la
discrétion des professionnels ou n'y aurait-il pas lieu d'avoir un
certain nombre de critères pour que cela soit le plus équitable
possible?
M. Lazure: Vous faites allusion à un document qui avait
été préparé au ministère sur les
critères d'attribution. Il y a deux types de critères
d'attribution. Il y a le type de critères selon les besoins de la
clientèle; celui-là a été approuvé. Il est
connu dans le réseau et est utilisé par les établissements
et par les professionnels au niveau local. Pour ce qui est des critères
financiers, la décision qui a été prise a
été de garder le statu quo. Dans le fond, ces services sont
accordés par les centres de services sociaux et par les CLSC surtout.
Ils sont basés sur des critères de besoins, au point de vue de la
santé ou au plan social. Aussi on applique, mais ce n'est pas selon une
directive du ministère, des critères financiers, mais il n'y a
pas de politique claire et précise qui a été émise
sur des critères financiers.
M. Forget: La raison pour laquelle je mentionne cela, c'est
qu'inévitablement on va en entendre parler. Pour ma part, je dois dire
que j'en ai déjà entendu parler, sans solliciter, je vous prie de
me croire, ce genre de commentaire. On m'a dit que cela ne nuisait pas d'en
faire la demande à son député, particulièrement si
c'était un député ministériel.
M. Lazure: À quelle époque?
M. Forget: Ce mois-ci. D'ailleurs, on dit du côté
ministériel que le développement des services à domicile
est une chose récente et rapide, maintenant. Le problème ne se
posait pas avant, j'imagine. Effectivement, on m'a indiqué que, le mois
dernier, quelqu'un a obtenu des services à domicile. C'est
peut-être une coïncidence, remarquez bien; on ne peut pas mettre
cela en doute, je n'ai pas fait d'enquête. Il reste que ce genre
d'allégation peut être fait et que le public, très
certainement, est ignorant qu'il existe des critères d'attribution de
cette aide et lesquels ils peuvent être. Le risque est grand,
étant donné que la demande dépasse l'offre de beaucoup,
que l'on cherche à utiliser ces moyens pour persuader les gens que l'on
a vraiment des besoins très pressants, ce qui dans certains cas n'est
pas nécessairement un mauvais moyen. Plus il y a de monde qui
connaît vos besoins, plus ils sont susceptibles d'être connus. Je
n'ai pas besoin d'insister que cela ouvre la porte à passablement de
discrétion. Je comprends que personne ne fait venir des
infirmières à domicile pour des injections ou des choses comme
cela, si on n'en a pas vraiment besoin, mais quand on touche aux auxiliaires
familiales, je peux à peine imaginer quelqu'un qui ne pourrait pas
utiliser une auxiliaire familiale, quel que soit son revenu. Cela ouvre la
porte, à mon avis, à des abus considérables.
Je comprends que c'est un domaine qui est difficile. On ne peut pas
soumettre à un examen de revenus tous les gens qui font des demandes de
services, mais cela pose carrément le problème d'une coassurance
ou autre chose. Je vois mal que l'on se dirige vers une expansion de ces
services, faire des ménages, faire des courses, pelleter les
entrées l'hiver, sans se préoccuper du revenu des gens.
Eventuellement, tout le monde a besoin de son domestique, dans une
société qui est assez riche pour se le payer et,
inévitablement, des faveurs, des influences vont jouer, s'il n'y a pas
des critères qui sont publiés, connus et faciles
d'application.
M. Lazure: J'aimerais que l'on distingue. Le député
parle-t-il d'une influence qui aurait été exercée par une
famille auprès d'un CLSC ou d'un CSS pour obtenir les services d'une
auxiliaire familiale? Parlez-vous de cela actuellement?
M. Forget: Non. La question m'a été posée
tout naïvement par un membre du public, une personne âgée,
qui m'a dit: Je suppose qu'il faut le demander à son
député pour avoir cela, car ma cousine ou ma tante a eu une
auxiliaire familiale et elle avait parlé avant à son
député.
M. Lazure: Les gens ont pris de longues habitudes.
M. Forget: Je ne dirai pas quel député, mais c'est
un député ministériel.
M. Lazure: Les gens ont pris l'habitude de se retourner vers leur
député. Ce n'est pas depuis le 15 novembre que cela existe.
M. Forget: Je n'ai pas fait d'accusation, mais c'est presque
inévitable que les gens en viennent là.
M. Lazure: Non, voilà.
M. Saindon: Ils ne peuvent plus se tourner vers le curé
alors ils vont au député.
M. Lazure: Encore-là, c'est tout le problème de
l'autonomie des établissements, qu'il s'agisse de CLSC, de CSS ou
d'hôpitaux. Jusqu'ici on croit que, dans l'ensemble, ces
établissements font preuve de bon jugement quand ils acceptent de telles
demandes, soit pour des services à domicile ou des soins à
domicile. Je n'ai pas eu de rapport à l'effet qu'il y aurait eu un
galvaudage des fonds et que ce serait utilisé par des gens qui ne sont
pas dans le besoin. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas eu, mais je n'ai pas eu de
rapport à cet effet.
M. Forget: Je ne prétends pas qu'il est utilisé par
des gens qui ne sont pas dans le besoin, mais il y a besoin et besoin. C'est
une question de degré. Je pense qu'il serait important, je le dis
seulement dans l'esprit, il est important de ne pas oublier cette dimension.
Qu'on vienne aux conclu-
sions qu'on voudra, je pense qu'il sera important d'en informer le
public aussi, parce que le public voit dans les journaux qu'il va y avoir des
services à domicile. Il voit des reportages, etc., et il se demande
toujours: comment fait-on pour en avoir, de ces services. Je crois que le temps
est venu de dire: oui, il va y avoir un développement, mais à
qui, à peu près, c'est destiné, comment on s'y prend pour
y avoir accès. Autrement, je suis sûr que tous les
députés ministériels ou de l'Opposition vont voir ce
nouveau genre de demandes affluer dans leur bureau de comté, et ils ne
sauront pas eux-mêmes où s'adresser, de toute manière,
très souvent. Et s'ils le font, cela risque d'engendrer des
difficultés et de créer une assez mauvaise image du
programme.
M. Lazure: On a essayé de limiter très clairement
la clientèle. C'est un barème, pour les besoins urgents et non
satisfaits. Dans la directive, c'est clairement indiqué: aux personnes
âgées, aux malades chroniques et aux handicapés. Ce sont
les trois clientèles cibles. C'est déjà un critère
d'allocation assez important.
Deuxièmement, au moins au niveau des CSS, il y a une certaine
habitude, il y a une certaine règle qui a été
établie au point de vue de déterminer qui était
prioritaire parmi les gens qui faisaient la demande. On a des demandes de
placement, par exemple, pour les personnes âgées ou les malades
chroniques. C'est d'abord ceux qui attendent un placement qui doivent
être privilégiés. Dans le fond, les ressources qu'on y met
sont tellement relativement maigres par rapport aux besoins qu'à
aujourd'hui le problème ne s'est pas encore posé de façon
prioritaire ou majeure.
M. Forget: Cela prend un très haut sentiment de conscience
professionnelle de la part de ceux qui prennent ces décisions. Je ne
veux pas insister plus qu'il le faut là-dessus, mais je voulais le
souligner parce que je craignais, depuis un certain temps, qu'on se mette
à dire de telles choses. Et quelle n'a pas été ma
surprise, en un certain sens, de voir se réaliser cela, encore une fois,
sans sollicitation, une question toute naïve. Je pense qu'il est temps d'y
voir, à ce moment-là.
Une autre question qui a déjà été
touchée. Je crois qu'il y a un groupe, à part la Victorian Order
of Nurses, est-ce qu'il n'y a pas un groupe j'essayais de retrouver la
référence qui, durant l'hiver, je ne sais pas si c'est
dans le Saguenay ou à Québec, des infirmières visiteuses
qui ont mené une lutte acharnée pour préserver leur
identité?
M. Lazure: Oui, à l'époque de Noël. Cela
faisait partie des hors-d'oeuvres dont j'ai eu à goûter durant la
période des fêtes.
M. Forget: Est-ce que cette difficulté a été
surmontée?
M. Lazure: Ce n'est pas encore terminé. Les discussions se
continuent avec elles. Il y a encore des pourparlers qui se continuent avec les
gens responsables des programmes et les relations professionnelles chez nous
pour essayer d'en venir à une entente avec elles.
M. Forget: II y a bien des années que l'on discute avec
ces groupes.
M. Lazure: On a mis la date limite au 1er avril, et dans le temps
des fêtes, c'est justement un peu ce qui a créé la
catastrophe, voyant venir cette date fatidique du 1er avril, la panique a pris.
Comme on l'a fait souvent au ministère, on a reporté la date et
les discussions se continuent.
Si vous vous souvenez des problèmes d'intégration, si on
regarde les expériences des unités sanitaires, je pense que cela
a pris trois ans et demi ou quatre ans avant que cela se réalise
complètement. C'est, à toutes fins pratiques, terminé en
ce qui concerne les unités sanitaires. Si on regarde les soins à
domicile, cela avance tranquillement.
M. Forget: La décision n'a été que
reportée, elle n'est pas renversée.
M. Lazure: Les discussions se continuent encore avec elle.
M. Forget: C'est toujours avec le même objectif d'une
intégration au département de santé communautaire de la
région.
M. Lazure: C'est tout le problème. Il y a des
problèmes syndicaux importants, le problème des postes, qui a
accès au poste. Les infirmières veulent s'assurer qu'elles ne
seront pas affectées à des tâches autres que celles pour
lesquelles elles ont été engagées.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas d'autres questions
sur le programme 4, sous réserve peut-être d'y revenir demain
parce que j'ai des données sur les CLSC et je voudrais en parler au
ministre pendant quelque temps.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, il y a quelques instants on
parlait d'aides ménagères, d'assistantes familiales, j'imagine
que c'est synonyme.
M. Lazure: Oui, auxiliaires familiales qu'on les appelle
habituellement.
M. Saindon: C'est un petit nom "fancy" pour bonne ou quoi?
M. Lazure: Oui, si vous le voulez.
M. Saindon: C'est français. Prenons l'exemple d'une
famille ou d'un couple d'invalides où la femme peut se mouvoir
difficilement, mais en chaise roulante et le mari est complètement
invalide. Comme il est extrêmement difficile pour ces
gens de se procurer une aide du matin au soir, même si cette aide
s'en va chez elle le soir, on a pensé aux CRSSS de fournir une aide
à journée fixe ou à peu près par semaine.
La raison pour laquelle ils peuvent difficilement se trouver une aide
pour remplacer ce qu'on appelait anciennement des petites bonnes, c'est que ces
personnes sont payées aux cinq ou six semaines. Comme l'assisté
social ne peut pas financer cette aide, il s'ensuit qu'il est obligé de
s'en passer. Ils se sont retournés à ce moment vers les CRSSS. On
leur envoie, par exemple, une femme pour faire le ménage de la maison,
de la cuisine, l'époussetage, etc. Par contre s'ils ont des travaux
comme laver les fenêtres ou autre chose, à ce moment ils en
envoient deux. Quelle est l'idée là-dedans? Comment se fait-il
que l'aide ménagère qu'ils engagent ou que les centres locaux de
la famille et du bien-être fournissent à ces gens, à la
semaine longue, au mois ou à l'année, est payé aux cinq ou
six semaines? Pour cette raison bien spécifique, ils ne peuvent pas se
procurer l'aide dont ils ont besoin.
M. Lazure: Si cela se fait, c'est regrettable. Il me semble que
les CLSC ou les centres de services sociaux qui recrutent ces auxiliaires
familiales devraient au départ s'entendre avec les candidats afin que
leur travail soit assez polyvalent, assez varié.
M. Saindon: J'en ai un cas bien précis.
M. Lazure: Évidemment le ministère ne va pas aller
jusqu'à dicter aux centres de services sociaux ou aux CLSC quelles
sortes de personnes ils doivent engager pour faire ce travail d'auxiliaire
familiale.
M. Saindon: Est-ce la politique du ministère ou ce qu'on
appelait anciennement les bureaux locaux de la famille et du bien-être?
Qui paie ces bonnes? Est-ce la politique de les payer aux cinq ou six
semaines?
M. Lazure: Au niveau des bureaux d'aide sociale, c'est
terminé l'engagement d'auxiliaires familiales.
M. Saindon: Depuis quand?
M. Lazure: Cela fait déjà huit ou dix mois.
C'était un besoin spécial qui est disparu. Ceux dont vous parlez
devaient être engagés par des centres locaux de services
communautaires, des CLSC ou par un centre de services sociaux.
M. Saindon: On n'en a pas de CLSC à Lachute.
M. Lazure: Le centre de services sociaux, c'est un CSS.
Normalement elles devraient être payées aux quatorze ou aux quinze
jours.
M. Saindon: Cela a été aux cinq à six
semaines.
M. Lazure: Si vous pouviez obtenir...
M. Saindon: Le pauvre diable a été obligé de
payer deux fois, il a été remboursé pour un mois qu'il a
avancé à la bonne, et le deuxième mois... il traîne
depuis trois mois.
M. Lazure: C'est la bonne qui est payée aux cinq ou six
semaines?
M. Saindon: Oui.
M. Lazure: Cela ne semble pas normal, il faudrait nous soumettre
le cas.
M. Saindon: C'est le client du service qui a été
obligé de payer sa bonne.
M. Lazure: C'est probablement un problème d'aide sociale.
Il va avoir de la misère à se faire rembourser parce que ce n'est
plus dans les barèmes.
M. Saindon: II ne peut pas se faire rembourser.
M. Lazure: Ce n'est plus reconnu comme besoin spécial
à l'aide sociale.
M. Saindon: Le ministre va comprendre ce que je veux dire. Il
s'agit d'un type qui fait de l'arthrite dégénérative avec
résection d'une tête fémorale avec une prothèse, la
diaphyse du fémur s'est ouverte, il est tombé et s'est
fracturé l'autre jambe en bas du genou, on lui a mis une plaque avec des
vis, tout s'est déboîté, ensuite la tête du
fémur droit, il n'en reste plus, imaginez-vous donc que le type est
grabataire. Sa femme marche difficilement et si elle veut se déplacer
à la maison, elle le fait en chaise roulante. Qu'est-ce que vous voulez
faire avec cela?
M. Lazure: D'après moi, c'est un problème qui
s'adresse probablement au niveau de l'aide sociale et il faudrait qu'il fasse
sa demande au niveau du centre de services sociaux.
M. Saindon: II l'a faite de tous bords et de tous
côtés. Je peux donner les noms si vous les voulez, cela ne me fait
absolument rien. Je vous les apporterai.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 4,
élément 2, est-il adopté?
M. Shaw: Adopté.
M. Forget: Sous la réserve, M. le Président, qu'on
puisse revenir pendant quelques minutes demain sur certains problèmes de
gestion personnelle et budgétaire des CLSC.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4,
éléments 1 et 2, adoptés. Maintenant, programme 7,
Consultation psycho-sociale.
M. Lazure: M. le Président, il s'agit essentiellement des
dépenses de fonctionnement des cen-
tres de services sociaux. Il en existe quatorze au Québec. Ces
centres résultent de l'intégration de multiples services sociaux
qui existaient dans chaque région. Je n'ai pas d'autres commentaires,
est-ce qu'il y a des questions?
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de questions? Le
programme 7...
M. Shaw: Une question sur les budgets des centres de services
sociaux. J'ai parlé, cette année, avec le Centre de services
sociaux de Ville-Marie à Montréal. On me disait que le budget va
être en déficit d'à peu près $900 000. Est-ce que
vous avez des prévisions dans le budget pour que ces services sociaux
fonctionnent sans déficit pour cette année?
M. Lazure: Là-dessus, M. le député, on va
vous donner le budget du Centre de services sociaux Ville-Marie. Tous les
centres de services sociaux, comme tous les établissements du
réseau des affaires sociales, reçoivent leur budget de
fonctionnement en début d'année. Cette année, ils vont
recevoir leur budget de fonctionnement, et si un CSS ne respecte pas
l'enveloppe budgétaire qui lui a été allouée au
début de l'année ou l'année précédente et
qu'il dépasse son allocation de dépenses, c'est dans la politique
du ministère, depuis quatre ou cinq ans, de ne pas rembourser les
déficits de ces établissements.
La vie serait trop facile, si vous dépensez selon ce que vous
jugez être vos besoins et que vous envoyez la facture au
ministère. Les exercices de développement et d'approbation de
budgets qu'on fait ici deviendraient complètement inutiles. Il y a un
budget qui est prévu et le centre de services sociaux doit respecter ce
budget comme tous les autres établissements du réseau. Pour ce
qui est du CSS de Ville-Marie, ils ont un modeste budget de $10 907 792 pour
l'année 1976/77 et c'est à l'intérieur de cette enveloppe
qu'ils doivent vivre. Je n'ai pas les budgets des cinq dernières
années, mais les budgets qui ont augmenté le plus au
Québec sont sûrement dans le réseau des affaires sociales.
Compte tenu des augmentations de salaires, au niveau des CSS, c'est
probablement l'endroit où il y a eu le plus d'argent nouveau
injecté. Je pense qu'il importe que ces gens vivent à
l'intérieur du budget qui est le leur.
M. Shaw: La question qui a été dirigée vers
moi était qu'ils ont eu une nouvelle entente avec leurs employés
et qu'ils ont eu des problèmes à cause de la nouvelle convention
collective avec ceux qui travaillent à Ville-Marie Social Services.
M. Lazure: Vous pouvez leur dire que c'est un problème qui
ne tient pas, parce que les budgets sont ajustés pour tenir compte des
augmentations de salaires en fonction des conventions collectives, de
façon réaliste. Il y a eu une première directive; dans
certains centres, on a prévu une augmentation de 4%, en disant que cette
augmentation était temporaire. Si leur déficit est basé
sur ces 4%, il est possible qu'ils s'inquiètent inutilement. Mais c'est
bien dit que ces 4% sont temporaires et que ce sera ajusté. Leur budget
pour l'année 1977/78 va être ajusté pour tenir compte des
augmentations des conventions collectives.
M. Shaw: Sur le même sujet, est-ce qu'il arrive souvent que
des centres de services sociaux, comme Montréal métropolitain ou
The Jewish Social Services, ont des déficits?
M. Lazure: On pourrait dire que non. Je suis au courant,
particulièrement, du CSS Montréal métropolitain qui a le
plus gros budget à Montréal, qui je pense que M. Forget
s'en souvient s'en allait vers un déficit d'environ $1 million ou
$2 millions, il y a un an et demi. Aux dernières nouvelles, le CSS
Montréal métropolitain a pris les moyens pour vivre à
l'intérieur de son enveloppe budgétaire. Par exemple, pour
l'année qui se termine, le CSS Montréal métropolitain vit
à l'intérieur de son budget.
M. Shaw: Même le service de dette a été accru
à cause de leur déficit.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Argenteuil.
M. Saint-Germain: Sur quels critères vous basez-vous pour
établir ces budgets? Est-ce que vous prenez en considération le
niveau de vie de la population ou la population que ces unités doivent
desservir? Vous avez des barèmes, je suppose, d'établis.
M. Lazure: Très relatifs, j'oserais dire, surtout dans ce
domaine. Les barèmes; là un peu comme dans les centres
hospitaliers, les budgets ont des bases historiques, c'est-à-dire que
c'est la réunion d'un certain nombre d'agences de services sociaux qui
se sont regroupées, qui ont fait un budget de base, auquel se sont
ajoutés, au cours des trois ou quatre dernières années,
des budgets de développement pour répondre à des besoins
prioritaires.
On essaie, surtout dans la région de Montréal, à
l'intérieur des trois CSS, de répartir leurs
responsabilités, compte tenu d'une population pour tenter de normaliser
leurs budgets et d'avoir une base normalisée par population. Cette
opération n'en est qu'à ses débuts, à toutes fins
pratiques. Ce sont vraiment des budgets historiques.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Argenteuil.
M. Saint-Germain: Je m'excuse. Mais toujours en se basant sur
l'historique de divers mouvements, il y en a qui étaient moins bien
structurés ou mieux structurés, ce qui faisait que certaines
populations avaient de meilleures services ou de moins bons services?
M. Lazure: Oui et cela, on en a tenu compte dans les budgets de
développement au cours des
quatre dernières années. On en a tenu compte, puis on a
essayé de favoriser ceux qui étaient, d'après les
critères qu'on avait, qui ne sont pas très précis, les
plus défavorisés, et aussi compte tenu des programmes à
mettre en place.
M. Saint-Germain: Ces critères, est-ce que vous tenez
compte aussi du niveau de vie de la population? Je suppose que dans un quartier
plus pauvre, les budgets sont plus élevés.
M. Lazure: Compte tenu que les centres de services sociaux ont
presque tous une responsabilité régionale, ils se retrouvent tous
avec des populations plus ou moins cossues et plus ou moins pauvres aussi dans
certains secteurs.
M. Saint-Germain: Cela se balance. M. Lazure: Cela se
balance.
M. Shaw: Concernant les centres de services sociaux, j'ai entendu
que le principe linguistique va être changé pour une politique
régionale. Est-ce que vous avez des prévisions dans ce
domaine?
M. Lazure: C'est un vieil effort, qui date depuis longtemps, de
s'efforcer que les CSS de la région de Montréal assument des
responsabilités sur un territoire, d'abord, pour arriver à des
normes pratiques, et aussi que, progressivement, on en vienne à des
services bilingues dans la mesure du possible. Les discussions sont en cours
avec eux sur ces sujets. Il y a eu des rencontres au cours des deux
dernières années sur ce sujet.
M. Shaw: Dans le moment, cela ne change pas immédiatement
l'optique du...
M. Lazure: On a eu une rencontre, il y a quelques mois. Moi, je
leur ai demandé, d'être en mesure de fournir, le plus rapidement
possible des services en français. J'étais surpris de voir,
d'après les renseignements qu'eux nous donnaient, le CSS Ville-Marie,
que la grande majorité de leurs employés ne pouvaient pas donner
de services en français.
M. Shaw: Normalement, avant, les services aux francophones
étaient toujours donnés par le Montréal
métropolitain...
M. Lazure: Je pense qu'il faut distinguer. C'est évident
que le CSS Ville-Marie va continuer, étant donné qu'il y a une
concentration d'anglophones dans certains quartiers de la ville, dans certaines
régions de l'île, à donner surtout des services aux
anglophones. Mais s'il y a des familles francophones à Pointe-Claire,
par exemple, qui ont besoin de services sociaux, je ne vois pas pourquoi le CSS
Ville-Marie, qui est actif d'une façon prioritaire dans ce coin, ne
donnerait pas des services en français.
M. Shaw: Avant, c'était Montréal
métropolitain qui voulait garder ses priorités pour leur...
M. Lazure: Je comprends, mais nous ne favorisons pas cette
division du travail. Je pense qu'il est plus fonctionnel qu'un service qui,
déjà, dessert la majorité des citoyens dans une
région donnée, soit en mesure de desservir aussi... Si vous
prenez la situation inverse, dans une région presque francophone
à 96%, comme il y en a plusieurs dans le Québec, s'il y a
quelques clients ou citoyens de langue anglaise, ils s'attendent à ce
que le personnel du CSS les desserve en anglais. Cela se fait dans la grande
majorité des cas. On demandait la réciproque, tout simplement au
CSS Ville-Marie.
M. Shaw: La couverture du Montréal métropolitain va
être changée aussi?
M. Lazure: Oui. C'est un travail des trois CSS qui est entrepris.
Depuis que le ministre les a rencontrés, il y a eu trois autres
rencontres, il y en a une autre prévue dans quinze jours. C'est un long
processus. C'est un peu la même attitude qu'on a prise vis-à-vis
des établissements hospitaliers, des hôpitaux, où on
demande aux centres hospitaliers de pouvoir répondre à la
clientèle en français et en anglais.
M. Shaw: Et le Jewish Social Services s'implique dans la
même situation? Est-ce qu'ils vont prendre la région de
Montréal?
M. Lazure: Ils sont impliqués de la même
façon dans ce processus et c'est en discussion avec eux.
M. Shaw: Mais est-ce que leur clientèle devra être
juive avant d'être acceptée par ce service ou si ce n'est que
régional ou géographique?
M. Lazure: Je ne peux pas vous dire ce que ce sera dans cinq ans.
On essaie actuellement de le faire définir à chacun, pour en
arriver à certains critères de données des ressources. On
essaie de cerner des territoires où chacun de ces CSS serait responsable
d'une population. L'objectif principal n'est pas de desservir une population
anglaise, juive, irlandaise ou chinoise, c'est de donner des services à
l'ensemble de la population sur un territoire et s'assurer que les gens qui
sont là, quelle que soit leur langue, au départ, puissent
recevoir des services.
Actuellement, il y a des dédoublements. Vous dites
vous-même que le Centre de services sociaux du Montréal
métropolitain voulait couvrir tout le territoire métropolitain
francophone et le CSS Ville-Marie tout le territoire anglais. Cela amène
un dédoublement de points de services qui rend la chose presque
impossible pour la clientèle.
M. Shaw: Dans beaucoup de ces domaines, il y a un réseau
de population, disons volontaire. Si on enlève l'identité d'un
service social, si on enlève l'identité de tout le domaine du
réseau volontaire, ce problème disparaîtra. On le voit
maintenant dans les "temporary homes" dans la banlieue
ouest de Montréal. Cela a toujours été fait par des
volontaires.
Prévoyez-vous remplacer ces services avec quelque chose qui est
donné par le gouvernement. Avec une identité linguistique, vous
pouvez continuer d'avoir le support régional et linguistique, disons un
secteur pour les noirs, pour les Italiens, et tous les autres groupes ethniques
de Montréal. Au début de la création de chaque groupe
ethnique the Catholic Social Services, the Jewish Social Services
étaient toujours impliqués à la base. Maintenant, le
gouvernement a pris toutes les responsabilités. Si c'est tout à
fait coupé des gens qui le savent, prévoyez-vous une
méthode de remplacement des services gratuits qui y sont
impliqués?
M. Lazure: Nous osons espérer que les services
bénévoles ou gratuits ne disparaîtront pas. Ce n'est pas
notre intention de faire disparaître le CSS Ville-Marie. Nous n'avons pas
un CSS italien, un CSS chinois, un CSS noir. Nous avons trois centres de
services sociaux à Montréal. Que le CSS Ville-Marie ait un
territoire où la population est principalement anglo-saxonne, nous
n'avons pas d'objection, sauf qu'on voudrait que, sur ce territoire, il
s'occupe aussi de la population noire, indienne, canadienne-française ou
ce que vous voudrez. Cela nous paraît raisonnable qu'il assume ces
responsabilités. Cela ne l'empêche pas d'avoir des mouvements de
bénévoles pour les Anglais, les Italiens, ou les autres.
M. Shaw: Ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas de services pour les
noirs. Il y a un service qui s'occupait volontiers des noirs à
Montréal et c'était impliqué dans Ville-Marie Social
Services. Si on enlève toute identité à ces services
sociaux, on va perdre la section bénévole.
M. Lazure: L'intention n'est pas de faire disparaître ces
identités. C'est de faire que la population qui est couverte par ce
centre reçoive les services, quelle que soit son identité.
M. Shaw: Je suis totalement d'accord avec le principe. Avant que
le Ville Marie Social Services soit commencé, nous avions le Lakeshore
Social Services qui a toujours été bilingue.
Au début du Ville-Marie Social Services, il y avait un changement
qui était franchement un inconvénient. C'était toujours un
problème parce que nous avons des Canadiens français qui sont
mieux soignés chez nous par notre personnel, avec l'identité de
la banlieue ouest de Montréal. C'était perdu à cause du
Ville-Marie Social Services. Maintenant, on y retourne. Nous avons perdu
l'identité du début et, maintenant, on a encore le
problème de chercher les moyens d'avoir une ressource de
bénévoles dans chaque réseau.
J'ai vécu le problème avec AMBCAL qui était
vraiment bilingue.
M. Saindon: Cela prendrait une onzième province.
M. Lazure: Notre objectif n'est vraiment pas de faire
disparaître ces groupes bénévoles. C'est plutôt de
faire renaître ce que vous disiez exister à Lakeshore où
vous aviez vraiment les deux entités, où vous aviez un service
bilingue. Le même centre offre les services aux deux groupes et le
personnel est bilingue. Cela n'empêche pas d'avoir des groupes
bénévoles anglais et français.
Si on compare le CSS juif, par exemple, eux réussissent à
donner des services en français à la clientèle
française dans la plupart de cas beaucoup mieux que le CSS
Ville-Marie.
M. Shaw: Oui, je le sais. Ces gens sont juifs. C'est la
différence.
M. Lazure: Non, je ne crois pas que ce soit la seule
explication.
M. Shaw: C'est une chose propre à la communauté
juive.
M. Lazure: Ce sont des problèmes internes dans les CSS
Ville-Marie. J'espère que le groupe de Pointe-Claire va exercer plus
d'influence sur le CSS Ville-Marie.
M. Shaw: On essaiera.
M. Forget: M. le Président, je remarque qu'il est onze
heures.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Argenteuil avait, je pense... Ce sera bref?
M. Saindon: Demain matin, j'aurais quelques questions à
poser sur la consultation psychosociale.
Le Président (M. Marcoux): Oui?
M. Lazure: On va se préparer là-dessus.
M. Saindon: En plein la hache du ministre. Vous visez dans le
mille là.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, vous
n'êtes pas prêt à adopter le programme ce soir.
M. Forget: Non, j'aurai aussi quelques questions, M. le
Président.
M. Saindon: Ma lanterne n'éclaire pas beaucoup. Je
voudrais me faire éclairer un peu.
M. Forget: Si vous le permettez de le souligner, M. le
Président, d'ailleurs avec la collaboration du ministre et du personnel
supérieur du ministère, nous n'avons passé jusqu'ici
qu'une quinzaine d'heures, soit à peu près la moitié du
temps qu'il est normal de passer sur les crédits du
ministère.
On aurait peut-être fini. Je crois que l'an dernier c'était
30 heures ou 32 heures, quelque chose du genre. Je pense qu'on fait une bonne
moyenne.
M. Lazure: La moyenne sur quatre ou cinq ans, c'est vingt-cinq
heures à peu près?
M. Forget: Je pourrais vous donner les statistiques, je les ai
à mon bureau. Je pourrai les apporter demain. Non seulement cela, mais
je pourrais souligner que, du côté de l'Opposition, nous avons
été remarquablement coopératifs, je le souligne avec
à-propos...
M. Saindon: C'est vrai, cela.
M. Forget: ...à la dernière minute de notre
réunion de ce soir, à aucun moment nous n'avons eu quorum pour
nos réunions. Nous avons fonctionné, malgré tout. Le plus
de membres que nous avons eus, cela a été huit. Je pense que si
nous avions voulu faire de l'interruption, nous aurions eu de nombreuses
occasions de le faire et de créer des difficultés au whip
ministériel.
Le Président (M. Marcoux): Demain matin, à dix
heures, nous poursuivrons nos travaux, en continuant l'étude du
programme 7.
La commission des affaires sociales ajourne ses travaux à demain,
dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 2)
Référer à la version PDF page B-3535