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Études des crédits du ministère
des Affaires sociales
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
ses travaux et faire l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires sociales.
Les membres de la commission sont M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques) remplacé par M. Marquis (Matapédia),
M. Clair (Drummond) remplacé par M. Jolivet (Laviolette), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel (Richelieu),
Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Nous en étions à l'étude du programme 4.
M. Lazure: C'est-à-dire le programme 7 mais on avait
laissé une porte ouverte pour le programme 4.
M. Forget: On peut peut-être poursuivre sur le programme 7
pour le moment.
Consultation psychosociale
Le Président (M. Marcoux): Le programme 7, Consultation
psychosociale, sujet dangereux. M. Saindon voulait poser quelques questions et
faire des commentaires au ministre.
M. Saindon: J'aurais bien des questions à poser M. le
Président, mais je me suis, en fait, posé ces questions et je
n'ai pas de réponses. D'ailleurs, je commence par regarder le montant du
budget pour la consultation psychosociale; à ce moment, je me pose
réellement des questions. Premièrement, connaissant le ministre
comme je le connais, je le connais probablement plus qu'il ne pense...
M. Lazure: II vous faut un physiatre?
M. Saindon: Non, que Dieu m'en garde! M. Lazure: Sonder
les profondeurs de l'âme.
M. Saindon: C'est justement, quand on va trop en profondeur, on
se perd. Je connais les antécédents du ministre, qui a
travaillé à Saint-Jean-de-Dieu pendant des années. Je
connais le climat social de Saint-Jean-de-Dieu, de
Saint-Charles-Borromée, de l'Hôtel-Dieu de Montréal, de
Notre-Dame de Montréal, de l'hôpital de Joliette, nommons-en. Dans
ces consultations psychoso- ciales, j'inclus, peut-être à tort,
tous les organismes sous une forme ou l'autre, ou sous un nom ou l'autre, qui
font de la consultation populaire, et je me demande où on veut en venir
avec ces consultations. Est-ce pour donner aux gens la chance de contester?
Si c'est pour donner la chance aux gens de contester, contestations avec
lesquelles, d'habitude, on est toujours mal pris, qui n'ont jamais
réglé rien, qui ne donnent absolument rien, le résultat
des consultations générales étant un fouillis, si c'est,
justement, pour mettre en place un paquet d'organismes supposément
sociaux qui, normalement, devraient oeuvrer pour améliorer les
conditions sociales de l'individu autant que de la collectivité, je me
pose des questions. On a des organismes qui s'occupent de la famille, du
mariage, de tout ce que vous voudrez. Est-ce que la dégradation, par
exemple, du climat familial depuis quelques années est due à ces
services psychosociaux qu'on a implantés? Je me le demande. Avec des
montants d'argent comme ceux-là, des montants fantastiques, est-ce qu'on
fait exprès, ou quoi? Je me pose des questions. Premièrement, ces
consultations psychosociales, cela veut dire exactement quoi?
M. Lazure: M. le Président, le titre consultation
psychosociale n'est peut-être pas le titre le plus approprié pour
ce chapitre. Si on fait une énumération rapide des services qui
sont rendus, essentiellement, ce sont les services qui sont rendus par les
quatorze CSS, Centre de services sociaux, qu'on retrouve un peu partout au
Québec. Comme je le disais hier, chaque centre de services sociaux est
le résultat d'un regroupement d'un certain nombre de services sociaux
diocésains, comme on les appelait autrefois.
M. Saindon: Les CLSC?
M. Lazure: Pas du tout. Les remarques que vous venez de faire, en
grande partie, pourraient s'appliquer je ne dis pas que je suis d'accord
avec vos remarques plutôt au programme qu'on a
étudié hier, qui incluait les CLSC, tandis qu'aujourd'hui, c'est
strictement les centres de services sociaux. Ces centres de services sociaux
font du travail dans le domaine de la protection de la jeunesse, auprès
des jeunes délinquants, dans le domaine de l'adoption, dans le domaine
de l'admission des clients dans les centres d'accueil pour personnes
âgées, par exemple, enfin, je pourrais continuer à vous
énumérer... C'est eux qui fournissent la main-d'oeuvre en service
social dans le secteur hospitalier. C'est eux aussi qui s'occupent des services
socioscolaires dans bien des cas. Ils fournissent des services sociaux en Cour
supérieure. Ils fournissent des services de consultation conjugale et
familiale.
M. Saindon: Pour donner quoi?
M. Lazure: Pour donner quoi? Il y a quand même une certaine
expertise. À moins qu'on ne veuille remettre en cause la formation de
certaines professions, les professions impliquées ici c'est pour
cela que cela s'appelle consultation psychosociale; je vous
répète encore une fois que je ne trouve pas le titre
approprié; on devrait noter cela et essayer de changer le titre de ce
programme en gros, ce sont deux disciplines qui oeuvrent dans ce
domaine: les travailleurs sociaux et les psychologues. Je pense que c'est un
peu pour cela que cela s'est appelé consultation psychosociale. À
moins qu'on ne veuille remettre en cause leur formation, je pense qu'on est
obligé de tenir pour acquis que ces gens ont une formation qui les
habilite à conseiller les gens. Ce que cela donne dans la
réalité, je ne suis pas en mesure comme ministre de vous
répondre à cela, parce qu'on pourrait poser la même
question pour n'importe quelle discipline, que ce soit un médecin, un
dentiste, un ingénieur ou un architecte: Qu'est-ce que son travail donne
dans la réalité? Quand il s'agit du travail d'un architecte,
c'est plus facile à jauger que quand il s'agit du travail d'un
psychologue ou d'un travailleur social.
M. Saindon: Ou d'un psychiatre.
M. Lazure: Je vous laissais ajouter le fion.
M. Saindon: II y a une chose certaine, M. le ministre, c'est que
tout dépend, bien sûr, de quel oeil on voit les travailleurs
sociaux. Si vous êtes d'accord avec la majorité du travail fait
par les travailleurs sociaux d'aujourd'hui, d'accord, à ce moment.
M. Lazure: M. le Président, je n'ai pas à
être d'accord ou en désaccord.
M. Saindon: Non, mais si...
M. Lazure: À moins que cela ne devienne un danger public
ou que cela ne porte atteinte à la sécurité publique et
qu'on ne me démontre que la qualité des services est mauvaise de
façon importante, ce qu'on ne m'a pas démontré.
Jusqu'à ce moment, je n'ai pas à être en accord ou en
désaccord.
M. Saindon: Mais encore là, il faut s'entendre sur
l'expression "danger public". Lorsqu'on voit les travailleurs sociaux, en
très grande majorité, faire du travail de gauche, de socialisme
de gauche, pour ne pas dire d'extrême gauche...
M. Clair: Je serais bien curieux de savoir, M. le
Président, combien il en connaît, des travailleurs sociaux.
M. Saindon: ...à ce moment, M. le Président, je me
pose des questions. J'en connais plusieurs travailleurs sociaux et je peux vous
dire que ce sont certainement des gauchistes. C'est sûr que, si c'est un
gauchiste qui analyse la situation et qui examine le travail fait par ces
personnes, il va être d'accord; il va trouver que le travail est bien et
qu'il est bon. Mais celui qui n'est pas socialiste, automatiquement il ne sera
pas d'accord.
Qu'est-ce qu'on fait? Pourquoi payer des gens pour mettre de la bisbille
dans la société? C'est ce que je ne suis pas capable d'accepter,
je ne le comprends pas. Les gens, dans certaines régions... Je vais vous
donner un exemple.
M. Jolivet: Quelles régions?
M. Saindon: Je vais vous donner un exemple. Prenez la
région de Mirabel; quand on a travaillé à l'implantation
de l'aéroport comme je l'ai fait j'ai travaillé sur ce
projet pendant quelques années connaissant la valeur des fermes
qu'il y avait dans cette région, connaissant la population qui vit dans
cette région comme je l'ai connue, au moment où cela s'est
produit, les fermes qui en valaient $35 000, le gouvernement
fédéral les payait $60 000, les fermes qui en valaient $60 000,
le gouvernement fédéral les payait $100 000, $110 000 et $120
000.
Il ne faut pas croire, comme certains l'ont dit, que toutes les fermes
du territoire étaient des fermes agricoles classées A-1; la
majorité n'était pas des fermes classées A-1. À un
moment donné, on les a comparées aux terrains alentour de
Pickering. Au départ, les gens qui avaient des fermes dont ils se
seraient débarrassés avant les achats du gouvernement, avant
l'implantation de l'aéroport, les gens qui auraient vendu leur ferme $35
000 et qui auraient été heureux, ils les vendaient $60 000. Il y
en a qui sont venus à mon bureau et ces gens-là étaient
heureux, ils étaient contents.
À un moment donné, des personnes sont arrivées de
l'extérieur et elles ont commencé à leur mettre dans la
tête, tranquillement, que ce n'était pas certain qu'ils ne
s'étaient pas fait voler. Elles ont mis sur le tapis les fermes de
Pickering avec les prix qui se payaient et la valeur des fermes de Pickering.
La comparaison ne valait pas, mais on la faisait tout de même. Par la
suite, on a laissé entendre à ces gens-là que ce
n'était pas si certain que cela qu'ils n'étaient pas
malheureux.
M. Jolivet: La terre de l'Ontario est meilleure que la terre du
Québec.
M. Saindon: Non seulement ils pouvaient être malheureux,
mais ils sont devenus malheureux, à force de leur entrer cela dans la
tête. Là, ils ont commencé à contester. Cette
contestation a été amenée par qui? Par des travailleurs
sociaux. La même chose existe dans nos écoles, la même chose
existe dans nos hôpitaux. On prend notre argent pour payer ces gens
à faire de la contestation.
Les officines, les bureaux qui conseillent les jeunes sur le mariage,
ils ont fait du bon travail parce que depuis deux ou trois ans les divorces ont
doublé et triplé. Ils ont fait tant et si bien que le mariage
n'est plus à la mode.
Ils ont travaillé tellement fort que les usines ne peuvent
même plus fournir à la fabrication des pilules
anticonceptionnelles.
M. Jolivet: Vous n'en avez pas de meilleures que cela à
nous envoyer! Les hommes de droite, donnez de meilleures choses que cela, cela
n'a pas de bon sens!
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le député d'Argenteuil a la parole pour 20 minutes
sur ce point. Il a droit à 20 minutes.
M. Saindon: M. le Président, ce sont des raisons que tout
le monde connaît, payer des gens pour nous démolir, pour
démolir notre société, là, je ne marche plus.
M. Jolivet: Vous avez été les premiers vous autres
les libéraux à démolir!
M. Saindon: Si j'étais au bon poste ici et que je puisse
parler des CLSC, j'en parlerais. Je pourrais vous donner des preuves, mais je
n'en parlerai pas. Il reste qu'aller dépenser $88 250 000 pour faire
faire la contestation, c'est donner les outils, les arguments à des gens
pour nous détruire, pour s'autodétruire. Je pense que c'est aller
un peu loin.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, je suis
obligé de m'inscrire en faux contre ces remarques
générales qui constituent un blâme à l'ensemble des
CSS, des centres de services sociaux. Qu'il y ait, par ci par là, des
éléments qui correspondent à la description du
député d'Argenteuil, je ne le conteste pas. Mais, connaissant le
réseau des centres de services sociaux comme je le connais depuis
longtemps, je puis assurer la commission que cela n'est certainement pas le cas
de la majorité des travailleurs sociaux et des psychologues qui oeuvrent
dans ce milieu. Je vais m'en tenir à cela.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, quant à moi, non
seulement je veux m'inscrire en faux, mais je veux dire en tant qu'avocat
cela ne passe pas pour une profession qui est particulièrement
révolutionnaire, on se fait accuser d'être des
réactionnaires généralement pour avoir eu à
travailler avec des travailleurs sociaux, avec des gens des CSS, des gens des
CLSC, des CRSSS, que je trouve que c'est hautement irresponsable, c'est avoir
les yeux bouchés sur la réalité d'aujourd'hui que
d'accuser ainsi les travailleurs sociaux, les centres de services sociaux de
tous les maux. J'ai vu des travailleurs sociaux, pour ne nommer que ceux que je
connais je ne parlerai pas de ceux que je ne connais pas qui,
chez eux, recueillent des personnes âgées incapables de se faire
loger dans des centres d'accueil à cause d'une absence de politique
coordonnée d'ouverture de centres d'accueil sous l'ancien gouvernement.
Ces gens, ils les prenaient chez eux bénévolement. Je connais
cela, je ne trouve pas que c'est être gauchiste. Je connais des gens qui
travaillent en dehors de leurs heures de travail régulières pour
s'occuper de l'enfance inadaptée, d'autres qui travaillent pour aider
des orphelins. Cela, pour l'immense majorité des gens que je connais qui
travaillent dans les CSS.
Quand on vient dire que ces gens sont de la gauche, que l'on finance la
contestation, je pense que c'est faire preuve d'une irresponsabilité
très grande. Non seulement d'une irresponsabilité à
l'égard de ces gens, mais même d'une irresponsabilité
à l'égard du public, parce que si je n'acceptais pas que l'ancien
gouvernement, à un moment donné, laisse courir des bruits ou se
serve du ressentiment de la population à l'égard des enseignants,
par exemple, je n'accepterais pas plus qu'un individu qui est dans
l'Opposition, M. le Président, se serve du ressentiment d'une partie de
la population, ce que j'appelle le Bas-Canada parfois, se serve du ressentiment
de ces gens pour se faire du capital politique. Je trouve que c'est mauditement
bas, et il n'y a qu'un mot comme cela pour le dire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais aussi m'inscrire
en faux contre ces allégations qui proviennent de l'autre
côté de la table. Quand on regarde l'ensemble de la plus grande
majorité des gens qui travaillent dans ces centres, ayant moi-même
participé à l'élaboration d'un CLSC dans mon coin, je peux
dire que quand on regarde les gens qui ont participé à ces
expériences il faut vraiment vouloir faire accroire à du monde
que la chasse aux sorcières est commencée de l'autre bord de la
table. Il faut vraiment regarder les réalités en face et les
comprendre dans le sens où les gens qui travaillent dans ces secteurs
font tout ce qu'ils peuvent pour donner le plus possible à l'ensemble de
la population qu'ils ont à desservir. Ce n'est pas comme on l'a
décrit de l'autre côté. Vouloir faire en sorte de mettre
tous les maux de la société sur le dos de certains groupes de
personnes, que ce soit, comme le disait le député de Drummond,
les enseignants, les gens des services sociaux, c'est vouloir régler les
problèmes de la population en criant souvent haro sur le baudet.
M. Saindon: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse M. le
député d'Argenteuil, mais il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire. Vous pouvez rectifier des faits
ou apporter des précisions à votre pensée.
M. Saindon: Vous avez raison, il n'y a pas de question de
privilège, mais j'ai certainement un fait à rectifier. Je n'ai
pas voulu tantôt parler des CLSC, mais vu que le député
de...
M. Jolivet: Je n'ai pas parlé de CLSC.
M. Saindon: Vous avez dit que les CLSC était encore une
autre merveille.
M. Jolivet: M. le Président, je n'ai pas parlé de
CLSC. J'ai simplement fait mention des gens qui ont participé à
l'élaboration d'un CLSC et non pas des CLSC comme tels.
M. Saindon: Vous avez cité un exemple, alors je peux vous
en citer un autre. J'en ai un dans mon comté, et je vais le nommer,
c'est le CLSC de Saint-André-Avellin qui a un personnel d'une
quarantaine d'employés, qui coûte par année, pour
l'administration, bien près d'une couple de millions, j'imagine. Quand
vous prenez un CLSC qui...
M. Clair: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Question de règlement
d'abord, le député de Drummond.
M. Clair: Sur la question de règlement, M. le
Président, c'est moi tantôt qui ai simplement mentionné le
mot CLSC. Je ne veux pas soulever de débat sur les CLSC. Votre
décision a été rendue tout à l'heure. Vous avez
mentionné que c'était hier qu'on avait discuté des CLSC,
à un autre poste du programme. Étant donné que je n'ai pas
tellement plaisir à entendre le député d'Argenteuil sur ce
sujet, je souhaiterais, M. le Président, que vous mainteniez votre
décision et qu'il n'y ait pas lieu de revenir sur des choses qui ont
déjà été débattues.
M. Saindon: M. le Président, ...
Le Président (M. Marcoux): Je demanderais au
député d'Argenteuil de s'en tenir à la rectification des
faits qu'il voulait faire.
M. Saindon: Qu'il ait ou qu'il n'ait pas de plaisir à
m'entendre, cela me laisse absolument indifférent. De là à
me bâillonner, c'est une autre paire de manches. Je vais justement finir
ce que j'avais à dire sur le CLSC de Saint-André. Ils ont une
Gestetner dans ce CLSC et ils imprimaient des menus pour les restaurants et des
hôtels de la région. Plus que cela, le CLSC de Saint-André
était le point de départ de la propagande du Parti
québécois pour tout l'Ouest du Québec.
M. Clair: Question de règlement, s'il vous plaît. M.
le Président, vous avez justement dit que vous alliez permettre au
député d'Argenteuil de rectifier les faits. Ce n'est pas cela
qu'il est en train de faire. Il est en train de se livrer à une charge
contre notre parti. Je ne vois pas où est sa rectification des faits. Il
bafoue votre décision, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Question de règlement. Ce n'est pas une question
de règlement. Franchement, c'est une question de point de vue. Si vous
voulez appliquer la question de règlement, appliquez-la comme il le
faut.
M. Clair: M. le Président, si le député de
Pointe-Claire avait bien écouté votre décision, elle
visait à permettre au député d'Argenteuil de rectifier les
faits, ce contre quoi je n'ai absolument rien. Je me range à votre
décision. Cependant, il ne faudrait pas qu'on suscite un débat
à partir de ce point.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saindon: M. le Président, vous êtes mieux
d'écouter les directives du député de Drummond. Vous allez
perdre votre poste.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cette somme de $97 millions comprend aussi les
soins qui sont donnés en psychiatrie, au niveau des hôpitaux?
M. Lazure: Non, pas du tout. Quelle est votre question?
M. Saint-Germain: Je veux dire que cette somme de $97 millions
inclut aussi les soins psychiatriques au niveau...
M. Lazure: Non, elle n'inclut pas les honoraires aux psychiatres.
Il y a très peu de psychiatres qui oeuvrent dans les CSS. S'il y en a,
il y en a très très peu. Il y a des travailleurs sociaux, qui
travaillent dans des services de psychiatrie d'hôpitaux
généraux ou dans des hôpitaux psychiatriques, qui se
trouvent inclus dans ces $97 millions, mais non pas des psychiatres.
M. Saint-Germain: Vous avez rassemblé tous ces centres en
14 centres de services sociaux. C'est cela?
M. Lazure: C'est-à-dire que je n'ai pas dit que nous
avions rassemblé... Cela a été fait il y a quelques
années.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il oeuvre maintenant sur un
territoire donné?
M. Lazure: Exact.
M. Saint-Germain: Chaque centre donne l'éventail de tous
les services sociaux qui se donnaient antérieurement partiellement
par... Comment les appelait-on dans le temps?
M. Lazure: Les services sociaux diocésains ou les agences
sociales. Un grand nombre d'entre eux étaient des services
confessionnels, si vous
voulez, les services sociaux diocésains. Chaque diocèse en
avait un, autrefois. Il y avait aussi des agences sociales privées ou
semi-privées.
M. Saint-Germain: Approximativement, le personnel, maintenant, au
niveau de ces quatorze centres sociaux...
M. Lazure: Environ 5000 employés. Je l'ai ici, aussi,
à deux places.
M. Saint-Germain: Et je suppose que les services dispensés
par ces...
M. Lazure: II y a 5275 postes d'autorisés, il y en a 4697
d'occupés.
M. Saint-Germain: Je suppose que ces centres de services sociaux
donnent approximativement les mêmes services dans toutes les
régions.
M. Lazure: À peu près.
M. Saint-Germain: Avez-vous fait le décalage entre les
employés de soutien au niveau de ces postes et les professionnels?
M. Lazure: Oui. Sur les 5275 postes autorisés, il y a
exactement 1036 postes d'employés de soutien. Il y a 542 postes de
direction.
M. Saint-Germain: C'est une relation, à peu près,
de quatre travailleurs sociaux pour...
M. Lazure: Par soutien, il ne s'agit pas de travailleurs sociaux,
mais je peux les énumérer.
M. Saint-Germain: Non.
M. Lazure: On peut bien faire faire des copies. Faites donc des
copies de cela, s'il vous plaît!
M. Saint-Germain: Cela comprend les cadres et cela comprend le
personnel de soutien. L'autorité du ministère sur ces centres
n'est pas directe, chacun est administré par son propre conseil
d'administration.
M. Lazure: Exactement. La loi sur les services sociaux et les
services de santé prévoit la composition du conseil
d'administration de chaque CSS.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a du personnel au
ministère, par exemple, qui surveille et qui essaie d'estimer la
qualité des services rendus par ces différents centres?
M. Lazure: Oui, précisément, dans le
sous-ministère de la programmation, si vous voulez, il y a la direction
des programmes de services sociaux. Si vous avez des questions plus
précises...
M. Saint-Germain: Dans le passé, je dois vous dire que
j'avais chez-moi c'était sous l'ancien régime une
agence de services sociaux et je pense que cela m'a pris un an et demi avant de
savoir qu'elle existait dans le comté. Quand j'ai su qu'elle existait,
je me posais réellement des questions sur la valeur...
M. Lazure: Très discret!
M. Saint-Germain: Très discret! Oui. Extrêmement
discret! Aujourd'hui, j'avoue que j'ai...
M. Lazure: II n'y avait pas de contestaires là.
M. Saint-Germain: Non, c'était tranquille. J'avoue que,
depuis ces dernières années, il me semble que le service est un
peu plus efficace qu'il était précédemment. Ce sont des
services extrêmement dispendieux. Je pense bien qu'il est toujours assez
difficile hormis que ces gens travaillent dans des champs bien
spécifiques de connaître le rendement de leur travail. Ce
sont aussi ces centres qui sont responsables, par exemple, du choix des foyers
nourriciers pour les enfants délaissés.
M. Lazure: Aujourd'hui, dans le nouveau jargon, les familles
d'accueil. C'est une de leurs fonctions importantes.
M. Saint-Germain: Par l'expérience que j'ai au niveau de
mon comté, c'est un travail qui, du moins à certains moments chez
moi, je ne veux pas généraliser pour toute la province, semblait
être responsable de bien des lacunes. Les enfants changeaient très
souvent de foyer et je pense que pour ces enfants c'était excessivement
traumatisant.
M. Lazure: II y a eu amélioration. J'ai eu l'occasion
récemment d'étudier le dossier, ayant rencontré la
Fédération des familles d'accueil du Québec il y a
quelques semaines, et j'ai constaté, avec plaisir, que presque la
moitié, 42%, je pense, des enfants placés en famille d'accueil
sont dans la même famille depuis deux ans et plus. Cela est une
amélioration par rapport à la situation d'il y a quelques
années où un enfant pouvait faire quatre, cinq familles d'accueil
dans l'espace d'un an ou deux.
M. Saint-Germain: C'était terrible pour ces enfants.
M. Lazure: II y a une plus grande stabilité
apparemment.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous attribuez cela au meilleur
choix des familles d'accueil?
M. Lazure: Probablement.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez des statistiques sur les
dernières années, jusqu'à quel point la stabilité
s'est établie?
M. Lazure: M. Savard.
M. Saint-Germain: Voulez-vous nous donner cela?
M. Lazure: Est-ce que vous êtes en mesure de
répondre?
Le nombre de familles d'accueil, d'abord, s'est stabilisé. Quand
vous demandez ce qu'ils font, il reste qu'il y a 18 000, 20 000 enfants
placés en familles d'accueil, ce qui représente un bon nombre
d'enfants et pas mal de travail et d'occupation. C'est une de leurs
responsabilités majeures, le choix des familles d'accueil. Les taux
qu'on paie aussi, au niveau du gouvernement, sont relativement minimes. Les
taux de placement en famille d'accueil ne sont pas très
élevés et le choix est rendu d'autant plus difficile. Je pense
qu'on peut dire qu'il y a une beaucoup plus grande stabilité, il y a un
beaucoup plus grand suivi aussi des familles d'accueil. Depuis deux ans on
insiste auprès d'eux pour que non seulement ils placent l'enfant, mais
qu'au moins une couple de fois par année au début à
tous les mois, et par la suite au moins deux fois par année il y
ait une visite pour s'assurer que l'enfant est intégré et qu'il
fonctionne convenablement à l'intérieur de la famille.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez des barèmes bien
établis pour faire les estimations de ces familles d'accueil?
M. Lazure: II y a des critères qui sont clairement
établis, qui ont été établis conjointement par les
centres de services sociaux et le ministère et qui sont respectés
de façon générale.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je veux revenir sur un certain nombre des questions
qui ont été discutées, mais j'aimerais, en
débutant, essayer de comprendre le mieux possible les crédits
eux-mêmes.
Je remarque qu'il y a une augmentation en chiffres absolus de $5,2
millions, d'une année à l'autre, de 1976/77 à 1977/78. Je
remarque, également, que l'augmentation des salaires et des autres
dépenses se chiffre par $7 581 000, selon les prévisions qui
apparaissent au document qui nous a été distribué. Donc,
l'augmentation de salaires se chiffre par un montant supérieur à
l'augmentation des crédits durant l'année.
Ceci est expliqué par des crédits qui ne sont pas requis
par le gouvernement, par le ministre pour l'exercice à venir, et en
particulier par une somme qui avait été prévue pour la
mise en place de la nouvelle Loi de la protection de la jeunesse et certaines
rétroactivités de salaire. Je crois que, pour la mise en place de
la protection de la jeunesse, il y avait $1 million ou $1,5 million qui avait
été prévu.
Je me demande si on pourrait expliquer en quoi les dépenses de
mise en place d'une nouvelle Loi de la protection de la jeunesse, étant
donné qu'on nous promet cette loi pour bientôt, ne sont pas
récurrentes?
M. Lazure: Effectivement, M. le Président, cette loi doit
être déposée avant l'ajournement d'été. Les
prévisions quant au personnel qui sera utilisé, si je peux dire,
pour l'implantation de cette nouvelle loi, ont été pas mal
remplies. En d'autres termes, le personnel est en place. Le personnel requis va
être largement fourni par les centres de services sociaux. Donc, on ne
prévoit pas, avec l'arrivée d'une nouvelle loi, la
nécessité d'augmenter de façon notable le personnel dans
les centres de services sociaux.
M. Forget: Je vais poser la question autrement. Si le personnel a
déjà été engagé dans l'exercice
précédent, je ne vois pas ce qui rend possible de
récupérer les crédits l'année subséquente,
parce que le personnel est engagé, donc il continue à être
en position. Cela ne me paraît pas du tout être le genre de
dépenses qu'on appelle les dépenses non récurrentes.
M. Lazure: Je répondrai que vous vous souvenez qu'il y a
eu un certain gel ou un gel certain, selon les expressions, du budget des
centres de services sociaux, au cours de l'année antérieure. Ce
gel a entraîné comme conséquence que les priorités
ont été mises sur l'accueil, au niveau des centres de services
sociaux, pour les mésadaptés sociaux et la préparation des
processus pour la mise en place de la Loi de la protection de la jeunesse, et
que ce personnel a été autorisé. Dans les discussions
budgétaires qui ont eu lieu, le $1 million qui avait été
réservé à ces fins, dans le fond, a été pris
dans les budgets de développement qui avaient été
alloués et le Conseil du trésor nous a retiré ce million
qui n'était pas engagé. C'est relatif, car il y avait un
développement de $5 millions, l'année antérieure, on a
engagé à peu près $4 millions, et il nous a retiré
$1 million. Sur les $2 355 000, il y a $1 million qui vient de cette diminution
au titre de la protection de la jeunesse, qui était un article
identifié, dont vous vous souvenez, et voici la réponse qu'on
nous a faite: "Si des dépenses supplémentaires sont
nécessaires, vous le prendrez au moment où la loi deviendra
effective." Parce que cela fait tout de même deux ans qu'on le mettait
dans nos budgets et il devenait difficile de garantir que la loi serait
adoptée.
L'autre million, c'est un problème de
rétroactivité, $1 135 000. Pour ce qui concerne l'augmentation
des salaires et des autres dépenses, montant qui est plus
élevé au bas de la page qu'en haut, ce sont des ajustements pour
le RREGOP et des ajustements techniques.
M. Forget: Donc, il y aurait eu durant l'année
passée suffisamment de personnes, c'est cela que je veux voir confirmer,
qui ont été engagées, malgré le gel qui est
très sélectif, il a été dégelé
là où il fallait pour anticiper complètement la
mise en vigueur de la Loi de la protection de la jeunesse.
M. Lazure: On pense que oui, dans un premier temps. Si on prend
l'exemple de Montréal on
pourra y revenir dans d'autres programmes sur les
mésadaptés sociaux le processus d'accueil et d'admission,
le service de 24 heures sont actuellement en place. Je ne dirais pas que les
CSS n'ont pas besoin de personnel ou qu'il n'y a pas des fonctions qui ne sont
pas remplies adéquatement, mais, pour la protection de la jeunesse, cela
a été considéré comme une priorité depuis un
an. Le personnel d'accueil et les services d'urgence sont en place à
Montréal et à Québec. On a ouvert L'Escale, qui est
située sur Saint-Denis, pour l'accueil des jeunes, le nouvel
aménagement de quartier qui remplace Saint-Vallier, et cela fonctionne
étonnamment bien.
M. Forget: Est-ce que la direction de l'enfance, à
l'intérieur des centres de services sociaux, a été
établie?
M. Lazure: Plus ou moins clairement. Les gens attendent vraiment
la loi. Les gens sont au courant du dernier projet de loi pour la
dernière version et attendent avec impatience la mise en place de la
loi. Il y a à peu près l'équivalence au niveau de la
plupart des centres de services sociaux, mais on a refusé de dire qu'il
y a une direction de la protection de la jeunesse.
Selon une récente tournée que des représentants du
ministère viennent de compléter, on a l'assurance que, si la Loi
sur la protection de la jeunesse était sanctionnée à court
terme, chacun des centres de services sociaux serait en mesure de faire face
à ses obligations issues de la loi et que, d'ici l'automne, l'ensemble
des prérequis pour assumer les obligations de la loi vont être
implantés dans chacun des centres de services sociaux. On a la garantie
que chacun est en mesure de faire face à ses obligations.
M. Forget: Quand vous parlez de garantie, vous parlez d'assurance
verbale ou êtes-vous personnellement assuré que les services
fonctionnent de façon coordonnée relativement à tous les
problèmes de l'enfance et qu'il y a une autorité, dans le fond,
unique pour s'assurer de la coordination de tous les services à
l'enfance?
M. Lazure: C'est par des échanges avec la direction de
chacun des centres de services sociaux pour s'assurer, justement, que des
mécanismes de coordination face à l'accueil, à
l'évaluation et à la probation, dans le cadre de la protection de
la jeunesse, vont pouvoir fonctionner.
M. Forget: Encore une fois, j'insiste là-dessus: Est-ce
que ces responsabilités vont être assumées de façon
coordonnée parce que tous ces services seront placés sous une
autorité unique suffisamment forte, suffisamment
préoccupée par le problème de l'enfance en
général?
M. Lazure: Je dirais oui, même s'il peut y avoir des
variantes quant à la définition de cette même coordination
d'un centre de services sociaux à l'autre, en regard de la
détention de l'autorité coordonnée. Je vous dirai que les
garanties sont là. Cette coordination est en place et elle va pouvoir
être assumée, même si le modèle organisa-tionnel
n'est pas nécessairement le même d'un centre de services sociaux
à l'autre à cause de composantes régionales.
M. Forget: Je vois. C'est assez rassurant de voir que toutes les
conditions, que tous les prérequis sont en place; il ne reste
qu'à se croiser les doigts et à attendre.
J'aimerais savoir si le montant de $7,5 millions, pour l'augmentation
des salaires... Là, on commence à toucher au fonctionnement du
réseau. C'est le premier poste et je vais poser des questions analogues
j'aime autant vous le dire d'avance vis-à-vis des autres
programmes.
C'est une règle fixée par le Conseil du trésor qui
a, j'imagine, fixé ce montant, ce ne sont pas nécessairement les
demandes des établissements pour faire face aux augmentations de salaire
et à l'application des conventions collectives. Quelle est la
règle utilisée par le Conseil du trésor pour
déterminer ce montant de $7 581 000?
M. Lazure: Ce sont les mêmes règles à peu
près partout. C'est l'application intégrale des conventions
collectives. Je vais laisser M. Bélanger donner les détails.
En fait, c'est le taux qui est accordé pour les nouvelles
conventions collectives en 1977/78.
M. Forget: Ce taux est de 6%?
M. Lazure: C'est-à-dire que les conventions courent
à compter du 1er juillet, je crois. Il est de 6% le 1er juillet...
M. Forget: Mais il y a un 8% qui a pris effet le 1er juillet
1976, et un 6% qui prend effet le 1er juillet 1977.
M. Lazure: Exact.
M. Forget: Bon. Ce qui fait un taux entre 6% et 8% pour
l'année en cours. À cela s'ajoutent cependant les glissements
dans les échelles, de 1,5% environ?
M. Lazure: 1,25%, oui. M. Forget: 1,25%.
M. Lazure: Cela tourne autour de 7,5%, 7,6% selon les types de
centres. Le taux global est autour de 7,5%, cela varie entre 7,4% et 7,6%.
M. Forget: Si peu que cela? M. Lazure: Oui.
M. Forget: Oui, mais n'y a-t-il pas, le 1er juillet de cette
année, une indexation qui va devoir s'ajouter aux échelles, parce
que la hausse du coût de la vie a été supérieure
à celle qui sous-
tendait la détermination des règles anti-inflation, 10%,
8% et 6%?
M. Lazure: C'est possible, mais j'ai l'impression que cela va
venir dans une deuxième ronde à l'automne.
M. Forget: Une deuxième ronde? Cela ne sera pas
renégocié, c'est déjà prévu dans les
conventions collectives.
M. Lazure: D'accord, sauf que quand les budgets ont
été établis, ce n'était pas du tout prévu
qu'il y aurait probablement, comme vous dites, 1% supplémentaire qui
devra être ajouté, et ce n'est pas du tout compris dans les
budgets actuellement, ni dans les prévisions.
M. Forget: II semble que si on regarde l'ensemble de la masse
salariale, c'est plutôt un accroissement de 9% qu'on va avoir cette
année, peut-être un peu plus que 9%.
M. Lazure: C'est cela. On va être pris avec le même
problème qu'antérieurement, de faire des réajustements a
posteriori pour tenir compte de ce qui est dans les conventions
collectives.
M. Forget: Sauf que là cela vient tous les ans, alors
qu'anciennement c'est venu en troisième année ou en
quatrième année. Cela va être un peu plus simple, mais il
reste qu'il va probablement se dégager de cela une certaine marge
d'insuffisance, si on peut dire, un certain déficit dans chacun des
postes budgétaires, relativement à cet élément.
M. Lazure: Sauf que ce déficit ne se fera pas sentir au
niveau de l'établissement. C'est un déficit qui va s'appliquer en
fin de période rétroactivement.
M. Forget: Non, je veux dire un déficit au niveau des
crédits du gouvernement. Les $7,5 millions représentent, par
rapport à $92 millions, un pourcentage de peut-être 7 3/4%,
quelque chose du genre. Dans le fond, il y a probablement $1 million et demi
ici qui va manquer pour...
M. Lazure: Ce sera le cas dans tous les programmes qu'on va voir.
Cela va s'appliquer à l'ensemble du réseau.
M. Forget: Oui. C'est pour cela que je le pose au premier
programme où cela vient, de façon très claire, parce que
je veux être bien clair, il y a un manque de ce côté. Il y a
un déficit en perspective, qu'on peut déjà prédire
parce qu'on est rendu au mois de juin aujourd'hui. Maintenant, il n'y a, dans
ces crédits, aucun développement?
M. Lazure: Aucun.
M. Forget: Oui. Ce qui veut dire qu'à tous les niveaux de
tous les services, c'est absolument le même rythme de croisière
que celui qu'on observait à la fin de l'exercice
précédent?
M. Lazure: Oui. Il peut y avoir à certains endroits une
minime marge de manoeuvre reliée à des sommes qui sont
restées dans les bases et qui n'ont pas été
engagées.
M. Forget: Y a-t-il eu, dans les budgets de 1976/77, le paiement
de déficits quelconques à des Centres de services sociaux ou
à un Centre de services sociaux?
M. Lazure: Aucun.
M. Forget: Y a-t-il eu un rajustement budgétaire en cours
d'exercice?
M. Lazure: Uniquement le développement et les choses qui
ont été approuvées en cours de route, à la
pièce, comme vous le savez, particulièrement dans ce domaine.
M. Forget: Alors l'affirmation qui a été faite hier
que dans aucun cas ne sommes-nous en face de déficit,
c'est-à-dire que tous les centres de services sociaux ont réussi
à finir l'année à l'intérieur de leur budget,
est-ce que c'est une extrapolation de ma part?
M. Lazure: J'ai mentionné cela par rapport au Centre de
services sociaux du Montréal métropolitain, qu'il était en
train de rééquilibrer son budget.
M. Forget: Mais il a quand même un déficit.
M. Lazure: Le déficit 1975/76 de Montréal
métro a été de $230 000. Pour 1976/77, on ne l'a pas, mais
ils sont censés entrer à l'intérieur de leur budget. Le
seul autre petit déficit a été CSS Ville-Marie. Le seul
où il y avait un déficit en 1975/76 autour de $200 000, c'est au
CSS du Montréal métropolitain. Cette année, et j'ai vu le
directeur général la semaine dernière, il me dit qu'il
entre dans son budget à $20 000 ou $30 000 près. Le seul qui est
en déficit c'est le CSS Ville-Marie.
Le CSS Ville-Marie, si on regarde par exemple la population anglophone
que théoriquement il dessert par rapport à son budget, il est
parmi ceux les mieux traités par le ministère. Il y a encore
là un déséquilibre qui persiste; ils reçoivent plus
d'argent proportionnellement à la population théorique.
M. Forget: Est-ce que c'est dû à l'absence
d'intégration des anciennes agences catholiques, protestantes; etc.?
M. Lazure: C'est la base historique de nos budgets dans le fond.
C'est peut-être dû à une coutume plutôt qu'aux
mécanismes d'intégration. Je pense qu'autant dans le secteur
hospitalier que dans le secteur des services sociaux, M. le Président,
le secteur anglophone de Montréal a été choyé,
très bien traité dans le passé, et c'est
démontrable.
M. Shaw: M. le ministre...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire, M. le ministre a la parole.
M. Forget: Dans le cas des services sociaux, je suis d'accord
avec le ministre. Dans le cas des services hospitaliers c'est moins clair,
beaucoup moins clair.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: Je le maintiens. Je suis content de voir que le
député de Saint-Laurent est d'accord avec moi pour ce qui est des
services sociaux, mais j'ajoute que c'est vrai dans le secteur hospitalier
aussi. Je le dis sans aucune acrimonie, c'est factuel. Si on faisait l'analyse
per capita on démontrerait facilement que depuis les quinze
dernières années le secteur anglophone a été mieux
traité financièrement par les fonds publics que le secteur
francophone.
M. Forget: J'aimerais poser une question parce que je pense que
je comprends la base de calcul du ministre qui en est une assez
particulière. Il parle de per capita, sa comparaison est donc
basée sur la division du budget total des hôpitaux dit anglophones
par la population anglophone de Montréal et vice versa pour les
hôpitaux francophones.
M. Lazure: Ce n'est pas le seul critère. Largement, je
pense qu'il faut en tenir compte au départ.
M. Forget: Je ne doute pas qu'il a raison, c'est presque vrai par
définition. Mais, s'il le prend sur une base institutionnelle
plutôt que sur une base per capita, je pense que la comparaison ne serait
pas vraie.
M. Lazure: Je pense que ce serait vrai aussi sur une base
institutionnelle.
M. Forget: Je lui conseille d'aller voir les chiffres. Je pense
qu'il sera intéressé.
M. Lazure: Je les ai vus il y a longtemps, M. le
député de Saint-Laurent, et même un bon moment avant que
vous arriviez au ministère, à une certaine époque
où j'étais fonctionnaire au ministère. À cette
époque, sur une base institutionnelle, les établissements
anglophones ont été avantagés. Je ne les blâme pas,
ils ont été prévoyants. Dans les quelques années
qui ont précédé la mise en place de
l'assurance-hospitalisation, ces établissements se sont empressés
d'augmenter le nombre de postes dans les hôpitaux et, quand
l'assurance-hospitalisation est arrivée, elle a reconnu une situation de
fait.
Les hôpitaux francophones n'avaient pas fait la même
planification, n'avaient pas augmenté leurs postes dans les
hôpitaux. C'est un des facteurs qui expliquent.
M. Forget: Enfin, M. le Président, je n'élaborerai
pas davantage sur les budgets des hôpitaux; on y reviendra
éventuellement. Je serai intéressé de voir les documents
dont le ministre fait état là-dessus. Peut-être la
situation a-t-elle changé entre le moment où il a vu ces
chiffres, il dit que cela fait plusieurs années, et
récemment.
À tout événement, relativement aux centres de
services sociaux, encore une fois, étant donné l'absence de fonds
pour le développement j'aimerais savoir si, au niveau de
l'efficacité de la gestion des centres des services sociaux, le ministre
entretient certaines préoccupations.
Il nous a produit une analyse du personnel de soutien. On se rend compte
que le personnel de soutien est loin d'être négligeable dans ce
secteur. Si on ajoute le personnel de soutien et le personnel de direction, on
obtient un total assez impressionnant, surtout dans certains CSS.
Évidemment, il s'agirait de savoir quels sont les barèmes.
Peut-être qu'il y a des standards à établir, qui ne l'ont
pas été avec suffisamment de rigueur, mais tout le monde sait
très bien, c'est un secret de polichinelle, que la fusion des agences
sociales, il y a environ cinq ans, a produit une certaine redondance dans les
postes de cadres. On n'a pas résorbé cette redondance,
particulièrement dans des centres comme le CSSMM où il y a eu un
nombre particulièrement élevé d'agences sociales qui ont
été fusionnées. Cela produit des situations un peu
aberrantes où il y a énormément de cadres, beaucoup de
chefs et peu d'Indiens, ou relativement peu d'Indiens, selon l'expression
consacrée.
Je me demande si le ministre est conscient de cela et s'il est
disposé à prendre des mesures pour résoudre ce
problème.
M. Lazure: M. le Président, le ministre est très
conscient de cela. J'ai demandé, il y a quelques mois, aux
fonctionnaires de préparer des projets de normes non seulement pour les
CSS, mais aussi pour les hôpitaux et pour les établissements du
réseau. Des normes, d'abord, quant au total de personnel qu'on doit
retrouver par rapport à la clientèle desservie et, d'autre part,
à l'intérieur de ce total de personnel, des répartitions
quant au nombre de cadres et de personnel de soutien.
J'en ai déjà parlé aux gens des centres de services
sociaux. Cela m'inquiète de voir que le pourcentage de cadres est
au-delà de 10% en moyenne et, dans certains cas, plus
élevé. Cela me paraît élevé. Cela devrait se
situer plus près de 5% que de 10%. Ce qui m'inquiète aussi, ce
sont les 20% de personnel de soutien pour l'ensemble des 14 CSS. Je trouve cela
trop élevé. En particulier, à l'intérieur de ces
20%, on retrouve 33% de personnel de soutien pour le Ville-Marie.
Il y a une correction à faire. Ce n'est pas 338 au total, pour
Ville-Marie, c'est 638,8. Je retire ce que je viens de dire pour le personnel
de soutien dans cet établissement, mais il reste que les 20% pour
l'ensemble des 14 CSS pour le personnel de soutien, cela me paraît
élevé. J'ai bien hâte que nos fonctionnaires nous fassent
des propositions.
C'est un indicateur assez précieux autant dans un hôpital
que dans un CSS. Si on veut avoir une évaluation rapide des
dépenses, évidemment, c'est le nombre d'employés par
rapport au nombre de lits, dans le cas d'un hôpital, ou par rapport
à la clientèle qui est peut-être l'indicateur le plus
révélateur à première vue.
On me dit que sur 200 postes remplis et approuvés en 1976/77,
aucun poste de cadre n'a été approuvé.
C'est que le ministère est conscient de ce surplus de cadres, et
qu'il y a des efforts qui sont faits pour le réduire graduellement.
M. Forget: M. le Président, étant donné
l'importance que le ministre attache avec raison à cette question de
bonne gestion, peut-être pourrait-il nous éclairer
là-dessus. Je me demande pourquoi il a demandé qu'on mette fin
à l'étude qui avait été entreprise
particulièrement sur ce problème de la gestion des centres de
services sociaux dans un travail conjoint en somme tripartite, du CSSMM, de
l'Ecole des Hautes études commerciales et du ministère.
C'est une étude qui serait maintenant terminée et qui
serait extrêmement valable, parce que c'était la première
étude au Québec par une école d'administration des
problèmes de gestion propres à un secteur qui n'a pas
été aussi bien étudié de loin que, par exemple, le
secteur hospitalier.
M. Lazure: Effectivement, le gouvernement antérieur avait
autorisé cette étude par un groupe des hautes études
commerciales. J'ai pris connaissance d'un rapport préliminaire
dès l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement. J'en ai
discuté non seulement avec les fonctionnaires au ministère, mais
aussi avec les cadres supérieurs du CSSMM. À la lumière de
ce rapport préliminaire qui, en particulier, me frappait par une
volonté non seulement d'étudier la gestion du CSSMM, mais par une
volonté de remettre en cause et d'étudier l'ensemble du
réseau des affaires sociales, je me suis senti très
réticent à donner le feu vert à une telle étude;
c'était très ambitieux comme volonté Deuxièmement,
il y a eu, à ma connaissance, des études assez nombreuses faites
au CSSMM, surtout dans les premières années. Il y a eu un recours
assez fréquent de la part du CSS de Montréal métropolitain
à des consultants extérieurs, dans les débuts surtout.
M. Forget: Pour des projets spécifiques.
M. Lazure: Oui, pour des projets spécifiques. Je ne vous
cache pas que je trouve un peu excessif ce recours aux consultants
extérieurs, que ce soit pour des hôpitaux ou pour des centres de
services sociaux. Très souvent, ils ne connaissent à peu
près rien au domaine en particulier et vont prendre trois mois ou six
mois simplement pour prendre connaissance avec le milieu. J'ai beaucoup de
réserves, je ne le cache pas, sur l'utilité de telles
études. C'est basé sur une expérience. J'ai eu l'occasion,
dans le passé, de voir des étu- des faites sur des hôpitaux
par des firmes extérieures ou même des facultés
universitaires extérieures et leur utilité pratique restait
très restreinte.
M. Forget: M. le Président, ce sont des affirmations
vraiment étonnantes de la part du ministre. Il est clair que personne
n'a toute la vérité, qu'aucun consultant ne peut prétendre
avoir toutes les solutions, mais je pense que se couper complètement de
l'expertise dans un domaine où on reconnaît des faiblesses, ce
n'est pas très prometteur comme possibilité
d'amélioration. Dire qu'on a demandé à quelques
fonctionnaires de faire quelques tableaux pour essayer de voir quelle est la
situation, au plus cela peut aider dans le diagnostic du problème, mais
je pense que les collaborateurs du ministre seraient les premiers à
admettre qu'ils n'ont pas le temps et les ressources suffisantes pour pouvoir
jouer auprès des établissements du réseau le rôle de
consultants. D'ailleurs, chaque fois que cela a été tenté,
cela n'a pas été des expériences très heureuses
parce que les agents du ministère agissent comme contrôleurs. Ils
sont beaucoup plus perçus comme contrôleurs que comme conseillers.
Alors, cela mélange les cartes et cela rend plus difficiles les
relations entre le réseau et le ministère. Je crois qu'on n'a pas
d'autre choix que de s'adresser à une expertise. C'est vrai que
l'expertise dans le secteur des affaires sociales, au point de vue de la
gestion, n'est pas très abondante, mais il est, je pense, de
l'intérêt du public de s'assurer qu'une expertise se constitue,
parce que, finalement, on ne sait jamais quand on en aura besoin. On sait,
cependant, de façon certaine qu'on en aura besoin ici et là de
façon continue. En particulier, quand on pense à une de nos
écoles d'administration, on sait combien nos écoles
d'administration sont désireuses, étant donné l'importance
du secteur public, d'acquérir une expertise dans le domaine public, dans
le domaine des institutions soit de santé ou d'éducation ou
même gouvernementales de manière à pouvoir mieux former des
administrateurs de l'avenir qui, dans presque la moitié des cas ou
peut-être davantage, seront appelés à fonctionner dans le
secteur public.
Il y avait, de ce côté, entre l'Ecole des hautes
études et le ministère, un objectif commun. D'ailleurs, il y
avait des ressources pour lesquelles personne ne payait qui étaient
fournies, dans le fond, en partie, par l'Ecole des hautes études
commerciales elle-même. Elle s'était lancée dans cette
expérience dans le but de se constituer une certaine expertise au niveau
de l'enseignement et au niveau de la recherche de manière que son
enseignement soit plus valable. Tout le monde avait à gagner de cette
expérience.
J'ai entendu dire depuis je ne sais pas si c'est vrai que
même les cadres supérieurs du CSSMM, qui, sur le moment, avaient
vu cela comme, peut-être, un reproche ou un reproche
déguisé a l'efficacité de leur gestion, regrettent
maintenant que le ministre ait donné si rapidement suite, dans le fond,
à leur réticence initiale,
parce que, finalement, c'est un vide qui n'est pas comblé et qui
ne sera pas comblé. Je pense que du côté de l'Ecole des
hautes études commerciales, ils ont perdu, maintenant, la motivation de
le faire parce qu'évidemment cela a bouleversé tout leur
programme de l'hiver. Je crois qu'on n'a même pas sauvé d'argent
là-dessus. Le ministre a sûrement dû payer un compte,
finalement, qui est presque identique à celui qui aurait dû
être payé pour l'étude complète. D'ailleurs,
j'aimerais qu'on nous donne des détails là-dessus.
M. Lazure: II y a plusieurs affirmations, là. D'abord,
quand le député de Saint-Laurent dit que les cadres
supérieurs regrettent maintenant d'avoir accepté
allègrement le retrait de ses experts, cela reste à
démontrer. Je conteste, c'est une affirmation gratuite du
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Comme bien d'autres que le ministre fait, à
l'occasion.
M. Lazure: Mais, pour être plus sérieux, je voudrais
bien demander au député de Saint-Laurent, l'ex-ministre des
Affaires sociales, puisqu'il a parlé d'argent, de ressources, quelles
étaient les conditions agréées pour cette étude? De
mémoire, est-ce qu'il a une idée, un peu...?
M. Forget: Financières? M. Lazure: Oui.
M. Forget: Je n'en ai pas idée, là, de
mémoire. C'étaient les conditions habituelles, pour les contrats
de ce genre avec une faculté d'administration, peut-être. Qu'on
nous les donne les détails, je ne demande rien d'autre que cela. Je n'ai
pas cela en mémoire.
M. Lazure: On a justement un peu de difficultés à
voir clair dans le genre d'entente qui avait été faite entre les
trois parties: le ministère des Affaires sociales, le CSSMM, et les
Hautes études commerciales.
M. Forget: J'imagine que les services administratifs ont des
détails. Écoutez, je ne me suis jamais occupé de ces
choses. J'imagine qu'on a une version officielle d'un contrat ou d'un
échange de lettres qui forme la base d'un contrat. De toute
façon, est-ce qu'il y a eu un paiement?
M. Lazure: À ma connaissance, il n'y a pas eu de paiement
encore. On me dit qu'il n'y a pas eu de contrat, qu'il n'y a pas eu d'entente
écrite. Il y a eu une facture de présentée, de $15 000,
pour être plus exact, ces jours-ci. On vient de m'en saisir et c'est
justement à cette occasion que j'ai demandé quelle avait
été l'entente, mais il semble qu'il n'y avait pas d'entente
formelle.
M. Forget: Je l'apprends pour la première fois, je croyais
qu'il y en avait eu une.
M. Lazure: Cela me semblait assez court comme expertise parce
qu'un bon nombre des soi-disant experts étaient des étudiants des
hautes études.
M. Forget: Est-ce que c'était sous la supervision des
professeurs?
M. Lazure: Je ferai remarquer au député de
Saint-Laurent que c'est une formule couramment utilisée, avec laquelle
je ne suis pas d'accord. Souvent, les professeurs d'université utilisent
des étudiants comme du "cheap labour". Cela fait l'affaire de
l'étudiant parce qu'il se sert de cela comme matériel de
thèse, cela fait l'affaire du professeur parce qu'il fait faire le
travail par I autre, et il supervise vaguement tout en recevant son salaire de
l'université, en général, et il reçoit un autre
honoraire pour cette expertise. Cela me paraît un système assez
complexe.
M. Forget: Qui a envoyé la facture? M.Lazure:
Je ne l'ai pas apportée ici.
M. Forget: La facture originale n'arrive pas du CSS. Ce n'est pas
le CSS qui donnait l'expertise. Je ne dis pas à qui cela a
été transmis, je dis d'où vient la facture? Des hautes
études?
M. Lazure: Elle vient des hautes études? On va rapporter
demain. Je l'ai vue, je n'ose pas affirmer, je ne me souviens pas, j'ai vu la
lettre hier, au bureau. Je ne me souviens pas si c'était du CSSMM ou des
hautes études. On peut donner le renseignement demain ou cet
après-midi, si vous voulez.
M. Forget: Je souhaiterais qu'on le fasse. Écoutez, M. le
Président...
M. Lazure: Pour l'origine, cela ne détraque pas du
problème parce que le problème reste le même. Il n'y a pas
eu d'entente écrite spécifiant quel genre d'étude on fait.
Si on est pour faire une étude si importante, comme le
député de Saint-Laurent le disait tantôt...
M. Forget: Ah oui, il y a eu des échanges de
correspondance, on trouve cela en détail.
M. Lazure: Sur les conditions de l'étude, je parle, sur le
contrat. Les termes du contrat, il n'y en a pas eu.
M. Forget: Peut-être qu'il n'y a pas eu de contrat, cela,
comme je vous dis, je ne m'occupais pas des contrats au ministère, je
m'occupais de l'objet de l'étude beaucoup plus que des conditions de
paiement. Il reste que le ministre a fait une allusion qui m'apparaît un
peu de mauvais goût, si je peux le dire, en suggérant que, dans le
fond, les gens qui ont pris cet engagement vis-à-vis du ministère
à l'époque l'ont fait de façon un peu irresponsable pour
se donner des honoraires additionnels, tout en ne surveillant pas...
M. Lazure: Ce n'est pas cela du tout.
M. Forget: Vous l'avez dit, ils surveillent de façon
très vague les étudiants...
M. Lazure: J'ai parlé du système...
M. Forget: ...et, en plus de leur salaire à plein temps,
ils vont se faire des honoraires additionnels.
M. Lazure: Je ne parlais pas de cette étude-ci en
particulier.
M. Forget: Sur la facture, je pense qu'on le verra.
M. Lazure: Je parle d'un système qui prévaut dans
les universités, et que vous devez connaître, j'imagine.
M. Forget: II faudrait être prudent, parce que quand
même tout cela va être imprimé dans le journal des
Débats. On parle d'un contrat spécifique...
M. Lazure: Le système est connu.
M. Forget: ...avec une de nos écoles d'administration qui,
officiellement, s'est engagée là-dedans, comme partie d'un
programme de formation, donc ils y ont mis leurs propres ressources. Et si on
n'a envoyé qu'une facture de $15 000...
M. Lazure: Non, une première facture.
M. Forget: Ce sera peut-être la dernière, puisque
l'étude ne s'est jamais terminée.
M. Lazure: Non, on vient de me dire qu'il doit y en avoir
d'autres.
M. Forget: Enfin, on ne sait même pas d'où vient la
facture, puis on sait qu'il va en venir une autre.
M. Lazure: Je vous ai dit et je vous répète...
M. Forget: Ce n'est pas très convaincant, vous
n'êtes pas très convaincant.
M. Lazure: ...que je vais vous dire à la prochaine
séance d'où vient la facture.
M. Forget: Oui, j'aimerais en effet qu'on me dise d'où
vient la facture, son montant...
M. Lazure: Je déplore qu'il n'y ait pas eu
d'entente...
M. Forget: Et aussi, est-ce qu'il y a eu...
M. Lazure: ...formelle, parce qu'on saurait. Actuellement, on ne
sait à qui payer, puis à combien on s'était engagé
au ministère, à l'époque. Per- sonne ne semble savoir
à combien on s'est engagé. On va le vérifier, puis
à la prochaine séance on apportera des...
M. Forget: Bon, effectivement, je croyais que les services
administratifs s'étaient occupés de cela entre les Hautes
études et le ministère; si cela n'a pas été fait,
évidemment, a posteriori c'est un peu délicat.
Est-ce qu'il y a eu un rapport intérimaire qui a
été déposé?
M. Lazure: II y a un rapport intérimaire, j'y ai fait
allusion tantôt.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible de le déposer?
M. Lazure: Possible, oui.
M. Forget: Est-ce que le ministre est d'accord pour le
déposer?
M. Lazure: II faudrait que je le relise. Je l'ai vu, il y a trois
mois à peu près, le rapport préliminaire des HEC. On va en
prendre connaissance, puis, si c'est d'intérêt public, on va le
déposer.
M. Forget: C'est-à-dire que si ce n'est pas
d'intérêt public de ne pas le déposer.
M. Lazure: Si vous voulez.
M. Forget: Donc, ce qu'on retrouve comme affirmation, c'est,
d'une part, qu'il y a un problème de gestion et, d'autre part, le seul
effort qui a été tenté pour le résoudre ne
méritait pas qu'on s'y arrête. Donc, on est devant rien, on est
devant la conscience du problème, mais sans aucune autre
conséquence.
M. Lazure: M. le Président, ce n'est pas exact, il y a
d'autres façons d'améliorer la gestion d'un établissement
que de nommer un expert extérieur ou une firme extérieure. Nous
avons eu plusieurs rencontres avec, non seulement la direction du CSSMM, mais
aussi le président du conseil d'administration du CSSMM. Nous nous
sommes occupés activement du cas du CSSMM.
M. Forget: Si je comprends bien, c'est le ministre qui va
être le conseiller en gestion du CSSMM?
M. Lazure: Non, M. le député de Saint-Laurent fait
de l'humour, ce ne sera pas le ministre. Le ministre a rencontré...
M. Forget: Qu'est-ce que vous voulez, vous m'invitez à
faire de l'humour.
M. Lazure: ...à quelques reprises avec les conseillers du
ministère.
M. Forget: Vous m'invitez à faire de l'humour en disant:
II y a un problème de gestion...
M. Lazure: II y a des conseillers au ministère...
M. Forget: ...et j'ai rencontré les gens. Quand même
le ministre rencontrerait ces gens 100 fois, je n'ai aucune confiance dans la
capacité, par une simple conversation entre le ministre et le
président du conseil d'administration, de régler son
problème.
M. Lazure: Ce n'est pas par une conversation avec le
président du conseil d'administration qu'on va régler le
problème de gestion du CSSMM.
M. Forget: Alors, comment?
M. Lazure: Si vous me laissez parler, je vais vous le dire.
M. Forget: Je suis tout ouïe.
M. Lazure: Nos fonctionnaires ont été en contact
régulier avec la direction de ce centre de services sociaux, aussi bien
qu'avec le conseil d'administration. Il y a des mesures qui ont
été prises et d'autres qui vont être prises,
incessamment.
M. Forget: Alors, ce sont les fonctionnaires qui vont servir de
consultants?
M. Lazure: Écoutez, vous pouvez dire ce que vous voulez,
moi je vous dis qu'il y a des mesures...
M. Forget: Non, j'essaie de comprendre. Vous dites qu'il y a un
problème de gestion...
M. Lazure: Laissez-moi parler, si vous voulez comprendre.
M. Forget: ...et on me décrit des rencontres.
M. Lazure: Vous recommencez ce matin votre solo, votre monologue.
Allez-y. Allez-y, si vous voulez.
M. Forget: Je vous repose ma question. S'il y a un
problème à régler, avez-vous un expert en vue pour le
régler?
M. Lazure: Je vous explique...
M. Forget: Que ce soit le ministre, que ce soient ses
fonctionnaires, j'aimerais les connaître.
M. Lazure: Je vous explique que...
M. Forget: Finalement, c'est une fonction nouvelle pour le
ministère.
M. Lazure: Je vous explique que le conseil d'administration du
CSSMM est en train de prendre ses responsabilités, est en train de
prendre...
M. Forget: Personne ne les a accusés
d'irresponsabilité.
M. Lazure: Bon, M. le Président, je décline de
répondre dans un dialogue comme cela.
Une Voix: M. le Président...
M. Forget: C'est qu'on fait de la littérature, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Richelieu.
M. Forget: On dit: On prend ses responsabilités, on se
parle...
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre!
M. Forget: Ecoutez, ce n'est pas une question...
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre! Le
député de Richelieu.
M. Martel: M. le Président, je pense qu'il faut être
logique. Le député de Saint-Laurent pose une question, il devrait
avoir au moins la décence de laisser le ministre répondre
à cette question.
M. Forget: J'ai eu la réponse.
M. Martel: Vous êtes intervenu trois fois dans l'espace de
quinze secondes.
M. Forget: Vous n'avez pas entendu la réponse. Vous l'avez
eue.
M. Martel: Laissez-lui donner la réponse complète,
il en a une réponse...
M. Forget: II y a des rencontres. On se parle.
M. Martel: ...à vous donner.
M. Forget: Comme sur l'annonce de bière.
M. Martel: Vous l'interrompez tout le temps.
Une Voix: Qui a la parole là?
M. Forget: On se parle.
M. Martel: Laissez-le exposer son point de vue...
M. Forget: C'est cela la solution au problème de
gestion.
M. Martel: ...par la suite vous y reviendrez. M. Forget:
Allons donc! M. Martel: Laissez-le parler.
M. Shaw: Vous avez eu longtemps le contrôle de ce
ministère; ces problèmes dont vous parlez c'étaient les
vôtres.
M. Forget: Oui, on a essayé de les régler, puis le
ministre a...
M. Lazure: Vous parlez de vos problèmes...
M. Forget: ... interrompu le seul effort qui a été
fait sérieusement pour régler un problème de gestion.
M. Lazure: Hé! Soyez sérieux! Soyez
sérieux!
M. Forget: Je veux bien être sérieux si vous
commencez, M. le ministre!
M. Lazure: Je vous explique que pour régler les
problèmes dont on a hérité à l'arrivée au
pouvoir, il y a d'autres façons que de confier une étude à
une école qui s'appelle HEC; il y a d'autres façons que cela.
M. Forget: Bon, se parler?
M. Lazure: Non, ce n'est pas de parler. Et cessez donc de
m'interrompre quand je parle. Je vous dis que le conseil d'administration du
CSS en question s'en occupe et que nous sommes tenus au courant.
M. Forget: Comment?
M. Lazure: Cela ne vous regarde pas pour le moment.
M. Forget: Ah! C'est cela, la vraie réponse: Cela ne nous
regarde pas!
M. Lazure: Cela n'est pas d'intérêt public pour le
moment.
M. Forget: Ah non! C'est seulement la gestion de $15 millions ou
$20 millions, ce n'est pas important!
M. Lazure: Moi, comme responsable de ces crédits, avec mes
fonctionnaires, nous avons la certitude qu'une amélioration notable est
en train de se faire dans la gestion de ce CSS. Le sous-ministre vous a dit
tantôt que ce CSS boucle son budget en 1976/77 pour la première
fois, ce qui n'était pas le cas l'année antérieure. Cela
n'a pas pris l'étude des HEC pour en arriver à cela.
M. Forget: Est-ce qu'il a toujours le même nombre de
cadres? Comment a-t-il fait pour boucler son budget?
M. Lazure: Vous avez le tableau devant vous, vous pouvez le
lire.
M. Forget: C'est la situation au 1er avril. Est-ce la même
situation qui prévalait il y a un an?
M. Lazure: On peut demander à un fonctionnaire de comparer
les chiffres.
M. Forget: Comme on s'est beaucoup parlé, on va avoir tous
les renseignements.
M. Jolivet: On a beau parler, cela ne donne rien.
M. Lazure: On est incapable de vous dire si ce sont des postes de
cadres ou des postes de professionnels. Dans le fond, il a bouclé son
budget en laissant des postes vacants et en diminuant le personnel à
l'intérieur. Je suis incapable de vous dire si ce sont des cadres ou des
professionnels.
M. Forget: Évidemment, il y a bien des façons de
boucler un budget. Il y a une façon de boucler un budget qui rend un
établissement moins efficace ou plus efficace. Le problème est
entier. Ce n'est qu'un signe bien superficiel, la façon dont on boucle
le budget. Enfin, je pense qu'on a eu le message du ministre qui nous a dit que
ce n'était pas notre affaire. Si je comprends bien, donc, c'est son
affaire. Comme c'est son affaire, j'imagine que d'ici à l'an prochain on
va avoir des résultats.
M. Lazure: M. le Président, je proteste encore une fois.
Ce n'est pas ce que j'ai dit. Le député de Saint-Laurent passe
son temps à déformer les paroles des interlocuteurs. C'est
à se demander s'il les écoute. J'ai dit que ce n'était pas
dans l'intérêt public, actuellement, de dévoiler les
mesures que le conseil d'administration du CSSMM est en train de prendre pour
améliorer la gestion, et je m'en tiens à cela.
M. Forget: Quand on soutient que ce n'est pas
d'intérêt public, alors que des fonds publics sont
impliqués, de dire quels moyens on prend pour améliorer la
gestion, cela ne veut dire qu'une chose, à mon avis, c'est qu'il n'y en
a pas, de moyens. On utilise cet argument comme un écran de
fumée.
M. Lazure: Je pense, M. le Président, que le
député de Saint-Laurent...
M. Forget: Vous allez voir, l'an prochain, les mêmes
problèmes vont exister.
M. Lazure: ... fait preuve de malhonnêteté en
m'imputant un désir de fausser la vérité. Je
réaffirme une autre fois que des mesures adéquates sont en train
d'être prises et ce n'est pas dans l'intérêt public de les
dévoiler. J'ajouterais, encore une fois, que le député de
Saint-Laurent fait une montagne du fait que, par une décision, son
successeur a annulé une étude qui avait été
confiée aux HEC. Il en fait une montagne et je ne sais pas pourquoi, je
lui pose la question. C'est normal, quand un nouveau gouvernement arrive, qu'il
y ait des décisions de révisées. Je suis sûr que le
député de Saint-Laurent, quand il est arrivé au
ministère, a révisé des décisions de son
prédécesseur.
M. Forget: Je ne nie pas au ministre le droit de réviser
toutes les décisions, c'est son droit le plus strict. Cependant, il doit
accepter un fait très simple. Lors de l'étude des crédits,
les décisions qu'il a prises de réviser ou de ne pas
réviser sont l'objet d'un examen et d'une évaluation. C'est tout
à fait normal.
M. Lazure: C'est ce qu'on fait.
M. Forget: II ne faut pas s'en scandaliser.
M. Lazure: Non.
M. Forget: II est d'autant plus surprenant qu'il ait pris cette
décision-là surprenant n'est pas le bon mot
d'autant plus inapproprié qu'il ait pris cette décision qu'il est
conscient de l'existence d'un problème. Il a pris la décision par
principe, de façon doctrinaire, parce qu'il est contre, en
général, les expertises. Il préfère d'autres moyens
que les expertises, mais il n'a pas d'autres moyens efficaces à proposer
pour substituer à l'expertise qu'il a supprimée et qu'il va
devoir payer de toute façon apparemment, il a déjà
commencé et qui serait la voie la plus courte pour, au moins,
trouver un certain nombre de réponses à un problème dont
il ne nie pas l'existence.
Donc, il s'est enferré pour des raisons de pur principe, de pure
partisanerie, à mon avis, parce que la ligne du parti était de
supprimer les contrats d'expertise, qu'ils soient donnés à
n'importe qui. Il fallait qu'on obtienne ce résultat le plus rapidement
possible. Il n'était pas possible, M. le Président, qu'à
la date où il a supprimé ce contrat il en ait fait le tour et
qu'il sache vraiment pourquoi il le supprimait.
M. Lazure: M. le Président, il est faux d'affirmer, comme
le député de Saint-Laurent le fait, que c'est par partisanerie
que j'ai rédigé cette décision-là. Je
répète, encore une fois, que le député de
Saint-Laurent réagit de façon passionnée à une
décision administrative qui a été prise en toute
connaissance de cause. Je ne me donnerai même pas la peine de relever,
encore une fois, les faussetés que vous affirmez et les intentions que
vous me prêtez. Je vais m'en tenir à cela.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Laissons, pour le moment, la question de l'expertise de
l'Ecole des hautes études commerciales. Est-ce que ces chiffres incluent
des coûts des centres d'accueil?
M. Lazure: Pas du tout. À l'exception d'un certain
personnel, comme les travailleurs sociaux qui oeuvrent dans un centre d'accueil
et qui sont payés par le budget des centres de services sociaux.
M. Shaw: La question des familles d'accueil. Les montants qui
sont payés c'est à la page 73 du rapport annuel de 1975 du
ministère des Affaires sociales entre 0 et 4 ans, c'est $3.35.
Est-ce que c'est augmenté maintenant?
M. Lazure: Cela a été indexé. Le minimum est
rendu à $3.60 exactement.
M. Shaw: C'est une augmentation de quel pourcentage?
M. Lazure: 8,2%. C'est insuffisant $3.60 pour une journée.
C'est insuffisant. On espère pouvoir augmenter ces tarifs l'an
prochain.
M. Shaw: Le nombre d'enfants, l'année passée,
était de 19 000. Est-ce que c'est augmenté aussi?
M. Lazure: Cela demeure entre 19 000 et 20 000. Cela s'est
stabilisé.
M. Shaw: Vous avez dans les supercatégories de
dépenses, une diminution de $2,5 millions jusqu'à $572 000. Le
ministre pourrait-il nous expliquer ce qui s'est passé?
M. Lazure: C'est ce qu'on a expliqué tout à
l'heure. Il y a $1 million qui était alloué pour la Loi sur la
protection de la jeunesse et qui n'a pas été utilisé,
comme tel, de façon spécifique. Cela a été pris
à l'intérieur des budgets de développement qui
étaient existants l'année précédente. Ce
montant-là était identifié comme tel à la Loi sur
la protection de la jeunesse. Compte tenu du fait que la loi n'a pas
été approuvée par l'Assemblée nationale, que le
projet a été reporté, il y a un montant de $1 million qui
a été retranché au budget pour cette année. La
différence de $1 355 000, c'est un montant qui était dans notre
budget pour de la rétroactivité et qui n'est pas
récurrent.
M. Shaw: Une autre chose est évidente parce que vous venez
de me dire la proportion des dépenses pour le secteur anglophone
à Montréal. C'est évident aussi que ce n'est pas plus que
14% du personnel. Le personnel est-il si bien payé que cela
représente un cinquième des dépenses?
M. Lazure: Le personnel de soutien? M. Shaw: Non, le
personnel global.
M. Lazure: Les chiffres dont nous avons parlé tout
à l'heure sont basés sur des estimations de la population
desservie par les centres de services sociaux, dans la situation telle que
vécue l'an dernier. Alors, en fait, ce qu'on a calculé, c'est la
population de la province. On a distingué, à Montréal, la
population desservie par les trois centres de services sociaux, Montréal
métropolitain, Ville-Marie et le CSS juif.
On a identifié une population où il peut y avoir des
erreurs d'appréciation, et on a calculé le coût per capita,
par exemple, à partir de cette population et des budgets.
M. Shaw: Alors, on prévoit que le centre Ville-Marie
acceptera un autre nombre de clients à cause du changement vers une
politique régionale au lieu d'une politique linguistique? Est-ce que
vous avez dans cette prévision, une augmentation du montant global
donné pour les services qui doivent être rendus à cause de
cela?
M. Lazure: Je dois faire remarquer au député de
Pointe-Claire que les responsables du CSS
Ville-Marie nous ont dit qu'ils n'étaient pas en mesure
maintenant de donner le service aux francophones et pas dans un avenir
prochain, qu'ils essayeraient le plus tôt possible, à moyen terme,
de le faire. Je ne pense pas que...
M. Shaw: Cela va représenter une augmentation de
coûts aussi.
M. Lazure: Eventuellement, mais ce ne sera pas certainement dans
l'année qui vient de commencer, l'année financière.
M. Shaw: Nous avons parlé de cela tantôt. Je vois
ici, parce que j'ai étudié le problème, qu'on vient de
fermer un centre d'accueil et que le personnel de ce centre d'accueil de la
banlieue ouest de Montréal doit être transféré
ailleurs. On voit que les clients doivent attendre environ trois mois avant
d'être acceptés dans des centres, comme Boys' farm. Est-ce que
vous pouvez me donner des renseignements dans ce domaine? Est-ce que les
services sont adéquats?
M. Lazure: On tombe dans le problème des
mésadaptés sociaux. On pourrait peut-être y revenir plus
longuement. C'est un autre programme, le programme 8, le problème de
Boys' Farm. Je voudrais préciser que ce n'est pas nécessairement
notre intention d'augmenter les responsabilités de la population de
Ville-Marie. Si on leur demande d'augmenter leurs responsabilités
vis-à-vis d'une population plus grande, c'est certain qu'il faudra
réajuster les budgets ou faire des transferts à coûts
égaux.
Quand on parle d'un territoire, comme je l'ai dit tout à l'heure,
cela ne peut pas se réaliser demain matin à cause du
problème de langue. Deuxièmement, si on prend cette attitude, il
est possible qu'il y ait aussi des Anglo-Saxons qui soient pris en charge par
d'autres CSS. Il peut y avoir un transfert de responsabilités, dans le
fond.
M. Shaw: D'accord. Pouvez-vous me donner des renseignements? Le
but de la loi 65 était d'améliorer et de donner plus
d'efficacité aux services sociaux dans la province du Québec,
mais on voit franchement que nous sommes encore dans une période de
gestation, de changements. Les responsables du Ville-Marie et des centres de
services locaux dans mon comté et dans la banlieue ouest de
Montréal, disent qu'ils n'étaient pas encore prêts à
accepter tous les services qu'ils doivent donner. C'était
évident, sur la question d'AMBCAL, que les enfants délinquants
n'ont pas un seul centre d'accueil dans la ville de Montréal qui peut
les prendre pour le moment. Il y a des fermetures d'autres endroits avant qu'un
nouveau soit préparé.
Tous les renseignements que j'ai maintenant sont à l'effet que
nous avons une grosse bureaucratie qui n'est pas fonctionnelle dans le moment.
Je peux appuyer le principe du député de Saint-Laurent qu'on
pourrait peut-être faire une étude sur l'efficacité. Est-ce
qu'on a trop de bureaucra- tes? Est-ce que les services sont rendus à la
population? C'est le but des centres de services sociaux.
M. Lazure: Là-dessus, je voudrais juste faire un
commentaire. La responsabilité du problème dont vous parlez, au
niveau des centres d'accueil pour mésadaptés sociaux, qui est
réel et vécu à Montréal actuellement, n'est pas
entièrement et dans une large mesure la responsabilité
spécifique du centre de services sociaux.
Le gros problème sur lequel on pourrait élaborer par
rapport au centre d'accueil des mésadaptés sociaux du milieu
anglophone à Montréal est un problème dans lequel on est
très impliqué et auquel les gens travaillent activement. Il est
lié à la difficulté de les asseoir ensemble. On a fait de
gros efforts dans la région de Montréal pour amener une
complémentarité des centres d'accueil les uns par rapport aux
autres pour répondre aux besoins de l'ensemble des enfants. Il y avait
des populations dont on s'occupait bien et d'autres bénéficiaires
dont on ne s'occupait pas. Du côté francophone et du
côté anglophone on a poussé fort sur les centres d'accueil
pour qu'ils s'assoient ensemble afin de coordonner leurs activités. Il y
a de grosses difficultés dans le milieu anglophone à se
coordonner et à collaborer les uns avec les autres. Il y a des clans,
des difficultés majeures. On pourra élaborer là-dessus. Si
vous pouvez nous aider dans cela, on serait très heureux d'essayer de
solutionner ces problèmes. Il y a des problèmes réels
actuellement, surtout depuis novembre, dans le milieu anglophone de
Montréal.
M. Shaw: Une dernière question sur les services en milieu
hospitalier. On voit qu'il y a 169,5 personnes allouées par le Centre de
services sociaux Ville-Marie aux hôpitaux de Montréal. Est-ce
seulement pour les hôpitaux anglais? Disons que le Montreal General
Hospital ou le Royal Victoria Hospital, cela a été fait comme
cela. Leurs clients sont-ils seulement des anglophones?
M. Lazure: À peu près en totalité, ce sont
des hôpitaux anglophones.
M. Shaw: Mais leur clientèle, c'est autre chose?
M. Lazure: En général, leur clientèle peut
être des deux langues, mais l'habitude c'est cela qu'on discute
avec eux a été de référer la
clientèle francophone au CSS du Montréal
métropolitain.
M. Shaw: Cela implique d'autres choses comme des centres
d'accueil pour les patients, pour les "long stay patients" ou des choses comme
cela. C'est un autre "bottle neck" qui est présent.
M. Lazure: ...qui est présent et qui est aussi difficile
du côté francophone que du côté anglophone.
M. Shaw: Je sais. Je parle premièrement des questions
d'application. Les centres de services sociaux et les fonctions dans les
milieux différents. Peut-être que ce sera mieux de continuer la
conversation sur la question de...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Au point de vue de la coordination entre les
divers services du ministère, ce dernier est-il sensibilisé
à cela? Essayez-vous d'entreprendre de coordonner un peu plus vos
services? Je remarque que le bureau des allocations sociales n'a aucune
relation avec les centres de services sociaux. Une travailleuse sociale
attachée à un hôpital n'a aucune relation ou peu de
relation au niveau de son travail avec un centre d'accueil pour personnes
âgées et ainsi de suite.
M. Lazure: C'est une chose qui me préoccupe.
M. Saint-Germain: Cela devient démoralisant de
constater...
M. Lazure: Je constate aussi qu'il n'y a pas suffisamment
d'articulation entre les divers éléments du réseau. J'ai
demandé, à l'occasion de l'aménagement de nouveaux
services dans une région donnée, de faire en sorte autant
possible que les gens partagent le même toit. Cela peut être le
bureau d'aide sociale, cela peut être le point de service d'un centre de
services sociaux, d'un CSS.
On a une côte à remonter dans ce sens. Il existe dans
chacun de ces éléments du réseau une certaine
résistance à collaborer et à se rapprocher des autres.
Chacun est très jaloux de son autonomie. Tout ce que je peux dire c'est
qu'on fait des efforts dans ce sens, mais vous avez raison, cela manque de
cohérence.
Cela se fait dans quelques cas, il y aurait avantage de façon
générale que les bureaux d'aide sociale soient très
près des bureaux du centre de services sociaux.
Il y aurait avantage à cela, mais on dirait qu'il existe encore
dans le personnel des centres de services sociaux une espèce de
résistance à tout ce qui est aide monétaire, qu'ils s'en
sont dégagés, qu'ils sont heureux de s'en être
dégagés et qu'ils veulent plutôt garder une certaine
distance vis-à-vis de ce qui est aide sociale.
M. Saint-Germain: Ce qui arrive, en fait, c'est que, s'il y a une
enquête qui se fait pour établir l'aide monétaire qu'on
doit donner à une famille, on va faire une enquête; deux mois
après, c'est une personne âgée dans cette famille qui doit
être placée, c'est une autre enquête qui est faite par
d'autres gens, et cela n'a plus de fin. On devrait, je suppose, avoir
peut-être un dossier unique ou, du moins, s'il n'est pas unique, qu'il
soit homogène au niveau de tous les services.
M. Forget: C'est un aspect intéressant, étant
donné les débats récents au niveau de la composition
même d'un dossier unique dans un seul établissement.
M. Lazure: C'est sûr qu'on a un travail énorme
à faire là. Chez les professionnels d'un même
établissement, chaque profession veut garder son petit dossier. À
l'intérieur du réseau, c'est le même
phénomène, chaque composante du réseau veut garder
jalousement toute son autonomie. On travaille dans le sens d'une meilleure
coordination.
M. Saint-Germain: II devrait même y avoir coordination
entre divers ministères. Vous avez, par exemple, toute cette question
des logements à prix modique; il n'y a aucune relation entre ceux qui
font le choix d'une famille qui va être acceptée dans un logement
à prix modique ou un centre d'accueil pour personnes âgées.
Il pourrait être utile que celui qui est qualifié pour ce faire
soit ce travailleur social du centre de services sociaux ou celui qui fait
enquête au nom du bureau des allocations sociales.
M. Lazure: J'ai écrit au ministre des Affaires municipales
pour qu'on soit consultés systématiquement chaque fois que la
Société d'habitation du Québec étudiait un projet.
Je pense qu'il est inconcevable qu'il n'y ait pas eu plus de coordination entre
les deux ministères jusqu'ici. Il faut absolument qu'il y en ait.
M. Saint-Germain: II y a des gens âgés, par exemple,
qui vont demander une place dans un centre d'accueil. Or, il y a des listes de
300, 400, 500 noms, il est impossible de les accepter. Ces gens seraient
absolument satisfaits s'ils avaient un logement à prix modique, et ce
serait beaucoup moins dispendieux. Avec un dossier le moindrement suivi, on
pourrait partir du logement à prix modique et entrer au centre d'accueil
quand la nécessité s'en ferait sentir. Vous avez le même
phénomène dans les centres d'accueil où on accepte un
couple, par exemple, dans un logement de deux pièces et demie chez nous.
Il n'y a aucune coordination entre tout ce monde. C'est très inefficace
et c'est très dispendieux pour le contribuable, ce manque de
coordination. C'est extrêmement dispendieux. J'avoue que je ne comprends
pas comment il se fait qu'il n'y ait pas plus de coordination.
C'est inconcevable, surtout que ce sont des services centralisés,
ici à Québec, au niveau du même ministère. Je peux
comprendre que ce soit plus difficile avec un autre ministère, avec les
Affaires municipales par exemple.
M. Lazure: Une des raisons de ce manque de coordination entre la
Société d'habitation du Québec et le ministère des
Affaires sociales en ce qui concerne les personnes âgées surtout,
c'est précisément le manque d'efficacité de la
Société d'habitation du Québec. Je pense que le ministre
actuel des Affaires municipales a eu l'occasion de donner des exemples des
retards considérables dans les programmes de la Société
d'habitation du
Québec. C'est une société qui est en voie
d'être réformée, qui va, je l'espère, être
rendue plus efficace, ce qui va améliorer nos relations entre les deux
ministères.
M. Saint-Germain: Si on oublie cette question de construction de
nouveaux projets, je pense que, simplement au niveau de l'administration de
tous les jours, il y a une lacune terrible. Une personne vient me voir,
à titre de député, et elle n'a pas de logement. C'est
impossible de s'en trouver un; du moins, elle croit que c'est impossible. Il
n'y a pas de service gouvernemental pour essayer de loger une personne à
la suite d'un incendie ou même à la suite de démolition ou
d'éviction, quelle qu'en soit la raison. C'est la municipalité
qui s'en occupe. Il y a une personne qui travaille au niveau des
municipalités, qui fait des enquêtes et qui a une série de
logements ou de vieux logements, qui s'occupe de ces gens. Voilà un
autre service, mais la municipalité n'est pas en relation, si vous
voulez, directe avec les loyers à prix modique. Je ne sais même
pas de quels critères on se sert nécessairement pour accepter ou
refuser une personne qui demande un loyer à prix modique. C'est
inconcevable.
Qu'on centralise les informations au niveau local, si on veut, ou au
niveau municipal, je ne le sais pas. Il devrait y avoir une certaine
centralisation centralisation, ce ne serait pas le bon mot une
coordination du moins au niveau local, pour tous ces gens qui oeuvrent dans
différents milieux. C'est inconcevable; une année, j'ai
appelé, je me souviens très bien, cela fait un certain nombre
d'années tout de même, peut-être quatre ou cinq ans...
Une voix: C'était dans le temps.
M. Saint-Germain: Non, pas si longtemps que cela. Il y avait une
personne à l'hôpital, une personne âgée, et la
famille disait que c'était absolument impossible de prendre cette
personne après son séjour à l'hôpital.
C'était la travailleuse sociale de l'hôpital qui s'occupait de ce
problème. Je l'appellle. Le centre pour personnes âgées
était déjà ouvert chez nous depuis peut-être un an
et demi. J'ai dit: Est-ce que vous avez parlé à M. Un-tel,
directeur de la maison pour personnes âgées? Elle ne le
connaissait pas. Il n'y a jamais eu de communications entre cette travailleuse
sociale à l'hôpital Saint-Joseph et le centre d'hébergement
pour personnes âgées. C'est absolument inconcevable. Les cheveux
vous dressent sur la tête quand vous entendez cela. J'ai appelé le
directeur de la maison pour personnes âgées, et c'est moi qui ai
fait la communication entre les deux. C'est renversant!
M. Lazure: Là-dessus, il y a des efforts importants qui
sont faits. Les centres de services sociaux s'impliquent de plus en plus dans
ce processus. Dans la plupart des régions, actuellement, par exemple,
pour l'admission des personnes âgées ou pour l'admission dans les
centres hospi- taliers de soins prolongés, on s'oriente vers des
comités, sur une base régionale ou sous-régionale, qui
font la coordination entre les priorités par rapport aux demandes et les
places disponibles. Cela n'existait pas du tout, à toutes fins
pratiques. Chacun avait son processus d'admission local. C'est en voie
d'être corrigé. Il y a, dans la plupart des régions,
actuellement, particulièrement au niveau des centres
d'hébergement, des comités d'admission régionaux et les
demandes y sont acheminées pour permettre de traiter selon une
priorité de besoins.
C'est déjà une amélioration qui ne va pas aussi
loin que ce dont on rêve mais, progressivement, en ramenant au niveau
régional des responsabilités, on essaie de faire la coordination
puis d'asseoir les gens ensemble pour que cela réponde aux besoins du
monde.
M. Saint-Germain: Si vous avez une travailleuse sociale au centre
de services sociaux qui constate qu'il y a des troubles de famille et que
l'habitation, dans ce cas est extrêmement importante, il n'y a pas de
relation avec les loyers à prix modique, lorsque la travailleuse sociale
peut admettre que la nécessité de loger cette famille
convenablement est fondamentale.
M. Lazure: Vous comprendrez que, dans un premier temps, il faut
qu'on règle notre coordination entre nos établissements, avant de
commencer à...
M. Saint-Germain: Oui, mais cela va prendre plus que la
persuasion, croyez-moi. Il va falloir que quelqu'un, a un moment
donné...
M. Lazure: On a une réglementation qui est prévue
à cette fin, dans la loi 65, qui s'applique progressivement et qui a cet
objectif. On est d'accord que cela prend plus que de la persuasion.
M. Saint-Germain: Merci, monsieur.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, j'aimerais savoir quel
montant d'argent reçoit le groupe populaire SOS Garderies à
Montréal? J'imagine que ce groupe doit recevoir de l'aide
financière.
M. Lazure: Ils étaient, pendant un certain temps,
intégrés ou financés par le CSS du Montréal
métropolitain. C'est terminé. À ma connaissance, ils ne
reçoivent plus de subvention du centre de services sociaux du
Montréal métropolitain. Ils sont financés uniquement, en
ce qui concerne le ministère, à ma connaissance, de la même
façon que toutes les garderies, c'est-à-dire en fonction du
nombre d'enfants qu'ils reçoivent et de la contribution du
ministère pour les familles défavorisées.
M. Saindon: Mais le ministère paie une somme d'argent
quand même?
M. Lazure: Ils sont traités actuellement exactement comme
toute autre garderie.
M. Saindon: En fonction...
M. Lazure: C'est-à-dire que s'ils reçoivent des
enfants et que ces familles peuvent avoir accès au programme de
garderie, ils vont recevoir de l'argent des parents qui placent leurs enfants.
Mais il n'y a pas de subvention directe comme telle.
M. Forget: Comme telle, SOS Garderies n'est pas une garderie.
M. Lazure: C'est un regroupement de garderies, mais il y a une
garderie en particulier, à Montréal, qui s'appelle SOS Garderies,
qui est un peu l'âme du mouvement. Et, pendant un certain temps,
jusqu'à, je pense, l'année dernière, cet organisme
était financé par le Centre de services sociaux du
Montréal métropolitain.
M. Saindon: Comme cela, actuellement, les SOS Garderies, de
Montréal, ne reçoivent aucune somme d'argent, excepté ce
qu'ils perçoivent des parents?
M. Lazure: C'est cela. Maintenant, les parents, eux, peuvent
avoir une partie des montants, par le programme de garderie, compte tenu de
leurs revenus, qui est versée par le ministère aux parents.
M. Saindon: Dans ce cas, c'est une aide indirecte.
M. Lazure: C'est cela.
M. Saindon: D'accord. Maintenant...
M. Forget: Sur le même sujet, est-ce que, cependant,
l'organisme SOS Garderies, indépendamment de la garderie qui peut porter
le même nom, n'occupe pas des locaux au CSSMM?
M. Lazure: Je pense que c'est terminé, cela aussi. Cela
faisait partie des subventions. À ma connaissance, c'est terminé.
Ils fonctionnent comme une garderie comme les autres, maintenant.
M. Saindon: Maintenant, les associations de défense des
droits sociaux, l'ADDS qu'ils appellent, et qui s'occupent d'assistés
sociaux, eux, j'imagine, reçoivent de l'assistance financière du
ministère?
M. Lazure: Ils reçoivent, depuis cette année, une
subvention. Ils se sont regroupés sur le plan provincial et ils
reçoivent, par le programme 6 qu'on a discuté, une subvention, je
pense, de $10 000.
M. Saindon: Les associations coopératives
d'économie familiale, elles aussi, doivent recevoir de l'aide.
M. Lazure: Pas de chez nous. M. Saindon: Les ACEF? M.
Lazure: Non.
M. Saindon: Non, c'est heureux. Cela en fait une de moins. Les
SOS Garderies, les ADDS sont quand même des organismes...
M. Forget: Ils reçoivent de l'argent d'un autre
ministère.
M. Saindon: On me dit non. Mais, qu'ils en reçoivent d'un
autre ministère ou autrement, ils reçoivent quand même de
l'aide gouvernementale. Dans les trois cas, ce sont trois organismes, trois
groupes qui sont orientés par des organisations maoïstes. C'est
pour cela que je disais tantôt: Pourquoi prendre l'argent de la
population pour aider à se mutiler? C'est inconcevable!
M. Jolivet: C'est grave!
M. Saindon: Certainement, c'est grave!
M. Jolivet: Bien grave!
M. Saindon: C'est grave certain.
M. Lazure: Je ne sais pas si le député d'Argenteuil
a posé la question, l'an passé, en commission parlementaire
à son collègue de Saint-Laurent.
M. Saindon: Non, à ce moment-là je ne faisais pas
partie de la commission.
M. Lazure: Ah bon!
M. Jolivet: II n'était pas à la commission.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: C'est terminé? J'ai d'autres questions. Je
croyais que le dialogue allait se poursuivre.
M. Saindon: II faut que je dise, M. le ministre, que je n'en
faisais pas partie, pendant que mon collègue, ici, était
ministre; je n'en faisais pas partie bien avant qu'il soit ministre. Si je n'en
faisais pas partie, ce n'était pas sa faute.
M. Lazure: Bon, vous me rassurez.
M. Forget: Je ne me suis jamais opposé à la
participation de qui que ce soit.
J'aimerais vérifier un certain nombre de choses. Le ministre
je lui en fais félicitations a mentionné que les
CSS, en particulier, devaient peut-être cesser d'être la chasse
gardée des travailleurs sociaux professionnels. Je crois que le ministre
a mentionné que les techniciens sociaux... Est-ce cela? Les
diplômés de cégep en aide sociale.
M. Lazure: Les techniciens en aide sociale, TAS.
M. Forget: Les techniciens en aide sociale méritaient
aussi qu'on s'intéresse à leur carrière et à leur
sort dans le réseau.
M. Lazure: C'est cela, oui. Est-ce bien?
M. Forget: Oui, je suis tout à fait d'accord avec cela,
avec ce que vous avez dit.
M. Saindon: Cela mange quoi, l'hiver, ces gens-là?
M. Lazure: Bon. Je suis content d'avoir votre approbation.
M. Forget: Le but de ma question n'était pas d'approuver
le ministre, même si cela me fait plaisir de le faire, mais
c'était pour indiquer qu'elle était tout à fait dans un
style positif.
J'aimerais savoir du ministre si, de façon
générale, il envisage que les conversations qu'il a, si je
comprends bien, avec le centre de services sociaux lui donnent espoir que cette
attitude assez fermée au niveau du recrutement des centres de services
sociaux vis-à-vis de tous les professionnels qui ne sont pas des
travailleurs sociaux, va être corrigée? Parce que,
évidemment, les gens qui font le recrutement, quand on leur pose la
question, disent souvent qu'ils ont essayé de recruter un tel et un tel
qui ne sont pas des travailleurs sociaux, mais on n'a pas de candidats ou on ne
réussit pas, il n'y a pas de bons candidats, etc.
M. Lazure: La réponse, c'est oui. J'ai espoir à
condition qu'on continue d'exercer une grande vigilance.
M. Forget: Évidemment, quand il n'y a pas de budget de
développement c'est un peu plus difficile à faire, mais y a-t-il
des réorganisations...
M. Lazure: Dans le remplacement des postes...
M. Forget: ...des contingentements? Il y a peut-être
possibilité de donner certaines lignes directrices.
M. Lazure: On a discuté, au ministère, de cette
possibilité. C'est raccroché au projet qui est en marche
d'établir des normes de personnel, un total par rapport à la
clientèle, par rapport au nombre de lits. À l'intérieur
d'un total, la proportion, mettons dans le cas de services sociaux, entre les
TAS et les TSP. De la même façon, cela se pose en
physiothérapie. Les techniciens en physiothérapie par rapport aux
physiothérapeutes. Cela se pose dans plusieurs disciplines. On a un gros
travail à faire là-dedans pour obtenir une meilleure acceptation
de la part des universitaires vis-à-vis des cégépiens. Les
contraintes financières aident aussi d'une certaine façon.
M. Forget: On peut engager plus de monde à un niveau
inférieur de qualifications.
M. Lazure: Oui. Cela a joué un rôle important dans
le secteur hospitalier par rapport aux auxiliaires.
M. Forget: Dans le domaine de l'orientation des centres de
services sociaux, il y avait eu un début d'orientation de manière
à inciter les centres de services sociaux à se concentrer dans
deux domaines particuliers. D'abord, les services à l'enfance, où
il y a tout un complexe de situations extrêmement graves,
extrêmement sérieuses et une nécessité d'une
très bonne coordination pour ces services. D'autre part, on a
parlé tout à l'heure des services aux malades chroniques, aux
personnes âgées, handicapées, des services aux adultes
dépendants, où il y a aussi une grande nécessité
d'intensifier les efforts, d'améliorer la coordination. Mais on trouve
dans les centres de services sociaux un certain nombre d'autres
activités. Même s'il est concevable que les centres de services
sociaux continuent à s'y intéresser, on peut se poser la question
à savoir si, par exemple, leur financement, l'orientation, la
coordination de ces autres activités n'appartiennent pas davantage
à d'autres ministères, comme par exemple l'Immigration, dans le
cas des services d'accueil aux immigrants, même le ministère de la
Justice, pour les services de réadaptation des ex-prisonniers. Il devait
y avoir transfert aux autres ministères des crédits
afférents à cela. Est-ce que cela a été fait?
M. Lazure: II y en a eu de faits. Par exemple, pour les
ex-prisonniers, cela a été fait de façon certaine. Pour
les immigrants, il y a des discussions en cours; c'est en cours pour eux. Il
n'y a pas eu de changement d'orientation. On a continué les efforts.
M. Forget: Dans les crédits du ministère des
Affaires sociales, il y a des sommes qui sont consacrées, par exemple,
à l'accueil et à l'intégration des immigrants.
M. Lazure: Je pense que c'est entendu que c'est pour la
dernière année. Les démarches se poursuivent.
M. Forget: Une dernière question là-dessus avant de
passer à autre chose. Peut-être qu'on peut laisser le programme
ouvert pour une ou deux autres brèves questions plus tard.
Le Président (M. Marcoux): Ce ne serait pas mieux de le
régler tout de suite?
M. Forget: Juste une question de fait, M. le Président. Il
y a eu des rumeurs je pense que c'est peut-être une occasion pour
le ministre de les nier à l'effet que le ministère
destinait à une nouvelle fusion les trois CSS de la région de
Montréal. Je sais qu'on a discuté de territoire, etc. Est-ce une
possibilité?
M. Lazure: Non, c'est la première fois que j'en entends
parler. Il n'y a certainement pas de plan de fusion.
M. Forget: Je l'ai lu dans certains bulletins destinés au
personnel de certains de ces centres.
M. Lazure: Non. Il y a des fonctionnaires qui nous jouent dans le
dos? Ils ont beau jouer. Je pense qu'il n'y a rien de sérieux dans cette
rumeur.
Le Président (M. Marcoux): Programme 7 adopté?
M. Forget: Pas tout à fait encore, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Pas tout à fait. Alors,
on peut y aller. On a deux ou trois minutes.
M. Forget: Non, ce ne sera pas suffisant.
M. Saindon: Ce n'est pas assez long.
Le Président (M. Marcoux): On peut l'adopter aux trois
quarts.
M. Forget: Oui, on peut considérer qu'il est adopté
aux trois quarts.
Le Président (M. Marcoux): Ou à 80%. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 heures)
Reprise de la séance à 16 h 40
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des affaires sociales se réunit pour
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires sociales.
Les membres de la commission sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques), M. Clair (Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel (Richelieu),
Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Nous en étions à l'étude du programme 7. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, après avoir revu les
questions, il y aurait peut-être certaines choses, mais je serais
prêt à disposer du programme.
Le Président (M. Marcoux): À accepter le programme
7. Le programme 7, adopté? Adopté. Le programme 8.
Réadaptation de l'enfance et des adultes.
M. Forget: Avant d'aborder cela, M. le Président, vous me
permettrez de poser une question de caractère général. Il
y a une dizaine de jours, lors des premières séances de la
commission, j'avais posé une série de questions, dont certaines
impliquaient le dépôt d'un document, éventuellement. On
avait dit qu'on était pour y penser. On a présumément pris
note de cela.
M. Lazure: Sur le programme 8?
M. Forget: Non, pas sur le programme 8, sur les programmes qu'on
étudiait la semaine dernière. Il y avait le programme 2, en
particulier. Il y avait un document dont on avait fait état et on
était pour considérer son dépôt.
M. Lazure: II faudrait que M. le député de
Saint-Laurent précise un peu plus.
M. Forget: II faudrait que je vérifie mes notes. Il y en a
plus d'un, mais un dont je me souviens.
M. Lazure: On en a déposé le premier jour, cette
semaine, au sujet des organismes bénévoles.
M. Forget: C'était à la demande d'un des
députés de l'Union Nationale, je pense. Je n'avais pas
demandé cela. Il y avait un rapport intérimaire, on avait fait
état d'un comité interministériel sur les pensions
alimentaires.
M. Lazure: Nous allons le déposer demain.
M. Forget: D'accord. De mémoire, il me semble qu'il y en
avait deux, mais je ne peux pas me
souvenir du deuxième. Je peux regarder mes notes.
M. Lazure: J'ai pris des notes. Nous allons vérifier.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
Réadaptation de l'enfance et des
adultes
M. Lazure: II s'agit essentiellement de centres d'accueil pour
les enfants de deux catégories principales: les enfants
déficients mentaux, à l'élément 2, et les enfants
mésadaptés sociaux, à l'élément 1, incluant
les délinquants. On a aussi à l'élément 4, la
réadaptation des adultes. Essentiellement, ce sont des ateliers
protégés qu'on trouve dans certaines institutions ou en dehors
des institutions. Il y a les enfants handicapés moteurs et sensoriels,
toujours dans des centres d'accueil, à l'élément 3, donc
les handicapés physiques.
Il y a une augmentation de $44 millions. Je pense que les membres de la
commission ont une copie. Vous pouvez passer aux questions.
M. Forget: Oui, nous avons copie.
M. Shaw: Avons-nous la liste des centres d'accueil de la
province?
M. Lazure: II y a un répertoire du ministère, c'est
un gros document qui donne le répertoire de tous les
établissements du réseau des Affaires sociales, dans lequel sont
tous les centres d'accueil. On peut vous en obtenir une copie, si vous le
désirez.
Je vais apporter une série de copies demain, pour la prochaine
séance.
M. Forget: Toujours sur les crédits, M. le
Président, sur les chiffres, je remarque que, dans les explications de
l'augmentation de $44 millions, il y a un élément de $27 447 000.
Si je comprends bien, c'est l'élément centres d'accueil pour
adultes que l'on retrouve à l'intérieur des centres hospitaliers
psychiatriques.
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: Un montant équivalent apparaît en
défalcation aux programmes 11 et 12, probablement.
M. Lazure: C'est cela. Ce sera soustrait ailleurs.
M. Forget: Au point de vue budgétaire au moins, cela
met-il un terme à la modification ou à la redéfinition des
vocations? Est-ce complet, avec ce transfert de crédits? Tous les
centres hospitaliers où le problème se posait sont-ils
réglés, si on peut employer l'expression?
M. Lazure: Cela avait été fait avec l'idée
de les faire enregistrer au Régime d'assistance publique du Canada, avec
une acceptation, dans la plupart des cas. Je dirais qu'en gros cela
complète l'opération massive qui avait été faite
sauf qu'on continue à examiner, par exemple, à tous les ans,
à l'occasion de l'émission des permis, les disponibilités,
les endroits où il y aurait lieu de faire une révision.
Annuellement, je pense qu'on pourrait avoir quelques cas qui seront
révisés, mais l'opération massive qui avait
été commencée il y a trois ou quatre ans est
terminée, à toutes fins utiles.
M. Forget: II n'y a pas d'établissement qui était
en marge de cela et qui aurait refusé de prêter son concours
à la création d'un centre d'accueil ou d'une section "centre
d'accueil".
M. Lazure: Non, pas à ma connaissance.
M. Forget: Du point de vue des relations avec le ministère
fédérai, pour le partage au titre du régime canadien
d'assistance publique, quel est le statut? Il y a la loi fédérale
sur les services sociaux qui prévoyait, je pense, la couverture de ce
genre de services. Il y avait une espèce de moratoire qui avait
été instauré par Ottawa, quant à la prise en charge
du coût de ces services.
M. Lazure: Sur le régime d'assistance publique, la plupart
des gens ont été acceptés par le gouvernement
fédéral. Là où on avait un gros contentieux, c'est
au niveau de la santé, pour les malades chroniques. Je ne sais pas si
vous vous souvenez. Il y avait eu une longue discussion avec le gouvernement
fédéral et il n'avait jamais voulu accepter le partage pour les
lits identifiés comme lits de malades chroniques dans les hôpitaux
généraux et surtout dans les hôpitaux pour malades
psychiatriques chroniques. Cela se trouve réglé par les $20 per
capita dans lesquels c'est inclus. Cette partie est réglée. La
partie "centre d'accueil" est incluse pour...
M. Forget: Et elle donne actuellement lieu à un plein
partage, en vertu du CAP.
Pour aller à l'élément 1, j'ai un certain nombre de
questions. La première est relative à la décision prise
par le ministre en février de ne pas donner suite aux efforts conjoints
du ministère et d'une série d'organismes professionnels,
l'Association des Centres d'accueil, de même que l'Association des
Centres de services sociaux, de mettre sur pied conjointement un organisme
d'agrément, d'inspection, d'évaluation professionnelle.
J'aimerais que le ministre explique les raisons qui l'ont poussé
à ne pas donner suite à ces efforts.
M. Lazure: M. le Président, c'est une décision
à laquelle nous sommes arrivés, au ministère, après
des discussions, des consultations avec différents hauts fonctionnaires
au ministère, incluant le sous-ministre adjoint responsable de
l'agrément. La raison principale pour laquelle on a jugé bon de
ne pas donner suite, c'est que nous pensons qu'il est préférable
de bâtir un organisme
d'agrément qui aurait la juridiction sur l'ensemble des
établissements du réseau, quitte à ce que cet organisme
d'agrément, d'accréditation ait des sections et qu'une de ces
sections soit constituée par l'ensemble des centres d'accueil pour
mésadaptés sociaux.
Il nous paraissait pour le moins prématuré et imprudent de
donner le feu vert à un organisme extragouvernemental mais
financé par des fonds publics, pour accréditer, pour
agréer les établissements sans avoir complété
l'étude de l'ensemble des établissements. Il faut dire qu'il y a
déjà un mécanisme d'agrément dans le
ministère. Je le répète, il y a un sous-ministère
qui s'appelle la direction de l'agrément des établissements. Il y
a un personnel assez nombreux et, avant d'autoriser la création
d'organismes parallèles extragouvernementaux, il nous paraissait utile
d'en arriver à une formule. Cela peut être la continuation de
l'agrément strictement par le ministère la formule n'est
pas encore trouvée cela peut être, deuxièmement, un
organisme complètement extragouvernemental qui aurait la juridiction, le
mandat si on veut, du ministère, non seulement de faire
l'agrément des centres d'accueil, mais de l'ensemble des
établissements. Et cela pourrait être une troisième formule
mixte qui comprendrait des gens à l'extérieur, comme des gens
à l'intérieur du ministère.
De plus, il y a une dernière complication à cela qui nous
rendait prudents, c'est qu'il y a aussi un organisme canadien, qui s'appelle le
Conseil canadien d'accréditation des hôpitaux, qui, depuis
quelques années, a étendu ses activités en dehors du
réseau hospitalier, et commence, surtout dans les provinces à
l'extérieur du Québec, sur une base volontaire évidemment,
à offrir ses services d'accréditation à
l'équivalent de ce que nous appelons les centres d'accueil. Les
relations entre le Conseil canadien d'accréditation des hôpitaux
d'une part, le ministère d'autre part, et la Corporation des
médecins et l'Association des hôpitaux, sont loin d'être
claires, comme le député de Saint-Laurent le sait. Il y a eu des
pourparlers dans le passé; à un certain moment, le
ministère, si je comprends bien, a encouragé les hôpitaux
à ne plus demander de recevoir les services du Conseil canadien
d'accréditation des hôpitaux. Par la suite, cela a
été révisé, et par la suite, au contraire, il y a
eu certaines inspections conjointes, à la fois du ministère, du
service d'agrément, du conseil canadien et de la corporation des
médecins ou de l'AHPQ.
Devant cet état d'incertitude, on a finalement
décidé, au ministère, de ne pas donner suite à ce
projet.
M. Forget: M. le ministre a dit, M. le Président, qu'il
trouvait imprudent de donner suite à ce projet conjoint des
différents groupes qu'il mentionnait, dans le domaine des centres
d'accueil. Pourrait-il préciser quels sont les dangers qu'il anticipait
de la mise sur pied d'un service de ce genre?
M. Lazure: Le principal danger était justement un manque
de coordination auquel cela aurait pu nous mener. Ce matin, on a
déploré le manque de coordination dans d'autres domaines, au plan
des programmes, je pense que les mêmes phénomènes
d'incoordination, d'incohérence, peuvent se retrouver au plan de
l'agrément des établissements. Ce que je veux dire, c'est que si
nous avions donné le feu vert à un groupe quand même
relativement restreint d'établissements du réseau, de centres
d'accueil pour mésadaptés sociaux, il y en a une cinquantaine
environ, nous aurions risqué d'avoir ensuite des demandes d'autres
formes d'établissements: centres d'accueil pour adultes ou
hôpitaux, enfin une multitude d'autres établissements qui auraient
pu, à bon droit, demander un même type d'organismes. Nous voulions
trouver une formule et nous cherchons encore une formule d'ensemble, quitte,
encore une fois, à ce qu'il y ait des sections, des sous-sections
à l'intérieur de cet organisme d'agrément.
M. Forget: Le ministre a fait un long exposé sur les
difficultés de la collaboration entre le ministère et le Conseil
canadien d'agrément des hôpitaux. Il a beaucoup insisté sur
la coordination de faire tout cela dans un même organisme, il a
étudié cet exemple de l'agrément ou de
l'accréditation, si on veut employer le terme anglophone, des
hôpitaux. Veut-il suggérer par là qu'il verrait d'un
meilleur oeil que l'agrément des centres d'accueil se fasse, dans le
fond, dans un cadre un peu médical ou dans un cadre qui
bénéficie des traditions de l'expertise ou peut-être de la
surveillance des groupes médicaux ou des groupes hospitaliers?
M. Lazure: Non ce n'était pas dans ma pensée du
tout, d'ailleurs en ce qui concerne ce qui était à l'origine le
Conseil d'agrément des hôpitaux du Canada, comme je le disais
tantôt, qui s'est étendu à d'autres sortes
d'établissements. À l'origine, c'était presque
exclusivement des médecins. Graduellement, il y a eu des administrateurs
non médecins d'impliqués, il y a eu des infirmières, des
pharmaciens, enfin, on retrouve plusieurs...
M. Forget: Des gens du milieu hospitalier?
M. Lazure: Oui. Il commence à y avoir des gens des centres
d'accueil pour déficients mentaux, par exemple dans d'autres provinces,
mais ma réponse c'est non. C'est...
M. Forget: En quoi l'agrément de centres d'accueil pour
l'enfance doit-il être coordonné avec l'agrément,
l'évaluation de qualité des centres hospitaliers, quel est le
point commun, je ne saisis pas; si ce n'est pas pour placer toujours sous les
mêmes juridictions professionnelles, ces mêmes contextes
professionnels, les deux mécanismes, en quoi pourrait bien consister la
coordination de l'évaluation de la qualité des services?
M. Lazure: M. le Président, c'est qu'on peut retrouver des
dénominateurs communs dans l'ensemble des établissements d'un
réseau comme celui des Affaires sociales, qu'il s'agisse d'un centre
d'accueil pour enfants ou pour adultes, personnes âgées ou
hôpitaux. Des points communs, bon, qu'il s'agisse de la gestion d'abord,
des techniques administratives, qu'il s'agisse des services auxiliaires des
établissements, qu'il s'agisse de programmes de sécurité,
de programmes d'évacuation de la clientèle, des patients ou des
clients en cas de désastre. Il y a quand même plusieurs aspects
dans les critères d'agrément qui peuvent se retrouver dans
l'ensemble des établissements du réseau. Il y en a d'autres qui
sont spécifiques surtout lorsqu'il s'agit de programmes cliniques, si
vous voulez ou de programmes thérapeutiques qui sont, évidemment,
spécifiques à des regroupements d'établissements et c'est
dans ce sens, encore une fois, que je pense, et j'ai une certaine
expérience ayant été dans le conseil canadien pendant
plusieurs années, je pense qu'il y a intérêt à avoir
une équipe de base qui soit polyvalente pour des aspects communs dans
l'ensemble des établissements et y greffer des équipes
spécialisées pour tels sous-groupes d'établissements comme
les centres d'accueil pour mésadaptés.
M. Forget: Oui, mais je peux comprendre que pour le
caractère sanitaire ou non des cuisines et des lingeries, tout ce qu'on
veut, il peut y avoir une expertise commune, mais dans le fond, cela ne
m'intéresse pas beaucoup, étant donné que ce sont des
aspects plutôt matériels.
M. Lazure: Cela intéresse les clients et les familles des
clients.
M. Forget: Oui, mais pour cela, on peut faire confiance à
n'importe quel des organismes pour appliquer des normes techniques, c'est
relativement peu controversé, il s'agit simplement de le faire.
Là où le problème semble plus délicat cependant, ce
sont les aspects professionnels, les activités cliniques et je crois que
la proposition de mettre sous un même toit l'évaluation des
activités cliniques dans un contexte hospitalier ou dans un contexte
médical, dans un contexte de service de santé et de l'appliquer
aux centres d'accueil, en particulier les centres d'accueil pour la
réadaptation des enfants, m'apparaît une proposition qui n'est pas
susceptible de rencontrer beaucoup d'unanimité. Est-ce que ce point de
vue a été endossé pleinement par les différentes
associations professionnelles qui avaient travaillé avec le
ministère à l'élaboration de ce projet?
M. Lazure: J'ai rencontré les associations pour leur
expliquer ce que je viens d'expliquer à la commission et les gens ont
accepté cette explication et je n'ai pas eu d'autres revendications ou
d'autres contestations...
M. Forget: Ils ont accepté dans le sens qu'ils ont
constaté que c'était là votre décision?
M. Lazure: Non, ils ont compris, mon interprétation, c'est
qu'ils ont compris le bien-fondé de cette position. Ma position, encore
une fois, ce n'était pas de contester la validité du projet en
question, mais je le trouvais un peu parcellaire, un peu trop restreint et je
préfère le voir s'inscrire à l'intérieur d'un
organisme plus large.
M. Forget: Est-ce que le ministre est satisfait de
l'efficacité ou de la profondeur de l'évaluation qui est faite
par le ministère dans le moment, relativement aux aspects professionnels
des activités dans les établissements en particulier dans les
centres d'accueil?
M. Lazure: La réponse, brièvement, c'est non.
M. Forget: Est-ce que le ministre croit qu'il est possible que le
ministère joue un rôle principal dans cette évaluation?
M. Lazure: La réponse, c'est non. Mais je dois dire que
depuis quelque temps et on a des exemples encore tout récemment dans
quelques établissements de la région de Québec où
l'aspect du travail professionnel, du travail clinique est beaucoup mieux
évalué qu'il l'était, il y a un certain nombre de nouveaux
fonctionnaires dans le service de l'agrément qui sont beaucoup plus
sensibilisés à l'aspect du programme thérapeutique
qu'à l'aspect des installations physiques de l'hygiène, etc.
Je ne suis pas entièrement satisfait, loin de là, mais je
vois une certaine amélioration et nous allons encourager les
fonctionnaires de ce service à accorder plus d'importance au programme,
mais je pense que cela restera insuffisant. Il faudra introduire des
éléments extérieurs pour l'évaluation de ce
programme.
M. Forget: En milieux multidisciplinaires comme sont les centres
d'accueil, j'imagine que le ministre est d'accord avec l'idée qu'il
faudra impliquer chacun des groupes professionnels dans cette
évaluation.
M. Lazure: C'est un problème complexe, parce que, quand on
veut évaluer l'action, un acte professionnel, que ce soit celui d'un
médecin, d'un psychologue ou d'un travailleur social, il y a
déjà des mécanismes existants, qui sont là pour
cela. Il y a les corporations professionnelles elles-mêmes. Il y a quand
même l'Office des professions qui supervise ensuite chacune des
corporations professionnelles.
Deuxièmement, il y a, à l'intérieur de beaucoup
d'établissements, un conseil de professionnels, qu'on appelle conseil de
personnel clinique, qui exerce une juridiction sur la valeur...
M. Forget: En principe. M. Lazure: En principe.
M. Forget: En pratique, ils n'ont pas fait grand-chose dans ce
genre. Maintenant, il n'y a pas de tradition, il n'y a pas d'appui
extérieur non plus.
M. Lazure: C'est juste.
M. Forget: Je crois que, si on peut s'inspirer de ce qui s'est
passé dans les hôpitaux, cela a été, largement, la
présence et la visite occasionnelle du conseil canadien
d'agrément qui a un peu encouragé, pour employer un mot
poli...
M. Lazure: Stimulé, oui.
M. Forget: ...les différents établissements
à se tenir debout.
Je pense qu'il y a un mécanisme analogue qui est absolument
essentiel du côté des centres d'accueil, et je ne vois pas que les
corporations professionnelles, qui n'ont juridiction que sur leurs membres,
puissent avoir beaucoup d'efficacité lorsque le contexte des relations
interprofessionnelles est un élément déterminant de
l'efficacité de chacune des professions représentées dans
un établissement donné. C'est pourquoi il me semble qu'on ne
pourra pas éviter de trouver un véhicule quelconque, peu importe
lequel, qui permette de regrouper les efforts d'évaluation.
Si, comme je le vois, le ministre est d'accord avec moi
là-dessus, je comprends mal à moins qu'on ait des
perspectives immédiates de débouchés sur un organisme
unique que l'on n'ait pas donné suite à ce projet. Je peux
me tromper là-dessus, il est possible, que la perspective d'une prise en
charge globale de ce problème d'évaluation soit tellement
à la portée de la main qu'on puisse sauver une étape.
À ce moment, ce serait opportun. Mais, dans un domaine qui n'a pas de
traditions, comme le domaine des centres d'accueil, dans le secteur de
l'évaluation, je crois qu'on va avoir à vaincre une
résistance très considérable, de la part de tous ceux qui
travaillent dans ces milieux, à l'idée de se joindre
immédiatement à un organisme unique, car ils vont tout de suite
craindre et je serais de leur avis, à leur place une
espèce de tutelle de la part des professionnels de la santé qui
ont des traditions, qui ont le prestige, qui ont le poids, qui ont l'importance
numérique aussi.
À moins de donner un peu, si on veut, des béquilles, ne
serait-ce que temporairement, d'avoir un organisme propre pour les centres
d'accueil, vous allez probablement éprouver une résistance
presque invincible à avoir une véritable collaboration, de la
part des professionnels, dans le domaine des centres d'accueil.
M. Lazure: C'est possible, mais, entre parenthèses, le Dr
Brunet me rappelle qu'on a un document qui est prêt pour discussion, qui
a été terminé par l'équipe du service de
l'agrément, en regard de cet organisme qui aurait une fonction
vis-à-vis de l'ensemble des établissements, plus des fonctions
particulières selon le genre de l'établissement.
C'est possible que ce que vous soulevez, la résistance des
centres d'accueil vis-à-vis des hôpitaux, soit tel qu'il faille en
faire deux groupes séparés, mais, au moins, à ce
moment-là, je pense qu'on devrait regrouper non seulement les centres
d'accueil pour mésadaptés sociaux, mais aussi les centres
d'accueil pour déficients mentaux et les centres d'accueil pour
handicapés physiques; en somme, en regrouper le plus grand nombre
possible par souci d'économie et par souci de polyvalence.
M. Forget: Oui, le ministre a peut-être raison. C'est une
différence d'approche. Je crois beaucoup à l'étatisme pour
des établissements de pareille tradition, surtout quand on constate
l'absence presque totale de standard, généralement
accepté, à l'heure actuelle.
Je crois qu'à trop vouloir embrasser dans un premier moment, on
est presque sûr de déboucher sur le découragement. Parce
qu'il y a un travail très considérable à faire. Je
pourrais citer au ministre il a probablement eu l'occasion de s'en
rendre compte que, dans probablement encore la majorité des
centres d'accueil pour l'enfance mésadaptée, il n'y a pas encore
de tradition sérieuse quant à l'établissement d'un dossier
personnel pour chaque enfant. On fait un traitement, on entreprend un
traitement de réadaptation et les psycho-éducateurs,
malgré la formation qu'ils ont reçue, dans le fond, n'ont rien
pour travailler, n'ont pas d'instrument de travail, se refusent encore
très souvent à compiler un dossier qui servirait d'instrument de
communication entre eux parce que ce n'est pas toujours le même
éducateur qui s'occupe de l'enfant Donc, on part de tellement
loin qu'il faut commencer morceau par morceau. Je crois que du
côté des mésadaptés sociaux, on a un terrain
privilégié parce que, malgré tout, l'intérêt
professionnel est maximum de ce côté-là.
Du côté de la déficience mentale, étant
donné que ce sont les déficients mentaux les plus profonds
évidemment ce n'est qu'une impression malgré tout, j'ai
Tassez nette impression que l'intérêt professionnel, qui est quand
même le moteur de tout ce qui se fait de qualité là-dedans,
est beaucoup plus faible. Évidemment les possibilités de
succès dans le fond, on le sait malheureusement tous, sont assez
étroitement circonscrites.
Dans le domaine de la mésadaptation sociale, l'espoir est permis.
Donc, cela motive beaucoup les professionnels. Et plusieurs catégories
de professionnels sont appelés à collaborer, les travailleurs
sociaux, les psycho-éducateurs, les psychologues, les psychiatres etc.
Ils n'ont actuellement presque aucun moyen de communications. Ils ne parlent
pas le même langage, ces gens-là, ils n'ont pas les mêmes
instruments de travail.
M. Lazure: Je voudrais relever cette affirmation, avec laquelle
je ne suis pas d'accord, disant qu'il y a plus d'espoir du côté
des mésadaptés sociaux que du côté des
déficients mentaux. Par expérience, je pense qu'il faut, au
contraire, prendre une attitude plus optimiste vis-à-vis du soin et de
la réadaptation des déficients mentaux. L'affirmation que vous
faites reste à prouver, qu'il y ait plus d'espoir en ce qui concerne la
réhabilitation du
mésadapté social profond qu'en ce qui concerne la
réadaptation du déficient mental profond. C'est pour le moins
discutable.
M. Forget: Je ne veux pas exercer de discrimination à
l'endroit des déficients mentaux, remarquez que c'est une impression
subjective. J'ai toujours eu l'impression que les gens réagissaient de
cette façon, mais je peux me tromper. Si je me trompe, tant mieux. Cela
prouve que nous sommes plus évolués que nous aurions pu
l'espérer. Enfin, je note qu'une décision a été
prise. Maintenant, le ministre ne m'a pas dit dans quel délai il pouvait
voir se dégager la solution alternative en faveur de laquelle il a
opté.
M. Lazure: Le plus tôt possible!
M. Forget: Prévoit-il, d'ici la fin de l'année...
Des rencontres ont-elles déjà eu lieu entre différents
groupes professionnels dans le but précis de mettre sur pied un effort
collectif?
M. Lazure: C'est une question qui est discutée quand on
rencontre les fonctionnaires, soit des groupes de corporation, des groupes de
professionnels ou encore des associations d'établissements. Je
répète que, au ministère, au service de l'agrément,
un document a été préparé récemment. On va
l'étudier. Il y aura ensuite des consultations avec les groupements
concernés.
M. Forget: Et ce plan d'ensemble impliquerait une collaboration,
j'imagine, de tous les professionnels de la santé, de tous les
professionnels des services sociaux, y compris les groupes qui ne sont pas
accrédités comme groupes professionnels.
M. Lazure: Oui, je souhaiterais que oui. Le mécanisme pour
y arriver peut être compliqué. Je pense qu'on va, au
départ, s'assurer que tous les groupes professionnels vont bien y
collaborer.
À titre d'exemple, malgré la réticence que des
centres d'accueil peuvent avoir vis-à-vis du monde hospitalier, dans un
organisme polyvalent comme celui-là, la contrepartie est que,
étant donné qu'il y a une tradition dans les milieux
hospitaliers, tradition du dossier, tradition de l'inspection par le conseil
d'accréditation, etc., il y a quand même une expérience qui
a été accumulée dans le monde hospitalier et qui pourrait
bénéficier aux centres d'accueil.
M. Forget: Oui, on s'en doute; s'ils veulent bien l'accepter.
C'est un problème essentiellement psychologique.
Si on me permet d'aborder un sujet qui est étroitement
relié, je pense que cela appartient au même élément,
sauf erreur, la question des foyers de groupe, il y a eu un peu de flottement,
du moins j'ai cru percevoir un peu de flottement, dans l'attachement du
ministre ou du ministère à la formule des foyers de groupe.
Probablement, ce qui semblait être le cas d'après certaines
déclara- tions, qu'on a douté de l'efficacité
économique, en somme, de la formule. On a émis des doutes sur la
capacité d'une société qui n'est pas infiniment riche de
retenir cette option de façon massive. Comme cela se dessinait
déjà dans un certain nombre de décisions de l'an dernier
et de l'année précédente, il a semblé, je ne sais
pas c'est exact, mais on a cru, dans certaines déclarations et dans
certaines annonces provenant du ministère, voir un certain moment
d'arrêt et de réflexion dans la mise en place des foyers de
groupe. Est-ce exact? Si oui, peut-on documenter les raisons qui ont produit au
sein du ministère cette attitude prudente?
M. Lazure: Oui, alors, effectivement je veux d'abord
établir, une fois pour toutes je l'ai fait à de multiples
occasions et je pense que je vais devoir le faire encore on m'a
prêté l'intention de mettre fin aux foyers de groupe et on m'a
prêté aussi, si vous voulez, un rejet de la formule des foyers de
groupe, ce qui est tout à fait inexact. J'ai eu moi-même, dans ma
carrière, à utiliser cette formule de foyers de groupe, j'y
crois, mais, en arrivant au ministère, j'ai constaté qu'il y
avait un écart considérable dans le per diem, dans le coût
des foyers de groupe. Cet écart varie de $12 par jour, par enfant,
à $45 par jour, par enfant.
Je vois certains membres de la commission froncer les sourcils, mais
cela peut être distribué comme document à la commission.
Devant cet écart considérable, j'ai demandé au personnel
du ministère de suspendre... La suspension a duré environ un ou
deux mois, je crois. Cette suspension est finie, on a suspendu l'ouverture de
nouveaux foyers de groupe. On a repris, avec quand même un plafond
fixé arbitrairement, je l'admets, à $20 par jour, pour le moment,
car il nous paraissait vraiment exorbitant d'aller jusqu'à $45 par jour
par enfant. N'oubliez pas que l'on paie encore, dans des foyers nourriciers, le
minimum de $3.60 par jour par enfant. Il y a donc une disproportion qui m'a
fait sursauter et je trouvais que cela valait la peine d'étudier
cela.
M. Forget: Serait-il possible, pour les membres du comité,
de prendre connaissance de l'étude des coûts, une étude
comparative des coûts de la formule des foyers de groupe?
La raison pour laquelle je pose cette question, c'est que je sais qu'une
telle étude avait été entreprise et il se pose un
problème de choix de formule car, malgré tout, l'expression
foyers de groupe est un terme générique. Il y a plusieurs types
de foyers de groupe. Ne serait-il pas utile que les membres de la commission,
au moins, connaissent l'implication en termes de choix de formule, que signifie
un plafonnement à $20, car il y a des foyers de groupe qui sont des
foyers basés sur une famille, ce sont des foyers en quelque sorte
privés, selon un peu un élargissement de la formule des familles
d'accueil, d'autres sont opérés par des personnes qui sont des
salariés d'établissements, d'autres peuvent être retenus
sur une base contractuelle avec de l'aide de l'extérieur
provenant d'un établissement. En effet, il y a plusieurs
formules.
Plutôt que de m'arrêter à un plafonnement en termes
de dollars, je pense qu'on pourrait observer, à l'aide d'une
étude, et j'imagine qu'une étude a été faite en ce
sens, que l'option des $20 suppose le choix d'une formule particulière
d'organisation et de financement des foyers de groupe.
M. Lazure: Avant de laisser le sous-ministre donner un peu plus
de détails pour les membres de la commission qui seraient moins
familiers, la raison principale de cette ascension des coûts qui
paraissait frénétique, c'est qu'on allait à l'excès
vers une professionnalisation. À mon avis, on essayait de remplir une
fonction avec un surplus, si vous voulez, une compétence presque
superflue, en nombre, en quantité et en qualité. Exemple: Dans un
foyer de sept mésadaptés sociaux, adolescents,
prédélinquants ou délinquants, dans une région
donnée, on voulait ouvrir et l'autorisation avait presque
été donnée un foyer de groupe qui aurait
coûté $50 par jour, par enfant. On y engageait 7,5 professionnels.
Il était aussi prévu, dans le programme, que ces adolescents
fréquentaient l'école du village, de la petite ville. Alors, on
se demande ce que vont faire ces professionnels dans la journée.
M. Forget: On demandait qu'on leur fournisse un jeu
d'échecs?
M. Lazure: Oui. C'était le genre de foyer qui avait
été autorisé par mon prédécesseur, si j'ose
dire. Nous pensons... C'est l'extrême. On n'a évidemment pas
autorisé celui-là, mais on a...
M. Forget: ... vous dire.
M. Lazure: Vous étiez rendus à $45 seulement. Mais
là, cela allait jusqu'à $50. Excès, donc, de
professionnalisme et, vraiment, gaspillage de main-d'oeuvre à ce
moment-là. Je pense qu'il faut... Dans le plafond de $20, on demande aux
gens concernés de ne pas utiliser exclusivement des professionnels. Il y
a des semi-professionnels ou même des non-professionnels qui peuvent
contribuer au travail de réadaptation des mésadaptés, pour
autant qu'ils sont encadrés par une expertise professionnelle.
M. Forget: Les foyers de groupe sont d'ailleurs
inévitablement rattachés à des établissements. Et
les établissements ont pour un "pool" d'expertise, une main-d'oeuvre
plus professionnelle qui peut encadrer ces foyers de groupe. La raison pour
laquelle l'étude avait été entreprise au milieu... Je
pense bien qu'une étude avait été demandée. De
toute façon, je n'en ai jamais vu les résultats, mais une
étude a été demandée en 1976, de manière
à produire un certain nombre de modèles d'organisation et de
financement de ces foyers de groupe, et c'est en fonction de ce projet
d'étude on pourra me dire s'il a été
exécuté oui ou non que je posais ma question. Il est
évident qu'un simple barème financier est un peu ambigu parce
qu'il peut quand même impliquer des décisions qui sont
fondamentales et qu'on prend pas comme telles. J'aimerais savoir s'il y a une
façon d'organiser ces choses qu'on a choisi de privilégier.
M. Lazure: C'est un peu dans le même sens. Vous signalez
qu'une étude a été entreprise. De fait, elle a
été entreprise et elle a posé des difficultés
majeures au point de vue de la définition des termes, des fonctions et
des rôles. C'est devant les retards de pouvoir obtenir cette étude
que la décision des $20 a été prise de façon
arbitraire. Je pense que la décision n'a pas été prise
que, pour toute l'éternité, tous les types de foyers de groupe
seront à $20.
Le ministre a établi un barème maximum qui sera en vigueur
tant que nous n'aurons pas de documents qui nous permettent de prendre des
décisions plus adéquates, compte tenu des besoins. On est
conscient qu'il y a des types de foyers de groupe qui peuvent demander une
présence professionnelle plus grande que d'autres. Compte tenu des
barèmes accordés aux familles d'accueil, à
l'opération pavillonnement, aux foyers appelés type S-2, et
compte tenu aussi des per diem dans les centres d'accueil, les $20 nous sont
apparus comme un maximum raisonnable, tant qu'on n'aurait pas
l'étude.
M. Forget: Je ne remets pas du tout en question ce chiffre qui me
paraît tout à fait raisonnable, effectivement. Je pense qu'il y
aura un moment où il sera peut-être nécessaire d'opter pour
une formule ou une série de formules données, dans des
circonstances données. Ce qui n'a pas été fait,
effectivement. Je me rends compte que l'étude n'est pas terminée.
Donc, je peux comprendre la difficulté d'aller au-delà de cela.
J'encourage le ministère à poursuivre ses efforts sur ce
plan.
M. Lazure: Les experts de l'étude sont ici. Ils sont
encore en discussion.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Laviolette.
M. Forget: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai encore quelques questions, deux ou trois
peut-être.
M. Saint-Germain: Allons-nous revenir sur cette question des
groupes?
M. Forget: Non. Sur cela, j'ai presque terminé.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Vous pouvez y aller.
M. Saint-Germain: Ces foyers de groupe à $45
étaient expérimentaux, si je comprends bien.
M. Lazure: Non, cela dépassait l'expérimentation,
parce qu'il y avait un programme d'ouverture assez large. Par exemple, on avait
décidé je dis on, parce que je n'étais pas
là mais le ministère avait décidé de fermer
un bon nombre de centres d'accueil et de les remplacer automatiquement par des
foyers de groupe.. Encore une fois, en soi, cette décision était
justifiée, mais dans la mesure où l'ouverture des foyers de
groupe aurait été mieux planifiée. Dans certains cas, il
est arrivé qu'on ferme des centres d'accueil sans que les foyers de
groupe ne soient prêts à entrer en fonction. Il y a eu beaucoup de
problèmes dans cette création de foyers de groupe.. Je ne sais
pas exactement combien il y en a au moment où on se parle... 105? 105,
c'est plus qu'expérimental.
M. Saint-Germain: Vous avez diminué le coût de
l'administration de ces foyers à $20 par jour.
M. Lazure: Pour les nouveaux.
M. Saint-Germain: Les anciens ont gardé la même
politique.
M. Lazure: L'étude est en cours. On essaie de faire
pression pour ramener progressivement les coûts à ce qui nous
semble plus raisonnable. Ils ne sont pas tous à $45. Il y en a à
$17, à $12, à $15, à $20.
M. Forget: Celui à $45 est le cas extrême et
unique.
M. Lazure: On peut vous donner la liste. On peut distribuer la
liste demain, si vous voulez. Il y en a à $27, à $35, à
$40, à $44.
M. Forget: Malgré tout, peut-on rattacher ce montant de
$45 à une décision quelconque ou à une raison quelconque?
Cela me semble un peu aberrant comme phénomène.
M. Lazure: Ce qui est arrivé... En fait, ce sont presque
des constatations a posteriori. Les centres d'accueil ont transformé ou
fermé des unités, un établissement a été
fermé et les budgets ont été utilisés pour ouvrir
des foyers de groupe avec l'accord du ministère et le concours d'un
certain nombre de professionnels. C'est un peu à posteriori. On a
laissé les centres d'accueil prendre leurs décisions et faire
eux-mêmes l'allocation de leurs ressources. C'est en étudiant les
budgets a posteriori qu'on a réalisé ces coûts.
M. Forget: Dans le fond, n'est-ce pas un phénomène
de fermeture d'établissements? Quelques-uns étaient
désuets et, de toute façon, on était pris avec du
personnel qu'on a placé de cette façon.
M. Lazure: Ce n'était pas toujours en rapport avec une
fermeture d'établissement.
M. Forget: Non, pas toujours. Ce cas de $45 a peut-être
été causé par ce genre de phénomène.
M. Lazure: Ce n'est pas seulement un cas. Je prends au hasard,
les premiers: $35, $27, $45, $42, $44, $26, $33, $17, $44, $22, $27. Ce
n'était pas le seul à $45. C'était plutôt
sérieux.
M. Forget: Je ne nie pas que ce soit sérieux.
J'étais d'accord que c'était sérieux, mais on essaie de
comprendre ce qui s'est passé, parce que cela peut se produire à
nouveau. Dans le fond, les mêmes causes produisent les mêmes
effets, ordinairement. Dans la mesure où il y a des transformations de
vocation... Si un établissement qui transforme sa vocation ou sa
façon de fonctionner le fait avec le même personnel,
évidemment, sans qu'on se prévale des dispositions de la
convention collective, du reclassement, etc., on va déboucher
nécessairement sur ces situations.
M. Lazure: M. Larouche et le groupe de M. Savard sont en train
d'examiner la situation. Il y a toutes sortes de situations qui sont survenues.
Par exemple, il y a des établissements qui sont devenus
entièrement des foyers de groupe, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas
de maison-mère. Ces foyers de groupe, nécessairement, auront
toujours un per diem un peu plus élevé qu'un foyer de groupe
établi à partir d'un établissement déjà en
place. Il va falloir faire la distinction, dans nos études de
coûts, entre l'administration centrale, même si elle est
légère, et le foyer de groupe lui-même. Il y a toutes
sortes de situations qui sont en train d'être examinées. C'est un
peu pour cela que le rapport qui avait été demandé
retarde, parce qu'on s'est mis à examiner la situation existante pour la
comprendre mieux et pour l'expliquer.
M. Saint-Germain: Bon! Maintenant, lorsqu'il n'y a pas
d'établissement comme ça, ces foyers de groupe sont toujours
responsables devant un comité nommé de la même
façon...
M. Lazure: C'est toujours une corporation. M. Saint-Germain:
... par le bill 65.
M. Lazure: ... selon la loi 65 et dans les
mésadaptés sociaux, ce sont à peu près
entièrement toutes des corporations incorporées selon la loi
65.
M. Saint-Germain: L'autorité du ministère sur ces
établissements... Vous êtes obligés d'y aller par la bande,
je suppose bien, quand vous voulez économiser.
M. Lazure: Oui, mais sur le financement, on a un "input" assez
direct. On a une autorité...
M. Saint-Germain: Avec le financement..., vous avez le bon bout
du bâton.
M. Lazure: Oui. ... et qui n'était pas suffisamment
exercé. Comme le sous-ministre le disait tan-
tôt, on était placé devant des faits accomplis.
Tandis que, maintenant, quand un centre d'accueil veut ouvrir un foyer de
groupe, on a un droit de regard sur le coût de ce foyer de groupe. On
exerce ce droit de regard.
Une voix: ... une question...
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet?
M. Jolivet: ... foyers de groupe.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laviolette... D'accord, Le député de Drummond.
M. Clair: M. le Président, je m'excuse. Peut-être
que la question a déjà été posée, mais mes
activités à la présidence d'autres commissions m'ont
empêché d'être aussi présent que j'aurais voulu
l'être aux travaux de cette commission.
On sait que les foyers de groupe, actuellement, il y en a un certain
nombre qui ont présenté qui étaient au niveau du
papier seulement des demandes au niveau des programmes Canada-au-Travail
ou Jeunesse-Canada-Travail et ces programmes concernent, je pense, le
ministère des Affaires sociales sur les différents sujets.
Maintenant, sans que je sois partisan de limiter totalement ou
d'éliminer l'aide fédérale qui puisse être
apportée dans ces cas, sans que je demande qu'on élimine l'aide
fédérale pour des foyers de groupe, il ne faudrait pas tomber,
non plus, dans le piège qui pourrait nous être tendu par le
gouvernement fédéral dans ce domaine, à savoir le suivant:
Si on laisse le fédéral investir de l'argent dans des programmes
comme ceux-là, sans limiter leur nombre et sans limiter leur
qualité, peut-être que, finalement, ce sera le Secrétariat
d'État fédéral qui va établir nos politiques de
développement en matière de foyers de groupe.
J'aimerais savoir quelle est la position du ministère face
à ce problème, surtout en ce qui concerne le domaine des foyers
de groupe, mais également en ce qui concerne de nombreux autres projets
Canada-au-Travail qui concernent le domaine des affaires sociales. Encore une
fois, j'ignore si la question a déjà été
posée.
M. Lazure: Dans le moment, il y a un partage de 50%-50% dans le
plan d'assistance publique, Canada Assistance Plan. Le gouvernement
fédéral doit présenter un projet de loi à
l'automne, si je comprends bien, pour remplacer la loi existante sur
l'assistance publique. Mais ce n'est pas un partage directement au financement
de tel ou tel foyer ou tel ou tel établissement.
M. Clair: Ce à quoi je fais allusion, M. le ministre,
c'est au programme Canada-au-Travail, c'est-à-dire qu'on sait que le
programme Canada-au-Travail a remplacé ce qu'on appelait auparavant, je
pense, les projets d'initiatives locales ou ce genre de projets, et par le
biais de ce genre de projets, il y a des groupes bien intentionnés...
certes, j'en ai même dans ma région, pour lesquels je
défends le point de vue, mais je pense qu'il n'y a pas que ceux
là. Il y a de nombreux et, par le biais de sommes qu'on pourrait aller
chercher auprès de Canada-au-Travail pour cette année, pour
ouvrir un foyer de groupe ou pour d'autres activités dans le domaine des
affaires sociales, l'an prochain, ce même groupe pourrait demander la
permanence au ministère des Affaires sociales et mettre ainsi un petit
peu le ministère des Affaires sociales devant des faits accomplis, de
sorte que, de cette façon, dans un bon nombre de cas finalement, ce
serait le gouvernement fédéral qui déciderait de nos
politiques en matière d'affaires sociales pour la mince marge de
manoeuvre qu'on peut avoir dans la situation actuelle.
M. Lazure: M. le Président, je ne pense pas qu'il y ait un
danger, en tout cas, dans l'immédiat, parce que ces projets de
Canada-au-Travail nous sont soumis et on recommande l'adoption des projets qui
correspondent à nos secteurs prioritaires. Par exemple, services
à domicile, soins à domicile aux personnes handicapées,
aux personnes âgées en particulier, et, à ma connaissance,
on n'a pas approuvé de projet genre foyer de groupe et on n'en
approuverait pas. On n'en recommanderait pas si on avait la demande.
M. Clair: D'autre part, M. le Président, j'aimerais savoir
du ministre dans quelle mesure des projets qui ont été
acceptés dans lé passé, j'imagine, après
consultation auprès du ministère des Affaires sociales ou sans sa
consultation, quel que soit le cas, dans quelle mesure ces projets-là
causent un embêtement au ministère des Affaires sociales parce
que, justement, ils mettent le ministère des Affaires sociales devant le
fait accompli et, encore une fois, sans mettre en doute la valeur de ces
projets, sans mettre en doute les bonnes intentions qui motivaient les gens qui
ont commencé, dans le passé, de tels projets, mais des projets,
encore une fois, qui réduiraient l'initiative actuelle que
possède le ministère des Affaires sociales. Autrement dit, c'est
un bilan de ce domaine de l'ancienne administration que j'aimerais
connaître de lui, si un tel bilan est disponible.
M. Lazure: M. le Président, le bilan peut être fait
et on va le faire, à votre demande. On va essayer de déposer le
document.
C'est clair qu'il y a beaucoup de cas qu'on pourrait citer, de projets
locaux, très valables, qui ont été commencés sans
consultation avec le ministère à cette époque et on se
retrouve devant des organismes qui, prévoyant l'expiration de leurs
subventions fédérales, viennent frapper à notre porte un
mois ou deux mois avant l'expiration et on reçoit une avalanche de
demandes. Cette année, je pense que Canada au travail va dépenser
quelque chose comme $65 millions.
M. Clair: $75 millions.
M. Lazure: $75 millions, merci. Alors, vous vous rendez compte
que, si on veut prendre la re-
lève de tous ces projets, il faut qu'il y ait une concentration
beaucoup plus sérieuse et plus à l'avance que ce qui s'est fait
jusqu'ici. Il est bien clair que c'est une formule bâtarde et qu'il faut,
le plus tôt possible, rapatrier tout cet argent, de sorte qu'on puisse
faire notre propre planification. Actuellement, on est à la merci d'une
planification qui est faite au plan fédéral ou au plan local par
des initiatives locales.
M. Clair: Sur le même sujet, M. le Président, je
remercie le ministre de m'offrir de me donner des chiffres là-dessus.
J'aimerais également savoir, si c'est possible, s'il y a des
données je comprends que c'est le fédéral qui
pourrait nous donner beaucoup plus facilement ces données
j'aimerais savoir du ministre si de telles données sont disponibles,
à savoir quelle est la proportion des sommes qui seront
dépensées cette année au Québec, dans le cadre des
programmes Canada au travail, Jeunesse-Canada au travail, qui va concerner le
ministère des Affaires sociales dans sa juridiction telle qu'il l'exerce
actuellement, dans le cadre de la Confédération actuelle. Dans ma
région, en tout cas, je pense qu'il y a un nombre très important
de projets qui, encore une fois, intrinsèquement, ont une grande valeur,
mais qui, finalement, concernent des politiques qui devraient être
établies par le ministère des Affaires sociales. J'aimerais
savoir si des chiffres sont disponibles sur cette proportion des sommes
dépensées au Québec, dans le cadre des programmes Canada
au travail, qui ira dans le domaine des Affaires sociales; première
question. Deuxième question, j'aimerais savoir si le ministre a
l'intention de prendre des positions très fermes. En tout cas, je lui
demande, face à Ottawa, dans le cadre de ces programmes, si le but
réellement visé par ces programmes, c'est de créer de
l'emploi, d'une part, et, d'autre part, de satisfaire à des besoins
réels dans le cadre de la situation actuelle au Québec. Je pense
qu'il ne serait que logique que, dans aucun cas, ce ne soit le gouvernement
fédéral qui décide, que ce soit plus qu'une consultation,
mais que ce soit le ministère des Affaires sociales du Québec qui
décide de la façon que ces sommes doivent être
utilisées, dans le domaine des affaires sociales.
M. Lazure: Pour la première partie de votre question, on
va compiler ces chiffres et on les remettra aux membres de la commission le
plus rapidement possible. Quant à la deuxième partie, il est bien
clair que c'est une situation qui n'est pas acceptable. Il y a une
conférence fédérale-provinciale des ministres des Affaires
sociales les 22 et 23 juin à laquelle je dois assister et c'est bien
clair que je vais établir les positions très fermes du
gouvernement du Québec vis-à-vis de cette question.
M. Clair: Encore une fois, je vous en remercie, M. le ministre,
parce qu'à mon sens, il est primordial que ce soit le ministère
des Affaires sociales qui ait l'initiative. Qu'on nous donne des cadeaux du
fédéral pour des projets qui, encore une fois, ont beaucoup de
valeur, mais que ce soit le fédéral qui les donne, à mon
sens, ça vient contrecarrer un bon nombre de fois des politiques
établies, ou à établir, du gouvernement du Québec
et ça réduit notre marge de manoeuvre d'autant en ce qui concerne
non seulement l'initiative financière, mais même l'initiative
politique, ce qui est encore plus grave.
M. Lazure: C'est clair que c'est une intrusion, d'ailleurs mon
prédécesseur a pris position à ce sujet. Cela se rapproche
de la position du gouvernement actuel. Nous avons l'intention de
réclamer qu'on mette fin à cette intrusion dans un domaine qui
est de juridiction provinciale, à savoir santé et services
sociaux.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Toujours sur l'élément 1, j'ai cru
comprendre je demande une confirmation au ministre
qu'effectivement les tables de concertation régionale qui fonctionnent
depuis à peu près un an et demi dans le secteur, pour la
réadaptation de l'enfance, ont continué leur travail,
quoiqu'elles vont le faire dès que la loi sera changée à
titre de commission administrative des conseils régionaux.
Est-ce que c'est une perception exacte?
M. Lazure: Oui, c'est exact.
M. Forget: Maintenant, j'aimerais poser des questions un peu plus
précises sur les développements dans le domaine de l'accueil
sécuritaire pour les mésadaptés sociaux. Il y a eu la
fermeture, un peu après que cela eut été planifié,
mais malgré tout, on peut célébrer la fermeture, l'abandon
définitif de Saint-Vallier, la relocation dans le centre d'accueil
Cartier, la fin du réaménagement de Berthelet en termes
physiques, en termes de programme. Est-ce que les orientations qui avaient
été prises à la suite du rapport du comité
d'études sur la mésadaptation sociale concernant la
détention sécuritaire, c'est-à-dire l'établissement
d'une sécurité périphérique et l'engagement de
personnel sécuritaire, ont été retenues et ont fait
l'objet de crédits suffisants pour leur mise en place?
M. Lazure: C'est un des aspects du rapport vous faites
allusion au rapport Batshaw qui était certainement discutable. Je
pense, personnellement, que cette question, cette idée d'installer une
sécurité périphérique aux alentours de centres
d'accueil pour mésadaptés sociaux est symptomatique d'une crainte
exagérée de l'évasion du jeune et d'une rétention
du jeune à tout prix dans l'institution. Personnellement, je pense qu'il
est impossible d'avoir une sécurité complète dans un
établissement, que ce soit un établissement de jeunes
délinquants ou un établissement de prisonniers adultes. On en a
la
preuve tous les jours. Si on charrie un peu trop fort de ce
côté sécurité, on crée,
inévitablement, dans ces centres pour mésadaptés, une
atmosphère répressive, carcérale, qui, par
définition, vient briser un peu, saboter le travail thérapeutique
de réadaptation qui peut être fait par une autre partie du
personnel.
Donc, nous avons pris, depuis mon arrivée, une attitude un peu
plus nuancée vis-à-vis de l'installation de ces mesures
sécuritaires. Je pense qu'il faudra toujours une certaine
sécurité parce que les garçons ou les filles qui ont
besoin de sécurité maximale sont très rares. Il y en a un
certain nombre, mais ils sont très rares. Je constate que, dans
l'ensemble du réseau, encore une fois, il y a une crainte
exagérée de l'évasion, une crainte exagérée
de l'agression des jeunes.
M. Forget: Vous dites crainte exagérée, est-ce que
ce jugement est basé sur le fait qu'il n'y ait pas d'évasion et
qu'on n'a pas à se préoccuper d'un problème qui est
insignifiant?
M. Lazure: Non, il y a des évasions. Il n'y en a pas
à un point où... comme ministre responsable, je ne pense pas que
ce soit un point où la population doit être
inquiétée et je ne pense pas que les professionnels et le
personnel de l'établissement soient vraiment inquiétés non
plus.
M. Forget: Tout dépend ce qu'on entend par
"inquiété". Mais il y a quand même des cas assez nombreux
de jeunes. Il ne faut pas oublier une chose. Quand on discute de cela, je crois
qu'on est assez souvent porté au Québec à utiliser le
vocabulaire qui est approprié à d'autres situations, dans
d'autres États américains ou d'autres provinces canadiennes,
où l'âge de la majorité, pour l'application des lois
criminelles, est différent du nôtre.
Il ne faut pas oublier qu'au Québec, on reste un mineur
jusqu'à 18 ans. Dans certaines autres provinces, c'est 17 ans, dans
certaines autres, c'est 16 ans, dans certains États américains,
c'est 16 ans. Il est évident que la détention de mineurs au
Québec revêt un caractère un peu particulier, à
cause de l'âge élevé de la majorité, relativement
élevé, pour fins d'application de la justice criminelle.
On sait que, depuis quelques années aussi, on a eu une
aggravation de la nature, de la sévérité de la
délinquance chez les adolescents, ce qui fait qu'une proportion non
négligeable des jeunes dits mésadaptés sociaux sont
effectivement des personnages assez dangereux, qui ont commis des meurtres, des
vols qualifiés, et pour qui la violence est un recours extrêmement
facile. On a eu malheureusement des exemples de ces jeunes qui se sont
évadés de nos centres de détention et qui ont commis de
nouvelles offenses impliquant violence physique auprès de personnes
vraiment innocentes.
Je pense que la population n'est pas si insensible que cela aux
problèmes que cela crée. Du point de vue de la population, je
crois que le pro- blème est réel, il ne faut pas le grossir
à plaisir, mais il est réel ici, au Québec, à cause
des raisons que j'ai indiquées, qu'il peut l'être dans certaines
provinces canadiennes ou certains États américains, où,
tout bonnement, en haut de seize ans, dans certains cas, on considère
universellement que des jeunes sont des adultes et sont
référés aux cours d'adultes et aux prisons d'adultes. Il
faut tenir compte de cela.
Maintenant, si on regarde du côté des activités
thérapeutiques, il y a deux choses qu'on peut dire: il y a l'observation
qu'avait faite le comité d'étude, que le plus beau programme
thérapeutique est sans effet si le jeune n'est pas là et que,
s'il est évadé, évidemment, il ne peut pas en
bénéficier. Donc, il faut s'assurer qu'il soit là, si on
veut vraiment avoir prise sur lui. Deuxièmement, il y a un
problème de relations de travail, de relations de personnel. Les
psycho-éducateurs nous ont dit, et les techniciens en
rééducation nous ont dit qu'eux ne se voyaient pas le rôle
de gardiens et que ce rôle, étant donné les tentations
qu'offre l'évasion, les plaçait dans une situation
extrêmement difficile, parfois, pour leur sécurité
personnelle, car il s'agissait simplement de renverser le
psychoéducateur ou de le mettre hors de combat, pour finalement trouver
la clé des champs. Dans le cas où il y a une
sécurité périphérique, l'éducateur est libre
de penser à son métier et il n'a pas besoin de jouer ce double
rôle.
Pour toutes ces raisons, je suis persuadé que le problème
de la sécurité est un problème réel et que le
problème de l'évasion est un problème réel. Je
comprends mal la déclaration du ministre qu'il s'agisse là d'une
crainte exagérée. Tout dépend ce qu'on entend par
"exagéré", mais il y a certainement un niveau de crainte qui est
confirmé par les faits et par les considérations que je viens de
mentionner. Là-dessus, on dit qu'il faut une certaine
sécurité. Toute la question est là. Dans le fond, la
contribution du comité d'étude a consisté à dire:
II y a eu beaucoup d'hypocrisie dans le domaine des services à
l'enfance. C'est le mot qui a été utilisé par le
comité d'étude lui-même. Il y a eu beaucoup d'hypocrisie.
On voulait faire de la sécurité sans le dire. On voulait se
donner une certaine sécurité, on ne voulait pas donner une
sécurité certaine. Il y a toute une différence entre les
deux, parce que, lorsqu'on veut une certaine sécurité, comme l'a
dit le ministre, on ne prend pas les moyens appropriés,
c'est-à-dire du personnel spécialisé et des conditions
physiques appropriées.
On dit: Cela va être sécuritaire, mais on place le fardeau
un peu vaguement sur le système, comme cela a été fait
pendant des années et on ne prend pas les mesures qu'il faudrait
prendre. On peut toujours prétendre, à ce moment-là, que
c'est un milieu ouvert alors que, dans le fond, on fait certains efforts pour
empêcher qu'il soit vraiment ouvert et c'est une situation d'hypocrisie
institutionnelle qui a été dénoncée et qui va
continuer à donner des problèmes, tant et aussi longtemps qu'on
n'aura pas le courage, je pense, d'appeler les choses par leur nom. C'est un
centre sécuritaire.
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez, M. le
député de Saint-Laurent, encore une fois, est parti dans un long
monologue. Il se pose en expert clinique. Premièrement, M. Savard qui
est responsable du secteur me souffle à l'oreille que, le
problème des évasions, au contraire, est résorbé
depuis plusieurs mois. Cela ne constitue pas un problème ni
modéré, ni majeur. Inutile d'épiloguer là-dessus
indéfiniment, ce n'est pas un problème.
Deuxièmement, je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas de
sécurité, il faut une sécurité certaine et une
certaine sécurité, mais la meilleure sécurité qu'on
puisse avoir dans la réadaptation des jeunes délinquants, c'est
la qualité du personnel, c'est la présence d'un personnel.
M. Forget: C'est le même personnel qui était
là il y a deux ans, en grande majorité. Si c'est seulement cela,
cela va évoluer très rapidement.
M. Lazure: Peut-être que le personnel a appris, que le
personnel s'est entraîné.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet.
M. Forget: Pourtant le ministre dit qu'il n'y a plus
d'évasion, M. le Président. J'aimerais qu'on nous cite justement
ces chiffres pour nous montrer...
M. Lazure: Effectivement, il y a eu formation
accélérée du personne) depuis un certain temps et je pense
honnêtement que c'est la meilleure sécurité qu'on puisse
avoir. Ceci ne veut pas dire qu'il n'y a pas, à l'intérieur de
chaque centre d'accueil... J'en ai visité beaucoup, avant d'être
ministre et depuis que je suis ministre, et dans pratiquement chaque centre
d'accueil pour mésadaptés sociaux, il y a, à toutes fins
pratiques, des cellules. Les chambres individuelles sont construites, la
plupart du temps, comme des cellules, ce qui est regrettable. Je pense qu'on
n'a pas à être fier du programme de construction des centres
d'accueil pour délinquants dans les dix dernières années,
on n'a pas à en être fier du tout.
M. Forget: On ne les améliore pas en refusant la
sécurité périphérique, parce que cela permet
d'éliminer les cellules.
M. Lazure: Je ne refuse pas la sécurité. C'est une
notion très simpliste cette sécurité
périphérique et je vous répète, sur la foi des
fonctionnaires qui sont ici, que les évasions ne constituent aucunement
un problème depuis X mois.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas... Le
Président (M. Marcoux): Sur le même...
M. Forget: Attention! M. le Président, je n'ai pas
terminé. C'est un sujet important, c'est peut-être le plus
important dans ce domaine des servi- ces sociaux. J'aimerais, puisqu'on
allègue la question des évasions, du nombre réduit
d'évasions, sans douter de la parole de qui que ce soit, je pense que
c'est un fait suffisamment intéressant pour qu'on nous fournisse un peu
de données là-dessus, effectivement. Est-ce qu'on peut nous
tracer le tableau des évasions depuis quelques mois...?
M. Lazure: On pourra vous déposer les tableaux, si je
comprends bien.
M. Forget: ... comparativement au passé. M. Lazure:
Oui, sûrement.
M. Forget: On me dit qu'il y a une tendance à la baisse
dans le nombre des évasions.
M. Lazure: C'est exact.
M. Forget: Ceci est relativement, par exemple, à des
endroits comme Cartier, Berthelet...
M. Lazure: Berthelet, oui.
M. Forget:... et des centres comparables dans la région de
Québec.
M. Lazure: C'est cela. La seule chose que je voudrais ajouter
là-dessus, c'est qu'on peut facilement obtenir par les cours du
bien-être social ou encore par les établissements nommément
identifiés que sont Cartier, Berthelet, Notre-Dame-de-Laval ou Tilly les
données de fugues au cours des récents mois.
Le seul point additionnel que je voudrais apporter, c'est que si on n'a
pas ces données cumulées actuellement, il reste que ces cas,
lorsqu'ils se présentent font souvent éclat et je dirais que,
dans les derniers mois, il n'y a pas eu justement d'éclatement, que les
mass media ou que des interlocuteurs ou des organismes nous ont fait valoir en
nous disant: II y a une accélération des fugues.
M. Forget: Non, je ne dis pas qu'il y a
accélération des fugues, mais ce qui...
M. Lazure: Je dirais même qu'il y a...
M. Forget: ...serait intéressant de savoir, c'est s'il y a
une diminution sensible et systématique.
M. Lazure: Je dois dire que, de par les témoignages qui
nous sont parvenus au cours des récents mois, le phénomène
est tout à fait résorbé par rapport au passé et on
pourra le valider par des données qu'on demandera à chacun des
établissements.
M. Forget: II y a évidemment eu des circonstances
spéciales dont il faudrait faire la part, c'est que, dans les moments
d'arrêt de travail, par exemple, qui ont coïncidé avec les
négociations,
où il n'y avait plus personne pratiquement dans
l'établissement, cela favorisait un peu les fugues. Il serait
peut-être injuste de déduire, par rapport à cela que, dans
une année où il n'y a pas d'arrêt de travail, il y a une
tendance à la baisse dans le niveau des fugues, il faudrait
peut-être porter le regard un peu plus loin, avant de trop se
féliciter, parce qu'il y a quand même eu des difficultés
très spécifiques. Je pense, par exemple à Berthelet
où à certains moments, il n'y avait plus personne pratiquement,
sauf le directeur général et sa secrétaire. Cela encourage
un peu les fugues dans une année en particulier.
M. Lazure: Je ne fais que constater le phénomène du
problème.
M. Forget: Oui, mais si on jette un regard plus loin en
arrière, est-ce qu'on peut constater qu'il y a une tendance à la
modification des comportements chez l'enfant, chez l'adolescent
vis-à-vis de l'évasion? Cela mériterait une recherche.
C'est un phénomène universel que l'évasion de ce type
d'établissements. Vous allez dans n'importe quel pays et on le
rencontre. C'est normal et cela fait même partie, selon certains, du
traitement.
M. Lazure: J'ajouterais, M. le Président, pour
désamorcer un peu cette sortie qui peut inquiéter la population
si c'est rapporté dans l'immédiat. Encore une fois, je
répète qu'il n'y a pas de problème depuis quelques mois.
Deuxièmement, l'évasion par un jeune ou une jeune d'un centre
d'accueil n'est pas nécessairement quelque chose d'inquiétant.
Parfois, cela peut être un signe de santé mentale chez le jeune ou
la jeune, parce qu'il y a des centres d'accueil, malheureusement, qui gardent
le jeune trop longtemps. Il y a des juges qui envoient le jeune en centre
d'accueil pour des périodes trop prolongées, pour des fautes qui
sont relativement mineures. Je pense que...
M. Forget: Tout le monde est d'accord avec cela.
M. Lazure: Bon.
M. Forget: Je parle des évasions, remarquez, non pas des
centres d'accueil, en général. Je parle des évasions
à partir de centres d'accueil sécuritaires où il y a des
raisons qui sont envisagées, présumément par le ministre
dans la nouvelle loi de protection de la jeunesse, qui sont des raisons
très spécifiques pour garder un enfant sous surveillance, qui
sont les mêmes raisons qui font qu'un adulte serait gardé sous
écrou, c'est-à-dire lorsqu'il est soupçonné d'un
crime violent et qu'on soupçonne aussi qu'il y a des raisons de croire
qu'il peut récidiver. Alors, dans ces cas, il y a des motifs
impératifs. Les autres évasions, elles ne m'inquiètent pas
plus qu'elles n'inquiètent le ministre, évidemment. Je ne pense
pas qu'elles inquiètent personne. C'est tout à fait normal. Pour
ces cas, je crois qu'il est important de savoir si le problème
reçoit la solution que des experts ont jugé plus
appropriée dans les circonstances, ou si elle ne reçoit que la
solution traditionnelle qui n'a pas été jugée
appropriée.
M. Lazure: Justement, les experts dans ce domaine, on peut en
trouver des deux côtés de la barricade. Il y a des experts tout
aussi prestigieux dans d'autres pays qui ne croient pas a cette histoire de
sécurité maximale et de sécurité
périphérique et de cellules systématiquement pour tous les
sujets en centre d'accueil pour mésadaptés sociaux. Il y a
des...
M. Forget: On a cité des cas dans d'autres pays aussi
où on s'est rendu compte que cela faisait quatre ans que les gens
citaient qu'on avait abandonné la détention, que l'âge de
majorité était de seize ans. Quand on sait le nombre de jeunes de
17 et 18 ans dans nos centres de détention, particulièrement, les
centres de détention sécuritaires, cela nous amène
à relire toute cette "littérature" d'un oeil très
différent.
M. Clair: Cela lui permettrait peut-être de lire "Libres
enfants de Summerhill".
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre! Sur le
même sujet, le député de Drummond.
M. Clair: Merci, M. le Président. Concernant le
problème des évasions que M. le ministre nous déclare, je
suis fort aise que ce problème ait tendance à se résorber
actuellement. Je me demande jusque dans quelle mesure cette amélioration
de la situation ne serait pas liée au fait que, depuis un certain temps
c'est là-dessus que j'aimerais avoir des statistiques, s'il y en
a de disponibles on a de beaucoup réduit les
incarcérations des jeunes dans des prisons pour adultes. Je me souviens,
entre autres, du cas d'un jeune adolescent que j'ai représenté
devant la Cour du bien-être social. Dès le départ,
dès son premier contact, à cause d'une infraction relativement
grave qu'il avait commise alors qu'il était âgé de 14 ans,
il a été immédiatement incarcéré dans une
prison pour adultes pendant quelques jours, de sorte que son sentiment de
frustration était particulièrement élevé.
J'attribue cela, en partie, à ce phénomène. La
dernière fois que je l'ai représenté en cour du
bien-être social, il en était à sa 28e évasion. Pour
cet individu, c'était certain que tant et aussi longtemps qu'il serait
dans le système, il s'évaderait, parce que, le jour où il
entrait, il n'avait qu'un but, celui de s'évader. J'aimerais savoir si
les incarcérations dans les prisons communes de jeunes ont
diminué, et si, enfin, c'est éliminé, parce que, dans ma
région, cela constituait un problème réel, M. le
ministre.
M. Lazure: M. le Président, c'est un sujet fort
intéressant auquel je me suis intéressé dès mon
arrivée au ministère. J'ai constaté avec regret qu'il y
avait encore un bon nombre de mineurs qui allaient dans les prisons
d'adultes.
On a fait des démarches, des pressions, des
représentations auprès des gens concernés et depuis
environ un mois, un mois et demi, on peut affirmer qu'il n'y a plus de mineurs
en prison, sauf sur ordonnance d'un juge, et le nombre de ces mineurs en prison
d'adultes sur ordonnance d'un juge a diminué aussi. On pourra surtout
photocopier ce tableau à partir du c'est tout récent,
c'est un relevé récent 29 avril. On a neuf ou dix
relevés à des jours donnés au hasard et, le 29 avril, dans
l'ensemble du Québec, il y avait neuf de ces mineurs placés en
prison d'adultes sur ordonnance d'un juge, 13,4%. La fois suivante, une semaine
plus tard, il y en avait neuf encore. Neuf, neuf, neuf, huit, six cinq, quatre.
Alors, je pense que ça aussi, ça diminue heureusement. Le
ministère des Affaires sociales n'a pas de pouvoir directement sur ces
ordonnances, comme vous le savez. On a simplement un pouvoir de persuasion.
C'est une situation qui pourra être corrigée en grande partie,
sinon totalement, avec le projet de loi sur la protection de la jeunesse.
M. Clair: Mais, est-ce que vous ne pensez pas, M. le ministre,
étant donné qu'on a tellement tardé, justement, à
intervenir au cours des dernières années, pour empêcher
l'incarcération de jeunes dans des prisons pour adultes, que si ce
problème d'évasion est, jusqu'à un certain point et dans
une certaine limite, j'en conviens, lié à ce problème
d'incarcération de jeunes dans des prisons pour adultes... Est-ce que
vous ne pensez pas que le phénomène des évasions va
continuer avec un certain décalage à cause de frustrations trop
grandes de l'incarcération dans les prisons communes? Est-ce qu'on ne
connaît pas, encore aujourd'hui, un certain nombre d'évasions
à cause de ce phénomène? Parce que le jeune qui est
entré en cour des adolescents à l'âge de quatorze ans, il y
a deux ans, aujourd'hui, il n'a que seize ans et les frustrations qu'il a
subies, les problèmes qu'il a connus à cause de ça, je
pense qu'on peut en connaître les conséquences encore
aujourd'hui.
M. Lazure: Oui, il est bien sûr que le fait d'interner un
mineur dans une prison d'adultes, non seulement peut être dommageable
à ce mineur, mais contribue, comme vous le dites je pense que
c'est un fait à accumuler une telle dose d'agressivité et
de rancoeur...
M. Clair: Un sentiment de...
M. Lazure: ...que s'il se rend éventuellement au centre
d'accueil pour adolescents, sa première pensée, ce sera d'en
sortir le plus vite possible.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
pourrait me dire ce qui va se passer, ce qui se passe dans le cas du pavillon
d'Argenteuil. La construction avait été prévue... C'est un
centre d'accueil...
M. Lazure: Pour personnes âgées ou pour
délinquants?
M. Saindon: Pas pour délinquants...
Le Président (M. Marcoux): Cela reviendra probablement au
programme 9.
M. Lazure: Programme 9...
M. Saindon: Regardez! Dans ce cas...
Le Président (M. Marcoux): Je vous reconnaîtrai au
programme 9.
M. Saindon: ...M. le Président, je vais vous exposer mon
problème. Demain, il me sera absolument impossible d'être ici.
J'avais deux choses à présenter au ministre. J'ai d'abord ce
petit problème-ci et j'ai une enveloppe à lui remettre. Je me
demandais si vous me permettriez, parce que...
Le Président (M. Marcoux): Peut-être qu'on sera
encore au programme 9 vendredi.
M. Saindon: Pardon?
Le Président (M. Marcoux): C'est jeudi...
M. Saindon: Non, la semaine prochaine, j'y serai, mais ce sera
fini.
Le Président (M. Marcoux): Allez! Ah! mon Dieu!
M. Saindon: Ce n'est que mercredi, aujourd'hui. Demain, c'est
jeudi. Vendredi, ce sera fini.
M. Jolivet: Voyons donc! On commence.
Le Président (M. Marcoux): J'espère que vous avez
l'oreille du député de Saint-Laurent.
M. Jolivet: Y a-t-il des maoïstes ici? Y a-t-il des
trotskystes?
M. Saindon: Je suis assis voisin. Si c'est ça que vous
voulez dire. Maintenant, si vous me donnez la permission, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Avec le consentement de la
commission, je pense bien que oui.
M. Clair: M. le Président, sur ce sujet, je ne voudrais
pas être l'empêcheur de danser en rond, sur le sujet de la demande
du député d'Argenteuil, mais, du côté
ministériel, nous imposons un certain nombre de contraintes. Moi, le
premier, comme président de commission parlementaire, j'ai
été empêché de participer aux débats de cette
commission, auxquels je tenais beaucoup pourtant, et si je commence à
venir ici et à revenir en arrière et empiéter sur les
programmes à l'étude...
Je pense qu'il faut s'imposer des contraintes personnelles et chacun
doit connaître les inconvénients de ses occupations.
M. Jolivet: Sur le même sujet, M. le Président, moi
aussi j'avais des questions à poser, mais suite aux nombreuses questions
posées par le représentant de l'Opposition officielle, je n'aurai
probablement pas de chance avant le signal du prochain vote qui s'en vient,
d'après ce qu'on a entendu dire. Comme je suis suppléant, il est
possible que je ne sois pas ici non plus demain, parce que j'ai d'autres
réunions. Je ne pense pas que...
M. Saindon: J'ai ici une enveloppe avec 4432 signatures qu'on m'a
demandé de remettre au ministre. J'ai dit oui. Je la remettrai avec les
documents...
M, Jolivet: Allez. C'est remis. Document
déposé.
M. Saindon: C'est au sujet de l'INCA, on demande la
réouverture du bureau à Lachute. L'INCA dessert 400 aveugles. On
m'a demandé de vous remettre l'enveloppe et je fais tout simplement ce
qu'on m'a demandé de faire.
Le Président (M. Marcoux): On revient au programme 8. Le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je suis chanceux. C'est en rapport, M. le
Président, avec la question du MAS-MEQ. On en entend souvent parler dans
le programme. À quelle étape en est rendu le MAS-MEQ?
M. Lazure: Pour ceux qui ne connaissent pas le jargon, c'est le
ministère des Affaires sociales et le ministère de
l'Éducation. C'est une activité qui consiste à
intégrer, c'est toujours le terme qui revient, intégrer les
enseignants qui oeuvrent dans les centres d'accueil, par exemple, au
système scolaire, les rattacher à une commission scolaire
régionale. Je dirais que cette intégration, pour la majeure
partie des établissements concernés, est complétée.
La mission, qui est une mission conjointe Affaires sociales et
Éducation, en est aux cas qui ont été, soit en suspens,
soit reportés parce que ces mêmes cas apparaissaient plus
problématiques. L'objectif poursuivi, c'est qu'à l'automne elle
soit entièrement complétée. On envisage donc de terminer
cette première phase, soit la signature d'entente entre les
établissements des Affaires sociales et ceux du réseau de
l'Éducation et de passer à une seconde phase qui est une
articulation beaucoup plus professionnelle des programmes que, justement, ces
ententes préconisent, en termes de collaboration entre les commissions
scolaires et nos établissements.
M. Jolivet: C'est qu'on a eu des cas de jeunes étudiants
qui ne pouvaient être à l'intérieur des écoles et
cela aurait dû être du ressort des Affaires sociales. Ces
étudiants ont servi un peu, à un certain moment, de tampon entre
les deux groupes, ce qui fait que... Est-ce que cela va être
corrigé, soit aux Affaires sociales, soit à l'Éducation,
de façon que l'élève ne soit pas retardé
indûment au point de vue scolaire?
M. Lazure: S'il y a des cas particuliers qui se présentent
dans ce sens, je souhaite que nous puissions en être saisis pour
intervenir auprès de la mission et s'assurer que les correctifs vont
être apportés. Je souhaiterais que ces cas nous parviennent en
bonne et due forme pour que nous puissions intervenir, si tel est le souhait du
député.
M. Jolivet: Quand le travail va être terminé, la
mission va-t-elle continuer comme étant une mission permettant de
régler les cas litigieux qui pourraient exister?
M. Lazure: C'est en ce sens qu'on envisage justement une
deuxième phase de la mission. Non seulement en regard des cas litigieux,
mais en termes de restructuration des programmes qui sont issus des ententes
entre les deux ministères.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Argenteuil, aviez-vous autre chose sur le programme 8?
M. Saindon: Oui.
Le Président (M. Marcoux ): Sur le programme 8?
M. Saindon: Sur le programme 8, non.
Le Président (M. Marcoux): Alors, le député
de Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre a cité tout à l'heure les
chiffres relativement au nombre d'enfants dans les prisons communes. Il a
indiqué le nombre d'enfants qui sont là en vertu de l'article
13.4. Il n'a pas mentionné les autres. Est-ce que cela veut dire qu'il
n'y a aucun autre enfant?
M. Lazure: II n'y en a pas. Cela veut dire cela.
M. Forget: II y avait, entre les statistiques de la Justice et
les statistiques des Affaires sociales, relativement à cette question,
un écart. On avait observé, par le passé, que les
statistiques du ministère de la Justice étaient plus
élevées que celles du ministère des Affaires sociales. Y
a-t-il eu une conciliation des opinions et des chiffres entre les deux
ministères, parce qu'il semblait qu'il y avait un certain nombre
d'enfants qui étaient confiés à des prisons communes, sans
que ce fait ne parvienne à la connaissance du ministère des
Affaires sociales.
M. Lazure: Cela a justement été porté
à notre attention au cours du dernier mois, et j'ai rencontré
personnellement le comité Pinard, M. Réjean
Pinard, qui a succédé à M. Goyer, pour un
comité spécial de placement que vous connaissez, M. Forget,
justement pour nous assurer que les données divulguées à
la commission aujourd'hui sont réelles, véridiques et exactes.
Toutes les recherches qu'on a faites témoignent que ces données
sont exactes et que ce sont véritablement des cas relevant de l'article
13, paragraphe 4, et non pas des jeunes placés en prison par d'autres
mécanismes, et que ces données, après vérification
avec les cours du bien-être social, sont bonnes.
M. Forget: Est-ce que cela a impliqué des corrections
importantes en termes de nombre entre les statistiques que le ministère
des Affaires sociales avait et les statistiques définitives dont vous
faites état aujourd'hui?
M. Lazure: La seule explication qui m'est parvenue et que j'ai
vérifiée moi-même, qui explique l'écart qu'il y
avait entre les statistiques de la Jus- tice et les nôtres, tenait
à l'accueil des jeunes aux postes de police, particulièrement
à la CUM de Montréal, qui, avant la mise sur pied d'une
unité de réception que nous avons mise sur pied à la
mi-avril, au 6161 Saint-Denis, était comptabilisé du point de vue
du ministère de la Justice, avant que ces mêmes cas ne parviennent
au réseau des Affaires sociales. C'est l'interprétation que j'ai
reçue de l'explication de l'écart.
Le Président (M. Marcoux): Les membres de la commission
sont-ils prêts à adopter les éléments 1, 2, 3 et 4
du programme 8?
M. Forget: Non, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Non? Alors la commission des
Affaires sociales ajourne ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Ajournement de la séance à 18 h 02)